LES ÉMULES | ; \ DARWIN * 5/ \ | D | inen CHAPULS se EVE BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE ÊÉE SOUS LA DIRECTION DE M. ÉM. ALGLAVE LXX VIII BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. EM. ALGLAVE Volumes in-8, reliés en toile anglaise, prix...,........,.... “<.. OT, EXTRAIT DU CATALOGUE ANTHROPOLOGIE L'Espèce humaine, par À. DE QuaTRerFAGEs, membre de l’Institut, pro- fesseur d'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 1 vok in8: 109 ELECTRO Re. ete Dub OUT Ch. Darwin et ses précurseurs français, par A. DE QUATREFAGES. 1 vol. in-8. 2e édit..... ere Pen PA - 6 fr. L'Homme avant les métaux, par N. Jouy, correspondant del’Institut, 150 gravures dans le texte...... r-erich oc ecLEr ee sen en 6 fr. L'Homme dans la Nature, par TopiNarD, ancien secrétaire général de la Soc. d’Anthrop. de Paris. 1 v.in-8, avec 101 gr. dans le texte. Cfr. Les Races et les Langues, par André Lerèvre, professeur à l'Ecole d'anthropologie de Paris. 1 vol. in-8......... AE Oo oa0e G fr. ZOOLOGIE La Descendance de l'homme et le Darwinisme, par O. SCHMIDT, prof. à l’Université de Strasbourg. 1 v. in-8, avec fig. 6e édit. 6G fr. Les Mammifères dans leurs rapports avec leurs ancêtres géologiques, par O. Scumior.1 v.in-8, av. 51fig. dans letexte.. G fr. Fourmis, Abeïlles et Guëpes, par Sir Joan LuBsocs, membre de la Société royale de Londres. 2 vol. in-8, avec figures dans le texte, et 13 planches hors texte dont 5 coloriées........ Poe secs WOBITe Les Sens et l'Instinct chez les animaux, et principalement chez les insectes, par Sir Joux Lussocx. 1 vol. in-8 avec grav...... G fr. L'Ecrevisse, introduction à l’étude de la zoologie, par Th.-H. Huxzey, membre de la Société royale de Londres et de l’Institut de France, professeur d'histoire naturelle à l'Ecole royale des mines de Londres. 1-vol/Min-8, avec 82 fisures dansilettexte. "tree GNine Les Commensaux et les Parasites dans le règne animal, par P.-J. Van BENELEN, professeur à l'Université de Louvain (Belgique). 1 vol. in-8, avec 82 figures dans le texte, 3e édition................ 6 fr. La Philosophie zoologique avant Darwin, par EDMOND PERRIER, prof. au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 1 v.in-8.?2e édit.. 6 fr. BOTANIQUE — GÉOLOGIE L'Évolution du règne végétal, par G. DE SaporTA, correspondant de l’Institut, et MarroN, correspondant de l’Institut, professeur à la Faculté des sciences de Marseille : I. Les Cryplogames. 1 vol. in-8, avec 85 figures dans le texte. 6 fr. IL. Les Phanérogames.? vol. in-8, avec 136 figures dans le texte. 12 fr. Les Champignons, par Cooke et BerkeLey. { vol. in-8, avec 110 fig. ot ssneoresseosvsessnarsesr re. serve sement th rRIES un die ges ae SRE STD it RULES La Période glaciaire, principalement en France et en Suisse, par A. l'ALSAN. 1 vol. in-8, avec 105 gravures et ? cartes hors texte. G fr. Les Régions invisibles du globe et des espaces célestes, par A. Dausrée, de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, 1 vol, in-8. 2e édit., avec 89 gravures dans le texte.......... “HR L'Origine des plantes cultivées, par A. DE CANDOLLE, correspondant de l'Institut. 1 vol. in-8. 3e édition............. te Ce CCE 6 fr. Introduction à l'étude de botanique (/e Sapin), par J. pe LANESSAN, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. 1 vol. in-8. :* édit., avec figures dans le texte... robe 2e s One LES ÉMULES DE DARWIN PAR A. DE QUATREFAGES MEMBRE DE L'INSTITUT PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS PRÉCÉDÉ D'UNE PRÉFACE Par M. Edmond PERRIER MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR AU MUSÉUM ET D'UNE NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE M. DE QUATREFAGES Par M. E.-T. HAMY MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR AU MUSÉUM TOME SECOND PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE ET C FELIX ALCAN, EDITEUR 108$, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108 ic 1894 Tous droils réservés. : *} dé ÉÉRES e 2-2 n Pr LA di CN CNY LES ÉMULES DE DARWIN CHAPITRE ENV M. CARL VGGT (1). .. IL — Dans le précédent chapitre, j'ai montré comment Romanes, tout en continuant à se regarder comme darwiniste, avait opposé des objections irréfutables sur lesquelles repose en entier la théorie de son illustre maître et ami. J'exposerai sommairement ici les idées d’un autre disciple de Darwin, qui, sans aller aussi loin que Romanes et tout en acceptant les principes fondamentaux du darwinisme, a rejeté plusieurs des conséquences les plus importantes qu’en avait tirées son fondateur, et qui, par cela même, a montré ce qui manque, en réalité, à cette doctrine si séduisante à première vue. (1) Ce chapitre, imprimé d'abord sous forme d'article dans le Journal des savants, fut communiqué au savant dont j'exposais et critiquais les doctrines. Voici un passage de la lettre qu'il m'écrivit à cette occasion : « Pour me résumer, je ne saurais pas changer un o{a à tout ce que vous dites et je vous remercie de grand cœur de cette analyse si exacte... » Il m'est permis de citer ces paroles, bien qu’elles s'adressent à moi; cer on sait bien que, si j'avais mal traduit sa pensée, Vogt ne m'aurait pas épargné quelqu'une de ces spirituelles boutades qui rendent sa polé- mique si redoutable. Ainsi, deux de mes adversaires scientifiques, Dar- win et Vogt, ont témoigné de l'exactitude avec laquelle j'ai exposé les doctrines que j'ai cru devoir combattre. Je n’ai pas besoin d'ajouter que je me suis efforcé d'agir toujours de même envers les savants dont ‘ai le regret de ne pouvoi: partager les opinions. DE QuareeraGes. — Émules c'e Darwin. II. — 1 2 LES ÉMULES DE DARWIN. Il est inutile d’insister sur la valeur scientifique de Carl Vogt. Il suffit de rappeler que ses travaux très nombreux, très divers, et, en particulier, ses recherches relatives à l’anatomie comparée et à l'embryogénie, lui ont mérité une place parmi les correspondants étrangers de la section de zoologie dans notre Académie des sciences (1). Vogt a été un des premiers disciples de Darwin. Le livre sur l'Origine des espèces avait paru vers la fin de 1859 (2). Dès 1862-1863, l’'éminent professeur disait à son auditoire pour- quoi lui, qui avait combattu constamment les théories de Lamarck et d'Oken, regardait celle du savant anglais comme très propre à expliquer la parenté des divers types animaux et comme ayant fait faire un pas important vers la connaissance de la vérité (3). Il enacceptait tous les principesfondamentaux, la lutte pour l'existence et la sélection naturelle, ainsi que les lois de l’hérédité et la plupart des conséquences qu’en a tirées Darwin. Mais, dès cette époque, il parlait en disciple indépen- dant et qui se réserve le droit de reviser les conceptions de son maître, en les soumettant au contrôle des faits. Il s’est de plus en plus engagé dans cette voie et n’a jamais hésité à abandonner même les conceptions qui l'avaient d’abord séduit, lorsqu'une étude plus sérieuse lui a démontré qu’elles étaient en contradiction avec l'expérience ou l'observation. Par là, il a été conduit à se séparer de plus en plus de Darwin sur plusieurs questions importantes. C’est ce que montrera aisément un examen, même ‘rapide, de ses publications relatives au transformisme. (1) Cette section compte dix correspondants français ou étrangers. On comprend que la proportion entre ces deux groupes varie selon les cir- constances. En ce moment le nombre des Français est de trois; et, par conséquent, celui des étrangers est de sept. La zoologie a, en outre, un représentant dans la section des associés étrangers. (2) Cet ouvrage fut publié le 24 novembre 1859 au nombre de 1250 exemplaires, qui tous furent vendus dès le premier jour. (La vie et la cor- respondance de Charles Darwin avec un chapitre autobiographique, publié par son fils, Francis Darwin, traduit de l'anglais par H. de Varigny, 1888, t. II, p. 35.) (3) Leçons sur l'homme, p. 596. M. CARL VOGT. 3 IT. — Bien qu'ayant publié plusieurs ouvrages, qui tous ont pour but de nous renseigner sur l’origine des espèces, Darwin n'a jamais dit nettement ce qu'il entendait par ce mot et n’a donné aucune définition de ce groupe fondamental. Vogt a agi d'une manière plus rationnelle. Par deux fois, avant et après l’éclosion du darwinisme, il a formulé ses idées à ce sujet. Voici comment il s’exprimait en 1849 : « L'espèce est la réu- nion de tous les individus qui tirent leur origine des mêmes parents et qui redeviennent, par eux-mêmes ou par leurs des- cendants, semblables à leurs premiers ancêtres (1). » Seize ans après, dans ses Leçons sur l’homme, il disait : « Nous recon- naissons un type à caractères déterminés, que nous nommons espèce et que nous pourrions définir en disant que nous rap- portons à une même espèce tous les individus que leurs carac- tères communs signalent comme descendants réels ou pos- sibles d’une souche commune (2). » On voit que, dans ces deux définitions, Vogt a tenu compte des deux notions que comprend l’idée d'espèce, l’une toute physiologique, celle de filiation ; l’autre essentiellement mor- phologique, celle de ressemblance. A cet égard notre auteur ne s'éloigne en rien des écoles classiques en botanique comme en zoologie. Il en est de même lorsqu'il s’agit de la race qu'il définit dans les termes suivants : « On nomme races les varié- tés constantes qui se perpétuent nécessairement et indéfini- ment avec leurs caractères distinctifs (3). » Mais, tout en faisant une part à la notion de filiation dans sa conception de l'espèce, Vogt devait être entraîné à en res- treindre l'importance. C’est là une conséquence inévitable des théories transformistes, qui toutes reposent essentiellement (1) Handbuch der Geschichte der Natur, cité par Isidore Geoffroy Saint- Hilaire. (His. nalur. génér. des rèynes organiques, p. 425.) On voit que l'auteur a fait rentrer dans cette définition les notions de métamorphose et de généagenèse. (2) Leçons, p. 286. (3) Leçons sur l'homme, p. 288. 4 LES ÉMULES DE DARWIN. sur des considérations purement morphologiques (1). Aussi le savant genevois s’efforce-t-il de démontrer que l’on a tort de fonder la distinction entre l'espèce et la race sur les phéno- mènes de la reproduction. En ce qui touche au croisement, toujours facile et indéfiniment fécond entre races d’une même espèce, il argue du nombre relativement très petit des groupes spécifiques sur lesquels ont porté nos expériences, et de l'impossibilité d'appliquer ce critérium aux animaux fos- siles (2). Pourtant il a trop de savoir et de bonne foi pour ne pas reconnaitre que « les considérations de reproduction sont essentielles pour l’homme même, les animaux domestiques et quelques animaux sauvages voisins de l’homme (3) ». Mais alors il est frappé du désaccord existant entre Les conclusions auxquelles conduit le résultat du croisement et celles que l’on aurait tirées de l’examen des caractères morphologiques; il s'étonne de voir des chiens que ces caractères feraient placer dans des genres différents produire des métis féconds ; et il recule à la pensée d'admettre que « les races de certaines espèces peuvent différer davantage que les espèces elles- mêmes (4) ». Mais ce n’est pas là un fait isolé. A ne considérer que les caractères morphologiques, le bœuf gnato, que l’on pourrait appeler le bœuf dogue, devrait être placé dans un genre assez éloigné de celui où figure notre bœuf européen, que nous savons pourtant lui avoir donné naissance. Darwin a d’ailleurs mis hors de doute que de notre biset seul sont sortis tous ces pigeons si peu semblables entre eux que, si on les avait ren- (1) M. Romanes est le seul transformiste, à ma connaissance, qui ait accordé à la notion de filiation toute la valeur qu’on doit lui reconnaître. Pourtant, même pour lui, l'individu qui perd subitement la faculté de se reproduire avec les autres représentants d’une espèce, sans cesser de leur ressembler, n'est encore qu’une variété; et l'espèce nouvelle se ca- ractérise seulement par des modifications morphologiques. (Voir les ar- ticles sur la Sélection physiologique que j'ai publiés en avril et mai 1889 dans le Journal des savants.) (2) Leçons sur l’homme, p. 293. (3) Ibid. (4) Ibid, p. 294. M. CARL VOGT. ) contrés à l'état sauvage, on les aurait placés au moins dans cinq genres distincts. Pourtant, en dépit de toutes les modifi- cations de formes extérieures et anatomiques, le bœuf gnato donne des métis féconds par son croisement avec le bœuf ordinaire, et Darwin a accumulé dans les mêmes individus le sang des cinq formes de pigeon les plus disparates, sans que la fécondité ait été atteinte. Ce sont précisément les faits signalés par Vogt, ceux que je viens de rappeler et bien d'autres de même nature que je pourrais y joindre, qui nous renseignent sur ce qu'est au fond l'espèce animale ou végétale, Ils nous apprennent que, dans les deux règnes, la notion morphologique de ressemblance doit être subordonnée à la notion physiologique de filiation, et c’est là ce qu'oublie ou méconnaît la presque totalité des transformistes. Sans doute, malgré ce que cette conception a de vrai, elle ne fait pas disparaître toutes les difficultés ; sans doute on n'a croisé entre elles qu'un nombre relativement très restreint d'espèces animales et végétales; sans doute il est impossible d'appliquer le critérium du croisement aux animaux, aux vé- gétaux fossiles. Toutefois le nombre des espèces soumises à nos investigations est dès maintenant assez considérable, Or sur quelque point qu'aient porté nos recherches dans les deux règnes, et que l’on ait eu recours à l’expérience ou à la seule observation, les résultats ont toujours été les mêmes. Nous devons donc les accepter comme étant l'expression de la vérité et les appliquer au passé, aussi bien qu'au présent ; car tout atteste que les lois générales ne changent ni avec le temps ni avec les lieux, pas plus dans le monde organisé que dans le monde inorganique. Sans doute encore cette applica- tion sera souvent difficile et laissera bien des incertitudes ; mais M. Gaudry, en introduisant l'idée de race dans les études paléontologiques, a montré que ces difficultés ne devaient pas arrêter les hommes de science. IT. — Comme Darwin, comme tous les naturalistes qui se 6 LES ÉMULES DE DARWIN. rattachent de près ou de loin à cette école, Vogt s'efforce de: montrer qu'au moins certaines espèces peuvent se croiser et donner naissance à des suites hybrides. On retrouve chez lui l'énumération, si souvent reproduite, des faits invoqués à l'appui de cette opinion. J'ai rappelé précédemment (1) que j'ai examiné dans le plus grand détail tous les exemples cités par divers auteurs et que j ai montré combien sont exa- gérées et inexactes les conclusions qu’on en a tirées (2). Cette discussion était d’ailleurs assez facile, car le nombre des exemples invoqués par les transformistes est des plus res- treints. En éliminant les faits manifestement apocryphes (3) et les expériences incomplètes (4), il ne reste en réalité pour les deux règnes que quatre ou cinq cas de croisement ayant produit des suites hydrides qui se sont maintenues pen- dant quelques générations, mais qui ont pourtant fini par disparaître (5). Oui, la barrière physiologique qui sépare les espèces peut être momentanément abaissée; oui, deux espèces bien dis- tinctes peuvent se croiser et quelques-unes ont donné des hy- brides féconds pendant un petit nombre de générations ; oui, en accroissant chez les hybrides la proportion du sang d’une des deux espèces parentes, on prolonge chez leurs descendants la durée de la fécondité. Mais toujours, sans exception connue jusqu'ici, la loi de retour se manifeste, et tôt ou tard les petits-- fils de ces hybrides reprennent les caractères de l’une des espèces parentes, parfois même se partagent pour reproduire les deux types purs. Voilà ce qu'atteste l'histoire, aujourd'hui (1) Voir le chapitre consacré à la théorie de M. Romanes, t. I, p. 122. (2) Voir notamment la Revue des cours scientifiques, 1868, et l'ouvrage intitulé Charles Darwin et ses précurseurs français, 1810. ‘3) Prétendus croisements du taureau et de l’ânesse, de la chevrette et du bélier, du chameau et du dromadaire, etc. (4) Expériences de Buffon sur le croisement du chien et du loup. (5) Pour les végétaux, croisement de la Linaire à fleurs pourpres et de la L. commune (Naudin); de l'Ægilops ovata et du froment (Godron). Pour- les animaux, croisement du Bombyx cynthia et du B. arrindia (Guérin- Méneville); du lièvre et du lapin (Roux, Broca, Gayot); du bouc et de- a brebis (pratiqué au Pérou et au Chili). M. CARL VOGT. ? bien connue, des chabins (3/8 de sang de bouc et 5/8 de sang de brebis) et des léporides (3/8 de sang de lapin et5/8 de sang de lièvre). Vogt, acceptant les faits tels qu'ils avaient été présentés par Roux et par Broca(1), a dit : « Le léporide est devenu une espèce tout à fait constante, qui offre des caractères déterminés qu’elle reproduit indéfiniment, et possède tous les caractères d’une espèce zoologique réelle (2). » A l’époque où il publiait son livre (1865), cette conclusion devait se présenter à l'esprit d’un disciple de Darwin et pouvait paraître soutenable. La déclaration formelle d'Isidore Geoffroy (3), le mémoire de Jean Raynaud(4), constatant également le fait du retour, mais publiés dans le Bulletin de la Société d’acclimatation, avaient facilement dû échapper à un savant peu préoccupé des ques- tions pratiques. D'ailleurs Vogt n'avait pu avoir connaissance d'aucun des renseignements recueillis plus tard par le profes- seur Faivre (5), pas plus que des aveux de M. Roux lui-même ou des tentatives de M. Gayot pour reprendre cette question et du Rapport décisif auquel elles donnèrent lieu de la part de Florent Prévost (6). Tous ces renseignements concordent; tous attestent qu'après un nombre de générations variable, mais parfois fort restreint, les hybrides de lièvre et de lapin retour- nent à cette dernière espèce, lors même qu'ils possèdent trois quarts de sang de la première (7). Certainement Vogt n’écrirait plus aujourd'hui la phrase que j'ai citée plus haut. Sans doute aussi, il atténuerait ce qu'a d'absolu la déclaration suivante : « Il n’existe pas la moindre (1) Recherches sur l’hybridilé animale en général et sur l'hybridité hu- maine en particulier, 1860. (2) Leçons sur l'homme, p. 558. (3) Bulletin de la Société zoologique d'acclimatation, séance du 28 dé- cembre 1860. (4) 1bid., séance du 12 décembre 1862. (3) La variabilité des espèces et ses limites, par E. Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon, 1868, p. 140. (6) Bulletin des séances de la Sociélé impériale et centrale d'agriculture de France, mars 1868. (7) Rapport de M. Florent Prévost. 8 LES ÉMULES DE DARWIN. différence entre les races et les espèces (1). » Toutefois il reste fidèle à la théorie de la formation et des espèces par voie de descendance. Par conséquent, ses convictions sont restées au fond les mêmes pour tout ce qui touche aux rapports existant entre l'espèce et la race; car toute théorie admettant la transformation progressive, lente ou rapide, repose sur la pensée exprimée par le savant genevois et qui lui est commune avee Lamarck, Darwin et tous leurs disciples. IV. — Jusqu'ici Vogt est donc pleinement d'accord avec le chef de la doctrine transformiste moderne; mais son esprit d'indépendance ne tarde pas à se manifester. Dansle premier ouvrage où il aborde ces questions, dans ses Lecons sur l'homme, on trouve, soit en germe, soit déjà très nettement formulées, des idées qui devaient l’éloigner de plus en plus de Darwin. Je signalerai en particulier ce qu’il dit au sujet des actions de milieu et de la rapidité relative des transformations ; sa ma- nière d'envisager l'adaptation et les conséquences qu'il en tire; le rôle qu'il attribue à la convergence de types issus de souches différentes, et son opinion, dès ce moment arrêtée, sur la mul- tiplicité originelle de ces souches. Passons rapidement en revue ces diverses questions qui touchent à quelques-uns des points fondamentaux du darwinisme. V. — Darwin, tout en accordant au milieu une influence considérable sur la production des variations originelles, s'est longtemps refusé à en admettre l'intervention dans la trans- formation des espèces ; encore n’a-t-il jamais fait à ce sujet. que d'assez faibles concessions. Vogt, au contraire, lui attribue un rôle important à cet égard, et cela même le conduit à se trouver en désaccord avec son maître sur un autre point, un des plus caractéristiques de la doctrine. On sait que, d’après la théorie du savant anglais, la trans- (1) Leçons sur l'homme, p. 561. M. CARL VOGT. ‘9 formation d'une espèce en une autre se fait avec une lenteur telle que dix mille ans environ sont nécessaires pour que la transmutation s'accomplisse. S'il en est ainsi, il est évident que l'espèce parente et l'espèce dérivée doivent avoir été reliées l'une à l’autre par d'innombrables intermédiaires. Or on n'a trouvé jusqu'à présent rien qui ressemble à ces séries d'êtres qui devraient se montrer entre deux types spécifiques dont l’un est le parent de l'autre. Darwin lui-même a reconnu la réalité de ce fait; mais il a cru en rendre compte en invo- quant l'imperfection de nos connaissances paléontologi- ques. À quoi ses contradicteurs ont répondu qu'il était bien étrange qu'ayant découvertplusieurs milliers d'espèces fossiles toutes formées, on n’en ail pas encore rencontré une seule en voie de formation. On voit que l’objection est sérieuse. Pour la lever, Vogt a recours aux actions de milieu. Il rap- pelle que nos animaux domestiques transportés en Amérique se sontmodifiés, parfois d'une manière remarquable, au bout d'un petit nombre de générations. Il fait remarquer que l'on ne saurait retrouver aujourd'hui les termes intermédiaires qui ont dû relier les types primitifs importés d'Europe avec les nouvelles races formées sous l'influence du milieu améri- cain (1). Il pense que pareille chose a pu se passer autrefois chez les espèces sauvages. Pour expliquer comment les spèces fossiles semblent se succéder brusquement les unes aux autres, il suffit, selon lui, d'admettre que les modifications du milieu ambiant ont été, dans certains cas, relativement promptes. Celles des types spécifiques ont dû nécessairement s'accomplir dans le même temps, pour maintenir l'harmonie entre les organismes et les conditions d'existence. Or cela même entrainait une lutte meurtrière entre ces organismes et le milieu en voie de transformation, lutte à laquelle succom- baient la plupart des représentants au moins de certaines espèces. Les rares survivants et leurs descendants s’adaptaient (1) Leçons sur l'homme, p. 561. 10 LES EMULES DE DARWIN. de mieux en mieux aux nécessités qui leur étaient imposées; et leur taille, leurs formes, leurs instincts se modifiaient d'autant. Une fois l'harmonie complètement établie entre eux et le monde nouveau, ils se multipliaient et s’étendaient. « Mais, dit Vogt, les formes de transition, les témoins de la lutte désespérée pour l'existence soutenue pendant la modifi- cation des conditions extérieures dans lesquelles l’espèce a pu à peine échapper à une destruction complète, ne doivent-ils pas être infiniment moins nombreux que les espèces typiques quimarquent les deux termes de la lutte (1)? » Vogt fait l'application de son hypothèse à l’époque gla- ciaire et à la transformation de l’ours des cavernes (Ursus spe- læus) en ours brun (Ursus arctos), espèces entre lesquelles on a trouvé trois ou quatre formes intermédiaires. L'exemple est bien choisi et la conclusion est logique, pour qui croit à la transmutation des espèces. Vogt répond, pour ce cas par- ticulier, à l’objection d’ailleurs très justement opposée à Darwin pour la presque totalité des espèces ; mais le savant genevois n'arrive à ce résultat qu’en se séparant de son maître sur deux points essentiels. D'une part, il fait jouer au milieu un rôle dominateur en opposition avec tout ce que Darwin a dit à ce sujet, et je re- viendrai bientôt sur cette question. D'autre part, il substitue à la transformation lente une transformation rapide; au lieu des milliers de formes intermédiaires admises par son maître, il se contente de trois ou quatre. Ce sont là des notions entiè- rement contraires à la doctrine exposée dans le livre sur l'Origine des espèces et dans tous les autres ouvrages du même auteur. Au contraire ces mêmes notions rapprochent Vogt d'Owen et de M. Mivart, réserve faite du procédé (action du milieu pour le professeur de Genève, plan préordonné par le Créateur pour les savants anglais). Remarquons d’ailleurs que selon F. Cuvier, nous avons en- (1) Leçons sur l'homme, p. 612. M. CARL VOGT. 11 core en Europe quatre espèces d'ours (1). Il n'y a certes rien d'étrange à ce que ces espèces aient habité plus au sud pendant l’époque glaciaire et aient émigré plus tard comme l'ont fait le lemming et le saïga. VI. — Quand il s’agit des actions de milieu, la pensée de Darwin devient hésitante et l’on constate dans ses livres des contradictions singulières, parfois placées bien près l’une de l’autre. Par exemple, il rappelle que l’on a vu des variétés dis- semblables prendre naissance sous des conditions en apparence identiques, et qu’en revanche des variétés semblables se sont produites dans des milieux aussi différents que possible. Ces faits et quelques autres le portent « à ne pas attribuer une grande importance à l’action directe et définie des conditions extérieures ». Quelques lignes plus loin il dit : « On peut, dans un certain sens, dire que les conditions extérieures causent non seulement la variabilité, mais qu’elles comprennent aussi la sélection naturelle ; car 6e sont elles qui décident de la va- riété qui doit survivre (2) ». Puis, dans un de ses Résumés, il subordonne les conditions d'existence au principe de la sé- lection naturelle, tout en leur reconnaissant un pouvoir d’adap- tation qui règle l'unité de type d’une même classe (3) ; et c’est dans ce sens qu’il raisonne et conclut à peu près constamment. Vogt renverse l’ordre des phénomènes adoptés par Darwin. Il trouve, dans l’organisation des animaux, «le reflet des con- ditions faites à la lutte pour l’existence par les milieux am- biants (4) ». Il est évident qu'à se placer sur le terrain du transformisme, le disciple a vu plus juste que le maître; car la sélection ne peut rien sur le milieu, tandis que celui-ci, selon sa nature, selon les lieux et les temps, modifie les con- ditions de victoire ou de défaite dans la bataille de la vie. Par (4) Dictionnaire des sciences nalurelles, art. Ours. (2) Origine des espèces, traduction Moulinié, p. 151. (3) Ibid., p. 226. (4) Analomie comparée, Infroduclion, p. 9. 12 LES ÉMULES DE DARWIN. conséquent, c'est lui qui commande et règle la sélection. On sait que je partage la manière de voir de Vogt sur cet en- semble de questions, avec cette réserve fondamentale qu'il attribue à la sélection le pouvoir de donner naissance à des espèces, tandis que, avec Romanes, je lui reconnais seulement celui de façonner des races (1). VII. — Vogt admet que les animaux en voie de développe- ment sont, comme les adultes, soumis à la domination du mi- lieu et des conditions d'existence qui en résultent. Je suis heureux de me rencontrer encore sur ce point avec lui. Dans un article du Journaldes savants (2), j'ai rappelé que les expériences de Coste sur les embryons de truites blanches et de truites saumonées, celles de Dareste sur les conditions qui produisent la monstruosité chez les poulets en voie de déve- loppement, ne peuvent laisser de doute à cet égard. Le savant genevois a tiré du fait général que nous acceptons tous les deux des conséquences qui l’ont mis en opposition avec l’école dont la grande prétention est de représenter le plus pur darwinisme. Darwin, ramenant à sa propre théorie une des idées favo- rites de notre savant anatomiste Serres (3), a admis que les diverses formes embryonnaires par lesquelles passe tout ani- mal reproduisent, au moins en partie, cellede ses ancêtres (4). De cette donnée, reprise et exagérée par Haeckel, on a conclu que l’ontogénie où embryogénie et la phylogénie, c'est-à-dire l’histoire de la filiation des êtres, devaient présenter pour (1) Voir les articles déjà cités sur la Sélection physiologique. (2) Ibid. (3) Serres disait que l'embryogénie est une anatomie comparée transi- toire, et l'anatomie comparée une embryogénie permanente. Mais, tout en prétendant que l’homme passe par les états d’infusoire, de ver, de mollusque, etc., il ne regardait nullement ces animaux comme ayant été nos ancêtres. Toutefois, s’il eût vécu, il serait devenu bien probablement un des disciples les plus décidés de Darwin, car il se laissait facilement aller à des idées aventurées ; et, sur ce point, sa théorie et celle du sa- vant anglais se complétaient mutuellement. (4) Origine des espèces, chap. xx, Embryologie. M. CARL VOGT. 13 chaque espèce deux séries de formes se correspondant terme à terme et tout au moins semblables, sinon identiques. Vogt à admis d’abord ce principe jusqu'à un certain point. Dans son Anatomie comparée, il disait : « Les diverses phases évolutives que parcourt l'embryon d’un animal supérieur, depuis l'œuf jusqu'à son développement final, ressemblent aux phases subies par l’évolution historique des animaux qui com- posent la série des ancêtres du même type ». Mais il se hâtait d'ajouter que cette loi « ne présente cependant pas le carac- tère de généralité qu'on a voulu lui accorder (1) ». Il fallait remarquer entre autres choses, avec raison, que les types an- cestraux étaient placés dans des conditions de milieu fort dif- férentes de celles que subit un animal en voie de développe- mentindividuel. Celui-ci est nourri directement par la mère ou à l’aide des matériaux emmagasinés dans un œuf, tandis que ses ancêtres adultes devaient pourvoir à tous leurs besoins par leur seule industrie. De là il résulte que les ressemblances ne peuvent être que partielles et que la corrélation et l’har- monie des organes sont entièrement différentes. « C'est pour avoir méconnu ce principe, ajoutait Vogt, que l’on a réussi à défigurer complètement une loi simple et intelligible lors- qu'elle est appliquée dans les limites que nous venons d'indi- quer (2) ». Mais il ne devait pas s'arrêter là. Plus tard il a écrit, en faisant allusion à Haeckel : « On a établi une loi fon- damentale dite biogénique, suivant laquelle l’ontogénie et la phylogénie doivent se correspondre exactement... Cette loi, que j'avais crue bien fondée pendant longtemps, est absolu- ment fausse par sa base. Une étude attentive de l’'embryogénie nous montre, en effet, que les embryons ont leurs harmonies relatives à eux, bien différentes de celles des adultes (3). » En somme, le savant professeur de Genève estime, avec raison, (1) Introduction, p. 6. (2) Ibid., p. 7. (3) Sur un nouveau genre de médusaire sessile, Lipkea ruspoliana (CG. \.), Due 14 LES ÉMULES DE DARWIN. que « toutes les ontogenèses de tous les êtres organiques sans exception sont des produits normaux de toutes les influences diverses qui agissent sur ces êtres (1) ». Je me borne ici à signaler ces principes si sages, sans mon- trer les conséquences que Vogt en a tirées. J’y reviendrai plus loin en examinant les théories de Haeckel. VIII. — On voit que, tout en conservant ses croyances trans- formistes, Vogt reconnaît l'autorité des faits. Cette fidélité au principe fondamental de toute la science moderne l’a conduit à se séparer de Darwin sur un point assez important. Pour le savant anglais, dans la lutte pour l'existence, la vic- toire appartient à peu près constamment aux plus forts, aux mieux doués ou aux plus beaux. Un perfectionnement très lent, mais continu et incessant, est à ses yeux la conséquence forcée de la sélection naturelle et sexuelle (2). Envisagé à ce point de vue, le darwinisme a été proclamé la doctrine du pro- grès et a inspiré des pages pleines d'enthousiasme à son fon- dateur lui-même (3) et à plusieurs de ses disciples. On admet- tait bien, il est vrai, quelques transformations régressives, quelques cas de recul organique; mais on ne voyait là que de très rares exceptions n'infirmant en rien la règle générale. L'influence que Vogt reconnaît justement aux actions de milieu a conduit ce savant à des conclusions fort différentes. Pour lui, cette influence a essentiellement pour résultat d'adapter les êtres organisés à leurs conditions d'existence. Or les résultats de cette adaptation peuvent être fort différentes. Déjà, dans ses Leçons sur l'homme, l’auteur disait : « Il peut y avoir progrès sous plusieurs rapports; dans d’autres cas, arrêt ou recul ; » et, rappelant les métamorphoses rétrogrades constatées chez certains animaux, il ajoutait, en faisant allu- sion aux révolutions géologiques : « Pourquoi un pareil fait (1) Quelques hérésies darwinisles (Revue scientifique, 1886, p. 485). (2) Origine des espèces, p. 513 et passim. (3) Voir la conclusion de l’ouvrage sur l'Origine des espèces. M. CARL VOGT. 15 ne pourrait-il pas se présenter aussi dans les modifications nécessaires à l'adaptation d’un type aux nouvelles conditions de milieu (1)? » Vogt est revenu sur cette question à plusieurs reprises et à de plus en plus motivé et précisé sa pensée. Certes il n’a ja- mais songé à nier les perfectionnements acquis par l’ensemble des êtres organisés depuis les temps paléozoïques. Il oppose, à ce point de vue, les faunes exclusivement marines d'autrefois, à nos faunes aériennes. Mais il fait observer que, s'il y a eu des types progressifs, il en a existé aussi de stationnaires et de rétrogrades ; si bien que la somme du progrès « se constitue d'une multitude de facteurs dont la valeur, tantôt positive, tantôt négative, est extrêmement variable (2) ». Cette manière de comprendre la marche de l'évolution orga- nique est, on le voit, bien différente de celle qui résulte de la conception darwiniste. Pour la justifier, Vogt en appelle à l'observation. Dans une Vote présentée au Congrès de l’Asso- ciation française pour l'avancement des sciences, 1l faisait comprendre comment et pourquoi les conditions d'existence imposées aux animaux fixés et aux animaux parasites ont pour résultat la simplification des organismes et leur rétrogra- dation dans l'échelle des êtres ; il montrait jusqu'où peut être portée la dégradation par le parasitisme (3); il citait comme exemples un mollusque gastéropode (4), un crustacé (5) et une rédie de ver trématode (6), également réduits, par le fait même de leur évolution, à n'être qu'une sorte de sac ne renfermant plus qu’un intestin rabougri et des organes de reproduction énormes qui remplissent à peu près toute la cavité du sac. Il tirait, en outre, de ces faits de graves (1) Leçons sur l'homme, p. 614. (2) Introduction, p. 12. (3) Quelques observations sur le parasitisme animal (Comptes rendus de la 3° session, Lille, 18175, p. 459). (4) Enloconcha mirabilis. (5) Lernæzdiscus porcellanæ. (6) Les rédies sont une des formes transitoires par lesquelles passent, dans leur développement, les vers trématodes. 16 LES ÉMULES DE DARWIN. conséquences, sur lesquelles je reviendrai tout à l'heure. Dans son /ntroduction, Vogt a rattaché les faits de ce genre. et bien d’autres aux idées de Milne Edwards sur la nature du, perfectionnement organique, et de Geoffroy sur le balancement des organes. Avec le premier, il admet qu’un animal s'élève. d'autant plus dans l’écheile qu'il possède un grand nombre, d'organes à fonctions spécialisées. Mais, ajoute-t-il, pour que. la spécialisation amène un progrès réel, il faut qu’elle soit harmonique et porte sur l’ensemble de l’organisation ; car, dit-il, avec le second, «tout développement prédominant d'un organe ou d'un groupe d'organes doit nécessairement avoir. pour conséquence l'arrêt de développement ou même la régression des autres organes (1) ». C'est en partant de ces principes et des applications de l’em- bryogénie à l’histoire évolutive des espèces que Vogt appré- cie les rapports de filiation entre les formes animales fixées et les formes libres correspondantes. Ces dernières représentent seules pour lui des formes ancestrales ; les premières ne sont que des êtres dégradés. Il y a quelques années, dans une lettre que je communiquai en son nom à l’Académie des sciences (2), il prenait pour exemple une méduse et le polype hydraire qui lui donne naissance. Tout le monde est d'accord pour regar- der la première comme supérieure au second; et à peu près tous les transformistes ont regardé celui-ci comme représen- tant la forme primitive; la fhéorie du progrès voulait qu'il en fût ainsi. Mais Vogt, qui tient compte des phénomènes embryo- géniques, qui voit la méduse engendrer le polype et celui-ci ne conserver que les organes nécessaires à la vie individuelle, renverse l’ordre de cette descendance, et pour lui le polype n'est qu'une forme dégradée. Le savant genevois est revenu sur cette question dans un travail plus récent. Là, après avoir rappelé une foule de faits indiscutables, il arrive à conclure que les anthozoaires et les (1) Zntroduction, p. 10. (2) Comples rendus de l'Académie des sciences, 1883. M. CARL VOGT. {7 hydro-méduses, en général, sont autant d'êtres « issus de formes libres et flottantes : l’état fixé, dont on faisait dériver les formes libres, n’est qu'un état secondaire, intercalé par suite d’influences diverses, qui se résument en dernier lieu par un alourdissement de l'organisme, que les organes locomo- teurs primitifs, savoir les cils vibratiles, deviennent impuis- sants à transporter (1). » Il faut donc renverser ici toutes les généalogies admises par l’école darwiniste ; il faut accepter pour grands-pères les êtres que l’on avait dits être des petits- fils et réciproquement. Or ces conclusions s'appliquent à toutes les espèces confondues habituellement sous le nom de polypes et qui occupent une si large place dans les faunes marines. D'après cela, il est facile de comprendre la gravité du coup porté par M. Carl Vogt à l'hypothèse d’une phylogénie à peu près constamment progressive. La fixation, le parasitisme, une adaptation spécialisée, sont, aux yeux de notre auteur, autant de causes évidentes de dégra- dation. Il attribue la même action à toute influence prédo- minante, habitat, nourriture, nécessité de défense ou d’at- taque, etce., et il formule la règle suivante : « Tout progrès dans une direction donnée est accompagné, sinon de reculs, du moins d'’arrêts plus ou moins marqués dans d’autres directions (2). » IX. — Une fois engagé dans cet ordre d'idées, Vogt devait aller et est allé beaucoup plus loin. Il a fait, au sujet du mode de filiation, une réflexion toute naturelle. «S'il est vrai, dit-il, que l’on puisse suivre une voie de transformation par la pré- sence d'organes ou d’ébauches d'organes, il s'ensuit que les souches sur lesquelles a agi la transformation, doivent avoir possédé ces organes ou ces ébauches. Cela veut dire, en d’au= tres termes, que nous ne pouvons, en aucune facon, déduire (1) Sur un nouveau genre de médusaire sessile, Lipkea ruspoliana (C. V.), P. 45. (2) Introduction, p. 11. DE QUATREFAGES. — Émules de Darwin. II. —"# 18 LES ÉMULES DE DARWIN. les organismes compliqués des organismes simples, mais. que ces organismes simples, qui souvent n'ont pas même les éléments des organes propres aux compliqués, doivent procé- der, par développement rétrograde, des organismes compli- qués (1). » Il est en effet évident que l'ancêtre ne peut trans- mettre à ses petits-fils que ce qu'il possédait lui-même. Dans l'application qu'il fait de ces principes, Vogt écarte de la discussion les divers états que traverse un œuf en voie- de développement et que Hæckel a considéré comme autant de formes ancestrales. Le savant genevois veut avec raison que, dans les recherches phylogéniques, on s'adresse seulement à « des formes accusées, pouvant vivre et se multiplier ».Se pla- çant à ce point de vue, il ne trouve dans aucune série zoolo- gique des faits pouvant démontrer avec certitude l’acquisition. d'organes entièrementnouveaux, tandis qu’il est aisé d’en citer une foule montrant que la transformation s'opère par la réduc- tion, la disparition ou la modification d'organes préexistants. Aux faits, aux arguments tirés de l’histoire des espèces vivantes, que je viens de rappeler, Vogt ajoute ceux que lui fournit la paléontologie. Remontant aux fossiles de la faune primordiale, il n’a pas de peine à montrer que bien des types zoologiques les premiersapparus ont eu d'emblée des représen- tants remarquables par leur organisation élevée. Les trilo- bites, qui caractérisent pour ainsi dire les plus anciennes couches paléozoïques, étaient des crustacés assez voisins de nos isopodes, c'est-à-dire du groupe de la classe qui se rap— proche le plus desinsectes(2). Les céphalopodes, unanimement acceptés comme formant la classe la plus élevée des mol- lusques (3), se montrentimmédiatement après et se multiplient d'une manière étrange à l’époque silurienne. Ces faits sont inexplicables pour qui admet avec Darwin un développement (1) Quelques hérésies darwinistes, p. 486. : (2) Les cloportes, que tout le monde connaît, appartiennent à cette classe. (3) Les poulpes, les seiches, etc., sont des céphalopodes. M. CARL VOGT. 49 progressif presque absolu. Ils deviennent au contraire compré- hensibles si l’on admet la préapparition de formes élevées d’où dérivent des formes secondaires plus ou moins dégradées.Auss: Vogt est-il porté à admettre que les céphalopodes constituent la souche de laquelle se sont détachés les autres groupes de mollusques (1). J'ajouterai qu'au moins certains groupes de végétaux pré- sentent des faits semblables. D'après M. Grand'Eury, les types de l’époque permo-carbonifère, tant cryptogames que gymnospermes, paraissent avoir atteint d'emblée leur plus grande perfection. Leurs congénères actuels sont, à la fois, plus petits et aussi moins élevés en organisation (2). Ainsi les deux règnes présentent également des exemples frappants de dégradation organique absolument incompatibles avec la manière dont Darwin et ses disciples comprennent la forma- tion successive des espèces. De tous les faits dont je ne rappelle ici que les principaux, Vogt tire la conclusion suivante : « On sera bien forcé de rema- nier et de renverser complètement presque tous les arbres phylogéniques qu'on nous a présentés jusqu’à présent comme le dernier mot de la science et du darwinisme en particulier. On sera forcé de reconnaître que les animaux moins compli- qués doivent leur existence à une longue série de transforma- tions, de rétrogradations peut-être, si l’on veut employer ce mot impropre, et qu'ils doivent constituer les termes finaux, et non les souches de séries phylogéniques (3). » On voit com- bien cette manière de voir, toute fondée sur l'observation de faits précis et cent fois constatés, est peu d'accord avec là théorie du progrès et combien Vogt s'écarte ici de Darwin. X.— Il s’en est éloigné bien davantage sur un point beau- coup plus important. (1) Quelques hérésies darwinistes, 1886, p. 457. (2) Traité de géologie, par M. de Lapparent, ?e édit., 1889, p. 802. (3) Quelques hérésies darwinistes, 1885, p. 43°. 