f> ^ wm. W" r ED. PERIMER- J.SALMON LA VIE DES. ANIMAUX kr^ ILLUSTREE LES OISEAUX W-^y 'f^ /^^ « gL674 I .S35 '.ff' r^^^. FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FORSCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY \J^. !' .9^^^^^^ VJ .:^?^ '"f^ ,*^'^x ^r^^^ ■^■v :>-^^i .|/''><^ J"! n mA w'/^:^ -^^«^^ LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Oiseaux iririf: LIBRAIRIE J.-B BAILLIÈRE ET FILS, PARIS EDMOND PERRIER LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Mammifères Par A. MENEGAUX ASSISTANT Ai: MUSÉl'.M d'hiSTOIBE NATURELLE DE PARIS 2 vol. gr. in-8 avec 80 pi. en couleurs et nombreuses photogravures par W. RUHNERT, 40 fr. L es Oiseaux Par J. SALMON CONSERVATEUR ADJOINT AL MUSÉUM d'hISTOIRE NATURELLE DE LILLE 2 vol. gr, in-8 avec 60 pi. en couleurs et nombreuses photogravures par W. K.L'HNERT. 40 fr. 1715-04. — CoRBtiL, Impiiraerie Éd. Crète. LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE ,^„„ SOUS LA DIRKCTION DE EDMOND PERRIER DIRECTEUR DU MUSÉUM d'hISTOIKE NATURELLE DE PARIS, MEMBRE DE L'ACADÉMfE DES SCIENCES Les Oiseaux JULIEN SALMON CONSEHVATEUR ADJOINT DU MUSÉUM d'histoire NATURELLE DE LILLE ^.\ AVEC PLANCHES EN COULEURS ET NOMBREUSES PHOTOGRAVURES D'après les Aquarelles et les Dessins originaux de W. KUHNERT PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIERE et FILS IQ, RUE HAUTEFEUILLE, PRÈS DU BOULEVARD SAINT-GERMAIN Tous droits réservés. • •• . ... ,( '|uT ' 0 / '. Il- /<} (. y^cvM S LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Perroquets Les Perroquets constituent un groupe d'Oiseaux nettement défini. Leurs caractères morphologiques, leurs mœurs, leurs aptitudes, les placent au pre- mier rang dans la classe des Oiseaux. Caractères. — Les Perroquets attirent de suite l'attention par la forme carac- téristique le leur bec, par la structure de leurs pieds, et par le riche plumage dont la plupart sont revêtus. Le bec est court et épais. La mandibule supérieure est fortement recourbée en crochet ; elle présente une saillie ou dent vers sa partie moyenne et de fines stries transversales à la partie inférieure de la pointe. La mandibule inférieure est en forme de corbeille. La peau des joues et du front se contmue à la base du bec par une membrane plus ou moins dénudée appelée cire, et dont la dis- position, variable suivant les genres, sert de caractère important dans la classification. Les pattes sont fortes, à tarses courts; les pieds sont admirablement disposés pour la préhension. Des quatre doigts, deux sont dirigés en avant, les deux autres en arrière; certains naturalistes s'étaient basés sur cette unique particu- larité pour classer les Perroquets dans l'ordre des Grimpeurs. Les Perroquets sont avant tout des préhenseurs. Voici ce que dit Gerbe à ce sujet : « Veulent-ils attaquer un noyau ou un corps dur analogue renfermant une pulpe ou une amande, ils se servent très adroitement de leurs pieds, soit pour faire prendre au corps saisi par le bec une position convenable, surtout lorsque ce corps a un certain volume, soit pour retenir la masse alimentaire pendant qu'ils triturent La vie des animaux ilulsibée. III. — I [2] LES PERROQUETS. 2 le fragment qu'ils viennent d'en détacher; alors, posés sur un seul pied, l'autre leur tient lieu de main, ils l'avancent à l'aide du bec, le retirent, le ramènent de nouveau avec une adresse et une facilité admirables, et de manière que l'objet saisi se présente de côté, pour que le bec puisse le déchirer plus facile- ment. Lorsque l'aliment est trop petit, l'un des pieds devenant inutile, les mandibules seules fonctionnent. » Le plumage des Perroquets présente les teintes les plus vives et les plus variées, dont l'éclat est rehaussé le plus souvent par la présence sur le même individu de deux couleurs complémentaires; c'est ainsi que l'on trouvera le vert associé au rouge vif, le jaune associé au violet; néanmoins, le vert est la couleur prédominante. jL'œ// est souvent entouré d'un cercle dénudé loriim). Le duvet que l'on trouve sous les grandes plumes présente une particularité intéressante : rextrémité des petites plumes qui le composent se détruit con- tinuellement et il en résulte une poussière blanche, farineuse, qui tapisse toute la peau. Les ailes sont fortes et comptent dix pennes primaires, la queue comprend dix rectrices. Les organes des sens sont tous bien développés: aucun n'est atrophié ni extraordinairement développé aux dépens des autres ; le Perroquet voit, sent, entend, goûte, touche également bien. Parmi les autres caractères il faut citer ceux qui sont propres à cet ordre d'Oiseaux, notamment : l'articulation de la mandibule supérieure avec le frontal, l'ossification complète du rebord orbitaire, le grand développement des os palatins. Le tube digestif est celui des granivores, c'est-à-dire que l'œsophage présente une dilatation appelée jabot, où les graines sont d'abord ramollies avant de passer dans l'estomac. Au jabot sont annexées des glandes qui sécrètent une substance crémeuse destinée à l'alimentation des jeunes. Habitat. — Les Perroquets se rencontrent dans toutes les parties du monde, excepté en Europe, mais ils ne s'éloignent guère des zones tropicales. Mœurs. — Les Perroquets représentent le t}pe le plus parfait des Oiseaux arboricoles; aussi certains naturalistes leur ont-ils donné le nom bien mérité de Singes ailés. A part quelques rares exceptions, ils sont assez maladroits à se mouvoir sur le sol, et d'autre part leur vol est en général assez lourd, mais ils se montrent d'une agilité surprenante sur les cimes des grands arbres ; ils se trouvent là dans leur véritable élément, voletant de-ci de-là, ou grimpant le long des troncs en s'aidant de leur bec puissant, ce que ne fait aucun autre grim- peur, ou se cramponnant solidement aux branches par leurs pieds pré- hensiles. Ils animent par leurs ébats les sombres forêts vierges dont le feuillage reflète à merveille les brillantes couleurs de leur plumage, et ils remplissent l'air de cris si perçants, dit de Humboldt, qu'ils peuvent masquer le bruit d'un torrent se précipitant de rocher en rocher. Les Perroquets se nourrissent surtout de fruits, de graines et de miel. 3 LES PERROQUETS. [3] Au lever de l'aurore, des bandes immenses prennent leur vol en quête de nourriture et vont s'abattre sur les arbres fruitiers ou les champs cultivés qu'elles ont vite pillés et dévastés. Puis elles retournent dans la partie de la foret où elles ont élu domicile pour s'y reposer durant les heures de forte cha- leur, et recommencent leur tournée de pillage avant le coucher du soleil. Les Perroquets déploient, dans ces excursions de maraude sur les terrains cultivés, une ruse, une prudence et une sagacité extraordinaires. Lorsqu'une bande de ces dévastateurs est venue s'attaquer à une récolte, les plus âgés, perchés sur un arbre élevé, font sentinelle et donnent l'alarme à l'approche d'un ennemi. N'y a-t-il qu'un danger passager? Le silence le plus complet règne aussitôt, et personne ne pourrait soupçonner la présence des maraudeurs ; le danger devient-il menaçant, ou vient-on a. tirer un coup de fusil? La bande entière s'envole en poussant des cris assourdissants. Les Perroquets choisissent, pour établir leur nid, les creux des arbres ver- moulus ou les crevasses des rochers. Fréquemment, ils s'emparent du nid abandonné d'un Pic et l'agrandissent au besoin en rongeant les parois fibre à fibre au moyen de leur bec puissant. Comme !a plupart des Oiseaux, ils sont monogames. La femelle pond en général deux œufs; certaines espèces, notamment les Paleornis, en pondent davantage; les grandes espèces ne font qu'une ponte par an. Les œufs sont blancs, lisses, arrondis. Les petits éclosent au bout de quinze à trente jours selon les espèces; ils naissent assez imparfaits, couverts d'un léger duvet. Leurs parents les nourrissent jusqu'à ce qu'ils soient en état de pourvoir eux- mêmes à tous leurs besoins. Les Perroquets atteignent un âge avancé; on en cite qui, en captivité, vécurent plus de soixante-dix ans. Intelligence. — Les Perroquets se rapprochent de leurs compatriotes velus, les Singes, par leurs mœurs et leur adaptation parfaite à la vie arboricole, ils s'en rapprochent davantage encore par leurs aptitudes et le remarquable déve- loppement de toutes leurs facultés. Ce sont des Oiseaux actifs, intelligents, admirablement doués. Après avoir montré l'uniforme et parfait développement de leurs organes des sens, A.-E. Brehm s'exprime ainsi : « Non moins indiscutable est l'intelligence de ces animaux ; c'est elle qui permet de les appeler, comme nous le faisions en commençant, des « Singes ailés ». Nous ne reconnaissons le Singe dans le Perroquet qu'après avoir appris à connaître l'intelligence de cet Oiseau. Il a toutes les facultés et toutes les passions du Singe, il en a les qualités comme il en a les défauts. C'est l'Oiseau le plus intelligent, mais il est Singe, c'est-à-dire capricieux, inconstant. C'est le cornpagnon le plus gai, le plus agréable; tout à l'heure, ce sera l'être le plus insupportable. Le Perroquet a de la mémoire, de la prudence, de la ruse, du jugement ; il a conscience de lui-même ; il est fier, courageux, affectueux, tendre même pour ceux qu'il aime; l'on peut dire aussi qu'il est fidèle jusqu'à la m.ort, et reconnaissant avec jugement. On peut l'instruire, le rendre obéissant comme le Singe. Mais il est aussi colère, rusé, faux; il garde la mémoire des mauvais traitements; comme le Singe, il est sans pitié pour les faibles, pour les malheu- [4] LES PERROQUETS. 4 reux. Son caractère est un mélange des qualités et des défauts les plus opposés. Or, un pareil assemblage de facultés ne peut indiquer qu'un grand développe- ment de l'intelligence. » Captivité. — Les nombreuses observations relatives à l'intelligence de ces intéressants Oiseaux ont surtout été faites sur des sujets en captivité, car on connaît fort peu les détails de leur existence dans les forêts vierges. L'art de les apprivoiser et de les éduquer remonte à la plus haute antiquité. Alexandre le Grand rapporta de l'Inde des Perroquets apprivoisés. A Rome, ils étaient très recherchés pour leur beauté et leur gentillesse. Au moyen âge, nous les rencontrons dans les châteaux des riches seigneurs. Les Perroquets supportent admirablement la captivité et se soumettent volontiers a tous les régimes. On prétend cependant que le régime carné leur fait contracter la fâcheuse habitude de s'arracher les plumes. Ils boivent indiffé- remment de l'eau, du thé, de la bière, et se laissent facilement enivrer avec les spiritueux. Une éducation patiente et raisonnée les rend dociles, affectueux, et exalte leurs facultés au plus haut point. On peut utiliser leur excellente mémoire pour leur apprendre des mots et des phrases qu'ils répètent en articulant assez distinctement chaque syllabe, grâce à la mobilité de leur langue. Ils savent aussi manifester leurs désirs, par suite d'une association instinctive entre les mots qu'on leur apprend et les objets qu'ils ont habituellement sous les yeux. : M. H. Gadeau de Kerville, dans une communication très intéressante qu'il fit à la Société zoologique de France, a étudié les moyens employés par les Oiseaux pour se faire comprendre de l'homme. « On sait fort bien, dit l'auteur, que certains Psittacidés parviennent à imiter plus ou moins nettement la voix humaine et à prononcer, non seulement quelques mots, mais, chez les plus aptes à cet égard, un certain nombre de phrases. « En raison de l'association qu'ils font entre les actes qu'ils voient s'accom- plir sous leurs yeux et les phrases dont ces actes sont ordinairement accompa- gnés, dit le traducteur du remarquable ouvrage de J. Romanes sur l'intelli- gence des animaux, les Perroquets placent parfois les phrases qu'ils ont appris à dire avec assez d'à propos pour paraître en comprendre le sens. J'en connais un qui, chaque fois qu'il voit entrer, dans la vaste cuisine de campagne où il se tient, une personne tenant un vêtement à la main, s'écrie : « Posez ça là, la servante le brossera. » Dès qu'il entend gronder une petite fille, sa compagne habituelle, il s'empresse d'intervenir, disant : » Laissez donc cette enfant, vous la ferez pleurer. » Ces phrases sont habituelles aux personnes qui l'entourent, mais les prononcer dans les mêmes circonstances qu'elles, c'est déjà un peu plus que de répéter à tort et à travers la même phrase comme le font tant d'autres Perroquets et comme il ne se fait pas faute de le faire lui-même. « Les Perroquets, dit Karl Groos, n'imitent pas toujours aveuglément. Cer- tains individus particulièrement doués savent quelquefois trouver les associa- tions véritables entre les signes auditifs et leur signification. On devra cepen- dant se garder d'interpréter trop favorablement pareils faits. « Certains Oiseaux, m'a écrit M. Louis Ternier, se font comprendre de l'homme, par le langage humain. 5 LES PERROQUETS. [5] « Pour moi, elle est à enterrer cette vieille k'gende d'après laquelle les Oiseaux qui parlent, Perroquets, Corbeaux, Pies, etc., parlent sans savoir ce qu'ils disent. «J'ai personnellementobservédes faits qui ne laissent aucun doute sur ce point. « Certains Oiseaux auxquels on a appris à parler, savent parfaitement employer les phrases apprises au service de leurs besoins, de leurs désirs. « 11 y a quelques années, j'ai eu comme perruquier un sieur Chantrier qui demeurait à Paris, rue de l'Ancienne-Comédic, lequel, contrairement aux pro- messes de son nom et aux habitudes de sa profession, était un des hommes les plus taciturnes que j'aie connus. En revanche, il avait un Perroquet de forte taille qui parlait pour lui et pour son maître, et qui, pendant que ce dernier rasait silencieusement ses clients, ne manquait jamais de les i-aser par son in- cessant caquetage. Aussitôt qu'on entrait dans le magasin, le Perroquet appe- lait son maître : « A la boutique! » Puis, penchant la tète et présentant au client sa nuque dont il hérissait les plumes, il disait fort distinctement : « Veux-tu me gratter? » Il semblait fort heureux d'être compris et certaine- ment sa demande avait pour but de se faire gratter le cou. De temps en temps il disait : « Je veux me baigner. » On lui apportait alors un bain et jamais il ne demandait son eau sans faire ses ablutions quand on la lui avait apportée. Ce Perroquet était fort vieux, et son maître prétendait qu'il pouvait demander tout ce qu'il désirait. « J'ai connu il }• a une vingtaine d'années à Uonfleur (Calvados), chez les demoiselles Vesque, marchandes de confections, un autre Perroquet qui demandait aussi à manger, à boire, et qui faisait preuve d'un grand esprit d'observation et d'une rare habileté à se servir de sa voix. Il avait entendu souvent les mères dire à leurs enfants en pleurs, pour les consoler : « Ne pleure pas, mon petit, regarde la cocotte. » Aussi, chaque fois qu'il voyait un enfant pleurer, le Perroquet lui servait immédiatement la formule, qu'il n'employait jamais dans d'autres circonstances. Quand il voyait passer une procession, il se mettait immédiatement à chanter : Ora pro nobis, en regardant celui qui l'observait, de façon à lui faire comprendre qu'il savait que c'était une proces- sion qui passait. « Ces observations de M. Louis Ternier sont très intéressantes. J'admets volontiers que les Perroquets, qui sont évidemment au nombre des Oiseaux les plus intelligents, ne répètent pas toujours à tort et à travers les phrases qu'ils ont apprises, mais que dans certains cas ils les disent à propos, par suite d'une association intellectuelle entre l'ensemble des sons composant les phrases, et les faits qui s'y rapportent. Grâce à la mémoire, ils se souviennent que telle ou telle série de sons correspond à tel ou tel fait. Si, en prononçant tels mots, ils ont, pour n'en citer qu'un exemple, obtenu telle ou telle friandise, ils les répé- teront pour l'obtenir à nouveau, et de plus en plus, le rapport entre ces mots et la friandise se gravera dans leur encéphale. « Néanmoins, il me paraît indubitable que le plus souvent les Perroquets répètent les mots qu'ils ont appris, d'une façon tout à fait irréfléchie, sans relation aucune entre la phrase prononcée et le fait qu'elle concerne. En d'autres [6] LES PERROQUETS. G termes, je pense que l'expression si connue de « parler comme un Perroquet » est d'une assez grande vérité pour continuer d'être employée. » Mais les Perroquets n'ont pas toujours recours à la faculté spéciale qu'ils possèdent d'imiter la voix humaine, pour faire comprendre ce qu'ils désirent. Ils usent aussi d'autres moyens que l'on observe aussi, mais variés à l'infini, chez d'autres Oiseaux. En voici un exemple très caractéristique tiré du même auteur : « Ma mère, très ornithophile, possède, depuis un certain nombre d'années, un Cacatois de Leadbeater mâle qui, par ses cris et ses frappements de bec, fait très nettement comprendre qu'il désire quelque friandise. Je lui donne souvent des noisettes, dont il est grand amateur. Lorsque, sans le voir, il entend quelqu'un ouvrir et fermer la porte et marcher dans le couloir voisin de sa grande cage, il se met à crier. Si l'on ne fait que passer, ses cris cessent, mais ils redoublent si l'intelligent Oiseau entend que l'on ouvre, dans une pièce contiguë à celle qu'il occupe avec beaucoup d'autres Oiseaux, le tiroir contenant les délicieuses noisettes. Dès que j'entre dans la volière oi^i il habite, il descend bien vite sur son perchoir, s'il n'y est déjà, et saisit avec son bec la noisette que je lui présente à la main. Si je lui montre la noisette sans la lui donner, alors, avec la partie supéro-médiane de sa mandibule supérieure, il frappe une série de coups secs et précipités sur l'un des bâtons de son perchoir, et il recommence à plusieurs reprises, tant qu'il n'a pas reçu la friandise. Indubi- tablement, crier et frapper de son bec constitue, pour ce Cacatois, un moyen très net d'attirer l'attention des personnes et d'obtenir d'elles les noisettes et d'autres substances dont il est friand. » Les Perroquets se montrent en général très gais et très sociables lorsqu'on leur adjoint des compagnons de captivité convenablement choisis : Merles, Alouettes, Pinsons, Faisans. Ils se livrent même parfois avec ces derniers à des jeux purement innocents, comme le raconte H. Gadeau de Kerville dans l'anecdote suivante : « Ma mère possède des volières spacieuses où elle conserve plusieurs cen- taines d'Oiseaux d'espèces et de tailles variées, dont quelques-uns furent le sujet de mes observations. Un vaste compartiment renferme des Faisans mâles (Faisans dorés, hybrides de Faisans dorés et de Faisans d'Amherst, etc.) et des Perruches (Perruches calopsittes et Perruches ondulées). Ces dernières, les AJelopsittaciis iindiilaliis (Shaw) des Ornithologistes, se livrent fréquemment au curieux sport que voici : soit jeunes, soit adultes, elles aiment à se percher sur la longue queue des Faisans mâles, pour se faire transporter par eux. Grimpant le long de la partie médiane de la queue, elles se tiennent tant bien que mal en équilibre et, souvent, cherchent à parvenir jusque sur le dos de l'Oiseau. Pour se débarrasser de sa cavalière, le Faisan se met à courir, et la Perruche, glissant et ne se tenant plus en équilibre, tombe, si elle ne peut voler, ou, si elle est plus âgée, s'envole; puis elle recommence bientôt le même exercice. Il convient d'ajouter que ces Faisans ne font jamais aucun mal aux Perruches avec lesquelles ils vivent. « Sans conteste, si les Perruches ondulées se font ainsi transporter par les 7 LES PERROQUETS. [7] Faisans, c'est uniquement par distraction, et ce plaisir est absolument compa- rable à celui qu'éprouvent les enfants à se faire voiturer. >■ Les Perroquets en captivité peuvent s'accoupler, pondre et se reproduire, si on les place dans de bonnes conditions, c'est-à-dire dans une volière spa- cieuse, avec quelques troncs d'arbres creux où ils puissent faire leur nid. Chasses. — Les Perroquets sont l'objet de chasses acharnées. Les dépréda- tions qu'ils commettent dans les endroits cultivés justifient bien les mesures de destruction que l'on prend à leur égard, car, de même que les Singes, ils dévastent plus qu'ils ne consomment. Les Chinois leur tendent des filets ; les Chiliens attendent qu'ils se soient abattus dans un champ pour les assommer à coups de bâtons ; les planteurs les exterminent plus sûrement en les chassant au fusil. Dès le premier coup de feu, au lieu de s'enfuir à tire d'aile, ils restent auprès des cadavres de leurs compagnons, par une s3-mpathie vraiment remarquable chez ces Oiseaux, et se font tous tuer jusqu'au dernier. Audubon raconte en avoir ainsi abattu plusieurs centaines en quelques heures. Usages. Produits. — Les Chiliens, les Indiens et les Australiens se montrent, parait-il, très friands de la chair des Perroquets ; mais ils leur font surtout la chasse pour se procurer leurs belles plumes. Celles-ci ont eu, de tout temps, une grande valeur commerciale. « Dans les temps les plus reculés, dit Pœppig, les habitants des lisières des forêts apportaient aux Incas des plumes d'Aras pour orner leurs palais, et les anciens historiens du Pérou nous apprennent que ce fut la recherche de ces plumes et du coca qui fit pénétrer les hommes dans les terribles forêts vierges. » Classification. — • Les Perroquets forment un ordre d'Oiseaux bien homogène; mais on peut cependant, par l'analyse de leurs caractères morphologiques et de leurs affinités, les diviser en un certain nombre de groupes naturels qui sont les suivants : r Les Perroquets vrais ou Psittacidés ; 2° Les Pionidés ; 3° Les Perruches et les Aras ou Conuridés ; 4° Les Paléornithidés ; 3° Les Loris ou Trichoglossidés; 6° Les Micropsittacidés; 7° Les Plat3'cerques ; 8° Les Cacatois ou Plissolophidés ; 9° Les Perroquets nocturnes ou Stringopidés. LES PERROQUETS VRAIS OU PSITTACIDÉS Caractères. — Les Perroquets vrais ont un bec de longueur moyenne et aussi haut que long. La mandibule supérieure est régulièrement recourbée en demi-cercle; son arête est arrondie; ses bords ne présentent pas de dent distincte; elle se termine par une pointe recourbée et aiguë. [8] LES PERROQUETS. 8 Les lorums sont nus. La cire forme un large ruban qui enveloppe la base du bec, et dans lequel sont percés les oritîCes des narines, ceux-ci souvent recouverts par les plumes du front. Les ailes sont longues et pointues ; repliées, elles atteignent l'extrémité de la queue; celle-ci est courte, large et carrée' ou régulièrement arrondie. Les tarses sont très courts, les doigts longs. La couleur dominante dans le plumage est le gris cendré; les plumes sont larges et raides. Habitat. — On rencontre les Perroquets vrais dans l'Afrique centrale et occidentale, et dans l'île de Madagascar. Mœurs. — Us ont une existence essentiellement arboricole. Ils vivent en bandes considérables dans les grandes forêts. C'est à eux surtout que s'applique ce que nous avons dit plus haut à propos des mceurs des Perroquets en général. LE PERROQUET CENDRÉ OU JACO [Psittaciis ervthaciis). — 11 est origi- naire de la côte occidentale d'Afrique. Caractères. — Son plumage varie du gris cendré au gris bleu plus ou moins foncé; les individus jeunes ont le plumage plus foncé que les vieux. La queue est couleur rouge-sang; l'œil est entouré d'un cercle blanc. Le bec et les pattes sont noirs; la pupille brun clair. Mœurs. — On connaît fort peu de chose sur ses mœurs à l'état libre. D'après Petit, « très commun dans l'intérieur, il se tient de préférence près des rivières où la végétation est forte et luxuriante, et où se trouvent beaucoup d'arbres à fruits, surtout des Palmiers. Le soir, ces Oiseaux se réunissent par centaines sur d'immenses arbres morts et là, jusqu'à la nuit, se parlent et se racontent les nouvelles de la journée, faisant un bruit infernal. Ils nichent dans les troncs d'arbres, à un mètre ou deux de profondeur. Les jeunes, pris au nid et éduqués, parlent fort bien. Pour se les procurer, les noirs grimpent aux arbres, s'aidant d'une sorte de liane qu'ils passent derrière leur dos et autour de l'arbre. Arrivés près du trou, ils y enfoncent une liane au bout de laquelle ils en ont fi.xé d'autres, formant un paquet semblable à de l'étoupe, de façon que les petits puissent s'}' fixer facilement par le bec ou par les pattes. » Les navires qui reviennent des régions où il habite en rapportent souvent en Europe, et on le voit communément chez les marchands d'Oiseaux où il est encore désigné sous Ici noms de Perroquet gris ou Perroquet à queue rouge. Il se laisse apprivoiser et éduquer avec la plus grande facilité. Tout ce qui a été relaté plus haut, à propos de l'intelligence et des aptitudes des Perroquets, s'applique surtout au Jaco. « Par sa douceur, son intelligence, son attachement à son maître, dit A.-E. Brehm, il mérite parfaitement la faveur dont il jo.uit. Toutes les langues le célèbrent; il n'est pas un naturaliste, pas un ouvrage traitant des mœurs des animaux qui ne raconte de lui quelques traits intéressants. » Quelques-uns sont même devenus célèbres par la haute éducation que l'on arriva à leur fS^Sc fffi.\ 9 LES PIONIDÉS. [9J donner. Tel est le cas du Jaco de Lenz, dont Brehm relate longuement toutes les phrases qu'il rcpéiait souvent fort à propos. LES CORACOPSIS. — Ce sont des Perroquets de Madagascar dont les caractères diffèrent peu de ceux du Jaco. Il en existe plusieurs espèces parmi lesquelles le Perroquet noir de Madagascar et le Perroquet l'a^a. LES PIONIDES Caractères, — Les différents genres qui composent cette famille présentent les caractères généraux suivants: une queue courte, droite et large, dépassant de moitié l'extrémité des ailes ; un bec assez robuste, tantôt grand, tantôt haut et court, à arête pourvue en général d'une dépression qui en accompagne la courbure; une mandibule supérieure profondément échancrée. Les narines, arrondies, sont percées dans la cire ; celle-ci est nue et entoure toute la base du bec. Habitat. — Les Pionidés habitent les régions tropicales de l'Amérique et de l'Afrique. LE PERROQUET DU SÉNÉGAL {Pœocephalus senegalus). — Appelé encore Perroquet à tète grise (). Habitat. — Il se rencontre sur la côte occidentale de l'Afrique, mais parti- culièrement au Sénégal. Caractères. — Son plumage est gris dans toute la région de la tête et du cou. Le dos, les ailes et la poitrine sont d'un beau vert, le ventre est jaune rougeàtre. I^œurs. — Il vit par petites troupes de cinq à six individus seulement. Son cri est aigu et désagréable; on l'apprend plus dilticilement à parler que le Jaco. LE PERROQUET LECOMPTE [Pœocephalus Gulielmi). — Est très voisin du précédent, mais il est plus rare; on le rencontre au Congo. LE DEROPTYUS [Deroptyus accipitrinus). — Caractères. — Il est surtout remarquable par la disposition des plumes de la nuque et du cou qui peuvent se hérisser et se déplo3'er en éventail autour de la tête, à la volonté de l'animal. Il se distingue encore des autres Pionidés par son plumage bariolé de diverses couleurs. Linné comparait celui-ci à celui de l'épervier, et c'est cette ressem- blance qui lui valut son nom spécifique de D. accipitrinus. Habitat — Il habite les bords de l'Amazone et de la Guyane. IVlœurs. — Il recherche surtout les forêts peu élevées, au voisinage des habi- tations, et vit en bandes nombreuses. (■) PI. I. — Le Perroquet du Sinégal. [10] LES PERROQUETS. 10 Son genre de vie ne présente rien de particulier. « Lorsqu'il est en colère, dit Schomburgk, alors que les plumes brillantes de sa nuque se dressant forment un cercle autour de sa tête, cet Oiseau est un des plus beaux Perroquets. Les colons le nomment Hia par imitation de son cri. » LES CHRYSOTIS OU PERROQUETS AMAZONES. — Caractères. — Ils atti- rent l'attention par la remarquable couleur verte de leur plumage. Le cercle nu qui entoure l'ceil est peu étendu. Les plumes sont petites, raides, imbriquées, très serrées. Il existe un grand nombre d'espèces du genre Chrysotis. Habitat. — Tous vivent dans l'Amérique du Sud; les uns dans les forêts et les buissons, loin de la côte, les autres dans les forêts vierges. Mœurs. — Leurs mœurs sont les mêmes que celles des Perroquets de l'Afrique qui forment le premier groupe de la famille des Pionidés. Le prince de Wied donne les détails suivants sur le Perroquet vert (Chnso- iis œstiriis) que l'on appelle Couriqiie au Brésil : " Cette espèce, dit-il, est une des plus communes sur la côte orientale du Brésil. Je la vis en grand nombre partout où les épaisses forêts vierges arrivent jusqu'aux marais à manguiers, ou jusqu'à l'embouchure des fleuves ; elle niche dans les deux endroits, mais de préférence au voisinage des premiers, car eile a une prédilection bien marquée pour les mangues. On rencontre déjà beaucoup de ces Perroquets dans les forêts des environs de Rio-Janeiro; j'en vis aussi plus au nord, près des rivières Parahiba, Espiritu-Santo, Belmonte. Le matin et le soir, j'entendais de tous côtés leur voix perçante s'élever du sein des buissons que les hautes eaux recouvrent fréquemment. Ces buissons repré- sentent là les saules de nos contrées; ils sont seulement plus élevés, et c'est dans le creux des troncs et des grosses branches que nichent ces Per- roquets. « Pendant la saison des amours, chaque couple de Couriques s'élève haut dans les airs, criant et appelant. A toute autre époque, ces Oiseaux se réunis- sent en troupes considérables. J'en ai vu des bandes innombrables dans les forêts du Macure, tout le bois retentissait de leurs cris. Plusieurs espèces dif- férentes étaient là réunies. Il fallait longtemps pour que toute la bande eût défilé, et l'on ne pourrait donner une idée du tapage qu'ils faisaient en criant. Une société en dépossédait une autre de son arbre, ce qui ne se faisait pas sans que les cris redoublassent. Quelque nombreuses que soient ces réunions, on ne peut cependant les comparer à celles des Pigeons voyageurs de l'Amérique du Nord. « Lorsque ces Oiseaux s'abattent sur un arbre élevé, très touffu, il devient souvent impossible de les voir, tant la couleur verte de leurs plumes s'harmo- nise avec celle du feuillage. On ne remarque leur présence qu'à la chute inces- sante des enveloppes des graines. Tant qu'ils mangent, ils sont silencieux, mais dès qu'ils sont effrayés, ils font entendre leur voix perçante. » Les Chrysotis pondent au printemps deux œufs blancs que la femelle Il LES PSITTACULES. [H] dépose dans le creux d'un arbre, sur quelques copeaux qu'elle a arraches aux parois de sa demeure. Captivité. ■ — Les jeunes Chrysotis s'apprivoisent lacilenient, mais ils se montrent moins bien doués que le Jaco i^ris. LE PERROQUET A TÊTE BLEUE [Pioiiiis iiieiistnis . — Caractères. — Il a la tête, le cou, la nuque et la partie supérieure de la poitrine d'un bleu d'outre- mer avec quelques reflets dus au fond noir des plumes; le dos, la partie inférieure de la poitrine, le ventre et les ailes vert bronzé; les couvertures supérieures de l'aile sont vert-olive jaunâtre, les inférieurs vertes ; les ré- miges vertes bordées de noir, les plumes du croupion d'un rouge vif avec la pointe jaune et la tige bleue; les deux rectrices médianes vertes, les latérales roses; le tour de l'œil est gris bleu, le bec gris avec une petite tache rose au- dessous de chaque narine: l'iris gris brun. Habitat. — Le Perroquet à tête bleue est très commun sur les côtes du Brésil et de la Guyane. Mœurs. — Os Oiseaux forment des bandes nombreuses dans les forêts vierges et viennent à la saison cfes pluies faire de grands ravages dans les plantations. Pendant les époques de sécheresse, au contraire, ils se retirent dans les forêts et vivent par paires; c'est alors qu'a lieu l'accouplement. Captivité. — Le Perroquet à tète bleu'; supporte très bien la captivité; on le voit souvent en Europe dans les volières et les jardins zoologiques. LES PERRUCHES ET LES ARAS OU CONURIDÉS Caractères. — Les Conuridés sont des Perroquets à queue longue (excep- tion faite des Psittacules) ; les plumes qui composent celle-ci sont plus ou moins taillées en lanières, les deux médianes étant toujours les plus longues. Le bec est moyennement fort, plus haut que large, peu échancré; il ne présente généralement pas de dent distincte, mais les bords mandibulaires sont légère- ment ondulés. La cire enveloppe complètement la base du bec, ne laissant à nu que les orifices des narines. Ceux-ci sont libres ou cachés par les plumes, qui parfois recouvient la cire tout entière. Les rémiges les plus longues sont la deuxième et la troisième, ou les trois premières, rarement la deuxième et la quatrième. On peut diviser les Conuridés en trois groupes : 1° Les Psittacules ; 2" les Perruches ; 3° les Arcts. LES PSITTACULES Caractères. — Les Psittacules sont des Perroquets dont la taille ne dépasse pas celle des Moineaux de nos pays. Ils ont un bec court, large, arrondi, une queue courte ; les ailes, pointues et étroites, atteignent, quand elles sont rabat- tues, le sommet de la queue ; leurs tarses sont grêles, leurs doigts pourvus d'ongles longs et crochus. [12] LES PERROQUETS. 12 LA PERRUCHE PASSERINE {l'sillaciila passerina). — Caractères. — C'est le plus petit des Perroquets du Brésil. Son plumage est d'un beau vert, avec quelques reflets jaunâtres au front, à la face et au ventre. Le dessous des ailes et de la queue est vert bleuâtre brillant. Le bord antérieur de l'aile, les grandes sus-alaires, les rémiges secondaires, les scapulaires et la partie inférieure du dos sont d'un bleu d'outre-mer; les rémiges primaires sont d'un brun foncé avec un bord extérieur vert. Le bec est cendré bleuâtre, les pattes gris cendré avec des écailles verdâtres ; l'iris est gris brun. Habitat. — Il est très commun dans tout le Brésil. Mœurs. — Il habite indifféremment les forêts de la côte et les buissons des lieux secs. Ses bandes envahissent les jardins comme chez nous font les Moi- neaux, et comme eux, ils piaillent et babillent continuellement. Lorsque surtout une bande est chassée, chaque individu fait entendre un petit cri strident, et l'ensemble de ces cris produit un bruit insoutenable. Parfois, ces Oiseaux se précipitent sur un arbre pour en piller les fruits. C'est alors une agitation continuelle; ils crient, grimpent, montent et descendent sans cesse dans les branches. D'un coup de feu, on en abat souvent une douzaine. Le Psittacule moineau niche dans les troncs d'arbres creux ou, comme nous l'apprend d'Azara, dans les nids abandonnés du Fournicr roux. Il pond trois ou quatre œufs blancs et les dépose sur un lit de copeaux. LES PERRUCHES Caractères. — Les Perruches sont en général des Perroquets de petite taille. Leurs loriims sont emplumés jusqu'auprès des paupières, laissant, chez quelques espèces seulement, un léger cercle nu autour de l'œil ; leur bec est fort, court et large ; leur queue est plus courte que leurs ailes ; leur plumage est assez uniforme ; la couleur verte y prédomine. Habitat. — Les Perruches habitent l'Amérique du Sud, à l'exception d'une seule espèce, la Perruche de la Caroline. Mœurs. — Hors la saison des amours, elles vivent en bandes nombreuses dans les forêts, d'où elles sortent au lever et au coucher du soleil, pour aller chercher leur nourriture, soit sur les arbres fruitiers indigènes, soit dans les champs cultivés. Elles causent de grands ravages dans les plantations de riz, ce qui les rend l'objet d'une chasse sans merci. On en importe de grandes quantités en Europe, où elles s'acclimatent et se reproduisent sans diflicultés. LA PERRUCHE DE LA CAROLINE (Conuriis carolinensis). — Caractères. — La Perruche de la Caroline est un superbe Oiseau qui mesure 33 à 36 centimètres de long, dont i6 centimètres pour la queue. La couleur dominante de son plumage est un beau vert, plus foncé sur le dos qu'au ventre, où il est un peu jaunâtre: le front, les joues, la partie postérieure de la tête, les épaules et les rémiges sont rouge-orange; la nuque est jaune doré; les grandes couvertures 13 LES PERRUCHES. [13] supérieures de l'aile sont vert-olive à pointe jaune ; les rémiges primaires, d'un noir pourpre foncé; les rectrices médianes, bleues le long de la tige. La femelle présente le même plumage que le mâle, mais les teintes en sont moins vives. Les jeunes sont d'abord entièrement verts, sauf la partie antérieure de la tête qui est orange ; puis ils prennent peu à peu la coloration agréable- ment variée de leurs parents. Habitat. — La Perruche de la Caroline était jadis assez commune dans l'Amérique du Nord ; de nos jours, on ne la rencontre plus que dans les régions les moins accessibles du sud de la Floride, et dans quelques localités du terri- toire indien. C'est un Oiseau qui devient de plus en plus rare et dont la dispa- rition sera complète dans quelques années. Mœurs. — Les Perruches de la Caroline s'établissent de préférence dans les profondes forêts que traversent les grandes rivières ; on les rencontrait autrefois en bandes d'une centaine ; il est rare aujourd'hui de voir des compagnies de plus de trente individus. « Elles recherchent surtout, ditWilson, les grands s3'comores et les platanes, dont les troncs creux leur offrent un asile. A trente ou quarante, et plus encore lorsqu'il fait froid, elles se fourrent dans un même trou. Elles s'y suspendent aux parois, comme les Pics, s'}' cramponnant avec leur bec et leurs ongles. Elles paraissent dormir beaucoup : du moins rentrent-elles souvent le jour dans leur nid, pour y faire une petite sieste. » Le matm, dès le lever du soleil, elles se mettent en campagne, et vont s'abattre sur les arbres fruitiers ou les champs cultivés. Leur régime s'est sensiblement modifié depuis le développement considérable des plantations ; aux graines et aux baies d'arbustes sauvages, qui étaient leur unique ressource, elles préfèrent aujourd'hui les fruits des arbres cultivés, et manifestent un goût très prononcé pour les oranges et les bananes. Le repas terminé, elles se dirigent vers la rivière la plus proche pour boire et se baigner, puis elles vont passer les fortes chaleurs du jour sur quelque arbre élevé. Lorsqu'elles sont ainsi au repos, il est très difficile de les découvrir, car leur plumage s'harmonise admirablement avec la teinte du feuillage environnant. Quelquefois elles émettent un léger murmure comme si elles se parlaient entre elles, mais à la moindre alerte, le silence le plus complet règne aussitôt, ou bien la bande entière s'envole en poussant des cris perçants. « Il est difficile, dit Wilson, de voir un contraste plus frappant que celui qui existe entre le vol léger et rapide des Perruches de la Caroline, et leur allure maladroite au milieu des branches et surtout àterre. En volant, elles rappellent les Pigeons. Elles se tiennent en rangs serrés ; elles s'avancent avec la vitesse du vent, en poussant des cris retentissants. D'ordinaire, elles vont en ligne droite ; mais, parfois, elles décrivent une ligne ondulée, et changent brusque- ment de direction. « La Perruche de la Caroline est un Oiseau très sociable et qui témoigne à ses semblables le plus vif attachement. Lorsque l'on tire sur un vol de ces Oiseaux, et que l'on en tue un, tous les autres reviennent, entourent la victime en poussant des cris lamentables, s'efforcent de lui porter secours et s'abattent ;14J LES PERROQUETS. 14 SU!" l'arbre le plus voisin. Le chasseur tiie-t-il de nouveau, leur conduite ne change pas ; leurdévouement, au contraire, en semble surexcité ; ils s'approchent de plus en plus des individus qui ont succombé. Souvent ils se donnent l'un à l'autre les mêmes témoignages de tendresse que les Inséparables ; ils se grattent, se nettoient mutuellement; les deux époux sont toujours l'un près de l'autre. » D'après Audubon, Wilson et d'autres nombreux naturalistes, les Perruches de la Caroline établissent leur nid dans les arbres creux, où vingt à trente indi- vidus trouvent à se loger côte à côte. Cependant, certains observateurs les ont vus se construire de véritables nids dans les branches des arbres, à l'aide de fibres de cyprès. Un seul arbre portait de trente à quarante nids; la trame de ces derniers était si peu serrée que l'on pouvait apercevoir au travers les œufs qu'ils contenaient. Un grand nombre d'autres Perruches, appartenant aux genres Bolbo)-h\-jiclius, Brotogerys, Pyrrhina et Conurus, viennent se ranger à côté de la Perruche de la Caroline, mais leurs mœurs ne présentent pas de particularité spéciale. LA PERRUCHE A LONG BEC {Henkognalhus Lcplorlirnchus). — Caractères. — Elle se distingue surtout de ses congénères par la forme de son bec qui est très allongé, relativement grêle, à mandibule supérieure dépassant beaucoup l'inférieure, et se terminant par une pointe peu recourbée. Son plumage a une teinte assez uniforme vert foncé, mélangée de quelques taches rouges. Habitat. — L'Hénicognathe est très commun aux iles Chiloë, sur la côte du Chili. Mœurs. — C'est plutôt un Oiseau terrestre qu'arboricole. Il vit en bandes de plusieurs centaines, qui ravagent les champs de riz, de maïs, et les pommiers, dont il coupe les fruits pour manger les pépins. LES ARAS Caractères. — Les Aras ont un grand bec à arête large et aplatie. La man- dibule inférieure est tronquée, fortement recourbée, sans angle maxillaire. Les joues, larges et nues, se continuent en avant par une membrane plissée qui forme une sorte de gaine à la base du bec. Les pattes sont fortes, à tarses courts, les ongles longs et recourbés. Les ailes sont longues et pointues. La queue, très longue, est conique et étagée. Le plumage est très variable selon les espèces: il présente toujours des cou- leurs vives et éclatantes. Habitat. Mœurs. — Les Aras vivent dans les forêts vierges de l'Amérique du Sud. On les rencontre par petites troupes de huit à dix individus; ils ne s'approchent guère des habitations ; ils se nourrissent surtout de fruits. L'espèce la plus connue et que l'on voit le plussouvcntdans les jardins zoolo- giques est le Macao. C'est à elle que se rapportent les détails suivants sur les mœurs de ces Oiseaux : 15 LES ARAS. [i5, « Le genre de vie de ces Oiseaux, dit le prince de Wied, ne diffère pas de celui des autres Perroquets. Pendant la i^rande chaleur du milieu du jour, on les voit se reposer, perchés sur les basses branches d'un arbre toulVu. Quelques heures après, ils s'animent. Hors la saison des amours, ils sont en société, à la recherche des fruits de palmiers, du sapucaja, etc., dont ils ouvrent les coques avec leur bec vigoureu.x. Comme tous les Perroquets, ils se taisent dès qu'ils se sont abattus sur un arbre fruitier, et la chute des coquilles trahit seule leur présence. Dans plusieurs localités, surtout par la froide saison, je les vis occupés à rechercher le fruit d'une plante grimpante que l'on nomme sphinha dans le pays. Ils grimpaient très adroitement au milieu des lianes, et on pouvait alors les tirer très facilement. Leur jabot était rempli de graines blanches de cette plante. " Lors de l'accouplement, les Aras recherchent l'endroit qu'ils ont déjà habité précédemment, si toutefois ils n'y ont pas été troublés. Ils demeurent ainsi de longues années, fidèles à une même place. Ils choisissent, pour y établir leur nid, un arbre élevé, à la cime touffue, dont une branche est creuse ou en partie pourrie; ils en agrandissent la cavité avec leur bec, de manière à pouvoir s'y loger. C'est là que la femelle pond deux œufs blancs. » Les petits naissent assez imparfaits; leurs parents se montrent pour eux pleins de sollicitude et continuent à leur donner des soins pendant assez longtemps lorsqu'ils ont appris à voler. Chasses. Usages. Produits. — On fait surtout la chasse aux Aras pour se procurer leurs belles plumes. Il paraît que leur chair n'est pas non plus à dédaigner et qu'elle a le goût du bœuf. Captivité. — ■ Il semble que de tout temps les Aras ont été appréciés en capti- tivité. De Humboldt raconte que c'est avec admiration qu'il vit des Aras apprivoisés dans les huttes des Indiens, et courir dans les champs, comme chez nous les Pigeons. De nos jours, il n'est pas de ménagerie ni de jardin d'accli- matation qui ne possède un ou plusieurs de ces beaux Oiseaux au brillant plumage. Mais les Aras se montrent moins susceptibles d'éducation que les autres Perroquets. Leur cri n'a, d'ailleurs, rien de bien agréable ; il je traduit par les syllabes ara ou cirara, d'où leur vient leur nom. L'AR\ D/IACAO (Sittace coccinea). — Caractères. — Le Macao compte parmi les plus grands et les plus beaux Perroquets à longue queue. Sa taille atteint 68 centimètres, dont 33 pour la queue. Les ailes ont environ un mètre d'en- vergure. Les couleurs qui prédominent dans son plumage sont le rouge, le vert et le bleu. La tête, le cou, la poitrine et le ventre sont rouge écarlate ; les plumes de la nuque sont bordées d'un liséré vert dont la nuance vient se fondre insensiblement avec la couleur bleu de ciel du dos et du croupion. Sur les ailes, le vert prédomine ; les rectrices médianes de la queue sont rouges, les plumes latérales bleu d'outremer. Habitat. — Le Macao est assez commun dans tout le Brésil. On le rencontre dans les forêts vierges arrosées par les grands cours d'eau. [10] LES PERROQUETS. IG L'ARA MILITAIRE Sillacc militaris) est apeu près aussi grand que le Macao. Mais son plumage est vert bleuâtre, avec une petite touffe de plumes rouges à la base de la mandibule supérieure, et quelques raies brunes au ventre et au pli de l'aile. On le rencontre dans tout le bassin supérieur de l'Amazone. L' \R\ MXRXCXW (Sittace sei'era) ne mesure que 5o centimètres de long, du bec à l'extrémité de la queue. L.a couleur dominante de son plumage est le vert ; le dessus de la tête présente des reflets bleuâtres. Il forme des bandes nombreuses qui viennent souvent ravager les planta- tions de maïs. Son vol est très rapide, sa voix rauque et perçante. Il habite les régions chaudes de l'Amérique du Sud. L'ARA ARARAUNA {Siltace Lwntlea'. — Caractères. — L'Ara ararauna présente des caractères qui l'éloignent un peu des Aras du groupe pré- cédent (*j. « Cet Oiseau, que l'on voit souvent en Europe, dit Brehm, ne le cède pas en beauté à ses congénères. Il a le corps plus petit, mais la queue plus longue que le Macao; sa taille a un peu plus d'un mètre, mais la queue figure pour au moins o",55 ; l'aile, depuis le poignet jusqu'à la pointe des rémiges, mesure 0^,41 . « Le front, la plus grande partie de la queue, un cercle autour de l'œil et un autre cercle autour du cou, sont verts. Le dos est bleu clair, le ventre jaune d'œuf. Les couvertures supérieures de la queue et les plumes du croupion sont bleues; les rémiges, d'un jaune mat à leur face inférieure, sont noires à leur face supérieure, les barbes externes étant plus foncées que les internes. Il en est de même à la queue. Le menton est plus foncé que la gorge. Les joues sont blanches, avec trois rangées de plumes noires. L'iris est blanc verdàtre. Le bec et les pattes sont noirs. Habitat. — Il habite le sud du Brésil. Mœurs. — Ses mœurs sont identiques à celles des autres Aras. Captivité. — Il supporte aussi très bien la captivité, mais ne se montre pas supérieur à ses congénères sous le rapport des aptitudes. L'ARA HYACINTHE {Sittace hmciu/hiiia). Caractères. — Il se distingue des précédents, non seulement par la superbe couleur hyacinthe foncée de son plumage, mais aussi par d'autres caractères qui ont conduit certains naturalistes à en faire le type d'un groupe spécial. Sa mandibule supérieure, puissante et fortement bombée, se termine par un crochet très allongé en forme de faucille. Ses joues, au lieu d'être presque nues, sont recouvertes de plumes serrées, ne laissant autour de l'œil et de la mandi- bule inférieure, qu'une légère marge blanche. Habitat. — L'Ara Hyacinthe se rencontre au Brésil. Il y est peu commun; (") PI. II. — L'Ara ararauna. 17 LES AGAPORNIS. [17] aussi ne sait-on que fort peu de choses sur ses mœurs. On a rarement l'occa- sion d'en voir un spécimen dins les jardins zoologiques d'Europe. LES PALEORNITHIDES Caractères. — Les Paléornithides ont un bec souvent puissant, plus haut que long, sans dent distincte; la surface en est lisse, brillante, le plus souvent colorée en rouge, rarement en noir ou en bleu. La mandibule supérieure est à arête arrondie ou présente quelquefois une légère dépression. La queue est tantôt longue et effilée, tantôt courte et large. Les rémiges les plus longues sont en général les deu.xième et troisième, rarement la première et la deuxième. La cire forme un ruban étroit qui entoure la base du bec et est souvent recouverte en partie par les plunies, ou bien elle se limite à une petite région entre les orifices des narines, et de là s'avance en pointe vers les côtés du bec. La nuance verte domine dans le plumage. Habitat. — • Les Paléornithides sont représentés par plusieurs genres qui vivent en Afrique, dans l'Inde et dans l'Océanie. LES AGAPORNIS Caractères. — Les Agapornis sont des Perroquets nains ; leur taille est celle du Pinson ou de l'Alouette. Leur bec est large et court; leur queue courte, leurs ailes étroites et pointues. Habitat. — Us vivent dans l'Afrique centrale et à Madagascar. Mœurs. — Leur genre de vie à l'état de liberté ne présente de particulier que le profond attachement qui unit les couples à l'époque des amours. Ils méritent bien le nom d'Inséparables qui leur a été donné. « Les poètes, dit Schomburgk, ignoraient la tendre amitié qui unit les deux époux chez les Perroquets nains; aussi ont-ils choisi la tourterelle comme s_vm- bole de l'amour idyllique. Et cependant, combien celle-ci est inférieure, sous ce rapport, à nos Perroquets. Entre les deux époux, règne la plus parfaite har- monie: leurs volontés, leurs actions sont d'accord. L'un mange-t-il, l'autre fait de môme; celui-ci se baigne-t-il, l'autre l'accompagne ; le mâle crie, la femelle répond à l'unisson ; un d'eux est-il malade, son conjoint le soigne et le nourrit; même, lorsqu'une bande nombreuse est rassemblée sur un arbre, jamais les couples ne se séparent. » Captivité. — On ne peut conserver ces charmants Oiseaux en captivité que par paires. Si l'un d'eux vient à mourir, l'autre ne peut lui survivre longtemps, surtout s'il n'est pas en compagnie d'autres espèces. On ne parvient d'ailleurs que difficilement à leur faire supporter le climat de l'Europe. l.A VIE DF.S ANIMAIX ILLUSTREE. Ul- [18] LES PERROQUETS. 18 LES PALEORNIS Caractères. — Les Paléornis ont un bec large, robuste, bombé; la mandi- bule inférieure est moitié plus courte que la supérieure. Les ailes ont un développement médiocre. La queue est caractéristique, elle est de la longueur du corps: les deux rectrices médianes sont plus longues que les latérales, et sont taillées en lanières étroites, ce qui a valu à ces Oiseaux le nom de Perruches à queue en Hèche. Le plumage présente toujours des couleurs vives. Habitat. — Le groupe des Paléornis est représenté en Afrique, en Océanie et aux Indes, par de nombreuses espèces. LE PALÉORNIS A COLLIER [Palccoruis torquatus). — Caractères. — Le Paléornis à collier est un grand Perroquet mesurant de o'",3S à o'°,44. Son plumage est en grande partie d'un beau vert brillant avec des reflets bleu de ciel. La gorge présente une bande noire qui se continue sur les côtés et en arrière avec une bande rose, l'ensemble formant un véritable collier. Habitat. — Il se rencontre dans toute l'Afrique centrale où il est très commun. Mœurs. — « Le vo3'ageur, dit A.-E. Brehm, a de la peine à apercevoir le Paléornis à collier. On l'entend plus qu'on ne le voit; ses cris stridents dominent les mille bruits de la forêt, et cela d'autant mieux que ces Oiseaux vivent toujours en nombreuses sociétés. « Une de ces bandes s'établit dans un bosquet de tamariniers ou d'autres arbres bien touffus, et elle part de là chaque jour pour parcourir son domaine. Le matin, les Oiseaux sont encore assez tranquilles; mais, dès que le soleil est levé, ils s'en vont, criant et piaillant, en quête de nourriture, et l'on voit les bandes traverser la forêt. Les forêts d'Afrique sont pauvres en arbres fruitiers ; mais les plantes qui poussent à l'ombre des grands arbres portent en abon- dance des graines qui tombent et que vont ramasser les Paléornis. Ce n'est que lorsque les petits fruits ronds du jujubier ou les gousses du tamarinier ont atteint leur maturité, que ces Oiseaux ne vont plus à terre. Il est probable qu'ils ont aussi une nourriture animale; du moins, j'en ai souvent vu occupés à détruire des nids de fourmis ou de termites, et j'ai observé des Paléornis captifs, qui étaient très friands de viande. On les surprend rarement dans les champs qui côtoient les forêts : bien que l'on élève facilement les Paléornis captifs avec les céréales qui croissent dans la contrée, ils semblent préférer les fruits de la forêt. « Vers midi, ils vont s'abreuver, puis montent sur un arbre, pour s'y reposer pendant quelques heures. C'est le moment de bavarder et de crier; l'on est ainsi averti de la présence d'une bande, mais il est difficile de l'apercevoir, cachée qu'elle est au milieu du feuillage, dont la teinte s'harmonise avec celle du plu- mage de ces Oiseaux. 19 LES PALÉORNIS. [19] « Dès qu'ils remarquent quelque chose de suspect, ils se taisent, ou s'en vont silencieusement et prudemment, s'ils craignent d'être poursuivis. Des centaines de voix, partant du haut d'un arbre au pied duquel on s'arrête, se faisaient entendre; instantanément tout devient tranquille et silencieux, et bientôt il n'y reste plus un seul Paléornis : tous sont partis l'un après l'autre, se sont réfugiés sur un autre arbre, où éclatent alors leurs cris de triomphe. Après le repos, les Paléornis vont une seconde fois faire un repas et s'abreuver; le soir, ils se ras- semblent sur leurs arbres favoris, s'y établissent le plus sûrement et le plus commodément, et crient plus encore que dans la journée. Au printemps, alors que la foret vierge est parée de toute sa splendeur magique, les Paléornis se réfugient dans les troncs d'arbres creux; pendant la sécheresse, ils sont obligés de dormir sur les branches des arbres verts, car les trous de ceux-ci sont insuf- fisants pour les recevoir tous, et les arbres dépouillés de leurs feuilles ne leur olTrent pas un abri assez sûr; de là proviennent des cris, des disputes plus ani- mées qu'à toute autre époque. « Les Paléornis volent rapidement, mais, par contre, leur marche à terre est lente et lourde, et ils ne grimpent sur les arbres qu'avec difficulté. Leur vol rapide ne doit pas s'exécuter sans beaucoup de fatigue pour l'Oiseau, car il exige de nombreux coups d'aile. 11 devient un léger balancement, lorsque l'Oi- seau va s'abattre. Jamais le Paléornis à collier ne s'élève en l'air pour prendre ses ébats comme font bien d'autres Oiseaux : il ne vole que pour se rendre d'un endroit à un autre, et s'arrête dès qu'il est arrivé. Sa marche (c'est à peine si on ose lui donner ce nom) consiste en une espèce de titubation maladroite. Il traîne péniblement son corps en relevant sa longue queue, pour l'empêcher de traîner sur le sol. Des Paléornis, à terre, font un effet du plus haut comique. << La saison des pluies, c'est-à-dire le printemps africain, est l'époque des amours des Paléornis. Dès les premières pluies, les gigantesques adansonias se sont couverts de feuilles et de fleurs, et les trous de leurs branches offrent beaucoup d'abris qui sont vite occupes. C'est là que vivent les Paléornis, en sociétés nombreuses, après quelques disputes pour la possession du meilleur nid. Vers la fin des pluies, on voit les parents avec leurs petits et toutes les familles se réunissent de nouveau en bandes très nombreuses. » Chasses. — Le Paléornis à collier, ainsi qu'on vient de le voir par l'étude de ses mœurs, est un Oiseau extrêmement rusé ; aussi est-il difficile de le chasser au fusil. Cependant, on emploie au Sénégal différents moyens pour en prendre vivants d'assez grandes quantités, et on les expédie en Europe. Captivité. — Les Paléornis ne se laissent pas toujours apprivoiseï' et éduquer avec facilité, mais la beauté de leur plumage les fait rechercher pour orner les grandes volières. LE PALÉORNIS DE PONDICHÉRY {P. fasciatus). — Caractères. — Il est de la même taille que le précédent. Le vert domine aussi dans son plumage, mais la poitrine et une partie de la tête sont roses ; une mince bande noire va du front jusqu'à l'œil. Le bec est noir. Les Malais le désignent sous le nom de Bettet. [20] LES PERROQUETS. 20 Habitat. Mœurs. — Il habite l'Indo-Chine. Ses mœurs ont été bien décrites par Rurmeister. << Ce Perroquet, dit-il, se trouve dans toute l'ile de Java; il n'y est cependant pas également distribué; très commun dans certaines localités, il est au contraire très rare dans d'autres. Il préfère les parties chaudes et basses, et la région inférieure des montagnes, jusqu'à une altitude de 4000 pieds. Il ne se trouve pas plus haut. Au voisinage de ma demeure j'en vois toujours un grand nombre dans les plantations de café. Sa voix perçante le trahit, et on ne reste pas longtemps sans l'apercevoir; il sait pourtant se cacher à merveille dans les cimes touffues des arbres, et on l'entend encore plus souvent qu'on ne le voit. « Le jour, les Bettets parcourent les jardins et les bois, deux à deux, ou en petites sociétés. Le soir, tous ceux qui habitent la même région se réunissent sur un grand arbre ou dans un fourré de bambous, pour y passer la nuit en commun. Si on vient là vers le soir, on est témoin d'un curieux spectacle. « A mesure que le soleil baisse, ces Oiseaux accourent de tous les points de l'horizon. Dès que les premiers sont arrivés, ils font entendre des cris de joie, commencent un vacarme auquel prennent part les nouveaux arrivants, et cela ne cesse que lorsque les dernières lueurs du jour sont éteintes. Alors, au vacarme succède brusquement un silence général, qui n'est troublé que de temps à autre, lorsque l'un de ces Oiseaux, trouvant sa place peu commode, en cherche une meilleure, ou veut déposséder un de ses camarades de la sienne. C'est alors un mécontentement universel, et le perturbateur est puni de quelques bons coups de bec. Aux premières lueurs de l'aurore, la bande se divise, pour revenir le soir passer la nuit à la même place. « Pendant le temps des amours, ces Perroquets vivent par couples, et ne se réunissent plus le soir. Ils nichent dans le creux des arbres, et leur bec est très utile pour agrandir leur demeure. » LES LORIS OU TRICHOGLOSSIDÉS Caractères. — Les caractères les plus importants de cette famille sont la forme du bec et la structure de la langue. Le bec est long et faible; la mandi- bule supérieure présente une arête (ou ciilmen) arrondie mais étroite, et n'a pas de saillie ou dc}it; elle se termine par une pointe, à peine recourbée et lisse; la mandibule inférieure est droite, sans échancrure. La langue se termine par un pinceau de fibres cornées (excepté dans le genre Coryllis) qui permet à ces Oiseaux d'aller puiser, dans le calice des fleurs, le miel et les sucs sucrés dont ils se nourrissent. La cire s'étend très loin sur la partie supérieure du bec, et de là descend en s'atténuant vers les bords. La forme de la queue est variable, elle est en général plus courte que les ailes. Habitat. — Les Loris habitent les Indes, l'Australie et la Polynésie. Classification. — On peut les diviser en trois groupes : les Coryllis, les Loris vrais et les Tric/ioi^losscs. 21 LES LORIS VRAIS. [21] LES CORYLLIS Caractères. — Les ("oryllis [Loriciiliis) sont de jolis petits Perroquets au plumage orné de brillantes couleurs. Ils ont une queue courte et large, des ailes longues et pointues; leur bec a la même forme que celui de tous les autres Loris, mais leur langue est dépourvue du pinceau de fibres cornées. Ils se nourri-ssent de fruits et de baies sau- vages. La particularité la plus intéressante qu'ils présentent est de se reposer et de dormir la tète en bas, sus pendus par les pattes aux branches des arbres, '' la façon des Chauves-Souris. On les rencontre dans l'Inde et la Malaisie. Le C. galgulus est origi- naire de Malacca et des îles de la Sonde. LES LORIS VRAIS Caractères. — Les Loris vrais [Domicella) ont une queue courte, arrondie et éta- gée. Leur plumage se montre bariolé de couleurs éclatantes où domine le rouge. L'un des plus jolis est le LoRi A COLLIER. Sou plumagc est rouge écarlate; le sommet de la tête est pourpre foncé, le derrière de la tète violet; la face supérieure des ailes verte; les jambes sont bleu de ciel; la poitrine est marquée d'une tache jaune en forme de croissant ; les plumes de la queue sont rouge écarlate, bordées de noir dans leur partie terminale, avec la pointe jaune; le bec est jaune-orange, les tarses gris foncé. Habitat. — Les Loris du genre Domicella habitent la Nouvelle-Guinée, l'île de Bornéo, les Moluques. Il en existe un grand nombre d'espèces parmi lesquelles le Lori tricolo7~e, le Lori brun, le Lori noir, le Lori rouge, etc. Mœurs — Tous vivent en bandes nombreuses dans les forêts; leur nourri- Le Coryllis de Malacca. [221 LES PERROQUETS. 22 ture se compose surtout de miel. Ils ne supportent pas longtemps la captivité; on peut cependant les faire vivre quelque temps en leur donnant du pain trempé dans du lait et des graines. Les CoRYPHiLES sont des Loris de petite taille qui rentrent dans le genre Domicella. Leur bec est arrondi, leur queue conique ou arrondie. Habitat. ■ — On les rencontre dans les iles de la Polynésie. L'un des plus remarquables est le Coryphu.e d'Otahiti. Les plumes du dos sont très fines, celles de la tête forment une espèce de huppe. Son plumage est bleu pourpre, la gorge et la partie supérieure de la poitrine sont d'un blanc éclatant. LES TRICHOGLOSSES Caractères. — Les Trichoglosses diffèrent des Loris par leur queue longue, étagée et pointue. Ce sont des Oiseaux vifs, alertes, élégants; sautillant avec agilité dans les branches, et revêtus de brillantes couleurs. L'espèce la plus connue est le T. Xorcv-Hollaiidia.', dont le plumage présente les teintes les plus variées. La tête et le milieu du ventre sont bleu violet, la nuque jaune verdàtre; les ailes et la queue sont vertes; la poitrine est rouge au milieu, jaune orange sur les parties latérales; les côtés du ventre présentent un mélange de rouge, de vert et de bleu; le croupion est jaune avec un mélange de vert et de rouge; le dos rouge écarlate. Une autre espèce qui ne le cède pas en beauté au précédent est le T. versi- color, mais ici la nuance verte prédomine. Le Pyrrhode des Papous [T. papuensis) n'est pas moins remarquable. Son plumage est rouge écarlate parsemé de taches bleues, jaune d'or et vert clair. Habitat. — La véritable patrie des Trichoglosses est l'Australie; on en rencontre aussi dans l'est de la Malaisie. Mœurs. — Ils vivent en bandes innombrables dans les forêts. Au lever du soleil, ils se mettent à chercher leur nourriture, et vont s'abattre sur les arbres à gomme pour en boire les sucs. Leur vol est très rapide. Lorsqu'une bande est en marche, tous les mouve- ments des individus qui la composent sont si réguliers qu'on pourrait la prendre pour un nuage si l'on n'entendait les cris perçants que poussent ces Oiseaux. Les forêts d'eucal3'ptus de l'Australie sont leur plus grande ressource. Ils choisissent les arbres dont les tîeurs viennent de s'épanouir, car ils }' trouvent plus de nectar et de pollen. Ils mangent rarement les fleurs elles-mêmes. On voit ce nectar leur couler du bec, parfaitement limpide, lorsque au moment où on vient de les tuer, on les soulève par les pattes. « C'est un spectacle indes- criptible, dit Brehm, que celui d'un de ces eucalyptus, couvert de tleurs, et visité par des bandes nombreuses d'Oiseaux. Souvent, on voit trois, quatre espèces différentes, pillant en commun les fleurs d'une même branche. Il est 23 LES PLATYCERQUES. [23] impossible de se faire une idée du bruit, des cris qui s'élèvent sans cesse, surtout lorsqu'une bande quitte un arbre pour aller visiter une autre partie de la forêt. » LES MICROPSITTACIDES Caractères. — Perroquets de petite taille munis d'un bec relativement fort, court et épais, plus haut que long. Mandibule supérieure profondément échan- crée, à arête prononcée, arrondie, terminée par une pointe aiguë, ordinairement striée. La cire a la même disposition que chez les Platycerques, ou bien elle forme un ruban qui enveloppe la base du bec. Les ailes sont aiguës, atteignant presque l'e-xtrémité de la queue; celle-ci est courte, rigide, le plus souvent arrondie. Habitat. — Les Micropsittacidés habitent l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Ils sont représentés par trois genres : Psittacella, Cj-clopsittacus, Nasiteriia et un assez grand nombre d'espèces dont la plus intéressante est le Nasiterne pygmée. LE NASITERNE PYGMÉE (.V. pygmœa). — Caractères. — C'est le plus petit de tous les Psittacidés; il n'est pas plus grand qu'un Serin; sa longueur totale est o"',o75. Son pluinage est presque entièrement vert; la tête est jaunâtre, la face brunâtre; les pennes médianes de la queue sont bleues, les autres noires, et jaunes à la pointe. Habitat. — Il est originaire de la Nouvelle-Guinée. Mœurs. — Elles ne sont malheureusement pas connues ; il vit sur les arbres élevés et grimpe le long des troncs à la façon des Pics ; la disposition de ses doigts et de sa queue ressemble d'ailleurs assez bien à ceux de ces derniers, LES PLATYCERQUES Caractères. — Les Platycerques ont un bec court et épais ; la inandibule supérieure déborde généralement la mandibule inférieure; elle est à arête arrondie, présente ou non une dent, et se termine par une pointe fortement recourbée, striée en dessous (à l'exception des genres Callipsittacus et Nanodes). La mandibule inférieure est courte, carénée. La cire forme à la hase du bec deux saillies très prononcées dans lesquelles sont percées les ouvertures des narines; elle est souvent recouverte par les plumes, et n'entoure jamais complètement la base du bec (excepté dans le genre Melopsiltaciis). La queue est longue, et dépasse en général l'extrémité des ailes; elle est large, étagée ; les plumes qui la composent sont disposées en éventail. Habitat. — Les Platycerques sont très répandus dans toute l'Australie. Mœurs. — Ils méritent bien le nom de Perroquets des praii'ies par lequel on [24] LES PERROQUETS. 24 les désigne quelquefois. Ils préfèrent les vastes plaines semées çà et là d'arbres ou de buissons isolés aux profondes forêts. Ils courent et sautillent sur le sol avec beaucoup plus d'aisance et de légèreté que les autres Perroquets ; ils grimpent peu et ne se perchent sur les arbres que pour dormir ou se reposer. On les rencontre en bandes considérables sur les routes, dans les prairies; leur nourriture se compose surtout de graines de graminées; aussi font-ils de grands ravages dans les cultures. Ils sont aussi plus vo\'ageurs que les autres Perro- quets; ils apparaissent subitement, en grand nombre, dans certaines localités, et les quittent de même dès qu'ils n'y trouvent plus assez à manger. L'accouplement se fait au printemps de leur patrie, c'est-à-dire du mois d'octobre au mois de janvier. Captivité. — Les Platycerques vivent très bien en captivité. Quelques-uns cependant se montrent peu familiers et ne parlent pas. LE PLATYCERQUE OM:<\COLORE[P!alj-ceixus cximius). — Appelé rose-liiUed parrakeet par les colons. C'est une des plus jolies espèces du genre. Caractères. ■ — La tète, le cou, la poitrine sont rouge écarlate, les joues blanches. La partie inférieure de la poitrine et supérieure du ventre sont jaune brillant, passant un peu plus bas au vert jaunâtre. Les plumes du dos sont vertes, bordées de jaune ; les ailes bleues et vertes. Les deux rectrices médianes sont vertes, passant au bleu à la pointe ; les latérales sont bleues à la base et blanches à l'extrémité. Habitat. — Le Platycerque omnicolore est très commun dans tout le sud de l'Australie, la Nouvelle-Galles du Sud et la Tasmanie. Mœurs. — Ils vivent en petites troupes dans les endroits découverts, dans les grandes prairies, et établissent leur demeure sur un arbre ou dans un buisson isolé. On les rencontre sur les chemins comme les Moineaux dans nos pays, et, comme ceux-ci, ils sont peu craintifs. Leur vol est assez rapide, ondulé, mais ils ne peuvent le soutenir longtemps. Par contre, ils courent sur le sol avec autant d'agilité que les Pinsons. Ils sifflent agréablement, et l'on pourrait presque en faire des Oiseaux chanteurs. Leur nourriture se compose de graines et d'insectes. LES PSEPHOTES ont des ailes courtes pointues, et une queue très allongée. La Perruche impériale {Psephotus inulticolor) est revêtue d'un merveilleux plumage. Le front et les épaules sont jaune de soufre, les couvertures inférieures de la queue d'un jaune citron ; le ventre et les cuisses rouge écarlate ; le dos présente des bandes alternativement vert jaunâtre, vert foncé, et brun roux; les rémiges et les couvertures inférieures de l'aile d'un brun foncé ; les rectrices médianes bleues, les externes bleu vert, avec l'extrémité bleu clair et bordées de noir. Le bec est noir, les pattes brun jaunâtre. Son habitat est l'ouest et le sud- ouest de l'Australie. LES POLYTELIS rentrent aussi dans le genre Platj-cerciis, bien qu'ils pré- sentent quelques affinités avec les Paléornis. 25 LES PLATYCERQUES. [25] Le Polytelis ii gorge ccaiiatc [Plahwrciis Barrabandi) est commun dans la Nouvelle-Galles du Sud ; il se tient de préférence dans l'intérieur des terres. Il a la partie antérieure de la tête, les joues et la gorge jaunes ; la nuque, le dos et le ventre sont verts ; le cou est entouré d'un collier rouge écariate ; les ailes et la queue sont bleu foncé mélangé de vert ; le bec rouge vif, les tarses gris cendré. LES EUPHÈMES. — Caractères. — Les lùiphcnws se reconnaissent à leur bec petit, court, à arête presque verticale ; la mandibule inférieure, par suite de cette disposition, est presque entièrement cacJTée par les plumes des joues. La cire forme deux bourrelets très saillants à la base du bec, au sommet desquels s'ouvrent les narines. Les ailes sont régulièrement aiguës. La queue est composée de rectrices inégales, étagées, raides, pointues, affectant une disposi- tion cunéiforme. Les tarses sont grêles, à ongles courts. La Perruche d'Edward [Eupheina piilchella) est d'une belle couleur verte sur les parties supérieures du corps ; le front, la face et les ailes sont bleu d'azur, la région des épaules rouge pourpre ; le ventre est jaune ; la queue, verte en dessus, est noire en dessous ; les deux rectrices latérales jaunes, le bec noir. Mœurs. — Les Euphèmes vivent en troupes dans les endroits marécageux : leur genre de vie se rapproche beaucoup de celui de la Perruche ondulée, dont il sera question plus loin. LES NYMPHIQUES {Callipsittacus) atùrent surtout l'attention par la disposition des plumes de la tète qui sont grêles, effilées, et disposées en huppe comme chez les Cacatois. Leur bec est comprimé latéralement ; la mandibule supérieure est régulièrement convexe et se termine par une pointe très recourbée, elle est profondément échancrée ; la mandibule inférieure est courte et échancrée. Les narines sont percées dans un bourrelet formé par la cire à la base du bec. Les ailes sont longues, atteignent ou dépassent l'extrémité de la queue. La queue est allongée, les deux rectrices médianes sont les plus longues. Le genre Callipsitlacits n'est représenté que par une seule espèce, le C.Xovx- Hollandia.'. Caractères. — C'est un grand Oiseau qui a environ 33 centimètres de lon- gueur. Son plumage est très varié. La partie antérieure de la tète, la huppe, les joues sont jaune-citron ; la région des oreilles est orange ; le derrière du cou, les deux rectrices médianes, le bord externe des ailes sont gris brun ; le dos, les épaules, la face inférieure du corps et les pennes externes sont d'un brun chocolat, plus foncé aux épaules et aux lianes. Les couvertures supérieures de l'aile sont blanches ; les tarses gris bleuâtre, ainsi que le bec ; l'iris brun foncé. La femelle diffère du mâle par la couleur de la huppe et des joues, qui sont jaune-olive foncé; la gorge est gris brun; les couvertures supérieures de la queue sont grises, ainsi que les quatre rectrices médianes ; tout le reste du plumage est jaune finement rayé de brun. Mœurs. — Les Nymphiques vivent en Australie, dans l'intérieur des terres. [26] LES PERROQUETS. 20 près des étangs et des rivières. On les rencontre en bandes tellement innom- brables que le sol en est parfois couvert sur une grande étendue. On peut presque les ranger parmi les Oiseaux migrateurs. En septembre, ils descendent vers le sud, s'accouplent et se reproduisent, puis, en février, ils repartent vers le nord. Leur nourriture se compose surtout de graines de graminées. Ils sont très agiles, courent aisément sur le sol, grimpent bien, mais leur vol est un peu lent. Ils sont peu craintifs, et se laissent prendre ou tuer facilement. Captivité. — On peut les élever facilement en captivité ; ils s'acclimatent très bien en Europe. LA PERRUCHE LATHAM (iVa7;oi.i(?s discolor) habite l'Australie, Ses caractères la rapprochent à la fois des Platycerques et des Loris ; elle a les mêmes mœurs que ces derniers. LA PERRUCHE ONDULÉE {Mclopsitlaciis iindiilatiis'. — Caractères. — Le Mélopsitte, communément appelé Perruche ondulée, est trop connu pour mériter une longue description. Les volières des marchands et des amateurs en sont toujours abondamment fournies. Le plumage bariolé de ces charmants Oiseaux attire surtout l'attention ; le vert y domine, mais il est parcouru d'un fin dessin qui tranche admirablement sur les parties de couleurs plus vives. Le bec est court et fortement recourbé ; les ailes longues et pointues : la queue, allongée, inégale, cunéiforme. Les tarses sont faibles, les doigts longs et minces. Habitat. — Les Perruches ondulées nous viennent du sud et de l'ouest de l'Australie. Mœurs. — Tout ce que l'on connaît sur leur genre de vie, à l'état libre et en captivité, a été admirablement résumé par A.-E. Brehm : « Shaw est le premier qui ait décrit le Mélopsitte ondulé : mais aucun natu- raliste, avant Gould, ne nous avait fait connaître son genre dévie. Nous savons aujourd'hui que des bandes nombreuses de cesOiseaux habitent tout l'intérieur de l'Australie, recherchant les plaines couvertes de prairies, et se nourrissent de graines de graminées. « Tous les observateurs qui ont vu ces Oiseaux en liberté, tous les amateurs qui les ont en cage, s'accordent a en faire l'éloge. Lorsque, au commencement de décembre, Gould parcourut les plaines de l'Australie, il se vit entouré de Mélopsittes ondulés et résolut de rester au même endroit, pour observer à son aise leurs mœurs et leurs habitudes. « Ils apparaissaient par bandes de vingt à cent individus, au voisinage d'un petit étang, où ils se désaltéraient ; ils s'envolaient à des heures réglées vers la plaine, pour y chercher les graines dont ils se nourrissent. (( Ils venaient surtout boire le matin, de bonne heure, et le soir, avant la tombée de la nuit. Pendant la grande chaleur, ils se tenaient immobiles dans les cimes des arbres à gomme. Il était alors difficile de les découvrir ; mais au 27 LES PLATYCERQUES. [27] moment de s'envoler, ils se massaient sur les rameaux desséchés ou sur les branches qui se penchaient vers la surface de l'eau. » Leur vol est rapide comme celui du Faucon ou de l'Hirondelle. Us marchent assez bien à terre ; ils ne grimpent pas maladroitement. En volant, ils poussent des cris perçants. Au repos, ils s'entretiennent dans un babil très animé, qu'on ne peut appeler un chant, car les différentes voix se confondent en un désaccord impossible à décrire. «Même dans la saison des amours, les M élopsittes ondulés vivent en sociétés nombreuses, dans lesquelles les deux membres de chaque couple ne se quittent jamais. Us nichent dans les trous et les fentes des arbres à gomme. Au mois de décembre, chaque nid contient de quatre à six œufs blancs et assez arrondis. A la tin de décembre, les petits ont toutes leurs plumes, et sont capables de pourvoir par eux-mêmes à leur entretien. « Ils se réunissent alors avec les vieux dépareillés, et errent tous ensemble. Ces Oiseaux, d'après ce que l'on a pu observer chez des individus captifs, contractent deux ou trois unions successives. Lorsque l'époque de la reproduction est terminée, les bandes commencent leurs voyages. Elles se dirigent du sud vers le nord, et reviennent à leur point de départ, lors de la maturité des graines. Dans toute l'Australie du Sud, les Mélopsittes ondulés apparaissent au prin- temps iqui est notre automne:, et aussi régulièrement que chez nous les Oiseaux de passage. Les indigènes disent qu'ils se montrent parfois dans des contrées où on ne les avait jamais vus auparavant, et cela est fort croyable. Captivité. — « Ce qui pour le Psephote multicolore n'est encore qu'une espérance, est une réalité pour le Mélopsitte ondulé. On l'élève aujourd'hui sur une grande échelle, dans les jardins zoologiques comme dans les volières d'amateurs. « Il est difficile de trouver un Perroquet plus propre que celui-ci à être un Oiseau d'appartement ; aussi s'cxplique-t-on toutes les peines qu'on se donne pour le faire prospérer. D'autres espèces se recommandent par la beauté de leur plumage; le Mélopsitte ondulé a pour lui sa grâce, son amabilité. Il a aussi la beauté, mais il est encore plus charmant par ses mœurs. Il est déjà l'objet d'un commerce assez important; on en importe par milliers, et toujours l'offre est au-dessous de la demande. « Pour ma part, je ne connais pas d'Oiseau plus agréable et que je puisse plus chaudement recommander. « Le Mélopsitte ondulé est à ranger parmi les Inséparables, c'est-à-dire parmi ceux qui ne supportent pas la perte de leur compagnon. Il faut le tenir en société, et de préférence avec un autre individu de la même espèce, mais de sexe différent. En cas de nécessité, on peut le mettre avec un autre petit Perro- quet, mais jamais il ne se comportera à son égard avec autant de tendresse qu'envers son semblable. Il faut donc en avoir une paire, si on veut jouir du spectacle de toutes ses qualités. L'un des deux vient-il à mourir, un autre du même sexe le remplace parfaitement et rapidement auprès de son compagnon. «Un des avantages de ce Perroquet est sa sobriété. Aucun autre Oiseau d'ap- partement ne se contente d'une nourriture aussi simple et aussi variée. Nous [28] LES PERROQUETS. 28 lui donnons du millet et du chènevis, et cela lui suffit parfaitement. On a essayé, mais en vain, de le nourrir avec d'autres graines. Il mange avec plaisir des feuilles vertes, des choux, de la salade, etc. Il laisse les fruits, le sucre et les autres friandises. Il boit peu, et souvent pas de toute une semaine; il ne faut cependant jamais manquer de lui donner de l'eau fraîche. On voit que la facilité avec laquelle on l'entretient concourt à le faire rechercher. «Mais le Mélopsitte ondulé a encore des mérites qui captent la bienveillance. Les autres Perroquets ont une voix désagréable, insupportable. Ceux-là même qui parlent le mieux ne savent résister à leur instinct tapageur, et au beau milieu d'une conversation, ils ne peuvent s'empêcher de pousser quelque cri assourdissant. Il n'en est pas ainsi du Mélopsitte ondulé. Il n'est pas muet, mais sa voix est loin d'être désagréable. Je ne crois même pas aller trop loin en le comptant au nombre des Oiseaux chanteurs. On ne peut pas dire qu'il siffle simplement ; il chante bel et bien. Ce chant a pour moi quelque chose d'at- trayant, et plusieurs éleveurs disent que le Mélopsitte ondulé apprend à chanter les chansons des bons Oiseaux chanteurs. H En soignant convenablement une paire de Mélopsittes ondulés, en ne les troublant pas, en leur donnant un nid approprié à leurs besoins, on est à peu près sur de les voir se reproduire. Ce qui est préférable, c'est de pouvoir mettre plusieurs de ces Oiseaux dans un grand espace. Un mâle, alors, excite l'autre, la jalousie y concourt pour sa part, et l'amour n'en éclate que mieux. Une petite chambre qui puisse être chauffée et ventilée sans que les Oiseaux soient troublés, dont le plancher est couvert de sable et les parois garnies de nids, ce sont les meilleures conditions qu'on puisse leur fournir. Il vaut encore mieux, sans toutefois que cela soit indispensable, que le nid soit entouré d'arbustes ou de plantes où les Perroquets puissent se cacher et se reposer. . 31 LES MICROGLOSSES. [311 structure de leur langue, qui leur a valu de Le Vaillant la dénomination de Aras à trompe. . La langue des Microglosses est longue, mince, cylindrique ; sa couleur est rouge jusqu'à son extrémité où elle se termine par un bout noir nomme gland, et qui est creusé en cupule. Ce gland, tout petit qu'il est, représente la vraie langue de l'Oiseau, et la partie cylindrique et allongée qui la précède et qui n en est que le support, est une dépendance de l'ap- pareil hyoïdien, non vi- sible chez les autres Per- roquets. Le '^'aillant, qui fut un des premiers à faire connaître les Microglosses, explique comme il suit l'excellent parti que ces oiseaux tirent de cette particu- larité : « J'ai remarqué, dit-il, que les Aras à trompe prennent leur nourriture d'une ma- nière qui leur est parti- culière, et par un mé- canisme tout à fait sin- gulier. La nature a placé sur le palais de l'Oiseau une petite saillie qui sert à détacher du bout de la trompe ce qui s'y trouve engagé. Lorsque l'Oi- seau veut donc prendre sa nourriture, il commence par la réduire en petits morceaux, en la décomposant ou en la brisant, suivant sa nature, par le moyen de ses mandibules. Allongeant ensuite la trompe, il la promène et en appuie le bout à plusieurs reprises sur les aliments qu'il a préparés. Des qu'une parcelle s'est engagée dans le petit vide que l'on remarque à l'extrémité de cet organe, il retire aussitôt sa trompe dans le bec, en la raccourcissant le plus possible; puis, la repoussant au dehors, il a soin de la faire glisser contre le palais, dont la saillie détache sans peine la parcelle de nourriture, et la fait tomber directement dans le gosier. « J'ai observé aussi quelquefois que le morceau qui s'était engagé au bout de la trompe, se détachant tout seul, avant qu'il ne fût détaché par le contact de la petite sailliedu palais, tombait dans le bec, ce qui obligeait l'oiseau de baisser soudain la tète et de la secouer, pour le faire retomber par terre et le reprendre ensuite à sa manière accoutumée. » Le Microglosse noir. [32j LES PERROQUETS. 32 Habitat. — Le genre AîicroL;'ossiis n'est représenté que par une seule espèce, le Microglossc noir {M. aterriinus), qui habite le nord de l'Australie et la Nou- velle-Guinée. Mœurs. — Le Microglosse se tient de préférence sur les cimes des arbres élevés. Il se nourrit de graines et de fruits à coque dure. Lorsqu'il traverse les airs de son vol puissant, il fait entendre sa voix retentissante et désagréable, n'ayant rien de commun avec la voix douce des vrais Cacatois. Les indigènes, qui appellent ce Perroquet du nom de Kasmalos, dénichent les jeunes pour les élever et les vendre aux Européens. Captivité. — On peut conserver longtemps les Microglosses en captivité. Bien que leur nourriture préférée soit la graine du canarium ou colophania, ils s'habituent peu à peu au chènevis et au régime des autres Cacatois captifs. LES CALYPTORHYNQUES Caractères. — Les Calyptorhynques se distinguent des autres Cacatuidés par les caractères suivants : le bec est court, la mandibule supérieure est réguliè- rement recourbée en demi-cercle, la mandibule inférieure très large: les ailes grandes et larges ne recouvrent que le tiers de la queue; celle-ci est longue et arrondie à l'extrémité. La huppe est petite. La couleur dominante de leur plumage est le noir brillant à reflets verts, sur lequel tranchent parfois des raies et taches rouges ou jaunes variables selon les espèces. Habitat. — Ils habitent tous l'Australie, où ils sont connus sous le nom de Geriug-ccos. Mœurs. — Les Cal^'ptorhynques ont été bien étudiés par Gould, dont Brehm rapporte comme il suit les observations : « Les Calyptorhvnques sont de véritables Oiseaux arboricoles. lisse nourrissent des graines des eucalyptées et des autres arbres de leur patrie, et à l'occasion, ils mangent aussi de grosses chenilles, ce qui les éloigne des autres Perroquets pour les rapprocher des Coracirostres. Ils ne vivent qu'en petite société de quatre à huit individus; jamais ils ne forment des bandes innombrables, comme les autres Cacatuidés. » Chaque partie de l'Australie, depuis les côtes septentrionales jusqu'à l'ile de VanDiemen, a son espèce particulière. Le Calyptorhynque de Banks appartient à la Nouvelle-Galles du Sud, et se trouve surtout dans la partie comprise entre la baie de-Morton et Port-Philippe. Il n'est pas rare dans les environs immédiats de S3'dne}' et de plusieurs autres villes. Son vol est lourd; il ne remue les ailes qu'avec peine. Rarement il s'élève haut dans l'air, mais il peut, d'une traite, parcourir une assez longue distance. Il fait alors entendre sa voix, qui est moins pénétrante que celle des autres Cacatuidés. Certaines espèces ont un cri qui leur a valu le nom dont les ont baptisées les Australiens; d'autres poussent des sons plaintifs particuliers; il en est qui crient au repos et en mangeant, comme PI. III. — Le Cacatois de Leadbeater (texte, p. 3o). 33 LES CALLOCÉPHALES. ;33] les Corbeaux. Ils sont lents sur le sol, comme tous les Perroquets; ils grimpent facilement, quoique avec lenteur, dans la cime des arbres. Gould ne nous dit presque rien de leurs facultés intellcctueWes. La plupart sont craintifs et méfiants, par suite, sans doute, des chasses acharnées qu'on leur fait. Ce n'est que lorsqu'ils sont en train de manger qu'ils se départissent quelquefois de leur prudence. « Ils sont très attachés les uns aux autres: quand l'un d'eux est tué ou blessé, ses compagnons ne l'abandonnent pas; ils voltigent autour de lui, se perchent sur les arbres voisins, poussent des cris plaintifs, s'exposent sans hésiter aux coups du chasseur, qui peut ainsi détruire toute la bande. « La manière de manger des Calyptorhynques est assez curieuse. Quelques-uns ont l'habitude de couper les petites branches des arbres fruitiers, pour s'amuser, paraît-il. Tous se servent de leur bec vigoureux pour extraire les insectes qui vivent dans le bois. Les grandes chenilles qui se trouvent dans les eucal\'ptées ne leur suffisent pas toujours. Guidés probablement par l'odorat, ils chassent alors les larves qui minent le bois; ils enlèvent l'écorce avec adresse, creusent des trous souvent profonds, jusqu'à ce qu'ils se soient emparés de leur proie. Quelques-uns paraissent être particulièrement insectivores; d'autres préfèrent les graines, surtout celles des casuarinées et des banksiées. Ils semblent dédai- gner les fruits; ils se plaisent cependant in les mordre et à les découper avant leur maturité, au grand détriment des habitants. « D'après ce que l'on sait actuellement, les Calyptorhynques ne nichent que dans le creux des arbres. Ils recherchent les plus élevés et les plus inaccessibles, ceux auxquels un indigène ne peut grimper. Ils ne font pas de nid, au plus tapissent-ils le fond de leur demeure de quelques copeaux qu'ils ont arrachés aux parois. « La femelle pond de deux à cinq œufs, de 4 centimètres et demi de long sur 3 centimètres et demi de large. « Outre l'homme, les Calyptorh3'nques ont encore à craindre, malgré leurs puissantes' armes, les Oiseaux de proie et les Marsupiaux carnassiers. » LES CALLOCEPHALES Ils ont à peu près les mêmes caractères que les Calyptorhynques dont ils ne forment d'ailleurs qu'un sous-genre. LE CALLOCÉPHALE ACASQUE [Cal/ptorhynchiis galeatus, a un bec robuste, bombé; des ailes presque aussi longues que la queue, celle-ci est arrondie. Le plumage présente de magnifiques couleurs; il est bleu ardoisé sur le dos; la partie antérieure de la tête, les joues, la huppe sont rouge écarlate ; toutes les plumes, sauf les rémiges primaires et secondaires et les pennes caudales, sont bordées d'un liséré blanc grisâtre plus prononcé sur les plumes du dos que sur celles du ventre. L'iris est brun noir, le bec couleur de corne clair, les tarses noirs. La femelle a un plumage un peu différent. I^A vu; DUS ANIMAUX ILLUSTRÉE. lll. 0 \'Vi\ LES PERROQUETS. 