1

V-

..

LES

TE R R E

s

PANNIQVES DE CEVX

qui penfent que Falliance d'EC pagne doiue mettre la guerre

en rrance.

, ,

A PARIS,

Chez Nicolas Alexandre,' rue des Mathurins.

M. DC. XV.

AV LECTEVR,

VO YtANT courir des Libelles qui n'ont polir fonde- nt cm que U medifenec, ny pour but que la fedition. Qui par des paroles eferites mec peu drfugement, & moins de rai- fort, tdfcbant d'irriter le peuple : & tantofi en le flattant de Tefperancedele foulagery& du dejîr de yenger U mort du feu Koy {tbofts toutes efloignées^ contraires à lapenfèedeceux qui ledifent,) & tantofi en l'efl> ou tien tant des menaces ,& des forces d'vnpartyqui ne peut fubjifter quenlaconfu[ion% le "veulent de sbaneber de ïobeyffance quil doit au P\oy. le me fuis ejfayé de deftbuferles moins clatr-voyans 5 &, par des rai fins y dr par des exemples irréprochables ^réfuter des fim- ples paroles qui ne contiennent ny ï^m,ny l'autre. Si le dtf- cOursenefHthreslcfl encore plus -véritable* Tttais qui par my cefle liberté, nojfenfe point le rejpect que l'on doit aux grands, ny ne procède d'autre pa^ion y que dételle que îaydejeruir -mon pays } & mon Bjy. ^ÏDieu.

LES TERREURS PJN1QT8S

de ceux quipenjent que l'alliance d\êf-

$âgne doiue mettre la guerre

en France.

StAnt demeuré dans Paris de- puis qUe le Roy en eft party pour aller en ce voyage quia donné l'a- larme à tant de perfonnes , lefquel- ks s'efTroyent de leur ombre ; Et oyantparierfi diuerfement de Ton Mariage, ic ne me puis tenir d'en dire ma râtelée co- rne les autres, bien qu'auec plus de raifon que la plus part de ceux qui en babillent. Mais d'auta nt qu'on a defiadifcouru{urlebien,oulernal qui pouuoit ve- nir de cette Alliance, de que s'y vouloir arrefter da- uantage, feroit redire les melmes chofes. leparleray feulement' de ceux qui taichent d'elpouuanter les fujets du Roy,des mouuemens de Monfieurle Prin- ce, ou de ceux qu'on appelle de la Religion préten- due reformée.

Ceux-là difent que Moniteur le Prince a ie ne fçay combien de mille hommes, aueclefquels il eft reio- lu de rompre le coup de ce Mariage , &. efloigner du Conleil de fa Majefté les perfonnes qu'il luy a nom- races, auec tout plein dauties chofes exprimées plus

A

A ij

1 - 4 au long en fon Manifefte: Ôc que les députez de ceux

de la Religion ayant fait des demandes conformes anxilenncs,& redoutant cette Alliance fur toutes choies, le (croiront contre le Roy -mefme,& met- tront PEftat en péril.

Pour moy, ie ne penfe pas que les vns ny les autres en ayent enuie; mais ic'eroy qu'ils en ont encore moins de-mo y en: Et 'd'autant qu'en ces çhofës-ia l'on fc paye pluftôft des exemples que des raiforts , & que nous en auons chez nous des plus illuftres qui (oient au monde; Nous proposerons deux factions les plus grandes, & les plus fortes qui le foient iamais veues dans vu Eftat^la dernière desquelles sseft difîipée en fort peu de temps , auec de petites forces j & l'autre ayant eilé réduite a i'extremité,nes'eft depuis reftau- rée que par les mefmes moyens parlefquels on l'a voulu perdre.

le parle de ceux de la Religion , Se de ceux de la Ligue,- A u (quels pour élire les derniers $ 8c les exenv pies pii&îraiz, nous nous arrêterons dauantage.Elle euft premièrement la Religion pour prétexte, qui eft la plus violente paillon des âmes ,&: qui porte plus furieuiement les hommes aux armes. Et quant à (es partilans^ elle euft ion père en Efpagne 'Philippe II, IVn des élus prands Rois que ce royaume ait iamais eu. Son parrain en Italie qui eftoit le Pape,de lapuii- fance & authorité duquel perionne ne doubte : Et fon chef: min u rlel en France le feu Duc de Guiie, Fvndes plus braues ï rinces , non feulement de la maifon qui en a porté de très- excellens, mais de tou- te l'Europe $ lequel reduifit H enry III. à la iurer^con- tfe qui elle auoit efté ratée. Il eftoit- -affifté de tout le Clergé, Se dvric bonne partie de {a Nobkffe de

