. LES. PECHERLES | ‘DU: 0 CAN ADA RBIOX 32 Library of the University of Toronto A nd ir ne LES PECHERIES CANADA J. M. LEMOINE, Auteur de l'Histoire Naturelle des Oiseaux du Canada— d’une Etude eur les découvertes de MeClure, de Kane et de McClintoch, dans les mers polaires —Membre de la Société Lit- téraire et Historique de Québec. QUÉBEC: ATELIER TYPOGRAPHIQUE DU CANADIEN 21, RUE LAMONTAGNE. 1863. AU PEUPLE. — Bemmage de d Aatouie = LES PÉCHERIES DU CANADA —#40 68 }+=— PREMIERE PARTIE LA PÉCHE DE RIVIÈRES, PISCICULTURE, ETC., ETC. CHAPITRE PREMIER S1 “ c’est un beau spectacle que celui de l'intelligence humaine disposant des forces de la nature, les divisant, les réunissant, les com- binant, les dirigeant à son gré, et, par l’usage habile que l'expérience et l’observation lui en ont appris, modifiant les substances, transfor- mant les êtres,” c’en est un encore plus beau et par le temps qui court plus utile que celui qui nous montre “ le génie de l’homme exer- çant son empire non seulement sur la matière brute qui ne lui résiste que par sa masse, mais encôre sur la matière organisée et vive, sur kes corps animés, sur les êtres sensibles, sur ler propriétés des espèces.” 4 LES PÉCHERIES ‘* Parmi les objets si dignes de l’attention de l'économe privé et de l’économe public, comp- tons la connaissance des productions de la na- ture,la possession et la propagation des poissons, les plus anologues aux besoins de l’homme.” Aïnsi se résume un des plus féconds problè- mes de l’économie sociale, une des questions les plus pratiques, celle de nos pêcheries. Certes, s’il doit y avoir un moment plus favo- rable qu’un autre pour discuter une matière si nationale dans sa portée, c’est, ce semble, celui qui nous fait voir parmi ceux à qui le vœu populaire a confié les destinées du Canada, l’'Honorable Conseiller pour la Division du Golfe, (le quartier général des pêcheries), et PHonorable Procureur Général du Bas-Canada, qui dans un parlement précédent s’est acquis le glorieux titre de père des pêcheries ; maïs qu’est-il besoin d’adresser spécialement à nos hommes d’Etat du jour des mots que la grande voix du peuple criera dans loreille de toutes les administrations. “ N'oubliez pas nos pèche- ries.”? La question des pêcheries, à part son mérite intrinsèque nous arrive en ce moment des Provinces Inférieures recommandée par un triste et solennel événement : l’homme illustre qui depuis des années présidait au développe- ment des richesses marines de la Nouvelle- D DU CANADA. D Ecosse, du Nouveau-Brunswick, de Terreneuve, M. H. Perley, écuyer, Commissaire des Pêche- ries et Président de Ja Société d'Histoire Naturelle du Nouveau-Brunswick, vient de succomber, quand sa glorieuse et utile car- rière n’était qu'à demi remplie: la mort la frappé au moment où entouré d'honneurs, il se preparait à mettre la dernière main à son œuvre de bienfaisance publique, l’augmenta- tion des moyens de subsistance pour le peuple, l'accroissement des objets pour le commerce et partant, des richesses nationales, Les hommes de science de Montréal vien- nent de consigner dans le Canadian Natura- list, leur tribu de louanges et de regrets, pour un homme dont la mort est une vraie calamité pour les Provinces Inférieures.... Et pour- tant nos pêcheries à nous, nos richesses natu- relles sont bien autrement considérables que celles de la Nouvelle-Ecosse. Qu’avons-nous fait pour les exploiter, pour les développer ? Il est vrai que des lois ont été passées pour contrôler et protéger nos pêcheries: on a aussi affermé à des particuliers nombre de rivières sur la côte Nord du £t. Laurent, lesquelles étaient précédemment sous le con- trôle de la Compagnie de la Baie d'Hudson. On à passé des ordonnances pour forcer les propriétaires de moulins, de construire dans 5 LES PÉCHERIES leurs écluses, des passes pour laisser remonter le saumon l’automne au temps du frai : cepen- dant, la loi sur ce point est violée chaque jour avec une entière impunité. Oh! que n’avons nous une organisation semblable à celle des Provinces Inférieures : alors surgiront parmi nous des spécialités qui comme M. H. Perley, identifieront leur nom au développement de nos ressources naturelles. Ce travail a pour but d’appeler l'attention publique sur nos pêcheries, d'en démontrer le prix, l'étendue comme objet exploitable, de dévoiler ce qui a été fait en Canada depuis quelques années et de constater les résultats obtenus du système de protection que les administrations précédentes ont inauguré. Il se divisera en deux partie: 19 la première, sera consacrée à traiter succintement La pisci- culture ou propagation artificielle du saumon, avec une description de ce beau poisson et de la truite : 20 la seconde, traitera de la pêche des eaux profondes. Voyons d’abord ce que c'est que la propagation des poissons par des moyens artificiels, c’est à-dire ce que les au- teurs appellent la pisciculture. La pisciculture n’est pas une idée nouvelle : c'est la même science que plusieurs des plus beaux génies anciens recommendaient dans DU CANADA. 7 leurs écrits, aux peuples les plus policés de la Grèce, et aux maîtres du monde romain: nous orgueillons Modernes qui quelquefois nous imaginons avoir le monopole des sciences et du progrès, eh bien ! en ceci reconnaissons nos maitres; nous ne faisons que continuer l’œuvre d’illustres devanciers et quand, ces pau- vres pêcheurs des Vosges, Gehin et Remy tentaient par la reproduction du poisson dans leurs rivières épuisées, de fournir le pain quo- tidien à leurs familles, non seulement, ils donnaient la solution d’un vaste problème, mais sans le savoir, ils se chargeaient encore de confirmer par une preuve éclatante, irréfra- gable, les doctrines que l’autorité et les écrits de Xenophon, d'Oppien, de Varron, d'Ovide de Columelle, d’Ausone, avaient des siècles au- paravant recommandées aux Grecs et aux Ro- mains. En effet la pisciculture a pour objet de “ rendre les eaux aussi productives que la terre, en répandant les semences d’une abon- dante et utile récolte, dans tous les lacs, dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus faible source arrose, et par tout d'augmenter la surface fertile et nourricière du globe, de laquelle nous tirons nos véritables trésors.” Il y a plusieurs moyens de pratiquer la pisci- 8 LES PÉCHERIES culture : d’abord, en transportant avec précau- tion le poisson mème aux lacs, aux rivières, tel qu'on l’a fait en Europe avant et surtout au seizième siècle, avec des succès si marqués ; de cette sorte Maschal a introduit la carpe en Angleterre en 1514, Pierre Oxe l’a donnée au Danemark en 1550 ; plus tard la Suède et la Pomeranie voyaient leurs eaux se remplir de nouvelles espèces, et la Chine envoyait ses beaux cyprins dorés, se reproduire en France, en Angleterre, en Hollande et en Allemagne, Mais, comme ajoute Lacépède, “il est un autre procédé par le moyen duquel on par- vient à son but avec bien plus de sureté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. “ I] consiste à transporter le poisson non pas développé et parvenu à une taille plus ou moins grande, mais encore dans l’état d’em- bryon et renfermé dans son œuf. Pour réussir plus aisément, on prend les herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un vase plein d’eau, jusqu’au lac, à l'étang, à la rivière ou au bassin que l’on désir de