34 Habitat. — Les Callocéphales habitent le sud de l'Australie. Mœurs. — Leurs mœurs ne présentent pas de particularité remarquable. Ils vivent sur les arbres élevés, se nourrissent des graines des arbres à gomme. On peut les élever facilement en captivité. LES LICMETIS Caractères. — Les Licmctis présentent à peu près les mêmes caractères que les Cacatois, ils s'en distinguent principalement par la forme de leur bec : la mandibule supérieure est très allongée et dépasse de beaucoup la mandibule inférieure. Il n'existe que deux espèces de Licmetis : le L.tiasiciis, et le L. pastiuator. Habitat. — L'une et l'autre espèce habitent l'Australie; le L. nasicus se ren- contre surtout dans l'intérieur et le sud ; le L. paslinator se rencontre dans l'ouest et le sud-ouest. LE LICMETIS NASIQUE [L. nasicus). — Caractères. — C'est un grand Oiseau de o°',45 à o"',5o de long. Le bec seul mesure o'",o55 Son plumage est blanc avec des reflets jaune-soufre sous les ailes et à la face inférieure de la queue : les joues, une légère ligne au-dessus des narines, une autre au-dessus de l'œil, sont rouges, ainsi que la partie supérieure de la poitrine. Les plumes du cou et de la tête sont rouge écarlate à la base, blanches à l'extrémité. Mœurs. — Le Nasique vit à la fois sur les arbres élevés et sur le sol. Il se nourrit de graines, de bulbes et de tubercules qu'il sait habilement déterrer. Il mange aussi des larves d'insectes qu'il saisit en soulevant les écorces des arbres avec son long bec comme il le ferait avec un levier. LE LICMETIS PASTINATOR est de plus grande taille que le Nasique; son plumage est aussi un peu différent ; mais ses mœurs sont les mêmes. LES NESTORS Caractères. — Le bec des Nestors rappelle celui des Licmetis. La mandibule supérieure est du double plus longue que l'inférieure et est recourbée en fau- cille. Les ailes pliées atteignent environ le milieu de la queue ; celle-ci est de longueur moyenne, avec les rectrices ébarbées à l'extrémité. Les tarses sont très élevés; les Nestors en effet sont adaptés à la vie sur le sol, comme le Pezopore et les Stringops. Le plumage dans les différentes espèces a toujours des nuances sombres, le rouge foncé est la couleur dominante; la base du bec est munie de plumes effilées, rappelant la disposition que l'on remarque chez les Perroquets nocturnes. Habitat. — Les Nestors habitent la Nouvelle-Zélande et les iles voisines. On en connaît plusieurs espèces parmi lesquelles le .V. prodiictiis, le jV. meri- •a:, LES DASYPTILES. [35] dioimlls et le .V. uo/ahilis qui dillcrcnt peu entre elles, tant au point de vue des caractères que de l'habitat et des mœurs. Mœurs. — Les Nestors affectionnent les forets d'arbres élevés, et les endroits rocheux, où ils peuvent trouver un nid tout préparé, soit dans le creux d'un arbre, soit dans une anfractuosité du sol. Ils se nourrissent principalement de substances végétales, mais la structure de leur bec se prête mal à ouvrir les fruits à coque et à broyer les graines : aussi se contentent-ils de ra- cines succulentes, de baieset de bourgeons d'arbustes sauvages. Dans certaines ré- gions où abondent les Moutons iinportés par les colons, ils ne dédaignent pas non plus la chair des animaux dépecés et abandonnés. Il parait même que ce régime nouveau les a amenés à s'attaquer aux Moutons vivants, et qu'ils ont quelquefois fait des victimes dans les troupeaux. On ne peut cependant pas les considérer aujourd'hui comme des Rapaces redoutables, car leur nombre diminue de jour en jour; on ne les ren- contre que dans des régions presque inaccessibles et ils sont devenus si craintifs qu'on peut les massacrer sur place avant qu'ils aient eu le temps de fuir. Le cri du Nestor est rauque, criard, il ressemble à l'aboiement d'un Chien. La femelle pond quatre œufs par an, et les dépose dans le creux d'un arbre ou une fente de rocher. Le Dasyptile de Pesquet. LES DASYPTILES LE DASYPTILE DE PESQUET {Nestor Pesqueti) a, comme les Nestors, le bec allongé, très comprimé; la mandibule supérieure dépasse l'inférieure, mais moins que chez les Nestors; la face est en grande partie dénudée. Par son allure générale, il ressemble presque, disent certains auteurs, à un Aigle. Son plumage est noir, brillant, avec des reflets gris à la gorge, a la tète et à la poitrine; le ventre et le croupion sont rouge écarlate; les ailes et la queue sont noires et rouges. [30] LES PERROQUETS. 3G LES PERROQUETS NOCTURNES OU STRINGOPIDÉS Caractères. — Les trois genres qui composent cette famille présentent les caractères communs suivants : bec épais, à bords mandibulaires entiers ou légèrement ondulés. Mandibule supérieure dépourvue de dent, recouvrant plus ou moins complètement la mandibule inférieure, et à pointe striée. Narines percées dans un bourrelet formé par la cire; celle-ci est limitée à la partie supé- rieure de la base du bec et ne s'étend pas sur les côtés. Plumage vert, marbré de jaune et de noir, et composé de plumes molles. Habitat. — Les uns habitent la Nouvelle-Zélande, les autres TAustralie. Mœurs. — Les Perroquets nocturnes pourraient être appelés aussi des Perroquets terrestres. Il est rare, en effet, de les voir perchés sur les arbres. Ils nichent dans les hautes herbes, ou dans des troncs au pied des arbres et ne sortent.de leur retraite qu'au crépuscule. Leurs mœurs seront décrites à propos de chacun d'eux. LE PÉZOPORE. — Caractères. — Le Pézopore a un bec court et épais. La mandibule supérieure ne présente pas de dentelure. La cire forme à la base du bec deux petites éminences au sommet desquelles s'ouvrent les narines. Les ailes sont pointues; la queue longue, étagée, à rectrices pointues. La structure des pieds est très remarquable; elle montre bien que cet Oiseau est moins adapté à la vie arboricole qu'à la vie terrestre, à la façon de certains Gallinacés. Les tarses sont longs et grêles; les doigts, finement et régulièrement écaillés dans toute leur étendue, se terminent par des ongles très longs, très aigus e presque droits. Le plumage ressemble à celui du Strygops ; le vert y domine, rayé et tacheté de jaune et de noir; le front est rouge écarlate. Habitat. — Le Pézopore habite la Tasmanie, le sud, l'ouest et le sud-ouest de l'Australie. Il n'en existe qu'une seule espèce, le P. formosus lUig. Mœurs. — Le Pézopore est un véritable Perroquet terrestre. Son e.xistence se passe tout entière sur le sol et on a rarement l'occasion de le rencontrer perché sur un arbre. Il recherche les endroits stériles et sablonneux, ou les marécages remplis de hautes herbes, et se construit un nid avec des joncs. Il vit seul ou avec sa femelle, et mène le même genre de vie que les Bécasses et les Poules d'eau. Lorsqu'il est poursuivi, il vole en rasant le sol ou court avec rapidité pour aller se blottir et se cacher au milieu des herbes. D'après J. Verreaux, les Chiens tombent en arrêt sur le Pézopore comme sur un vrai gibier, mais comme sa chair est tendre et délicate, et à le goût de celle de la Caille, le chasseur n'a pas sujet de s'en plaindre. LE QEOPSITTACUS OCCIDENTALIS est le plus proche parent du Pézopore. Ses caractères et ses mœurs l'en rapprochent beaucoup. Mais il ne se contente pas comme ce dernier de construire son nid sur le sol, il se creuse un trou dans la terre où il se blottit durant tout le jour; il en sort la nuit pour chercher 37 LES PERROQUETS NOCTURNES OU STRINGOPIDÉS. 871 sa nourriture consistant en graines et en jeunes pousses d'herbes. Son liabitat est le même que celui du Pézopore. LE STRINGOPSOU PERROQUET NOCTURNE. — Caractères. — Le Stringops est un des Oiseaux les plus curieux de la Nouvelle-Zélande. Son nom signifie « visage de chouette », et Jules Vcrreaux, qui en rapporta le premier spécimen au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, l'avait rapproché des Rapaces noc- turnes du genre Surnie. 11 présente en effet, comme ces derniers, un disque facial, par la disposition Cl^J/.^-'J.^^i.uU. Le kakapo. radiée des plumes de la face, du lorum et de la base du bec; mais ce disque est spécial à chaque côté de la face à cause de la position latérale des yeux. Le bec est gros, infiéchi dès la base et en grande partie caché par les plumes allongées et ciliées de la face. Les ailes sont amples, arrondies, et ne s'étendent pas jusqu'à l'extrémité des couvertures caudales. La queue, d'une longueur égale au tiers de l'Oiseau, ressemble, par ses rectrices dures et flexibles, à celle d'un Pic. Les tarses sont courts, les doigts longs. Le plumage est vert, tacheté et rayé de jaune; la queue est verte, rayée de brun foncé. Habitat. — Le Stringops se rencontrait autrefois dans toute la Nouvelle-Zé- lande ; il n'habite plus maintenant que les régions montagneuses de l'ile du nord et la partie septentrionale de l'île du sud. Les indigènes le désignent sous [■38 1 LES PERROQUETS. ?.8 le nom de Kakapo. Il est appelé à disparaître tout i\ fait depuis l'introduction dans la colonie des Chiens, des Chat ■■• et des Cochons qui sont ses plus grands ennemis. Mœurs. — Les mœurs du Stringops diffèrent totalement de celles des autres Perroquets, le Pézopore excepté. Il vit à terre comme ce dernier, et ne se sert de ses ailes que pour s'aider à sauter sur les basses branches des arbres ou pour arrêter la rapidité de sa descente lorsqu'il regagne le sol. Par contre, il court avec rapidité et légèreté. 11 habite des cavités creusées sous les racines des arbres ou les crevasses des rochers, et il y reste blotti durant tout le jour. Le soir, il sort de sa retraite et cherche sa nourriture en compagnie de quelques congénères nocturnes. Il se nourrit de graines et de baies sauvages, de champignons, de mousses, et même, paraît-il, de Lézards. On doit à Lyall et à Haast les premières études sur les mœurs du Perroquet nocturne. « Le Stringops, dit L3'all, habite les versants secs des collines, ou le voisinage des rivières, là où se trouvent de grands arbres que n'entourent ni fougères ni buissons. Nous aperçûmes cet Oiseau pour la première fois, sur une colline élevée d'environ i3oo mètres au-dessus du niveau de la mer; plus tard, nous en vîmes beaucoup dans la plaine, aux bords de la rivière et non loin de la mer. » D'après Lyall, l'on reconnaît facilement les traces de cet Oiseau: « Longues d'un pied environ, elles sont régulièrement aplaties jusqu'au bord, qui s'enfonce de deux à trois pouces dans la mousse, et se croisent à angle droit. Elles ressemblent étonnamment à celles des hommes; si bien que, au commencement, nous étions persuadés que des indigènes avaient passé par là. « Le Kakapo habite des cavités creusées sous les racines des arbres ou les cre- vasses des rochers. Beaucoup d'arbres de la Nouvelle-Zélande a^yant des racines qui s'élèvent au-dessus de terre, le Kakapo trouve facilement à se loger; mais il nous a semblé que ces cavités naturelles avaient encore été agrandies, quoique nous n'ayons trouvé nulle part de terre rejetée. » Haast, qui parait ne point avoir eu connaissance du travail de Lyall, est de la même opinion. « Tous les nids de Kakapos que j'ai visités, dit-il, étaient établis dans des cavités naturelles ; j'en trouvai cependant un qui était artifi- ciellement construit. Sur la rive nord de la rivière de Haast, près du confluent du Clark, à un endroit où la rive était élevée de six à huit pieds, je remarquai plusieurs trous arrondis, où mon Chien ne pouvait entrer. Il les flaira, et aussitôt il se mit à creuser sur un point, découvrit le fond du terrier et en retira l'Oiseau. Cette demeure avait été construite artificiellement, et ilest bien possible que le Kakapo ait la faculté de creuser la terre. » Souvent, ajoute Lyall, ces demeures ont deux issues, et les arbres sont creux au-dessus, sur une certaine étendue. « De jour, on ne voit le Kakapo que lors- qu'on léchasse hors de son nid; nous ne pouvions le découvrir qu'avec l'aide de nos Chiens. Auparavant, quand les Chiens n'avaient pas encore été introduits dansl'île, et quand cet Oiseau v était plus abondant, les indigènes le chassaient :!9 LES PERROQUETS NOCTURNES OU STRINGOPIDES. 139' la nuit aux tiambeaux. Maintenant, unu race de Chiens demi-sauvages qui s'est établie dans le nord de l'île y poui-suit sans cesse le Kakapo, et le détruit dans la partie qu'elle habite. L'aire de dispersion de ces Chiens est jusqu'ici liinitée par une rivière; mais, dès qu'ils l'auront franchie, il est à craindre que cet Oiseau ne disparaisse; car, malgré la vigoureuse résistance qu'il oppose à coups d'ongles et de bec, il finit toujours par succomber sous les coups de ses ennemis plus puissants : le sort de Dronte lui semble donc réservé. » « Les Moaris m'ont assuré, dit Haast, que le Kakapo est courageux, et combat souvent avec succès contre les Chiens. Je ne peux l'admettre qu'en supposant que ces Chiens sont très faibles. Avec les miens, jamais je ne vis de combat sérieux. Au commencement, à vrai dire, mes Chiens étaient assez fortement blessés decoupsdebcc et d'ongles, mais ils ne tardèrent pas à savoir saisir leur proie, en l'empoignant immédiatement par le bec. " On a admis, jusqu'à présent, que le Kakapo était un Oiseau nocturne, je crois qu'il n'en est pas tout à fait ainsi. On n'entend sa voix qu'une heure après le coucher du soleil, là où un feuillage épais fait de profondes ténèbres; c'est alors qu'il commence à errer, et c'était à ce moment que, attiré par la lumière, il s'approchait de nos tentes et se faisait prendre par nos Chiens ; cependant, deux fois je surpris de ces Oiseaux le jour, en train de se repaître, et veillant au danger. La première fois, ce fut un après-midi, par un temps sombre, dans une forêt clairsemée. Nous revenions à la côte, lorsque nous aperçûmes un Kakapo, perché sur un arbre renversé, non loin de la rivière de Haast. Lorsque nous approchâmes il prit rapidement la fuite, mais fut capturé par les Chiens. La seconde fois, c'était aussi en plein jour, nous traversions un défilé de rochers, nous en vîmes un, perché sur un fuchsia dont il mangeait les fruits. Dès qu'il nous aperçut, il se précipita à terre, et disparut au milieu des rochers. Ce qu'il y eut de plus surprenant, ce fut qu'il n'ouvrit pas ses ailes pour ralentir sa chute. Pour savoir si cet Oiseau pouvait voler, j'en mis un, qui avait été pris par un Chien, sur une place découverte; mais sans chercher à s'envoler, il courut au fourré le plus prochain, et avec une rapidité plus grande que je n'aurais pu m'y attendre, vu la lourdeur de ses formes. Je le voyais de côté : il me parut garder les ailes appliquées contre le corps. Mes compagnons, qui le voyaient par derrière, remarquèrent qu'il entr'ouvrait légèrement les ailes, mais sans les agiter; il ne s'en servait donc que pour conserver son équilibre. Il court assez loin, comme nous le constatâmes d'après ses traces, que nous pûmes souvent poursuivre pendant plus d'un demi-mille. » Lyall a vu voler le Stringops. « Dans nos chasses, rapporte-t-il, nous ne vîmes voler cet Oiseau que pour monter sur un arbre creux, et y chercher un refuge. De là, il volait sur un arbre moins élevé, puis}- grimpait rapidement, en s'aidant de sa queue, mais c'était à peine s'il remuait ses ailes. « La voix du Kakapo est rauque, et devient criarde lorsque l'Oiseau est excité ou affamé. Les Moaris assurent qu'ils font souvent un bruit assourdissant, lorsqu'en hiver ils se réunissent par grandes compagnies, saluant de leurs cris les arrivants et les partants. « L'estomac des Kakapos que nous tuâmes renfermait une masse homogène |40] LES PERROQUETS. 40 vert paie, quelquefois presque blanche, sans aucun mélange de fibres. Il n'y a pas de doute que ces Oiseaux ne se nourrissent en partie de racines, en partie de feuilles et de jeunes pousses. Nous remarquâmes, à un endroit où ils étaient très nombreux, que toutes les légumineuses qui croissaient au bord de la rivière étaient dépouillées de leurs pousses, et notre pilote, qui avait passé là plusieurs années, nous assura que les Kakapos étaient les coupables. Presque toujours, nous trouvâmes leur bec couvert de vase desséchée. » Haast est encore plus précis : « Le Kakapo, dit-il, semble avoir besoin de l'eau des rivières pour délayer les plantes dont il remplit son estomac. Dans tous ceux que nous tuâmes, sauf deux qui avaient mangé des baies, nous trouvâmes le jabot rempli de mousses finement divisées, et en quantité très considérable. L'Oiseau paraît bien plus petit, lorsque son jabot est vide. « La grande quantité de cet aliment peu nutritif que l'Oiseau est obligé de consommer explique comment il vit sur terre. Ce régime lui permet aussi de subsister là où ne se trouve aucun autre représentant de sa famille. « Tandis que les autres Oiseaux ont la peau doublée d'une couche de graisse molle, huileuse, celui-ci, et c'est sans doute une conséquence de son alimen- tation végétale, a une graisse solide, blanche; sa chair est meilleure que celle des autres Perroquets, et a même un goût très délicat. C'est un mets précieux pour le voyageur qui parcourt ces contrées désertes, et je comprends fort bien comment les Moaris des côtes occidentales se lèchent les lèvres, dès qu'on parle devant eux du Kakapo. » Captivité. — Le Stringops, en captivité, est, parait-il, un animal intelligent doux, affectueux; mais, comme il devient de plus en plus rare, on peut craindre de ne plus jamais le voir figurer dans les jardins zoologiques de l'Europe. Les Oiseaux de Proie ou Rapaces Les Aigles, les Vautours, les Hiboux sont les types de trois grands groupes d'Oiseaux qui forment l'ordre des Rapaces. Caractères. — Les Rapaces sont caractérisés par leur conformation robuste, par la structure de leur bec, par la disposition de leurs pieds armés d'ongles puissants et rétractiles [scrj-es], et par le grand développement de leurs organes des sens. Le bec des Rapaces est puissant et crochu comme celui des Perroquets, mais il est comprimé latéralement, plus haut que large; sa base est garnie d'une cire très développée dans laquelle sont percées les narines. Les bords de la man- dibule supérieure sont tranchants et armés quelquefois d'une saillie ou dent très aiguë, qui est reçue dans une échancrure correspondante de la mandibule inférieure. Les pattes sont courtes et fortes; les doigts longs, armés de puissantes griffes recourbées et acérées; des quatre doigts, l'un est dirigé en arrière, les trois autres en avant. Les ailes sont longues et pointues ; elles ont dix pennes primaires et de douze à seize pennes secondaires. La queue, de forme variable, se compose de douze rectrices. Le plumage est généralement de couleur sombre; les plumes sont tantôt grandes et roides, tantôt petites, molles et so_veuses ; parfois il existe des espaces dénudés, dans la région des lorums et au cou. Les organes des sens, la vue principalement, atteignent une rare per- fection. Il faut encore ajouter à ces caractères le grand développement du sternum et des muscles qui s'y insèrent, la présence d'os pneumatiques en commu- nication avec les sacs aériens du poumon, comme chez tous les Oiseaux de haut vol. Habitat. — On rencontre des Rapaces dans toutes les régions de la terre, La vie des animaux illustrée. I'I- — 4 [42] LES OISEAUX DE PROIE OU RAPACES. 2 sous toutes les latitudes et à toutes les altitudes. Chaque espèce a une aire de dispersion fort étendue et la plupart peuvent être considérés comme des Oiseaux de passage. Mœurs. — Ils habitent les fourrés impénétrables des forêts vierges aussi bien que les montagnes dénudées; on en voit planer au-dessus des bancs de glace du Groenland et du Spitzberg, aussi bien que dans les déserts briàlés par le soleil. Ils vivent isolés ou par couples, sauf à l'époque des migrations; ils cons- truisent leur nid ou ai?~e sur les arbres élevés, dans les crevasses des rochers, dans les murs des grands édifices, rarement dans les creux des arbres. Ils se nourrissent surtout de vertébrés à sang chaud qu'ils prennent souvent vivants, maintiennent avec leurs serres et déchirent avec leur bec. Les vers, les insectes, les fruits entrent aussi parfois dans leur régime. Les aliments, avant d'être digérés, sont ramollis dans le jabot, où les poils, les plumes, se séparent et sont vomis sous forme de boulettes. Toutes les espèces sont monogames. L'accouplement a lieu au printemps; il est précédé de divers jeux et de com- bats. « Le mâle, dit Brehm, vole superbement, se balance dans les airs; quel- ques-uns font entendre des sons particuliers très tendres, une sorte de chant. La jalousie exerce aussi son empire; chaque intrus est attaqué, mis en fuite; l'époux ne souffre pas même un Oiseau d'une autre espèce dans son voisinage. Ces combats ont une certaine majesté. Ce sont des volte-face subites, des atta- ques rapides, des défenses brillantes, des poursuites mutuelles, des résistances vaillantes. Les deux combattants se saisissent, se serrent, et, incapables de se servir de leurs ailes, ils tombent en tourbillonnant. A terre, le combat cesse, mais pour recommencer au bout de quelques instants au milieu des airs. Après une lutte prolongée, le vaincu se retire, poursuivi par le vainqueur, jusqu'au delà des limites de son domaine. Mais la paix n'est pas faite; la lutte recom- mence le lendemain, les jours suivants, et il faut que le vainqueur remporte plusieurs victoires pour qu'il jouisse tranquillement de ses premiers avantages. Quelque acharnées que soient ces luttes, il est rare cependant qu'elles se termi- nent par la mort de l'un des combattants. « La femelle suit ces batailles avec intérêt, sans cependant y prendre part, et, après la défaite de l'un des rivaux, elle s'abandonne au vainqueur. » Les œufs, au nombre de un à sept, sont couvés par la femelle seule, mais le mâle la nourrit durant ce temps; ils sont arrondis, rugueux; leur couleur varie du blanc pur au gris, ou bien ils sont jaunâtres et parsemés de points plus foncés. L'incubation dure de trois à six semaines. Les jeunes naissent entiè- rement couverts d'un duvet grisâtre, court et épais; leurs parents les nour- rissent et leur témoignent le plus vif attachement ; en cas de danger, ils les trans- portent dans un endroit où ils soient en sécurité; ils ne les abandonnent a eux-mêmes qu'après leur avoir appris à voler et à chasser. Usages et produits. ■ — Les Rapaces sont utiles ou nuisibles, selon les animaux dont ils font leurs victimes. Ils rendent de grands services à l'agricul- ture en détruisant les Rongeurs, les Insectes, les Vers; ils deviennent nuisibles 3 LES OISEAUX DE PROIE OU RAPACES. [43] lorsqu'ilss'attaqucnt aux Oiseaux de basse-cour ou au gibier. Il semble cepen- dant que les méfaits dont ils se rendent coupables sont largement compensés par la quantité considérable de bêtes nuisibles dont ils nous débarrassent. Dans un mémoire présenté au III' Congrès ornithologique international de 1900, M. Ad. Boucard nous apprend que sur 2212 estomacs de Rapaces, examinés après capture, 56 p. 100 contenaient des restes de Souris et autres petits Mammifères, 27 p. 100 des Insectes, et seulement 3,5 p. 100 des débris de pou- lets ou de gibier. « Le département d'Agriculture de Washington, dit-il, est convaincu que les Oiseaux de proie sont les meilleurs amis du fermier, et non seulement il lui dit : « Ne tuez pas les Oiseaux de proie, mais encouragez-les par tous les moyens « possibles à vivre près de vos habitations. » Classification. — Les Rapaces peuvent être répartis en trois grands groupes qui sont : I" Les Aigles et les Faucons ; 2" Les Vautours ; 3" Les Hiboux. Les espèces des deux premiers groupes ont des mœurs diurnes : les Hiboux ont, pour la plupart, des mœurs nocturnes. Sous le titre Aigles et Faucons sont com^fn'i'- 1° Les Falconidés: Aigles, Milans, Buses, Faucons, Éperviers, Autours, Busards; 2" Les Polyboridés on Faucons-Vautours; 3" Les Gypogéranidés ou Serpentaires. Sous le titre Vautours se rangent: i" Les Gj-paëtes\ 2° Les Sarcoramphes ; 3° Les Vautours. Quant aux Hiboux, ils forment un groupe nettement distinct. Il est assez difficile d'assigner, dans la classification des Rapaces, une place prépondérante à l'un ou à l'autre des groupes précédents. La plupart des auteurs commencent l'étude des Oiseaux par les Vautours. Cependant, nous donnerons aux Aigles et aux Faucons le premier rang, parce qu'ils représentent les types les plus accomplis des Rapaces. Ils sont, en etîet, les mieux doués de l'ordre; ils mènent une vie active, sont admira- blement armés pour la chasse et la lutte, et se nourrissent de proies vivantes. Les Vautours, qui se nourrissent de proies mortes, et ne combattent guère qu'entre eux, viennent ensuite, liés aux premiers par une longue chaîne de types intermédiaires. Enfin, les Hiboux, qui, à d'autres titres, pourraient aussi prétendre à la pre- mière place, terminent ici la série. Les Aigles et les Faucons LES FALCONIDES Caractères. — Les Falconidés ont le corps épais, trapu, exceptionnellement allongé, la tète moyenne; le cou court, les ailes grandes, pointues, rarement arrondies: la tète et le cou sont complètement emplumés, les joues sont rare- ment nues. Le bec est court ; la mandibule supérieure est généralement dentée et se termine parun crochet aigu. Les yeux, vifs, sont profondément enfoncés dans l'orbite et protégés par une saillie de l'arcade sourcilière. Les tarses sont médiocrement hauts, parfois emplumés. Les doigts se termi- nent par des ongles crochus, acérés, très rétractiles. Le jabot n'est jamais saillant comme chez les Vulturidés. Chez la plupart des espèces, la femelle est plus grande que le mâle. Les Falconidés se nourrissent surtout de proies vivantes qu'ils saisissent avec leurs serres. Ils vivent généralement solitaires ou par couples. Ce sont les Oiseaux les plus courageux et les plus hardis. Classification. — La grande famille des Falconidés se subdivise en sous- familles qui sont les suivantes : 1° Les Aigles ou Aquiliens; 2° Les Milans ou Milviens ; 3° Les Buses ou Butéoniens ; 4° Les Faucons proprement dits ou Falconiens ; 5° Les Autours et les Eperviers ou Accipitriens; G" Les Busards ou Circiens. LES AIGLES OU AQUILIENS Caractères. — Les Aquiliens sont des Rapaces de grande taille, se nourrissant essentiellement de proies vivantes. 5 LES AIGLES. [45] Leur bec est fort, entier, comprimé, presque droit à la base, courbé vers la pointe qui est très aiguë; les bords mandibulaires sont festonnés. Les plumes de la nuque et de l'occiput sont pointues, allongées, formant presque une huppe. Ce groupe comprend : les Aigles proprement dits, les Pseudaètes, les Uraètes,les Spizactes,les Lophaètes, les Harpies, les P3'garques et les Balbuzards. LES AIGLES Caractères. — Le genre Aig!e est caractérisé par un bec droit à la base, très recourbé à partir du tiers antérieur, et sans échancrure ; les narines sont grandes, transversales; la cire n'est garnie que de quelques poils; les commis- sures du bec ne dépassent pas l'angle postérieur de l'œil. Les pieds sont emplumés jusqu'à la naissance des doigts; ceux-ci sont presque égaux et armés d'ongles acérés, et le médian pourvu d'une gouttière en dessous et sur son bord externe. Les ailes sont longues, obtuses, et atteignent l'extrémité de la queue; celle-ci est longue, étagée, cunéiforme. Habitat. — Les Aigles habitent toutes les contrées de la terre; chaque espèce est plus spécialement cantonnée dans certaines régions, mais l'aire de dispersion de chacune est toujours fort étendue. Les uns sont sédentaires, d'autres sont errants ou migrateurs. Mœurs. — Certaines espèces établissent leur aire dans les forêts, d'autres dans les hautes montagnes, quelques-unes dans les steppes. En dehors de l'époque des migrations, les Aigles vivent solitaires ou par couples; le mâle et la femelle chassent de concert et se portent secours mutuellement en cas de danger. Ils quittent leur nid le matin après le lever du soleil, s'élèvent à une grande hauteur comme pour inspecter leur domaine et partent en chasse. Ils rentrent dans la journée pour digérer et se reposer. Ils boivent beaucoup après leur repas, et aiment à se baigner à l'époque des fortes chaleurs. Le soir venu, ils volent et se jouent dans les airs avant de rentrer dans leur nid. Leur vol a quelque chose de majestueux. Au repos, ils sont tout à fait l'image de la force. La façon dont ils capturent leur proie et la dévorent ne saurait être mieux exposée qu'elle ne l'a été par Brehm. « Pendant qu'il décrit ses cercles dans l'air, dit-il en parlant de l'Aigle, s'il aperçoit une proie, il descend en spirale pour mieux la considérer; puis, rabattant les ailes, il fond sur elle, et lui enfonce ses serres dans le corps. Mon père a observé cette manière d'agir sur un Aigle doré captif, et je ne crois pouvoir mieux faire que de résumer la description qu'il en donne. En prenant sa proie, dit-il, l'Aigle enfonce ses serres avec une telle violence, que l'on en entend parfaitement le bruit, et que ses doigts paraissent comme crispés convulsivement. Il saisit les Chats au cou, les empêche de respirer, et les dévore avant qu'ils soient complètement morts. D'ordinaire une de ses serres tient la tète de sa victime. A un Chat que je lui donnai, il creva r(cil avec un de ses ongles, et les doigts de devant [46] LES AIGLES ET LES FAUCONS. P> maintenaient la mâchoire inférieure, de façon que le Chat ne pouvait entr'ou- vrir la gueule. L'autre serre était enfoncée dans la poitrine. Pour conserver son équilibre, l'Aigle étendit ses ailes et s'appuya sur la queue. Ses yeux devinrent d'un rouge de sang, et parurent plus grands que d'ordinaire. Toutes les plumes étaient rabattues, le bec largement ouvert, la langue pendante. On remarquait chez lui, à ce moment, une rage incroyable; il déployait toute sa force. Le Chat s'épuisait en vains efforts pour échapper à son terrible ennemi; il se retournait comme un Serpent, étendait les pattes, mais ne pouvait faire usage ni de ses griffes ni de ses dents. Il cria, l'Aigle le frappa à un autre endroit de la poitrine, une serre lui maintenant toujours la gueule. Le Rapace ne se servait pas de son bec. Ce ne fut qu'au bout de trois quarts d'heure que le Chat expira. Durant tout ce temps, l'Aigle était resté sur lui, les serres con- tractées, les ailes étendues. Il abandonna alors le cadavre et se dressa sur sor» perchoir. « Il plume grossièrement, avant de le manger, l'Oiseau qu'il vient de capturer; il lui lend alors le crâne et se met à le dévorer, en commençant par la tète. II ne laisse que le bec des grands Oiseaux. Après la tête, il mange le cou, puis le reste du corps. Il ne touche pas aux intestins comme les Faucons et les Autours et il n'avale que de petites bouchées. Il lui faut donc environ vingt minutes pour dépecer à demi une Corneille. Il mange avec une grande prudence, et de temps à autre il regarde tout autour de lui. Au moindre bruit, il s'arrête, regarde longtemps du côté d'où lui vient le son, et ne recommence à manger que quand tout est redevenu tranquille. Après chaque repas, il s'essuie soigneusement le bec. Il semble avoir besoin d'avaler des plumes et des poils pour se nettoyer l'estomac. La digestion terminée, ces poils et ces plumes se forment en une sorte de boule, qu'il rejette environ une fois tous les cinq ou huit jours. N'en a-t-il pas, il avale du foin et de la paille, qu'il rejette de même. Il mange les os avec plaisir, et les digère entièrement. » Les Aigles s'attaquent à tous les animaux presque indistinctement; l'énumé- ration de toutes les espèces qui deviennent leurs victimes serait interminable. Les Moutons, les Chèvres, les Cabiais ne sont pas plus à l'abri de leurs attaques malgré leur taille que les petits Mammifères ou les Oiseaux. On en a vu capturer un Hérisson malgré ses piquants. Ils se défendent même courageusement contre l'homme lorsqu'ils sont pour- suivis et traqués. Les Aigles se reproduisent à des époques variables suivant les contrées qu'ils habitent. En Europe, le printemps est pour eux l'époque des amours. C'est aussi vers cette époque qu'arrivent dans nos régions les espèces migratrices. L'aire des Aigles est un nid spacieux, lormé d'une charpente de très grosses branches entremêlées d'autres plus petites; l'intérieur est tapissé de mousse, d'herbes sèches, et de duvet. Elle est construite soit sur un arbre élevé, soit parmi des rochers escarpés et peu accessibles. Le fond en est presque plat, les bords peu élevés. Quelques espèces font leur nid à terre. Les œufs, au nombre de deux en général, sont placés dans une légère dépression. 7 LES AIGLES. [47] L'AIGLE FAUVE [AquiUi fiilva, Savif^.) ou AIGLE DORÉ ;.l. chrysactos ]..). — Caractères. — C'est le plus grand et le plus puissant de tous les Aigles. La femelle atteint 1 mètre de long et 2'",3o d'envergure. La couleur dominante de son plumage est le brun foncé. La tête et le cou sont jaune brun, couleur rouille; la queue est, selon l'âge du sujet, blanche variée de marbrures grises, ou grise variée de bandes noires, dans ses deux tiers antérieurs; elle est noire dans son tiers postérieur; les cuisses brunes ou roux de rouille; les couvertures inférieures de l'aile tachées de blanc. Habitat. — L'Aigle fauve habite l'Europe, l'Asie et l'Amérique septentrio- nale, dans les régions où existent de hautes montagnes et de grandes forêts. Il est commun et sédentaire dans les Alpes, moins commun dans les Pyrénées. On l'a rencontré accidentellement dans la forêt de Fontainebleau, dans l'ouest et le nord de la France. Mœurs. — Il se tient de préférence dans les hautes montagnes où il fait la chasse aux Chamois, aux Bouquetins, aux Chèvres, aux Agneaux et autres Mam- mifères. L'hiver il descend dans les vallons, et s'attaque aux Renards, aux Blai- reaux, aux Chats, aux Chiens, etc. Sa puissance musculaire est considérable. En dehors des récits fantaisistes et invraisemblables où les auteurs ont donné libre cours à leur féconde imagina- tion, il existe, dans la science, des observations incontestables qui attestent la force et là hardiesse de ce Rapace. Degland, conservateur du Musée d'histoire naturelle de Lille, rapporte en ces termes la communication suivante faite par Moquin-Tandon à l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse : « D'après cet auteur, dont le caractère scientifique nous est trop connu pour que nous mettions en doute la véracité de son récit, deux petites filles du voisi- nage d'Alesse, dans le canton de Vaud, l'une âgée de cinq ans, l'autre de trois, jouaient ensemble, lorsqu'un Aigle, de taille médiocre, se précipita sur la pre- mière et, malgré les cris de sa compagne, malgré l'arrivée de quelques paysans, l'enleva dans les airs. Après d'activés recherches sur les rochers des environs, recherches qui n'eurent d'autres résultats que la découverte d'un soulier, d'un bas de l'enfant et de l'aire de l'aigle, au milieu de laquelle étaient seulement deux petits, environnés d'un amas énorme d'ossements de Chèvres et d'Agneaux, un berger rencontra enfin, près de deux mois après l'événement, gisant sur un rocher, le cadavre de l'enfant, à moitié nu, déchiré, meurtri et desséché. Ce rocher était a une demi-lieue de l'endroit où l'enlèvement s'était fait. » L'Aigle fauve niche au printemps, dans nos climats. Il se construit au sommet d'un grand arbre, ou dans une fente de rocher inaccessible, une aife spacieuse formée de grosses branches ayant jusqu'à deux pouces de diamètre, et qu'il tapisse d'écorces et d'herbes sèches, de feuilles et de brindilles diverses. La femelle pond de deux à quatre œufs, et ne fait qu'une couvée par an; les petits éclosent au bout de cinq semaines; ils naissent couverts d'un épais duvet blanc grisâtre; leurs parents leur apportent pour les nourrir les petits animaux [48] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 8 qu'ils ont capturés; aussi trouve-t-on le nid rempli d'ossements et de débris de toute nature (*). L'AIQLE IMPÉRIAL [Aquila imperialis). — Caractères. — II est de plus petite taille que l'Aigle fauve; il ne mesure que de o°',83 à o"',9o de long et de 2 mètres à 2'°, 20 d'envergure. Il se distingue de ses congé- nères par les caractères suivants : le bec est fendu jusqu'au delà des yeux; la dernière phalange du doigt médian porte cinq écailles ou scutelles; la queue est carrée et marquée de bandes transversales irrégulières grises ; selon l'âge, il existe un nombre plus ou moins grand de scapulaires blanches ou terminées de blanc; la tète et la nuque sont couleur jaune-rouille; le reste du plumage est d'un brun foncé uniforme. Habitat. — L'Aigle impérial est propre à l'Europe méridionale, à l'Asie et à l'Afrique; on le rencontre accidentellement sur les Alpes et les Pyrénées. Mœurs. — C'est un Oiseau migrateur; il habite plutôt les plaines et les steppes que les montagnes. Il établit son nid sur les arbres, à proximité des habitations, et quelquefois même sur le sol. Il fait la chasse aux Chevreuils, aux Daims, aux Renards et aux grands Oiseaux. En Russie il détruit de grandes quantités de Rongeurs des steppes, notamment les Sousliks. L'AIQLE CRIARD {Aquila iiœina). — Caractères. — Il est plus petit que les précédents, et ne mesure que o^jbo de long. Le plumage de l'adulte est d'un brun glacé de noir dans les parties supérieures; les plumes de l'oc- ciput et de la nuque sont marquées au centre et dans le sens de leur longueur d'une teinte de rouille ; les sus-caudales sont blanchâtres et tachées de roux de rouille. Le dessous du cou, la poitrine, l'abdomen ont une teinte plus claire que le dos; les sous-caudales sont bleu fauve très clair; les grandes et les moyennes couvertures des ailes tachées à l'extrémité, les premières de roux de rouille, les secondes de blanc ou de gris; les pennes de la queue ra\'ées ou de couleur uniforme, sauf une bande claire à l'extrémité. Le plumage de la femelle et celui des jeunes sont un peu différent?. Habitat. — L'Aigle criard est très répandu dans le sud-ouest de l'Europe et l'Algérie; on le rencontre aussi en Asie et aux Indes. Mœurs. — Il habite de préférence les endroits marécageux, au voisinage des cours d'eau. Il est sédentaire et migrateur et vit par couples. Ses mœurs sont plus douces que celles de l'Aigle fauve ; Brehm dit même de lui que c'est l'Aigle le plus lâche, le plus inoffensif qu'il connaisse. Son vol est toutefois aussi majestueux que celui de ses nobles congénères; il s'élève parfois très haut et plane dans les airs durant des heures entières en dé- crivant de vastes cercles. Il se nourrit de petits Rongeurs, de Grenouilles, d'In- sectes, et surtout de Lézards et de Serpents; il ne dédaigne pas non plus la cha- rogne. Il chasse aussi les Oiseaux aquatiques. Il construit son nid tantôt dans une crevasse de rocher, tantôt dans un épais (•) PI. IV. — L'.Xiyle fauve. 0 LES AIGLES. 140] buisson, d'autres fois sur un arbre de liauteur moyenne, au bord d'un étang. Son aire est petite, plate, formée de branches et d'herbes sèches, et ornée de branches vertes comme celle du Vautour. La femelle y pond un ou deux œufs, vers le mois de mai, dans nos climats, et les couve durant trois semaines. Les (eufs sont blancs, tachetés et pointillés de brun roux et de rouge. Les petits une fois éclos, leurs parents se partagent les soins à leur donner; ils leur apportent surtout pour leur nourriture des Insectes et des petits Serpents. On peut les dénicher sans grand danger; la femelle chassée de son nid va s'établir sur un arbre voisin et se borne à pousser des cris lamentables. Chasse, captivité. — L'Aigle criard est facile à chasser, car il est à la fois peu défiant et peu redoutable. Il s'habitue assez vite à la captivité, même lorsqu'il a été capturé à l'état adulte. Utilité. — C'est un Rapace utile, car, s'il dévore de temps en temps un jeune Oiseau, ou un Lièvre, il détruit par contre beaucoup de Serpents et de Rongeurs nuisibles. L'AIQLE BOTTÉ {Aquila pennata Brehm) ou AIGLE NAIN [A. minuta). — Caractères. — L'Aigle botté est remarquable par ses tarses totalement em- plumés, et la présence d'une touffe de plumes d'un blanc pur à l'insertion des ailes. Son bec gros et court est courbé dès la base, la dernière phalange du doigt médian porte trois écailles (sous-genre Hieraetus, Kaup.). Le dos et les ailes sont brun sombre, les plumes de ces régions étant bordées d'un liséré clair; le-front, le devant du cou, la poitrine, l'abdomen et les sous- caudales blanc pur ou blanc plus ou moins lavé de roussàtre avec de longs traits bruns; le dessus et les côtés de la tête et du cou jaune roux, marqué de taches longitudinales brunes ; les épaulettes d'un blanc pur, les rémiges et les rectrices brun noir et bordées de blanc ou de cendré roussàtre; la cire et les doigts jaune verdàtre, l'iris tirant sur le roux. Les jeunes ont un plumage plus clair et n'ont pas l'épaule blanche, la queue porte des bandes transversales distinctes. Habitat. — L'Aigle botté habite l'Europe orientale et l'Afrique. On l'a ren- contré dans le centre de la France, dans les Pyrénées et dans la Champagne. Mœurs. — C'est un Oiseau migrateur et sédentaire. Il quitte l'Europe à la fin de l'été; on le retrouve alors en Egypte. Il vit par couples ou par groupes de deux ou trois paires qui établissent leurs nids l'un près de l'autre. — Il est agile, prudent et courageux. Il aime à planer à de grandes hauteurs et à décrire dans les airs, d'un vol facile et léger, de grands cercles entre-croisés; mais, lors- qu'il est en chasse, il s'éloigne peu du sol. Il se perche parfois sur les basses branches des arbres pour guetter sa proie, et fond sur elle avec la rapidité d'une flèche. Les .Mouettes, les Pinsons, les Perdrix, les Etourneaux, les Souris deviennent ses victimes; il déploie pour les capturer une grande adresse, comme en témoi- gne l'anecdote suivante : « De grandes bandes d'Pitourneaux, raconte Wodzicki, [50] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 10 étaient occupées, près d'un marais, à chercher leur nourriture ; ils ne tardèrent pas à attirer un Aigle botté, qui habitait la forêt voisine. Le Rapace plana au- dessus des Etourneaux, qui continuellement s'envolaient et se perchaient. Ce jeu paraissait ennuyer l'Aigle. Il voulait sans doute voir toute la bande en l'air pour gagner plus tôt et plus aisément son déjeuner, ce qu'il obtint en se laissant tomber verticalement sur les Etourneaux avec la vitesse de la foudre. Ceux-ci cherchèrent un refuge dans les arbresdu voisinage; mais, avant qu'ils leseussent atteints, un d'eux était déjà capturé. L'Aigle alla ensuite se percher sur le toit d'une maison voisine sans s'inquiéter ni du Chien ni du chasseur; il inspecta prudemment les environs et se mit en mesure de plumer son Etourneau. Les préparatifs du repas durèrent plus d'un quart d'heure, et lorsque enfin je tuai l'Oiseau de proie, l'F^tourneau était complètement plumé et comme prêt à cuire. » , L'adresse que déploie l'Aigle botté dans ses chasses parait être bien connue des Rapaces parasites, notamment des Milans auxquels il doit souvent abandon- ner la proie dont il s'est emparé. L'Aigle botté niche au printemps, dans les grandes forêts, au voisinage des eaux; il établit son aire sur les arbres élevés. La ponte a lieu en mai; la femelle ne fait qu'une couvée par an, de un, deux ou trois œufs. Ceux-ci sont arrondis, rugueux, d'un gris jaunâtre ou d'un blanc verdàtre, et parsemés de petits points et de taches jaunâtres. L'éciosion se produit au bout de trente jours en\'iron. La mère couve seule, mais le mâle, durant ce temps, ne s'éloigne pas du nid; il monte la garde avec vigilance et fait même preuve de témérité en s'at- taquant à tous les Oiseaux qui l'approchent. M Une paire d'Aigles nains, raconte Wodzicki, s'était établie tout auprès de l'aire d'un Pygargue. Ces Aigles finirent par inspirera celui-ci une telle estime de leur valeur qu'il n'osa plus se diriger de leur côté. Rien n'était plus beau que leurs combats. Dès que le Pygargue se montrait dans leur voisinage, un des deux Aigles nains poussait son cri d'appel, l'autre accourait et tous deux, aussi- tôt, attaquaient leur voisin, fondaient sur lui, le frappaient à coups de bec et de serres, et cela avec une telle adresse que le Pygargue ne pouvait se défendre. Plus tard, lorsque la femelle couva, le mâle seul se chargea de protéger sa compagne et sa progéniture. Ils chassaient de même les iMilans et les Autours. » Chasse. — L'Aigle botté est facile à chasser; il devient cependant prudent, ou quitte la contrée lorsqu'il a essuyé plusieurs coups de feu. L'attachement réciproque qui unit les deux membres d'un couple permet souvent de tirer l'un et l'autre. Captivité. — ■ L'Aigle botté supporte bien la captivité et s'apprivoise faci- lement. Brehm dit même qu'en Espagne « des individus ont eu l'ingénieuse idée de convertir cet Oiseau eu diseur de bonne aventure. On voit exposées sur les places des cages remplies de ces Aigles, et l'on invite les passants à se faire tirer par eux une série heureuse pour la loterie. Des numéros leur sont présentés; ils en tirent quelques-uns avec leur bec, ce à quoi ils sont dressés, et le vulgaire croit voir dans cet acte la réponse d'un oracle infaillible. « LES URAÈTES. [51] LES PSEUDAÈTES L'AIGLE A QUEUE BARRÉE {Aquila fascialaWclW, PseuAaetus Bonelli Bp.). — C'est le seul représentant du genre Pseiidactus Hodgs. Caractères. — H se fait remarquer par des formes élancées, un bec long et vigoureux, des pattes longues, emplumées jusqu'aux doigts comme l'Aigle botté; des ongles peu recourbés, des ailes courtes, ne recouvrant pas entiè- rement la queue, qui est longue. Le plumage présente des colorations très variables. Habitat. — II habite l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Turquie, le nord-ouest de l'Afrique et les Indes. Il a niché autrefois sur les bords escarpés des Bouches-du-Rhône, près de Salon. Mœurs. — Il est sédentaire, n'émigre pas. Les marais boisés et les montagnes rocailleuses paraissent être son habitat de prédilection. Il établit son aire dans des crevasses de rochers inaccessibles. C'est un Oiseau agile, courageux ; son vol est plus rapide que celui des autres Aigles. Il déploie, dans ses chasses, autant de férocité que de courage et d'agilité. Il a une prédilection très marquée pour les Oiseaux de marais : Canards, Oies, Hérons. Quand il s'établit près des habitations, il fait une chasse acharnée aux Pigeons et aux Poules; il est, pour cette raison, très redouté en Espagne. Tous les animaux connaissent le Pseudaète et cherchent à lui échapper. leurs tarses courts, réticulés et écussonnés. LE MILAN ROYAL [Milinis ictinus Savig.). — Caractères. — Le Milan royal a environ o'",63 de long et i°',57 d'envergure. Il a un bec court et fort. Les bords de la mandibule supérieure sont légèrement festonnés. Les tarses sontem- plumésdans leur moitié supérieure. Les doigts latéraux égaux ou presque égaux atteignent le milieu du doigt médian ; la queue est longue et très fourchue. Le plumage de l'adulte mâle est roux de rouille, semé de taches et de raies noires vers le centre des plumes. La tête et le cou sont blancs avec des stries brunes; les ré- miges noires, la queue rousse rayée transver- salement de brun ; le bec est brun ; la cire, l'iris et les pieds sont jaunes. Habitat. — Le Milan ro3'al habite les plaines du nord et du sud-est de l'Europe, et l'Asie. On le rencontre quelquefois en Afrique et en Egypte. Mœurs. — C'est un Oiseau migrateur qui ap- paraît dans notre pays vers le mois de mars, et y reste jusqu'à l'automne. D'après de Sélys-Long- champs, son arrivée en Belgique coïncide avec celle des Bécasses. Cependant il est sédentaire dans certaines régions, notamment dans les Hautes-Pyrénées et dans le dépar- tement des Landes. Il construit son nid sur les arbres élevés : hêtres, chênes, rarement sur les rochers. Il vit en sociétés assez nombreuses qui chassent de compagnie pendant le jour, et se réunissent le soir dans le coin de forêt où ils ont élu domicile. A l'époque de la reproduction, les bandes se dispersent; chaque couple vit isolément. ^ Le Milan roval. [GGJ LES AIGLES ET LES FAUCONS. 2G Le Milan royal est, comme tous ses congénères du genre, un excellent voilier; il parcourt, dans ses migrations, des distances immenses. Son vol est lent, mais soutenu : il nage pour ainsi dire dans l'air; il est quelquefois un quart d'heure sans donner un seul coup d'aile, et ne se guide alors que par des mouvements de queue. Tantôt, il s'élève à une hauteur où l'œil peut à peine le suivre; tantôt, et sans plus d'efforts, il vole en rasant le sol. Le Milan royal est paresseux, lâche et vorace. Il se nourrit de petits Mam- mifères, de jeunes Oiseaux, de Reptiles, d'[nsectes, de Vers. A défaut de proie vivante, il se contente de charogne. Lorsqu'il s'établit auprès des habitations, il est un grand danger pour les basses-cours; les services qu'il rend à l'agriculture en détruisant les Vers, les Insectes et les petits Rongeurs nuisibles, ne compensent pas toujours les ravages qu'il produit. A la fin d'avril ou dans les premiers jours de mai, commence la saison des amours. L'aire est formée de branches d'arbres, grossièrement assem- blées avec des feuilles sèches, de la paille, de la mousse, et même différents matériaux ramassés au voisinage des habitations : papiers, chifl'ons, etc. La femelle pond trois ou quatre œufs grisâtres ou jaunâtres, tachés de roux ou de brun. Les petits restent encore longtemps dans le nid, lorsqu'ils ont appris à voler. Captivité. — Le Milan royal est un Oiseau facile à apprivoiser. Il apprend vite à reconnaître son maître et ne paraît pas souffrir de la perte de sa liberté. Il peut vivre en bonne intelligence avec difl'érents Oiseaux de volière, car il est trop lâche pour les attaquer. LE MILAN NOIR {Mi/viis niger Briss.). — Caractères. — Le Milan noir est un peu plus petit que le Milan royal. Ses tarses ne sont emplumés que dans leur tiers supérieur. Ses doigts latéraux sont inégaux, l'interne est plus court que l'externe, celui-ci dépassant un peu le milieu du doigt médian. Sa queue est peu fourchue. Son plumage, chez le mâle adulte, est gris brun dans les parties supérieures; brun roussàtre rayé de brun noir, en dessous. La tête et la gorge sont striées de brun sur un fond blanchâtre ; la queue est rayée de bandes brunes. L'iris et le bec sont noirs, la cire et les pieds jaunes. Habitat. — Il habite les contrées chaudes de l'Europe, notamment le sud de la Russie où il est très commun, les plaines de l'Allemagne, l'Asie centrale et l'Afrique septentrionale. En France, son habitat est le même que celui du Milan royal, mais il y est plus rare. Mœurs. — Ses moeurs sont les mêmes que celles du Milan royal. Il est aussi paresseux, aussi lâche, aussi mendiant que ce dernier. Il poursuit les autres Rapaces, les tourmente, les inquiète, jusqu'à ce qu'ils lui aient abandonné leur capture. Il paraît avoir une prédilection marquée pour les Poissons, mais, comme il ne peut plonger à la façon du Pygargue, il ne produit que peu de ravages dans les pêcheries. Par contre, lorsqu'il s'introduit dans une ferme, il déploie une audace incroyable pour s'emparer des jeunes volailles. Il détruit 27 LES NAUCLERS. Ï6V un grand nombre de Campagnols et d'Insectes, mais n'épargne pas non plus le gibier de nos forêts. Captivité. — En captivité, il s'apprivoise aussi facilement que le Milan royal. LE MILAN ÉGYPTIEN {Milnis ccgrptius). — Caractères. — Le Milan égyptien ou Milan parasite a à peu près les mêmes caractères que le Milan noir. Il s'en distingue cependant par son bec jaunâtre, sa queue plus fourchue que celle du Milan noir, et par son plumage dont les teintes sont plus claires en dessus, plus rousses en dessous. Habitat. — Il habite l'Afrique; il est de passage en Dalmatie et en Grèce. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles de ses congénères de l'Europe ; il se nourrit surtout d'Oiseaux, de Poissons et de charognes. Il paraît être d'une voracité et d'une hardiesse plus grandes encore que tous les autres Milans. Le D'' Petit a vu un Milan parasite enlever brusquement à une femme arabe un morceau de pain couvert de fromage, au moment où elle le portait à la bouche. Le même auteur raconte l'anecdote suivante : « Lensona, mon petit préparateur noir, finissait d'arranger, assis à terre dans ma cour, un Pigeon dont il avait enlevé le corps la veille; il n'y avait plus de chair qu'à la tête. Au moment où il allait la retourner et tenait cette peau dans ses mains, un Milan fondit sur lui, lui griffa les doigts, et, saisissant la tête, se sauva avec, tandis que le surplus de la peau restait aux mains du pauvre enfant consterné et furieux; peu d'instants après, il revint à la charge, et vola des poivres rouges qui séchaient au soleil, sans craindre le moins du monde d'être puni de sa témérité. » LES NAUCLERS Caractères. — Les Nauclers portent encore le nom de Milans-Hirondelles à cause de leur queue fourchue comine celle de l'Hirondelle de cheminée. Ils ont le corps robuste, le cou court, la tète petite. Le bec de ces Oiseaux est faible, fortement recourbé à la pointe, large à la base, comprimé latéralement, et sans échancrure; la cire est très développée. Les ailes sont très longues, poin- tues. La queue est très longue, très fourchue et dépasse les ailes. Les tarses courts, recouverts d'écaillés dans presque toute leur longueur, ainsi que les doigts. Les ongles faibles mais très acérés, celui du pouce étant le plus fort et a)fant une longueur double des autres. LE NAUCLER-MARTINET (Xaucleriis fiircatiis). — Caractères. — Il est caractérisé par la disposition des plumes de ses ailes, dont les pennes latérales sont deux fois plus longues que les médianes; son plumage est d'un beau blanc de neige à la tête, au cou, à la poitrine et au ventre; il est noir à reflets bleus et verts dans le reste de son étendue. Le bec est noir, la cire bleuâtre, les pieds jaune verdâtre, l'iris brun rouge. La taille de l'adulte est de o'^.Sy. [68] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 28 Les jeunes ont la tige des plumes de l'occiput et de la nuque noire; les plumes du dos grises, ainsi que l'extrémité des couvertures des ailes; les dernières pennes secondaires sont blanches. Habitat. — Le Naucler-Martinet, appelé encore Éperi'ier à Serpent ou Milan-Hirondelle, habite l'Améri- que. Son aire de dispersion s'étend depuis le Brésil jusqu'aux États- Unis inclusivement, mais dans cette dernière région sa limite tend à reculer de plus en plus vers le sud. Au mois d'octobre, il émigré vers l'Amérique centrale et méri- dionale. On l'a accidentellement rencontré en Angleterre. Mœurs. — Il vit en bandes nom- breuses de vingt à deux cents in- dividus. Il se nourrit d'Insectes, de Serpents, de Lézards ; on ne l'a jamais vu s'attaquer à aucun grî>. Mammifère, ni aux autres Oi- seaux. Il saisit les Insectes sur les arbres non avec son bec, mais avec ses serres, ou bien il les at- trape au vol comme les Hirondelles. Il montre dans tous ses mouve- ments une grâce et une élégance remarquables. « Le vol du Nau- cler, dit Audubon, est particuliè- rement beau et soutenu. Cet Oiseau se meut dans l'air avec une légè- reté, une grâce qu'on ne peut assez admirer. Il s'élève à une hauteur incroyable, en planant et décrivant de grands cercles; il ne remue que la queue, qui lui sert de gouver- nail; puis, tout à coup, il se laisse tomber avec la rapidité de la foudre; il se relève, s'en- vole, et a bientôt disparu. « D'autres fois, on voit une bande de ces Oiseaux en- tourer un arbre, passer d'un vol rapide au milieu des branches, y enlevant les Lézards et les Insectes dont ils se nourrissent. Les mouvements de ces Oiseaux sont particulièrement vifs. La facilité avec laquelle ils fendent l'air, la rapidité avec laquelle ils changent brusquement de direction sont bien faites pour ravir le spectateur. » Le Naucler-Martinet. •20 LES NAUCLERS. [69] Le Naucler-Martinet s'accouple, dans le sud des États-Unis, vers la fin du mois d'avril ou le commencement de mai. Son nid, assez grossier, res- semble à celui du Héron. Il est quelquefois tapissé à l'intérieur de mousse d'Espagne et d'écorce de cotonnier. Il est établi au sommet des arbres les plus élevés, chênes, pins, etc., parmi les petites branches où il est bien caché par l'épais feuillage. Le nombre des oj-a- fciir, se rencontre dans presque toute l'Europe et en Asie. Il , émigré, chaque hiver, jusque dans le centre de l'Afrique. m Il est représenté en Amérique par une variété locale que l'on rencontre dans toute l'Amérique du Nord. Mœurs. — Le Faucon pèlerin habite de préférence les régions montagneuses, les grandes forêts où se trouvent des rochers, ou les falaises au bord de la mer. Il ne craint pas le voisinage des habita- tions. On l'a vu établir son nid dans de vieux édifices au centre même des villes. Gerbe raconte qu'un de ces Rapaces vint s'établir, un jour, sur les tours de la cathé- drale de Paris, et que, pendant plus d'un mois qu'il y demeura, il fit une chasse acharnée aux Pigeons domestiques, les poursuivant jus- que dans les rues les plus fréquen- tées. D'après R. Fortin et Gadeau de Kerville, l'une des tours de la cathédrale de Rouen donne asile, chaque année, à un couple de ces Oiseaux. Plusieurs observations analogues ont été faites dans diffé- rentes villes d'Allemagne, Le Faucon commun est de pas- sage dans nos pays en automne et au printemps. Il se reproduit dans certaines régions de la France: en Provence, dans les Hautes-Pyrénées et sur les falaises des environs de Dieppe. Il vit solitaire. Sa nourriture se compose exclusivement d'Oiseaux, qu'il capture au vol et emporte en lieu siir pour les dévorer; les Pigeons, les Per- drix n'ont pas de plus redoutable ennemi. Il s'attaque même à de gros Oiseaux : Corneilles, Canards, Oies, etc. Le Faucon pèlerin. [82] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 42 Mais il doit souvent abandonner les produits de sa chasse aux Rapaces parasites qui le harcèlent sans cesse. « Le Faucon, dit Naumann, d'ordinaire si courageux, si hardi, lorsqu'il voit venir ces hôtes indiscrets, abandonne sa proie et, répétant son cri kiali, kiah, remonte dans les airs. Le Milan noir, lui-même, que met en fuite une poule défendant ses poussins, lui ravit sa capture. » Le Faucon commun construit un nid grossier dans les endroits les plus escarpés, soit dans une anfractuosité d'un rocher abrupt, soit dans une crevasse accidentelle d'une haute falaise, quelquefois au sornmet des plus grands arbres. Il s'établit parfois dans le nid d'une Corneille ou d'un autre Oiseau. La femelle ne fait qu'une couvée par an, de trois ou quatre œufs, et couve seule ; le mâle lui apporte sa nourriture et partage avec elle les soins à donner à leur progéniture. La ponte a lieu en avril ou mai ; les œufs sont tachetés de gris brun ou de rouge plus ou moins foncé sur un fond plus clair. Ils éclosent au bout de trois semaines. Les petits reste'nt toute l'année dans la région qui les a vus naitre, tandis que leurs parents vont chercher ailleurs des proies plus abondantes, et reviennent au même endroit au printemps suivant. Captivité. — Le Faucon pèlerin s'habitue très vite à la captivité si on lui donne une nourriture abondante, composée de viande fraîche et d'Oiseaux vivants. Utilité. — Au temps de la fauconnerie, le Faucon commun était très emplo3'é pour chasser les Perdrix et même les Lièvres. Aujourd'hui il serait dilîicile de lui trouver la moindre qualité utilitaire. On doit le considérer comme l'un des Rapaces les plus nuisibles en raison des ravages immenses qu'il commet en s'attaquant au gibier de nos chasses. A côté du Faucon commun viennent se ranger plusieurs espèces très voisines les unes des autres par les caractères et le genre de vie. Ce sont : Le Faucon lanier qui habite l'Europe méridionale et orientale, particulière- ment la Dalmatie. Le Faucon de Barisarie, qui habite l'Afrique septentrionale et orientale. Le Faucon sacre, dont l'existence a été mise en doute par quelques ornitho- logistes et qui serait propre à l'Asie et à l'Europe orientale. Il est, parait-il, très recherché en Chine pour chasser le Lièvre et le Faisan. Le Faucon chicquera, que l'on rencontre en Afrique et en Asie. LE FAUCON LANIER [Falco lanariiis . — Caractères. — Le Faucon lanier ressemble beaucoup au Faucon commun. Les jeunes des deux espèces ne peuvent pas être distingués avec certitude ; les Laniers adultes, d'après Degland, se reconnaissent à leur queue plus longue, à leurs doigts plus courts, à leurs moustaches plus étroites, et à l'absence de bandes noirâtres transversales sur le ventre et les plumes tibiales. Habitat, — Le Faucon lanier habite la Dalmatie et certaines régions de l'Europe orientale et méridionale ; il est très rare en Allemagne et en France. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles du Faucon commun, mais 43 LES 1ER ACIDES. [83] il paraît se nourrir surtout de jeunes Oiseaux, plutôt que de petits Mammi- fères. Le Lanier grec ou Alphanel n'est qu'une variété locale du Faucon lanier. LE FAUCON CHICQUERA {Falco chicquera\ — Caractères. — Connue dans l'Inde sous le nom de Tiiriimdi, cette espèce est remarquable par la beauté de son plumage. La tête et la nuque sont d'un roux de rouille bariolé de lignes plus foncées sur la tige des plumes ; le reste des parties supérieures est d'une teinte gris foncé avec des bandes transversales noires ; le pli de l'aile et la queue sont jaune-rouille clair avec des bandes foncées ; la gorge, la poitrine, roux de rouille clair ; les flancs, le ventre, les cuisses, jaune rougeàtre à bandes foncées transversales, étroites et serrées. Habitat. — Le Faucon chicquera est propre à l'Afrique et à l'Asie. Kiœurs. — En Afrique, il se tient de préférence sur les palmiers à larges feuilles où il peut facilement établir son nid. Il ne s'attaque qu'aux petits animaux. Passereaux, Tisserins ; il les capture au vol avec une agilité remar- quable. Par contre, il devient souvent la proie des grands Rapaces. Dans les Indes, le Chicquera est rare dans les endroits montagneux; il pré- fère les lieux découverts, au voisinage des habitations, des jardins. (< Souvent, dit Jerdon, on le voit perché sur un arbre isolé au milieu de la plaine. De là, il s'en va, rasant avec une incro3'able rapidité les buissons, les haies, les bords des étangs ; puis, tout à coup, il fond sur une Alouette, une Bergeronnette ou quelque autre Oiseau. Il chasse en compagnie de sa femelle, et capture de préférence les petites espèces, les Alouettes calandrelles, les Plu- viers, et quelquefois les petits Rongeurs. « II niche sur les arbres élevés ; ses œufs, au nombre de quatre, sont d'un brun jaunâtre, tachetés de brun. Les jeunes prennent leur essor à la fin de mars ou au commencement d'avril. Les parents leur témoignent la plus vive affection, et, en poussant des cris perçants, ils mettent en fuite les Corneilles, les Milans. l'Aigle lui-même, qui voudraient enlever leur couvée. » Captivité. — Le Chicquera est facile à élever en captivité ; on peut le dresser à chasser les Cailles, les Perdrix, les Rolliers. LE FAUCON DES PRAIRIES [Falco mexicanus). — Cette espèce habite l'ouest des Etats-Unis et le Mexique, dans l'intérieur, loin de la côte. Elle présente, dans ses mœurs, quelques particularités intéressantes. Sa nourriture parait se composer non seulement d'Oiseaux, mais aussi de Rongeurs et d'Insectes. Aussi les naturalistes américains hésitent-ils à déclarer .si cet Oiseau est utile ou nuisible. LES lÉRACIDES Caractères. — Les léracides se distinguent des Faucons proprement dits par leurs ailes moins étendues, la troisième rémige seulement étant la plus [84] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 44 longue, par leurs tarses plus minces, plus allongés, par leurs doigts faibles et courts ; leurs ongles sont aussi moins puissants. Habitat. — Ils habitent l'Australie, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et la terre de Van Diémen. Mœurs, — Us vivent par bandes d'une centaine d'individus, mais se séparent à l'époque de la reproduction. Ils se nourrissent d'Oiseaux, de petits Mammi- fères, de Reptiles et d'Insectes; à l'occasion ils se contentent de charognes. Ils construisent leur nid sur les arbres élevés, particulièrement sur les Eucalyptus. L'IÉRACIDE BÉRIQORA [Hieracidea berigora). — Il est assez commun dans le sud-ouest de l'Australie et le sud-est de la Nouvelle-Guinée. Une espèce très voisine, VH. Novae-Zeelandiac, se rencontre dans la Nouvelle- Zélande. LES HOBEREAUX Caractères. ■ — Les Falconidés appartenant au groupe des Hobereaux [Hj-po- triorchis) ont des ailes longues, recourbées en faucille, dépassant plus ou moins l'extrémité de la queue. Leur plumage, en dessous, est unicolore ou marqué de taches oblongues. LE HOBEREAU COMMUN [Hvpotriorchis subbiiteo). — Caractères. — Le Hobereau commun mesure environ o°,3o de longueur. La femelle est un peu plus grande que le mâle. Le plumage du Hobereau, comme celui des autres Falconidés, présente des variations considérables, et il est difficile d'en donner une description d'en- semble. Degland décrit comme il suit un mâle adulte tué en juin : « Parties supérieures d'un cendré bleuâtre, varié de roussàtre au front et au vertex, avec deux taches rousses à la nuque et la tige des plumes d'une nuance noire ; gorge, devant et côtés du cou blancs; poitrine, abdomen d'un blanc lavé de roussàtre, marqué de taches larges et longitudinales noirâtres; bas-ventre, sous-caudales et jambes d'un roux très vif, quelquefois avec des taches sur les culottes; joues et moustaches noires, ces dernières se prolongeant du bec aux parties latérales du cou; couvertures alaires semblables au manteau; rémiges brunes, terminées par un léger liséré grisâtre; queue de même couleur marquée, sur les barbes internes des dix pennes latérales, de bandes transversales d'un cendré rous- sàtre en dessus, cendrées en dessous; bec bleuâtre, iris couleur noisette: pau- pières, cire et pieds jaunes. » La femelle est d'une teinte plus brune en dessus, avec le roux des parties infé- rieures moins vif. Habitat. — Le Hobereau commun habite toute l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Mœurs. — C'est un Oiseau migrateur qui arrive dans nos pays en avril et repart en septembre ou octobre. Il préfère les bois peu touffus aux grandes 45 LES HOBEREAUX. [85] forêts, il vit ordinairement par couples. Son nid ressemble a celui des autres Falconidés : c'est une grossière construction faite de branches sèches, tapissée intérieurement de poils, de duvet, et autres substances molles, et placée dans les branches d'un arbre élevé ou dans une crevasse de rocher. Il se nourrit de petits Oiseaux, principalement d'Alouettes, et quelquefois d'Insectes, Saute- relles, Libellules, qu'il attrape au vol. Il est aussi courageux et aussi agile que les autres Faucons; son vol est éga- lement léger et rapide, mais il ne peut s'élever à une grande hauteur, et capture sa proie en volant au ras du sol. Les Alouettes et les Hirondelles connaissent bien cette particularité de leur ennemi; aussi, lorsqu'elles ont le temps de s'élever assez haut dans les airs, elles lui échappent facilement. La femelle fait chaque année une couvée de trois à cinq œufs. Ceu.x-ci sont blanchâtres, roussàtres ou rougeàtres, avec de petits points irréguliers, nom- breux, d'un brun rougeàtre, et quelques taches peu étendues, de même couleur ou fauves. La ponte a lieu en mai. Les petits éclosent au bout de trois semaines. Captivité. — Le Hobereau est un Oiseau facile à apprivoiser. Il apprend vite à reconnaitrc son maitre et devient très familier. Utilité. — Il doit être rangé, au même titre que le Faucon commun, parmi les Rapaces nuisibles, car il détruit une grande quantité de petit gibier. LE FAUCON ÉLÉONORE [F. [Hfpotrioi'chis) eleonorea]. — Il est très voisin du Hobereau : on le rencontre dans la Sardaigne, la Grèce, le nord de l'Afrique. Il niche dans les creux des rochers et des récifs, le long des côtes maritimes, quelquefois même sur le sol, à l'abri de quelques pierres isolées, ou dans un buisson. Il se nourrit d'Insectes, surtout de Sauterelles, de Vers, et, paraît-il, de Poissons. La reproduction a lieu dans le courant de l'été. Les petits quittent leur nid vers le mois d'octobre et émigrent avec leurs parents vers le sud, ils reviennent au printemps suivant dans leur pays natal. LE FAUCON-PIGEON [F. {Hypotriorchis) columbarius]. — Il habite l'Amer rique du Nord et le nord de l'Amérique méridionale. Sa taille ne dépasse pas celle d'un Pigeon. Il se nourrit habituellement de petits Mammifères et d'In- sectes. Sa petite taille ne lui permet pas de s'attaquer aux gros Oiseaux de basse-cour, mais il s'empare sans peine des jeunes poussins. Il construit son nid dans le creux d'un arbre, dans une anfractuosité de rocher, ou sur les branches d'un arbre élevé ; il s'empare souvent du nid d'un autre Oiseau. En septembre et en octobre, il émigré en bandes immenses. Lorsqu'il vole ou lorsqu'il se repose, il a dans son allure quelque ressemblance avec le Pigeon vulgaire, et des chasseurs ont souvent pris l'un pour l'autre. LE FAUCON-ÉMERILLON {Falco liiliofalco, F. .vsaloii). — On le rencontre dans presque toute l'Europe, dont il habite les régions septentrionales en été, les régions méridionales en autfimne et en hiver. On le trouve également en Asie et en Algérie. [80] LES AIGLES ET LES FA UCONS. 46 Il est commun en France durant la belle saison. Malgré sa petite taille, il est très courageux et s'attaque parfois à des Oiseaux plus gros que lui. Il fait aussi la chasse aux petits Rongeurs. Il niche dans les fentes des rochers, sur les arbres, ou dans les buissons. Ses œufs, au nombre de cinq ou six, ressemblent à ceux de la Crécerelle, mais ils sont un peu plus petits. Une espèce très voisine de notre Emerillon d'Europe vit en Amérique, et se fait remarquer par son régime essentiellement insectivore. LES CRÉCERELLES Caractères. — Les Crécerelles se reconnaissent, parmi les Faucons, à leurs ailes, qui ne s'étendent qu'aux trois quarts de la longueur de la queue, ou en atteignent le bout. Leur plumage est plus varié, il présente des taches oblongues nombreuses sur les parties inférieures. Leur queue, évasée, porte vers son extrémité une ou deux bandes noires. LA CRÉCERELLE COMMUNE [Falco {Tinniinciilus) alandarius] [*). — Caractères. — C'est un bel Oiseau d'environ o^jSo de longueur. Le mâle adulte a la tête et le cou cendré bleuâtre; le dos et la partie supérieure des ailes brun rouge avec des taches angulaires noires ; le dessous du corps est roussàtre avec des taches noires longitudinales à la poitrine, rondes ou ovales sur le ventre et les fiancs. Les rémiges sont noires, terminées et bordées en dehors de gris roussàtre. La queue, d'un cendré bleuâtre, porte une large bande noire bordée de blanc. Le bec est bleuâtre, les paupières, la cire et les pieds jaunes; l'iris brun-noisette. La femelle adulte a le dessus du corps brun rouge, taché de noir, mais les taches sont très nombreuses et se disposent en bandes transversales dans la moitié inférieure. Habitat. — La Crécerelle commune, ou Éniouchet doré, est très répandue en Europe, en Asie et dans l'Afrique septentrionale. C'est un Oiseau migrateur qui vient s'établir dans nos contrées à chaque printemps. Mœurs. — La Crécerelle commune niche dans des endroits variés, mais toujours à une grande hauteur. Dans les pays montagneux, elle s'établit sur les parois des rochers; dans les forêts, elle choisit les arbres les plus élevés. Elle affectionne particulièrement les édifices en ruines, les clochers, les vieilles tours de châteaux abandonnés. Elle se nourrit de petits Rongeurs et accidentellement de petits Oiseaux. Lorsqu'elle est pressée par la faim, elle se contente de Grenouilles, de Lézards et d'Insectes. Dans ses chasses, elle vole en rasant le sol, à la façon du Hobereau. (') PI. VIII. — L;i Crécerelle commune (Planche, p. ■M LES CRÉCERELLES. [87| Le nid de la Crécerelle est formé de branches sèches et déracines assemblées grossièrement et tapissées à l'intérieur de mousses, de poils, de plumes. La femelle ne fait qu'une couvée par an de quatre à sept œufs. La ponte a lieu en avril. Les variétés les plus diverses s'observent dans la forme, les di- mensions et la coloration des œufs. En général, ils sont arrondis, blanc jau- nâtre ou jaune-rouille, semés de points et de taches rouge brun. Utilité. — L'utilité de la Crécerelle peut être discutée. On admet cependant qu'elle rend de grands services à l'homme en détruisant un grand nombre de petits Rongeurs qui dévastent les cultures. LA CRÉCERELLE CRÈCERWE {Tiiuniuciilnsceiichris). —Caractères. — Cette espèce est un peu plus petite que la précédente. Son plumage n'en dilTère que par quelques caractères difficilement appréciables. Habitat. — La Crécerelle crécerine ou Crecerellette habite le midi de l'Europe, l'Asie occidentale et l'Afrique septentrionale. Elle est très commune en Grèce et dans les steppes de la Russie. Elle apparaît en France au printemps, et repart en automne. Mœurs. — On la rencontre dans les plaines, au voisinage des cours d'eau. Elle trouve, en effet, dans ces régions humides et découvertes les Insectes dont elle fait sa nourriture. En Afrique, elle fait une ample consommation de Saute- relles. Celles-ci sont en effet, pour les Oiseau.x insectivores, une ressource iné- puisable. « Qui n'a pas vu, dit Brehm, les bandes de ces Insectes ne peut s'en faire une idée. Dans des forets entières, tous les troncs, toutes les branches d'arbres ne sont couverts que de Sauterelles. Si on les effraye, elles s'envolent et l'air en est obscurci. « Mais ces bandes ne tardent pas à être suivies par d'autres animaux qui les détruisent, et en première ligne se place la Crecerellette. Des centaines de ces Oiseaux sont là, perchés sur les branches les plus élevées des mimosas, ou vol- tigent et planent au-dessus de cette masse dévastatrice. Tant que les Sauterelles restent appendues aux branches, les longues épines des arbres empêchent les Oiseaux de les attaquer, mais dès qu'elles s'envolent, la Crecerellette s'élance au plus épais et prend dans ses serres un de ces Insectes, qui se défend, mais mord en vain les serres de son ennemi. Après lui avoir broyé la tête d'un coup de bec, la Crécerine, sans perdre de temps, lui arrache les ailes, les pattes, et le mange tout en volant. Tout cela est l'affaire de deux minutes ; puis le Rapace s'élance de nouveau chercher une deuxième, une troisième proie. » La Crecerellette ne construit pas de nid. Elle dépose ses œufs à nu dans une crevasse de rocher, dans le creux d'un arbre, dans les murs en ruines des vieux édifices. En Grèce, elle va s'abriter sous les toits des habitations. Les (eufs, au nombre de quatre à six, sont plus petits que ceux de la Créce- relle commune; ils sont rougeàtres ou gris roussàtre clair, et parsemés d'une multitude de petits points et de mouchetures d'un rouge-brique, entremêlés de taches brunes. Utilité. ■ — La Crecerellette mérite la protection de l'homme, car elle le débar- rasse d'une grande quantité d'Insectes nuisibles. ^88! LES AIGLES ET LES FAUCONS. 48 Captivité, — On apprivoise t'acilement ce charmant Oiseau, qui ne se montre craintif et défiant que dans les pays où on lui fait la chasse. LA CRÉCERELLE DES MOINEAUX [Tiuiiiniciiliis spat'rer'iiis). — Caractères. — Cette espèce mesure de o"',-22 a o",3o de longueur. Le plumage présente de nombreuses variétés. En général, le mâle a la tête gris bleu tachée ou non de brun rouge. Le dos est rouge brun varié de bandes ou de taches noires. Le ventre est blanc, blanc jaunâtre ou jaune rougeàtre, avec ou sans taches noires. Les ailes sont gris bleu tachetées de brun. La queue est rouge brun et marquée d'une large bande noire près de l'extrémité. Le tour de l'œil, la cire, les pattes sont jaunes, le bec bleuâtre. Chez la femelle, les taches brunes sur la queue, les ailes et le dos, se réunissent en nombreuses bandes minces transversales. Habitat. — La Crécerelle des Moineaux est très répandue dans toute l'Amé- rique du Nord, excepté dans les régions situées au nord du 62° degré de latitude. Mœurs. — Les mœurs de cet Oiseau sont un peu différentes de celles de ses congénères d'Europe. La Crécerelle des Moineaux est vive, hardie, courageuse, et ne craint pas de s'attaquer à des ennemis beaucoup plus grands qu'elle. Son vol est léger et rapide, mais irrégulier et peu soutenu. Lorsqu'elle est en chasse, au lieu de décrire des cercles et de planer, elle reste immobile dans l'air par de rapides battements d'ailes; et dès qu'elle a aperçu sa proie, elle fond sur elle avec une vitesse ver- tigineuse, la saisit et l'emporte sur un endroit élevé pour la dévorer. Sa nourriture se compose de petits Rongeurs, d'Oiseaux, de Lézards, de Saute- relles, de larves et d'Insectes divers. Lorsqu'elle est pressée par la faim, ou lorsqu'elle élève ses petits, elle s'attaque aux jeunes Poulets et aux petits Oiseaux, mais les dégâts qu'elle commet sont largement compensés par la grande quan- tité de Souris, de Campagnols et d'Insectes qui constituent son régime habituel. Elle vit par couples et construit son nid dans des cavités creusées dans les arbres. Elle utilise soit les cavités naturelles produites par les érosions sur les arbres vermoulus, soit les trous préparés par les Pics, mais elle choisit généra- lement ceux qui sont à une grande distance du sol. Dans quelques régions, elle se contente d'une crevasse de rocher située à une hauteur inaccessible. Certains observateurs l'ont vue s'emparer du nid abandonné d'une Pie ou d'un Corbeau, mais il semble que ce soit là un fait exceptionnel. La demeure une fois choisie, elle en tapisse le fond de quelques brins d'herbes et fait rarement de plus grands frais de construction. La Crécerelle-Moineau défend avec un zèle et une ardeur remarquables le do- maine où elle s'est établie. Elle en éloigne même les grands Rapaces qu'elle attaque avec fureur. La ponte a lieu en mai ou juin, selon les régions. La femelle ne fait qu'une seule couvée par an, mais certaines observations permettent de penser que, dans certaines localités, elle en peut faire une seconde vers la fin de l'été. D'ailleurs, lorsque dans un nid on vient enlever les œufs qui y étaient dé- Pl. VIII. — La Crécerelle commune (texte, p. 86). 49 LES KOBEZ. [89J posés, la femelle ne tarde pas à pondre de nouveau, et l'expérience peut être faite plusieurs fois de suite sans que la femelle abandonne son nid ou cesse de pondre. Le nombre des œufs varie de trois à sept. Leur volume est assez variable ; il en est de même de leur coloration, qui varie du blanc pur au brun rouge avec des points et des taches très diversement répartis. L'incubation dure environ trois semaines. Les parents se partagent les soins à donner à leur progéniture; ils les défendent ou les transportent en lieu siir en cas de danger. La Crécerelle des Moineaux émigré en hiver vers l'Amérique méridionale, jusque dans le Brésil, puis revient au printemps suivant habiter les mêmes loca- lités, et quelquefois le même nid que l'année précédente. LES KOBEZ LE KOBEZ VESPÉRAL [Falco [Erythropiis) l'espertinus]. — Caractères. — Le Kobez a à peu près la même taille que la Crécerelle commune, c'est-à-dire environ o^.So. Le plumage du mâle adulte est d'un gris bleuâtre uniforme, à l'exception des cuisses, des jambes, du ventre et des couvertures inférieures de la queue, qui sont d'un roux vif. Le bec est jaune à la base, bleuâtre à la pointe; la cire, les pieds et le tour des yeux sont rouges, l'iris brun clair. La femelle a un plumage d'une teinte plus claire en dessus, et rayé de noir; les parties inférieures sont plus ou moins roussàtres avec des raies longitudi- nales brunes. Habitat. — Le Kobez vespéral, connu encore sous le nom de Faucon à pieds fouffes, est très répandu dans le sud et l'est de l'Europe. Il habite aussi l'Asie centrale et le nord de l'Afrique. Il est quelquefois de passage dans le midi de la France. Mœurs. — Le Kobez vit en sociétés nombreuses dont on peut suivre les évo- lutions chaque soir avant le coucher du soleil. « Les individus qui composent la bande, dit Nordmann, n'y observent guère d'autre règle que la direction droite; ils ne se tiennent point serrés, mais ils volent à des distances inégales à côté et au-dessus les uns des autres. Les batte- ments de leurs ailes sont lents; souvent ils fendent l'air sans remuer les ailes. Arrivés au point fixé, ils tournent avec rapidité, décrivant un angle aigu. Au commencement de leur vol, ils vont assez haut ; mais, vers le soir, ils descendent peu à peu, et finissent par voler si bas, qu'on peut très bien en atteindre quel- ques-uns avec une charge de menu plomb. Après avoir continué cet exercice pendant quelques heures, toute la bande se repose, choisissant à cet effet quel- ques arbres rapprochés les uns des autres. Là, ils se tiennent serrés autant que possible, et j'en ai vu trente à quarante ensemble perchés sur un robinier de sept ans, et occupant principalement la couronne et les branches supérieures de l'arbre. Après s'être reposés environ une demi-heure, ils reprennent leur exercice, qu'ils ne cessent qu'à l'entrée du crépuscule, afin de se mettre à la La VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE. III. — 7 [90] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 50 recherche d'un gite convenable pour la nuit. Toute la bande paraît en ceci être dirigée par quelque volonté particulière, car ils attendent tous que deux ou trois individus se dirigent vers le feuillage de quelque arbre touffu, et alors ils se précipitent, comme à un signal donné, sur ce même arbre, qui en est envahi et comme couvert. Leur nom- bre est souvent si considé- rable qu'ils se gênent mutuellement, et l'on entend au loin les cris perçants qu'ils jettent en se disputant les meil- leures places. ') Le Kobez se nourrit presque exclusivement d'Insectes. Il est rare qu'il s'attaque aux petits Oiseaux. " Il construit son nid sur les arbres élevés qui forment la lisière des bois et quelquefois même sur les toits des mai- sons. Il s'empare sou- vent du nid abandonné •' d'une Pie. A l'époque de la re- production, c'est-à-dire vers le mois de mai, les bandes se dispersent. La femelle pond de quatre à six œufs courts, d'un roux de rouille clair, avec des mouchetures et de petites taches d'un rouge brun. Les petits prennent leur essor vers le mois d'aoijt et se joignent à la société qui se prépare émigrer. mm Le Hiérax azuré. LES HIÉRAX Caractères. — Les Hiérax, ou Faucons nains, sont de petits Falconidés de la taille d'une Alouette. Ils ont un bec court, armé d'une dent à la mandibule supérieure et d'une échancrure à la mandibule inférieure; des ailes courtes, la deuxième rémige 51 LES MACAGUAS. [91] étant la plus longue; une queue courte, tronquée à angle droit; des tarses mé- diocres, scutellés en avant et armés d'ongles puissants. Habitat. — Il en existe plusieurs espèces, toutes originaires de l'Asie. LE HIÉRAX AZURÉ llcmx eiitolmus). — Cette espèce ne mesure pas plus de o", H) de long, dont o™,io pour la queue. Son plumage est noir bleuâtre dans les parties supérieures et sur les cuisses; la partie antérieure de la tète, la gorge, la poitrine, et une ligne allant du bec à l'épaule, sont blanc sale, le ventre roux de rouille ; l'iris brun, le bec et les pattes bleuâtres. Mœurs. — Les Hiérax se font remarquer parla rapidité et la légèreté de leur vol ; ce sont de petits Rapaces vifs et courageux. Leur nourriture consiste en insectes, notamment en sauterelles et autres Orthoptères, mais ils ne craignent pas de s'attaquer à des Oiseaux plus forts qu'eux. Ils attrapent au vol les Papillons et les Libellules. Utilité. — Certains auteurs assurent que l'on dresse ces Oiseaux à chasser les Cailles, de la même façon que les Faucons. LES AUTOURS OU ACCIPITRIENS Caractères. — Les Autours ont le corps ramassé, le coup long, la tête petite, les ailes de moyenne longueur et arrondies, la queue très longue ; les tarses allongés, terminés par des doigts longs et déliés. Le bec court, courbé dès sa base, a. bords festonnés, est un peu plus comprimé latéralement que chez les Falconiens. Le plumage, épais et mou, est identique dans les deu.x sexes. Habitat. — Cette famille a des représentants dans toutes les parties du monde. Mœurs. — Les Autours vivent dans les endroits les plus touffus des grandes forêts. Ce sont des Oiseaux d'un naturel féroce et sanguinaire. Ils s'attaquent indifféremment aux Mammifères, aux Oiseaux, aux Reptiles. Ils se dévorent même quelquefois entre eux. Ils sont considérés partout comme des animaux nuisibles et ne méritent au- cune pitié. LES MACAGUAS Caractères. — Les Macaguas se relient par leurs caractères d'une part aux Aigles, d'autre part aux Faucons. Ils ont le corps vigoureux, la tête relativement grande ; les ailes longues, atteignant le milieu de la queue ; les tarses moyenne- ment longs et épais, les doigts épais. Leur bec est fortement recourbé et très comprimé latéralement. Le plumage est composé de plumes longues, pointues, à tiges raides. LE MACAQUA RIEUR [Herpethotheres cachinnans). — Son nom de Macagua lui a été donné à cause de son cri qui ressemble à un ricanement. [92] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 52 Il est propre aux parties chaudes de l'Amérique du Sud. On le rencontre sur la lisière des forets et le long des rivières. Il se nourrit de Reptiles, d'In- sectes et de Poissons. LES DIODONS Caractères. — Les Diodons ont un bec court, comprimé latéralement; la mandibule supérieure est à peine plus longue que l'inférieure, et présente deux dents dont l'une plus saillante que l'autre. Leurs ailes sont courtes, subaiguës; leurs tarses courts, de la même longueur que le doigt médian. LE DIODON BIDENTÉ {Ha7-pagus bidenialiis). — U habheV Amérique du Sud. Son plumage est brun en dessus, gris cendré en dessous ; la gorge est blanche, les cuisses rougeàtres. Il vit solitaire dans les grandes forêts. Sa nourriture se compose d'Oiseaux, de petits Mammifères et d'Insectes. LES ÉPERVIERS Caractères. — Le genre Épervier est le type le plus parfait de la famille des Accipitriens. Les Oiseaux de ce groupe ont des formes élancées, un bec mince, court et très crochu, à mandibule supérieure festonnée ; des narines médianes, elliptiques, en partie cachées par les plumes sétiformes du front ; des ailes courtes, une queue longue et large, des tarses très grêles, scutellés en avant; des doigts longs et minces terminés par des ongles très acérés. Les différentes espèces d'Épervierssont réparties sur toute la surface du globe, mais une seule, V Epervier commun, est propre à l'Europe. L'ÉPERVIER COMMUN {Accipiter nisus). — Caractères. — Le plumage de cet Oiseau varie peu selon l'âge et le sexe. Les parties supérieures sont d'un gris d'ardoise; le ventre est blanc, barré de brun et de roux, plus nettement chez la femelle que chez le mâle; la queue, blanche à l'extrémité, présente cinq bandes transversales noires. Le bec est bleuâtre, la cire et les pieds jaunes, l'iris jaune doré. Les jeunes sont gris brun en dessus, blancs en dessous, avec des taches bru- nes longitudinales à la gorge et au cou, transversales au ventre et à la poitrine. La taille des adultes est d'environ o°',35 à o'°,40. Habitat. — On rencontre l'Epervier commun ou Emoiichet en Europe, en Asie et en Afrique. Il est sédentaire dans quelques localités du midi de la France, et de passage régulier en Normandie. Dans le nord, il est peu commun. Mœurs. — L'Epervier commun est, parmi les petits Rapaces, l'un des mieux doués. Il est vif, agile, et vole avec légèreté. Il est méfiant, rusé, et hardi. Tous les auteurs sont unanimes à vanter le courage qu'il déploie dans ses 53 LES EPERVIERS. [93] chasses. On a vu des I^perviers pénétrer dans les habitations avec la proie qu'ils poursuivaient et qui venait y chercher un abri. Il se nourrit d'Oiseaux, de petits Mammifères, d'Insectes ; il est très friand des jeunes Oiseaux pris au nid, et ne dédaigne pas non plus les œufs. Il vole le plus souvent au ras du sol,etsaisit saproie à l'improviste, qu'elle soit perchée ou qu'elle vole. Il est la terreur des petits Oiseaux qui, pour lui échapper, ont recours à un curieux stratagè- me: ils décrivent le plus rapidement possible quelques cercles con- centriques autour du tronc d'un arbre, ce qui leur per- met de prendre sur leur ennemi, puis se précipitent dans un buis- son ou sous un abri quelconque, où ils trouvent quelquefois leur salut. Les Hirondelles seules, grâce à leur agilité, ne redoutent pas l'E- pervier; elles le harcèlent et le troublent dans ses chasses au point de lui faire prendre la fuite. L'Épervier s'établit dans les forêts, de pré- férence dans les petits bouquets de bois des régions montagneuses, et ne se montre dans les endroits découverts que lorsqu'il est en chasse. Il bâtit son aire à peu de distance du sol, sur les hêtres, les chênes et surtout les sapins, à l'aide de quelques branches sèches, tapissées intérieurement de mousses, de poils, de plumes. Il s'empare quelquefois du nid abandonné d'un autre Oiseau. La femelle pond vers le mois de mai. Elle ne fait habituellement qu'une seule couvée par an de trois à six œufs blancs ou jaunâtres avec des taches rousses ou brunes, irrégulières, parfois disposées en couronne au gros bout. Les petits e'closent au bout de trois semaines, et restent encore longtemps en compagnie de leurs parents, après avoir pris leur essor. 1,'Épcrvier commun. [94^ LES AIGLES ET LES FAUCONS. 54 Captivité. — On a quelquefois dressé des Eperviers à la chasse, et cette pra- tique existe encore dans certaines régions de l'Asie et aux Indes. Mais les résul- tats n'en ont pas toujours été satisfaisants, à cause du naturel capricieux et insoumis de cet Oiseau. Utilité. — L'Épervier commun, vulgairement connu dans certaines régions sous le nom de Tiercelet, est un des Rapaces les plus nuisibles; il ne mérite aucune pitié et doit être détruit partout où il se trouve. C'est l'ennemi le plus terrible de tous les petits Oiseaux ; toutes les proies dont il peut se rendre maître lui conviennent, depuis l'inoftensif Roitelet jusqu'aux grands Oiseaux tels que le Héron. 11 s'introduit dans les fermes pour capturer les volailles : il détruit dans les bois et dans les champs le gibier de nos chasses. L'Épervier majeur ou Grand Éperrier est une espèce rare dont l'existence est encore contestée par certains ornithologistes. Elle n'a été rencontrée qu'en Suisse et dans certaines régions de la France, notamment en Normandie. Sa taille atteint 0^,40; son aire ne mesure pas moins de o^j-o de large. L'ÉPERVIER BRUN {Accipiter velo.x Wils. ; .4. fusais Gr.). — Caractères. — Cet Épervier est le plus commun et le mieux connu des Oiseaux de proie de l'Amérique du Nord. Son plumage ressemble beaucoup à celui de notre Éper- vier vulgaire, il en diffère surtout par la teinte plus foncée des plumes de la tète. Habitat. — Son aire de dispersion est très étendue. On le rencontre dans toutes les provinces des États-Unis. Au nord, il s'avance jusqu'au voisinage du cercle arctique. KYœurs. — L'Épervier brun possède toutes les qualités et tous les défauts de ses congénères de la même famille. Il est hardi, courageux, rusé et s'attaque souvent à des proies plus grosses que lui. Il fait sa nourriture presque exclusive de petits Oiseaux et de jeunes volailles qu'il vient ravir jusque dans les fermes. Occasionnellement, et quand il est pressé par la faim, il se contente de Souris, d'Insectes, de Reptiles, de Gre- nouilles. Il arrive en mars ou avril dans les contrées où il se reproduit et émigré en septembre et octobre par bandes de plusieurs centaines d'individus. Les conifères sont les arbres qu'il choisit de préférence pour y bâtir son nid. Celui-ci est une construction assez grossière faite de branches plus ou moins bien assemblées et revêtues ou non à l'intérieur de mousses, de feuilles, de duvet ; il est placé à une faible hauteur près du tronc. Exceptionnellement cette espèce niche dans une crevasse de rocher ou dans un tronc d'arbre ver- moulu, ou parfois s'empare du nid abandonné d'un Corbeau ou d"un P^ureuil. Il n'est pas difficile de découvrir l'aire de l'Épervier brun, car cet Oiseau a la déplorable habitude de pousser des cris perçants dès qu'un hôte étranger vient à pénétrer dans son domaine. La femelle ne pond qu'à une époque assez avancée, et lorsque les œufs de toutes les autres espèces sont déjà éclos. Le nombre des œufs est de quatre ou cinq ; ils sont déposés à un ou deux jours d'intervalle. 