5

France, de toutlepeuple,&:de tous les Parîemens,

;il ne s'en failoit que Bourdeaux ; qui fut retenu en fondeuoir par la prudence & fidélité du Marei- chalde Matignon, lequel en rapporte encore dans le tombeau vne ioiiange & réputation immortelle. , Outre cela il auoit vn auantage que Prince au- iourd'huy vmantne peut iamais efperer ; c'eft qu'il auoit à faire à vnRoy qu'il auoit iceu rendre telle- ment odieux à tous lès iubiets , qu'il n'euft point de peine à les faire rebeller contre luy. çeluy que D i fi v nous a maintenant donné, en eft autant ay«^ nié comme l'autre en e(loithay:Et certainement à bon droieft, car iamais Prince ne donna de plus gran- des efperances de ia bonté qui eft l'objet de l'amour. D'ailleurs la mémoire glorieufe du Grand Henry luy iert de beaucoup, car tout le monde fe refïouuiét qu'il l àuua l'Eilat, que les autres auoiçnt bien fort ha- zardé, Se chacun conlerue encore au fils l'amour , ôC l'obligation qu'il deuoit au Père, loint que l'expé- rience des troubles pailèz, & lesplayes encore fraif- ches & fànglantes des dernières rebellions nous re- tiennent en noftire deuoir,& nous font fagtment dis- cerner le fujet d'auec le prétexte de ceux qui remuét: Tellement qu'aucun ne peut maintenant rien auoir de ce qu auoit alors le feu D uc de Guife.

Auecquc tout cela, ce pauure Prince y perdit la vie, & Moniteur du Maine qui luy fucceda peu de temps après, la créance auec celle de tout fon partys ôç croit on que sas le coup du Ciel ou pluftoft d'En* fer d~ Iacques Clemét,il y euft bien perdu dauatage. Ce Prince qui neantmoins eftoit grand, & qui eft mort en la réputation de grand Capitaine, & grand homme de bien ( deuxcfaofes <jui ne vont pas tout

, jours enfembîc, ) Apres tant de breuuages de rébel- lion qu'il auoit gonflez par vne paillon pins naturel- le queraiionnable,cn fut tellement degoufté,que faîfhntappelicrMoniieur du Maine fon fils vu peu dcuànt fbn trdpas pour receuoir la dernière bénédi- ction, Entre plufieurs graues difcours qu'il lu y ht de l'obeyflàn ce, feruice& fidélité que les fujets doiuent ; à leur Souuerain,il lu y dit, Qif au lieu de fa benedi- «5tiôn, il luy donnoit fa malédiction, fi pour quelque cccafion,ou prétexte que cefutjilembiailoit Limais autre part y que celuy du Roy,paroie efpouu en table que ce Prince ne doit iamais oublier, & que i-ay bien voulu mettre ic y à l'honneur de la mémoire de ce- luy qui l'a ditee, d'autant qu'elle a eux reprefentée depuis p cj de temps à Monfieur du Maine, par vn Eueique qui auoit eftéprefent alors qu'elle luy fut proférée.

Voyons maintenant file party deMonfieurle Prince eft fortifié de toutes ces chofes. Première- ment le prétexte n'a rieçrde commun auec la Reli- gion : Celuy del'Eftat eftfoible, ck puis defcouuert des l'Efté paiiéj ou le peuple qui a veu Tes armes le reflbuuient encore de quelle façon il fa foulage , 8>€ ne croira iamais que la guerre foit vne médecine pro- pre a ion mal, ny que des foldats qui emportoient iniques à la paille du lia:, le doiuent mettre à fon ai- le } tellement qu'il ne refte plus à vuider que le ma- riage du Roy , & la indice des perfonnes qu'on luy a nommées.

Or pour le mariage, le prétexte en pouuoit auoir quelque îuilre du temps que le Roy eftoit encore M iaeur : de de fait ceux qui en parloiet en ce temps- ne d'-lbknt, fmon qu'il fallait attendre qull fufl

7 Majeur. Mais à prefenî> Qiiellê infolence eft-ce à Tes

fubjects,de le vouloir afluDjtttir luy-mefmeàne le

marier poinr3oubié à fe marier à leur farrtaiie ? Ouy,

mais voicy la terreur paniqueiLé Roy d'Efpagne>

difent-ilsjquienuironne la France de tous coftcz>la

viendra lors engloutir. A cela il y a tant de choies à

àrefpondre^u'on eftpîus empéfehé de choihr les

raifons.,que de les chercher.

Mais premièrement,!! le Roy d'Efpagne nous dc- uore , ainu* que Saturne Êuioit Tes entans3 ie deman- derois à ces gens-iàqui font en M grand foucy de PEftat ; Qui perdroit en cela dauantage, ou eux qui. ne pourroient au pis aller que changer de maiftre; ou Majefté^qui ne pourrait perdre l'Eftat quauec vie? car les Royaumes nefeperdentpas à moins. Que fi Ton void euidemmet que la perte que feroic le Roy feroit incomparablement plus grande que celle de tous fes lubjets:pourquoy ne le laiilbns- nous preuoir & preuenir ces inconueniens aucc fon confeilj&nonpas faire les entendus,&:les întere(Tez en vne choie ion intereft ell fi grand par defïus le noftre ? N'eft-il pas Roy afin de nows conferuer,^ nous commanderîEtneiommes-nouspas fes fujets afin de luy obey^Sc de le feruir fans entrer en co- gnoiiTance de ce qu'il commande? Voudrions- nous rendre fa conditiô pire que celle d'vn cher d'Armée, qui fera faire cent mouuemens à fes foldatSjdelquels ils ne fçauront nullement la caufe; Voila pour pre- uenir toute difputej&monftrer que faMajeftên'eft fujete de rendre conte de fes a&ions qu'à D ieu feul, & moins à fes fubjets qu'à tous autres .

