IISNI NVfN0SHllNs'^S3ldVyan^LIBRARIEs'^SMITHS0NIAN INSTITUi en — co 2 ^^ -J 2 J Z RIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOimillSNI NVINOSHilWS SBiyVM - w _ (/> \ ± .IISNI NVINOSHillMS SBiaV^ail LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITU' z R I ES*^SMITHSONIAN INSTITUTION N0liniliSNl"^NVIN0SHillMS*^S3 I d Vy .llSNrNVIN0SHimS^S3 I « VH 8 ll'^LI B RAR I ES^SMITHS0NIAN"'|NSTITU" 1— - z r- p- r- , R I ES^SMITHSONIAN~INSTITUTION'^N0liniliSNI~NVIN0SHimS S3 1 MVd CO z • C/) 2 Î2 ^~ z w ••- z œ — z LIISNI NVINOSHIIWS S3iavyan LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUI RIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIinillSNl"'NVINOSHiIt\IS ^S3 I « v; z r; ^ ^ Z r- 2 "^1. 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HEQH, INGÉNIEUR AGRICOLE, ATTACHÉ AU MINISTÈRE DES COLONIES DE BELGIQUE (2^ ÉDITION, REVUE ET MISE A JOUR) DEUX MILLE EXEMPLAIRES DE CET OUVRAGE ONT ÉTÉ SOUSCRITS PAR LE MIXISZÊJfiE-^SSr-GQLQNIES DE BELGIQUE CL i^^Vl 0 1924 ^i 'on?i\ ^'' IJJIIS DEKMKT-VkRTKNEUlL, Publisher & Printer fio-62. rue TKint, BRUSSET.S (Belgium). 3 AVIS AU LECTEUR Cette nouvelle édition, publiée â la demande du service médical de la Colonie, a été revue et mise complètement à jour, en tenant compte des travaux les plus récents sur la matière. Elle remplace la première édition, complètement épuisée. Cette première édition, publiée â Londres en 1918 par les soins du Service de l' Agriculture du Ministère des Colonies de Belgique, portait le n° 4 dans la série d'études de Biologie agricole éditées par ce Département et avait pour titre : Comment nos Planteurs et nos Colons peuvent-ils se protéger contre les moustiques qui transmettent des maladies ? Bruxelles, le 15 juin 1921. Préface de la première édition. Il semblait admis autrefois que le centre de l'Afrique, spéciale- ment le Congo belge, était une région malsaine, que l'Européen ne devait aborder qu'avec crainte. Cette mauvaise réputation n'était nullement méritée. Le Congo est, au contraire, une des contrées tropicales les plus salubres. Cette qualité est attribuable à la grande élévation de notre Colonie. A peine a-t-on quitté Borna et le port de Matadi, que le terrain s'élève brusquement. Le Congo tout entier occupe un immense pla- teau, situé à plus de 300 à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer et s'élevant par endroits à 1,000, 1,500 et même plus de 2,000 mètres. Aussi le climat de la Colonie est-il modéré, agréable et très suppor- table par l'Européen. Les pluies, même sous l'Equateur et dans la saison la plus riche en averses, ne tombent en moyenne que tous les deux jours et pendant quelques heures seulement. Il y a vingt ans, faute de routes, de moyens de transport, de mai- sons confortables et de bons aliments, la vie au Congo était dure et parfois dangereuse. Ces conditions défavorables n'existent plus. Les chemins de fer, les grands vapeurs, voire même les automobiles et les bicyclettes, ont supprimé les fatigues des grands voyages. Les habitations rappellent l'Europe : les hôtels se multiplient ; de nom- breux magasins bien fournis se trouvent dans tous les centres et pré- sentent, à des prix abordables, les mille et un objets nécessaires, utiles ou agréables à la vie d'un homme civilisé. Plus de 5,000 blancs habitent actuellement le Congo belge ; beau- coup d'entre eux y résident depuis dix ou quinze ans, même plus, sans que leur santé ait fléchi, par suite de ces longs séjours sous les tropiques. L'excellence du climat du Congo belge est d'ailleurs un sujet d'étonnement et d'admiration pour les voyageurs étrangers qui s'y rendent, après avoir eu l'expérience des Indes ou de la Côte occiden- tale d'Afrique, où les conditions de vie sont bien moins favorables. En fait, tout le Haut-Congo, c'est-à-dire la presque totalité de la Colonie, jouit d'un fort bon climat. Et de toutes les villes du Congo, 8 la capitale, Bonia, est la seule où l'Européen rencontre souvent une- température pénible. Cependant, quelle que soit la modération du climat d'une région tropicale, l'Européen doit toujours prendre dans les pays chauds cer- taines précautions, simples, d'ailleurs, pour se préserver contre les- indispositions et les maladies. Et c'est pour ne pas avoir pris ou avoir ignoré ces précautions, que bien des Belges ont souffert autre- fois de leur séjour dans la Colonie. L'une des précautions les plus essentielles est d'éviter la fièvre, la malaria, causée par les piqûres de moustiques. C'est la maladie la plus commune et l'une de celles qui finit à la longue par nuire sé- rieusement à la santé. Les moustiques sont des insectes fort semblables à nos cousins- d'Europe. Ils sont très répandus, mais leur destruction est relati- vement facile, si l'on connaît leurs mœurs, les endroits où ils se tiennent, les méthodes qui permettent de les détruire. Un bidon de pétrole et quelques mètres de toile-moustiquaire permettent d'éloi- gner cette engeance et de se préserver de ses attaques ; mais il faut savoir comment s'y prendre. 11 y a de longues années que l'on combat les moustiques dans beaucoup de pays d'Europe et dans les régions tropicales. L'expé- rience acquise est considérable, les renseignements abondent. Mais ils sont disséminés dans des centaines de livres, de brochures, dc^ revues, la plupart en langues étrangères. Ils sont pratiquement inaccessibles aux colons. Aucun ouvrage récent, en langue française, n'a été publié depuis la guerre, bien que l'art de la destruction du moustique fasse con- stamment des progrès incontestables. Il fallait combler cette lacune et mettre entre les mains des colons et planteurs belges un exposé clair, méthodique, complet, bien illus- tré, de prix modéré, à la portée de tous. M. E. Hegh venait d'écrire pour notre collection de biologie agri- cole une brochure sur les Tsétsés, qui reçut l'accueil le plus flat- teur dans les colonies voisines, comme au Congo. Il préparait, sur les Termites, si nuisibles en Afrique, une étude pleine de renseigne- ments précieux. Nous lui avons demandé d'interrompre ce travail pen,dant quel- ques mois, pour traiter d'abord celte question si essentielle pour les planteurs belges : la lutte contre le moustique propagateur des fièvres. Il s'est acquitté do cette tâche de la manière la plus con- sciencieuse. La lecture de ces pages intéressantes sera, pour les colons, un enseignement et pour beaucoup d'entre eux une sauvegarde. Edmond LEPLAE, Directeur générai Londres, le 1"" mars 1918. SOMMAIRE Pages Préface 1 Introduction !•> CHAPITEE I. — Le Danger des Moustiques 17 Quelles sont les maladies transmises par les moustiques? 17 Comment a-t-on découvert que les moustiques transmettaient la malaria? IS Quels sont les moustiques susceptibles de transmettre la malaria?... 19 Comment la malaria se développe-t-elle chez une personne piquée par un moustique Anophèles infecté? : 20 Comment les moustiques Anophèles femelles s'infectent-ils et trans- mettent-ils l'infection? 22 Quel est le moustique qui transmet la fièvre jaune? 24 Quelle est la distribution géographique du moustique de la fièvre jaune? Existe-t-il au Congo? 26 Qu'est-ce que la filariose? Quels sont les moustiques propagateurs de cette maladie et comment la transmettent-ils? 28 Autres maladies transmises par les moustiques 29 CHAPITRE II. — Description et Mœurs des Moustiques (Morphologie et Biologie) 31 a) Aspect et Caractères distinctifs des Moustiques 31 Que sont les moustiques? 31 Quels sont les caractères particuliers des moustiques? 31 Quelle est la nourriture des moustiques adultes? 32 Les moustiques sont-ils les seuls diptères suceurs de sang? 33 Comment peut-on distinguer les moustiques des moucherons? 33 Comment peu-ton distinguer les se.xes chez les moustiques adultes? 34 Comment piquent les moustiques? 36 Quels sont les caractères intéressants de l'anatomie des moustiques? 37 Comment classe-t-on les moustiques? 38 Quelles sont les principales différences entre les moustiques Ano- phèles et Culex'l 40 Quels sont les principaux caractères du Stegomyia fasciata et du Culex {atigans? 43 b) Evolution des Moustiques. — Description et biologie des œufs, larves et pupes 44 Où vivent les larves et pupes de moustiques? 44 Ponte et œufs de moustiques 52 Eclosion des œufs. Quelles sont les circonstances qui la favorisent ou la retardent? 54 Quel est l'aspect des larves de moustiques? 56 10 Pages Quels sont les principaux caractères des larves de Culex, Stegomyia et Anophelesl Mode de respiration 56 Les larves des moustiques respirent-ellss seulement par les tubes respiratoires? 60 Quelle est la nourriture des larves de moustiques? 62 Quel lest l'aspect des pupes de moustiques? 63 Comment s'effectue la sortie du moustique adulte? 64 Quelle est la résistance des larves et pupes aux conditions défavo- rables à leur développement? (Salure, dessiccation, submer- sion, températures basses et élevées) 66 Quelle est la durée totale du développement (cycle vital) des stades larvaires des moustiques? 68 c) Mœurs des Moustiques adultes 69 1. — Anophèles ou moustiques de la malaria 69 Quand piquent les femelles d'Anophèles'! 69 La lumière artificielle exerce-t-elle une influence sur les moustiques? 70 Où se cachent les Anophèles pendant le jour? 70 Quelle est la durée normale de la vie des Anophèles adultes? 71 Hibernation et estivation 71 Quelle est la puissance du vol des Anophèles"? 72 Transport des Anophèles par les moyens artificiels 74 2. — Stegomyia fasciata ou moustique de la fièvre faune 75 Où et comment se nourrissent les femelles de Stegomyial 75 Quand les femelles de Stegomyia piquent-elles? 76 Quelle est la longévité des Stegomyial 76 Quelle est l'influence de la température sur le Stegomyia'! 77 Quelle est la puissance du vol du Stegomyial 78 Quelles sont les conditions de l'accouplement et de la ponte chez le Stegomyia? Influence de l'alimentation sur la ponte 78 Transport du moustiqua de la fièvre jaune par les moyens artificiels. 80 CHAPITRE III. — Moyens de Protection et de Lutte contre les Mous- tiques 81 a) Moyens de Protection contre la Piqûre des Moustiques 82 Choix d'une localité non infectée 82 Substances qui éloigneiit les moustiques 82 Emploi de lotions empêchant la piqûre des moustiques 82 Substances écartant les moustiques des animaux domestiquias 85 Remèdes contre les piqûres des moustiques 87 Emploi de plantes éloignant les moustiques 87 Moustiquaires et écrans de toile métallique 88 Emploi des moustiquaires 88 Aménagement des habitations sous les tropiques 96 Protection des habitations par des écrans de toile métallique '.î6 Placement d'écrans sur les citernes et autres récipients à eau de pluie 100 Protection des navires contre les moustiques 105 b) Suppression des Sources d'Infection 10& Protection des malades 106 Traitement par la quinine : 107 La prophylaxie du paludisme par le bétail 108 c) Moyens de Destruction des Moustiques adultes 110 Emploi des fumigations 110 Poudres de pyrèthre 110 Soufre 112 Mélange de camphre et d'acide phénique 112 Crésil et créoline 113 11 Pages Cyanure de potassium 113 Autres substances 114 Emploi des pulvérisations de liquides culicides 115 Emploi des appareils de capture des moustiques 117 Pièges à main 117 Pièges fixes 119 Débroussements 121 Protection des ennemis naturels des moustiques adultes 123 d) Moyens de Destruction des Larves et Pupes de Moustiques 127 Recherche et traitement des réservoirs artiliciels 128 Recherche et traitement des réservoirs naturels 132 Différents types de réservoirs 137 Détermination de la présance des larves d'Anophèles dans une masse d'eau 140 Comblement des dépressions 141 Drainage des parties marécageuses 142 Fossés ou drains 143 Entretien des fossés et conduites bétonnées 149 Drainage par drains souterrains 150 Mode d'exécution des travaux de drainage 150 Nettoyage de la végétation 150 Irrigations et malaria 150 Alternance des écoulements d'eau 151 Emploi du pétrole et d'autres substances larvicides : 151 Action du pétrole sur les larves 152 Choix du pétrole à employer 155 Rapidité d'évaporation du pétrole dans les contrées chaudes. — Expériences faites en Afrique occidentals 156 Quand faut-il appliquer le pétrole? 157 Quelles sont les quantités de pétrole à employer? 158 Modes d'épandage du pétrole 158 Méthodes continues 159 Méthodes intermittentes ou discontinues 160 iMaintien de la nappe de pétrole 161 Traitement au pétrole des réservoirs artificiels 162 Larvicides autres que le pétrole 162 Savon larvicide employé à Panama 163 Expériences sur l'emploi comme larvicides, du savon mou, de la naphtaline '8t de l'eau de mer 163 Expériences sur l'action du chlore et du lysol 164 Essais d'autres larvicides 164 Destruction de la nourriture des larves 172 Culture de certaines plantes aquatiques pour la destruction des larves 173 Ennemis des larves et pupes de moustiques 173 Introduction de poissons culiphages 174 Introduction des « Millions » 174 Les Top-Minnows 176 Autres poissons culiphages américains 178 Procédés de conservation et de transport des poissons culi phages 179 Poissons culiphages indiens et malais 180 Poissons culiphages africains 181 Oiseaux aquatiques 183 Têtards — Insectes aquatiques 184 Autres 'ennemis des larves — Maladies et parasites 185 Mode d'exécution des mesures antilarvaires 187 Précautions à prendre contre la malaria lors de la construc- tion des chemins de fer 188 Législations antimalariales 190 12 Pages CHAPITRE IV. — Quelques Résultats des Mesures prises contre les Moustiques 191 La campagne contre les moustiques à La Havane 191 Résultats des deux campagnes à La Havane 192 La campagne contre les moustiques dans l'isthms de Panama et ses résultats 193 CHAPITRE V. — Méthodes de Récolte, de Conservation et d'Etude des Moustiques 197 a) Récolte, conservation et expédition des spécimens de moustiques... 198 Objets nécessaires 198 Capture des spécimens de moustiques 200 Comment tuer les moustiques capturés? 200 Modes de conasrvalion des moustiques — Nombre de spéci- mens requis 201 Comment faut-il piquer les moustiques? 201 Conservation à l'état sec sans piquage « 202 Attaque des spécimens par les insectes et les moisissures 202 Récolte et conservation des spécimens d'œufs, larves et pupes de moustiques 203 Annotation des observations " 204 Emballage et expédition en Europe 205 bj Recherche des moustiques Anophèles infectés. — Elevage des moustiques au laboratoire 206 Capture et traitement préliminaire des moustiques Anophèles infectés, en vue de la dissection 206 Dissection des glandes salivaires 207 Examen des glandes 208 Coloration des sporozoïtes 208 Dissection de l'intestin moyen (estomac) 209 Coloration des zygotes 210 Eut de l'élevage des larves de moustiques au laboratoire 210 Récolte des larves et pupes pour l'élevage au laboratoire 211 Transport des larves et pupes 211 Conservation en vie des larves de moustiques au laboratoire. 211 Conservation en vie des moustiques adultes 212 Résumé — Principales mesures de protection à prendre dans les pays chauds contre les moustiques qui transmettent des mala- dies 214 Appendic Ciel pour la détermination des espèces africaines d'Anophèles. 217 Répartition géographique des espèces africaines d'Ano- pheles 221 Bibliographie- 1 — Liste des ouvrages et travaux cités 223 2 — Ouvrages généraux 234 3 — Mémoires publiés par l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool 235 4 — Périodiques 236 IN^TRODUOTION Celte brochure a pour but de faire connaître les divers moyens de combattre les moustiques qui transmettent la malaria et d'autres maladies tropicales. Comme on pourra en juger par la lecture du chapitre III, ces moyens sont actuellement fort nombreux et d'ordre très divers. Cer- tains sont économiques et d'application facile, mais leur effet n'est que momentané. D'autres sont plus coûteux et d'exécution plus dif- ficile, mais leur portée est plus générale et ils aboutissent à l'assai- nissement complet el permanent d'une localité, ou même d'une ré- gion. Comme toujours, les résultats sont proportionnés aux efforts et si l'on choisit avec soin le procédé qui paraît le plus approprié, ■si l'on en poursuit l'exécution avec méthode et esprit de suite, la réussite est certaine. Mais pour bien connaître les moyens de combattre un insecte nui- sible, il faut avant tout étudier sa morphologie et ses mœurs. En d'autres termes, il faut se baser sur l'entomologie. C'est ce que nous ferons pour les moustiques, dont nous décrirons en détail les carac- tères morphologiques, l'histoire naturelle et les mœurs d'évolution. Tant que nous sommes restés dans le domaine de l'entomologie et de la technique, notre tâche a été relativement facile, mais nous avons dû inévitablement effleurer tout au moms des questions qui se rattachent directement aux sciences médicales. Or, les travaux sur les maladies transmises par les moustiques et surtout sur la malaria abondent et l'on peut dire qu'il en paraît journellement de nouveaux. Comment fixer dans un petit traité de vulgarisation un sujet aussi changeant? Nous nous sommes donc strictement bornés aux généralités et nous avons emprunté à des autorités scientifiques reconnues les quel- ques définitions nécessaires à la clarté de nos explications. De plus, grâce à l'aimable intervention de M. le professeur Robert Newstead, de la célèbre Ecole de Médecine tropicale de Liverpool, M. H. F. Carter, son assistant à la chaire d'entomologie médicale, qui s'est spécialisé dans l'étude des moustiques pathogènes, a bien voulu se mettre à notre disposition pour reviser nos premiers cha- 14 pitres. Nous lui réitérons ici nos remerciements pour l'aide précieuse qu'il nous a ainsi prêtée. La littérature sur les moustiques qui transmettent des maladies est très riche. Il existe beaucoup d'ouvrages récents sur ce sujet et le nombre d'études et d'articles qui paraissent dans les revues spé- ciales est considérable. Quoique le nombre de travaux de langues diverses, que nous avons consultés, soit plutôt élevé, nous sommes loin encore d'avoir épuisé le sujet. Du reste, cela n'était pas, pensons- nous, nécessaire, notre but n'étant que de donner des indications pratiques, à la portée de notre public colonial. Nous devons de vifs remerciements à M. le Dr Guy A. K. Marshall, dii'ccteur du Bureau Impérial d'Entomologie au British Muséum de Londres, pour l'assistance qu'il nous a prêtée dans nos études de documentation et les utiles renseignements qu'il a bien voulu nous fournir. Pour la rédaction du chapitre traitant des poissons faisant leur proie des larves de moustiques, M. le Dr G. A. Boulenger, conserva- teur au British Muséum, très connu de tous nos coloniaux pour ses travaux sur la faune congolaise, a bien voulu nous indiquer quelles étaient les espèces de petits poissons congolais les plus intéressantes à ce point de vue. No:us le remercions également de nous avoir com- muniqué les clichés qui accompagnent cette partie de notre travail. Parm.i les ouvrages qui nous ont été les plus utiles, nous citerons en premier lieu les traités actuellement classiques de Sir Ronald Ross et de M. le Dr L. 0. Howard. Nous avons également puisé un grand nombre de renseignements pratiques sur les moyens de com- battre les moustiques dans un volume récemment paru, Mosquito • Control in Panama, où les auteurs, MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein, exposent d'une façon claire et méthodique, les moyens qui ont été mis en œuvre avec tant de succès à Panama, pour dé- truire les moustiques et enrayer la propagation de la malaria et de la fièvre jaune. Plusieurs auteurs nous ont fort obligeamment accordé l'autorisa- tion de reproduire des clichés de leurs ouvrages. C'est à ce titre que nous devons des remerciements à M. le Dr L. 0. Howard (Washing- ton), M. le professeur J. W. W Stephens (Liverpool), MM. J.-A, Le Prince et A.-J. Orenstein (Nouvelle-Orléans), ;M. Malcolm Watson (Malaisie), M. le professeur William B. Herms (San Francisco), M. le Dr G. A. Boulenger (Londres), MM. Walter Scott Patton et Francis W. Cragg (Indes anglaises), la Direction du Bulletin de la Société de Pathologie exotique, de Paris, la South AIrican anti-malorial Associa- lion, de Johannesburg (Afrique australe) et la Direction du British Muséum, Natural History, de Londres. Afin de permettre au lecteur de trouver de suite les renseignements qu'il recherche, nous avons divisé les cinq chapitres de la brochure en un grand nombre de petits paragraphes, dont les titres sont ré- digés le plus souvent sous forme de question. De plus, nous avons fait suivre le cinquième chapitre d'un court résumé indiquant sommairement les principales précautions à.pren- 15 dre pour éviter la contamination par la piqûre des moustiques. Ce résumé a été fait pour rendre service au plus grand nombre de per- sonnes possible. Enfin, la bibliographie qui termine ce travail donne, en plus des travaux consultés, une liste des ouvrages généraux et des princi- pales revues périodiques, traitant des moustiques et des maladies qu'ils transmettent. Bruxelles, le 15 juin 1921. E. HEfxH. CHAPITRE I LE DANGER DES MOUSTIQUES. Les moustiques se rencontrent sous tous les climats. Ils sont abon- dants dans les régions arcliciues comme dans les régions chaudes, partout où existent des milieux favorables à leur multiplication. Dans les contrées tropicales toutefois, ils pullulent et sont très nuisibles, non seulement par leurs désagréables piqûres, mais surtout par la transmission de fièvres et autres maladies. Quelles sont les maladies En Afrique tropicale, la principale mala- transmises par les nions= ^-^ transmise par les moustiques est la ma- ''^"^^ laria ou fièvre des marais. Cette fièvre sévit avec plus ou moins d'intensité dans toutes les régions à climat chaud, spécialement après les pluies, et dans le voisinage des terrains maréca- geux. C'est la plus commune de toutes les affections tropicales et celle qui, proportionnellement, atteint le plus la population blanche. Elle affaiblit l'organisme des personnes qui en souffrent et les rend moins résistantes à d'autres maladies. L'hématurie est une de ses suites les plus dangereuses. Une autre affection la lièvre {aune, qui pendant longtemps a été considérée comme le plus terrible fléau des régions tropicales et sub- tropicales de l'Amérique, est également transmise par les moustiques, ou plutôt par la femelle d'une seule espèce, le Stegomyia fasciata ou moustique tigre, désigné par les Américains sous le nom d'Aedes calopus, Meig. Le Congo belge a été jusqu'à présent à peu près exempt de fièvre jaune (*) quoique la présence du Stcgomya (asciata ait été signalée en beaucoup d'endroits. Ce moustique est commun dans diverses con- trées africaines,- et surtout en Afrique occidentale, où la fièvre jaune paraît régner à l'état endémique (**). Mais là ne s'arrête pas le danger des moustiques ; ces insectes sont (») En septembre 1917, quelques cas de fièvre janne se sont déclarés à Matadi, sur le Bas-Congo. Grâce aux mesures hygiéniques immédiatement prises, la maladie fut vite enrayée. Aucun cas ne s'est plus produit depuis. (**) Il paraît actuellement admis que la fièvre jaune est endémique en Afrique occidentale, ou tout au moins dans certaineiS parties de cette contrée. Elle y existe probablement depuis un siècle ou plus. 2 18 encore responsables de la transmission de la lilariose, dont une des formes, Véléphantiasis, est commune dans les régions tropicales de l'Afrique et occasionne notamment un développement anormal de certaines parties du corps, et de la lièvre denguc, sorte de grippe épidémique, qui règne également dans notre Colonie. Comment a=t=on découvert Comme l'indiquent les noms de fièvre des que les moustiques marais, fièvre paludéenne, paludisme, qui transmettaient la mala= , ' - » i ' . i T • fja j sont communément donnes a la malaria, cette maladie sévit surtout dans les régions marécageuses, et l'on croyait autrefois que les émanations ou les miasmes des marais en étaient la cause originelle. En réalité, la malaria est occasionnée par des micro-organismes parasites, qui vivent dans le sang de l'homme, se nourrissant des globules rouges, et qui sont transmis des personnes malados aux per- sonnes saines, par l'intermédiaire de certains moustiques. C'est en 1880 que le grand savant français Laveran, alors médecin: militaire en Algérie, découvrit l'organisme de la malaria. Dix-sept années plus tard, l'illustre major anglais Ronald Ross (170'') (*), deux fois, depuis, titulaire du prix Nobel pour sa découverte, se trouvant aux Indes, démontra d'une manière indiscutable, après de longues et patientes recherches, le rôle important joué par les moustiques dans la transmission de la malaria, et l'on peut dire que c'est là un des plus grands services qui ait été rendu à la cause de l'humanité. (**). En 1900, mettant en pratique les indications de Sir Patrick Man- son (137), les docteurs Sambon et Low construisirent à Ostie, dans la campagne romaine, une hutte protégée contre les moustiques, dans laquelle ils vécurent, sans contracter la maladie, durant les mois où la malaria sévissait av(?c le plus d'intensité. Une contre-épreuve fut faite, en envoyant à Londres des moustiques infectés, capturés à Ostie. Le fils du D"" Manson, le D'' P. Thurburn Manson, et M. George Warren se laissèrent piquer et devinrent bientôt malades de la fièvre. La preuve de la responsabilité des moustiques était définitivement établie. Il ne nous appartient pas de parler ici des multiples recherches qui, dans tous les pays civilisés, ont été la suite logique de ces premières découvertes. Le nombre de travaux actuellement publiés sur la matière est considérable. Des résultats pratiques d'une importance exceptionnelle ont été obtenus, puisqu'on possède actuellement des moyens efficaces de lutte contre le parasite et surtout contre les insec- tes qui le transmettent. (*) Afin d'éviter de surcharger le texte par de longues références, nous faisons sui- vre d'un numéro d'ordre, les noms des auteurs cités. Ce numéro d'ordre correspond au classement des travaux dans la bibliographie qui termine \e présent ouvrage. (**) D'après M. C. Nicolle (157) le rôle des moustiques dans la transmission du paludisme était déjà suspecté en 1774. En effet, on peut lire dans » Voyage en Dalma- tie », par Jean-Baptiste de Fortis, traduction publiée à Berne en 1778 (Vol. II, p. 216-17), que tous les habitants de la partie basse de la Narenta dormaient sons des tentes pour se protéger contre les moustiques. Un prêtre dit à l'auteur qu'il soupçonnait que les fièvres, dont les habitants de ce pays souffraient fortement, avaient pour cause la piqûre de ces insectes qui, après s'être nourris sur une carcasise pourrie ou une plante- vénéneuse, venaient attaquer 1*6 hommes. 19 Quels sont les moustiques Quoiqu'on connaisse actuellement environ S?.",a' malartaf "" l'^OO espèces de moustiques et qu'on en découvre constamment de nouvelles dans toutes les parties du monde, la plupart sont inoffensives au point de vue de la transmission des maladies. En réalité, la malaria n'est pro- pagée que par les lemellcs adultes d'un genre spécial de moustiques, 1rs Anophèles, et même toutes les espèces d'Anophèles ne sont pas susceptibles d'introduire dans le sang de l'homme le germe de la fièvre. Voici une liste des espèces d'Anophèles connues comme transmettant la malaria, que nous devons à l'obligeance de M. H. -F. Carter, de l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool. EuRorE : Anophèles maculipen- nis, Mg. (voir fig. i) ; A. bilur- catus, L. ; A. (Myzomyia) hispa- niola, Théo. x\siE et Malaisie : Anophèles (Myzomyia) culicifacies, Giles ; A. (Myzomyia) Lisloni, Liston; A. (Myzomyia) lurkhudi. Liston; .4. (Myzorhijnchiis) barbirostris, v. der Wulp ; A. (Myzorhijnchus) si- . ^ , ,. . nensis, Wied ; A. (Myzorhnnchus) Y\s. 1. — Anophèles macuhpennis , ' rru ' t /v i Mg. femelle. - L'agent de transmis- umbrosus, Théo; A. (^qjssorhyn- sion de la malaria dans le Sud de chus) maculipalpis, Giles; .4. l'Europe. — Dimensions quadruplées. (.\'yssorhynchiis)' Theobaldi, Gi- les ; A. (Nijssorhynchus) [uligi- no&ns, Giles ; .4. (\eoceliia) Stephensi, Liston ; .4 (?) (*) lormosaensis, Tsuzuki ; .4. (Neocellia) Willmori, .lames (**\ Afrique : Anophèles (Mysomyia) hispaniola, Théo ; .4. (Myzomyia) funestus, Giles; A. (Pyrelophorus) costalis, Loew. ; .4. (Myzomyia) alg':Ticnsis, Théo; .4. (Myzomyia) cuHcifacies, Giles; A. (Myzo- rhynchus) umbrosus, Théo; A. (^'yssorhynchus) maculipalpis, Giles; .4. (Cellia) pharoensis, Théo (***). Australie : Anophèles (\'yssorhynchus) annulipes, Walker. (*) La validité et la position systématique d'Anophèles formosaensis Tsuzuki, sont («) D'après W. H. Swellengrebel, W. Schuffner ert J. M H. SweUengrebel-De Graaf, Anophèles Liidlowi est, aux Indes néerlandaises, le plus dangereux agent de transmission de la malaria. (Meded. BuTgerlijk Geneesk. Dienst, NederL-Indie, Batavia, 1919, n' 3, pp. 1-64). (*«) Nous y ajoutons, d'après le Capt P. H. Bahr (U), et d'après G. Storey (196), les espèces suivantes, signalées en Egypte: A.(Myzomyia)tuTkhudi, Liston ; A. palesti- nensis (Sergenti), et A. bifurcatus ; ce dernier moustique parait être ua des plus dan- gereux propagateurs de la malaria. 20 Amérique du Nord : Anophèles punclipcnnis, Say ; A. crucians, Wicd ; A. quadrimaculatus, Say. Amérique centrale et du Sud : Anophèles pseudopunctipennis, Théo; A. (Cellia) albimanus, Wied ; A. (Cellia) argijrotarsis, R. D. ; A. (Cel- lia) larsimaculatus, Goelcii ; A. (Cyclolep.) iniermedius , Pery ; A. (Arri- balzagia) pseudomaculipes, Pery. Parmi les espèces malariales africaines lAnophcles lunestus, Giles (voir fig. 21) ; A. costalis, Loew (voir îig. 21); A. pharocnsis, Théo; A. unibrosus,, Théo, et A. maculipalpis , Giles, ont été signalées comme existant au Congo belge (*). Ce sont donc ces espèces qu'il importe surtout de combattre dans notre Colonie. Les caractères qui distinguent les moustiques Anophèles (adultes et larves) des autres moustiques sont donnés plus loin, pages 40 à 43. Ils permettront aux planteurs et aux colons de déterminer, dans la région qu'ils habitent, la présence des insectes suspects de propager les fièvres. Pour ceux qui désirent pousser plus loin les recherches, nous don- nons en annexe, à la fin de la présente brochure (p. 217) une clef pour la détermination des espèces africaines d'Anophèles, dressée par M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S., du British Muséum (Natural His- tory) de Londres (59). Comment la malaria se Les parasites qui occasionnent la maladie déveioppe^t^eile chez une ^.^^^^^^ j^^ j malaria, fièvre des personne piquée par un ... . ■,^, moustique Anophèles in= marais, paludisme, etc., et ses variétés, ap- fecté ? pelées fièvre intermittente, fièvre rémit- tente, fièvre pernicieuse ou maligne, sont des organismes microscopiques, dont le corps est formé d'une seule cellule et que l'on désigne sous le nom de Plasmodium. Ils appartien- nent à l'ordre des Protozoaires, classe des Telosporidies, sous-classe des Hémosporidies, et ont besoin, pour se développer complètement, de deux milieux : le sang de l'homme dont ils détruisent les globules rouges, et le corps de certains moustiques. Voyons d'abord succinctement ce qui se passe dans le sang d'un homme sain, qui est piqué par un moustique Anophèles femelle infecté et capable de communiquer la maladie. La description ci-dessous est (*) MM. Newstead, Dutton et Todd (155), ont récolté Lee Anophèles suivants dans des localités du Congo belge : A. costalis, à Zambi, Borna, Matadi, Tumba, Wathen, Léopoldville, Kitoto, Tumba (au-dessus de Lukolela), Irebu, Coquilhatville, Bamania, Lutongo, Nonvellô-Anvers, Bokanga, Lisala, Bumba, Yambinga, Stanley-Falls, Benabuningu, Lokandu, Semdwe, Makuta, Kasongo, Tshofa, Lusambo. A. marshalli, à Borna, Léopoldville, Coquilhatvil'e, Yambinga. A. fiinestiis, à Zambi, Borna, Matadi, Wathem, Katombe, Lusambo. A. mauritianus, à Borna, Léopoldville, Ile Bamu, Bamania, Eala, Barombu, Kum- ba, Kasongo, Lusambo, Zambi, Borna. A. pharoensis, à Borna. D'autre part, M. le D' J. Bequaert (Mission scientifique du Katanga, 1910-12) (14) a récolté Anophèles funestus à Kasongo, Bukama et dans tout le Katanga, A. costalis à Nyangwe, et A. Welcomei, à Bukama. Enfin, M. Le D' Schwetz (181), étudiant les moustiques de Kabinda (Lomami), dit que les Anophelidés sont relativement très rares dans cette localité (850 m. d'altitude), tant à l'état adulte dans les maisons et aux alentours de oellos-ei, qu'à l'état larvair* dans les récipients d'eau stagnante. Les quelques exemplaires qu'il a capturés sont des A. (Myzomyia) funestus, Giles. 21 empruntée presque complèlcnieul à la brochure « Some Fuels about Malaria », de M. le Dr L. 0. Howard (95), Chef du Bureau d'Entomo- logie du Département de l'Agriculture des Etats-Unis. Par la piqûre, les formes jeunes du parasite sont introduites dans la blessure, en même temps qu'une certaine quantité de sécrétion salivaire, et s'échappent dans le sang. Chacune de ces formes jeunes pénètre ensuite dans un globule rouge, y vit et y poursuit son développement. Lorsque celui-ci est terminé, chèque parasite se divise et produit ainsi un certain nombre de spores qui s'échappent dans le plasma sanguin et pénètrent dans des globules nouveaux. Ce mode de propa- gation peut se poursuivre pendant des années. Quoiqu'il n'y ait que quelques parasites introduits par la trompe du moustique, le nombre de ceux-ci s'accroît rapidement, jusqu'à ce que des millions et des millions existent dans le sang. Au début, lorsque la quantité de micro-organismes est encore faible, une personne infectée peut rester apparemment en bonne santé, mais dans la suite, le nombre des parasites étant devenu suffisamment élevé, elle commence à souffrir de la fièvre. Les parasites tendent à produire tous en même temps leurs spores, et c'est au moment où ces spores se répandent presque simultanément dans le sang, que la fièvre débute. Cette fièvre est probablement occasionnée par une petite quantité de poison qui s'échappe de chaque parasite, en même temps que les spores. Après une période d'une durée de six à quarante heures et plus, le poison est éliminé de l'organisme du patient et la fièvre tend à le quitter. Entre-temps cependant, une nouvelle génération de parasites, issue des premières spores, approche de la maturité, et lorsque celle-ci est atteinte, il y a une nouvelle émission de germes, qui occasionne un accès de fièvre, analogue au premier. Ceci peut se continuer pendant des mois et des mois, les accès de fièvre se succédant à des intervalles réguliers. Toutefois, il se produit souvent, comme résultat d'infections répé- tées, que la nouvelle attaque commence avant que la première ne soit terminée, et dans ce cas, la fièvre continue sans interruption. Il peut se faire qu'après un certain temps, même sans traitement, le nombre de parasites diminue et qu'il n'y en ait bientôt plus assez dans le sang pour provoquer la fièvre ; dans ce cas, l'état du malade s'améliore temporairement. Généralement cependant, l'accroissement du nombre de parasites reprend tôt ou tard, et le patient souffre à nouveau d'une série d'accès fiévreux. Ces rechutes sont souvent facilitées par la fatigue, la cha- leur, les refroidissements, les excès et les maladies et peuvent surve- nir longtemps après la première infection par le moustique, et même lorsque le patient a quitté les localités infestées pour habiter une région où la malaria ne sévit pas. En plus de la fièvre, les micro-organismes de la malaria peuvent 22 encore occasionner, surtout chez les patients ayant déjà subi plusieurs rechutes, une anémie générale et une hypertrophie de la rate. Les personnes atteintes de la malaria, ayant un organisme affaibli par les parasites, résistent moins à d'autres maladies, telles que la pneumonie et la dysenterie, et en meurent souvent. Les micro-organismes de la malaria sont au moins de trois espèces, faciles à distinguer dans le sang, lorsqu'on en fait des préparations microscopiques. Ce sont : (1) un parasite qui produit ses spores tous les trois jours et occasionne ce qu'on appelle la fièvre quarte (C'est le Plasmodium îiialariae de Laveran; ; (2) un parasite qui donne des spores tous les deux jours et cause la fièvre tierce (Plasmodium vivax, Grassi et Feletti) ; (5) des parasites qui occasionnent la fièvre maligne ou malaria pernicieuse, maladie de marche très irrégulière, entraînant souvent des complications dangereuses (Plasmodium lalciparum, \\ e\ch^ Lavcrania malarise, Grassi et Feletti). Il est à noter que des parasites semblables se rencontrent fréquem- ment dans le sang d'autres mammifères, spécialement des singes, ainsi que dans celui de nombreuses espèces d'oiseaux. Administrée en temps utile, la quinine tue les micro-organismes de la malaria, mais généralement la destruction des parasites dans le corps n'est complète que si le remède est appliqué pendant plusieurs mois, à doses suffisamment fortes. Aussi longtemps qu'un seul para- site reste dans le sang, des rechutes sont à cz^aindrc. Comment les moustiques Nous venons d'examiner comment le Anophèles femelles s'in- micro-organisme de la fièvre malariale vit fectentuls et transmet^ , ,,^, , , , .. ^ tentais l'infection ? ^^ se développe dans le sang des patients. Voyons maintenant, en suivant toujours la description du C Howard (93), comment il poursuit son évolution dans le corps des moustiques et comment ceux-ci le communiquent finalement aux personnes saines. En dehors des formes produisant des spores, il arrive un moment où le parasite de la malaria se développe en individus mâles et femelles (formes sexuées en croissant), et lorsqu'un des moustiques Anophèles femelles, susceptibles de transmettre la malaria, se nourrit sur un malade dont le sang contient ces micro-organismes, ceux-ci sont aspi- rés, en même temps, dans l'estomac du moustique. Si les formes sexuées sont présentes, celles de sexe différent s'unis- sent aussitôt. Le parasite subit ensuite certains changements dans l'estomac de i'insecte, et l'œuf fertilisé ou zygote qui en résulte, devient mobile et, passant au travers des parois stomacales, va se fixer fina- lement sur la surface extérieure de ces dernières. Dans cette situation, il se développe très fortement et, si les conditions sont favorables, produit après une semaine, un nombre considérable de spores libres et mobiles. Ces spores s'échappent dans la cavité générale du corps du mousti- que et atteignent les glandes salivaires. Ces glandes sécrètent un fluide irritant, qui est injecté sous la peau humaine, lorsque le moustique commence à se nourrir. Ainsi donc, un moustique Anophèles femelle, qui s'est nourri sur un malade dont le sang contient les formes sexuées du parasite, peut, 23 une semaine plus tard, en piquant une autre personne, injecter sous sa peau et généralement dans son sang, et la salive et les spores viru- lentes. Ces dernières occasionnent ou peuvent occasionner une infect- tion ou une réinfection de la seconde personne. Donc les parasites malariens passent d'homme à homme par l'in- termédiaire de certains moustiques Anophèles, et il en résulte que la malaria est une maladie infectieuse transmise des personnes malades aux personnes saines, par ces insectes, et que ce n'est que de cette façon que la maladie peut être contractée. Comme nous l'avons dit, on croyait autrefois que c'étaient les miasmes ou les émanations des marécages qui occasionnaient le paludisme. Des recherches minutieuses dans l'air, l'eau, la végétation décom- posée et le sol des régions contaminées, n'ont jamais permis de décou- vrir les parasites malariens, et des essais d'infection à l'aide de ces agents n'ont jamais réussi. Mais il est vrai, d'autre part, que les moustiques qui transmettent les parasites passent leurs stades de larve et de nymphe dans l'eau des marais, des étangs et des cours d'eau, et que c'est de ces milieux de développement qu'ils émergent à l'état parfait, pour entrer dans les demeures voisines et se nourrir la nuit sur les habitants, piquant l'une personne après l'autre, et vivant pendant des semaines ou des mois. S'il se fait qu'une personne atteinte de la fièvre malariale se trouve dans l'une de ces habitations, les femelles d\Anopheles s'infectent et peuvent ainsi communiquer la maladie à d'autres personnes et dans les maisons voisines. Ainsi toute une localité peut devenir malariée. Il est facile, dans de telles localités, de trouver les parasites de la malaria dans les moustiques des espèces propagatrices. Parfois jusqu'à 25 pour cent et plus des spécimens disséqués sont infectés. Dans les localités malariées, les moustiques Anophèles piquent les enfants sains et infectent bon nombre d'entre eux. Si ces enfants ne sont pas soignés d'une façon rationnelle, ils restent contaminés pen- dant des années, peuvent devenir anémiques, avoir la rate hypertro- phiée et servir de foyer d'infection pour d'autres. L'on a trouvé que dans ces localités malariées, presque tous les enfants contiennent dans leur sang les parasites de la malaria et ont une rate anormalement développée. Par conséquent, dans de telles localités, les parasites sont constam- ment transmis par l'intermédiaire des moustiques, des enfants les plus âgés ou des personnes adultes aux enfants nouveau-nés, et l'in- fection malariale peut rester y subsister pendant de nombreuses années, voire même indéfiniment. De même, une personne nouvellement arrivée dans ces endroits malariés s'infectera probablement bien vite, surtout si elle dort, ne fût-ce qu'une nuit, dans une maison contaminée, à l'époque où les mousliques volent et piquent. D'autre part, une localité n'est malariée que si elle habitée par des personnes qui possèdent dans leur sang les parasites de la malaria, et s'il y a un nombre suffisant de mousti- ques des espèces propagatrices, pour transmettre l'infection aux per- sonnes saines. 24 Quel est le moustique qui transmet la fièvre jaune? La fièvre jaune est une maladie particu- lière aux régions tropicales. Son origine est douteuse : l'opinion anciennement admise est qu'elle aurait pris naissance au Mexique ou aux Antilles et qu'elle se serait propagée, par l'intermédiaire de la navigation, dans toutes les régions continentales voisines : Sud des Etats-Unis, Amérique cen- trale. Panama, Amérique du Sud, ainsi que dans certaines parties de l'Afrique (Afrique occidentale). D'autres auteurs sont d'avis, que c'est cette dernière contrée qui est le lieu d'origine de la fièvre jaune (*). Quoi qu'il en soit, cette maladie est caractérisée par une fièvre de plus en plus intense, ainsi que par des maux de tête et des douleurs de dos ; dans la plupart des cas, la fièvre est suivie, au bout de trois ou quatre jours, par une coloration jaune de la peau (d'où son nom de fièvre jaune) et par des vomissements noirs (vomito-negro). Jusqu'en ces tout derniers temps, l'étiologie de la fièvre jaune était encore inconnue. Il semblait prouvé qu'il s'agissait non d'un virus, mais d'un organisme vivant, invisible par les moyens actuels, qui se développe dans le sang et le détruit en l'envahissant brusque- ment, après une courte incubation allant d'un à quatre jours. Fig. 2. — Les deux sexes du Stegormjia lasciata, le moustique de la fièvre jaune, fortement agrandis. — A gauche, le mâle, insecte inoffensif, se nourrissant du suc des plantes. — A droite, la femelle, avide suceuse de sang et qui est seule responsable de la transmission des germes de la fièvre jaune. — Les principales différences sexuelles se trouvent dans les antennes et la longueur des palpes maxillaires. — En dessous, les deux iasectes grandeur naturelle. (*) Comme Ta fait remarquer M. G. A. K. Marshall, l'imniunité vis-à-vis de la ma- ladie dont semblemt jouir les noirs, et l'abondance des espèces du genre Stegomyia en Afrique, sont deux preuves em faveur de l'origine africaine de la fièvre jaune. 25 Cependant les recherches du savant D"" Noguchi, de l'Institut Rockfeller, signalées tout récemment (janvier 1921), dans la presse médicale, semblent avoir abouti à la découverte de l'agent pathogène de la fièvre jaune. Ce serait un leplospire dénommé Leptospira icteroïdes (*). Mais si la vraie cause de la maladie est encore discutée, il est actuel- lement démontré avec certitude, qu'elle est transmise des personnes malades aux personnes saines, par la femelle d'une espèce de mousti- que très répandue sous les climats chauds : le Stegonnjia fasciata = Aedcs calopus, Meig. (voir fig. 2). et que le meilleur moyen d'enrayer la dispersion de la fièvre jaune consiste à détruire cet insecte et à protéger les habitants contre ses piqûres. Ainsi que l'ont prouvé les travaux de la commission américaine à Cuba et de la commission française au Brésil, le Stegomyia ne devient infectieux que s'il pique un malade pendant les trois premiers jours de la maladie ; après cette période, le sang ne semble plus con- tenir de germes capables d'évoluer. D'autre part, un Stegomyia n'est capable d'infecter une personne saine, que douze jours après avoir piqué un patient souffrant de la fièvre jaune, mais il reste alors infectieux durant toute sa vie et peut ainsi transmettre la maladie à un grand nombre de personnes. Nous donnons plus loin (p. 45), les principaux caractères morpho- logiques qui permettent de distinguer le Stegomyia lasciata des autres moustiques. Au point de vue des mœurs, le Stegomyia est un insecte essentiellement domestique, qui ne quitte pas le voisinage immédiat de l'homme et dont la larve se développe presque uniquement dans les petites quantités d'eau accumulées dans des récipients se trouvant à l'intérieur des habitations ou dans leurs dépendances (**). Depuis le début du présent siècle, la lutte contre le Stegomyia a été menée avec énergie par les Américains. Elle a abouti à la suppression de la fièvre jaune à la Havane, dans le Sud des Etats-Unis et dans la zone du canal de Panama(***). Les moyens de destruction du mousti- (*) Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles Leptospira icteroïdes serait l'agent étiologique de la fièvre jaune : a) Ce Leptospire a été trouvé dans des cas de fièvre jaune ; b\ Il a été cultivé à partir de cas de fièvre jaune, à Guayaquil, à Mérida et au Pérou ; c) L'inoculatiojQ de cultures de Leptospires provoque la maladie avec tous ses symptômes chez le cobaye ; l'organisme se retrouve alors sur cet animal et peut en être isolé ; d) Ses propriétés et ses caractères coïncident avec les propriétés bien connues du virus de la fièvre jaune ; e) Il est transporté par le moustique Stegomyia et devient ainsi susceptible de reproduire l'affection. (**) En Afrique occidentale et au Congo, on a trouvé des larves de Stegomyia fasciata se développant dans l'eau accumulée dans des cavités d'arbres ou entre lee racines de ceux-ci (voir p. 52). (**«) A La Havane, la campagne contre la fièvre jaune et son agent de transmis- sion, le Stegomyia, a débuté en février 1901, et la même année, le nombre de décès dus à cette maladie tomba à 18, contre 310 en 1900, 103 en 1899, 136 en 1898, 858 en 1897 et 1,282 en 1896. En 1902, il ne se produisit plus aucun cas mortel de fièvre jaune ;l La Havane. D'autre part, dans la zone du canal de Panama, la lutte contre le Stegomyia et la fièvre jaune commença en juin 1904, lors de l'arrivée du colonel Gorgas et de ses col- laborateurs. En septembre 1905, se produisit le dernier cas de fièvre, et depuis îors, grâce aux mesures préventives prises, cette maladie a été complètement extirpée de la région. 26 <]uc sont actuellement en usage dans presque toutes les contrées où sévit la maladie. En Afrique occidentale anglaise, une commission spéciale de la fièvre jaune (Yellow Fever Commission, West Africa) fonctionne depuis quelques années, et nous aurons à signaler dans la suite de ce travail, les résultats de ses recherches sur les mœurs et les moyens de destruction du Stegomyia lasciata. On peut dire que l'histoire naturelle de ce moustique est actuelle- ment mieux étudiée que celle de n'importe quelle autre espèce de Culicide et peut-être d'insecte. Les observations et expériences faites à ce sujet par les entomologistes médicaux américains, anglais et autres sont très nombreuses et nous aurons souvent à en citer les résultats, pour mieux expliquer certains faits de la biologie des moustiques. Quelle est la distribution Le Stegomyia lasciata = Acdes calopus, géographique du mous= ^.^^ ^^^ ^^^ espèces de moustiques les plus tique de la fièvre jaune? , ^ - j i i . ' Existe=t=il au Congo ? largement répandues dans les contrées chaudes du globe. Sa zone de dispersion ne dépasserait pas, paraît-il, le 40™'' degré de latitude Nord et le 40"^ degré de latitude Sud. Il se rencontre surtout dans les régions tropicales et, aimant l'humidité, est principalement abondant au bord de la mer et le long des grands fleuves. L'habitat d'origine du moustique de la fièvre jaune serait, d'après les uns, les Antilles et les contrées continentales voisines ; d'après d'autres, l'Afrique (Afrique occidentale). Ce qui semble confirmer cette dernière hypothèse, c'est qu'il existe en Afrique, beaucoup plus d'espèces de Stegoinyia que dans une autre partie du monde (voir la note, p. 28). Le Stegomyia lasciata aurait été importé en Amérique par la traite des esclaves. D'après le mémoire de la Commission américaine de la fièvre jaune à Cuba, la femelle de Stegomyia pique toute la journée par des températures allant de 26" à 35°C. Entre 19" et 25°C. clic pique peu et refuse de piquer entre 14° et 18°C. Cette observation est importante, car elle explique le fait que la fièvre jaune ne sévit toute l'année que dans les contrées très chaudes, alors qu'elle est simplement estivale dans les régions plus tempérées. C'est ainsi qu'aux Etats-Unis on distingue deux zones bien tran- chées de distribution du Stegomyia. Celle appelée par M. le D"" Ho- ward (94) la zone permanente, comprend l'extrême Sud du territoire (régions bordant le golfe du Mexique). Dans cette zone, il ne se pro- duit jamais de gelées et l'insecte peut, par conséquent, se développer sans interruption. La seconde zone, appelée zone temporaire estivale, comprend tout le reste du territoire ; le moustique ne s'y propage que pendant la saison chaude et il y est exterminé, chaque année, par les premiers froids auxquels il est très sensible. Il y est introduit, en été, par les moyens artificiels de trans{)ort : navires, chemins de fer, bagages, etc. Le Stegomyia lasciata existe également dans toutes les régions qui 27 bordent la Méditerranée {*), en Caucasie russe sur les côtes de la mer Noire, aux Indes anglaises, en Malaisie, en Indo-Chine (**), en Chine, au Japon, aux Indes néerlandaises, en Nouvelle-Guinée, aux îles Hawaii, aux îles Philippines, etc. . Sa présence a été de même signa- lée au Queensland, en Nouvelle-Galles du Sud et dans les territoires australiens du Nord. En Afrique, le principal habitat de ce moustique est la côte occi- dentale. On le trouve notamment en Nigérie du Sud (Lagos), Côte d'Or (***), Sierra-Leone. Gambie. Togo, Dahomey, Sénégal, etc. Cet insecte existe également dans d'autres contrées africaines (****), telles que, par exemple, le Maroc, l'Egypte, l'Afrique Nord-Est et certaines parties de l'Afrique du Sud. Il se rencontre aussi à Madagascar. Depuis quelques années, on sait que l'habitat du Stegomiiia fas- ciata s'étend au Congo belge. MM. Newstead, Dutton et Todd (155), en 1907, ont signalé sa présence à Matadi, Léopoldville, Sendwe, Kasongo, Tshofa et Lusambo. M. le D"' J. Rodhain a récolté fin 1914. des larves de Stegomyia, à Dungu (Uelé), en pleine saison sèche, dans des creux de rochers, parmi les petits rapides du Kibali. M. le D"" van den Branden a trouvé ces mêmes larves à Léopoldville, dans l'eau séjournant à la base des Flamboyants. Enfin, M. le D'' Schwctz (181), en 1915, rapporte qu'à Kabinda, station très saine, située à 850 mètres d'altitude, dans le district du Lomami. les Stegomyia fasciata étaient (*) D'après M. R. Blanchard (19) (1917), Stegomyia laxciala doit être considéré désormais comme faisant partie de la faune entomologique de la France méridionale. Il y a probablement été introduit par te troupes noires venant du Sénégal. De même, L. Piras signale que de grandes quantités de ces moustiques ont infesté le port de Gênes (maisons et navires), de juin à septembre 1917. D'autre part, suivant J. Waterston (208), le Stegomyia fasciata serait extrêmement abondant à Salonique, particulièrement dans les habitations. Il paraîtrait même qu'il peut s« rencontrer occasionnellement en Angleterre, puis- que M. Mac Gregor 135) a récolté, dans un creux de hêtre d'Epping-Forest (X. E. de Londres), des larves de plusieurs espèces de moustiques, parmi lesquelles celles de Stegomyia fasciata. (**) En 1915-16, des recherches concernant la présence du moustique de la fièvre jaune furent entreprises dans divers ports de rExtrême-Orient : Bangkok (Siam), Sai- gon (Cochinchine), Haiphong (Tonkin), Canton (Chine du Sud), Batavia, Samarang et Soerabaia (Java), Makasser (Célèbes) et Tjilatjap (.Java). Suivant Stanton A. T. (195) Stegomyia fasciata était abondant dans tous ces ports et cela pendant toutes les saisoas de l'année. Même là où la lutte avait été entamée contre lui, il était com- mun ; ailleurs il constituait un véritable fléau. ('-»*) Au laboratoire d'Accra, MM. Scott Macfie et A. Ingram fl30) ont ana- lysé entomologiquement 417 échantiillons d'eau contenant des larves de moustiques. Ces échantillons constituaient )e.s prélèvements faits pendant un an par le.s inspec- teuns sanitaires de la Côte d'Or dans les agglomérations indigène<5. Dix espèces de larves y furent trouvées : Stegomyia fasciata dans 88.44 p.c. des échantillons, Culer fatigans dans 14.86 p.c, Anophèles costalis dans 0.95 p. c, Ciiîex decens et CuUciomyia nebiilosa, chacun dans 0.71 p.c , Stegomyia hiteocephala et S. metallica, chacun dons 0.47 p.c, et C!(7e.r invidiosus, C tigripes var. fiiscus et Stegomyia uvilineata, chacun dans 0.23 p. c. («*-*) D'après M. le Dr Andrew Balfour, directeur des Wellcome Research Labo- ratories, à Khartoum, le Stegomyia fasciata a été rencontré en diverses localités du Soudan anglo-égyptien. Ce moustique était autrefois assez abondant à Khartoum même, mais il y est rare actuellement, par suite de la gue^rre san.s merci qui lui a été faite durant sept années. Le Dr Balfour ajo.ite qu'il est possible que Stegomyia fasciata puisse transmettre au Soudan le virus de la Horse Sickness. D'autre part, d'après M. R. B. Drake-Brockman, 1© moustique* de la fièvre jaune est très abondant pendant toute la saison d'hiver, dans les localités côtières dn Somaliland anglais. Sa lan/e se multiplie dans toujs les récipients à eau des maisons arabes et indiennes. Par contre, d'avril à septembre, la chaleur torride et les vents chauds et violents détruisent presque tous les moustiques. (Extrait d'une not-e parue daus le Bull, of Entom. Res., Vol. II, Pt. 2., p. 179). 28 très communs à l'intérieur des habitations et autour de celles-ci, principalement vers le soir, et que des larves de ces moustiques ont été trouvées dans l'eau contenue dans de vieilles boîtes à conserves et autres récipients vides, tout autant chez les Européens que chez les indigènes ( ). L'existence au Congo belge du moustique propagateur de la fièvre jaune présente un certain danger, et il sera donc prudent de poursui- vre la destruction de cet insecte, tout autant que celle des Anophèles. Qu'est=ce que la filariose? La filariose est un terme général appliqué - Quels sont les mous= ^ j^g maladies tropicales affectant le sys- ce«e' ZZâ Tlom" tème lymphatique de l'homme et occasion- ment la transmettent- nées par des vers nématodes, à corps long ils ? et grêle, appartenant au genre Filaria, dont les embryons sont transmis par les mousti- ques. Cette maladie se manifeste par un développement souvent énorme des régions inférieures du corps, et particulièrement du scrotum. Le stade le plus avancé, désigné sous le nom d'éléphantiasis, est une affection indigène bien connue dans notre colonie. Quoiqu'il existe plusieurs espèces de filaires du sang, la seule qui ait une grande importance pathologique est Filaria Bancrolti, Cobbold. Son embryon : Microlilaria Bancrofti (voir fig. 3), habite le plasma sanguin et se présente sous l'aspect d'un ver très mince, ayant à peu près le diamètre d'un globule rouge et 0.3 mm. environ de longueur, enfermé dans une gaine très délicate. Ces microfilaires ont une très curieuse propriété, celle de la périodicité. Ils sont abondants la nuit dans le sang pé- riphérique et en disparaissent durant le jour, se réfugiant dans les poumons et les gros vaisseaux sanguins. Man- son (137) dit qu'à minuit il n'est pas rare de trouver de 300 à 600 de ces microfilaires nocturnes dans chaque goutte de sang. Les filaires adultes sont des vers très minces, semblables à des che- veux, habitant les conduits et les glandes lymphatiques. Les mâles me- surent environ 40 mm. de longueur et les femelles de 85 à 90 mm. Ces dernières sont ovovivipares et expulsent des myriades de microfilaires dans les sinus lymphatiques. Ceux-ci, peu après, envahissent le sang, Fig. 3. — La filariose. — JWi- cro filaria Bancrolti, dans le sang humain. — Très forte- ment agrandi. (D'après W. B. Herms.) (•) D'autres espèces d« Stegomyia ont également été signalées au Congo bel g« et dans ks colonies africaines voisines. Ce sont : Stegomyia africana, Theob. (Congo, eic.\;S. luteocephala, Newst. (Congo, etc.) ; S. powen, Theob. (Congo, etc.) ; S.alba- marginata, Newst. (Congo); S. sugens, Wied. (Angola, etc.); S. pseudomgeria, Theob. (Angola) ; S. apicoargentea, Theob. (Ouganda, etc.) ; S. fraseri, (Ouganda) ; S. simp- soni Theob. (Angola, etc.); S. metallica, Theob. (Afrique occidentale, Soudan); S. unil'ineata (Côte d'Or') et S. argentovenlralis. Theob. (Afrique occidentale). 29 occupant donc surtout les poumons le jour, et les vaisseaux périphé- riques la nuit. Il est évident que l'envahissement nocturne du sang périphérique, par des milliers et des milliers de microîilaires, offre à ces organismes une excellente occasion de passage dans le corps des insectes suceurs de sang et principalement des moustiques. Une fois parvenus dans l'estomac de ces derniers, ces embryons perdent leur gaine ; ils émigrent ensuite dans les muscles thoraciques, où ils poursuivent leur évolution et, au bout d'un laps de temps, variable suivant la température ambiante et l'espèce de moustique, deviennent des larves, qui se frayent un chemin vers le labium ou gaine de la trompe, où elles s'accumulent. Quant le moustique pique l'homme, la gaine de la trompe, bourrée de larves, se rompt et ces dernières pénètrent à travers la peau et gagnent les vaisseaux lym- phatiques où elles se développent, se différencient en mâles et femel- les et s'accouplent. Plusieurs espèces de moustiques, dont certains Anophèles qui dis- séminent également la malaria, peuvent servir de moyen de transport aux embryons de filaires. Voici, d'après le guide spécial n° 7 du Bri- tish Muséum (Xatural History), une liste des espèces de moustiques, connues comme propageant les diverses formes de filariose. Les espè- ces africaines y sont marquées par un astérisque : * Anophèles macidipennis, Mg. ; A. (Myzorhynchus) sinensis. Wied, var. nigenimus, Giles et var. niinuius, Theob. ; A. (Myzomyijj rossii, Giles ; *.l. (M.) lunestus, Giles ; *A. (Pyretophorus) costalis, Loew. ; .4. (Cellia) argyrotarsis, Rob. Dcsv. ; *Culex latigans, Wied ; *Stego- inyia lasciata, Fabr. ; Stegomyia pseudo-scutellaris, Theob ; *Manso~ noides unijorniis, Theob. ; Taeniorhynchus titillans, Walk. et T. pseu- dotitillans, Theob. Le plus important de ces moustiques, au point de vue de la trans- mission de la filariose, paraît être Culex latigans, Wied., qui est largement et abondamment répandu dans les régions tropicales et subtropicales (*) (voir fig. 28). Autres maladies transmi- La Dengue est également transmise par ses par les moustiques, j^g niousfïques. C'est une maladie épidé- niique, infectieuse, semblable à rinfluenza,qui règne dans les régions tropicales et subtropicales. Elle existe au Congo belge. Ses caractères sont une fièvre aiguë, qui débute soudainement, après un à trois jours d'incubation et est accompagnée de douleurs musculaires, articulaires et lombaires et de céphalalgie. Cette mala- die est bénigne, de courte durée, et est produite par un virus invisible, filtrant, qui envahit le sang et y est introduit par la piqûre de cer- tains moustiques, notamment Culex fatigans, Wied. (quiiiquefascia- tus, Say) et Stegomyia lasciata, F. (**). (*) Suivant Curwen H. (44) et Aders W. M. (2), à Zanzibar, Culex fatigans fréquente surtout les vieilles agglomérations arabes. Il y est l'agent de transmission de Microfilaria Bancrofti. Trente pour cent environ de la population Indigène sont atteints de filariose. (**) En Australie (Queensland et NouvelJe-Galles du Sud), la dengue est tran»- mise par Stegomyia fasciata et la filariose par Culex fatigans. (Voir J. B. Cleland, B. Bradley et W. Me Donald, dans Med. Jl. Australia, Sydney, n" W-U, 2-9 sept. 1916 et 7th Rept. Microbiol. Lab. for 1916, pp. 185-252). 30 Enfin, comme Ta prouvé Sir Arnold Theiler, il est presque cer- tain que les- moustiques sont des agents de propagation de la « Horse Sickness » ou maladie des chevaux de l'Afrique du Sud, et il est fort possible que ces insectes transmettent encore les germes d'autres maladies affectant l'homme ou les animaux domestiques (*). Nous croyons avoir suffisamment démontré le danger que présentent les moustiques. Il est donc essentiel qu'au Congo, nos agents, nos colons et nos planteurs, de même du reste que toute la population blanche de la Colonie, apprennent à se prémunir contre leurs atta- ques. C'est là une mesure d'hygiène générale, qui est intimement liée au développement économique et agricole du territoire. Il ne suffit pas, en effet, de traiter les personnes atteintes de mala- ria, mais il faut empêcher que celte maladie ne se propage et ne soit communiquée aux peisonnes saines. Or, si les mesures curatives sont exclusivement du domaine de la médecine, il n'en est plus ainsi, lors- qu'il s'agit de combattre l'agent de transmission du mal, le moustique. La collaboration de l'hygiéniste et celle de l'entomologiste sont alors indispensables. Celle de l'entomologiste surtout, car ce n'est que grâce à la con- naissance presque parfaite qu'on a acquise actuellement de l'his- toire naturelle des moustiques propagateurs des maladies : Anophèles, Stcgomyia, Culex, qu'on est parvenu à découvrir et à introduire dans la pratique, une grande variété de moyens tendant à détruire ces insectes ou tout au moins à éviter leurs piqûres. La description des procédés efficaces de protection et de lutte contre les moustiques, dont l'adoption est à conseiller dans notre Colonie, a fait l'objet principal du présent travail, et le chapitre III lui est entièrement consacré. Mais pour bien comprendre les principes sur lesquels sont basés ces moyens préventifs, il faut que le lecteur acquiert au préalable, une connaissance suffisante de l'histoire naturelle des Culicides, c'est-à-dire de la façon dont ils vivent, se nourrissent, se repro- duisent et se développent. CVst pourquoi, nous avons donné, dans le chapitre II, un aperçu de la morphologie et de la biologie de ces insectes. D'autre part, dans le chapitre IV, nous exposons brièvement les résultats magnifiques obtenus à Cuba et à Panama, grâce à une lutte énergique contre les moustiques, et enfin, dans le dernier chapitre, nous donnons quelques indications utiles pour les personnes qui désirent faire des recherches sur la biologie et la distribution des moustiques dans notre Colonie. (*) M. E. Blanchard (19) rappelle à ce sujet que le Stegomyia fasciata est considéré comme un agent pos.sible de transmission mécanique du trj-panosome de la maladie du sommeil. CHAPITUE II. DESCRIPTION ET MŒURS DES MOUSTIQUES (Morphologie et Biologie.) Ce chapitre contient en premier lieu quelques indications générales sur l'aspect des moustiques, leur classification et les caractères dis- finctifs des espèces qui nous intéressent. Vient ensuite l'étude de l'histoire naturelle de ces insectes, divisée en deux parties. La pre- mière, consacrée à l'évolution des moustiques, c'est-à-dire au dévelop- pement des stades larvaires : œufs, larves et pupes et la seconde aux mœurs des individus adultes. A. — ASPECT ET CARACTÈRES DISTINCTIFS DES MOUSTIQUES. Que sont les moustiques ? Les moustiques, OU plus vulgairement les cousins, sont de petites mouches à deux aileSf appartenant à l'ordre des Diptères et à la famille des Culicidx. Cet ordre des Diptères groupe toutes les mouches à deux ailes transparentes et membraneuses, dont le type le plus connu est la mouche domestique. Ces insectes subissent des métamorphoses com- plètes, c.-à-d. que leurs stades jeunes sont entièrement différents de l'insecte adulte ou mouche. Cette dernière pond des œufs, d'où éclo- sent des vers ou larves apodes, c.-à-d. sans pattes. Après une période d'alimentation et de développement, ces larves se transforment en pupes ou nymphes qui, dans la plupart des cas, sont totalement immo- biles. Au bout d'un temps variable, les adultes sortent des pupes, s'accouplent et de nouveaux œufs sont pondus par les femelles. Ceux- ci donnent à nouveau naissance à des larves, et ainsi le cycle vital de l'insecte est complété. Quels sont les caractères A l'état adulte, les moustiques se distin- particuHers des mous. ^^^^^^ suffisamment par les caractères sui- "^"" ■ vants (voir fig. 4.) : leur petite taille ; leur grande trompe ou organe suceur, munie d'organes piqueurs (stylets) ; leurs deux palpes maxillaires plus ou moins développées; leurs antennes longues, minces ou plumeuses ; leur corps allongé ; leurs pattes longues et grêles, terminées par un tarse à cinq articles de plus en plus courts et dont le dernier porte deux griffes, tantôt égales, tantôt inégales, et, enfin, leurs deux ailes membraneuses, transpa- rentes, à nervures recouvertes de petites écailles minuscules, visibles à la loupe (*). Deux petits organes spéciaux,' en forme de massue, les haltères ou balanciers, sont insérés de chaque côté de l'extrémité du (*) Ces petites écailles recouvrent également le corps des monstiqaes. Elles pré- sentent de grandes modifications de forme et de disposition suivant les espèces et sont donc très utiles pour la classification. 32 thorax, à la place de la seconde paiio d'ailes, l/on |iourra se rendre compte de leur forme, en examinant la fig. 22 (*). Il n'y a pas beaucoup d'autres Diptères qui res- semblent aux moustiques. Seuls les vrais moucherons (famille des Chironomi- dae), les moucherons des chamnigiions (Mycelophi- lidaef ei les Tipules (Ti- pulidae), ont une appa- rence à peu près sembla- ble, mais la confusion n'est vraiment possible qu'avec certains mouche- rons ou Chironomides(**). Les membres de toutes les autres familles de Dip- tères sont de formes très variées et un bon nombre d'entre eux ressemblent plus ou moins à la mouche domestique (Musca domes- tica). Parmi les types les Fig. 4. — Aspect extérieur d'un moustique (Culex femelle). — Dessin schématique mon- trant les différentes parties du corps. — Dans le coin de droite, le moustique gran- deur naturelle. plus connus, citons la grosse mouche bleue ou mouche à viande (Calli- phora), les mouches tsétsés (Glossinae), les mouches de cheval ou taons (Tabanidae), les oestres (Œstridac), les mouches planantes (Syr- phidae), les mouches bourdons (Bombijlidae), les Asilidac, etc. Quelle est la nourriture \ul n'ignore, — car qui n'a pas été des moustiques adultes? pjqué par les moustiques ou cousins, même sous nos climats tempérés — que les mous- tiques se nourrissent avidement de sang (***). Ce qu'on sait moins, c'est que, chez ces insectes, rhabitude de sucer le sang est particulière au sexe lernelle. Les femelles de moustiques ont, en fait, besoin de sang pour le développement de leurs œufs. Toujours, les mâles sont inoffen- sifs et se nourrissent du suc des plantes (****). (•) Les haltères aident à maintenir le corps ^e l'insecte en équilibre durant le vol ; on suppose qu'ils agissent aussi comme organes des sens. Ils peuvent, comme les ailes, exécuter des vibrations rapides. (»») On confond cependant aussi assez souvent avec les moustiques, les mem- bres de la famille des Tipulidae (« Daddy long legs, » des Anglais). Les espèces les plus communes de tipules se caractérisent d'habitude par la présence, snr le dos du thorax, d'une suture en forme de V et par leurs pièces de la trompe émoussées, non perforantes. Les ailes sont presque toujours dépourvues d'écaillés ou de poils. (***) Tous les moustiques ne sucent cependant pas le sang ; les Megarhinini, par exemple, en sont incapables. Beaucoup de moustiques des espèces hématophages n'ont jamais l'occasion d'obteilir une ration sanguine et sont probablement forcés de se nourrir du nectar des fleurs, du suc des plantes, etc. Tel e^st le cas, par exem- ple, pour les moustiques vivant dans les régions arctiques. Pour quelques formes cependant, telles Stegomyia fasciata, le sang paraît absolument nécessaire à la propagation de l'espèce. (****) Il n'y a, en effet, aucune preuve certaine que des mâles puissent piquer l'homme et leur innocuité est généralement admise. 33 D'n[)rés Mnnson (137), les moustiques femelles se gorgent non seule- ment '■iH l'homme, les mammifères et les oiseaux, mais encore parfois sur les reptiles, les poissonsetmème sur d'autres insectes et leurs larves. Les moustiques sont=ils Les moustiques ne sont pas, à beaucoup les seuls Diptères su= -g j^g seuls Diptères hématophages ou ceurs de sang .