20 LES ÉMULES DE DARWIN. Après avoir dit que les animaux sont probablement descen- dus de quatre ou cinq formes primitives au plus, et les plantes d’un nombre égal ou même moindre, Darwin ajoute : « L'ana- logie me conduirait à faire un pas de plus et à croire que tous les animaux et les plantes descendent d’un prototype unique (1). » Puis il cite des exemples empruntés à l’histoire des mammifères aussi bien qu'à celle des mollusques. Cette dernière conception est en effet la seule qui se prête à la plu- part des développements que l’auteur a donnés à sa doctrine. C’est bien elle qui lui a fait écrire la page poétique où il repré- sente la vie comme un arbre unique, « dont les branches mortes et brisées sont enfouies dans les couches de l'écorce terrestre, pendant que ses magnifiques ramifications vivantes et sans cesse renouveléesen couvrent la surface (2) ». Au fond, et malgré les réserves que je viens de rappeler, Darwin rai- sonne et conclut à peu près toujours en monophylétiste. En acceptant cette donnée, que pourtant il applique séparément aux deux règnes organiques, en la poussant imperturbablement jusqu’à ses conséquences les plus extrêmes, Hæckel me paraît n'avoir été que le disciple, fidèle mais imprudent, du grand penseur anglais. Vogt, au contraire, a protesté de bonne heure contre cette manière de voir. Dans ses Lecons sur l’homme, il se demande quelle a pu être l'origine première des animaux et des plantes, et n'hésite pas à déclarer que la science ne peut encore répondre à cette ques- tion, Il n’admet pas la génération spontanée. Il dit : « La formation d'êtres organiques aux dépens d’une matière primi- tive est encore aujourd’hui en dehors du domaine de l’obser- vation et de l’expérience (3). » Toutefois, raisonnant dans cette hypothèse et partant à la fois de la doctrine transformiste et de la théorie cellulaire de (1) Origine des espèces, p. 501. (2) 1bid., p. 148. (3) Leçons sur l'homme, p. 502 M. CARL VOGT. 21 Schwann, il démontre aisément que les espèces animales ne peuvent avoir eu un point de départ unique. En effet, dit-il, nous connaissons de nombreux êtres unicellulaires parmi les- quels nous reconnaissons les espèces distinctes ; les cellules de l'œuf montrent, d'espèce à espèce, des différences, souvent appréciables dès leur apparition et qui se dévoilent en tout cas par leur développement ultérieur. Enfin, en supposant que des forces jusqu'ici inconnues aient fabriqué les cellules primitives avec de simples éléments chimiques, ces cellules « devaient posséder des formes, une structure interne et des aptitudes de développement différentes », car les faits mon- trent que la création organique s’est développée à la fois sur plusieurs points du globe (1). Il conclut en disant : « Dans mon opinion, on ne peut nier ces différences fondamentales dans le plan de structure des animaux, niles rattacher les unes aux autres. Je ne puis donc admettre leur développement à partir d’une seule forme primitive (2). » En d’autres termes, Vogt était polyphylétiste dès le moment ou il publiait son livre, et ses convictions à cet égard se sont de plus en plus accentuées. On en trouve la preuve dans les articles publiés longtemps après et à deux époques différentes dans la Revue scientifique, articles où il attaque avec autant d'esprit que de justesse et de force le monophylétisme de Hæckel, qui n’est au fond que la doctrine de Darwin (3). M. Gaudry, que ses beaux travaux ont placé au premier rang des paléontologistes vivants, est arrivé aux mêmes conclusions. Mon éminent confrère admet aussi la formation successive des espèces animales par voie de descendance et de transmutation. Mais, plus prudent que la plupart des transformistes, il déclare ne rien savoir du procédé mis en œuvre pour atteindre ce résultat. Partant de l'observation pure, il se borne, dit-il, à signaler les indices d’enchaînement qu'il (1) Leçons sur l’homme, p. 509. (2) Ibid., p. 616. (3) L'origine de l'homme, 1817, et Quelques hérésies darwinistes, 1886. 22 LES ÉMULES DE DARWIN. 24 croit apercevoir entre les âges géologiques (1); et cette mé- thode toute scientifique le conduit à la conclusion suivante : « La paléontologie marche d'accord avec l’embryogénie, quand elle croit découvrir que, dans les temps géologiques, il n’y a pas eu un seul enchaînement, mais plusieurs enchaînements d'êtres dont le développement s’est poursuivi d’une manière indépendante (2). » Le maître et ses disciples se trouvent doncici non seulement en désaccord, mais en opposition formelle; et il est facile de comprendre l'importance de ce différend. A l’arbre de la vie, admis par Darwin, arbre unique et représentant à lui seul tout le passé, tout le présent et même, jusqu’à un certain point, l'avenir de la création organisée (3), Vogt et M. Gaudry sub- stituent tout au moins un bosquet, peut-être une forêt com- posée d'arbres différents, dont il reste à déterminer le nombre et les essences. Le règne animal n’est plus une famille, n’ayant qu'un seul ancêtre premier et dont on peut espérer tracer un jour la généalogie complète, comme Haeckel a tenté de le faire; il se compose de séries de familles, en nombre indéterminé, distinctes et isolées les unes des autres depuis l’origine des choses. L'idée de parenté que Darwin et Lamarck ont voulu substituer à celle d’a/ffinité se trouve ainsi singulièrement affaiblie. Il est évident que cette conception nouvelle enlève à la doctrine une bonne part de ce qu’elle avait de grandiose, de séduisant et aussi de pratique au point de vue de l'inter- prétation de bien des faits. XI. — Vogt s’est encore écarté de Darwin à propos d'une autre question, tout aussi grave que la précédente, pour qui se place au point de vue du savant anglais. Au nombre des lois formulées par celui-ci, se trouve celle de la divergence, (1) Les ench:inements du monde animal; les mammifères tertiaires, 1873, p. 251. (2) Les enchainements du monde animal ; fossiles primaires, 1883, p. 293. (3) Origine des espèces, p. 513. M. CARL VOGT. 23 en vertu de laquelle les descendants d’une variété qui s’est détachée d'une espèce préexistante vont en s’éloignanttoujours de plus en plus du type de cette espèce. Darwin a tiré de cette loi de nombreuses conséquences. Dans un de ses pre- miers chapitres, il insiste sur le rôle qu’elle joue dans la cons- titution des espèces et des genres (1); c'est grâce à elle et à la loi de caractérisation permanente qu'il rend compte de bien des faits généraux concernant les rapports des êtres entre eux et leur distribution géographique; qu'il relie Les faunes actuelles aux faunes passées et croit possible de prévoir jusqu’à un certain point ce que seront les faunes et les flores futures (2). Seulement, dans sa sixième édition et sur les observations de M. Watson, il admet la possibilité de la convergence se mani- festant entre espèces issues de deux genres voisins. Mais il termine ses réflexions à ce sujet par la déclaration formelle suivante : « Il serait incroyable que les descendants de deux organismes, après avoir primitivement différé d’une manière marquante, convergent ensuite d'assez près pour que leur orga- nisation d'ensemble approche de l'identité (3). » Tout en admettant que la divergence joue un rôle considé- rable dans la phylogénie, Vogt veut que l’on fasse une large part à la convergence des caractères, convergence qui peut être le résultat d'actions très diverses et relier les types les plus différents. Cette opinion est déjà nettement indiquée dans ses Leçons. Partant des faits découverts par Gratiolet et admis aujourd'hui par tous les anatomistes (4), il montre que la famille des singes anthropomorphes n’est nullement homo- gène. L'orang-outang, le gorille et le chimpanzé sont en réa- lité les termes supérieurs de trois séries de singes, anatomi- quement distinctes, savoir celles des gibbons, des cynocéphales et des macaques. Raisonnant d'ailleurs en transformiste, (1) Origine des espèces, p. 121. (2) Ibid., chapitres xx1, x11, XIII et XIV, passim. (3) Origine des espèces, traduction Moulinié; Additions, p. 519. (4) Anatomie comparée du cerveau de l'homme et des singes, Mémoire sur les plis cérébraux de l'homme et des primates. 24 LES ÉMULES DE DARWIN. Vogt ne voit pas dans ces rapports de simples affinités. Pour- lui, un perfectionnement, à peu près équivalent et dirigé dans le mème sens, a masqué les caractères différentiels qui dis- tinguent les singes inférieurs ; et il explique ainsi comment les zoologistes ont été conduits à juxtaposer ces trois genres qui, au fond, appartiennent à trois familles différentes. Dans la Vote lue au Congrès de Lille et dont j'ai déjà parlé, Vogta insisté sur cet ordre de considérations. Le gastéropode, le crustacé et la rédie qu'il à pris pour exemples ne sont pas seulement dégradés par les conséquences du parasitisme. Une fois parvenus à l’état adulte, ils sont de plus si bien rappro- chés morphologiquement qu'on les a pris également pour des Vers ayant d'étroites affinités, jusqu’au moment où l'on a connu la forme de leurs larves. « Et pourtant, dit justement M. Vogt, ils sont primitivement éloignés les uns des autres plus que l'Homme n’est éloigné du Poisson (1). » On le voit, ici c'est le parasitisme qui entraine la dégradation et qui, par cela même, fait converger vers un type commun des êtres dont l’'embryogénie seule permet de reconnaître Les différences fondamentales originelles. La paléontologie fournit à Vogt de nouveaux arguments à l'appui de ses opinions. Il prend pour exemple le genre cheval (Equus caballus). On sait que l'Amérique n’en possédait aucune espèce à l’époque de la découverte, et que les innom- brables chevaux sauvages qui errent de nos jours dans les pampas où dans les prairies du Far-West descendent tous d’in- dividus importés d'Europe. Mais on a trouvé dans les terrains tertiaires supérieurs et dans les couches quaternaires de l'Amérique un cheval fossile, l'£quus curvidens, qui, à en juger par le squelette, était extrêmement voisin du nôtre. Vogt, raisonnant en transformiste, a dressé la généalogie de ces deux espèces, en remontant jusqu'aux plus anciens temps tertiaires. Il a obtenu ainsi deux séries d’ancêtres mammalo- (1) Congrès de Lille, p. 461. M. CARL VOGT. 25. giques, composées de termes étagés selon l'äge des terrains. Or les termes de ces séries qui se correspondent dans le temps se composent non seulement d'espèces, mais encore de genres bien caractérisés, et qui se ressemblent d'autant moins qu'ils ont été trouvés dans des couches plus anciennes (1). Pour Vogt, le cheval quaternaire américain et son contem- porain d'Europe ont donc eu pour point de départ deux types génériques distincts, fort différents, dont les descendants se sont progressivement rapprochés les uns des autres d'étape en étape, jusqu'à se trouver réunis dans le même genre. Ici, la convergence aurait été déterminée par les conditions générales qu'imposaient les révolutions géologiques. Carl Vogt déclare que ses études ont porté non seulement sur le genre cheval, mais encore sur les séries de descendances des ruminants, des chameaux, des cochons, des rhinocéros, des carnivores, et qu'il est constamment arrivé aux mêmes résul- tats; il est revenu sur ce sujet dans ses curieux articles inti- tulés les Dogmes scientifiques (2). Là, il a apporté de nou- velles preuves et a montré que, sous la pression des faits, plus d’un naturaliste, darwiniste décidé mais de bonne foi, a dû en arriver à des conclusions semblables aux siennes. Aïnsi, dans une foule de cas analogues à celui que je viens de citer, les vieux ancêtres se ressembleraient moins que les derniers de leurs descendants. C’est précisément l'opposé de tout ce que Darwin a dit à ce sujet (3). XII. — L'histoire des chevaux, envisagée au point de vue transformiste, présente d’autres enseignements que Carl Vogt fait fort bien ressortir. (1) Quelques hérésies darwinistes (Revue scientifique, 1886, p. 482). Depuis que Vogt a écrit cet article, le nombre des Équidés fossiles trouvés en Europe et en Amérique s’est considérablement accru. Mais ces décou- vertes ne font que confirmer les conclusions du savant genevois. (2) Revue scientifique, ? et 23 mai, 13 juin et 18 juillet 1891. (3) Voir le schéma publié par Darwin et les commentaires qui l'accom- pagnent (Origine des espèces, p. 121). 26 LES ÉMULES DE DARWIN. Darwin avait dit : « L'existence d'espèces voisines ou repré- sentatives dans deux points donnés implique, selon la théorie de descendance avec modification, que les mêmes formes parentes ont autrefois habité les deux régions (1). » A ce compte, le cheval d'Europe et celui de l'Amérique devraient avoir eu les mêmes ancêtres. Or le tableau dressé par Vogt montre qu'il n’en est rien. Et ce ne sont pas seulementles espèces qui varient d’un continent à l’autre. À partir du miocène jus- qu'à l’éocène inférieur, chacun d’eux a ses genres distincts. En somme, selon Vogt, « les ancêtres chevalins existant d’un côté de l'Océan n’ont pas engendré les descendants vivant sur l’autre rive (2) ». Ce fait ne peut s'expliquer qu’en admettant l'existence d’un obstacle impossible à franchir pour ces mammifères. Aux yeux du savant genevois, cet obstacle a été la mer, qui sépa- rait les deux continents jusqu’à la fin de l’époque miocène. Vogt fait ressortir ainsi l'importance de la géographie géolo- gique et termine en disant que « fout arbre généalogique, fût-il conçu d’une manière en apparence solide, est erroné si les conditions imposées par la géographie géologique n’y sont pas respectées (3) ». Ici encore, le disciple est en désaccord avec le maître, puisqu'il subordonne les indications tirées de la mor- phologie à celles que produit la géologie; et cela parce que toujours il en appelle aux faits, parce qu'il n'hésite pas à subor- donner la théorie à l'observation. XIIL. — De toutes les données que je viens de résumer, Vogt a tiré une conclusion générale, qui le met une fois de plus en opposition avec Darwin. On sait que, depuis les travaux d'Adanson, de Jussieu, de Cuvier, les botanistes, les zoologistes, ont également senti la nécessité de substituer aux anciennes classifications systéma- (1) Origine des espèces, p. 501. (2) C. Vogt, Revue scientifique, 1886, p. 483. (3) Revue scientifique, 1886, p. 483. M. CARL VOGT. 27 tiques une classification naturelle, fondée sur l’ensemble des caractères et représentant, autant que possible, les véritables rapports existant entre les êtres. Chaque jour, de nouveaux efforts sont faits dans cette direction ; et c’est ainsi que la cartede l'empire organique s’est graduellement perfectionnée, que les affinités et les analogies ont été de mieux en mieux précisées. Darwin a constaté cette tendance générale des études modernes ; et, sous l'empire de ses préoccupations doctrinales, il y a vu le résultat de recherches que, « sans en avoir conscience », les naturalistes font pour retrouver les traces de la communauté de descendance. A ses yeux, « l’arrangement des groupes dans chaque classe, pour être naturel, doit être rigoureusement généalogique (1). » Eh bien, Vogt déclare que notre classification ne « peut exprimer le développement phylogénétique, et qu'elle échouera souvent en voulant représenter le développement ontogéné- tique. Elle est et sera toujours artificielle, en ce sens qu’elle ne peut s'appuyer que sur des caractères communs à des groupes plus ou moins étendus, lesquels dominent les autres caractères, mais qui peuvent provenir de souches bien diffé- rentes (2). » Pour faire mieux comprendre sa pensée, le savant genevois reprend la comparaison établie entre la généalogie transfor- miste et un arbre, mais en la ramenant à sa conception des souches originelles multiples, c’est-à-dire au bosquet ou à la forêt dont j'ai parlé plus haut. «Il faut, dit-il, ajouter à cette image un espalier qui représenterait la classification. Les piquets montants de cet espalier correspondraient à nos divi- sions. Les branches des arbres, bien ou mal conduites suivant différents systèmes de tailles adoptés par la nature, dépassent à droite et à gauche les piquets et se ramifient dans les com- partiments voisins. N'importe! elles se trouvent dans le com- partiment et sont enregistrées dans la classe, ordre ou famille (1) Origine des espèces, p. 443. (2) Quelques hérésies darwinistes (Revue scientifique, 1886, p. 488). 28 LES ÉMULES DE DARWIN. que celui-ci représente, sans égard à leur provenance (1). » Mais, dans nos espaliers, quand deux espèces sont voisines, les branches ont beau passer le piquet, elles ne perdent pas pour cela leurs caractères spécifiques. Un pommier, un poi- rier pourront entrelacer leurs branches; celles-ci n’en porte- ront pas moins toujours les mêmes fruits. Pour compléter sa comparaison au point de vue transformiste, Vogt aurait dû ajouter qu'en entrant dans le compartiment voisin, les branches du poirier se sont mises à porter des pommes et celles du pommier des poires. Pour qui admet la transmutation par convergence, cette conséquence s'impose et la comparaison faite par Vogt devient alors aussi juste que frappante. Mais il est facile de voir que cette conception enlève à celle de Darwin une de ses dernières et de ses plus attrayantes séductions en portant, tout au moins, une grave atteinte à la loi de caractérisation permanente, une de celles qui, dans la théorie du savant anglais, relient le plus intimement le passé, le présent et même l'avenir des faunes et des flores. En effet, si deux séries convergentes ont eu pour points de départ deux formes animales assez éloignées pour que les termes qui les composent aient eu une valeur générique; si les derniers représentants de ces deux séries en sont arrivés à se ressembler assez pour devoir être réunis dans un même genre, il est évident que, à chaque transformation les descen- dants des types initiaux ont perdu quelques-uns des traits qui différenciaient les premiers parents. Ils ont été, pour ainsi dire, de plus en plus décaractérisés par les progrès mêmes de l'évolution, comme le gastéropode et le crustacé l'ont été par ceux du développement individuel. XIV. — Ainsi, tout en acceptant la théorie de la descen- dance et par conséquent la transmutation des espèces ; tout (1) Quelques hérésies darwinistes (Revue scientifique, 1886, p. 488). M. CARL VOGT. 29 en admettant que la lutte pour l'existence et la sélection naturelle sont les deux grands agents de cette transmutation ; tout en méconnaissant, comme son maître, les différences radicales qui distinguent l'espèce de la race, Vogt se sépare de Darwin sur des points capitaux. Contrairement au père de la doctrine, il subordonne la sélection aux conditions d'’exis- tence, chez l'embryon aussi bien que chez l'adulte, et en arrive à nier la possibilité de l’accord admis par le savant anglais entre l’embryogénie et la phylogénie. À côté du progrès général, dont témoigne l’ensemble des règnes organiques, il place la dégradation et lui attribue le premier rôle dans la constitution de nombreuses espèces. Il montre la convergence des types aboutissant au même résultat et mettant en défaut dans une foule de cas la loi de divergence et la loi de caracté- risation permanente, qui, à elles deux, dominent et règlent à peu près toutes les applications de la théorie de Darwin. Enfin, à l'unité originelle de tous les êtres organisés il oppose nette- ment la multiplicité des souches primitives. Ce sont là des dissidences doctrinales sérieuses. Vogt n’en revendique pas moins hautement le titre de darwiniste, et je ne me crois pas autorisé à le lui disputer. Mais lui-même se reconnaît hérétique relativement à la doctrine enseignée par le maître (1); et il est facile de voir qu'il a tout ce qu'il faut pour mériter cette épithète aux yeux des darwinistes ortho- doxes. En somme, bien que resté fidèle aux données fonda- mentales du darwinisme, il en a tiré des conséquences telles qu'il s’est, en réalité, isolé et a pris la position de chef d'école. Cette école pourra jouer un rôle utile et important. Vogt a rendu aux faits l’autorité qui leur appartient; il a subordonné la théorie à l’observation, à l'expérience. Par là, il est rentré dans la voie imposée de nos jours aux vrais savants. C’est lui, 'écarte largement des autres. En même temps, ses muscles pro- pres sont bien plus longs, plus forts que ceux qui leur corres- pondent au membre antérieur, et de leur disposition il résulte que cet orteil peut s'opposer aux autres. Le pied du Gorille devient ainsi préhensile, à la manière d’une main. Huxley lui- même en convient. Donc, par le nombre et les rapports gé- déraux des éléments qui le composent, cet organe est resté un pied ; par les modifications anatomiques, par les rapports nouveaux, par les fonctions nouvelles de ces mêmes éléments, il est devenu une main. C'est là ce qu’exprime assez bien l’épi- thète de cheiropode que Halford applique au Gorille, de même qu’au Macaque (4). ILest évident que ce pied devenu une main articulée à faux sur la jambe et dont tous les os sont mobiles les uns sur les autres (1) Tout Paris a connu le peintre Ducornet qui, né sans bras, peignait avec le pied. Nos camarades de collège ont vu, comme moi, une jeune fille également née sans bras qui brodait et découpait. Mais, tout enfants que nous étions, nous remarquâmes fort bien qu'elle n'employait pas ses orteils comme nous nos doigts. (3) Sappey, loc. cit., p. 133. (3) Duvernoy, loc. cit., p. 73. (4) Loc. cit. HUXLEY. 183 est fort mal fait pour la station ou la marche sur un terrain solide, en revanche il est admirablement construit pour empoigner une branche d'arbre, en se moulant en quelque sorte sur elle; pour fournir ainsi un ferme point d'appui à l'animal qui se redresse; atteint avec ses longs bras une autre branche où il s'accroche solidement et s’enlève à la force des poignets, grâce à la puissance musculaire de ses membres antérieurs. On le voit, par suite des conditions mécaniques que lui im- pose sa structure anatomique, l'homme ne peut déployer toutes ses facultés de locomotion qu'en marchant debout sur un ter- rain résistant. Des mêmes raisons il résulte que le Gorille ne peut exercer les mêmes fonctions dans toute leur plénitude qu’en se mouvant au milieu des branches d'arbre, et en utili- sant dans ce but ses membres antérieurs autant et plus que les postérieurs (1). En d’autres termes, en vertu de tout leur appareil locomo- teur, l'Homme est un bipède terricole, marcheur et le Gorille un quadrumane grimpeur arboricole (2). Là est encore une différence radicale qui, à la fois, sépare nettement l'Homme du Gorille et rapproche d'autant celui-ei du dernier des singes. En effet, tous les animaux placés par Huxley dans son ordre des Primates, depuis les anthropomor- phes jusqu'aux lémuriens et au C'heiromys, ont des gros orteils opposables; tous ont des pieds-mains (3) ;'tous sont essentielle- ment organisés pour se mouvoir sur les arbres; tous sont des grimpeurs au même titre que les singes les plus élevés(4). Cet (1) Duvernoy a insisté à plusieurs reprises sur cette conséquence des détails anatomiques qu'il a fait connaitre. (2) Depuis que la question des origines simiennes de l'Homme a été soulevée, j'ai insisté sur cette considération dans mes cours et dans di- verses publications. (3) Gervais, Loc. cit., p. 177. (4) Les Galéopithèques font seuls exception. Mais, à coup sür, per- sonne ne songera à les rapprocher de nous. Les Galéopithèques sont du nombre de ces animaux que leurs caractères indécis ou exceptionnels rendent fort difficiles à placer dans un cadre méthodique. Linné les avait 184 LES ÉMULES DE DARWIN. ensemble de faits anatomiques et physiologiques concorde donc entièrement avec les conclusions tirées par Broca de l'étude de l’angle orbito-occipital ; il précise la signification que doit avoir ici l'expression de quadrupède employée par mon regretté collègue, et montre une fois de plus combien est peu fondée la trop fameuse proposition de Huxley. Ce n’est pas que le savant anglais ait méconnu tous les faits sur lesquels j'ai dû appeler l’attention. Dans l'ouvrage que je discute en ce moment, ilen signale quelques-uns, entreautres l’obliquité de l’articulation du pied sur la jambe (1); il n’a pas oublié la faculté préhensile du pied; il a signalé « la plus grande division du travail physiologique chez l'Homme, divi- sion dont la conséquence est que la fonction de support repose entièrement sur la jambe et sur le pied ; il déclare ne pas vou- loir diminuer la valeur de ces différences ; il ajoute même que «elles sont importantes en soi, la structure du pied étant, dans chaque cas, en étroité corrélation avec celle du reste de l’or- ganisation ». Plus tard, dans son Manuel d'anatomie , il a insisté sur la liberté que présente l’articulation du scaphoïde et du cuboïde, d’une part, avec l’astragale et le calcanéum de l’autre. C'est à cette disposition qu'il attribue la tendance à tourner en dedans que présente le pied chez tous les anthropomor- phes : « Cette conversion de la plante, toujours prête à sefaire, dit-il, doit faciliter l’action de grimper, autant qu'elle est incompatible avec la fermeté du pied dans la marche (2) ». Mais il n'en conclut pas moins que «le pied du Gorille ne diffère de celui de l'Homme par aucun caractère fonda- mental (3) D. Venant après les paroles que je viens de citer, cette con- rattachés aux singes; Cuvier les joignit aux chauves-souris. La première opinion semble prévaloir, bien que ces animaux n'aient, en réalité, rien des singes, dontils diffèrent, entre autres, par la dentition. Ils grimpent à la manière des chats. (1) Page 221. (2) À Manual of (he Anatomy of vertebrated animals, p. 482. (3) Place de l'homme dans la nature, p. 221. HUXLEY. 185 clusion peut surprendre. On se l'explique par ce fait qu'ici Huxley s'est borné presque toujours à comparer un à un les éléments anatomiques. Or ces éléments sont en même nombre et disposés à peu près de même dans les deux pieds. Dès lors, considérés isolément, ils peuvent paraître ne présenter de l’un à l’autre que des modifications d'importance secondaire. Mais, je Le répète, toutes ces modifications se prêtent un con- cours mutuel. Leurs actions se capitalisent, pour ainsi dire. Ainsi se trouve réalisée, non pas dans les détails, mais dans l’ensemble, par une simple application de la loi d'économie (A), la différenciation anatomique et physiologique profonde des pieds de l'Homme et du Gorille. C'est là ce qu'il y a de fonda- mental, et ce qui a échappé à Huxley, par suite du point de vue auquel il s'est placé. XX.— Après avoir étudié le cadavre, interrogeons le vivant et passons rapidement en revue les quatre types d’anthropo- morphes. Huxley a reproduit assez longuement ce que divers voyageurs ont dit au sujet de leur mode de locomotion. Il a résumé dans les termes suivants la conclusion qu'il en a fixée : « Ces singes peuvent se mouvoir sur le sol dans l’attitude verticale ou demi-verticale, sans aucun appui direct des bras (2) ». Je ne contesterai pas cette proposition générale. Je me borne à montrer, par quelques citations empruntées presque tou- jours à Huxley lui-même, dans quelles limites elle est accep- table. L'Orang a des mouvements lents. « Lorsqu'il grimpe, il meut alternativement une main et un pied, ou, après avoir saisi solidement un point d'appui avec les mains, il attire. à 1} On sait que l’on doit à Milne Edwards d'avoir le premier démontré l'existence de cette loi et d’en avoir signalé les nombreuses et diverses applications. (Introduction à la zoologie générale, 1857.) (2) Loc. cit., p. 149. Huxley a écrit cette phrase à propos de l’Orang et des Gibbons; mais il indique plus loin qu'elle s'applique également au Gorille et au Chimpanzé. 186 LES ÉMULES DE DARWIN. lui les deux pieds simultanément (1). » On voit que l’obser- vation directe confirme ce que j'ai dit plus haut. « Sur le sol, l’Orang va toujours à quatre pattes. L'Orang ne peut poser ses pieds à plat, mais il s'appuie sur le bord externe (2)... Jamais l’Orang ne se tient sur ses jambes de derrière, et tous les dessins où on le voit dans cette attitude sont faux, comme aussi toutes les assertions où on le fait se défendant avec des bâtons, et bien d’autres encore (3). » Un Orang captif et très méchant ne cherchait jamais à mordre: « ses mains étaient ses grands instruments d’attaque et de dé- fense ». Si quelqu'un s’approchait de sa cage, « il se levait lentement; et, étendant ses longs bras, lançait soudainement un coup de griffe (4) ». On pourrait tout au plus conclure de ces détails que l’Orang se dresse pour employer plus aisé- ment ses bras contre ses ennemis; mais je n’ai rien trouvé sur ce point, ni dans Huxley ni ailleurs. Les Chimpanzés sont de fort habiles grimpeurs et déploient en jouant sur les arbres une étonnante agilité. Mais je n’ai vu nulle part d'indication sur le rôle que jouent dans ces mouve- ments les membres antérieurs ou postérieurs. A terre, « on les voit quelquefois deboutet marchant; mais, quand ils se voient découverts, ils se mettent immédiatement à quatre pattes et fuient la présence de l’observateur.…. Telle est leur organisa- tion qu'ils ne peuvent se tenir droits; mais ils s’inclinent en avant (5). » Il est clair que cette attitude leur est imposée par la courbure uniforme, à concavité antérieure, de la colonne vertébrale (6). (1) Dr Muller, cité par Huxley, loc. cil., p. 1#4. (2) Si ce détail est exact, il donnerait à penser que chez l'Orang, l'ar- ticulation de la jambe sur le pied est oblique en dehors au lieu d'être oblique en dedans, comme chez le Gorille. (3) Huxley, loc. cit., p. 145. (4) Ibid., p. 146. (5) Dr Savage, cité par Huxley, p. 151. J'ai dû corriger ici une distrac- tion du Dr Dally qui a traduit par le même mot (debout) les deux termes anglais standing et erect, ce qui impliquait contradiction. (6) Cette courbure commence seulement à la sixième vertèbre cervicale et s'étend jusqu’au sacrum. Le haut de l'épine dorsale est donc un peu HUXLEY. 187 Il est à regretter qu'aucun des voyageurs qui ont vu des Gorilles vivants n'ait fait connaître la manière dont ils se meuvent sur les arbres. Mais ce que nous savons de l'énorme développement des muscles de l'épaule et des bras atteste suffisamment que chez eux, letrainantérieur doit jouer lemème rôle que chez l'Orang. C'est certainement lui qui soulève et amène en haut le corps que le train postérieur a surtout pour fonction de fixer solidement dans la locomotion arboricole. En revanche, nous sommes aujourd’hui bien renseignés sur leur mode de locomotion terrestre. Au dire d'Owen et de du Chaillu, le Gorille est, de tous les anthropomorphes, le plus agile à marcher debout sur le sol. Et pourtant Savage et Ford, tous les deux cités par Huxley (1), déclarent que quand il se dresse, son corps n’est jamais vertical comme celui de l'Homme, mais courbé ou incliné en avant. Le langage de du Chaillu, qui plus qu'aucun autre a vu ce singe de près, est plus explicite encore. Il dit : « La marche naturelle du Gorille n'est pas sur deux pieds, mais à quatre pattes (2). Quand il est debout, ses genoux sont ployés en dehors et son dos est courbé (3)... » C'est à quatre pattes qu’il traverse les épais fourrés de ses forêts natales(4) ; mais, à la vue d’un Homme, il se dresse sur ses pieds, et marche pas à pas vers lui, s’arrêtant (5) et même s’asseyant par intervalles (6), sans cesser de rugir. Même dans ces moments de surexcitation, « il marche en se dandinant de droite et de gauche ; car ses jambes de derrière, qui sont très courtes, paraissent suffire à plus libre que chez le Gorille (Gratiolet et Alix, loc. cit., p. 31). Mais rien ne rappelle l’inflexion de la région lombaire de la figure de Huxley (Loc. cit., p.191). (1) Loc. cit., p. 158 et 162. (2) Voyages et aventures dans l'Afrique équatoriale, p. 396. (3) 1bid., p. 399. Ce texte, si précis, nous apprend que l'artiste qui a dessiné les figures (p. 146 et 336) s’est laissé dominer par des idées pré- conçues, lorsqu'il a représenté le Gorille aussi droit que pourrait l'être un Homme. (4) Loc. cit., p. 149. (5) 1bid., p. 146. (6) 1bid., p. 390. 188 LES ÉMULES DE DARWIN. peine pour supporter la masse de son énorme corps (1). » Qui ne voit dans ces détails si précis la preuve de la difficulté que le Gorille trouve à marcher debout? On voit qu'il n’y a rien de bien humain dans ces allures. Au reste du Chaïllu, qui a observé des familles de Gorilles et a assisté à leurs jeux, ne dit nulle part avoir vu ces animaux debout, si ce n’est quand le mâle se dresse pour combattre un ennemi avec ses terribles bras. Mais, en agissant ainsi, il se conduit exactement comme tous les grands ours, que l’on n’a pas pour cela songé à re- garder comme des bipèdes (2). En somme, des divers singes appartenant aux quatre genres d’anthropomorphes admis par les naturalistes, les Gibbons sont les seuls dont on ait dit qu’ « ils prennent communément et habituellement la position verticale (3) ». Ce fait s'explique aisément par la longueur exagérée des bras, qui est telle, dans certaines espèces, que l’animal debout « s'appuie sur la face dorsale de ses deuxièmes phalanges (4) ». Burrough, cité par Huxley, dit d’un autre Gibbon (5): « Ils courent assez vite (debout), se balançant d’un côté à l’autre ; si on les oblige à prendre une allure plus rapide, ils laissent tomber leurs mains sur le sol et s’en servent pour se pousser en avant. » En d’autres termes, pour aller plus vite, ils en reviennent à la locomotion quadrupédale, mais, alors mème, leur course n’est rien moins que rapide. Leurs longs bras, leur train antérieur relativement plus développé que le postérieur (6) s'opposent à la facilité des mouvements. Aussi, « quand on surprend les siomangs à terre, on s’en empare sans résistance, (4) Du Chaillu, Loc. cit., p. 146 et 396. (2) « Pour se défendre comme pour l’attaquer, l'ours se dresse sur ses pieds de derrière. » (Frédéric Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles, article Ours.) 3) Le Hylobates syndactylus où Siamany G. Bennet, cité par Huxley, p. 131). (4) H. Hoocock, Loc. cit., p. 132. (5) Ibid. (6) Gervais (Dictionnaire universel d'histoire naturelle, art. GiBBoN). HUXLEY. 189 soit que la crainte les étourdisse, soit qu'ils sentent l'impos- sibilité de s'échapper (1) ». Mais ces mêmes particularités anatomiques, qui rendent les Gibbons inaptes à se mouvoir aisément sur le sol, en font autant d'organismes merveilleusement adaptés à la locomotion arboricole. Huxley a reproduit les détails donnés par Martin sur les évolutions qu'exécutait, pendant des heures entières, sans paraître jamais lasse, une femelle de Wouwou (2), qui a vécu au Jardin zoologique de Londres. Je n'en citerai que les essentiels. Ses mouvements pouvaient être appelés aériens. « Ses mains et ses bras sont ses seuls organes de locomotion. Elle franchit des espaces de douze à dix-huit pieds avec la plus grande facilité... Tout d’un coup, au milieu de cette course furieuse, une branche est saisie, le corps soulevé et on la voit tranquillement assise, embrassant une branche de ses pieds. » J'ai souligné les passages les plus importants de ces quelques phrases, parce que, à eux seuls, ils suffisent pour démontrer qu'en dépit des ressemblances que l’on pourra signaler, au point de vue du nombre et de la position, entre les éléments anatomiques des bras, des mains, des jambes et des pieds chez l'Homme et le Wouwou, ces éléments sont modifiés et associés de manière que les membres échangent, pour ainsi dire, quelques-unes de leurs fonctions les plus caractéris- tiques. On le voit, l'observation des anthropomorphes vivants con- duit aux mêmes conclusions que l’étude anatomique. Sans doute, ils peuvent se tenir debout sur leurs pattes de der- rière, mais on a vu que le Chimpanzé et le Gorille le font rarement, ne marchent que courbés ou penchés en avant. L'Orang ne peut avoir que la mème attitude. Le Gibbon agile lui-même, pour garder l'équilibre, quand il marche debout, « est obligé de toucher le sol avec les doigts, tantôt d’un côté, 1) Duvaucel, cité par Gervais Dictionnaire universel d'histoire natu- relle, art. GiBBON). (2) H. agilis., loc. cit., p. 133. 190 LES ÉMULES DE DARWIN. tantôt de l’autre, ou de soulever les bras au-dessus de sa tête de façon à se maintenir d’aplomb (1). Ainsi tout atteste qu’au- cun anthropomorphe n'est fait pour marcher comme nous sur la terre ferme; qu’ils sont tous construits de manière à grimper et à se mouvoir dans les arbres; et que, par là, ils se rapprochent du dernier des singes autant qu'ils s'éloignent de l’homme. XXI. — Comme l’anatomie et la physiologie, l’étude du dé- veloppement conduit à constater des différences radicales entre les types humain et simien. Dans les pages qu’il a consacrées à ce côté de la question, Huxley n’a trouvé à signaler que des identités « dans les pre- mières périodes du développement, dans les moyens à l’aide desquels la nutrition s'effectue avant et après la naissance », chez le Chien, les Singes et l'Homme (2). Il a montré d’ailleurs comment ces trois types se différencient successivement par les modifications secondaires que présentent les annexes du fœtus. Personne ne contestera la fidélité de ce tableau. Mais, d’une part, le savant anglais n’a rien dit du fœtus lui- même ; d'autre part, il a omis tout ce qui se passe quand il a quitté le sein de sa mère. Or, à ce moment, l’enfant, le jeune anthropomorphe, ne sont encore ni un Homme, ni un Gorille. Tous deux ont à grandir, à modifier leurs formes, à acquérir de nouvelles fonctions. En d’autres termes, de la naissance à l’âge adulte, il y a toute une période de développement que l'on ne saurait négliger dans l’examen des questions dont il s’agit ici. Les naturalistes, les anthropologistes ont du reste donné déjà bien des détails à ce sujet. Tous ont plus ou moins insisté sur ce fait que les enfants et les jeunes anthropomor- phes diffèrent sensiblement moins que les adultes, surtout au point de vue du développement relatif du crâne et de la face. Plusieurs ontcherchécomment se produit cette différenciation (4) Martin, cité par Huxley, p. 133. (2) Loc: cit., p. 183. HUXLEY. 191 et le résultat de leurs études a cté de montrer que, dans bien des cas, elle est le résultat d’un développement s’accomplis- sant en sens inverse chez l'Homme et chez le Singe (1). Je n’en citerai que deux exemples, empruntés à des savants dont l’au- torité est incontestable à tous les points de vue et qui, tous deux, reposant sur des mesures angulaires, se prêtent à des comparaisons rigoureuses. L'angle sphénoïdal, signalé d’abord par Virchow et étu- dié avec soin par Walker, indique les rapports du crâne et de la face et, jusqu’à un certain point, leur développement relatif (2). La valeur de ce caractère ne saurait être mise en doute. Or cet angle varie avec l’âge; et voici dans quels termes Carl Vogt résume ce que ses devanciers ont dit à ce sujet : « Chez l’Orang l'angle sphénoïdal est d'autant plus ou- vert que l’animal est plus âgé, tandis que chez l'Homme, au contraire, l'angle sphénoïdal de l'adulte est plus petit que celui de l’enfant (3) ». Il en est de même de l’angle orbito-occipital, dont on a vu la haute signification. Voici comment Broca s'exprime à ce sujet, après avoir fait connaître le résultat de ses mensura- tions : «Le Chimpanzé, à sa naissance, se trouve donc confondu avec les fœtus humains, et même, à un ou deux degrés près, avec les enfants âgés de moins d'une année. Mais, à partir de ce moment, la divergence se prononce, et, tandis que chez l'Homme l’angle diminue, pour s'adapter à l'attitude bipède, on voit chez les Singes cet angle augmenter progressivc- ment jusqu'à l’âge adulte (4). » (1) Pruner-Bey a résumé, dans un travail remarquable, les faits connus au moment où il écrit et le fruit de ses études personnelles. Ce mémoire, accompagné de la présentation de pièces probantes, fut lu à la Société d'anthropologie et mit fin à une longue discussion sur le transformisme, personne ne pouvant rien opposer aux faits invoqués par l'auteur (Bul- tetin de la Société d'anthropologie, 1869, p. 647). (2) Cet angle est formé par deux lignes partant du bord antérieur de la selle turcique et aboutissant, l’une au milieu de la suture fronto-nasale, l’autre au bord antérieur du trou occipital. (3) Leçons sur l’homme, 1865, p. 53. (*) Loc. cil., p. 49. On voit que dans ces questions de modifications 192 LES ÉMULES DE DARWIN. Voilà donc deux caractères de première importance, qui évoluent absolument en sens inverse chez l'Homme et chez l’Anthropomorphe, pendant toute la période de la vie dont il s’agit; et, une fois prévenu, il suffit de regarder quelques sque- lettes de jeunes et d'adultes pour s'assurer que tout se passe chez les autres singes comme chez l’Orang et le Chimpanzé. On le voit, l'anatomie, la physiologie, l'étude des adultes morts ou vivants et l’histoire du développement s'accordent pour attester qu'il existe des différences radicales entre l'Homme et les Anthropomorphes et que ceux-ci se rapprochent des autres singes par tout ce qui les éloigne de nous. XXIT. — J'ai dit ailleurs (1), je dois répéter ici que la notion d’une parenté, non pas directe mais seulement collatérale, per- met d'interpréter ces différences. En particulier, l’inversion du développement après la naissance se concilie fort bien avec l'hypothèse d’un ancêtre commun d’où seraient issues deux séries d'êtres, ayant abouti: l’une au type anthropo- morphe , l’autre au type humain. Mais cette conception soulève une autre question, dont il est difficile de nier la gravité. La série simienne ainsi admise compte plus de deux cents espèces distinctes vivantes et appartenant toutes à l’ordre des Primates du savant anglais (2), que Gervais a réparties dans trente-quatre genres.On connaît, en outre, vingt et une espèces fossiles de singes proprement dits et plusieurs lémuriens ou pseudo-lémuriens de l’ancien et du nouveau continent se rat- tachant d’une manière plus ou moins complète aux principaux types secondaires de ce grand groupe. Cettesérie est donc lar- gement représentée dans le passé comme dans le présent, et des types, Broca fait jouer à l'adaptation le rôle prépondérant sur le- quel Vogt a si justement insisté dans son mémoire sur Quelques hérésies darwinistes et ailleurs (Revue scientifique, 1886). 1) Charles Darwin et ses précurseurs français, 2° édition, chap. vu. (2) Gervais, Histoire naturelle des mammifères, t. 1. L'auteur n’a d’ail- leurs pas décrit toutes les espèces connues. S HUXLEY. 