Mais pour faire voir que c'eft vne terreur panique* Quells railoa y a-il que le Roy d'Efpagne nous

8

puifle nuire par le moyen de cefte Alliance *£$- ce parce qu'il prend. Madame,oii parce qu'il donne (on Infante ? Si pour Madàrne,le procez en eft de|aa vuidé il y a longtemp ,:v principalement auxde£- pens de l'Angleterrcqui Fait voir à tout le monde que les filles ne (accèdent point en France: S'il la VouloitjQu la pouuoit empieter,ce ne feroit iamais deflous ce prétexte ': Et qooy ? ny a-il pas eu d'autres filles de h race mariées en ElpagnerL'ArchiducherTè qui eft eacores en Flandre r3rr\n eft-ellepasdefcen- dtieîpourquoy eft- ce qu'il prêt endroit uauantage de ce mariage icy,quedes autres? Cela n'a couleur, ny apparécequelcôquc-: Quand le Roy d'Eipagnc nous voudra quereller, il ne faudra iamais à trouuer des prétextes plus efpecieux.

Et fi c'eft parce qu'il donne fon Infante 3 Quelle- raifon y a-ii de croire qu'vn enfant,auquei on a defîâ fait ion train de famadon de François mmt qu'elle foit en France, y puiffe apporter quoique prciuclice-ï Eft-ce la première que nous auons eue d'Efpâgneï La mere de S. Lcuys qui régit fi heureulcment le Royaumr durant les voyages que ce braue Roy fit en Âiic, & en Afrique, de à la Régence de laquelle toute la France en pleins Eftats,& deuant eux le Par- lement a comparé iuftement celle de la Reyne: n'eftoit-ellepas Efpagnole? femme du Roy Fran- çois premier n'eftoit-ellepas feeur de l'Empereur Charles le Quint5Roy d'Eipagnc? Auons-nousplus de fujet de craindre cefte Alliance icy3que celle-là? Ce Roy eftoit-il moindre,ouplusamy de la Fran- ce que ceftuy -cy ? Y euft-il iamais ennemy qui euft tant d'enuie de la deuorer, ny qui fin: tant d'efforts pour y paruenir ? Et.neâtmoins il ne fe trouue point

ceft

9 mie les François de ce temps-là fuiîent fi craintifs, d'entrer en ombrage de cède Alliance? Ceatainemét c'eft trop faire d'honneur aux Efpagnois, de leur monftrer que nous les redoutons quand ils nous re- cherchent :nous,qui neles auons jamais craints les armes en main : c eft les conuier à ce qu'ils n'ofent pas entreprendre^ donner le courage de nous at- taquer à ceux qui n aguere pcfoiet que ce leur eftoit beaucoup de gloire de nous attendre.

Mais ce qui eft le plus importar,comme la crainte ne fait le plus iouuent qu'auancerlemaî,c'eft leur fa- ciliter les moyens d'afpirer à ce qu'ils défirent. Car ieuant les armes foubs prétexte de cède crainte,ÔC allumant la guerre ciuile en France,qui ne fçait que c'eft la diuifer en parties 6c fa&iôs contraires , & par confequent l'arFoiblir,& luy ofter le moyen de le défendre contre l'Effranger ? Et qui ne fçait que Je Roy d'Eïpagne ayant ailifté l'vn des partis , ôc aftbi- bly l'autre, pourroit mieux emparer de la.France, diuifée après les ruines d'vne longue guerre.quenon pas maintenant qu'elle eft vnie de florilTantepar vne Alliance? Ce font donc ceux qui redoutent,ouqui font femblant de craindre ce Mariage^qui veulent expofer la France à la feruitude de l,E(pagnoI,& non pas ceux qui l'ont contra&é. Mais c'eft alTez pour le Mariage-

Quant à la Iuftice qu'on requiert à laMajefté^ene veux pas faire icy TAduocat^nipour les vns,ni pour les autres;& encore moins leConfeiller d'Eftat. Mais d'autant qu'il importe principalement an Roy, c'eft à luy d'en cognoiftre,& d'en iuger. Bien diray- ie en pafïànt,que ie n'ay iamais veu de procedure,ni formes pareilles à celle- cy : Au contraire, en la plus-

B

IV

part des crimes qui viennent en Iuftice, les accula- uxirs font roufiours pïcfcns,&les aceufez quelques- fois abfens,&: îcy tout au rebours. Mais tant y-a que ce l'ont des particuliers pour lefquels on ne doit point cioubLr vn il grand Eftat:au$§ n'y a-il pas guerre d'apparêcc que beaucoup de gens s'y fanent

1 , - (i -

tOlt if4v a. ï uitt

Voila en cite cl: tous les prétextes qu ils peuuent

•suoir: car.de ^-;-:— -1 '

Religion ii ne s'en parle point, Dieu iuere-yde party tir. forme dans r£ftat,& tous les Fran çoi>; (on tdaccoid, qu'il vaut mieux l'y tollerer auec mcQmmoditt5que L'en arracher auec péril. Il leite maintenant avoir la créance que Monfieur le Prince y peut auoir^&les moyens de fouftenir Fes prétextes^