-* j t ' j * • i * suceurs de sang. L ordre compte également ccrîaiiis moucherons hématophages de la sous-famille des Ceratopogo- ninae (famille des Chironomidae], les mouches de sable du genre Sirnu- lium (Simuliidae), les Phlebotomes (Psychodidae), les Taons (Taba- nidac, les mouches Tsé-tsés (Glossinae), les mouches d'étable (Sto- moxys), les Lypcrosia, Haematobia, Shjgeromijia, etc., enfin, les Ilippobosques (Hippoboscidac), mouches spécialement adaptées à une vie parasitaire sur les mammifères et les oiseaux. A l'état parfait, les mâles et femelles de Glossina, Stomoxijs, Lyperosia, Haematobia, Styge- romyia et Hippoboscidae sucent le sang. Chez les Ceratopogoninae, Si- iHulium, Phlcbotomus. Tabanidae, les femelles seules sont hémato- phages. Comment peut=on distin= Les seuls Diptères suceurs de sang qui guer les moustiques des ressemblent plus ou moins aux moustiques, moucherons ? , , . ^ , j i c n j sont certains moucherons de la famille des Chironomidae. Les autres Diptères hématophages sont suffisamment différents, pour rendre toute erreur impossible. Tout le monde connaît les essaims de moucherons qui, chez nous, d'avril en août, voltigent par les beaux soirs et font présager, d'après la croyance populaire, du beau temps pour le lendemain. Ces essaims sont exclusivement composés de mâles qui attendent les femelles. Aussitôt qu'une de celles-ci s'approche de la bande, Ficf. 5. _ Un^lnoucheron su- l'union sexuelle se produit, et le cou- ceur°de sang de l'Ouganda : pie s'éloigne. Culicoides brucei, Aust?n, de Ces moucherons sont, en règle ge- la famille des Chironomidae. - ^^^^,3, complètement inoffensifs ; Agrandi douze fois. ,; , ^ n r -, . r^ seul chez les genres Culicoides et Ce- ratopogon (sous-famille des Ceratopogoninae) (voir fig. 5), on rencon- tre des femelles avides de se nourrir de sang (*). Les différences les plus saillantes entre les individus adultes de moustiques et de moucherons sont les suivantes : MOUSTIQUES (Culicidaej MOUCHERONS ( Chironomidae j Trompe longue. Trompe courte, à peine visible. Ailes à nervures couvertes d'écaillés; Ailes nues ou uniformément revê- bord postérieur des ailes, avec tues de poils fins, longue frange d'écaillés allon- gées, plumeuses. Pattes postérieures levées au repos. Pattes antérieures levées au repos. (") On coMiaît actuellement plus de cinquante espèces de Ceratopogon de l'Eu- rope, de l'Amérique, des Indes et de l'Australie. D'après Austen, Ceratopogon (Forci- pomyia) castaneus Walk est un moucheron hématophage, commun en Nigérie du Sud. Le genre Culicoides compte environ 80 espèces, répandues dans diverses parties du monde. Culicoides brucei Austen, se rencontre dans l'Ouganda. La femelle, repré- sentée fig. 5, suce le sang. 34 Les larvos des moucherons soiU aquatiques ou terrestres ; toutes les larves des moustiques sont exclusivement aqua- tiques. Les larves des moucherons, qui vivent dans l'eau, sont vermi- formes, à tête longue et étroite, à coloration rou- geâtre ou blanchâtre. Un simple examen de la fi- gure 6, qui représente la larve du Chironomûs plu- mosus, une espèce de moucheron fort commune en Belgique, montrera mieux qu'une longue description, combien elle diffère d'aspect des larves de moustiques. (Comparez avec fig. 54). Fig. 6. — La larve aquatique d'un mouche- ron : le Chironome plumeux, fortement agrandie. — En dessous, dimensions natu- relles. — Comparez avec une larve de mous- tique (voir fig. 34). (D'apr. le Dr F. Brocher.) Comment peut=on distin^ Etant donné que probablement chez tous guer les sexes chez les j^ moustiques (et par conséquent chez tou- moustiques adultes ? , , A ,■^^ < , tes les espèces susceptibles de transmettre les fièvres), c'est la femelle seule qui suce le sang, il est nécessaire de savoir quels sont les caractères qui per- mettent de distinguer les sexes chez ces insectes (voir figures 7 à 10.) Fig. 7. — Différences entre mâie et femelle d'Anophelcs (Ai^o- pheles quadrimaculaiusj. — A gauche, le mâle, avec les antennes plumeuses et les palpes maxillaires à dernier article divergent eb couvert de poils. — A droite, la femelle, avec les antennes fili- formes, h touffes de poils très courts et les palpes maxillaires droites, parallèles à la trompe sur toute sa longueur. — En des- sons, un moustique grandeur nalui'elle. (D'après M. L. O. Howard.) 35 Ordinairement les moustiques mâles ont des antennes plumeuses, formant des touffes sur le devant de la tète (sauf chez certains genres, tels que Dcinoceritcs et Sabelhes, chez lesquels les antennes des mâles ne sont pas plumeuses). Les antennes des moustiques femelles sont, par contre, longues, filiformes et presque glabres, n'ayant que des touffes de poils très courts à la base des articles. Fig. 8. — Têtes de Culex mâle (A) et femelle (B). — Voir les différences dans les antennes et les palpes maxillaires. (D'après Patton et Cragg.) Fig. 9. — Têtes d'Anophèles mâle (A) et femelle (B.). — Voir les différences dans les antennes et les palpes maxillaires. (D'après Patton et Cragg.) Un autre caractère différenciel se trouve dans les palpes maxillaires, fort visibles des deux côtés de la trompe. Chez les Culex et Stegomyia, les palpes maxillaires de la femelle sont très courtes et très simples ; celles du mâle sont plus longues que la trompe et ont quelque peu l'apparence de brosses (voir fig. 8). Il n'y a toutefois pas de touffes de poils distinctes sur les palpes du mâle de Stegomyia. Chez, les Anophèles des dcu\ sexes, les palpes maxillaires sont aussi longues que la trompe, ..Ante^nti 'liais chez le mâle, l'article terminal est renflé, couvert de poils et est divergent, tandis que chez la femelle, les palpes 'sont droites, fili- formes et absolument paral- lèles à la trompe sur toute sa longueur (voir figures 9 et 10.) Au point de vue de l'as- pect extérieur des organes génitaux, le mâle de mous- tique présente une arma- ture génitale, qui sert à maintenir la femelle pendant l'accouplement ; cette dernière possède un oviscape. . Ani-fnnt A//»*-» — rrorr,/,^ -- - Fig. 10. — Têtes d'Anophèles vues latéralement. — En haut, mâle, en bas, femelle, montrant les différences dans les antennes et les palpes maxillaires. Comment piquent les Comme on peut le voir par la figure 11, moustiques ? q^j représente une tète d'Anophèles femelle, dent toutes les pièces de la trompe sont bien séparées pour mieux se rendre compte de leur aspect, et par la fig. 12, qui représente une coupe de la trompe des moustiques, celle-ci se J^ntennas o.j Fig. 11. — Dessin schématique, montrant toutes les pièces de la trompe d'un moustique Anophèles femelle. (D'après Manson.) compose d'une lèvre inférieure ou gaine de la trompe (labium), qui loge les six organes perforateurs ou stylets, c'est-à-dire deux mandi- bules, deux mâchoires, l'épipharynx ou labre et l'hypopharynx. L'épipharj'nx ou labre, généralement long, mince et pointu, est parcouru à sa face inférieure par une rainure, dans laquelle s'emboîte l'hypopharynx, inséré immédiatement en dessous ; ces deux organes forment l'appareil suceur ; la salive venimeuse est injectée par un 37 -/ canal situé dans l'hypopiiai ynx. Les doux mâchoires et les deux man- dibules sont d'égale longueur ; les extrémités des mâchoires et parfois celles des mandibules, sont pourvues cf de dents fines. De chaque côté de la trompe, Ton remarque les palpes maxillaires, dont nous avons déjà parlé plus haut. Lorsque le moustique femelle pi- que, la lèvre inférieure ou labium, qui est munie, à son extrémité, de deux lobes charnus, les labelles, ne pénètre pas dans la peau, mais forme une boucle sous la tête de l'insecte. Les stylets sont ainsi dégagés de leur fourreau, tout en restant guidés par les labelles appliqués sur le tégument. La fig. 13 nous montre la tête d'une femelle de moustique occupée à pi- quer. En A, l'on voit l'aspect de la trompe au début de l'opération ; en B, Fig. 12. — Coupe schématique de la trompe d'un moustique Anophèles femelle. — a. Inhre ou épipharynx; b. mandibules; c. hypopharynx; d. mâctioires; e. lèvre inférieure ou gaine de la trompe; /. canal salivaire; a. muscles; h. trachées. (D'après Xutall et Shipley.) la disposition des différentes parties, lorsque les stylets ont pénétré quelque peu dans la peau. Fig. 13.— Dessin schématique, représentant un moustique femelle occupé à piquer. — En A, les stylets commencent à pénétrer dans la peau; la gaine de la trompe ou lèvre inférieure s'incurve. — En B, la pénétration est complète; la gaine forme boucle. — Re- marquez les labelles qui dirigent les stylets. Pendant toute la succion, qui dure d'une à trois minutes, les mous- tiques évacuent, par l'anus, à différentes reprises, un liquide clair. Chez les moustiques mâles, les mandibules sont absentes ; les mâ- choires sont très courtes et ne peuvent être utilisées comme instru- ments perforants. Quels sont les caractères intéressants de l'ana^ tomie des moustiques ? Seul, l'appareil digestif des moustiques présente de l'intérêt, au point de vue qui nous occupe (voir fig. 14). Le tube alimen- taire peut être divisé en trois parties. La' partie antérieure comprend d'abord un phanjnx (b) très musculeux, situé dans la tête du mous- tique et qui constitue l'appareil qui aspire le sang par le tube formé par l'épipharynx et l'hypopharynx. II est suivi de Yœsophaqe (c) avec trois jabots accessoires (d), servant de réservoirs alimentaires. Vient ensuite la partie moyenne, c'est-à-dire l'estomac vrai (i), qui est 38 Fig. 14. — Coupe schématique d'un mous- tique adulte, montrant la disposition anato- mique du tube digestif. — a) trompe. — b) pharynx. — c) œsophage. — d) un des trois diverticulum ou jabots accessoires. — e) par- tie étroite de l'estomac. — /) canal salivaire. — g) réservoir salivaire. — h) glandes sali- vaires. — i) tubes de Malpighi. — j) partie ren- flée de l'estomac. — k) l) m) intestin propre- ment dit. (Reproduit d'après M.W.-B. Herms.) étroite antérieurement et en forme de sac postérieurement ; elle occupe le thorax et une bonne partie de l'abdomen et est séparée de la por- tion postérieure du tu- be digestif, par l'inser- tion des tubes de Mal- pighi (i). Enfin, l'ni- tcstin proprement dit (k, l, m), qui forme la partie terminale, est recourbé sur lui-même et prend fin par le rec- tinti. Comme organes an- nexes du tube digestif, nous avons : 1° — Les glandes salivaires (h), au nombre de deux sé- ries et qui sont lo- gées dans la partie antérieure du thorax ; chaque série est formée de trois glandes qui se vident dans un con- duit commun, lequel, en se combinant avec le conduit de la série opposée, forme le canal salivaire (I), passant au travers de la tête et aboutissant à l'hypopharynx ; 2° — les tubes de Malpighi (i), au nombre de cinq, et qui constituent l'appareil excréteur. L'appareil reproducteur de la femelle de moustique est situé dans la partie postérieure de l'abdomen; il se compose de deux ovaires et de deux oviductes et se termine dans le vagin. Les spermatèques (*) sont présents et, chez une femelle fécondée, contiennent des myriades de spermatozoaires. Lorsque les ovaires sont mûrs, ils occupent la plus grande partie de l'abdomen. Comment classe=t=on les Divers caractères distinctifs ont été utili- moustiques? g^^ p^j^, |gg auteurs, pour la classification des moustiques. Le système de nervation des ailes n'a d'importance qu'au point de vue de la famille. Les dis- tances relatives entre les nervures transversales, les points de bifur- cation, n'ont qu'une valeur spécifique. La nervation des ailes des Culicidae est très constante, le seul caractère de quelqu'importance étant la longueur de la première cellule fourchue. Chez les Megarhi- ninae et les Uranotaeninae, cette cellule est très courte. D'autres caractères de plus d'importance se trouvent dans les écailles. Celles de la tête et du corps sont de plusieurs variétés (voir fig. 16). La structure de ces écailles et leur arrangement sur la tête, le thorax, l'abdomen et les ailes, constituent un bon moyen de diffé- renciation (voir fig. 17). Enfin, les ongles ou griffes des tarses ont également été utilisés pour la classification. Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans le détail des classifica- (*) TJn seul spermathèque chez les femelles d'Anophèles, trois chez celles de Culeic et de Stegomyia. lions établies par les divers enlnmologislcs. Theobald ('205), qui a Fig. 15. — Aile de moustique (Culex pipiensj fortement agrandie (xl6), montrant la nervation : /a). Portion de nervure (deuxième longitudinale) fortement agrandie, pour montrer le revêtement d'écaillés : (aj écailles mé- dianes: (bj écailles latérales. ih). Portion du bord postérieur de l'aile, fortement agrandie pour montrer la frange : (aj écailles du bord; (bj écailles de la frange. fait de grands travaux sur les moustiques, les divise en dix sous- familles : Anophclinae, Megarhini- nae, Culicinae, Heptaphlebomyi- nac, Aedinac, Uranotaeninae, Dei- noccratinae, Trichoprosopninae, Dendromyinac et Limatinae. Ces dix sous-familles groupent plus de cent genres. Il nous semble cependant intéres- sant de dire quelques mots de la classification adoptée en 1912 par M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S. (58-59) du British Muséum (Natu- ral Hystory) de Londres. Elle a, en effet, été établie en se basant sur ['étude systématique des mousti- ques al.ricains. M. F. W. Edwards groupe l'énorme majorité des espèces de mous- tiques, dans la sous-famille des Culicinae. Sont seuls exceptés, les genre Cluiooonis (Corctlira) et Dixa (*). Les Culicinae comprennent quatre tribus : celles des Anophelini, des Megarhinini, des Culicini et des Sabethini ; seules celles des Anophclini et des Culicini sont importantes. La tribu des Anophelini se subdivise à son tour en un genre : Ano- - Quelques formes d'écaillés de moustiques. — a.b.c. écailles de la tête. — cl. e. /. g. h. écailles du thorax. (D'après Ste- phens et Christophers.) (') ChaohoTiis et Dira ne sont pas des moustiques. Ils peuvemt être placés dana la famille des Culicidae, mais ne possèdent pas un« trompe longue et distincte, pro- pre à perc-er. S'ils sont inclus dans la famille, les vrais moustiques sont limitée à la sous-famille des Culicinae. 40 pheles et un certain nombre de groupes d'espèces : Mijzomyia. Myzor- hynchus, Nyssorhynchus, Cellia, A'eoccllia, Pyretopliorus, Christya et Fcltinella ; elle com- prend en tout (1912), 42 espèces africaines. La tribu des Culicini comprend 20 genres, représentés en Afrique par une ce^ntaine d'es- pèaes (1912). Le gen- re Steyornyia compte 12 espèces et le gen- re Culex 29 espèces africaines. D'autres genres importants pour l'Afrique sont : Ochle- rotatus (29 espèces) et Uranotaenia (Il espè- ces). Viennent ensuite : Mucidus, Banksinclla, Howardina, Mansonioidcs, Acdomyia, Taeniorhynchus, Mimomyia, Ingramia, Harpagomyia, etc., qui ne comptent chacun qu'un petit nombre d'espèces africaines. Fig. 17. — Tètes de moustiques, mon- trant l'arrangement des écailles : En A, tête de Stegomyia; En B, tête de Culex; En C, tête d'Anophèles. (D'après Stephens et Christophers.) Quelles sont les princi= pales différences entre les moustiques Anophe= les et Culex ? Point n'est besoin de donner ici les carac- tères distinctifs des nombreux genres de moustiques que nous venons de citer. Les seuls caractères qui intéressent, au point de vue pratique, sont ceux qui permettent de distinguer les mous- Fig. 18. — Femelles de Culex et d'Anophèles fortement agrandies. — Remarquez : 1° les ailes tachetées chez VAnopheles, claires chez le Culex; 2o les palpes maxillaires aussi longues que la trompe chez VAnopheles et très courtes chez le Culex. — Sur le côté, les deux moustiques grandeur naturelle. (D'après L. O. Howard.) 41 tiques Anophèles des aulrcs moustiques. .\ous savons, en effet, que les moustiques qui servent d'agents de transmission à la malaria appartiennent tous au groupe des Anophèles. Par contre, la majorité des moustiques domestiques, trouvés dans les habitations, fort dés- agréables par leurs piqûres, mais qui ne transmettent pas de ma- ladies, sont des membres du groupe des Culicines. A ce groupe, appartiennent toutefois : Slegomyia lasciata ( = Aedcs calopus), le moustique de la fièvre jaune, et Culcx latigans, le principal agent de transmission de la filariose. Voyons dono comment se différencient les individus adultes d'.fno- pheles de ceux de Cxilex. La figure 18, reproduite d'après M. L. 0. Howard, permet de com- parer une femelle de Culex à une femelle àWnopheles . Une première différence se voit dans les ailes. Celles de la femelle de Culex sont ordinairement claires, sans taches ; celles de la femelle à' Anophèles sont presque toujours plus ou moins tachetées (*). De même, les palpes maxillaires, situées des deux côtés de la trompe, diffèrent chez les deux types ; elles sont courtes chez Culex femelle, presque aussi allongées que la trompe chez Anophèles lemelle (voir aussi fig. 8 et 9). Fig. 11). — Position de repos des moustiques adultes. — (Dimen- sions quadruplées.) En .1, Anophèles au repos, le corps formant un angle avec la surface du mur, la trompe, le thorax et l'abdomen étant en ligne droite. En B, Culex au repos, le corps parallèle à la surface du mur. L'aspect est bossu, le thorax est voûté et la ligne de la trompe forme un certain angle avec l'axe de la partie postérieure du corps. Un troisième caractère distinctif, très tranché, se trouve dan? Taiii- tude des deux insectes au repos, représentée dans la fig. 19. A et H (A, femelle de V Anophèles nuiculipennis au repos ; B. femelle du Cu/ex pipiens au repos). ( -') Il y a Mpendant des exceptions : ainsi le Culex mimeticus a des ailes tache- tées, tout comme les Anophèles, et par contre VAnopheles bifurcatus, a des ailes sans taches, comme un vulgaire Culex. 42 Dans celte attitude, les Anophèles se tiennent obliquctinMil par rapport au plan sur lequel ils sont posés. La trompe, le thorax et l'abdomen sont placés en ligne droite et cette ligne fait un certain angle avec le plan de support. Par contre, en général tout au moins, les Culrx au repos ont l'abdomen plus ou moins parallèle à leur support. Vus latéralement, ils ont un aspect quelque peu bossu, le thorax étant voûté et la ligne de la trompe formant un certain angle avec l'axe de la partie posté- rieure du corps. Enfin, une dernière différence se trouve dans le revêtement de l'abdomen de ces deux catégories de moustiques : l'abdomen, chez les Culcx, est complètement recouvert d'écaillés analogues à celles de l'aile d'un papillon, certaines de ces écailles formant, chez nombre d'espèces, des bandes transversales blanches très nettes, à la base de chaque segment. Chez les Anophèles, par contre, l'abdomen ne possède souvent pas d'écaillés distinctes et est, par conséquent, sans marques bien définies (*). Pour permettre de déterminer rapidement la présence d'Anophèles dans une localité contaminée par la malaria ou susceptible de l'être, nous avons résumé, dans le tableau ci-dessous, les principaux carac- tères qui distinguent ces moustiques des Culcx. Nous y avons joint les différences que présentent les œufs, les larves, ainsi que les lieux de développement de Cies deux catégories d'insectes. De plus amples détails seront donnés, à ce sujet, lorsque nous parlerons de l'évolu- tion des moustiques. ANOPHELES Adultes (voir fig. 18). Ailes ordinairement tachetées. Palpes maxillaires aussi longues que la trompe chez les deux sexes. Abdomen souvent sans marques bien définies. Attitude au repos : le corps formant un angle avec la surface du mur (voir fig. 19). Œufs. Œufs déposés S('p;i rément sur l'eau (voir fig. 32). Larves. Tubes respiratoires presque nuls, réduits à une protubérance. Au repos : corps étendu horizonta- lement sous la siu-face de l'eau et lui étant parallèle (voir fig. 37). CULEX Adultes (voir fig. 18). Ailes claires, ordinairement sans taches. Palpes maxillaires beau- coup plus courtes que la trompe chez la femelle; longues chez le mâle. Abdomen souvent marqué de bandes. Attitude au repos : le corps paral- lèle à la surface du mur ou tou- chant presque celle-ci (voir fig. 19). Œufs. Œufs flottant en une masse sem- blable à un radeau, formée de plusieurs centaines d'œufs placés les uns à côté des autres, leur extrémité la plus pointue dirigée vers le haut (voir fig. 35). Larves. Longs tubes respiratoires (siphon) à l'extrémité du corps. Au repos : corps suspendu sous la surface de l'eau, la tête en bas, dans une position se rapprochant plus ou moins de la verticale, (voir fig. 37). (*) Divers Anophèles ont cependant l'abdomien presque couvert d'écaillés, par ex..- A. (Neocellia) Stephensi, A. (Cellia) pharoensis, A (ArHhalzagia) macuUpes, etc. 43 Pupes. Trompettes nspiràtoires souvent à large ouverture. Suspension se- mi-horizontale à la surface de l'eau (voir fig. 40). Lieux'de développement des larves. Mares. — Flaques temporaires d'eau de pluie. — Bord des ri- vières à cours lent. — Etangs, marais et bord des lacs. — Ri- goles, etc. Pupcs. Trompettes respiratoires d'ordi- naire plus minces ot relative- ment plus longues. Suspension verticale à la surface de l'eau (voir fig. 40). Lieux de développement des larves. Ordinairement dans les petites ac- cumulations d'eau, dans les par- ties habitées. — Réservoirs arti- ficiels tels que : tonneaux, boîtes a conserves vides, bouteilles, etc. Quels sont les principaux Comme le Slegomyia lasciala (calopus), caractères du Stegomyia ^, , moustique de la fièvre jaune, existe au fasciata et du Culex îa- ,. i i » '-i * i * j i j- tigans y Congo belge et qu il est prudent de le dé- truire partout où on le rencontre, nous don- nons également ci-dessous, en un tableau, les principaux caractères morphologiques et biologiques qui permettent de reconnaître ce moustiaue. Fig. 20. — Femelle adulte du Stegomyia {asciata, le moustique de la fièvre jaune, dans l'attitude de repos, les pattes de derrière relevées. — Fortement agrandie. — En dessous, la même, gran- deur naturelle. (D'après L. O. Howard.) STEGOMYIA FASCIATA = AEDES CALOPUS, Meig. Adultes (voir fig. 2 et 20). Longueur : 4 à 5 mm; Ailes transparentes; Palpes maxillaires courtes chez la femelle, longues et annelées de blanc chez le mâle; Coloration générale foncée. — Thorax avec marques blanc d'argent en forme de lyre à deux cordes. — Abdomen avec bandes blanc d'ar- gent. — Taches de même coloration de chaque côté des segments abdominaux. — Pattes alternativement marquées de noir et de blanc pur (*); Attitude au repos : le corps parallèle à la surface du mur, comme chez les Culex. Les pattes postérieures s'élevant et s'abaissant alternativement; .A.spect au vol : de couleur grise et ressemblant à un brin de duvet. Œu/s (voir fig. 31). Pondus séparément et déposés sur les parois des récipients, Immédiate- ment au-dessus de la surface de l'eau. Occasionnellement la ponte peut se faire dans des creux d'arbres, dans lesquels de l'eau s'est accumulée. Larves (voir fig. 38). Tubes respiratoires assez longs. — Au repos : attitude semblable à celle des larves de Culex, mais suspendue plus perpendiculairement sous la surface de l'eau. (*) coloration et ses marques l'ont fait appeler le moustique tigré ou tigre. 44 Lieux de développement des larves. Tous les récipients capables de contenir de l'eau, se trouvant à l'intérieur des habitations ou dans le voisinage immédiat de celles-ci : boîtes à conserves vides, vieilles casseroles, tonneaux, citernes, gouttières, puisards, fosses d'aisance, culs de bouteilles renversées, coquilles vides, coques de noix, pirogues abandonnées, abreuvoirs, auges, etc. Il est à remarquer qu'il suffit à la larve du Stegomyia, d'une très petite quantité d'eau pour se développer. Mœurs du moustique adulte. Moustique essentiellement domestique, ne quittant pas le voisinage im- médiat de l'homme. — Vol puissant et silencieux. — Le moustique femelle est extrêmement prudent et se cache dans tous les coins som- bres. — Vole et pique le jour aussi bien que la nuit. — Est fort sen- sible aux différences de température et est tué par le froid. — Est surtout actif au voisinage de 28°-30° C. — Est facilement distribué au loin par les bateaux et les trains. Quant à Culcx fatigans, Wied ( quinquefasciatus , Say), le mous- tique qui paraît le plus important au point de vue de la transmission de la îilariose, ses caractères morphologiques principaux sont : une taille moyenne (5 mm. environ), une coloration générale d'un brun- rougeâtre ou foncé, avec des pattes foncées et des bandes trans- versales blanchâtres sur rabdomeii (voir îig. 28). Il est de mœurs domestiques et pique exclusivement la nuit, ce qui facilite la trans- mission des microfilaires. Sa larve se développe dans n'importe quelle eau fraîche stagnante, qu'elle soit claire ou sale. B. ~ EVOLUTION DES MOUSTIQUES. ^Description et biologie des œufs, larves et pupes. Où vivent les larves et l^ yje des larves et pupes de tous les pupes de moustiques ? moustiques se passe dans l'eau. Dans l'en- semble, les accumulations d'eau que les moustiques choisissent pour évoluer sont des plus diverses. Pour cer- taines espèces, elles sont d'un caractère tout à fait spécial, telles les formes qui se développent seulement dans l'eau séjournant dans les creux d'arbres (*), les plantes épiphytes, les urnes (ascidies) (*) M. W. R. Greening (79) a signalé (1917), qu'à Messina (Transvaal), des larves de moustiques Anophèles furent trouvées dans des creux d'arbres, bien après la fin des pltiies. Il en était ainsi notamment pour le maroola et le baobab. Un maroola fut abattu, qui oonieuait une couple de gallons d'eau, dans lesquels les larves pullulaient. D'autre part, des recherches en vue de déterminer la fréquence de l'adoption des creux d'arbres comme lieu de développement des lai-ves d'Atiopheies plumbeiis Steph., ont été faites récemment aux environs de Liverpool, par MM B. Blacklock et H. P. Carter (18), qui viennemt d'en publier les résultats (juin 1920). Deux mille cinq cents arbres ont été examinés,' jusqu'à une hauteur de 8 mètres, dans le district de Liverpool et dans la forêt de Delamera (Chesihire) ; 83 trous et SI four- ches et crevasses contenant de l'eau furent découverts. Dans 16 ca^, ils hébergeai.ent des larves A'A, plumbeus et dans 19 cas des larves d'Ochlerotatus geniculatus. En 13 cas, les larves d'A. plumbeus et 0. geniculatus étaiemt associées. Jusqu'à la hau- teur de 2 mètres il fut trouvé 39 places contenant de l'eau, dont 4 avec des larves d'A. plumbeus et 6 avec des larves d'Ô. geniculatus. Au aessusde2 mètres, 96 creux remplis d'eau, dont 12 avec larves d'A. plumbeus et 13 avec larves d'O. geniculatus. La plupart des creux contenant des larves appartenaient à des ormes, marron- niers d'Inde eu érables sycomores. Les chênes, châtaigniers et sapins n'avaient que peu de creux contenant de l'eau et aucune lan'e n'y fut découverte. 45 \ \ / \ i / ^■^ \ \ / , ^' '--- ^\ ! -^ — ^.^/^ ~:- -c ~~y'^/mm* / t -x^"" \^ / / v ~~~\ ^ ■^x^ / \ \ ""x \' s S ^<: = ■=; -^ ^ ~^ -se 'r o o C O lirirf< de la malaria. ,Cliché .J.-E. Dutton et J.-L. Todd.) 48 i LIEUX DE DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES. Kig. 'iG. — A la Cùle d'Or. — Arbre creux dans \ci\uc\ de l'eau s'accu- mule, servant do gîte au\ larves de nioustniues. Il y fut récolté des larves de Stegomyia melallica et de S. unihncala, espèces parentes de SIpc/o- myia {asciata. — C'est dans des creux d'arbres semblables, que l'on trouve ail Congo, des larves d'Anophèles. (Cliché J.-W. Scott Macfie et A. Ingram.) Fig. m. — Au Katanga (Congo belge). — Un coin de la forêt. — Plu- sieurs de ces arbres, ont des branches brisées au ras du tronc, laissant des creux (voir fig. 29) remplis d'eau par les pluies, où les larves de mous- tiques se développent. (Cliché Leplae.) des Népenthes, la hase des feuilles des Rromelias (*). bananiers, ananas, etc.. les souches des bambous coupés ou dans les trous faits pa»- les crabes dans le sable de la plage. D'autres espèces sont de mœurs plus générales et se déve- loppent dans n'importe quelle ac- cumulation d'eau, fraîche ou stag- nante, propre ou sale, réunie na- luroUemcnt ou par Tintervention (le l'homme. Certaines larves, en- fin, peuvent vivre dans l'eau for- tement salée (voir p. 66). Au point de vue qui nous occu- ]jc, nous avons surtout à envisa- ger les lieux d'évolution des larves (ï Anophèles et des larves de Culi- ciiips et ceux-ci sont assez bien différenciés. En effet, les larves des Culicines les plus connus (Culcx, Stegomyia, etc.), vivent plutôt dans les peti- tes accumiulations d'eau se trou- vant à l'intérieur des habitations ou dans leur voisinage (**), tan- dis que les larves à'Anoplielcs se rencontrent presque exclusive- ment dans les agglomérations naturelles d'eau : mares, cours d'eau, etc. C'est ainsi que les larves des Anophclcs propagateurs de la malaria peuvent se développer abondamment le long des rives herbeuses des lacs, étangs et lagunes, ainsi qu'au bord des rivières à cours lent ; dans les parties de terrain inondées : prairies, rizières, etc. ; dans les mares et dans les marais où les poissons ne sont pas abondants ; dans les flaques temporaires d'eau de pluie, qu'on rencontre dans les champs et le long des routes ; dans l'eau séjournant au fond des rivières asséchées et entre les pierres formant le lit des torrents ; aux endroits où les eaux souterraines sourdent à la surface ; dans les rigoles, fossés et drains remplis de mauvaises herbes ; dans l'eau sé- journant dans les empreintes faites eri terrains détrempés par les sabots des chevaux et bestiaux ; dans les ornières des routes ; dans les excavations créées au cours des travaux de terrassement ; dans les abreuvoirs et les petits bassins des sources ; dans les creux de rochers ; dans les bassins ornementaux ; dans l'eau séjournant au fond des vieilles barques et pirogues échouées sur les rives, et, en général, dans tous les creux de terrain où de l'eau s'accumule. Dans Fig. 28. — Culèx faligans Wied, femelle. — Dimensions quadru- plées. — Le principal agent de transmission de la filariose (Elé- phantiasis,. (*) D'après MM. H. G. Dyar et F. Tînab (55-56), des larves de plusieurs espèces d'Anophèles de l'Amérique centrale et méridionale ont été trouvées dans l'eau séjour- nant à la base des feuiJIes de Broméliacées. (**) Suivant M. G. A. H. Bedford (15), des larves de Cuîex decens ont été trouvées récemment dans une mine de houille du Transvaal, à cent mètres de pro- fondeur. ^ 50 l'ensemble, cependant, les larves d'Anophclcs préfèrent un léger cou- rant d'eau claire, avec une quantité modérée de végétation (*). Exceptionnellement, l'on trouve également les larves d'Anophèles dans des réservoirs artificiels, tels que tonneaux et citernes pour l'arrosage des jardins, puisards, cuveaux, etc. Manifestement, les Anophèles sont plus abondants dans les régions marécageuses, surtout lorsque les chutes de pluies sont suffisantes pour maintenir de l'eau dans les innombrables mares et flaques. C'est pour cette raison, du reste, que la malaria est endémique dans les endroits bas et humides. Néanmoins, les larves d'Anophèles se développent aussi dans des régions relativement sèches, et le lait qu'il n'y a pas de marais dans un endroit n'est pas suHisant pour con- clure que les Anoplulcs ne s'y multiplieront pas (**). Nous avons dit, plus haut, qu'au contraire des Anophcles, les Culi- cines — du moins ceux les plus communs et les plus connus (***) — choisissent surtout comme milieu de développement pour leurs larves, les petits dépôts d'eau se trouvant dans le voisinage immédiat de l'homme. La plupart des Culicines sont inoîfensifs au point de vue de la transmission des maladies, mais il n'en est pas ainsi pour le Stegomyia ^asciata, ou moustique de la fièvre jaune. Ce dernier insecte est essentiellement un moustique des villes, un moustique domestique, dont la larve se rencontre exclusivement là où habitent les hommes. On peut affirmer que la larve du Stegomyia n'existe pas dans les marais, les mares ou les flaques d'eau tempo- raires, alors même que ceux-ci sont très proches des maisons. Les lieux choisis par le Stegomyia ^asciata pour se développer sont, du reste, très divers et varient d'après les circonstances et d'après la nature des occupations de la population : on peut dire qu'il faut à cette larve une très minime quantité d'eau pour vivre et qu'un volume de ce liquide équivalent à celui contenu dans une cuiller à thé peut être suffisant. En général, cette eau est propre, mais occasionnellement elle peut être sale. Voici quelques-uns des endroits habituels de propagation (****) : Les grandes jarres de terre utilisées sous les tropiques pour la con- servation de l'eau de boisson ; les vases à fleurs, cruches et aiguières ; les tonneaux et citernes d'eau de pluie ; les boîtes à conserves vides de toute espèce, les vieilles casseroles et les vieux pots jetés aux ordures et dans lesquels s'accumulent de petites quantités d'eau ; les gouttières obstruées ; les puisards et fosses d'aisance ; les réservoirs de W.-C. ; les bouteilles renversées utilisées dans certaines contrées comme bordures de parterres et dans le cul desquelles de petites quan- (») Pour se rendre compte de la quantité vraiment énorme de larves d'Anophèles pouvant exister dans certaines agglomérations d'eau, rappelons que le Dr J B. Smith a trouvé qu'une mare mesurant environ 180 mètres carrés de surface contenait 10,636,700 larves d'Aiiopheles crucians, soit environ 58,000 par mètre carré. (**) D'après L. Léger et G. Mouriquaud (115), la plus grande altitude à laquelle des larves d'Anophèles ont été trouvées dans les Alpes est 1,500 mètres. A des ni- veaux plus bas, les gîtes deviennent plus fréquents : A. bifurcatus et A. maculipennis se rencontrent en grand nombre à 1,100 mètres. (**») On ne peut, en effet, dire ceci des Culicines en général. Cette remarque est basée sur l'étude des mœurs de certaines des espèces les mieux connues et les plus répandues, telles que C. pipiens, C. fatigans, etc. (*■***) Pour plus de détails, voir p. 138 : « Recherche et traitement des réservoirs artificiels. » • 51 Fig. 21). — Un cas fré- ([uent dans les forêts du Ivatanga (Congo belge). — Branche cassée au ras du tronc. — Un creux se forme,dans lequel de l'eau s'accumule. — Les larves d3 moustiques s'y déve- loppent (voir fig. 27). tités d'oau séjournent ; les auges des chevaux ; les urnes funéraires des cimetières ; les coquilles vides et les coques de noix de coco ou de cale- basses, répandues aux alentours de cer- tains villages indigènes ; les pirogues échouées ; les abreuvoirs des poulail- lers et les bacs des meules à repasser ; les cuveaux et, en général, tous les ré- cipients artificiels dans lesquels de pe- titcs quantités d'eau peuvent se trou- ver, soit occasionnellement, soit en per- manence. D'autre part, il est également trè? fréquent, en Afrique, de trouver les larves de moustiques pathogènes : Anophèles et Slegomyia, dans les creux d'arbres remplis d'eau par les pluies. C'est ainsi qu'à Accra (Côte d'Or), MM. J. W. Scott Macfie et A. Ingram (129) ont récolté, dans l'eau claire, mais de coloration brun-foncé, conte- nue dans une cavité d'un arbre (voir fig. 26). des larves de Slegomyia melallica Edw. et de S. uniiineata, deux espèces parentes du moustique de la fièvre jaune, ainsi que des larves de Culiciornyia nebulosa ( ). Dans les forêts du Sud-Katanga, beaucoup d'arbres ont une ou plusieurs branches brisées par le vent au ras du tronc : aux points d'insertion de ces branches, des creux se forment (voir fig. 29), dans lesquels l'eau s'accumule et sert de milieu de développement aux larves de moustiques. Il paraîtrait que des larves à" Aiwpheles se rencontrent fréquemment dans ces réservoirs (voir également fig. 27). Enfin, certains arbres ont une partie de leur enracinement hors du sol. Dans l'enchevêtrement de ces racines trayantes, se trouvent de petits creux, qui, remplis d'eau par les pluies, constituent autant de bassins naturels, où les larves de moustiques abondent. C'est ainsi (") Les divers gîtes à larves de moustiques de Lagos (Nigérie) ont été rçcher- chés tout récemment par M. J. M. Dalziel (Bull, of Eut. Research, déc. 1920). En voici rénumération : Trous à crabes : 14 espèces de larves y furent trouvées : Ochlerotatus irritans 54.Ô p. c. ; Culex decens 15.7 p. c. ; Vranotaenia annulata 15 p. c. ; Stegomyia fasciata 7.3 p. c. ; Anophèles costalis 7.3 p. c, etc. Creux d'arbres : ils contenaient six espèces de larves de moustiques dont deux importantes: Stegomyia luteocephala, (figuiers des Banyans 13 ; Poinciana regia 7; Maiigifera indica 3 ; Albizzia lebbek 3 ; Sideroxylon dulcificum 2 ; Enterolobiutn dulcis 1; Dialium guineense 1; Terminalia catappa 1; Anacardium occidentale 1; Carica papaya 1), et Stegomyia fasciata (figuiers des Banyans 6 ; Poinciana régia 3 ; ilangi- fera indica 1 ; Albizzia lebbek 1 ; Artocarpus incisa i ; StercuUa barteri 1 ; Cocos nucifera 1 ; Pandanus sp. 1). Puits : 12 espèces de larves, dont 51.3 p. c. de Stegomyia fasciata, 14.7 p. c. de Culex decens et 13.2 p. c. d' Anophèles costalis. Bateaux et canots : 10 espèces, principalement Anophèles costalis et Stegomyia fasciata. Vases indigènes (agbo) : 5 espèces: 88 p. c de Cv.liciomyia nebulosa et 11 p. c de Stegomyia fasciata. (iouttiêres des toitures : 6 espèces : 55.5 p.c. de Stegomyia fasciata et 17.4 p. c. de S. luteocephala. 52 qu'à Lcopoldville (Congo bclgo). M. le D'' Van den Branden a trouvé Fig. 30. — Dessin schématique de l'enracinement superficiel d'un Flamboyant (Poinciana régla). Dans l'enchevêtrement des racines au-dessus du sol, existent de petits creux qui se remplissent d'eau par les pluies. Dans ces bassins naturels, l'on a trouvé des larves du Stegomyia, le moustique de la fièvre jaune. dans le creux des racines des Flamboyants (Poinciana rcgia), des lar- ves de Stegomyia lasciata qui s'y développaient librement (v. fig. 30). Ponte et œufs des mous= ^'*^^^ »P'^^^ '^ *^o^ ^""^ "^^'f ^"^ moustiques tiques. nieurent et les femelles fécondées, après s'être gorgées de sang, à une ou plusieurs reprises, cherchent un endroit favorable pour pondre. D'habitude, les œufs des mous- tiques sont déposés, la nuit, à la surface de l'eau, sur laquelle ils flottent. Les œufs de quelques espèces de moustiques s'enfoncent dans l'eau. D'autres espèces dépo- sent leurs œufs sur la vase ou le sable au bord de l'eau. D'autres «ncore, les déposent dans des creux du sol, où ils sont submergés par l'eau des pluies ou celle provenant de la fonte des neiges. Le mode de ponte et la forme des œufs varient d'après les différentes espèces (*). Chez les types les mieux connus de Culex infestant les maisons, (Culex latigans et C. pipiens, par exemple), les œufs sont déposés 31. Types d'œufs de mous ticjues, fortement agrandis. En A œuf d'Anophèles avec Ilot- teurs latéraux. En B, œuf de Culex. A la base l'appareil micropylaire. En C, œuf de Stegomyia fasciata. (*) C. Strickland (197) a fait l'observation suivante, qui dénote une curieuse adaptation aux conditions de mili«u, d'un moustique malais. Un Chaetomyia (Leicesteria) flava capturé, portait attaché à sa patte posté- rieure gauche une masse d'œufs ; de chacun de ceux-ci sortait la tête d'une jeune larve. Le moustique, placé dans une bouteille contenant un peu d'eau, vola immé- diatement à ia surface de celle-ci et y plongea méthodiquement sa patte gauche. Les larves sortirent et s'échappèrent en nageant. Il est supposé que l'acie de pondre sur sa propre patte est un moyen employé par le moustique pour déposer ses œufs dans une eau inaccessible ou pour les sauver d'un danger qui peut se produire si le dépôt est fait directement dans l'eau. 53 sur l'eau en une masse navifornie, sorte de radeau composé d'un grand nombre d'œufs (souvent de 200 à 400) dressés les uns à côté des autres, leur extrémité la plus pointue dirigée vers ,1e haut (voir fig. 51 et 55) (*). Individuellement, chaque œuf de Culcx s'effile très régulièrement à la par- tie supérieure et se termine à la base par un organe globulaire, appelé appareil micro- pylaire (voir fig. 51b) Tout au contraire, les femelles d'Anophe- les pondent séparé- ment, sur l'eau, de 75 à 150 petits œufs noirâtres (****), qui restent isolés ou flot- tent en lignes ou grou- pes facilement disner- sés par le vent. Ils surnagent à plat, au lieu Fig. 32. — Œufs d'Anophèles flottant sur ^'^[^q dressés comme l'eau (Anophèles quairimaculatusj. — Forte- „ i„ r ;" r . ^ (•„ ment agrandis. (D'après L. O. Howard.) <"eux des Culcx. Ces œufs d Anophèles sont munis chacun d'une paire de flotteurs, petites poches remplies d'air, qu'on peut voir fig. 51a, représentant un œuf isolé, et fig. 52, repré- sentant, d'après M. L. 0. Howard, un groupe d'œufs à'Anopheles quadrimaculatus (espèce nord-américaine), flottant à la surface de l'eau. Chez les Sfegomyia, les œufs sont également pondus séparément. Les œufs du Stegomyia fasciala sont petits, très allongés, de couleur noirâtre et parsemés de petites protubérances d'une sécrétion blan- châtre (voir fig. 51c). Ils sont pondus isolément, mais par lots, dé- posés chacun, par la femelle, à des intervalles de plusieurs jours. On les trouve normalement sur les parois des récipients contenant de l'eau, un peu au-dessus de la surface de celle-ci, de façon à pou- (*") L'appareil hydrostatique ou flotteur que possède chaque œuf de Culex a été epécialement étudié par A. B. Lischetti (121). Il permet à la masse d'œufs de flotter oomm© un radeau. L'action combinée de tous les flotteurs donne une telle stabilité à la masse d'œufs, qu'il est presque impossible de la submerger. Môme si cette opé- ration est faite mécaniquement, un petit volume d'air est retenu entre la bas* des œufs et les flotteurs, ce qui permet à toute la masse de revenir à la surface, dès que la pression cesse. (**) Des données intéressantes ont été recueillieG par F. Glaser (76), sur la capa- cité de reproduction de Culex pipiens. Dans deux canaux de vidange d'une tannerie, ayant chacun un mille de lon- gueur, 167,760 radeaux d'œufs de Culex furent détruits, en nettoyant les canaux deux fois par semaime, à raison de 3 heures par nettoyage En estimant, ce qui est très modéré, le nombre d'œufs de chaque radeau à 200, l'on a détruit ainsi 33 millions d'œufs de Culex pipiens par semaine. (»**) Les femelles de Mansonia déposent leurs œufs en radeaux, comme le« Culex. (****) D'après Duprée, la femell° d'Anophèles pvnctipennis Say dépose de cent à trois cents œufs par ponte. Ils flottent sous la surface de l'eau et parfois sur celle-ci, le côté concave dirigé vers le bas. 54 voir facilement être submergés par la moindre élévation de niveau. On les a également trouvés sur une feuille flottante. La ponte de la femelle du Stegomyia à la surface même de l'eau paraît rare et ne se produit sans doute que dans des circonstances anormales, telles que la captivité de Tinsecte. Une femelle de Slegomyia pond ordinai- rement 70 à 80 œufs. Fig. 33. — L'éclosion d'une larve d'Anophèles. — Forte- ment agrandie. (D"après W. B. Hermsj. Eclosion des œufs. — Dans des conditions normales, c'est-à-dire ?.anc':s%^r!a'SvS; P-- "" '?»P^ tavo,...blo les œufs d'^no- OU la retardent ? ptieles mûrissent en û6 a 48 heures. D après M. L. 0. Howard, il faut à l'œuf de Culex latigans, de 16 à 24 heures pour éclore par temps chaud. Les larves des Anophèles sortent en fendant l'œuf (voir fig. 53), celles des Culi- cines en poussant l'extrémité de la coque. Dans leur très jeune âge, c'est- à-dire au début de leur vie aquati- que, toutes ces larves se réunissent d'ordinaire autour des amas de dé- bris ou d'écume flottant sur l'eau. Les circonstances qui influent sur l'éclosion des œufs de moustiques ont surtout été bien étudiées pour le Stegomyia faseiata. Dans des condi- tions favorables (27° à 29° C), les œufs du Stegomyia éclosent souvent le deuxième ou le troisième jour après la ponte (*). D'après M. L. 0. Ho- ward (94), les œufs de ce moustique, ordinairement placés immédiatement au-dessus de la surface de l'eau, se développent mieux après avoir été desséchés pendant quelque temps. En fait, il semble qu'à sec, ils conservent leur vitalité pendant six mois et plus. La congélation ne détruit pas la fertilité des œufs. La durée de l'incubation, lorsque les œufs sont déposés sur l'eau, est d'environ deux jours. Déposés au-dessus du niveau de l'eau, ils éclosent promptement, dès qu'ils sont submergés. Flottant sur l'eau, la moindre agitation les fait couler et lorsqu'ils sont sous l'eau, l'éclosion est retardée et, sou- vent même, certains des œufs n'éclosent pas, surtout si la tempé- rature de l'eau est assez basse. Enfin, submergés peu après avoir été pondus à la surface de l'eau, les œaifs périssent généralement (**). (*) Il résulte d'essais faits récemment par MM. E. E. Atkins et A. Bacot (6), que la présence de bactéries, levures et ferments, exerce une action stimulante sur les œufs du Stegomyia Jasciata et les force à éclore plus vite. (**) Des expériences très intéressantes sur l'action de !a dessication, de la tempé- rature et de la submersion sur l'éclosion des œufs du Stegomyia faseiata, et la con- servation de leur vitalité ont été faites en igi-t-lS, en Afrique occidentile, par la Yellow Fever Commission. En voici les principaux résultats, d'après M. A. W. Bacot (8). L'éclosion peut se produire lorsque l'œuf flotte, lorsqu'il est attaché au bord, juste en dessous de la surface de l'eau et lorsqu'il gît sur le fond. îa mortalité paraît plus grande pour les œufs submergés dans ane petite quantité d'eau. Il a été noté que la période qui s'écoule entre le moment où les œufs sont immergés et le moment de l'éclosion, peut atteindre quatre à cinq mois, si elle n'est pas inter- rompue par une période sèche intermédiaire. Il y eut un plus grand déchet parmi 55 Une expérience très curieuse au siijel du pouvoir de résistance des œufs du Slrgomii'm lasciala à la dessiccation, fut faite par M. R. Newstead en 1906. Des œufs de Slegomyia récoltés à Manaos (Brésil), par le Dr H. W. Thomas, furent envoyés en Angleterre. Ils avaient subi, au préala- ble, une dessiccation de 24 heures et étaient emballés dans des tubes de verre soigneusement bouchés. Les notes suivantes nous donnent les résultats de cette expérience : 9-11 septembre. — Œufs pondus à Manaos (Amazone); 26 octobre. — Arrivée en Angleterre ; placés dans de l'eau à 25° C. ; 27 octobre. — Douze larves écloscs pendant la nuit précédente et une après 12 heures d'immersion ; 28 octobre. — Début de la première mue ; 50 octobre. - — La première mue est terminée pour toutes les larves ; 4 novembre. — Les larves se transforment en pupos ; 7 novembre. — Sortie du premier imago : un mâle. Ce moustique est resté en vie six jours ; 8 novembre. — Sortie d'un mâle et d'une femelle. Le bocal d'élevage fut conservé dans un incubateur, à une tem- pérature uniforme de 25° C. Les insectes étaient, la plupart du temps, dans une obscurité complète. Un peu de lumière était admise occasionnellement durant le jour. les œufs conservés, que parmi ceux qui furent immergés immédiatement on pen après la ponte. Il semble que la matière sur laquelle les œufs ont été déposés, exerce une influence déterminante sur la conservation de leur vitalité pendant les périodes de sécheresse. L'action des températures basses et élevées sur le taux d'éclosion fut également étudiée. Un refroidissement à des températures allant de 23.5o à 27oC a eu, dan'' la plupart des cas, une influence stimulant.} sur l'éclosion, mais quelques œufs résis- tèrent. C'est probablement le refroidissement qui amène l'éclosion, lorsque des œufs desséchés sont immergés ou lorsque de l'eau fraîche est versée sur des œufs en cours de maturation. Une élévation de température allant de 27' à 35°C. a en pen d'effet sur l'éclosion. Des œufs conservés pendant 50 heures dans l'humidité firent ordi- nairement éclosion trente minutes après immersion subséquente ; ceux séchés pendant une période variant d'un à sept jours, éclorent après incubation, lorsqu'ils furent im- mergés, dans une proportion allant de &4 à 54 pour cent, et cela en un à quatre jours Les conditions de sécheresse ou d'humidifé ont donc une influence directe sur l'éclo- sion des œufs, en provoquant immédiatement celle-ci ou en la retardant. Des œufs conservés à sec, pendant 262 jours, ont donné des larves, lorsqu'ils furent immergés dans l'eau. Des œufs ayant déjà subi l'incubation furent soumis à diverses températures, pour déterminer leurs effets sur l'éclosion. Une exposition pendant 24 heur.^s à — 1°C., suivie d'immersion dans une eau à 24'C. et d'un examen des œufs, donna, après 128 heures, 81 pour cent d'éclosions ; une exposition h ?4 C 80 pour cent ; à 55"C., 28 p. c. ; et à sg'C, 12 pour cent. Aucune éclosion n? so pro- duisit, après une exposition des œufs pendant 24 heures, à 42°C Un chauffage à 4€°C. pendant 30 minutes détruisit la vitalité d'œufs pondu» depuis 15 à 16 heures; des œufs semblables, exposés à une température de 36°C éclorent normalement. D'autre part, des essais d'immersion faits par M. Baeot (9) à Freetown (Sierra- Léone) ont prouvé qu'après 7 à 9 mois de conservation hors de l'eau, ies œufs de Stegomijia peuvent donner 80 à 90 pour cent d'éclosions. Après 10 mois, ce pourcen- tage est beaucoup moindre et il n'est plus que d'environ 5 p.c. après 11 mois. Après 12 mois un lot de 600 œufs ne donna plus que 5 larves, qui sortirent après 5 à 6 heures d'immersion. Après 15 mois, 1,000 œufs ne donnèrent plus qu'une seule Urve et après 14 et 15 mois il n'y eut plus aucune éclosion. 5Ô Quel est l'aspect des larves Les larves aquatiques de moustiques sont de moustiques ? généralement de coloration verdâtre, vert- brunâtre ou brune, parfois rouge ou bleue et ont environ 7 à 8 mm. de longueur, La tête est ronde, bien sé- parée du reste du corps. Le thorax est arrondi, renflé ; l'abdomen est allongé, articulé, et le huitième segment est pourvu, tout au moins chez les Culex, Acdes, Stegomyia, Megarhini, Mansonia, etc., d'un siphon ou tube respiratoire bien développé (voir îig. 34). Fig. 34. — Larves de moustiques, de dimensions quadruplées : aj larve d'Anophèles maculipennis Mg. — bj larve de Stegomyia fasciata F. — cj larve de Culex fatigans Wied. Le corps des larves de moustiques est garni de longs poils raides et espacés et leur extrémité caudale est munie d'appendices servant de rames. L'habitude de ces larves de remonter plus ou moins fré- quemment à la surface de l'eau pour respirer et de s'enfoncer ensuite soudainement, lorsqu'elles sont alarmées, par un mouvement rapide et saccadé ou un tortillement du corps, permet aisément de les re- connaître. Quels sont les principaux Les dessins, fig. M à 38, représentent caractères des larves de ^, j ^ ^ ; j Stegomyia lasciata Culex, Stegomyia et , ,, - , , t ■ • i i-pr. j Anophèles ? Mode de ^t d Anophèles. La pnncipaie dillerence de respiration. conformation se trouve dans l'organe respi- ratoire. Chez les Culex (fig. 34c et 36a), c'est un tube ou siphon très long, inséré à l'extrémité anale du corps ; chez les Stegomyia (fig. 34b et 38), ce tube est moins développé et chez les Anophèles (fig. 34a et 36b), il ne constitue qu'une simple protubérance. L'attitude des larves de Culex et d'Anophcles au repos est égale- ment très différente. Lorsqu'elle respire, la larve de Culex est suspendue sous la sur- face de l'eau, la tête en bas, le corps légèrement incliné par rapport à la verticale et l'extrémité du siphon touchant la surface de l'eau (voir fig. 57). La larve de Stegomyia prend à peu près la même posi- tion, mais le corps est suspendu plus verticalement. Par contre, la 57 larve d'Anophèles, au repos, flotte, étendue horizontalement sous la surface de l'eau, contre laquelle elle s'appuie ; son organe respira- toire, très court, placé à l'extrémité anale du corps, atteint ainsi juste le niveau de cette surface (voir fig. 37). Larves de Culex. — Dans le bas de la figure 35, sont représentées des larves de Culex dans différentes attitudes : en mouvement, c'est- à-dire se déplaçant dans l'eau, ou bien dans la position habituelle de repos, c'est-à-dire suspendues sous la surface du liquide. Dans cette dernière attitude (voir fig. 37), la larve adhère à la surface par la cupule respiratoire hydrofuge, qui se trouve à l'extré- mité du siphon. Ce siphon est parcouru dans toute sa longueur par deux tubes trachéens qui aboutissent à la cupule hydrofuge. Lorsque la larve amène contre la surface de l'eau l'extrémité de son siphon, cette cupule s'ouvre passivement, par le fait de l'attraction capillaire et adhère à la surface (D'" F. Brocher [27]). Le corps reste sous la surface, suspendu à celle-ci, sans que Fig. 35. — Evuhilion des Culex. — En haut, au milieu, masse d'oeufs de Culex, en forme de radeau ou nacelle. — A gauche, œufs isolés, la partie effilée dirigée vers le haut. — A droite, larve de Culex (le petit trait sur le côté indique la longueur réelle). — En bas, attitudes diverses des larves de Culex dans l'eau. — Forte- ment agrandis. (D'après L. O. Howard.) l'animal ait aucun effort à faire pour garder cette position. Pour se nourrir, la larve produit dans l'eau, à l'aide de ses palpes rotatoires, un double courant, convergeant vers la bouche et qui lui amène les particules nutritives. Ce courant est produit un peu au-dessous de 1 eau et non, comme chez les lar^-es (VAnophelcs, à la surface de celle-ci. Alarmée, la larve ferme ou détache sa cupule respiratoire. L'at- traction capillaire de la surface cesse et le corps, étant plus lourd que l'eau, descend par son propre poids. Toutefois, la larve ne reste jamais longtemps au fond. Elle remonte bientôt et nage en se contorsionnant, en donnant de forts coups 58 avec l'extrémité postérieure du corps, pourvue d'une rangée de poils qui servent de rames. La cupule respiratoire est constituée par cinq valves qui s'écartent '^..H Fig. 36. — Dessins schématiques, fortement agrandis, d'une larve de Culex (A.j et d'une larve d'Anophèles (Bj. — A. Tête. — B. Œil. — C. Antennes. — D. Brosses. — E. Thorax. — F. Abdomen. — G. Siphon (Culexj. — H. Valves du siphon (Culexj. — /. Orifices stigmatiques (Ano- phelesj. — /. Papilles anales. — A'. Gouvernail (Culex}. Fig. 37. — Positions caractéristiques des larves de moustiques respirant à la surface de l'eau. — Fortement agrandies et grandeur naturelle. A gauche, larve de Culex suspendue à la surface de l'eau par l'extré- mité de son siphon et dans une position plus ou moins verticale. A droite, larve d'Anophèles étendue horizontalement sous la surface de l'eau et lui étant parallèle. L'adhérence à la surface, a lieu à Textrémité anale, par une courte protubérance. 59 l'une de l'autre et se renversent en dehors. Chacune de ces valves est pomvue d'une courte soie rigide, destinée à rompre la pellicule d'eau qui pourrait rester tendue entre elles, lorsqu'elles s'écartent. Cette pellicule, en recouvrant la cupule hydrofuge. l'empêcherait d'entrer en contact avec l'air (Dr F. Brocher [27]). Larves de Stcgomyia fascinta. — Les larves de Slegonviia fasciafa (voir fig. 38) ressemblent fortement, comme conformation et atti- tude, aux larves de Culex. Leur siphon est plus court (un quart de la longueur de l'abdomen) et plus large et lorsqu'elles sont suspen- dues à la surface de l'eau pour respirer, elles pendent presque verti- calement. Elles sont très vite effrayées et vont rapidement au fond, où elles séjournent pendant un temps considérable. Elles peuvent d'ailleurs vivre longtemps sous l'eau, sans remonter à la surface. Lorsqu'on vide l'eau d'un récipient contenant ces larves, celles-ci se réfugient promptement au fond et leur présence peut passer inaper- çue. Elles restent si près du fond, qu'il faut rincer et laisser s'égout- ter les vases pour les en expulser. De même, il n'est pas facile d'en débarrasser un tonneau ou baril, en en vidant simplement le contenu. La durée de la période larvaire du Stegomyia fasciata, par temps suffi- samment chaud, varie, d'après Mit- chell (140), entre huit et treize jouis. Francis donne une période minimum de sept jours, dans de l'eau à une température uniforme de 26.5° C, et Xewsfeail de neuf jours, dans de l'eau à 25° C. Larves dWnopheles. — Les larves d'Anoplielcs flottent donc immobiles sous la surface de l'eau, appuyées contre celle-ci, et ayant leur cuips étendu horizontalement. A la face dorsale du huitième segment se trou- vent, sur le devant d'une petite élé- vation en forme de carré irrégulier, les stigmates ou ouvertures respira- toires, qui constituent la terminaison des grandes trachées latérales, par- courant le corps de la larve dans tou- te sa longueur (voir fig. 56b). Pour respirer, la larve pousse la pi'otubérance contre la surface de l'eau. N'étant pas mouillable, celle-ci y adhère et maintient le corps en po- sition, suspendu par sa face dorsale. Les trachées sont ainsi librement en conumiiiuation avec I an-, par les ouvertures respiratoires (voir figure 57). Les poils palmés, placés le long de la jiartie doisale de l'abdomen. Fig. 38. — Larve de Sle- gomyia lanckila, le mous- tique de la fièvre jaune, fortement agrandie. — Le trait sur le côté donne sa longueur normale. (D'après L. O. Howard.) l'ai GO pegnettent également à la larve de maintenir sa position horizon- tale contre la surface de l'eau. La larve des Anophcles est plus lente que celle des Culex. Lors- qu'elle est au repos, la tête est complètement immergée et la bouche est dirigée vers le bas. Pour la nutrition, la tête effectue une rota- tion de 180°, ce qui ramène sa face ventrale du côté dorsal. Les deux brosses alimentaires se mettent alors à vibrer et créent à la surface de l'eau deux courants, qui convei'gent vers la bouche et lui amènent les petits organismes (animaux et végétaux) flottant près de la sur- face. Ces corps sont triés au fur et à mesure de leur arrivée, ceux jugés trop gros ou mauvais étant rejetés de côté par un brusque coup de tête. Lorsque l'alimentation a cessé, c'est-à-dire lorsque la vibra- tion des brosses alimentaires est arrêtée, la tête reprend sa position normale, la bouche tournée vers le bas. Les mouvements des larves à'Anophelcs sont bien plus saccadés que ceux des larvçs de Culicines, qui se déplacent plutôt en serpen- tant. De même, les premières ne sont pas aussi visibles dans l'eau que les secondes, probablement par suite de leur position parallèle à la surface. Si l'on entre dans un marais, on ne voit aucune larve à'Anopheles, mais en regardant en arrière, dans l'eau devenue boueuse, on les distingue très bien, leur forme se détachant sur le fond sombre. La croissance des larves d'Anophèles est plutôt rapide et, par temps chaud, elles peuvent atteindre leur plein développement, moins de deux semaines après la sortie de l'œuf (*). Les larves des moustiques Cette question présente une assez grande respirent=elles seulement irrportance pratique, à cause de son rapport toires" " ^^ ^^^^" direct avec l'action destructrice des sub- stances huileuses (pétrole, etc.), que l'on épand sur les eaux où les larves se développent. On croit généralement que la respiration des larves de moustiques est strictement aérienne, ce qui explique la nécessité pour ces larves de retourner fréquemment à la surface de l'eau et de s'y suspendre pour absorber de l'air. La conséquence serait que toute larve de moustique que l'on empêche d'accéder à l'air libre, meurt prompte- ment, asphyxiée. Cela n'est pas tout à fait exact, car, comme il est prouvé ci- dessous, les larves respirent également, en plus de l'air libre, l'air dissous dans l'eau. M. A. da Costa Lima (45) a fait, en 1914, à l'Institut Oswaldo Cruz, de Rio de Janeiro (Brésil), quelques expériences sur des larves d'es- pèces de Limatus, Stegomyia et Culex, en vue de déterminer combien (*) En dehors de la présence et de la longueur du tube respiratoire ou siplion, i! existe encore d'autres différences entre les larves des divers groupes de moustiques. C'est aiinsi que la tête de la larve est plus grande chez Cidex que chez Anophèles, tandis que chez Stegomyia, la tête et le thorax sont relativement p«tits. Chez cette dernière larve, les antennes sont faibles, alors que les papilles sont souvent bien développées. Chez les Culex, Les antennes sont très variablei^ suivant les espèces. Les larves canniba'es de Culex (C. concolor) diffèrent fort des autres larves de ce groupe. Leur siphon est court et elles flottent presque horizontalement sous la surfaœ de l'eau, avec la tête un peu plus bas que celle-ci. Dams cette position, eJles restent immobiles, dans l'attente de leur proie (larves d'autres moustiques'», qu'elles sai- eisisent à l'aide de leurs brosses alimentaires, transformées en organes prédateurs. 61 de temps ces larves peuvent vivre dans différentes sortes d'eau (eau de rivière, eau de pluie, eau bouillie, etc.). lorsqu'on les empêche de respirer directement l'air en remontant à la surface. M. da Costa Lima constate que si, d'une façon générale, les larves de moustiques respirent l'air libre, elles absorbent également, tant par les feuillets branchiaux que par tous les téguments du corps (respiration cutanée), l'oxygène en dissolution dans l'eau. Au plus la larve est jeune, au plus facilement elle acquerra l'habitude de se suffire avec l'air en dissolution. Les larves plus âgées, privées d'air libre, meurent en moins d'un jour. Les petites larves, pourvues de suffisamment de nourriture, peuvent se développer et devenir des pupes sans accéder à la surface, mais ces pupes meurent au bout de peu de temps, si elles n'entrent pas en contact avec l'air. Les feuillets branchiaux n'aident en rien la locomotion, et ne servent que pour respirer l'oxygène dissous. Leur ablation force les larves à remonter plus fréquemment à la surface. Les larves de Stegomyia, privées de leurs feuillets et sans contact direct avec l'air extérieur, restent vivre quelque temps. Toute larve introduite dans un flacon expérimental, dans lequel l'air n'avait pas accès et qui contenait de l'eau bouillie (c'est-à-dire privée d'une grande partie des gaz en dissolution), est morte au bout de quelques heures. L'eau qui con- tient des larves n'ayant à leur disposition pour la respiration, que les gaz dissous, doit être fréquemment aérée. Enfin, les larves sont asphyxiées sous une couche de pétrole, non seulement parce qu'elles ne peuvent atteindre l'air libre, mais parce que l'huile adhère à leur corps, empêchant la respiration cutanée. Les expériences de M. da Costa Lima ont été vérifiées par celles faites par M. J. W. Scott Macfie (127), qui ont porté principalement sur l'action du pétrole sur les lai'ves de diverses espèces de mous- tiques. Ces expériences, sur lesquelles nous reviendrons dans la suite, ont prouvé notamment que les larves de certains moustiques, y compris Stegornyia lasciata, sont capables de s'adapter à la vie sub- mergée et peuvent continuer à se développer jusqu'à la nymphose. Celle-ci, toutefois, est ordinairement empêchée, et, si elle se produit, le moustique meurt, la pupe étant incapable de vivre sans accès direct à l'air libre. Un autre fait intéressant constaté, est que, lorsque des larves de Culcx latigans n'ont pas d'accès à l'air libre, elles vivent quatre fois moins longtemps dans l'eau contenant des matières organiques que dans l'eau distillée, les matières organiques employant l'oxygène dissous et réduisant ainsi la quantité disponible pour les larves (*). (») Il faut rapprocher de ces diverses expériencea les observations faites par M. S. K Sen (184), (Indian Jl. Medic. Res. Calcutta, Jan., JQli), sur la conisom- matioin d'oxygène ciiez les moustiques. Cet auteur a constaté notamment : 1 — Que le taux moyen de consommation d'oxygène chez Ciilex silieyis était par heure de 1.1 cm3 chez la larve complètement développée, 1.9 cm3 chez la pupe et 25 cm3 chez l'adulte ; 2. — Que la quantité d'oxygène absorbée par la larve et la pupe est à peu près la même ; 3. — Que dans l'acte resipiratoire de la larve et do la, pupe, le rôle de l'air dissous est faible et négligeable et que l'ablation des branchies semble avoir peu d'effet sur la respiration larvaire, et enfin : 4. — Que la pupe ressent plus for- tement et plus rapidement le manque d'oxygène que la larve, et est, par conséquent, plus vite asphyxiée. 62 Quelle est la nourriture Los aliments sont indispensables aux lar- des larves de mousti- ^,^,g ^j^ niousliques pour se développer. Ces t|"eS ? 1 . t • . 1 J' aliments peuvent consister en algues d eau douce • certaines de ces algues sont très sensibles aux changements de densité et de teneur en sels solublos de l'eau et probablement aussi à la longueur d'ondes de la lumière qui pénètre jusqu'à elles. En élevant des Anophèles punctipcnnis en captivité. Marchand (158) a constaté qu'une algue verte, monocellulaire, de surface, placée dans l'eau claire, constituait la meilleure nourriture pour les larves. Il a également été établi qu'au Soudan des algues microscopiques d'eau douce formaient le principal aliment des larves à'Anopheles. La nourriture des larves de Culicides a été surtout étudiée pour celles de Stegomyia lasciala, le moustique de la fièvre jaune. D'après M. L. 0. Howard (94), ces larves se rencontrent surtout dans l'eau claire : barils d'eau de pluie et récipients servant à conserver l'eau de boisson dans les maisons. L'eau de tels récipients contient toujours plus ou moins de ma- tières animales et de détritus végétaux, formant la base de l'alimen- tation des larves. Celles-ci descendent au fond de l'eau, même à une profondeur relativement très grande, pour se nourrir du sédiment organique qui s'y trouve. Des larves tenues en captivité ont été observées dévorant les insectes morts et les peaux de mue des larves et pupcs. Elles sont parfois de mœurs cannibales, les grandes larves dévorant les petites (*). . Le développement de la larve du moustique de la fièvre jaune est activé par la présence dans l'eau d'une petite quantité de ma- tière fécale. Lors de la guerre cubaine, des observateurs ont constaté à la Havane, que les larves qui se trouvaient dans les tonneaux de vidange servant à transporter les déjections humaines provenant des hôpitaux, se développaient très rapidement, et d'autres observateurs ont signalé le fait, qu'en ajoutant de la matière fécale à l'eau conte- nant des larves, leur développement était accéléré et leur cycle vital complété en six à huit jours. D'autre part, suivant Sir Hubert Boycc, F. R. S. (23), en Afrique occidentale, la larve de Stegomyia lasciata en captivité se nourrit surtout de matières amorphes, de restes macérés de petits crustacés (Cyelops sp., Diaptoinus sp., etc.), de petits fragments de plantes aquatiques et occasionnellement de diatomées et plantes monocellu- laircs. Enfin, nous notons dans le rapport pour 1914-1915 de la Yelloir Fever Commission in West Africa, dû à M. A. W. Bacot (8), les obser- vations suivantefi, relatives à la nourriture des mêmes larves de Stego- myia fasciata. Les larves se développent promplcment dans de Feau contenant en abondance des matières organiques, telles que feuilles mortes, blanc d'œuf bouilli, riz, insectes morts, etc. Dans l'eau de robinet, la première mue ne s'est effectuée qu'après addition de matière orga- nique. Une quantité insuffisante de nourriture a provoqué une forte (*) D'après Waterston (208) les larves d'Anophèles bifurcatim sont également cannibales, les larves complètement développées faisant leur proie des plus jeunes 63 nioitalilé cl a prolongé la péi-iode larvaire des imlividus survivants. Dans certains cas, celle-ci a perduré soixante-dix jours. Dans des conditions favorables, par contre, le développement des stades pri- maires fut complété en quatre jours et des moustiques mâles appa- rurent le cinquième. Des bactéries ont sans doute été assimilées par les larves et ont peut-être joué un rôle essentiel dans leur développe- ment. 11 n"a pas été observé de cas de cannibalisme parmi les larves, quoique les corps de celles qui moururent dans les récipients d'éle- vage furent dévorés par les survivantes. Quel est l'aspect des pu= Après trois mues successives, la larve de pes de moustiques ? moustique complètement développée cesse do se nourrir et la nymphe ou pupe sort par une fente de la face dorsale (voir fig. 59). Les pupes de moustiques sont presque aussi actives que les larves et leur ressemblent d'une façon générale (voir fig. 40). Elles ont quelque peu la forme d'un point d'interrogation. Toutefois, chez la pupe, la tête et le thorax sont réunis en une seule masse, le céphalothorax, qui mon- tre sur ses faces latérales et antérieure les rudiments des ailes, des pattes et de la trompe. Du côté dorsal, se^ projettent deux cornets ou tjrompettes respiratoires, sem.blables à une paire de cornes, qui permettent à la pupe de respirer à la sur- face de l'eau, tout comme la est composé de neuf articles, est muni à son Fig. 39. — Dernière mue d'une larve 3e Culex. Sortie de la pupe ou nymphe. — Dans le rectangle en-dessous, la pupe grandeur naturelle. (D'apr. R.Blanchard.) larve. L'abdomen, qui Fig. 40. — Pupes de Culex et d'Aiiopheles fortement agrandies. — Chez la pupe de Culex, les trompettes respiratoires sont minces et longues. Elles sont plus larges et plus ouvertes chez la pupe d'Anophèles. Cette dernière pupe est suspendue semi-horizontalement à la surface de l'eau, tandis que la suspension est verticale chez la pupe de Culex. — Voir en- dessous de la pupe cV Anophèles, une pupe grandeur naturelle. (Dessin reproduit d'après M. L. O. Howard.) 