55 LES AUTOURS. [95] L'incubation dure environ trois semaines, pendant lesquelles la femelle seule garde le nid, le mâle lui apportant sa nourriture. Les petits, une fois éclos, croissent avec rapidité et sont bientôt en état de voler. Utilité. — L'Epervier brun est aussi détesté en Amérique que l'est en Europe l'Épervier commun. La seule qualité qu'on lui reconnaisse est de détruire une grande quantité de Moineaux, lorsque ces derniers deviennent, par leur nombre trop considérable, un danger pour les récoltes, mais ce fait est encore très discutable. Au genre Épervier se rattachent encore quelques espèces dont les mœurs et le genre de vie ne diffèrent pas de ce qui a été dit précédemment. Telles sont : 1'^. l'irg-atus de l'Amérique méridionale, VA. torqiiattis de l'Australie. LES AUTOURS Caractères. — Les Autours se distinguent des Éperviers par des formes plus lourdes, plus ramassées; par un bec plus fort et plus long, par des ailes plus allongées et une queue arrondie; enfin par des tarses plus épais, scutellés en avant et en arrière, par des doigts longs et robustes, et des ongles forts et très recourbés. Le plumage des adultes est le même dans les deux sexes. Habitat. — Les Autours habitem l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Une seule es- pèce se rencontre en Europe, c'est l'Autour des Palombes, ou Epervier-Autour. Mœurs. — Les mœurs de ces Oiseaux sont à peu près les mêmes que celles des Eperviers, mais ils s'attaquent non plus seulement aux petits Oiseaux et aux petits Mammifères, mais à tous les animaux d'une certaine taille, Pigeons, Liè- vres, Perdreaux, dont ils font une consommation considérable. Utilité. — Au temps de !a fauconnerie, on dressait des Autours à la chasse, malgré leur naturel méchant et sauvage. Aujourd'hui, ils ne sont plus estimés que par quelques amateurs. Dans les Indes, cependant, on s'en sert pour chasser le Lièvre, et les grands Oiseaux, Hérons, Canards, Outardes. l-'\\]10\]RDESP\\^0îA^ES[Astiir palumbariiis). — Caractères. — L'Autour des Palombes est un grand Rapace d'environ o"',6o de longueur et de i^iô à i°',2o d'envergure. La femelle est un peu plus grosse que le mâle. Le plumage des adultes est gris brun noirâtre, avec des reflets gris cendré sur les parties supérieures ; les parties inférieures sont blanches, ondulées de noir. Le bec est noir; la cire, l'œil et les pattes, jaunes. habitat. — L'Autour des Palombes habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique. En France, on le rencontre dans les régions montagneuses du midi ; Hautes Pyré- nées, Basses-Alpes, et dans quelques autres localités. Il émigré vers le sud en hiver. Mœurs. — L'Autour des Palombes s'établit de préférence dans les forêts entrecoupées de champs et de prairies. Il vit solitaire, ou par couples à l'époque de la reproduction. Il est farouche, sauvage, hardi, fort et prudent. Son vol est rapide et bruyant; souvent il plane, et tient alors la queue étalée. Sur le sol, il se montre, comme ses congénères, assez maladroit. [96] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 56 Sa voracité insatiable le condamne à chasser toute la journée, même aux heures de forte chaleur, alors que les autres Rapaces s'abandonnent au repos. Il attaque tous les animaux dont il croit pouvoir se rendre maître, grands ou petits : Lièvres, Belettes, Pigeons, Moineaux, Outardes. Il sait au besoin employer la ruse pour capturer les proies qui lui échappent. Il s'einpare facilement des jeunes Levrauts; quant aux vieux Lièvres, il les chasse avec méthode. Le Lièvre cherche son salut dans la fuite; à plusieurs reprises, l'Autour s'élance sur lui, lui donne des coups de bec; après l'avoir ainsi blessé et épuisé, il finit par le saisir avec ses serres et l'égorger. Les Corneilles et les Hirondelles ne craignent pas de poursuivre et d'attaquer ce redoutable Rapace ; elles déploient en cette circonstance une telle prudence, et une telle ténacité, qu'elles parviennent à le chasser ou à lui faire lâcher la proie dont il s'est emparé. L'Autour des Palombes niche sur les arbres élevés, hêtres, chênes. Son aire, en général placée sur les hautes branches, mais près du tronc, est faite de branches sèches entremêlées de mousses, recou- vertes intérieurement de rameaux frais de pins et de sapins que l'Oiseau rem- place à mesure qu'ils se dessèchent. Chaque année, le nid est réparé, élargi, garni de nouvelles branches. Mais l'Autour ne se contente pas toujours d'une seule habitation, et on trouve parfois trois ou quatre nids voisins l'un de l'autre, et appartenant à un même couple. La femelle pond en avril. Les œufs, au nom- bre de quatre en moyenne, sont gris azuré, semés parfois de quelques points jaunes ou brun vineux. L'incubation dure vingt-deux à vingt-trois jours. Les parents défendent leurs petits avec le plus grand courage, même contre l'homme. Le produit de leur chasse, quelque peine qu'ils se donnent, est à peine suffisant pour satisfaire l'appétit de leur progéniture. Chasses. — L'Autour est poursuivi partout avec acharnement, mais la chasse en est difficile, car cet Oiseau est prudent et rusé. Dans quelques localités, on exploite, pour l'attirer à portée de fusil, la haine particulière qu'il a pour le Chat-huant. Captivité. — En captivité, l'Autour n'est pas plus aimable qu'en liberté. Sa sauvagerie, sa méchanceté, sa soif de sang, le rendent insupportable. Pris jeune, il peut cependant être dressé à la chasse et ses qualités sont très appréciées dans l'Inde. L'Autour des Palombes. 57 LES AUTOURS. r97] Dans l'Amérique du Nord, l'Autour des Palombes est représenté par une espèce très voisine, le Goshawk {A. alricapilliis). Celui-ci est commun près des cours d'eau et des lacs. Il détruit une quantité considérable de Canards sauvages et autres Oiseaux de marais ; quand il s'est emparé d'un gros gibier, il ne mange que les chairs tendres de la poitrine, et abandonne ensuite la carcasse. La rapidité de son vol et sa vivacité lui permettent de capturer les Ecu- reuils, les Lièvres, les Souris, avant qu'ils aient pu trouver un refuge. On l'a vu attaquer un Héron qui avait péché un Poisson, et le forcer à lui abandonner sa proie. Sa hardiesse dépasse encore celle de l'Autour de l'Europe ; la pré- sence de l'homme ne le gêne nullement lorsqu'il est lancé à la poursuite de quelque proie. Le D' William Wood raconte qu'un de ces Rapaces vint enlever dans une ferme un jeune poulet qu'on se préparait à plumer, et l'emporta à quelques pas de là pour le dévorer sous les yeux du fermier qui eut le temps d'aller chercher son fusil et de revenir le tuer. On cite d'autres anecdotes où un Autour poursuivant une poule est entré jusque dans la maison où elle avait été chercher un refuge. Il est heureux que cette espèce soit peu commune dans les provinces où l'élevage des volailles est très développé. Dans l'Alaska, où elle est très répandue, elle se nourrit surtout de petits Rongeurs, notamment de Lemmings. L'Autour de l'Amérique du Nord niche dans les forêts, sur les arbres élevés. Son nid ressemble de loin à celui du Corbeau, mais il est construit sur le même plan que celui des autres Autours. Les ceufs au nombre de deux à cinq sont déposés en avril ou mai. L'Asie compte aussi au nombre de ses Rapaces nuisibles quelques Autours, notamment VA. badiits. L'Autour iiL.\.NC [A. Noi'œ-Hollaiidice) vit en Australie, en compagnie de quelques autres espèces, VA. approximans, VA. cinereus, VA. crueutits. LES AUTOURS CHANTEURS. — Ils ne diffèrent des autres Autours que par des formes plus élancées. Leur voix est agréable a entendre et ressemble à une sorte de chant. Ils habitent l'Afrique centrale et orientale. Moins habiles que leurs congénères pour capturer les Oiseaux et les petits Mammifères, ils se nourrissent surtout de Reptiles et d'Insectes qu'ils savent retirer adroitement des trous où ils sont cachés. On en connaît deux espèces, le Melicrax rayé (M. polygoniis) et le Melierax chanteur [M. musicus). Ils habitent dans les forêts, le long des torrents et des cours d'eau. Dans l'Amérique méridionale et le Mexique, ils sont représentés par quel- ques espèces du genre Asl urina. [98] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 58 LES BUSARDS OU CIRCIENS Caractères. ■ — Les Circiens forment un groupe très nettement spécialisé. Ils ont des formes élancées. Leurs tarses sont longs et grêles, leur doigt médian constamment plus court que le tarse. Ils ont un bec court, courbé dès la base, à bords festonnés; des ailes longues; une queue étroite, allongée. Une collerette de plumes serrées et frisées, qui s'étend des deux côtés de la face, depuis le menton jusqu'aux oreilles, leur donne une vague ressemblance avec les Rapaces nocturnes. LE BUSARD SAINT-MARTIN Circtis [Strigiceps) cyaneus]. —Caractères. — La taille ordinaire du Saint-Martin est de o°',43 à o°',5o. Le plumage n'est pas le même dans les deux sexes. Le mâle a le dos cendré clair, le ventre et le croupion blancs, la gorge rayée de brun et de blanc; les grandes rémiges sont blanches à la base, noires dans le reste de leur étendue; la queue présente quelques raies transversales foncées. Le bec est noir; l'iris, la cire et les pattes, jaune-citron. La femelle est d'une taille plus forte que le mâle. Elle a le dos brun fauve; les plumes de l'occiput, de la nuque, et les couvertures supérieures de l'aile sont bordées de jaune roux; la queue est gris brun, rayée de roussàtre, en dessus; roussàtre tachetée de brun, en dessous. Habitat. — Le Busard Saint-Martin habite la plus grande partie de l'Europe, l'Asie centrale, l'Afrique septentrionale. Il est de passage régulier dans le nord de la France et la Normandie; il arrive au printemps et repart en automne, et y reste parfois toute l'année quand l'hiver n'est pas trop rigoureux. Mœurs. — Le Busard Saint-Martin est un Rapace agile, hardi, rusé. Son vol est lent, incertain. Il plane souvent, mais ne s'élève pas à une grande hauteur; et, en chasse, il vole au ras du sol, dans les endroits découverts : champs, prairies, marais; il se pose rarement sur les arbres. Il se meut facilement sur le sol, court et saute adroitement. Sa nourriture est assez variée ; elle se compose de petits Rongeurs, d'Oiseaux, de Grenouilles, de Lézards, d'Insectes, de Levrauts. Il niche à terre, dans les bois marécageux, parmi les joncs et les roseaux. Son nid est formé de divers matériaux grossièrement assemblés : branches sèches, tiges de roseaux, chaumes ; l'intérieur est garni de mousses, de poils, de plumes et d'autres substances molles. Le Busard Saint-Martin vit solitaire. Il ne s'accouple qu"à la fin du printemps. La femelle pond quatre ou cinq œufs, d'un blanc grisâtre ou azuré, généralement sans taches. Utilité. — On admet généralement que cet Oiseau est un auxiliaire utile à l'homme pour la destruction des petits Rongeurs qui dévastent les récoltes: mais il faut reconnaître aussi qu'il fait payer les services qu'il nous rend en s'emparant des œufs et des petits Oiseaux, Alouettes, Poules d'eau, lorsque la faim le presse, ou lorsqu'il doit pourvoir à la nourriture de ses petits. 50 LES BUSARDS OU CIRCIENS. f99] Captivité. — Il est assez difficile de prendre vivants les Busards Saint-Martin, car ils sont craintifs, défiants et rusés. Les sujets qu'on a observés en captivité se sont cependant apprivoisés assez rapidement. LE BUSARD CENDRÉ [Circiis {Slri^nceps) cinereus\. — Caractères. — Le Busard cendré, connu aussi sous le nom de Busard de Montagu, ressemble beaucoup, comme taille et comme plumage, au Saint-Martin. Habitat. — Il se rencontre surtout dans rope, dans la Russie, dans presque toute lier en France. En Amérique il est repré- sine, le C. hudsonius. Mœurs. — Le Busard de Montagu habite les endroits marécageux et découverts, au voisinage des rivières, des lacs, des dunes. Il vit en sociétés nombreuses. Il se nourrit de petits Mam- mifères, d'œufs, de jeunes Oi- seaux, de Grenouilles, de Lézards, mais surtout d'Insectes. 11 construit son nid à terre, dans les hautes her- bes, les taillis et les buis- sons, parfois dans les grandes bruyères. 11 s'accouple de bon- ne heure. La ponte a lieu en mai. Les œufs sont blancs, quelque- fois tachetés de brun vi- neux très clair. les régions tempérées de l'Eu- l'Asie. Il est de passage régu- senté par une espèce très voi- — ■^ " ' ^7<^<^^-v*<^ Le Busa LE BUSARD BLAFARD OU DES STEPPES [Ci r eus [Slrigi- ceps) Sjvaiusonii] . — Il est connu aussi sous les noms de Busard pâle, Busard de Sirainson. Sa taille est légèrement plus petite que celle des espèces pré- cédentes. On le rencontre dans la plus grande partie de l'Eu- rope, en Asie et en Afrique, mais il est peu commun. [100] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 60 Il fréquente les plaines nues et pierreuses. Hors la saison des amours, il vit solitaire. 11 fait la chasse aux petits Reptiles, aux Oiseaux et aux Insectes. LE BUSARD DES MARAIS OU BUSARD HARPAYE iCirciis a'?-iiffiiwsus). — Caractères. — I! mesure de o'",5o à o"',58 de longueur. Son plumage est très variable. Il est brun, plus ou moins varié de roux dans les parties supérieures; roussàtre, avec des taches longitudinales brunes dans les parties inférieures; les rémiges et les rectrices sont gris cendré. Habitat. — Le Busard des marais se rencontre dans presque toutes les re'gions tempérées. Il arrive dans nos pa3's en mars et repart en automne. Mœurs. — Il recherche les endroits humides, le bord des lacs et des rivières où il fait la chasse aux Oiseaux aquatiques, surtout aux Poules d'eau. A défaut de Poules d'eau, il se contente de Poissons, de Grenouilles, d'Insectes, ou de petits Mammifères, Musaraignes, Rats d'eau. Il occasionne dans les chasses de grands ravages, en détruisant les œufs et les jeunes couvées d'Oiseaux des marais. Les Canards seuls savent se défendre contre ce dévastateur. Son nid est construit sur la terre, au milieu des roseaux. La femelle y dépose quatre ou six œufs d'un blanc verdâtre. L'incubation dure trois semaines. LE SPILOCIRQUE DE JARDINE [Spilocircus Jardinii). — Il représente en Australie les Busards des autres régions du globe, dont il partage les mêmes mœurs. LES FAUCONS-VAUTOURS OU POLYBORIDÈS Caractères. — Les Oiseaux qui composent cette famille tiennent autant, par leurs caractères et leurs ma^urs, des ^"autours que des Faucons. Ils ont le corps élancé, les ailes courtes, la queue longue et large; les tarses allongés et nus, les doigts de moyenne longueur, les ongles très acérés. Leur bec est droit à la base, légèrement crochu à la pointe. Les lorums, la gorge et le cou sont souvent dénudés. Habitat. — Les Polyboridés sont propres à l'Amérique et à l'Afrique méri- dionale. Mœurs. — Leur genre de vie se rapproche beaucoup de celui des Vautours. Ils recherchent le voisinage des habitations, et se nourrissent non seulement de charognes, mais de tous les débris animaux ou végétaux qu'ils rencontrent. Leur vol les fait reconnaître de loin; ils planent le plus souvent a une faible hauteur, mais peuvent aussi voler très rapidement. Ils marchent facilement à terre à la façon des Vulturidés. Leurs mœurs décèlent chez eux un curieux mélange de hardiesse et de lâcheté. Leur voix est perçante et désagréable. Ils nichent en des endroits variés, soit sur les arbres, soit sur le sol. 61 LES CARACARAS. [lOU LES MILVAGOS Caractères. — Les Milvagosont un bec médiocre, peu crochu; leurs narines sont percées dans deux petits tubercules formés par la cire. Leurs ailes sont relativement longues et pointues, leur queue allongée et arrondie. Leurs tarses sont de la longueur du doigt médian et emplumés dans le tiers supérieur; les doigts longs, terminés par des ongles peu recourbés. Une partie de la face est nue; les lorums sont recouverts de poils. LE CHIMACHIMA {Milvago Chimadiima). — Caractères. — Le plumage de cet Oiseau est, chez l'adulte, d'une teinte générale brun foncé; les quatre pre- mières rémiges sont pointillées de blanc en leur milieu. Les parties dénudées sont jaunes; le bec et les pattes bleuâtres. Le mâle mesure environ o°',4o. Habitat. — Le Milvago Chimachima est très commun dans toute l'Amérique du Sud, particulièrement au Brésil et au Chili, dans les steppes et les marais desséchés de la Guyane. Mœurs. — Il se tient dans les plaines découvertes, les prairies, et s'avance jusqu'au voisinage des habitations. Il vit solitaire. Son régime est des plus variés. Les cadavres d'animaux abandonnés, les Vers, les Insectes, les détritus qu'il recueille dans les tas d'ordures, constituent sa nourriture habituelle. Dans les marais, il chasse les Mollusques et les Reptiles ; sur la plage, il dévore les Poissons morts et autres cadavres rejetés par la mer. Il a la mauvaise répu- tation de s'attaquer aux bétes de somme sur lesquelles il aperçoit une plaie ou une blessure, et de s'acharner après ces plaies jusqu'à forcer l'animal à se rouler à terre ou à s'enfuir, éperdu de douleur. A part ce cas exceptionnel, il ne s'at- taque jamais aux Mammifères ni aux Oiseaux vivants. Le Chimachima s'accouple en septembre ou octobre. Il construit son nid sur un arbre, dans une fente de rocher ou sur le sol, à l'aide de quelques branches ou racines. La femelle pond de cinq à six ceufs arrondis, blancs, tachetés de rouge ou de brun foncé. Dès que les petits ont pris leur essor, ils se séparent complètement de leurs parents et mènent la même existence solitaire. LES CARACARAS Caractères. — Les Caracaras se distinguent des Milvagos par leur bec épais, droit et élevé à la base ; par des ailes plus allongées, recouvrant presque entière- ment la queue; par leur jabot saillant, et par une face nue, couverte seulement de quelques poils. [102] LES AIGLES ET LES FAUCONS. 02 LE CARACARA DU BRÉSIL {Polyborus brasilicnsis). — Caractères. — Il est à peu près de la taille du Chimachima, mais ses ailes sont plus développées; il atteint i^.So d'envergure. La teinte dominante dans son plumage est le brun noir rave de bandes transversales blanches plus ou moins vives. Une huppe noir foncé formée par les plumes étroites et allongées de l'occiput orne la tête. Habitat. — Le Caracara ou Carancho des Brésiliens est le plus commun des Polyboriens. Il est répandu dans toute l'Amérique méridionale et cen- trale. Mœurs. — Le Caracara habite les forêts clairsemées, les marais et les steppes. Il ne se montre pas dans les forêts vierges ni dans les montagnes. On le voit souvent, perché sur un point élevé, le plumage hérissé, les ailes àdemi étendues, se chauffer aux rayons brûlants du soleil. Son vol est vigoureux et élégant. Il marche aisément sur le sol avec grâce, et peut attrapper des Insectes à la course; jamais il ne saute à la façon des Faucons. Il se nourrit de toute substance animale, putréfiée ou non, et dévore indis- tinctement tous les cadavres qu'il rencontre, quelle que soit leur origine. Les Serpents sont un de ses mets favoris ; les Limaçons, les Sauterelles et les Insectes font aussi partie de sa nourriture habituelle. Il s'empare quelquefois de petits Mammifères ou de petits Oiseaux. Quand il s'établit dans le voisinage des habi- tations, il guette les jeunes couvées et ravit souvent quelques poussins. Il suit les chasseurs et enlève quelquefois sous leurs yeux le gibier qu'ils ont tué. Vers le coucher du soleil, il se réunit à quelques-uns de ses semblables, et va se percher en compagnie des Percnoptères sur un arbre isolé au milieu d'un en- droit découvert. Le mâle et la femelle vivent et chassent ensemble toute l'année. Le nid du Caracara est une grande construction plate, un peu déprimée au centre, et formée de branches d'arbres, de lianes, de bûchettes, réunies par des rameaux plus fins, des feuilles et de la mousse d'Espagne. Le fond est générale- ment tapissé d'une couche de crins. Il est établi dans la cime d'un grand arbre, ou dans un buisson. La ponte a lieu à une époque variable selon les régions. Les œufs sont au nombre de deux ou de quatre. Le mâle et la femelle se par- tagent les soins de l'incubation. LE RANCACA {Ibicter aquiUiitis). — Il est propre à l'Amérique méridionale. Il se nourrit d'Insectes et de fruits. On rencontre encore en Afrique, et notamment à Madagascar, d'autres petits Polyboridés de la taille des Busards, et dont le genre de vie ne diffère pas de celui de leurs congénères du nouveau continent. 63 LES SERPENTAIRES OU GYPOGÉRANIDÉS. fl03] LES SERPENTAIRES OU GYPOGÉRANIDÉS Caractères. — Les Gypogéranidc's sont des Rapaces diurnes, armés d'éperons mousses dans la région du pouce, munis de tarses démesuréinent allongés, et d'une queue longue, étagée. Un seul genre, composé d'une espèce unique, représente cette famille. LE SERPENTAIRE OU SECRÉTAIRE {Serpeularitis secretariiis). — Carac- tères. — Le Serpentaire est un grand Oiseau au corps svelte et élancé mesurant en moyenne l'^iiS de longueur. Il a la tête petite et large, le cou long, le bec court, robuste, terminé par un crochet très pointu, à bords droits et tran- chants. La cire présente un déve- )'__ loppement remarquable, l'occiput partent douze plumes raides, étroites, que l'Oiseau tient ordi- nairement rabattues le long de la nuque, mais qu'il peut redresser a volonté. C'est cette hup- pe, comparée à la plume que les secrétaires portent derrière l'o- reille, qui lui a valu son nom. Les ailes sont longues, tron- quées il partir de la cinquième penne ; l'articulation radio- carpienne est pour- vue d'un éperon mousse. La queue est très longue, les deux pennes mé- dianes dépassant de beaucoup les latéra- les. Les tarses sont remarquablement élevés, ils atteignent o'°,3o de longueur; les doigts et les ongles sont courts. Le plumage est d'un cendré bleuâtre en dessus, grisâtre en dessous; les cuisses sont noires, bordées d'un liséré blanc; l'iris est brun grisâtre, le tour des yeux rouge vermillon, la cire et les pieds jaunes. Le Serpentaire. [104] LES AIGLES ET LES FAUCONS. C4 La femelle est un peu plus forte que le mâle; sa huppe est moins développée; ses cuisses sont ra\'ées de blanc. Habitat. — Le Serpentaire se rencontre dans toute l'Afrique depuis le Cap jusqu'au i 5° degré de latitude nord, et aux lies Philippines. Mœurs. — Le Serpentaire est beaucoup mieux conformé pour une existence terrestre que pour l'existence aérienne des autres Rapaces. Ses tarses élevés lui permettent de courir sur le sol avec une grande vitesse. Il vole à la façon des Cigognes, le cou tendu en avant, les pattes étendues en arrière, et peut planer longtemps sans donner un coup d'aile. Le Serpentaire vit dans les massifs de hautes herbes des steppes et des plaines, où il fait la chasse aux petits A'ertcbrés, aux Insectes, et surtout aux Ser- pents, ce qui lui a valu son nom. Il est extrêmement vorace. Aussi les Arabes racontent-ils sur son compte les légendes les plus invraisemblables. Certains auteurs anciens le représentent livrant des combats acharnés à des Serpents de i à 2 mètres de longueur, combats dont, selon eux, il sort toujours victorieux. Mais toutes ces histoires sont du domaine de la fable. En réalité, le Serpentaire aime une nourriture variée ; s'il a une prédilection très marquée pour les Serpents, et s'il se rend facilement maître des grosses espèces, qu'il étourdit en les frappant de ses ailes vigoureuses et de ses serres, il ne dédaigne pas non plus, paraît-il, les jeunes Oiseaux, les Lièvres, les jeunes Antilopes. On doit cependant le considérer comme un auxiliaire utile, et il mérite d'être protégé par les colons, car il détruit un grand nombre de Rats et de Serpents venimeux. Le Serpentaire est un Oiseau très sociable, formant parfois des réunions assez nombreuses, qui chassent de concert, mais qui habituellement vivent par paires, chacune régnant sur un vaste domaine. A l'époque de l'accouplement, c'est-à-dire en juin ou juillet, les mâles se livrent de violents combats pour la possession d'une femelle; celle-ci se donne au vainqueur, et tous deux se mettent à construire leur nid. Celui-ci est placé soit dans les branches touffues d'un mimosa, soit sur la terre, dans un buisson. Il est formé de branches reliées par de la terre glaise et garni intérieurement de plumes, de duvet, et d'autres objets moelleux. Il sert plusieurs années de suite, et le fond en est chaque fois renouvelé. La femelle pond en août trois ou quatre œufs de la grosseur de ceux de l'oie. Ils sont blancs, ou semés de points rouges. Les petits éclosent au bout de six semaines; ils restent environ six mois dans le nid avant de prendre leur essor, car leurs tarses frêles et délicats ne leur permettraient pas de courir. Captivité. — Pris jeunes, et bien soignés, les Serpentaires s'apprivoisent très rapidement. On peut les laisser dans une basse-cour. Ils y vivent en fort bons rapports avec les Poules, à condition qu'on ne les prive pas de nourriture, car, dans ce cas, ils ne se font aucun scrupule de dévorer quelques Poussins. On les utilise au Cap pour chasser des basses-cours les Rats et les Serpents qui s'y introduisent. Le Serpentaire supporte bien le climat de l'Europe. Il figure aujourd'hui dans la plupart des grands jardins zoologiques. Les Vautours LES GYPAÈTES Les Gypaètes forment, par leurs caractères physiques, autant que par leurs mœurs, un groupe de Rapaces intermédiaire entre les Aigles et les vrais Vau- tours. Aussi certains naturalistes les considèrent-ils comme une famille abso- lument indépendante, celle des G3'paétidés. Caractères. — Les Gypaétidés sont caractérisés par des yeux à fleur de tête; une tète et un cou emplumés; une cire recouverte de longs poils qui la cachent complètement; des tarses emplumés jusqu'aux doigts ou nus dans une faible étendue; des ongles relativement faibles; des ailes ne dépassant pas l'extrémité de la queue. Les Oiseaux qui appartiennent au genre Gypaète, genre unique de la famille, ont le corps épais, allongé; la tête grande, longue, un peu aplatie en avant, le cou court; les ailes grandes, subaiguës; la queue longue, étagée, composée de douze pennes; le bec robuste, allongé, renflé à la pointe qui est recourbée en crochet; les tarses courts, très épais. LE GYPAÈTE BARBU {Gypaëlus barbatiis). — Caractères. — Le Gypaète barbu est un grand Rapace, mesurant i°',4o à \'^,bo de longueur et jusqu'à plus de 3 mètres d'envergure. Une petite touffe de plumes soyeuses qui lui pend sous le bec lui a valu son nom de barbu. Le plumage varie avec l'âge. Les jeunes sont d'abord brun foncé, tirant sur le noir au cou et sur le gris roussàtre au ventre et à la poitrine. A chaque mue, la teinte rousse s'accentue et le plumage n'est parfait qu'à la sixième ou septième année. La tête est alors blanc sale lavé de roussàtre sur les côtés, avec deux raies noires embrassant l'œil, des moustaches noires, les parties supérieures brun grisâtre avec une ligne blanche ou roussàtre sur le milieu d'un grand nombre de plumes; les parties inférieures jaune-rouille; les pieds bleuâtres. Le bec qui est noir, l'iris jaune, et les bords des paupières d'un rouge de sang, donnent à la face un aspect presque diabolique. habitat. — Le Gypaète habite les grandes chaînes de montagnes de l'ancien La vie des ANIMAI.X ILLUSTRÉE. III. 8 106J LES VAUTOURS. continent : les Alpes, les Balkans, les Pyrénées, le Caucase, en Europe; l'Himalaya et la plus grande par- tie de l'Asie; l'Atlas et l'Abyssi- nie, en Afrique. Mœurs. — Le Gypaète se tient dans les zones élevées des mon- ...^ tagnes; il descend rarement dans a plaine. Il vit solitaire ou en compagnie de sa femelle. Il se nourrit de préférence de petits Mammifères vivants : Lièvres. Lapins, et accidentellement de charognes ; il digère les os les plus gros aussi facilement que la chair. Des naturalistes dignes de foi ra- content que, pour briser les os qu'il ne peut avaler en une fois, il les laisse tomber sur un rocher d'une très grande hauteur. Bien qu'il dévore de temps à autre un Agneau, il n'est pas doué de la voracité que lui prêtent les au- teurs de certaines légendes popu- laires; la plupart de ces lé- gendes, du reste, se rapportent non pas au Gypaète, mais à l'Aigle fauve. Le Gypaète ne sort de son aire que longtemps après le lever du soleil. Il chasse en compagnie de sa femelle; tous deux volent aune petite dis- tance l'un de l'autre, en suivant les cols des montagnes, et en se maintenant toujours à envi- ron 3o mètres du sol. Dès que l'un d'eux a aperçu une proie, il se met à décrire des spirales en attendant son compagnon, puis ils descendent ensemble à terre, et courent sur elle, comme le font les Corbeaux. Le vol du Gypaète est rapide et élégant; il ressem- ble davantage à celui du F"aucon qu'à celui de l'Aigle, bien que les battements d'aile en soient beaucoup moins fréquents. Le Gypaète niche parmi les rochers les plus inaccessibles. Son aire, large de i",5o environ, est formée d'une charpente de grosses branches dont certaines atteignent la grosseur du poignet, revêtue à l'intérieur d'une couche de branches plus petites. L'excavation centrale mesure environ o'",6o; elle est tapissée avec Le Gypaète barbu. 3 LES SARCORAMPHES. [107] des fibres d'écorces, des crins de Cheval, des poils de Chèvres formant un feu- trage compact. La reproduction a lieu au printemps. La femelle pond deux ceufs de 8 à g centirnètres de long sur 6 à 7 de large, ils ont une forme ovalaire, leur coquille est rugueuse, d'un blanc bleuâtre ou roussàtre avec quelques macules plus sombres. Les jeunes, en naissant, sont couverts d'un duvet blanchâtre, qui brunit peu à peu jusqu'à l'apparition des plumes. Chasse. — On chasse cet Oiseau à l'affût, en l'attirant avec de la viande ou une charogne. Blessé, il ne songe pas à se défendre. Captivité. — Les Gypaètes captifs s'habituent vite à la perte de leur liberté. Ils s'apprivoisent facilement, savent reconnaître leur maître, sont dociles et craintifs. Ils se montrent d'un naturel calme et insouciant et vivent en bonne intelligence avec les compagnons de captivité qu'on leur adjoint. LES VAUTOURS Caractères. — Les Vautours sont en général des Oiseaux de grande taille, au corps lourd et massif. Ils présentent des caractères et une physionomie particulière, qui les distinguent, â première vue, de tous les autres Rapaces. Ils ont des yeux a fleur de tète, un bec robuste, droit, recourbé seulement a. la pointe, un cou long et serpentiforme. La tête et le cou, plus ou moins dénudés, sont recouverts de duvet, ou portent des caroncules charnues de couleurs vives. Le jabot est saillant. Les ailes sont grandes, larges, dépassent ou atteignent l'extrémité de la queue. Les tarses forts, réticulés; les doigts longs; les ongles peu recourbés, à pointe mousse. Habitat. — On rencontre des Vautours dans les différentes parties du monde. Mœurs. — Ils vivent en troupe une grande partie de l'année. Ils se nourris- sent de cadavres frais ou en décomposition, et rarement d'animaux vivants; lorsqu'ils sont repus, leur jabot forme une saillie énorme. Ils construisent leur aire parmi les rochers inaccessibles. Les Vautours comptent parmi les animaux les plus utiles des pays chauds, car leurs troupes nombreuses débarrassent rapidement le 'ol des cadavres de grands animaux en voie de décomposition. Bien que tous les auteurs ne soient pas unanimes sur ce point, il semble que la vue plus que l'odorat les guide dans la recherche de leurs proies. Ils planent à des hauteurs prodigieuses d'où ils peuvent surveiller l'horizon, et dès que l'un d'eux aperçoit un pauvre animal agonisant, il plonge dans sa direction, suivi de tous ses congénères des envi- rons, qui de loin, comme à un signal, viennent prendre part au festin. LES SARCORAMPHES Caractères, — Les Sarcoramphes se distinguent des autres \'autours pai l'absence de cloison dans les fosses nasales, par des formes moins massives. [108] LES VAUTOURS. une tète relativement petite, un cou de longueur moyenne. La cire recouvre les deux tiers du bec. Celui-ci est entouré, dans la re'gion du menton, par un lobule charnu et porte sur son arête, chez les màlcs, une crête de même nature. Les ailes sont longues et pointues, la queue longue, les tarses élevés, les doigts longs. LE CONDOR DES ANDES {Sa}X07-at7iphus gryphiis).— Caractères. —Certains auteurs ont attribué au Condor des dimensions colossales, mais erronées. Tel est le cas de Pœppig qui prétend que certains de ces Oiseaux atteignent 3°',3o de long et 5"", 94 d'envergure. Il y a là une exagération manifeste. Il faut réduire ces chiffres fantaisistes à une moyenne de i",20 de longueur et 2'°,5o d'envergure. Le plumage du Condor des Andes est d'un noir brillant, sauf les pennes intermédiaires des ailes, qui sont blanches, et une collerette également blanche située à la base du cou. La face et la gorge sont gris noirâtre, le cou et le jabot d'une couleur chair plus ou moins vive. La crête et les caroncules charnues qui descen- dent vers le cou sont d'un rouge vif. Les jeunes jusqu'à l'âge de deux ans sont d'une teinte fauve, ils ne possèdent pas de collerette blanche. Habitat. — Le Condor des Andes habite les plus hautes montagnes de l'Amérique du Sud. Dans les Andes, il se tient dans une zone de 2 000 à 5 000 mètres d'altitude. En Patagonie et au Pérou, il vient ni- cher sur les falaises escarpées du bord de la mer. -— Mœurs. — Le Condor vit en bandes nombreuses, qui ne se séparent qu'à l'époque des amours. Chaque bande s'établit sur une paroi de rochers dont elle fait son quartier général. Le matin, elle ij.;_i^ parcourt son domaine, dont on a de la peine à s'ima- "^ iiiner l'étendue. Les Condors ont un vol lent et majestueux. Ils s'élèvent d'abord lentement avec quelques coups d'ailes ; puis, comme tous les grands Vulturidés, ils se mettent à planer sans agiter leurs ailes; ils décrivent de vastes cercles et, suivant la direction du vent, ils s'élèvent dans les airs, ou redescendent vers la surface du sol. Dès que l'un d'eux aperçoit une proie, il se laisse tomber sur elle, suivi de tous les autres, c En moins d'un quart d'heure, dit Tschudi, des nuées de Condors s'abattent sur le cadavre abandonné d'un animal, quand, un instant auparavant, l'œil le plus perçant n'en pouvait découvrir un seul. » Le Condor des .Andes. 5 LES SARCORAMPHES. [109] Tous les cadavres en décomposition, aussi bien que les animaux morts depuis peu ou seulement à l'agonie, deviennent la proie des Condors. Ceux-ci commencent à dévorer les yeux, la langue, les oreilles; ils ouvrent le ventre de l'animal et se repaissent de ses entrailles, avant de toucher aux muscles et autres parties plus fermes. Rassasiés, ils sont lourds et paresseux; ils ne s'éloignent pas à l'approche de l'homme. Bien que les Condors aiment à se repaitre de cadavres, ils s'attaquent fre'- quemment à des animaux vivants, aux Moutons, aux Chèvres, aux Cerfs des Andes. Ils suivent les troupeaux sauvages et domestiques, sûrs de trouver tou- jours sur leur route quelque proie, morte ou vivante, ou quelque jeune nouveau- né sans défense. Ils suivent même les chasseurs et dévorent avec avidité les intestins et les débris des bêtes dépouillées. Le Condor ne se donne pas la peine de construire un nid; la femelle dépose ses œufs sur le sol, dans une région peu accessible, au milieu des rochers. Les œufs, au nombre de deux, sont d'un blanc jaunâtre avec des petites taches brunes. Les petits naissent couverts d'un duvet grisâtre et restent longtemps avec leurs parents avant de prendre leur essor définitif. Chasse. — On chasse le Condor dans les régions où l'on élève des troupeaux de Chèvres et de Moutons, car il est un danger pour les jeunes Agneaux et les Chevreaux. Le moyen le plus simple consiste à placer sur le sol, dans un endroit encaissé, quelques cadavres d'animaux. Les Condors viennent, selon leur habitude, se gorger de nourriture, et lorsque, bien rassasiés, ils sont incapables de prendre leur vol, les chasseurs s'élancent sur eux et les capturent à l'aide d'un lasso. D'autres foison profite de leur profond sommeil pour les prendre sur les arbres où ils se sont perchés. Captivité. — Les Condors s'apprivoisent facilement et vivent en bonne intel- ligence avec les autres Vautours qu'on leur adjoint comme compagnons de captivité. LE SARCORAMPHE DE CALIFORNIE {Pseudogryphus Califoniiamis Shaw). — Cette espèce est aujourd'hui confinée dans quelques régions montagneuses et peu accessibles de la Californie. On la reconnaît facilement à la tache blanche visible sur les parties inférieures des ailes, lorsque l'oiseau plane dans les airs. Le Sarcoramphe de Californie a les mêmes mœurs que le Condor. Il s'attaque rarement aux animaux vivants et ne dévore que les chairs d'animaux ou de Poissons dans un état avancé de décomposition. Il ne se donne pas la peine de construire un nid; il dépose ses œufs soit dans une crevasse de rocher, soit dans le nid abandonné d'un Aigle. La disparition progressive de cette espèce s'explique, d'après certains auteurs, de la façon suivante : les habitants de la Californie, très inquiétés par le voisi- nage d'un grand nombre de bêtes fauves. Ours, Panthères, Lynx, Loups, ima- ginèrent, pour se débarrasser de ces dangereux voisins, de disposer dans la contrée des carcasses d'animaux empoisonnés. Ce moyen réussit admirablement, [IIOJ LES VAUTOURS. 6 mais les Sarcoramphes vinrent aussi prendre part à ces festins qui ne leur étaient pas destinés, et un grand nombre d'entre eux furent ainsi exterminés. LE SARCORAMPHE ROYAL OU SARCORAMPHE PAPA [Sarcoraniphiis {Gy- parcus) Papa] (*). — Caractères. — Le Sarcoramphe Papa est inférieur comme taille à ses congénères; il ne mesure que 88 à 90 centimètres de longueur et i^.Sô d'envergure. Mais il est surtout remarquable par l'éclat et la vivacité des couleurs qui revêtent les replis membraneux de la tête et du cou, et qui, d'ailleurs, ne sont pas très constantes. En général, l'adulte mâle a le sommet de la tête et la face de couleur chair; des papilles verruqueuses et un repli cutané se dirigeant vers l'occiput, d'un rouge foncé ; le reste de la tête, la cire et le cou d'un jaune clair doré ; la crête est très développée, lobulée, de couleur noire ou orangée; le bec est noir à la base, rouge dans le reste de son étendue, avec la pointe jaunâtre; la collerette est grise ; l'iris blanc cerclé de rouge. Le plumage offre un agréable mélange de blanc crème, de noir et de blanc pur. La partie antérieure du dos et les couvertures supérieures de l'aile sont blanc rougeâtre, le ventre et les sous-alaires d'un blanc de neige ; les pennes des ailes et de la queue noires. Les pattes sont gris noir ou bleuâtres. La femelle, de plus grande taille que le mâle, présente les mêmes couleurs, mais moins vives. Habitat. — Le Sarcoramphe Papa habite les régions basses de l'Amérique du Sud. Il ne s'élève pas dans les montagnes. Mœurs. — Connu depuis longtemps sous le nom de roi des Vautours, le Sarcoramphe Papa a été, de la part de certains atiteurs enthousiastes, le sujet de récits empreints d'exagération. En réalité, le roi des Vautours n'a sur ses congénères que la supériorité de sa force physique, et la puissance de son bec qui lui permet d'attaquer le premier les cadavres des grands animaux, et de déchirer leur peau dure et épaisse. Le Sarcoramphe royal vit par paires ou par troupes de quelques individus. Il fréquente les forêts vierges et les plaines couvertes d'arbres ; jamais on ne le rencontre dans les steppes, ni dans les montagnes. Il se met en chasse le matin de bonne heure. Il se nourrit de cadavres d'ani- maux en décomposition, de poissons morts échoués sur le rivage, de charognes diverses. Dès qu'il a trouvé une proie, il se gorge de nourriture au point de ne pouvoir s'envoler si on vient â le chasser. Lorsque son jabot est rempli d'aliments, il exhale une odeur insupportable; lorsqu'il est vide, il a comme tous les ^'autours une très forte odeur de musc. Le Sarcoramphe ro3'al est peu commun. Aussi ses mœurs sont-elles encore incomplètement connues. On pense qu'il niche sur les arbres élevés. La femelle fait une couvée de deux petits chaque année et qui restent plusieurs mois en compagnie de leurs parents avant de prendre leur essor définitif. (■) PI. IX.— Le Sarcoramphe royal (Planche, p. 112', LES CATHARTES. [111] Captivité. — On a parfois conservé en captivité des Sarcoramphes Papa, mais, étant donnée leur rareté, ils sont peu communs dans les jardins zoologiques d'Europe. LES CATHARTES Caractères. — Les Cathartes sont de petits Vautours d'Amérique recon- naissables à leur bec allongé, recouvert par la cire au delà de son milieu, à leur tête et à leur cou nus, sans caroncules, à leurs tarses élevés. LECATHARTE AURA{Ca///L77-/i7aa//rcïi. — Caractères. — Cette espèce, qui me- sure environ o'",6o de long et i'°,70 d'en- vergure, a les parties dénudées de la tête et du cou d'un rouge couleur de chair, le sommet de la tête violet. Le front et l'occiput portent des plis cutanés trans- versaux, se continuant au cou sous forme de petites verrucosités de couleur orange clair. Quelques petites soies raides sont disposées au voisinage de l'oreille. Tout le corps, les ailes, la queue, sont brun noir, à reflets métalliques bleu ver- dàtre. Les rémiges sont brun noir mat, et blanches à la base. Le bec est rouge clair, les pattes gris noir, l'reil rouge- carmin, bordé de bleu. Habitat. — La Catharte Aura se ren- contre dans les deux Amériques. Mœurs. — Il est assez commun par- tout, excepté dans les hautes montagnes. Il est peu craintif et se laisse approcher | facilement par l'homme. Il s'établit sou- i p "^ vent près des villes et des villages, sûr ' '' v d'y rencontrer toujours quelque charogne -^^ - ou quelque immondice pour sa nour- riture. On peut le compter parmi les oiseaux les plus utiles de l'Amérique du Sud, car il débarrasse le sol de toutes les substances animales en putréfaction. Il ne dédaigne pas non plus la viande fraîche, et la raison qui l'oblige à attendre, pour dévorer une proie, qu'elle soit arrivée à un certain état de l.e Catharte Aura. [112] LES VAUTOURS. 8 décomposition est facile à saisir, étant donnée la conformation de son bec, trop faible pour entamer les corps d'animaux frais. Les Cathartes se reproduisent à des époques variables selon les régions qu'ils habitent. Leurs nids sont placés soit dans des crevasses de rochers, soit dans des trous sur les grands arbres, soit même sur le sol. Ils ne sont pas les cloaques infects que cer- tains auteurs se sont plu à décrire ; ils ne diffèrent pas de ceux des autres Rapaces. L'URUBU (Catharisia atrata). — L'Urubu diffère peu, comme caractères et comme mœurs, du Catharte Aura. Comme ce dernier, il se rencontre dans les deux Amériques, mais plus spécialement près des rivages de l'Atlantique que dans l'intérieur des terres. LES NÉOPHRONS Caractères. — Les Néophrons ont un bec allongé, renflé à l'extrémité, recou- vert par la cire dans les deux tiers de sa longueur; la partie antérieure de la tête, les joues et la gorge sont nus et verruqueux ; l'oreille est entourée dune sorte de pavillon ; les ailes sont longues, la queue courte. LE NÉOPHRON MOINE {Neophron pileatus). — Caractères. — La taille du Néophron moine n'est que de o°',72. Son plumage est brun-chocolat uniforme, à l'exception de la nuque qui est d'une teinte plus claire. Les parties dénudées de la tête et du cou sont rouge bleuâtre, le bec bleu, la cire violette, les pattes gris de plomb. Habitat. — Le Néophron moine est commun dans le centre de l'Afrique. En Abyssinie, il s'établit près des villages et vient même se percher sur les toits des habitations. Mœurs. — On peut regarderie Néophron comme un animal à moitié domes- tique. Il est aussi hardi que la Corneille et presque autant que le Moineau. On le voit se promener sans crainte devant les portes des maisons, et pour se reposer, chercher simplement un refuge sur l'arbre le plus voisin. Il rend en Afrique les mêmes services que les Cathartes dans l'Amérique du Sud, en débarrassant le sol des immondices de toute nature. Il ne s'attaque jamais aux animaux vivants, et ne prend sa part d'un cadavre que quand les grands Vautours l'ont entamé. Il passe la nuit sur les arbres, près des habitations. A l'époque de la reproduction, il se retire dans les forêts pour construire son nid. On trouve parfois de véritables colonies de ces oiseaux établies dans les branches des mimosas, ou dans les buissons. Le mâle et la femelle se partagent les soins de l'incubation. L'éducation des jeunes demande de longs mois. Captivité. — Il est très facile d'élever les Néophrons en captivité : ils s'appri- voisent aisément et se montrent très familiers avec leur maître. PI. IX. — Le Sarcoramphe royal (texte, p. i lo). LES PERCNOPTERES. [113] LES PERCNOPTERES Caractères. — Les Percnoptères étaient autrefois compris dans le même genre que les Néophrons. Ils diffèrent de ces derniers par leur bec un peu plus allongé, leurs ailes plus courtes, leur queue cunéi- ,r forme. Les plumes de la collerette sont très allongées, étroites, effilées. LE PERCNOPTÈRE STERCORAIRE [Perc- iiopterus stercorariiis . — Caractères. — C'est le plus petit des \'autours; la femelle mesure environ o°',70 de long et i°',70 d'envergure. Le plumage est d'un blanc sale; les parties dénudées de la tête et du cou sont jaune-citron ; les rémiges pri- maires noires, les scapulai- res grises; l'œil est rouge cra- moisi, la pointe du bec bleuâtre ; les pattes grises ou roses. Habitat. — Il habite le midi de l'Europe, l'Afrique et les Indes. En France, on le rencontre sur les montagnes de la Provence et de la Savoie. Il n'est pas rare en Suisse. Mœurs. — Le Percnop- tère, connu aussi sous le nom de Vautour d'Egypte, Alimoche, ou Poule des Pharaons, était au nombre des Oiseaux sacrés de l'Egypte, et il figure sur les obélis- ques et les murailles des monuments égyptiens, au même titre que l'Ibis. Les premiers naturalistes contemporains qui l'ont étudié ne l'ont pas traité avec la même faveur et en ont fait un Oiseau hideu.x et repoussant. En réalité, le Percnoptère a les mœurs de tous les Vautours et ne se nourrit que de charognes et d'immondices, mais malgré son genre de vie, il n'est ni laid, ni malpropre. C'est un animal paisible et craintif. Il vit en bandes nombreuses dans le voisinage des villes et des villages. Il suit Le Néophron moine. [114] LES VAUTOURS. 10 les caravanes, en quête de quelque béte abandonnée. Il dévore aussi occasionnel- lement de petits Rongeurs et de jeunes Oiseaux. Son nid, établi parmi des rochers inaccessibles, est formé de branches d'ar- bustes épineux et tapissé intérieurement de matériaux divers, plumes, chiffons. La femelle pond deux ou trois œufs à surface rude, tachetés de macules rou- geâtres et assez semblables à ceux de la Crécerelle. Les jeunes peuvent être apprivoisés facilement. LES VAUTOURS PROPREMENT DITS Caractères. — Les Vautours se reconnaissent parmi tous les autres Vulturidés à leurs formes lourdes et massives. Ils ont un bec long, vigoureux, droit à la base, comprimé sur les côtés, et très crochu à la pointe; des ailes longues, obtuses; une queue courte, arrondie ; des tarses robustes, emplumés dans leur moitié supérieure, réticulés dans le reste de leur étendue. Leur cou est garni d'une fraise ou collerette de plumes allongées, décomposées, ou d'un épais duvet. LE VAUTOUR MOINE {Vtiliiir monachus). — Caractères. — Le \'autour iTioine ou Vautour cendré, ou Grand ]'aiitoiir de Buffon, est le plus grand des Oiseaux d'Europe. 11 mesure de i'°,2o à i",25 de longueur et environ 2°", 40 d'en- vergure. Son plumage est d'un brun foncé uniforme. La tête et le cou, en partie dénudés, ont une teinte gris bleuâtre. La cire, la moitié postérieure du bec et les pieds sont bleuâtres. Habitat. — Le Vautour moine hab:;e le sud et le sud-est de l'Europe, l'Asie centrale et l'Afrique orientale. Il arrive en juin dans les Pyrénées, où il est connu sous le nom de Faulour Arrian, et repart en octobre. On l'observe quelquefois dans le midi de la France. Mœurs. — Le Vautour inoine ne vit qu'en société de quelques individus ou par couples. Il est d'une extrême voracité. Sa nourriture se compose d'animaux morts et de charognes diverses, mais, lorsqu'il y est poussé par la faim, il s'at- taque aussi à des animaux vivants, notamment aux Moutons égarés dans les pâ- turages. Il niche dans les régions montagneuses les plus inaccessibles et presque tou- jours sur les arbres, à une faible distance du sol. Chaque couple possède une aire distincte. Celle-ci est une solide construction faite de branches de la gros- seur du bras, sur lesquelles repose une couche de branches plus petites, puis au centre se trouve une excavation peu profonde, tapissée de ramilles des- séchées. La ponte a lieu en février-mars ou au commencement d'avril. Elle est de deux œufs, gris ou tachetés de brun rouge. Les petits naissent couverts d'un duvet blanc et serré. Leurs parents les nour- rissent d'abord de matières à moitié digérées, puis de charognes, et leur témoi- Il LES OTOGYPS. [115] gncnt une grande tendresse. Ils les défendent au besoin en cas de danger, mais non contre l'homme. Ils continuent à leur donner des soins longtemps après qu'ils ont appris à voler. Chasse, — La chasse aux Vautours est très simple, étant donnée la voracité de ces Oiseaux. Il suOit de les attirer à portée de fusil avec quelques animaux morts. Cependant, il est bon que le chasseur n'emploie que le plus gros plomb, car les grandes pennes de leurs ailes constituent un solide bouclier. Captivité. — Les \'autours vivent très bien en captivité. Ils s'apprivoisent facilement, sont doux, sociables, mais les mauvais traitements les rendent sau- vages et méchants. Les Jardins zoologiques en possèdent toujours quelques-uns qui supportent sans danger les grands froids et les grandes chaleurs, et se contentent de la nourriture la plus vulgaire. LE VAUTOUR HUPPÉ ( Viiltur occipitalis). — Il est propre à l'Afrique centrale. Il se fait remarquer par un plumage plus éclatant que celui du Vautour moine, et où domine le blanc. Une petite huppe blanche duveteuse à l'occiput lui a valu son nom de T. occipitalis. Il habite les grandes forêts, de préférence aux endroits découverts. Ses mœurs sont les mêmes que celles du Vautour moine. LES OTOGYPS Caractères. — Les Otogyps sont de grands Vautours chez lesquels la plus grande partie de la tète et du cou, nus, sans plumes ni duvet, portent des ap- pendices membraneux disposés en forme de conque en arrière de l'oreille, et se prolongeant jusque sur les côtes du cou. L'OTOQYPS ORICOU {Otogyps atiricularis). — Caractères. — Ce Vautour mesure environ i°',5o de longueur. Son plumage est d'un brun de suie plus ou moins foncé. Les parties nues du cou sont grises, les joues violettes, ces régions devenant rouge vif lorsque l'animal est très excité. Habitat. — L'Otogys oricou, désigné encore sous le nom de l'autour de Nubie, est très répandu en Afrique, particulièrement dans l'Afrique septentrionale et orientale. Mœurs. — L'Oricou est le plus vorace de tous les Vautours. En cinq minutes, quatre ou cinq de ces Oiseaux ont complètement dévoré un grand Chien, ne laissant que le crâne et les os des pattes. Son repas terminé, l'Oricou va s'abreuver et se nettoyer au cours d'eau le plus voisin, puis il fait la sieste, soit sur le sable, en se chauffant au soleil à la façon des Poules, soit sur un arbre, où il se tient le corps presque vertical, la tète rentrée dans les épaules, la queue pendante. Il niche dans les cavernes des rochers. La reproduction commence en octo- bre, et en janvier les petits sont tous éclos. Chasse. — La chasse de cet Oiseau ne présente pas plus de difficultés que celle du Vautour moine. [116] LES VAUTOURS. 12 Captivité. — Ses mœurs, en captivité, ne présentent pas de particularité spé ciale. LES GYPS Caractères. — Les Gyps ont des formes moins massives que les Vautours proprement dits. Leur tète est allongée; leur bec gros, rentié sur les côtés ; leur cou long et grêle, complète- ment revêtu d'un court duvet laineux. Habitat. — Ils habitent tous l'ancien continent. LE GYPS FAUVE {G/ps fulviis). — Caractères. — Le Gyps fauve mesure de i",i5 à i",2ode longueur et environ 2", 72 d'enver- gure. Son plumage est d'un brun fauve clair uniforme, plus foncé au ventre que sur le dos. Les grandes couvertures supérieures de l'aile sont bordées de blanc, ce qui forme une bande claire en travers de l'aile. La collerette, brune chez les jeunes, formée de plumes longues et minces, fait place dès la deuxième ou troi- sième année à des plumes duveteuses, touffues et blanches. Habitat. — Le Gyps fauve, ou Vautour fauve, ou Griffon, habite l'Europe orientale, l'Italie, l'Egypte. On le rencontre fréquemment dans le midi de la France. Quelques sujets ont été tués en Allemagne et dans le nord de la France. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses dans les régions monta- gneuses. Son aire est toujours construite dans une crevasse de rocher, et jamais sur un arbre. C'est le plus courageux, le plus violent et le plus rusé de tous les Vautours. Il domine les autres espèces et leur cherche souvent querelle. Il se défend hardiment contre l'homme qu'il frappe de ses serres et de son bec. Son vol est plus élégant, plus léger que celui des Vautours; il se rapproche de celui du Faucon. A terre, le Gyps fauve court avec rapidité. Il est très vorace, et lorsqu'il s'est abattu sur une proie, il commence par en dévorer les viscères, après avoir fait une brèche dans la cavité abdominale pour y entrer son long cou. Le Gyps fauve. i;i LES GYPS. [117] Il ne quitte son aire, le matin, que longtemps après le lever du soleil; il chasse dans le milieu de la journée et rentre de bonne heure à son gîte. Le Gyps fauve construit son aire dans une crevasse de rocher ou sous un Le Gyps de Ruppell. abri qui le protège contre la pluie. On trouve généralement plusieurs aires assez rapprochées. La reproduction a lieu en février ou mars. La femelle pond un seul œuf, gros comme celui d'une oie; le mâle et la femelle le couvent alternativement. Les petits naissent couverts d'un duvet laineux très épais. Leurs parents les nour- rissent d'abord de viandes complètement putréfiées, puis d'aliments plus solides, et à trois mois, ils peuvent prendre leur essor. Captivité. — Les Gyps fauves peuvent vivre en captivité, mais ils restent tou- jours un peu méfiants et méchants. Leur voracité est considérable. Baldamus raconte qu'un jeune, pris dans le nid, dévora peu après deux Grives et un Cou- cou ; le lendemain un Milan, une Carpe et les intestins de plusieurs Oiseaux. Trois semaines après, c'est à peine si on pouvait le rassasier. En vingt-quatre heures, il engloutit les viscères de deux \'eaux, et avala tout ce qu'il put trouver, même du bois et de la terre. [118] LES VAUTOURS. 14 LE QYPS DE RUPPELL (<7|-ji;5 Rupcllii;. — Caractères. — Très voisin du précédent, il s'en distingue par son plumage, qui lui a valu le nom de Vaulour- hpcrrier. Sa taille est de r',o5 ; il atteint environ 2", 47 d'envergure. L'adulte a toutes ses plumes, les rémiges et les'rectrices exceptées, d'un brun gris foncé, bordées à leur extrémité d'un liséré plus ou moins large, demi-circulaire, d'un blanc sale ; la collerette est blanche. Les jeunes ressemblent à ceux du Gyps iauve, et ne prennent le plumage de l'adulte que quelques années après la naissance. Habitat. — Le Gyps deRuppel habite le centre de r.\frique. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles du Gyps fauve. Les Hiboux La famille des Hiboux ou Slrii^ides forme, parmi les Rapaces, un groupe d'Oiseaux nettement distinct des Aigles et des Vautours. Certains auteurs élèvent même cette famille au rang d'un sous-ordre, celui des Rapaces nocliirnes. LES STRIQIDES Caractères. — Les Strigidés ont des yeux gros, à fleur de tête, dirigés en avant, entourés d'un cercle de plumes rayonnantes, formant ce que l'on appelle le disque facial. Le bec de ces Oiseaux est court, courbé dès la base. La cire est complètement recouverte de plumes sétiformes. Le plumage est souple, moelleux, formé de grandes plumes molles, héris- sées sur le corps. Il a en général une teinte sombre. Les plumes des ailes sont frangées et dentelées, de sorte qu'elles n'offrent à l'air aucune résistance, et que le vol est silencieux. Les pieds sont souvent emplumés jusqu'au bout des doigts et armés de fortes griffes; le doigt externe peut être porté en avant ou en arrière. L'reil et l'oreille sont les organes des sens les plus développés. Chez certaines espèces, l'oreille présente une valvule membraneuse, et un repli cutané externe sur lequel les plumes sont groupées en une sorte de pa- villon. L'organisation interne des Strigidés présente encore quelques particularités, mais qui n'ont pas d'intérêt au point de vue descriptif. Habitat. — Les Strigidés habitent toutes les parties de la terre; on les trouve dans toutes les régions, sous toutes les zones, à toutes les altitudes. Ils sont cependant mieux représentés dans les régions chaudes que dans les régions froides ou tempérées. Mœurs. — Ils fréquentent surtout les profondes forêts, mais on les trouve aussi dans les steppes, les déserts, les ruines isolées, les grands monuments des villes. Certaines espèces émigrent, d'autres sont sédentaires. Ils ne chassent, pour la plupart, que la nuit, ou au lever et au coucher du [1201 LES HIBOUX. 16 soleil, ce qui leur a valu le nom de Rapaccs nocturnes^ mais beaucoup d'entre eux sont aussi actifs le jour que la nuit. Leur vol est lent et silencieux, mais peu soutenu et saccadé. A l'exception de ceux qui ont des tarses élevés, ils se meuvent difficilement sur le sol. Ils se montrent, par contre, très agiles sur les arbres et prennent parfois les postures les plus diverses et les plus divertissantes, baissant et relevant la tête, la tour- nant et l'inclinant en tous sens. Leur cri strident et désagréable a contribué dans une large mesure à leur faire une mauvaise réputation imméritée. Leur nourriture consiste en petits Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Insectes. Ils ne mangent, paraît-il, que les proies qu'ils ont capturées et dédaignent les charognes. Dans certaines contrées, ils se nourrissent exclusivement de Souris, de Mulots, de Campagnols, et doivent, à ce titre, être considérés comme des Oiseaux utiles à l'homme. Ils emportent généralement leur proie dans un en- droit caché, avant de la dévorer. Ils sont très voraces, et avalent facilement un petit Oiseau ou un petit Mammifère d'une seule bouchée ; ils rejettent plus tard les plumes ou les poils sous forme de pelotes serrées. Ils peuvent cependant rester très longtemps sans boire ni manger. Les Strigidés se préoccupent peu de la construction de leurs nids. Ils s'accom- modent également bien d'un tronc d'arbre creux, d'une crevasse de rocher, du nid abandonné d'un autre Oiseau, ou même de l'ancien terrier d'un Mammi- fère. Ils Y entassent quelques matériaux peu choisis, et y pondent leurs œufs au nombre de deux à sept en général. Les Strigidés paraissent avoir dans le monde des Oiseaux une assez mau- vaise réputation. « Lorsqu'un Strigien se montre, dit Brehm, tous les Rapaces diurnes donnent des témoignages d'une excitation extrême; les petits Oiseaux font retentir l'air de leurs cris; toute la forêt est en émoi. Une espèce appelle l'autre, toutes accourent, harcèlent l'Oiseau nocturne de leurs cris *. les plus forts même lui donnent des coups de bec. « Trop souvent, l'homme se joint aux autres ennemis de ces Oiseaux utiles. Aux yeux de bien des gens, c'est un bel exploit que de tuer un Hibou ; et il est bien rare qu'on le laisse librement vaquer à ses chasses; tandis que, partout, on le devrait regarder comme un animal sacré, auquel nous devons aide et protection. » Utilité. — Le rôle considérable que jouent les Hiboux dans la destruction des petits Rongeurs et des Insectes n'est plus discutable. Des recherches très nom- breuses ont été faites dans ce but; des milliers d'estomacs de Hiboux ont été disséqués et examinés, ainsi que les boulettes qu'ils rejettent une fois leur digestion terminée; et les statistiques établies dans les différents pays sont des plus éloquentes. Les Hiboux se nourrissent exclusivement de Musaraignes, Mulots, Souris, Campagnols, Hannetons, Insectes nuisibles divers. Ce n'est que très accidentellement qu'ils dévorent une Taupe ou un jeune Oiseau. On ne saurait donc trop encourager la protection de ces utiles auxiliaires de l'agri- culture. ' Quant aux vieux préjugés qui représentent les Hiboux comme des Oiseaux 17 LES SURNIES. [121] de mauvais présage, ils ne peuvent avoir prise que sur des esprits super- stitieux et ne méritent pas qu'on s'en occupe. Captivité. — Les Strigidés ne sont pas plus sociables en captivité qu'en liberté. La plupart se montrent indifférents à tout, ou témoignent une fureur souvent très divertissante. On ne peut songer à apprivoiser que quelques espèces. Classification. — Les Strigidés peuvent être divisés en trois sous-familles. I ° Les Ululieus ; 2" Les Strigiens ; 3" Les Asiouiens ou Biibuiiiens. LES ULULIENS Les Ululiens comprennent toutes les espèces qui ont la tète dépourvue d'ai- grettes; dont les disques périophtalmiques laissent une large échancrure au- dessous du bec, et dont les doigts sont généralement emplumés. LES SURNIES Caractères. — Les Surnies rappellent très vaguement, par leurs caractères, les Falconidés. Elles ont la tète courte et large, un disque facial peu prononcé. Leur bec court et fort est en partie caché par les plumes sétiformes du front. Leurs ailes sont obtuses, allongées; leur queue longue et étagée. Leurs tarses sont courts et emplumés dans toute leur longueur, de même que les doigts. LA SURNIE CAPARACOCH {Sii?-uia fituerea). — Caractères. — La plumage de cette espèce est blanc grisâtre rayé de brun. Une bande noire demi-circu- laire contourne l'œil et l'oreille en arrière pour aller se perdre sur les côtés du cou. Habitat. — Elle habite les régions septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. On la rencontre quelquefois en France, mais elle y est très rare. Elle est connue aussi sous le nom de Choiiette-Epervicre. Mœurs. — Elle fait des forêts de pins et de mélèzes son habitat préféré, et se montre rarement dans les endroits découverts. Elle chasse aussi bien le jour que la nuit. Sa nourriture se compose, en été, de Souris, de Mulots et d'Insectes; en hiver et dans les endroits couverts de neige, elle fait une guerre acharnée aux Lago- pèdes. Certains chasseurs racontent même que lorsqu'on tire des Lagopèdes, elle arrive au bruit de la détonation, et enlève parfois le gibier avant qu'on ait eu le temps de le ramasser. Son vol est vif et rapide, mais il est aussi léger et silencieux. LaSurnie caparacoch construit son nid dans les cavités des arbres vermoulus, La vie des animaux illustrée. III. — 9 [1221 LES HIBOUX. 18 quelquefois dans une fente de rocher, ou dans la fourche d'un arbre; elle s'em- pare quelquefois du nid abandonné d'un autre Oiseau. La femelle pond de quatre à huit œufs, et se met à couver dès que le premier œuf est pondu, de sorte que l'on trouve, à un moment donne', dans un nid, des œufs à différents stades de développement. Les petits ne quittent généralement pas leurs parents avant le printemps sui- vant. LES HARFANQS Caractères. — Les Harfangs ont le bec presque entièrement caché par les plumes du disque facial; leur tête est petite, leur queue longue arrondie. Leurs tarses et leurs doigts courts et garnis de plumes longues rès serrées LE HARFANG DES NEIGES [Nyctea irea). — Caractères. — La taille de e bel Oiseau est de o'^jyo environ; son envergure est de i'°,54. Lesadultes et les vieux sujets sont d'un blanc pur, les jeu- nes présententdes raies trans- versales brunes plus ou moins nombreuses selon l'âge. Le bec est noir, l'iris d'un beau jaune orangé. Habitat. — Le Harfang des neiges est propre aux régions arctiques. Son aire de disper- sion comprend le nord de la Scandinavie, de la Finlande, de la Russie, les îles de la mer Gla- ciale, le Groenland. Dans ses migra- tions, il descend parfois jusque dans Le Harfang des ne.ges. l'Amérique du Nord, l'Allemagne et la Hollande; on l'a quelquefois ob- y serve dans le nord de la France. Mœurs. — Le Harfang des neiges a des mœurs diurnes; mais comme la plupart des Oiseaux, il chasse de préférence vers le lever et le coucher du soleil. Tous les observateurs se plaisent à reconnaître en lui le plus agile, le plus hardi et le plus courageux des Strigidés. La présence de l'homme ne l'effraye point, et il se défend bravement contre les Chiens. 10 LES CHEVÊCHES. [123] Son vol, bien que silencieux comme celui de ses congénères, est rapide et soutenu. Le Harfang des neiges se tient dans les montagnes pendant l'hiver, et ne descend qu'en été dans les plaines et les steppes. Ses migrations sont liées à l'abondance plus ou moins grande des animaux dont il se nourrit. Les Lemmings et les Poissons paraissent être ses deux mets préférés. Audubon raconte de la manière suivante comment il attrape les Poissons: « Un matin, dit-il, j'étais à l'atTùt près des chutes de l'Ohio, pour tuer des Oies sauvages; j'ai pu voir comment le Harfang prenait des Poissons. Il se tenait couché sur un rocher, la tête tournée vers l'eau, et si tranquille qu'on eût pu croire qu'il dormait. Mais, aussitôt qu'un Poisson se montrait imprudemment à la surface de l'eau, le Harfang avançait brusquement la patte, et à chaque fois la retirait avec un Poisson. Il s'éloignait de quelques pas, le dévorait et retournait à la pêche. Lorsqu'il avait saisi un grand Poisson, il le prenait dans ses deux serres et s'envolait au loin. Parfois, deux Harfangs se réunissaient pour dévorer la proie. » A défaut de Lemmings et de Poissons, le Harfang des neiges s'attaque aux Rats, Souris, Marmottes, Lièvres. La destruction qu'il fait de ces derniers lui a valu son nom qui signifie en suédois : preneur de Lièvres. Il capture au vol, à la façon des Faucons, les Oies et les Ramiers. Le Harfang des neiges fait habituellement son nid sur le sol, et quelquefois dans une crevasse de rocher. Dans le premier cjs, il choisit un endroit élevé et sec, et y creuse une légère dépression qu'il garnit de mousses, de lichens et de plumes. La reproduction de cet Oiseau a lieu en été. Le nombre des œufs est variable; on en trouve de cinq à dix dans un même nid. Ces œufs sont d'un blanc plus ou moins pur et ont une forme allongée. Ils sont couvés au fur et à mesure qu'ils sont pondus, de sorte que lorsque le dernier-né brise sa coquille, le premier est déjà sur le point de prendre son essor. Les parents défendent leur progéniture avec beaucoup de bravoure, même contre l'homme. Certains auteurs rapportent que la femelle, en cas de danger, emploie la ruse suivante : elle se jette à terre comme si elle était blessée, elle y reste immobile, les ailes ouvertes, comme morte, donnant à ses petits le temps de s'enfuir, en attirant sur elle l'attention de l'ennemi. Captivité. — Le Harfang des neiges s'apprivoise facilement, mais il est diffi- cile à capturer vivant, car il ne se laisse pas approcher. Dans l'Amérique du Nord, on emploie le procédé suivant : on attache un morceau de fourrure à une ficelle, et on le promène sur le sol de la forêt. Le Harfang, croyant voir une Souris, s'élance sur cet appât et peut alors être facilement capturé. LES CHEVÊCHES Caractères. — Les Chevêches sont des Strigidés de petite taille, représentés par un grand nombre d'espèces cosmopolites, dont les caractères généraux sont assez mal définis. [124] LES HIBOUX. 20 La plupart ont un bec court, fortement crochu, et caché parles plumes séti- formes qui en garnissent la base; une queue courte, carrée ou arrondie; des ailes courtes; des tarses médiocrement emplumés, des doigts emplumés seule- ment à leur partie supérieure. LA CHEVÊCHE COMMUNE [Carine nocliia Kaup.'. — Caractères — Sa taille n'est que de o",23. Son plumage est brun gris de souris en dessus, à taches blanches irrégulières ; blanchâtre en dessous, avec des taches brunes longitudinales. Habitat. — La Chevêche commune habite toute l'Europe, une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. On la trouve partout en France, où elle est sédentaire ou de passage, selon les localités. Mœurs. — Elle fréquente les bosquets, les parcs, les jardins de préférence aux grandes forêts.. Elle niche dans les crevasses des vieux arbres, dans les constructions en ruines, dans les tours, sous les toits des maisons. Elle se met en chasse dès le coucher du soleil. Par le clair de lune, on la voit constamment en mouvement. Son vol la fait facilement reconnaître : elle décrit des courbes comme le Pic, et traverse néanmoins facilement les fourrés les plus épais. Elle détruit un grand nombre de Rats, Souris, Campagnols, Mu- saraignes, et des Insectes, Hannetons, Sauterelles. Il lui arrive bien de temps à autre de capturer une pauvre Alouette ou un Moineau, mais le fait est acci- dentel. Elle rend donc à l'homme d'immenses services. Mais elle a de nombreux ennemis parmi les autres Rapaces, Eperviers, Vautours, etc.; les Corneilles, les Pies, les Geais la poursuivent sans cesse; la Belette déniche ses œufs. L'homme lui-même ne respecte pas toujours cet Oiseau utile, par ignorance ou par superstition. La reproduction a lieu en avril ou mai ; la ponte est de trois à sept œufs pres- que ronds, d'un blanc pur. La durée de l'incubation est de seize à di.x-huit jours. Les œufs sont déposés dans une cavité propice, sous des pierres, dans un vieux mur, dans un tronc d'arbre, car la Chevêche ne construit pas de nid, et se contente d'un abri naturel. Captivité. — La Chevêche, prise jeune, s'apprivoise facilement et ne quitte plus la maison où elle a été élevée, même si on la laisse en liberté. On peut lui permettre de courir librement dans les jardins, après lui avoir coupé le bout des ailes; elle dévore les Limaces, les Insectes et les petits Rongeurs, sans occa- sionner aucun dégât. LES CHEVÊCHETTES Caractères. ■ — Les Chevêchettes sont les plus petits, mais aussi les plus gra- cieux et les plus élégants de tous les Strigidés. Leurs caractères permettent de les rattacher au genre Chevêche. LACHEVÊCHETTE NAINE [Cariue passerina). — Caractères. — La Chevê- chette est un peu plus grande qu'un Moineau ; le mâle mesure à peine o"',i8 de long et o", 43 d'envergure ; la femelle 0'°, 20 de long et o",47 d'envergure. 21 LES CHEVÊCHETTES. [125] Le plumage du mâle est d'une teinte cendrce tachée de blanc sur le dos et les ailes ; il est blanc, taché longitudinalement de brun sur le ventre. La face est d'un gris blanchâtre et semée de petits points foncés. La queue porte quatre bandes blanches. Le bec est jaunâtre, l'iris jaune vif. Le plumage de la femelle est un peu plus foncé que celui du mâle. Habitat. — La Chevêchette naine est co dans le nord de l'Europe et de l'Asie. Mœurs. — Elle habite les grandes forêts pendant l'été. Pendant l'hiver, elle s'ap- proche des habitations et s'éta- blit dans les jardins et les parcs. Sa nourriture se compose d'In- sectes, de Souris et de jeunes Oiseaux. Elle chasse pendant le jour, mais on a rarement l'occa- sion de la rencontrer en forêt, car elle se tient très soigneuse- ment cachée. C'est un Oiseau vif, actif, vo- lant avec agilité en décrivant des li- gnes ondulées, grimpant comme un Perroquet au milieu des branches. « La Chevêchette naine, dit Gloger, joint le port gracieux, l'agilité, la rapidité, le courage des Strigiens diurnes, aux apparences comiques des espèces nocturnes. » Elle niche sur les arbres élevés, notamment sur les pins. Elle utilise les trous creusés parles Pics pour se faire un nid, qu'elle n'a plus qu'à tapisser de mousse, de feuilles sèches et de plumes. L'époque du retour des Bécasses est, pour la Chevêchette, la saison des amours . La femelle pond de trois à cinq œufs blancs, de forme globuleuse. Captivité. — Les Chevêchettes s'apprivoisent aussi facilement et sont aussi agréables à observer que les Chevêches. LES HIBOUX DES TERRIERS On rapproche des Chevêches et des Chevêchettes un grand nombre de petits Hiboux d'Amérique, que l'on peut réunir sous l'appellation générale àtHibou.x des terriers [Burroiving owls). Ils sont répandus dans toute l'Amérique et ont reçu dans chaque région un nom particulier : Hiboux des cavernes. Hiboux des Lapins, Hiboux jdes Prairies. En réalité, ils ne sont que des races locales d'une seule et même espèce {Speo- tftocimicularia). Leurs mœurs ne diffèrent point d'une race à l'autre. [126] LES HIBOUX. 2Î Ils habitent les plaines et les steppes et s'établissent dans des terriers de La- pins ou d'autres Mammilères. Le fait le plus curieux est qu'ils ne chassent pas les légitimes propriétaires du terrier, et vivent avec eux en parfaite intelligence. Dans l'Amérique du Nord, ils partagent la demeure des Cynomys et des Ecu- reuils ; aux environs de Buenos- Aj'res, ils vivent avec les Lagopèdes viscaches; au Brésil, ils habitent avec les Fourmiliers et les Tatous. Quelquefois des Serpents venimeux, entre autres le redoutable Serpent à sonnettes, viennent se joindre à la colonie. Mais tous les membres de celle-ci ne profitent pas égale- ment des avantages de l'association. Le Hibou est d'ordinaire le plus privilégié: il dévore la nourriture de ses hôtes, leurs jeunes, et jusqu'à ses hôtes eux- mêmes. Parfois, il laisse cependant la place au Serpent à sonnettes. Ces petits Hiboux des terriers ont des mœurs diurnes ; ils chassent même en plein soleil et se réunissent en bandes nombreuses, sauf à l'époque des amours. Ils sont très voraces et dévorent chaque jour plus que leur poids de nourriture. Celle-ci est des plus variées; elle consiste en Souris, Sauterelles, Scorpions, Mille-pattes, Lézards, Serpents; les Poissons même font partie de leur régime. La rapidité avec laquelle ils tuent un Ecureuil est réellement surprenante; en quelques coups de bec et de serres, ils lui brisent la colonne vertébrale, puis s'empressent de dévorer la tête. Ils ne s'attaquent que très rarement aux petits Oiseaux. Les petits Hiboux des terriers passent presque toute leur vie sur le sol. Leur vol est en effet laborieux, irrégulier, et ils ne peuvent le soutenir longtemps; ils ne s'élèvent jamais à une grande hauteur. Ils se posent sur les buissons ou les petits rochers qui avoisinent leur terrier et ne s'éloignent pas de leur do- maine. Au moindre bruit, ils se tapissent sur le sol, en tournant la tête de la façon la plus comique, et attendent le moment favorable pour s'enfuir et se cacher dans quelque trou. La reproduction de ces Oiseaux a lieu vers le mois d'avril-, un peu plus tôt ou un peu plus tard selon les régions. Les œufs, au nombre de quatre à huit, sont blancs et de la grosseur d'un œuf de Pigeon. L'incubation dure trois semaines. LES NYCTALES Caractères. — Les Nyctales se distinguent des Chevêches par leur conque auditive plus largement ouverte, leur disque facial plus développé, leur queue allongée, et leurs tarses beaucoup plus emplumés. LA NYCTALE PATTUE {Nyctale Tengmalmi). — Caractères. — Son plumage ressemble beaucoup à celui de la Chevêche vulgaire. Elle a le dos gris de souris, avec de grandes taches blanchâtres; le ventre blanc, à taches brunes. La queue porte cinq à six bandes blanches transversales. Le bec est nuancé de jaune et de noir, l'iris jaune brillant. Habitat. — Elle se rencontre dans l'Europe centrale et septentrionale, l'Asie et le nord de l'Amérique septentrionale. Mœurs. — La Nyctale pattue habite les grandes forêts de pins, de sapins, de 23 LES HULOTTES. ;i27i mélèzes. Elle ne s'approche jamais des habitations. Elle vit solitaire et ne chasse que la nuit. Elle paraît très sensible à la lumière Sa nourriture se compose de petits Rongeurs, Musarai- gnes, Mulots, Campagnols, et d'Insectes. Elle niche dans les troncs d'arbres creux ^ et les buissons. t La reproduction de cette espèce a lieu en ^-.^\ avril ou mai ; la femelle pond quatre à cinq .", . œufs blancs, de forme oblongue. \'^ ^_^_^ ^ LES HULOTTES Caractères. — Les Hulottes se font remar- quer par leurs formes ramassées, leur tête énorme, leurs disques périophtalmiques lar- ges, bien accusés. Leur conque auditive, de dimension moyenne, est operculée. Ils ont des ailes longues, obtuses, atteignant presque le bout de la queue, celle-ci courte et arron- die ; des tarses courts, robustes, couverts, ainsi que les doigts, d'un épais duvet. LA HULOTTE CHAT-HUANT iSyr- nium aluco). — Caractères. — Le plu- mage de cet Oiseau est assez variable. Certains auteurs avaient même démem- bré cette espèce en deu.x autres, les Hu- lottes d'une part, les Chats-huants d'autre part; mais on reconnut ensuite que les premiers étaient de vieux sujets et les seconds des jeunes d'une seule et même espèce. Les mâles ont en général le fond du plumage brun grisâtre, flammé de brun sur la tige des plu- mes, et à dentelures transversales, avec des taches blanches et rousses en dessus ; varié et rave transver- salement de brun foncé en dessous, avec des taches '' plus foncées qui suivent la direction des tiges. La face est gris bleuâtre, avec des raies circulaires brunes. Les rémiges et les rectrices sont rayées transversa- lement de brun et de roux. L'iris est d'un brun roux. La femelle est un peu plus grosse que le mâle ; le fond de son plumage est d'un roux ferrugineux. Habitat. — La Hulotte Chat-huant habite les régions tempérées de l'Europe. On la trouve dans toutes les "randes forêts de la France. Le Chat-huanl. [128] LES HIBOUX. 24 Mœurs. — Cet Oiseau a des mœurs essentiellement nocturnes. Il passe le jour dans les grands arbres touffus, collé pour ainsi dire contre le tronc. Il fuit le voisinage des habitations et on le rencontre rarement dans les constructions abandonnées. De tous les Strigiens, la Hulotte est un des moins vifs. Ses mouvements sont lourds, son vol lent, incertain. En chasse, elle vole à ras du sol, ou s'élève à peine à quelques pieds de terre. Sa voi.x est forte et retentissante, elle pousse le cri hoiihotihou, qu'elle répète plusieurs fois ; on dirait un ricanement ou un hurlement. La Hulotte Chat-huant est parfois victime des erreurs et des préjugés popu- laires. On lui fait la chasse la plus injuste, au lieu de la protéger. Elle détruit en effet une quantité considérable de petits Rongeurs, Rats, Mulots, Musaraignes. Naumann l'a vue attaquer une Buse avec tant d'intrépidité que celle-ci dut chercher son salut dans la fuite. Elle dévore aussi beaucoup d'Insectes : Mar- tin trouva dans l'estomac d'une Hulotte qu'il ouvrit, soi.xante-quinze grandes chenilles qu'elle avait mangées en un repas. La Hulotte se reproduit en avril ou mai. A ce moment, toute la forêt retentit de ses cris. La femelle ne fait annuellement qu'une couvée de trois à six œufs, qu'elle dépose dans un tronc d'arbre creux, une crevasse de rocher, ou dans le nid abandonné d'un autre Oiseau, Pie, Corbeau, qu'elle tapisse de mousse, de poils, de plumes. Les œufs ont une forme ovale; leur coquille est blanche, rugueuse. La durée de l'incubation est de vingt-quatre à vingt-six jours. La femelle paraît les couver seule. Captivité. — Les Hulottes s'apprivoisent très bien en captivité. Elles se ca- chent, au début, dans les coins les plus sombres, et quand on les approche, elles soufflent, font claquer leur bec, et se mettent sur la défensive ; peu à peu elles s'habituent à leur nouveau genre de vie. LES PTYNX Les Ptynx ou Chouettes de l'Oural se rapprochent à la fois des Surnies et des Chats-huants. Ils se font remarquer par le grand développement de leurs disques périophtalmiques et de leur conque auditive. Leurs mœurs sont plutôt diurnes. Ils habitent les bois marécageux et se -nourrissent de petits Mammifères et d'Oiseaux. LES CHOUETTES Les espèces du genre Chouette se distinguent des autres Ululiens par leur tête énorme, leur face large, variée de bandes disposées en cercles concen- triques. LA CHOUETTE NÉBULEUSE {Ulula nebulosa). — Caractères. — Le plumage de cette espèce est assez caractéristique. Les parties supérieures du corps et 25 LES EFFRAYES. [129] les ailes sont d'un brun roussàtre ra\'é et tacheté de blanc. La face présente des cercles bruns concentriques sur un fond blanchâtre. Le cou et la poitrine sont rayés transversalement de brun, l'abdomen tlammé longitudinalement de même couleur sur un fond roussàtre. Habitat. — La Chouette nébuleuse habite l'Amérique du Nord. Mœurs — Elle aime à vivre dans les profondes forêts, où le feuillage épais des grands arbres lui permet de se cacher pendant le jour. Elle établit son nid dans le creux d'un arbre, au milieu des branches, mais le plus souvent elle s'em- pare du nid abandonné d'un autre Oiseau. Sa nourriture se compose de Souris, Lièvres, Écureuils, Grenouilles, Lézards, et même, occasionnellement, de Poissons. Elle rend donc les mêmes services que les autres Ululiens. Cependant certains naturalistes l'ont accusée de s'attaquer aux jeunes poulets et au gibier, mais les dommages qu'elle cause ainsi sont peu impor- tants en comparaison du nombre considérable de Rongeurs nuisibles qu'elle détruit chaque année. Elle se met en chasse au crépuscule, excepté à l'époque où elle doit pourvoir à lanourriture de ses petits; on la voit alors presque con- tinuellement en mouvement. Elle ne s'approche des habitations que lorsque la faim l'y oblige. LA CHOUETTE LAPONE (Ulula Lapponica). — Cette Chouette, la plus grande du genre, car elle atteint o"',70 de longueur, habite les régions les plus septen- trionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Elle se tient dans les forêts, et ses mœurs sont les mêmes que celles de la Chouette nébuleuse. Son vol est lourd, peu soutenu. Elle niche dans les arbres élevés ; son nid est formé de branches sèches, tapissées de quelques plumes. Elle ne s'approche que très rarement des habitations. LES STRIGIENS Caractères. — Les Strigiens ont des disques périophtalmiques qui se réunissent au-dessous du bec, en formant une collerette complète, ce qui donne à ces Oiseaux une physionomie particulière. Leurs pieds sont nus ou couverts de quelques plumes étroites ; leur tète est dépourvue d'aigrette. LES EFFRAYES Caractères. — Les Effrayes sont faciles à différencier des autres Hiboux. Elles ont un bec droit à la base, courbé seulement à la pointe; leurs disques périophtalmiques sont complets, très larges, en forme de cœur. Leur conque auditive, vaste, est operculée. Leurs tarses sont élevés, couverts de plumes duveteuses, leurs doigts presque nus. Leurs ailes sont longues, subaiguës; leur queue courte et large. Leur plumage est formé de plumes soyeuses. [130] LES HIBOUX. 2G Habitat. — Les Effrayes sont répandues sur toute la surface de la terre. Il n'est pas de ville ni de village qui n'en renferme quelques représentants. L'EFFRAYE COMMUNE [Strix /lam- niea). — Caractères. — L'Effraye com- mune mesure de o'",33 à o^pS de long, et I mètre à i^joS d'envergure. Son plumage présente plusieurs variétés in- dépendantes de l'âge et du sexe. C. Degland décrit dans les termes suivants le plumage le plus habituel, qui est le même chez la femelle et chez le mâle : « Parties supérieures d'un roux jaune, varié de gris et de brun glacé, pointillé de noir et de blanc; parties inférieures blanches ou fauves, parsemées de petites taches brunâtres ou noirâtres et quelquefois sans taches; face blanche ou grise, avec le tour des yeux d'un brun plus ou moins rous- sâtre; queue légèrement barrée de brun; iris brun noir. » Les nouveau-nés sont couverts d'un duvet blanc qui persiste longtemps, puis ils prennent bientôt le plumage de leurs parents. Mœurs. — L'Effraye commune habite les clo- chers, les ruines, les carrières, les forêts. C'est le Rapace nocturne le plus sédentaire de France ; c'est aussi celui qui aime le plus le voisinage de l'homme : on ne voit émigrer que les jeunes de l'année, en quête d'une nouvelle demeure. Les Effrayes ne font pas de nid; elles se blottissent dans le trou de muraille ou de rocher où elles ont élu domicile, et y restent endormies tout le jour. Elles entrent en chasse au crépuscule, et continuent à vo3'ager toute la nuit lorsqu'il fait clair de lune. Le soufflement que fait entendre l'Effraye au repos, et les cris aigus qu'elle pousse en volant, lui ont valu une mauvaise réputation de la part des gens ignorants et superstitieux. L'Effraye se nourrit de Souris, de Rats, de Musaraignes, de Taupes, de petits Oiseaux, d'Insectes. Lorsque la proie qu'elle a capturée est de trop grandes dimensions, elle la transporte dans un endroit retiré pour la dévorer à son aise. La reproduction de cet Oiseau a lieu vers le mois d'avril ou mai. La femelle ne fait habituellement qu'une seule couvée par an, de trois, quatre ou cinq œufs. Cependant, certains observateurs ont plusieurs fois trouvé des L'ErtVave commune. 27 LES HIBOUX. [131] jeunes et même des œufs que les parents couvaient avec ardeur aux mois d'octobre et de novembre. Il est probable que lorsque la première couvée est accidentellement détruite, la femelle en fait une seconde. Utilité. — L'Effraye est un des Oiseaux les plus utiles de nos contrées. Elle débarrasse les champs et le voisinage des habitations d'une foule de petits Rongeurs nuisibles ; Souris, Rats, Campagnols, Musaraignes. On devrait, partout, dans les villes aussi bien que dans les campagnes, protéger cet inté- ressant Rapace, et lui faciliter les moyens de nicher dans les endroits qui lui conviennent. Le meilleur consiste à ménager dans les tours et les bâtiments, des ouvertures auxquelles on adapte intérieurement des caisses, celles-ci dis- posées de telle façon que l'Oiseau puisse se placer au fond d'un couloir obscur. Captivité- — Les Effrayes sont des Oiseaux très sociables. On peut faci- lement les apprivoiser, à condition de leur donner beaucoup d'espace, un nid convenable, et une nourriture abondante. On en a vu qui vivaient en parfaite harmonie avec les Pigeons dans des colombiers. LES ASIONIBNS OU BUBONIENS Les Rapaces nocturnes que l'on réunit dans cette sous-famille ont tous la tête ornée de chaque côté, en arrière et au-dessus des yeux, d'un bou- quet de plumes plus ou moins allongées, et formant deux aigrettes divergentes. LES HIBOUX Caractères, — Les Hiboux proprement dits ont un bec recourbé dès la base ; des narines grandes, elliptiques, médianes, des disques pério- phtalmiques complets, mais irréguliers, des conques audi- tives grandes, étendues en demi-cercle du bec au som- met de la tète, et munies d'un opercule. Leurs ailes sont al- longées, atteignent ou dépas- sent l'extrémité de la queue; leurs tarses et leurs doigts sont totalement cmplumés. .^■^.m^_ '^ Le Hibou vulgaire. [132] LES HIBOUX. 