Quant, a la creance>elle eftbien eiloignée decelle queics predecelieurs yont eue- cariis faifoiétpren- .dre les armes en vue nuielà tout le party par toute k Frdnce,ïur vn; {impie aduis,& fans aucune aiTem- blée^ny délibération de confeil ; Ce que toutes les raiious du monde feroient maintenant bien courtes a leur pbuuoir persuader. Et outre la créance au'ils auoient dans le Royaume, ils lauoient encore il grande parmi les eilrangers intereiTez en leur caùie, qu'ils y leuoient des aimées à crédit, qui ne leur couftoient quafi rien: Et cequi eft encore plus ad- mirable, les foldats François leur donnoient de fàr- genr,au. lieu d'en prendre,pour payer les Eftrangers : ce que ie n ay iamais leu de ceux de Ce(ar,ni d'autre Capitaine qui fut iamais. Or il cela fe doit efperer de ceux qui feruiront Monfieur le Prince,i'en demâde à ceux qui le fuiuirent l'Efté palfé. Ce n'eu; pas qu'il ne foitaufTi grand & puiffant Prince comme fes pre-

II

cîeceiïeurSjmai-s^cilque la caufe n'ciî pas fembîable. Et puis il n'eft pas de mefinc Religion, avaat cité iniiruit en meilleure efchole,&:h bienva'ic en controuerfe,que ie Pay veu confondre, des plus ha- billes en la doctrine de ceftefectei&plufieins luy ont ouy dire,qn'il fe feroit aufli toit Iuif,ou Mario- metan,que Huguenot. Quelle apparéce donc qu'ils s'engagent au partyd'vn Prince qui eil d'vueReli- gion contraite à celle qu'ils croient ? Et quand ils s'y engageroient,qu'enpourroit-il efpererque les më£ mes euenemens qui fuccederent à {es Auçeilres? Croiroit-il mieux faire auec tant de manquemens parmy eux^que ne firent les autres auec tant d'auan- ges ? O uy,mais ils font à cefle heure plus forts qu'ils n'eitoient alors : Au contraire,il n'y auoit alors fils de bonne mère qui ne fuit des leurs: Se le zèle de leur Religion les portoiét à faire des chofes ciue ccux-cy n'oferoient maintenant penfer,tefmoin laconiura- tion d'Amboife & de Meaux.

Et pour le monuVrer encore plus clairemet^voyons s'il le trouueroit quelqu vn parmy eux qui s'ofaft promettre de faire ïîgnervnerequefte à cinquante mille hommes de ce .party, comme l'Admirai de Chaftillon promit au temps du Roy Charles ?

Mais Monfieurle Prince eft afEfté d'autres grands Princes, qui mettront de grandes forces enfemble. Ouy,Monfieut le Prince a-il le Pape quiluy enuoye icy des Légat s ,3c dés foudres d' Anatheme contre le Roy, comme auoit la ligue S A-il le Roy d'Efpagne qui falïe couler des ruiiTeaux d'or par tout le Royau- me? A-il les tailles du Roy que prenoitla Ligue, auec toutes les forces Se reuenus de la France ? A-il laci.eance,ni la bien-vueiilancequ'auoit le feu Duc

B i)

11

de Guyfèparmy le peuple,ny les moyens de luy ren- dre le Roy fi odieux,cômeilauoit %sb rendre Hen- ry troifieime ! A-ilen fin le Clergéjes Villes,les Par- Iemécs,& la plus grande partie delà Noblelfe ? Que s'ilnerapoinîjCômmét voulez-vous qu'il fafleauec rien de tout ccla,ce que la Ligue ne peut faire auec tant de chofes ? Mais cen'eft pas auflifon de{Tein,il a trop d'intereft au bien de ccù. £ftat,pour en délirer ladiflîpatiô,commeilnefautpas croire aufli qu'au- cun des Princes qui font auec luy ,1e vouiuiTent af- fïfter en vne il mauuaife caufe.

Le deflein deMonileur le. Prince n'efeant donc que de rompre le mariage du Roy,ou du moins t m- pefcher qu'on ne le precipite,ainii qu'il dit, ôc de fai- re punir ceux qu'il a nommez à fa Majeftc. Il en ar- îiuera l'vne de deux chofes , ou que ne l'ayât peu par amour, il l'entreprendra de force, ou qu'il ne l'en- treprendra pas. S'il ne Fentreprend, on dira qu'il a tortd,auoir refuié d'accompagner le Roy,pour de- meurer icy les bras croifez : ôc s'il l'entreprend , on dira qu'il en a encore dauantage de l'entreprendre. Et de ces deux chofes, s'enfuiura encorefvne de ces deux,c'eit qu'il viédra à bout de fon deflèin, ou qu'il n'y viendra pas, comme il eftlepius afleuré. S'il n'y vient pas,ii aura touilours ofFenié leRoy,&: troublé lEftatpour neant,deux chofes de perilleufe conic- quéee : & s'il y viét,c'eft le pis qui luy puifle arriuer. Car ayant violenté le Roy en vne choie il libre que le mariage,il faudra en fin qu'il pofe les armes ,quand bien elles feroiét vic"torieufes,& que ceflàntla caufe, eefle l'effet :Ô£ cependant le refTentimécquefaMa- jefté aura contre luy, fera d'autant plus vif que l'of- fenfs fe rrouuera grande*

