LES Leur Origine, leurs Migrations, leur Langage Le 1) Aa. LESSON ANCIEN MÉDECIN EN CHEF DES ETABLISSEMENTS FRANÇAIS DÈ L’OCÉANIE, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D’ANTHROPOLOGIE PUYRAGE ï^ÉDIGÉ D’APRES LE ^MANUSCRIT DK L^UTEUR Par Ludovic MARTINET MEMBRE DE LA SOCIETE D’ANTHROPOLOGIE TOME QUATRIÈM E PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR LIBRAIRE DE LA SOCIETE ASIATIQUE, de l'école des langues orientales vivantes, etc. 28, RUE BONAPARTE, 28 1884 ”/) >ir p « !»''> jc? ' * n s i '' - ■ . ■ ^ ■ i ; :’ à ■■ . I ■ ■ ' ■ • ■ , • ■ . -■ : - ■ . , ' - - , •:• .u.v, 'i'-: ' 'V :-r: •:!• • v- ■- v Examen détaillé de la carte de Tupaia. — Carte des îles Carolines. En commençant notre travail, nous avons sous-entendu le fait primordial de toute ethnologie océanienne, c’est-à-dire celui des migrations ; nous nous sommes borné à prendre la science telle qu’elle était faite sur ce point dans la plupart des ouvrages; maintenant que nous possédons tous les faits venus à la connaissance des ethnologues, le moment est venu de nous livrer à quelques considérations sur les mi- grations. • Nous avons successivement exposé tous les documents présents, toutes les traditions : au point où nous en som- mes, il ne reste pour ainsi dire, qu’a en tirer la conclusion. Certes, après tout ce que nous avons rapporté de l’opinion des auteurs et de leur croyance générale aux migrations t 2 LES POLYNÉSIENS. après ce que nous avons dit des récits traditionnels des Polynésiens» et, plus particulièrement, de ceux des îles Sandwich et delà Nouvelle-Zélande, récits qui témoignent tous de la fréquence des voyages par mer et, par suite, de la possibilité des migrations jusqu’aux îles les plus éloi- gnées, soit volontairement, .soit par simple entraînement, nous pourrions nous contenter d’ajouter que la preuve des migrations est acquise. Mais, comme malgré tout ce qui a été avancé à ce sujet par les partisans des migrations, beau- coup d’auteurs n’ont point été convaincus, nous croyons devoir entrer ici dans quelques . développements qui, nous l’espérons, suffiront à faire disparaître les derniers doutes conservés par eux jusqu’à présent. On comprend, du reste, parfaitement l’existence de ces doutes: au premier abord, en effet, il est difficile de s’ex- pliquer que des peuples à l’état sauvage, dépourvus néces- sairement de connaissances astronomiques étendues, privés des moyens qui favorisent et guident la navigation des peuples civilisés, aient pu se transporter à des distances souvent considérables, à l’aide seulement de ce que les écri- vains ont généralement appelé de « frêles canots. » On comprend même que les courants et les vents qui soufflent le plus ordinairement, aient été regardés comme un obsta- cle insurmontable à la provenance des Polynésiens, surtout de la Malaisie, et qu’ils aient donné l’idée, à ceux qui n’avaient jamais vu les deux peuples, d’attribuer leur ori- gine à l’Amérique. Mais, quand on réfléchit que ces peuples devaient avoir plus de connaissances astronomiques qu’on ne le suppose généralement, puisqu’il fut possible à Tupaia de dire à Cook, pendant assez longtemps, où se trouvait Tahiti, malgré les changements de latitude et de longitude de 1 ' Endeavour ; quand on sait que les canots des insulaires, au lieu d’être de frêles barques, étaient de véritables petits navires, à plate-forme, d une solidité à l’épreuve des grosses mers, et si grands, qu’ils pouvaient porter plus de cent personnes ; quand on sait, comme on le sait aujourd’hui, que les vents sont variables dans l’Océan Pacifique, qu’ils soufflent à des LES POLYNÉSIENS. 8 époques déterminées, et de directions opposées ; quand enfin on sait que l’habitude et l’expérience avaient rendu les Poly- nésiens des navigateurs aussi hardis qu’habiles : non seule- ment on doit cesser de trouver les difficultés signalées aussi grandes que la plupart des écrivains les ont faites, mais on doit plutôt supposer que, favorisés ou contra- riés par les vents (1), ces petits navires polynésiens pou- vaient arriver et arrivaient le plus souvent sains et saufs, jusqu’aux terres les plus éloignées de leur point de départ. On en a déjà vu la démonstration dans la plupart des tra- ditions que nous avons citées : toutes indiquent que les po- pulations, même les plus éloignées, avaient des rapports entre elles, ce qui prouve bien la possibilité des migrations. D’un autre côté, on a vu aussi que celles de la Nouvelle- Zélande disent nettement comment les émigrants des pays d’origine première ont opéré leurs migrations vers l’Ile- Nord, ce qui ne permet pas de conserver le moindre doute, du moins pour celles-là. Enfin, on verra bientôt que tous les témoignages tradi- tionnels qui, jusqu’à présent, n’avaient pas trouvé place dans notre travail, viennent eux-mêmes établir que des rap- ports avaient eu lieu nécessairement, et qu’ils avaiefit pro- bablement été nombreux et fréquents, puisque les Polyné- siens connaissaient une si grande quantité d’îles, placées à de très grandes distances les unes des autres, avant l’arrivée des premiers Européens en Polynésie. Mais, objectent encore ceux qui ne croient pas que le peu- plement de la Polynésie ait pu s’effectuer par voie de mi- (1) Déjà ailleurs nous avons dit que personne n’a mieux réfuté que M . de Quatrefages ce qu’on a dit de la « prétendue impossi- bilité, » ainsi qu’il l’appelle avec raison, de. la provenance des Po- lynésiens de la Malaisie (v. p. 861, 15 février 1864, Revue des Deux -Mondes) ; nous ne pouvons que renvoyer à son livre sur les Polynésiens, et à ce que nous avons dit nous-mêmes à ce su- jet (2me théorie). Nous devons seulement répéter ici que s’il n’y avait eu que cet obstacle contre le peuplement de la Polynésie par- la Malaisie, ce peuplement aurait certainement pu s’opérer, et que s’il n’a pas eu lieu, ce fut pour les raisons que nous avons données et qu’il est inutile de rappeler. 4 LES POLYNÉSIENS.’ grations, ou qui doutent seulement de la fréquence et de la facilité des communications entre les îles, comment les Po- lynésiens, s’ils avaient eu les connaissances qu’on leur suppose, n’auraient-ils pas conservé un souvenir plus précis que celui qu’ils ont, et surtout des notions géographiques plus étendues que celles qu’ils possèdent? A une pareille objection, il n’y a vraiment qu’une ré- ponse à faire : c’est qu’on n’a pas voulu voir. Ces souvenirs abondent, au contraire, comme l’attestent toutes les tradi- tions rassemblées par les observateurs de tous les temps, et plus particulièrement celles recueillies, dans les derniè- res années, aux Sandwich, aux Marquises, à Tahiti, aux Samoa, à la Nouvelle-Zélande, etc., traditions que nous avons fait connaître (1). Toutes montrent que des îles comme Futuna, Nuku-Hiva et vingt autres, étaient connues des Tahitiens, par leur nom. Il faut même reconnaître que ces peuples, qui n’avaient que la tradition pour conserver les souvenirs, le faisaient avec une netteté qui, si elle n’est pas surprenante, est au moins bien remarquable, puisque ces souvenirs fournissent la preuve la plus grande que de nom- breuses communications avaient nécessairement dû exister entre les îles. C’est donc avec raison, suivant nous, que M. de Quatre- fages a dit : (2) « A l’époque des premiers voyageurs, pres- que tous ont pu constater que les Polynésiens connaissaient d’autres terres que celles qu’ils habitaient ; et souvent c’est aux indications données par les indigènes, qu’ils ont. dû leurs découvertes. » Nous pourrions seulement ajouter que, peut-être plus souvent encore que ne le suppose M. de Quatrefages, les découvertes des Européens ont été dues aux indications des insulaires de la Polynésie. En effet, en commençant par le plus ancien des naviga- teurs, Quiros, on voit, quand on lit attentivement les ré- cits de ses voyages, que c’est seulement grâce aux rensei- gnements géographiques qui lui avaient été fournis par les (1) Voir d’ailleurs Rémy, Ellis, Jarves, Williams, Pritchard, etc. (2) Les Polynésiens et leurs migrations , p. 107. LES POLYNÉSIENS. 5 indigènes de Taumako, qu’il découvre la terre du St-Esprit, Tukopia, etc. Et nous devons même dire que s’il eût mieux compris, il aurait pu indiquer le premier, l’île Vanikoro, où s’est perdu La Pérouse ; car c’est évidemment de cette île que le chef de Taumako voulait parler, d'après la distance signalée par lui, plutôt que de Pile Mallicolo des Nouvel- les-Hébrides. Si Quiros avait également mieux compris, après sa découverte de Pile Sa^itaria, qui n’est pas Tahiti, comme on l’a cru, il aurait véritablement pu découvrir les îles de la Société, qui lui étaient indiquées dans le N. -O de son île Sagitaria (1) . On sait, d’un autre côté, que Wallis et Cook ont dû plu- sieurs de leurs découvertes aux renseignements qui leur avaient été donnés, et l’on peut même dire que ce dernier ne doit le plus grand nombre des siennes en Polynésie : îles de la Société, sous le vent, îles Paumotu, Marquises et probablement même îles Sandwich , qu’à ceux qu’il avait obtenus dans Pîle de Tahiti. 11 aurait pu en faire bien da- vantage, comme Pa dit le savant Dalrymple, s’il eût suivi tous ces renseignements. Aussi, moins qu’un autre, avait- il le droit de dire, comme il Pa fait dans son besoin de déni- grement : « La navigation des naturels d’Otaheite et des îles de la Société ne s’étend pas aujourd’hui au-delà des ter- res basses qui sont dans le Nord-Est (2). M. de Bougain- ville leur attribue mal à propos des voyages beaucoup plus longs, car on me citait, comme une espèce de prodige, qu’unepirogue, chassée d’Otaheite par la tempête, eût abor- dé Moopeha ou à l’île Howe, terre qui est cependant très (1) Voir notre examen critique du voyage de Quiros (. Recherches sur V Océanie) ;de Brosse, Arias, Dalrymple, Torquemada, Figueroa; particulièrement l’ouvrage espagnol intitulé : Viajero general , et celui qui a paru récemment à Madrid sous le titre de : Historia del descrubrimiento de las regiones australes , hecho por el general Pedro Fernandez de Quiros, publicada por Don Justo Zaragoza. 1876-1880. (2) Cook désigne parmi ces terres basses : Mataueea (pour Ma- tahiva), Oanoa (pour Anaa), Taboehoe (pour Tapuhoi), Awehee (pour Hawaii), Kaoora (pour Kaukura), Orootova (pour Arutua), Otavaoo (pour Toau) . 6 LES POLYNÉSIENS. voisine et sous le vent. Ils ne connaissent sûrement les au- tres îles éloignées que par tradition : des naturels de ces îles jetés sur leurs côtes leur ont appris l'existence, les noms, les positions et le nombre de jours qu’ils avaient pas- sés en mer. » C’est immédiatement après cela que Cook rap- porte Tentraînement jusqu’à l’île Wateeo (Uatiu) d’une pi- rogue de Tahiti. Or, Uatiu fait partie des Manaia et est par conséquent beaucoup plus éloignée que Moopeha (la Ma- pihaa des Tahitiens) qu’il semble regarder à tort comme File Howe. Quoi qu’il en soit, cette objection des antagonistes des migrations n’a, par le fait, pas plus de valeur que toutes les autres objections présentées par eux. On va voir qu’iL y a bien d’autres témoignages montrant non seulement la pos- sibilité, mais même la nécessité des migrations. Il est surtout un document qui prouve que des rapports fréquents avaient dû exister entre les îles polynésiennes, et qui, par suite, démontre les connaissances géographiques et nautiques de leurs habitants: nous voulons parler de la carte dite de Tupaia, sur laquelle nous allons nous arrêter assez longuement, en raison de son importance. Cette carte a été dressée, comme on sait, par Banks et Cook, d’après les indications fournies pnr le grand prêtre tahitien Tupaia, alors qu’il était leur compagnon à la fin de la campagne de YEndeavour ; elle a été publiée pour la première fois par Reynold Forster, dans le cinquième vo- lume du dernier voyage de Cook. Nul document, comme Font dit la plupart des ethnolo- gues, et surtout M. de Quatrefages, n’est plus important que celui-là pour attester l’étendue des connaissances géo- graphiques des Polynésiens en général et de Tupaia en particulier ; nul, certainement, ne démontre mieux la pos- sibilité entre les divers archipels, des rapports signalés par les traditions et la possibilité des migrations. M. de Quatrefages fait ressortir toute l’importance de ce document en quelques lignes que nous croyons devoir citer, parce que nous partageons presque complètement sa ma- nière de voir à ce sujet. LES POLYNÉSIENS. 7 « Ce document, dit-il (1) met parfaitement hors de doute un fait capital, savoir, que les Tahitiens instruits connais- saient a\ec assez de détail toute la Polynésie, à l’exception de la Nouvelle-Zélande et des Sandwich, et cela à une é.po« que où ils ne pouvaient devoir cette connaissance qu’à eux- mêmes. « Que la carte de Tupaia ait été un véritable spécimen des notions géographiques des Polynésiens, que ces notions fussent exactes autant qu’elles pouvaient l’être chez des peuples dépourvus d’instruments de précision, ce sont là des faits dont il n’est plus permis de douter. Plus de la moitié des îles ou des archipels qui y figurent étaient in- connus à Cook et à ses compagnons. Les Européens n’au- raient donc pu fournir des indications aussi étendues. Bien plus, celles qu’ils donnèrent sur les îles qu’ils venaient de découvrir ne servirent qu’à introduire de graves erreurs, ou plutôt une confusion regrettable dans l’œuvre du savant in- digène. La connaissance imparfaite qu’ils avaient de la langue, leur fit prendre le Nord pour le Sud, et, dans la gravure donnée par Forster, la carte est renversée. « Partant de cette idée fausse sur la position des points cardinaux, les navigateurs anglais indiquèrent à Tupaia, pour les îles qu’ils avaient découvertes dans les Marquises et l’archipel Pomotou, des corrections que le Tahitien, con- vaincu de la supériorité de ses contradicteurs, se crut obligé d’accepter. « Si l’on veut jugœr l’œuvre de Tupaia, ajoute M. de Quatrefages (2), il faut donc lui appliquer les corrections rendues nécessaires par l’erreur des Européens. Quant à celle-ci, M. Haie qui, le premier, je crois, en a signalé la cause et les résultats, l’a mise complètement hors de doute. Il a fait remarquer, entre autres, que les îles encore incon- nues aux navigateurs anglais sont exactement à leur place, tandis que celles qu’ils avaient vues sont précisément à l’opposite du point qu’elles devaient occuper. (1) Ouvr. cité, p. 107. (2) Ibid, p. 109, 8 LES POLYNÉSIENS. « La carte de Tupaia, lorsqu’on la rectifie d’après ces données, reprend son vrai caractère, et n’est certainement pas inférieure à celles que notre moyen-âge publiait sur le monde alors connu. A peine est-il nécessaire de faire remar- quer l’extrême importance de ce document pour la question qui nous occupe. » Cette citation résume l’opinion g*énérale des ethnologues. Nous croyons aVecM. de Quatrefages que la carte de Tupaia met hors de doute la connaissance de visu, ou tout au moins traditionnelle, que les Tahitiens avaient dès lors de la plupart des îles de la Polynésie ; mais allant plus loin que lui, nous n en exceptons même pas, comme on l’a vu et comme on le verra encore, la Nouvelle-Zélande et les îles Sandwich, Bien certainement, puisqu’un si grand nombre d’îles y figure, il faut admettre que dans des temps antérieurs, les relations entre archipels ont dû être très fréquentes, ainsi que l’avaient appris quelques-unes des traditions que nous avons citées. D’un autre côté, il est bien évident, comme le dit M. de Quatrefages, que les Européens, qui connaissaient alors si peu la Polynésie, n’auraient pu indiquer à Tupaia un nombre d’îles si considérable. Evidemment encore, les erreurs constatées qui existent sur la carte, et que nous allons nous-mêmes signaler, tiennent plus aux Européens qui l’ont dressée, Banks et Cook, si ce n’est pas à Forster lui-même, qu’au géographe tahitien. Iln’estpas moins évident, comme nous le ferons voir en analysant la carte de Tupaia, que c’est l’ignorance de la langue qui a fait appliquer au Nord la désignation qui ap- partenait au Sud, et estropier, pour ainsi dire, tous les mots entendus, depuis ceux des îles jusqu’à ceux des deux autres points cardinaux. Dalrymple, le premier, fit remarquer que les îles sont souvent mal placées sur la carte (1). Comme (1) On sait que c’est Dalrymple qui devait commander YEndea- vour , avant que l’amirauté, pour des raisons particulières, (Dal- rymple voulait être nommé capitaine de vaisseau afin d’être plus respecté et mieux obéi; le remplaçât par Cook. C’est lui qui était le promoteur de cette expédition . C’était le plus savant géographe LES POLYNÉSIENS. 9 preuve, il indique particulièrement une île Manu, ou des Oiseaux, tracée et placée au Sud de l’île appelée Ü-Hete- Roa par Cook, quoiqu'elle doive se trouver au Nord de cette dernière, puisqu’en s’y rendant avec YEndeavour de Raiatea, sa patrie, Tupaia s’attendait à voir cette terre avant d’arri- ver à O-Hete-Roa (1). Toutefois, nous doutons que Tupaia n’ait laissé certaines erreurs que parce qu’il était convaincu de la supériorité de ses contradicteurs. A en juger par quelques-unes, ces er- reurs ne pouvaient être que le fait des Européens, et d’ail» leurs, il faut bien le dire, Tupaia était mort avant que Cook, dans son deuxième voyage, n’eût visité les Marquises, et n’ait pu, par conséquent, corriger les renseignements don- nés par le géographe tahitien. Nous ne croyons pas non plus que la carte ait besoin d’être complètement renversée, comme Haie parait l’avoir dit. Si on la renverse, il en résul- te comme nous allons le faire voir, que certain groupe, dont la moitié est assez exactement placée dans un hémis- phère, n’a pas moins toujours son autre moitié dans un hé- misphère différent. C’est ainsi que des îles faisant néces- sairement partie du groupe Hervey, par leurs noms, se trouvent partagées entre les deux hémisphères. Ce serait par conséquent en vain qu’on ferait évoluer la carte ; une partie resterait toujours séparée de l’autre. Enfin nous n’oserions soutenir, avec Haie encore, que les îles inconnues des Anglais sont les seules bien placées com- parativement à celles vues par eux. Ce que l’on peut dire anglais de cette époque et en même temps un excellent marin ; il était convaincu, contrairement à Cook, de la nécessité d’un con- tinent ou d?une grande terre dans le Sud de l’Océan Pacifique. Ses ouvrages sont aussi connus qu’estimés. Cook, après avoir fait une pointe vaine dans le Sud, abandonna vite cette navigation, en restant convaincu qu’il n’existait point de terres de ce côté. Celles-ci, comme nous l’avons déjà dit, ont pourtant été découver- tes par d’Urville et Wilkes. (1) Ce nom a été donné sans doute à une petite île qui est en effet au Nord de Rurutu, et sans désignation, sur les cartes mo- dernes. C’est probablement l’île appelée Libuaï par Moërenhoüt et qui est poijiée sous le nom de Mannua sur la carte de Tupaia. 10 LES POLYNÉSIENS. seulement, c’est qu’elles sont généralement mal placées, et souvent éparpillées, séparées du groupe auquel elles appartiennent. Mais il n'est pas moins vrai que, même avec ces erreurs, la carte de Tapaia fait voir que le géographe Tahitien connaissait, par tradition ou autrement, un grand nombre des îles de la Polynésie, sinon toutes. Telle n’est pas, il est vrai, l’opinion de M. J. Garnier qui, dans son mémoire sur les migrations en Océanie a mis en doute l’étendue des connaissances géographiques de Tupaia et qui surtout, à notre avis, l’a jugé trop sévèrement. Yoici ses paroles (1) : « Pour moi, comme pour tous ceux qui ont fréquenté les Polynésiens, cet homme (Tupaia) ne voulut pas rester en retard de science vis-à-vis de nous, et, pendant son séjour sur le navire de Cook, il traça sur le papier cette carte avec d’autant plus de complaisance qu’on semblait plus attentif à ses paroles. Il fit ainsi un tracé approximatif, grossier des îles et des récifs qui avoisinent Tahiti, dans un petit rayon ; un écueil, un rocher y prennent les dimensions d’une terre, puisqu’on y voit tracée à grande échelle une île qui porte le nom de Mutu, c’est-à-dire « petit îlot de co- rail », (2) en langage tahi tien. Dans d’autres cas, les con» naissances positives de cet indigène semblent être mêlées à celle de la légende : ainsi l’île Oheevaï n’a dû arriver à sa connaissance que par la tradition (3), et je reconnais, avec notre savant collègue M . de Quatrefages, que c’est là un fait surprenant que le souvenir d’une grande terre, d’où ils seraient venus et qui porterait le nom d’Hawaii ; mais je suis bien loin de tirer de ce fait important les mêmes con- clusions. (4) » (1) Les migrations polynésiennes, etc. p. 47. (2) Nous ferons remarquer, eu passant que « petit îlot de co- rail » ne se dit pas Mutu mais motu. Mutu en Tahitien, signi- fie « être allé, passer le long » Est-ce que ce ne serait pas ce qu’aurait voulu dire Tupaia? (3) Telle est, comme on a vu, l’opinion que nous avons soutenue et qui explique pourquoi Tupaia a donné cette île comme la « mère des autres » et l’a faite si grande. (4) M. J, Garnier dit que si on retourne, avec Haje, la carte de LES POLYNÉSIENS. 11 On a vu, en effet, que pour M. J. Garnier le peuplement de la Polynésie a été opéré par l’Amérique. S’il est exact de dire, d’une manière générale, que cette carte n’est qu’un tracé approximatif, et même grossier, des îles qui y figurent, il s’en faut qu’il ne s’agisse que des îles avoisinant Tahiti dans un petit rayon. Tout à l'heure, nous montrerons qu’on peut peut-être même y retrouver les îles les plus éloignées des îles de la Société, sans parler des ar- chipels intermédiaires. L’exemple que cite M. Garnier prou- ve plutôt lui-même, à notre avis, que ce n’est pas Tupaia qui a commis l’erreur signalée mais bien les Européens ; car les îles peu éloignées de Tahiti étaient celles qu’il devait le mieux connaître. Puis, nous l’avons dit précédemment, si c’est bien le mot mutu qui avait été prononcé par Tupaia, il avait évidemment voulu dire, ce mot n’ayant pas d’autre signification en Tahitien, qu’il était « allé vers cette île, qu’il avait passé le long, » ce qui ferait supposer qu’il n’y était point descendu. On verra bientôt qu'on a généralement préféré le mot Motu, qui signifie « petit îlot bas, île basse » de corail ou non : C’est ce nom qui a été l’origine de tous les doutes émis depuis. Il est bien certain comme le dit M. Garnier et comme nous avons cherché nous-même à le dé- montrer, que les connaissances de Tupaia étaient mêlées à la légende. Mais qu’est-ce que cela prouve ? Que ces connais- sances étaient générales ; et il est peut-être plus surprenant encore de voir une race si dispersée en conserver aussi bien le souvenir par la seule tradition. Car on l’a vu, déjà du temps de Cook, les voyages lointains n’avaient pins lieu; nous avons rapporté ailleurs les paroles dites à Moerenhoüt par un vieux prêtre, paroles prouvant si bien que les ancê- tres des Tahitiens recevaient de nombreuses visites d’étran- Tupaia, l’île Savaii de cette carte serait l’ile Havaii, d’où cer- tains auteurs et surtout Ellis, font partir toutes les migrations polynésiennes. Mais il ne croit pas que les migrations soient par- ties de là ; il ne croit pas non plus qu’Hawaii soit Savaii, de même que nous ne croyons pas, comme on va voir, que O-Héevai soit Savaii. 12 LES POLYNÉSIENS. gers, et s'aventuraient eux-mêmes à de très grandes dis- tances. (1) Pour prouver notre assertion, nous citerons un passage de l’un des hommes les plus autorisés dans cette question, de J. Williams. Oe passage prouve que les connaissances géographiques de Tupaia étaient bien celles de toute la Po- lynésie, et que les voyageurs ne craignaient pas d’aller fort loin. « J’ai, dit- il, des traditions indigènes sur presque tous les sujets, et particulièrement sur leurs premiers naviga- teurs, dans lesquelles chaque île, successivement découver- te dans un rayon de deux mille milles, est désignée par son nom. » (2) Certes, après un pareil témoignage, tout doute doit disparaître. Nous croyons donc, en somme, que les raisons sur les- quelles M. Garnier s’est appuyé pour refuser de croire aux connaissances géographiques de Tupaia, et pour soutenir que les voyages entre les divers archipels n’étaient ni aussi nombreux, ni aussi faciles qu’on l’a dit, sont tout au moins insuffisantes, quand elles ne sont pas détruites par les tra- ditions. Il dit bien, il est vrai, (3) « on a vu des cas d’indi- gènes qui, chassés par la tempête, arrivaient dans un ar- chipel voisin ; ni les naufragés, ni ceux qui les recueillaient ne connaissaient auparavant leurs patries respectives, quoi- qu’elles ne fussent qu’à des distances relativement faibles les unes des autres.» Qu’est-ce que cela prouve encore ?Que c’étaient des cas d’entraînements involontaires, d’ailleurs assez rares vers une même île, bien qu’assez fréquents pour l’ensemble ; ils provenaient sans doute de l’une de ces cen- taines d’îles si petites qui se trouvent dans le N. O. de Tahiti et qui sont si généralement inconnues des archipels les plus voisins du Sud. Si, au contraire, on fait appel aux traditions, on voit que rien n’était plus fréquent que le voyage d’une île à l’autre, (1) La cessation des voyages vient à l’appui de cette opinion émise par Moërenhoüt que les Polynésiens étaient en décadence à l’arrivée des Européens. (2) A Narrative. , etc, p. 27. (3) Ouvr. cité, p. 47. LES POLYNÉSIENS. 13 ou même d’un archipel à un autre, et que des îles séparées par une assez grande distance semblaient se connaître pour ainsi dire de temps immémorial. C’est ainsi que non-seule- ment Tahiti, Raiatea, etc., connaissaient les- îles Rapa, Rurutu, Rarotonga, etc., mais que ces dernières, d’après leurs propres traditions, avaient des rapports fréquents, fa- ciles même, avec les premières, et qu’elles connaissaient particulièrement les îles Mangareva. C’est ainsi que les tra«- ditions des îles de la Société établissent, comme la carte de Tupaia, qu’on allait aussi bien dans le Nord que dans l’Est, dans le Sud et le Sud-Ouest. Nous avons déjà rapporté ces traditions ; nous nous contenterons donc de renvoyer à la tradition de Tahiti qui attribue la découverte des îles Her- vey à des Tahitiens ; à celle des îles Hervey rapportée par J. Williams, établissant que des visites fréquentes, dans des temps reculés, étaient faites aux îles de la Société ; à celle des îles Marquises, qui ne sont pas moins explicites, comme nous l’avons plus particulièrement fait voir, en rapportant l’origine des rats dans ces îles, et qui montrent qu’on al- lait facilement de Tahiti vers elles, et réciproquement sans doute, puisque, d’après d’autres traditions, les Marquésans allaient guerroyer jusque dans les îles à populations méla- nésiennes qui, pour eux, étaient bien plus éloignées que les îles de la Société. Enfin nous rappellerons encore le récit qu’a fait Mariner du voyage d’un chef tongan jusqu’à l’île Futuna dans les Hébrides, et surtout la tradition si curieu- se et tant de fois citée, qui rapporte les voyages plusieurs fois renouvelés d’un prêtre Hawaiien vers une contrée très éloignée, que nous avons essayé de préciser. Cela suffira, croyons-nous, pour que l’on soit bien convaincu, sinon de la fréquence et de la facilité extrêmes des voyages entre les divers archipels, du moins de leur accomplissement et de leur facilité relative dans un but déterminé, et de leur réa- lisation, le plus souvent avec succès, malgré les distances. Après cela, n’est -il donc pas permis de dire que Tupaia ne méritait pas d’être aussi sévèrement jugé ? Si ses con- naissances ne s’étendaient pas nécessairement à toute la Polynésie, il n’est pas moins vrai qu’une grande partie de 14 LES POLYNÉSIENS. celle-ci lui était connue, ainsi que nous allons le faire voir. Quelle que fût l’étendue de ces connaissances chez lui per- sonnellement, elles attestent que les Tahitiens de son temps conservaient encore tout frais, le souvenir des rapports de leurs ancêtres avec les autres Polynésiens. En effet, 78 à 80 îles figurent sur cette carte, et Dalrymple dit même que Tupaia en avait signalé 130 à Banks. C’est à cette occasion que le savant géographe fait remarquer « combien il y avait eu de négligence à bord de YEndea- vour , en ne profitant pas davantage des connaissances et des éclaircissements que pouvait fournir Tupaia». En com- parant les remarques de Jarves, Hopkins et autres sur le silence affecté de Cook, touchant les découvertes de ses- de- vanciers, et surtout en voyant comment il a rencontré les îles Sandwich, il est permis de se demander, comme nous l’avons fait observer ailleurs, si l’absence de certains ren- seignements était bien involontaire. (1) Dalrymple dit enco- re du reste, que Banks lui a donné l’assurance que, d’après Tupaia, de grandes île»existaient dans le Sud-Est de Tahi- ti ; mais comme il n’y a dans cette direction d’autres gran- des îles que les Mangareva, l’île Marutea (Hood) ou Pâques (Waihu), c’est à ces îles qu’il a dû faire allusion, autrement il faudrait supposer que Banks n’avait pas bien compris. Tupaia avait vu ou visité une partie des îles qui figurent sur sa carte, mais sans aller jamais aussi loin que son père qui, paraît-il, avait visité des îles placées à une grande dis- tance dans le Sud. et sur le compte desquelles manquent malheureusement les renseignements. Dans l’Est et le Nord- Est, on peut croire’, d’après les îles signalées, que Tupaia, n’avait pas dépassé les Paumotu. Et M. de Quatrefages dit, à cette occasion, qu’il s’était avancé, d’après les calculs de Cook, à 20 degrés dans l’Est, c’est-à-dire à environ 400 lieues marines ou 2.700 kilomètres à l’Est de Raiatea (2). Mais s’il (1) Ceci expliquerait les paroles de M. J. G-arnier : k Cependant Caok ne semble pas y avoir attaché toute l’importance que Fors- ter lui donne. » Ouvrage cité, p. 51 i (2) Cook a certainement voulu dire que Tupaia ou les navigateurs tahitiens en s’avançant à l’Est de Raiatea, sont allés vers l’Est LES POLYNESIENS. 15 notait pas allé lui-même dans le Nord-Est jusqu’aux îles Marquises, ce qu’on 11e peut ni nier ni affirmer, il n’est pourtant pas moins vrai, ce qui est bien remarquable, et ce que nous allons, démontrer plus loin, qu’il avait signalé h Cook toutes les îles qui font partie de cet archipel. Ce fait prouverait que, pour lui du moins, les souvenirs tradition- nels étaient bien nets. Dans le Sud-Ouest, il avait probable- ment borné ses voyages à une partie des îles Hervey ; mais il semble avoir dépassé les Samoa dans l’Ouest, et s’être avancé jusqu’aux îles Tunga, et peut-être aux Fiji, si les noms donnés à quelques îles ont bien la signification qu’on leur attribue généralement. Peut-être même une île citée par lui est-elle la Nouvelle-Calédonie, ainsi que nous avons cru pouvoir le soupçonner ; mais, en apparence, il résulte de sa carte, qu’il connaissait moins les îles de cette partie de l’Océan Pacifique, que celles du Sud, de l’Est et même du Nord, quoique ce fût le côté d’où, d’après les traditions, étaient venus les ancêtres des Tahitiens. Ceci semblerait venir à l’appui de cette assertion moderne, que les hommes de l’Ouest de l’Océanie, connaissaient plus de terres à l’Est, que ceux de l’Est n’en connaissaient vers l’Ouest. Mais il est plus rationnel de croire, ainsi que nous le ferons voir bien- tôt, qu’on se portait généralement vers l’Est, dans les voyages qu’on entreprenait, assuré que l’on était d’être facilement ramené à l’aide des vents alisés le plus souvent régnants. Quant aux îles Sandwich, on ne cesse de répéter qu’elles étaient complètement inconnues de Tupaia ; mais on va voir de nouveau qu’il est permis, d’après quelques noms, de sup- poser le contraire ; peut-être, enfin, la Nouvelle-Zélande elle-même a-t*elle été indiquée traditionnellement par le géographe Tahitien, si nous ne nous sommes pas trompé sur la signification du nom donné par lui k l’île qu’il regar- dait comme la mère des autres îles : Ü-Heevai. vrai. Ce qui le prouve, c’est la position pour ainsi dire exacte, re- lativement à Raiatea, qu’il donne sur la carte de Tupaia au grand archipel Paumotu et à celui des Marquises. Il ne se doutait pas que le mot Sud mis à la place de Nord, serait lui-même la cause de tant de doutes. 16 LES POLYNÉSIENS. L’examen détaillé de cette carte va démontrer, mieux en- core que ce qui précède, que les connaissances géographi- ques des Polynésiens étaient étendues, et que les erreurs qui s’y trouvent sont plutôt dues aux Anglais qu’à Tu- paia (1). On voit d’abord au haut de la carte, le mot Opa-tooe-rou , et en dessous le mot Opa-toa. Or, opa , en Tahitien signifie « sur un côté », et toa « en- tièrement, tout. » En un seul mot, ce nom n’existe pas à Tahiti. C’est par le mot Apatoerau que les Tahitiens dési- gnent le Sud, comme c’est par celui d'Apatoa qu’ils dési- gnent le Nord. Le mot Opa-toa de la carte n’étant certainement que le mot Apatoa des Tahitiens, mal orthographié par les An- glais, c’est donc le nom servant à désigner le Nord que ces derniers ont donné au Sud et celui servant à désigner le Sud qu’ils ont appliqué au Nord, car évidemment le mot Opa-tooe-rou de la carte n’est que le mot Tahitien Apatoe- rau, toujours mal entendu et, par suite, mal orthographié. Si l’on admettait que le mot Opa-tooe-rau a été bien enten- du et bien écrit, il faudrait lire opa , « coin, côté », et toerau 9 (1) Comme Claret de Fleurien a donné la partie orientale de la carte de Tupaia, dans le 4e vol. in 4° du Voyage de Marchand (p. 78 et pL VII), nous croyons devoir rapporter ses paroles: s M. Banks, dit-il, dans le 1er voyage de Cook, dressa, sous la dictée de Tupaya, une carte de toutes les terres que les insulaires de l’ar- chipel de la Société, connaissaient dans le grand Océan Equino- xial, et auxquelles Tupaya appliquait des noms. L’archipel des Marquises y est marqué comme composé de 10 îles. . . Cette parti- cularité prouve que la navigation des insulaires des tropiques s’est étendue beaucoup plus loin que la fragilité de leurs embar- cations ne semblait le comporter.» 11 ajoute en note sur la carte : « On a jugé inutile d’écrire tous les noms portés sur la carte de Tupaya. On s’est borné à ceux des 10 îles de Mendoce, et de quelques autres qui paraissent avoir été retrouvées, telles qu’Anaa, l’île de la chaîne, Oura et Teoheow, les îles du roi Georges ; Opataï, les Pernicieuses de Roggeween, les Palliser de Cook. » L’île Pitcairn y figure sous ce nom. LES POLYNÉSIENS. 1? « vent d’Ouest ou de Nord-Ouest », ce qui prouverait tou- jours que le mot Est n’est pas à sa véritable place. (1) En somme les désignations du Sud et du Nord sont donc, d’une manière certaine, inversées sur la carte, ainsi que Haie le premier l’a fait remarquer ; mais l’Est et l’Ouest, à part toujours une orthographe convenable, y sont bien dé- signés. Ainsi l’Est y est appelé Tatahaieta et Ohe-tootera ; ces mots sont : le premier celui de tatahiata , qui, en Tahitien, signifie « le point du jour » ; et les deux autres, les mots malentendus et mal orthographiés de te hitia o te ra , c’est- à-dire k le lever du soleil ». Si l’on acceptait ohe toote ra il faudrait traduire : ohe , & dard; » tu, droit, directement » et te va « le soleil, » ou encore « là, au loin. » Te reati tootera , sont les mots inscrits pour désigner l’Ouest. Us doivent être les mots te tua o te ra , mal en- tendus, c’est-à-dire « le coucher, le derrière ou le dos du soleil. » C’est en effet par les mots : te hitia o te ra, et te tua o te ra, que les Tahitiens désignent le lever et le coucher du soleil, le Levant et le Couchant, en un mot l’Est et l’Ouest. On a vu qu’en Maori, « lever du soleil » se dit Whitinga o té ra, c’est-à-dire qu’il n’y a de changé ou mieux de sup- primé en Tahitien que le u et le ng. « Coucher du soleil », en Maori, se rend par Ka-to-te-ra. Quant aux îles, nous dirons de suite que celles mises à l’Est et au Sud de Tahiti sont assez bien placées, et assez bien désignées souvent pour qu’il soit possible de reconnaî- tre la plupart de celles dont Tupaia a voulu parler. Ainsi, après les nos 1 et 2, (2) qui sont Tahiti et Maïtea, on voit, sous le n°3, le nom de O-Heeva-Nooe donné à une (1) Notons en passant qu’en Tahitien, le mot Toerau signifie vent d’Ouest ou de Nord-Ouest. Nous avons déjà fait voir que cette signification aide à détruire l’assertion des partisans du peuple- ment de la Polynésie par l’Est. Ajoutons que Aotoerau. est, dans les îles de la Société, le nom d’un vent d’Ouest léger et agréable. (2) Nous nous sommes servi, pour les numéros des îles, de la' carte de M. de Quatrefages. 18 LES POLYNÉSIENS. île qui, par sa position, n’est évidemment que Pîle delà Chaîne, de Cook, prise à tort pour l’île du Prince de Galles par les Anglais. Le n° 4, Pile Oïi otah de la carte, est celle qui est connue des indigènes sous le nom de Vaïraatea, et sur laquelle, il y a quelques années, un capitaine marchand, M. Lucas, a publié un mémoire intéressant, dans le journal L'Océanie. Le n° 5, üuroupoe est l’île Rapa, POparo de Vancouver, son découvreur. O-Hitte-Tamaro-Erree, n° 6, est probablement Tîle'With» sunday ou peut-être l’île Cumberland de Wallis. Te-Newhammea-Tane, n° 7, pourrait être Motane ou l’île Tena-Runga. Toometo-Roaro, n° 8, semble êtrel’île Anu-Anu-Raro ou l’île Margaret des navigateurs, l'île Glocester étant laParaoa des indigènes. On voit vers le Sud, une île Moutou, (1) n° 9 : c’était, dans cette direction, la plus éloignée qu’eut visitée Tupaia. Telle qu’elle est placée sur la carte, on pourrait la prendre pour Manaia ou l’une des îles Hervey ; mais Tupaia lui donne plus d’étendue que n’en a Tahiti, et Manaia est bien plus petite. Il est certain qu’il n’existe aucune île plus grande que Tahiti dans cette direction ; d’un autre côté Tupaia est si souvent inexact quant à l’étendue des îles, qu’il ne faut pas attacher une bien grande importance à cette qualification qui pourrait bien d’ailleurs n’avoir été appliquée parles Eu» ropéensque par erreur. Ce qu’il faut remarquer encore, c’est que si ce nom n’est autre que celui de Motu, comme le pen- sent plusieurs écrivains, cela semblerait indiquer que Tupaia n’a voulu parler que d’une ou plusieurs petites îles basses, car ce mot motu est généralement appliqué à des îles de peu d’étendue et basses, par opposition à fenua île ou terre élevée. Serait-ce donc l’une des îles qui avoisinent Rapa, dans le (1) Si c’est bien ce nom qui a été entendu et prononcé ; nous croyons plutôt, comme nous l’avons fait remarquer, que Tupaia s’était contenté de dire qu’il avait passé auprès, l’avait longée sans probablement s’y arrêter. LES POLYNÉSIENS. 19 Sud ? Mais la légende qui accompagne ce nom sur la carte de Tupaia indique qu’il y avait encore d’autres îles plus Sud que celles-là, au dire du père de Tupaia qui y était allé. Ce ne peut donc être les îles de Bass, qui sont les plus Sud, et ce ne serait tout au plus que l’une des îles Australes. Dans tous les cas, nous le répéterons, il ne faut pas tenir compte de la grandeur indiquée, puisqu’il n’y a pas d’île plus grande que Tahiti dans le Sud, et que ce n’est que dans le Sud-Ouest qu’on en voit une à laquelle cette qualifica- tion pourrait convenir : nous voulons parler delà Nouvelle- Zélande qui, en effet, a d’autres' îles plus au Sud qu’elle. Non loin de cette île Mutu ou Motu, figure, au n° 10 delà carte, une île Mannua, qui dans le texte est appelée Manu- na ; d’après sa position et surtout sa situation au Nord-Est d’O Hitte -Roa, ce n’est bien probablement que l’île des Man- gareva ; car la légende dit qu’elle est' élevée. Or il n’y a dans le Nord-Est ou mieux dans l’Est d’autres îles élevées que les Mangareva, à moins d’aller jusqu’aux Marquises, que Tupaia indique trop clairement, pou y qu’on puisse ad- mettre qu'il ait voulu, sous ce nom, parler de l’une de ces dernières. Enfin, près do là encore, figure sur la carte, sans nom indigène, une île appelée Pitcairn dont certes Tupaia n’ a pu parler ; mais, par son isolement, et si sa position a vrai- ment été indiquée à Banks et à Cook par de grand prêtre Tahitien, elle pourrait bien être l’île de Pâques. Eïtonooe, n° 11, est, par sa position et son nom, l’île Aïtu- taki des îles Hervey. Q-Hitte-Roa, n° 12, est l’île Rurutu de l’archipel Tupuai, dernier nom ainsi entendu par Cook. Tabbu-a-Manua, n° 13, est l’île Tapu-a-Manu, ou la Charles Saunders de Wallis. Eimeo, Huahine, O-Raiatea, O-Taha, Borabora, Toopai, Moorooa, si bien connues de Tupaia, sont les îles de la So- ciété voisines de Tahiti, dans le Nord Ouest. Elles portent sur la carte les n0s 14 à 21. O-Anna, n° 22, est le nom indigène de l’île de la Chaîne* 20 LES POLYNESIENS. et non celui de l’île appelée Prince de Galles par Byron : celle-ci se nomme Raïroa. C'est donc à tort que sur la carte on a appliqué à l’île de la Chaîne le nom de O-Heeva-Noee. O-Mateïva ouO-Matia, n° 23, est File Matahiva des Poly- nésiens, ou îleLazareff des géographes. O-Wahei, n° 24, est Pile Oahe ou Waterland, comme le dit Forster. Oura et Teoheow ou Teokea, ncs 25 et 26, sont les îles du Roi Georges, de Byron, appelées par les indigènes Takaroa et Takapoto, les premiers noms leur étant inconnus. Q-Rai-Roa, n° 27, n’est pas l’île Carlshoff de Roggeween, mais Pile Wllegen de Lemaire, ou du Prince de Galles de Byron, ces noms désignant la même île. Qu’on remarque que toutes ces île set bon nombre de celles qui vont suivre, sont placées au Nord de Tahiti. Certaine- ment les noms sont presque toujours mal ortographiés et parfois mal appliqués ; mais comme on voit, il est impossi- ble de ne pas reconnaître, par la plupart de ces noms, les îles dont Tupaia a voulu parler. Ainsi encore : O-Tali, n° 28, n’est évidemment que l’île Toau des indigè- nes, l’Elizabeth des géographes. O-Pataï ou Oopat;, n® 29, est l’île Apataki, l’une des îles du Labyrinthe de Roggeween, près du groupe Palliser, mais n’en faisant pas partie, comme le croyait Cook (1). L’île qui ligure sous le n° 30, avec le nom d’O-Whareva, est bien probablement l’île Fakarava actuelle, ou Wittgens- tein. O-Whao, n°31, est l’île de la Harpe de Bougainville : elle est appelée Hao par les Polynésiens. O-Rima-Roa, n° 32, est l’île Raroia ou Barcley. Il n’est pas facile, il faut en convenir, de dire à quelle île Tupaia appliquait le nom de O-Heeva-Toutou-aï, n° 33. (1) Dans notre examen géographique inédit du vojage de Rog- geween, nous démontrons que les îles Baumau sont les îles Manua, Orosenga et Ofu de l'archipel Samoa, et que Rogge- ween a vu toutes les îles qui composent cet archipel, moins les deux petites îles qui se trouvent entre Upolu et Savaii, c’est-à-dire Aporima et Manono. LES POLYNÉSIENS. 21 11 n’est rien dit de son élévation, ni de sa grandeur et la lé- gende qui accompagne ce nom n’aide guère à le deviner. Par sa position, cette terre ferait partie des Paumotu ou des Marquises, car il n’y a d’autre grande terre vers l’Est que l’Amérique. C’est à cette occasion que Dalrymple a dit : « Il est assez vraisemblable que les Indiens qui, dans leurs piro- gues, se hasardent souvent à perdre toute terre de vue, avaient pu être entraînés autrefois jusque sur les côtes d’A- mérique. ” Ce qui le portait à cette supposition, c’est que la légende dit : «les habitants de cette terre sont anthropopha- ges, et les vaisseaux dont ils se servent sont remarquable- ment plus grands que Y Endeavour. » Si les Tahitiens, tout amis qu’ils sont du merveilleux, ont dit cela à Cook, ce récit mérite d’être remarqué : ce n’est pas d’ailleurs la seule cir- constance qui puisse faire croire aux voyages involontaires des Polynésiens jusqu’en Amérique ; et nous avons mon- tré précédemment (1) que les Araucans croyaient, au dire de Molina, avoir reçu le cochon et les chiens par nier des in- digènes de la Polynésie. D’un autre côté, s’il est vrai que la carte de Tupaia, par la faute des Européens, donne à beaucoup d’îles une position toute contraire à celle qu’elles devraient occuper, et qu’il soit nécessaire, en un mot, de la faire évoluer au moins pour celles-là, ne pourrait-on pas se demander si cette île O-Heeva-Toutou-aï qui figure dans l’E. -N .-E. , ne serait pas mieux placée dansl’O.S.O, et, en tenant compte delà légen- de qui accompagne ce nom, si elle ne pouvait pas être la Nouvelle-Zélande elle-même. C’est là, en effet, que les ca- nots étaient grands, puisqu’ils portaient des centaines d’hommes, et que régnait l’anthropophagie. Tupaia n’en avait parlé d’ailleurs que par tradition, de même que de son île Oheavaï, ainsi que nous l’avons fait voir ailleurs. Mais une pareille opinion est trop hypothétique pour que nous nous y arrêtions plus longtemps. Les îles les plus faciles à reconnaître, et les mieux pla- cées sur la carte de Tupaia, sont les îles Marquises . Toutes, 1 (!) Yol. I, p. 496. 22 LES POLYNÉSIENS. pour ainsi dire, sont désignées, et il en résulte évidemment que si Cook n’a pas vu le groupe qu'a découvert Marchand, c’est qu’il ne l’a pas voulu : Tupaia le lui avait exactement indiqué, en se trompant seulement, si ce n’est pas Cook lui-même, sur l’étendue de quelques unes des îles. Comme Tupaia peut-être ne connaissait ces îles que par tradition, l’erreur, dans ce cas, aurait bien pu venir de lui ; mais nous l’avons déjà dit, la fréquence de cette erreur prouve plutôt, à notre avis, qu’elle est due aux interprètes Anglais. On §ait que l’archipel des Marquises est partagé en deux groupes, celui du Nord-Ouest et celui du Sud-Est. Ua-Uka est, comme la suivante, une île du groupe Nord- Ouest et c’est probablement celle qui figure sous le n° 34. Le n° 35, est certainement, sous le nom de Neoo-Heiva, l’île Nuku-Hiva, car tel est son nom et non celui de Nuka- Hiva, comme l’amiral Dupetit-Thouars, dans un ordre du jour, a préféré l’appeler, afin sans doute qu’on ne pût faire de plaisanterie sur le peu de vêtement de ses habitants. Ce nom de Neoo-Heiva ainsi écrit par des Anglais re- présente en effet son véritable nom Nuku-Hiva, qui a bien dû être prononcé Niu ou mieux; Nuu par Tupaia, les Tahi- tiens supprimant la gutturale k. Le n°36, ou Whattare-Toah, est Fatu-Hiva ou la Magda- lena de Mendana son premier découvreur. Elle appartient au groupe Sud-Est. Le n° 37 ou Terowha, est Fatu-Uhu, l’île Masse de Mar- chand. Le n° 38 ou Tubooai estFatu-Uku ou l’île Hood de Cook. Le n° 39 ou Whattare-Oora, est Tahuata ou l’île Santa Christina de Mendana. Le n° 40 ou Te-Manno est Motu-Iti ou îles Hergest. Le n° 41 ou O-Otto est Hiao ou Chanal. Le n° 42 ou O-Heeva-Hoa est Hiva-Oa ou l’île Dominica de Mendana. Le n° 43 ou O-Heeva Potto, est l’île Uapou découverte par Marchand et visitée par nous. Ainsi, sur onze îles, dix ont été dénommées. Or, comme sur la carte figure sans n°, l’île Onateya (Motane), Tupaia LES POLYNÉSIENS. 23 avait donc fait connaître exactement toutes les îles compo- sant les deux groupes des Marquises. « Mais si l’on peut retrouver, sans crainte de se tromper pour ainsi dire, la plupart des îles que Tupaia plaçait dans le Sud, l’Est et le Nord-Est de Tahiti, il n’en est plus de même pour celles que la carte indique à l’Ouest et au Nord-Ouest surtout. De ce côté, tout est confondu, et des îles qui ne font évidemment partie que de celles qui sont placées au Sud-Ouest de Tahiti se trouvent figmrer aussi loin que possible dans le Nord-Ouest. Cependant, on peut encore, croyons-nous, en reconnaître beaucoup, et particulièrement celles qui appartiennent aux deux Archipels des Samoa, et des îles Hervey de Cook. Ainsi, il est évident d’abord que l’île désigmée sous le nom de Mopeeha, n0 44, ou Motu-Hea est l’île Mapihaa ou la Maupelia des Navigateurs. ^ Whenua-Oora,n° 45, pourrait être une des îles basses des Fiji, car il y en a une qui s’appelle Yenua-Kula ; mais sa position est différente sur la carte puisqu’elle est dans le Nord-Ouest de Tahiti. Peut-être est-ce seulement une des îles Paumotu Nord, ou encore Tîle Takapoto de Moërenhoüt qui l’appelle Oura. O-Papatea, n° 46, est presque certainement l’île Makatea, que Cook appelle Matea et qui lui fut indiquée en 1769 par Tupaia : cette île n’est autre que la Récréation de Rog*g*e- ween. Woureeo, n° 47, pourrait être Mitiaro ; mais il faudrait en douter si la légende qui l’accompagme « grande île habi- tée » était exacte. Ururutu, n° 48, peut être Ruriti, c’est-à-dire qu’il faudrait la placer dans le Sud au lieu du Nord qu’elle occupe sur la carte. O-Adeeha, n° 49, est probablement celle que Cook a appe- lée Wateeo ; c’est l’île Atiu du groupe Hervey. Il faut éga- lement la placer dans le Sud comme la précédente. O-Àhoua-Hou, n° 50, pourrait bien être l’île Oahu des îles Sandwich, quoiqu’on ait toujours cru au silence de Tupaia sur ces îles. 2i LES POLYNÉSIENS. O-Weeha, n° 51, pourrait être regardée, par sa position sur la ca^te, comme l’île Uvea ou de Wallis, mais plutôt, par son nom, comme la Wiha des îles Hapai. O-Rima-Tarra, n° 52, est l’une des îles australes, la Ri- matara des navigateurs. O-Raï-Havaï, n° 53, est à peu près certainement l’île Raï- vavaï ou Vavitu, découverte en 1775 par Gayengos. O-Raro Toa, n° 54, est l’île Rarotonga (1) du groupe Hervey, découverte en 1823. Comme on le voit, ces dernières îles occupent sur la carte une place qui ne peut s’expliquer que par l’erreur ou l’in- tention des copistes, car la position de ces îles était celle que Tupaia connaissait probablement le mieux par suite du voisinage et des relations des deux archipels démontrées par les traditions. O-Ahourou, n° 55 : En Tahitien, « dix » se rend par A/iu- ru ; #veut dire « c’est. »11 n’y a pas d’ile de ce nom en Océa nie, mais il y a « dix îles » dans l’archipel des Sandwich, et l’une est bien plus grande que Tahiti. O-To om o o -Papa, n° 56. Il n’y a pas non plus d’île de ce nom ; mais tumu signifie « racine, origine, cause, fonde- ment » et papa « rocher, pierre plate, planche, etc. » Il est bien difficile de dire à quelle terre ce nom a pu être donné. Ce qu’il faut remarquer seulement, c’est quelle occupe avec O-Ahourou le point O.-N.-O. delà carte, le plus extrême, et qu’il n’y a guère plus à l’Ouest que deux petites îles sans numéros, placées là sans doute, et appelées Iles des Navi- gateurs, parles Anglais. Tooteepa, n° 57, peut être, par analogie de nom la Tuku- tea du groupe Hervey. Elle se trouve en outre placée près de deux îles qui appartiennent certainement au même grou- pe : O-Raro-Toa et O-Raï-Havaï. O-Reeva Vaï ou O-Reeva-Va, n° 58, pourrait êtreManaia, l’une des îles Hervey, par sa position près des précédentes : l’île Manaia est encore renommée par ses belles haches en pierre, et ses habitants adoraient les mêmes dieux que les Tahitiens : Oro, Tane, Toa-Hiti, Teahio, etc. (I) Quelques géographes appellent cette île Roro-Tonga. LES POLYNÉSIENS. 25 Peut-être serait-ce plutôt la Nouvelle-Calédonie, . patrie du jade polynésien, et également renommée par ses haches. Nous en avons parlé^en nous occupant de cette pierre. (1) » Taïnuna, n°59, peut être Futuna ou l’île Erronan des Dé- brides. Il ne paraît pas exister d’île ainsi appelée parmi toutes celles si nombreuses aujourd’hui connues. O-Rima-Tema, n° 60, peut être l’ile Ruruti ; mais cette île, au lieu d’être au Nord, devrait être placée au Sud. O-Rotooma, n° 61, est évidement Rotuma ou île de la Belle-Nation de Quiros, visitée par Duperrey, Legoarant, R. P. Lesson , etc. Ici on la fait plus grande que Tahiti, quoiqu’elle soit certainement plus petite. On dirait vraiment que toutes les notes ont été appliquées comme au hasard. O-Poppoa, n° 62 : par sa position à l’Est de Rotuma, c’est l’île Savaii, la Pola de Lapérouse. Moe-no-Tayo, n° 63, est l’île Metiaro ou l’île Manuaï du groupe Hervey ; peut-être même est-ce Manono du groupe Samoa. Te-Toopa-Tupa-Eahou, n° 64. Il est presque impossible de dire à quelle île s’appliquaient les noms précédents, mais ces noms ne sont certainement pas ceux de quelque île en Polynésien. Sachant comment procèdent les indigènes, quand ils ne savent ou ne se rappellent pas les noms, nous serions porté à croire que ce ne sont que des qualificatifs. Tupaia a peut-être voulu dire, au n° 63: « là a dormi l’ami, » ou « là, j’ai été bien accueilli ; là on est bien reçu » (2). Au contraire, au n° 64, il a peut-être voulu exprimer que l’île ne lui inspirait aucune confiance; qu’elle lui était suspecte. En effet tupatupa signifie « suspect, d’aspect douteux, soupçonner, mal, exciter à quelque mal ; » ea, route, che- min ; être sauvé, échappé, délivré, etc ; hou , dernièrement, récemment. Mais nous arrivons à des îles qu’il est encore plus difficile de rapporter au groupe véritable auquel elles appar- tiennent . (1) Vol. III, p. 17 et suiv. (2) Moe dormir, coucher, sommeil ; no de, à, quand ; taio , ami. 26 LES POLYNÉSIENS. Plusieurs écrivains, et notamment M. de Quatrefages, n’ont pas hésité à les regarder comme des îles de l’archipel Fiji; pour eux, Hitte n’est que le mof Fiji ou Viti, écrit par un anglais. Telles sont les îles suivantes: Nü 65 : O-Hitte Potto. N° 66 : O-Hitte-Toutou-Atu. N° 67 : O-Hitte-Toutou-Nee. N° 68 : O-Hitte-Toutou-Rera. N°69: O-Hitte -Taiterre. ■N° 70: Te-Amaroo-Hitte. N° 71: Te- Atou-Hitte. Aucune légende n’aide à deviner de quelles îles on a vou- lu parler ; mais si on s’adresse à la linguistique, peut-être aura-t on quelque doute sur la signification de ce mot hitte , ainsi orthographié et mal entendu par les Anglais. Tupaia, en eflet, ne peut avoir prononcé que l’un des quatre mots suivants : Iti, petit ; ite, connaître, savoir ; hiti , bord, ex- trémité ; et viti , nom réel des îles Fiji sous le vent. Avec les significatifs qui suivent les mots Hitte de la car- te, on ne peut guère admettre qu’il ait voulu dire ite et hiti , et il faut pour ainsi dire opter pour l’un des deux mots, iti et viti. Ces qualificatifs ont, en effet, en Tahitien, les significa- tions suivantes : Potto (pour Poto) court, courte. Toutou n’est pas tahitien, mais on trouve: Toutu , de cou- leur noire ; tutoo, pousser ou nager le long ; tutou , la réu- nion inattendue de deux parties hostiles ; tutu, nom d’ar- bre ; perche ; manière de pêcher, frapper ; battre l’écorce avec le maillet ; préparer la nourriture h l’aide de pierres chaudes, etc. Atu , nom d’un poisson, d’une espèce de Pandanus ; adv. etprép: de, outre, plus. Nee , voyage, excursion, compagnie de voyageurs. Rera , n’est pas tahitien, seulement la couleur noire de la peau se rend à Tahiti par rerarerauri. Taiterre n’existe pas en un seul mot et ainsi écrit ; mais tai, la mer, l’eau salée ; tere , journée, voyage, compagnie LES POLYNÉSIENS. 27 de voyageurs, objet que l’on a en vue ; mettre à la voile. Amaroo n’est pas Tahitien en un seul mot : a, préfixe, dénotant le mode impératif ; affixe de certains verbes, etc. maru , doux, agréable, consacré à un Dieu particulier; amarct, variété de porcelaine tigre. Tupaia aurait-il donc voulu dire ? N° 65 : La Yiti ou Fiji courte ; N° 66 : La Yiti où l’on pêche l’Atu, où on le prépare, cuit à l’aide des pierres brûlantes, ou la Yiti à certaines espèces de Pan danus ; N° 67: La Yiti où les voyageurs vont pêcher. N° 68 : La Yiti aux arbres Tutu, ou bien où la peau est noire. N° 69 : La Yiti à une journée par mer. N° 70 : La Yiti agréable. N° 71 : La Yiti aux Atu (poissons,) ou la Yiti qui a cer- taine espèce de Pandanus. C’est possible, mais il faut bien en convenir, cela ne sa- tisfait guère : tout ce qu’on peut dire de certain, c’est que ces mots sont intraduisibles exactement, tant ils ont été et mal entendus et mal orthographiés par les Européens. Dès lors, ne serait-il pas préférable de ne voir dans Hitte que le mot vti , petit, médiocre ? Pour nous, nous serions assez porté à l’admettre, en remarquant surtout que ce der- nier mot a été donné à l’île Rurutu, placée sous le n° 12, île trop bien connue pour que Tupaia ait voulu dire autre chose que « petite » en parlant de sa grandeur. Qu’on remarque encore à cette occasion, le peu d’aptitude des oreilles an- glaises qui, en entendant prononcer Rurutu par un Tahitien ont écrit O-Hitte-Roa. Sous le nom d’Onowhea, n° 72, figure une île qui, par son voisinage comme par son nom, est probablement l’île Oro- senga des îles Samoa, la même que d’Urville avait d’abord appelée Anamoua. Toutefois par sa dernière syllabe, elle pourrait aussi bien être l’Uvea (l’île Wallis) ou l’Uvea des îles Loyalty ; mais ce qu’il faudrait savoir, c’est si on a dit à Cook et à Banks : Onowhea ou Ouowhea. Dans le texte, c’est Onowhea et sur la carte Ouowhea. Toujours est-il qu’il HÜKEUlXT of American BmwNouacsnr 28 LES POLYNÉSIENS. doit, croyons-nous, rester peu de doute quant au groupe auquel appartient cette île. L’île O-Tootoo-Erre, n° 73, est Pile où Delangde et onze autres français ont été massacrés dans les Samoa. C’est la Tutuila des indig-ènes. Te Orooroo-ma-Tivatea, n° 74, n’est pas si facile à recon- naître, peut-être est-ce Aporima, l’une des petites îles du même groupe, mais on en peut douter. Wouwou, n° 75, offre ég-alement quelques difficultés. Cette île basse est placée sur la carte entre les nos 73 et 76, c’est-à-dire entre Tutuila et Upolu, qui appartiennent au groupe Samoa, et c’est cependant dans ce nom que tous les écrivains ont retrouvé l’île Vavao du groupe Afulu-Hu. A moins que ce ne soit Ofu des Samoa, ce ne peut être, en effet, par les rapprochements de l’histoire et du son, que l’île Vavao. En Maori, wawao signifie « séparer, combattre, se bat- tre. » Est-ce le même mot ? Il est sûr qu’en Tahitien, le mot vavao signifie presque la même chose « s’interposer entre deux partis en lutte, séparer des combattants ; celui qui s’interpose » et aussi « noix de coco sans eau. » Il est à croire que c'est le mot dit à Banks et Cook par Tupaia, quoi qu’il ait été écrit wouwou , mais il est plus difficile de s’expliquer comment il se trouve placé dans les Samoa, ou il n’y a pas d’île de ce nom à moins qu’on n’y retrouve Manono, ce qui pourrait bien être encore, tant les premiers navigateurs ont mal entendu les mots polynésiens. Forster rapporte, dans lalég-ende qui suit le mot Wou- wou, que c’est une « petite île basse, mais habitée. » Or, Manono est élevée, et il n’y a de terres basses qu’à toucher les extrémités Est et Ouest de Tutuila. Serait-ce donc de celle de l’Ouest que Tupaia aurait voulu parler, en la fai- sant plus grande que Tutuila ? Ce n’est pas probable. On sait que sans être très élevée, et en ne l’étant même que modérément, l’île Vavao ou Howe d’Edward Edwards, est assez étendue et plus grande que Manono. Quelle que soit l’île à laquelle on applique ce nom, il est nécessaire, en résumé, de ne par tenir compte de la lég*ende LES POLYNÉSIENS. 29 que Forster donne après Wouwou, car l’île Vavao n’est pas basse, nous le répétons, et il n’y a d’autres îles basses dans les Samoa que celles qui sont auprès de Tutuila. La carte deTupaia, n° 76, indique sous le nom d’Ooporroo, évidemment l’îie Upolu des Samoans, prononcé à la tahi- tienne. Te Errepoo-Opo-Matte-Hea, n° 77, pourrait être l’île au- jourd’hui appelée Aporima, dans l'archipel Samoa ; et, si Onowhea, n° 72, est bien l’île Oroseng*a, peut-être pour- rait-on reconnaître l’ile Manono dans l’île indiquée sous le nom de Moe-no-Tayo, que nous avons d’abord regardée avec Fbrster comme faisant partie du groupe Hervey. La position donnée à la première, par le travers du canal qui sépare Savaii d’ Upolu, viendrait aider elle-même à la supposition que nous faisons. De la sorte, on aurait presque toutes les îles Samoa, puis- que l’île O-Poppoa, n° 62, est, par sa position, à l’Est de Rotuma, l’île Savaii des Polynésiens. Mais il est vrai, comme on l’a vu, que depuis qu’on con- naît la carte de Tupaia, c’est dans la grande terre indiquée par lui traditionnellement, et désignée sous le nom d’O- Heevai, n° 78, par les Anglais (1), terre bien plus grande, disait-il, que Tahiti, que tous les ethnologues ont reconnu Savaii. Nous avons combattu cette opinion qui, suivant nous, est de moins en moins soutenable, à mesure qu’on ap- profondit davantage cette question : De deux choses l’une, en effet, redirons-nous, ou Tupaia connaissait l’île Savaii et en a parié de visu ; ou il ne la connaissait pas et il n’a fait allusion qu’à quelque grande terre traditionnelle, quand il a dit que cette contrée appelée O-Heavai « était la mère des autres îles. » En voyant que presque toutes les îles Samoa ont été dé- nommées par lui, il est à supposer qu’il était allé lui-même dans cet archipel et à Savaii même; mais alors on ne com- prendrait pas qu’il eût fait cette île « cinq ou six fois » plus grande que Tahiti, puisqu’elle n'est qu’une fois plus grande. Dans le second cas, au contraire, on comprendrait parfaite- (1) Dans le texte on lit Q-Hecvai, et O-Heavai sur la carte 30 LES POLYNÉSIENS. ment l’erreur commise par les Anglais, qui voyant Tu- paia placer une si grande île, dans cette direction, crurent qu’elle faisait partie, malgré son isolement, du groupe le plus voisin. Car, qu’on le remarque, les Ang*lais n’avaient aucun terme de comparaison, puisque cet archipel leur était inconnu. Quant à Tupaia, c’était tout ce qu’il avait pu faire, en en parlant par tradition, que de la placer dans la direction indiquée par les chants traditionnels et de lui donner une étendue que ces récits faisaient considérable. Comparant l’étendue des deux contrées, Tupaia croyait sans doute indiquer la terre la plus grande qu’il pût suppose^ en donnant à cette terre « cinq fois » plus d’étendue qu’à Ta- hiti ; mais il ne le faisait toujours qu’à l’aide de la tradition. Nous le répéterons encore, comparant Tahiti à Savaii, il n’eût pu dire que Tune était cinq fois plus grande que l’au- tre, puisqu’il les connaissait probablement toutes deux, et il n’eût pu surtout, la prenant pour Savaii, placer O-Heevai dans le Sud-Ouest, puisque lui, si bon géographe polyné- sien, ne pouvait pas ignorer, même sans tradition, que Savaii gît dans TO.-N.-O. de Tahiti (1). Sous les numéros suivants, on voit encore figurer sur la carte polynésienne : Les îlots Tetu-Roa, n° 79, placés au Nord de l’île Tahiti, dont ils sont une dépendance. O-Wanna, n° 80, que la légende dit être une île basse à l’Est de Tahiti. Cette île est probablement l’île Anaa, qui gît à peu près dans cette direction, et que les Anglais ont cru, à tort, être l’île O-Heeva-Nui indiquée par Tupaia. On pourrait cependant y voir l’île Vanavana, car l’île Anaa ou de la Chaîne est l’île Oana de la carte. Trois îles, numérotées 81, 82 et 83, Tata-Hapai, Tapy-Ary, et Haedede, sont sans désignation de position ; les noms de ces îles ont été trouvés, dit Forster, dans les papiers de Banks. On peut supposer que la première était quelque île voisine des îles Hapaï, ou peut-être même l’île Ata pour Ta- (1) Voir ce que nous avons déjà dit à ce sujet, t. II, p. 841. Nous répéterons ici que M. J. Garnier ne croit pas que Havai soit Savaii* et que pour lui Savaii est l’île Hawaii . LES POLYNÉSIENS. 31 ta. Tapaï-Araï pourrait être une des îles à lagon, car tapa , en Tahitien, est une manière de pêcher, et aval signifie huître perlière. Quant àHaedede, il est impossible de soup- çonner la signification de ce mot ainsi écrit,, Enfin Pappaa, n° 84, est d’après la légende une île bas- se à l’Est de Toopaï, n° 20 ; et elle ajoute : « Les habitants de Pappaa vont souvent pêcher et prendre de la tortue sur cette dernière île ; mais les insulaires des îles de la Société qui s’y rendent pour le même objet n’entendent pas la lan- gue des insulaires qui l’habitent.» Comme il n’y a, à l’Est de Tupaï, que les îlesPaumotu les plus Nord, telles que Makatea, la Maatea des Tahitiens si- gnalée à Cook par Tupaia, et les îles Niau, Faarava, Raraa, Faahina, etc., on aurait donc voulu parler des hommes de l’une de ces dernières îles, puisque la première est une île haute, celle, avons-nous déjà dit, que Roggeween a décou- verte et qu’il a appelée l’île de la Récréation. S’il fallait s’en rapporter à la légende qui, sur la carte, accompagne le mot Pappaa, les habitants de cette île auraient parlé une langue qui différait de celle des îles de la Société ; mais, comme on voit, ils se seraient rendus assez loin de leur terre pour pêcher. Comme pappaa signifie : a une série d’îles » ou encore a étranger » dernière qualification que les Tahitiens donnaient aux habitants de toutes les îles Pau- motu, avant qu’ils n’eussent reçu la visite des Européens, et qu’il ne l’eussent appliquée à ceux-ci, ne peut-on pas se demander si, sous ce nom, Tupaia n’a pas seulement voulu parler des Paumotu en général ? Telle est donc la fameuse carte de Tupaia, qui est regardée, avec tant de raison, par la plupart des ethnologues, comme attestant formellement, sinon la connaissance entière de la Polynésie, du moins les connaissances étendues en géo- graphie, non-seulement de Tupaia, mais des Polynésiens en général. Beaucoup l’ont considérée comme le document le plus important. En effet, avec les traditions qu’elle consta- te, c’est certainement le témoignage le plus significatif des rapports qui ont nécessairement existé entre les îles de la Société et les autres îles, en même temps que la preuve de 32 LES POLYNÉSIENS. la fréquence et de la facilité même de ces rapports, à une époque antérieure à l’arrivée des navigateurs européens. Par suite, on peut dire que non-seulement cette carte établit la possibilité des migrations, mais qu’elle fait plus, qu’elle les démontre, qu’elle en indique la nécessité . On va voir, du reste, qu’il existe bien d’autres témoigna- ges, en faveur des migrations, et de leur nécessité même. Mais, après ce que nous venons de dire de la carte de Tu- paia, nous croyons qu’il serait inutile de nous arrêter à la carte des îles Carolines que les premiers missionnaires es- pagnols ont fait connaître. Cette carte, tout en donnant les mêmes preuves des connaissances géographiques et nauti- ques des Carolins, est en effet, beaucoup moins importante, puisque les distances d’un £oînt extrême à l’autre sont beaucoup moins grandes que celles qu’on trouve dans la carte de Tupaia. (1) Il n’y a que trois cents milles de Yap, moins encore de Lamursek, etc., h Guam dans les Mariannes ; or à côté des voyages faits par les Tahitiens jusqu’aux Sandwich, des Sandwich peut-être jusqu’à la Nouvelle-Zélande, ou seule- ment jusqu’à Tahiti, des Samoa à cette dernière île ou aux Manaia, ceux des Carolins, n’ont qu’une importance se- condaire. Néanmoins ils démontrent eux-mêmes qu’ils avaient lieu dans un espace assez étendu, mais qui n’était guère franchi qu’involontairement . 11 est inutile également d’insister sur les témoignages favorables aux migrations que nous avons dit exister d'ans l’emploi que les Polynésiens des divers archipels font sou- (1) Une lettre du père Clain, en 1697, annonçait l’existence de 32 îles dans le Sud des Mariannes, d’après les renseignements de deux Praus, entraînés à Samal par un coup de vent d’Est, vent qui régne dans ces mers de décembre jusqu’en mai. Samal, d’a- près cette lettre est la dernière et la plus méridionale des îles Pintados orientales. Le nom de Pintados était donc donné par les Espagnols aux îles Bisayas, dans les Philippines. Des. Mariannes à Samal, on compte trois cents lieues. C’est le père Cantova qui s’est procuré cette carte à Guam en 1721 . LES POLYNÉSIENS. 