28 LE HIBOU VULGAIRE {Olus nilgaris). — Caractères. — Le Hibou commun, ou Hibou moyen-duc, a le dos roux jaunâtre, tacheté, pointillé et rayé de gris brun foncé; le ventre d'un roux jaunâtre plus clair et semé de taches brunes transversales et longitudinales; la face jaune roux grisâtre, le bec brun noirâtre, l'iris jaune. Ses aigrettes sont très développées. Sa taille est de o°',33 à o",3q. Habitat. — Il est très répandu dans toute l'Europe et la plus grande partie de l'Asie. En Amérique, il est représenté par une espèce très voisine. Mœurs. — Le Hibou vulgaire est un habitant des forêts. Il vient quel- quefois rôder au voisinage des habitations, mais sans jamais chercher à y élire domicile. Ses mœurs sont nocturnes. Hors la saison des amours, il vit en bandes de huit à dix individus et mène une vie errante pendant une partie de l'année. Il se nourrit presque exclusivement de petits Mammifères, surtout de Mulots, de Campagnols et de Musaraignes. A l'occasion, il dévore bien un petit Oiseau ou une Perdrix épuisée, mais ce sont là des exceptions. Le Hibou ne construit pas de nid. Il dépose ses œufs dans une crevasse de rocher ou un arbre creux, le plus souvent dans le nid abandonné d'une Corneille, d'un Geai, d'un Ramier, d'un Ecureuil. La reproduction a lieu au début du printemps, en mars ou avril. L'incubation dure environ trois semaines. Les petits manifestent un appétit que leurs parents ont de la peine à satis- faire; on les entend parfois crier et piailler, obligeant les deux époux à chasser sans relâche. Les Hiboux, pris jeunes, lorsqu'ils sont encore couverts de duvet, s'élèvent très bien en captivité et se montrent d'un naturel agréable. Utilité. — Les services que rendent ces Oiseaux dans les forêts ne sont pas toujours appréciés comme ils devraient l'être. Il est à souhaiter que la coutume barbare qui consiste à clouer un Hibou les ailes écartées sur une porte de grange, après l'avoir tué, disparaisse de nos campagnes en même temps que d'autres préjugés. LE HIBOU BRACHYOTE {Otus brachyot us). ~ Caractères. — Le Hibou bra- chyote a des aigrettes courtes, des ailes longues, dépassant la queue. Son plumage est plus clair que celui du Hibou vulgaire, mais il s'en rapproche beaucoup. Habitat. — Il est répandu dans toutes les contrées de la terre, l'Australie exceptée. C'est un Oiseau migrateur, dont l'aire de dispersion est extrême- ment vaste. Il est commun, en France, à l'automne. Mœurs. ■ — Le Hibou brachyote fréquente les endroits marécageux, les bruyères, les prairies. Il passe tout le jour au milieu des roseaux et des hautes herbes. Sa nourriture consiste essentiellement en petits Rongeurs, en Gre- nouilles, en Insectes. Il se construit un nid grossier parmi les herbes et les roseaux. La femelle y pond en mai, trois ou quatre œufs blancs, allongés. LE HIBOU ASCALAPHE [Oins ascalaphus). — Il est originaire de l'.Afrique. On le rencontre aussi dans l'Asie septentrionale et centrale. Il se montre acci- 29 LES SCOPS. [133] dentellement en Sicile et en Sardaigne. Ils se nourrit de petits Rongeurs, de jeunes Oiseaux et d'Insectes. LES SCOPS Caractères. — Les Scops sont de petits Hiboux au corps élancé, dont le bec est très recourbé, les disques périophtalmiques imparfaits et peu déve- loppés, les oreilles dépourvues d'opercule, les ailes longues dépassant la queue, celle-ci courte et carrée; les tarses élevés, vêtus en avant, écailleux en arrière, les doigts nus; les aigrettes courtes et épaisses. Habitat. — Les Scops habitent le midi de l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amé- rique. Une seule espèce est européenne. LE SCOPS D'ALDROVANDE (Scops Aldrovandi). — Caractères. — Appelée encore Petit-Duc, cette espèce mesure o",i8 à o°',2o de long. Son plumage est agréablement bigarré de brun, de roux et de gris cendré. Mœurs. — Le Scops vit en sociétés noinbreuses, qui apparaissent en Europe au printemps, et émigrent en septembre ou octobre vers l'intérieur de l'Afrique. Il se plaît dans les endroits découverts, dans les plaines couvertes d'arbres isolés, les jardins, les vignobles, les promenades. Il parait rechercher le voisi- nage de l'homme et ne se rencontre que rarement dans les grandes forêts. Il reste tout le jour sur les arbres, immobile, appuyé contre le tronc. Son plumage s'harmonise si bien avec la teinte de l'écorce des arbres qu'il est difficile de l'apercevoir. << Ce qu'il 3' a de remarquable, dit Z. Gerbe, c'est que, lorsque le Scops choisit un arbre pour le lieu de son repos, on ne l'y voit pas perché dans le sens transversal d'une branche, mais presque toujours dans le sens longitudinal. Il y reste ainsi toute la journée, dans une immobilité parfaite, et ses aigrettes dressées en l'air. Si on le force à prendre sa volée, ce à quoi il ne se décide qu'alors qu'on est très près de lui, il se jette dans un arbre voisin et dans le plus épais du feuillage. » Après le coucher du soleil, il se met en chasse; il vole avec plus d'habileté et de légèreté que les autres Strigidés, mais ne s'élève guère cependant au-dessus du sol. Le Scops se nourrit principalement d'Insectes et de petits Rongeurs. Les Sauterelles, les Hannetons, les chenilles constituent son régime habituel. Le Scops niche dans les trous des vieux murs, les creux des arbres vermoulus, sous les toits des maisons, sans se donner la peine d'y apporter le moindre aménagement; il ne dispose même pas quelques brins d'herbe ou de mousse pour recevoir ses œufs. Ceux-ci sont arrondis et d'un blanc pur. La reproduction se fait très tôt; les petits sont déjà prêts à voler en juillet. Captivité. — Le Scops est le plus familier et le plus agréable des Rapaces nocturnes. Il arrive à la voix de celui qui l'élève. Nourri en liberté, il revient fidèlement au lieu où l'on a fait son éducation, mais aussitôt l'époque des migrations arrivée, il est impossible de le retenir, à moins de l'enfermer. [134| LES HIBOUX. 30 Plusieurs observateurs, notamment Spallanzani et Brehm, qui ont élevé des Scops en captivité, se montrent enchantés de la gentillesse de cet Oiseau. Son naturel peu craintif, les postures comiques qu'il prend lorsqu'on le regarde, contribuent à le rendre intéressant et sympathique. Il se contente, pour toute nourriture, de Souris et de petits morceaux de viande; mais il faut le garder dans un endroit suffisamment chaud. LES DUCS Caractères. — Les Ducs sont les plus grands des Rapaces nocturnes. Ils ont un bec fort, épais et saillant; des narines larges et arrondies; des disques périophtalmiques médiocres, irréguliers; une conque auditive petite, ovale; des ailes médiocres, une queue courte et arrondie", des tarses et des doigts forts, totalement emplumés. Habitat. — Les espèces appartenant au genre Duc sont réparties dans les différentes contrées du globe. L'une d'elles est propre à l'Europe. LE QRAND-DUC {Biilw iiui.ximtts) (*). — Caractères. — La taille du Grand-Duc est d'environ o",6o. Son plumage est variable selon le se.xe, làge et le climat. C. Degland décrit comme il suit celui d'un mâle adulte : « Plumage, en dessus, varié de gris et onde de noir sur un fond jaune roux ; jaune roux plus clair en dessous, avec des taches brunes longitudinales et des raies transversales ondulées; plumes des aigrettes noirâtres au centre, rousses sur les bords', gorge blanchâtre; plumes des tarses et des doigts rousses, mouchetées de brun ; bec noir; iris orangé rouge. » La femelle est sensiblement plus forte que le mâle; les teintes rousses sont moins vives, la gorge présente moins de blanc. Habitat. — Le Grand-Duc se trouve dans toute l'Europe, une partie de l'Asie, et en Afrique, dans les régions de l'Atlas. En France, on les rencontre dans les hautes montagnes de l'Isère et de la Provence, et sur les rochers des bords de la Meuse. Mœurs. — Il habite les grandes forêts des régions montagneuses, et s'établit au voisinage de rochers escarpés. Il est sédentaire et errant et vit par couples. l! ne s'approche guère des habitations, car il redoute la présence de l'homme, son plus grand ennemi. Il reste caché pendant la plus grande partie de la journée, la teinte de son plumage le dissimulant admirablement parmi les rochers et les troncs d'arbres; il se tient immobile, les plumes serrées contre le corps, les yeux à peine entr'ouverts; on le dirait plongé dans un demi-sommeil, mais le moindre bruit suffit pour l'en tirer. Il entre en chasse au coucher du soleil ; il pousse alors un cri sourd, prolongé, que l'on peut rendre par les syllabes bahii et qui, au milieu du silence de la (') PI. X. -Le Grand-Duc (Planche, p. i36). 31 LES DUCS. [135] nuit, a quelque chose de fantastique et de sinistre. Aussi l'imagination popu- laire s'est-elle plu à en faire le sujet de nombreuses légendes. Le Grand-Duc chasse tous les Vertébrés, grands et petits; il les surprend avec ruse, les attaque avec courage. Non content de dévorertoutes sortes de Rongeurs, tels que Rats, Mulots, Écureuils, Lièvres et Lapins, il n'épargne pas les Oies, les Canards, les Corbeaux, les Corneilles, ni même ses congénères du même ordre. Chouettes, Buses, etc. On l'a vu entamer un combat avec un Aigle, et en le font les Fourmiliers. Il mange aussi des baies, des graines diverses, des noix. Le Pic noir. D'après Bailly, le Dryopic noir fait, en automne, des pro- visions de semences du Piniis cembra : il épluche sur place ces semences, en en brisant l'enveloppe, et transporte ensuite l'amande dans des trous qui lui servent de magasin. Le Drvocope noir s'accouple au mois de mars. On l'entend alors tambouriner n LES CAMPÉPHILES. [lU] sur les branches sèches pour appeler sa femelle. Peu de temps après, vers le mois d'avril, il commence à construire son nid. Celui-ci est toujours placé à une grande hauteur, de préférence sur un hêtre ou un pin à tronc lisse, dont le bois soit vermoulu et qui présente déjà un trou accidentel, comme on en voit aux points où une branche a été détachée du tronc. La femelle creuse et agrandit l'ouverture de manière à pouvoir y passer faci- lement, puis commence la construction de la chambre où seront déposés les œufs. Elle détache des copeaux de plus en plus gros à mesure que la cavité s'agrandit, et s'arrête lorsque celle-ci mesure environ o'°,4o de profondeur sur o'°,22 de diamètre. Il lui faut de dix à quinze jours pour achever cette besogne. On reconnaît facilement un nid de Pic, dans une forêt, aux copeaux que l'on trouve au pied de l'arbre où l'Oiseau s'est établi. L'intérieur de la chambre ainsi construite est parfaitement uni et comme raboté; le fond a la forme d'un segment de sphère; il est recouvert de fins copeaux, et c'est sur cette couche que reposent trois ou quatre œufs un peu allongés, d'un blanc lustré, sans taches. Le mâle et la femelle couvent alternativement, le mâle dans le milieu de la journée, la femelle le matin, le soir et toute la nuit. Les jeunes, au moment de leur naissance, sont hideux et informes. Ils n'ont que le dos couvert d'un duvet rare, noirâtre. Leur tête paraît très grande, et leur bec est d'une grosseur disproportionnée. Leurs parents les nourrissent de larves de Fourmis et se montrent pour eux pleins de sollicitude jusqu'au jour où ils peuvent voler et chercher eux-mêmes leur nourriture. A ce moment, ils quittent le nid où ils ont été élevés, pour mener la même existence solitaire que leurs parents. Captivité. — Les Dr3'Ocopes noirs, pris jeunes et bien soignés, peuvent vivre un certain temps en captivité, mais ils se montrent peu sociables. Utilité. — Le Drjocope noir est un Oiseau utile. On lui a reproché de creuser des trous dans les arbres, mais ce reproche est sans valeur, puisque cet Oiseau ne s'attaque qu'aux arbres déjà pourris. Il est peu à redouter également pour les ruches d'Abeilles, car il se tient toujours loin des habitations. LES CAMPÉPHILES Les Campéphiles sont les plus proches parents des Dryocopes. Ils se font remarquer par leur grande taille. Ils habitent l'Amérique. LE CAMPÉPHILE PRINCIER [Campephilus principalis). — Caractères. — Il mesure environ o",58 de long et o"',82 d'envergure. Son plumage est noir, marqué de blanc sur les ailes et les côtés du cou. Il a l'œil jaune vif, le bec blanc d'ivoire, les pattes bleuâtres. Habitat. — Il est propre à l'Amérique du Nord. On le rencontre sur les rives du Mississipi jusqu'à l'Ohio, depuis la Floride jusqu'à la Caroline du Nord, et au Texas. il42] LES PICS OU PICIDÉS. 6 Mœurs. — Le Campéphile princier, ou Pic à bec d'ij'oire, est un Oiseau très craintif et très sauvage. Son aire de dispersion tend à se restreindre de plus en plus devant l'accroissement continuel des terrains cultivés. Aussi ne le rencontre-t-on que dans les forêts marécageuses les moins accessibles, loin des habitations humaines. Il affectionne particulièrement les bois de haute futaie, et établit son nid à une grande hauteur, de préférence sur un cyprès. Son vol est ondulé et gracieux. Lorsqu'il grimpe le long d'un tronc d'arbre, il avance par petits sauts, dont chacun est accompagné d'un cri bref, clair, qui se prolonge au loin et retentit, dit Audubon, « comme le fausset d'une clarinette ». Sa nourriture se compose, l'été, d'Insectes, de Fourmis, de larves et de mûres sauvages; l'hiver, de glands de chêne, de graines et de noix. Le Campéphile construit son nid vers le mois de mars ; d'après certains auteurs, le mâle et la femelle y travaillent simultanément; d'après d'autres, la femelle seule se charge de ce travail qui lui demande de huit à quatorze jours. Ce nid est toujours établi dans un tronc d'arbre pourri et jamais dans un arbre sain. Les œufs, au nombre de trois à cinq, sont déposés en avril ; ils ont une forme ovale, sont blancs, polis et brillants. Les jeunes sont soignés à la fois par le père et la mère qui leur apportent des Vers, des larves, des Hannetons. Les couples restent habituellement unis toute la vie. LE CAMPÉPHILE IMPÉRIAL {Campephilus imperialis). — Il ressemble par son plumage au Campéphile princier, mais il est de plus grande taille : il atteint o^jyo de long. Il habite les montagnes Rocheuses et le nord de la Californie jusqu'au Mexique. LES PICS Caractères. — Les Pics proprement dits sont des Oiseaux de taille mo3'enne, au plumage ordinairement varié de noir, de blanc et de rouge, et dont la tête est dépourvue de huppe. Leur bec est de longueur mo3'enne, à sillons latéraux plus rapprochés des bords mandibulaires que de l'arête ; leurs ailes sont obtuses, leur queue longue, leurs tarses courts, en partie emplumés. LE PIC ÉPEICHE [Piçtis major) (*). — Caractères. — Le Pic Épeiche mesure environ o'",24 de long. Il a le dessus du corps d'un noir lustré, varié de taches blanches au front, sur les côtés de la tête et du cou, et sur les ailes. Le ventre est d'un blanc sale, les plurnes de l'occiput et du bas-ventre sont rouge-carmin, l'iris brun rougeàtre, le bec et les pieds gris de plomb. [■] PI. XI. — Le Pic Kpeiche (Planclic, p. 144I. 7 LES PICS. [143] La femelle n'a point de rouge a la nuque. Habitat. — Le Pic Epciche habite toute l'Europe ; il n'est pas rare en France. Mœurs. — Il vit, l'hiver, dans les grandes forêts, de préférence dans les forêts de pins, et s'aventure en automne dans les bosquets et les jardins voisins des habitations, mais il ne franchit jamais de grands espaces découverts. Il est leste, hardi, et grimpe avec agilité. Son vol est saccadé et bruyant. A terre, il sautille maladroitement. 11 vit solitaire presque toute l'année et ne peut supporter la compagnie d'aucun autre Oiseau des forêts. Les Mésanges, les Grimpereaux, les Roitelets, le suivent parfois dans ses chasses, mais il se montre extrêmement farouche à leur égard. Sa nourriture se compose d'Insectes, de Fourmis, de chenilles, d'Araignées, d'œufs et de larves d'Insectes ; l'hiver, il mange surtout des fruits, des noisettes et des graines diverses. Il cueille les cônes de pin, et en extrait les graines avec habileté. Au printemps, les mâles se montrent animés d'une jalousie extrême; ils se provoquent en tambourinant sur les branches sèches, et ne souffrent la présence d'aucun de leurs congénères dans le territoire de chasse où ils se sont une fois établis. L'accouplement est toujours précédé de luttes et de combats entre les différents prétendants jusqu'au moment où l'un d'eux met l'autre en fuite. Le Pic Epeiche construit son nid dans les arbres creux ou vermoulus ; quelquefois il se contente du nid abandonné d'un autre Pic. L'entrée de ce nid est toujours disposée ou choisie de façon que l'Oiseau ait juste la place nécessaire pour y entrer et en sortir. Le fond est tapissé de fins copeaux sur lesquels sont déposés les œufs. Ceux-ci sont au nombre de quatre ou cinq, leur coquille est blanche, mince et unie. Les petits éclosent au bout de quatorze à dix-sept jours ; ils sont laids et presque nus comme ceux de tous les autres Picidés ; leurs parents les nourrissent et les protègent avec la plus grande sollicitude jusqu'à ce qu'ils soient en état de pourvoir eux-mêmes à tous leurs besoins. Les Pics Épeiches, malgré leur hardiesse et leur courage, deviennent parfois la proie des Éperviers et des Vautours; leurs nids sont souvent dévastés par les E^cureuils et les Belettes. Utilité. — L'homme devrait protéger ces Oiseaux utiles qui débarrassent les forêts d'un grand nombre d'Insectes nuisibles. Captivité. — Le Pic Epeiche, pris jeune, peut être conservé quelque temps en captivité. Il se fait remarquer par sa vivacité et par ses mouvements gracieux et élégants. LE PIC MAR [Picus médius). — Il est encore connu sous le nom de Pic à télé rouge. On le rencontre dans toute l'Europe; il habite les grandes forêts de chênes. En France, il est plus abondant dans le midi que dans le nord. Ses mœurs sont les mêmes que celles du Pic Epeiche. LE PIC ÉPEICHETTE [Picus minor). — Caractères. — L'Épeichette, dont la taille dépasse rarement o", i5, a un plumage d'un noir profond, avec des bandes blanches irrégulières dans les parties supérieures; d'un blanc terne ou gris rayé longitudinalement de noir, dans les parties inférieures. Le front, les joues [144] LES PICS OU PICIDÉS. 8 et les côtés du cou sont d'un blanc terne; le sommet de la tête est rouge- carmin. Une bande noire descend de la base du bec sur la poitrine. Les rectrices médianes sont noires, les latérales blanches, ra3'ées de noir. Le bec et les pattes sont brun de plomb, l'iris rouge. La femelle ne possède pas de rouge sur le sommet de la tête. Habitat. — Cette petite espèce habite toute l'Europe et l'Asie centrale. Elle n'est pas rare en France: on la trouve plus communément dans le nord que dans le midi. Mœurs. — L'Épeichette se rencontre dans les forêts et les bois d'essences variées où dominent les chênes. Il est très rare dans les montagnes et dans les bois de conifères. Il vit solitaire presque toute l'année et s'éloigne peu de son domaine qu'il parcourt plusieurs fois par jour. Bien qu'il ne craigne pas le voi- sinage de l'homme et s'aventure fréquemment dans les jardins où se trouvent des arbres fruitiers, il montre dans ses déplacements une grande prudence, en se ménageant toujours une retraite dans les bosquets les plus voisins. L'Epeichette est, d'après Naumann, un des Pics les plus vifs et les plus agiles. Il grimpe avec promptitude le long des troncs d'arbres, court légèrement sur des branches qui ont à peine un doigt d'épaisseur, ou se suspend à la face inférieure des branches horizontales. Il se nourrit exclusivement d'Insectes, d'Araignées, d'œufs et de larves d'Insectes. Il est d'un naturel très querelleur et ne souffre aucun de ses semblables auprès de lui. A l'époque des amours, c'est-à-dire en mai, les mâles se livrent des combats acharnés pour la possession d'une femelle ; on les entend alors tambouriner sur les branches sèches pour s'appeler et se provoquer. Leur cri peut se rendre par kick, kick, plusieurs fois répété. Le nid de l'Épeichette n'est pas toujours facile à découvrir, car cet Oiseau commence à creuser des cavités dans différents arbres qu'il abandonne ensuite, avant de construire sa demeure définitive. Celle-ci se trouve, en général, dans un vieil arbre élevé dont le bois est déjà pourri; l'entrée en est circulaire et ne mesure pas plus de o'^,ob de diamètre, c'est-à-dire qu'elle est juste suffisante pour le passage de l'Oiseau; elle donne accès dans une cavité qui n'a guère plus de o'",i7 à o",i8 de profondeur. Les œufs, au nombre de cinq à sept, sont déposés sur une couche de poussière de bois; ils sont entièrement blancs, ou parsemés de petits points rouges. La durée de l'incubation est de quatorze jours; le mâle et la femelle se relaient alternativement dans le nid durant ce temps. Utilité. — Les Epeichettes sont des Oiseaux utiles dans les forêts. En examinant l'estomac de ceux qui sont tués accidentellement à la chasse, on le trouve constamment rempli d'Insectes nuisibles. LE PIC LEUCONOTE [Picus leucoiioius). — Cette espèce parait propre à l'Europe. Son plumage se rapproche beaucoup de celui du Pic Mar, dont il ne diffère d'ailleurs point par ses mœurs. PI. XI. — Le Pic Épeiclie (teste, p. 1421 9 LES PICOIDES OU A P TERNES. [145] LE PIC CHEVELU {Picus villosus . — Habitat. _ H est commun dans le centre et le nord des Etats-Unis et dans les montagnes de la C>aroline. Mœurs. — C'est un des Pics les moins sociables; il vit solitaire ou par couples et chasse impitoyablement de son domaine toutes les autres espèces. Sa nourriture se compose d'Insectes, de larves, de Fourmis, de graines, rarement de glands et de noix ; il détruit les Buprestes et leurs larves. Les fermiers lui font parfois une chasse aussi injuste qu'acharnée, lui reprochant de sucer la sève des arbres, et comme il est peu craintif, il tombe souvent vic- time de ce regrettable préjugé. Il serait facile, cependant, de démontrer que cette espèce est incapable des méfaits dont on l'accuse, et que la conformation de son bec et de sa langue en font un insectivore des mieux caractérisés. Le Pic chevelu niche de bonne heure, en mars ou avril ; le mâle, à cette époque, tambourine sur les branches sèches à la façon des autres Pics, et se creuse un ou plusieurs trous voisins du nid de sa femelle. LE PIC MINULE {P. pubescens). — Le Pic minule est le plus petit Picidé des Etats-Unis. Il est plus sociable que le précédent et on le rencontre souvent en compagnie d'autres espèces. Il fréquente les endroits découverts, les vergers, les bosquets, parfois au voisinage des habitations. Il sautille avec une grâce et une vivacité remarquables le long des troncs d'arbres, et pas un Insecte, pas une larve n'échappe à sa vue perçante. Malheureusement, il est aussi victime parfois des préjugés populaires. LE PIC MACULÉ {Piciis rariiis). — Celui-ci est un véritable suceur de sève. Sa langue, peu protractile, est moins bien conformée que celle des autres espèces, pour attraper les Insectes; aussi recherche-t-il principalement les Fourmis et les larves d'Insectes qui vivent, non dans la profondeur du bois, mais sous l'écorce. Il lui arrive souvent de pratiquer dans les jeunes arbres, au printemps, des trous par lesquels s'écoule la sève. Mais se nourrit-il de cette sève? Certains auteurs l'affirment; d'autres pensent qu'il use de ce procédé pour attirer les Insectes et les capturer plus facilement. Quoi qu'il en soit, les dégâts qu'il peut causer ainsi aux arbres sont insignifiants en comparaison de la quantité considérable de Buprestes et autres bétes nuisibles dont il débarrasse les forêts. Les Dendrobates de l'Afrique peuvent être rangés près des Pics proprement dits. Ils ont une huppe très courte ou nulle; un plumage entièrement rayé ou tacheté; les tiges des plumes de la queue et des ailes sont d'un jaune vif; l'occiput est rouge chez les mâles. Leurs mœurs sont celles des autres Pics. LES PICOIDES OU APTERNES Caractères, — Le caractère le plus saillant que présentent les Oiseaux de ce groupe est l'atrophie du doigt postérieur interne; les Picoïdes n'ont donc que ;i40| LES PICS ou PICIDES. 10 trois doigts dont deux sont dirigés en avant et un en arrière. Leur bec est droit, large à la base, les sillons latéraux sont très près des bords de la mandibule supé- rieure. Leurs ailes sont de moyenne longueur : leur tète est dépourvue de huppe. LE PICOÏDE TRIDACTYLE (Picoides tridactylus). — Caractères. — Cette espèce a les parties supérieures du corps noires, variées de blanc sur le cou et les rémiges ; les parties inférieures sont blanches, avec des raies plus ou moins nombreuses à l'abdomen et sur les Hancs. Le front est noir, le sommet de la tète d'un jaune d'or, varié de lignes d'un blanc argenté, l'occiput et les joues noirs. Deux bandes noires partent de la base du bec et descendent sur les côtés du cou et de la poitrine. L'iris est bleu, le bec et les pieds noirâtres. La femelle se distingue du mâle par l'absence de jaune au sommet de la tête, cette couleur étant remplacée par quelques raies d'un blanc argenté. Habitat. — Le Picoïde tridactyle habite les régions montagneuses de l'Europe. Mœurs. — Ses mœurs et ses habitudes ne diffèrent en rien de celles du Pic Epeiche. Comme lui, il se nourrit exclusivement d'Insectes et de leurs larves. Il niche dans les trous des vieux arbres, et pond de quatre à cinq ceufs d'un blanc lustré sans taches. Le Picoïde tridactyle est représenté en Amérique par plusieurs espèces, notamment par le P. aixticiis et le P. americaniis. Le premier se rencontre dans les forêts de conifères ; le second habite de préférence les hautes montagnes. Leurs mœurs ne diffèrent pas de celles des autres Pics. LES GECINES Caractères. — Les Gécines, appelés aussi Chloropics, à cause de la couleur de leur plumage où domine le vert, ont un bec conique, large à la base, à arête légèrement incurvée, à sillons latéraux très rapprochés du sommet de la man- dibule supérieure. Leurs ailes sont longues, sur-obtuses, leur queue moyenne et étagée. Leur tête est souvent ornée d'une huppe. Les Gécines sont des Picidés d'assez forte taille, lisent en moyenne de o^.So à g"", 33 de longueur. LE QÉCINE VERT OU PIC VERT {Gecijiiis vi>-idis\ — Caractères. — Le plu- mage de cette belle espèce européenne présente une agréable association de vert, de rouge, de jaune, de noir et de blanc. Le mâle adulte a le front, le dessus de la tête et la nuque d'un rouge vif; le dos vert jaunâtre, le croupion et les sus-caudales jaunes; le ventre est vert clair; les joues noires, avec une ligne rouge au-dessous. Les rémiges sont noires et marquées de taches transversales jaunâtres : les rectrices sont d'un gris vert, rayées de noir. Le bec est noirâtre au-dessus, jaune sur les côtés et en dessous; les pieds bruns, l'iris blanc. 1 1 LES GÉCINES. [147] La femelle ressemble au mâle, mais la ligne rouge qui passe sous les joues est remplacée chez elle par une ligne noire. Chez les jeunes, la teinte rouge est moins vive, le dos est tacheté de jaunâtre, et le ventre est tacheté de blanc et de brun. Il existe de nombreuses variétés accidentelles du plumage. L'on trouve même parfois des individus entièrement blancs. Habitat. — Le Gécinc vert habite toute l'Europe et une grande partie du nord- ouest de l'Asie; il est assez commun en France. Mœurs. — Il se tient dans les régions où les bouquets de bois alternent avec les endroits découverts; on le trouve rarement dans les forêts de conifères. Il vit solitaire et ne demeure avec sa femelle que pendant la saison des amours. L'hiver, il entreprend de grandes excursions en dehors de son domaine et s'aventure jusque dans les jardins, au milieu des habitations. Le Gécine vert a autant de gaieté et de vivacité, de ruse et de prudence que les autres Picidés. Comme eux, il est sans cesse en mouvement; il grimpe aussi bien qu'eux et marche bien mieux. Son vol est bru3'ant, saccadé, fortement ondulé; sa voix claire et retentissante. Son genre de vie ressemble à celui de ses congénères. Dès que la rosée du matin commence à disparaître, il quitte sa retraite et se met à parcourir son domaine. Il va d'arbre en arbre, parcourant les troncs de la base au sommet, happant au passage les Insectes et les larves qu'il rencontre. Il dévore une quantité considérable de Fourmis; sa langue, plus protractile et plus visqueuse que chez aucune autre espèce, fonctionne aussi merveilleusement que celle du Fourmilier. En été, après la fenaison, on le voit courir sur le sol, y chassant les Vers et les larves. En hiver, il vole aux endroits déclives, où le soleil a fondu la neige, et y cherche les Insectes qui s'y sont cachés. Les substances végétales n'entrent dans son alimentation que pour une très faible part. Le Gécine vert niche dans les vieux arbres dont le cœur est pourri, et que son bec peut facilement entamer. En avril, le couple se inet à creuser une cavité d'environ o°,3o de profondeur et dont l'oritice est juste suffisant pour leur permettre d'y entrer et d'en sortir. La femelle pond chaque année de cinq à huit œufs à coquille lisse et d'un blanc lustré. Les deux sexes se partagent les soins de l'incubation qui dure de quinze à dix-huit jours. Les petits commencent à sortir du nid un mois après, et en octobre la famille se disperse. Captivité. — Il n'est pas facile de se procurer un Pic vert vivant, car cet Oiseau est très défiant. En captivité, il se montre extrêmement farouche, et ne se laisse pas apprivoiser. LE GECINE CENDRÉ [Gecirius canits). — Il est très voisin du précédent. Il paraît localisé dans le nord de l'Europe; ses mœurs sont les mêmes que celles du Pic vert. [148] LES PICS OU PICIDÉS. 12 LES PSILORHIN^ Dans l'Amérique tropicale et l'Asie, se rencontrent d'autres (lécines, dont cer- tains naturalistes ont formé le groupe des Psilorhincc, et qui sont caractérisés par leurs larges narines. Parmi ces espèces, citons le Tiga tridactflc qui, ainsi que son nom l'indique, ne possède que trois doigts et pourrait à ce titre être rangé à côté des Picoïdes. Le genre Celeiis rentre également dans la famille des Psilorhinœ, mais les mœurs des espèces qu'il renferme ne présentent pas de particularité spéciale. Le Celeopic du Mexique {Celeiis badioides) se reconnaît à sa longue huppe jaune roussâtre. Le reste du plumage est d'un brun-cannelle, chaque plume étant bordée de noir en forme de croissant. LES MELANERPES Les Mélanerpes se font remarquer par leur bec large à la base, creuse de pro- fondes rainures, et par leur brillant plumage. LE MÉLANERPE A TÈTE ROUGE [Mélanerpes erythrocephalus). — Carac- tères. — Il mesure environ o"',25 de long. Il a la tête et le cou d'un rouge vif; le dos, les ailes et la queue d'un noir foncé ; les rémiges secondaires, le croupion et le ventre blancs; l'œil brun, le bec et les pattes d'un noir bleuâtre. Habitat. — Il esttrès répandu dans toutes les régions tempérées de l'Amérique du Nord. Mœurs. — Le Mélanerpe à tête rouge est sédentaire dans certaines régions, migrateur dans d'autres. Il se tient sur la lisière des forêts, ou dans les bosquets isolés au milieu des prairies. Bien qu'il soit assez craintif, il se montre souvent dans les jardins et les vergers, et, dans les endroits où on ne le chasse pas, il construit parfois son nid sous le toit de maisons isolées. C'est un Oiseau vif, gai, alerte; son vol est gracieux et ondulé. Son cri est variable selon qu'il manifeste une sensation de plaisir ou de crainte, et ressemble à certains moments au coassement de la Grenouille. « Quoique l'homme soit son plus redoutable ennemi, dit Audubon, il ne le craint pas. Lorsqu'il est perché sur une palissade le long d'un chemin ou auprès d'une plantation et qu'on s'approche de lui, il gagne lentement le côté opposé de lapalissade, se cache, regarde prudemment, comme pour se dérober au regard. Passe-t-on tranquillement, il reparaît aussitôt au haut de la palissade, et chante, comme pour se féliciter du succès de sa ruse. "N'a-t-on vers lui, il s'envole sur un pieu voisin de la palissade, chante de nouveau, et semble provoquer son adversaire. Souvent, il arrive près des maisons, grimpe aux murs, frappe les chevrons, pousse un cri^ puis redescend dans le jardin, et y cueille les fruits les plus savoureux qu'il a pu découvrir. » Sa nourriture se compose des mets les plus variés; en été, il fait la chasse 13 LES MÉLANERPES. 149? aux larves qui rongent le bois; les Sauterelles et les Fourmis entrent pour une grande partie dans son alimentation habituelle, ainsi qu'un grand nombre d'Insectes qui vivent sur le sol, parmi les feuilles sèches; grâce à sa vue perçante, le Mélanerpe les aperçoit de très haut, et il vient les happer avec adresse. Il attrape les Papillons au vol. Le Mélanerpe se nourrit aussi de fruits, tels que les cerises, les mûres sauvages, les pommes. Des observations récentes ont prouvé qu'il dévorait des œufs et des jeunes Oiseaux, mais par contre, ses petits, lorsqu'ils sont encore au nid, deviennent souvent la proie de la Cou- leuvre noire; il n'est pas rare de trouver ce dangereux Serpent dans le nid du Mélanerpe. Le Mélanerpe à tète rouge niche en mai ou juin dans les vieux arbres, principalement dans les chênes, les sycomores, les cotonniers, les pommiers, rarement dans des conifères. Son nid est situé à une hauteur variable ; l'intérieur en est soigneusement raboté et présente un lit de tins copeaux sur lequel sont déposés les œufs. Ceux-ci ont une forme ovale, ils sont blancs, lisses, et tout à fait translucides quand ils sont frais. Leur nombre varie de quatre à sept. LE MÉLANERPE FOURMILIER {Melanerpcs forviicivoriis). — Caractères. — Cette espèce est de la même taille que la précédente. Son plumage est noir, varié de blanc sur les ailes, la poitrine et les flancs; la tête est rouge vif, la gorge noire ornée d'un collier de couleur jaune-soufre; l'iris est jaune, le bec et les pattes noirs. Habitat. — Le Mélanerpe fourmilier habite la Caroline et le Mexique. Mœurs. — C'est le plus sociable de tous les Picidés. Il n'est pas rare de le rencontrer en sociétés d'une demi-douzaine d'individus sur un même arbre. On ne le voit jamais se quereller avec ses semblables ni avec des Oiseaux d'une autre espèce. Il ne s'attaque qu'aux Geais, aux Pies et aux Ecureuils lorsque ces derniers viennent piller ses provisions d'hiver. 11 est aussi gracieux lorsqu'il vole que le Mélanerpe à tète rouge. Il se nour- rit à la fois d'Insectes et de fruits. Il fait une grande consommation de Fourmis, de Sauterelles, de Papillons ; il mange aussi des cerises, des pommes, des figues, et des graines diverses. Mais pendant l'hiver et la plus grande partie de l'année, il se nourrit surtout de glands de chêne. Il emmagasine ceux-ci dans l'écorce des pins et les grosses branches vermoulues des chênes et autres arbres, etmème dans les poteaux télégraphiques ; au Mexique, il établit ses magasins de réserve dans les _\uccas et les agaves. Ce curieux exemple de prévoyance qu'offre le Mélanerpe fourmilier a été parfois mal interprété. Certains auteurs ont cru qu'il amassait tous les glands véreux en attendant que l'Insecte soit arrivé à son complet développement pour le dévorer, mais cette hypothèse ne saurait être adinise; non seulement le Mélanerpe fourmilier évite par un instinct tout particulier les glands qui renferment un parasite, mais il sait encore choisir ceux qui ont la saveur la plus agréable. Il les transporte alors sur un vieux tronc d'arbre, les introduit par un bout dans les fentes naturelles de l'écorce ou creuse lui-même à cet effet [150] LES PICS OU PICIDÉS. 14 un petit trou, puis les assujettit profonde'ment en les martelant à coups de bec. Il ne touche à ces provisions que lorsque la saison rigoureuse est avancée, et que la neige va tomber. Le nombre de glands ainsi mis en réserve est considérable, on en a compté plusieurs mille sur un même tronc d'arbre, mais il est pro- bable que, dans ce dernier cas, le travail avait été fait en commun par plusieurs Mélanerpes. Le Mélanerpe fourmilier niche en avril; il ne choisit pas toujours pour y établir son nid les arbres vermoulus; on l'a quelquefois vu s'établir dans des arbres en pleine croissance, chênes, sycomores, cotonniers, etc. Le mâle et la femelle travaillent ensemble à la confection du nid. Utilité. — Malgré les quelques ravages que cet Oiseau commet dans les ver- gers, où il vient se régaler de cerises, de pommes et autres fruits, il est géné- ralement considéré en Amérique comme un Oiseau digne d'être protégé, car il détruit beaucoup d'Insectes et de larves dans les forêts. LE MÉLANERPE DE LA CAROLINE {Mélanerpes carolinensis). — On le ren- contre dans différentes régions de l'Amérique du Nord. Ses mœurs sont les mêmes que celles du Mélanerpe fourmilier; il est également considéré comme un Oiseau utile. LES COLAPTES Caractères. — Les Colaptes ou Pics-coucous sont caractérisés par leur bec large à la base, allongé, comprimé vers la pointe, à crête dorsale nette, à bords légèrement échancrés, et surtout par leurs tarses très allongés. Habitat. — Ils habitent l'Amérique. Mœurs. — Leurs mœurs diffèrent sensiblement de celles des autres Pics, et sont en rapport avec leurs caractères physiques. Leurs tarses longs, leurs ongles peu crochus, leur permettent de se mouvoir facilement sur le sol; on les rencontre souvent, en effet, au pied des arbres ou dans les buissons, en quête de nids de Fourmis. Certaines espèces ont même été appelées Pics terrestres ou Géocolaptes en raison de leur mode spécial d'existence. LE COLAPTE DORÉ [Colaptes auratiis). — Il doit son nom à la belle couleur jaune doré des grandes pennes des ailes et de la queue. Habitat. — Il est très répandu dans toute l'Amérique du Nord. Migrateur dans les régions situées au nord du 38*^ degré de latitude, il est sédentaire partout ailleurs. Mœurs. — Le Colapte doré arrive dans ses stations d'été en mars ou avril, les mâles précédant les femelles de quelques jours : il fait entendre aussitôt sa voix gaie et sonore. Tous les auteurs s'accordent à reconnaître qu'il est le plus sociable de tous les Pics. Ses mœurs sont très intéressantes à observer à l'époque des amours. Lorsque plusieurs mâles se disputent la possession d'une femelle, 15 LES COLAPTES. 151] ils se livrent à mille jeux divers sans qu'il y ait entre eux le moindre combat. Le mâle délaissé se retire dignement et va chercher ailleurs une autre com- pagne. Le Colapte doré a un vol rapide et saccadé comme celui des autres Pics ; il vole parfois en ligne droite pour passer d'un arbre à un autre. Il grimpe aussi aisément le long des branches que sur les troncs. A terre, il sautille avec agilité. Il préfère aux profondes forêts les endroits découverts où se trouvent des bosquets isolés ; il s'établit le plus souvent sur la lisière d'un bois ou dans un verger. Les chênes, les noyers, les hêtres, les pommiers, les sycomores, les pins, sont les arbres dans lesquels il construit sa demeure, mais en général il choisit ceux qui sont déjà vermoulus ou dont le bois est tendre. Dans les prairies, il vient parfois faire son nid dans les charpentes des maisons isolées. Sa nourriture se compose principalement de Fourmis, de chenilles, de ^'ers de terre. Il mange aussi des cerises, des pommes, des miàres et autres fruits. La femelle pond six, sept et exceptionnellement neuf œufs ; elle peut faire deux couvées par an. Les œufs sont très variables comme forme ; leur coquille est blanche, polie et comme émaillée. Les jeunes peuvent quitter le nid seize jours après leur éclosion ; mais ils y reviennent tous les soirs pendant assez longtemps avant de se séparer défini- tivement de leurs parents. LE COLAPTE DU MEXIQUE {Colaptes tnexicamis). — Le Colapte du Mexique a un plumage qui se rapproche beaucoup de celui du Colapte doré, mais les teintes en sont plus sombres. Mœurs. — Ses mœurs ressemblent à celles du Colapte doré, mais elles présentent, en outre, une particularité intéressante dont on doit la première observation à H. de Saussure. Le Colapte du Mexique est, comme certains autres Picidés, et notamment le Mélanerpe fourmilier, un Oiseau prévoyant. Il amasse en automne dans les hampes d'agaves et les troncs des yuccas, une provision de glands de chêne qui lui servent de nourriture pendant la mauvaise saison. La manière dont il s'}' prend pour établir ses magasins de réserve dénote de la part de cet Oiseau une sagacité extraordinaire. Il perce d'abord, au pied de la hampe d'agave, un petit trou en communication avec la cavité centrale et par lequel il introduit une quantité assez grande de glands pour remplir la cavité depuis sa base jusqu'à l'orifice, puis il perce un second trou un peu plus haut, y fait passer une nouvelle provision de glands, et ainsi de suite jusqu'au sommet. On trouve de ces hampes d'agaves dont la surface est criblée de trous et dont la cavité centrale est entièrement remplie de glands. [152] LES PICS OU PICIDÉS. 16 LES PICUMNIENS Caractères. — Les Picumniens sont des Oiseaux de très petite taille, qui présentent de nombreuses affinités avec les Pics. Leur bec est droit, conique, pointu ; leurs pattes sont conformées comme celles des Pics ; leurs ailes sont courtes, obtuses et arrondies : leur queue courte est composée de pennes molles, arrondies. Habitat. — Ce groupe a des représentants dans l'Amérique du Sud et en Asie. Le PicuMNE NAIN {P. viinutiis ' habite les forêts le long des côtes orientales de l'Amérique du Sud. Le P. iimomiuattis et le Microcolaptes ochraceus se ren- contrent dans l'Asie centrale. Mœurs. — Les Picumniens, sans être aussi bons grimpeurs que les Pics, se cramponnent facilement au.x troncs et aux branches des arbres qu'ils par- courent dans tous les sens, avec agilité. Ils nichent dans les trous des arbres, et se nourrissent d'Insectes et de larves. Leurs mœurs sont encore imparfaitement connues. LES TORQUILLIENS Caractères. — La sous-famille des Torquilliens établit la transition entre les Pics et les Coucous. Les espèces qu'elle renferme ont un corps allongé, une tète petite, dont le bec est dépourvu de sillons latéraux, une queue arrondie, composée de pennes larges et flexibles impropres à servir d'arc-boutant. LES TORCOLS Caractères. — Les Torcols ont un bec droit, conique, pointu, emplumé à la base ; une langue extensible mais dépourvue de crochets ; des ailes médiocres, sur-obtuses; une queue longue, large, à pennes molles; des tarses forts, squameux, un plumage mou. LE TORCOL VULGAIRE (r;/;/.v torqiiilla). —Caractères. — Le Torcol vulgaire a le dos gris cendré clair, finement ponctué et ondulé de gris foncé, semé de taches noirâtres et avec une raie noire le long de la nuque ; la gorge et le cou jaunes ra3'és de brun ; le ventre blanc marqué de taches brunes ; les rémiges brunes marquées de taches rousses ; les rectrices ponctuées de noir, et marquées de raies brunes transversales en zigzag. L'œil est brun jaunâtre, le bec et les pieds jaune verdàtre. Cet Oiseau mesure environ o",i9 de long. Habitat. — ■ On trouve le Torcol vulgaire en Europe, en Asie et en Afrique, mais principalement dans le nord et le centre de l'Europe et de l'Asie. Il est commun en PYance à l'automne. 17 LES TORCOLS. [153] Mœurs. — Le Torcol vulgaire est un Oiseau migrateur. Il arrive dans nos contrées au printemps et repart à la ttn de l'été. Il vit solitaire la plus grande partie de l'année et ne se réunit en petites troupes que lorsqu'il est sur le point d'émigrer. Il recherche les endroits découverts entrecoupés de bosquets et de buissons ; on le rencontre quelquefois dans les ver- gers près des habitations ; le voisinage de l'homme ne paraît pas l'effrayer. Il n'a rien de la vivacité, de la pétulance des Pics et des autres Grimpeurs. Il se cramponne facilement au.K arbres, mais ne grimpe pas. Sur le sol, il sautille lourdement. Son vol est saccadé, peu soutenu. Ce qu'il offre de plus curieux, c'est la faculté qu'il a de tourner sa tête dans toutes les directions. Chaque chose inaccoutumée qui se montre lui fait faire des grimaces, et cela d'autant plus qu'il est plus effrayé. « Il allonge son cou, dit Naumann ; il hé- risse les plumes de sa tête sous forme de huppe, étale sa queue en éven- tail; en même temps, il se relève len- tement et à plusieurs reprises, ou bien il se contracte, étend son cou, s'incline lentement en avant, tourne les yeux, et gonfle sa gorge comme le fait une Grenouille, tout en produi- sant un ronflement sourd et guttural. Quand il est en colère, quand il est blessé ou pris dans un piège, et qu'on veut le saisir avec la main, il fait de telles grimaces, que celui qui le voit pour la pre- mière fois en demeure stupéfait, sinon effrayé. Les plumes de la tête hérissées, les yeux à demi fermés, il étend le cou, le tourne lentement de tous côtés, comme le ferait un Serpent ; sa tête semble décrire plusieurs cercles ; son bec est tantôt dirigé en avant, tantôt en arrière. » Il est probable, comme le pensent la plupart des auteurs, que le Torcol cherche, par ce manège, à effrayer son ennemi en imitant les mouvements d'un Serpent. Un chasseur inexpérimenté qui, pour la première fois, surprend un Torcol dans son nid pourrait éprouver un moment cette illusion. C'est donc là un phénomène de mimétisme des plus curieux, employé par l'Oiseau comme moyen de défense. Mais il est encore une autre ruse dont il fait usage pour échapper à son ennemi. Lorsqu'on veut lé prendre dans son nid, il s'agite d'abord désespérément, se cramponne à la main qui veut le saisir, puis, subite- La vif. des animai X ILLISTRÉE. ][[ Le Torcol. [154] LES PICS OU PICIDÉS. 18 ment, il fait le mort. Mais à peine a-t-on desserré les doigts, une fois hors du nid, qu'il s'envole à tire d'aile à la grande stupéfaction du maladroit dénicheur. Les Provençaux désignent le Torcol sous le nom de fourmigiiié, c'est-à-dire mangeur de Fourmis. Ce sont en effet les Fourmis et les Insectes qui forment le fond de sa nourriture. On le rencontre souvent, au pied des arbres, fouillant le sol et éparpillant les constructions de ces pauvres Hyménoptères: il préfère les jeunes larves aux adultes, il les happe avec une dextérité remarquable. En hiver, lorsque les Fourmis font défaut, il se nourrit de baies de sureau. Le Torcol niche dans les trous des arbres, à une faible distance du sol. La femelle pond de cinq à huit œufs blancs, sans taches, et les couve pendant quatorze jours. Durant l'incubation, elle quitte rarement le nid, elle ne fuit même pas lorsqu'on l'approche, et se contente de siffler comme un Serpent. Les petits croissent très rapidement, et vers le milieu de l'été ils se séparent de leurs parents pour mener une existence solitaire. Utilité. — Le Torcol mérite la protection de l'homme. Les Oiseaux de proie et les petits Carnassiers, Chats, Martes, Belettes, sont déjà pour lui d'assez terribles ennemis. Captivité. — La plus grande difficulté que l'on éprouve à élever cet Oiseau en captivité est de lui procurer une nourriture convenable, et il n'est pas facile de toujours avoir quelques nids de Fourmis à sa disposition ; néanmoins, ceux que l'on peut habituer à un autre régime se montrent très intéressants à observer, ils sont très amusants dans leurs attitudes comiques et leurs grimaces. LES INDICATEURS OU INDICATORIDÉS Caractères. — Certains ornithologistes rangent les Indicateurs parmi les Coucous; d'autres les réunissent aux Torcols. En réalité, les Indicateurs tiennent à la fois à ces deux groupes d'Oiseaux; mais ils possèdent des caractères particuliers assez importants pour être séparés et des uns et des autres. Leur bec est court, conique, presque droit, à bords comprimés vers la pointe ; leurs tarses sont disposés comme ceux de tous les Grimpeurs: leurs ailes sont longues et pointues; leur queue médiocre et échancrée. Leur plumage est composé de plumes courtes, dures et serrées. Habitat. — La famille des Indicatoridés ne comprend qu'un seul genre qui a quelques représentants en Afrique et dans certaines régions de l'Asie méridio- nale. L'INDICATEUR A GORGE NOIRE {Iiidicator Sfarmamii). — Caractères. — Les parties supérieures du corps sont gris brun, les couvertures supérieures des ailes sont bordées de blanc, ainsi que quelques rectrices : la gorge est noire, les parties inférieures blanc grisâtre avec quelques taches brunes sur les cuisses; une tache blanche qui marque la région auditive, et une petite tache 19 LES INDICATEURS OU INDICATORIDÉS. :i55] jaune en forme de croissant en haut de l'aile, complètent la livrée de l'adulte. Sa taille est de i5 à i8 centimètres. Les espèces asiatiques ont un plumage où dominent le jaune et le vert-olive. Habitat. — On le rencontre dans le sud et l'est de l'Afrique. Mœurs. — Tous les Indicateurs ont essentiellement les mêmes mœurs. Ils vivent solitaires ou par paires dans les forêts, voletant d'ar- bre en arbre en faisant entendre leur petit cri, qui peut se traduire par cuic-aiic ou par tchir-tchir. Leur nourriture se compose d'Insectes, de larves, et surtout de jeunes Abeilles et de miel. Leur nom, en allemand Houigaii-eig-ei-, peut être traduit par Indicateur de miel. Ces Oiseaux ont, en effet, la réputation de conduire l'homme auprès des ruches d'Abeilles sau- vages et d'attendre qu'il se soit emparé des gâteaux de miel pour venir glaner ensuite sa part du butin. Ce fait assez extraordi- naire par lui-même, relaté par plusieurs explorateurs, et agrémenté de considé- rations poétiques, mais erronées, fut la source de nombreuses anecdotes fan- taisistes, racontées par dif- férents auteurs du siècle dernier. On prétendit même que cet Oiseau a le talent d'in- diquer à l'homme par ses cris, ses allures, non seule- ment les ruches d'Abeilles, mais en général tout ce qui le frappe ou l'intéresse : les Serpents, les fauves, les Buffles, etc. Le Vaillant a réfuté toutes ces assertions avec assez de verve, et eu s'appuyant sur des raisons qui ne manquent pas d'une certaine justesse. « Il est bien vrai, dit-il, que les colons d'Afrique, et les Hottentots particu- lièrement, ayant reconnu une fois que l'Indicateur se nourrissait de miel, se sont imaginés de suivre cet Oiseau pour découvrir les ruches sauvages auxquelles L'Indicateur à gorge noire. [156] LES PICS OU PICIDÉS. 20 il se rend nécessairement chaque jour plusieurs fois pour subvenir à ses propres besoins, et que son instinct lui indique bien mieux que les recherches de l'homme. Il est encore vrai de dire que l'Indicateur étant de son naturel fort criard, il donne parla beaucoup de facilité pour le découvrir, et mieux encore pour le suivre sans le perdre de vue, jusqu'à ce qu'il soit arrivé au but de sa course, qui n'est rien autre que celui de prendre son repas accoutumé, et non, certes, celui de déceler à l'homme un trésor, dans l'espoir que celui-ci le parta- gera avec lui. S'il fallait que chaque Indicateur conduisît, ou entraînât, pour ainsi dire malgré lui, un homme vers une ruche, pour que celui-ci l'aidât, ia son tour, à s'emparer du miel qu'il aurait découvert, on doit facilement conce- voir que les Indicateurs risqueraient fort de mourir de faim. (c II est évident, ce me semble, que ce n'est pas l'Indicateur qui, comme on l'a raconté, appelle les hommes, dont il est bien certain qu'il n'a pas besoin, pour s'approprier le miel qu'il aurait découvert lui-même, mais que c'est l'homme, au contraire, qui, ayant reconnu l'habitude qu'a cet Oiseau de se rendre aux ruches, le suit tout naturellement pour les trouver plus facilement ; comme lorsque, après avoir remarqué en Afrique l'habitude qu'ont les Gelinottes de se rendre, à certaines heures fixes, à l'abreuvoir, je m'avisai aussi de les y suivre pour découvrir l'eau à laquelle elles se rendaient toutes. » Mais l'homme ne serait pas le seul à bénéficier des précieuses qualités de cet Oiseau. Certains animaux mangeurs de miel, notamment le Ratel, d'après J. Verreaux, savent également mettre à profit son instinct particulier pour découvrir les ruches. Il est donc permis de croire que, dans certains cas, sous l'influence d'un instinct tout spécial développé par le fait même de l'habitude, l'Indicateur sait reconnaître dans les chercheurs de miel, hommes ou animaux, des auxiliaires utiles, pour dévaster les ruches que seul il ne pourrait entamer. Mais il est bien évident aussi que, plus souvent, ces auxiliaires redoutables lui sont parfaite- ment inutiles et qu'il ne les recherche pas. Par certaines particularités de leurs mœurs, les Indicateurs ressemblent beaucoup aux Coucous. Comme ces derniers, ils déposent leurs œufs dans les nids d'autres Oiseaux auxquels ils confient les soins de l'incubation. Les Coucous LES CUCULIDES Caractères. — Les Oiseaux que l'on réunit sous l'appellation générale de Coucous présentent, d'un groupe à l'autre, des caractères très variables. Parmi ces caractères, le plus constant est la conformation des doigts. Ceux-ci sont au nombre de quatre; deux sont antérieurs, les deux autres postérieurs, mais le doigt externe peut être plus ou moins dirigé en avant. Le bec des Coucous est plus ou moins arqué, entier, et largement fendu. Leur queue est longue, étagée. Le tour des yeux est dénudé sur une étendue variable selon les genres. Classification. — Les différents genres de la famille des Cuculidés peuvent se répartir dans les groupes suivants : 1" Les Coucous proprement dits ou Cuculiens; 2° Les Coulicous ou Coccyziens; 3° Les Zanclostomes ou Phœnicophœiniens ; 4" Les Coucals ou Centropodiniens. Aux Coucous nous rattacherons aussi la famille des Crotophagidés. LES CUCULIENS Caractères. — Les Cuculiens ont des formes élancées, un bec long, arqué, entier, largement fendu ; des ailes longues ; une queue longue, conique, étagée; des tarses de moyenne longueur. Leurs doigts présentent la disposition carac- téristique décrite plus haut. Habitat. — Ils habitent tous l'ancien monde et l'Australie, mais ils sont particulièrement abondants en Afrique et aux Indes. Mœurs. — Les Coucous sont des Oiseaux craintifs, qui vivent solitaires dans les forêts. Ils sont admirablement doués sous le rapport du vol. Leur nourriture exclusive consiste en Insectes, larves, et surtout en chenilles poilues. Quelques espèces déposent leurs œufs dans les nids d'autres Oiseaux, qu'ils chargent des soins de l'incubation. Cette particularité, unique dans le monde 1158 LES COUCOUS. des Oiseaux, a été l'origine d'une fouie de légendes et aussi de nombreuses discussions scientifiques, dont il sera question plus loin. Utilité. — Les Coucous sont des Oiseaux insecti- vores auxquels l'homme doit sa protection, en dépit de tous les méfaits dont on les a injustement ac- cusés. Classification. — Les Cuculiens comprennent les Coucous, les Oxylo- phes, les Eudynamis, les Chalcites, et les cythrops. LES COUCOUS Caractères. — Les caractères du genre Coucou sont ainsi définis par Degland : « Bec plus large que haut à la base, légè- rement arqué, en- tier, comprimé gra- duellement jusqu'à la pointe, qui est aiguë ; narines basales, arrondies, en partie couvertes par les plumes du front; ailes allongées, subobtuses; queue longue, arrondie, étagée ; tar- ses de lalongueur du plus long doigt, ou plus courts; annelés en bas, et emplumés plus ou moins au-des- sous du talon ; tête dépourvue de huppe; tour de l'œil peu dénudé. » LE COUCOU GRIS [Ciiciiliis canorus). — Caractères. — Le plumage du Coucou gris subit plusieurs mues avant d'arriver à son état définitif qui est le suivant: tète, cou, poitrine et parties supérieures du corps d'un cendré bleuâtre, plus foncé sur les ailes ; abdomen et cuisses blancs, rayés transversalement de brun noir; queue noire, avec des taches blanches à l'extrémité, sur les baguettes et le long des barbes internes ; le bec est noir avec un peu de jaune à la base ; les paupières, l'iris et les pieds sont jaunes. La femelle est de plus petite taille que le mâle, et son plumage n'en diffère qu'accidentellement. ^'îTf^U^I^ Le Coucou yris. 23 LES COUCOUS. ri59] Habitat. — Le Coucou gris habite l'Europe, l'Asie, l'Afrique. Il est commun en France en été ; on le rencontre aussi en Suisse, en Allemagne, et sur tout le littoral méditerranéen. Mœurs. — Le Coucou gris est un de nos Oiseau.x les plus printaniers. Il fait son apparition dans nos grandes forêts vers le mois d'avril, et l'on entend bientôt son chant mélancolique, qui l'a rendu si populaire. Malgré ses hou-hou sonores qu'il répète à satiété dès le lever du soleil, et qui font partout soupçonner sa présence, cet Oiseau est cependant difficile à aper- cevoir, car il sait habilement se dissimuler au milieu du feuillage. Chaque mâle se conquiert un domaine étendu et le défend avec un soin jaloux contre tout rival; les femelles, au contraire, errent durant tout l'été. Elles s'accouplent avec un mâle, pondent, puis vont chercher un nouvel époux et ainsi de suite. Le Coucou est un des Oiseaux les plus vifs, les plus agiles ; son vol ressemble à celui des Oiseaux de proie, et bien des chasseurs ont souvent pris cet Oiseau pour un Épervier, auquel il ressemble d'ailleurs par son plumage. « Pendant ses excursions, dit Brehm, il mange sans cesse, et il est aussi vorace qu'ami du mouvement. Il arrive d'un vol rapide, élégant, léger, qui rappelle celui du Faucon; il se pose sur quelque forte branche, et cherche du regard une proie à dévorer. En a-t-il aperçu une, il fond sur elle en quelques coups d'aile, la saisit et revient à sa place, ou vole sur un autre arbre pour recommencer le même manège. Ce n'est qu'au vol, d'ailleurs, que le Coucou est adroit; dans tous ses autres mouvements, il est lourd. C'est à peine s'il marche, et il est complètement incapable de grimper. » Sa nourriture se compose d'Insectes de toute espèce et surtout de chenilles velues. Le Coucou gris présente, au point de vue de la reproduction, des mœurs extrêmement curieuses qui, mal interprétées, lui ont valu longtemps une fort mauvaise réputation. Aujourd'hui les légendes qui le représentent comme l'Oiseau de tous les crimes et de toutes les perfidies subsistent encore dans l'esprit de bien des gens, et, faut-il l'avouer, dans des ouvrages de vulgarisation de date toute récente. La vérité sur les mœurs du Coucou est cependant faite depuis de nombreuses années, grâce aux observations minutieuses et impartiales de C.-D. Degland, de Ad. Walter, de F. Prévost, Oustalet, et enfin Xavier Raspail à qui nous devons les détails les plus précis sur ce sujet. La femelle du Coucou, après avoir fait choix d'un mâle et s'être accouplée, pond un œuf, de dimensions relativement très petites et de coloration fort variable, puis va le déposer dans le nid d'un couple de petits Passereaux insec- tivores, Pouillot, Pipis, Rousserolles, Traquets, auxquels elle s'en remet des soins de l'incubation. Elle s'accouple une seconde fois, dépose son œuf dans un autre nid et ainsi de suite. Cette particularité, connue depuis les temps les plus anciens, a été l'objet des [leO] LES coucous. 24 interprétations les plus étranges. Et en effet, il était intéressant de trouver pour quelles raisons, chez les Oiseaux, où le sentiment maternel est si développé, il pouvait s'en trouver un qui confiât à des étrangers le soin d'élever sa progé- niture. Les uns ont émis cette idée que la femelle du Coucou voulait ainsi soustraire ses œufs à la voracité du mâle ; d'autres ont soutenu que des dispositions anato- miques spéciales Tempêchaient de se livrer à l'incubation; d'autres encore ont considéré le Coucou comme un parasite, abandonnant aux petits Passe- reaux le soin d'élever ses petits. L'explication la plus satisfaisante fut celle de F. Prévost. Cet auteur, se basant sur les mœurs polygames du Coucou, expliquait que son existence volage ne pouvait se concilier avec les longues heures de l'incubation. Mais toutes ces hypothèses sont facilement réfutables, et en réalité, il faut admettre avec Xavier Raspail que « la femelle du Coucou est douée, comme les autres Oiseaux, de l'instinct maternel; seule, la faculté de couver lui est refusée, sans qu'il soit possible de déterminer la cause de cette anomalie. Sur ce point, la nature gardera probablement encore longtemps son secret. » Il est cependant probable, comme le pense cet ornithologiste, que la dispro- portion considérable qui existe entre la taille du Coucou et les dimensions minuscules de son œuf est un facteur important pour la solution du problème. La femelle Coucou ayant déposé son œuf dans le nid d'un Passereau, comment se comporte-t-elle, à l'égard des œufs légitimes qui s'y trouvent déjà ? D'après les observations de X. Raspail, la femelle Coucou enlève chaque fois un ou plusieurs œufs du Passereau, et met le sien à leur place; mais cette opération ne se fait pas toujours sans accident, et il arrive que quelquefois, en les retirant, elle en casse un ou deux. Ce n'est donc pas, comme on l'a cru longtemps, pour effrayer les propriétaires du nid en leur posant cet ultimatum : « Couvez mon œuf, ou je casse les vôtres », que la femelle Coucou produit des dégâts dans le nid hospitalier. Les pauvres Passereaux n'ont d'ailleurs nul besoin d'être terrifiés pour adopter l'œuf étranger, ils subissent simplement, comme l'a bien démontré X. Raspail, l'influence personnelle, suggestive du Coucou; ils obéissent à une loi immuable à laquelle ils ne peuvent se soustraire et dont la raison nous échappe. En effet, tout œuf déposé dans leur nid, autre que celui d'un Coucou, est impitoyablement rejeté, car il est de règle chez tous les Oiseaux (à l'exception des races domestiques) de ne jamais couver un œuf d'une autre espèce que la leur. La femelle Coucou se préoccupe fort peu du degré d'incubation des œufs au milieu desquels elle dépose le sien, mettant celui-ci indifféremment à côté d'œufs frais ou couvés. Ce fait s'explique très bien, car X. Raspail a constaté que la présence de l'œuf du Coucou dans le nid des Passereaux amenait un retard dans l'éclosion de ceux-ci, et que, à durée égale d'incubation, l'œuf du Coucou éclôt toujours le premier ; ce retard est dû à la différence de volume des œufs des deux espèces. De plus, la femelle Coucou surveille atten- tivement l'incubation, et si les œufs légitimes doivent éclore les premiers, elle les frappe d'un coup de bec pour les détruire. or. LES COUCOUS. [1611 Dès que son jeune à elle est éclos, c'est-à-dire au bout de onze jours et demi, elle vient alors faire le vide autour de lui, jetant hors du nid les œufs des Passereaux. Le petit Coucou grossit très rapidement; ses parents adopiifs ont toutes les peines du monde à lui apporter une nourriture suffisante, tant il se montre affamé, et dix-neuf jours après son éclosion, il quitte le nid pour vivre de ses propres ressources. Ces détails précis sur les mœurs des Coucous permettent de rejeter dans le domaine de l'imagination les anciennes légendes qui représentaient le jeune Le Coucou dans l'attitude du cri. à la sortie de l'œuf comme un fratricide, car on l'accusait de jeter hors du nid ses frères adoptifs, ou encore la femelle Coucou comme une mauvaise mère parce qu'elle ne couve pas. On a vu plus haut comment il serait bien difficile au jeune Coucou de devenir un fratricide; et quant à la femelle Coucou, loin d'être une mauvaise mère, elle surveille très attentivement l'incubation de l'œuf qu'elle a confié aux Passe- reaux; si elle détruit les œufs de ces derniers, c'est dans le but d'assurer à son propre jeune une nourriture suffisante. Utilité. — Dans un rapport au Congrès ornithologique de 1 900, Xavier Raspail, à qui l'on doit les détails qui précèdent sur les mœurs du Coucou, s'est élevé avec force contre les vieux préjugés qui représentent le Coucou comme un être nuisible, destructeur d'œufs et de jeunes Oiseaux. « C'est en reproduisant des inepties de ce genre, dit-il, que les journaux à. grand tirage faussent l'esprit du public, et le résultat est que les braves gens de la campagne qui prennent pour véridique ce qu'ils ont lu, en arriveraient à détruire le Coucou qui doit être classé parmi nos Oiseaux les plus utiles. Cet Oiseau est le seul à qui un estomac particulier permet de se nourrir de chenilles [1621 LES COUCOUS. 26 velues. Aussi, si cette précieuse espèce venait à disparaître, ou seulement à diminuer, aucune autre ne saurait la remplacer pour restreindre la reproduction du Bombyx processionnaire et des Liparis dispar et monacha dont la pullu- lation ne tarderait pas ii amener la ruine de nos forêts. « ... Le Coucou est si peu un mangeur d'œufs qu'il jette à terre et les y laisse ceux qu'il enlève du nid dans lequel vient de naître son petit; et pourtant, perdus pour perdus, il serait excusable de les manger; en ne le faisant pas, il montre suffisamment que ce genre de nourriture ne lui est pas habituel. « Sur ce point, les observations de Walter et les miennes ne laissent place à aucun doute. » Du reste, le Coucou ne saurait être mieux vengé de ces absurdes accusations que par les intéressantes observations inédites sur le Régime alimentaire des Oiseaux de feu Florent Prévost et que M. le D' Oustalet a très heureusement publiées et commentées dans le fascicule de ['Omis de mai 1900. Sur vingt et un Coucous autopsiés, au cours de tous les mois du séjour de cet Oiseau en France, c'est-à-dire depuis son arrivée au printemps jusqu'à son départ à la fin de l'été, Florent Prévost n'a trouvé dans leurs estomacs que chenilles. Phalènes, larves. Coléoptères et Orthoptères. On lui reproche, enfin, de causer la perte d'un certain nombre de Passereaux et par conséquent de précieux auxiliaires de l'agriculture ; il est bien obligé de le faire, puisque la perpétuation de son espèce en dépend; mais il compense cette perte par la destruction d'Insectes qui, sans lui, n'auraient aucun frein dans leur pullulation excessive. A ceux donc qui le chargent de cette accusation irraisonnée, le baron d'Hamonville a répondu en naturaliste éclairé qu'il était: « Le Coucou recherche les chenilles velues et lanigères dédaignées par les autres Oiseaux insectivores; à ce titre il nous rend les plus grands services. Son mode de propagation enraye, il est vrai, la reproduction des Passereaux qu'il charge du soin de ses petits, mais le bénéfice est encore pour nous. » LES OXYLOPHES Caractères. — Les Oxylophes se distinguent des Coucous parla présence d'une huppe composée de plumes effilées; par une très longue queue en forme de cône ; par des narines ovales complètement découvertes ; par un bec et des tarses plus forts, plus épais. Habitat. — Les Oxylophes sont originaires de l'Afrique. L'OXYLOPHE-QEAI (Oxj-loplius glandarius). —Caractères. — L'Oxylophe- Geai, ou Coucou-Geai de Linné, a la tête gris cendré, la gorge, les côtés du cou, la poitrine jaune fauve; le ventre blanc, le dos gris brun; toutes les plumes des ailes et de la queue sont brunes, terminées de blanc ; le bec rougeâtre à la base, noir à la pointe; l'iris jaune, les pieds verdàtres. Sa taille est d'envi- ron o",4o. Habitat. — Il habite le nord de l'Afrique, l'Arabie, la Palestine; on le 27 LES CHALCITES. [163] rencontre aussi en Espagne et dans quelques régions du sud de l'Europe; il est rare dans le midi de la France. Mœurs. — L'Oxylophe-Geai est un charmant Oiseau au vol léger et rapide. Il vit par paires ou en petites sociétés où ne règne pas toujours la plus parfaite harmonie. Son cri diffère de celui du Coucou; il est plus sonore et ressemble à un rica- nement. L'Oxvlophe-Geai se nourrit d'Insectes et de chenilles. Il a, comme le Coucou gris, l'habitude de déposer ses œufs dans les nids d'autres Oiseaux ; il choisit de préférence, dans ce but, les nids de Corneilles. Captivité. — On cite quelques exemples d'Oxylophes élevés en captivité, mais il est peu probable que ces Oiseaux puissent supporter longtemps la privation de leur habitat normal. LES EUDYNAMIS Caractères. — Les Cuculidés du genre Eudynamis sont caractérisés par un bec épais, fort, et très crochu, à mandibule inférieure presque droite, plus courte que la supérieure. Ils ont des ailes longues, une queue ample et arrondie, le tour de l'œil nu ; ils ne possèdent pas de huppe. Habitat. — Ils habitent l'Asie méridionale et l'Océanie. L'EUDYNAMIS ORIENTAL [Eudj-iiamis orientalis Bp.). — Caractères.— Le plumage de ce superbe Oiseau est, chez le mâle, d'un noir verdâtre brillant. La femelle est d'un vert foncé, tacheté de blanc. Habitat. — Il habite les Indes, la Malaisie et les Philippines. /Vlœurs. — Ses mœurs diffèrent peu de celles des autres Coucous. Il n'est point farouche, et fréquente les forêts clairsemées, les bosquets, les jardins. Les indigènes le désignent sous le nom de Coel, par imitation de son cri bien connu. La femelle dépose ses œufs dans des nids de Corbeaux et d'Anomalocorax. Captivité. — Les Eudynamis, connus aussi sous le nom de Coucous gros-bec, paraissent supporter facilement la captivité. LES CHALCITES Caractères. — Les Chalcites ou Coucous dores attirent surtout l'attention par les magnifiques reflets métalliques cuivrés ou dorés que présente leur plumage. Habitat. — Ils vivent dans les régions tropicales de l'Afrique, de l'Asie et de l'Océanie. LE CHALCITE DORÉ Clirrsococcjw auratus).— On le rencontre dans l'Afrique méridionale et orientale. C'est l'espèce la mieux connue, et celle dont Le Vail- lant a si bien étudié les mœurs. :i64] LES COUCOUS. 28 Ce superbe Oiseau ne quitte guère les grandes forêts vierges ; il se tient sur les arbres touffus et élevés. Son cri est retentissant et peut se traduire par les syllabes di-di-di-didric. il le fait surtout entendre à l'époque des amours. Sa nourriture se compose surtout d'Insectes. Comme ses congénères de la même famille, il abandonne ses œufs dans des nids étrangers, et toujours dans ceux des petits Oiseaux insectivores. LES SCYTHROPS Caractères. — Les Scythrops sont les plus grands des Cuculidés. Ils ont un bec large et haut à la base, plus long que la tête, à arête fortement recourbée, à bords mandibulaires finement dentelés. Leurs tarses sont courts et forts, leurs ailes subobtuses, leur queue longue et arrondie. Le tour des yeux est complè- tement dénudé. Habitat. — Ils sont propres à la faune australienne. LE SCYTHROPS QÉANT [Scythrops Noiw-HoUandLv). — Caractères. — Il atteint o^jôôde long. Son plumage ressemble beaucoup à celui de notre Coucou d'Europe. Les vieux sujets se font remarquer par les sillons longitudinaux plus ou moins profonds que présente leur bec. Habitat. — Cette espèce habite la Nouvelle-Galles du Sud et les Célèbes. Mœurs, — Le Scythrops géant est appelé par les indigènes du nom de Amearo (Oiseau qui présage la pluie). C'est, en effet, un Oiseau d'un naturel sauvage et craintif, qui se tient caché dans les endroits sombres par le plus beau temps et qui, à l'approche des pluies et des ouragans, fait entendre, paraît-il, des cris sonores et perçants. On le rencontre par petites troupes de sept ii huit individus. Sa nourriture favorite consiste en certaines graines, en gros Coléoptères, et en Mollusques divers, dont il brise la coquille à l'aide de son bec puissant. On l'a quelquefois observé en captivité. LES COU LICOUS OU COCCYZIENS Le groupe des Coccyziens renferme des éléments hétérogènes, pour lesquels il est difficile d'établir des caractères d'ensemble. Mais les différents genres qui le composent ont entre eux d'étroites affinités par leur genre de vie. Les Coccyziens vivent tous dans les grandes forêts; on les rencontre rarement dans les endroits découverts. Ils recherchent les arbres touffus et les buissons, en quête d'Insectes et de chenilles. On peut dire que l'existence de la plupart d'entre eux est plutôt terrestre qu'arboricole. 20 LES COU LICOUS OU COCCYZIENS. [165] Enfin, un caractère important qui les différencie nettement des Cuculicns est qu'ils couvent eux-mêmes leurs œufs. LES COULICOUS Caractères. — Les Coulicous ont un bec robuste, de la longueur de la tète, plus haut que large à la base, arqué, aigu et comprimé dans toute sa longueur; des narines basales, ovalaires ; des ailes subobtuses, pointues, atteignant le milieu de la queue, celle-ci -longue, large et étagée ; des tarses de longueur moyenne ; le tour de l'œil peu dénudé. Habitat. — Ce genre est exclusivement américain. LE COULICOU AMÉRICAIN (Coccr^fws americamts). — Caractères. — \\ mesure environ o^jSo de longueur et o", 12 à o™, 14 d'envergure. Son plumage est d'un brun cendré en dessus, avec des reflets verdâtres, roux ou bleuâtres, suivant les jeux de lumière; blanchâtre en dessous; les barbes internes des rémiges sont rousses, les rectrices médianes sont pareilles au manteau, les rectrices latérales sont noires avec l'extrémité blanche ; la mandi- bule supérieure est brun noirâtre, l'inférieure jaune; l'iris rougeâtre ; les pieds noirs. Habitat. — Le Coulicou américain, appelé aussi Coucou des pluies, Coucou à bec jaune., Pigeon des bois ou Poule indienne, est assez commun dans l'Amé- rique du Nord et le Canada. A l'automne, il émigré en bandes nombreuses vers les Antilles. Mœurs. — On entend cet Oiseau plus qu'on ne le voit. Il est, en effet, d'un naturel farouche et se dissimule admirablement dans le feuillage. Il s'établit cependant quelquefois dans le voisinage des habitations. C'est un Oiseau essentiellement arboricole; ses tarses, relativement courts et faibles, le rendent très maladroit sur le sol. Il se meut, au contraire, avec une aisance remarquable sur les branches des arbres. Son vol est doux et silencieux ; il glisse il travers les plus épais feuillages en décrivant des méandres compli- qués, sa longue queue ondoyant avec grâce à chacun de ses mouvements. Il serait difficile de traduire son cri, lequel varie d'ailleurs selon les circons- tances: les mâles se font entendre à l'époque des amours et à l'approche des orages. En autre temps, les Coulicous sont plutôt calmes et silencieux; ils restent cachés dans les arbres touffus des forêts, au voisinage de quelque cours d'eau ou dans les petites îles d'un grand fleuve. Peu d'Oiseaux ont une importance économique aussi considérable, car il est étonnant de voir avec quelle rapidité ils débarrassent un verger de tous les Insectes et de toutes les chenilles qui s'y trouvent. Ces dernières surtout forment, en certaines saisons, le fond de leur régime, et les chenilles poilues, que dédaignent la plupart des Oiseaux, sont dévorées avec avidité par les Cou- licous. Ils mangent aussi des Sauterelles, des Papillons, des Limaçons, des Fourmis et quelques fruits, cerises, mûres, etc. [1661 LES COUCOUS. 30 On a accusé le Coulicou américain de détruire les œufs des petits Oiseaux et les jeunes de ces mêmes Oiseaux. Mais cette accusation est injuste et, si le fait a été soupçonné quelquefois avec raison, il doit être extrêmement rare. Le Coulicou apporte peu de soins à la construction de son nid. Celui-ci consiste en une petite plate-forme à peine déprimée en son centre pour contenir les œufs. Les matériaux qui le composent sont des petits morceaux de branches sèches, des feuilles, de la mousse, des fibres d'écorce ; leur assemblage en est très imparfait et un vent un peu fort suffit à faire écrouler la construction. Aussi trouve-t-on souvent au pied des arbres des œufs tombés du nid et brisés. Le Coulicou pond quelquefois dans les nids d'autres Oiseaux, comme le font la plupart des autres Coucous; mais une remarque digne d'intérêt est que, dans ce but, il choisit souvent le nid d'une autre espèce de Coucou qui, à l'occasion, agit de même à son égard. Cette particularité, si elle existe, n'a aucun rapport avec la façon d'agir du Coucou gris envers les Passereaux. Habituellement, la femelle du Coulicou pond dans son propre nid un nombre d'œufs variant de deux à cinq, généralement de trois. L'incubation, qui dure quarante jours, commence souvent dès que le premier œuf est pondu; aussi n'est-il pas rare de trouver, dans un même nid, des petits d'âge très différent. Utilité. — Il serait superflu d'insister sur l'utilité incontestable du Coulicou. On a vu qu'il dévore une quantité considérable d'Insectes nuisibles, particuliè- rement dechenilles poilues auxquelles les autres Oiseaux insectivores ne touchent jamais. LES COUCOUS TERRESTRES OU QÉOCOCCYX Caractères. — Les Géococcyx sont remarquables par la conformation de leur bec, qui est plus long que la tête, presque droit, à pointe crochue. Ils ont des ailes courtes, une queue longue et étagée. Habitat. — Ils habitent l'Amérique tropicale. Mœurs. — Les Géococcyx mènent une existence plutôt terrestre qu'arbori- cole. On les rencontre le plus souvent courant sur le sol dans les vastes régions couvertes de yuccas et de cactus. Ils sont plus communs qu'on ne le croit, mais leur naturel craintif et farouche les rend difficiles à approcher. Ils vivent solitaires ou par couples, à l'époque des amours. Ils nichent dans les buissons ou sur les arbres peu élevés. Ces Oiseaux, malgré leurs courtes ailes, ont cependant un vol assez rapide pour être difficilement suivis par un Cheval au galop. Leur nourriture consiste en Sauterelles, Lézards, Serpents. Le Géococcyx de Californie porte vulgairement le nom de Siiake-Killer, qui signifie : tueur de serpents. 31 LES ZANCLOSTOMES OU PHŒNICOPHŒINIENS. IG7 LES COUAS Caractères. — Les Couas ont des tarses hauts et forts, des ailes très courtes ; leur tète est garnie de plumes effilées. Habitat. — Ils vivent en Afrique et à Madagascar. Mœurs. — On doit les premiers détails sur leurs mœurs à Le Vaillant. Ces Oiseaux ont à peu près le même genre de vie que les Géococcyx, auxquels on pourrait les rattacher. Ils sautent de branche en branche dans les buissons et les bosquets, à la recherche d'Insectes et surtout de petits Mollusques gastéropodes qui forment leur principale nourriture. Ils nichent dans des trous sur la tête des vieux troncs d'arbres vermoulus. Leur cri, qu'ils font entendre d'une voix forte : côha-côha, leur a valu le nom sous lequel ils sont désignés. LES PIAYES Les Piayes [Piaya] attirent l'attention par leurs formes gracieuses et par leur plumage, qui est doux comme de la soie. Ils vivent dans l'Amérique tropicale. D'après d'Azara, les Piayes se montrent à la lisière des bois ; mais on ne les rencontre presque jamais dans les lieux découverts, ni à terre; ils sautent avec agilité de branche en branche pour y chercher les Vers et les chenilles dont ils se nourrissent. Ils vont presque toujours par paires, volent bas et horizonta- lement. Quoiqu'ils restent assez longtemps au repos, ils ne laissent pas que d'être vifs et alertes. LES ZANCLOSTOMES OU PHOENICOPHOEINIENS Caractères. — Les Zanclostomes ont un bec de la longueur de la tête, épais et courbé; des narines basales en partie cachées par les plumes du front ; des ailes courtes et arrondies: une queue longue, étagée ; un plumage soyeux. LE ZANCLOSTOME TRISTE [Zandostomtts tristis). — Cette" espèce est remarquable par ses formes sveltes et son plumage où dominent le gris et le vert bronzé. Habitat. — Le Zanclostome triste est très répandu dans toute l'Asie méri- dionale. Mœurs. — Il vit solitaire ou par couples dans les forêts. Il est peu craintif et peu bruyant. Son cri est triste et lugubre. Par son allure, son genre de vie, il mérite parfaitement le nom qui lui a été donné. Son régime est à la fois granivore et insgctivore. [168] LES COUCOUS. 32 Les Malcoha {Phœnicophœus) de la Malaisie ressemblent beaucoup, par leurs caractères et par leurs mœurs, aux Zanclostomes; ils ne s'en distinguent guère que par les couleurs de leur plumage. LES COUCALS OU CENTROPODINIENS Caractères. — Le caractère principal des Centropodiniens est d'avoir, en général, les plumes de la tête et de toute la moitié antérieure du corps rudes et dures comme du crin. Leur bec est vigoureux, aussi long que la tête ; leurs tarses sont élevés, robustes; le pouce se prolonge en un éperon comme on le voit chez les Alouettes; leurs ailes sont courtes et arrondies; leur queue géné- ralement très longue. Habitat. — Ils habitent l'Afrique, l'Asie et l'Océanie. Mœurs. — Les Centropodiniens peuvent être regardés comme occupant, dans la faune de l'ancien monde, la même place que les Coulicous dans celle du nouveau. Ils ont beaucoup des mœurs de ceux-ci. Ils habitent les bas-fonds, les buissons bien épais, les fourrés de roseaux et même les hautes herbes. Ils volent peu; ils courent sur le sol avec rapidité, glissent comme des Souris, au milieu des lacis les plus serrés, et pénètrent là où ne peuvent arriver d'autres Oiseaux; ils font la chasse aux grands Insectes, tels que les Scorpions ; ils s'attaquent même aux Lézards, aux Serpents. LE COUCAL DU SÉNÉGAL {Centropiis senegalensis). — Caractères. — Cette «spèce, qui atteint presque o°',4o de longueur, a la tête, le cou et le haut du dos d'un noir profond, à reflets métalliques bleuâtres; les ailes et le dos d'un roux fauve, le croupion et la queue noirs, finement rayés de fauve, le ventre blanc pâle. Habitat. — H est assez répandu dans l'Afrique méridionale, rEg3rpte, le Sénéeal. Mœurs. — Le Coucal se reconnaît souvent dans les forêts à son cri lugubre •que l'on peut traduire par hou-hou, et qu'il fait entendre pendant une grande partie de la journée. Le mâle et la femelle, une fois appariés, se séparent rarement; ils chassent ■ensemble les Insectes, Sauterelles, Grillons, Criquets qui composent leur nour- riture. D'après certains auteurs, ils pillent les nids des petits Oiseaux et dévorent les jeunes; mais il est probable que ce fait est exceptionnel. Ils établissent leur nid dans les buissons ou sur quelque grand arbre ver- moulu, à la bifurcation de deux grosses branches, dans une dépression. Les CoucALs ASIATIQUES sout comuiuns dans les bois, près des terrains cultivés. Ils ont, comme leurs congénères d'Afrique, un vol lourd et peu soutenu ; mais ils marchent et courent très vite sur le sol, attrapant des Insectes, des Lézards, des Larves diverses. Ils composent leur nid avec des herbes vertes, et on trouve généralement 33 LES ANIS. 169] dans ce nid de trois a quatre œufs blancs, que le niàle et la lemelle couvent alternativement. LK COUCAL DES HAIES C. i-u/ipciniis . — Cette espèce est très répandue dans la plus grande partie de l'Asie, notamment dans les Indes. Elle habite les régions basses couvertes de buissons, les jungles, les forêts impénétrables. Les CoucALS i)K l'Australie, ou Coucous-Faisans, sont remarquables par leur grande taille. Parmi eux, les Polophiles atteignent jusqu'à o"',().^ de longueur. Leurs mœurs sont les mêmes que celles des autres Coucals. LES ANIS OU CROTOPHAGIDES Caractères. — Les Crotophagidés présentent des caractères qui les relient d'une part aux Coucous, d'autre part aux Toucans. Ils ont un énorme bec, aussi long que la tête, très comprimé, élevé et pourvu d'une crête saillante, convexe, en forme de carène. Leurs pieds sont vigoureux, leurs ailes de moyenne longueur, leur queue longue, large et arrondie. Leur plumage est serré, brillant, composé de plumes petites. Le tour des \"cux est nu ; quelques soies raides garnissent la base du bec. Habitat. — Les Crotophagidés sont propres à l'Amérique centrale et tropi- cale. Mœurs. — Ils vivent en troupes nombreuses et bru3antes dans les forêts et dans les steppes, aussi bien que dans le voisinage des habitations ; ils se tiennent de préférence au fond des vallées, dans les prairies humides, et toujours auprès des troupeaux de bétail. Ils se nourrissent d'Insectes parasites des grands animaux, d'Insectes ailés divers, de chenilles et de Papillons. La particularité la plus remarquable de leurs mieurs est leur mode de reproduction. Ils construisent leurs nids en commun, et le disposent de manière que plusieurs femelles puissent pondre et couver ensemble. Le genre Ani ou Crotophasia gsI seul à représenter ce groupe d'Oiseaux. LES ANIS L'ANI DES PALÉTUVIERS [Crolopliagci major). — Caractères. — Il présente quelque ressemblance avec la Pie, dont il a les formes élancées. Sa taille est d'environ o^j.ti; il mesure o"',()i d'envergure. Son plumage est d'un bleu foncé, tirant sur le violet à la queue, sur le vert a la poitrine. Le bec et les lorums sont noirs, l'iris jaune, les pattes noires. L'ANI DES SAVANES (Cro/o/7/îa^M minor). — Caractères. — Il est moins grand que le précédent, et ne mesure que o'°,37 de longueur. La VIE DES ANIMAU.X ILLUSTRÉE. 111. 12 [170] LES COUCOUS. 34 Son plumage est bleu noir avec des reflets violets. L'œil est gris, le bec et les pattes noirs Habitat. — L'Ani des palétuviers habite les lieux tranquilles, buissonneux de l'Amc'rique méridionale. L'Ani des savanes a une aire de dispersion plus étendue et se rencontre dans l'Amérique centrale et le sud de l'Amérique du Nord. Mœurs. — Les Anis ont sensiblement tous le même genre de vie, les mêmes mœurs ; mais l'espèce la mieux connue est 1'^;;/ des saPciiies. « Partout où se trouve un pâturage, dit Hill, un lieu découvert où poussent quelques arbres ou quelques buissons, on est sûr d'y trouver des Anis. Ils sont hardis, nullement craintifs en apparence, mais jamais ils ne manquent de signaler par un cri l'approche de l'homme. » Ce sont des Oiseaux très sociables ; on ne les rencontre jamais qu'en bandes plus ou moins nombreuses, soit qu'ils se reposent côte à côte, en rangs serrés, sur les branches des arbres, soit qu'ils cherchent leur nourriture habituelle dans les prairies ou les bosquets. Leur régime est assez varié ; il comprend des Insectes de diverses espèces. Papillons, Sauterelles, Mouches, des Vers, et parfois des fruits ; mais ils font leur mets favori des parasites qui vivent sur les bestiaux. Il semble qu'il se soit établi une véritable association entre les bêtes à cornes et ces insectivores ailés. On voit les Anis, par groupes de deux ou. trois, courir sur le dos d'un Bœuf, piquant par-ci par là quelque Insecte, s'accrochant à la queue et la pico- tant avec ardeur, au grand contentement de la pauvre béte, qui se trouve ainsi débarrassée de la vermine qui la tourmentait. D'autres cherchent, parmi les herbes du pâturage et la terre remuée par les sabots des bestiaux, les Insectes, les larves, les "N'ers, les Lézards. Par les journées brûlantes, quand la rosée est tarie, que les plantes se dessèchent, les Anis des savanes, un peu après midi, se dirigent vers les cours d'eau et s'y divisent en petites sociétés. Ont-ils trouvé un arbre déraciné et tombé dans la rivière, ils s'y posent en prenant les postures les plus diverses: les uns, la queue en l'air, boivent à longs traits ; d'autres sont silencieux et comme absorbés dans leurs méditations; d'autres encore lissent leur plumage ou se tiennent sur le sable du rivage. Us restent là jusqu'au coucher du soleil ; à ce moment, ils s'envolent, après qu'un de la bande a donné le signal de se rendre vers le lieu de repos. Certains auteurs représentent les Anis comme des Oiseaux gauches et mala- droits. Il y a là une exagération manifeste, car, sans être très gracieux, ils sont doués d'une certaine agilité puisqu'on les voit parfois attraper au vol un Papillon ou un Insecte. A l'époque de la reproduction, les Anis se groupent en petites sociétés et se mettent à Touvrage en commun pour construire le nid dans lequel leurs femelles vont déposer leurs teufs. Ce nid est habituellement placé sur un arbre élevé ; c'est une immense cons- truction faite de branches d'arbres, et complètement tapissée à l'intérieur de feuilles fraîches. Le nombre des œufs qui }• sont déposés est très variable. On :r. LES ANIS. 171 admet en gcncral que chaque femelle pond deux leufs ; le nid en contient six, huit, et même vingt, appartenant à didërentcs femelles. Mais le fait le plus remarquable est la façon dont ces œufs sont de'posés, en lits réguliers, alter- nant avec des feuilles sèches ; ils sont du volume de ceux du Pigeon ; leur contenu est bleu verdàtre, mais lorsqu'ils sont fraîchement pondus, ils sont recouverts d'un enduit blanc que les frottements font disparaître par endroits. Tous les œufs n'arrivent pas jusqu'à l'éclosion. On a remarqué que ceux qui étaient placés en contact direct avec la couveuse étaient privilégiés sous ce rapport; les autres, disséminés dans les parois du nid, étaient souvent sacrifiés. L'ANI DE LAS-CASAS [Crotophaga sulciroslris). — Cet Ani a beaucoup de rapports avec l'Ani des savanes, mais il en diffère par une taille plus grêle et par quelques caractères peu importants dans la forme du bec et dans le plumage. Mœurs. — On le rencontre par compagnies de dixà quinze individus, dans les régions où se trouvent des pâturages. Il est bien connu des colons. Ceux-ci le respectent et savent reconnaître les services qu'il rend aux bestiaux en les débarrassant des Ixodes et autres Acariens. LE QUIRA A CRETE {Oclopteryx cris(atus). — Les Guiras sont très voisins des Anis par leurs caractères et par leurs mtturs. Ils se font remarquer par l'allongement des plumes occipitales qu'ils peuvent relever en une huppe sous certaines influences, et par un cercle très dénudé autour des 3'eux. Leurs mceurs sont celles des Anis. Ils vivent près des lieux habités, et se construisent dans les buissons un large nid aplati. Les Musophages et les Touracos LES MUSOPHAGIDES Caractères. — Le caractère le plus remarquable que présentent les Oiseaux de cette famille réside dans la conformation de leurs pieds. Leur doigt externe peut indiiféremment se porter en avant ou en arriére, selon que l'Oiseau le juge à propos pour mieux se maintenir sur les branches. La forme de leur bec est aussi très curieuse: il est fort, court et large. La mandibule supérieure est fortement bombée ; les bords mandibulaires ont un tranchant dentelé. Les Musophagidés ont un corps allongé, un cou court, des ailes de moyenne longueur ; une queue longue, arrondie. Leur plumage, composé de plumes molles, présente souvent des couleurs très vives. Hab'tat. — On ne rencontre les Musophagidés que dans les grandes forêts de l'Afrique. Mœurs. — Ces Oiseaux vivent en troupes nombreuses, au voisinage des cours d'eau. Ils se nourrissent exclusivement de matières végétales, fruits, baies, bourgeons, graines. Leur vol est aisé et rapide ; sur les arbres, ils se meuvent avec agilité. Ils nichent dans les creux des grands arbres vermoulus. Captivité. — La beauté du plumage des Musophagidés et la facilité de leur procurer le régime qui leur convient, font que ces Oiseaux sont très recherchés des amateurs. LES MUSOPHAGES Caractères. — Les Musophages ont un bec robuste, conique, dentelé sur ses bords dans sa moitié antérieure. L'arête de la mandibule supérieure s'élargit à sa base, en encadrant les plumes du front ;"! la façon d'un masque : 37 LES TOURACOS. les narines ovalaircs, nues, sont placées vers "1731 .1 pointe du bec ; le tour de l'ccil est nu. Leurs tarses sont courts et forts ; leur queue large, arron- die. LE MUSOPHAQE VIOLET [Musophagci riolacea). — 11 me- sure environ o^^bb. le le -»» Le noir-pourpre, rouge écarlate et violet dominent dans son plumage. Il habite les forêts de l'Afrique occiden- tale depuis la Sénc- gambie jusque dans la Guinée méridio- nale, mais il n'est pas très commun. Il se nourrit sur- tout de fruits de Musa. LES TOURACOS Caractères . — Les Touracos se font sur- tout remarquer par leur splendide plu- mage sur lequel se jouent les couleurs les plus vives. Ils ont un bec court, triangulaire, la mandibule supérieure légèrement recourbée sur l'inférieure, à l'extrémité ; la tête sur- montée d'une huppe en forme de casque ; le tour de l'œil dé- nudé, verruqueux : des ailes arrondies ; une queue de longueur mo^'enne. - Les Touracos sont sédentaires dans les grandes forêts de l'Alrique méridionale et tropicale. C'est à Buffon que l'on doit les premières observations sur les mhordeile de Virginie est un Oiseau utile ; il fait une consom- mation prodigieuse de Papillons de nuit et de Moustiques. Malheureusement, les chasseurs américains ne le ménagent pas, et sans tenir compte des services qu'il rend, ils le tuent non seulement comme d'autre gibier, car sa chair est excellente, mais aussi par simple amusement. LE NACUNDA [Podag-er JiaaiiuicV. — Le Nacunda, connu au Brésil sous le nom de Criaiigo, est très répandu dans l'Amérique méridionale. Il habite en bandes nombreuses les clairières des grandes forêts et les steppes; on le ren- contre assez fréquemment près des villages, car il vole durant le jour. Son plumage s'harmonise si bien avec la couleur du sol, que quand cet Oi- seau se pose à terre, il échappe complètement aux regards. Sa nourriture se compose, comme celle des autres Engoulevents, d'Insectes divers. Il vole avec une remarquable agilité, à la façon des Hirondelles. LES ANTROSTOMES Les Antrostomes sont des Engoulevents d'Amérique représentés par plusieurs espèces très voisines les unes des autres, et de leurs congénères les Chordeiles. L'ANTROSTOME DE LA CAROLINE {Aulroslomits carolineims). — C'est le plus grand des Caprimulgidés de l'Amérique du Nord; il mesure environ o°',24. Il apparaît dans les contrées où il se reproduit vers le mois d'avril. Il émigré en petites compa^rnies et non en grandes bandes comme les autres espèces, et voyage toujours la nuit. Ses mœurs sont à la fois crépusculaires et nocturnes. Il passe la plus grande partie du jour caché dans les endroits les plus sombres des bois, ou dans les buissons les plus touffus. Dès le coucher du soleil, il se met en mouvement et fait alors entendre, sur- tout à l'époque des amours, son cri caractéristique, sorte de ronronnement qui dure pendant deux ou trois minutes. Quand il vole tard dans la nuit, il pousse des cris brefs qui ne s'entendent pas à une grande distance, tandis que son ronronnement s'entend, disent cer- tains auteurs, à plus d'un mille. Sa nourriture consiste en Scarabées, Fourmis ailées et autres Insectes, notam- ment en Papillons nocturnes, tels que Sphinx, grands Paons de nuit, Noctuelles. II paraît qu'il ne dédaigne pas non plus, occasionnellement, les petits Oiseaux. Il ne construit pas de nid. La femelle dépose ses œufs sur les feuilles sèches qui couvrent le sol des forêts. Ces œufs, au nombre de deux, sont parmi les plus beaux de tous ceux des Oiseaux de l'Amérique du Nord. Ils sont relativement gros, elliptiques ; leur coquille est mince, à grain fin. couleur de terre et tachetée suivant des tvpes très variables. [230] LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. 