peupler. On apprend facilement à distinguer les œufs fécondés, d'avec ceux qui n’ont pas été arrosés de la liqueur prolifique du mâle, et que l’on doit rejeter : ies premiers Le] DU CANADA. paraissent toujours jaunes, plus clairs, plus diaphanes. On remarque cette différence dès le premier jour de leur fécondation, si l’on se sert d’une loupe et dès le troisième ou le qua- trième jour, on n’a plus besoin de cet instru- ment pour voir que ceux qui n’ont pas été fécondés par le mâle deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques et plus ternes : ils perdent tous leur éclat, s’altèrent, se décomposent ; et dans cet état de demi- putréfaction, ils ont été comparés à de petits grains de grèle qui commencent à se fondre. “ Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécondés, d’une eau dans une autre, il faudra s'attacher à connaître dans chaque pays le véritable temps de la ponte de chaque espèce et du passage des males au-dessus des œufs et comme dans presque toutes les espèces de poissons, on compte trois ou quatre épo- ques du frai, les jeunes individus pondent leurs œufs plus tard que les femelles plus avancées en âge, et celles-ci plus tard que d’autres femelles plus âgées encore; que ces époques sont ordinairement séparées par un intervalle de neuf ou dix jours, et que d’ailleurs, il s'écoule toujours au moins près de neuf jours entre l'instant de la fécondation et celui où le fœtus brise sa coque et parait à la lumière, on pourra chaque année, penilant un mois ou 0 LES PÊCHERIES jen" environ, chercher avec succès des œufs fécon- dés de l'espèce qu’on voudra introduire dans uné eaû qui ne l’aura pas encore nourrie. Si le trajet est long, on change souvent l'eau du vase dans lequel les œufs sont trans- portés. Cette précaution a paru nécessaire même dans les premiers jours de la ponte, où l'embryon contenu dans l’œuf ne peut être supposé respirer en aucune manière.... “ On favorise le développement de l’œuf et la sortie du fœtus en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le so- lil: 5: .7 Ïl est superflu d'entrer dans de plus grands détails sur cette théorie de la propagation des poissons par des moyens artificiels : (*) l’ex- périence de tous les pays, a démontré la justesse des données du comte de Lacépèdé, l’un des plus grands noms dans les sciences naturelles en France. (*) Les amateurs qui voudraient s’y livrer, trou- veront dans l’admirable petit traité de M. Coste; membre de l'Institut, d'ampiles reuseignem:nts. DU CANADA. 1} CHAPITRE SECOND + Jai dans le chapitre précédent fourni quel- ques données sur la pisciculture, je vais main- tenant tàcher de préciser l'état où se trouve actuellement cette science, “ Peu se doutent, dit un auteur anglais, des vastes entreprises qui ont été exécutées pour propager artificiel- lement ie saumon. ” “ Nos amis les francais donnent à ce procédé le nom de pisciculture : il a été employé en France depuis quelques années, surtout par Joseph Rémy et M. Gehim, qui s’imaginèrent avoir les premiers en 1842, découvert un art, eonnu cependant des Romains et pratiqué pen- dant près d’un siècle par des naturalistes mo- dernes. Aux beaux jours de Rome, non-seule- ment on s’occupait à propager les poissons, mais encore l’on s’étudiait à communiquer à leur chair des saveurs nouvelles (#*) en les en- graissant soigneusement, pour en augmenter le volume. “ On donna une attention très minutieuse à (*) Vadius Pollion nourissait des Mu:ènes avec la chair des esclaves qu'il faisait mourir : on peut cultiver la pisciculture à moins. 12 LES PÉCHERIES une autre branche de la pisciculture, l'acclima- tation des poissons d’eau salée dans les ri- vières d’eau douce. En ceci, comme l’on peut bien penser, on ne réussissait pas sans peine : mais la science et les ressources des Lucullus d’alors étant vastes, inépuisables, le succès d'ordinaire couronnait leurs efforts. “ Comme ce n’est pas notre fait d’aller de- mander aux Romains et aux Chinois ce qu'ils entendaient par la propagation artificielle des poissons, nous n’examinerons la pisciculture que dans les temps modernes, sous son aspect utilitaire. “ C’est à M. Jacobi, parmi les modernes que revient incontestablement l’honneur d’avoir découvert l’art depuis longtemps oublié de la propagation des poissons: en 1763, il publia un compte rendu fort circonstancié et fort in— téressant des résultats que trente années d’ef- forts lui avaient donnés. “ Ce n’était pas assez pour M. Jacobi, d’a- voir fait une découverte, dont ia science s’é- tait émue, il voulut que le fruit de son génie recut la consécration des économistes, entra dans le domaine du commerce : au moment ou Jacobi dévoilait au monde ses importantes expériences, plusieurs savants distingués s’oc- cupaient à propager le poisson artificiellement. Le comte de Goldstein écrivaient sur cette ma- DU CANADA. 13 tière à M. Fourcroy et Duhamel du Monceau enrégistrait dans son Traité des pèches, là nouvelle découverte. L'idée de Jacobi trou- . vait droit de cité dans le journal de Hano- vre, ainsi que dans les mémoires de l’acadé- mie Royale de Berlin. Un examen attentif du saumon au temps du frai avait dévoilé au savaat français, le mystère de la ponte et de la vivification de l’œuf. Convaincu que la fécondation s'opérait par un acte tout à fait externe, il vit de suite que l’art pouvait sup- pléer à la nature, de eorte qu’en propageant les espèces sur une grande échelle, l’on pour- rait produire une quantité très vaste de poissons avec une entière certitude de succès : la réus- site de Jacobi fut si complète que non seule- ment le gouvernement français s'empara de la nouvelle science, maïs qu’il accorda à l’utile savant une pension sur l’état. “ Les travaux de Gehim et Remy méritent une mention honorable, car c’est surtout à leurs efforts que nous sommes redevables des vastes entreprises qui ont eu lieu dans l’art de la propagation artificelle de toute espèce de poissons d’eau douce. Bien que, comme il a été dit précédemment, ce procédé fut connu des anciens et de quelques savants qui fleu- rirent il y a près d’un siècle, néanmoins, les deux pêcheurs illetrés des Vosges ont droit à 2 14 LES PÊCHERIES la mème gloire que s'ils eussent eux-mêmes originé la pisciculture. Quand ïls firent la première tentative, ils ignoraient que cela eut jamais été précédemment essayé. “ Ces deux hommes vivaient à la Bresse, obseur village du département des Vosges, territoire en renom à cause des succulentes truites que la Moselle et ses affluents fournis- sent aux populations d’alentour. La tentative de propagation artificielle que Gehim et Remy entreprirent fut suivie d’un succès instantané et complet ! et pour les encourager, la Société d'Emulation des Vosges leur vota une somme considérable et une médaille en bronze. Ce ve fut néanmoins qu'en 1849 que les pro- cédés de Gehim et Remy, attirèrent le degré d'attention que leur importance économique et scientifique réclamait. Le Docteur Haxo, d’Epinal, communiqua à l’Académie des Scien- ces, à Paris, un travail soigné sur la piscicul- ture, qui fixa sur les deux pêcheurs l'attention de l'Académie et du peuple français. Le gou- vernement d’alors s’occupa de la découverte ; convaineu que tout ce que l’on en disait était vrai, il prit des mesures énergiques pour em- poissonner toutes les rivières de la France, surtout