33 vent des mêmes noms génériques, pour désigner les locali- tés. On a vu que ces noms sont beaucoup plus nombreux qu’on ne l’avait d’abord cru, et que plusieurs indiquent même la nature de la contrée qui a été le point de départ des émigrants. C’était une terre élevée, entrecoupée de vallées, souvent étroites et profondes, etc. Nous arrivons donc aux causes des migrations, qui montrent elles-mêmes qu’elles ne pouvaient pas ne pas avoir lieu, et qu’elles étaient pour ainsi dire forcées. Ces causes, pour ne citer que les principales, étaient : Le besoin de fuir l’oppression ou la vengeance du vainqueur, l’insuffisance du sol ; les entraînements involontaires. Par conséquent, elles étaient plus que suffisantes pour expli- quer les migrations. C’est ainsi, comme on a vu, que le besoin de fuir l’op- pression et d’échapper même à l’extermination, a été la principale cause à la Nouvelle-Zélande, où les traditions ont été si bien conservées. Cette cause avait même été en- trevue parles plus anciens navigateurs, car Quiros, en par- lant des Marquises, disait : « de sorte qu’il s’en détache de temps à autre des émigrants qui vont chercher d’autres îles, où ils puissent vivre avec plus de commodité, sans parler de ce que souvent ils se séparent à cause de leurs divisions intestines. (1) » Le voyageur Turnbull écrivait au commen- cement de ce siècle, en parlant des îles Sandwich : « Il est probable que les îles de la mer du Sud ont été peuplées, à diverses reprises, par des émigrants chassés de leur pays. (2) » Mais, après tout ce que nous avons déjà dit à propos des émigrants de l’Hawahiki vers l’Ile-Nord de la Nouvelle- Zélande, il est inutile d’insister plus longtemps sur la part importante prise par cette cause dans le départ de la patrie première. Là, du reste, cette cause a, pour ainsi dire, été Tu- nique, puisque la découverte de TIle-Nord, n’a été faite, d’a- (1) De Brosses, vol. 1, p. 30S et suiv. (2) Turnbull’s, Voyage round the World beîween the years, 1801 and 1804. iii 3. 34 LES POLYNÉSIENS. près les traditions, que par un chef, Kupe, fuyant la ven- geance de la famille qu’il avait offensée. On sait aujourd’hui qu’il en a été à peu près de même à Nuku-Hiva. Là, ce furent les craintes de l’oppression, de la inort et le désir de rencontrer des terres mieux partagées que cette île en productions et surtout en sécurité, qui portè- rent bon nombre d’habitants à émigrer, à une époque qui n’est pas très reculée. C’est à Porter que l’on doit la connais- sance des préparatifs faits, en 1811, parlechef des Umi, pour fuir et aller s’établir ailleurs, si les résultats de la guerre dans laquelle il était engagélui devenaient contraires. C’est le même capitaine qui disait avoir appris d’un Anglais fixé à Nuku-Hiva depuis plusieurs années, que dans l’intervalle de 1807 à 1813, plus de huit cents indigènes avaient aban- donné différentes îles du groupe des Marquises pour aller à la recherche d’une nouvelle patrie, et que pas un seul n’é- tait revenu. On était convaincu aux Marquises que de nombreuses terres existaient dans les environs ; ce qui prouve bièn que plusieurs personnes de l’île y étaient allées, ou tout au moins, qu’elles en étaient venues volontairement ou non ; c’était cette connaissance traditionnelle, qui portait les Marqué- sans à entreprendre sans hésitation de pareils voyages. Il est évident, pour que cette tradition fût si générale, que quelques-uns des voyageurs devaient en • être revenus, comme il en était revenu certainement des îles Mélanésien- nes, où leurs ancêtres allaient porter la guerre, ainsi qu’ils le dirent à Mendana. Mais il est pourtant vrai que, le plus souvent, d’après les traditions elles mêmes, personne ne re- venait, soit que le canot périt en route, soit que l’équipage préférât rester dans sa nouvelle patrie. C est ce qui est ar- rivé au grand-père du chef Ke-Ato-JNui, l’ami de Porter. Il partit un jour pour aller à la recherche des îles tant vantées par les savants du pays, les prêtres, et on n’en avait plus entendu parler. C’est avec raison que l’on a dit que les prê- tres étaient presque toujours la cause de ces émigrations ou de ces voyages. L’on aurait pu ajouter que c’étaient eux qui les dirigeaient le plus souvent, pour plusieurs raisons LES POLYNÉSIENS. 35 que nous avons déjà données précédemment. En Polynésie, les prêtres avaient d’autant plus d’influence sur les popula- tions, qu’en outre de leur ministère qui leur en donnait une très grande, ils étaient généralement les individus les plus éclairés de la nation. Aussi, quand ils avaient eux-mêmes besoin de fuir, comme nous l’avons déjà dit ailleurs, on les suivait volontiers, de même qu’on les écoutait, quand ils se bornaient à conseiller d’entreprendre quelque voyage aven- tureux. Si, dans ces derniers cas, ils embellissaient les con- trées qu’ils dépeigmaient, quoiqu’ils n’en eussent souvent eux-mêmes qu’une connaissance vague, c’est qu’ils com- prenaient que c’était le meilleur moyen de communiquer le désir de tenter une pareille aventure et le courage néces- saire pour affronter des dangers inconnus. Dans les îles de la Société, comme dans celles des Amis, et des Mangareva, l’insuffisance des vivres, à certaines épo- ques, paraît avoir été la cause de départs, dont le souvenir est encore conservé parles générations actuelles. C’est même à cette cause unie à l’intérêt de caste, qu’est due la Société des Arioï, qui érigeait l’infanticide en loi, à Tahiti, comme dans plusieurs autres îles du même archipel, ainsi que dans des archipels différents : Mangareva, Marquises, Mariannes (1). Les disettes avaient été tellement fortes aux Mangareva et aux Marquises, qu’une vieille cheffesse nous a assuré avoir vu manger des enfants, sans parler probable- ment des grandes personnes qui avaient eu le même sort. Etait-ce le besoin de fuir les vainqueurs ; était-ce seule- ment l’amour des voyages de découvertes, le désir des con- quêtes, ou bien encore de simples entraînements qui pous- saient les Tahitiens à s’éloigner autant qu’ils faisaient ? Il est difficile de le dire, d’après les souvenirs conservés. Quelques-uns pourtant semblent permettre de supposer que toutes ces causes y ont contribué. Toujours est-il que la plupart des traditions et la carte de Tupaia. établissent, ainsi qu’on l’a vu, que les Tahitiens allaient jusqu’aux Mangareva dans le Sud- Est, jusqu’aux Marquises dans le (l)Pour la secte des Arioï voir ce que nous avons dit précédem* ment, vol. I, p. 359. 36 LES POLYNÉSIENS. Nord-Est, jusqu’aux Samoa dans l’Ouest, jusqu’à Rarotonga dans le Sud-Ouest, et peut-être aussi jusqu’aux Sandwich dans le Nord, comme nous Pavons supposé. Car il est dé- montré par les mêmes traditions que Tahiti, Porapora^ et quelques autres îles de l’hémisphère Sud, étaient connues des îles Sandwich, longtemps avant leur découverte par les Européens, ce que prouvent, entre autres, le chant Hawaiien de Kama-Hualele et la légende du fameux navigateur Kaulu-a-Kalana cités et traduits par Fornander (1). On a vu également que les Tongans et les Hawaiiens se portaient eux-mêmes aux distances les plus grandes, pour l’une de ces causes, ou pour une - autre ; pour eux aussi, la principale cause de leurs anciens voyages avait été le besoin de fuir une patrie ingrate ou dangereuse. Nous en avons donné des exemples en citant les traditions desTunga, rap- portées par Mariner, et plus particulièrement la tradition des Iles Sandwich qui raconte l’émigration du chef Lono (2). Mais le désir des conquêtes, le besoin de chercher de nouvelles émotions, le goût des découvertes, enfin les en- traînements n’ont certainement pas été plus étrangers aux entreprises des Hawaiiens et des Tongans qu’ils ne l’ont été à celles des Samoans, des Marquésans, etc. Dans quelques îles, les disettes ont été la cause des émigra- tions. Nous avons cité particulièrement les Mangareva et les Marquises ; mais ces disettes ont-elles produit le même effet dans les grandes îles ? Il est permis d’en douter, quoi- qu’il soit bien probable qu’elles s’y sont montrées à diffé- rentes reprises. Quelques souvenirs paraissent cependant en être conservés dans les îles Sandwich et de la Société ; mais à la Nouvelle-Zélande ils semblent avoir complète- ment disparu. Dans ces archipels, les disettes n’ont jamais dû être qu’une cause secondaire. Le trop plein de plusieurs îles a bien probablement con- tribué davantage aux émigrations. Ce trop plein est démon- tré par l’existence de certaines lois, dont l’unique but était (1) An account of the Polynesian race , vol. II, p. 10 et 13. (2) Voy, Manley Hopkins, Hawaii , p. 85. LES POLYNÉSIENS. 37 d’arrêter le développement de la population, d’empêcher son accroissement. Dans ces îles, le dernier mot de la scien- ce sociale était de tuer les enfants pour prévenir l’encombre- ment. C’était certainement un moyen d’établir l’équilibre, mais en même temps aussi, l’idée de fuir, de s’éloigner, de- vait venir à une partie de ceux qui se trouvaient ainsi amon- celés. Les exemples abondent dans les récits des mission- naires et des navigateurs, pour les petites îles surtout;- nous en rapporterons nous-même quelques-uns. Les entraînements prouvent, eux aussi, que les migrations ont dû être le moyen employé pourpeupler la Polynésie, puis- qu’ils démontrent qu’elles étaient possibles. Les exemples de ces entraînements involontaires, de ces disséminations jusqu’à des distances parfois fort grandes, abondent, et quelques écrivains ont même cru pouvoir attribuer à cette seule cau- se le peuplement de la plupart des îles. Beechey, le premier, a dit : (1) « Ce n’est pas une raison parce que le fait que nous citons ( celui des habitants d’A- naa trouvés sur l’île Byam-Martin ) est venu seul à notre connaissance, pour que d’autres canots n’aient pas partagé un pareil destin : car des milliers peut-être ont pu être en- traînés aux îles les plus éloignées de l’archipel, et les avoir ainsi peuplées.» M. Gaussin semble partager cette opinion, car après avoir dit que les voyages lointains sont très-difficiles avec les moyens actuels des Polynésiens, il ajoute : (2) « Mais il suf- fit que, sur cent expéditions, une seule ait réussi.» C’était aussi l’opinion de M. Pritchard, le fils de l’ancien missionnaire de Tahiti, qui dit textuellement: (3)« En outre des sujets légendaires, il n’est pas douteux que les ancien- nes migrations des ancêtres des insulaires actuels ont été involontaires plutôt que le résultat de courses raisonnées, ou d’un trop plein de population, et qu’en fait, ils ont été entraînés de leur ancienne demeure dans leurs frêles ca- nots.» (1) Narrative of a voyage, etc., p. 252. (2) Du dialecte de Tahiti , etc., p. 272. (3) Polynésian reminiscenses , p. 402. 38 LES POLYNÉSIENS. Comme Ellis et tant d’autres, Pritchard ne croyait d’ail- leurs qu’aux entraînements de l’Est vers l'Ouest, car il dit encore : « La conséquence de ce fait, c'est que, quelle qu’ait pu être leur demeure première, les races ont passé involon- tairement d’un groupe à un autre groupe, d’une île à une autre île, à des époques différentes, se mêlant quelquefois avec chaque autre peuple sur l’île de leur débarquement ; d’autres fois, conservant le caractère spécial de leur patrie en abordant sur des îles inhabitées. Il y a des preuves in- contestables de ces émigrations involontaires, qui établis- sent que des voyageurs sauvés de la mort par leur arrivée à temps dans quelque terre éloignée, se sont amalgamés avec le peuple premier occupant, ou se sont fixés sur des îles inoccupées. Il est cependant à remarquer que, dans tous ces exemples d’entraînements de canots, l’entraînement a eu lieu de l’Est à l’Ouest, c’est-à-dire dans la direction des vents alisés prédominants, et non de l’Ouest vers l’Est avec les vents d’Ouest qui, bien que se montrant moins fréquem- ment, soufflent ordinairement avec plus de violence que les vents alisés. Les naturels ne s’aventurent pas ordinairement pour leur pêche ou leurs voyages, dans leurs canots, pendant le vent d’Ouest, excepté toujours pour le voyage des Fiji, aux Tonga, et alors que le temps a été observé avec soin pendant quelques semaines avant le départ . » Enfin M. de Quatrefages lui-même attribue aux entraîne- ments une grande part dans le peuplement des îles de l’o- céan Pacifique. (1) a Les hasards de la mer ont du jouer aussi leur rôle dans le peuplement de l’Océanie et dissémi- ner des colons dans cette mer toute parsemée d’îles. Ici, pour citer des exemples, on n’a que l’embarras du choix. Pres- que tous les grands navigateurs européens ont rencontré dans les îles qu’ils visitaient des étrangers arrivés là par accident, et parfois de fort loin. » Quelques pages plus haut il avait dit : « Au peuplement par migration a dû né- cessairement s’ajouter un peuplement par dissémination ac- cidentelle et involontaire ; et celui-ci n’a peut-être pas joué un rôle moins important que le premier. » (1) Les Polynésiens et leurs migrations , p. 105. LES POLYNÉSIENS, 39 Il n’est pas douteux que des entraînements involontai- res, les hasards de la mer, aient joué un certain rôle dans la dissémination des Polynésiens et le peuplement de quel- ques îles, particulièrement de celles qui sont comme per- dues dans le Sud des principaux archipels de la Polynésie, ou près des terres Océaniennes les plus Occidentales. Mais, ce que Ton n’a pas remarqué, c’est que presque tous les faits connus montrent le peu d’utilité des entraînements sous ce rapport, puisque, excepté quelques petites îles, toutes les grandes et la plupart des petites étaient déjà occupées à l’arrivée des canots entraînés. Pour le prouver, il nous suf- fira de citer ici parmi les dernières : Uatiu, Futuna, Tanna, Uvea, etc. Parmi les autres on ne peut guère indiquer que Tupuaï, Waitupu, Rotuura, les îles Kingsmill dont parle Haie d’après les récits de baleiniers déserteurs. Toutefois, comme ces faits d’entraînement sont nombreux, et même beaucoup plus peut-être qu’on ne l’a cru, on com- prend mieux que les îles les plus éloignées et les plus iso- lées aient pu être peuplées de cette manière, telle que Pâ- ques par exemple ainsi que nous l’avons supposé ailleurs. On comprend mieux également les caractères anthropolo- giques, différant de ceux de la masse de la population, que présentent plusieurs individus, dans bon nombre d’îles. Mais c’est à tort que quelques écrivains parmi lesquels il faut citer Beechey et Pritchard, n’ont attribué le peuple- ment de l’Océanie qu’à ces migrations ou voyages involon- taires. Les migrations d’Hawahiki à l’Ile-Nord de la Nou- velle-Zélande ne permettent plus, elles surtout, de douter que les principales ont eu lieu intentionnellement, presque uniquement dans le but de fuir l’extermination. Dans la Po- lynésie, des traditions établissent elles-mêmes trop nette- ment qu’elles se sont faites d’une île à une autre, des Tunga, par exemple, aux Samoa, de Raiatea, à Tahiti, etc., dans le but de s’y établir, pour qu’il soit possible d’admettre que les entraînements ont seuls contribué au peuplement des îles Polynésiennes. On va voir, du reste, par les exemples que nous allons rapporter, quelle part minime les entraî- nements y ont prise. Si nous ne craignons pas de citer la 40 LES POLYNÉSIENS. plupart, malgré leur étendue, c’est que rien ne démontre mieux l’inexactitude des auteurs qui ont avancé ou qui sou- tiennent, dans le seul but d’appuyer leur hypothèse, que les entraînements ne se sont jamais opérés, et ne se font enco- re, que de l’Est vers l’Ouest. Ellis, entre autres, comme on l’a déjà vu, dit formellement que les voyages se sont faits « invariablement de l’Est à l’Ouest. (1) » Mais il a passé sous silence les deux faits contraires, antérieurs à son temps, qu'il ne pouvait pas ignorer. De même encore Moërenhoüt s’appuie également sur la prédominence des vents d’Est et des courants, pour nier la venue des canots de l’Ouest, quoi- qu’il montre en même temps lui- même que le départ des îles sous le vent pour aller aux îles du vent avait toujours lieu avec des vents d’Ouest. Les exemples d’entraînements connus prouvent en effet qu’ils se sont opérés dans les directions les plus diverses, mais surtout dans les deux directions opposées, Est à Ouest et Ouest à Est. Pour qu’on n’en doute pas, nous examine- rons chaque fait en détail, en commençant par ceux causés par les vents d’Est. exemples d’entraînements. — On sait que toutes les îles Carolines, au nombre de plus de 400, formant au moins quarante-six groupes, sont situées au Sud des Iles Marian- nes, et que les unes et les autres sont sous l’influence des moussons de l’Est et de l’Ouest. Là, l’Est et le Nord-Est plus particulièrement sont les vents de beau temps ; et ce sont les vents de Sud-Ouest et de Nord-Ouest qui sont les plus orageux. Les premiers régnent surtout depuis mars jusqu’en juin, et les seconds, dans les mois suivants jus- qu’en novembre. Là aussi, comme dans l’autre hémisphère, on profite des uns pour aller et des autres pour revenir. La distance entre les Mariannes et les Carolines, dont les habi- tants font ordinairement ces voyages, est d’ailleurs modérée, comparativement à celle que les Polynésiens avaient à parcourir quelquefois, puisqu’on ne compte que trois cents (1) Polynesian researches, t. II, ch. II, p. 52. LES POLYNÉSIENS. 41 milles par exemple entre Guam et Yap, (1) tandis qu’il y a six à sept cents milles entre les îles Samoa et les îles Hervey, et davantage entre la Nouvelle-Zélande et les Tunga, etc. . Le plus ancien exemple cité par les auteurs a été observé de ce côté. On le doit aux premiers missionnaires Espa- gnols. Ils rapportent qu’en 1696, deux pirogues, sorties de Lamoursek dans les Carolines, île située tout-à-fait au Sud des Mariannes et à l’Est d’Ulea, furent portées par un coup de vent, avec les 29 personnes hommes et femmes qu’elles portaient encore, surl’île Samar, Tune des Philippines. La lutte à la mer avait duré 70 jours, et sur les trente-cinq per- sonnes qui composaient l’équipage au moment du départ six avaient succombé aux fatigues et aux privations essuyées (2). Samar étant dans l’Ouest de Lamoursek, il est presque cer- tain que les vents survenus et ayant entraîné ces deux pirogues, étaient ceux de l’Est (S. E. au N. E.). La distance franchie était d’ailleurs assez grande, puisqu'il y a près de trois cent lieues entre Samar et Lamoursek qui gît directe- ment au Sud de Guam. Le père J. A. Cantova, dans les Lettres édifiantes, annon- ce l’arrivée à Guam, en juin 1721, d’une pirogue montée par 24 personnes hommes, femmes et enfants, laquelle fut suivie quelques jours après d’une seconde. L’une et l’autre venaient de Faroïlep, près d’Ulea. C’était en sortant de Faroïlep, pour se rendre à Ulea, qu’elles avaient été entraînées par un coup de vent et ce furent les hommes de ces pirogues qui donnèrent à Cantova la carte de leurs îles. Faroïlep est la principale des îles dites Garban zos par les Espagnols, et comme elle gît dans le Sud des Mariannes, il est bien probable que les pirogues avaient été entraînées par les vents de Sud-Est. On lit dans le voyage Freycinet (3) qu’un autre canot des (1) En partant chaque année vers le mois d’avril, les Carolins occidentaux, pour atteindre Guam ou regagner leur archipel, trouvent un vent traversier, également favorable à l’aller et au retour. (2) Lettre du P. Clain, 1697. Y. Lettres édifiantes , vol 1, p. 112. (3) Voyage de l’Uranie, livre III, p. 87 et suivantes. 42 LES POLYNÉSIENS. Carolines, parti de l’île Feïs, située dans l’Est des îles Egmï ou de Los Reyes, fut porté par la violence des vents jusqu’à Palapag, port de l'île Samar. Or, comme Feïs se trouve dans l’Estd’Uleaou Giuiiay, qui est elle-même dans l’Est des Philippines, c’est donc avec un vent de l’Est, du Sud-Est ou du Nord-Est que le canot fut entraîné. Après ces exemples, le plus ancien est celui qu’a observé Cook lui-même en 1777, et qui s’est présenté à lui à l’île Uatiu des Polynésiens, la Wateeo de Cook, quatre jours après sa sortie du canal de la Reine Charlotte dans la Nou- velle-Zélande (1). Cette île Uatiu, est l’une des îles Manaia ou Hervey ; elle gît au S. S. O. ou O. S. O. de Tahiti, à la distance d’environ six cents milles. Maï, le passager Tahitien que Cook ramenait dans son île, y reconnut trois de ses compatriotes. Ils lui racontèrent aussitôt qu’ils étaient les restes de vingt. En partant de Raiatea pour Tahiti avec des vents d’Ouest (2), ils avaient été surpris par un coup de vent, qui les avait fait errer long- temps avant de rencontrer Atiu. Dix-sept avait succombé avant que les trois autres n’atteignissent cette île. Ces der- niers y avaient été parfaitement accueillis, et ils s’y trou- vaient si bien depuis une douzaine d’années, qu’ils ne voulu- rent pas accepter l’offre de rapatriement que Cook leur fit faire par Maï. Raiatea se trouvant dans le Nord-Est d’Atiu à environ 1200 kilomètres, cet entraînement avait presque sûrement été occasionné par des vents d’Est ou de Nord-Est. L’exemple le plus connu peut-être est celui qui est dû à . Don Luis de Torrès ; il. est rapporté dans le voyage de L ’Z7- ranie. Don Luis de Torrès apprit à M. de Freycinet, qu’en mai 1787, étaient arrivés à Gruam trois Tamors ou chefs de l’île (1) Voir Voyages de Cook et particulièrement La vie de Cook par Eeppis traduction de Castera, p. 374 ; Desborough Cooley, Histoi- re générale des voyages , vol. III, p. 45. (2) Il faut remarquer que c’est avec des vents d’Ouest que la pi- rogue était partie de Raiatea pour Tahiti, cette dernière île étant plus orientale* LES POLYNÉSIENS. 43 Lamoursek, dans deux pirogues montées par treize hommes. Ils disaient avoir été dix jours à la mer ; ils racontèrent que leurs.ancêtres avaient eu, de tout temps, des rapports avec Guam, mais qu’ils avaient cessé leurs voyages à l’arrivée des blancs. Don Luis de Torrès ayant demandé à ces Carolins comment ils avaient fait pour retrouver Guam, ils répondi- rent que leurs chants nationaux contenaient à cet égard les indications nécessaires. Touchés de l’accueil qui leur avait été fait, tous partirent au commencement de 1788, pour re- tourner chez eux, en promettant de revenir les années sui- vantes ; mais pas un ne se montra pendant longtemps. Etonné de l’absence prolongée des Carolins de Lamoursek et d’Ulea, qui lui avaient personnellement promis de faire d’autres voyages, Don Luis de Torrès (1) n’hésita pas, en 1804, à profiter du départ d’un navire américain, la Maria de Boston, qui allait à la pêche des holothuries, pour se rendre auprès de ses amis de Lamoursek. Ce fut alors seulement qu’il put constater la perte des pirogues qui avaient quitté Guam en 1788, et dont jusque-là on avait tout-à-fait ignoré le sort. Pas une n’était arrivée à Lamoursek, et il était à supposer qu’elles avaient été englouties par une tempête. Les naturels lui dirent qu’ils croyaient que leurs compatrio- tes avaient été massacrés et que c’est ce qui les avait empê- chés de retourner aux Mariannes. Don Luis les rassura ; il leur prouva l’innocence des Espagnols en les engageant à revenir à Guam ce qu’ils promirent de nouveau. Depuis cette époque les anciens voyages ont recommencé, et tous les ans une flottille accomplit le trajet (2) ; parfois même des ca- nots isolés ne craignent pas de s’aventurer sans autre motif que l’espoir de se procurer par échange quelques objets in- signifiants. (1) Don Luis de Torrès est ce chef dont M. de Freycinet et tous les commandants de navires d'exploration qui l’ont suivi à Guam, parlent en termes si flatteurs : homme bienveillant, généreux, hos- pitalier, il n’v avait qu'une opinion sur son compte, lors de notre passage à Guam en 1828 ; mais il était mort depuis quelque temps. (2) En 1814, par exemple, arriva à Guam, une flottille de Lamour- sek composée de 18 pirogues. 44 LES POLYNÉSIENS. Mais revenons aux purs entraînements. En 1807, une pirogme de l’île Rook, montée par quinze hommes, fut jetée sur l’île Guam. Or Rook, Tune des îles du groupe Hogolous, gît dans le Sud-Est ou l’Est-Sud-Est de Guam. C’est donc toujours avec des vents de la partie de l’Est. En 1817, on vit encore arriver dans cette même île des Mariannes une pirogue qui venait d’Ülimarao, île voisine de Lamoursek. M. de Freycinet qui se trouvait alors à Guam en eut connaissance. Il en parle même assez longuement dans le récit de son voyage. Une année auparavant la popu- lation de toutes les îles soumises à Lamoursek était si con- sidérable* que 120 pirogues partirent à la fois pour aller cher- cher des subsistances dans les îles voisines ;mais leur navi- gation fut si malheureuse que 110 d’entre elles, portant en- viron 900 personnes ou près du sixième de la population totale, périrent victimes d’une tempête. Cela seul montre combien étaient fréquentes les relations établies entre les îles de l’archipel des Carolines. Enfin, enl818, malgré laperte considérable éprouvée deux ans auparavant par les habitants de Lamoursek, on vit arri- ver un des principaux chefs de cette île, accompagné de six autres Tamors, d’une femme, de cinq enfants et de 98 per- sonnes du peuple. Ce chef revenait en ambassade auprès du gouverneur Don Médinilla, pour s’assurer que les offres fai- tes de les recevoir aux Mariannes étaient sincères. Il fut bien reçu, et il alla s’établir, peu à près, à Saypan, île qui était alors inhabitée. On connaît une foule d’autres entraînements de l’Est ou du Sud-Est vers l’Ouest ou le Nord-Ouest. Ainsi, en 1824, pendant que Dillon était en relâche à Raiatea, J. Williams lui apprit qu’ayant envoyé six mois auparavant son navire à Tahiti, le voyage s’était fait sans difficulté jusque là; mais qu’une fois parti de Tahiti on n’en avait plus entendu parler. Naturellement J. Wil- liams croyait à sa perte. Peu après le capitaine Dillon s’étant rendu à Atiu, île qui est à 500 ou 700 milles (1) sous (1) Dillon dit 500 milles ; Williams 70Ô, et Ellis (vol. I, p. 120) 800. LES POLYNÉSIENS. 45 le vent de Tahiti dans l’Ouest Sud-Ouest, la première chose qu’il y rencontra fut le navire de J. Williams avec tout son équipage. On lui raconta alors qu’il avait été tenu en dérive pendant trois mois, (1) au bout desquels il avait fini par ren- contrer Atiu. D’après les positions relatives de ces îles, c’est évidemment avec des vents d’Est ou de Nord-Est que le na- vire y avait été porté comme dans le cas dont parle Cook. Quand le missionnaire Déviés se décida, en 1826, à rame- ner à Rapa les deux indigènes de cette île que le capitaine Henry (2) avait enlevés l’année précédente, il trouva sur cette île un homme né à Mangareva et le seul survivant de sept qui, douze ans auparavant, y avaient abordé sur un ra- deau, épuisés de fatigue et mourant de faim. Rapa se trouvant dans le Sud-Ouest de Mangareva, île qui est située à 90 milles dans le Nord-Est, le radeau y avait été entraîné sans nul doute par des vents de Nord-Est ou d’Est. Quatre de ces naufragés, malgré la bonne réception qui leur avait été faite, cherchèrent à retourner dans leur île. Munis de provisions que leurs hôtes leur fournirent après les avoir vainement engagés à rester, ils partirent par un fort vent d’Ouest, en suivant la direction E. S. E. dans laquelle ils croyaient leur île située. Mais depuis on n’en entendit plus parler. Le capitaine Dillon se trouvant à Tongatabou en 1827, peu après le départ de Y Astrolabe, le chef Langi lui apprit que des insulaires de l’île Aïtutaki, s’étaient trouvés en- traînés jusque-là par les vents et les courants. Partis au nombre d’une dizaine pour aller porter une lettre à Raro- (1) Nbus croyons devoir faire remarquer que le temps passé à la mer semble exagéré dans la plupart des récits faits par les Indi- gènes, et répétés par les Européens. (2) Fils du missionnaire Henry. Né dans les îles de la Société, il parle couramment le Tahitien. C’est un excellent navigateur, longtemps le premier pilote du gouvernement français à Tahiti. Quant à l’enlèvement des deux naturels, il avait pour but de les instruire et d’en faire des Teachers. On sait que c'est le moyen par lequel commencent les missionnaires avant de s’aventurer eux-mèmes dans les îles. 46 LES POLYNÉSIENS. tonga, une tempête était survenue et les avait entraînés sous le vent de l’île où ils voulaient aller. Après avoir erré au hasard, pendant cinq mois, à la merci des vents et des courants et après avoir perdu cinq hommes en route, les au- tres, exténués de fatigue et de privations avaient fini par être jetés sur l’une des îles des Amis. Ils ne s’étaient soutenus que grâce aux oiseaux qu’ils saisissaient parfois et aux pluies qui, en tombant de temps en temps, leur avaient fourni tout juste assez d’eau pour les empêcher de périr de soif. Pour être entraîné sous le vent de Raro tonga en par- tant d’Aïtutaki, il est à supposer que la tempête venait du Sud-Est ou de l’Est, puisque c’est à l’une des îles des Amis dans l’Ouest, qu’ils furent portés et que Rarotonga est dans le Sud d’Aïtutaki. Pendant que le même navigateur était à Yanikoro, un na- turel de rîle Marne (1), nommé Tangaroa, lui dit que vers le temps du naufrage de Lapérouse, une grande pirogue de Tongatabou avait été entraînée jusqu’à Yanikoro par un coup de vent. Cette pirogue était montée par cinquante hommes et à l’exception de quinze qui réussirent à s’enfuir avec lui, tous les autres furent tués par les indigènes. Yanikoro se trouvant dans le Nord-Ouest de Tongatabou, il est plus que probable que les vents soufflaient du Sud- Est. Dans le même temps, cinq hommes de l’île Rotuma se trou- vaient à Yanikoro, où ils avaient été portés par une tem- pête. Or, l’île Rotuma gît dans l’Est de Yanikoro et n’en est d’ailleurs pas très éloignée* A cette occasion, nous devons dire que nous avons vu nous-mème, parmi les habitants de Tukopia, emmenés par d’Urvilleà Yanikoro, un homme âgé d’une quarantaine d’an- nées, qui était né à Yavau, l’une des île Afulu-Hu, et qui était arrivé fort jeune à Tukopia. Il était parti avec plusieurs autres indigènes des îles Tunga; la pirogue qu’ils montaient après avoir été battue par des vents violents, avait fini par (1) Ile peu éloignée de Taumaco, dont le nom a été donné à Quiros par les habitants de cette dernière île. LES POLYNÉSIENS. 47 rencontrer cette petite île et s’y était arrêtée. D’Urville parle longuement de ce fait dans le texte de son voyage (1) ; seu- lement il fait naître cet insulaire à U vea (l’ île Wallis) si- (1) Voyage de V Astrolabe, t. Y, p. 125. D’Urville n’est pas véri- dique dans l’explicaûon qu’il donne de l’enlèvement des malheu- reux sauvages de Tukopia ; c’est ce que nous établissons dans notre journal de Voyage. L’île de Tukopia ou de Tikopia, car nous avons entendu les deux prononciations presque aussi fréquemment l’une que l’autre, gît par 12°17’ de Lat. Sud et lô8°58’ de long. Est (Dilion). Nous croyons devoir en décrire ici les habitants tels que nous les avons vus, lorsque nous sommes allé, en 1827, visiter cette île avec Gaimard et nos amis Guilbert et de Sainson : Hommes grands, forts, bien faits, sveltes, agiles ; membres bien proportionnés ; traits agréables ; couleur peu foncée ; oreilles grandes ; nez à large base. En général, peu de barbe ; cheveux noirs, longs, excepté chez les vieillards. Yeux grands. Tatouage par piqûres sur le dos, la poitrine, les cuisses et même sur le visage, sous forme de poissons ou d’oiseaux. Maro ou ceinture pour tout vêtement ; feuilles de Ti en lanières, comme ornement et pour préserver des mouches. Femmes plus blanches que la plupart des Polynésiennes, sveltes, bien faites, cheveux longs, noirs ; physionomie heureuse ; taille plus haute et plus élancée que celle des femmes des Tunga. Seins océaniens, c’est-à-dire bien développés sans que les contours en soient altérés. Les hommes sont doux, hospitaliers, généreux ; il ne sont pas voleurs et vivent en paix entre eux'. Les femmes, dit-on, sont or- dinairement fidèles, mais entièrement libres tant qu’elles sont filles. En résumé, le peuple de Tukopia est gai, insouciant, bon, con- fiant, doux, prévenant ; il donne carrière à sa joie à la manière des enfants, par des ris, des cris, des gambades, etc. C’est dans cette île que nous avons trouvé la coutume, chez les femmes, de se pendre à la mort d'un chef ou d’un mari, coutume qui a longtemps existé à la Nouvelle-Zélande, qui y existe peut- être encore dans les tribus indépendantes, et que nous avons éga- lement constatée aux îles Marquises. (Voir nos observations sur ces îles.) Il paraît qu’il suffit souvent d’une réprimande sévère adressée à une femme pour qu’elle se porte à cette extrémité. C’est donc à tort que quelques écrivains, notamment M. J. Garnier, ont dit que les Polynésiens n’avaient pas cette coutume» (Voir parti- culièrement notre notice sur Tukopia») 48 les polynésiens. tuée à deux journées de navigation de Tongatabou, dans le Nord. Tukopia se trouvant dans le Nord-Ouest de Tangatabou, c’est bien probablement à la suite d’un coup de vent d’Est ou de Sud-Est que cet homme y a été entraîné. Nous avons vu aussi sur cette dernière île plusieurs in- digènes de Rotuma, qui gît dans l’Est de Tukopia : ils y avaient été entraînés de la même manière, par les mêmes vents ou peut-être par ceux du Nord-Est. On a aussi trouvé à Nitendi, la Santa-Cruz de Mendana et de Quiros, un Tuko- pien qui y avait été jeté par un naufrage. Or Tukopia gît dans le Sud-Est de Tîle Nitendi : c’est donc bien toujours avec des vents de la partie de l’Est (S.E.) On connait les exemples rapportés par Ellis : Quelques semaines avant son arrivée à Tubuai, en 1817, une pirogue de Tahiti en destination des îles Paumotu, avait dit-il (P, été jetée sur cette île qui est au Sud de Tahiti ; c’était probable- ment par un coup de vent de Nord-Est. Ailleurs (2) il dit que des naturels de Rurutu accompagnés d’un Américain, ayant entrepris de se rendre h Rimatara, île située à 70 mil- les dans l’Ouest, partirent avec les. vents alisés et atteigni- rent facilement cette dernière île, mais qu’à leur retour les mêmes brises les poussèrent hors de leur route : quand un navire les rencontra, ils étaient éloignés de 200 milles. Sur cette même île Tubuaï visitée par Ellis, aborda un jour, jetée sur les côtes par un coup de vent, une pirogue qui se rendait de Raiatea à Tahiti ; elle portait un chef, l’aïeul d’Itia, la mère de Pômare II. Les premiers habitants de cette île arrivés quelque temps auparavant, et par une autre route, s’empressèrent de prendre ce chef pour souverain. Gomme Tubuaï gît dans le Sud de Tahiti, à environ 350 milles dans le Sud de Raiatea, le coup de vent venait presque sûre- ment du Nord-Est. J. Williams apprend qu’il trouva, en 1832, à Manua, l'une des Samoa, un habitant de l’ile Raïvavaï (3), île placée dans (1) Researches, vol. I, p. 55. (2) Ibid . vol . Il, p. 392. (3) Egalement appelée Yavitu, Laïvave, Laïvavai. LES POLYNESIENS. 49 le Sud-Est de Manua» et éloignée d’elle de 2000 milles» dit- il. C’était en revenant de Tubuaï, que cet homme et vingt autres avaient été entraînés jusque-là par un fort coup de vent. Ving*t personnes étaient mortes avant l’arrivée à Ma- nu a, après être restées trois mois à la mer (1), Manua appartenant aux Samoa et Raïvavaï faisant partie des lies Australes» l’entraînement avait nécessairement été occasionné par un coup de vent de Sud-Est. Le même écrivain cite le fait suivant : Un canot de Ruru- tu se rendait à Raiatea» île plus au Nord que la première. Un coup de vent survenant, le canot est entraîné en dérive pendant cinq ou six semaines, et finit pas rencontrer une grande île basse peuplée et appelée Manaïki. De là, entraî- né par un autre coup de vent» il rencontra une île du même groupe, nommée Rakaana, située à 25 milles de la première et peuplée par des indigènes ressemblant aux habitants des Paumotu. J. Williams dit que ce groupe se compose de cinq îles, dont quatre sont appelées Manaïki, Rakaana» Mautorea et Pakara. Il les suppose à deux journées de cbe* min dans le Nord-Est d’Aïtutaki (2) ; il croit que ce sont les îles Seilly des cartes (3). Enfin après deux mois, le canot ar- riva à l’île Keppel, la Niu-A des indigènes, située à 15°56, lat. Sud, et à 176°10, long*. Ouest. Cette île ajoute M. Wil- liams, est à 1900 milles de Rurutu. Il faudrait d'abord savoir exactement à quel groupe ap- partient Manaïki, pour pouvoir dire avec quels vents le ca- not venant de Rurutu a été entraîné jusque-là. Il est évi- dent que si Manaïki fait partie des îles Seilly, c’est à la suite d’un coup de vent de Sud ou de Sud-Est, ces dernières îles se trouvant presque dans le Nord de Rurutu. Mais Wil- liams lui-même dit ailleurs que les îles Manaïki et autres seraient les îles Mumphrey des cartes (4). Or» ces îles gisant dans le Nord-Nord-Ouest de Rurutu» l’entraînement dans (1) A Narrative » p. 411. (21 Ouvr. cité, p. 468. (3) C’est en effet le gisement des îles Seilly. (4) Iles découvertes en 1822 par le capitaine de ce nom. 4. 50 LES POLYNÉSIENS. ce cas, aurait plus probablement eu lieu à la suite de vents de Sud-Est. Enfin le même observateur cite encore le fait de quelques naturels d’Aïtutaki entraînés dans leur pirogue jusqu’à l’île Proby (l),qui est la Niu-a-Foho d’Edward Edwards, entre les îles Tunga et les Samoa. D’après lui cette île se trouve à 1000 milles dans l’Ouest d’Aïtutaki. C’est donc avec le vent d'Est ou de Sud-Est que l’entraînement a eu lieu. Dans un article écrit par le capitaine de commerce Lucas et publié dans le journal Y Océanie (2), on voit l’exemple d‘un indigène de l’île Vaïraatea, entraîné par un coup de vent jusqu’à l’île de la Harpe, qui gît dans le Nord -Nord- Ouest de la première. Le vent soufflait très probablement du Sud-Est ou du Sud. Aujourd’hui l’on sait que l'île Uvea (3), l’une des îles Loyalty, près de la Nouvelle-Calédonie, et éloignée des îles Tunga de plus de 1100 milles dans l’Ouest, a reçu autrefois une colonie de Polynésiens ; cette colonie s’y établit quoi- que l’ile possédât une population primitive toute mélané- sienne. Il existe une tradition rapportant que cette colonie y est arrivée dans une grande double pirogue, entraînée des Tunga par un fort coup de vent qui ne pouvait être qu’un vent d’Est ou de Nord-Est ; mais une autre tradition semble établir, et le nom Sud de l’île pourrait le faire croire, que la colonie n’était partie que de l’île Wallis, l’Uvea aussi des Polynésiens, qui n’est pas très éloignée, mais au Nord-Est des Loyalty (4). (1) Cette île a été découverte en 1791 par Edward Edwards, le capitaine de la Pandora. Elle a ainsi été nommée par lui en l’hon- neur de son commissaire, Proby : c’est Pile Ono-Afn de quelques navigateurs. (2) Journal publié sous les auspices du gouverneur Bruat à Tahiti, pendant quelques années, seulement, 1844-46. Le journaliste d’abord désigné par le ministre Guizot, était le spirituel Gosse, qui dans une de ses boutades, a écrit l’histoire naturelle des membres du Muséum, de son temps. (3) Cette île Uvea est l’île Halgan, découverte par l’Astrolabe sous le commandement de d’Urville, dans sa première campagne en 1827. (4) Voir ce que disait à ce sujet M. J. Garnier, ( les Loyalty LES POLYNÉSIENS. 51 Toujours est-il que les descendants de cette colonie ont conservé la plupart des traditions et presque tout le langa- ge de leurs pères, bien qu'ils soient en même temps initiés aux traditions et au langage des Mélanésiens parmi lesquels ils sont nés. Comme le dit avec raison Pritchard (1), ce ne serait pas sans surprise qu’un visiteur de cette île, dans cent ans d’ici, trouverait la légende, les traditions, le langage, les habitudes, les coutumes des Tunga mêlés aux traditions, aux caractères philologiques, aux habitudes et aux coutu- mes des Mélanésiens, s’il ignorait la fusion qui s’est opérée entre les deux races par suite d’un accident de mer. Ajoutons qu’il n’est peut-être pas d’exemple qui fasse mieux comprendre comment les trois groupes Tunga, Fiji et Samoa se trouvent avoir tant d’affinités linguistiques et tant d’autres similitudes. Tous les faits d’entraînement cités jusqu’à présent se sont passés, comme on voit, il y aplus ou moins longtemps ; mais il ne faut pas croire qu’il n’aient plus lieu : ils sont au contraire très fréquents. Ainsi on cite des pirogues, parties de l’attolon Penrhynn pour se rendre aux Samoa, qui ont été recueillies par des na- vires après peu de jours de départ, à plus de huit cents milles àl’Ouestdes îles Penrhyun. Ces îles se trouvant dansleN. E. des Samoa, elles avaient donc été entraînées bien probable- ment par des vents d’Est ou de Sud-Est. Pritchard rapporte que, vers 1858, deux doubles piro- gues ayant près de deux cents personnes à bord, furent en- traînées de Tunga-Tapu vers l’Ouest à environ 350 milles, sur les récifs appelés Nikaeloff et Simonofl, qui se trouvent au Sud des Fiji. De là, après avoir réparé leurs canots sur un banc de sable, les naufragés se rendirent à l’île Ono, où p. 271), le P. Montrousier (Bull, anthrop.et Lettres )i et ce que nous en disons. Uvea (Wallis) est à l’Ouest des Samoa et presque auNord des Fiji et des Tunga. (1) Polynésian Reminiscenses , p. 404» 52 LES POLYNÉSIENS. heureusement pour eux, ils purent arriver avant un fort coup de vent de Sud-Est. Ono est Pile des Fiji la plus proche des îles Tunga ; n’y trouvant pas assez de terre pour assurer leur existence, ils la quittèrent bientôt, et furent assez heu- reux pour rallier leur île. Nous ferons à cette occasion une observation, c’est que des canots qui entreprennent si facilement et depuis si long- temps des voyages aux Fiji, ne devaient pas se croire bien éloignés à la distance de, 350 milles. Mais cet exemple constate une fois de plus les entraînements des Tunga vers les Fiji dont nous avons si longuement parlé. Le même écrivain dit encore qu’en 1863, un grand double canot allant de Yavau à l’une des Samoa, fut tout-à-coup surpris par de forts vents d’Est et jeté dans le plus triste état sur l’île Lomaloma dans les Fiji : cette île gît à environ 300 milles à l’Ouest. Il y avait parmi les voyageurs, plu- sieurs jeunes fils de chefs du plus haut rang, qui se rendaient aux Samoa pour s’y faire tatouer. Les parents les crurent perdus ; mais quatre mois après, ils apprirent qu’ils étaient arrivés sains et saufs aux Fiji. Faut-il comprendre le fait suivant, que rapporte encore Pritchard, parmi les faits d’entraînement de l’Est à l’Ouest ? Nous ne le pensons pas. En 1862, dit-il, un chef del’île Atafu (du groupe Union) (1) nommé Fori, fut tout à-coup surpris par un coup de vent, et après avoir erré pendant quelques jours, son canot alla faire côte aux îles Samoa. Il était parti d’ Atafu pour aller à Faka- Ofo, autre île du même groupe, éloignée d’environ 80milles. Bien accueilli aux Samoa, il n’y resta que quelque temps, le navire des missionnaires, le John Williams , s’étant chargé de le rapatrier avec tous ses gens. Or, comme le groupe Union gît dans le Nord-Nord-Ouest (1) Le groupe Union des cartes paraît être composé de trois îles appelées Oatafu, Nuku-Nono etFakaafo plus à l’Est queVaïtupuou Oaitupu. A Faka-Ofo ou Afo, les habitants ne vivent entièremnt que de noix de cocoset de Pandanus ; on n’y a trouvé aucune trace indiquant qu’ils connaissent Fart de cuire ou de faire du feu (Dr Waït’s anthropology , p. 272.) LES POLYNÉSIENS. 53 des Samoa, ce serait donc probablement à la suite d'un coup de vent de Nord-Ouest, que le canot de Fori aurait été porté aux Samoa. On cite du reste une foule de pirogues entraînées de quel- ques-unes des îles du même groupe, qui ont été rencontrées par les navires baleiniers, et dont les équipages ont été dé- posés aux Samoa. Enfin le même observateur attribue le peuplement de la petite île Yaïtupu, à un entraînement involontaire ; nous ci- terons textuellement ses paroles. (1) « Les naturels de cette petite île à lagon, disent que leurs ancêtres venaient des Samoa, qui gisent à environ sept cents milles dans l’Est de Yaïtupu. Les arrivants étaient des hommes, des femmes et des enfants. Ils se rappellent encore les noms de plusieurs des hommes et des femmes et ils désignent dix- sept chefs comme ayant régné successivement sur l’île de- puis l’arrivée des émigrants involontaires, ce qui fait remon- ter le peuplement accidentel de cette petite île à au moins trois cents ans. Les descendants de ces émigrants restèrent sur Vaïtupu tant que l’île pût les nourrir, mais ils finirent par émigrer d’île en île sur celles avoisinantes éloignées seulement de quarante à soixante milles et couvrant ensem- ble un espace de trois à quatre cents milles. Ces migrations successives ont laissé des traces sur chacune de ces îles qui étaient soumises et avaient chacune près de trois cents ha- bitants, quand en 1862, les Péruviens voleurs d’esclaves vinrent en enlever un bon nombre. Ces mêmes indigènes disent que les Tongans sont venus de temps en temps atta- quer leurs îles, mais qu’ils les ont repoussés; ce sont du reste les seules guerres qu’ils aient eu à soutenir depuis le départ de leurs ancêtres des Samoa. » Pritchard ajoute : « Ils ont conservé toutes les mœurs, les coutumes et les traditions de leurs ancêtres, quoique leur langage ait éprouvé quelques légers changements, changements qui semblent être dus à leur passage d’îles à hautes montagnes à des îles de corail basses et à lagons. » « Les naturels, dit-il enfin, rapportent que leurs terres (1) Quvr. cité, p, 403» 54 LES POLYNÉSIENS. actuelles étaient inoccupées lors de la venue de leurs ancê- tres dans deux doubles canots. » Nous avons voulu citer en entier cet exemple parce qu’il est le premier parmi les entraînements involontaires où l’on voit une colonie entraînée, rencontrant un point inha- bité et s’y fixant. Presque tous les autres points au contraire ont été trouvés par eux occupés, soit par la même race, soit par une autre race. Nous ne voulons pas dire pour cela que jamais les canots entraînés n’ont rencontré d’autres îles désertes : le raisonnement seul indiquerait le contraire, s’il n’y avait pas d’autres exemples. Nous voulons seule- ment faire remarquer que parmi touslesfaits d’entraînement précédemment cités, il n’en est pas un seul qui eût eu lieu sur des îles sans habitants. N’y aurait-il, en effet, que l’exem- ple du peuplement de Vaïtupu et des îles voisines, dont parle Pritchard, qu’il faudrait admettre que d’autres petites îles ont pu être peuplées de la sorte. Néanmoins ce n’était pas ce qui arrivait le plus souvent d’après tous les faits connus : ces îles n’étaient généralement occupées qu’in- tentionnellement, c’est-à-dire qu’on s’y rendait dans le but de les peupler, comme semble le prouver le récit, s’il est exact lui aussi, qui a été fait à H. Haie pour les îles Kings- mill, des Carolines. Quand les entraînements avaient lieu dans des îles offrant peu de ressources, le premier effort des naufra- gés était d’en sortir (1) et nous allons tout-à-l’heure en rap- peler un exemple bien connu ; mais s’ils avaient lieu dans les îles habitées, ils attendaient naturellement avec plus de patience le moment d’en repartir et ils y demeuraient même parfois en y formant des colonies bien distinctes, comme nous l’avons fait voir en parlant de celles des Fiji, Tanna, Futuna, etc. Le fait que nous venons d’emprunter à Pritchard est du reste l’un de ceux qui font le mieux comprendre le peuplement des îles Carolines par les Polynésiens méridio- naux. (1) C’est ce qui est arrivé à Pitcairn, qui avait été habitée avant l’arrivée des révoltés de la Bounty , et à l’île Malden, etc., qu’on a rencontrées désertes avec des traces évidentes du séjour de quel- ques naufragés. LES POLYNÉSIENS , 55 Mais si les faits que nous avons rapportés prouvent tous qu’ils ont été produits par des vents poussant de l’Est vers l’Ouest et du Sud-Est vers le Nord-Ouest, s’ils sont bien des témoignages favorables à l’opinion qu’Ellis, Moërenhoüt et tous les partisans de l’origine Américaine ou de laprovenan- ce d’un ancien continent ont soutenue, on va voir, par ceux que nous allons citer encore, que les entraînements n’ont pas eu lieu invariablement, comme on l’a dit, de l’Est vers l’Ouest, mais aussi de l’Ouest vers l’Est et dans les direc- tions les plus diverses. Déjà nous avons fait remarquer que plusieurs des entraînements de l’Ouest vers l’Est étaient connus quand Ellis et Moërenhoüt soutenaient l’opinion contraire et nous avons montré notre surprise de voir Ellis particulièrement passer sous silence les deux plus impor- tantes qu’il ne pouvait pas ignorer. D’autres écrivains n’y regardant pas de si près, se sont servis de ces faits pour ap- puyer leur opinion quelle qu’elle lût, (origine américaine, polynésienne ou asiatique,) sans se douter peut-être que ces entraînements avaient eu lieu avec des vents poussant de l’Ouest vers l’Est, et il n’y a guère que les partisans moder- nes de l’origine asiatique ou malaisienne des Polynésiens, qui les avaient mis en relief pour appuyer leur hypothèse. Le premier fait d’entraînement de la partie de l’Ouest vers l’Est, est dû à Wilson, le capitaine du Duff , ce navire qui alla porter les premiers missionnaires anglais en Océanie (1). On voit dans l’introduction de son voyage, que quand il visita Tubuaï, cette île était peuplée depuis assez peu de temps par des Océaniens venus de l’Ouest, c’est-à-dire de Pile Rimatara, qui gît en effet dans l’O. ou l’O. N. O de Tu- buaï. C’était en voulant aller à une île voisine, Rurutu, l’O-Hiteroa de Cook, qu’ils avaient été entraînés à Tubuaï par un fort coup de vent qui n’avait pu souffler que de l’Ouest ou du Nord-Ouest. N’osant pas retourner à leur île, ou n’en ayant pas les moyens, ils se trouvaient encore sur cette île, vingt ans après, comme l’a appris Ellis qui la vi- sita en 1817. On a vu que l’année précédente, il était arrivé (1) A missionary voyage to the Southern Pacific Océan perfor- med 1796-98, in the Ship Duff, cap. J. Wilson. London 1799. 56 LES POLYNÉSIENS. une pirogue de Tahiti, entraînée par les vents, et que ce fut le chef de cette pirogue, l’aïeul de la mère de Pômare II, que les colons de Tubuaï prirent pour souverain. Mais il est évident que cette pirogue avait été entraînée jusque-là par d’autres vents que ceux qui avaient amené la pirogue de Rimatara, c’est-à-dire par des vents de Nord-Est. Le même capitaine Wilson, lors de son naufrage aux îles Pelew, avait déjà pu observer un cas d’entraînement de l’Ouest vers l’Est. Nous en avons parlé ailleurs. Tous les ethnologues connaissent l’exemple, cité par le navigateur russe Kotzebüe et par l’un de ses compagnons, le peintre Choris, du fameux Kadou, entraîné fort loin dans le Sud-Est de son île. Choris rapporte (1), que le Rurick trouva en 1817, sur l’île Aour, dans l’archipel des Radack, un indigène de Pile Oulea (laGiuliay de Rienzi,) qui gît dans le Sud de Guam, tandis que les Radack se trouvent dans le Sud-Est des Mariannes. Cet indigène se nommait Kadou. Il était parti avec trois de ses compatriotes pour aller à la pê- che ; un coup de vent les poussa très loin en mer et les mit dans l’impossibilité de retouver leur île. Ballottés pendant « huit lunes » ils finirent enfin par rencontrer l’île Aour où ils furent parfaitement accueillis, et où ils restèrent. Ils s’y trouvaient depuis quatre ans quand le Rurick toucha dans ces îles. Kadou, profitant de sa venue, demanda et obtint d’embarquer sur ce navire avec lequel il s’éloigna quelques jours après des îles Radack (2) pour aller sur la côte Nord-Ouest d’Amérique. C’est à lui que Kotzebüe et le naturaliste de Chamisso du- rent les premiers renseignements exacts sur les Carolins et particulièrement sur ceux des îles Radack. Kadou avait parcouru toutes les îles voisines d’ Oulea (3) sa patrie, et il avait visité, entre autres, les îles Pelew. Tous les ans, (1) Voyage pittoresque autour du Monde. — Paris, Didot, 1822. p. 14 et 17. (2) Les îles Radack ou Otdia de Kotzebüe sont les mêmes que les îles Marshall, d’abord appelées Chatkam par ce navigateur. (3) Cette île est l’île Uap ou Gouap de d’Ur ville ; n jus l’avons visitée avec lui en 1828. LES POLYNÉSIENS. 57 disait-il, ses compatriotes faisaient un voyage à une île qu’il ne pouvait désigner par son nom, mais où le fer qu’ils allaient échanger était appelé lulu : comme c’est le nom donné au ter à Guam, il est probable qu'il voulait parler de cette île. En résumé, les Radack se trouvant dans l’Est d’Oulea ou Giuliay, il est évident que c’est par des vents de la partie de l’Ouest, c’est-à-dire Ouest ou Nord-Ouest, que Kadou et ses compatriotes avaient été entraînés à plus de 1500 milles anglais (2700 kil.) dans l’Est de leur île. Aour se trouve en effet par 8°, 18’ L. N. et 188°51’ long. O. du Méridien de Greenwich, (191° 11’ Paris); tandis qu’Ulea, ou comme on l’appelle encore Gouap, Ouap et Yap, gît par 9°25 L. Nord et 135°41 long. Est, d’après d’Urville. Un troisième exemple a été observé dans les îles de la So- ciété en 1820. A cette époque on vit arriver à Maurua, île qui gît à environ 20 milles dans l’Ouest de Porapora, une piro- gue qui venait de Rurutu, l’une des îles Australes, située à 800 milles environ dans le S. S. O. de Maurua. Cette pirogue était restée près de quinze jours à la mer, et d’après le rap- port de son équipage, on supposa, en exagérant sans doute comme lui, qu’elle devait avoir parcouru plus de 1000 milles. Toujours est-il qu’elle n’avait pu être poussée à Maurua, que par un fort vent d’Ouest ou de Sud-Ouest, Maurua se trouvant dans le N. N. E. de Rurutu. Mais le tait le plus connu et qui démontre le mieux l’exis- tence des vents d’Ouest, en Polynésie, à certaines époques, est celui que Reechey a lui-même observé dans les Paumotu, à la suite de sa découverte de l’île qu’il a appelée Byam-Mar- tin, et qui n’est autre que l’île Piuake des indigènes. Cette île gît par 19°48, et 142°45’ non loin de l’île découverte et ap- pelée Cockburn par le même navigateur (1), l’île Bertero, de Moërenlioüt. Beechey trouva à Pinake une petite colonie de naturels convertis au Christianisme ; ils s’y étaient arrêtés à la suite d’un naufrage, après être partis de l’île Anaa ou de la Chaîne située à 300 milles dans l’Est de Tahiti. (P Narrative ot a voyage tothe Pacific and Beering s strait , etc., p. 221-229. ^ J ô 58 LES POLYNÉSIENS. Voici comment les choses s’étaient passées : à l’avène- ment du jeune Pômare au trône de Tahiti, un chef de l’île Anaa, dont le nom est resté inconnu, et un nommé Tuvari, avec cent cinquante de leurs compatriotes, s’étaient embar- qués dans trois doubles canots pour aller rendre leurs hom- mages à leur nouveau souverain, l’île Anaa étant depuis longtemps tributaire de Tahiti. Déjà ils apercevaient le som- met de Maïtea, quand le vent d’Ouest vint les surprendre et les entraîner à une grande distance vers l’Est. Le calme survint, puis un autre coup de vent, et ce fut en vain qu’ils essayèrent de reprendre le chemin de Tahiti. Ils furent long- temps retenus par les vents ou les calmes, loin de toute terre ; leurs provisions furent bientôt épuisées, et il ne leur resta d’autre ressource que de dévorer les cadavres de ceux qui périssaient. Enfin ils rencontrèrent une petite île, que Beechey reconnut être l’île Barrow, et ils y séjournèrent treize mois pour se refaire ée leurs fatigues et se disposer à reprendre la mer. En quittant Barrow ou la Vanavana des . indigènes des Paumotu, ils touchèrent successivement à deux petites îles, dont la dernière était Pinake ou Byam- Martin, mais là, leur pirogue se défonça. Quand le Blossom, commandé par Beechey, les rencontra, ils s’y trouvaient depuis bientôt huit mois, occupés à la réparer autant que le leur permettait la privation de presque toutes choses. Beechey les trouva prêts à partir et ayant préparé pour leur nouveau voyage toutes les provisions nécessaires. Tous lui demandèrent à être rapatriés, mais Beechey ne crut pouvoir accorder le passage qu’à Tuvari ou Tuuari et à sa famille. Ce fut de lui qu’il apprit qu’ils étaient partis de l’île Barrow, sur trois pirogues, mais qu’ils n’avaient pas eu de nouvelles des deux autres. Après quelques jours de relâche à l’île de l’Arc, Beechey fit déposer Tuvari, sa femme et ses enfants, dans leur pays, l’île Anaa. Comme le fait remarquer ce navigateur, l’île Barrow étant à 420 milles directement dans l’Est d’Anaa, si l’on ajoute cent milles faits les premiers jours pour se rapprocher de Maïtea, et la distance parcourue avant d’atteindre Bar- row, c’est au moins 600 milles qu’ils ont faits et pour ainsi LES POLYNÉSIENS. 59 dire directement de l’Ouest à l’Est, c’est-à-dire avec des vents nécessairement de l’Ouest. Il n’est pas de fait qui démontre mieux l’existence des vents d’Ouest à certaines époques ; il n’en est pas qui fasse mieux comprendre la possibilité d’un peuplement d’île dé- serte par voie d’entraînement involontaire, et, par suite celle des migrations. Aussi Beechey concluait-il de ce fait que de pareils cas avaient du se présenter, et qu’ils avaient pu suffire pour peupler beaucoup d’îles. Voici ce qu’il dit à ce sujet (1) : « L’accident qui a jeté sur notre route Tuwari et ses com- pagnons emportés malgré tous leurs efforts à 600 milles, dans une direction contraire à celle des vents alisés, nous a heureusement mis à même de détruire les objections faites par l’opinion générale. Et quoique ce soit le seul cas de son espèce (2), il est certain, qu’il est du plus haut intérêt, tant par sa singularité, que par la possibilité du fait qu’il démontre. Ce n’est pas une raison, parce qu’il est le seul venu à notre connaissance, que d’autres canots n’aient pas partagé un pareil destin, et des milliers peut-être ont pu être entraînés vers les îles les plus éloignées de l’Archipel et les avoir peuplées. » On a vu que Beechey, avec intention, sans nul doute, a évité de s’appesantir sur le lieu qui aurait pu être le lieu d’origine première des Polynésiens, mais qu’il partageait, à cet égard, l’opinion de R. Forster puisque, par ce fait, il voulait démontrer que les îles Polynésiennes avaient pu rece- voir leurs habitants de l’Occident, contre la direction des vents alisés. On peut croire, du reste, qu’il n’avait pas d’idée bien arrêtée sur ce sujet. Ainsi qu’on a pu le voir encore, il admettait qu’une race d’hommes, sans dire laquelle, mais différente de celle qui occupe aujourd’hui l’île de Pâques, (1) Ouvr. cité, p. 252. (2) Ce n’était pas le seul -cas, comme nous l’avons montré, et Beechey ne pensait pas sans doute dans le moment à celui rappor- té par Kotzebüe, de même qu’à celui observé par Wilson aux Pelew, à ceux du Japon, en Amérique, ou aux Sandwich, etc. (Voyez son ouvrage, p. 221, 229 et 252. Edit. 1831.) 60 LES POLYNÉSIENS. avait disparu à la suite de quelque catastrophe. Mais, tou- jours est-il, que le fait cité par lui venait appuyer, comme tant d’autres l’ont fait depuis, l’assertion de La Pérouse : qu’on pouvait aller presque aussi facilement de POuest vers l’Est que de l’Est vers l’Ouest, à certaines époques de l’année. Nous pourrions ajouter à ces exemples beaucoup d’autres faits, bien connus aujourd’hui, mais nous nous bornerons aux suivants, car nous n’en finirions pas s’il nous fallait citer tous ceux qui ont été observés par les Européens, depuis qu’ils sont fixés en Polynésie. Les partisans des entraînements constants par les vents alisés citent le fait de la jonque japonaise qui s’est brisée en 1832 sur l’île Oahu, dans les Sandwich, après avoir été battue par la mer pendant plusieurs mois. Il ne restait plus que quatre hommes des neuf composant l’équipage au mo- ment du départ. Or, ce qu’ils n’avaient pas remarqué sans doute, quand ils regardent ce fait comme favorable à leur opinion, c’est que l’entraînement n’avait pu être effectué que par des vents d’Ouest ou de Nord-Ouest, puisque le Japon est situé dans l’Ouest ou l’O. 1/4 N. O. des îles Sandwich. Il en est de même pour tous les autres exemples de jonques japonaises, entraînées et finissant par faire côte sur quel- que île éloignée ou par atteindre le continent d’Amérique qui, par rapport au Japon, se trouve dans l’Est et le Nord- Est. M. J. Garnier (1) rapporte qu’àSan-Barbara, en Californie, on a trouvé une peuplade d’origine japonaise dontonignore l’époque d’arrivée. Elle a conservé non seulement le type, mais encore le langage à un degré suffisant pour avoir pu converser avec des Japonais qui, en 1861, abordèrent ce port. Cette tribu erratique arriva probablement, dit-il, à la faveur du grand courant et des vents variables qui régnent sur les parallèles séparant le Japon de la Californie. Nous-même, nous trouvant en 1827 dans les îles Fiji, nous avons entendu raconter par Je naufragé espagnol recueilli par Y Astrolabe, qu’une pirogue de Rotuma, poussée par un (I) Les migrations humaines en Océanie , p. 29. Voy. aussi Archives de la commission scientifique du Mexique , t. III, p. 420» LES POLYNÉSIENS. 61 coup de vent de Nord-Ouest, était arrivée dans l’île où il s’é- tait fixé. Ainsi donc les entraînements involontaires, en montrant que les canots étaient portés parfois à des distances considé- rables, témoignent eux-mêmes que les migrations étaient possibles; ces entraînements, joints à toutes les autres causes indiquées, prouvent qu’elles étaient pour ainsi dire indis- pensables, le plus souvent peut-être forcées, mais réelles, comme l’établissent nettement les traditions pour celles qui se sont effectuées du pays d’origrne première, l’Hawahiki, à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. Il n’est donc pas permis, croyons-nous, de les mettre en doute, car aussi bien il y a encore en leur faveur d’autres témoignages qui viennent démontrer, peut-être plus que tout ce qui précède, la nécessité des migrations. Le plus important est le fait d’une langue homogène par- lée par les Polynésiens dans toutes les îles, malgré leur éloi- gnement les unes des autres ; ce fait prouve, d’autre part, que cette langme émanait d’une même contrée, où elle était en usage avant la dispersion. Sans les migrations en effet, il serait impossible de comprendre comment tant d’îles, sépa- rées quelquefois par des espaces de mer considérables, au- raient conservé et parlé un même langage. Car on ne saurait trop le répéter : non seulement les Polynésiens ne parlent tous que des dialectes d'une seule et même langue primiti- ve, mais en outre, cette langue primitive, si longtemps res- tée inconnue, n’est autre que la langue Maori elle-même, avec de légères modifications dues à l’isolement et à l’in- fluence de certaines circonstances. Elle est si bien la langue-mère, qu’il suffit de resti- tuer au premier dialecte polynésien venu la ou les conson- nes changées ou supprimées ou seulement de les remplacer par une plus expirée, pour que le mot maori soit, non seu- lement reconstitué, mais qu’il ait encore la même significa- tion. Ceci explique comment le Tahitien Tupaia pouvait se faire comprendre d’emblée par les Nouveaux-Zélandais et 62 LES POLYNÉSIENS. saisissait le sens de leurs paroles ; d’où la remarque si exacte des premiers voyageurs, Banks, Crozet et Anderson sur l’affinité des langues polynésienne et néo-zélandaise. Tupaia, il est vrai, avait été grand-prêtre aux îles de la So- ciété ; il connaissait par conséquent cette langue spéciale que les prêtres et les chefs employaient entre eux pour n’être pas compris du peuple ; mais nous l’avons dit ailleurs, cette langue, d’une manière presque certaine, était l'ancienne langue des émigrants, c’est-à-dire la langue Maori. Tout autre Tahitien non initié au sacerdoce n’eût probablement pas compris aussi facilement que lui les Nouveaux-Zélan- dais ; mais il y serait certainement parvenu bien vite, tant l’analogie est restée grande, malgré les changements sur- venus entre les deux langages. On sait du reste, aujourd’hui, par M. Taylor, que les Tongans eux aussi peu ventconverser avec les Nouveaux-Zélandais dès la première entrevue. Il n’y avait pas que le groupe des îles de la Société qui possédât une langue spéciale, une langue sacrée pour ainsi dire ; il en était de même dans plusieurs autres archipels, aux Mariannes, aux Sandwich, aux Marquises, etc. A la Nouvelle-Zélande, les chefs et les prêtres recouraient à un langage particulier pour pouvoir converser entre eux sans être compris de la foule. Les uns ont cru voir dans ce lan- gage un dérivé du Sanscrit, d’autres un dérivé des langues malaises ; mais, à n’en juger que par quelques vieux mots à peine compris des générations actuelles, mots ayant tous le type Maori, ce langage ne devait être que celui .des ancê- tres de l’Hawahiki, c’est-à-dire la langue des Tinirau, Whakatau, Maui et autres, qui se serait un peu modifiée après l’arrivée des émigrants dans l’Ile-Nord d’abord, et plus tard en Polynésie, tout en restant toujours la même par le fond (1). M. Thompson croyait que cette langue était sanscrite ; (1) Les îles Sandwich avaient également une langue particulière réservée aux chefs, et nous avons pu nous assurer nous-même sur les lieux que les Marquésans en possédaient aussi une à l’époque de la prise de possession par la France. Toutefois, c’est vainement que nous avons cherché à obtenir quelque mots de cette langue^ LES POLYNÉSIENS. 63 pour soutenir cette opinion, il a même cité un assez bon nombre de mots, qui, à part trois ou quatre, sont véritable- ment trop dissemblables pour qu’on puisse partager sa croyance (1). Il en est de même de celle de M. Taylor qui, pour l’appuyer, fournit une longue liste de mots (2), mais sans remarquer que ces mots prouvent tout aussi bien que les Maori tenaient leur langue des Grecs, des Goths, des Latins ou même des Anglais, des Russes et des Français, que des Malais, des Hébreux ou des Indiens. Une seule chose est donc certaine, c’est que cette langue était la même que les ancêtres avaient parlée ; elle avait subi, avec le temps et les circonstances, les légers change- ments qui en ont fait les dialectes polynésiens qu’on con- naît mais elle était, comme elle est toujours, une langue à part, parlée seulement par les Néo-Zélandais, et par leurs descendants les Polynésiens, dans toutes les îles quils ont occupées. Sans les migrations encore, ainsi que le disaient MM. Perier et Broca dans la discussion qui s’éleva à ce sujet au sein de la Société d’Antropologie, non seulement l’analogie des langues serait inexplicable, mais on ne s’expliquerait pas davantage l’analogie des mœurs, des religions, des ar- mes, des industries. Sans elles enfin, il serait impossible d’ex- pliquer l’analogie des caractères physiques des Polynésiens, qui, répétons-le encore une fois, sont, à part quelques légères différences dues aux influences locales, absolument les mê- La princesse Putona, Hakahiki-Nui, qui nous a fourni tant d’au- tres renseignements, ne voulut jamais nous en citer un seul. On eût dit qu’elle craignait de manquer à son devoir en les faisant con- naître, ce qui prouve bien le caractère sacré qu’on lui attribuait. Pourtant, peut-être aussi les ignorait-elle, car elle s’était montrée jusque-là assez peu respectueuse pour les choses les plus saintes. Si elle en eût su quelques-uns, elle nous les aurait probablement fait connaître comme tous ceux de la langue employée par les Kaioï entre elles, pour mieux tromper leurs maris, ou Vahana. (Voir nos recherches et observations sur les Marquises.) (1) On a vu que Buschmann niait l’existence des mots sanskrits en Polynésie, à l’exception d’un seul. (Voy. vol. I, p. 157.) (2) Ouvr. cité, p. 199. 64 LES POLYNÉSIENS. mes, dans toutes les îles, depuis la Nouvelle-Zélande jus- qu’à Pâques et aux îles Sandwich. Cette dernière analogie prouve encore plus que les autres la nécessité des migrations. Si, en effet, les Polynésiens fussent venus, comme Font sou- tenu quelques écrivains, d’un immense continent en partie disparu, ils auraient presque certainement présenté de plus grandes différences de type, ainsi que M. de Quatrefages l’a si bien démontré. En résumé donc, non seulement l’étude des traditions, la comparaison des langues, celle des mœurs et des caractères physiques indiquent que les Polynésiens ont eu une origine commune et un même point de départ, mais tous les faits traditionnels conservés par lès Océaniens, tous ceux obser- vés par les Européens, toutes les légendes qui leur ont été communiquées, tout ce qu’on a dit des langues, des connais- sances géographiques des Polynésiens, de leur manière de naviguer, et jusqu’aux causes des émigrements, prouvent que c’est par la voie des migrations que les îles polynésien- nes ont été peuplées. Seulement, de l’exposé que nous avons fait des divers entraînements connus auxquels plusieurs écrivains ont cru pouvoir attribuer uniquement le peuple- ment de l’Océanie, il semble résulter que ces entraîne- ments qui se sont opérés avec les vents les plus opposés, n’y ont pas contribué autant qu’on l’a cru ; ils n’y ont probable- ment pas contribué ailleurs que dans les quelques petites îles que nous avons citées • Anuta, Tukopia, Rotuma, Kings’mill, Tupua, Pitcairn, Malden, Vaitupu, Pinake, ainsique dans quelques autres encore, trouvées comme elles désertes à l’arrivée des canots entraînés. Sans doute, comme le faisait observer M. Perier, (1) « on a beaucoup abusé du principe de la dispersion et de l’émi- gration des peuples et du facile moyen de leur faire dis- penser, soit la vie à des terres désertes, soit la lumière à d’autres nations ; » mais vraiment, en ce qui concerne le peuplement des îles Polynésiennes, il est impossible de nier les migrations, soit qu’on adopte la route que nous croyons (1) Mémoires de la Société Antropologie, t. I, p. 493. — Sur l’Ethnogénie Egyptienne. LES POLYNÉSIENS. 