64 segment terminal, d'une paire d'organes transparents, en forme de nageoires. La fig. 40 représente, d'après M. L. 0. Howard, deux pupes de moustiques fortement agrandies. A gauche, une pupe de Culex et à droite une pupe d'Anophcles. Comme on pourra s'en rendre compte, il n'y a pas de grandes différences entre ces deux formes de pupes. Toutes deux, au repos, flottent sous la surface de l'eau, leurs trompettes respiratoires en contact avec l'air, mais elles peu- vent également nager avec rapidité, par un mouvement saccadé de l'abdomen pourvu, à son extrémité, des deux organes natatoires dont nous avons parlé plus haut. Comme l'a signalé Christophers, la posi- tion et l'aspect des trompettes respi- ratoires varient cependant d'après les groupes de moustiques. Chez les pu- pes à'Anopheles, elles sont courtes, s'ouvrent largement et sont situées sur le milieu de la partie dorsale du thorax. Chez les pupes de Culex, elles sont placées à la partie supérieure du thorax, sont plus minces et relative- ment plus longues et leur ouverture est quelque peu oblique (*). De plus, les pupes d'Anophelcs sont suspen- dues plus horizontalement à la surfa- ce de l'eau, car le céphalothorax est plus long et pèse par conséquent plus lourd (**). Une autre figure (fig. 41), égale- ment reproduite d'après M. L. 0. Ho- ward, nous montre une pupe forte- ment agrandie du Slegomyia lasciata, le moustique de la fièvre jaune. Cette pupe ressemble, comme aspect général, aux précédentes. Les trompettes respiratoires sont courtes et larges et leur ouverture a une forme triangulaire. La durée de la période de nymphose des moustiques varie d'après l'espèce et aussi d'après la température. Suivant M. L. 0. Howard, elle est, chez Culex latigans, Wied., de deux jours au minimum, et chez les Anophèles de trois jours et plus. Chez Slegomyia lasciata, elle varie d'un à cinq jours : Mitchell (149) donne un à cinq jours et Newsfead deux à trois jours, à la température de 23° C. h ;~^ ■ '"r ..;.-' /' 4:}'^ Fig. 41. — Pupe de Slego- myia lasciata, le moustique de la fièvre jaune, fortement agrandie. (D'après Howard.) Comment s'effectue la sor= tie du moustique adulte? Après un nombre variable de jours, le moustique adulte sort donc de son enve- loppe nymphale. Lorsque le moment de la sortie est venu, la pupe devient moins vive ; elle quitte moins volon- tiers la surface de l'eau, s'immobilise, son abdomen s'étale et on {*) En fait, les différences entre les trompettes respiratoires des pupes A'Ano- phelex et celles des pupes de Culex ne sont pas aussi tranchées. Les vairiations die forme, dimensions et longueur de ces organes sont, en réalité, très nombreuses, d'après les espèces. (**) Cinq pupes à'Anopheles de l'Afrique occidentale ont été décrites. Cellee d'à. cosîalis, A. pharoensis et A. mauritianus, par Wesché; celle d'A. funestus, par Baeot, et celle d'A. marshalli, par A. Ingram et J. W. Scctt Macfie (129). 65 voit s'ouvrir une fente sur le dos du thorax émergé, entre les deux trompettes respiratoires. Par cefte ïentc, l'adulte sort; le thorax appa- raît d'abord et immédiatement toute la coque de la pupc se remplit d'air, ce qui lui donne une grande stabilité (voir fig. 42). Peu après, sortent la tête, les pattes, les ailes, puis l'abdomen ; les ailes se dé- ploient et se dessèchent et lorsqu'elles sont bien étalées, l'insecte Fig. 42. — Trois phases de la sortie de l'adulte d'Anophèles maculi- pennis, fortement agrandies. — En A, la pupe ou nymphe, vue de profil, peu avant la sortie de l'adulte. Dans le rectangle en dessous, dimensions naturelles de la pupe. — En B, début de la sortie de l'adulte. La nymphe ou pupe s'est remplie d'air et constitue une nacelle flottante, qui peut supporter l'insecte. — En C, sortie de l'adulte (mâle). (D'après E. Brumpt.) s'envole. L'opération entière ne dure que quelques minutes, rare- ment plus de dix ou quinze. Il semble qu'elle exige une eau très tranquille, quoique, d'après M. le Dr Brocher (27), la chute sur l'eau du moustique en train d'éclore n'est pas un accident fatal. L'insecte flotte sur la surface, sans que l'eau le mouille, et dans cette position, il achève de se dégager. Quelle est la résistance de Les facteurs qui peuvent influencer le dé- larves et pupes aux con; vcloppement normal des larves et pupes de ditions défavorables a ' \. . i i ' j i j i» leur développement ? moustiques sont le degré de salure de 1 eau, la dessiccation, la submersion, ainsi que l'action des températures basses et élevées. Résistance à la concentration saline de l'eau. — Les larves de diverses espèces de moustiques sont connues comme pouvant vivre et se développer dans l'eau salée ou saumàtre. D'après Dutton, les larves d'Anophèles (Pyretophorus) costalis peuvent vivre dans 75 p. c. d'eau de mer ; suivant de Vogel, les larves d'Anophèles vagus n'ha- bitent que les petits étangs côtiers des Indes néerlandaises, conte- nant 25 à 30 grammes de sel au litre ; expérimentalement, elles peuvent vivre dans de l'eau renfermant 87.4 grammes de sel par litre. Les larves d'Anophèles (Piiretophorus) Chaiidoyei ont été ré- coltées (Foley et Yvernault) dans les mares salées du Sahara, ayant un degré de concentration de 40 grammes au litre (*), et d'après AI, Ed. Sergent, les larves d'Acartomyia mariae vivent dans les creux de rochers du littoral méditerranéen, où la proportion de sel atteint 60 grammes au litre. (D'après E. Brumpt [29]). Suivant M. J. W. Scott Macfie (125), à Accra (Côte d'Or), Ochlero- latus initans se développe dans de l'eau contenant 14 pour mille de chlore, Culex fatigans dans de l'eau en contenant 16 pour mille et C. decens, 20 pour mille (soit 5.28 de x\aCl.). Des expériences ont prouvé que Stegomyia fasciata, ou bien refuse de pondre dans de l'eau contenant 2 p. c. de sel, ou bien que la vitalité des œufs qu'il y dépose est bien vite anéantie. D'après M. L. 0. Howard (94), des larves de Stegomyia fasciata ont été trouvées en vie dans de l'eau saumàtre contenant 35 p. c. d'eau de mer. Avec 40 p. c. d'eau de mer, les larves survivaient encore et complétaient leur cycle vital en donnant naissance à des imagos. Il a été prouvé que, dans la nature, les larves de ce mous- tique peuvent rester en vie dans de l'eau ayant acquis, par le fait de l'évaporation, une forte concentration saline, et que si, dans la suite, cette eau est suffisamment diluée par les pluies, ces larves peuvent achever leur développement (**). (*) Suivant M. Langeron (lOS) Anophèles turkhudi List (Pyretophorus Chau- doyei Théo) se rencontre dans les oasis du Nord de l'Afrique. Il a été trouvé en Algérie et en Tunisie. De nombreuses larves et nymphes ont été récoltées dams les eaux fortement minéralisées des oasis sahariens et lybiens. L'eau y était claire, le fond sableux et il n'y avait aucune trace de végétation. (**) Les effets de divers sels sur les larves de Culex pipiens ont été expérimentés par M. Gofferje (77). Les milieux d'élevage dans lesquels furent placées les larves étaient constitués par des solutions normales de chlorures, nitrates et sulfates de sodium, de potassium, de calcium et de magnésium. La durée moyenne de la vie de la larve fut prise comme base et il fut possible ainsi de diviser les solutions en « fatales » (occasionnant la mort dans les 24 heures), " enrayant le développement » et « non activeis ». Le premier groupe (fatales) comprend toutes les solutions diluées de moitié et les solutions au quart de nitrates et de chlorures de potas.sium et de magnésium. A l'exception du nitrate de potassium, tous les sels, à la dilution de 1/32 ou 1/64 étaient inactifs ; le sel de cuisine était inactif à 1/16. Le développement des larves fut enrayé par les chlorures et sulfates de sodium et de potassium. Dans des solutions de chlorure de sodium à l'32 et 1/64, une larve vécut 76 jours ; dans une solutioa de chlorure de potassium à 1/3-2 57 jours ; dans une solution de sulfate à 1/64 37 jours ; et dans une solution de sulfate de potassium, 38 jours en moyenne. 67 Résislance à la dessiccation el ù la submersion. — Le degré de résistance des larves et piipcs à la dessiccation varie d'après les espèces et d'après le climat, f/est ainsi que, d'après M. L, 0. Howard (94), sous un climat sec, les larves de Slcgonujia fasciala meurent rapidement, lorsque l'eau dans laquelle elles se trouvent est versée sur le sol, tandis que, sous un chmat humide, elles peuvent, si les circonstances sont favorables, rester vivre hors de l'eau pendant un temps considérable, et les pupes montrent une grande résistance à la dessiccation. Des expériences faites par M. Peryassu au Brésil ont montré que, lorsque des larves de Stegomyia furent placées sur du papier filtre, aucune ne survécut plus de neuf heures. Placées sur un sol humide, elles restèrent vivre, suivant le degré de température et d'évapora- tion, jusqu'à treize jours et, remises ensuite dans l'eau, se dévelop- pèrent en imagos. Des pupes séchées sur du papier filtre survé- curent neuf heures,, et trente minutes. En ce qui concerne la résistance à la submersion, il est dit dans le mémoire de Mitchell (149) (Alosquito Life, 1907), que Duprée a découvert que les jeunes larves de Stegomyia sont remarquablement résistantes à la vie sous l'eau ; elles supportent trois heures de sub- mersion complète el, dans certains cas, furent rappelées à la vie, après être restées cinq heures sans venir respirer à la surface (*). D'autre part, les larves adultes supportent, pendant une heure el demie à deux heures, une immersion totale et cette résistance leur permet de se nourrir au fond des citernes qui ne sont pas trop pro- fondes et de rester sans rapport avec l'air extérieur pendant des périodes très longues. D'après M. A. W. Bacot (8) (Report Yellow Fever Commission, 1914-15), toutefois, les larves et pupes de- Stegomyia ont été incapables de supporter, pendant vingt heures, une submersion complète. Résistance aux températures basses et élevées. — La résistance des larves et pupes aux variations de la température diffère égale- ment d'après l'esnèce. Pour Stegomyia (asciata, il n'a pas été direc- tement prouvé que les larves supportent une température de 0° C,, quoiqu'elles aient été trouvées par temps de gel, par Francis, à Mobile, Alab. (Etats-Unis), vivant dans des baquets abrités, alors que l'eau des récipients exposés à l'air libre était couverte d'une couche de glace de plus d'un centimètre d'épaisseur. Il est en tout cas certain que les larves de Stegomyia peuvent supporter des températures rela- tivement très basses. D'après Bacot (8), les larves et pupes de ce moustique, exposées pendant deux à trois heures à une température d'environ 4 1/2° C, passent de la vie active à la vie latente, les lai-ves se trouvant alors au fond du récipient et les pupes restant à la surface. Les pupes recouvrent leur activité à 15° 0. et les larves à 27° C. Quant à l'action des températures élevées, la vitalité des larves de Stegomyia s'est maintenue, durant une exposition à la chaleur du soleil, lorsque la température de l'eau variait entre 24° (*) Comme nous l'avons vu, page 60, ces larves utilisent l'air en dissolution dans l'eau (respiration branchiale et cutanée). et 40° C. De l'eau chauffée à 46° C. fut mortelle aux larves et aux pupes. Quelle est la durée totale Dans les conditions normales, la durée de ''vUai7^dS^°stldIs ^^^ développement des stades larvaires des yrvaires des^' m'oustl! moustiques est très courte. Par temps ques? chaud, elle est en moyenne de dix à quinze jours, et il en résulte que plusieurs géné- rations de ces Diptères peuvent se succéder en une seule saison. Le rôle essentiel est joué par la température, qui retarde on accélère l'éclosion des œufs, le développement des larves et la sortie des imagos. Le Dr L. 0. Howard a trouvé qu'aux Etats-Unis, la durée mini- mum du cycle vital de Culcx fatignns, Wied, était de dix jours, soit 16 à 24 heures pour l'éclosion des œufs, sept jours pour la période larvaire et deux jours pour la période pupale. Toutefois, le temps nécessaire pour le développement d'une génération est indéfiniment prolongé, si la température est froide. Il y a également lieu de sup- poser que la chaleur raccourcit par contre cette période (*). Pour les Anophèles, dans des conditions normales, c'est-à-dire par un temps favorable, les œufs éclosent en 56 à 48 heures, la période larvaire dure de 11 à 14 jours et la période de nymphose, 2 à 3 jours, de sorte que l'ensemble du cycle vital prend de 14 jours et demi à 19 jours. Par des températures défavorables, toutefois, cette période peut être prolongée jusqu'à 36 jours et plus. D'après M. S. A. Smith (192), la durée de développement des larves à'Anopheles piinctipennis, Say (Etats-Unis), varie entre 21 et 25 jours et la période de nymphose est d'environ deux jours. D'après M. J. Zoîek (214), dans la zone du canal de Panama, le cycle vital d'Ano- phfles tarsimaculatus prend de 7 à 9 jours. Il y a donc de grandes différences, suivant l'espèce d'Anophcles et suivant la température. Quant à Stegomyia lasciata, le moustique de la fièvre jaune, les effets des diverses températures sur la durée de développement des stades larvaires ont été étudiés avec précision par la Commission américaine à Cuba et par la Commission française à Rio de Janeiro, et les résultats obtenus par ces deux commissions sont concordants. Le cycle vital le plus court, observé par Reed et Carroll à Cuba, par un temps d'été, fut de neuf jours et demi, soit deux jours pour l'in- cubation, six jours pour la période larvaire et 36 heures pour la période de nymphose. Toutefois, ceci est, croit-on, exceptionnel. Par une température d'été moyenne, le temps requis pour une métamor- phose complète varie ordinairement entre 11 et 18 jours. Les obser- vateurs français à Rio de Janeiro ont trouvé que l'époque la plus favorable pour un développement rapide était lorsque les tempéra- tures nocturnes allaient de 26° à 27.25° C. et les températures diurnes (*) M. A. W. J. Pomeroy (164) établit qu'à Dar-es-Salam (Afrique orientale), le cycle vital minimum de Culex fatigans est de moins de 8 jours (192 heures), se dé- composant comme suit : éclosion des œufs : 24 heures maximum ; stade larvaire : 120 heures maximum ; stade pupal : 48 heures maximum. (le 27.7,') à ôl" C. Ils constatèrent que certaines des larves de mous- liques atteignaient le stade de nymphose sept jours après l'éclosion ilcs œufs, et l'état adulte le neuvième jour, et que, généralement, la jthipart des larves provenant d'une même ponte produisaient des imagos environ vers le dixième jour. C. — MŒURS DES MOUSTIQUES ADULTES. 1. — Anophèles ou Moustiques de la Malaria. Quand piquent les fe= Dans les. régions inhabitées, les espèces malles d'Anophèles? d'Anophèles se nourrissent sans doute du sang des mammifères et oiseaux, du suc des plantes et des fruits et probablement aussi du pollen de certaines fleurs. Plusieurs observateurs pensent que le sang est la nourriture normale des femelles d'Anophèles et que celles-ci ne prennent d'autres aliments que si elles n'ont pas de source de sang à leur disposition. Il semble bien que les Anophèles femelles soient plus avides de sang que d'autres moustiques et, fait à noter, certaines personnes et cer- tains animaux les attirent plus que d'autres (*). En règle générale, les moustiques Anophèles sont de mœurs noc- turnes et les femelles ne piquent qu'après le coucher du soleil ; leur piqûre ne produit qu'une légère irritation. Aux Etats-Unis, cepen- dant. Anophèles criicians Wied. et .4. punctipeniiis Say, ont été observés, en de rares occasions, attaquant en plein jour. Le fait n'a pas été constaté pour A. qitadrimonilatus, Say., autre espèce nord- américaine. Dans leur remarquable ouvrage Mosquito Control in Panouja, paru en 1916. MM. J.-A. Le Prince et A.-.l. Orensteiii (117) font observer que, durant les années 1904 à 1912, aucun cas de piqûre en plein jour par les différentes espèces d' Anophèles infestant la région du canal de Panama, n'a été signalé (**). En 1912, toutefois, à Gatun, (*) Suivant M. \V. Marchand (138), il a été démontré, par des observations, que l'instinct de piquer est surtout guidé chez Anopliele^ punctipennis par le th-ermotro- piiSme, c'est-à-dire l'attraction de la chaleur. Les femelles réagissent plus fortement que les mâles. L'odeur ne joue aucun rôle dans l'attraction. (*'■) Les espèces d'Anophèles les plus importantes de l'isthme de Panama sont les suivantes : 1. — Anophèles albimanus, Wied., abondante, très malariale et fréquentant beau- coup les habitations ; 2. — Anophèles tarsimaculatus, Goeldi, également très susceptiblei d'infection mala- riale ; 3. — Anophèles pseudopunctipennis, Théo, commune, mais infestant moins les mai- sons que les deux premières. Importance moindre au point de vue' de la malaria ; 4. — Anophèles malefactor, D. K., commune dans les maisons, pique avec vi- gueur, mais ne paraît pas propagatrice des fièvres ; 5. — .Anophèles argyrotarsis, R. D. Les autres espèce® d'Anophèles : A. franciscanus, Me Crack, A. apieimaculata, D. K., A. gorgasi, D. K.. A. crnzii, D. K., A. punctimactila, D. K., A. eiseni. Coq., n'ont pas d'importance pathologique. Pour se rendre compte de l'abondance relative des diverses espèces de moustiques dans l'istiime, disons que, d'après RusscJl (173), le laboratoire du Board of Health avait capturé à Panama, durant 1916, 391,300 moustiques, dont 242,900 Manso- nia titillons, 55,365 Anophèles albimanus, 3,813 A. tarsimaculatus, 4 A. argyrotarsis, 45 A. pseudopunctipennis, 19 A. apicimnculata, 114 .4. malefactor, 265 Mansonia fas- ciolatus, 67 .¥. nigricans, 2,154 Ochlerotatus taeniorhynrhiis, 45 Aedomyia squami- pennis, 3 Lutzia allostigma. 2,068 Stegomyia fasciata, 76,145 Culex sp., etc. En 1919, M. C. S. Ludlow a signalé comme nouvelle espèce d'Anopheles de Pa- nama : Ahopheles niveopalpis. 70 ils furent attaqués, en pleine lumière du soleil, par six ou huit femelles d'Anophèles tarsimaculatus et A. alhimanus. Dans l'obscu- rité, la lumière d'une lanterne protège les parties éclairées du corps, et des observateurs se trouvant dans les rayons directs d'une lampe a acétylène n'ont pas été piqués. Toutefois, la plus légère ombre, même celle projetée par un doigt, suffisait pour provoquer une atta- que immédiate d'.4. alhimanus. Les Anophèles sont plus voraces au crépuscule et aussitôt après la tombée de la nuit, et les attaques exceptionnelles en plein jour, à Gatun, peuvent probablement s'ex- pliquer par un besoin urgent de nourriture. Quoique des centaines de Culicines furent trouvés morts dans les globes des lampes élec- triques, l'éclat de celles-ci n'attira presque jamais les Anophèles (*). La lumière artificielle H semble cependant que la lumière arti- exerce=t=elle une iii= ficielle exerce une attraction sur les mousti- fluence sur les mousti= a i , • -, c -^ • quggv ques. A la troisième conférence sanitaire pour les Indes, tenue à Lucknow en janvier 1914, M. G. A. Brentley (26), a exposé les résultats d'expériences faites sur l'attraction que la lumière des lampes exerce sur ces insectes. Sa conclusion générale fut que les moustiques réagissent à la lumière émanant de sources artificielles et que, par conséquent, celle-ci les attire dans le voisinage immédiat de l'homme. Gette con- statation explique peut-être le fait observé par Fry et d'autres au Bengale, que, dans certains districts malariés, les villages entourés d'une végétation très vigoureuse sont moins atteints que d'autres, ne possédant qu'une végétation moins dense. De même, elle confirme l'hypothèse de King, qu'un écran d'arbres intercepte l'accès des moustiques et de la malaria. II est probable que les bungalows bril- lamment éclairés des Européens attirent souvent au loin les Ano- phèles, et le fait ne devra pas être perdu de vue, dans la construc- tion des maisons protégées contre les moustiques, spécialement dans les localités reconnues comme malariées (**). Où se cachent les Ano= Durant le jour, on peut trouver les femel- pheles pendant le jour? j^g d'Anophèles immobiles dans leur atti- tude si caractéristique, le corps formant avec la surface de repos, un angle de 25" à SS"" (***), dans tous les coins sombres des habitations, derrière les rideaux, sous les lits, sur les parois des huttes indigènes ou sur les arbres. Ces moustiques sont très délicats ; le vent et les pluies torrentielles leur sont né- (*) D'après M. I. Di Paci (50), Schoo a observé, en Hollande, que des moustiques nourris sur des fruits acides n'étaient pas infectés et, en Italie, Celli a signalé que la malaria était rare dans les districts où l'on cultivait les tomatee. (**) M. B. Galli-Valerio (72) a constaté à Vidi (Lausanne) que, la nuit, les moustiques semblent plutôt attirés par l'intensité de la lumière que par sa coloration. D'après les observations de l'auteur, les adultes de Culex pipiens se réunissaient tou- jours sur les carreaux, ou vitres les plus fortement illuminés. Pendant le jour, cepen- dant, ils étaient attirés par les surfaces foncées. Il semble donc à conseiller d'em- ployer des abat-jours foncés dans les districts infestés par les moustiques. (***) L'angle est surtout ouvert, lorsque le moustique s'est posé au plafond, car alors la pesanteur agit fortement sur l'abdomen, relativement très lourd. Par contre, l'angle formé par le corps de l'insecte est beaucoup plus faible, lors- que celui-ci se trouve sur une table ou toute autre surface horizontale. Yl fastes et, immédiatement après un mauvais temps, il est difficile d'en découvrir. Au Congo, les cases des indigènes constituent une des re- traites favorites des femelles d'Anophetes. Celles-ci restent cachées le jour dans les nombreuses fissures qui se trouvent dans les toits de chaume et on ne les y découvre que par des recherches attentives. D'après MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein précités (117), on trouve, dans la zone du canal de Panama, les Anophèles au repos, sur la partie du tronc des arbres située à l'abri du vent, à moins de 130 centimètres au-dessus du sol ; de même, on les trouve, réunis en grand nombre, sur les écrans de toile métallique garnissant les fenê- tres et autres ouvertures des maisons, du côté non exposé au vent, alors qu'ils sont absents de l'autre côté (voir fig. 55). Les crevasses du sol et les petits amas de foin ou d'herbe sèche accumulés dans les soubassements des maisons surélevées, forment également un des refuges favoris des Anophèles, pendant le repos diurne. Quelle est la durée nor= H est difficile de déterminer expérimenta- TeTes'^adultis?'''' ^""^ ''^"^^"^ ^^ '^"^^^ normale de la vie des femel- ^ s a u s. j^g j^ moustiques dans la nature. Leur longévité dépend d'un grand nombre de facteurs : conditions climatériques, alimentation, ennemis, etc. Sui- vant certains auteurs, la femelle de moustique meurt, en règle géné- rale, peu après la ponte. Cependant, d'après Kulagin, l'accouplement d'Anophèles punclipennis, Say, de l'Amérique du Nord, se produit en automne ou rarement après l'hibernation, et les femelles déposent leurs œufs durant le printemps et l'été suivant. D'après Duprée, des spécimens femelles de cette espèce, en captivité au laboratoire, ont effectué, par intervalles, six ou sept pontes de cent à trois cents œufs. En nourrissant les moustiques en captivité à l'aide de bananes mûres et de sang, il a été possible de les conserver en vie durant deux mois, mais cette période dépasse de beaucoup la moyenne. Gé- néralement, presque toutes les femelles meurent au bout de deux ou trois semaines et la longévité des mâles ne dépasse pas trois ou quatre jours. M. William B. llerms (90), se basant sur une estima- tion de l'abondance relative des Anophèles dans un district où des mesures sérieuses de destruction ont été prises, évalue la durée moyenne de la vie d'une femelle adulte de moustique, à trente ou quarante jours. Ceci, bien entendu, lorsque la température est favo- rable. Hibernation et estivation Sous les climats tempérés, les femelles d'Anophèles fécondées hibernent, c'est- à-dire passent l'hiver à l'état de repos, ce qui prolonge beaucoup leur longévité. Celle-ci peut alors atteindre six à sept mois. En au- tomne, ces insectes pénètrent dans les maisons, les étables, les gran- ges, les dépendances, ou dans d'autres cachettes bien abritées et y restent jusqu'au printemps. On les trouve souvent, en hiver, réunis en grand nombre dans les caves des maisons, où on peut les tuer 72 par (ics ïiiniigalions. L'iiitcnsilé du l'ruid n"a aucune influence sur les moustiques hibernants. D'après M. W. B. Herms (90), les moustiques Anophèles qui viennent de se réveiller de leur sommeil hibernal, sont actifs, même en plein midi, et piquent avec férocité. Quelques espèces de moustiques, telle l' Anophèles bifurcatns^ hibernent, paraît-il, à l'état larvaire (*). D'autre part, sous les tropiques beaucoup d'espèces de moustiques passent les mois secs et chauds en état d'immobilité (estivation), soit à cause du manque d'eau, soit encore à cause de la sécheresse de l'atmosphère et de l'élévation excessive de la température, toutes con- ditions défavorables à la ponte et à l'incubation des œufs. Les adultes qui survivent de cette façon sont, pour la plupart, des femelles. D'après MM. J. E. Dutton, M. B. et J. L. Tood, B. A. M. D. (54). il règne, aux extrémités nord et sud de notre colonie, une saison sèche qui dure plusieurs mois et pendant laquelle il n'y a pas de chutes de pluies ; les milieux favorables à la reproduction des moustiques y sont alors très rares, ou même n'existent pas. Pour- tant, les adultes peuvent résister longtemps : les uns sont plongés dans un état d'indolence et d'inactivité ; les autres restent actifs. En cherchant bien, on peut trouver les premiers dans les coins fibscurs des chambres abandonnées, dans les anîractuosités des toits des huttes indigènes, dans les encoignures obscures où on ne vient pas les déranger. Dans ces circonstances, ce sont les mâles qui vivent le moins longtemps. Les femelles prêtes à pondre ont une vie plus longue. Il n'est pas douteux qu'un moustique puisse vivre ainsi de 5 à 6 mois, peut-être même davantage. Quelle est la puissance H est d'observation courante, que les de vol des Anophèles? Anophèles adultes n'ont pas un vol puissant. Ils ont les ailes faibles et ont besoin d'her- bes et de buissons pour s'abriter du vent (**). Si l'on constate la présence d'Anophèles, écrit M. W. B. Herms (90), on peut être certain que le lieu où se développent leurs larves n'est pas éloigné ; il se trouve généralement à moins de deux cents (*) Suivant Griffitts T. H. D. (82), les espèces nord-américaines: Anophèles cru- cians et A. punctipennis passent également l'hiver à l'état larvaire. (**) En décembre 1918, M. E. Eoubaud (175) a fait une importante communication à l'Académie des Scienoes de France, sur les rythmes physiologiques et le vol spon- tané, chez VAnopheles maculipennis. Le vol d'Anophèles maculipennis semble répondre avec une précision mécanique à certaines lois. Dans le laboratoire, ce moustique reste immobile, apparemment insen- sible durant tout le jour, à de brusques altemative® de lumière et d'obscurité, mais au commencement du crépuscuile, il se lance soudainement en plein vol. Ceci se pro- duit toujours au même moment et si exactement qu'il est possible de s'en servir pour régler une montre, si bieai entendu les condiftions de lumiiosité restent les mêmes. La période de vol, qui est le momient dangereux au point de vue de la transmis- sion d© la malaria, ne dépassait jamais, en captivité, les deux premières heures d'obscurité; pondant le restant de "la nuit, le moustique restait immobile et il ne montrait aucune velléité de reprendre son activité à l'aube. Par conséquent, dans les oon/ditions normales, A. maculipennis passe 20 à 22 heures sur 24, dans un état de repos absolu. En ce qui concerne la note musicale caractéristique que les Anophèles émettent en volant^ celle-ci, d'après les observations faites par M. T. Darling (47), à Panama, sur Anophèles malefactor, serait associée à la vibration de la trompe. 73 nièfres. Ces iiiseotes no volonl pas à plus crun millo. Ccpoiulant. s'il va, entre la mare d'origine et les habitalions, des herbages courts, régu- lièrement espacés, ceux-ci facilitent le voyage el augmentent le rayon de vol des Anophèles. D'autre part, il semble qu'une ceinture d'arbres agisse plus ou moins comme barrière contre les moustiques. D'après M. J.-A. Le Prince ol A.-J. Orenstein (117), parmi les huit espèces d'Anophclcs les plus communes dans la zone du canal de Panama, Anophèles albimanns vole habituellement contre une lé- gère brise et s'éloigne beaucoup plus de ses lieux de développement qu'yl. pseudopunctipcnnis ou A. malelactor. Des observations très intéressantes et très ingénieuses ont été faites à Gatun. Elles ont montré l'existence d'un vol direct d'i. tarsimaculatus et d'.l. albi- manus, des mares d'origine vers les habitations de Gatun. Ce vol commençait à la tombée de la nuit et durait de 50 à 45 minutes. Il y avait également un vol de retour, de Gatun vers les marais, com- mençant à l'aurore et durant environ 30 minutes. Ce vol de retour s'effectuait à une plus grande élévation et était beaucoup plus rapide (*). L'accouplement se i)roduisait sans doute durant le vol du matin. On trouvait plus de mâles, près des marais, durant ce dernier vol, que durant celui de la soirée. Il semble que dans les endroits très peuplés, les femelles ûWno- pheles ne volent pas au delà de l'endroit le plus proche où elles trou- vent à s'alimenter. Dans d'autres contrées, où les lieux habités sont assez distants des mares servant de milieu de développement aux moustiques, il est probable que ces insectes effectuent des vols de longue portée. En tout cas, plus la femelle d'Anophèles doit aller loin ( *) Pour déterminer le vo! d'aller et de retour des moustiques, on a eu recours au marquage d'un certain nombre de spécimens, d'après le procédé de M. J. Zetek. Des larves ou plutôt des pupes d'Anophèles, furent récoltées, élevées, et les individus adultes placés dans des cages, à l'ahri du soleil et du vent, puis marqués par un« tache faite à l'aide d'une solution aqueuse de tein- tude d'aniline. Des solutions aqueuses d'éosine, de bleu de méthylène, etc., furent également employées, à raison d'un gramme de teinture sèche par 50 cm' deau. Un jet très fin était dirigé sur les moustiques, à l'aide d'un ati:iis (■■■ ;^.|ll!^,' ' ' Il existe une relation entre le rayon de vol du Stegomyia lasciata et la' distance de la côte à laquelle les vaisseaux doivent être ancrés dans les ports infestés de fièvre jaune. Toutefois, lorsqu'un navire est ancré à une certaine distance de la côte, il est difficile de déter- miner si les Stegomyia trouvés à bord s'y sont transportés par leurs propres moyens, ou s'ils ont été introduits par les personnes venues du port, pour visiter le navire. Dans ce dernier cas. ils peuvent s'être réfugiés sous le col des habits ou s'être cachés dans d'autres parties des vêtements. Il est à peu près certain que des vaisseaux mouillés à plus de 800 mètres de la côte ne peuvent être visités par des mous- tiques de la fièvre jaune venus par la voie des airs. Quelles sont les condi- Chez le Stegomyia, l'accouplement se pro- tions de l'accouplement ^^-^ ordinairement durant le vol, quoique et de la ponte chez le c • i c n , i Stegomyia? — Influence pariois la icmeile se pose avant que la copu- de l'alimentation sur lation ne soit terminée. L'acte ne demande la ponte, qu'une fraction de minute. La température a une grande influence sur l'activité sexuelle. En dessous de 20° C, l'accouplement s'opère rarement. Le même mâle peut avoir de fréquents rapports avec diverses femelles, et ceci à intervalles rapprochés. Il semble certain, dit Al. L. 0. Howard, que le développement des œufs chez la femelle du Stegomyia ne peut se produire que lorsque celle-ci est gorgée de sang. La ponte s'opère quelques jours après la prise de nourriture. Si une femelle fécondée est nourrie de substances sucrées, les œufs ne se développent pas, mais si, après 15 ou 20 jours de ce régime, elle reçoit une ration de sang, les œufs se forment aussi- tôt. L'alimentation sanguine hàle le développement des œufs, mais raccourcit la vie du moustique ; une ration de miel, d'autre part, empêche la formation des œufs et prolonge sa vie. Le plus court intervalle entre la prise de sang et la ponte, paraît être de deux jours, et le plus long de sept (*). (*) D'après S. K. Sen (185), (Agric. Jl. India, Pusa, octobre 1918), des expériences ont permis de formuler les conclusions suivantes : 1. La cliakur, tout en engagieant les moustiques à piquer, ne les jwusse pas à sucer ; 2. La teneur du sang en sels et en sucre n'est pas ce qui engage les moustiques à sucer ; 3. Le sang de chièvre n'attire pas les moustiques. L'hypothèse que le sang est nécessaire à la production des œufs est contredite par 79 Voici ce qu'écrit M. A. W. Bacot (8) précité (Ycllow Fcver Com- mission, West Alrica, 1914-1915). à propos de l'influence de l'ali- mentation sur la ponte, chez les femelles de Slegomyia (asciala : L'accouplement et la première prise de sang se produisent chez les femelles adultes, aussitôt que possible après la sortie de la pupe. Le dépôt d'œufs fécondés, après la première ration de sang, ne se fait que s'il y a de l'eau ou des surfaces humides à portée de la fe- melle. Des femelles vigoureuses se nourrissent 24 heures après la ponte, et à nouveau le jour suivant. Les chèvres, chiens et rats con- stituent une bonne source de sang. A deux reprises, des œufs isolés furent déposés par des femelles nourries respectivement d'un mélange de sang et de miel et de sang et de sirop. Sans alimentation, le stade adulte dure six à huit jours, douze au maximum. L'humidité favorise davantage la prolongation de ce stade que la sécheresse ou l'alimen- tation de sang. Par temps défavorable à la ponte, la durée moyenne de vie de la femelle adulte s'est prolongée jusqu'à 51 jours, avec 74 jours comme limite extrême. Des expériences faites en vue de provoquer la ponte sans prise de sang préalable, donnèrent des ré- sultats négatifs. Dans un cas, une femelle ayant vécu sans pondre pendant 56 jours, sur du miel et du blanc d'œuf, reçut ensuite trois rations de sang et déposa des œufs fertiles, quatre jours après la pre- mière. La période maximum pendant laquelle les spermatozoïdes res- tèrent actifs fut de 62 jours ; la femelle en question pondit encore plusieurs fois des œufs après ce laps de temps, mais ceux-ci furent stériles. Un mâle a fertilisé dix femelles sur vingt et une, mais cea femelles ne pondirent que peu d'œufs. Ce fait peut être dû à une alimentation insuffisante pendant la période larvaire. La sécheresse de l'air a surtout été fatale aux adultes. Enfin, dans les observations de M. J. W. Scott Macîie (125), en Afrique occidentale (1915). nous relevons ce qui suit sur le même sujet : Des adultes de Slegomyia, récemment éclos, furent tenus en capti- vité dans des récipients de verre contenant au fond un peu d'eau. Du sang humain leur l'ut fourni journellement. Les mâles vécurent au maximum 28 jours et les femelles 62 jours. La première prise de sang fut faite par la femelle le deuxième ou le troisième jour après la sortie de la pupe. Il y eut d'abord fécondation, puis prise de sang, puis ponte. Les œufs furent pondus le sixième ou le septième jour, et, régulièrement, la femelle se gorgeait de sang, aussitôt après chaque ponte. Ces dernières se succédèrent à des intervalles de trois ou quatre jours, pendant toute la vie, le nombre d'œufs déposés lors de chaque ponte variant dans de fortes proportions. Une femelle non fécondée conserva son pouvoir reproducteur pendant 43 jours, et il a été démontré par Goeldi, que des œufs fertilisés peuvent être le fait qu« des femelles fraîchement écloses de Stegomyia albopicta ont pondu après avoir été nourries de lait et de peptone, édulcoré par du sucre de canne ou même de sucre de canne seul. Il est probable que l'odeur des aliments joue un rôle important dans 1 attraction des insectes. En ce qui concerne les moustiques, cette odeur est probablement celle de la sécrétion sébacée. retenus pendant 102 jours dans Fabdonieii d'une femelle à jeun. Une température de 57° C. semble raccourcir la vie de la femelle du Stegotnyia lasciata, diminuer son avidité pour le sang et annihiler sa fécondité. Finalement, des expériences d'élevage ont montré que des Stegomyia adultes provenant d'une même ponte, peuvent se fé- conder et se reproduire entre eux. Transport du moustique L^s Stegomyia peuvent souvent être trans- de la fièvre Jaune par ^.g ^ j^ grandes distances, par des les moyens artinciels. ' ,■<••■, moyens artiliciels. C'est ainsi que ces moustiques, introduits à bord des bateaux par les vents de terre ou à l'occasion de l'embarquement des marchan- dises diverses (*), peuvent être transportés en des ports très éloignés. On a trouvé des Stegomyia à New-York, sur des navires venant de Vera-Cruz, et les épidémies de fièvre jaune qui se sont produites autrefois à Philadelphie et dans d'autres villes du Nord des Etats-Unis sont imputées au transport par les navires des Stegomyia infectés. Les wagons de chemins de fer servent également à la dissémina- tion des moustiques, qu'ils transportent souvent en grand nombre. Au Mexique, l'aire d'action du Stegomyia fasciata fut étendue de la côte (Vera-Cruz) vers l'intérieur (Cordoba, puis Orizaba), par la voie ferrée et, presque chaque été, aux Etats-Unis, ce mousliniie est trans- porté par trains, de la Nouvelle-Orléans, Mobile et autres villes du Sud, jusqu'à AVashington. Baltimore et New-York. (*) Les moustiques provenant d'une ville infestée de fièvre jaune sont descendus Jans les soutes àes navires, avec les fruits le sucre et les divers produits d'expor- t«ition. Arrivées à destination, ces marchandises sont déchargées; les moustiques, à ieûn depuis longtemps et vivant dans l'atmosphère chaude et humide des bateaux à vapeur s'empressent de piquer et de transmettre le virus de la fièvre jaune, qu'ils peuvent conserver plus de deux mois. (D'après E. Brumpt (29). CHAPITRE III MOYENS DE PROTECTION ET DE LUTTE CONTRE LES MOUSTIQUES. Les conuaissancos précises acquises actuellement sur l'évolution et les mœurs des moustiques, ainsi que sur la manière dont ils trans- mettent la malaria et d'autres maladies, ont eu comme heureux ré- sultat la découverte d'un grand nombre de moyens efficaces de lutte contre ces terribles Diptères. Parmi ces moyens, les uns visent simplement à empêcher la piqûre des moustiques et à éviter ainsi la transmission des maladies. Ils n'éteignent pas les foyers du mal, mais enrayent leur extension. Les autres, d'une portée plus générale, ont pour but la destruction des moustiques eux-mêmes : adultes. et larves. Grâce à eux, une région infestée par la malaria peut devenir salubre et être désormais à l'abri de la contagion. Les moyens de protéger les personnes contre la piqûre des mous- tiques femelles sont des moyens mécaniques, tels que l'emploi de lotions, l'utilisation de moustiquaires et d'écrans de toile métalli- que, etc. Pour être vraiment efficaces, ces moyens doivent marcher de pair avec les mesures prophylactiques tendant à rendre la piqûre des moustiques inoffensive, par la suppression des sources d'infec- tion. Ces dernières mesures — qui sont entièrement du domaine de la médecine — consistent, pour la malaria, dans le traitement systé- matique par la quinine des habitants des régions contaminées, jus- qu'à ce que la maladie s'éteigne d'elle-même." En Italie, les procédés de protection contre les piqûres ont fait baisser le taux de la malaria de 65-70 à 14 pour cent, et l'adoption subséquente de la médication à la quinine a permis de réduire ce dernier taux à 4 pour cent. Les moyens de destruction des moustiques s'attaquent aux insectes adultes et aux larves. Supprimer les adultes par fumigation, asper- sion, capture, etc., est certes une mesure très utile, mais d'une portée assez restreinte ; la vraie méthode, celle qui atteint le mal dans sa racine, consiste à détruire les larves et pupes des moustiques, en supprimant, en rendant inhabitables ou en empoisonnant les agglo- mérations d'eau qui leur servent de milieu de développement. La destruction des larves a donné des résultats excellents dans diverses contrées tropicales et subtropicales et a abouti à une modification des plus heureuses de leur état sanitaire. 82 Avant de passer à l'étude défaillée des diverses catégories de me- sures préventives et curatives proposées contre les moustiques, nous attirons l'attention des coloniaux sur le fait que l'application pra- tique de ces mesures dépend des circonstances locales. Certains moyens sont d'une efficacité parfaite, mais leur exécution entraîne des dépenses initiales assez élevées. D'autres n'aboutissent qu'à des résultats partiels mais sont, par contre, faciles à employer et yeu coûteux. Qu'on commence par ces derniers ; le bien qui en résultera fera mieux comprendre la' nécessité de mesures plus générales, à exécuter en commun ou qui demandent l'intervention des organismes officiels. Une chose paraît certaine, c'est qu'au Congo belge, l'état actuel des connaissances sur les moustiques est encore trop peu avancé pour pouvoir faire des distinctions parmi ces insectes. Pour aboutir à un résultat pratique, il laut donc détruire indistinctement tous les moustiques, tant ceux qui hantent les habitations et se propagent dans le voisinage immédiat de l'homme (Culex, Stegomyia), que ceux dont les larves se développent dans les mares et autres masses natu- relles d'eau (Anophèles). Si tous les moustiques ne sont pa's dange- reux, au point de vue de la transmission des maladies, leur soif de sang en fait toujours des êtres éminemment incommodes, rendant le séjour sous les tropiques anémiant et diminuant la capacité de travail de ceux qui ont à souffrir de leurs attaques. A. — MOYENS DE PROTECTION CONTRE LA PIQURE DES MOUSTIQUES. Choix d'une localité non Pour ise protéger contre la malaria, le infectée. meilleur moyen consiste évidemment à s'é- tablir dans ue localité saine, où personne n'est atteint de la maladie et qui n'est pas visitée par les moustiques propagateurs. Dans les régions malariées, les habitations seront édifiées si pos- sible à plus d'un kilomètre de marais, terrains irrigués, mares, ri- vières ou cours d'eau, susceptibles de servir de milieu de développe- ment aux larves d'Anophèles. Les populations seront ainsi hors de portée des moustiques et la contamination ne pourra se produire. Les établissements habités par les blancs devront également être placés à bonne distance des agglomérations ou baraquements indi- gènes. Comme nous le verrons plus loin, page 106, les noirs et sur- tout leurs enfants constituent de vrais réservoirs d'infection, et les Anophèles ont vite fait de communiquer le germe de la malaria aux Européens qui vivent dans leur voisinage. Substances qui éloignent les moustiques [Culicifuges] Emploi de lotions empê= L'alcool camphré, frotté sur la figure et chant la piqûre des jgg ^lains, ou quelques gouttes de ce liquide moustiques. , ,' 1 ^ i» n -i • » versées, le soir, sur 1 oreiller, éloignent pendant un certain temps les moustiques. L'huile de pennyroyal (pouliot) a les mêmes propriétés répulsives, mais aucune de ces deux substances n'a une évaporalion assez lente pour agir pendant toute la nuit. L'huile de menthe, le jus do citron et le vinaigre ont été éga- lement recommandés, et l'huile de goudron a été utilisée dans des régions où les moustiques sont spécialement abondants. L'huile de citronnelle est un excellent agent répulsif, qui éloigne les moustiques plusieurs heures durant, mais son odeur n'est pas aisément suppor- tée par toutes les personnes (*). Le mélange suivant est recommandé par le M. le Dr L. 0. Howard (92), qui en a reçu la formule de M. C. A. Nash, de New-York : Huile de citronnelle l once, soit 28 gr. , Alcool camphré 1 » 28 » Huile de cèdre 1/2 » 14 » Il suffit d'habitude, pour éloigner les moustiques ordinaires des maisons, de verser quelques gouttes de ce mélange sur un essuie- mains éponge suspendu à la tête du lit. Lorsque ces insectes sont très abondants et attaquent avec persistance, on s'en enduira légère- ment, avant de s'endormir, la figure et les mains. Ce mélange perd toutefois de son efficacité à la fin d'une longue nuit. A l'aube, lors- que le sommeil est le plus profond et que le Stegormjia lasciala ou moustique de la fièvre jaune, commence à piquer, il s'est, assez éva- poré pour avoir perdu une grande partie de sa vertu culicifuge. II ne peut donc servir à éloigner ce moustique, à moins qu'on ne s'éveille en temps pour en faire une nouvelle application. (*) MM. A. Ba«ot et G. Talbot (10), ont expérimenté pour le War Office, l'effi- cacité comparée de certains culicifuges, dans les conditions de laboratoire (Pariso- tology, Cambridge, fév. 1919). Le moustique employé pour les essais fut le Stegomyia fasciata. Douze des préparations expérimentées étaient à base de cire, 3 étaient de nature grasse, 3 liquides et 3 sous forme de savons. Il fut trouvé que les substances grasses ou les savons étaient d'une application plus aisée et plus économique, mais que celles à base de cire avaient, par contre, une action plus persistante. Les liquides, spécialement ceux très volatils, étaient d'un emploi difficile et les savons durs s'appliquaient le mieux en mouillant d'abord la peau. Un culicifuge idéal doit : 1° S'étendre aisément, de façon à être rapidement et facilement appliqué sur les parties du corps à protéger ; 2° Etre d'une consista,nce telle qu'il adhère énergiquement à la peau ; 3° Eetardcr la volatilisation des principes actifs qu'il renferme. Les goûts individuels des personnes, en ce qui regarde les odeurs, sont si diffé- rents et la répulsion pour certaines d'entre elles si intense, qu'il est difficile de dé- terminer d'une manière générale, parmi un certain nombre de préparations de même ■valeur protectrice, la plus recommandable. Dans la première série d'essais, huit préparations sur ving-deux donnèrent des résultats satisfaisants. Les substances actives étaient : huile do casse et camphre ; huile de casse et menthe ; huile d'eucalyptus et citronnelle avec acide phénique ; naphtaline brute (fours à coke) et camphre ; parasitox brut et huile légère de bois ; huile de térébenthine ; composé culicifuge de Lawson. Aucune de ces préparations, essayées plus do 2 heures, ne donna une protection complète ; celles relativement les plus efficaces étaient l'huile de casse avec camphre, l'huile de térébenthine. l'huile de casse avec menthe, l'huile légère de bois et le naphtaline brute avec camphre. Des observations sur la manière de se comporter des mouEtiques durant les essais semblent prouver que la protection n'est pas due a la répulsion des insectes pour les culicifuges, mais au fait que ces substances masquent l'odeur humaine. 84 M. E. II. Gane, de New-Yoï'k. recommande la formule ri-dessous : Huile de ricin 1 once, soit 28 m\ Alcool 1 » 28 ^) Huile de lavande 1 » 28 » Ce mélange a été préparé en vue d'éviter l'odeur de l'huile de citron- nelle. Une autre formule est due à M. Oscar Samoslz, d'Austin (Texas) : Huile de citronnelle 1 once, soit 28 gr. Vaseline liquide 4 » 112 « Ce mélange ralentit fortement l'évaporation de riiuile de citron- nelle. M. B. A. Reynolds a employé, avec succès, à la \ouvelle~ Orléans, un mélange de vingt gouttes d'huile de citronnelle par once (28 gr.) de vaseline. — Le British Muséum (Natural History), dans ses affiches de vulga- risation : The Mosquilo Danger^ mentionne également les prépara- tions suivantes : I. — Eucarcit, composée de 2 onces (56 gr.) d'huile d'eucalyptus, •4 gouttes de solution alcoolique saturée d'acide phénique et 2 onces (56 gr.) d'huile de citronnelle. Mélanger intimement les trois liquides. Agiter avant usage. Quelques gouttes seront étendues sur les mains, la figure et le cou, avant de se mettre au lit ; II. — Préparation recommandée par M. le professeur F. M. Howlett : une once (28 gr.) d'huile de casse ; deux onces (56 gr.) d'huile brune de camphre ; trois onces (84 gr.) de vaseline, de lanoline ou d'huile à salade (olive ou arachide). Bien mélanger et frotter une petite quan- tité sur la peau, avant la tombée de la nuit (*) ; III. — Divers produits spéciaux : Paraquit (en lubes) ; Amerind (en tubes) et Parasitox (en bâtons) ; IV. — Une once (28 gr.) d'huile de menthe ; deux onces (56 gr.) de vaseline ou d'alcool et une once (28 gr.) d'huile de casse. D'après M. F. W. Edwards, B. A. assistant au Département d'Ento- mologie du British Muséum (Natural History) (61), quelques* autres formules ont aussi donné de bons résultats : I. — Huile essentielle d'oranges : 50 gr. ; alcool camphré : 30 gr. ; 'huile de cèdre : 15 gr. II. — Huile de ricin, alcool et huile de lavande, en parties égales ; III. — Huile essentielle d'oranges, 50 gr. ; vaseline liquide, 120 gr. — La Bamber OU est également une excellente lotion contre les moustiques, employée par les coolies des plantations de Ceylan, etc. ('*) La formule recommandée par M. le prof. F. M. HowMt a été établi* à la suite d'uû nombre considérable d'expéri©no&s, faites aux Indes, en vue de déterminer la valeur relative des huiles essentielleis pour l'éloignemeint des moustiques ot autifâ mouches piqueuses (Simulies). 85 Sa formule est la suivante Huile de citronnelle 11/2 parties Paraffine liquide ou pétrole .... 1 » Huile de noix de coco 2 » Plus un pour cent d'acide phénique. Son efficacité dure de quatre à six heures. Enfin, l'on a encore recommandé une solution à 5 pour cent de sulfate de potasse, ainsi que diverses huiles essentielles. Le pétrole a été également utilisé, sur une grande échelle, aux îles Philippines. H est efficace et recomniandable pour les campements militaires, mais son odeur est désagréable (*). Substances écartant les On sait qu'à défaut de sang humain, les moustiques des ani= moustiques femelles se nourrissent sur tous maux domestiques. , .^ , i , , , les animaux a sang chaud, et notamment sur ceux qui vivent dans le voisinage de l'homme. Si l'on songe qu'après chaque prise de sang, le moustique femelle pond un certain nombre d'œufs et que cette ponte est indéfiniment retardée, tant qu'il reste à jeun, on en déduira qu'une mesure efficace à prendre pour combattre la propagation des moustiques, consiste à les empêcher de se nourrir sur les animaux domestiques (**). A cette fin, tout d'abord, l'emploi des fumigations pour la destruc- tion des moustiques adultes, dont il sera question plus loin, pourra s'étendre à tous les locaux servant d'abri au bétail. Les écuries et étables seront, de plus, nettoyées à courts intervalles, les murs se> ront badigeonnés à la chaux ou à un autre enduit de couleur claire (***) et les ouvertures seront garnies de toile métallique. H y aura lieu, en outre, d'envisager l'application au bétail de substances protectrices. Ces dernières substances ne sont pas uniquement destinées aux moustiques, mais serviront à éloigner des animaux domestiques tous les (*) D'après M. G. D'Ormea (51), la vaseline contenant 1 pour cent de thymol est recommandable comme culicifuge, tant à l'intérienr des maisons qu'à l'extérieur. Toutefois, M. E. Martini (142) fait remarquer que l'onguent au thymol, recom- mandé par D'Ormea. est sans action sur le Stegomyia fasciata. Au reste, la manière de se comporter des moustiques vis-à-vis des substances culicifuges est très variable suivant l'espèce. En 1914, il fut observé que le savon à la citronnelle et d'autres savons et teintures similaires étaient efficaces contre le Culex pipiens et sans action sur le Culex nemorosiis. D'autre part, M. Pomeroy A. W. J. (164), parlant de la lutte contre la malaria à Dar-es-Salam (Afrique orientale), dit qn'nn mélange composé de 30 grammes de savon mou, 20 cm. cub. d« parafine et 20 cm. cub. d'huile d'eucalyptus fut reconnn comme le plus efficace pour éloigner les moustiques. Son emploi n'est cependant pas toujours à conseiller. Enfin, M. Eckstein (57), au cours de la lutte antimalariale en Bavière, a eu l'occasion d'essayer diverses préparations culicifuges. Certaines substances inodores se montrèrent parfois aussi efficaces que celles ayant une odeur très prononcée. L'huile de bois de cèdre est meilleure que les huiles essentielle-s provenant de plantes indigènes. Quoique d'un emploi peu facile, l'huile de foie de morue est plus efficace que le pétrole. (•*) Les bestiaux en pâture peuvent, en rentrant à l'étable, apporter sur eux dee moustiques provenant d'agglomérations d'eau plus ou moins éloignées. (•**) Il est à noter que les animaux de coloration claire souffrent moins des att«i- ques des Diptères suceurs, que ceux de coloration foncée. 86 Diptères suceurs de sang : tsétsés, taons, mouches d'étable, etc., ainsi que les mouches à larves parasites. Il existe un grand nombre de ces remèdes externes, contenant divers produits désagréables aux mou- ches. Un bon produit de ce genre, doit pouvoir être appliqué exté- rieurement aux animaux, sans danger pour eux, et son action répul- sive sur les mouches doit persister suffisamment longtemps pour qu'il soit d'usage pratique. Ce dernier desideratum est difficile à réa- liser (*). En général, les substances protectrices sont liquides et sont appli- quées aux animaux à l'aide d'un bain, d'une pompe d'aspersion ou d'un pulvérisateur. Il résulte d'expériences faites en 1914;, à l'initiative du Bureau of Animal Industry du Département de l'Agriculture des Etats-Unis, par M. H. W. Greybill, D. V. M. (80), que les mélanges suivants sont re- commandables : 1. ■ — Mélange d'huiles de graines de coton et de 10 p. c. d'acide phénique brut (21.8 p. c. de phénols) ; 2. — Mélanges d'huile de graines de coton et de 10, 20 ou 50 p. c. de goudron de pin ; 3. — Mélanges d'huile de graines de coton ou d'huile de Beaumont et de 10 p. c. d'huile de. goudron (14 p. c, de phénols) ; 4. — • Mélanges d'huile de graines de coton et de 10 p. c. d'huile de citronnelle, d'huile de sassafras ou d'huile de camphre. Tous ces mélanges ont une action répulsive très forte sur les mouches et moustiques et sont inoffensifs pour les animaux lorsqu'ils sont appliqués légèrement. Leur défaut général est que leur action, ne perdure pas au delà de 24 heures et qu'ils doivent, par consé- quent, être renouvelés tous les jours. — Une application légère d'huile de poisson ou d'huile de foie de morue agit également d'une manière efficace pendant dix à dix-huit heures. La poudre de pyrèthre a une action répulsive très marquée, mais, comme les autres substances, elle ne conserve son effet que pendant une journée. L'effet de la poudre de tabac est moins intense, mais plus durable. — Un mélange de 4 1/2 litres d'huile de poisson, 4 1/2 litres de pétrole, 4 1/2 litres de lait légèrement suri et 170 grammes d'huile de citronnelle, forme, d'après M. A. "W. Baker (12), un excellent agent de protection du bétail. Les proportions recommandées sont d'une partie du produit pour deux, trois ou quatre parties d'eau. Une application tous les deux, ou même tous les trois jours, serait suffi- sante (**). (•) M. Mârillat L. A. (144) recommande dans Amer. Journ. Veter. Med., de Chicago, de juillet 1920, 1© mélange suivant, comme susceptible d'éloigner les mona- tiques et mouches durant les opérations chirurgicales et le traitement des animaux malades. Faire bouillir dans 20 litres d'eau jusqu'à dissolution complète, 500 gram- mes de savon ordinaire de ménage; puis ajouter 100 grammes de naphtaline, dissoute dans 4 1/2 litres de pétrole brut. Le mélange est appliqué, soit à l'aide d'une brosse, soit tamponné sur les poils avec une éponge ou un morceau de drap. (•*) La plus importante maladie qui, aux Indes, attaque les chameaux est la surra. M. H. E. Oross (42) a exposé en 1916-17, les résultats de nombreuses expériences faites au Punjab et ayant pour objet d'enduire ou d'asperger les chameaux avec diverses émulsions éloignant les mouches suceuses qui transmettent la surra (Sto- moxys caîcitrans, etc.). Une émulsion consistant en 26 grammes de crésol, 50 grammes de liquide de Pir,. 87 Remèdes contre les pi= Outre les risques de Iransmission de mala- qûres des moustiques. ^-^^^ j^g piqûres des moustiques causent souvent une irritation intense qui incite le patient à se gratter ; il peut en résulter un empoisonnennent du sang. Il paraît, d'autre part, que les personnes qui ont été très souvent piquées par les moustiques, acquièrent un grand degré d'immunité contre l'irritation produite. Il n'y a plus alors qu'une inflammation très passagère ou même nulle. D'après M. le Dr Howard (92), le meil- leur remède contre la piqûre des moustiques est le savon. Il faut mouiller un morceau de savon de toilette et le frotter doucement à l'endroit de la piqûre ; l'irritation disparaîtra bientôt. D'autres per- sonnes recommandent l'ammoniaque, l'alcool ou la glycérine. Un de mes correspondants, ajoute M. Howard, frotte la piqûre avec un morceau d'indigo ; un autre recommande la naphtaline, un autre encore l'iode (*). Emploi de plantes élol. Certaines plantes auraient la propriété gnant les moustiqnes. d'écarter les moustiques. Parmi celles-ci, on peut mentionner diverses espèces d'euca- lyptus, le ricin, le mûrier, etc. On a beaucoup écrit au sujet des plantes éloignant les moustiques et les opinions sont très contradic- toires quant à la réalité de leur action. En fait, dit M. L. 0. Howard, tous les essais faits dans diverses contrées par des hommes de science ont toujours abouti à des résultats négatifs. Il semble plutôt qu'il s'agisse là d'une croyance populaire, sans fondement sérieux. Vers la fin du xix" siècle, il était d'usage courant de planter des eucalyptus dans les districts malariés. On croyait, en effet, que l'huile essentielle produite par les feuilles de cette plante réagissait contre 200 grammes de savon mou et 1 1/2 litre d'eau avait une certaine efficacité en éloignant les Tabanides, lorsque les chameaux étaient tenus à l'ombre, mais aussitôt que l'émul- sion était séchée sur la peau, elle perdait toute action, et chez les animaux exposés au soleil, l'effet ne perdurait qu'environ une demi-heure. La lotion de Jensen (4 1/2 litres de pétrole, 100 grammes de naphtaline en poudre, 500 grammes de savon, 18 litres d'eau) n'est pas recommandable pour les chameaux, car elle occasionne de fortes ampoules. L'huile de citronnelle empêche pendant quelques heures l'attaque des Tabanides et des Stomoxys, mais perd toute action après 17 heures. L'huile de foie de morue est sans effet. L'huile de graines d'anis n'a plus d'effi- cacité après 2 1/2 heures. Elle protège, cependant, quelque peu, pemdant un temps très court, contre les attaques des Stomoxys. Une pinte d'huile de ricin par chameau n'a pas d'effet, quatre pintes emoôc-fcnt l'attaque des mouches pendant 3 jours et procurent une protection partielle pendant les deux jours suivants. Cette huile, exposée à l'air, peut s'épadssix et former, sut la peau, une sorte de vernis, mais elle n'a pas d'action nuisible. Ce traitement œt trop coûteux pour être pratique. D'autres préparatioins qui furent également essayées, d'après M. H. E. Cross (43, furent l'émulsion de pétrole, celle d'huilo d'Erica Sativa et une solution d'asafœtida. (•) M. H. E. Ewing (62), dans le Jl of Econ. Entomology, d'octobre 1918, expose des recherches faites sur l'emploi de diverses substances comme remèdes contre lea piqûres des moustiques. Un tableau donne les résultats des essais effectués avec du savon, du rhum, de l'alcool à 95°, de l'alcool à 30°, de l'eau oxygénée, de la glyoérloe, des solutions faibles et concentrées d'ammoniaque et de l'indigo dans de l'eau. Parmi ces substances, le savon, le rhum, l'alcool et l'ammoniaque dilués ont ea peu d'effets. Par contre, l'alcool et l'ammoniaque concentrés ont la plus grande valeur comme palliatifs et diminuent fortement le mal. Le premier peut laisser nn« induration, tandis que le second rend la peau rude. les émanations prétcndùnicnt empoisonnées des marais. En réalité, comme l'a fait remarquer récemment M. S. L. Bostin (20), les euca- lyptus plantés en régions malariées agissent d'une tout autre façon. "Par le fait de leur croissance extrêmement rapide et de leur grand pouvoir évaporatoire, ils extraient du sol des quantités énormes d'eau et assèchent ainsi les mares et les endroits marécageux, qui servent de lieux de développement aux larves dWnophcles. Moustiquaires et Ecrans de toile métallique. Emploi des moustiquaires Si, dans des régions OÙ régnent les fièvres, on est obligé de passer la nuit sous la tente ou dans des maisons imparfaitement protégées contre l'invasion des moustiques, ou si l'on doit circuler au dehors après la tombée de l'obscurité, il est indispensable de se servir de moustiquaires à tissu assez fin pour empêcher le passage des moustiques, sans trop gêner la vue (moustiquaires de tête), ou empêcher l'aération (moustiquaires de lit). Moustiquaires de tête. — Dans des articles parus en 1916 dans le Bulletin de la Société de Pathologie exotique de Paris, M. le Dr La- veran (109) a décrit plusieurs moustiquaires de tête, destinées aux soldats obligés souvent, en temps de guerre, à passer la nuit en plein air, sans abri, ou mal protégés dans des tentes, où ils sont particulièrement exposés aux piqûres des Anophèles, qui n'attaquent que la nuit. Aussi, dit M. Laveran, le paludisme a-t-il occasionné sou- vent de graves épidémies dans les armées en campagne. Ces moustiquaires de tête pourraient peut-être servir également aux voyageurs parcourant des régions malariées et à toute personne devant sortir, la nuit, dans les contrées infestées par les mousti- ques. Toutefois, suivant M. E. Brumpt (29), ces moyens sont difficiles à faire adopter à des individus libres, et les expériences intéressantes qu'on a pu faire s'appliquaient à des soldats ou à des employés, me- nacés de peines disciplinaires en cas de non observance des règle- ments. D'ailleurs, ajoute M. E. Brumpt, les moustiques piquent très bien à travers les vêtements légers des pays chauds et piquent le dos, s'ils ne peuvent atteindre la figure ou les mains. La première moustiquaire de tête décrite par M. le Dr Laveran est le modèle de M. R. Henry, ingénieur des Arts et Manufactures, repré- senté fig. -44 et qui se compose d'un sac en tulle de 0™40 de diamètre, fermé à sa partie supérieure par un morceau de toile circulaire, auquel est cousu le volant de tulle de 0"30 de haut, qui se prolonge en bas par un volant de toile, destiné à s'engager sous la capote. Deux cercles en acier flexible fixés, l'un à la partie supérieure, l'autre à la base du volant de toile, maintiennent le tulle à distance de la face et du cou. Un autre modèle, construit par M. R. Henry, sur les indications de M. le Dr Laveran, est très simple (voir fig. 44), et se compose d'un manchon cylindrique en tulle, ouvert à ses deux extrémités, EMPLOI DES MOLSTIQUAIRKS M 1 fr.Tl 44. — Moustiquaires de tête. — A MU voy.miMir.,. — Modèle exéciih' 1 i;ii- M. 1!. llriiry. xlll II s 111, ||( il ^ (lu D'- I.averan. (Cliché repiviiluil (In lUillcl // (/,■ /(/ so, h h (le l'iilholK'i (• ,■./■(.//./»(• de Pans.) 91 PROTECTION DES HABITATIONS CONTRE LES MOUSTIQUES. Fig. 17. — Va\ ,\fri(iiic du Sud. — Hulie protégée contre les moustiques par de la toile métallique. (D'après une photographie de la South african anti-malarial Association.) Fig. 48. — En Afrique du Sud. — Tente protégée contre les moustiques, employée par M. le D"" Turner. — A noter la moustiquaire fermant l'en- trée. (D'après une photographie de la South african anti-malarial Asso- ciation.) 92 l'KOTlX'TloN DES HAIUTATIOXS CONTRE LES MOUSTIQUES Fig. 49. — En Afrique du Sud. — Une maison de laquelle les mous- tiques sont exclus, grâce aux châssis garnis de toile métallique qui en ferment toutes les issues. (D'après une photographie de la South african anti-malarial Association.) Fig. 50. — A Colon (zone du canal de Panama). — L'hôpital, entière- ment protégé contre les moustiques par des châssis de toile métallique. (Cliché A.-J. Le Prince et J.-A. Orenstein.) 93 mesurant 60 cin. ûe haut sur (30 cm. de large. L'ouverture supérieure est plissée et garnie d'un élastique, de façon à s'adapter à la forme et aux dimensions de la coiffure. La partie inférieure, simplement ourlée, est destinée à être rentrée sous le vêtement de dessus. Le tulle est teinte en cachou, couleur moins salissante et moins visible à distance, que le blanc. Cette moustiquaire rend de grands services aux douaniers, qui sont obligés souvent de passer des nuits en plein air, dans des localités insalubres de la Corse, mais qui, en dehors de ces nuits de garde, habitent des maisons protégées contre les mous- tiques, ou couchent dans des lits garnis de moustiquaires. M. le Dr Laveran (109). a également décrit les moustiquaires de tète adoptées par les armées des Etats-Unis et du Japon. Le modèle américain, spécialement employé au Texas, se compose d'un man- chon en tulle noir, ouvert à ses deux extrémités, mesurant 70 cm. de haut sur 50 cm. de large. L'ouverture supérieure est garnie d'une coulisse avec ganse, permettant le serrage sur la coiffure. L'ouverture inférieure est bordée de toile et garnie d'épaulières également en toile. Les épaulières ont la forme de triangles tronqués ; la base du triangle se continue avec le bord inférieur du manchon en tuile ; le sommet tronqué est percé de deux œillets, dans l'un desquels est fixée une ganse de 80 cm. de longueur. Ce type américain paraît un peu compliqué et fragile pour le soldat en campagne ; le modèle japonais est considéré par l'auteur comme le plus efficace ; il consiste en un sac cylindrique de gaze verte ou cachou, soutenu par deux légers anneaux d'acier d'environ 25 cm. de diamètre, tenus séparés par une spirale du même métal. La partie supérieure du cylindre est fermée par une pièce de gaze tendue sur l'anneau ; à l'anneau inférieur est attaché un repli en toile cachou qui peut être serré hermétiquement autour du cou, à l'aide d'une cou- lisse, lorsque la moustiquaire est en place. L'appareil se replie sur lui- même; il a alors un centmiètre et demi d'épaisseur et ne pèse que 50 grammes. D'ailleurs, toutes ces moustiquaires de tète, repliées, n'occupent qu'un petit volume et sont facilement transportables dans le sac des soldats. Elles ne protègent évidemment que la tète et le cou. Pour pro- téger les mains, on devra avoir recours aux gants. Toutefois, comme les mains peuvent être cachées sous les vêlements et la nuit sous les couvertures, elles sont ainsi moins exposées aux piqûres des mous- tiques. Les cous-de-pieds sont protégés par les chaussettes et les guêtres. Sir D. Bruce (28), dans un article : Camping in the Tropics, paru réoemment, conseille, comme moyen de protection contre les piqûres des tsétsés, moustiques et autres mouches suceuses, un casque fait de fibres indigènes tressées, assez semblpble d'aspect au casque de cotte de mailles porté par les Croisés. Des ouvertures sont ménagées pour les yeux et pour la bouche. Un morceau de toile à moustiquaire est cousu sur le treillis de fibres, de façon à empêcher les mouches d'atteindre la peau avec leur trompe. Un grand chapeau de feutre peut être porté sur le casque. Des moufles ou gros gants et des gan- 94 tclets en kaki protègonl les mains et complètent l'équipement (*). Moustiquaires de lit. — Pour les moustiquaires de lit, il est essen- tiel que le rideau de tulle, gaze ou mousseline soit toujours d'une lon- gueur suffisante, pour permettre de le replier soigneusement sous les matelas, et il faudra veiller avec que tout accroc iblement réparé, car ouverture per- moustiques et moustiquaire souvent, lorsqu'on régions infes- par les moustiques, do con- stater que les moustiquaires des lits d'hôtels de catégorie inférieure sont en mauvais état, et il sera bon d'examiner soi- gneusement le tissu, avant de se mettre au lit, et d'avoir avec soi un petit nécessaire de cou- ture, permettant de réparer tou- tes les déchirutes, ainsi que les mailles relâchées. Dans le Trans- vaal Agricvltural Journal, d'oc- tobre 1907, M. le Dr F. Ar- nold (5) a décrit les meilleures moustiquaires en usage (voir fig. 51). Le haut de la fig. 51 nous montre les dimensions maxima des mailles du tissu. Il semble cependant plus prudent de préférer un tissu plus serré, présentant une cinquantaine de mailles par centimètre carré, soit 7 mailles par centimètre linéaire. Il va de soi, écrit M. Arnold, que la moustiquaire sera toujours tenue en bon état d'entretien, car un trou de la dimension d'un petit pois suffit à la rendre inutile. On ne laissera jamais pendre les rideaux sur le sol, car le dessous des lits constitue une des retraites favorites des moustiques. Il faudra, au contraire, les replier soigneu- sement de tous côtés, sous les matelas. Plus le tissu est tendu, meil- leure sera la ventilation. D'autre part, les couvertures et draps de lit seront simplement étendus sur les matelas et non repliés sous ceux-ci. De cette manière, les mouvements du dormeur ne pour- Fig. 51. — Moustiquaires. — En haut, dimensions maxima des mailles des moustiquaires (grandeur réelle). — En bas, un lit de camp protégé par une moustiquaire. (Cliché de la South african antimalarial Associa- tion.) (*) M. le Profr Simpson a fait breveter, en 1917, une moustiquaire de tête très effi- cace, baptisée Simpsonette. C'est un dispositif léger, facile à adapter et permettant une aération parfaite. La coiffe est placée sur la tête et attachée sous le menton. Les plus longs cer- ceaux sont placés devant le visage et les bras sont passés dans les cordons qui pendent de chaque côté de la gaze. Cetie moustiquaire convient non seulement contre les moustiques, mais également contre les tsé-tsés et les Simulides. 