198 à quelque point de vue que l’on se place, on peut y suivre pas à pas le développement du type simien (4). Il en est tout autrement de la série qui, dans l'hypothèse:de Huxley, serait partie de l'ancêtre commun, se serait développée en divergeant, et aurait eu l'Homme pour dernier terme.Gelle- ci est absolument hypothétique. Nulle part on n’en a trouvé la moindre trace. C’est là ce que le savant anglais déclare lui- même avec une franchise qui rappelle celle de Darwin. En parlant des faunes actuelles, il dit : « Aucun être intermé- diaire ne comble la brèche qui sépare l'Homme du Troglodyte. Nier l'existence de cet abime serait aussi blämable qu'ab- surde (2) ». En parlant des hommes de Borreby et de.Neander- thal, il se garde bien d'accepter les rapprochements que l’on a tenté de faire entre eux et les anthropomorphes. Il conclut en disant : « Les ossements fossiles découverts jusqu'à ce jour ne semblent pas nous rapprocher sensiblement de cette forme inférieure pithécoïde, parles modifications de laquelle l'Homme est probablement devenu ce qu'il est (3). » L'étude des plus anciennes races humaines ne diminue donc en rien l’abime qui nous sépare des singes. Il en est de même de l'examen des fossiles de ce type. Une mâchoire inférieure sans doute quelque peu déformée par la poussée du terrain et ayant appartenu à un singe dont la taille était à peu près celle de l'Homme, avait fait croire à Lartet que k Dryopithèque se rapprochait beaucoup du nègre; et cette opinion avait été acceptée surtout par les transformistes. Mais l’examen d’une seconde mâchoire du même animal, intacte cette fois, a dis- (1) Mon éminent confrère M. Gaudry a bien voulu m'en remettre la liste, que je crois inutile de reproduire. Je me borne à dire que, outre de « nombreuses espèces de lémuriens et de pseudo-lémuriens », qui n'y sont pas nommées, cette liste comprend 4 anthropomorphes, 2 ma- caques, 7-8 semnopithèques et 8 singes américains. Cette liste s’allon- gera certainement encore. C'est ainsi que, tout récemment, un natura- liste argentin, M. Mercerat, vient de découvrir un nouveau singe améri- cain dans les collections du Musée de La Plata (Revista del Museo de La Plata, t. 11). (2) Loc. cut., p. 232. (3) Ibid, p. 316. DE QUATREFAGES. — Émules de Darwin. II. — 13 194 LES ÉMULES DE DARWIN. sipé cette illusion. Elle a été étudiée par notre éminent paléon- tologiste M. Gaudry, qui, lui aussi, est transformiste, et qui a résumé son appréciation dans les termes suivants : « Le Dryo- pithecus, à en juger par ce que nous en possédons, non seu- lement est éloigné de l'Homme, mais encore est inférieur à plusieurs singes actuels. Comme c’est le plus élevé des grands singes fossiles, nous devons reconnaître que, jusqu'à pré sent, la paléontologie n’a pas fourni d'intermédiaire entre l'Homme et les animaux (1). » Ces loyaux aveux nous permettent de conclure. En fait, on n'a pas encore découvert l'ancêtre commun d’où seraient issus l'Homme et les singes; et on ne peut pas montrer un seul terme de la série d'êtres intermédiaires, qui est censée avoir existé entre lui et nous. La conception d’une parenté col- latérale entre l'espèce humaine et les autres Primates de Huxley repose donc en entier sur deux hypothèses qui, pas plus l’une que l’autre, ne peuvent en appeler au moindre fait d'expérience ou d'observation. Par conséquent, ne fût-ce que pour ce motif, et abstraction faite des raisons générales qui doivent faire rejeter toute théorie fondée sur l’idée d’une transmutation organique, cette explication des origines hu- maines ne peut être acceptée par quiconque tiendra compte des justes exigences de la science moderne. (1) Compte rendu de l'Académie des sciences, séance du 24 février 1890, p- 316. CHAPITRE VIII OWEN (1). I. — La publication du livre de Darwin sur l'origine des espèces, le succès immédiat de cet ouvrage (2), les contro- verses ardentes qu'il souleva (3) ramenèrent l'attention vers les théories transformistes, fort négligées depuis les temps de Lamarck et de Geoffroy. On sait quel fut le résultat de ce mouvement. Sans parler du public, qui se passionna pour ou contre cet ordre d'idées par des motifs fort étrangers à la science, les savants se partagèrent. Un grand nombre d’entre eux se refusèrent à admettre la conception de Darwin; d’autres l’adoptèrent avec ardeur; et le darwinisme devint une sorte d'église qui ne tarda pas à avoir ses orthodoxes, ses disciples (1) THÉORIES TRANSFORMISTES. — Richard Owen n'a pas publié sur la doc- trine transformiste d'ouvrage spécial et n'a pas pris une part directe aux discussions qu'elle a soulevées ; mais il a résumé ses idées sur ce sujet à la fin de l'un de ses derniers ouvrages généraux : On the anatomy of Vertebrates ; Mammals : General conclusions, 1868 ; by Richard Owen, F. R. S., F. A. of the Institut of France... (2) La première édition du livre de Darwin parut le 24 novembre 1859 Elle se composait de 1250 exemplaires, qui furent tous vendus dès le premier jour. (Vie ef correspondance de Charles Dirwin, t. I, p. 35.) (3) J'ai raconté dans un article précédent ‘Journ1l des savants, octobre 1890) comment l'évêque d'Oxford, après avoir très vivement critiqué les théories de Darwin dans la Quarterly Review, revint sur ce sujet pendant la session de l'Association britannique qui se tint à Oxford en 1860; comment il se laissa aller, envers Darwin et Huxley, à des personnalités agressives qui lui atirèrent une mordante réplique de la part de ce der- nier. Cette discussion avait singulièrement passionné les assistants ; elle eut un grand retentissement en Angleterre et méme à l'étranger. Elle fut pour une bonne part dans la rapidité avec laquelle le nom de Darwin devint populaire. 196 LES ÉMULES DE DARWIN. exagérés et ses hérétiques (1). Parmi ceux qui rejetèrent les notions fondamentales de cette doctrine, savoir la transmu- - tation progressive et lente des espèces par suite de la sélection naturelle, il s’en trouva qui n’en restèrent pas moins transfor- mistes. J'ai dit précédemment comment Kælliker et surtout M. Naudin (2) développèrent les idées du médecin français Gubler et rattachèrent l'apparition des espèces nouvelles aux phénomènes de la génération alternante. Quelques-uns, et parmi eux l’éminent géologue d’Omalius d’Halloy, cher- chèrent dans les changements de milieu qui ont accompagné les révolutions du globe la cause des transformations dont les séries paléontologiques auraient été le résultat (3). Ceux- ci en appellent donc seulement à l’action d'agents extérieurs et se rattachent par là à Buffon et à Geoffroy Saint-Hilaire. D'autres, sans adopter pour cela les théories de Lamarck, cru- rent pouvoir trouver comme lui dans les espèces elles-mêmes la raison des changements quiles modifient et donnent naissance à des types nouveaux. C'est là ce que sir Richard Owen (4) a désigné par les termes de dérivation, d'hypothèse dérivative (5). Sir Richard Owen est un des plus illustres naturalistes de notre siècle. Élève de Cuvier, dont il suivait les cours avec Milne Edwards, Jean Müller, Agassiz, Rud. Wagner (6), il survit aujourd’hui à ses éminents contemporains (7). Nommé bien jeune correspondant de notre Académie des sciences, il est depuis plus de trente ans un de ses dix membres étran- gers (8). Le nombre et l'importance de ses travaux en anatomie: (1) Voir dans le présent ouvrage les chapitres relatifs à Wallace, Vogt, Romanes et Haeckel. (2) Journal des savants, février et mars 1879. (3) Des races humaines ou Éléments d'ethnographie, 5° édition. Appen- dice sur l'espèce. (6) General conclusions, p. 788. (7) Cette nomination date de 1859. (8) Richard Owen est mort depuis que cette phrase à été écrite par M. de Quatrefages ; sa mort remonte au mois de décembre 1892; l’'éminent anatomiste était âgé de 89 ans. — E. P. ) ) Derivate hypothesis (General conclusions, p. 808). ) ) OWEN. 197 comparée et en paléontologie lui ont mérité l'honneur d’être appelé le Cuvier anglais. Nul n’a connu mieux que lui le passé et le présent de nos faunes. C’est dire combien il est intéres- sant de connaître ses opinions sur leurs origines et leur suc- cession. Malheureusement j'aurai à les combattre. Mais, tout en disant ce que je crois être la vérité, je n’oublierai jamais la respectueuse déférence qu'un élève doit à un maître vénéré. IT. — Dans les conclusions de son grand ouvrage sur l’ana- tomie des mammifères, l'illustre doyen des zoologistes vivants définit l'espèce dans les termes suivants : « L'espèce est un groupe d'individus descendus de parents communs ou de parents qui leur ressemblent aussi complètement qu'ils se ressemblent entre eux (4) ». Le nombre de ces groupes répartis dans le temps et dans l'espace est immense. Comment ont-ils pris naissance ? Owenrappelle d’abord les célèbres discussions qui s’élevèrent à ce sujet, en 1830, entre Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier; il dit comment les travaux et les réflexions qui en furent pour lui la suite le conduisirent à rejeter l'idée d’une création directe et miraculeuse pour chaque espèce : « Le miracle, dit-il, par suite de l'extrême multiplicité de ses manifestations, devient incroyable ; il est incompatible avec la conception d’un Être tout-puissant qui voit et prévoit tout (2) ». Owen est ainsi conduit à admettre qu'une loi natu- relle, une cause secondaire, a produit la succession et la pro- gression des espèces dans un ordre déterminé, en faisant dériver les plus récentes des plus anciennes (3). A cette hypothèse, qui avait déjà revêtu bien des formes, Cuvier opposait l'absence d'intermédiaires entre les termes extrêmes de ces séries supposées. Il demandait, entre autres choses, qu'on lui montrât ceux qui auraient dû relier à nos (1) Conclusions, p.192. On voit que cette définition se rapproche beau- coup de celle de Cuvier. (2, Ibid., p. 805. 3: Conclusions, p. 189. 198 LES ÉMULES DE DARWIN. chevaux le Palzæotherium, le seul des équidés fossiles connu de son temps. Owen lui répond en rappelant les progrès de la ._ paléontologie et le fait que l’on a déjà découvert trois genres fossiles progressivement intercalés entre ces deux types (1). Tou tefois, ajoute-t-il, les cinq termes de cette série, échelonnés dans le temps, diffèrent très notablement les uns des autres. En outre, il naît parfois, parmi les chevaux actuels, des indi- vidus tridactyles, comme on dit qu'était Bucéphale. Cette con- formation, monstrueuse aujourd'hui, aurait été normale à l’époque miocène. L'apparition de chevaux présentant cette conformation ferait revivre la race des Hipparions. Les phé- nomènes de ce genre se produisent brusquement, isolément, au milieu de lignées normales, comme a eu lieu à San Salvador la naissance des deux microcéphales que l’on faisait voir sous le nom d’Aztèques et qui avaient quatre frères ou sœurs très bien conformés. « Ces faits, conclut Owen, nous apprennent que le change- ment donnant naissance à une espèce nouvelle doit être sou- dain et considérable : ils sont contraires à l’idée que les espèces sont transmutées lentement et par degrés insensibles. Ils nous montrent aussi qu’une espèce nouvelle prend naissance indé- pendamment de l’action de n'importe quelle influence exté- rieure ; que le changement de structure doit précéder celui des habitudes ; que le désir, l'impulsion intérieure, le milieu ambiant, l'adaptation fortuite aux conditions de vie environ- nantes, ne doivent avoir aucune part dans les actes de trans- mutation, pas plus qu’une sélection opérée par la nature personnifiée. (2) » Mais quelle est la nature de la cause secondaire qui fait dériver les espèces de celles qui les ont précédées, et comment agit cette cause ? 1) Ces trois genres sont le Paloplotherium, l'Anchitherium et l'Hippa- rion. Depuis le moment où Owen écrivait, ce nombre s’est accru. Les intermédiaires sont plus nombreux en Amérique. (2) General conclusions, p. 195. OWEN. 199 Avant de répondre à ces questions, Owen passe très som- mairement en revue les principales théories déjà émises à ce sujet. Il se borne à mentionner de Maillet; et il était en effet inutile de réfuter les rêveries transformistes de « cet homme d'esprit et de bon sens, fort instruit pour son temps (1) », mais qui s’est étrangement égaré quand il a touché au problème de l'origine des espèces. Owenreproche surtout avec raison à Lamarck le rôle essentiel que le savant français attribue à la volonté dans la production des espèces. Faisant allusion aux vues du savant français relativement aux animaux apathiques, il dit : « Les lois physiologiques qui règlent les fonctions réflexes du système nerveux et la nécessité d’une masse cérébrale surajoutée pour qu'il existe de véritables sensations fixent rigoureusement les limites de la faculté de vouloir (2) ». L'hypothèse de Lamarck, conclut le savant anglais, ne s’appliquerait donc qu'aux espèces à organisation élevée. La valeur de cet argument, tant qu'il s’agit des animaux, pourrait tout au moins être mise en doute aujourd’hui. Mais il reste sans réplique lorsqu'on tient compte des végétaux; et l’on sait que, pour ceux-ci, Lamarck a dû recourir à une hypothèse de plus, aussi peu acceptable d’ail- leurs que la précédente. Les objections qu'Owen fait à Geoffroy Saint-Hilaire et à Darwin sont moins heureuses. Il les emprunte à l’histoire des polypiers. Remontant jusqu'aux âges géologiques, il signale les Rugueux, les Tabulés, les Zoanthaires. Nous n'avons, dit-il, aucune preuve que les Polypes aient jadis vécu dans un océan (4) D’Archiac, Cours de paléontologie stratigraphique, t. 1. Avant la publication de ce livre, j'avais à diverses reprises cherché à représenter sous son vrai jour ce savant qu'ont attaqué et ridiculisé à l'envi Voltaire et les défenseurs des dogmes mosaïques. On comprend que je fus bien heureux de voir mes appréciations confirmées par celles d’un juge aussi compétent que mon regretté confrère. J'ajouterai que, même lorsqu'il s’agit des hypothèses cosmogoniques et zoogéniques exposées dans Tel- liamed, on doit se rappeler qu'à cette époque les savants les plus auto- risés croyaient aux tourbillons de Descartes et à la panspermie de Bonnet. (2) General conclusions, p. 805. 200 LES ÉMULES DE DARWIN. constitué autrement que nos mers; nous ne pouvons concevoir un caractère appartenant à l’eau ou à l'air, qu'elle tient en dissolution, capable de modifier les types ; lors même que l’on aurait la preuve que l'atmosphère a subi des changements dans:sa composition, on ne saurait concevoir davantage com- mentices modifications auraient pu produire les différences de structure reconnues dans les polypiers, qui se montrent dans les couches composées des divers étages géologiques et dans les mers actuelles (1). Tel est en résumé le langage d'Owen. Mais il est, je crois, universellement admis aujourd’hui que, depuis les temps paléozoïques, l’atmosphère s’est considérablement modifiée, notamment à l'époque où les houillères se sont formées. Les mers n'ont pu que présenter des modifications analogues, ne fût-ce que dans la proportion des gaz qu’elles tenaient en dissolution. Par conséquent, Geoffroy en rappelant l'influence qu'il attribue au milieu, Darwin en invoquant ses lois d'adap- lation, auraient pu répondre qu'ils concevaient facilement comment les organismes, subissant le contre-coup de ces changements, avaient revêtu successivement des formes nou- velles. Maïs, à leur tour, Darwin et Geoffroy seraient entrés en lutte, le premier n’admettant que des transformations lentes et graduelles, déclarées impossibles par le second. HT. — Après avoir critiqué les théories de ses devanciers, Owen formule son hypothèse dans les termes suivants : « Je pense qu'une tendance innée à dévier du type parent, agissant à des intervalles de temps équivalents, est la nature la plus probable ou le mode d'action de la loi secondaire en vertu de laquelle les espèces ont dérivé les unes des autres (2) ». Cette hypothèse est aussi celle qu'a adoptée M. Mivart, et je l’exa- minerai en analysant les écrits de ce dernier. Ici je veux seulement résumer les conséquences qu'Owen en a tirées. (1) General conclusions, p. 806. (2) Jbid., p. 807. OWEN. 201 Le savant anglais regarde cette tendance comme ayant été à l’œuvre de tout temps et comme agissant encore de nos jours sur les continents aussi bien que dans les profonds abimesde la mer. « Ses manifestations, dit-il, ne sont nullement en rapport avec le nombre, la variété ou l'énergie des conditions ambiantes que l’on peut concevoir comme produisant la sélection; mais elle est en rapport direct avec la simplicité des organismes ». Owen cite comme exemple les foramini- fères (1), « dont on a d’abord voulu faire jusqu’à quinze genres et qui ont été reconnus pour être seulement des variétés d’un seul type, qui lui-même est trop variable pour rentrer dans Ja définition de l’espèce ». Ici le savant anglais exagère, à æoup sûr, la variabilité des protozoaires; car, parmi les auteurs qui ont récemment étudié ce groupe, il en est, et des plus autorisés, qui ont su y distinguer des genres et des espèces (2). Owen ajoute: «Suivantmon hypothèse dérivative, le change- ment s'effectue d’abord dans la structure de l’animal; et, quand il est assez prononcé, il entraîne la modification des habitudes (3) ». On voit que l'espèce nouvelle dérivée d’une espèce préexistante se trouve ainsi constituée en tous points, et on à vu plus haut qu'elle apparaît brusquement. Mais ces transformations ne s’accomplissent pas au hasard. » L'espèce, dit notre auteur, ne doit rien au concours accidentel des con- ditions environnantes, pas plus que l’ensemble de l’univers, Je cosmos, ne dépend de la rencontre fortuite des atomes. Un plan arrêté de développement et de transformation, de corré- lations et de dépendances réciproques, mettant hors de doute 1) Les foraminifères sont des protozoaires, c'est-à-dire des animaux dont le corps est composé uniquement de protoplasma, espèce de gelée vivante, sans autres traces d'organisation qu'un nucleus qui manque même chez les monères. Malgré cette simplicité de l'organisme, certains protozoaires sécrètent des squelettes ou des enveloppes siliceuses ou calcaires. Les foraminifères sont dans ce dernier cas. (2) Traité d'anatomie comparée pratique, par M. C. Vogt et L. Yung, 1. I, 1883. (3) General conclusions, p. 808. 202 LES ÉMULES DE DARWIN. l’action d’une volonté intelligente, se reconnaît dans la suc- cession des races, aussi bien que dans le développement et l’organisation de l'individu. Les générations ne peuvent varier accidentellement ; ellessuivent des voies préordonnées, définies et en corrélation réciproque. » Ce langage est clair, et Owen en précise encore la significa- tion par un exemple qu'il est bon de citer. Pour lui, comme pour Butfon, le Cheval est le plus beau, le plus parfait des quadrupèdes. Aucun autre n’a rendu à l’homme des services aussi signalés, soit dans la paix, soit dans la guerre; aucun ne l’a aussi puissamment aidé à conquérir le monde. Cet animal n’a acquis ses nobles facultés que progressivement et par des modifications dont le point de départ se trouve dans le vieux type paléothérien. Or son apparition précède immédiatement celle de notre espèce ou coïncide avec elle. « Aussi, dit Owen, je crois que le Cheval a été prédestiné et préparé pour l'Homme (1). » Je reviendrai tout à l'heure sur cette manière de comprendre les phénomènes. Mais je ferai remarquer dès à présent que le transformisme, si hautement proclamé par Haeckel et ses disciples comme intimement lié à leur philosophie monistique, se concilie aux yeux d'Owen avec la croyance à ‘un Créateur et à une véritable pré- destination. Quoi qu'il en soit, le savant anglais déclare que la loi naturelle dont il admet l’existence agit non seulement d’une manière successive, mais encore d’une façon progressive. Pour lui, le type idéal du Vertébré s’est réalisé d’abord sous la vieille forme de poisson, pour s'incarner plus tard dans la glorieuse forme humaine. L'époque à laquelle l’Hipparion s’est transformé en Cheval nous apprend en outre que, pour retrouver notre for anc estrale immédiate, il faut remonter au moins jusqu'au tertiaire moyen. Enfin toutes les espèces contemporaines de la forme spécifique actuelle de (1) General conclusions, p. 196. OWEN. 203 l'Homme seront immuables ou se modifieront selon ce qu'il fera lui-même. Supposer que celles qui remontent à un ancêtre premier commun peuvent aujourd'hui passer d’un type géné- rique à l’autre, admettre que l'Homme est dérivé du Gorille, ce serait antiscientifique, pour ne pas dire absurde (1). Bien qu'Owen ne le dise pas expressément, on voit qu'il surbor- donne l'évolution de toutes les séries purement animales au développement de celle dont l'Homme est le dernier terme. Il me semble difficile de voir dans cette assertion autre chose qu'une hypothèse absolument gratuite. IV. — Aux yeux d’'Owen, l’évolution des séries animales est semblable au développement de l'individu et doit obéir à des lois analogues (2). Elle s'arrête et les espèces dis- paraissent lorsqu'elles sont vaincues dans la lutte que tout être organisé est forcé de soutenir contre les actions ambiantes contraires à son existence (3). Quoique notre auteur ne précise pas ici sa pensée, on voit qu'il se rencontre sur ce point avec Darwin (4). V. — Mais comment débutent ces séries dont une seule, semble-t-il, devait aboutir à l'Homme ? Pour répondre à cette question, Owen accepte franchement la génération spontanée. (1) General conclusions, p. 191. Je dois rappeler ici que Lamarck seul a cherché à montrer comment, d'après sa théorie, on peut comprendre la transformation en Homme d'une espèce de singe actuellement vivante (le Chimpanzé et non pas le Gorille). Lui-même, du reste, croyait peu à la réalité de cette explication {Philosophie zoologique, t. 1, appendice inti- tulé : Quelques observations relatives à l'homme). Quant à Darwin, Haec- kel, etc., tout en nous donnant pour ancêtre un singe bien caractérisé, ils le regardent comme ayant appartenu à une espèce éteinte et admettent qu'il a existé entre lui et nous des termes intermédiaires dont, cela va sans dire, on n’a rencontré nulle part la moindre trace. (2) General conclusions, p. 869. (3) 16id., p. 898. Ce passage est de ceux qui ont provoqué entre Owen et Darwin une discussion assez confuse dont on trouve la trace dans les écrits des deux illustres adversaires (General conclusions, p. 198 ; L'ori- gine des espèce:, traduction de M. Moulinié, Esquisse historique, p. 21). (4) L'origine des espèces, chap. x. 204 LES ÉMULES DE DARWIN. Il rappelle la discussion soutenue par M. Pasteur contre MM. Pouchet, Joly, Child, etc., et donne raison à ces derniers. Il admet la réalité de la pellicule proligère, le mode de forma- tion et le rôle que lui attribue M. Pouchet; il déclare que les phases du développement d'une paramécie ressemblent si bien à celles de l’œuf ovarien des poissons et des mammifères, que les mêmes figures pourraient représenter les unes et les autres (1). Toutefois il faut se rappeler que, lorsqu'il à écrit ces pages regreltables, l'illustre auteur de l’Anatomie des mammifères semble ne pas avoir connu les dernières et absolument décisives expériences de M. Pasteur (2). Au reste les faits invoqués par Owen seraient vrais, les résultats annoncés par M. Pouchet et ses adhérents auraient été reconnus exacts, que la question fondamentale me serait pas résolue pour cela. Les expériences de ces physiologistes portaient sur des infusions de corps organisés et qui eux-mêmes avaient été vivants. Elles ne pouvaient par conséquent fournir aucun renseignement sur la première apparition de la vie à la surface du globe, lors même qu'elles auraient réussi. Pour résoudre ce grand problème, il aurait fallu montrer que des éléments purement inorganiques sont capables de donner naissance à des infusoires ou à des algues. Or personne n'admettrait aujourd'hui avec Gruithuisen que des Infusions de granite, d’anthracite ou de marbre puissent engendrer des êtres vivants (3). Aussi Owen, reconnaissant ces difficultés, n’apporte-tl ici que de vagues hypothèses, et voici comment on peut résumer ce qu'il dit à ce sujet. Puisque les mondes ont reçu le pouvoir de développer les différents degrés de la vie, puisqu'il est (1) General conclusions, p. 815. (2) On sait que, tout en laissant ses ballons ouverts et se bornant à en effiler et couder le col de manière que les poussières ne pussent pé- nétrer à l’intérieur. M. Pasteur a conservé pendant des années entières des infusions exemptes d'infusoires, animaux où végétaux, bien qu’elles fussent placées dans les conditions les plus favorables au développement de ces êtres microscopiques. (3) Burdach, Traité de physiologie, t. 1, p. 11. OWEN. 205 démontré que la force physico-chimique subit des transforma- tions, ne peut-on pas en conclure qu’elle peut aussi se convertir en principe vital (4)? Un pouvoir surnaturel intervenant alors associeraitles éléments inorganiques de manière à former des germes vivants, ou des formes pouvant propager et diversifier indéfiniment les espèces (protogènes, amibes) en l'absence de toute autre loi secondaire (2). Voici la conelusion du savant anglais : « Je pense que le sarcode(3) ou la gelée protogène peutse former par le concours de conditions propres à favoriser la combinaison de ses éléments et entraînant une transformation de force d'où résultent les contractions et les extensions, ainsi que les attractions et répulsions moléculaires de ce corps. Je pense que le sarcode s'est formé ainsi depuis l'époque où, par suite de la répétition irrégulière de ce phénomène, il a formé les vastes et mal définis amas d’Eozoon (4), qui nous montrent ce qu'était à ses débuts la forme ou cristallisation organique. Il me semble que cette manière de voir s'accorde mieux avec l’état actuel de la science dynamique et avec ce que nous avons observé sur la gradation des êtres vivants que celle qui consis- terait à regarder tous les sarcodes ou protogènes existants comme descendants d’un seul germe ou d’une seule cellule produite par un acte primitif d'intervention miraculeuse. » Owen insiste sur ce dernier point. Sans prononcer le nom de Darwin, il fait allusion à la conception monophylétiste et à la théorie de la sélection de son compatriote; puis il ajoute : 1) General conclusions, p. 809. L'auteur revient sur la même idée, p. 819 du même ouvrage. (2) 1bid., p. 2171. (3) C’est le nom que Dujardin avait donné à ce qu'on appelle aujourd’hui le protoplasma. (4) On avait donné le nom d'Eozoon canadense à des couches de cal- caire cloisonnées, alternant avec des couches de serpentine et de py- roxène dans certains terrains primitifs du Canada. Quelques naturalistes avaient cru y voir les traces d’un foraminifère gigantesque. Mais une étude plus attentive a montré quil n'y avait là qu'un simple accident minéralogique qui a été reconnu sur plusieurs autres points dans les mêmes roches (Traité de géologie, par M. A. de Lapparent, 2° édit., p. 671). 206 LES ÉMULES DE DARWIN. « Je préfère regarder les diverses gelées protozoïques, les sarcodes et les organismes monocellulaires journellement développés, comme ayant été les nombreuses racines d’où sont sortis et se sont ramifiés les types plus élevés, plutôt que de regarder la totalité de la création organique comme provenve d’un seul œuf, ainsi que les prêtres égyptiens le disaient de l’univers (1) ». La nature des organismes élémentaires, les actes par les- quels la vie se manifeste chez les protozoaires préoccupent Owen. Il semble regarder ces petits êtres comme une sorte de chaînon intermédiaire entre les règnes organique et inorga- nique. [l compare un amibe vivant à un acier aimanté. Le premier, à l’aide de ses pseudopodes, choisit les corpuscules propres à le nourrir, les entraîne dans sa masse sarcodique et digère. De même, l’aimant semble choisir au milieu des pous- sières les plus diverses les particules de fer, qu'il attire à lui. Si la limaille pouvait s’incorporer à l’acier, il y aurait plus d’analogie entre ces deux actes qu'il n’en existe entre les mani- festations de l’amibe et celles des organismes plus élevés : « Dévitalisez le sarcode, démagnétisez l'acier, dit-il, et tous deux cessent de montrer leurs phénomènes caractéristiques, vitaux ou magnétiques. Sous ce rapport, fous deux sont morts (2). » Ce point de vue conduit Owen à un ensemble de considérations en partie physiologiques, en partie philoso- phiques, trop étrangères à la question de l’origine des espèces pour que j'aie à m'y arrêter. VI. — En résumé, Owen croit à la génération spontanée, à l’autogonie, et la comprend à peu près comme avaient fait Burdach (3) et Lamarck (4); mais il pense avec Lamarck (1) General conclusions, p. 818. (2) Ibid., p. 819. (3) Traité de physiologie, t. IX, p. 676. Burdach admet que les êtres organisés sont composés des mêmes éléments et soumis aux mêmes forces que les corps bruts.Mais, chez eux, ces dernières sont associées de telle sorte qu’elles paraissent modifiéeset produisent des effets particuliers. {4} Philosophie zoologique, t. II, p. 294 et passim. OWEN. 207 qu'elle à donné naissance seulement à des organismes élé- mentaires et non à des animaux supérieurs, ou à l’homme lui-même, comme l’a admis le savant allemand. Pour lui, de cette espèce de fond commun sont sorties plusieurs séries, successivement et progressivement développées, ramifiées et aboutissant aux faunes actuelles par de brusques à-coups. Il est donc polyphylétiste et non pas monophylétiste, comme Darwin. Il est encore en contradiction avec son éminent com- patriote, aussi bien qu'avec Lamarck, et se rapproche de Geof- froy Saint-Hilaire, en admettant des transformations subites accompagnées de changements considérables. Mais il s’isole de tous ses prédécesseurs par la manière dont il envisage ces phénomènes hypothétiques; et, je le dis à regret, son inter- prétation ne me semble pas très heureuse. Je laisse de côté bien des questions que j'ai examinées ailleurs ou que j’aborderai tout à l'heure, et me borne à faire une seule observation. Owen nous dit à diverses reprises que les séries animales ont été préordonnées ; que le moment où doivent s’accomplir les transformations dont elles sont le résultat a été fixé d'avance ; il répète avec insistance que les forces naturelles et les conditions de milieu ne sont absolument pour rien dans ces transformations. En somme, il attribue tous ces phéno- mènes à un acte premier de la volonté de l’Être tout pré- voyant. Par conséquent, il remplace, pour ainsi dire, par un miracle permanent la multitude de miracles isolés qu'aurait exigés la création directe de chaque espèce. Le savant anglais a beau employer les mots de Loi naturelle et de cause secon- daire, en réalité les causes de cette nature n’ont aucun rôle dans la succession et l’enchaîinement des faits phylogéniques essentiels, tels qu'il les présente. Partout, dans ses Conclusions, on se trouve en présence de l’Intelligence suprême et toute- puissante, qui a réglé la dérivation successive et progressive des types, à partir des premiers corpuscules sarcodiques jus- qu'à l'apparition de l’homme. La conception d’'Owen est donc 208 LES ÉMULES DE DARWIN. avant tout essentiellement théologique, et, par cela même, elle échappe aux appréciations de la science. En effet, la science ne se préoccupe et ne doit se préoccuper que des causes secondes. Dès que l’on fait intervenir directe- ment la cause première dans l'interprétation des phénomènes, elle doit s'abstenir, tout autant que lorsqu'on en appelle à quelque système philosophique, niant l'existence de cette cause. J'ai bien souvent protesté contre l’intrusion de ces derniers dans les études scientifiques; je refuse tout aussi énergiquement à la théologie le droit de pénétrer dans ce domaine, quelque justement honoré que soit le nom de son introducteur. Personne ne peut gagner à cette confusion d'ordres d'idées, et tous peuvent y perdre. Au nom de la théo- logie, on a voulu maintenir notre globe immobile au centre: du monde; au nom de la philosophie, Voltaire a nié l’exis- tence des fossiles (1); et on les a trop longtemps crus sur parole. On sait bien aujourd’hui que la terre tourne autour du soleil et que les fossiles nous dévoilent chaque jour quelques points de son plus vieux passé. Ces souvenirs devraient, ce me semble, inspirer une sage réserve aux savants, aussi biem qu'aux philosophes et aux théologiens. En m’exprimant ainsi, en répétant une fois de plus ce que j'ai dit bien souvent, je n’entends nullement contester aux hommes de science le droit d’avoir et de professer hautement des convictions religieuses ou philosophiques; mais je leur demande de ne jamais les mêler aux discussions scientifiques, de ne pas en faire usage à titre d'arguments en faveur de leurs propres doctrines ou d’objections pouvant être opposées à leurs adversaires, et surtout de ne pas y chercher l’explica- tion de faits ou de phénomènes dont il appartient à la science de rechercher les causes sans recourir à d’autres guides qu'à l'expérience et à l'observation. 1) Dictionnaire philosophique, article Coquiuues, et Dissertation sur les changements arrivés dans notre globe. CHAPITRE IX MIVART (1). I. — Les remarques précédentes s'appliquent d’une ma- nière toute spéciale à M. le docteur Mivart. Darwin l’a qua- lifié de zoologiste distingué (2); et, à coup sûr, il mérite ce titre (3). Mais il parait aspirer tout autant à ceux de philo- sophe et de théologien. Ses Leçons ont essentiellement pour but de combattre les idées d’Herbert Spencer et de réfuter les doctrines agnostiques de ses partisans. La même préoccu- pation se fait jour trop souvent dans le courant du livre sur la Genèse des espèces. Le dernier chapitre, intitulé Théologie et Évolution, est consacré tout entier à traiter des questions de même nature et à démontrer la parfaite orthodoxie des théo- ries de l’auteur. Dans ce but, il cite saint Augustin, saint Thomas d'Aquin, Suarez, etc. On comprend que je ne le sui- vrai pas sur ce terrain (4). Je ferai seulement remarquer que (1) THÉORIES TRANSFORMISTES. — Les plus importants des ouvrages de M. Mivart sur ce sujet, ceux qui ont servi de base à ce chapitre sont les suivants : On the genesis of species, by Saint-George Mivart, F. R. S., Professor of biology at University College, Kensington..…, 2e édit., 1871 ; Lessons from nature, as manifesled in mind and matter, 1816, par le même. (2) L'origine des espèces, traduction Moulinié, p. 535. (3) M. Saint-George Mivart, docteur en médecine, est membre de la Société royale, des Sociétés linnéenne et zoologique de Londres, et pro- fesseur de biologie au Collège universitaire de Kensington. (4) Huxley a agi tout autrement dans la critique étendue qu'il a faite de la Genèse des espèces. La plus grande partie de cet article est consacrée à discuter ce que M. Mivart a dit à propos de Juarez. (Critics and Ad- dresses, chap. x1.) Il est d’ailleurs bien loin de le blâmer d'avoir mêlé la philosophie et la théologie à la science. Il l'en loue au contraire, ce qui DE QUATREFAGES. — Émules de Darwin. II. — 14 210 LES ÉMULES DE DARWIN. ces préoccupations mêmes attestent une fois de plus ce qu'a de peu fondé l’assertion des écrivains qui, au nom de la libre- . pensée, affirment qu'il y a une incomptabilité absolue entre les croyances religieuses et les idées transformistes. IT. — Le livre du docteur Mivart sur la Genèse des espèces est, avant tout, une critique détaillée de la conception de Darwin à ce sujet. Tout en accordant à la sélection naturelle et à ses conséquences une certaine part d'action dans la con- stitution du monde organique, l’auteur se refuse à voir dans la survivance des plus aptes, non seulement la cause unique, mais encore la cause principale qui a donné naissance aux faunes et aux flores passées et présentes. Dix chapitres sur douze sont consacrés à démontrer que cette théorie ne peut expliquer le début des particularités organiques utiles ; qu'elle est en désaccord avec la coexistence d'organisations très semblables, d'origines diverses ; qu'il y a de bonnes rai- sons pour admettre que les différences spécifiques se déve- loppent soudainement et non par gradation insensible ; que les espèces peuvent varier seulement dans des limites fixes, mais différentes pour chacune d'elles ; que l’on ne voit nulle part les formes fossiles de transition dont la théorie de Darwin suppose l'existence ; que certains faits géographiques soulèvent de très sérieuses difficultés; que l’on n’a pas réfuté lobjection tirée des différences physiologiques existant entre les races et les espèces; que la sélection naturelle ne jette aucun jour sur une foule de phénomènes des êtres orga- aisés, etc. Dans chacun de ces chapitres, l’auteur a réuni un grand nombre de faits relatifs au sujet qu'il aborde et en fait res- sortir les conséquences. Dans la dernière édition de son livre, Darwin lui a répondu et a reconnu lui-même que ces objec- ne surprendra nullement ceux qui savent avec quelle ardeur Huxley s’est jeté dans ces polémiques, comme en témoignent les Critics and Ad- dresses et les Lay Sermons. MIVART. 211 tions, ainsi groupées et « présentées avec beaucoup d'art et de de puissance, acquéraient un aspect formidable (1) ». Mais il ajoute qu'après avoir attentivement étudié l'ouvrage de M. Mivart, il est resté convaincu plus que jamais de la vérité générale de ses propres conclusions, tout en admettant que, par suite de l’extrême complication du sujet, il peut avoir commis beaucoup d’erreurs. Dans ces lignes que j'abrège, dans la discussion quiles suit, nous retrouvons Darwin tout entier avec son inébranlable con- fiance dans le bien fondé de sa doctrine et sa parfaite loyauté, qui souvent lui en laisse voir et lui en fait avouer les diffi- cultés (2). Je ne saurais entrer ici dans les détails de cette controverse scientifique (3); mais voici l'impression qu'elle m'a laissée. Dans quelques cas, les objections formulées par le docteur Mivart et par d’autres antagonistes du darwinisme peuvent être facilement réfutées par qui se place au point de vue de la théorie attaquée. C'est ainsi que Darwin démontre sans peine comment l'allongement progressif des membres anté- rieurs et du cou n’a pu qu'être utile à un animal destiné à brouter les branches d’arbres et à voir ses ennemis de loin: comment les progrès accomplis dans ce sens devaient aboutir aux formes exceptionnelles de la girafe (4). En revanche, sa défense est le plus souvent bien faible. On rencontre trop sou- vent, ici comme ailleurs, une foule d’hypothèses gratuites, des (4) Origine des espèces, traduction Moulinié, p. 535. En s'exprimant ainsi, Darwin a donné à M. Mivart, au point de vue des questions dont il s’agit ici, une notoriété qui justifie la place que je lui fais après Ower bien entendu sans songer à le comparer à son illustre compatriote. Hux- ley a également reconnu la compétence de M. Mivart, tout en le com- battant. (2! Voir notuument ce qu'il dit au sujet des objections faites par Bronn et Broca (Origine des espèces, p. 528. (3) Elle fait le sujet de tout un chapitre dans la dernière édition des Origines, chapitre que M. Moulinié a placé dans ses Additions (loc. cit., p. 525). Ce chapitre est le complément de celui qui figurait dans es édi- tions précédentes sous le titre de Difficultés de la théorie. (4) Mivart, p. 28; Darwin, p. 536. 212 LES ÉMULES DE DARWIN. 24 rapprochements inacceptables (1) et la conception, la convic- tion personnelles invoquées à titre de preuves. Mais j'ai mon- tré ailleurs depuis longtemps que ce sont là les défauts habi- tuels de l'argumentation de Darwin (2), et je n'ai pas à y revenir. En somme, M. Mivart me semble avoir bien choisi, non pas tous, mais la plupart des faits qu'il oppose à Darwin et avoir démontré qu'il existe chez les animaux une foule de particularités de tout genre dont ne peut rendre compte la sélection naturelle fondée sur la survivance des plus aptes. Ces mêmes faits lui paraissent démontrer l'existence detendances innées sur lesquelles je reviendrai plus loin. Au cours de cette discussion, M. Mivart laisse percer, à diverses reprises, une idée qu'il a nettement exprimée plus tard, savoir que Darwin a lui-même renoncé à sa théorie de la sélection naturelle, bien qu'il ne l’ait pas dit expressé- ment (3). Il s’est certainement trompé sur ce point. Les divers passages qu'il emprunte aux écrits de son illustre compa- triote ne justifient nullement cette conclusion. Sans doute, dans la première édition de son livre, Darwin a été plus absolu que dans celles qui l’ont suivie et dans ses autres pu- blications; sans doute, à la suite des discussions soulevées par ses théories, il a dû reconnaître que la sélection naturelle ne pouvait rendre compte de tout ce qu’il cherchait à expliquer ; sans doute, il a fait une part de plus en plus large à la varia- tion spontanée, aux actions de milieu, etc. Mais, alors même que nous n’aurions pas sur Ce point un témoignage des plus formels (4), il suffit de lire attentivement les livres de Darwin pour acquérir la certitude que, jusqu’à sa mort, il est resté convaincu de la vérité fondamentale de ses conceptions, et (1) Pour répondre à une objection de Mivart, Darwin compare les fanons de la baleine franche aux lamelles du bec des canards. (Mivart, p. 45; Darwin, p. 545.) (2) Charles Darwin et ses précurseurs français, 1810, 2° partie. (3) Lessons from nature, as manifested in mind and matter, 1816, p. 293. (4) Vie et correspondance de Charles Darwin, traduction de M. H. de Varigny, t. I, p. 368. MIVART. 213 pour voir seulement dans les contradictions apparentes signa- lées par M. Mivart autant de nouvelles preuves de son inalté- rable bonne foi. III. — Après avoir combattu les doctrines de Darwin, le doc- teur Mivart expose les siennes. Malheureusement, il le fait avec uné concision qui contraste avec les développements donnés a sa critique. Toutefois, il en dit assez pour que l’on reconnaisse les nombreux rapports qu’elles présentent avec celles d'Owen. Notre auteur distingue la création surnaturelle de la création naturelle (4). La première est le résultat de la volonté toute puis- sante qui tire immédiatement du néant une chose quelconque. Dans la seconde, Dieu agit par voie de dérivation; c'est-à-dire qu'une matière préexistante et créée par Dieu a reçu le pouvoir d'évoluer sous des formes diverses, dans des circonstances fa- vorables et sous l'empire de certaines lois. Ainsi se manifeste ce que M. Mivart appelle « l’action naturelle de Dieu dans le monde physique ». Pour M. Mivart, les règnes organique et inorganique ont cela de commun que tous les corps, tous les êtres, depuis les atomes élémentaires jusqu'aux plantes et aux animaux, ont en eux un pouvoir interne inné, lequel entre en action sous l'influence des conditions extérieures requises (2). C'est grâce à ce pouvoir, à cette force (3) qu'un cristal prend ses formes régulières et répare ses pertes quand il est placé dans une so- lution de mème nature; c’est elle qui modèle tous les êtres organisés et dirige leur développement. Ces derniers doivent leur origine première à la génération spontanée, à une sorte d’autogonie. Bien que ce phénomène n'ait pu être observé directement, on peut, dit l’auteur, l’ad- mettre avec confiance (4). Il semble en outre accepter à ce (1) Genesis of species, p. 299. (2) Internal innate powers.. The requisite external conditions. (Genesis of species, p. 107.) (3) Ibid., p. 260. (4) « Fairly. » (Genesis of species, p. 265.) 214 LES ÉMULES DE DARWIN. sujet l'hypothèse du docteur Charlton Bastian. Celui-ci pense que la matière existe sous deux états : l’état cristallin ou sta- tique et l'état colloïdal ou dynamique. Placée dans certaines conditions, la matière colloïdale présente les phénomènes de la vie; elle peut d'ailleurs provenir de la matière cristalline; cependant toutes deux ne sont que des formes de la ma- fière première, qui renferme ainsi en puissance la création animale et végétale entière (1). Maïs qu'est cette matière pre- mière? Quelles forces interviennent pour donner naissance aux deux matières secondes, pour animer l’une d'elles et en diri- ger le développement? M. Mivart se tait sur toutes ces ques- tions, qui s'imposent pourtant. Il se borne à dire : « Cette malière n’est pas rassemblée en agrégations fortuites et ac- cidentelles, mais elle évolue conformément à ses propres lois et à ses propriétés spéciales. » Il ajoute : « On ne peut!mettre en question la parfaite orthodoxie de ces vues. » Je n'ai pas besoin d'insister sur ce qu'a d’absolument et purement hypothétique cette conception aussi compliquée que vague. IV. — Ce dernier reproche est applicable d'une manière toute spéciale à la manière dont M. Mivart définit l'espèce. Pour lui, « les formes spécifiques ou espèces sontun ensemble particulier de caractères ou attributs, de qualités et de pou- voirs innés, et une certaine nature réalisée dans des indi- vidus (2) ». Certes, aucun naturaliste n’acceptera cette défini- tion abstraite, qui peut s'appliquer à un groupe déterminé botanique ou zoologique quelconque, aussi bien qu’à l'espèce en général. Néanmoins on voit dans le courant du livre que l’au- teur s’est fait une idée assez nette des caractères essentiels. de l'espèce ; et c’est en se fondant sur les phénomènes du eroi- sement qu'il la distingue de la race (3). (1) Genesis of species, p. 306. (2) « Specific forms, kinds or species, are peculiar congeries of charac- ters or attributes, innate powers and qualities, and a certain nature rea- lized in individuals. » (The genesis of species, p. ? et 311.) (3) 1bid., p. 139. MIVART. 