celles des départements pauvres : les deux pêcheurs des Vosges, sous ses auspices se mirent à l’œuvre et bientôt les plus belles DU UANADÀ;: 15 rivières du royaume fourmillèrent de pois- son. “ Le système en question à été introduit er Espagne, en Hollande, dans la Grande-Bretagne et dans plusieurs autres contrées. Onse figurera les proportions que la nouvelle industrie prit à l'étranger, puisque les bassins et autres structures érigées par le gouvernement, à Bâle, pour la propagation artificielle du saumon, des truites, de la carpe et autres délicieux poissons, couvrent une étendue de vingt cinq acres de terre. Il existe aussi à Huningue un vaste laboratoire pour le mème objet, qui produit le poisson par milliers et qui alimente les ruisseaux et les rivières environnantes. “ Ce fut M. Shaw, qui le premier en ce pays (l'Angleterre) essaya la propagation artificielle du poisson : il y a de cela près de vingt-six ans : ses expériences dans leur objet diffé” raient de celles de Jacobi, il voulait résou- dre un problème d'histoire naturelle par rap- port au saumon. M. Boccius, ingénieur civil a aussi travaillé dans le même sens. Il a sur le domaine d’un seul propriétaire, pro- duit, dit-on, 120,000 truites : il fit aussi, avec succès, des tentatives de pisciculture à Chat- sworth et ailleurs. Le procédé de la fécon- dation artificielle a été introduit en Irlande. Deux entreprenants gentilhommes anglais pos- CA 1G ÈES PÉCHERIES sesseurs de capitaux, les MM. Ashworth, d'Egerton Hall, près de Bolton, ayant acheté les pècheries de Lough Corribb se mirent en tête de résoudre la question suivante : “ Les pêcheries au saumon de l’Irlande peuvent-elles être restaurées à leur ancien état de fécondi- té? Ce fut M. Ramsbottom, de Chitheroe, qu’ils employèrent pour diriger les essais de culture : M. Halliday fournit un compte rendu de ces opérations, dans une lettre qu'il adressa aux Commissaires des Pêcheries de l’Irlande ; nous allons en emprunter un passage. “ Le 14 décembre 1852, on choisit un petit ruisseau à Outerard, que l’on intercepta d’une digue, afin d’avoir une provisien constante d’eau pour l’essai que l’on voulait tenter. On plaça à six pouces de Îa surface de l’eau dans la digue, trois conduits de bois, de deux pouces earrés et longs de quelques pieés, lesquels con- duits servaient à conduire l’eau aux boîtes où devait reposer le frai, tandis que l’excédant de leau s’échapperait par son cours naturel. Les boîtes sont longues de six pieds, larges de: dix-huit pouces, neuf pouces en profondeur, ouvertes et déposées sur le soi en deux rangs avec une inclinaison de deux à trois pouces à chaque boîte, le bout de l’une reposant contre le bout de l’autre : elles sont de plus encais- sées dans le sol jusqu’à un pouce du-haut. DU CANADA, Et On dépose à l’intérieur d’abord une couche de petits cailloux fins, ensuite des caïlloux plus gros, la couche supérieure se compose de pe- tites pierres : le tout peut avoir six pouces de profond. On pratique dans le bout de chaque boîte une ouverture longue de douze pouces et de deux pouces de profondeur, une feuille de fer blanc replié sert de conduit d’une boîte à l’autre et empêche l’eau de s’échapper ; de cette sorte, l’eau se communique d’une boite à l’autre et tombe dans un réservoir destiné à recevoir les jeunes poissons.” Un simple coup d'œil à la structure de l’appareil à Québec et aux dessins dans les livres en dira plus long que toute la description élaborée de M. Halli- day, mais continuons : “ Il est consolant de savoir que la tentative en question a eu un succès digne de l’habile- té de la personne qui l’a tentée. C'est M. Ramsbottom qui le premier a conduit a bonne fin les expériences entreprises dans les trois royaumes avec des œufs de saumon. Il fit éclore en 1852, 5000 œufs, sur le domaine de Jonathan Peel, Ecuier à Knowlsmere et plus récemment encore, il figure au premier rang parmi ceux qui tentèrent de restaurer le sau- mon dans la rivière Tay: voici comment il s'exprime à ce sujet : “ La fécondité extraordinaire du poisson LE ou 18 LES PÊCHERIES est un fait hors de doute : leurs œufs suff- sent pour engendrer des millions de jeunes poissons. Un saumon, par exemple du poids de dix livres contient des œufs capables de produire 100,000. Mais quand la ponte a lieu, selon le cours ordinaire des choses dans les rivières fréquentées par le poisson, tant de dangers entourent la berceau de la future fa- mille, que rarement plus du quart des œufs en viennent à maturité. De là, nécessité ur- gente de préparer pour les jeunes ces réser- voirs artificiels, qui les protégeront contre des dangers sans nombre, jusqu’au moment où ils seront assez forts pour entreprendre de grands voyages. La plus vaste expérience qui ait encore été entreprise dans la Grande Bretagne pour l’in- cubation du saumon, a eu lieu sur les rives de Ja Tay, à un endroit appelé Colinhough, mieux connu sous le nom de Stormontfield, sur les terres du comté de Mansfield. Ce projet fut enfanté à une assemblée des propriétaires riverains tenue en juillet 1852, où le Dr, Eïsdale lut un mémoire sur la pisciculture ; et où M. Thomas Ashworth, de Poynton, expli- qua les expériences dont ses pêcheries en Irlande avaient été le théâtre. Il dit qu’il avait depuis longtemps pensé qu’il serait aussi facile de propager artificiellement le saumon DU CANADA. 18 dans nos rivières que de produire le vers à soie, bien que l’un vit dans l’eau et l’autre er plein air. C'était un fait indubitable que l’on pouvait faire éclore le saumon et les autres espèces de poissons par des moyens artificiels dans des rivières par millions, a un coût nomi- nal et que de cette sorte, on pouvait les pro- téger contre leurs ennemis naturels pendant la première année de leur existence : que ce temps écoulé, ils pourraient se garantir contre les périls bien plus facilement que lorsqu'ils vien- nent d’éclore.” 20 LES PÊCHERIES CHAPITRE TRÜISIÈME Hâtons nous de terminer cette courte ex- quisse de la pisciculture telle que plusieurs gou- vernements l’ont pratiquée avéc succès dans l’ancien monde et telle que nous conseïllerons aux amateurs qui ont des moyens, de l'essayer en Canada : LA GRANDE MANUFACTURE AUX SAUMONS SUR LA TAY. Nous venons de laisser M.Thomas Ashworth expliquant à une assemblée publique tenue à Stormontfield en juillet 1852, le mode qu'il avait adopté en Irlande pour propager le saumon. ‘“ Mon frère et moi, continua-t il nous avons dans notre appareil 20,000 jeunes saumons que nous avons fait éclore: chaque jour, nous avons soin de leur fournir la nourri- ture convenable :” M. Ashworth ajoute que les habitudes et l’histoire du saumon ne sont en- core qu'imparfaitement connues et que pour jeter du jour sur plusieurs points encore en- veloppés de mystère, il avait écrit aux com- missaires des Pècheries en Irlande, de transfé- rer chaque année une partie des jeunes sau- mons des réservoirs, à l’eau de mer, les y te- DU CANADA, 21 nant plongés pendant trois mois, puis de les replacer dans les réservoirs ; de continuer de ce faire, pendant plusieurs années. Les commis- saires avaient fait déposer une douzaine des saumoneaux dans la salle de l'Exposition à Dublin, dans un réservoir constamment ali- menté d’une eau courante: on avait adapté une échelle et des conduits pour faire sauter et remonter ces poissons d’un