le dis au pis alîer,car il n'y a aucune apparéce que «ela puiifeeftreimais quand il feroit,le Roy en feroic touiiours quitte pour dire qu'il ne Te veut pas ma- rier,puis que fes fubjets ne le trouuent bon, &c n'en arriueroit autre choie. Mais ie ne fçay pas fi les fujets en feioient quittes pour dire qu'ils n'auoient en cela penféqu'auferuicedefaMajcftéicar tous ceux qui premier les armes contre leurs Roy s en difènt autat. = Ceux de laligue difoient au commencement que c'eftoit pour rendre au Roy Henry troifierme ion authoritéjde laquelle ils levouloiétdelpoiïiller :Et autant endifoiét les Huguenots de François fecôd, Ôc de Charles neufiefme , auec plus de prétexte que Moniteur le Prince: Mais il ne faut pas amufer à chercher des preuues dVne chofe fi manifefte,

Toutesfois on réplique icy deux choies qui ont eftédictejpourmonftrer les moy es que peut auoir Moniteur le Prince de trauerfer le voyage du Roy, (mot qui fait mal à l'ouyr,&à i'efcrire,qu'vn Roy deFrâceioit trauerféparvnfiéiubjet en vn voyage qu'il faitdedâs fon Royaume.) L'vne qu'il eilaifiité depluiieurs Princes, qui ne font en tout que Mon- iteur du Maine, & Honneur de Longueuille : L'au- tre,que leparty de la Religion branlera pour luy.

Nous auons défia preuenu ceite objection : Tou- tesfois pour le contétemét des plus curieux , difons- en encore vn mot.

Quant aux Princes qui l'afîiitent, ils font grands &C pmifants pour toutes les autres choies qu'on vou- dra, pourueu que ce ne foit pour faire la guerre au Roy ; car en ce fait-là ils ne font rien à comparaifon de ceux qui font autrefois entrepris à leurs defpens: & ne penie pas que tous cnfcmble puiffent déf- is iij

frayer trois mois vnearrnee, pour petite qu'elle: loir, fa Maft'ltjê en fouftiendra dix. Et de dire que la guerre fc nourrit d'elle- melme, ceneft pas -le moyen de lubfiiler, rïy delà taîrc-4'8. ans en France, comme lesHolandoisau pais bas. il mut qu'il:, permet- tent toutes icrtes de violences aux ioldàks'yCa ne les payant pas, §ç par ainii Qu'ils ruinent le païs5 ou que les payant , ils ie ruinent eux-mefmes. Or ruiner le pais, & fe ruiner eux-mefmes , eft vue nieiine cho

'■■■ y

car ils ruineront auec le prétexte qu'ils ont de le' foulager. Hé! comment fera-1'on accroire qu'on veut foulager la France, qu'on verra fumer ïoiiz les ruines de tant de flammes qu'ils y auront allumées? loin cl: qu'il n'y a rien qui ie ruine plultoit de fqi-méC me qu'vn armée indiîciplinée : Que s'ils la veulent difeipliner, il la faut payer neceflairçmcnc. Et d'où pris (demandoit la feu Royne Marguerite, l'Eilé. pafle,vn iour qu'on luy difoit, que les mefmes Prin- ces auoientie ne fçay combien de gens: ) d'où pren- dront-ils l'argent pour les foldoyer ? car la guerre ne ie fût plus à credit5 les foldats ne fe couronnent plus d'herbe > ny ne refufent plus les chaifnes d'or com- me les premiers Romains. Monfieur le Prince de j.

Concle A y eu! de ceffui-cy,la fit quelque temps ainfï que nous auons dit : mais c'eftoic en vne faifon le zelède la Religion eftoit a ardent, qu'il faiibit don- ner de l'argent à ceux qui en demandent auiour- d'huy, Et (i auec tout cela, après auoir difpolé des moyens de tout fon party , tant luy que Ion fils , qui ne lay cèdent en rien ,& obtenu des paix aduanta- ' eeufes, les armes en main, ils (ont morts toutesfois bien panures, |c ont iai-lîé Monfieur le Prince , ainfi que tout le monde fçâitj le plus incommodé Prince

* 1

de I a Chreflienté. Et quant à feu Monficur du Mai- ne, qui iouyt il lom> temps çfe rorces ôc dts moyens de tout le Royaume cuuç ce qu'il tira d'ffpagçic, chacun void ce qui luy lu eit demeuré. Quepeut- on donceipercr de leurs enra^îr, s'ils s'engagent ri payement en vne guêtre contre k Roy .n'eilans ap- puyez que déleurs fortunes parti culiercs? Car nous auonsdeda monfiré que le Ri; d^Allemagnc bran- loit pour ceux delaRciiçion^ l'or d Efpaenë couloit pour ceux de la Ligue. & le plomb d'Italie ne fallait eueres moins d'erlect q ne les autres deux : & néant- moins tout cela ayant elle court, quelle apparence y peur-ilaucir en la durée d vn party, qui n'a rien de tout cela?