95 ront, en aucune façon, déranger la moustiquaire. Enfin, le lit sera suffisamment grand pour qu'aucune partie du corps du dormeur ne puisse toucher la moustiquaire et recevoir des piqûres au travers des mailles (*). Une moustiquaire formée d'un tissu de tulle ou de mousseline cousu à un cercle, suspendue au plafond, et retombant autour du lit, est d'usage courant en Afrique du Sud et y est considérée comme très pratique et très efficace (voir fig. 53). Il est également très important d'employer une moustiquaire, lorsqu'on dort dans la brousse, en districts malariés. Quatre baguettes dressées peuvent être attachées à un lit pliant ou à un lit de camp. Une corde est ensuite passée dans des anneaux fixés au haut des baguettes, et sur cette corde, on jette une moustiquaire en forme de boîte (voir le bas de la fig. 51). Ici, comme lorsqu'il s'agit des moustiquaires employées dans les mai- sons, le tissu sera soigneusement rentré de tous côtés, sous les. ma- telas ou les couvertures, au lieu de le laisser pendre jusqu'au sol. D'excellents lits de camp et tentes garnis de moustiquaires peuvent, du reste, actuellement, être achetés à des prix raisonnables (**) (voir fig. 48). M. le docteur A. Laveran (109) a décrit également, dans les articles mentionnés ci-dessus, deux modèles de moustiquaires de lit pour officiers et voyageurs. Le plus recommandable est le modèle cloche, construit par M. R. Henry, sur les indications de M. Laveran. Il se compose d'une pièce de toile carrée, de 50 cm. de côté, sur les bords de laquelle est cousue une jupe de tulle de l^âS de long, plis- sée à sa partie supérieure. Le pourtour de la toile se fixe sur des tringles en fer, articulées de manière à former un quadrilatère quand la moustiquaire est déployée, et à se rassembler en faisceau pour le transport. Ce cadre maintient les parois de la moustiquaire écartées, tfne corde fixée au centre de la toile permet de suspendre l'appareil au-dessus de la tête d'un lit ou d'une couchette, à une hauteur con- venable pour que la personne couchée puisse rentrer, sous l'oreiller et sous la couverture, les bords de la moustiquaire (voir fig. 46) (***). (*) La hauteur de la moustiquaire sera de met. 1.50 à met. 1.75. Sa longueur et sa largeur seront proportionnées aux dimensions du lit. (**) En Afrique tropicale, une bonne moustiquaire ne protège pas seulement con- tre les attaques des moustiques, mais aussi contre celles de beaucoup d'autres animaux dangereux, tels que : des mouches qui déposient leurs œufs, la nuit, dans la p«aa du nez, et dont las larves occasionnent parfois des accidents irréparables et peuvent même causer la mort ; des scorpions et diverses espèces de myriapodes ; des fourmis venimeuses ; des Coléoptères de divers genres qui mordent, sécrètent des poisons ou pénètrent dans Les oreilles ; des tiques qui transmettent de sérieuses fièvres ; des serpents, lézards, rats, etc De plus, si le haut de la moustiquaire est en calicot, il protège aussi de la poussière et de la saleté, lorsqu'on dort à l'intérieur d'une hutte ou d'une tente, et de la forte rosée, lorsqu'on couche au dehors. (***) Pour la campagne de 1917, une mission permanente de prophylaxie antipalu- dique a été envoyée à Salonique pour les troupes françaises. Comme moustiquaires de tête, on a fait usage du modèle du prof. Laveran, quelque peu modifié pour rendre son emploi plus commode et plus efficace, et le prof. Simpson, de Londres, a apporté le modèle intéressant dont nous avons parlé plus haut. Pour protéger les troupes en camtonnement pendant le sommeil, l'Institut Pasteur a établi uJi modèle de tente moustiquaire, qui permet de reposer la nuit à l'abri des moustiques. D'après M. R. Le- groux (116), (Bull. Soc. Path. exotique, 1917, n° 6), l'avantage de cette tente mousti- quaire est qu'elle est individuelle, légère (k.il. 2.450 piquets compris), et imperméable; son inconvénient, impossible à pallier, semble-t-il, sd l'on veut conserver les avantagea précédemts, est la difficulté de l'aération par les soirées très chaudes. (Voir fig. 45.) Aménagement des habita= \LM. J. E. Dutton et J. L. Tood (54) recom- tions sous les tropi- j^^aj^jent de tenir compte des points sui- vants, dans l'aménagement général des mai- sons pour blancs sous les tropiques. « Les moustiques, craignant le vent et recherchant les coins or règne l'obscurité pour se cacher, se reposer et el'fectuer leur diges- tion, il faut faire usage de punkas et créer des courants d'air. Il faut, de plus, badigeonner les murs en couleurs vives — vert tendre ou gris-bleu très pâle, par exemple — qui sont trop claires pour inviter les moustiques à s'y poser et qui ne fatiguent pas trop la vue. Pas de draperies non plus, telles que rideaux épais, habits exposés à l'air, couvertures de lit tombantes, en un mot, rien qui fasse des plis pouvant offrir une retraite aux moustiques. Qu'il y ait aussi peu d'en- droits que possible où la lumière ne pénètre pas, sous les lits, der- rière les meubles et les cadres, par exemple. Ayez de grandes fenêtres et assurez l'aération de vos pièces. » Quant aux maisons, on ne devra les construire que sur des pi- lastres assez élevés. On devra veiller à ce que l'air circule libre- ment sous les parquets, avoir soin de tenir cet espace dans un état méticuleux de propreté et de sécheresse (en le badigeonnant, par exemple), et, sous aucun prétexte, on ne s'en servira pour remiser de vieux ustensiles. » Protection des habita= Un excellent moyen de protection contre tions par des écrans ^.-^ piqûre des moustiques consiste à empê- de toile métallique. ,^ . i... i i • cher ces insectes de pénétrer dans les mai- sons, en garnissant de toile ou gaze métallique, toutes les ouvertures. La dépense initiale est assez élevée, mais elle est plus que compensée par la sécurité et le confort qu'elle procure. Les écrans de toile mé- tallique ne protègent pas seulement contre l'invasion des moustiques, mais encore contre celle des mouches domestiques et d'une foule d'in- sectes : petits coléoptères, papillons de nuit, moucherons, attirés le soir par la lumière. On sait que les mouches domestiques sont très dangereuses, qu'elles contaminent les aliments et qu'elles servent d'agents mécaniques de transmission aux germes de plusieurs mala- dies très pernicieuses, surtout par temps chaud (dysenterie, fièvre entérique, diarrhée infantile, fièvre typhoïde, choléra, etc.). Il est donc important, au point de vue hygiénique, d'éviter qu'elles aient accès dans les maisons et surtout dans les cuisines et salles à manger. Choix de la toile métallique. — On emploiera, pour garnir les ouvertures des maisons, de la toile ou gaze métallique, à mailles suffisamment petites pour empêcher le passage des moustiques. Les tissus pour moustiquaires ne conviennent pas pour l'extérieur, car ils pourrissent trop vite. Les dimensions des mailles constituent un point important (voir fig. 52). En général, on estime que les toiles métalliques ayant de 16 à 18 mailles par pouce linéaire (*) (6.2 à (*) C'est-à-dire de la toile ayant, par pouce d« longueur, 16 à 18 fils métalliques de O.014 à 0.010 pouce d'épaisseur. Le pouce vaut 25.5 millimètres. 97 7 mailles par ccntinièlrc), >onl suffisantes. D'après des expé- riences faites à Panama, le tissu de cuivre à 16 mailles laisse passer — mais avec difficulté — le petit Stcgonujia lasciula ; il arrête com- plètement les Anophèles ; les tissus à 17 et 18 mailles ne lais- sent passer aucun moustique dangereux. La toile à 16 mailles est deux fois aussi forte que celle à 18 mailles, mais elle a moins de surface ouverte : 60.16 p. c, contre 65 et 67.39 p. c, pour les toiles à 17 et à 18 mailles. La toile en fil de fer galva- nisé est la moins chère et la plus facile à obtenir dans le commerce, mais elle vaut beau- coup moins que les toiles en fils de cuivre, de laiton ou de bronze phosphoreux ; ces der- nières sont plus solides, résis- tent plus longtemps et présen- tent donc une plus grande sé- curité ; leur seul défaut est d'être plus coûteuses. A Panama (voir fig. 50, 58 et 61), on n'a utilisé que la meilleure toile métallique à 18 mailles, en fils de cuivre de G.), contenant au moins 90 pour cent de Fig. 52. — Dimensions normales des mailles da tissu métallique à employer pour protéger les habita- tions contre l'invasion des mousti- ques. — Toile de cuivre de 16 mail- les par pouce linéaire (6,2 mailles par centimètre), empêchant la pénétra- tion des Anophèles de la malaria. Pour arrêter le Stegomyia de la fièvre jaune, il faut des mailles un peu plus petites (18 mailles par pouce linéaire, soit 7 par centimètre). (Cli- ché de la South african antimalarial Association.) 0.025 d'épaisseur (51 B. W cuivre et pas plus d'un demi pour cent de fer Cette toile métallique, dit M. A.-J. Orenstein (159), sera utilisée dans toute la largeur du rouleau. La portée d'un écran ne devra pas dépasser 1™50 de hauteur, car autrement, la toile s'affaisserait et deviendrait trop faible. Pour la fixer, on se servira de clous de cui- vre, recouverts par une moulure de bois. Le cuivre est nécessaire pour prévenir la destruction par l'électrolyse. D'après M. R. H. von Ezdorf (205), la toile métallique de cuivre ou de bronze, tout aussi bien que celle de fer. devra être vernie ou peinte, pour éviter qu'elle ne s'oxyde ou ne se corrode sous un climat humide, particulièrement au bord de la mer. Pour enduire la toile, on barbouillera légèrement la peinture sur le fil métallique, de façon à éviter qu'elle ne coule et ne remplisse les ouvertures. Application aux fenêtres, portes et autres ouvertures. — Les fenê- tres des maisons sont garnies d'écrans de toile métallique, de la façon suivante. S'il s'agit de fenêtres à guillotine, on adaptera exac- tement dans l'embrasure, du côté extérieur, un châssis de Ijuis cou- vert de toile métallique. Ce châssis sera tenu en place par des cro- chets et pourra être enlevé, lors des nettoyages. S'il s'agit de fenêtres avant des châssis sur charnières et s'ouvrant vers l'intérieur, on clouera simplement de la toile métallique dans l'embrasure, du côté extérieur ; mais si ces fenêtres s'ouvrent vers le dehors, le problème devient plus dif- ficile à résoudre et le meilleur moyen .^consistera, sans dout'd, à .faire changer !a disposition des fenêtres. Pour les ouvertures d'entrée, une simple porte-écran, se fermant hermétiquement et dont la toile métallique est toujours tenue eu bon état d'entretien, suffira dans la plupart des cas. L'idéal consisterait à avoir des portes-écrans à fermeture automatique, précédées, à l'extérieur, d'un tambour S'arni de toile métallique et fermé égale- ment par une porte à ressort. D'après M. A.-J. Orenstein (159), une porte convenant pour les tropiques devra être indéformable, s'ouvrir à l'extérieur et Fig. 53. — Intérieur d'une chambre. La porte et la fenêtre sont garnies d'écrans de toile métal- lique. Le lit est entouré d'une moustiquaire. (Cl. de la South african anti- malarial Association.) cile de construire une porte garnie de toile métallique qui donne entièrement satis- faction. Si cette porte est indispensable, la toile sera soutenue par un treillis mé- tallique à larges mailles. Le châssis devra être renforcé par une tige de tension. Com- me indiqué dans la figure 5-4. une des extrémités libres de cette tige est fixée dans le coin supérieur d'un des pan- neaux de la porte, du côté des gonds, et l'autre dans le coin diagonalement opposé. Si la porte tend à se défor- mer, le tendeur central per- mettra d'augmenter la ten- sion et de remettre le châs- sis en bon état (*). refermer immédiatement. Il est diffi- Fig. 54. — En A, porte garnie de toile métallique, déformée. En B, la même porte remise d'équerre, grâce à une lige de tension, placée diago- Comme nous le savons, les nalement dans le panneau inférieur du châssis. (Dessiné d'après un cli- ché de M. M. J. A. Le Prince et A. J. moustiques Anophèles groupent toujours, pour le Orenstein. (*) Un article paru dans la Munchener Medizinische Wochcnschrift de décembre 1917, sous la signature de Oberarzt Dr. Brack, traite des moyens employés dans les campements militaires en Turquie, pour se protéger contre les moustiques. Un procédé simple et pratique de fermeture hermétique des portes et fenêtres, par un système de châssis de toile métallique fixes et mobiles, y est décrit. repos diurne sur la face de la maison située à l'abri du vent. Il résulte de cette observation que, dans les contrées où il existe, durant la saison de multiplication des moustiques, un vent do- minant, la porte principale des habitations devra toujours être placée du côté exposé à ce vent et pourra ainsi être ouverte lors- qu'il souffle (voir fig. 55). Enfin, il ne suffit pas, pour assurer une protection efficace contre les moustiques, de fermer les portes et les fenêtres des maisons par de la toile métallique ; il faut encore en faire autant pour toutes les autres ouvertures : fissures de plan- chers et murs, ventilateurs et bouches d'aérage, espaces ouverts autour des canalisations en plomb, cheminées. Ces dernières sont souvent laissées sans protection, ce qui rend nul l'effet d'une ferme- ture soignée de toutes les autres ouvertures. Si la cheminée est con- struite en fer, briques, pierres ou autres matériaux ne permettant pas l'emploi de clous ou taquets, on attachera l'écran de toile métal- lique, en garnissant de plâtre les bords de la cheminée, sur une lar- geur de cinq centimètres. '>,/:^,///,n w,ftN/Ji \ Vérandas. — Sous les tropiques, les vérandas sont indispensables. Les châssis des porteset fenêtres garnies de toile métallique sont enclins à jouer et à se déformer et souffrent des nettoyages cl, d'au- tre part, les réparations sont coû- teuses et souvent insuffisantes. De plus, l'action chimique de l'air, de la poussière et de la rouille a comme résultat final de boucher les mailles et d'empêcher la pé- nétration de l'air et de la lumière. Ces inconvénients sont moins sen- sibles pour de grandes surfaces, telles que les vérandas. La dépen- se première de placement d'écrans de toile métallique pour une vé- randa est élevée, mais les dé- penses d'entretien sont insigni- fiantes, par rapport à celles né- cessitées pour l'entretien des écrans aux portes et fenêtres. Si l'on ne peut faire les frais de garnir toute la véranda, on pourra tou- jours en protéger une partie. Anabhele AU. refi os . Fig. 55. — Relation entre la di- rection du vent dominant et la pénétration des moustiques dans les maisons. — Emplacement des portes. Par temps venteux, les Anophèles se réunissent du côté de la maison à l'abri du vent. — En a et en b, bons emplacements des portes; en c mauvais empla- cement. Entretien des écrans de toile métallique. — - Le travail de place- ment de la toile métallique aux maisons et autres habitations varie évidemment dans ses détails, suivant les cas particuliers, et il sera toujours bien exécuté, si l'on ne perd pas de vue le but essentiel, qui est d'empêcher complètement la pénétration des moustiques. Un tra- vail défectueux fait, du reste, plus de tort que de bien, car il donne une fausse sécurité. On ne saurait assez faire ressortir les grands avantages d'une bonne 100 protection des habitations contre l'invasion des moustiques. C'est une mesure d'absolue nécessité, dans les contrées malariées, si l'on veut éviter la contagion. Il ne faut pas oublier que les Anophèles piquent la nuit et se cachent le jour dans les coins sombres. De plus, comme nous l'avons déjà dit plus haut, les écrans empêchent l'entrée des mouches domestiques. Mais il ne suffit pas de placer des écrans aux portes, fenêtres et autres ouvertures, il faut encore veiller soi- gneusement à ce que la fermeture reste hermétique, à ce que les trous faits dans la toile métallique, par suite d'usure ou d'ac- cidents, soient immédiatement réparés, et à ce que les ressorts des portes fonction- nent toujours convenablement. Une porte ou une fenêtre non hermétiquement close, laissant une fente ou une ouverture, ne fût-ce que d"un demi-centimètre, suffit pour perdre tout le bénéfice du placement des écrans. Il va de soi qu'il est absurde de laisser la porte-écran d'une salle à manger ouverte pendant les heures de repas, car l'on convertit ainsi cette salle en un vaste piège à moustiques. Dans les régions infestées par les mous- tiques, ceux-ci, à certaines saisons, es- sayent de se frayer un chemin au travers des mailles et y réussissent parfois. Lors- Fig. 56. — Habitation avec véranda, fenêtres et portes, clôturées par de la toile métallique, pour empêcher la pénétration des moustiques. (Cliché de la South african anti- malarial Association.) qu'ils sont très nombreux, on frottera légè- rement la toile métallique avec du pétrole ou de l'huile de citronnelle. Placement d'écrans sur les citernes et autres récipients à eau de pluie. Dans les localités où la provision d'eau de pluie est conser- vée dans de grandes citernes, comme, par exemple, dans les cités américaines de la région du golfe du Mexique, il est nécessaire, pour empêcher les moustiques femelles de venir pondre à la surface de l'eau, de placer sur ces réservoirs des couvercles de toile métallique im.pénétrables aux insectes. Les tonneaux d'eau de pluie et les puits seront également protégés de la même façon, à moins qu'on n'y ait mis des poissons fai- sant leur proie des larves de moustiques. Un moyen économique de couvrir les tonneaux à eau consiste à garnir un grand cerceau de fer, avec un morceau de calicot solide, ou de toile à sacs en bon état, sans trous. On b'ig. bl. — Ton- neau a eau de pluie, protégé par un couvercle, pour empêcher les fe- melles du mousti- que de la fièvre jaune, de venir pondre sur les pa- rois, près de la surface de l'eau. 101 PKOTKCTIÔX l)i;S HAlilTATloNS CONTin': LKS MOTSTlgrKS i^^'^âij r^^- r'~ tyS^^-^ ^^^^^B^^^ORTi/ll" iJÉiffl^^^n î^i 1^ - BrA^v'^îHpi .^^1 ■iiiiiii II iiii 1 mil j. -._ - lu ")^ \. VlKnll /dllt" (lu ( 111 il (1( l'millll - M llMill-, ,|\i ( \i iml is o.iinu's (k' toilt iiu I illiinn inuii > iiipi i lu i h jx iii li ilioii dt iniKiiMii, s iCluh( \ I ! > i'iiin . ( I I \ ()i ii-h III Fig. oit. - Maison congolaise, bien protégée contre rinvasidii des nn.us- lii|ik's par (les châssis de toile métallique, édifiée à AlWerla lîmiilia . par la Sdciélé des Huileri's il.ever, Bros, Ltd . (Cliché I.eplae. 102 DRAINAGE. - PROTEPTION DKS HABITATIONS CONTRE LES MOUSTIQUES Fig. 60. — l)i.ii'ii_i t|i -. luii^ in.iii < .inriises, en vue de l'élimination des larves des iiuhisIkiiu-s de la iiiahiria. — Une conduite cimentée dans les Etats fédérés malais. (Cliché M. Watson.) Fig. Gi. — A Friiulus (zone du canal do Panama). — Peiile maison bien protégée par de la toile métallique, contre l'invasion des moustiques et occupée par un inspecteur sanitaire. (Cliché M. Watson.) 103 ENNEMIS DES Mf)IJSTIQUES ADULTES. — LES CHAUVES-SOURIS. Fig. 62. — Le perchoir à chauves-souris du D^ Campbell. — Dans cet abri, une grande quanlilé de chauves-souris loge, durant la journée. Ces insectivores auraient, paraît-il, presqu'entièrement débarrassé une région marécageuse du Texas (Sud des Etats-Unis), des moustiques et de la malaria. ^% Fig. 63. — Une petite particule d'une déjection de chauve-souris, vue au microscope et montrant de nombreux restes d'exosqueletfes chitineux d'insectes, spécialement de moustiques. 104 ]AV.V\ DE nKVKLdPPKMKNT DES LARVES DE MOUSTIQUES. f^ Fig. 64. — Un ciiilinil kIimI pour le développement des larves du mous tique de la fièvre jaune. — Cour enromhree de toutes sortes de débris. — A noter les hnriK conlcndiit de l'cui, i|ui ne sont pas recouverts d'un couv(M"(;l(' piiili(liur D.iiis (le Icls eiidiDils, h^s larves du slfiionnim onl, en aboiidam I . h s pilihs (|u,iiilihs d i ,iu ipii leur sont m i i ss.nii s pnui vivre ri SI' ili \i l(ipp( I iD.ipMsl ,lh( In i mili e les moustKpii ^. piilduM p,ii l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool.) Fig. 65. — Un village indigène propre. — Aucun endroit favorable au développement des larves do moustiques. (D'après l'affiche contre les moustiques, publiée par l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool.) 105 / peut également !=c servir fl"un couvercle en bois (voir fig. o7) (*). Protection des navires Dans les contrées chaudes, les navires et contre les moustiques. embarcations laisant le trafic sur les fleu- ves et rivières sont souvent infestés par les moustiques, et les voyageurs sont exposés, non seulement à leurs désagréables piqûres, mais encore à la contamination par les fièvres paludéennes. Nous savons également que les vaisseaux ancrés dans les ports où règne la fièvre jaune, peuvent être infestés par les Stegomyia-las- ciata femelles et que ces insectes, cachés dans les coins sombres des navires, peuvent y séjourner longtemps, être transportés à de grandes distances et amener ainsi la dissémination de la terrible maladie. Les vaisseaux qui voyagent dans les régions où règne le paludisme et ceux qui ancrent dans les ports infestés par la fièvre jaune, devront au préalable être efficacement protégés contre l'envahissement des moustiques. Toutes les ouvertures, portes, écoutilles, bouches à air, etc., devront être soigneusement garnies de toile métallique, et il devra y avoir à bord une réserve suffisante de cette toile, ou de tissu à moustiquaires, pour pouvoir fermer immédiatement toutes les ouvertures accidentelles. Dans le cas de vaisseaux déjà envahis par les moustiques, l'emploi de moustiquaires autour des lits et hamacs s'impose. II est difficile d'entourer complètement un hamac de tulle ou de mousseline, de façon à rendre la pénétration des moustiques impossible, mais cer- tains dispositifs pratiques ont été indiqués par divers auteurs (**). D'autre part, les larves de moustiques se développent souvent en quantités énormes dans l'eau qui séjourne à fond de cale des steamers fluviaux. Il en résulte que le nombre de moustiques augmente fré- quemment dans les stations fluviales, aussitôt après l'arrivée du steamer. Pour détruire les moustiques adultes à bord, on emploiera les fumigations (voir p. 110), notamment celles à l'anhydride sulfureux et au gaz cyanhydrique. Pour l'anhydride sulfureux, on pourra adopter le procédé Clayton, d'usage universel pour l'extinction des incendies et la destruction des vermines. Quant à l'acide cyanhydrique, M. R. H. Creel (40) a décrit derniè- rement un appareil générateur de ce gaz, de construction très simple, utilisable dans la cale des navires et qui a donné toute satisfaction. (») Sous le titre Yellow Fever Control in Ecuador, Preliminary Report, M. B. Connor décrit dans Le Jl Amer. Med. Ass., de Chicago, du 6 mars 1920, la campagne entreprise depuis fin 1918, à Guayaquil, capitale de la république de l'Equateur, contre le Stegomyia fasciata. La diminution de la fièvre jaune coïncide avec le placement de couvercles de bois, de toile métallique ou de fer galvanisé sur les réservoirs et autres récipients à eau. Il y avait environ 7,000 réservoirs à eau en usage dans la ville, la distribution d'eau par conduites souterraines étant insuffisante. De plus, 30,000 autres récipients durent être inspectés. (*») Consulter notamment, à ce sujet: D. H. C. Given, ■> The Campaign against Mosquitoes on board H. M. S. " Cadmus «, Jl. State Medicine, London, XXIV., n. 2, fébr. 1916, p. 47-51, 2 fig. 106 On en trouvera la description et le fonctionnement dans le n° 49 des U. S. Public Health Reportf^. Washington, de décembre 1915. B. — SUPPRESSION DES SOURCES D'INFECTION. Il est clair qu'au point de vue médical, les moustiques transmet- tant les maladies sont parfaitement inoffensifs, aussi longtemps qu'ils ne se sont pas infectés eux-mêmes en piquant une personne atteinte de malaria ou de fiève jaune. S'il n'existe pas, dans une localité, de réservoirs humains de ces maladies, des milliers A'Anopheles peu- vent harceler la population, sans qu'un seul cas de malaria se pro- duise, des milliers de Stegomyia peuvent hanter les maisons sans communiquer la fièvre jaune. Les moustiques ne sont réellement que des agents de transmission, qui transportent les parasites des per- sonnes malades aux personnes saines. Des recherches médicales, faites en différentes parties du monde, ont démontré que, dans les régions malariées, une proportion très élevée des indigènes hébergeait dans le sang, le parasite de la ma- laria. Les enfants indigènes principalement sont des réservoirs d'in- fection pour les Européens qui vivent parmi eux ; après une longue série d'attaques, la plupart des indigènes sont immunisés contre les fièvres malariales. Le Dr L. Bostock, ancien médecin du personnel des chemins de fer à Komatipoort (Afrique du Sud), a constaté, en examinant le sang des jeunes indigènes des contrées basses (low veld) du Trans- vaal, que la presque totalité de ceux-ci possédait le parasite malarien. Des conditions similaires se rencontrent, sans doute, dans toutes les zones malariées africaines, et le Congo ne fait pas exception à cette règle, comme en témoignent les résultats de l'examen du sang tiré des doigts des enfants à Boma, Matadi, Léopoldville et Lusambo. D'après MM. J. E. Dutton et J. L. Tood (54), tous les jeunes indigènes, pour ainsi dire, de 10 à 18 ans, étaient infectés. La conclusion immédiate à tirer de cette constatation est que, partout où il y a danger de malaria, on ne peut permettre aux enfants indigènes de séjourner à proximité des habitations européennes. Le quartier des blancs devra être séparé de celui des noirs par un inter- valle d'au moins 400 mètres et, si possible, de 800 ou 1,000 mètres. Ainsi, les risques de piqûre par un Anophèles infecté par le parasite seront fort réduits (*). Protection des malades. • Dans le traitement des malades atteints de malaria, il faudra veiller avant tout — et cela au point de vue de l'hygiène de la communauté — à ce qu'ils soient efficacement et parfaitement protégés contre la piqûre des (•) Il faut, soit éloigner les noirs des habitations européennes, soit les forcer à prendre régulièrement de la quinine. C'est ainsi qu'en Ehodésie, on a constaté une mortalité élevée chez les emfanta blancs et beaucoup de cas de malaria chez les grandes personnes, uniquement parce que les domestiques étaient des nègres. Cet inconvénient a disparu, depuis que les noirs de service habitent des quartiers séparés et que ceux chargés de la garde des enfants sont obligés de prendre régulièrement de la quinine. 107 moustiques, par des moustiquaires ou par des écrans de toile métalli- que. Même dans les localités où la malaria ne règne pas habituelle- ment, il est toujours possible aux moustiques Anophèles de s'infec- ter, en piquant une personne nouvellement venue d'une région ma- lariée. De cette façon, un moustique peut transmettre la maladie à des personnes saines. Il est donc essentiel d'isoler les patients souf- frant de malaria et d'empêcher, par tous moyens, les moustiques de les piquer. Traitement par la qui= Dans beaucoup de régions tropicales, les °'°*« habitants prennent régulièrement de la qui- nine, soit à titre curatif pour détruire les parasites qui se développent dans leur sang ou en réduire le nombre, soit à titre préventif, pour diminuer les risques d'infection. En général, cette méthode est considérée par le corps médical comme la plus efficace. Quiconque doit voyager ou séjourner dans un district malarié, fera bien d'utiliser la quinine, non seulement lors- que la fièvre se déclare, mais également comme mesure préventive avant toute manifestation de la malaria (*). La méthode à la quinine, appelée méthode de quinquinisation, a été utilisée sur une grande échelle en Italie et a réduit le taux de la (•) Le Ouide médical abrégé à l'usage du voyageur au Congo, publié par le Minis- tère d&s colonies, iasiste sur le fait qu'il est indispensable au Congo de prendre de la quinine préventive, qui constitue un de^ moyens les plus puissants de prophylaxie anti-malariale. Il y a, d'après le guide, plusieurs méthodes préconisées pour prendre la quinine: 1. — On peut prendre journellement une dose minima de 25 centigrammes de qui- nine. Cette méthode convient surtout pour les régions où la malaria est peu virulente (hauts-plateaux, Katanga, ete.), et pour les personnes ne faisant qu'un séjour peu prolongé dans la colonie. 2. — On peut aussi prendre 50 centigrammes de quinine, deux ou trois fois par semaine, et plus souvent même, quand on a fait des excès de travail, de fatigue, quand on change d'habitudes, par exemple, quand on échange la vie de station pour la vie d'expédition ou vice-versa. Dans ses « Notes on Malaria, for Officers and Men » (Troops in East Africa), parues dans The Lancet (sept. 1917), M. le Dr. Cuthbert Christy, M. B., C. M. (38), donne également des indications très judicieuses pour l'emploi de la quinine contre la malaria. En voici quelques-unes : 41. — La quinine est le seul médicament qui tue le parasite de la malaria. Il en résulte que la quinine est le seul médicament qui puisse guérir la maladie ; 42. — La quinine étant absorbée dans le sang, tue les parasites fraîchement intro- duits par le moustique, mais lorsque, après trois ou quatre heures, ces parasites ont pénétré dans les globules rouges, la quinine a moins d'effet sur eux , 43. — La quinine sera donc prise aussitôt après chaque risque de contamination, mais comme il est rare qu'on puisse déterminer avec certitude le moment où l'on a couru ce risque, il vaut mieux d'en prendre fréquemment ; 44. — Une dose journalière de cinq grains (Î5 centigrammes) après le repas du soir, est la meilleure manière de se prémunir ; 45. — Une dose de 5 grains prise à 10 heures du soir tuera tous les parasites pou- vant avoir été introduits par les moustiques durant la soirée et restera suffisamment longtemps dans le sang pour tuer également tous les parasites pouvant être introduits jusqu'à six heures du matin. On sait que les Anophèles ne piquent que la nuit. MM. Edm. et Et. Sergent (189), dans une étude sur la prophylaxie antipaludique d'une armée en campagne (Orient 1917), parue dans le Bulletin de la Société de Pa- thologie exotique, de Paris (juillet 1918), recommandent comme moyen préventif de donner aux troupes une dose journalière de quinine. Il faudra, disent-ils, surveiller avec grand soin l'exécution de cette mesure, car l'action de la quinine ne perdure que quelques heures et une négligence d'un jour suffit pour rendre nul tout le traite- ment. La dose recommandée est de 6 grains (30 centigrammes) de chlorhydrate de quinine par jour, prise sous forme de tablettes. 108 malaria, déjà abaissé de 65-70 pour cent à 14 pour cent par les moyens de protection mécanique, à 4 pour cent. La quinine ■a été distribuée gratuitement à tous les ouvriers et aux pauvres vivant dans les localités malariées. Cette quinine était préparée sous une forme facile à prendre, par exemple sous celle de tannate de quinine incorporé à du chocolat. Il est ainsi facile d'amener les •enfants et les personnes qui ne peuvent supporter les sels ordinaires de quinine, à prendre le remède sous celte forme édulcorée. La prophylaxie du _palu= Faisant suite à 'Scs Recherches sur la disme par le bétail. transmission du paludisme par les Ano- phèles français des régions non palustres, parues en 1918 dans les Annales de l'institut Pasteur, le savant Dr Roubaud a publié en avril 1920, dans les mêmes Annales, une étude extrêmement importante sur les conditions de nutrition des Anophèles en France (Anophèles maculipennis) et le rôle du bétail dans la prophylaxie du paludisme. L'existence à'Anopheles sans malaria et la régression manifeste et spontanée du paludisme dans beaucoup de régions anciennement palustres de l'Europe occidentale et en particulier en France, sont des questions qui ne peuvent être expliquées par une immunité natu- relle ou acquise à'Anopheles maculipennis. Il en résulte que si ce moustique, le plus abondant et le plus généralement répandu en Trance, n'y exerce pas d'une manière plus intense ses propriétés pathogéniques, c'est que quelque particularité de sa biologie s'y oppose, en restreignant au minimum ses rapports avec l'homme. Il découle des nombreuses observations comparativement poursui- vies par M. Roubaud en Vendée et aux environs de Paris, que celte particularité de la biologie à'Anopheles maculipennis est sa préférence absolue pour le bétail. D'une façon générale, tous les mammifères d'une ferme, même les lapins, jouent dans l'alimentation sanguine des Anophèles un rôle incomparablemen! plus important que l'homme. Le cadre de notre petite étude ne nous permet même pas de tenter de résumer le beau travail de M. Roubaud. Nous devons nous con- tenter de donner un aperçu succinct du dernier chapitre, intitulé : L'éducation trophique des Anophelines et la prophylaxie antipaludique. Il résulte de ce qui a été dit précédemment que, spontanément, dans les régions d'Europe où le bétail a été placé dans des conditions lui permettant d'assurer l'alimentation normale de la faune anophe- lienne, l'^l. maculipennis a cessé presque entièrement ses rapports de nutrition sanguine avec l'homme II en est résulté, pour ce dernier, une protection antipaludique plus ou moins parfaite et, par suite, l'avènement en dernière analyse d'un état latent d'anophelisme sans paludisme qui domine aujourd'hui dans la majeure partie de l'Europe. Partout où la faune anophelienne a pu se nourrir régulièrement aux dépens des animaux, le cycle des parasites malariens s'est trouvé rompu et le paludisme suspendu dans ses manifestations d'endémi- cité. Ainsi s'est réalisée dans la nature une expérience spontanée de large envergure, et dont l'interprétation paraît singulièrement instruc- tive pour l'histoire de l'antipaludisme. M. Roubaud estime ensuite qu'il est possible de reprendre sem- 109 tlable expérience en pays palustre et d'y organiser rationnellement la prophylaxie animale du paludisme. Mais la prophylaxie par le bétail ne doit pas simplement consister à introduire au voisinage des habitations humaines un rideau pro- tecteur animal purement local et plus ou moins temporaire. Pour •que cette protection soit efficace, il faut réaliser l'éducation trophi- que de la faune anophélienne en l'orientant d'une façon permanente et stable vers la population animale, de manière à développer les préférences des moustiques pour le bétail et à les amener à une indif- férence de plus en plus complète à l'égard de l'espèce humaine. Pour ce faire, il faut que l'alimentation sanguine d'origine ani- male soit assurée en permanence aux moustiques pendant toute la ■saison d'activité et sensiblement aussi toujours dans les mêmes con- "ditions. De plus, pour que l'alimentation normale de la faune anophélienne puisse être obtenue sans le concours des organismes humains, il con- viendra, avant tout, de limiter la densité de celte faune par le con- trôle des lieux de développement. Les grandes mesures antilarvaires restent donc à la base d'une prophylaxie anti-anophélienne bien con- duite et la prophylaxie animale viendra surtout là où la faune ano- phélienne devra son développement à des gîtes de faible étendue. D'autre part, pour les espèces qui, comme 1'^. maculipennis, sta- tionnent pendant le jour à côté de leur hôte, les abris à bestiaux constitueront en même temps de véritables pièges où l'on pourra ■détruire, par des visites périodiques, une énorme quantité à'Ano- ^helcs adultes. Cette chasse systématique sera aisément pratiquée à l'aide de filets rudimentaires, de balais de paille ou de branchages enduits de glu ou de goudron, qu'on promènera en tous sens sur le plafonnement des abris et dans tous les recoins où, le jour, s'immobilisent les moustiques. Enfin, il faudra s'inspirer, pour le choix des animaux, des préfé- rences alimentaires de l'espèce d'Anophèles envisagée. Il est évident que les grands animaux, le bétail bovin, les chevaux et mulets, dont le rôle attractif est le plus important à l'égard d'.4. maculipennis, constitueront dans les régions où cette espèce est dominante, les ani- maux les plus appropriés à la préservation humaine. Après eux, vien- dront les porcs ou les chèvres et les moutons. Mais quels que soient les hôtes protecteurs mis en cause, il faut de toute évidence rappeler ici que, dans une contrée à Anophèles, l'introduction du bétail ne constituera un moyen efficace de lutte ■que si celui-ci est placé dans des conditions de stabulation favorables :à la nutrition des Anophèles, c'est-à-dire, suivant les cas, soit dans ■des abris de nature déterminée, ouverts ou non, solî en plein air. Ross a classé les moustiques, d'après leurs rapports avec l'homme, en trois catégories : les moustiques domestiques, qui passent la ma- jeure partie de leur existence dans les maisons ; les moustiques sub- domestiques, qui y entrent seulement pour se nourrir de sang, et les moustiques sauvages, qui n'y pénètrent jamais. Au point de vue de la détermination précise, non seulement des préférences alimentaires de chaque espèce anophélienne, mais au<:<:i 7 110 de son comportement à Tégard des hôtes. M. Roubaud propose de substituer à la classification de Ross, la terminologie suivante, em- pruntée aux circonstances habituelles de nutrition sanguine, suivant que celle-ci exige le calme des abris ou le grand air. On pourrait ainsi diviser les Anophèles en deux groupements essentiels : Les Entophiles comprendraient les espèces, domestiques ou non, qui, comme VA. rnaculipennis, recherchent leurs hôtes à l'intérieur des habitations ou des abris clos : étables, écuries ; Les Exophiles, les formes qui attaquent leurs hôtes à l'extérieur, en plein air, de préférence aux abris clos (A. bifurcatus) ou sous des abris largement ouverts (vérandas, hangars, etc.). A ces deux groupements essentiels, on en peut joindre un troi- sième, celui des Amphophiles, comprenant les espèces non fixées à un mode d'attaque défini et qui piquent aussi bien à l'intérieur des abris qu'en plein air. Voici comment M. Roubaud termine ensuite son travail. « Le bétail protecteur, dit-il, pour être considéré comme efficient au point de vue antipaludique devra donc, suivant les cas, être placé dans des conditions d'attaque correspondant aux différentes catégories biolo- giques citées plus haut. Il s'ensuit que la prophylaxie animale du paludisme, et c'est là la prmcipale difficulté à surmonter, devra s'accompagner d'une modification plus ou moins complète des habi- tudes locales en ce qui concerne l'élève des bestiaux. S'il s'agit d'es- pèces Entophiles, les grands troupeaux de bœufs parqués en plein air à distance des habitations, comme c'est le cas le plus ordinaire dans les régions chaudes, seront absolument inexistants pour la pro- tection humaine, tandis que l'habitude prise d'abriter, au moins partiellement, ces animaux la nuit, pourra offrir les plus heureuses conséquences, au point de vue antimalarique. On voit donc que, les principes généraux étant posés, la prophylaxie par le bétail devra être adaptée aux différentes circonstances et s'inspirer avant tout étroitement de la connaissance éthiologique des espèces anophéliennes dominantes. Elle sera dirigée, avant tout, contre celles dont le pou- voir pathogène local aura été reconnu comme le plus important. Ainsi comprise, il n'est pas douteux que cette nouvelle méthode prophylac- tique, lorsqu'il sera permis de l'appliquer, ne contribue, dans une large mesure et dans les meilleures conditions possibles, à l'assai- nissement des pays palustres. » C. — MOYENS DE DESTRUCTION DES MOUSTIQUES ADULTES. Emploi des fumigations. Toute substance pouvant produire une fumée dense ou des vapeurs toxiques, peut être utilisée pour détruire les moustiques adultes. Voici les princi- paux de ces produits culicides : Poudres de pyrèthre. — Les poudres de pyrèthre. connues dans le commerce sous les noms de poudre insecticide dalmate. de poudre insecticide persane, etc., sont très efficaces, lorsqu'elles sont fraîches et dépourvues d'impuretés. Les poudres pures sont faites avec les capitules de deux espèces de plantes du genre Pyrethrum (Compo- sées), finement moulus. Le principe actif paraît être une huile essen- tielle, qui s'évapore par une trop longue conservation ou exposition à l'air. Plusieurs poudres vendues dans le commerce sont apparem- ment falsifiées, en broyant les tiges du pyrèthre avec les capitules ou par d'autres moyens. Ces poudres ne sont évidemment pas aussi effi- caces que les poudres pures (*). Les poudres de pyrèthre peuvent être employées à sec ou en fumi- gations. A sec, elles sont insufflées dans les crevasses fréquentées par les insectes ou disséminées dans l'air du local dans lequel les mous- tiques séjournent. Il est d'usage courant de brûler de la poudre de pyrèthre dans les chambres, à la tombée de la nuit. Dans ce but, la poudre est entassée en une petite pyramide, que l'on allume au sommet et qui brûle len- tement, en produisant une fumée dense et piquante. Souvent, la pou- dre est au préalable mouillée, puis modelée à la main en petits cônes de la dimension d'une praline de chocolat. Ces cônes sont ensuite pla- cés dans une casserole plate et sêchés complètement au four. Ils sont alors prêts à l'usage etj. allumés par la pointe, se consument lente- ment, en envoyant dans l'air une mince colonne de fumée acre. Ces cônes sont plus économiques que les pyramides de poudre sèche. Les moustiques sont stupéfiés par la fumée et tombent sur le plancher où ils sont balayés, puis brûlés. Cette fumigation fait peu d'effet si les fenêtres sont ouvertes et s'il se produit ainsi un renouvellement de l'air, et, pour être efficace- ment protégé, il est nécessaire d'être entouré d'un nuage de fumée. La poudre peut également être étendue sur une plaque métallique placée sur le verre d'une lampe à pétrole allumée. De cette façon, les vapeurs de l'huile volatile se répandent dans la chambre. Ce procédé est, paraît-il, très efficace. Il économise la poudre et l'odeur est légère. Une autre méthode de combustion de la poudre de pyrè- thre consiste à l'insuffler, à l'aide d'un vaporisateur, dans un jet de gaz brûlant. A la Nouvelle-Orléans, on a calculé qu'afin de débarrasser com- plètement les maisons des moustiques, il fallait brûler le pyrèthre à raison d'une livre environ de poudre par mille pieds cubes (25 mètres cubes) d'air. D'après Sir Rubert Boyce F. R. S. (23), pour détruire Stegomyia fasciata, il faut brûler trois livres (1,350 grammes) de poudre de py- rèthre par mille pieds cubes (25 mètres cubes), et l'application doit durer trois heures. Il vaut mieux de diviser la poudre en trois pots, contenant chacun une livre, que de mettre le tout dans un seul réci- pient. Ces pots seront placés dans des casseroles plates contenant un peu d'eau. La poudre de pyrèthre est utilisée dans les chambres con- tiguës à celle où repose un malade atteint de la fièvre jaune, car les (*) La poudre la plus renommée est celle qui est faite avec les fleurs du Pyrèthra de Dalmatie. C'est aux environs de Sebeolco que cette plante croit en abondance, dans les terrains rocailleux. La récolte de 1920 fut d'environ 120 wagons pour tout« 'a Calmatie. 112 fumées produites sont bien moins irritantes que celles dégagées par une fumigation à l'anhydride sulfureux. Il est toujours à recomman- der de contrôler l'efficacité de la fumigation par une expérience di- recte. Dans ce but, on introduit quelques moustiques vivants dans une boîte couverte de mousseline, placée en queiqu'endroit où ces insectes peuvent être observés du dehors. Lorsqu'ils sont morts, on peut en conclure que la fumigation a été efficace. Soulre. — La combustion de soufre en poudre ou de morceaux de soufre, dans un petit pot, est un procédé de fumigation très efficace pour détruire les moustiques suspects d'infection. Sir Rubert Boyce (23), dit que le soufre est un excellent culicide ; il est bon marché et se trouve partout. On peut le brûler par petites quantités dans des pots à soufre ou, pour des fumigations plus importantes, dans des appareils Clayton. Il faut environ deux livres (900 grammes) de soufre par mille pieds cubes (25 mètres cubes) d'air. Les pots conte- nant cette substance seront placés dans des casseroles plates conte- nant une couche d'eau de 25 mm. Le soufre devra être enflammé avec de l'alcool et il faudra vérifier soigneusement s'il est bien allumé. La durée de l'opération est de trois heures. Les vapeurs sulfureuses corrodant les objets en métal, ces derniers devront être enlevés avant la fumigation (*). Mélange de camphre et d'acide phénique. — Ce mélange, appelé culicide de Mimms, est constitué, par poids égaux, de camphre et d'acide phénique cristallisé. Les cristaux de l'acide sont fondus par une chaleur douce, puis la dissolution est versée lentement sur le camphre qui est absorbé ; il en résulte finalement un liquide clair, quelque peu volatil, à odeur agréable. Ce liquide est stable, et peut être conservé pendant quelque temps dans des récipients bouchés. Il constitue un excellent culicide et n'abîme ni les meubles, ni les vêtements, ni les objets de cuivre. Il laisse, après usage, une odeur rafraîchissante dans la pièce. Pour s'en servir, on volatilise de trois à quatre onces de ce mé- lange par mille pieds cubes d'air (de 75 à 100 gr. par 25mètres cubes). L'opération dure deux heures. Le liquide est versé dans une casserole plate, placée sur une lampe à alcool ou à pétrole. Ce liquide est in- flammable ; la vapeur dégagée est blanche, mais n'est pas explosive ; elle n'est pas dangereuse pour l'homme, sauf lorsqu'elle est très épaisse, mais elle donne, lorsqu'elle est trop librement respirée, des (•) MM. C. H«derer et M. Sellier (86) ont décrit dans les Arch. Med. Pharm. navales de Paris, (2 août 1919), un nouvel appareil portatif à sulfuration, inventé par le vétérinaire major Lochon. Dans cet appareil, une combustion rapide d'une grande quantité de soufre est obtenue par un moyen très simple. Ordinairement, on ne peut brûler que 20 à 25 grammes de soufre par m^, mais avec le brûleur Lochon, 100 à 120 grammes par m^ sont vaporisés en urne demi-heure environ. Pour l'usage, 6 grammes de poudre oxydante sont a30uté<5 à 100 grammes de eoufre. Le rôle de cette poudre est de fournir l'oxygène nécessaire pour produire de l'anhydride snlfurique (SO^) dans la proportion de 0.4 % de la quantité totale de gaz émise. Le mélange de SO^ et SO^ a une action microbicide et parasiticide énergique et n'entraîne pas la décoloration et la détérioration produite par l'anhydrique sulfureux employé seul. ^ L'appareil de M. Lochon peut également être employé pour vaporiser du formoL 113 maux de lèLe. Les chambres à enfumer à l'aide du culicide de Mimms doivent être hermétiquement fermées. Crésyl et créoline. — MM. Bouet et Roubaud préconisent l'emploi, pour tuer les moustiques, de fumigations à l'aide du crésyl. Les vapeurs de crésyl stupéfient presque immédiatement les insectes, et si ceux-ci reviennent plus tard à la vie, les lésions qui leur sont infligées les empêchent de devenir nuisibles. Une dose un peu plus forte ou une action plus prolongée amènent la mort. Ces vapeurs étant inoffensives pour les hommes et pour les animaux, on peut pénétrer dans une chambre, après une fumigation à l'aide du crésyl. Le seul inconvénient est une légère irritation de la conjonctive. Ces vapeurs n'endommagent pas les objets de ménage, les métaux et les dorures. Il n'est pas nécessaire d'agiter artificiellement l'air, car le crésyl est très volatil. D'après MM. Bouet et Roubaud, la dose efficace est de 5 gr. de crésyl par mètre cube d'air, et l'enfumage d'un espace de 25 mètres cubes revient à moins de dix centimes. Il n'est pas nécessaire de bou- cher hermétiquement les petites ouvertures. Le crésol, produit plus purifié que le crésyl, est plus efficace, mais il coûte plus cher (*) D'après M. R. Legroux (116), l'Institut Pasteur a établi le modèle d'un appareil simple et peu coûteux pour l'emploi des vapeurs de crésyl. C'est une gamelle réglementaire, placée sur un cylindre de tôle per- forée finement (trous de quatre dixièmes de mm.), afin d'éviter l'in- flammation des vapeurs produites ; une lampe à alcool, sans mèche, évapore le crésyl (voir fig. 66). Suivant M. G. Moniz (151) (Brazil Medico), la créoline serait plus efficace, comme culicide, que la poudre de pyrèthre. Cette méthode de fumigation est surtout recommandable pour les chambres fer- mées. La dose préconisée est de 6 ce. par mètre cube d'air. La substance est mise dans un récipient posé sur un trépied, se trou- vant lui-même dans un baquet d'eau placé sur le plancher. Il faut, pour vaporiser 600 ce. de créoline, 270 ce. d'alcool. Comme la vapeur est très lourde, il n'est pas nécessaire de mastiquer les fissures des murs et du plancher. Il suffit de tenir portes et fenêtres fermées pendant trois heures ; au bout de ce temps, tous les moustiques sont tués (**). Cyanure de potasshun. — ■ Le gaz cyanhydrique est plus irritant et plus toxique que l'anhydride sulfureux et l'oxyde de carbone. Il est C) Dans les petits locaux (chambres et tentes), une cuillère* à thé de crésol. chauffée jusqu'à vaporisation totale, chasse complètement les moustiques. (**) Une nouvelle méthode de fumigation des habitations infestées par les mousti- ques a été essayée expérimentalement à Accra (Côte d'Or), par M. D. AJexander (3).. et a donné de^ résultats très satisfaisants. La créoline fut d'abord employée, pui* l'Izal et ensuite un mélange des deux substances. L'appareil consistait en un récipient émaillé pouvant contenir suffisamment de produit pour enfumer une chambre de 80 ra3, et en une lampe capable de vaporiser cette quantité en 3 heures. Quelque» minutes après la réouverture des portes, l'atmosphère ét^iit suffisamment épurée pour qu'on puisse pénétrer dans le local. Cett-e méthode est bien moins coût*us« que la fumigation au soufre. 114 produit rapidement et facilement, n'abîme pas les objets et ne pré- sente que peu de danger en des mains expérimentées (*). D'après MM. R. H. Creel et F. M. Faget (41), la quantité de cyanure de potassium requise pour traiter 25 mètres cubes d'air et détruire les moustiques, est de 10 grammes en- viron; la durée d'action doit être de lo minutes. La destruction des mous- tiques au gaz cyanhydrique est neuf fois moins coûteuse que celle à l'an- hydride sulfureux et demande beau- coup moins de temps. De plus, après diffusion du gaz toxique, sa dilution est telle, qu'il n'y a pratiquement plus de danger pour la vie humaine. Comme nous l'avons vu, les fumi- gations à l'acide cyanhydrique sont employées pour la destruction des in- sectes à bord des navires. Etant donné le grand danger que présente l'emploi du cyanure de po- tassium, surtout si les quantités de cyanure employées ne sont pas très bien dosées, nous conseillons une ex- trême prudence dans toutes les ma- nipulations du produit. Si l'on a tou- ché le cyanure avec les doigts, on se lavera soigneusement et immédiate- ment les mains. Avant de pénétrer dans la place fumigée, on l'aérera largement pendant une demi-heure. L'idéal serait de pouvoir ouvrir les fenêtres de l'extérieur. Fig. 66. — Emploi des va- peurs de crésyl pour enfumer les moustiques adultes. Vaporigène (gamelle) à cré- syl, dont les différentes pièces sont disjointes : 1. Gamelle où se verse le crésyl, au moyen de la me- sure B; 2. Cylindre de tôle perforée; 3. Lampe à alcool, qu'on remplit au moyen de la me- sure A. (D'après R. Legroux.) Autres substances. — D'après le Dr John B. Smith, la poudre de Datura stramonium peut être avantageusement brûlée dans les mai- sons. Il faut huit onces (225 grammes) de poudre par 25 mètres (*) Mode opératoire : Pour produire l'acide cyanhydriqu«, on fera agir de l'acide sulfunque dilné sur du cyanure de potassium. Ces substances s'emploient dans les proportions respectives suivantes : 1 parti* en poids de cyanur* pour 1 1/2 partie d'acide sulfunque du commerce et deux parties d'eau. Dans une large terrine em terre vernissée, on verse la quantité d'eau calculée et mesurée, puis on y fait couler l'acide en un mince filet, en agitant constamment. Jamais on ne versera l'eau dans l'acide, ce qui occasionnerait des projections dan- gereuses. La terrime contenant l'acide dilué est placée sur le eol au milieu du local. La dose de cyanure est enveloppée dans un petit morceau de papier buvard mince ou de papier de soie et déposée dans l'acide. Sitôt cette opération faite, on ne s'attard_era pas un instant à voir ce qui ae passe, à constater si l'acide pénètre dans le papier, si le gaz se dégage ou non, mais on siortira immédiatement de la place dont on fer- mera la porte. Après fumigation et aération, on jettera le liquide à l'égoût en évitant de respirer les gaz dissous qu'il peut dégager encore lentement. 115 cubes d'air (mille pieds cubes). Pour rendre le produit plus com- bustible, il est recommandé de le mélanger avec du salpêtre ou nitrate de potasse, dans la proportion d'une partie de salpêtre pour trois de poudre. Les vapeurs ne sont pas dangereuses pour l'homme et n'abî- ment pas les objets en métal ; cette poudre peut être utilisée sans danger ; on peut la brûler dans une casserole étamée ou sur une pelle. D'après M. A. Celli (53), M. D. Marras a expérimenté, en 1912, en Italie, l'utilisation, comme culicides, des vapeurs ou fumées produites par la combustion des graines de diverses plantes indigènes et exoti- ques. Il résulte de ces expériences qu'aucun rapport n'existe entre l'action irritante de ces fumées sur la muqueuse nasale et leur effica- cité. Certaines de celles qui avaient le moins d'effet sur les êtres humains, possédaient la plus grande action sur les moustiques (*). Enfin, un docteur japonais recommande de brûler des pelures d'oranges sèches pour éloigner les moustiques (**). Emploi des pulvérisations Les méthodes d'aspersion (Konspersions de liquides culicides. nicthode) avec liquides culicides, des locaux envahis par les moustiques, préconisées par Giemsa en 1911, se sont montrées efficaces, et des recherches sont actuellement faites en vue de les perfectionner et d'obtenir des liquides culicides bon marché. M. G. Giemsa (75). dans un article paru en 1914 dans Archiv. fur Schil^s und Tropen-Hygiene, conseille l'emploi, pour l'aspersion, d'une solution à 2.5 pour cent de savon potassique (*) M. Y. Hayashi (85) a décrit une méthode de fumigation employé© à Formoee par les autorités militaires, pour la destruction des moustiques. Des cordes de papier saupoudré au préalable de 25 grammes de poudre insecti- cide ordinaire (probablement le pollen d'Aster Sinensis), sont suspendues à un sup- port incombustible et allumées, ou bien elles sont jetées sur un brasier de charbon de bois. — M. A. Pickels (162) signale un moyen efficace de détruire les moustiques, em- ployé en Nigérie, spécialement dans les huttes d'argile à toit de chaume. Il consiste à pratiquer une douzaine de trous dans le fond d'un pot indigèae, à placer ce fond sur trois pierres et à faire en dessous un bon feu de cîiarbon de bois. Des brisures de tabac indigène sont entassées sur le fond et, au-dessus, on place nn sac en papier rempli de poivre noir. Ceci constitue un excellent appareil de fumigation qui doit rester pendant 24 heu- res dans la hutte, rendue, au préalable, aussi étanche que possible. En ouvrant la hutte, on trouve morts ou anesthésiés sur le plancher tous les in- sectes : moustiques, mouches, etc. ; ceux-ci sont alors balayés et brûlés. (•*) M. W. Moore a exposé, dans Jour, of Aoricult. Research, Washington, d'août 1917, les résultats de ses recherches sur les rapports entre la toxicité et la volatilité des insecticides. En règle générale, ce sont les produits les moins volatils qui sont les plus toxiques pour les insectes. C'est ainsi que l'alcool éthylique détruit mieux les insectes que l'alcool méthylique, ce qui est le contraire de ce qui se passe avec ces deux produits, chez les animaux supérieurs. M. W. Moore explique comme suit cette différence : La vapeur présente dans l'air est introduite dans les trachées des insectes et est condensée lorsqu'elle atteint les plus fines divisions de ces organes. Il en résulte que, si un composé est très volatil, il s'évaporera et sortira facilement du corps d« l'insecte, tandis que, s'il n'est que faiblement volatil, il y restera, pénétrera dans les tissus et provoquera des réactions toxiques. Chez les animaux supérieurs, au con- traire, lorsque le composé se trouve dans les poumons, il eu est rapidement enlevé par le sang, qui le transporte dans toutes les parties du corps, lui donnant ainsi l'occasion de réagir chimiquement sur les tissus. Préalablement, M. W. Moore (152) avait publié, dans le même journal de juin 1917, les résultats de ses expériences sur la toxicité, pour les insectes, des vapeurs d'une série de 28 dérivés de la benzine. Le but était de trouver une substance qui, tout en tuant les insectes, n'était nuisible ni aux animaux domestiques, ni aux plantes. 116 (savon mou). De bons résultats ont également été obtenus avec une solution à 1.5 pour cent de savon médical pur à la soude. Il n'est guère probable que des solutions aussi faibles puissent endommager l'ameublement et les garnitures, mais des essais préalables peuvent être faits dans les huttes indigènes, les étables, etc. Il est à remar- quer que, par l'addition de savon, les propriétés culicides de diversea- substances sont rendues beaucoup plus actives. Il en est ainsi no- tamment pour la teinture de pyrèthre, le formol, etc. Une solution de cinquante grammes de formol commercial dans un litre d'eau, occasionne une forte irritation des poumons, mais ne détruit pas les moustiques ; de même, une solution de cinquante grammes de savon potassique dans un litre d'eau est sans action culicide, mais si les- deux liquides sont mélangés, il suffit de la moitié des quantités indi- quées plus haut pour tuer instantanément tous les insectes. Lorsque l'odeur du formol n'est pas trop prononcée, on la dissipe facilement dans une chambre, en laissant s'évaporer une petite quantité d'am- moniaque. Au point de vue pratique, nous relevons dans les conclu- sions de M. Giemsa que : 1° le savon constitue une excellente base pour les solutions culicides d'aspersion ; 2° une réussite complète a été obtenue au laboratoire, avec les préparations suivantes : 56 gram- mes de savon potassique à l'alcool (Pharm. Germ.) dans un litre d'eau ; 38 grammes de savon médical dans un litre d'eau ; 14 gram- mes de savon médical dans un litre d'eau contenant 52 grammes de formol commercial (35 p. c.j, etc. ;5'' il faut employer de l'eau pauvre en calcaire, si possible de l'eau de pluie ; 4° les solutions savonneuse», contenant du formol agissent très énergiquement sur les moustiques ;. sous des formes plus concentrées, elles tuent la mouche domestique et la mouche d'étable (Stomoxyn) et peuvent même être employée» contre les tsétsés et les tiques ; 5° ces solutions, ayant de puissantes propriétés bactéricides, peuvent également servir comme désinfec- tants ; 6° ces méthodes sont peu coûteuses et on peut les employer facilement partout. Le liquide du Dr J. Malinin est un autre produit culicide, employé en aspersion dans Les locaux et notamment dans les baraquements de soldats, et qui a été expérimenté en Russie (Tiflis), dans la lutte contre la malaria. Ce liquide est un mélange de cinq parties de térébenthine russe et cinq parties de pétrole, avec une partie de poudre persane (pulvis^ persicum) ; à ce mélange sont ajoutés de l'acide phénique cristallisé, 5 pour cent d'essence de cannelle spécialement préparée et 1.5 pour cent d'huile de cannelle. La méthode de préparation, passablement compliquée, a été résumée d'après une étude russe du Dr A. X. Gri- goriew (83), dans la Review of applied Entomoiogy, Ser. B, de juillet 1915. Elle procède par extraction, décantation, pression et filtration. Le liquide obtenu a, en couche mince, une teinte jaune-verdâtre et présente, sous plus forte épaisseur, une couleur brun-noiràtre. Au contact des métaux, il devient vert-émeraude, mais ce changement n'altère en rien ses qualités. L'odeur faible, particulière, de goudron de bouleau, devient plus forte si, avant usage, on dissout le liquide dans du pétrole. Cette odeur n'est pas désagréable. En aspersion, le 117 liquide du Dr Alalinin cause d"abord une sensation d'oppression, mais celle-ci dure peu, étant remplacée par une sensation agréable de fraîcheur (*), Emploi des appareils de Nous donnons ci-dessous la description capture des moustiques, succincte de quelques-uns des pièges, sou- vent fort ingénieux, inventés pour capturer les moustiques adultes. Ces pièges sont de deux types, les uns pour la capture à la main, les autres destinés à être placés dans les locaux infestés par les moustiques. Pièges ù main. — Un piège très simple et facile à fabriquer, est fort en usage dans certaines parties des Etats-Unis. Sa manipulation est commode et son efficacité très grande. Ce dispositif consiste en une petite coupe de fer blanc, très peu profonde (le couvercle d'une boîte à cirage, par exemple), clouée à l'extrémité d'un long bâton. Fig. 67. — Piège à main de M. T. H. D. Griffilts, pour la capture des moutiques. En A, coupe longitudinale du tube. En B, les deux extrémités du tube, montrant le dispositif de capture. Pour l'emploi, on y verse une petite quantité de pétrole ; après quoi, à l'aide du bâton, la coupe est appliquée au plafond, de façon à recouvrir, tour à tour, chacun des moustiques s'y trouvant au repos. Le moustique ainsi capturé essaie de s'envoler et est pris dans le pétrole, qui le tue. Par ce moyen, la plus grande partie des moustiques (») Dans les Trans. of the Soc. Trop. Mrd. and Hyg.. de Londres, du 16 mai 1919, M. H. Maxwell Lefroy (111) décrit, en détail, des essais d'aspersion contre les mouches, faits à l'aide de nombreuses substances. La formule suivante s'est montrée la plus efficace : 2 livres i920 grammes) do pyrèthre, 1 gallon^ (4 1/2 litres) d'alcool, 1 gallon de safrol et suffisammeit de savon pour que le mélange s'émulsionne (environ 280 grammes!. Ce mélange est dilué à 1 pour 30. Sous les climats chauds, la formule ci-dessus n'est efficace que si l'on y ajout© de 1/2 à 2 p. c. d'huile de ricin. 118 Je trouvant le soir dans une chambre à coucher et certainement tous ceux posés sur le plafond, peuvent être détruits, avant de se mettre au lit. M. Griîfitts, T. H. D. (81), dans le Jl. Americ. Med. Ass. de Lhi- eago (1916), a donné la description d'un autre dispositif du môme genre, qu'il a imaginé (voir fig. 67) et qui consiste en un tube de verre ou de celluloïd (c), d'environ 2.5 cm. de diamètre et 12.5 cm. de longueur, fermé à une des extrémités par un bouchon fait de liège ou d'une autre substance (d). A l'autre bout, on introduit égale- ment un bouchon de liège d'un centimètre d'épaisseur (a), ayant une perforation centrale de 12.5 mm. de diamètre ; dans cette perforation s'ajuste exactement un second petit tube de verre ou de celluloïd (b) d'environ 20 mm. de longueur, de la forme d'un cône tronqué, l'extrémité tournée vers l'extérieur ayant 12.5 mm. de diamètre et celle tournée vers l'intérieur, 10 mm. L'entrée des moustiques peut être observée au travers du verre ou du celluloïd. En faisant une cap- ture, l'extrémité large du petit tube est placée de façon à recouvrir le moustique au repos. En moyenne, chaque capture demande trois secondes. Ce piège peut surtout servir pour capturer des moustiques vivants, destinés à des expériences de laboratoire. Lorsqu'une diznine de moustiques ont été capturés de cette façon, ils seront introJait^i dans un autre récipient. Dans la zone du canal de Panama, suivant MM. J.-A. i.e Prince et A.-J. Orenstein (117), la capture à la main des moustiques s est faite de la façon suivante : Un tube de verre d'environ 12 cm. île lon- gueur et 2.5 cm. de diamètre est garni, au fond, d'une couche de 2.5 cm. d'épaisseur, de petites bandes en caoutchouc, tenues en plac? par un tampon d'ouate absorbante qui, à son tour, est recouvert d'un disque de papier buvard. Ce disque facilite l'enlèvement des mous- tiques et empêche qu'ils ne s'accrochent dans l'ouate. Quelques Ci'nti- mètres cubes de chloroforme sont ensuite versés dans le tube, qui est bouché, et le chloroforme est absorbé par les bandes de caoutchouc. Un tube ainsi préparé, conserve son efficacité pendant plusiea-s jours. L'usage en est moins dangereux que celui du tube à acide cyanhydri- que. Pour capturer un moustique, le bouchon est enlevé et on place vivement le goulot sur l'insecte au repos. Au bout de quelques instants. il tombe au fond du tube. Muni d'un de ces pièges, d'un battoir fait d'un morceau de toile métallique de 15x15 cm., fixé à un bâton de 60 cm. de longueur, et, si nécessaire, d'une lampe portative électrique ou autre, un ouvrier ou un boy est bien équipé et sera vite assez habile pour cap- turer un nombre surprenant de moustiques. Dans les habitations, cette chasse est facilitée, lorsque les murs sont blancs ou de coul'jur claire. Les Anophèles se reposent, durant le jour, dans les coins les plus sombres ; il faut donc les chercher soigneusement, car sur les parois foncées, ils sont presque invisibles. Tôt le matin, aussitôt après le lever du soleil et au crépuscule, les Anophèles se réunissent ordinairement sur la toile métallique des vérandas, portes, fenêtres, et sont plus faciles à détruire qu'à l'mte- 119 rieur. Toutefois, ici, le tube à chloroforme ne réussit pas aussi bien et il faut employer en plus le battoir (*). Pièges fixes. — M. H. Maxwell-Lefroy (110), professeur au Collège des Sciences à Londres, auparavant entomologiste du Département de l'Agriculture des Indes anglaises, a construit un piège consistant en une boîte de bois, garnie de drap vert foncé et ayant une porte à charnières. Ce piège a 0.30 m. de longueur, 0.30 m. de largeur et 0.22 m. de profondeur. Un petit trou recouvert par une pièce de bois ou de métal tournant sur un pivot est ménagé au haut de la boîte. Le principe de ce piège est basé sur l'habitude des moustiques de re- chercher, pour se repo- ser, un endroit frais et éclairé, tel qu'un coin sombre de la chambre, les tablettes d'une biblio- thèque ou toute autre place de ce genre. Si donc le piège est placé dans une partie du local très fréquentée par les moustiques et si ceux-ci Fig. 08. - Le piège à moustiques adultes de sont chassés, autant que MM. Bath et Proctor. — Ce piège a donné possible, de tous les au- d'excellents résultats dans toute la zone du très endroits sombres, à canal de Panama. - Six de ces appareils, y.^-^^ ^^^^^ plumeau ou employés journellement, ont permis de captu- , - ■ a t u -i rer en 60 jours, 37,000 moustiques Anophèles, ae lumee de tabac, ils en- — Voir la description du piège, p. 120. treront dans le piège, pour y passer la journée au repos. La porte est ensuite hermétiquement fermée et une petite quantité de benzine est introduite dans l'ouverture du haut. Cette substance tue tous les moustiques qui se trouvent dans la boîte. Cette dernière est ensuite complètement aérée et remise en place. Grâce à ce piège, M. Maxwell-Lcfroy a réussi à détruire beaucoup de moustiques dans les chambres ; à un certain moment, il en captura, en moyenne. 83 par joui. Un autre dispositif, dû à M. le major S. P. James (103), est em- ployé à Ceylan pour capturer les moustiques migrateurs. Il consiste en une cage rectangulaire, faite de châssis de bois recouverts de tulle ou de gaze, une extrémité étant fermée par une porte à char- nières. Les dimensions de cette cage sont 1.50 m. de longueur, sur 0.90 m. de profondeur et autant de largeur. (*) Un rapport de M. L. H. Dunn (52) sur la capture des moustiques à la main, dans les habitationis de la zone du canal de Panama, du 1" février 1916 au 51 jan- 1 vier 1917, a été publié récemment dans les Ptoc. Mcd. Assoc. Istmian Canal Zone. I Le travail était fait par des nègres, à l'aide de grands tubes à essai, contenant ' nn tampon imbibé de chloroforme. En tout, 391,019 moustiques furent capturés au j cours de l'année, dont 251,552 Teeniorhynchus titillans. Parmi les Anophèles, les plus nombreux furent les Anophèles albimanus ; puis venaient, par ordre de fréquemce : A. tarsimaculatus, A. maleiactor, A. pseudo-punctipennis, A. epicimaculata et A. ] aravrotarsis. 120 Ta, le Des pièges de ce genre sont placés sur le sol, dans un coin om- bragé du jardin, et recouverts de toile d'emballage ou de toile gou- dronnée, de façon à en rendre l'intérieur obscur et frais. Deux ou trois plantes en pots sont introduites dans le piège et plusieurs autres placées à l'extérieur, près de la porte entr'ouverte. Les pièges restent toute la nuit et le matin suivant, vers huit ou neuf heures, on secoue la végétation voisine et on allume de la paille et des torches en papier, dans toutes les constructions et dépendances environnantes, de façon à en chasser les moustiques. Ceux-ci découvrent bien vite les refuges frais formés par les pièges et y pénètrent. Une demi-heure plus tard, les portes sont fermées et les moustiques sont tués, soit en exposant les- boites pendant une ou deux heures au so- leil brûlant, soit en faisant récolter les in- sectes dans des tubes à essai, par un boy, qui pénètre à cette fin dans les pièges. Il ne faudra pas employer, pour détruire les moustiques, du soufre ou une autre sub- stance à odeur forte, car les pièges seraient ainsi rendus inefficaces (*) (**). MM. Bath et Proctor, inspecteurs du ser- vice d'hygiène de la zone du canal de Pa- ruima, ont inventé un appareil de capture des moustiques adultes, qui a donné d'ex- cellents résultats et qui a été adopté dans toute la zone. Il consiste essentiellement en des cages de toile métallique emboîtées, formant labyrinthe, et supportées par un châssis de bois. La figure 68 de la page 119' nous représente ce piège. Les détails de con- struction en sont donnés dans l'ouvrage Mosquito Conlrol in Panama, de MM. J. A, Le Prince et A.-J. Orenstein (117), et dans un article Inscct Trap, paru dans le Cana[ Record, d'Ancon, fév. 1914 (***). Le but de ce piège est de capturer les moustiques qui essayent de pénétrer dans une chambre et. à cette fin, il est appliqué intérieure- ment, contre une fenêtre garnie de toile métallique, l'ouverture tour- née vers le dehors (voir fig. 69). Pour capturer les Anophèles, ce He tj-llL f^ Fig. 69. — Emplacement du piège de MM. Bath et Proctor. — Ce piège est destiné à capturer les moustiques qui essaient de pénétrer dans une chambre et, à cette fin, il est appliqué à l'inté- rieur, contre une fenêtre garnie de toile métalli- que, l'ouverture tournée vers le dehors. Le schéma ci-d3ssus représente le côté exté- rieur de la fenêtre, avec l'entrée du piège. ("*) Un piège fixe pourrait être placé dans les W.C. ou latrines. Il semble que- les Anophèles soient spécialement attirés par le voisinage des matières fécales. C'est ainsi que M. H. Werner (210) a signalé que, d'après des obs.ervatioins faites durant le printemps et l'été de 1916, dans les districts marécageux de la Russie blanche, les- Anophèles avaient une préférence marquée pour les latrines. Il n'en était pas de même- pour les divers'es espèces de Culex. Dans certaines localités, les Anophèles n'étaient trouvés que dans les latriines. (**) M. E. R. Richardson (169) décrit un piège pour la destruction des mousti- queis adultes, employé en MaJaisie (Malacca), et consistaat en un étang artificiel ât niveau variable. La surface huilée est vite couverte des moustiques qui s'y déposent. Un tei piège doit être installé dans Le voisinage des lieux de multiplication. (»**) Insect Trap, Canal Record, Ancon, VII, n' 25, 11 féb. 1914, p. 239-40. 