65 avoir été suivie, soit qu’on s’en tienne à celles qui ont été gé- néralement admises, soit même que l’on admette l’ancien- ne existence d’un continent, qui aurait été en partie sub- mergé. Dans ce cas, en effet, les migrations auraient enco- re été nécessaires, pour que l’on pût expliquer la présence des Polynésiens sur des îles, à la fois si nombreuses et si éloignées les unes des autres. Du reste, ce n’est plus une question aujourd’hui : non seulement tous les écrivains anciens que nous avons cités croyaient aux migrations, mais ceux-là même, parmi les modernes, qui leur étaient d’abord le plus opposés, ont fini par les accepter. C’était même une question déjà résolue pour beaucoup, bien avant la savante discussion de la So- ciété d’ Anthropologie de Paris. Il est donc démontré que les îles de la Polynésie et toutes celles de la Micronésie, pour ne citer que les îles à popu- lations de race polynésienne, ont été peuplées par voie de migrations . Avant de tracer la marche que nous croyons avoir été sui- vie par les émigrants, nous allons examiner avec quels vents les migrations générales, c’est-à-dire les migrations inten- tionnelles, calculées, et, jusqu’à un certain point volontai- res, se sont effectuées, d’après tous les écrivains et d’après nous-même. Les vents qu’on regarde le plus généralement aujourd’hui comme les ayant favorisées font eux-mêmes mieux comprendre leur existence. Puis, bien que nous n’y attachions pas une grande importance, nous examinerons, à notre tour, les dates admises par les différents auteurs, tou- chant ces migrations . Vents qui ont servi aux migrations — On a vu, dans l’ex- posé que nous avons fait des diverses opinions des auteurs, que, suivant la théorie adoptée par eux, les uns ont soutenu ou soutiennent encore que les migrations vers la Polynésie ne se sont opérées qu’avec les vents d’Est, (de Nord-Est à Sud- Est) ; les autres qu’elles ont non seulement pu se faire avec 5. 66 LES POLYNÉSIENS. les vents d’Ouest, mais qu’elles ne se sont effectuées qu’avec ces vents. On a vu également que les principaux partisans de la pre- mière opinion sont Zunig-a, Ellis et Moërenhoüt, auxquels il faut ajouter M. Jules Garnier. Tandis que parmi ceux de la seconde figurent la plupart des écrivains voyageurs, marins ou naturalistes et plus particulièrement La Pérouse, Bee- cliey, J. Williams, H. Haie, ainsi que MM. Gaussin, de Bovis, Thompson et de Quatrefages. Pour les premiers-, les vents et les courants étaient des obstacles insurmontables à toute autre provenance que celle de l’Amérique ou d’un ancien continent submergé, plus oriental et méridional que les îles polynésiennes. Mais nous avons démontré qu’il en est tout autrement, et que les vents alisés sont remplacés, à certaines époques, par des vents contraires. Sans revenir sur ce qui a été déjà dit à ce sujet, nous croyons pourtant encore devoir rappeler ici que La Pérouse a été le premier à montrer que les vents d’Est ne sont pas un empêchement aux voyages de l’Ouest vers l’Est (1) ; après lui, tous les navigateurs ont fait la même remarque. Kotzebüe, par exemple, en rapportant l’entraînement de Kadu, tant cité, est venu appuyer la possibilité d’aller dans l’Est avec des vents d’Ouest : car ce n’est que par ces der- niers vents que le Carolin Kadu a pu être poussé dans le Sud-Est à plus de 1500 milles de son point de départ. De même Beechey (2), par le fait d’entraînement qu’il a fait connaître et qu’il croyait, à tort, être le premier dans ce (1) Bien que nous les ayons déjà citées, nous n’hésitons pas* en raison de leur importance, à mettre de nouveau ses paroles sous les yeux du lecteur: « On objectera peut-être, dit-il, (3«voL, p< 231), qu’il a dû être très difficile aux Malais de remonter de l’Ouest vers l’Est, pour arriver dans les îles Polynésiennes ; mais les vents d’Ouest sont au moins aussi fréquents que ceux de l’Est aux envi- rons de l’Equateur dans une zone de 7 à 8 degrés au Nord et au Sud, et ils sont si variables qu’il n’est guère plus difficile de naviguer vers l’Est que vers l’Ouest. » (2) Beechey admettait l’origine Malaisienne des Polynésiens (Y, ÎI, p. 252.) LES POLYNESIENS. 67 sens, est venu démontrer lui aussi que les vents alisés ne s’opposent pas, dans certains moments, aux voyages de l’Ouest vers l’Est. Il dit lui-même, à cette occasion, que les vents d’Est sont fréquemment remplacés durant deux ou trois mois de l’année par les vents de la mousson d’Ouest, et il ajoute avec raison : « La cessation temporaire des vents alisés dans les mers et leur remplacement par la mousson d’Ouest n’a pas été assez prise en considération par ceux qui regardent l’existence des premiers comme une difficul- té insurmontable ». De même encore Dillon, celui qui a cité le plus d’exemples d’entraînements de l’Ouest vers l’Est, est venu appuyer l’o- pinion que les vents d’Ouest soufflent dans les mers en cer- tains temps de l’année, et qu’il existe même dans les régions du grand Océan situées entre l’équateur et le parallèle 12° S. une mousson du Nord-Ouest et de l’Ouest. Après Dillon, Moërenhoüt, tout opposé qu’il était àla pos- sibilité d’une provenance malaise des Polynésiens, et à l’aide de vents d’Ouest, montre lui-même que les coups de vent d’Ouest n’étaient pas rares en Polynésie; il cite entre autres celui qui détruisit, en 1832, presque toute la végétation et les maisons d’Anaa et autres îles voisines, en élevant la mer à une hauteur considérable et en roulant des blocs en- tiers de corail ; ainsi que le coup de vent de Nord-Ouest, éprouvé la même année à Tahiti, où il produisit les mêmes effets. 11 montre, en outre, à son insu peut-être, que les dé- parts pour aller aux îles du vent, avaient lieu avec des vents d’Ouest. Voici en effet, ce qu’il dit à ce sujet (1) : « Entre autres événements, on se souvient à Tahiti d’une flotte nom- breuse qui était partie de Raiatea pour Tahiti, par un vent d’Ouest, quand à peu de distance de son point de départ, le vent sauta tout-à-coup au Sud-Est, et souffla si violemment qu’elle ne put même pas regagner Raiatea ; de sorte que les hommes qui la montaient ont dû nécessairement périr en mer, au bout de quelques jours, à moins qu’ils n’aient rencontré quelque île sur leur route. » Cet exemple n’est du reste qu’un de ces entraînements forcés vers l’Ouest, comme (1) Voyage aux îles du grand Océan , t» II, p0 256. 68 LES POLYNÉSIENS. on en connaît tant dans cette direction. Il indique surtout qu’on partait avec des vents d’Ouest quand on voulait se rendre aux îles plus orientales, ce qui est la manière de pro- céder générale des Polynésiens. Nous croyons devoir citer ici le fait suivant rapporté par le capitaine Siddins, du brick Campbell-Macquarie , parce qu’il prouve lui même que la mousson du Nord-Ouest se fait sentir dans ces mers. Ce capitaine, passant dans les îles Fiji, trouva à l’île M’Bukatatanoa (1), la même sur laquelle se sont perdus YArgo et deux ou trois autres navires, un homme de Rotuma, qui avait été entraîné jusque-là avec quelques autres compatriotes partis de Rotuma huit ans auparavant, dans le but de se rendre àl’île Waïtupu, sur laquexie abondent les belles porcelaines blanches tant re- cherchées par les habitants pour orner leurs pirogues. Les vents les avaient éloignés de toute terre, et ce n’était que longtemps après qu’ils avaient fini par rencontrer l’une des Samoa d'abord, puis par arriver aux îles Fiji. « Je suis per- suadé, dit Dillon à cette occasion (2), qu’il règne à Rotuma des vents d’Ouest, dans certains temps : autrement, qui aurait pu pousser l’homme que j’ai ramené à Tongatabou, depuis Rotuma jusqu’aux îles des Navigateurs, qui sont situées à plus de 600 milles dans l’Est ? Comme on a vu encore, c’était l’avis de M. de Bovis qui, dans ses Recherches sur la société Tahitienne, dit : (3) a Une connaissance plus exacte de ces mers a appris qu’à certai- nes époques de l’année des vents d’Ouest y régnent transi- toirement par séries qui vont de trois à quinze jours. » Suivant lui, c’étaient ces vents d’Ouest qui avaient toujours emporté l’émigration sur leurs ailes. Enfin, c’était ayssi l’avis deDunmore-Lang, de J. Williams etc. ; par conséquent, c’était bien à tort que les anciens écri- (1) Le récif est appelé sur les cartes récif Argo, parce que ce navire fut le premier qui s’y brisa ; il est très vaste et il s’étend du côté Nord de LaXemba pendant 27 milles, dans une direction Est et Nord-Est. (2) Ouv. cité, t. II, p. 15. (3) Annuaire de s îles de la Société , année 1 863, p. 22 2. LES POLYNÉSIENS. 69 vains surtout soutenaient que les Polynésiens n’auraient pas pu venir de l’Ouest, et que les vents alisés s’y seraient formellement opposés ainsi que les courants. Aujourd’hui, c’est un fait acquis, les vents d’Ouest remplacent, à certai- nes époques et pendant un certain temps, les vents alisés de l’Est (Nord-Est à Sud-Est) ; et personne n’a mieux fait ressortir l’inanité de ces obstacles que M. de Quatrefages. Aussi nous nous contenterons de répéter ici que s’il n’y avait pas eu d’autres obstacles que ’ceux-là à une provenance asiatique ou malaisienne des Polynésiens, ces derniers au- raient certainement pu venir des îles Indo -Malaises. Mais ce fait acquis n’apprend pas quel vent a plus spécia- lement emporté sur ses ailes les premiers émigrants vers la Polynésie. Il prouve seulement l’existence et la possibilité des migrations et des voyages dans des directions diamétra- lement opposées. Il reste maintenant à déterminer quel est celui des vents d’Est ou des vents d’Ouest qui a joué le principal rôle dans les migrations raisonnées. On voit d’abord, d’après tous les faits observés par les navigateurs tant anciens que modernes, et d’après tous les récits traditionnels des Polynésiens, qu’ils avaient recours, pour effectuer leurs voyages d’un archipel à un autre, tan- tôt h l’un de ces vents tantôt à l’autre, suivant la position relative de ces archipels : on profitait, naturellement, de ceux de l'Ouest pour aller vers l’Est et de ceux de l’Est pour se rendre à l’Ouest, comme on profitait de ceux du Sud pour aller au Nord, ou de tout autre plus favorable pour attein- dre le but déterminé. Mais il semble surtout résulter de tous les faits venus à la connaissance des Européens, que c’était le vent d’Ouest qui était non seulement employé pour aller d’une île « sous le vent » h celle * du vent, » mais qui l’était en apparence plus volontiers que le vent d’Est, par les ha- bitants des îles orientales pour se rendre à celles plus occi- dentales : c’était évidemment le résultat de la connaissan- ce acquise de bonne heure par les Polynésiens qu’ils n’au- raient pas à attendre trop longtemps les vents favorables pour leur retour. Ainsi les Polynésiens, alors qu’ils n’avaient pas perdu, 70 LES POLYNÉSIENS, pour la plupart, l’usage de leurs grandes pirog*ues, vou- laient-ils aller à quelque île plus orientale que la leur, ils attendaient les vents d’Ouest; c’était surtout de l’un d’eux, du Sud-Ouest, appelé Arueroa à Tahiti, qu’ils profitaient, parce que ce vent donnait lieu à une mer très belle, et qu’il était accompagné d’un très beau temps. Mais il ne faut pas croire que les autres vents de la partie de l’Ouest ne leur servaient pas parfois : sans la crainte, fondée par leur ex- périence, et qui les leur faisait éviter le plus souvent à cause de la violence qu’ils pouvaient acquérir, ces vents d’Ouest à Nord-Ouest étaient même les meilleurs pour faire franchir rapidement les distances. Ce qui prouve bien que c’était avec les vents d’Ouest qu’on se portait vers les îles plus orientales, c’est, comme l’apprend Ellis, (1) que les habitants des îles de la Société particulièrement, avaient des doubles pirogmes destinées seulement à ces voyages ; ils les appelaient Tiaï-Toerau, ce qui veut dire « attendre le vent d’Ouest ou de Nord- Ouest. (2) » Mais ce qui le prouve mieux encore, c’est qu’on ne fait pas autrement aujourd’hui même aux Tunga, aux Samoa et aux îles de la Société, où les grandes pirog-ues, il est vrai, n’existent plus et ont été remplacées par de petits navires européens ou par de simples baleinières américai- nes. Il en est de même aux Fiji, auxPaumotu, etc., où l’on se sert toujours des anciennes pirogmes des ancêtres. C’est non seulement ce qui nous a été dit sur les lieux, mais ce que nous avons vu nous-même ; c’était d’ailleurs ce qu’a- vaient appris beaucoup de voyageurs, sans soupçonner le plus souvent que c’était une règle générale en Océanie. Les Tahitiens de nos jours veulent-ils aller à Anaa, vers l’Est : ils attendent les vents d’Ouest (S. -O.) comme les ha- bitants de Raiatea attendent les mêmes vents (O. et N. -O.) pour se rendre à Tahiti . Déjà on a vu que Moërenhoüt, qui ne croyait qu’à l’action prépondérante des vents d’Est et de Sud-Est, disait lui-même que le navire du missionnaire J. (Y) Recherches, p. 147. (2) Tiai, attendre, rester, être pour ; toerau t vent d’Ouest ou de Nord-Ouest. LES POLYNÉSIENS. 71 Williams dont il raconte l’entraînement jusqu’à Uatiu par des vents d’Est, était d’abord « parti de Raiatea pour aller à Tahiti, avec un vent d'Ouest. » Longtemps avant lui, Turnbull avait déjà signalé cette manière de faire des îles de la Société. «Dans les premiers mois de l’année, dit-il (1), le vent s’établit à l’Ouest avec pluie et tonnerre. Et c’est à cette époque néanmoins que les insulaires de Raiatea et de Huahine ont coutume de visiter Tahiti, » C’était enfin l’ob- servation qui avait été faite dans les mêmes îles par An- derson, le chirurgien de Cook (2). Une fois arrivés dans les îles plus orientales, les voya- geurs attendent là, pour revenir chez eux, le retour des vents alisés Nord-Est ou Sud-Est. De même les Samoans veulent-ils se rendre aux îles Penrhynn : ils attendent les vents d’Ouest (S. -O.) qui les y conduisent directement ; mais une fois là ils attendent ceux de l’Est (N.-E.) pour revenir. Pour aller aux Samoa, les Tongans ne se mettent en route qu’avec des vents de Sud-Ouest ou de Sud, derniers vents qui soufflent assez souvent, mais là encore, il leur faut at- tendre les vents de Nord-Est plein pour rallier leurs îles. De même quand ils veulent aller aux Fiji, ils profitent des vents de Sud-Est ; mais pour revenir, il faut qu’ils at- tendent les vents d’Ouest (N. -O.), comme nous l’avons fait voir ailleurs. En somme, tous les habitants des îles les plus occidenta- les attendent les vents d’Ouest pour se diriger vers les plus orientales, et, par contre, ceux des îles orientales ne partent (1) Turnbull' s voyage round the world between the years 1801 and 1804, p. 307. (2) D’après cela, ce serait donc probablement par erreur que M. J . Garnier, dans son travail : Les migrations humaines en Océanie , p. 46, a dit : « Mais dans aucun cas, ils ne se mettront en route de leur propre volonté avec un vent de la région de l’Ouest. Une longue expérience leur a enseigné que ces vents sont de simples accidents sans durée, qui, en outre, précèdent ou apportent les gros temps. Tous ceux qui ont pu vivre avec les Polynésiens re- connaîtront la vérité de ces assertions, et ces insulaires ne peu- vent, en effet, agir autrement, puisqu’ils ne connaissent que la navigation vent arrière ou vent sous vergue. 72 LES POLYNÉSIENS. qu’avec les vents alisés pour aller aux îles plus occidentales que les leurs. C’est ainsi que nous avons vu nous-même les habitants de rîle Anaa arriver à Tahiti avec des vents de Nord-Est ou d’Est, mais y attendre plus ou moins long- temps les vents de Sud-Ouest et d’Ouest, qui devaient les ramener à leur île. Autrefois ils ne faisaient pas autrement aussi bien dans ces îles que dans toutes les autres : seule- ment les voyages étaient alors beaucoup plus fréquents, beaucoup plus facilement entrepris, car ce n’est pour ainsi dire que depuis la venue des Européens qu’ils ont cessé d’être des navigateurs habiles et entreprenants. Les traversées d’ane île à l’autre avec des vents d’Est étaient généralement beaucoup plus longues que celles faites en sens contraire. En effet, bien qu’ils soient plus fréquents qu’on ne l’avait d’abord cru, les vents d’Ouest ne se présentent qu’à des intervalles plus grands ; de plus, les Polynésiens ne se décidaient, comme ils ne se décident encore, à en profiter, qu’ après les avoir vu établis pendant plusieurs jours. C’est ce qui les faisait souvent tomber dans un péril plus grand que celui qu’ils voulaient éviter. Du moins telle est, à notre avis, l’explication la plus simple de la longueur de certains voyages qui ne demandaient par- fois pas moins de plusieurs années pour être accomplis, malgré le peu de distance des îles entre elles : nous en avons cité des exemples en parlant des relations entre les îles Tunga et les îles Fiji. Là, en effet, il suffisait auxTongans qui voulaient retourner chez eux, de manquer, par prudence, les premières occasions qui se présentaient, pour être forcés d’attendre l’année suivante, et quelquefois une autre année encore (1). Mais, ce n’était pas, et ce n’est pas, comme quel- ques écrivains l’ont cru, avec des vents soufflant d’une seule direction que les voyages étaient et sont encore entrepris, mais bien tantôt avec ceux d’un point de l’hori- zon, tantôt avec ceux d’un autre point, suivant la situation relative des îles. L’habitude prise par les Polynésiens d’at- (1) Voir à ce sujet Moërenlioüt, t. II, p. 82, ainsi que les divers exemples que nous avons rapportés. LES POLYNÉSIENS. 73 tendre les vents contraires à ceux qui les avaient emmenés pour revenir chez eux est généralement attribuée à leur peu de connaissances astronomiques. Certainement cela a dû être une des raisons de cette manière de faire dans les voyages lointains, car on comprend que, ne pouvant que médiocrement compter sur des connaissances si peu sûres, et pour ainsi dire réservées à quelques-uns d’entre eux, l’idée leur soit venue de bonne heure de s’éloigner directe- ment, puis de faire la même route en sens inverse, afin d’avoir moins de chances de s’égarer ; mais cette habitude est peut-être due davantage à la difficulté qu’ont les gran- des doubles pirogues de naviguer autrement que vent ar- rière ou grand largue, difficulté qui les met dans la néces- sité de fuir devant chaque coup de vent qui vient à les sur- prendre. Non pas cependant que les grandes pirogues ne puissent elles-mêmes serrer le vent jusqu’à un certain point, comme nous les avons vu faire aux Tunga et surtout aux Fiji, alors qu’elles sont en vue du but à atteindre ; mais en réalité la seule allure facile pour elles est le largue et le vent arrière. D’un autre côté, quand on remarque quelle grande quan- tité d’îles étaient connues autrefois des Tahitiens, comme l’at' teste la carte de Tupàia, quand on se rappelle toutes les tra- ditions qui montrent qu’on ne craignait pas d’aller jus- qu’aux îles les plus éloignées soit à l’Ouest, soit au Nord ou ailleurs, il faut bien reconnaître que, toute difficile qu’elle pouvait être, la navigation des pirogues polynésiennes n’était pas un obstacle aux longs voyages, et que puisqu’il y avait parfois de grands espaces de mer à franchir, les connaissances astronomiques des Polynésiens devaient être plus grandes qu’on ne l’a généralement cru. A cette occasion, nous rappellerons seulement les voya- ges d’un prêtre des Sandwich, dans une contrée qui, soit qu’elle fût Tahiti, soit qu’elle fût la Nouvelle-Zélande, était à une distance considérable de son pays d’origine. Ce voya- geur, on l’a vu, y était retourné trois fois avant de périr sans doute dans sa quatrième entreprise. Avait-il profité, comme le font ceux d’aujourd’hui, des vents soufflant d’une 74 LES POLYNÉSIENS. direction pour s’en aller et de ceux d’une direction oppo- sée pour revenir ? C’est probable, et dans ce cas, pour se rendre à Tahiti, il se serait servi des vents de Nord (N.-O. à N.-E.), de même que pour retourner il aurait saisi une série de vents du Sud (S. -E. à S. -O.), en relâchant sans doute sur la route, où les îles sont nombreuses et par trop éloi- gnées les unes des autres. Mais si son voyage s’était fait à la Nouvelle-Zélande, il n’aurait eu qu’à se laisser emporter par les vents de Nord et de Nord-Est et par ceux de Sud et de Sud-Ouést pour revenir. La tradition né dit malheu- reusement rien de tout cela ; elle laisse même planer le doute sur ce point si souvent visité. Toujours est-il que ce fait, en outre qu’il montre le courage et la hardiesse des navigateurs polynésiens, établit d’une manière positive, que, quelles que fussent les difficultés de la navigation, ces derniers avaient des connaissances nautiques et astronomi- ques assez étendues. Quelle qu’ait pu être d’ailleurs la raison principale de cette coutume des Polynésiens, d’attendre certains vents pour s’éloigner ou pour revenir, il est bien certain que c’é- tait le moyen le plus sûr, en même temps que le plus sim- ple d’atteindre leur but, surtout quand ce but n’était pas éloigné. L’expérience leur avait appris qu’ils pouvaient se mettre en route à certains indices du temps, et, dans ces cas, ils arrivaient sûrement et promptement. Mais, comme partout ailleurs, ces indices étaient souvent trompeurs; alors les vents changeaient, quelque coup de vent surve- nait et ils étaient exposés à périr à la mer si le hasard ne leur faisait pas rencontrer quelque île sur leur route. On a vu que les exemples d’entraînements opérés de la sorte sont nombreux : c’est à. eux que plusieurs petites îles doivent leur peuplement et qu’un certain nombre d’îles à population mélanésienne doivent les colonies de Polynésiens qu’on y rencontre. On a vu aussi que ces entraînements involontai- res ont eu lieu plus fréquemment avec des vents d’Est (S.- E.) qu’avec des vents d’Ouest, au point que quelques écri- vains ont soutenu, à tort, qu’ils avaient toujours été effec- tués de la sorte. LES POLYNÉSIENS. 75 M. J. Garnier, se basant sur ce fait et sur ce « que les ha- bitants de la Polynésie avaient connaissance de terres situées à TEst, alors que la réciproque n’existait pas, » (1) a été porté à conclure que les Polynésiens*provenaient de l’Amé- rique. Cette conclusion est un peu forcée : ces faits ne seraient favorables que s’ils constataient la venue de piro- gues américaines, tandis qu’ils ne concernent qu’un certain nombre de pirog*ues polynésiennes entraînées de l’Est et du Sud-Est vers les îles plus occidentales. D’autre part, est-ce que la connaissance d’un plus grand nombre d’îles de l’Est par les habitants de l’ Ouest, ne serait pas plutôt favorable elle-même à une provenance occiden- tale? Et puis, est-on bien certain que les habitants des îles de l’Est étaient si ignorants des îles de l’Ouest? On a vu que toutes les traditions parlent de ces îles et qu’elles en ci- tent plusieurs. 11 ne pouvait pas en être autrement, puis- qu’ils se disaient venus de l’Ouest. Sans doute on a eu rai- son de conclure, en voyant le petit nombre , en apparence, d’îles occidentales portées sur la carte de Tupaia, compara- tivement à celui des îles orientales et méridionales qui y fi- gurent; mais il n’est pas moins vrai que les habitants des îles de la Société, par exemple, connaissaient de tout temps, d’après les traditions, les îles Tunga, Samoa, Manaia, etc., beaucoup mieux même qu’ils ne connaissaient celles de l’Est. D’autre part, si l’on ignore quelles étaient les connais- sances des hommes de l’Est au sujet des îles de l’Ouest, c’est, il faut bien le dire, que les traditions de ces îles sont restées presque toutes inconnues. Cependant elles aussi di- saient que les ancêtres des populations actuelles étaient venus du couchant, et d’un lieu appelé là, du même nom que dans la plupart des îles de l’Ouest, du Nord et du Sud. Ce dernier fait, à lui seul, est bien suffisant pour faire infé- rer que le peuplement de ces îles s-’ était plutôt opéré avec des vents d’Ouest qu’avec des vents d’Est, ainsi que le pré- tendent les partisans de l’origine américaine. M. J. Garnier, pénétré sans nul doute de l’importance de (1) Migrations humaines en Océanie , p. 47. 76 LES POLYNÉSIENS. cette croyance en faveur de l'origine occidentale des Poly- nésiens, a cherché, par une explication originale, à la ren- dre plus favorable, au contraire, à la provenance soutenue par lui. Yoici ce qu’il dit à ce sujet (1) : « Il a dû arriver que les habhw^ts des Sandwich ont été emportés par les alisés du Nor^-Est, se dirigeant sur le Sud-Ouest et qu’ils ont atteint les petites îles que l’on trouve au Nord-Ouest des Samoa, où ils ont signalé la grandeur de leur île Hawaii, comparée à celle des îles où ils se trouvaient. Mais, comme on le voit, la tradition d’une grande terre ne pouvait arri- ver que de l’Ouest aux habitants des Samoa et à ceux de Tahiti. Aussi les Samoans se disent issus d’une grande terre occidentale ; les Tahitiens en ont à peu près conservé le nom, et Tupaia a placé Oheavaï dans l’Ouest. Au contraire* les Nouveaux-Zélandais placent l’Hawaïki dans l’Est et en font comme les Samoans le lieu de leur origine. » Après tout ce que nous avons dit de la véritable position que nous assignons au lieu d’origine des Polynésiens, il est inutile sans doute de chercher de nouveau ici à soutenir notre opinion ; il doit suffire de renvoyer à la masse des té- moignages que nous avons fournis contre la situation d’un Hawahiki dans l’Est ; mais il n’en est pas moins vrai que l’explication donnée par M. Garnier a quelque chose de spé- cieux, puisqu’elle permet de comprendre autrement qu’on ne l’avait fait jusquedà, comment l’idée d’une terre d’origine placée dans l’Ouest, aurait pu arriver aux Samoa et à Tahiti. Seulement il faudrait admettre, dans ce cas, que c’était bien, comme l’a dit Forster le premier, les émigrants des îles du Nord-Ouest des Samoa, c’est-à-dire les Carolines et les Ma- riannes, qui seraient allés peupler les îles plus à l’Est et plus au Sud de l’Océan Pacifique. Or, on a vu qu’aucun té- moignage n’a jamais été fourni en faveur de ce fait et que toutes les données acquises après Forster semblent plutôt autoriser à penser le contraire, c’est-à-dire que ces îles ont été peuplées, dans l’origine, par des émigrants des îles Po- (1) Les migrations polynésiennes, p. 54. LES POLYNÉSIENS. 77 lynésiennes, au lieu d’envoyer les leurs peupler ces derniè- res (1). Enfin, on a vu aussi que les îles Sandwich elles-mê- mes placent le lieu d’origine première de leur race dans l’Ouest, tout comme le font toutes les autres îles ; nous avons déjà expliqué pourquoi, malgré qu’elles croient avoir reçu leurs habitants surtout de Tahiti, qui se trouve pres- que directement dans le Sud par rapport à elles. Il est inutile d’insister plus longtemps sur une provenance dont l’impossibilité est pour nous démontrée, maintenant que nous avons fait connaître la manière de procéder des Polynésiens dans leurs rapports entre eux et avec la race mélanésienne .Nous allons chercher à préciser davantage avec quels vents les migrations raisonnées ont presque certaine- ment été effectuées. Excepté les partisans de l’origine américaine ou d’un con- tinent submergé, tous les autres écrivains ont, avec raison, à notre avis, attribué ces migrations aux vents d’Ouest, et l’on a vu que c’était particulièrement l’opinion de J. Wil- liams, de Dunmore Lang, de M. de Quatrefages et sans doute de tous ceux qui admettaient l’origine asiatique ou malai- sienne des Polynésiens. La migration vient de l’Ouest, di- sait M. de Bovis, et il faudrait déjà l’accepter pour telle, si l’on n’avait pas d’autres preuves. « Gomme la plupart de nos devanciers, dit M. Gaussin, nous pensons que les migrations ont dû se faire de l’Ouest à l’Est. » Tel est également notre avis, qui résulte de toutes les traditions recueillies depuis les premiers voyageurs jusqu’à nos jours ; nous avons suf- fisamment démontré que celles qui, d’après Pritchard et quelques autres, placent le lieu d’origine dans l’Est, ont été mal interprétées. Toutes les traditions témoignent, en effet, en faveur d’une provenance occidentale des Polynésiens. Toutes, quel que (1) Voir ce que nous avons dit sur le peuplement des îles Caro- lines et Mariannes, vol. I, liv. Il, ch. IV. 78 LES POLYNÉSIENS. soit le nom qu’elles donnent au lieu d’origine, et qui, à part deux archipels, est le même partout, placent constamment ce lieu d’origine dans l’Ouest, relativement à chaque île : ce qui démontre implicitement que les migrations n’avaient pu avancer vers l’Est qu’à l’aide des vents d’Ouest. Nous avons longuement rapporté et commenté, dans le cours de notre travail, les nombreuses traditions qui mon- trent qu’on se rendait en Polynésie de l’Ouest vers l’Est. Nous avons insisté notamment sur celles des Tunga, des Samoa et des Manaia. Toutes, et surtout celle relative au peuplement de Tungatapu, établissent nettement, quoi qu’on en ait dit, que les émigrants allaient de l’Ouest vers l’Est. C’est cette même direction qu’indiquent les légendes Maori qui montrent que pour aller de l’Hawahiki vers T Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande, il fallait faire route du Sud-Ouest vers le Nord-Est. Quoique cette opinion soit nouvelle et contraire à celle qui est généralement admise, nous l’avons étayée de tant de témoignages favorables qu’il est inutile d’y insister plus longtemps. Nous avons également suffisamment indiqué les vents qui ont été observés dans chacun des archipels, aujourd’hui bien connus, de l’hémisphère Sud et qui aident tant à com- prendre la marche des migrations de l’Ouest vers l’Est, sur- tout celle des enfants de l’Hawahiki vers lTle-Nord de la Nouvelle-Zélande. Là, comme on a vu, les vents d’Ouest (S.-O. à N.-O.) sont tellement fréquents et parfois si vio- lents qu’on s’explique facilement l’entraînement qu’ils au- raient pu effectuer vers la Polynésie, alors même que les canots n’auraient pas eu Tintention de s’y rendre, et nous avons même rapporté quelques traditions qui semblent le prouver. Nous ne ferons plus, à ce sujet, qu’une dernière re- marque, c’est que si l’Hawahiki était véritablement placé là où nous avons cru le retrouver, le vent de Sud-Ouest est surtout celui qui aurait le plus servi aux migrations vers la Polynésie, ainsi que l’ont établi les raisons que nous avons données, et plus particulièrement l’absence de Maori sur la côte orientale de l’Australie. Qu’on partage ou non notre opinion, il est évident, après LES POLYNÉSIENS, 79 tout ce que nous venons de dire, que les migrations nJont pu sé faire que d’un point plus Ouest que toutes les îles peuplées par elles, et nécessairement avec des vents de cette partie. C’est d’ailleurs aujourd’hui l’opinion de tous les partisans de l’origine asiatique ou malaisienne des Poly- nésiens ; il n’ty a de différence, entre eux et nous, que dans la situation que nous donnons au lieu d’origine des pre- miers émigrants. Mais si c’est bien de l’Ouest ou mieux du Sud-Ouest que les migrations raisonnées se sont effectuées vers l’Est et le Nord-Est, après avoir quitté l’Hawahiki et poussées par les vents de la partie de l’Ouest (S. -O. à N. -O et O. -S. -O.), c’est au contraire avec les vents les plus différents, tels que ceux du Sud=Est au Nord-Est et du Sud même, que beaucoup d’îles polynésiennes jusque-là inhabitées ont été peuplées, soit volontairement, soit à la suite d’entraînements invo- lontaires. C’est de cette dernière manière particulièrement que plusieurs îles au Nord et à l’Ouest de la Polynésie pa- raissent avoir reçu leurs habitants : telles sont les petites îles Tukopia, Anuta, Rotuma, Vaïtupu, Wallis, Duff, Tau- mako. C’est ég-alement ainsi que plusieurs points des gran- des îles à population mélanésienne, telles que Tanna, Fu- tuna, Uvea, Lakemba et autres, ont reçu des colonies qui y ont été tolérées parles habitants primitifs. Il est bien évident que si l’Hawahiki ou pays d’origine première des Polynésiens, était situé dans Tune des îles de la Nouvelle-Zélande, les îles Sandwich ne pouvaient rece- voir directement leurs premiers habitants qu’à l’aide des vents de Sud-Ouest ou de Sud, ce qui n’est gnère supposa- ble, ou indirectement avec des vents de Sud encore (S.-O- à S.-E) s’ils sont venus, comme on l’admet généralement, des îles de la Société qui gisent presque tout-à-fait au Sud des Sandwich. De même, c’est évidemment avec des vents con- traires aux vents alisés de l’hémisphère Sud, que les îles Polynésiennes les plus méridionales ont dû recevoir les premières colonies qui sont allées s’y établir, probablement sans intention arrêtée. De même enfin, que c’est probable- ment à la suite de coups de vent d’Ouest ou de Nord-Ouest, 80 LES POLYNÉSIENS. qu’une île comme celle de Pâques, a pu être rencontrée et peuplée d’emblée par un premier entraînement ou succes- sivement par quelques autres. Bientôt, en traçant la marche des migrations, nous au- rons, du reste, à revenir sur le peuplement particulier de quelques-unes des petites îles. Si les Polynésiens ont eu pour lieu d’origine celui que nous admettons, il est plus facile de s’expliquer la possibi- lité des migrations, et, en voyant comment ils procèdent encore aujourd’hui, quand ils entreprennent un voyage, on peut mieux comprendre comment les îles se sont successi- vement peuplées. Notre système explique mieux également comment les populations des diverses îles ont pu conserver tant de caractères identiques malgré leur éloignement les unes des autres et même malgré l’interruption des rapports entre elles, pendant d’assez longues périodes de temps. On n’a point alors à se demander comment le peuple, échappé à la catastrophe de quelque continent englouti, a pu gagner toutes les îles qu’il occupe, et avoir sous la main, dans un pareil moment, toutes les pirogues qui auraient été néces- saires pour le sauver; on n’a point, non plus, comme dans la théorie d'une provenance asiatique ou seulement malai- sienne, à accepter la possibilité de traversées aussi considé- rables sans qu’il en reste la moindre trace dans les îles in- termédiaires. Surtout, on n’a pas besoin de fermer les yeux sur les différences qui séparent les Malaisiens et les Asiati*? ques des Polynésiens, tant sous le rapport physique que sous le rapport linguistique ; enfin, il n’est pas nécessaire, comme dans la supposition d’une origine américaine, de se contenter de rapprochements qui, pour la plupart, sont sans valeur. Sans doute, dans notre système, il faut finalement admet- tre que les habitants de la terre d’origine étaient autoch- thones? Mais puisque, en Europe, on a cette croyance pour l’Asie, alors qu’elle est toute autre ailleurs, pourquoi la race Maori ou Polynésienne, qui ne ressemble à nulle autre, ain- si que nous avons cherché à le démontrer, ne serait-elle pas née là même où tout annonce une création à part? CHAPITRE TROISIÈME DATE DES MIGRATIONS. Divergences des auteurs à ce sujet. — Etude détaillée de chaque archipel. — Sandwich. — Marquises. — Paumotu. — Mangareva. — Hervey. — Tahiti. — Nouvelle-Zélande. — Renseignements contradictoires. — Im- possibilité de fixer exactement la date des migrations. — Conclusions. On ne s’accorde pas sur l’époque des migrations. Pendant longtemps les renseignements historiques n’ont permis de remonter qu’à trois cents ans environ ; mais, de- puis quelques années, des traditions nombreuses et concoi*- dantès ont reporté à une époque bien plus éloignée le peu- plement de plusieurs des principaux archipels polynésiens. Il est bien certain que les migrations étaient effectuées en Polynésie au XVIe siècle, car les récits faits par les pre- miers navigateurs ont montré que la plupart des îles étaient habitées comme elles le sont aujourd’hui, et Ton a pu sa- voir, depuis, par leurs successeurs, qu’elles n’ont reçu aucune nouvelle émigration, sinon de temps en temps, quelques colonies égarées à la suite de coups de vent. Comme les populations sont restées identiques à celles qu’on avait d’a- bord vues, on a conclu, avec raison, que les Océaniens n’ont pas progressé comme ils l’eussent fait sur un continent. Tels avaient été vus les Samoans par Roggeween, les habi- tants des Niua et des Alu-Fatu par Lemaire (1), les Mar- quésans par Mendana et Quiros, tels ils ont été retrouvés tous par Bougainville, par Cook et par tous les navigateurs modernes. Cook et Marchand avaient été particulièrement frappés de l’exacte ressemblance des insulaires de Madré, de Dios ou Tahuata vus par Mendana dans le milieu du XYIe siècle, et nous-même, 69 ans après, nous avons retrouvé dans cette île les mêmes hommes si bien décrits par le chi- (I) Lemaire avait pris ces dernières îles pour les îles Salomon. 6. 82 LES POLYNÉSIENS. rurgien de Marchand, Roblet ; en un mot, le changement avait été si peu grand que les descriptions de notre confrère et celles de Quiros elles-mêmes semblaient avoir été faites d’après les habitants actuels. On sait, du reste, que Pigafetta aux îles des Larrons, Tasman à la Nouvelle-Zélande et aux Tunga, avaient également trouvé des populations dont les ca- ractères physiques étaient absolument ceux des habitants d’aujourd’hui. « Que l’époque des migrations fût très ancienne, dit M. Broca (1), c’est ce dont on n’a jamais pu douter; maison n’avait à cet égard rien de certain ni même de probable avant les travaux de M. Horatio Haie, auteur du volume in- titulé : On ethnography and philoîogy of the United States expédition under com. Ch. Wilkes (1846). » Or, M. Haie résume ainsi ses recherches jusqu’en 1840: Peuplement des îles Sandwich, depuis 1400 ans ou mieux 1350 ; des îles Marquises, depuis 2640 ; de Tahiti depuis3000 ans ; et des Mangareva, depuis 810 ans seulement. Le savant américain ne dit rien de l’époque de l’arrivée des émigrants aux îles Samoa et Tunga ; mais par cela même qu’il regardait les Samoa comme la source des migra- tions allant peupler les îles de la Société, les Paumotu, les Marquises, les Mangareva, les îles Sandwich et même les îles Tunga et la Nouvelle-Zélande, il est évident qu’il faisait remonter la date des premiers émigrants, qui, pour lui, ve- naient de la Malaisie, à une époque infiniment plus reculée encore. Moërenhoüt (2) avait la certitude que des milliers d’années s’étaient écoulées depuis l’existence des émigrants en Poly- nésie, et c’était probablement l’opinion de M. J. Garnier (3) qui regarde les îles de cette partie comme «peuplées depuis très longtemps (4). Seulement, il n’admet pas, malgré les (1) Bulletc Société d'anthrop. 1862, p. 306. (2) Ouvr. cité, t. II, p. 199. (3) Les migrations polynésiennes,]). 31. (4) M. Gaussin, après avoir dit qu’il croyait avoir établi que la langue polynésienne se trouve dans un état de jeunesse relative, LES POLYNÉSIENS. 83 belles recherches de MM. Haie et de Quatrefages, qu’il soit possible de fixer la date première des migrations polyné- siennes, et encore moins l’itinéraire particulier de chacune d’elles ; sur le premier point, nous sommes complètement de son avis . Nous ne pouvons nous borner à ces quelques lignes dans une question qui est si obscure; nous allons donc exa- miner en détail les diverses opinions émises à ce sujet de- puis Haie, par les principaux écrivains. Nous commence- rons, comme nous l’avons déjà fait, par les îles Sandwich, c’est-à-dire par le point extrême et probablement le dernier peuplé, nous rapprochant ensuite successivement du lieu d’origine première. Iles Sandwich . — En 1840, d’après M. Haie, les généalo- gies royales aux îles Sandwich comptaient 67 générations ou 2,100 ans ; pour M. J. Remy (1), le chiffre des chefs qui avaient régné jusqu’en 1838 s’élevait à 75 et donnait une durée de 2250 ans. Le premier de ces documents faisait donc remonter à 170 ans avant notre ère l’arrivée à Hawaii des premiers colons venant des Marquises ou de Tahiti ; le se- cond reportait cepe arrivée à l’an 412 ou 307 ans avant no- tre ère. Mais après une étude attentive, M. Haie, ayant cru voir que 22 générations pouvaient être regardées comme fabu- leuses, ces 22 générations furent retranchées par lui, de sorte qu’il ne reste plus que 45 générations donnant un to- tal de 1350 ans et reportant la première colonisation d’Ha- waii par les Polynésiens à la fin du Ve siècle. C’est à ce chiffre de 1350 ans qu’il s’arrêta. quand on la compare à nos langues européennes, (p. 262) croyait à l’ancienneté des migrations. Car il dit, p. 268, « que la séparation « simultanée ou successive des Polynésiens (de la souche com- « mune ou entre eux) a dû avoir lieu à une époque très reculée. » (1) Auteur d’une notice sur les Sandwich, intitulée : « Récits d'un vieux sauvage , 1851, et d’une Histoire de l'archipel hawaiien , traduite de celle composée par David Malo et quelques autres in- digènes (1862) i 84 LES POLYNÉSIENS. Ce fut ce calcul que M. de Quatrefages adopta, et appli- quant également cette suppression de 22 générations aux 75 généalogies de chefs de M. Rémy, il ne resta plus que 53 générations représentant 1590- ans et conduisant vers le mi- lieu du IIIe siècle. Mais ne se contentant pas de ces sous- tractions, M. de Quatrefages trouva qu’il fallait diminuer encore ce chiffre, parce que, disait-il, les vers des généalo- gies ne représentent pas des générations mais bien des rè- gnes : de sorte, en résumé, que les généalogies se bornaient pour lui à 45 ou 53 qui, multipliées par 21 15/100 et en né- gligeant les fractions, donnaient 945 ou 1113 ans, et par 22 990 ou 1166 ans. Pour lui donc les Tahitiens étaient arrivés aux Sandwich 405 ans ou 237 ans plus tard que ne l’avaient dit MM. Haie et Rémy. On verra bientôt pourquoi cette diminution. En faisant venir de Tahiti les premiers habitants des Sandwich, il fal- lait bien faire concorder les dates, et il n’y avait guère d’autre moyen d’y parvenir. Si M. de Quatrefages était bien convaincu que les généa- logies n’étaient en définitive que celles de règnes au lieu de générations, M. Rroca, à la même époque, soutenait (1) « que c’étaient bien des générations et non des chefs qui étaient indiqués sur ces listes, attendu que lorsque plusieurs frères avaient régné l’un après l’autre, ils étaient énumérés dans le même ver3 et ne formaient qu’une unité sur la liste géné- rale. » Nous pensons comme lui que ce sont plutôt des géné- rations que des règnes. Or, à 30 ans par génération, cela donne bien le nombre de 2010 ans jusqu’à Tamehameha ou 2100 ans jusqu’en 1840. Mais qu’il s’agisse de générations ou de règnes, c’est avec plus de raison encore, à notre avis, que M. Broca trouvait que M. Haie avait réduit d’une façon quelque peu arbitraire les 22 générations sur les 67 données par les généalogies, réduction qui abaissait à environ 1400 ans la durée de l’oc- cupation d’Hawaii jusqu’à Tamehameha et la portait jusqu’à nos jours à peu près à quinze siècles. « Je ne suis pas aussi convaincu que lui, disait-il, delà légitimité de cette sup- (1) Bull. Société d'anthrop. 1862, p. 306. LES POLYNÉSIENS. 85 pression. Les personnages revêtus du caractère mythologi- que sont loin d’être toujours imaginaires ; le plus souvent ils ont eu une existence réelle, et il est peut-être trop rigou- reux de se montrer plus sceptique à l’égard des temps histo- riques de la Polynésie qu’on ne l’est à l’égard de Romulus, lequel, pour n’être pas fils de Mars, pour n’être pas le nour- risson d’une louve, et pour n’avoir pas été enlevé au ciel, n’en a pas moins existé. » Nous partageons complètement cette manière de voir, et nous l’appuierons en parlant des Marquises. Pour nous, les 67 personnages cités dans les généalogies doivent être comptés, et il n’y a d’hésitation à avoir que sur le choix à faire entre les générations ou les règnes : cette différence se borne d’ailleurs à 536 ans. On a donc : Par les générations 2010 ans jusqu’à Tamehameha. Par les règnes de 22 ans, 1474 ans. En un mot, d’après M. Haie, Hawaii avait été peuplée par Nukuhiva et par conséquent après Nukuliiva, il y a 1350 ans avant 1840 ; d’après M. de Quatrefages 1113 ans ou 945 ans ; d’après nous, il y a 2100 ans (1). Iles Marquises. — Porter, le premier, a appris que le chef Ke-Ato-Nui, en 1813, faisait remonter son origine à l’arri- vée des premiers émigrants dans Nuku-Hiva, et qu’il comp- tait jusqu’à cette époque environ 88 générations, c’est- à-dire que le peuplement avait eu lieu 2640 ans auparavant ce qui reportait l’arrivée vers 827 avant notre ère. En un mot il y aurait eu 630 ou 660 ans de différence (21 ou 22 géné- rations) d’après M. Haie, entre le peuplement de Nuku-Hiva (1) M. Fornander {An account of the Polynesian race , t. Il, p. 62), relate une généalogie d’après laquelle 56 générations existèrent depuis Wakea jusqu’en 1870, ce qui, à 30 ans par génération ferait 1680 ans ; mais d’autres traditions telles que celle de Kumuhonua, font remonter la ligne des chefs hawaiiens jusqu’à Hawaii-Loa qu’une légende tahitienne fait trère de Tii (Tiki) et qui passe pour avoir le premier découvert les îles Hawaii et s’être établi sur elles alors que, dans une excursion de pêche, il se dirigeait de sa de- meure vers l’Est. LES POLYNÉSIENS. et des Sandwich, et par conséquent le temps de peupler en partie les Sandwich. Cette période de 630 ou 660 ans est en harmonie avec la succession des migrations, car pour que des colonies émigrassent il fallait le plus généralement que l’île ait eu le temps de se remplir, qu’il y eût excès de po- pulation, résultat qui ne devait se présenter qu’ après plu- sieurs siècles. Pour M. de Quatrefages le nombre des générations donné à Porter était manifestement exagéré, aussi lui fit-il subir, comme Haie l’avait fait aux Sandwich, une diminution de 22 générations, réduisant ainsi les généalogies à 66 géné- rations, lesquelles multipliées par 30 donnent 1980 ans et par 21 ou 22 règnes donnent 1386 ou 1452 ans. De plus il préfère voir dans le nombre réduit par lui des règnes au lieu de générations, contrairement à sa manière de faire pour Tahiti. D’après lui donc, les Marquises auraient été peuplées vers l’an 419. Comme M. Haie, c’est sous le prétexte que les 22 premiè- res générations ou règnes, sont fabuleux, que M. de Quatrefages les supprime. Comme si on avait quelque moyen de savoir que ces générations sont plus fabuleuses que les autres et doivent être supprimées ni plus ni moins 1 On comprend cependant qu’en voyant certains noms on ait pu croire qu’ils étaient des non-sens ; mais c’était une erreur, les chefs de ces îles avaient la même manie que les rois de l’Europe ; ils laissaient de côté leur véritable nom pour prendre celui que l’un d’eux avait d’abord adopté par capri- ce, ou par tout autre motif personnel. C’est ainsi qu’ils se faisaient appeler « le Grand, » « le Puissant, »« le Divin » « la Nuit, » « le Jour, » « le Constructeur,» etc., aussi bien aux Marquises qu’à la Nouvelle-Zélande et ailleurs. La liste généalogique que nous nous sommes procurée à Uapu (1) en est un témoignage : elle ne se borne pas à 88 générations ou règnes ; elle en présente presque le double. D’après M. Fornander (2), les chefs marquésans d’Hivaoa, après avoir compté 148 générations depuis le commence- fl) Elle est relatée dans notre Voyage du Pylâde. (2) Ouvr. cité, t. II, p. 7, note. LES POLYNÉSIENS. 87 ment des choses, recommencent une nouvelle série depuis Matapa et comptent 21 générations jusqu’au temps actuel, ce qui concorde parfaitement avec nos propres renseignements. Ici encore, avec M. Broca, nous pensons donc que cette soustraction opérée par M. de Quatrefages, n’a pu être faite sans arbritaire, et nous ne sommes pas plus convaincu que lui de sa nécessité. Le chiffre 88 n’est pas d’ailleurs, comme le dit M. de Qua- trefages, d’un passé historique, c'est pourquoi nous croyons qu’il faut admettre au moins cette liste c’est-à-dire 2640 ans, comme nous admettons 2100 ans pour les Sandwich. En somme, M. de Quatrefages conclut que les Tongans (1), par qui il fait peupler en partie lès Marquises* ont du ar- river dans ces îles il y a 1386 ans, c’est-à-dire vers 419 ou 427. Par conséquent, d’après ces calculs les Marquises au- raient été peuplées par les Tongans, 273 avant les Sand- wich, par les Tahitiens, en prenant les calculs réduits de M. Remy, et 441 d’après les chiffres réduits de M. Haie. Paumotu. — Nous l’avons déjà fait remarquer : malgré ce qu’on en a dit, la population de ces îles a tous les carac- tères de la race polynésienne, et, à part une coloration plus foncée et un langage plus dur elle a absolument les mêmes traits, la même langue, les mêmes coutumes, etc. Aussi re- garde-t-on généralement Tahiti comme le berceau des habitants de cet archipel ; une tradition Tahitienne précise même le lieu de leur départ sur cette île ; mais si cette tra- dition désigne par leurs noms les districts qui ont fourni les émigrants, elle ne dit rien, elle non plus, de l’époque de la migration qui semble d’ailleurs ne pas être très ancienne et qui aurait certainement pu être précédée du peuplement de l’archipel Paumotu par une autre voie. M. de Quatrefages semble admettre que cet archipel a été peuplé en partie par des colons d’une autre race, eu partie par des Tahitiens : « Sans pouvoir préciser, dit-il, (2) à quelle époque arrivèrent dans ces îles les colons qui mêlés aux (1) Partis de Vavau. (2) Revue des Deux-Mondes , 1864, p. 897. 88 LES POLYNÉSIENS. Polynésiens de Tahiti, les habitent aujourd’hui, tout porte à croire qu’ils y sont parvenus à une époque peu éloignée, car ils n’ont pas encore atteint l’extrémité de cet ensemble d’îlestrès rapprochées les unes des autres, et ne se montrent en populations quelque peu condensées que dans les grou- pes du Nord et de l’Ouest. » Pour nous, comme il ne reste aucun vestige d’une autre race, dans la population ou le langage, nous sommes persuadé qu’au lieu d’être d’une race différente, les colons, arrivés avant ou après les Tahitiens, n’étaient bien probablement que des Samoans. Comme nous l’a- vons dit ailleurs, ces colons étaient, probablement aussi, établis dans plusieurs des îles Paumotu avant la venue des Tahitiens. Mais, ce que nous voulons seulement faire re- marquer ici, c'est que la raison que donne M. de Quatre- fages du peu d’ancienneté de l’arrivée des émigrants quels qu’ils fussent ne repose que sur un fait d’observation inexac- te. Tous les navigateurs des Paumotu ont appris, en effet, qu’il n’est pas une seule île habitable dans tout l’archipel, qui ne soit, ou n’ait été habitée, ainsi que l’attestent les res- tes de demeures qu’on y rencontre encore de nos jours. Ce ne serait donc pas parce qu’on n’a pas eu le temps d’attein- dre les extrémités du groupe que cet archipel présente quel- ques îles désertes aujourd’hui ; c’est tout simplement parce que quelques-unes ne permettent pas d’y vivre et que les autres, ont eu leurs populations exterminées par les aven- turiers d’Anaa. Mangareva. — « Les Mangaréviens, disions-nous dans une notice publiée sur leur île en 1844 (1), habitent leurs chétives îles depuis longtemps sans doute et portent leur premier établissement 'à six ou sept cents ans. Un calcul approximatif peut être fait pour concorder avec leurs anna- les orales, en donnant 10 ans de vie moyenne à leurs rois. Or, comme ces peuples comptent de 60 à 70 monarques (1) Voyage aux Mangareva, Rochefort 1844 et Journal du voyage du Pylade, ( Inédit). LES POLYNÉSIENS. 89 ayant gouverné comme chefs suprêmes le groupe entier des îles, on se trouve obtenir un résultat sinon précis, du moins probable. » Nous avions pris dix ans seulement ; mais si nous adop- tions le chiffre de M. de Thompson 22 ans 1/55 ; ce serait presque le double, c’est-à-dire de 1320 à 1540 ans. Si nous adoptions le calcul de M. de Quatrefages, si nous donnions à chacun des 60 ou 70 règnes, 21 ans environ, ce serait 1260 ans pour 60 et 1470 ans pour 70 règnes ; et en supposant des générations de 30 ans : 1800 ou 2100 ans. Il est vrai que ce dernier écrivain n’admet, d’après M. Haie qui le tenait du missionnaire français M. Maigret, que 27 chefs jusqu’en 1840 : ce qui ferait 567 seulement pour des règnes de 21 ans, et 810 ans pour des générations. Nous ne pouvons dire lequel a raison quant au nombre des règnes, de M. Maigret ou de nous-même ; mais il est certain que nos renseignements proviennent d’une source offrant toute garantie, car c’est sur les lieux qu’ils nous ont été donnés par le studieux et modeste savant M. Florit delà Tour de Clamaure, directeur des études dans l’archipel. D’un autre côté, M. Fornander dit (1) que les Mangareva comptent 25 générations depuis Te Atu Moana, arrivé là des terres étrangères. Des chiffres de M. de Quatrefages, il résulte que les îles Mangareva auraient pu recevoir leurs habitants de l’île Rarotonga, comme il l’avance d’après J. Williams, puis- qu’il donne à cette dernière île trente générations. Dès que l’on n’admet que 27 règnes aux Mangareva, il est clair qu’il y aurait une différence en faveur des îles Manaia, c’est-à- dire que les dernières auraient pu peupler les Mangareva, comme le croit M. de Quatrefages avec Horatio Haie. Si nos chiffres étaient, au contraire, les plus exacts pour les Mangareva, force serait de reconnaître que ces îles au- raient été peuplées 630 ou 810 avant les Rarotonga en ad- mettant la manière de compter de M. Thompson. Mais sont- ils exacts ? Nous n’oserions le dire, quoiqu’ils nous aient (1) Ouvr. cité, vol. II, p. 7, note. 90 LES POLYNÉSIENS. été fournis par l’homme le plus au fait de F histoire des Mangareva lors de notre visite à ces îles. Toute la difficulté, comme on voit, se borne à savoir si c’est bien 60 à 70 rois ou seulement 27 qui ont régné depuis le peuplement de ces îles jusqu’en 1840, et s’il faut compter par générations ou par règnes ; mais il est bien certain qu’en ne donnant que 10 ans, comme nous avions fait, nous étions resté en-dessous du chiffre véritable. Après cela, il est évident que d’après les calculs de MM. Haie et de Quatrefages, les Mangareva auraient pu être peuplées par les Manaia, en supposant des générations ; mais pour nous il s’agit de règnes et les renseignements sur lesquels on s’est appuyé pour fixer l’époque du peuple- ment des îles Hervey, n’ont pas la valeur qu’on leur a ac- cordée. Iles Hervey» — En effet, M. de Quatrefages a admis com- me exacts les renseignements fournis par M. J. Williams, mais sans remarquer que Williams lui-même ne paraissait pas y attacher une grande importance, puisqu’il se borne à dire : « Le roi actuel Makea est le 29e de sa famille ; » il ajoute en note : « L’oncle de Makea, alors que nous allions partir pour les îles de la Société, nous donna un renseigne- ment fort intéressant, c’était l’énumération des ancêtres du roi. Cette énumération ou généalogie commençait à Makea- Karika, et le caractère de chaque chef y était indiqué. Je regrette vivement de n’avoir pu obtenir un récit exact de ce renseigment que j’entendais avec un intérêt tout parti- culier. » Il est certes difficile, d’après Williams lui-même, de pou- voir conclure quelque chose de précis d’une pareille donnée, reçue pour ainsi dire en l’air , mais ce renseignement, fût-il (1) A Narrative, etc., p. 197. Fornander avance le même fait, probablement puisé à la même source. Mais, d’après lui, les ex- péditions réunies à Tahiti et aux Samoa, sous la conduite de Karika et de Tangiia, subjuguèrent des populations précédemment fixées sur ces îles. LES POLYNÉSIENS. 91 exact, il n& reste pas moins d’une importance secondaire et pour ainsi dire nulle, puisque la date qu’il donne, comparée à celle des grands archipels, est toute récente. Tout au plus peut-on en conclure que ces îles auraient été découvertes et peuplées beaucoup plus tard que d’autres, mais cela n’aide en rien à en fixer l’époque, pas plus que cela n’aide à décou- vrir l’époque probable de la grande émigration venant d’Ha- watiiki et celle de l’arrivée des premiers émigrants en Poly- nésie. O’est même parce qu’on a voulu tirer quelques induc- tions de pareils faits sans signification, qu’on est si difficile- ment arrivé à des résultats satisfaisants en fait de date. Encore une fois il est bien certain que les Manaia, puis- qu’on leur accorde 29 générations ou 29 règnes, auraient pu peupler les îles Mangareva, s’il est vrai, comme le dit M. Haie, que celles-ci n’en comptaient que 27 ou 25 comme l’avance M. Fornander ; mais tout cela est si hypothétique, l’étude des faits polynésiens vient si peu en aide à cette opi- nion, qu’il est au moins permis de conserver quelque doute. En somme, nous ne croyons pas que les populations des Mangareva soient aussi jeunes que les font les chiffres de Haie, ni probablement aussi vieilles qu’il résulterait des nôtres, interprétés à la manière de Thompson (1). Sans doute les Manaia, par leur position autant que par les chiffres cités, doivent avoir été les premières peuplées ; mais ce qui est pour nous une raison de plus de douter qu’elles l’avaient été si tardivement qu’on paraît le croire, c’est que les plus anciennes traditions, comme on a vu, parlent de Rarotonga, et montrent que cette île, pour ne citer qu’elle du groupe, avait les rapports les plus intimes avec Tahiti d’abord, et les îles Samoa elles-mêmes. f (1) J. Williams (p. 260) cite un fait qui, s’il était exact, pourrait faire douter du peu de temps qu’on croit écoulé depuis ce peu- plement des îles Hervey : à Manaia, un naturel descendu dans les cavernes où depuis un temps très éloigné étaient jetés les cadavres de la population, assurait que çes cavernes étaient très grandes et qu’elles contenaient une innombrable quantité d’ossements, maïs on peut supposer que la peur lui a fait voir l’amas plus considé- rable qu’il n’était. 92 LES POLYNÉSIENS. Tahiti. — M. Haie assigne au peuplement de Tahiti une antiquité beaucoup plus grande que celle du peuplement des îles Sandwich ; il le fait remonter jusque vers le 10e siè- cle avant notre ère, en se fondant uniquement sur l’altéra- tion que la langme et les mœurs présentent, lorsqu’on les compare à ce qui existe aux Samoa : si, comme nous le croyons, le chiffre de 2100 ans est exact pour les Sandwich, * de même que celui de 2640 ans pour les Marquises, 3000 au moins sont nécessaires pour Tahiti. Mais ici M. de Quatrefages, se séparant de M. Haie, trouve qu’il fait remonter l’origine des Tahitiens à une trop haute antiquité. Tl reconnaît bien la difficulté d’indiquer l’époque de la colonisation ; mais en s’étayant de la généalogie des anciens rois de Raiatea, faite par Mare, sous le gouverneur Lavaud, il croit pouvoir la reporter au 2e siècle avant notre ère, et il admet avec lui trente-quatre générations qui ramè- nent aux années 807 ou 1109 suivant qu’il s’agit de règnes ou de générations. Toutefois 1020 ans et à plus forte raison 714, étaient insuf- fisants pour expliquer le peuplement des îles Sandwich par Tahiti ; M. de Quatrefages chercha à tourner la difficulté : au lieu de diminuer d’un certain nombre de générations ou de règnes, comme il l’avait fait pour les Sandwich et les Marquises, il augmenta au contraire d’un certain nombre les générations ou les règnes de Tahiti. On le voit, le procé- dé était aussi simple que commode. Il commença donc par adopter des générations au lieu de règnes, et aux trente- quatre générations de Mare, il en ajouta 20 autres, ce qui porta de la sorte le chiffre total des générations à 54. Avec ces vingt générations, que M. de Quatrefages trouve cepen- dant lui-même un peu fortes, on atteint, comme il le dit, à peu près l’époque du peuplement des îles Sandwich. On a, en effet, s’il s’agit de générations, un intervalle de 507 ou 675 ans, et s’il s’agit de règnes, de 11 années seulement. Le premier intervalle est bien suffisant pour faire comprendre que les Sandwich ont pu être peuplées par Tahiti; mais le second ne suffirait guère : c’est peut-être pour cela que M. de Quatrefages n’admet pas ce dernier calcul. LES POLYNÉSIENS. 93 Ainsi, d’une part, diminution de toutes les générations ad- mises pour les autres archipels en , ne les considérant que comme des règnes; puis de l’autre, au contraire, choix de générations au lieu de règnes admis jusque-là, et augmen- tation de 20 générations : tel a été le moyen mis en usage pour expliquer la possibilité du peuplement des Sandwich par Tahiti. Sans doute on arrive de la sorte à un surplus quelconque pour Tahiti, mais on voit combienil faut retran- cher d’un côté et augmenter de l’autre pour faire cadrer ces calculs avec le système adopté. Quelle confiance avoir, nous le demandons, dans de pareils calculs ? Et pourtant ce sont eux qui paraissent avoir donné à M. de Quatrefages la certi- tude que la migration Tahitienne est bien plus ancienne que celle des Maori, et que M. Haie s’est trompé. Voici, du reste, textuellement ce que M. de Quatrefages dit à ce sujet (1) : « Quant au peuplement de Tahiti, nous pouvons opposer à l’estimation toute conjecturale de M. Haie un document non moins précis que les précédents. C’est la généalogie des anciens rois deRaiatea, ancêtres des Pômare. Cette gé- néalogie, recueillie avec g’rand soin par ordre du gouverne- ment français, ne comprend que 34 générations représentant 1020 années et reporterait l’avènement de cette dynastie vers le milieu du IIe siècle de notre ère. Peut-être cependant mérite-t-elle un reproche opposé à celui que M. Haie adresse, évidemment avec raison, aux généalogies hawaïen- nes. On n’y voit figurer aucune de ces divinités locales qui sont certainement d’anciens chefs déifiés, et il serait bien étrange que la .tradition tahitienne commençât d’emblée aux temps franchement historiques. Les recherches d’Ellis, en restituant au dieu Oro son vrai caractère, autorisent à croire qu’un certain nombre de générations humaines sont passées dans la mythologie ; mais probablement l’indigène nouvellement converti, chargé de recueillir ces documents précieux, aura sacrifié les temps héroïques de sa patrie, il aura enlevé un certain nombre d’hommes de la liste royale de crainte d’y faire figurer quelques faux dieux, etc. » (1) Revue des Deux-Mondes , 1864, p. 899 ; les Polynésiens , p. 171. 94 LES POLYNÉSIENS. C’est avec raison que le savant ethnologue croit qu’un certain nombre de générations sont passées dans la mytho- logie des Tahitiens. On n’en peut dire exactement le nombre mais il a probablement été beaucoup plus grand qu’on ne paraît le supposer. Quant à l’explication que donne M. de Quatrefages, elle est on ne peut plus admissible, car si Mare était un homme intelligent, il n’était pas moins par son caractère sceptique, ses qualités de rhéteur, le Tahitien peut-être le moins capa- ble de faire une généalogie. Nous savons de source autorisée que les choses d’autrefois étaient celles qu’il ignorait le plus, bien qu’elles doivent être celles qui porteront le plus son nom à la postérité. Nous étions lk, en efïet, quand Mare a composé ce roman dont souriait M. Orsmond qui n’y com- prenait absolument rien, comme il nous l’a dit lui-même. C’est en vain que ce dernier, s’entourant de toutes les con- naissances rassemblées par lui-même et ses confrères depuis une trentaine d’années, avait essayé de construire la généa- logiedes rois de Tahiti: il n’avait pu y réussir, disait-i.l, quoi- qu’il eût reçu ses renseignements de vieux prêtres ou chefs fort capables, morts tous, et qui n’avaient pu les communi- quer à Mare, lorsque, sur l’invitation deT autorité française, celui-ci se mit à écrire quelques chapitres sur l’histoire de Tahiti. Cette généalogie de la famille de Pomaré n’est que le fait d’un rhéteur courtisan, bien certain que personne, quelques années plus tard, ne serait en état de le contredire puisque déjà tous ceux qui en auraient été capables n’exis- taient plus (1). D’après M. Orsmond lui-même, dire approximativement le nombre des dynasties qui se sont succédé dans l’île est impossible ; mais il est certain qu’il y en a plusieurs cher- chant toutes à fondre dans leur généalogie celle des chefs marquants qui les avaient précédés. (1) Nous ne pouvons entrer ici dans les détails nécessaires ; nous nous contenterons de dire que les Fomare sont des usur- pateurs ne datant, comme rois, que d’une époque peu reculée, du commencement du siècle et nous renverrons à la biographie de cette famille que nous avons écrite dans nos Documents sur Tahiti* LES POLYNÉSIENS. 95 C’est donc encore avec raison que M. de Quatrefages dit qu’il y a là un fait historique à rechercher, à éclairer ; mais il faut bien le dire aussi, quelles que soient les conjectures, elles ne seront jamais ni infirmées, ni confirmées, car encore une fois, ceux qui auraient pu le faire sont morts. Inutile d’ajouter que tout ce qu’ont dit les missionnaires à ce sujet et avec intention parfois, ne peut qu’induire en erreur : ils ne pensaient guère alors que viendrait le jour où cette question serait, comme tant d’autres, examinée par la science. Après ces remarques il ne sera peut-être pas superflu de citer encore l’extrait suivant de l’article de M. Bovis sur l’antiquité de la population des îles de la Société (1). Cet ex- trait vient attester lui-même combien il est difficile d’obtenir quelque chose de précis sur un pareil sujet. « Il ne nous reste rien d’écrit sur les premiers temps de ces peuples, et les traditions conservées par la mémoire humaine remontent si peu haut qu’on serait tenté de cher- cher à cette insuffisance une raison prise dans la nécessité même des choses. Mes efforts n’ont jamais pufaire remonter la mémoire des vieillards, plus loin que 20 générations, les vieillards que j’ai questionnés se sont généralement accor- dés ou à* peu près pour le chiffre de vingt générations de rois, et à la 20e, ils se trouvaient complètement dans les temps fabuleux : car le père du 1er roi a maintes fois trans- porté des montagnes, voltigé d’une cime à une autre et en- fin s’est livré aux exercices habituels aux héros et demi- dieux de tous les paganismes. » C’est vraiment un fait bien remarquable et qui semble tenir, comme le dit si bien M. de Bovis, à l’impossibilité de retenir plus d’une vingtaine de générations dans la mé- moire, car il se présénte presque partout et particulière- ment comme nous allons le faire voir, aussi bien à la Nou- velle-Zélande, qu’aux Manaia, aux Mangareva, etc. De son côté, le Rev. Ellis, dans ses Polynesian researches , dit que les Tahitiens ont des généalogies remontant à plus de cent (1) Annuaire de Tahiti , 1863, p. 22 5. 96 LES POLYNÉSIENS. générations, mais que trente seulement d’entre elles peuvent être considérées comme exactes et admissibles. Quoiqu’il en soit, nous croyons pouvoir nous contenter du chiffre donné par M. Haie qui accorde 3000 ans d’existence aux habitants des îles de la Société et nous résumons ainsi le peuplement des archipels que nous venons de passer en revue : Sandwich 2100 ans. Marquises 2640 ans. Tahiti.. 3000 ans. Nouvelle-Zélande. — Les mêmes raisons, tirées de l’alté- ration de la langue et des mœurs, qui avaient porté M. Haie à assigner une grande antiquité au peuplement de Tahiti, l’ont conduit à considérer les émigrations à Tahiti et à la Nouvelle-Zélande comme contemporaines ; c’est en effet ce qui semble résulter, non seulement des données linguistiques, mais même du rapprochement des dates four- nies par les traditions de ces deux contrées (1). Au contraire M. de Quatrefages pense que M. Haie se trompe quand il avance que la Nouvelle-Zélande et Tahiti ont été peuplées à peu près à la même époque : car, dit- il, « bien loin que les émigrations aient été contemporaines dans ces deux archipels, celle de la Nouvelle-Zélande est une des plus récentes, tandis que celle de Tahiü est très ancienne.. » Pour étayer cette opinion, il s’appuie : d’abord sur une légende rapportée par Sir Grey, légende établissant que jusqu’au moment où elle a été recueillie, il n'y a eu que 15 générations, ou 450 ans d’écoulés depuis l’arrivée des émigrants de l’Kawahiki venus sur le Taïnui ; il s’appuie en outre, sur les généologies publiées par Shortlamd et Thompson ; ces généalogies élèvent le nombre des généra- tions à 18 ou 20 et font remonter la dateMes migrations à (1) Noter que le révérend Colenso admet l’antiquité considérable des immigrants, à la Nouvelle-Zélande, immigrants qu’il était dis- posé, avec Ellis, à faire venir de l’Amérique, alors qu’il regardait leur origine malaise comme impossible. LES POLYNÉSIENS. 