22 La femelle seule s'occupe de l'incubation. En cas de danger, elle |)rend ses œufs dans son bec et les transporte en un autre endroit, comme le fait parfois l'Engoulevent d'Europe, mais cette particularité n'a été observée que très acci- dentellement, et certains auteurs la contestent même. L'ANTROSTOME VOCIFER (Antrostomus vociferus). — Souvent confondu avec l'espèce précédente, l'Antrostome vocifer est aussi un habitant de l'Amé- rique du Nord. Il est plus connu sous le nom de U'hip-poor-n'ill, qui est une onomatopée de son cri. LES NYCTIDROMES Les N3'ctidromes sont à peine différents des Chordeiles et des Antrostomes, tant par leurs caractères que parleurs mœurs. Habitat. — Ils habitent les contrées tropicales de l'Amérique. Une espèce cependant rc-monte au printemps jusque dans le sud des États-Unis. Mœurs. — Les N3'ctidromes se plaisent, en temps ordinaire, dans les fourrés et les taillis; mais à l'époque des amours, on les rencontre fréquemment sur le sol ou sur les basses branches des arbres. Quand ils sont surpris dans leur repos, ils se glissent rapidement et silen- cieusement à travers les branches, ils s'enfuient encore un peu plus loin lorsqu'on les approche de nouveau. D'autres fois, ils se tapissent sur le sol à la facondes petits Hiboux des prairies. Les Hydropsalis. — Près des espèces précédentes vivent, dans l'Amérique du Sud, des Engoulevents de petite taille dont le caractère principal est d'avoir la queue profondément échancrée. Tel est Y Hydropsalis-l}-re qui mesure o",7o de longueur, dont o°',\<^ seulement appartiennent au corps de l'Oiseau. L'Hydropsalis-l3're habite les forets clairsemées; il vit solitaire ou en petites sociétés, et n'est. pas très commun. Les Scotornis ou Engoulevents à queue traînante, et les Macrodipterjw, sont caractérisés, commeleurs noms l'indiquent, par le développement considérable de leur queue. Les premiers se rencontrent dans les forêts de l'Afrique centrale ; les seconds, dans les mêmes régions et aussi à Madagascar. LES IBIJAUX Les Ibijaux présentent des caractères qui les différencient nettement de tous les autres Caprimulgidés. Aussi certains auteurs établissent-ils pour ce groupe d'Oiseaux une famille spéciale, celle des Njctibiidés. Caractères. ■ — Leur bec a une forme très singulière : il est plutôt membra- neux que corné, très large à la base et fendu jusqu'au delà des yeux : comprimé et recourbé en crochet à l'extrémité. 23 LES MARTINETS OU CYPSÉLIDÉS. [2311 Les bords de la mandibule supérieure présentent une saillie très prononcée vers leur partie mo3'enne ; ils débordent la mandibule inférieure vers la base du bec et sont au contraire débordes par elle vers l'extrémité. Les Ibijaux sont encore caractérisés par un corps épais, des ailes très allon- gées, des tarses très courts et très forts, des doigts longs et minces; l'ongle du doigt médian tranchant et non pectine. L'IBIJAU QÉ\Î^T {Nyctibiiis g-raitdis\ — L'Ibijau est le plus grand de tous les Engoulevents. Il mesure o^.ôo de longueur. Son plumage est rayé et strié de brun sur un fond brun roux ou gris jaunâtre. Habitat. — • Il habite les forets de l'Amérique du Sud. Mœurs. — L'Ibijau est un Oiseau difficile à découvrir dans les forêts. Il passe en effet tout le jour dans les cimes les plus touffues des grands arbres, accroupi sur une branche, dans la même position que l'Engoulevent d'Europe, c'est-à- dire le corps disposé parallèlement à la branche. Il reste ainsi des heures entières dans une immobilité absolue, et comme la couleur de son plumage s'harmonise merveilleusement avec le milieu environ- nant, il est parfois impossible de soupçonner la présence de cet Oiseau. Dans cet état, rien ne peut le tirer de son sommeil léthargique et il est facile de le prendre vivant. Au crépuscule, ses allures changent complètement ; il s'anime, devient vif et agile comme ses congénères. On peut alors le voir, par les nuits de pleine lune, volant dans les airs, « à une aussi grande hauteur que les Aigles, d'après le prince de ^^'ied, poursui- vant les grands Papillons nocturnes ou crépusculaires. « Au Brésil, il existe une quantité considérable de grands Lépidoptères qui ne peuvent être avalés que par un animal à bouche énorme; l'Ibijau géant est leur plus terrible ennemi ; il en mange des quantités prodigieuses. » Dans ses chasses, il se pose rarement à terre, la brièveté de ses tarses et la longueur de ses ailes l'empêchant de se mouvoir sur le sol. Son cri est bruyant, long et mélancolique. LES MARTINETS OU CYPSELIDES Les Martinets ou Cypsélidés ressemblent beaucoup, à première vue, aux Hirondelles, mais par leurs caractères et leurs mœurs ils en sont bien différents. Caractères. — Les Cypsélidés ont un bec petit, court, faible, très large à la base, comprimé vers la pointe qui est légèrement crochue. Leurs ailes sont très longues, étroites, et recourbées en forme de lame de sabre; on compte sept ou huit rémiges secondaires et dix rémiges primaires. Leur queue, de forme variable, plus ou moins échancrée, comprend dix rectrices. Leurs tarses sont courts, épais, emplumés ; leurs quatre doigts dirigés en avant et armés de fortes grilfes. [232] LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. 24 La conformation de la queue et des ailes rapproche les Cypsélidés des Colibris. Habitat. — Les Cvpsélidés sont répandus sur toute la surface de la terre, à l'exception des régions polaires; on les rencontre à des altitudes très variables, depuis les bords de la mer jusqu'à la limite des neiges éternelles. Mœurs. — On rencontre ces Oiseaux dans les forêts, aussi bien que dans les endroits déboisés; beaucoup d'entre eux affectionnent les régions monta- gneuses, d'autres s'établissent dans les villes; en général, ils se plaisent partout où ils trouvent des parois de rochers ou des murs anfractueux pour construire leur nid. Les Cvpsélidés sont organisés pour une existence essentiellement aérienne. « Ils n'ont guère que deux manières d'être, dit Guéneau de Montbeillard : le mouvement violent ou le repos absolu ; s'agiter avec effort dans le vague de l'air, ou rester blottis dans leur trou, voilà leur vie ; le seul état inter- médiaire qu'ils connaissent, c'est de s'accrocher aux murailles, aux rochers, et aux troncs d'arbres tout près de leur trou, et de se traîner en rampant, en s'aîdantde leur bec et de tous les points d'appui qu'ils peuvent se faire. Ordi- nairement, ils y entrent de plein vol; et, après avoir passé et repassé devant plus de cent fois, ils s'y élancent tout à coup, et d'une telle vitesse, qu'on les perd de vue, sans savoir où ils sont allés ; on serait presque tenté de croire qu'ils deviennent invisibles. » Les Cypsélidés se reconnaissent de loin à leur vol rapide et brusque. Ils fendent l'air comme une flèche, les ailes étendues, ou battant avec une extrême rapidité; ils vont, viennent, décrivant des cercles et des méandres com- pliqués avec une facilité incroyable. Ils sont presque toujours en mouvement depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Jamais ils ne se posent à terre, et lorsqu'ils y tombent accidentellement ils ne peuvent reprendre leur vol, à moins qu'ils ne trouvent à proximité une motte de terre ou une roche sur laquelle ils se hissent en rampant et d'où ils peuvent s'élancer de nouveau dans les airs. Les Cypsélidés se nourrissent de petits Insectes qu'ils attrapent au vol, en tenant leur bec ouvert. Ils vivent en sociétés, mais ils sont turbulents, querelleurs, violents. La plu- part d'entre eux sont migrateurs, ils viennent se reproduire dans les régions tempérées, et n'y séjournent que peu de temps. Les uns construisent dans quelque cavité un nid grossier formé de divers matériaux agglutinés avec de la salive; d'autres font des nids qui ressemblent à ceux des Hirondelles; enfin, chez certaines espèces, le nid est presque unique- ment composé de salive solidifiée. Les Cypsélidés font une ou deux couvées par an ; la femelle seule se charge des soins de l'incubation. Captivité. — On admet généralement qu'il est impossible d'élever en captivité et d'apprivoiser les Cypsélidés. Cependant, d'après M. Demole, cité par O. des Murs, le D' Girtanner aurait pu élever quatre Martinets alpestres en les nourrissant avec une pâtée de pain, d'œufs de Fourmis, de carottes rouges et d'ceufs durs. LES MARTINETS. \23S] Utilité. — Les C\'psélidés sont exclusivement insectivores ; ils détruisent une quantité considérable de petits Insectes : Mouches, Moustiques, etc., nuisibles à l'agriculture et même à la santé de l'homme. On sait en effet que la malaria est causée par la piqûre d'un Moustique, V Anophèles claviger. Or, les Cypsélidés sont les destructeurs les plus acharnés de ces dangereux Insectes. Cependant, on peut faire aux Cypsélidés le même reproche qu'à tous les Oiseaux insectivores en général : celui de dévorer indistinctement, parmi les Insectes, des espèces utiles aussi bien que des espèces nuisibles. Nos connais- sances sur le régime alimentaire des Oiseaux ne sont pas encore suffisamment approfondies pour indiquer la part d'utilité ou de nocuité qui revient à chacun d'eux. Mais il est fort probable que le jour où des documents et des observations rigoureuses seront venues combler cette lacune de la science ornithologique, les C\'psélidés conserveront le premier rang parmi nos plus utiles auxiliaires. LES MARTINETS Caractères. — Les Martinets ont un bec très petit, aplati et triangulaire à la base, comprimé à la pointe qui est légèrement crochue; des narines longitudinales, larges, à bords élevés, et bordées de petites plumes ; des ailes très longues, une queue fourchue ; des tarses très courts, robustes, emplumés jus- qu'aux doigts ; ceux-ci courts et forts, les trois doigts antérieurs d'égale lon- gueur, le pouce dirigé en dehors et plutôt en avant qu'en arrière; des ongles crochus, aigus et ré- tractiles. Parmi les caractères ana- tomiques particuliers au genre Martinet, l'un des plus in- téressants est la présence d'une poche sous-linguale, en commu- nication avec la cavité buccale. Cette poche peut se distendre con- sidérablement, elle permet à l'Oi- seau d'amasser durant sa course dans les airs une ample sectes pour les rapporter à ses petits. \ l.e Martinet noir. provision d'In- LE MARTINET NOIR, OU DE m.ViRX\\^\^ES[Cypselus apus). — Caractères. — Il mesure environ o'",22 de longueur. Son plumage est entièrement d'un brun noir de suie à reflets vcrdàtres, à l'ex- ception de la gorge, qui est d'un blanc cendré : le bec et l'iris sont brun foncé. [234] LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. 26 La femelle ne diffère du mâle que par un peu moins de blanc à la gorge. Habitat. — Le Martinet noir est commun en Europe, en Asie et en Afrique. Il est, parmi les Oiseaux migrateurs de nos climats, celui qui arrive le dernier et repart le premier. Il fait-son apparition vers le i" mai, après les Hirondelles, et nous quitte au commencement d'août. Mœurs. — Le Martinet noir s'établit dans les localités où se trouvent de grands édifices, églises, châteaux, tours, etc., ou bien dans les anciennes forêts où abondent les grands arbres creux, ou bien dans les montagnes. C'est un Oiseau très sociable, bien que d'un naturel violent et querelleur. Il s'attaque à ses semblables aussi bien qu'aux autres Oiseaux. Son vol est facile, léger, toujours soutenu ; il surpasse en vitesse celui de tous les autres Oiseaux d'Europe. D'après Spallanzani, un Martinet peut parcourir en cinq minutes une distance de 60 milles. A terre, cet Oiseau rampe maladroitement en raison de la brièveté de ses pattes. Certains auteurs prétendent même que lorsqu'on le met sur un sol uni, il est incapable de prendre son essor. Brehm conteste cette assertion ; il explique qu'en pareil cas, le Martinet étend les ailes, en donnant un coup vigoureux qui le lance en l'air, et lui permet de s'envoler. M. Henri Bard}' a publié dans \& Repue scientijîque du 2 novembre 1901, le résultat de ses observations durant trente-six ans sur huit ou neuf couples de Martinets qui venaient nicher chaque année dans les murs de sa maison d'habitation. « Il n'y a pas d'année, dit-il, qu'un jeune Martinet ne tombe dans ma cour. Une fois sur le sol, c'est fini. Jamais je n'en ai vu un seul capable de reprendre son vol. Les ailes sont beaucoup trop longues et ils ne peuvent se donner d'élan. Quand une de ces pauvres bêtes a la chance d'être vue dans cet état par quelqu'un de ma famille, elle est prise délicatement et jetée en l'air, ce qui suffit quelquefois à lui faire reprendre son envolée, ou bien portée sur le rebord d'une fenêtre du premier étage, d'où elle peut se laisser choir et déployer ses ailes. C'est donc en parfaite connaissance de cause que je me joins à ceux des observateurs qui prétendent que le Martinet étant posé à terre est incapable de prendre son vol. » La voix du Martinet a un son perçant et désagréable, lorsque l'Oiseau vole ou quand il est excité ; une fois rentré dans son nid, il fait entendre une sorte de gazouillement. De tous ses sens, la vue est le plus parfait ; Spallanzani affirme qu'il aperçoit distinctement une Fourmi ailée à plus de cent mètres de distance. Le Martinet est un Oiseau extrêmement actif; dans nos contrées, il vole toute la journée ; dans les pays chauds, il passe le milieu du jour blotti dans un trou de mur ou de rocher. Sa nourriture se compose exclusivement d'Insectes, et particulièrement de petites espèces ailées qu'il va chercher à de grandes hauteurs; il en avale des quantités prodigieuses, car son activité incessante nécessite une alimentation abondante. Cependant, par les sombres journées pluvieuses, lorsque les Insectes 27 LES MARTINETS. [235] font défaut, il peut supporter un jeune prolonge, mais alors il reste absolument immobile au fond de son trou. L'un des phénomènes les plus curieux que l'on observe dans les mœurs des Martinets, est celui de leurs courses nocturnes. Vers la fin du jour, après qu'Us ont bien tourné, selon leur coutume, autour d'un clocher ou d'un autre édifice, on voit ces Oiseaux réunis en bandes nombreuses, s'élever graduellement à des hauteurs prodigieuses, en poussant des cris perçants, puis disparaître totale- ment à la vue. Ce phénomène est surtout intéressant à observer à l'approche de l'époque des migrations, lorsque les jeunes se joignent aux adultes dans leurs pérégrinations aériennes. A ce moment, les Martinets ont une façon très singu- lière de voler et de se grouper. » Ils sont, en effet, dit O. des Murs, massés en une sorte de boule roulant sur elle-même et s'élevant sans cesse, tandis qu'au centre on voit ces Oiseaux, les uns montant, les autres descendant, comme les bulles d'air dans un verre d'eau, sans cependant qu'aucun sorte de la circonférence. Enfin, on ne peut mieux les comparer qu'à un essaim d'Abeilles égaré dans les airs. On ne les voit plus qu'on les entend encore. » Ils ne reparaissent que le lendemain matin, non plus en masse, mais isolément, après avoir passé toute la nuit en chasse, à une grande hauteur. Le Martinet noir fait son nid dans les crevasses des rochers et des murailles, dans les clochers et les tours, enfin dans les troncs d'arbres creux. Il garnit le fond de la cavité de divers matériaux : paille, herbes sèches, mousse, plumes, et les agglutine à l'aide de sa salive visqueuse qui se solidifie rapidement. Mais il ne se donne pas la peine de chercher bien loin ces matériaux variés; il les arrache aux nids d'autres Oiseaux, surtout à ceux des Hirondelles et des Moineaux. Souvent même le Martinet ne fait aucuns frais de construction, il s'attaque a une famille d'Etourneaux ou de Moineaux qu'il chasse de leur nid pour prendre leur place. Une fois la demeure choisie et aménagée, le couple y revient chaque année et la défend contre tous les autres Oiseaux qui voudraient s'en emparer. Le Martinet pond ordinairement deux ceufs, quelquefois trois ou quatre. Ceux-ci ont une forme allongée ; ils sont d'un blanc parfait, sans taches. La femelle couve seule ; le mâle la nourrit; mais par le mauvais temps, lorsque les Insectes ne sont pas abondants, elle se met aussi en chasse. L'incubation ne dure que seize à dix-sept jours, mais les petits ne sont en état de prendre leur essor que plusieurs semaines après. A la fin de juillet, jeunes et adultes se réunissent en bandes immenses qui émigrent vers l'intérieur de l'Afrique, voyageant durant la nuit. Les Martinets ont peu d'ennemis à craindre, la rapidité de leur vol leur per- mettant d'échapper à la plupart des Rapaces. Les jeunes seuls sont exposés à être dévorés par les Loirs et autres petits Rongeurs, quand le nid est placé dans un endroit trop accessible. Chasse. — On chasse peu les Martinets dans nos contrées, mais il n'en est pas de même dans certaines régions du midi de l'Europe, notamment en Italie. [236] LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. 28 Les jeunes sont considérés comme un mets très délicat. Pour s'en procurer, on dispose dans les murs d'une tour ou d'un colombier des nids artificiels que l'on peut visiter de l'intérieur, et quand les Martinets viennent y nicher, il est facile de s'emparer, en temps voulu, des jeunes oisillons. Utilité. — Le Martinet noir est, au même titre que les autres espèces de Cyp- sélidés, un Insectivore des plus utiles, dont il est impossible de méconnaître l'importance. LES ACANTHYLIS Caractères. — Les Acanthylis se distinguent surtout des Martinets par la forme de leur queue. Celle-ci est courte, plus ou moins arrondie, jamais four- chue ; les tiges des plumes qui la composent dépassent les barbes sous forme d'épines. Habitat. — On rencontre des Acanthvlis en Asie, en Afrique, en Amérique et en Australie. L'ACANTH YLIS PÉLASQIENNE îAcanthvlis' Chœtura]pelasiria).— Caractères. — Cette espèce a un plumage assez variable. En général, la tête, le dessus du cou et le corps sont d'un brun noirâtre, plus foncé surles rémiges et les rectrices; la gorge d'un gris sale ; le bec et les pieds noirs. Habitat. — L' Acanthylis pélasgienne, connue aussi sous le nom de Martinet de cheminée, est répandue dans presque toute l'Amérique septentrionale. Mœurs. — Elle arrive dans les régions où elle doit se reproduire, à la fin du mois de mars ou au commencement d'avril. Elle repart en septembre vers des contrées plus chaudes, et descend alors dans le centre de l'Amérique méri- dionale. Autrefois, cet Oiseau nichaitexclusivement dans lescreux des troncs d'arbres. Aujourd'hui il clioisit de préférence, dans ce but, les cheminées et les toits des maisons d'habitation, les granges ou autres constructions. Ses mœurs sont diurnes et crépusculaires. Il se nourrit exclusivement de petits Insectes. Lorsqu'on l'observe, vers la tombée du jour, dans ses rapides évolutions, il ressemble plutôt, disent certains auteurs, à une Chauve-Souris qu'à un Oiseau. Il est très querelleur : les individus d'une même bande se poursuivent et s'agacent réciproquement, ou harcèlent d'autres petits Oiseaux. Il construit son nid comme notre Martinet, à l'aide de matériaux très divers agglutinés avec de la salive. On trouve généralement plusieurs couples nichés dans le même voisinage. Peu d'Oiseaux montrent plus d'attachement à leur progéniture que l'Acan- thylis pélasgienne. On en a vu se précipiter sur le toit d'une maison incendiée où se trouvait leur nid et périr avec leurs jeunes plutôt que de les abandonner. LE MARTINET M^PW{Crpseîus melba). — Caractères. — Le Martinet alpin, désigné aussi sous le nom de Martinet à l'entre blanc, est de la même taille que 29 LES ACANTHYLIS. [237] le Martinet noir. Son plumage est d'un gris brun uniforme en dessus, blanc en dessous, avec une raie brune au milieu de la poitrine. Habitat. — Il est propre aux régions montagneuses de l'Europe méridionale et de l'Afrique. On le rencontre dans les Alpes, les Pyrénées, les Apennins, l'Atlas; il est commun en Palestine. On l'a accidentellement observé dans le nord de la France, notamment dans la Seine-Inférieure. Mœurs. — Le Martinet à ventre blanc arrive en France, dans le Dauphiné, vers la fin de mars ou au commencement d'avril. Il se tient à ce moment dans les marais, en attendant la belle saison pour gagner les montagnes. En Suisse, il habite les hautes tours des grandes villes, telles que celles de la cathédrale de Berne. Il émigré vers le midi à l'automne, c'est-à-dire longtemps après le Martinet noir. Ses mœurs sont, comme celles de ce dernier, diurnes et crépusculaires. Cet Oiseau est aussi actif, aussi turbulent que ses congénères, mais il parait plus sociable et moins querelleur que le Martinet noir. D'après Spallanzani, il se fait remarquer par une habitude très particulière. « Pendant leurs évolutions autour des rochers, ces Oiseaux, dit-il, s'arrêtent et s'accrochent par les ongles aux blocs de pierre situés dans le voisinage de leurs nids; aux premiers qui se sont accrochés, d'autres viennent s'attacher, et à ces derniers d'autres encore, formant ainsi une chaîne oscillante et animée. Un instant après, ils se séparent, volent, et recommencent leurs cris accoutumés. » Les Martinets alpins nichent dans les crevasses des rochers et des murs élevés. Leur nid aune forme aplatie. Il est fait de rameaux grossiers .entrelacés que recouvre une couche de feuilles, de paille, et autres matériaux, chiffons, papiers, le tout agglutiné par de la salive solidifiée. La femelle pond trois œufs allongés, entièrement blancs. LE MARTINET NAIN (C/pse/z/s parvus). — Cette espèce n'a que o'",i3 de longueur. Elle se rencontre dans les forêts vierges de l'Afrique centrale et orientale. La particularité la plus curieuse de ses mœurs a trait à son mode de nidifica- tion. Le Martinet nain établit son nid dans les palmiers; il utilise dans ce but la gouttière verticale que présentent les feuilles pendantes. Ce nid, fait surtout de fibres de coton agglutinées avec de la salive, ne mesure pas plus de o°',07 suivant son grand diamètre: on pourrait le comparer, selon Brehm, à une cuil- ler arrondie, profondément excavée et disposée perpendiculairement à son manche. Les œufs qu'elle contient courraient de grands risques d'être projetés dehors par les grands vents, si l'Oiseau n'avait la précaution de les coller aux parois avec un peu de sa salive. Les Tachornis. — Les Tachornis de la Jamaïque sont de petits Martinets, dont les mœurs ressemblent à celles du Martinet nain de l'Afrique. Ils établissent aussi leurs nids dans les arbres, notamment dans les cocotiers et les palmiers, et se servent comme matériaux de fibres de coton. [238] LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. 30 Un arbre occupé par une colonie de ces Oiseaux parait de loin avoir ses feuilles comme blanchies, tant les nids sont nombreux et agglomérés. Les Tachornis se tiennent dans les grandes prairies marécageuses; on les voit par bandes d'une centaine, évo- luant dans les airs avec une facilité surprenante, et poussant de petits cris perçants qui se perdent dans le siffle- ment produit par la rapidité de leur vol. LES SALANGANES Caractères. — Les Salanganes sont des Cypsélidés de petite 1 taille ; ils ont un bec très court et fortement cro- chu ; des ailes ai- guës, la seconde ré- mige étant la plus longue ; une queue carrée ou faiblement échancrée: des tarses nus, courts, robustes; le pouce dirigé en dedans. La Salangane LA SALANGANE COMMUNE [Collocalia nidijica). — Caractères. — La Salangane n'a que o",i3 de longueur, dont o"", 1 2 pour les ailes pliées, et environ o'°,3o d'envergure. Son plumage est d'un brun gri- sâtre, plus foncé en dessus qu'en dessous, avec une petite tache blanche en avant de Toeil. Les ailes et la queue sont noirâtres. Les vieux sujets présentent flets métalliques d'un gris verdâtre. Habitat. — Elle se rencontre dans quelques sie méridionale et orientale, mais elle est surtout îles de la Sonde. de la mer, dans les hautes falaises accidentées et crevassées. Elle se nourrit exclusivement d'Insectes et ses mœurs ne diffèrent pas de celles des autres Cypsélidés. La particularité la plus intéressante de son histoire a trait à son nid, histoire qui n'est bien connue que depuis les observations rigoureuses de Bernstein. Les salanganes nichent le plus souvent dans des cavernes sombres, peu praticables, où le jour pénètre à peine. Bernstein a eu heureu- de légers re- réaions de l'A- abondante dans les 31 LES DENDROCHÉLIDONS. [239] sèment l'occasion d'observer une espèce de Java, connue sous le nom de Kiisappi et qui niche dans des endroits abordables, soit à l'entrée des cavernes, soit le long des falaises. La forme des nids de salangane est celle d'une moitié d'un ellipsoïde creux, allongé, et coupé à angle droit par le milieu de son grand axe; ils sont adhérents aux parois verticales des rochers suivant le plan de cette coupe. Leur épaisseur est très faible ; la partie qui se trouve contre le rocher se prolonge en une sorte d'aile. Ces nids sont entassés les uns sur les autres; on en trouve des agglomérations de six, huit, dix, tellement enlacés par leurs parois qu'on ne peut les séparer. La matière dont ils sont composés a été longtemps méconnue. On croyait autrefois que la salangane récoltait en mer des substances gélatineuses, des algues spéciales, qu'elle transformait en un produit particulier. On sait aujourd'hui que ces nids sont presque uniquement composés de la salive de l'Oiseau. A l'époque de la reproduction, les glandes salivaires sécrètent un mucus épais, visqueux, filant, analogue à une solution de gomme arabique, se desséchant rapidement en devenant dur et cassant. « Quand l'Oiseau commence à construire son nid, dit Bernstein, il vole vers l'endroit qu'il a choisi, et du bout de sa langue, applique sa salive contre le rocher; il répète ce manège dix, vingt fois, sans jamais s'éloigner beaucoup. Il trace ainsi un demi-cercle ou un fer à cheval. La salive se dessèche rapidement et le nid a une base solide sur laquelle il reposera. Le Kusappi se sert de diverses substances végétales qu'il agglutine les unes aux autres avec sa salive; la Salangane proprement dite n'emploie que sa salive. Elle se pose sur la charpente de son nid, puis, portant la tête alternativement à droite et à gauche, elle en élève les parois, formant ainsi des lignes stratifiées visibles sur le nid achevé sous l'aspect de stries transversales, ondulées. » La construction terminée est d'un blanc pur, translucide, ou bien brunâtre, selon qu'elle est formée de salive pure ou de salive mélangée à des substances végétales. C'est dans ces nids que la salangane pond deux œufs, rarement trois, d'un blanc éclatant, et mesurant o°',o2 suivant leur grand diamètre. Les nids de Salangane sont comestibles; ils sont très estimés des Chinois qui leur attribuent, paraît-il, des vertus aphrodisiaques; aussi n'en font-ils qu'un mets de luxe. La confection du potage aux nids d' Hiroïidelles est des plus simples; il suffit de laisser bouillir les nids de Salangane dans de l'eau ou du bouillon ordinaire : la substance qui les compose se désagrège et prend l'aspect du vermicelle. LES DENDROCHÉLIDONS Caractères. — Les Dendrochélidons ne présentent pas, dans la forme de leur bec, de leurs ailes et de leurs pieds, des caractères sensiblement différents de ceux des Martinets. Mais ils ont une queue plus échancrée ; leurs plumes occi- pitales très allongées peuvent se relever en huppe, et ils possèdent au-dessus et [2401 LES ENGOULEVENTS ET LES MARTINETS. ?,2 au-dessous de l'œil des ornements divers, aigrettes, moustaches, forme's par des plumes décomposées. Leur plumage est aussi plus varié, il a souvent des reflets métalliques ver- dâtres ou blanchâtres. Habitat. — On les rencontre aux Indes, en Australie et en Afrique. LE KLECHO [Dendrochelidon lougipeiinis). — Le nom de Klccho donné à cet Oiseau est une onomatopée du cri particulier qu'il fait entendre lorsqu'il est au repos. Le Klecho habite en troupes nombreuses les endroits marécageux près des rivières ou du bord de la mer. Il trouve dans cet habitat une quantité considé- rable de petits Insectes ailés dont il fait sa nourriture. Au contraire des Martinets, le Klecho, ainsi que les autres Chélidons, choisit, pour nicher, les arbres élevés. Il adosse son nid le long d'une moyenne branche. Ce nid, formé de matériaux divers cimentés par la salive de l'Oiseau, est de dimensions très restreintes. On n'y trouve généralement qu'un seul œuf. Le petit une fois éclos s'accroît rapidement et ne peut bientôt plus y être contenu, de sorte qu'une partie de son corps repose sur la branche. Ainsi placé, il aurait beaucoup de chances d'être enlevé par les Oiseaux de proie, si la teinte de son plumage ne s'harmonisait merveilleusement avec les mousses et les lichens qui recouvrent l'écorce de l'arbre et dont il est impos- sible de le différencier, d'autant plus qu'en cas de danger il reste appliqué sur la branche, dans une immobilité absolue. Les Oiseaux- Mouches ou Trochilidés Les Oiseaux-Mouches ou Colibris appartiennent au groupe des Passereaux déodactyles iéiiuirostres. Par l'ensemble de leurs caractères, par leur habitat et leurs mœurs, ils forment une famille très spéciale, n'a3'ant que de légères affi- nités avec les groupes voisins. Caractères. — Les Trochilidés sont, pour la plupart, des Oiseaux de petite taille; les plus grands atteignent à peine o", 25 de longueur totale, et quelques- uns n'ont pas plus de o°',07. Les caractères de cette famille sont les suivants. Le bec est plus ou moins grêle, entier ou dentelé, droit ou arqué, de lon- gueur variable; la mandibule supérieure embrasse l'inférieure en formant un véritable tube qui contient la langue. Celle-ci est fendue jusqu'à sa base et peut être projetée au dehors par un mécanisme analogue à celui qui existe chez les Pics; elle se termine à l'extrémité antérieure par deux petites lamelles niembra neuses, dentelées. Les narines, basales et latérales, sont séparées par une saillie aplatie, formée par l'arête dorsale du bec. Les pieds, petits et délicats, emplumés souvent jusqu'aux doigts, sont peu propres à la préhension ; des quatre doigts, trois sont dirigés en avant, le quatrième en arrière, les deux internes quelquefois un peu unis à la base; les ongles courts, pointus, très acérés. Les ailes sont longues, étroites, étagées, légèrement recourbées en faucille; la première rémige est ordinairement la plus longue ; les autres sont graduellement plus courtes, à baguettes fortes, a barbes raides. La queue compte toujours dix rectrices; sa forme est extrêmement variable. Le plumage, raide et abondant, agrémenté souvent de huppes, d'aigrettes, de collerettes, est orné des plus vives couleurs dont l'éclat rivalise avec celui des métaux et des pierres précieuses. « Ce n'est point par métaphore qu'on a dit que certaines espèces étincelaient des feux du rubis, que d'autres avaient leurs habits brodés de pourpre et d'or, enrichis de saphir; que l'émeraude, la topaze, l'amé- La vie des ANIMALX ILLUSTRÉE. l'i- '8 [242] LES OISEAUX-MOUCHES OU TROCHILIDÉS. 2 tM'ste, les couvraient de splendeur et les faisaient plutôt ressembler à des bijoux sortis des mains du lapidaire qu'à des êtres animés. « La cause de ces magnifiques colorations est due non seulement à la teinte propre des plumes, mais à leur structure, qui fait que la lumière, en traver- sant les plumes, ou en se réfléchissant sur les innombrables facettes que présen- tent les barbules, donne lieu à toute une gamme de couleurs, variables selon l'incidence des rayons lumineux. Les jeunes ont une livrée assez sombre et qui ne revêt la magnificence de la robe des adultes que très progressivement, dans l'espace de deux et même trois années. Habitat. — Les Trochilidés habitent exclusivement les zones chaudes et tem- pérées des deux Amériques, dans ces régions privilégiées où la terre est cou- verte de fleurs durant toute l'année. On les rencontre à toutes les altitudes, depuis les plaines basses et humides jusqu'à la limite des neiges éternelles. Mais chaque contrée, chaque localité a ses espèces propres. Leur existence est liée à la présence de certaines fleurs. Telle fleur où celui-ci trouve sa nourriture n'est jamais visitée par celui-là. Aussi peut-on dire avec raison que ce qui fait la richesse d'un pays en Oiseaux-Mouches, ce n'est pas le nombre, mais la variété des fleurs qui y croissent. Le Mexique semble, sous ce rapport, une contrée privilégiée, car c'est le pays le plus varié.de toute l'Amérique centrale. Mœurs. — Les Oiseaux-Mouches frappèrent d'admiration les premiers voya- geurs qui les observèrent dans les contrées qu'ils habitent. Mais ces Oiseaux avaient déjà excité l'imagination des indigènes, et de même que le Papillon était, chez les Grecs, le s^^nbole de l'àme, les Colibris étaient, chez les Mexicains, le type de la plus haute félicité. L'extrême petitesse de la taille de quelques-uns leur fit donner leur nom, car on les compara à de grosses Mouches avec d'autant plus de raison qu'ils volent en agitant leurs ailes avec une telle rapidité, qu'il en résulte un bruissement assez fort et que tout en eux rappelle, pour des obser- vateurs non prévenus, les allures des sphinx. Les Oiseaux-Mouches ont une existence essentiellement aérienne. Leur vol ressemble plus à celui d'un Insecte qu'à celui d'un Oiseau. « Tous leurs mouvements sont on ne peut plus vifs et impétueux, dit Audu- bon. Ils demeurent un instant immobiles à la même place; on les croirait fixés là, dans l'air, puis tout à coup, ils font un écart de côté, avec la rapidité de la flèche; ils décrivent un demi-cercle autour de l'arbre, pour aller y visiter une nouvelle fleur. » Ils vont ainsi d'arbre en arbre, d'arbuste en arbuste, plongeant dans les calices des fleurs leur langue mince et extensible pour en sucer les nec- tars ou y attraper les petits Insectes dont ils se nourrissent. Lorsque quelque chose de singulier attire leur attention, ils s'arrêtent et se maintiennent immo- biles par des battements d'ailes extrêmement rapides, le corps presque droit. A terre, ils sont incapables de se mouvoir : ils ne se posent que sur les branches des arbres, et c'est alors seulement qu'on peut admirer l'éclat de leur plumage. La nourriture de ces Oiseaux a été l'objet de nombreuses discussions. On avait cru d'abord qu'ils ne visitaient les fleurs que pour y puiser les sucs sucrés qu'elles renferment; de nouvelles observations et l'examen du contenu de leur 3 LES OISEAUX-MOUCHES OU TROCHILIDÉS. [243] estomac démontrèrent qu'ils ajoutent à leur régime de petits Insectes, et en eftet, un Oiseau-Mouche captif, nourri exclusivement de matières sucrées, dépérit rapidement. .Mais ciiaque espèce est adaptée à un régime particulier, et c'est là qu'il faut chercher l'explication de la variété des formes que présente leur bec. Tel Colibri a son bec disposé pour puiser les sucs ou les Insectes dans les corolles de certaines plantes, et ne peut trouver sa nourriture autre part. Suivant les saisons ou mieux suivant les périodes de Horaison, les Oiseaux- Mouches émigrent d'un endroit vers un autre. Mais ce ne sont pas là de véritables migrations. Ils apparaissent dans une contrée avec une soudaineté remarquable, et disparaissent de même lorsque les fleurs épanouies qui les ont attirés se sont flétries. A leur vivacité, à leur pétulance, les Colibris joignent un caractère irascible et querelleur. Ils vivent solitaires, et lorsqu'un arbre fleuri a attiré plusieurs de ces Oiseaux en un même point, des batailles furieuses s'engagent, jusqu'à ce que le plus faible ait cédé la place au vainqueur. Ils attaquent même des Oiseaux plus forts qu'eux, les piquent de leur bec pointu, les poursuivent et les mettent en fuite. Les Oiseaux-Mouches n'ont pas de chant; ils se bornent de temps à autre à pousser un petit cri aigu fréquemment répété; certaines espèces cependant font entendre un léger trille qui peut être considéré comme un chant. Au dire de certains voyageurs, il n'y a pas de saison des amours pour les Oiseaux-Mouches: on trouve des nids presque en tout temps. Il serait peut-être plus exact de dire que ces Oiseaux font plusieurs couvées par an. Les nids des diverses espèces ne diffèrent pas beaucoup entre eux. Ils sont composés d'une bourre soyeuse, mêlée à la soie plus brillante des graines d'As- clépias et revêtus extérieurement de petits lichens, de fragments d'écorces divi- sés en lames très minces et fixés à l'aide de fils d'araignées croisés en tout sens et englués à l'aide de la salive de l'Oiseau. Leur forme est celle d'une demi- sphère creuse. Ils sont placés en des endroits très variés, sur un arbre, à la bifurcation de deux grosses branches, dans les touffes de fougères, ou à l'extré- mité de frondes de ces dernières plantes; on en trouve dans les roseaux et entre les racines aériennes des grands arbres. Les œufs, au nombre de deux, sont allongés, blanchâtres et relativement gros. Le mâle et la femelle prennent part l'un et l'autre à l'incubation. Les Colibris ont peu d'ennemis à craindre; leur petite taille et leur agilité les font échapper à bien des dangers. Leurs couvées deviennent parfois la proie des Carnassiers ou des Rapaces, mais l'ardeur que les parents mettent à attaquer ces malfaiteurs en essayant de les piquer dans les 3'eux avec leur bec acéré, con- tribue à diminuer le nombre des petites victimes. Chasse. — Les Oiseaux-Mouches se montrent très confiants devant l'homme; ils ne sont nullement craintifs et se laissent approcher de très près, mais le moindre mouvement un peu brusque les met en fuite. On peut les tirer en employant du plomb très fin, ou les prendre à la glu ou au filet. Ce dernier procédé demande de la part du chasseur une grande dexté- rité. [244] LES OISEAUX-MOUCHES OU TROCHILIDÉS. 4 Captivité. — On ne peut conserver ces charmants Oiseaux en captivité que durant quelques mois, et encore faut-il les placer dans une chambre très vaste et bien aérée. On les nourrit avec des liquides sucrés qui remplacent imparfaitement le nectar des tleurs, et où viennent tomber de petits Insectes que les pauvres cap- tifs se hâtent d'attraper. Malgré tous les soins dont on peut les entourer, ils ne supportent pas le climat de nos pa\'s et meurent souvent en cours de route. Utilité. — « Les plumes des Oiseaux-Mouches^ dit Lesson, servaient jadis, chez les Péruviens et les Mexicains, à faire des tableaux d'une rare beauté et d'une grande fraîcheur, que Ximenez et les autres anciens historiens des con- quêtes espagnoles ne cessent de louer. Leur corps entier, desséché et revêtu de ses plumes, servait, dans les forêts du Brésil, de parure aux jeunes machakalis. Elles s'en formaient des bandeaux ou les suspendaient à leurs oreilles, et ces pa- rures naturelles égalaient, certes, les pierres qu'avec tant d'art taillent en facettes les artistes des peuples civilisés. Combien ne devaient point avoir d'attrait ces filles de la nature vêtues de quelques grandes plumes d'Aras rouges ou bleues, les cheveux retenus par une guirlande de fleurs rutilantes d'héliconias, le cou ou les oreilles garnis de saphirs, d'émeraudes, de topazes, empruntés aux Oiseaux- Mouches ! » De nos jours, les brillantes dépouilles de ces Oiseaux sont très appréciées dans la mode et Ton en voit chaque année, en Europe, des arrivages considérables. Classification. — La grande diversité de formes que présentent les Oiseaux- Mouches, jointe à l'unité de leurs caractères anatomiques et à l'uniformité de leurs mœurs, rendent difficiles la classification des Oiseaux de cette famille. Il n'y a plus lieu aujourd'hui de s'arrêter à la distinction que l'on avait faite entre les Oiseaux-Mouches vrais et les Colibris. Les groupements les plus naturels sont ceux qui ont été admis par E. Mulsant et Verreaux. Ces auteurs divisent les Oiseaux-Mouches en quatre tribus qui sont : les Trochiliens, les Lophorniens, les Lesbiens, les Ornismyens. Chacune de ces tribus présente une physionomie particulière. LES TROCHILIENS Les Trochiliens sont ceux dont le plumage est le plus modeste en couleurs et présente le moins d'ornements. Ils n'ont ni huppe, ni aigrette, ni collerette. Leur bec est assez fort, arqué; leur queue non divisée. Ils renferment un grand nombre d'espèces de taille moyenne, et qui ont toutes a. peu près le même genre de vie. LE COLIBRI A TÊTE NOIRE {Aitlitirus polyti?itis). — Caractères. — Le Colibri ou Aithure à tête noire mesure un peu plus de o"',25 de longueur totale. Les plumes qui revêtent la tête, parleur disposition lâche et touffue, forment 5 LES TROCHILIENS. [245] une sorte de huppe d'un noir vif retombant sur la nuque. La gorge, les côtés du cou, le ventre, le dos, les couvertures des ailes sont d'un vert doré d'éme- raude, plus éclatant, plus pur sur la gorge et le ventre. Les rémiges sont d'un brun l'errugineu.x uniforme. La queue est remarquable par l'énorme dévelop- pement que prennent les deux rectrices externes, et qui lui donnent une appa- rence extrêmement fourchue. Ces deux rectrices sont rubannées, légèrement recourbées et arrondies à leur extrémité. Les huit rectrices suivantes sont de grandeur proportion- nellement décroissante. Le bec fin, arqué, est noir à la pointe, jaune dans le reste de son étendue; l'iris brun, les pieds jaunes. Habitat. — L'Aithure à tête noire est propre à la Jamaïque; il ne quitte jamais cette île pour émigrer dans d'autres contrées. Mœurs. — Il aime à suivre, d'après Gosse, le bord des rou- tes, pour faire sa cour aux fleurs des arbres plantés sur leurs li- mites; quelquefois cependant, on le voit s'abaisser jusqu'aux corolles des humbles buissons. On le trouve en abondance sur le som- met de la chaîne de montagnes connue sous le nom de Bluejields (champs bleus), à une altitude d'environ un demi-mille, dans les sentiers des forêts, où régne continuellement, à l'ombre des immenses et gra- cieuses fougères, une agréable température. Il voltige là au Le Colibri à tête noire, milieu d'une végétation luxuriante, parmi les bégonias, les bromélias, les orchidées et les plantes parasites qui revêtent tous les grands arbres. « En tout temps, dit Gosse, on peut être certain de le rencontrer près de ces arbrisseaux continuellement parés de fleurs, et de leurs baies couleur de pourpre, mais c'est surtout en mars, avril et mai qu'il y abonde. Quelquefois, dans une après-midi, j'en ai vu au moins un cent, sur l'espace de bo mètres, venir butiner sur les fleurs. Ils ne vont cepen- dant pas par troupes, quoiqu'on puisse en trouver en même temps trois ou quatre, auprès d'un même arbrisseau. Il n'\' a point d'association, chacun suit ses désirs ou ses caprices, et travaille pour son propre compte. « Les mâles sont en général plus nombreux dans les parties élevées ; les femelles, au contraire, sont plus abondantes dans les plaines. Dès le mois de mars, on trouve un grand nombre de mâles, parés de la livrée de l'adulte, mais n'ayant pas encore les longues plumes de la queue. » Ils sont plus forts, plus vigoureux que les femelles, et la rapide vibration de leurs ailes produit une stridulation suflisante pour faire deviner leur présence avant qu'on ne les ait aperçus. [246] LES OISEAUX-MOUCHES OU TROCHILIDÉS. 6 L'Aithure à tête noire ne visite pas toujours les lieurs à la manière des Sphinx, comme c'est le cas des Colibris. Fréquemment il se pose sur la corolle, les ailes repliées, ou se tient accroché par les pieds, à une feuille, à un rameau, en main- tenant son équilibre par quelques battements d'aile, pendant que de sa langue extensible il va puiser au fond des calices le nectar et les Insectes dont il fait sa nourriture. Quand il prend son repos, il se tient le corps presque droit, la tête un peu rejetée en arrière, et le bec légèrement incliné au-dessus de la ligne horizontale, les pieds cachés par le corps, qui se trouve presque en contact avec la branche sur laquelle il est perché. Cet Oiseau s'accouple sans doute vers le mois de février; la femelle fait plu- sieurs couvées chaque année. Le nid ne présente aucune particularité qui le distingue des autres nids de Colibris, à l'exception cependant des petits lichens d'un vert pâle dont les parois extérieures sont revêtues. LE COLIBRI TOPAZE {Trochilus pella). — Cette espèce est l'un des plus beaux représentants des Colibris à bec arqué. Le Colibri topaze joint en effet, à une taille élégante, une robe extrêmement riche et éclatante. « Les feux du rubis, le jaune de l'opale, la pourpre du saphir, le noir du velours se marient, se combinent et s'harmonisent pour composer sa splendide parure. » Telle est la description enthousiaste que nous en fait un célèbre naturaliste. Le Colibri topaze aime les endroits où coulent des ruisseaux frais et ombragés. Il quitte un peu avant le lever du soleil le rameau sur lequel il a passé la nuit, et chasse les Insectes qui pullulent dans tous les lieux humides. Il se plait, en volant, à effleurer la surface des eaux à la manière des Hirondelles. De temps à autre, il se repose sur les branches basses qui surplombent les torrents et les ruisseaux. Sa nourriture se compose surtout de petites Mouches. Son chant est un cri plaintif très aigu qu'il fait entendre surtout quand il est effrayé et qu'il fuit en rasant le sol. Il bâtit son nid sur les branches des arbres, près des rives où il aime à chas- ser. Ce nid est remarquable par la mollesse de sa texture et sa forme réguliè- rement hémisphérique. Il est formé d'une substance végétale spongieuse empruntée, dit-on, à une sorte d'agaric semblable à l'amadou. Les Eutoxères. — Parmi les Trochiliens, certains genres se font remarquer par des adaptations à un régime très spécial. Tels sont les Eutoxères dont le bec, recourbé, contourné, peut pénétrer dans les fleurs des orchidées jusqu'aux glandes qui sécrètent le nectar. LES LOPHORNIENS Les Lophorniens sont d'une taille médiocre ou petite, ils ont des formes gra- cieuses. Leur plumage a souvent de riches couleurs et présente fréquemment des ornements variés : aigrettes, huppes ou collerettes, surtout chez les mâles. 7 LES ORNISMYENS. [247] L'un des plus jolis représentants de cette tribu est le Lopliornis huppe-col de la Guyane. LBS LESBIENS Les Lesbiens sont reconnaissables à première vue à leur queue longue, pro- fondément divisée et présentant les formes les plus singulières. LES ORNISMYENS Les Ornismyens se distinguent par leur petite taille et l'éclat de leurs couleurs. Ils sont ornés, en général, d'une cravate extrêmement brillante et ont la poi- trine couverte de plumes soyeuses blanches. Ils sont les représentants les plus caractéristiques de la famille des Trochilidés, ce sont ceux qui répondent le mieux à l'idée que l'on se fait de ce curieux groupe d'Oiseaux. LE PETIT RUBIS DE LA CAROLINE [Ornisinya coliibris). — Il doit son nom à un large plastron de plumes écailleuses, d'un rubis doré étincelant, passant au pourpre sombre sous une incidence oblique et qui couvre la gorge, le devant et les côtés du cou. Il habite les régions tempérées de l'Amérique septentrionale, principalement la Caroline du Sud. Il émigré pendant l'hiver au Mexique et aux Antilles. Il se tient de préférence dans les endroits découverts et les terrains cultivés, où se trouvent quelques vieux arbres couverts de lianes et de plantes parasites. Son vol est extrêmement rapide et le bruit qu'il produit en battant l'air de ses ailes lui a valu le nom de Hiiviming-bird (Bourdonneur), qui, par extension, a été appliqué à toute la famille. Les observateurs n'ont d'abord pas été d'accord sur son genre de nourriture. Il est reconnu qu'il visite bien les fleurs pour y puiser un peu de nectar, mais la base de son alimentation consiste surtout en petits Insectes. Il niche en mai dans les branches des arbres, sur la lisière des forêts, près de quelque ruisseau, et rarement dans un buisson. En captivité il se montre très confiant, très familier, mais ne peut supporter longtemps la perte de sa liberté. Les JWelliphagidés Caractères. — Les Oiseaux qui font partie de cette famille appartiennent, par la disposition de leurs pieds, au groupe des Passej-eaux dcodûctj-les. La forme de leur bec fait de ces Oiseaux des Ténuirostres, au même titre que les Oiseaux- Mouches et les Grimpereaux, entre lesquels nous les plaçons. Leur langue est tubuliforme, bifide ou pénicillée, plus ou moins extensible. Ils possèdent un appareil musculaire vocal, et la plupart sont revêtus d'un brillant plumage. Habitat. — Ils représentent, dans l'ancien monde, les Trochilidés d'Amé- rique. Quelques espèces cependant ont aussi pour patrie le nouveau con- tinent. Mœurs. — Comme les Trochilidés, ils recherchent leur nourriture dans les fleurs, mais ils jouissent de la faculté de pouvoir s'accrocher aux branches des arbustes et de les contourner en tous sens. Par ce dernier caractère, ils se rapprochent des Grimpereaux. Classification. — Abstraction faite des nombreuses familles et sous-familles que les auteurs se sont plu à introduire dans leur classification, ces Oiseaux peuvent se grouper en trois grandes tribus : les Nectariniens, les Certhio- liens, les Melliphagiens. LES NECTARINIENS Caractères. — Les Nectariniens ont un bec de longueur, de grosseur et de forme variables; des ailes allongées, une queue échancrée, courte ou prolongée par les deux rectrices médianes: leur doigt postérieur est long et armé d'un ongle fort et recourbé; leur langue pénicillée, ou tubulaire et bifurquée. Habitat. — Ils habitent les contrées chaudes de l'Afrique, de l'Asie et de rOcéanie. Mœurs. — Les Nectariniens ont tous à peu près les mêmes moeurs. Ils vivent par paires dans les endroits découverts où se trouvent des arbres isolés et des buissons couverts de fleurs. Chaque paire se choisit un domaine d'une certaine étendue et en défend l'entrée à ses semblables. Peu craintifs devant l'homme, ces Oiseaux s'approchent souvent des habitations, pénètrent 0 LES SOUÏS-MANGAS. [2i0] dans les vergers et les jardins, ils font leur nourriture des sucs sucrés qu'ils recueillent dans les fleurs et des Insectes que celles-ci abritent dans leur corolle. Leur chant est assez harmonieux. Leur nid est artistement construit; il est d'ordinaire suspendu à de petits rameaux. Les œufs sont blancs et peu nom- breux. Parmi 1 es nombreux genres de ce groupe, il convient de citer les Souïs-Mangas, les Promerops, les Dicées et les Arachnothcres. LES SOUiS-MANGAS Caractères. — Les Souïs-Mangas ont un bec grêle, légèrement courbé, un peu trigone, à bords unis ou finement dcnticulés; des ailes subaiguës, une queue égale ou prolongée par les deux pennes médianes; une langue extensible, terminée par deux ou trois filets. Leur plumage est orné de riches et brillantes couleurs, qui ne le cèdent en rien, pour l'éclat, aux splendides parures des Oiseaux-Mouches ; mais ce plu- mage n'est l'apanage que des mâles parvenus à l'état adulte. Habitat. — Ce genre renferme un nombre considérable d'espèces réparties en Afrique, à Madagascar et dans la Malaisie. Mœurs. — Le nom sous lequel ces Oiseaux sont désignés dans les différentes langues rappelle fort bien leur genre de vie, Souï-Manga signifie Mangeur de sucre, dans le langage mêlé de français et de portugais que parlent les nègres de Madagascar ; les noms de Sufker-Woogel (Oiseau à sucre), de Bloom-Stijger (Suce-fleurs) et de Hoiiey.'nickers (Suceurs de mieli désignent les mêmes Oiseaux. La particularité qui distingue le plus, dans leurgenre de vie, les Souïs-Man- gas des Oiseaux-Mouches, c'est que ces derniers puisent leur nourriture dans les fleurs en se maintenant en l'air par de rapides battements d'ailes, tandis que les premiers se posent sur les fleurs ou près d'elles, pour atteindre de leur bec le fond des corolles. Les Souïs-Mangas fréquentent, les uns les bois de haule futaie, les autres les buissons découverts. Us visitent toutes les fleurs, surtout celles qui sont riches en exsudats sucrés, et où viennent tomber de très petits Insectes; les fleurs de protées, d'aloès, d'orangers, de mimosas, les lis. Ils font leur nid dans les buissons et le composent de matières duveteuses à l'intérieur, de feuilles de graminées à l'extérieur. Captivité. — Ils sont très sociables et vivent facilement en captivité, bien qu'il soit difficile de leur procurer une nourriture tout à fait semblable à celle qu'ils trouvent en liberté. La vie OES ANIMMX ILILSTBÉE. III- '9 [250] LES MELLIPHAGIDÉS. 10 Le Promerops du Protéa. LES PROMEROPS Caractères. — Les Promerops attirent l'attention par la forme de leur queue, celle- ci très longue, étagée, formée de plumes rubanées. Ils ont un bec long, mince, pointu, légèrement fléchi ; des tarses mé- diocres, des ailes obtuses, une langue tubulaire et bifurquée. LE PROMEROPS DU PROTÉA {Pro- merops café?-). — Caractères. — Il me- sure o°',35 de longueur totale, sur les- quels o'°,28 appartiennent à la queue. Les parties supérieures du corps sont d'un brun à reflets verdâtres; la gorge d'un blanc grisâtre, avec une ligne brun noirâtre de chaque côté, partant du bec et descendant sur les côtés du cou ; la poitrine et le ventre tachetés de brun sur un fond blanchâtre ou orangé. Habitat. — Le Promerops du Protéa habite le cap de Bonne-Espérance. Mœurs. — Ses mœurs diffèrent peu de celles des Souïs-Mangas. Il paraît affectionner de préférence les fleurs de protéas et celles des grandes orties, très aimées aussi de tous les au- tres Nectariniens. Il fait son nid dans les branches des arbres. Les Dicées. — Les Dicées sont des Nectariniens propres à l'Asie méridio- nale et à rOcéanie. Ils vivent en petites troupes, se nourrissent d'Insectes et de nectar, et aussi de très petites graines de plantes parasites, dont ils favorisent la dissérnination. Les Arachnothères. — Les Arachnothères présentent de grands rapports de forme et de caractères avec les Nectariniens, mais leur langue est courte, carti- lagineuse. Ils se nourrissent surtout d'Araignées. 11 LES GUIT-GUITS. [251] LES CERTHIOLIENS Caractères.— Les Certhiolicns ou Sucriers sont surtout caractérisés par leur bec relativement court, leur langue bifide ou filamenteuse; ils ont des ailes longues, une queue de longueur moyenne. La couleur du plumage varie beau- coup entre les deux sexes. Habitat. — Ils habitent l'Amérique du Sud. A cette tribu appartiennent les Sucriers et les Guit-Giiits. LES SUCRIERS Caractères. — Les Sucriers se font remarquer par leur langue bifide, dont chaque division se termine par un bouquet de longs filaments. LE SUCRIER FLAVÉOLE {Ccrthiola Jlareola). — Habitat. — Il est commun dans tout le Brésil et dans les îles de l'Amérique centrale. Mœurs. — On le rencontre souvent en compagnie des Colibris dont il par- tage le genre de vie. Mais, au contraire de ces derniers, il sautille et grimpe sur les rameaux, se pose sur les feuilles ou les fleurs pour recueillir sa nourriture. Il niche dans les buissons et paraît rechercher, à cet effet, comme tous les petits Oiseaux avec lesquels il vit, le voisinage des grands nids de Guêpes. Son nid, à parois épaisses, a une forme presque sphérique, avec une ouver- ture à lu partie latérale et inférieure. Il est formé d'herbes sèches et de duvet emprunté a certaines plantes de la famille des Asclépiadées. Les œufs, au nombre de deux, sont d'un blanc verdàtre, semés de taches rougeâtres. LES GUIT-GUITS Caractères. — Les Guit-Guits, ou Oiseaux bleus, ont un bec long, mince, infléchi, à mandibule supérieure légèrement échancrée à l'extrémité ; des ailes longues, subaiguës; une queue courte et carrée; des tarses de la longueur du doigt médian. Habitat. — Les différentes espèces de ce genre sont propres à l'Amérique méridionale. Mœurs. — Les Guit-Guits vivent en petites sociétés de six à huit individus, dans les forêts. Ils sont aussi vifs et aussi remuants que les Mésanges. Leur nourriture ne se compose pas seulement de miel et d'Insectes, mais aussi de fruits. LE QUIT-QUIT SAÏ {Ccereba crauea) — Caractères. — Le plumage de ce superbe Oiseau est d'un beau bleu brillant, à l'exception du dos, des ailes et de la queue, qui sont noirs, et du bord interne des rémiges qui est jaune. [252] LES MELLIPHAGIDÈS. 12 Mœurs. — Ses mœurs ont tté bien décrites par le prince de Wied, dont les observations ont été confirmées depuis par de nombreux naturalistes. « Vivant par couples, dans la période des amours, dit cet auteur en parlant des Sais, ils se réunissent par petites sociétés de six à huit individus aux autres époques de l'année. Ils se meuvent gaiement à la cime des arbres les plus élevés. Dans leur estomac, je trouvai des restes de fruits et de quelques Insectes. Jamais je n'ai entendu ni la voix ni le chant d'un Saï. Cet Oiseau n'aurait, dit-on, qu'un gazouillement assez faible. Son cri d'appel est bref et fréquem- ment répété. Il sautille et volette de branche en branche, en société de ses semblables, comme le fait la Mésange; il est dans une agitation continuelle et ne reste jamais longtemps à une même place. Souvent, il se réunit à d'auires Oiseaux, notamment à des Tangaras. A l'époque de la maturité des fruits, il rend de fréquentes visites aux arbres fruitiers. » LES MBLLIPHAGIENS Caractères. — Les Melliphagiens ont un bec long, arqué, effilé, pointu; des narines cachées sous une callosité cartilagineuse ; une langue terminée par un pinceau de fibres raides ; des pattes vigoureuses, des ailes longues ; une queue mo3'enne et arrondie. Habitat. — Ils habitent l'Océanie. Mœurs. — Au contraire des Nectariniens qui vivent en société, les Melli- phagiens ne se rencontrent que par paires. Us sont, en effet, d'un naturel très querelleur, et ne craignent pas de s'attaquer à des Oiseaux de forte taille ■ Faucons, Corneilles, etc. L'homme ne les efFra\'e pas davantage, aussi viennent- ils parfois nicher dans les jardins près des habitations. Ce sont des Oiseaux vifs, agiles et babillards. On les voit prendre sur les arbres les postures les plus diverses. Ils grimpent à merveille, sautent d'une branche à l'autre, courent le long des rameaux, s'y suspendent la tête en bas, pour chercher leur nourriture dans la corolle des fleurs. Leur existence se passe tout entière sur les arbres. Leur vol est ondulé, mais ne peut être longtemps soutenu ; quelques-uns cependant aiment à s'élever dans les airs en se jouant. Les Melliphagiens se nourrissent d'Insectes, de pollen, du nectar des Euca- 13'ptées ; ils prennent ces aliments au mo3'en de leur langue, longue, pointue, terminée en pinceau. Les nombreuses espèces qui composent cette tribu ont toutes le même genre de vie. LES PROSTHÉMADÈRES Caractères. — Outre les caractères communs à la tribu, ce genre se fait remarquer par ses ailes subobtuses, dont la cinquième rémige est la plus longue; sa queue ample et allongée; ses tarses forts, aussi longs que le doigt médian, celui-ci très allongé et armé, ainsi que le pouce, d'un ongle puissant; enfin, par la disposition en cravate de certaines plumes de la région du cou. 13 LES PROSTHEMADERES. [233] LE PROSTHÉMADÈRE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE [Prosthemadera Noiw-Zeelaudicv). — Caractères. — Cet Oiseau, appelé par Levaillant Cravate frisée et plus connu sous les noms de Poe ou de Tui, est facilement reconnais- sable à deux touffes de plumes blanches qui pendent de chaque côté du cou; son plumage est d'un vert métallique, plus ou moins sombre selon l'incidence de la lumière; le dos et le ventre sont d'un brun terre de Sienne; une raie blanche coupe transversalement l'épaule; les plumes de la nuque et des côtés du cou semblent prolonger la cravate en arrière; elles sont contour- nées en s à pointe blanche. Habitat. — Il est propre à la Nouvelle-Zélande. Mœurs. — Il vit en bandes de huit ou dix individus dans les grandes forêts. Ses allures autant que son plumage attirent de suite l'attention. « C'est un bruyant compagnon, dit Layard, sans cesse en mouvement, vo- letant d'un arbre à l'autre de la forêt, ou se jouant à décrire des cercles dans les airs. C'est le soir surtout qu'il se livre à ce divertissement. » Captivité. — En captivité, il s'appri- voise très facilement. Son chant est agréable. On peut lui apprendre diffé- rentes phrases musicales, car il est doué d'un talent imitateur surpassant, disent certains auteurs, celui du Moqueur. Parmi les nombreux genres de la fa- mille des Melliphagidés, il convient en- core de citer : Les Ptilorms, caractérisés par deux touffes de plumes qui ornent les côtés de la tête ; Les MizoMÈLES, dont le plumage est orné des plus vives couleurs ; les Phylédons; Le Prosthémadère de la Nouvelle-Zélande. Et enfin les Tropidorhynques, recon- naissables à la saillie que présente la base du bec et à la dcnudation complète de toute la partie supérieure de la tête. Les Grimper eaux Caractères. — Le plus important est la forme de l'ongle du pouce, véritable crampon qui soutient ces Oiseaux dans leurs ascensions verticales et leur facilite la descente la tête en bas. Au point de vue de la disposition des doigts, les Grimpereaux sont des Pas- sereaux déodact/les; ils ont trois doigts dirigés en avant, un en arrière ; c'est ce dernier doigt qui est armé d'un ongle puissant et recourbé et qui joue un si grand rôle dans la locomotion. Leur bec, long et grêle, mais de forme variable, permet de leur appliquer l'appellation de Téniiiroslrcs. Mœurs. — Les Grimpereaux, par leur genre de vie, rappellent un peu les Pics. Ils se tiennent presque continuellement suspendus aux arbres, aux rochers, aux murs, grimpant et descendant sans cesse. On conçoit qu'une existence aussi spéciale se traduise, dans la morphologie des Oiseaux de ce groupe, par des caractères adaptatifs particuliers. Les Grimpereaux sont presque exclusivement insectivores. Ils nichent dans les trous des arbres, des murailles ou des rochers. Classification. — On peut les répartir dans trois familles d'inégale impor- tance : 1° celle des Certhiidés, qui renferme les types les plus caractéristiques et près de laquelle se rangent : 2° les Dendrocolaptidés; 3° les Anabatidés. LES CERTHIIDES Caractères. — Les Certhiidés ont un bec long, peu recourbé; des tarses courts, scuiellés. Leur doigt postérieur est aussi long que le médian ; il est armé d'un ongle puissant, acéré. On divise les Certhiidés en deux sous-familles : les Certhiens et les Sittiens. LES CERTHIENS Les Certhiens ont le bec effilé, aigu, toujours plus ou moins arqué, à bords réguliers. — Ils comprennent les deux genres principaux, Grimpereau et Ticho- drome, qui appartiennent à la faune européenne, et quelques genres exotiques, i5 LES GRIMPEREAUX. [255] LES GRIMPEREAUX Caractères. — Les Grimpereaux sont des Oiseaux de petite taille, au corps élance et dont les caractères sont les suivants : un bec long, grêle, légèrement arqué; des narines basales, ovalaires, à moi- tié closes par une membrane; des ailes sur- obtuses ; une queue allongée, à pennes raides, étagées, usées à l'extrémité ; des tarses courts, des doigts longs, scutellés, le postérieur le plus fort et muni d'un ongle puissant, très crochu. LE GRIMPEREAU FAMILIER {Certhia faviiliaris). — Il mesure de o^.iS ào",i4 de long. Son plumage est, en dessus, d'un brun roussâtre varié détaches blanches et noires; le ventre et une ligne au-des^us de l'œil sont d'un blanc pur. Habitat. — Le Grimpereau familier habite l'Europe, particulièrement la V Suisse, la Savoie, les Basses-Alpes et la Sibérie. Mœurs. — Il se tient dans les forêts de sapins, de pins, de mélèzes. Il est sé- dentaire et errant; bien qu'il affectionne particulièrement les régions monta- gneuses d'altitude mo3'enne, on le voit parfois s'établir près des habitations, dans les jardins et les vergers, où il se sent en sécurité. D'un naturel vif et gai, il est sans cesse en mouvement, parcourant avec une agilité remarquable les troncs des arbres, grimpant ou descendant, tantôt en ligne droite, tantôt en spirale, courant le long de la face inférieure des grosses branches, des- cendant parfois la tête en bas. Quand il a gagné le haut d'un arbre, il se laisse tomber en volant jus- qu'au pied de l'arbre voisin, et recommence une nouvelle ascension, inspectant toutes les tissures de récorce, pour y découvrir les petits Insectes dont il se nourrit. Il se plait aussi sur les grands murs revêtus de lierre, car il y trouve des Mouches, des Araignées, des larves. Grâce à la structure spéciale de ses doigts, il se meut avec autant de facilité sur les parois verticales unies que sur les surfaces Le Grimpereau familier. [256] LES GRIMPEREAUX. 16 rugueuses. Il vole peu et ne parcourt jamais un grand espace d'une seule traite. A terre, il sautille maladroitement. Son cri est bref, il le fait rarement entendre. Le Grimpereau familier niche dans les trous naturels des arbres et des ro- chers, le plus souvent sous les grandes plaques d'écorce qui se détachent des vieux arbres. Il amasse dans la cavité des matériaux divers pour le choix des- quels il se montre assez indifférent; ce sont des feuilles sèches, de l'herbe, des mousses, de la paille, toutes substances molles qu'il assemble grossièrement. La femelle fait habituellement deux couvées par an ; la première, de six à neuf œufs, a lieu dans la seconde quinzaine de mars ou en avril; la seconde, composée seulement de trois à six œufs, se fait en juin ou en juillet. Les œufs sont blancs, piquetés et tachetés de brun rougeàtre, surtout au gros bout. Les deux parents se partagent les soins de l'incubation. Les petits restent longtemps encore dans le nid après leur complet développement. Lorsqu'on veut les dénicher, ils se sauvent en grimpant rapidement dans les branches et sont bientôt hors de vue. Captivité, — Il est impossible de conserver en captivité ce charmant petit Oiseau, caria nourriture qui lui convient est beaucoup trop spéciale et ne peut être remplacée par aucune autre. Utilité. — Le Grimpereau familier mérite toute notre protection ; il est exclu- sivement insectivore et se nourrit de petites espèces nuisibles qui pullulent dans les bois et les jardins. D'ailleurs, c'est un Oiseau absolument inoffensif, contre lequel l'homme ne peut avoir aucun grief sérieux. LES TICHODROMES Caractères. — Le genre Tichodrome est caractérisé par un bec très long, grêle, légèrement arqué, triangulaire à la base, arrondi dans le reste de son étendue; des narines basales, linéaires, à moitié recouvertes par une membrane; des ailes amples, sur-obtuses ; des tarses courts, des doigts longs et grêles, armés d'ongles acérés, celui du pouce d'une longueur double des autres; une queue formée de pennes larges, mais flexibles. Il faut ajouter à ces caractères la structure très spéciale de la langue, qui est longue, très aiguë, garnie sur les côtés de petites papilles crochues comme cela se voit chez les Pics, mais elle n'est cependant pas aussi protractile que celle de ces Oiseaux. Le plumage des Tichodromes est variable selon les saisons. LE TICHODROME DE MURAILLES {Tichodroma miiraria). — Caractères. — Le Tichodrome de murailles ou Grimpereau de murailles, ou EcheleUe, est un des plus jolis Oiseaux d'Europe. Durant la saison des amours, son plumage est, dans les parties supérieures, d'un gris cendré clair, devenant cendré noirâtre sur la tête et le croupion; les 17 LES TICHODROMES. [257] joues, la goTi^e et le devant du cou sont d'un noir profontl; le dessous du corps cendré noirâtre; les ailes et la queue noir brun, chaque penne étant bordée de blanc à l'extrémité, les couvertures alaires et les barbes externes des rémiges d'un roux vif dans leurs parties supérieures; celles-ci marquées de deux larges taches blanches sur les barbes internes; le bec, les pieds et l'iris noirs. En hiver, le devant du cou est blanc, le des- "^y. sus de la tête et la gorge prennent une teinte Cet Oiseau mesure environ o"", 17 de long et o'",2o d'enver- gure. Habitat. — Le Tichodrome de murailles habite les contrées méridionales de l'Europe et l'Asie occidentale. Cependant on l'a rencontre accidentellement enAllema g ne et dans le nord de la France, notamment en Normandie. Il est assez commun dans les Alpes et les Pj'rénées. Moeurs. — Le Tichodrome se rencontre surtout dans les ré- gions montagneuses, dénudées. Il se tient sur les parois verticales des rochers, ou sur les grands murs des édifices abandonnés ; jamais il ne grimpe sur les arbres. Pendant la belle saison, il erre dans les régions les plus désertes, à une altitude souvent considé- rable; on l'a rencontré sur des rochers au milieu des glaciers. En hiver, il descend dans les vallées et se montre quelquefois dans les vil- lages. Sa façon de grimper le long des murs ou des rochers à pic est extrêmement curieuse, et lui a valu le nom à.'Echelctte. « Il s'y élève d'habitude verticalement, dit Baiilj', c'est-à-dire qu'il y monte direc- tement au sommet; quelquefois il biaise, mais jamais il ne retourne sur ses pas, en s'accrochant soit la tête la première, soit autrement, comme le fait le Grimpereau familier. Parvenu à la cime d'une tour ou d'un mur, il en parcourt de temps en temps les cordons d'un bout à l'autre en sautillant Le Ticliodrome de murailles. [258] LES GRIMPEREAUX. 18 ou en se balançant de droite à gauche avec une charmante vivacité, et en faisant encore mouvoir ses ailes. 11 s'ébat aussi de cette manière sur les croix des clochers, sur les saillies prolongées des fenêtres, des cheminées et des rochers qu'il rencontre dans ses ascensions. 11 ne cesse d'y être en mouve- ment ; tantôt il y grimpe au moyen de secousses successives et d'un batte- ment simultané des ailes; tantôt il vole par bonds ou papillonne d'un mur ou d'un roc à l'autre ; tantôt enfin, il reste accroché ou bien suspendu quelques instants devant une fente, tandis qu'en remuant encore ses ailes à la manière des Papillons, il y cherche des Insectes. C'est alors qu'il fait entrevoir les espaces rouges et les taches blanches qui lui servent de parure; de sorte que les per- sonnes qui ne connaissent point cet Oiseau, ou qui le voient pour la première fois se livrer à ses ébats, le prennent souvent pour un Papillon. » Le Tichodrome aime surtout les rochers dénudés; plus une région alpestre est sauvage et aride, plus on est sûr de l'y rencontrer. Il ne va visiter les larges traînées d'herbes qui descendent le long des rochers, que pour y chercher des Insectes; et encore se hàte-t-il de revenir toujours sur les placesnues.il ne des- cend à terre que pour y happer quelque proie, puis il remonte aussitôt sur une paroi de rocher pour l'y dévorer à son aise. 11 est peu craintif et se laisse facilement approcher. Sa nourriture se compose de petits Insectes, d'Araignées et de larves diverses. « De son bec effilé il saisit, dit Girtanner, comme avec une pince, la proie la plus petite. Sa langue ne sert pas à la préhension des aliments ; mais avec elle il embroche l'Insecte retenu entre ses mandibules et le ramène rapidement au fond du bec. A-t-il affaire à quelque proie plus volumineuse, à une Chenille, par exemple, il la prend dans son bec, puis la tourne, la retourne jusqu'à ce qu'il la tienne en travers par son milieu ; il la frotte alors à droite et à gauche contre les pierres, et finalement, en balançant la tête, il la fait pénétrer longitudina- lement dans son gosier, après quoi, il a soin d'essu\er son bec contre les pierres. Il ne prend pas les Insectes à carapace dure comme les Coléoptères, sa langue ne pourrait les embrocher. » En hiver, cet Oiseau doit se contenter d'œufs, d'Insectes et d'Araignées, de chrysalides, d'Insectes engourdis. Il est alors occupé toute la journée à cher- cher péniblement de quoi se nourrir. Le Tichodrome se retire la nuit dans quelque crevasse de rocher; il n'en sort le lendemain matin qu'à une heure assez avancée de la journée, lorsque la rosée est tarie, et que les Insectes sont sortis de leurs cachettes. 11 se reproduit en mai ou juin. La femelle pond de cinq à sept œufs d'un blanc pur, ou parsemés de petits points noirs. Le nid du Tichodrome est formé d'un feutrage d'herbes sèches et de petites racines, tapissé dans le fond d'une couche de mousses, de plumes, de poils et de duvet. Il est toujours placé dans une profonde crevasse de rocher ou dans un trou de vieux mur. Utilité, — Le Tichodrome, bien qu'étant exclusivement insectivore, n'est pas à l'homme d'une très grande utilité, car il ne se tient que dans les régions arides et désertes. Mais il est pour l'observateur, pour l'amant de la nature, dit ■Girtanner, un des ornements les plus précieux de nos Alpes. 19 LES SITTELLES. [259] Il a d'ailleurs de terribles ennemis dans les Oiseaux de proie, auxquels il n'échappe que grâce à son adresse à se blottir dans quelque fente de rocher. Captivité. — Plusieurs tentatives ont été faites pour élever en captivité ce charmant Oiseau. Le D' Girtanner réussit à faire vivre pendant plusieurs mois un Tichodrome dans une cage disposée spécialement à cet effet. Son captif se montrait très familier, il le nourrissait de Ycvs de farine et d'oeufs de Fourmis. LES SITTIENS Caractères. — Les Sittiens ont un bec droit, à bords dessinant des lignes ondulées ou irrégulières. LES SITTELLES Caractères. — Les Sittelles ont un bec entier, conique vers la pointe; des narines basales, linéaires, en partie cachées par les plumes du front; des ailes médiocres, une queue courte et carrée, composée de plumes molles et flexibles; des tarses courts, scutellés, des doigts grêles, l'ongle du pouce puissant et cro- chu, mais moins développé que chez les autres Grimpereaux. Leur langue, cartilagineuse, courte, bifide, est légèrement protractile. LA SITTELLE TORCHE-POT {Sida cœsia). — Caractères. — Cette espèce a le dessus de la tète, le dos et le croupion d'un cendré bleuâtre; les ailes brunes, bordées d'un liséré blanc, ainsi que les rectrices, sauf les deux médianes qui sont de la couleur du dos; le menton et la gorge d'un blanc pur; le ventre d'un roux de rouille; une large bande noire partant de la base du bec et passant au-dessus de l'œil, s'étend jusque sur les côtés du cou. Le bec est couleur de plomb, l'iris brun-noisette, les pieds gris jaunâtre. La taille de cet Oiseau est d'environ o"',i3. Habitat. — La Sittelle torche-pot, ou Torche-pot bleu, habite l'Europe méridionale et occidentale. Elle est commune en France et dans les pays voisins. Mœurs. — Cet Oiseau, l'un des plus gais et les plus vifs de nos contrée-s, se tient, pendant la saison chaude, dans les forêts de haute futaie; en hiver, il se rapproche des habitations; on le rencontre alors dans les jardins, les vergers, et les taillis le long des routes, mais toujours à proximité d'un massif de grands arbres. Il est sédentaire et errant. D'un naturel très sociable, il se joint souvent, à l'automne, aux bandes de Mésanges, de Pinsons et de Roitelets. Jamais, cepen- dant, on ne trouve dans ces sociétés de petits Passereaux plus de trois ou quatre Torche-pots. La Sittelle torche-pot captive l'attention par son activité incessante et sa vivacité à se mouvoir sur les arbres. Elle monte, descend, court le long des branches avec une agilité remarquable, ou bien s'y suspend la tête en bas. De [260] LES GRIMPEREAUX. 20 son bec solide, elle frappe l'écorce et détache quelques fragments, happe un Insecte ou une graine, et vole avec légèreté jusqu'à l'arbre voisin, pour recom- mencer le même manège; durant ce temps, elle ne cesse de faire entendre son petit cri bref, monotone, s/7, sit, bien différent de son cri d'appel, dont le son est clair et flûte. Elle se laisse approcher et observer de très près, comptant sur sa ruse et sa vivacité pour échapper au danger. Sa nourriture secompose d'Insectes, d'Araignées, et aussi de baies et de graines. La Sittelle torche-pot. Elle saisit les Insectes dans les fentes des ar- bres, dans la mousse, ou les attrape au vol. Elle recherche les galles de hêtre, en brise l'enveloppe, et dévore les larves qui y sont contenues. Parmi les graines, elle aime surtout celles de chanvre et de tour- nesol. Elle retire très habilement des cônes ouverts de pins et de sapins les graines que dédaignent les autres Oiseaux, et dépouille de leurs enveloppes les graines d'orge et d'avoine, avant de les avaler. Les faînes, les fruits du tilleul, et les petites baies rouges que l'on trouve dans les haies sont pour elle un régal. « J'ai souvent pris grand plaisir, dit Brehm, à observer des Torche-pots en train de dévaliser un hêtre chargé de fruits. On les voit deux ou trois ensemble, s'envolant l'un après l'autre vers le hêtre, et y cueillir une graine qu'ils trans- portent sur un autre arbre, où ils ont pratiqué dans l'écorce un trou parfai- tement disposé pour la recevoir; ils 1'}^ posent, la tiennent avec leurs doigts de devant, la fendent et l'avalent. Ils laissent ensuite tomber les enveloppes et vont chercher un autre fruit, qu'ils mangent de même. Cela dure des heures, des journées entières, et c'est un spectacle charmant de voir ces Oiseaux voler 21 LES SITTELLES. [201] ainsi continuellement d'un endroit à l'autre, cueillir des graines, les ouvrir. Ils agissent de même avec les noisettes, les fruits du tilleul et de l'érable. » La Sittelle torche-pot est un Oiseau aussi prévoyant que certaines espèces de Pics. Comme ces derniers, en effet, elle amasse des provisions pour l'hiver. Dès l'automne, elle entasse dans les trous des arbres qui lui servent d'abri, ou parfois même sous les toits des maisons, une grande quantité de graines, de glands, de morceaux d'écorces remplis d'œufs ou de larves d'Insectes; elle mange ces provisions lorsque le froid ou la neige l'empêchent de se livrer à la recherche de sa nourriture habituelle. La Sittelle torche-pot niche dans les vieux troncs d'arbres creux ; parfois elle s'empare du nid abandonné d'un Pic, et en rétrécit l'ouverture par un véritable ouvrage en maçonnerie, fait de terre argileuse mélangée à du gravier. Mais il arrive quelquefois que les véritables propriétaires du nid reviennent à leur an- cienne demeure, démolissent en quelques coups de bec la frêle muraille et en chassent la Sittelle. Celle-ci doit alors se mettre en quête d'un autre trou ; lors- qu'elle en trouve un, elle le dispose à sa façon, l'agrandissant au besoin à la manière des Pics, le mâle et la femelle prenant part l'un et l'autre à ce pénible travail, ou rétrécissant l'ouverture avec de l'argile jusqu'à ne laisser qu'un étroit orifice juste suffisant pour le passage de l'Oiseau. C'est ce procédé de construction qui lui a valu les noms de Torche-pot ou de Pic maçon. Dans le fond du nid sont disposés sans ordre des brins d'herbes, des feuilles, de la pous- sière de bois et autres substances sèches formant une sorte de matelas sur lequel reposent les œufs. La ponte a lieu en avril ou mai, elle est de six à neuf œufs, d'un blanc plus ou moins pur, semés de points rougeàtres, cendrés ou noirs. L'incubation dure de treize à quatorze jours. La femelle couve seule, mais les deux parents s'occupent à la fois de l'éducation et de l'élevage des jeunes; ils les nourrissent de petits Insectes et de Chenilles et ne les abandonnent qu'après la première mue. Captivité. — La Sittelle torche-pot supporte très bien la captivité. On la nourrit facilement avec des graines variées, avoine, chènevis, etc. C'est un Oiseau intéressant à observer par la vivacité de ses mouvements; il n'a qu'un défaut, c'est de marteler de son bec tous les objets à sa portée, ou les parois de sa cage, faisant ainsi continuellement du bruit ou occasionnant quel- ques dégâts dans l'appartement si on l'y laisse en liberté. Utilité. — L'utilité du Torche-pot paraît discutable, car si cet Oiseau nous rend de grands services en dévorant beaucoup d'Insectes et de larves qui vivent dans le bois, par contre il mange aussi quelques graines. Mais les dégâts qu'il commet dans les jardins sont insignifiants, non seulement parce que les graines qu'il mange ne forment que la plus minime partie de son régime, mais aussi parce qu'on ne le voit jamais en bandes nombreuses. Il doit donc être protégé. LA SITTELLE D'EUROPE [Sitta eiiropœa). — Cette espèce diffère très peu du Torche-pot bleu avec lequel on l'a longtemps confondue. Elle s'en distingue surtout par une teinte plus claire des parties inférieures. [262] LES GRIMPEREAUX. 22 Habitat. — Elle habite l'Europe septentrionale et orientale, et l'Asie septen- trionale. Mœurs. ■ — Ses mœurs sont les mêmes que celles du Torche-pot. On ne la rencontre cependant que dans les grands bois. LA SITTELLE SYRIAQUE [SU ta syriaca). — Caractères. — Cette espèce mesure environ o"',i6 de long. Son plumage est semblable à celui des espèces précédentes, mais le blanc des parties inférieures est plus étendu ; il couvre à la fois la gorge, la poitrine et le milieu du ventre. Habitat. — La Sittelle syriaque habite l'Europe méridionale et l'Asie occi- dentale ; elle n'est pas rare en Dalmatie, en Grèce, en Morée et en Syrie. Mœurs. — On ne la rencontre que sur les rochers escarpés des régions mon- tagneuses. Elle est aussi vive, aussi active que les autres Sittelles. Elle grimpe et descend le long des parois verticales, s'y tient aisément dans toutes les posi- tions et sautille même à reculons. Son cri est un rire perçant, sonore et très aigu. Son genre de vie, sa nourri- ture ne la distinguent pas de la Sittelle d'Europe. La particularité la plus intéressante qu'elle présente est de construire son nid avec de l'argile contre les parois escarpées des rochers. Quelquefois elle se dispense de tous frais de construction en s'emparant du nid de l'Hirondelle rous- seline. LES DBNDROCOLAPTIDÉS Caractères. — A part la forme de leur bec qui est extrêmement variable, les Dendrocolaptidés se rattachent au.\ Grimpereaux par tous leurs autres carac- tères et par leurs mœurs. Habitat. — Ils habitent l'Amérique méridionale. Les deux genres les plus intéressants sont ceux des Falcirostres et des Talapiots. LES FALCIROSTRES Les Falcirostres se font remarquer par leur bec très long, très recourbé, et pointu. Il en existe plusieurs espèces, parmi lesquelles le Falcirostre à bec eu sabre. LE FALCIROSTRE A BEC EN SABRE {Xiphorhyiiehiis procitrvus). — Carac- tères. — Cet Oiseau mesure environ o",25 de longueur totale, dont près de o'",07 pour le bec. Son plumage est d'un brun-olive sur le dos et le ventre ; la gorge est blanche ; la tête, le cou et la poitrine sont marqués de blanc jaunâtre; les ailes sont brun rougeàtre ; l'iris brun ; le bec et les pieds d'un brun roux. Habitat. — Mœurs. — Le Falcirostre à bec en sabre habite les profondes forêts vierges de la Guyane et de quelques autres localités de l'Amérique méri- 23 LES ANABATIDÉS. [263] dionale. Il se tient dans les régions montagneuses où poussent certaines espèces de palmiers qu'il affectionne particulièrement. La conformation de son bec lui permet, en etl'et, d'aller extraire au fond de leurs trous profonds et arqués les larves de certains Insectes qui vivent sur ces palmiers. Il niche, comme ses congénèresde la même famille, dans les troncs- d'arbres creux. LES TALAPIOTS Au contraire des Falcirostres, les Talapiots ont un bec médio- cre, droit, comprimé, pointu. LE TALAPIOT-PIC [Dcn- droplex picus). — Habitat. — Il se rencontre sur toute la côte ouest de l'Amérique du Sud ; il vit, comme les Falci- rostres, dans les grandes forêts vierges. Mœurs. — Par ses allures, il rappelle au- tant les Pics que les Grimpereaux. Il grimpe avec agilité sur les troncs d'arbres verticaux, et en frappe l'écorce de son bec pour en chasser les Insectes comme le font les Pics. C'est un Oiseau peu crain- tif, s'approchant volontiers des habitations et se réunissant sou- **«^ Le Falcirostre à bec en sabre. vent en petites sociétés, après l'époque delà reproduction. LES ANABATIDES Caractères. — Les Anabatidés ont un bec de forme variable, des ailes courtes, obtuses, une queue étagée ; des pieds disposés comme ceux des Grim- pereaux, bien qu'ils soient plutôt percheurs que grimpeurs. Habitat. — - Ils habitent les forêts de l'Amérique méridionale. Mœurs. — Ces Oiseaux sont vifs, agiles, toujours en mouvement. Ils se glissent au milieu des buissons les plus épais, sautillent, grimpent sur les [264] LES GRIMPEREAUX. 24 branches et se suspendent parfois la tête en bas à la façon des Mésanges, mais ils ne parcourent pas les troncs verticaux comme le font les Grimpereaux. Leur voix est perçante, fort singulière. Ils se nourrissent d'Insectes, et quelques-uns d'entre eux se construisent un nid volumineux de forme très curieuse, suspendu aux basses branches des arbres, u Ce nid, dit le prince de Wied, est formé par un faisceau ovalaire de branches ayant la moitié de l'épaisseur du doigt, entre- lacées les unes avec les autres de différente façon. Les extrémités en hérissent les parois, de telle façon qu'on ne peut le saisir. Ce nid a parfois un mètre en largeur et plus encore en longueur. Les branches sont réunies par diverses substances. Près de l'extrémité inférieure se trouve une ouverture petite, arron- die. C'est par cette ouverture que l'Oiseau grimpe dans l'intérieur de sa demeure, qu'il arrive à son nid proprement dit, lequel est formé de mousse, de laine, de fil, d'écorce, d'herbes sèches. Quand on enlève les branches entre- lacées qui constituent la charpente extérieure, on découvre ce nid, qui est petit, arrondi, fermé par en haut, et dans lequel l'Oiseau, à l'abri de tout danger, trouve une couche chaude et molle. » Chaque année, l'Oiseau agrandit cette construction en l'augmentant d'une nouvelle petite chambre, de sorte que si l'on ouvre cette singulière demeure, on trouve en haut le nid le plus récent, et en dessous toute une série de nids anciens. Les Synallaxes. — Les Synallaxes forment le passage des Grimpereaux aux Fourniers. Us vivent dans l'Amérique du Sud. Ils se tiennent dans les endroits découverts, rarement dans les bois. Leur nourriture se compose d'Insectes. Ils nichent dans les buissons et ont -les mêmes mœurs que les Anabates. Les Fourmiliers Les Oiseaux que l'on réunit sous l'appellation générale de Fourmiliers ont pour caractères communs : un bec mince, allongé, et légèrement infléchi ; des tarses relativement élevés, des ailes et une queue courtes, celle-ci généralement relevée ; un plumage de couleur sombre. Aces caractères descriptifs communs, s'ajoutent d'étroites analogies dans les mœurs et le mode de nidification : les Fourmiliers sont essentiellement insectivores; leur nid est en forme de boule ou de bourse, avec une ouverture latérale. Le nom donné à cette tribu est celui de la famille la plus caractéristique, et à laquelle se rattachent plus ou moins étroitement toutes les autres. A ce point de vue, il y a lieu de di-^tinguer deux groupes : le premier formé par les familles des Furnaridés, Troglodytidés, iMyothéridés, Pittidés, Ménuridés, qui repré- sentent les vrais Fourmiliers: le second groupe formé par les familles des Cin- clidés, Mimidés, Timaliidés, P3'cnonotidés, établissant la transition entre les Fourmiliers et les Merles, mais cette distinction est loin d'être absolue. De toutes ces familles, une seule, celle des Troglodytidés, est représentée en Europe. LES FURNARIDÉS Caractères. — Les caractères de cette famille sont les suivants; le bec, de même longueur que la tête, est fort, droit ou légèrement recourbé ; les ailes de longueur moyenne, obtuses, la troisième rémige étant la plus longue ; la queue courte, formée de plumes molles. La conformation des pieds indique une adaptation très nette à la marche ; les tarses sont élevés, les doigts forts, les ongles courts, à l'exception de celui du pouce, qui est encore aussi développé que chez les Grimpeurs précédents. Habitat. — Mœurs. — Les Furnaridés habitent l'Amérique méridionale. Mar- cheurs et percheurs, ils passent la plus grande partie de leur vie sur le sol, cherchant des Insectes et des graines dont ils font leur nourriture. Leur voix est très singulière, elle se compose de quelques notes perçantes, désagréables. Ils se construisent, sur les branches des arbres, un nid arrondi formé d'argile unie à divers matériaux, et tapissé de plumes et de poils à l'intérieur. Les principaux genres sont ; les Fourniers, les Géosittes et les Sitiines. La vie des animaux illlstrée. H'- — 20 [266] LES FOURMILIERS. 