121 piège doit être attaché du côté de la construction situé à l'abri du vent, car s'il est fixé du côté exposé au vent, il contiendra surtout des Culex. Le nombre de moustiques qui se font prendre dans ces cages est très grand, et il n'est pas rare d'avoir, en une nuit et dans un seul piège, plusieurs centaines de captures. Six de ces appareils, employés journellement, pendant soixante jours, donnèrent un chiffre total de 37,000 Anophclcs capturés, et. en une nuit, un seul piège récolta 1,018 de ces moustiques. Le prix de revient des appareils de MM. Bath et Proctor était, en 1914, de dollar 1.25 pièce, fabriqués à la main et par douzaine. Enfin, citons encore les pièges à moustiques construits par M. Et. Sergent, qui, d'après M. R. Legroux (116), ont été en usage dans l'armée d'Orient (Salonique). La figure 70, page 122, permet de se passer d'une description. Ces pièges seront placés dans les angles sombres des locaux (*). Débroussements. Les débroussements faits autour des villa- ges indigènes et des établissements euro- péens constituent un bon moyen d'éloigner les moustiques adultes. Les Anophèles, en effet, ainsi que d'autres moustiques à mœurs noc- turnes, se réfugient volontiers, pendant le jour, dans la végétation basse et dense (jungle, brousse, hautes herbes, etc.), qui se trouve à leur portée. Dans ces retraites, ils attendent le moment favorable pour pénétrer dans les habitations et renouveler leurs attaques. De plus, les herbes et buissons présentent encore l'inconvénient de faci- liter aux Anophèles adultes, à vol faible et peu étendu, le voyage entre les mares de reproduction et les lieux habités, où ils trouvent leur nourriture. En supprimant ces gîtes d'étape, on empêche leur inva- sion nocturne. Toutes les hautes herbes, les buissons et broussailles devraient être coupés ou supprimés dans un rayon d'au moins deux cents mètres autour des habitations. D'après M. le major J. L. Marjo- ribanks (141), aux Indes, certains villages non entourés d'arbres et de grandes herbes et complètement accessibles aux brises marines, (*) M. C. W. Metz (146) signale que, dans certaines districts ruraux des Etats- Unis, de petites porcheries, dont il décrit la construction, ont été employées avec ' succès comme pièges! à moustiques. Les Anophèles étaient suffisamment attirés par les porcs pour pénétrer dans ces pièges et les habitations voisines étaient ainsi prati- ■quement débarrassées des moustiques. D'autre part, M. U. C. Loftin (123), da.n.> le Floride Buggist de mars 1920, donne les résultats d'expériences faites à Gainesville, avec des pièges à moustiques consti- tués par des flacons ou des boîtes colorés en noir à l'intérieur, ou garnis de tissu noir. Ces pièges doivent être étroits et profonds et être placés dans une chambre bien éclairée. Les moustiques y pénétraient tôt le matin. Les plus fortes captures furent faites après des nuits calmes et chaudes. Cnle.v fatigans entrait pour 9S p. c. dans le total et les Anophèles pour près de 2 p. c. seulement. Ces pièges, ajoute M. Loftin, ne peuvent pas être recommandés pour débarrasser complètement une place des moustiques, mais, employés judicieusement, Us peuvent réduire sensiblement leur nombre Enfin, M. W. O. Owen (160) décrit, dans le 'Neio-York Médical Jl, du 5 avril 1919, un piège illuminé, consistant en un bocal à fruits contenant une couche de plâtré au cyanure de potassium. A l'intérieur se trouve une petite lampe électrique. L'en- semble est enfermé dans une boîte en fer blanc. D'après l'auteur, ce piège est snrtont utile pour capturer les moustiques. 122 sont absolument indemnes de malaria. Il serait à souhaiter, ajoute cet auteur, que d'autres villages, moins favorablement situés, soient également rendus accessibles à ces brises. A cette fin, il faudra encou- rager les habitants à couper tôt les herbes et à les tenir courtes dans le voisinage immédiat des maisons et également sur les flancs de toutes les collines qui dominent le village. Les avantages du débroussement ont été bien compris à Masindi (Ouganda). La photographie que nous reproduisons (fig. 84) et que nous devons à l'obligeance de M. E. Leplae, Directeur général au Ministère des Colonies, représente l'hôtel de Masindi et ses environs immédiats. Cette localité a été complètement débarrassée de la ma- laria et de l'hématurie, depuis que les hautes herbes qui servaient de refuge, pendant le jour, aux moustiques Anophè- les adultes, ont été rem- placées par du gazon de Cynodon dactylon (Ber- muda Grass) tenu bien court. Dans certains cas, l'incendie de la brousse ou de la jungle entou- rant l-es agglomérations humaines serait même à conseiller, comme moyen de destruction des moustiques adultes qui y ont trouvé refuge. Enfin, comme nous le verrons plus loin, les débroussements facili- tent encore la découver- te et la suppression des petites agglomérations d'eau : petites mares, flaques, etc. (v. fig. 23), qui servent de milieu de développement aux larves de moustiques et que la végétation touffue cache complètement. Les fig. 76 à 78 reproduisent, d'après des vues prises par M. le Directeur général Leplae, lors de son dernier voyage au Congo, trois aspects des rives du grand fleuve. Ces rives sont encombrées d'une végétation où pullulent les moustiques et les tsétsés. Elles sont, par conséquent, malsaines. Trois autres vues (fig. 79, 82 et 83), nous montrent, au contraire, des rives assainies par débroussement et nettoyage et où la malaria et la maladie du sommeil ne se propagent plus. Fig. 70. — Piège à moustiques de M. Et. Ser- gent. "— En ^, la petite porte grillagée p est ouverte pour permettre l'entrée des mousti- ques. La grande porte pleine P, qui ferme l'au- tre extrémité, est abaissée. — En B, le même piège; la petite porte p est abaissée, la grande P, est soulevée. A travers les deux grillages, on se rend compte de la présence des mousti- ques, avant de les détruire par les fumées d'un feu de paille ou de papier. (D'après R. Legroux.) (Voir p. 121.) 123 Protection des ennemis Beaucoup d'animaux font leur proie des ïdnUes! *^'' "*'"'"'*"" moustiques adultes et il convient de les protéger autant que possible. Il est évident que ces animaux ne peuvent détruire complètement les moustiques dans une localité, tuais ils peuvent limiter, dans une certaine mesure, leur développement excessif. Les araignées sont, paraît-il, d'utiles destructrices de moustiques adultes. Plusieurs espèces d'araignées tendent leurs toiles au-dessus des petites mares où les moustiques effectuent leur développement, et capturent, dit-on, au passage, les jeunes imagos venant de sortir des pupes. D'après M. L. iNicholls B. A., M. B. (156), à Sainte-Lucie (Antilles), de petites mares contenant des larves étaient si bien re- couvertes par les toiles d'araignées, qu'il était étonnant que les mous- tiques nouvellement éclos pussent échapper à ces pièges. Ceci était surtout le cas, par temps sec, pour les petites flaques temporaires. D'après MM. J. A. Le Prince et A. J. Orenstein (117), à Panama, il semble plutôt que les araignées capturent les moustiques sans tendre de toile, mais en bondissant sur eux. Les Anophèles n'ont, en effet, aucune difficulté à quitter le réseau d'une toile d'araignée qu'ils ont choisie comme lieu de repos. On peut voir, par contre, des milliers d'araignées et des millions de fourmis sur les grandes herbes et les roseaux entourant les mares peu profondes de la région, et ces insectes détruisent probablement beaucoup de moustiques nouvelle- ment éclos. Au Nyassaland, les araignées de la famille des Attides capturent, paraît-il, beaucoup de moustiques dans les maisons (*). Les libellules sont également de grands ennemis des moustiques adultes et elles planent au-dessus des pièces d'eau, à la recherche de leur proie. M. Nezlobinsky, N. (154), a observé, en 1911, sur les bords du Dnieper inférieur (Russie), que des libellules ressemblant à Libellula pectoralis détruisirent, en trois ou quatre jours, tous les moustiques de la localité, et, d'après M. Charleman, E. (35), au cours des grandes migrations de libellules (Libellula quadrimaculata L.), qui se produi- sirent en Russie, durant le printemps et l'été de 1914, ces névrop- tères prédateurs dévorèrent beaucoup d'insectes nuisibles et notam- ment des Anophèles. Toutefois, pour que les libellules constituent un sérieux facteur de réduction des moustiques, il faut qu'elles soient présentes en nombre anormal. Les petites lourmis détruisent les moustiques, partout où elles en ont l'occasion. Dans la zone de Panama, l'on a observé qu'elles péné- traient dans les pièges à moustiques. Dès qu'elles avaient découvert un de ces pièges, un courant continu de fourmis s'établissait, les unes y allant, d'autres en revenant. Les moustiques morts étaient d'abord dévorés, puis les vivants étaient attaqués. Une fourmi agri- pait un moustique à la patte et d'autres venaient immédiatement lui (*) D'après VAnnual Report of the Department of Agriculture, Nyasaland Proteo- torate for the Tear ended 31 March 1916. 124 'prêter assistance. Des fourmis furent également observées, attaquant une larve de moustique se trouvant dans une petite agglomération ■d'eau, à la base d'une feuille de bananier. M. le major Lalor I. M. S., a signalé récemment qu'en Birmanie, ^une espèce de moucheron hématophage du genre Ceratopogon (Chi- ronomidae) fait sa proie des Anophcles adultes (A. lutiginosus, A. karwari et A. ludlowi). Environ 6 p. c. des A. Iuliginosus péné- trant dans les maisons, étaient ainsi attaqués, les moucherons s'atta- chant à l'abdomen et au cou des moustiques. Certains des Cerato- pogon contenaient du sang, puisé sans doute dans l'estomac de leur proie (*). D'autre part, M. le Dr Stanton a signalé un autre Ceratopogon qui attaque de la même façon A. Iuliginosus, A. karwari et A. sinensis, à Kuala-Lumpur (Etats fédérés malais). Dans ce cas, le moucheron était invariablement attaché à la face ventrale de l'abdomen du mous- tique et contenait toujours du sang. Il est probable, cependant, que la présence de sang dans le Ceratopogon est accidentelle et que la Traie nourriture de ce dernier est constituée par les liquides contenus dans le corps du moustique. Les lézards et les petites grenouilles se nourrissent également de moustiques. Les petits lézards marqués de couleurs variées, que Ton trouve à Cuba et dans l'isthme de Panama, sont continuellement occupés à dévorer des moustiques. Ils se livrent à cette chasse, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur des habitations, et des mesures ont été prises pour les propager ou tout au moins les protéger autant que possible. Près de La Havane, ils sortent l'après-midi, se promenant sur les murs blanchis et ne manquant jamais un moustique qui ose se poser dans un rayon de 4 à 5 mètres. Ils patrouillent sur les murs, de 4 heures de l'après-midi jusqu'à la tombée de la nuit, et sont de nouveau à la chasse, le matin, lorsque les moustiques sortent des chambres. Divers oiseaux font une guerre acharnée aux moustiques. Il en est ainsi notamment pour les hirondelles. Le fait est connu depuis longtemps. D'après Sambon (180), entre 1790 et 1812, la commune de Marsciano en Ombrie (Italie), demanda qu'un décret papal « inter- )) dise de tuer, pour la nourriture, les hirondelles pendant la saison » des couvées, cette destruction entraînant l'insalubrité de la ré- » gion, ces oiseaux se nourrissant des petits insectes ailés, si incom- )) modes et si pernicieux aux hommes et aux animaux. » A Venise, il semble qu'aussi longtemps qu'il y a des hirondelles, on n'a pas à souffrir des moustiques, mais lorsque, à la fin de juillet, ces oiseaux émigrent, les insectes apparaissent en essaims. (*) Dans le numéro de décembre 1920 du Bull, of Entomol. Research, de Lon- dreis, M. W. A. Lamborn a décrit les mœurs de mouches du genre Lispa qui, dans un pool près du lac Nyassa, attaquaient les moustiques fraîchement éclos, en les saisissant entre les pattes de devant et en plongeant leur trompe dans 1« thorax. Ces mouches attaquaient également les pupea. Le fait que les Lispa font leur proie de larves de moustiques a déjà été signalé par M. J. Mitfond Atkinson (Jl Trop. Med. XII, 1909) qui, à Hong-Kong, observa • des Lispa sinensis, dévorant des larves presque aussi grandes qu'elles. 125 Dans Fisllimo de Panama, les Night Jars (*) sont les plus inté- ressants des nombreux oiseaux qui se nourrissent des moustiques, pendant leur vol. A Gatun, ces oiseaux apparaissent invariablement dès le début du vol du soir des Anophelf.s, des mares aux habitations, et ils suivent également, le matin, le vol de retour. Ils disparaissent ensuite pour le restant de la journée. Les chauves-souris détruisent également un grand nombre de mous- tiques, près des maisons. C'est ainsi que, dans la même zone de Panama, lorsque les habitations n'étaient pas encore protégées par des écrans de toile métallique, les chauves-souris les traversaient, de part en part. Depuis que les balcons ont été fermés, elles sont plus nombreuses entre 6 h. 30 et 7 heures du soir, c'est-à-dire au moment où les Anophèles s'assemblent sur les écrans. Elles sillonnent invariablement aussi les vallons abrités du vent et contenant des buissons, où les moustiques sont plus nombreux que sur les terrains adjacents plus élevés. Les chauves-souris semblent ètfe de très intéressants ennemis des moustiques, surtout utiles pour la destruction des Anophèles à mœurs nocturnes. Ces animaux devraient être efficacement protégés, et il y aurait même lieu, si possible, d'en favoriser la multiplication dans les contrées malariées. Une expérience très intéressante d'élevage des chauves-souris insectivores a été faite par M. le Dr Chas, A. R. Campbell, de San Antonio, Texas. M. Campbell (50) a établi, depuis 1911, des abris ou perchoirs à chauves-souris au bord du lac de San Miguel, servant de déversoir aux immondices de la ville de San Antonio (Texas), où les moustiques abondaient (**). Chacun de ces perchoirs (voir fig. 62) a six mètres de hauteur, o^oO de largeur à la base et l'^SO au sommet. Il est érigé sur quatre piliers à trois mètres du sol. Sa forme lui donne une grande résis- tance au vent et son éloignement du sol met ses habitants à l'abri de leurs plus grands ennemis, les petits mammifères carnassiers et des serpents. La disposition intérieure est absolument en rapport avec les mœurs des chauves-souris. La haute fenêtre à volets s'ouvrant sur un des côtés, sert à l'entrée et à la sortie. Un an après son établissement, le premier abri hébergeait un tel nombre de chauves-souris, que celles-ci mettaient plusieurs heures à sortir, et les moustiques avaient fortement diminué dans la région. Il semble que les chauves-souris soient à l'abri des piqûres des mous- tiques, par suite de la conformation particulière de la couche de poils qui recouvre leur corps et de leur odeur spéciale. Elles parais- (•) Les Night Jars appartiemnent à la famille des Caprimulgidae. Ce sont d«fl oiseaux de mœurs principalement nocturnes et leur plumage ressemble à celui du hibou. Caprimiiïgus europaeus, l'Engoulevent ordinaire, est assez commun en Bel- gique. Il existe plusieurs espèces africaines de Night Jars. Ceux de l'Amérique tropi- cale appartiennent à la sous-famille des Nyctibiinae. (**) La région mexicaine bordant le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, de- puis le territoire de Numitana Roo jusqu'au Tamaulipas, est spécialement infestée par la malaria. Une végétation luxuriante abrite des eaux stagnantes où se déve- loppent les moustiques. Le paludisme sévit, du reste, dans tout le Mexique, sauf dans les régions éle- vées (Mexico et Agnas Calientes). Le Texas souffre également de ce fléau, tout comme les Etats du Nord du Me- xique. 126 sent également peu accessibles aux maladies. L'élevage de ces ani- maux pourrait donc être un bon moyen de détruire les moustiques- adultes, en régions malariées, et de les convertir en excellent guano.. Une bonne quantité de cet engrais était, en effet, périodiquement récoltée dans le perchoir imaginé par M. Campbell (*) (**). Dans le Bvlletin ol ihe American Muséum ol Natural History, de septembre 1917, a paru une étude très importante sur la collection de chauves-souris récoltée au Congo belge, par l'expédition Lang- Chapii). de l'American Muséum, qui a effectué un séjour de six ans dans notre Colonie (***). La partie de ce travail consacrée à la dis- tribution tt à l'écologie des Chéiroptères de l'Afrique centrale est extrêmement intéressante (****). M. M. Herbert Lang et James P. Chapin (4) y signalent que des spécimens de 68 espèces de chauves- souris ont été récollés par eux dans notre Colonie, dont la grande majorité (62), dans 12 localités de la région s'étendant au Nord-Est de Stanleyville, dans la direction d'Aba, sur une distance, à vol d'oi- seau, de 450 milles. Sur les 68 formes récoltées, il y avait soixante espèces insectivores et huit frugivores. Vingt-quatre espèces de chauves-souris insectivores sont caractéristiques de la grande forêt; Trente- deux autres espèces ont été trouvées dans la brousse. Cinq espèces seulement ont une distribution plus étendue et habitent aussi bien la forêt que la contrée découverte, restant dans le voisinage de l'homme et vivant, soit dans les plantations indigènes (Pipistrellus nanus, Mijotis bocagii), soit dans les habitations et aux environs de celles-ci (Taphozous mauritianus, l\'ycteris hispida. Hipposideros caller). Les chauves-souris insectivores ne sont pas, comme les frugivores, de mœurs vagabondes. Comme les insectes qui leur servent de nour- riture sont abondants partout, la seule condition nécessaire pour l'établissement de leurs colonies est un bon endroit de repos, où elles s'abritent, pendant le jour. On les rencontre donc surtout en abondance, là où elles ont à leur disposition des cavernes, crevasses ou gros arbres creux. Les quelques espèces de la famille des Vesper- (*) M. Campbell a analysé microscopiqueinent les déjections (guano) des chau- ves-souris habitant le perchoir. Après avoir fait dissoudre le mucus qui agglutinait la masse, il coastata que le résidu contenait principalement de petites pièces du squelette des moustiques : trompe, tête, yeux, thorax, abdomen, pattes, ailes et écailles (voir fig. 63). L'exosquelette chitineux de l'insecte n'est pas digestible et passe, en totalité, dans les déjections. Par contre, toutes les substances molles sont digérées. M. Campbell estime que la ration journalière d'une cbauve-souris est de 500 moustiques, au moins. (*■») M. L. O. Howard (95) vient de publier, dans le n" 31 des Public Health Reports des Etats-Unis, (30 juillet 1920), son appréciation sur la valeur des chauves- souri.s comme destructrices de moustiques et l'efficacité des perchoirs recommandés par M. le Dr. Chas, A. R. Campbell. L'éminent entomologiste apporte des preuves que les moustiques ne constituent pas une part importante du régime alimentaire des chauves-souris, qu'il n'y a que quelques rares espèces de chauves-souris qui vivent en bandes et qu'aucune dimiou- tioiu du nombre des moustiques ou des cas de malaria n'a été constatée, là où oes- animaux volent en abondance. Finalement, M. Howard conclut que l'utilité des perchoirs à chauves-souris n'est pas suffisamment démontrée.pour justifier la dépense qu'entraînerait leur :Dstcli;it)on. (***) The American Muséum Congo Expédition Collection of Bats, by J. A. Al- len, Herbert Lang and James P. Chapin. — Bulletin of the American Muséum of Natural History, Vol. XXXVII, Art. XVIII, pp. 405-563, New-York, 29 sept. 1917. (****) Notes on the Distribution and Ecology of central african Chiroptera, by Herbert Lang and James P. Chapin, Pt, II. p. 479-496 127 tilionidae qui se léunissent en grandes bandes, envahissent volontiers les maisons et autres constructions, leur offrant les mêmes avantages que leurs gîtes naturels. Comme les chauves-souris ne chassent que durant le crépuscule ou la nuit, il n'y a que les insectes volant à ces moments-là qui puissent devenir leur proie. Il en est ainsi notamment pour les mous- tiques Anophèles. Toutefois, la nourriture de chaque espèce de chauve- souris est, sans nul doute, constituée par une grande variété d'insectes et diffère d'après les saisons. Les indigènes du Cong'o belge mangent volontiers les chauves- souris. Les petites espèces insectivores habitant les arbres creux, les crevasses ou les cavernes, sont aussi recherchées que les grandes espèces frugivores. Le fait est regrettable. Les chauves-souris fru- givores sont plutôt nuisibles et il n'est pas mauvais que les nègres s'en fassent une ressource alimentaire. Mais il n'en est pas de même pour les chauves-souris insectivores, qui sont éminemment utiles, surtout dans les régions infestées par les moustiques de la malaria. Il serait nécessaire de protéger efficacement, tout au moins ceux de ces utiles auxiliaires qui vivent dans le voisinage des habitations, et de prévenir ainsi une destruction irrémédiable. Un autre ennemi acharné des chauves-souris congolaises est le rapace Machoerhainphus Anderssoni. Ce faucon existe dans toute l'Afrique centrale. Il semble qu'il dévore sa proie en plein vol. * * :î-. Les quelques renseignements que nous venons de donner suffisent pour montrer que les ennemis des moustiques adultes sont très divers et qu'il est très utile de prendre des mesures pour les protéger. Nous n'avons malheureusement rencontré dans les ouvrages parus à ce jour aucun autre renseignement sur les animaux qui font leur proie des moustiques adultes, au Congo belge. II n'y a pas de doute cependant, qu'ils soient très nombreux et appartiennent à des grou- pements très différents : insectes prédateurs (névroptères, hyméno- ptères, coléoptères) ; arachnides ; reptiles et batraciens (lézards, gre- nouilles, etc.) ; oiseaux insectivores ; mammifères insectivores et chauves-souris. Il serait très intéressant que des recherches scienti- fiques sérieuses soient faites à ce sujet. Elles pourraient servir de base à l'élaboration de mesures efficaces de protection de ces ani- maux. Pour la détermination de la nature de l'alimentation des insectes et arachnides, l'observation en plein air ou l'élevage au laboratoire sont les seuls procédés efficaces ; mais, lorsqu'il s'agif d'animaux vertébrés (reptiles, oiseaux, mammifères), l'examen mi- croscopique du contenu de l'estomac et des déjections facilitera grandement les recherches. D. — MOYENS DE DESTRUCTION DES LARVES ET PUPES DE MOUSTIQUES. Empêcher les moustiques de se mulliplier. en les détruisant aux stades larvaires (larves et pupes) dans leur milieu naturel de déve- loppement, l'eau, constitue, sans nul doute, le moyen le plus efficace 128 de lutte contre ces insectes et le seul qui permette d'extirper rapide- ment la malaria des régions contaminées. Dans l'étude de la destruction des larves de moustiques, il y aura lieu d'envisager d'abord la localisation de leurs lieux de développe- ment : artificiels ou naturels. Ceux-ci connus, on aura recours, sui- vant les circonstances, à diverses mesures d'élimination des larves qui sont : la suppression des petites agglomérations d'eau, le drai- nage des grandes, le nettoyage des berges, l'épandage des huiles mi- nérales, l'emploi des larvicides, la protection et l'introduction des ennemis naturels, etc. Nous avons déjà vu que les lieux de développement des larves de moustiques sont très variés. Nous savons également que les larves des moustiques à mœurs domestiques : Culex, Slcgomyia, se dévelop- pent surtout dans les quantités d'eau, parfois fort minimes, séjour- nant dans les récipients artificiels les plus divers, tandis que les larves d'Anophclcs, propagateurs de* la malaria, choisissent plu- tôt comme milieu de développement les agglomérations naturelles d'eau : mares et marais, bords des rivières et des étangs, flaques d'eau de pluie, etc. Au Congo, il laut détruire tous les moustiques et, par conséquent, il laut supprimer tous les réservoirs de développement des larves, quils soient naturels ou artificiels. La localisation de ces réservoirs n'est pas toujours chose facile ; elle demande une inspection minu- tieuse et systématique des lieux contaminés et de leurs environs. Entrons dans quelques détails à ce sujet, en commençant par les réservoirs artificiels. RECHERCHE ET TRAITEMENT DES RÉSERVOIRS ARTIFICIELS. Par réservoirs artificiels, nous entendons toutes les petites quan- tités d'eau se trouvant dans des récipients divers, à l'intérieur des habitations ou dans le voisinage immédiat de celles-ci. Ces réservoirs artificiels sont souvent si bien cachés, qu'on ne les trouve qu'après des recherches soigneuses et méthodiques. C'est, par exemple, un tonneau qu'on croyait vide, une vieille boîte à sar- dines ou à conserves, des débris de verre ou de bouteilles jetés aux ordures, qui retiennent de petites quantités d'eau, etc., etc. Au fur et à mesure de leur découverte, tous ces récipients devront être traités d'une manière appropriée, en vue de supprimer les larves ou d'empêcher tout au moins qu'elles ne continuent à se développer. Certains seront, soit détruits ou enterrés, soit vidés, retournés ou nettoyés. Dans d'autres, qui ne peuvent être ainsi traités, l'eau sera régulièrement renouvelée, ou bien les larves seront tuées, en versant à la surface un produit larvicide, tel qu'une mince couche de pétrole. Enfin, on pourra avoir recours à l'emploi de couvercles en toile mé- tallique ou à l'introduction de poissons et autres animaux aquati- ques qui se nourrissent des larves et pupes de moustiques. 129 Dans toutes les régions où une lutte efficace contre le Stegomyia fasciata, ou moustique de la fièvre jaune, a été entreprise (Cuba, Panama, Afrique occidentale), il a toujours été procédé, en tout premier lieu, à l'organisation d'un corps médical et sanitaire, qui avait pour objectif principal de rechercher et de supprimer tous les réservoirs artificiels servant de lieux de développement aux larves. D'après Sir Rubcrt Boyce (23), un corps de ce genre, opérant dans certaines villes de l'Afrique occidentale anglaise (Sierra-Leone, Côte d'Or, Lagos), après l'apparition d'une épidémie de fièvre jaune, en 1910, a adopté les mesures suivantes : Enlèvement et destruction de tous les petits récipients (boîtes, bou- teilles, calebasses, etc.), susceptibles de retenir accidentellement de l'eau ; Suppression des broussailles dans les cours et terrains vagues, ainsi qu'au voisinage des villes et villages ; Adoption dans toutes les villes, de jours réguliers de nettoyage, les habitants étant forcés, à ces jours, de se débarrasser de tous les débris dans lesquels l'eau pourrait s'accumuler ; Institution de conférences populaires, d'instructions aux enfants des écoles, de conseils aux habitants, donnés par voie d'affiches appo- sées sur toutes les places publiques ; coopération des services pu- blics, des ministres du culte, etc. A la suite de ces premières mesures, venaient évidemment la sup- pression ou le pétrolage des plus grandes agglomérations d'eau stagnante, le comblement ou le drainage des terrains marécageux, etc. Il a été constaté partout, en Amérique tropicale et subtropicale, et dans d'autres colonies à climat chaud, que l'établissement dans les villes d'un système de canalisation et de distribution d'eau po- table, est un excellent moyen de combattre les fièvres et d'autre^5 maladies. On supprime ainsi, en tout cas, une foule de lieux de déve- loppement des moustiques : tonneaux d'eau, citernes, puits, etc. l'ne autre mesure hygiénique importante consiste à établir, dans les villes, un système pratique de drainage des eaux d'égout. Ce sont là, toutefois, des moyens qui ne peuvent encore être apph- • lués actuellement que dans les localités importantes des colonies tropicales. Presque partout, la lutte contre la propagation dis mous- tiques dans les habitations et aux environs de celles-ci devra se bor- ner à l'élimination des réservoirs artificiels. Voni quelqui'r- indica- tions pratiques à ce sujet : Là où les tonneaux et citernes pour la conservation de l'eau de pluie sont nécessaires, ils devront soigneusement être pourvus d& couvercles ou d'écrans de toile métallique, empêchant les moustiques- de venir pondre à la surface (voir p. 100). Autant que possible, dans les localités de quelqu'importance, on adoptera, pour ces récipients couverts, un modèle uniforme, recommandi'; ou fourni par la mu- nicipalité. 130 L'eau qui s'accumule sous les réservoirs à eau devra être réguliè- rement enlevée. Les puits seront comblés, car ils constituent une grande source de danger. S'ils sont absolument indispensables, ils devront, en tout cas, être couverts de toile métallique, ou recevoir régulièrement une application de pétrole. Les gouttières des toitures de toutes les habitations et dépendances devront être soigneusement inspectées, afin de vérifier si elles ne sont pas obstruées, permettant ainsi à l'eau de pluie de s'accumuler et de constituer un excellent milieu de développement des larves. Des accidents de ce genre sont surtout fréquents, là où les branches de grands arbres surplombent les toitures et où les feuilles et brin- dilles s'accumulent et pourrissent dans les gouttières. Un bon net- toyage suffira pour remettre les choses en ordre. A l'intérieur des maisons, les moustiques se multiplient en des endroits très divers. Si l'on ne change pas fréquemment l'eau des vases à fleurs, des cruches, aiguières, pots d'eau potable, etc., on peut y trouver des larves. Celles-ci se rencontrent également dans les réservoirs des W.-C. et sous les lavabos, ainsi que, par temps sec, dans les conduites d'égout où l'eau reste stationnaire, faute d'un lavage par les pluies. Les réservoirs à eau placés directement sous les toits et destinés à alimenter les salles de bain, devront être soigneusement pourvus d'écrans de toile métallique. Là où les fourmis sont très désagréables, il est d'usage d'isoler les tables en en plaçant les pieds dans de petites coupes remplies d'eau (antiformicas), qui constituent, en fait, un bon milieu de développement pour les larves. Dans ce cas, il faudra soit renouveler régulièrement l'eau de ces coupes, soit en recouvrir la surface d'une légère couche de pétrole. Dans la zone du Canal de Panama, les magnifiques jardins de l'hôpital d'Ancon avaient été convertis en un lieu de développement idéal pour les larves de moustiques, en plaçant des baquets peu pro- fonds, remplis d'eau, autour de tous les arbres et arbustes, pour les protéger contre les attaques des fourmis. L'épandage réguHer d'un peu de pétrole, arrêta net la propagation des moustiques. Dans les fermes, il faudra éviter avec grand soin de laisser de l'eau séjourner pendant plus d'un ou deux jours dans les auges, baquets et autres récipients servant aux chevaux, au bétail ou aux porcs, ainsi que dans les abreuvoirs des poulaillers et les baquets des chiens de garde. Les puisards et fosses d'aisance sont d'habitude recouverts de pierres et de ciment, mais il ne faut pas perdre de vue que la plus légère fissure dans ce ciment permet l'entrée des moustiques et qu'il en résulte souvent une multiplication illimitée des larves. Un traitement au pétrole pourra donc être nécessaire. Dans les hangars à marchandises et les docks, les moustiques se développent abondamment dans les seaux à incendie et les tonneaux a eau, si ceux-ci ne sont pas régulièrement vérifiés, vidés et nettoyés. Dans les ateliers de réparation et autres, l'eau se trouvant, par 13! ■exemple, dans les baquets des meules à repasser, ne devra pas y être laissée plus d'un jour ou deux, sans être renouvelée. L'eau accumulée dans les urnes funéraires et les creux des monu- ments dans les cimetières. et l'eau des bénitiers des églises, consti- tuent également, pour les larves, des milieux de développement qu'il faudra surveiller. Les boîtes à conserves vides de toutes espèces, les tessons de bou- teilles, les débris de verre ou d'autres ustensiles de ménage, les boîtes et récipients de bois ou de métal, les co- quilles vides, les coques de noix de coco, calebasses, etc., etc., jetés comme détritus, forment, lorsqu'ils sont partiellement rem- plis d'eau par les pluies, d'excellents ré- servoirs pour la multiplication des mousti- ques. Il suffit, pour cela, d'une très faible quantité de liquide ; ainsi une bouteille à bière, à moitié remplie d'eau, peut servir de milieu de développement à plusieurs milliers de larves. Il faudra donc inspecter soigneusement et méthodiquement tous les terrains vagues aux alentours des maisons, villages indi- gènes ou villes européennes, et les tas d'or- dures et de décombres, où ces objets se trouvent souvent en grande abondance. Si nécessaire, on y pratiquera des débrousse- ments, pour rechercher ceux qui sont dis- simulés sous les buissons et les mauvaises herbes. Tous les débris ainsi trouvés et sus- ceptibles de servir de réservoirs seront, soit détruits ou enlevés, soit enterrés ou lotournés. Los murs servant de clôture sont souvent garnis, à leur faîte, comme défense contre les maraudeurs, de morceaux de verre brisé, tessons de bouteilles, etc., qui peuvent constituer, après les pluies, de petits réservoirs pour les larves de moustiques. Il en est de même pour les bouteilles renversées, servant, dans certains jardins, de bordures aux chemins et aux plates-bandes à fleurs. Dans les pota- gers à sol argileux, tous les creux permettant à l'eau de séjourner, devront être soigneusement comblés et nivelés. Dans les terrains légè- rement marécageux, les empreintes laissées par les sabots des che- vaux et bestiaux et remplies d'eau, constituent un des endroits favoris de développement des larves de moustiques. Les fontaines, bassins et étangs ornementaux dans les parcs et jardins, forment souvent aussi, un milieu de multiplication des larves. 11 suffit, d'habitude, pour éliminer ces dernières, d'y intro- duire des poissons. Fréquemment, cependant, les larves peuvent Fig. 71. — Enlevez soi- gneusenTent des cours et du voisinage des habita- tions, les vieilles boitas à conserves vides, tessons de bouteilles et autres objets dans lesquels les larves de moustiques peu- vent se développer. — Abritez également par de la toile métallique, le des- sus des tonneaux à eau. (Cliché de la South afri- can anti-malarial Asso- ciation.) i;{2 échapper à ceux-ci, en cherchant refuge dans la végétation qui croît le long des bords. Dans de tels étangs, on trouve souvent des plantes aquatiques à larges feuilles (Nymphéa, etc.). Lorsque ces feuilles reposent à plat sur la surface de l'eau, il arrive que l'une d'elle, partiellement sub- mergée, forme un excellent petit bassin naturel, où les larves de moustiques peuvent vivre et se développer, à l'abri des poissons. C'est pourquoi il est nécessaire, pour empêcher le développement des moustiques dans les pièces d'eau ornementales, d'en tenir les bords propres, libres de végétation, et de ne pas y placer de plantes aqua- tiques à larges feuilles flottantes. Enfin, dans les villes, les fontaines publiques, les abreuvoirs des chevaux, les réservoirs, devront être régulièrement inspectés, de même que les rigoles des fossés, car ceux-ci peuvent facilement per- mettre le développement de diverses espèces de moustiques, y com- pris les Anophèles de la malaria. II paraît peu probable que les moustiques puissent se développer dans les conduites d'égout, mais ils se multiplient, en tout cas, dans l'eau qui séjourne au fond des bouches d'égout. Celles-ci sont très souvent placées dans les arrière-cours ou au croisement des rues. Leur eau n'est renouvelée que par les pluies, ou lors du nettoyage des surfaces pavées. En saison sèche, la période de stagnation peut durer plusieurs semaines, et, en tout cas, assez longtemps pour per- mettre aux moustiques de parcourir leurs stades larvaires. En fait, ces bouches d'égout peuvent, par temps chaud, produire des millions de moustiques. On les traitera à l'aide du pétrole ou en les purgeant à grande eau, une fois par semaine, chassant ainsi dans les égouts les larves nouvellement écloses. Enfin, alors que toutes les précautions ont été prises, il est encore possible que certaines petites accumulations d'eau situées dans le voisinage des hab-'tations, passent inaperi;ues ou soient inaccessibles. Il est à conseiller, dans ces cas, en vue d'empêcher les moustiques femelles de les choisir comme lieu de ponte, de préparer des réser- voirs-pièges. Des pots de terre ou des entre-nœuds de bambou, rem- plis d'eau et placés en des endroits ombragés, conviendront pour cet usage. On les videra aussitôt que sera constatée la présence de jeunes larves. RECHERCHE ET TRAITEMENT DES RÉSERVOIRS NATURELS La recherche et le traitement des réservoirs naturels ont spéciale- ment pour but de supprimer les larves des Anophèles propagateurs de la malaria. Nous savons déjà que ces larves se développent, de pré- férence, dans les accumulations naturelles d'eau, soit permanentes, soit temporaires, se trouvant dans le voisinage des lieux habités ou à une distance qui ne dépasse pas la portée du vol des femelles adultes. Les lieux d'évolution des Anophèles varient évidemment d'après les conditions locales (nature du sol, humidité ou sécheresse, etc.), ainsi que d'après l'espèce et d'après la saison. Voici certains des plus fréquentés : 133 UEL'X DK Di:Vi;i-<)PrKMKNT I)i;s LAI{Vi:s I)K MorsTIQFK Fig. 72. — Dans une ville des pays chauds. — L'eau qui séjourne dans le:^ rigoles, contient de nombreuses larves de moustiques, souvent des larves d'Anophèles. (Cliché W.-B. Herms.) Fig. 73. - .A.U Kalanga. — Un canal dans la vallée de la Lubuinbashi. — E.xcellent milieu de développement pour les larves d'Anophèles. Aussi ces moustiques y abondaient avant l'assainissem-^nt. (Cliché Leplae.) 134 LIEUX DR DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES. Fig. 74. - Un Hons' Kong (Chii maciilatu.s. (D'à in e favoi ~ Lie Clnrk.l des Aiioi^lirlrs. — i^uisseau de montagne à de développement de la larve d'Anophèles Fig. 75. — Dniis la /m:, du i cageuse du lerrum pai luiips de plui. graphie. — Dans ces mares tempoiai abondantes. (Cliché M. Watson.) ■é- monlii !■ pal la photo- larves ù'Ano])h('les sont 135 LIEUX DE DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES. Fig. 7G. — Sur le Moyen-Congo. — Une rive malsaine, infestée par les moustiques et les tsétsés. (Cliché I.eplae.) 1-"i,l;-. 77. — Aiiliv nw iiiiilsainc im prisi- sur le chenal, à Kinr/.ulu. — Dt pirogues des indigènes et dans cette veloppent. (Cliché Leplae.j ilaria, maladie du .sommeil'. Vue l'eau séjourne souvent au fond des au. les larves de moustiques se dé- 138 EFFETS DU DElîR» )US8E.M EXT SIR ]. Fig. 78. — Sur le Congo. — Ancienne station agricole de Lukoiela. Rive non déboisée, avec moustiques et tsétsés. (Cliché Leplae.) 1 1^. 7'.i. — Le déban-îidi' assainie, où les mousli(|ii d'a&sainissement, la missi par la trypanosomiase (Cli de KwiUMiMllh. Lvi)Iae.; d'une rive face, faute lis décimée 137 1. — Les mares et marais, bords des éta}ujs, lacs et lagunes. — En général, les larves à'Anopheles se développent dans les eaux tran- quilles, là où elles trouvent une protec- tion naturelle dans la végétation aquati- que et les accumulations flottantes de feuilles mortes, débris et brindilles (voir fig. 2l2). Une eau ayant plus de 30 cm. de profondeur et sans protection naturelle, ne convient pas à ces larves. Dans l'eau claire, telle que celle des réservoirs à bords propres et escarpés, des débris plus ou moins divisés se ré- unissent et ces amas flottants sont pous- sés par les vents, d'une extrémité à l'au- tre de la pièce d'eau. Des larves sont fré- quemment présentes dans ces amas, où elles paraissent être à l'abri des petits poissons. L'évolution des Anophèles, dans les pièces d'eau d'une certaine étendue, est contrariée par l'action des petites vagues, et là où la direction du vent est uniforme et continue, la partie de la rive où les vagues déferlent est exempte de larves, sauf toutefois s'il y a de petites anses à malarial Association.) eau plus calme. 2. — Les terrains marécageux ou inondés, permanents ou tempo- raires. — Les inondations provoquées par les pluies tropicales ou par les crues des fleuves et rivières, sont de bons milieux de dévelop- pement des larves àWnopheles. Sous les climats chauds et humides, la culture du riz de marais favorise malheureusement aussi la multi- plication de ces insectes. Les rizières demandent, en effet, une inon- dation annuelle, et l'eau y reste pratiquement stagnante, pendant plu- sieurs mois. Il en résulte que. dans beaucoup de contrées, le dévelop- pement de la malaria peut être parallèle à celui de la culture du riz (*). Les remèdes à cette situation sont l'élimination de tous les Fiff. 80. — Mare dans laquëile se développent les larves des moustiques de la malaria. — Recher- cliez-y ces larves et, si vous en trouvez, com- blez, drainez, ou bien recouvrez toutes les se- maines la surface de l'eau, d'une mince cou- ctie de pétrole. (Cliclié de la South african anti- (*) D'après M. S. B. Freeborn (70), il a été démontré qu'aux Philippines, les régions riziooles sont remarquablement indemnes de malaria. La raison en est, que le moustique qui transmet le plus intensivement le germe: Anophèles minimus (febrifer), se développe surtout dans les eaux courantes et que ces réservoirs de propagation sont éliminés par l'introduction de la culture du riz. Par contre, le moustique dont la larve vit surtout dans l'eau des rizières : A. rossi, transmet peu la malaria. D'autre part, il est connu, dit encore M. Freeborn, qu'une culture intensive du riz de marais, donne relativement peu de moustiques, tandis que des rizières éparpil- lées, à croissance irrégulières, entraînent la production de beaucoup d'Anophèles. Suivant M. J. Legendre (114), les rizières en culturvS près d'Antananarivo (Mada- gascar), constituent le lieu d'évolution favori des Anophèles. En octobre, après la plantation du riz, on trouve les larves dans les champs en terrasses arrosés par les cours d'eau et dans les plaines irriguées par des canaux. Les rizières non cultivées, où poussent les graminées sauvages ne sont jamais infestées avant la fin de février ou le mois de mars, époque où les Anophèles sont devenus si abondants qu'ils se répandent partout. Les endroits choisis pour la multiplication sont, par ordre de préférejice : les rizières, les cressonnières, les champs d'ignames (Colocasia esculenta), les marais et les jardins maraîchers. 138 réservoirs de développement autres que les rizières, avant, pendant et après l'inondation de celles-ci, la protection efficace des habitations, à l'aide d'écrans de toile métallique et l'emploi préventif de la quinine. Les mares, marais et flaques d'eau servant de lieux de multipli- cation aux larves à'Anopheles, abondent au Congo. Nous en repro- duisons une vue, fig. 25. Au Katanga, par exemple, le dembo de la ferme Marie-José (fig. 90), le canal de l'Union minière (fig. 73), les sources marécageuses de la Tsinsenda (fig. 89), constituaient, avant leur assainissement par drai- nage, de vrais coins à moustiques, fort dangereux pour la propaga- tion des fièvres. 3. — Les cours d'eau et rivières. — Les cours d'eau, larges ou étroits, quoique parfois à sec pendant plusieurs mois de l'année, de- viennent souvent d'importants milieux de propagation. En général, durant la saison humide, on y trouve les larves le long des rives, en des endroits tranquilles, abrités par les roseaux, plantes aquatiques ou par les amas de débris accumulés. Il semble que l'instinct fasse choisir aux Anophèles, pour déposer leurs œufs, les places les mieux protégées et les mieux pourvues de nourriture pour les larves. Les petites mares latérales, les petits bassins naturels formés par les creux des rochers (voir fig. 24 et 74), ainsi que les endroits des cours d'eau où la profondeur et la tranquillité permettent le développement rapide des algues vertes qui retardent le courant, sont également favorables. Les grandes rivières à berges escarpées ne conviennent pas aux Anophèles. Lors des crues, toutefois, des inondations peuvent se pro- duire, et de même des débris végétaux divers peuvent s'accumuler par endroits et former des mares d'eau tranquille, hors de l'atteinte des petits poissons et où les larves se développent. Les conditions des rivières sont plus favorables en saison sèche (*), car alors leur cours est plus lent, et elles constituent le seul milieu de propagation à la disposition des Anophèles, toutes les autres agglo- mérations d'eau étant desséchées. A cette époque, les larves y sont donc souvent très abondantes. 4. - — Les llaques temporaires d'eau .de pluie, les empreintes des sabots des bestiaux et les ornières des routes. — En terrains argi- leux, les flaques d'eau qui restent subsister quelque temps après les pluies, de même que les empreintes des sabots des chevaux et bestiaux, en terrains mous ou détrempés, fournissent d'excellents milielix de propagation aux larves d'Anophèles. Ces dernières dépressions peu- vent contenir de l'eau pendant toute la saison humide, et en recevoir également par les ondées, en saison sèche ; elles sont difficiles à loca- liser et à traiter, cachées qu'elles sont par les herbes. De même, les <*) Au cours de sa mission dans le Nord du Congo, M. le Dr. Rhodain a noté qu'à Dungu et Bambili, sur rUélé, les moustiques étaient plus abondants, en saison sèche qu'en sai-son des pluies. Ceci s'explique par le fait que, lors de la baisse des ©aux, il se produit, entre les rochers du fleuve, des mares dans lesquelles les larves d© moustiques se dévelop- pent. Lors de la crue des eaux, ces réservoirs disparaissent et le nombre de mousti- ques diminue d'une façon marquée. 139 ornières des routes peu fréquentées, forment de bons réservoirs à larves à'Anophelcs et de Culex. 5. — Les eaux souterraines el les eaux des puits artésiens. — Les endroits où les eaux souterraines sourdent à la surface du sol servent •également de lieux de multiplication aux larves à'Anopheles. C'est ainsi qu'on rencontre souvent, au Congo et ailleurs, sur les flancs et près du sommet des collines enherbées, de petites mares ou des filets d'eau courante, contenant des larves de moustiques. Ces réser- voirs sont formés par de l'eau souterraine qui coule sur une couche de terrain imperméable et sort à l'air libre, aux endroits où cette couche affleure ou tout au moins se rapproche de la surface du sol. De même, dans les régions sèches, les puits artésiens, forés en vue de fournir l'eau nécessaire aux irrigations agricoles, facilitent la propagation des moustiques. Le débit de ces puits est, en effet, sou- vent supérieur à la consommation, et il se forme des mares d'eau stagnante, dans lesquelles les larves se développent. 6. — Les rigoles, fossés, drains et autres excavations faites par rhomme. — Lorsqu'ils ne sont pas convenablement entretenus, les fossés de drainage ou autres sont également des endroits très favo- rnblts à la propagation des moustiques. La végétation qui les encombre souvent, ralentit ou arrête l'écoulement de l'eau et les Anophèles femelles viennent pondre en ces endroits tranquilles. Il en est de même pour les canaux d'irrigation et les fossés et rigoles longeant les routes et les voies ferrées (voir fig. 75). Les travaux de terrassement abandonnés, où s'accumulent les eaux météoriques, ainsi que les excavations faites accidentellement par l'homme et qu'il néglige de combler ou de niveler, peuvent également «ervir de réservoirs aux Anophèles. Enfin, à Cuba et Panama, on a constaté que les larves de ces moustiques se développent également dans les eaux polluées, à quelque distance de leur sortie des égouts. Exceptionnellement, on pourra encore rencontrer des larves d'.4no- pheles dans des réscr\oirs artificiels, qui, ordinairement, n'hébergent que des larves de Culex. Tels sont les tonneaux et citernes d'eau de pluie, les abreuvoirs, les pirogues échouées, etc. De même des larves û'Anopheles ont été trouvées dans les petites accumulations d'eau retenues par certaines plantes (cavités d'arbres, base de feuilles, ra- cines superficielles, etc.) (*). Une fois localisés, tous les réservoirs naturels que nous venons de passer en revue devront être traités différemment, suivant leur nature (*) Les larves de V Anopheles(Piiretophorns) costalis Loew, vivent d'habitude dans les eaux marécageuses et dans les flaques le long des routes, spécialement lorsque ces dernières sont salies par les excréments des hommes et des animaux Suivant Gra- ham, à Lagos (Nigérie), elles se développent régulièrement dans les tonneaux et autres récipients se trouvant dans les liabitations indigènes. On sait que VAnopheles costalis Loev.- est une des espèces de moustiques les plus répandues dans notre colonie et qu'elle y transmet la malaria. Les larves d'une autre espèce malariale d'Anophèles, très commune en Afrique, surtout en Afrique occidentale : Anophèles (Myzomyia) funestiis Giles, préfèrent pres- que toujours comme milieu de développement l'eau claire. On ne les rencontre jamais dans les eaux sales ou marécageuses. 140 et les circonstances qui les ont créés. Les petites dépressions seront soigneusement comblées. Là où les agglomérations d'eau sont occa- sionnées par un arrêt dans l'écoulement, l'obstacle sera supprimé par curage et nettoyage des fossés, rigoles ou drains. Les parties maré- cageuses seront drainées ou comblées, ou si cette opération est impos- sible, on aura recours au pétrole ou à un autre larvicide. Les berges des rivières, étangs et lacs seront débroussées et nettoyées. L'introduc- tion de poissons ou autres animaux faisant leur proie des larves, pourra également être essayée. Nous allons examiner en détail les différents procédés d'élimina- tion des réservoirs à larves d'Anophèles, mais auparavant, il nous faut dire un mot de la façon dont on peut déterminer la présence de ces larves dans une masse d'eau. Déterminaiion de la pré= Comme nous l'avons VU, on trouve d'ha- sence des larves d'Ano= ^^jj^^j^ ,çg ^^^^^^ d'Anopheles dans des eaux pheles dans une masse , . ^ ^ ... '^ . . . . d'ea„_ relativement tranquilles, parmi les plantes aquatiques et les amas de débris végétaux. Ces larves, si elles ne sont ni troublées ni inquiétées, peuvent être vues au repos, sous la surface de l'eau, mais souvent elles plongent et se cachent, avant que l'observateur ne soit assez près pour les apercevoir. 11 est rare de les rencontrer là où la protection végétale naturelle fait défaut. Avec un peu de pratique, l'œil s'exerce et dé- couvre facilement les parties d'une pièce d'eau qui contiennent des larves. 11 est à conseiller d'employer, pour pêcher celles-ci, un petit puisoir ou une louche en émail blanc. Lorsque les larves sont cachées parmi la végétation, la louche sera vivement poussée contre les tiges d'herbes ou de plantes, et l'eau y entrant, entraînera les larves (*). La présence des larves peut également être décelée par l'application d'un larvicide, notamment de celui en usage à Panama et dont il sera question plus loin. Cette substance se répand promptenient dans l'eau, et les larves, dans leurs efforts pour échapper à son action, remontent à la surface. Dans les accumulations d'eau ayant moins de 50 centimètres de profondeur, on peut encore obtenir d'assez bons résultats, en remuant la vase du fond, ce qui, généralement, force les larves à remonter. Lorsque, dans des mares peu profondes, on doit examiner rapide- ment un grand nombre d'endroits, l'inspection sera faite en se pro- menant dans l'eau et en remuant, aux points suspects, la vase avec le pied. S'il y a do la végétation ou des débris, il faudra les écarter, car une surface claire est indispensable pour un examen consciencieux. S'il s'agit de dépressions où l'eau a presque disparu et où il ne reste plus que de la vase molle, des échantillons de cette dernière seront lavés à l'eau claire, afin de déterminer la présence des larves. (*) D'après M. W. M. Aders (1), (mai 1917), divers pièges ont été utilisés à Zanzi- bar, pour récolter des larves de moustiques. Le piège à Anophèles était formé d'un récipient plat, rempli d'eau de pluie et d'algues, avec une fine couche de terre garnis- sant le fond. Le piège à Cuîex consistait en un tonneau, rempli d'une eau riche en matières végétales en décomposition et en matières oriçaniques. Le piège à Stegomyia était semblable, mais rempli d'eau de pluie propre. 141 L'inspecteur devra se pi-oinencr le long de? cours d'eau, ainsi qu'au bord des fossés et étangs, et examiner soigneusement tous les endroits qui paraissent favorables au développement des larves d',4no- phcles, y compris les débris végétaux flottant à la surface des eaux profondes. Dans les mares et lagunes encombrées de hautes herbes^ l'examen devra se faire en bateau. Si l'inspecteur ne dispose d'aucune embarcation, il devra entrer dans l'eau et visiter, un à un, tous les endroits suspects. A cette fin, le personnel du service sanitaire de la zone de Panama était équipé de la façon suivante : coslumc en kaki, gros souliers de cuir et guêtres de cuir de porc. Dans la recherche des lieux de développement des larves à'Ano- pheles, il ne faut pas perdre de vue que les parties peuplées de lan'es d'une pièce d'eau relativement étendue, peuvent être très restreintes et varier d'après les saisons. Comblement des dépres= Lorsqu'on entame la lutte contre la mala- *'*"*• ria, près d'une agglomération européenne ou indigène, la première mesure à prendre, consiste à combler toutes les petites dépressions pouvant contenir l'eau des pluies, y compris les empreintes des sabots des bestiaux, les ornières, les flaques, les petites mares qui ne peuvent être conve- nablement drainées et les terrains qui ne s'assèchent pas prompte- ment après les ondées. II est évidemment inutile de combler des dépressions qui absorbent l'eau d'une façon suffisamment rapide, pour être complètement à sec. avant qu'une génération de larves puisse normalement accom- plir son évolution aquatique. Comme Uiafériaux de remplissage, on utilisera de préférence des terres ou autres matières ayant une perméabilité suffisante pour laisser passer facilement l'eau de surface. On évitera évidemment les argiles et terres glaises compactes. Dans la zone du canal de Panama, on s'est servi, pour le comblement en grand d'excavations, des pro- duits du dragage. Ceux-ci, réduits à l'état de liquide boueux conte- nant de 10 à 20 pour cent de matières solides, étaient envoyés sous pression, à de grandes distances, par l'intermédiaire de tuyaux ou pipe-lines. Les couches successives de boue hydraulique se crevas- saient en se desséchant et des précautions spéciales durent être prises pour que ces fissures ne servent pas de réservoirs aux larves d'ino- pheles. Environ la moitié de la superficie sur laquelle la ville de Colon a été bâtie, fut comblée par ce procédé hydraulique, et il en est de même pour une grande partie des terrains sur lesquels la nou- velle cité de Balboa a été construite. Au Congo, à Boma, des dépressions marécageuses ont été comblées par les boues sableuses draguées dans le fleuve au moyen de suceuses. Lorsqu'on emploie les sables comme matériaux de i-emplissage, il est à recommander d'enlever, si possible, au préalable, la terre arable, pour la répandre h nouveau sur la surface de la dépression, lorsque celle-ci est comblée. 142 Drainage des parties ma= Sans nul doute, un drainage convenable- récageuses. ment effectué, constitue la meilleure méthode de destruction des larves et d'élimination, de la malaria. C'est donc une mesure grosse de conséquences, au point rie vue hygiénique, et elle l'est aussi au point de vue économi- que et agricole, La valeur des terrains marécageux, rendus par le drainage propres à la culture ou à la bâtisse, est trop connue pour que nous devions insister sur ce point. Aux Etats-Unis, des travaux de ce genre ont été accomplis, avec beaucoup de succès, dans diverses ré- gions, notamment dans les Etats de New-Jersey et de Californie. Par un système pratique d'écoulement des eaux des marais, le nombre des moustiques a été fortement réduit, les régions ont été rendues saines et habitables et la valeur des propriétés a subi une hausse considérable. Pour drainer un marais servant de lieu de développement aux larves de moustiques, on établira un système de fossés, destiné à permettre l'écoulement des eaux stagnantes. Des rigoles, de section plus petite, s'embrancheront au canal principal. Il faudra prendre soin d'établir des fossés aussi droits que possible, d'en consolider les bords et de les tenir bien propres, c'est-à-dire exempts de mau- vaises herbes et de tout corps pouvant occasionner une obstruction. Un fossé mal entretenu, où l'écoulement de l'eau se fait d'une façon défectueuse, est, en effet, un excellent réservoir pour le développement des larves. Un plan parfait de drainage est celui qui enlève des terrains pro- ducteurs d'Anophèles toutes les eaux stagnantes et élimine également les eaux de pluies, de telle manière que peu après une ondée, la terre et les fossés soient à nouveau à sec. Il va de soi que, sous les tro- piques, ce plan parfait ne peut pas toujours être réalisé, certains fac- teurs locaux, tels que la composition et la texture du sol et du sous- sol, la configuration du terrain, la végétation, l'importance et la dis- tribution des pluies, etc., y apportant des obstacles. L'ingénieur sani- taire ne devra pas se décourager et, pour réussir, devra souvent sur- monter de grandes difficultés. Dans leur ouvrage Mosqnito Control in Panama, MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117) donnent des renseignements pratiques sur la manière dont les nombreuses opérations de drainage néces- sitées par l'assainissement de la zone du canal, ont été conduites par le Service sanitaire spécial mstitué par le gouvernement américain. Les personnes qui seraient éventuellement chargées, plus tard, d'exé- cuter dans notre Colonie des travaux semblables, trouveront, dans le Chap. IX : Attack on Propagation Areas by Drainage (p. 122 à 150), du dit ouvrage, de très utiles indications. Nous nous contenterons de résumer ici ce qui se rapporte aux fossés ou drains (*). (*) La Macédoine étant le foyer de paludisme le plus considérable d'Europe, des missdous antipaludiques furent envoyées dans ce pays par la France et l'Angleterre, au cours des campagnes des armées alliées. Les travaux et les résultats de la mission antipaludique française à l'armée d'Orient, ont été publiés dans le numéro de juin 1918 du Bull, de la Soc. de Path. exotique de Paris. La mission commença ses travaux en mars 1917 ; son quartier général était situé- 143 Fossés ou drains. Les fossés de drainage seront de direc- tion aussi rectiligne que possible ; leur fond sera étroit et leurs bords nettement coupés. Ces fossés sont de deux sortes : ceux qui sont destinés à l'écoulement des eaux pluviales et s'assèchent, un ou deux jours après les ondées, et ceux qui con- tiennent de l'eau pendant toute une saison ou même d'une façon permanente. Les fossés à écoulement temporaire ont surtout à souffrir de l'érosion. Celle-ci dépend principalement de la nature du terrain et de la pente. Toutes autres conditions égales, plus forte est la pente, plus l'érosion des côtés et du fond est à craindre. De même les obstructions temporaires occasionnées par des pierres ou autres matériaux amènent des affouillements du fond et la forma- tion d'excavations désignées sous le nom de « pot-holes », qui retiennent l'eau longtemps après l'assèchement du fossé et servent de lieu de développement aux larves d'Anophèles. L'obstruction peut également provenir d'une disposition défec- tueuse des canaux d'écoulement. C'est ainsi qu'au Katanga, comme nous l'a signalé M. le Directeur général E. Leplae, les fossés longeant la voie du chemin de fer à Tshinsenda, constituaient d'excellents lieux de développement pour les larves de moustiques. Ces fossés étaient, en effet, coupés à intervalles par des barrages de terre, empê- chant l'écoulement des eaux et formant autant de bassins naturels pour les larves. Lorsque les fossés contiennent de l'eau d'une façon permanente ou pendant une période suffisamment longue pour permettre le déve- loppement complet des larves de moustiques, ils doivent être inspectés régulièrement et à courts intervalles (une semaine). L'inspection est moins nécessaire en saison pluvieuse, lorsque l'écoulement est continu, qu'en saison sèche. Durant cette dernière à Salonique. Elle divisa tout le district occupé par les troupes françaises, en secteurs d'étendue variable suivant la densité de la population militaire. Un médecin au moins- était affecté à chaque secteur. La première mesure eut pour but d'établir l'indice endémique des agglomérations occupées ou traversées par les troupes alliées ; en même temps, les différents travaux destinés à combattre les larves des Anophèles furent entamés. On eût recours suivant les cas : 1° A l'assèchement des mares par comblement ou par déversement. Le déversement peut se produire par perforation du fond de la mare ou par création d'un puits absorbant, à environ 8 à 10 mètres de la mare ou des petites mares à assécher. Pour faire le puisard, on creuse un trou de 3 met. carr. de surface jusqu'à 1 m. 20 de profondeur ; oe trou est relié aux mares qu'il faut vider par un caniveau tapissé de pierres sèches; le puisard à son tour est comblé de pierres, briques et autres débris solides ; il remplit ainsi le rôle d'un drain de profondeur, d'une véritable éponge vis-à-vis des mares voisines; 2° A la régularisation de? cours d'eau, qui peut être obtenue suivant l'importance du courant, par faucardeme.nt ou désherbage des bords et du fond, ou par la réfection des berges et du lit, véritable canalisation d'un coiir.int d'eau ralenti ; 3° A la dérivation des cours d'eau, définitive par canaux ou momentanée par le procédé à l'alternance proposé par MM. Ed. et Et. Sergent (voir page 151) ; 4' A l'emploi de larvicides : pétrole lourd et surtout huile de pétrole ou pétrole ordinaire, qui, par sa fluidité, se répand mieux. D'autre part, la protection du soldat contre les piqûres de l'insecte adulte fut assurée par l'emploi de toile métallique fermant hermétiquement les locaux, par l'utilisation des moustiquaires de lit, etc. La protection contre les effets du virus fut obtenue par un système de quinini- satdon. 144 saison, la rapidité du courant est fort ralentie, et les conditions de- viennent très favorables à l'évolution des larves. Il en est surtout ainsi pour les drains ouverts, à faible pente. Les berbes et plantes aquatiques retardent le courant ; du limon se dépose, qui favorise l'envahissement complet par la végétation et élève le niveau du fond du fossé. Les larves trouvent, dans ces milieux, abondance de retraites et de nourriture. Pour éviter des inspections trop fréquentes et des soins constants d'entretien, il est à conseiller d'appliquer aux fossés un revêtement permanent. On pourra, par exemple, donner au fossé une section bien nette, garnir le fond de pierres et terminer par une coucbe de ciment. Si la section est en forme de V aplati, il vaut mieux arrondir le fond, afin d'éviter les obstructions et l'accumulation de débris qui s'ensuit. Dans certains cas, on revêtira le fossé -de pierres brutes, réunies par du mortier de chaux, ou bien on garnira le fond de pierres plates, les espaces vides étant remplis par de petites pierres et du ciment. Lorsqu'on a à sa disposition, à bon compte, des criblures de pierres ou du gravier, on pourra revêtir de béton armé les fossés de faible section. Une couche de 5 cm. d'épaisseur de béton, renforcée par du treillis métallique à larges mailles, ordinairement employé pour les poulaillers, conviendra pour les petits fossés. Pour la plupart de ces derniers, il sera suffi- sant de garnir de bé- ton le fond et quelques pouces de hauteur de chaque côté des parois, c'est-à-dire la partie qui se trouve normale- ment sous l'eau (voir fig. 81 en B). Pour effectuer le bé- Fig. 81. — Conduites de drainage. tonnage, on étendra En A. Jonction d'une conduite secondaire ri'nhArH ^nr Ip fond avecla conduite principale. Celte jonction doit " ^doiu sui it loiiu se faire à angle aigu ou en courbe et non à prépare, une couche de angle droit. béton de 2.5 cm. d'é- En B. Revêtement en béton du fond d'un paisscur sur laquelle P^"^^°''^- on épinglera la toile métallique, recouverte à son tour d'une nouvelle couche de béton, de même épaisseur que la première. Le gravier de rivière convient aussi bien pour le travail de béton- nage que les criblures de pierres et le sable. Pour les grands fossés, les côtés seront inclinés et revêtus de béton sur une hauteur d'envi- ron trente centimètres au-dessus du fond. L'eau qui coule extérieurement le long des parois et a une ten- dance à enlever la terre et à miner le travail de bétonnage, devra pou- voir pénétrer dans la conduite, par le moyen de trous d'écoulement. Cette action érosive est également empêchée par l'emploi de petits Q -1' bJ3 ce 146 d'^ ce ^ I -a 147 3 j 148 ASSAINISSEMENT. - DKAINACR. Fig. 85. - l\li;ift( 111111, sur li_' Nii, cniiilnlu du .'^Dudan anglo-égyptien. Auii'cfois fiivngiM' par lu niiilaria, acliirllciiiciit l'oi'l salubre. tfPiX ''"fitf i^ i WÈL ._,^ ^ :^^y^^- '^^H HP^r^S^t 4S9?-- ' ^ pm I^HH^H^^B 'Jmi^^H ^^S M' • ■s f^ ^:7ÎiH iâiHH HHm '"^ -^f k . ^,â ^H - 'i '*4I ^^R ■E^^i i T H "mZ!I7^w|H| ^■^^^ .'f^^^l ^^ m HÉ i H nn^ liaiir-^ ■■ I I- s; DiMs 1,1 /,>i\r du .anal d, iMii.iiiM iiai((a-( ii\, i 11 \uc de la supin, ^sk.ii d. s L,it< -\ I ,i\aiil iilaii, uni' ((iiidiulr dv diaiiiayi g.ii .e l'rini e et \.-J. Orenstem.^ Di'âiiiagi' dL\s terrains lai'Ni's dr moustiques, de tudun. (Cliclié J.-.^. HO murs extérieurs, placés à angle droit de l'axe de la conduite et con- venablement espacés. Les conduites ou fossés bétonnés ne s'embrancheront jamais à angle droit, mais à angle aigu, la conduite de faible section étant incurvée, si nécessaire, dans le sens du courant, au point de jonction avec la conduite principale (voir fig. 81 A). De cette façon, on évitera les dépôts sédimentaires. Il est également à conseiller d'élargir quel- que peu la conduite principale, aux points de jonction et aux endroits de courbure. Entretien des fossés et Entretenir un fossé de drainage, consiste conduites bétonnées. ^ jg maintenir dans des conditions favora- bles à l'écoulement de l'eau, tout en l'em- pêchant de servir de réservoir aux larves de moustiques. A Panama, ce travail comportait le maintien du fond en bonne pente et de la sec- tion en largeur uniforme ; l'enlèvement de toutes les obstructions pouvant modifier la rapidité du courant et de la végétation aquatique et des algues fournissant aux larves la protection et la nourriture. Il comportait, en outre, l'inspection périodique des fossés et le trai- tement au pétrole ou à un autre larvicide, de ceux qu'avaient envahis les larves d'Anophèles. Les conduites bétonnées sont plus coûteuses que les fossés de terre, mais elles ont sur ces derniers de grands avantages. La rapi- dité du courant y est accrue à tel point que les larves ne peuvent y vivre, sont entraînées par l'eau et détruites. La vitesse de l'eau empê- che le dépôt du limon. Chaque ondée nettoie la conduite et enlève généralement toute accumulation de débris. La conduite reste de sec- tion uniforme et la végétation ne l'envahit pas. Les algues ne s'y développent que lorsque la pente est très faible et pendant les périodes où le niveau de l'eau est très bas. Dans ces cas, elles sont facilement éliminées par un peu de sulfate de cuivre. Il n'y a aucune nourriture ou protection pour les Anophèles et les femelles de ces moustiques évitent d'y poudre. Si la ponte est suffisante, il n'y a pas nécessité d'un traitement au pétrole. Enfin, les inspections de telles conduites bétonnées devront être moins fréquentes, elles sont plus faciles et les frais d'entretien sont réduits au minimum. Il est à noter que. dans un fossé de terre, le moindre obstacle peut permettre une accumulation de débris et la formation d'une digue temporaire. Si cet accident se produit dans un fossé à faible pente, il peut en résulter un dépôt de limon, sable ou argile, qui peut s'étendre en amont, sur une longueur d'une ou plusieurs centaines de mètres. Dans un fossé profond, le rétablissement de la pente et le nettoyage sont coûteux. Lorsqu'un fossé traverse une terre meuble, il peut s'élargir considérablement par endroits, sous l'action de l'érosion, et former, en saison sèche, des mares semi-stagnantes, dans les- quelles les algues et les larves se développent et qui nécessitent un pélrolage spécial. Il faut aux fossés une pente uniforme et une direction aussi droite que le permettent les conditions locales. La largeur ne doit pas dé- passer celle strictement nécessaire et les parois doivent être escarpées. 