215 Avec Owen, Lamarcek, et on peut dire avec la presque tota- lité des savants modernes qui ont cru à la génération spon- tanée, M. Mivart n’accorde à celle-ci que le pouvoir d’engen- drer les derniers et les plus petits organismes (1). I] lui refuse celui de donner naissance aux végétaux et aux animaux supé- rieurs. Il regarde comme impossible de comprendre l’appa- rition de ces derniers autrement que par l'intervention d’es- pèces qui les ont précédés et ne différaient d'eux que faible- ment (2). Il invoque à l'appui de cette opinion un grand nombre de faits bien des fois signalés par les transformistes de diverses écoles et en emprunte plusieurs à Darwin (3). Il adopte aussi toutes les idées de son éminent prédécesseur au sujet du rôle prépondérant, sinon unique, qui reviendrait à l'appareil reproducteur dans ces phénomènes (4). Mais M. Mivart se sépare absolument de Darwin et de son école en admettant que le passage d’une espèce à l’autre se fait brusquement et non à la suite de modifications insensibles lentement accumulées. Par là ilse rapproche de Geoffroy Saint- Hilaire, de Gubler, de Kælliker, de Naudin (5). Toutefois il s'éloigne de ceux-ci en attribuant l'apparition des espèces nou- velles à une tendance innée au changement, tendance qui se manifeste sous l'empire de conditions accidentelles favorables et produit des transformations « soudaines, définies et com- plètes ». L'influence de l’hérédité s'accentuant de plus en plus, (1) Les anciens ont admis que la génération spontanée pouvait donner naissance même à des mammifères. Mais de nos jours lurdach est, je crois, le seul qui ait professé des idées de ce genre. (2) Genesis of species, p. 265. (3; Voir en particulier les chapitres 111, 1V, v et vi, ainsi que le résumé qui ouvre le chapitre xt. (4) Thid., p. 367 et 369. J'ai examiné cette question ici même à propos des théories de M. Romanes et n’ai donc pas à y revenir. (5) On sait que Naudin a professé deux doctrines fort différentes au sujet de l’origine des espèces. Par la première, il s’est montré un des plus sérieux précurseurs de Darwin. Sans employer les mots sélection naturelle, il admettait ce procédé. Plus tard il a adopté une conception fort différente, fondée sur les phénomènes de la métamorphose et de la génération alternante. Voir mon article à ce sujet dans le Journal des savants, avril et mars 1877, et dans le présent ouvrage, p. 102. 216 LES ÉMULES DE DARWIN. à mesure que les organismes se perfectionnent, peut sus- prendre et même modifier les effets de cette tendance; mais elle n’en change en rien le mode d’action (1). Les espèces ainsi formées sont stables dans l'intervalle de temps qui sépare deux de ces brusques transformations (2). La sélection natu- relle détruit les monstruosités et fait disparaître les anciennes espèce, quand il en apparaît de nouvelles plus en harmonie avec le milieu ambiant; elle développe les variations utiles; mais elle n’a le pouvoir ni de les faire naître ni d'élever la barrière physiologique qui semble séparer les espèces (3). V. — Telle est la conception par laquelle M. Mivart pense avoir concilié les doctrines jusqu'ici considérés comme s’ex- cluant mutuellement (4). Il est facile de voir qu’elle présente de grands rapports avec celle d’'Owen et ces rapports sont même plus étroits qu'on ne pourrait le croire au premier coup d'œil. Pour combattre la théorie de la sélection naturelle et des transformations lentes, et appuyer celle qui admet des trans- mutations brusques, dues essentiellement à une tendance innée, Owen n’a invoqué qu'un très petits nombre de faits. M. Mivart, au contraire, a longuement traité ce sujet. Il cite un grand nombre de modifications rapides, observées chez les végétaux, chez les animaux vivants (5); il en appelle à la pa- léontologie, et, avec tous les naturalistes qui ont combattu les idées de Darwin, il signale l’absence de séries intermédiaires entre divers types spécifiques (6). En particulier, comme Owen, dont il reproduit les paroles, il insiste sur les différences bien marquées qui distinguent les formes allant du paléothérium au (1) Chap. v et p. 271. (2) Genesis of species, p. 144. (3) Ibid., p. 215. On sait que Darwin a loyalement reconnu ces deux faits. (4) 1bid., p. 371. (5) Ibid., chap. 1v. (6) Zbid., chap. vr. MIVART. 217 cheval (4). Enfin il cherche des exemples jusque dans les corps inorganiques et cite les expériences par lesquelles on fait varier les formes cristallines d’un sel de cuivre en ajoutant un peu d’ammoniaque ou d'acide nitrique à la solution dans laquelle il prend naissance (2). Les arguments empruntés par M. Mivart à la paléontologie ont une valeur incontestable quand il les oppose aux partisans de la doctrine des transmutations lentes. L'absence de séries intermédiaires entre des types génériques bien déterminés et appartenant à une même série morphologique, comme celle des Équidés, est une objection bien difficile à réfuter. Lamarck en a reconnu toute la gravité, et Darwin n’a pu imaginer pour y répondre que des hypothèses vraiment inacceptables. Mais ce même argument, opposé aux savants qui ne peuvent admettre le fait fondamental de la transmutation, perd évidemment toute sa force; car, avant tout, il faudrait avoir démontré que la trans- mutation elle-même a eu lieu; par exemple, que l'espèce cheval n’est que l'espèce hipparion transformée. Or c'est pré- cisément ce que nient tous les antitransformistes ; et, pour jus- tifier cette négation, ils peuvent invoquer précisément Les phé- nomènes choisis par le docteur Mivart lui-même dans l'état de choses actuel. En effet, les changements brusques dont parle l’auteur, et dont il aurait pu multiplier encore les exemples, n'ont jamais produit une seule espèce nouvelle, mais seulement des variétés. Tout en modifiant leurs formes géométriques, selon les condi- tions dans lesquelles on les fait cristalliser, les minéraux con- servent leur composition et leurs propriétés chimiques. Pour le chimiste, comme pour le minéralogiste, ils restent la même espèce. (1} Genesis of species, p. 101. (2) Les termes dans lesquels M. Mivart résume cette expérience sont assez obscurs ; mais des observations analogues ont été faites sur l’alun dès le siècle dernier par notre compatriote Leblanc (Observalions géné- rales sur les phénomènes de la cristallisation, dans les Annales de phy- sique, 1788 ; cité par Dufrénoy dans son Trailé de minéralogie, t. 1, p. 219). 218 LES ÉMULES DE DARWIN. IL en est de mème pour les végétaux et les animaux. Nous savons avec certitude que les moutons ancon et mauchamp ont apparu brusquement au milieu de moutons normaux. Tout porte à penser qu'il en a été de même pour le bœuf gnato. D'abord isolés et constituant ainsi de simples variétés, ces mammifères, morphologiquement aberrants, ont transmis à leurs descendants leurs caractères exceptionnels. Ont-ils pour cela constitué des espèces nouvelles? Non; car ils ont conservé la faculté de s'unir aux moutons, aux bœufs ordinaires et de donner naissance à des métis également fertiles. Il en a été de même pour ces paons à épaules noires, dont Darwin a recueilli la curieuse histoire (1) et sur lesquels M. Mivart revient à maintes reprises. La facilité même avec laquelle tout un trou- peau de paons ordinaires échangea ses caractères contre ceux de cette variété, d’abord unique, démontre surabondamment que les uns et les autres étaient de méme espèce et qu'il n’y avait entre eux que des différences de race. Ainsi, pas plus que la sélection naturelle et la transforma- tion lente, la transformation brusque n’élève entre les parents et leurs fils la barrière physiologique qui sépare les espèces, lors même qu’elle atteint jusqu’au squelette tout entier, comme dans le bœuf gnato. À coup sûr, M. Mivart n’ignore aucun de ces faits ; il connaît aussi le résultat des expériences faites par Darwin sur le croisement des cinq formes les plus différentes de pigeons (2). On comprend difficilement qu'il n’en ait pas tenu compte et qu’il n’ait pas compris que l’objection fonda- mentale opposée par lui à la théorie de Darwin retombait sur la sienne avec d'autant plus de force qu’elle repose ici sur l'observation et l'expérience directes. Q VI. — Pour le docteur Mivart comme pour Owen,la transfor- mation des espèces est due essentiellement à une fendanceinnée, (1) Variation des animaux et des plantes, trad. Moulinié, t. I, p. 308. (2) Ibid., t. 1, p. 203. On sait que ce quintuple croisement n'a diminué ea rien la fécondité du métis. MIVART. 219 qui fait partie de leur nature. C'est là l'hypothèse fondamen- tale des deux savants anglais. En l’adoptant, ils n’ont fait que reproduire les idées longuement développées, il y a bien des années, par Prosper Lucas (1). Il en ont seulement exagéré Ja portée. Le physiologiste français opposait sa loi ou force d'in- néilé à la loi ou force d'hérédité. I attribuait exclusivement à la première les modifications et les différences de toute sorte que peuvent présenter les individus appartenant à une même espèce. Mais il lui refusait formellement le pouvoir de transformer celle-ci et de donner naissance à une espèce nou- velle. En lui accordant ce pouvoir, les naturalistes anglais ne changent rien à la question de l'existence d’une pareille force. Les objections que j'ai depuis longtemps opposées à Prosper Lucas s'appliquent donc également à eux (2). Je ne saurme reproduire ici cette discussion détaillée. Je me borne à rappe- ler que les considérations tirées de l'influence du milieu et de l’hérédité suffisent pour expliquer les modifications présen- tées par les êtres organisés toutes les fois que la série des a€- tions et des réactions est accessible à l'observation. On ne peut logiquement qu'attribuer aux mêmes causes celles dont le mode de formation nous échappe, le plus souvent par suite de la complexité des phénomènes. À plus forte raison doit-on conclure de même lorsqu'il s’agit des minéraux, que M. Mivart fait intervenir dans son argumentation. lei le pouvoir modi- ficateur du milieu est évident, et pas un mintralogiste, que Je sache, n’a cherché ailleurs l'explication du changement ües formes cristallines (3). (1) Traile philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle, 2 vo- lumes in-8°. Paris, 1847. En parlant de l'innéité, l’auteur ne s’est pas borné à en affirmer l'existence. Il formule à son sujet une véritable théorie. C'est elle que je ne puis accepter. Mais l'intérêt fort réel de ce livre résulte du très grand nombre de faits d'hérédité que l’auteur emprunte aux deux règnes organiques, qu'il discute et dont il tire des conclusions habituel- lement justes. (2) Unilé de l'espèce humaine, chap. xt (1861). Cet ouvrage avait paru d'abord sous forme d'articles dans la Revue des Deux Mondes (1860-1861). (3) Trailé de minéralogie, par A. Dufrénoy, t. I, p. 215. 220 LES ÉMULES DE DARWIN. Il n'y a donc aucune raison sérieuse pour recourir à l'innéité et pour admettre une de ces forces à la fois mysté- _rieuses et absolument hypothétiques que la science moderne repousse de plus en plus. VIT — On a vu qu'Owen attribue en entier la transforma- tion des espèces à la tendance innée. M. Mivart peut paraître d'abord réserver un certain rôle aux actions de milieu. Il parle souvent de causes extérieures ou accidentelles comme concourant avec la force ou puissance interne à l'apparition des espèces nouvelles. Malheureusement, il ne s'explique pas sur la part qu'il leur réserve, et on pourrait croire qu'il finit par ne leur en attribuer aucune. Il pense que le fransmutation- nisme Où hypothèse évolutionniste (1) se concilie fort bien avec la théorie des causes finales et celle des archétypes divins idéaux, mais à la condition de regarder l’évolution comme « voulue et réglée d'avance (2) ». Il applique cette idée aux doctrines elles-mêmes. Pour lui l'harmonie entre le christia- nisme et l’évolution a été préordonnée (3) et préparée incons- ciemment par certains écrits de saint Augustin et de saint Thomas (4). Ainsi, quoique d’abord moins absolu qu'Owen, notre auteur me semble en revenir finalement à la doctrine franchement professée par l’illustre auteur de l’Anatomie des vertébrés. Je n’ai donc pas à revenir sur ce que j'ai dit plus haut et je me borne à faire une simple observation. Geoffroy Saint-Hilaire était profondémentreligieux; Lamarck était un déiste convaincu, et ni Owen ni M. Mivart n’ont parlé en termes plus absolus que lui de la toute-puissance du (1) « Transmutationism, an old name for the evolutionary hypothesis. » (The genesis of species, p. 211.) Je ne me rappelle pas avoir vu ailleurs cette expression, qui n’a peut-être pas été acceptée par les évolution- nistes, parce qu'elle est trop juste et trop significative. (2) « Orderly and designed. » ([bid.) (3) Lessons from nature, p. 25. (4) Ibid, p. 448. MIVART. 221 Créateur. Mais ni Lamarck ni Geoffroy ne s’en sont tenus là. Pour me servir d'une comparaison plusieurs fois employée par le premier, tous deux, après avoir proclamé l’existence de l’horloger, ont démonté la montre, et se sont efforcés d’en découvrir le mécanisme. En d’autres termes, ils ont recherché les causes immédiates et l’enchaînement des phénomènes. Par là ils se sont placés sur le terrain de la vraie science et leurs théories sont essentiellement du ressort des savants. Il en est autrement des deux auteurs anglais. L'un et l’autre admettent une tendance innée, entièrement hypothétique, produisant des transformations brusques qui n’ont jamais été constatées, et contre la réalisation desquelles protestent les faits mêmes qu'ils invoquent. M. Mivart ajoute, il est vrai, à l’action de ce pouvoir interne, celle de certaines causes ou forces extérieures. Mais il ne dit rien de leur mode d'action; il n'indique pas une de ces causes ; il ne nomme même pas une de ces forces. Nulle part il ne cherche à faire comprendre comment les actions dites naturelles et les transformations brusques, provoquées par elles ont produit, non seulement des espèces nouvelles, mais encore des types différents, échelonnés et gradués de manière à constituer le cadre merveilleux du monde organique. En revanche, chez lui comme chez Owen, nous nous trouvons partout en présence de phénomènes réglés et préordonnés par la Volonté suprême. Il n’y a donc pas là une doctrine scienti- fique; il n’y a en réalité qu'une conception théologique, qui échappe à notre appréciation. Mais, encore une fois, n'est-il pas curieux de voir un transformisme dogmatique et chrétien se juxtaposer au transformisme philosophique et athée des libres penseurs? Owen n’a guère fait qu'indiquer ses opinions sur l'origine de l'Homme, mais cette indication est formelle. Il attribue franchement à la dérivation, telle qu'il la comprend, la forma- tion de notre corps. Pour lui, les espèces se sont successivement et progressivement développées, « depuis le moment où l’idée de vertébré s’est incarnée pour la première fois dans son vieux 222 LES EMULES DE DARWIN. vêtement de poisson jusqu'à celui où elle a revêtu le glorieux costume de la forme humaine (1) ». Il ne dit rien au sujet de motre lignée généalogique; il regarde seulement comme antiscientifique de nous donner pour père un animal contem- porain quelconque et le gorille en particulier (2). Tout en attribuant le développement de nos facultés à celui de notre cerveau, qu'il compare à la batterie électrique de la torpille (3), il déclare ne pouvoir expliquer comment cet organe produit la pensée et la conscience chez l'Homme aussi bien que chez les animaux (4). À qui lui reprocherait ces idées comme entachées de matérialisme, il répond en affirmant sa foi à une vie future et à la résurrection, regardées par lui comme faisant partie d'une révélation divine (5). M. Mivart a consacré une assez grande partie de son dernier chapitre (6) à cette question. Pour lui, la nature de l'Homme est double. Cet être exceptionnel possède un corps et une dme. En ce qui concerne le premier, l’auteur reproduit les argu- ments opposés par Wallace à la doctrine de la sélection aaturelle, en tant qu’elle s’appliquerait à l’organisation de aotre espèce (7); il en reconnaît la justesse et en ajoute un de plus tiré de l’anatomie de l'oreille (8). Mais, arguant de sa propre conception, il regarde, lui aussi, le corps entier de l'Homme comme ayant été produit par les mêmes causes que celui de tous les animaux (9). D'ailleurs, pas plus qu'Owen, il me s'occupe de notre généalogie et ne fait connaître l'espèce animale qui nous aurait donné naissance. {1) « From the first embodiment of the vertebrate idea under its old ichthyc vestments, untilit became arraged in the glorious garb o* human form. » (Anatomy of vertebrates ; general conclusions, p. 796.) (2) Ibid, p. 197. (3) Ibid., p. 820. (4) Ibid., p. 824. (5) Ibid., p. 821. (6) Theology and evolution. (1) J'ai exposé les idées de Wallace à ce sujet dans le Journal des sa- vants et dans le présent ouvrage, t. IL p. 40. (8) Loc. cit., p. 321. (9) Jbid., p. 324. MIVART. 223 Quant à l'âme humaine, M. Mivart la considère comme étant le produit d’une création immédiate el directe (1). A l'appui de cette opinion, il invoque le récit contenu dans le chapitre 11 de la Genèse (2). On voit que Les deux savants anglais nous amènent presque également sur le terrain de la théologie où je m'abstiendrai de les suivre. (1) Theology and evolution, p. 331. (2) Ibid., p. 329. CHAPITRE X GUBLER ET KŒLLIKER (1). Adolphe Gubler, qu'une mort prématurée a enlevé à la science, où il a laissé des traces durables, et à la pratique médicale, où il s'était fait un nom, était surtout botaniste. C'est dans la connaissance qu'il avait des végétaux, de leur physiologie, de leur distribution géographique, qu'il puise les argumenis opposés par lui aux doctrines de Lamarck et de Darwin, dont l’ensemble constitue pour lui ce qu’il nomme la monogenèse ou oligogenèse. Gubler ne remonte pas à l’origine première des êtres vivants, il prend le monde organique tel que nous le voyons et admet la réalité, l'autonomie des espèces, qu'il définit au point de vue de la forme et de l'essence. Celle-ci s’accuse dans les phé- nomènes de la reproduction et ne change pas, « du moins pendant la période géologique actuelle (2) ». Quant à la forme, elle est variable dans les limites fort étendues, et ces variations (1) THÉORIES DE GUBLER ET DE KOELLIKER. — Préface d'une réforme des espèces, fondée sur le principe de la variabililé restreinte des types orga- niques, en rapport avec leur faculté d'adaptation aux milieux, par Adolphe Gubler (Bulletin de la Sociélé botanique de France, 1864). — Ueber die Dar- win’'sche Schôüpfungstheorie, par A. Kælliker (Zeitschrift für wissenschaft- liche Zoologie, t. XIV, 1864). — Sur la théorie de Darwin, article anonyme (Archives des sciences physiques et naturelles, 1864) *. — Criticisms on the origin of species, par T. H. Huxley (Lay Sermons, Addr esses and Reviews, 1887). (2) Préface, p. 203. * Dans un des deux très bons articles écrits par M. E. Naville, à propos de la théorie de M. Thury, l’auteur dit avoir des raisons de penser que cet article est presque à coup sûr d'Edouard Claparède (Bibliothèque de Genève). GUBLER ET KŒLLIKER. 225 sont dues à l’action des agents physiques, c'est-à-dire à ce que Geoffroy Saint-Hilaire a appelé les actions de milieu. Sur toutes ces questions, il déclare partager la manière de voir d'un certain nombre de naturalistes qu'il cite et parmi lesquels il veut bien me nommer (1). Je suis en effet d'accord avec lui, sauf au sujet de la réserve qu'il fait à propos des époques géologiques. C'est un point sur lequel je reviendrai plus tard. Gubler n'a pas voulu discuter en détail l'ouvrage de Darwin sur l’origine des espèces. Après avoir très sommairement exposé les conceptions de l’auteur et tout en déclarant que ce livre « est un des plus remarquables de notre époque (2) », il se borne à lui opposer un petit nombre d’objections, parmi lesquelles 1l en est auxquelles le savant anglais aurait, ce me semble, répondu sans trop de peine. Par exemple, Darwin attribue à la lutte pour l'existence l’anéantissement de certaines espèces que viennent remplacer d’autres espèces mieux douées. Gubler refuse cette puissance de destruction à la sélection naturelle; il ne lui reconnait qu'un pouvoir de compensation. La gazelle, dit-il, subsiste depuis des siècles à côté du lion; l’£rigeron canadense, qui, venu du Canada, a envahi l’Europe, n’a détruit aucune de nos espèces végétales. Mais Darwin aurait pu lui répondre que, à la Nouvelle-Zélande, notre surmulot a déjà à peu près anéanti le rat kiore, que chassaient les Maoris ; que nos cochons, rede- venus sauvages, auront bientôt fait disparaître les derniers Apteryx ; que nos mauvaises herbes, involontairement impor- tées, ont absolument remplacé toutes les espèces indigènes dans la plaine de Christchurch (3). Si la lutte pour l'existence a pu produire en quelque années de pareilles extinctions, com- ment ne pas admettre, dirait Darwin, que des faits de même (1) Préface, p. 203. (2) Préface, p. 214. (3) Note manuscrite de M. Filhol et Rapport sur l'exposition faite au Muséum des objets d'histoire naturelle recueillis par MM. de l'Isle et Filhol, par M. A. de Quatrefages (Archives des Missions scientifiques et lilléra res; UV, pe 24). DE QUATREFAGES, — Émules de Darwin. IT. — 45 226 LES ÉMULES DE DARWIN. nature peuvent s’accomplir sur les plus vastes continents, aw bout d’un nombre indéterminé de siècles? Gubler fait aux idées de Darwin une autre objection plus dif- ficile à réfuter pour qui tiendrait à rester sur le terrain de la science positive. Lorsqu'on étudie la distribution des végétaux à la surface du globe, on les voit se répartir en flores bien dis-- tinctes. Or, dit notre auteur, « chaque flore comprend des types morphologiques si profondément différents les uns des. autres qu'on s'étonnerait de les voir réunis dans une même contrée si l’on raisonnait au point de vue de la mono-ou de- l'oligogenèse, et que leur coexistence dépose formellement. contre la doctrine (1) ». Ici le savant anglais serait, en effet,. obligé de recourir à ces genres contenant un grand nombre d'espèces très variables dont il a supposé l'existence, à ces mi-- grations dont il ne reste plus de traces, et surtout à ces révo: lutions du globe dont il a vraiment abusé; c’est-à-dire qu'il rentrerait dans cette foule d’hypothèses, d’ailleurs très habi- lement, souvent très logiquement enchaïînées, qui constituent la trame, en apparence si solide, du darwinisme. Gubler oppose à la monogenèse plusieurs autres objections. fondées sur les faits de réversion aux types ancestraux, sur la. persistance des animaux et des végétaux inférieurs, sur les. phénomènes de l’hybridation... J’ai trop souvent traité ces questions ailleurs pour y revenir ici. Toutefois le but essenties de son travail est de montrer comment et combien les orga- nismes peuvent varier sous l'influence du milieu sans perdre pour cela leur essence, c'est-à-dire sans donner naissance à une espèce nouvelle. Je ne saurais encore, et pour les mêms. raisons, suivre l’auteur sur ce terrain. Je le regrette, car les. faits qu’il groupe et qu’il discute présentent un sérieux intérêt. Ils lui permettent notamment de répondre une fois de plus au singulier argument tiré par les transformistes des difficultés. que présente parfoisla distinction et ladélimitation des espèces. (1) Préface, p. 273. GUBLER ET KŒLLIKER. 227 Gubler leur rappelle comment, l'expérience venant en aide à l'observation, ces incertitudes pourraient être dissipées pour un certain nombre de types spécifiques, grâce aux travaux de Decaisne, de Moquin-Tandon, de James Lloyd, de Buckman, de Vilmorin, etc. (1). Mais, avant d'aborder ces études de science positive, Gubler nous dit « ne pouvoir résister au désir d'ajouter une hypothèse à toutes celles qui ont été émises pour expliquer la transfor- mation des types ». Il rappelle les métamorphoses constatées dès la plus haute antiquité chez les animaux et les plantes, ainsi que les phénomènes de la génération alternante décou- verts par la science moderne (2). Puis il ajoute : « Ne serait-il pas possible que certaines espèces, en apparence constantes, fussent réellement dimorphes ou polymorphes, mais que les transformations du type, au lieu de se produire à chaque géné- ration, ne se manifestassent que tous les dix, tous les vingt ans, tous les siècles et même à des intervalles plus longs en- core ? Tellement qu’un type, pour ainsi dire immuable pendant une fraction plus ou moins considérable d'une période géolo- gique, ou même durant une période géologique tout entière, fit place ensuite à un type entièrement différent et dont rien, anatomiquement du moins, ne ferait soupçonner là filiation par rapport au premier (3). Gubler déclare d'ailleurs ne pas vouloir insister sur ce qu'il appelle « une vue conjecturale ». Évidemment, il a voulu seulement montrer que, dans ce vaste champ du possible, il est aisé de s'ouvrir des voies nouvelles et d'ajouter des hypothèses aux hypothèses. La sienne en vaut bien d’autres. La preuve en est qu’elle a été reprise et développée en France par Naudin, (1) Préface, p. 388. (2) J'ai réuni et discuté les principaux de phénomènes de ces deux ordres, alors connus, dans un livre intitulé Métamorphoses de l’homme et des animaux, 1862. Depuis cette époque, on a découvert bien des faits nouveaux, mais qui n'ont rien changé aux conclusions générales que j'avais formulées. (3) Préface, p. 378. 228 LES ÉMULES LE DARWIN. en Allemagne par Kælliker, soit que ces naturalistes aient eu connaissance des indications données par le médecin français, soit, ce qui est plus probable, qu'ils aient été conduits par leurs propres réflexions à se rencontrer avec lui. J'ai déjà fait connaître les idées de Naudin à ce sujet (1) ; il me reste à résu- mer celles de Kælliker. Albert Kælliker, professeur à l’université de Wurtzbourg et l’un des zoologistes anatomistes les plus éminents d’Alle- magne, fut dès l’abord un des savants qui, tout en rendant pleine justice aux travaux de Darwin, à l'intérêt que présentent ses livres, ont refusé d'accepter la doctrine du grand théori- cien anglais. Dans le travail dont il s’agit ici, il résume rapi- dement les principales objections qui, dès cette époque, leur avaient été opposées, et propose de la remplacer par ce qu'il appelle la Théorie de la génération hétérogène (2). Tout d’abord Kælliker fait à la doctrine de Darwin le reproche, regardé par lui comme fondamental, d’être téléolo- giste. Il lui prête la pensée que « chaque détail de l’organisation d’un animal a été créé pour son plus grand bien » et croit que le savant anglais envisage toute la série des formes animales à ce point de vue (3). Il revient plus loin sur cette idée, à laquelle il oppose sa propre manière de voir. Pour lui, « les variétés surgissent indépendamment de toute notion de but ou d'utilité, conformément aux lois de la nature, et peuvent être utiles, nuisibles ou indifférentes..... Tout organisme est suffisamment parfait pour le but qu'il doit atteindre ; et en cela au moins, il est inutile de chercher les causes de son perfectionnement (4). » Claparède et Huxley ont protesté contre l’appréciation gé- nérale que le savant allemand a faite de la doctrine de leur maitre. Le premier s’est borné à faire observer que, d'ordinaire, (1) Voy. ci-dessus. (2) « Theorie der heterogenen Zeugung » (Ueber die Darwin’sche Schôpf- ungstheorie, p. 179). (3) Darwin'sche Schüpfungstheorie, p. 175. (4) Ibid., p. 178. GUBLER ET KŒLLIKER. 229 le mot de téléologie suppose l'intervention d'un élément sur- naturel dans l'étude rationnelle de la nature et que Darwin n'a au contraire parlé que d'actions conduisant forcément au but (1). Huxley a répondu plus longuement. Il a cherché à faire bien sentir le contraste que présente la téléologie et Le dar- winisme. « Pour le téléologiste, dit-il, chaque organisme existe parce qu'il a été fait pour les conditions où il se trouve ; pour le darwiniste, un organisme existe parce que, seul de plusieurs autres semblables à lui, il a été capable de survivre dans les conditions où il se trouve. Selon la téléologie, un orga- nisme est comme la balle qui, chassée par une carabine, va droit au but visé; selon le darwinisme, les organismes sont comme les biscaïens d’une charge de mitraille, dont un seul frappe quelque chose, tandis que les autres vont se perdre au loin (2). » On ne peut que donner raison à Huxley et à Claparède. Darwin, comme Kælliker, admet que les variations de forme ou d'instinct peuvent être nuisibles, indifférentes ou utiles. Dans le premier cas, elles entraînent la disparition rapide du type modifié; dans le second, elles peuvent être conservées. Mais, pour peu qu’elles soient utiles, la sélection naturelle s’en empare (3). À partir de ce moment, l'être chez qui elles sontapparues et ses descendants sont pris dans une sorte d'en- grenage de causes et d'effets devenant causes à leur tour et aboutissant à la transmutation. Celle-ci n’a été ni préordonnée ni prévue. Elle est le résultat inévitable du libre jeu les forces naturelles physiologiques et physico-chimiques. L'espèce tombée sous le coup de la sélection naturelle est comme un de ces morceaux de bois que, dans nos expositions, nous avons vu jeter dans la trémie de certaines machines, et qui, sans sortir de l'appareil, se transformaient en pâte, puis en papier, et (1) Sur la théorie de Darwin (Archives des sciences physiques et nalu- relles, i864, p. 310). (2) Lay Sermons, p. 363. (3) IL est peut-être bon de rappeler que la sélection ne produit jamais de variation initiale. Darwin a insisté à diverses reprises sur ce point. 230 LES ÉMULES DE DARWIN. ressortaient à l’autre bout sous la forme d’un journal im- primé. Certes, rien n’est moins féléologique que cette conception, pour qui prend ce mot dans son acception ordinaire. Elle efface toute idée de plan, de but, de finalité; elle ramène le monde organisé sous l'empire de lois, de forces agissant exac- tement comme celles qui régissent le monde inorganique. A ce point de vue, la formation, le développement d’un type nouveau, animal ou végétal, correspondent pour ainsi dire au soulèvement d’une nouvelle chaîne de montagnes; l’extinction d’un autre type et de ses représentants, au creusement d’une vallée. Là est la cause principale du succès que le darwinisme a eu auprès de tant d’hommes de science; surtout auprès de ceux qui, comme Hæckel, ont cru y trouver des arguments en faveur de leurs doctrines plus ou moins monistiques, erreur contre laquelle Huxley lui-même a protesté (1). On peut en effet, sans mettre en doute les principes de la mécanique, de la physique ou de la chimie, admirer le talent de l’ingénieur qui a construit la machine dont je viens de parler. On peut de même, sans rien changer aux théories de Darwin, remonter à la cause des phénomènes initiaux et aboutir à la conception d’un Dieu tout-puissant, créateur et législateur, tel que l'ont admis Lamarck, Owen, Mivart, Naudin,... aussi bien qu'à celle du grand processus évolutif, regardé par Hæckel comme l’unique agent de la création. Le savant anglais a été moins heureux dans ses autres réponses aux critiques de Keælliker. A son tour, celui-ci reprend l'avantage; mais en continuant à suivre les deux adversaires dans cette discussion, je ne pourrais que revenir sur des questions que j'ai déjà traitées maintes fois, et 1l me reste à donner une idée de la théorie que le professeur de Wurtzbourg oppose à celle de Darwin. _ (1) La Vie et lu correspondance de Charles Darwin, publié par son fils Francis Darwin, traduit de l'anglais par M. Henri-Charles de Varigny, 1888, t. II, p. 20. GUBLER ET KŒLLIKER. 231 Kælliker, rejetant toute idée de modifications lentement progressives, admet la création en bloc (4) des organismes. Dès lors deux possibilités se présentent : « Ou bien tous les organismes sont autonomes (2) et sortis de germes spéciaux, d'où chacun d'eux s’est développé sous sa forme typique; c’est ce qu'on peut appeller la théorie de la création par génération spontanée. Ou bien il y a eu, soit une seule forme, soit un petit nombre de formes fondamentales, autonomes et indépen- dantes, d'où sont sorties toutes les autres (3). » C’est ce que le savant allemand nomme théorie de la création par géné- ration secondaire. Celle-ci peut s'effectuer par deux procédés différents : 4° par des variations lentes, réglées par le prin- cipe de la sélection naturelle de Darwin : 2° par des change- ments lents ou brusques, accomplis sous l'influence d'une seule loi de développement régissant la nature entière. C'est à cette dernière conception que s'arrête Kælliker, et il lui donne le nom de Théorie de la création hétérogène (4). Le savant allemand n'a pas exposé toutes les hypothèses auxquelles adonné lieu la croyance aux genérations spontanées. Il ne dit rien, par exemple, de celle de Burdach (5). Il se borne à signaler celles qui reposent sur l’idée d’une matière organique primitive, capable d'évolution et dont les cellules peuvent se développer isolément à la manière des germes ou des œufs. Ces phénomènes ne peuvent s'accomplir que dans un milieu liquide. On a imaginé un germe colossal, recouvert d’une sorte d’écorce, à l'intérieur duquel se seraient développés tous les êtres. Les animaux terrestres et aériens seraient sortis tout formés par les fentes de l'écorce, au fond d’étangs (1) Ces mots sont en francais dans le texte. (Ueber die Darwin'sche Schüpfungstheorie, p. 119). (2) « Selbständig. » (3) Ibid. (4) Ibid. (3) Burdach regarde la Terre comme ayant sa part de vie et admet que dans sa jeunesse elle a enfanté des organismes supérieurs, peut-être l’homme lui-même. Aujourd'hui, dans sa vieillesse, elle ne produit plus que des infusoires. (Traité de physiologie, traduit par Jourdan, t. 1, p.404.) 232 LES ÉMULES DE DARWIN. ou de lacs à demi desséchés, à peu près comme les jeunes serpents et les lézards sortent de l’œuf. Karl Snell, invoquant _les faits que présente l’histoire des insectes, pense au contraire que l’homme et les animaux supérieurs ont vécu longtemps sous des formes larvaires. Kælliker se borne à peu près à signaler ces conceptions singulières, qu'il regarde avec raison comme fantastiques (1). Moi-même je ne les mentionne que pour montrer une fois de plus la diversité des romans imaginés pour rendre compte de l’origine des espèces. Le savant allemand expose ensuite sa théorie de la généra- tion hétérogène. L'hypothèse fondamentale de celle-ei est que : « Sous l'influence d’une loi générale de développement, les germes produits par un être organisé donnent naissance à d'autres êtres qui diffèrent du parent. Ce résultat peut se réaliser de deux manières : 1° sous l'influence de circons- tances spéciales, des œufs fécondés donnent naissance à des formes supérieures ; 2° les organismes primitifs, sans féconda- tion aucune, en procréent d’autres qui ne leur ressemblent pas et qui proviennent de germes ou d'œufs (parthénogenèse) (2). » Kælliker ajoute : « Ma conception fondamentale est que tout le monde organique a pour base un grand plan de développement qui pousse les formes les plus simples vers des organisations de plus en plus complexes (3). » A l’appui de ce principe, il reproduit les considérations que Serres, Burdach, Darwin, etc., ont si souvent invoquées, chacun en faveur de ses doctrines personnelles, et emprunte ses arguments à l’histoire du développement. Dans ses premiers états, dit-1l, l'embryon d’un mammifere ne se distingue pas de celui d’un oiseau ou même de celui d’un reptile ; chez les animaux à métamorphose, les larves ressemblent souvent à des espèces bien caractérisées; au cours de son développement, l'embryon peut acquérir un crâne, un cerveau plus développés. Il n'est (1) Ueber die Darwin’sche Schüpfungstheorie, p. 180. (2) Ibid., p. 181. (8) Ibid, p. 184. GUBLER ET KŒLLIKER. 233 donc pas impossible que de l'œuf d’un reptile pérenni- branche (1) sorte un être ressemblant à un triton, à une salamandre ou à un reptile sans queue. Enfin les différences parfois très grandes qui, dans certaines espèces, séparent les mâles des femelles et celles qui caractérisent les mâles, les femelles et les neutres dans les colonies d'insectes, sont, pour Kælliker, autant de preuves qu'un œuf n’est pas néces- sairement destiné à produire toujours la même forme animale (2). Kælliker insiste principalement sur les faits de la généra- tion alternante. 1 en rappelle de nombreux exemples et en fait l'application à sa théorie. On sait en quoi consiste ce mode de reproduction. Dans les cas les plus simples, un animal pond un œuf fécondé d'où sort un fils ne lui ressemblant en rien et dépourvu d'organes génitaux, mais sur lequel poussent des bourgeons qui, en se développant, produisent des petits- fils semblables en tout à leurs grands parents. Le phénomène estsouvent bien plus complexe. Parexemple, l'œufd’une Aurélie rose (3) donne naissance à une très petite larve ciliée que l’on pourrait facilement prendre pour un infusoire. Cette larve se fixe et se transforme en un polype hydraire en forme de cornet d’abord isolé, mais dont la base pousse des ramifications sur lesquelles surgissent d’autres polypes semblables au premier (Scyphistoma). Plus tard l’un d’eux grandit plus que ses frères . et devient d’abord cylindrique (St{robila), puisil s’étrangle par places ; ces étranglements se creusent de plus en plus et ce polype finit par ressembler à une pile de soucoupes traversées et réunies par une ficelle. Bientôt cette ficelle se rompt; la (1) Ce sont des reptiles qui gardent pendant toute leur vie les branchies extérieures que d’autres espèces perdent en acquérant leurs formes définitives. 2?) Ueber die Darwin’sche Schôüpfungstheorie, p. 183. (3) Medusa aurita. C'est une belle Méduse dont l’ombrelle, presque hémisphérique et teintée de rose, porte sur son pourtour de nombreux tentacules courts et roussâtres. Cette espèce a été rendue célèbre par le mémoire relatif à son anatomie publié par Ehrenberg en 1839 (Mémotres de l'Académie de Berlin). 234 LES ÉMULES DE DARWIN. division s'achève; les tranches du strobile se détachent l’une après l’autre et se trouvent être devenues autant de petites Méduses très aplaties et dépourvues d'appareil reproducteur (Ephyra). Mais elles grandissent rapidement: leur ombrelle s’épaissit et se bombe; les sexes apparaissent, et on à autant d’Aurélies que le strobile comptait de divisions (1). Voici en quels termes Kælliker lui-même a résumé les arguments tirés par lui des phénomènes de la généagenèse. Après avoir déclaré qu'il ne connaît n1 les lois ni les causes qui agissent sur les œufs et les germes et qui poussent constam- ment les formes inférieures à s'élever de plus en plus, ilajoute: « Mais je puis au moins invoquer les analogies tirées de la génération alternante. Si une Bipinnaire, un Pluteus sont capables de produire un Échinoderme qui en diffère à tant d’égards, si un polype hydraire peut produire une Méduse plus élevée que lui en organisation. il ne paraîtra pas impossible qu'autrefois l'embryon cilié d’une éponge, placé dans des con- ditions spéciales, ait pu devenir un Polype hydraire ou que l'embryon d’une Méduse ait pu se transformer en Échino- derme (2). » Sans se prononcer positivement sur ce point, non plus que sur quelques autres, Kælliker déclare que l’on peut regarder le monde organique comme ayant eu pour point de départ soit une seule, soit plusieurs formes fondamentales (3). Toutefois il semble porté à admettre qu'il y en a eu deux, une pour les (1) On voit que, dans les cas de ce genre un œuf unique à donné naïis- sance à de nombreux individus, qui apparaissent successivement sous des formes différentes. Voilà pourquoi j'ai désigné l’ensemble de ces phénomènes par le nom de généagenèse (engendrement des générations). La génération alternante dont il est ici question n’en est qu'un cas par- ticulier. J'ai résumé les faits principaux qui s’y rattachent et j'ai montré leurs relations avec ceux de la génération ordinaire dans un petit volume intitulé : Mélamorphoses de l'homme et des animaux, 186?. Bien des faits de même nature ont été découverts depuis lors ; mais ils wont rien changé aux conclusions générales résultant de ceux que l’on connaissait il y a trente ans. (2) Darwin'sche Schüpfungstheorie, p. 184. (3) « Grundformen. » GUBLER ET KŒLLIKER. 235 animaux vertébrés, une autre pour les invertébrés. Il ne s'explique pas sur l'origine de ces proto-organismes et ne dit rien des végétaux. Il ajoute : « Chaque forme fondamentale a 4û avoir la faculté de se modifier en divers sens. Elles ont ainsi produit des espèces et celles-ci des genres qui, s'écartant de plus en plus les uns des autres, ont amené l'établissement des familles et des groupes plus élevés (41). » Le savant allemand fait à l'espèce humaine, prise au point de vue intellectuel aussi bien qu’au point de vue physique, l'application de ses hypothèses, « Si, dit-il, les idées fonda- mentales que j'ai émises à titre de conjectures sont justes, l'homme lui-même doit leur obéir. » Mais il n'entre dans aucun détail sur ce point. Il se borne à faire observer que le Néo-Hollandais et le Boschisman sont plus voisins du singe que l’Indo-Germain. Qui sait d’ailleurs, ajoute-t-il, s’il n'a pas existé des anthropomorphes plus semblables à nous que le Gorille et le Chimpanzé ou des races humaines inférieures à æelles que nous connaissons (2) ? Telle est la conception que Kælliker oppose à celle de Darwin et dont ilcherche rapidement à montrer la supériorité. ‘On doit reconnaître qu'elle présente certains avantages sur celle du savant anglais. En admettant la constitution brusque et en bloc des espèces nouvelles, on évite les objections tirées du croisement indéfiniment fertile entre les métis, aussi bien ue celles qui reposent sur l'absence d'innombrables inter- médiaires entre deux espèces dont l’une est la fille de l’autre. ‘Ce mode de transmutation, joint à la faculté attribuée aux germes de se développer en divers sens, permet de se passer des myriades de siècles exigés par le darwinisme pour rendre compte de la formation des faunes. Mais, à leur tour, les idées de Kælliker prêtent à bien des critiques. Je dois faire remarquer d’abord que cette conception n'est pas une véritable théorie, c'est-à-dire un ensemble de faits, (1) Darwin'sche Schüpfungstheorie, p. 184. (2) Ibid., p. 186. 236 LES ÉMULES DE DARWIN. ou tout au moins de principes, logiquement enchaînés, se dé- duisant les uns des autres et aboutissant à des conclusions. Elle consiste uniquement en un petit nombre d’hypothèses que rien ne relie entre elles et que l’auteur se borne à juxtaposer pour les besoins de la cause. Ce reproche s’adresse d’ailleurs à toutes les conceptions qui reposent sur l’idée d’une forma- tion brusque d’espèces nouvelles. Dans toutes, en effet, on com- mence par admettre la transmutation, c’est-à-dire la réalité d’un phénomène absolument hypothétique, dont on n’a jamais trouvé la moindre trace nulle part. Puis on imagine une cause, un procédé quelconque, que l’on suppose pouvoir produire ce phénomène. Owen, Mivart invoquent une tendance innée ; Geoffroy Saint-Hilaire, les actions de milieu; M. Thury, des germes spéciaux, etc. Kælliker fait comme les autres. Il admet d'emblée la transmutation, puis une loi qui pousse constam- ment les organismes à se perfectionner, puis un plan qui règle la marche du perfectionnement, tout en déclarant qu'il ne sait rien du mode d'action de ces lois et en invoquant seulement les analogies qu'il croit trouver dans l’histoire des générations alternantes. Huxley n’a pas eu de peine à montrer combien sont peu fondés les arguments tirés de cet ordre de faits. Le propre de la génération alternante est de ramener toujours au type du parent les formes animales diverses produites par un œuf fé- condé. Le cycle de ces formes larvaires se referme toujours. La tendance qui se manifeste ici est done toute de retour et, par conséquent, en opposition absolue avec l’idée que, de ce cycle, pourrait s'échapper une espèce nouvelle. Huxley, en in- voquant l'expérience, constate en outre que l’on ne connaît pas un seul fait de ce genre (1). Certes, je ne puis que donner raison à Huxley sur ce point. Mais Kælliker pourrait retourner aisément contre lui l'appel que le savant anglais fait ici à la réalité. Si l’on ne connait (1) Lay Sermons, p. 210. GUBLER ET KŒLLIKER. 