26 LES FOURNIERS LE FOURNIER ROUX (Furiiariiis riifiis). — La taille de cet Oiseau est d'en- viron o",i8. Il doit son nom à la teinte jaune roussàtre, couleur de terre, qui domine dans son plumage. Mœurs. — Il se tient le plus souvent dans les buissons, courant avec agilité sur le sol ou sur les branches. C'est un Oiseau vif, gai, actif, nullement farouche et s'approchant volontiers des habitations humaines; il vit solitaire ou par paires. Il se nourrit d'Insectes et de graines qu'il trouve à terre ou sur les arbres. Son vol est peu rapide et peu soutenu. Sa voix est perçante et retentissante ; souvent le mâle et la femelle crient en même temps, chacun à leur façon, en produisant une cacophonie des plus désagréables. Le nid du Fournicr roux est généralement placé sur une grosse branche horizontale; il attire l'attention par saforme singulièreet sesgrandes dimensions, Le mâle et la femelle y travaillent de concert. Ils commencent par disposer une première couche d'argile détrempée, qu'ils étalent sur la branche à l'aide de leurs pattes et de leur bec, puis ils entourent cette première assise d'un rebord d'environ o",o6 de haut, et un peu incliné en dehors. Sur ce rebord, une fois qu'il est sec, ils en disposent un second semblable, mais cette fois incliné en dedans, puis un troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que les parois ainsi formées se réunissent en une sorte de coupole. Sur un des côtés est ménagée une ouverture demi-circulaire. Lorsque le nid est achevé, il a la forme d'un four à cuire le pain, et mesure environ o°',2 5 de large sur o", 1 1 ào"',i4 de long et o",i6 à o^jig de haut. L'intérieur est tapissé d'herbes sèches, de plumes, de duvet, etc. On y trouve de deux à quatre œufs blancs que les parents couvent alterna- tivement. Captivité. — Les Fourniers, étant d'un naturel confiant, peu farouche, s'apprivoisent facilement. On peut les nourrir avec du maïs pilé et de la viande crue. Ils se font remarquer par leurs allures singulières, tantôt marchant lentement et majestueusement, puis soudainement, se mettant à courir avec rapidité. Les Géosittes. — Les Géosittes sont très voisins des Fourniers, dont ils partagent le genre de vie, mais par certains de leurs caractères ils rappellent les Alouettes. La particularité la plus intéressante qu'ils présentent dans leurs mœurs est de construire leur nid, non plus sur les branches des arbres, mais dans des terriers qu'ils creusent eux-mêmes. Les SiTTiNES. — Les Sittines, que l'on range aussi parmi les Furnaridés, habitent de préférence les grandes forêts. Elles vivent par paires ou par petites familles. Leur nid est placé le plus souvent dans un tronc d'arbre creux. LES TROGLODYTIDES. [2G7] LES TROGLODYTIDES Caractères. — Les Troglodytes ont un bec grêle, légèrement arqué, entier, pointu ; des ailes courtes, arrondies, sur-obtuses ; une queue courte, carrée ou arrondie; des tarses longs et grêles, le doigt externe uni à sa base avec le médian, l'ongle du pouce plus fort et plus arqué que les autres. LE TROGLODYTE D'EU- ROPE OU TROGLODYTE Ml- G^O^ [Ti-oi^-lod}- tes parvuliis). — Caractères. — Ce petit Oi- seau, qui mesure à peineo", lo de long, est, en dessus, d'un brun roux, zébré de raies noi- res transversales ; en dessous d'un gris roux avec des lignes ondulées d'un brun foncé. • .,■•' L'iris est brun, le bec et les pattes d'un gris rougeàtre. Habitat. — 11 habite toute l'Europe, l'Asie et l'Afrique ) septentrionale. En France, il \ est commun partout, Mœurs. — Le Troglodyte mignon, improprement appe- lé Roitelet, car il n'a guère de commun avec le vrai Roitelet que sa petite taille, est un de nos Oiseaux les plus familiers. C'est quittent pas pendant l'hiver. Il se dans les villages, dans les jardins, par- haies, des fagots, des piles de bois, les Araignées, les .Mouches, dont il On ne le voit jamais sur les arbres élevés; d'ailleurs son vol est pénible, et il ne peut le soutenir longtemps. Lorsqu'il est poursuivi, il cherche son salut non dans la fuite, mais en se précipitant dans quelque trou. Par contre, ses allures sur le sol sont extrêmement gracieuses. Il sautille avec vivacité, se glisse dans les broussailles avec une agilité surprenante; parfois, il s'arrête sur un point découvert, penche le corps en avant, relève la queue verticalement et prend une posture fière et hardie. 11 va ainsi de buisson en buisson, fouillant les moindres fentes, les coins les plus cachés; il ne s'interrompt que de temps en temps, lors- Le Troglodyte d'Europe. un des rares becs-fins qui ne nous plaît dans les endroits les plus divers, tout où se trouvent des buissons, des au milieu desquels il cherche les Vers, fait sa nourriture. [268] LES FOURMILIERS. 28 c|u'il se sent en lieu sûr, pour faire entendre ea ciianson, formée de notes claires, variées, avec un trille harmonieux au milieu de la phrase qui baisse de ton vers la fin. C'est surtout en hiver, quand la terre est couverte de neige, et que les Moineaux eux-mêmes se cachent dans leurs retraites, qu'il est agréable d'écouter cette voix douce et bien timbrée. Le Troglodyte construit toujours son nid dans un endroit bien abrité, ^oit dans le tronc d'un arbre creux, soit dans une crevasse de rocher ou de muraille, dans un épais buisson ou même sous le toit d'une maison. Son nid est l'un des plus artistement construits de ceux que l'on rencontre dans nos contrées. Il a le plus souvent une forme sphérique, avec une ouverture étroite dans sa partie supérieure et latérale. Les matériaux qui le composent sont assez variables, car l'Oiseau choisit ceux qui se trouvent dans son voisinage immédiat, de façon à le mieux dissimuler. On trouve des nids de Troglod3'tes uniquement formés de mousses, mais dont les brindilles sont si intimement entrelacées qu'on les dirait collées ensemble. Il arrive parfois que le Troglodyte, avant la pariade, se construit plusieurs nids qu'il abandonne successivement; il semble que ces nids soient destinés à lui servir de lieux de repos ou de cachettes. La femelle fait ordinairement deux couvées par année, la première en avril, la seconde en juillet. Chacune est de six ou huit œufs d'un blanc plus ou moins jaunâtre, et semés de points d'un rouge brun, surtout au gros bout. Les deux parents les couvent alternativement pendant treize jours. Les petits, une fois éclos, reviennent encore longtemps au nid qui les a vus naître avant de se séparer pour mener chacun leur existence solitaire. Captivité. — Les Troglodytes réclament beaucoup de soins lorsqu'on veut les élever en captivité. Il faut, avant tout, disposer dans leur cage une ca- chette ayant une étroite ouverture, et dans laquelle ils peuvent se réfugier quand ils sont effrayés. Ces Oiseaux sont très intéressants par la vivacité et la grâce de leurs allures; ils chantent toute l'année, excepté au moment de la mue, à la fin de l'été. L'éducation des jeunes est difficile, néanmoins on peut essayer de les nourrir avec une pâtée faite de cœur de bœuf haché et d'œufs de fourmis. Plus tard on leur donne des vers de farine, des mouches. Une excellente pâtée à joindre au régime précédent est indiquée par Moreau. Elle se compose de chènevis bro3'é, de mie de pain blanc moulue, d'une ou deux amandes pilées, le tout tamisé et additionné de mouron ou de chou finement haché. Les Thkyothores et les Cyphorhines représentent en Amérique le Troglodvte de l'Europe. Ils sont très voisins de ce dernier par leurs caractères et en ont tout a l'ait le même genre de vie. Le Thryothore de la Louisiane est très répandu dans les Etats-Unis. Une autre espèce, le Thryothore de la Heta habite l'Amérique du Sud. Parmi les c3'phorines, l'espèce la plus commune est celle que l'on désigne vulgairement sous le nom de Flûtiste, à cause de son chant mélodieux. 20 LES FOURMILIERS. [269] LES FOURMILIERS OU MVOTHERIDÉS Caractères. — Les Oiseaux qui composent cette famille ont un bec de forme assez variable; des tarses élevés, des doigts minces, armés d'ongles longs et faibles; des ailes courtes, arrondies, une queue longue ou courte. Certains d'entre eux ont de nombreuses affinités avec les Merles, d'autres avec les Pies-grièchcs. Habitat. — Mœurs. — Les M3"othéridés sont propres à l'Amérique du Sud. On les rencontre dans les grandes forêts chaudes et humides. La description de leurs caractères indique suffisamrnent quel doit être leur genre de vie. Ils volent peu et difficilement, étant donnée la brièveté de leurs ailes, mais ils courent avec une rapidité remarquable. Leur nourriture se compose surtout d'Insectes, et notamment de Fourmis qu'ils ramassent sur le sol, en grattant la terre ou en retournant les feuilles sèches à la façon des Merles. Les substances végétales n'entrent que pour une faible part dans leur régime. La plupart d'entre eux sont silencieux; quelques-uns font entendre un léger gazouillement, ou un sifflement. Parmi les nombreux genres de cette famille, les plus intéressants sont les Fourmiliers proprement dits, les Grallaires et les Mégalonyx. LES FOURMILIERS Caractères. — Les Fourmiliers ont le bec droit, conique, à pointe légère- ment crochue et denticulée ; les tarses hauts et forts, les ailes mo3'ennes, obtuses, la queue longue et arrondie. LE FOURMILIER DOMICELLE [Fonuicwora dovucelLi}. — Celte espèce, connue sous le nom vulgaire d'Œil-en-fcii, mesure environ o^.iq de long. Le plumage du mâle est noir, à l'exception des couvertures des ailes qui sont blanches et des rémiges qui sont bordées de blanc: l'œil est rouge vif. habitat. — Le P^ourmilier domicelle est commun au Brésil. Mœurs. — H se tient dans les buissons des régions les plus sombres et les plus touffues des grandes forêts. Il se nourrit d'Insectes de diverses espèces, mais il se montre particulièrement friand des Fourmis voyageuses que l'on rencontre en bandes immenses dans toute l'Amérique duSud. La passion qu'a cet Oiseau pour les Fourmis est telle que, quand il s'est atta- qué il une de leurs légions, il oublie toute prudence et ne se sauve même pas à l'approche de l'homme. Les Grallaires et les Mégalonyx ont les mêmes moeurs que les Fourmiliers. Ils vivent dans les épais buissons. Ils sont très farouches et se glissent avec rapidité dans les broussailles quand on les poursuit. Quelques espèces se font remarquer par leur voix étrange et parleurs attitudes bizarres. [2701 LES FOURMILIERS. 30 LES BREVES OU P ITT IDES Caractères. ■ — Les Pittidés présentent à un haut degré les caractères communs à tous les vrais Fourmiliers. Ils ont des tarses élevés, des ailes et une queue courtes; un bec fort, de longueur moyenne: des formes trapues. Habitat. — Mœurs. — Les Pittidés sont propres à la zone tropicale de l'an- cien monde ; les Indes sont leur véritable patrie. Ils sont représentés par un assez grand nombre d'espèces qui ont toutes le même genre de vie. Ils se tiennent dans les endroits buissonneux des grandes forêts ; aussi l'étude de leurs mœurs présente-t-elle de grandes difficultés. Ces Oiseaux ont des allures gracieuses ; ils volent peu, mais sautent en faisant de grands bonds. Ils aiment à se percher sur les objets élevés, pierres, troncs d'arbres ren- versés, afin de guetter les Insectes qui courent sur le sol. Ils vivent solitaires, mais certaines espèces se rencontrent cependant en petites bandes de quatre ou cinq individus. Leur cri est très singulier; il se compose de notes sifflantes qu'on ne peut comparer au cri d'aucun autre Oiseau. On n'est pas encore bien fixé sur le régime alimentaire des Brèves; mais il est probable que les Insectes des divers ordres, sans omettre les Fourmis, en sont la base habituelle. Il est possible que certaines espèces mangent aussi des baies et des fruits. Les Brèves nichent sur le sol, dans les buissons, et toujours à une faible hauteur. Leur nid est formé d'herbes, de racines, et tapissé de poils à l'intérieur. LES MÉNURIDÉS Les Ménuridés présentent, comme les autres Fourmiliers, une remarquable adaptation à la vie sur le sol. Ils ont des tarses élevés, des ongles déprimés et presque droits. Le genre Ménure est le seul qui compose cette famille. LES MENURES Caractères. — Les Ménures ont le bec robuste, très faiblement arqué, et denticulé; les narines grandes, ovales, situées vers le milieu du bec; les ailes courtes, sur-obtuses; les tarses scutellés, deux fois aussi longs que le doigt médian; les doigts externe et médian égaux, et soudés à la base; les lorums très dénudés ; les plumes de la nuque prolongées en une huppe. Le caractère le 31 LES MÉNURES. [271] plus curieux qu'ils présentent est la forme de la queue chez les mâles. Celle-ci, très longue, comprend seize rectrices, les deux externes recourbées en S, dessinant la forme d'une lyre ; les autres sont formées de plumes décomposées, à bar bes longues et espacées. L'OISEAU-LYRE OU MÉNURE SU- PERBE. — Indépendamment des carac- tères très particuliers du genre, le Mé- nure superbe se distingue encore par son plumage brillamment coloré. La teinte dominante est le gris brun foncé, à re- flets rougeàtres sur le croupion ; lagorgeest rouge; le ventre gris cendré; les rémiges secondaires et les barbes externes des autres rémiges sont d'un brun rouge: la queue est dans son ensemble d'un brun noir à la face supérieure, d'un gris d'argent à la face infé- rieure, mais les plumes qui la composent présentent chacune des nuances variées. La taille de cette espèce est de i°',ob sur lesquels o",6o appar- tiennent à la queue. La femelle est plus petite ; son plumage est plus uniforme. Habitat. — L'Oiseau-lyre est originaire de l'Australie. Mœurs. — Il recherche les collines et les rochers couverts d'épaisses forêts, dans des ré- gions impraticables où le sol cache de véritables précipices sous des amas de bois et de feuilles pourris. Il est _très craintif; le moindre bruit suffit pour lui faire prendre la fuite. Cet Oiseau vit solitaire et caché. Il parcourt les forêts, marchant, courant ou sautant, ne s"aidant que rarement de ses ailes ; il grimpe adroitement aussi sur les parois escarpées des rochers. Dans ses allures, il ressemble assez bien à certains Gallinacés, notamment aux Faisans. Il se nourrit de Vers et d'Insectes qu'il cherche sur le sol. Pendant la saison des amours, le mâle passe le milieu du jour perché sur L'Oiseau-Ivre. [2721 LES FOURMILIERS. 32 quelque motte de terre, la queue relevée et étalée, et fait entendre un chant bizarre dont la plupart des phrases sont empruntées à d'autres Oiseaux. Les Ménures sont en effet doués d'un talent imitateur très remarquable; ils repro- duisent non seulement les chants d'autres Oiseaux, mais aussi les bruits les plus divers : les pleurs d'un enfant, l'aboiement d'un chien. L'Oiseau-l\'re construit son nid dans les buissons, sur les pentes des ravins les plus profonds et les plus escarpés. Il utilise à cet effet les jeunes pousses d'arbres entrelacées qui forment à sa demeure une sorte de charpente extérieure. Le nid proprement dit est fait de tiges flexibles et de fines racines, et il est revêtu intérieurement de plumes; il est recouvert d'une sorte de toit formé d'herbes, de mousse, de feuilles de fougère et qui se laisse facilement détacher du reste de la construction. De loin, ce nid ressemble à un amas de branches et d'herbes sèches d'environ un mètre d'épaisseur. L'ouverture est latérale, et c'est par cette ouverture qu'entre la femelle, en marchant à reculons, la queue renversée sur le dos. Il n'y a qu'une seule couvée d'un seul œuf, chaque année. Cet œuf ressemble à celui d'un Canard; il a une teinte gris cendré clair, et est semé de points d'un brun foncé. La femelle seule s occupe de l'incubation. Chasse. — Malgré les difficultés que présente la chasse des Ménures, diffi- cultés dues non seulement a l'habitat spécial de ces Oiseaux, mais aussi à leur naturel craintif, on peut les attirer à portée de fusil soit en imitant leur cri, soit en employant la ruse suivante, bien connue des indigènes. Ces derniers attachent à leur chapeau la queue d'unMénure mâle, se cachent dans un buisson, et agitent la tète jusqu'à ce que l'Oiseau convoité remarque leur parure. Celui-ci, croyant voir un autre mâle, accourt et se fait prendre ou tuer. Captivité. — On peut élever des Oiseaux-lyres en captivité, en les nourrissant avec la pâtée ordinaire des Grives. Ils s'apprivoisent très facilement et se font remarquer par la magnificence de leur parure qui ne peut être comparée qu'à celle des Oiseaux de paradis. LES CINCLIDÉS Caractères. — Les Cinclidés ou Merles d'eau ont un corps trapu, une face conique, un plumage épais, très fourni, formé, surtout dans la région de la tête, de plumes très courtes et serrées. Leur bec est finement dentelé sur les bords des deux mandibules; leurs ailes sont courtes; leurs tarses et leurs doigts robustes. Cette lamille ne se compose que d'un seul genre. LES CINGLES Caractères. — Le genre Cincle est caractérisé par un bec grêle, droit, arrondi et emplumé à la base, légèrement fléchi et échancré à la pointe; des narines linéaires recouvertes par une membrane ; des ailes courtes, arrondies ; une 33 LES CINGLES. r-^' 13] queue courte, carrée; des tarses médiocres, glabres; des doigts longs, forts, garnis en dessous de petites pelotes saillantes, des ongles robustes, arqués. Habitat. - — Les différentes espèces de ce genre sont réparties dans les régions ^septentrionales des deux continents. Mœurs, — Les Cincles, que certains auteurs avaient rangés autrefois parmi les Merles, se distinguent de ces derniers, non seulement par leurs ■caractères, mais encore par leur genre de vie très spécial. Ils recherchent les rivières et les ruis- seaux dont l'eau est vive et coule rapidement sur un fond clair formé de sable ou de gra- vier. Bien qu'ils ne paraissent, au premier abord, aucunement conlor- més pour une existence aquatique, ils plongent facilement et peuvent •rester un moment au fond de l'eau ;pour y chercher les Crustacés, les .Mollusques et les petits Poissons ■dont ils font leur nourriture. LE CINCLE PLONGEUR [Ciiiclus aqualicus). — Cet Oiseau, connu aussi sous le nom de Ciiicle aquatique ou Agiiassière ciiicle, mesure environ o"',2o de lona. Il est, en dessus, d'un brun fauve, avec une teinte cen- drée bleuâtre dans la région du dos ; la gorge, le devant du cou et la poitrine sont •d'un blanc pur; le ventre brun ferrugineux ; l'iris gris de perle ; le bec et les .pieds brun de corne. Habitat. — Le Cincle plongeur habite les régions montagneuses riches en cours ■d'eau de l'Europe et de l'Asie ->' occidentale et septentrionale. Mœurs. — Il fréquente les rivières ombragées, les ruisseaux, les cascades, où l'eau est claire et limpide, et qui, par la rapidité de leurs cours, ne subissent pas l'influence de la gelée. I! s'y choisit, sur une étendue d'un quart de lieue, un domaine qu'il parcourt •d'un bout à l'autre durant toute l'année et dont il empêche l'accès à ses congé- nères. Même par les plus grands froids, il ne s'éloigne pas de ce territoire de <:hasse où il s'est une fois établi. Le Cincle plorif^eur. ;2741 LES FOURMILIERS. 34 Au contraire des véritables Oiseaux d'eau qui, ayant les pieds palmés, nagent et plongent; au contraire aussi de ceux qui, ayant des tarses élevés, marchent dans l'eau sans jamais que leur corps y trempe, le Cincle aquatique entre tout entier dans l'eau, en marchant et en suivant la pente du terrain ; il se submerge progressivement en faisant face au courant et peut se mouvoir ainsi pendant près d'une minute avant de venir respirer à la surface. Il recherche, pour se nourrir, les Insectes aquatiques, les larves, les petits Mollusques, les Crustacés, et parfois les jeunes Poissons. Le Cincle plongeur est ordinairement gai, remuant, mais lorsque des pluies abondantes ont troublé la limpidité des eaux et l'empêchent de chasser, il cesse de chanter, perd sa gaieté habituelle et se glisse tristement dans les petits ruis- seaux abrités pour y chercher quelque proie. Bien qu'il ne soit pas très défiant, il fuit devant l'homme et, lorsqu'il est poursuivi, il quitte la rivière où il chassait pour aller se réfugier dans quelque bosquet voisin, en attendant que tout danger ait disparu. Le vol de cet Oiseau rappelle celui du Martin-Pêcheur; il est direct, peu élevé, les battements d'ailes en sont précipités. Son chant est un agréable gazouille- ment, comparable à celui des Merles saxicoles. Son cri est bref et aigu. Le Cincle plongeur vit solitaire pendant presque toute l'année. Ce n'est qu'à l'époque des amours que l'on rencontre ensemble le mâle et la femelle. Brehm a très bien décrit ce quia trait à sa reproduction. « Cet Oiseau, dit-il, ne niche qu'une fois par an, exceptionnellement deux fois. Au commencement d'avril, il commence à construire son nid. Il l'établit tout près de l'eau, sur un rocher, dans le creux d'un tronc d'arbre, sous un pont, dans une digue, dans les murs qui forment les parois des canaux, jusque dans les angles des roues de moulin, quand elles ont cessé de fonctionner depuis quelque temps. Il recherche surtout les endroits devant lesquels tombe une nappe d'eau : là, en effet, il est à l'abri des Chats, des Martes, des Putois, des Belettes ; il n'a que les Rats à redouter. Le nid du Cincle aquatique est formé extérieurement de brins de chaumes, de racines, d'herbes, de mousses, et tapissé intérieurement de feuilles d'arbres. Il est lâchement construit, mais les parois en sont épaisses, et la cavité représente plus d'une demi-sphère. L'entrée en est généralement étroite, et quand le nid ne remplit pas entière- ment la cavité qu'il occupe, cette entrée est munie d'une couverture, comme dans le nid du Troglodyte. S'il est établi dans l'auge d'une roue de moulin, il la remplit d'ordinaire en partie seulement et il a parfois plus d'un demi-mètre de long. On y trouve de quatre à six œufs, de o",o23à o^oaS dans le sens du diamètre longitudinal, et de o°',oi8 à o"',o2o dans leur diamètre transversal. Ces œufs ont une coquille mince, à pores très visibles, et sont d'un blanc brillant. La femelle les couve avec tant d'ardeur qu'on peut la prendre avec la main. Elle n'élève cependant, d'ordinaire, que deux petits, rarement trois : l'humidité à laquelle les œufs sont exposés contribue probablement à en altérer le plus grand nombre. Lorsqu'ils ne sont pas troublés, les Cincles aquatiques perdent leur sauva- gerie et nichent sans crainte dans le voisinage de l'homme. 35 LES MOQUEURS. [275] Chasse. — H est très difficile de tirer un Cincle au vol; il est plus difficile encore de le prendre vivant dans un piège, car il sait éviter les embuscades qu'on' lui tend. Le meilleur moven de capturer un Cincle vivant est, d'après Homever, d'observer l'Oiseau vers le soir, au moment où il se glisse dans son trou ; puis, à la nuit close, on approche silencieusement, armé d'une lanterne sourde qu'on démasque brusquement devant le trou : le Cincle, ébloui par la lumière, ne songe même pas à s'enfuir et se laisse prendre aisément. Captivité. — Malgré tous les soins dont on peut les entourer, les Cincles plongeurs ne supportent pas la captivité. LES MERLES MOQUEURS OU MIMIDÉS Caractères. — Les Mimidés ont des caractères qui les rapprochent beaucoup des Merles. Leur corps est élancé, leurs ailes courtes et arrondies, leur queue longue et étroite, leurs tarses longs, scutellés, leurs doigts interne et externe plus courts que le médian, leur bec plus élevé que celui des Merles. Habitat. — Ils sont propres au nouveau continent. Mœurs. — Par leurs mœurs, les Mimidés tiennent à la fois des Merles et des P'auvettes. Ils habitent les endroits découverts, semés de buissons et de bosquets, ou les bords des cours d'eau. Les espèces de l'Amérique du Nord sont migratrices, celles de l'Amérique du Sud sont sédentaires. Très confiants devant l'homme, les Mimidés ne craignent pas de venir se percher sur les toits des maisons ou les arbres des jardins; ils chantent durant toute l'année, et leur chant, sans avoir la beauté que lui prêtent les naturalistes américains, est très agréable à entendre. Les Mimidés sont représentés par plusieurs genres, dont le plus connu est celui des Moqueurs proprement dits. LES MOQUEURS Caractères. — Les Moqueurs ont le bec de la longueur de la tête, mince,, comprimé, recourbé à l'e.xtrémité; des ailes sur-obtuses, une queue longue, étagée; des tarses et des doigts forts, le pouce plus robuste que les autres doigts. LE MOQUEUR POLYGLOTTE [Mimiis polygloltus). — Cette espèce, qui mesure environ o'",26 de long, se fait remarquer par son plumage sombre où dominent le gris foncé et le noir mat légèrement variés de blanc sur les ailes et la queue. Habitat. — Le Moqueur polyglotte habite les Etats-Unis. Mœurs. — Il recherche les plaines sablonneuses, les bords des fleuves ou de [270] LES FOURMILIERS. 30 la mer, et, en général, les endroits enscleillés où croissent des arbustes et des buissons isolés. Il s'aventure fréquemment dans les jardins et les planta- tions. Sa nourriture se compose d'Insectes qu'il attrape au vol ou sur les branches des arbres; à l'automne, il mange volontiers des baies et des fruits. En volant, il décrit une ligne ondulée, pour passer d'un bosquet à un autre, mais jamais il ne franchit d'une seule traite un grand espace. A terre, il saute comme les Merles, étalant parfois sa queue en éventail, puis la refermant brusquement. Les naturalistes aiiiéricains décrivent en termes enthousiastes le chant mer- veilleux du Moqueur polyglotte, bien supérieur, d'après eux, à celui du Ros- signol. Cette exagération tient d'abord à ce que l'Amérique possède peu de bons Oiseaux chanteurs ; « et il suffit, dit Gerhardt, qu'il s'en montre un passable pour qu'on le porte aux nues ». De plus, cet Oiseau a un talent tout particulier pour imiter les chants des autres Oiseaux et même les bruits les plus divers. Quand il se trouve dans le voisinage d'une ferme, il imite le cri du Coq, le gloussement des Poules, le grincement d'une porte, le bruit de la scie. Le Moqueur polj-glotte niche en avril ou mai selon les localités. Il construit son nid dans les buissons ou dans les branches d'un arbre touffu. Ses œufs, au nombre de quatre à six, sont arrondis et d'un vert clair semé de points ou de taches d'un brun foncé. La femelle couve seule durant quatorze jours. Captivité. — Le Moqueur polyglotte s'apprivoise facilement en captivité. On peut même le faire reproduire sans difficultés; mais il faut donner aux jeunes une grande quantité d'œufs de Fourmis et de Vers de farine. Cet Oiseau est très intéressant à observer, surtout à l'époque des amours; le mâle à ce moment cherche par tous les moyens à charmer sa feinelle. Il étale sa queue en éventail et se promène gravement dans sa cage, ou voltige autour de sa compagne. Il fait entendre son chant toute la journée et imite, en les mélangeant de la façon la plus comique, les cris et les bruits les plus divers. Les Taxostomes et les Galéoscoptes habitent aussi l'Amérique, ils ont les inêmes mœurs que les Moqueurs. LES TIMALIIDES Caractères. — Les Timaliidés ont des caractères peu différents des Mimidés. Habitat. — Ils habitent l'Afrique, l'Asie et l'Amérique méridionales. Mœurs. — Ils vivent dans les buissons, se nourrisent d'Insectes, de petits Mollusques, de Vers, et accessoirement de baies et de iVuits. Très vifs, très bru\'ants, ils crient ou chantent presque continuellement. Ils nichent près de terre, dans les buissons épais. Les principaux genres de cette famille sont les Timalies proprement dites ou autres à la course, pas un ^"^ /^ ./^ V n'échappe à .- Le Traquet motteux. sa vue perçante. W ni- che dans les fentes des rochers, dans les trous des murs, les tas de pierres, dans les troncs d'arbres creux, quelquefois sous les tas de bois, les fagots à la lisière des forêts. Son nid est grossièrement construit ; il est formé de racines, de feuilles, de tiges d'herbes ; l'intérieur est tapissé de duvet, de poils, de plumes. La ponte a lieu en mai ; elle est de cinq à sept œufs ; ceux-ci sont d'un bleu tendre ou d'un blanc verdàtre, rarement tachés de brun rougeàtre. La femelle couve seule, mais les deux parents s'occupent de l'éducation des petits. 11 n'y a généralement qu'une seule couvée par an. Vers le mois de septembre, jeunes et vieux émigrent vers le sud, mais même pendant ces longs voyages, le caractère insociable de ces Oiseaux continue à se manifester, car on les voit toujours dispersés sur un grand espace et s'éviter plutôt que se rechercher. Captivité. — Il est inutile d'essayer de faire vivre cet Oiseau en captivité. Son naturel farouche ne s'accommode pas de la privation de la liberté. Ceux [294] LES MERLES ET LES FAUVETTES. 54 que l'on met en cage manifestent une telle agitation désordonnée, qu'ils finissent par se briser la tête contre les parois de leur prison. LE TRAQUET RIEUR {Saxicola Icnci/ra). — Caractères. — Cet Oiseau, dont on a voulu faire le tj'pe d'un genre à part, le genre Dromolœa, mesure près de o'°,2o de longueur. Son plumage est entièrement d'un noir profond, à l'excep- tion de la queue dont presque toutes les plumes sont d'un blanc pur. Habitat. — Il habite l'Europe méridionale, l'Asie et l'Afrique. On le rencontre communément en Espagne, en Corse, dans les régions montagneuses du midi de la France, jusqu'à une altitude de i5oo à i 600 mètres. Mœurs. — Il recherche les rochers les plus déserts, les lieux les plus ravinés, et paraît se plaire sur les roches sombres qui s'harmonisent le mieux avec son plumage. C'est un Oiseau vif et prudent, dont les allures sont très curieuses à observer. Le mâle, particulièrenient, a une façon très spéciale de trotter en dansant sur les rochers; il étale sa queue et ses ailes, comme le Coq de bruyère; il baisse la tête, se tourne, se retourne, s'élève en chantant et finit par descendre lente- ment, les ailes et la queue largement ouvertes, pour faire entendre de plus près à sa femelle les dernières notes de son chant. De temps à autre, il va se reposer à la cime d'un arbre isolé ou sur un buisson de cactus ; le plus souvent il se pose sur les saillies des rochers. Sa nourriture consiste surtout en Insectes. Son chant ressemble à celui du Pétrocincle bleu, mais il est moins fort, moins vibrant, et se termine d'ordinaire par un son rauque et roulant, assez semblable au cri du Rouge-Queue vulgaire. Le Traquet rieur construit son nid vers la fin d'avril ou le commencement de mai. Il choisit comme emplacementlesexcavations, les crevasses des rochers, et même parfois les trous des vieux murs et des édifices en ruines. Il compose ce nid à l'aide de racines et de chaumes artistement entrelacés, et il en tapisse l'intérieur avec des poils de Chèvre. Chaque couvée est de cinq ou six œufs de forme oblongue, d'une teinte vert bleuâtre, sans taches, ou semés de petits points roussàtres en couronne vers le gros bout. LE TRAQUET OREILLARD (Saxicola aurita). —Caractères. — Cette espèce a le dos gris blanchâtre, le ventre blanc roux, les lorums noirs ; la joue marquée d'une longue tache noire, les ailes et la queue comme chez le Motteux. Habitat. — Le Traquet roussàtre ou Oreillard habite l'Europe méridionale, l'Asie et l'Afrique. :A(r; (; ;i. — Ses mœurs ne diffèrent pas de celles du Motteux. Il vit comme ce dernier, dans les endroits découverts et rocailleux. Il se fait remarquer, comme les autres Traquets, par son talent imitateur. LE TRAQUET STAPAZIN [Saxicola stapaiiiia).— Caractères. — Le Traquet stapazin est de la même taille que les deux espèces précédentes. Son plumage LES TARIERS. [295] est un peu dillcrent ; le dos, la poitrine et le ventre sont d'un roux fauve, la gorge noire. Habitat. — Il se rencontre dans les mêmes contrées que le Traquet oreil- lard. Mœurs. — Son genre de vie ne présente pas de particularité spéciale. Plus que tous les autres Traquets, il est doué du talent d'imiter le chant des Oiseaux qui vivent dans son voisinage. LES TARIERS Les caractères du genre Tarier sont si semblables a ceux du genre Traquet, qu'il est presque inutile de séparer ces deux groupes d'Oiseaux. Les premiers se reconnaissent à leurs formes plus lourdes, plus ramassées, et à leur bec beaucoup plus court que la tête. Leurs mœurs seules diffèrent notablement de celles des Traquets. LE TARIER VULGAIRE OU TRAQUET TARIER [Pratincola rubeti'a). — Carac- tères. — Cet Oiseau mesure environ o'",i 2. Il a la tète et les parties supérieures du corps d'un brun noirâtre avec de larges bordures roussâtres sur chaque plume ; la gorge et les côtés du cou, un miroir sur , l'aile, et les deux tiers antérieurs de la queue, d'un blanc pur; la poitrine et les flancs d'un roux vif; le ventre blan- châtre. Habitat. Mœurs. — Son habitat et ses mœurs sont les mêmes que ceux de l'espèce suivante. LE TARIER RUBICOLE (Pratincola rubicoLr. — Caractères. — Le Tarier rubicole a une taille de o", 12 à o", i3. La tête, la gorge, le dos, les ailes et la queue sont noirs, chaque plume étant plus ou moins bordée de roussâtre ; la poitrine et les flancs d'un rouge bai ; le ventre et le croupion blancs ; une tache blanche sur l'aile et les côtés du cou ; le bec, l'iris et les pieds noirs. Habitat. — Le Tarier rubi- cole habite l'Europe, plusieurs parties de l'Asie et l'Afrique septentrionale. Mœurs. — Il arrive dans le nord de l'Europe vers la fin d'avril, et repart en Le Tarier rubicole. [296] LES MERLES ET LES FAUVETTES. 56 septembre, pour aller passer l'hiver dans le nord de l'Afrique. Il est sédentaire en Espagne, en Italie, et dans le midi de la France. Moins farouche que les Traquets, il fréquente les régions fertiles arrosées par des cours d'eau et ne craint pas de s'aventurer près des habitations. Les prairies situées sur la lisière des forêts, les coteaux couverts de bruyères, sont les endroits où il se plaît habituellement. Par les fortes chaleurs de l'été, il se retire sur les collines nues et sablonneuses ; l'hiver, il descend dans les marécages et les terrains cultivés. Il est plus sociable que les autres espèces de la même famille, et se voit souvent en compagnie d'autres Oiseaux. Il est gai, vif, agile. En volant il décrit des lignes ondulées presque au ras du sol, et change de direction avec une rapidité remarquable pour happer dans l'air ou sur le sol les Insectes qu'il rencontre sur sa route. A terre, il sautille rapidement. On le voit souvent, perché sur les plus hautes branches d'un arbuste, attendre le passage de quelque proie pour se précipiter sur elle et revenir ensuite à son poste d'observation. Sa nourriture se compose d'Insectes, Sauterelles, Fourmis, Mouches, Coléo- ptères ; de Chenilles et de larves diverses. Son cri d'appel est nasillard. Son chant est plus agréable, formé de phrases courtes, répétées avec de nombreuses variations dont les notes sont pures et pleines. Il}' mêle parfois les chants d'autres Oiseaux: Verdier, Chardonneret, Bou- vreuil, etc., car il est doué d'un talent d'imitation très remarquable. Il chante avec ardeur presque toute la journée. Le Tarier rubicole construit son nid dans les champs incultes, parmi les buissons, les pierres, de préférence dans les terrains sablonneux, quelquefois au milieu des rochers. Ce nid, par son emplacement sur le sol, est facilement accessible aux petits Carnassiers et aux Rongeurs, mais il est si habilement dis- simulé qu'on ne le découvre souvent qu'avec peine. La ponte a lieu à la fin de mai ou au commencement de juin ; la femelle paraît couver seule. La durée de l'incubation est de treize à quatorze jours. Les parents nourrissent leurs petits avec des Insectes, des larves ; ils leurs témoignent une vive tendresse, et emploient toutes les ruses possibles pour en éloigner leurs ennemis. « Tant qu'un homme est dans le voisinage, dit Naumann, ils ne se rendent pas à leur nid, même s'ils ont des œufs ; ils ne poussent pas un cri qui pourrait les trahir. » On n'observe habituellement qu'une seule couvée par an. Captivité. — Les cas où un Tarier a pu être élevé en cage sont extrêmement rares. Cet Oiseau ne supporte pas longtemps la captivité ; il devient triste, ennuyeux, refuse de manger et dépérit rapidement. Il faut laisser ces charmants Oiseaux dans leur habitat normal, et ne chercher ni à les capturer ni à les tuer; les petits Carnassiers et les Rapaces sont déjà pour eux d'assez redoutables ennemis. D'ailleurs, il semble que dans tous les paj's, l'homme ait pris cet utile Insectivore sous sa protection, car on le chasse peu ; en Suisse, il est même le sujet d'une croyance populaire très curieuse qui veut que, lorsqu'on tue un Tarier, les ^'aches de la région pondent du lait rouge. 57 LES ROUGES-QUEUES. [297] LES CALLIOPES Les Calliopes sont de petits Oiseaux chanteurs voisins des Rossignols et des Traquets. Leurs caractères participent à la fois des uns et des autres. LA CALLIOPE DU KAMTSCHATKA (Calliope Kamtschatkensis) . — Cet Oiseau est propre à l'Asie septentrionale et orientale. Il fait parfois son apparition en Europe. Il arrive dans les contrées où il se reproduit vers le mois de mai, et repart en octobre vers l'Inde et la Chine. D'après certains auteurs, les Calliopes cherchent leur nourriture sur le sol et ne se montrent guère qu'au crépuscule. Leur voix est douce et harmonieuse ; elle rappelle celle du Rossignol. Aussi les Chinois conservent-ils souvent ces Oiseaux en captivité. LES ROUGES QUEUES Caractères. — Les Rouges-Queues ont des formes élancées ; un bec court, pointu, un peu plus large que haut à la base ; la mandibule supérieure présente une échancrure à peine marquée ou nulle ; des ailes assez longues et pointues; des tarses élevés et grêles; un plumage lâche variable suivant l'âge et le sexe. Habitat. — Ils habitent l'ancien monde, mais sont surtout représentés par de nombreuses espèces en Asie. Mœurs. — Ce sont des Oiseaux tristes et solitaires, se tenant les uns sur la lisière des bois, au bord des ruisseaux, d'autres parmi les rochers et les bâtiments en ruines. Ils aiment à se percher sur les points les plus élevés de leur domaine. Leurs cris sont plaintifs, leur chant doux et mélancolique. Chacun de leurs mouvements est accompagné d'un redressement et d'une sorte de frétillement de la queue tel qu'on le voit aussi, mais à un moindre degré, chez les espèces voisines. Ils se nourrissent d'Insectes qu'ils attrapent au vol ou sur la terre. Tous nichent dans des fentes de rochers, des trous de murailles ou dans de vieux troncs d'arbres. Le mâle et la femelle ont un plumage différent et qui varie chez l'un et chez l'autre selon les saisons. LE ROUQE-QUEUE DE MURAILLE [Ritticilla pluvnicura). — Caractères. — Le Rouge-Queue de muraille, ou Rouge-Queue à gorge noire, est un bel Oiseau mesurant o", i5 de longueur. Le mâle adulte a la tête et la gorge noires; le sommet de la tète marqué d'une tache blanche; le dos gris cendré bleuâtre; la poitrine, les flancs, le croupion et la queue d'un roux vif, à l'exception des deux rectrices médianes qui sont brunes; les pennes des ailes brunes, lisérées de gris roussâtre ; l'iris brun; le bec et les pattes noirs. La vie des animaux illustrée. III. — 22 [298] LES MEBLES ET LES FAUVETTES. 58 Le plumage de la femelle est orné de couleurs moins vives ; il est presque entièrement gris cendré; la queue et les ailes sont semblables à celles du mâle. Habitat. — Le Rouge-Queue de muraille habite une grande partie de l'Europe. Il est très commun en France. On le rencontre aussi dans l'Asie septentrionale et en Afrique. Mœurs. — Il se tient de préférence sur les arbres, sautillant ou voletant avec beaucoup degrâce et de vivacité, hochant ou étalant sa queue en éventail comme pour en faire admirer les teintes éclatantes. Sa voix, riche et harmonieuse, lui a valu l'appellation de Rossignol des murailles; son chant, composé de notes douces, flûtées, a quelque chose de mélancolique, mais il est fort agréable. Le Rouge-Queue de murailles se nourrit d'Insectes qu'il cherche sur les arbres ou sur le sol. Il niche toujours dans des excavations dont l'ouverture est étroite : dans les troncs d'arbres creux, dans les crevasses des vieux murs, rarement dans les fentes des rochers. Son nid, grossièrement construit, est composé de racines et de chaumes des- séchés, entrelacés sans aucun ordre ; la cavité en est tapissée de plumes. La ponte commence dans la seconde moitié d'avril. Les œufs, au nombre de cinq à huit, sont d'un bleu verdàtre, à coquille lisse. En juin, a généralement lieu une seconde couvée, mais dans un autre nid, construit tout exprès, et lorsque le couple revient au printemps suivant, il s'éta- blit de nouveau dans le premier nid. Captivité. — Cet Oiseau est très sensible à la perte de sa liberté, mais la beauté de son plumage et de son chant le font activement rechercher pour orner les volières. On le prend à l'aide de filets ou de gluaux amorcés avec des Vers de farine. La nourriture qui lui convient le mieux est la pâtée des Rossignols, les œufs de Fourmis, les baies de sureau. Plus tard, lorsqu'il commence à s'apprivoiser, on peut lui donner quelques Insectes. Malgré tous les soins dont on l'entoure, il ne vit cependant pas plus de quatre ans en captivité. LE ROUGE-QUEUE TITHYS [Ruiicilla Tithys). — Caractères. — Il se dis- tingue du Rouge-Queue de murailles par l'absence de la couronne blanche qui orne la tête de ce dernier. De plus, les rémiges sont bordées de blanc pur, ce qui forme, quand l'aile est repliée, une large tache. Habitat. — On le rencontre, comme le précédent, en Europe, en Asie et en Afrique. Il est commun dans les Alpes et les régions montagneuses de l'Europe méridionale. Mœurs. — Le Tithys arrive en France vers le mois d'avril ; il émigré en octobre. Comme tous les Oiseaux de la même famille, il est d'un naturel gai, vif, insociable. Il chante dès les premières lueurs de l'aurore et ne se tait que longtemps après le coucher du soleil. Son cri d'appel est assez agréable, mais son chant est composé de sons rauques 59 LES ACCENTORIENS. [299] et sifflants, nullement harmonieux. Il a le talent d'imiter le chant de la Fau- vette, du Pouilloi, le cri d'appel de la Mésange, du Merle, du Serin et d'autres Oiseaux, et il mélange ces chants variés avec les notes désagréables qui carac- térisent le sien. Ses facultés paraissent bien développées; il est prudent, méfiant. Il ne craint point le voisinage de l'homme, mais il se tient toujours hors de portée ; sa place favorite, lorsqu'il habite au milieu des villes, est sur la crête des toits. Là, il se sent en sûreté et parait indillérent au tumulte de la rue. Ses mouvements sont vifs et rapides. Il saute avec légèreté en faisant de grands bonds en avant ou de côté. Il vole avec la rapidité d'une flèche, tantôt en ligne droite, tantôt en décrivant une ligne ondulée, changeant brusquement de direction pour happer quelque Insecte sur son passage. Il se nourrit principalement de Mouches qu'il capture au vol. Parfois il descend à terre pour ramasser quelques Insectes, mais jamais il ne fouille le sol comme le fait le Rouge-Gorge. Dans les montagnes, le Tithys construit son nid dans les crevasses des rochers ou sur le sol, ou dans un buisson. Dans les villes, il recherche les trous des murs, les chevrons et autres endroits abrités. En Allemagne, il est considéré comme un Oiseau aussi familier que le Moineau ou l'Hirondelle; on le rencontre dans tous les lieux habités, villes ou villages. Le prince Ch. Bonaparte a rapporté l'histoire d'un couple désormais célèbre qui installa son nid dans une locomotive, et parvmt à élever sa couvée sans s'inquiéter des nombreux voyages qu'elle dut subir. Le nid du Tithys est encore plus grossièrement construit que celui du Rouge- Queue de murailles. L'Oiseau se borne à entasser sans ordre quelques matériaux dans la cavité choisie ; cependant, quand le nid est établi dans un endroit décou- vert, la structure en est un peu plus soignée. La ponte est de cinq à sept œufs d'un blanc pur. Les deux parents couvent alternativement et déploient un grand courage lorsqu'il s'agit de défendre leur progéniture. En général, il y a deux couvées par an, et quelquefois trois. Captivité. — Bien que le Tithys se laisse prendre facilement dans les pièges qu'on lui tend, il est rare de voir cet Oiseau dans les volières. Il s'habitue difficilement, en effet, à la captivité, et son chant n'a d'ailleurs rien d'agréable. LES ACCENTORIENS Les Accentoriens se distinguent des Turdiens par la forme de leur bec dont les bords sont recourbés en dedans ; leurs tarses sont recouverts de plusieurs grandes scutelles. Leur mode de progression est le saut plutôt que la marche, et l'on ne remarque pas chez eux ces mouvements de la queue si caractéristiques des Turdiens. Les jeunes, à la sortie du nid, n'ont pas non plus un plumage très différent de celui des adultes. [300] LES MERLES ET LES FAUVETTES. 60 De sorte que l'on peut considérer ces Oiseaux comme formant le passage des Turdiens aux Sylviens. L'ACCENTEUR \]^Pm{Accentor alpimis). — Caractères. — L'Accenteur des Alpes, ou Pégot, a les parties supérieures d'un brun cendré avec des taches allon- gées, brunes; l'abdomen et les flancs cendrés et flammés de roux vif; la gorge blanche, marquée . - / de taches noirâtres; les ailes brunes, traver- ''X '' sées par deux bandes blanches ; la queue également brune, mais ter- minée de blanc ; le bec brun en des- sus et jaune à la base, l'iris brun clair, les pieds jaunâtres. Habitat. — Le Pégot est un habi- tant des hautes montagnes du cen- tre et du midi de l'Europe, et de l'Asie centrale. Il est commun dans les Alpes et les Pyrénées. Mœurs. — Durant l'été, il se tient dans les régions élevées, jusqu'à la limite des neiges éter- nelles; lorsqu'il descend par ha- ^ sard dans les vallées, il n'y reste qu'une partie de la journée et retourne le soir dans la montagne. L'hiver, cependant, la neige l'oblige à s'établir à une altitude moins considérable ; il apparaît alors dans la plaine et parfois près des habi- tations. Cet Oiseau est vif, gai, alerte. Il sau- tille très légèrement; son vol est facile et rapide ; d'ordinaire, il décrit en volant une courbe ondulée, presque au ras du s sol, mais à l'époque des amours il s'élève dans les airs et plane à une assez grande hauteur. Son cri d'appel peut se traduire par troui, troiii; il le lance soit par saccades, soit en formant un trille. Son chant ressemble à celui de l'Alouette; il se compose de plusieurs phrases variées, dont les notes sont flûtées, pleines et claires. Il est si peu farouche, si confiant, qu'on peut l'approcher à i ou 2 mètres sans qu'il manifeste la moindre frayeur. « On le voit, dit Gloger, tourner autour des caravanes de touristes, sans se laisser troubler par le bruit de leurs paroles ou par leurs mouvements. « L'homme est pour lui un être complètement indifférent; l'Oiseau ne songe qu'à soi. L'Accenteur des Alpes. 61 LES ACCENTORIENS. [301] " Il court silencieux, l'œil attaché au sol ; rien en lui ne frappe la personne qui n'est pas habituée à observer les animaux. » C'est, d'ailleurs, un Oiseau très paisible, vivant en parfaite harmonieavec ses congénères. Le Pégot se nourrit d'Insectes, d'Araignées, de Chenilles, de baies et de diverses graines ; il est très friand de graines de foin. Il niche dans les crevasses des rochers, quelquefois sur le sol, parmi les tas de pierres, rarement dans le creux des vieux pins, ou sur les toits des chalets. Son nid ressemble à celui du Merle. Il est formé de mousses, de brins d'herbes et tapissé intérieurement de laine, de poils de vache et autres substances douces. Les œufs, au nombre de cinq ou six, ont une forme allongée ; ils sont d'un vert bleuâtre sans taches. On observe, en général, deux couvées par an : l'une en mai, l'autre en juillet. Captivité. — L'Accenteur des Alpes s'habitue rapidement à la captivité; en le soignant bien, on peut le conserver en cage plusieurs années. Son chant est très doux, très agréable ; il le fait surtout entendre au crépuscule. LE MOUCHET CHANTEUR [Priinella modularis). — Caractères. — Le Mou- chet chanteur a la tête, le cou et la poitrine d'un gris cendré ; le dos et les épaules fauves, avec des taches longitudinales foncées ; les ailes brunes ; le ventre brun fauve, avec des taches plus foncées ; la queue brune; l'iris brun clair, le bec brun, les pattes rougeâtres. Habitat. — Plus connu sous le nom vulgaire de Trahie-Buisson, cet Oiseau est très répandu dans toute l'Europe. Il est sédentaire dans plusieurs localités de la France. Mœurs. — Le Mouchet chanteur se tient dans les haies, les buissons, les jardins, les forêts de pins et de sapins ; il préfère les régions accidentées à la plaine. Aussi agile, aussi vif que son proche parent, l'Accenteur des Alpes, il a aussi les mêmes mœurs. Sa hardiesse et sa confiance envers l'homme lui coûtent souvent la vie. En été, le Traîne-Buisson se nourrit d'Insectes, de larves, de Chenilles, de Vers, qu'il cherche sur le sol, parmi les herbes et les feuilles. A l'automne, il mange des graines et s'aventure jusque dans les cours des fermes et les granges pour y glaner les miettes de la récolte. Son cri, assez bref, est lancé avec force. Son chant est insignifiant et peu agréable. Le Mouchet chanteur, à la fin d'avril, se reproduit. Le mâle, à cette époque, chante sans cesse, il combat et lutte avec ses rivaux, puis il aide la femelle à construire son nid. Celui-ci est placé généralement dans un buisson, a une faible hauteur du sol. Il est artistement construit avec des mousses, des brin- dilles sèches, des lichens ; l'intérieur est tapissé de feuilles sèches, de plumes, de duvet. Les œufs, au nombre de cinq ou six, sont d'un bleu céleste sans taches. La [302] LES MERLES ET LES FAUVETTES. 02 durée de l'incubation est de treize à quatorze jours. Le mâle et la femelle couvent alternativement. Il y a deux couvées par an : la première en mai, la seconde en juillet. C'est dans le nid du Traîne-Buisson que le Coucou dépose le plus souvent ses œufs. Captivité. — Cet Oiseau vit très bien en volière et s'adapte parfaitement à un régime exclusivement granivore. Il se fait remarquer par sa douceur, sa gen- tillesse et sa confiance envers son maître. LES SVLVIENS Caractères, — Les Sylviens ont le bec droit, les tarses garnis de plusieurs scutelles, les yeux médiocrement ouverts. Mœurs. — Leur existence se passe dans les buissons, sur les arbustes ; rare- ment ils descendent à terre pour y chercher leur nourriture. Ils sautent et ne marchent point. Lorsque quelque chose les affecte, ils gonflent leur gorge et hérissent les plu- mes de la tête. Leur chant est très agréable, mais diffère sensiblement de celui des Merles; les notes en sont moins fîûtées. Les Sylviens sont les représentants les plus caractéristiques de cet immense groupe de petites espèces de Turdidés, qu'on désigne communément sous le nom de Becs-Jîns. LES FAUVETTES Caractères. — Les Fauvettes sont caractérisées par un bec droit, comprimé dans sa moitié antérieure, garni de quelques poils à la base, à mandibule supé- rieure échancrée vers la pointe; par des narines oblongues, operculées, ouvertes de part en part ; des ailes allongées, sub-obtuses, atteignant, ou à peu près, le milieu de la queue; celle-ci de longueur moyenne, large, plus ou moins tron- quée à angle droit ; des tarses assez forts, des ongles faibles, recourbés. LA FAUVETTE A TÊTE NOIRE [Sylvia atricapilla).— Caractères. — La Fau- vette à tête noire, dont la taille est d'environ o", 14, possède un plumage très Caractéristique. Le mâle a tout le dessus de la tête d'un noir profond ; le bas de la nuque gris bleu ; le dos, les ailes et la queue, d'un brun olivâtre cendré ; la gorge et le reste des parties inférieures du corps, d'un gris cendré clair ; l'iris brun ; le bec et les pieds gris de plomb. La femelle et les jeunes ont .e dessus de la tête d'un brun roux, et l'abdomen légèrement teinté de roussàtre. Habitat. — La Fauvette à tête noire habite presque toute l'Europe, l'Asie occidentale et l'Afrique septentrionale. Très commune en France, elle n'est sédentaire que dans le midi de notre pays. G3 LES FAUVETTES. [30:î] Mœurs. — Son séjour préféré est dans les bois clairsemés dont le sol est couvert de buissons de ronces et de clématites; elle s'y cache avec une merveil- leuse adresse en se faufilant à travers les rameaux hérissés de piquants Elle fréquente aussi les vergers, les jardins, et, en général, les endroits frais et ombragés. Vive et alerte, elle est toujours en mouvement, parcourant son domaine en sautillant ou en voltigeant, ne se reposant que pour picorer un fruit, une baie, ou attraper un Insecte. Dans le Midi, elle se plaît surtout dans les vignes et prélève une dîme sérieuse sur les raisins. De tout temps cette Fauvette a été con- r' sidérée, sous le rapport du chant, comme \ l'égale du Rossignol. De Humboldt, qui en- tendit chanter cet Oiseau, sans le voir, aux îles Canaries, l'avait appelé le Rossignol des Canaries, ne se doutant pas qu'il avait aflaire à la même espèce que celle qu'il connaissait depuis longtemps en Europe. La Fauvette à tête noire se fait entendre du matin au soir. Elle chante tout en volant. Son chant est formé de phrases courtes, dont les notes i-ont pleines, harmonieuses. Elle est douée aussi d'un talent imitateur très remarquable. Le nid de la Fauvette à tête noire a la for- me d'une coupe; il mesure o'°,o7 de diamètre intérieur, et o°',o4 de profondeur. Il est formé de brins d'herbe très menus, associés à quelques fragments de feuilles sèches, et ces éléments sont artistement réunis entre eux et aux branches du buisson où le nid est placé, par quelques crins. Cette merveilleuse construction répond à tous les besoins; elle joint à la solidité et à la légèreté les qualités d'une couche moelleuse et élastique. La Fauvette à tête noire fait deux couvées par an, en mai et en juillet. Chaque couvée est de quatre à six œufs d'une teinte indécise, gris rougeàtre, semés de points irréguliers d'un brun rouge. Les deux parents couvent alternativement, ils élèvent leurs petits avec la plus grande sollicitude. Captivité. — La beauté de son chant fait que, de toutes les espèces de ce genre, la Fauvette à tête noire est celle que l'on voit le plus souvent en capti- vité. Quand on veut faire choix d'une Fauvette pour la conserver en volière, il faut veiller à ce qu'elle ait dans son chant de belles variations, et à ce qu'elle La Fauvette à tète noire. [304] LES MERLES ET LES FAUVETTES. C4 prononce complètement son forte final. Les bons chanteurs le répètent trois ou quatre fois de suite, au printemps, lorsqu'ils sont très excités. Toutes les Fauvettes àtête noire s'apprivoisent facilement; elles reconnaissent leur maître et le saluent de leurs chants joj'eux, dès qu'elles l'aperçoivent. De plus, elles n'exigent comme nourriture aucun régime spécial. LA FAUVETTE DES JARDINS [Sylpia hortensis) (*). — Caractères. — La Fau- vette des jardins est d'une taille très légèrement inférieure à celle de l'espèce précédente. Son plumage est, en dessus, d'un gris olivâtre ; en dessous, d'un gris clair, avec la gorge et le ventre blanchâtres ; les rémiges et la queue sont brunes; l'iris brun ; le bec et les pieds bleu de plomb. Habitat. — On rencontre la Fauvette des jardins dans presque toute l'Europe tempérée. Elle est commune en France, surtout dans le nord et l'ouest. Mœurs. — Par ses mœurs et son genre de vie, cette Fauvette diffère peu de la Fauvette à tête noire. Cependant, elle se plaît davantage sur les arbres que dans les buissons, et parcourt, en volant, d'assez grands espaces. « C'est, dit Nau- mann, un Oiseau solitaire, silencieux, mais actif et toujours en mouvement. Parfaitement inoffensive, jamais elle ne trouble ni n'attaque les autres Oiseaux; elle se montre même confiante avec l'homme ; elle est prudente sans être craintive. Comme les autres Fauvettes, elle est aussi habile et vive à sauter de branche en branche qu'elle est lourde et maladroite sur le sol. » Son chant peut rivaliser avec celui de la Fauvette à tête noire; pour certains amateurs, il lui est même supérieur. Les notes en sont douces, flûtées, variées, et s'assemblent en longues mélodies qui se suivent lentement et sans interruption. On entend ce chant durant toute la journée, soit que l'Oiseau se tienne immo- bile sur un arbre ou une haie, soit qu'il vole ou saute de branche en branche en cherchant sa nourriture. La Fauvette des jardins arrive dans le nord de la France à la fin d'avril ; elle repart à l'automne. Le choix d'un emplacement convenable pour établir son nid paraît la préoccuper vivement et lui faire perdre toute prudence. Elle en com- mence en effet deux ou trois en des points différents et finit par achever celui dont l'emplacement est le plus mal choisi. Ce nid est situé tantôt dans un buis- son, tantôt sur un arbre. Il est fait d'herbes fines et de crins, mais les éléments qui le composent sont négligemment assemblés, et la frêle construction est à la merci du moindre coup de vent. La ponte a lieu en mai. Les œufs, au nombre de cinq ou six, sont d'un blanc grisâtre, tachetés et marbrés de fauve, de brun et de noir, de façons très diverses. Il n'y a en général qu'une seule couvée par an, à moins que la première n'ait été interrompue, et ce cas est fréquent. (') PI. XVIII. — La Fauvette des jardins, d'après l'aquarelle de Léo Paul Robert, in Trouessart, Les Oiseaux utiles. Paris, J.-B. Baillière et fils. 65 LES FAUVETTES. [305] Indépendamment du Coucou, dont on connaît la façon d'agir envers les petits Passereaux, la Fauvette a encore à craindre les Fouines, les Renards, et surtout les Chats. L'homme lui-même cause la perte de bien des couvées. Lorsqu'on vient à déranger une Fauvette en train de couver, elle se laisse tomber à terre et essaie de détourner sur elle l'attention de l'ennemi, mais lorsque ce moyen ne lui réussit pas, elle considère ses œufs comme perdus, et elle les abandonne. La chair de cette Fauvette est un mets fort délicat, pouvant presque rivaliser avec l'Ortolan, surtout à l'automne, lorsque cet Oiseau s'est engraissé en man- geant des fruits sucrés. La Fauvette des jardins est en effet très friande de figues et autres fruits sa- voureux ; aussi est-elle désignée dans les Landes sous le nom de Bec-Figue. Captivité. — En captivité, la Fauvette des jardins se comporte de la même façon que les autres espèces de notre pays. Elle s'habitue très vite à son nouveau genre de vie, reconnaît son maître et vit en bons rapports avec ses voisins de volière. Son chant est agréable à entendre. Sa douceur, sa gentillesse et la facilité de l'élever en cage en font un Oiseau assez recherché des amateurs. LA FAUVETTE BABILLARDE [Syli'ia garriila). —Caractères. — Cette petite Fauvette n'a que o"", i3 à o", 14 de longueur. Les couleurs dominantes dans son plumage sont le gris cendré pour les parties supérieures du corps, le gris blanchâtre pour les parties inférieures; les ailes et la queue sont brunes. Habitat. — La Fauvette babillarde est très répandue dans l'Europe centrale et méridionale; en France, elle n'apparaît dans les départements du nord que pendant une partie de l'été. Mœurs. — On la rencontre aussi dans les jardins, les haies, près des endroits abrités, mais son véritable habitat est dans les buissons et les taillis, sur la lisière des forêts. C'est un Oiseau vif et pétulant, moins timide que la plupart de ses congénères. Elle saute avec agilité de branche en branche, et glisse comme une Souris dans les lacis inextricables de rameaux épineux. Son chant, moins doux et moins varié que celui des Fauvettes de jardins, est composé de notes gazouillantes et sifflantes. C'est une sorte de ramage qu'elle fait entendre tout en volant et qu'elle répète à tout moment; ce qui lui a fait donner le nom de Babillarde. La Babillarde niche dans les épais buissons et les haies épineuses. Son nid est fait de brins d'herbes et de feuilles sèches, réunis par des crins; il est situé très près du sol. Les œufs, au nombre de cinq, sont d'un blanc rous- sâtre avec des taches brunes et cendrées. La femelle fait deux couvées par an. Captivité. — On peut élever la Babillarde en captivité; elle s'apprivoise faci- lement et ne demande pas de soins spéciaux. LA FAUVETTE ORPHÉE {Sflvia orphea). — Habitat. — La Fauvette orphée habite l'Europe centrale et méridionale, et l'Afrique septentrionale. [aOGJ LES MERLES ET LES FAUVETTES. 66 Mœurs. — Différente en cela des autres Fauvettes, l'Orphée recherche les arbres élevés ; elle est plus commune dans les plaines que dans les montagnes, et se plait particulièrement dans les terrains cultivés ; on la rencontre fréquem- ment dans les forêts de pins. L'Orphée est prudente et défiante ; à l'approche du chasseur, elle se réfugie au milieu des branches les plus serrées et y disparait aux regards. Le chant de cette Fauvette est doux et varié; il imite parfois celui de la Fau- vette à tète noire, celui de la Grive ou celui du Merle. La saison des amours s'étend du milieu de mai au mois de juillet. Les mâles sont, à cette époque, très querelleurs et chantent durant toute la journée. Le nid de l'Orphée est généralement situé sur un arbre, dans l'angle de bifur- cation de deux grosses branches. Les parois en sont plus solides, plus com- pactes que dans les autres nids de Fauvettes; les matériaux qui le composent sont aussi assemblés avec moins d'art. La femelle couve seule pendant que le mâle, perché sur une branche voisine, la divertit par ses chansons. A l'époque de la mue, toute la famille se sépare. LA FAUVETTE QRISETTE [Sylviacinerea). — Caractères. — Cette espèce se reconnaît facilement à son plumage, qui est, en dessus, d'un gris fauve, plus foncé sur les ailes et la queue ; en dessous, d'un blanc pur nuancé de rose sur la poitrine, et aux plumes du sommet de la tête qui sont susceptibles de se dresser en une petite huppe. Habitat. — La Grisetle est une des Fauvettes les plus communes de l'Europe. Elle habite aussi l'Asie occidentale et l'Afrique septentrionale. Mœurs. — Elle se tient dans les bois humides, les bosquets, les champs de colza, de fèves, dans les haies. Comme ses congénères du groupe des Babillardes, elle est très vive, très agile, sans cesse en mouvement. Méfiante et rusée, elle disparaît avec rapidité dans les buissons épineux, à l'approche de l'homme. Sa nourriture se compose en tout temps d'Insectes, et de quelques baies et graines à l'automne. Elle s'élève parfois en l'air en chantant, comme pour mieux se faire entendre, puis se laisse retomber verticalement au plus épais d'un buisson, tout en conti- nuant son ramage. Le chant du mâle est varié, mais peu sonore, et consiste en notes décousues bien inférieures à celles que font entendre les espèces précédentes. La Grisette niche dans les buissons et les haies, parfois dans les champs. Son nid, en forme de coupe et à parois minces, est formé de tiges et de feuilles sèches de graminées, entrelacées avec des crins, de la laine, des toiles d'araignées. Il est placé à une faible distance du sol, quelquefois presque à terre. La femelle fait ordinairement deux couvées par an, la première dans la seconde quinzaine d'avril ou la première de mai ; la seconde en juin. Les œufs, au nombre de quatre à six, sont d'un blanc grisâtre, plus ou moins glacés de verdâtre et finement pointillés de cendré et de brun. (;7 LES PITCHOUS. [307] Captivité. — On voit rarement la Fauvette grisette en captivité. Son chant est peu apprécié et cet Oiseau exige beaucoup de soins, car il est très sujet à des affections parasitaires de la peau. LA FAUVETTE PASSÉRINETTE {Syhia subalpina). — Cette espèce vit de pré- férence dans les régions accidentées, couvertes de broussailles, rarement dans les bois. On la rencontre en Europe et en Afrique ; elle est sédentaire dans le Languedoc et la Provence. Son chant est doux, mais entremêlé de notes proférées d'un ton aigre. LA FAUVETTE A LUNETTES {Syh'ia conspicillata).— La Fauvette à lunettes ne se rencontre que dans l'Europe méridionale et l'Asie occidentale. Ses mœurs sont les mêmes que celles de la Passérinette. Aux espèces précédentes, il convient d'ajouter : La Fauvette épervière [Sylvia nisoria). — Elle habite l'Europe centrale et occidentale. Ses mœurs ne diffèrent pas de celles de la Grisette. La Fauvette mélanocéphai.e {Sylvia melanocephala). — On la rencontre dans l'Europe méridionale et l'Afrique. Elle est sédentaire dans le midi de la France. La Fauvette de Ruppel [Sylvia Rûppellii). — Cette espèce habite les bords de la mer Rouge et du Nil ; elle se montre aussi en Grèce et en Algérie. LES PITCHOUS Les Pitchous, dont certains auteurs ont fait le genre Pyrophthalma, se distin- guent surtout des Fauvettes par leurs ailes très courtes et leur queue longue, étroite, étagée. LE PITCHOU PROVENÇAL [Sflvia provincialis). — Caractères. — Le Pit- chou provençal a le dos gris d'ardoise, les parties inférieures du corps d'un rouge vineux, avec des taches blanches à la gorge et à l'abdomen ; les ailes et la queue brunâtres, les quatre rectrices externes terminées de blanc; le bec brun, l'iris rouge-orange; les pieds jaunâtres. Habitat. — Le Pitchou provençal est propre à l'Europe méridionale et occi- dentale. Cependant, on le trouve aussi en Bretagne et en Angleterre. Mœurs. — C'est un petit Oiseau gai, vit et agile, toujours en mouvement. Il fréquente les coteaux arides et incultes, couverts de bruyères, de genêts, les landes où croissent les ajoncs. Il est facilement reconnaissable de loin à sa longue queue qu'il tient relevée, soit qu'il perche, soit qu'il coure à terre. Son chant, peu varié, composé de phrases courtes, n'est cependant pas désa- gréable. Sa nourriture se compose exclusivement d'Insectes et de quelques baies sau- vages. C'est donc un Insectivore très utile et dont on n'a rien à redouter. [3081 J-ES MERLES ET LES FAUVETTES. 68 Sa façon de chasser les Insectes mérite d'être signalée ; il se cache dans les broussailles et attend qu'une Mouche ou un autre petit Insecte vienne à passer à proximité ; il s'élance alors et attrape sa proie au vol. Le Pitchou provençal s'accouple très tôt. La femelle fait deux ou trois cou- vées par année. Le nid a la forme d'une coupe ; il est composé des mêmes matériaux que ceux des Fauvettes, et il est placé dans les buissons à une faible distance du sol. LE PITCHOU DE SARDAIQNE [Sylvia sarda). — Habitat. — Cette espèce est propre à l'Europe méridionale et à l'Afrique septentrionale. C'est un des Oiseaux les plus connus dans toute la Sardaigne, dans la Corse, la Sicile. Mœurs. ■ — Il se tient, comme le Pitchou provençal, dans les collines cou- vertes de genêts et de bruyères. Ses mouvements sont extrêmement vifs; il court dans les taillis aussi vite qu'une Souris; aussi est-il très difficile à chasser. Il niche pour la première fois en avril et fait trois couvées par an. Son nid est formé de chaumes desséchés, de crins de cheval, et tapissé intérieurement de quelques plumes; il ressemble assez bien à celui delà Fauvette des jardins. LES CALAMOHERPIENS Les Oiseaux qui composent cette sous-famille ont des caractères et des moeurs qui les différencient nettement des Turdiens et des S_vlviens. Caractères. — Leur front est anguleux, leur tête déprimée ; leur queue géné- ralement conique ou étagée ; ils ont l'ongle du pouce très robuste et aussi long que ce doigt. Mœurs. — Us vivent dans les marais, les étangs, sur les bords des cours d'eau. Leur nourriture se compose d'Insectes, de Mouches, de Vers, de petits Mollusques, et rarement de baies sauvages. Beaucoup d'entre eux montrent une remarquable agilité à se mouvoir sur les tiges verticales des plantes aquatiques. Leur chant n'est ni doux, ni cadencé comme celui des Sylviens. LES ACROBATES Caractères. — Les Agrobates ont le bec comprimé dans toute son étendue; les bords mandibulaires dessinant une ligne courbe; la mandibule supérieure très fléchie à la pointe et à peine échancrée; les narines ovalaires; les ailes courtes, sub-obtuses ; la queue ample et arrondie; les tarses forts, plus longs que le doigt du milieu; les doigts courts, épais, pourvus d'ongles faibles. Le mâle et la femelle portent la même livrée. L' ACROBATE RUBIGINEUX (Aedon galaclodes). — Caractères. — L'Agro- bate rubigineux mesure environ o", 1 7 de long. Il a la partie supérieure du corps (j?ioherpe arinidinacea). —Cène espèce a les plus grands rapports avec la Turdoïde, par sa forme, son plumage, son genre de vie, sont chant, etc. Elle habite l'Europe tempérée, elle est partout commune en France. En Savoie, on la désigne sous le nom de Rossignol d'eau. LA ROUSSEROLLE VERDEROLLE {Calamoherpe palus tris). — Habitat. — La Verderolle se rencontre dans plusieurs localités de l'Europe tempérée, Rus- sie, Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, et en quelques points de la France. Mœurs. — On la rencontre plus souvent sur les bords des rivières et des marécages, que dans les grands marais, quelquefois même dans des endroits éloignés de toute pièce d'eau. Elle niche dans les buissons, les hautes herbes des prairies, ou sur les arbustes à peu de distance du sol. Au groupe des Rousserolles se rattachent diverses espèces que l'on a répar- ties en plusieurs genres et qui ont toutes les mêmes mœurs, le même genre de vie. Telles sont : les Luscinioles, les Bouscarles, les Amnicoles. On les rencontre principalement dans l'Europe méridionale. Elles vivent dans les marécages, sur les bords des rivières, des étangs, parmi les roseaux et les herbes aquatiques. Elles ont la vivacité, la gentillesse des Rousserolles, volent peu et fort mal, se nourrissent de petits Insectes, de larves, de Limaces. Peu craintives, elles se laissent facilement approcher, sans manifester la moindre intention de s'envoler. Z. Gerbe parle dans les termes suivants, de la Bouscarle cetti, de l'Europe méridionale. « Elle vit dans le voisinage des eaux, au milieu des buissons et des hautes herbes qui croissent sur le bord des rivières et dans les marais. Presque constamment elle demeure cachée dans leur épaisseur, les parcourt en divers sens, grimpe le long des tiges, y est, en un mot, dans une activité continuelle. Si elle se met en évidence, ce n'est, on peut le dire, que passagèrement et lorsque surtout elle va abandonner une toufl'e pour se porter dans une autre. Son chant est doux, éclatant, sonore, saccadé, brisé, de peu d'étendue et fort varié. Elle le fait entendre durant toute l'année. Sa nourriture consiste en divers insectes ailés, en vers et en larves qu'elle rencontre dans le voisinage des eaux. Elle a l'habitude, en grimpant et en sautant de branche en branche, ou sur le sol, de relever brusquement la queue, qui s'étale alors un peu, et de détendre un peu les ailes. La vie des animaux illustrée. ill- — 23 [314] LES MERLES ET LES FAUVETTES. 74 Les nids de ces petits Oiseaux sont, en général, merveilleusement construits à l'aide de feuilles de roseaux régulièrement courbées et assemblées. LES LOCUSTELLES Les Locustelles tiennent à la fois, par leurs caractères, des Rousserolles et des Phragmites. Par leurs mœurs elles s'éloignent sensiblement de ces deux groupes d'Oiseaux. LA LOCUSTELLE TACHETÉE [Locustella nœvia). — Caractères. — La Locustelle tachetée a environ o"',i4 de long. Elle est, en dessus, d'un brun olivâtre flammé de taches noirâtres, avec une large ligne sourcilière blanchâtre; en dessous, d'un blanc pur devenant jaunâtre à la poitrine et sur les flancs; les ailes et la queue sont noirâtres, les rémiges bordées de gris-olive, les rectrices lisérées de clair et portant des rayures foncées à peine visibles; le bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; l'iris brun, les pieds jaunâtres. Habitat. — Elle habite l'Europe tempérée, une partie de l'Asie. On la ren- contre communément en Bretagne et en Picardie. Mœurs. — La Locustelle tachetée se tient dans les endroits frais et humides, sur les bords des rivières et des marécages, dans les pâturages, mais on la trouve aussi fréquemment dans les terrains secs, dans les plaines couvertes de bruyères et de genêts, dans les champs, sur la lisière des forêts. Dans ses allures, elle tient à la fois, d'après Naumann, de la Rousserolle, du Troglodyte et de la Farlouse. Wodzicki lui trouve une certaine ressemblance avec le Râle. Elle ne saute pas comme ses proches parents, les Phragmites; la marche est son mode de progression habituel. Ses mœurs sont douces et paisibles ; elle n'a rien du caractère hargneux, acariâtre des Rousserolles et des Phragmites. Elle déploie un talent tout particulier pour se cacher dans les buissons et les taillis. D'après M. Hardy, cité par Gerbe, iilTérentes suivant les circonstances. Son chant, formé de deux couplets qu'il répète rapidement, lui a valu une réelle célébrité. Dès la fin de février ou les premiers jours de mars, il apparaît dans notre pays; les mâles précè- dent presque toujours les femelles d'une quinzaine de jours; ils recherchent aussitôt leur ancien nid, et y attendent chacun l'arrivée de leur compagne. Les jeunes qui ne sont pas encore appariés manifestent alors une extrême agitation. Les mâles rivalisent d'ardeur à chanter et se livrent de violents combats lorsque plusieurs d'entre eux convoitent la possession d'une femelle. Ils déploient, dans ces luttes inspirées par la jalousie, un acharnement extraor- dinaire. Même lorsque les couples sont formés, les batailles recommencent; aussi peut-on dire avec raison que chez les Pinsons « la plus belle est au plus vaillant >>. Le nid du Pinson est un des plus jolis et des plus artistement construits que l'on puisse voir dans notre pays. Il a la forme d'une sphère tronquée par en haut ; les parois en sont épaisses ; des brindilles, des radicelles, des mousses en forment la charpente; des écorces filamenteuses, du duvet, des plumes en tapissent l'intérieur ; un revêtement de lichens réunis par des toiles d'Araignées le dissimule à la vue et, comme sa base enchâsse la branche sur laquelle il repose, on le prendrait facilement de loin pour une excroissance anormale de cette branche. Le Pinson commun. 8'J LES PINSONS. [425] La femelle pond quatre ou cinq œufs d'un gris bleuâtre, avec des taches d'un brun rouge présentant souvent en leur centre des points noirs. L'incubation dure quinze jours ; le mule remplace sa compagne durant une partie de la journée ; le reste du temps il ne cesse de chanter ou de se quereller avec ses semblables, quand un autre couple s'est établi dans le voisinage. Les parents nourrissent leurs petits surtout avec des Insectes ; ils se montrent pour eux pleins de sollicitude, mais, contrairement à ce que l'on observe chez la plupart des autres Passereaux, ils les abandonnent et ne cherchent plus à les nourrir quand on les leur a enlevés pour les placer dans une cage. Dès que les jeunes Pinsons ont pris leur premier essor, ils ne tardent pas à pourvoir eux- mêmes à leur subsistance et abandonnent le nid paternel. Ils font alors entendre un piaulement qui peu à peu prend les caractères du cri d'appel des adultes. Quelques jours après la dispersion de la famille, les vieux s'accouplent de nouveau, construisent un autre nid et font une seconde couvée. Chasse. — On prend facilement les Pinsons vivants en mettant à profit la jalousie qui anime les mâles au printemps. A cet effet, on dispose un trébuchet avec un sujet captif ou appelant : les mâles, attirés par les cris de ce dernier, se précipitent dans le piège. A l'automne, on les chasse aussi au filet. Captivité. — Le Pinson est, de tous les Fringillidés, celui qu'on voit le plus souvent en cage. Il s'élève et s'apprivoise avec la plus grande facilité. On le nourrit avec des graines de colza, d'avoine, de chardon, de chou, etc. ; le chè- nevis ne doit lui être distribué que très parcimonieusement. De temps en temps, il faut varier son régime en lui donnant quelques Vers de farine, des œufs de Fourmis et de la verdure. Il se reproduit facilement en volière et se croise volon- tiers avec les femelles de Serins et de Bouvreuils. Les jeunes s'élèvent avec de la navette mêlée à du pain imbibé de lait bouilli ; ils ne sont sujets à aucune affection, sauf au moment de la première mue. C'est à sa phrase musicale, dont les intonations varient dans certaines limites, que le Pinson doit la célébrité dont il jouit en Allemagne, en Belgique et dans certaines localités du nord de la France, où de grands concours ont lieu chaque année. Certains amateurs reconnaissent dans la phrase du Pinson plus de vingt chants, mais ne différant entre eux que par des nuances inappréciables pour un profane. Chacun de ces chants a reçu un nom particulier : le chaut du riii per- çant, le maurais chant du rin, Vhuik de pin, le verre, l'adieu résonnant, les mouchettes, etc. Ces dénominations varient suivant les localités. Comme on le voit, ce genre de sport nécessite la connaissance d'une langue à part et qui ne manque pas d'originalité. Dans la ville de Lille et en Belgique, les concours de Pinsons sont très en honneur et font partie du programme de plusieurs fêtes, au même titre que les concours de pêche à la ligne ou les combats de Coqs. La gloire d'avoir le Pinson qui chante le plus souvent n'est comparable qu'à celle d'avoir le Coq le plus terrible dans les combats. On place les Oiseaux en ligne, chacun dans une petite cage. Des personnes préposées à cet effet notent combien de fois chaque Pinson dit sa chanson en PI. XXII. — Le Chardonneret élégant (te.xte, p. 427). La vie des ani.malï illustrée. 'I'. — 3l [426] LES PASSEREAUX OU FRINGILLIDÉS. 90 une heure, et le vainqueur est celui dont l'Oiseau a chanté le plus grand nombre de fois. On cite des concours où un Pinson a répété jusqu'à trois cents et sept cents fois de suite sa phrase musicale. Il est regrettable que ce sport inoffensif soit marqué par une inutile cruauté : se basant sur d'anciens préjugés ou sur des observations erronées, certains amateurs, dans le but d'avoir de meilleurs chanteurs, ont la coutume barbare de rendre leurs sujets aveugles en leur cre- vant les yeux avec un fer rouge. Utilité. — Bien que cet Oiseau soit essentiellement granivore, il ne commet dans les plantations que des dégâts insignitiants, car il mange surtout les graines des mauvaises herbes. De plus, pendant l'époque des amours et l'éle- vage de ses couvées, il se nourrit presque exclusivement d'Insectes. On doit donc le protéger. LE PINSON D'ARDENNES {Fringilla monlifringilla).— Caractères.— Il est d'une taille un peu plus forte que le Pinson ordinaire. Le mâle, en été, a les parties supérieures du corps d'un noir bleuâtre; la gorge et la poitrine d'un roux orangé ; le croupion, la poitrine et le ventre blancs ; les tlancs tachetés de noir; les ailes traversées par deux bandes claires, la supérieure d'un blanc pur, l'inférieure jaunâtre. Les variétés de plumage sont fréquentes. Habitat. — Le Pinson d'Ardennes, ou Pinson de montagnes, habite, l'été, les régions septentrionales de l'Europe, au nord du 63" degré de latitude. Il descend dans les contrées tempérées pendant l'hiver. Mœurs. — Ses allures, ses mœurs, ne le distinguent pas du Pinson ordinaire. Comme ce dernier, il est vif, querelleur, jaloux, bien que vivant en nombreuses sociétés une grande partie de l'année. Son arrivée dans nos climats à l'automne, et son départ au printemps, sont réglés d'après les rigueurs de l'hiver. Il nous arrive en bandes d'autant plus nombreuses et nous quitte d'autant plus tard qu'il fait plus froid. Sa nourriture se compose de graines oléagineuses, de Mouches et autres Insectes. Son chant est de beaucoup inférieur à celui du Pinson ordinaire. Aussi n'est-il pas aussi recherché que ce dernier. D'ailleurs, il est, en captivité, d'une humeur très querelleuse et ne peut être placé en compagnie d'autres petits Passereaux. LE PINSON SPODIOQÈNE [Fringilla spodiogena). — Cette espèce est propre à l'Afrique septentrionale, mais elle apparaît parfois dans le midi de l'Europe. Ses mœurs ne présentent rien de particulier. LES NIVEROLLES Les NiveroUes se distinguent des Pinsons parleurs ailes très longues, aiguës, et la conformation de leur ongle du pouce, qui est aussi long que ce doigt, et crochu. 01 LES CHARDONNERETS. [427] LA NIVEROLLE DES NEIGES {Monli/riiii^illa itiralis). — Caractères. — Sa taille est d'environ o^/io. Les mâles, au printemps, ont la tête et la nuque d'un cendré bleuâtre, le dos brun, les ailes noires avec une bande longitudinale blanche ; la gorge noire ; le reste de la face inférieure du corps blanchâtre; les rectrices médianes noires, les latérales blanches avec l'extrémité noire. Habitat. — La Niverolle des neiges habite les sommets des hautes mon- tagnes de l'Europe et de l'Asie : les Alpes, les Pyrénées, le Caucase. Mœurs. — Elle vit par couples ou par petites bandes qui errent durant toute l'année dans les montagnes. L'hiver, quand les neiges sont très abondantes, elle descend à une altitude moyenne, mais très rarement jusque dans la plaine. Son vol est irrégulier; elle marche et sautille comme le Pinson. Sa nourri- ture se compose de toutes sortes de graines, de semences de pin, de sapin, et d'Insectes. Son cri d'appel ressemble à celui du Bec-croisé. Son chant n'est qu'une modi- fication de son cri ordinaire. La Niverolle construit son nid dans les crevasses des rochers et des murs, parfois sous les toits des habitations isolées. Ce nid est a peu près aussi grand que celui du Moineau; il est fait d'herbes sèches et de racines; l'intérieur est garni de plumes, de crins, de laine. La femelle pond de trois à cinq œufs d'un blanc pur, ou faiblement ver- dàtres, avec quelques taches rousses peu visibles, sur le gros bout. Les deux parents s'occupent de l'élevage de leurs petits et les entraînent de bonne heure dans leurs courses errantes à travers les montagnes couvertes de neiges éternelles. LES CHARDONNERETS Caractères. — Les Chardonnerets se reconnaissent parmi les genres voisins de la même famille, à leur bec conique, pointu, grêle et allongé, très légèrement intiéchi et comprimé à la pointe ; à leurs ailes allongées, dépassant le milieu de la queue; celle-ci de longueur moyenne et échancrée ; enfin, à leurs tarses courts et minces. LE CHARDONNERET ÉLÉGANT (*) [Carduelis elegans). — Caractères. — Ce petit Oiseau est le plus joli Fringillien de notre pays. Sa taille est d'en- viron o", i5. Le mâle a la face d'un rouge cramoisi; les joues et la gorge blanches; le des- sus et la partie postérieure de la tête noirs; le dos d'un brun roux; la poitrine et le ventre blancs, nuancés de fauve sur les côtés; les ailes d'un noir velouté avec une large bande transversale d'un jaune vif, et la plupart des rémiges ter- minées de blanc; la queue également noire, la plupart des rectrices terminées par une tache blanche arrondie; le bec couleur de chair à la base, bleuâtre à la pointe ; l'iris et les pieds bruns. ("1 PI. X\1I. — Le Chardonneret élégant (Planche, p. 4^5). [428] LES PASSEREAUX OU FRINGILLIDES. 92 La femelle porte la même livrée que le mâle, mais le rouge de la face est moins étendu ; le noir de la tête et des ailes est plus terne; les parties inférieures sont nuancées de roux. Les jeunes, avant la première mue, sont d'un gris jaune varié de brunâtre, puis le rouge de la tète apparaît et, la deuxième année seulement, leur plumage revêt l'éclat de celui des adultes. Le plumage des Chardonnerets est sujet à de grandes variations, dont quel- ques-unes ont reçu des oiseleurs des dénominations spéciales. Le Chardonneret fevé, ou royal, est une variété rare, remarquable par sa gorge blanche, indice, paraît-il, d'un âge avancé. On rencontre aussi des albinos parfaits, des mélanos et des sujets de couleur Isabelle. Habitat. — Le Chardonneret élégant a une aire de dispersion très étendue, qui comprend toute l'Europe, l'Asie occidentale et l'Afrique septentrionale, mais il n'est pas partout également abondant. En France, il est très répandu. Mœurs. — A la beauté du plumage, le Chardonneret joint d'incomparables qualités de gentillesse et de douceur, bien dignes de notre admiration. Gai, vif, agile, prudent, il est continuellementen mouvement. Il grimpe sur les branches à la façon des Mésanges; comme le Tarin, son proche parent, il peut se suspendre la tête en bas. Son vol est léger, rapide, ondulé, légèrement vacillant au moment où l'Oiseau va se poser. Son chant est clair, agréable, varié. " Il détache ses notes avec une e.xtrème légèreté, dit Lescuyer, les saccade avec ardeur et coquetterie, les divise en deux périodes et donne à la seconde beaucoup de relief. Il en résulte des accents aussi joyeux et enjoués qu'éclatants et brillants, avec lesquels il anime les plaines dépouillées de verdure, par l'automne et l'hiver, les bosquets, les promenades publiques, les jardins, la chambre de la jeune fille et l'atelier de l'ouvrier. » En captivité, il chante presque toute l'année; en liberté, il ne se tait qu'à l'époque de la mue et par le mauvais temps. Le Chardonneret se nourrit de graines de toute espèce, mais surtout de graines de chardon, ce qui lui a valu son nom. ^^C^*^ pâle et davantage de taches ^ ^W^Êî^SK brunes en dessous. Les jeunes, avant la première mue, sont gris verdâtre tacheté de brun. Habitat. — Le Cini est pro- pre a l'Asie occidentale, à l'A- frique septentrionale et à l'Eu- rope méridionale. Il n'est pas rare dans le midi de la France. En Espagne, il est aussi com- mun que les Moineaux. Mœurs. — Sans être, à pro- prement parler, un Oiseau migrateur, il s'avance assez loin au nord de son habi- tat ordinaire, durant l'été. C'est ainsi qu'on le rencontre dans la Lorraine, en Belgique, en Allemagne, et dans les envi- rons de Paris. II recherche les jardins plantés d'«rbres fruitiers, les bosquets peu touffus. Vif, actif, gracieux, sociable, confiant, ce charmant Oiseau a toutes les qualités des espèces précédentes. Son chant est assez particulier, mais agréable ; il le fait surtout entendre durant les journées ensoleillées du milieu de l'été. A l'époque des amours, les mâles rivalisent de gentillesse pour charmer les femelles, et leur jalousie donne lieu à des querelles qui ne cessent qu'à l'époque de l'incubation. Le nid du Serin cini est construit avec autant d'art que celui du Chardon- neret; il est placé généralement sur un arbre fruitier, pommier, poirier, citron- nier, et bien dissimulé au plus épais du feuillage; les matériaux qui le compo- sent sont des herbes sèches, des petites racines: l'intérieur est mollement tapissé de poils et de plumes. La ponte est de quatre à cinq œufs, petits, obtus, blanchâtres avec des taches et des traits rougeâtres. Il y a une ou deux couvées par année. Le Serin citii. 