9 150 Drainage par drains sou= Un autre système de drainage des parties terrains. marécageuses, est celui effectué sous le sol, par le moyen de tuyaux en poterie. Ces drains souterrains ont, sur les fossés à ciel ouvert, les avantages suivants : ils sont plus propres, permettent une inspection rapide, exigent peu de soins d'entretien et sont inaccessibles aux femelles de moustiques. Malheureusement, leur placement exige un grand travail et une dépense assez élevée. Mode d'exécuiion des tra= Le drainage de grandes parties de marais, vaux de drainage. ggj ordinairement un travail trop coûteux pour être entrepris par un particulier : plan- teur ou colon. Lorsque des terrains marécageux se trouvent au voi- sinage des villes, des établissements industriels ou des voies ferrées, un excellent parti pourra, par contre, être tiré du drainage, par les municipalités, les sociétés immobilières, les compagnies de chemins de fer, minières, etc. En pratiquant le drainage en grand, elles assai- niront la région par la destruction des moustiques et la rendront plus habitable. Les dépenses initiales seront certes assez élevées, mais elles seront plus que compensées par la plus-value donnée aux ter- rains asséchés, qui seront ainsi mis à la disposition de la culture ou de la bâtisse. Nettoyage de la végéta= Le nettoyage des berges des cours d'eau *'**°' constitue une très bonne mesure antilar- raive. Il permet d'augmenter la rapidité du courant et d'éliminer ainsi les larves d'Anophetes qui se développent surtout dans les petites mares d'eau tranquille formées par les roseaux et les autres plantes croissant le long des rives. De telles rives seront donc complètement débarrassées de la végétation, de façon à assurer un écoulement continu de l'eau, sans arrêt derrière les touffes de roseaux. L'herbe connue au Congo sous le nom d' (( herbe à hippopotame » est très pernicieuse. Elle croît au fond de l'eau et peut traverser une couche de liquide de lm50 et plus. Elle est d'ordinaire d'une végé- tation luxuriante et, à distance, on peut facilement confondre avec la terre ferme ses enchevêtrements de feuilles et de tiges flottant à la surface de l'eau. Au sein de toute cette végétation, il y a naturelle- ment un nombre infini de petites portions d'eau, inaccessibles même aux plus petits poissons et qui forment des milieux particulièrement favorables aux larves de moustiques. Celte herbe devra, autant que possible, être coupée au voisinage des lieux habités. Dans les pièces d'eau, telles qu'étangs, petits lacs, réservoirs, l'enlèvement de la végétation, des algues et des débris flottants sup- prime la plus grande partie de la protection et de la nourriture des larves. De plus, cette opération facilite le pétrolage et permet aux poissons et insectes aquatiques d'atteindre plus facilement les larves de moustiques, dont ils font leur proie. Irrigations et malaria. H est communément affirmé que la mala- ria fait son apparition avec l'irrigation. Ceci n'est vrai que si les travaux ne sont pas établis avec les soins 151 voulus. Dans !e Sud de la Caliiornie, il y a beaucoup d'irrigations et la malaria est rare. Par l'adoption de méthodes appropriées, parti-, culièrement le drainage et l'emploi de conduites en métal, en pote- rie ou en béton, on empêche toute production de moustiques. L'eau ne pourra pas rester stagnante pendant de longues périodes. On sait qu'une eau qui reste en repos pendant dix jouis et plus, est dange- reuse, car ce laps de temps est suffisant, en saison chaude, pour que l'évolution larvaire de certains moustiques puisse s'accomplir. Alternance des écoule» MAI. Edm. et Et. Sergent (187), ont adop- ments d'eau. j^^ ^^.ç^ beaucoup de succès, en Algérie, l'alternance de? écoulements d'eau, comme principe directeur de mesures antilarvaires. Ils en ont donn^ une intéressante description dans la Malanologia, de A'aples, 191 Ô. Au cours de leur campagne antimalariale en Algérie, en 1902, les auteurs organisèrent des brigades destinées à combattre les moustiques et celles-ci nécessitèrent une inspection incessante, un grand travail et une dépense considérable. L'expérience leur suggéra une nouvelle méthode, qui est extrêmement simple, toujours efficace et très peu coûteuse, puisqu'il ne faut qu'un ou deux ouvriers, occupés chaque semaine pendant quelques minutes, pour exécuter les travaux requis. Cette nouvelle méthode se réduit souvent à cette unique mesure et elle est basée sur le fait que, dans la région du Tell algérien, c'est- à-dire la zone de colonisation blanche, les larves à' Anophèles vivent en général trois semaines. II en résulte que des réservoirs de déve- loppement peuvent se former sans danger, s'ils sont automatiquement desséchés en moins de trois semaines, entraînant ainsi la mort des larves. Pour obtenir ce résultat, il suffit d'empêcher l'eau de séjour- ner plus d'une semaine au même endroit, en alternant hebdomadai- rement son écoulement. Chaque source est pourvue de deux canaux de décharge, au lieu dun seul, et pendant l'été, l'un de ceux-ci sera d'abord utilisé pendant une semaine, puis fermé par une digue, tan- dis que l'eau s'écoule par l'autre. Pendant la semaine de repos, le canal non employé se dessèche et constitue ainsi un piège pour les larves. En appliquant ce principe de l'alternance des écoulements d'eau à l'irrigation, les lieux de développement des moustiques sont rendus inoffensifs, sans aucun préjudice pour les besoins de l'agri- culture. Tout récemment (1917). M. Edm. et Et. Sergent (188), ont apporté une modification à leur méthode. Celle-ci consiste à distri- buer l'eau alternativement à droite et à gauche d'un même canal, par le m.oyen d'une série de barrages ou petites digues de terre. L'eau peut ainsi pénétrer dans le sol, où elle s'évapore en moins d'une semaine, la même surface n'étant inondée à nouveau qu'après plu- sieurs semaines. On évite ainsi de devoir creuser deux canaux de décharge. EMPLOI DU PÉTROLE ET d'AUTRES SUBSTANCES LARVICIDES. Le meilleur moyen de détruire les larves de moustiques est évi- demment de supprimer, par remplissage, drainage ou autres mé- 152 fhodes, les réservoirs, grands ou petits, où elles se développent. Mais ces procédés ne sont pas toujours applicables et il est alors à con- seiller de traiter l'eau par un produit qui tue les larves. ' Beaucoup de substances ont été essayées comme larvicides, mais, en général, aucune ne semble avoir donné d'aussi bons résultats que le pétrole. D'après M. le Dr L. 0. Hov\ard (92), le pétrole de qualité inférieure ou celui employé pour le chauffage, est le plus efficace et le moins coûteux des larvicides. Action du pétrole sur les Le pétrole répandu sur l'eau, s'étale en .' larves. ^j^g nappe très mince, sur toute la surface. Il forme une sorte de pellicule qui établit une séparation entre les deux milieux, l'air et l'eau. Or. nous savons déjà que les larves de tous les moustiques doivent remonter de temps à autre à la surface de l'eau, pour venir respirer. Elles occupent alors une position plus ou moins verticale (Culex, Slcgomyia) ou horizon- tale (Anophèles), la cupule hydrofuge qui se trouve à l'extrémité de teur tube respiratoire, adhérant à la surface de l'eau. Nous savons également que les pupes flottent sur l'eau, leurs trompettes respira- toires en contact avec l'air. Dans ces conditions, l'hypothèse la plus généralement admise est que le pétrole tue les larves et pupes, en obstruant leurs organes respiratoires. Une autre hypothèse est que la couche d'huile minérale réduit la tension superficielle de l'eau et empêche les larves de rester suffisamment longtemps à la surface pour rompre cette oouche et absorber de l'air. Peut-être les larves sont tuées par la combinaison de trois causes : 1. — Effet toxique du pétrole sur les larves et pupes ; 2. • — Obstruction des tubes respiratoires par de petites particules de pétrole ; 5. — Réduction de la tension superficielle de l'eau. D'après MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117), le pétrole paraît exercer une action toxique sur les larves des moustiques. Ces auteurs ont observé que beaucoup de larves meurent peu après avoir été en contact aveo ce liquide. Une simple privation d'air n'entraî- nerait pas une mort aussi rapide. Dans des cages submergées, des larves et pupes d' Anophèles survécurent souvent plus d'une heure. Probablement, ajoutent ces auteurs, des particules de pétrole s'intro- duisent dans les tubes respiratoires et causent la mort par asphyxie. Ils ont observé des larves prenant, après avoir été en contact avec le pétrole, leur siphon respiratoire entre leurs mandibules et faisant, semble-t-il, des efforts violents pour enlever quelque substance nocive. L'action du pétrole, en entravant les phénomènes respiratoires, varie suivant les espèces de moustiques. La larve du Slegomyia fasciata = Aedes calopus, peut rester longtemps au fond de l'eau, sans re- monter pour respirer ; par contre, les larves des Anophèles ne quit- tent la surface de l'eau que lorsqu'elles sont effrayées, et sont donc plus rapidement tuées par la pellicule de pétrole que les autres larves. D'autre part, les femelles de moustiques ne déposent que rarement leurs œufs sur une eau fortement traitée au pétrole. Comme nous l'avons vu, en parlant de la respiration des larves, 153 M. J. W. Scott Macfic (127), a publié, en janvier 1917, une impor- tante étude sur l'action larvicide du pétrole (The Limitation ol Kéro- sène as a Larvicide), dans le Bulletin ol Entomological Research. En voici un résumé : L'action du pétrole fut expérimentée sur les larves de diverses espèces de moustiques. Ce traitement réussit très bien sur certaines larves, mais pour d'autres, il semble que son efficacité ait été exa- gérée. En pratique, les plantes aquatiques des étangs peuvent rompre la couche de pétrole, laissant des espaces libres; de plus, il a été démontré au laboratoire que la présence de matières organiques dans l'eau diminue l'action du pétrole brut. Des lots de cinq larves de Stegouujia lasciata furent introduits dans des tubes à essai conte- nant, soit de l'eau distillée, soit de l'eau avec matières organiques, et une petite quantité de pétrole fut versée dans chaque tube. Au bout de 12 heures, toutes les larves étaient mortes dans l'eau dis- tillée, tandis qu'elles survécurent à un séjour de 57 heures dans l'eau contenant des matières organiques. Le pétrole est supposé agir, soit en annulant la tension super- ficielle, soit en privant les larves d'air libre, soit en les intoxiquant. La première hypothèse n'est pas vérifiée par les faits, et la seconde est plus généralement admise. L'action toxique peut se produire, soit par dissolution du pétrole dans l'eau, soit par pénétration dans les tubes trachéens et obstruction de ces derniers ou pénétration dans les ramifications plus minces et action directe sur les tissus de la larve, soit encore par introduction des vapeurs de pétrole dans les trachées, durant la respiration. Les larves du Stegomyia lasciata peuvent vivre plusieur jours sous une couche de pétrole, utilisant, sans doute l'oxygène contenu dans les bulles d'air. Les vapeurs de pétrole appliquées dans un espace confiné aux larves du Stego)nyia lasciata et du Culex [utigans, provoquent un ralentissement de leurs mouvements et peuvent même les tuer. Tou- tefois, à l'air libre, ces vapeurs sont sans doute rapidement balayées par les courants d'air et ne séjournent probablement jamais assez longtemps, immédiatement au-dessus de la surface de l'eau, pour avoir une action quelconque sur les larves. Le pétrole tue, en une demi-heure, les larves du Culex ^atigans, mais si l'on empêche ces dernières d'entrer en contact avec la pelli- cule huileuse, elles survivent plus longtemps. Des larves ont vécu aussi longtemps sous une couche de paraffine que sous une couche de pétrole, lorsqu'elles n'avaient pas avec ces couches de contact direct, ce qui prouve que, dans ce cas, l'action du pétrole ne fut pas spécifique, mais tua les larves par manque d'air. Le pétrole ne p-araît pas avoir d'action directe sur les larves du Stegomyia fasciata. Ces larves semblent avoir le pouvoir de percer la pellicule de pétrole, avec les valves fermées de l'extrémité de leur siphon et d'éviter ainsi la pénétration du liquide dans leurs trachées. Elles échappent, de cette façon, à l'action physique du pétrole, quoi- que, si celui-ci pénètre dans le siphon, il agit comme poison direct, tout comme chez le Culex [atigans. 154 Il a été démontré, par une expérience, que l'huile d'olive et la paraffine ont le même effet sur les larves, mais que cet effet diffère de celui du pétrole, ce qui tend à prouver que l'action de ce dernier n'est pas due à l'obstruction mécanique des trachées, car, dans ce cas, les trois produits auraient eu un effet identique. Comme la durée de résistance des larves sous le pétrole et sous la paraffine a été à peu près la même, il est possible que ces larves ont échappé à l'action toxique et sont mortes par privation d'air libre. Des observations ont été faites sur le pouvoir de résistance des larves maintenues sous l'eau. Celui-ci varie d'abord d'après l'espèce : les larves du Stegomijia lasciata sont beaucoup plus résistantes à la submersion que celles des Culex. Le second facteur est Yâge : des jeunes larves ont survécu plus longtemps que celles complètement développées. Vient ensuite la iempéralure : un abaissement prolongé de température ou une élévation de celle-ci, raccourcissent l'existence des larves de Stegormjia submergées. Enfin, la présence dans l'eau de matières organiques, qui absorbent l'oxygène dissous, a également une grande influence sur le pouvoir de résistance des larves submer- gées, dont elle diminue la vie (*). Il a été dit, en parlant de la respiration larvaire (p. 60), que les larves de certaines espèces de moustiques, y compris le Stegomyia lasciata, peuvent vivre sous l'eau pendant un temps assez long, sans remonter à la surface ; elles respirent alors l'air dissous dans l'eau (respiration branchiale et cutanée). Il en résulte qu'en pratique, Tépandage de pétrole n'est pas toujours efficace, les larves de beau- coup d'espèces de moustiques passant une grande partie de leur vie au fond des mares et quelques-unes pouvant rester submergées assez longtemps pour que la couche de pétrole soit évaporée. (*) MM. Freeborn A. B. et Atsatt E. F. (71) rapportent dans le Journal of Econom. Entomology, dp juin 1918, des expériences faites pour vérifier les diverses théories relatives à l'action du pétrole sur les larves de moustiques. Les résultats montrèrent : 1° Qu'en ce qui concerne la tensiom superficielle, oelle-ci est loin d'être annulée, puisque les larves restent à la surface pendant un temps con- sidérable, soit au repos soit en faisant un dernier effort pour percer le film ; 2° Que l'étouffement n'a qu'une faible part dans l'action larvicide du pétrole, puisque des larves qu'on empêchait, par de simples moyens mécaniques, d'accéder à l'air, ont survécu 30 heures, alors que celles qui se trouvaient sous une couche de pétrole ne vivaient que 45 minutes-, 3° Que la solubilité du pétrole dans l'eau n'est pas un fac- teur toxique ; 4" Que l'obstruction des tubes respiratoires même dans leurs plus fines subdivisions n'est pas la cause de l'efficacité du lan'icide, car, dans ce cas, toutes les huiles auraient la même action, alors qu'en fait le pétrole tu© en 45 minutes, et les huiles non toxiques en 4 1/2 heures seulement ; 5" Que l'action directe du pétrole sur les tissus comme poison de contact n'est pas la cause de la mort, parce que tout en pénétrant le système trachéen avec graaide rapidité, il n'atteint les tissus que bien après la mort des larves. Finalement, des expériences en vue de vérifier l'action toxique des vapeurs de pétrole conduisireint à la conclusion que la toxicité des huiles de pétrole et leur action larvicide augmentent avec la volatilité eA. que les constituants volatils des huiles contiennent les principes qui produisent les principaux effets mortels. D'autre part, suivant M. A. Takatsuki (2Û0), la mort des larves sous l'action du pétrole ne serait pas occasionnée par simple suffocation mécanique. L'auteur suggère que la surface des siphons et des organes respiratoires est recouverte d'une membrane épithéliale qui aurait une affinité chimique spéciale pour le pétrole. Cette membrane n'est pas teintée par des solutions colorantes aqueuses, mais l'est, par contre, facile- ment par des solutions colorantes au pétrole. L'auteur en conclut qu'il n'est pas nécessaire de recouvrir l'eau d'une pellicule épaisse de pétrole ; 25 cm. cub. de pétrole par mètre carré seraient suffisants pour dé- truire presque toutes les larves et pupes durant l'été. 155 M, Scott Macfie a finalement étudié l'action particulière du pétrole brut sur diverses espèces de larves. Celles des Anophèles costalis, Culex latigans et C. invidiosus ont été facilement détruites par le pé- trolage. La lar\'e du Culex thalassins est moins aisément tuée, car, tout en étant sensible au contact du pétrole, elle peut rester long- temps sous l'eau, sans remonter à la surface pour respirer. La larve du Mansonioides africanvs obtient ordinairement l'oxygène qui lui est nécessaire en introduisant son siphon dans les racines d'une plante aquatique : Pisfia stratiotcs, mais au laboratoire, d'autres plantes lui conviennent également. Cette larve se développe et se transforme en pupe, sous une épaisse couche de pétrole, mais la pupe meurt avant l'éclosion. Enfin, il a été également prouvé, expé- rimentalement, que la larve du Slegomyia fasciata peut vivre assez longtemps sous l'eau, pour que la pellicule de pétrole soit évaporée, à moins toutefois que celle-ci ne soit anormalement épaisse (*). Choix du pétrole à eni= Deux qualités principales sont exigées du P'^y^""' pétrole à utiliser comme larvicide. Il doit s'étendre rapidement en nappe et ne doit pas s'évaporer trop promptement. Les huiles de pétrole les plus lourdes ne s'étalent pas facilement à la surface de l'eau ; elles s'accumulent par places et la pellicule formée est d'une épaisseur inutile. De plus, ces huiles sont difficiles à épandre à l'aide de pompes. Leur avantage est de ne s'évaporer que lentement. (*) M. Russell F. F. (173) discutant dans Froc. Med. Assoc. Istmian Canal Zone, n° 1 de 1917, les travaux exécutés durant l'année 1916 par le bureau d'hygiène de la zone du canal de Panama, donne divers renseignements sur la laitue d'eau sauvage : Piitia f.tratiotes. C'est, attaché à cette plante, que le moustique Taeniorhynchus (Mansonia) titillam passe tout l'état larvaire et pupal sous la surface de l'eau. Les tubes respiratoires de la larve et de la pupe sont modifiés de telle façon qu'ils peuvent percer les petites racines de Pistia stratiotes et puiser l'oxygène directement dans la plante. Les racines ont quelques fois plusieurs pieds de longueur et pendent verticalement dans l'eau. l'ne quantité de matières végétales en décomposition et de débris y sont également attachés. C'est dans cette masse de racines filamenteuses qu'on trouve des larves et pupes de Taeniorhynchus titillans. A propos du Pistia stratiotes, M. L. H. Dunn (52) insiste sur les dangers que présente la multiplication de cette plante dans les eaux du grand lac artificiel de 17,3 milles carrés, créé lors de !a construction du c^nal de Panama. A la suite de l'élévation des eaux du lac, les plantes furent transportées à la périphérie des terres basses inondées, où la vigoureuse végétation forestière leur offrit une bonne protec- tion. Conséquemment, elles se développèrent d'une façon si intense que de grandes tles flottantes furent bientôt formées, couvrant la surface de l'eau en masses de plusieurs milles de diamètre. Suivant M. J. Zétek (217), ces îles flottantes et d'autres masses de laitues d'eau servent de lieu d'élevage aux moustiques. En 1918, en plus de Taeniorhynchus titillans des larves d'Anophèles y furent trouvées. L'habitat est très favorable : les larves sont protégées des rayons directs du soleil, des poi-'^sons culiphages, des larves carnas- sières et du mouvement ondulatoire des vagues. ]\tais l'avantage le plus important est la présence de l'oxygène dégagé par les laitues d'eau. Le Pistia stratiotes est une plante qui existe également en Afrique occidentale, où elle a comme parasite les larves d'un moustique proche parent de Taeniorhynchus (Mansonia) titillans : Mansonioides ajricanus, Theob. MM. A. Ingram et Scott Macfie (101) ont signalé, en 1917. qu'en Afrique occidentale, les œuf? de ce moustique sont déposés par groupes de 150 environ, à la face inférieure des feuilles du Pistia stratiotes ; celles-ci, devenant presque horizontales lorsque !a plante se déploie, met- tent ainsi les œufs en contact avec l'eau, leur extrémité pointue dirigée vers le bas. A l'éclasion, les œufs se fendent horizontalement à l'endroit le plus large et la pièce détachée, en forme de cône, tombe au fond. La larve en s'échappant, descend égale- ment au fond et s'attache à une racine de la plante de Pistia, choisi9.sant une radi- celle délicate et non la racine principale, comme le font les lar^'es plus âgées. 156 Le pétrole ordinaire s'étale mieux, mais disparaît en un temps relativement court, ce qui nécessite de fréquentes applications. A Panama, l'huile brute d'asphalte (20° Baume) a été très em- ployée ; elle est peu coûteuse, mais s'étale difficilement et ne convient pas pour d'autres climats. En Californie, M. H. J. Quayle a utilisé un mélange de quatre parties d'Imile lourde de pétrole à 18° B., avec une partie d'huile légère à 34° B. Ce mélange s'étale facilement en nappe et ne s'évapore pas trop rapidement. Il a été appliqué, soit à l'aide d'une pompe d'arrosage, soit à l'aide d'un pulvérisateur. Une seule aspersion conserve parfois son efficacité pendant quatre semaines. Le meilleur moyen d'avoir une bonne huile minérale d'épandage consiste à la préparer, en mélangeant, dans certaines proportions, les huiles lourdes et légères. Sous les climats tempérés, M. W. B. Herms (90), recommande une densité de 28° à 30° Baume pour le printemps et l'automne et de 26° B. pour l'été. On trouve sur le mar- ché des huiles brutes allant de 12° à 18° B., des pétroles de chauffage variant de 28° à 32°, et du pétrole lampant marquant 40° à 42° B. Connaissant le poids spécifique de l'huile achetée, il est aisé de calculer quelle quantité d'huile plus lourde ou plus légèreily aura lieu d'ajouter, pour obtenir le produit désiré. Si l'on dispose, par exemple, de pétrole à 42° et d'huile brute à 15°, il faudra employer dix gallons de l'un pour douze de l'autre. Pour mélanger ces produits, il sera bon de se servir d'un pulvérisateur. On remplira, autant de fois que nécessaire, le réservoir de cet appareil avec les deux liquides versés dans la proportion voulue, puis, y introduisant le bec de la lance, on fera barboter le mélange pendant quelques minutes. L'emploi des huiles minérales ne présente pas que des avantages. Leur application en grand est coûteuse ; la mince pellicule formée est facilement rompue par des objets flottants ou autres et elle peut aisément prendre feu par des étincelles, surtout le long des voies ferrées. Rapidité d'évaporation du Sir Rubert Boyce, F. R. S. (23), dans son pétrole ^dans les^ con= rapport sur l'existence et la distribution de périences laites en Afri= Stegomyia (asciata en Afrique occidentale, que occidentale. paru en 1911, insiste sur le fait que ce sont les différentes préparations de pétrole qui constituent les larvicides les plus économiques, les moins dangereux et les plus faciles à se procurer et à utiliser. Le pétrole peut être appliqué aux petites comme aux grandes surfaces. Il peut être dis- tribué par aspersion ou versé sur l'eau. Il est excellent pour toutes les aggjomérations d'eau stagnante : mares ou lagunes, et son action larvicide persiste longtemps aptes le traitement. Il ne faut pas perdre de vue cependant, que sous l'effet d'un puis- sant soleil tropical, le pétrole s'évapore en un temps relativement court et que, par conséquent, le traitement doit être renouvelé au bout de quelques jours. Sir Rubert Boyce fit des expériences en vue de déterminer la durée maximum de l'action du pétrole. Dans une cuve remplie d'eau, ayant un mètre carré de surface environ, il in- 157 troduisit un certain nombre de larves de Stcgomyia, puis répandit sur l'eau une once (28 gr.) de pétrole. Cette cuve fut ensuite exposée, tant au plein soleil qu'à l'ombre, et l'expérimentateur prit soigneu- sement note du moment du début de l'expérience et de celui où les larves cessaient de se mouvoir. Première expcncnce. — Surface couverte d'une once (28 gr.) de pétrole et exposée à un soleil ardent. — • Larves de Slegomyia intro- duites dans l'eau à midi. — Mortes et la plus grande partie du pétrole évaporée à 15 heures. Deuxième expérience. — Faite en vue de déterminer le taiix d'éva- poration. — Pétrole évaporé à la fin de la troisième heure, ne lais- sant qu'une légère odeur et huilant à peine un papier buvard. Troisième expérience. — Une demi-once (14 gr.) de pétrole versée sur l'eau. — Larves introduites à 12 h. 30, mortes à 13 h. 30. — A 17 h. 35, pétrole évaporé, à l'exception d'une faible odeur et d'une Ijégère irisation. Des larves fraîches, introduites alors, sans nouvelle addition de pétrole, moururent en une heure. — Il semble que la petite quantité de pétrole dissoute a eu une action larvicide. Quatrième expérience. — Une demi-once (14 gr.) de pétrole versée sur l'eau. — Larves introduites à 13 h. 40, en plein soleil. — A 15 h. 15, elles étaient encore vivantes, mais à mouvements très ra- lentis. — Le pétrole était évaporé. Ces expériences démontrent qu'en plein soleil, la couche de pé- trole s'évapore rapidement, mais que la quantité qui reste en disso- lution continue à exercer une action larvicide. On peut en conclure, ajoute Sir Hubert Boyce, qu^une once (28 gr.) de pétrole par mètre carré de surface liquide est suffisante pour tuer les larves, mais que l'eau devra être traitée de cette façon toutes les semaines, pour que l'action soit Araiment efficace. Quand faut=il appliquer Le pétrole sera toujours appliqué, lors- le pétrole? qu'on constate l'existence de larves, même si l'on a l'intention de supprimer, par la suite, le réservoir de développement en le comblant ou en le drai- nant. Cette application empêchera les larves d'être entraînées en d'autres endroits, où elles pourraient achever leur évolution. La fré- quence de l'épandage dépend de la durée de développement des larves et de la rapidité d'évaporation du pétrole. — deux conditions qui dépendent à leur tour de la température. C'est pourquoi il faudra des applications plus souvent répétées, sous les climats tropicaux (toutes les semaines), et, en été, sous les climats plus tempérés (tous les 12 jours). Lorsque la température est plus fraîche (10° à 15° C), il suffira d'un épandoge de pétrole toutes les trois semaines. Le chiffre moyen de douze jours peut paraître, à première vue, insuffisant, puisque certains moustiques accomplissent leur évolu- tion aquatique en dix jours, mais il faut se rappeler que le pétrole détruit, au moment de son application, toutes les larves et pi^pes, et que la pellicule reste sur l'eau environ deux jours et parfois plus 158 longtemps, empêchant la ponte des moustiques femelles adultes. Lorsque le pétrole est évaporé, l'élevage des larves peut reprendre, mais il sera interrompu par le nouvel épandage, avant que le cycle larvaire de dix jours ne soit complété. Quelles sont les quantités D'après M. J.-A. Le Prince (118), il est de pétrole à employer? difficile, dans le traitement au pétrole des eaux infestées par les larves de moustiques, d'établir avec exactitude la quantité de ce produit nécessaire par unité de surface. La densité et les qualités d'étalement des huiles minérales varient d'un chargement à l'autre, et dans un même fût, il peut y avoir de grandes différences, suivant qu'il s'agit de l'huile du haut ou de celle du fond. On utilisera donc la quantité d'huile miné- rale nécessaire pour former une couche continue sur l'eau. M. le Dr Howard (92), estime que, par temps calme, une once de pétrole par 15 pieds carrés, soit environ vingt grammes par mètre carré de surface liquide, est suffisante. MM. J. E. Dutton et J. -L. Todd (54), préconisent 10 centimètres cubes de pétrole brut par mètre carré. D'après la South alricun and-malarial Association, une boîte à lait condensé remplie de pétrole est suffisante pour recouvrir d'une couche uniforme une mare de 2m50 de longueur sur 2m50 de largeur. En l'absence de vent, la nappe huileuse reste subsister pendant dix jours et plus, et alors même que l'écume irisée semble avoir disparu, on décèle encore sur l'eau une légère odeur de pétrole. Par temps venteux, la couche de pétrole peut être poussée d'un seul côté, mais elle voyage à la première saute de vent et revient détruire les larves. La nappe huileuse n'est, du reste, pas seulement fatale aux larves et aux pupes, mais encore à beaucoup de moustiques adultes, qui se déposent à la surface de l'eau pour boire ou pour pondre. Modes d'épandage du pé= Les modes d'épandage du pétrole varient • d'après les dimensions de l'agglomération d'eau à traiter, mais ils sont toujours très simples. Comme le pétrole s'étale très bien de lui-même, il peut suffire, s'il s'agit de petites pièces d'eau, de le verser en un point quelconque de la rive ou de le lancer à la volée, dans la direction du vent. S'il faut traiter de plus grandes mares, on utilisera une pompe avec lance à bec droit, placée sur la rive ou sur une embarcation ; le jet de pétrole s'enfoncera d'abord dans l'eau, puis remontera et s'étalera sur toute la surface, de façon à la recouvrir entièrement et sans pertes (*). (*) MM. W. L. Mann et E. C. Ebert (140), (1918), recommandent la sciure de bois imbibée de pétrole, pour a&surer un épandage régulier de ce dernier. La sciure de bois sèche est trempée dans le pétrole pendant 24 heures et éparpillée ensuite à la main, à la surface de l'eau à traiter, ou bien encore, elle est mise dans des sacs en papier liés, puis jetés au hasard dans l'eau. Les auteurs décrivent un système de barrages pour empêcher la perte trop rapide de la sciure de bois dans les eaux courantes. Ils décrivent également une sorte de cage renfermant de la sciure de bois imbibée de pétrole et un barboteur automatique destiné à remplacer les appareils distributeurs par gouttes. Le barboteur automatique est disposé de façon à être complètement submergé, le pétrole remontant à la surface sous forme de bulles. Cet appareil a une capacité de 2 à 3 gallons (9 à 13 1/2 litres). 159 Dans la zone du canal de Panama, plusieurs méthodes d'applica- tion du pétrole comme larvicide ont été employnos. Elles peuvent être classées en méthodes continues et méthodes intermittentes ou discontinues. Méthodes continues. — La meilleure de ces méthodes est celle par laquelle l'huile minérale contenue dans un récipient tombe goutte à goutte à la surface de l'eau, de façon à y former une couche mince et continue. Les appareils distribuant le pétrole par gouttes seront avantageu- sement employés là où il y a peu d'obstacles à la formation d'une Fig. 87. — Epandage du pétrole en nappe, sur les eaux courantes. Distributeur compte-gouttes de pétrole, de construction très simple, placé sur lin ruisseau. Le clou qui traverse le fond du récipient, permet de régler le débit. — En usage dans la zone de Panama. (D'après J.-A. Le- prince et A.-J. Orenstein.) nappe uniforme de pétrole, c'est-à-dire là où le courant est faible et où il y a peu de végétation, d'algues et de débris flottants. Voici quels sont les dispositifs de ce genre en usage à Panama : Un bidon de pétrole est placé sur une planche, au-dessus du fossé, du drain ou du petit cours d'eau qu'il faut pétroler. Un clou est en- foncé au fond du bidon, la têle, entourée de déchets de coton, se trouvant à l'intérieur du récipient. En enfonçant ou retirant légère- ment le clou, le débit du pétrole peut être réglé suivant les nécessités (voir fig. 87). Pour les huiles plus fluides, un bidon de cinq gallons, avec un ro- binet d'écoulement en métal, a été employé (voir fig. 95). tandis que pour les huiles lourdes à base d'asphalte, si largement utilisées à Panama, on s'est servi d'un bidon muni d'une mèche de lampe plate, • contenue dans un porte-mèche plat, pouvant être élargi ou comprimé, de façon à régulariser le débit (voir fig. 88 A et R). Sur les fossés ou cours d'eau ayant, au niveau de la surface, une largeur moyenne de 30 cm., dix à vingt gouttes d'huile étaient ainsi distribuées par mi- nute, la quantité variant d'après les conditions locales. Pour les cana- lisations de grande longueur, plusieurs bidons distributeurs étaient nécessaires. Là où l'emploi d'un bidon n'était pas justifié, on plaça, à la source 160 de l'eau, de petits paquets de déchets de coton imbibés de pétrole ; ces paquets. étaient attachés à une pierre ou à un autre objet fixe et flot- taient ainsi sur l'eau. Ils étaient imbibés à nouveau de pétrole environ toutes les semaines. Les huiles les plus lourdes conviennent le mieux Fig. 88. — Appareil distributeur de potrole à mèche plate. En A. L'appareil eu place sur un ruisseau; En B. Détails de la mèche et du porte-mèche. (D'après un dessin de J.-A. Le l'rlnce et A.-J. Orenstein.) pour cet usage. En Afrique occidentale, on a employé un procédé ana- logue pour répandre le pétrole à la surface de l'eau, en se servant de chiffons imbibés de pétrole et liés à l'extrémité d'un long bâton. Méthodes inttrmiltentes ou discontinues. — Le but de ces méthodes est de produire une nappe uniforme de pétrole et de la maintenir en place suffisamment longtemps pour tuer toutes les larves qui se trou- vent sous elle. Une couche parfaite doit rester intacte, plusieurs heures au moins, pour être efficace. Avant d'examiner les modes d'épandage discontinus, voyons de quelle façon les énormes quantités d'huiles minérales utilisées à cette fin à Panama, étaient distribuées dans toute la zone. Les 600,000 gallons d'huile brute employés annuellement, étaient transportés de Californie, leur lieu d'origine, par des steamers, qui déchargeaient leur cargaison dans des réservoirs situés au terminus du canal, du côté de l'océan Pacifique. De ces derniers, l'huile était pompée et envoyée, d'un bout à l'autre de l'isthme, au moyen de cana- lisations ou « pipes-lines ». En divers points, cette huile était déver- sée dans de plus petits tanks, d'où elle était puisée directement ou conduite par des canalisations secondaires, dans de nouveaux réser- voirs, placés plus près des endroits où elle devait être employée. Une partie de la provision d'huile était aussi transportée directe- ment, à l'aide de deux wagons-réservoirs, qui étaient remplis aux dépôts principaux du Pacifique et dont le contenu était déchargé dans les petits tanks, en divers points de la voie ferrée. Des réservoirs locaux, l'huile était enfin transportée aiiv iieux de destination, par tuyaux, ou bien dans des voitures-réservoirs, tirées par des mules, ou encore à dos de mulet. Si aucun de ces moyens de 161 transporl n'était possible, clic était portée à la main ou à dos d'homme. Los huiles lourdes, écrivent MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117), s'appliquent le mieux sur l'eau, sous forme de jet. La ten- dance à former une nappe continue est ainsi beaucoup plus grande. Toutes les pompes existant dans le commerce conviennent pour cet usage. Celle qui a donné les meilleurs résultats, dans la zone du canal, est appelée pompe-baril et est spécialement forte. Les petits modèles de pompes à main sont également très utiles. Un bon appareil pour huile lourde doit être simple et solide, avec des soupapes non caout- choutées (*). Un pulvérisateur à dos d'homme, du type employé dans les vergers, a rendu également de bons services (voir fig. 91). Le pétrole peut aussi être appliqué en employant un tonneau d'ar- rosage. Pour l'épandage sur les pièces d'eau peu profondes, inacces- sibles par la rive, on s'est servi de barquettes ou d'un bateau à fond plat, portant un réservoir rempli de pétrole (voir fig. 92). Ce bateau pouvait être mû à la main ou par moteur, et il en était de même de la pompe d'arrosage qui y était installée. Des charrettes à deux ou à quatre roues, d'une construction spé- ciale, ont également été employées ponr l'épandage du pétrole dans la zone du canal (voir fig. 94). Elles consistaient en un réservoir de fer, d'une capacité de 200 à 500 gallons, monté sur roues et muni, à sa partie inférieure, d'un tuyau de 5 mètres de longueur, dont le der- nier mètre était perforé de trois rangées de trous. Ce tuyau d'arrosage était monté sur un joint universel. Ces charrettes sont spécialement utiles pour appliquer une épaisse couche de pétrole aux fossés lon- geant le5 routes et pour huiler la végétation devant être brûlée. Maintien de la nappe de Lorsque la nappe de pétrole est étalée sur P^**"**'^" l'eau, il est souvent peu aisé de la maintenir on place, car sur une pièce d'eau de quel- qu'étcndue, elle dérive sous l'action du vent et laisse à découvert une partie de la surface. II est très difficile d'obvier à la tendance à la dérive. La méthode la plus simple consiste à fixer des planches, espacées de cinq ou six pieds et placées perpendiculairement à la direction du vent dominant. Là où la direction du vent est variable et où celui-ci souffle avec force, on pourra employer une grille de bois, avec espaces d'autant plus petits que la force du vent est plus grande (**). Il faudra également enlever tous les obstacles, tels que souches, buissons, touffes d'herbes et pierres, autour desquels la nappe d'huile tend à former, par ses oscillations, des cercles d'eau libre. De même (*) Dans le Californîa State Bd Health Bull. (Sacramento), de juillet 1918, un appareil d'épandage de pétrole est décrit. Il consiste essentiellement en un réservoir à air comprimé, monté sur un châssis moteur qui actionne l'appareil. L'air comprimé permet de répandre le pétrole en nappe uniforme. Un long tuyau d'arrosage ét«nd fortement le champ d'opération. . (•*) M. A. W. Pomeroy (164), (prophylaxie de la malaria à Dar-es-Salam (Afrique orientale) recommande, pour empêcher la nappe de pétrole épandue sur les grandes mares de dériver d'un seul côté par la poussée du vent, l'emploi de châssis faits av«c ks tiges séchées de plantes de sisal (Agave sisalana), entrelacé-es horizontale- memt; ces châssis sont placés à la surface de l'eau. 162 les algues devront être éliminées, car elles forment avec le pétrole une sorte d'amalgame (*). Traitement au pétrole des Le traitement au pétrole peut également réservoirs artiflciels. gj^^ appliqué aux citernes et aux réservoirs à eau potable. Le meilleur moyen de protection, consiste évidemment à recouvrir ces derniers récipients, d'écrans de toile métallique. Si cela n'est pas possible, une mince couche de pétrole pourra être versée à la sur- face, sans nuire à la qualité de l'eau, à condition, bien entendu, que cette dernière soit en épaisseur suffisante et qu'elle s'^xcule par un robinet de décharge placé au fond du récipient. Grâce à ce dispositif, le pétrole :iô sera pas entraîné. De même, on traitera, à l'aide d'une cuillerée de pétrole, les bou- ches d'égouts, lorsque, par temps sec, l'eau y reste séjourner, servant de milieu de développement à des milliers de larves de moustiques. Laryicides autres que le L'emploi du pétrole ne donne pas tou- P^*"""'^' jours toute satisfaction comme larvicide. La lenteur de son action, la difficulté d'obtenir une nappe parfaite et la grande quantité d'huile minérale nécessaire à cette fin, le coût de l'épandage, les dangers d'incendie, font qu'on a recherché d'autres substances qui pourraient fournir un larvicide plus pratique et plus économique. Les qualités requises d'un bon larvicide sont : 1. — Grande toxicité. — Une petite quantité de larvicide doit suffire pour empoisonner un grand volume d'eau ; 2. — Action rapide. — Les larves doivent être tuées rapidement, pour qu'une pluie ne puisse avoir le temps de diluer ou d'affaiblir le mélange ; 3. — Possibilité de mélange sans diminution de toxicité, à toutes les eaux, même saumâtres et alcalines ; 4. — Bonne conservation. — Le larvicide doit pouvoir se conserver longtemps et résister à l'action de l'air et de la lumière ; 5. — Absence de danger. — En dilution dans l'eau, à la dose active, il doit être inoffensif pour l'homme et les animaux domestiques ; 6. — Coût peu élevé. (») M. A. K. Henry (89) recommande une méthode intéressante et économique de destruction des larves par le pétrole, dans les cours d'eau. Des planches de longueurs proportionnées aux diverses largeurs du cours d'eau, sont préparées. On barre ce dernier au moyen d'une première planche placée de champ, de façon à plonger partiellement eit verticalement de 6 à 8 centimètres dans l'eau, — oe qui donne une sorte de barrage de surface. Une autre planche est placée de la même façon 15 à 20 mètres plus bas. Un quart de titre de pétrole est ensuite versé dans le bief ainsi créé et étendu à l'aide d'un balai, de façon à pénétrer dans les plus légères irrégularités de® bords. Lorsque toute la section est recnuverte de pétrole, une troisième planche est placée 20 mètres plus bas et la seconde p^t levée, permettant ainsi au film, avec son accumulation de larves mortes ou vivantes, de glisser jusqu'au nouveau bief. Le contact est de nouveau assuré avec les berges par un vigoureux balayage. On continue ensuite l'opération de la même façon. Par ce procédé, une grande longueur de cours d'eau peut être traitée à l'aide d'une très petite quantité de pétrole. 163 Savon larvicide eraplojé Dans la zone du canal de Panama, un à Panama. larvicide spécial : savon à base de phénols et de résine, a été très employé, à côté des huiles lourdes de pétrole. Il se compose de 150 à 200 livres de résine en poudre ou finement moulue, 50 livres de soude caustique et 150 gal- lons d'acide phénique brut (densité 0.97), contenant au moins 15 pour cent de phénols. L'acide phénique est d'abord chauffé à 100 degrés, dans un appareil spécial, puis l'on y ajoute successivement la résine et la soude, tout en maintenant l'ébullition et en remuant constam- ment. Au bout d'un certain temps, on obtient ainsi un liquide savon- neux, résineux et noir, ne donnant plus de dépôt. Ce liquide s'émul- sionne facilement dans l'eau fraîche et en solution aqueuse à 1 pour 10,000, il tue les larves d'Anophelcs en moins d'une demi-heure. Cette destruction se fait en cinq à dix minutes, si l'on mélange une partie d'émulsion à 5,000 parties d'eau. Cette préparation est peu coûteuse ; étant très concentrée, elle est facile à transporter ; sa fabrication est aisée, son action rapide et très uniforme ; elle n'est pas dangereuse pour les grands animaux et n'est pas inflammable ; elle tue même les larves enfouies dans la vase et détruit également les algues et les mauvaises herbes. Par contre, elle ne s'émulsionne pas et reste inerte dans l'eau saumâtre ; elle néces- site, pour sa conservation, l'emploi de récipients bien fermés et perd rapidement sa toxicité, lorsqu'elle est mélangée à de l'eau contenant des algues ou d'autres matières organiques. Expériences sur l'emploi M. A. W. Bacot (8), dans (( Report Yellow comme larvicides, du Pever Commission, \Nest Mrkâ 19U-\91^)), savon mou, de la napn= , , • . . • , . , ee t a taline et de l'eau de signale des essais très intéressants eilectues mer. en Afrique occidentale, dans le but de com- parer la valeur du pétrole, du savon mou, de la naphtaline et de l'eau de mer, pour la destruction des œufs, larves et pupes de Stegomyia lasciala. Le pétrole (1 pour 600) détruisit en une heure la majorité des larves et des pupes, mais n'eut aucun effet sur les œufs, ainsi que sur les larves qui en sortirent dans la suite. Le savon mou (1 pour 600) a tué les larves, les pupes et les jeunes larves venant d'éclore ; les œufs, par contre, se développèrent normalement, après une submersion de vingt heures, mais une sub- mersion continue de huit jours leur fut fatale. A la dose de 1 pour '8,000, le savon mou a été inefficace, mais le pétrole, à la dose de 1 pour 4,000 agit comme larvicide, si son action persiste pendant quarante-huit heures. La naphtaline (1 pour 8,000) tua toutes les larves, ainsi que tous les adultes qui sortirent des pupes le premier jour et 50 pour cent de ceux qui sortirent le second jour; par contre, elle n'eut aucun effet sur les pupes même. A la dose de 1 pour 4,000, les larves, pupes et adultes fraîchement éclos, furent détruits. Employées sous forme d'émulsions, les substances ci-dessus ont été plus efficaces et moins coûteuses, qu'utilisées telles quelles. Toutes les larves et pupes furent tuées par une émulsion de pétrole et de savon mou, à la dose de 1 pour 16,000 ou par une émulsion de pétrole, savon mou et naphtaline, à la dose de 1 pour 20,000. 164 L'eau de mer hâte l'éclosion des œufs et détruit, en moins d'une heure les larves qui en sortent. Par contre, des pupes complétèrent leur développement, après une submersion de 16 heures dans l'eau salée. L'eau de mer pourrait être employée dans les villes côtièrcs, pour rincer les gouttières, conduites d'égout, rigoles, etc., après nettoyage. Expériences sur l'action Des essais, en vue de déterminer l'action du chlore et du lysol. i^rvicide du chlore dissous dans l'eau, fu- rent faits en 1915, au laboratoire d'Accra (Côte d'Or) par M. J. W. Scott Macfie (126). Des lots de cinquante larves de Stfgomyia lasciata furent introduits dans de petites quan- tités (trois litres environ) d'eau de robinet claire et d'eau contenant de la vase, des herbes, etc., et formant le milieu habituel de déve- loppement des larves. Le chlore fut ajouté, sous forme de solution à 1 pour 550. Aucun effet ne fut produit sur les larves, lorsque la proportion de chlore dans l'eau était d'un pour 250,000 ; de même, lorsqu'elle fut succes- sivement concentrée à un pour 62,500, à un pour 50,000 et à un pour 25,000, mais à un pour 10,000, il eut un effet très net sur les larves se trouvant dans l'eau de robinet, qui moururent toutes au bout de deux heures, ainsi que quelques-unes de celles qui se trouvaient dans l'eau sale. Au bout de 24 heures, la destruction était complète. Quelques Cijclops (petits crustacés) furent également tués. Il ne semble pas qu'en pratique, le chlore puisse servir de larvicide, même s'il était possible après la mort des larves, d'enlever celui en excès, à l'aide d'un substance purificatrice. En ce qui concerne le lysol, des essais ont été faits par M. A.-J. Salm (179), aux Indes Néerlandaises. L'addition de 1 pour 3,200 de lysol a tué des larves de moustiques qui se développaient dans les baquets d'un hôpital. L'addition de 1 pour 5,000 de sulfate de cuivre, avec une quantité suffisante d'acide sulfurique pour éviter la préci- pitation, tua également les larves, mais n'empêcha pas l'éclosion des œufs. Le sulfate de cuivre ne communique pas, comme le lysol, un goût spécial à l'eau de boisson qui pourrait, dans la suite, être versée dans le récipient. Essais d'autres larvicides. Tabac. — M. W. B. Herms (90) a expéri- menté l'action larvicide de décoctions de tabac, et il a trouvé qu'elles sont très efficaces, mais trop coûteuses pour être employées en grandes quantités. Appliqué à l'eau dans la proportion d'une partie pour 750, le sulfate de nicotine tue toutes les larves et pupes. Au taux de 1 pour 1,000, son action persiste pour les larves, mais elle est douteuse pour les pupes. Smith a trouvé que le produit appelé « ^'icofunle y>, ajouté à l'eau, dans la proportion de 1 pour 1,500, tue toutes les larves et pupes. Une destruction plus rapide s'obtient, à la dose d'une partie de nico- fume pour 750 parties d'eau. Sulfate de cuivre. — Ce produit ne convient pas, paraît-il, comme larvicide, mais il est très utile car il détruit les algues qui encombrent 165 ASSAIXISSKMEXT. - DRAINAGE. l-'i,,- s',i — Au l\;iliii_i — Uuuiiayc lios sources nuirrrii-fUM-s .li; la Tslirnscnd,!. (|ui rnn>l ilu ih'uI aupriunant d'excellents milieux de déve- lopi»riiM'nt (les liirws di ludustupus (Cli< hé Leplae.) Fig. '.in. — Au Knini _ Le dendjû (vallon inai'éc dembo a été assaini, dan a suil(% pai EPANDAGE DU PETROLE SUR LES BAUX DANS LESQUELLES VIVENT LES LARVES DE MOUSTIQUES. ^m ^^â^i^S^«>*"ti Fig. 91. — Un lieu de développement idéal pour les larves û' Anophèles. — L'eau est claire et peu profonde et il y a beaucoup de végétation. - Ce cliché montre également le mode d'emploi du pulvérisateur havre-sac destiné à répandre une mince couche de pétrole sur les mares. (Cliché W.-B. Herms.) Fig. 92. — Dans la zone du canal de Panama. — Epandage du pétrole, en barquette, le long des berges d'une rivière. — L'accès par la rive est trop difficile, à cause de la végétation. (Cliché J.-A. Le Prince et A.-J. 167 ÉPANDAGE DU PÉTROLE SUR LES EAUX DANS LESQUELLES VIVENT LES LARVES DE MOUSTIQUES Ti^î '\^ - l'.iiiam.i - \f)f).iiul d CLOulenKMit continu de pétrole, placé sur un ruisM.iu, (ti p.u^ iu ( ulento. E\ct lient système d'épandage du pi liolt' sur 1( s (Mux ( ouianlf-- 'CluhcJ. \ !< Prince cl A.-J. Ori'iistein.) ^ - n Fig. 'J4. — Panama. - iLpanda.ur .lu iHii.ii .i-n^ ■, - i — -, . i,,im des routes, à l'aide de charrettes de construcljon spéciale. — Les Amé ricains n'ont, pas regardé aux frais pour lutter cotitre les moustiques. Ils en ont été remboursés au centuple. (Cliché J.-A. Le Prince et A.-J. 168 PETITS POISSONS CONGOLAIS QUI SIC NOURRISSENT DE LARVES DE MOUSTIQUES Fitndiiliis f^ardiicri, Blyr., (SO inm. de longueur. Bas-Nigei a. Màlc. b. Femelle. -^^Éï "^^ — ^^ y Haplochiliis pinnUiis. Blgr., .^5 mm. de lonfjucur. Lac Tanganyka. HapUichiliis Lujac, Blgr., 45 mm. de longueur. Kasai-Sankuru. a. Maie. h. Femelle. ILiplochUits imtUifasciatitH, Blgr., 4.t mm. de longueur. Kwi ^^^^v>?^, \ Uaplocli'ilus llulcrcaui, Blgr., Iluplochilus KiiUivçiœ, Blgr., 3J nuii. ilr Iniiguciii'. llnul-Congo- 25 mm. de loiigucui'. UclO-Lac Mœro. "" Kainnga. l'-jg. 95. — Oueh|iirs unes d^s iiniiilirtMiscs csprccs congolaises de petits poissons de la fainilli' dr.^ ( ;> iirinnddiilidrs, (|ui font leur i)roie des larves de monsliquos. -- Os |HiisS(ins iMiiiiTjijcnl èU'e inlroduils dans les rcser- vuirs cl iiianrs ipii ne i i ml iciiii ni pus de grands ],)0issons carnassiers. (Clichés rcprodinls ^wvr Taulunsalion de M. G. A. Boulengvr.] certaines eaux stagnantes et empêchent d'appliquer convenablement le pétrole. Les mares couvertes d'algues seront donc traitées au sulfate de cuivre, avant le pétrolage. Huile de lournesol. — D'après M. A. Celli (35), en Italie, on a conseillé l'emploi de Hniile de tournesol comme larvicide. Celle-ci est appliquée à la surface de l'eau, sous forme de nappe, par le moyens de chiffons ou morceaux de toile imbibés d'huile. Il est surtout à conseiller d'utiliser ce produit dans les jardins pour les cuves, bassins et autres réservoirs à eau et, en général, partout où il est désirable d'éviter l'odeur désagréable du pétrole. Cylline. — Deux autres larvicides utilisables pour de petites agglomérations d'eau, ont encore été recommandés. Ce sont : a) La cylline commerciale. Une cuiller à thé ou plus par gallon (4 litres 54) d'eau. L'eau, remuée à l'aide d'un bâton, doit rester laiteuse ; b) Goudron de houille : 1 pinte (0.57 litre) ; térébenthine, 1 pinte et savon mou, 1 once (28 gr.). Ajouter de l'eau pour faire 2 gallons. La quantité sera suffisante pour traiter efficacement 300 gallons d'eau. Camphre. — Pour les petits réservoirs à larves de moustiques, M. Zetek (215) écrit que l'expérience a démontré l'efficacité, comme larvicides, d'une petite quantité de camphre ou de para-dichloro- benzine (C H* CP). Dans les petits fossés entourant les planches à fleurs, cette der- nière substance sera employée sous forme de poudre, à raison d'un à deux grammes par planche. Le traitement sera appliqué une fois par semaine en hiver et tous les dix jours en été. Dans les petits récipients, tels que vases à fleurs, etc., la même quantité de para- dichlorobenzine, ou bien de camphre solide ou en poudre, sera intro- duite tous les quinze jours. Pour les bénitiers des églises, un peu de camphre solide est préférable. Trioxyméthylène. — Nous lisons dans les C. R. de VAradémie des Sciences de France (juin-juillet 1920), que M. E. Roubaud (178) a recommandé l'emploi, comme larvicide, du trioxyméthylène en poudre. Cette substance, éparpillée uniformément à la surface de l'eau, tue toutes les larves d'Anophèles qui la dévorent. Elle a, en fait, une double action sur ces larves ; elle les paralyse et préserve leurs tissus de la décomposition. Les étangs, etc., peuvent être traités à intervalles réguliers, pour empêcher le développement des Anophèles adultes, car cette poudre ne rend pas l'eau inutilisable ni ne l'empoisonne pas pour les bes- tiaux ou les poissons. L'opération devra être exécutée autant que possible par un temps chaud et ensoleillé, lorsque l'activité alimen- taire des larves est à son maximum. Acide picrique. — Ayant constaté, en visitant une fabrique de mélinite en juillet 1918, que les larves d'Anophèles peuvent vivre dans de l'eau fortement teintée par les boues de l'usine, MM. J. Fey- taud et E. Gendre (65) entreprirent des expériences en vue de déter- miner la résistance des larves à des solutions d'acide picrique à 10 170 divers degrés de concentration. Il fut constaté, notamment, que la résistance de l'Anopheles rnaculipennis est supérieure à celle de l'A. bilurcalus. Les larves de Culex sont également résistantes. En pratique, pour constituer un bon larvicide, l'acide picrique pur doit être employé à la dose d'un d'acide pour 8,000 d'eau. Formules diverses de M. Kirk. — M. H.-B. Kirk (106) recommande les formules larvicides suivantes qui peuvent être employées dans la proportion de 1 pour 32,000 : 1° Savon mou, 100 parties ; huile légère de pétrole, 440 parties ; eau, 100 parties ; soude caustique, 80 parties. L'huile de pétrole doit être ajoutée lorsque le mélange des autres substances a été chauffé à 100° C. Le produit final est une gelée épaisse qui peut être rendue liquide par dilution dans l'eau ; 2° Savon mou, 20 parties ; huile légère de pétrole, 50 parties. Donne un savon épais, ayant l'aspect d'une gelée ; 3° Huile de ricin, 50 parties ; soude caustique, 15 parties ; eau, 20 parties ; huile légère de pétrole, 170 parties. L'huile de ricin et la soude caustique sont d'abord bouillies ensemble pour faire un savon jaune-verdâtre, auquel le pétrole est ajouté. L'émulsion qui en résulte est un liquide clair qui se conserve bien. Poudres el inlusions végétales. — D'après M. J.-K. Thibault (204), du bureau d'entomologie du Département de l'Agriculture des Etats- Unis, des expériences ont. permis de découvrir un larvicide moins cher que le pétrole brut et convenant pour les pièces d'eau des jardins, les étangs à poissons et les rizières. Ce larvicide consiste en diverses poudres végétales. Celle de pyrèthre est trop chère et son action purement mécanique. Des mauvaises herbes et graminées de presque toutes les espèces croissant dans le voisinage furent séchées et, réduites en poudre suffisamment fine, donnèrent de très bons résultats. Il n'est pas nécessaire de choisir une espèce particulière. Une bonne poudre s'étale rapidement et uniformément, même si elle est jetée par poignées. Il convient cependant mieux de l'appliquer sous forme de jet. Une livre de poudre peut couvrir de 3,500 à 4,000 pieds carrés. Cette poudre n'est efficace que pendant quelques minutes, mais elle est si fatale aux larves que celles-ci meurent en quelques instants, même si on les transporte immédiatement dans une eau non traitée. Complètement mouillée, la poudre perd son efficacité. Les espèces de larves à siphon gros et court sont aisément tuées, celles à siphon long et mince, Culex sp., sont plus résistantes. D'autre part, M. W.-M. Aders (2) signale qu'à Zanzibar des essais ont été faits en vue de déterminer l'action larvicide des feuilles vénéneuses d'un arbuste : Tephrosia vogcli. Toutes les lan'es placées dans une solution à 1 p. c. de pulpe faite de feuilles, moururent en 12 heures. Toutefois, avant d'essayer cette substance sur une grande échelle, l'action sur les animaux domestiques doit être expé- rimentée. Tourteau de nilre. — Le tourteau de nitre a été employé depuis la guerre comme larvicide. C'est un sous-produit de la fabrication du fulmicoton, un sulfate acide de soude impur, contenant environ 50 p. c. d'acide libre. Cette substance étant solide et partiellement granulée, se dissout lentement. M. F.-P.W. Hough (91) dit que des 171 essais faits avec du tourteau de nitre ont prouvé que celui-ci tue presque toutes les larves, mais n'empêche pas l'éclosion des œufs de moustiques. Les graminées et mauvaises herbes autour des mares sont égale- ment détruites par l'acide. M. C. W. Metz (146) fait remarquer que le tourteau de nitre ne convient que là où il n'y a pas de danger d'empoisonner les per- sonnes ou les animaux domestiques. Xanthatcs. — ■ Suivant M. F.-M. Howlett (98), des recherches faites aux Indes ont prouvé que les xanthates étaient très toxiques pour les larves de moustiques. Cyanure de potassium. — Sir R. Ross et M. Edie ont préconisé le cyanure de potassium comme larvicide. A la dose de 1 pour 500,000, il s'est montré efficace envers les larves de Culex et d'Anophèles. Le cyanure était mélangé à du savon et le tout comprimé en tablettes. M. Taylor (201), qui a expérimenté ce larvicide, dit qu'à la dose préconisée par Ross et Edie, il détruit les œufs et les jeunes pupes de moustiques, mais n'est pas aussi nuisible aux larves. Il doit évi- demment être employé avec précautions et dans des eaux non potables. M. E. Teichmann (202) a constaté que les larves peuvent être tuées par la présence du gaz cyanhydrique au dessus de la surface de l'eau ou par la dissolution de la cyanamide de soude dans l'eau. Une solution à 1 pour 100,000 fraîchement préparée détruit larves et pupes en 24 heures. Le gaz formé se diffuse rapidement dans l'air. Les occasions d'employer ce larvicide sont évidemment peu fré- quentes. La dose indiquée par Ross et Edie (1/300,000) a été essayée à Ceylan, mais il fut trouvé qu'une concentration beaucoup plus forte, 1 pour 57,000, était nécessaire et, à cette dose, l'emploi du cyanure est dangereux. Enfin, d"après les essais faits par Al. H. Priestley (165) au Queens- land, l'efficacité du cyanure de potassium comme larvicide est accrue par l'addition de très petites quantités d'acide sulfurique. Créosote. — D'après AI. C.-W. Metz (146), des essais ont été faits aux Etats-Unis pour utiliser les huiles de créosote comme larvicide. Le créosote raffiné et le créosote commercial de couleur noire et de consistance plus épaisse que le pétrole brut, sont appliqués sous forme d'un jet vaporisé en brouillard, à l'aide d'une petite pompe à main automatique, de la contenance d'un demi-gallon. Ce brouillard tombe à la surface de l'eau et y flotte. Une quantité remarquablement petite de cette matière, bien appliquée, tue les larves d'Anophèles. Le créosote étant toxique pour les poissons et animaux domestiques, devra être employé avec précaution. Crésol. — AI. Hendiey (87), parlant de la malaria dans le Punjab (Indes), dit qu'une faible solution de crésol saponifié, introduite dans de petites agglomérations deau, détruit rapidement les larves d'Anophèles, mais a moins d'action sur les pupes qui, plus résis- tantes, ne sont tuées qu'après 24 minutes. 172 MM. J.-F. Mayne et W.-R. Jackson (145), dans une étude sur les lai-vicides expérimentés en Macédoine, recommandent le crésol. Employé au millionième ou même au dix-millionième, il tue toutes les larves de Culex ; celles d'Anophèles demandent des solutions plus fortes. Les pupes sont plus résistantes que les larves, mais le crésol agit surtout sur les radeaux d'œuîs et sur les petites larves nouvel- lement écloses, qui sont tuées par une dose d'un de crésol pour 100 millions d'eau. Destruction de la nourri^ Dans la lutte contre les moustiques aux ture des larves. stades larvaires, l'attention des chercheurs s'est principalement portée sur la destruc- tion directe des larves. Mais il existe un moyen détourné qui, dans certains cas, pourrait se montrer efficace, c'est la destruction de la nourriture des larves. D'après le Dr W.-M. Graham, les larves de moustiques demandent, pour vivre et se développer, une quantité constante d'une nourriture spéciale, consistant habituellement en petites algues d'eau douce et, comme nous l'avons déjà dit, en traitant de l'alimentation des larves, certaines de ces algues sont très sensibles aux changements de densité et de teneur en sels solubles de l'eau et probablement aussi à la quantité de lumière qui pénètre jusqu'à elles et à la longueur d'ondes de celle-ci. Les larves d'Anophèles (Pyretophorus) costalis, par exemple, se développent dans de l'eau rendue partiellement opaque par la matière en suspension et qui contient des algues mobiles. La matière en suspension n'est pas éliminée par une centrifugation, mais peut être précipitée par addition à l'eau de 3 pour cent de sel de cuisine. Par la précipitation, l'eau devient claire, les algues mobiles deviennent stationnaires, leur cytoplasme transparent se dissout dans l'eau et les chloroplastes (corpuscules chlorophylliens) tombent au fond du récipient. A la suite de la suppression de leur nourriture habituelle, les larves contenues dans ce milieu deviennent cannibales- et se dévorent entre elles. Les moyens de destruction de la nourriture des larves n'ont pas encore été étudiés, au point de vue de leur application pratique. Des recherches de ce genre demanderaient, au préalable, une con- naissance exacte des algues d'eau douce africaines, sujet sur lequel on ne possède malheureusement encore que fort peu de renseigne- ments (*). (*) Dans les U. S. Public. Health Reports, n" 32, du 8 août 1919, M C. W. Metz (147) donne quelques renseignements sur des recherches faites en vue de supprimer les larves en détruisant leur nourriture. Il fut de suite évident que cette opération était impossible, par suite de la grande diversité des aliments qui conviennent aux larves. Les observations furent faites sur les Anophèles punctipennis Say, A. qiiadrimaculatus Say et A. crucians Wied. La variété des matières alimentaires était si grande qu'il fut jugé inutile de les dénombrer ou de les classer en matières animales ou végétales en organismes vivants ou en substances mortes. Les essais ont démontré qu'au plus l'eau est pure et stérile, au plus elle convient aux larves d' Anophèle s, pomwi qu'une quantité suffisante de nourriture y soit présente. 173 Culture de certaines Les lentilles d'eau (Lemna spp.) (*), lors plantes aquatiques poui la destruction des lar plantes aquatiques pour q^'djes recouvrent entièrement la surface ^,gg^ des eaux des mares, étangs, marais, fossés, etc., peuvent faire disparaître les larves de moustiques en les empêchant de venir respirer à la surface. M. le professeur Laveran a rappelé, dans son Traité du Paludisme, 2^ édition (p. 546), que Centenni et Orta ont proposé de se servir de la lentille d'eau pour la destruction des larves. Et il ajoute : «Il est possible que ce procédé puisse être utile dans quelques cas particuliers. » M. le Dr F. Regnault (167) relate dans le Bulletin de Pathologie exo- tique, de Paris, n° 10, de 1919. qu'en 1917. étant mobilisé à Ajaccio, en Corse, il fit des essais de culture de lentilles d'eau dans des mores à eau claire, possédant une grouillante population de larves, parmi lesquelles celles d'Anophelcs. Il jeta dans ces mares un peu de bouse de vache et de crottin de cheval, puis les ensemença avec quelques lentilles. Celles-ci se multiplièrent, foisonnèrent, et les larves de moustiques disparurent. Quand les matières organiques furent épuisées, les lentilles périrent. M. le Dr Regnault conclut en disant qu'il serait donc facile de cultiver les lentilles d'eau. Dans la lutte contre le paludisme, cette culture serait avantageuse pour les grandes mares où l'emploi du pétrole est coûteux. La disparition des lentilles d'eau serait une des causes de l'apparition du paludisme dans les pays ravagés par la guerre. M. B. Galli Valerio (72), dans ses observations sur les Culicidœ, fait également la remarque qu'à Vidy (Lausanne), sur le lac de Ge- nève, la lentille d'eau Lemna palustris, joue un rôle important en enrayant le développement des Culicidse. D'autre part. M. Fermi, C. (64), signale dons les Annali dlgiene, de Rome, du .50 avril 1917, que Lemna pahistris fournit un moyen efficace de couvrir la surface de l'eau, là où le pétrole ne peut être employé. Il est facile de semer cette plante aquatique : il suffit d'en jeter une poignée par dix mètres carrés pour obtenir une couverture complète en trois à quatre semaines. Enfin. M. E. Mac Gregor (\7>6) signale l'emploi possible, comme destructrice des larves de moustiques d'Azolla filiculo'ides, une plante aquatique de la famille des fougères, rérerninent introduite du Canada en Angleterre. Cette plante s'étend très rapidement, cou- vrant complètement la surface de l'eau par une masse spono-ieuse de feuilles compactes. Il fut observé que les Anor)hrlr.<; ne pondaient pas dans un réservoir d'expérience couvert d'.42o//fl filiruIoïde.<;. alors qu'ils pondent volontiers dans d'autres réservoirs contenant d'autres espèces de plantes aquatiques. ENNEMIS DES LARVES ET PUPES DE MOUSTIQUES, Les principaux ennemis des larves et pupos de moustiques sont les prtissons. Ce sont eux qui. au point de vue pi-atique. présentent la plus grande importance. Viennent ensuite les oiseaux d'eau, puis les animaux inférieurs : larves d'insectes, petits crustacés, etc. (*) Il existe en Belgique cinq espèces de Lemna : Lemna trisuica, L. minor, L. Gibba, L. pol'jrrhi:a. e'. L. arrhiza. 174 Introduction de poissons Certains poissons, ordinairement de petite culiphages. taille, son très utiles en réduisant le nom- bre des larves et conséquemment aussi le nombre des moustiques ; ils diminuent ainsi les chances de trans- mission à l'homme des maladies communiquées par ces insectes. Il est donc à conseiller, dans certains cas, lorsque, par exemple, il est impossible de traiter les milieux de développement des larves d'Anophèles par les substances larvicides ou par le drainage, d'y introduire des poissons culiphages. Mais tous les réservoirs où les larves de moustiques se développent ne sont pas toujours habitables pour les poissons ; ils sont souvent trop petits ou peu accessibles. Avant donc d'introduire ces derniers, il faut vérifier si le milieu leur convient. (*) Dans le choix des poissons susceptibles d'être placés dans les eaux où les larves se développent, l'on sélectionnera surtout les espèces qui, par leur nature, sont spécialenient adaptées à ces milieux. Certaines formes seront principalement utiles dans les petites pièces d'eau artificielles et les réservoirs ; d'autres conviendront mieux pour les fossés, les mares vaseuses et les bords enherbés des rivières et des lacs. Certains poissons vivent dans l'eau douce, d'autres dans l'eau saumâtre ou salée, et quelques-uns sont capables de s'adapter également aux divers milieux. On donnera la préférence, pour l'intro- duction, aux espèces indigènes ou à celles acclimatées dans la région ; aux espèces qui se multiplient rapidement, supportent bien les condi- tions les plus variées et ont, par conséquent, une distribution étendue, et surtout aux espèces qui recherchent naturellement leur nourriture, en des localités où les larves abondent et qui la prennent à la surface, où elles trouvent les œufs, larves et pupes des Anophcles et Culex. Introduction des « Mil= En fait, les poissons ayant fait leurs preu- **'*°^ ^^' vos, comme destructeurs de larves de mous- tiques, sont encore peu nombreux. Le plus connu de ces poissons est le « Millions », qui a pour habitat naturel les eaux douces et saumâlres du Venezuela, de la Guyane, de Trinidad et des petites Antilles (Sainte-Lucie, Saint-Vincent, la Barbade, la Grenade, etc ) (*'^). Son nom scientifique e\a}Ci est Ijcbistes rcticulatus, mais cette espèce a été également décrite sous les noms de Girardinus poeciloides (Barbade), Girardinus guppyi (Trinidad), et Poecilia reti- culata (Venezuela). Les femelles de «Millions» sont vivipares; les mâles sont plus petits que les femelles et possèdent des niarques ornementales, alors que les femelles ont une coloration uniforme. Les « Millions » sont très prolifiques et leurs portées se succèdent à des intervalles de quelques semaines. D'après les notes de M. le Dr NichoUs (156), le « Millions » est (*) M. Me Donald M'. M. (134) a observé à Antigoa (Antilles) que, malgré l'abondance des petits poissoas dans les eaux libres de certaines mares, les larve® d^e moustiques pullulaient dans les herbes et la végétation qui encombraient les bords. Il en conclut que ces derniers doivent être tenus propres pour que les petits poissoms puissent remplir leur rôle culiphage. (**) Le nom vulgaire do ces poissons " Millioins » a sans doute pour originaire leur phénoménale abondance dans les eaux qu'ils fréquentent. 