237 pas une seule espèce nouvelle produite par les procédés de la génération alternante, on n’en connaît pas davantage dont l'origine puisse être attribuée à la sélection. Il est vrai que celle-ci est déclarée agir avec une telle lenteur qu'il est impos- sible d'en reconnaître les résultats, ce qui met ses partisans fort à l'aise. Mais les grandes et brusques variations sur Les- quelles Huxley revient dans cette critique des opinions de Kælliker (1) se passent sous nos yeux, et leurs effets nous sont connus. Or le bélier loutre (Ancon), fils d’une brebis ordinaire, n'est pas devenu le point de départ d’une espèce; il a donné naissance à une simple race dont la fécondité avec le type pa- rent n’a été en rien altérée. Jai rappelé ailleurs bien d’autres exemples du même genre (2). En se fondant sur ces faits, Kælliker aurait le droit, à son tour, de rejeter les analogies que Huxley a cru pouvoir invoquer à diverses reprises. C’est ainsi que ces diverses hypothèses sur l’origine des espèces se réfutent réciproquement, dès qu'elles se placent sur le terrain de l’expérience, de l'observation; et cela seul devrait suffire pour faire comprendre que, malgré l'appareil scientifique dont elles s’entourent, elles ne sont toutes, au fond, que des jeux d'imagination. Les théories du professeur de Wurtzbourg prêtent à bien d’autres observations. Pour lui, sous l'influence de circons- tances spéciales, une espèce nouvelle sort toute formée de l'œuf pondu par une espèce inférieure. Il ne fait en cela que repro- duire de tout point les idées que Geoffroy Saint-Hilaire a lon- guement développées. Bien avant Kælliker, l’antagoniste de Cuvier à admis que la transformation spécifique s'accomplit pendant la période de développement embryonnaire et que, par suite, un œuf de reptile, placé dans des conditions parti- culières, peut donner naissance à un oiseau. Mais l'illustre auteur de la Philosophie anatomique ne s’en est pas tenu là. Il (1) Lay Sermons, p. 271. (2) Voir l’article où j'examine la théorie de M. Mivart (Journal des sa- vants, février 1891) et, dans le présent ouvrage, t. II, p. 216. 238 LES ÉMULES DE DARWIN. a précisé la nature générale de ces conditions en les ratta- chant au milieu ; il a insisté sur le rôle des organes et de læ fonction de respiration; il a cherché à montrer le mécanisme de la transmutation (1). Malheureusement cette tentative lui a mal réussi, et a fourni à ses adversaires de sérieux arguments. pour le combattre. Kælliker se garde bien d'entrer dans de semblables détails. et s’en tient, comme on l’a vu, à de vagues généralités, à des possibilités. Or dans toutes les sciences, l’application est la. pierre de touche des théories, et cette épreuve a toujours été dangereuse pour les rares transformistes qui l’ont tentée. Elle- a constamment montré que leurs hypothèses conduisaient à. des conséquences inacceptables et, par conséquent, n'avaient. rien de vrai. En évitant de l’affronter, Kælliker a fait acte de prudence. Il n'aurait pas été plus heureux que Geoffroy Saint Hilaire. Mais, sans sortir des généralités auxquelles Kælliker s’est arrêté, il est facile de montrer que sa conception repose: sur une idée préconçue inexacte. Cette idée est que l'espèce nouvelle, résultant du développement d’un œuf ou d’un germe produit par une autre espèce préexistante, est, au moins à peu. près toujours, supérieure à celle-ci (2). Or cette notion d’un: progrès continu dans le développement du monde organique est en contradiction avec une foule de faits fournis par l’em- bryogénie, qu'invoque Kælliker, aussi bien que par la paléon- tologie, qu'il néglige. On sait que Carl Vogt a mis hors de doute comment et pour- quoi, le transformisme étant admis, l'embryogénie d'un ani- mal ne peut guère donner que des indications trompeuses sur les formes et l’organisation de ses ancêtres. Il faut que ce fait soit bien irrécusable pour avoir conduit Hæckel et ses disciples à (1, Sur le degré d'influence du monde ambiant pour modifier les formes animales (Mémoires de l'Académie des sciences, t. XI). (2) Kælliker seinble parfois admettre qu'une espèce donnée peut em produire d'autres de même rang qu'elle-même, quoique différentes. Mais,. dans tous les exemples qu'il cite et auxquels il demande les analogies. qu'il invoque, l'espèce parente est inférieure à l'espèce produite. et GUBLER ET KŒLLIKER. 239 inventer la cænogenèse ou évolution falsifiée (4). En demandant des arguments à cet ordre de phénomènes, Kælliker s'expose donc à commettre de nombreuses erreurs. Mais, les indica- tions fournies par l’embryogénie, fussent-elles aussi sûres qu'elles sont incertaines et trompeuses, s'ensuivrait-il que l’idée fondamentale du savant allemand fût justifiée par les faits? Non; car s'il est des animaux dont le développement est régulièrement progressif, il en est d’autres, et en grand nombre, où il affecte une marche remarquablement régres- sive. Kælliker s’est arrêter aux premiers et en a tiré des ana- logies en faveur de sa théorie; il n’a rien dit des seconds, qui conduiraient à des analogies et à des conclusions opposées. À coup sûr, pourtant, il connaissait tous les faits signalés par Vogt et ceux que l’on pourrait y ajouter. Comment n’a-t-il pas compris que, si l’histoire des Méduses pouvait conduire un transformiste à l'idée d’une évolution progressive, celle de bien des mollusques, de crustacés et de vers protestait contre toute généralisation de ce genre ? Enfin, lorsqu'on admet la filiation ininterrompue des êtres organisés et que l’on s'inquiète des rapports de supériorité ou d'infériorité existant entre les petits-fils et les ancêtres, n’est- il pas évident qu'il faut avant tout demander des renseigne- ments à la paléontologie? Cette science a été interrogée à ce point de vue par plusieurs naturalistes, entre autres par Huxley et par Vogt. J'ai dit ailleurs, avec quelques détails, quelles réponses ils en ont reçues (2). Je me borne ici à rappe- ler leurs conclusions. Le premier, après être revenu à diverses reprises sur la question, a résumé le résultat de ses études en termes formels : « On ne saurait concevoir, dit-il, qu’une théorie quelconque impliquant un développement nécessaire- ment progressif puisse se maintenir. » Le second, discutant les (1) Voir les articles que j'ai consacrés à l'examen des théories de Vogt de Hæckel (Journal des savants, 1889 et 1890). (2) Voir mes articles sur Carl Vogt et sur Huxley (Journal des savants, 1889 et 1890). 240 LES ÉMULES DE DARWIN. généalogies dressés par Hæckel, a montré que, en fait, dans une foule de cas, la dégradation successive des types remplace le prétendu progrès incessant qu'on leur avait attribué ; et il conclut en disant : « On sera forcé de reconnaître que les animaux moins compliqués doivent leur existence à une longue série de transformations... et qu'ils doivent former les termes finaux et non les souches des séries phylogéniques. » En d’autres termes, l'opinion de Vogt est qu'il faudra pour ainsi dire retourner ces généalogies, fondées sur un a priori semblable à celui qu'a admis Kælliker. Enfin M. Grand'Eury a montré que le règne végétal présente des faits semblables (1). Ces témoignages, aussi autorisés que peu suspects, montrent jusqu’à l'évidence que l’idée fondamentale (2) sur laquelle repose la conception de Kælliker est en contradiction avec une foule de faits constatés dansles deux grandes divisions du monde organique. Cette théorie ne peut donc être acceptée par qui- conque tient quelque peu comptedes résultats de l’observation. Mais, tout comme Darwin et ses disciples, se fondant sur le nombre des premières générations obtenues par le croise- ment du blé et de l’ægilops, du lièvre et du lapin, du boue et de la brebis, etc., ont pu penser un moment que la barrière physio- logique entre espèces n’est pas indestructible, de même Kælli- ker a pu croire par deux fois que l'observation directe venait justifier ses conceptions théoriques. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ces deux faits et d'entrer dans quelques détails. Le premier de ces faits se rattache à l’histoire des rayonnés marins. Au cours de ses belles études sur les Méduses, Hæckel avait cru reconnaître qu'une espèce du genre Cunina poussait par bourgeonnement, autour de l'orifice qui sert à la fois de bouche et d’anus à ces animaux, sur une espèce du genre Geryonia (3). Au bout d’un temps donné, les sexes se seraient (1) Traité de géologie, par M. de Lapparent, 2° édit., p. 802. (2) « Grundgedanke » (op. cit., p. 184). (3) On a new form of alternation of generation in the Medusa (Annals ard Magazine of Natural History, 1865). GUBLER ET KŒLLIKER. 2#1 caractérisés chez ces Cunina, qui auraient pu ainsi se propa- ger indépendamment des Geryonia. Tout en reconnaissant que ses observations avaient besoin d'être confirmées et com- plétées, Hæckel crut pouvoir conclure qu'il y avait là pro- bablement un exemple de formation d'espèce par Aétéro- genèse. Les phénomènes, tels qu'ils étaient présentés par le pro- fesseur d'Iéna, se prêtaient pourtant à une interprétation plus simple, et un savant anglais, Allman, n’y vit qu'un cas de génération alternante. Mais ce fut Steenstrup, l’éminent naturaliste danois, qui reconnut leur vraie nature et découvrit la méprise qui avait donné lieu à bien des discussions. Il démontra, par des observations directes, que les prétendus bourgeons ne sont que des larves de Cunina, qui viennent se fixer autour de la bouche-anus des Geryonia pour se nourrir des déjections qui en sortent. Ce que l’on avait pu croire un moment être un phénomène d’hétérogenèse s’est ainsi trouvé ramené à n'être qu'un cas de parasitisme analogue à bien d’autres (4). Le second fait, bien plus curieux que le précédent, s’est pro- duit au Muséum, chez ces batraciens que l’on a appelés urodèles (2), parce qu'ils gardent pendant toute leur vie la queue que les anoures ne possèdent qu'à l’état de téêtards (3). Jusqu'à ces derniers temps, les naturalistes admettaient qu'il existe, notamment dans l'Amérique du Nord, deux genres de ces reptiles différant profondément l’un de l’autre par les caractères extérieurs et anatomiques, aussi bien que par leur genre de vie. Les uns, les Axolotls, ne vivent que dans l’eau ; ils ont à la fois des poumons et des branchies extérieures en forme de belles houppes; leur queue, largement comprimée, est doublée, comme chez nos Tritons, par une sorte de crête, qui en fait un excellent organe de natation. Les Amblystomes (1) Je ne sais pas si Steenstrup a publié ce travail, mais, pendant mon séjour à Copenhague il a mis sous mes yeux des pièces et des prépara- tions qui ne laissaient aucun doute sur l'exactitude des résultats. (2) Salamandres, tritons, etc. (3) Grenouilles, crapauds, etc. DE QUATREFAGES. — Émules de Darwin. Il, — 146 2492 LES ÉMULES DE DARWIN. n'habitent que la terre, n'ont pas de branchies, et leur queue est arrondie et sans crête. Or, en 1864, le Muséum reçut six Axolotls pris dans le lac de Mexico. L'un d'eux était une femelle qui pondit l’année suivante un très grand nombre d'œufs d’où sortirent autant d’Axolotls. Au boutdecinqmois,ceux-cinese distinguaient pres- que plus des parents. Mais, à ce moment, quelques-uns d’entre eux présentèrent des changements étranges. Les branchies, la crête caudale diminuèrent progressivement ; la queue s’arron- dit; les formes générales se modifièrent; et, dans l’espace de seize jours, ces Axolotls présentèrent tous les caractères extérieurs des Amblystomes. Le professeur qui dirigeait alors la ménagerie des reptiles, Auguste Duméril, s’assura que la métamorphose avait atteint de même toutes les parties de squelette, et enfin, grâce à l'emploi du microscope, il constata dans les nouveaux Amblystomiens l'existence d'éléments màles et femelles bien reconnaissables, quoique incomplète- ment développés. Certes, si Kælliker avait pu connaître ces faits lorsqu'il écrivait son mémoire, il n’eût pas manqué d’y voir la confir- mation expérimentale de sa théorie. À ceux qui les auraient expliqués en regardant les Axolotls comme autant de larves kestinées à se changer en Amblystomes, comme les têtards se changent en grenouilles ou en crapauds, il aurait pu répondre que ces dernières métamorphoses sontconstantes et régulières, tandis que chez les Axolotls le phénomène est à la fois très rare et très irrégulier. En effet, à l’époque où j'abordai cette question pour la première fois (1), au Muséum, sur plus de trois mille individus nés dans nos aquariums, vingt-neuf seulement s'étaient transformés; et le fait ne s'était reproduit que deux fois à Wurtzbourg et à Naples, bien que Duméril eût répandu par milliers ces singuliers reptiles dans tout le reste de l’Europe. Pour ces motifs et pour d’autres qu'il est inutile (1) En 1870, dans l'ouvrage intitulé Charles Darwin et ses précurseurs français. GUBLER ET K(ŒLLIKER. 243 d’énumérer ici, la question des rapports existant entre les Axolotls et les Amblystomes est restée longtemps une sorte d'énigme scientifique. C'est au successeur de Duméril, M. Léon Vaillant, que revient l'honneur de l'avoir résolue. Mon savant collègue publiera sous peu avec détailles observations et les expériences qu'il a faites à ce sujet; mais il a bien voulu m'autoriser à en faire connaître les résultats généraux, que l’on peut résumer dans les termes suivants : Les Axolotls et les Amblystomes ne forment qu’une seule et même espèce, dont les premiers sont la larve et les seconds l'animal parfait (1). M. Vaillant obtient à volonté la métamor- phose qui jusqu’à lui semblait être exceptionnelle. Il lui suffit pour cela de placer les Axolotls, qui ne se sont pas encore reproduits, dans un bassin peu profond et dont l’eau est maintenue à une température suffisamment élevée. Les Amblystomes ainsi obtenus sont mâles et femelles. Celles-ci pondent des œufs fécondés d’où sortent de véritables Axolotls. La tendance à se métamorphoser est plus grande chez ces fils d’Amblystomes que chez les Axolotls issus de la forme lar- vaire. En somme, il s’agit ici d’une simple métamorphose toute semblable à celles d’autres espèces plus ou moins voisines, mais sur l'accomplissement de laquelle les actions de milieu exercent une influence des plus remarquables. On voit que l’histoire des C'unina et des Axolotls doit donner à réfléchir. Elle nous apprend que la théorie de Kælliker, pas plus que n'importe quelle autre conception transformiste, ne peut invoquer en sa faveur aucun fait ; surtout elle montre une fois de plus avec quelle méfiance il est sage d'accueillir les ré- sultats d'expériences et d'observations incomplètes, quand ces résultats vont à l'encontre des faits généraux les mieux établis. (1) Ainsi se trouve justifiée l'opinion de Cuvier, qui, malgré les témoi- gnages unanimes de ses contemporains, n’a placé qu'avec doute les Axo- lotls parmi les batraciens à branchies persistantes (Règne animal, nouvelle #dition, 6. 11, p. 119). CHAPITRE XI THURY ET D'OMALIUS D'HALLOY (1). I. — La conception de M. Thury, professeur de botanique à l’université de Genève, au sujet de l’origine et de la succession des êtres organisés, diffère à peu près en tout de celles que j'ai exposées jusqu'ici. On ne peut d’ailleurs lui reprocher de s'être inspiré des idées d'autrui, car il à fait connaître les siennes huit ans avant que Darwin eût publié son livre sur l’Origine des espèces, par conséquent bien avant le grand mouvement transformiste provoqué par l'ouvrage du savant anglais (2). En outre, il s’est montré d’abord bien moins ambitieux que la très grande majorité de ses émules. Dans son premier mémoire, il ne dit rien de l'apparition de la vie sur notre globe et repousse l’idée de la génération spontanée (3); il déclare vouloir laisser de côté les questions soulevées par l'existence de types ne se rattachant à aucun de ceux qui (1) Disserlation sur la nature du lien des faunes paléontologiques, avec l'indication d'une nouvelle hypothèse sur ce sujet, par M. Thury (Bibliothèque universelle de Genève, 1851, tiré à part); Une hypothèse de l’origine des espèces, par le même (Archives des sciences physiques et naturelles, 1882, tiré à part). — Discours sur la succession des êtres vivants, par M. d’Oma- lius d'Halloy (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 1846 et 1850); Lecture sur le transformisme, par le même (Jbid., 18173); Mémoire sur l’es- èce et Note sur l'accord entre les sciences naturelles et les récits bibliques (Eléments d'ethnographie, 5e édition ; Appendice, 1860). (2) L'ouvrage de Darwin a paru en 1859. Le premier mémoire de M. Thury est de 1851. (3) Dissertation, p. 8, note. THURY. 245 les ont précédés (1). Pour lui, même dans son second travail, « la variété des types spécifiques est due, avant tout, à l’action d'une cause intérieure inconnue, qui travaille dans un sens déterminé et pousse à la production de nouveaux types (2) ». On voit que M. Thury a reproduit ici, sans s’en douter, comme l'ont fait plus tard Owen et M. Mivart, l'hypo- thèse de Prosper Lucas relative à l’innéité (3), et que, lui aussi, est allé plus loin que le physiologiste français, en attribuant à sa cause inconnue le pouvoir de donner naissance, non seulement à des variétés et à des races, mais encore à des espèces. Je crois inutile de reproduire ici les réflexions que j'ai faites à ce sujet dans les chapitres précédents (4). Ainsi, au début de ses études sur cette question, M. Thury laissait de côté la plupart des faits les plus frappants que présente la paléontologie. Le seul dont il paraissait vouloir rendre compte est celui qui a vivement frappé d'Omalius, savoir la succession, dans les couches superposées de l’écorce terrestre, d'espèces voisines et représentant le même type plus ou moins modifié. Plus tard il s’est enhardi et a étendu le champ de ses hypothèses. Il en a fait une théorie générale qu'il compareet oppose, sans faire aucune réserve, à celle de Darwin. Le savant genevois s’en fût-il tenu à son premier pro- gramme, ce point de vue, en apparence restreint, n'en aurait pas moins embrassé la question fondamentale, qui peut se formuler dans les termes suivants : Les espèces ont-elles apparu de tout temps indépendamment les unes des autres? ou bien les plus récentes descendent-elles en tout ou en partie des plus anciennes, par voie de filiation directe? Les transformistes sont unanimes pour répondre affirmativement à cette dernière alternative. Mais on a vu que, d'accord pour affirmer l'existence d’un fait qu'ils avouent n’avoir jamais été (1) Dissertation, p. 6. (2) Hypothèses, p. 133. (3) Trailé philosophique el physiologique de l'hérédité naturelle, par le docteur Prosper Lucas, 1841. (4) T. I, page 108 et t.1I, pages 200 et 215. 246 LES ÉMULES DE DARWIN. observé, 1ls diffèrent et se contredisent mutuellement dès. qu'il s'agit d'indiquer les causes qui sont censées le produire étles phénomènes que l’on suppose l'accompagner. Sur toutes ces questions, chacun d'eux a sa théorie personnelle. M. Thury, devançant toutes les hypothèses émises depuis une quaran- taine d'années, a formulé la sienne à une époque où le débat n'existait qu'entre les disciples de Cuvier et ceux de Lamarck ou de Geoffroy. Or, à ce moment, l'attention publique ne se portait plus guère sur les problèmes de cette nature. Voilà sans doute, en partie, pourquoi cette théorie est bien moins connue que celles dont on s’est préoccupé si vivement depuis l'apparition du livre de Darwin. Mais M. Thury est revenu plus tard sur les questions qu'il avait soulevées. Il a développé et précisé ses idées pour les comparer à celles du savant anglais; il a pris part ainsi aux discussions contemporaines, et c’est bien ici qu'il doit prendre place dans une histoire du transformisme. IT. — Dans son premier mémoire, l’auteur examine seule- ment le cas de deux espèces, évidemment très voisines, et dont l’une succède immédiatement à l’autre. La plus ancienne est pour lui l'espèce antécédente ; la plus récente est l'espèce subséquente. Sans jamais sortir du terrain strictement scien- tifique, il énumère les diverses hypothèses auxquelles peut conduire la notion générale d’un lien direct existant entre elles. Cette partie du travail de M. Thury, présentée sous une forme rigoureusement didactique, ne saurait être analysée. Pour en donner une idée, il faudrait la reproduire en entier, et je dois renvoyer le lecteur au mémoire lui-même. Elle est d’ailleurs intéressante en ce qu’elle montre, à elle seule, com- bien est mal fondée une assertion reproduite bien des fois, savoir que l’on ne saurait imaginer aucune doctrine pouvant trouver place à côté du créationisme absolu et du transformisme entendu à la facon de Lamarck ou de Darwin. Sans faire intervenir aucune action surnaturelle et en partant d'une THURY. 247 seule donnée que j'indiquerai tout à l'heure, M. Thury montre que la filiation des espèces peut être comprise de six manières différentes. Il discute en peu de mots ces diverses hypothèses, en rejette cinq comme étant plus on moins improbables et s'arrête à celle qui lui semble s’accorder le mieux avec les faits. Cette dernière, exposée avec quelque détail par l’auteur dans son second mémoire, est la seule qui doive nous arrêter. IL. — Dans la doctrine de la descendance, qui est celle de Lamarck, de Darwin et de leurs disciples, un organisme se transforme tout entier pour donner naissance à un autre. Il y a donc là une véritable mélamorphose qui, pour s’accomplir très lentement, n’en est pas moins réelle. A cette hypothèse M. Thury oppose ce qu'il nomme la {héorie des germes. Par ce dernier mot il désigne « toute portion de la substance d’un être qui s'organise en un autre être (1) ». A ce compte, le bour- geon, la graine et l'œuf méritent également cette appellation, et c’est aux faits bien connus, présentés par ces corps repro- ducteurs qu'il emprunte les analogies pouvant venir à l'appui de sa conception. Le savant genevois, prenant d’abord un exemple dans le règne végétal, rappelle que les plantes se reproduisent par bourgeons aussi bien que par graines. La reproduction par bourgeons, sur laquelle reposent tous les procédés généagé- nétiques (bouture, marcotte, greffe) donne naissance à des in- dividus à peu près constamment identiques à la plante mère, ou ne différant d'elle que dans les limites des traits indivi- duels. Il est facile de comprendre qu'il en soit ainsi; car le bourgeon, organisé sur place par la multiplication et la spé- cialisation des cellules de cette plante, en fait réellement partie; en se développant, il ne fait que la répéter. La reproduction par bourgeons est donc un procédé des plus simples. Il en est autrement dela reproduction par graines. (1) Disserlation, p. 7. 248 LES ÉMULES DE DARWIN. La fleur est comme un petit monde à part, qui a ses organes, ses phénomènes physiologiques propres, où les sexes appa- raissent, où l'embryon se constitue dans des conditions d’in- dépendance. Aussi la plante qui résulte de son développement differe-t-elle souvent d’une manière notable de celle qui lui a donné naissance. En somme, lorsqu'on veut multiplier une plante en lui conservant tous ses caractères, on a recours aux bourgeons; lorsqu'on veut obtenir des formes nouvelles, on emploie les semis. La reproduction par graine enfante donc des germes de variétés. Eh bien, nous dit M. Thury, l’analogie autorise à concevoir qu'un procédé plus étendu, plus complexe que celui dont la graine est le résultat amènerait la formation de germes qui, en se développant, s’écarteraient bien davantage du type spé- cifique et donneraient naissance, non plus à de simples varié- tés, mais à des espèces distinctes. Le savant genevois admet l'existence de ces germes et les appelle progr'essifs, parce que l'espèce subséquente est généralement supérieure à l’espèce antécédente, ou telluriques, parce qu’il rattache leur forma- tion et leur développement aux révolutions géologiques (4). IL admet en outre que les individus produits par ces germes spé- ciaux rentreraient d'emblée dans la loi commune et se propa- geraient seulement par des bourgeons et des graines semblables à ceux que nous connaissons (2). Une espèce nouvelle se trou- verait ainsi constituée. Aux époques de crises géologiques, cette espèce réaliserait d'ordinaire un progrès relativement à celle qui lui a donné naissance ; tandis que, dans les périodes de tranquillité, semblables à celles que nous traversons, le phénomène serait peut-être inverse (3). (1) Dissertation, p. 9. (2) Hypolhèse, p. 131. (3) Dissertalion, p. 10. M. Thury pensait que l’on expliquerait ainsi les faits jusqu'alors inexpliqués qui avaient fait croire à la génération spontanée. Mais au moment où il s’exprimait ainsi, M. Pasteur n'avait pas encore publié ses belles et décisives expériences sur ce sujet. A coup sèr, M. Thury ne répéterait pas aujourd'hui ce qu’il écrivait en 1851. TUURY. 249 M. Thury pense en effet que l’ensemble des temps géolo- giques se décompose en périodes de tranquille développe- ment et en époques de crises, durant lesquelles toute la nature est comme en travail (1). Les crises ne sont d’ailleurs que le résultat de causes, de changements sans cesse à l’œuvre, dont les effets, lentement accumulés, amènent des bouleversements périodiques (2). On voit que cette doctrine des crises, ainsi en- tendue, est exactement celle qu'Élie de Beaumont a constam- ment soutenue, et il est à regretter que le nom de notre grand géologue ne figure pas dans le mémoire du savant genevois (3). Quoi qu'il en soit, en invoquant toujours les analogies que lui fournissent le bourgeon et la graine, M. Thury explique comment il comprend la formation des germes d'espèce. Les cellules du bourgeon font d’abord partie intégrante de la mère ; au contraire, dans la graine, les premières cellules de l'embryon s'organisent dès l’origine en vue de leur destination propre. L'auteur en conclut que la préparation d’un nouveau type commence d'autant plus tôt que ce type est plus indépen- dant, et que, par conséquent, une espèce nouvelle doit être préparée de longue main dans l'espèce souche. En outre, le bourgeon est produit par un élément unique, représenté par les cellules du parent qui se multiplient, tandis que la forma- tion d’un être nouveau dans la graine exige le concours de deux éléments, l’un mâle et l’autre femelle, dont l’action finale a été préparée longtemps à l'avance. On peut donc croire que des influences beaucoup plus éloignées et d'un genre inconnu interviennent entre des espèces fort différentes pour produire des germes capables de donner naissance à des types spéci- fiques nouveaux. On expliquerait ainsi les faits qui ont con- (1) Hypothèse, p. 139. (2) Zbid., p. 131. 3) On a dit, et on répète parfois encore, qu'Élie de Beaumont faisait pousser les montagnes comme des champignons. J'ai trop souvent en- tendu celui dont Agassiz, au fort de leurs discussions, disait : « C’est notre maître à tous », pour partager cette erreur, dont M. de Lapparent a fait justice dans son excellent Trailé de géologie, 2° édition, p. 1438. 250 LES ÉMULES DE DARWIN. duit Linné à sa théorie de la multiplication des espèces par voie d'hybridation (1). Les germes telluriques ne s'organisent qu'aux époques où le globe doit subir quelqu'une de ces révolutions dont il porte partout les traces. À ce moment, « sous l'influence des mêmes causes générales qui amènent la crise, les nouveaux modes de reproduction sont complétés ou mis en jeu ». Mais les ébran- lements de la croûte terrestre ne se produisent pas partout avec la même intensité. La lutte n’atteinttoute sa violence que dans une seule région. Là, la plupart des espèces existantes sont anéanties. Alors les germes qu’elles recelaient sont dis- persés dans les eaux et dans le sol. Ces germes sont incorrup- tbles et inaltérables. Ils résistent aux cataclysmes et se déve- loppent lorsque le calme renaïit, à l’aurore des temps nouveaux. De leur berceau, que l’auteur appelle la région de combat, les espèces nouvelles serépandent graduellement dans les contrées d’alentour et se mêlent à celles qui ont survécu. Aïnsi se forment les flores et les faunes caractéristiques des parties du globe que l’on a appelées des centres de création ou d’appari- lion (2). On voit, pour employer les expressions de M. Thury, que chacun d’eux est le résultat d’une palingénésie spéciale et que les époques critiques sont en mème temps palingénésiques. Toutes les considérations précédentes s’appliquentégalement aux plantes et aux animaux ; Car on sait que parmi ces derniers il en est qui se multiplient par bourgeons aussi bien que par œufs, et l’œufest l’analogue de la graine. On sait en outre que, chez certains d’entre eux, le mode supérieur de reproduction, l’oviparité peut se montrer assez rarement pour rester inconnu pendant longtemps. Trembley a étudié pendant de longues années, et avec une admirable sagacité, le bourgeonnement chez l'hydre d’eau douce. Il ne soupçonna même pas qu'à un moment donné cet animal produit à la fois des œufs et les élé- ments nécessaires pour les féconder. Il est done permis d’ad- (1) Hypothèse, p. 141. (2) Ibid., p. 139. L THURY. 251 mettre que nous ne connaissons pas tous les procédés par les- quels les êtres vivants se multiplient. « Nous ne voyons pas à l’œuvre aujourd'hui le mode de reproduction qui donne lieu à des espèces nouvelles, parce que... l’époque actuelle n’est pas un temps de formation, mais de simple développement (1). » IV. — Ainsi les faunes et les flores successives auraient éga- lement pour point de départ les germes telluriques préparés par les animaux et les vegétaux de l’époque géologique précédente. Mais la différence du monde de nutrition dans les deux règnes soulève une question spéciale. Les végétaux seuls empruntent à la matière morte des éléments chimiques qu'ils élaborent et transforment en tissus organisés ; avec ou sans intermédiaires, tous les animaux vivent aux dépens des végétaux. Comment pourra se nourrir l'espèce de fœtus produit par un germe tel- lurique animal? Ici M. Thury emprunte une nouvelle analogie aux faits em- bryogéniques. Le mode de nutrition est immédiat dans le bourgeon, qui se développe comme un simple organe ; il est médiat et indépendant de la mère dans la graine et dans l'œuf. Il n’est donc pas impossible que cette indépendance soit por- tée encore plus loin et que le nouvel être puisse vivre et gran- dir gràce à quelque organisme temporaire spécialement appro- prié à la fonction nourricière. En somme, dit M. Thury, l’ani- mal et la plante sont aujourd'hui distincts et séparés. Mais l'être vivant complet doit avoir possédé les propriétés générales de l'un et de l’autre. « Ainsi, partout où le développement de l’ani- mal sera originelet complet il devra commencer par une végéta- tion de plante (2). » Cette plante, ajoute l’auteur, se nourrit et se développe aux dépens de l'air et du sol; elle élabore les élé- ments du corps futur et finit par produire un fruit qui est la nouvelle espèce animale (3). (1) Hypothèse de l'origine des espèces, p. 136. (2) Jbid., p. 143. (3) Dissertation, p. 11. M. Thury déclare du reste que ces dernières 252 LES ÉMULES DE DARWIN. V. — Telle est la conception que M. Thury oppose à celle de Darwin. Dans son second mémoire, assez brièvement du reste, il cherche à montrer que la théorie des germes s'accorde avec les faits mieux que celle du savant anglais, et on doit reconnaître que sa prétention est fondée pour un certain nombre de cas(1). Par exemple, il est évident qu'en admettant le passage brusque d’une espèce à l’autre, sans autre intermédiaire que le germe tellurique, enfanté par la plus ancienne, M. Thury sup- prime l’innombrable série des formes intercalées qu’exige le darwinisme et dont on n’a pu encore montrer la moindre trace. Par cela même aussi, il rend inutile l’accumulation des my- riades de siècles nécessaires, d’après Darwin, pour donner naissance aux faunes et aux flores successives. Sa théorie échappe ainsi à deux objections très graves que l’on a opposées au darwinisme et qui n’ont pas encore été réfutées. Les hypothèses de M. Thury peuvent encore être regardées comme séduisantes à un autre point de vue. Dans la concep- tion de Darwin, les révolutions géologiques n’interviennent qu'à titre d'accident pour rompre la continuité de certaines terres et amener ainsi la formation de faunes et de flores distinctes, qui se caractérisent et s’isolent de plus en plus, ou pour souder des régions jusque-là séparées et favoriser par là le mélange des espèces vivantes. Dans celle de M. Thury, les mondes organique et inorganique sont intimement reliés. Les mêmes causes produisent simultanément les révolutions accomplies dans l’un et dans l’autre. Ici encore, il aurait pu en appeler à l’analogie, et il est même assez singulier qu'un savant genevois ait négligé celles que lui offrait l’his- toire des pucerons, si bien faite par un de ses compatriotes. analogies « sont des conséquences naturelles mais non pas nécessaires de la théorie des germes » (Hypothèse, p. 143). Dans son premier mé- moire, il fait l'application de sa théorie à l'Homme, qui serait lé fruit d'une plante sortie du germe produit probablement par un singe. I ajoute que l’on peut concevoir que l'homme lui-même laisse après sa mort un germe tellurique incorruptible capable de se développer plus tard. Il ne dit d’ailleurs rien de ces spéculations dans son second travail. (1) Hypothèse, p. 131 et suiv. THURY. 293 On sait en effet comment les belles expériences de Bonnet ont mis hors de doute que les pucerons, dont les colonies immobiles font souvent tant de ravages dans nos cultures, ne sont que les larves de jolis insectes ailés. Pendant toute la belle saison, ces larves se reproduisent et se multiplient d’une manière désolante par un véritable bourgeonnement interne. Mais, à l'approche de la mauvaise saison, quand la tempéra- ture baisse, il naît une génération nouvelle. Le corps se trans- forme, les ailes poussent, les organes reproducteurs se développent, et les femelles pondent des œufs que les mâles ont fécondés et qui passeront l'hiver pour éclore au printemps. On voit que les mêmes causes générales produisent, sur notre globe le changement de la saison et, chez les pucerons, l'apparition du mode supérieur de reproduction. En employant le langage de M. Thury, on peut dire que, pour le premier, les débuts de l'hiver sont une époque crilique, et une époque palingénésique pour les seconds. Malheureusement il ne sort jamais que des pucerons des œufs pondus en automne. Mais on voit que l’ensemble des phénomènes prêterait à des rappro- chements aussi plausibles que bon nombre de ceux qu'a faits Darwin et qui auraient l'avantage de relier des faits générale- ment regardés comme d'ordre différent. En revanche, l'avantage revient au savant anglais lorsqu'il s’agit de la répartition géographique des êtres organisés. Dans la doctrines des crises, l'influence palingénésique, agissant dans une région de combat, s'exerce sur tous les êtres. Cette partie du globe doit donc devenir centre de création pour tous les animaux; pour tous les végétaux qui la peuplent, et c’est bien ainsi que M. Thury a compris que les phénomènes se sont passés (1). On voit qu'il partage sur ce point les idées d’Agassiz (2). Mais on sait aujourd'hui combien ces idées sont (1) Hypothese de l'origine des espèces, p. 132. (2) Sketch of the natural provinces of the animal world and their rela- tions to the different types of Man. Ce mémoire est placé en tête du grand ouvrage de MM. Noîtt et Gliddon intituls : Types of Mankin1. 254 LES ÉMULES DE DARWIN. peu fondées. Il suffit de rappeler que l’Australie, qui, au point de vue mammalogique, constitue un centre absolument dis- tinct et isolé, n’est plus qu’une partie d’un centre beaucoup plus étendu, embrassant la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle- Calédonie, dès qu'il s’agit des insectes. La doctrine des crises et des germes telluriques est dont ici en défaut, tandis que la théorie des genres dominants et des migrations, imaginée par Darwin, rend compte d’une manière satisfaisante de ce fait et de faits analogues. L'hypothèse de M. Thury est encore inférieure à celle de Darwin sur un point d'importance capitale. Pour qui accepte la doctrine de la transformation lente, de ses causes et de ses lois telles que les a formulées le savantanglais, l'établissement et le maintien du cadre général où ont trouvé place tous les êtres organisés sont dus au jeu normal des forces naturelles. Il en est autrement pour les théories admettant le passage brusque d’une espèce à une autre, qui ont été émises jusqu'ici. Chez elles, pour rendre compte de la constitution des faunes et des flores, on ne trouve que le hasard dont M. Thury ne veut pas avec raison, ou l'inconnu, qu'il invoque mais qui n’explique rien, ou enfin l'intervention de la cause première, à laquelle ont recouru Owen, Mivart, Naudin, etc., intervention qui supprime toutes les difficultés, mais en nous entraînant bien loin des vrais domaines de la science. VI. — Au reste, quelques avantages que présentàt la con- ception de M. Thury au point de vue de l'explication des phénomènes, elle ne pourrait guère rallier que de rares adhérents. Elle est trop foncièrement hypothétique. Le savant genevois invoque l’analogie comme pouvant motiver ce qu'il dit de ces germes telluriques. Mais il me semble prêter à ce mot un sens différent de celui qu'on lui donne habituellement. Pour employer le langage mathématique, en ajoutant arbi- trairement un ferme à la série des modes de reproduction connus, il fait une véritable extrapolation, que pourraient jus- TAURY. 255 tifier seulement des conséquences au moins probables. Mais il est difficile d'accepter comme telle l'existence de ces germes indestructibles, qui survivent aux révolutions du globe et qui, organisés dans une espèce animale, se développent sous la forme de plantes dont le fruit est un nouvel animal. Toutefois la pensée d'aller chercher dans les divers modes de reproduction actuels des données applicables au développe- ment des règnes organiques a quelque chose d'ingénieux, même de séduisant. La preuve en est qu’un botaniste distingué comme Gubler (1), des savants éminents comme Kælliker (2) et M. Naudin (3) ont suivi le professeur de Genève dans la voie qu'il a le premier tracée, ouvrant ainsi un champ presque illimité aux esprits spéculatifs. A ce titre, et quoi qu'on puisse reprocher à cette théorie, une place lui était due dans l'histoire du transformisme moderne. Dans son premier mémoire, par conséquent bien avant l'apparition des doctrines, qui ont attiré l'attention publique depuis une trentaine d'années, M. Thury a fait à l'Homme l'application de ses idées au sujet de l’origine et de la filiation des espèces (4). À ses yeux, ce que nous savons des moyens mis en œuvre par la Providence divine, la création du corps vivant de l’homme à dû s'accomplir par des moyens na- turels. Il a dit précédemment que chez les animaux et les plantes, il existe un lien organique entre deux espèces dont l’une succède à l’autre sans s’écarter outre mesure du même type. Or l’homme physique continue le type du singe. C'est done très vraisemblablement à ce dernier qu'il se rattache par son (1) Préface d’une réforme des espèces fondée sur la variabilité res- treinte des types organiques en rapport avec leur faculté d'adaptation au milieu (Bulletin de la Sociélé botanique de France, 1862). (2) Archives des sciences physiques el naiurelles, 1864. (3) Les espèces affines et l'évolution (Builetin de la Sociélé botanique de France, 1874). 4) Dissertation sur la nature du lien des faunes paléontologiques suc- cessives, avec l'indication d’une nouvelle hypothèse sur ce sujet (Biblio- thèque universelle de Genève, 1851, tiré à part). 256 LES EMULES DE DARWIN. origine (1). Mais, ceci admis, on peut former diverses hypo- thèses quant au procédé par lequel l'espèce humaine s'est détachée du type simien. 1° L'homme peut être un singe perfectionné. — L'auteur ne dit pas si ce perfectionnement se serait accompli chez un individu privilégié ou s’il aurait été le résultat d’une suite de générations. Quoi qu'il en soit, il semble se rapprocher ici des vues émises antérieurement par Lamarck (2). 2° L'homme peut avoir été porté et nourri par un singe. — Si Geoffroy Saint-Hilaire s'était occupé de notre origine, c'est probablement à cette solution qu'il se serait arrêté, puisque, selon lui, un oiseau peut sortir immédiatement de l’œuf d’un reptile. 3° L'homme peut dériver du singe par l'intermédiaire de métamophoses successives, soit que le corps du singe joue le rôle de chrysalide, soit qu’un germe abandonné par le singe devienne le corps de l’homme à la suite de métamorphoses successives. — On voit qu'ici M. Thury ouvre aux spéculations un champ qui n'a d’autres limites que celles des phénomènes si multipliés et si variés de la métamorphose et de la généa- genèse. C'est là que l’ont suivi Gubler, Kælliker et Naudin. 4 Enfin, le premier germe de l’homme est le dernier résultat d’un long travail paléontologique dans la série des vertébrés : «C’est un germe tellurique végétant d’abord comme une plante; il recueille au loin la poudre de la terre, et du sein de cette plante mystérieuse naît le premier Adam, dont la postérité sort de lui par un autre moyen, parce que le premier n’est plus nécessaire. » Sans rien dire de spécial au sujet de l'homme, c’est à cette dernière hypothèse que M. Thury s’est arrêté dans son second mémoire en parlant des animaux et des plantes (3). (1) Dissertation, etc. p. 12. (2) Quelques observations relatives à l’homme (Philosophie zoologique. t. |, appendice). (3) Une hypothèse sur l’origine des espèces (Bibliothèque universelle de Genève; Archives des sciences physiques et naturelles, 1882). D'OMALIUS D'HALLOY. 257 Le professeur de Genève ajoute : « Dans cette dernière alternative, on peut concevoir qu'après la mort de l’homme, un germe tellurique demeure inaltéré dans le sol; et qu’un jour ce germe, semence incorruptible, trouve de nouveau des conditions de développement (1). » M. Thury n'ajoute aucune réflexion; mais il résulte de sa théorie que l'être sorti du germe tellurique ainsi élaboré devrait être aussi supérieur à l’homme que celui-ci l’est au singe. Je crois n'avoir rien à ajouter à ce que j'ai dit ailleurs de la conception du savant genevois. IT 1. — D'Omalius d'Halloy, né en 1783, mort en 1875, a été un de ces hommes qui honorent le plus leur patrie. De 1804 à 1815, il s'occupa exclusivement de géologie, et il est à juste titre regardé comme un des fondateurs de cette science. Dès 1810, il fut chargé de dresser la carte géologique de l'empire français, qu'il parcourut en tout sens dans ce but (2). Par suite desévéne- ments de 1815, il fut amené à entrer dans l'administration du royaume des Pays-Bas, et il fut bientôt nommé gouverneur de la province de Namur. Rendu à la vie privée par la révolution de 1830, il reprit ses travaux scientifiques, et joignit à l'étude de la géologie celle de l'anthropologie et des questions qui font le sujet de cet article (3). (1) Dissertation, p. 13. (2) D'Omalius avait dressé cette carte à grande échelle. Mais, par suite des événements politiques et de diverses autres circonstances, elle ne fut pas publiée, et ce grand travail n'est connu que par une carte-résumé, de petit format, qui a paru dans les Annales de l'École des mines, 1822. (3) Indépendamment de plusieurs mémoires et de notes sur diverses questions de cet ordre, d'Omalius a publié un petit volume intitulé Élé- ments d'ethnographie, qui à eu cinq éditions du vivant de l'auteur. D'Omalius était membre de la Société d'anthropologie de Paris, et, pen- dant les séjours très fréquents qu'il faisait dans cette ville, il était fort assidu aux séances et prenait souvent part aux discussions. Il suivait aussi divers cours de science et en particulier le cours d'anthropologie. Pendant plusieurs années, j'ai eu l'honneur de le voir sur les bancs de DE QUATREFAGES. — Émules de Darwin. II. — 17 258 LES ÉMULES DE DARWIN. D'Omalius est un des vétérans du transformisme. Il nous apprend lui-même qu'il avait adopté cette doctrine dès 1834 (1). Toutefois il n’a présenté l’ensemble de ses idées sur cette question dans aucun ouvrage spécial. Il les a, pour ainsi dire, disséminées dans divers mémoires ou dans de simples discours adressés à ses collègues de l’Académie de Bruxelles ; et il est facile de voir qu’il s'était arrêté de bonne heure à quelques- unes des hypothèses que je l'ai entendu soutenir bien des fois, mais qu'il leur en avait successivement accolé d’autres empruntées aux théories de même nature. II. — Quoique venu après Lamarck et quoique ayant pu profiter de tous les travaux de Darwin, d'Omalius n’a guère de commun avec ces deux chefs du transformisme moderne que l’idée générale de la transmutation et de la filiation des espèces. Il est en désaccord avec eux sur des points fon- damentaux. Il ne croit pas à la génération spontanée; il restreint considérablement le rôle de la sélection naturelle; il rejette absolument la pensée que tous les êtres puissent descendre d’une monade. Les faits empruntés à la paléon- tologie lui paraissent démontrer que tous les grands types ont apparu lorsque la vie s’est manifestée sur la terre, et qu'ils ont été le résultat de la volonté d’un Être tout-puissant (2). On voit que le savant belge adopte ici une opinion au moins fort voisine de celle que Buffon avait professée pendant les quelques années que dura ce qu’on pourrait appeler sa phase transformiste. D'Omalius se rapproche encore de notre illustre compatriote et de Geoffroy Saint-Hilaire par la manière dont il comprend mon amphithéätre au milieu de mes auditeurs. Puis il venait me trouver dans mon cabinet, et nous discutions les questions soulevées par mon enseignement. Aussi j'aurais pu écrire cet article guidé par mes seuls souvenirs et sans recourir aux livres de ce savant, dont j'ai pu apprécier par moi-même le savoir si varié et si sûr, joint à l'esprit le plus aimable et le plus ingénieux. (1) Lecture sur le transformisme, p. 4. (2) Sur le transformisme, tiré à part, p. 5. D'OMALIUS D'HALLOY. 