99 LES SERINS. [435] Les petits éclosent au bout de treize jours et sortent très tôt du nid. Chasse. — Excepté en Espagne, on chasse peu le Cini. On le prend en grandes quantités à l'appelant et aux gluaux. Mais Thomme n'est pas son plus redoutable ennemi ; les petits Carnassiers, les Chats notamment, détruisent beaucoup de couvées. Captivité. — Pris jeune, le Serin méridional s'habitue rapidement à la capti- vité. Il est gai, très sociable et s'apparie volontiers avec les Canaris. On le nourrit de graines diverses, mais surtout de millet et de chènevis écrasé; il a aussi besoin de beaucoup d'eau. LE SERIN DES CANARIES {Seriiiiis canariiis). — Le Serin des Canaries est aujourd'hui un Oiseau si universellementconnu, qu'il serait superflu d'en donner une longue description. Cependant les Serins que l'on voit partout et qui sont le produit d'élevages et de croisements divers, s'écartent sensiblement de l'espèce type qui habite à l'état sauvage les îles Canaries. L'espèce primitive qui a donné naissance aux innombrables variétés qui peuplent les volières des oiseleurs, se fait remarquer par une livrée particulière où domine le vert; sa taille est aussi plus petite et plus élancée que celle du Canari domestique. Mœurs. — On doit à BoUe des renseignements précis sur les mœurs du Serin des Canaries à l'état sauvage. Le Serin des Canaries se plaît partout où des buissons alternent avec des taillis, surtout le long des lits des torrents, remplis d'eau dans la saison des pluies, desséchés en été, mais néanmoins toujours entourés d'un abondant cordon de végétaux. Il est très commun dans les jardins et au voisinage des habitations, dans l'intérieur des villes, aussi bien que dans les lieux les plus déserts et les plus reculés. Il monte jusqu'à une altitude de i 600 à i 900 mètres, et il abonde partout où il trouve des gîtes convenables. Assez commun dans les forêts de pins, il évite les épaisses forêts d'arbres élevés. On le rencontre en grand nombre dans les vignobles. Le Canari sauvage se nourrit de petites graines, de feuilles tendres, de fruits. Il affectionne particulièrement les figues bien miàres dont il mange à la fois et les graines et la chair succulente. Semblable à ce point de vue au Cini, il aime beaucoup a ne baigner; aussi le voit-on souvent sur les bords des ruisseaux. Il s'accouple au mois de mars et choisit pour établir son nid les arbres verts, ou ceux qui sont feuillus de bonne heure, les poiriers, les grenadiers, les oran- gers. Ce nid est toujours bien abrité et placé à une grande hauteur; il a une forme arrondie et est très régulièrement construit ; les matériaux qui le com- posent sont des chaumes desséchés et du duvet emprunté à certaines plantes. Les (eufs, au nombre de trois à cinq, sont d'un vert pâle, semés de taches d'un brun rougeâtre; l'incubation dure treize jours. Les jeunes restent dans le nid jusqu'à ce qu'ils aient toutes leurs plumes, et après qu'ils ont pris leur volée, ils sont encore nourris parleurs parents, sur- tout par le père. Il y a trois et même quatre couvées par an. La mue com- [430] LES PASSEREAUX OU FRINGILLIDÉS. ini) mence à la fin de juillet et se termine à la saison des amours. << Pendant que la femelle couve, dit Belle, le mâle se tient dans son voisinage, de préférence sur un arbre encore dépourvu de feuilles, par exemple, sur un acacia, un pla- tane, un châtaignier, tous arbres dont les bourgeons ne s'épanouissent que tard, ou bien sur les branches sèches, comme lui en offrent en abondance les oran- gers répandus autour des habitations. C'est de ce poste qu'il distrait sa femelle par son chant. Il y a plaisir à entendre ce petit artiste, surtout quand l'on se trouve près de lui. Il gonfle sa gorge, s'incline à droite, à gauche, se baignant littéralement dans les rayons du soleil. Mais il a entendu l'appel de sa femelle ; rabattant alors ses ailes, il se glisse au milieu du feuillage, dans lequel il dis- paraît, et qui cache à tous les yeux les mystères de ses amours. Dans ce moment, environné de tout l'éclat de la végétation luxuriante de sa patrie, cet Oiseau vert, d'aspect si humble, apparaît bien plus beau que son frère, courbé, en Europe, sous le fardeau de l'esclavage. » « On a beaucoup parlé, dit encore BoUe, à propos du Serin des Canaries, de la valeur de son chant. Les uns le vantent outre mesure, les autres le jugent par trop sévèrement. On ne s'éloigne pas delà vérité, en disant que les Canaris sauvages chantent comme les Canaris domestiques. Le chant de ceux-ci, en effet, n'est point un produit de l'éducation; il est resté tel qu'il était autrefois. L'éducation a bien pu développer certaines notes, donner à d'autres plus de pureté et d'éclat; le t3'pe du chant n'a cependant pas varié, et prouve que si un peuple peut oublier sa langue, une espèce d'Oiseaux garde invariablement la sienne au milieu de toutes les circonstances les plus diverses. » Mais Bolle fait remarquer qu'il y a parmi les Canaris sauvages, comme parmi les Canaris domestiques, de bons et de mauvais chanteurs, et qu'il faut se garder de juger le chant des premiers d'après certains de ces Oiseaux, pris très jeunes et élevés sans qu'on leur ait donné de maître irréprochable. « Le Serin des Canaries a le vol de la Linotte. Il décrit des lignes ondulées, ne s'élève pas haut, va d'arbre en arbre. Lorsqu'ils volent en troupes, les indivi- dus ne se serrent pas les uns contre les autres, mais gardent toujours une cer- taine distance et poussent de petits cris d'appel très brefs et répétés. Hors la saison des amours, les Serins des Canaries forment des troupes très nombreuses, qui se divisent souvent en petits groupes pour aller chacun de son côté exploi- ter les champs qui peuvent fournir de la nourriture; mais ces divers groupes, avant le coucher du soleil, se réunissent de nouveau pour passer la nuit en commun. » Chasse. — Les Serins des Canaries se laissent prendre dans tous les pièges qu'on leur tend. On se sert habituellement d'une cage divisée en deux parties : dans l'une est un appelant, l'autre est munie d'une trappe dans laquelle tombent les trop confiants Oiseaux. Captivité. — En captivité, les Serins des Canaries restent toujours timides et farouches. Ils réclament des soins très assidus, car ils sont sujets à de nom- breuses affections qui en font mourir un grand nombre. Les mâles s'accouplent volontiers avec les femelles domestiques et donnent des métis dont le plumage présente des dessins très curic*ix. loi LES LINOTTES. [437] LES CANARIS DOMESTIQUES. — Les dilîérentes variétés de Canaris domes- tiques descendent du Serin des Canaries, qui, importé en Europe vers le xvi- siècle, s'y est acclimaté et croisé avec d'autres espèces voisines. Aujour- d'hui, l'élevage des Canaris se pratique sur une vaste échelle en Allemagne et en Hollande. Certains amateurs sont même arrivés à les faire reproduire dans une demi-liberté. Lorsqu'on veut faire reproduire des Canaris en volière ou dans une cage, il faut choisir avec soin les sujets que l'on veut accoupler, sous peine d'obtenir des produits médiocres. D'après Lenz, il faut éviter de prendre des sujets trop gras, ainsi que ceux qui ont des teintes foncées ou qui ont les j'eux rouges. Pour avoir de bons chanteurs, il ne faut apparier que des Canaris de bonne race. On isole chaque couple dans une cage spéciale. L'époque la plus favorable pour l'appariage est le mois d'avril. On met à sa disposition de la bourre, du crin, du foin, du duvet, des plumes, et, si la volière possède quelque arbuste, le nid est bientôt construit. On peut aussi accoupler la Serine et avoir des unions fécondes avec le Tarin, le Verdier, le Chardonneret, le Cini, la Linotte, même le Pinson et quelques autres petits Passereaux. La nourriture qui convient le mieux aux Serins captifs est la navette gonflée dans l'eau, le millet, l'alpiste. On peut y joindre, pour varier leur régime, du mouron, de la laitue, des fruits doux, du pain trempé dans du lait bouilli, et, quand ils ont des petits, un peu de jaune d'œuf et de chènevis écrasé. On instruit facilement les jeunes Canaris avec une serinette ou un flageolet, ou en leur sifflant, toujours sur le même ton, les airs qu'on veut leur apprendre. Les jeunes mâles commencent à chanter avant la mue ; on les reconnaît en ce qu'ils filent des notes suivies, tandis que les femelles ne font entendre que des sons entrecoupés. Il faut avoir soin à ce moment de les isoler de tout autre Oiseau et les empêcher d'entendre d'autre voix que celle de leur maître ; et si l'un des élèves est destiné à mener une existence solitaire, il ne faut plus lui laisser voir, dès l'âge de six mois, aucun de ses semblables. Dans de bonnes conditions, un Canari peut vivre plus de vingt ans. On peut aussi dresser les Canaris a sortir de leur cage et a exécuter divers tours d'adresse comme on le fait pour les Tarins et les Chardonnerets. LES LINOTTES Caractères. — Les Linottes ont de nombreuses affinités avec les Chardon- nerets, mais leurs formes sont plus élancées. Elles ont un bec court, conique, arrondi, à pointe mousse ; des ailes longues, subaiguës : une queue très échan- crée. LA LINOTTE VULGAIRE {Cannabina liuota). — Caractères. — La Linotte vulgaire mesure environ o'", 14. Son plumage varie suivant le sexe, l'âge et les ['i3Sj LES PASSEREAUX OU FRINGILLIDÉS. 102 saisons. Les vieux mâles, au printemps, ont la partie antérieure de la tète d'un rouge vif; la nuque, les côtés de la tète et du cou, d'un gris cendré ; le dessus du corps d'un brun marron; le croupion, la gorge et le devant du cou, d'un blanc grisâtre varié de noir; la poitrine d'un rouge cramoisi ; le ventre blanc; les rémiges et les rectrices brunes, quelques-unes bordées de blanc. A l'automne, les régions rouges passent au roussâtre et au grisâtre. La femelle, au printemps, n'a point de rouge dans son plumage, qui est d'une teinte presque uniformément roussâtre variée de brun ; en automne, elle est semblable au mâle. Les jeunes, avant la première mue, ressemblent à la femelle. Les variétés accidentelles sont fréquentes ; on trouve des sujets albinos, méla- nos et couleur Isabelle. Habitat. — La Linotte commune habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique. En France, elle est sédentaire en Provence, en Bretagne, et de passage dans d'autres régions. Mœurs. — Elle se tient, durant l'été, dans les localités accidentées et boisées, mais elle évite les hautes montagnes et les grandes forêts. L'hiver, elle descend dans les plaines en bandes innombrables et se réunit aux Pinsons, aux Ver- diers et aux Moineaux. La Linotte est gaie, sociable, mais timide. Son vol est léger et rapide; il devient vacillant quand l'Oiseau va se percher. Parfois elle vole au ras du sol ou décrit des cercles dans les airs. A terre, elle sautille assez lestement. Quand elle chante, elle aime à se percher sur quelque branche élevée. Brillant et flûte, son chant se compose de plusieurs phrases suivies et bien liées. La Linotte est essentiellement granivore : elle est très friande des graines de lin, de laitue, de trèfle, de luzerne, mais elle mange aussi beaucoup de graines de mauvaises herbes. Elle ne dédaigne pas non plus, paraît-il, les petits Insectes. A l'époque des amours, la Linotte, contrairement à la plupart des petits Passereaux, niche en véritables colonies où règne l'entente la plus cordiale. Ces colonies s'établissent sur la lisière des bois ou dans les bosquets isolés. Les nids sont placés à peu de distance du sol, sur les arbustes et les buissons ; ils sont formés de tiges de graminées, de petites racines et revêtus extérieure- ment de mousses et de lichens ; l'intérieur est mollement tapissé de crins, de plumes et du duvet de certaines plantes. La ponte est de quatre à six œufs oblongs, d'un blanc légèrement azuré, avec des points et des taches d'un rouge-brique ou d'un brun foncé. Les jeunes quittent le nid très tôt, mais ils ne se séparent pas de leurs parents qui longtemps encore les guident et les nourrissent. Chasse. — La Linotte est très défiante et répond rarement aux appeaux; on la prend plus facilement à l'aide de lacets ou de gluaux qu'on dispose sur des tiges de laitue. Captivité. — Très recherchée dans certains pays, notamment en Allemagne, pour sa gentillesse, son ramage et son talent d'imitation, la Linotte s'apprivoise rapidement en captivité, mais elle perd sa magnifique livrée. Son humeur calme 103 LES SIZERINS. [439] et sociable permet de la mettre dans la même cage que les Bengalis, les Astrilds, etc. On la nourrit de petites graines (millet, navette) et de verdure; il ne faut lui donner que très peu de chè- nevis. Elle se reproduit facile- ment dansune grande volière \ vi et donne avec les Serins de fort beaux métis dont le chant est très estimé. LA LINOTTE DES MONTA- GNES [C au nabi )ui j/ci virus tris). — Très semblable à l'espèce précédente par ses caractères et son genre de vie, la Linotte des montagnes ou Linotte à bec jaiiJie habite le nord de l'Eu- rope, la Suède, la Norvège. Elle est de passage régulier dans le nord de la France et apparaît accidentellement dans le midi de l'Europe pendant les hivers rigoureux. LES SIZERINS Caractères. — Les Sizerins ont un bec court, droit, très aigu, comprimé dans toute son étendue ; des narines profondément cachées sous les plumes du front; des ailes et une queue allongées, celle- ci très échancrée; des plumes tibiales épaisses, ca- chant en partie les tarses; des ongles robustes, longs, La Linotte, dilatés à leur insertion. LESIZERIN BORÉAL [Linaria bnrealis). — Caractères. — Il mesure environ o"',i3. Par son plumage il ressemble beaucoup à la Linotte commune. Les mâles ont la partie antérieure de la tète d'un rouge-sang; les parties supérieures du corps variées de gris brun; les ailes traversées par deux bandes blanches; les lorums et la gorge noirs; la poitrine rouge, le ventre et le croupion blancs; l'iris, le bec et les pieds bruns. La femelle a des teintes plus ternes, le sommet de la tète seul porte du Habitat. — Le Sizerin boréal habite les_ régions arctiques de l'ancien et du [440] LES PASSEREAUX OU FRINGILLIDÉS. 104 nouveau continent. L'hiver, il est de passage irrégulier dans les contrées tem- pérées. Mœurs. — Gai, vif, agile, cet Oiseau grimpe sur les branches avec autant d'adresse que les Mésanges. Il est sociable au plus haut degré et vit en bonne harmonie avec les autres petits Passereaux : Linottes, Tarins, Moineau.K. Son vol est rapide et ondulé. Son chant est simple, peu varié et souvent interrompu par les sons brefs de son cri d'appel. 11 se tientde préférence dans les endroits arides, rocailleux; quelquefois aussi dans les vallées humides, marécageuses. Son apparition dans le nord de l'Europe est très irrégulière ; elle a lieu tous les trois, quatre ou cinq ans, etn'est liée qu'à la fructification bonne ou mauvaise des bouleaux. « En parcourant, dit Brehm, les immenses forêts de bouleaux des contrées du Nord, on comprend pourquoi les Sizerins n'arrivent pas chez nous régulièrement et en même nombre chaque hiver. Ils n'ont nul besoin d'émigrer tant qu'ils trouvent en abondance les fruits de bouleaux dont ils font leur nour- riture principale : ce n'est que lorsque ceux-ci font défaut qu'ils sont forcés de se diriger vers d'autres contrées. Le Sizerin boréal est lié a ces forêts, comme le Bec-Croisé aux forêts de conifères. En hiver, il y trouve des graines ; en été, des Insectes, principalement des Mouches. » Le Sizerin boréal niche sur les arbrisseaux ; son nid ressemble à celui de la Linotte. Ses œufs n'en diffèrent pas beaucoup non plus. Captivité. — Cet Oiseau montre en captivité la même familiarité, le même instinct de sociabilité que les espèces précédentes, mais il perd bientôt la belle couleur rouge de son plumage. LE SIZERIN CABARET (Linaria riifescens). — Assez semblable au Sizerin boréal, il habite les mêmes régions que ce dernier, mais ses apparitions dans les contrées tempérées sont très régulières. Il est très recherché par les amateurs d'Oiseaux de volière, à cause de son plumage, de sa vivacité et de la beauté de son ramage, qui est aussi expressif que celui du Cini. Les Moineaux et les Tisserins LES PLOCEPASSÉRIDÉS Les diflerents genres qui composent la famille des Ploce'passéridés présentent une remarquable uniformité dans la description de leurs caractères ph3'siques, de leurs mœurs et de leur mode de nidification. Par la forme de leur bec, les Plocépasséridés ne s'éloignent guère du type des Conirostres à bec court, dont les Fringilliens nous ont offert un exemple. Tous sont essentiellement granivores. Leur instinct d'association est développé à un très haut degré. Ils vivent en bandes nombreuses et nichent en colonies. L'art merveilleux qu'ils déploient dans la confection de leur nid leur a valu le nom de Tisserands ou Tisserins. Ils ont en effet un talent tout particulier pour entrelacer, tisser les fibres des végétaux, les tiges des graminées, et en former un nid couvert, arrondi, avec une entrée à la partie latérale ou inférieure. Les Plocépasséridés peuvent être divisés en quatre sous-familles, mais dont les limites sont difficiles ù préciser; ce sont : i" Les Moineaux ou Passériens; 2° Les Bengalis ou Aniadiniens et Astrildiens ; 3" Les Veuves ou Viditiens\ 4° Les Tisserins proprement dits ou Plocéiens. LES PASSERIENS Les Passériens sont les seuls représentants européens de la famille des Plo- cépasséridés. Ils ne comprennent que le genre Moineau. La vie des animaux illustrée. III. — 32 [442] LES MOINEAUX ET LES TISSERINS. LES MOINEAUX Caractères. — Les caractères du genre Moineau sont les suivants : bec court, conique, légèrement voûté, à mandibule supérieure dépassant l'inférieure; narines basales, arrondies, cachées sous les plumes du front ; ailes et tarses médiocres ; queue moyenne, échancréc. Ce genre, dont on faisait autrefois le type le plus caractéristique des Passe- reaux proprement dits, n'est plus considéré comme tel par les ornithologistes modernes. De la Fresnaye et O. Des Murs ont montré que le Moineau était par ses habitudes, son mode de nidification, ses œufs, et même par certains caractères tirés de la couleur du plumage, de la forme du bec et des pattes, un véritable Tisserin. LE MOINEAU DOMESTIQUE [Passer dot7iesliais). — Le Moineau domestique est si universellement connu que la description de ses caractères n'a d'autre intérêt que de le distinguer d'espèces voisines avec lesquelles on pourrait aisé- ment le confondre à première vue. Caractères. — Le mâle, en été, a le dessus de la tête d'un cendré bleuâtre; les parties supérieures du corps et la région de la tête en arrière des yeux, d'un marron plus ou moins clair avec des raies longitudinales noires ; les ailes traver- sées par une large bande blanche ; les rémiges étant brunes, lisérées de marron ; la queue brune ; les lorums, la gorge, le devant du cou et le haut de la poitrine d'un noir profond; le reste des parties inférieures du corps, ainsi que le crou- pion, d'un gris blanchâtre; l'iris brun-noisette; le bec noir; les pieds rou- geâtres. Sa taille est d'environ o"",! 5. En liiver, les teintes du plumage sont plus uniformes et tirent sur le gris cendré. La femelle a toute la face inférieure du corps d'un gris blanchâtre plus ou moins pur; la tête et le cou d'un brun cendré, le dessus du corps d'un cendré rougeâtre; l'aile traversée par une bande jaune ; l'œil surmonté d'une raie de la même couleur. Les jeunes ressemblent à la femelle. Cette espèce présente de nombreuses variétés blanches, noires, rousses, isa- belles, etc. Habitat. — ■ Le Moineau domestique est originaire de l'ancien continent dont il habite surtout la partie septentrionale. En France, il est sédentaire et com- mun partout. Importé dans l'Amérique du Nord en iMSo, puis en Australie, il s'y est mul- tiplié avec une rapidité prodigieuse. Mœurs. — On le rencontre toujours au voisinage des agglomérations humaines, aussi bien dans les pays où il a été importé que dans son pays d'ori- gine, mais il recherche plus volontiers les pays de plaines découvertes; jamais il ne s'établit dans les villages situés au sein des grandes forêts. LES MOINEAUX. [443] Cet attachement exclusif qu'il manifeste pour les demeures de l'homme, lui assure une nourriture abondante durant toute l'année; aussi est-il partout sédentaire; il s'éloigne rarement à plus de quelques kilomètres de l'endroit où U a élu domicile : « Les Moineaux, a dit Buffon, sont, comme les Rats, attachés aux habitations; ils ne se plaisent ni dans les bois, ni dans les vastes campagnes... » Les allures du Moineau domestique, sa familiarité mêlée de hardiesse et de ruse, son instinct de socia- bilité, en somme toutes ses qualités bonnes ou mauvaises, sont universellement connues, mais tous les observateurs n'en ont pas parlé avec la mê- me impartialité. Buffon, imbu des préjugés de son époque, a tracé de cet Oiseau un portrait inexact. D'autres auteurs, en- traînés par des considé- rations poétiques, n'ont pas hésité au contraire à en faire le sym- bole des plus pré- cieuses qualités. Il faut recher- cher la cause de ces profondes di- vergences d'opi- nion dans ce fait que le Moineau s'est adap- té au contact de l'homme, à une do- mesticité spéciale, et a su perfec- tionner au plus haut degré certaines qualités dont il était naturellement doué, tout en conservant son indépendance. « Il est le type de l'Oiseau qui s'est mêlé à l'homme et ne s'est point donné », a dit un poète. Il est d'abord devenu, par expérience, extrêmement prudent. En même temps que se développait chez lui un goût très prononcé pour les graines et les fruits des plantes cultivées, il devait, pour dérober ces chères friandises, user de plus en plus d'audace et de ruse. Ayant aussi à redouter, outre l'homme, un grand nombre d'ennemis vivant dans son entourage, les Chats, les petits Carnassiers, les Oiseaux de proie, etc., il a mis en œuvre pour leur échapper tous les moyens dont l'avait armé la nature dans la lutte pour Texistence. Dans les localités où il est en sûreté et bien traité, il se montre cependant d'une familiarité et d'une confiance sans limites. Il pénètre dans les habitations, Le Moineau domestique. [/li/.] LES MOINEAUX ET LES TISSERINS. 4 vient ramasser les miettes de pain qu'on lui distribue, et se laisse même prendre avec la main. De sorte que, selon le point de vue où l'on se place, le Moineau est un détes- table pillard, K d'une familiarité incommode, d'une pétulance grossière », selon l'expression de Buffon, ou bien il est digne de notre admiration et de notre sympathie. De toute façon, on ne peut s'empêcher d'être frappé du contraste qui existe entre ses allures en apparence lourdes et maladroites, et ses remar- quables facultés. Le Moineau domestique vole avec rapidité, mais non sans efforts, en décri- vant une ligne légèrement ondulée. Il s'élève rarement à une grande hauteur et ne parcourt jamais d'une seule traite un grand espace. Pour atteindre un point élevé, il vole en suivant une ligne très oblique; en le quittant, il se laisse tom- ber jusqu'à une certaine hauteur avant de reprendre son essor. Son cri est un piaillement que tout le monde a entendu et qui ne peut se confondre avec les cris d'autres Oiseaux. Le Moineau domestique est doué d'une remarquable fécondité. Il ne fait pas moins de trois couvées par an. Les mules se montrent extrêmement ardents ; ils se livrent des combats acharnés auxquels, parfois, prennent part les femelles ; « ils se précipitent l'un sur l'autre, dit Naumann, se saisissent réciproquement, roulent ensemble en bas des toits, et vont même, tant leur ardeur est grande, jusqu'à oublier de veiller à leur sécurité. Ils prennent à ce moment une posture particulière; ils dressent la tête et le cou, relèvent la queue, laissent pendre les ailes. » Le mâle et la femelle travaillent tous deux à la confection de leur énorme nid. L'emplacement de leur demeure les inquiète fort peu : un trou de muraille, une crevasse de rocher, le rebord d'un toit, la cavité d'un arbre, et en général tout endroit légèrement abrité, leur conviennent également bien. Il y amassent des matériaux peu choisis, brins de paille, foin, plumes, papier, et les assem- blent grossièrement pour en former un nid épais, de forme hémisphérique. Quelquefois aussi, ils s'emparent d'un nid d'Hirondelle abandonné. Mais on commettrait une profonde erreur si l'on jugeait les aptitudes de ces Oiseaux d'après les nids imparfaits qu'ils ébauchent là où les habitations humaines leur offrent des abris naturels. C'est lorsqu'ils s'établissent sur un arbre que les Moineaux nous révèlent toute leur science architecturale. Dans ce dernier cas, le nid est en effet cons- truit avec beaucoup d'art ; il a une forme presque régulièrement sphérique, avec une ouverture latérale à la partie supérieure : la paille, le foin, les herbes sèches qui en constituent la charpente sont soigneusement tissés : l'intérieur est abon- damment garni de plumes, de laine, de coton et autres substances molles recueillies dans le voisinage des habitations. De plus, l'instinct d'association, si développé chez ces Oiseaux, les porte à nicher l'un près de l'autre en véritables colonies. La ponte est de cinq ou six œufs dont la couleur et le mode d'ornementation sont extrêmement variables; ils sont généralement parsemés de points et de 5 LES MOINEAUX. [445J taches grises ou brunes, sur un fond blanc, grisâtre, ou azuré. Les deux parents couvent alternativement durant quatorze jours. Lorsque les jeunes sont éclos, ils les nourrissent d'abord avec des Insectes, puis avec des graines ramollies dans leur jabot, enfin avec des graines et des fruits. Huit jours après que les petits ont pris leur essor, les parents s'accouplent de nouveau, reparent leur ancien nid et, quinze jours plus tard, la femelle pond pour la seconde fois, puis, après cette seconde couvée, une troisième a lieu dans les mêmes conditions, mais le nombre des œufs va en diminuant à chaque couvée. A l'automne, lorsque les derniers jeunes ont pris leur essor, tous les Moi- neaux d'un même canton se réunissent et parcourent, en bandes nombreuses, les champs, les jardins, s'égarent le long des routes, visitent les haies, les buissons, errant parfois assez loin du centre de leur colonie où les exigences de leur famille ne les retiennent plus. Chasse. — Le Moineau est un des Oiseaux les plus difficiles à chasser. Habi- tué à vivre près de l'homme, il sait éviter presque tous les pièges qu'on lui tend. On ne peut guère compter, pour le capturer, que sur la hardiesse et la témérité des jeunes. Le meilleur moyen de le prendre vivant est de tendre le soir un filet devant le trou qu'il habite. Captivité. — En captivité, il perd ses excellentes qualités de sociabilité et ne présente aucun intérêt. Sa familiarité dispense d'ailleurs de le conserver en cage. Lorsqu'on veut l'observer et l'étudier de près, il suffit en effet de lui disposer sous le rebord d'un toit ou d'une fenêtre, un pot en terre percé d'un trou, et où il s'installera très volontiers, dans une demi-domesticité, tout en conservant son indépen- dance. Utilité. — Parmi les Oiseaux qui, au point de vue de leur utilité ou de leur nocivité, ont suscité les discussions les plus nombreuses et les plus acharnées, se place notre Moineau domestique. De nos jours, les opinions des différents observateurs sont encore très divisées sur ce sujet, et la question du Moineau n'est pas complètement élucidée. Les uns le considèrent comme le plus nuisible de tous les granivores; d'autres prétendent qu'il rend d'inappréciables services à l'agriculture, et demandent sa protection. La vérité doit être recherchée dans un juste milieu, en attendant, toutefois, que des études plus complètes sur le régime alimentaire des Oiseaux dans les différentes régions d'un même pays nous aient fourni des renseignements précis. Buffon, se basant sur un sentiment d'antipathie peu explicable, plutôt que sur des observations rigoureuses, a, l'un des premiers, déclaré la guerre au Moineau. Les agriculteurs, les jardiniers, invoquant l'opinion du célèbre natu- raliste, ont demandé l'extermination de cet humble petit Oiseau. Que lui reproche-t-on, en somme ? De prélever une dîme trop considérable sur les céréales, notamment sur le blé ; de dépouiller de leurs fruits les cerisiers de nos jardins, de manger les petits pois et autres graines potagères, de s'attaquer aussi parfois aux raisins. Ces accusations sont malheureusement exactes et il serait impossible de les nier; mais il en est d'autres tout aussi graves et qui sont sérieusement con- i'i4GJ LES MOINEAUX ET LES TISSERINS. C testées. C'est ainsi que, contrairement à l'assertion de certains auteurs, le Moi- neau ne met aucune entrave à la reproduction des petits Passereaux essentielle- ment insectivores : il s'empare bien quelquefois du nid d'une Hirondelle, mais il choisit ge'néralement un nid abandonné; loin de nuire aux autres petits Pas- sereaux, il vit avec eux en excellente intelligence, et on a vu des Mésanges, des Rouges-Queues nicher au milieu d'une colonie de Moineaux, sans en paraître incommodés. Voyons maintenant ce que disent les protecteurs des Moineaux. En 1807, Thiébaut de Berneaud, dans \t Dictionnaire pittoresque d'Histoire naturel.e, s'exprimait à ce sujet dans les termes suivants : « Cultivateurs, écoutez les conseils de ces agronomes de cabinet, et bientôt les plantes parasites se multiplieront d'une manière effrayante; elles étoufferont vos semis, infecteront plusieurs années de suite vos champs, vos vignes, vos potagers. Les Insectes triompheront et rongeront tout, depuis le duvet des gazons, jusqu'aux arbres les plus durs. Vous regretterez alors le Moineau, qui se nourrit principalement de graines coriaces de ces plantes, qui détruit chaque jour un très grand nombre de Chenilles, larves et Insectes parfaits. » Les tristes prédictions de Thiébaut de Berneaud étaient très vraisemblables. Tout le monde connaît cette anecdote classique : Frédéric le Grand, irrité contre les Moineaux qui pillaient les récoltes de son royaume, et en particulier les arbres fruitiers de son domaine, ordonna de les détruire, et oftYit une prime de G centimes par tête. Le résultat ne se fît pas attendre. Les arbres fruitiers furent envahis par les Chenilles et les Insectes, et n'eurent ni fruits, ni feuilles. Il fallut alors réintroduire à grands frais les pauvres proscrits. Le Moineau est, en effet, autant insectivore que granivore. Durant l'époque de la reproduction, il fait une chasse acharnée aux Insectes dont il nourrit ses petits, et ces Insectes sont presque tous réputés comme très nuisibles; citons les Chenilles, les Papillons de diverses espèces. Piérides, Noctuelles, Bombyx, les Sauterelles, et enfin les Hannetons. C'est sous ce dernier rapport, d'après X. Raspail, qu'apparaît surtout l'utilité du Moineau. Sa première couvée, en effet, coïncide avec la sortie de terre du Hanneton, et à ce moment les autres Insectes étant rares, ce dernier lui fournit une nourriture abondante pour ses jeunes, doués d'un appétit difficile à satisfaire. Le rôle du Moineau, comme insectivore, est tellement bien reconnu, que cer- tains pa3-s dont la faune ne possédait pas cet Oiseau, sont venus l'emprunter à la nôtre. Aux Antilles, en Australie, en Amérique, l'expérience a été cou- ronnée de succès. En Amérique, cependant, le Moineau s'est multiplié avec une telle rapidité, que ses bandes immenses sont devenues un véritable fléau pour les cultures. Aussi, la majorité des agriculteurs de ce pays opine avec raison pour leur des- truction. On peut donc conclure de tout ce qui précède, que la protection du Moineau doit être limitée, et variable suivant les régions. Dans les cultures de froment, de chanvre, de colza^ ainsi que dans les jardins 7 LES MOINEAUX. [44'] plantés de cerisiers, de groseilliers et de framboisiers, le Moineau est un Oiseau nuisible ; au contraire, dans les contrées couvertes de prairies artificielles, plantées de pommiers et de poiriers, il est utile en détruisant les Charançons, les Hannetons, les Chenilles. De toute façon, on ne doit jamais le détruire d'une façon systématique. Il est préférable de l'éloigner des cultures que l'on veut protéger en disposant des pièges, des épouvantails. Ce dernier procédé n'a pas toujours le succès qu'on est en droit d'en attendre, car le Moineau, grâce à son naturel rusé et hardi, ne se laisse pas intimider longtemps par ces grossiers artifices, mais quelques coups de fusil suffisent à chasser définitivement les bandes trop téméraires de ces pillards, et à assurer la conservation de la récolte, sans qu'il soit besoin de décréter la mise à mort de tous les Moineaux des environs. Nous conclurons donc avec X. Raspail, sur cette question si controversée du Moineau : « Le corriger à point, oui ; l'exterminer, non ». LE MOINEAU CISALPIN {Passer Italiœ). — Le Moineau cisalpin ou Moineau d'Italie est tellement semblable au Moineau domestique que certains auteurs le considèrent plutôt comme une race que comme une espèce distincte. Les mâles au printemps se reconnaissent à ce qu'ils ont le dessus de la tête marron ou brun, et que le dessus du corps présente des raies longitudinales noires très marquées. Il habite principalement l'Italie, la Sicile. Ses mœurs sont en tous points les mêmes que celles du Moineau domestique. LE MOINEAU ESPAGÎ
    dance ; chacun fait ce qu'il veut. » C'est qu'en effet les Molothres partagent avec le Coucou d'Europe cette sin- gulière particularité de ne pas faire de nid et de déposer leurs œufs dans les nids d'autres Oiseaux. A ce point de vue, leurs mœurs sont exactement les mêmes que celles de notre Coucou. Mais, à l'inverse de celui-ci, ils se soucient peu du choix des parents adoptifs de leurs jeunes; on a compté plus de cent espèces de Passereaux appartenant aux familles les plus différentes et chez les- quelles les Molothres déposaient leurs œufs. Il se passe d'ailleurs, dans ce cas, le même phénomène que celui décrit plus haut à propos du Coucou ; les petits Passereaux adoptent sans difficulté l'œuf étranger, obéissant à une influence suggestive irraisonnée. Les a^ufs du Molothre sont relativement très petits; leur couleur est très variable, et, comme pour le Coucou, on n'en trouve guère qu'un ou deux dans chaque nid. Ils éclosent au bout de dix ou onze jours, généra- lement avant ceux des Passereaux. Les parents adoptifs témoignent au jeune Molothre une grande sollicitude et compromettent quelquefois, pour le nourrir, la vie de leurs propres jeunes. A l'approche de l'hiver, tous les Molothres d'une même bande, jeunes et vieux, se réunissent et émigrent vers le Sud. LES QUISCALES Caractères. — Les Quiscales ont un bec plus long que la tète, â mandibule supérieure convexe, arquée; des ailes moyennes; une queue arrondie, dont les pennes médianes ont les barbes relevées en l'air; des tarses grêles, un plumage noir, à éclat métallique. Ce sont aussi des Oiseaux d'assez forte taille. LE QUISCALE MAJEUR {Qiiiscalus ma /or).— Caractères. — Le plumage de cet Oiseau est, chez les mâles, d'un beau noir à retlets bleu-pourpre à la tète et à la nuque, verts à la queue. Les femelles ont la partie supérieure du corps d'un gris brun foncé, les parties inférieures d'un brun rouge. Habitat, — Le Quiscale majeur habite une grande partie du sud de IWmé- rique du Nord. Mœurs. — H se tient dans les régions montagneuses, sur les bords des rivières. Presque toute son existence se passe sur le sol; il chasse les Insectes dans les prairies et les terres labourées et picore quelques graines de temps â autre. Très sociable, il erre de canton en canton par bandes immenses. ['ilUj LES TROUPIALES ET LES ÉTOURNEAUX. 30 Son chant est formé de notes criardes indescriptibles ; en chantant, l'Oiseau ouvre les ailes, étale la queue, prend les postures les plus diverses. A terre, il déploie toute la légèreté de l'Etourneau et toute la hardiesse de la Corneille. Son vol est facile, ondulé. La reproduction des Quiscales a lieu vers le mois de février. Les mâles se disputent vaillamment les femelles, mais les combats cessent dès que les accou- plements se sont produits. Les nids sont placés sur les grands conifères, ou dans les hauts buissons qui bordent les rivières, quelquefois dans les cavités des arbres ou les crevasses des rochers. Ils sont relativement volumineux et formés de matériaux variables selon les contrées, mais principalement de fibres de végétaux tissés avec beaucoup d'art. On trouve généralement un grand nombre de nids sur le même arbre. Les femelles pondent quatre ou cinq œufs d'un blanc grisâtre, couverts irré- gulièrement de points bruns ou noirs. Les parents nourrissent leurs petits exclusivement d'Lisectes. Utilité. — Les Quiscales ont été longtemps redoutés des fermiers, qui ne voyaient pas sans crainte leurs bandes immenses s'abattre dans les cultures; mais des recherches récentes sur le régime alimentaire de ces Oiseaux ont montré que les Quiscales se nourrissaient surtout de Sauterelles, de Papillons de nuit, de larves et aussi de Grenouilles, de Mollusques, de petits Mammi- fères. Ils mangent bien parfois des graines de céréales (blé, avoine) et quelques baies, mais ils ne deviennent nuisibles que pendant l'hiver, lorsqu'ils se réu- nissent en troupes considérables dans un même canton. LES ÉTOURNEAUX OU STURNIDÉS Les Étourneaux sont des Oiseaux de taille mo^'enne, au corps ramassé, aux ailes longues, à queue courte, à tarses assez forts. Leur bec a une forme assez caractéristique; il est long, droit, conique, quel- quefois un peu comprimé et infléchi à l'extrémité. Leur plumage est dur et orné de couleurs variées. Ils ont les mêmes mœurs que les Troupiales qui précèdent. On divise les Sturnidés en un certain nombre de sous-familles distinctes, dont on verra les caractères à propos des principaux genres qui les représentent. LES ETOURNEAUX Caractères. — Les caractères de ce genre essentiellement européen sont les suivants : bec aussi long ou plus long que la tète, droit, conique, légèrement déprimé vers la pointe, entamant les plumes du front; narines latérales, à demi fermées par une membrane: ailes longues, sub-obtuses, à première rémige .;i LES ÉTOURNEAUX. '471] presque nulle ; queue moyenne, ample et légèrement échancrée : tarses allonges, scutellés. L'ÉTOURNEAU \ULQMRE{Stttnitis l'tilg-aris).— Caractères. — L'Étourneau vulgaire mesure environ o'",23 de long. Son plumage varie selon l'âge et les saisons. Le mâle, au printemps, est d'un noir lustré, à reflets violets et verts, marqué en dessus de petits points triangulaires d'un blanc roussàtre et de taches blan- châtres en dessous ; les rémiges et les rectrices sont bordées extérieurement de roussàtre, le bec jaune, l'iris brun-noisette, les pieds couleur de chair. A l'automne, le bec devient noir; les taches roussàtres se multiplient. La femelle a la même livrée que le mâle, mais elle est plus tachetée. Des variétés accidentelles se voient fréquemment ; il y a des sujets entièrement blancs, d'autres jaunâtres, d'autres cendrés. Habitat. — L'Étourneau vulgaire habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique septen- trionale. Il est très commun en France, surtout en Belgique et en Hollande. Mœurs. — C'est un Oiseau migrateur. Il va passer la période la plus rude de l'hiver soit en Afrique, soit dans le sud de l'Europe, et revient sous notre climat dès qu'il est sur d'}' trouver quelque nourriture; aussi réapparaît-il quel- quefois avant la fonte des neiges. Les prairies basses, marécageuses, sont les endroits qu'il affectionne ; il y trouve en effet des Limaces, des Vers, des Insectes, diverses graines et des baies. Il suit volontiers les troupeaux de Bœufs, attiré par les Insectes qui voltigent autour d'eux ou par ceux qui pullulent dans les fientes de ces animaux. Très friand aussi de fruits tendres, cerises, raisins, figues, olives, il ne craint pas de venir les dérober dans les endroits cultivés. L'Etourneau est le plus gai, le plus vif, le plus familier et en même temps le plus étourdi des Oiseaux. Son chant est un babillage très animé, entrecoupé de notes roulantes, désagréables, et de cris variés; il est en effet doué d'un remarquable talent d'imitation ; il reproduit assez exactement non seulement les chants d'autres Oiseaux, mais encore les bruits les plus divers : le tic tac d'un moulin, le grincement d'une porte, et il les intercale dans son chant, ce qui produit un effet très singulier. Il commence à chanter dès le lever du jour, puis se tait pendant quelques heures, occupé qu'il est à chercher sa nourriture ; de temps en temps, seulement, il fait entendre sa voix ; enfin, le soir, il se remet à babiller. L'Etourneau est un des Oiseaux les plus sociables que l'on connaisse ; il ne vit par couples que juste le temps nécessaire à la reproduction ; tout le reste de l'année, on le voit en bandes immenses mêlées souvent aux compagnies de Corbeaux, de Grives et même de Pigeons. Vers la fin du jour, toutes les bandes se rassemblent dans les hautes herbes des marécages ; « de plusieurs milles à la ronde, dit Lenz, on les voit arriver vers ces endroits et s'y rassembler le soir. Lorsque, à la fin d'août, les roseaux sont assez forts, ils se réunissent, à la nuit, [472J LES TROUPIALES ET LES ÉTOURNEAUX. 32 dans les fourres qu'ils forment au bord des lacs, des rivières, des étangs ; ils arrivent là par milliers, par centaines de mille ; ils volètent longtemps de côté et d'autre, s'abattent tantôt sur les prés, tantôt sur les roseaux; enfin, après avoir bien crié, bien sifflé, bien chanté, bien disputé, quand chacun a pris possession de sa place, ils, s'aban- donnent peu à peu au sommeil ». L'Etourneau niche dans les creux des grands arbres, dans les trous des murailles, dans les clo- chers, sous les toitures des habitations. Son nid truit avec des feuilles sèches, des brins de paille, de la mousse; les parois sont revêtues de plumes et de poils. A la fin d'avril a lieu la pre- mière couvée, composée de cinq ou sixœufsallon- gés, d'un bleu clair; la femelle couve seule. Dès que les jeunes sont éclos, les deux parents s'occupent de les nourrir et le père n'a plus le temps de faiie entendre sa voix. Il sait ce- pendant dérober une heure à ses devoirs paternels, et, vers le soir, on voit les mâles se réunir et chanter ensemble. Les petits sont vite en état de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance et, bientôt après leur sortie du nid, a lieu une seconde couvée. Celle-ci terminée, toutes les familles d'un même canton se réunissent en bandes immenses, désertent les nids et vont errer dans la campagne: les bois, puis, plus tard, les roseaux au bord des étangs sont leurs lieux de rendez-vous pour passer ia nuit. L'Éiouriieau vultiaire. 33 LES ÉTOURNEAUX. [/i73] Aux premiers froids, tous disparaissent vers le Sud ; mais, quand la saison est favorable, ils demeurent chez nous jusqu'à la lin d'octobre ou jusqu'aux premiers jours de novembre. Les bandes d'Étourneaux ont une façon de voler qui leur est propre et paraît soumise à une tactique uniforme et régulière ; elles forment autant de tourbil- lons agités, dont tous les individus vont et viennent sans cesse, se croisant en tous sens, mais dont le centre conserve la direction résultant de ces mouve- ments très complexes. Captioité. — L'Étourneau s'apprivoise très rapidement en captivité, même lorsqu'il est pris vieux. Il est susceptible d'une certaine éducation ; on peut lui apprendre les chants d'autres Oiseaux, ou des airs que l'on siffle devant lui, ce qui lui a valu son nom vulgaire de Sansonnet ou mieux Chansonnet ; il devient vite familier avec son maître, obéit comme un chien au geste et à la parole, et se montre parfois très divertissant. On peut le laisser en liberté dans une salle; il ne songe pas à s'enfuir, ou revient tôt ou tard dans la maison où il a été élevé. Il est prudent de ne pas le mettre en compagnie d'autres Oiseaux, car, sans être méchant, il est extrêmement taquin. Lenz ayant mis un Étourneau dans une volière avec d'autres Oiseaux chanteurs entendit un jour un vacarme inac- coutumé ; il s'approcha et vit son Étourneau tenant dans le bec un grand mor- ceau de papier blanc, pourchassant ses compagnons et paraissant s'amuser beaucoup de leur frayeur. La nourriture qui lui convient le mieux est la viande hachée, additionnée de pain et de chènevis bro3'és. Utilité. — Les services que cet Oiseau rend à l'agriculture, en détruisant des quantités considérables d'Insectes, de Vers, de Limaces, ont été signalés depuis longtemps et confirmés par l'expérience. En voici un exemple raconté par O. Des Murs: « Dans les années de iN52 à iS?/, un inspecteur général des forêts, M. Dietrich, à Grunheim (Saxe), rapporte que deux espèces de Coléoptères, le Charançon du Sapin et le Charançon noir, avaient exercé de grands ravages dans les forêts de sapins de son district. On employa, dans ce laps de temps, une somme de plus de quatre mille francs pour détruire ces Insectes, et, malgré tous les efforts, le mal subsista. Alors on y remédia au moyen des Étourneaux. L'inspecteur fit placer 121 nids artificiels dans le voisinage des plantations d'épicéas: le succès fut complet. A la fin de mai, on examina des Étourneaux à peine ailés, et l'on trouva leur estomac rempli de Charançons dont la trompe avait été soigneusement brisée par le père et la mère. » Les Sauterelles sont aussi pour les Étourneaux un mets très savoureux, et leurs légions innombrables sont suivies avec acharnement par ces utiles Insectivores. En échange de ces éminents services, on est donc très disposé à pardonner aux Étourneaux les quelques dégâts qu'ils occasionnent dans les vergers en s'attaquant aux baies succulentes, aux raisins, aux olives. Ils font de ces derniers fruits une consommation assez importante, et ils ont même l'habitude d'en faire des approvisionnements dans des cachettes bien abritées. Dans certains pays montagneux du Midi, ces cachettes situées parmi les rochers sont connues des habitants, qui vont les dévaliser en temps opportun. La VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE. HI. ?^. [474] LES TROUPIALES ET LES ÉTOURNEAUX. 34 L'Étourneau nous rend donc plus de services qu'il ne nous fait de mal ; aussi doit-on l'aider à se reproduire dans toutes les régions cultivées où les Vers et les Limaces abondent. On peut, dans ce but, l'attirer en lui préparant des nids artificiels formés de bijches creuses de o^jôo de long avec une ouverture de o'",o5 à o",o6 de diamètre, près du sommet, ou de petites caisses de mêmes dimen- sions suspendues aux branches des arbres. La multiplication se fait avec une rapidité remarquable, mais elle est enrayée par les Oiseaux de proie, les Martes, les Écureuils, malgré les qualités de pru- dence que déploie cet Oiseau en liberté. L'homme le chasse peu, non seulement parce qu'il reconnaît en lui un pré- cieux auxiliaire, mais aussi parce que sa chair, amère et coriace, est peu estimée. L'ÉTOURNEAU VNICOLORE {Stunins inticolor). — Il habite la Sardaigne, la Sicile, et paraît n'être qu'une variété locale du précédent. LES MARTINS Caractères. — Les Martins ditïèrent des Étourneaux par leur bec un peu plus comprimé, à pointe légèrement fléchie et échancrée ; par leurs ailes longues, aiguës, à première rémige presque nulle, la deuxième atteignant presque le bout de la queue, celle-ci régulièrement carrée; par leurs tarses allongés, annelés, le doigt externe soudé à la base avec le médian, l'ongle du pouce aigu et courbé. Les mâles portent une huppe qui retombe en arrière. Les deux sexes ont le même plumage. LE MARTIN ROSE [Pastof roseiis). — Caractères. — Le Martin Rose mesure environ o°',23 de long. Il a la tête, le cou, la partie supérieure de la poitrine d'un noir à reflets violets; les ailes et la queue brunes à reflets bleuâtres ou ver- dàtres; le reste du plumage d'un rose tendre; le bec d'un jaune rose en dessus, avec la moitié postérieure de la mandibule supérieure noire : les pieds jau- nâtres, l'iris noirâtre. Habitat. — Il habite l'Europe orientale et méridionale, une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. Il est de passage irrégulier dans le midi de la France. On l'a parfois rencontré en Belgique, en Angleterre. Mœurs. — Ses moeurs sont celles de l'Étourneau vulgaire. Comme ce dernier, il vit en sociétés nombreuses, qui errent dans la campagne pendant la journée et se réfugient sur les arbres toufl'us pour y passer la nuit. Il niche dans les creux des arbres, les crevasses des rochers et fait ordinai- rement deux couvées par an. Sa présence dans une région est liée à la quantité plus ou moins grande de Sauterelles qui s'}' trouvent et dont il fait sa principale nourriture. Aussi n'est-ce pas sans raison qu'il a été appelé Etourncau des Saiiierclles. Ce n'est pas en LES MEINATES. l475J vain qu'on eut recours à lui au siècle dernier pour débarrasser l'ile Bourbon de ces Insectes dévastateurs. Par contre, dans l'Inde, il commet des dégâts consi- dérables dans les rizières, et on est obligé de lui faire la chasse. Captivité. — En captivité, le Martin Rose manque de cette familiarité amusante qui caractérise l'Etourneau vulgaire. Son chant est peu agréable, mais la beauté de son plumage fait oublier les qualités qui lui manquent. Les Acridothères. — Ils habitent l'Inde, res- semblent beaucoup aux Martins, dont ils partagent le genre de vie. Ils font aussi une pro- digieuse consommation de Sauterelles. LES MEINATES Caractères. — Les Mei- nates sont des Oiseaux d'assez forte taille, ayant un bec puissant à mandibule supérieure arrondie, incur- véeetéchancrée, l'inférieure étant prismatique ; des ailes et une queue courtes, des tarses robustes. Leurs joues portent deux lambeaux char- nus, mobiles, vivement co- lorés. LE MEINATE RELI GIEU.X {(iraciila religiosa). ■ — Caractères. — La taille de cet Oiseau est d'environ o^.aj. Son plumage est d'un noir brillant avec des reflets verts à la partie postérieure du dos et aux couvertures supérieures de la queue ; quelques-unes des rémiges portent une tache blanche. Un repli cutané d'un jaune vif s'étend de l'ceil vers l'occiput, en passant par l'oreille. Le bec est jaune- orange ; l'iris brun, les pattes jaunes. Habitat. — Le Meinate religieux est propre aux régions méridionales de l'Inde et à l'île de Ceylan. Mœurs. — On le rencontre aussi bien dans les villages et les villes que dans l'intérieur des forêts. Il vit en petites familles de cinq à six individus; l'hiver, Le Martin Rose. r470^ LES TROUPIALES ET LES ÉTOURNEAUX. 30 :jf." Il' ■■>■■ r ces familles se réunissent en bandes nombreuses et vont visiter tous les endroits qui leur ollYent quelque nourriture. Le iMeinate religieux est vif, prudent, éveillé. Il ressemble beaucoup à l'Étour- neau d'Europe par ses allures et son genre de vie. Son chant est très varié et nullement désagréable, bien qu'il y entre quelques sons peu harmonieux. Il possède à un haut degré le talent d'imitation commun aux espèces du même groupe. Les Insectes, les fruits, les baies consti- tuent son régime habituel. Il niche dans les troncs d'arbres creux, ou sous les toits des habitations, dans les crevasses des murs. A l'époque des amours, les mâles se livrent des duels fréquents, d'où ils se retirent parfois fort endommagés. « Le combat, dit le major Nor^'ate, se livre à terre. Les deux adversaires se saisis- sent avec leurs ongles, se donnent des coups d'ailes, se roulent mutuellement sur le sol et poussent des cris perçants. Bientôt toute la troupe se rassemble ; quelques individus se posent en arbitres et frappent sur les deux adversaires ; d'autres, entraînés parle mauvais exemple, se livrent bataille, à leur tour, et trop souvent la lutte se ter- mine par des ailes cassées. » Captivité. — Le Meinate religieux est un Oiseau très familier. Sa docilité, sa gaieté, son talent d'imitation en font un agréable captif. Il apprend aisément à siffler quelques airs, à répéter quelques mots, aussi bien que les Perroquets. Son seul défaut est d'être très querelleur lorsqu'il se trouve en compagnie d'autres Oiseaux. On le nourrit avec une pâtée faite de pommes de terre et d'œufs écrasés, à laquelle on joint quelques "Vers de farine, des Hannetons, des Sauterelles. J Le Aleinate reliaieux. LES PIQUE-BŒUF Caractères. — Les Pique-Bœuf se font remarquer par la forme particulière de leur bec, laquelle n'est pas sans rapport avec leurs habitudes très spéciales. Le bec des Pique-Bœuf est robuste, gros, plus court que la tète ; il est renflé il l'extrémité, cylindrique, puis de forme quadrangulaire à la base. :n LES PIQUE-BŒUF. Ces Oiseaux ont encore pour caractères un corps assez élancé; des ailes longues, pointues, sub-aiguès; une queue moyenne, étagce, arrondie; des tarses robustes, à doigts courts, armés d'ongles forts, très recourbés. LE PIQUE-BŒUF D'AFRIQUE [Biiphaf^a afrkana). — Caractères. — Cet Le Fiqiic-Bxul' d'Alriquc. Oiseau mesure environ o'",25 de long. Il a toute la partie supérieure du corps, le cou, la poitrine, d'un brun rougeàtre; les ailes et la queue d'un brun foncé ; le croupion et la face inférieure du corps d'un fauve clair; le bec rouge-cinabre à la pointe, jaune à la base ; les pattes gris brunâtre; l'iris brun rouge vif. Habitat. — Il est très répandu dans toute l'Afrique centrale et méridionale. Mœurs. — Il vit en petites troupes de si.x à huit individus et exclusivement en société des grands Mammifères. Il suit les troupeaux de Bœufs et de Cha- meaux, sur le dos desquels il s'abat pour attraper non seulement les Insectes qui les tourmentent, mais les larves de Taons qui se fixent dans leur peau. Les Etourneaux et les espèces voisines se perchent aussi parfois sur le dos des Ruminants, mais ils se contentent d'enlever les Insectes qui se fixent dans le r'i781 LES TROUPIALES ET LES ETOURNEAUX. 38 poil; tandis que les Pique-Hœuf extirpent les larves situées sous la peau, grâce à la conformation particulière de leur bec. « Un Chameau ou un cheval, dit Brehm, couvert de Pique-Bœuf, offre un spectacle curieux. Ehrenberg dit avec raison que ces Oiseaux grimpent autour des Mammifères, comme les Pics autour des arbres. Le Pique-Bœuf se pend au ventre de l'animal; il monte, il descend le long des jambes ; se perche sur le dos, sur le museau. Il prend avec adresse les Mouches et la Vermine; il retire les larves de dessous la peau. Quoi qu'il fasse, l'animal reste tranquille : il sait, dirait-on, que la petite douleur qu'il a à supporter est pour son bien. » Les Pique-Bœuf, si confiants envers les animaux, sont extrêmement farouches devant l'homme. Ils s'envolent bien avant qu'on ait pu les approcher à une tren- taine de pas. Quanta leurs mœurs en ge'néral, elles ne diffèrent pas de celles des autres Étourneaux. Les Corbeaux Les Oiseaux désignés sous le nom de Corbeaux ont tous pour caractères communs : des formes lourdes et massives, un bec conique, plus ou moins long, à bords tranchants; des narines recouvertes de longues soies; des tarses et des doigts robustes. Le mâle et la femelle portent à peu près le même plu- mage. Assez bons voiliers, ils sont cependant, pour la plupart, sédentaires. Tous leurs sens paraissent également bien développés. Quelques-uns par- viennent à égaler les Perroquets sous le rapport des facultés intellectuelles. Très sociables, ils vivent en bandes nombreuses qui parcourent les campagnes en faisant entendre leur voix criarde ou lugubre. Tous sont omnivores, mais certaines espèces ont une prédilection marquée pour les graines et les fruits ; d'autres ont un régime presque exclusivement Car- nivore, et mènent un genre de vie assez comparable à celui des Oiseaux de proie. On les répartit en deux sous-familles dont les limites sont peu précises : 1° les Coruiens, dont le type le plus accompli est le grand Corbeau que tout le monde connaît: 2" les Garridiens ou Geais. LES CORVIENS Les Corviens ont un bec aussi long ou plus long que la tète ; un plumage en grande partie noir à reflets métalliques ; des ailes allongées, pointues. Leur mode de progression habituelle est la marche plus que le saut. A l'exception de quelques espèces qui nichent dans les crevasses des rochers, ils se construisent sur les arbres élevés un nid recouvert d'un dôme à claire-voie. LES CORBEAUX Caractères. — Les Corbeaux ont un bec épais, robuste, aussi long que la tète, arqué, bombé à la base, comprimé dans le reste de son étendue, à bords tranchants, entier ou échancré à la pointe: des narines arrondies recouvertes, 14801 LES CORBEAUX. 40 ainsi que les commissures du bec, de soies raides dirigées en avant: des ailes allongées, pointues, sub-obtuses, atteignant le bout de la queue; celle-ci égale ou arrondie: des tarses forts, scutellés. Caractères LE CORBEAU COMMUN [Corvus corax). — Le Corbeau commun, ou grand Cor- beau, mesure environ o'°,b7 de long. Son plumage est entièrement noir, avec des reflets violets ou pour- pres en dessus, verts en dessous; le bec et les pieds sont également noirs; l'iris brun noirâtre. La femelle ne diffère du mâle que par une taille un peu moin- dre et des reflets moins accusés. Habitat. — Cet Oi- seau est irrégulièrement répandu dans toute l'Eu- rope et l'Asie. Mœurs. — Il se plaît surtout dans les monta- gnes, dans les grandes fo- rêts, sur les falaises des bords delà mer, partout où il sait ne pas être inquiété par l'homme, dont il fuit prudemment le voisinage. Son domaine une fois choi- si, il s'en éloigne peu. D'un naturel très sociable, il vit ordi- nairement en bandes assez nom- breuses, surtout en hiver; les in- dividus isolés sont des jeunes qui ne se sont pas encore appariés. Par ses allures et ses habitudes, il a plus d'un point commun avec les rapaces. Son vol rapide et puissant ne paraît lui coûter aucun effort. Il plane longtemps, la queue et les ailes étendues, en décrivant de grands cercles. Dans la montagne, il vole souvent à ras du sol ; dans la plaine, il se tient toujours à une grande hauteur. A terre, il marche gravement en se dandinant, parfois d'une façon assez comique: lorsqu'il court ou prend son essor, ses allures deviennent au contraire saccadées, maladroites. Le Corbeau surpasse en prudence et en méfiance tous ses congénères : le soin avec lequel il choisit l'emplacement de son nid en est un exemple. Avant Le Corbeau commun. 41 LES CORBEAUX. l'iSlj de se poser, il inspecte tous les environs, et s'enfuit à la moindre alerte. La femelle abandonne même sa couvée en cas de danger plutôt que de la défendre. A cette prudence excessive, le Corbeau joint une sagacité extraordinaire dans la recherche de sa nourriture, mais sa vue perçante bien plus que son odorat )ui est dans ce but d'un précieux secours. Rien n'échappe à sa voracité. Il sait retrouver le gibier blessé et perdu dans les herbes, les poissons échoués sur la rive. A défaut de proies agonisantes ou de charognes, il s'attaque aux animaux vivants : les Levrauts, les Perdraux, les Faisans, les jeunes Oiseaux, lui paient un large tribut. Son régime est omnivore, au sens le plus large du mot : petits Mammifères, Souris, Campagnols, Oiseaux de toute taille. Lézards, Insectes, fruits, graines, tout lui convient. Il régurgite ensuite les portions indigestes, poils, plumes, etc. On l'a vu s'abattre sur des Chevaux blessés et arracher de leurs plaies des lambeaux de chair. Il s'attaque parfois avec succès, grâce à sa ruse autant qu'à sa force, à certains Oiseaux de proie, Faucons, Milans. Il suit l'Aigle dans ses chasses, et quand celui-ci s'est emparé d'une proie de forte taille, il vient, en compagnie des autres Rapaces parasites, prendre part à la curée. On comprend facilement que par ses qualités de ruse, de prudence, et sa rapacité insatiable, autant que par son plumage sombre, son cri rauque et lugubre, le Corbeau ait été considéré de tout temps, par les esprits supersti- tieux, comme un être doué de vertus étranges; toutes les fables dont il a été l'objet ont une tendance à le faire considérer comme un Oiseau de sinistre présage, plutôt que comme un esprit favorable. Une particularité très curieuse qu'il partage avec quelques-uns de ses congé- nères, est la singulière habitude qu'il a de dérober les objets les plus divers, notamment ceux qui sont pourvus d'un certain éclat, argenterie, chiffons, coquillages, et de les amasser dans quelque cachette où il va porter aussi quelques réserves de nourriture dès qu'il est rassasié. De tous les Oiseaux de nos contrées, les Corbeaux sont, après les Becs-croisés, ceux qui se reproduisent le plus tôt; ils s'accouplent en janvier, construisent leur nid en février, et pondent au commencement de mars. Les unions parais- sent durer toute la vie. Le nid est une vaste construction faite de baguettes, de fibres de végétaux, de fragments d'écorce et d'herbes, le tout grossièrement assemblé; il est placé sur un arbre élevé ou un rocher inaccessible; il mesure près d'un mètre de diamètre, et o^jSo de haut. La ponte est de trois à six œufs oblongs, d'un verdàtre tacheté de brun et de gris. Les parents élèvent leurs petits avec des Insectes, des Souris, des œufs, des fragments de charogne; malgré tous leurs efforts, ils paraissent ne jamais pou- voir satisfaire à l'appétit réellement incroyable de leurs jeunes affamés. Chasse. — Les chasseurs savent jusqu'à quel point le Corbeau est rusé. Cet Oiseau est, en efiét, d'une perspicacité remarquable, et semble capable de dis- tinguer de loin un ennemi d'un indifférent. Planche XXIV. — Le Corbeau mantelc ou Corneille cendrée iK-.xte page 482 [482] LES CORBEAUX. ■'j2 Aussi est-il difficile à approcher à porte'e de fusil, en terrain découvert. D'ailleurs sa chair a un goût et une odeur détestables. Pour le prendre vivant, on peut employer un procédé très amusant, et qui réussit surtout en hiver, quand le sol est couvert de neige. On place au fond d'un cornet en papier de lo à 12 centimètres de long, un morceau de viande ou de charogne, et on garnit de glu les parois intérieures de ce cornet. On prépare ainsi autant de pièges que l'on veut et on les dépose sur la neige. Les Corbeaux enfoncent leur bec dans les cornets pour y saisir l'appât, et se trouvent englués. Ils exécutent alors les culbutes les plus comiques, s'envolent à une grande hauteur, se laissent retomber, se contor- sionnent en tous sens et se laissent aisément capturer. Captivité. — Pris au nid, les jeunes Corbeaux s'apprivoisent facilement; les vieux mêmes s'habituent rapidement à la captivité, ce qui contraste étrangement avec le caractère qu'on leur connaît en liberté. Au bout d'un certain temps, on peut les abandonner dans une cour, sans qu'ils songent à s'enfuir, mais il faut alors s'attendre à toutes les mauvaises farces dont ils sont capables : ils tuent et dévorent les jeunes Poulets, s'attaquent aux Oies, aux Canards, volent toutes sortes d'objets et les cachent soigneusement. Le Corbeau possède un talent d'imitation assez développé; il reproduit assez exactement les cris de certains animaux, tels que l'aboiement d'un Chien, et même la parole de l'homme. Utilité. — Bien que les Corbeaux, d'une façon générale, appartiennent à la catégorie des Oiseaux mixtes ou indifférents, c'est-à-dire dont on peut discu- ter l'utilité, il n'y a aucune hésitation pour considérer le Corbeau commun ou grand Corbeau comme un Oiseau essentiellement nuisible. La description de ses mœurs permet à ce point de vue de le placer près des grands Oiseaux de proie, dont il partage, en même temps que certaines qualités, les plus détestables défauts. Le Corbeau leucophée [Cornis leitcopluvus). — 11 habite les iles Féroë. Il paraît n'être qu'une variété du précédent. LE CORBEAU-CORNEILLE [Corvus corone). — Caractères. — Le Corbeau- Corneille, ou simplement Corneille, a le bec un peu plus petit que les espèces précédentes. Son plumage est entièrement noir, à reflets violets sur les ailes; le bec et les pieds sont également noirs ; l'iris brun-noisette. La femelle ne dif- fère du mâle que par sa taille un peu moins forte. On rencontre parfois des variétés accidentelles variant du noir fuligineux aux albinos complets. Habitat. — ■ La Corneille est répartie assez inégalement dans les différentes régions de l'Europe et de l'Asie. Mœurs. — Ses mœurs sont exactement semblables à celles du Corbeau mantelé. LE CORBEAU MANTELÉ 0 ou CORNEILLE CENDRÉE {Corvus cornix). — PI. .\XIV. — Le Corbeau muiitelc ou Corneille cendrée (Planche, p. 4S1) Vi LES CORBEAUX. 'iS3\ Caractères. — Le Corbeau mantelé mesure environ o'",b3 de long. Il a la tète, kl partie antérieure du cou, la poitrine, les ailes et la queue noires, ii rellets bronzés; le reste du plumage est d'un gris cendré quelquefois varié de brun chez les mâles, nuancé de roussàtre chez les femelles. On rencontre accidentellement des sujets presque entièrement noirs et des albinos parfaits. Habitat. — H habite l'Asie et l'Europe septentrionale. En été, il descend dans les contrées tempérées, et on le rencontre même dans le midi de la France. Mœurs. — Le Corbeau mantelé se plaît dans les grandes prairies, les champs cultivés, les bords des lacs et des étangs plantés de hauts peupliers sur lesquels il se repose durant la nuit. Il évite avec soin les grandes forêts et les régions arides. Admirablement doué au point de vue des aptitudes physiques, aussi bien que sous le rapport des instincts particuliers aux Oiseaux du même- genre, il peut être considéré comme le moule réduit du grand Corbeau. Il en a à la fois les qualités et les défauts, mais ceux-ci développés à un moindre degré. D'un naturel très sociable, il erre dans la campagne en compagnie de ses congénères des espèces voisines, notamment du Corbeau-Corneille. Dès le lever du jour, il entre en chasse, parcourt les prairies et les champs, happant les \'ers blancs mis à découvert par la charrue, guettant les Mulots et les Campagnols à l'entrée de leurs retraites, ramassant les Poissons, les Reptiles, les Crustacés échoués sur les bords des rivières. Malheureusement, il s'attaque aussi aux jeunes Oiseaux encore au nid, et prélève une dîme sérieuse sur les graines de céréales. Vers le milieu du jour, il se repose un moment sur un arbre élevé et isolé, puis recommence à chasser. Aussi méfiant et aussi rusé que ses congénères, il se rend silencieusement le soir au lieu de rendez-vous où tous les individus d'une même bande passent la nuit en commun. Un seul arbre en porte quelquefois plus de cinquante. Le Corbeau mantelé sait distinguer avec une sagacité toute spéciale le pas- sant inoffensif du chasseur implacable ; quand un Oiseau de proie, ou un petit Carnassierapparaît, c'est lui qui, le premier, donne le signal d'alarme à toute la gent ailée du voisinage. Il a, envers les Hiboux, les Chat-huants, les Grands- ducs, une profonde haine, et il les poursuit avec fureur; par contre, ceux-ci sont extrêmement friands de la chair des Corneilles, et souvent, à la faveur de la nuit, ils viennent en surprendre et en dévorer quelques-unes. La saison des amours commence, pour les Corneilles, en février et mars ; les nids sont construits en avril ; ils sont situés le plus souvent sur un arbre élevé; ils mesurent environ o'",65 de diamètre sur o", 1 1 de profondeur. La charpente extérieure de ces nids est formée de branches sèches, revêtues intérieurement d'une couche d'herbes, d'écorces, de racines, souvent mêlées à de l'argile. L'in- térieur est rembourré de laine, de poils, de brins d'herbes, de mousses, de chiffons. La ponte est de quatre à six teufs oblongs, d'un bleu verdàtre, couverts de points et de taches olivâtres et bruns. [484] LES CORBEAUX. 44 La femelle couve seule, mais le mâle reste auprès d'elle, et pourvoit à sa nourriture. Plus tard, quand les petits sont éclos, les deux parents s'occupent en commun de leur éducation. Chasse. — Les Corneilles étant des Oiseaux rusés et méfiants, on exploite, pour les attirer à portée de fusil, la haine qu'elles éprouvent pour les Rapaces nocturnes. On dispose à cet effet un Chat-huant captif sur un poteau isolé, devant une hutte où s'abrite le chasseur; les Corneilles se précipitent sur leur ennemi naturel et peuvent ainsi être facilement abattues. Captivité. — Le Corbeau-Corneille et le Corbeau mantelé s'apprivoisent très vite, en captivité ; on peut même leur apprendre à répéter quelques mots. Mais ce sont des Oiseaux de volière fort incommodes, ils sont malpropres et répan- dent une odeur désagréable ; si on les laisse errer librement dans une cour, ils attaquent les volailles, les Chiens, les Chats, dérobent toutes sortes d'objets pour les cacher et commettent mille dégâts. Utilité. — Ces Oiseaux ont une utilité très discutable. Ils débarrassent bien les terres cultivées des Vers blancs, des Campagnols, mais ils commettent en outre des dégâts importants, car leur régime omnivore les conduit à ne rien respecter : jeune gibier, graines, fruits, etc. LE CORBEAU FREUX [Corpus fregilegus). — Caractères. — Le Freux pré- sente des caractères assez particuliers pour que certains auteurs en aient fait un genre à part. Sa taille n'est que de o'°,5o environ. Il a le bec un peu plus long que la tête, et la base du bec dégarnie de plumes chez les adultes. Son plumage est d'un noir à reflets pourpres, brillants, surtout en dessus; l'iris brun noir; le bec et les pieds gris. Habitat. — Il habite l'Europe et l'Asie occidentale. C'est un Oiseau migra- teur, apparaissant dans les pays du Nord au printemps, et allant passer l'hiver dans le midi de l'Europe et même en Afrique. Mœurs. — Il fréquente les plaines fertiles, semées de bouquets d'arbres. Ses allures, ses habitudes ne le distinguent pas des Corneilles. Son régime est éga- lement omnivore, mais les Insectes, les Vers, les Larves, les Hannetons, les Limaces en forment la base. Il va chercher les Vers et les Larves dans la terre en }• enfonçant profondément son long bec. Cette particularité n'est pas sans un certain rapport avec la structure dénudée et rugueuse de la peau qui entoure la base de son bec, et qui lui a valu dans certains pays les noms de Corbeau chauve ou de Corbeau galeux. Les Freux nichent dans les bois, en véritables colonies. On rencontre des arbres portant jusqu'à quarante nids, que les différents couples bâtissent en commun en faisant un vacarme assourdissant. Une fois établis en un endroit, il devient impossible de les en déloger; on peut les tuer, leur enlever leurs œufs, rien n'y fait. Si on abat leurs nids, il les reconstruisent aussitôt. Brehm raconte que, dans la ville de Leipzig, on dut avoir recours à la force armée pour chasser les Freux d'un jardin public. La ponte a lieu en mars ou avril selon les contrées. Elle est de trois à cinq .',5 LES CORBEAUX. [483] œufs, très variables comme forme et comme coloration; en général, ils sont verdàtres, tachetés de brun, mais suivant des t\'pes très variés. Les jeunes, une fois édos, mêlent leurs cris à ceux de leurs parents, et le vacarme que font tous ces Oiseaux devient encore plus considérable. A l'automne, les Freux émigrent en bandes immenses de plusieurs milliers d'individus; chaque troupe va grossissant de plus en plus à mesure qu'elle avance, en s'augmentant peu à peu de nouveaux venus et de Corbeaux Choucas. Dans les montagnes, ils volent à ras du sol; dans les plaines, à une grande hauteur. Parfois, l'un d'eux se laisse tomber verticalement, suivi bientôt de plusieurs autres, puis de la bande entière ; arrivés près de terre, tous se relèvent obliquement et continuent leur route. Captivité. — Le Freux supporte la captivité aussi facilement que ses congé- nères, mais il est beaucoup moins intéressant qu'eux à observer. Utilité. — Parmi les Oiseaux dont l'utilité est la plus contestée, se place le Corbeau Poreux. On peut dire qu'il y a presque un partage égal d'une part entre les larves, Hannetons, Vers, Insectes nuisibles qu'il détruit pendant la plus grande partie de l'année, et d'autre part, les semences qu'il va chercher dans les sillons au printemps. LE CORBEAU CHOUCAS [Cori'iis inoiiedula). — Caractères. — Le Choucas est la plus petite espèce du genre; sa taille ne dépasse guère o°',4o. Son plu- mage est noir, avec des reflets verdàtres sur le dos et la queue ; une bande d'un cendré perlé, en forme de collier, va d'un œil à l'autre, en passant par l'occipu; ; l'iris est blanc d'argent; le bec et les pieds noirs. La femelle a des reflets moins vifs, les parties inférieures d'un noir tirant sur le grisâtre, et le collier cendré moins étendu. Habitat. — Le Choucas est très répandu dans toute l'Europe et l'Asie, mais tandis qu'il est sédentaire et commun dans certaines localités, il ne se montre qu'accidentellement dans beaucoup d'autres. Mœurs. — Il se tient de préférence sur les hautes tours des villes, les clochers des cathédrales, les vieux monuments, les bosquets isolés formés de grands arbres creux, en somme tous les endroits où il peut trouver des trous pour se nicher. C'est un Oiseau vif, gai, agile, prudent, et très sociable. Il forme des bandes nombreuses et se mêle aux Freux et aux Corneilles qu'il accompagne dans leurs migrations. Son vol rappelle celui du Pigeon ; en volant, il exécute les mouve- ments les plus variés, monte, descend, se porte à droite, à gauche, en arrière, avec une aisance remarquable. Le Choucas a le même régime que le Freux : des Insectes de toute espèce, des Limaces, des Vers, forment la base de son alimentation. Il chasse les Insectes dans les champs jusque sur le dos des Bœufs ; il suit les sillons que creuse le laboureur, et dévore les petits animaux, les Vers blancs qu'il met à découvert; sur les routes, il fouille les ordures, les tas de fumiers. Malheureusement, il dévore de temps à autre quelque jeune Oiseau ou des œufs ; il aime beaucoup aussi les graines, les baies, les fruits. É^m [/,8fi] LES CORBEAUX. 4i) Il fait son nid dans les crevasses des édifices élevés, tours, clochers, dans les trous des vieux troncs d'arbre où il amasse de la paille, du foin, des biichettes. D'après O. Des Murs, il n'y a peut-être pas dans les annales de l'ornithologie un seul exemple de Choucas qui ait construit son nid à ciel ouvert. On trouve toujours un grand nombre de nids sur le même monument, et comme ces Oiseaux vivent en socié- tés nombreuses, il y a souvent plus de couples que de trous convenables ; il s'ensuit des disputes, des batailles; le mâle et la femelle doivent déployer en tout temps la plus grande vigilance pour conserver la propriété de leur demeure. Les individus qui émi- grent reviennent à cha- que printemps au mê- me endroit pour se re- produire, et quand ils le peuvent, ils repren- nent possession du même nid. Chaque couvée est de quatre à six œufs, d'un vert bleuâtre très pâle, avec des taches ar- rondies noirâtres. Les parents nourrissent leurs petits de ^'ers, d'Insectes; ils ont pour eux la plus tendre sollicitude et les défendent courageuse- * - ment en cas de danger. Qu'un Hi- bou, un Busard ou un Milan se montre, aussitôt toute la colonie fond sur lui en poussant de grands cris et le harcèle sans pitié jusqu'à ce qu'il ait pris la fuite Peu après leur naissance, les jeu- nes se traînent hors de leur nid et viennent se placer à l'entrée de la crevasse qui les abrite; le soir ils rentrent dans leur gîte, puis quand ils sont en état de voler, ils se joignent à leurs parents dans leurs excursions. Les Choucas ontbeaucoup d'ennemis à redouter. Non seulement ils sont exposés I.e Corbeau Choucas. 47 LES CHOCARDS. |/i87j aux attaques des Oiseaux de proie qui nichent dans leur voisinage, Éperviers, Mi- lans, mais leurs couvées sont fréquemment ravagées par les Chats et les Martes. Captivité. — De tous les Corvidés, le Choucas est un de ceux qu'on voit le plus souvent en captivité. Sa gaieté, son agilité, sa prudence et son attachement à son maître le font rechercher. Pris jeune, on l'habitue facilement à sortir et à rentrer librement. Quand, par hasard, il abandonne la maison hospitalière où il a été élevé, pour suivre ses compagnons dans leur migration, il y revient l'année suivante. Utilité. — Malgré les quelques dégâts qu'il commet dans les champs et les vergers, la plupart des ornithologistes considèrent le Choucas comme un Oiseau utile. Il détruit, en ellet, une quantité considérable de larves de Hannetons, d'Insectes et de petits Rongeurs. ^ LES CORBIVAUX Caractères. — Les Corbivaux ou Corbeaux-raiitoiirs attirent l'attention, outre leur grande taille, par la forme singulière de leur bec. Celui-ci est épais, un peu comprimé latéralement et fortement recourbé. LE CORBIVAU A GROS BEC {Corvullur crasswoslris). — Cet Oiseau atteint, d'après certains observateurs, environ un mètre de long. Son plumage est entiè- rement d'un noir lustré, à l'exception de la nuque qui porte une tache blanche en forme de poire. Habitat. — Il habite l'Abyssinie et n'y est d'ailleurs pas très commun. Mœurs. — Ses mœurs rappellent celles des grands Corvidés de l'Europe. Le Vaillant a tracé de cet Oiseau un portrait peu favorable : » Vorace, criard, hardi et immonde, dit-il, il imite le grand Corbeau par son goût pour la charogne, et se réunit en troupes quelquefois très nombreuses et très bruyantes. » Il s'at- taque fréquemment aux animaux à l'agonie, ou seulement blessés. Les Corbivaux ont un vol puissant ; ils s'élèvent et planent à de grandes hau- teurs. Ils nichent en octobre dans les buissons ou sur les arbres; leur nid est vaste, formé entièrement de branches entrelacées, et tapissé à l'intérieur de substances molles. LES CHOCARDS Caractères. — Les Chocards se rapprochent, par leurs formes générales, du Corbeau Choucas. Leur bec cependant rappelle celui des Merles; il est à peine de la longueur de la tète, arrondi à la base, comprimé à la pointe qui est légè- rement échancrée. Ils ont des ailes longues, pointues ; une queue longue, arron- die; des tarses forts, scutellés, des doigts robustes. [iS8] LES CORBEAUX. 48 LECHOCARD DES ALPES^-'j-niiocoraxalpiniiSj. — Caractères. — LeChocard des Alpes a un plumage entièrement noir à reflets verdâtres; le bec jaune, les pattes rouges, l'iris brun. Sa taille est d'environ o"',4o. Habitat. — Il habite les montagnes élevées de l'Europe centrale et méridio- nale, Alpes, Pj'rénées; on le rencontre aussi en Asie. Mœurs. — Il se tient, l'été, sur les montagnes, et descend, l'hiver, dans les vallons et les plaines. Par ses mœurs, ses habitudes, son cri, sa façon de voler, il diffère peu des Choucas. Il se nourrit de Vers, d'Insectes, de graines, de baies ; il est très friand des cerises sauvages. Il avale aussi les petits Crustacés, les petits Mollusques ter- restres et aquatiques. De même que les espèces précédentes, il mange volontiers les cadavres d'animaux, mais seulement quand il ne trouve pas mieux. Il niche en sociétés nombreuses dans les crevasses des rochers, dans les ca- vernes, dans les tours abandonnées, et choisit dans ce but les endroits les plus escarpés, les plus inaccessibles. Son nid est formé de bûchettes, d'herbes, de racines, mastiquées avec de la terre et revêtues de mousses et de lichens; l'in- térieur est matelassé de feuilles, de paille, de poils d'animaux. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blanchâtres, avec des taches d'un jaune sale. Captivité. — Le Chocard s'apprivoise facilement et témoigne même un pro- fond attachement à la personne qui le soigne. D'après M. Baill}', on arrive â d'excellents résultats en élevant ensemble deux jeunes d'une même nichée. Il a malheureusement, outre les défauts de ses congénères, une singulière passion pour le feu : il prend un malin plaisir à retirer du foyer des bûchettes enflammées et à les traîner au milieu de la pièce. LES GRAVES Caractères. — Les Craves se font remarquer par leur bec allongé, grêle, ar- rondi, arqué et pointu. Ils ont des ailes allongées, sub-obtuses; une queue mé- diocre, carrée ; des tarses minces, scutellés, de la longueur du doigt médian ; des ongles crochus et aigus. LE GRAVE ORDINAIRE {Curaciagmaila). — Caractères. — Le Crave mesure environ o'", 42 de long. Son plumage est d'un noir à reflets brillants verts sur les ailes et la queue, bleus, violets et pourpres sur les autres parties. Le bec et les pieds sont rouge-vermillon, l'iris brun. La femelle a des formes un peu plus grêles que le mâle; son plumage est moins brillant. Habitat. — Il habite les montagnes de l'Europe centrale et méridionale, une partie de l'Asie et l'Afrique. Il était autrefois commun en Ecosse et dans le pa3's de Cornouailles. Mœurs. — Sédentaire dans les pays méridionaux, le Crave est migrateur /l'.l LES GRAVES. ,489] plus partout ailleurs. Il descend l'hiver des régi ons élevcts qu'il habite, pour par- courir les vallées et les plaines. Dans les Alpes, il émigré en bandes de quarante à soixante individus. On le voit passer rapidement chaque année à l'hos- pice du Saint-Bernard où il est connu >i ^ti!; sous le nom de Corneille impériale. Par ses allures et son genre de vie, il ne se distingue guère du Chocard , mais son vol est plus léger, plus rapide. Il ne forme pas non de bandes aussi nom- breuses que celles des autres Corvidés. Le Grave est avant tout un Insectivore. Il sait se servir adroitement de son long bec recourbé pour sou- lever les petites pierres, ou pour aller chercher au-des- sous les Insectes qui s'y trouvent cachés. Comme le Freux, il creuse aussi la terre pour y découvrir des aliments. Les Sauterelles, les Araignées, les Scorpions forment son régal favori ; en cas de disette, il mange un peu de tout, comme le font tous les Corbeaux, Le Crave niche dans les cre- vasses des rochers les plus inac- cessibles, et parfois sur les tours , des bâtiments élevés. Son nid est formé de foin, de bran- ches sèches, de mousses, qu'il amasse et dispose à son gré dans la cavité qu'il a choisie. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un blanc verdàtre avec des taches d'un brun rouge ou violacé. Captivité. — Le Crave est de tous les Corvidés celui qui s'apprivoise le plus facilement et s'attache le plus à son maître. Il vit en excellents rap- ports avec les Oiseaux de la basse-cour et les animaux, bien qu'il prenne souvent un malin plaisir à les taquiner. Il a, comme ses congénères, la déplorable habitude de dérober tous les objets brillants qu'il aperçoit et d'aller les cacher, mais il commet en somme peu de dégâts. Sa bonne humeur, La vie des ANEMAIX ILLUSTRÉE. '"' •'■' ■>S^^^ -*>' -F Lu Grave ordinaire. r/inoi LES CORBEAUX. 50 sa familiarité, ses taquineries même, en font un Oiseau très amusant à observer. LES ANOMALOCORAX. — Les Anomalocorax sont des petits Corvidés très répandus dans l'Inde. On les rencontre dans toutes les villes, dans tous les vil- lages. Leurs mœurs sont celles des Corbeaux de nos contrées, mais ils possèdent '"/' (^^♦•^♦T' Le Podoce de Pander. au plus haut degré les instincts de pillage et de rapine qui caractérisent tous les Oiseaux delà famille. Leur familiarité est surprenante ; ils pénètrent jusque dans les habitations, pour ramasser les miettes qu'on leur donne, mais néan- moins ils sont assez méfiants pour s'enfuir à la moindre démonstration d'hos- tilité. Jerdon a rapporté une anecdote montrant de quelle ruse font parfois preuve ces Oiseaux pour accomplir leurs larcins : « Un de ces audacieux voleurs, dit-il, rôdait en vain depuis longtemps autour d'un Chien occupé à ronger un os ; il cherchait à attirer l'attention de l'heureux propriétaire du trésor en dansant devant lui. N'ayant pu réussir, il s'envola, mais pour revenir avec un de ses compagnons, qui se percha sur une branche, tout près du sol. La danse recommença, sans plus de succès toutefois. «Alors le second individu se précipita violemment sur le Chien, et lui donna un vigoureux coup de bec ; cette diversion réussit. Surpris et furieux, le Chien se retourna contre son agresseur ; mais il s'était déjà envolé, et au même instant l'os disparaissait. » LES PODOCES Caractères. — Les Podoces ont un bec médiocre, de la longueur de la tète, déclive à la pointe, peu anguleux; la mandibule supérieure déborde l'inférieure. Leurs ailes sont arrondies, sub-obtuses; leurs tarses robustes; une membrane r.l LES CASSE-NOIX. [4911 vcTPuqucuse déborde l'épaisseur des phalanges; leurs doigts, allongés, sont munis d'ongles très aigus, mais peu courbés. LE PODOCE DE PANDER {Podoces l'andcri;. — Caractères. — Le Podocc de Pander mesure environ o"',2() de long. Son plumage est d'une teinte glauque ou verdàtre, avec les joues noires et les yeux surmontés de sourcils blancs. Habitat. — Il habite les déserts de l'Asie. Mœurs. — Les Podoces, comme leur nom l'indique, sont, parmi les Corbeaux, de véritables coureurs. La structure de leurs pieds présente d'ailleurs une adap- tation manifeste à ce genre de locomotion. En outre, leur vol est lourd et de peu d'étendue. Ils vivent en troupes assez considérables, dont les mœurs et les habitude^ ne se différencient de celles des Corbeaux que par une tendance plus marquée vers une existence presque terrestre. LES CASSE NOIX Caractères. — Les Casse-noix se distinguent nettement desautres Corvidés. Ils ont un bec droit, entier, allongé, de la longueur de la tète, arrondi en dessus, la mandibule supérieure dépassant l'inférieure ; des narines petites, cachées par des plumes sétiformes ; des ailes longues, sub-obtuses; une queue arrondie; des tarses médiocres, scutellés; des ongles courbés^ aigus, celui du pouce étant le plus long. LE CASSE-NOIX VULGAIRE {Nucifraga cavfocatactes). — Caractères. — Le Casse-noix vulgaire mesure environ o"',33 de long. Les individus âgés ont tout le corps d'un brun de suie parsemé de taches blanches en forme de gouttelettes, plus larges en dessous qu'en dessus ; les ailes et la queue d'un noir à reflets verdàtres, légèrement tachetées de blanc à l'extrémité des plumes ; les sous- caudales blanches; l'iris brun-noisette ; le bec et les pieds noirs. On rencontre des variétés accidentelles très curieuses ; on en cite qui avaient les ailes et la queue blanches. habitat. — Le Casse-noix vulgaire habite les forêts de Conifères des hautes montagnes de l'Europe et de l'Asie, il ne descend que très irrégulièrement dans la plaine, lorsque sa nourriture habituelle lui fait défaut. Mœurs. — Dans ses allures, il tient à la fois des Geais et des Pies. Il marche et sautille avec agilité, se cramponne verticalement aux troncs des arbres, frappe l'écorce de son bec, en soulève des fragments pour saisir les Insectes qui s'y trouvent ; mais il ne peut, comme les Pies, grimper le long des troncs ni entamer l'écorce de son bec. Son vol est lent, laborieux, de peu d'étendue. Au repos, il se tient le corps horizontal, les pattes fléchies, la tète rentrée, les plumes ébou- riffées, et paraît être ainsi un Oiseau lourd et paresseux. Mais dès qu'il se redresse et se met en mouvement, il paraît au contraire svelte et élégant. Sa voix, criarde et perçante, peut se traduire par Icracck, kraeck, kraeck. ['i92] LES CORBEAUX. 52 Sans être aussi stupide que se sont plu à le décrire certains auteurs, ses facultés sont cependant moins développées que celles de la plupart des Corvidés. Il n'a pas les qualités de ruse et de méfiance de ces derniers; il se laisse même approcher par l'homme avec autant de confiance que le Bec- croisé. Use nourrit d'Insectes, de Vers, de petits Mollusques et de graines. Il mange aussi des petits animaux; il pille les nids des petits Oiseaux, et dévore les jeunes ou les œufs. Cependant, malgré son goût très prononcé pour ce régime Carnivore, il est très friand de graines et de fruits ; les noisettes et les semences du Piiius cimbra >i^g^M|^^^^^ constituent à l'automne la plus grande partie ^* ^■W^^^^^K; Je sa nourriture. L'instinct de prévoyance du Casse-noix vulgaire est connu depuis longtemps. On sait que cet Oiseau a l'habitude de cacher dans les troncs des arbres, dans les anfractuosités des rochers, des réserves de graines et de fruits qu'il utilise ensuite pendant la mau- vaise saison. Mais une particularité plus cu- rieuse encore est la faculté qu'il pos- sède d'emmagasiner dans une poche située à l'entrée de l'œsophage, et même aussi dans son œsophage, les graines qu'il porte ensuite à son grenier de réserve. On doit la con- naissance de ce fait aux observations de M. de Sinéty. A la fin de l'été, le Casse-noix descend des régions éle- vées des montagnes, se répand dans les endroits où croissent les noisetiers, cueille les fruits de ces arbres, les épluche et les introduit dans la poche qui lui sert à cet usage, laquelle se dilate considérablement au point de simuler un goitre très apparent. On a trouvé ainsi chez des Oiseaux récemment tués, jusqu'à sept noisettes dans la poche et six dans l'œsophage. A l'automne, le Casse-noix récolte de la inème façon, non plus des noisettes, mais des graines de Piuus cimbra. Les Casse-noix construisent leur nid sur les fortes branches des pins et de sapins. «Quelquefois, dit Bailly,ils s'approprient les bauges des Écureuils, avant qu'elles renferment des petits : ils les aplatissent pour leur donner la forme de nid et gardent toujours pour l'intérieur les matières mollettes, les lichens et la mousse qui étaient déjà destinés à recevoir la portée des Ecureuils qu'ils viennent d'en déloger. Le nid du Casse-noix est fait en dehors avec de très petites branches de hêtre et de sapin, recouvertes en dedans de lichens, de 1? longue mousse des vieux pins et sapins, et d'herbes fines. Ces branches sont :,:', LES PIES. [493J parfois rcunics cntri; elles par une espèce de ciment foi^mé avec de la poussière des arbres vermoulus, gàchee avec de la terre boueuse ; dans ce cas, le double contour du nid se trouve également garni de mousse, de foin et même de duvet de Heurs, surtout de tussilages et d'aigrettes de chardons. « La femelle pond trois, quatre ou cinq œufs blanchâtres ou d'un blanc tirant presque sur le bleuâtre et couverts de très petites taches ou de points bruns plus ou moins foncés. » Captivité. — Le Casse-noix vit très bien en captivité. Mais il se rend désa- gréable par sa turbulence et sa voracité. Il tue les Oiseaux plus faibles que lui, leur fend le crâne d'un violent coup de bec, et les dévore en commençant par la cervelle. ^ Utilité. — On peut invoquer en faveur de l'utilité de cet Oiseau, ses qualités d'insectivore et le rôle qu'il joue dans la dissémination des graines. LES PIES Caractères. — Les Pics ont un bec de la longueur de la tète, droit, convexe, émoussé, à bords tranchants, légèrement échancré à la pointe ; des narines oblongues cachées par les plumes du front ; des ailes courtes, sub-obtuses, dépassant peu le croupion, à première rémige allongée etéchancrée; une queue longue, de la longueur du corps; des tarses forts, scutellés, plus longs que le doigt médian ; des ongles épais, recourbés, celui du pouce le plus fort. LA PIE VULQAIRE [Picacaudata). — Caractères. — La Pie vulgaire a la tète, le cou, le dos, la partie supérieure delà poitrine, les jambes et les sous-caudales d'un noir profond, velouté, avec des retiets métalliques d'un vert bronzé au front et au vertex ; les scapulaires, les barbes externes des rémiges primaires, le bas de la poitrine et l'abdomen d'un blanc pur ; les ailes et la queue d'un noir à refîets verts, bleus, pourpres et violets suivant l'incidence de la lumière. La taille de cet Oiseau est, chez le mâle, de o",3o. La femelle est un peu plus petite, mais porte le même plumage. On rencontre quelquefois des variétés isabelles, et plus fréquemment des albinos. Le mélanisme est rare. Habitat. — La Pie vulgaire est très répandue dans toute l'Europe, le nord de l'Asie et de l'Afrique. Mœurs. — Elle se tient de préférence près des lieux habités, dans les petits bouquets de bois contigus aux champs cultivés et aux jardins. Durant la plus grande partie de l'année, elle vit par couples; en hiver seulement les familles d'une même localité forment des petites sociétés peu nombreusesqui n'émigrent pas et rarement s'écartent de leur domaine. La Pie vulgaire a, par son genre de vie, beaucoup de rapports avec les Corbeaux, mais ses facultés intellectuelles paraissent être encore plus développées. Ses allures l'en distinguent aussi assez nettement. Son mode de progression est plu- [494] LES CORBEAUX. 