97 540 on 600 ans. Toutefois, comme Thompson n’admet que des règnes au lieu de générations, 21 ans au lieu de 30, ce n’est même plus que 450 ans environ, c’est-à-dire à peu près le même chiffre que celui fourni par les 15 générations de la légende de Sir Grey. Cette légende indique bien, en effet, que Maru-Tuahu et son père Hotu-Nui (1) étaient arrivés à Aotearoa sur le Taïnui en même temps que YAravoa et la plupart des autres canots et que, depuis ce moment jusque en 1853, il ne s’était écoulé que 15 générations : celles-ci, multipliées par 30 ne donnent bien que 450 ans, et reportent cet évènement tout au plus aux premières années du XVe siècle. Mais il résulte des recherches de Shortland, qu’il y aurait quelques générations de plus et que lTle-Nord de la Nou- velle-Zélande serait colonisée depuis 18 générations, c’est- à-dire depuis un temps qui ne dépasse pas 500 ans. Ce chif- fre, on le sait, a été adopté par M. Maunoir, pendant que M. Baker Ta élevé à 800 ans; mais sans indiquer les données qui ont servi de base à son estimation. a Pour appuyer cette conclusion, dit M. Shortland (2), on a réuni les généalogies de plusieurs chefs de la famille de YAravoa , descendant du même ou de différents person- nages de l’équipage de ce canot, et, en les comparant avec soin, on a trouvé que presque toutes s’accordaient à ne comp- ter que le même nombre de générations depuis le moment de l’arrivée des premiers émigrants à la Nouvelle-Zélande. Ce fut en voyant cette coïncidence dans le nombre de gé- néalogies données par cette tribu, que je commençai à pen- ser que de pareils titres avaient une valeur réelle, car leur uniformité étant involontaire, c’était la meilleure preuve de leur exactitude. « On a fait de pareilles recherches, ajoute-t-il, dans le rameau des Ngati-Kahu-Unuunu qui occupent aujourd’hui (1) Il serait plus exact de dire Hotunui seulement, puique Maru- Tuahu est né à Kawhia, sur Plie-Nord, peu après le départ d’Ho- tunui pour aller se fixer à Huraki. (2) Ouvr. cité, p. 293. IV 7 93 LES POLYNÉSIENS. l’Ile-du-Milieu, et dans les tribus de la famille venue sur le Taïnui , et, aussi loin qu’on soit allé, on a obtenu le même résultat. » Puis il continue en disant : « Il serait intéressant de pour- suivre ce genre de recherches dans les trois autres divisions primitives, c’est-â-dire dans les familles Whanganui, Tara- naki et les Ngatiawa de la baie d’ Abondance ; car, si l’on ve- nait à trouver que dans chacune d’elles les principaux per- sonnages encore vivants se rapprochent par le chiffre des généalogies, depuis l’arrivée de leurs ancêtres à la Nouvelle- Zélande, on aurait une forte preuve de la contemporanéité des migrations ; tandis que, si la famille seule des Whanga- nui comptait un plus grand nombre de générations que les autres, on pourrait ajouter foi à leur tradition : Que leurs ancêtres ont été les premiers colons de la Nouvelle-Zélande. » En outre M. Shortland (1) cite les débats survenus entre les chefs des tribus Ngati-Wakaue et Ngaïtirangi à l’occa- sion de leurs droits sur une île de la baie d’ Abondance, nom- mée Motiti : (2) ces débats établissent le même nombre de générations ; et tous ces faits réunis semblent bien condui- (1) Traditions and superstitions , p. 803. Voici ce qu'il dit à ce sujet : « Dans l’une des nombreuses discussions soutenues à cette occasion, la tribu Ngati-wakaue, pour prouver la supériorité de ses droits, mettait en avant que ses ancêtres étaient les premiers qui s’étaient arrêtés à Maketu , et qui , par suite, s’étaient établis à Motiti. Comme témoignage accessoire en faveur de ce fait et pour rendre leurs prétentions plus apparentes aux yeux des Euro- péens, ils en appelaient à un pendant d’oreilles en pierre verte, appelé Kaukau Matua , que Tama-te-Kapua, un de leurs ancêtres, avait apporté de l’Hawahiki et qui était possédé dans le mo- ment par Te Heuheu, son descendant direct. Ils soutenaient que ceux qui pouvaient prouver être les possesseurs de ce bien meu- ble, avaient plus de titres à occuper file en question que ceux qui n’avaient d’autre droit que celui résultant de la conquête, et qui, à leur tour, avaient été forcés de l’abandonner à la reprise des hostilités. » (2) M. Shortland dit que Motiti est l’île plate de Cook ; mais les cartes anglaises disent que Tîle plate n’est autre que la petite île Motu-Nou qui est plus à l’Ouest. LES POLYNÉSIENS. 99 re en effet au chiffre de générations qu’il admet. Mais ces gé- néalogies sont-elles exactes ? Nous croyons qu’il est permis d’en douter. Il n’y a rien de surprenant que les généalogies d’une mê- me famille s’accordent : C’est même une nécessité, puisque c’est ce qui est transmis journellement à la tribu par la mémoire, et conservé à l’aide de petits bâtonnets appelés Papa iupuna (1) par les prêtres des tribus. Il serait plus étonnant qu’elles différassent. Et si M. Shortland ajoute que le même résultat a été obtenu dans une autre tribu, cel- le des Ngati-Kahu-Ununu, partie de l’île Nord pour ail er se fixer dans l’Ile-du-Milieu, cela n’est pas plus surprenant, puisque cette tribu, venant de l’Hawahiki, était arrivée en même temps que YArawa, le Taïnui et les autres canots dans l’Ile-Nord, ainsi que nous l’avons fait remarquer ail- leurs, puisque c’est seulement après quelque tempsfde séjour dans cette dernière île qu’elle est allée se fixer sur l’Ile-du- Milieu. Venue en même temps que les autres, elle devait avoir le même nombre de généalogies que les descendants de ces divers canots. Il n’y a donc pas d’intérêt à examiner chacune des tribus formées par les équipages qui montaient les canots arrivés à peu près en même temps, et dont parlent les traditions.il est à peu près certain que ces tribus doivent avoir un même nombre de généalogies, si quelques-unes n’ont pas été oubliées. Mais, comme le dit Shortland, il se- rait plus intéressant de savoir combien en comptent les Whanganui, par exemple; puisque, d’après les traditions, l’émigration de leur premier chef Turi, est un peu anté- rieure. Si cette tribu avait quelques générations de plus, ce serait non seulement un indice de la créance que méritent les traditions Maori en général, mais aussi un témoignage favorable au peu d’ancienneté de l’émigration à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. (1) C’était une sorte d’arbre généalogique que l’on récitait de temps en temps à la multitude, réunie dans ce but, pour qu’elle en conservât mieux le souvenir. M. Taylor (p.155) apprend que cet ar- bre généalogique était comparé au Hue (calebassier ) dont la tige est appelée Tahuhu , et les branches Kawae. 100 LES POLYNÉSIENS. Ce qui doit surprendre toutefois, c’est qu’on ne soit pas déjà fixé sur ce sujet. Il y a bien longtemps que les mission- naires sont établis dans cette tribu, de même que dans celle de Taranaki et de plusieurs autres localités, et ils ont dû certainement s’y procurer les principales généalogies qui les concernent. Il est donc supposable que si M. Shortland ne les a pas fait connaître, c’est qu’elles n’étaient probablement pas favorables à la thèse qu’il soutenait. Quant à M. Taylor, il ne dit pas un mot du nombre des généalogies ; pourtant il parle assez longuement de la tribu Whanganui, quand il fait connaître le premier le chant en vers qui rapporte les dé- couvertes et l’établissement de Turi dans le détroit de Cook. Quoiqu’il en soit, M. Shortland, d’après tous les rensei- gnements obtenus, porte à 18 le chiffre des généalogies, dans les diverses tribus qu’il a pu étudier. De son côté, M. Thompson (1) a conclu, de l’examen at- tentif de plusieurs arbres généalogiques, qu’environ 20 gé- nérations de chefs ont existé depuis l’arrivée des premiers émigrants de l’Hawahiki, c’est-à dire cinq de plus que ne fait supposer la légende rapportée par Sir Grey ; et, appli- quant à chaque chef néo-zélandais la même longueur de rè- gne qu’aux souverains anglais, c’est-à-dire 22 1/35 ans, il a été conduit à ce résultat que les Polynésiens sont arrivés à l’Ile Nord de la Nouvelle-Zélande 440 ans auparavant, au- trement dit vers 1410 ou 1420. Deux arbres généalogiques inspiraient surtout une grande confiance à Thompson : Ce sont ceux des tribus de la baie d’ Abondance appelées Ngati-te-Rangi, et Ngati-Wakaue (2. Ils avaient été examinés avec le plus grand soin par le ma- gistrat anglais de Rotorua afin de savoir quelle était la tri- bu qui avait des droits véritables sur la petite île Motiti. Or, ces deux arbres généalogiques sont les mêmes que ceux éta- blis et publiés par Shortland, alors qu’il était magistrat à Maketu dans la baie d’ Abondance ; car, bien que Thompson (1) Ouvr. cité, t. I,*p. 67. (2) Voir ce que nous avons dit précédemment sur ce sujet, t. II, p. 320® LES POLYNÉSIENS. 101 n’en dise rien, le sujet en litige est le même, et les récla- mants appartiennent aux deux mêmes tribus. Nous avons montré que la tribu la plus ancienne faisait remonter son origine à Tama-te-Kapua le chef de YArawa. Mais les mê- mes documents ne sont pas interprétés de la même manière par les écrivains, et peut-être. M. Thompson n’était-il pas aussi convaincu qu’il semblait le dire de la confiance à ac- corder à de pareils arbres généalogiques; car il ajoute, ce qui prouve combien il doit être facile aux indigènes de se trom- per : « Il faut que les Nouveaux-Zélandais se trouvent dans de semblables circonstances pour qu’ils fixent leur mémoire sur leurs ancêtres ; car autrement, soit crainte ou délica- tesse, ils évitent de parler d’un pareil sujet, toutes les fois qu’ils n’y sont pas poussés par quelque intérêt particulier.» Ainsi il y aurait donc eu vingt générations pour M. Thomp- son ; mais le Rev. Taylor qui a séjourné fort longtemps à la Nouvelle-Zélande, et qui a publié l’un des livres les plus remarquables qui aient été écrits sur cette contrée, augmen- te encore le nombre des générations. Voici ce qu’il dit à ce sujet (1) : « Les indigènes de la Nouvelle-Zélande sont fiers de leurs généalogies et celles des grands hommes en général remontent aux dieux, et même avant eux. « Plus loin (2) il ajoute : « On fait peu de cas du chef qui ne peut pas remon- ter à 20 ou 30 générations. Les grandes familles vont enfin, jusqu’au commencement de toutes choses.» Plus loin enfin(3), il apprend qu’un vieux prêtre, nommé Hahakaï, très versé dans les traditions de son pays et qui vivait encore en 1840 à Parapara, petit village sur la route de Kaïtaia à la baie Dou- teuse, lui donna une liste de 26 générations, depuis l’arrivée des émigrants de l’Hawahiki dans l’Ile-Nord de la Nouvelle- Zélande. Cette liste donne les noms dans l’ordre suivant : 1° Tiki. — 2° Maui. — 3° Po. — 4° Mawete. — 5° Atua. — 6e Maea. — 7° Waïkapu. — 8° Tuku-Ora. — 9° Tutenga- na-Hau. — 10° Tau-Mumu-Hue. — 11° Tau-na-nga. — 12° Te-Niho-o-te-Rangi. — 13° Mumu-te-Awa. — Raparapa-te- (1) Ouvr. cité, p. 16. (2) Ibid. p. 155. (3) Ibid* p. 193. 102 LES POLYNÉSIENS- Uira. — 15° Nuku-Tawhiti. — 16° Hae ( femme ).— 17° Moe- rewa (qui vécut très vieux). — 18° Papa-Whaka-Mihamiha. — 19° Te-Turu. — 20° Heke-Rangi. — 21° Patua. — 22u Awa- taï. — 23° Koro-Awio. — 24° Mapihi. — 25° Haruru. — 26° Moehau ( femme, grande prêtresse qui vivait en 1840). Taylor, il est vrai, ajoute que le vieux prêtre, dans sa pre- mière demi- douzaine de noms, semble avoir été pris parmi les dieux ; mais cette assertion ne saurait être fondée quand on se rappelle ce que toutes les traditions rapportent de Maui par exemple, qui ne fut déifié qu’après son émigration à rile-Nord de la JNouvelle-Zélande,et ce que dit lui-même M. Taylor de l’arrivée de Po dans cette île, à la troisième gé- nération de ceux qui s’y trouvaient déjà (1). « Si nous don- nons, dit-il, 30 ans à chaque génération, en en supprimant six d’abord, cela fait une période de six cents ans, et je suis même porté à croire qu’il y a cent années de trop. » Ainsi Taylor admettait 500 ans pour le peuplement de l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande par les émigrants de l’Hawahiki. Certes, on pourrait croire à l’exactitude d’une pareille esti- mation venant d’un observateur si autorisé ; cependant nous ne croyons pas qu’on puisse s’y fier plus qu’aux autres. On a vu déjà, en effet, qu’un chef appelé Tiki, s’est rendu à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande dès l’origine du peuple- ment, et que, frappé de la pénurie de vivres de la tribu dans laquelle il se trouvait, il envoya sa femme en Hawahiki pour y prendre les patates douces appelées Kumara ; celle-ci mit peu de temps à faire le voyage, preuve du peu d’éloigne- ment de l’Hawahiki. Nous avons aussi longuement rapporté la vie de Maui ; nous avons montré que ce personnage, déi- fié plus tard, avait émigré lui aussi à File-Nord où il était mort. Comme il était contemporain de la plupart des émi- grants, il aurait très bien pu ne s’y rendre qu’après Tiki, au lieu d’avoir pêché le premier l’Ile-Nord de la Nouvelle- Zélande, comme le disent des légendes faites évidemment; après coup. Mais y fût-il allé longtemps avant, on ne voit pas pourquoi il ne serait pas compté comme tête de généra- (1) Ouvr. cité, p. 193. LES POLYNÉSIENS. 103 tion. Il en est de même de Po, de Mawete, etc. Quant au 5% c’était évidemment quelque personnage ayant pris le nom de la divinité, « le Divin » ; le 6% celui de quelque conqué- rant; etc. Car tous ces noms ne sont que des qualificatifs préférés aux noms de famille ; c’est ce que nous avons parti- culièrement fait remarquer quand nous avons parlé des noms des chefs aux îles Marquises. Si l’on considérait tous les noms désignés par le vieux prê- tre comme ceux des chefs de chaque génération, il se serait écoulé, depuis l’arrivée des émigrants de l’Hawahiki un laps de temps de 600 ans, au lieu des 450 de la légende de Maru-Tuahu ; peut-être est-on en droit de penser que Sir Grey, qui a fait connaître cette dernière légende, doutait lui-même de sa signification; car il dit : « Les traditions que nous rapportons ont régné peut-être plus de 2000 ans dans la plupart des îles de l’Océan pacifique. » Ainsi donc, des généalogies n’indiquent que 15 à 16 géné- rations ; d’autres en indiquent 18 à 20; une en élève le nom- bre à 26 ; des écrivains estiment à 800 ans la durée des Néo- Zélandais dans l’Ile-Nord; enfin, d’après d’autres, ils y existeraient depuis plus longtemps. Nous le demandons ; quelle confiance avoir en de pareilles données, encore moins certaines que celles de l’ancien Testament, qui le sont si peu (1) ; ainsi que le prouvent les séries chronologiques qui énumèrent les ancêtres de Jésus-Christ (2) ? Si l’on a pu se demander pour ces dernières s’il n’y en au- rait pas eu un plus grand nombre, on est, à plus forte rai- son, en droit de se le demander pour la Nouvelle-Zélande, où les renseignements sont encore plus contradictoires, puis- que d’après M. Taylor, il n’est pas un chef de grande fa- mille qui ne commence sa généalogie à l’origine de toutes choses, et parfois même avant la création des dieux, d’ou tous les chefs de la Polynésie aiment tant descendre. Le (1) Ouvr. cité, introduction, p. 12. (2) On sait que St-Mathieu ne compte, d’ Abraham à Joseph, époux de la vierge Marie que 39 générations, tandis que St-Luc, procé- dant comme le premier de mâle en mâle, énumère du même Abra- ham au même Joseph 55 générations. 104 LES POLYNÉSIENS. studieux missionnaire, dit à cette occasion : (1) » Je m’amu- sai beaucoup, une fois, d’une tradition de cette espèce, com- mençant au néant ( na te kore i aï, de rien à quelque chose) et entassant nom sur nom jusqu’à celui du narrateur.» Il est bien évident que si l’on n’a, comme il l’avance, qu’une pauvre opinion d’un chef, qui ne peut pas faire remonter sa généalogie à 20 ou 30 générations, c’est que les grandes fa- milles prétendent venir de bien plus loin (2). Dès lors n’en peut-on pas inférer, comme semble l’avoir pressenti M. de Bovis pour Tahiti, que ce nombre de vingt et quelques gé- nérations n’est si généralement donné aux navigateurs, ou conclu des traditions, que parce qu’il est difficile, et peut- être impossible à la mémoire de la plupart des indigènes de conserver le souvenir d’un plus grand nombre ? À cette occasion toutefois, nous ferons remarquer que cette induction ne peut être tirée que des chiffres des deux premiers archipels ; puisque, ainsi qu’on l’a vu, les habitants de Sandwich, et des Marquises ont au contraire conservé le souvenir d’un plus grand nombre de générations ou de chefs. Nous avons même montré que, dans ces dernières îles surtout, ces chefs ou générations avaient été encore plus nombreux qu’on ne l’a cru. Certes il n’est pas facile d’expli- quer une pareille différence chez des populations qui ont une origine commune ; on a cru pouvoir l’interpréter en fa- veur d’une origine malaisienne, mais nous croyons que cette différence est elle-même un témoignage de l’ancien- neté plus grande du peuplement de la Nouvelle-Zélande et de Tahiti ; car on comprend parfaitement que la difficulté de se rappeler par la mémoire seulement soit en raison di- recte du temps écoulé. L’Ile-Nord et l’Ile-du-Milieu de la Nouvelle-Zélande devaient avoir des relations faciles et (1) Ouv. cité, p. 155. (2) Comme l’a dit M. Perrier ( autochthonie , mém. Soc. d’anthrop.) à propos de l’éthnologie égyptienne. « Il en est des familles des na- tions comme des familles prises en particulier. On veut être de lignée ancienne ;on veut dater de loin, parce que c’est, en princi- pe, un lustre légitime, aussi bien pour les peuples que pour les in- dividus.» LES POLYNÉSIENS. 105 fréquentes ; un voyage de l’une à l’autre ne pouvait frapper l’imagination des émigrants, si l’émigration n’était causée par des guerres et des dissensions intestines. Pour les Néo- Zélandais autochthones, les générations n’avaient pas de point de départ déterminé. Pour les émigrants vers la Poly- nésie, au contraire, elles dataient du grand événement de leur départ et de leur arrivée sur une terre nouvelle, et elles se gravaient, d’autant mieux dans leur mémoire que leur voyage avait été plus long, plus semé de péripéties et d’obstacles. Il est bien évident aussi, comme on l’a dit, que les diffé- rents chiffres cités semblent indiquer que la dispersion de la race polynésienne, est relativement moderne ; mais il ne l’est pas moins, après tout ce que nous venons de dire, qu’il est impossible de fixer cette date d’une manière exacte. Nous l’avons répété plusieurs fois déjà : c’est parce qu’on n’a pas distingué l’Ile-Nord de l’Ile-du-Milieu delà Nouvelle- Zélande, qu’on n’a pu découvrir la véritable situation de l’Hawahiki ou pays d’origine première ; c’est pour cela qu’on a eu tant de peine à comprendre les traditions rapportées par Dieffenbach, Shortland, Sir Grey et Taylor. On verra, en li- sant ces traditions dont nous insérons la traduction à la fin de ce livre, que les événements les plus anciens sont mêlés pour ainsi dire à des faits modernes; les traditions que nous appelons historiques succèdent sans transitions à celles qui sont sûrement mythologiques et héroïques, et il ne faut pas moins qu’une attention soutenue pour les distinguer les unes des autres. Mais alors on reconnaît assez facilement que les premières sont l’histoire des événements qui ont amené le départ des émigrants et de ceux qui les ont suivis dans l’Ile- Nord de la Nouvelle-Zélande, tandis que les autres sont tout particulièrement, les faits et gestes des ancêtres dans l’Ha- wahiki. D’un autre côté, ce qu’on ne peut se dispenser de remarquer, c’est qu’à part un certain nombre de grands per- sonnages, presque tous semblent être contemporains ou pré- céder de peu de temps les émigrants de ce que nous appelons la « grande émigration, » pour la distinguer des migrations antérieures ou postérieures entreprises par des chefs dont 106 LES POLYNÉSIENS. les traditions ont également conservé le souvenir. Il est évident qu’en se faisant descendre de personnages 1;els que Tawhaki et autres, les indigènes remontent aux temps fabu- leux, et qu'ils sont aussi embarrassés que nous le serions à leur place, pour dire de combien de temps ces personnages, ont précédé le départ des premiers émigrants. Il faut meme supposer, en les voyant en diviniser quelques-uns, qu’ils les croyaient bien antérieurs ; c’est d’ailleurs ce qui résulte de la comparaison de toutes les données légendaires. Tawhaki, en effet, est représenté dans les traditions comme un homme, un héros, et ce ne fut probablement qu’à sa mort qu’il fut déifié dans l’Hawahiki, c’est-à-dire dans l’Ile-du- Milieu de la Nouvelle-Zélande, où son mythe n’a cessé d’exis- ter. A l’Ile-Nord, au contraire, il a été remplacé plus tard par le mythe de Maui qui s’est emparé des hauts faits de son prédécesseur ou du moins auquel on les a attribués de son vivant ou après sa mort ; Maui, en effet, était également un homme quittant l’Hawahiki pour aller se fixer à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. Nous avons voulu revenir, en passant sur ces faits qui nous semblent appu/er l’opinion que nous soutenons ; ils indiquent que Maui, qu’on regarde parfois comme fort ancien, n’a bien probablement émigré à l’Iie-Nord de la Nouvelle-Zélande qu’après beaucoup d’autres. Il est inutile de répéter que si on lui a attribué la découverte de cette île qui avait été faite par Kupe, de mèmè que tous les hauts faits de Tawhaki, son prédécesseur en Hawahiki, c’est qu’il a vé- cu à une époque de bouleversement et de guerres intestines. Mais il n'est pas de fait prouvant mieux que celui-ci, que PHawahiki ne pouvait pas être placé ailleurs que dans l’Ile- du-Milieu de la Nouvelle-Zélande, c’est-à-dire dans le lieu qui a chassé Maui, dont le culte, créé à T Ile-Nord, s’est en- suite répandu dans toute la Polynésie, sans jamais s’établir à l’Ile-du-Milieu, Conclusions. — En résumé, on a eu tort de soustraire un certain nombre de généalogies, sous le prétexte qu’elles LES POLYNÉSIENS. 107 étaient fabuleuses. Nous bornant donc à adopter le nombre des généalogies données par les listes de Haie et de Porter, pour les Sandwich et les Marquises, car nous avons dit avoir des listes de l’une des Marquises encore plus étendues que toutes celles publiées, nous croyons pouvoir dire : 1° Que les Sandwich ont été peuplées, il y a au moins 2100 ans, au lieu de l’avoir été, comme l’a conclu M. Haie, il y a 1350 ans, et comme l’a dit M. Rémy il y a 2250 ans ; 2° Que l’île Nuku-Hiva l’a été il y a 2040 ans, en comptant pour les deux archipels par générations, et qu’il existe par conséquent une différence de 540 ans entre le peuplement des deux groupes ; 3° Que Tahiti est peuplée depuis 3000 ans au moins ; ce qui résulte non des listes généalogiques connues, mais des données linguistiques et de l’ensemble des faits venus à la connaissance des Européens. Ce chiffre de 3000 ans mettrait entre le peuplement des îles Sandwich et celui de Tahiti, un intervalle de .900 ans, et entre le peuplement de Tahiti et celui des Marquises un intervalle de 360 ans ; 4° Que les archipels Samoa et Tunga, dont on ignore com- plètement la date du peuplement, doivent avoir reçu leurs habitants bien antérieurement auxprécédents. Il est évident, en effet, que quelque soit le chiffre que l’on adopte, le nôtre ou ceux de MM. Haie, Rémy et de Quatrefages, le peuple- ment des Samoa et des Tunga doit remonter à une époque plus reculée, puisqu’on s’accorde à regarder ces deux archi- pels comme le berceau des colonies qui sont allées peupler les Marquises et les Sandwich. Il est inutile de parler des Paumotu, des Mangareva, etc., qu’on a vu avoir été peuplées beaucoup plus tard. En supposant qu’une période de 360 ou de 540 ans a été nécessaire pour produire le trop plein, ou pour engendrer des guerres assez fortes pour porter à l’émigration, on pour- rait dire, sans s’arrêter d’-uilleurs à rechercher ici de nou- veau quel est celui de ces deux archipels qui a été colonisé le premier, que les Tunga et les Samoa ont été peuplées il y a 3360 ou 3540 ans environ , 5° Enfin, que si la Nouvelle-Zélande est bien, comme 108 LES POLYNÉSIENS. nous avons cherché à le démontrer, le berceau des Polyné- siens, il faut reporter à plus de 4000 ans le départ des émigrants de l’Hawahiki pour l’île Aotearoa, autrement dit rile-Nord de la Nouvelle-Zélande. On donnerait ainsi un laps de temps de 360 ou 540 ans aux colons de l’Ile-Nord avant leur départ pour la Polynésie, sans parler de ceux qui probablement s’y sont rendus directement à cette époque, sans avoir pu s’arrêter sur l’île Aotaroa (1), et qui, peut-être même, sont les seuls ayant émigré jusque-là. Cette dernière hypothèse, il faut en convenir, viendrait appuyer d’une ma- nière bien remarquable, en l’expliquant pour ainsi dire, la conclusion de M. Haie, que les émigrations h Tahiti et à la Nouvelle-Zélande ont été contemporaines ou à peu près (2) ; et, par la Nouvelle-Zélande, encore une fois, il ne faut en- tendre que rile-Nord de ce groupe, comme nous croyons l’avoir surabondamment démontré,à l’aide de tous les chants traditionnels publiés. Quant à la date du peuplement de la terre d’origine ou l’Hawahiki, il est impossible de l’apprécier. Il est bien clair qu’elle remonte à une époque infiniment plus éloignée que les précédentes, puisque ce n’est qu’après de longues guerres d’extermination, dont on ne connaît probablement que les dernières parles légendes, que les vaincus se sont décidés à émigrer. Toutes les traditions établissent, contrairement à ce que l’on croit généralement, que l’Ile-du-Milieu de la Nouvelle Zélande, lors de ces guerres et de ces émigrations, possédait de nombreuses populations que nous regardons comme ayant été autochtbones. (1) Voy. Shortland, p. 304. (2) On a vu que Haie est arrivé à cette conclusion, en se fondant uniquement sur l’altération des mœurs et de la langue des deux contrées comparées à celles des Samoa, car il faisait venir les habi- tants de ces contrées des îles Samoa, sans remarquer qu’il faudrait admettre, ainsi que nous l’avons avancé, qu’on parlait aux Samoa à l’époque des premières migrations, le langage qui a été retrouvé à la Nouvelle-Zélande. LIVRE DEUXIÈME MARCHE DES MIGRATIONS CHAPITRE PREMIER Première étape des émigrants de FHawahiki. — Populations trouvées sur File -Nord de la Nouvelle-Zélande. — Motifs qui poussèrent les Maori de File-Nord à émigrer. — Route du Nord-Est ouverte seule aux nouveaux émigrants. — Premières îles rencontrées par eux: Tunga, Hapai, Manaia. — Dialecte de Rarotonga. — Iles peuplées par les Tunga. — Disséminations involontaires. — Iles peuplées par Tahiti. — Peuplement des îles Marquises. — Peuplement des îles Sandwich. •— Iles Carolines et Mariannes. — Voies suivies par les Polynésiens pour atteindre la Malaisie. — Toutes ces migrations se sont opérées du Sud- Ouest vers le Nord-Est. — Les îles polynésiennes n’étaient générale- ment pas habitées lors de l’arrivée des émigrants. — Preuves linguisti- ques. — Fréquence des mots polynésiens en Malaisie ; rareté des mots malais en Polynésie. — La Polynésie n’a pu être peuplée par des po- pulations malaisiennes. Nous avons fait connaître tous les faits qui nous ont con- duit à regarder les Polynésiens comme les descendants des Maori et à placer le lieu d’origine première, ou l’Hawahiki, dans l’Ile-du-Milieu de la Nouvelle-Zélande ; nous avons montré que c’est par voie de migrations que les îles poly- nésiennes ont été peuplées ; maintenant, et avant de formu- ler les conclusions de tout notre travail, nous allons essayer de tracer l’itinéraire suivi par les émigrants, depuis leur pays d’origine jusqu’aux points les plus extrêmes où ils ont été rencontrés. 110 LES POLYNÉSIENS. Pour cela, nous n’aurons qu’à reprendre en sens inverse la route que nous avons déjà parcourue en remontant con- tre le courant des migrations afin d’arriver à la découverte du lieu d’origine ; en un mot pour parler comme les Maori, il nous suffira de « descendre » (1) du Sud-Ouest et du Sud vers le Nord -Est et le Nord, pour indiquer la marche exac- tement suivie. Chemin faisant, nous compléterons quelques-uns des ren- seignements déjà donnés ; nous indiquerons les raisons qui nous semblent avoir porté les Maori de l’Ile-Nord, aussi bien les anciens que les nouveaux, à émigrer vers la Polynésie ; puis nous tâcherons de dire quelles sont les îles polynésiennes qui ont été les premières peuplées, et com- ment les autres l’ont été successivement. Nous examinerons de nouveau le point tant controversé de savoir si ces îles étaient ou n’étaient pas habitées à l’arrivée des émigrants, et nous insisterons sur les causes qui expliquent la réparti- tion de ces derniers presque d’un seul côté de l’Océan Pa- cifique. Enfin nous suivrons la dissémination jusque dans les plus petites îles isolées, et même jusque dans les grands continents d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Ce que nous allons dire ne sera, il est vrai, que conjectu- ral ; mais, comme nos conjectures reposent sur un grand nombre de faits et de témoignages, et que, d’ailleurs, c’est la seule voie ouverte pour parler de l’origine et des mi- grations d'un peuple, nous n’hésitons pas, comme com- plément de notre travail, à présenter les réflexions que nos études et nos propres observations sur les lieux mêmes, aussi bien que nos lectures nous ont suggérées sur la mar- che des migrations polynésiennes. Voici donc comment nous croyons que les migrations se sont opérées : En quittant les côtes Est et Ouest de l’Ile-du-Milieu, mais surtout celles du Sud et du Sud-Ouest, les émigrants se (I) Voir ce que nous avons dit à ce sujet, vol. II, p. 147 et III. p. 413. LES POLYNÉSIENS. 111 sont dirigés vers lTle-Nord de la Nouvelle-Zélande, visitée par quelques-uns de leurs compatriotes longtemps avant leur départ, comme l’attestent les légendes de Kupe, de Ngahue et autres que nous avons citées, ainsi que les voyages de Turi, de Hou, de Uenuku, etc., qui les avaient précédés de peu de temps. Nous avons fait remarquer ce fait curieux, que ces trois derniers, particulièrement, ont borné leur voyage pour ainsi dire au détroit de Cook, comme l’avait fait Kupe, comme le firent également le Ririno qui accompagnait le canot de Turi, et le Wakaringaringa qui atterrit à Kaupokonui dans le détroit de Cook. Sans doute l’éloignement paraissait déjà assez grand à ces premiers émigrants, qui n’avaient quitté qu’à regret leur patrie pour éviter l’extermination, mais qui ne cessaient d’y penser; comme le prouve le suicide de Turi, pris de nostalgie. Ceux de la grande émigration allèrent s’établir plus loin sur la côte Est de la même île. Longeant la terre ou en passant aussi près que possible, pour ne pas la perdre de vue, tous eurent à doubler le fameux cap Waiapu ou cap Est de Cook. (1) C’est là que la plupart s’arrêtèrent dans le port de la baleine ou Whangaparaua. Puis ils se fixèrent les uns ici, les autres là, dans les points à leur convenance ; d’autres allèrent jusqu’au cap Nord et le doublèrent, ou ils se contentèrent de passer par dessus l’istbme étroit qui sé- pare une mer de l’autre, pour atteindre celle de l’Ouest ; d’autres enfin pénétrèrent dans l’intérieur. Il y eut bientôt des colonies établies sur les points principaux de l’île, mais surtout sur la côte orientale, et il est probable, quoique les légendes n’en disent rien, que d’autres furent fondées par de nouveaux arrivants, peut-être, par exemple, par l’équi- page de Ruaeo, qui, après avoir puni Tama-te-Kapua, alla, sans qu’il soit dit où, chercher une nouvelle patrie. On a vu que les traditions citent une quinzaine de canots et que parmi eux il y en avait qui étaient doubles et fort (I) Ce qui explique si bien pourquoi « tous, » comme le disent quelques légendes, sont venus aborder à Waiapu en venant d’Ha- wahiki, ce qui serait inexplicable, s’ils étaient venus de l’Est. 112 LES POLYNÉSIENS. grands. Peut-être même tous les canots étaient-ils doubles, quoique les légendes ne le disent pas. Dans tous les cas, ils avaient toujours un équipage nombreux. En effet, à chaque instant, on voit les 140 guerriers d’un canot figurer dans les récits, et ce qui ne permet pas de douter de l’existence d’un pareil nombre de combattants sur chaque canot, c’est que, il ne faut pas l’oublier, ces canots étaient de véritables pe- tits navires à larges plates-formes surmontées d’une sorte de roufle ou demeure pour les chefs ; ils étaient capables de porter presque le double du nombre cité. Ce nombre est d’ailleurs trop généralement répété pour qu’on puisse se refuser d’y croire. Nous-même, nous avons vu en 1827, aux îles Tunga et dans les Fiji, des canots qui auraient certai- nement pu porter, avec le reste de l’équipage, un pareil nombre de combattants. Si l’on admet l’exactitude de ce nombre, il faut évidemment supposer qu’il y avait sur cha- que canot au moins autant d’autres individus, femmes et en- fants surtout, qu’il y avait de guerriers. Dès lors, si l’on comprend avec quelle facilité ont dû s’établir les colonies, on doit comprendre aussi que la plupart des agglomérations déjà existantes sur l’île n’ont pu résister aux attaques des nouveaux venus, et qu’elles n’ont eu d’autres ressources que de s’éloigner pour ne pas être exterminées. On sait comment a été exterminée cellé rencontrée par Manaia sur la côte Ouest ; il est plus que probable qu’il en a été de même dans beaucoup d’autres endroits, à en juger par les récits attestant l’existence d’hommes là où les canots abor- daient. Ilienga, par exemple, en a rencontré près du lac Roto-Rua dans l’intérieur : Kupe en avait vu, de son côté, et Turi ne cessait de se garer contre les attaques de ceux qui l’avoisinaient : ce qui semblerait prouver que ceux-là particulièrement étaient assez nombreux. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déjà dit à ce sujet ; mais il est certain qu’à l’arrivée des émigrants il y avait, disséminée sur l’Ile-Nord,une population de même race qu’eux et parlant absolument la même langue. D’où était-elle venue ? Peut-être également de l’Hawahiki, mais elle aurait pu tout aussi bien être authocthone elle-même, LES POLYNÉSIENS. 113 si, surtout, comme le soutiennent quelques écrivains, la Nouvelle-Zélande n’est que le reste d’un grand continent qui aurait disparu. Des traditions encore conservées rap- portent même que des îles du détroit de Cook ont été en- glouties. Les restes de cette population disséminée, vaincue facilement par des envahisseurs plus aguerris et en partie exterminée, se seront d’autant plus facilement fondus avec eux, que la langue, les mœurs et les usages étaient les mêmes. Même quand cette population aurait été le résultat d’émigrations de l’Hawahiki à une époque bien antérieure, elle n’aurait pas plus été épargnée par les conquérants, car elle leur était inconnue. Il fallait donc qu’elle se soumît ou qu’elle se fit tuer, et l’on a vu, si l’on peut prendre à la lettre le texte de la légende de Manaia, que les habitants rencontrés par ce chef sur la côte Ouest de l’Ile-Nord, furent entièrement exterminés. Mais, à la longue, tous ceux qui furent épargnés durent se confondre avec leurs vainqueurs ; ils ne furent bientôt plus que des membres de la nouvelle société, prenant part sans doute à toutes les guerres qui commencèrent presque aussitôt après l’arrivée d’Hawahiki, guerres qui ont duré jusqu’à nos jours, et qui n’ont cessé que longtemps après la prise de possession de la Nouvelle- Zélande par l’Angleterre. On a avancé que cette fusion de la race occupante avec les envahisseurs avait produit les diverses variétés d’hom- mes ou même les races différentes que certains ethnologues ont admises à la Nouvelle-Zélande. Nous répéterons ici que c’est justement le mélange opéré entre des individus de même race, qui fait qu’on ne trouve pas un seul mot de langue étrangère dans l’idiome maori, et qu’à part les dif- férences existant partout entre les nuances de coloration et la beauté des formes des habitants, il n’y a qu’une seule es- pèce d’hommes à la Nouvelle-Zélande. Quoi qu’il en soit, c’est probablement à la suite de guerres civiles qu’une partie de la population ainsi fondue dût son- ger à fuir à son tour pour éviter l’extermination ; pourtant il serait également possible que ces migrations aient eu lieu absolument à la même époque, au même moment, que celles iv 8. 114 LES POLYNÉSIENS. venant se fixer à l’Ile*Nord : c’est ce que semblerait autori- ser à supposer un fait jusqu’ici passé inaperçu. Taylor (1), entre autres, dit que quelques traditions, parlant de la grande émigration, établissent que l’un des canots le Pan - gatoru , ne put aborder à File-Nord, parce que les popula- tions primitives s’y opposèrent. Cela prouve d’abord, con- trairement à ce qu’on soutient généralement, que la popu- lation de celte île, à l’arrivée des émigrants d’Hawahiki, était plus nombreuse qu’on ne le croit, et que probablement les autres canots ne s’y maintinrent que par la force. Ainsi s’expliqueraient et l’extermination des tribus vaincues et les précautions que prenait Turi quand il s’éloignait de sa forteresse avec tout son monde. On ne dit pas ce que devin- rent les canots forcés de reprendre la mer ; on peut croire que trouvant plus loin quelque lieu inhabité, c’est là qu’ils se seront fixés. Il faut pourtant faire remarquer que les tra- ditions, après avoir donné les noms de ces canots, n’en par- lent plus, tandis qu'elles suivent les autres avec détail jus- qu’à la fin. Les généalogies elles-mêmes ne remontent jamais aux équipages de ces mêmes canots absolument comme s’ils étaient allés ailleurs. On comprend que s’ils s’étaient rendus dès cette époque en Polynésie, ce pourrait être un témoignage en faveur de l’opinion de M. Haie, qui regardait les Tahitiens particuliè- rement comme contemporains des Néo-Zélandais. Mais il est inutile de s’arrêter plus longtemps sur ces suppositions quoiqu’elles ne soient pas invraisemblables; nous croyons plus naturel d’admettre que c’est surtout après un séjour de quelque durée, et alors que les populations, sans être considérables pour l’étendue de l’île, s’étaient déjà accrues, qu’elles furent forcées d’émigrer à leur tour vers la Polyné- sie. Il est évident que les motifs qui avaient porté les ancê- tres d’Hawahiki à s’éloigner étaient les mêmes qui portaient leurs descendants à aller chercher quelque terre moins in- hospitalière. Ce qui semble le prouver, c’est que les chefs des émigrants vers la Polynésie avaient les mêmes noms que (I) Ouvr. cité, p. 123. LES POLYNÉSIENS. 115 ceux arrivés d’Hawahiki à Pile-Nord : tels étaient Makea, Karika, etc. Parmi eux figuraient aussi de nombreux prê- tres ; tous semblaient être partisans de la théocratie qui, en Hawahiki, avait été si funeste à tous ceux, prêtres et chefs, qui partageaient cette manière de voir. La cause principale de toutes les luttes, aussi bien dans la nouvelle patrie qu’en Hawahiki, a dû être le besoin de la part des Rangatira, de secouer le joug des institutions théocrati- ques qui pesaient sur eux, sans parler des disputes pour ainsi dire accessoires qui, comme en Hawahiki, n’avaient d’autres causes que l’ambition de certains chefs et la con- duite de leurs femmes. Comme celles de l’Hawahiki, les migrations partant de l’Ile-Nord, ne furent donc que le résultat de guerres, reli- gieuses ou non, qui avaient recommencé presque aussitôt l’établissement sur Pile-Nord des émigrants d’Iiawahiki. L’exemple de Raumati, l’un des fils du grand prêtre Uenu- ku, tué par Ha-tu-Patu, petit-fils de Hou, ne laisse aucun doute à ce sujet (1). Rapprochés un instant par l’adversité des enfants de Hou, l’ancien ennemi de leur père, les fils de Uenuku se vengent dès qu’ils en trouvent l’occasion, de la mort de celui-ci tué par Tama-te-Kapua, en incendiant son canot VArawa. Cela se passait pour ainsi dire au début de la colonisation. Après cela commencèrent les longues guer- res que racontent les traditions, et qui expliquent si bien, à notre avis, la nécessité dans laquelle se trouvèrent les tri- bus vaincues de chercher leur salut dans la fuite. Or, pour elles, il n’y avait pas à hésiter : une seule voie leur était ouverte, c’était celle conduisant vers le Nord-Est, raro « dessous » relativement au lieu d’origine première ; c’était celle qu’avaient suivie les ancêtres en venant d’Ha- wahiki pour se fixer àl’Ile-Nord. Pour aller dans cette direction, les vents, d’ailleurs, étaient presque toujours favorables, tandis qu’ils l’étaient moins ou qu’ils étaient même contraires pour aller dans les autres directions. (1) Voir la légende de Ha-tu-Patu, dans la Mythologie de sir Grey. 116 LES POLYNÉSIENS. Il est probable qu’ils avaient quelques vagues données sur l’inutilité et le danger de se diriger vers le Sud, de même que vers l’Est, car leurs navigateurs avaient du plus d’une fois pousser aussi loin que possible leurs excursions dans ces directions. Peut-être même savaient-ils que des terres plus tempérées se trouvaient dans le Nord-Est, mais l’eussent-ils ignoré complètement qu’ils avaient un motif d’aller plutôt de ce côté que vers le Sud surtout. En effet, ils avaient néces- sairement pu remarquer sur leur île même que le climat s’adoucissait à mesure qu’ils se rapprochaient davantage de son extrémité la plus Nord. Cette seule raison, quand les vents n’y auraient pas engagé, était une raison suffisante pour qu’ils prissent de préférence la direction du Nord-Est, c’est-à-dire celle de la Polynésie. Aussi bien, en prenant cette direction, ils ne faisaient que continuer à ce descendre comme avaient fait leurs ancêtres ». La route vers le Sud-Ouest leur était complètement in- terdite : non seulement les vents étaient le plus souvent contraires, mais ils ne pouvaient ignorer que les intempé- ries y étaient infiniment plus fortes. Que seraient-ils allés faire d’ailleurs de ce côté, puisque c’est de là que leurs an- cêtres avaient dû s’enfuir ? Ainsi, comme on voit, vents, expérience, souvenirs con- fus, position, tout leur traçait la seule voie à suivre, et c’est en suivant cette route, nous en avons la conviction, que la Polynésie a reçu ses premiers émigrants de la race appelée polynésienne par tous les écrivains, mais qui, suivant nous, devrait plutôt être appelée race Maori. Il résulte, de l’examen le plus attentif de tous les docu- ments connus, que pas un canot une fois parti de l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande pour la Polynésie n’y est revenu : Si Cook a cité un canot jeté sur l’Ile-du-Milieu et monté seulement par quatre hommes ; si on a parlé d'un autre fait, bien postérieur probablement aux migrations opérées vers la Polynésie, d’après lequel l’équipage d’un petit na- vire et son capitaine ont été massacrés dans le détroit de LES POLYNÉSIENS. 117 Cook (1) ; si enfin Haie, pour mieux appuyer son hypothèse, parle d’un canot polynésien arrivé à la baie des îles vers l’année 1740; ces divers faits sont loin de démontrer que les canots venaient de la Polyné-ie. Quant à l’autre exemple cité par Cook, d’un canot allant jusqu’à Ulimarao, il prouve encore moins, puisque ce canot était d’abord parti de l’Ile- Nord elle-même. La force et la durée des vents de la partie de l’Ouest étaient évidemment à eux seuls un obstacle à tout retour facile, même quand des émigrants auraient cherché à revenir au pays d’où ils avaient été forcés de s’é- loigner. Ce fait vient lui-même appuyer l’origine maori des Poly- nésiens. Il est presque certain que si la Nouvelle-Zélande eût été peuplée par la Polynésie, on y aurait vu, au moins de temps en temps, arriver quelques compatriotes des pré- cédents émigrés, profitant, pour venir, des vents d’Est et de Sud-Est, certains d’avoir, pour retourner chez eux, des vents d’Ouest qui sont les plus fréquents. Mais toutes les traditions, aussi bien celles de la Nouvelle-Zélande que celles des îles polynésiennes, se taisent complètement à ce sujet, particulièrement les traditions des Tunga, des Samoa, et surtout des Manaia qui, par leur position, auraient pu, mieux que les autres archipels, donner lieu à de pareils voyages. Bien mieux, celles de ces dernières îles semblent montrer elles-mêmes que les émigrants ne venaient que de la Nouvelle-Zélande : nous avons précédemment cherché à le prouver en faisant l’examen critique de la légende de John Williams qu’on a tant invoqué pour soutenir le con- traire (2). Quant au fait cité par Haie pour donner plus de vraisemblance à son hypothèse, c’est-à-dire à l’arrivée d un canot polynésien à la baie des Iles vers 1740, Thompson s’est chargé d’en détruire la réalité : il s’est assuré sur les lieux mêmes avec le plus grand soin qu’il n’y a pas eu de migration moderne de la Polynésie vers la Nouvelle-Zé- lande, et que, par conséquent, Haie a été mal informé (3). (1) Thompson, vol. I, p. 229. (2) Voir ce que nous avons dit à ce sujet, vol. II, p. 370. (3) Ouvr. cité, vol. II, p. 66. 118 LES POLYNÉSIENS. Si tous les ethnologues acceptent aujourd’hui l’opinion jusque-là motivée de M. Haie, c’est que, dix ans plus tard, sir Grey, en publiant sa précieuse collection de traditions, est venu montrer que rien n’était plus facile que d’aller de PHawahiki à l’Ile-Nord, en suivant pour ainsi dire les côtes, soit à la voile, soit même en pagayant ; c’est ce que nous disions nous-mêmes dans le mémoire que nous avons adressé en 1865 à la Société d’anthropologie ; dès lors, il nous était démontré qu’il ne s’agissait que de voyages faits entre deux terres peu éloignées, et non de traversées de plusieurs centaines de lieues en plein Océan ; et que l’Ha- wahiki était une partie de l’lle«du-Milieu, si ce n’était pas cette île en entier. C’est donc une erreur de croire que ce que rapportent les traditions peut s’appliquer à un Hawahiki placé dans les Samoa : itinéraire, facilité des voyages, même par ceux qui n’étaient encore jamais allés jusqu’à l’Ile-Nord, existence de grands lacs, de grandes rivières d’eau douce, jade vert, con- naissance de la neige, de la glace, du phormium, etc., tout en un mot indique que cet Hawahiki ne pouvait se trouver en Polynésie. Par conséquent, les témoignages invoqués par M, de Quatrefages entre autres, l’ont été à tort. Il n’existe aucune tradition disant formellement que l’Hawahiki était situé en Polynésie, et les assertions de quelques écrivains, à cet égard, ne sont que le résultat d’une idée préconçue. Du moment qu’ils présupposaient l’Hawahiki en Polynésie, il fallait bien qu’ils interprétassent ainsi le silence des légen- des pour pouvoir expliquer le peuplement de l’Ile-Nord ; mais ce n’était qu’une erreur : nous croyons l’avoir assez démontré pour n’avoir pas besoin d’insister davantage. Pas plus que M. Haie ne l’a fait pour soutenir son hypo- thèse, nous n’avons pu nous-même fournir, pour appuyer la nôtre, des témoignages irréfragables; mais nous croyons avoir accumulé tant de probabilités, mis en évidence tant de circonstances favorables, qu’il nous semble difficile qu’on ne l’accepte pas. Après avoir montré la faiblesse de la plupart des témoi- gnages sur lesquels on s’est appuyé pour soutenir le peu- LES POLYNÉSIENS. 119 plèment de la Nouvelle-Zélande par la Polynésie, il nous est impossible de ne pas admettre que c’est au contraire la Polynésie qui a été peuplée par la Nouvelle-Zélande. Les premières îles rencontrées en Polynésie par les émi- grants ont presque certainement été lés îles Tunga et les îles Hapaï, et peut-être les Manaia. Ce sont les Tunga, dont nous avons déjà expliqué ail- leurs le peuplement, qui ont fourni des colonies à un grand nombre d’îles différentes. Sans doute on a dit que les Samoa ont peuplé les Tunga; mais n’y aurait-il que la tradition que nous avons citée qu’il faudrait admettre le contraire (1). L’existence anciennement d’une tribu Ati-Hapaï en Ha- wahiki, autrement dit sur la côte Sud-Ouest de l'Ile-du- Milieu, explique le nom que portent les secondes. Ce nom était celui de la tribu dont Uenuku était le grand prêtre ; plus qu’une autre elle dut avoir besoin de s’enfuir, puisqu’à peine échappée de l’Hawahiki, son chef Raumati, fils de Uenuku, fut vaincu et tué peu après son arrivée sur l’ile- Nord. On a dit aussi que les îles Manaia ont reçu, à une époque peu reculée, leurs premiers habitants des îles Samoa et de la Société ; mais nous avons montré que la tradition sur laquelle on s’est appuyé semble plutôt indiquer que l’une d’elles, Rarotonga, a été peuplée par les îles Tunga, quelle que soit d’ailleurs l’époque que l’on admette et qui est tou- jours incertaine, quand on n’a d’autres documents que ceux fournis par des peuples qui ne conservent leurs souvenirs que par la tradition. Placées comme elles- le sont relativement à la Nouvelle- Zélande, les fies du groupe Hervey, et notamment celle appelée Manaia, auraient certainement pu être facilement atteintes par les émigrants d’Hawahiki. On doit le supposer quand on remarque que le langage des habitants de ce groupe est, de toute la Polynésie, celui qui se rapproche le plus de la langue Maori. Pourtant, il faut le dire, rien de plus que le langage ne le prouve, si ce n’est peut-être en- (1) Voy. ci-dessus, vol. II, p. 520 et suiv. 120 LES POLYNÉSIENS. core la croyance des indigènes , que leurs ancêtres prove- naient de « dessous le vent » c’est-à-dire du couchant. On est loin, comme on voit; de la provenance Samoane et de celle de Tahiti ou mieux de Raiatea ainsi qu’on Ta avancé. D’un autre côté, pour toutes ces raisons, il nous semble qu’il doit être difficile de comprendre que l’île Rarotonga ait pu être si tardivement peuplée, ainsi qu’on le croit gé- néralement (1). Nous l’avons dit, le nom de cette île signi- fiant « sous le vent du Sud », ne peut avoir été donné que par des émigrants qui faisaient allusion au point d’où ils étaient partis d’abord, c’est-à-dire du Sud. Or, il n’y avait que des émigrants de la Nouvelle-Zélande qui pussent re- garder l’île Rarotonga comme placée sous le vent par rap- port à leur lieu d’origine : les Samoa, en effet, sont plus sous le vent encore que cette île, de plus, le mot Tonga n’est qu’un mot purement Maori (2). Quoi qu'il en soit de la véritable signification du mot Rarotonga, nous avons reconnu, contrairement à ce qu’on pense généralement et contrairement au savant Bushmann en particulier, qui disait que le dialecte de Rarotonga était plus proche de celui de Tahiti que de tous les autres, nous avons reconnu que le langage de cette île se rapproche au contraire davantage de celui de la Nouvelle-Zélande. Quoique nous ayons déjà traité plus haut cette question, nous allons encore ici mettre en regard un certain nombre de mots des trois dialectes, en y ajoutant les mots qui, d’a- près d’Urville, ce qui n’est pas assurer leur exactitude, sont usités aux îles Tunga. 1) Ellis est le premier qui ait dit que les habitants de Manaia attribuent leur origine à Raiatea. 11 le fallait sans doute pour ap- puyer l’hypothèse à laquelle il semblait donner la préférence, c’est-à-dire que les migrations s’étaient dirigées de l’Est vers l’Ouest pour peupler la Polynésie. (2) Voir ce que nous avons dit à ce sujet, vol. II, p. 866. LES POLYNÉSIENS. 121 TAHITI NOUVELLE - ZÉLANDE RAROTONGA TONGA (d’urville) Mai» Rima Ringa ringa Rima Nima Ventre. . . Opu Kopu Kopu Guete, gite (Mariner) Poitrine Uma Uma Umauma Fata, fatafata Mamelle U U U Houhou Monde , Lumière Ao Ao Ao Marna (1) Vêtement Ahu Kahu Kakahu Gnatou Maladie, mort.. Mate Mate Mate Mate, Mahagui Amour, affection Aroha Aroha Aroha Ofa Boire Inu Inu Inu Inu Manger ........ Aï Kaï Kaï Kai,Mamma(2) Visage Mata Mata Mata Mata, Fofonga Père Metua Matua Metua Tamai (3) Poisson Ika Ika Ika Ika Jambe . . Avae Vae Yaevae Vae, Koauvae Bon Pai Maïtaï Meïtaki Lele Tête Upoo Upoko Upoko Oulou, Oulou- Poko Bouaka Cochon Puaa Poaka Puaka Maison Fare Whare Are Fale Terre Fenua Whenua Enua Fonoua Front Rae Rae Rae Laï Homme Taata Tangata Tangata Tangata Nom Ioa Ingoa Ingoa Hingoa Voir, savoir lte Kite Ki te Gui te Ciel Raï Rangi Rangi Langui Prêtre Tahua Tohunga Taunga Faheguehe Ainsi sur 25 mots certains, 8 sont identiques dans les trois dialectes ; 13 se rapprochent davantage de ceux de la Nou- velle-Zélande, et quatre seulement de ceux de Tahiti. Il est évident que la langue la moins altérée est le Maori. Or, en voyant un pareil fait, il faut en conclure que, quel- qu’ait pu être le lieu d’origine des émigrants qui ont dé- couvert l’île Rarotonga, tous à cette époque parlaient un même langage. Après cela, que Rarotonga ait été dénommée et peuplée par des Tahitiens, des Tongans ou des Zélandais, qu’on admette ou non que le langage était identique dans toutes ces îles à l’époque de la découverte, ce qui est pour nous un fait certain, ce n’est pas moins par les Tunga (4) et proba- (1) Mot mal appliqué: peut-être Marama, la lune. (2) id. Mamma signifie, léger, couler, fou. 3) id. Tamai signifie, guerre, combat, dispute, querelle. 0) Et par Tunga nous entendons en même temps les îles Hapaï. 122 LES POLYNÉSIENS. blement par les autres îles Hervey que les terres plus éloi- gnées dans l’E.-N.-E., le N.-E. et le N.-N.-E. même, ont reçu leurs premières colonies. C’est des îles Tunga certainement, comme le prouve la tradition que nous avons rapportée pour l’île Opulu du moins, que les îles Samoa, contrairement à Popinion de Haie, ont reçu leurs premiers habitants directement, on par l’in- termédiaire des îles Niu*a et Afulu-hu. En effet, on a vu, par les légendes inédites que nous avons fait connaître, que les Samoans restèrent longtemps exposés aux attaques des Tongans, qu’ils furent même tributaires des îles Fiji et que, dès lors, les rapports entre les populations de race diffé- rente étaient aussi fréquents que faciles. Les guerres n’au- raient cessé entre les Tongans et les Samoans, qu’après l’alliance du fils du Tuitonga de Tungatapu avec la fille du Tuitonga, d’Opulu, et encore, les Dieux aidant ! Ce sont les îles Tunga aussi, qui, d’après une tradition, portèrent la race polynésienne à une des îles Loyalty,l’Uvea actuelle des indigènes, qui gît à 1100 milles dans l’Ouest de Tunga-tapu (1), et qui ne doit pas être confondue avec l’île Wallis près des Samoa (2). L’île Rotuma elle-même, qui est presque dans le Nord- Ouest, des îles Hapaï et Tunga, aurait pu recevoir ses pre- (1) D’après M. J. Garnier (Ile s Loyal ty et Tahiti , p. 289), il faudrait faire remonter cette émigration à un siècle, quoique ce temps lui paraisse bien court par rapport aux faits observés et accomplis. Plusieurs pirogues, chargées de Polynésiens, seraient venues d’Uvea (Wallis par 13°20 lat. S. et 178°32, long. Ouest), et c’est ce qui leur aurait fait donner ce nom à l’île Loyalty déjà peuplée par la race mélanésienne. Comme les émigrants étaient nombreux, les indigènes n’essayèrent pas de les attaquer : ce fu- rent, dit M. Garnier, ces mêmes hommes que d’Entrecastaux vit en visiteur à Balade en 1793 ; il reconnut en eux le type et le langage des îles des Amis, d’où il venait. M. Montrousier fixe cette arrivée à une époque encore moins éloignée. « On connaît, dit-il, l’époque de l’arrivée des Wallisiens à Halgan ; elle ne remonte pas à plus de 70 ans. » (2) (Bull. soc. d'anthrop. 1870, p. 36). Nous en avons déjà parlé ailleurs. On sait que celle-ci est depuis 1843 sous le protectorat de la France (Bruat). LES POLYNÉSIENS. 123 miers habitants de ces dernières îles : De notre temps en- core, le clergé de cette île est tributaire de eelui de Tonga- tabou : il est pourtant plus probable, en raison de certains usages et de son plus grand voisinage, que la population provient dès îles Samoa ou Niu-a (1). C’est, d’ailleurs, ce que disent les habitants eux-mêmes. 11 faut ajouter que la lan- gue, les manières, les coutumes, l’aspect général de la po- pulation, tout semble appuyer cette croyance (2). On comprend parfaitement que, dès que la guerre éclatait, chaque point occupé devenait à son tour un centre d’émis- sion de colonies allant à la recherche d’une nouvelle pa- trie ; mais ce n’est évidement que par des disséminations in- volontaires que des îles telles que Tupua, Duff, Tukopia, Anuta, ont pu recevoir, consécutivement, des populations polynésiennes, comme Tanna elle-même (3). Toutes ces îles étant situées à l’Ouest des Tunga et des Samoa, il est évi- dent aussi que d’autres vents que ceux qui ont favorisé les migrations principales, c’est-à-dire des vents de Sud-Est (1) L’île Rotuma gît à 300 milles dans l’Ouest des îles Samoa. C’est 111e de la Belle-Nation de Queiros, qui la découvrit en 1606. C’est l’île Grenville d’Edwards qui la visita en 1791 ; Wilson y relâcha aussi en 1797. (2) Comme aux Samoa, chaque village possède une grande mai- son commune ; comme aux Samoa, les indigènes exigent la preuve de la virginité. D’après une tradition les ancêtres seraient arri- vés à leur île, entraînés des Samoa, plusieurs siècles auparavant ; d’après une autre, ce serait le Dieu Raho avec sa femme Hina, qui, partis des Samoa, auraient produit Rotuma. Le Dieu portait a la main un panier tressé en feuilles de cocotier et plein de terre. Arrivé à l’endroit où se trouve File, il avait jeté la poussière à droite et à gauche : Aussitôt la terre s’était élevée du sein de l’O- céan, et les montagnes s’étaient couvertes de cocotiers et d’arbres a pain. (Voir, dans 1 q Journal des Voyages, le Voyage pittoresque, le Voyage médical, le Voyage autour du monde, etc., ce que R. P. Lesson dit de cette île, qu’il a visitée en 1823. (3) On sait qu’une colonie originaire des Tunga se trouve à Tanna, c’est-à-dire à 1000 milles de la mère-patrie : elle est due à un canot entraîné des îles des Amis. Aussi Forster avait-il re- marqué avec raison que son langage se rapprochait de celui des Tanga. 124 LES POLYNÉSIENS. et de Nord-Est ont dû y entraîner des Polynésiens malgré eux. Ce qui s’est passé à Tupua et à Yanikoro le prouve su- rabondamment : dans cette dernière île, entre autres, on a conservé le souvenir de canots de Tongatabou et de Rotu- ma entraînés jusque-là. C’est aussi ce qui s’était passé à Tukopia (1). Nous avons également vu, dans cette île, plu- sieurs habitants de Rotuma, qui gît dans l’Est de Tukopia, et qui y avaient été entraînés de la même manière. Il en est de même pour la petite île à lagon appelée Yaïtupu . Cette île située à 700 milles à l’Ouest des Samoa, paraît, au dire de ses habitants, avoir été peuplée par un accident de mer; mais leurs ancêtres venaient, assurent-ils, des îles Samoa. Les habitants actuels se rappellent encore les noms de plusieurs des hommes et des femmes qui étaient arrivés dans deux doubles canots. Ils désignent dix-sept chefs comme ayant régné successivement sur l’île depuis ce moment jusqu’à celui de leur émigration, faute de place, sur une autre île, éloignée de 50 à 60 milles, et sur celles, si petites et si nombreuses, qui se trouvent à l’Ouest de Vaïtupu. Après cela, nous croyons, avec la majorité des ethnolo- gues, que les îles de la Société ont reçu des colonies venant des Samoa ; mais nous croyons aussi que les îles Tunga leur en ont fourni encore plus par voie indirecte, c’est-à-dire par les Manaia. D’après une légende citée par John Williams (2), les rap- ports les plus intimes ont existé pendant longtemps entre les îles de la Société et les Manaia. Bien mieux, suivant cette légende, l’île Rarotonga aurait été jointe à l’extrémité Sud de Raiatea ; mais les Raiateiens ayant tué deux prê- tres de Rarotonga qui étaient allés offrir un grand tambour à Oro, dieu de la guerre, dans le marae d’Opoa, les dieux irrités transportèrent Ole là où elle se trouve aujourd’hui. De son côté, une autre tradition dit que ce fut le grand na- vigateur Juri, qui, il y a longtemps, découvrit cette île : il (1) Voir ce que nous avons dit à ce sujet dans le 3e livre du vol. II et ci -dessus, p. 47. (2) A Narrative of missionaries enterprises, p. 55. LES POLYNESIENS. 125 est donc difficile de s’appuyer sur de pareilles fables. Seu- lement, les îles de la Société ont l’usage de la lettre r, com- me les Manaia, tandis que les Samoa et les Tunga ne l’ont pas. Si l’on persistait à ne faire venir les Tahitiens que des Samoa, il faudrait au moins supposer, comme nous l’avons déjà dit, que le langage de ces îles était alors absolument le même pour tous les émigrants, et que le changement ne se serait opéré aux Samoa qu’après le départ des colonies. Cela peut avoir eu lieu sans doute ; mais peut-être est-il plus simple d’attribuer la transmission aux îles de la Société de l’usage de la lettre r à la population qui est la plus voi- sine dans l’Ouest, et qui n’a pas cessé de s’en servir. C'est à Tahiti qu’on a attribué le peuplement de quelques- unes des îles qui sont placées dans le Sud, mais ce qui peut permettre d’en douter pour la plupart, car on ne cite guère que Tubuaï (1), c’est que les populations de ces îles ont un langage qui les rapproche davantage de celles de Manaia. De plus, l’île Rapa, au dire de Vancouver son dé- couvreur, avait une population ressemblant davantage à celle des Tunga; mais, après avoir vu à Tahiti des habitants de cette île, nous leur avons trouvé une plus grande ressem- blance avec les Tahitiens et les insulaires des îless Marqui- ses : comme ces derniers, ils étaient beaucoup plus foncés, et ils ressemblaient beaucoup aux habitants de Raïvavaï et de Vavitu, également fort bruns, par suite de leur vie précaire et de leur exposition plus fréquente au soleil (2). Mais, nous l’avons dit, il n’y aurait rien d’impossible à ce que ces diverses îles aient été peuplées par les îles Tunga, Hapaï et Manaïa ; il est évident qu’excepté les cas d’entraînement (1) Cette île était déserte quand y arriva, de Rimatara, la pre- mière pirogue dont parle Wilson, ainsi que celle de Raiatea dont parle Ellis, etc. mais il est certain qu’elle avait été habitée déjà, puisqu’on y trouva des vestiges d’habitations, des poules et des cochons. (2) Nous avons vu des habitants de presque toutes ces îles à Tahiti, et c’est après les avoir observés et comparés que nous avons écrit. Ajoutons que tout semble annoncer que Rimatara, Rurutu, Raivavai, étaient peuplées très anciennement. 126 LES POLYNÉSIENS. involontaire à de grandes distances, c’est de proche en proche que ces îles ont dû être peuplées. Il n’est pas proba- ble qu’il y ait eu une voie différente pour la bande Sud de l’océan Pacifique ; mais là seulement, les peuplements dus au hasard ont peut-être été plus nombreux qu’ ailleurs . C’est à la suite d’un de ces entraînements involontaires qu’a dû être peuplée l’île de Pâques elle-même, ainsi que nous avons cherché de le démontrer précédemment (1). Suivant M. de Quatrefages, ce serait l’île Rarotonga qui aurait colonisé les îles Mangareva. Il se pourrait, en effet, que des émigrants fussent venus de cette île ou de celles du même groupe, car le langage des Mangareva se rapproche lui-même beaucoup de celui des Manaia ; mais Tahiti doit en avoir envoyé directement ou indirectement, c’est-à-dire par les Paumotu. On a vu que non seulement les Tahitiens avaient connaissance des îles les plus éloignées dans le Sud-Est, mais que, d’après une tradition, les navigateurs d’Anaa ou île de la Chaîne, allaient jusqu’aux Mangareva, au peuplement desquelles ils auraient par conséquent pu contribuer. C’est encore à Tahiti ou aux îles de la Société de même qu’aux îles Hapai (Vavao), qu’on attribue généra- lement le peuplement des îles Marquises ; nous avons dit que probablement les Samoa n’y ont point été étrangères ; mais si Tahiti a envoyé des colonies aux îles Marquises, il est évident que les îles Paumotu les plus Nord ont dû en recevoir avant elles, puisqu’il est à peu près impossible de passer sans en apercevoir quelques-unes. Il en est de même pour les émigrants des îles Tunga, qui étaient cependant déjà mieux placées pour faire cet envoi directement ; seules les îles Samoa auraient pu y faire parvenir leurs colonies sans entrave. Il est vrai que les Tahitiens connaissaient si bien les îles Paumotu du Nord, telles que Raïroa,Oahe, Ta- karoa, Apataki, etc., comme le montre la carte de Tupaia, qu’ils auraient pu parcourir ce trajet en deux fois, c’est-à- dire en prenant leur dernier point de départ de l’une des îles désignées. On a vu, du reste, que les relations entre (1) Vol. Il, p. 284. LES POLYNÉSIENS. 127 Tahiti et les Marquises ont été fréquentes à une certaine époque, et qu’elles devaient par conséquent être faciles (1). Il n’y a donc pas à douter que les Tahitiens y soient allés ; seulement, ce qu’il est impossible de dire, malgré tout ce qu’on sait du dialecte marqué san, c’est s’ils s’y sont rendus avant ou après les Tongans. M. Haie attribuait le peuplement des îles Marquises en partie à Tahiti et en partie aux îles des Amis, ou mieux aux îles Hapai, puisque les émigrants étaient venus de Yavao. On sait qu’il a ramené les dialectes de ces îles à deux prin- cipaux, dont l’un, plus répandu, est le Tahitien, et dont l’au- tre est dérivé du dialecte tongan. Pour nous, nous croyons qu’il y a dans les Marquises un troisième dialecte bien dis- tinct ; ce dialecte rapproche ceux qui le parlent d’une troisième origine ; il pourrait même faire supposer que l’é- migration a eu lieu soit de Raiatea, soit de Tahiti, avant que Tahiti ne devint la métropole des îles de la Société, à l’époque où l’on parlait ce que les Tahitiens d’aujourd’hui appellent «l’ancien langage»,le langage de leurs ancêtres; mais il permettrait aussi d’admettre que la source a pu être tout autre, et que la colonie s’y est transportée directe- ment de la patrie première, l’Hawahiki. Aussi, M. de Qua- trefages (2) remarquant que les Marquésans des îles méri- dionales reportent leur origine à Hawahiki au lieu de la re- porter à Tahiti, a conclu avec raison qu’ils ont pu venir di- rectement des îles Samoa, qu’ils sont les frères et non les fils des Tahitiens. Pour nous, d’après cela, ils auraient pu venir de la Nou- velle-Zélande (3). Mais vu la distance et les îles intermé- diaires, et d’après toutes les autres données, nous serions plutôt disposé à admettre que l’émigration a eu lieu seule- ment des îles de la Société ainsi que des Samoa et des (1) Voir dans Fornander les voyages nombreux et fréquents des Polynésiens jusqu’aux îles Havaii. (2) Les Polynésiens et leurs migrations , p. 350. (3) A cette occasion, il faut se rappeler que le premier visiteur des Marquises se nommait Tikh 128 LES POLYNÉSIENS. Tanga, dès les premiers temps de la colonisation, alors que les colonies n’ayant pas encore eu le temps de modifier leur langage, parlaient toutes la langue d’origine,; c’est-à- dire le Maori. D’un autre côté, en voyant le grand nombre de chefs qui avaient régné aux îles Marquises jusqu’au moment de l’ar- rivée de Porter, et en tenant compte surtout de la position des Samoa, il est peut-être permis de se demander si les Marquises n’étaient pas peuplées déjà en partie avant l’arrivée des Tahitiens : il est certain, pour nous, que les Samoans, au début, parlaient la langue commune, et, à moins d’admettre une provenance maori directe, il faut bien reconnaître que cette langue était le Maori. C’est ce que prouvent une foule de mots et particulièrement celui d’Ha- wahiki, que M. de Quatrefages cite comme appartenant da- vantage aux Marquésans des îles méridionales. Ce n’est qu’avec le temps, sans doute, et suivant le plus ou moins grand nombre d’individus de certaines localités de l’Hawahiki prononçant de telle ou telle manière, rejetant ou remplaçant certaines lettres par d’autres, que se sont formés ce qu’on appelle les dialectes polynésiens des divers archipels, qui, tous, ne sont que les modifications d’une même langue. Tous ceux qui se sont occupés de la langue polynésienne ont pu voir, en effet, que, suivant les lieux, on se sert à la Nouvelle-Zélande de quelques lettres que les localités voisines remplacent par d’autres. Ainsi, dans le détroit de Cook, le l est usité dans les mots où la plupart des autres localités emploient le r, qui, ailleurs, est pro- noncé presque comme un d. Près de la baie des îles, les Ngapuhi prononcent le h comme s’il y avait sh, ou mieux avec une forte expiration ; ceux de Taranaki avec explo- sion, Dans la baie d’ Abondance, quelques tribus emploient le n à la place du son nasal ng, si général à la Nouvelle- Zélande, et qui a été plus ou moins complètement abandon- né par les Tahitiens, les Hawaïens, les Samoans et les Marquésans. Aussi, suivant les localités, on entend à la Nouvelle-Zélande, prononcer le mot « terre » par exemple, comme s’il était écrit henua, whenua^venua ou même fenua, LES POLYNÉSIENS. 