175 excellent pour les grands tonneaux et réservoirs d'eau de pluie, et il n'a aucune action nuisible sur leur contenu. L'eau d'un réservoir d'une capacité de 5,000 gallons, dans laquelle un cerlain nombre de ces poissons avait vécu pendant un mois, fut trouvée, à l'analyse, suffisamment pure pour être utilisée comme boisson. M. Nicholls a fait, à Sainte-Lucie (Antilles), des expériences inté- ressantes sur l'adaptation des « Millions » à divers milieux et sur leur pouvoir de destruction des larves. En voici un résumé : 1) — Une vingtaine environ de poissons péchés dans les marais de Gros Islet furent introduits dans deux vieux tonneaux remplis d'eau. Dans ces tonneaux, M. Nicholls éleva, avec succès, plusieurs milliers de petits «Millions» qui furent, dans la suite, distribués en divers endroits ; 2) — Au commencement, ces poissons ne pouvaient rester en vie dans des réservoirs en fer. Toutefois, en mélangeant un peu d'eau provenant de réservoirs rouilles, avec une grande quantité d'eau de pluie et en augmentant graduellement dans la suite le pourcentage d'eau rouillée, M. Nicholls obtint des « Millions » qui s'acclimatèrent et se multiplièrent très bien dans des réservoirs en fer ; 3) — De la même façon, l'expérimentateur réussit à accoutumer ces poissons à l'obscurité ; 4) — En ajoutant graduellement de l'eau provenant de marais saumâtres, les « Millions » s'adaptent également à ce nouveau milieu ; 5) — M. Nicholls eut très difficile à maintenir en vie et à multiplier ces poissons dans de l'eau à une température de 38° G. et plus. Il y réussit en changeant continuellement l'eau, en ajoutant de la nourriture fraîche et en exposant, chaque jour, aux rayons du soleil. Il eut également des difficultés avec les températures basses, mais l'expérience a prouvé, d'une façon concluante, que les « Millions » peuvent être graduellement accoutumés à des variations thermomé- triques allant de 38°6 à 12°75 G. Il est, de plus, fort possible que ces poissons puissent résister à des températures encore plus élevées ou plus basses, si celles-ci sont amenées d'une façon graduelle et en y mettant le temps voulu ; 6) — N. Nicholls plaça six « Millions » dans un récipient à pétrole rempli d'eau et contenant de nombreuses larves do moustiques ; le jour suivant, ces larves étaient toutes dévorées. Il ne changea pas l'eau ; au bout de trois semaines, il y avait 25 poissons. Peu après, certains d'entre eux moururent. Us avaient ainsi vécu et s'étaient multipliés dans deux ou trois gallons d'eau non renouvelée et stagnante ; 7) - — Il est très difficile de donner dos chiffres exacts quant au pouvoir destructeur des « Millions », car les poissons, ainsi que les larves de moustiques, varient grandement de taille. Ce pouvoir est toutefois énorme, M. Nicholls ayant constaté que deux ou trois « Millions » peuvent rapidement détruire toutes les larves d'un 176 réservoir contenant 10,000 gallons d'eau, et tenir dans la suite, cette eau complètement exempte de vies animales. (*) Les « Millions » ont été expédiés de la Barbade dans les autres îles des Antilles, ainsi qu'à Guayaquii (Equateur), en Guyane anglaise, à la Jamaïque, à Bolivar (Venezuela), etc., en vue d'y réduire le nombre de moustiques. Plusieurs envois de ces poissons ont été également faits en Afrique du Sud, à l'initiative de la « South African Anti-Malarial Association ». Deux lots reçus successivement à la « Transvaal Trout Acciimatisation's Hatcheries », à Potchefstroom, et à la « Pongola Rubber Estate Co », au Zoulouland, n'ont malheu- reusement pas réussi, mais, par contre, un lot expédié aux établisse- ments de pisciculture de Stellenbosch s'est bien développé, et les résultats obtenus font espérer que ces poissons pourront s'acclimater en Afrique du Sud et être introduits, prochainement, dans les cours d'eau des régions malariées. On a également essayé d'introduire les « Millions » à la Côte occi- dentale d'Afrique, mais malheureusement les sujets sont morts en route. Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que ces poissons vivent dans dos îles où la faune aquatique est limitée et qu'ils auront bien plus difficile à se maintenir dans les eaux africaines, riches en espèces ichtyophages, et où la lutte pour l'existence est, par consé- quent, plus âpre que dans leur contrée d'origine. Du reste, comme nous le verrons plus loin, il ne manque pas de petits poissons africains et même congolais qui font leur proie des larves de moustiques. (**) Les Top=Minnows. Les Top-Minnows sont d'autres petits pois- sons très recommandables pour la lutte contre les moustiques. Ils sont vivipares et habitent le Mississipi et les eaux fraîches et saumàtres de la Floride et du Texas. Leur nom scientifiqueest Gambvsia aHinis et ils appartiennent à la famille des Poeciliidae (voir fig. 96). Ils supportent très bien la captivité, sont actifs, se nourrissent à la surface et recherchent leurs aliments parmi la végétation et les débris, le long des berges des cours d'eau et étangs qu'ils habitent. Ils sont très petits et peuvent, par consé- quent, pénétrer dans les eaux très peu profondes, très près des rives ou des sources, en des endroits inaccessibles aux poissons de plus (») D'après M. H. A. Ballou M. Se, entomologiste du Département impérial d'Agriculture pour les Indes occidentales anglaises, les Millions bien nourris ne sont pas voraces, mais lorsqu'il sont depuis plusieurs jours à jeun, ils deviennent d'une grande avidité. Un très petit poisson peut attaquer une grande larve de moustique complètement développée et finir par la capturer après de multiples efforts. Même lorsqu'ils sont gorgés jusqu'à distension, les Millions affamés continuent à faire de.s efforts frénétiques pour capturer les larves, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus capables d'avaler leur dernière proie. La femelle de Millions complètement développée, mesure de 35 à 40 millimètres de longueur ; le m.âle est beaucoup plus petit. (**) Le Département impérial d'agriculture pour les Indes occidentales anglaises a publié, en 1908-09, plusieurs brochures intéressantes sur les Millions et leur utili- sation pour la destruction des larves de moustiques. Deux d'entre elles ont été rédi- gées par M. H. A. Ballou M. Se., le savant entomologiste du département. En. voici les titres : Milliotis and Mosquitos, by H. A. Ballou M. Se, 16 p.. Impérial Départe- ment of Agriculture for the West-Indies, Pamphlet, série 55, 1908 ; Millions and Mas- quitos, by H. A. Ballou M. Se, 10 p., 4 fig. Rep. from West-Indian Bulletin, vol. IX, n. 4, p. 182-90, 1909 ; Transportation of Millions, by Fr. Watts, 3 p., 1 fig., Imp. Dpt. of Agric. for the West-Indies. 177 grande, taille. ComiTio nous l'avons dit, ils sont vivipares, et au moment de la naissance, les jeunes sont donc suffisamment développés pour échapper à la plupart des dangers encourus par les alevins de poissons ovipares. Leur faculté de s'adapter à des conditions très variées, de pénétrer en des endroits hors d'atteinte des autres poissons Fig. 96. — Gambusia affinis, ou Top-Minnows. — Mâle à gauche, femella à droite. — Grandeur naturelle. — Poissons culiphages nord-amé- ricains, recommandables pour l'introduction dans les eaux infestées par les larves de moustiques. (Cliché RadclilTej. et leurs mœurs générales, font des Top-Alinnows une des meilleures espèces de poissons à introduire dans les eaux infestées par les larves de moustiques : Anophèles, Culcx, etc. Les essais d'introduction de Gambusia aHinis aux îles Hawaii, faits en 1905, ont parfaitement réussi. Plusieurs centaines de milliers de poissons ont été élevés et distribués dans les étangs et mares de l'archipel. Ils ont débarrassé l'eau des larves de moustiques et des masses d'œufs de Culex pipiens flottant à la surface. D'après M. A Seale (182), en 1915, M de ces poissons acclimatés ont été envoyés d'Honolulu aux îles Philippines. II y en avait, en 1918, plusieurs milliers dans les cours d'eau et marais de ces îles. Le Gambusia uHinis se maintient dans les étangs, malgré la présence d'espèces voraces, telles que Microptcvus salmonoides et les poissons indigènes Opliiocephalus strialus et Therapon argenteus. Il n'y a pas de doute, ajoute M. A. Seale, que, dans quelques années, ils auront réduit le nombre de moustiques et qu'ils contribueront pour beaucoup à éliminer la malaria des îles Philippines. A Rio de Janeiro (Brésil), une espèce de Top-Minnow a également été utilisée par le Service Public de Santé et a été placée dans les tanks et autres réservoirs, là où l'emploi du pétrole était impos- sible. (*) (*) M. S. F. Hild^brand (99) dans le n. 21 des Public Health Reports (U.S.A.). (23 mai 1919) publie certaines observations sur la valeur des poissons culiphages et spécialement du Top-minnow, Gambusia affinis. Partout, où ce poisson a été intro- duit, les larves ont été exterminées en un laps de temps très court, sauf dans le cas où un abri suffisant leur était fourni par les feuilles ou tiges des plantes submergées. Le nombre de poissons requis pour éliminer les larves d'une pièce d'eau est plus petit lorsque cett^e pièce d'eau est libre de végétation aquatique et autres abris. Les plantes qui offrent la protection la plus efficace aux larves, et qui, par consé- quent, doivent être enlevées, sont une graminée aquatique Hydrochloa caroliniensis, une espèce de Myriophyllum et des algues. 178 Autres poissons culipha= ges américains. En juillet 1915, le Bureau of Fisheries du Département du Commerce des Etats- Unis, a publié un étude très intéressante de M. Lewis Radcliffe, scientiîic Assistant (166), sur les poissons qui détruisent les larves des moustiques. M. Radcliffe y donne une liste avec description, des principales espèces de poissons qu'il serait possible d'introduire dans les eaux américaines infestées par les œufs, larves et pupes des moustiques. Certaines d'entre elles ont déjà fait leurs preuves ; d'autres sont proposées, parce que leurs mœurs géné- rales sont semblables à celles d'espèces reconnues utiles. L'auteur cite notamment, parmi les poissons habitant les eaux douces, diverses espèces de Fundulus (voir fig. 97), (F.' diaphanus, F. dispar,, F. notatus, F. chriisotu.'^, F. nothi), le Gambusia aHinis Fig. 97. — Fundulus diaphanus. — Femelle. — Poisson culiphage nord-américain. — Grandeur naturelle. (Cliché Radcliffe.) (Top-Minnow), VUclcrandria lormosa, le Mollienisia latipinna, les Enneacanthus obesus et gloriosus, le Mesogonistius chaetodon, le Cenlrarchus macropterus, les Lepomis cyanellus et gibbosus, VElas- soma zonatum, le Nolemigonus crysolcucas, le Labidesthes ^ ,-«î^^^*. # .,# ' ■ ■ 'Vf' ■4 ^^^' Fig. 98. - Carassius auralus. — Le poisson rouge ou poisson doré ordinaire. — Excellent pour détruire les larves de moustiques. S'acclimate et se propage partout avec facilité. sicculus et le Carubsius auralus. Ce dernier (voir fig. 98) — le poisson rouge ou poisson doré ordinaire — est extrènu>ment recommandable, à cause de la facilité avec laquelle il détruit \q< larves de moustiques dans les fontaines, les petits bassins artificiel? qui ne sont pas trop 179 encombrés par la végélalion, les réservoirs et même les citernes (*). Comme poissons d'eau saumàtre ou salée, la liste comprend égale- ment divers Fundulus (F. maialis, F. helerorliivs, F. fiimilis), deux Lucania (L. parva et L. venustaj et Cyprinodon varicgafus (**). Procédés de conservation Dans la brochure précitée, M. L. Radclifîe et de transport des /^ggx ^^ji^^, également d'utiles indications poissons culiphages. ^ < •,! i.. i» sur les meilleurs procèdes a adopter pour la conservation en vie, le transport et l'introduction dans les réser- voirs, des petits poissons culiphages. Les poissons seront facilement péchés, à l'aide de petits filets ou de sennes à mailles serrées. On les introduira ensuite dans des bidons à lait, remplis d'eau, d'une capacité de dix gallons (46 litres), en prenant tous les soins possibles pour éviter de les endommager. Un récipient de cette capacité peut facilement contenir 200 poissons de moins de 12.5 cm. de longueur, ou 100 de 12.5 à 20 centimètres. La cargaison sera expédiée aussitôt que possible et sera accompagnée par un surveillant, chargé de veiller à ce que l'eau reste de tempé- rature uniforme et à ce qu'elle soit bien aérée et changée aussi souvent que nécessaire, pour tenir les poissons en vie et dans de bonnes conditions. Dans les régions tempérées, il vaut mieux choisir, pour le transport, le printemps ou l'automne que le milieu de l'été. Le messager sera muni d'un thermomètre, d'un puisoir, d'un seau de fer d'une capacité de quatre à cinq gallons (18 à 22.5 litres), d'un tuyau de 2 cm. de diamètre et d'une longueur de 1.25 m. à 1.50 m., devant servir comme siphon, et d'une certaine quantité de glace, si l'on craint des températures élevées pendant le voyage. L'eau peut être aérée en en prenant une petite quantité à la fois dans le récipient contenant les poissons, et en la laissant reloniber d'une hauteur de 60 cm., ce qui entraîne de l'air jusqu'au fond du bidon. On peut encore siphoner une partie de l'eau dans le seau et l'aérer complètement, de la façon indiquée, avant de la reverser dans le bidon. Si la température de l'eau est trop élevée, elle peut être abaissée en ajoutant de la glace à l'eau siphonée dans le seau, et en la ramenant ainsi à la température normale. Le nombre de poissons à introduire dépend de la superficie de l'agglomération d'eau à traiter. En tout cas. il vaut mieux en mettre trop que trop peu. Dans un petit étang ou lac, il faudra mettre, (*) D'après M. k D' G. A. Boulenger, F.R.S., conservateur au British Muséum, il résulte de toutes les expériences faites, que c'est le poisson doré ou poisson rouge ordinaire, qui est Le plus recommandable pour la destruction des larves de moustiques. (**) D'après M. C. H. Kennedy (105), un petit minnow : Cyprinodon maciilarius, abondant dans les étangs peu profonds et les fossés de Californie, peut être utile comme culiphage, car il se nourrit de petits insectes aquatiques et de larves de Dip- tères, spécialement de larves de Chironomides. Des minnows d'autres espèces ont été introduits, avec grand succès, aux îles Hawaii, en vue de combattre la propagation des moustiques. Suivant M. W. C. Loftin, les ennemis les plus actifs des larves de moustiques en Floride sont les minnows Gambusia affinis et Chaenobryttus grtlosus. Enfin, d'après M. F. E. Chidesder (36), l'ennemi le plus vorace des larves de moustiques dans les eaux saumâtres ou salées, est l'espèce américaine Fundulus heie- roclitus. C-e poisson dévore malheureusement des larve.s de Dytiques (Dysticus) et les punaises d'eau (Notonecta), qui sont elles-mêmes de grands destructevrs de larves de moustiques, mais le nombre de ces insectes ainsi détruits est négligeable. Ce Fun- duhis émigré en vastes hordes de l'océan dans les eaux saumâtres et même dans le« eaux pre,?que douces. Les œufs peuvent être artificiellement fécondés et les jeunes embryons sont remarquablement vigoureux, ce qui facilite beaucoup leur introduction dans les cours d'eau et les marais. 180 au niininuini. une centaine de petits poissons pour obtenir un bon résultat. Poissons culiphages in= D'après M. H. C. Wilson (212), les espèces diens et malais. suivantes de poissons indiens font leur proie des larves de moustiques. Toutes les espèces de Chela, spécialement les plus petites ; toutes les espèces de Rasbora ; les petites espèces de Bariliits ; toutes les espèces d'Haplochilus et les petites espèces de Barbus (convenant toutes pour les réservoirs, grands étangs et marais). Pour les rizières, les puits et les petits étangs, toutes les espèces de Chela, Uaplochihs et Polyacanthus, ainsi que le Therapon iarbua, sont à conseiller. M. W. R. Mac Donald recommande également, parmi les poissons indigènes de la région de Madras : trois espèces d'Haplo- chilus très voraces, des Chela, Rasbora daniconius et Therapon iarbua. Cette dernière espèce n'est pas très répandue, mais elle est très utile. Une expérience de peuplement des nombreux puits et réservoirs servant à l'irrigation, faite conjointement au pétrolage et à l'enlèvement des mauvaises herbes, a donne de bons résultats. (*) Enfin, en ce qui concerne la Malaisie, notons que N.-H. Swellen- grebel et J. M. H. Swellengrebel-de Graaî (198) ont signalé récemment dans le Joum. ol Trop. Med. and Hyg., de Londres (1" avril 1920), que dans l'archipel malais existent plusieurs espèces de petits pois- sons culiphages, notamment VHaplochilus panchnx et, en moindre abondance, YOphiocephnles striatus et le Dangila atvieri. Ces petits poissons sont peu utiles dans les eaux salées ; par contre, dans les eaux douces et surtout dans les rizières, ils peuvent rendre des services. (**) (***). (*) Le col. H. Hendley (87) dans son rapport sur la malaria au Punjab durant l'année 1916, signale cependant qu'à Katas, dans la, citerne sacrée, les larves de moustiques abondaient à côté d'innombrables poissons (Cirhina latia et Barbus terio) qui, surtout lorsqu'ils sont jeunes, sont culiphages. Une constatation analogue fut faite dans les bassins des jardins de Shalamar, à Lahore, où des poissons culiphages avaient été artificiellement introduits. Dans ces mêmes bassins, des canards n'em- pêchèrent nullement la multiplication des larves d' Anophèles. D'après M. T. Southwell (Ann. Trop. Med. and Parasii., Liverpool, nov. 1920), les plus importants poissons culiphages des eaux douces des Indes, sont les Haplo- chilus panchax, H. melastigma et H. lineolattis. I! y a également de nombreuses espèces de moindre importance, tels que: les Amhassis nama, A. ranga, Badis badis. Barbus sp., Anabas scandens, etc. (**) M. A. Peryassu, dans Saûde (Rio-de- Janeiro) de mars-avril 1919, cite comme ennemis naturels des larves de moustiques, un certain nombre de poissons brésiliens, tels que les Girardinus caiidimaculatus, Poecilia vopora, Glaridodon januarius et Jenynosia Hneata. (*'*) M. E.E. Austen (7), signale parmi les mesures prises contre les moustiques en Palestine, au cours des campagnes de 1917-18, l'introduction d'un poisson culi- phage (Tilapia nilotica). M. A. W. J. Pomeroy (164), parlant de la prophylaxie de la malaria en 1918-19 à Dar-es-Salam (Afrique orientale), écrit qu'au point de vue pratique, les poissons culiphages qui conviennent le mieux sont les Top-minnows, ainsi que les Tilapia nilotica, T. ovaia, T. natalensis, T. mossambica, Electris fusca, Gobius guvius, Fun- duliis guentheri, Ambassis commersoni et Mugil macrolepis. Six poissons suffisaient pour un réservoir fortement infesté, d'une capacité moyenne de 200 pieds cubes. Enfin, d'après la Revue Horticole de l'Algérie (janv.-févr. 1920), (221), les pois- sons ornementaux culiphages qui conviennent !e mieux pour les aquariums et pièces d'eau en Algérie, sont le Cyprinodon iberus et diverses espèces de Chromis, Hemichro- rnis et spécialement de Macropodus. Le Macropodus paradisi s'élève facilement en captivité. Les adultes sont nourris de viande finement hachée et les allevins d'infu- soires oui se développent sur des laitues mises dans un sac de mousseline et plongées dans l'eau. 181 Poissons culiphages afri= Avant toutefois de tenter d'introduire el '^^'"*' d'acclimater dans les eaux congolaises, les petits poissons culiphages de l'Amérique, des Indes ou d'autres contrées, il faut que des recherches sérieuses soient faites au sujet des espèces culiphages africaines et surtout indigènes au Congo belge. M. le Dr G. A. Boulengcr, F. R. S., conser- vateur au British Muséum, qui a décrit une bonne partie des espèces africaines de poissons d'eau douce, et notamment la majorité des espèces congolaises nouvelles, a bien voulu nous signaler qu'il existe de nombreuses formes africaines de petits Cyprinodontes, proches parents des Girardinus (Millions), et qui ont, sans doute, des mœurs similaires. Dans son important Catalogue ol ihe Fresh Waler Fishes ol AIrica, Vol. III, M. le Dr G. -A. Boulenger (21) a décrit un grand nombre de petits poissons africains de la famille des Cyprinodontidae, appar- tenant aux genres Cyprinodon, Tcllia, Fundulus, Haplochilus, Pro- catopus et Lamprichlhys. Les genres Cijprinodon et Tellia ne se rencontrent qu'en Afrique du Nord. Par contre, dix-huit espèces de petits poissons du genre Fundulus vivent dans les eaux douces et saumâtres de l'Afrique centrale et méridionale, quoiqu'aucune n'ait encore été signalée au Congo belge. Une des espèces les plus intéressantes, est Fundulus gardneri Blgr.. récoltée dans le Bas-Niger et dont nous représentons les deux sexes, fig. 95. C'est le genre Haplochilus qui compte les petites espèces africaines de poissons, les plus intéressantes à notre point de vue, car elles font toutes, probablement, leur nourriture des larves de moustiques. On connaît actuellement, en Afrique, 42 espèces d' Haplochilus, dont les 18 suivantes ont été signalées au Congo belge : llaplochilns pumilus (55 mm. .—Lacs Tanganyika et Victoria (voir fig. 95U H. Christyi (50 mm.]. — Rivière Lindi; //. Ferranti (50 mm.).— Kasai; //. cnmeronensis (55 mm.).— Gabon, Bas-Congo; H. Luiae (45 mm.)— Kasai (voir fig. 95); H. sexfasciatus (100 mm.)— De Libéria au Congo; //. Decorsii (40 mm.).— Ubanghi: H. elegans (40 mm.). — Haut-Congo; //. striatus (40 mm.). — Ogowe et Congo portugais; H. spilauchen (70 mm.).— Bas-Congo; H. Hutereaui (35 mm.).— Uele-Haut-Congo-Lac Moéro (voir fig. 95); H. moeruensis (34 mm.). — Lac Moéro; //. Kntangae (25 mm.).— Katanga (R. Lubumbashi près d'Elisabethville' (voir fig. 95); //. macrostigma (55 mm.).— Embouchure du Congo (Borna); H. nigricans (47 mm.).— Uele (Dungu)-Haut-Congo; //. miiltilascialus (45 mm.).— Kasai (Kondue) (voir fig. 95); H. Chevalieri (48 mm.).— Stanley-Pool; //. singa (45 mm.)— Borna.— R. Lindi. 182 Les genres Procalopus et Lam'pnchlhys ne comptent respectivement chacun qu'une espèce : Pro( atopus nototaenia du Cameroun et du Fig. 99. — Lampnchthys tanganicanus. — Poisson culiphage de la famille des Cyprinodontides (135 mm. de longueur). — Récolté à Mpala, siir le lac Tanganyika. Bas-Niger, et Lamprichthys tanganicanus (135 mm.), récolté dans le Lac Tanganyika (voir fig, 99). La mission américaine Lang-Chapin (*), rentrée en 1917 aux Etats-Unis, après un séjour de près de six années dans notre Colonie, a également récolté cinq formes d'Haplochilus congolais, dont une espèce nouvelle : Haplochilus platysternus (Î2Û à 55 mm.), pêchée à Stanleyville, dans de petits ruisseaux forestiers se déversant dans la Tshopo. Les quatre autres espèces étaient déjà connues. Ce sont : H. elegans (Stanleyville, Farad je et Medje) ; H. spilauchen (Zambi, dans les marais herbeux bordant le fleuve) ; H. multilasciatus (Stanleyville, pools d'une rivière forestière, affluent de la Tshopo) et H. singa ^Stanleyville). En Afrique occidentale (Yaba, près de Lagos), le Dr W. M. Gra- ham (78) a noté l'absence complète de larves de moustiques dans des mares qui convenaient très bien à leur développement, mais qui contenaient de nombreux petits poissons de l'espèce Haplochilus Grahami. Ces petits poissons, d'environ 50 mm. de longueur, sont très agiles, vivent dans des mares de quelques mètres carrés d'éten- due et dévorent voracement les larves de moustiques. Ils possèdent la faculté de sauter à une distance d'un ou deux pieds et de passer ainsi d'une mare à l'autre. Ainsi chaque flaque d'eau, en marais ou terrains inondés, peut être visitée par les Haplochilus Grahami et débarrassée des larves. Des expériences ont prouvé à M. Graham que si ces poissons sont placés, au nombre d'une douzaine, dans un récipient contenant une centaine de larves de moustiques, celles-ci disparaissent en une heure. Les pupes, par contre, n'ont pas été attaquées, probablement parce que ces poissons ne sont pas accou- tumés à les voir, les larves qui habitent les mêmes eaux qu'eux, ne parvenant, sans doute, jamais à ce stade de développement. («) Fresh-water Fishes of the Congo Basin ohtained by the American Muséum Congo Expédition, 1900-1915, by J. Treadwell Nichols and Ludlow Griscom. — Bu!I. of the Americ. Mus. of N.H., Vol. XXXVII, Art. XXV. pp. 653-756, 26 nov. 1917. 183 Comme en Afrique, la plupart des agglomérations naturelles d'eau contiennent des poissons-chats et autres poissons prédateurs, qui détruisent tous les petits poissons, ce n'est que dans les mares ne contenant pas de grands poissons que l'introduction des Haplo- chilus pourra réussir. Ces Haplorhilus et leurs congénères pourront également être essayés dans les tonneaux, réservoirs et tanks d'eau de pluie, à condition de les empêcher, par un dispositif approprié, de sauter hors de ces récipients. Il est en tout cas certain qu'il existe dans les eaux douces de notre Colonie, de nombreuses espèces de petits poissons qui pour- raient utilement êtr'e employés qomme destructeurs de ilarves de moustiques. Des recherches s'étendant à tous les ennemis des stades larvaires des moustiques seraient donc très utiles ; elles ne compren- draient pas seulement la détermination des espèces, mais également l'étude de leurs mœurs et des expériences d'introduction dans les réservoirs artificiels, en régions malariées (*). Oiseaux aquatiques. L'utilisation des oiseaux aquatiques pour la destruction des larves de moustiques a été depuis longtemps préconisée. Suivant Friedrichs, les canards, tout comme les poissons, débarrassent les étangs des larves, et Sambon (180) a signalé, en 1902, les avantages que présentent, à ce point de vue, les poules d'eau. En 1913, M. le Dr Gebbing, directeur du Jardin Zoologique de Leipzig, a proposé d'employer le canard sauvage (Anas boscas), comme destructeur de larves. Dans un article paru dans « Frank- (urter Zeitung » ((Œine neue Art der Muckenbekamplung »), il cite plusieurs cas absolument probants et insiste sur la nécessité de pro- téger cet oiseau. Tout récemment, le Dr S. G. Dixon, inspecteur sanitaire en Pensylvanie, a fait ressortir par une expérience intéres- sante l'utilité des canards dans la lutte contre la propagation de la malaria. Deux digues furent établies dans un cours d'eau, à proxi- mité l'une de l'autre, de façon à ménager aux larves de moustiques deux réservoirs de développement identiques. Dans un de ces réser- voirs, vingt canards furent lâchés, l'autre réservoir étant, par contre, protégé contre les oiseaux aquatiques, mais amplement pourvu de poissons rouges. Le résultat fut que, pendant plusieurs mois, il n'y eut aucune larve dans le premier bassin, tandis qu'elles abondaient (*) D'après M. J. C. Legendre, (112), à Madagascar, une station & été récemment établie à Antananarivo, en vue d'élever deux variétés de carpes qui se nourrissent de larves d'Anophèles et qui proviennent, l'une de France et l'autre de la Réunion. U paraîtrait également que le Carassius auratus (le poisson rouge), introduit dans les rizières, s'y multiplie rapidement, par suite de la haute température et de l'abon- dance des larves. L'auteur signale que, dans un cas, le nombre de poissons passa en cinq mois, de 1,300 à 18,000. D'autre part, d'après M. A. F. Kennedy (104), l'utilisation de poissons cnliphages a donné de bons résultats en Gambie (Afrique occidentale anglaise), et il a été prouvé que l'introduction de poissons dans les puits est une meilleure mesure prophy- lactique que le pla-cement de couvercles de toile métallique. Onze poissons, six de dix centimètres de long et cinq de cinq centimètres, ont dévoré, en une journée, 2,100 lar- ves, dans un drain contenant une couche de dix centimètres d'épaisseur d'eau. En un cas, deux poissons dévorèrent trente larves en trois minutes. Toutes les expériences signalées par M. Kennedy, tendent à prouver que, si les poissons sont convenablement traités, leur capacité de destruction des larves de moustiques est très grande. 184 dans le second. Les canards ayant été finalement admis dans ce dernier, détruisirent larves et pupes en 48 heures. Ajoutons toutefois, au point de vue de l'utilité des canards, que M. F. C. Bishop (17) fait remarquer que si ces oiseaux sont confinés dans des cours à sol humide, ils font des trous qui constituent d'excellents réservoirs de multiplication pour les moustiques, et sont fréquemment cachés par les herbes. Têtards. -Insectes aqua. , ^es têtards de batraciens, de même que tiques, les batraciens adultes, dévorent probable- ment une bonne quantité de larves de mous- tiques. A Panama, toutefois, la présence de têtards ne réduisait pas le nombre des larves dans les mares, et l'observation n'a pas, jusqu'à présent, démontré leur utilité. M. A. C. M. Chandler (34), de la station expérimentale agricole de rOrégon (U. S. A.), a recommandé l'emploi, comme culiphages, des salamandres !\otophtalmus loiosus de l'ouest des Etats-Unis, et ^olophtalmus viridescens du Nord-Est. L'emploi de A. torosus est à conseiller, parce que cette salamandre n'a pas d'ennemis, qu'elle peut vivrt dans presque toutes les eaux, sauf celles qui sont trop sales, et dans toute espèce de récipients, depuis le bocal jusqu'au lac, et qu'elle possède une capacité alimen- taire énorme, combinée avec la faculté de pouvoir jeûner pendant de longues périodes. Son élevage est lent, mais son transport et sa distribution sont faciles. Il est indiqué d'introduire cette salamandre dans les tonneaux à eau de pluie, réservoirs, biefs de moulins, bassins ornementaux, fossés d'irrigation, ainsi que dans les rizières de Californie. Divers Coléoptères aquatiques et leurs larves (Dyticidés et Gyri- nidés), ainsi que les larves aquatiques carnassières de Névroptères (Libellules, Ephémères, etc.), détruisent beaucoup de larves de mous- tiques et peuvent être très utiles dans les agglomérations d'eau où les poissons ne peuvent vivre. Il ne semble pas cependant que. dans la plupart des cas, leur introduction soit nécessaire, car ces insectes ont une distribution très étendue et sont suffisamment capables par eux-mêmes, dans leur stade adulte ailé, de rechercher les pièces d'eau qui conviennent au développement de leur progéniture. Par conséquent, leur absence d'une mare signifierait, semble-t-il, tout simplement que, pour une raison ou l'autre, ce milieu n'est pas favorable à leurs larves. Il n'en est pas ainsi pour les poissons, qui ne disposent pas de moyens de dispersion aussi complets. Les punaises d'eau, du genre Notonecta, détruisent également les larves de moustiques. Leurs mœurs culiphages ont déjà été signa- lées par Willcocks, à Khartoum (*). (*) M. J. \V. Scott Macfie (131) note qu'à Accra (Côte d'Or), les ennemis na- turels des larves de moustiques sont très nombreux, les principaux étant des têtards, des Notonectides, des Coléoptères aquatiques et des larves de libellules et d'éphé- mères. MM. Greiger J. C. et Purdy W. C. (74), parlant des rizièr^es de l'Arkansas, disent que les larves carnassières, principalement d'Hydrophiîus, Dytiscus et de quelques 185 M. S. A. Smith (192) a souvent obscrvi'; que les larves aquatiques de Chironomidés (Diptères), qui se construisent un tube entre les filaments d'algues, dévorent les larves (VAnophclef; punctipennis Say. De même, les larves de certaines espèces de moustiques, loin d'être nuisibles, sont très utiles, en dévorant leurs congénères appar- tenant à d'autres espèces. Tel est le cas, d'après M. F. W. Ed- wards (60), pour le Toxorhynchites brevipalpis Theob, fort répandu dans toute l'Afrique, et pour le Culex îigripes Grp. Les larves des Megalorhinina sont toutes prédatrices. D'après Peryassu et Bourroul, celles des espèces brésiliennes vivent dans les petits récipients et les creux d'arbres et se nourrissent exclusive- ment de larves de moustiques. Les Megalorhinina forment un groupe de moustiques facilement reconnaissables à leur grande taille, leur coloration brillante et leur longue trompe recourbée. Autres ennemis des Iar> Certains crustacés d'eau douce sont éga- ves. — Maladies et lement culiphages. M. le Dr NichoUs (156) parasites. g observé à Ste-Lucie (Antilles), un petit crustacé indéterminé, du sous-ordre des Décapodes, qui fait sa proie des larves dans les petites mares des régions montagneuses. Six de ces animaux, placés dans un récipient contenant plusieurs centaines de larves de moustiques, les dévorèrent toutes en un jour. D'autre part, aux Indes, M. H. C. Wilson (212) a signalé, comme laisant leur proie des larves, des petits crustacés du genre Daphne, ainsi, du reste, que les larves et adultes de Dyticidés et le Notonecte glauque. Un ver du genre Planaria est également un ennemi des larves de moustiques. M. A. B. Lischetti (122), qui relate cette découverte dans « Physis », de Buenos-Ayres (déc. 1919), dit que des expériences furent faites avec 100 ce. d'eau potable, dans lesquels six vers Planaria, introduits, reçurent 108 larves de Culex de 5 à 4 mm. de longueur; en quatre heures, 106 de ces larves avaient été dévorées. Ces mêmes six Planaria, transférés dans un autre récipient contenant 200 larves de Culex de 4 à 5 mm. de longueur, les attaquèrent immédiatement, les dévorant successivement, avec de courtes périodes de repos. A minuit, nombre de larves étaient mortes ou mourantes, et, le matin suivant, à 8 heures, toutes avaient disparu ou étaient accolées au fond ou aux parois du récipient. libellules, y sont assez abondantes pour enrayer quelque peu la propagation des moustique-s. M. Waterston J. (208), parlant de la distribution des moustiques en Macédoine, dit que parmi les larves récoltées avec celles des moustiques, beaucoup étaiejit culi- phages; divers Odonates, Ephémérides, Chrysops, ainsi que la népe cendrée et le notonecte glauque. M. S. G. Rich (168) signale que dans plusieurs rivières et étangs de l'Afrique du Sud qu'il a examinés, il ne trouva que très peu de larves de moustiques, lorsque les nymphes de libellules y étaient abondantes. D'autre part, dans les districts où les moustiques étaient nombreux, il n'y avait que très peu de Libellules. Enfin, M. Chidesder F. E. (37), parlant des dytiques comme destructeurs de larves de moustiques, dit que dans des expérience? de laboratoire, une larve de dytique introduite dans un petit bocal contenant des larves de moustiques, en dé- truisit 434 en deux jour?. Toutefois, ces larves carnassières, qui peuvent réduire le nombre de larves de moustiques là où elles sont très abondantes, sont incapables de Jes faire disparaître complètement. Il 186 Les mœurs alimentaires de ces Planaria sont ainsi décrites par M. Lischetti : « Les larves de moustiques sont attaquées lorsqu'elles sont suspen- dues à la surface de l'eau pour respirer et qu'elles restent immobiles pendant quelques secondes. Le ver applique un des lobes latéraux de sa tête au siphon de la larve, auquel il adhère à l'aide de la substance visqueuse dont il est recouvert. Si la larve essaie, à l'aide de ses pièces buccales, de se dégager, celles-ci adhèrent également au ver, qui, aussitôt qu'il a saisi sa proie, plonge avec elle jusqu'au fond du récipient. Il troue ensuite un des segments et suce tout le contenu du corps de la larve, ne laissant que la tête et la peau. Les larves adultes, à cause de leur force, et les pupes, à cause de leur vivacité, peuvent presque toujours échapper aux attaques des Planaria. Avant de pouvoir déterminer si ce ver pourrait être utilement employé comme agent de destruction des larves de moustiques, des renseignements plus détaillés quant à ses mœurs, sa distribution, sa résistance aux diverses conditions de milieu, etc., sont néces- saires. — Les larves de moustiques sont également sujettes à certaines maladies occasionnées, soit par des vers, soit par des protozoaires ou encore par des organismes végétaux : diatomées, algues et champi- gnons. D'après M. Nicholls (156), des larves infestées par ces derniers organismes ont une apparence maladive ; elles manquent d'agilité, sont difformes et ont perdu une partie de leurs poils ; elles meurent d'habitude ou, si elles survivent, la durée de leur développement est, en tout cas, fort prolongée. Le Capitaine J. A. Sinton (190) a signalé récemment un parasite Trématode des moustiques Anophèles, notamment d'A. funestus, var. Listoni et d'A. culicifacies. Le ver était présent chez les deux sexes de moustiques et également dans les larves d'A. culicilacies et d'A. Willmori. Les moustiques mâles étaient beaucoup plus forte- ment envahis que les femelles. (*) D'après MM. W. S. Patton et F. W. Cragg (161), à Madras, le Culex latigans Wied est communément infecté par VHerpelomonas culicis. Les mâles de Culex latigans se groupent souvent durant le jour, près des agglomérations d'eau situées à l'écart et y attendent les femelles venant d'éclore. Leurs déjections contenant les parasites tombent dans l'eau. Les Herpetomonas pénètrent avec les aliments dans l'intestin des larves. Ils sont encore présents durant la nym- phose et passent dans l'imago, où ils achèvent leur évolution et produisent des formes capables d'infecter les larves de la seconde génération. Les larves du Stegomyia lasciata sont aussi très souvent infectées (*) M. M. B. Soparkar (193) signale dans Indîan Jl of Med. Research de Cal- cutta, qu'il lui a été possible d'infecter artificiellement des Anophèles et jusqu'à un certain point des Culex, avec des Trémato-des encystés, trouvés sur les nageoires de certains poissons d'eau douce, ainsi que dans le corps de mollusques, principale- ment de Planorbis exustus. Toutefois, Le développement de ces Trématodes ne semblait pas se poursuivre dans le corps de l'hôte. 187 par une espèce ô'Herpetoinonas, ainsi que par un Spirochaele, ces deux organismes se trouvant dans les tubes de Malpighi. D'autre part, M. J. W. Scott Macfie (128) a récolté, en avril 1916, à Accra (Cote d'Or), des larves de Siegonujia infectées par un cham- pignon, formant des masses brunes dans le thorax ou l'abdomen et qui a été identifié comme une espèce do Fusarium. Une autre infection cryptoganiiquo des larves de Stegomyia lasciata s'est produite dans un petit récipient où ces larves étaient élevées. Elles étaient couvertes d'une masse ondulante d'hyphae, ne pénétrant pas dans le corps, mais contrariant les mouvements et la mue. Il s'agissait ici de deux formes de champignons, une espèce de \'ocardia et une autre forme indéterminée. Enfin, en ce qui concerne les bacilles, il a été constaté, au cours de recherches expérimentales faites en 1917 par M. C. Garin (73), qu'un bacille, le bacille de Loutraz, occasionnait une épidémie mortelle parmi les larves d'Anophèles maculipennis et d'A. bilur^ catus. La virulence de ce bacille était à son maximum lorsqu'il venait d'être isolé de larves mortes. Les larves s'infectaient au cours de la respiration à la surface de l'eau, où le bacille se multipliait. II reste à vérifier si cet organisme est aussi fatal aux larves d'Anophèles dans leur milieu naturel que dans des récipients de laboratoire, et si la contamination artificielle des gîtes à larves d'Anophèles donnerait des résultats pratiques. Enfin, nous attirons l'attention sur l'utilité qu'il y aurait à faire, dans notre Colonie, des recherches sur les ennemis inférieurs (insectes, crustacés, vers, maladies et parasites) des larves de mous- tiques. MODE d'exécution DES MESURES ANTILARVAIRES. Il est difficile aux particuliers d'entreprendre l'élimination en grand des larves de moustiques, en vue de débanasser une région de la fièvre malariale. Les travaux nécessités par le drainage des terrains marécageux, et l'emploi en grand des substances larvicides sont, en effet, trop coûteux et trop étendus pour être généralement à la portée des possibilités individuelles. Les sociétés immobilières, minières ou de chemins de fer, et surtout les municipalités et le Gouvernement, seront mieux à même d'exécuter ces mesures d'intérêt général, nécessitant des dépenses assez élevées et beaucoup de main-d'œuvre (*). (•) Les dépenses entraînées par l'exécution parfaite des mesures antilarvaires dans une localité malariée, comprennent : 1. Les frais d'administration: dépenses des commissaires, appointements et dépenses de l'inspecteur et de ses délégués ainsi que des commis; 2. Les frais d'inspection : dépenses faites pour la recherche des réservoirs de développement des larves, comprenant, durant la saison de reproduction des mous- tiques, un examen bimensuel de tout le territoire contaminé. 3. Les frais de destruction des larves, comprenant toutes les dépenses entraînées par les opérations de drainage, comblement, épandage de pétrole, débroussements et nettoyages, introduction de poissons, etc., nécessaires pour l'élimination des ré- servoirs de développement. 188 Mais s'il est difficile à un particulier : rolon ou fermier, d'em- pêcher les moustiques de se multiplier dans la région qu'il habite, il peut, tout au moins, veiller à ce que les larves ne se développent pas chez lui, de même qu'il peut se protéger efficacement, ainsi que sa famille et ses serviteurs et ouvriers, contre la piqûre des mous- tiques adultes. Nous avons indiqué précédemment, toutes les mesures à prendre dans ce but ; les principales sont l'élimination de toutes les petites agglomérations d'eau artificielles ou naturelles se trouvant sur sa propriété et le placement d'écrans de toile métallique aux portes, fenêtres et autres ouvertures des habitations. L'organisation des efforts individuels, c'est-à-dire la coopération de tous les propriétaires d'un district où règne le paludisme, peut également aboutir à des résultats efficaces. Une telle association pourra, soit prendre l'initiative de certaines mesures générales d'assainissement, soit amener les services officiels à les entre- prendre (*) (**). Finalement, là où le problème de la lutte contre la malaria est une question vitale pour la région, les habitants indifférents ou négligents, devront être forcés par la loi d'adopter les précautions indispensables contre la propagation et la piqûre des moustiques. Si l'on a su prendre, en Afrique du Sud notamment, des «mesures draconiennes pour protéger le bétail contre certaines maladies contagieuses transmises par les tiques, à plus forte raison pourra-t-on prendre de semblables mesures pour protéger les populations contre la fièvre malariale, transmise par les mous- tiques (***). Précautions à prendre ^r^^jg attirons spécialement l'attention sur contre la malaria lors • . i>- x x x j u • de la construction des ^'f" point, d importants travaux de chemin chemins de fer. de fer étant projetés au Congo belge. Depuis longtemps, il est reconnu que les travaux publics, et spécialement la construction des chemins de fer, augmentent les dangers de malaria, en créant des conditions qui favorisent la multiplication des moustiques Anophèles. (*) Dans le district de Los Molinos, en C-alifornie, la lutte contre les mous- tiques a été organisée d'une manière originale, par un système de volontariat. Cha- que travailleur volontaire fournit gratuitement ses services pour un jour et sou- vent amène avec lui ses attelages. Ainsi, des fondrières ont été drainées, des dé- pressions comblées ©t du pétrole a été répandu sur les mares d'eau stagnante. (**) Pour la constitution et l'organisation d'associations anti-malariales, on pourra consulter avec fruit la petite brochure publiée par l'Association antimala- riale de l'Afrique du Sud et intitulée : Hnw to form and carry on local Anti-Mala- rial Associations (Publ. n" 7, P. O. Box. 2879, Johannesburg, Afrique du Sud (222). Cette brochure a été publiée en anglais et en néerlandais. (***) M. le Dr .T. Rodhain (170), dans ses observations médicales recueillies parmi les troupes coloniales belges pendant leur campagne en Afrique orientale (1914-1917), parues dams le Bull, de la Soc. de Path. exot. de Paris de mars 1919, dit que la malaria fut la cause d'un fort pourcentage de mortalité parmi 'es indigènes. Les territoires du Ruanda-Urundi consistent princpalement en pâturages élevés, montagneux, habités par des indigènes habitués à un climat relativement froid, où la malaria est rare ou absente et qui savent par expérience que lorsqu'ils descendent dans les plaines, ils en reviennent avec une fièvre tenace, qu'ils redoutent. Durant la campagne de 1917, un certain nombre de ces indigènes furent employés comme porteurs par les troupes belges ; mais oe système dut rapidement être abandonné, par suite de la proportion élevée de décès et de cas de maladie causés par une malaria de la forme tertiaire maligne. 189 M. R. C. Déiivaux (49) a étudié ce problème dans les U. S. Public Ueallh Reports, n° 31, du 2 août 1918. Parmi les conditions favorables à la propagation des Anophèles, il faut citer : le creusement d'excavations non drainées, à proximité des chantiers ou des localités densément peuplées ; la création de fossés latéraux sans écoulement suffisant ; la construction de conduits voûtés et de travaux en maçonnerie contrariant l'écoulement naturel des eaux ; l'installation de réservoirs et tanks non étanches. mal protégés contre l'accès des moustiques ou sans dispositif pour l'élimi- nation du trop plein ; l'établissement de quais où stagnent les eaux de pluie faute de pente, etc., etc. La construction des voies ferrées amène aussi la dissémine li un de la malaria par les déplacements d'équipes d'ouvriers fortement infectés, qui sont transportés d'un endroit à l'autre et logés dans des wagons où aucune disposition n'a été prise pour empêcher l'accès des moustiques. Pour résoudre ce grave problème, il faut modifier radicalement les conditions existantes et prendre toutes les mesures nécessaires pour que les nouveaux travaux soient exécutés de façon à cviler la propagation de la malaria. Les dispositions à prendre de ce chef relèvent les unes de la compétence de l'ingénieur, les autres de celle du médecin ou de l'hygiéniste. Dans le premier groupe sont compris : le drainage ou le comble- ment des excavations et des terrains en contre-bas, partout où la chose est praticable ; l'assèchement des quais, etc. ; le remjdace- ment et la mise à niveau des conduits voûtés traversant les ren. biais là où ces conduits ont été mal établis ; le curage et le nettoyage régulier des fossés latéraux (enlèvement des mauvaises herbes et autres obstructions) ; l'épandage de pétrole sur les flaques et pièces d'eau qu'il n'est pas possible d'éliminer, surtout dans les agglomérations et au voisinage de celles-ci, etc. Les mesures sanitaires comprennent : l'organisation d'une cam- pagne intensive de lutte contre les moustiques dans toutes les loca- lités avoisinant la voie ferrée ; le traitement soigné et compl t de tous les cas de malaria, de façon à prévenir le développemoit de . fièvres malariales chroniques et à empêcher les rechutes ; la confection des statistiques indispensables à l'établissement de mesures prophy- lactiques efficaces ; l'éducation systématique du public ; la préveiition de la malaria chez les équipes mobiles d'ouvriers par l'enploi d'écrans de toik métallique protégeant les ouvertures des slee; ing- cars et par l'utilisation préventive de la quinine ; la guérison - om- plète des ouvriers avant leur renvoi à l'équipe ; la surveillance s 'vère des ateliers mécaniques, de ceux de réparation et de constructio.'i du matériel roulant, en vue d'éviter la multiplication des moustiques, etc. L'emploi de semblables mesures sur la « Saint Louis and S )uth Western Railroad », aux Etats-Unis, en 1917, a réduit les cas de malaria de 59.4 pour cent. 190 Législations anti- En Italie, le Ministre de la Marine malariales. g ^jj^^j^^ 1^ 21 février 1918, une série de mesures prises dans le but d'intensifier la prophylaxie antimala- riale sur le front de mer (220). Des agents sanitaires spéciaux ont été nommés dans les secteurs maritimes de Venise, Tarente et Valona. Leur mission comprenait l'in- spection de travaux d'irrigation et l'établissement d'horaires de travail permettant aux ouvriers de retourner dans les localités salubres avant le coucher du soleil ; le curage et le nettoyage des canaux d'irrigation existants, au printemps et en automne ; la recherche des lieux de développement des larves à' Anophèles ; l'organisation d'épandages réguliers de pétrole tous les quinze jours ; le placement de couvercles sur les puits et citernes ; l'inscription des personnes souffrant de la malaria ou en ayant souffert au cours des douze mois précédents ; la prophylaxie à la quinine et autres mesures personnelles et l'exé- cution de tous les petits travaux jugés nécessaires pour protéger les postes militaires contre la malaria. Ajoutons qu'il existe en Italie, en Grèce et en Roumanie, une légis- lation antimalariale spéciale. D'après M. W. Mollow (150), une loi semblable a été votée, en 1919, en Bulgarie. CHAPITRE IV. QUELQUES RÉSULTATS DES MESURES PRISES CONTRE LES MOUSTIQUES. Les premiers essais de lutte contre les moustiques, en vue de com- battre la malaria et la fièvre jaune, furent entrepris au début du présent siècle, à Cuba, par M. le Colonel Gorgas, et dans les colonies britanni- ques de l'Est, par Sir Ronald Ross, Les connaissances sur la biologie des moustiques étaient alors moins complètes et moins précises qu'elles ne le sont actuellement. Les moyens de destruction des adultes et des larves, aujourd'hui en usage dans beaucoup de contrées, étaient alors à l'étude et leur mise en pratique chaque jour perfectionnée, suscita bien des difficultés. Néanmoins, les résultats dépassèrent toutes les espérances. La campagne contre les La campagne entreprise à Cuba, par le moustiques à La Ha= Colonel Gorgas et ses collaborateurs, fut double. Une partie des efforts fut dirigée vers la destruction du moustique de la fièvre jaune, et l'autre, vers celle des Anophèles, propagateurs de la malaria. La campagne contre la fièvre jaune débuta à La Havane, en février 1901. Les deux principales mesures prises furent la suppression de tous les lieux de développement des larves, à l'intérieur des habitations et dans leurs dépendances, et la destruction des moustiques adultes, par des fumigations à la poudre de pyrèthre. Pour l'élimination des réceptacles à larves, la ville fut divisée en trente districts, surveillés chacun par un inspecteur assisté de deux aides. La première inspection aboutit à la découverte de 26,000 réci- pients à eau, servant de lieu de développement aux larves de mousti- ques et notamment de Slegomrjia : leur suppression amena bien vite une diminution correspondante du nombre des moustiques adultes dans les maisons. Les fumigations furent faites, sur une grande échelle, dans toutes les habitations contaminées ou susceptibles de l'être et dans les hôpi- taux. L'expérience démontra que pour une chambre bien calfeutrée, la dose de poudre de pyrèthre à employer, était dd'une livre par mille pieds cubes (25 mètres cubes), avec une durée d'action de trois heures. 192 Quant à la campagne antimalariale, elle nécessita l'adoption des mesures suivantes, dont la mise en pratique débuta également au com- mencement de 1901. En premier lieu, une inspection générale fut faite, afin de rechercher les principaux réceptacles à larves d'Anophèles, intéressant La Havane et ses faubourgs. Les plus importantes de ces masses d'eau furent d'abord traitées au pétrole, mais on s'aperçut bien vite, que cette opé- ration était coûteuse et qu'il y avait mieux à faire. La plupart de ces réservoirs furent alors drainés ou comblés, ce qui permit d'augmenter, petit à petit, la superficie sous contrôle. D'autre part, des mesures moins importantes furent également prises, notamment la recherche des mares cachées, l'interdiction d'utiliser durant les pluies, certaines parties de pâturages, afin d'éviter la formation d'empreintes par les sabots des animaux domestiques, le nettoyage de la végétation le long des rives des cours d'eau et des étangs, l'enlèvement des plantes aqua- tiques, l'introduction de petits poissons, etc. Résultats des deux cam= Les résultats furent rapides et excellents. pagnes à La Havane. ^n an après le début de la campagne, la fièvre jaune avait disparu de La Havane. L'élimination de la malaria fut plus lente, mais les décès dus à cette maladie ont été réduits dans d'énormes proportions. En effet, il n'y eut, sur une population de 550,000 havanais, que 444 décès, de 1900 à 1910, alors que, durant les dix années précédentes (1890-1900), le nombre de décès dus à la malaria s'était élevé à 5,643. En 1912, il n'y eut en tout, que quatre décès par les fièvres malariales. Les tableaux ci-dessous nous montrent, d'une façon frappante, les grands progrès hygiéniques obtenus à La Havane, par la mise en pra- tique des mesures contre les moustiques. 1. — Décès dus à la fièvre imnic.à La Havane (Cuba), de 1890 à 1902. Années Nombre, de décès Années Nombre de décès Années Nombre de décès 1890 308 1894 382 1898 139 1891 :sf,6 1895 553 1899 103 1892 357 1896 1,282 1900 310 1893 496 1897 858 Début delà campagne !901 1902 18 Néant Décès dus à la malaria, à La Havane (Cuba), de 1898 à 1912. Années Nombre de décès Années Nombre de décès Années Nombre de décès 1898 1899 1900 1901 1902 1,907 909 325 151 77 1903 1904 19C!5 1906 51 44 •A-î l'6 23 'S 1910 1911 1912 19 6 15 12 4 193 La campagne contre les moustiques dans risth= me de Panama et ses résultats. Panama est quelque peu considéré actuel- lement, comme le « La Mecque » de l'hygié- niste. C'est dans la zone du canal, en effet, que les mesures contre la propagation de la malaria et de la i'iovre jaune ont reçu leur plus large application. La destruction des moustiques et de leurs larves y a été poursuivie avec une méthode admirable, et les résultats ont entièrement répondu à l'attente. Fig. lOÛ. — Courbe des décès dus à la malaria, dans la région du Canal do Panama, de 1892 à 1909. De 1892 à 1896, le taux moyen annuel des décès oscille autour de 200. En 1897, les travaux du canal sont entamés, le -nombre d'ouvriers aug- mente et le taux annuel des décès dus à la malaria monte rapidement, pour atteindre 900, durant les années 1899-1900. A partir de 1900, les effets des mesures contre les moustiques commen- cent à se faire sentir et le taux annuel des décès baisse brusquement; il est bien en-dessous da 100 en 1903 et est réduit à presque rien en 1909. Il est à noter que les cas de malaria non suivis de décès, proportionnel- lement beaucoup plus nombreux, suivent la même courbe. Partout dans la zone, les efforts de l'ingénieur ont été secondés par ceux de l'hygiéniste et c'est grâce à cette étroite collaboration que le gigantesque travail de percement de l'isthme a été achevé en un mini- mum de temps et avec un minimum de pertes de vies humaines. Deux exemples permettront de se rendre mieux compte de la situation sanitaire de l'isthme, avant la campagne américaine : Le premier, cité par M. Malcolm Watson (209), se rapporte au temps de l'entreprise française : il paraîtrait que. de 1881 à 1889. la morta- lité due à la fièvre jaune, à la malaria et à d'autres maladies, parmi les travailleurs employés par les Français, s'est élevée à 22,189, soit un taux annuel moyen de décès de 240 pour mille. Le deuxième est plus ré; ent : 1906. Cette année, il y eut parmi les 253 soldats américains stationnant à Camp EUiot. 796 cas de malaria, soit un (aux cradmi^^sion aux hôpitaux de 3.315 pour mille. De même, parmi les 450 hommes stationnés à Mount Hope et prenant une dose de quinine par jour, il y eut 100 pour cent de cas de malaria. 194 C'est en 1904 que le « Depaiiment of Sanitation » de la zone de Panama, commença ses travaux. Ce Département avait à sa tête le colonel (actuellement médecin-général) Gorgas, et était divisé en trois sous-départements, ayant respectivement comme chefs : M. Le Prince (travaux préventifs), le colonel Mason (hôpitaux et dispensaires), et le Dr Darling (travaux scienlifiques). L'œuvre accomplie de 1904 à 1914, par ces techniciens et leurs dévoués collaborateurs, mérite tous les éloges. Elle servira de modèle à toutes les entreprises d'assainisse- ment à effectuer sous les tropiques. Les difficultés suscitées par la topographie, les conditions climatériques, les changements constants dus aux travaux de terrassement, le caractère de la population et ses déplacements, ainsi que par les conditions sociales des travailleurs, contribuèrent à rendre la tâche très ardue. Nous avons, en maints endroits, dans le chapitre précédent, exposé quelles ont été les méthodes adoptées dans la zone du canal, pour détruire les moustiques. Contre le Stegomijia de la fièvre jaune, ce furent la suppression des réceptacles artificiels à l'intérieur des habi- tations et les fumigations. Contre les Anophèles, la protection des maisons et autres locaux par des écrans de toile métallique ; la capture des moustiques adultes ; la suppression des agglomérations naturelles d'eau, par nivellement et surtout par drainage à fossés ouverts, souvent renforcés par un bétonnage ; le curage et la régularisation d'écoule- ment des rivières, ruisseaux, fossés et rigoles ; le traitement des pièces d'eau par aspersion à l'huile lourde de pétrole et l'emploi de distribu- teurs de pétrole automatiques, empêchant la propagation des larves dans les eaux courantes ; l'utilisation d'un larvicide concentré, effi- cace, là où le pétrole était sans effet, etc., etc. Z600 Fig. 101. — Courbe des décès dus à la malaria, à Ismaïlia (Canal de Suez), de- 1891 à 1909. De 1891 ù 1902, le taux des décès varie, mais il est toujours très élevé. A partir de 1903, on commence à appliquer les mesures antimalariales; la chute de la courb'^ est frappante. En 1906, il n'y a plus de décès dus à la malaria. 195 Nous n'avons plus h revenir sur ce sujet ; le lecteur trouvera dans l'ouvrage de M.VI. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117) ; « Mosquito Control in Panama, » que nous avons si souvent signalé, tous les ren- seignements utiles. Voyons maintenant les résultats. Les tableaux suivants, relatifs à la malaria, seront plus instructifs à ce sujet, que de longues considé- rations. Le premier tableau, nous donne le taux général de la mortalité parmi les ouvriers du canal, de 1904 à 1913. Il nous montre que, malgré l'augmentation constante du nombre dos travailleurs, le taux des décès n'a cessé de diminuer. Années Nombre d'ouvriers Décès Taux des décès pour 1000 Années Nombre d'ouvriers Décès Taux des décès pour 1904 1905 1906 1907 1908 6,213 16,512 26,547 39,238 43,891 82 427 1,105 1,131 571 13.26 25.86 41.73 28.74 13.01 1909 1910 1911 1912 1913 47,167 50,802 48,876 50,893 56,654 502 ."^58 539 467 473 10.64 10.98 11.02 9.18 8.85 Le deuxième tableau, nous montre la baisse qui s'est produite dans le taux annuel des décès dus à la malaria, de 1907 à 1912, parmi^ les travailleurs de la commission du canal, divisés en ouvriers américains, autres ouvrier? blancs et ouvriers de couleur. Taux annuel pour mille des décès dus à la Malaria. Années Ouvriers et employés américains Autres ouvriers blancs Ouvriers de couleur 1906 1907 1908 1909 1910 œ 106 1,10 0,17 0,00 0,66 032 4,68 5,20 3,84 2,16 3,53 1,41 7,80 415 0,98 0,73 0,93 0,57 0,23 Le troisième tableau, donne le nombre d'admissions dans les hôpi- taux pour cause de malaria, le chiffre total de la main-d'œuvre et le taux d'admission pour mille ouvriers. Années Nombre de cas de Malaria Main-d'œuvre Taux d'admission par mille 1906 21.739 26,705 821 1907 16.753 39,313 424 1908 12.372 43,890 282 1909 10.169 47,167 215 1910 9.487 .50,802 187 1911 8.987 48,876 184 1912 5.623 50,893 110 1913 4.284 56,654 76 19G Enfin, le quatrième tableau, nous montre, pour l'ensemble des tra- vailleurs, le taux mensuel des admissions aux hôpitaux, occasionnées par la malaria. Pourcentage mensuel moyen des cas de Malaria parmi les travailleurs Pourcentagre mensuel moyen des cas de Malaria parmi les travailleurs 1906 1907 19C8 1900 6.8:5 pour cent. 3.61 2.36 l.Sl 1910 1911 1912 1913 1.55 pour cent. 1.54 0.92 0.64 Si la malaria n'a pas été complètement extirpée de la zone du canal, elle a, en tout cas, été réduite dans de très fortes proportions. C'est là un progrès hygiénique incontestable (*). Quant à la fièvre jaune, le résultat a encore été plus complet. Depuis la dernière épidémie, qui s'est produite en 1904-05 et qui a occasionné 84 décès pour 246 cas, cette maladie n'a plus fait d'apparition dans la zone de Panama. (*) IJn autre exemple de suppression de la malaria, est celui d'Ismaïlia, sur le canal de Suez. Le nombre de cas de malaria s'y élevait, en 1891, à 2,590 ; en 1897, à 2,089 ; en 1898, à 1,545 ; en 1899, à 1,545 ; en 190O, à 2,284 ; en 1901, à 1,990 et en 1902, à 1,561. Cette année 1902, la campagne contre la malaria fut entamée, et en 1903, le nombre de cas était tombé à 214. En 1904, il n'était plus que de 90 et de 37 en 1905. L-'année suivante, la maladie était complètement vaincue et n'a plus reparu depuis. (Voir le diagramme, fig, lOl.J CHAPITRE V. MÉTHODES DE RÉCOLTE, DE CONSERVATION ET D'ÉTUDE DES MOUSTIQUES Les recherches scientifiques sur les moustiques, qui ont été faites jusqu'à présent dans notre Colonie, sont peu nombreuses. Rares sont les personnes qui ont récolté des spécimens de ces insectes, et le nom- bre de déterminations effectué est, par conséquent, très restreint pour l'étendue du territoire. Il est donc probable que beaucoup d'espèces congolaises, ne sont pas encore cataloguées. Nous ne voulons pas dire par là, que, pour réussir au Congo belge une campagne contre les moustiques, il est indispensable de déterminer, au préalable, toutes les espèces qui attaquent l'homme et de connaître quelles sont celles qui sont susceptibles de transmettre des maladies. Nous savons déjà, qu'en pratique, le moyen le plus simple de lutte consiste à éviter la piqûre de tous les moustiques et à détruire indis- tinctement tous les insectes adultes qui hantent les habitations et toutes les larves qui pullulent dans les agglomérations d'eau, se trouvant dans un certain rayon autour de celles-ci. Néanmoins lorsque, dans une région donnée, on entamera la lutte contre les moustiques pathogènes, on évitera beaucoup d'hésitations dans le choix des mesures les plus efficaces, en étant fixé, autant que possible, sur les points suivants, qui demandent des recherches scien- tifiques : 1.) — Quelles sont les espèces de moustiques adultes qui hantent les habitations ? Présence des Anophèles et du Stegoniyia ? 2.) Parmi les espèces d'Anophèles qui hantent les habitations, y en a-t-il qui sont susceptibles de transmettre la malaria ? 3.) — Quel est le pourcentage d'Anophelrs malariens infectés? 4.) — A quelles espèces appartiennent les larves de moustiques qui se développent : a) dans les petits réservoirs artificiels existant dans les habitations et au voisinage immédiat de celles-ci ; b) dans les agglomérations naturelles d'eau, se trouvant dans un rayon de moins d'un mille des localités infectées ? L'identification des moustiques est un travail à réserver aux spécia- listes. Comme ceux-ci résident en Europe, il faudra donc recueillir sur place, des spécimens de moustiques, en nombre suffisant, .et leur en faire l'expédition, accompagnés de tous les renseignements complé- mentaires nécessaires. Pour les larves et pupes, la meilleure méthode consiste à les élever et à recueillir les individus parfaits qui en pro- viennent, ainsi que les peaux de mue. Ces spécimens seront également expédiés en Europe, pour détermination. 198 Nous donnons, ci-dessous, certaines indications pratiques pour la récolte, la conservation et l'expédition des spécimens d'individus par- faits, larves et pupes de moustiques. Nous y joignons quelques notes sur la détermination de l'infection des moustiques Anophèles et l'éle- vage des moustiques au laboratoire. A. — RECOLTE, CONSERVATION ET EXPEDITION DES SPÉCIMENS DE MOUSTIQUES (*). Objets nécessaires. Les objets nécessaires pour la récolte, la conservation et l'expédition des moustiques sont les mêmes que ceux employés pour tous les diptères. Ils compor- tent des filets et autres appareils de capture, des boîtes à pilules à fond de verre, des tubes à essai, un flacon à cyanure, quelques pinceaux en poils de chameau (n°^ 1 et 2), des pinces droites et incurvées, des aiguilles emmanchées, une bonne loupe de poche, des épingles ento- mologiques et du liège. Le lilet de chasse sera acheté ou, à défaut, pourra être confectionné d'une des manières suivantes : a) Courbez en cercle un solide morceau de fil métallique (du fil télé- graphique par exemple) et introduisez les deux extrémités dans un bâton. Le cercle aura environ 50 cm. de diamètre. Attachez au fil métallique une poche en mousseline, ayant environ 60 cm de longueur et se terminant brusquement au sommet ; la couture sera laissée du côté extérieur, de façon à ne pas ménager intérieurement une retraite dans l'ourlet pour les moustiques ; b) Procurez-vous un tube en forme d'Y, dont les deux branches obli- ques ont un trou d'un calibre plus étroit que celui de la branche prin- cipale et tordez ces branches à angle droit. Passez un jonc ordinaire dans les branches obliques et un bâton solide dans la branche princi- pale pour servir de manche. Le jonc est ensuite courbé en cercle auquel on attachera la poche comme indiqué précédemment, la base de celle-ci formant ourlet, au travers duquel le jonc sera passé. Ce dernier modèle constitue un filet portatif, solide et peu coûteux. La poche sera en gaze verte, en mousseline ou en tulle. La gaze verte devra être bien trempée dans l'eau avant usage, afin d'enlever l'empois d'amidon, dont la raideur abîme les moustiques à organes délicats. Le tulle est plus solide et plus souple, mais plus coûteux. Pour parer aux accidents, l'on emportera une poche de rechange. Le filet de pêche sera léger et à mailles très serrées. Il pourra être remplacé par une louche ou un autre récipient en émail blanc. Les boîtes à pilules à fond de verre sont indispensables pour rap- porter en vie des insectes aussi fragiles que les moustiques. Les meil- leures dimensions varient entre 2.5 et 5 cm. de diamètre. Avant de s'en servir, on percera dans le couvercle, un petit trou, à l'aide d'une (*) Nous avons consulté, pour la rédaction de ce chapitre : 1° Handbook of In- structions for Collectors, British Muséum (Natural History), p. 81 et sniv. : « How to collect Mosquitoes ? » ; Instructions to Collectors. — Entomological Research Com- mittee (Tropical Africa). — Impérial Bureau of Entomology, London, 1911. 199 forte épingle. Dans les conlrées tropicales, il est à conseiller de revêtir entièrement ces boîtes en carton, avec de la percale, afin d'éviter qu'elles ne soient détériorées par les pluies. Les tubes à essai serviront au transport des larves et pupes récoltées. Ils serviront aussi à la conservation de celles-ci. dans l'alcool ou le formol. Dans ce cas, les bouchons seront de bonne qualité et recouverts de cire, pour empêcher l'évaporation du liquide conservateur. Le llacon à cyanure sera, soit acheté, soit préparé sur place. Voici une bonne méthode de préparation, recommandée par VEnlomological Research Committee (Tropical Alrica). Dans un flacon à large goulot, on verse une couche de plâtre de Paris, d'une épaisseur variant de 6.5 à 12.5 mm. Celle-ci est recouverte de petits morceaux de cyanure de potassium, sur lesquels on verse une nouvelle couche de 6.5 mm. de plâtre sec ; le tout est ensuite recouvert d'une dernière couche de plâtre humide, ayant une consistance pâteuse. Comme la combinaison chimique du plâtre avec l'eau dégage de la chaleur, on chauffera le flacon en le plongeant dans l'eau chaude, avant de verser la dernière couche de plâtre ; sans cette précaution, le verre pourrait se fendre. Les précautions suivantes sont à prendre en utilisant un flacon â cyanure : 1). — Dans les contrées humides, ajouter une bonne quantité de papier absorbant, légèrement froissé (papier de journaux ou papier buvard mince). Ce papier prend l'humidité exsudée par la surface plâ- trée et empêche les insectes de s'abîmer par les chocs ; 2). — Le bouchon sera bien rodé et ne sera enlevé qu'au moment de l'introduction ou de l'enlèvement des insectes ; 5). — Dans les localités sèches, la force du flacon s'affaiblit souvent. Il faudra alors, pour lui rendre son efficacité, gratter légèrement la surface, ou y verser quelques gouttes de vinaigre ou d'eau gazeuse ; 4). — Les insectes devront être enlevés du flacon à cyanure aussitôt après leur mort (d'habitude au bout de cinq minutes). Comme les moustiques sont des insectes très délicats, il n'est pas à conseiller de les introduire en cours de route, dans le flacon à cyanure ; il est préférable de les rapporter en vie dans les boîtes à pilules et de les tuer au laboratoire, dans un grand bocal à cyanure, préparé de la façon indiquée plus haut. Les pinceaux en poils de chameau serviront à manier les petits spé- cimens ; les pinces incurvées sont destinées à tenir les épingles ; les pinces droites et les aiguilles emmanchées servent à disposer convena- blement les pattes et les ailes des exemplaires piqués. La loupe de poche aura un grossissement de dix à quinze diamètres ; des loupes plus fortes sont rarement utiles. Les épingles recomman- dées par le British Muséum sont du n° 20 ; elles sont courtes et très fines. Une ou deux pièces de liège ou de moelle, d'environ 10 x 10 cm., sont également nécessaires, pour effectuer les opérations de piquage. Si l'on emploie, pour conserver les spécimens piqués, les boîtes' en bois du commerce, celles-ci recevront une bonne couche de peinture- émail ou de vernis. Cette précaution est nécessaire, en saison sèche, sous les tropiques, pour éviter qu'elles ne se fendent ou ne se déjettent. Trur l'expédition par la poste, on pourra utiliser des boîtes à cigares vides, garnies au fond de feuilles de liège et renforcées, intérieure- 200 meut, par de petits morceaux de bois cloués dans les coins et destinés à supporter les extrémités du couvercle. De même, des bandes trans- versales de toile seront fixées, à l'aide de petits clous, au fond et au couvercle de la boîte. Capture des spécimens de Dans la récolte des moustiques adultes, moustiques. ^^^ ^.