259 qu'ont dû s'effectuer d'ordinaire les modifications de, toutes sortes subies par les types primitifs. Il se rattache surtout, à Geoffroy lorsqu'il regarde les modifications organiques que présentelasérie paléontologique comme devant être attribuées « aux changements causés dans les milieux par les révolutions géologiques (1) »; mais ailleurs il ajoute: « Les causes qui . produisent ces modifications sont Les changements de milieu, les croisements, les anomalies et la sélection (2). » C'est à peu près la conception de Buffon associée à celles de Linné et de Darwin et à une application spéciale des découvertes térato- logiques modernes. III, — D'Omalius invoque en faveur de ses croyances, que l’on pourrait qualifier d’éclectiques, la plupart des arguments auxquels en appellent les transformistes. Il en puise aussi dans ses convictions religieuses. Ces convictions étaient profondes et sérieuses: D'Omalius était un catholique croyant et pratiquant. Il n’en faisait pas moins des réserves formelles en faveur de la science. Voici entre autres un passage bien significatif : « Nous ne devons prendre nos livres saints que pour ce qu'ils sont réellement, c’est-à-dire comme un moyen de nous faire connaître les grands principes ainsi que les bases de nos croyances reli- gieuses, et nullement comme des traités de sciences natu- relles (3). » J'ai bien des fois entendu l'illustre vieillard pro- fesser des opinions analogues et dans des termes qui me rappelaient ceux de son confrère à l’Académie de Bruxelles, le R. P. Bellynck (4). Dans la plupart de ses écrits, le savant belge s'efforce de montrer l'accord qu'il pense exister entre la science et le (1) Éléments d'ethnographie, p. 135. (2) Sur le transformisme (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 1873, tiré à part, p. 6). (3) Sur l'accord entre les sciences naturelles et les récits bibliques ; ap- pendice III des Éléments d'ethnographie, p. 145. (4) Études religieuses, historiques et littéraires, 1868. 260 LES ÉMULES DE DARWIN. dogme. C’est à ce double point de vue qu'il se place quand il s’agit du transformisme. Il combat les théories des créations successives directes en se fondant sur le nombre des espèces fossiles qu’il estime être de trente mille (1). « J'ai peine à croire, dit-il, que l’Être tout-puissant que je considère comme l’auteur de la nature ait, à diverses époques, fait périr tout les êtres vivants, pour se donner le plaisir d’en créer de nou- veaux, qui, sur les mêmes plans généraux, présentent des différences successives... Il me paraît bien plus probable et plus conforme à la sagesse éminente du Créateur d'admettre que, de même que celui-ci a donné aux êtres vivants la fa- culté de se reproduire, il les a aussi doués de la propriété de se modifier selon les circonstances, phénomène dont la nature actuelle donne encore des exemples (2). » Je ne saurais admettre comme scientifique cette argumenta- tion, quirepose sur un sentiment essentiellement personnel. Je l’ai d’ailleurs toujours trouvée au moins singulière dans la bouche ou sous la plume d’un homme aussi religieux que l'était d’'Omalius. Il me semble que c’est être bien hardi que de faire juge de ce qui convient ou de ce qui ne convient pas à la sagesse du Créateur. N'est-ce pas agir comme le faisait Alphonse le Sage quand il disait que, si Dieu l’avait consulté le jour où il créa le monde, il lui aurait donné de bons con- seils? IV — Quoique d’une autre nature et rentrant dans le do- maine de la science, les autres arguments d’'Omalius ne té- moignent pas davantage en faveur de sa doctrine. La question des espèces nouvelles se formant par hybrida- tion est désormais jugée. On sait aujourd’hui que les Léporides et les Chabins ou Ovicapres eux-mêmes subissent assez promptement la loi de retour et reviennent à l’une ou à l’autre des espèces croisées. On sait que le transport de nos espèces (1) Éléments d'ethnographie, p. 135. (2) Sur le transformisme, p. 5. D'OMALIUS D'HALLOY. 261 européennes dans le nouveau monde et dans un autre hémi- sphère produit parfois des races fort aberrantes, comme le bœuf gnato. Mais on sait aussi que ces races restent unies à l'espèce souche par le lien physiologique de la fécondité réci- proque complète. On sait encore que les anomalies brusque- ment apparues au milieu des représentants normaux d'une espèce, comme les moutons ancon et mauchamps peuvent devenir le point de départ d'autant de races, mais que jamais elles n’ont donné une espèce physiologiquement séparée du type primitif. On voit que d'Omalius est tombé ici dans l'erreur commune à presque tous les transformistes, surtout aux dis- ciples de Lamarck et de Darwin, en ce qu'il a conclu de la race à l'espèce. Au reste, j'ai trop souvent examiné déjà ces diverses questions pour y revenir maintenant. Sans être bien explicite à cet égard, dans tout ce que d'Omalius a dit sur ces divers points, il semble se rappro- cher encore de Lamarck et de Darwin par la manière dont il comprend la marche des transmutations. Il paraît les regar- der comme ayant été lentement progressives et avoir dû par conséquent donner lieu à des intermédiaires entre deux types donnés (1). Par suite il reconnaît que l'apparition subite de formes paléontologiques, qui ne se rattachent à aucune des formes antérieures, constitue une difficulté sérieuse. IL y répond, comme Darwin, en invoquant l’imperfection de notre savoir, et les révolutions du globe, qui ont pu faire disparaître les anneaux manquants à la chaine des êtres (2). Lui aussi fait donc appel à l'inconnu et au possible comme à autant d'arguments. Il va plus loin dans cette voie. À propos de l'influence au- jourd’hui bornée des actions de milieu il dit : « La tendance des êtres à se modifier pouvait être beaucoup plus développée dans les premiers temps qu'elle ne l’est actuellement (3). » (1) Jbid., p. 7. (2) Ibid, p. 8. (3) Sur le transformisme, p. 1. 262 LES ÉMULES DE DARWIN. A qui lui objecte la rareté des hybridations et l’infécondité des hybrides il répond : « Il n’est point impossible que les êtres des premiers temps se soient trouvés dans des milieux qui leur donnaient des tendances à la promiscuité et qui ren- daient les hybrides plus propres à la reproduction (1). » Ainsi, pour soutenir la doctrine de la transmutation, d'Omalius en vient à admettre que les choses se passaient peut-être autrefois. autrement que de nos jours et que les êtres organisés obéis- saient alors, au moins dans certains cas, à des lois générales différentes de celles qui les régissent aujourd’hui. Eh bien, je ne crois pas que l’on puisse admettre un mode d’argumentation qui tend à remplacer par des hypothèses gra- tuites ce que nous ont appris l’expérience et l'observation. Dans les plus vieux temps paléontologiques, les animaux et les. plantes auraient été plus plastiques, ou plutôt les actions de milieu, alors plus énergiques, auraient eu une puissance de modification plus grande, que la nature des êtres organisés. n'aurait certainement pas changé pour cela. C’est ce qu’atteste l’uniformité générale du plan des deux règnes organiques, constatée même par des transformistes éminents comme Huxley et Hooker. Dans les nombreuses conversations que j'ai eues avec d'Omalius, l'illustre vieillard insistait volontiers sur une con- sidération qu'ils’est borné à indiquer dans un de ses mémoires. Il en appelait à ce qu'il a nommé la grande loi de continuité, si souvent invoquée depuis Leïbnitz (2). « Les mondes, me disait- il, se sont formés et sont devenus ce qu'ils sont grâce à une série de phénomènes successifs et enchaïînés les uns aux autres par des relations de cause à effet. Pourquoi les choses se seraient-elles passées autrement dans les règnes animal et vé- gétal, tout au moins dans un certain nombre de cas? » A cela je répondais que le monde inorganique a ses espèces propres, tout comme le monde organique; que la science moderne a (1) Sur le transformisme, p. 10. (2) Eléments d'ethnographie, p. 141. D'OMALIUS D'HALLOY. 263 reconnu l'autonomie complète de ces espèces; que personne ne croit plus à la transmutabilité des métaux; qu'admettre la transformation d’un reptile ou d’un poisson en mammifère équivaut à accepter celle du plomb ou du mercure en argent ou en or; et que par conséquent les transformistes sont de vé- ritables alchimistes qui reproduisent, au sujet des êtres orga- nisés, un fonds d'idées appliquées seulement aux corps bruts par leurs prédécesseurs du moyen âge. Tous ceux qui ont connu d'Omalius comprendront qu'il ne se tenait pas pour battu ; mais il serait inutile de reproduire ici les diverses spé culations auxquelles il se laissait aller dans ces controverses amicales. V.—Onle voit, malgré l'étendue de son savoir et l’ingéniosité de son esprit, d'Omalius n’a rien ajouté de nouveau aux théories transformistes. Il s’est borné à prendre une part de chacune d'elles, sans même chercher à coordonner ce qu'il leur empruntait. Au fond, tout en regardant comme possibles les divers procédés de transmutation qu'il énumérait, il m'a tou- jours paru être assez disposé à en faire bon marché. La seule idée qui semblait réellement lui tenir à cœur est celle de la filiation des espèces ; encore avons-nous vu qu'il la restreignait assez arbitrairement, en admettant la création directe des types. Par là, d'Omalius est le représentant et le représentant le plus autorisé d’un état d'esprit que j'ai trop souvent rencontré ailleurs. Voilà pourquoi je lui ai fait une place dans cette galerie des chefs du transformisme. En présence de la multiplicité des théories proposées pour expliquer le passé et le présent du monde organique, en présence de leur incompatibilité souvent évidente, des objections qu'elles se font l’une à l’autre, ainsi que de celles que l’on oppose à toutes et qu’elles ne peuvent ré- futer, plus d’un enthousiaste des premiers jours a senti s’ébran- ler ses anciennes convictions; plus d’un en est arrivé à dire qu'il n’était plus le disciple de Geoffroy, de Lamarck ou de 264 LES ÉMULES DE DARWIN. Darwin, mais qu'il n’en demeurait pas moins fidèle à la doc- trine de la descendance et restait {ransformiste (A). . Ainsi, en même temps que l’on renonce à indiquer la nature et la succession des phénomènes d’où résulterait la transmu- tation, on déclare accepter comme réelle cette transmutation elle-même. En réalité, c’est admettre que des causes impos- sibles à spécifier ont produit un résultat qui n’a jamais été observé que l’on déclare soi-même ne pouvoir être constaté (2), et dont l’existence est niée au nom de tout ce que nous en- seignent sur ce point l'expérience et l’observation. Agir ainsi, c'est évidemment abandonner les voies de la science positive pour se livrer aux suggestions d’un sentiment tout personnel. Que l’on parle au nom du dogme ou au nom de la libre pen- sée, dans l’état actuel de nos connaissances, se dire transfor- miste d’une manière générale et vague, ce n’est donc pas formuler une opinion scientifique, c’est faire un acte de foi. VI. — Le désir de concilier ses théories scientifiques avec les récits bibliques à conduit d’'Omalius d’Halloy à adopter une conception assez singulière sur laquelle il est revenu à diverses reprises, tout en la formulant dans des termes assez vagues et qui n'ont rien de bien affirmatif. « La paléontologie, dit-il, nous apprend que, à l’époque silurienne, tous les grands types organiques existaient déjà. Or, si l’état actuel des observations conduit à admettre que le Créateur a créé originairement et distinctement les grandstypes d'organisation, rien ne nous autorise à nier qu'il ait aussi créé d’une manière distincte le seul être qu'il a doué de la faculté de le connaître et de l’adorer (3). » — On n’a pas d’ailleurs de preuves certaines de l’existence de l’homme avant la période quaternaire. Donc, on peut dire que l’idée de la (1) Romanes, Physiological selection, p. 355; Darwin, Lamarck, passim. (2) Sur l’accord entre les sciences naturelles et les récits bibliques; ap- pendice III des Éléments d'ethnographie, p.149. (3) Sur le transformisme, dans le Bulletin de l'Académie royale de Bel- gique, 2° série, t. XXXVI, 1873. Tiré à part, p. 12. D'OMALIUS D'HALLOY. 265 création spéciale de l’homme, postérieurement à celle des autres êtres, n’est pas en désaccord avec la paléontologie. L'homme n'a pu descendre d’une bête ; mais il a pu ne pas posséder à l’origine les formes de l’homme actuel. « Cette supposition, dit l’auteur, n’a rien de contraire à la Bible, puisque ce livre ne décrit pas les formes du premier homme. Il dit seulement que Dieu l’a créé à son image, ce qui ne peut s'appliquer à ses formes matérielles, mais bien à la force qui l’animait, laquelle, pour être à l’image de Dieu, doit être immortelle. Or, comme il existe maintenant des hommes qui, à cause des défauts de leur organisation, ne peuvent exercer les fonctions qui caractérisent spécialement l'humanité, on conçoit que les premiers hommes pouvaient avoir une organi- sation qui ne leur permettait pas d'exécuter des travaux manuels, mais qui ne les empêcherait pas de connaître leurs devoirs envers le Créateur, organisation qui se serait ensuite améliorée par l’évolution transformiste. » Ainsi d'Omalius semble admettre que de véritables âmes, telles que les comprennent les chrétiens, ont d’abord animé des corps plus ou moins semblables à ceux des animaux et qu'elles sont restées ce qu'elles étaient au début, tandis que notre organisme matériel s’est progressivement élevé à sa forme actuelle. On voit que, par ces hypothèses, le savant belge nous conduit sur un terrain que nous considérons comme interdit aux savants. CHAPITRE XII ÉRASME DARWIN (1). I. — Dans une note de l’£squisse historique placée en tête de son livre sur l’Origine des espèces, Darwin a dit : «Il est curieux de comparer combien le docteur Érasme Darwin, mon grand-père, dans sa Zoonomia, a devancé Lamarck dans ses idées et ses erreurs (2) ». Huxley a reproduit la même pensée d’une manière plus explicite encore. Après avoir appliqué à Lamarck ce que Bacon a dit de lui-même, quand il s'appelle buccinator tantum, le savant anglais, ajoute : « Érasme Darwin a le premier promulguéles conceptions fondamentales de Lamarck ; et avec plus de logique, il les avait appliquées aux plantes (3) ». Il n’est pas inutile pour l’histoire du transformisme moderne de montrer sommairement ce que ces appréciations ont de peu fondé. La Zoonomie du docteur Érasme Darwin est une sorte de traité général de physiologie, de matière médicale, de patho- logie et de thérapeutique. Je n’ai pas à m'occuper des trois (1) Zoonomie ou Lois de la vie organique, par Érasme Darwin, docteur en médecine, membre de la Société royale de Londres ; traduit de l'an- glais sur la 3° édition par Joseph-Francois Kluyskens. Gand, 1810 (*). (2) De l’origine des espèces, traduction Moulinié, p. xu. (3) La Vie et la correspondance de Charles Darwin, publiées par son fils M. Francis Darwin; traduit de l'anglais par M. Henri-Charles de Va- rigny, 1888, t. II, p. 14. (*) La première édition de ce livre parut en 1794. Indépendamment de cet ouvrage tout scientifique, Érasme Darwin a publié deux poèmes : le Jardin botanique et le Temple de la Mature, et un traité du jardinage intitulé Physiologie. ÉRASME DARWIN. 267 derniers sujets abordés par l’auteur. Je ne le suivrai pas non plus dans le détail de ses théories physiologiques et des applications qu'il en fait. L’imagination et la métaphysique y jouentunrôletrop considérable; et il suffit pours’en convaincre de lire les titres des principaux chapitres de son premier volume (1). Je chercherai seulement à faire connaître les idées générales de l’auteur et à montrer en quoi elles diffèrent de celles de Lamarck. I. — Constetons d'abord une différence radicale dans la manière de comprendre l’ensemble des êtres organisés. Lamarck a toujours distingué les végétaux des animaux. IL pense que les uns et les autres doivent leur origine aux représentants les plus inférieurs des deux règnes, produits par génération spontanée, aux dépens de la matière inor- ganique que vient animer un concours spécial des forces physico-chimiques. Mais les corpuscules vivants ainsi formés. ont une composition élémentaire différente, et de là résulte le rang qu'ils occupent dans l'échelle des êtres. Les uns n’ont pour éléments que le carbone, l’oxygène et l’hydrogène. Ce sont des corps mucilagineux, qui constituent autant de végétaux rudimentaires, d’où descendent les végétaux supérieurs. Les autres, les corps gélatineux, renferment en outre de l'azote et sont les premiers ancêtres de tous les animaux (2). Ceux-ci sont doués d'irritabilité ; ceux-là en sont dépourvus. Ainsi pour Lamarck, dès leur première apparition, les deux règnes sont absolument séparés, nettement caractérisés et, dans tous ses livres, il insiste sur les caractères qui les isolent l’un de l’autre. Il en est tout autrement d'Érasme Darwin. Pour lui, les végétaux sont « des animaux d’une classe inférieure ou moins (1) S I, Du mouvement, S IV ; Lois de la causation animale, S XIV: De la “HE des idées, S XV; De la classification des idées, S XNI; De Qu (2) Philosophie zoologique, t. 11, p. 70 ; Introduction à l'histoire naturelle des animaux sans vertèbres; t. 1, p. 179; Ibid., Introduction, p. 179. 268 LES ÉMULES DE DARWIN. parfaite (1)» ; et il emploie un chapitre entier à développer sa pensée (2). Les végétaux nesontpas seulementirritables comme les animaux ; ils sont également sensibles et doués de volonté. Si certaines plantes referment leurs corolles sous l’action du froid, c’est qu’elles éprouvent une sensation désagréable (3). « L'approche des anthères vers les stigmates dans certaines fleurs et des pistils vers les anthères dans d’autres, doit être attribuée à la passion de l’amour et appartient ainsi aux sensations et non à l’irritation (4). » Selon Érasme Darwin, les végétaux, indépendamment des divers genres d’irritabilité qui résident dans les glandes, « ont une espèce de goût qui réside aux extrémités deleurs racines », un organe du toucher, probablement un autre pour l’odorat et des organes propres à distinguer les variations de la chaleur, de l’humidité, de la lumière (5)... Quant à leur faculté de vouloir, elle est démontrée par la manière dont se conduisent les plantes grimpantes, par la façon dont toutes dirigent vers la lumière la face supérieure de leurs feuilles et de leurs fleurs et aussi par « la nécessité où elles sont de jouir du sommeil, qui consiste dans l'abolition momentanée de la puissance volontaire (6) »… De ces faits et de bien d’autres, qu'il est inutile de reproduire ici, Érasme Darwin conclut que « il faut que les végétaux soient doués de sensation ou de volition; et cela suppose un sensorium commun ou une union de leurs nerfs (7). » Dans sa conclusion il ajoute: «Qu'ils doivent quelques fois répéter leurs perceptions soit dans leurs rêves, soit pendant la veille, et conséquemment posséder des idées de plusieurs propriétés des choses extérieures, ainsi qi de leur propre existence (8) ». (1) Zoonomie, t. I, p. 168. (2) Ibid., Section XIII. (3) Ibid,, p. 161. (4) Ibid., p. 172. (6) Jbid., p. 178. (6) Ibid., p. 172. D Ibid., p. 176. (8) TIbid., p. 179. ÉRASME DARWIN. 269 On ne trouvera rien, dans les ouvrages de Lamarck, qui rap- pelle de près ou de loin ces conceptions d'Érasme Darwin. Tout au contraire, après avoir dit comment il comprend que la na- ture a animé les premiers corpusecules gélatineux et mucilagi- neux, il cherche à montrer que « commençant ses opérations sur des corps différents par leurs élements chimiques, tout ce qu'elle a pu faire exister dans les uns, s’est trouvé constamment différent de ce qu’elle a su produire dans les autres (4) ». Aussi, bien loin d'accorder aux végétaux la connaissance du monde extérieur, la volonté, la passion, l'amour; ilrefuse l’irritabilité même à la sensitive (2). Lamarck n’a donc pas manqué de logique lorsque, pour expliquer ce que l’on appelle aujourd’hui l’évolution des règnes animal et végétal, il a imaginé deux théories distinctes, théories d’ailleurs aussi peu acceptables l’une que l’autre. Érasme Darwin, qui confondait les deux règnes, pouvait et devait agir autrement. Aussi a-t-il appliqué ses idées aux végétaux comme aux animaux et conclut-il souvent des uns aux autres. Mais ces idées sont-elles bien celles de Lamarck? C'est ce que j'examinerai plus loin, après avoir comparé encore quelques points de deux doctrines. IL. — Érasme Darwin s’est fait de la constitution des orga- nismes une idée qui lui appartient bien et qui n’a été je crois adoptée par personne. Pour lui, « tout le système animal peut être considéré comme étantcomposé des extrémités desnerfs, ou comme ayant été produit par eux : si on en excepte, peut-être, la partie médullaire du cerveau logée dans Ia tête et le canal vertébral, et dans les troncs des nerfs. Ces extrémités nerveuses sont, ou celles de la locomotion que l’on nomme fibres musculaires, ou celles de la sensation qui constituent les organes immédiats du sentiment et qui ont aussi leurs mouvements particuliers. « Or comme les fibres, qui cons- (1) Introduction, p. 83. (2) Philosophie zoologique, t. I, p. 109 et t. IT, p. 36. 270 LES ÉMULES DE DARWIN. tituent les os et les membranes, ont été douées primitivement de mouvement et de sensation, et qu’elles sont susceptibles de les récupérer lorsqu'il y survient de l’inflammation, il s’en- suit que, lors de leur première formation, ces fibres étaient des appendices des nerfs de la sensibilité et de la locomotion, ou qu'elles en ont été formées; et qu’ainsi toutes les parties solides du corps n'étaient dans le principe que des extrémités des nerfs (1). » A peine est-il nécessaire de faire remarquer l'opposition absolue existant encore ici entre les vues de l’auteur anglais et celles du savant français. On sait que, loin de regarder le système nerveux comme composant ou ayant produit à peu près tout le corps des animaux, Lamarck n’admettait pas l’existence de ce système dans des groupes entiers d'inver- tébrés, le regardant comme rudimentaire chez d’autres ; que, par suite, il leur refusait également la faculté de sentir et réunissait dans sa classe des animaux apathiques, les infu- soires, les polypes, les radiaires et les vers (2). On vient de voir qu'Érasme Darwin parle des mouvements des organes du sentiment. En effet, le savant anglais ramène tous les phénomènes dont l'organisme est le siège au mouve- ment, qu'il définit une variation de formes (3). — Pour lui nos idées elles-mêmes ne sont pas autre chose, l’idée est une «con- traction, un mouvement ou une configuration des fibres qui constituent les organes immédiats du sentiment (4) ». Ce n’est pas la présence du son ou de la lumière, mais les mouvements des organes qui sont immédiatement nécessaires pour cons- tituer la perception ou l’idée du son et de la lumière (5) ». On peut s'assurer que nos idées sont des mouvements des organes du sentiment en considérant la grande analogie qui existe entre ces mouvements et ceux des grands muscles du (1) Zoonomie, t. II, p. 207. (2) Animaux sans vertèbres, t. 1, p. 291. (3) Zoonomie, t. 1, p. 20. (4) Ibid, t. I, p. 13. (5) 1bid., t. I, p. 51, ÉRASME DARWIN. 271 corps (1) ». Ces mouvements se passent dans les extrémités très déliées des nerfs et sont très réels. Quand une partie de l'organe du toucher est comprimée par quelque corps extérieur, cette partie du sensorium ressemble exactement par sa figure à celle du corps qui la comprime (2) ».. La partie stimulée de rétine représente exactement la figure visible des objets en miniature (3). Cette reproduction des objets s'étend jusqu'à la couleur. Quand nous regardons de la neige, la rétine doit être blanche ; elle doit être verte, quand elle nous donne la perception de l'herbe (4). Indépendamment de l'organisme proprement dit, Érasme Darwin admet qu'il existe chez les animaux ce qu'il appelle un esprit d'animation, dont il ne donne d’ailleurs qu’une idée assez confuse. Par le mot de sensorium il désigne non seule- ment le système nerveux, les organes du sentiment et les muscles, mais encore le principe vivant ou l’esprit d'animation qui réside par tout le corps, « sans être connu par nos sens, si ce n’est par ses effets (5) ». — Il dit d’ailleurs : « L'esprit d'animation est la cause immédiate de la contraction des fibres animales ; cet esprit réside dans le cerveau et les nerfs; il peut éprouver une diminution ou une accumulation générale ou partielle (6) ». L'auteur ajoute qu'il peut exister des êtres doués de la fa- culté de prendre ou de quitter un certain degré de solidité, «comme on le dit des esprits et des anges; et il paraît que l'esprit d'animation doit être doué de cette propriété; car, sans cela, comment pourrait-il imprimer le mouvement aux membres des animaux? ».. « Deux corps ne peuvent pas s’in- fluencer ni s’affecter réciproquement, s’ils n’ont pas une pro- priété qui soit commune à tous les deux... Donc, lorsque (1) Zoonomie, p. 55. (2) 1bid., p. 186. (3) Ibid., p. 196. (4) Ibid., t. II, p. 100, (5) Ibid., p. 10. (6) Zbid,, p. 41. 272 LES ÉMULES DE DARWIN. l'esprit d'animation communique le mouvement aux Corps solides, ou le reçoit d'eux, il faut qu'il possède lui-même _quelqu'une des propriétés de la solidité; et, en conséquence, dès qu'il reçoit d’autres espèces de mouvement communiquées par la lumière, il doit avoir la propriété qu’a la lumière de communiquer cette espèce de mouvement...qu’on pourrait ap- peler visibilité (1) ». — L'auteur applique le même raisonne- ment aux particules odorantes ou sapides, au son. Enfin « le sensorium animal est doué de quatre facultés différentes, qui agissent au besoin et causent toutes les contractions des par- ties fibreuses du corps... Dans leur état d’inaction, ces facultés se nomment irritabilité, sensibilité, volontariété et associabi- lité; mais dans leur état d'activité, on les nomme irritation, sensation, volition et association (2)... Nous les appellerons mouvements sensoriaux pour les distinguer des mouvements fibreux.…. Tous les mouvements sensoriaux sont des modifica- tions ou des mouvements de l'esprit d'animation propre à la vie (3). » Sans doute, comme Érasme Darwin, Lamarck s’est laissé entraîner par son imagination et par la métaphysique en abor- dant ces questions obscures. Mais ses conceptions n’ont aucune analogie avec celles de son predécesseur. Pour lui, tous les phénomènes dont il s’agit ici résultent de la présence dans l'organisme d’un fluide subtil, qui n’est probablement que de l'électricité modifiée. animalisée pour ainsi dire et devenue coercible. Les ganglions, la moelle épinière et surtout le cer- veau sécrètent ce fluide déjà préparé par le sang (4) et qui a conservé la propriété de se mouvoir avec une vitesse prodi- gieuse. Le système nerveux tout entier en est imprégné. Tous les nerfs aboutissent à un centre particulier placé sous le cerveau à l'extrémité de la moelle épinière, et que Lamarck (1) Zoonomie, p. 191. (2) 1bid., p. 49. (3) Ibid., p. 51. Je (4) Phylosuphie zoologique, t. II, p. 254. ÉRASME DARWIN. 273 appelle le foyer des sensations. De là il résulte que le mouve- ment accompli d'abord par le fluide contenu dans un seul filet nerveux peut se communiquer à la masse entière ou presque entière. Quand ce mouvement général est suivi d’une réaction, il en résulte une sensation. Quand l’ébranlement, même géné- ral n’amène pas la réaction, il produit les émotions du senti- ment intérieur, de ce moi, dont nous avons conscience (1) » et qui résulte lui-même de l’ensemble des impressions intérieures que l’animal éprouve constamment, presque sans s'en aper- cevoir. Selon Lamarck, ce n’est aucune partie du corps vivant qui a la faculté de sentir (2). Toutes nos sensations se passent dans le foyer dont je viens de parler; et c'est par suite d’une illu- sion que nous les rapportons à la partie directement affectée. A titre d'exemple il cite ce qui se passe, selon lui, lorsqu'on se pique au petit doigt. En ce cas, le fluide du nerf atteint porte au foyer commun l’ébranlement qu'il a reçu et qui est aussitôt communiqué à celui de tous les autres nerfs sensitifs. Il se fait alors une réaction ou répercussion qui fait refluer cet ébranlement de tous les points du corps au foyer commun. C'est là que se produit la perception. Mais nous la reporterons au point piqué par ce que le nerf qui en part est seul actif, tandis que tous les autres sont passifs (3). Les sensations sont du reste la source de toutes nos idées. Celles-ci se forment dans les hémisphères du cerveau (hypocéphale, Lamarck) par suite des divers ébranlements du fluide subtil renfermé dans cet organe de l'intelligence, qui en rapporte les résultats au foyer des sensations et par suite au sentiment intérieur de l’indi- vidu (4). (1) Philosophie zoologique, t. 11, p. 249. (2) Ibid, p. 232. (3) lbid., p. 241. (4) 1bid., p. 322. Les facultés sont d’ailleurs développées, selon Lamark, à raison du plus ou moins de perfection du système nerveux. Les oiseaux et les mammifères seuls ont évidemment le raisonnement et la volonté, tous deux fort obscurs chez les Reptiles et les Poissons. Les Insectes, les Crustacés, les Mollusques n’ont point d'idées, de jugement, de volonté DE QUATREFACES. — Émules de Darwin. I. — 18 274 LES ÉMULES DE DARWIN. Je n'ai pas à discuter ni même à juger ces conceptions d'Érasme Darwin et de Lamarck. Tout ce que j'ai voulu mon- trer, c'est que, sur les points que nous venons d'indiquer, elles ne se ressemblent ni de près ni de loin. Nous allons ren- contrer bien d’autres dissemblances. IV. — Lamarck, ne s’occupant que des questions les plus générales dans sa Philosophie zoologique, n’a parlé de la gé- nération sexuelle qu’en passant et pour comparer la féconda- tion à la génération spontanée. On sait comment il comprend celle-ci. Selon lui l'attraction forme au sein des eaux de très petites masses fdemi-fluides et d’abord homogènes. Les fluides subtils et surtout l'électricité pénètrent dans ces corpus- cules, en écartent les molécules, y creusent des canaux et les transforment en une sorte de tissu cellulaire, lequel « est la matrice générale de toute organisation (1) ». Dès lors se mani- feste le mouvement vital, produit probablement surtout par l’action combinée de la chaleur et de l'électricité (2). Il se passe quelque chose d’analogue lors de la fécondation. L'œuf non fécondé renferme déjà le germe, qui n’est encore en réalité qu’un petit corps gélatineux presque inorganique, et que l'incubation la plus prolongée ne saurait animer, parce qu'il &n’est pas préparé intérieurement à recevoir la vie (3) ». Pour le rendre apte à vivre il faut qu’une vapeur subtile et pé- nétrante, échappée de la matière qui féconde s’insinue dans le corpuscule gélatineux... et le dispose à recevoir la vie, c'est-à-dire les mouvements qui la constituent (4) ». Ceux-ci sont déterminés par les mêmes agents qui produisent la géné- rætion spontanée. et sont mus seulement par un sentiment intérieur obscur. Enfin les Apathiques ne peuvent pas même avoir le sentiment de leur existence. A plus forte raison en est-il de même des végétaux. (1) Philosophie zoologique, t. II, p. 44 (2) 1bid., chap. mi. (3) Zbid., p. 59. (4) Ibid., p. 69. ÉRASME DARWIN. 275 Ainsi d’après Lamarck, la mère prépare l'élément premier du nouvel être représenté d’abord par un germe non vivant; le père féconde réellement ce germe par sa vapeur subtile qui le met en état de vivre; les deux sexes concourent au résultat final, mais ce sont toujours les forces purement physiques, la chaleur, l'électricité... qui font naïître le mouvement vital. Ce sont elles aussi qui l’entretiennent et déterminent le dévelop- pement progressif de l'organisme (1). La conception d'Érasme Darwin est à peu près en tout l'opposé de la précédente. Le seul point commun que l’on puisse signaler entre elles est que le médecin anglais et le sa- vant français croient également à l’épigenèse; et on doit savoir gré au premier d'avoir formellement repoussé la doctrine de l’'emboîtement des germes, à une époque où elle régnait encore presque exclusivement dans la science (2), mais on sait que ni l’un ni l’autre n’ont émis les idées universellement adoptées de nos jours sur ce sujet et que l'honneur en revient tout entier à Wolff (3). D'après Érasme Darwin, dans la génération sexuélle, le mâle joue seul un rôle actif. L’embryon est sécrété ou produit par lui et non par un concours de fluides provenant du mâle et de la femelle (4). La femelle ne fournit que le nid et la nourriture à l'embryon (5). -— « Le principe ou rudiment de l'embryon, en tant que séparé du sang du père, consiste en un simple filament vivant, comme une fibre musculaire. Je crois, en outre, que ce filament est l'extrémité du nerf de la locomotion, comme une fibre de la rétine est une extrémité du nérf de la sensation, par exemple une des fibrilles qui com- posent l’orifice d’un vaisseau absorbant (6) »... Ce filament vivant possède déjà « une certaine suceptibilité d'irritation, (1) Zoonomie, t. II, p. 49 et passim. (2) Ibid., p. 360 et 282. (3) Theoria generationis, 1759. (4) Zoonomie, t. 11, p. 251. (5) Ibid., p. 240, 247. (6) Ibid, p. 264. 276 LES ÉMULES DE DARWIN. de sensation, de volition et d'association, ainsi que quelques habitudes acquises ou propensions particulières au père (4). » On le voit, dans cette théorie, il n’y a plus de fécondation, il n'y à plus, en réalité, concours des deux sexes. Le fils a été d’abord une partie intégrante du père, laquelle s'est détachée pour devenir un nouvel être que la mère ne fait que recevoir et nourrir. Quant à la nutrition, d’où résultent le développement du nouvel être et l'apparition de ses diverses parties, elle résulte d’appétences animales doni sontdouésles organes. Les glandes, en particulier, ont chacune dès l’origine leurs nerfs du senti- ment, pour percevoir, choisir et combiner les particules. « Ce nerf sensitif, dit l’auteur, doit au moins se concevoir comme étant un organe aussi fin et aussi subtil que celui de la vue ou celui de l’ouïe, qui perçoit la lumière ou les sons (2). » Érasme Darwin, regardant les végétaux comme des animaux inférieurs, leur a attribué le même mode de reproduction. « Mon opinion, dit-il,est que les premiers proviennent d’un simple filament vivant par une procréation séminale et amou- reuse, et que les bourgeons et les bulbes doivent à une cause semblable leur génération latérale ou branchue, qu’ils pos- sèdent en commun avec les Polypes, le Tænia, le Volvox (3) ». Les bourgeons et les bulbes sont pour lui « les descendants vivipares de la végétation ».. La feuille est évidemment « le père du bourgeon qui se développe dans son sein ; le bourgeon est aussi nourri en adhérant au père; il ne lui faut pas de nid ; ainsi il n'existe pas de feuille femelle (4) ». Érasme Darwin a tiré du rôle qu’il attribue au sexe mâle bien des conséquences qu'il serait trop long et parfaitement inutile d'énumérer. Je me borne à en indiquer une des plus singulières. Le médecin anglais admet pleinement l'influence ) Zoonomie, t. II, p. 240. ) 1bid., p. 310. ) Ibid., p. 291. ) Ibid., p. 254. ÉRASME DARWIN. 277 de l'imagination du père sur « la forme, la couleur et le sexe de l'enfant (4) ». Il attribue à la même cause la formation des monstres à deux têtes, à deux corps. Ce résultat est dû à des « propensions ou appétences animales acquises du père » par le filament vivant au moment où il est sécrété. « Par exemple, dit-il, je conçois que si un dindon regardait un lapin ou une grenouille au moment de la procréation, il pourrait arriver qu'une idée forcée, ou même agréable de la forme du quadru- pède, occuperait son imagination au point de causer dans le filament naissant une tendance à ressembler à cette forme, par l'opposition d’une réduplication des membres (2) ». Enfin ces divers phénomènes résultent de ce que « les extrémités des glandes séminales imitent les mouvements des organes du sentiment (3) ». V. — Telle est la conception exposée dans la première par- tie de l’article consacré à la génération. Mais dans l’Appendice qui lui fait suite, Érasme Darwin développe une théorie fort différente, qu'il juxtapose plutôt qu'il ne la substitue à la pré- cédente. Ici il admet que «chez les plantes, il existe des glandes spéciales de deux espèces. Les unes sécrètent du sang végétal les fibrilles avec appétences formatives, correspondantes à la sécrétion masculine des animaux; les autres séparant de ce même sang végétal les molécules avec propensions formatives correspondantes à la sécrétion féminine des animaux (4) »… Ces fibrilles et ces molécules s'unissent sur place et forment le bourgeon et ses dépendances. Chez les animaux, les fibrilles et les molécules sont sécrétées séparément par les deux sexes et se réunissent dans la matrice, où elles s’embrassent mu- tuellement et forment d'abord les parties primaires de l’em- bryon, telles que le cerveau et le cœur. Celles-ci, « acquièrent (1) Zoonomie, t. II, p. 322. (2) Ibid., p. 312. (3) 1bid., p. 328. (4) Ibid., p. 348. 278 LES ÉMULES DE DARWIN. de nouvelles appétences.…. et engendrent ainsi d’autres parties de formation secondaire, telles que les côtes, les intestins, la forme extérieure (1) » Cette nouvelle manière de voir a conduit Érasme Darwin à admettre et à expliquer à sa manière la génération spontanée. Celle-ci se produit dans les dissolutions de substances ani- males et végétales en décomposition. Les fibrilles avec appé- tences à recevoir et les molécules douées de propension à être reçues, se trouvent mises en liberté, se rejoignent et donnent naissance à des animaux, à des végétaux microscopiques et très simples. Érasme Darwin et Lamarck admettent également une géné- ration spontanée incessante. Or, je n’ai pas besoin de rappeler que, cette idée n'appartient ni à l’un ni à l’autre. Mais Lamarck en attribuant aux forces physico-chimiques le pouvoir d'orga- niser les êtres élémentaires, a rendu compte de l’appa- rition de la vie. Il n’en est pas de même d'Érasme Darwin, dont les fibrilles et les molécules à appétences formatives suppo- sent l’existence antérieure d'animaux et de végétaux. Nous verrons tout à l'heure comment il paraît avoir résolu ailleurs cette difficulté, qu'il oublie entièrement dans cette partie de son livre. Je n’ai pas besoin d’insister sur les différences radicales qui séparent encore ici Lamarck et Érasme Darwin, quelle que soit la théorie de ce dernier que l’on considère. Nous allons voir le même contraste se montrer dans un autre ordre de questions qui a probablement provoqué plus particulièrement les appréciations de Charles Darwin et de Huxley. VI. — Érasme Darwin reconnaît plusieurs modes de repro- duction savoir : 1°la génération spontanée, dont il vient d’être question; 2 la génération solitaire, qui peut être externe et (1) Zoonomie, t. II, p. 396. Cette seconde théorie a été évidemment inspirée à Érasme Darwin par la lecture de Buffon, par ce que ce dernier a imaginé au sujet de ses particules organiques. Le savant anglais com- pare à diverses reprises les deux conceptions. ÉRASME DARWIN. 279 latérale comme dans les végétaux des Polypes.…., ou interne comme chez les Pucerons, les Volvoces; 3° la génération seæuelle qui est hermaphrodite comme chez les colimaçons, ou simple, comme chez les grands animaux. L'auteur regarde ces divers modes de propagation comme ayant été produits suc- cessivement par la nature et se rattachant au développement graduel de l’organisation. Comme Lamarck, comme Charles Darwin il croit à un perfectionnement progressif et perpétuel: Mais on sait bien que cette opinion est fort ancienne, qu'elle a été professée par plusieurs philosophes de lantiquité clas- sique, et Érasme Darwin lui-même fait maintes fois allusion à leur manière de voir sur ce point. Selon notre auteur, les animalcules (végétaux ou animaux) produits par génération spontanée, se propagent d'abord par génération solitaire. Ils peuvent acquérir ainsi de nouvelles organisations, et « se perfectionner par l'addition de nouvelles parties, telles que des nageoires, une bouche, des intestins et finalement, peut-être, des organes de reproduction (1) ». D'après les exemples cités par Érasme Darwin, ces perfectionnements s’effectueraient avec une certaine rapidité. Il en énumère plu- sieurs, mais il insiste particulièrement sur l’histoire de la tulipe et du puceron. Il rappelle que la tulipe, venue de se- mence et sortant d’un bulbe bien petit, ne pousse la première année qu’une seule feuille presque semblable à un brin d'herbe. Le second bulbe, un peu plus gros, produit une feuille plus développée ; et les bulbes qui lui succèdent, gros- sissant progressivement, il en résulte au bout de cinq ou six ans une plante complète portant une fleur et produisant des graines. Quant au puceron, il engendre d’abord un nombre plus ou moins considérable de générations agames (2); puis les (1) Zoonomie, t. 11, p. 381. (2) Érasme Darwin parle de neuf générations seulement. Mais ce nom- bre a été dépassé de beaucoup. Le phénomène dépend d'ailleurs de la température, si bien qu'un expérimentateur a conservé pendant quatre ans des pucerons se reproduisant par généagenèse, en les élevant dans une chambre à température constante. 280 LES ÉMULES DE DARWIN. dernières venues acquièrent des organes reproducteurs et se propagent par génération sexuelle simple. __ Sans être bien explicite à cet égard, Érasme Darwin semble rattacher ces perfectionnements progressifs à un principe qu’il a formulé plus haut. Selon lui, « toutes les parties du corps cherchent à croître, ou à se faire des parties additionnelles pendant tout le cours de notre vie; mais elles sont arrêtées par les parties qui les contiennent immédiatement (1) ». A l'appui de cette proposition, il cite un certain nombre de faits empruntés à la chirurgie, à la tératologie… On sait combien les idées de Lamarck à ce sujet diffèrent des précédentes. Pour lui, la cause des modifications subies par des êtres organisés est tout entière dans l’hérédité, qui accumule de génération en génération des différences insen- sibles. Par cela même, les changements se produisent avec une lenteur telle qu'ils échappent absolument à l’observation et que les espèces animales ou végétales nous semblent conserver sans cesse les mêmes caractères. Dans son /ntroduction à l’histoire des animaux sans verté- bres, Lamarck a formulé sa première loi dans les termes sui- vants : « La vie, par ses propres forces, tend continuellement à accroître le volume de tout corps qui la possède, et à étendre les dimensions de ses parties, jusqu’à un terme qu’elle amène elle-même (2) ».Au premier abord on pourrait croire qu’il y a une certaine analogie entre cette loi et le principe d'Érasme Darwin que je viens de reproduire. Un peu de réflexion montre vite qu’il n’en est rien. Érasme Darwin attribue aux corps vivants une tendance à croître indéfiniment, tendance qu’arrêtent seulement les par- ties enveloppantes, la peau par exemple. Voilà pourquoi, « quand la peau est enlevée, les parties charnues, qui sont au-dessous, poussent bientôt de nouvelles granulations (3) ». (1) Zoonomie, p. 271. (2) Ibid., Introduction, p. 182. 