129 absolument comme il se prononce dans l’une ou l'autre des îles polynésiennes. Nous avons déjà traité amplement cette question (1). Nous pensons avec presque tous les ethnologues, que ce sont les îles delà Société qui ont peuplé les îles Sandwich, mais aidées parles Tunga ou les Samoa, de même que nous croyons qu’elles l’ont été également par les îles Marquises. Nous avons même cru pouvoir dire, d’après certains mots, et particulièrement d’après le mot Manikini (2), que les Ta- hitiens ont dû y arriver les premiers ; mais cela, nous le reconnaissons, est très hypothétique. Ce qui l’est moins, c’est que les îles Sandwich donnaient à quelques-uns de leurs dieux des noms qui se rapprochaient plus des noms des mêmes dieux de l’ïïawahiki que de ceux de la Polyné- sie. Ainsi, pour n’en citer que quelques-uns, les dieux qui, en Hawahiki, étaient appelés O-Rongo, Rongomai, Maru, Tangaroa portaient aux îles Sandwich, les noms de O-Lono, Lono (3) Malu, Tanaloa. Parmi ceux-ci, le mot Malu doit surtout appeler l’atten- tion. Maru était le nom donné au dieu de la guerre dans l’Hawahiki quand les émigrants abordèrent l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. Ils remplacèrent ce nom par celui de Tu, qui fut ensuite porté en Polynésie aux Tunga, à Tahiti, etc. (4). Ainsi, Tu resta le nom du dieu de la guerre à l’Ile- (1) Yol. III, p. 187 et suiv. (2) Voir vol. II, p. 166. (3) On sait que ce fut sous ce nom que Cook fut un instant adoré aux îles Sandwich, comme il le raconte lui-même dans son troi- sième voyage. (4) Ce fut plus tard, que, dans les îles de la Société, par exemple, Oro fut substitué à Tu. Ce mot Oro semble être le mot O-Rongo de la Nouvelle-Zélande; ce qui semble le prouver, c’est qu’on le prononçait Koro, alors que la langue était partout la même, c’est- à-dire à l’arrivée des émigrants. Du moins, c’est ce qui résulte d’un passage de J. Williams (p. 51) quand il rapporte la demande faite par le chef Tamatoa d’Aïcutaki pour savoir ce qu’était devenu à Raiatea, le dieu de la guerre Koro. Mais, si ce n’est pas le mot O-Rongo de la Nouvelle-Zélande, élidé, il pourrait bien se faire que ce fût la première syllabe consacrée du grand chef étranger in 9. 130 LES POLYNÉSIENS. Nord de la Nouvelle-Zélande, pendant que Maru était celui du même dieu dans Ule-du- Milieu (1). Toujours est-il qu’aux Sandwich, le dieu de la guerre n’était ni Tu, ni Oro, mais bien Maru, comme en Hawahiki avant le départ des émigrants pour llle-Nord, et comme dans ITle-du-Milieu de nos jours encore. Une pareille coïncidence entre deux points si extrêmes et pour ainsi dire sans intermédiaires, est bien remarquable. Elle soulève l’un des problèmes polynésiens les plus intéres- sants et les plus difficiles à résoudre ; elle intéresse directe- ment la question de savoir si c’est, comme nous le soute- nons, la Nouvelle-Zélande qui a peuplé la Polynésie, ou si c’est, comme le croient Dieffenbach et tant d’autres, jFarchipel des îles Sandwich qui a peuplé les îles polynésiennes et la Nouvelle-Zélande. Nous nous bornerons à constater ici que le mot Maru, ce qu’on n’avait jamais remarqué jusqu’alors, a toujours été le nom du dieu de la guerre dans l’Ile-du- Milieu comme en Hawahiki : c’est donc une présomption très forte en faveur de la thèse que nous soutenons, puis- que, pour nous, FHawahiki et l’Ile-du-Milieu ne font qu’un. Nd,us avons fourni ailleurs assez de témoignages en fa- veur de l’autochthonie des Maori ; les ethnologues, de leur côté, en ont assez donné en faveur du peuplement des îles Sandwich surtout par les îles de la Société, pour qu’il soit utile de chercher de nouveau à défendre ici l’opinion à la- qui, d’après Fornander, s’était fixé à Raiatea et était connu aux Sandwich, où il était allé sous le nom d’Olopana. De même, aux Tunga, ce ne fut que plus tard que Tu fut remplacé par Taleï-Tubo, dieu des armées, protecteur des familles royales. Mariner, t. II, p. 175. (1) Maru, dit Taylor (p. 35), était un dieu ressemblant à Mars : Il fut tué et mangé sur la terre, mais sa divinité remonta au ciel, et, de sa couleur ardente, la planète Mars fut appelée Maru. Ce dieu avait une foule de noms exprimant ses mauvaises qualités ; il ne s’occupait qu’à faire du mal . Trop paresseux pour chercher sa nourriture, il s’indignait quand on ne lui en apportait pas abon- damment, et delà meilleure. Il doit, ajoute Taylor, avoir été un Dieu très estimé par ses prêtres, qui engraissaient à son service. Voir appendice : Tawhaki. LES POLYNÉSIENS. 131 quelle nous nous sommes arrêté et que tout notre travail a pour but de faire accepter. Toutefois, nous ne croyons pas devoir terminer cette indi- cation des origines partielles des habitants des îles polyné- siennes, sans dire encore quelques mots sur le peuplement des îles Carolineset Mariannes. On a vu que, contrairement à l’opinion de Forster et de tous ses partisans, nous avons supposé que ce peuplement a plutôt été opéré par les Poly- nésiens que par tout autre peuple. Nous avons montré qu’il y avait eu de bonne heure contact entre ces émigrants et des populations de races différentes. Ainsi s’expliquent les modifications survenues dans quelques-uns des caractères physiques des Carolins et des Mariannais, de même que le variété des dialectes parlés par eux. Nous croyons avoir dé- montré que les différences admises entre eux et les Poly- nésiens actuels sont beaucoup moins grandes qu’on ne l’a dit,, et que les ressemblances sont, au contraire, beaucoup plus prononcées qu’on ne le pensait (1). De quelles îles étaient partis les Polynésiens? Il est diffi- cile de le dire exactement. Il est cependant bien probable que celles qui en ont le plus expédié, celles qui, peut-être même, en ont seules fourni, sont les îles Tunga et Samoa* On a vu que des ressemblances frappantes dans les cou- tumes, les usages et les caractères physiques ont été signa- lées par les observateurs les plus compétents entre les Garo- lins surtout et les Polynésiens, et que les caractères diffé- rentiels égalements indiqués trouvent leur ^explication toute naturelle dans la venue, de bonne heure, soit des Chinois et des Japonais, soit des Tagals et des Mélanésiens. Cette venue ne peut pas être mise en doute, après ce que nous en avons rapporté. Sans revenir sur ce que nous avons si longuement dit précédemment, nous signalerons ici les îles Hogoleu dans les Garolines, où l’on trouve encore, d’après le navigateur Morrell, deux races bien distinctes : l’une plus blanche, se rapprochant « si elle n’est pas la même, » dit-il, de la race (1) Yoir dans le 1er vol., p. 301 et suiv., le chapitre relatif aux îles Carolines et Mariannes. LES POLYNÉSIENS. 132 polynésienne ou cuivrée; l’autre plus noire, se rapprochant de la race mélanésienne. Fait à noter, la première, d’après lui, occupe, les îles de l’Ouest, et la deuxième celles de l’Est. Disons-le en passant, ceci n’existerait pas si les îles de ce groupe avaient été peuplées par l’Est, comme quelques- uns le soutiennent, mais il devait en être ainsi, au con- traire, si les Polynésiens sont partis du Sud-Ouest ou du Sud comme nous le croyons. On sait que Morrell a décrit les femmes du groupe Hogoleu ou Hogolous comme les plus indépendantes, les mieux considérées, les plus jolies, les mieux faites, les plus spirituelles, les plus aimables, en un mot, de toute l’Océanie. A cette occasion d’Urville l’a taxé d'exagération : « les ha- bitants d’Hogoleu, dit-il, (1) n'ont rien de remarquable. » Mais cette appréciation de d'Urville n’était que le résultat de son état physique et moral et des circonstances environ- nantes. Quand nous vîmes les habitants de ces îles, nous nous rendions de Vanikoro à Guam; nous avions encore le pont et l’entrepont de Y Astrolabe, encombrés de convalescents v ou de malades des fièvres contractées dans la première île ; l’abattement était général. Pourtant, nous pouvons l’assu- rer, loin de n’avoir rien de remarquable, les habitants de ces îles vus par nous, en ce moment, étaient g*énéralement bien faits et musculeux ; loin d’être d’une taille médiocre, ils étaient grands ; loin d'être affligés de maux dégoûtants et de beaucoup d’infirmités, ils étaient bien proportionnés, actifs, à large poitrine et à front élevé ; par conséquent, leur intelligence ne devait pas être bornée. L’appréciation du commandant d’Urville dépendait si bien de son méconten- tement, de son état de souffrances, et l’on sait combien un pareil état influe sur le jugement du voyageur, qu’il en four- nit lui-même presque aussitôt la preuve. En parlant des in- sulaires des îles Tamatam, Fanadik et Ollap :« Ceux-là, dit- il (2), sont vigoureux, alertes et bien constitués ; gais dans leurs allures, probes et honnêtes dans leurs échanges ; ces (1) Voyage pittoresque, 1834, p. 469. (2) Loc. cit., p. 477 , LES POLYNÉSIENS. 133 sauvages étaient loin de nous présenter les formes souples et dégagées, les- physionomies douces et gracieuses, les manières décentes et réservées des habitants d’Otdia, de üualan et même d’Hogoleu. » Les îles Hogoleu (1) sont placées, comme on le sait, à la limite extrême des Carolines vers l’Est ; or, à la limite la plus occidentale, se trouvent les îles Pelew, tant vantées par le sensible chevalier Keate, et, dont les habitants, mal- gré leur langage tout mélanésien, attestent, par leurs ca- ractères physiques, la venue de Polynésiens. C’est ce que ne permet pas de mettre en doute le portrait du jeune Lee- Bou (Lipu), fils du chef Abba-Thulle, des îles Pelew et mort en Angleterre où Wilson l’avait amené (2j Ce sont, en effet, les grands yeux des Polynésiens, leur nez gros et aplati, leurs grosses lèvres. Le père lui-même a les grands yeux et les grandes oreilles des Polynésiens ; nous croyons seulement que le nez est trop bien fait et que les mentons des deux portraits ne sont pas assez arrondis. On a, d'ailleurs, retrouvé aux îles Pelew plusieurs des usa- ges de la Polynésie : réunion en conseil des chefs; général ou Toa ; ablutions dès le matin, etc. Enfiu, on a décrit les habitants des Pelew comme étant robustes, bien faits, de taille moyenne, de couleur cuivre-bronzé, mais non pas noire, avec des cheveux noirs, longs, flottants et disposés à friser. Il est certain qu’ils ont reçu de bonne heure des visites d’autres peuples qui les ont modifiés au physique, et qui ont modifié aussi sans nul doute, leur langage primitif ; ces peuples sont probablement les habitants de Mingidanao, la terre la plus voisine des Pelew dans l’Ouest ; mais ce n’é- taient pas des Malais, comme on l’a dit, puisque le Malais que Wilson avait à son bord n’était pas compris quand il (1) On dit généralement que les îles Hogoleu furent découvertes par Quiros et nommées d’abord îles Quirosa, puis îles Torrès par les Espagnols, Nous doutons qu’elles aient été vues par Quiros. (2) P. Wilson, Relation des îles Pelew, etc. Trad. de l’anglais de George Keate. Paris, 1788, p. 344. P. 198 est le portrait de Ludi, l’une des femmes d’ Abba-Thulle , 134 LES POLYNÉSIENS. parlait sa langue ; il ne put se faire comprendre que grâce à un autre Malais naufragé depuis longtemps sur les îles et ayant eu le temps d’en apprendre le langage (1). Quelques mots de Mingidanao se rapprochent peut-être, en effet,, de quelques mots des îles de Pelew, mais, il n’y a pas le moin- dre rapprochement à faire pour le reste. Tant qu’on n’aura pas quelque bon vocabulaire de ces îles (2), il faudra rester dans le doute, quant à l’origine de la langue de leurs habi - tants. Après Mindanao, la terre la plus proche des Pelew est l’île Gilolo (3), d’où ces îles auraient également pu recevoir des colonies ; peut-être même auraient-elles pu en recevoir des Philippines qui, par rapport à elles, gisent dans le Nord-Ouest, tandis que Gilolo est dans le Sud-Ouest. Du temps de Pigafetta, cette dernière île était peuplée « de Maures et. de Gentils, » c’est-à-dire de Javanais ou Malais et de ce qu’il appelle Papua ou Mélanésiens de- nos jours; nous ignorons si la langue de ces Papua se rapprochait plus que celle de Mingidanao du langage actuel des Pelew. Quant à celle des Tagals, nous ne croyons pas qu’elle ait contribué à la formation de ce dernier langage (4). Nous ne parlerons pas des îles élevées Ualan et Ascension laPuinipet des indigènes, dans les îles Carolinés : nous nous en sommes occupé ailleurs; mais nous dirons encore ici quel- ques mots sur le groupe des îles King’s mill, dans l’archi- pel Gilbert. On sait que, d’après M. Haie, qui le tenait de deux déserteurs trouvés par le capitaine Wilkes dans ces îles, elles auraient été peuplées par deux colonies distinctes venant de deux points opposés. La première serait partie de l’Ascension ou Puinipet (5), située au Nord-Ouest de (1) Yoy. ci-dessus, vol. I, p, 373. (2) Yoy. celui que noüs avons cité, vol. I, p. 332. (3) Gilolo est l’île appelée Giailolo, par Pigafetta, vis-à-vis celle qu’il appelle Tadore, la Tidor d’aujourd’hui. (4) Pigafetta, on Fa vu par le tableau que nous avons donné, a trou- vé à Gilolo, à Tidor et à Bachian, un plus grand nombre de mots polynésiens qu’il ne paraît en exister aujourd’hui. (5) La Faloupet du P. Cantova, la Fanope de Kadu, etc. LES POLYNÉSIENS. 135 Tarawa (1), Tune des principales îles King’smill et comme presque toujours, à la suite de guerres civiles ; l’autre serait venue dans deux canots d une île située au Sud-Est, qui au- rait été appelée Amoï. On sait que M. Haie a regardé ce dernier mot comme celui de Samoa, modifié avec le temps par les indigènes. Cette interprétation est admissible d’au- tant qu’on trouve un village du nom d’Amoa sur l’île Savaii. Mais il faut pourtant reconnaître que ce mot Àmoï est le nom d’un village sur la côte orientale de la Nouvelle-Calé- donie et qu’il y a également un Amoy en Chine (2). Si l’île était située au Sud-Est, il est bien probable qu’il ne s’agis- sait, en effet, que de l’Amoa de l'archipel Samoa, puisque les derniers venus avaient le teint plus clair, qu’ils étaient plus beaux que les émigrants venus de l’Ascension et qu’ils parlaient un autre langage. Le récit apprend qu'ils furent bientôt tous tués par les émigrés de l’Ascension, et que les femmes seules furent épargnées. La population mixte des îles King’s mill proviendrait donc de ces femmes unies aux meurtriers de leurs compatriotes. A quelle époque approxi- mative se serait passé ce fait? Rien ne le laisse supposer ; Toujours est -il qu’il prouve bien ce qui a dû arriver, sinon toujours, du moins, assez souvent : On a déjà vu que c’est ce qui est surtout arrivé dans les îles Fiji les plus orien- tales. Il n’est pas moins vrai que les Carolins ne sont guère plus bruns que les Polynésiens quand on compare seule- ment entre eux ceux des îles hautes et des îles basses des deux régions. Pour s’en convaincre, il suffira de jeter les yeux sur les portraits reproduits dans les voyages de Choris, Freycinet, Kotzebüe, etc. Il est même certain, comme nous croyons l’avoir montré, qu’il existe entre les Polynésiens et les Carolins infiniment plus de traits de ressemblance qu’on ne le croyait, depuis d’Urville surtout. Si le fait rap- (1) Tarawa, en Maori, signifie « ligne ou balustrade sur laquelle on suspend quelque chose; suspendre sur. » Ce mot est donc po- lynésien, et même tout maori, comme on voit, s’il a bien été donné ainsi à M. Haie. (2) Port et ville importants. 136 LES POLYNÉSIENS. porté par M. Haie est bien exact, les habitants des îles King’s mill ne seraient que de purs métis de Polynésiens et de Mélanésiens ; ils devraient avoir exactement les carac- tères anthropologiques que nous avons dit distinguer les des- cendants des Tongans avec les femmes fijiennes, caractères quine sont pas tout à fait les mêmes que ceux des descendants de femmes Tunga avec les Fijiens. Ont-ils ces caractères? nous n’oserions le dire, pas plus que nous ne pourrions avancer quelle est leur langue véritable. En ce qui concerne celle-ci, nous avons pris note, dans la Gazette des îles Sandwich de 1830, de quelques mots donnés comme appartenant au langage des îles King’s mill ; nous croyons devoir les citer, tout en n’ayant en eux qu’une mé- diocre confiance. Ces noms sont : Bon, lele \ mauvais, kakino ; homme, kaunga ; chef, aliki ; feu, te ahi ; navire, kaipuke. Tous sont polynésiens et maori; mais kaunga n’est certainement pas le nom qui sert à dési- gner l’homme : il ne signifie en maori, que « palissade d’un village fortifié, » en y ajoutant roa. A la Nouvelle-Zélande, mauvais se dit kino : ka kino , « c’est mauvais, » et, navire s’y rend par kaipuke . Les trois autres mots sont bien des îles Samoa et Tunga, excepté, peut-être encore aliki , qui ne se- rait que le mot maori, dont la lettre r aurait été rempla- cée par l. Nous croyons que ces mots ont été obtenus par quelque Américain ou Anglais à l’aide d’un matelot maori. Si pour- tant ils étaient vraiment des King’s Mill, ils témoigneraient de la grande ressemblance de la langue de ces îles avec celle de la Polynésie, et ce serait une raison de plus pour admettre la part prise par les Polynésiens au peuplement de ce groupe. Il ne nous reste plus maintenant qu’à dire comment ou par quelle voie les Polynésiens, suivant nous, seraient arri- vés en Malaisie. LES POLYNÉSIENS, 137 Nous l’avons déjà dit : deux voies au moins leur étaient ouvertes; celle par le détroit dé Torrès et celle inverse à la route qu’on suppose généralement avoir été suivie par les émigrants de la Malaisie vers la Polynésie, c’est-à-dire les Fiji, les Salomon et la partie Nord de la Nouvelle-Guinée. Il est bien probable que les émigrants ont pris la voie par le détroit de Torrès, ainsi que semble l’attester le grand nombre de mots polynésiens trouvés par les compagnons de Cook, dans une île voisine de Timor, la petite île Savu (1) . On sait que c’est par cette voie que Thompson faisait passer les émigrants de Sumatra, se rendant aux Samoa et, de là, à Rarotonga et à la Nouvelle-Zélande. Mais si la position du détroit de Torrès, par rapport à toutes les îles de la Poly- nésie vraie, permet de comprendre l’arrivée jusque-là des émigrants les plus proches, il s’en faut, croyons-nous, que ce détroit ait pu être atteint facilement par ceux qui par- taient des îles les plus éloignées, et surtout par le plus grand nombre. Il semble, en outre, que si la majorité fût arrivée sur ce point, la côte orientale de la Nouvelle -Guinée d’abord, puis la côte Est de la Nouvelle-Hollande auraient dû retenir quelques-unes des colonies ayant plus ou moins besoin de relâcher. Or, c’est ce qui n’a jamais été signalé par les observateurs, soit de l’une, soit de l’autre contrée. Pourtant ce fait aurait pu avoir lieu si, comme nous le sou- tenons, les Alfourous de la Nouvelle-Guinée et les Austra- liens à cheveux lisses sont les descendants directs ou indi- rects des Polynésiens (2). Toutefois, nous préférons admettre que c’est par lesNouvel» les-Hébrides et par les îles Salomon que le plus grand nom- (1) Yoy. vol. I, p. 296. (2) Admettre la réalité de ces arrivages ou entraînements à la Nouvelle-Hollande et à la Nouvelle-Guinée expliquerait peut-être mieux, il faut en convenir, la formation des Australiens aux che- veux lisses et des Papous de la Nouvelle-Guinée, que la supposi- tion que nous avons faite de la venue des Alfourous des îles Ma- laises ; mais dans les deux cas les Papous ne sont bien que des métis de Papua et d’Alfourous ainsi que l’établissent leurs indi- ces crâniens. 138 LES POLYNESIENS. bre des émigrants de la Polynésie a passé pour se rendre en Malaisie. Nous avons la certitude que, sans une longue série de vents propices, les Polynésiens n’auraient pas pu atteindre les contrées occidentales : ces vents étant les alisés du Sud- Est qui soufflent une partie de l’année. 11 était nécessaire que la plupart allassent aborder plutôt à l’Est de la Nouvelle- Guinée et aux îles de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle- Irlande qu’au détroit de Torrès, entraînés qu’ils étaient malgré eux, vers le Nord, par les vents et les courants. Sans doute, en partant des îles Tunga ou Manaia, les émigrants faisant route à l’Ouest auraient pu atteindre parfois facile- ment le détroit de Torrès; mais il n’en est pas moins vrai qu’il leur était encore plus facile, en se laissant entraîner pour ainsi dire par les vents du Sud-Est, d’arriver à la Nouvelle- Irlande, par exemple, ou comme on a vu, se retrouvent encore dans le langage des habitants quelques mots polynésiens, comme on en rencontre sur la route, mais d’autant moins nombreux qu’on s’éloigme davantage du Sud-Est, c’est-à- dire de la Polynésie. Les Samoans et les Tahitiens placés plus au Nord, n’auraient pas été dans le même cas : car les vents tendaient à les faire passer au Nord des îles Salomon, et par conséquent à les diriger encore d’emblée vers la Nou- velle-Irlande. Ce qui nous ferait supposer, ainsi que nous l’avons déjà dit, que ce seraient eux, avec les Tongans, mais surtout les Samoans qui auraient peuplé les îles Carolines et fourni quelques colonies même aux îles Pelew, involon- tairement sans doute (1). Cependant, il faut le reconnaître, si le voyage n'eût pas été sous la dépendance des vents, aucun autre groupe d’îles n’eût été mieux placé que le groupe Samoa pour arriver directement au détroit de Torrès ; puisque la différence de latitude, qui n’est que de quelques degrés, se fût trouvée compensée par la dérive. Quand les Polynésiens voulaient aller d’une île à une autre île dont la position leur était bien connue, ils partaient d’un point exactement fixé, et même (1) Voir ce que nous en disons dans le chapitre relatif aux îles Carolines. LES POLYNÉSIENS. 139 alors ils n’étaient jamais sûrs» quand la distance était un peu grande, d’arriver à leur destination. Mais nous ne croyons pas qu’ils prissent de pareilles précautions dans le cas qui nous occupe. Contraints presque certainement de s’éloigner, soit pour fuir l’extermination ou les disettes, soit, comme plusieurs savants le soutiennent (1), à la suite de quelque grand bouleversement terrestre, les Polynésiens ne songeaient probablement qu’à une chose, profiter des vents que l’expérience leur avait appris durer plus long- temps que les autres dans une même direction. Ils devaient, en outre, d’autant mieux les préférer, que ces vents les rap- prochaient des contrées, d’où étaient venus leurs ancêtres, d’après les traditions. Cela expliquerait, à notre avis, et le grand nombre de Polynésiens qui paraît s’être transporté vers l’Ouest, le Nord-Ouest et surtout en Malaisie, et, par contre, le petit nombre de leurs traces dans les îles inter- médiaires, où ne se seraient arrêtés probablement que ceux qui n’auraient pas pu faire autrement. Mais que cela soit ou non, il est certain qu’en se servant des vents le plus ordi- nairement régnants pour aller chercher une nouvelle patrie, les Polynésiens devaient arriver, comme ils l’ont fait, tantôt un peu plus à l’Ouest direct, tantôt un peu plus vers le Nord, suivant les contre-temps de la navigation. C’est aussi ce qui explique leur répartition dans les petites îles si nom- breuses de l’archipel Carolin. Telle est, croyons-nous, la voie que, préférablement à la (1) On sait que, de nos jours encore, M. Owen ( Mémoire sur les caractères physiques et psychiques des Mincopies ) considère les îles de l’archipel Indien comme les débris d’ua continent englouti pen- dant la période tertiaire, contemporaine du soulèvement de l’Hi- malaya et les Mincopies comme les descendants des témoins de cette catastrophe. De même, M. Grandidier, après avoir trouvé, à Madagascar, des os d’un oiseau gigantesque (VOpiornis maximus , de Geoffroy St-Hilaire) proche parent du Dinornis de la Nouvelle-Zé- lande, décrit par M. Owen, ainsi qu’une carapace de tortue de cinq mètres, regarde comme probable que l’île Madagascar actuelle se rattachait à un vaste continent, dont quelques points, tels que les Mascareignes, la Nouvelle-Zélande, restent seuls émergés aujour- d’hui . 140 LES POLYNÉSIENS. première, ont dû suivre les Polynésiens. Leur route, il est vrai, aurait été un peu plus courte par le détroit de Torrès, puisqu'ils n’auraient eu qu’à suivre la chaîne d’îles qui, de Timor, s’étend jusqu’à Sumatra; mais la distance par l’autre voie ne peut pas être regardée comme une difficulté bien importante, puisqu’ils cherchaient à se rapprocher de l’Ouest dès que cela leur était possible. D’un côté, il devait être plus difficile aux Polynésiens d’atteindre l’entrée du détroit de Torrès que de se laisser entraîner pour ainsi dire ; de l’autre, et bien que quelques-unes des îles qui s’étendent de Timor à Java présentent, comme Savu, des traces du pas- sage des Polynésiens, il faut remarquer que c’est dans tou- tes les îles de l’autre ligne qu’on trouve et reconnaît encore aujourd’hui les Alfourous, les Dayaks et les Battaks,qui sont pour nous des descendants de Polynésiens. En somme, deux routes auraient pu servir aux migrations polynésiennes vers la Malaisie et les continents asiatique et africain. Peut-être y en aurait-il eu une troisième, plus courte encore que les deux autres, s’il est vrai, comme Bory-de-St-Vincent n’était pas éloigné de le croire, que la Nouvelle-Hollande n’a été exondée qu’ après la Nouvelle- Zélande. Dans ce cas, en effet, il y aurait eu probablement une succession de terres reliant la Nouvelle-Zélande à la Nouvelle-Guinée, à la Malaisie et au continent asiatique. Les migrations parties du groupe de la Nouvelle-Zélande seraient alors arrivées promptement et facilement à l’une des îles malaisiennes les plus méridionales, tellement rap- prochées, comme on sait, qu’il est impossible de passer sans les voir. Il eût suffi pour faire ce trajet, de profiter de quel- que coup de vent de Sud-Est, vents qui ne sont pas rares, même à la Nouvelle-Zélande, comme nous l’avons expéri- menté nous-même avec Dumont d’Urville sur Y Astrolabe en mettant 25 jours pour nous rendre de port Jackson au détroit de Cook. Mais cette supposition est trop hypothétique dans l’état actuel de la science pour que nous nous y arrêtions plus longtemps. Nous croyons donc que les Polynésiens sont arrivés jus- qu’en Malaisie et aux continents, plutôt par la route des îles LES POLYNÉSIENS. 141 Salomon et le Nord de la Nouvelle-Guinée que par la voie directe de la Nouvelle-Zélande, malgré ce que cette hypo- thèse a de spécieux. Nous ne saurions, en effet, admettre que les Maori se seraient éloignés à la suite de l’engloutisse- ment de quelque continent attenant à la Nouvelle-Zélande, ainsi que sont disposés à le croire les missionnaires anglais W. Williams et Taylor, MM. J. Garnier et Grandidier. Les traditions ne font absolument allusion qu’à une con- trée identique aujourd’hui encore à celle dont elles parlent ; on ne les comprendrait pas, si l’on rapportait ce qu’elles disent à quelque continent disparu ; enfin, elles établissent nettement que c’est à la suite de guerres intérieures que les Maori ont dû émigrer. Nous comprendrions davantage que les Maori aient pu ar- river eux-mèmes en Malaisie par le détroit de Torrès. Il leur eût été facile et même beaucoup plus facile qu’aux Polyné- siens d’atteindre ce détroit en profitant eux aussi des vents du Sud-Est. Dans ce cas, ils auraient eu naturellement à longer la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, où, semble- t-il, ils auraient dû parfois laisser quelques colonies; d’autre part, ils seraient arrivés d’emblée justement à la chaîne d’îles que comprend Java, où nous avons cru reconnaître quelques mots de forme maori. Auraient-ils donc été ce « peuple inconnu, » dont Crawfurd signale la venue à une époque reculée, et que nous avons regardé nous-même comme l’auteur des Javanais et des Malais, par son croise- ment avec la race noire de petite taille, première occupante de Java? Il est sans doute bien difficile de l’assurer, mais, après tout ce que nous avons dit à ce sujet, cela n’a certaine- ment rien d’impossible. Dans ce cas, une seule chose pour nous serait inexplica- ble : l’absence complète, en apparence, de tout vestige maori sur la côte orientale de la Nouvelle=Hollande. Cette absence, nous l’avons attribuée à l’impossibilité pour les Maori émigrant vers la Polynésie, d’aborder à la Nouvelle- Hollande, à cause des vents qui les emportaient et qui étaient presque le contraire des vents de Sud-Est ; mais, d’un autre côté, quand on réfléchit que les émigrations n’au- 142 LES POLYNÉSIENS. raient eu lieu qu’à une époque fort reculée, et que les Aus- traliens à cheveux lisses 11e sont bien probablement, comme nous l’avons dit, que des métis de race noire et de race jaune, on pourrait peut-être supposer que les Maori et leur langage auraient disparu avec le temps, absorbés par la race noire prépondérante. Quoi qu’il en soit, nous croyons préférablement que les Polynésiens ont gagné les îles de l'archipel Indien par la voie des îles Salomon et du Nord de la Nouvelle-Guinée; nous adoptons cette supposition, parce que c’est de ce côté qu’on trouve les mots se rapprochant le plus, par la forme et la prononciation de ceux des archipels Samoa et Tunga, et que c’est là enfin qu’existent encore, comme plus au nord également, les populations, dites Malaisiennes, qui ressem- blent tant aux Polynésiens. Inutile d’ajouter que les migrations, si elles avaient eu lieu de ces deux points différents, se seraient probablement effectuées à des époques différentes aussi, et que celles de la Nouvelle-Zélande auraient précédé de beaucoup les émi- grations de la Polynésie proprement dite. Telle aurait donc été, suivant nous, la marche suivie par les migrations depuis leur sortie de l’Hawahiki. Toutes se seraient faites du Sud-Ouest vers le Nord- Est, c’est-à-dire « vers le côté où le soleil se lève, » en peuplant successive- ment et volontairement dans cette direction générale cha- que archipel rencontré ; puis, involontairement parfois ou par voie d’entraînement, un certain nombre de petites îles isolées dans toutes les directions autour du point de départ secondaire. Mais, noiis le répéterons, cette dernière voie est loin d’avoir contribué, autant qu’on paraît le croire, au peu- plement des îles par la race polynésienne. A n’en juger que par les faits venus à la connaissance des Européens, elle ne l’aurait fait même que dans des îles très rares; puisque presque toutes ces îles où elle a été entraînée étaient déj à habitées par une autre race : telles étaient Tanna dans les Nouvelles-Hébrides ; Uvea dans les îles Loyalty, etc. On a vu que les vents qui soufflent le plus fréquemment et avec le plus de force à la Nouvelle-Zélande sont les vents LES POLYNÉSENS. 143 de la paille de l’Ouest, du Sud-Ouest au Nord-Ouest. Ce sont ces Vents qui ont entraîné de cette contrée les pre- miers émigrants et qui les ont portés successivement jus- qu’aux limites les plus orientales de la Polynésie. Si les îles les plus méridionales de l’océan Pacifique ont pu être peu- plées à l’aide des mêmes vents, il est, au contraire, très probable qu’une île comme celle de Pâques, par exemple, ne l’a été que par des canots entraînés par les vents de Nord-Ouest. Quant aux îles Sandwich, il est à supposer qu’on ne s’y est rendu que poussé par des vents de Sud- Ouest au Sud-Est et assez tard, croyons-nous, après le peu- plement des archipels Tunga, Hapaï, Samoa et Manaia. On 1© voit, c’est surtout avec des vents de la partie de l’Ouest que les émigrants paraissent s’être éloignés. Dès lors, non seulement la direction devait être la même; mais elle tendait à les confiner, pour ainsi dire, tout d’un côté de l’océan Pacifique. Qu’on jette les yeux sur la carte et l’on verra que c’est, en effet, ce qui est arrivé. Ce fait, à notre avis, n’a pas été assez remarqué ; car, à part les petites îles que nous avons dit et que l’on sait avoir été peuplées par des entraînements involontaires, telles que Tukopia, Rotu- ma et quelques autres, il n’y a pas d’îles peuplées par les Po- lynésiens plus à l’Ouest que les Tunga dans la Polynésie. Pour qu’un pareil fait existe, il faut nécessairement admet- tre qu’une cause générale l’a déterminé : cette cause est la direction des vents qui ont servi aux migrations. Quand on regarde la carte, on voit parfaitement marquée une ligne séparative qui s’étend de l’Ile-Nord de la Nou- velle-Zélande aux îles Sandwich. Cette ligne de démarcation semble élevée comme un mur empêchant les émigrants de se rapprocher plus de l’Ouest et les contraignant à se dissé- miner dans toute la partie orientale de l’océan Pacifique. Nous sommes surpris qu’en voyant une pareille répartition, les ethnologues n’aient pas été frappés comme nous, non seulement de la nécessité absolue de vents venant de l’Ouest, ce que tous semblent reconnaître aujourd’hui, mais aussi d’un point de départ différent de celui qu’ils ont admis, pour pouvoir expliquer un pareil état de choses. Il est certain, en 144 LES POLYNÉSIENS. effet, que, si les émigrants tussent partis des îles asiatiques, comme ils le croient, avec des vents de la partie de l’Ouest, il y aurait eu plus d’une île peuplée par eux entre le point de départ et la ligne de démarcation que nous avons citée : or, il n’y en a pas une seule, à l’exception des petites îles qn’on sait avoir été peuplées assez tard par des entraîne- ments venus de la Polynésie. On n’y a, pour ainsi dire, trou- vé jusqu’à présent aucun vestige important de leur passage, même dans le langage. Bien mieux, il n’en existe que dans les îles qui, comme Vanikoro, avoisinent les petites îles in- cidemment peuplées par la race polynésienne, et il n’y en a aucune, quand on se rapproche plus de l’Ouest. Un pareil fait ne pouvait s’expliquer qu’en supposant le point de départ, toujours dans l’Ouest ; mais au lien de l’être dans l’Ouest direct, comme on a cru, il fallait qu’il fût situé à la limite extrême vers le Sud, c’est-à-dire dans le Sud-Ouest, comme nous le soutenons, à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. De là, avec des vents d’Ouest, il était im- ossible qu’on pût se rapprocher davantage qu’on ne l’a fait de l’Occident. Il est bien plus facile de comprendre ce peuplement, en acceptant l’hypothèse que nous proposons, c’est-à-dire le peuplement de la Polynésie par les Néo-Zélandais à l’aide des vents de la partie de l’Ouest, que par toute autre hypo- thèse- Seule elle explique comment aucun Polynésien n’a été rencontré plus à l’Ouest que le 180e degré de longitude ; seule, elle fait comprendre la localisation de la race entière, pour ainsi dire, dans la moitié orientale de l’océan Pacifique seule, elle explique pourquoi les émigrants de la Nouvelle- Zélande ne se sont jamais arrêtés à la Nouvelle-Hollande, et pourquoi ceux qui seraient venus, comme on croit, de la Polynésie, n’y ont jamais été rencontrés ou n’y ont jamais laissé de traces, même dans le langage. Les partisans de l’origine asiatique objecteront peut-être que la Nouvelle-Zélande n’a pas été peuplée directement par l’Asie, mais bien indirectement par des colonies passant d’abord par la Polynésie. Cette objection tombe d’elle- même. Cela eût été impossible avec les vents ordinairement LES POLYNESIENS. 145 régnants dans les parages occidentaux de la Nouvelle-Zé- lande ; ces vents ont été ceux dont se sont toujours servi et se servent les Polynésiens pour se porter aux îles qui sont plus orientales que les leurs ; assurés qu’ils sont, à un mo- ment donné, de pouvoir revenir à leur point de départ. En- tin la Nouvelle-Zélande est l’île à population polynésienne la plus occidentale de toutes, et elle se trouve séparée des Samoa par les Tunga. Sans doute d’Urvilleadit que c’est avec les vents de Sud-Est que les Tahitiens auraient envoyé leurs colonies peupler la Nouvelle-Zélande ; mais, vu la distance à parcourir, tout marin y croira difficilement (1) ; surtout s’il remarque qu’aucun canot n’a jamais été entraîné à la Nouvelle-Hollande. On reconnaîtra, d’ailleurs, qu’en outre de la distance, la traversée des îles Samoa n’aurait proba- blement pas été aussi facile que paraissent le croire les par- tisans de M. Haie, entre autres, puisqu'il aurait fallu tra- verser, ou du moins ranger d î très près, les îles Tunga pour éviter les Fiji, îles qui sont, les unes et les autres, à 300 et quelques lieues de la Nouvelle-Zélande, et qui barrent, pour ainsi dire, la route. Mais les eut-on facilement doublées, qu’il serait toujours resté l’obstacle des vents ordinairement régnants de la Nouvelle-Zélande, vents qui soufflent parfois avec tant de violence. Dans l’bypotbèse d’une origine asiatique, on compren- drait certainement que ces colonies eussent pu, avec de* vents de Nord-Est qui, eux aussi, soufflent parfois avec in- tensité, franchir, sans s’y arrêter, les Tunga et les Fiji, et arriver directement à la Nouvelle-Zélande. Mais il faudrait alors admettre que cette terre était connue des habitants des Samoa ; or, rien absolument ne le prouve. Il eût été (1) TTn officier de marine, qui ne croyait même pas qu’il fût possi- ble d*aller loin dans un sens ou dans un autre, M. deBjvis a dit de- puis : « Quel est le marin qui voudra accepter que des pirogues, quelque perfectionnées qu’elles fussent sous le rapport nautique, aient pu franchir des distances de cinq ou six cents lieues et plus, sans but, sans moyen de diriger leur route, autre que la course assez variable des vents généraux et la marche du soleil qui, selon les époques de l’année, donnent des rumbs de vent as^ez distants l’un de l’autre? » (. Annuaire Tahiti, année 1863.) IV. 10. 146 LES POLYNESIENS. plus naturel qu’elle fût connue par les Tung'a, qui en sont bien plus voisines; mais rien non plus dans les traditions de ces îles ne le laisse soupçonner. Dans cette supposition, du reste, comme dans la précédente, il faudrait admettre que c’est en suivant une route opposée à celle généralement suivie en Polynésie, que la Nouvelle-Zélande aurait été peuplée, et il est difficile de l’admettre quand on sait que tous les ethnologues reconnaissent aujourd’hui que c’est avec des vents d’Ouest, et en allant du Sud-Ouest vers le Nord-Est, que les migrations volontaires se sont opérées. Une pareille exception ne se comprendrait pas. Enfin il suffit de jeter les yeux sur la carte pour recon- naître que ces colonies n’auraient pu, avec des vents d’Est, se transporter à la Nouvelle-Zélande en partant directement des îles Samoa ; car la force des vents et des courants les eût entraînés dans l’Ouest et leur eût, presque certainement, fait manquer les côtes de la Nouvelle-Zélande. C’est sans doute cette difficulté, jointe aux précédentes, qui a porté M. Thompson, et après lui M. de Quatrefages, à supposer que les colonies des Samoa, avant d’atteindre la Nouvelle- Zélande, ont commencé par se rendre aux îles Manaia, et par s’y arrêter, spécialement à Rarotonga. Il n’y avait cer- tainement pas de meilleur moyen, pour éviter la difficulté et placer les émigrants dans la position la meilleure possi- ble pour arriver sans obstacle au groupe de la Nouvelle- Zélande ; en effet, sur la route directe de Rarotonga au cap Waiapu (cap Est de l’Ile-Nord), il n’existe pas une seule île, pas un seul rocher, et on n’eût rencontré les petites îles Espérance, Macauley, Curtis, que si on eût été fortement entraîné vers l’Ouest. On sait, du reste, que les Manaia, bien que plus éloignées que les îles Tunga, ne sont pas à une distance exagérée. Il est inutile de revenir sur toutes les raisons qui nous ont fait rejeter cette opinion ; nous nous bornerons seulement à demander s’il est admissible que des émigrants venant du Nord-Ouest, puisque les Sa- moa sont dans cette direction par rapport à Rarotonga, eussent préféré revenir presque sur leurs pas, en se lançant dans le Sud-Ouest à la quête d’une terre qui leur était près- LES POLYNÉSIENS. 147 que certainement aussi inconnue quelle était éloignée, plutôt que de continuer leur émigration vers l’Est ou le Nord-Est, où ils auraient rencontré, à petite distance, les îles de la Société, et, un peu plus loin, les îles Paumotu les" plus méridionales. Il aurait fallu, d’ailleurs pour se rendre des Samoa auxManaia, qu’ils profitassent des vents de Nord- Ouest et d’Ouest, et il leur eût été certainement plus natu- rel de se servir des mêmes vents pour s’éloigner de Raro- tonga que des vents du Sud-Est et d’Est, qui, sans doute, auraient pu les ramener dans leurs îles, mais qui pouvaient aussi, dans leur course vers la Nouvelle-Zélande, les entraî- ner dans l’Ouest jusqu’à la Nouvelle-Hollande. En résumé, nous le répéterons, ce n’est absolument qu’en plaçant le point de départ des émigrants dans la Nouvelle- Zélande qu’on aplanit toutes les difficultés, et qu’on parvient également à comprendre pourquoi tous les Polynésiens, quelle que soit la position de leur île, s’accordent tous à placer leur lieu d’origine, leur aima mater dans l’Ouest. En seul lieu situé de la sorte pourrait permettre un pareil assentiment générai, c’est le groupe de laNouvelle-Zélande. Nous allons maintenant examiner si les îles abordées par les émigrants de l’Hawahiki étaient habitées ou si elles étaient désertes. Pour la plupart des ethnologues, ces terres étaient habi- tées par une autre race, celle des Mélanésiens. Les Polyné- siens, à leur arrivée, les auraient expulsés, détruits ou sou- mis pour prendre possession du sol, et auraient fini par les absorber. Telle était l’opinion de Forster, et telle a été, de- puis, celle de d’Urville, de Rienzi, de Moërenhoüt et d’une foule d’autres écrivains, mais sans la moindre preuve à l’ap- pui, du moins pour la Polynésie. On a bien dit que les îles de la Société possédaient, avant la venue de Cook, une population plus noire et plus sau- vage ; mais nous avons montré que cette assertion n’avait rien d’exact, et qu’elle était démentie par l’absence de toute 148 LES POL'ÏN; SIENS. trace d'un langage différent de celui de Tahiti et par un certain nombre de témoignages contraires. On a dit également, et c’est ce que soutenait M. de Qua- trefages, que les îles Sandwich étaient occupées à l’arrivée des colonies tahitiennes, comme l’était la Nouvelle-Zélande à l’arrivée des Hawahikiens. Ce savant voyait une popula- tion primitive aux Sandwich, dans les esprits qui habitaient les cavernes au moment de la venue des émigrants de Ta- hiti; ces esprits n’étaient, pour lui, que des Mélanésiens ar- rivés avant les Tahitiens. Voici ce qu'il dit à ce sujet (1) : « Dans le premier de ces archipels, les Micronésiens à teint foncé avaient précédé les Tahitiens. Mais ce que les traditions locales rapportent de ces esprits, qui habitaient les cavernes, montre qu’il ne s’agit que de populations fort peu nombreuses. Ce fait ressort encore plus clairement des détails circonstanciés que nous possédons sur la Nouvelle- Zélande. Il est clair que la race mélanésienne n’avait là que * de rares représentants. » En somme, M. de Quatrefages n’accordait à ces deux ar- chipels qu’une très faible population primitive ; mais il re- connaissait, comme nous le faisons, que les autres émi- grants polynésiens semblaient avoir trouvé entièrement libres les îles abordées par eux, telles que les King’s Mill, Rarotonga, Mangareva, Tubuaï, les Paumotu,!etc. Il ajoutait seulement, pour les dernières, qu’elles étaient en grande partie désertes à l’époque des découvertes, et qu’elles le sont encore de nos jours, malgré les facilités qu’y présente le rapprochement des terres (2). Nous avons montré ailleurs que cela tient à la stérilité de ces terres, et surtout aux guerres meurtrières qui y étaient à chaque instant faites par les populations d’Anaa. Quant aux Marquises, M. de Quatrefages fait observer avec raison qu’elles devaient être désertes, ainsi que l’atteste la pureté de la race. Il en était certainement de même, d’après tous les documents connus, pour les îles Tunga et Samoa lors de l’arrivée des premiers (1) Ouvrage cité. Les Polynésiens, etc,, p. 175. (2) Même page. LES POLYNÉSIENS. 149 émigrants, quel qu’ait été d’ailleurs leur véritable point de départ. A l’exception des Sandwich et de la Nouvelle-Zélande, d’après M. de Quatrefages lui-même, toutes les îles auraient donc été trouvées désertes à l’arrivée des émigrants dans la Polynésie. Quant à la Nouvelle-Zélande, il ne lui accordait que de rares représentants de la race mélanésienne. Nous croyons avoir démontré que non seulement ces représen- tants d’une autre population n’étaient pas aussi rares qu’on l’a cru, mais qu’ils appartenaient à la même race que les émigrants eux-mêmes, c’est-à-dire à la race maori ; qu’ils parlaient le même langage, et qu’ils étaient bien probable- ment venus de la même contrée qu’eux, plus ou moins long- temps auparavant, s’ils n’étaient pas eux-mêmes autocli- thones. On pourrait donc réduire à un seul groupe, celui des Sandwich, les îles occupées par une population autre que la race polynésienne à la venue de ses colonies; mais nous croyons qu’il est permis de douter que le petit nombre, « d’esprits » dont parlent les traditions, puisse être consi- déré comme une population primitive « de Micronésiens à teint foncé », c’est-à-dire de Mélanésiens. D’après cela, nous serions disposé à considérer presque toutes, sinon toutes les îles de la Polynésie, comme étant désertes à l’arrivée des émigrants. L’Ile-Norddela Nouvelle- Zélande aurait elle-même à peine fait exception, puisque les populations qu’on y a trouvées étaient de même race que celles qui venaient de s’emparer du sol. Ce qui atteste le mieux, à notre avis, que les émigrants n’ont dû rencontrer que bien rarement des îles déjà habitées à leur arrivée en Polynésie, c’est que les linguistes n’ont jamais signalé la moindre trace de langage mélanésien dans les dialectes polynésiens. Si l’on y a trouvé quelques mots adoptés et employés pour remplacer des mots polyné- siens, ce n’est seulement qu’à titre étranger, et sans qu’ils se soient fondus dans le langage.Tels sont, aux îles Tunga, par exemple, les mots Tuie t Bulotu. Si l’on admet, comme le font presque tous les ethnologues, que la race primitive 150 LES POLYNÉSIENS. de chaque île rencontrée a été en partie exterminée, et même quelle n’a été qu’asservie, il faut nécessairement ad- mettre aussi qu’il serait resté quelque vestige de la langue des vaincus : c’est ce qui a eu lieu, par exemple, pour les Polynésiens dans les îles mélanésiennes, où les coups de vents les ont entraînés, telles que Tanna, la Nouvelle-Ca- lédonie, Vanikoro, et surtout les Fiji. En effet, une langue, quelle qu’elle soit, ne disparaît pas aussi facilement que quelques savants semblent le croire. Or, nous le répétons, nulle part on n’a rencontré de vestiges d’une langue méla- nésienne quelconque, pas plus aux Tunga qu’aux îles de la Société et ailleurs ; au contraire, on a trouvé un grand nombre de mots polynésiens usités dans les îles mélané- siennes et faisant pour ainsi dire partie de la langue, aux Fiji particulièrement. Ce fait de l’absence presque complète de mots mélané- siens dans les îles polynésiennes, alors que les mots polyné- siens se trouvent en grand nombre dans les îles mélanésien- nes, est bien digne de fixer l’attention. Pour qu’il ait eu lieu, pour qu’il se présente surtout là où les deux races sont le plus voisines, là où elles auraient pu se mêler da- vantage par leur long contact ou leurs rapports plus fré- quents, comme aux Fiji et aux Tunga, il faut presque né- cessairement admettre qu’il dépend de la supériorité réelle que la race polynésienne possède sur la race mélanésienne. Quoi qu’il en soit, ce fait existe ; il est surtout apparent aux Fiji et aux Tunga, où, en raison du voisinage, il eût semblé plus naturel que le mélange fût réciproque/ Que l’on accepte l’hypothèse de Haie, qui faisait peupler les Tunga par une colonne malaise, arrêtée d’abord aux Fiji, puis ex- pulsée et allant soumettre celle venue des Samoa ; que l’on adopte celle de M. de Quatrefages faisant arriver cette co- lonne aux Tunga directement de Bourou, on aurait, semble- t-il, dû trouver presque autant de mots fijiens aux Tunga que de mots polynésiens dans les Fiji. Qr, c’est à peine si l’on retrouve quelques mots fijiens dans les îles Tunga, tandis qu’on rencontre aux îles Fiji encore plus de mots po- lynésiens que ne l’ont cru les ethnologues, et particulière- LES POLYNÉSIENSl 15 ^ ment que ne Fa dit M. Haie, qui pourtant en élève le nom- bre jusqu’au cinquième. Que ce fait soit dû seulement à la provenance des émi- grants, comme quelques ethnologmes semblent le croire, qu’il ne soit dû, comme quelques autres le soutiennent, qu’au voisinage des deux races ayant de fréquents rapports ensemble, et surtout à la supériorité d’une race sur l’autre, comme nous serions assez disposé à le croire, il laisse néan- moins planer un doute qui fait de cette question l’un des problèmes polynésiens les plus difficiles à résoudre. Il est aussi inexplicable en admettant Forig-ine maori des Polyné- siens, qu’en les faisant venir de Kalamatau avec de Rienzi, ou de Bourou avec Haie. Nous avons déjà cherché à élucider cette question lorsque nous avons étudié l’antagrmisme et les rapports des Polyné- siens et des Mélanésiens. Nous ne reviendrons donc pas ici sur des considérations que nous avons longuement dévelop- pées ailleurs (1). On sait qu’une foule de mots de la langme polynésienne ont été retrouvés surtout en Malaisie ; d'autres Font été non seulement à Madagascar mais même en Afrique, en Améri- que et dans l’Inde. Ainsi s’explique jusqu’à un certain point, l’accord' presque g-énéral des ethnologmes pour en attribuer la provenance à la contrée qui en présente le plus, c’est-à- dire à la Malaisie. Nous avons déjà montré combien d’obs- tacles s’opposent à l’admission d’une pareille provenance ; il est inutile de nous y arrêter de nouveau ici. Il nous suffira de dire qu’il eût été impossible aux Malais et aux Javanais de fournir un pareil lang*ag*e, puisque les langmes qu’ils par - lent diffèrent elles-mêmes par le fond de la langme polyné- sienne. Sans doute, on a trouvé en Polynésie un certain nombre de mots qu’on regarde comme malais ou javanais , on y aurait même trouvé, croit-on, quelques mots sanskrits. Il faut donc absolument admettre, pour expliquer ce fait, (1) Yol. II, liv. III, ch. I. 152 LES POLYNÉSIENS. que des Malais ou des Javanais ont été entraînés jusqu’en Polynésie, ou bien que des Polynésiens, après avoir été en Malaisie sont revenus en Polynésie et ont fait connaître ces mots à leurs compatriotes. Déjà nous avons dit, en réfutant la théorie de l’origine asiatique ou malaisienne des Poly- nésiens, que des entraînements de la Malaisie ont pu avoir lieu vers la Polynésie, tout comme il y en a certainement eu de la Polynésie vers la Malaisie. En outre des voyages vo- lontaires, nous n’avons pas à revenir ici sur la possibilité de ces voyages, dans un sens ou dans l’autre; mais s’il existe vraiment quelques mots sanskrits en Polynésie, ils n’ont pu y arriver que par l’une des deux voies que nous venons d’indiquer. Or, nous avons vu précédemment (1) que l’exis- tence de ces mots était douteuse, et que Buschmann soute- nait qu’il n’en existait qu’un seul. Quant aux mots malais, ils ne seraient probablement que des mots polynésiens con- servés parles Malais et les Javanais lorsqu’ils créaient leur race et leur langue au contact des peuples asiatiques. Il faudrait donc les attribuer aux Malaisiens eux-mêmes qui les auraient portés en Polynésie, soit, comme on est dispo- sé à la croire, en émigrants colonisateurs, soit à la suite de quelque entraînement involontaire. On expliquerait de la même façon la présence des mots sanskrits, s’il en existe en Polynésie : seulement les Malaisiens ne seraient alors par- tis de l’Archipel, qu’après l’arrivée des colonies indiennes qui possédaient ces mots. Cette explication du reste est pu- rement spécieuse, et elle ne repose que sur des conjectures. Seule, l’analogie des caractères physiques et celle d’un certain nombre de mots pourrait faire admettre que les Malaisiens se sont portés vers la Polynésie, à une époque qui aurait été nécessairement antérieure à la formation de la nation malaise, et postérieure au contraire à l’arrivée des peuples de l’Inde. Rien non plus n’indique le rôle important qu’ils auraient nécessairement joué en Malaisie, s’ils en eussent été les autochthones et s’ils fussent partis, volontairement ou non, pour aller coloniser la Polynésie. Il est évident que, (1) Vol. I, p. 157. LES POLYNÉSIENS. 153 dans ce dernier cas, le souvenir de leur départ eût été con- servé par les traditions javanaises ou autres ; car ce départ n’aurait pu avoir lieu au plus tôt que vers le 3e ou le 4e siècle de notre ère. Or, les annales javanaises n’en disent absolu- ment rien, et naturellement les chroniques malaises n’en parlent pas davantage ; au contraire, des souvenirs tradi- tionnels établissent qu’un peuple est arrivé à Java long- temps avant les Javanais et les Malais, et que ce peuple avait justement les caractères des Malaisiens, qui sont re- gardés, encore aujourd’hui, par les Malais et les Javanais, comme plus anciens qu’eux dans toutes les îles où ils ont été rencontrés. En outre, il faudrait surtout se demander comment ces Malaisiens, partant à une époque si reculée, n’auraient pas occupé quelques-unes des îles les plus voi- sines delà Malaisie, aujourd’hui habitées par la race noire, qui se trouvaient sur leur route, ou du moins, comment ils auraient pu doubler ces îles, ainsi que les îles intermé- diaires, sans être dans la nécessité d’y toucher, et d’y lais- ser de plus importantes traces de leur passage. On l’a vu, il est admis par Haie et ses partisans, que, parties les derniè- res, ces populations malaisiennes auraient chassé devant elles les populations mélanésiennes, premières occupantes de quelques-unes des îles où elles se seraient arrêtées, et telle est particulièrement l’opiuion de M. de Quatrefages ; mais, nous le répéterons, que seraient devenues dans ce cas, les populations mélanésiennes, chassées par des émi- grants venant de l’Ouest ? On le sait, aucune île plus méri- dionale et plus orientale que celle où ce fait se serait passé n’en a conservé la trace ; toutes, au contraire, dans le Sud et dans l’Est, sont peuplées par la race polynésienne la plus pure. Pour ces raisons, comme pour toutes celles déjà données ailleurs, il n’est donc pas plus admissible que la Polynésie ait été peuplée par les Malaisiens que par les Malais et les Javanais ; mais il faut reconnaî tre que les Malaisiens, s’ils avaient été les émigrants vers la Polynésie, expliqueraient mieux, non pas seulement la présence des quelques mots sanskrits qu’on dit exister dans la langue polynésienne, 154 LES POLYNÉSIENS. mais encore et surtout l’usage général d’une langue, qui n’a été retrouvée qu’ exceptionnellement partout ailleurs. Il ne serait plus nécessaire, en effet, de supposer, avec Thomp- son, que les émigrants parlaient une langue malaise diffé- rente de celle actuelle, lors de leur départ, et que cette lan- gue aurait donné naissance, avec le temps, à la langue po- lynésienne. Elle y serait arrivée toute faite, et elle n’aurait eu à subir que les légers changements que nous avons in- diqués pour les différents archipels. Il est également inu- tile d’attribuer aux Malais les quelques mots communs aux deux langues (1), puisqu’ils n’auraient été que des mots malaisiens apportés par les émigrants et pris en Malaisie même par les Malais avant leur départ. Nous l’avons dit, il y a un moyen beaucoup plus simple, et par cela même plus probable, d’expliquer l’existence de tant de mots polynésiens en Malaisie, comme en tant d’au- tres lieux, c’est d’admettre que les Polynésiens se sont ren- dus en grand nombre en Malaisie, probablement volontaire- ment, ou tout au moins par des entraînements involontai- res répétés. Une pareille supposition fait mieux comprendre que toute autre la disparition de la plus grande partie du langage primitif des populations dites aujourd’hui malai- siennes ; elle explique mieux le refoulement de ces popula- tions dans l'intérieur des terres ; elle donne en même temps l’explication de la tradition qui rapporte la venue d’un peuple inconnu à une époque si éloignée, que le souvenir en est à peine conservé. En résumé, nous croyons qu’il faut admettre, avec Ghaw- furd, que tous les mots polynésiens trouvés en Malaisie surtout (2) sont des mots étrangers, importés par des popu- (1) On l’a vu, 50 à 75 mots ont été regardés comme des mots malais, et nous avons dit que ce nombre a même été exagéré. (2) Nous avons montré que dans lapartie de l’Asie, qui est la plus voisine des îles malaises, se trouvent non seulement quelques mots qui ont une apparence toute polynésienne, mais, en outre, des peuplades qûi, de nos jours encore, ont conservé tous les caractè- res des Polynésiens, malgré qu’elles soient entourées de peuples différents par la race : nous voulons parler plus particulièrement LES POLYNÉSIENS. 155 lations qui parlaient le langage dont ces mots faisaient partie, de même que ces populations en ont porté un plus ou moins grand nombre d’autres, comme nous allons le faire voir, jusqu’en Afrique, en Asie et en Amérique. C’est au contact de ces populations, et à une époque fort reculée, alors que la nation javano-malaise se formait, que ces mots auraient été adoptés par les Javano-Malais. Nous sommes enfin complètement de l’avis de Bory de Saint- Vincent, qui disait déjà, à une époque où il n’y avait guère d’autre tra- vail complet sur les Océaniens que celui de R. P. Lesson : « Trouver des indices de leur passage au pays de Siam ou du Cambodge, ou bien chez les Bayas de l’intérieur de Bornéo, n’est que la preuve de l’émigration de quelque fa- mille océanique vers ces contrées (1). » Qu’on admette ou non l’explication que nous venons de donner de la présence des mêmes mots en Malaisie et en Polynésie, il est bien certain, comme l’avaient reconnu d’Urville, Moërenhoüt et tant d’autres, que ces mots, re- trouvés à la fois dans des contrées si éloignées, indiquent que des rapports ont nécessairement existé entre elles. D’Urville, avec raison, n’y voyait que cela, et il ajoutait (2) qu’il y avait trop de différence dans les caractères physiques des deux peuples pour qu’on pût supposer que les Polyné- siens n’étaient qu’une colonie malaise. Pour Moërenhoüt (3), la présence de plusieurs mots semblables chez des peuples séparés par de si grandes distances, était la preuve, sinon d’une origine, du moins de la préexistence entre eux d’un commerce ou de relations plus ou moins intimes, plus ou moins prolongées. Et, comme on a vu (4), il a même fini par regarder les Malais comme les descendants directs des des Stiengs, enveloppés aujourd’hui par les Annamites, les Cam- bodgiens, les Siamois et les habitants du Laos ; peuplades signalées par M . Mouhot. (1) Bory de Saint- Vincent, YHomme, t. I, p. 312. (2) Mémoire sur les îles du Grand-Océan, p. 17. (3) Voyages aux îles du Grand Océan , t. II, p. 227,. j (4) Voy. vol. II, p. 5 etsuiv. 156 LES POLYNÉSIENS. Polynésiens, au lieu d’être leurs ancêtres comme on l’avait cru jusque-là. Il est inutile sans doute, après tout ce que nous venons de dire, de faire remarquer combien notre opinion se rap- proche de la sienne, tout en en différant par le fond . CHAPITRE DEUXIÈME LES MAORI EN AFRIQUE, EN AMÉRIQUE ET EN ASIE. Recherches de M. d’Eichthal. — Traces de la civilisation polynésienne à Madagascar. — Egypte. — Rapprochements entre les langues de Va- nikoro, copte et mandingue. — Autres preuves de la venue des Poly- nésiens en Afrique et à Madagascar. — Comparaison du maori et du langage des Antalotes des Comores. — Les Polynésiens en Amérique. — Analogies et coïncidences. — Ressemblances de mœurs, coutumes, industries, langage. — Autres analogies. — Les Polynésiens en Asie. — Considérations linguistiques. — Direction des vents régnants. — Cambodge et Laos. — Comparaison avec les Stiengs. — Affinités entre le Malayou et le Polynésien. — Japon. — Caractères physiques des Ja- ponais. — Comparaison avec les Maori. — Conclusi ons générales. Jusqu’à présent, nous n’avons parlé que de la dissémina- tion ou répartition des Maori dans les îles polynésiennes, et dans quelques-unes des îles mélanésiennes qui les avoi- sinent le plus; mais, grâce aux recherches si érudites de M. d’Eichthal sur l’histoire primitive des races océaniennes et américaines (1), nous allons pouvoir les suivre mainte- nant, non seulement jusqu’en Afrique dans l’Ouest, jus- qu’en Asie dans l’O.-JN.-O., mais jusqu’en Amérique dans l’Est, jusqu’à Formose dans le N.- N. -O., et bien plus loin encore, dans les îles Aléoutiennes et Kouriles au Nord. Chemin faisant, nous ferons quelques remarques critiques indispensables, pour relever plusieurs erreurs, dues seule- ment aux documents sur lesquels l’auteur a dû s’appuyer, et (1) Mémoires de la Société d’ethnologie , t. II, p. 151 et suiv. 15S LES POLYNÉSIENS. nous terminerons en montrant qu’il n’est guère probable que l’Inde particulièrement, et à plus forte raison, la Germanie, aient eu des rapports de quelque importance avec l’Océanie. Des études si savantes de M. d’Eichthal, il résulte d’abord que la civilisation primitive de POcéanie a commencé dans la Polynésie, et que c’est de là qu’elle s’est portée vers Ma- dagascar. Mais, ne se bornant pas à admettre une ancienne communication entre la Polynésie et cette île, M. d’Eichthal semble même croire que les Malgaches avaient une origine polynésienne. C’est du moins ce qui résulte de la note de la première page de ses études, dans laquelle il dit : « Il y a longtemps que l’affinité du Madécasse avec la famille des langues malaisiennes et polynésiennes a été aperçue . La coïncidence d’un certain nombre de mots madécasses avec des mots malaisiens, a déjà été indiquée par Reland et Hervas ; mais ce fait ne prouve autre chose que l’intro- duction accidentelle de ces mots, et ne démontre nullement la communauté d’origine des deux peuples. C’est ainsi que s’exprimait Yater dans le Mithridate (t. III, p. 256.) Quel- ques années plus tard, Pinspection de documents plus com- plets rendit au contraire le fait de l’origine polynésienne des Madécasses évident. » Quelle que fut sa véritable opinion à cet égard, il ressor- tait, disait-il, une même conséquence de tous les faits obser- vés ou relevés par lui : « C’est que la Polynésie ou un conti- nent aujourd’hui détruit, mais qui était situé dans la même région du globe, paraissait avoir été le foyer principal de l’ancienne civilisation polynésienne qui, delà, avait rayonné dans toutes les directions vers l’Amérique, l’Asie et l’Afri- que. » Il ajoutait même: « Peut-être est-ce un germe émané de ce foyer qui, tombant dans la vallée du Nil, y a fait surgir, ou bien a fécondé l’antique civilisation égyp- tienne (1). » Son opinion était, en somme, celle de Forster et (1) Nous ferons remarquer que, d’après M. Moreau de Jonnès, l’Égyptien pur a dû être primitivement identique à l’Indo-Polyné- sien. Il est à croire, ajoutait-il, que tous les deux ne faisaient u’un type unique, originaire de l’extrême Orient. LES POLYNÉSIENS. 159 de Moerenhoüt, amplifiée et motivée. S’il ne confondait pas les véritables Polynésiens avec les Mélanésiens, c’était bien aux premiers qu’il attribuait les rameaux répandus dans les îles mélanésiennes, P archipel indien, et jusqu’à Mada- gascar. Nous allons exposer le plus brièvement possible quelques- uns des résultats auxquels il est parvenu. Afrique. — D’après M. d’Eichthal (1), les Polynésiens auraient eu des rapports, non seulement avec Madagascar, mais même avec l’ancienne Egypte. La première coïncidence qu’il cite, et qui est sans contre- dit des plus remarquables, est l’identité du nom du soleil dans les deux langues : c’est là seulement qu’on le trouve sous la forme polynésienne pure. En effet, ce mot se rend par ra, re, ree, en Egypte , ra, à la Nouvelle-Zélande ; laa, aux îles Tunga; raa, à Tahiti; ra, à Tukopia (2) ; la, à Hawaï, etc. Le même savant trouve également une coïncidence entre les mots bouto et po : le premier est le nom de la déesse de la nuit, du chaos, des ténèbres primitives en Egypte ; elle y était surnommée la mère des dieux. Le second, en Polynésie, représente aussi la nuit primitive qui, fécondée par l’Etre suprême, a donné naissance aux dieux et à tous les êtres. Il trouve aussi une coïncidence entre la grande divinité égyptienne Neith ouNees et la déesse polynésienne Hina, ainsi qu’entre le mot polynésien tabou , et les mots coptes toubo (3), tebo , qui veulent dire « sacré ». Sans nous arrêter à une pareille interprétation, nous nous (1) Troisième étude , p. 188. (2) D’Eichthal a dit, d’après Gaimard, que le mot soleil se ren- dait par lera ou tera à Tukopia< mais c’était une erreur du na- turaliste de V Astrolabe qui, entendant prononcer te ra « le soleil », en avait fait un seul mot. (3) Remarquer qu’aux Tanga, toubo est le nom du premier chef par origine légitime. 1(30 LES POLYNÉSIENS. bornerons à faire remarquer ici qu’en polynésien, ce n’est pas tabou , mais bien tapou ou mieux tapu. « Si on joint à cette ressemblance, dit M. d’Eichthal, l’u- sagé des constructions pyramidales, celui des momies, la division de la nation en famille souveraine, en classes sa- cerdotale, militaire et populaire, et si l’on compare ce que Moërenhoüt rapporte du culte des divinités dans l’Egypte et en Asie, on reconnaîtra qu’il y a plus d’une ressemblance, sans parler de certains dogmes relatifs à la vie future et à la distinction des peines et des récompenses après la mort ». Nous sommes de son avis ; mais nous ferons remarquer que la ressemblance sur laquelle il insiste le moins, et qu’il se contente de mettre en note (1) est, suivant nous, la plus importante. En effet, si Oro et Maui étaient, comme le pensait Moë- renhoüt, les deux grandes divinités solaires de la Polyné- sie, leurs noms se retrouvent dans ceux des dieux égyp- tiens, Hor ou Har, (Orus des Grecs) etMoui, tous deux aussi solaires, et tous deux alliés. 11 résulte d’une note de M. Champollion, envoyée à M. d’Eichthal, que Hor-Ohré (Orus, soleil), Hor-Meu ou Hor-Moui (Orus identifié avec le dieu Moui) est fils du dieu suprême Amon-Ra et de la grande déesse Nees. « Or, dit M. d’Eichthal, nous avons établi l’a- nalogie de la déesse Nees avec la grande déesse polynésienne Hina ; et comme Oro était considéré comme le fils de cette déesse et du dieu suprême polynésien, ce trait complète la similitude entre les dieux Oro-Maoui d’une part et Hor- Moui de l’autre. « 11 ajoute en note : « Champollion dit tex- tuellement : «Le nom de Hor-Mui (Hor-Moui) signifie Horus le véridique, ou plutôt Horus identifié avec le dieu Meu et frère de T’ineï, la justice ou la vérité. Meu, en copte, si- gnifie vrai ; la coïncidence de ce mot avec le nom du dieu Meu ou Moui est très probablement accidentelle : c’est ce qu’indique l’observation de Champollion. » M. d’Eichthal ne savait probablement pas qu’en Polynésie (1) Loc. citât. , p. 192. LES POLYNÉSIENS. 