compartiment dans l’autre. Les spectateurs furent émer- veillés de la souplesse et des ébats de ces petits êtres: on les nourissait chaque jour de morceaux de viande coupés très fins : ces expé- riences tendaient à faire connaitre la vie intime du saumon. Ce système de propagation coùtait à peu près un louis du mille, c’est-à-dire un farthing pour chaque saumon. “ Le grand motif, ajouta M. Ashworth, qui me fait entreprendre cette propagation, c’est que j'y vois une vaste aug- mentation de nourriture pour l’espèce humaine.” Puis, il recommande fortement d’envoyer quérir M. Ramsbottom pour restaurer le poisson dans la rivière Tay et pour enseigner aux autres son art. Un comité de suite adopta l’idée de M. Ashworth. L'appareil pour la propagation ar- tificielle du poisson à Stormontfeld est agré- ablement situé sur une rive ou plan incliné 22 LES PÉCHERIES protégé par une plantation d’arbres, à cinq milles de Perth: le site est admirablement adapté ; c’est M. Peter Brown, ingénieur civil qui a fourni les dessins et les plans pour la construction des étangs, boîtes, glissoires, etc., ete. : ils fonctionnent tous au parfait. Omet- tons les détails de construction pour dire un mot sur le procédé même de la propagation. On se mit à l’œuvre le 23 nov. 1853, pour dé- poser le frai dans les boîtes et dans le cours d'un mois 300 boîtes avec leurs couches de gravois comme plus haut dit, contenaient 300,000 œufs” On sait que le procédé a changé depuis le temps où Lacépède écrivait. Voici la méthode moderne : Prenez un couple de saumons : comprimez légèrement le ventre de la femelle de la main, en la tenant par la tête, et vous lui ferez sans effort rendre tous ses œufs, que vous recevrez dans un seau d’eau rempli au quart : vous en userez de même avec le mâle dont la laite se mêlera aux œufs de la femelle, en re- muant l’eau de la main à une minute d'inter- valle ; versez l’eau, excepté ce qu’il en faut pour submerger le frai et remplacez le liquide par de l’eau fraiche que vous verserez de nou- veau, pour y substituer une seconde fois de l'onde pure, puis déposez le frai fécondé dans les boîtes destinées à le recevoir: on place les DU CANADA. 9 œufs autant que faire se peut, comme si la femelle les y avait déposés elle-même dans le cours ordinaire de la nature, mais avec cet avantage marqué que le frai, au lieu de reposer sur le lit d’une rivière, exposé à mille dangers, tel que d’être snbmergé par des dépôts allu- viaux, ou d’être déplacé et entrainé par le gon- flement subit des eaux, est en sureté, une fois dans les boites et parvient à maturité avec une certitude infaillible. Les premiers jeunes s’'échappèrent de leur coquille le 30 mars ; pendant les mois d’avril et de mai, la presque totalité des œufs se transforma en jeunes sau- mons, lesquels circulaient en tous sens : en juin, ils avaient atteint la longueur d’un pouce, et furent transportés des boîtes dans le réser- voir, Sir William Jardine dans un Mémoire lu devant l’Association Britannique, affirme en parlant des expériences faites dans la première année, que les résultats sont tout à fait satis- faisants, en autant qu’ils démontrent la possibi- lité de faire éclore et d'élever une grande quantité de jeunes poissons forts et vigoureux pendant deux ans, et cela (si l’on excepte les frais de construction de l'appareil) à un coût fort minime. Sir William a aussi fait rapport des opérations de la seconde année comme fort rassurantes : on commença l’œuvre le 12 24 LES PÊCHERIES nov. et le 19 déc. suivant, cent quatre-vingt- trois boîtes contenaient, 2000 œufs. Un journal tenu par un M. Marshall à un établissement de propagation démontre que les poissons mâles sont assez rares; trois coups de seine avaient donné quatre saumons femelles et un mâle seulement. Ce monsieur remarque qu'après la manipulation de l’opé- rateur, la femelle privée de ses œufs et dépo- sée de nouveau dans le fleuve, s’échappa en frétillant fort alègrement. On a remarqué en Ecosse que les mâles étaient aux femelles dans la proportion d’un à quatorze. Le cadre étroit que je me suis tracé me force de reférer l’amateur désireux d’étudier à fonds cette branche de la pisciculture à l’ex- cellent travail de M. Coste, intitulé: Znstruc- tions pratiques sur la Pisciculture; ce petit volume dont le prix modique le rend acces- sible a tous, contient tout ce qu'il est néces- saire de savoir à ce sujet: Voir Page 30, Fécondation artificielle des œufs qui restent libres. Terminons maintenant par ces remarques du Times de Londres sur les moyens et les ca- pitaux que l’on emploie dans les autres pays, pour acclimater les poissons, les animaux et les oiseaux étrangers. “ Le nom de M. Edward Wilson est identifié avec la transmission d’ani- DU CANADA. 25 maux de l'Angleterre en Australie et vice versà. À son retour à Melbourne, il assembla quelques amis et organisa une société d’aceli- matation. Rarement son nom ne parait, mais c’est à lui qu’appartient tout le mérite de l’en- treprise. Il y a plus chez lui que de l’enthou- siasme : ses efforts sont constants, soutenus énergiques : nos enfants et les enfants de nos enfants lui devront beaucoup. De temps à au- tres, on voit sa signature au bas d’une corres- pondance dans les journaux : il a donné deux ou trois lectures, maïs c’est plutôt un homme d'action que de paroles. Sa société, car je dois Pappeler ainsi, est un véritable succès; les fonds provenant de dons et de souscriptions ont atteint le chiffre de £1,000. Le parlement vota £2,000 pour l’acclimatation des alpacas, £500 pour la naturalisation d’oiseaux, d’ani- maux et de poissons.” C’est M. Wilson qui a aussi introduit en Australie la célèbre morue appelée Murray Cod, poisson vraiment gigan- tesque, dans la rivière Yarra. La société a maintenant en sa possession 150 animaux, 350 oiseaux et une quantité de carpes, tanches etc., ainsi que des poisson dorés et argentés. “ Jusqu'à présent tous nos efforts pour intro- duire le saumon ont failli : mais nous n’aban- donnons pas la partie pour tout cela. Nous nous sommes adressé à la France, à l’Angle- 3 26 LES PÊCHERIES terre et à d’autres pays, surtout pour échanger des oiseaux avec eux : nous possédons mainte- nant dans la colonie plusieurs des oiseaux chanteurs des autres pays: on a relaché plu- sieurs espèces: et on entend dans nos envi- rons le chant de l’alouette, du merle et de la grive ; il y a aussi en Australie plusieurs oi- seaux indigènes que l’on pourrait échanger avec l'Angleterre.” DU CANADA. 27 CHAPITRE QUATRIÈME Ayant à traiter de l'espèce de pisciculture qui me semble la plus convenable au Canada, je vais donner la traduction d’un document qui dans le temps fit sensation : il est le fruit de vingt-cinq années d’études d’un homme qui comprend à fond la pêche au saumon et qui a fourni les matériaux pour le plus beau volume qui ait encore vu le jour sur la pêche au saumon en Canada : (*) publication qui honore son auteur et rend un service réel au pays en dévoilant aux étrangers ses ressour- ces. Mémoire lu devant l'Institut Canadien de Toronto en 1856 par le Révd. Wm. Agar Adamson D. C. L. sur la Diminution, la Restauration et la Préserva- tion du Saumon en Canada. [Traduction.] # La découverte d’un mets nouveau, dit Bril- lat Savarin, fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile.” Posez une fois comme certain cet axiome de la “ Phy- siologie du goût,” et quelle importance acquiè- (*) Salmon Fishing in Canada by a resident— Fe a by Sir James Edward Alexander.