3) Zoonomie, p. 211. ÉRASME DARWIN. 281 Lamarck admet au contraire un terme fixe à l'accroissement, que la vie ne dépasse pas. Érasme Darwin attribue à la même tendance la production de parties nouvelles et ilexplique ainsi l'existence des parties surnuméraires et des monstres dou- bles (1). Lamarck n’a pas traité la question tératologique. Quand il parle de parties nouvelles, d'organes nouveaux, il s'agit d'appareils nouveaux apparus et développés sous l'influence d’un besoin à satisfaire et par l’action du fluide nerveux qui accumule les sucs nourriciers sur un point déter- miné (2). VII. Voici, en réalité, le seul passage qui permette derappro- cher et de comparer Érasme Darwin et Lamarck. « Depuis leur premier rudiment ou germe primitif jusqu’à la fin de leur vie, tous les animaux subissent des transformations conti- nuelles qui sont produites en partie par leurs propres exser- tions en conséquence de leurs désirs ou aversions, de leurs plaisirs ou de leurs douleurs, de leurs irritations ou associa- tions ; et un grand nombre de ces formes ou de ces propen- sions acquises se transmettent à leur postérité (3). » En outre, cequ'Érasme Darwin dit des caractèresspéciaux pré- sentés par lamusculature des forgerons, desrameurs, destisse- rands.…., touche de près aux opinions de Lamarck et de Charles Darwin au sujetdes résultats amenés par l'exercice ou le défaut d'exercice. Mais Érasme Darwin se borne à signaler les faits, tandis que Lamarck en recherche les causes et s'efforce de les expliquer. Ses hypothèses à ce sujet sont certainement inacceptables ; mais elles sont bien à lui. Quant à l’hérédité, dans tout ce qu'il dit à ce sujet, la transformation des races n’est nullement la transformation des espèces. Il passe en revue nos principaux animaux domes- tiques ; il énumère les modifications de toutes sortes qu'ils ont (1) Zoonomie, p. 272. (2) Ibid., Introduction, p. 181. (3) Ibid., p. 283. 282 LES ÉMULES DE DARWIN. subies ; il signale la langue de nos bestiaux servant à arra- cher l'herbe, le bec de la bécasse et du canard... comme . acquis par suite du désir de se procurer plus aisément leur nourriture (1), mais nulle part il ne fait allusion à la transfor- mation des espèces et ne voit là que des perfectionnements acquis par chacune d'elles, Ailleurs, il parle des chiens sans queue, des chats et des poulets à doigts surnuméraires, des pigeons « qu'on admire pour certaines particularités et qui sont des monstres ainsi produits et propagés (2). Plusieurs de: ces formes monstrueuses, dit-il,se propagent et ont continué; au moins comme une variété (race), sinon comme une nou- velle espèce d'animal (3). » On voit qu'il s'agit ici de transfor- mations brusques, telles que les ont admises Owen, Mivartet Huxley lui-même, dans certains cas, et on sait que cétte hypo= thèse est absolument l’opposée de celle de Lamarck, aussi bien’ que de Charles Darwin, Érasme Darwin a précisé ici sa pensée plus qu'il ne le fait d'ordinaire. En parlant des animaux à sang’ chaud, après avoir répété qu’ils viennent tous d’un! filament! vivant, il déclare que c’est à ce filament que sont dues toutes les modifications du type, C’est lui qui acquiert, chez l’homme” des mains et des doigts; chez le tigre et les aigles, des griffes et des serres; chez les oiseaux, des aïles et des plumes... 1F termine en disant : « Tout cela se fait exactement comme nous: le voyons dans les métamorphoses du têtard, qui acquiert des jambes et des poumons lorsqu'il en à besoin, et qui perd sa queue lorsqu'elle lui est devenue inutile (4). » Au reste, aucune des influences dont je viens de parler n’est, aux yeux d'Érasmé, le procédé le plus général de la variation. Pour expliquer le: peuplement du globe par les diverses familles d'êtres organi- sés, il s’est rattaché à une théorie tout autre, aussi éloignée: que possible de celle qu'ont adoptée également Lamarck et 14 (1) Zoonomie, p. 285. (2) Ibid., p. 282. (3) Ibid., p. 281, (4) Ibid., p. 283. ÉRASME DARWIN. 283 Charles Darwin. Voici la déclaration qu'il a faite à ce sujet. « On voit, par cet exposé du système de la reproduction, que tous les animaux ont une origine semblable... et qu'il en résulte qu’il n’est pas impossible, comme l'avait déjà conjec- turé Linné, relativement au règne végétal, que la grande va- riété d'espèces d'animaux qui habitent aujourd'hui le globe terrestre, peuvent tirer leur origine du mélange d’un petit nombre d'ordres naturels, et que les métis animaux ou végé- taux qui purent perpétuer leur espèce, l'ont fait et ont donné naissance aux nombreuses familles d'animaux et de végétaux qui existent actuellement... (1). » Ainsi, Érasme Darwin n’a pas de conviction bien arrêtée sur le mode de peuplement du globe. Toutefois, ce qui lui paraît le plus probable, c’est que, la formation et la diversité des faunes et des flores sont dues, non plus à la {ransmutation, mais à l’hybridation. On voit que sous le rapport du fond même et de la donnée mère de leurs doctrines, Érasme Darwin et Lamarck diffèrent aussi radicalement que lorsqu'il s’agit des questions secondaires, VIII. — Le médecin anglais a fait au développement de l’ensemble des êtres l’application de sa première théorie, Il signale d’abord tout ce que les animaux à sang chaud ont de commun malgré les différences qui les séparent, et il conclut en disant : « Serait-ce une témérité d'imaginer que tous les animaux à sang chaud sont provenus d’un filament vivant que la GRANDE CAUSE PREMIÈRE à doué de l’animalité avec la faculté d'acquérir de nouvelles parties accompagnées de nouveaux penchants... et de transmettre ces perfectionnements de géné- ration en génération à sa prostérité et dans les siècles des siècles (2)?» Érasme Darwin applique successivement le même raisonnement aux vertébrés à sang froid, aux insectes, aux vers de Linné, puis aux végétaux, qu’il déclare une fois de (1) Zoonomie, p. 276. (2) 1bid., p. 288. 284 LES ÉMULES DE DARWIN. plus être des animaux inférieurs, et il arrive toujours à la mème conclusion. Comme conséquence finale de tout ce qui précède, notre auteur se pose la question suivante : « Dirons-nous donc que le filament vivant végétal était originairement différent de celui de chaque classe d'animaux décrits ci-dessus, et que le filament vivant de chacune de ces classes était originairement différent des autres? Or, comme la terre et l’océan étaient pro- bablement peu peuplés de productions végétales longtemps avant l'existence des animaux, et que plusieurs familles d'animaux existaient longtemps avant d’autres, en conclurons- nous qu’une seule et même espèce de filaments vivants est et a été laïcause de toute vie organique? (1) » Érasme Darwin semble ne pas avoir osé répondre; mais il est facile de voir qu'il penchait fortement pour l’affirmative. Des deux passages que je viens de citer, ainsi que de quel- ques autres, il résulte qu'Érasme Darwin admet, comme débuts du monde organique, l’existence d'êtres très simples doués de la faculté de donner naissance à des descendants qui se perfectionnent et se diversifient progressivement. En outre, dans la dernière phrase que je viens de citer, il ne serait pas difficile de découvrir une notion fort semblable à celle de l’'archétype, premier ancêtre de tous les êtres vivants, notion que son petit-fils présente à la fin de son livre comme la conclusion finale de sa propre doctrine. On peut dire que toutes ces conceptions sont précisément le contraire de celles que Lamarck a imaginées. La faculté accordée par la grande cause première aux filaments vivants primitifs, rappelle la tendance innée à la variation qu'ont ad- mise Owen et Mivart. Maisce mode de production et de diver- sification des espèces n’a absolument aucun rapport avec la manière dont le savant français a compris l’accomplissement de ces phénomènes. Pour lui, les animaux varient et se perfec- (1) Zoonomie, p. 293. ÉRASME DARWIN. 285 tionnent par l'habitude provoquée par les besoins, lesquels sont eux-mêmes imposés par les changements qui se passent sans cesse à la surface du globe (1) et par les migrations des animaux (2). Chez le savant anglais la transmutation est le résultat permanent de la volonté divine ; chez le français elle est le terme dernier d’une série de causes et d'effets pure- ment physiques et physiologiques. Enfin Érasme et Charles Darwin aboutissent tous deux à une conclusion générale monophylétiste; Lamarck est au contraire aussi polyphylétiste que possible, puisqu'il admet la création spontanée inces- sante d’Infusoires et d’Intestinaux qui sont autant de point de départ pour de nouvelles séries animales. — On voit qu'il serait difficile d'imaginer un contraste plus complet. Ailleurs Érasme Darwin insiste sur désir qu'ont les mâles d’un grand nombre d'espèces animales de posséder seuls les femelles ; il attribue à ce désir l’acquisition des armes qui leur sont nécessaires pour lutter et se combattre entre eux; il cite le sanglier et ses défenses, le cerf et ses bois, le coq et ses éperons.. Il conclut en disant: « Le but que semble s'être proposé la nature, en établissant ce conflit entre les mâles, est que l’animal le plus fort et le plus actif soit employé à per- pétuer l’espèce qui, par ce moyen, doit se perfectionner (3). » — Il est évident que ces quelques lignes résumaient pour ainsi dire d'avance tout ce que Charles Darwin a longuement développé au sujet de la sélection sexuelle résultant de luttes violentes (4). Il en est de même de ce que Wallace a dit relativement à l'importance de la coloration considérée comme moyen de protection pour certaines espèces animales (5). Voici com- (1) Histoire des animaux sans verlèbres, t. I, p. 196. (2) Ibid., p. 194. (3) Ibid., p. ?89. (4) On sait que Ch. Darwin n'a pas tenu compte seulement de la force et l’activité physique, mais qu’il a attribué un rôle important à de véri- tables moyens de séduction, tels que les charmes du chant, la beauté du plumage. mais le fond de la pensée reste toujours le même. (5) La sélection naturelle ; essais par Alfred Russel Wallace, traduit de ‘anglais sur la deuxième édition par Lucien de Candolle, 1872. 286 LES ÉMULES DE DARWIN. ment s'exprime Érasme Darwin : « Les couleurs d’un grand nombre d'animaux paraissent adaptées à leur but de se cacher pour éviter les dangers ou s’élancer sur leur proie (1). » Il citeentreautres exemplesleléopard, dontle pelage rappelle des feuilles foncées et leurs interstices plus clairs (2); les oiseaux qui ont la couleur du sol ou des haies qu'ils fréquentent; les teignes et les papillons qui revêtent celles des fleurs dont ils sucent le miel... Érasme Darwin parle, il est vrai, le plus souvent en termes généraux, tandis que Wallace énumère un grand nombre d'espèces ; mais tous deux signalent spéciale- ment celles qui changent de couleur pendant l'hiver et de- viennent blanches comme la neige (3). De plus, Érasme Dar- win fait des remarques analogues au sujet de la coloration des œufs des oiseaux et en tire les mêmes conséquences. Tou- tefois je n’ai rien trouvé dans son livre qui rappelle le mimé- tisme proprement dit de Bates et de Wallace (4). Certes ces ressemblances sont frappantes. En conclura-t-on que Charles Darwin et Wallace ont pris sciemment à Érasme Darwin les idées développées dans leurs ouvrages et que je viens de rappeler. Pour ma part, je suis absolument convaincu qu'il n’en est rien. À coup sûr, si Darwin avait emprunté à son grand-père les notions de l’archétype et de la sélection sexuelle, il eût été le premier à le proclamer; la parfaite loyauté dont il a donné tant de preuves en est un sûr garant. (1) Zoonomie, p. 391. (2) Wallace cite le tigre pourvu d’un pelage dont les raies verticales se confondent avec la tige des herbes et des bambous au milieu desquels l'animal se tapit (Selection, p. 52). (3) E. Darwin, Loc. cit., p. 299; Wallace, loc. cit., p. 50. (4) Bates et Wallace ont désigné par le terme de mimicry, littéralement imitation burlesque, travestissement, le phénomène présenté par certaines espèces qui, appartenant à un groupe bien déterminé et en conservant tous les caractères essentiels présentent extérieurement l'aspect des espèces faisant partie d’un groupe différent et plus ou moins éloigné. Bates a le premier interprété les faits de ce genre dont il a fait connaître plusieurs. Mais Wallace a si bien développé cette théorie qu'on la lui a assez généralement attribuée, quoique, à diverses reprises, il rende justice à son compatriote avec une entière loyauté (Selection, p. 13 et passim). ÉRASME DARWIN. 287 Si Wallace avait lu la Zoonomie, il n’eût pas manqué d'attri- buer à Érasme Darwin la pensée que certains animaux trou- vent une protection dans les couleurs de leur corps, comme il a reporté à Bates l’honneur d’avoir interprété, justement selon lui, les faits de mimétisme. Il est d’ailleurs évident à mes yeux qu'il y à là seulement autant de conséquences, très logiquement déduites de leurs doctrines générales et du rôle attribué par eux à la sélection naturelle. Ce que je viens de dire de Charles Darwin et de Wallace s’ap- plique à plus forte raison à Lamarck. On a vu combien sont rares et peu précis les rapports qui peuvent être signalés éntre ses théories et celles d'Érasme Darwin; combien sont au contraire nombreuses et peu profondes les différences exis- tant entre les deux doctrines. Chez lui aussi, d’ailleurs, la manière dont il explique l’action modificatrice du besoin et de l’häbitude n’est que la conséquence logique de tout ce qu'il a dit au sujet de son fluide nerveux. IX. — En somme, on trouve dans les écrits théoriques d'Érasme Darwin et de Lamarck bien des conceptions bizarres et étranges. Mais en fait de bizarrerie et d’étrangetés le mé- decin anglais va bien autrement loin que le savant français, et certainement celui-ci n’a rien emprunté à son prédécesseur. CONCLUSION Après avoir examiné dans un précédent ouvrage l’œuvre de Charles Darwin et de ses précurseurs français, nous venons de passer en revue les conceptions de ceux qui ont été ses émules, soit en apportant aux naturalistes des doctrines nou- velles, soit en cherchant à perfectionner la doctrine du maître. De cet examen détaillé et que nous avons voulu rendre aussi impartial que possible, se dégage malheureusement une seule impression : celle de notre impuissance à résoudre actuellement le grand problème auquel tant d'hommes émi- nents se sont vainement attaqués. Les commencements de la vie sur la terre demeurent pour tous un impénétrable mystère. Aux transformations qu'a pu subir la composition des faunes et des flores nous ne pouvons assigner aucune cause plausible. Les modifications dont les formes actuellement vivantes sont susceptibles, peuvent bien aller jusqu’à produire des variétés et des races, aucune n’a pu produire une espèce nouvelle. L'espèce demeure une entité indélébile, semblable à celle des corps simples de la chimie. Peut-être les ténèbres qui enveloppent l’origine du monde vivant s’éclaireront-ils un jour. La science a montré trop de puissance pour qu'il ne soit pas imprudent de lui assigner des limites. Nous ne répéterons pas, en terminant cet ouvrage, l’ignorabimus de Dubois-Reymond, nous dirons simplement ignoramus. FIN TABLE DES MATIÈRES TOME PREMIER Prérace PAR M. Eu. Perrier : M. de Quatrefages........,....... Y VIE ET TRAVAUX DE M. DE QUATRErAGES, par M. E.-T. Hamy......... CI INTRODUCTION 1. — Le transformisme, la philosophie et le dogme........... il Il. — Variation et transmutation. — Puissance de la nature et de l’homme. — Théorie des espèces intermédiaires... ?0 CHAPITRE PREMIER ALrnen RUSSEL WALLACE........ecu.cues AR AR Pine PEER 41 CHAPITRE II RU ns MT LL ie see 102 CHAPITRE III LR an ha an en dde d'ions Ma AL 8 ad 113 TOME SECOND CHAPITRE IV D Lt UE OR CORRE OC RE RE PR ER Il CHAPITRE V ns «eo e{uie ele etes oo AE BA nn EC at ete 46 CHAPITRE VI nn es eme à eo 0.6 à vo eo de one à 0 0 00 le l0 a 0e ie 53 CHAPITRE VII D nd aloloineinie de o oo a ete tes os leon ee 133 CHAPITRE VIII ol rate re coco ve e à tete PATES E 195 CHAPITRE IX MIVAR A eee ocean « » > Le 0 5 OT RE PRE DDR OO re tue ARS ROUTE 209 : CHAPITRE X TETE Re = ARR ee vais De 0 oise dujesrolose sise sie vietelele 1: 4e 224 CHAPITRE XI DHOMAAITS DIHALEOY: 2-0. 0e ee se 0 SEE ONE Le FE. Pr SN CARRE 244 CHAPITRE XII RSR DDAMENENES +» soc me o oo mc 0.0 610 0 0,0 0 0 0.0 0 0 0fe se DR our 266 CONCLUSION De QuarreraGes. — Émules de Darwin. II. — 19 BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. ÉM. ALGLAVE Volumes in-8, reliés en toile anglaise. — Prix : Gfr. La Bibliothèque scientifique internationale n'est pas une entreprise de librairie ordinaire. C’est une œuvre dirigée par les auteurs mêmes, en vue des intérêts de la science, pour la populariser sous toutes ses formes, et faire connaître immédiatement dans le monde entier les idées origi- nales, les directions nouvelles, les découvertes importantes qui se font chaque jour dans tous les pays. Chaque savant expose les idées qu'il a introduites dans la science et condense pour ainsi dire ses doctrines les plus originales. On peut ainsi, sans quitter la France, assister et parti- ciper au mouvement des esprits en Angleterre, en Allemagne, en Amé- rique, en Italie, etc., tout aussi bien que les savants mêmes de chacun de ces pays. La Bibliothèque scientifique internationale ne comprend pas seulement des ouvrages consacrés aux sciences physiques et naturelles, elle aborde aussi les sciences morales, comme la philosophie, l’histoire, la politique et l'économie sociale, la haute législation, etc.; mais les livres traitant des sujets de ce genre se rattachent encore aux sciences naturelles, en leur empruntant les méthodes d'observation et d'expérience qui les ont rendues si fécondes depuis deux siècles. 77 VOLUMES PUBLIÉS J. Tyndall. LES GLACIERS ET LES TRANSFORMATIONS DE L'EAU, SUiVis d’une étude de M. Helmholtz sur le même sujet, avec 8 planches tirées à part et nombreuses figures dans le texte. 5° édition.........,....... 6 fr. Bagehot. Lois SCIENTIFIQUES DU DÉVELOPPEMENT DES NATIONS. 5tédit. 6 fr. J. Marey. LA MACHINE ANIMALE, locomotion terrestre et aérienne, avec 117 figures dans le texte. 5e édition augmentée. ..... D co (out A. Bain. L'Esprit ET LE CORPS considérés au point de vue de leurs rela- tions, avec figures. be édition: .......-000/Ne "22 -ecter CPR Pettigrew. LA LOCOMOTION CHEZ LES ANIMAUX, avec 130 fig. 2° édit. 6 fr. Herbert Spencer. INTRODUCTION A LA SCIENCE SOCIALE. 10e édit.. 6 fr. O. Schmidt. DESCENDANCE ET DARWINISME, avec fig. 6e édit....... 6 fr. H. Maudsley. LE CRIME ET LA FOLIE. 6€ édition.................. 6 fr. P.-J. Van Beneden. Les COMMENSAUX ET LES PARASITES dans le règne animal, avec 83 figures dans le texte 3e édition................ C&Îr. Balfour Stewart. LA CONSERVATION DE L'ÉNERGIE, suivie d'une étude sur LA NATURE DE LA FORCE, par P. de Saint-Robert. 5e édition.. 6 fr. Draper. LES CONFLITS DE LA SCIENCE ET DE LA RELIGION. 8e édition. 6 fr. Léon Dumont. THÉORIE SCIENTIFIQUE DE LA SENSIBILITÉ, 4e édit... 6 fr. Schutzenberger. LES FERMENrATIONS, avec 28 figures. 5° édition. 6 fr. Whitney. LA VIE DU LANGAGE. 8e édition. ..................0 17: Cooke et Berkeley. Les cnawriGxons, avec 110 figures. 4° édit. 6 fr. Bernstein. Les sens, avec 91 figures dans le texte. 5e édition... 6 fr. Berthelot. LA SyYNTHÈSE CHIMIQUE. 6e édition..................., 6fr. Luys. Le CERVEAU ET SES FONCTIONS, avec figures, 7e édition...... 6 fr. W. Stanley Jevons. LA MONNAIE ET LE MÉCANISME DE L'ÉCHANGE, 5€ 6di- SP EP ee An MS 2 Enr Fuchs. LES VOLCANS ET LES TREMBLEMENTS DE TERRE, avec 36 figures dans le texte et une carte en couleurs. 5° édition........,........ + AONID Général Brialmont. LA DÉFENSE DES ÉTATS ET LES CAMPS RETRANCUÉS, avec nombreuses figures et deux planches hors texte. 4° édit... 6 fr. À. de Quatrefages. L'ESPÈCE HUMAINE. 112 édition... SARA “161 Blaserna et Helmholtz. LE SON Er LA mie avec 50 figures dans lentexte. 5° édition. ..... Ad rires SRÉPOROET ENRE Masse «cé CU Rosenthal. 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LES BASES DE LA MORALE ÉVOLUTIONNISTE. 42 6di- uote see at he eee Mr ON IT, Th.-H. Huxley. Dome introduction à l'étude de la zoologie, DRAP RULES... eee. aie 0» 2 2 RS CO EE AUS à en OIL: De Roberty. LA soctoLoGiE. 1 vol. in-8, 3e édition............. (6 fr. O.-N. Rood. TuéORIE SCIENTIFIQUE DES COULEURS et leurs applications à l'art et à l'industrie, avec 130 figures dans le texte et une planche en POMIEUTS- 4-0... bd sement DANS mA LES PER G. de Saporta et Marion. L'éfour TION DU RÈGNE VÉGÉTAL, Les crypto- D nyec So üigures dans le texte... ........... 4.202190 6787. Charlton Bastian. LE CERVEAU, ORGANE DE LA PENSÉE CHEZ L'HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX. ? vol., avec 184 fig. dans le texte. 2e édition. 12? fr. James Sully. LES ILLUSIONS DES SENS ET DE L’EsPrir. 2e édition... 6 fr. Alph. de Candolle. L'ORIGINE DES PLANTES CULTIVÉES. 3° édition. 6 fr. Mona LE SOLEIL, avec 86 figures... {55.220 Es RER IQE 2.11671re J. Lubbock. LES FOURMIS, LES ABEILLES ET LES GUÊPES. ? vol., avec 65 fig. dans le texte et 12 planches hors texte dont 5 en couleurs. ERAUTT. Ed. Perrier. La PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE AVANT Darwin. ?° éd... 6 fr. Stallo. LA MATIÈRE ET LA PHYSIQUE MODERNE. 2€ édition......... GT Mantegazza. LA PHYSIONOMIE ET L'EXPRESSION DES SENTIMENTS, avec 8 planches hors texte. 2° édition............ PA Le de see SG FIDE De Meyer. LES ORGANES DE LA PAROLE, avec 51 figures......... Gr De Lanessan. INTRODUCTION A LA BOTANIQUE. LE SAPIN, avec figures. 2e édition....... HER EI : ARRETE a SES VEUT sure AL EE AA Ne 4 76 fr. G. de Saporta et cts L’ÉVOLUTION DU RÈGNE VÉGÉTTAL. Les pha- nérogames, ? vol., avec 136 figures............ NAS S RE Pl dit E. Trouessart. LES MICROBES, LES FERMENTS ET LES MOISISSURES, avec onhedans le texte. 28 Éditions... de. soccer Ir. R. Hartmann. LES SINGES ANrroroïpes, et leur organisation comparée à celle de l'homme, avec 63 figures dans le texte.............. 6fr. O. Schmidt. LES MAMMIFÈRES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LEURS ANCÊTRES GÉOLOGIQUES, avec 51 fig. dans le texte.................... 6". Binet et Féré. Le MAGNÉriISME ANImAL, avec figures dans le texte. 39 ÉAION. .. . msn ssl rise sente es ses Romanes. L'INTELLIGENCE DES ANIMAUX. ? vol. 2e édition........ 12 fr. C. Dreyfus. L'ÉVOLUTION DES MONDES ET DES sOcrÉTÉs. 3e édition.. G fr. F. Lagrange. PHYSIOLOGIE DES EXERCICES DU corps. 6e édition... 6G fr. Daubrée. LES RÉGIONS INVISIBLES DU GLOBE ET DES ESPACES CÉLESTES, aVeC 18 figures dans le texte. 2° édition........... RE os À Sir J. Lubbock. L'HOMME PRÉHISTORIQUE. 2? vol., avec 228 fig. dans le LexleNSPAÉCTIDN-=-e---- ce HOMO Asa c de secs RTE Ch. Richet. La CHALEUR ANIMALE, avec graphiques FA. le texte. 6 fr. Falsan. LA PÉRIODE GLACIAIRE, ÉTUDIÉE PRINCIPALEMENT EN FRANCE ET EN SUISSE, avec 105 fig. dans le texte et 2 cartes..." OR H. Beaunis. LES SENSATIONS INTERNES. ...................-.-:- ONIDe Cartaiïilhac. 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MAI 1893 Les titres préédés d’un astérisque sont PT par le Mini ière de l'Instru ion p pour les Bibliothèques des éleves et des professeurs et pour les distributions de prix des lye et collèges. — Les lettres V. P. indiquent les volumes adoptés pour patrons done Bibliothèques de la Ville de Paris. PEU», BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE CONTENPORL Volumes ïin-12, brochés, à 2 fr. 50. Cartonnés toile, 3 francs. — En demi-reliure, plats papier, 4 francs. - (Quelques-uns de ces volumes sont épuisés, et il n’en reste que peu d'exc : imprimés sur papier vélin; ces volumes sont annoncés au prix de‘5 francs. d'A ALAUX, professeur à la Faculté des lettres d'Alger. Philosophie de M. Cousin. | à ARRÉAT (L.). La Morale dans le drame, l'épopée et le roman. 2° édition AUBER (Ed.). Philosophie de la médecine. BALLET (G.), proiesseur agrégé à la Faculté de médecine. Le Langage intérieur | et les diverses formes de l’aphasie, avec figures dans le texte. 2° édit. "=. BARTHÉLEMY-SAINT-UILAIRE, de l’Institut. * De la Métaphysique. BEAUSSIRE, de l'Institut. * Antécédents de l’hégélianisme dans la philesophie | française. ; 4: BERSOT (Ernest), de l’Institut. * Libre philosophie. (V. P.) 2 ET æ BERTAULD, sénateur. * L'Ordre social et l'Ordre moral. LAON — De la Philosophie sociale. i A BERTRAND (A.), professeur à la Faculté des lettres de Lyon: La Psychologie de l'effort et les doctrines contemporaines. 1889. 1 BINET (A.). La Psychologie du raisonnement, expériences par l'hypnotisme. à BOST. Le Protestantisme libéral. Papier vélin. 4 BOUTMY (E.), de l’Institut. Philosophie de l'architecture en Grèce. (V. P.) EN CHALLEMEL-LACOUR. * La Philosophie individualiste, étude sur G: de Hume boldt. (V. P.) CONTA (B.).* Les Fondements de là métaphysique, traduit du roumain se D. TES- CANU. COQUEREL Fics (Ath.). Transformations historiques du christianisme. Pa Papier | vélin. et 2 VA —- Histoire du Credo. Papier vélin. fr. COSTE (Ad.). Les Conditions sociales du bonheur et de Ia force. 3° édit. (V. P.) DELBOŒUF (J.), professeur à l'Université de Liège. La Matière brute: et la Matiè vivante. ESPINAS (A.), doyen de la Faculté des lettres de Bordeaux. * La Fhilosopl expérimentale en Italie. ‘4 FAIVRE (E.), professeur à la Faculté des sciences de Lyon. De la Variabilité des espèces. 2.50 FÉRÉ (Ch.). Sensation et Mouvement. Étude de psycho-mécanique; ave figures! — Dégénérescence et Criminalité, avec figures. FONSEGRIVE, professeur au lycée Buffon, La Gausalité efficiente. 1893. FONTANES. Le Christianisme moderne. Papier vélin. FONVIELLE (W. de). L'Astronomie moderne. FRANCK (Ad.), de l’Institut. * Philosophie du droit pénal. 4° édit. — Des Rapports de la Religion et de l'État. 2° édit. — La Philosophie mystique en France au XVIII° siècle. GAUCKLER. Le Beau et son histoire. GUYAU. *La Genèse de l'idée de temps. 1890. HARTMANN (E. de). La Religion de l'avenir. 2° édit. — Le Darwinisme, ce qu’il y a de vrai et de faux dans cette doctrine. 3 édit. HERBERT SPENCER. * Classification des sciences. 4° édit. — L'Individu contre l'État. 3° édit. JANET (Paul), de l'Institut. * Le Matérialisme contemporain. 5° édit. £ — * Philosophie de la Révolution française. 5° édit. (V. P.) Fe . — * Saint-Simon et le Saint-Simonisme. É JANET (Paul), de l’Institut. Les Origines du socialisme contemporain. CR édi- tion. 1892. TR — La Philosophie de Lamennais. FALSE A 136) td à 1 roi "À gs de RE — 3 — fe e Fe? |" APR _ Suite de la Bibliothèque de philosophie contemporaine, format in-12, SRE à 2 fr. 50 le volume. # UT : . LAUGEL (Auguste). * L'Optique et les Arts. (V. P. =} Les Problèmes de la nature. _ —* Les Problèmes de la vie. Le * Les Problèmes de l'âme. . — * La Voix, l'Oreille et la Musique. (V. P.) Papier vélin 5 fr. … — * Philosophie de la Révolution rrançaise. 4° édit. (V. P.) .… LEBLAIS. Matérialisme et Spiritualisme. Papier vélin. — LEMOINE (Albert). * Le Vitahisme et l'Animisme. — LEOPARDI. Opuscules et Pensées, traduit de l'italien par M. Aug. Dapples. … LEVALLOIS (Jules). Déisme et Christianisme. … LÉVÊQUE (Charles), de l’Institut. * Le Spiritualisme dans l'art. . — * La Science de l’invisible. … LÉNY (Antoine). Morceaux choisis des philosophes allemands. … LIARD, directeur de l'Enseignement supérieur. * Les Logiciens anglais con- _ temporains. 3° édit. à 4 ” — Des définitions géométriques et des définitions empiriques. 2 édit, … LOMBROSO. L'Anthropologie criminelle et ses récents progrès. 2 édit. 1891, … — Nouvelles recherches d'anthropologie criminelle et de psychiatrie. 1892. _ — Les Applications de l'anthropologie criminelle. 1892. - LUBBOCK (Sir John). * Le Bonheur de vivre. 2 volumes. 1891-1892. = LYON (Georges), maître de conférences à l'École normate. La Philosophie ‘de ‘Hobbes. 1815. a - MARIANO. La Philosophie contemporaine en Italie. MARION, professeur à la Sorbonne. * J. 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Le Langage et la Musique, traduit de l'allemand par M. Schwiedland. STUART MILL. *Auguste Comte et la Philosophie positive. 4° édit. (V. P.) _— L'Utilitarisme. 2° édit. | TAINE (H.), de l’Académie française. L'Idéalisme anglais, étude sur. Carlyle. _— * Philosophie de l'art dans les Pays-Bas. 2° édit. (V. P.) _— * Philosophie de l'art en Grèce. 2 édit. (V.P.) le la né 12 able ET x Suite de la Bibliothèque de MCE contemporaine, pps in-1£ à 2 fr. 50 le volume. Qt x TARDE. La Criminalité comparée. 2° édition. - ETS: — * Les Transformations du Droit. 1893. THAMIN (R.), professeur à la Faculté des lettres de on ‘'faucat{ot visme. 1892. Ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales et TISSIÉ. * Les Rêves, avec préface du professeur Azam. VIANNA DE LIMA. L'Homme selon le transformisme. (V. P.) WUNDT. Hypnotisme et suggestion. Étude critique. 1893. ZELLER. Christian Baur et l'École de Tubingue, traduit par M. Ritter. | ps BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE COR S Volumes in-8. Brochés à 5 fr., 7 fr. 50 et 10 fr. — Cart. anglais, 1 fr. en plus par gere. Dan roll CRIPIUS ere chene . 2 francs par volume. AGASSIZ. * De l’Espèce et des Classifications. 1 vol. ARRÉAT. Psychologie du peintre. 1 vol. 1892. BAIN (Alex.). * La Logique inductive et déductive. Traduit de gaie M. G. Compayré, 2 vol. 2° édition. ; — * Les Sens et l’'Intelligence. 1 vol. Traduit par M. Cazelles. 2 édit. — Les Émotions et la Volonté. Trad. par M. Le Monnier. À vol. | BARDOUX. * Les Légistes, leur influence sur la société française. 4 vol. Sfr. BARNI (Jules). * La Morale dans la démocratie. 1 vol. 2° édit. (V. P.) 5 BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE, de l’Institut. La Philosophie dans ses rapports avec les sciences et la religion. 4 vol. 5 fr. BERGSON, docteur-ès lettres, professeur au lycée Henri IV. Essai sur les donnée S immédiates de la conscience. 1 vol. - 3fr. 75 BOURDEAU (L.). Le Problème de la mort, ses solutions imaginaires, d'après | la science positive. 1 vol. 1895. 6 fr. 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La Morale anglaise contemporaine. { vol. 2 édit, 7 fr. 50 _ — Les Problèmes de l'esthétique contemporaine. 1 vol. 5 fr. E — Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction. 1 vol. 2édit. 1893. 5 fr. - — L'Irréligion de l'avenir, étude de sociologie. 1 vol. 3° édit. 7 fr. 50 2 — L'Art au point de vue sociologique. { vol. 1 fr. 50 ca — Hérédité et Éducation, étude sociologique. 1 vol. % édit. 5 fr. cé HERBERT SPENCER.“ Les Premiers principes.Traduit par M.Cazelles.1 vol. 10 fr. … _— Principes de biologie. Traduit par M. Cazelles. 2 vol. 20 fr. ee — * Principes de psychologie. Trad. par MM. Ribot et Espinas. 2 vol. 20 fr. | — * Principes de sociologie. 4 vol., traduits par MM. Cazelles et Gerschel : ; Tome L. 10 fr. — Tome Il. 7 fr. 50. — Tome LIL. 15 fr. — Tome IV. 3 fr. 75 e — * Essais sur le progrès. Traduit par M. A. Burdeau. 4 vol. 5édit. 7 fr. 50 # — Essais de politique. Traduit par M. A. Burdeau. 1 vol. 3° édit. 7 fr. 50 - — Essais scientifiques. Traduit par M. A. Burdeau. 1 vol. 2 édit. 7 fr. 50 3e — * De l'Education physique, intellectuelle et morale. 1 vol. 10° édit. D fr: LV — Descriptive Sociology, or Groups of sociological facts. French compiled by “& James CoLLIER. { vol. in-folio. 50 fr- y HIRLH (G.). Physiologie de l'Art. Traduit de l'allemand et introd. par M. L. ARRÉAT. à 1 vol. in-8. 1092. 5 fr. —_ HUXLEY, de la Société royale de Londres. * Hume, sa vie, sa philosophie. Traduit : de l'anglais et précédé d’une introduction par G. COMPAYRÉ. 1 vol. 5 fr. = JANET (Paul), de l’Institut. * Les Causes finales. 1 vol. 2° édit. 10 fr. — * Histoire de la science politique dans ses rapports avec la morale. 2 forts x - vol. 3° édit., revue, remaniée et considérablement augmentée. 20 fr. % — * Victor Cousin et son œuvre. 1 vol. 3e édition. 16t0e 90 …_ JANET (Pierre), professeur au collège Rollin. L'Automatisme psychologique, …_ … — essai sur les formes inférieures de l’activité mentale. 1 vol. 1889. 7 fr. 50 — JAURÈS (J.), professeur à la Faculté des lettres de Toulouse. De la réalité du Monde sensible. 1 vol. 1892. 1 fr. 50 LAUGEL (Auguste). Les Problèmes (Problèmes de la nature, problèmes de la vie, problèmes de l’âme). 1 vol. 7 fr. 50 + LAVELEYE (de), correspondant de l’Institut. De la Propriété et de ses formes | primitives. 1 vol. 4° édit. revue et augmentée. 10 fr. — Le Gouvernement dans la démocratie. 2 vol. 2° édit. 1892. 15. fr. LIARD, directeur de l’enseignement supérieur. Descartes. 1 vol. 5 fr. — * La Science positive et la Métaphysique. 1 vol. 2° édit. 7 fr. 50 LOMBROSO. L'Homme criminel (criminel-né, fou-moral, épileptique), précédé d’une préface de M. le docteur LETOURNEAU. 1 vol. 10 fr. — Atlas de 40 planches, avec portraits, fac-similés d’écritures et de dessins, tableaux et courbes statistiques pour accompagner le précédent ouvrage. 2° édit. 12 fr. — L'Homme de génie, traduit sur la 8° édition italienne par FR. COLONNA p'Isrria, et précédé d'une préface de M. CH. Ricuet. 1 vol. avec 11 pl. hors texte. 10 fr. LOMBROSO et LASCHI. Le Crime politique et les Révolutions. 2 vol. avec planches hors texte. 1892. 15 fr. -LYON (Georges), maître de conférences à l’École normale supérieure. * L'Idéalisme en Angleterre au XVIII: siècle. 1 vol. 7 fr. 50 J MARION (H.), professeur à la Sorbonne. De la Solidarité morale. Essai de 7 psychologie appliquée. 1 vol. 3° édit. (V. P.) 5: fr: MATTHEW ARNOLD. La Crise religieuse. 1 vol. 1 fr. 50 MAUDSLEY. La Pathologie de l'esprit. 1 vol. Traduction de l'anglais par M. Ger- ._. mont. 10 fr. — NAMILLE (E.), correspond. de l’Institut. La physique moderne.1{ vol. 2° édit. 5 fr. - _ NOVICOW. Les Luttes entre Sociétès humaines et leurs phases successives. | 1 vol. 1893. 19 fr. ë PAULHAN (Fr.). L'Activité mentale et les Éléments de l'esprit. 1 v. 10 fr. _ PÉREZ (Bernard). Les Trois premières années de l'enfant. 1 vol. 5° édit. 5 fr. g. — L'Enfant de trois à sept ans. 1 vol. 2° édit. 5 fr. ” … — L'Éducation morale dès le berceau. 1 vol. 2° édit. 5 fr. 2 — L'Art et la Poésie chez l'enfant. 1 vol. 5 fr. — Le Caractère, de l’enfant à l'homme. 1 vol. s'#: ee ErTY hrs “Es « LS k SE ER - LL Suite de la Biblioihèque de philosophie RE in-8. PICAVET (E.), maître de conférences à |” École des hautes ‘études. Les TS essai sur l'histoire des idées, des théories scientifiques, philosophiques religieuses, -etc., en France. depuis 1789.1 vol. (Ouvr. couronné par l'Académie fraa aise. :INE PIDERIT. La Mimique et la Physiognomonie. Trad. de l'allemand par M. 4 vol., avec 95 ligures dans le texte. (V. P. ‘ PILLO\(F. ), ancien rédacteur de la Crilique philosophique. * L'Année philosop! 4e, 2° et 3° années, 1890, 1891 et 1892. 3 vol. Chaque volume séparément. PREY ER, professeur à l'Université de Berlin. Éléments de physiologie. T de l'allemand par M. J. Soury. 1 vol. < — L'Ame de l'enfant. Observations sur le développement psychique: des premièr années. 1 vol., traduit de l’allemand par M. H. C. de Varigny. ‘le PROAL. * Le Crime et la Peine. 1 vol. 1892. Ouvrage couronné par l'Académie dés sciences morales et politiques. 10 RAUH (F.), professeur à la Faculté des lettres de Toulouse. Essai sur le fondème métaphysique de la morale. 1 vol. 1891. HO : AR RIBUT (Th.),- professeur au Collège de France, directeur de la Revue pe pag F L'Hérédité psychologique. 1” vol. 4° édit. Tfr. 50 — * La Psychologie anglaise contemporaine. 1 vol 3° édit. #41! 1 50 — * La Psychologie aliemande contemporaine. { vol. 2° éd. IE 50. : Voy. p 3, 16. RICARDDU (A. JAbtou ès lettres. De l’Idéal, étude philosophique: 4. vol. 1891. Ouvrage couronné par | Académie des sciences morales et politiques. 5 fr. RICHET °(Ch. )}, professeur à la Faculté de médecine de Paris. L'Homme et l'Intél- ligence. Fragments de psychologie et de physiologie. 1 vol. 2° édit, 10 fr. ne ROBERTY (E. de). L'Ancienne et la Nouvelle philosophie. 1 vol. T fr. 50 — * La Philosophie du siècle (positivisme, crilicisme, évolutionnisme). 4 vol. 5%fr. ROMANES. L'Évoiution mentale chez l'homme. 1891. 1 vol. 7 fr. o "s SAIGEY (E.). Les Sciences au XVIII‘ siècle. La Physique de Voltaire. { vol. 5 fr. SCHOPENHAUER. Aphorismes sur la sagesse dans la vie. 3° édit, TRE M. Cantacuzène. 1 vol. Je — De la Quadruple racine du principe de la raison suffisante, suivi d'une Histoire de la doctrine de l'idéal et du reel. Trad. par M. Cantacuzène. { vol. 5 fr. —* Le Monde comme volonté et comme représentation. Traduit par M.A:Bur- deau. 3 vol. Chacun séparément. 1 fr. 50 = SÉAILLES, maître de conf. à la Sorbonne. Essai sur le génie dans l'art. {1 v. 5fr. SERCGI, professeur à l'Université de Rome. La Psychologie physiologique, traduit de l'italien par M. Mouton. 1 vol. avec figures. 7 fr +. 50 SOLLIER (D° Paul). * Psychologie de l’idiot et de l’imbécile. 1 vol. ‘avec. 12 planches hors texte. 1891. 5 fr. SOURIAU (Paul), professeur à la Faculté des lettres de Lille. L'Esthétique du mou- vement. { vol. Sfr, — La suggestion dans l’art. 1 vol. 1893. (V. P.) STUART MiLL. * La Philosophie de Hamilton. 1 vol. — * Mes Mémoires. Histoire de ma vie et de mes idées. 1 vol. — * Système de logique déductive et incuctive. 3° édit. 2 vol. — * Essais sur la religion. 2° édit. 1 vol. Ye HVoy. p. 3.) pi eu (James). Le Pessimisme. Traduit de l'anglais par MM. Bertrand et Pa. SE } FR VACHEROT (Et.), de l’Institut. Essais de philosophie critique. 1 vol. 7 fr. 50 > — La Religion. 1 vol. Tfr. 50 WUNDT. Éléments de psychologie physiologique. 2 vol. avec AUS) trad. de l’allem. par le D° Élie Rouvier, et précédés d’une préface de M. D. Nolen. 20 fr. ÉDITIONS ÉTRANGERES Éditions anglaises. PAUL JANET. The Materialism of present A AUGUSTE LAUG The United Slat 1 FU AE EE J ; LAUGEL. The Uni ates durin RAR the war. In-8. “ " 7 EE Editions allemandes. ALBERT RÉVILLE. History of the doctrine of the | JuLes BARNI. Napoléon Ier. In-18. deity of Jesus-Christ. 3 sh. 6 p. | PAUL JANET. Der Materialismus 7 H, TAINE. Italy (Naples et Rome). 7 sh. 6 p. 1 vol. in-18. H. TAINE The Philosophy of Art. 3 sh. | H.'TAINE. Philosophie der Kunst.{v. in.18, 3m Mrs D NE 1 = COLLECTION HISTORIQUE DES GRANDS PHILOSOPHES % PHILOSOPHIE ANCIENNE ARISTOTE (Œuvres d’), traduction de lume.in-8, 39 édit...... 7 fr. 50 J. Banraécemy-Sainr-Hicaine, de | ÉCOLE D'ALEXANDRIE, * #istoire l'Institut. 2 — Psychologie (Opuscules), avec 10 notes. { vol. in-8. notes. 4 vol. in-8....... 40 fr. £ — Rhétorique, avec notes. 4870, En PS... ae mel AN Er e" — Politique. 1868. 1 v.in-8. 40 fr. es — La Métaphysique d’Aristote. 3 vol. in-8. 14879....... 30 fr. — Fraité de la production et de la destruction des choses, avec notes. 4866.14 v.gr.in-8.. 10 fr. — De la: Logique d'Aristote, par M. BARTHÉLEMY - SAINT - HILAIRE. 2 vol.in-8...,. 40 fr. — Table alphabétique des ma- tières de la traduction géné- rale d'Aristote, par M: BARTHÉ- LEMY-SAINT-HILAIRE. 2 PRE Rp , ag TT Ve, 1 à forts vol. POLOGNE) . 0... 30 fr — BÆEsthétique d’Aristote, par M. BÉNARD. 1 vol.in-8. 4889. 5 fr. CX _SOCRATE. “ La Philosophie de So- crate, par M. Alf. FouILLÉE. 2 vol. 7. CRE 16 fr. — Le Procès de Socrate, Examen des thèses socratiques, par M, G SorEL. 1 vol. in-8, 14889, 3 fr. 50 PLATUN. Etudes sur la Dialecti- que dans Platon et dans Hegel, par M. Paul JANET. 4 vol.in-8. 6 fr. — Platon et Aristote, par VAN DER REST. 4 vol. in-8...... 2 A0: Er: PLATON. * Platon, sa philosophie, précédé d’un aperçu de sa vie.et de ses œuvres, par CH. BÉNARD. 1 vol. in-8. 1893 40 fr. ÉPICURE. La Morale d'Épicure el ses rapports avec les doctrines con- téemporaines, par M. GuyAu. 4, vo- 1 LE 0 edited La dei ce NÉ pas OL 4 t > fe . d « Ÿ » Æ . 124 Île LEIBNIZ. * Œuvres philosophi- ques, avec introduction et notes par M. Paul JaNer. 2 vol.in-8. 16 fr. — Leibniz et Pierre le Grand, par Foucugrpe CAREIL. 4 v.in-8. 2fr. — Leibniz et les deux Sophie, _ par FOUCHER DE CAREIL. In-8, 2 ir. » DESCARTES, par L. LiaRD.4v.in-8.5 fr. . — Essai sur l'Esthétique de Des- cartes, par KRANTZ, doyen de la Faculté des lettres de Nancy. 4 v. Me. A Mi SPINOZA. menedicti de Spinoza opera, quotquot reperta sunt, reco- NL: lu MAT ét 1 éraiait-2 «= [4 as Gun A ÉMuEdehE A de l'École d'Alexandrie, par M. BARTHÉLEMY-ST-HILAIRE. À vol, 6 fr. La Philosophie an- cienne, histoire de ses systèmes. 4" partie : La Philosophie et la Sa- gesse orientales. — La Philosophie grecque avant Socrate. — Socrate el les socratiques. — Etudes sur les sophistes grecs Av. in-8.1885. 9 fr. FABRE (Joseph). * Histoire dela phi- losophie, antiquité et moyen âge. { vol. in-18, .... 3.fr, 50 FAVRE (Me Jules), née VELTEN. La Morale des stoïciens, 4 volume IN-LS: 18 x mer der 3 fr. 50 — La Morale de Socrate. 1 vol. in-18. 1888... oc COITAOR — La Morale d’Aaristote, { vol. ini, AOBK 1. eh, 3 fr. 50 OGEREAU. Essai sur le système philosophique des stoïciens, 4: vol. in-8 4885.44. Dir. RODIER (G.). docteur ès-'ettrés. * La Physique de Straton de Lamp- saque. 1 vol. in-8....,. 3 fr. TANNERY (Paul), professeur supplant au collège de France, Pour lhis- toire de la science hellène (de Thalès à Empédocle). 4 v. in-8. te 7 ARE PEINE Ra A 71690 BROCHARD (V.), professeur à la Sorbonne. * Les Sectiques grecs (couronné p' l’Académie des sciences morales et politiques). 4 vol. in-8. 1887 8 fr. MILHAUD (G.). Les origines de la science grecque. 1 vol. in-8, DUT PHILOSOPHIE MODERNE gnoverunt J, Van Vloten.et J.-P.-N, Land, 2 forts vol... in-8 sur papier de Hollande. . 45 fr. — Inventaire des livres for- mant sa bibliothèque, publié d'après un document inédit. avec des notes biographiques et. bibliographi- qu:s et une introduction par A.-J. SERVAAS VAN RVOIJEN. 4 v. in-4 sur papier de Hollande. 1894.. 45 fr. GEULINCK (Arnoldi).@pera phitoso- phica recognovit J.-P.-N. LAND, tomes Let II, sur papier de Hollande, gr. in-8. Chaque vol... 47fr. 75 .s.…... do e- CE d'or SANS ge en NT k PL #'p Al VAT S PCRS j PAR SES SE : Hi Fpÿ "he JOUER RE re 2 < j SX ES" QUES GASSENDI. Le Philosophie de Gas- |. sendi, par P.-F. THomas, docteur ès lettres, professeur au lycée de Versailies. 4 vol.in-8. 14889. 6 fr. LOCKE. * Sa vie et ses œuvres, par M. MARION, professeur à la Sorbonne. 4 vol. in-48. 3° édition. 2fr. 56 MÂALEBRANCHE. * La Philosophie de Malebranebe, par M. OLLÉ- LAPRUNE, maître de eonférences à l'école normale supérieure. 2 vol. in-8.... 16 fr, PASCAL. Études sur le scepti- sms... PHILOSOPHIE ÉCOSSAISE DUGALD STEWART. ‘ Éléments de la phliosophie de lesprit hu- main, traduits de l'anglais par L. Peisse. 3 vol. in-42... 9 fr. HAMILTON. * La Philosophie de Hamititon, par J. STUART MILL. 4 vol. in-8...... 40 fr. HUME. * Sa vie et sa philosophie, par Th. HUXLEY, trad. de l’angl. par PHILOSOPHIE KANT. * La Critique de la raison pratique, traduction nouvelle avec introduction et notes, par M. PIcA- NET VOL IH Bee pbs" OUT. — Oritique de la raison pure, trad. par M.TissoT.2 v.in-8. 16 fr. Éclatrcissements sur la Critique dela raison pure, trad. par M. J. TissoT. 4 vol. in-8. 6 fr. — Frincipes métaphysiques de la morale, augmentés des Fon- dements de la métaphysique des mœurs, traduct. par M. Tissot. MAD ER Release, DAT. — Même ouvrage, traduction par M. Jules BARNI. 4 vol, in-8... 