54 tôt le saut que la marche. Son vol est lourd et très laborieux en raison de ses courtes ailes. Son cri est rauque ; il peut se traduire par schakerak ; c'est ce cri qu'elle répète au printemps sur des tons variés, durant des heures entières, d'où l'expression : bai'ardcr connue une Pie. La Pie se nourrit d'Insectes, de Vers, de Mollusques, de petits \'ertébrés, de fruits, de baies, de graines. Elle pille les nids des petits Oiseaux, mange les œufs et les jeunes ; elle s'attaque même à de plus forts qu'elle et aux Rapaces. Défiante et rusée, elle possède au plus haut degré l'instinct de rapine que l'on a vu à l'état d'ébauche chez les Corbeaux. De même que ces derniers, elle va porter le produit de ses larcins dans des retraites bien cachées. Les objets brillants, clefs, pièces de monnaie, argenterie excitent au plus haut point sa convoitise, bien qu'ils ne lui soient d'aucune utilité. Tous les observateurs sont unanimes à vanter l'intelligence et la malice dont fait preuve cet Oiseau, en maintes circonstances, notamment lorsqu'il s'agit de défendre sa progéniture ou de lui procurer une plus grande sécurité. L'anecdote contée par Nordmann est restée classique : ■■ Quatre ou cinq couples de Pies, dit cet auteur, nichent depuis plusieurs années dans le Jardin botanique d'Odessa, où j'ai ma demeure. Ces Oiseaux me connaissent très bien, moi et mon fusil, et quoiqu'ils n'aient jamais été l'objet d'aucune poursuite, ils mettent en pratique toutes sortes de moyens pour donner le change à l'observateur. Non loin des habitations se trouve un petit bois de vieux frênes, dans les branches desquels les Pies établissent leur nid. Plus près de la maison, entre cette dernière et le petit bois, sont plantés quelques grands ormeaux et quel- ques robiniers. Dans ces arbres, les rusés Oiseaux établissent des nids postiches, dont chaque couple fait au moins trois ou quatre, et dont la construction les occupe jusqu'au mois de mars. Pendant la journée, surtout quand ils s'aperçoivent qu'on les observe, ils y travaillent avec ardeur, et si quelqu'un vient par hasard les déranger, ils volent autour des arbres, s'agitent et font entendre des cris inquiets ; mais tout cela n'est que ruse et fiction, car, tout en faisant ces démonstrations de trouble et de sollicitude pour ces nids postiches, ils avancent insensiblement la construction du nid destiné à recevoir les œufs, ety travaillentdans le plus grand silence, et pour ainsi dire en cachette, durant les premières heures de la matinée et le soir. Si parfois quelque indiscret vient les y surprendre, soudain ils revolent, sans faire entendre un son, vers leurs autres nids, et se remettent à l'œuvre comme si de rien n'était, en montrant toujours le même embarras et la même inquiétude, afin de détourner l'attention et de déjouer la poursuite. » Cette histoire, tout extraordinaire qu'elle paraisse, est cependant vraisemblable, car Vieillot avait déjà remarqué depuis longtemps que les Pies construisent plusieurs nids, mais ne finissent que celui qui doit contenir les œufs. Parmi les récits ayant trait à l'intelligence de ces Oiseaux, il en est un qui explique la genèse de cette cro3'ance populaire que les Pies savent compter jusque trois, et qui est assez amusant pour être raconté ici. « Dans les pa3's où l'on conserve avec soin le gibier, dit G. Leroy, on fait la guerre aux Pies, parce qu'elles enlèvent les œufs et détruisent l'espérance de la LES PIES. 14951 ponte. On remarque donc assidûment les nids de ces Oiseaux destructeurs, et, pour anéantir d'un coup la famille carnassière, on tâche de tuer la mère pendant qu'elle couve. Entre ces mères, il en est d'inquiètes, qui désertent leur nid dès qu'on approche. Alors on est contraint de faire un affût bien couvert au pied de l'arbre sur lequel est le nid, et un homme se place dans l'affût pour attendre le retour de la couveuse; mais il attend en vain, si la Pie qu'il veut surprendre a quelque- fois été manquée en pareil cas. Elle sait que la foudre doit sortir de cet abri où elle a vu entrer un homme. Pendant que la ten- dresse maternelle lui tient la vue atta- chée sur son nid, la frayeur l'en éloigne jusqu'à ce que la nuit puisse la dérober au chasseur. Pour tromper cet Oiseau in- quiet, on s'est avisé d'envo\'er à l'affût deux hommes, dont l'un s'y plaçait et l'autre pas- sait; mais la Pie compte tient toujours éloi- gnée. Le lendemain, trois y vont, et elle voit encore que deux seulement se reti- rent. Enfin, il est nécessaire que cinq ou six hommes, en allant à l'affût, mettent son calcul en défaut. La Pie, qui croit que cette collec- tion d'hommes n'a fait que passer, ne tarde pas à revenir. » Le nid de la Pie est placé généralement parmi les branches verticales les plus Hexibles des arbres élevés, qui toutes lui servent de supports, au point, dit M. Bailly, qu'il y paraît accroché comme un panier. Il est formé de bûchettes, de branches épineuses et de terre gâchée à l'extérieur, de racines flexibles, de La Pie vulgaire. [490] LES CORBEA UX. 50 débris de végétaux à l'intérieur; il est surmonté d'une sorte de dôme à claire- voie. La ponte est de trois à six œufs, quelquefois de sept, oblongs, d'un verdàtre sale, plus ou moins clair, avec des taches olivâtres et brunâtres plus rapproche'es au gros bout. Les deux parents nourrissent leurs petits d'Insectes, de Vers, de Mollusques, et leur témoignent un profond attachement. Brehm a vu une Pie, blessée d'un coup de feu, continuer à couver. Captivité. — La Pie vulgaire, prise jeune, s'apprivoise facilement. Elle s'adapte à tous les régimes, et s'attache à la maison où elle a été élevée. On peut lui apprendre à répéter distinctement quelques mots et même des phrases entières. Mais elle a la désagréable passion de dérober et de cacher tous les objets brillants qui sont à sa portée. Utilité. — ■ Par les ravages qu'il commet dans les nids des petits Oiseaux insectivores, plus encore que par les dégâts qu'il occasionne dans les terrains cultivés, cet Oiseau est éminemment nuisible et mérite d'être détruit. LA PIE BLEUE {Pica cj-anca). — Caractères. — La Pie bleue de Cook a le dessus de la tête d'un noir à reflets d'acier; le dos et les scapulaires d'un gris blanchcàtre, légèrement nuancé de rouge; les ailes et la queue d'un bleu d'azur clair; la gorge et le devant du cou blancs; le reste des parties inférieures semblables au dos, mais avec des teintes un peu plus pâles ; l'iris brun-marron ; le bec et les pieds noirs. Habitat. — Ce superbe Oiseau habite le midi de l'Europe, notamment l'Espagne; on le rencontre aussi dans le nord de l'Afrique et l'Asie orientale. Mœurs. — Plus sociable que la Pie vulgaire, la Pie bleue de Cook vit en bandes nombreuses, mais elle se tient toujours loin des habitations. D'une méfiance sans égale, elle se laisse ditticilement approcher, et fuit d'arbre en arbre, hors de la portée du fusil. Ses mœurs sont les mêmes que celles de la Pie vulgaire. Elle parcourt les campagnes, fouillant les buissons, les bosquets, ramassant des graines et des Insectes dans les fientes de Chevaux le long des routes. Son nid, placé de préférence sur les ormes, ressemble davantage à celui du Geai qu'à ceux de ses congénères. Il y en a toujours plusieurs sur un même arbre. LES CYANOCORAX Les Cyanocorax sont, par leurs caractères, intermédiaires entre les Pies et les Geais. La plupart sont remarquables par leur brillant plumage. Ils habitent les uns l'Amérique du Nord, les autres l'Amérique du Sud. LE CY ANOCORAX ACAPVCHON [Cjaiiocora.x chiysops). — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o^.Sq de long. Il a la tête d'un noir profond, à >^-^:ts^-îiï_.^ Ui._ 57 LES CYAJVOCITTES. l'exception d'un cerdc bleu de ciel autour des yeux; le dos, les ailes et la queue d'un beau bleu d'outremer varié de blanc; le reste du corps d'un blanc pur. Habitat. — Il habite l'Amérique du Sud. Mœurs. — Il se tient de préférence dans les bois; il vit par paires ou en petites familles. Ses allures sont vives, bru3'an- tes, et trahissent de suite sa présence. Son ré- gime est celui des Pies, c'est-à-dire qu'il se compose d'Insectes, degraines, ^^-^10jCê^'- Le Cyanocorax à capuchon. de fruits, mais accessoirement il dévore les petits Oiseaux et leurs reufs. Son nid, formé surtout de petites bûchettes et de racines, est situé sur les arbres élevés. LES CYANOCITTES Les Cyanocittes établissent une transition entre les Cyanocorax et les Geais de l'ancien continent. PI. X.W. — Le Geai glandivore (texte, p. 498). PL XXVL — Le Geai lancéolé (texte, p. 5ool. [498] LES CORBEAUX. 58 LE CYANOCITTE HUPPÉ [Cyanoàlta C)-istala). — Caractères. — Cette espèce, connue des Américains sous le nom àtBUte Jaj-, a la face supérieure du corps d'un beau bleu, la face inférieure d'un gris blanchâtre: un large collier noir, partant de l'occiput, descend sur le devant du cou: une étroite bande de même couleur traverse le front ; les ailes et la queue sont ra_vées de noir dans leur partie moyenne, les grandes rémiges et les rectrices latérales étant de la même couleur que le ventre. Habitat. — Le Cyanocitte huppé est propre à l'Amérique du Nord. En été, on le rencontre jusque dans le Canada. Mœurs. — C'est le plus bel Oiseau de l'Amérique du Nord, et l'un des mieux connus. Malheureusement ses admirateurs seraient fort embarrassés pour trouver la , moindre excuse à ses moeurs déplorables. Rusé, hardi, vorace, il pille les nids, dévore les ceufs et les jeunes Oiseaux. Accessoirement, il mange quelques Insectes et quelques baies; en automne, il recherche les fruits du chêne et de l'érable. Ses allures, son genre de vie ne le distinguent en rien du Geai d'Europe. Vif, bruyant, querelleur, il s'établit dans les forêts composées d'arbres peu élevés, et de là pousse quelques incursions dans les vergers environnants. Son nid est construit extérieurement de branches sèches, et tapissé à l'inté- rieur de fines racines. Chaque couvée est de quatre à cinq œufs d'un brun-olive, marqués de taches foncées. LES GARRULIENS Les Garruliens se distinguent des Corviens par un bec généralement plus court que la tête, un plumage varié, sans reflets métalliques ; les ailes relative- ment courtes, une queue longue, étagée. Ils se tiennent la plupart du temps dans les bois ; leur régime habituel est plus frugivore que celui des Corviens. Ils se construisent dans les arbres un nid généralement à ciel ouvert. LES GEAIS Caractères. — Ce genre est caractérisé par un bec médiocre, épais, droii, comprimé, courbé brusquement et légèrement échancré à la pointe: des ailes de moyenne longueur, obtuses; une queue longue, carrée ou légèrement arrondie ; des tarses robustes, de la longueur du doigt médian. Les plumes de la tête sont allongées et peuvent se relever en huppe. LE GEAI GLANDIVORE ou GEAI VULGAIRE {Garniltis frl'-vidarius) (* . — Caractères. — Le Geai glandivore ou Geai vulgaire a un plumage varié, bien (■| PI. XXV. — Le Geai glandivore iPiaiiche, p. 4971 S'.t LES GEAIS. (iOOJ rcconnaissable. Le dessus et le dessous du corps sont d'un gris vineux: les plumes de la huppe, d'un blanc bleuâtre, chacune striée longitudinalement de noir; la gorge, le croupion et les sous-caudales d'un blanc pur; les couvertures des ailes quadrillées de bleu clair, de bleu foncé et de noir; les grandes rémiges bordées de blanc en dehors; les rémiges secondaires blanches et noires; la queue cendrée à la base, et noire dans le reste de son étendue ; le bec noir, l'iris bleuâtre, les pieds brun jaunâtre. On rencontre parfois diverses variétés accidentelles, notamment des albinos parfaits. * La taille de cet Oiseau est de o"',35 environ. Habitat. — Le Geai glandivore habite presque toute l'Europe ; il est commun et sédentaire en France. Mœurs. — Il se plaît dans les forêts, surtout dans les forêts de chênes, où il vit par couples à l'époque des amours, par petites familles le reste de l'année. C'est un Oiseau vif, actif, extrêmement rusé. Il grimpe sur les branches avec une remarquable agilité et prend les positions les plus singulières; il marche et saute légèrement sur le sol, mais son vol est lourd et peu soutenu. Son cri est rauque et désagréable; il le fait entendre souvent en lui donnant des intonations particulières selon les circonstances. Doué, déplus, d'un remar- quable talent d'imitation, il répète les cris d'autres Oiseaux, dont la voix est aussi peu agréable que la sienne ; il imite notamment à sV méprendre les cris de la Crécerelle, de la Hulotte, de la Chevêche. Il reproduit avec assez d'exactitude le miaulement du Chat, le chant du coq, ainsi que les bruits les plus divers. Malgré son caractère turbulent et bruyant, le Geai devient, dans certains cas, l'Oiseau le plus silencieux, le plus circonspect, notamment lorsqu'il traverse un endroit découvert. Cela s'explique sans doute par la crainte que lui inspirent les Oiseaux de proie. « Il est, en effet, curieux, ditNaumann, de voir ces Oiseaux, d'ordinaire si sociables, se séparer et ne s'aventurer qu'isolés, l'un suivant l'autre à de longs intervalles, lorsqu'il s'agit de traverser la plaine. » Le Geai se nourrit surtout de glands de chênes, de faînes, de graines de céréales, de baies, de fruits. Mais il se contente rarement de ce modeste régime. C'est en effet le plus terrible pillard de nids de nos forêts ; il dévore indis- tinctement les jeunes et les œufs, même en présence des parents. Il s'attaque aussi aux petits Mammifères, aux Souris, aux Campagnols, aux Serpents, en somme à tous les animaux qui échappent à la dent des petits Carnassiers ou des Rapaces. Par contre, il a dans ceux-ci de terribles ennemis; il les évite avec soin, ou essaie de les mettre en fuite. A cet eflet il pousse des cris perçants, qui attirent ses congénères, et tous s'unissent contre l'ennemi commun. Le Geai niche sur les arbres à une faible hauteur ou dans les buissons. Son nid, placé souvent au point de naissance des grosses branches, a une forme hémisphérique;-il est constitué extérieurement par de petites branches sèches, et tapissé à l'intérieur de fines racines. La ponte a lieu au commencement d'avril. Elle est de quatre à sept œufs, de coloration assez variable ; ils sont ordinairement d'un gris olivâtre pâle, avec [500] LES COREE A UX. 00 un grand nombre de taches roussàtres peu foncées et presque confondues vers le gros bout. La durée de l'incubation est de seize jours. Les petits sont d'abord nourris d'Insectes, de Vers, de Chenilles. Par suite de l'emplacement du nid, ils deviennent souvent la proie des >Lirtes et autres petits Carnassiers. Chasse. — Devant l'homme, le Geai est très défiant. Aussi utilise-t-on, pour l'attirer dans des pièges, la haine qu'il manifeste envers les petits Rapaces noc- turnes, tels que les Chouettes. Captivité. — Très jeune, il s'apprivoise assez facilement, apprend à répéter quelques mots ou des airs qu'on lui siffle. Mais il est tellement turbulent que dans ses mouvements brusques et ses évolutions, il abîme souvent ses belles plumes contre les barreaux de sa cage. Il est à peine besoin, d'après ce que l'on a vu plus haut a propos de ses mœurs, de recommander pour cet Oiseau un isolement complet. Utilité. — Le seul argument que l'on puisse trouver en faveur de l'utilité du Geai est que, pendant l'éducation de ses petits, il détruit un grand nombre d'Insectes et de larves; d'après M. Millet, cet Oiseau fait une consommation considérable des chenilles d'un Papillon appelé la Livrée. Mais il n'en doit pas moins être considéré comme l'un des plus grands des- tructeurs de Passereaux que l'on connaisse et il mérite à ce titre d'être impitoya- blement chassé et détruit. LE QEAI LANCÉOLÉ [Garriilus lanceolatus) (*). — Cette belle espèce habite l'Asie centrale. Elle diffère surtout du Geai d'Europe par la tête qui est entièrement noire; l'iris rougeàtre, la queue rayée de bleu à sa base, bordée de blanc à l'extré- mité. Ses mœurs sont identiques à celles du Geai vulgaire. LES MESANGEAIS Caractères. — Les Mésangeais se distinguent des Geais par leur bec plus court, conique, large à la base, comprimé, un peu arqué et échancré à la pointe ; par leurs narines profondément cachées sous les plumes du front lorsquelles s'avancent jusqu'au milieu du bec; par leurs ailes courtes, arrondies, sub- obtuses ; leur queue arrondie, étagée. LE MÉSANGEAI IMITATEUR [Perisoreits iiifaiistiis\ — Le plumage de cet Oiseau est presque entièrement d'un roux de rouille, à l'exception de la tète qui est noire, et des barbes externes des rémiges et les deux rectrices médianes qui sont grises. (*i PI. \X\'l. — Le Geai lancéolé (Planche, p. 4()7). Cl LES RÉVEILLEURS. [50iJ Habitat. — Le Mésangeai imitateur habite l'Europe boréale et l'Asie septen- trionale. On le rencontre en Norvège, en Suède, en Russie ; parfois il s'égare jusqu'en Allemagne. Une espèce très voisine vit dans l'Amérique du Nord. Mœurs. — Les mœurs des Mésangeais diffèrent peu de celles des Geais pro- prement dits. Moins actifs, cependant, ils sont aussi moins farouches devant l'homme. D'ailleurs la teinte de leur plumage s'harmonise merveilleusement avec les troncs et le feuillage des forêts de conifères qu'ils habitent et les dissimule aisément à la vue. Le Mésangeai du Canada se fait même remarquer par sa familiarité. Il approche sans crainte des habitations, et vient dérober tout ce qui peut lui servir d'aliment. Il enlève les amorces des pièges ou dévore le gibier qui s'y est laissé prendre. Les Mésangeais nichent en mars sur les arbres, à une faible distance du sol. Leur nid est composé extérieurement de branches minces, d'herbes, de lichens ; il est tapissé intérieurement de poils et de plumes. Les œufs, au nombre de cinq ou sept, sont sem.és de taches verdatres sur un fond blanc jaunâtre. Aux Garruliens se rattachent plusieurs genres e.xotiques dont les caractères et les mœurs tiennent à la fois des Pies-grièches et des Corbeaux, et qui, d'autre part, établissent une transition vers les Oiseaux de Paradis. Sans établir de groupements systématiques parmi ces différents genres, nous passerons en revue les plus intéressants. LES RÉVEILLEURS Caractères. — Les Réveilleurs ont le bec robuste, conique, droit, plus long que la tète, à crête épaisse et renflée, entamant les plumes du front; les narines nues, linéaires; les ailes courtes, obtuses, la queue longue, arrondie; les tarses allongés, minces, scutellés; l'ongle du pouce très robuste. LE RÉVEILLEUR GRAVE {Strepera g-raculiua). — Cette espèce a le plumage presque entièrement d'un beau noir bleuâtre, varié de blanc aux ailes et à la queue. Habitat. — Il habite la Nouvelle-Galles du Sud. Mœurs. — On le rencontre ordinairement en sociétés de quatre à six indivi- dus, parcourant les bords des ruisseaux, les buissons, dans les vallées fertiles. Il recherche des fruits, des baies, des graines qui forment le fond de sa nourriture. Très agile sur les arbres, il se meut également bien à terre ; son vol est plus soutenu que celui des Corneilles. Son nid est de grandes dimensions, arrondi, formé de branches sèches à l'ex- térieur, de mousses et d'herbes fines à l'intérieur. [502] LES CORBEAUX. (12 LES FLUTEURS Caractères. — Les Flùteurs ou Gymnorhines ont un bec relativement long, presque droit et dont la pointe se termine par un petit crochet échancré ; des narines basales, linéaires; des ailes allongées, sub-obtuses, atteignant presque l'extrémité de la queue; celle-ci moyenne, arrondie; des tarses robustes, scu- tellés, le doigt médian et son ongle plus forts que les autres. «ïî»*- LE FLUTEUR ORGANIQUE {Barita organica). — Caractères. — Le Flû- teur organique mesure environ o",36 de long. Il a la nuque et le dos d'un blanc gri- sâtre; les couvertures des ailes et de la queue, la base de chacune des rec- trices, d'un blanc pur ; le bec bleuâtre, l'iris brun, les pattes noires. Habitat. — Il habite la Tasmanie. Mœurs — Les mœurs du Flûteur jj/f^ organique ressemblent beaucoup à celles de la Pie vulgaire. Comme celle-ci, il s'établit dans les endroits découverts, près des habitations. Dès les premiers rayons de l'au- rore, il fait entendre sa voix sonore et presque mélodieuse ; aussi les co- lons de l'Australie lui donnent-ils le nom de Réveille-matin [Moriiiiig-- dock), appellation qui s'applique d'ailleurs à tous les Oiseaux de ces régions qui se font entendre au lever du jour. Sa nourriture se compose surtout d'Insectes, qu'il chasse sur les arbres ou sur le sol; il fait une énorme consommation de Sauterelles. La saison des amours commence en août et dure jusqu'en janvier. Il y a habituellement deux couvées par année. Le nid de cet Oiseau est placé sur les branches ; il est fait de branches sèches et de feuilles à l'extérieur, et tapissé à l'intérieur d'herbes molles. Captivité. — En captivité, les Flùteurs sont intéressants par la beauté de leur plumage et la singularité de leur chant, lis apprennent facilement les airs qu'on leur siftle ou qu'on leur joue, mais ils en mélangent à plaisir tous les passages. Le Flùteur organique. (r. LES FLUTEURS. [503] Envers leurs compagnons, ils sont, comme les autres Corvidés, violents, vindicatifs, et il est prudent de les isoler. Lks Gi.AucopiENs. — Les Glaucopiens ou Corneilles à longue queue sont des Oiseaux exotiques, que l'on peut rapprocher des Garruliens. Les différents genres qui composent ce groupe ne présentent d'ailleurs pas, dans leurs mœurs, de particularités spéciales. Ils sont originaires de l'Inde, de la Malaisie et de l'Océanie. Parmi eux, il faut citer : les Teniiiures, les Dendrociltes. les Slrutliide's, les Témias, les Pirofles, les Kil/es. l.'Heiernloclia de Gould. L'une des espèces les plus intéressantes est Vlleleraloclia de Gould. Cet Oiseau présente dans la forme de son bec un bel exemple de dimorphisme sexuel. Tandis que chez, le mâle le bec est droit, conique, il est, chez la femelle, long et arqué. On rencontre l'Heteralocha à la Nouvelle-Zélande. Il se nourrit surtout de Vers et d'Insectes qu'il recherche sur les arbres vermoulus. Les Oiseaux de Paradis La famille des Paradiséidés, ou Oiseaux de Paradis, se subdivise en deux sous-familles ; la première formée d'un certain nombre de genres qui se groupent autour de notre Loriot d'Europe et établissent une transition entre celui-ci et la deuxième sous-famille renfermant les Oiseaux de Paradis proprement dits. A l'exception du Loriot vulgaire, toutes les espèces de cette famille ont pour patrie l'Océanie, particulièrement la Nouvelle-Guinée et les îles avoisinantes. Ce sont des Oiseaux aux formes sveltes, mais robustes. Les mâles se font remarquer par leur brillant plumage, qui présente chez la plupart d'entre eux, indépendamment de ses couleurs vives et éclatantes, comparables à celles des Oiseaux-Mouches, des ornements variés et compliqués. Les femelles, au con- traire, portent une livrée sobre et uniforme. Leurs mœurs se rapprochent beaucoup de celles des Corvidés, bien que leur régime soit essentiellement insectivore. A la première sous-famille appartiennent, outre les Loriots, les Ptilono- rhvnques, les Chlamydères, les Séricules ; à la deuxième, les Paradisiens et genres voisins et le groupe des Epimaques. LES LORIOTS Caractères. — • Les Loriots sont caractérisés par un bec de la longueur de la tète, fort, conico-convexe, à arête saillante entamant les plumes du front, à pointe légèrement échancrée; par des narines basales, ovales, percées dans une épaisse membrane ; par des ailes longues, sub-obtuses ; une queue moyenne, ample, faiblement arrondie, des tarses épais, scutellés, plus courts que le doigt médian, des ongles médiocres, celui du pouce plus fort et plus crochu que les autres. LE LORIOT VULGAIRE {Orioltis galbiila). — Caractères. — Le mâle mesure environ o'",^; de long. Il a tout le corps d'un beau jaune d'or éclatant: les 05 LES LORIOTS. [505] "yïS^^ lorums noirs, les ailes et la queue d'un noir profond, à l'exception de la base des rémiges et de l'extrémité des rectrices qui sont jaunes ; le bec rouge brun, l'iris rouge vif, les pattes couleur de plomb. La femelle est d'une taille un peu inférieure à celle du mâle ; son plumage» est, en dessus, d'un vert jaunâtre nuancé d'olivâtre, en dessous d'un gris blanc lavé de jaunâtre, avec des raies longitudinales brunes au centre des plumes. Habitat. — Le Loriot vulgaire habite l'Europe, à l'exception des con- trées septentrionales, et une grande partie de l'Asie. En Australie, il est repré- senté par plusieurs es- pèces très voisines. Mœurs. — C'est un oiseau migrateur. Il ap- paraît en Europe vers la fin d'avril ou mai, et repart en août ou en sep- tembre pour aller pas- ser l'automne et l'hi- ver en Afrique. Ses ap- paritions régulières en AUemagneluiontvalu , , . , . ° Le Loriot vulgaire. le nom d Oiseau de Pentecôte. Il se plaît dans les grandes forêts de chênes et de bouleaux, dans les vergers où il y a des arbres élevés. Il évite les montagnes et les forêts de conifères. Ses allures ont été fort bien décrites par Naumann. « C'est, dit cet auteur, un Oiseau défiant, sauvage, qui fuit l'homme, quoiqu'il habite souvent dans son voisinage. Il saute et volète continuellement au milieu des arbres les plus épais ; rarement il reste longtemps sur le même arbre, et encore moins sur la même branche. Son agitation incessante le conduit tantôt ici, tantôt là; rarement il se perche sur les buissons peu élevés; plus rarement encore, il descend à terre, et il n'y reste que le temps strictement nécessaire, pour prendre un Insecte par exemple. Il est courageux et querelleur, et se bat continuellement avec ses semblables, comme avec les autres Oiseaux. Son vol paraît lourd et bruyant, mais rapide cependant. Comme l'Etourneau, il décrit de longues courbes, ou une ligne légèrement ondulée. S'il n'a qu'un petit espace à traverser, il le fait en ligne droite, tantôt planant, tantôt battant des ailes. Il aime à voler, à errer de côté et d'autre ; et souvent on voit deux de ces Oiseaux se poursuivre pendant des quarts d'heure. •> Le chant du Loriot est sonore et harmonieux; il a quelque rapport avec La vie des ammali illistfée. 111. — ib [oOfil LES OISEAUX DE PARADIS. 00 celui des Merles. On l'entend retentir dans les bois dès le lever du soleil jusqu'à midi, puis le soir quand le soleil baisse à l'horizon. Cet Oiseau se nourrit d'Insectes, de Vers, de Chenilles et de fruits. Il est très friand de cerises, dont il sait fort bien dévorer la partie charnue, en laissant intact le noyau. Dès leur arrivée en Europe, au printemps, les Loriots s'accouplent, et se mettent à construire leur nid. Celui-ci est placé généralement sur un arbre élevé, mais à une hauteur fort médiocre ; il est construit avec un art très remarquable qui n'est surpassé que par les Tisserands. Suspendu, ou mieux attaché à la bifurcation de deux branches horizontales, ce nid, en forme de coupe peu profonde, est constitué par de longs brins de paille, de chanvre, entrelacés, et même agglutinés avec la salive de l'Oiseau, et allant d'un rameau à l'autre. D'autres fibres, décrivant des parcours compliqués, passant sous le nid ou dans les parois, viennent renforcer la construction. Des mousses, des lichens intercalés entre ces deux enveloppes forment une sorte de matelas impénétrable. L'intérieur est tapissé d'herbes fines, de plumes et de laine. En juin, la femelle pond quatre ou cinq œufs oblongs, d'un blanc pur, avec quelques points d'un rouge brun ou gris. . Les deux parents donnent à leurs petits des soins très assidus : ils les nour- rissent d'Insectes et en cas de danger les défendent courageusement, même contre l'homme. Captivité. — Les Loriots, pris jeunes, peuvent être élevés en captivité, mais au prix de beaucoup de soins. La nourriture qui leur convient le mieux est celle des Rossignols. Ils s'apprivoisent aisément, et ne se montrent agités qu'à l'époque des migrations. Envers leurs compagnons de captivité, ils sont querelleurs et méchants. LES PTILONORHYNQUES Caractères. — Les Ptilonorh3'nques ont pour caractères : un bec médiocre, à peine aussi long que la tête, légèrement incliné jusqu'à la pointe qui est finement échancrée ; des narines basales, latérales, entièrement recouvertes par les plumes soyeuses du front qui s'avancent jusqu'au milieu du bec ; des ailes et une queue mo^'ennes; des tarses robustes, scutellés, de la longueur du doigt médian. LE PTILONORHYNQUE SATINÉ {Ptilonorhynduis riolaceiis\. — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o",3o de longueur totale. Le mâle adulte a un plumage d'un bleu noir foncé, satiné, à l'exception des ailes et des grandes plumes de la queue qui sont d'un noir mat; l'iris bleu clair bordé en dedans d'un cercle rouge ; le bec bleuâtre à pointe jaune : les pattes rougeàtres. La femelle a le dos vert, les ailes et la queue jaune foncé ; le ventre vert jaunâtre avec une tache brune en forme de croissant à la pointe des plumes. (-.7 LES PTILONORHYNQUES. [507] Habitat. — Le Ptilonorhynque satiné habite la Nouvelle-Galles du Sud. Mœurs< — Il se tient le plus souvent dans les buissons épais et toulTus des grandes forêts, et ne s'éloigne guère du domaine restreint qu'il s'est assigné. Au printemps, il vit par paires; à l'automne et en hiver, il s'unit en sociétés nombreuses qui errent le long des cours d'eau, s'approchent des habitations et dévastent parfois les vergers. Sa nourriture consiste essentiellement en fruits et baies diverses; les figues, les pêches, les abricots, les bananes, les oranges constituent le fond de son régime. Il mange aussi quelques graines et des Insectes. Son cri, assez complexe, se compose de rapides trémulations accompagnées d'an sifflement profond et suivies de quelques notes rauques, gutturales; il le fait suivre de cris divers, imités des autres Oiseaux. Doué, de plus, d'une certaine ventriloquie, les sons qu'il émet semblent parfois sortir de l'endroit directement opposé à celui où se trouve l'Oiseau. Les Ptilonorhynques sont assurément, parmi les Oiseaux de l'Australie, ceux qui présentent les mœurs les plus curieuses. Ils ont la singulière habi- tude de se construire, indépendamment de leurs nids habituels, des habita- tions de plaisance très artistiques et dont on doit la première description à Gould. « Dans les forêts de cèdres du gouvernement de Liverpool (Australie), dit cet auteur, je vis plusieurs de ces habitations de plaisance. Elles étaient tou- jours construites sur le sol, couvertes, d'ordinaire, par des branches épaisses qui les surplombaient, et dans les endroits les plus déserts de la forêt. La base de l'édifice consiste en une large plate-forme un peu convexe, faite de bâtons solidement entrelacés. Au centre, s'élève le berceau, construit égale- ment en petites branches, enlacées à celles de la plate-forme, mais plus flexibles. Ces baguettes, recourbées à leur extrémité, sont disposées de manière à se réunir en voûte ; la charpente du berceau est placée de telle sorte que les fourches présentées par les baguettes sont toutes tournées au dehors, de manière à n'opposer à l'intérieur aucune espèce d'obstacle au passage des Oiseaux. L'élégance de ce curieux berceau est encore rehaussée par des déco- rations qui en tapissent l'intérieur et l'entrée. L'Oiseau y entasse tous les objets de couleur éclatante qu'il peut ramasser, tels que les plumes de la queue de divers Perroquets, des coquilles de Moules, de petites pierres, des coquilles d'Escargots, des os blanchis, etc. Il y a certaines plumes qui sont entrelacées dans la charpente du berceau ; d'autres, avec les os et les coquilles, en jonchent les entrées. » Ces singulières constructions paraissent être des lieux de rendez-vous où les couples se livrent à divers jeux qui précèdent l'accouplement. Les véritables nids sont placés sur les arbres, dans l'angle de bifurcation de deux grosses branches; ils sont formés de rameaux longs et minces, entrelacés avec des feuilles d'eucalyptus. On y trouve ordinairement deux ou trois œufs, de forme et de couleur très variables ; en général, ils sont ovales et tachetés de gris bleuâtre sur un fond couleur café au lait. Captivité. — Les Ptilonorhynques peuvent vivre en captivité. On les nour- [508] LES OISEAUX DE PARADIS. G8 rit avec la pâtée des autres Oiseaux insectivores, et on y ajoute des fruits en abondance. En les plaçant dans une grande volière, on peut observer à loisir les particularités si curieuses de leurs mœurs. LES CHLAMYDERES Les Chlamydères ne diffèrent des Ptilonorhj'nques que par leurs narines découvertes, leurs ailes et leur queue plus allongées. Ils habitent aussi l'Australie et ont les mêmes mœurs que les Ptilono- rhynques, bien qu'étant d'un naturel beaucoup plus défiant. L'espèce la mieux connue et qui cependant n'est pas très répandue, est le Ch[,amydère tacheté {Clilamj-dera 77!aciilata). LES SERICULES Les Séricules sont, par leurs caractères, très voisins des Loriots; ils parais- sent établir une transition entre ceux-ci et les Oiseaux de Paradis, mais leurs mœurs sont les mêmes que celles des Ptilonorhynques. L'espèce la plus connue est le Séricule chrysocéphale. LE SÉRICULE CHRYSOCEPHALE (5mc;(/;^5 chrysocephalus). —Caractères. — Le plumage de ce superbe Oiseau présente les contrastes les plus vifs. Le mâle a la tête, la nuque, la poitrine et la partie moyenne des ailes d'un jaune vif, le reste du corps d'un noir velouté. Habitat. — Désigné aussi sous le nom de Loriol prince régent, cet Oiseau est propre à l'Australie orientale. Mœurs. — Ses mœ^urs ressemblent en tous points à celles des Ptilonorhynques. A l'époque des amours, les Séricules se retirent par paires dans les forêts. En été, ils vivent en bandes nombreuses qui parcourent la campagne, et s'abattent sur tous les arbres fruitiers. Leur nourriture se compose de bananes, de cerises et autres fruits succulents, et d'Insectes. Le Séricule se construit aussi des nids de plaisance, mais moins soignés que ceux des Ptilonorh3'nques. Son véritable nid est d'ailleurs assez négligemment fait ; on y trouve deux ou trois œufs oblongs, de couleur jaunâtre, avec des lignes et des dessins compliqués. LES PARADISIERS Caractères. — Les caractères du senre Paradisier sont les suivants : bec robuste, aussi long que la tête, légèrement voiîté, à arête peu prononcée, échancré à la pointe; narines basales, latérales, à moitié recouvertes par une membrane garnie d'une touffe de plumes (capistrum); ailes moyennes, pointues, sub-obtuses; queue médiocre, les deux rectrices médianes s'allongeant chez les mâles en brins grêles et tordus; tarses et doigts robustes. (V.) LES PARADISIERS. [509] Les plumes des tlancs chez les mâles sont allongées, filiformes, décomposées et forment une gracieuse parure vivement colorée que l'Oiseau peut étaler ou serrera volonté. Parmi d'autres caractères de moindre importance, il faut noter la structure de la langue, celle-ci étant terminée par une sorte de petit pinceau comme on le voit chez certains Perroquets. LE PARADISIER APODE{Paradiseaapoda){*). — Caractères. — Le Paradisier apode ou Grand Paradisier, Paradisier grand Emeraude, mesure environ o°','ib de long. Le mâle a le front d'un noir velouté, à reflets vert-émeraude; le som- met de la tête et la partie supérieure du cou d'un jaune-citron; la gorge vert doré; la partie antérieure du cou d'un brun violet; les longues plumes des flancs d'un jaune orangé vif, marquées de points rouge-pourpre à leur extré- mité, le reste du corps et les ailes d'un beau brun chcàtain; l'iris jaunâtre; les pieds gris bleuâtre. La femelle ne possède pas d'ornements sur les flancs; ses couleurs sont aussi plus ternes et s'approchent d'une teinte générale d'un jaune fauve. Habitat. — Le Paradisier apode parait avoir un habitat très restreint. On ne le rencontre guère qu'aux îles d'Arui, dans la Papuasie. Mœurs. — Le nom donné par Linné à ce Paradisier tire son origine d'une ancienne légende qui voulait que cet Oiseau n'eût point de pattes, les premiers échantillons apportés en Europe étant des peaux préparées et mutilées inten- tionnellement par les Papous. Pendant très longtemps, en effet, les Oiseaux de Paradis furent considérés comme des êtres fabuleux. Leur brillant plumage, la splendide parure des mâles, les anecdotes merveilleuses dont ils étaient l'objet, les firent considérer comme des créatures d'une essence supérieure, habitant le paradis terrestre et menant une existence tout à fait spéciale. Il fallut aux naturalistes plusieurs siècles pour détruire ces croyances erro- nées, et de nos jours encore, la vue d'un Paradisier provoque, chez le vulgaire, une admiration, en vérité bien légitime, mais qui ne paraît vouloir s'accom- moder que d'explications merveilleuses. En réalité, ces Oiseaux ont une existence assez banale, et semblable à celle de leurs congénères du même groupe, les Loriots et les Corbeaux. Ils sont vifs, remuants, mais prudents; ils paraissent avoir conscience de leur beauté et des dangers qu'elle leur fait courir. Dès le lever du soleil, ils se mettent en mouvement et vont d'arbre en arbre,' de buisson en buisson, cherchant les fruits et les Insectes qui forment leur nourriture. Pendant les fortes chaleurs de la journée, ils se tiennent cachés dans le feuillase. Le soir ils se réunissent sur la cime touffue d'un grand arbre et y passent la nuit en commun. Leur voix est rauque et criarde. A l'époque de la reproduction, les mâles font entendre un cri particulier, et se livrent à des évolutions animées, battant des ailes, élargissant la queue, étalant ou rabattant leur ondoyante parure. (•) PI. \.\VII. — l.e Paradisier apode iPl., p. 5i2). [510J LES OISEAUX DE PARADIS. 70 Chasse. — Les indigènes de la Nouvelle-Guinée faisaient autrefois la chasse aux Oiseaux de Paradis, en se servant de flèches très acérées qui provoquaient des blessures toujours mortelles, ou bien au contraire de flèches émoussées, dans le but de ne point endommager le beau plumage de ces Oiseaux. Ils employaient aussi parfois des gluaux préparés avec la glu de l'arbre à pain, pour les capturer vivants. Les exigences du commerce européen ont peu à peu transformé cette chasse jusqu'alors inoffensive, en un véritable carnage, et c'est par milliers que figu- rent sur le marché de Londres les dépouilles de Paradisiers. Il serait temps de réglementer ces massacres, si l'on ne veut pas un jour voir disparaître pour jamais les plus belles espèces. Captivité. — Les premiers Paradisiers apportés vivants en Europe suppor- tèrent assez facilement la captivité, mais il s'en faut de beaucoup que ces Oiseaux puissent être considérés comme des hôtes ordinaires des volières d'amateurs. Utilité. — Tout le monde connaît l'usage que font les modistes des dépouilles de Paradisiers. Tantôt la dépouille entière est employée pour orner quelque somptueux chapeau; tantôt on l'associe à des plumes d'autres Oiseaux pour produire des effets artistiques variés. Aux anciens procédés de préparation employés par les Papous, et qui ne permettaient d'obtenir que des peaux mutilées, endommagées, mal séchées, ont succédé aujourd'hui les méthodes techniques emplo3'ées communément par les plumassiers européens. Le marché d'approvisionnement le plus important est à Londres. Tous les deux ou trois mois, on y vend près de 3 ooo peaux d'un prix moyen de 35 à 40 francs. LE PARADISIER PETIT ÉMERAUDE {Paj-adisca miiior). — D'une taille infé- rieure au Pradisier apode, il est considéré par certains auteurs comme une variété du précédent. LE PARADISIER ROUQE [Paradisea rubra). — Cette magnifique espèce doit son nom aux vives couleurs de sa parure, qui paraît être teinte du sang le plus vermeil. Elle habite l'ile de Waigiou. Les différentes espèces du groupe des Oiseaux de Paradis proprement dits ont toutes le même genre de vie, et sont propres à la Nouvelle-Guinée et aux îles environnantes. Elles ont été réparties dans un certain nombre de genres très voisins les uns des autres et dont nous allons voir les principaux. LES MANUCODES. — Ils sont remarquables par leurs formes trapues, les plumes de leurs flancs élargies en éventails et s'étendant jusque sur les épaules, et parleur queue courte, carrée, dont les deux rectrices médianes se prolongent en brins filiformes recroquevillés en palettes à l'extrémité. Le Manucode royai . — Il est très répandu dans la partie nord de la Nou- 71 LES ÊPIMAQUES. Jlli velle-Guince. Il a de tout temps joué un rôle important dans les croyances superstitieuses des peuples d'origine malaise. LES DIFILLODES. — Us se rapprochent beaucoup des Manucodes dont ils ne ditTèrent que par quelques caractères tirés de la disposition du plumage. Ils se distin- :," '"-«fiTiTsQT!»- Le Ptéridopliore Prince Albert. LES SI FILETS. — guent surtout des autres Oiseaux de Paradis par leur bec court, très emplu- mé; leur tête garnie de plumes écailleu- ses raides, formant une sorte de diadè- me, et de six brins filiformes terminés en palettes. LES LOPHORINES. — Dans ce genre, les plumes de la gor- ge se prolongent la- téralement le long du cou et du thorax en simulant un ornement disposé en queue d'Hirondelle ; les plumes des épaules s'allongent en formant un manteau largement échancré. C'est aux Lophorines qu'il faut rattacher une espèce très curieuse, le Ptéri- dophore Prince Albert (Pteridopliora Alberti). Cet Oiseau, dont le plumage est en dessus d'un noir velouté et en dessous jaunâtre, porte sur les côtés de la tête deux longues banderoles bleues dirigées en arrière, et deux fois aussi longues que le corps. LES ÊPIMAQUES Ce genre est le type d'un certain nombre d'Oiseaux que quelques auteurs ran- gent près des Huppes et des Promerops. Caractères. — Les Épimaques, en efl'et, ont un bec long, mince, plus ou moins arqué, mais échancré à l'extrémité ; des ailes amples, sub-obtuses, une queue moyenne, des tarses et des doigts robustes, semblables à ceux des Para- disiers. L'ÉPIMAQUE PROMÉFIL [Epimachus magnijicus). — Cette espèce possède un plumage d'un noir de velours, à reflets pourpres ; le devant du cou est [512] LES OISEAUX DE PARADIS. 72 recouvert d'un large plastron d'écailles imbriquées d'un vert bleu métallique, limité en bas par une double bordure noire et verte: les longues plumes soyeuses des flancs s'épanouissent et retombent gracieusement sur les côtés. L'Épimaque Proméfil habite les forêts de la Nouvelle-Guinée. LES PTILORIS. — Les Ptiloris ont un bec mince, long et recourbé. Les mâles sont dépourvus de la parure exubérante qu'on remarque chez les Épimaques, mais leur plumage est formé en majeure partie de plumes écailleuses, imbri- quées, brillamment colorées et prenant, selon l'incidence de la lumière, des reflets chatoyants et métalliques, comme celles des Oiseaux-Mouches. Les quelques espèces de ce genre habitent les unes l'Australie, d'autres la Nouvelle-Guinée. Le Ptiloris paradisier fut la première espèce apportée en Europe. On ren- contre ce bel Oiseau dans le sud de l'Australie. Il erre en petites sociétés, dans les forêts, le long des cours d'eau, inspectant tous les arbres vermoulus où il trouve des Insectes pour sa nourriture. En volant, les mâles produisent un bruit très particulier dû à la disposition des grandes plumes de leurs ailes. Une espèce très voisine des Ptiloris, le Craspedophora Albcrti, habite la péninsule du Cap York. LESSÉLEUCIDES OU FALCINELLES. — Ils se font remarquer par l'éclat extraordinaire de leurs couleurs. Ils se distinguent des Epimaques ou des Pti- loris en ce qu'ils n'ont point de plumes écailleuses, ni sur la tête, ni sur la poi- trine; mais les plumes des flancs, extrêmement touffues et lâches, se terminent par des brins criniformes en nombre variable, d'où le nom de MiiUifil donné à une espèce de ce genre. Ils habitent la Nouvelle-Guinée. LES ASTRAPIES. — La première espèce connue fut désignée par Le Vaillant sous le nom d'Incomparable ou de Pie de Paradis. Certains caractères rappro- chent ces Oiseaux des Merles où l'on avait d'abord voulu les classer. La splendeur de leur plumage ne le cède en rien à celle des autres Paradisiers ; ils se font remarquer surtout par le développement extraordinaire des plumes de la queue. LES CANÉLIPHAQES. — Ce genre établit une transition des Paradisiers aux Promerops. Il a pour patrie la Nouvelle-Guinée. PI. XX.Vn. — Le Paradisier apode (texte, p. 5og). ■"■/If-'^"''""''-^'' TABLE DES MATIÈRES Les Perroquets ] Les Perroquets l'raii ou Psitta- ciiiés 7 Le Perroquet cendré ou Jaco, 8. — Le Coracopsis, 9. Les Pionidés 9 Le Perroquet du Sénégal, 9. — Le Perroquet Lecompte, 9. — Le Deroptyus, 9. — Les Chiy- sotis ou Perroquets Amazones, 10. — Le Perroquet à tête bleue, 1 1. Les Perruches^et les Aras ou Co- nuridés 11 Les Psittacules 11 La Perruche Passerine, 12. Les Perruches 12 La Perruche de la Caroline, 12. — La Perruche à long bec, 14. Les Aras 14 L'Ara Macao, i5. — L'Ara mi- litaire, 16. — L'Ara Mara- cava, 16. — L'Ara Ararauna, 16. — L'Ara Hyacinthe, 16. Les Paléornithidés , 17 Les Agapornis 17 Les Paléornis 18 Les Loris ou Trichoglossidés 20 Les Coryllis 21 Les Loris vrais 2 i Les Trichoglosses 22 I^es Micropsiltacidés 23 Le Nasiterne pygmée, 23. /.es Platycerques 23 Le Platycerque omnicolore, 24. — Les Pséphotes, 24. — Les Polytelis, 24. — Les Euphèmes, 25. — Les Nymphiques, 25. — La Perruche Latham, 26. — La Perruche ondulée, 26. Les Cacatois ou Plissolophidés. ... 29 Le (Cacatois de Leadbeater, 3o. — LeCacatoisàhuppe jaune, 3o. Les Microglosses 3o Les Calyptorhynques 32 Les Callocéphales 33 Les Licmetis 34 Les Nestors 34 Les Dasyptiles 35 Les Perroquets nocturnes ou Striii- gopidés 36 Le Pézopore, 36. — Le Géo- psittacus occidentalis, 36. — Le Stringops ou Perroquet nocturne, 37. Les Oiseaux de proie ou Rapaces. . . 41 Les Aigles et les Faucons (4 Les Falconidés 4.; Les Aigles ou Aquilicns 44 Les Aigles 45 L'Aigle fauve, 47. - - L'Aigle impérial, 48. — L'Aigle criard, 48. — L'.Aigle botté, 49- Les Pseudaètes. 5i Les Uraètes 5i Les Spizaétes 52 Les Lophaètes 53 Les Harpies 54 Les Pygargues 56 Les Balbuzards 59 Le Balbuzard pêcheur, 60. Les Milans ou Mih'icns •. . . 61 Les Hélotarses 62 Les Elanions i)3 Les Ictinies 64 Les Milans 65 Le Milan royal, 65. — Le Milan noir, 66. — Le .Milan égyp- tien, 67. Les .Xauclers 67 Le Naucler-Martinct, 1)7. — Le Rostrhame sociable, 6g. Les Buses ou Butconiens 70 Les Circaètes 70 Le Circaète Jean-lc-Blinc, 71. il4] TABLE Les Buses huppées Le Bâcha, y'i. Les Bondrées La Bondrée apivore, yS. — La Bondrée huppée, 74. Les Buses La Buse vulgaire, 75. — La Buse des déserts, 7Ô. Les Busaigles ou Archibuses. . . . Les Faucons ou Falconiens Les Gerfauts Le Gerfaut blanc, 80. — Le Gerfaut de Norvège, 80. Les Faucons proprement dits... Le Faucon commun ou Faucon pèlerin, 80. — Le Faucon Lanier, 82. — Le Faucon Chiquera, 83. — Le Faucon des Prairies, 83. Les léracides Les Hobereaux Le Hobereau commun, 84. — Le Faucon Éléonore, 85. — Le Faucon-Pigeon, 85. — Le Faucon-Émerillon, 85. Les Crécerelles La Crécerelle commune, 86. — La Crécerelle Crécerinè, 87. — La Crécerelle des Moi- neaux, 88. Les Robez Les Hiérax Les Autours nu Accipitriens Les Macaguas . ■ Les Diodons Les É perviers L'Épervier commun, 92. L'Èpervier brun, 94. Les Autours L'Autour des Palombes, q5. Les Autours chanteurs, 97. Les Busards ou Circiens Le Busard Saint-Martin, 98. — Le Busard cendré, 99. — Le Bu- sard blafard ou des Steppes, 99. — Le Busard des Marais ou Bu- sard Harpave, 100. Les Faucons-Vautours ou Poltbo- RIDÉS Les Milvagos Le Chimachima, 101. Les Caracaras Les Serpentaires ou Gypogéranidés. Le Serpentaire ou Secrétaire, io3. DES MATIERES. 74 73 75 7« 78 79 80 83 84 86 89 90 91 9' 92 92 95 98 100 10; 101 io3 Les Vautours 1 o5 Les Gypaètes i o5 Le Gypaète barbu, io5. Les Vautours 107 Les Sarcoramphes 107 Le Condor des Andes, loS. — Le Sarcoramphe de Cali- fornie, 109. — Le Sarcoram- phe r03'al ou Sarcoramphe Papa. 1 10. Les Cathartes i 1 1 Le Catharte Aura, 1 1 1 . Les Néophrons 1:2 Le Néophron Moine, 112. Les Percnoptères 1 1 3 Le Percnoptère Stercoraire, 11 3. Les Vautours proprement dits.. 114 Le \'autour Moine, 114. — Le N'auiour huppé, 1 15. Les Otogyps u 5 Les Gvps 116 Les Hibous ou Strigidés 119 Les UluUcns 121 Les Surnies 121 Les Harfangs 122 Le Harfang des neiges, 122. Les Chevêches 1 23 Les Chevêchettes 124 Les Nyctales 126 Les Hulottes 127 La Hulotte Chat-Huant, 127. Les Ptynx 128 Les Chouettes 128 La Chouette nébuleuse, 128. — La Chouette lapone, 129. Les Strigiens 129 Les Effrayes 129 L'Effraye commune, i3o. Les Asioiiieiis ou Bubottiens i3i Les Hibous i3i Le Hibou vulgaire, i32. — Le Hibou Brachyote, i32. — Le Hibou Ascalaphe, i32. Les Scops 1 33 Les Ducs 134 Le Grand-Duc, 134. — Le Duc de \"irginie, i35. — Le K.e- tupa de Ceylan, i36. Les Pics ou Picidés i38 Les Piciens 1 39 Les Dryocopes 140 Le Dryocope noir, 140. Les Campéphiles 141 Les Pics 142 TABLE DES MATIERES. [515J Le Pic Épeiche, 142. — Le Pic Mar, 143. — Le Pic Épei- chette, 143. — Le Pic Leuco- note, 144. — Le Pic chevelu, 145. — Le Pic Mimule, 145. Le Pic maculé, 145. Les Picoïdes ou Apternes 146 Le Picoïde iridactyle, 146. Les Gécines 14O Le Gécine vert ou Pic veri, 1411. — Le Gécine cendré. 147. Les Mélanerpes 14!^ Le Mélanerpeà icie rouge. 14.S. — Le Méianerpe fourmilier, 149. — Le Méianerpe de la Caroline, i5o. Les Colapies 1 5o Le Colapte doré, i5o. — Le Co- lapte du Mexique, i5i. Les Picumniens i Sa Les Torquilliens i52 Les Torcols 1 52 Le Torcol vulgaire, i52. Les Indicateurs ou Indicatoridés . . 154 L'Indicateur à gorge noire, 154. Les Coucous ou Cuculidës iS; Les Cuculiens 167 Les Coucous i58 Le Coucou gris, i58. Les Oxylophes 162 Les Eudynamis i63 Les Chalcites i63 Le Chalcite doré, i63. Les Scythrops 164 Les Coulicous ou Coccy^iens 164 Les Coulicous i65 Le Coulicou américain, i65. Les Coucous terrestres 166 Les Couas 167 Les Piayes 167 l^is Zanclostomes ou Phœnico- phœiniens 167 Le Zanclostome triste, 167. Les Coucals ou Centropodinieiis. . 168 Le Coucal du Sénégal, 168. — Le Coucal des haies, 169. Les Anis ou Crotophagidés 169 Les Anis 169 Les Musophages et les Touracos 172 Les Musophagidés 172 Les Musophages 172 Les Touracos 173 Les Corythéoles 174 Les Schizorhis 1 74 /, es Coliidés 175 Les CoHdus ou Oiseaux-Souris. . 175 Let^oliou à jiiuesblanches, 175. Les RoUiers et Martins-Pécheurs. . . 177 Les Rolliers ou Coraciidés 178 Les Rolliers .^ 178 Le Rollier vulgaire, 17g. Les Rolles ou Eurystomcs 180 Les Leptosomidés. 180 Le Couroll vert, 180. Les Moinots ou Prionilidés 181 Le Momot vulgaire, 182. — Le Momot de Martius, 182. Les Todiers ou Todidés i83 Le Todier vert, i83. LesEurylaimidés 184 Les Guêpiers ou Méropidés 186 Les Guêpiers 186 Le Guêpier vulgaire, 186. — Le Guêpier écarlate, 188. Les Mélittophages 188 Les Nyctiornis 189 Les Huppes ou Hupupidés 189 Les Huppes 189 La Huppe vulgaire, 189. Les Moqueurs 192 Le Moqueur à bec rouge, 192. Les Calaos ou Bucébotidés 193 Les Calaos 194 Le Calao à casque concave, 194. — Le Calao à casque festonné, iqS. Les Tocks igS Les Bucorves 195 Les Ai.cÉDiNiDÉs 197 Les Alcédiniens 197 Les Martins-Pêcheurs 198 Le Martin-Pêcheur vulgaire, 198. — Le Martin-Pécheur bengalais, 202. — Le .Martin- Pêcheur huppé, 202. Les Céry les 2o3 Les Ceyx 204 Les Symés ou Halcyons-Scies. . . 204 Les Dacéloiuens ; . 2o5 Les Martins-Chasseurs 2o5 Le Martin-Chasseur géant, 2o5. Les Tanysiptères ou Halcyons de Paradis 2c6 Les Halcyons 207 Les Todiramphes 207 Le Todiramphe à tête verte, 208. Les Toucans et les Couroucous 209 [516] TABLE Les Jacamars ou Galbulidés Les Jacamars Les Barbus Les Oiseaux à moustaches ou Buc- conidés Le Tamaiia à gorge rouge, 21 1. Les Oiseaux barbus ou Capito- nidés Le Barbu bigarré, 212. — Le Tra- chyphone perlé, 2r2. Les Toucans ou Ramphastidés Les Toucans Le Toucan Toco, 214. Les Ptéroglosses L'Aracari, 21 5. Les Couroucousou Tbogonidés. . . . Les Harpactes Les Couroucous Le Couroucou vert, 217. — Le Couroucou Narina, 217. Les Protèles ou Temnures Les Calures ou Pharomacres. . . . Les Engoulevents et les Martinets.. Les Engoulevents ou Capbi.mulgidés. Les Podargiens Les Podarges Les Batrachostomes Les .-Egothèles Les Stéatornitliiniens. Les Guacharos Les Caprimulgiens Les Engoulevents L'Engoulevent d'Europe, 225. — L'Engoulevent à collier roux, 227. Les Chordeiles ..... Le Chordeile de Virginie, 228. — Le Nacunda, 229. Les Antrostomes Les Nyctidromes Les Ibijaux Les Martinets ou Cypsélidés Les Martinets Le Martinet noir ou de mu- raille, 233. Les Acanthylis .... L'Acanthylis pélasgienne, 236. — Le Martinet alpin, 236. — Le Martinet nain, 237. Les Salanganes La Salangane commune, 23(S. Les Dendrochélidons Le Rlécho, 240. Les Oiseaux-Mouches ouTrocbilidès. DES MATIERES. 209 209 210 2l3 214 2l5 2l5 216 217 218 218 220 220 221 221 222 222 223 223 225 225 228 22g 280 23o 23l 233 2 36 238 239 241 Les l'rocliiliens Le Colibri à tête noire, 244. — Le Colibri topaze, 246. Les Lophorniens Les Lesbiens Les Ornismyens Le Petit Rubis de la Caroline, 247. Les Melliphagidës [^es Sectariniens Les Souïs Mangas Les Promérops Les Certhioliens Les Sucriers Les Guit-Guits Les Melliphagiens Les Prosthémadères Les Grimpereaux Les Certhudés I^es Certhiens Les Grimpereaux Le Grimpereau familier, 256. Les Tichodromes Le Tichodrome de murailles, 256. Les Sittiens Les Sittelles Les Dendrocolaptidés .' Les Falcirostres Les Talapiois Les Anabatidés Les Fourmiliers Les Furnaridés Les Fourniers Les Troglodytidés Le Troglodyte d'Europe ou Troglodyte mignon, 267. Les Fourmiliers ou Myothéridés. . Les Fourmiliers Les Bréi'es ou Pitlidés Les Méiiuridés Les Ménures L'Oiseau-Lyre ou .Ménure su- perbe, 271. Les Cinclidés Les Cincles Les Merles moqueurs ou Mimidés. . Les Moqueurs Les Fimatiidés Les Mérions ou Malures, 277. Les Pycnonotidés Le Turdoïde .\rsinoë, 277. Les Merles et les Fauvettes Les Tubdidés Les Turdiens 7(; 244 246 247 247 248 248 249 25o 25l 25 1 25l 252 252 254 254 254 255 256 239 259 262 262 263 263 265 265 266 267 269 269 270 270 270 272 275 275 276 ^77 278 278 279 77 TABLE DES MATIÈRES. [517] 285 287 287 2()0 2Q2 2q5 297 297 299 302 3o2 l,es Merles ei les Grives. 279 Le Merle noir, 280.— Le Merle à plastron, 281. — Le Merle de Sibérie, 281 . Les Grives ^81 La Grive musicienne, 2S1. — La Grive Litorne, 284. — La Grive Draine, 284. — La Grive Mauvis, 284. — La Grive so- litaire, 285. Les Rouges-Gorges Le Rouge-Gorge familier, 285. Les Gorges-Bleues Les Rossignols Le Rossignol ordinaire, 287. — Le Rossignol Progné, 289. Les Pétrocincles ou Merles des rochers Le Merle de roche, 290. — Le Merle bleu. 291. — Les Thamnolés, 291. Les Traquets Les Tariers Le Tarier vulgaire ou Traquel- Tarier, 295. — Le Tarier ru- bicole, 295. Les Calliopes Les Rouges-Queues Les Accentoriens L'Accenteur alpin, 3oo. — Le Mouchei chanteur, Soi. Les Sijlviens Les Fauvettes La Fauvette à tête noire, 3o2. — La Fauvette des jardins, 304. — La Fauvette babil- larde, 3o5. — La Fauvette Orphée, 3o5. — La Fauvette griseite, 36o. — La Fauvette Passerinette, 807. — La Fau- vette à lunettes, 307. Les Pitchous 307 Les Calamoherpiens 3o8 Les Agrobates 3o8 Les Hypolaïs 309 Les Rousserolles 3i i Les Locustelles 314 Les Phragmiies 3i5 La Phragmite des joncs, 3i5. Les Cisticoles 3 1 7 Les Orthotomes 3 1 8 Les Phyllopneustidés 3i8 Les Pouillots 319 Les Roitelets 32o Le Roitelet huppé, 320. — Le Roitelet à triple bandeau, 322. Les Mésanges ou Paridés Les Mésanges La Mésange charbonaière, 324. La Mésange bleue, 826. — La Mésange huppée, 827. — La Mésange noire, 828. Les Nonnettes La Mésange Nonnelte, 328. Les Orites ou Mésanges à longue queue Les Panures Les Remiz Les Syli'iparidés Les Leiothrix Le Rossignol du Japon, 333. Les Jaseurs Le Jaseur d'Europe, 335. Les Pies-Grièches et les Gobe-Mou- ches 1 Les Laniidés Les Pies-Grièches La Pie-Grièche, 338. — La Pie- Griéche méridionale, 33g. — La Pie-Grièche d'Italie, 339. — La Pie-Grièche rousse, 339. — La Pie-Grièche mas- quée, 339. — La Pie-(jrièche écorcheur, 339. Les Malaconotidés Les Gonoleks et les Téléphones. Les Thamnophilidés Les Cassicans Les Bataras Les Phonygames Les Edoliidés Les Drongos Les Artamidés Les Langrayens Les Campéphjgidés Le Péricrocotes Les Échenilleurs Les Muscicapidés Les Gobe-Mouches Les Butalis Le Butalis gris ou Gobe-Mou- ches gris, 348. Les Gobe-.Mouches nains ou Ery- throsternes Les Rhipidures Les Tyrannidés Les Tvrans 323 323 328 329 331 332 333 333 335 337 337 337 341 341 34' 342 342 342 343 343 344 344 344 345 345 346 346 348 349 35o 35o 35 1 15181 TABLE DES MATIERES. Les Savanas Les Hirondelles ou Hirundinides. . . . Les Hirondelles L'Hirondelle rustique ou Hi- rondelle de cheminée, 358. — L'Hirondelle du Sénégal, 36i. — L'Hirondelle Filifère,36 1 . — L'Hirondelle rousseline, 36i. Les Chélidons La Chélidon de t'enêtre ou Hi- rondelle des fenêtres, 36 1. Les Cotyles. . . La Cotyle de rivage ou Hiron- delle de rivage, 363. — L'Hi- rondelle des rochers, 363. Les Prognés Le Progné pourpre, 364. Les Cotingas [.es Coracines ou Gymnodéridés . . Les Céphaloptères Les Gyninocéphales Les Cotingidàs ou Ampclidés. . . Les Cotingas Les Arapongas Les Pipridés Les Manakins Le .\lanakin à longue queue, 368. — Le Manakin Moine, 368. Les Rupicoles Les Tanagridés Les Alouettes Les Bergeronnettes ou Mot.^cillidi s. Les Eupétiens Les Grallines Les Enicures Les Motacilliens Les Hochequeues ou Lavandières. Les Bergeronnettes La Bergeronnette printanière, 378. — La Bergeronnette Ci- trine, 379. Les Anthiens Les Pipis Le Pipi des prés ou Parleuse, 38o. — Le Pipi des arbres, 35 1. — Le Pipi Spioncelle, 382. — Le Pipi obscur, 383. Les .Agrodromes Les Alouettes ou .\lal-didés Les Macronyx Les Sirlis Les Alouettes L" .Alouette des champs, 388. — 358 36 1 363 364 365 365 365 366 366 366 366 368 368 369 370 372 372 372 373 374 374 375 378 379 38o 383 385 386 387 388 L'.Alouette Lulu, 3yo. — L'Alouette Calandrelle, Sgi. Les Cochevis Les Otocoris Les Calandres Les Pyrrhulaudes Les Passereaux ou Fringillldês Les Embéri^iens Les Plectrophanes Les Cynchrames Les Bruants Le Bruant jaune, 400. — Le Bruant Zizi, 401. — Le Bruant fou, 401.— Le BruantOrtolan, 401 . Les Proyers Les Passerines Les Commandeurs Le Commandeur huppé, 404. Les Chingolos Les Ammodromes Les Loxiens Les Becs-Croisés Le Bec-Croisé des pins, 407. — Le Bec-Croisé-Perroquet, 409. Les Pyrrhuliens Les Durs-Becs Les Roselins Le Roselin rose, 411. — Le Ho- selin cramoisi, 412. Les Uragues Les Erythrospizes Les Bouvreuils Le Bouvreuil commun, 414. Les Coccothraustiens Les Gros-Becs Le Gros-Bec vulgaire, 417. Les Cardinaux Le Cardinal de Virginie, 419. Les Guiracas Les Paroares Le Paroare Dominicain, 421. Les Fringilliens Les Verdiers Les Pinsons Le Pinson commun, 423. — Le Pinson d'Ardennes, 426. — Le Pinson Spodiogène, 426. Les NiveroUes Les Chardonnerets Le Chardonneret élégant, 427. Les Tarins Le Tarin commun, 430. — Le Tarin rouge à tête noire, 432. 392 3q3 393 394 395 395 396 398 400 402 4o3 404 405 406 406 406 410 410 411 412 4i3 414 417 4'7 4'9 420 421 421 421 423 426 427 43o 70 TABLE DES MATIERES. )191 Les \'emurûns Les Serins Le Serin méridional ou Serin Cini, 433. — Le Serin des Canaries, 435. — Les Canaris domestiques, 437. Les Linottes La Linotte vulgaire, 437. — La Linotte des montagnes, 439. Les Sizerins Les Moineaux et les Tisserins Les Plgcépasséridés Les Passériens Les Moineaux Le Moineau domestique, 442. — Le Moineau cisalpin, 447. — Le Moineau espagnol, 447. — Le Moineau Friquet, 447. — Le Moineau Soulcie, 44S. Les Anitidiiiiens Les Amadines Les Spermestes Les Paddas Les Astrildiens Les Bengalis Le Bengali cordon bleu, 452. — Le Bengali gris bleu, 453. Les .Astrilds Les Sénégalis Les Viduiens La Veuve à collier d'or, 454. Les Euplectes L'Euplecte franciscain, 456. Les Plocéieits Les Tisserins Le Tisserin masqué, 457. — Le Néiicourvi ou Baya, 459. Les Quéléas Les Républicains Le Républicain social, 460. Les Aiectos Les Troupiales et les Ëtourneaux. . Les Troupiales ou Ictéridcs Les Cassiques Les Carouges Les Baltimores Les Troupiales Les Dolichonyx Les .Molothres Les Quiscales 433 433 437 439 44' 44' 441 442 449 449 450 45 1 432 452 453 454 454 450 457 457 4--)9 460 4b I 4'<3 4''3 464 465 466 467 467 468 469 Les t'iourncaux ou Sturnidés. . . . Les Ktourneaux L'Étourneau vulgaire, 471. — L'Éiourneau unicolore, 474. Les Martins Les Meinates Les Pique-Bœuf Les Corbeaux Les Corviens Les Corbeaux Le Corbeau commun, 480. — Le Corbeau-Corneille, 482. — Le Corbeau mantelé ou Cor- neille cendrée, 482. — Le beau Freux, 484. — Le Cor- beau Choucas, 485. Les Corbivaux Les Chocards Le Chocard des Alpes, 488. Les Graves Le Grave ordinaire, 488. — Les Anomalocorax, 490. Les Podoces Les Casse-noix Les Pies La Pie vulgaire, 493. — La Pii bleue, 496. Les Cyanocorax Les Cyanociues Les Garruliens Les Geais Le Geai glandivore, 498. — Le Geai lancéolé, 5oo. LesMésangeais Les Réveilleurs Les Flùteurs Les Oiseaux de Paradis Ljs Loriots Les Ptilonorhynques Les Chlamydères Les Séricules Les Paradisiers Le Paradisier apode, 5og. — Le Paradisier petit émeraude , 5io. — Le Paradisier rouge, 5io. — Les Manucodes, 5io. Les DifiUodes, 5ii. — Les Sifilets, 5ii. — Les Lopho- rines, 5i i. Les Epimaques 4-0 470 474 475 476 479 479 479 4«7 4S7 488 490 49' 493 496 497 498 498* 5oo 5oi 502 504 504 5o6 5o8 5o8 5o8 TABLE DES PLANCHES Planche 1 . Le Perroquet du Sénégal 9 — 11. L'Ara Ararauna 16 — m. Le Cacatois de Leadbeater 32 — IV. L'Aigle fauve 4S — V. Le Pygargue Vocifer et le Héron cendré 67 — 'VI. L'Hélotarse à queue courte 64 — VIL La Buse vulgaire - 73 — Vin. La Crécerelle commune 88 — IX. Le Sarcoramphe royal 112 — X. Le Grand-Duc 1 36 — XL Le Pic Èpeiche 144 — XII. Le Rollier vulgaire 180 — XIII. Le Calao à casque concave iqS — XIV. Le Martin-Pécheur 200 — XV. Le Toucan Toco 216 — XVI. Le Rossignol ordinaire 288 — XVII. Le Merle de roche 289 — XVII I. La Fauvette des jardins 304 — XIX. La Mésange bleue 328 — X.X. Le Gobe-Mouches gris 352 — XXL Le Bruant jaune 400 — XXII. Le Chardonneret élégant 425 — XXIII. L'Euplecte franciscain 456 — XXIV. Le Corbeau mantelé ou Corneille cendrée : 481 — XXV. Le Geai glandivore 497 — XXVI. Le Geai lancéolé 497 — XXVII. Le Paradisier apode 5i2 1715-04. — Imprimerie l'.D. Crété. CoROtlL. LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE SOtlS LA DIRF.CTION DE EDMOND PERRIER DIRECTEUR T>V Ml'Stll.M d'hISTOIBE NATURELLE, MEMBRE UiC l'aCADÉMIE DES SCIENCES 140 PLANCHES EN COULEURS ET NOMBREUSES PHOTOGRAVURES D'api^ès les Peintures et les Dessins originaux de W. KUHNERT • Les Mammifères PA R A. MENEGAUX ASSISTANT DU MUSÉUM d' HISTOIRE NATURELLE 2 Volumes in-4 avec 80 Planches 40 francs Les Oiseaux PAR Julien SALMON CONSERVATEUP-ADJOINT Di MUStuM d'iIISTÛIRE NATURELLE DE LILLE 2 Volumes in-4 avec 60 Planches 40 francs PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS KJ, BUE HAUTEFEUILLE, PRÎvS DU BOULEVARD SAINT-OERMAIN I 9 (1 5 Tous droits réservés. ^^>- \ f)J^:X ^K.^: \ La Panthère longibande. La Vie des Animaux illustrée a pour but de présenter, sous une forme à la fois ^ exacte et pittoresque, l'histoire de ceux qui sont nos commensaux, nos serviteurs ou nos ennemis, à la surface du globe. M. Edmond Perrier, le savant direc- teur du Muséum d'Histoire naturelle, membre de l'Institut, a bien voulu prendre la direction de cette vaste publication; il a confié la rédaction des Mammifères à un de ses élèves, M. A. Menegaux, assistant de la chaire de Mam- malogie et Ornithologie au Muséum, connu par de nombreux travaux de zoologie et déjà rompu aux difficultés de l'exposition d'une science aussi variée, par quinze années d'enseignement dans nos grands lycées. M. Menegaux s'est inspiré du livre publié par le D"' Haacke, mais il en a complètement modifié le plan, la forme et l'esprit pour en faire une œuvre de vulgarisation ; c'est un ouvrage original conçu dans un esprit français, écrit avec cette clarté d'exposition dont l'auteur a trouvé le modèle dans les leçons de son savant maître. Les animaux ont été classés méthodiquement d'après les dernières données de la science, et rangés en groupes bien définis répondant à des types connus: les Singes, les Chats, les Chiens, les Chevaux, les Ours, les Phoques, les Eléphants, les Bœufs, les Moutons, les Cerfs, etc., qui forment autant de fascicules séparés. L^ans chacun d'eux on trouvera l'histoire complète d'un groupe; l'auteur donne som- mairement les caractères anatomiques; il a rédigé ses descriptions d'après nature, a\ant sous les yeux les magnifiques spécimens réunis dans les galeries du Muséum. 11 insiste sur la distribution géographique, les mœurs, les habitudes; il indique les procédés de chasse, les produits utiles, l'acclimatation et la domestication. Il s'est cllorcé de rendre le texte aussi intéressant, aussi captivant que possible, en semant le récit d'anecdotes originales et authentiques. Ce livre n'est pas seulement une description des animaux sauvages qui peuplent les déserts de l'Afrique ou de l'Asie, une large place a été laite à nos animaux domestiques. LES MAMMIFERES Ce qui constitue l'originalité de ce bel ouvrage, c'est son illustration, due à un artiste Je grand talent, W. Rulinert. Toutes les ligures sont entièrement nouvelles, et spécia- lement dessinées par lui pour la IVt' ^ics Animaux illustrce. — On a pu arriver ainsi à un effet d'ensemble tout à fait artistique que ne pouvait donner la simple reproduction de photographies émanant de sources multiples. Les planches en couleurs sont merveilleuses d'exactitude, de coloris, d'effet; elles rendent les poses, les attitudes, les physionomies, les milieux, avec un charme qui n'a d'égale que leur précision. La reprodLiction de ces aquarelles et de ces dessins a été faite avec un art merveilleux; et, de l'avis de tous les spécialistes et de tous les connaisseurs, il n'a certainement pas encore été publié, même en librairie d'art, d'aussi belles aqua- relles en couleur. Outre les planches coloriées, AL Ruhnert a dessiné la totalité des ligures d'animaux intercalées dans le texte; il donne toujours l'animal entier. Mieux que la photographie instantanée, prise non pas dans la vie libre, mais dans des ménageries, sur des types modifiés par la captivité, l'artiste habile a su saisir et rendre le mouvement typique, la pose caractéristique et le milieu appro- prié ; il nous fait assister aux scènes variées de la vie des animaux ; il sait même éviter, ce que ne peut faire la photographie, les détails inutiles qui nuisent à la clarté du dessin. *§• î- 1 , ^^,.. Le I-ion du Cap. A LES MAMMIFERES Ce livre n'est pas seulement un recueil d'images, un album destiné à être feuilleté sans être lu, c'est avant tout un livre d'étude. A qui ce livre s'adresse-t-il ? Alix savants, qui y trouveront la description et la géographie de tous les genres, ainsi que les mœurs des espèces les plus répandues, les plus connues, ou de celles qui sont curieuses au point de vue biologique. Aux vQj-ageiirs scientifiques, qui veulent acquérir des connaissances générales sur les animau.v qu'ils seront appelés à chasser ou sur la faune des contrées qu'ils ont l'intention d'e.xplorer, et qui veulent apprendre à observer et à voir. Car l'Histoire naturelle ne veut plus être un simple catalogue: elle a élevé son but et son idéal, elle aspire à expliquer la nature, elle cherche le pourquoi des choses. ^!/A." co/o/îs-, pour lesquels l'auteur insiste sur la faune de nos nombreuses et vastes colonies et sur les produits utiles qu'elles peuvent fournir. Aux jeunes gens, avides desavoir, fascinés par l'infinie diversité de la nature et l'amour du merveilleu.x, qui auront le désir de compléter les notions d'Histoire naturelle qu'on leur enseigne au cours de leurs études. Aux amateurs d'Histoire naturelle et aux gens du monde, qui s'intéressent aux récits de voyages, si nombreux actuellement, et qui s'aventurent volontiers dans les déserts arides ou les sombres forêts vierges, sans quitter leur fauteuil ou leurs chères habitudes. Aux agriculteurs et aux éleveurs, qui trouveront dans les fascicules consacrés au.x animau.x domestiques, Chevaux, Bœufs, Moutons, etc., d'intéressants détails sur les races propres aux diverses régions de la France. A tous les curieux de la Nature, qui veulent connaître la vie et les mœurs des ani- maux, soit de ceux qui nous entourent, soit de ceux qui vivent sous d'autres climats. Livre de science par le texte, et livre de luxe par l'illustration, tel est le caractère de cette nouvelle Encyclopédie d'Histoire naturelle. Les Mammifères forment deux volumes gr. iu-S, de 5oo pages, avec So planches en couleurs et 2 iS photograinires par W. Kuhnert PRIX DE L'OUVRAGE COMPLET Broché 40 fr. Relié 50 fr. Les 20 fascicules se rendent séparément : F.^s:icules. P.>ges. I. Singes et Lémuriens i52 ■j. Chauves-Souris ei Insectivores g6 3. Lions, Tigres, Chats, Civettes 120 4. Chiens, Loups, Renards, Hyènes qb ."i. Ours et Ratons 32 6. Belettes, ZibeUnes et Loutres 48 y. Fourmiliers et Pangolins 2S h. Phoques et Baleines 56 9. Ecureuils, Marmottes et Castors 40 10. Loirs, Rats et Souris 4S 11. Lièvres, Porcs-Epics 48 12. Chevaux, Anes, Mulets 40 i3. Eléphants, Rhinocéros, Tapirs 24 14. Cochons, Hippopotames 32 in. BcEufs, Buffles, Bisons 56 16. Moutons et Chèvres 32 17. Antilopes 56 18. Cerfs, Chevreuils » 19. Chameaux, Girafes >^ 20- Marsupiaux, Kangourous » p. .niches eu couleui-s Photogravures. Prix 9 23 6 fr. » I 16 2 fr. -■^o Q 20 5 tr. » 5 12 3 fr. 5o 3 8 I fr. 5o 4 14 2 fr. » 1 4 1 tr. ♦ 3 9 2 Ir. » 4 6 2 Ir » 1 12 I fr. .-.0 3 i3 2 Ir. » 5 5 2 Ir. » 3 3 1 fr. 25 t 5 2 fr. » 8 3 fr. » 3 10 I fr. .■io 8 18 3 fr. » 4 20 8 3 i3 Les Oiseaux M. Edmond Perrikb, Directeur du Muséum d'histoire naturelle, Membrcde l'Académie des sciences, après avoir confié à M. Mhnkgaux le soin de parler des Mammijùres, s'est adressé à M. Julien Svlmon, Conservateur adjoint du Muséum d'histoire naturelle de Lille, pour décrire les Oiseaux. Ici la scène change; ce ne sont plus des animaux attachés à la terre, ce "sont des habi- tants des airs qui se présentent à nous. Les Oiseaux sont les plus beaux de tous les animaux ; la richesse du plumage, la variété du coloris, le charme du chant, la puissance du vol, la grâce du port et de la démarche, •Jb ii'<ï^'Wwi-t;i,f \ .vX Le Dindon du Mexique. sans compter les services qu'ils rendent au point de vue de l'alimentation, de la parure, de la destruction des mammifères et des insectes nuisibles, du plaisir de la chasse, tout concourt à leur beauté et à leur utilité. S'inspirant de l'idée directrice qui avait présidé à la composition du plan général de l'ouvrage, M. Salmon s'est etforcé de faire des Oiseaux une suite naturelle 3l\x\ Mammi- fères. On retrouvera donc, dans cet ouvrage, la même concision dans la description des caractères, la même simplicité de style dans les détails sur les mœurs, l'habitat, les chasses, la captivité, qui en font un livre scientifique, dont la lecture est facile et agréable pour tous ceux qu'effarouche le style abstrait des traités spéciaux. Les Oiseaux ont été classés méthodiquement d'après les dernières données de la science, et répartis en groupes homogènes sous des noms de tvpes connus caractéristiques : les Perroquets, les Aigles, les Hiboux, les Oiseaux-Mouches , les Hirondelles, les Oiseaux 6 LES OISEAUX de Paradis, les Pigeons, les Cygnes, les Oies, les Canards, les Poules, les Autntch<-s, etc., qui forment autant de fascicules séparés. L'auteur a décrit avec soin les caractères saillants de chaque famille et de chaque genre. Il a résume les descriptions parfois longues et fastidieuses d'espèces peu connues ou peu intéressantes. Les Oiseaux d'Europe ont été l'ob- jet de descriptions un peu plus éten- dues, parce que leur étude intéresse non seulement les savants et les amateurs, mais aussi tous ceu.x qui sont appelés à bénéficier de leur utilité ou à soullrir de leurs méfaits : agri- culteurs, éleveurs, chasseurs, etc. L'auteur s'est souvent inspiré dans ses descriptions des types de la belle collection de C. Degland, que possède le iMusée de Lille. Une large place a été réservée aux mœurs, aux chasses et à l'utilité des représentants les plus importants de chaque groupe. Les légendes et les histoires invrai- semblables dont fourmillent presque tous les livres de vulgarisation, ont été réduites, ici, à leurs justes propor- tions, dans un style clair et précis. Les Oiseaux de la Vie des Animaux illustrée, doivent encore leur valeur et leur originalité aux superbes plan- ches en couleur qui accompagnent chaque fascicule, et aux figures qui en émaillent le texte. Les unes et les autres sont les reproductions fidèles de peintures et de dessins d'un artiste de talent, M. \\' Kuhnert Les Oi- seaux sont représentés avec autant d'art que de vérité. On peut dire sans exagération que chaque planche colo- riée est un véritable tableau artisti- que d'histoire naturelle, où l'on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, du talent de l'auteur ou de l'exactitude du dessin et du coloris. Cet ouvrage laisse bien loin derrière lui les publications illustrées par la photographie instantanée, où les détails inutiles et les imperfections inévitables, masquent les caractères qui doivent occuper la première place. Il permet en outre de présenter un ensemble homogène et bien ordonné de chaque groupe d'Oiseaux, sans lacunes ni surcharges. . •/ .- '- .•' y i' -r ji L'Oiseau-Souris à joues blaiiclios. LES OISEAUX 7 Les savants, les explorateurs, les colons, les ayricLiltcurs, les amateurs d'histoire natu- relle, et les j;ens du monde pourront puiser dans ce livre, pour y trouver à la fois les rensei,t;nemcnts scientifiques que ne donnent jamais les relations de vovagesou les ouvra- ges de vulgarisation, et les détails sur les mœurs, les chasses, l'élevage, dctnt parlent rarement les traités d'ornithologie. Nous pensons ne pas avoir manqué à notre programme, en oiTrant aujourd'hui aux lecteurs, les Oiseaux, suite et deuxième partie de la Vie des Animaux illustrée. Les Oiseaux formeront 2 volumes, avec Go planches en couleurs et de nombreuses photogravures, et comprendront : F.-sciculc . Pages. 1. Perroquets 40 2. Aigles, Faucons 64 3. Vautours, Hiboux 32 4. Pics, Coucous 5. Martins-pèclicurs 6. Toucans, Kn^oulevents, Martinets 7. Oiseaux-mouclics, Urimpcreaux, Merles, Fauvettes, Mésanges. ... 8. Pies-Gricches, Gobe-mouches, Hirondelles, Alouettes, Pin- ... sons, F'ringillidés g. ttourneaux, Corbeaux 10. Oiseaux de Paradis, Pigeons 11. l'iuvicrs, Vanneaux, Bécasses 12. Hérons, Cicognes, Grues i3. Râles, Outaraes 14. Mouettes i.S. Pélicans lô. Cygnes, Oies 17. Canards 18. Plongeons, Pingouins, Manchots 19. Coqs, Poules, Gallinacées 20. Autruches, Aptéryx l'I.in hci iloiiû s. Phologravurc . Prix. 3 4 2 fr. » b 12 3 fr. » 2 II 1 fr. 5c PRIX DE SOUSCRIPTION I,es souscriptions aux deux volumes complets des Oiseaux sont acceptées à raison de 40 francs, quel que doive être le nombre de pages, de planches et de fascicules. On peut s'inscrire également pour recevoir les fascicules séparés au fur et à mesure de leur appa- rition, à raison de o fr. 20 par feuille de 8 pages de texte ou par planche coloriée. I.a Bondréc apivorc. LES OISEAUX [31] La particularité la plus intéressante que présentent les Microglosses est la structure de leur langue, qui leur a fait donner par Le Vaillant la dénomination de Aras à trompe. La langue des Microglosses est longue, mince, cylindrique; sa couleur est rouge jusqu'à son extrémité où elle se termine par un bout noir nommé gland, et qui est creusé en cupule. Ce gland, tout petit qu'il est, représente la vraie langue de l'Oiseau, et la partie cylindrique et allongée qui la précède et qui n'en est que le support, est une dépendance de l'ap- pareil hyoïdien, non vi- sible chez les autres Per- roquets. Les Aras à trompe prennent leur nourri- ture d'une manière qui leur est particulière, et par un mécanisme tout à fait singulier. La na- ture a placé sur le palais de l'Oiseau une petite saillie qui sert à dé- tacher du bout de la trompe ce qui s'y trouve engagé. Lorsque l'Oi- seau veut donc prendre sa nourriture, il com- mence par la réduire en petits morceaux, en la décomposant ou en la brisant, suivant sa na- ture, par le moyen de ses mandibules. Allongeant ensuite la trompe, il la promené et en appuie le bout à plusieurs reprises sur les aliments qu'il a préparés. Habitat. — Le genre Mxroglossits n'est représenté que par une seule espèce, le Microglosse noir {M. aterri)}!us\ qui habite le nord de l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Mœurs. — Le Microglosse se tient de préférence sur les cimes des arbres élevés. Il se nourrit de graines et de fruits à coque dure. Lorsqu'il traverse les airs de son vol puissant, il fait entendre sa voix retentissante et désagréable, n'ayant rien de commun avec la voix douce des vrais Cacatois. Les indigènes, qui appellent ce Perroquet du nom de Kasnialos, dénichent les jeunes pour les élever et les vendre aux Européens. Captivité. — On peut conserver longtemps les Microglosses en captivité. Bien que leur nourriture préférée soit la graine du canarium ou colophania, ij.« s'habituent peu à peu au chèncvis et au régime des autres Cacatois captifs. L'Ara à trompe A.-E. BREHM MERVEILLES DE LA NATURE Les Races Humaines PAR Le D' R. VERNEAU ASSrSTANT d'anthuopologie 4U MUSÉUM d'histoire NATURELLE INTRODUCTION A. DE QUATREFAQES PROFESSEUR D ANTHKOPOUiCIB «U MUSÉUM d'histoire N 4 T U R E L L B , UEUBRI Dl L'àCAD&HII DES SCIENCES. UN VOLUME GRAND IN-8 de 7pa pages à 2 colonnes ILLUSTRÉ DE 531 FIGURES Broché 12 fr. Relié 17 fr. A mesure que le globe est mieux ex- ploré, ei que no» rapports commerciaux et politiques se multiplient avec les po- pulations exotiques, sauvages ou civilisées, on voit que, pour faciliter ces rapports, pour les rendre fertiles et profitables, il est nécessaire de savoir ce que sont ces populations. Grouper toutes les données principales recueillies jusqu'à ce jour sur 1 espèce hu- maine et ses races, présenter ces notions dans l'ordre méthodique commandé par la science, pour en faire saisir l'enchaine- ment, est donc rendre un service réel a l'homme du monde intelligent et curieux, aussi bien qu'à ranthropologiste. C'est là ce qu'a fait M. Verneau, et nul n'était mieux préparé que lui à remplir cette tâche. (^iiiniii^ lit' h'iiniiiisc. A.-E. BREHM MERVEILLES DE LA NATURE La Terre, les Mers et les Continents GÉOGRAPHIE PHYSIQUE, GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Par Fernand PRIEM AGRÉGÉ DES SCIENCES NATURELLES, PROFESSEUR AU LYCÉE HENRI I» / volume fffjnd in-8, de yoS pages, illustré de y Sy figures. Broché : 12 fr. — Relié : 17 fr ->4 .'i ■<^^^s%$ [j'iâï-. Grotte de Fingal. Périodes géologiques, Faunes et Flores (ossilei Géologie régionale de la France LA TERRE avant l'Apparition de l'Homme Par Fernand PRIEM AGRÉGÉ DES SCIENCES NATURELLES, PROFESSEUR AU LYCÉE BENRI IV I volume grand in-8, de 750 pages, illustré de 85o figures. Broché : 12 fr. - - Relié : 17 fr. A.-E. BREHM MERVEILLES DE LA NATURE Le Monde des Plantes Par P. CONSTANTIN àGRÊGÉ DIS SCIENCES NATURELLES, PROFESSEUR AU LYCÉE MICBELET. » volumes grand in-8, ensemble 1600 pages, avec 1 5oo figures. Brochés : 24 fr. — Reliés : 34 fr. Acanthes. La Vie des Plantes Par P. CONSTANTIN et E. D'HUBERT / v-'ume grand in-8, de 800 pages, avec 5oo figures. Broché : 12 fr. — Relié : 17 fr. A.-E. BREHM Les Merveilles de .a NATURE Collection recommandée par le Ministère de l'Instruction Publique Pour les bibliothèques de quartier et de professeurs dans tes lycées et collèges et les distributions de prix L'HOMME ET LES ANIMAUX Description populaire des Races Humaines et du Règne Animal Caractireg, Moeurs, loslincts, Habitudes et Régime, Chasses, Combats, Captivité, Domesticité, Acclimalation, Usages et Produits. 10 VOLUMES ■ 10 VOLUmtS Les Races Humaines Par R. VERNEAU t volume grand in-S, yfi pages avec 57/ figures i 2 A. Les Mammifères Édition française par Z. GERBE I vttumes grand m-S, i6j6 pages avec 7>S /ig. et 40 pi. 24 /r . Les Oiseaux Édition française par Z. GERIiE f volumes grand in-S. 1697 pages avec 4S3 fig. et 40 pi. 24 fr . Les Reptiles et les Batraciens Édition française par E. SAUVAGE 1 volume grand in-S, 7çi pages avec 524 fig. et 20 pi. I 2 /r . 2 VO LU Ht ES Les Poissons et les Crustacés Édition française par E. SAUVAGE et J. KUNCKEL DHERCULAIS / volume grand in-S, 836 pages avec jSç fig. et MO fl. 1 2 /r. Les Insectes ÉdiUon française par J. KUNCKEL DHERCULAIS a volumes grand tn-S, 1522 pages avec 206S fig. et jd pi. 24 fr. Les Vers, les Mollusques Les Échinodermes. les Zonphytes. les Protozoaire! et les Animaux des grandes profondeurs. Édition française par A.-T. de ROCHEBRUNE / volume grand in-S, 780 pages avtc tjoa fig. tl ao pi. 1 2 ^* 2 VOLUMES La Terre, les Mers et les Continents LA TERRE La Terre avant Par F PRIEM f volume grand in-S. y oS pages avec ys7 fignres. 12 /r. l'apparition de l'Homme Par F. PRIEM I volume grand tn-S, 71s pages avec Ss^ ^S"res f2 fr. S VOL OUÏE s LES PLANTES 3 VOLUMES Le Monde des Plantes La Vie des Plantes Par P. CONSTANTIN Par P. CONSTANTIN et d'HUBERT f volumes grand tn-8, 1584 pages avec iys2 figures.. . . 24 /r. / volume grand tn-S, 812 pages avec 1340 figures . Ensemble, 15 volumes grrand in-8, ensemble 11.854 pages, avec 11.129 figures intercalées dans le texte et 176 planches tirées sur papier teinté, 180 fr. CHAQUE VOLUME SE VEND SÉPARÉMENT Broché, 12 fr. — Relié en demi-chagrin, plats toile, tranches dorées, 17 fr. 2/'. Pour les savants et pour ceux qui se livrent spécialement à l'étude de l'histoire naturelle, cet ouvrage sera, grâce au véritable esprit scientifique et à la méthode sévère de l'auteur, un précieui auxiliaire, assez sérieux pour instruire, assez original pour charmer. Aux agriculteurs, éleveurs, indus- triels, il parlera des soins à donner aux animaux domestiques, de leur élevage, de leurs maladies; pour eux, il s'occupera de l'acclimataiion et de la domestication des espèces nouvelles, de la destruction des animaux nuisibles, de la protection due aux animaux utiles, de l'emploi des produits qui font la richesse de nos manufactures. Ceux qui désirent surtout connaître dans le règne végétal les avantages que l'homme peut en tirer Pour son usage personnel et qui estiment avant tout dans une plante les services qu'elle peut rendre à alimentation ou à l'art de guérir, à l'industrie ou à l'embellissement de nos parterres ou de nos appar- tements, trouveront dans cet ouvrage l'indication, rendue aussi attrayante que possible, des applications dont sont susceptibles les nombreux végétaux étudiés. On trouvera aussi l'exposé de l'utilité des minéraux et des roches : matériaux de construction et d'ornementation, combustibles, sel gemme, substances minérales utiles à l'agriculture et à l'industrie, minerais et métaux, pierres précieuses, etc. ' Enfin, à tous ceux, petits et grands, qui cherchent dans les lectures sérieuses des joies douces et des émotions vraies; à ceux qui, ne possédant sur l'histoire naturelle aucune notion positive, désirent s'initier à l'étude des merveilles innombrables de l'univers qui se révèlent chaque jour à nos yeux, il apportera profit et plaisir, une instruction amusante et un amusement instructif : il excitera l'active ^;iiriosité de l'enfant qui retrouvera l'image et l'histoire des animaux qu'il a vus dans nos jardins zoologiques, ou qui se présentent chaque jour à son observation; il sera un sujet de méditation pour l'âge mur; mis à la portée de tous les âges et de tous les esprits, s'adressant à toutes les intelligences, comme à toutes les positions sociales, il répandra partout, au foyer de la famille comme dans l'atelier, les salutaires leçons de la science. KTUvrages recommandés par le Ministre de l'Instrucdon publique pour let bibliothèques des lycées et les distributions de prix. Les Plantes Gaston BONNIER PROFBSSKUR DE BOTANIQUK A LA FACULT* DIS SCIBNCU Dl PARIS Excursions ^Botaniques dcs Champs ct dcs Bois PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER / vol. in-8 de 600 p. avec 8-;3fig. et 3o pi. dont 8 en coul. Broche, U/r. Relié, 18 J> Les botanistes amateurs de tout âge, simples promeneurs pour qui l'herborisation est un prétexte à excursion, ou jeunes gens préludant, par la reconnais- sance des plantes, à des études plus sérieuses, sauront gré à M. Bonnier d'avoir pris la peine d'écrire à leur adresse un livre pratique, qui leur aplanira les difficultés. Le plan de celui-ci est simple et bien conçu. L'auteur suppose des promenades aux diverses époques de l'année (prin- temps, été, automne, hiver) dans les prés, dans les bois, le long des routes, ou dans le voisinage des étangs, et il nomme, décrit et dessine les plantes qu'on ren- contre dans ces différentes cir- constances. C'est un excellent ouvrage de vulgarisation : on se croyait parti seulement pour herboriser, et sans déclarations de principes scientifiques préa- lables, sans classifications arides et interminables, suivant les pro- grès d'une exposition dont le style ne paraît jamais technique, on se trouve Avoir appris la botanique. Les Forêts Traité pratique de Sylviculture Par L. BOPPE Directeu bonoialre de l'École national? des eaax et forJts de Nancy Uembre da Conseil sapérienr de T Agriculture Et Ant. JOLYET Chargé de court à l'École nationale des eaux e1 forêts de Nancy, / yol. in-8 de 488 pages, avec g5 photogravures 8/r. A. ACLOQUE Flore de France toutes îëiMpVce'inX/ènenif posées m >x^>w m^^ M. A »«Mi«^%^ g„ tableaux analytiques et illustrée de 2 165 figures représentant les types caractéristiques des genres et des sous-genres. Préface de Éd. BUREAU, Professeur de botanique au Muséum. I volume in-i6 de 840 pages avec 2 i65 figures : \2 fr. 50. Cartonné, H fr. Atlas colorié des Plantes Usuelles Par C. HOFFMANN 80 PLANCHES CHROMOLITHOGRAPHIÉES DESCRIPTION DES ESPÈCES Précédée d'une introduction consacrée à l'étude des caractères extérieurs des végétaux Par Emile PERROT DOCTKUR È3 SCIENCES WATURELLIS PROFKSSBUR A LÊCOLB SUPÉRIKURB DH PHARUACIE DK PARIS Un volume in-4, cartonné en toile, tête dorée 30 /r. Atlas Manuel de Botanique ou ILLUSTRATIONS DES FAMILLES et des {genres de plantes phanérogames et cryptogames avec le texte en regard Par J. DENIKER DOCTEUR âS SCIENCES NATURELLES, BIBLIOTHECAIRE BM CHEE DU HUSâUU DE PARIS Un vol. in-4 de 400 pages, avec 200 pi., comprenant 3 3oo fig., cartonné . . . . 30 fr. Edition de luxe en couleurs, tirée à 5oo exemplaires. Un volume in-4, 4oo pages, 200 planches coloriées au pinceau, cartonné. . . . 100 /r. Atlas colorié hesdorffer et oriqnan des Fleurs de Jardins ORiaiNE, AFFINITÉS ET VARIÉTÉS, DESCRIPTION, CULTURE ÉPOQUE DE FLORAISON ET UTILISATION DES PLUS BELLES PLANTES d'oRNEMENT Un volume in-4, avec 4S planches coloriées 20 fr. Àf 1^ < CcAcïVtf^ Édition française par J. de JOANNIS des Papillons d'Europe Par F. BERQE 5o PLANCHES CHROMOLITHOGRAPHIÉES Avec un texte indiquant les plantes nourricières des chenilles et les époques d'apparition et une introduction sur les caractères généraux, la chasse et la préparation des Lépidoptères. Un volume in-4, cartonné en toile, tête dorée 30 fr. LE CHEVAL EXTÉRIEUR, RÉGIONS, PIED, PROPORTIONS iPLOMBS, ALLURES, AQES, APTITUDES, ROBES, TARES, VICES, ACHAT ET VENTE STRUCTURES ET FONCTIONS, RACES, ORIGINE, PRODUCTION ET AMÉLIORATION Dessins d'après nature par E.CUYER — Texte par E. ALIX, vétérinaire militaire / volume g^rand in-S de ^oo pages de texte avec ly 2 figures et i atlas de 16 planches coloriées. Ensemble, 2 volumes grand in-S, cartonnés 60 Jr. Les Oiseaux utiles Par TROUESSART / volume in-4, avec 44 P^'^"^!'^^ ^" couleurs, cartonné 25 /r. Collection adoptée par la commission de l'imagerie scolaire au Ministère de l'Instruction publique, honorée de souscriptions du Ministère de l'Agriculture, couronnée par la Société Nationale d'agricul- ture, adoptée comme récompenses scolaires par les villes de Paris, Bordeaux, etc. A. ACLOQUE Faune de France CONTENANT LA DESCRIPTION DE TOUTES LES ESPECES INDIGÈNES DISPOSÉES EN TABLEAUX ANALYTIQUES ET ILLUSTRÉE DE 4.000 FIGURES REPRÉSENTANT LES TYPES CARACTÉRISTIQUES DES GENRES ET DES SOUS-GENRES Préface de Ed. PERRIER, Professeur au Muséum 6 volumes in-itS, 40/r. — Reliés en 4 volumes maroquin souple 50^. « La Faune de M. Acioque, dit M. Ed. Perrier, membre de l'Institut, professeur de zoologie au Muséum, comble et au delà tous mes vœui. Bien souvent j'ai maugréé contre les auteurs de manuels qui ne se doutent pas que les jeunes naturalistes n'accordent aucune confiance aux livres qu'ils ne supposent pas complets. Ils seront, comme moi, satisfaits. Toute notre Faune, dont M. Acioque a fouillé les moindres recoins, tient en 4 volumes de 5oo pages, malgré l'intercalation de nombreuses et belles figures. La méthode dichotomique est poursuivie jusqu'aux espèces. Tous les débutants naturalistes, tous les instituteurs, tous les élèves de nos écoles normales et beaucoup de ceux de nos lycées, accueille- ront avec joie une publication que nous avons si longtemps appelée de nos vœux et qui est enfin réalisée. Sans aucun doute, en raison même de la science avec laquelle elle a été menée par un naturaliste amoureux de la science, cette belle œuvre si honnête et si consciencieuse est assurée d'un grand succès. » Chaque partie se vend séparément : Mammifères. 1 vol. in-18 de 84 pages avec 209 figures 2 fr. 5o Oiseaux. 1 vol. in- 18 de 252 pages avec 621 figures 5 fr. Poissons, Reptiles, Batraciens, Tuniciers. 1 vol. in-i8 de 210 pages avec 294 figures 4 fr. 5o Coléoptères. 1 vol. in-18 de 466 pages avec 1 o52 figures 8 fr. Orthoptères, Névroptéres, Hyménoptères, Lépidoptères, Hémiptères, Diptères. 1 vol. in-18 de 5i6 pages avec i 235 figures 10 fr. Myriopodes, Arachnides, Crustacés, Vers, Mollusques, Spongiaires, Protozoaires. 1 vol. in-18 de 5oo pages avec 1 664 figures 10 «r. Dictionnaire de Tlndustrie œ?S!;^r^ ^^^^gg^^^^^^^^^^^^^^^^^^g^^^g^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ des Sciences de Nantes. MATIÈRES PREMIÈRES, MACHINES ET APPAREILS, MÉTHODES I)E FABRICATION PROCÉDÉS MÉCANIQUES, OPÉRATIONS CHIMIQUES, PRODUITS MANUFACTURÉS ■ vol. gr. in-8, de 924 pages à 4 colonnes, avec 817 fi^jures 25 fr. Dictionnaire d'Électricité ^.tJï'tli^e,' ^^^^^^^.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^.^..^.^^^^^^^^^^^^^^^ Professt^ut au Lycée de Nantes COMPRENANT LES APPLICATIONS AUX SCIENCES, AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE Introduction par E. DOUTY, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris NOUVELLE ÉDITION, MISE AU COURANT DES NOUVEAUTÉS ÉLECTRIQUES I volume grand in-8, de 1 i5o pages à 2 colonnes, avec 1285 ligures 25 fr. ljlCtÎOnna.irC de Vnimie A^ésédesScencesphysicues, ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^_^^^^^_^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^_^ Professeur au Lycée Henri IV Comprenant les Applications aux Sciences, aux Arts, à l'Agriculture et à l'Industrie A L'USAGE DES CHIMISTES, DES INDUSTRIELS, DES FABRICANTS DE PRODUITS CHIMIQUES, DES LABORATOIRES MUNICIPAUX, DE L'ÉCOLE CENTRALE, DE L'ÉCOLE DES MINES, DES ÉCOLES DE CHIMIE, ETC. Introduction par M. TROOST, Membre de l'Institut I volume grand in-8, de 1220 pages, avec 400 figures 25 fr. Ouvrage recommandé par M, le Ministre de rînstruclîon publique pour les btbltothiqties des lycées et collèges. Jeux et Récréations scientifiques. Applications usuelles de la Physiqije, des Mathématiques, de ' ^ la Chimie et de 1 Histoire naturelle, par le D' A. Héraud, 2 vol. in-18 jt^sus de 41X) pages, avec 5/0 ligures. Chaque volume, cartonné 4 fr. Aide-Mémoire de Photo^rapiiie ?="" *■ londe, 2» édition, i voi. in-ie de 320 pages, avec si ûg., " ' cartonne 4 fr. Le Dessin et là Peinture P^'' ^'^- Cuve». Professeur a r£cole nationale des Beaux-Arts et aux Écoles _^^______^^___^^_ de la ville de Paris, i vol. in-i5 de 804 pages, avec 246 fig. dessinées par l'auteur, cartonné A fr. Ouvrage recommandé far le Ministre de l'Instruction publique, pour les biblijthiques des lycées et les distributions de 0rix. CoRBEiL. -" Imprimerie Ko Crété AMNH LIBRARV 100099357 1 -•%>. ^v