^^^ ^^ j^ détermination des espèces, la capture et la manipulation des spécimens devront se faire avec beaucoup de soins. Comme des caractères spéci- fiques importants sont fournis par les écailles, les pattes et les ailes, celles-ci ne pourront être ni arrachées ni abîmées. Les mousti- ques peuvent être capturés à l'intérieur des habitations ou au dehors. Certaines espèces de moustiques seront recueillies durant le jour, dans les bois ombreux ou les forêts ; d'autres préfèrent les terrains découverts, marécageux, où on les rencontre en grand nombre, aussi- tôt après le coucher du soleil. Pour la capture au dehors, on se servira du filet à poche de gaze et on transférera les spécimens capturés dans les boîtes à pilules, en prenant grand soin de ne pas leur arracher les pattes ; on ne pourra introduire qu'un seul spécimen vivant dans chaque boîte. Dans les maisons, les moustiques Anophèles passent le jour au repos, dans les coins sombres. Au crépuscule, la plupart des mousti- ques volent vers les fenêtres, où il est aisé de les prendre un à un, soit à l'aide de petits pièges à main, tels que celui de M. Griffitts, décrit précédemment, soit à l'aide d'une boîte à pilules, au fond de laquelle on fixe fermement une petite bande de papier buvard. Sur cette bande, on verse une goutte ou deux de chloroforme ou d'ammoniaque. La boîte est ensuite placée sur un moustique au repos sur la fenêtre ; en quelques secondes, l'insecte est anesthésié, et peut être transféré dans le flacon à cyanure, où il est tué. La boîte sera alors placée sur un a'utre moustique, et ainsi de suite. De cette façon, en peu de temps, l'on pourra recueillir une bonne série do spécimens. Les moustiques se réunissent souvent, durant le jour, sous le chaume, à l'intérieur des huttes indigènes, et on peut les y capturer en quelques coups de filet. L'attention sera également attirée sur les espèces de moustiques qui piquent les animaux domestiques. Comment tuer les mous= Les moustiques rapportés en vie, dans tiques capturés? ^^ j^^j^gg ^ pilules, seront tués dans le fla- con à cyanure. A cette fin, on introduira dans un grand flacon à cyanure, la boîte, dont le couvercle aura été quelque peu soulevé, de façon à laisser une ouverture de quelques mil- limètres. Le flacon à cyanure sera ensuite bouché, et l'insecte ne sera laissé en contact avec les vapeurs toxiques que pendant le temps strictement suffisant pour le tuer (cinq minutes environ). Dès que le spécimen est mort, on le déposera avec précaution sur une feuille de liège ou de moelle et on le touchera aussi peu que possible, les mani- pulations nécessaires pour arranger les ailes et les pattes étant faites avec une aiguille emmanchée. Les moustiques tués dans les boîtes à pilules pourront y être laissés jusqu'au moment du piquage. 201 Modes de conservation Les moustiques seront, de préférence, Nombrrde''s"p1cime7s l^.'^V''^'' \^^'l'^ ''î' ^' conservation dans requis. I alcool ou le tormol ne convient pas pour les spécimens à identifier ; elle n'est néces- saire que pour les insectes destinés aux dissections anatomiques. Lorsqu'on récolte des spécimens d'une espèce de moustiques, on prendra, si possible, une demi-douzaine au moins d'exemplaires de chaque sexe, pour être piqués. Les moustiques devront êtiv traités aussitôt que possible après leur mort, car ils deviennent rapidement secs et raides et, dans cet état, ils se brisent, au moindre allourhemcnt. et leur expédition est impos- sible. Les spécimens conservés à l'état sec peuvent être envoyés en Europe, piqués ou non piqués. Voyons d'abord comment il faut piquer les moustiques. Comment faut=il piquer Les moustiques peuvent être piqués dans les moustiques? ^^.^■^^ positions, de façon à montrer : 1)— la face dorsale ; 2) — la face ventrale, et 5) — une face latérale. Si l'on dispose d'un bon nombre de spécimens, on en piquera environ la moitié, sur le côté du thorax, de façon à faire voir une des faces latérales de l'insecte, La méthode la plus usitée, jusqu'à présent, consistait à piquer les spécimens de moustiques, à l'aide d'épingles fines, sur de petits dis- ques en carton, supportés eux-mêmes par des épingles plus grosses. Ce procédé n'est cependant pas à conseiller, car, lorsque des si)éci- mens ainsi piqués sont placés dans une boîte, les disques pivotent sur leur support et abîment les exemplaires voisins. 11 faudra donc piquer les moustiques de la manière ordinaire, en poussant la pointe de l'épingle fine au milieu du thorax, du côté dorsal. L'insecte sera glissé aux deux tiers de la hauteur de l'épingle, de façon à ménager, en dessous, une prise facile aux pinces recourbées. On disposera ensuite, aussi bien que possible, les pattes et les ailes. Les ailes devront former un certain angle avec le corps, au lieu de res- ter fermées, et les pattes devront être placées symétriquement. Cette opération sera faite aussi délicatement que possible, à l'aide d'une aiguille emmanchée, et on prendra bien soin de ne pas arracher les poils et Ifs écailles. Comme les tissus se contractent par le séchage, il faudra vérifier une ou deux fois, au cours des jours suivants, les spé- cimens récemment piqués, et remettre en place les pattes ou ailes qui se sont déplacées. Pour piquer les spécimens devant montrer la face ventrale ou une face latérale, on procédera de la même façon que pour la face dorsaele. Les ailes et les pattes devront toujours être disposées d'une manière symétrique. Les annotations seront inscrites sur une petite étiquette accompa- gnant le spécimen. Si ces annotations sont semblables pour un certain nombre de spécimens, il suffira de les indiquer pour deux ou trois et d'attacher aux autres une petite étiquette portant le même numéro d'ordre. Un moyen plus simple encore consistera à dessiner au crayon, sur le fond de la boîte contenant les spécimens piqués, une ligne circu- laire, qui englobe tout le groupe. 12 202 Conservation à l'état sec Lorsqu'on voyage rapidement, on peut sans piquage. conserver les spécimens de moustiques sans les piquer, dans des boîtes à pilules ou des boîtes à allumettes. Suivant les dimensions de la boîte, on placera, au fond, un ou plusieurs spécimens, entortillés chacun dans du papier à cigarettes ou du papier de soie. On étendra ensuite au-dessus d'eux, un morceau de papier de soie, qui donnera une pression suffisante pour empêcher les heurts, tout en n'écrasant pas les spécimens. On peut également se servir d'ouate pour l'emballage, en l'utilisant de la manière suivante. On prend une petite quantité d'ouate, qu'on étire jusqu'à en former un léger flocon, qu'on place dans la boîte à pilules, de façon à la remphr aux deux tiers. On dispose les moustiques sur ce matelas, en ayant soin de les distribuer très également et de ne pas les serrer trop les uns contre les autres. On étend ensuite une nou- velle couche très mince d'ouate étirée, sur les insectes, mais sans exer- cer aucune pression. Il faut strictement éviter de comprimer les spé- cimens et d'employer de l'ouate non étirée. Les spécimens secs et rigi- des ne peuvent jamais être emballés de cette façon. Pour prévenir l'invasion des moisissures et les attaques des insectes, il faudra verser une ou deux gouttes d'acide phénique ou de créosote sur le côté interne du couvercle de la boîte. Il faut éviter d'employer trop de créosote, car il en résulterait une décoloration permanente des spécimens. On ne mettra évidemment dans une boîte, que des spécimens appar- tenant à une même espècie, et toutes les données intéressantes (date et lieu de récolte, etc.) seront inscrites, soit à l'extérieur de la boîte, soit sur une étiquette placée à l'intérieur ou collée sur le couvercle. On peut également se servir, pour emballer les spécimens non piqués, d'enveloppes de papier souple. Attaque des spécimens Dans les contrées tropicales, les spéci- par les insectes et les j^Qjig, d'insectes piqués sont rapidement at- taqués, au cours de la saison humide, par les moisissures. Comme les insectes moisis sont pratiquement sans valeur pour l'étude scientifique, les collections devront être expédiées le plus vite possible en Europe. Pour combattre les moisissures, les mites et insectes, les boîtes de spécimens piqués pourront être frottées intérieurement avec un mor- ceau d'épongé ou un tampon d'ouate imbibé de créosote ou d'un mélange composé en parties égales de créosote et d'une solution satu- rée de naphtaline dans du chloroforme. Si l'on ne dispose pas de ces produits, ou bien comme précaution supplémentaire, on pourra fondre, dans une cuiller en fer ou dans un tube à essai, une petite quantité de naphtaline, qui sera ensuite versée dans un coin de la boîte, où elle adhérera fermement. La naphtaline et le camphre peuvent également être utilisés en morceaux, qui seront maintenus fixement, mais il vaut mieux de mettre de la naphtaline dans un petit sac- de mousseline, qui sera attaché très solidement dans un coin de la boîte, pour éviter des déplacements dont le résultat serait désastreux. 203 Dans le cas de boîtes contenant des insectes non piqués, entourés de papier, d'ouate, etc., la naphtaline peut également être utilisée comme agent de préservation. Quelques gouttes de créosote ou d'acide phénique seront versées sur le fond de la boîte avant la mise en place des spéci- mens et quelques gouttes également à l'intérieur du couvercle, lorsque la boîte est remplie. Le créosote ne peut jamais être en contact direct avec les insectes, car il peut les décolorer d'une manière permanente. Sous les tropiques, les fourmis peuvent également attaquer les collec- tions d'insectes non surveillées. Elles ne pénètrent pas dans les boîtes préparées de la façon indiquée plus haut (créosote et naphtaline), mais il est à conseiller cependant d'isoler les tables sur lesquelles les spé- cimens se trouvent, en en plaçant les pieds dans des soucoupes remplies de pétrole. L'eau ne sera pas employée dans ces soucoupes, car nous savons qu'elle servirait presqu'invariablement de milieu de développe- ment aux larves de moustiques. Au Brésil, on protège les boîtes à insec- tes contre l'invasion des fourmis, en enduisant le pourtour extérieur de la fente d'ouverture et tout autre endroit possible de pénétration, avec de l'huile d'Andiroba et en répétant cette opération aussi souvent que nécessaire. Un autre bon moyen de défendre les collections contre les fourmis et autres insectes, dans les contrées tropicales humides, consiste dans J'emploi d'une cage de séchage, suspendue au plafond de la hutte ou de la tente. Cette cage peut être facilement confectionnée à l'aide de vieilles caisses d'emballage et de quelques décimètres carrés de toile métalli- que à mailles serrées, destinée au fond et au devant de la cage. Les cordes de suspension devront passer au travers d'une petite calebasse contenant du pétrole ou mieux encore de la naphtaline, afin d'empê- cher les fourmis de descendre du plafond et d'atteindre ainsi les collec- tions. Cette cage devra être facile à démonter et avoir environ 50 cm. de longueur, 30 cm. de hauteur et 20 cm. de largeur. Récolte et conservation Les Stades larvaires des moustiques se- itl.?'pV°'"„ln^l*"!f; ^ont récoltés dans toutes les eaux où ils se larves et pupes de , , , moustiques. développent. Nous avons donné, au cours des chapitres précédents, suffisamment de détails sur la diversité des réservoirs natu- rels ou artificiels choisis par les moustiques pour se développer, pour qu'il soit inutile de revenir encore sur ce sujet. Répétons seulement qu'aucune agglomération d'eau, si petite et si cachée soit-elle, ne doit être négligée. Les pontes seront recherchées à la surface de l'eau ou immédiatement au-dessus de celle-ci, sur les parois des récipients. Les larves venant respirer à la surface et les pupes qui y flottent seront pêchées, à l'aide d'un filet léger ou d'une louche en émail blanc. Lorsque les moustiques sont élevés au laboratoire, les peaux de mue des larves et les enveloppes pupales vides seront toujours soigneuse- ment récoltées, car elles constituent d'excellents éléments pour la déter- mination scientifique. Les larves et pupes récoltées vivantes, seront tuées, puis conservées dans l'alcool ou le formol. On les tuera en les plongeant pendant quel- ques instants dans l'eau bouillante, puis en les mettant dans l'alcool 204 faible (deux tiers d'alcool pour un tiers d'eau). Après y avoir séjourné deux ou trois semaines, jusqu'à ce qu'elles soient complètement laffei- mies, elles seront ensuite placées dans de l'alcool plus fort. Si l'on emploie le formol, une solution à 4 p. c. (c.-à-d. une partie de la solution commerciale ordinaire à 40 p. c, dans neuf parties d'eau) est suffisamment forte pour tuer et conserver les spécimens. Les larves et pupes (conservées dans le formol ou dans l'alcool) seront introduites dans de petits tubes de verre, qui seront ensuite bouchés ; les bouchons pourront être revêtus de cire, mais cette précaution n'est pas absolument indispensable ; chaque tube contiendra un morceau de papier, sur lequel seront écrites au crayon toutes les données utiles : localité, date, origine (eau douce, saumâtre ou salée), nom du collec- teur, etc., avec, si possible, un renvoi à des spécimens piqués de l'in- secte parfait, permettant de faire l'identification. Pour l'expédition en Europe, les tubes seront emballés dans de l'ouate, dans une petite boîte métallique. Il est à peine besoin d'ajouter que chaque espèce sera placée dans un tube séparé. Annotation des observa= Qn ne saurait assez insister sur la grande *'®"^* importance qu'il y a, à joindre aux spéci- mens récoltés, toutes les indications possi- bles. Nous avons déjà dit de quelle façon les étiquettes seront jointes aux insectes piqués, conservés en boîtes ou plongés dans l'alcool. Rappelons que ces étiquettes doivent porter les mentions suivantes : 1) — Nom de la localité, — Pour les villages indigènes, fermes, etc.. le nom sera accompagné des indications nécessaires pour repérer sur la carte : orientation, distance approximative d'une ville, rivière ou montagne bien connue, etc. ; 2) — Altitude ; 3) — Date de la récolte : jour, mois, année ; 4) — Nom du collecteur ; 5) — Toutes brèves indications présentant de l'intérêt, telles que : « Rare, » « Très abondante dans le district et très importune le soir. » « N'est abondante que dans les parties marécageuses découvertes, » « Ne s'éloigne jamais des habitations, » etc. Lorsqu'il s'agit d'insectes piqués et que les données à inscrire sur les étiquettes sont identiques pour toute une série de spécimens, il suffira d'attacher une étiquette complète à un ou deux exemplaires, les autres portant seulement un numéro d'ordre ou un petit carré de papier d'une couleur déterminée. Lorsque des moustiques auront été capturés accouplés, le fait sera soigneusement indiqué et chaque insecte portera sur son étiquette, la mention respective : A in cop. avec Ai » — « Ai in cop. avec A. » Des indications plus longues relatives à la biologie des moustiques capturés seront toujours très utiles. Elles seront inscrites dans un carnet spécial, sous un numéro correspondant à celui des spécimens. Elles porteront notamment sur : '205 a) — la biologie des mousliques adultes : Distribution et abondance locales. — FréquoncG dans les habitations et aux environs de celles-ci. — Moments d'activité et variations saisonnières. — Mœurs alimentai- res des femelles. — Fréquence des prises de sang. — Mœurs alimen- taires des mâles. — Portée du vol. — Durée de la vie. — Résistance au froid, à la chaleur, etc. — Conditions de la copulation. — Mode et moment de ponte. — Ennemis naturels, etc. b) — la biologie des stades larvaires : Lieux de développement. — Œufs et éclosion. — Mœurs et nourriture des larves. — Sortie de l'imago. — Influence des agents extérieurs, favorables ou défavorables, sur les œufs, larves et pupes. — Durée du cycle vital. — Ennemis natu- rels, etc. Emballage et expédition \ous savons déjà que pour éviter l'enva- en Europe. hissement par les insectes et moisissures des collections recueillies dans les pays chauds, il faut les expédier le plus rapidement possible en Europe. Pour contenir les spécimens piqués, on se servira d'une boîte entomo- logique ou, à défaut, de toute autre petite boîte solide, telle qu'une boîte à cigares, par exemple, préparée pour l'expédition coiiime indiqué page (199), et dans le fond de laquelle on fixera fermement une feuille de liège. Pour prévenir Les dégâts par les moisissures et les mites, on suivra soigneusement les conseils donnés au paragraphe traitant de l'attaque des collections par ces ennemis. Les plus grandes précautions devront également être prises pour empêcher que les spécimens ne se détachent et ne soient cahotés d'un côté à l'autre, pendant le voyage. Un seul spécimen détaché peut abîmer sans remède tous les autres spécimens contenus dans la boîte. Les épingles seront donc fixées aussi fermement que possible dans la feuille de liège. Elles seront enfoncées de telle façon, que toutes les têtes se trouvent au même niveau, et sur celles-ci une feuille de itapier sera étendue. La boîte à insectes piqués, ainsi préparée, sera ensuite bien enve- loppée dans de l'ouate, des copeaux, de la sciure de bois ou de la mousse, et placée dans une boite plus grande, bien emballée pour l'expédition en Europe. S'il s'agit d'insectes conservés à sec, sans piquage, dans des boîtes à pilules ou des boîtes à allumettes, toutes ces boîtes seront également placées dans une boîte plus grande et plus solide et entourées d'ouate ou d'autres matériaux de rembourrage. Quant aux tubes contenant des larves et pupes conservées dans l'al- cool, ceux-ci, bien bouchés, seront emballés séparément dans de l'ouate ou, ce qui est préféralile, dans du cria de cheval ou des copeaux. B. — RECHERCHE DES MOUSTIQUES ANOPHELES INFECTÉS. ELEVAGE DES MOUSTIQUES AU LABORATOIRE . Pour déterminer si des moustiques Anophèles sont infectés par la malaria, il faut disséquer leurs glandes salivaires et leur estomac. M. le Prof. .1. W. W. Stephens, M.D., de l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool (19 i). a publié, il y a quelques années, dans le Builetin 2U6 o| Entomological Research, d'excellentes indications au sujet de cette dissection (Methods (or detecling Sporozoits and Zygotes in Mosquitoes infected with Malaria). Nous les reproduisons ci-dessous, dans l'espoir qu'elles pourront être utiles à ceux de nos lecteurs qui sont déjà quel- que peu versés dans les recherches parasitologiques. Capture et traitement a) — Choisir un village ou toute petite î'^l^f "tVheirTn; agglomération de huttes indigènes, où l'in- fectés, en vue de la lection malanale a été déterminée chez les dissection. enfants, soit par l'examen du sang, soit par la palpation de la rate ; h) — Les Anophèles adultes, ainsi que les Culicines, sont trouvés dans Its huttes et maisons, près du foyer, derrière les rideaux, dans les armoires, derrière les vêtements, dans les vieilles bottes, dans les tas de décombres : vieilles bouteilles, déchets et ordures de toutes sortes, ainsi qu'au chaume du toit, où ils sont souvent suspendus par centaines, à la paille couverte de suie et aux toiles d'araignée. Si l'on n'en découvre pas, on remuera le chaume avec un bâton, car les Ano- 'pheles y sont parfois profondément cachés. On examinera également les dépendances, les étables, les tas d'herbes séchées dans les granges, ainsi que l'extérieur des moustiquaires (tôt le matin) ; c) — On peut souvent capturer les moustiques Anophèles, par cen- taines, dans les tuyaux d'écoulement des eaux et sous les ponts et pon- ceaux ; d) __ Enfin on peut placer des pièges. Ceux-ci peuvent être faits à l'aide de grandes boîtes à biscuits vides, garnies intérieurement d'un feutrage et dont le couvercle est entre-bâillé. Les moustiques y cher- chent un refuge, au lever du soleil. Pour prendre un moustique Anophèles, il suffit de placer lentement sur lui un tube à essai ; on bouche ensuite le goulot, en y glissant un tampon d'ouate. S'il est nécessaire d'avoir une cinquantaine de spé- cimens, il vaut mieux, pour gagner du temps, employer une cinquan- taine de tubes à essai, plutôt que de se servir toujours du même tube, et de transférer les moustiques, au fur et à mesure de la capture, dans une bouteille. Si cependant, on ne dispose pas de suffisamment de tubes à essai, il faudra utiliser la bouteille. Dans ce cas, celle-ci devra être complètement sèche, car s'il y a la moindre humidité, les mousti- ques collent au verre par les ailes et meurent bientôt. Comme on connaît encore d'une manière très peu exacte, quelles sont véritablement les espèces de moustiques Anophèles qui transmet- tent la malaria, il est nécessaire d'identifier ou de faire identifier les spécimens qu'on dissèque. Un examen soigneux, à la loupe, permet- tra de déterminer, presqu'avec certitude, si tous les Anophèles capturés sont de la même espèce. On en retiendra une douzaine par exemple, y compris quelques mâles, pour être examinés par un spécialiste. On les tuera dans les tubes à essai, en versant une goutte de chlorofornio sur le tampon d'ouate. On les mettra ensuite dans une boîte à pilules ou une boîte à allumettes, garnie au fond, d'une couche d'ouate bien étirée et très légèrement tassée et on les recouvrira d'une autre couche d'ouate étirée, pour éviter les chocs. Si possible, on versera une goutte 207 de créosote ou de naphtaline fondue, à l'intérieur du couvercle de cha- que boîte, pour empêcher l'invasion des moisissures. Une étiquette indiquant où et quand le spécimen a été capturé et le nom de l'expédi- teur, sera collée à l'extérieur de la boîte, puis celle-ci sera immédiate- ment expédiée. Les moustiques Anophèles, capturés en vue de la dissection et tenus en vie dans les tubes à essai, seront simplement tués par choc, c'est-à- dire en frappant, avec les tubes qui les contiennent, de petits coups secs sur le genou. Il est bien entendu que ce procédé ne pourra pas être employé pour les spécimens destinés à l'identification, car la plu- part des écailles des ailes sont détachées par les secousses. L'insecte tué, sera ensuite placé sur une lamelle de verre et le tenant par une une aile, on arrachera avec une aiguille emmanchée ou des pinces, l'autre aile et les pattes. Il faudra veiller à ne pas arracher par erreur la trompe. Dissection des glandes a) — Placez le moustique apprêté, dans sahvaires. ^^^^ goutte d'eau salée (1 p. c. de sel), sur une lamelle de verre, de façon à ce qu'il se trouve sur le côté droit, la trompe dirigée vers vous (voir fig. 102). Ne mettez pas trop de solution salée sur la lamelle, car les glandes, lors de leur extraction, peuvent être entraînées par l'eau et se per- dre. Rappelez-vous que ces glan- des se trouvent juste au point d'origine de la première paire de pattes ; b) — Placez la lamelle sur un morceau de papier blanc, car vous disséquez un objet noir. Prenez dans chaque main, une aiguille emmanchée et tenez-les presque horizon- tales. Placez la pointe de l'ai- guille gauche sur le thorax pour le fixer et celle de la droif'^ au dos de la tête (fig. 102), et exer- cez avec cette dernière aiguille, une série de tractions douces, lentes, sur la tête, pendant environ une demi-minute ; Cl) — Si cette opération a été faite soigneusement (et toute personne ayant quelque délicatesse de toucher peut réussir 99 fois sur 100), un morceau de tissu blanc restera attaché à la tête : celui-ci contient les glandes ; d) — Examinez avec une loupe d'un demi pouce, en se rappelant qu'on doit, pour voir un objet non coloré, fermer presque complète- ment le diaphragme. Les glandes sont brillantes, ont la forme de doigts et sont un peu tordues ; elles se projettent à l'extrémité de la tête ; il se peut qu'on ne voit que leurs bouts au milieu d'un muscle çrris ou de corps gras (voir fig. 103) ; Fig. 102. — Diagramme montrant le mode d'extraction des glandes sa- livaires d'un moustique. (Dessin de M. H. F. Carter.) 208 ■ e) — Séparation de la tête. — Mettez l'aiguille gauche sur la tête et, avec la droite, coupez ou arrachez le tissu blanc contenant les glandes (N. B. — Veillez à ce qu'à ce moment, la solution salée ne soit pas des- séchée et à ce que les glandes ne collent pas à l'aiguille). Examen des glandes. a) _ Disséquées de cette façon, les glan- des sont généralement tout à fait libres, mais même si elles sont encore attachées à un bout de tissu, il est inutile de les en séparer. Il n'est pas nécessaire que les six lobes soient présents, la présence de trois est considérée comme suffisante. Il faudra noter, à l'aide d'un faible grossissement, la position exacte sur la lamelle (voir fig. 103) ; b) — Si la solution saline est devenue trouble, on tirera avec précau- tion les glandes dans une goutte fraîche de solution, placée sur la lamelle, en se rappelant que dans le champ d'un microscope, la droite réelle d'un objet devient sa gauche et vice-versa ; c) — Placez une lamelle couvre-objet sur la préparation ; d) — Examinez avec un grossissement moyen. Une immersion dans l'huile n'est pas nécessaire pour découvrir les spo- rozoïtes, car ceux- ci ont une lon- gueur égale à en- viron deux fois le diamètre d'un glo- bule rouge ; Fig. 103. — Aspect des glandes salivaires d'un e) — ■ Dans une moustique. (Fortement agrandies.) (D'après J. W. ^^Hg préparation W Stephens.) t - i. fraîche, on peut voir les sporozoïtes. par centaines, sous la forme de bâtonnets incurvés, minces, plutôt brillants (voir fig. 104). Le diaphragme sera convena- blement réglé. Coloration des Sporozoïtes. a) ■ — Enlevez la lamelle couvre-objet ; Fig. 104. Stephens.) Sporozoïtes dans les glandes salivaires (D'après J. W.W. h) — Séchez aussi rapidcniont que possible (sur une flamme) ; c) — Fixez dans l'alcool, pendant quelques minutes (cinq suffisent) ; d) — Colorez au Romanowsky ou au Leishman, etc., dix minutes au plus. Comparez soigneusement les sporozoïtes des cas de fièvre quarte, fièvre tierce simple et fièvre tierce maligne. Examinez également, s'il n'y a pas présence de sporozoïtes mâles, femelles ou non sexués. Dissection de l'intestin \.-B. — Les moustiques capturés dans moyen (estomac). j^g huttes, devront être au préalable tenus en captivité durant deux ou trois jours, afin de leur permettre de digérer tout le sang absorbé. Sans cette pré- caution, il est presque impossible de voir les zygotes. a) — Placez le moustique (soit un nouveau, soit celui dont on a déjà extrait les glandes salivaires), sur le dos, dans une goutte de solution saline propre. Entaillez ou déchirez avec une aiguille la paroi chiti- neuse du corps, de chaque côté, le plus près possible de l'extrémité. Placez l'aiguille gauche sur le thorax et avec l'aiguille droite sur l'ex- trémité postérieure, exercez une traction douce, comme précédemment ; htitJu^Ayti C|>.Ctl.m ^*>1< llf,lc Sutlltn. Fig. 105. — Aspect microscopique de l'intestin moyen (estomac), mon- trant la structure cellulaire et les zygotes. (D'après J. W.W. Stephens.) bj — Si cette opération est bien faite, tous les viscères sont extraits, c.-à-d. : œsophage et jabots, intestin moyen (estomac), tubes de Mal- pighi (cinq), intestin postérieur, ovaires (deux , etc. Lorsqu'on relâche la tension, l'intestin moyen prend l'aspect d'un sac, en forme de bou- teille ; " c) — Coupez l'intestin moyen, juste en dessous de l'insertion des tubes de Malpighi. Sectionnez également, l'extrémité supérieure de l'œsophage, auquel peuvent encore être attachés les jabots ou divi-r- ticula, reconnaissables aux bulles de gaz (CO^), qu'ils contiennent ; d) — Enlevez de la lamelle tous les fragments, sauf l'estomac. Ajou- tez une goutte fraîche de solution saline. Placez le couvre-objet et 210 pressez doucement, de façon à aplatir l'estomac. Examinez, en prenant soin d'ajuster convenablement le diaphragme ; e) — Si l'on connaît la structure normale de l'estomac, il n'y a pas de diffificultés à trouver les zygotes (voir fig. 105) (*). 7j — Les plus jeunes formes sont des corps nettement ovales ou arrondis, de 6-7 microns, environ les dimensions d'un globule rouge, contenant des granules de pigment nettement visibles ; 2) — Les formes plus grandes ont une paroi distincte (oocystes), «t conservent encore du pigment, nettement apparent ; 3) — Les plus grands oocystes ont perdu leur pigment et sont des cysles nettement définis (40-60 microns), remplis de centaines de corpuscules en forme de faucilles (sporozoïtes), qui s'échappent à la rupture. Coloration des zygotes. — a) — • Introduisez, à l'aide de papier buvard, un peu de solution de formol à 10 p. c. sous le couvre-objet, et enlevez ensuite ce dernier avec précauiion : restomac y restera pro- bablement attaché ; b) — Lavez à l'eau ; c) — Colorez légèrement, à l'aide du bleu méthylène ; d) — Lavez à l'eau, deshydratez et éclaircissez au xylol ; e) — Montez dans le baume ; on obtient ainsi facilement de bonnes préparations. Antres parasites pouvant être rencontrés au cours de la dissection. M. le Prof. Stephens note : 1) — Des Trematodes, encystés dans le thorax ou libres dans l'estomac. — 2) — Des Nematodes, dans le thorax ou la cavité abdominale. Dans les muscles thoraciques, on peut égale- ment trouver des embryons de filaires. — 3) — Des Sporozoaires : a) — Masses de corpuscules, en forme de saucisses, dans les glandes salivaires : b) — Sporocystes contenant huit spores : c) — Gregarines (libres dans l'estomac ou encystés dans les tubes de Malpighi). — 4) — Des Flagellés. En grand nombre dans l'intestin. Ce sont des formes Crifhidia. — 5) — Des micro-organismes et Nosema, dans les diverticula. — 6) — Des ectoparasites. Les formes larvaires rougeâtres de mites d'eau (Hydraehnidae) sont communes. Stades adultes inconnus. But de l'élevajje des lar= L'élevage des larves de moustiques au ves de moMstiques au laboratoire peut servir : laboratoire. ., a l. • j j n 1) — A obtenir des spécimens adultes pour l'étude scientifique : ceux-ci sont plus frais et mieux conditionnés que les individus capturés, qui sont souvent quelque peu abîmés ; (**) 2) — A déterminer à quelles espèces d'Anophèles ou de Culex appar- tiennent les larves et pupes. les caractères spécifiques des adultes étant souvent plus faciles à distinguer que ceux des stades larvaires ; 3) — A faire des observations ou des expériences sur l'évolution des larves et les mœurs des moustiques adultes. (*) Si les zygotes sont rares (1-2), on les trouvera à l'extrémité postérieure de l'estomac, tout prè? fies tubes de Malpiiïhi, (**) Les spécimens adultes, obtenus par élevage des larves au laboratoire.ne seront tués que douze heures après leur sortie de l'enveloppe pupale, afin de laisser à la chitine 1« temps de durcir. 211 Récolte des larves et pu- La récolte des larves et pupes de mousti- pes pour 1'"' — -^^ -•■ laboratoire. pes pour l'élevage au ^^^^^ ^^ jg^.^ ^^ jjj^j j^^^^ ^ ^^^■^^ç^ mailles, OU mieux encore à l'aide d'une louche ou d'un puisoir en émail blanc, les larves étant plus facilement visibles sur un fond clair. On pourra encore se servir des pièges indiqués en notre page 140. Nous rappelons que les larves et pupes d'Anophèles, sont des orga- nismes fragiles, qui demandent à être délicatement manipulés. De plus, comme beaucoup de larves ne se développent pas ou meurent en captivité, il faudra en prendre un nombre suffisant pour parer à des pertes toujours élevées. * Transport des larves et Pour transporter en vie les larves et pu- P"P^*' pes. on pourra se servir de flacons à large goulot, ne contenant pas plus de 2,5 cm. d'eau et bien abrités du soleil. Il ne faudra pas réunir trop de larves dans un même flacon. S'il y a trop d'eau, trop de larves ou si le soleil échauffe le flacon, beaucoup périssent pendant le transport. Une faible hauteur d'eau permet aux larves de venir, sans effort, respirer à la surface. M. J. C. Legendre (113), a signalé récemment à la Société de Biologie de Paris, les bons résultats qu'il a obtenus, en expérimentant un nou- veau moyen de transport des larves de moustiques. Des larves de Culex récoltées on décembre, dans un fossé, furent extraites de l'eau et placées dans les conditions suivantes : (1) — Une couche de larves entre deux couches de mousse humide (a) dans une boîte sans couvercle ; (b) — dans une boîte avec couvercle percé de trous ; (2) — Trois couches de larves, séparées par des couches de mousse humide, dans une boîte hermétiquement fermée. Les boîtes furent ouvertes après cinq jours, et les larves, replacées dans l'eau, reprirent leur activité et parurent se développer normale- ment. Cette expérience a démontré, que les larves de Culex peuvent rester vivre au moins cinq jours hors de l'eau, dans un récipient fermé, ce qui facilite grandement leur transport. Conservation en vie des Les larves et pupes à élever au laboratoire iTi'U* moustiques t i^^égg ^3„g jgg bocaux, flacons à au laboratoire. , ' , , , . . . ' large goulot ou autres récipients contenant de l'eau et dans lesquels elles pourront poursuivre leur évolution. Ces récipients seront recouverts de gaze ou de mousseline. Tous ceux qui ont fait dos oxpériences sur les larves do moustiques, ont constaté combien il est difficile de les conserver vivantes en capti- vité. M. le Dr Darling. chef des laboratoires de recherches du Départo- ment d'Hygiène de Panama, a imaginé un procédé qui permet, paraît-il, aux larves de se développer. Il consiste à injecter, doux fois par jour, dans l'eau des réservoirs, de fins jets d'air, qui rafraîchissent lo liquide et en renouvellent l'oxygène. •212 Conservation en vie des n est souvent nécessaire, pour effectuer moustiques adultes. .j^^ expériences de prise de sang et de trans- mission des maladies ou des observations biologiques, de conserver en vie, au laboratoire, des moustiques adultes. S'il s'agit d'adultes provenant de larves élevées au laboratoire, on laissera échapper dans des « cages à piqûres » ceux qui viennent d'éclore. Les cages utilisées par MM. Walker, E. L. et Barber, M. A. (207), aux Philippines, consistaient en verres de lampe, placés chacun dans un vase de Pétri rempli de sable lavé et constamment imbibé d'eau. L'extrémité supérieure était fermée par de la mousseline. Lors- que les moustiques n'étaient pas nourris de sang, on leur donnait des raisins ouverts, placés extérieurement sur la mousseline. La propreté était maintenue par de fréquents changements d'eau, de nourriture, et même de cages. A Panama, le renouvellement du stock de moustiques adultes néces- saire aux travaux biologiques, s'effectuait, en récoltant les Anophèles vivants, dans les maisons de divers villages, et en les envoyant ensuite au laboratoire. Il fut trouvé essentiel, pour que les moustiques adultes arrivent dans de bonnes conditions, de les tenir rigoureusement à l'abri du soleil, de la pluie et dts forts courants d'air, pendant le transport. Ces insec- tes paraissaient succomber rapidement, lorsqu'ils étaient exposés à un vent sec, causant une évaporation qui leur était fatale. Si le transport s'effectuait dans des cages complètement couvertes de papier, il y avait peu de pertes. 11 existe différents modèles de « cages à piqûres », destinées à conser- ver les moustiques en captivité, tout en leur permettant d'effectuer des prises de sang. Les plus simples sont des récipients de verre à large goulot, fermés par de la mousseline. D'autres, tels ceux de MM. Walker, E. L., et Barber, M. A., consistent en des verres de lampe, agencés comme décrit plus haut. M. Christophes conseille d'employer, de la façon suivante, de sim- ples bocaux de verre à large goulot, tels que bocaux à confitures et autres, fermés par un bouchon à vis. Après avoir lavé et séché le bocal, on y place diagonalement une bande de carton, puis on le renverse sur son bouchon, qui contient une petite quantité d'eau et quelques bandes de papier filtre. Les moustiques introduits dans le récipient, se déposent sur le carton et y restent au repos. Pour les nourrir, le goulot ouvert du bocal est placé sur l'avant-bras, ce qui se fait en glissant sous l'ouverture une feuille de carton et en la retirant lorsque le bocal est en place. L'opération inverse est faite pour replacer le bocal sur le bouchon. Les bocaux contenant les moustiques vivants, devront être étiquetés et placés dans une armoire. Par temps froid, ils seront conservés dans des incuba- teurs, à une température d'environ 24° C. Ils seront vérifiés journel- lement et les moustiques morts, ainsi que le papier filtre souillé, seront régulièrement enlevés. On peut encore utiliser, pour la conservation des moustiques adultes, de petites cages de bois, de forme parallélépipédique, ayant environ 213 15 cm. de longueur, 10 cm. de largeur et 10 cm. de hauteur. Ces cages sont fermées, sur deux côtés, par de la mousseline ou de la toile n.étallique et un trou muni d'un bouchon, permet l'introduction des itisectes. Il existe deux modèles de ces cages, l'un destiné au transport (toile métallique), et l'autre à l'alimentation (mousseline). Ces cages ont été construites, d'après les indications de Sir David Bruce, par la maison Baird et Tatlock. de Londres. Elles sont destinées aux tsétsés, mais peuvent également servir aux moustiques. En dehors des prises de sang, les moustiques adultes sont ordinai- rement nourris dans les cages, à l'aide de bananes mûres. Le Dr Dar- ling a trouvé toutefois, que la banane provoquait la formation, dans l'estomac du moustique, de fermentations acides, fatales à l'insecte. Les dattes et les raisins, avec un peu d'eau, constituent de meilleurs aliments, qui conservent plus longtemps les moustiques en vie. 215 RÉSUMÉ. Principales mesures de protection à prendre dans [es pays chauds^ contre les moustiques qui transmettent des maladies. 1. — Les moustiques sont nuisibles parce qu'ils piquent, sucent le sang et peuvent transmettre à riiomme des maladies contagieuses, dont la plus connue au Congo est la malaria ; 2. — Les moustiques les plus dangereux, sont ceux qui vivent dans le voisinage de l'homme et pénètrent dans les maisons. Les uns atta- quent jour et nuit (femelle du Stegomyia de la fièvre jaune), les autres au crépuscule ou durant la nuit seulement (femelles des Anophèles de la malaria) ; 3. — Les larves de tous les moustiques vivent dans l'eau. Celles des Anophèles de la malaria, se développent dans les agglomérations Naturelles d'eau, qui ne sont pas trop profondes et ne sont pas trop encombrées par la végétation (mares et marais, étangs, bords des rivières et des lacs, flaques d'eau, etc.). Les larves du Stegomyia de la fièvre jaune et celles des divers autres moustiques domestiques se développent à l'intérieur des habitations et dans leurs dépendances, dans tous les petits récipients artificiels contenant de l'eau : vases, tonneaux, citernes, boîtes vides, bouteilles cassées, etc. Protection contre la piqûre des moustiques Pour se protéger contre la piqûre des moustiques, en régions mala- riées, les moyens suivants sont conseillés : 1. — Construire sa maison à bonne distance (un kilomètre au moins) de toute masse d'eau contenant des larves. Il faut également s'éloigner à plus de 400 mètres des agglomérations indigènes, les nègres étant des fovers d'infection malariale pour les blancs (voir p. 82) ; 2. — Dormir dans des lits ou tentes pourvus de moustiquaires en bon état. Les rideaux de la moustiquaire seront soigneusement repliés sous les matelas, de façon à ne laisser aucun interstice permettant l'accès des moustiques (voir p. 94) ; 3. — Fermer hermétiquement toutes les ouvertures de sa maison : portes, fenêtres, vérandas, bouches d'aérage, cheminées, par du tissu métallique, ayant de 7 à 8 fils par centimètre (voir p. 96) ; 4. — Se frotter, avant de s'endormir, les parties découvertes du corps (figure, cou, mains), avec une lotion dermique, à base d'huiles essentielles, qui éloigne les moustiques (voir p. 82) ; 5. — Faire un usage journalier de quinine. Le Dr C. Christy recom- mande une dose de 25 centigrammes de quinine, prise à 40 heures du soir. 216 Destruction des moustiques adultes. Il est important de détruire indistinctement tous les moustiques adultes qui hantent les habitations. A cette fin, on pourra utiliser : a) Des fumigations à l'aide de substances dont la fumée ou les vapeurs tuent les moustiques. Les plus recommandables de ces substan- ces sont : les poudres de pyrèthre (1 livre par 25 m^ d'air), l'anhydride sulfureux (2 livres de soufre par 25 ni^ d'air), le crésyl ( gr. par ni' d'air), un mélange de camphre et d'acide phénique (75 à 100 gr. par 23 m' d'air), etc. (voir p. 110) : b) Des aspersions avec liquides culicides. à base de savon (voir page 115) ; c) Des appareils de capture : pièges à main, servant à prendre les moustiques dans les chambres, avant de se coucher, et pièges fixes, placés à demeure dans les locaux infestés par les moustiques Anophèles et où ces derniers se réfugient pendant le jour (voir p. 117). Il faut également protéger tous les ennemis naturels des moustiques adultes. Les principaux sont les chauves-souris, les oiseaux insectivores, les lézards et grenouilles, les araiunées. les libellules, les fourmis, etc. (voir p. 123).' Destruction des larves de moustiques Pour détruire les larves de moustiques, on peut, soit supprimer les agglomérations d'eau dans lesquelles elles se développent soit tuer les larves elles-mêmes. A. SUPPRESSION DES MILIEUX OU SE DÉVELOPPENT LES LARVES. Cett-. suppression peut se faire : 1. — En recherchant à l'intérieur des habitations, dans les cours et dépendances, tous les endroits où séjourne de l'eau : vases, ci- ternes, tonneaux, gouttières obstruées, abreuvoirs, rigoles, etc., et en les traitant d'une manière appropriée. On pourra, par exemple, les vider, les nettoyer, les enlever, les couvrir, les retourner, suivant les cas (voir page 128). Il faudra également inspecter soigneusement tous les terrains avoi- sinant les habitations, ainsi que les tas d'ordures et de décombres. On y trouvera beaucoup de réservoirs à larves, tels que boîtes à con- serves vides, vieilles casseroles, tessons de bouteilles, coques et coquil- les vides, etc., qui retiennent des quantités, même minimes, d'eau de pluie. 2. — En débroussant les cours ainsi que les terrains vagues qui se trouvent dans Its agglomérations ou dans leurs environs immédiats. Cette opération permet de découvrir tous les petits endroits favorables au développement des larves de moustiques ; de plus, elle chasse les moustiques adultes, qui se réfugient pendant le jour dans la végétation basse et les hautes herbes (voir p. 121). 2)7 5. — En comblant, dans un certain rayon autour des habitations, loutes les petites dépressions pouvant contenir l'eau des pluies : petites mares, flaques d'eau, etc. Comme matériaux de remplissage, il faut employer des terres perméables (voir p. 141) ; 4. — En drainant par fossés ouverts ou conduites bétonnées, les marais, terrains marécageux ou inondés, se trouvant à moins d'un kilomètre des habitations. Cette opération, bien exécutée, est radicale, mais elle est souvent coûteuse (voir p. 142); 5. — En débarrassant de leur végétation, les berges des cours d'eau, les rives des étangs et des lacs et en enlevant les plantes aquati- ques qui servent de refuge aux larves (voir p. 150) ; 6. — En nettoyant les rigoles, fossés, drains et petits cours d'eau, et en régularisant leur écoulement (voir p. 143). B. DESTRUCTION DES LARVES 1. — Le procédé le plus employé, pour détruire les larves, dans les flaques, mares et pièces d'eau qui ne peuvent être asséchées par com- blement ou drainage, consiste dans l'épandage à la surface, d'une mince couche de pétrole brut (mazout) ou autre (voir p. 151). Le pétrole tue les larves, en les empêchant de venir respirer à la surface et probablement aussi en les empoisonnant. Sous les climats tropicaux, il faut en moyenne de 10 à 20 .^rammes de pétrole par mètre carré de surface liquide. L'application devra se faire toutes les semaines ou au minimum tous les dix jours. Une boîte à lait condensé remplie de pétrole, est suffisante pour recouvrir d'une couche uniforme, une mare d'environ 20 mètres carrés (voir pp. 157-158). Pour les petites pièces d'eau, il suffira de verser le pétrole en un point quelconque de la rive ou de le lancer à la volée dans la direction du vent. Pour les plus grandes surfaces, on se servira d'appareils spéciaux : pompes et pulvérisateurs. Il existe également des appareils distributeurs automatiques, pour l'épandage du pétrole sur les eaux courantes (voir p. 159). 2. • — On peut encore empoisonner les larves dans les eaux, en y versant dos produits larvicidcs spéciaux (voir p. 1G2). 5. — Enfin, la destruction des larves dans les réservoirs, tanks d'eau de pluie, mares et étangs, peut encore se faire en y introduisant de petits poissons qui en font leur nourriture. Il existe dans les eaux congolaises, de nombreuses espèces de petits poissons culiphages. (voir p. 181). 13 219 APPENDICE CLEF POUR LA DÉTERMINATION DES ESPÈCES AFRICAINES D'ANOPHELES Dressée par M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S. Assistant au Département d'Entomologie du Briiish Muséum (Natural History) de Londres (*). ANOPHELES AFRICAINS 1 — Thorax à écailles largement elliptiques distinctes (excepté chez A. Christiji.j; palpes de la femelle avec écailles irré- gulièrement dressées; abdomen ordi- nairement plus ou moins écaillé 2 Thorax revêtu de poils ou d'écaillés étroites, semblables à des poils; écailles des palpes de la femelle ordi- nairement comprimées; abdomen sans écailles sur la face dorsale 13 2 — Ecailles abdominales manifestement présentes sur tous les segments 3 Ecailles abdominales absentes ou si pré- sentes, confinées aux segments ter- minaux (« Nyssorhynchus ») 8 3 — Ecailles abdominales formant des touffes latérales saillantes distinctes I Nyssorhynchus ( = CeUiaj j 4 Ecailles abdominales ne formant pas de touffes (Neocelliaj 9 4 — Dernier article des tarses postérieurs clair, ou au moins à pointe claire 5 Dernier article de tous les tarses en- tièrement foncé 7 5 — Dernier article des tarses antérieurs et médians entièrement foncé; espèce jaunâtre, plutôt grande (5-6mm.) (") 1 pharoensis (§) (*") Dernier article des tarses antérieurs et médians clair ou à pointe claire; espèces plus petites et moins jaunes (4,5mm. ou moins) 6 6 — Dernier article de tous les tarses, com- plètement jaune; les autres articles régulièrement annelés de noir et de jaune; espèce très petite (3mm.) 2 cinetus Dernier article de tous les tarses à poin- te blanche, les autres articles non an- nelés; espèce plus grande 3 JacoM 7 — Tarses postérieurs entièrement noirs 4 argenteolobatus (•) Cette clef, d-int nous donnons la traduction, a été publiée dans le numéro de novembre 1912, du Btilletin of Entomological Research de Londres. (Vol.III,Pt.3,p.241.) (**) Sauf indication contraire, les mesures donnent la long:ueur du corps, à l'ex- clusion de la trompe. (***) Les espèces connues comme transmettant la malaria, sont indiquées par le signe (§). 220 Quatre premiers articles des tarses pos- térieurs avec anneaux blancs à l'ex- trémité 5 squaniosus 8 — Dernier article des tarses blanc; petite espèce {3.5mm.) 6 maculicosta Dernier article des tarses non blanc; grande espèce (7mm.) 7 Christyi 9 — Tarses postérieurs entièrement foncés; trois bandes blanches aux palpes de la femelle, les deux premières étroites. 8 bnmnipes Deux ou trois derniers articles des tarses postérieurs blancs lU 10 — Palpes avec quatre bandes blanches étroites; écailles des ailes lancéolées; pattes tachetées 9 aureosquamiger Palpes à trois bandes, les deux der- nières plutôt larges; les écailles des ailes beaucoup plus étroites Il 11 — Fémurs et tibias tachetés de blanc 12 Fémurs et tibias sans taches blanches 10 rulipes 12 — Palpes tachetées de blanc 11 maculipalpin (§) Palpes sans taches blanches 12 pretoriensis 13 — Abdomen avec des touffes latérales d'écaillés très longues et minces, sur chaque segment (Christyaj 13 implexus Abdomen sans touffes d'écaillés laté- rales 14 14 — flfcailles des ailes principalement jaunes; les taches noires sur les nervures très réduites, mais trois marques noires longues ei une courte sur la costa et la première nervure, les deux pre- mières presque réunies 15 Ailes non marquées de cette façon 16 15 — Les 2 3/4 derniers articles des tarses postérieurs blancs 14 Theileri Les derniers articles des tarses posté- rieurs foncés 15 Wellcomei 16 — Ailes avec au moins trois taches pâles sur le bord antérieur (les espèces dou- teuses sont comprises dans la division suivante (Muzomyiaj 17 Ailes avec au plus deux taches pâles sur le bord antérieur 36 17 — Derniers articles des tarses postérieurs blancs; pattes tachetées 10 natalensis Derniers articles des tarses postérieurs non blancs 18 18 — Fémurs et tibias plus ou moins tachetés de blanc; tarses distinctement an- nelés aux jointures 19 Fémurs et tibias n'ayant pas de taches blanches j:3 19 — Métatarses postérieurs avec environ cinq anneaux blanchâtres, étroits et bien marqués; palpes de la femellp avec quatre anneaux blancs étroits. 17 ardensis Métatarses postérieurs sans anneaux distincts; palpes de la femelle avec trois anneaux blancs, le dernier large 18 costalis (§) 20 — Troisième nervure avec trois surfaces foncées et deux claires: palpes du mâle avec la massue princii)alement 221 jaune, comme chez costalis 19 paUidopaIpi Troisième nervure ayant seulement deux surfaces foncées (près de la base et de la pointe), ou entièrement foncée 21 21 — Palpes de la femelle, à pointes blanches; base de la première cellule fourchue, plus près de l'extrémité de l'aile que celle de la seconde cellule; espèce petite, très foncée 20. nili Palpes de la femelle, avec trois ou qua- tre anneaux blancs 22 22 — Troisième nervure en grande partie (lunestus, forme type et culici[aciesl ou complètement foncée; mesonotum revêtu de poils 23 Troisième nervure en grande partie pâle 26 23 — Tarses postérieurs avec des anneaux pâles bien distincts; champ des ailes avec quelques taches pâles 21 longipalpis Pattes entièrement foncées 24 24 — Champ des ailes entièrement foncé; aucune écaille pâle, même à la base des cellules fourchues 22 rhodesiensis Taches pâles présentes à la base des cellules fourchues, même chez les spécimens les plus foncés 25 25 — Espèce la plus claire, méditerranéenne et orientale 23 cuHci(acies (§) Espèce la plus foncée (très variable); éthiopienne 24 lunestus (§) 26 — Palpes de la femelle à pointes noires "' Palpes de la femelle à pointes blanches (chez A. cinereus, les écailles blanches de la pointe sont faciles à enlever!; le mesonotum avec des écailles étroites, mais bien distinctes ^" 27 — Pas d'écaillés foncées sur la première cellule fourchue ou sur la branche antérieure de la seconde 25 impunctus Taches foncées présentes (quoique par- fois petites) sur la première cellule fourchue 28 28 — Le revêtement du mesonotum consistant en poils 26 hispanioln (§) Le revêtement du mesonotum consistant en écailles étroites 29 29 — Troisième et quatrième taches costales plus petites: première cellule fourchue principalement à écailles pâles 27 rhaudoyei Troisième et quatrième taches costales plus larges; première cellule fourchue principalement à écailles foncées... 28 multicolor 30 — Dernier article des palpes de la femelle en grande partie foncé, mais pâle à chaque extrémité: grande espèce, ayant une longueur d'aile d'environ 5mm 29 cinereus Dernier article des palpes de la femelle en crrande partie ou totalement blanc 31 31 — Tarses foncés; anneau médian des palpes de la femelle plutôt étroit 32 Tarses avec articulations pâles 33 32 — Longueur moyenne des ailes: 3.8mm. 30 Iransvnalensis Longueur moyenne des ailes: 3mm. 24 lunestus (§) 222 33 — Grande espèce (environ 5mm.), méditer- ranéenne 31 superpictus Plus petite; éthiopienne; les anneaux médian et terminal clairs des palpes de la femelle sont presque égaux et plutôt larges; articles des tarses avec des anneaux jaunâtres étroits 34 34 — Espèce grande, foncée (3,5 à 4,5mm.); troisième et quatrième taches costales plus grandes 32 Marshalli Espèce plus petite et plus claire (3 à 3,2mm.); troisième et quatrième taches costales plus petites 35 35 — Une tache noire à l'extrémité de l'aile 33 Pitchlordi Pas de tache noire à l'extrémité de l'aile 34 ilavicosta 36 — Thorax revêtu d'écaillés étroites; taches claires des ailes plus nombreuses 37 Thorax revêtu de poils (sauf les écailles près du bord antérieur); ailes très foncées ou tout au moins d'une cou- leur uniforme 39 37 — Les deux dernières bandes des palpes (chez la femelle) presqu'égales et plu- tôt larges — comme chez A. Marshalli. articles des tarses avec, à l'extrémité, des anneaux blancs plutôt larges. 35 Ausleni Palpes de la femelle avec quatre anneaux blanchâtres étroits; l'article terminal ayant au milieu un anneau foncé 38 38 — Nombreuses écailles fourchues jaunes sur la tête; pattes foncées, tarses à peine annelés 36 dislinctus Pas d'écaillés fourchues jaunes sur la ♦ête; fémurs et tibias tachetés de blanc; tarses distinctement annelés aux jointures 18 costalis var. mêlas 39 — Deux ou trois derniers articles des tarses postérieurs blancs; femelle avec une touffe d'écaillés sur le côté ventral du dernier segment abdominal (Myzo- •rhynchusj 37 mauritianus (paludisj (§) Derniers articles des tarses postérieurs non blancs; femelle sans touffe d'écaillés ventrales 40 40 — Espèces noirâtres; ailes avec quelques taches pâles 41 Espèces plus claires; ailes sans aucune tache pâle 42 41 — Palpes de la femelle à écailles irrégu- lièrement dressées; écailles pâles des ailes présentes, surtout sur les 4™», 5me et G'oe nervures 38 umbrosus (§) Palpes de la femelle à écailles com- primées : écailles pâles des ailes moins nombreuses et présentes, surtout sur la première nervure 39 Smithii 42 — Ailes avec taches foncées formées par accumulation d'écaillés 40 maculipennis Ailes sans aucune tache foncée ; 43 43 — Première cellule fourchue plus longue que la seconde 41 algeriensis (§) Cellules fourchues d'égale longueur. 42 antennatus 223 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES AFRICAINES D'ANOPHELES. ESPECES COLONIES OU L ESPECE A ETE SIGNALÉE A. pharœnsis Theob. A. cinelus, Newst. et Carter. A. lacobi., Hill et Hayd. A. argenteolobaius, Gough. A. squamosus, Theob. A. maculicosta, Beck. A. Christyi, Newst. et Carier. A. brunnipes, Theob. A. aureosquamiger, Theob. A. rulipes, Gough. A. maculipalpis, Giles. A. pretoriensis, Theob. A. implexus, Theob. A. Theileri, Edw. A. Wellcomci, Theob. A. naialensis, Hill et Hayd. A. ardensis Theob. A. costalis, Theob. A. pallidopalpi, Theob. A. nili, Theob. A. longipalpis, Theob. A. rhodesiensis, Theob. A. culicifacies, Giles. Egypte, Soudan, Gambie, Côte de l'Or, iNigérie N. et S., Togo, Congo belge, Angola, Rhodésie S., Baie de Delagoa, .Madagascar, .A.sie occiden- tale. (*) Achanti. Natal. Transvaal, Rhodésie N. E. Egypte, Soudan, Nigérie N., Sierra- Leone, Côte de l'Or, Angola, Natal, Transvaal, Rhodésie S., Nyassaland, Afrique orientale anglaise, Zanzibar, Madagascar. Egypte. Ouganda, Afrique orientale anglaise (Njoro et Nairobi). Angola. Transvaal. Afrique orientale anglaise, Côte de l'Or, Nigérie N. et S. Transvaal, Rhodésie S., Angola, Congo belge, Nigérie N., Afrique orientale, Maurice, Indes. Transvaal, Natal, Côte de l'Or (Nord), Asie occidentale. Ouganda, Nyassaland. Transvaal, Nigérie. Soudan, Nigérie N., Angola. Natal. Natal. Espèce commune dans toute rAfrique (région éthiopienne) et dans les îles voi- sines. Asie occidentale. Sierra-Lsone. Soudan, Nigérie N. et S., Togo. Afrique orientale anglaise, Nyassa- land. Rhodésie S., Transvaal, Sierra-Leone, Asie occidentale. .\lgérie, Asie occidentale, Indes. (•) Par Asie occidentale nous entendons l'Asie minea-e, la Syrie, la Palestine, l'Arabie, la Mésopotamie, la Perse, le Turkestan, l'Afganistan et le Baloutchistan. Christophers S. R. a donné un aperçu de la faune anophelieane de ces régions dans Indian Jl. Med. Res., Calcutta, d'avril 1920 (A. Sumtnary of récent Observations on the Anophèles of the Middle East). 224 ESPÈCES COLONIES ou l'espèce A ÉTÉ SIGNALÉE A. lunestus, Giles. Espèce distribuée dans toute VAirique (région éthiopienne), mais plus com- mune en Afrique occidentale. n A. impunctus, Dônitz. Egypte. n A. hispaniola, Theob. Algérie, Espagne. (*) A. Chaudoyei, Theob. Algérie, Chypre, Indes. n A. multicolor, Camb. Suez, Le Caire. A. cinereus, Theob. .\den, Afrique orientale anglaise, Rho- désie S., Transvaal, Natal, Cap, Asie occidentale. A. transvaalensis, Carter. Afrique orientale anglaise, Transvaal» Natal. A. superpictus, Grassi. Mashonaland (?) Asie occidentale. A. Marshalli, Theob. Ouganda, Afrique orientale anglaise. Nyassaland, Rhodésie S., Transvaal, Angola. A. Pitchfordi, Giles. Zoulouland, Angola, Congo .belge^ Ouganda. A. llavicosta, Edw. Nigérie N. A. Austeni Theob. Angola. A. distinctus, Newsl. et Carter. Rhodésie N. E. A. mauritianus, Grandpré Espèce distribuée dans toute l'Afrique,. Ipaludis, Theob.) mais peu commune. A. umbrosus, Theob. Côte de l'Or, Nigérie S., Congo belge (Coquilhatville 1910), Cameroun. Etats malais. A. Smithii, Theob. Sierra-Leone. A. macuUpennis, Mg. Algérie, Tunisie, Egypte (?), Europe, Amérique du Nord (?), Asie occidentale. A. algeriensis, Theob. Algérie. A. antennatus, Beck. Egypte. (") (») D'après le Dr L. H. Gough (Bidl. Entom. Research, VoL V, 1914-15, pp.l53- 135), les quatre espèces: A. impunctus, A. hispaniola, A. Chaudoyei, A. multicolor , sont toutes synonymes A' A. multicolor Camb. et de plus, l'espèce asiatique A. (My zomyia) turkhudi est égatement la même. (**) D'après le Capt. P. H. Bahr (11), on rencontre également en Egypte, A. (Myzomyia) turkhudi (Egypte) et A. palestinensis (Sergenti) (Egypte, Algérie, Espagne), et d'après M. G. Sterey (1%), A. bifurcatus L. BIBLIOGRAPHIE I. — Liste des Ouvrages et Travaux cités. i\.-B. — Cette liste ne donne que les ouvrages et travaux cités dans la brochure. Elle ne peut être considérée comme une bibliographie complète sur les moustiques, qui prendrait un grand nombre de pages. (1)— W. M. Aders : Insects injurious to Man and Stock m Zanzibar, Bull, ol Entom. Research, London, Vol. VII, Pt 4 May 1917, pp. 391-401. (2) - Economie Biology. Enlomology in Relation to Public Health and Préventive Medicine and Veterinary Science, Zanzibar Protectorate. Ann. Rept. Pub. Health. Dept for 1916. Zanzi- bar 1917, pp. 32-37. (3)— D. Alexander : Sanitation, Govt Gold Coast Med. and San. Rept (or rjear 1916. Accra, 27 april 1917, p. 11-14. (4)— J. A. Allen, Herbert Lang and James P. Chapln : The American Muséum Confjo Expédition Collection of Bats. Bull, ol Ihe Ame- rican Muséum of Natural History; Vol. XXXVII, Art. XVIII, pp. 405-563, New York, Sept., 1917. (5)— Dr. F. Arnold : Transvaal Agricult. Jl. October, 1907. (6)— E. E. Atkixs and A. Bacot : The relation between the Hatching of the Eggs and the Development of the Larvae of Slegomyia (as- ciata (Aedes caloyjusj, and the Présence of Bacteria and Yeasts. Parasitology, London, IX, No.4, 27 July 1917, pp. 482-536. (7)— E. E. AusTEN : Anti-Mosquito Measures in Palestine during the Campagns of 1917-1918. Trans. Soc. Trop. Med. Hyg., London, XIII, No. 4, 21 Nov. 1919, pp. 48-60. (8) — A. W. Bacot : Report of the Entomological Investigation undertaken for the Commission for the Year August 1914— July 191b— Rept. Yelloiv Fever Commission (West Africaj, London, March 1916, 191 p., 27 fig., 29 pi., 9 charts. (9) — Note on the Period during v^^hich the Eggs of Slegomyia fas- ciata [Aedes calopusl from Sierra-Leone Stock retain their Vilality in a humid Température. Separate from Parasitology, Cambridge, X, No. 2, 22 January 1918, pp. 280-83. (10) — A. Bacot and G. Talbot : The comparative Effectiveness of cer- tain Culicifuges under Laboratory Conditions. Parasitology, Cambridge, Xl, No .2, Feb. 1919, pp. 221-236. (11/ — Capt p. H. Bahr : On the Transmission of the Suberlian Malaria Parasite (Plasmodium falciparum Welch 1897), by Egyptian Anophèles : Jl. R. A. M. C, London, XXX , No. 6, June 1918, pp. 606-608. (12)— A. W. Baker : Preliminary Notes on the Use of Repellents for Horn Flies and Stable Flies on Cattle. 47«» Zasshi m Soc. médicale de Formosej, No. 17S, 28 March 1917, m)— c Hederer et M. Sellier : Sur un appareil nouveau à sulfuration (bb) U "^^;f-;;^gi„ge,,jsaiion et désinfection. Arch. MM. Pharm. na- vales. Paris, C. VIII, No. 2, août IQl^'.PP- "^l^-l^^;. ^ ,,,,, .qi^ (87)-H Hexdley : Report on Malaria in the Punjab dunng the year 1915, together with Account of the Work of the Punjab. Malaria Bu- reau, Lahore, 1916. (88)— ■ Id. during year 1916, Lahore 1917. 89)-A. K. Henry : Destruction of Mosquito Larvae in Streams A thorouah and économie Method, Lancet, London, CXCVI, No. 4995, 24 May 1919, pp. 908-909. ^ . , on, ooq r,. (90)— W B Herms : Médical and Veterinary Entomology, 394 p., ^28 lig., The Macmillan Co., New York, 1915. (91)— F P W HouGH • Extermination of Mosquitoes m the navat proving ' ' ' Ground U. S. Naval Bull. Washington D. C, XII, No. 1, Jan 1918, pp. 144-146. (9^>)— Dr L O Howard, Ph. D. : Remédies and Préventives agamst Mosquitoes Farmers' Bull, No. 444, U. S. Dept. of Agriculture, Washington, .\pril. 1911, 16 p. „ „ ,, ,,.a tt e rv ^» (93)_ .c;ome Facts about Malaria. Farmers' Bull. No. 450, U. b. Uept of Agriculture, Washington, 29 April 1911, 13 p. c- T^ » (94)— The Yellow-Fever Mosquito. Farmers' Bull, 547, U. S. Dept. of Agriculture, Washington, 26 July. 1913, 16 p. (95^_ Mosquitoes and Bats. PnhUc Health Bevts. Washington C. D., XXXV, No. 31, 30 July 1920, pp. 1789-1795. ^ ^ , , (96^_ Remédies and Préventives against Mosquitos. U. S. Dept. of Afiric, Washnigton D. C, Farmer's Bull. No. 444, Washington, 1917, 16 p. (97)_ Hydrocyanic-Acid Gas against Household Insects. U. S. Dept. of Agrin., Washington D. C, Farmer's Bull. No. 699, Apnl 1916, 8 p. , . , (98)— F M. HowLETT : Report of the Impérial pathological Entomologist. Scient. Bepts. Agric. Inst. Pusa., 1917-1918, Calcutta 1918, pp. 117-120. " , ■ r, ^ (99)_S F HiLDEBRAND : Fishes in Relation to Mosquito Control m Ponds. ' ' U. S. Pub. Health. Bepts. Washington D. C, XXXIV, No. 21, 23 May 1919, pp. 1113-1128. ^ ^ ^, . (100)— \ Ingram, M.D.. CM., and J. W. Scott Macfie. M. A., D.Sc: Notes on some distinctive Points in the Pupae of West African Mos- miitos. Bull. of. Entom. Research, London, Vol. VIII, Pt. I, August. 1917, p. 73. „ „ ., (101)_ The early Stages of certain West-African Mosauitos. Bull, hn- tom Bes'., London, VIII, No. 2, December 1917, pp. 135-154, 4 pL, 8 fig. (10")— The early Stages of West-African Mosnnifos IV. Bull. Entom. Res., London. X.. Pt. I, Nov. 1919, pp. .59-69. (103)— MuoR S. P .Tamks : SuiTimary of a Year's Mosaiiito Work m Co- lombo. InrlUin Jl. Med. Research. Calcutta, II, No. 1, July, 1914, p. 227-267. (104^— A. F. Kennedy : Fish in Drains and ."^wamps in Bathurst. Annual Report for 1913. Médical Department. Bathurst. Gambia. (1051— C H Kennedy : .\. possible Enemy of the Mosquito. Mthly. Bull. Calif State Bd, Health, Sacramento. XII, No. 5. Nov. 1916. 230 (106)— H. B. KiRK : On Mosquito Larvicides. Trans. and Proc. New Zealand Ins. for 1917. Wellington, I. 15 July 1918, pp. 193-196. (107)— W. A. Lamborn : The Habits of a Dipteron predaceous on Mosqui- tos in Nyasaland. Bull. Entom. Bes. Vol. XI, Pt. 3, Dec. 1920. (108)— M. Langeron : La larve d'Anophèles Chaudoyei (Theobald 1903). Bull. Soc. Path. exotique, Paris, XI, No. 4, 10 avril, 1918 pp. 291 à 297. (109)— Dr. a. Laveran : Présentation de moustiquaires destinées spéciale- ment aux troupes en campagne et aux voyageurs. Bull. Soc. Path. exotique, Paris, Tome IX, No. 2, p. 75 et suiv.; No. 3, p. 122 et suiv. (110)— H. M. Lefroy : Measures for Avoidance and Extermination of Flies, Mosquitoes, Lice and othar Vermins. Thacker London 1916. (111)— Fly-Sprays. Trans. Soc. Trop. Med. and Hyg., London XIII, No. I, 16 i\Iay 1919, pp. 1-9. (112)— J. C. Legendre : Destruction des moustiques par les poissons. C. R. Acad. Sciences, Paris, tome 163, No. 15, 9 oct. 1916, p. 377. (113) — Sur un nouveau mode de transport des larves de moustiques C. R. Soc. Biologie, Paris, LXXXIX, No. 1, 8 janv. 1916 pp. 26-27. (114)— Biologie des Anophelines de Tananarive. C. R. Soc. Biologie, Paris, No. 9, 11 mai 1918, pp. 493-95. (115)— LÉGER ET S. Mouriquand : Anophèles et anciens foyers paludiques dans les Alpes. C. R. Iiebd. Académie des Sciences, Paris, t. 167, No. 13, 23 sept. 1918, pp. 461-463. (116) — R. Legroux : Présentation du matériel de prophylaxie anti-paludique destiné à l'armée d'Orient. Bull. Soc. Path. exotique, Paris, 1917, Tome X, No. 6, p. 421. (117)— J. A. Le Prince, CE., A. M. and A.J. Orenstein, M.D. : Mosquito Control in Panama. The Eradication of Malaria and Yellow Fever in Cuba and Panama, 335 p., 100 fg., G. P. Putnam's Sons, New York and London, 1916. (118)— J. A. Le Prince, CE., A. M. : Control of Malaria. — Oiling as an antimosquito Measure.Pu&iic Health Repts., Washington, XXX, No. 9, 26 Feb. 1915, pp. 599-608. (119)— J. A. Le Prince and T. H. D. Griffitts : Flight of Mosquitoes. Stu- dies on the Disantce of Flight of Anophèles quadrimaculalus V. S. Public Health- Repts., Washington, XXXII, No. 18, 4 May 1917, pp. 656-659. (120)— J. A. Le Pringe : Klalaria. — Control-Drainage as an antimalarial Measure I. U. S. Pub. Health. Serv. Bull. No. 258, 11 p., 13 fig., Washington 1915. (121)— A. B. Lisghetti : Algunes observaciones sobre la Morfologia de los Huevos de Culex. Physis., Buenos-Ayres, IV, No. 18, 31 Dec. 1919, pp. 588-591. (122) — Un Verme del Genero Planaria, Enernigo natural de las Lar- vas del Mosquitos. 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Cahiers d'Orient (ancienne Revue franco-macédonienne). No. 3, septembre 1918, Salonique. M. Watson, M.D., CM., D.P.H. : Rural Sanitation in the Tropics, being Notes and Observations in the Malay Archipelago, Panam'a and other Lands, 320 pp., J. Murray, London, 1915. Prévention of Malaria in the Federated Malay States. John- ston tropical Laboratory, University of Liverpool. 7 s. 6 d. ■ ' * : Handbook of Instructions for Collectors, 144 pp., published by fho Trustées of the British Muséum (Natural History), London. Guide médical abrégé, à Vusage du voyageur au Congo, 48 [)., Ministère des Colonies de Belgique, Londres, 1916 III. — Mémoires concernant les Moustiques ET les maladies QU'iLS TRANSMETTENT, PUBLIÉS PAR l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool. l.—Malartal Fever : its Cause Prévention and Treatment (1903). By Ronald Ross, C.B., F.R.S., F.R.C.S. 2 s. 6 d. 2.— Report of the Malaria Expédition to Sierra-Leone (1899). By Ronald Ross, D.P.H., M.R. es.; H.E. Annett, M.B., D.P.H., and E.E. Austen. 21 s. 3 et i.— Report of the Malaria Expédition ta Niqeria (1900). Bv H. E. Annett, M. D., D.P.H.; the late J. E. Dutton, M.B., Ch.B., and J.FL Elliott, M.D.— Part I : Malanal Fever etc. 10 s. 6 d.— Part IL Filariasis. 5 ,.|, 6.— Pari I : Flrsl Proqiess Beporl on Ihc Cumpaifin auaitisl Mosqiii- toes in Sierrâ-Leone (1901). By Major R. Ross, F.R.C.S., D.P.H., F.R.S.— Part II : Second progrcss Beport nn the Cam- vaign against Mosquitoes in Sicrra-Leone. By M. Logan Tay- lor, M. B. 7.— Report ai the Yellow Fever Expédition ta Para (1900). By H. E. Dur- ham, M.B., F.R.C.S., and the Ints Walter Myers, M. B. 7 s. 6 rt. S.— Report on the Sanitary Condition of Cape Coast Town (1902). By M. Logan Taylor, M. B., Ch. B. 1 s. d.—Report on Malaria at Ismailia and Suez (1903). By Ronald Ross, F.R.C.S., D.P.H., F.R.S., C.B. 1 s. -iO.— Report ol the Malaria Expédition io the Gambia (1902). By the late J.E., Dutton, M.B., Ch. B. 15-s. 11.— The Anti-Malaria Measures at IsmaUia (1904). By Rubcrt Boycc, M.B., F.R.S. Is. 1^.— Report on Ihc SanUalion and anli-malarial Measures in Practice in Bathurst. ('onakry and Freeloxun (1905-. By Rubert Boyce, M.B., F.R.S. , Arthur Evans, M. R., C.S., and H. Herbert Clarke, M.A., B.C., 5 s. \Z.— General Sanitalion and anti-malarial Measures in Sekondi, the Gold- Uelds and Kumessi, and a Comparison between the Condi- tions o{ European Résidence in India. By Lieut.-Colonel Giles 7 s. 6d. li:—Yelloio Fever Prophylaxis in New Orléans in 190.5. By Rubert Boyce, M.B., F.R.S. 5 s. 15.— I.— L« Prophylaxie de la Malaria dans les principaux postes die VEtat Indépendant du Congo. By the late J. Everett Dutton, M.B., and John L. Todd, B.A., M.D. IV. — Périodiques' Oans la listo ci-après, nous donnons les principales publications pctiodiques, dans lesquelles paraissent couramment des études sur les moustiques el les maladies qu'ils transmettent. FRANCE. Annales de VInstitut Pasteur, fondées par E. Duclaux, Masson et Cie, Paris. Paraissant depuis 1887. Bulletin de VInstitut Pasteur, fondé en 1903, Institut Pasteur, Paris. Archives de Parasitologie publiése par le Prof. R. Blanchard, depuis 1898, Paris. Bulletin de la Société de Pathologie exotique, fondé en 1908, Institut Pas- teur, Paris. Comptes rendus de la Sociale de Biologie de Paris, Masson et O^, Paris. ANGLETERRE ET COLONIES. Annals o/ Tropical Medicine and Parasitology (front 1907), Liverpool School of Tropical Medicine. Parasitology, edited by G. H. F. Nuttall, F.R.S. and A. E. Shipley, F.R.S., Cambridge University Press, Cambridge. The Journal of the London School of tropical Medicine, published from 1912, by the London School of tropical Medicine. The Journal of tropical Medicine and Hygiène, published from 1898, Lon- don. Bulletin of the Yellow Fever Bureau, LiverpooL Tropical Diseases Bullelin, published from 1912, by Uie Tropical Diseases Bureau, Impérial Inslitute, London S. W. (bi-mcnsuel). Bullclin ol Enlomological Research, published from 1910 by Ihe Impérial Bureau of Enlomology, British Muséum (Nalural History), Cromwell Road, London, S. W. (trimestriel). The Revicw ol applied Enlomology, Séries B, Médical and Velerinary, pu- blished from 1912, by Ihe biipcrial lîureau of Entomology, 89, Queen's Gaie, London, S. W. 7. Iiiilian Journal o[ Médical Research, Calcutta, India. lirports ol the Wellcome tropical Research Laboratories ai ihe Gordon Mémorial Collège, Khartoum, Vol. A, Médical (Anglo-Egyptian Sudan), Bailliéra, Tindall & Co\. London. l'iihlifdlidiis i)( the South african anti-malarial Association, .loliuimesburg, Soulli Africa. ETATS-UNIS. Journal ol inleclious Diseases, Chicago, tUS.A. MiUtary Surgeon, Washington, U.S. A. 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Malaria e Malattie dei Paesi Caldi, Roma, Italia. Brazil-Medico Rio de Janeiro, Brazil. Memoriû l7istituto Osicaldo Cruz, Rio de Janeiro, BrazU. .SNI^NVlNOSHimS S3 I avy 8 n~'LI B R AR I ES^SMITHSONIAN^INSTITUTl lES SMITHSONIAN INSTITUTI0N^N01iniliSNI~NVIN0SHillMS S3iyVM£ SNI NVINOSHilWs'^SHiyvyan^LIBRARIEs'^SMITHSONIAN INSTITUTI 2 \ <^ — eo — z _j z — _j 2 lES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIiniliSNI NVINOSHilWS S3ldVMI z r- ^ z r- ^. z ^ m LSNI NVINOSHilWS S3 I MVy 8 n~LI B RAR I ES SMITHSONIAN INSTITUT z ^ ^ w z .... w z lEs'^SMITHSONIAN INSTITUTION NOIiniliSNI NVIN0SHliyMS^S3 1 aVH z .,. ^ z ARIES'^SMITHSONIAN INSTITUTION NOIiniliSNI NVIN0SHilWS*^S3 1 a\ UIISNI NVINOSHillAJS S3ldVyan libraries SMITHSONIAN INSTIT ^r^ V z r- Z r; if) E c/) E