8 fr. — * La Logique, traduction par M. TissoT. 4 vol. in-8..... & fr. — * mélanges de logique, tra- duction par M.TissoT. 4 v.in-8. Gfr. — * Prolégomènes à toute mé- taphysique future qui se pré- sentera comme science, traduction de M. Tissot. 4 vol. in-8... 6 fr. — * Anthropologie, suivie de divers fragments relatifs aux rap- ports du physique et du moral de l’homme, et du commerce des esprits d’un monde à l’autre, traduction par M. TissoT, 4 vol.in-8..... 6 fr. — Traité de pédagogie, trad. J.BARNI; préface et notes par M. Ray- mond THAMIN. 4 vol. in-12. 2 fr. cisme de Pasent, professeur à la Fac: à Besançon. 4 vol, in-8 VOLTAIRE. Les par M. Em. SAIGEY 4 vol. FRANCK (Ad.), de L'IAES Le - losophie mystique en France au XVIII siècle. 4 volu InA 67 TRES PE ie DAMIRON. mémoires pour ser à l’histoire de la philosophie a XVEI° siècle. 3 vol. in- 8. 15 fr. CC M. G. COMPAYRÉ. 4 vol. in-8. 5fr. BACON. Étude sur François Ba- con, par M. J. BARTRÉLEMY-SAINT- à HiLAïRE, de l’Institut. 4 vol. FOCERE in-18. ; 2fr. 50 E ._...... Bacon, par M. CH. ADaAw, prolèse ù seur à la Faculté des lettres de. Dijon (ouvrage couronné par Er titut). 4 volume in-8.. 7 fr. 50 ALLEMANDE — Principes métaphysiques de la science de la nature, traduits pour la 1"° fois en français et accom- pagnés d’une introduction sur M Philosophie de la nature dans Kant, par CH. ANDLER et Ep. CHAVANNES. Le anciens élèves de l’École norme supérieure, agrégés de l Université. À vol. grand in-8. 4891. 4 fr. 50 FICHTE. * Méthode pour arriver à la vie bienbeureuse, trad, par M. Fr. BOUILLIER. 4 vol. in-8. 8 fr. FICHTE. Bestination du savantet de l’homme de lettres, traduit par M. Nicouas. 4 vol. in-8. 3 fr. * Doctrines de la science. 4 vol. in-8........ CE Lo SCHELLING. Brune, où du principe divin. 4 vol. in-8....... 3fr. 50 HEGEL. * Logique. 2° édit. 2 vol. in-8. . 44 fr, à — * Philosophie de Ia nature. 8 vol. in-8:%52282- 0000 ip — * Philosophie de l'esprit. 2 vol. in-8............. .... relatifs à la poésie. 2 v. in-8. — Esthétique. 2 vol. in-8 par M. BÉNARD........e _ BARNI (Jules). * Histoire des idées morales et politiques en France SR NIRe au dix-huitième siècle. 2 vol. in-12. (V. P.) Chaque volume. 3 fr. 50 : — * Les Moralistes français au dix-huitième siècle. 1 vol. in-12 faisant Mi suite aux deux précédents. (V. P.) 3 fr. 50 - BEAUSSIRE (Émile), de l’Institut. La Guerre étrangère et la Guerre 44 civile. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 - .. DESPOIS (Eug.). * Le Vandalisme révolutionnaire. Fondations littéraires, À scientifiques et artistiques de la Convention. 4° édition, précédée d’une notice sur l’auteur par M. Charles Bicor. 1 vol. in-42. (V. P. 3 fr. 50 CLAMAGERAN (J.), sénateur. * La France républicaine. { vol. in-18. KR: (N: P.) 3 fr. 50 … GUÉROULT (Georges). * Le Centenaire de 1789, évolution politique, philo- Tr sophique, artistique et scientifique de l’Europe depuis cent ans. À vol. DU", in-12. 1889. 3 fr. 50 Fe LAVELEYE (E. de), correspondant de l’Institut, Le Socialisme contem- n porain. 1 vol. in-12. 7° édit. augmentée. 3 fr. 50 … _ MARCELLIN PELLET, ancien député. Variétés révolutionnaires. 3 vol. À _ in-12, précédés d’une préface de A. RANcC. Chaque vol. séparém. 3 fr. 50 Le PULLER (E.), député, ancien ministre de l’Instruction publique. Figures … disparues, portraits contemporains, littéraires et politiques. 2 vol, in-12. + Chacun séparément. 3 fr. 50 __ —Histoire parlementaire de la deuxième République. { v. in-12. 2° édit. P.): 3 fr. 50 £ —* Éducation de la démocratie. { vol. in-12. 1892. (V.P.) 3 fr. 50 É _ — L'Évolution politique et sociale de l'Église. 1 vol. in-12. 1892. 3 fr. 50 * BOURDEAU (J.). Le Socialisme allemand et le Nihilisme russe. 1 vol. = in-18. 1892. 3 fr. 50 BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE D'HISTOIRE MIL VOLUMES PETIT IN-S DE 250 À 400 PAGES AYEC CROQUIS DANS LE TEXTE AE pe- Chaque volume cartonné à l’anglaise............. 5 francs. q 8 r VOLUMES PUBLIÉS : 1. — Précis des campagnes de Gustave-Adolphe en Allemagne (! 4632), précédé d’une Bibliographie généralé de l'histoire milit des temps modernes. ù 2: — Précis des campagnes de Turenne (4644-1675). 3. — Précis de la campagne de 1805 en Allemagne et en Italie. 4. — Précis de la campagne de 1815 dans les Pays-Bas. 5. — Précis de la campagne de 1859 en. Italie. 13. OR 6. — Précis de la guerre de 1866 en Allemagne et en Italie. ts 7. — Précis des campagnes de 1796 et 1797 en Italie et en Allemagne. 4 (Recommandé pour les candidats à l'École spéciale militæire de Saint-Cyr.) yh 4 « BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE ET POLITIQUE ALBANY DE FONBLANQUE. L'Aangleterre, son gouvernement, s institutions. Traduit de l'anglais sur la 14° édition par M. F.-C. DREYFUS, avec Introduction par M. H. BrissoN. 4 vol. in-8, L'E E BENLOEW. Les Lois de l'Histoire. { vol. in-8. 5fr. É DESCHANEL(E.). *Le Peuple et la Bourgeoisie. 1 vol.in-8,2°*éd. 5, DU CASSE. Les Rois frères de Napoléon 1%. 1 vol. in-8, i MINGHETTI. L'État et l'Église. 1 vol. in-8. LOUIS BLANC. Biscours politiques (1848-1881). 4 vol. in-8. NOVICOW. La Politique internationale. 4 fort vol. in-8, J COMBES DE LESTRADE. Éléments de socielogie. { vol. in-8. 4889. 5 fr. REINACH (Joseph). La France et litalic devant Fhistoire (1893). 4 vol. in-8. | Re 5 fr. Chaque vol. broché, 8 fr. — Cart, doré, tr. dorées. AA fr.50 ET. HISTOIRE POPULAIRE DE LA FRANCE, depuis iles origines jus- qu’en 14815. — Nouvelle édition. — 4 vol. in-8 colombier avec 1323 gr vures sur bois dans le texte. Chaque vol. broché, 7 fr. 50. — Cart. toil tranches dorées. 11 HISTOIRE CONTEMPORAINE DE LA FRANCE, depuis 1815: jusqu ‘la fin de la guerre du Mexique. — Nouvelle édition. —- 4 vol. in-8 colom bier avec 1033 gravuies dans le texte. Chaque vol. broché, 7 fr. 50 Cart. toile, tranches dorées. C'EST de À CEE \ 74 RECUEIL DES INSTRUCTIONS $ DONNÉES AUX AMBASSADEURS ET MINISTRES DE FRANCE DEPUIS LES TRAITÉS DE WESTPHALIE JUSQU'A LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Publié sous les auspices de la Commission des archives diplomatiques au Ministère des Affaires étrangères. Beaux volumes in-8 cavalier, imprimés sur papier de Hollande, 1. — AUTRICHE, avec Introduction et notes, par M. Albert SoREL, membre SOMPEUTE ER NRC TE CRAN 20 fr. 11. — SUËDE, avec Introduction et notes, par M, À. GEFFROY, membre de MEnSELU.. 1.0... né NO Mes gote star doreualelo CVERNEERS II. — PORTUGAL, avec hitroduction et notes, par le vicomte DE CAIX DE SAINT-AYMOUR. SR sein eiib éoelnnisiaee morcisieisti ROITS -IVet V. — POLOGNE, avec Introduction et or par M. Louis FARGES, LD OP ET ER AREA PEUT RTRRTONERNE à aa tea de 30 fr. NI. — ROME, avec jutroduetion et notes, nac M. G. Hanortaux, 20 fr. VII, _— BAVIÈRE, PALATINAT ET DEUX-PONTS, avec Introduction et notes, RME SANTÉ ÉERON LE, Lu de cute tac tete ete ei 25 fr, VIII et IX.— RUSSIE, avec Introduction et notes, “par M. Alfred RAMBAUD, Professeur à la Sorbonne. 2 vol. Le 4° vol, 20 fr. Le second vol. 25 fr. X. — NAPLES ET PARME, avec Introduction et notes par M. Joseph REI- A OS UT A Ant 98 Ads re fe 20 fr. La publication se continuera par les volumes suivants : ESPAGNE, par M. Morel-Fatio. DANEMARK, par M. Geffroy. ANGLETERRE, par M. Jusserand, VENISE, par M. Jean Kaulek. PRUSSE, par M. E. Lavisse. SAVOIE ET MANTOUE, par M. Horrie TURQUIE, par M. Girard de Rialle, de Beaucaire, INVENTAIRE ANALYTIQUE DES ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES PUBLIÉ Vous Les auspices de la Commission des archives diplomatiques I. — Correspondance politique de MM. de CASTILLON et de MARILLAC, ambassadeurs de France en Angleterre (15338- 1540), par M. JEAN KAULEK, avec la collaboration de MM. Louis Farges et Germain Lefèvre-Pontalis. 4 beau vol. in-8 raisin sur papier fort. 45 fr. il, — Papiers de BARTHEÉLEMY, ambassadeur de France en Suisse, de 1792 à 1797 (année 1792), par M. Jean KAULEK. 1 beau Min raisin sur papier fort. .,.....4. 2.303.200 85000000 ASifr. Ill, — Papiers de BARTHÉLEMY (janvier-août 1793), par M. Jean KAULEK. À beau vol. in-8 raisin sur papier fort....,........... ‘A45ifr. [V. — Correspondance politique de ODET DE SELVE, ambas- #adeur de France en Angleterre (1546-1549), par M. G. LEFÈVRE- PonTaLis. À beau vol. in-8 raisin sur papier fort...,.,.......... 45 fr. V. — Papiers de BARTHÉLEMY (septembre 1793 à mars 1794,)par M. Jean KAULEK. 4 beau vol. in-8 raisin sur papier fort........ 48 fr. NI. — Papiers de BARTHÉLEMY (avril 1794 à février 1795), par M. Jean KAULEK, 4 beau vol. in-8 raisin sur papier fort ....... 20 fr. Correspondance des Drys d'Alger avec Ina Cour de France 7 (2259-1833), recueillie par Eug. PLANTET, attaché au Ministère des Affaires étrangères. 2 vol. in-8 raisin avec 2 planchesen taille-douce hors texte. 30 fr. Correspondance des Beys de Tunis et des Consuls de France avec In Cour (1523-1830), recueillie par Eng. PLANTET, publiée sous les auspices du Ministère des Affaires étrangères. ToME I. 4 fort vol. in-8 raisin. 45 fr. DE LA FRANCE ET DE L'ÉTER Dirigée par Th. RIBOT Professeur au Collège de France. (18° année, 1893.) La REVUE PHILOSOPHIQUE paraît tous les mois, par (mao 1 feuilles grand in-8, et forme ainsi à la fin de chaque année de forts volumes d'environ 680 pages chacun. CHAQUE NUMÉRO DE LA REVUE CONTIENT : 4° Plusieurs articles de fond; 2° des analyses et comptes- rendus des no veaux ouvrages philosophiques français et étrangers ; 3° un compte rendu tions, pouvant servir de matériaux ou donner lieu à des vues md 1 Prix d'abonnement : Un an, pour Paris, 30 fr. — Pour les départements et l'étranger, 33 La livraison ae fee) Le ete le line MS RES BASS Les onnées écoulées se vendent séparément 30 francs, et par livrai de 3 francs. e" Table générale des matières contenues dans les 12 premières | ann (1876-1887), par M. BÉLUGOU. 1 vol. in-8....,.............. REVUE HSTOOIS Pa par &: EEE (18° année, 1893.) La REVUE HISTORIQUE paraît tous les deux mois, par- irreies grand in-8 de 45 ou 16 feuilles, et forme à la Gin de l’année tro beaux volumes de 500 pages chacun. : CHAQUE LIVRAISON CONTIENT : . + 10 I. Plusieurs articles de fond, comprenant chacun, s’il est possible, un travail complet. — II. Des Mélanges et Variétés, composés de documents iné- … dits d’une étendue restreinte et de courtes notices sur des points d’histo curieux ou mal connus.— Ill. Un Bulletin historique de la France et de l’étr. ger, fournissant des renseignements aussi complets que possible sur tout qui touche aux études historiques. — IV. Une Analyse des publications rs diques de la France et de l'étranger, au point de vue des études historiques. — V.Des Comptes rendus critiques des livres d’histoire nouveaux. Prix d'abonnement : Un an, pour Paris, 30 fr. — Pour les départements et l'étranger, 33 fr. L'a:livraisonst:!: Rss ER 6 fr. | Les années écoulées se vendent séparément 30 francs, et par fas de 6 francs. Les fascicules de la 1°° année se vendent 9 francs. années de Fe Revue rs | I. — Années 1876 à 1880, par M. CHARLES BÉMONT. 1 vol. in-8. u n Pour les abonnés. IL. — Années 1881 à 1885, par M. RENÉ CoupErc. 1 vol. in-8. 3. fr Pour les abonnés. _Lfr. 50 III. — Années 1886 à 1820. 1 vol. in-8, 5 fr.; pour les abonnés. 50 dar TA Te RQ d t ? Bar A CA ; tra f Q LAURE 7 … re _ RTE ÿ A l'in x | FES ANNALES DE L'ÉCOLE LIBRE ; DES MUSCIENCES POLITIQUES Le s! PER :" JR RECUEIL TRIMESTRIEL QE Publié avee la collaboration des professeurs et des anciens élèves de l'Ecole Re (Huilième année, 1893) Nr COMITÉ DE RÉDACTION : —.._ M. Émile Bouruy, de l’Institut, directeur de l'École; M. Léon SAY, de l’Aca- FA démie française, ancien ministre des Finances; M. ALF. DE FOVILLE, chef Las du bureau de statistique au ministère des Finances, professeur au Conser- De 4 vatoire des arts et métiers; M. R. STOURM, ancien inspecteur des Finances RE et administrateur des Contributions indirectes; M. Alexandre RIBOT, député, ancien ministre; M. Gabriel ALIX; M. L. RENAULT, professeur à la d Faculté de droit; M. André LEBON; M. Albert SoREL, de l'Institut; M. A. LME, VANDAL, auiiteur de 1°° classe au Conseil d'État; Directeurs des groupes de travail, professeurs à l'École. Secrétaire de la rédaction : M. Aug. ARNAUNÉ, docteur en droit. RL", Les sujets traités dans les Annales embrassent tout le champ couvert par le ARE d'enseignement de l'Ecole : Economie, polilique, finances, sla- istique, hisloire-constilulionnelle, droit international, public et privé, droil LS administralif, législations civile et commerciale privees, histoire législative k Dpemenaire. histoire diplomalique, géographie économique, ethnogra- Pre te, elc. “à 3 MUDE DE PUBLICATION ET CONDITIONS D'ABONNEMENT # _ Les Annales de l'École libre des sciences politiques paraissent ; tous les trois mois (15 janvier, 15 avril, 15 juillet et 15 octobre), v- par fascicules gr. in-8 de 186 pages chacun. LT mn Un an (du 45 janvier) : Paris, 48 fr.; départements et étranger, 19 fr. nt La livraison, 5 francs. Les trois premières années (1886-1387—-1888) se vendent chacune 46 francs, la quatrième année (1889) et les suivantes se vendent chacune 18 francs. 2 oo PA EDEN AN RD ER ENEN Revue mensuelle de l'École d'Anthropologie de Paris fs - (3° année, 1893) | PUBLIÉE PAR LES PROFESSEURS : . MM. A. BonDteR (Géographie médicale), Mathias Duvaz (Anthropogénie et Embryolo- gie), Georges HERVÉ (Anthropologie zoologique), J.-V. LABORDE (Anthropologie biologique), André LEFèvRe (Ethnographie et Linguistique), Ch. LETOURNEAU (Sociologie), MaNouvrifR (Anthropologie physiologique), MAHOUDEAU (Anthropologie histologique), Adr. de MorriLLeT (Ethnographie comparée), Gabr. de MORTILLET ( nthropologie préhistorique), HOveLACQuE, Directeur du comité d'administration de l'École. Cette revue paraît tous les mois depuis le 15 janvier 189, chaque numéro … formant une brochure in-8 raisin de 32 pages, et contenant une leçon d'un des proœ fesseurs de l'Ecole, avec figures intercalées dans le texte et des analyses el comptes rendus des faits, des livres et des revues périodiques qui doivent intéresser les personnes s'occupant d'anthropologie. ABONNEMENT : France et Étranger, 10 fr. — Le Numéro, 1 fr. __ ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES Let Dirigées par le D' DARIEX ] (3° année, 1893) Les ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES ont pour but de rapporter, avec force preuves à l'appui, toutes les observations sérieuses qui leur seront adressées, relatives fe aux faits soi-disant occultes : 1° de télépathie, de lucidité, de pressentiment; 2° de mouvements d'objets, d’apparitions objectives. En dehors de ces ‘chapitres de faits sont publiées des théories se bornant à la discussion des bonnes conditions pour 2 observer et expérimenter ; des analyses, bibliographies, critiques, etc. à Les ANNALES DES SCIENCES PSYCHIQUES paraissent tous les deux mois par numéros | . de quatre feuilles in-8 carré (64 pages), depuis le 15 janvier 1891. ABONNEMENT : Pour tous pays, 42 fr. — Le Numéro, 2 fr. 50. LS ‘ = D LES Ex > € A . el = Du 4 SEEN ui BIBLAQTUÈQUE La Bibliothèque scientifique internationale est une œuvre Re < par les auteurs mêmes, en vue des intérêts de la science, pour la po- pulariser sous toutes ses formes, et faire connaître immédiatement dans le monde entier les idées originales, les directions nouvelles, le découvertes importantes qui se font chaque jour dans tous les pays Chaque savant expose les idées qu’il a introduites dans la science e condense pour ainsi dire ses doctrines les plus originales. x On peut ainsi, sans quitter la France, assister et participer au mou- vement des esprits en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, Sd Italie, tout aussi bien que les savants mêmes de chacun deices pays. La Bibliothèque scientifique internationale ne comprend pas: ste ment des ouvrages consacrés aux sciences physiques et naturelles; elle aborde aussi les sciences morales, comme la philosophie, l’histoire, PA la politique et l’économie sociale, la haute législation, etc.; mais les livres traitant des sujets de ce genre se rattachent encore aux sciences naturelles, en leur empruntant les méthodes d'observation et d'expé- rience qui les‘ont rendues si fécondes depuis deux siècles. Cette collection paraît à la fois en français, en anglais, en alle- mand et en italien : à Paris, chez Félix Alcan; à Londres, chez CG. Kegan, Paul et Ci; à New-York, chez Appleton ; à Leipzig, chez Brockhaus ; à Milan, chez Dumolard frères. LS LISTE DES OUVRAGES PAR ORDRE D'APPARITION 76 VOLUMES IN-8, CARTONNÉS À L’ANGLAISE. CHAQUE VOLUME : 6 FRANCS:. 4.3. TYNDALL x Les Giaciers et les Trassformations de l’ean, avec.figures. { vol. in-8. 5° édition. (V. P.) | 6fr... 3. BAGEHRO!. * Loiïe scientifiques Au développement des nations dans leurs rapports avec les principes de la sélection naturelle et de l’hérédité. 4 vol. in-8. 5° édition. 6 fr. 2% 8. MAREY. * La Machine amimaie, locomotion terrestre et-aérienne, | avec de nombreuses fig. 4 vol. in-8. 5° édit. augmentée, (V. P.) 6 fr. | 4. BAIN. Ÿ L'Esprit et le Corps. { vol. in-8. 5° édition. Gr. 5. PETTIGREW, * &a Locomotion ewez les animaux, marche,natation, 4 vol. in-8, avec figures. 2° édit. ‘G'fr, 6. HERBERT SPENCER. * &a Setence sociale. v.in-8.10°édit.(V.P.)6fr. | 7. SCHMIDT (0.). * a Descendance de l'homme et le-Darwinisme. { vol. in-8, avec fig. 6° édition. } Gr. 8. MAUDSLEY. * Le Crime et ia Folie. 4 vol. in-8. 6° édit. fr. 9. VAN BÉNEDEN, * Les Commensaux et les Parasites dans le règne antmal, { vol, in-8, avec figures. 3*édit, (V, P.) 6 fr. 10. BALFOUR STEWART. £a Conservation de l'énergie, suivi d’une Étude sur la nature de la force, par M. P. de SAINT-ROBERT, avec figures. 4 vol. in-8. 5° édition. 6 fr. 41. DRAPER. Les Conflits de la setenee et-de la religion. { vol. in-8. 8° édition. 6ifr. 42. L. DUMONT, * Théorie scientifique de la sensibilité. 1 vol. in-8. A édition. 6 fr. 13. SCHUTZENBERGER. Ees Fermentations. 4 vol. in-8. avec fig. 5e édit. 6f 14. WHITNEY. * La Vie du langage. { vol. in-8. 3° édit. (V. P.) “4 LL Le + e Le, # © q + 13 ct ca x re. , "1 w ] LA) Vu # Æ , . & (4 x .# “+ k \ “Qc + 1.4 “à a Lu NY ui COOKE et BERKELEY, Les Champignons: 4 vol. in-8, avec figures; it 4° édition. : 6 fr. 46, BERNSTEIN. * Les Sens. { vol. in-8, avec 94: fig. 5° édit. (V. P.) 6 fr. 47, BERTHELOT. * &a Synthèse ehimique, { vol. in-8, 6*édit.(V.P.) 6 fr. 18. VOGEL. * La Photographie et ln Chimie de In lumièrs, avec 95 figures. 4 vol. in-8. 4° édition. (V, P.) Épuisé. 49. LUYS. * Le Cerveau, et ses fonctions, avec figures. {4 vol in-8. D : 7e édition. (V.P.) 6 fr. 20; STANLEY JEVONS.* La Monnaie et le Mécanisme de l'échange. 4 vol. in-8. 5° édition. (V.P.) 6 fr, 21. FUCHS. * Les Volcans et les Tremblements de terre, { vol. in-8, avec figures et une carte en couleur, 5° édition. (V. P.) 6 fr. 22. GÉNÉRAL BRIALMONT. * Les Camps retranchés et leur rôle dans la défense des États, avec fig. dans le texte st 2 plan- | ches hors texte. 4° édit. Sous presse. 23. DE QUATREFAGES. * L'Espèce humaine, 4 vol. in-8. 10° ewtion. A2) 6 fr. 24. BLASERNA et HELMHOLTZ. * Le Son et la Musique. 4 vol. in-8, avec figures, 5° édition. (V. P.) 6 fr. 25. ROSENTHAL.* Les Nerfs et les Museles. 4 vol. in-8, avec 75 figu- res. 3° édition. (V. P.) 6 fr. 26. BRUCKE et HELMHOLTZ. * Principes scientifiques des beaux- arts. 1 vol. in-8, avec 39 figures. 4° édition. (V. P.) 6 fr. 27. WURTZ. * &a Théorie atomique. { vol. in-8. 6° édition. (V. P.) 6 fr. 28-29. SECCHI (le-père). * Les Étoiles; 2 vol. in-8, avec 63 figures dans le texte et 47 planches en noir et en couleur hors texte. 2° édition. (V. P.) 12 fr. 30. JOLY. * Homme avant les métaux. 1 vol.in-8, avec figures. 4° édi- tion. (V. P.) ôfr. 81. À. BAIN. * £a Science de l'éducation. 4 vol. in-8. 7°édit.(V. P.) 6 fr. 82:33. THURSTON (R.).* Histoire de la machine à vapeur, précédée d’une Introduction par M. Hirsce. 2 vol. in-8, avec 440 figures dans le texte et 46 planches hors texte. 3° édition. (V. P.) 12 fr. 84: HARTMANN (R.). Les Peuples de l'Afrique. 4 vol. in-8, avec figures. 2° édition. (V, P.) 6 fr. 55. HERBERT SPENCER. Les Isases de la morale évolutionniste. 4 vol. in-8. 4° édition. 6 fr. 86. HUXLEY. L’Écrevisse, introduction à l'étude de la zoologie. 4 vol. in-8, avec figures. 6 fr. 97. DE ROBERTY. Be la Sociologie. 1 vol. in-8. 3° édition. 6 fr. 88. ROOD. Théorie sclentifique des couleurs. 4 vol, in-8, avec . figures et une planche en couleur hors texte. (V. P.) 6 fr. 39. DE SAPORTA et MARION. L'Évolution du règne végétal (les Crypto- games). 4 vol. in-8 avec figures. (V. P.) 6 fr. 40-41. CHARLTON BASTIAN. Le Cerveau, organe de la pensée chez l’homme et chez les animaax.2vol, in-8, avec figures. 2°éd, 12 fr. 42. JAMES SULLY. Les Illusions des sens et de l'esprit. 4 vol. in-8, avec figures. 2° édit. (V. P.) 6 fr. 43. YOUNG. Le Soleil. 1 vol. in-8, avec figures. (V. P.) 6 fr. 44. DE CANDOLLE. L'Origine des plantes cultivées. 3° édition. 4 vol, in-8. (V. P.) 6fr. 45-46. SIR JOHN LUBBOCK. Fourmis, abetlles et guêpes. Études expérimentales sur l’organisation et les mœurs des sociétés d’insectes hyménoptères. 2 vol. in-8, avec 65 figures dans le texte et 43 plan- ches hors texte, dont 5 coloriées. (V. P.) 12 fr. 47. PERRIER (Edm.). La Philosophie zoologique avant Darwin. 4 vol. in-8. 2° édition. (V. P.) 6 fr. 48 STALLO. La Matière et la Physique moderne, {vol. in-8, 2° éd, précédé d’une Introduction par FRIEDEL. 6 fr. SAL à LR ES Nr 49. MANTEGAZZA. La Physionomie et l’'Expression des # 4 vol. in-8. 2° édit., avec huit planches hors texte. 50. DE MEYER. Les Organes de la parole et leur emp la formation des sons du langage. 4 vol. Les avec 51fi précédé d’une Introd. par M. 0. CLAVEAU. 51. DE LANESSAN. introduction à l’Étude de la potantins (le Sapin 4 voi. in-8, 2° édit., avec 143 figures dans le texte. (V. P.) 6 52-53. DE SAPORTA et MARION. L'Évolution du règne Se { Phanérogames). 2 vol. in-8, avec 136 figures. A2fr. 54. TROUESSART. Les Mierobes, les Ferments et les Moisissures 4 vol. in-8, 2° édit., avec 107 figures dans le texte. (V.P.) 6 fr. 55. HARTMANN (R.). Les Ainges anthropoïdes, et leur organisation comparée à celle de l’homme. 4 vol. in-8, avec gravures. 6 fr. 56, SCHMIDT (0.). Les Mammifères dans leurs rapports avee leurs. ancêtres géologiques. 4 vol. in-8 avec 51 figures. 6 fr 57. BINET et FÉRÉ. Le Magnétisme animal. { vol. in-8.3° éd, «! 58-59. ROMANES. L'intelligence des animaux. 2 vol, in-8. 2° édit ) PE (v. P:) 42 60. F.LAGRANGE. Physiologie des exercices du corps. 4 vol. in- 5° édition (V. P.) 6 fr. 61. DREYFUS (Camille). Évolution des mondes et des sociétés. 1 vol. in-8. 3° édit. "Gin 62. DAUBRÉE. Les Régions invisibles du globe et des S célestes. 4 vol. in-8 avec 85 grav. dans le texte. 2° éd. (V. P.) 6 fr. 63-64. SIR JOHN LUBBOCK. * L‘Homme préhistorique. 2 vol. in-8, avec 228 gravures dans le texte. 3° édit. #13 fr, cr 65. RICHET (Cx.). La Chaleur animale. 4 vol. in-8, avec figures. 6Gfr. 66. FALSAN (A.). La Période glaciaire principalementen Franceet en Suisse.{ vol. in-8, avec 105 grav. et 2 cartes. (V. P.) 6 fe. 67. BEAUNIS (H.). Les Boncatins internes. À vol. in-8. 6 68. CARTAILHAC (E.). La France préhistorique, d’après les sépultures ï et les monuments. 4 vol. in-8, avec 162 gravures. (V. P.) 6fr. 69. BERTHELOT.* La Révolution chimique, Lavoisier. 4 vol. in-8. 6 fr. 70, SIR JOHN LUBBOCK. * Les Sens et l'instinct chez les animaux, principalement chez les insectes. 4 vol. in-8, avec 150 grav. 6 fr. 71. STARCKE. * La Famille primitive. 1 vol. ET 6 fr. 72. ARLOING. * Les Virus. { vol. in-8, avec fig. 6 fr. 73. TOPINARD L'Homme dans la Nature. 1 vol. in-8, avec fig. 6 fr. 74. BINET (Alf.). Les Altérations de 1a rer 4 vol. in-8 avec figures. 6 fr. 79: DEQUATREFAGES. (CH.). Darwin et ses précurseurs français, 1 vol. in-8. 22 édition refondue. 6 fr. 76. LEFÈVRE (A.). Les Races et les langues. 1 vol. in-8. 6fr. OUVRAGES SOUS PRESSE : DE QUATREFAGES. Les KEmules de Darwin. 2 vol. in 8 avec préfaces el de MM. E. PERRIER et HAMy. De RES DUMESNIL L'hygiène de la maison. { vol. in-8, avec gravures. CORNIL ET VIDAL. La microbiologie. 1 vol. in-8, avec gravures. GUIGNET. Poteries, verres et émaux. 1 vol. in-8, avec gravures. ANDRÉ (Ch.). Le Système solaire. 1 vol. in-8, avec gravures. PE. KUNCKEL D'HERCULAIS. Les Sauterelles. 1 vol. in-8, avec gravures. ROMIEUX. La Topographie et la géologie. 1 vol. in-8, avec grav. et cark MORTILLET (de). L'Origine de l’homme. { vol. in- 8, avec figures. PERRIER (E.). L’Embryogénie générale. { vol. in-8, avec figures. LACASSAGNE. Les Criminels. 4 vol. in-8, avec figures. POUCHET (G.). La Forme et la vie. 1 "vol. in- -8, avec figures. 5% BERTILLON. La Démographie. 1 vol. in-8. 5“ CARTAILHAC. Les Gaulois. 1 vol. in-8, avec gravures. — 2l — _ LISTE PAR ORDRE DE MATIÈRES DES 76 VOLUMES PUBLIÉS qu 1A BIBLIOPHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE Chaque volume in-8, cartonné à l’anglaise..... 6 francs. + SCIENCES SOCIALES ue | = ri à la science sociale, par HERBERT SPENCER. 1 vol. in-8. 40° édit. 6 fr. D Te * Les Bases de la morale évolutionniste, par HERBERT SPENCER. 1 vol. 1 _ in-8. 4° édit. 6 fr. _ Les Conflits de la science et de la Feion, par DRAPER, professeur à … l'Université de New-York. 1 vol. in-8. 8° édit. 6 fr. 30 Le Crime et la Folie, par H. MAUDSLEY, professeur de médecine légale a à l'Université de Londres. 1 vol. in-8. Be édit. 6 fr. * La Défense des États et les Camps retranchés, par le général A. BRrAL- . MONT, inspecteur général des fortifications et du corps du génie de | Belgique. 1 vol. in-8, avec nombreuses figures dans le texte et 2 pl. hors _ texte. 4 édit. (Sous presse). 6 fr. * La Monnaie et le Mécanisme de l'échange, par de STANLEY JEVONS, … - professeur à l'Université de Londres. 1 vol. in-8. 5° édit. (V. P.) 6 fr. La Sociologie, par DE ROBERTY. 1 vol. in-8. 3° édit. fe P.) 6 fr. _ * La Science de l'éducation, par Alex. Bain, professeur à l'Université d'Aberdeen (Écosse). 1 vol. in-8. 7° édit. (V. P.) 6 fr. * Lois scientifiques du développement des nations dans leurs rapports avec les principes de l’hérédité et de la sélection naturelle, par W. BA- GEHOT. À vol. in-8. 5° édit. 6 fr. . La Vie du langage, par D. WuiTNEY, professeur de philologie comparée _ à Yale-College de Boston (États-Unis). 4 vol. in-8. 3° édit. (V-P.)rA1627r. * La Famille primitive, par J. STARCKE, professeur à l’Université de Copen- _ hague. 1 vol. in-8. 6 fr. PHYSIOLOGIE Les Illusions des sens et de l'esprit, par James SuLLY. 1 vol. in-8. 2° édit. (V. P.) 6 fr. * La Locomotion chez les animaux (marche, natation et vol), suivie d’une étude sur l'Histoire de la navigation aérienne, par J.-B. PETTIGREW, pro- fesseur au Collège royal de chirurgie d’ Édimbourg (Écosse). 1 vol. in-8, avec 140 figures dans le texte. 2° édit. 6 fr. NT * Le A Fe U d te 2 LE La PER TS + + s dr T-LIPITRS À D < Les Nerfs et les Muscles, par J. ROSENTHAL, professeur à l'Université L d’Erlangen (Bavière). { vol. in-8, av. 75 grav. 8° édit. (V. P.) 6 fr. Ca La Machine animale, par E. à 4 MaREY, membre de l’Institut, prof. au | Collège de France. 1 vol. in-8, avec 117 figures. 4° édit. (V. P. j 6 fr. _ * Les Sens, par BERNSTEIN, professeur de physiologie à l’Université de Halle ue (Prusse). 4 vol. in-8, avec 91 figures dans le texte. 4° édit. (V. P.) 6 fr. - Les Organes de la parole, par °H. DE MEYER, professeur à l’Université de Zurich, traduit de l'allemand et précédé d’une introduction sur l'Ensei- gnement de la parole aux sourds-muets, par 0. CLAVEAU, inspecteur géné- “ ral des établissements de bienfaisance. 1 vol. in-8, avec 51 grav. 6 fr. _ La Physionomie et l'Expression des sentiments, par P. MANTEGAZZA, professeur au Muséum d'histoire naturelle de Florence. 1 vol. in-8, avec n figures et 8 planches hors texte. fr. * Physiologie des exercices du corps, par le docteur F. LAGRANGE. 1 JC … …in-8. 6° édit. (V. P.). Ouvrage couronné par l'Institut. PAR La Chaleur animale, par CH. RICHET, professeur de physiologie à la Faculté br de médecine de Paris. 1 vol. in- -8, avec figures dans le texte. 6 fr. - Les Sensations internes, par H. BEAUNIS, directeur du laboratoire de. … psychologie physiologique à la Sorbonne. 1 vol. in-8. 6 fr. *Les Virus, par M. ARLOING, professeur à la Faculté de médecine de Lyon. directeur de l’école vétérinaire. 1 vol. in-8, avec fig. 6 fr. à PHILOSOPHIE SCIENTIFIQUE “ Le Cerveau et ses fonctions, par J.Luys, membre de l’Académie de méde- - cine, médecin de la Charité. À vol. in-8, avec fig. 7° édit. (V. P.) 6 fr. Le Cerveau et la Pensée chez l'homme et les animaux, par CHARLTON é BASsTIAN, professeur à l’Université de Londres. 2 vol. in-8 avec 184 fig.dans TA FAC …. letexte. 2° édit. 12 fr. - Le Crime et la Folie, par H. MAUDSLEY, professeur à l’Université de Lon- dres. 1 vol. in-8. 6° édit. 6 fr. V'UR L'ACRE PRES Re NES 4 RE dde HT Er Y AT 7 CES À CS SN Fe & Ke ss Fe rt CULOE Lie 7 (x a L° n 3 2 2 "x , . — 22 A. LE A + d pe F3 * L'Esprit et le Corps, considérés au point de vue de leurs re d’études sur les Erreurs généralement répandues au sujet Alex. Bain, prof. à l’Université d'Aberdeen (Écosse).1 v.in-8.4°é * Théorie scientifique de la sensibilité : Le Plaisir et la Pe 1 DumonrT. 1 vol. in-8. 3° édit. Le La Matière et la Physique moderne, par STALLO, précédé d’un face par M. Ch. FRIELEL, de l’Institut. 1 vol. in-8. édit. * . Le Magnétisme animal, par Alf. BiNer et Ch. FÉRÉ. 1 vol. in-8, avec fi dans le texte. 3° édit. - ae L'Intelligence des animaux, par ROMANES. 2 v. in-8. 2° édit. précédée dh préface de M. E. PERRIER, prof, au Muséum d'histoire naturelle. (V:P.} 12 il L'Évolution des mondes et des sociétés, par C. DRexrus, député dela 4 vol. in-8. 3° édit. 40 Les Altérations de la personnalité, par Alf. B1NET, directeur adjoint laboratoire de psychologie à la Sorbonne (Hautes études). 1 vol: à avec gravures. (V. P.) VAS ANTHROPOLOGIE PEUR * L'Espèce humaine, par A. DE QUATREFAGES, membre de l’Inslitut, pre seur d'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 4 vo 10° édit. (V. P.) 440 Ch. Darwin et ses précurseurs français, par A. DE QUATREFAGES: in-8. 2° édition. + * L'Homme avant les métaux, par N. Joy, correspondant: de. PIn RASE professeur à la Facullé des sciences de Toulouse. 1 vol. in-8, avec 150 figu- res dans le texte et un frontispice. 4° édit. (V. P.) TROT rs * Les Peuples de l'Afrique, par R. HARTMANN, professeur à l’Universi 4 Berlin. 1 vol. in-8, avec 93 figures dans le texte. 2 édit: (V. P.) 6fr Les Singes anthropoïdes et leur organisation comparée à celle de lhoma par R. HARTMANN, professeur à l’Université de Berlin. 1 vol. in-8; ave 63 figures gravées sur bois. taff *L'Homme préhistorique, par Sir Joan Lugsock, membre de la Société royale de Londres. 2 vol. in-8, avec 228 gravures. dans le texte. 3° édit. ff La France préhistorique, par £. CarTAILHac. 1 vol. in-8, avec 150 er vures ‘aus le texte. DEL L'Homme dans la Nature, par TOPINARD, ancien secrétaire général” Société d'Anthropologie de Paris. 1 vol. in-8, avec 101 gravures dam le texle. Fa d Les Races et les Langues, par André LEFÈVRE, professeur à l'École thropologie de, Paris. 1 vol. in-8. (V. P. : ZOOLOGIE æ * La Descendance de l'homme et le Darwinisme, par 0. SCAMIDE, pro fesseur à l’Université de Strasbourg. 1 vol. in-8, avec figures. 6° édit: 6 fr. Les Mammifères dans leurs rapports avec leurs ancêtres géologique par O. SCHMIDT. 1 vol. in-8, avec d1 figures dans le texte. 6 Fourmis, Abeilles et Guêpes, par sir Jonn Lupsock, membre de la So: royale de Londres. 2 vol. in-8, avec figures dans le texte, et 13 ee? 0 hors texte dont 5 coloriées. (V. P.) * 42 *Les Sens et l'instinct chez lesanimaux; et principalement chez les in- sectes, par Sir JoHN LuBB8ock. 1 vol. in-8 avec grav. 6 en L'Écrevisse, introduction à l'étude de la zoologie, par Th.-H. HUXLEY, mem- bre de la Société royale de Londres et de l’Institut de France, professeur d'histoire naturelle à l’École royale des mines de Londres. 1 vol. in-8,. avec 82 figures dans le texte. | #1 * Les Commensaux et les Parasites dans le règne animal, par P.-J BENELEN, professeur à l’Université de Louvain (Belgique). 1 vol. in-8, à 82 figures dans le texte. 3° édit. (V. P.) | La Philosophie zoologique avant Darwin, par EDMOND PERRIER, profe au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 1 vol. in-8. 2 édit. (M. Pr} Darwin et ses précurseurs français, par A. de QUuATREFAGES, de ME 1 vol. in-8. 2° édit. ; £ F BOTANIQUE — GÉOLOGIE | Les Champignons,parCooKkE et BERKELEY. 1 vol.in-8,avec{110fig 4édit»6f * L'Évolution du règne végétal, par G. DE SaPorTA, correspondantde P stitut, et MARION, correspondant de l’Institut, professeur àtla Facul sciences de Marseille : { MES * [. Les Cryptogames. 1'vol. in-8, avec 85 figures dans le texte. (V. P?}6 *’IL. Les Phanerogames. 2 vol. in-8, avec 136 fig. dans le texte. nn L A ps S LIRE : ne C CARE 23 1 LARR US Au | + par Volcans et les Tremblements de terre, par Fucus, professeur à CAE l'Université de Heidelberg. 1 vol. in-8, avec 36 figures et une carte en L 4 leur, 5° édition. (V. P.) 6 fr. * La Période glaciaire, principalement en France et en Suisse, par A. FALSAN. RL vol. in-8, avec 105 gravures et 2 cartes hors texte. (V. P. 6 fr. Le Régions invisibles du globe et des espaces célestes, par À. DAUBRÉE, ._ de l'institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle. À vol. in … 2° édit., avec 89 gravures dans le texte. (V. P.) 6 fr. L'Origine des RE cultivées, par A. DE CANDOLLE, correspondant de re l'Institut. { vol. in-8. 3° édit. (V. P.) 6 fr. … * Introduction à l'étude de la botanique (le Sapin), par J.DE LANESSAN, pro- … … … fesseur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. { vol. in-8. 2° ‘édit. _ avec figures dans le texte. (V. P.) 6 fr. 2 * Microbes, Ferments et Moisissures, par le ME L. TROUESSART. 1 vol. L ins, avec 108 figures dans le texte. 2° éd. (V. 6 fr. “4 CHIMIE Ki, Les Fermentations, par P. SCHUTZENBERGER, membre de l’Académie de “des _ médecine, professeur de chimie au Collège de France. 4-vol. in-8, avec | figures. 5° édit. 6 fr. 104 * La Synthèse chimique, par M. BERTHELOT, secrétaire perpétuel de … l'Académie.des sciences, professeur de chimie organique au Collège de :54 “_ … France. 1 vol. in-8. 6° édit. 6 fr. — * La Théorie atomique, par Ad. WurTz, membre de l’Institut, profes- à - seur à la Faculté des sciences et à la Faculté de médecine de Paris. 1 vol. . in-8. 6° édit., précédée d’une introduction sur la Vie-et les ivre + de % + our, par M. CH. FRIEDEL, de l’Institut. (V. P.) 6 fr. VIe * La Révolution chimique (Lavoisier), par M. BERTHELOT. 1 vol. in-8. 6 fr, 21 ASTRONOMIE — MECANIQUE Roi Histoire de la Machine à vapeur, de la Locomotive et des Bateaux à # . vapeur, par R. THURSTON, professeur de mécanique à l’Institut technique 4 de Hoboken, près de New-York, revue, annotée et augmentée d'une Intro- _ duction par M. HiRSCH, professeur de machines à vapeur à l’École des ponts is … £tcliaussées de Paris. 2 vol. in-8, avec 160 figures dans le texte et 16 plan- ……ches tirées à part. 3° édit. (V. P. | 12 fr. … “Les Étoiles, notions d'astronomie sidérale, par le P. A. SECCHI, directeur e f=.de l'Observatoire du Collège Romain. 2 vol. in- 8, avec 68 figures dans le is texte et 16 planches en noir et en couleurs. 2° édit. (Epuisé:) 42%r; Le Soleil, par C.-A. YounG, professeur d'astronomie au Collège de New- FA Jersey. 1 vol. in-8, avec 87 figures. (V. P.) 6 fr. ë PHYSIQUE : La Conservation de l'énergie, par BALFOUR STEWART, professeur de à physique au collège Owens de Manchester (Angleterre), suivi d’une étude H7. mr Nature de La force, par P. DE SAINT-ROBERT (de Turin). 1 vol. in-8 C2 avec figures. 4° édit. 6 fr. - “Les Glaciers et les Transformations de l’eau, par .J. TYNDALL, pro- fesseur de chimie à l’Institution royale de Londres, suivi d’une étude sur le même sujet, par HELMHOLTZ, professeur à l’Université de Berlin. 1 vol. - a in-8, avec nombreuses figures dans le texte et 8 planches tirées à part y “sur papier teinté. 5° édit. (V. P. fr * La Photographie et la Chimie de la lumière, par VOcEL, professeur à l'Académie polytechnique de Berlin. 1 vol. in-8, avec V5 figures dans le \ “texte et une planche en photoglyptie. 4° élil., épuisé. 6 fr. + La Matière et la Physique moderne, par STALLO, précédé d’une préface par Cu. FRIEDEL, membre de l'Institut. 1.vol. in-8. de édit. 6 fr. 4 THÉORIE DES BEAUX-ARTS … Le Son et la Musique, par P. BLASERNA, professeur à l’Université de … … Rome, suivi des Causes physiologiques de l'harmonie musicale, par FEVRE HELMHOLTZ, Sr à l’Université de Berlin. 1 vol. in-8, avec 41 figu- Hu res. 4 édit. (V. P.) 6 fr. E Principes scientifiques des Beaux-Arts, par E. BRUCKE, professeur à l'Université de Vienne, suivi de l'Opliqueret les Arts, par HELMHOLTZ, s “professeur à l’Université de Berlin. 1 »vol. in-8, avec figures. 4° édit. f t(V. P.) 6 fr. . … * Théorie scientifique des couleurs et leurs applications aux arts et à Windustrie, par O. N. Roop, professeur de physique à Colombia-College de New-York (États-Unis). 4 vol. in- 8, avec 130 figures dans le texte et une planche en couleurs. (V. P.) 6 fr. Actes du 1°” Congrès international d'anthropologie cr ti Rome. Biologie et sociologie. 1887. 1 vol. gr. in-8. AGUILERA. L'idée de droit en Allemagne depuis Kant jusqu’à nos jo 4 vol. in-8. 14892. 1 ALAUX. Esquisse d’une philosophie de l'être. In-8. — Les Problèmes religieux au XIX° siècle, 1 vol. in-8. (Voy. p. 2.) ALGLAVE. Des Juridictions civiles chez les Romains. 1 vob in. 2fr. ALTMEYER (J.-J.). Les Précurseurs de la réforme aux Pays- 2 forts volumes in-8°. ARRÉAT. Une Éducation intellectuelle. 1 vol. in-18. — Journal d’un philosophe. 1 vol. in-18. (Voy. p. 2 et 4.) Autonomie et fédération. 1 vol. in-18. AZAM. Entre la raison et la folie. Les Toqués. Gr. in-8. 1891. 4. — Hypnotisme et double conscience, avec préfaces et lettres MM Pauz BErT, CHARCOT et RIBOT. 4 vol. in-8. 1893. 9 fr Fe BAETS {Abbé M.). 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Les Mérovingliens, par BUCHEZ, …. anc. prés. de l’Assemblée constituante. Les Carlovingiens, par BUCHEZ. Les Luttes religieuses des pre- miers siècles, par J. BASTIDE. 4° édit, HISTOIRE DE FRANCE Napoléon 1°’, par Jules BARNI. *Histoire de la Restauration, par Fréd. Lock. 3° édit, *Histoire de Louis-Philippe, par Edgar ZEVORT. 2° édit. & _ Les Guerres de la Réforme, par Mœurs et Institutions de la J. BASTIDE. 4° édit. France, par P. BonNpois. 2 volumes. DE La France au moyen Âge, par| Léon Gambetta, par J. REINACH. 4 F. Mori. “Histoire de l’armée française, F Jeanne d'Arc, par Fréd. Locx. par L. BÈRE. # Décadence de la monarchie *g#istotre de la marine-fran- F2 française, par Eug. PELLETAN. 4° édit, | çnise, par Alfr. DONEAUD. 2° édit. # *La Révolution française, par| Histoire de In conquête de HE. CaRNoT (2 volumes). l'Algérie, par QUESNEL. À La Défense nationale en 1392, Les Origincs dc Ia guerre de ‘ par P. GAFFAREL. 18230, par Ch. DE LARIVIÈRE. E PAYS ÉTRANGERS N L'Espagne et le Portugal, par| L'Europe contemporaine (1789- À E. RAYMOND. 2° édition. 1879), par P. BonDois. Histoire de l'Empire ottoman, Histoire contemporaine de la _ par L. CoLLas. 2° édition. Prusse, par Alfr. DONEAUD. Ke *Les Révolutions d'Angleterre, Histoire contemporaine de : par Eug. DEspois. 3° édition. l’Atalle, par Félix RENNEGUY. É Histoire de la maison d’Autri- Histoire contemporaine de | che, par Ch. RozLann. 2° édition. | l'Angieterre, par A. REGNARD. ; HISTOIRE ANCIENNE *Ba Grèce ancienne, par L.COou- BES. 2° édition. L’Asie occidentale et l'Égypte, par A. OTT. 2° édition. Histoire romaine, par CREIGHTON. L'Antiquité romaine, par WILKINS (avec gravures). L'Antiquité grecque, par MAHAFFY L'inde et la Chine, par À. OTT. | (avec gravures). *Torrents, fleuves etcanaux de Er: la France, par H. BLERZY. 4 Les Colonies anglaises, par H. À BLERZY. 27 Les les du Pacifique, par le capi- “ Haine de vaisseau JouaN (avec 1 carte). GÉOGRAPHIE L’'iIndo-Chine française, FAQUE. *&Géographie physique, par GEIKIE, prof. à l’Univ. d'Edimbourg (avec fig.). Continents et Océans, par GROVE (avec figures). par _ Les Peuples de l'Afrique et de *Les Frontières de la France, (A l'Amérique, par GIRARD DE RIALLE. | par P. GAFFAREL. 3 Les Peuples de l'Asie et de| L'Afrigre française, par À.JOYEUX, # l'Europe, par GIRARD DE RIALLE. | avec une préface de M. DE LANESSAN, ke: COSMOGRAPHIE es Les Entretiens de Fontenelle| Les Phénomènes célestes, par Vs. sur la pluralité des mondes, mis ZLURCHER et MARGOLLÉ. EL au courant de la science par BoILLOT. A travers le ciel, par AMIGUES. | 2 $ L Origines et Fin des mondes, 4° Le Soleil et les Etoiles, par le par Ch. RICHARD. 3° édition. P. SECCHI, BRIOT, WOLF et DELAUNAY. 2° édition (avec figures). *Notions d'astronomie, par L, CA= TALAN, 4° édition (avec figures). à. | SCIENCES APPL UÉES Le Génie de la science et de! Les Mines SAN | ses colonies, FSSR MA l'industrie, par B. GASTINEAU. *Causeries sur la mécanique, par BROTHIER. 2° édit. Médecine populaire, par TURCK. La Médecine des accidents, par BROQUÈRE. Les Maladies épidémiques (Hygiène et Prévention), par L. Monin. Hygiène générale, par L. CRu- VEILHIER. 6° édit. | Petit Dictionnaire des falsi- fications, avec moyens faciles pour les reconnaître, par DUFOUR. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES Télescope et Microscope, ZURCHER et MARGOLLÉ. *Les Phénomènes de l’atmo- sphère, par ZURCHER. 4° édit. *Histoire de l’atr,par ALBERT LÉVY. Histoire de la terre, par BROTHIER. Principaux faits de la chimie, par SAMSON. 5° édit. Les Phénomènes de la mer, par E. MARGOLLÉ. 5° édit. *L'iiomme préhistorique, ZABOROWSKI. 2° édit. Les Grands Siages, par le même. Histoire de l'eau, par BOUANT. Introduction à l'étude des scien- ces physiques, par MoRAND. 5° édit. par par PHILOSOPHIE La Vie éternelle, par ENFANTIN.2‘éd. Voltaire et Rousseau, par Eug. NoEL. 3° édit. Histoire populaire de la phi- | LHAN (avec figures). losophie, par L. BROTHIER. 3° édit. * La Philosophie zoologique, par Victor MEUNIER. 2° édit, ENSEIGNEMENT. — ÉCONOMIE DOMESTIQUE Del’Éducation, par HERB. SPENCER. La Statistique humaine de la|arts, par J. COLLIER (avec gravures a France, par Jacques BERTILLON. Le Journal, par HATIN. De l'Enseignement profession- nel, par CORBON. 3€ édit. Les Délassoments du travail, par Maurice CRISTAL. 22 édit. Le Budget du foyer,parH.LENEVEUX Paris municipal, par H. LENEYEUX. Histoire du travail manuel en France, par H. LENEVEUX. L'Art ct les Artistes en France, par Laurent PICnAT, sénateur, 4° édit. DROIT *£La Loi civile en France, par Morin. 3° édit. l'emploi dans les divers usages de | par H. GENEVOIX. par G. JouRDAN. 3° édit. rs En NS mes a RTS Imprimeries réunies, rue Mignon, 2, Paris. — 12615 Les Matières Première Les Procédés industriels, ER le même. La Machine à vapeur, par H. SIN, avec figures. fe Photographie, par H, Gossi La Navigation aérienne, P G. DALLET, avec figures. M L'Agriculture française, A. LARBALÉTRIER, avec figures. Les Chemins de fer, par G. MAYER. Le Darwinisme, par E. FERRIÈRE. “Géologie, par GEIKIE (avec fig. 4 Les Migrations des anim et le Pigeon voyageur, ZABOROWSKI. | Premières Notions sur sciences, par Th. HUXLEY. La Chasse et la Pêche des a maux marins, par JOUAN, Les Mondes disparus, ZABoROowSKI (avec figures). 2% Zoologie générale, par H, BEAU- | REGARD (avec figures). ol Botanique générale, par E. Gé- RARDIN (avec figures). *L'Origine du langage, par BOROWSKI. Physiologie de l'esprit, par PA L'Homme est-il libre? par REN La Philosophie positive, par docteur ROBINET. 2° édit. TEE Premiers principes des beau x- rene politique, par STANI JEvons. 3° édit. ; Le Patrivtisme à lécole, pe Jourpy, chef d’escadrons d'artillerie Histoire du libre-échange Angleterre, par MONGREDIEN, Économie rurale et agri par PETIT. mie He Alcoolisme ou dilemme social, par Ad. Coste. La Justice criminelle en L n 4 : À è î tk “ \ \ s 3€ j UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY The Jason A.Hannah Collection in the History of Medical and Related | Sciences +14 (Des fu, ere e És —. er er ms ee, tn £