De penferqueles mem-.es Alkmans, & les An- gloRlesfauoriieront: cela eil tort incertain. Mais ilefl très- certain que le Roy G'EipagncjlePapCjles Vénitiens, & tous les Alliez de la Majefté l'ciilifterôt fort rldellementj ôc de cela perionne n'en doute. Mais chacun doute à bon droici des autres, des Al- lemans, parce qu'ils ne font point iinrereffez en cette ca.ufe, comme ils eftoient du temps qu'on brulîoit icy leurs' confrères, ôc par ainfi n'ont à faire de s'en nieller. Du Roy d'Angleterre, encore moins, parce, qu'il eft allié delà Majellé,& d'ailleurs c'clt vn Prin-r ce (âge, & qui n'aymepas moins la paix , qu'il hait mortellement les bioùiliciïes dans vn Ellat, joint quefruorifervnereuolte chez fes voihns,ce fèroit vn mauuais exemple en fes fubjets propres: le Roy d'Angleterre eu: trop grand politiquc,&: n'aymepas fi particulièrement Monfieur le Prince, qu ilvueilîe perdre l'amitié du Roy pour la fienne. Et quant aux Hollandois qu on met encore en ligne de conte , il

y a bien du difcours Se de la raifon, à croire qu'vn Eftat encore naiiTant,quines'eil: formé, &: ne Hab- ilite encore auiourd'huy que par la faneur & les moyens la France, iuy donne maintenant quel- que fubjet de fe joindre auecquel'Eipagne pour le deftruire. Ce font donc des Terreurs paniques que de nous vouicir efpouuenter de cela.

Quant à ceux de la Religion , outre qu'ils ne font pas en eftax non plus que les autres, de nous fai- re plus de peur ny de mai , que d'en reccuoir, ils per- droient Jeïubjet&le prétexte qu'ils ont toufiours pris de leuer les armes , qui eftoit la liberté de c.on- iciece,en laquelle ils eftoient forcez. Et s'ils ont efté battus par tout en vn fubjet plein d'apparence , il eifc fort apparent qu'ils feront ruinez tout a fait, quand ils n'en auront du tout point, comme ils n'en peu- uentiuftement prendre. Car outre qu'ils ne font nullement prenez en la liberté de leur confeience, nypriuez de l'exercice de leur Religiô,ny des char- ges de ce Royaurne,comme ils eftoient, mais ionit- lent des mefmes honneurs que les Catholiques, ÔC ont Tentrée du cabinet comme aucc les plus fauoris, ils ont encore dauantage vn fonds particulier de pé- fion deftinée feulement pour eux, & ont bafty leurs fortunes parmy nous dans les meilleures villes de France, qu'il faudrait quitter : Ce que ie ne croy pas. qu'ils vouluiïent faire, pour aller tenir la campagne en Picardie, ou prendre vn mefehant village en Gaf- cogne auec Monueiir le Prince. le ne dy pas que quelques morfondus cC defefperez de leur p'arry, auili bien que des Catholiques , ne le fuiuifTent , àla charge de le quitter à la première commodité que l'occafion leur prefenteroit, mais que tout le corps

dçiV

*7

de la Religion s'embarque auec hiy , c'eftvne Ter- reur panique.

Et de fait , n'en auroit-on pas veudeila quelque cfclat? Il me femble qu'il eft plus facile d'empef cher vn Mariage auant qu'il fe faiTe, que de le rompre après qu'il eft fait. Le Roy eft deha à Bourdeaux^ fes fubjets luy ofteront-ils la femme par le chemin? Ce- cymefaitfouuenir des entreprinfes des Cheualiers de lîile ferme, qui ofteront Oriane aux Romains, ce n'eft que ceux-là auoient pour prétexte le fe- cours d vne Princeflè qu'on marioit ,& desheritoit par force, auec lequel encore ne l'ofterent-ils qu'aux Ambalîadeurs, &c ccux-cy n'en ayant aucun , la vou- droientofter au Roymefme. Mais ie ne croy pas qu'il s'en puifle trouuer en Gaule , ny en toute la grand Bretagne qui ibient il téméraires feulement de l'imaginer. Leurs Majeftez y ont mis auffi tel or- dre,que de quelque coftéqu'on remuê,on ie trouue- ra pris par tout: Car outre qu'elles ont dequoy (e fai- re lour, & diilïper aulli bien les nuages qui ie vou- droient oppofer à la clarté de leurs rayons , comme elle les difîipercnt l'Efté paile par leur feule veuë : Biles ont laiiTé deux armées, la moindre defquelles eft aiîez forte pour les faire recognoiftre,l'vne dans le Royaume ioubs le Marefchal de Boifdaùphin, ôc l'autre à la frontière foubs le Marquis de Spinola, Qjoinefontpascompofées de foldats de quinze à la douzaine, comme ceux du party contraire, mais bien difciplinez, & payez, & qui iouftenant vneiu- fle caiife^e laide àpenfer ce qu'ils doiuent faire con- tre des foldats tels que ceux que nous auons defehif- frez.