—London, 28 LES PÉCHERIES rera à vos yeux, la tâche de l’homme qui tra- vaille à augmenter et à préserver un ancien comestible, un plat d’un mérite incontestable comme aliment sain et recherché : j'ose croire que les membres de cet Institut verront avec fa- veur les efforts d’un tel homme,tout humble,tout inexpérimenté qu’il puisse être dans le champ de la science. Encouragé par cette idée autant que désireux de répondre aux vœux des mem- bres de cette institution, je me hasarderai à vous communiquer mes observations sur la diminution, la restauration et la préserva- tion du saumon en Canada. Ce serait peine perdue de prétendre éclairer l’économiste sur la valeur de ce poisson comme objet d'échange dans le commerce; comme comestible, c’est sans contredit le poisson d’eau douce le plus précieux, tant à cause de sa saveur, qu’à raison de son abondance. Peu de soins, quelques petits efforts et une dépense minime, non-seu- lement lui donnera accès dans presque toutes les familles caradiennes, maïs encore en fera un important objet de commerce et d’ex- portation aux Etats-Unis, où grâce à la mé- thode atroce que l’on a jusqu'ici employée en Canada, on a réussi à exterminer pres- que totalement ce poisson. Il y a une tren- taine d’années, tous les tributaires du St.- Laurent, de Niagara au Labrador, sur la rive DU CANADA. 29 nord, et au Bassin de Gaspé, sur la rive Sud du fleuve fourmillaient de saumons : à l’heure qu’il est, à l’exception de quelques rares in- dividus dans la rivière Jacques Cartier, on n’en saurait trouver un seul dans aucune rivière entre Québec et Niagara, Deux causes ont cenduit à ce déplorable état de choses : 10. la propension naturelle de l’homme dans l’état de nature à convertir à son usage toute sub- stance alimentaire, en tous temps, en toute saison; 20. L'absence de passes dans les écluses de moulins pour fournir aux saumons le moyen de remonter dans l'intérieur des cours d’eau, pour y frayer en sûreté. On a cru pendant un temps, que la sciure de bois chassait le saumon des rivières sur lesquelles des moulins à scie étaient construits ; mais je suis convaincu que cette opinion est erronée, car le saumon existe en abondance à lembouchure et au bas des écluses de telles rivières. La véritable cause de la diminu- tion dans les rivières Marguerite, Saguenay, Petit Saguenay, Esceumains, Portneuf, Ri- mouski, Métis et autres, ce sont les obstacles insurmontables qui le poisson trouve dans les écluses, lesquelles empêchent qu'il ne re- monte aux sources limpides des rivières, où seuls ses œufs peuvent être fécendés. Mais dira-t-on, voudriez-vous nous faire abattre nos 9% 30 LES PÉÊÉCHERIES moulins, simplement pour conserver le sau- mon dans les rivières? non, très certainement, car, il est fort possible de laisser exister nos moulins et leurs écluses et en même temps procurer aux poissons un passage facile et peu dispendieux, vers le lieu de la ponte. On ra- conte les histoires les plus merveilleuses de la hauteur que le saumon peut sauter pour sur- monter les obstacles que l’art ou la nature in- terpose entre le bas de la rivière et l'endroit où il veut déposer son frai. Des naturalis- tes ont gravement prétendu que le saumon, afin de bondir plus haut, avait pour habitude de se placer la queue dans la bouche et se courbant ensuite en un arc, il s’élançait hors de l’eau, jusqu'à vingt pieds de hauteur. M. Scrope dans son beau livre intitulé: “ Days and nights of salmon fishing,” affirme qu’en moyenne, le saumon n’atteint, jamais six pieds de hauteur, dans ses sauts, quoique les gros individus de l’espèce placés dans une ean profonde peuvent sauter beaucoup plus haut. Les gros poissons dit-il, peuvent sauter plus haut que les petits: cela dépend toutefois de la profondeur de l’eau ; dans l’eau peu profonde, ils ont peu d’agilité : dans l’eau pro- fonde, leur puissance se double. Au moyen de leurs queues et de leurs nageoires, ils s’é- lèvent rapidement à la surface de l’eau, et ac- DU CANADA. = 4 | quièrent par ce moyen la même impulsion qu’une chaloupe sous l'effort des rameurs. Quoi- qu’il en soit, nous savons que le saumon fait des efforts incroyables pour remonter les ri- vières. Des moyens pour lui faciliter ce pas- sage viennent d’être employés en France, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande ; et ces pro- cédés pourraient s'adapter bien plus facile- ment aux écluses en Canada que dans ces pays là : ceci consiste à échelonner une série de boites en bois, proportionnées à la hauteur de l’écluse : et dans la généralité des cas, ces structures coûteraient à peine vingt piastres. Nous supposerons que l’écluse qu'il s'agit de franchir soit haute de quinze pieds, au-dessus de la surface de l’eau et que le saumon puisse sauter cinq pieds de haut à chaque bond : en ce cas il ne serait nécessaire d’ériger que deux boîtes, l’une au dessus de l’autre, à cinq pieds de distance, afin de donner au saumon le moyen de parvenir dans trois bonds au lieu où doit reposer le frai, (voir le dessin). Dans plusieurs rivières du Canada, comme celle de Métis, de Matane, de Rimouski, des Trois- Saumons, les boîtes ou passes ne coûteraient pas dix piastres chaque. J’ose croire qu'il suffit de faire cette suggestion aux proprié- taires de ces rivières pour que leur esprit pu- blic s'empare de cette idée, Il ne peut 32 LES PÂÊCHERIES exister aucun doute que si l’on fournissait un passage aux saumons, ils iraient repeupler de nouveau plusieurs rivières du Haut-Canada. J'ai moi-même, depuis quelques années, pè- ché le vrai Salmo Salar, dans le lac Ontario, près de Kingston, et plusieurs Torontouans savent qu'on le capture chaque année à l’em— bouchure des rivières Credit, Humber et à Bond Head, dans le mois de mai et de juin, époque antérieure à celle où on les capture chaque année plus bas que Québec. Ces pois- sons ont-ils remonté le St-Laurent, aux pre- miers jours du printemps, sous la glace ou bien ont-ils hiverné dans le lac Ontario‘? voilà un problème à résoudre pour les naturalistes : je me contenterai de dire que l’on a lieu de croire que Le sanmon peut non-seulement exis- ter, mais qu’il peut encere se reproduire dans l’eau douce sans visiter la mer. M. Lloyd dans son intéressant livre sur la chasse et la pêche dans le nord de l’Europe dit : “ Près de Ka- trineberg, il y a une importante pêcherie au saumon, laquelle donne dix à douze milles sau- mons chaque année. Ces poissons sont propa- gés dans un lac, des chutes leur barrant le passage à l’océan ; ils sont de petite taille et inférieurs comme comestible, ” et en ceci, ils ressemblent à ceux que l’on capture dans les envirens de Toronto. M. Scrope, dausle traité DU CANADA. 38 précédemment cité, dit que M. George Dormer de Stone Mills, paroisse de Bridport, plaça la femelle d’un saumon, longue de vingt pouces qu’il avait capturée dans l’écluse de son mou- lin, dans un puits où elle demeura douze ans: bientôt ce poisson s’apprivoisa au point de ve- nir prendre la nourriture de la main de son maître : nombre de personne d’Exeter et des environs vinrent le voir. C’est assez pour ma théorie que le saumon soit pris chaque année dans les rivières Credit, Humber et Bond Head, pour m'autoriser à soutenir que si l’on rendait accessible à ce poisson les affluents du St.