161 et à Tahiti particulièrement, mau sig-nifie aussi « vrai, vé- rité. » Cette coïncidence est très curieuse. Après avoir fait remarquer que, en dehors du cercle des choses religieuses, les coïncidences de mots deviennent proportionnellement moins nombreuses, et après en avoir cité un certain nombre, à notre avis fort incertains, et que, pour cela, nous ne rapporterons pas, M. d’Eichthal rejette encore en note (1) une remarque bien plus importante que toutes ses citations. Il résulte, de cette note, que parmi les noms d’homme et de peuples appartenant à des pays voi- sins de l’Egypte, noms qu’on a déchiffrés sur les anciens monuments de cette- contrée, on en a rencontré quelques- uns qui sont polynésiens ou qui ont complètement la phy- sionomie polynésienne. Tels sont, dit-il, parmi les peuples vaincus par Sésostris, les noms de Rohou, de Toroao, de Taônou ; parmi les chefs nubiens, les noms de Mehi, de Pohi, de Maï, etc. (2). On ne peut, certes, en voyant de pareils mots, avoir une autre opinion que celle de M. d’Eichthal ; car ils sont coin- plètement polynésiens. Ainsi, en maori, ao, lumière, jour ; po nuit. Mais il faut pourtant convenir qu’il n’y a d’autre analogie que celle de la physionomie, ainsi que l’on peut s’en convaincre par la traduction littérale ci-dessous. M. d’Eichthal, du reste, ne cherche nullement à établir entre l’Egypte et diverses rég-ions de l’Océanie, le fait d’une (1) Troisième étude , p. 193. (2) En maori : Ao, fourmi, dans : hu , marais, boue, silencieux. Toro , nom d'arbre, brûler ; s’étendre, se déployer; visiter, regarder. Ao, lumière, jour, faire jour, monde ; ramasser. Tao, lance ; cuire dans un four indigène ; mai , ici ; vers ; nom d’arbre, de moule. Nou pronom ; de toi. Mo, avec, el ; si, soit. Hî, pêche, pêcheur; diarrhée, avoir la diarrhée. Poi, nuit, saison. Hu , Y. ci-dessus. Pohi , chanson. IV. 11. 162 LES POLYNÉSIENS. communauté de races, mais seulement l’existence de cer- taines communications directes ou indirectes ; communica- tions qui ont pu être le résultat des migrations, du com- merce, peut-être d’une initiation religieuse. Nous n’insisterons donc pas sur les analogies un peu for- cées qu’il sigmale entre la langue copte et les dialectes de l’archipel malais, pas plus, que sur les ressemblances de coutumes qu’il a cru exister entre l’Egypte et cette partie de l’Océanie. Nous avons montré ailleurs combien facilement le fonds commun des peuples permet d’établir des rapproche- ments de cette nature ; et nous sommes de l’avis du savant ethnologiste lorsqu’il ajoute que « ces ressemblances, celles même linguistiques, peuvent toutes être dérivées d’un sim- ple contact, non point de race mais de civilisation. » Il en est de même pour les similitudes que M. d’Eichthal cherche à établir entre le langage de Yanikoro, la lang-ue copte et celle des Manding-ues ; ainsi qu’il le fait remarquer, ces similitudes peuvent être attribuées à l’existence d’an- ciennes relations entre ces peuples, mais elles n’indiquent aucune communauté de races. Nous nous bornerons à exa- miner rapidement celles d’entre elles qui semblent présen- ter le plus de vraisemblance. « En Manding-ue, dit M. d’Eichthal (1), chef se dit tigki , et flèche se dit bien , binni, benne. Certes, il serait difficile de deviner dans ces mots, si l’on n’y était conduit, les racines polynésiennes répandues si au loin : arihi, alihi , ( ariki , arii) chef, et pana, flèche. Cependant, à Tong-a, alihi est de- venu eghi, et à Yanikoro, nous voyons ce mot présenter les transformations alighi, talighi : or, eghi et taligui condui- sent tout droit au tighi manding-ue. D’un autre côté, nous voyons le radical pana présenter à Yanikoro les transfor- mations abione , pouene , pounene ; or, ceci ressemble com- plètement aux formes mandingues : bien , benne , binni , et* si l’on tient compte de toutes les concordances précédentes, ne permet guère de douter que ces formes mandingues ne soient une dérivation du radical polynésien pana. » (1) Loc. ciî . Quatrième étude. LES POLYNÉSIENS. 163 Depuis Mariner, il est vrai, eghi est le mot qui passe pour i gnifier chef aux Tunga ; mais c’est à tort : ce mot est tout au plus e-iki, abrégé d'ariki. Si, à Vanikoro, on dit alighi , taiighi , c’est par défaut de prononciation : talighi n’est là que pour te alighi , l’ariki, le chef. C’est un mot étranger emprunté aux Tukopiens, mais mal orthographié par les Européens et mal prononcé par les insulaires de Vanikoro. Nous trouvons, dans nos notes sur Tukopia, que, dans cette île, le chef s’appelle ariki , comme le dit Gaimard, qui l’a visitée avec nous en 1827 (1). Suivant nous, le mot tighi mandingue ressemblerait davantage au tiki ou tii poly- nésien. Nous ne pouvons entrer ici dans les développements qu’exigerait une pareille question; nous avons déjà cherché ailleurs à établir que les Polynésiens doivent avoir reçu indirectement l’usage et le nom de l’arc, dont le nom est essentiellement malais (2), et nous nous bornerons à faire remarquer que c’est parce qu’on compare deux races àlangue et à origine différentes qu’on trouve si peu de similitude dans les mots comparés. Il est certain qu’on retrouve à Va- nikoro un assez bon nombre de mots polynésiens ; mais ces mots sont dus aux rapports avec les peuplades polynésien- nes et presque spécialement avec celles qui peuplent Tuko- pia et les îles Duff, qui, bien qu’à toucher les îles à popula- tion mélanésienne, ont réussi jusqu’à ce jour à se préserver de tout mélange avec cette race. Tous les autres mots ap- partiennent à une langue bien distincte et qui n’est qu'un de ces dialectes si variés des langues mélanésiennes. En raison de la différence des langues, nous ne nous ar- rêterons donc pas aux concordances que M. d’Eichthal a cru voir entre le copte et le dialecte de Vanikoro ; concordances qui, à notre avis, sont tout à fait hypothétiques et qui, d’ailleurs, répète-t-il lui-même, n’autorisent point à suppo- ser un degré quelconque d’affinité entre la race des anciens Egyptiens et celle des Polynésiens proprement dits. Mais (1) Voir pour Tukopia ou Tikopia le vocabulaire de Dumont d’Urville. (2) Vol. I, page 461. 164 LES POLYNÉSIENS. nous croyons devoir insister sur celles qu’il a constatées entre le polynésien et le mandingue et qui lui paraissent, au contraire, témoigner d’une affinité assez grande entre les deux langues. D’après lui, le nombre des mots d’origine évidemment polynésienne qui se rencontrent dans la langue mandingue est tellement grand qu’il n’est pas permis de supposer un seul instant que cette coïncidence entre les deux langues ne soit qu’un effet du hasard. « L’existence de ces mots, dit-il (l), ne peut être que le résultat d’un contact plus ou moins prolongé entre les deux races. Mais où ce contact a-t-il eu lieu? Est-ce en Afrique? ou bien serait-ce dans l’Océanie même ? Les Mandingues seraient-ils une tribu de noirs océaniens qui, après s’être trouvés en rapport avec les Polynésiens dans leur ancienne patrie, après en avoir été peut-être expulsés par eux, seraient venus, comme les Foulahs, chercher un refuge en Afrique ? Cette supposition, indiquée par des analogies linguistiques semble pouvoir se baser aussi sur des affinités physiques. Golbery, dans son voyage au Sénégal, a fait la remarque que la physionomie des Mandingues se rapproche beaucoup plus de celle des noirs de l’Inde que de celle des noirs de l’Afrique. Ne peut-on pas se faire à l’égard des an- ciens Egyptiens eux-mêmes , quoiqu’avec un degré bien moindre de probabilité, une question semblable ? Evidemment, si les analogies qu’indique M. d’Eichthal sont réelles, ce n’est qu’en Afrique que le contact a pu avoir lieu puisqu’on ne retrouve aucun mot mandingue en Po- lynésie; mais nous l’avouerons en lisant attentivement les voyages dé Caillé etdes autres explorateurs de l’Afrique, nous n’avons pas constaté que les ressemblances fussent aussi grandes et aussi nombreuses que le ditM. d’Eichthal. En outre, les mots ordinaires différent complètement : Ce qui atteste, du moins, que le contact n'a pas été bien prolongé. Comme il est démontré que deux races ont existé en Egypte, la blanche et la noire, M. d’Eichthal s’est demandé si la race noire, qui a fait partie de cette population , n’appar- (1 Ibid., 4e étude, p. 210. LES POLYNESIENS. 165 tenait pas à la race noire océanienne et si elle n’a pas été portée en Egypte par le même mouvement de migration qui conduisit les Polynésiens à Madagascar, les Foulahs et, peut- être aussi, les Mandingues en Afrique. « Les Egyptiens, dit- il, ont dû certainement sortir de l’une ou l’autre région ; or, comme jusqu’à présent il a été impossible de les rattacher à une souche africaine, il est parfaitement rationnel et légi- time de chercher les traces d’une filiation de leur race avec celle de l’Océanie. » Et il termine en disant : « Même en dehors des langues foulah, copte et mandingue, on trouve, dans d’autres idiomes africains, des traces incontestables de l’influence océanienne. » Nous n’osons dire avec lui que ces traces sont incontes- tables ; mais pourtant un fait qui lui était inconnu vient appuyer son opinion : on trouve dans l’intérieur de l’Afrique, surtout près des sources du Nil, beaucoup de mots identi- ques, par le son et souvent par l’orthographe, aux mots po- lynésiens. Qu’on lise, par exemple, le Voyage de Speke autour du Nil , et l’on y remarquera des mots tels que les suivants : Hongo, Onganga , Kiranga-runga , Kirongo , Makoutaniro , AZaroro, Horihori , Makaka, Ponga , Ouriki , Uthenga, Kiwera , Chongi, etc. Or ces mots se retrouvent tous, bien qu’avec des significations différentes, dans le langage de la Nouvelle-Zélande (1). (1) Ainsi en Maori : Ongo-nga, — filet. Ongaonga, — ortie, être piquant. Ki, — prép. à, suivant ; adv. très ; s. parole, pensée. Ranga, — arracher, déraciner ; banc de poissons, etc. Runga, — dessus, au-dessus. Ki, — v. ci-dessus. Rongo, — paix ; écouter, obéir. Maku, — pr. pour moi ; humide, humidité, mouillé. Taniro, — bordure de manteau, vêtement. Maroro, — poisson volant ; être fort. Horihori, — ■ mensonge, fausseté, mentir. Makaka, — plié, courbé, plante de marais. Ponga, — fougère. Uri, — vestige, postérité. 166 LES POLYNÉSIENS. Certes, après ce que nous avons rapporté des noms polyné- siens trouvés sur les monuments de l’Egypte, ces nouvelles coïncidences sont dignes de la plus sérieuse attention. Il faut pourtant en convenir, ce sont des témoignages insuffi- sants pour conduire à une conclusion raisonnée et probante. Tout ce qu'on peut en inférer, c’est que ces mots ont pu être apportés de la Polynésie ; mais quand et comment ? on l’i- gnore. Plus récemment, M. Rabourdin (1), dans son excursion avec la première mission transsaharienne de l’infortuné Flatters, a trouvé sur l’atelier de Hassi-Ratmaia une cauri (i cy'prœa monetd) et un fragment de hache polie en jade néphrite verte que M. Damour assimile au jade néphrite de la Nouvelle-Zélande. Cette découverte, rapprochée de plu- sieurs autres faits, tels qu’identité d’espèces botaniques entre l’Asie méridionale et l’Afrique intertropicale, parenté de langue entre le Foulah et les dialectes malaisiens, etc., a conduit M. Rabourdin à admettre « comme très probable l’existence d’une communication des peuplades sahariennes de l’âge de pierre avec l'Asie méridionale et la Malaisie. » D’autres coquilles de l’océan Indien ont également été découvertes dans les mêmes parages des chotts sahariens, entre autres par MM. Parisot et Thomas. On sait que la cauri abonde dans la mer des Indes, mais qu’elle est rare dans l’Océanie. Quant à la hache polie de l’atelier de Hassi- Ratmaia, elle ne saurait provenir de la Nouvelle-Zélande où les haches en jade étaient inconnues et où existaient seule- ment une herminetteet le mere qui sont bien différents. Seul le jade néphrite pourrait en provenir, mais il pourrait tout aussi bien provenir de l’Egypte où on en a rencontré des gisements, comme nous l’avons dit plus haut (2). Ki, — v. ci-dessus. Utunga, — action de payer. Utuhanga, — action de vider l’eau. Ki, — v. ci-dessus. Wera, — brûlure, brûler : chaud, être brûlant. Hongi, — salut avez le nez. * (1) Bulletin de la Société d' Anthropologie, 1881, p. 130 à 164. (2) Liv. III., p. 418. LES POLYNÉSIENS, 167 En somme, ces trouvailles, curieuses et intéressantes, n’ont rien de bien concluant pour la question qui nous oc- cupe. Un seul fait certain résulte de cette étude, c’est que les Polynésiens, en nombre assez considérable, ont dû s’établir sur l’île de Madagascar et y résider pendant assez long- temps, puisqu’ils y ont laissé des traces nombreuses et pro- fondes de leur langue On sait aujourd’hui, et le travail comparatif de d’Urville n’a fait que le confirmer (1), que l’a- nalogie des langues polynésienne et madécasse n’est point due à l’intermédiaire de la langue malayou, puisqu’il existe entre les deux premières une foule de mots communs qui ne se retrouvent pas dans la dernière. C’est ce qui a porté le même écrivain à dire, après Forster, que cela semble con- firmer l’hypothèse que tous les langages polynésiens déri- vent d’une langue très ancienne « aujourd’hui perdue » ; mais que nous avons retrouvée, comme on l’a vu, à la Nou- velle-Zélande, quoiqu’il ait constaté moins d’identité entre le madekass et le mawi, comme il appelle la langue maori, qu’entre le madekass, le tong'an, le tahitien et l’hawaien. Il suffit, en effet, de comparer le dictionnaire de Madagascar, qu’on lui a donné à l’Ile-de-France et qui remplit le premier volume de sa Philologie, et un dictionnaire malais avec ceux de Tahiti ou de la Nouvelle-Zélande, pour s’assurer que les derniers possèdent plus de mots analogues à ceux du premier qu’à ceux du dictionnaire malayou, malgré ce qu’il a cru voir. Du reste, la citation suivante montrera la prudence qu’il faut apporter dans l’adoption des assertions de d’Urville (2) : « De ce que la comparaison du madekass au hav/aïi donne un chiffre de 0,21 pour l’identité, il ne faut pas conclure que le madekass soit plus voisin du hawaïi que du tonga, car ce résultat serait contraire à la vérité. L’é- lévation du chiffre d’identité est due à la grande diminution (U Voir Considérations sur la langue polynésienne dans la philolo- gie du voy. de P Astrolabe, p. 275. (2) Considérations sur la langue polynésienne, Philologie, p. 271, note. 168 LES POLYNESIENS. de celui qui exprime le 110m des mots comparés, etc. » De sorte qu’on peut se demander à quoi bon, dès lors, de pareil- les comparaisons. On comprend très bien que, de Madagascar, il aurait été facile aux Polynésiens de pousser jusqu'en Afrique ; si les preuves sont insuffisantes, elles aident du moins à le faire supposer. Comme témoignage de l’arrivée des Polynésiens à Mada- gascar, nous ajouterons ici quelques mots de la langue des Antalotes qui sont regardés, dans les îles Comores, comme la seule race purement indigène. Nous les empruntons à Y Essai sur les Comores, publié en 1870, à Pondichéry, par M. A. Gevrey, ancien procureur impérial. Le studieux écri- vain pense que les Antalotes proviennent du croisement des Sémites avec les premiers Africains venus dans les Como- res (1). D’après lui, on comprend aussi sous ce nom les descendants des Malgaches, qui se sont croisés avec les Ara- bes ou avec les Africains, et les descendants des Antalotes croisés avec les Africains. Toutes les nuances originaires, ajoute-t-il, se sont fondues avec le temps, en un type parti- culier qui se caractérise par : Une grande taille; un teint jaunâtre ; les cheveux cré- pus ; la barbe rare ; les muscles bien dessinés ; le Iront haut, mais fuyant ; la tète s’effilant un peu au sinciput ; les veines saillantes ; l’œil vif ; les lèvres un peu épaisses, mais sans exagération ; le nez légèrement arqué avec les narines dilatées. Suivant lui, à la grande Comore, et à Aujouan, le sang sé- mitique domine chez les Antalotes ; à Mayotte et surtout à Mohéli, ils se rapprochent davantage du type éthiopique par un teint foncé, un nez épaté et de grosses lèvres. Fait curieux, les Antalotes portent le nom de Mahoris, Maouris (Maures) comme les Arabes croisés de la côte d’A- frique. Une pareille appellation est frappante, et c’est même elle qui nous donna l’idée de rechercher si la langue des Antalotes présentait quelque analogie avec l’un des dialec- (1) Probablement de la peuplade de la côte de Mozambique, appe- lée Zambara. LES POLYNÉSIENS. 169 tes 325 maison ; il y avait avec lui cent quatre-vingts chefs : Teka- hui-Potona et Te Kahui-Torea, Te-Kai-Ranga ; Te-Kahui - po-Poutiti, Poutaha-Poukorero, Te-Kahui -Pepe, Pepe-Mua, Pepe-Roto, Pepe-te-Mui-mui. Ceux-là s’étaient rassemblés pour entendre Uenuku ; mais un jour, un personnage inci- vil, Potaringa-Titia, se boucha les oreilles et ne voulut pas l’écouter, tandis que Potaunga-a-Whea se comportant mieux, fut attentif à ses paroles. Pota-Pua-Waka était éga- lement un grand orateur dans Whare-Kura; mais la moitié de l’assemblée, au lieu de faire attention à ce qu’on y disait, s’amusait pendant tout le temps à chanter des waiata, ou chansons. Au début, ce temple était un grand lieu d’union pour tou- tes les tribus ; mais, plus tard, il devint la source des discordes. Les tribus qui s’y assemblaient, s’y querellaient. Kauika brisa le bâton de Mai-i-Rangi : ce fut le signal de l’anarchie et de la confusion ; les sortilèges et les charmes furent mis réciproquement en pratique par les uns contre les autres ; finalement on se battit. Waka-Tau-Potiki mit le feu à l’édifice et un grand nombre de personnes trouvèrent la mort dans les flammes. Depuis cette époque, dit-on, il n’y a plus eu d’union entre eux ; chaque tribu a toujours été opposée à une autre. Tels sont les fragments des traditions qui parlent de ce temple remarquable. Ils sont pleins d’intérêt et font naître les conjectures sur leur origine, car il faut qu’ils soient fon- dés sur quelque chose ayant existé ; iis sont plus particu- lièrement remarquables en ce qu’ils se rapportaient à un édi- fice élevé pour le culte, ce qu’on n’a jamais vu pratiquer de- puis par les Nouveaux-Zélandais. Les naturels chrétiens comparent cette maison à Babel ; ils disent qu’elle fut cause de leur dispersion et de la confusion des langues, comme de l’état d’inimitié dans lequel ils ont vécu depuis, l’un contre l’autre; qu’au début elle ressemblait au temple de Salomon, où toutes les tribus se rassemblaient. Gela semble vraiment rappeler la séparation des dix des deux autres, sous le règne de Rehoboam, qui, comme Kauika, brisa le bâton de paix et d’unité par sa folie. En supposant que ce peuple est descen- 326 LES POLYNÉSIENS. du de quelqu’une de ces tribus, c’est justement une tradi- tion qui explique comment ils ont pu provenir d’une période si éloignée. Sans l’iiistoire, nous ne pourrions pas com- prendre qu’ils eussent pu conserver un récit si complet. La tradition suivante se rapporte entièrement à Whare- Kura (1) : Quand le temple fut terminé, on envoya un messager à Wbiro et à ses enfants, pour qu’ils fussent les présidents des orateurs de Whare-Kura ; cette invitation était faite de la part de Kauika, de Wata, de Kapua, et de toute l’assemblée. Quand le messager fut arrivé auprès doWhiro,il dit: « Nous sommes venus pour que tu sois le Tohunga (président, orateur) de la maison. » Whiro répondit : « Je n’y puis aller; mais j’y enverrai mes enfants, Marama-Nui-o-Hotu, et Tai- Nui-o-Aitourou-Atea ; retournez-vous-en donc tous. » Les deux fils de Whiro partirent et arrivèrent à Whare-Kura ; là on les tua. Alors on envoya d’autres messagers à Whiro et à son der- nier fils Monoa, pour les décider à venir, eux aussi, comme « Tohunga » de la maison, mais en réalité pour les tuer. A. leur arrivée, ils dirent à Whiro : « Nous venons te chercher parce que tes enfants ne sont pas assez instruits pour la fonc- tion. * Whiro répondit : « Je ne sais pas plus que Marama- Nui-o-Hotu, et que Tai-Nui-Waitu-Rourou-Atea ; c’est pourquoije resterai ici ; mais je consens àce queMonoa aille à ma place ». Whiro dit à son fils : « Prends conseil du Niu; (2) jette ton bâton, He- A ra-o-te-M anu-i-te- Ra, car peut-être tes frères ont ils été tués. » Il consulta donc le Niu : le pré- sage fut défavorable. Monoa dit à Whiro, son père : « Mon bâton est tué. » Alors Whiro répliqua : « Va avec prudence, et quand tu seras arrivé à la maison, n’entre pas par la porte, (1) Taylor, p. 63. (2) Pour consulter le Niu, chacun avait son bâton, auquel il don- nait son propre nom et, en jetant le bâton, si celui qui représentait le consultant tombait sous l’autre, c’était signe que le premier mourrait. LES POLYNÉSIENS. 327 mais va sur la toiture au Pihanga (1) et de là regarde de- dans. Monoa partit et arriva à Whare-Kura. Les hommes de la maison l’invitèrent à entrer par la porte ; mais Manoa refusa de le faire. Il se rappelait l’avis que lui avait donné son père Whiro ; il grimpa sur la toiture de la maison, et se diri- gea vers le Pihanga; de là, regardant dans la maison, il vit lespoumons de ses frères que le prêtre agitait çà et là dans le moment, en sacrifice: et cela décida Monoa à s’enfuir. Quand les hommes de la maison virent cela, ils se mirent à sa pour- suite. Il hâta sa marche, en prononçant en même temps le charme suivant : Hopu kia , hopu kia. Hopu ata , hopu ata. E kore Monoa e mou . I te ra kumutia . Tuaka puakina. Te matangi nui no Tu. Te mahaua no T u . Rerehuru huru au. Rere take take au. Rere au ïho. Rere au ake. I rungaano Tauranga , < Te kuti kuti Tauranga , E aïoe, awe. Tuku atu au kia mangi a manu. Rere Houmeà. Taiu mai ata Tu. Rarou ka hihiko. c Attrapez le, attrapez-le, : Attrapez le léger, attrapez le lé- ger si vous pouvez. :< Monoa ne sera pas attrapé. « Avant que le jour vienne. t II est venu et s’en va, e Avec le grand vent de Tu. x Avec la chaleur de Tu. i Je vole comme la plume, x Je vole ferme. ; Je vole en bas, x Je vole en haut, Encore plus haut que Tauranga c Tauranga est dépassé (coupé), x Heureusement ! heureusement ! c Laisse-moi m’échapper comme un oiseau. : Voler comme l’Oumea (2). : A toucher la terre, c En rasant sa surface, (1) Pihanga, était une ouverture faite dans la toiture pour donner de la lumière ; elle avait par-dessus une petite couverture pour préserver de la pluie. Elle n’est plus pratiquée aujourd’hui. (2) L’Oumea est probablement l’Oovea des Tahitiens, le Cuculus ni- tens de Forstcr. 7 uku aiho i runganei. Taka te ruhi. Taka te ngenge. 328 LES POLYNÉSIENS. Kite hau raro tukua. « Fais que le vent souffle par-dessus moi, Fais qu’il fasse calme où je suis. Fais qu’un fort vent s’élève contre eux et qu’ils tombent exténués. « Attrapez-le, attrapez-le, etc. Monoa s’enfuit ; il se précipite au milieu d’une bande de Kauwau (pélicans); mais ils étaient incapables de le cacher. Il courut au milieu d’une bande de canards (parera) ; là non plus il ne put être caché, et aussitôt il essaya de se cacher dans une troupe de kaiaia ( falco brunnea), mais en vain. Il alla alors se cacher dans une bande de torea (hœmatopus pi- catus), mais sans plus de succès. Il courut, après cela, dans un troupeau de korora (pingoins), mais sans parvenir à se cacher. A la fin il se précipita dans une bande de tara (cor- morans), et là il se trouva tout à fait caché. Ce fut en vain que ceux qui le poursuivaient le cherchèrent ; ils ne purent le voir ; ils finirent par s’en retourner. Monoa se leva et cria « /ce, ke », la note des oiseaux parmi lesquels il se trouvait, et tous se levèrent immédiatement ; alors il cria « kaà-voa », et toute la bande s’envola. « Tarai whenua kura ». (1) Et Monaa échappa, o : i te ra kamutia », avant que le jour ne fût venu, aux ennemis qui n’attendaient que le jour pour l’en- fermer dans un sac. Ile taunaha ki Kauika. Ka marna Kauika tohunga , ka marna Kauika waka rongo korero ; Ka marna Kauika wakatuma toma i roto i Whare Kura. Il s’était recommandé à Kauika. Le prêtre Kauika se montra léger en écoutant sa demande Kauika se montra léger en se mettant en colère (maudis- sant) contre l’enfant dans Whare Kura. (1) Tarai , hachant ; whenua , terre ; kura, rouge. LES POLYNÉSIENS. 329 LÉGENDE DE MATUKU (1). Matuku et Witi étaient deux grands anthropopliages. Après avoir tué et mangé plusieurs personnes, Matuku tua un grand chef appelé Waheroa, et emmena sa femme. Les amis de Waheroa résolurent de ne pas laisser un pareil cri- me impuni. Dans ce but, ils se rendirent à la forêt et choi- sirent un arbre convenable pour faire un canot, afin de pour- suivre Matuku. En ayant trouvé un, ils y mirent le feu et le brûlèrent par en bas ; mais, pendant la nuit, Te-Tini-o-te- Hake-Turi (la bande des petits oiseaux d’Hake-Turi) vint ot le remit debout. C’est pourquoi ils eurent à le brûler une seconde fois par en bas. Hake-Turi revint avec sa bande dans la nuit, et redressa encore l’arbre. Cela fut répété plusieurs fois. Voulant en connaître la cause, ils résolurent de la chercher ; c’est pourquoi, après avoir brûlé de nouveau l’ar- bre, ils restèrent auprès, et, quand Te-Tini-o-te-Hake-Turi, se montra, ils firent un grand bruit qui chassa les oi- seaux. Quelques-uns des arbres eux-mêmes en furent si épouvantés qu’ils laissèrent tomber leur tête, qui depuis n’a jamais pu repousser. Parmi eux se trouvaient le Ponga, arbre à fougère, et le Kareao ( Ripogônum parviflorum) , dont les jeunes pousses sont maintenant toujours courbées. Quand ils eurent achevé le canot, cousu (amarré) les hauts et tout préparé pour la mer, ils trouvèrent le hallier si épais qu’ils né purent pas mettre le canot à l’eau. C’est pourquoi ils firent la karakia suivante : Waea turi hunga . Poussez de côté le bois, Waea iaramoa. Ecartez les ronces, Ka puta ki waho , Ensuite viendront dès qu’il sera dehors KoWiti ko Matuku Et Witi et Matuku (2). Le hallier s’ouvrit aussitôt. Le canot fut lancé et tous les guerriers s’embarquèrent. Le canot se nommait Riwaru. Il avait trois noms : le premier Riwaru , parce que l’humidité (1) Taylor, p. 115. (2) Au commencement d’une dispute, on dit : Ecartez les barrières et la colère éclatera. » 330 LES POLYNÉSIENS. de la forêt l’avait verdi ; le second Tuirangi , quand il attei- gnit la mer, peint et orné ; le troisième Pakawai , quand il fut halé à terre. Ils se dirigèrent sur la résidence de Matuku ; quand ils y arrivèrent, ils trouvèrent qu’il n’y était pas ; mais la femme qu’ils cherchaient se trouvait dans la maison. Ils lui demandèrent comment ils parviendraient le plus aisé- ment à s’emparer de Matuku ; elle leur conseilla de placer un grand nœud coulant sur le plancher, et de se cacher sur les côtés de la maison ; elle leur recommanda bien de se garder de le saisir par le col, mais seulement par la taille, parce qu’il était trop fort pour être saisi dans le premier en- droit. Ils entendirent aussitôt qu’il venait, car il faisait trem-. hier le sol sous ses pas. Il avait sur ses épaules un fardeau de chair humaine, qu'il jeta à terre en approchant de la porte. La femme l’appela ; mais, se défiant de quelque ruse, il dit: Piro piro haungaunga taku kai, he tangata , « Je sens ma nourriture, un homme. » Elle lui assura que tout était bien, de sorte qu’il rampa sur ses mains et ses genoux ; aussitôt que sa tète et ses épaules parurent, ils tirèrept sur le nœud et le saisirent. Ils coupèrent une de ses mains, mais il leur dit qu’ils ne par- viendraient pas à le tuer. Il le leur répétait pendant qu’ils lui coupaient les membres. Mais dès qu’ils eurent coupé sa tête, il mourut, et, d’après quelques récits, il fut changé en butor, oiseau qui porte encore son nom. Quand il fut mort, les guerriers demandèrent à la femme comment ils pourraient s’emparer aussi de Witi. Elle leur dit où ils trouveraient la caverne dans laquelle il vivait ; elle ajouta que s’ils plaçaient un nœud coulant au dessus de cette caverne, et s’ils faisaient du bruit, le monstre ne manquerait pas de sortir, pour aller les attaquer, comme il le faisait chaque fois qu’on allait près de sa demeure. Ils firent comme on leur avait conseillé, et quand il sortit sa tête, ils tirèrent immédiatement sur le nœud coulant et léguèrent facilement. LES POLYNÉSIENS. 331 TRADITION RELATIVE AU DÉPART DES CANOTS (1) « Les motifs qui firent émigrer les Néo-Zélandais d’Ha- wahiki ne sont point encore oubliés. Une tradition rap- porte qu’une guerre civile détermina un chef nommé Nga- hue à s’enfuir de la contrée : après un long* voyage, il tou- cha à la Nouvelle-Zélande (2) et retourna à Hawahiki avec des morceaux de pierre verte, et les os d’un gigantesque moa tué près de Tauranga, dans la Nouvelle-Zélande. Reçu par ses parents comme un échappé à la mort, Ngahue fut pris en haute estime, et, comme d’autres voyageurs, il se ré- pandit en récits ardents sur la fertilité du sol de la Nouvelle- Zélande, l’excellence du poisson dans la mer, l’immense vo- lume des anguilles dans les rivières et le grand nombre d’oiseaux et de plantes utiles à la nourriture dans les forêts. Lis querelles n’avaient pas cessé quand Ngahue retourna à Hawahiki, et le parti vaincu, afin de sauver sa vie, prit la détermination d’émigrer à cette terre nouvellement dé- couverte. D’autres traditions disent que Kupe est le Cristo- phe Colomb du pays. « Aussitôt que la migration eut été décidée, on se mit à construire des canots convenables pour un pareil voyage. D’après quelques traditions, cela eut lieu à Rorotong*a. Tous étaient des doubles canots, nommés : YArawa , le Taïnui , le Matatua , le Takitumu , le Kurahaupo , le Tokomaru,le Ma- tawhaora , et VAotea; mais il y avait six ou sept autres ca- nots dont les noms ne sontpas venus jusqu’à nous. Tout étant prêt, les émigrants mirent à bord des canots des semences de patate douce, des fruits de karaka, des gourdes, des ta- ro, des rats, des perroquets, des pukeko, des chiens, et une grande quantité de fard rouge sacré. « Tous les canots partirent ensemble, et alors qu’ils s’éloi- gnaient, un vieux chef leur cria : « Partez en paix, et « quand vous aurez atteint l’endroit où vous allez, ne faites (1) Thompson, the Story, p. 99 et suiv . (2) Ne pas oublier que ce mot Nouvelle-Zélande signifie unique ment File-Nord. 332 LES POLYNÉSIENS. « pas comme Tu, le dieu de la guerre ; partez et restez en « paix avec tout le monde ; laissez la guerre et les querelles « derrière vous. » « Quand la nuit fut venue, une tempête s’éleva, la flotte se trouva dispersée, et chaque canot navigua séparément. On se rappelle encore les disputes et les incidents qui sur- girent durant le voyage dans plusieurs des canots. La plu- part de ces disputes furent occasionnées par les femmes ; tandis qu’il y avait des discussions pour savoir si le canot serait dirigé « vers le quartier où le soleil brille, ou vers « cette partie des cieux où le soleil se couche. » Durant le voyage quelques-uns des canots virent des îles où les canots furent halés à terre, les vieilles coutures étant relâchées, et les canots réparés. La flotte d’Hawahiki atteignit la Nouvelle-Zélande quand le Pohutukaua et le Rata (arbres), étaient couverts de fleurs. C’était par conséquent dans l’été, et les émigrants, comme des survivants d’un naufrage, se dispersèrent dans le pays. Pour apaiser l’esprit de la terre de leur usurpation, on dit des prières. L’une d’elles, faite par un chef d’alors, est en- core conservée comme un talisman moderne: « J’arrive où une terre inconnue est sous mes pieds ; « J’arrive où un nouveau ciel est au-dessus de moi ; « J’arrive à cette terre ; « Lieu de séjour pour moi. a O esprit de la terre î l’étranger t’offre humblement son cœur et de la nourriture. » « Plusieurs familles des canots, captivées par la beauté et la fertilité de certaines baies aperçues pendant que les ca- nots côtoyaient le rivage, débarquèrent et s’établirent avant que les grands chefs descendissent, et d’autres allèrent à terre pour explorer la contrée. « 11 n’y avait aucun être humain sur les îles à l’arrivée des émigrants. Des conflits qui s’étaient présentés plusieurs siècles auparavant ont été transformés par la tradition en combats entre les premiers émigrants et les habitants pri- mitifs de la Nouvelle-Zélande ; mais il n’y a rien de vrai dans ces rapports. Comme les équipages de tous les canots LES POLYNESIENS. 333 débarquaient dans des lieux différents, chaque tribu a une histoire particulière de ses ancêtres, et plusieurs de ces lé- gendes ne manquent pas d’intérêt. « Le canot Tainui transporta à la Nouvelle-Zélande les ancêtres de la puissante tribu actuelle Waïkato, et les na- tions de la rivière Tamise. Ce navire toucha d’abord à Wan- gaparaoa, péninsule dans le golfe Hauraki,près d’Auckland. Il remonta en pagayant la rivière Tamaki jusqu’à Otahuhu, et de là il fit le tour du cap Nord. On toucha à Kaipara et à Manukau,surla côte ouest. Le beau port de Kawhia finit par décider le commandant à débarquer, et là le canot fut halé sur le rivage. Les noms de 23 chefs, venus d’Hawahiki sur le Tainui sont encore dans la mémoire de la génération ac- tuelle de Kawhia, qui montre un rocher de pierre à chaux comme le reste de ce fameux navire. Une tradition dit que le Tainui fut traîné par-dessus le portage à Otahuhu. « Le canot YArawa fut halé sur le rivage à Maketu, dans la baie d’ Abondance, et le point où cela fut fait est encore sacré. L'Arawa vit la Nouvelle-Zélande un peu au nord d’Auckland ; il toucha à la Grande-Barrière, et aux îles Mercure, et à Tauranga. Quelques-uns des émigrants de YArawa se fixèrent à Maketu, d’autres à Rotorua, et de là s’étendirent jusqu’à Wanganui. Les naturels sortis de ce canot passent pour avoir les grandes dispositions au vol de leur ancêtre Tama-te-Kapua. « Le canot Karakaupo commença par toucher au cap Est et fut halé à terre à Tauranga. Ce fut dans ce canot que vinrent les ancêtres des tribus de la baie de Pauvreté et les indigènes occupant les pays environnants et le nord de la baie des lies. « Le canot le Matatua fit terre à Whakatane, dans la baie d’ Abondance, et de son équipage sortirent plusieurs des tri- bus de la côte Est. Les descendants de ce canot ont la répu- tation de tenir leur parole . « Le canot nommé Aotea était commandé par l’illustre Turi, et il amena à la Nouvelle-Zélande les ancêtres des Wanganui. Ce canot, après avoir vu la côte Est de l’Ile- Nord, contourna le cap Palisser, s’avança dans le détroit LES POLYNÉSIENS. 334 de Oook et toucha en plusieurs endroits, longea les côtes Ouest,et fit terre à Aotea, d’où les colons marchèrent le long’ du rivag-e jusqu’à Wang*anui. Turi fit une excursion à Wai- rarapa, pendant laquelle il nomma tous les lieux vus par lui sur la route. « Le canot Tokomaru toucha d’abord à la Grande-Barriè- re, fit le tour du cap Nord, suivit la côte et entra dans la rivière Waitara près de Taranaki. Ce fut dans ce canot qu’arrivèrent les ancêtres de Ati-Awa, ou Ngati-Awa de la côte Ouest. La tradition rapporte que la Nouvelle-Zélande fut d’ abord découverte dans le canot par l’aboiement d’un chien qui était à bord. « Il serait inutile de donner l’histoire des autres canots. LTle-Nord a été la première peuplée, et, ce qui le prouve, c’est que le Sud signifie ® en haut » up et le Nord,« en bas » down. Chaque tribu se rappelle le nom des chefs des émigrants et quelques-uns de ces hommes ont été déifiés. 11 suffira de mentionner, les noms de Tainui, Turi, Rupe, Ma- naia, Roturoa, Ngahue et autres pour comprendre dans quelle haute estime les premiers émigrants d’Hawahiki sont encore dans le cœur du peuple. » D’après Taylor, le Takitumu et VHorouta seraient les noms différents d’un même canot : pourtant, les traditions nomment deux capitaines. Les capitaines du Mamari et du Moekakara ne sont pas désignés. Le nom du canot de Ng*ahue n’a pas été conservé. Shortland (p. 23) dit que tous ces canots, en arrivant à l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande, vont aborder le Cap-Est ou Waiapu. Les légendes citent encore : AurarO'tu-ia ou Riu-o-Maui et Tane-a-Rangi ; ces deux canots passent pour avoir été construits par Tutanekai ou Tutaranaki ; Taha-luna\ Tairoa ; Rima-Rapu ; To-Taria-ka-Ria ; Wi- ritoa ; Tapatapa-Rukarere ; Toroa-i-Taipakihi\ Hakirere ; Mahunu-Awatea. Ces cinq derniers comptaient parmi les mille canots qui, sous le commandement de Whakatau, allé LES POLYNÉSIENS. 335 rent détruire Tihi-o-Manono, d’après la plupart des légen- des, ou Whare-Kura, d’après une autre. Plusieurs autres canots sont encore cités ; mais aucune des légendes ne désigne le nom du canot de Uenuku allant en pagayant de Tuamatua sur l’île Aotearoa. Il en est de même du canot qui porta Tiki et sa femme Pani, les pre- miers qui abordèrent à Aotearoa. Liste prouvant que tous les personnages cités vivaient à peu près à la même époque. D’après sir Grey,Whakatau-Ihu, Tawhaki et Tuhuruliuru vivaient dans le même temps, et par conséquent dans le même temps que : Tinirau, chef qui habitait l’Ile Motu Tapu, et prit pour l’une de ses femmes Hinauri, ou Hine-te-Hiwahiwa ; elle était la sœur des Maui, et elle lui donna Tu-Huruhuru ; Kae, grand prêtre de Tihi-o-Manono ou de la tribu Ha- pai, qui assista au baptême du fils de Tinirau et fut tué par ce dernier, parce qu’il avait fait mourir sa baleine apprivoisée; Tuhuruhuru fut tué par les gens de Kae pour venger sa mort. Ce fut à cette occasion que Whakatau alla incendier Tihi-o-Manono et tuer toute la tribu Ati-Apaï qui avait pour chef Poporokewa, dont le fils était marié avec une fille de Tu- huruhuru d’après certaine légende, ou, d’après une autre, avec la sœur de Whakatau ; Rupe, ou Maui-Mua ; c’était par conséquent l’un des frères Maui ; leur sœur était devenue la femme de Tinirau, après avoir été celle de Ihuatamai et de Wareware, et d’a- bord celle d’Irawaru changé en chien par Maui-Potiki, qui n’avait pas encore émigré à Aotearoa. Ce Rupe ou Maui- Mua fait une ascension au ciel comme Tawhaki, et l’on peut se demander si ce n’est pas le même personnage. Uenuku. D’après une légende, Uenuku aurait succédé à Kae. Elle rapporte que Whakatau serait allé incendier Whare-Kura. 336 LES POLYNÉSIENS. Whiro. C’est ce chef qu’on voulait élire l’undes direc- teurs de Whare-Kura. Hou, l’ennemi de Uenuku et le père de Tama-te-Kapua, de Whakaturia, de Mako, de Hei et de Tia; il paraît être allé à Aotearoa sur le canot de Turi. Manaia, chef puissant, ancêtre des Ngati-Awa, qui émi- gra en même temps que Hou, mais sur un canot diffé- rent. Hoturoa, sur le Tainui , avecRaumatie et une foule d’au très. Rata, sur le même canot, dont il était l’un des construc- teur. De même pour Wahieroa, et pour PARAT A. Toto, beau-père de Turi, constructeur del’Aioa et du Ma- tahorua. Ngahue, excellent charpentier, qui avait fait un voyage avant la grande émigration pour ne pas laisser prendre son jade par Hine-tu-a-Hounga, la sœur de Rata. Rupe, regardé comme le premier visiteur de l’ Ile-Nord sur le Mata horua ; il passe pour avoir séparé l’Hawahiki de cette île en faisant passer la mer entre les deux. (Détroit de Cook.) Turi, allant le premier se fixer sur cette île à Patea et sur la rivière Whanganui, après avoir abordé à Aotea sur la côte Ouest. Kapo, le prêtre du canot de Turi. Tuau, le beau-frère de Turi. NGATORo-i-RANGi,le prêtre du canot le Tainui , attiré par ruse dans VArawa par Tama-te-Kapua, son capitaine. Ihenga, l’un des chefs de VArawa, qui découvre les lacs Roto-Iti et Roto-Rua, en chassant le Kiwi. Raumati, l’un des chefs du Tainui et probablement l’un des fils de Uenuku, celui qui incendia VArawa. Rauru ou Rua-Auru, capitaine du Mata-Atua ; Rongomai, capitaine du Mahuhu ; Poroa, capitaine du Ririno ; Kakiora, capitaine du Tongamaru ; LES POLYNÉSIENS. 337 Ruaeo, capitaine du Pukea-îe-Aa-Nui ; Ruatea, capitaine du Kurahaupo ; Uenaga-Puanaki, capitaine du Takitumu ou Orouta ; Rakiwanangaora, capitaine du Pangatoru ; Puatautahi, capitaine du Motu-Motu-Ahi ; Tama-te-Arokai, capitaine du Rangi-na-Mutu ; Mawhakiroa, capitaine du Waka^Ringaringa ; Et divers autres. Kupe. Tous les Maori reconnaissent Kupe comme le premier qui ait atteint File-Nord de la Nouvelle-Zélande dans le Maia-o-Rua ; il débarqua à Wanganui-a-te-Ra, d’où il alla jusqu’à Patea. Puis, étant revenu à Wang-anui-a-te-Ra, il retourna à Hawahiki. Ce fut lui qui ouvrit le détroit de Cook en coupant l’île en deux ; il sépara la Nouvelle-Zélande d’Hawahiki qu’on dit avoir été unie d’abord entre elles. Il nomma File-Nord Aotea-Toa. Taylor dit en note (1) : « Quand la flotte de six canots, sous Turi, alla prendre im- médiatement possession de cette nouvelle terre, on nom- ma File-Nord Aotea-Roa et la Grande Barrière Aotea-Iti. » D’après lui, Kupe est pour les indig-ènes le Christophe- Colomb de la Nouvelle-Zélande. Dans une tradition, le capitaine du Matahorua, qui décou- vrit des nouvelles contrées, est appelé Reti ; mais ce nom ne reparaît plus : il est probablement le même que Kupe, ou du moins l’un des noms de ce chef. S’il est vrai que c’est Turi qui a donné le nom de Wanga- nui à la rivière que l’on dit avoir été découverte par lui, Kupe n’a pu l’appeler ainsi; mais on comprend qu’il ait appelé l’Ile Aotea-Roa : Aotea , l’orient, roa, lointain, grand. Toujours est-il que Kupe était du même pays que Turi, puisqu’en revenant de son voyage, il se trouvait dans la (1) Te Ika a Maui , p. 124. IV 22 338 LES POLYNÉSIENS. même rivière que Turi allait laisser. La lég-ende dit d’ailleurs textuellement : « Kupe laissa là ses marques dans le détroit de Cook et retourna dans son pays, où il trouva que Turi et tout son peuple vivaient encore, quoique quatre ans se fussent écoulés depuis la mort du petit Hawepo- tiki. » (1). Dans la version rapportée par Grey, Kupe était cousin d’Ho - turapa, qu’il fit noyer pour pouvoir enlever sa femme et fuir avec elle sur 1 q Matahorua . D’après celle de Taylor, Kupe ne s’éloigna que pour aller à la recherche de sa femme Ku- ramarotini qui avait été enlevée par son plus jeune frère Hoturapa. Voici ce que Taylor dit de Kupe (2) : « La première personne qui aborda à la Nouvelle-Zélande (lui aussi dit Nouvelle-Zélande pour l’Ile-Nord seulement) est, d’après tous les indignes, Kupe ; il y arriva dans le canot Mata-o-Rua (. Matahorua de Grey), et débarqua à Wanganui-a-te-ra (Port Nicholson). Il allait à la recherche de sa femme Kura-Marotini qui avait été enlevée par son jeune frère Hoturapa. De là il alla jusqu’à Patea, où il entendit le cri du Kokako dans l’intérieur, cri qu’il prit pour celui d’un homme : « On dirait que c’est une voix d’homme : » Huanoa he reo te tangata , s’écria-t-il ; et il envoya voir ce que c’était ; mais on ne put rien trouver. Ne voyant rien, il planta un poteau dans l’endroit, puis retourna à Wang*anui-a-te-ra, et, de là, à Hawahiki, où il demeura : d’où ce dicton : Hoki Kupe> e kore ia hoki mai. « Après être allé dans ce pays, Kupe ne voulut point y retourner.» Plusieurs travaux extraordinaires lui sont attribués, tels que d’avoir séparé les deux îles et formé le détroit de Oook, et d’avoir également séparé la Nouvelle-Zélande d’Hawahi- ki auquel, dit-on, elle était d’abord unie. (1) Grey, p. 210. (2) Ouvr. cité, p. 116. LES POLYNÉSIENS. 339 Nga-Hui (1). Ng-a-Hui vint d’Hawahiki à la suite d’une querelle entre le Mata (nom d’un poisson) et le Pounamu qui avait son ori- gine dans cette île. Il atterrit sur la côte Est, à Wang*aparau et alla à Taurang*a; et, de là, à Wairere et à Taupo. IL passa alors à Kapiti, Arapawa, et à Arahura, près de Wakatupa ; quand il atteignit cet endroit, il obtint le Pounamu (pierre verte), dans un état inanimé, et là, il s’empara du Kaukau- matu et du Tukurangi. De là il retourna aux montagnes Arawa, où se trouvaient des Moa, à la cascade; il en tua un et l’emporta dans un Taha (panier en écorce). Il retourna à Hawahiki, et apprit aux chefs d’Hawahiki, Tama-te-Kapua Ng’atoro-i-Rangi, et Hotu-Roa, combien était beau le pays appelé Aotea-Roa, «la grande contrée ». Ceux-ci lui dirent: « Comment pourrons-nous y passer? » IL leur répondit: « Il faut construire des canots. >* Les canots furent commencés : le premier, Y Arawa ; le second, le Tainui ; le troisième 1 'A- otearoa ; le quatrième, le Takitumu ; le cinquième le Kura- haupo ; le sixième, le Tongamaru. Tous partirent en même temps d’Hawahiki. Quand ils étaient occupés à placer le haumi , ou portion de la poupe du canot, qui est une pièce séparée appliquée sur l’extrémité, ils tuèrent par accident le fils de Manaia, qui se nommait Tutenana-hau ; à cause de cela, les constructeurs des canots songèrent à se hâter de les terminer le plus tôt possible, pour pouvoir partir avant qu’on ne s’aperçût de son absence. Comme c’était le fils d’un chef et qu’il avait l’habitude d’aller çà et là visiter ses amis, et de rester quelquefois dix jours absent, ils pensèrent qu’on ne s’inquiéterait pas pendant quelque temps. C’est pourquoi ils se hâtèrent, et quittèrent Hawahiki, après l’avoir en- terré près de l’endroit où ils avaient construit leur canots. Houmai Tawhiti. Père de Tama-te-Kapua, de Mako, de Hei, de Tiae. Il fait un voyag-e à Aotearoa et nomma tous les lieux dé- fi) Taylor, p. 120. 340 LES POLYNÉSIENS. puis la rivière Wanganui-a-te-Ra, dans le détroit de Cook, jusqu’à Wairarapa (1), mais il retourne presque aussitôt dans son pays. Ce voyage est probablement antérieur à celui de Turi, ou très peu postérieur, peut-être du même temps. Il devait habiter non loin de l’endroit habité par Uenuku, puisque ce dernier et Toi-te-Whatahi tuent son chien qui avait mangé la suppuration d’un' ulcère du grand prêtre Uenuku : d’où la facilité pour Tama-te-Kapua et pour son frère, d’aller chaque nuit en cachette, pour se venger de Uenuku, manger les fruits de son beau Poporo ( Solarium lacinatum). La légende apprend d’ailleurs que les deux tribus étaient parentes et quelles descendaient de Tamatea- Kai-Ariki. Mais Houmai, voisin comme Turi de Uenuku, devait de- meurer du côté opposé à celui habité par Turi. M. Grey dit que Hou et son fils Whakaturea moururent après la victoire remportée par eux sur la tribu de Uenuku. D’après le chant de Rangitakoru, cité par Taylor (p. 139), Hou se trouvait sur le Kura-Haupo , quand il passa avec sa fille sur YAotea , le canot de Turi. Il serait donc allé, s’il fallait ajouter foi à ce chant, en même temps que Turi, et revenu pendant que Turi restait à Patea, dans le détroit de Cook. Une légende dit en effet que lui et Uenuku, qu’elle nommait, sont revenus en Hawhiki nécessairement avant le départ de la grande émigration, puisque Uenuku fut tué en Hawahiki par Tama-te-Kapua, le fils de Houmai, au moment du départ de cette émigration. Rien de plus difficile d’ailleurs que de comprendre le texte de ce chant. Nous avons accepté l’interprétation de M. Tay- lor ; puisque les enfants d’Hou faisaient partie de l’équi- page de 1 ’Arawa et qu’il n’est pas parlé d’Hou, il est probable qu’il fit partie de l’équipage du Kurahaupo , l’un des canots que les légendes citent parmi ceux de la grande émigration. Il était mort au départ de cette émigration, d’après une autre légende, de sorte qu’il a été (1) Taylor, p. 140. LES POLYNÉSIENS. 341 préservé ainsi d’une nouvelle émigration. Ce qui nous fait le plus adopter la tradition de Taylor, c’est que, comme Turi, Hou était l’ennemi de Uenuku, et il était tout naturel qu’il partît avec Turi plutôt qu’avec tout autre. Il n’est pas moins à remarquer par ce fait encore que le retour en Ha- waii iki était facile. Uenuku. C’était un grand-prêtre. Il habitait l’une des parties de la grande maison commune appelée Whare-Kura où se ras- semblaient, pour traiter les affaires, les chefs des différentes tribus associées. Cette maison n’était pas éloignée de celle de Turi, puis- qu’un jour, en sortant de chez elle, la femme de ce dernier put entendre les menaces que faisait Uenuku dans Whare- Kura, menaces qui s’adressaient à son mari ; puisque, un autre jour, Turi fit jouer tous les enfants de la tribu sur une place dans le but d’y attirer le fils de Uenuku qu’il voulait tuer pour venger la mort du fils de son parent que Uenuku avait tué et mangé ; puisque, plus tard, en faisant baigner les enfants de sa tribu dans la rivière Wai-ma-tu-i-Rangi,il réussit à y attirer le jeune fils de Uenuku, qu’il tua et man- gea avec ses amis, pendant que ceux-ci envoyaient à son père, qui le mangea sans le savoir, le cœur de son fils coupé en morceaux et tout préparé. La légende citée par sir Grey appelle la rivière Waima- Tu-i-Rangi ; mais les cartes de la Nouvelle-Zélande ne ci- tent pas de rivière de ce nom ; elles désignent cependant au moins trois rivières nommées Waïma : l’une sans épithète, sur la côte Ouest et les deux autres sur la côte Est. L’une de ces dernières est appelée Waïma-Kariri, près de la pres- qu’île de Banks ; l’autre Waïma-Taitai près de Moerangi. La position occupée par Uenuku, en Hawahiki, était telle qu’il y avait d’autres tribus que la sienne, dans trois direc- tions différentes ; au Sud et au Nord, d’abord :puis il cite dans les autres les Ngati-Rua-Nui et les Ngati-Rongo-Tea. Or, comme les Ngati-Rua-Nui formaient une tribu qui occupe la 342 LES POLYNÉSIENS. côte Ouest de l’He-du- milieu, il faut en conclure, dans la supposition que i’Ile-du-Milieu est Y Hawaii iki des traditions, que Uenuku habitait la côte Est, soit à la presqu’île de Banks, soit à Moerangi, près d’Otago. De la sorte, quel que fut le lieu, il aurait eu en efiet des populations au Sud et au Nord; mais dans le premier câs, les Ngati-rua-nui auraient été placés, par rapport à lui, dans le Sud-Ouest. Pour diverses raisons qui ont été exposées ailleurs, nous sommes porté à croire qu’il demeurait non loin du lac Waio- ra (presqu’île de Banks) , Les tribus de Uenuku et de Hou descendaient l’une et l’autre de Tamatea-Kai-Ariki. Hine-Tu-a-Hoanga habitait le même lieu, ou près de Ue- nuku, puisque ce fut parmi les présents de nourriture en- voyés par elle au grand-prêtre Uenuku que les amis de Turi gdissèrent le cœur du petit Hawhe-Potiki. Gomme Hine- Tu-a-Hoanga était la sœur de Rata, Ngahue devait être du même endroit, puisque ce fut elle qui le força de s’expatrier peu de temps avant la grande émigration. Dans un curieux fragment de tradition sur Ware-Kura, M. Taylor rapporte que Whakatau alla mettre le feu à ce fa- meux temple, alors que Uenuku en était l’un des chefs. Comme toutes les autres légendes disent que Whakatau alla incendier Tihi-o-Manono, pour veng*er la mort de Tuhuru- huru, on doit se demander si Ware-Kura n’était pas la même maison que celle appelée Tihi-o-Manono. Dans ce cas Uenuku aurait été, semble-t-il, le successeur de Kae. Uenuku était si renommé pour sa sagesse que les Maori avaient le proverbe suivant : Haere e uoai i te waewae o Uenuku , kia or a ai te tangata. — « En allant aux pieds de Uenuku, la vie d’un homme peut être sauvée », c’est-à-dire qu’il savait donner de bons con- seils pour se préserver du danger. D’après une courte citation faite par les légendes, on voit que Uenuku alla lui-même, « en pagayant », jusqu’à Aotea- roa,mais qu’il n’y resta qu’un instant etrevint aussitôt après en Hawahiki. Certaines données font supposer que le voyage a été fait peu après celui entrepris par Turi, qui semble LES POLYNÉSIENS» 343 avoir été accompagné par Hou ; celui-ci retourna en Hawa- hiki, où il mourut avant l’émigration de ses enfants Tama- te-Kapua et autres. La mort de U enuku précéda de peu le départ des émi- grants pour Aotearoa; elle est attribuée à Tama-te-Kapua, qui se servit, pour le tuer, de la hache Tutauru faite, ainsi qu’une autre, avec la portion de jade rapportée par Ngahue. Manaia. Chef puissant et renommé fut, d’après Grey, l’ancêtre des Ngati-Awa. D’après une légende, il avait pour femme la sœur de Ngatoro-i-Rangi; d’après une autre, de Rongotiki. Il émigra en même temps que YArawa , le Taïnui , etc., sur le Tokomaru , d’après sir Grey ; mais d’après Taylor, le Tokomaru aurait été commandé par Rakeora. Oe bateau avait pour équipage des Ngati-Rua-Nui, des Ngati-Tama, des Ngati-Motunga, des Ngati-Awa. Manaia périt en allant, pour se venger de son beau-frère, à Motiti, dans la baie d’ Abondance. Le lieu qu’il habitait en Hawahiki était appelé Whaitiri- Ka-Papa. Celui où sou beau-frère débarqua, en venant venger l’in- sulte faite à sa sœur, s’appelait Tarai-Whenua (1). Deux combats l’ont rendu célèbre, celui de Kirikiwawa (palissade en peaux), et celui deRotorua. Rotorua est un lac de rile-du-Milieu aussi bien que de l’Ile-du-Nord. Ce lac gît dans le Nord-Ouest de Kai-Koura, à mi-distance à peu près de Tauranga (Cap Foolwind), et de Waiharakeke, rivière près du mont Tako. Si Ware-Kura se trouvait en Tarai- Whenua-Kura, Manaia n’habitait donc pas loin, et Whiro non plus, avec ses en- fants, Marama-Nui-o-Hoto, Tainui-o-Aitourou-Atea, et Mo- noa. D’après Grey, Manaia émigre après s’être vengé de l’in- (1) Il résulte d’un passage de Taylor à propos de Whare-Kura, que cette maison était à Tarai- Whenua-Kura. 344 LES POLYNÉSIENS. suite faite à sa femme, en tuant Tupenu et ses gens qui étaient venus pour faire des lances à Manaia. Ce fut sur le rivage de Pikopiko-i-Whiti que Tupenu fut pris et tué par Manaia. Dans un chant attribué à Rata pour le lancement du ca- not le Taïnui , il est parlé des détours d’un chenal, d’une ri- vière Pikopiko-i-Whiti, ce que Shortland a considéré comme un nom d’homme, à tort peut-être. Les mots Waikorora sont cités par Manaia dans son im- précation contre sa femme, et un nom presque analogue, si- non le même mal entendu, est donné à une rivière Kaiko- rai, entre les îles Blanche et Verte, près de Waiota, au sud du cap Saunders (Otago). Mais il j a aussi une rivière d’un nom qui s’en rapproche peut-être plus, Kararoa, près de la rivière Grey ou Ma- uhora, entre le cap Foolwind, la rivière Waima et Ara- hura. Quand on se rappelle que Manaia s’est rendu célè- bre par un de ses combats près du lac Rotorua qui n’est pas éloigné de la rivière Kararoa, il semble naturel de croire qu’on a voulu parler de cette rivière, plutôt que de l’autre. Thadition concernant le Taïnui (1). Cette tradition est traduite d’un manuscrit écrit par Nga- pora, le représentant vivant de l’un des hommes de ce ca- not, et le proche parent de Te-Whero-Whero, qui est peut- être le plus grand chef actuel de la Nouvelle-Zélande. « Les premiers canots qui partirent pour la Nouvelle-Zé- lande étaient nommés Te-Arawa, Kurawaupo , Mata-Atua. Suivant le récit de Papa, quand les trois canots mirent à la voile ils laissèrent derrière, avec toute sa division de tribu, un chef nommé Rata, qui était très habile dans la construc- tion des canots. Papa ne pouvait pas dire si c’était d’Hawahiki ou de quel- que autre île que les canots étaient partis . « Rata étant laissé de l’arrière, se décida à construire un (1) Shortland, p. 3. M. Shortland doit la copie de ce manuscrit à M. W. Martin, chef de la Justice à la Nouvelle-Zélande. LES POLYNÉSIENS. 345 canot pour sa tribu. C’est pourquoi il alla un matin chercher un arbre qui pût remplir son but. En ayant trouvé un, il retourna dans la maison et se coucha pour dormir. Au jour, le lendemain, il prit sa hache de pierre et après un fort tra- vail l’arbre tomba. Dans le même moment, deux petits oiseaux se montrè- rent ; l’un d’eux était un oiseau appelé Popokotea (Orf/ior- nyx heterociltus ) ; l’autre un Pihipihi (espèce d’hirondelle)? C’était un mauvais présage, provenant de quelque faute commise par Rata par sa manière de faire ce travail ; ce- pendant, il retourna à sa maison sans s’en préoccuper beau- coup et se coucha pour dormir comme d’habitude. « De bonne heure, le lendemain matin, Rata sortit pour aller travailler à son canot; mais il n’eut pas plus tôt atteint le point où il avait laissé l’arbre qu’il vit cet arbre debout, comme il l’avait d’abord trouvé. De sorte qu’il revint à la maison et dit à sa sœur (1) comment il avait trouvé l’arbre, qu’il avait abattu le jour précédent, tout droit dans la même place. a De quelle manière as-tu abattu l’arbre ? » lui demanda sa sœur. « Dès que j’ai été sur le lieu où il croissait, répliqua Rata, « j’ai commencé par trancher son tronc ; et, après, je l’ai « fait tomber, et j’ai coupé son sommet, puis je suis revenu a à la maison. » Il lui dit aussi qu’il avait vu les deux oi- seaux. « Tu as mal travaillé, dit sa sœur; quand tu y retourneras, « tu devras frotter ta hache sur moi. D’abord tu feras bien « de l’aiguiser ; et alors, quand tu arriveras h l’endroit, tu « me toucheras avec elle, et tu te mettras à abattre l’arbre, a Rappelle-toi aussi, quand l’arbre tombera sur le sol, de * jeter sur son extrémité quelques branches de la fougère « appelée panako. » Cette coutume existe encore aujourd’hui; la racine de fougère est employée pour toucher la première hache dont on se sert pour abattre un arbre destiné à faire un canot. a Rata retourna et abattit l’arbre comme le lui avait dit sa (1) Cette sœur était sans nul doute Wahine, Ariki de la tribu 346 LES POLYNÉSIENS. sœur, et à l’instant où il tombait, il jeta quelques branches de fougère sur le tronc. Il se mit aussitôt à façonner l’exté- rieur du canot, en aplanissant la surface supérieure ; après, il creusa le fond ; et quand cela fut fait, le canot fut couvert d’un côté. « Maintenant il arriva un jour que la nourriture préparée pour les travailleurs étant restée sans gardien, un petit gar- çon nommé Kowhitinui découvrit l’endroit où elle se trou- vait, et mangea les meilleurs morceaux. Rata n’avait pas oublié cela, et il se demandait quel moyen il prendrait pour le punir. « Le jour de mettre une tente sur le canot étant venu, il appela l’enfant pour tirer sur la corde employée dans ce but. L’enfant fit ce qu’on lui ordonnait, car c’était un garçon avancé. Il tira sur la corde comme un homme plus âgé. « Passe cela sur ta tête, dit Rata, en faisant une boucle à l’extrémité de la corde. * Le pauvre enfant le fit. Mais aussitôt que la corde eût été passée autour de son cou, Rata tira la corde fortement et l’étrangla. Après il cacha son corps sous les copeaux du ca- not. « Quand enfin le travail de la forme extérieure du canot fut complète, et que le moment de le traîner à l’eau fut venu, tous les hommes de la tribu furent assemblés; le père de l’enfant se trouvait là aussi. Mais personne ce- pendant ne savait que l’enfant était mort ; on supposait seulement qu’il était perdu. Avant de se mettre à l’ouvrage, les plans furent d’abord dressés, et il fut convenu que le chargement serait mis à bord du canot dès qu’il serait à l’eau; après cela, l’équipage devait s’embarquer sans délai. L’équipage se composait de 140 hommes. Le chef se nom- mait Hoturoa, et le canot Tàïnui. « Tout étant convenablement arrangé, Rata se leva ; il chanta une chanson comme on le fait pour mettre un ca- not à l’eau en le traînant. Aux dernières paroles de la chan- son, le canot fut lancé à la mer. « Alors, pour la première fois, Rakataua, le père de Kowhi- tinui, apprit par quelques-unes des paroles de la chanson LES POLYNÉSIENS. 347 de Rata quelle avait été la tin de son fils. Rakataua était un homme d’une grande puissance en sorcellerie, dans les en- chantements et les sortilèges ; on le craignait par consé- quent beaucoup. Quand il alla à la recherche du corps de son fils, chacun s’écria : « Maintenant, hâtons-nous de partir a et laissons l’homme derrière. » Cela dit, ils sautèrent tous à bord. « Le chef, ai-je dit précédemment, était appelé Hoturoa ; après lui venait Taiketu ; puis venaient Mania-o-Roogo, Ao- o-Rongo,etTe Taura-Waho, qui se tenaient tous à l’arrière. Au milieu, où l’eau est vidée, était Potukeha,et sur l’avant ou nez, était un certain prêtre, dont je ne connais pas le nom, de même que Rata et Hine(l),la femme qui lui apprit comment il fallait faire pour couper l’arbre. Les provisions mises à bord consistaient en kumara ou patates douces, gourdes, racines de convolvulus et de mawhai,ce qui était toute la nourriture qu’ils avaient pour le voyage. Bientôt Rakataua revint, mais le canot était déjà à quelque distance, et l’équipage nageait aussi fort qu’il le pouvait. « Ramenez le canot pour moi, cria Raka. » a Mais le canot ne revint pas, de sorte que le cœur de Raka devint noir de colère, et il charma l’embouchure de la rivière et la ferma. Avant cela elle était grande ouverte ; mais dès qu’elle eut été charmée elle se trouva fermée. « Alors, sur l’avant du canot, le prêtre, dont le nom est ou- blié, la charma aussi ; et l’embouchure de la rivière s’ouvrit de nouveau, et le canot arriva à la mer, et fit voile dans cette direction jusqu’à ce qu’il eût atteint la Nouvelle-Zélande. « La première terre faite fut W angaparaoa, où le canot fut fortement arrêté par un banc d’huîtres. Le prêtre, ce- pendant, l’avait fait naviguer très vite pendant la traversée. Après avoir quitté Wangaparaoa, il alla aborder de l’autre côté d’Otahuhu, à l’endroit encore appelé Te Apunga-o-Tai- nui, « le lieu de débarquement du Taïnui ». Mais sitôt qu’il toucha le rivage, on vit Rakataua sur la côte. Il était venu (1) Hine est une contraction de Hine-tu-a-Hoanga, « Femme étant à la place d’une pierre à aiguiser ». 348 LES POLYNÉSIENS, à travers l’océan sur le dos d’un Taniwha (monstre marin). « Cette partie de la contrée n’avait cependant jamais été habitée ; car les autres canots que j’ai mentionnés avaient abordé sur des points différents de la côte. « Après qu’il eût été traîné par-dessus l’isthme étroit qui sépare les eaux de Tamaki de l’eau de Manuka, le Tainui dépassa l’entrée de cette rivière, et longea la côte vers le Sud jusqu’à ce qu’il arrivât par le travers de la rivière Wai- kato. En voyant cette rivière couler dans la mer, le prêtre s’écria waikato ! waikato kau ! « (eau courante, rien que de l’eau courante.) » Il dit cela en plaisantant, et en même temps agita sa pagaie en l’air. Alors qu'ils passaient le long du rivage appelé Te Akau, il s’écria : « Ko te akau kau ! « ce n’est que plage. » Et quand ils arrivèrent devant Ka- whia, il l’appela Kawihia-kau ; « rien que des kawhia. * (1) Ils débarquèrent dans cet endroit ; mais là aussi Raka était arrivé avant eux. Ceci n’est pas une fable, mais plutôt une histoire reposant sur un fait. » Kawhia est toujours resté depuis dans la possession des descendants de quelques-uns des hommes de l’équipage de ce canot qui forment une tribu appelée, d’après cela, Taïnui, et leur chef actuel. Te Kanawa est descendu directement de l’un de ceux qui les premiers mirent le pied dans la Nou- velle-Zélande. Cette tribu, aussi bien que toutes les tribus, au nombre de plus de 25, qui sont comprises sous le nom de Waikato, sont sorties des émigrants du Tainui . De la même source sont dérivées les tribus qui habitent maintenant Hauraki, ou rivière Tamise : particulièrement les Ngati-Maru, les Ngati-Paoa, les Ngati-Tamatera, et les Ngati-Whanaunga, qui descendent des fils de Mara Tuahu, qui émigra de Ka- whia. Ajoutez les deux principales tribus qui résident main- tenant sur les bords du détroit de Cook, les Ngati-Toa, qui émigrèrent récemment de Kawhia sous Rauparaha et les Ngati-Raukawa qui émigrèrent de Maung’a-Tautari, (1)11 faut remarquer que Kawhia avait été nommé par Turi et que cent fois dans les traditions les mêmes faits sont .attribués à des per- sonnages différents. LES POLYNÉSIENS. 349 dans le district de Waikato, vers le même temps, et vous aurez presque un tiers delà population de la Nouvelle-Zé- lande, comme descendant de l’équipage du Tainui. On ob- serve parmi ces tribus une grande similitude de dialectes et d’idiomes. Quant à l’origine des indigènes qui vivent plus au Nord, et sont compris sous les titres de Ngati-Whatua, Nga-Puhi, et Rarawa, les premiers sont aussi, je pense, descendus de l’équipage du Tainui. Mais les Ngati-Puhi et Rarawa ont la même origine que les Ngati-Kaliu-Unu-unu, qui habitent les districts qui s’étendent du cap Est au détroit de Cook. Chant attribué à Rata pour le lancement du canot le Tainui. Rata. Or o oro te tohi. Ka Iline-tu-a-Hoanga. Kaore ko au, ko Rata. E kimi ana. I te awa , I pikopiko. I Whiti. Mate iho ana . Lei Maunagroa. Mate mai ai. Kovohitinui. Ka oho te nuinga. E ta tau a rangi. Ka oho a Rata. Mate ia Rata Wahieroa. KatahiKa mahio te matua Ka oho ano te nuinga. E tatau a rangi. Aiguisez, aiguisez la hache. Sur Hine-tu-a-Hoanga. Non c’est moi Rata. Qui vais suivre (chercher) Dans la rivière Les passes pour sortir, A cause de Whiti. Qui est mort (vient d’être tué) . C’est dans Maungaroa (ouest). Que sera mort. Kowhitinui . Tous. C’est vrai, ou mieux le ciel l’a voulu, tu l’as tué, Rata. Il a été tué par Rata Wahieroa. . Pour la première fois, le père de Kowhitinui apprit par ces pa- roles la mort de son fils. Tous. C’est vrai, tu l’as tué ou mieux, etc. 350 LES POLYNESIENS. Ka oho ano a Rata. Aki e rie ria . Rata. Allons ! ensemble ! paroles pour Te nuinga. Aki e rie ria Ratu : ahi ori. Ka marere te waka marquer la mesure. Tous ensemble. Allons ! ensemble ! Un dernier effort. Le canot fut alors mis à l’eau. Il semblerait résulter de la manière d’orthographier les mots e rie ria que Shortland indique comme marquant la mesure, que deux personnes auraient été tuées avant le dé- part du Taïnui. Ce qu’il y a de plus particulier, en effet, c’est que les traditions citent deux noms différents ; elles diffèrent même quant à l’auteur de la mort. Ainsi, Shortland apprend que le petit Kowhitinui était fils du grand-prêtre Rakataua, et qu’il fut étranglé par Rata, parce qu’il avait mangé les meilleurs morceaux des mets qui lui étaient destinés. Tous les écrivains anglais, et par- ticulièrement Grey et Taylor, donnent à cet enfant la qua- lité de fils de Manaia. Ils diffèrent seulement eux-mêmes sur l’auteur du meurtre. Grey l’attribue, comme Shortland, à Rata. Voici ce qu’il dit à ce sujet : « Quand les hauts côtés (la coque) du Taï- nui eurent été amarrés, Rata tua le fils de Manaia et le ca- cha sous les copeaux et autres débris de ce canot. » Dans la traduction de la légende de Ngahue rapportée par le révérend Taylor, il est dit seulement : « Pendant qu’on était à placer la dernière partie du canot, les ouvriers tuèrent par accident le fils de Manaia, qui s’appelait Tute- nanahau ; ils l’enterrèrent sous les copeaux, et hâtèrent leur départ avant qu’on ne s’en aperçût. » Mais Taylor ajoute : « Une autre version dit qu’il fut tué, avec intention, par Hoturoa, parce qu’il s’était moqué de son travail pendant qu’il construisait son canot et qu’il l’en- terra sur les lieux en recouvrant son corps avec des co- peaux. » Puis plus loin : « Peu après le départ des canots d’Ha- wahiki, on se mit à chercher le jeune enfant de Manaia, Tu- tenangahau, mais sans pouvoir découvrir çe qu’il était de- venu^ jusqu’au moment où Tuparaunui, grande mouche et LES POLYNÉSIENS, 351 ancien dieu, conduisit à cette découverte par ses bourdon- nements incessants sur le lieu où il se trouvait. » Tradition relative a l’Arawa (1). Pendant que j’étais à Maketu, dans la baie d’ Abondance, où j’ai résidé durant plusieurs années, en qualité d’agent politique, nommé protecteur des indigènes, j’ai obtenu des détails circonstanciés sur le voyage du canot YArawa, et l’histoire de son équipage et de ses descendants. Une fois je fus invité à aller écouter une grande réunion, composée de quelques-uns des principaux personnages de la tribu, enfants de YArawa, comme ils s’appellent eux- mêmes, et parmi les sujets en litige, il y en avait un tou- chant leurs prétentions à la terre habitée par eux et à l’île Motiti qui n’en était éloignée que de quelques milles. Cette île, à une certaine époque, était tombée dans les mains d’une autre tribu, puis elle avait été reprise, et maintenant elle était une terre en litige, sur laquelle aucun parti n’osait aller s’établir. Afin d’expliquer le plus claire- ment possible comment ces débats s’étaient élevés, ils con- vinrent de remonter à leur plus ancienne histoire, et de la suivre pas à pas jusqu’au jour présent. La personne choisie pour porter la parole était un vieux prêtre, nommée Tata- hau, et j’avais à mon côté un missionnaire indigène, le fils de Te Amohau, l’un des grands hommes de la tribu, qui m’aida à prendre des notes sur ce qui était dit. Le récit présente d’un bout à l’autre des détails si vraisem- blables, que je préfère les donner dans la traduction litté- rale de leurs paroles. Plus tard il a souvent été lu aux na- turels de Waïkato et de Tauranga, qui auraient volontiers signalé un exposé inexact, mais qui, au contraire, ont trouvé généralement qu’il était correct. J’ajouterai que les paroles de « l’Enchantement » de l’ancien prêtre nommé Ngatoro-i- Rangi, étaient si bien connues que, lorsque je commençai à (1) land, ouvr. cité, p. 11. S 52 LES POLYNÉSIENS. les lire, je fus interrompu par mes auditeurs qui se mirent à les chanter jusqu’au bout. Récit du voyage de l'Arawa. — « Ecoutez donc tous Waï- kato, vous tous Naitirangi, quel titre j’ai à ma terre de Ma- ketu ; comment mon canot VArawa vint ici et aborda àWa- ketu. Le point où mon canot toucha le rivage, à l’entrée de la rivière, est mon bien, ma terre. Ne touchez pas à ma terre: Maketu est à moi; Motiti m’appartient : car, ce fut Ngato- ro-i-Rangi qui gagna la bataille de Motiti, la bataille des Maikukutea. « Un arbre avait un gros tronc, et il avait dix branches. Une des branches fut coupée et creusée pour faire un canot à Hou, à He, à Tia et à Te Ma-te-Kapua. Ces noms étaient ceux des chefs du parti qui embarqua dans le canot. Et le canot se nommait VArawa. « Alors il arriva, après qu’ils eurent mis à la mer d’Hawa- hiki, et pendant qu’ils cinglaient sur l’Océan, que l’équipage se trouva dans la plus grande perplexité, parce que il n’y avait à bord aucun prêtre pour charmer leur canot, et le mettre à même de naviguer pendant les coups de vent. De sorte qu’ils tinrent conseil pour savoir comment ils feraient pour avoir un prêtre pour leur canot ; et ils allèrent cher- cher Ngatoro-i-Rangi. » (Ceux qui me donnaient ces renseignements à Maketu ne savaient pas comment et d’où ils avaient obtenu Ngatoro-i- Rangi, mais plus tard, j’ai appris des naturels de Waïkato, que le prêtre Ngatoro-i-Rangi appartenait à leur canot Taïnui , et que l’équipage de VArawa l’ayant invité à venir à bord de leur canot pour les aider, par son habileté et ses enchantements, à boucher une voie d’eau, n’avait pas voulu le laisser partir). « Ayant pris Ngatoro-i-Rangi à leur bord, ils firent voile devant eux sur la grande mer jusqu’à leur arrivée à terre à Whangaparaoa. Là, Taïninihi jeta à la mer son Kura (orne- ment de tête en plumes rouges). Il le jeta à la mer, aussitôt qu’il eut vu les fleurs rouges du Rata ( Metrosideros robusta # LES POLYNÉSIENS. 