Que fi leur malheur attire les armesdefaMaje«

G

i8

fïé fur Ieuts teftes,& qu'ils le contraignêt de monter à cheual en perfonne pour leur fondre fur les bras: Que feront vn tas de gens ramafTez de toutes fortes* contre vue Ci genereufe Nobleffe que celle de Fran- ce, combattant auprès de fon Roy î oupourmicux dire, qu euffent-ils défia fait, fi fa bonté ne les etift et pargnez iufques à prefenrt Car chacun fçait qu'ils ne lubrifient que par fa patience, & que s'il ne prereroit la douceur à la violence, ils feroient défia perdus. Mais fa Majcfté veut imiter le Soleil, & non pas le vent. Nefçauez- vous pas qu'ils firent vne fois ga- geure qui defpoiiilleroit pluftoft vn homme?& que le vent le pouffant rudement, luy faifoit dauçant plus garder fa robbe qu'il s'efforçoit de la luy ofter, le Soleil le preffant doucement par laehaleur de fes rais, la luy fift quitter de luy-mefme.

Il y a encore vne autre chofe entre mille que nous bbmettons,c*efl que quand le Roy auroit perdu dix batailles, il leVemettra toufiours en moins de rien fur fes pieds; (es ennemis n ont point deret fource, de ne fe pourront iamais non feulement relo* uer quand ils feront abbatus,mais encore ne pour- ront iamais garder de tomber d'eux- mefmes. Pour preuue de cela, il ne faut que fe reprefenter la Ligue, laquelle toute grande, toute puiflante, & toute et pouuentabie comme 'nous fauons veuë,n*euft pas laiffé de fe ruiner d'elle mefrne, quand mefme le feu Roiyneufî: point hafté fa ruine, parce que chacun y auotfon deffein à part, & que bien qu'ils fuffent tous d'accord d'empefeher qui! ne fuccedafl: à la couronne, ils ne fefloient pas de celuy qu'ils des noient mettre en fa place.

Et puis quels grands Capitaines pour entreprerr

4r e la guerre contre vn Roy de Fran ce ? le ne veux pas dire que Monfieur le Prince, Monfieur de Lon- gueuille, & Monfleur du Maine , ne foient vaillants de leurs perfonnes pour combatre en particulier. Mais pour commander en généraux d'armées , cha- cun fçait que leur aage,ny le temps auquel ils font venus, ne leur permet pas d'auoir les parties dVn chef de guerre. Monfieur de Neuers en fçaittout feul plus que tant qu'ils font, mais ils Pont perdu au£ fi bien que Monlieur de Vendofme, qui eftoient les deux plus belles plumes de leur aille. Le Marefchai de Bouillon leur refte encore,qui eft alTez bon Ca- pitaine, mais comme chacun fçait , & qui eft plus près de fe voir enclos dedans le pourpris de fa petite principauté, non fienne,que d'en fortirpour mettre le feu dedans ce Royaume. Comparez maintenant cefte puilTance à celle du Roy , 5c vous verrez que la peur qu'on nous en veut faire, eft vne Terreur pa- nique.

Etie ne fçay pas commment les François, qui ont veu plu (leurs fois lesRoys d'Elpagne & d'An- gleterre, liguez auec l'Empereur &: le Pape, contre la France , font maintenant deuenus fui ceptibles de ces imprefîlons. Vous diriez que la moindre fueille qui branle, tout eft perdu : & eft donc- ques la race de ces généreux Gaulois, qui ne crai- gnoient rien, ïinon que le Ciel tumbaft fur leurs te- lles} Il eft vray, c'eft vne deftinée à nos ieunes Roy s, de ne pafïeriamais leur première ieunefTefans quel- que trouble , mais le repentir n'a pas eft é moins fatal à tous ceux qui les ont troublez :& iamais homme n'a voulu ruiner ceft Eftat, qui ne s'y foit ruiné luy- c mefmç. Qu 09 en voy e l'Hiftoire, on trouuerra que

io ce que ie dis eft véritable.

Non pas queie croye que Monfieur le Prince; îiy pas vn de ceux qui Tafliilent ait ce deffein, la à Dieu ne plaifc. Mais vn abifme appelle l'autre: l'on s'engage fans y penfer au commencement, à des choies quelanecelîiténous contraint puis après défaire. Le Conte ruban7 qui mit les Mores en pagne, ne penfoit qu'à venger fon iniure particuliè- re, & perdit toute fa patrie. Feu Monfieur le Prince de Condé, oc l'Admirai Chaftillon ,n'efpouferentle party delaReligion que pour s'en feruir contre ceux de Guife, & depuis ils fe trouuerent infenfiblement obligez à s'en feruir contre le Roy mefme : Les ex- emples n en font que trop familières èc domefliques à noftre grand malheur.

Voila doncqùeslefujet des Armes de Monfieur le Prince, car de dire que c'eft pour fa iuftedefenfe, perfonne ne 1 attaque, ny ne lepourfuitjon le iaifïe aller &c venir comme bon luy femble, Onl*ernpe£ che bien d'entreprendre, mais on n'entreprend rien

"fur luy. Et quant au refte des fubje&s exprimez en fonManifefte,aufqueIs la reponce quon y a défia fai&e, m'empefchedeirrarrefterjileny a deux ad- mirables que ie ne puis paiTer fôubs filence, I'vn, quand il feplaint qu'on hazardelaïantc du Roy par ce mari âge, l'autre qu ô la preffé d'efteindre lcdroicl: annuel. Sans doute ce dernier n eft point deMon-

« fleurie Prince, il eft de quelqu'vn qui apay éla Pau- lette, lequel aymaiit mieux fon intereft particulier, quelebien public, s'eft laifle trranfporterà pak

" fion. Mais eft ityofïïble qu'il fe trouue encore des gens qui tournent à crime la plus iuftefupplication quïfefoitiâmaisfàide en tous les Eftats de France?

$C qu'on s'ofe plaindre publiquement que les gens ck bien aient demandé que les offices foient donnez à la vertu, non point à l'argent ? Que Moniteur le Prince ayant (igné ce Manifcftc,s'oftcnce qu'on a voulu ofter la Vénalité de France, qui eft vn de Tes plus grands maux, & dont l'abolition cuft efté le plus grand bien qui pouuoit rtùffir de la conuoca- tion des Eitats? Eft il poffible encore vne fois qu'il fepleignedecequ'onhazarde la vie du Roy en le manant fi ieune, & qu'en mefme temps il fe plaigne suffi de ce qu'on veut ofter la Vénalité des charges, qui expofe Ton Eftat & fa vie à tant de dangers? Eft-il poffible quVn borne qui s'arme pour rendre l hon- neur à la vertu ,& l'intégrité à la Iuftice, s'offenfè qu'on ait oié demander après les Eftats qu'elles ne fuiTent point vendues ? Et pleuft à Dieu que la fa- ueur de ceux qui l'ont requis , euft efté plus grande encore qu'elle n'eft,&' que leur demande leur euft eftéaccordée! A la vérité l'on leur faid beaucoup d'honeur de fe plaindre de cela. Mais ayant rrai&é ce fujet ailleurs, ie ne m'y veux pas eftendre dauantage, fi ce neft pour preuenir vne différence qu'on me pourroitfaire delà Vénalité auecle droict annuel, quitoutesfoiseft nulle: carrant que le droi<5t An- nuel demeurera , on ne peut ofter la Vénalité. Allez croire maintenant que ces. gens-là fe foucient de la fanté ny delà vie du Roy, qui crient qu'on la hazar- de en le mariant Ci toft, & fe plaignent^ d'vn autre cofté,quand on veut empefeher que par la vente des charbon ne faite entrer toutes fortes de gens dans fon Confeil, en fa table, en fon cabinet? eft- ce , ic vous prie, que fa vie eft plus hazardée, ou en le ma- riant aucc vnePrinccffe defon aage,& encore plus

C iij

21

ieune;oucni'expofantpar la vénalité des offices à toute forte de traiftres, empoifonneurs, & meur- triers qui peuuent entrer dedans fa maifon?Et néant- moins on £nt grief de ce qu'on leur a voulu fermer laportéeneftaignant ledroid Annuel, aucc la Vé- nalité des charges.

Que s'il void par qu'ils n ont rien moins en la penfée que le foucy de conferuer la vie du Roy, quelque paradequils en faffent pour faire les bons Valets- ils fefoucient encore moins de pourfuiurela mort du feu Roy. Tout cela ne font qu'artifices &: rulils de fedition, pour faire prefumer-au peuple que la Royrk ne s'en eftpas bien acquittée. Et neant- moin/, quels luges plus entiers & plus naturels y pouuoit-eîle employer que le Parlement? Ofera- 1 on dire quvne telle compagnie quis'eft toufiours monfhée il jaloufe de la vie de fon Prince, ayé né- gligé la iuftice de mort ? Mais qui ne void la foi- bleiïè de ce prétexte, & que Moniteur le Prince ayant tefmoigné par tant d'adions qu'il ne regarde qu a Ces affaires,ne fefoucie de la mort du Roy que pour allarmer le peuple, quia le principal interell en fa perte? Car les grands n'en ont pas empiré leur condition^ M on lieur le Prince moins que tous, qui eftant réduit à Milan au train d'vn feul Efcuy er, 3c n'eftant remonte depuis en fa grandeur que par la libéralité de la Royne,n'a pas tant de fujet de s'en plaindre, qu'elle : Mais tel demande raifon de fa mort,qui feroit bien marry de le voir en vie.

Qu'on pardonne à la iufte douleur que celle playeme renouuelle, fi elle me contraint de parler ainfi.lenefuisinfpiré d'aucune paflîon contre per- fonne,& moins contre Monfieur le Prince que tout

23

autre, duqueljhors Pintereft du fèruîcc du Roy,ic fuis tres-humble & tres-obeïfïàntferuiteur, com- me ieluyay tefmoignéil y a plus de dix ans. Etde- fireroisauecles gens de bien de le reuoir, tant luy que Monteur de Longueuille, & du Maine auprès de fa MajeftéjComme ils en ont efté conuiez. Mais principalement Monsieur le Prince^quideuroiten cefte occafîon y tenir le rang qui eftdeuà la gran- deur delà NauTancejainfi qu'elle luy a commandé, pluftoft qu'en luy delobciuant fe faire remarquer à îapofterîté,pourauoir eftélAutheur de tant deçà- lamitez qui accompagnent les guerres ciuiies, 6c l'argument & fubjet principal de cette Terreur panique.

^