-Laurent, il remon- terait ces rivières et y déposerait ses œufs en quantité. S’il refusait de repeupler de cette sorte ces rivières, on aurait toujours pour atteindre ce but la propagation artificielle au moyen d’ap- pareils : système qui d’après le rapport des commissaires des pêcheries a donné en Ir- lande de magnifiques résultats—système qui d’après M. Coste, membre de l’Institut et pro- fesseur au collége de France, tel qu’il en a fait rapport à l’Académie Française,et au gouverne- ment français, a réussi au parfait en France, — système enfin qui était généralement couronné _ du succès en Ecosse, si l’on en croit M. W.H. Fry et les autres écrivains qu’il cite dans son 34 LES PÉCHERIES traité sur la reproduction du saumon par des moyens artificiels. Ce procédé consiste sim- plement de transporter d’une rivière dans une autre les œufs fécondés du saumon, pour les déposer dans un courant d’eau peu profond, jusqu’au moment de l’éclosion. En conséquence du froid qui iei congèle les œufs de saumon deposés dans les lits des rivières, pendant les mois d’octobre, novembre et de décembre et les mois subséquents, le Canada présente plus de facilités que les pays plus tempérés pour la transportation du frai. Même si le résultat d’un semblable projet était incertain, ce qui ne saurait être, combien parmi les riches propriétaires de cours d’eau en Canada, qui pourrait se livrer à cette branche de pisciculture, avec la certitude qu’ils pour- raient repeupler leurs rivières de poissons avec la même facilité qu'ils peuvent approvi- sionner leur basse-cour, de volailles. Je veux être concis: ceux qui veulent ap- profondir la matière n’ont qu’à référer aux œuvres de MM. Coste et Fry, en vente à Qué- bec. Ils y verront que là où ils opéreront, ils auront encore, s’il y a des chûtes, à construire les boîtes ou glissoires pour aider au saumon à remonter. Disons maintenant quelques mots sur les ri- vières où le saumon existe encore en abon- DU CANADA. 35 dance en ce pays. Je considère que ces rivières sont aussi productives, aussi inépuisables qu’au- cunes rivières sur la surface du globe : que les circonstances ont empèché que leurs res- sources ne fussent connues et exploitées et que si l’on les néglige même pendant une seule année, on peut leur causer un préjudice énor- me, irréparable, comme rivières poissonneuses,. Elles s'étendent de Québec au Labrador sur la rive nord du fleuve ; sont fort nombreuses et intersectent 500 milles de côte. La compa- gnie de la Baie d'Hudson les afferme du gouvernement provincial : des rets intercep- tent le cours de plusieurs : tandis que le ni- gog meurtrier de l’aborigène détruit le pois- son dans le reste. Dans les moindres cours d’eau soumis au contrôle de la compagnie, on a placé des rêts, barrières infranchissables ou tout le saumon, gros et petits trouveraient une mort certaine, par les moyens dont l’emploi dans les rivières en Europe a effectivement dé- truit tout le saumon. Heureusement qu’au prin- temps les hautes eaux permettent à quelques- uns de franchir ces endroits avant que les rets soient tendus : une fois parvenus dans le haut des rivières, ils sy considèrent en parfaite sureté et continuent d’y séjourner jusqu’à ce que les froids viennent en congéler la surface, terrain de chasse pendant l’hiver, du pauvre 36 LES PÊCHERIES aborigène, en quête de martes, de visons et de loutres. En Europe, dans les pècheries bien organi- sées et munies de reservoirs et de passages, le poisson est presque sous un controle aussi immédiat, que le troupeau dans la bergerie, ou les poules dans le poulailler. On scait mettre à part les plus gras pour le marché, retenir ceux qui sont les mieux con- formés, pour la reproduction, permettre aux jeunes d’atteindre toute leur grosseur, aux ma- lades et aux faibles d’aller puiser des forces dans les profondeurs de l'Océan. Rien de semblable ici. Jeunes et vieux,gras ou maigres, tous périssent sans distinction dans le rêt ou sous le nigog. La Compagnie de la Baie d'Hudson me parait faire peu de cas de ses pêcheries et les retient comme accessoires au commerce de pel- leteries, qui est bien plus remunératif. Com- me son bail tire à sa fin et qu’elle ignore s'il sera renouvelé, peut-être voit-elle en cela une raison suffisante pour ne pas encou- rir des frais, qui en fin de compte lui assure- raient des profits beaucoup plus considérables. Tout vicieux que peut être le mode employé par la Compagnie de la Baie d'Hudson, si le saumon existe encore en Canada, c'est à elle que nous le devons. Si, pendant un seul DU CANADA. 87 êté on retirait ce faible moyen de protection, sans y substituer d'autre mode, je suis persuadé que ce noble poisson serait exterminé en Ca- nada. Les pêcheurs de Gaspé, de Rimouski, du Nouveau-Brunswick, du Labrador, de Terre- Neuve, des Iles de la Magdeleine, des Etats- Unis se rueraient par légions sur ces rivières : le nigog, le harpon, la seine, la pêche au flambeau en un mot tous les engins de des- truction seraient mis en œuvre pour capturer tuer, mutiler tout le poisson de la côte. On a déjà mème fait des tentatives semblables. Depuis deux ou trois ans, des goëlettes des Etats-Unis sont arrivées chaque été pendant la pêche au saumon à la Baie des Sept-Iles : armés jusqu'aux dents, les équipages bar- raient avec leurs rets la rivière Moisie, en dé- pit des employés de la Baie d'Hudson. Des scènes aussi regrettables ont eu lieu dans d’autres établissements de pêche sur la côte, comme on n'avait pas les moyens, ni la force pour mettre à l’ordre ces bandits. La rivière Bersimis, a été toute cette année (1856) le théâtre d’outrages perpétrés sur le saumon par un américain sans principe, qui employait des aborigènes pour lui capturer avec leurs nigogs des saumons mutilés; ne pouvant trouver à vendre son poisson en sep- tembre à Portland, à Boston, à New-York, À 38 LES PÊCHERIES (le saumon étant alors pris hors de saison et conséquemment fade et mal sain) il eut l’au- dace d’en envoyer plusieurs boîtes à Québec. Qui oserait douter, qu'avec une organisa- tion raisonnable, les rivières du Bas Canada ne devinssent aussi poissonneuses que celles d'Europe qui se louent annuellement pour de vastes sommes? On ne doit pas, d’un autre côté perdre de vue que la distance qui les sé- pare des villes, absence de moyens pour s’y transporter, la facilité que des pirates armés trouvent à s’y introduire, et l’affreuse tempé- rature pendant l'hiver, en rendent le contrôle fort difficile : je ne vois d’autre moyen pour obvier à un tel inconvénient que de faire ce que l’on fait en Danemark pour cet objet, d'employer un ou deux vapeurs armés et ne tirant que peu d’eau. Ces steamers auraient chacun à leur bord, un magistrat muni de pouvoirs légaux pour faire respecter la loi, On pourrait utiliser ces vapeurs en leur fai- sant transporter l’approvisionnement des pha- res, les matériaux pour la construction des travaux publics: ils auraient aussi pour mission de donner protection aux personnes qui loue- raient du gouvernement, des grèves pour la pêche : ils pourraient également transporter le saumon frais aux stations des chemins de fer à St.-Thomas, à Québec, d’où il parviendrait aux DU CANADA. 39 Etats-Unis et au Haut-Canada. Deux lois pour la protection de la truite et du saumon viennent d’être passées : ces lois peuvent avoir leur utilité dans les parties du Canada établies, mais non dans les régions désertes, où il n’y a ni magistrats, ni tribunaux pour punir les coupables : les rivières les plus poissonneuses du Canada sont situées dans ces régions. Je ne puis terminer sans réitérer ce que j’ai déjà dit de la nécessité de protéger les pêcheries, “à moins que l’on ne prenne des mesures éner- giques pour protéger les rivières que la Com-— pagnie de la Baïe d'Hudson va remettre à la Province, deux regrettables résultats s’en sui- vront : des hordes d'étrangers sans frein vont s’en emparer et en extermineront le poisson dans une seule saison; puis ils disparaîtront de nos rives sans laisser de leur passage d’au- tre trace que la ruine de nos pêcheries: et sans le secours des postes de la Baie d'Hudson, leur seule ressource, une tribu entière de sau- vages (les Montagnais) vont succomber à la faim, car ceux dont ils obtiennent leurs vête- ments, leurs provisions et leurs armes auront disparu. ” 40 LES PÊCHERIES CHAPITRE CINQUIÈME Voici le nom des principales rivières sur la côte Nord fréquentées par le saumon et la truite, lesquelles se déchargent dans le St. Lau- rent et dans le Saguenay, entre la frontière Est de la Province, (les Blancs Sablons) et la rivière Jacques-Cartier, au-dessus de Québec, ainsi que des rivières et ruisseaux sur la côte Sud du Saint-Laurent, et de ceux et de celles qui débouchent dans la Baie des Cha- leurs: j’omettrai les diverses anses, baïes et autres stations le long de ce vaste littoral, où l’on tend pourle saumon et pour la truite. L’expiration du bail de la Compagnie de la Baie d'Hudson a mis le gouvernement à même de disposer d’un nombre de stations à pêche anciennement connues, comme ‘“ les Postes du Roï;” ainsi que de plusieurs rivières où fourmillent le saumon et la truite de mer. L’'Esquimau :—Rivière qui, anciennement, fournissait par saison 52,500 saumons. Corkewetpeeche :—V oïisine de la précédente —bonne provision de saumons. Ste.- Augustine : —Egalement poissonneuse. La Baie au Mouton :—Bonne station pour le saumon. DU CANADA. 4i La petite Meccatina :—Bel estuaire à sau- mon. à Netagamu :—Cours d’eau profond et cas- cades: truites en abondance. Le saumon re- monte jusqu'aux chutes. Napeteteepe :—Se décharge dans une baie spacieuse. Le saumon y abonde. Etamamu :—Célèbre pour son saumon. Coacoacho :—Débouche dans un beau bas- sin. Bonne pour le saumon. La Romaine :—Rivière large, mais peu pro- fonde. Remplie de truites argentées d’une saveur exquise. Musquarro : — Rivière rapide, escarpée. Bonne pour la mouche ou le rets. Kegashka :—Le saumon abonde dans la baie : les rapides lui barrent le passage. Grand Natashquan :—Rivière en renom, remplie de saumons de la plus belle espèce. _ Aguanish : :—Borne Nord-Est de la Sei- gneurie de Mingan. Rivière grande et pois- sonneuse. Pashasheeboo : :— De grandeur moyenne: _ assez poissonneuse. Mingan :—Bonne pour le rets et la mouche : les bassins contiennent toujours des gros sau- A e : . Li Le Manitou—affluent de la rivière Mingan, aussi connu et aussi poissonneux. 4* 42 LES PÊCHERIEE Le Saint Jean—Grand cours d’eau : excel- lent pour le saumon. Le Ruisseau à la Pie—Petite rivière rapide, assez bien fournie de saumons. Le Saw Bill—assez étendue : on y tend des rets. Le Manitou—Une chûte perpendiculaire en obstrue l’entrée : la truite et le saumon se rendent à son embouchure. La rivière Moisie—En renom à cause de ses gros saumons. Bonne pour la pêche à la mouche et au rets. La Ste. Marguerite (en bas)—Fourmille de saumons et de truites. La Pentecoste—Ruisseau rapide et profond : son embouchure est garnie de rets station- naires. | 2 AR La Baie de la Trinité—Station favorite pour ceux qui pêchent à la mouche ou au rets. Le Goudbout—kRivière dont la renommée est étendue au loin. La pèche au rets dans cette rivière est très rémunérative. | La rivière Anglaise—se décharge dans une baie profonde: le saumon et la truite y abonde, Le Bersimis—Vaste rivière, avec de nom- breux affluents. Le paysage est charmant : remplie de grosses truites. Elles ne sautent à la mouche que sur les affluents. DU CANADA, 45 Le Wipimewecawnan—Tributaire de la Ber- simis : ruisseau féerique, avec des cascades : paradis terrestre pour ceux qui pêchent à la mouche. La Jéremie—On y prend des petites trui- tes : poste pour la pelleterie. Lesrivières Colombier, aux Pleuviers, Blan- che—sont bonnes pour le saumon. La rivière Zaval—Cours d’eau pittoresque, entrecoupé de petits rapides et de bassins étroits et profonds. Le Portneuf—On y pèche avec agrément la truite à la mouche jusqu’à la première chûte. Le saumon remonte plus haut. On tend aussi des rets où la marée se fait sentir. Le Sault au» Cochon—Des chütes trop élevées empêchent le saumon de remonter : rempli de truites. Le Grand Escoumain—Célèbre par le pas- sé pour son saumon. L’écluse du moulin contient une passe artificielle. La Baie est remplie de saumons que l’on prend dans les rets. Les Grandes Bergeronnes—Bonne pour la truite. Les Moindres Bergeronnes—Assez bonne pour le saumon et la truite. Ces deux rivières ne sont qu’à quelques milles du Saguenay et de Tadousac. 44 LES PÊCHERIES Rivières qui débouchent dans le Saguenay. Ste. Marguerite—(en haut) Principal af. fluent du Saguenay. Truites et saumons en abondance. On y emploie la mouche et le rets. Petit Saguenay—Rivière assez considé- rable—on y pêche avec la ligne ou avec le rets. | St.-Jean (en haut). Ditto. Rivières qui se déchargent dans le St. Laurent. La Rivière noire ou aux saumons—ancien- nement poissenneuse. La rivière Murray—arrose une magnifique vallée. On y prend du saumon. Du Gouffre—fort détériorée. La Sainte Anne—Jolie rivièré: depuis quelque temps on pêche du saumon plus bas que la chûte. Montmorenci—Elle a une cataracte à sôn embouchure. Elle fournit en remontant vers sa source beaucoup de truites. Jacques Uartier—Station célèbre pour la pêche au saumon. Côte du Sud. Rivière du Sud—Elle promet de se repeu- pler de saumon Ouelles—Bien fournie de saumons : l’écluse est en décadence. Grand Métis—Grande rivière avec écluse. DU CANADA. 45 Matann:—Belle rivière au saumon—On est en voie d'y construire une écluse et une passe pour le saumon. Ste. Anne—anciennement fort poissonneuse. On y prend maintenant peu de saumons : Obstruée par une écluse. Mont Louis—Cours d'eau important — mieux apprécié récemment pour sa truite de mer que pour son saumon. La Magdeleine—Limpide—bonne pour le saumon. Dartmouth—Grande rivière qui débouche dans le bassin de Gaspé—le saumon y four- mille. York—Ditto. St. Jean (du Sud).—Ditto. Grande Rivière—Remplie de saumons. Elle fait tourner un moulin. Grand Pabos.—Station pour le saumon. Rivières débouchant dans la Baie des Chaleurs. Grande Bonaventure—Rivière vaste et pré- cieuse—plusieurs tributaires—le saumon y abonde. Cascapediacs—Le Grand et le Petit Casca- pediac fournissent une quantité de saumons. Nouvelle—La Baïe est bonne pour la pêche au saumon. Matapediac—assez vaste—fourmille de sau- mons. 46 LES PÊCHERIES Restigouche—Noble cours d’eau avec de magnifiques tributaires, situé au haut de la Baie des Chaleurs—le saumon le fréquente par milliers. Patapediac—Branche de la Ristigouche : le saumon la remonte près de quarante milles. Mistouche—Alimente le Restigouche, ri- vière au saumon. La marée remonte presque toutes ces riviè- res : on y capture le saumon et la truite nvec des appareils de pêche stationnaires. Celles sur la rive nord du fleuve coulent à travers de sublimes et pittoresques rochers: presque toutes sont alimentées par des lacs, qui four- nissent de rares facilités pour la propagation du poisson. DU CANADA, 4T CHAPITRE SIXIÈME Le système de protection que réclame nos pêcheries de rivières me semble suffisamment indiqué dans le judicieux Mémoire du Rév. Dr. Adamson que l’on vient de lire. Nul doute, que si les finances de la Province le permet- taient, le public verrait avec plaisir, l'érection d’incubateurs ou appareils artificiels comme ceux de Huningue, pour l’éclosion du frai nécessaire pour empoissonner toutes les riviè- res du Haut et du Bas-Canada, celles qui relè- vent de la couronne aussi bien que celles qui appartiennent aux particuliers ; mais ce genre de propagation, tout excellent qu’il puisse être doit, à mon avis, céder le pas à une méthode beaucoup moins dispendieuse, et plus infailli- ble: je veux dire l'érection de passes à sau— mons dans toutes les écluses qui barrent les cours d’eau, dans toutes les chûtes trop éle- vées pour permettre au poisson de les franchir au temps du frai. Ce n’est donc pas un nouvel état de choses que je veux substituer à celui imauguré en 1858 : c’est simplement l’exten- sion, le perfectionnement de l’organisation ac- telle, et si l’on me demande en quoi la loi ac- 48 LES PÊCHERIES tuelle péche, quels sont les résultats qu’elle a a donnés, je répondrai que son fonctionne- ment est enveloppé d’un mystère si profond qu’il me serait fort difficile de préciser exazte- ment ce qui a été fait et ee qui n’a pas été fait. On a annoncé, il est vrai, que le Gouvernement était prêt à affermer les rivières les plus pois- sonneuses de ia côte du Nord: combien de rivières ont été ainsi affermées par la Couron— ne? à qui l’ont-elles été ? est-ce des Compa- gnies ou des particuliers qui en ont entrepris l'exploitation ? a-t-on pratiqué dans les écluses et les chûtes les passes à saumons voulues par la loi ? Quels sont les obstacles éprouvés de la part de ceux qui les ont affermées ? combien de ces “ Postes du Roi” remis à la Couronne par la Compagnie de la Baie d'Hudson sont encore disponibles? a-t-on respecté les droits des propriétaires riverains, ou des occupants qui, préalablement, avaient employé des capitaux dans des établissements de pêche ? Doit- on affermer les rivières dans le but d’en retirer le plus possible dans un court es- pace de temps ? ou bien, doit-on adopter des baux à long terme, propres à encourager les exploitateurs à s’efforcer de restaurer le pois- son pour leur propre avantage dans les riviè- res épuisées ? ainsi pourraient se poser quel- ques-unes des importantes questions que fait DU CANADA. 42 haäître l’organisation de nos Pêcheries de ri- vières. Dans les Provinces inférieures, le Com- missaire des Pêcheries, M. Perley, présentait chaque année à la Légisiature un Rapport étendu, raisonné, sur ce qui avait été fait pen- dant les douze mois précédents. Est-ce qu’un semblable Rapport est moïns nécessaire dans cette Province dont les Pêcheries sont encoie plus vastes, plus précieuses ? A part les travaux de M. Hamel, de M. Bossé, de M. Warren, et de quelques autres écrivains dans les journaux, qu'y a-t il d’écrit en langue française sur cette question ?—nos renseignements officiels ou autres sont maigres, presque nuls. Extrait du journal anglais le “‘ Field.” LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS ET LA PISCI- CULTURE: “ C’est surtout dans les mesures prises depuis quelques années pour développer les pêcheries françaises, que brille dans son plus vif éclat la sa- gesse du gouvernement de l'empereur, dont ies efforts sont incessants, soit qu’il veuille encourager l’industrie parmi les classes ouvrières, soit qu’il s’agisse de faire fructifier les ressources naturelles du royaume. À venir à tout dernièrement, on avait prétendu totalement ignorer la capacité de l’élé- ment liquide pour fournir à l’alimentation du peu- ple; mais enfin, il faut qu’une chose en soit rendu à son dernier état de décadence, avant qu’elle com- mence à s'améliorer. ? 50 LES PÉCHERIES Quand Remy et Gehim firent leur précieuse dé- couverte, les pêcheries, surtout celles de l’intérieur étaient dans le dernier état d'épuisement : l'Etat voyant dans cette science l'aurore d’une ère nou- velle pour les pêcheries, s’y livra énergiquement. Il en est peu parmi nos lecteurs qui n’aient entendu parler du colossal appareil pour la pisciculture con- struit à Huningne: à l'instar d'autres entrepri- ses du même genre, ses commencements furent fai- bles et peu étendus, mais après quelques années, ses proportions s’accrurent à un degré ineroyable—et là où il y a quelques années l’on trouvait seulement quelques centaines d’œufs pour repeupler les rivières de la Francs, il en existe maintenant des millions destinés au même objet. L'Etat, désireux d'améliorer les pêcheries, n’a négligé aucun moyen d’atteindre ce but, et lors qu’il s'est agit d'étudier à fond la question et de mettre à profit l'expérience d’autrui, le gouverne- ment a envoyé ses émissaires en Hollande, en Nor- vège, en Italie. On a mis à contribution tous ces pays—et les bulletins de la Société d'Acclimatation font voir sur quelle vaste échelle et avec quelle constance, le gouvernement a suivi la marche qu’il s'était tracée à ce sujet. Nos lecteurs ont pu voir par une correspondance de M. Buckland que le gouvernement français avait intention d’envoyer un de ses agents pour s’enquérir des progrès de la nouvelle science en Angleterre, en Ecosse, en Irlande. Cet agent, c’est M. Coumes, qui a acquis sa con- naissance de la pisciculture à Huningue ; il semble éminemment qualifié pour sa mission : il est main- tenant à Londres. Nous avons été assez heureux pour le voir et pour entendre de sa propre bouche DU CANAD. di —— PAGE. 126 126 127 128 129 130 131 134 135 138 142 142 143 ERRATA. Page 34 ligne 25 ôtez “ encore.” & 36 “ 15 lisez rêts, au lieu de “ rêt.” “58 ligne 7e et 11e lisez les bois, au lieu de “ le bois.” “ 61 ligne 13 lisez quelle, au lieu de ‘“ qu’elle.” & g4 “ 12 “ ombre-chevalier au lieu de “ omble chevalier.” “ 83 “ 10 “ Consul Américain, au lieu de Commissaire nommée par les Etats-Unis.” 101 “ 2e“ de la, au lieu de “ à Ia” “ 108 ‘“ 16e “ Anspack,;au lieu ‘ d’Auspack.” 6 109 “ 22e “ du, au lieu de ‘au : & 110 “ 10e “ flipper, au lieu de “* fipper.” 190 ‘“ 4e“ qui résulteraient, au lieu de “ qu’il résulterait.” TRUITES. J'ai dit (page 81), sur l’autorité de Lacépède qu'il y avait plusieurs espèces de truites de PA seau (salmo fontinalistes), des expériences récentes du savant Professeur Agassiz démontrent que ce n’est pas le cas, que dans le même ruisseau les truites varient en couleur selon qu'elles fréquentent des endroits plus où moins ombragé, HILL Laon ed Er ÉVITE JR MA KSSE c 4. f * t2257 Hi 10 Han : is Cet x ME à ke - HN EEE 2 ts "T2 + it of F 11 ere : D eva pans PT : rm Pan CAN #3 ve 4 : | ES 8 Loft vif RAC as r LE * Ce ; 4 rep ns MSA EN "ET FrE es 15 TR Gex 1x PU À ’ ; CRE RG Pare EST # = » » Ur © "+ À js" : LÉ ONE = L à. ? # L [A d eo DEUCE DOPCERPE PE d : L 3 CO os vie “tire. te Er pe “, sms 9 « RIDE, CLS +" LL, EEE PRICE TS