353 lequel fleurit en février). Le Kura fut ramassé par Mahina, d’où l’expression proverbiale : Kura pae a Mahina. Pendant que YArawa était à la mer, Te Mate-Kapua com- mit un adultère avec la femme de Ngatoro-i-Rangi : Kearoa était son nom. C’est pourquoi Ngatoro-i-Rangi, fort en co- lère, fit échouer YArawa sur un haut fond, appelé Te-Koro- ko-o-te Parafa, et l’avant du canot se trouva englouti dans le banc de sable. a Alors l’équipage s’écria : « E Toro E ! Ka taka te urun - ga o Kea. — Oh Toro, ohl l’oreiller de Kea va tomber. » Si bien que Ngatoro-i-Rangi eut pitié d’eux, et sauva l’Araioa par un enchantement. « Après cet événement YArawa se dirigea sur Wangapa- raoa. Après cela, il toucha h Aotea (Pile de la Grande Bar- rière de Cook); puis, à Hauraki,et à Moehau (cap Colleville). Dans un endroit appelé Repanga, dans Ahuahu (l’Ile Mer- cure), Ngatoro-i-Rangi donna la liberté à deux oiseaux ap- privoisés. L’un de ces oiseaux s’appelait Takereto, et l’au- tre Mumuhau « Tourbillon de vent » ; c’étaient le mâle et la femelle. Le premier lieu où l'on relâcha après fut Kati- kati : Te Ranga-Tai-Kehu est le nom de ce lieu, ainsi dési- gné de Te Ranga, ou « la bande » de Taikehu. Ils trouvèrent à Katikati, quelques-uns des hommes du Taïnui avec leur chef Raumati. Ce fut ce qui leur fit con- naître que Tauranga appartenait aux hommes du Taïnui . « De sorte que, laissant Raumati et ses gens à Tauranga, YArawa partit de Te Ranga pour Maunganui, dont avait pris possession Tutauaroa, qui s’y était fixé. La nuit sui- vante, l’équipage dormit à Wairake et, dans la matinée, on atteignit Maketu, où YArawa fut halé sur le rivage pour la dernière fois ; ses deux ancres en pierre furent jetées dans la rivière. Toka-Parore, <* pierre de travers », était le nom de l’ancre de l’avant du canot ; Tu-te-Rangi-Haruru, « pa- reil au ciel mugissant », celui de l’ancre de l’arrière. « Depuis ce moment, Ngatoro-i Rang! demeura h terre, et en firent autant Te Mate Kapua, He, Tia, et Waitaha- nui-o-He, le fils de He, et Tapuika-nui-a-Tia, le fils de Tia. « Maintenant quand Raumati apprit que YArawa était iv 23. 354 LES POLYNÉSIENS. halé sur le rivage à Maketu, il vint avec ses hommes, et mit le feu à YArawa. Alors Hatupatu réunit des hommes pour attaquer Raumati ; et, lui livrant combat sur le côté ouest de l’entrée de Taurang*a, tout à fait à l’opposé de Maunga- nui, il le tua, et attachant sa tête sur un poteau, il l’éleva sur le lieu même où il était tombé. C’est pourquoi le lieu a été appelé Panipani « les joues ». « Après cela, une partie des hommes de YArawa continua de demeurer à Maketu, tandis que l’autre partie alla à Ro- torua ; de là, ils s’étendirent jusqu’à Taupo et à Wanganui. « Makahae,le fils de Tapuika-nui-a-Tia, était un de ceux qui s’établirent à Maketu. « Makahae engendra Tawaki, 4e génération depuis Tia ; « Tawaki engendra Marukohaki, — 5e ; « Marukohaki engendra Ruangutu, — 6e ; « Ruangutu engendra Tatahau et Ngakohua, — 7e; « Tatahau engendra Manu et Punohu, — 8e ; « Manu engendra Taraikoe, — 9e; « Taraikoe engendra Mokopu-te -atua-hae, — 10e ; « Mokopu-te-atua-hae engendra Iwikino, — 11e; « Iwikino engendra Korokuai, — 12e; « Korukai engendra Rangi-tunaeke et Panei-o-inarama, — 13e ; « Rangitunaeke engendra Te Tiwha, — 14e; « Te Tiwha engendra Witipoutama, — 15e; « Witipoutama engendra Te Mumuhu et Te Amohau (1), — 16e; a Te Mumuhu engendra Te Ngahuru (2), — 17e; Revenant à la 13e génération : « Panui o-marama engendra Taiotu, — 14e ; « Taiotu engendra Te Iwingaro, — 15e ; « Te Iwingaro engendra Te Pukuatua (3), — 16e; (1) Chef qui était présent dans l’assemblée ; il avait des petits en- fants. (2) Ce chef a été tué il y a peu d’années à Maketu par une bande de guerre de Waïkato. (3) Chef présent à l’assemblée et ayant des petits enfants. LES POLYNÉSIENS. 355 Voici ce que Taylor dit de Y Arawci (1) : IY Arawa appareilla le premier. Son chef Tama-te-Ka- pua, cria à Ngatoro-i-Rangi de venir lever le Tapn ou de faire Tupeke sur la nourriture pour qu’ils pussent manger pendant le voyage, ce qu’ils n’auraient pu faire sans cette cérémonie. Il réussit à persuader Ngatoro-i-Rangi de venir à bord avec sa femme Kearoa, et ils allèrent à Aotea-roa avec eux. Ngatoro-i-Rangi était un personnage trop sacré pour demeurer dans l’intérieur du canot, aussi se tint-il sur le pont, les canots ayant des maisons soutenues par des pieux en bois sur le pont, et couvertes de raupo. Ils arrivèrent à Wangaparau, puis, de là, allèrent à Wakatane,et à Make- tu (2); ils laissèrent YArawa qui y est toujours resté depuis, transformé en pierre. Le Taïnui alla à Kawia ; son chef était Hoturoa. L’Aotea roa resta quelque temps à Hauraki, et de là alla à Otahubu, en compagnie du Taïnui et du Tongamaru , où ils transportèrent le canot par dessus l’Is- thme (3). lYAotea roa resta à Aotea ; le Taïnui à Kawia, et le l'onga-Maru à Nga-ti-Awa. Peu après avoir quitté Hawahiki, le jeune Tute-Nangahau fils de Manaia, avait été cherché; mais on n’avait pu décou- vrir ce qu’il était devenu, jusqu’au moment ou Tuparaunui, une grosse mouche et un ancien dieu, vint à leur aide ; par sa puissance de sentir, elle découvrit où il était enterré, et par son bruit assourdissant au-dessus du point, elle les mit à même de trouver les restes du pauvre enfant. Ta Ngatoro-i-Rangi karak[a i ora ai te Arawa. Enchantement de Ngatoro i Rangi pour sauver V Arawa. Unuhia te pou tapu Etait arraché le poteau sacré, Na te Rongomai-mua, De Rongomai-mua, Na te Rongomai-hiti. De Rongomai-hiti. (1) Ouvr. cité, p. 121. (2) Comme on voit, le canot allait du Sud vers le Nord. (3) De Tamaki à Manukau, il y a un portage qui n’a pas moins! d’un quart de mille ; et est appelé Ota-huhu. 356 Te vodka Rangona ata LES POLYNESIENS. Le Rango (1) du canot était enlevé. Ngatoro eut recours à une cé- rémonie religieuse (2). Au poteau de devant, Au poteau de l’intérieur, Au poteau de dehors, Au poteau de la chambre. Le jour était éloigné (nuit) Ngatoro se levant, dit : Laissez échapper votre parent Protégez-nous contre ce mau vais présage ; Il faut obéir (écouter) ou prier Obéir à qui ? KoterongonaRuaRangimua Obéir à Rua Rangi mua Turuturu wai Accourez vite Ko oho te tai na kauaka oho te tai (3) . Voilà la mer qui se lève Me ko ihu Marakau Sur l’avant de Marakau. Te tukua atu ki teara no Rua Nous descendons par le che- min de Rua, Heke , heke iho i o ara Allons, allons seulement par ce chemin. Takeke whano te ara a Nga- Le chemin que suit Ngatoro Ngatoro kahika Ki te pou mua Ki te pou roto Ki te pou waho Ki te pou te wharaua He aturangi mamao Ngatoro hapainga Takuate whanaunga Houhia te aïtua Ko rongo Ko te rongo na wait toro He ara whano ki te po Te po nui , te po roa, est sur le point de le faire périr. C’est le chemin qui conduit aux ténèbres. A la grande nuit, à la nuit profonde, (1) Pièce do bois sur laquelle on traîne les canots .. (2) La cérémonie à laquelle on a recours pour préserver de quelque malheur. (3) Passage tellement difficile à traduire que Shortland s’en est abs- tenu. Kauaka signifie : ne pas. Noter que Turuturu ne se trouve pas dans le Dictionnaire de Wil- liams, mais en tahitien ce mot signifie aider, secourir. LES POLYNÉSIENS. 357 Te po matire whatu , A la nuit à la pupille fendue Mate whai Ariki , A la mort de l’Ariki (qui ac- complit cette cérémonie.) Ko te ara a wai ? Quel est donc ce chemin? Ko te ara o nga niho totohu C’est le chemin des dents à a te Parata couler bas de Parata, Eke, eke, eke, Tangaroa , Viens, viens, viens à bord, ô Tangaroa. Eke , Penu ! Viens à bord,Penu ! Hui , e taïki e ! C’est effrayant, n’est-ce pas! Il est à peu près impossible de traduire le mot taïki , qui dans le dictionnaire de Williams signifie seulement côte (du corps). UE PIHI MO NGA TUPAPAKU Lamentation sur les cadavres. Taku hei (1), Ine piripiri. Mon collier ôtait fait de piripiri (2). Taku hei mokimoki (3). Mon collier était fait de mokimoki. Taku hei tawiri (4). Mon collier était fait de Tawiri. Taku kati taramea (5). Mon fermoir était en taramea. Te hei o te pounamu. Le collier en pounamu (en perles de verre). I haramai ai-E. Est venu le remplacer. E. I runga te angai ra ana. II lui est bien supérieur en beauté. (1) Hei , Ornement du col, collier. (2) Piripiri , Goniocarpüs tetragynus . (3) Mokimoki ou mieux makomako, frialia racemosa (arbre). (4) Tawiri, Pittosporum tenuifolium . (5) Taramea , Licusticum aciphylla (ombellifère). Angai n’est pas maori ; il faut lire probablement anga, aspect. Ana est la particule pour former le temps présent du verbe, ou le pronom, son, sa, ses; ou l’adverbe quand. Pihi, pousser, naître ; mo, pour; nga les ; tupapaku cadavres. 358 LES POLYNESIENS. Chant appelé Puwha ou Hari. Une seule voix d’abord pour préparer à tirer ou nager le canot ; puis les vers du Totowaka. Le premier dit par une seule personne pendant que les hommes se préparent, et le suivant répété par tous à la fois. Toia te Tainui , toia te Arawa , Tirez le Taïnui, tirez l’Arawa. Kia tapotu ki te moana. Pour qu’ils soient lancés à la mer. Ile toto waka Un canot traîné ou nagé. Une voix. Ka tangi te Kiwi Le Kiwi crie : Le Kiwi, oiseau Tous. Kiwi Kiwi. Une voix. Ka tangi te Moho Le Moho crie, Le Fou id. Tous. Moho. Moho. Une voix. Ka tangi te Tieke Le Tieke crie, Le Sterne id. Tous. Tieke . Tieke. Une voix. He poho anake. Par le ventre seul (expression de nageur pour certain degré de nage). Tous. To tikoko tikoko , Nageons, nageons, Une voix. Eaere i ara Il faut prendre le chenal Tous Tikoko. Nageons. Une voix Ko te tau rua te rangi , C’est la seconde année aujourd’hui. LES POLYNÉSIENS. 359 Tous. Kauaea ! Allons, hardi les hommes ! Une voix. Ko te hao tane. Tous. C’est le preneur d’hommes, Kauaea ! Une voix. Allons, hardi (ou g*aiement) les hommes ! Howai me kawe Tous. Enlevez (portez, arrachez) le canot. Kauaea ! Une voix. Allons, hardi (ferme) ! Me kawe kiwhea Tous. Où donc le porter (l’arracher), Kauae a ! Hardi les hommes. Une voix. A ke te take. Tous. Jusqu’à la racine Take no Tu , La racine de Tu. Une voix. E Hau ! Voilà le vent. Tous. Toia. Une voix. Nag*eons (en avant) Hau riri Le vent devient furieux Tous. Toia Nag-eons. Ici halte et aussitôt après nouveau départ Une voix. Koia Rimuhaere Tous. C’est véritablementl e Rimu qui passe le long* du bord. Kauaea ! Allons ! hardi ! Une voix. Totara haere Tous. C’est le Totara qui passe. Kauaea ! Allons ! hardi î Une voix. Pukatea haere C’est le Pukatea qui passe 360 Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une halte Une voix. Tous. Une voix. Tous. Une voix. Tous. LES POLYNÉSIENS. Kauaea ! Allons î hardi ! Homai te Tu Donne un bon coup Kauaea ! Allons ! hardi i Homai te maro Donnez-le ferme. KauaeaÀ Allons, hardi. Taku takapu Un coup de ventre. Kauaea ! Allons, hardi. Hihi, e ! Haha,e ! Ces longues syllabes indiquent qu’un grand effort de nage doit être fait. Pipi , e ! Tata , e ! Apitia Ensemble. Ha ! Ha ! Ko te haere Voilà qu’il marche. Ha ! Ha ! etc. nouvelle ; puis aussitôt nouvel élan. Ko au , ko au. C’est moi, c’est moi. Hitaue . Une longue nage. Mate ko[te hauga. La chose est morte. Hitaue Longue nage, Turuki , turuki , Poussez, poussez, Paneke , paneke , Avançons, avançons, LES POLYNÉSIENS 361 Une voix. Oioi tetoki. Brandissez la hache Tous. Kauaea ! Hardi ! Une voix. Takitakina. Faites-le sortir (jetez le) Tous. la? Qu’est-ce ? Une voix. He tikaokao. C’est un coq. Tous. He taraho C’est un pélican Une voix. He parera C’est un canard Tous. Ke , ke, ke , ke. Coin, coin, coin, coin. Une voix. He parera. C'est un canard. Tous. Ke, ke , ke, ke. Coin, coin, coin, coin, etc. Notes sur lesNgati àwa. Les tribus de ce nom prétendent descendre de l'équipage du canot le Matatua , qui aborda à Wakatane, dans la baie d’Abondance, et qui était commandé par Rauru. De là elles se répandirent à l'Ouest et à l’Est, le long des côtes de cette baie, et envoyèrent dans l’intérieur une divi- sion connue sous le nom de Te-Uri-Wera. Elles allèrent jusqu’à la rivière Waitara, près Taranaki. Dieffenbach dit (1) que ces tribus forment deux grandes divisions: l’une qui continue de vivre sur la côte Est de l’île-Nord, à Tauranga, Matata, Apotiki, Maraenui ; l’autre qui occupe les deux côtés du détroit de Cook, depuis Tara- (1) T. II, p. 77. 362 LES POLYNÉSIENS. naki jusqu’à port Nicholson, et depuis le cap Farewell jus- qu’à Cloudy-Bay . Cette dernière se subdivise en : A. — Ngatitoa, environ 1000, qui occupaient autrefois Wai- ng*aroa et Kawhia, et qui occupent aujourd’hui les deux bords du détroit de Cook, depuis qu’ils y ont été amenés en 1822 par Rauparaha. B. — Ng*ati-Tama,Mg,ati-Motung,a, qui vivaient ancienne- ment entre Mokau et le mont Eg-mont, et allèrent se fixer à port Nicholson, après avoir abandonné leur première de- meure; ils finirent enfin, pour la plupart, par aller s’établir aux îles Chatham (1). C. — Pukatapu, qui habitaient le cap Farewell, Wang*anui, et aussi dans le port Nicholson. C’est également aux tribus Ng*ati.-Awa qu’appartiennent les Ng-a-te-Rua-Nui, les Ng*a-te-Apa, et les Ng*a-te-Tahi, qui sont mêlés aujourd’hui aux Ng*ati-Awa dans le détroit de Cook. Les Ng’ati-Rua-Nui habitent entre le cap Egunont et la rivière Wang-anui : on estime leur nombre à 2000 environ. Les Ng*ati-Awa, au nombre de 2000, furent chassés des en- virons de Taranaki, vers 1832, par les Waïkato ; à leur tour, ils chassèrent les Ng*ati-Kahung,unu et les repoussèrent jusqu’à Waïrarapa (Baie Palliser). Mais, en même temps qu’eux arrivèrent les Ng*ati-Rakaua, chassés aussi parles Waïkato, de leur ancien domicile près des sources de la rivière de ce nom. Ils allèrent s’établir dans Otaki, à vingT milles au Nord de Kapiti (île de l’Entrée), et près de la rivière Manawatu, c’est-à-dire à peu de distance de l’endroit choisi par Rauparaha. Ce fut à Waïkanahi qu’ils élevèrent leur grand village fortifié et, à cinquante milles de là, leur village Otaki. Un combat assez meurtrier (l) Pourchassées par les Ngati-Rakaua unis aux Ngatitoa de Rau- paraha, ces deux tribus, sur le rapport des baleiniers, se décidèrent à se faire porter aux îles Chatham qu’ils leur disaient être riches et ferti- les. Ils affrétèrent dans ce butle Rodney , en 1838 (Thompson, p. 280) qui les y transporta pour un prix convenu : comme ils étaient bien armés, ils tuèrent facilement ceux qui essayèrent de résister et firent le reste esclave. Ces indigènes, dit Haie, y avaient été portés de la Nouvelle-Zélande par un coup de vent . LES POLYNÉSIENS. 363 eut lieu, en 1839, entre eux et les Ngati-Awa; ils furent dé- faits. M. Dieffenbach put donner ses soins aux blessés. Cha- cune de ces deux nations se disputait, dit-il, l’avantage sur l’autre. Ajoutons que les Ngati-Rakaua habitent les bords des rivières Manawatu, Rangitiki et Waitotara, qui toutes se déchargent dans le détroit de Cook. En 1840, ils étaient les alliés intimes des Ngatitoa, dont Rauparaha était le chef, et qui les avaient précédés d’une dizaine d’années. Du reste, malgré le départ des Ngati-Motunga et des Ngati-Tama, pour le Chatham, ou en trouve encore un certain nombre, au dire de Dieffenbach (1), à Wairarapa. Sui- vant lui, les habitants du port Nicholson appartiennent à la grande nation Ngati-Awa ou « le peuple de la rivière » ; ils sont au nombre d’environ 1,500 divisés en plusieurs petites tribus occupant les différentes anses de la baie. Encore une fois, les habitants actuels ne sont pas les an- ciens possesseurs. Ils ont pris cet endroit à la tribu Kahun- gunu. Notes sur les Ngati-Kahungunu. Dieffenbach les appelle Nga-te-Kahohunu. Shortland — Ngati Kahu-unuunu. Taylor — Ngati-Kahungunu. Thompson — Ngatikahungunu (2). C’était une nation autrefois plus puissante qu’aujourd’hui, qui s’étendait du cap Waiapu (cap Est de lTle Nord) jus- qu’à Rangitiki, sur l’Ile Nord dans le détroit de Cook. D’après Shortland (p. 23), elle occupait la plus grande partie de l’Ile-du-Milieu, et les îles du Sud. Il tenait ce ren- seignement d’un rapport fait par le révérend Puckey, qui (1) Ouvr. cité p. 91. (2) Kahu, vêtement, faucon, croître ;kaho, bâtons, lattes employées dans les constructions; unu, ôter, arracher déployer, par extension, vite; hunuhunu , enlever le poil en échaudant, échauder ; N gunu , ver. 364 LES POLYNÉSIENS. avait résidé 20 ans parmi cette nation sur lTle-du-Milieu. Mais il ne dit pas à quelle époque ce missionnaire avait commencé à résider sur cette île. C’eut été pourtant fort important à savoir, puisque les tribus parmi lesquelles il a vécu n’avaient émigré du détroit de Cook que vers 1827. Si l’on suppose qu’il a été à l’Ile-du-Milieu vers 1830, il aurait pu, en 1850, époque du renseignement, avoir résidé 20 ans parmi ces tribus, issues sans doute des Ngati-Kahungunu, mais qui n’étaient que les Ngaitahu et les Rangitane chas- sés par Rauparaha du détroit de Cook. Déjà nous avions fait remarquer que Shortland s’était abstenu de demander aux familles Ngati-Mamoe citées par lui les renseignements généalogiques qu’il donne sur plusieurs chefs de lTle-du-Milieu, après les avoir demandés à leurs vainqueurs. Ici encore nous ne pouvons que regretter qu’il n’ait pas précisé davantage, en indiquant la date et la loca- lité habitée par le révérend Puckey. Thompson dit (1) que les Ngati-Kahungunu sont divisés en nombreuses petites tribus, et il en fait connaître par leurs noms quarante-cinq, parmi lesquelles on voit figurer la tri- bu des Ngaïtahu, mais non celle des Rangitane. C’est cette nation ou tribu, qui occupait Tory-Ghannel et port Nicholson, lors du passage de Cook, et qui, refoulée en 1832 ou 1833, parles Ngati-Awa, alla se réfugier vers la baie Hawke pendant que les Ngaitahu et les Rangitane, chassés vers 1827 ou 1828 par Rauparaha de la côte Nord de l’He-du- Milieu, avaient trouvé un refuge sur la côte Est de cette même île. Suivant Thompson, elle occupe la côte Est de l’Ile^Nord depuis la baie Pauvreté jusqu’au cap Palliser , et se compose d’environ 4000 âmes. Nous avons dit précédemment que nous ne croyions pas à l’émigration faite par cette tribu à l’Ile-du-Milieu, deux siècles auparavant; mais l’eût-elle fait que cela ne diminue pas l’ancienneté plus grande des Ngati-Mamoe, et ne dé- truit en rien ce fait curieux que les équipages de deux des canots de la grande émigration d’Hawahiki, le Matatua et le Haupo , étaient composés de Ngati-Kahungunu . (1) Ouvr. cité, vol. 1, p. 93. LES POLYNÉSIENS. 365 Tradition relative aux tribus Ngati-Kahu-ünuunu, Nga-Puhi et Rarawa (1). La présente esquisse de là tradition relative à leur ancien- ne histoire a été fournie par un naturel de la tribu Rarawa, qui tire son origine de la même source. « Po, Tiki, Ruaewa et Mawete étaient quelques-uns de ceux qui découvrirent cette île. Les noms des canots qui étaient partis d’Hawahiki étaient Tainui , Arawa , Kura- houpo, Moekakara, Mahuhu et Mamari. Et il y en avait d’autres encore dont on ne sait plus maintenant les noms. Le premier lieu d’abord atteint a été Whaiapu [Cap Est (2)]. Les vivres qu'ils avaient pris à Hawahiki étaient alors si près d’être consommés que tout ce qui en restait pouvait être logé dans le coin d’un petit panier. On le planta, et il commença à croître dans la Nouvelle-Zélande. Les ancêtres des tribus qui vivent dans le Sud, c’est-à-dire le district du cap Est étaient les Whatutahae, une fille de Po.Elle épousa Mawete; d’elle sont descendus les Ngati-Porou et les Ngati-Kahu-Unuunu. Quelques-uns des enfants de Po vinrent à cette partie de l’île, c’est-à-dire la baie des Iles et Kaitaia. Ils se nommaient Whatu-Kaimaru, une autre fille de Po, Toroa et Taiko, qui furent les ancêtres des Ngapuhi et des Rarawa, ainsi que de Te Rauparaha et de Taoho, qui vit à Kaipara (3). Mahuhu , le canot sur lequel était le chef Rongomai, fut chaviré, et le corps de ce chef fut mangé par le Araara ; c’est pourquoi ce poisson a toujours été depuis regardé comme (1) Shortland, p. 23. Le révérend Puckey, qui a résidé près de 20 ans parmi cette tribu, envoya l’original d’où est tiré ce qui suit, au chef de la justice, qui m’a permis d’en prendre connaissance. (2) Le narrateur ne voulait pas dire, ajoute Shortland, que tous les canots firent terre à Whaiapu, mais seulement le Kurahoupo et les au- tres trois dans lesquels vinrent ses ancêtres. Nous avons déjà vu que le Tainui et X Arawa abordèrent à Whangaparaoa. (3) Ce qui signifie que ces deux chefs sont unis par des alliances de famille avec les principales tribus du Nord. 366 LES POLYNÉSIENS. sacré par les Nga-Puhi et par les Rarawa : aucun d’eux, avant d’avoir embrassé le christianisme, n’osait en manger. L’origine du nom Nga-Puhi était le Puhi ou la plume du canot Tainui ; et l’ancien nom des Rarawa était Aewa. __ Notes sur les Ngati-Mamoe. Récit fait par Tuhawaiki et plusieurs autres indigènes de la même tribu (1) : « Il y a environ trois cents ans ou dix générations, toute cette partie de llle-du-Milieu qui s’étend depuis Waïpapa, point à environ vingt milles dans le Sud du cap Campbell jusqu’à Rakiura ou île Stewart, y compris le détroit de Fo- veaux et probablement une grande partie de la côte Ouest, était possédée par une tribu qui était appelée Ngati-Mamoe. « La tribu qui les bornait au Nord s’appelait Te Huatahi; elle avait pour ancêtres des émigrants de l’île Nord, qui s’é- taient fixés à Wairau (2), A l’Ouest, la contrée environnante « Totaranui », était occupée par la tribu des Ngaitara, dont les ancêtres étaient venus aussi de l’Ile-Nord, sous le com- mandement du chef Te-Puhi-Rere, qui, disait Tuhawaiki, descendait de la même souche que les Nga-Puhi. « Il paraît qu’à cette époque une grande et puissante tri- bu s’étendait de Turanganui-a-Rua (baie de Pauvreté), tout le long de la côte Est et des côtes Nord du détroit de Cook, y compris Waïrerapa, Porirua, et même des points plus à l’Ouest, Cette tribu n’a été repoussée que tout dernièrement vers Wairerapa, sa limite Sud actuelle, par Rauparaha. Elle est encore appelée par son nom primitif de Ngati-Ka hungunu . « Le désir de s’emparer du Pounamu, qui n’était trouvé que sur l’Ile-du-Milieu, paraît avoir été le principal motif du départ d’un grand nombre de personnes de cette tribu, à dif- férentes époques, pour envahir le pays des Ngati-Mamoe qui étaient devenus célèbres par leur possession de ce trésor. « Les plus anciennes de ces invasions ont eu lieu, il y a (1) Shortland, Southern Districts , p. 98. (2) Cloudy Bay. LES POLYNÉSIENS. 367 près de 270 ans avant l’époque actuelle ; car Tute-a-Hunga, chef de cette tribu, qui vivait, il y a neuf générations, passe pour avoir été tué à Kai-Koura. Sa famille était appe- lée Ngai-Tahu, de son grand-père Tahu ; une autre famille appelée Te Aitanga Kuri, « postérité de Kuri », Kuri étant cousin de Tute-a-Hunga, vint aussitôt après et réunit ses forces à celles des Ngaitahu; mais ils n’eurent pas de suc- cès contre Kai-Koura, et leur chef, Manawa, y fut tué dans une escarmouche par Tuikau, chef des Ngati-Mamoe. « Vers la même époque, un puissant renfort de Ngati- Kahungunu fut amené par un chef nommé Tura-Kautahi, dont le père et le grand-père, en faisant une pareille tenta- tive, s’étaient noyés avec leur équipage devant Raukawa, où leur canot avait chaviré. Tura-Kautahi, avec son frère Moki, débarqua ses forces à Totaranui, et ils durent se tracer un chemin à travers les Ngaitara et les Tehuataki, avant de pouvoir atteindre ceux de leur tribu qui les avaient précédés et qui se trouvaient alors à Kai-Koura. « Réunis, ils attaquèrent le Po, appelé Parewakatu. Peu après, les Ngati-Mamoe furent encore défaits, dans un en- droit appelé Purakakariki, puis à Waikakahi, où l’un de leurs chefs Tute-Kawa, fut tué, et un autre nommé Rangi- ta-Mau, fut fait prisonnier. La vie de ce dernier fut épar- gnée et on l’envoya résider à Kaiapoi pour pêcher les an- guilles et préparer la nourriture de son vainqueur, quand il irait de ce côté. « Après cela, ils se partagèrent les terres conquises. Te- Ruahikihiki, fils de Manawa, qui était retourné dans sa tri- bu, sur l’Ile-Nord, pour lever de nouvelles forces parmi ses parents, afin de venger la mort de son père, revint vers la même époque, et se fixa à Taumutu. Ce point était le plus près du nouveau territoire conquis et par conséquent le meilleur pour qu’il pût rencontrer son ennemi, et en obte- nir Vutu ou la satisfaction désirée. « Les Ngati-Mamoe se retirèrent plus au sud. Et, finissant par trouver qu’ils étaient trop faibles pour espérer repren- dre leurs possessions perdues, ils firent lapaixavec leurs en- vahisseurs et s’unirent à eux. Alors les deux races se con- 368 LES POLYNÉSIENS. fondirent en une seule tribu qui, ayant dans les principales familles du sang* de Tahu dans les veines, prit le nom géné- rique de Ng*a-i-Tahu ou Kaitahu. « J’ai trouvé que toutes les familles importantes d’à pré- sent, faisaient remonter leur orig-ine à Turanga, ou baie de Pauvreté, qui est le côté conquérant et, à cause de cela, le plus honorable, et qu’elles passaient sous silence l’origine Ngati- Mamoe antérieure à leur conquête. Delà la difficulté d’obte- nir quelques informations sur l’histoire ancienne de cette tribu. Il faudrait chercher dans les familles qui existent encore de ce vieux tronc. Il y en a deux, habitant aujour- d’hui Waiateruati, appelées Kati-Rakai et Kati-Hinekato,et il y en a davantage dans le détroit de Foveaux, mais je n’ai pas eu l’occasion d’apprendre d’eux ce qu’ils pouvaient sa- voir de leur propre histoire. Notes sur Rauparaha. Rauparaha était né en 1769; il résidait à Kawhia, sur la côte ouest de l’Ile-Nord. Ne pouvant résister aux attaques du redoutable Hongi, il se décida, en 1822, à fuir vers le dé- troit de Cook et il alla sefixer sur l’île Kapiti, ou de l’Entrée, de Cook. S'étant procuré beaucoup d’armes à feu, il ne tarda pas à devenir la terreur de tous les environs, à plus de cent milles ; il parvint à chasser de leurs demeures les habitants du détroit de Cook, qui appartenaient à la grande nation Ngati-Kahungunu ; le reste fut exterminé. Parmi les tribus forcées d’abandonner leurs demeures se trouvaient les Rangitane (1) et les Ngaïtahu (2) ou Nga- (1) Rangi , ciel, firmament, jour, temps ; tane, mâle, mari, homme. (2) Shortland écrit Kaitahu et Ngaitahu : ces mots sont contrac- tés de Ka-ai-Tahu et de Nga-ai-Tahu , « les descendants de Ta- hu. » Kai et N gai , dans les districts sud, de l’Ile-du-Milieu, ont, d’après Shortland, la même signification que Ngati a dans le Nord. « Comme ngati est une contraction pour nga-ati , j’imagine dit-il, que ati est simplement une autre forme du mot ai ou ai tan- ga. pour l’euphonie.» Ngai ne pouvant être Maori, n’est-ce pas plutôt Kai-Taliu ou en- core Nga-i-Tahu : nga , partie, pluriel; i de; tahu prud’homme, race, ancêtre, mari, époux, brûler, incendier, tranchant d’outil ? LES POLYNÉSIENS. 369 hei-Tao comme l’écrit Dieffenbach. Les Rangitane occupaient Na-Rua-Witu ou la baie de l’Ouest de Cook; les Ngaïtahu étaient à Queen’s Charlotte Found, où Cook lui-même les avait trouvés. Malgré leur bravoure, ils furent incapables de résister aux armes réunies de Tupahi et de Rauparaha : une partie dut devenir esclave des Ngati-Toa à Oieri, et le reste alla s’établir sur la côte est de rile-du-Milieu. Après leur expulsion, les Ngati-Tahu se présentèrent plusieurs fois dans le détroit de Cook pour essayer de se venger et les récits rapportent, entre autres, le combat qui eut lieu à Raumea, sur la côte de l’Ile-du-Milieu (Baie du Combat), où Tairoa, le chef des Ngaitahu, se trouva cerné un jour par les canots de Rauparaha. Heureusement pour lui qu’un songe ayant fait retarder l’attaque de Rauparaha, il put, dans la nuit, parvenir à lui échapper. Plus tard, Rauparaha se rendit à diverses reprises à Kaï- koura, et même jusqu’à Otakou (Otago) pour piller et tuer les peuplades fixées sur cette côte de l’Ile-du-Milieu. Short- land rapporte (1) plusieurs de ces excursions racontées par le fils de Rauparaha lui-même, qui y avait pris part étant encore fort jeune. Bien que toujours battues, les anciennes populations ne résistaient pas moins à chaque attaque, et leurs vainqueurs, une fois de retour chez eux, n’étaient pas sûrs de n’y pas être attaqués. C’est ainsi que Dieffenbach a lui-même re- marqué, en 1840, que les Ngati-Awa du détroit de Cook crai- gnaient que le chef d’Otakou,Taïroa, ne vînt les attaquer. Ce qui prouve, d’un autre côté, que toutes les anciennes tribus du détroit n’avaient même pas quitté ce détroit en 1840, c’est l’extermination que Rauparaha fit alors des Ngati-Ka- hungunu, après être parvenu à les refouler sur une langue de terre. C’est vers l’année 1822, avons-nous dit, que Rauparaha, avec sa tribu appelée Ngatitoa, était arrivé dans le détroit de Cook. Quelques années après, s’y présenta la tribu Ngati- Ra- ie a ua, chassée de Maungautatari, par les Waïkato : elle (1) Ouvrage cité, page 253. TI 24 370 LES POLYNÉSIENS. alla S3 fixer entre la rivière Wanganui et Kapiti(i). Elle se composait, d’après Thompson, d’environ 2.500 personnes, et elle commença par refouler les Ngati-Kahungunu de cette côte jusqu’à Rang'itikei. Rauparaha s’allia à elle et il put continuer, avec plus de succès, les guerres faites par sa tribu seule à toutes celles des environs. Mais, dans le même temps que les Ngati-Rakaua, c’est-à- dire vers 1832, dix ans après la venue de Rauparaha dans le Détroit, se présentèrent également les Ngati-Awa, chassés de Taranaki (New-Plymouth) par les Waïkato : ils commen- cèrent par chasser les Ngati-Kahungunu jusqu’à Wairarapa (Baie Palliser), et s’emparèrent de leurs terres. Ce fut à cette occasion que les tribus Ng’ati-Tama et Ngati- Motunga, qui étaient fixées à Waïrarapa, se décidèrent à émigrer aux îles Chatham, à l’aide d’un bâtiment angdais. Ajoutons qu’en 1840, les Ngati-Awa occupaient les terres qui avaient appartenu autrefois aux Rangitane et aux Kai- tahu et, à en juger par les restes de Pa de ces tribus, elles devaient, dit Dieffenbach, être très nombreuses. Les traditions ne disent pas à quelle époque exacte ces deux dernières tribus avaient été expulsées ; mais il est cer- tainement facile d’en fixer la date à quelques années près, grâce à ce que l’on sait touchant l’époque de la venue, en 1822, de Rauparaha dans le Détroit. Or, c’est en 1830, que le récit écrit de son fils le fait se transporter avec sa troupe à Kaïkoura, près de la péninsule de Banks, pour venger la mort de Tepahi, tué en 1829 par le chef des Ngaitahu, Tama- i-Haranui, alors qu’il était son hôte dans son Pa de Kaiapo- hia. On sait que Rauparaha affréta, dans ce but, Je navire anglais Y Elisabeth, capitaine Stewart (2). Il est donc proba- ble que l’émigration des Ngaïtahu n’avait eu lieu que quel ques années auparavant. Ajoutons que Rauparaha ne mourut que le 27 novembre (1) Taylor, p. 323, fait de Rauparaha le chef des Ngati-Rakawa, et il le fait naître à Maungautatari vers 1770. (2) Voir Taylor, p. 323« LES POLYNÉSIENS. 371 1849, c’est-à-dire vers l’âge de 80 ans, après avoir été rete- nu prisonnier par les Ang-lais pendant 15 à 18 mois pour le punir de son massacre d’Européens à Waïrau et de ses me- nées contre la colonisation. On dit qu’il s’était fort adouci avant de mourir. LÉS GUERRES DE RAUPARAHA DANS L’iLE DU MILIEU. Récit écrit par le fils de Rauparalia qui, étant tout jeune, accompagna son père (1) : « Le motif de la guerre que nous allâmes faire sur l’autre île fut la malédiction de Rerewaka, le chef de Kaikoura (the Lookers-on de Cook). Ce chef se vantait de fendre le ventre de Rauparaha avec la dent d’un poisson. La renom- mée de la valeur de Rauparaha était allée jusqu’à Kaikoura, d’où l’on disait que Rerewaka se servait de la malédiction Niho-Manga (2). «Quand cette malédiction fut connue de Rauparaha, il partit avec ses canots pleins de combattants pour aller atta- quer Kaikoura. Bientôt Rerewaka fut tué, un grand nom- bre de ses hommes périrent avec lui, et ceux épargnés fu- rent faits esclaves. « Après le combat, un de nos chefs, nommé Te Pehi, in- sista pour aller à Kaiapohia (le lieu où est établi Canterbury) pour avoir un patu-pounamu des hommes de cet endroit : un parti d’environ cent hommes composa cette expédition, laissant le corps d’armée à Kaikoura. Ces cent hommes firent tout le chemin par terre et atteignirent Kaiapohia le 4e jour (3). « A leur arrivée à Kaiapohia, Te Pehi et ses amis furent invités à monter au Pa pour recevoir quelques cadeaux de pierre Pounamu. Mais Te Rauparaha, craignant quelque perfidie, conseilla à Te Pehi de ne pas aller dans le Pa, s’il (1) Shortland, South. Dist., p. 253. (2) Niho , dent ; manga , espèce de poisson ; mango, requin. (3) Kaiapohia est Kaiapoe (Baie Pégase) de la carte anglaise de Thompson. ^ 372 LES POLYNÉSIENS. ne voulait pas être tué. Son avis était d’échanger des fusils pour du Pounamu en dehors des défenses. « Néanmoins Te Pehi n’était pas persuadé, car il avait là un ami nommé Tamai-Haranui qu’il avait connu autrefois à Port-Jackson ; si bien que lui et ses amis entrèrent dans le Pa et y passèrent une nuit. Mais aussitôt que le jour se fit, ils furent jugés et vingt d’entre eux, tous hommes de dis- tinction, furent tués sur place. Les autres s’échappèrent en sautant par dessus la palissade et s’enfuirent vers le corps d’armée. « Maintenant quel était le nombre des hommes du Pa. qui prirent part à cet acte? S’ils avaient osé se montrer, on aurait pu obtenir un paiement par une bataille ; mais ils ne voulu- rent pas se montrer. C’est pourquoi le parti de guerre re- tourna vers le corps d’armée laissé à Kaikoura, et tous s’en retournèrent à Kaputi. « Quand on fut arrivé à Kaputi, on commença à discuter pour savoir quel serait le « paiement » pour Te Pehi et les autres. On résolut de rendre perfidie pour perfidie, meurtre pour meurtre. Cette détermination prise, nous restâmes tran- quilles pendant un an. « À la fin de ce temps, parut un navire et Rauparaha dit au chef du navire: « Yeux-tu te charger de me conduire « avec mes hommes à Wangaroa pour frapper là un coup ? « Ton paiement sera du lin, assez de lin pour charger ton « navire.» Cette proposition fut acceptée par le chef du na- vire: si bien qu’ après avoir pris cent quarante guerriers, il fit voile de Kaputi, et après trois jours, mouilla à Wanga- roa (1). « Alors, par le stratagème suivant, on prit au piège Tamai- Haranui, le chef des Ngaitahu : on lui envoya un message, comme de la part du chef du navire, l’invitant à venir à bord pour échanger quelques barils de poudre. Tamai- Haranui, pensant que le message, était véritable, vint im- médiatement, amenant sa femme et sa fille avec lui. Mais il ne fut pas sitôt sur le pont qu’on le saisit et le mit aux fers. Immédiatement après les 140 descendirent à terre (]) Tour Ilaknroa. LES POLYNÉSIENS. £73 pour attaquer la tribu Wangaroa. Après avoir détruit tous les établissements de cet endroit, tué ou chassé les habitants dans les montagnes, ils retournèrent sur le navire avec leurs prisonniers et appareillèrent. « Pendant' que le navire était à la mer, Tamai-Haranui et sa femme étranglèrent leur fille ; car la femme et la fille avaient été laissées déliées ; et personne ne s’en aperçut que la fille ne fut tout à-fait morte. Quant au chef et à sa femme, ils furent conduits à Otaki et remis à la femme de Te Pehi, qui se nommait Tiaia. D’Otaki, ils furent menés à Waitohu pour être mis à mort. Six femmes, toutes personnes de rang, tuèrent Tamai-Haranui et sa femme ; ayant d’abord fait un trou dans leur cou, elles burent leur sang%, afin d’obtenir une satisfaction complète. Cela fut fait parce que Tamai- Ilaranui était un meurtrier. « Après la mort de Tamai-Haranui, nous restâmes plus d’un an à Kaputi. Et alors nous allâmes de nouveau faire la guerre dans la môme contrée. Ce fut le 3e mois, vers la saison où le fruit du Karaka est rouge, que l’on mit les ca- nots à l’eau, et quand nous arrivâmes a Kaiapohia, les pata- tes avaient acquis tout leur volume. « Kaiapohia était un Pa très fort, entouré de trois côtés par un marais ; le côté qui n’était pas défendu par le marais l’était par des poteaux. De ce côté, il y avait trois plans per- cés d’ouvertures pour les fusils. 11 y avait aussi deux fois cinq cents hommes dans le Pa. Quand ces hommes regar- daient la force de leur position et l’abondance des provisions pour soutenir leur force, leurs cœurs étaient pleins de van- teries. De sorte qu’ils criaient dans leur dialecte : E tamay haramai ra , kia homatia o koutou ïhu ki roto i Taratu : Venez ici, camarades, et nous enterrerons vos nez dans Ta- ratu.» Taratu était le nom du lac. « Pendant trois mois ce fut en vain qu’on assiégea le Pa. De sorte que nos anciens se réunirent en conseil pour tracer un plan qui permît de le prendre promptement. a Nos chefs s’occupent sérieusement des places qui sont difficiles à prendre d’assaut. C’est seulement le plus habile qui peut indiquer la méthode la plus convenable de prendre 374 LES POLYNÉSIENS. les places les pluü fortes. C’était la supériorité de Raupara- ha. Il était à la fois brave et habile à inventer des stratagè- mes de guerre. « Très bien alors. Les vieillards s’assemblèrent en conseil. Quelques-uns des chefs furent d’avis de faire un Kahupapa, ou bouclier (défense) assez large pour 20 hommes qui le pousseraient devant eux sur le Pa. On le commença aussi- tôt ; mais quand il fut fini, on le trouva mauvais, et on l’a- bandonna à cause de cela. On proposa immédiatement de creuser des tranchées en zig-zag dans le sol afin d’approcher autant que possible du Pa. Tout le monde l’adopta, parce que c’était la méthode convenable, et le creusement fut commencé sans délai ; trois tranchées furent creusées : l’une était l’ouvrage des Ngatitoa ; une des Ngati-Awa ; et la troi- sième des Ngati-Raukawa. L’ouvrage du creusement des tranchées avait été ainsi divisé, afin de distinguer la valeur de chaque tribu. « Quand les tranchées furent arrivées presque auprès des meurtrières, on suspendit le creusement, et tous les hommes allèrent couper des broussailles et de la fougère pour mettre le feu au Pa. Ils travaillèrent ferme pour faire des balles de Manuka (podocarpus excelsus ), et ils les laissèrent aussi pro- che que possible des meurtrières, jusqu’à ce qu’il y en eût un tas élevé. a Dans le même moment, les hommes du Pa pensèrent à mettre le feu au Manuka, afin de le brûler de suite et d’em- pêcher que les défenseurs eussent à en souffrir. Dès que le premier beau jour fut venu, alors qu’il n’y avait pas le moindre souffle de vent, ils se dirent : « C’est le moment de a mettre le feu au tas ; car il fait beau, et le Manuka que nos « ennemis ont accumulé sera bientôt consumé. » « Au contraire, notre intention était d’aborder le premier grand vent qui soufflerait droit vers l’extrémité du Pa, et de mettre alors le feu aux broussailles, pour que la flamme fût portée vers la palissade et la brûlât. « De sorte que, le jour suivant, au lever du soleil, pendant que nous étions à prendre notre premier repas, les hommes du Pa mirent le feu en jetant des cendres à travers les LES POLYNÉSIENS. 375 meurtrières, d’où ils tiraient sur nous, et bientôt le Manuka commença à brûler. « Mais dès que le feu fut aperçu, nos chefs crièrent d’as- saillir immédiatement le Pa, si bien que tous les six cents hommes se levèrent : pas un ne pensait à la mort; et, pres- sant gaiement leur nez contre celui de leur femme onde leur enfant, ils s’élancèrent aussitôt résolument à la mort ; car le Manuka brûlait, et nous craignions qu’il ne se con- sumât en vain hors du Pa. Alors chaque homme prit une charge de Manuka et s’avança vers une meurtrière, se reti- rant chaque fois qu’il voyait un fusil tourné contre lui, puis recommençant jusqu’à ce qu’il eût bouché la meurtrière. Deux hommes se dirigeaient à la fois sur chaque meur- trière, de sorte que si l’un d’eux venait à être tué, l’autre pouvait la boucher. De cette manière, toutes les meurtrières furent bouchées, et les broussailles étant jetées à toucher la palissade, celle-ci prit feu aussi. « Alors le cœur des guerriers se réjouit, et ils entonnèrent un Ngeri pour étouffer les gémissements des blessés, et em- pêcher que rien n’interrompît le combat. Ainsi les six cents ensemble se mirent à chanter leur Ngeri national (1). (1) Ce Ngeri est le Ngeri national des tribus Ngati-Raukawa et Nga- itoa. Nous avons donné la traduction de Shortland. En voici les paroles indigènes : Awhea (pour ahea ) tou ure ka riri ? Awhea tou ure ka tora ? E ! kei te tai ka wiwi, E ! kei te tai ka wawa, Tukua te ihu Ki te tama iti. Me pehea ? Ka kite koe , I nga puke waka manamana ; A te toa haere noa. Ka riro ! E rongomai hiti ! Les mots wiwi et wawa sont supposés représenter par leur son le ruit du flot sur la plage. M. Shortland fait remarquer quela traductionne donne qu’une idée incomplète de l’énergie du texte, et nous croyons devoir nous-même faire remarquer, à ce sujet, que le mot ure est rendu par valeur, cou- 376 LES POLYNÉSIENS. Quand vous voulez que votre valeur s’emporte, Quand vous voulez que votre valeur soit forte. Quand la mer murmure, quand la mer gronde, Dites adieu (approchez votre nez de) A vos enfants. Car que pouvez-vous faire de plus ? Vous voyez comme, De meme que les hauts pics des montagnes, Le brave marche en avant. Ils cèdent, ils cèdent ! ô Renommée ! « Le son de ce Ngeri nous donna un nouveau courage. Mais quand les Ngaitahu, c’est-à-dire les hommes du Pa, l’entendirent et qu’ils virent en même temps le feu qui brû- lait leur palissade, ils furent pris de panique. De sorte que leur Pa fut pris d’assaut, et la plus grande partie de ses dé- fenseurs furent tués ou faits esclaves. a Quelque temps après ces événements, nous, les Ngati- Toa, partîmes seuls de Kapiti, dans le but d’aller attraper des canards du paradis à Te Karaka (cap Campbell.) Et pendant que nous étions à Wairau, attendant le calme pour nous rendre agréablement à Te Karaka, notre prêtre eut un songe dans la nuit. Dans ce songe, il entendit une voix lui chantant ces paroles : Kei Wairau ia \ Kei Waiharakeke ka tumauatu. « Il est maintenant à Wairau ; il restera à Waiharakeke. » « Les hommes de la nuit, c’est-à-dire les esprits, chan- taient ce chant. rage, mais qu’il signifie littéralement pénis, et qu’il est employé ici au figuré. Nous ajouterons qu'il y a peu de mots jouant un si grand rôle que le mot ure dans les chants traditionnels des Maori, de même que ceux des autres Polynésiens et, sans parler de Te-Ure-Nui, le fils de Manaia, et de plusieurs autres applications de ce mot, nous citerons ici une réponse de Maori qui faisait toujours rire le narrateur, dit Shortland, quand il avait l’occasion d'en parler. Turangatao se sauvait pour éviter la mort d’ennemis plus forts, et sa femme essayait de le retenir en lui disant : «O Turangatao, reviens au moins pour m’aider à sauver nos enfants* ; mais sans s’arrêter, il se contenta de lui répondre: « He tamariki hei te matamata o te ure . E pari ana îe tai o te kotinga ;» «Oh ! quant aux enfants, j’en puis faire assez (j’en ai la source), le courant de la vie est à flot. » LES POLYNÉSIENS. 377 € Alors le prêtre se réveilla, et répéta les paroles qu’il avait entendues ; et, croyant que c’était un mauvais présage, il nous conseilla de ne pas penser à aller à Te Karaka, si nous ne voulions pas être tués par les Ngaitahu. « Mais Te Rauparaha dédaigna l’avis du prêtre et ne vou- lut pas l’écouter. De manière que nous mîmes à la voile, les uns dans un canot, et les autres dans quatre canots, le nom bre de tous les équipages montant à quarante hommes. Nous qui étions dans le canot, nous fûmes les premiers à atteindre la côte et à débarquer. Mais comme nous remarquâmes des traces de pieds sur le rivage et quelques feuilles fraîches de chou sauvage çà et là, nous avançâmes avec précaution, Te Rauparaha à la tête, mon frère aîné après et dix autres sui- vant. Nous n’arrivàmes pas loin de la porte sans reconnaî- tre quelques-uns des hommes du parti ennemi, se tenant en embuscade. Ceux-ci, dès qu’ils se virent découverts, se pré- cipitèrent sur nous. « Alors Te Rauparaha ramassa une grosse pierre pour a lancer au premier de la bande. L’homme hésita; et si nous avions seulement été un peu plus nombreux, nous serions retournés combattre avec eux, quoiqu’ils fussent plus de cent. Mais comme nous n’étions que dix, nous nous enfuîmes vers notre canot. Le canot fut atteint, il flotta aussitôt sur la mer; nous sautâmes à bord; mais, dans la précipitation, les pagayes furent laissées à terre, car elles avaient été mises sous la quille du canot pour aider à le mettre à l’eau. « Si bien que lesNgaitahu arrivant lestement, saisirent le canot par l’avant et commencèrent à le lialer à terre. « Alors, voyant qu’il n’y avait pas d’autre moyen d’échap- per, nous sautâmes dans la mer et nous nageâmes vers l’un des canots qui venait justement d’arriver et qui attendait à peu de distance. Nous arrivâmes tous saufs à bord ; mais, le canot étant trop lourdement chargé par l’augmentation de notre poids, il fut en danger d’aller, au fond; c’est pourquoi nous jetâmes quelques esclaves par dessus bord pour l’allé- ger, et nous préparer à combattre l’ennemi. « Dans le même moment, les Ngaitahu se servaient des pagayes et nageaient pour nous poursuivre. Ils ne purent ce- 378 LES POLYNÉSIENS. pendant approcher très près de nous, car quand ils virent que nous nous disposions à reprendre, si c’était possible, le canot à l’abordage, ils retournèrent h terre. « Quant au prêtre qui avait fait le rêve, il tomba dans les mains des Ngaitahu, et fut tué sur la plage. C’est pourquoi nous reconnûmes tous que ce rêve était vrai. Le prêtre se nommait Te Raho. » La suite du récit raconte comment ils furent poursuivis par les guerriers Ngaitahu aussi loin que Cloudy-bay (Wairau ?), où ils s’arrêtèrent en envoyant un canot, dans la nuit, de l’autre côté du détroit, pour demander du secours. Le se- cours arrivé, une escarmouche sans résultat décisif eut lieu ; mais les tribus du Sud, ne voulant pas risquer un engage- ment, profitèrent d’un vent favorable pour mettre tous leurs canots à l’eau, pendant la nuit, et retournèrent dans leurs pays. Grâce à la rapide expansion du christianisme, la guerre ne fut jamais renouvelée par aucun parti, et quelques années plus tard, les deux fils de Rauparaha allèrent, en missionnai- res de paix, prêcher l’évangile à chaque tribu qui avait tant souffert de leur père et de ses guerriers. LES POLYNÉSIENS. 379 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. Acosta (Joseph). Histoire natu- relle et morale des Indes tant occidentales qu’orienta- les, traduite par Robert Re- nault. Paris 1698 Adelung et Vatkr, oraison domi- nicale en 500 langues et dia- lectes. Mithridate, 1806. Amery. Mémoire sur l’origine des races. Proceedings Soc. Asiat. London 1867 v Andrews, Grammar of the ha- waiian language ; Honolulu 1854. — A dictionary of the hawaiian language. Honolulu 1865. Annales maritimes publiées par le ministère de la marine de- puis 1816. Annales de l’Extrême Orient. Annales des Sciences naturelles. Annales des voyages. 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Table des Matières DU PREMIER VOLUME Préface . . . . i PREMIÈRE PARTIE ETHNOLOGIE OCÉANIENNE CONSIDÉRATIONS GENERALES. Recherche des origines ethniques plus difficile pour les races Océaniennes que pour les races Européennes. — Iles hautes et basses des mers du Sud. — Leur inégale distribution. — Ces îles sont habitées par deux races différentes, la race Polynésienne et la race Mélanésienne. — Différences physiques et morales qui séparent ces deux races. — Signification des mots Polynésie et Polynésiens, Mélanésie et Mélanésiens. — Cantonnement des deux races. — Propositions principales qui seront développées et marche qui sera suivie dans le cours de l’ouvrage i LIVRE PREMIER RACES MÉLANÉSIENNES. Divergences des voyageurs et des auteurs sur les caractères phy- siques et le lieu d’origine des races Mélanésiennes. — Deux races admises par les Anthropologistes modernes : la race Négrito et la race Papua i3 CHAPITRE pr RACE NÉGRITO. Extension géographique des Négritos, une des races primitives de l’humanité. — Leur habitat actuel. Leurs ^caractères physi- ques. — Tableau récapitulatif de ces caractères 17 394 TABLE DES MATIERES. CHAPITRE II RACE PAPUA. I PAPOUS. Confusion résultant du mot Papou mal défini. — ■ Caractères phy- siques des Papous, d’après les voyageurs et les auteurs an- ciens : Quoy et Gaimard ; R. P. Lesson ; Bory de Saint- Vincent ; de Rienzi ; Dumont d’Urvi'lle ; Hombron ; Jacquinot. D'après les voyageurs et les auteurs modernes : A. -B. Meyer ; les Naturalistes du Challenger ; Topinard. — Les Papous sont des métis de Papua et d’Alfourous. — Existence des Alfourous en Nouvelle-Guinée. — Les caractères crâniens des Papous con- firment la conclusion qu’ils sont des métis de Papua et d’Alfou- rous II PAPUA VRAIS. Signification du mot Papua , — Populations appartenant à la race Papua. — Habitat actuel des Papua. — Leurs caractères physiques, en général, d’après Lesson. — Arfaki de la Nouvelle-Guinée. — Description des Papua de la Nouvelle-Irlande ; du Port-Praslin ; de l’île Bouka ; de l’île d’York ; des îles Salomon ; des îles Hébrides ; des îles Hogoleu, Carolines, Pelew ; de la Nouvelle- Calédonie ; de Vanikoro ; des îles Fiji ; du Continent Asiati- que. — Résumé de la race Papua. — Tableaux linguistiques CHAPITRE III TASMANIENS. Description des Tasmaniens d’après Labillardière ; Péron ; Quoy et Gaimard ; R. P. Lesson. — Leurs caractères anthropologiques d’après B. Davis ; Topinard ; de Quatrefages et Hamy. — Les Tasmaniens formaient une race distincte de toutes les autres connues. — Leur extinction. — Le type tasmanien d’après les dessinateurs. — Tableau linguistique comparé » CHAPITRE IV AUSTRALIENS. Description des Australiens d’après les observateurs anciens : Dampier ; Cook, Parkinson et Banks ; Péron, Dupuch et Ransonnet ; de Freycinet, Quoy et Gaimard; R. P. Les- son ; A. Lesson. — Divergences d’appréciation chez les an- TABLE DES MATIÈRES. 395 ciens observateurs. — Observations modernes. — Australiens à cheveux lisses et à cheveux crépus ; Leurs caractères crâniens. — Les Australiens semblent être des métis de Papua et d’Alfou- rous. — Antérieurement les Négritos ont dû également contri- buer à leur formation. — Les Australiens n’ont pas une descen- dance asiatique ; ils ne forment pas une race une et primi- tive. — Résumé des Australiens , 89 Résumé général des races Mélanésiennes 106 LIVRE DEUXIÈME RACES POLYNÉSIENNES. CARACTÈRES EXTERIEURS DES POLYNESIENS. Traits distinctifs de la race Polynésienne, d'après M. de Quatre- fages. — La description faite par ce savant est incomplète; observations à ce sujet. — Il n’existe dans les îles Polynésiennes ni noirs, ni blonds. — Caractères crâniens des Polynésiens. — Leurs caractères physiques extérieurs d’après nos observations . 109 CHAPITRE Ier MALAIS. I CONS IDE HATIONS GÉNÉRALES. Opinions contradictoires émises sur les peuples de la Malaisie. — Divergences des auteurs sur les caractères distinctifs et sur e lieu d’origine des Malais. — Opinion de R. P. Lesson. — • Opi- nion de Mr de Quatrefages. — Les Malais sont une race hété- rogène qui ne saurait être regardée comme typique 122 II CARACTÈRES PHYSIQUES. Caractères des Malais d’après R. P. Lesson ; de Rienzi; Bory de St-Vincent ; Van Leent ; Ida Pfeiffer ; Topinard. — • Résumé des descriptions précédentes. — Les caractères anthropologiques et crâniométriques des Malais les différencient complètement des Polynésiens ». 1 34 III CARACTÈRES LINGUISTIQUES, Langue malaie : son origine, ses règles fondamentales, ses prin- cipaux dialectes. — Langue polynésienne: ses caractères prin- 396 TABLE DES MATIERES. cipaux. — Différences et analogies entre le Malayou et le Poly- nésien. — La langue malaie ne peut pas avoir été la mère de la langue polynésienne, qui est une langue primitive. — Les Po- lynésiens ne proviennent donc pas des Malais. — Tableaux lin- guistiques 142 CHAPITRE II. JAVANAIS. 1 CONSIDÉRATIONS GENERALES. L’origine des Javanais est fort obscure. — Opinions contradictoi- res des auteurs à ce sujet. — Peuple inconnu de Crawfurd. 170 11 CARACTÈRES PHYSIQUES. Caractères des Javanais d’après Thunberg ; Linschot ; Leblanc ; Raffles ; Stavorinus ; Barow ; Ida Pfeiffer. — Leurs caractères crâniens. — Ces caractères rapprochent les Javanais des Malais, mais ils les différencient des Polynésiens. — Types Javanais... 178 III CARACTÈRES LINGUISTIQUES. Langue javanaise ; Javan ancien ; Basa-Krama ; Javan vul- gaire. Les langages javanais se rapprochent du Malai, mais s’éloignent du Polynésien. — Le Javanais est une langue mélan- gée renfermant des racines Polynésiennes 187 IV ORIGINE DES MALAIS. Les Malais ont formé, dès le principe, un seul peuple avec les Ja- vanais ; Raisons militant en faveur de cette opinion. — Les Malais ne sont que des Javans expatriés 197 V ORIGINE DES JAVANAIS. Les Javanais sont des métis formés par le croisement des émi- grants Polynésiens avec une race noire autochthone et d’autres races jaunes asiatiques. — Existence d’une race noire première occupante de Java. — Peuple inconnu. — Races asiatiques. — - Siamois. — Tableaux linguistiques 202 TABLE DES MATIERES. 307 CHAPITRE III. MAL AI SIENS”. Populations que l’on doit considérer comme malaisiennes 218 I BATTAK.S . Lieu d’habitat des Battaks. — Leurs caractères physiques, d’après Marsden : Ida Pfeiffer ; Van Leent ; le Rév. Favre. — Les Bat- taks, les Redjangs et les Lampongs ont une origine commune avec les Dayaks. — Langage battak. — Tableau linguistique 220 II DAYAKS. Caractères des Dayaks de Bornéo, d’après R. P. Lesson ; Ida Pfeiffer ; Van Leent ; Forrest. — Origine des Dayaks. — Langue daya. — Les Dayaks sont des émigrants polynésiens. — Populations appartenant à la race dayaque. — Tableau linguis- tique.... 23 1 III BOUGUIS. Caractères des Bouguis de Célèbes, d’après Stavorinus ; de Rienzi ; Ida Pfeiffer ; Dumont d’Urville ; Quoy et Gai- mard ; Jurien de la Gravière. — Opinions contradictoires sur les Bouguis. — Ce sont des métis d’Alfourous ou Dayaks et de Javanais ou Malais. — Ressemblances entre le Bougui et le Polynésien. — Caractères linguistiques du Bougui et du Mang- kasara. — Ces ressemblances prouvent que la civilisation poly- nésienne s’est étendue jusqu’à l’Inde. — L’ancienne langue bouguise était une langue polynésienne 2 p IV ALFOUROUS. Lieu d’habitat des Alfourous. — Contradictions des observa- teurs : de Rienzi ; Dumont d’Urville. — Haràforas de Min- danao, d’après Forrest. — Alfourous des Moluques, d’après Iiumphius ; Stavorinus ; Forrest ; Ligtvoet ; Ida Pfeiffer ; de Ro- senberg ; Van Leent ; Raffray ; Teysman. — Alfourous des Phi- lippines. — Alfourous de la Nouvelle-Guinée, d’après les voya- geurs anciens et modernes. — Les Alfourous sont des Poly- nésiens 266 398 TABLE DES MATIÈRES. Y RÉSUMÉ DES MALAISIENS. Les Malaisiens proviennent des colonies polynésiennes. — Raisons militant en faveur de l’opinion qu’ils sont les descendants et non les ancêtres des Polynésiens e . . CHAPITRE 1Y CAROLINS ET MARIANNAIS . Exposé général de la question 1 ILES CAROLINES. Description de l’Archipel des Carolines. — Caractères physiques des Carolins. — Leurs connaissances nautiques. — Langue des îles Carolines ; ses nombreux dialectes ; ses analogies avec le Polynésien ; Tableaux linguistiques. — Lieu d’origine des Carolins: Opinions de de Chamisso ; Dumont d’Urville ; de Rienzi ; Lesson; Lütke. — Mélanésiens des îles Puynipet et Pelew. — La généralité des Carolins offre le type polynésien II ILES MARIANNES. Aperçu géographique. — Caractères physiques des anciens Ma- riannais, d’après Le Gobien ; Gemelli Carreri ; Dampier ; Pigaffetta. — Lieu d’origine, des Mariannais. — Langage Ma- riannais ; ses ressemblances avec le Malai, le Tagal et surtout le Polynésien. — Chants mariannais • III RESSEMBLANCES DES CAROLINS ET DES MARIANNAIS AVEC LES POLYNÉSIENS. Ressemblances de religion, de superstitions, de croyances, de pré- jugés Ressemblances d’industrie. — Ressemblances de mœurs, coutumes, usages, état social. — Ressemblances de maladies, de cérémonies funèbres. — Autres analogies. — Différences existant entre les Carolins et Mariannais et les Polynésiens. — Ces diffé- rences sont bien moins importantes que les ressemblances. — Les Polynésiens sont les ancêtres des Carolins et des Marian- nais. — Tableaux linguistiques TABLE DES MATIERES. DEUXIÈME PARTIE. LIVRE PREMIER. ORIGINE DES POLYNESIENS. IDENTITÉ DES POLYNÉSIENS ENTRE EUX. Les Polynésiens sont les tribus dispersées d’une même nation. — Leurs îles ont été peuplées par voie de migrations. — Point de dé- part de ces migrations- — Divergences des savants à ce sujet. — Trois théories principales : Provenance d’un continent submer- gé ; Provenance américaine ; Provenancejisiatique., CHAPITRE I« PREMIÈRE THÉORIE . PROVENANCE d’üN ANCIEN CONTINENT SUBMERGÉ . Faits principaux motivant cette hypothèse. — Examende l’opi- nion des savants qui l’ont soutenue : Quiros ; Buache ; de Brosses ; Cook ; Dalrymple ; Vancouver; les deux Forster : Carli ; Dumont d’Urville ; Moërenhoüt ; Ellis ; Guillemin ; Beau- dichon ; de Bovis. — Discussion entre MM. Périer, Broca et de Quatrefages ; — Brulfert ; Dana ; d’Omalius d’Halloy ; Jules Garnier. — Objections qui rendent inadmissible l’hypothèse d’un ancien continent submergé CHAPITRE II DEUXIÈME THÉORIE ORIGINE AMÉRICAINE DES POLYNESIENS . Bases sur lesquelles repose cette hypothèse. — Elle est formulée pour la première fois par Zuniga. — Opinions d’Ellis. — * Ex- posé et réfutation des arguments présentés en faveur de l’origine américaine des Polynésiens : Ressemblances de religion, d’in- dustrie, de mœurs ; autres analogies ; langage ; caractères phy- siques. — Communications entre l’Amérique et les îles de la mer du Sud ; opinions de Grozet ; Molina ; Dunmore-Lang ; Jules Garnier ; de Bovis. — Les Polynésiens n’ont pu provenir de l’Amérique Table des ^Matières DU SECOND VOLUME DEUXIÈME PARTIE. LIVRE PREMIER. CHAPITRE 111. TROISIÈME THÉORIE. ORIGINE ASIATIQUE DES POLYNESIENS. Bases sur lesquelles repose cette hypothèse : révélation biblique ; usages, coutumes, langues ; direction des vents ; proximité plus grande, les unes des autres, des terres avoisinant l’Asie. — Ex- posé, par ordre chronologique, de l’opinion de tous les auteurs partisans de l’origine asiatique ou malaise des Polynésiens : de Guignes ; de Bougainville ; Court de Gebelin ; Cook ; R. Fors- ter ; de La Pérouse ; Marsden ; Molina ; Claret de Fleurieu ; de Chamisso ; Raffles ; Crawfurd ; R. P. Leeson ; Balbi ; Bory de Saint-Vincent ; Beechey ; Lütke et Mertens ; Ellis ; Dumont d’Urville ; Dunmore-Lang ; de Rienzi ; J. Williams ; Diefïen- bach ; H. Haie ; Gaussin ; W. Earl ; Shortland ; de Bovis ; sir Grey ; Taylor; Thompson ; deQuatrefages. — Objections oppo- sées à cette théorie : J. Garnier. — Résumé des opinions de tous les auteurs cités. — Conclusions générales : les Polynésiens ne descendent ni des Malais et des Javanais, ni des Malaisiens ; ils sont plutôt les ancêtres des uns et des autres. — Tableau linguistique LIVRE DEUXIÈME RECHERCHE DE L'ORIGINE RÉELLE DES POLYNÉSIENS. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Les théories jusqu’ici émises sur le lieu d’origine des Polynésiens sont insuffisantes. — Nouvelle théorie basée sur l’étude de toutes les données anciennes et récentes : anthropologiques ; philologi- ques ; traditionnelles ; spéciales. — Marche suivie dans celte étude. i4z TABLE DES MATIÈRES. 4 »1 CHAPITRE PREMIER ILES SANDWICH OU HAWAII Considérations géographiques et historiques. — Epoque des pre- mières visites des Européens. — Caractères physiques des Ha- waiiens. — Traditions favorables à une origine polynésienne et relatives à l’arrivée d’étrangers polynésiens : Paao, Manahini. — Traditions relatives à l’arrivée d’étrangers européens. — - Voya- ges lointains .des Hawaiiens : Kamapiikai. — Examen et discus- sion des légendes. — Chant de Tauai. — Les premiers émigrants fixés dans les îles Sandwich semblent être venus des îles de la Société. — Iles existant entre les Sandwich et Tahiti 1 5 r CHAPITRE DEUXIÈME ILES MARQUISES Caractères physiques des Marquésans, d'après A. Lesson ; Le Bâ- tard. — Leurs caractères crâniens. — Légendes relatives à l’ori- gine des habitants des îles Marquises. — Havaïki. — Voyages lointains des Marquésans : carte de Tupaia. — Légende de Maui ; origine du feu. — Origine des jours et des nuits. — Légende de Tiki. — Origine des cochons et des poules. — Origine des chiens et des chats. — Origine des cocotiers. — Origine des rats. — Ori- gine de la première femme. — Origine des arbres k fruits co- mestibles. — Traditions diverses. — Texte polynésien delà lé- gende de Maui. — Mumu marquésans. — Les Marquésans sont venus de Tahiti, des Tunga, et probablement aussi des Samoa. — Leur pays originaire était situé plus à l’Ouest que l’archipel des Marquises 195 CHAPITRE TROISIÈME ILES PAUMOTU ET MANGAREVA I ILES PAUMOTU OU TUAMOTU Caractères physiques des habitants des îlesPaumotu. — Ce sont de véritables Polynésiens, qui semblent être anciennement venus de Tahiti. — Etymologie du mot Paumotu...’ 268 II ILE ^ MANGAREVA OU GAMBIER. Considérations géographiques et historiques ; Juan Fernandez. — Caractères physiques des Mangaréviens, d’après A. Lesson ; Bee- chey. — Les habitants des îles Gambiersont des émigrants Poly- nésiens venus d’archipels plus occidentaux. — Etymologie du mot Mangareva 263 TV. 20, 402 TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE QUATRIÈME ILE DE PAQUES. Considérations historiques. — Caractères physiques des habitants anciens et modernes. — Ces caractères les rangent parmi les Poly- nésiens, et les rapprochent surtout des Néo-Zélandais. — Ils s’en différencient par la distension lobulaire des oreilles et l’usage de la poterie, d’origine mélanésienne. — Discussion à ce sujet. — Traditions relatives à l’île de Pâques. — Le langage de l’île est polynésien et se rapproche surtout du Maori. — Liste des rois de Pâques. — Description des statues et autres monuments de Pâques. — Les habitants de Pâques sont des émigrants d’îles polynésiennes situées plus à l’Ouest, et probablement des îles de la Société et de Raiatea 275 CHAPITRE CINQUIÈME ÎLES TAHITI ET M AN AI A . I TAHITI. Exposé général. — Vents régnants à Tahiti. — Caractères phy- siques des Tahitiens. — Couleur de leur peau. — Forme de leur tête et de leur nez. — Type des habitants de Tahiti. — Leurs caractères crâniens. — Traditions relatives au peuplement de Tahiti. — Création du premier homme : Tii. — Création de l’île : Maui. — Lieu de provenance des Tahitiens : Oro. — Dis- cussion sur le mot Havaï. — Considérations linguistiques.— Tahiti n’était pas habité par une race mélanésienne avant l’arri- vée des émigrants polynésiens. — Preuves à l’appui de cette as- sertion. — Tahiti a été peuplée par Raiatea. — Chants Tahi- tiens 3oo II ILES MANAIA. L’archipel des îles Hervey a joué un rôle intermédiaire dans le peuplement de Raiatea et de Tahiti. — Aperçu géographique. — Considérations philologiques.— Caractères anthropologiques. — Croyance des habitants des Manaia en un Avaiki, patrie origi- naire, située plus à l’Ouest encore que leurs îles 362 TABLE DES MATIÈRES. 403 LIVRE TROISIÈME RECHERCHE DU PAYS D’ORIGINE DES SAMOANS ET DES TONGANS. CHAPITRE PREMIER CONSIDÉRATIONS GENERALES SUR LES ARCHIPELS SAMOA, TUNGA ET FIJI. Considérations préliminaires. — Les deux archipels Samoa et Tunga diffèrent géographiquement et historiquement. — Les îles Tunga et Fiji ne sauraient être confondues dans un même groupe. — Situation relative des terres occidentales par rapport aux Samoa et aux Tunga. — Ces terres ne sont pas dans une mê- me relation géographique avec les deux archipels 371 I DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES TROIS GROUPES. Aperçu géographique sur les trois groupes : Iles Samoa ; vents régnants. — Iles Tunga ; vents régnants. — Iles Fiji ; vents ré- gnants. — Caractères physiques des Samoans, d’après Bougain- ville ; La Pérouse ; Roggeween ; Hamilton ; d’Urville ; A. Lesson. — Caractères physiques des Tongans, d’après nos propres obser- vations ; d’après Pritchard. — Caractères physiques des Fijiens, d’après A. Lesson ; Quoy et Gaimard ; Pritchard. — Des diffé- rences profondes séparent les Fijiens des Samoans et des Ton- gans 378 II ANTAGONISME ET RAPPORTS DES POLYNESIENS ET DES MELANESIENS. Influence réciproque des deuxraces. — Opinion des missionnaires anglais sur l’originedes Fijiens. — Les Fijiens se disent autoch- thones ; légendes relatives à ce sujet. — Peuples visités par les Fijiens ou qui les ont visités. — Succession des rapports entre les deux races : ces rapports ont été d’abord involontaires, puis volontaires. — Traditions rapportées par Mariner. — Loi d’ex- termination. — Métis dus au mélange des deux races. — Les mé- tis Tunga-Fiji n’existent que dans quelques-unes des îles Fiji ; réfutation de l’opinion contraire de M. de Quatrefages. — La race polynésienne n’est pas une race conquérante. — Les Po- lynésiens n’ont pas assujetti les Fijiens ; ils n’ont jamais été complètement assujettis par eux. — Traditions relatives à ce su- jet : guerres entre les Tongans et les Samoans : origine des co- chons au Samoa. — Conclusions q.o3 404 TABLE DES MATIÈRES. III RECHERCHES LINGUISTIQUES. Différences fondamentales entre le Fijien et le Polynésien. — Il existe dans la langue fijienne une grande quantité de mots poly- nésiens. — Tableaux linguistiques. — Dialecte des îles Samoa. — Chants Samoans. — La philologie prouve que les Polynésiens ont civilisé les Fijiens et qu’ils sont restés longtemps en contact avec eux IV TRADITIONS ET LEGENBES. Témoignages d’entraînements des Tongans et des Samoans aux Fiji. — Traditions relatives à ces entraînements rapportées par Prit- chard. — Légendes : Sina ; Rorandini ; origine des cocotiers ; origine du taro ; origine du feu ; origine des serpents aux Samoa. — Autres analogies communes entre les trois archipels. — Croyance en un même Burotu ; discussion sur ce mot . — Conclu- sions générales CHAPITRE DEUXIÈME PEUPLEMENT DES ARCHIPELS SAMOA ET TUNGA I PEUPLEMENT DES ILES SAMOA. Les Samoans viennent-ils de l’Est ? Examen de l’hypothèse de Pritchard . — Légendes relatives à la création de l’homme aux Sa- moa. — Les premiers habitants des îles Samoa n’ont pas eu une provenance orientale. — Viennent-ils du N-0 ? Traditions rapportées par Mariner. — Bulotu. — Réfutation de l’hypothèse de Haie et de ses partisans. — Les Samoans ne viennent pas du N. -O. — Viennent-ils de l'Ouest ? Marche des émigrants, d’a- près Haie et de Quatrefages. — Le peuplement des Samoa par l’Ouest est impossible. — Les îles Samoa n’ont pu être peuplées par l’O.- S. -O, ou l’Australie. — Leurs premiers habitants vien- nent du S. -O., c’est-à-dire des îles Tunga. — Preuves à l’appui de cette assertion. — Traditions relatives à ce sujet II PEUPLEMENT DES ILES TUNGA. Examen des deux hypothèses opposées : provenance orientale ; pro- venance occidentale. — La première hypothèse n’est pas admis- sible.— Les Fiji auraient été un obstacle presque insurmontable à une provenance occidentale de la Malaisie. — Réfutation de l’o« TABLE DES MATIÈRES. 4( 5 pinion de M. de Quatrefages, — Examen critique des traditions recueillies parMariner et Pritchard.— • Ces traditions ne justifient en rien les conclusions qu’en ont tiré les ethnologues modernes.— La provenance malaisienne des Polynésiens n’est pas admissible. — Les émigrants polynésiens sont venus du Sud-Ouest. — C’est par la Nouvelle-Zélande qu’ont été peuplées les îles Tunga, puis, successivement les autres îles Polynésiennes. 5aq Table des Matières DU TROISIÈME VOLUME Avant-Propos. TROISIÈME PARTIE LIVRE PREMIER NOUVELLE-ZÉLANDE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR 'LA NOUVELLE-ZÉLANDE Réflexions préliminaires CHAPITRE PREMIER GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE NATURELLE. Aperçu géographique et topographique sur le groupe de la Nou- velle-Zélande. — • Trois îles principales. — Description de Pile-Nord — Description de l’Ile-du-Milieu. *— Examen des noms donnés par les premiers navigateurs. — Recherches lin- guistiques ; Pounamu ; Kawai ; Kaikoura ; Pakeha. — Météo- rologie.— Vents régnants. — Noms des vents. — Tempêtes. — Température. — Tableaux météorologiques. — Géologie. — Constitution volcanique. — Iles disparues. — Botanique. — Nature et espèces des différentes plantes. — Le groupe delà Nouvelle-Zélande constitue un centre botanique. — Faune. — Mammifères terrestres : Kuri ; Kiore ; Kaurehe. — Oiseaux : Kiwi ; Moa : Remarques sur l’extinction des Moa. — Ruru ; Kakapo. — Reptiles ; Lézards. — Amphibies. — Poissons. — Coquilles. — La géologie, la faune et la flore prouvent que les îles de la Nouvelle-Zélande sont un centre de création CHAPITRE DEUXIÈME MAORI Population de la Nouvelle-Zélande. — Evaluations contradictoi- res faites par les .^voyageurs. — Recensements. — Extinction TABLE DES MATIERES. graduelle des indigènes. — Etymologie du mot Maori. — Divi- sion des Maori en nations, tribus et sous-tribus. — Opinions de Shortland et de Thompson. — Iwi ; Hapu. — Devises caracté- ristiques des tribus. — Signification du mot Ngati. — - Unité de race à la Nouvelle-Zélande. — Examen critique des opinions contraires. — Caractères physiques des Néo-Zélandais d’après les différents observateurs : Crozet ; d’Urville ; Moërenhoüt ; Dieffenbach ; Shortland ; Taylor ; Thompson. — Les Maori ne forment qu’une seule race et ne parlent qu’une même langue. — Les variétés signalées parmi eux ne sont que de simples nuances. — Caractères physiques des Néo-Zélandais, d’après nous-même. — Leurs caractères crâniens. — Portraits des Néo- Zélandais. — Les Maori étaient le plus beau type de la race polynésienne. — Comparaison de leurs caractères physiques et moraux au commencement du siècle et à notre époque : Quoy ; Marsden ; Thompson LIVRE DEUXIÈME NOUVELLE-ZÉLANDE LIEU D'ORIGINE DES POLYNESIENS. REMARQUES PRELIMINAIRES. Analogies du Tahitien et du Maori. — Usage de l’arc et des flèches. — Premiers partisans de l’origine Néo-Zélandaise des Polyné- nésiens : Banks ; Crozet; Bory de Saint-Vincent CHAPITRE PREMIER EXPOSÉ ET RÉFUTATION DES OBJECTIONS. Objections faites contre le peuplement de la Polynésie par la Nouvelle-Zélande. — Pirogues Néo-Zélandaises. — Existence à la Nouvelle-Zélande de canots doubles et de pirogues à balancier. — Absence des Maori à la Nouvelle-Hollande. — Uwhi. — Kawa. — Cochons et poules. — Direction des vents CHAPITRE DEUXIÈME TÉMOIGNAGES FAVORABLES. Légende de Kendall. — Chant cité par Taylor. — Mots communs aux deux contrées : — Maori ; — Maui ; — O-tu ; — Tina ; — Rama et Tiare ; — Motu et Fatu ; — Ariki ; — Tui-Tunga ; — Vea-iti. — Jade vert. — Coutume d’avaler l’œil de la victime. Absence des colonies polynésiennes ou zélandaises à la Nou- velle-Hollande 408 TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE TROISIÈME E à AMEN LINGUISTIQUE. Comparaison du Maori et des dialectes polynésiens. — La langue Maori est la langue polynésienne la moins altérée. — Opinion de M. Gaussin. — Opinion de M. John Williams. — Tradition relative au peuplement de Rarotonga. — Chant d’Oromea. — Le Maori était la langue primitive des Polynésiens. Alpha- bets des principaux archipels polynésiens : Nouvelle-Zélande ; Tunga ; Samoa ; Raiatea ; Tahiti ; Mangareva ; Paumotu ; Marquises ; Sandwich. — Ces alphabets dérivent tous de celui de la Nouvelle-Zélande. — Le Maori est la langue-mère des dia- lectes polynésiens. — Les noms de lieux en Polynésie ont une origine Néo-Zélandaise. — Conclusion^. — Fables Néo-Zélan- daises jg7 LIVRE TROISIÈME ORIGINE DES NÉO-ZÉLANDAIS. Distinction à établir entre les îles composant le groupe de la Nouvelle-Zélande. — Traditions relatives à l’origine des Néo- Zélandais, rapportées par Cook : Ulimaroa. — Arrivée d’étran- gers à lTle-Nord. — Heawise. — Opinion de Bory de Saint- Vincent ; de R. P. Lesson. — Principales hypothèses émises sur l’origine des Néo-Zélandais i° Origine tahitienne : Dumont d’Urville ; son opinion sur les langues polynésiennes ; son explication du peuplement de la Nouvelle-Zélande. — Réfutation de cette hypothèse 2° Origine hawaïenne : Dieffenbach ; les Hawaïens sont venus à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Ile de Fâques ; arrivée de trois canots ; introduction des Kumara à l’Ile-Nord. — Réfuta- tion de cette hypothèse - . 3° Origine samoane : H. Haie ; Savaii, première étape des émi- grants malais et point de départ des colonies polynésiennes ; re- cherches linguistiques : Savaii dérive d’Hawahiki. — Réfutation de cette hypothèse. 4* Origine samoane indirecte : Gaussin. — Exposé et réfutation de cette hypothèse.* 5* Origine hawaïenne et samoane : Shortland. — Exposé et ré- futation de cette hypothèse. — Erreurs d’interprétation : Van- gaparaoa 6° Origine samoane indirecte par Rarotonga : Thompson ; raisons sur lesquelles repose cette hypothèse ; réfutation des preuves 224 23 7 243 261 273 277 TABLE DES MATIÈRES. 4û:j invoquées en sa faveur ; différences existant entre les Malais et les Néo-Zélandais : croyance en un Hawahiki dans les îles Samoa ; un seul Hawahiki ; localités voisines de l’Hawahiki ; direction de l’Hawahiki ; route de l’Hawahiki ; chiens sauva- ges aux Samoa ; époque des .migrations. — Erreurs et inexac- titudes de l’ouvrage de Thompson 293 70 Origine samoane indirecte : de Quatrefages ; sa première opi- nion ; sa deuxième opinion ; raisons sur lesquelles elle est ap- puyée ; Rarotonga n’a pu peupler la Nouvelle-Zélande ; consi- dérations linguistiques. — Réfutation de cette hypothèse 324 Nécessité d’une hypothèse rationnelle 341 LIVRE QUATRIÈME HAWAHIKI CHAPITRE PREMIER RECHERCHE DE l’hAWAHIKI. Heawise de Cook. — Traditions relatives à l’IIawahiki publiées par sir Grey et Taylor. — Conséquences qui en découlent. — Ce qu’était l’Hawahiki. — Erreurs résultant de la confusion faite entre les îles qui composent le groupe de la Nouvelle-Zé- lande.— L’Hawahiki était placé à l’Ouest et fort près d’Ao- tearoa ou Ile-Nord de la Nouvelle-Zelande. — Les émigrants de l’Hawahiki ont tous vécu vers la môme époque et se sont ex- patriés pour les mêmes motifs. — Voyage de Kupe. — Itiné- raire de Turi : Version de sir Grey ; version de Taylor. — Voyage de Ngahue : Version de sir Grey ; version de Taylor. — Voyage à la Nouvelle-Zélande d’après sir Grey : Itinéraire de YArawa ; itinéraire du Tainui ; itinéraire du Tokomaru. — Conséquences tirées de ces itinéraires : l’Hawahiki se trouvait situé dans l’Ile-du-Milieu de la Nouvelle-Zélande CHAPITRE DEUXIÈME ILE- DU-MILIEU. Témoignages fournis par l’étude des cartes géographiques. — Examendes localités situées sur les deux îles principales. — Ces localités se retrouvent toutes dans les chants historiques des émigrants. — Autres preuves : Phormium tenax ; Phoques ; Neige ; Piopio ; Kumara ; Hekenga-Mai ; Jade vert. — ■ L'Ha- wahiki ne pouvait être situé en Polynésie : ; Preuves à l’appui. — Situation de l’Hawahiki sur l’Ile-du- Milieu. — Point de départ 410 TABLE DES MATIÈRES. de Turi. — Tribus existant dans l’Hawahiki. — Signification du mot Hawahiki. — Kawai 404 CHAPITRE TROISIÈME PEUPLEMENT DE l’iLE-NORD. Opinions à ce sujet de d’Urville et de Kendall ; de Dieffenbach ; de Taylor ; de Thompson ; de de Quatrefages. — Indigènes trouvés à Aotearoa par les Hawahikiens : Preuves à l’appui. — Maero et Ngati-Mamoe ; Patu-Paearehe ; Mere Punanamu ; étymologie du mot Tunga ; Ngati-Kahungunu. — Résumé général 439 CHAPITRE QUATRIÈME PROVENANCE DES HAWAHIKIENS. Les Hawahikiens étaient autochthonessur Kawaï.— Spécialité de la faune des îles de la Nouvelle-Zélande. — Spécialité de la flore de ces mêmes îles. — Spécialité ae la race humaine de ce groupe. — Isolement dans l’espace des terres de la Nouvelle-Zélande. — L’île Kawaï a été le centre de création de la race Maori 474 Table des Matières DU QUATRIÈME VOLUME QUATRIÈME PARTIE LIVRE I MIGRATIONS. CHAPITRE PREMIER PREUVES DES MIGRATIONS. Témoignages nouveaux en faveur des migrations. — Carte de Tu- paia. — Son importance et son exactitude. — Connaissances géographiques des Polynésiens en général. —Examen détaillé de la carte de Tupaia. — Carte des îles Carolines i CHAPITRE DEUXIÈME Causes des migrations. — Guerres intestines ; insuffisance du sol; entraînements involontaires. — Exemples d’entraînements sur- tout du S. E au N. O et du N. O au S. E. — Nécessité des mi- grations. — Vents qui ont servi aux migrations. — Tradi- tions témoignant en faveur d’une provenance occidentale. — C’est du S. O vers le N. E qui se sont effectuées les migrations volontaires 33 CHAPITRE TROISIÈME Date des migrations. — Divergences des auteurs à ce sujet. — Etude détaillée de chaque archipel. — Iles Sandwich. — Iles Marquises. — Paumotu. — Mangareva. — Hervey. — Tahiti. — Nouvelle-Zélande. — Renseignements contradictoires. — Impos- sibilité de fixer exactement la date des migrations. — Conclu- sions 81 LIVRE II MARCHE DES MIGRATIONS. CHAPITRE PREMIER DISSÉMINATION DES MAORI. Première étape des émigrants de l’Hawahiki. — Populations trou- vées sur l’Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande. — Motifs qui pous- 412 TABLE DES MATIÈRES sèrent les Maori de l’Ile-Nord à émigrer. — Route du Nord- Est seule ouverte aux nouveaux émigrants. — Premières îles rencontrées par eux : Tunga, Hapai, Manaia. — Dialecte de Rarotonga. — Iles peuplées par les Tunga. — Disséminations involontaires. — Iles peuplées par Tahiti. — Peuplement des îles Marquises. — Peuplement des îles Sandwich. — Iles Caroli- nes et Mariannes. — Voies suivies par les Polynésiens pour at- teindre la Malaisie. — Toutes ces migrations se sont opérées du Sud-Ouest vers Nord-Est. — Les îles polynésiennes n’étaient gé- néralement pas habitées lors de l’arrivée des émigrants. — Preu- ves linguistiques. — Fréquence des mots polynésiens en Malai- sie ; rareté des mots malais en Polynésie. — La Polynésie n'a pu êtrepeuplée par des populations Malaisiennes 109 CHAPITRE SECOND LES MAORI EN AFRIQUE, EN AMERIQUE ET EN ASIE. Recherches de M. d’Eichthal. — Traces de la civilisation polyné- sienne à Madagascar. — En Egypte. — Rapprochements entre les langues de Vanikoro, Copte et Mandingue. — Autres preuves de la venue des Polynésiens en Afrique et à Madagascar. — Comparaison avec le Maori et le langage des Antalotes des Como- res. — Les Polynésiens en Amérique. — Analogies et coïnciden- ces. — Ressemblances dans les modes de sépulture ; dans le mo- de de fabrication des étoffés ; dans les constructions pyrami- dales ; dans le langage. — Autres analogies.— Les Polynésiens en Asie. — Considérations linguistiques. — Direction des vents ré- gnants. — Cambodge.— Laos. — Comparaison avec les Stiengs. — Affinités entre le Malayou et le Polynésien. — Japon.— Carac- tères physiques des Japonais. — Comparaison avec le Maori.. i5y Conclusions générales 200 APPENDICE LIVRE I HISTOIRE NATURELLE DE LA NOUVELLE-ZELANDE. CHAPITRE PREMIER. ZOOLOGIE. Mammifères. — Oiseaux. — Reptiles. — Amphibies. — Poissons. — Crustacés. — Mollusques. — Radiaires. — Annelés. — In- sectes 206 TABLE DES MaTIEHES. 413 CHAPITRE DEUXIÈME. BOTANIQUE. Flore de la Nouvelle-Zélande. — Nomenclature et description des différentes familles.— La Nouvelle-Zélande est un centre bo- tanique 287 LIVRE II MYTHOLOGIE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE. CHAPITRE PREMIER MYTHOLOGIE ET LEGENDES. Création du Monde. — Principales divinités. — Généalogie de l’homme. — Noms des Dieux, à la Nouvelle-Zelande et dans les archipels Polynésiens. — Kai Tangata. — Hemo. — Tawhaki. — Wahie-roa. — Rata. — Maui. — Tinirau.— Légendes de la ba- leine apprivoisée. — Kae. * Tuhuruhuru. — Tuwhakararo. — Whakatau. — Légendes de Tihi-manono et de Wharekura. — Légendes de Matuku 266 CHAPITRE DEUXIÈME TRADITIONS. Tradition relative au départ des canots. — Liste des canots. — Liste des canots et des capitaines. — Liste des principaux émi- grants. — Kupe. — Ngahue. — Houmai. — Tawhiti. — Uenuku — Manaia. — Tradition concernant le Tainui. — Tradition re- lative à YArawa. — Chants zélandais. — Ngati-Awa. — Ngati-Ka- hungunu. — Nga-Puhi. — Rarawa. — Ngati-Mamoe. — Notes sur Rauparaha. — Guerres de Rauparaha Index bibliographique Table des chapitres Table alphabétique des matières 33 1 379 393 414 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES Aetas, Caractères physiques des — I, 23. Afrique. Les Polynésiens en — Aitutaki. Création d’ — II, 369. — Ile du groupe Hervey III, 201, 203. Alfourous. Existence des — dans la Nouvelle-Guinée I, 36. Les — ont contribué à la forma- tion des Australiens, 103,105. Habitat des — 266. Caractè- res des — 267, 292. — de Célèbes, 249, 259. — de Min- danao. 269. — des Moluqucs, 272. — de Bouton, 276 — de Bourou, 277. — de Céram, 278. Langage des — de Cé- ram, 281 . — de Gilolo, 282. —des Philippines 283. — de la Nouvelle-Guinée, 284, 291. — de Port-Moresby, 286. — de Dorey, 289. Les —sont des malaisiens, 293. Alphabet. Absence de F — en Polynésie, 11, 103.— des prin- cipaux archipels polynésiens, III, 207 et suiv., 212. Alu-Fatu. Iles — ou Niua, 1, 474, IL, 384. Amboine. Habitants de l’île d’ ~ 1, 272. Américaine. Hypothèse de l’ori- gine— des Polynésiens, 1,430, 449 et suiv. Amérique. Ressemblances des habitants de F— avec les Océa- niens, I, 449 et suiv., 500 et suiv., 506. — Visitée par les Polynésiens, 514. Différence des dialectes de F — et de l’Océanie, 489, 490, 492, 502. Les Polynésiens en — IV, Amirauté. Habitants de l’île de F— I, 35, 58. Amphibies, de la Nouvelle-Zé- lande, III, 49 ; IV, 219. Analogies grecques et polynésien- nes, I, 483. Animaux. Absence d’ — malfai- sants à la Nouvelle-Zélande, III, 477. AntaloteSo Rapports du langage des — avec les Polynésiens, IV 168. AftwrdW£f,Kumara dePHawahiki, III, 412. Aotearoa. Habitants d’ — anté- rieurs aux émigrants, III, 322, 364, 374, 396, 399, 446, 450, 453, 464. — Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande, 346, 350. Les émigrations de l’Hawahiki ont eu lieu vers —, 346. For- me d’ — , 357. Les habitants primitifs d’ — étaient des Maori, 450. Aparima, Nom de lieu de l’Ha- wahiki, 111, 30 4, 442. Appendice , IV, 206. Arago, cité, I, 242. Araucans. Différences linguisti- ues des— avec les Polynésiens, , 489. Différences physiques des — avec les Polynésiens, 492. Caractères physiques des — — 492, 494. Arahura , nom de lieu sur Flle-du-* Milieu, III, 383, 388. Arawa. Itinéraire de P —111,391; tradition relative à F— IV, 351. Voyage de F — 352. Arbres, à fruits. Origine des — aux Marquises, II, 231. Arc et flèches. Absence de — en Polynésie, I, 461 ; III, 112, 114, 115. Arfaki. Description des — 1, 45, 271, 284, 289o Arias, cité, I, 291 ; II, 264. Ariki. Signification du mot —, III, 158, 168. Arioi , secte de la Polynésie, 1, 359; IV, 35. Asiatique. Hypothèse de l’origine 415 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. — des Polynésiens, II, I et suiv. Partisans de l’origine — des Polynésiens, 9. Résumé des opinions relatives à l’ori- gine — , 135 Asie. Papua de Y — I, 77. Les Po- lynésiens en — IV, 181. Assentiment. Signes d’ — 1, 467, IV, 185. Astronomie des Carolins, I. 305. Ata, île pêchée par Maui, II, 223, 224. Ati. Signification du mot — 111. 68. Atkin, (le Rév.), cité, I, 58. Australie. Races de T— 1. 104. Négritos en —, 105. Papua en —, 105. Absence des Po- lynésiens en — 111, 183. L’ — n’a jamais été réunie à la Nouvelle-Zélande, 478. Australiens. Caractères physiques dqg — I, 89, 86. Caractères crâniens des —, 99. Les — sont des Métis, 100. — de Georges Sound, 92. — de Port-Western, 93. —de Jervis Bay, 94. — de Port Jakson, 95. Absence des — à la Nou- velle-Zélande, 111, 185. Azara (d’) cité, 1, 473. Balbi. Opinion de — sur l’origine des Polynésiens.— cité, I, 148, 264, 346, 440 ; 11, 13, 50, 51. Banks. Opinion de — sur le peu- plement de la Polynésie. — ci- té. 1,90 , II, 315 ; III, 82, 112. Baptême en Polynésie, 1, 469. B*rbosa (Odoardo), cité, I, 171. Barnard-Davis, cité, 1, 54, 85. Barros, cité, 1, 124, 173. B arrow, cité, I, 180. Basakrama , 1, 189, 190. Battaks. Populations considérées comme —, 1, 230. Caractères physiques des — , 222 et suiv. Langage des — 228. Les — étaient anthropophages, 230. Les — semblent dériver des Dayaks, 239. Beauvoir de), cité, I, 175. Beechey. Opinion de — sur les Mangaréviens, II, 270. Cité, I, 447 ; II, 53, 270, 280 ; IV, 59= Bellecombe (de) cité, 11, 2. Biblique. Révélation — II, 1. Bibliographique. Index — IV, 379. Biographiques. Notes — IV, 280. Blancs Non existence des — en Polynésie, I, 115. Bornéo. Population de— I, 240. Dayaks de — 240,. Bory de Saint-Vincent. Opinion de — sur l’origine des Poly- nésiens, Il 51. Opinion de — sur le peuplement de la Poly- nésie par la Nouvelle-Zélande, III, 117. Opinion de — sur l’origine des Néo-Zélandais, 234. Cité, I, 129, 135, 320, 430 ; II, 52 Botanique de la Nouvelle-Zélande, IV, 237 et suiv. Bougainville (de), cité, 1, 54; II, 11, 315, 360, 390. Bouguis. Ancienneté des — I, 240,247. Caractères des — 247. Les — se rapprochent des Alfourous de Célèbes, 251. Les — sont des Métis d’Al- fourous et de Javanais, 254. Langue des — 255. Ses rap- ports avec le Polynésien, 360. — a été apportée en Malaisie par les Polynésiens, 264. Bouka , Papua de l’ile — I, 51. Bourgarel, cité, I, 66. Bourotou. II, 503 ; 111, 266. — est une île des Fiji, 11,506. Bourou. Harfours de — I, 277. — est une île des Moluques, 11, 502 Bouton Alfourous de — I, 276. Bovis (de). Opinion de - sur l’o- rigine des Polynésiens, 1, 513; II, 91. Cité I, 413, 513; 11,93; III, 138, 191. Brainne, cité, I, 483. Broca, cité, 1, 201, 373, 414, 416, 418. Brosses (de\ cité, I, 342, 391 ; 111, 74, 477. Brulfert, cité. 1,420. Ruchanan, cité, 1, 126. Buchner, cité, 1, 176. Bulotu. Paradis fijien, II, 483, 508, 532, 540. Buschmann, cité, I, 157, 193. Busk, cité, I, 75. Cambodge. Les Polynésiens au — IV, 187, 191. Canots polynésiens, 11, 79; Point d’arrivée des — à l’Ile-Nord, 111, 284. — doubles des émi- 416 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. grants de 1 Hawahiki, IV, III. Tradition relative au départ des— 133, 335. Caraïbes. Analogies de coutumes entre les — et les Polyné- siens, IV, 174. Analogies de langage entre — 177. Ressem- blance des — avec les Chinois, 179. Caractères physiques des — 180. Garli cité, I, 399 et suiv. Caroline. Ile - II. 192. Carolines. Papua des îles — 1, 60. Archipel des îles — 302. Ja- ponais aux — 323. Mélané- siens aux— 326. Castes des îles — IV, 32. Peuplement des îles — 131, 133. Carolins. Caractères physiques des — I, 303. Astronomie des — 305. Langage des — 308. Lieu d’origine des — 315. Les — sont des Polynésiens, 385. Ressemblances des — et des Polynésiens, 355 et suiv. Différences des — 367 et suiv. Castéra, cité, I, 396, et suiv. Castes , à la Nouvelle-Zélande, III, 155. — aux Carolines, IV, 32. Castor , à la Nouvelle-Zélande, 111, 38. Célèbes , I, 246. Alfourous de — I, 249, 259. Céram. Alfourous de — 1, 278. Chamisso (de), cité, 1, 155, 174 ; II, 30. Chants mariannais, I, 348, 351.— Maori, 1, 469 ; III, 141. 145, 220 ; IV, 357, 358. — Hawai- iens, II, 179. — Tahitiens, II, 359. — Marquésans, IL 249, ‘*51,253. — Samoans, II, 455, 455. Chats. Origine des — aux îles Marquises, II, 221, 223. Cheveux chez les Mélanésiens, I, 14, 33. Couleur artificielle des — . 116. — chez les Maori, III, 78. Chiens. Origine des — aux Mar- quises, II, 221. Caractères des — polynésiens. IL 222. — Sam- oans et Néo-Zélandais, III, 316. — à la Nouvelle-Zélande, 419. Chinois . Croisements des — avec les Polynésiens, 1, 509. Christmas. Ile — IL 191. Claret de Fi eurieu, cité, 1,51; II, 27 ; IV, 16. Cochons. Origine des — aux Mar- quises, 11, 219. Origine des — aux Samoa, 436. Introduc- tion dos — en Polynésie, 437. Absence des — à la Nouvelle- Zélande II, 438 ; III, 134. Cocotiers. Origine des — aux Marquises, II, 223, 224. Ori- gine des — aux Samoa, 475. Combats singuliers, 1, 467. Commkrson. cité, II, 354. Comores Habitants des îles — IV, 168. Conclusions générales, IV, 200. Constructions en commun,!, 466. Continent austral submergé. Hypo- thèse d’un — I, 385, 395,402, 403, 406, 407, 412, 414, 420, 423, 425, 499 ; IV, 52, 251 . Cook, cité, I, 55, 62, 89. 359, 395 ; II, 14 ;1H, 124, 227; IV, 5. Coquillages de la Nouvelle-Zé- lande, III, 50 ; IV, 226. Corail. Iles de — I, 402. Costume. Simplicité du — 1, 463, 504. Coucous à la Nouvelle-Zélande, III, 414. Court de Gébelin, cité, II, 11 . Coutumes. Analogie de — juives et polynésiennes. Il, 104. Crawfurd. Opinion de — sur l’o- rigine des Polynésiens, II, 31. — Cité, I, 147, 174 ; II, 35, 36, 40. Crozet. Opinion de — sur l’ori- gine des Polynésiens, I, 496 ; IV, 116,234. — sur les races de la Nouvelle-Zélande, IV, 70. Cité, IV, 70, 111, 134. Crustacés de la Nouvelle-Zélande, IV. 225. Cuzent, cité, I, 398. Dalrymple, cité, I, 388. Dampier, cité, I, 49, 89, 272. Dana, cité, I, 423. Daya. Ressemblances du — et du Polynésien, I, 236. Le — n’est pas un dialecte polyné- sien, JI. 122. Dayaks. Caractères physiques des — 1, 231. Les — ressemblent aux Polynésiens, 234, — de Bornéo, 240. — de la Ma- 417 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. laisio, 241, 243. Les — sont dos Polynésiens, II, 123. Déluge. Croyance en un — I, 4.10. Demeuniër, cité, I, 474. Dépopulation do la Nouvelle- " Zélande, III, 56. — - des îles de la Polynésie, 57. Depugh, cité, 1, V0. Descendre. Signification de l’ex- pression — II, 147. Détroit de Cook. 111, 8. — de Foveaux, 111, 8. Dialectes de la Nouvelle-Zélande, II!, 63, 187, 260, 442, 444. — des archipels polynésiens, 205 et suiv., 245. Dieffenbach. Opinion de — sur l'origine des Polynésiens, II, 82 ; — sur les races de la Nouvelle-Zélande, III. 83; — surl’originedesNéo-Zélandais, v43 et suiv. Traditions rap- portées par — III, 245, 247. Réfutation de l’opinion de — 253 et suiv. — Cité, I. 153, 163 ; II, 82, 83, 84 ; III, 66, 83 et suiv., 248 à 253, 257, 485. Diego da Conto, cité, I, 124. Dii.lon, cité, I, 53. Dodo. Solitaire de File Maurice, III, 45. Dorey Papous de — 1, 27, 289. Alfourous de — I, 289. Dulaurier, cité, I, 123, 171. Dumont-d’ükvillk Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 56. — Opinion de — sur les races de la Nouvelle-Zé- lande, lit, 79. Objections de — contre le peuplement de la Polynésie par la Nouvelle- Zélande, III, 120, Pci, 129, 131. Opinion de — sur l’ori- gine des Néo-Zélandais, III, 237. — Cité, I, 30 52, 53, 248, 259, 268. 280, 317, 339, 344, 403 et suiv. II, 58.59, 60, 61, 63, 123, 165, 171, 391, 395. III, 10, 17, 19, 53, 79, 81, 119. 122. 125, 135, 231, 233, 238, 240, 242, 484. IV, 167. Dunmore-Lang. Opinion de — sur l'füigine des Polvnésiens, I, 457 ] JT, 64. j v Eaheinomawe , 111, 9, 11. Earl. Opinion de — sur l'origine des Polvnésiens, II, 88. — ■ Cité, I, 238 ; "il, 116. Earle. Aventures de II, 88. — Cité, 89. Egypte. Les Polynésiens en — IV, 159. Eichthal (d’), cité, IV, 158, 160, 162, 164, 181, 184, 192. Eimeo , île de l’Archipel de la Société, III, 12. Ellis, cité, I, 381, 411, 443, 444, 446, 448 ; 11, 7, 56, 158, 186, 351 ; III. 105. Emigrants . Canots doublesdes-— d’Hawahiki,IV, 111. Plusieurs canots des — ne purent abor- der à Tito-Nord, 114. Néces- sité pour les — de quitter Plie- Nord, 115. Entraînements des Polynésiens par les vents, I, 445, 513 ; II, 132, 133 ; IV , 37. Exemples d’ — vers l’Ouest, IV, 40 et suiv., 51. Exemples d’ — vers l’Est, 55. Extension géographique des ter- mes Nord. "Sud, Est et Ouest, II, 9 Extermination. Loi d’ — aux Fiji, II, 411, 415, 4 i 6, 465. Fables néo-zélandaises, III, 217. Fanning. Iles — . Il, 190. Fatu. "Signification du mot. — III, 157. Faune de la Nouvelle-Zélande, l, 427. Spécialité de la — des îles de la Nouvelle-Zélande, III, 475, 482. — de la Nou- velle-Calédonie, 480. Favre, cité, I, 225. Femme. Origine de la 1™ •- aux Marquises. Il, 22-C Fer. Introduction du — aux Mar- quises, II, 223. Feu. Origine du — aux Marquises, II, 212. — i> la Nouvelle-Zé- lande, 215, 233, 237, 244. Ori- gine du — aux Samoa, II, 477, 479. Fiji. Les archipels - Samoa et Tunga ne doivent pas être confondus, fl, 371 et suiv. Géographie des îles — 384. Population des — 3S5. Géolo- gie des — 387. Origine des — 418 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. 387. Vents régnants aux — 388. Les — auraient été un obstacle pour les émigrants venant de la Malaisie, 525, 527. Fijiens. Les purs — sont des Papua, 1, 76. Caractères physi- ques des — II, 396, 419. Diffé- rences entre les — et les Tongans, 400. Les — sont autochtbones, 404, 406, 408. Rapports ayant existé entre les — et les Polynésiens, 405,408, 415, 424, 426 et suiv. 430,439, 452, 453, 463, 467, 471, 473, 482, 488, 515, 526. Origine des — 406. Origine de la mort che" les — 407. Fijien. Différences et ressemblances entre le — et le Polynésien, II, 441 et suivant. Le — res- semble au langage primitif de Timor et des îles Malaisicn- nes, II, 106, 108, 110, 121, 449. Flint. Ile de — II, 192. Flore des îles polynésiennes, I, 500. —delà Nouvelle-Zélande, 427. — de Pile Norfolk, 501. Spécialité de la — des îles de la Nouvelle-Zélande, III, 477, 482.— de la Nou\elle-Calé- donie, 480. ! Fontaine de vie, I, 455, III, 5 Fornander, cité, III, 2, 153. Forrest, cité, I, 269, 276. Forster (Reynold). Opinion de — sur l’origine des Polynésiens II, 16 à 22. — Cité, I, 55, 62, 143, 399, 489; II, 16, 19; III, ' 180. Freycinet (de), cité, I, 90, 339, 343, 344. 348, 350 ; 11, 162, 184* Fnèjiens. Caractères des —I, 494. Funérailles , I, 475 et suiv. 505, 512. Futuna , île des Hébrides, III, 179. Gaimard, cité, I, 26, 48, 70, 84,90, 242, 203. Garnier (J,). Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, 1, 499 et suiv, — Cité, I, 3, 67, 85, 159, 423, 500, 501, 503, 506, 507, 509, 510, 512 ; 11, 130, 260, 270, 387 ; 111, 175. 465 ; IV, 10,71,76. Gaussin. Opinion de — sur l’ori- gine des Polynésiens, 11, 86. ■ — sur l’origine des Néo-Zé- landais, III, 273. — Cité, J 159 ; II, 86, 87, 323,339, 341 111, 158, 188, 274, 275, 277. Gemelli-Carreri, cité, I, 338. Généalogies. Incertitude des — de la Nouvelle-Zélande, iV, 99 et suiv. Géologie de la Nouvelle-Zélande, 1, 426. Georges Sound. Australiens de — I, 92. Giglioli, cité, I, 132. Gilolo. Alfourous de — I, 282. Girard de Rialle, cité, I, 14, 32. Gironière (de la) — cité, I, 338. Glace en Hawahiki, 111, 411. Günzalès, cité, II, 279. Grammaire. Utilité de la — pour la comparaison des races, 11, 118. Grand- Polynésien, 1,190; 11,32, 35. Le — diffère du Polyné- sien moderne, 1, 191. Grenouilles de laNouvelle-Zélandc, 111, 49. Grey (sir). Opinion de — sur l’o- rigine des Polynésiens, I, 94. — sur l’origine des Néo-Zé- landais, 111, 288. Guignes (de), cité, II, 40. Hahakaï. Récit d’ — sur la pro- venance des Maori, 111, 288. Hahakai. Signification du mot — 111, 163. Hale, Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 85. sur la marche des émigrants polynésiens, II, 510. — Sur l’origine des Néo-Zélandais, III, 261. — Cité, III, 232. Hamilton, cité, III, 58. Hamy, cité, 1, 22, 86. Hapu. Division de tribus, III, 61 . Harafourous de Mindanao, 1, 269. Harfours de Bourou, 1, 277. Haupokane des légendes Hawai- iennes, II, 175 ; III, 258. Hawahiki, Havaiki,\)3,^s d’origine des Polynésiens, 1, 422, 426 ; II, 272, 332, 341, 366, 486, 532 ; III, 244, 350, 362 ; Dif- férentes formes du mot — 11, 205 ; III, 264, 437. Croyance en un — à l’île de Pâques, II, 419 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 306. Guerres civiles en — III, 161, 164. Il y a eu plusieurs — 297, 309, 313, 332. Iles voisines de 1’ — 302, 307. L’ — était l’Heawise de Cook, 342. L’— était dans Flle-du- Milieu de la Nouvelle-Zélande; III, 343, 401, 409, 423 et suiv., IV, 118. Les émigrants ve- naient tous de T — III, 347, L’ — était situé dans l’Ouest, 353, 355, 360. L’ — était pro- che d’Aotearoa, 356. Les émi- grants de F — ont tous vécu à la même époque, 357. L’ — ne pouvait pas être en Polyné- sie, 420, 435. L' — était primi- tivement uni à Aotearoa, 421. Signification du mot — 435. Prononciation du mot — dans les différents archipels, 437. Hawahikiens . Provenance des — lit, 474 et suiv. Les — étaient autochthones de l'Ile-du-Mi- lieu de la Nouvelle-Zélande, III, 475. Hawaii. Iles — II, 151 . Découverte des îles — 152. Signification du mot. — 157. Tradition des îles — 161 et suiv. Peuple- ment des îles — 11, 161 et suiv., 177,187 ; IV, 129. Arri- vée d’étrangers aux îles — 170, 173, 177. Non existence d’une race noire aux îles — 188. Iloaii ou — - 337, 338, 342. (Voy. Sandwich.) Hawaiiens. Caractères physiques des — 11, 158. Voyages loin- tains des — 173. Les — ont eu les Maori pour ancêtres, 179. 187. Chant — 179. Heawise de Cook, III, 233, 342. Hébrides. Papua des îles — 1,54. Hekengamai, descente, émigra- tion, 111, 413, 416. Hemo , IV, 280. Hervey. Géographie des îles — 11, 365. Langage des îles — 365. Croyance en un Hawahikiaux îles — 366, 369. Caractères physiques des habitants des îles — 367. Provenance des habitants des îles — , 370. Dialecte des îles — 111, 192, 197, 202. Les îles — ont été peuplées par la Nouvelle-Zé- lande, 197 et suiv. Date des migrations aux îles — - IV, 90. Hiao . Tradition de l’île — II, 232. Hina, II, 333. Hindous. Les — ont contribué à la formation des Javanais. 1, 205. Hiro , II, 329, 332. Hoaii , forme d’Hawaii, IL 337, 338, 342. IIochstetter (de), cité, III, 394. Hombron, cité, I, 31. Homme. Création du 1er — à Tahiti, II, 323. Création du lep — aux Marquises, II, 217. Création de T — aux Samoa, II, 494, 498. Hopkins (Manley), cité, II, 168. Hospitalité, I, 466. Houmai Tawhiti , IV, 339. Hovelacque, cité, I, 158. Huahine, II, 340. Humbert, cité, 196. Humboldt. Habitants de la haie de — I, 34. Humboldt (de), cité I. 157, 262 ; IV, 173. Idaans, I, 234. Ika-na-Maui , III, 9, 11. Ile-du-Mieu de la Nouvelle-Zé- lande, IH, 6, 404. Noms don- nés à F— 9, ]6, 18. Nom de F —437, 451. Les noms des lé- gendes se retrouvent tous sur F 376, 382, 405 et suiv. L’ — était FHawahiki, 409. Ile-Nord de la Nouvelle-Zélande , III, 5. Noms donnés à P — 9, 18. — Peuplement de F— 64, 439. Habitants primitifs de F — III, 448 et suiv. IV, 113. Iles existant entre les Sandwich et Tahiti, II, 190. Hautes et basses de l’Océanie, I, 3. Dis- tribution générale des — océ- aniennes, 4. Distance des — polynésiennes II, 74. Indo-Chine. Les Polynésiens dans F — I, 262. Industrie. Communauté d’ - I, 456, 504. Insectes de la Nouvelle-Zélande, IV, 229. Iwi, division de tribu, III, 61. Jacquinot, cité, I, 31. Jade vert dans FIle-dii-Milieu,!!!, 42 0 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 171, 381, 418. — dans les îles mélanésiennes, 174. Gisements du|— ou néphrite, 370. Jakuns, I, 226. Japon. Les Polynésiens au — IV, 195. Japonais. Les — aux îles Caroli- nes, I, 323. Les — à la Nou- velle-Zélande, III, 90. Carac- tères physiques des — IV, 195 et suiv. Ressemblance des — avec les Maori, 197. Jarves, cité, II, 155, 165, 170. Jarvis. Ile — II, 191. Javanais . Les — ■ sont des Métis de Polynésiens et de noirs de la Malaisie, I, 8, 204. Pieds et mains chez les — , 170, 181 . Origine des —, 170, 202. Ca- ractères physiques des — 178, 183. Caractères crâniens des — , 184. Caractères moraux des — 186. Portraits de — -, 185. Java. Les Négritos à — I, 202. Javan ancien, I, 187, 188, — vul- gaire, 191. Ressemblance du — avec le Malai, H3, 195. Rapports du — avec ley Poly- nésien, 194. J ivano-Malaise . Formation de la famille — I, 206- Jervis-Bay . Australiens de — I, 94. Jours et nuits. Origine des — aux Marquises, II, 216. Juives (coutumes). Analogie de coutumes — et polynésiennes. II, 104. J UNGHUNH, cité, I, 123. Jurien de la Gravière. Opinion de — sur l’origine des Poly- nésiens, II, 65. — Cité, I, 131, 250, 251, 328, 374 ; II, 521 Kae, IV, 316. Kaempfer cité, IV, 196. Kahurangi , nom du Jade fin, III, 15. Kai-Koura. Signification du mot •— III, 17, 18, 440. Kainga-Maori. Signification du mot — III, 17, 18, 440. Kai-Tangata. Signification du mot — IV, 28u. Kakapo. oiseau de la Nouvelle- Zélande, III, 47. Kamapiikai. Voyages de — II, 173. Kapiti , Ile de l’Entrée de la Nou- velle-Zélande, 111, 5. Karaka, arbre de l’Hawahiki, III, 319. Karakia, chants maori, I, 469. Karika. Légende de — III, 194 et suiv. Kavai, Kawai, nom de l’Ilc-du- Milieu, III, 437, 451; — foyer do création de la race Maori, 492 Kawa à la Nouvelle-Zélande, III, 132. Kawi. Javan ancien, 1, 188. Kendall. Chant maori rapporté par — 111, 141. Kerhallet (de), cité, II, 313, 381 . King's Mill. Peuplement des îles — I, 330; IV, 134, 136 Kiore, rat de la Nouvelle-Zé- lande, III, 35,37. Kiwi, aptéryx australis, III, 39. Klaprgth, cité, 11, 119. Kumara , patate douce, III, 132. Introduction des — à l’Ile- Nord, 247, 259, 231. Kupe. Voyage de — III, 361; iV, 337. Kuri, chien de la Nouvelle-Zé- lande, III, 35. Labillardière (de), cité, I, 53, 62, 83. Lakemba , île des Fiji, où furent entraînés les premiers Ton- gans, II, 410. Lampongs I, 223. Les — sont des Malaisicns, 227. Langage. Uniformité du — en Polynésie, IV, 61. Langue . Origine de la — malaie, 1, 143. Dialectes delà — ma- laie, 145. Règles de la — malaie, 146. Caractères de la — polynésienne, 149. Ressem- blances des — malaie et poly- nésienne, 193. Rapports de îa — javanaise avec le polyné- sien, 194. Analogie de la — tasmanienne avec le néo-ca- lédonien, 84. — des Tagals, 352. Laos. Les Polynésiens dans le — IV, 187. — Habitants du — 189. La Pérouse (de), cité, II, 22 ; IV, 66. 421 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Latham, cité, 1, 84. Le Batard, cité, II, 201. Le Blanc, cité, 1 127, 173, 179. Le Gobien, cité, I, 18, 338, 341. Lesson (A.) cité, 1, 92, 119, 305 ; H, 12n, 195,200, 268. Lesson (R. P.). Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 48. — sur l’origine des Néo-Zélandais, III, 236. — cité, I, 28, 44, 47, 51, 71, 84, 84, 91, 126, 123, 134, 231, 253, 304, 311, 342 ; II, 49 ; IV, 195. Lézards de la Nouvelle-Zélande, IV, 218. Linguistique, III, 187. Linschot, cité, I, 148, 178, 463. Liqueurs enivrantes . Préparation des — I, 459, 505. Lolo Caractères physiques des — IV, 49(>. Loyalty. Habitants des îles — I, 69. Lubbock, cité, 1, 468. Lütke. Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 54. — cité. I, 303, 321 ; II, 55. Macassar. Habitants de — I, 255. Largeur du détroit de — II, 74. Mackluko-Maklay, cité, I, 37. Madagascar. Les Polynésiens à — IV, 158, 167. Maero, nom des premiers habi- tants de lTle-Nord, III, 454, 463. Malaie. Origine de la langue — I, 143. Dialectes de la langue — 145. Règles de la langue— 146. Malais. Les — sont des métis de Polynésiens et de noirs de la Malaisie, I, 8. Pieds et mains chez les — , 120, 181. Opinions contradictoires sur les — , 122. Les — sont une nation jeune, 125. Lieu de provenance des — 125. Habitat des — 128. Les — sont une race croisée, 130, 132. Caractères physi- ques des — , 134, 138, 183. Taille des — 138. Caractères crâniens des — 138. Différen- ces entre les — et les Polyné- siens, 138. Différences entre les — et les Javanais, 185. Origine des — 137. Les— sont des Javanais expatriés, 198. Taille des — et des Polyné- siens, 507. Malaisie. Race noire première occupante de la — - I, 8. Dayaks de la — 241, 243. Po- lynésiens en — IV, 136. Mar- che suivie pour aller en — 137 etsuiv. Race blanche en — 184. Malaisienne. Résumé des opinions relatives à l’origine — des Polynésiens, II, 135 Malaisiens I, 218, 295 II, 512. Les — descendent des Poly- nésiens, 1, 8. Malayo-Poly né sienne. La croyan- ce en une langue — et une race — est une erreui, II, 114 et suiv., 120, 137. Malay'ou. Le — diffère du Poly- nésien, I, 142. Malden. Ile — IL 191. Mallat, cité, 1, 345. Mallicolo . Caraetères crâniens des habitants de — I, 75. Mammifères de la Nouvelle-Zé- lande, III, 35 ; IV, 206. Mamoe . Etymologie du mot — III, 46L Manaia. Rôle des îles — dans le peuplement des îles de la Société, II, 364, 368. Géogra- phie des îles — 365. (Voy. Hervey) . Manaia , chef de 1 Hawahiki,Ill , 397; IV, 343. Mandingue. Rappo ts du — et du Vanikoricn, IV, 162. Rap- ports du — et du Polyné- sien, 164. Manga , I, 4o6. Mangareva. (Iles). Découverte des — II, 263. Origine des habitants des — 268 ; IV, 126. Dialectes des — II, 269. Si- lence des traditions sur las — 273. Etymologie du mot — 274. Alphabet des - III, 210. Date des migrations aux — IV, 88. Mangaréviens. Caractères physi- ques des — II, 271, 27 2. Les — étaient des Polynésiens, 273. Mangkasara , 1, 257. 422 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Manihini. Signification du mot — II, 166. I Manono, nom de lieu de l’Hawa- hiki, III, 306, 442. ; Manua et Manuka. Confusion faite entre les îles — III, 337, Manuel-Rodriguez . Ile, — II, 190, 194. Maori. Signification du mot — II, 164 ; 111, 59, 149. Carac- tères physiques des — III, 84, 91, 93, 94, 97, 100. Caractères crâniens des — 98. Cheveux des — 98. Couleur delà peau des — 98. Portraits de — 100. Taille des — 101. Caractères moraux des — 103. Prove- nance des — 288, 310 et suiv. Les — sont une race typique, 487. Les — sont autochtho- nes de PIle-du-Milieu, 491. Les — en Afrique, en Améri- que, en Asie, IV. 157. Res- semblances entre les — et les Japonais, IV, 197. Maori. Le — est la langue-mère du Polynésien, 111, 187, 190, 192 et suiv. 203, 213 ; IV, 61. Analogies du — et du Tahi- tien, 111, 111 . Marchal, cité, I, 126. Marco-Polo, cité, II, 36. Mariages, I, 468. Mariannais. Caractères physi- ques des — 1, 338. Lieu d’ori- gine des — 341. Rapports entre les — et les Japonais, 342. Langue des — 343. Rapports entre la langue des — et le Polynésien, 347. Chants — 348, 351. Ressemblances et différences des — avec les Polynésiens, 355 et suiv., 367 et suiv., 372. Les — sont des Polynésiens, 372. Mariannes. Géographie des îles — 1, 337. Peuplement des îles — IV, 131. Mariner, cité, II, 504, 528, 537. Marquésans. Caractères physiques des — II, 195 et suiv. Carac- tères crâniens des — 202. Les — viennent de Tahiti et des Tunga, 205. Voyages lointains des — 207, 208, 210. Origine des — 232, 254. Chants — 249, 251, 253. Marquises. Ile — II, 195. Tra- ditions des — 205, 206, 207, 211, 217 et suiv , 221 et suiv. Premier homme et première femme aux — 217, 228. Lan- gue des— II, 254, 256. Alpha- bet des — III, 211. Date des migrations aux — IV, 85. Peuplement des — IV, 127. Marsden (W.), cité, 1, 125, 144, 153, 222, 436, 492 ; II, 2i, 13*7 ; IV, 173. Marsden. (Le Rév. Sam,), cité, III. 104. Maru , Dieu de la guerre à l’Ile- du-Milieu et aux îles Sand- wich, IV, 130. Culte de — aux Sandwich, II, 164, 169, 178. Masana-Maeda, cité, IV, 197. Matuka. Légende de — IV, 329. Maui. Culte de — aux îles Sand- wich, II, 163, 169, 178. Culte de — aux îles Marquises, II, 211. Culte de — à Tahiti, II, 325, 321 . Culte de — inconnu dans PIle-du-Milieu, II, 211 ; IV, 105. Légende de — II, 212 ; III, 149 ; IV, 291 et suiv. Maui- Ma a, IV, 302. Maver, cité, I, 442. Mburotu , paradis fijien, II, 483, 508. Mélanésiens. Principaux caractè- res des — I, 5, 13. Cantonne- ment des — , 7. Cheveux chez les — 14, 33. Lieu d’origine des — 15. Les — forment deux races distinctes, 16. Ré- sumé général des — 106. Les — aux îles Carolines et à Puynipet, 326, 327. Les — aux îles Pelew, 331. Les — à llle-de-Pâques, II, 284. Absence de — à Tahiti, II, 348. Influence des — , sur les Polynésiens, 403 etsuiv. Menado. Habitants de — II, 127. Mendana, cité, I, 52. Mere-Punamu , arme des Ngati- Mamoe, III, 466. Mertens, cité, I, 356, 361, 364. Opinion de— sur l’origine des Polynésiens, II, 55. Métis Papua et Polynésiens, I, 58. — Tunga-Fiji, II, 418, 420, 511, 526. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 423 Meunier (de)» cité, I, 474. Meyer. Caractères des Papous d’après — I, 82. — Cité, 1, 14, 32, 46. Migrations. I, 446, 507, 513. Routes ayant pu servir aux — de l’Asie vers la Polynésie, II, 3. Marche des — d’après Thompson, II. 98. — d’Ouest en Est, II, 129. Epoque des — II, J 28 ; III, 319. Preuves des — IV, 1 et suiv., 32, 61, 64. Causes des — 33. — involon- taires, 37. — volontaires 39. Vents qui ont servi aux — 65, 69, 77. Dates des — 81 et suiv., 106. Marche des — 109, 142 et suiv. Départ des — de nie-du-Milicu, 110. Mincopies. Caractères physiques des — 1. 23. Mindanao. Harfours de — I, 269. Moa, dinornis eléphantopus, III, 41, Signification du mot — en Polynésie, 138. Moerenhout, cité 1, 128, 155, 406, 408, 446 ; II, 5, 128, 259,356; III, 82, 211, 493 ; IV, 67. Mœurs. Similitude de — 1, 463, 467, 483, 504. Moko , poisson, II, 233. Molina. Opinion de — sur l’ori- gine des Polynésiens, I, 496. — Cité, II, 25. Moluques Alfourous des — I, 272. Monneron. cité, I, 50. Monosyllabisme des racines poly- nésiennes, I, 153. Monuments mégalithiques dans les îles polynésiennes, I, 386 ; II, 190, 191, 192. Mort. Origine de la — chez les Fijicns, II, 407. Motu , devises des tribus, III, 66. Signification du mot — III, 157. Mouhot, cité, IV, 187, 189. Mumu , chants marquésans, II, 249, 251, 253. Mûri - Whenua, extrémité d’Aotea- roa 111, 396, 4 1 4. Mutilations des phalanges, I, 470. Mythologie, IV, 266. Nègres . Absence des — dans les îles polynésiennes, 1, 115. Absence de — à la Nouvelle- Zélande, III, 448, 490, Absence de- à Tahiti, 490. Négritos. Extension géographi- que des — I, 17. Les — sont une des plus anciennes races de l’humanité, 19, 21. Caractè- res physiques des — •, 19, 24. — en Australie, 105.— à Java, 202. Neige. Existence de la — en Ua- wahiki, III, 411. Néo-Calédoniens. Caractères des - I, 61. Les — sont des purs Papua. 69. Néo-Zélandais. Caractères physi- ques des — II, 89; III, 84, 91, 93. 94, 97, 100. Origine des — III, 224, 226, 232, 233. Hypothèses émises sur l’ori- gine des — 237. Autochthonie des — IV, 80. Néphrite Gisements de la — III, 176. Ngahue. Vovage de — III, 379 ; IV, 339/ Ngati. Signification du mot — III, 6C 198. Ngati- Avau. Notes sur les — IV, 361. Ngati-Kahungunu. Les tribus de — venaient de THawahikqlII, 471. Notes sur les IV, 363, 365 . Ngati-Mamoe, tribu de l’Ile-du- Milieu III, 65, 454, 457, 468. Notes sur les — IV, 368. Ngati-Rua-Nui, tribu de l’Ilawa- hiki, III. 431. Niua. Iles— I, 474 ; II, 384.(Voy. Alu-Fatu). Noms de lieux en Polynésie, II, 107, 108, 109, 110 ; III, 214. Norfolk. Flore et faune de l’ile — I, 501 ; III, 130. Nouvelle-Bretagne . Papua delà — I, 49. Nouvelle-Calédonie. Nom généri- que de la — III, 180. Flore et faune de la — , 480 . Nouvelle-Guinée. Papous de la — Ii 26, 3^> Papua de la — 49. Alfourous de la — 284, 291. Nouvelles-Hébrides. Papua des — Nouvelle-Hollande . Absence des Polynésiens dans la III, 129. Nouvelle-Irlande . Papua de la — I, 47. 424 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Nouvelle-Zélande. Découverte de la — f, 393. Géologie de la — I, 426; III, 28, 50.Faune et flore de la - I, 427 ; III, 30, 34, 51 Considérations géné- rales sur la — III, 1. Géogra- phie de la — 4. La — est formée de plusieurs îles dis- nnctes, 4. Ile-Nord de la — 9. Ile-du- Milieu de la — 6, 9. Situation de la — 9. Montagnes de la — 5, 7. Mé- téorologie de la — , 19. Vents régnants à la - 20. Tempéra- ture de la — 23. — La — est un centre de création, 50, 51. Populations de la — 53, 56. Unité de race à la — 69, 97,102. Unité de langue à la — 96. — Dialecte de la — 187, 200. Alphabet de la — 204, 208. Distinction à faire entre les îles du groupe de la — 225, 259, 350, 360. Confusion faite entre les îles de la — 327, 328 et suiv. Voyage à la — d’après Sir Grey/389. La — n’a jamais été réunie à l’Australie, 478. Date des mi- grations à la — IV, 96. Incer- titude des généalogies de la — 99 et suiv. Histoire natu- relle delà — 206 et suiv. Numération aux Carolines, II, 310, 312. — à Satawal, 315. Océanie. Divisions de P — I, 57. Océaniennes (races). Pluralité des races — d’après d’Ur ville, 1,57, 61. Difficulté de la recherche d’origine des — II, 2. Prin- cipaux caractères distinctifs des — , 4. Deux — primitives, 8. Œil de la victime. Coutume d’a- valer P - J II. 182. Oheavai , île traditionnelle de Tu- paia, III, 269 Oiseaux de la Nouvelle-Zélande, III, 39 ; IV, 207 et suiv. Omalius d’Halloy, (d’) cité, II, 423. Ombay . Habitants d’ — II, 242. Opoa, lieu de provenance des Tahi- tiens, I. 828, 337. Opuru ou Uporu, île des Samoa, II, 339. Orbigny (d’) cité, IV, 180. O-Reeva-Vai, nom polynésien de la Nouvelle-Calédonie, III, 180. Oreilles , distension du lobe des — II, 465. — chez les habitants de Pâques, I, 281, 283. Oro, dieu de la guerre à Tahiti, II, 327, 329, 331, 333, 336 ; IV, 129. Oromoa. Chant d’ — III, 202. Oropaa. Tribu des — II, 327 O-Tu. Signification du mot — III, 153. Ouest. Signification du mot —1,9, 363, 370, 509. Paaoa, poisson, II, 233. Pakeha, signification du mot — III, 17. Pali-Maghadi , II, 189. Palmyre. Ile — II, 190. Papou. Signification du mot — - I, 26. Caractères des — 26. — de Waigiou, 26. — de Dorey 27, 289. — de la Nouvelle- Guinée, 26, 35. Les — sont des métis de Papua et d’Al- fourous, 36, 38. Caractères crâniens des — 38. Papua. Signification du mot — I, 42. Populations appartenant à la race — 43. Caractères gé- néraux des — 44. — de la Nouvelle-Irlande, 47. — delà Nouvelle-Guinée, 49. — delà Nouvelle-Bretagne, 49. — de Port-Praslin, 50. — de l’île Bouka, 51. — de l’ile d’York, 51. — des îles Salomon, 52. — des Nouvelles-Hébrides, 54. Différences de taille des — 57, 78. Métis — et polynésiens, 58. — des îles Carolines, 60. — des îles Pelew, 61. — de l’Asie, 77. — en Australie, 105. Pâques { lie de). Dénomination de P— 11, 275. Découverte de P— 276, 277. Plantes de P — 2 6. Population de P — 277. Eten- due de P — 278. Les habi- tants de P— sont Polynésiens, 279, 286, 305. Caractères phy- siques des habitants de J’ — 27.J. Usage de la poterie à 1’ — 282. Mélanésiens à P — 284 . Peuplement de P — 285. Tra- ditions de P — 286, 288. Le langage de P — est néo-zé- 425 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES landais, 290, 293. Liste des rois de P — 290, 292. — Sta- tues de 1’— 294. Les statues de 1’ — - sont d’origine polyné- sienne, 299, 300, 301. Monu- ments de 1’ — 30?, 304. Carac- tères crâniens des habitants de F — 305. Ecriture hiéro- glyphique à L — -307. Croyan- ce en un Hawahiki à 1’ — 306. Parkinson, cité, 1, 90 : III, 113, 124. Patu-Paearehe, habitants primi- tifs de l'IIe Nord. III, 463,465. Paumotu (Iles). Caractères physi- ques des habitants des — II, 258, 260. Langage des — 259, 260. Pirogues des — 260. Ety- mologie du mot — 26J . Pro- venance des habitants des — 258, 262. Alphabet des — III, 210. Date des migrations aux — IV, 87. Peau. Couleur de la — chez les Maori, III, 98 Pelew. Papua des îles — 1,61. Mélanésiens aux — 331. Poly- nésiens aux — 335. Vocabu- laire des — 332. Langage des — 331, 373. Penrhyn. Iles — II, 192. Peralta, cité, I, 5, 15. Peron, cité, I. 82, 90. Péruviens. Caractères des — I. 494. Peuple Inconnu, I, 11, 176, 264 ; II, 32, 5o. - Le — a contri- bué à la formation des Java- nais, I, 204 , 206. Le — a été formé par des émigrants poly- nésiens, II, 36. Pfeiffer. (Mad. Ida), citée 1,137, 181, 223, 232, 248, 278; III, 58. Phalanges coupées, I, 470. Philippines. Alfourous des — I, 283. Idiomes des — 345. Ha- bitants des — 432. Caractères physiques des habitants des — 434. Langage des — 435, 440, 441, 489. Phoques en Hawahiki, Il T, 410. Phormium tenax, III, 407, 410. — à Norfolk, 1:0. Pickeking, cité, I, 91. Pieds et mains chez les Polyné- siens I, 120. — chez les Ma- lais et les Javanais, 120, 181 . Pigafetta, cité, 1, 340, 368, 373 ; II, 37. Piopio, oiseau de l’Hawahiki, 111, 411. Pirogues Néo-Zélandaises, III, 120, 121, 126, 128. Plantes nourricières. Dénomina- tion des — en Polynésie, II, 450. Plauchut, cité, I, 20. Points cardinaux. Noms des — II, 314. Pofsso/z. Procédés de pêche du — I, 458, 505. Manière de faire cuire le — I, 462. — de la Nouvelle-Zélande, III, 49 ;IV, 220. Polynésie. Bornes de la — I, 3. Signification restreinte du mot — 6. Distance des îles de la— II, 74. Peuplement des îles de la — II, 146 et suiv. La — a été peuplée par la Nouvelle-Zélande, III, lie, 140 ; IV, 119. Opinions de Banks, Crozet, Bory, sur le peuplement de la — par la Nouvelte-Zélande, III, 112, 116, 117. Objections de d’Ur- ville et de de Bovis contre ce peuplement, 120, 121, 129, 131, 138. Noms de lieux en— III, 214. Les îles de la — étaient désertes à l’arrivée des émigrants, IV, 147. Absence presque complète de mots mélanésiens et de mots ma- lais dans les îles de la — 150, 151. Polynésien. Différences et ressem- blances du — avec les idiomes de la Malaisie et des Mo- luques, 1, 154, 403 ; II, 38 et suiv., 87, 92, 106, 109. Caractères du — I 149. Le — ne renferme que très peu de mots malais, I, 157, 162. Le — est une langue spéciale, 163. Analogies du — avec les langues indo-chinoises, II, 66. Différences et ressemblances du — et du Fijicn, II, 441 et suiv., 451. Dialectes — , 128. Nombreux mots — en Ma- laisie, 154. Rapports du — et du Mandingue, IV, 164. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 426 Polynésienne (race), T, 109. La — n’est pas une race métisse, II, 127. — Extinction de la-- II, 278. Polynésiens. Principaux caractères des — 1, 5. Cantonnement des — 7. Les — sont des Maori, 9. Métis Papua et — 58. Ca- ractères des — I, 110, 118, 183 ; II, 322. Pieds et mains chez les — I, 120. Les Poly- nésiens n’ont pu provenir des Malais, ni de la Malaisie, 1, 165 ; II, 5, 129. Les — dans Plndo-Chine I, 262. Les — sont venus en Malaisie, 298. Les — sont les ancêtres des Malaisiens, I, 300 ; II, 138. Les — aux îles Pelew, I, 335. Les — sont les tribus disper- sées d’une même nation, I, 37.9, 419 ; II, 145, 159. Les — parlent une même langue, I, 425. Di vergences des auteurs sur le lieu d’origine des — I, 380, 384. Les — ne vien- nent pas d’un continent sub- mergé, 386. Les — ne vien- nent pas de l’Amérique, 1, 429. Les — n’ont pas eu l’A- sie pour berceau, II, 138. — Analogies des - avec d’autres peuples, I, 449, 452, 456, 463, 467, 469, 475, 483, 485, 502. Taille des — et des Malais, I, 507. Les — diffèrent en tout des Américains, I, 489 et suiv., 507, 508 et suiv. Manière de s’orienter des — II, 99. Re- cherche du lieu d’origine réelle des — II, 142 et suiv. Beauté des différents — 320. Influence des — sur les Méla- nésiens, 403 et suiv., 426. Routes que font suivre aux — les partisans de l’origine malaisienne, II, 509. Les — ne viennent pas de l’Est, III, 254. Le pays d’origine des — est toujours placé dans la di- rection du couchant, III, 271. Connaissances géographiques des — IV, 3, 13, 73. Les — à Madagascar, IV, 158. Les — en Egypte, 159. Les —-dans le Sahara, 166. Les — en Amérique, 170. Les — en Asie, 181. Les — au Japon, 195. Pomaré. Lettre de la reine — II, 357 Poncho ,’ I, 456, 457, 505. Port-Jackson. Australiens de — I, 95. Port-Moresby . Alfourous de— I, 286. Port-Praslin. Papua de — I, 50. Port-Western. Australiens de — I, 93. Portraits de Javanais, I, 185. — Tasmaniens, I, 87. — d’habi- tants de Vanikoro, I, 76. — de Polynésiens, II, 320. Poterie I, 457. Usage de la — à l île de Pâques, II, 282. Poules. Origine des — aux Mar- quises, il. 219. Absence des — à la Nouvelle-Zélande, III, 137. Poûnamu. Recherches linguisti- ues sur le mot — III, 13, 75. e — ne se trouve que dans l’Ue-du-Milieu, 173. Pratt, cité, IL 453. Présages 1, 452. Pritchard, cité, II, 387, 396, 399, 406, 42 L et suiv., 464, 465, 469, 494, 531, 541; IV, 37,53. Pros carolins, 1, 305/ Puynipet. Mélanésiens à I, 327. Tiaditions de — , 328. Quatrefages (de). Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, IL 111. Opinion de "— sur la marche des migrations, II, 511. Opinion de — sur l’ori- gine des Néo-Zélandais, III, 324, 328 et suiv. Réfutation des opinions de — II, 513, 533, 535 ; III, 446 et suiv. Opinion de — sur le peuple- ment des îles Tunga, II, 533, 536. Cité, I, 17, 86, 109, 130, 155, 160, 202, 415, 416, 427, 435, 519 ; U, 112, 114, 115, 127, 423,502, 511, 528, 536, 538, 539 ; III, 101, 445, 455, 466, 489 ; IV, 4, 7, 38. Qheiros. cité, 1, 55, 388; III, 73. Quipos , I, 486, 505. Quoy et Gaimard, cités, 1, 26, 48, 70, 84, 90 ; 11, 425 ; 111, 102, 478. Races. Difficulté de la recherche TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. d’origine des — océaniennes, I, 2. Principaux caractères distinctifs des — océaniennes, 4. Deux — océaniennes primi- tives distinctes, 8. Lieu d’ori- gine des — mélanésiennes, 15. Doux — mélanésiennes dis- tinctes, 16. Croisement de — 102. — polynésiennes, 109, Raffles, cité, î, 126, 174, 179; Il 31. Raffray, cité, I, 282. Raiatea , lieu d’origine des Tahi- tiens, II, 323. Peuplement de — II, 362. Rakiura, île Stewart de la Nou- velle-Zélande, III, 5, 8,18. Rama. Signification du mot — III, 156. Rangatira. Signification du mot — 111, 162. Rangitakoru Chant de — 111, 377. Ransonnet cité, I, 90 * Raro. Signification du mot — III, 416 Rarotonga Découverte de — II, 366, 368. Alphabet de — III, 209. — île de la Nouvelle- Zélande, III, 302, 308, 310, 314,389. L’île de — dugroupc Ilervey a été peuplée par la Nouvelle-Zélande, III, 330. Division des castes à — III, 339. Le dialecte de — se rap- proche de celui de la Nou- velle-Zélande, III, 335, 339 ; IV, 120. Rata, IV, 290. Rats. Origine des — aux Marqui- quises, II, 225. Rauparaha. Notes sur — IV, 368. Guerres de — IV. 371. Rauquemorel, cité, I, 52. Redjangs , l, 222. Les — sont des Malaisiens, 227. Rémusat (A. de), cité, II, 443, 449, 451. Rémy (J.), cité, II, 163. Reptiles de la Nouvelle-Zélande, III, 47. Résumé général , IV, 205. Richard. Opinion de — sur la flore de la Nouvelle-Zélande, 111,483. Rienzi. (D. de) Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 68. — cité, I, 29, 46, 126, 135, 427 247, 267, 319, 332, 344, 426, 442; II, 70,71, 114, 117. Rochas (de), cité, I, 65. Rochon, I, 393 ; III, 28. Roggeween, cité, II, 890. Rono . Culte de — aux Sandwich, II, 178. Rosenberg (de), cité, I, 123. Rossel. Habitants de l’île — I, 60. Rotuma. Formation de — III, 123. Rumphius, cité, I, 273. Rupe, IV, 302. Ruru , oiseau de la Nouvelle-Zé- lande, III, 46. Sacrifices aux dieux, I, 454. Sahara . Les Polynésiens dans le — IV, 166. Salomon. Papua des îles — I, 52. Salut nasal en Malaisie et en Po- lynésie, IV, 185. Samoa. Les archipels — Tunga et Fiji diffèrent entre eux, II, 371 et suiv. Situation relative des terres occidentales par rapport aux — 374. Géogra- phie des — 378. Formation des — 380. Vents régnants aux — 380. Peuplement des — 491. Création des îles •— et de l’homme, 498. Alphabet des — III, 209. Samoans. Caractères physiques des — II, 389, 393. Langage des — 453. Chants — 455. Entraînements des — et des Tongans aux Fiji, 463. Re- cherche de l'origine des — 492, 500, 509, 516. Les — ne sont pas d’origine malaisien- ne, 524. Les — viennent des îles Tunga, 517, 523. Sanscrit , I, 189. Mots — en Poly- nésie, I, 157. Le — n’existe pas en Polynésie, IV, 63, 182. Affinités entre le — et la langue polynésienne, 192. Savaii. Ile — II, 341. — est la mère des autres îles, III, 262, 270. Le mot — dérive du mot Hawahiki, III, 266. Savu. Langage de l’île — I, 296. Scherer, cité. I, 473 ; II, 1. ScHLAGINTWEIT, CÎté, III, 176, 178. Semangs , I, 226. Sénèque cité, 1, 398. Serpents. Origine des — aux Sa- moa, II, 482. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. 428 Siamois t Analogies des — avec les Javanais, I, 205, 208. Shortland. Opinion de — sur l’o- rigine des Polynésiens, II, 90. Opinion de — sur les races de la Nouvelle-Zélande, III, 86. Opinion de — sur l’origine des Néo-Zélandais III, 277. —cité, I, 128, 490; II, 91 ; III 11, 62. 63 87, 178, 185, 278, 282, 287, 317, 417, 441, 457 ; IV, 97. SlGLOLO, cité, I, 20. Spengel. cité, I, 15. Starbuck. Ile — II, 192. Stavorinus, cité, I, 180, 247, 255, 275. Stewart. Ile — de la Nouvelle-Zé- lande III, 5, 8, 18. Stiengs. Description des — IV, 185. Stone (Octavius), cité, I, 36. Sud et Nord. Désignation du — à la Nouvelle-Zélande, III, 414. Superstitions communes, I, 452, 454, 455. Surville (de) cité, I, 50. Tableaux linguistiques , I, 79. 80, 81, 88,144, 151, 167, 168, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 229, 245, 297, 313, 314, 375, 377, 493 ; II, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 122, 140, 141, 142, 444, 448 ; IV, 178, 193. Tagals. Caractères des — I, 338. Langue des — 352. Tahiti. Vents régnants à — II, 311 à 315, Création de — 325, 331, 338. Peuplement de — 322, 326, 329. Absence de Mélanésiens à — 348, 353. Hommes sauvages à — 350. — a été peuplé par Raiatea, 356. Alphabet de — III, 210. Date des migrations à — IV, 92. Peuplement de — 124. Tahitien. Le — dérive du Maori, II, 343 à 347. Tahitiens. Caractères physiques des —II, 315, 3 19. Couleur de la peau des — 3 16. Forme de la tête des — 316, 321. Caractè- res crâniens des — 321. Lieu de provenance des — 326. Chants — 359. Taille. Différences de— -des Papua, I, 57, 78. — des Polynésiens et des Malais, 507. Tainui. Itinéraire du — III, 395. Traditions concernant le — IV, 344. Chant de Rata pour le lancement du — 349. Tangaroa , II, 331. Tanna. Insulaires de l’ile — I. 55. Taonga, nom du mere des Ngati Mamoe. III, 466. Taro. Origine du — aux Samoa, II, 476. Tasman, cité, I 40; III, 125. Tasmaniêns. Caractères physiques des — 1, 82. Caractères crâ- niens des — 84, 87. Les — forment une race distincte, 85. Fxtinction des — 87. Por- traits de — 87. Analogies de la langue des — et des Néo- Calédoniens, 84. Tatouage, I, 463, 505,11; 271. — chez les Samoans, II, 393. Tauai , patrie originaire des Ha- waiiens, II, 179. Tauranga, nom de lieu sur l’Ile- d u -Mi lieu, III, 382. Tavai-Pounamu, lil, 9, 11. Re- cherches linguistiques sur le mot — 13. Tawai , ilede la Nouvelle-Zélande, III, 259. Situation de l’ile — 283. Tawhaki, héros de l’Hawahiki, III, 411 ; IV, 281. Taylor. Opinion de — sur l’ori- gine des Polynésiens, II, 95. Opinion de — sur lesrac.es de la Nouvelle-Zélande, 111, 88. — sur l’origine des Néo-Zé- landais, III, 288. — Cité, 1, 163, 409, 469 ; II, 215, 218 ; III, 28, 31, 34, 42, 47, 49, 52, 89, 90, 135, 145.230, 298,385, 393, 421, 441, 463, 464 . T e-Ra- Whi t i. S i g n i fi c a t i o n du mot — III, 415. Thevet, cité I, 460, 466. Thompson. Opinion de — sur l’ori- gine des Polynésiens, II, 96. Opinion de — sur les races de la Nouvelle-Zélande, 111, 90. Opinion de — sur l’origine des Néo-Zélandais, 293. Réfu- tation de l’opinion de — 295, et suiv. — cité, I, 127, 156, 158 ; II, 97, 102, 115 ; 111, 36, 4:9 TABLE ALPHABETIQUE DE 3 MATIÈRES. DI. 94,106, 133,230, 272, 323, 331, 444, 469. Thunberg, cité, I, 144, 178. Tiare , Signification du mot — III, 156. Tidongs , 1, 234. Tihi-O-Manono. Incendie de— IV 320. 77 z, premier liomme à Tahiti, II, 324, 330. Tiki, premier homme aux Mar- quises, II, 217, 330. — ancê- tre des premiers habitants d’Aotearoa, 111, 451 ; —intro- duit les Kumara à Aotearoa. III. 247, 259, 281. Timor. Le langage des habitants de — n’est pas polynésien, II, 123. Le langage de — res- semble au Fijien, 106. i 08, 110, 125, 440. Les habitants de — sont issus de Malaisiens et de races noires, 126. Habi- tants primitifs de — 449. Tina. Signification du mot— III, 1 5d. Tinirau , IV, 303 et suiv. Tiputa, I, 456. 457. Toelau, nom de vent, II, 493. Tokomaru. Itinéraire du — III, 397. Tonga doit être orthographié Tunga, II, 382 ; III, 468. Tongans. Caractères physiques des — II, 394. Différences en- tre les — et les Fijiens, 40t). Premières visites des — aux Fiji, 409. Entraînements des Samoans et des — aux Fiji, 413, 463. Les — sont de purs Polynésiens, 5 16. La patrie ori- ginaire des — est située plus à l’Ouest que leurs îles, 519, 544. Recherche de l’origine des — 524 et suiv. Tonga-Tabou. Etvmologic de — II, 382. Topinard, cité, 1, 4, 15, 19, 35,68, 78, 85, 98, 118, 137. Toromiro, II, 307. Totara , arbre de l’Hawahiki, III, 304. 315, 390. Touradjas. Caractère des — I, 249. Traditions. Importance des — chez les peuples sauvages, II, 144. — des îles Sandwich, 160. — tongancs et samoancs, 431, 466, 469, 472, 475, 476, 477, 479. Nature des — néo- zélandaises, III, 345,346, 350. Tribus à la Nouvelle-Zélande, IIL 61. Position des — de l’Ha- wahiki. 43!, 433. Triton. Habitants de la baie — I, 31. Tsiams. Les — de la Cochinchinc ressemblent aux Polynésiens, IV, 191. Tuhuruhuru , IV, 317. Tui-Tunga. Légende de— 11, 431. Tnkopia. Noms des vents à —II, 314 Caractères physiques des habitants de — IV, 47. Tunga . Les archipels — Samoa et Fiji diffèrent entre eux, il, 371 et suiv. Situation relative des terres occidentales par rapport aux îles — 376. Géo- graphie des îles — 382. Vents régnants aux — 384. Peuple- ment des — 491. Position des îles — 519. Les — ont peuplé les Samoa, 520. Légendes re- latant l’origine des îles, — 523, 531, 537, 541. Alphabet, des — III, 208. Les — ont été peu- plées de l’Est au Nord-Est, IV, 122. Tunga-Fiji. Métis - II, 418,511, 526. Caractères physiques des métis - 420. Caractères intel- lectuels des métis — 421 . Tupaia. Carte de — il, 154, 156, 209, 356 ; III, 269 ; IV, 6 et suiv. Examen de la carte de — IV, 14, 17 et suiv. 3! . Turi. Itinéraire de —111,365,376, Point de départ de — 425. Tutapu. Légende tahitiennede — II, 344.. Tuwhakararo, IV, 318. Uenuku , IV, 341. Ulimaroa. Recherche de Pile — de Cook, III, 228. Ulloa, cité, I, 464. Upolu , Uporu, île des Samoa, II, 339. L’île — a été colonisée parles Tongans, 520. Vai.entyn, cité, 1, 188. Vajncouver, cité, I, 396. Vanikoro. Habitants — 1, 70. Ca- ractères crâniens des — 75. Portraits des — 76. Ressem- 430 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. blances linguistiques du lan- gage de — avec le Polynésien, 1,73. Rapports du lan*gage de — avec le copte et le mandin- gue, IV, 164. Van Leent, cité, I, 123, 136, 225, 233, 243. Vea-Iti. Signification du mot — III, 169. Vents. Noms des— aux Carolines, I, 306. Noms des— aux Sand- wich, 307. — Alises, I, 501. Direction des — 11, 6, 23, 77, 78, 132 ; III, 277. Vêtements en écorces d’arbre, II, 36, 37. Virey, cité. 1,201. Vivien de Saint-Martin, cité, 1, 221 ; IV, 184. Wahie-Roa, IV, 290. Waigiou. Papous de — I, 26. Waiharakeke, nom de lieu de l’Hawahiki, III, 303. Waiho, nom du Havre Coroman- del, II, 181 ; III, 300. Waihu, nom de l’île de Pâques, II, 175. Waima, point de départ de Turi, III, 425 et suiv. Waiora fontaine de vie, II, 176, 178. W ai ota, nom de lieu de l’Hawa- hiki, III, 442. Wairaki, nom de lieu de l’Hawa- hiki, III, 442. Waka, division de tribus, 111, 61. Wakatapu , lac de Jade de l’Ile-du- Milieu, III, 387. Wallis, cité; II, 259. Washington. Ile — II, 190. Wawou , gibbon de Java, I, 175 Whangaparaua , point d’arrivée des canots à Plie-Nord, III, 284, 381, 391. WhakataU) IV, 318 et suiv. Whare-Kura. Légende sur — IV, 323 326 Whitmee, cité, I, 5 ; III, 206. Williams (John). Opinion de — sur l’origine des Polynésiens, II, 71 et suiv. Cité, I, 498 ; 11,26, 74, 77,79,99; III, 37,192, 194, 335, 337 s IV, 12. Williams (Th.), cité, II, 401. Wîwhi, igname de la Nouvelle- Zélande, III, 131. W y ville-Thomson, cité. I, 397. Yeux. Petitesse des — des habi- tants de Pâques, II, 281, 283. York. Papua de Pile d’ — I, 51. Zuniga, cité, I, 432, 438, 439. Clermont (Oise). — Imprimerie Daix frères, place St-André, 3. ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE, 28*. RECUEIL DF/ VOYAGES 4 DE DOCUMENTS POUR SERVIT a l'histoire de la géogra/hie DEDUIS LE XIIIe jusqu’à LA FIN DU XVIe SIÈCLE Publié sous la direction de MM. Ch. Schefer, de l’Institut, et H. Cordier Tiré à 260 exemplaires dont 2b. sur papier de Hollande I. — Jean et Sébastien Cabot, leur origine et leurs voyages. Etude d’histoire critique, suivie d’une cartographie, d’une bibliographie et d’une chronologie des voyages au Nord-Ouest de 1497 à 1550, d'après les docu- ments inédits, par Henry Harrisse. Un beau vol. gr. in-8°, avec un portulan reproduit en fac-similé, par Pilinski 25 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande . 40 » II. — - Le voyage de la Saincte cyté de Hiérusalem, fait l’an mil quatre cens quatre vingtz estant le siège du Grand-Turc à Rhodes, et régnant en France Lovs unziesme de ce nom. Publié par Ch. Schefer. Un beau vol. gr. in-8° 16 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande.. 25 » III. — Les Corte-Real et leurs voyages au Nouveau-Monde, d’après des documents nouveaux ou peu connus tirés des archives de Portugal et d ltalie, suivi du texte inédit d’un récit de la troisième expé- dition de Gaspar Corte-Real, ét d’une carte portugaise de Tannée 1502, reproduite ici pour la première fois, par Henry Harrisse. Un beau vol. gr. in-8°, avec une photogravure et une grande carte chromolithographiée en un étui.. . . 40 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande 50 » III. Supplément. — Gaspar Corte-Real, la date exacte de sa dernière expédition au. Nouveau-Monde, d’après deux documents inédits, récemment tirés des Archives de la Torre do Tombo, à Lisbonne, dont un écrit et signé par Gaspar Corte-Real, l’autre par son frère Miguel, reproduits ici en fac-similé, par Henry Harrisse. In-8°, avec deux planches en fac-similé 4 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande i 6 » IV. — Les navigations de Jean Parriientier. Publié par M. Ch. Schefer. Un beau vol. gr. in-8°, avec une carte fac-similé 16 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande. 25 » Voyage à Sumatra, en 1529. — Description de l’isle de Sainct Dominigo. V. — Le voyage et itinéraire de Oultremer, faict par frère Jehan Thenaud, maistre es ars, docteur en théologie et gardien des Frères Mineurs d’Angoulesme. Et premièrement dudict lieu d’Angoulesme jusques au Caire (1512). Publié par M. Ch. Schefer. Un beau vol gr. in-8°... 25 fr. Le même, sur papier vergé de Hollande . . 40 » VI. — VII. — Christophe-Colomb, son origine, sa vie, ses voyages, sa famille, d’après des documents inédits, par Henry Harisse. Deux vol. in-8. (Sous presse). CLERMONT-OISE. — IMPRIMERIE DAIX FRÈRES, PLACE ST-ANDRÉ, 3. ■ : . Zol _ ; ; . !• :'/ -r 70 y-J.: