Fe # TAN Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http://www.archive.org/details/lhistoirenaturelOOray] : L'HISTOIRE NATURELLE DANS UNE DE SES PARTIES PRINCIPALES , LORNITHOLOGTITE, OU TRAITÉE DES OISEAUX. ta JA 20F OUR ri "il ONE LOF a Te RS PEU «20 nu è : \ à h : PT i CM Ù M mr [+ wi +6 étre “Ms 22 CN TA N Pt Ci Par m4 La , trié te rhume LA dis 44 4 GE ë. ; 2 . Tu — to = , i =! AI £ ù : si A. a LA gli EL: (ii Et “ us Ar, La h NS bi Ji Hr DER à PAPA Tree) Jupe. Le Duc de Chevreuse, des Ordres du Roy, de Paris &cC. D Martinet env . / DESSN , Decie à Monseigneur Pur de France revalir Gouverneur peu Z PL 2 Ent S LHISTOIRE Ar. ÉCOLE ANT R CLÉ DANS UNE DE SES PARTIES PRINCIPALES, LORNITHOLOGIE, © UISTRAPTE D ES OISEAUX DIRE RIRES DE MERE T DE RIVIERE, TANT DE NOS CLIMATS QUE DES PAYS ÉTRANGERS. Ouvrage traduit du Latin du Syropfis avium de RAY, augmenté d'un grand nombre de defcriptions & de remarques hiftoriques fur le carac- tere des Oifeaux , leur induftrie & leurs rufes. Par M. SALERNE, Docteur en Médecine a Orléans, Condor de l’Académie Royale des Sciences. \ Enrichi de trente-une Figures deflinées d’après natute, VE Î #1 à Ë S : LES Sr LS re LS TER, Si Æ > œ 434 20. ETS A BA RTS Chez DEBURE Pere, Libraire , Quai des Auguftins, à l’Image Saint Paul. MMEIGC;C.. L XV IT AVEC APPROBATION,ET PRIVILEGE DU ROL NAT tt AY: Pare EYE LL CCE A MONSEIGNEUR LE DUC DE CHEVREUSE: PAIR DE FRANCE, CHEVALIER DES ORDRES DU ROI, LIEUTENANT GÉNÉRAL DE SES ARMÉES; COLONEL GÉNÉRAL DES DRAGONS, GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GÉNÉRAL POUR SA MAJESTÉ DE LA VILLE , PREVÔTÉ ET VICOMTÉ DE PARIS. Mowssrcneur ; L'AMOUR éclairé que tout le monde vous conroit pour les Sciences & Les beaux Arts m'a engagé à vous préfenter cer Ouvrage. Je ne m'y fuis déterminé qu'après m'être affuré vi ÉUPOU TRE par de bons témoignages , qu'il n'éroir pas indigne de paroïtre Jous la proteëtion d'un Nom auffi illuftre que le vôtre. J'efpere que ce fera une puiffante recommandation pour lu auprès du Public Lirtéraure. , . Je Juis , avec un très profond refpedt, MONSEIGNEUR, Votre très humble & très obéiffant Serviteur Desure Pere. AVERTISSEMENT. LE les Savants connoiflent le mérite des Ouvrages de Jean Ray. Ce fameux Naturalifte Anglois fut toute fa vie oc- cupé de l’Hiftoire Naturelle ; & après avoir donné au Public l'Ornithologie de Willughby, fon intime ami, il fit un excel- lent Abrégé de l'Hiftoire Naturelle des Oifeaux. Cet Ouvrage, compofé avec beaucoup de méthode & de précifion , eft eftimé de tous les Connoiffeurs en cette partie. L’Auteur a rangé les Oïfeaux dans un nouvel ordre : il a établi des caracteres tout- à-fait propres à les faire connoître ; & les defcriptions qu'il en donne font bien détaillées & fortexaétes. Tel eit le jugement que les Savants en ce genre ont porté du travail de Ra y. Le fond de lOuvrage que nous préfentons aujourd'hui au Public, eft une traduction de celui de Ra v. Le favant Traduc- teur a joint au travail de l’Auteur Anglois les remarques & les obfervations les plus curieufes de nos meilleurs Ornithologiftes, c’eft-à-dire de Belon, d'Aldrovandus , de Willughby, d Olina , de Klein , de Gefner, de Linnaus, &c. Il à aufli tiré parti de ce qui avoit rapport à fon objet dans les Hiftoires de du Halde, du Tertre , & des autres Voyageurs : il a profité des remarques qui fe trouvent foit dans nos Journaux , foit dans nos meilleurs Dictionnaires. D'ailleurs fort verfé lui-même dans cette partie de l’'Hiftoire Naturelle, intime ami & dans une correfpondance très étroite avec le célébre M. de Réaumur , comme on le verra dans plufeurs endroits de cet Ouvrage , il a mêlé fes propres Obfervations à celles des Auteurs que nous venons de nommer. Le Lecteur les trouvera pleines de recherches curieufes & d’une critique fort éclairée. Aux différents articles de l'excellent Abrégé de Ray , le Tra- ducteur a inféré dans l’ordre qui leur convenoit les articles des Oifeaux étrangers qui fe trouvent dans un Appendice à la fuite de l'Ouvrage du même Ray. Ces articles, tirés des Voyages de Jean Nieuhoff Flamand , du P. du Tertre , du P. Jean-Eufebe Nrerembergius , de François Hernandez , de Marcgrave , des Manufcrits du Docteur Hans - Sloane , & de Jacques Periver, comprennent les Oifeaux des Ifles Antilles de Amérique, ceux du Brefil , du Mexique, de l’Ifle de la Jamaïque & de Madraft, qu'on appelle autrement le Fort Sainr George, viij AVERTISSEMENT. Le Lecteur trouvera dans lOuvrage que nous publions , [x defcription de plus de deux cents Oifcaux qui avoientr échappé aux recherches de Ray ; plufieurs traits hiftoriques fur les mœurs & l'induftrie des Oïleaux ; plufieurs defcriprions intéreflantes fur la ftruéture admirable de leurs nids. Aufli l'Ouvrage de l'Au- teur Anglois ne contient-il pas deux cents pages 27-8°, tandis que celui-ci en a près de quatre cent cinquante grand z#-4°. Pour rendre cet Ouvrage plus utile, le Traducteur a ajouté à la fin de chaque defcription d'Oifeaux, le nom qu’on leur donne, foit dans les différents Royaumes de l’Europe, foit dans les autres parties du Monde, foit enfin dans nos Provinces de France; & nous avons tenu compte de ces différentes dénominations dans la Table alphabétique qui termine cet Ouvrage. Par ce moyen le Lecteur , en quelque Pays qu'il fe tranfporte , trouvera dans cette Table & dans l'Ouvrage les noms des Oifeaux dont il en- tendra parler, ou qu’il voudra demander aux gens du Pays. Ce Livre eft orné de trente-une Planches, qui repréfentent la figure de cent Oïfeaux. Ces Planches font fupérieurement exécutées par un des plus habiles Artiftes que nous ayons en ce genre. On auroit pu les multiplier ; mais cela n’auroit fait qu'aug- menter le prix du Livre : on s’eft contente de donner les Oifeaux les plus curieux & les plus remarquables de chaque efpece. Ils ont tous été deflinés & gravés d’après nature. On voit par ces détails que rien n’a été négligé pour perfeétionner cet Ouvrage; & nous pouvons aflurer que cette nouvelle partie d'Hiftoire Naturelle, ui fait un Volume de même format que la Conchyliologie & l'Oryologie de M. d’Argenville , ne déparera pas ces deux Ou- vrages, fi elle ne les furpafle en beauté comme en utilité. Comme les Planches Îles mieux gravées ne fauroient marquer parfaitement les couleurs naturelles des objets qu’elles repréfen- tent, le Libraire avertit les Amateurs & les Curieux, qu'il a fait colorier d’après nature un petit nombre d’Exemplaires des Plan- ches de cet Ouvrage : on y verra les Oifeaux avec toute la beauté, la vivacité & les différentes nuances de leurs couleurs. Ces Plan- ches font peintes & coloriées d’après nature, avec le plus grand foin. Chaque Exemplaire ainfi peint & colorié fe vendra 150 liv. relié magnifiquement en maroquin. Lc mème Libraire a encore quelques Exemplaires de la Con- chyliologie , dont les Planches font peintes & coloriées, Vol. in-4°. relié en très beau maroquin, du prix de 240 liv. TABLE EAN "ELE DES CHAPITRES ET DES ARTICLES. Ixrropucrion, pag. 1 . CHAPITRE PREMIER. Des grands Oifeaux de Proie diurnes , 3 ARTICLE PREMIER. Des Aigles , ibid. ARTICLE IL Des Vautours, g ARTICLE I. Des Eperviers généreux à longues aîles , qu’on a coutume de dreffer pour la Fauconnerie, 1x CHariTRE IL Des Oifeaux de Proie diurnes plus peuirs , à longues aîles, fauvages & plus läches, que les Fauconniers néglipent, 19 CHAPITRE II. Des Oiftaux de Proie à aîles plus courtes que la queue , ou qui n’attergnent pas à beaucoup près l'extrémité de la queue , lorfqu’elles font pliées ou ajuftées , : 26 CHariTRE IV. Des perirs Orfeaux de Proie étrangers & ano- maux ou trréguliers , qu’on appelle Manu- codiates & Oifeaux de Paradis, 33 CHAPITRE Des Oifeaux de Proie noëlurnes , Py ARTICLE Des Hiboux à oreilles ou cornus , ibid. y 18 ARTICLE ÎL Des Hiboux fans orerlles, so CHariTRE VI. Des Oifeaux de nuit irréguliers , de la couleur du Coucou , à bouche de Martinet , appellés Crapauds-Volants oz Tette-Chevres, 57 CHariTRE VIL Des Orfeaux à bec & à ongles crochus frugivo- res, c’eft-a-dire qui fe nourriffent de grains, ou des Perroquets, GI ARTICLE L Des grands Perroquets dits Macaos & Cocka- LOOnS , 6z ARTICLE IL Des Perroquets de moyenne grandeur , dits en Anglois Parrots & Poppinjays , 63 ARTICLE III. Des grands Perroquets , ou des Perroquets de moyenne grandeur de Marcorave, 68 ARTICLE IV. Des perirs Perroquets, 69 ARTICLE V. Des perits Perroquets de Marcorave , que les Brafiliens appellent Tui , 6 les Anglois Par- rakeets , TI CHaAriTRE VII. Des Orféeaux les plus grands à bec plus droit ou b x RABÉETDES CHA BRIEIRES CHaAriTRE IX. ARTICLE I]: ARTICLE IL ARTICLE II. ARTICLE IV. ARTICLE. Ve CaariTRE X. CHariTRE XI. ARTICLES ARTICLE Il. ARTICLE -JII. ARTICLE TV: CHariTRE XII. CuariTRE XIII. ARTICLE J. ARTICLE. IL. ARTICLE Ill. CuariTRE XIV. ARTICLE lJI. ARTICLE IL ARTICLE Il. ARTICLE IV. ARTICLE V. ARTICLE VI. ARTICLE VII. CHAPITRE XV. moins crochu , finguliers & incapables de vo- ler, à caufe de la maffe de leur corps, & de leurs aîles trop courtes, pag. 76 Des Oifeaux à bec plus droit , & d’abord des plus grands qui ont le bec gros , un peu long G droit, 8: Des Orfeaux du genre Corbin, 83 Du genre des Pies, QE DeswPrcs 10H De certains Oifeaux qui ont de Paffinité avec les Pics, 109 Des Pics improprement dits, ou des Oifeaux qui ont quelque affinité avec les Pics, 113 Des Oifeaux terreftres qui fréquentent les eaux, a bec long , G mangeurs de Poiffons, 122 Du genre des Poules ; ou des F’olailles, 127 De {a Volaille domeftique & privée, ibid. De la grande Volaille fauvage qui [e nourrir de plantes G de baies a fourcils rouges comme l’écarlate , 135 De la petite Volaille qui n’a les fourcrls n1 nus nl rouges , 141 De la Volaille qui n’a point de doigt pofte- rieur , 152 Du genre des Pigeons, 156 Du genre des Grives, 166 Des Grives proprement dites, ibid. Des Merles, E7$ Des Etourneaux & Oifeaux du même genre, 182 Des peuts Oifeaux, 187 Des petits Orfeaux à bec menu, ibid. Du genre des Hirondelles, 197 Des Meéfanges , 209 Des Hochequeues , 218 Des Vitrecs , 222 De divers petits Oifeaux à queue d’une feule couleur , 227 Des plus petits Oifeaux étrangers décrits par Marcgrave & par d’autres, 246 Des Oifeaux de moyenne grandeur à bec gros & fort, 251 FPODES ARAUCLES Xi CuaritTre XVI. Des perits Orfeaux du Brefil qui ont de l'aft- nie avec le Morneau ou le Pinçon , p.273 CuariTRe XVII Des plus petits Oifeaux a gros bec, 2738 CaaritTre XVI. Des Oifeaux qui ont un tubercule ou une émi- nence dure a la mâchoire fupérieure, 29x CHaritre XIX. Des Oifeaux aquatiques , & d’abord des Or- feaux à pieds fendus qui fe tiennent autour des eaux , fans néanmoins y nager, 299 ArTicre L. Des plus grands Oifeaux aquatiques fingu- liers , ou d’un genre particulier, ibid. ARTICLE IL Des Oifeaux aquatiques à pieds fendus , qui dévorent les Poiffons , les Grenouilles & les Serpenis , 304. ARTICLE II. Du genre des Hérons, 308 Arricze IV. Des Oifeaux aquatiques à pieds fendus , de moyenne grandeur, & des petits, 319 Premiérement , de ceux à bec très long & recourbé , ibid. Secondement , des Oifeaux aquatiques a bec très long & droit , 323 ARTICLE V. Des Oifeaux aquatiques a bec de moyenne longueur , SRE ARTICLE VL Des Oifeaux aquatiques à pieds fendus & à bec court, qut vivent d’Infeëles , SAT ARTICLE VII Des Oifeaux à pieds fendus qui nagent dans les eaux ; & premiérement des Poules d’eau, dont les doigts ne font liés d'aucune mem- brane , 350 ARTICLE VII. Des Oifeaux aquatiques à pieds fendus , dont les doigts font accrûs de membranes, 356 CHariTRE XX. Des Oifeaux aquatiques palmipedes, & d’abord de ceux à bec étroit, 359 ARTICLE LI. Des Palmipedes à jambes longues, ibid. ARTICLE IL Des Oifeaux aquatiques palmipedes à jambes plus courtes ; & premièrement de ceux que n’ont que tros dorgts , 363 ARTICLE IIL Des Oifeaux palmipedes à quatre doigts, & dont sous les doigts font liés enfemble par des membranes , 369 ARTICLE IV. Des Oifeaux palmipedes à quatre doigts , qui ont le doigt de derriere ne ; G d’abord de ceux qui ont le bec droit, étroit , aigu , les aîles courtes , & qui plongent , appellés Plongeons, 375 bij xij TABLE DES CHAPITRES. ARTICLE V. Des Oifeaux palmipedes à becétroit, aigu & nor crochu , à longues aîles , & qui volent aifément, nommés en Latin Lari, en Anglois Guls ou Sca-Mevs, & quelquefois Sea-Cobs ; en Fran- çors Goislands ou Mouettes, pag. 382 Premiérement , des Goislands à trois doigts , ou qui n’ont point de doigt de derriere , ibid. Secondement , des Goislands à quatre doigts , ou qui ont un doigt de derriere , 38 ArTicre VI. Des Oifeaux palmipedes à bec crochu par le bout, & non dentelé, 398 ArTicze VIL Des Oifeaux palmipedes à bec écroit, crochu par le bout & dentelé , ou des Plongeons dits en Latin Mergi, 400 ARTICLE VIIL Des Oifeaux palmipedes à large bec & plus rands , ou du genre des Oies, 404. ArrTicze IX. Des Oifeaux palmipedes d large bec, de moindre volume , ou du genre des Canards, 413 Premiérement , des Canards de mer, ibid. Secondement , des Canards de rivieres qui fréquentent princi- palement les eaux douces, 427 Troifiémement , des Canards étrangers du Brefil, 456 Quatriémement , des Canards domeftiques , 437 Fin de la Table des Chapitres & des Articles, IR LR De l'imprimerie de DIDOT, rue Pavée, 1767. ASPEPRINON be ARRET TO EN Ta lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrit intitulé l'Hifloire Naturelle éclaircie dans une de fes parties principales ,VOrnithologie. Cet Ouvrage étant une traduction du Synopfis avium de RAY , augmentée de recherches critiques & d’obfervations curieufes fur l'Hiftoire des Oifeaux de nos climats, je crois que l’impreflion pourra en être utile aux Amateurs de cette partie importante de l'Hiftoire Naturelle. À Paris ce 16 Juillet 1761. DEMOURS. ROSE FRIC MENT D) VX RO TL. Louis ; PAR LA GRACE DE Dieu, Rot DE FRANCE ET DE NAVARRE : À nos amés & féaux Confeillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maiïtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieutenants Civils , & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra , SazurT. Notre amé le Sieur Derure Pere, Libraire à Paris , nous a fait expofer qu'il defireroit faire réimprimer & donner au Pu- blic des Ouvrages qui ont pour titre : Enumeratio Foffilium ; Hifloire Natu- relle éclaircie dans trois de Jes principales parties , la Conchiliologie , lOri&ho- logie , l'Ornichologie, avec Planches en taille-douce ; Abrégé de la Vie des plus fameux Peintres, avec leurs Portraits gravés en taille-douce ; les Voyages Pit- torefques de Paris & de [es environs , avec Figures en taille-douce , par M. d'Ar- genville , Maître des Comptes ; Tableau des Maladies ; Manuel de Charité ; Defcription abrégée des Plantes Ufuelles employées dans le Manuel de Charité > Cours de Médecine Pratique, par M. Arnault de Nobleville, Doëleur en Méde- cine ; s'il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilege pour ce néceffai- res. À ces cAUSES , voulant favorablement traiter l'Expofant, nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes de faire réimprimer lefdits Ouvrages autant de fois que bonlui femblera , de les vendre, faire vendre & débiter par- tout notre Royaume , pendant le temps de quinze années confécutives , à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu elles foient, d'en introduire de réimpreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance ; comme auffi de réimprimer , faire réimprimer, vendre. faire vendre, débiter ni contrefaire lefdits Ouvrages ; ni d'en faire aucun Extrait, fous quelque prétexte que ce puifle être , fans la permiflion exprefle & par écrit dudit Ex- pofant , ou de celui qui aura droit de lui, à peine de confifcation des Exem- plaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contreve- nants , dont un tiers à Nous , un tiers à l Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers audit Expofant , ou à ceux qui auront droit de lui, & de tous dépens, dom- mages & intérêts ; à la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois moisde la date d'icelles ; que la réimpreflion defdits Ouvrages fera faite dans notre Royaume , & non ailleurs , en beau papier & beaux caracte- res, conformément aux Réglements de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avrili725 , à peine de déchéance du préfent Privilege ; qu'avant de les expofer en vente , les Imprimés qui auront fervi de Copie à la réimpreflion defdits Ouvrages , feront remis dans le mème état où l'Approbation y aura été donnée , ès mains de notre très cher & féal Chevalier Chancelier de France , le Sieur de Lamoignon, & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires de chacun dans notre Bibliotheque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle dudit Sieur de Lamoignon , & un dans celle de notre très cher & féal Chevalier Vice-Chancelier , Garde des Sceaux de France , le Sieur de Maupeou ; le tout à peine de nullité des Préfentes : du contenu def quelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans- caufe , pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trou- ble ou empèchement. Voulons que la Copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin defdits Ouvrages, foit tenue pour dûement fignifiée, & qu'aux Copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers-Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l'Original. Comman- dons au premier notre Huiflier ou Sergent fur ce requis , de faire pour l’exécu- tion d'icelles tous actes requis & nécellaires, fans demander autre permiflion, & nonobitant clameur de haro , Charte Normande , & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifr. Dons à Paris Le dix-huitieme jour du mois de Juin, l'an de Grace mil fept cent foixante-fix , & de notre Regne le cinquante-unie- me. Par le Roi en fon Confeil, LEBEGUE. Regiftré fur le Regilftre XVI de la Chambre Royale & Syndicale des Librai- res & Imprimeurs de Paris, N°. 801 , fol. 484, conformément au Réglement de 1723. À Paris ce premier Juillet 1766. GANEAU , Syndic. ADDITIONS ET CORRECTIONS SAR ÉLIEIST OT S'EAQULX Pics 7 Portugais jaune , /ifez Perroquet jaune. PL. 8 , Perroquet vert, ajoutez, ou Qui juba Tui. Page 126 , voyez PL 12, Fig. 4, li. Fig. 3. Pag. 1 $0 , à l'article Caille des Philippines, ajourez , V. PI. 1 3. Fig. 3. PI. ro, au-lieu de 2. Pie grivelée, 3. Grand Pic noir , Lif. 3. Pie srivelée où Caflenoix , 2. Grand Pic noir. PL 11, Fig. 1, Toucan, ajoutez, ou Pie du Brefil. Pl 11, Fig. 3, Caflique jaune, ajoutez , ou Jupujuba. PI. 11, Fig. 4, Mérope , ajoutez , ou Guèpier ; & àla page 124, au-lieu de Fig. 3, if. Fig. 4. PI. 14, Fig. 1 , Pigeon bleu de Madagafcar , ajoutez , où Mena-Rabou. PI. 15 , Fig. 3, l'Étourneau à aîles rouges, ajoutez , ou de la Louifiane. PL. 17, Fig. 3, Grimpereau vert , ajoutez, ou Japacani. PI. 21, Fig. r , Bihoreau , ajoutez, ou petit Héron cendré. PL. 22, Fig. 1 , Courlis rouge & gris , ajoutez , Guara ou Courlis du Brefil, Pag. 374, ligne derniere , ajoutez PI. 27 , Fig. 1. Pag. 399 , ligne 19 , ajoutez , V. PL. 29 , Fig. 4. PL 50, Fig. 3, Vingeon, ajoutez , ou Morillon, ——— AVIS AU RELIEUR POUR PLACER LES PLANCHES. DER PREMIERE , Frontifpice , vis- à-vis Le Titre. Planche II Planches II & IV Planche V LE Planches VI & VII . Planche VIII Planche IX Planche X : Planches XI & XII . Planche XII Planche XIV Planche XV Planche XVI Planche XVII : Planches XVII & XIX Planche XX ; Planche XXI Planche XXII Planche XXIIT ù Planches XXIV & XXV Planche XXVI Planche XXVII Planche XX VIII Planche XXIX Planche XXX Planche XXXI pag. II HISTOIRE ES TO TRE No En RCR CHETTCIUE DES OTSE AUX ÉNIT RO D UC TT ON: O UOIQUE bien des Auteurs aient traité des Oifeaux, nous ne fommes pas encore, à beaucoup près, parvenus au point de les connoîïtre tous ; & parmi la multitude de ceux que nous con- noïflons , combien y en a-t-il qui n’ont été décrits que très- imparfaitement par des Voyageurs qui n’étoient rien moins que Naturaliftes ? Depuis Ariftote & Pline , qu’on peut appeller à jufte titre les Peres de l'Hiftoire Naturelle, les meilleurs Ornithologues qui foient venus à ma connoiflance , font Pierre Belon du Mans, Conrad Gefner de Zurich, Ulyfe Aldrovandus de Bologne, Jonfton , Olina, VWillughby & Ray, Derham, Edwards , Ca- tesby, & M. Linnæus, dont le nom feul fait l'éloge. Pour procéder avec ordre, je me fuis particuliérement attaché à l'excellent Abrégé de Jean Ray, le plus célebre des Naturaliftes Anglois ; & quant aux étymologies françoifes , j'ai eu recours fur-tout au Dictionnaire Etymologique de Ménage, Au-refte, outre qu'il y a bon nombre de mots dont il eft comme impofhbie A 2 HrsTorrE NATURELLE de découvrir l'origine, je n'ignore pas que l’art des érymologies eff l'art des conjcétures, & qu’en général il enfante plus d'erreurs que de vérités. Avant que d'entamer l’Hiftoire abrégée des Oifeaux, je crois qu'il ne fera pas hors de propos, pour éviter les redites, de dé- buter par l’expofition des différents cris, par lefquels on peur les reconnoître. L'Aigle & la Grue glapiffent ou trompettent; la Cigogne cra- querte ou claquette , de même que le Torcol & le Traquer; le Pélican brait comme un Ane ;le Cygne & l'Oieen colere fiffent commeun Serpent, & le Jars jargonne ; le Paon braille ou craille; le Coq-d’Inde glougloute ou glouglote , & femble aboyer ; la Poule d'Inde & le Poulet piaulent; le Coq caquette ou coquette, & chante coquelicais ou coquericot ; la De clofle ou gloufle quand elle à des petits, & dir cncodafte quand elle a pondu; la Perdrix cacabe ; la Caiïlle chante courcalihat , courcaillet, car- caillet ou carcaillot ; le Canard cajole, & la Cane cancane; la Poule d'Eau & la Canepetiere pettent; le Chat-Huant hue ; la Frefaie crifle ou friflonne ; la Chouette dit toutou , gout ou gouayon, le Pigeon & le Crapaud-volant rocoulent ou roucou- (e) . . . . lent ; la Tourterelle gémit ; le Geai graille ; le Merle, la Grive dite Mauvis, le Rofignol , la Fauvette & le Serin chantent me- lodieufement au printemps , & l'hiver ils gringottent ; la Pie agafle , le Corbeau & les Corneilles croaflent ; le Coucou , les Courlis , le Loriot , la Puput , le Tire-arrache, les Vitrecs, l'Alouette dite Cugelier, le Francolin & le Tarin, s'appellent parleur nom ; le Pinçon, Ie Roflignol de Muraille & le Roitelet dit Chanteur , repetent lui, huit, ou tuit ; le Sanfonnet , le Tor- chepor , le Bouvreuil & la Linotte, fifflent comme l'Homme; le Verdier dittiti, ou zizi; la Hochequeue curu, ou quiri ; la groffe Méfange quiquicu , ou fils de Dieu ; le Guépier grulgruru, ou urubul ; le Pluvier huithuit ; le Vanneau dixhuit ; l’Alouctte urelire,& adieu Dicu ; le Piverd pluplui, ou pleupleu; les Grives grigni ; le Moineau guilleri, ou pilleri ; l'Hirondelle commune gazouille ; le Perroquet parle comme l'Homme ; le Bruant hen- nit; le Rîle de Genêt coaxe comme la Grenouille, la Gorge- rouge roflignole ; le Chardonneret fiMlote ; les Mouettes criail- lent; les petites Méfanges tintent ; le Roirelet crèté imite le cri de fa Sauterelle ; la Barge & la Bécañfine chevrotent; le Butor mugit, ou beugle commeun Taureau; la Pie-Griefche contrefait les cris des petits Oifeaux. Mais s'il fe trouve du vrai dans pluficurs de ces fortes de déno- Dupuis MOUSE 20 U: minations, il faut convenir qu'il y a fouvent bien de l’imagina- tion. C’eft ainfi qu’en Orléanois le Pinçon eft nommé Rrche- Prieur, parcequ’on lui fait dire, Je fuis le fils d’un riche Prieur ; tandis qu'en Normandie on lui fait dire : Qu’eff-ce qui veut venir à Saint Symphorien ? C'eft ainfi qu'on s'imagine que la grofle Méfange dit, Comme il te fait fais lui, ou fils de Dieu. Les Solo- gnots prétendent que la groffe Méfange dit, Que de peurs, & que la petite Méfange bleue lui répond , rout drus ; la Puput mâle, Boute boute , & la femelle, Fi qui pur ; la Caille, Paye tes dettes; le Roflignol de muraille, Aus clos ; que l'Alouette commune bénit & prie Dieu en montant, & FL maudit & jure en def- cendant. C’eft ainfi que des Payfans effrénés ont inventé, d’après le chant du Roflignol franc & du Roflignol de Riviere, nommé ici T'ire-arrache , des Chanfons obfcènes qu'il n’eft pas permis de répéter. En un mot il en eff du chant des Oifeaux , comme du {on des Cloches, auxquelles on fait dire tout ce qu'on veut. CHAPITRE PREMIER. Des grands Oùÿfeaux de Proie diurnes. ARTICLE PR VEUMIL EURE Des Aigles. Les A1GLES different des autres Oifeaux de Proie en général, tant par leur grandeur infigne que par leur caraétere farouche, qui ne fauroit s'apprivoifer aifément, & en particulier des Vau- tours, par leur générofiré & par leur bec ; car dans les Vautours, felon l'obfervation de Gefner , le bec ne fe recourbe pas immé- diatement à fa naiflance, mais après s'être maintenu droit l’ef£- pace de deux doigts ou d’un demi-palme. Les efpeces d’A1G LES connues font les fuivantes. 1°. Le grand A1GLE Royal, Aguila Stellaris, Chryfaëtos , Bclon. Aldrov. Jonft. Ray Synopf. Aquila Germana , Gcin. Aquila Regalis, Schw. Falco cer& lute& , pedibus lanatis , cor- pore rufo , Linn. C'eft le plus grand des Aigles; & il furpatle A ij 4 H1STOIRE NATURELLE l'Oie en grandeur. Il fe diftingue des autres par la couleur fauve de tout fon corps, & de l’efpece qui fuit par la couleur. brune de toute fa queue, & en ce qu'il a les jambes revètues de plumes jufqu’aux pieds. Celui d’Aldrovandus pefoit douze livres. La defcription de M. Linnæus eft un peu différente de célle de Ray. Selon lui, le corps de notre Aigle eft de couleur de terre cuite, antérieurement plus roufsâtre, poftérieurement plus noi- râtre : il a la queue roule, avec des taches blanchîtres clair-{e- mées; les jambes laineufes, avec des doigts jaunes, & des ferres de la longueur des doigts ; le bec court, avec une pointe crochue noire ; Les mouftaches formées par des foies, audeflus defquelles eft une cire jaune où font des narines fituées en travers. Il pond quatre œufs d’une couvée. Pline dit que l'Aïgle ne fait éclorre à la fois que deux Aiglons, & qu'il fe défait de l’un des deux pour avoir pas la peine de les nourrir ; ce qu'il a tiré d’Ariftote, qui avoit dit de l’Aïgle avant lui, qu'il pond trois œufs, fait éclorre deux petits, & n’en éleve qu'un, fuivant ces mots paflés comme en proverbe: Edirrerna, excludit binos , educat unum. Quoique ce foit beaucoup pour un Aigle d'élever quatre ou trois petits à la fois, il paroït que M. Lin- næœus a raïfon, s’il en faut croire le témoignage d’un ami qui m'a afluré avoir trouvé en Auvergne un nid d’Aigle fufpendu entre deux rochers, où il y avoit trois Aiglons déja forts. Le mot 4rgle vient du latin Aquila. On l'appelle Chryfaëtos , parceque fes plumes font roufles ou de couleur d’or, & Srellaris, parcequ’elles font parfemées de taches dont on acomparéla blan- cheur à celle des étoiles , felon le Dictionnaire Encyclopédique. On appelle encore l’Aigle le Roi des Oifeaux & de l’Air , à caufe de fa nobleffe & de fa fierté naturelle. Il eft faux qu'il y ait une inimitié ou antipathie entre l’Aigle & le Roiteler ; que l’Aigle meure de faim ; parcequ’à la longue la partie fupérieure de fon bec fe recourbe jufqu’à ne pouvoir plus s'ouvrir; que l’Aigle contraigne fes petits de regarder fixementle Soleil, & qu'il les chaffe comme des bâtärds, s'ils clignent les . yeux faute d’en pouvoir foutenir l'éclat ; que l’Aigle ne touche Jamais aux corps morts ; que les Aigles affamés fe mangent les uns les autres, & qu'ils s'accouplent quelquefois avec l'Epervier, mais fans daigner enfuite couver les œufs qui en proviennent. 2°. L'ArGLE fauve ou dorée , À queue ceinté d’un anneau blanc , Aquila fulya , feu Chryfaëtos , caudé anrulo albo cincté. Ray Synopf. L'an 1668, on trouva un nid d’Aigle fauve dans une Forêt près de la riviere de Derwant , fur le territoire de Derby en Dee) T'SPNAUT e $ Angleterte ; il étroit compofé de grands bâtons, dont un bout étoit appuyé fur la pointe d’un rocher, & l’autre fur deux bou- leaux ; tes bâtons étoient couverts de joncs, les joncs de bruvere, & la bruyere d’autres joncs. Il n’y avoit dans ce nid qu’un Aiglon avec un œuf clair, & à côté de lAiglon les cadavres d'un Agneau, dun Lievre & de trois petits de Coq de Bruyere. Le nid quar- ré , large de 6 à 7 pieds , étoit plat & uni, fans aucun creux au milieu. L’Aiglon prefque adulte, & prèt à s'envoler , avoit la figure d’un Autour ou d’un Hobereau, avec un dos noirâtre comme celui de Jean-le-Blanc. Il étoit prefque du poids d’une Oie , & avoit les jambes revêtues de plumes jufqu’aux pieds, avec un an- neau ou une ceinture blanche à la queue. On ne voit point ces deux premiers Aigles, que je fache, dans tout l'Orléanois ; ils ont bien neuf pieds de vol , au lieu que le fuivant n'en a que fepr. 3°. L'ArczrE de Mer, dit OrFRaArE, Halreërus , feu Offifra- ga. Ray Synopf. Halieërus , five Aquila Marina , Gefn. C'eft le Nifus des Anciens , felon quelques-uns. Les Anglois l'appellent the Ofprey. L'Orfraie fait fouvent un grand dégât de poiflons dans nos Rivieres & dans nos Etangs : mais il eft abfolument faux qu'elle ait un pied plat & les doigts garnis de membranes comme l'Oie ou tout autre Oifeau palmipede , & l’autre divifé à la facon des Oifeaux de Proie , comme le Vulgaire fe l’eft perfuadeé. M. Klein dit qu’elle fe jette avec impétuofité & fur les Oifeaux & fur les Poiffons ; & que pour s'élever de Peau plus aifément avec fa proie, la Nature lui a un peu joint par une membrane les doiots de la main gauche. Elle mérite d’être comptée parmi les Aigles pour fa grandeur infigne. Voyez Planche 1. Figure 1. Cette forte d’Aigle fait fon nid fur les plus hauts chênes, & un nid extrêmement large, où elle ne pond que deux œufs fort gros, tout ronds & très-pefants ; d'un blanc fale. Il ya quelques années qu'on en trouva un dans le Parc de Chambord. J'ai en- voyé les deux œufs à M: de Réaumur : mais on ne put détacher le nid. L'année derniere on en dénicha un nid à Saint Laurent- des-Eaux , dans le Bois de Briou , où il n’y avoit qu'un Aïiglon, que le Maître des Poftes du lieu a fait élever. On a tué à Belle- garde dans la Forêt d'Orléans, une Orfraie qui pendant la nuit péchoit tous les plus gros brochets d’un Etang qui appartenoit ci-devant à M. le Duc d'Antin. Une autre a été tuée depuis peu à Senely en Sologne, dans le moment qu’elle emportoit une groffe carpe en plein jour. C'eft une ancienne opinion, qu’on trouve dans les aires ou nids 6 HISTOïrRE NATURELLE d'Aigles la Pierre d’Aigle fi vantée, que les Grecs appellent pour cette raïfon Aërtes. On a prétendu encore que quand les autres Aigles abandonnoient leurs petits , l’Orfraie fe chargeoit de les élever, & que ces petits devenus grands dévoroient leurs pere & mére nourriciers. Îl y a bien d’autres rêveries femblables fur le compte des Aigles. L'Orfraie a les jambes plus courtes que tout autre Oifeau de Proie. Ses ongles font ronds, au lieu que ceux des autres font ordinairement un peu plats. Selon Gefner , les Bourguignons appellent l'Orfraie Cror- Pécherot , C'eft-à-dire, Corbeau Pécheur , le comparant au Cor- moran pour fon habileté à pêcher. Dalechamp dans fes Notes fur Pline, dit que l'Offifragus des Anciens s'appelle en françois Fre- neau , Bris’os & Bif. Le premier de ces noms vient apparemment du grec Phèné, qui eft Ie nom qu’Ariftote donne à notre Aigle. Le fecond répond parfaitement au mor latin CRE Pour le mot Bif, jene fais d’où il vient, à moins qu'il ne foit dit pour Bœuf, vu h pefanteur & la force avec laquelle l'Orfraie tombe . furle Poiffon. Ce qu'il y a de certain, c’eft que quand elle s’abar fur un Etang pour faifir fa proie , elle fait un bruit qui paroît ter- rible, fur-tout la nuit. On trouve le terme d’'Offfrague dans nos vieux Auteurs François, quelquefois Offraye ou Ophraye , & même Osfraye. En Sologne on l’appelle communément Age Péchereffe où Pécheufe ; quelques-uns Orfroye pour Orfraie, & par corruption Naufrage , & ils eftiment fon crau, qui eft fon cri naturel, pour être d’un mauvais préfage. Cet oifeau n’eft pas commun , & l’on n’en voit jamais qu'une paire dans une Forêt. 49°. L’ArGLE noir ordinaire, Melaneëtos {eu Agurla Valeria, Ray Synopf. Sa grandeur eft le double de celle du Corbeau ; fa tère, fon col, fa poitrine font noirs. Il porteentre les deux épaules une grande tache triangulaire d’un blanc rousfatre, & une pla- que blanche tranfverfale aux aîles. Les fexes varient beaucoup en couleurs tant dans cette efpece que dans les autres Aigles. On l'appelle en grec Melaneëtos , à caufe de fa couleur noire, & en latin Walerra , quafi viribus valens , à caufe de fa force. Auf eft-ce le plus brave des Aigles, quoique le plus petit. Les Anciens ont écrit que l'Aigle n'étoit jamais frappé de la foudre : la raifon en eft qu'il s’éleve par fon vol au-deflus des nues & des lieux où fe forme la foudre. L'Aigle, comme tous les grands Oifcaux , eft trente jours à couver ; au-lieu que les Oifeaux de Proie & autres de grandeur médiocre, comme le Milan & la Poule, ne couvent que vingt jours. Selon M. l Abbé Noller, le terme de l’incubation naturelle eft de vingt-un jours. L’Aigle & Dir is ICO NT SÉBIAUU x: 7 prefque tous les Oifeaux qui ont les ongles crochus, chaffent hors du nid leurs petits, quand ils font aflez forts pour voler; après quoi ils ne s’en embarraflent plus; fouvent mème ils les chaflent bien loin , craignant de manquer de nourriture. Li 5°. La grofle Bon Dr £éE blanche, Pygargus Albicilla Gaza, quibufdam Hinnularia , Ray Synopf. Falco cerd flavä , rectrictbus albis , verfüs apices nigris , Linn. Elle cede en grandeur à l'Aigle Royal, dontelle differe encore par la couleur jaune du bec & des pieds, par celle de la rète, qui eft blanchätre ou grisatre, & par celle de la queue, qui eft en tout ou à moitié blanche. Ray a trouvé que l'Oifeau pefoithuitlivres & demie. Celui qu'Aldrovan- dus décrit étoit beaucoup moindre, & différent pour la couleur. Selon M. Linnæus, cet Oifeau habite par-tout dans les Forêts de la Suede ; fon corps eft de couleur de terre cuite; les plumes de latête 8 du col font pointues, avec un bord blanchatre ou pâle; le ventre brun; les grolles plumes des aîles noires en dehors, & blanches en dedans, parmi lefquelles il ÿ en a douze qui font blanches vers le bout , & noires en dehors ; les jambes, le bec & la cire jaunes. Sa grandeur eft celle d’une Oie. La femelle eft plus blanchitre. 6°. Le Faucon de Marais, ou le BuzarD des Anglois, Morphnos , feu Balbufardus Anglorum , Ray Synopf. Falco , cui pedes cerulei , cyanopoda dixerts. Gefn. Falco pedibus ceréque caruleis , corpore fupra fufco , capite albo. Linn. Ray n'en dit que deux mots. Selon M. Linnæus , il a la cire du bec bleuâtre , l'iris des yeux jaune, les narines oblongues, les pieds bleuatres, le doigt extérieur comme reculé en arriere , le corps brun en deflus, excepté la tête qui eft blanche; tout le deflous du corps blanc, les ongles rondelets en deffous Il habite parmi les rofeaux le long des eaux ; il pond à chaque fois quatre œufs blancs, gros, elliptiques ou ovalaires. Il fe nourrit de Poiflons. Gefner dit que cet Oifeau fe trouve en Suifle dans plufeurs en- droits, & qu’il fait fon nid dans certains Rochers près des eaux, ou dans des Vallées profondes. Il ajoute qu’on peut l’apprivoifer & s’en fervir dans la Fauconnerie. 7°. Ray met encore au rang des Aigles quatre Oifeaux de Proie, dont deux font tirés de Marcgrave, & les deux autres d'Aldrovandus. Il finit par remarquer que le dernier dit Oripe- argus , Percnopreros {eu Gypaëros Aldrov. dont Aldrovandus propofe trois efpeces ou variétés, ne mérite pas d’être compté parmi les Aigles, tant à caufe de fa lâcheté, qu'a caufe de la figure de fon bec & de fes pieds. 8 HisToire NATURELLE 8°. L’Aicre MarAsBaR:il eft également beau & rare ; fa tête, fon col & toute fa poitrine font couvertsde plumes très blanches , pluslongues que larges,dontla tige & la côte font d’un beau noir de jais. Tout le refte du corps eft couleur de maron luftré, moins foncé fous les aîles que deflus. Les fix premieres plumes de l’aîle font noires au bout ; la peau autour du bec eft bleuâtre ; le bout du bec eft jaune tirant fur le verd ; les pieds font jaunes, les on- gles noirs. Cet animal a le regard perçant ; il eft de la grofleur d'un Faucon : c’eft une efpece de Divinité adorée par les Mala- bares. On en trouve aufli dans le Royaumede Vifapour, &fur les terres du Grand Mogol. AR TILLCAILLE LSVEL CIO NE Des V’autours. LE marques caraétériftiques des VauTours, par lefquelles ils different des autres Oifeaux de Proie, particuliérement des Aigles, font, r°. que leur bec ne fe recourbe pas immédiatement à fa naïflance, mais après s'être maintenu droit pendant l'efpace de deux doigts. 2°. Qu'ils font plus lâches que PAïgle, & qu'ils {e nourriflent de cadavres, dont les Aigles s’abftiennent (4) ; néanmoins ils ne vivent pas feulement de cadavres, mais ils prennent aufli des Oifeaux vivans, des Chevreaux, des Lievres & des Faons. 3°. Qu'ils ont le col prefque fans plumes. 4°. Qu'ils volent par troupes, felon l’obfervation de Belon ; ce qui ne con- vient qu'aux feuls Vautours entre les Oifeaux de Proie diurnes. 5°. Qu'ils ont un jabot pendant comme un fac devant l’eftomac. 6°. Que la femelle ne furpañle point le mâle en grandeur , contre la coutume des Oifeaux de rapine. 7°. Que la partie des aïles cou- chée fur le corps eft toute couverte d’un doux duvet; ce qui eft particulier au feul Vautour entre les Oifeaux de Proie. 8°. Que le Vautour a fous la gorge un efpace de la largeur d’un palme, qui n'eft pas tant revêtu de plumes que de poils fort reflemblans à ceux d'un Veau. Mais d’avoir les jambes couvertes de plumes juf- qu'aux picds , par où Belon croit que les Vautours fe diftinguent des autres Ou carnaciers , c'eft un caraéterc qui n'eft ni (a) Ceci n'eft pas fans exception ; car nous favons que l’Orfraie mange dans le befoin des Poiflons morts, Du-refte le fut cft abfolument vrai pour des cadavres humains. commun DUEPS © M SMEAAIUUX. 9 commun à tous les Vautours , ni propre à eux feuls. #7. PL. 2. “PERTE Belon & Gefner propofent fix efpeces de Vautours. 1°. Le Vautour gris ou cendré. 1°. Le Vautour noir. Belon ne donne aucune defcription complerte, ni les fignes caraétériftiques de ces deux efpeces ; il n’en donne que des figures toutes nues. 3°. Le Vautour châtain : il a les plumes des aîles & de la queue noires, celles de la tête un peu courtes ; la queue courte , eu égard aux aïîles qui font très longues: les jambes, toutes couvertes de plumes jufqu'aux doists, font aufli peu longues. 4°. Le Vautour à Lievre de Gefner , dont la couleur eft d’un noirâtre luifant, & les pieds jaunes ; étant debout ou aflis, il drefle fur fa tète une crête qui le fait paroître comme cornu ; mais elle ne paroît point quand il vole. Cet Oifeau, plus petit que le fuivant, n’a pas la poitrine fi fauve. 5°. Le Vautour doré du même Gefner, qui a tout le deflous du corps roux , mais d’une couleur moins foncée vers la quete ; le dos noir, les aîles & la queue brunes, les doigts des pieds bruns ou de couleur de corne. Il eft de la grandeur d’un Aïgle. 6°. Le Vautour blanc, que Belon dit être le même que le cendré. +°. Le Vautour fauve , qui refflemble au Vautour chatain de Belon. Il à le dos & les aîles A ; la queue courte à proportion des aîles, en quoi il a du rapport avec le dernier ; le bec noir, crochu à fon extrémité ; la tète & le col jufqu’à la poitrine | comme aufli le milieu de la poitrine, dénués de plumes , & revêtus d’un duvet blanc, court, mou & épais ; les yeux hagards avec des iris fafra- nées; le col, vers le dos, entouré de petites plumes beaucoup plus longues que les autres. 8°. Le Vautour du Brefil ou du Mexique, qui cft l'Urubu de Marcgrave. Il eft de la grandeur du Corbeau; il a la queue longue, & les ailes encore plus ; le plumage noir par-tout le corps ; la tête petite, & le bec affez long. Sa chair pue comme un cadavre ; car 1l fe nourrit aufli de cadavres. C’eftun Oifeau dégoûtant, toujours maigre , jamais foul. Il vole comme le Milan. Selon M. Hans-Sloane, très docte Naturalifte , il n’at- taque point d'animaux vivans, mais il ne vit que de corps morts. 9°. Le grand & énorme Oiïfeau du Chili, nommé Cuntur, paroît être du genre des Vautours. Il a treize pieds de vol. Garcilaflo de la Vega lui en donne jufqu'à feize. La Nature lui a refufé les {erres ou griffes crochues qu’elle a accordées à l’Aïgle : mais elle Jui à donné un bec affez fort pour percer la peau d’un Bœuf, & pour lui déchirer les entrailles. Deux joints enfemble ofent atta- quer & dévorer une Vache ou un Taureau. Ils attaquent même Jes hommes, & tuent des enfans de dix ou de douze ans; leur 10 HisToirEe NATURELLE plumage eft blanc & noir comme celui de la Pie; ils ont fur T4 rète une crête unie comme un rafoir, & non pas en façon de {cie comme celles de nos Poules. Quand ils s'abattent fur la terre, ils font par l'agitation de leurs aîles un fi terrible bruit, qu'il rend un homme ou fourd ou étonné. Selon M. Klein , le Cuntur , dit Condor par les Efpagnols, eft le Gryphon ; & c’eft apparemment aufli le Ruch de Marc-Paul Venitien, qui eft de taille & de force à enlever en l'air avec fes ferres un Eléphant , qu'il laifle comber enfuite pour le tuer & le dévorer ; ce qui eft une exagération manifeftement outrée. Le mot Vaultour ou Vautour vient de /’ultur. Selon Pierre Borel, Boterel fignifie quelquefois un Vautour, venant de Vul- tur , comme qui diroit Ÿ’olterel. En l’année 1719, M. Deradin , beau-pere de M. Dulac, tua à fon Château de Mylourdin , Paroifle de Saint Martin d'Abat, un Oifeau qui pefoit dix-huit livres, & qui avoit dix-huit pieds de vol. Il voloit depuis quelques jours autour d’un Etang. Il fut percé de deux balles fous Païle. Il avoit le deffus du corps bigarré de noir , de gris & de blanc , & le deflous du ventre rouge comme de écarlate. Ses plumes étoient frifées. On le mangea tant au Château de Mylourdin qu'à Châteauneuf-{ur-Loire. Il fut trouvé dur , & fa chair fentoit un peu le marécage. Jai vu & examiné une des moindres plumes de fes aîles : elle eft plus grofle que la plus grofle plume de Cygne. Cet Oïfeau fingulier femble- roit être le Cuntur. Les Vautours font leurs aires ou nids dans les Monts Pyré- nées. Il eft très faux qu'il n’y ait que des femelles parmi eux; si fe percentla poitrine pour nourrir leurs petits de leur propre ang, ou pour les guérir quand ils font bleffés ; & qu'ils fentent le carnage d’une Bataille trois jours avant qu’elle fe donne. Tous les jours, dit M. Raulin dans fon Traité des Maladies oc- cafionnées par les promptes & fréquentes variations de l’air, nous voyons par des expériences parlantes, que les moindres émana- tions des corps font en état de remplir un efpace immenfe. L’odeur du romarin fe fait fentir fur les Côtes d'Efpagne jufqu’à quarante lieues dans la Mer. On fent d’auffi loin l'odeur de la canelle, quand on approche de l’Ifle de Ceylan dans les Indes Orientales. M. le Chevalier Digby rapporte que des Vautours font venus de deux ou trois cens lieues à l’odeur des corps morts qui étoient reftés fur la terre après une fanglante Bataille. Mais n'en déplaife à ces Meflieurs , ceci paroït vifñiblement exagéré : credat Judaus Apella, non ego. } s W N N RS Ne Nas À La di \ cu l (ll \tR \ ai \ \ \ À 1 Aigle de Mer 2 ,Grand VFautour . DEL 10 1 SERA QUES 11 AR TA CL.E .. L R ONTS (ER ENVIE: Des Eperviers généreux a longues ailes | qu'on a coutume de dreffer pour la F auconnerte. O N compte parmi les Eperviers les Oifeaux fuivants. 1°, Le FA ucon étranger noir, Celui que décrit Aldrovandus avoit le fommet de la tête plat & affaiflé ; le bec d’un beau bleu, avec une cire d’un jaune foncé; la tête, le derriere du col, le dos, lesaïles, brunes & prefque noires ; la poitrine, le ventre & les cuiffes blanches, parfesées de lignes noires tranfverfales, un eu larges ; la queue moins brune , barrée de noir en travers; les jambes & les pieds jaunes & courts. Il yen a un autre étranger qui ne differe de celui-ci que parce qu’il eft cendré. 2°, Le Faucon facré ou le SACRE. Lemale eft nommé Sacrer. C’eft le plus grand de tous les Faucons après le Gerfaur. Il eft 4 la couleur du Milan , couleur qui tient le milieu entre le roux & la couleur de fuie; il a les jambes courtes, les doigts bleus , le bec de même, le corps longuet, les aîles & la queue longues. _ 3°. Le GErFaurT. Il eft aflez diftingué de tous les autres Faucons par fa feule grandeur , qui approche de celle de lAigle, quoiqu'il ne manque pas d’autres fignes cäraétériftiques. Il a le fommet.de la rète plat, le bec bleu , ainfi que les jambes & les pieds ; le plumage blanc par-tout le corps , mais les plumés du dos & des aîles marquées d’une tache noire en forme de cœur; la queue un peu courte , bigarrée de marques noires tranfverfa- les; la gorge, la poitrine & le ventre teints d’une blancheur pure. Il eft ennemi principalement des Grues & des Hérons. J'ai appris de M. deRéaumur, qu’il étoit mort depuis peu à la Fauconnerie du Roi à Verfailles, un Gerfaut tout blanc d’une grande beauté & très rare. Cet Oifeau , digne d’être regretté, étoit extrêmement brave & adroit ; il tomboit de haut fur un Lievre, & avec fes deux mains il le jettoit au loin roide mort , en lui caffant les reins d’un feul coup. Ceci s'accorde avec le témoi- gnage de M. Anderfon , qui dans fon Hiftoire Naturelle de l'Iflande & du Groënland ; obferve que tous les ans on y achete bien cherles Faucons blancs pour le Roi de Dannemarck ,comme étant les plus braves & les plus adroits. Cet animal fe précipite B ij 12 HirsrToirre NATURELLE fur fa proie avec une force extrème, & l’aflomme d’un coup de poitrine, J'en ai vu un près de Juvify, au pafläge du Roi pour Fon- tainebleau , fondre fur un Lievre avec tant de force, qu'il fe cafla la cuifle , fe l'enfonça dans le corps, & périt fur la place, mais fans quitter de fes ferres le Lievre, qu’on trouva mort fous lui. Le motdeFAuLcOoN ou Faucon, vient de Falco ; & celui de Gerfault ou Gerfaut, dit aufli Ruffault, de Gyrfalco ou Gy- rofalcus , comme qui diroit Faucon-V'autour ; car Gyr en Alle- mand fignifie un Vautour. 4°. Le FAucon de Montagne. Il eft plus petit que le Fau- con Etranger ; il a le fommet de la rête enfaîté ou un peu élevé ; le bec gros, court, noir, avec une cire jaune ; le corps tané, & les pieds fafranés. s°. Le Faucon Gentil ou Noble. Il differe fort peu du Fau- con Etranger & de celui d'Allemagne, {dit pour la forme du corps , foit pour le naturel ; de forte qu’il n’y a qu’un Faucon- nier des plus clairvoyans & des plus exercés dans l’Art, qui puiffe les diftinguer. 6°. Le Faucon boflu. Il a été ainfi nommé, parceque fa tête paroît à peine devant la naiïffance des aîles, à caufe de fon peu détendue , lorfqu’il les arrange fur les deux côtés du dos; de maniere qu’il femble porter une boffe. Les Auteurs Anglois qui ont écrit de la Fauconnerie, tiennent notre Faucon boflu & le Faucon étranger pour le même, fe fervant de ces deux noms in- diftin@tement. 7°. Le Faucon blanc. Il eft fuffifimment diftingué des autres efpeces par la couleur blanche de tout le corps & des aîles. Il n'eft pas cependant toujours exactement blanc ; quelquefois il porte, fur-tout à la queue, des taches d’un jaune pale qu’on n’ap- perçoit qu’en le regardant de près ; fes yeux , la membrane qui entoure fon bec, & fes pieds font jaunes ; il a les ongles noirs, & le bec d’un blanc bleuitre. 8°. Les Faucows de Rocher & d’Arbre , dits en latin Z/ho- falco & Dendrofalco. Nous ne trouvons fur ces Faucons rien qui foit digne de remarque. Albertle Grand fait le premier de moyen- ne grandeur & vigueur, entre le Faucon étranger & le boflu. Nous avons dans Gefner une ample defcriptior-du dernier, que VWillughby croit convenir à lAutour. 9°. Le FAucoN de Tunis ou de Barbarie. Celui que les Anglois appellentainfi, eft plus petit queles autres du même genre. Belon dit qu’il approche de la grandeur & de la forme du Lanier. 10°. Le F À u con rouge ou rougcatre. Aldrovandus en parle DES l'O 'RS EAU * 1 3 d’après Albert le Grand : mais nous doutons s’il y a dans la Na- ture une telle efpece diftinguée de toutes les autres. 11°. Les Faucons d'Inde rouges d’Aldrovandus. L'un de ces Faucons, qu’il prenoit pour la femelle, étoit plus grand, & avoie le fommet de la tête large & prefque plat; le bec cendré , avec une cire jaune ; tout le deffus du corps cendré, tirant fur le brun. Du coin extérieur des yeux partoit une tache longue, teinte de la même couleur que la poitrine ; la poitrine, & prefque tout le deffous du corps étoient d’un rouge de cinnabre clair , & la partie antérieure femée de quelques taches cendrées. L'autre , pré- tendu male, étoit plus petit; il avoit la couleur rouge en deflous plus foncée; le dos & le deflus du corps entiérement noirs. 12°. Le Faucon d'Inde crèêté. Il approche del’Autour en gran- deur : il a la tête platte , noire , ornée d’une crête fendue en deux , qui pend en arriere; le eok rouge ; la poitrine & le ventre bigarrés de blanc & de noir, entremèlés de lignes tranfverfales fort belles & luifantes; l'iris des yeux jaune ; le bec d’un bleu obfcur , & prefque noir, fur-tout vers la pointe, car la bafe eft couverte d’une membrane jaune ; les jambes revêtues de plumes jufqu’aux pieds; les pieds jaunes , & les ongles ou ferres très noi- res ; les petits rangs des plumes de l’aîle à franges blanchâtres ; la queue variée alternativement de raies noires & cendrées, du refte noirâtre. : Le Faucon de Caïenne eft gros comme un Chapon : tout fon corps eft d’un très beau noir luftré tirant fur le violet, à l'excep- tion de la partie inférieure du ventre & des cuifles, qui eft d’un blanc de neige. Il a le bec jaune, les yeux entourés d’une peau rouge-vif ; le col dans fa partie antérieure depuis le bec jufqu’à la poitrine, eft fans plumes, & couvert d’une peau rouge-vif; les parties latérales du colle long de cette peau font couvertes de pe- tites plumes longues & menues, dont les poils ou barbes blanches & noires font l'effet de cheveux qui grifonnent ; fes jambes font rouge-vif, armées d'ongles noirs très forts, très pointus & cro- chus ; fa queue eft compofée de dix plumes longues de neuf à dix pouces ; fes aïles très fortes s'étendent jufqu’à la moitié de la queue; la racine de fes plumes eft d’un brun foncé : il a l'air hardi & le regard perçant. Il y a encore plufieurs Faucons étrangers connus, entr’autres celui de la Baie d'Hudfon, qui eft brun mêlé de gris , gros comme une Corneille, qui fe nourrit de perdrix blanches. Le Fauconétoilé, quirefflemble au Faucon pélerin par la taille & la figure , dont le deflus eft brun parfemé d'étoiles | & le deffous 14 HisToiRE NATURELLE varié de noir & de blanc ; fes yeux font de couleur d’or; fes pieds bleus azurés ; il fait fon nid fur les arbres les plus élevés des mon- tagnes. Nous avons aufli le Faucon desfles Antilles, quieftun peu plus gros que le nôtre, mais dont les ferres font bien plus fortes ; il eft toutbrun, & fe nourrit de Grives , de Tourterelles, & quelquefois de Serpents. En général les Faucons volent rapidement. Gaffendi parlant de la durée & de la rapidité du vol de certains Oïfeaux, de qu'à Fontainebleau un Faucon s'étant emporté aprèsune Cancpetiere le 24 de Mars, fut pris le lendemain à Malte : le Grand-Maître ayant reconnu les Armes que portoit l'Oifeau , le renvoya au Roi Henri IT, qui régnoit pour lors. 13°. Le LANrER, dont le mâle ou le Tiercelet eft appellé La- néret, Lanarius Gallorum. Aldrov. Falco pedibus roffroque cœru- leis , maculis albis nigrifque longrtudinalibus. Linn. Ses marques caractériftiques font d’avoir le bec & les jambes avec les pieds bleus, les plumes antérieures variées de blanc & de noir, avec des taches qui ne font pas difpofées de travers comme dans les Faucons, mais longitudinalement. Tout le deffus du corps eft brun; le deflous des aïles piqueté de marques rondes & femées fur la fuperficie comme de petites pieces de monnoie. Le Lanier refte perpétuellement en France. Malgré cela je ne me fouviens pas d'en avoir jamais vu. M. Linnæus en donne une courte def- cription en ces termes: Il a le dos & les aîles de couleur de rouille de fer , la tête & tout le corps en deffous gris-blanc, avec des taches noires longitudinales, la queue longue avec des ta- ches blanches oppofées ; les jambes revêtues de plumes à plus de moitié ; les pieds bleus; le bec bleuâtre ; ce qui montre qu'il eft fort diftingué du Lanier d'Italie. Le mor de Lanier eft très ancien dans notre Langue ; il a été formé, à ce qu'on prétend , du mot latin Zaniare , déchirer ; Lanarius , quafñ Laniarius | à laniandis Gallinis. Le mâle eft 2ppellé Zanerer , comme qui diroit petit Lanier ; c’eft le Tierce- {ct du Lanier : car il fautobferver que l’on donne en Fauconnerie & en Autourferie le nom de Formes aux femelles des Oifeaux de Proie, qui étant plus grandes , plus fortes & plus hardies que les males , font donner le nom à l’efpece, & celui de T'iercelers aux mâles, parce qu'ils font d’un tiers plus petits que les femelles ; ce qui eff fingulier, mais qui n’eft pourtant pas fans exception, comme il fe voit dans la Crefferelle , dans l'Emérillon & dans les Pies-Grieches , dontle male & la femelle font à-peu-près d’égale grofleur, D'IENSNOE SEL A NT 1$ Le Lanier ou Lafnier s'appelle en Savoye Zanoy. 14°. Le HoBErEAU , Subbuteo Belloni & Aidrovandi , Ray Synopf. En anglois he Hobby. I] fe diftingue des précédents par fa peritefle ; mais il a du rapport avec le Buzard des Anglois, PEmérillon, la Creflerelle & les Pies-Grieches, par les appen- dices angulaires qui fe rencontrent des deux côtés à la mâchoire fupérieure du bec ; il mérite d’être appellé l'Æpervier ou Le Pre. neur d’ Alouettes , parcequ’il en eft le mortel ennemi. Or la Na- ture infpire à l’Alouette tant de frayeur à la vue de cerennemi, que pour l’éviter elle ne craint pas de s'enfuir entre les bras de l’homme même, ou dans la voiture qui le porte , quoique cet afyle foit peu sûr pour elle. Le Hobereau a le bec bleu ; mais fes jambes & fes pieds font jaunes. Lefommet dela tête eft entre noir & fauve, avec deux taches blanches fur le col ; les plumes du ven- tre fonr brunes dans le milieu , & blanchâtres fur les bords ; les aîles bien mouchetées en deflous; tout te dos, la queue & les aîles paroiffent noires en deflus; & en deffous la queue’eft fort bigarrée de taches roufles tranfverfales, mêlées entre les noires ; les plumes qui couvrentles cuifles, & qu’on nomme les jambie- tes, font plus enfumées qu’en nul autre endroit. C’eft un Oifeau de Leure, & non de poing ; aufli eft-il du nombre de ceux qui volent haut, comme les Faucons & le Lanier. Après l'Emérillon, il eft le plus petit des Oïfeaux de Fauconnerie. Il accompagne d'ordinaire les Chafleurs, en volant par deflus leurs têtes , pour fe faifir de quelque petit Oifeau que les Chiens font lever. Selon Mezerai, dans une Note marginale fur la premiere Edi- tion des Origines de Ménage, au mot Hobereau, ce nom vientde Hobe , qui eft une forte de Milan de couleur fauve; & Æobe- reau , c'eft comme un petit Milan. Il y a plaifir, dit-il, de voir les femmes & les enfansen plufeurs Provinces du Royaume dec& la Loire , qui voyant cet Oifeau voler autour de leurs maifons pour enlever leurs Pouffinis, crient en battant des mains, hobe, hobe , hobe, hobe. Pierre Borel dans fes Antiquités Gauloifes, dit qu'ober ou hober veut dire fe mouvoir ou remuer, & en ce fens Hobereau fignifieroit un Oifeau de Proie qui eft roujours en mou- vement. Je trouve que l’'Oifeau appellé vulgairement en Orléa- nois fol Oifeau , & ailleurs Emoucher , Tiercelet ou Terceler, {e nomme en Saintonge Hobereau , Hobreau , Haubereau où Obe- reau , autrement Fuuquerte , Falquer où Faucher , comme qui diroit petit Faucon ou Fauconneau. Mais il eft différent du Mou- chet de Belon , qui dit qu’on appelle Woucher le mâle ou le Tier- celer de l'Epervicr , parcequ’il a les plumes de deffous le ventre 16 HisToirre NATURELLE fort mouchetées par le travers. C’eft un fpettacle aflez réjouif- {ant de voir notre Hobereau fe battre en l'air avec des Pies ou des Corneilles, qui font tous les efforts imaginables pour lat- trapper , en le mettant pour ainfi dire entre deux feux, mais inu- tilement ; car il vole avec bien plus d’aifance qu’elles, & quand il eft las de certe efpece de jeu, il prend le large, & les laïfle en un moment loin derriere lui. 15°. L'Emerizion , Æ/üulon Bellonii & Aldrovandi , Ray Sy- nopf. En Anglois the Merlin ; en Italien Smeriglio. Cet le plus petit de tous les Oifeaux de ce genre, n’étant gueres plus grand qu'un Merle ; mais il eft courageux & hardi. Il a le bec bleu, un collier à la nuque du col d’un blanc jaunâtre; le dos varié de couleurs de rouille de fer & noirâtre-bleue ; le deffous du corps d'un blanc rouillé avec des taches noires rouillées : elles ne font pas tranfverfales , mais elles tendent en enbas de la rêre vers la queue. Belon dit que le mâle & la femelle font d’égale grofleur. On m'en a adreffé une paire, d’Aubigny en Berry, fous le nom d'Arvillons , qui ne différoient que par le plumage, plus beau dans le mâle que dans la femelle. On remarque qu’il reflemble au Faucon par la ftruéture du corps & par le plumage. Il fait la chaffe aux Alouettes , aux Pigeons & aux Perdrix. Il va toujours feul comme le Buzard. En Sologne on l'appelle Fouerteux , par- ce qu’il femble fouetter le Pigeon & la Perdrix en les pourfuivant à vire d’aîles. En Bretagne on lappelle vulgairement Fouerte- Merle , comme qui diroit Fouetteur ou Chafleur de Merles, parce qu'il leur fait la guerre. Il eft vif & hardi. Le mot François E/merillon , Emérillon , Smerlin & Loyerre , felon Cotgrave, paroïtavoir donné naiflance au Latin Smerillus, à l’Anglois Merlin , & à l'Italien Szerlo ou Srmeriglio. Quant à l'origine propre du mot Æmérillon & Loyerte , j'avouerai fran- chement qu’elle m'eft inconnue, à moins qu’on ne la tire du Grec Æ/füalon. Si l'on en croit la plupart des Chafleurs de ce Pays-ci, ilya plus de quinze fortes d'Émérillons : mais comme les meilleurs Ornithologues n’en font aucune mention , il y a lieu de douter du témoignage de nos Chafleurs , qui d'ordinaire s'appliquent plus à détruire les divers Oifeaux de Proie qu’à les connoitre (a). Mais ce qui cft caufe que les Chafleurs multiplient fi fort la quantité des Emérillons, c’eft qu’ils nomment Æmersdlon tout © (a) M. Briflon ne décrit que quatre Emérillons ; le nôtre ; celui des Antilles qu’il ne croit pas être d'une efpece différente du nôtre; celui de la Caroline, & celui de Saint-Domingue, Oifeau DIE SN AO NIISE EAU Le7 Oifcau de Proie qui eft au deffous de la Bufe; au lieu qu’ils momment Bondrée tout ce qui eft au deflus, & jufqu’à la Bufe même. Il y à une forte d’'Oifeau de Proie que nos Beaucerons appellent un Paffetier ou Preneur de Pafles, parce qu'il eft l’en- nemi déclaré des Moineaux ou Pañles : c’eft apparemment une efpece d’'Emérillon. 16°. La CRESSERELLE, 7énnunculus, feu Cenchris Aldrovan- di, Ray Synopf. Falco pedibus ceräque flavis , dorfo rufeftente , pectore maculis longitudinalibus fufcis , caudé& rotundarä , Linn. En Anpglois she Keffrell, en Italien Fortivento. Elle eft de la gran- deur d’un Pigcon ; fa tête eft cendrée , variée de petites lignes noires ; Le deflus du corps roux avec des taches noires au bout des plumes , jufqu’au croupion , qui eft cendré ; le deflous du corps parcillementroux avec deslignes noires tirées fuivant la longucur des plumes. Elle fait comme un éventail en agitant fes aîles fans fortir de la même place. Les Anglois dreflent affèz fouvent des Crefferelles pour la Chafle, à la maniere des autres Oïfeaux de Proic. Selon Gefner, on appelle cet Oïfeau Cenchris où Milia- ria , parce qu'il eft marqué de points noirs reflemblants à du Millet. M. Linnæus obferve que la femelle reffemble en tout au mâle; mais que la couleur de la queue eft bien différente. IL ajoute que la Crefferelle habite dans les cours & dans les murail- les fort élevées , & qu’elle pond à la fois quatre œufs blanchi- tres, femés de taches rougeâtres fréquentes. J'en ai pris trois cou- vées où il y avoit cinq œufs dans chacune. On en a trouvé jufqu’à fept. Cet Oifeau ne fait point de nid, & dépofe fes œufs fur fa pierre nue, à moins qu'il ne s’y trouve par hafard quelques ordu- res. Ariftote dit que fes œufs font rouges comme du vermillon : mais le rouge de ceux que j'ai vus étoit fale & obfcur, & ilyen avoit quelques-uns qui n'étoientrougeâtres qu’au gros bout. Nos Chafleurs de Sologne connoiflent une autre forte de Creflercelle qu’ils appellent Jaune, & dont j'ai vu deux Pa à jaunes que rouges , trouvés dans un nid de Pie. Cette Creflerelle jaune eft rare, & quelquefois elle fe bat généreufement contre Jean le lanc, qui, quoique plus fort, eft fouvent obligé de lui céder. On les a vus s’accrocher enfemble en l'air, & romber dela forte par terre comme une motte ou une pierre. Les Crefferelles fonc fur-tout la guerre aux Souris, aux Rats & aux Mulots. Il eft faux qu’elles foient amies des Pigeons, & qu’elles les protégent contre l'Epervier ou l’'Emérillon ; au contraire elles les mangent quand elles peuvent les attraper ; & il eft arrivé plus d’une fois à Or- léans , où ces Oifcaux font communs dans la plupart des Tours, C 18 HiIsTOoitrE NATURELLE que des Pigeons de Voliere occupés à manger dans une cour, ont été aflaillis par une Creflerelle tombée à plomb au milieu d'eux. Quand la Crefferelle a mangé un Rat, elle revomit après la digeftion la peau pelotonnée en forme de pilule. Apparem- ment que les autres Oifeaux de Proie en font autant. On à prétendu que la Crefferelle dans un temps de difetre, lorfqu’elle ne trouve point de proie pour fes petits, en tue quel- qu'un d’entr'eux pour le donner à manger aux autres : mais cela ne fe confirme pas. Les petits au bout de quelques jours com- mencent par fe couvrir d’un petit duver blanc reflemblant à de la laine fine ; de forte qu’en cet état on les prendroit pour de petits agneaux au premier afpect. Devenus aflez grands & forts pour prendre l’eflor , le pere & la mere les chaffent hors du nid, & les pouflent même peu-à-peu de deflusles toits en l'air : mais ce pre- mier coup d’eflai eft quelquefois fatal aux petits, qui ne pouvant pas encore voler fe laiflent tomber par terre, où ils font pris par les Hommes ou par les Animaux. Or ce que font les Crefferelles pour obliger leurs petits à aller chercher leur vie eux-mêmes, les autres Oifeaux de Proie, tant diurnes que noëturnes , le font auf. On l’a nommée Crefferelle, Crecerelle, Crecelle, Cercelle , Cercerelle, Quercerelle, à raïfon de fon cri. A Orléans on lap- pelle Ecreffelle ; en Sologne su ; & à Châlons-fur-Marne Rabailler , par la même raifon ; à Troyes en Champagne Æmé- rillon ; en Provence Rarter ; en Touraine Pzrriou ; & à Saumur Pitri , du mot latin Accrprter. Les Beaucerons l’appellent Pre- neur où Endormeur de Mulors. DES "OISE AU x. 19 CHAMP QCTRE. SECON D. Des Oifeaux de Proie diurnes plus petits, à longues ailes à Jauvages &G plus lâches , que les Fauconniers nésligent. [D E ce nombre font, 1°. La Bus E ou ie Busann- ordinaire; Buteo vulgaris , five Triorches , Ray Synopf. Falco cerä pedibufque luteis , ee fufco, peétore pallido, maculis longitudinalibus fufeis, Linn. Les mar- ques caraétériftiques de cet Oifeau font, la couleur du dos d’un tanné noirâtre, avec des taches quelquefois blanches fur les fe- condes plumes des aïles ; celle de la poitrine d’un blanc jaunatre, avec des taches oblongues d’un rouge obfcur fur chaque plume, qui ne font pas fituées en travers, mais qui tendent en enbas ; le bec nu d’un bleu noirâtre , dont la bafe eft couverte d’une peau nue jaune qu’on appelle Cire , apparemment à caufe de fa cou- leur. Cet Oifeau eft ennemi déclaré des Lapins. Voici la defcription qu’en fait M. Linnæus: La Bufe eft de fa grandeur de la Poule; elle a le bec & les ongles noirs, la cire & les pieds jaunes. Tout l'Oifeau eft brun en deflus par la tère & le col , ayant les bords des aîles tannés ; mais en deflous d’un blanc jaunâtre , avec des taches longitudinales brunes , dont les pofté- rieures font prefque en forme de cœur; l'iris des yeux eft blan- châtre, & la membrane clignotante bleuâtre; les grandes plumes des aîles font noirâtres , inférieurement blanches par le côté in- térieur ; les quatre premieres fans bandes, les autres avec des bandes plus obfcures, c’eft-à-dire, la cinquieme & la fixieme au côtéintérieur, extérieurement & intérieurement. Les plumes de la queue font d'un noir cendré, égales avec plufieurs bandes obfcures , plus apparentes en deflus, tannées par la pointe, blan- ches en deffous vers la bafe. Ses œufs font blancs, ue de quel- ques grandes taches roufsâtres. La Bufe, qui eft la Bondrée ordinaire desOrléanois, dépeuple les Garennes & les bafles-cours ; elle ne pond ordinairement que Cij 20 H1isToiIrEe NATURELLE crois œufs pour une feule couvée; mais on prétend qu’elle en fait quelquefois jufqu’à cinq, toujours en nombre impair. On a cru fauflement que cet Oifeau avoit trois telticules , tandis que tous les autres n’en ont que deux. Aldrovandus dit les y avoir trouvés après Ariftore & Pline. Si l’on en croit Belon, c’eft le Sacre où lutôt le Sacrer , qui éft le Bureo Triorches des Anciens. Sa Bufe eft le Percropterus , qu'il confond'avec l'Oripelarous. La Bufe à toujours paflé pour être lâche & couarde; elle à toujours faim, & crie fans cefle. Ce qu’elle a de bon, c’eft qu'au défaut d'autre nourriture elle prend les Mulots & les Taupes. C’eft apparem- ment ce qu'on appelle en Bourgogne un Fauchor ; en Langue- doc & à Nantes une Coffarde ; ailleurs un Caffard ,une Bufenne, ou une Bondrée-Bufe ; en Savoieun Boufant ou Boufar. Dans le Diionnaire François-Anglois de Cotgrave, un Hua, un Bu- 5 o . a. = eau ou Bruthier. En Normandie ou l'appelle vulgairement une Hioux. Le mot Bufe ou Buxe , Bufard, Buifard ou Buxard , paroît venir de Bureo ; peut-être celui de Boudrée ou Bondrée en vient- il aufli. Selon M. le Duchat, les Dauphinois appellent la Bufe Bourrel , comme qui diroit Bourreau , à caufe que la Bufe eft le bourreau de la Volaille. M. Huet, Evêque d’Avranches, dit que Buxzard eft un augmentatif de Bufe, qui vient de P'Arabe Bazon, Faucon, Epervier. D’autres veulent que ce mot ne fignifie autre chofe qu’un Oifeau de couleur bufe ou bife, c’eft-à-dire, brune ou noiratre. 2°, Le BuzarD à Mouches, Buteo Apivorus , five Vefpivo- rus , Ray Synopf. Falco pedibus feminudis flavis, cerd nior@ , capite cinereo , cauda faftiä cinere& , apice albo, Linn. En Anglois the Honey-Buzzard , c'eft-à-dire , Buzard à Miel. Il differe du Buzard ordinaire par la cire ou membrane noirâtre qui eft à la bafe du bec; par fa tête cendrée ; par l'iris des yeux jaune ; pat fes pieds plus courts & plus gros ; par fa queue plus longue ; par la zône ou la bande cendrée tranfverfale qu'il a aux aîles & à la queue. Il vit la plupart du temps d’infeétes , & il nourrit fes petits de nymphes de Guèpes. Selon M. Linnæus, il a le bec noir ; la cire noire ridée; l'iris des yeux faffranée; la tête cendrée ; le dos d’un rouge-brun ou ranné ; les plumes de la queue blanches au bout , avec une ligne noire en travers, puis une large bande cendrée ; la poitrine & le bas du ventre blancs, avec des taches noirâtres ; Les pieds jaunes. JT habite dans les forêts de la Suede. Ses œufs font cendrés, avec. des taches obfcures. Le même M. Linnæus dit que c’eft l'Acci DIE Si TOUT SRPMA CUT: 21 piter palumbarius d'Eléazar Albin. Il ÿ a pourtant grande diffé. rence entre vivre de Mouches à Miel ou de Guêpes, & manger des Palombes ou Pigeons ramiers. 3°. Le BuzaRr D des Anglois, Balbufardus Anglorum , Ha- Lixëtus Aldrovandi , Ray Synopf. En Anglois she Bald-Buzzard , c'eft-à-dire, Buzard chauve , autrement she Sea-Eagle , c'eft-à- dire, Aigle de Mer ; en Suédois Fisk-Orn, c’eft-à-dire, Aigle Pê- cheufe. Il differe du Buzard ordinaire par le derriere de la tête, qui eft blanc , & qui le fait paroïtre comme chauve; par le poids & la grandeur, en quoi il le furpafle ; par la longueur des ailes; par le doigt extérieur du pied reculé ou flexible en arriere ; par les appendices ou avances angulaires qui font à la mâchoire fu- périeure du bec ; par fa nourriture, qui confifte en Poiflons. Mais commente docte Ray, qui eft d'une fi grande exactitude dans tour le refte de fon Abrègé Méthodique des Oifeaux , fait-il ici un double emploi d’un feul & même Oifeau ? Car c’eft fans doute le mème nommé ci-deflus Morphnos , & ici Halisëtus , wil a mis au rang des Aigles , & ici parmi les Bufes. Je ferois aflez porté à croire que le Buzard chauve des Anglois fe trouve dans l'Orléanois , & que c’eft celui que l’on tua en 1748 furla Loire, près de la an de S. Mefmin, lorfqu’il enlevoit un Poiflon, & qui fut préfenté le lendemain à M. de Réaumur. Feu M. l'Abbé Menon , digne éleve d’un fi grand Maître, l'embau- ma fur le champ, le dreffa fur fon piédeftal , & dans cette arti- tude M. de Réaumur l’admira comme un Oifeau fier & digne de figurer parmi les Aigles. Nous nous étions imaginés d’abord que c'étoit là la véritable Bondrée : mais ce Savant nous fit obferver que ce ne pouvoit pas être la Bondrée ou Boudrée de Belon, puifqu’elle ne vit point de Poiffon ; ni même une Bufe, attendu que la Bufe a une avance ou efpece d’auvent au deflus de l'œil, qui fait la partie fupérieure de chaque orbite; au lieu que notre prétendue Bondrée de la Loire n’a qu'un demi-auvent en cet endroit. Quoi qu'il en foit, je ne trouve point dans Willughby ni dans Ray la defcription de la Boudrée de Belon. Peut-être n’eft-ce qu’une variété de la Bufe ordinaire ; car Belon dit que la Bufe eft de la couleur d’un Aigle noir, & qu’elle differe de la Boudrée, qui eft cendrée. Il ajoute qu’elle n’a point la queue fourchue, non plus que la Bufe, & qu’en volant elle bat fouvent des aîles comme elle ; que quand elle vole en l'air , elle paroît blanche par deflus, à caufe de la tache blanche qu'elle a fur cha- que aîle; mais que perchée elle paroïît cendrée-noirâtre; que fa queuc cit femblable eu couleur à celle du Francolin , étant mar- 22 Hisroire NATURELLE quetée ; que fes jambes font courtes , & pas totalement ron- des, leurs côtés écaillés & de couleur jaune ; que fon bec eft court, noir par le bout & crochu , mais que l'endroit des narines eft jaune. Or toutes ces marques peuvent convenir à la Bufe commune; & en ce cas là il ne feroit point étonnant de ne pas trouver la Boudrée de Belon dans l’Abrégé de Ray. Lors donc que j'ai appellé ci-deflus le Pygargus des Grecs, grofle Bondrée blanche, je ne me fuis fervi de cette dénomination que parce que je n’en favois point d'autre. Il en faut dire autant de quelques autres termes aufli impropres que j'ai été obligé d’em- ployer, faute d'en connoître de meilleurs. En un motil peut fe rencontrer dans les Bufes plufeurs variétés en fait de couleurs, & d’autres accidents , comme il s'en rencontre dans les Aigles. Au refte, foir que la Bondrée foit une efpece différente de la Bufe, ce que j'ai de la peine à croire, foit que la Bondrée & la Bufe ne faflent qu'un feul & même Oifeau , ce que je croirois lus volontiers, Ménage avoue qu'il ne fait pas d’où vient le mot de Bondrée ou Boxdrée ; car Cotgrave dit l’un & l'autre, quoique Belon dife uniquement Boudrée où Goiran. Le mot Goiran peut venir de Gutturanus , à caufe de fa groffe gorge, felon M. le Duchat, d’après Ménage. Rabelais dit Bondrée. Or comme la Bondrée ou Boudrée, felon Belon, eft de la groffeur d'une Poule, & que l'hiver elle devient exceflivement grafle, je m'imagine, dit M. le Duchat, que fon nom pourroit bien venir de Ponderata, Ponderata Bondrea ; & comme on lit Bondrée & Boudrée , il fe peut que l’un & l’autre foient bons, & qu’on ait dit Boudrée de Ponderara ; comme Touzelle de T'onfella , Convent & Couvent de Conventus. M. le Duchat pourroit bien fe tromper dans fon étymologie , quoiqu’elle ait quelque chofe de fpécieux : il auroit même pu s'appuyer du mot Savoyard Pon- dral , qui approche beaucoup de celui de Bondrée; car c’eft ainfi qu'on l'appelle en Savoie. À Orléans on dit d’une femme dodue, que c’eft une grofle Bondrée. Je penfe que notre Bondrée ou Bufe commune eft encore ce qu’on appelle en Berry du côté d'Ioudun , un Zivor ; en Anjou un Auau ou une Auaffe ; ail- leurs un Auer , un Aubrier où Aubier, quoique l’on donne auffi quelques-uns de ces noms au Milan. Le mal eft, que dans toutes les Sciences la multiplicité des noms ne fait fouvent quecharger la mémoire, & jetter de la confufion dans les idées. 4°. La Buse ou le Buzar D de Marais, Milyus eruginofus Aldrovandi , Circus Bellonit | Ray Synopf. Falco cerä luteo- viridi , pedibus luteis , corpore ferrugineo , vertice fulvo, Linn. DES MOEEr (SE ALU. x. 23 en Anpglois ze Moor-Buzzard. IH doit fe rapporter plutôt aux Bules qu'aux Milans, vu qu'il n'a pas la queuc fourchue, qui eft la marque caraétériflique du Milan. Il eft, tant en deffus qu’en deffous, de couleur tannée, excepté le fommer de la crête, qui eft d’un fauve blanchître ; il differe encore des Oifeaux congéne- res, ou qui font du même genre, par fa grandeur inférieure à celle de la Bufe ordinaire, par fes pieds longs, déliés, jaunes. M. Linnæus dit, d’après Rudbeck , que cer Oifeau a le corps couleur de terre cuite, avec des taches noires longitudinales à la tère, au col, à la poitrine ; les grandes plumes des aîles noires, & celles du fecond ordre tannées ; la queue couleur de terre cuite ; les cuifles de même couleur que la queue , avec des taches noires irrégulieres ; les jambes couvertes de plumes bigarrées de taches longitudinales; les doigts reflemblants à de la corne; le bec d’un noir bicu. Je fais convaincu que c’eft cet Oifeau qui a été tué derniére- ment par le Sieur Galluet, Garde chez M. d’Imbercourt à la Jonchere, & que M. Regnoul à embaumé pour envoyer à M. de Réaumur. Il eft rare dans l'Orléanois, & très difficile à appro- cher. Le Sieur Galluet dit que c’eft une efpece de Bondrée qui eft toujours le long des marécages , qui couche dans les joncs. Il ne vit que de Poiflons, & emporte fouvent à fes ferres les plus grofles carpes. On le voit rarement fe percher fur les arbres. IL reflemble beaucoup au Milan noir de Belon; & Cotgrave appelle Huan, Hua, Huau, une forte de Milan noir dont la queue n’eft pas fourchue. Je ne crois pas que Ray ait raifon de le prendre pour le Crrcus ou le Fauperdrieux de Belon, qui dir que ce der- nier fait fon nid au fommet des hauts arbres dans les plaines d'Auvergne , le long des Clapiers, où il fait grand déoât de Lapins; ce qui ne paroît pas convenir à notre Buzard de Marais. $°.JEAN LE Branc, Pygarous Accipiter , fubbureo Turneri , Ray Synopf. en Anglois rhe Ring-tail, c'eft-à-dire , Queue blan- che ; & le mâle Âen-Harrou ou Hen-Harrier, c’eft-à-dire, Ra- vifleur de Poules. Il differe des autres Oifeaux de ce genre par fon croupion blanc, d'où lui vient le nom de Pygarous en Grec, & par un collier de plumes redreflées autour des oreilles , qui Jui ceint la tête comme une couronne. M. Linnæus ne parle point de cet Oifeau , apparemment qu’il ne fe trouve point en Suede. Il eft affez commun dans ce Pays- ci, fur-tout en Sologne, où il fait fon nid par terre entre les Bruyeres à balais, qu’on appelle vulgairement des Bremailles. Il pond à la fois pour l'ordinaire trois œufs d’un blanc fale, tirant 24 H Lsfroir EUNMTURELLE fur lardoifé. La femelle eft toute cendrée, plus grande que le male, qui eft plus léger, & plus blanc, fur-tout au croupion ; fa queue eft fort longue, & fes jambes font fines & d’un jaune fort agréable. Si lon en croit les Patres de Sologne, on peut le dreffer à la Chafle, & il y eft fort adroit. Il n’y a que la femelle qui couve, & pendant la couvaifon le mâle lui fournit force gibier, le Jaïflant tomber perpendiculairement de haut à côté d'elle, & toujours à fa portée, fans s’abattre; manœuvre qu'il exécute pa- reillement pour élever fes petits. Mais peut-être qu’il change de méthode dans ce dernier cas ; & ce qui me le perfuaderoit, c’eft le rapport d’un Chaffeur, reconnu véridique , qui nous a afluré d’après fa propre expérience, qu’il s'abat pour leur apporter de la nourriture , laquelle confifte en Cailles , Perdrix , Grives , Alouettes & Lézards verts , ayant tué un jour d’un feul coup de fufil la mere & les petits : lorfqu’elle leur apportoit la provifion. Ce qu'il y a de certain, c’eft qu'il vole ordinairement bas. Son cri eft une efpece de fiffiement, Belon l'appelle Jean le Blanc , ou Oifeau de Saint-Martin , & Cotgrave Jan , Jean , onu Jehan le Blanc , & Oufeau de Saint Martin ; ce qui eft la même chofe. Ménage obferve à ce fujet qu’on a donné à,certains Animaux des noms propres d'Hommes ou de Saints, & c’eft une vérité dont nous trouvons plufieurs preuves dans l’Hiftoire des Oifeaux. Quelques-uns ont encore nommé Jean le Blanc Chevalier blanche-queue , peut-être à caufe qu'il eft un peu haut monté fur fes jambes. 6°. LeMican, Milyus, Ray Synopf. Falco cerä flavé , caudé forcipatä , corpore ferrugineo, caprte albidiore , Linn. en Anglois the Glead ; en Italien Nr6b10 ou Milyio. La marque caractérifti- que qui fufiit feule pour le diftinguer aifément de toutes les ef peces d'Oifeaux de Rapine, eft la queue fourchue ; de forte qu'il n’eit pas befoin d’en chercher d’autres : elle eft cependant agréa- blement colorée, ainfi que tout le refte du corps. Il eft ennemi déclaré des Poulets & des Canetons. Il fe balance en Pair les ailes étendues ; & même fans agiter que rarement ou point du tout les aïîles , il plane ou fe Laits couler d’un mouverñnent tran- quille & comme infenfible. Selon M. Linnæus, le Milan a le corps tanné deflus & deflous ; les plumes du dos & des aïles ont une tache noire au milieu, & font blanches vers la bafe; ila celles de la tête pareillement blanches, pointues, avee une tige noire, & les extrémités blanchâtres; la poitrine & les cuifles revêtues de longues plumes tannées à tige noire; les dix premie- res plumes des aïles font routes blanches en deflous, les cinq premieres DÉES LO ET SEA QU: x. as premieres noires en deflus, & les cinq autres noires tannées ; les dix fuivantes noirâtres en deflus à pointes tannées, cendrées en deflous avec des bandes noirâtres ; la queue longue, fourchue, roufle | dont la premiere grande plume eft noirâtre en deflus à fon bord extérieur ; les pieds font jaunes, & les ongles noirs ; il a aufli le bec noir, avec une cire jaune. Le Milan eft commun par-tout en Suede. Le Milan a la vue perçante ; il excelle pour Le vol, & fe cache dans les nues ; il fe précipite fur fa proie avec tant de rapidité, qu'onena vu , dit Belon, avoir faifi des morceaux de poumons de Bœuf jettés en l'air, avant qu'ils fuffent tombés par terre. II pond deux œufs à la fois pour l'ordinaire, quelquefois trois , & {es petits éclofent au bout de vingt jours d’incubation. On a dit que la premiere année le Milan ne goûtoit rien de mort, par au- dace ou ferté; que la feconde année il ne mangcoit rien de vivant, par crainte, & que la troifieme il fe laifloit mourir de faim : mais eft un conte pur. Cet Oifeau eft aflez commun dans le Bois de Briou , près de S. Laurent des Eaux , où il fait fon nid fur les plus hauts Chênes. On l'y nomme un wa. J'en ai envoyé deux nids à M. de Réaumur, dans l’un defquels il n’y avoit qu'un œuf, & dans l'autre un œuf, avec un petit Milan ou Hua nou- vellement éclos, & un Caneton encore frais. Belon l'appelle Milan, Huau, Efcoufle, diftinguaht le Milan Royal , qui eft le commun , d'avec le Milan noir. Or Milan vient de Mrlvus où Milvius ; Huau ou Hua , Efcoufle ou Ecouf- fle , viennent de fon cri naturel. Jadis on difoit Milion pour Milan. En Champagne on le nomme Chauche-Poule ou Choche- Poule , parce qu’en s’abattant fur les Poules il femble vouloir les chocher ou cocher, comme fait le Coq. 7°. Le Mican ou Bresiz , Milyus Brafilienfis, Caracara dic- us , Gaviaon Lufitanis Marcgravir , Ray Synopf. Il eft de la grandeur de notre Milan ; il a la queue longue de neuf doigts; les aïles de quatorze, fans cependant atteindre encore au bout de la queue ; la couleur de tout le corps roufle, avec de petits points blancs & jaunes ; la queue eft bigarrée de blanc & de brun. Il a la tête d’un Epervier pa bec erochu , médiocrement grand, noir; 2 . , , . (a) . - les picds jaunes, armés d'ongles ou de ferres femilunaires noires, RES 26 HisToire NATURELLE CHAPITRE TROISIÈME. Des Oifeaux de Proie à aîles plus courtes que la queue , ou qui n’atteionent pas à beaucoup près l'extrémité de la queue , lorfqw'elles font pliées ou ajuftées. N° US ne connoiflone que deux efpeces de ce genre outre Îes Pies-Grieches ; favoir, 1°, L'Aurour, Accipiter Palumbarius Aldrovandi & aliorum, Aflur Gallorum , Ray Synopf. En Anglois the Goshawk. Il differe de l’Epervier par fon infigne grandeur , en quoi il furpañle la Bufe ordinaire. Tout le deffus de fon corps eft brun, de la couleur de la Bufe , & le deflous blanc, très joliment bigarré par de petites lignes noires fituées en travers, preflées & ondoyantes. L'Autour eft bien plus grand que fon mâle ou Tiercelet. C’eft un bel Oifeau de Poing , & bon pour la Chaffe quand il eft bien dreflé. Ariftote l'appelle Hierax Afterias , Belon Accipiter Stel- larss ; les Italiens Aflore ou Afluro. De-là s’eft formé le mot 4uf- tour où Autour. M. Linnæus n’en fait aucune mention; ce qui prouve qu’il ne fe rencontre point en Suede. 2°, L'ErERvVIER , Fringillarius Accipiter, Recentiorum Nifus & Sparverius , Ray Synopf. Falco cerd viridi , pedibus flavis , peétore albo, undulrs tranfverfis fufcis ,cauda fufta, faftiis rigri- cantibus , Linn. En Italien Sparaviere ; en Anglois he Sparrou- Hawk. Son mâle s'appelle en François Moufther où Moucher, à raifon de fon plumage madré ou moucheté. Il eft de la grandeur d'un Pigeon ; il a le deffus du corps brun , & le deflous varié de petites lignes tranfverfales fréquentes, blanches & brunes , ou rannées ondoyantes ; les aîles courtes, ce qui le diftingue de tous les Oiïfeaux de Proie ci-deflus mentionnés , excepté le pré- cédent ; fa queue eft longue, diftinguée par des bandes tranfver- fales ou des barres noirâtres. Il fait du dégat parmi les Pigeons. M. Linnœus en fait une très courte defcription en ces termes : Sa queue eft brune, traverfée de cinq bandes noires ; fa poitrine, DES O1s'E À U x. 27 le bas du ventre & le cou font blancs en deflous , ondés de pe- tites lignes brunes ; le dos & le corps en deflus bruns ; les pieds jaunes ; la cire verte. Il habite dans les anciennes tours, & par- tout ailleurs en Suede. Willughby dit qu'il pond à la fois cinq œufs blancs, & que vers le bout moule ces œufs font couronnés de taches fanguines. Il ajoute que cet Oifeau ne vit que d'Oifeaux, & qu'il ne touche point aux Scarabées ni aux autres Infeétes. Comme j'ai eu un Epervier vivant dans mon Cabinet, j'ai remarqué avec furprife fes grands yeux jaunes pleins de feu, & fitués prefqu’au fommet de la tête, fes hautes jambes, & fon ventre elanqué , qui femble collé à l’épine du dos ; ce qui le fait paroïître un peu boflu. Ariftote dit que l’Epervier ne mange jamais le cœur de POi- feau qu'il a attrapé, & qu'on a obfervé cela dans la Grive même. La vérité eft que le cœur étant la partie la plus dure, il n'y a que Ja faim qui le lui fafle manger. On à débité cent fois comme un fait avéré, qu’en hiver l’Epervier prend le foir un Moineau qu’il met fous fon ventre pour fe tenir plus chaud pendant la nuit, & que par reconnoiflance il le lâche le lendemain matin. Tout ceci eft beau pour le difcours. Le mot François Epervier, Eprevier ou E/fparvier , eft ancien dans notre Langue, & pourroit bien avoir donné naiflance au mot Latin des Modernes , Sparverius. On la nommé Accipiter Fringillarius , parce qu’il aime paflionnément les Pinçons. 3°, La GRANDE Pie-GRIECHE , Lanius feu Collurio cinereus major , Ray Synopf. Ampelis caruleftens , alis caudäque nigri- cantibus. Linn. En Italien Falconello ou Gazzuola ; en Anglois the Matragaffe. Elle eft de la grandeur du Merle, d’une couleur cendrée, excepté les ailes & es grofles plumes de la queue, qui font variées de blanc & de noir, & une ligne noire, qui com- mençant à l'ouverture de la bouche des deux côtés, pañle par les yeux au derriere de la tête. On la drefle quelquefois à la chafle des petits Oifeaux. M. Linnæus eft court dans fa defcription. La grande Pre- Grieche eft , dit-il , de la grandeur d’un Merle; elle a la rère & le dos d'un gris bleuâtre ; la couleur eft plus pale à la poitrine, au bas du ventre & au cou en deflous ; cependant le haut de la poitrine eft un peu ondé. On voit une ligne noire qui va du bec par les is vers les oreilles ; la queue eft notre, maisles princi- pales plumes en font blanches par le bout, & les SRE ou 1] : 8 Hisroirre NATURELLE les plus extérieures font plus courtes & plus blanchâtres. Cet Oifeau tient un certain milieu entre les Eperviers, les Corbeaux & les Moineaux. Les Fauconniers s’en fervent pour découvrir Les Faucons. La Pre-Grieche eft de la plus petite efpece de Laniers. Dans le mâle la gorge, la poitrine, le ventre, les cuifles & le deflous de la queue font d'un blanc plus clair que dans la femelle. Durant le jour elle fe perche prefque toujours fur le haut d’un arbre ou d'un buiflon, d’où elle s'abat fréquemment par terre pour pren- dre de la nourriture, puis fe releve incontinent. Elle vit de toutes fortes d’infeétes, qu’elle a foin, quand elle en a trop, d’attacher aux épines des arbres ou arbrifleaux, de peur d'en manquer dans le befoin ; elle répete fouvent houin houin, comme fi elle aboyoit; elle fait pour l'ordinaire fix petits fi différents du pere & de la mere, qu’ils n’en approchenr prefque pas, fi ce n'eft par le bec , les jambes & les pieds; fa voix eft uniforme l'hiver & l’au- tomne ; le printemps & l'été elle attire à elle les petits Oifeaux pour les prendre, en imitant leur ramage. En cage elle demeure muette. On la prend aifément en hiver; car elle à accoutumé de fe jetter fur l'Oifeau qu’on a mis dans un trébucher. Olina dit qu’elle vit quatre ou cinq ans. Il ÿ a des Laboureurs qui la confi- derent, parce qu’elle détruit les Souris , les Rats, les Taupes & les. Mulots. La Pie-Grieche a été ainfi nommée de Pica Greca , comme qui diroit Pre de Grece , ou Pie Grecque ; car anciennement on difoit Grégeors , Grieu où Griais , pour Grec. D’autres dérivent Griefche où Grieche du mot Grec Agria , qui veut dire Sauvage ; auf la-t-on nommée quelquefois Pre de Montagnes ou de Buif- fons. En Sologne on l'appelle Pie- Grieche folle, Calouaf]e ou Colouaffe , Malouaffe ou Amalouaffe ; en Périgord Ageafje ou Ajace Boiffèliere ; en Picardie Agaffe Cruelle ; en Berry Darna- gaffe, Pie-Ajace ou Crajace ; à Nantes Pie-Croi ; à Verdun une Craouille ou Agaffe-Craouillaffe. On la nomme encore Pie- Grieche Blanche. À Saint-Ay au deflous d'Orléans, Pie Gruelle. Ces diverfes dénominations font tirées ou de la figure de fon bec , ou de fa méchanceté , ou de fa reffemblance avec la Pie ordinaire , qu'on appelle en certains Pays Agafle , Agace, où Ajace, Ouaffe. 4°. La PETITE PiE-GRIECHE ROUSSE, Lanius nor rufus, feu sertius Aldrovandi , Ray Synopf. Ampelrs dorfo grifeo, macula ad oculos longitudinalr. Linn. Elle a le dos roux , mais le croupion D SENS UC) S SÉRAQUEX. 29 cendre , ainf que la tête ; une large ligne noire s'étend du bec par les yeux au-delà des oreilles ; la gorge & la poitrine font blanches. Selon M. Linnæus, elle eft de la grandeur du Pivoine ; fon bec eft conique en forme de couteau ; fa mâchoire fupérieure plus longue, étant des deux côtés échancrée par la pointe; elle a la tête & le croupion blanchâtres; le dos d’un gris ou roux tirant fur la couleur de terre cuite; le ventre, depuis la gorge jufqu’à la pointe du /ernum ou bréchet, & les côtés du corps, d’un rou- geatre mêlé de blanc; le refte blanc: elle a une ligne noire qui art du front ou de la bafe du bec, & pañle par les yeux aux oreilles, & au deflus une moindre ligne blanche ; fix grandes plumes de l'aile noirâtres font très légérement blanches à la bafe, ce qui fait la tache blanche des aïles : elle a les plumes de la queue noires, mais toutes blanches depuis la Late jufqu’au milieu , ainfi qu'aux pointes extérieures , excepté les quatre in- termédiaires , qui font tout-à-fait noires ; les pieds noirs, de même que le bec ; les plumes qui couvrent les narines, noires; le fond du gofier blanc; la langue fendue en deux, découpée, & par conféquent ce n’eft point une efpece de Vitrec ou de Hoche- queuc. La femelle eft d’une couleur différente du mâle ; elle pond à la fois fix œufs blancs, entourés vers Le gros bout d’un cercle brun-roufsâtre. Cette petite Pie-Grieche, dite auffi Pze-Grieche grife de Belon, a le même génie que la grande ; elle a , comme elle, plufieurs noms qui conviennent également à l’une & à lPautre ; car on l'appelle perte Pie-Agafle ou Ajace , Jaquerte-Dame ; en Savoie Arnéat ou Renégat , Pie Eftrayere ou Pie Criarde, Pie An- crouelle ; parce que, felon Aldrovandus, elle s'attache tellement aux troncs des arbres qu’elle y eft comme ancrée. Cotgrave dit encore Pie Engroule ou Engrouée , Pie Matagaffe où Matra- gaffe , comme qui diroit Pie Meurtriere. Quant à ce qu’Aldro- vandus ajoute que le mot François Pie-Grieche ne fignifie pas la même chofe que Pie Grecque, comme Gefner fe J'imagine, mais Pie grisâtre ou d'un gris blanchître, il eft le feul de fon avis. Il a mieux rencontré en difant qu'il ya dans les Pies-Grieches une grande diverfité de couleurs , & que le figne caractériftique de ces Oifeaux eft d’avoir des deux côtés du bec trois poils en forme de barbe. 5°. La PETITE P1E-GRIECHE BIGARRÉE, Lanius minor, liners albis & nigris femicircularibus variegatus , Ray Synopf. Cette 30 HisTorrEe NATURELLE cfpece n'a point cette ligne noire qui part des deux côtés du bec en traverfant par les yeux. Mais ici M. Linnæus obferve que cette derniere eft la femelle de la précédente, & qu'entr'autres différences dans le plumage, le mâle à les plumes de la queue noires à la bafe, & blanches à la pointe ; au-lieu que la femelle les a grifes à la marge, & blan- ches au bout, les quatre du milieu étant fans tache. 6°. La PETITE P1E-GRIECHE GRISATRE, Lanius minor cine- rafcens feu Rufo-cinereus cum macula in fcapulis alba , Ray He En Anpglois 4e Wood-Chat, parce qu’elle hante dans les broflailles. ” Toutes les Pres-Grieches , dit Ray en finiflant ce Chapitre, ont le bec d’une longueur médiocre, un peu droit, crochu feu- lement à l'extrémité, & de petites barbes ou foies noirâtres au- tour du bec:en outre la mâchoire fupérieure a près de fa courbure deux appendices anguleufes qui s'appuient fur la mâchoire infé- rieure , où il n’y a nulles cavités pour les recevoir, comme dans le Hobereau & la Crefferelle. J'ai fouvent obfervé toutes les va- riétés ci-deflus alléguées ; je n’oferois pourtant affirmer avec aflurance que ce foient réellement autant d’efpeces diftinétes , fachant combien les fexes dans ce genre d'Oïfeaux different en- tr'eux par la couleur. M. Frifch, dans fon Traité Allemand des Oifeaux, compte trois fortes de Pres-Grieches ; favoir la grande, la moyenne & la petite. Il ne dit prefque rien des deux premieres ; mais il parle avec complaifance de la derniere , & voici quelques-unes des fingularités qu’il rapporte à fon fujet. Cet Oifeau fe nourrit d’Infectes, ou de jeunes Oifeaux qui font encore dansle nid ; il tue ces derniers en tenant leur cou long-temps dans fon bec, jufqu'à ce qu’ils foient étouffés ; après quoi il les mange , en commençant par tirer la cervelle & les yeux, parce que c’eft ce qu'il aime le mieux. Au défaut de petits Oifeaux, il mange des Infeétes , fur-tout des Sauterelles & des Scarabées, qu'il ronge par petits morceaux. Quand il eft raflafié, il fiche les reftes avec fon bec à des épines. Il conferve même ces manieres en cage, attachant fes reftes entre les ofiers de la cage. Comme il a la rèêre fort groffe à proportion du corps, on le nomme en Allemand Groffe Tér ou Têre de Bœuf. Lorfqu’il mange un gros morceau de chair qu’il ne peut pas avaler en une feule fois, il fe met fur une patte, & prend le morceau avec l’autre ferre, dont il fait ufage comme d’une main. Une de ces Pies mange par jour en DIE US NOT SÉENAUU x: 31 cage un rognon d’Agneau. Elles s’apparient au mois de Mai; alors les males font fi lafcifs, qu’ils font des fauts furprenants dans les cages : quelquefois même ils tombent roides morts de deflus leurs bâtons. Le chant de cet Oifeau eft extraordinaire & fort varié. Or il ne fait cela que pour attirer l'Oïfeau dont il contrefait le chant; alors il fond deflus. C’eft dans le temps de $’apparier qu'il varie le mieux fon chant. C’eft un vrai finge qui veut contrefaire tous les fifflements, tous les fons. Si l'on fe met à compter de l'argent à minuit, en faifant fonner ce métal, il commence aufli-tôt à chanter. Il fait connoître où eft fon nid ; car dès qu’on en approche, il jette des cris horribles qui reflem- blent fort à ceux de la Pie. Comme ces Oifeaux ont le gozier large , ils peuvent avaler de gros morceaux à la fois; & quand ils en ont fucé le jus, ils les rendent fous la forme de longues pilules , de même que les autres Oifeaux de Proie rejettent les os & les plumes ou les peaux, & les Alcyons les arrêtes des petits Poiflons. Notre perite Pie-Grieche s'en va d'Allemagne dans les Pays chauds , comme les autres Oifeaux de Paffage; & quand le temps de s’en aller eft venu, fi elle eft en cage, elle vole & fe débat , fur-tout dans la nuit, jufqu’à fe caffer la rête, & s'arra- cher les plumes. En Normandie on neconnoït gueres les deux dernieres efpeces de Pres-Grieches , & même la premiere y eft réputée Oifeau de Pafage : aufli eft-il bien rare d’y en voir pendant l'hiver. 7°. P1E-GRIECHE DE CAÏENNE , Lanius maculatus. Cet Oi- feau eft de la groffeur d’un Merle : fa tête & fa queue font noires ; fa gorge, les plumes du deflous de l’aïle, font blanches ; tout le refte du corps, tant deflus que deflous, eft cendré clair, mar- queté de petites lignes noires ; il a le bec rougetre, noir par le bout. Cette Pie fe nourrit d'Infectes & de petits Oifeaux. Il yen a une autre qui eft jaune. On trouve en Afrique & dans les Indes plufieurs autres Pzes- Grieches , dont il ne paroît pas que les Ornithologiftes ayent eu aucune connoiffance , mais qui n’en font pas moins remarqua- bles, foit pour la différence des groffeurs, foit pour la variété des couleurs. Le Sénégal en fournit fur-tout deux; l’une grife , grofle comme un Merle, dont la tête eft noire, & le refte du corps d’un gris plus foncé deflus que deffous : elle a en deflus quelques ta- ches rouffes, & une bande blanche de chaque côté de la tête, qui traverfe l’œuil , & femble le couper. L'autre eft de la groffeur d’une moyenne grive ; le haut de i tête eft roux ; tout le refte 32 HISTOIRE NATURELLE du corps en deflus, les aîles & la queue font noirs; mais la gorge & le deffous du corps font d’un rouge élégant. #7. PL 3. Fig. 1. Madagaicar eft aufli très-abondante en Oifeaux de cette efpece. Le Bruia en eft une; elle n’eft pas plus groffe qu'un Moineau, cendrée en deflus, blanche en deflous, avec la gorge noire, La feconde , que les Habitans appellent Scker-Be , eft de groffeur de Merle ; fa tête eft d'un vert changeant, le refte de fon corps roux en deflus, & d’un blanc fale en deffous. La troifieme, qu'ils appellent Y’anga , eft un peu plus grofle que le Merle; le devant de fa tête, & tout le deflous du corps, font blancs; le deflus, depuis locciput jufqu’à la queue, eft d’un noir verdatre : elle fe nourrit de fruits , & file aflez agréablement. La quatrieme , qu'ils appellent 7'cka-Cherr-Be ,eft de mème groffeur ; elle a la rète blanche; tout le refte du corps eft en deflus vert foncé, & blanc en deffous. Les Naturels du Pays en diftinguent une autre toute femblable à celle-ci, mais plus petite, que je ferois tenté de croire être la mème, mais d'âge différent. La cinquieme, qu’ils nom- ment Z'cha-Chert-Dac , eft d’un beau bleu célefte en deflus, & d'un blanc de neige en deflous ; le tour du bec eft de plumes noires , ainfi que le fouct des aïîles ; fes yeux ont l'iris rouge. La femelle eft d'un bleu pale & fombre. Cet Oifeau vit d'Infectes , & eft commun dans l'ffle. À Bengale on en trouve une qui a la queue fourehue, & dont le bleu eft changeant & pourpré, ou noir, felon les afpects diffé- rents. On en voitencore une autre toute noire, excepté au ventre & au deffous de la queue, qui font blancs. Elle à lPiris jaune, & ct grofle comme un Etourneau. On y en voit aufli de rouffes & de brunes. La Pie-Grieche de Manille aux Philippines , appellée Zangnr- Langnaien , eft de la groffeur d’un Rofignol ; fon bec eft blanc; tout le deffus du corps eft noir, à l'exception du croupion, qui ef blanc, ainfi que la poitrine & le ventre; fes yeux font couleur de verre. Celle de l’Ifle de Luçon , nommée Cabecoré , eft en deflus gris brun, & blanc fale en deflous. La Pie-Grieche de Canada eft de groffeur de Puput; elle eft en deffus d’un brun mêlé de roux , & cendrée en deflous ; toutes les plumes de fes aîles & de fa queue font bordées de blanc ; elle cft hupée, RCA CHAPITRE DES Or: S EN AQU. 33 CHAPITRE QUATRIEME. Des petits Oifeaux de Proie étrangers & anomaux ou irréguliers , qu’on appelle Manucodiates 8G Oifeaux de Paradis. I L eit conftant, par le rapport de Témoins oculaires, & par l'infpection de ces Oifeaux entiers , qu'ils ne font point fans pieds, comme on fe l’éroit autrefois fauflement perfuadé. Ces Oifeaux de Paradis, dit Bontius , loin de manquer de pieds, ou de fe nourrir d’air, ont des pieds armés d'ongles ou de ferres recourbées & fort pointues , pour aller à la chaffe des petits Oïfeaux , des Bruans, des Pinçons, & d’autres femblables, qu'ils dévorent enfuite, comme les autres Oifeaux de Rapine. Il n’eit pas plus vrai de dire qu’on ne les trouve que morts, vu qu'ils fe perchent fur les arbres, & que les Habitans des Molucques les percent à coups de fléches. Delà vient aufli qu’à raifon de leur vol rapide, les Indiens les appellent Arrondelles des Molucques. Or ces Oifeaux font très-beaux à voir, & différents de tous les autres par la forme & la fituation finguliere des plumes; car il naît des côtés de leur poitrine un grand nombre de fort longues plumes , qui ont jufqu’à quinze pouces de long , & font très foyeufes. Les plus courtes jouent l’égrette, & font d’un jaune d’or mêlé de maron glacé. Les plus longues font blanches , & finiffent par une teinte de brun vineux. 77. PJ. 3. Fire. 2. Ces plumes vont un peu par-delà la queue , & fe répandent au large : de plus il en eft quelques-uns , du croupion defquels partent deux tuyaux de plumes dénués de duvet, qui paffent de beaucoup les autres plumes, & dont l'extrémité fe rermine par des barbes d’un vert foncé & changeant. Aldrovandus en décrit cinq efpeces , à quoi Clufius & Marc- grave en ajoutent plufieurs autres. Le premier de ces Oifeaux égaloit prefque l’hirondelle pour la grandeur & la forme du corps, ayant le plumage de la tête relui- fant de couleur d’or le plus pur, & celui du menton d'un bleu vert éclatant comme de la foie ; les plumes des ailes d’un brun 34 HisToire NATURELLE brillant entre noir & roux ; celles du refte du corps d’un fauve tirant fur le roux. Il avoit pour crête deux plumes noires. Le fecond étoit bien différent des autres , en ce qu'il avoit au croupion deux plumes, qui excédoient les autres de la longueur de deux palmes; la langue rougeâtre, longuette, pointue, affez femblable à celle des Pics. Il n'avait point ces deux très longues plumes de la queue. Il différoit auf beaucoup de tous les autres par la couleur des principales plumes. Le troifieme eft appellé Hippomanucodiate , à raifon de fa lon- gueur infigne de vingt-fept pouces depuis le commencement du bec jufqu'au bout de à queue. Il avoit le bec crochu; la couleur de tout le corps blanche, excepté le cou & le ventre, qui étoient châtains ; le fommert de la rêre tanné, de façon que la couleur tannée étoit fuivie de jaune, & le jaune de vert. Le quatrieme étroit huppé , ayant le bec très long, noir, cro- chu ; les plumes de la tête, du cou & des aîles étoient noirâtres ; la huppe étoit haute de trois doigts, roide , jaune près de la nuque, compofée comme de foies. e cinquieme, ou le commun d’Aldrovandus & de Gefner, étoit fort reflemblant au quatrieme, finon qu’il n’avoit point de huppe, & que fon bec étoit courbe & petit ou menu à fa partie inférieure. Le fixieme , que Marcgrave appelle le Roz des Manucodiates , égaloit une hirondelle pour la grandeur du PEER la tête & les yeux petits; le bec droit & pointu; les pieds aflez gros; les griffes en forme de croiffant ou crochues ; les plumes près du bec femblables à du velours, mêlées fupérieurement de vert & de brun , inféricurement noires ; le cou doré en deflus, luifant en deffous, & d’un vert doré ; la poitrine d’un brun foncé ; le refte du corps , les aîles & la queue d’un brun élégant ; de longues plumes qui naïfloient des côtés, éroient dorées près de leur naif- fance , & le refte d’un blanc jaunâtre. Il avoit pour crête deux plumes fort longues dorées à leur naïflance, recourbées vers leur extrémité, & d’un brun obfcur. Le feptieme , qui eft le fecond Manucodiare de Marcgrave, furpaffoit une Hirondelle en grandeur. Il avoit la tête applatie, des yeux très petits, de la grandeur d’un grain de millet; le bec femblable à celui du précédent. A là naïffance du bec il étoit orné de petites plumes fort noires reffemblantes à du velours ; toute la gorge & le bas du cou jufqu’aux yeux & aux rempes , étoient revètus de plumes foyeufes d’un vert doré, & luifantes;il avoit le deffus dela têteorné deplumes pareillementfoyeufes,d’un D'EAU OT S EU EU se 35 jaune obfcur, mais plus dures au toucher ; le cou entouré de lumes courtes , foyeufes , d’un doré luifant; les plumes du dos d'un jaune doré aufli luifant , inférieurement d'un blanc brun clair ; les aîles & la queue brunes. Ces deux defcriptions de Marcgrave n’appartiennent qu’à un feul & unique Oïfeau , ou du moins à deux Oifeaux fort fembla- bles, & elles s'accordent en bien des chofes avec la premiere d'Aldrovandus. Le huitieme, qui eft l'OrsEeau DE Parapis de la grande efpece de Clufius, ne differe gueres du précédent ; de forte que je le crois abfolument le même , ayant le fommer de la rète de- puis le bec jufqu'aux yeux, & le cou revêtus de plumes foyeufes jaunes fupérieurement, & brunes inférieurement. Le neuvieme, qui ft l'Orseau DE Parapis de la petite efpece du même Clufius, paroîr le même que le premier de Marc- grave : cependant fa gorge étoit revètue de plumes vertes, lui- fantes à la façon du premier d’Aldrovandus. Le dixieme, qui eft le Ror DES OrsEAux DE PARADIS dé la grande efpece de Clufius, étoit plus petit que les autres Maruco- diates. Les aîles éroient beaucoup plus longues que tout le corps de l'Oïfeau ; le bec blanc, long d’un pouce, orné à fa partie infé- rieure d’un duvetrouge-pourpré,reflemblant à du velours;comme aufli toute la partie antérieure de la tête; la moitié de la tête autour des yeux étoit piquetée de petites taches noires ; le cou avec la poitrine couvert de plumes d’un noir foncé comme du velours : prefque tout le deflus du corps, le dos, les aïles & la queue , étoient uniformes , d’un jaune-brun ; fous la poitrine l'Oifeau étoit orné d’une efpece de collier noir, large du petit doigt , terminé par une petite bande tranfverfale d’un vert doré changeant; les plumes du ventre blanches , mais les plus proches de laîle noires , terminées aufli de vert doré ; les pennes de la queue menues , noires , fans barbe dans toute leur longueur , excepté vers la tige, contournées en rond à leur extrémité ; elles ÿ font ornées par un côté d'un duvet très fin, reluifant, d'un vert-foncé en deflus , & brun en deflous. Ce petit Oifeau n’a point aux côtés cette touffe de grandes plumes que portent les QUES MER PE SR Fr. Au-refte il y a deux genres d'Oifcaux de Paradis, au rapport de Clufius; l'un, desplus grands, qui font auffi les plus élégants, & qu'on netrouve que dans l'Ifle Arou; l’autre, des plus perits & des moins élégants, que produifent les Ifles Papoues,voifines de l'Tfle E'i} 36 HisTorrEe NATURELLE Cilolo. Ceux-ci n’ont point de ces très longs filets qui partent du croupion, & dont l’autre genre eft pourvu. On dit que lun & l’autre genre ont leur Roi particulier, & différent pour la couleur, qui vole perpétuellement en l'air au deflus des autres. Ajoutez encore l'Oisrau DE ParaADis de Céilan, dit Ma- nucodrata Zeilanica , caud& longiffimä forcipatä bipenni , Walu- hora Zeilanenfibus , id eft Goffypium furens | Muf. Leyd. Celui- ci eft mis par pluficurs Ornithologiftes dans la claffe des Trou- piales. M. Klein dans fon Prodrôme de l'Hiftoire des Oifeaux, penfe à-peu-près comme Ray fur le compte des Oifeaux de Paradis , qu'il met au rang des Pies ; & voici comme il s’en exprime. Aldrovandus eft de ceux qui ont cru que l'Oifeau de Paradis n’a point de pieds ; de forte qu'il a maltraité Antonio Pigafette, qui le premier apporta un Manucodiate en Europe , pour avoir dit qu'il avoit des pieds. Bien des gens débitent cette fable , en ajoutant que la femelle pond fes œufs fur le dos du mâle, où elle les couve, & que ces fortes d'Oiïfeaux ne vivent que d’air comme le Caméléon. Il eft certain qu'ils ont des doigts, des griffes & des pieds entiers , affez forts pour fe faifir des petits Oifeaux à la maniere des Eperviers , & le bec aflez ferme pour vivre comme les Pies, non-feulement de fruits, mais aufli d'Oifeaux ; fur quoi l'on n’a qu’à confulter Jean de Laët, Marcgrave, Clufius, Wor- mius & Bontius. L'Oifeau de Paradis eft même placé ordinaire- ment parmi les Faucons, parce qu’il a le bec & les griffes crochus & bien affilés, pour pouvoir attraper & dévorer les petits Oifeaux, comme les autres Oifeaux de Proie. Mais qu'il eft difficile aux gens amateurs du faux merveilleux, & préfomptueux, defe défaire de leurs préjugés! Malheureufement l'Hiftoire Naturelle eft rem- plie de pareils menfonges, comme s’il étoit permis de fe jouer à fon gré , & d’en impofer dans les matieres de Phyfique. Je me fouviens à cette occafion d’avoir vu à Paris dans le magnifique Cabinet de feu M. Bonnier de la Moflon , une demi- douzaine d'Oifeaux de Paradis bien confervés , & tous plus fin- guliers les uns que les autres pourle plumage. La plupart avoient des pieds, & étoient même haut enjambés à-peu-près comme nos Chapons ; mais il y en avoit quelques-uns fans pieds, & il fembloit qu'ils n’en avoient jamais eu, tant lesIndiens fontadroits à les leur couper pour les vendre plus cher, en augmentant le merveilleux ; car il ne faut pas croire fur cet article Vigneul DE SU Or s ET <: 37 Marville dans fes Mélanges d'Hiftoire & de Littérature. L'Oifeau de Paradis qu'on trouve, dit-il , dans l'Amérique , femble être le chef-d'œuvre des animaux. Cet Oifeau n’eft gueres plus gros que le petit doigt de la main ; il a le plus beau plumage qu’on puifle voir ; les couleurs en font d’un vif admirable. Comme ceux qu’on trouve morts aux pieds des arbres n’ont point de jambes, quel- ques Naturaliftes ont publié que cet Oifau étoit privé de cette partie fi néceflaire à tous les animaux ; mais la vérité eft que les Fourmis ne manquent jamais quand elles en rencontrent, de commencer par leur manger les jambes, & c’eft ce qui fait que ceux qu'on envoie embaumés en Europe paroiflent n’en avoir jamais eu. On en trouve à Paris dans les Cabinets des Curieux, qui ont confervé toute la beauté des couleurs de leurs plumes. Il y a quelque chofe de vrai dans ce paflage de Vigneul Mar- ville ; mais pour une vérité plufieurs erreurs; & c’eft ici le cas de dire avec les Italiens, /e zon à vero , à ben trovato. Les Rois des Ifles Molucques font grand cas des Oïfeaux de Paradis; &en portant SE fur eux , ils fe croient invulnérables au combat. L'Oifeau de Paradis a été ainfi nommé , moins pour fa beauté , que parce qu’on ignoroit où il naifloit, d’où il venoit, & où il fe retiroit. Or dire que cet Oïfeau vit de la rofée du Ciel, fans pieds, & fans jamais fe pofer à terre qu’à la mort, c'eft une impofture des Prètres Mahométans , qui ont voulu faire accroire aux Rois des Molucques, que le Manucodrata , c'eft-à- dire, Oifeau de Dieu , venoit de leur Paradis. Ray fait un article féparé de trois efpeces d'Oifeaux de Rapine, qu’on trouve dans l’Hiftoire Naturelle des Ifles Antilles de l'Amé- rique, par le Pere du Tertre, & par Rochefort. Le premier eft le MANSFENY, efpece de petit Aigle quine RU pas le Faucon en grandeur , & n’a pas tant de cœur que lAigle d'Orinoque ; car il ne fait la guerre qu'aux Oifeaux foi- bles & fans défenfe, tels que les Grives , les Hirondelles de Mer, les Alouettes de Mer, les Ramiers , les Tourterelles. Il fe nourrit auffi de Serpents & de Lézards. Le fecond, le PÊCHEUR , qui reffemble en tout au précédent, finon qu’il a des plumes blanches au ventre, & noires au fommet de Ja tête. Il ne fe jette que fur les Poiflous, fans s'attaquer aux Ânimaux à quatre pieds, ni aux Oïfeaux. : Le troifieme , l'EMÉRILEON nommé Grigri à caufe de fon cri. Il n’eft gueres plus grand qu'une Grive; 1l a tout le deffus du corps roux, piqueté de taches noires ; le deflous blanc, bigarré 38 HiSTorrE NATURELLE d'hermine. Il fait la guerre ordinairement aux petits Lézards, & quelquefois aux petits pouflins. Nous mettrons encore ici, d’après Ray, le Coucou parmi les Oïfeaux de Rapine diurnes, ou qui ne volent que de jour. Nos Oïfeleurs Bolonois, dit Aldrovandus, affirment unanimement qu'il fe trouve des Coucous plus grands, & d’autres plus petits; den outre il y a de deux fortes de grands Coucous , mais qui ne ont diftingués entr'eux que par la différence des couleurs , & que les plus petits ne different en rien des plus grands que par la grandeur. Aldrovandus donne les figures des deux plus grands : mais il n’a jamais vu le plus petit. Le premier d'Aldrovandus differe de notre Coucou ordinaire par la figure du bec, qui reflemble à celui du Pigeon ramier , attendu que le bec du nôtre reflemble plutot au bec de la Grive ou du Merle ; de plus, par des Lignes tranfverfales interrompues à la poitrine & au ven- tre ; au-lieu que dans le nôtre elles font entieres & continues. Le Coucou ordinaire, Cuculus noftras , {eu Aldrovandi fecun- da , Ray Synopf. Cuculus rectricibus nigricantibus punctis albis. Lino. En Grec Coccyx ; en Italien Cuculo ou Cuccolo ; en Anglois the Cuckow ; en Allemand Xukuc ; en Efpagnol Cuclillo. I à le bec & les ongles plus petits & plus foibles que tous les autres Oifeaux de Proie. Ses marques carattériftiques font les narines rondes, éminentes au deflus de la fuperficie du bec, telles que nous n’en avons jamais obfervé jufqu’ici de pareilles dans aucun autre Oifeau. On dit qu’il gobe les œufs des autres Oïfeaux, ou qu'il mange feulement leurs petits encore tendres, dans le nid; & voilà pourquoi l’on croit qu’à la fin de l'été , que cette nour- riture Jui manque, il s'engourdit & s'endort. Mais nous avons trouvé dans les ventricules d’un Coucou difféqué des Chenilles & d’autres Infectes, & il eft très certain que les petits Oïfeaux nourriflent d’Infectes les petits du Coucou. Ce n’eft donc pas faute de nourriture qu'il fe cache, ou qu’il fe tranfporte ailleurs, quelle que foit la raifon qui le porte à le faire; c’eft peut-être parce qu'il ne fauroit endurer le froid de l'hiver. Dans celui que nous avons obfervé en l'an 1693 (c'eft tou- jours Ray qui parle ), le deffous du corps étoit blanchatre , avec quelque teinture de jaune , bigarré par des lignes tranfverfales noiratres , plus fréquentes à la gorge & au haut de la poitrine, plus clair femées inférieurement, à la maniere des Eperviers ; le bas du ventre n’avoit point de ces fortes de lignes. Tout le deflus du corps, avec [a tête & les aîles , étoit très joliment madré de DIRES RO TL SPERANUIX. 39 lignes fauves & noires fituées tranfverfalement ; au fommet de la tête on voyoit quelques lignes blanches, & même les extrémi- tés des plumes au bas du dos fur le croupion érojent pareillement blanches; le bord intérieur des plumes extérieures de Païle étoit piqueté detaches blanches un peu grandes, tranfverfales ; la queue fort longue, variée de traits noirs & fauves en travers, & de taches blanches vers le tuyau & les bords extérieurs des plumes, -étoit compofée de huit maïtreffes plumes , dont les deux du mi- lieu étoient les plus longues, & les extérieures plus courtes de part & d’autre. Il avoit les jambes très courtes, & voilées de plumes jufqu’aux pieds ; les pieds foibles, jaunârres , avec des ongles prefque de même couleur; quatre doigts, dont les deux extérieurs étoient poftérieurs ou fitués en arriere, ceux du milieu en devant ; les intérieurs étoient plus courts & plus petits que les extérieurs ; ( ilfembleroit par cette expofition, que le Coucou auroit fix doigts, fuivant la reflexion de M. Thomas) il avoitune ouverture de bouche ample, & la bouche faffranée en dedans. 2°, Le Coucou des Indes, Cuculus Indicus. Muf. Leyd. M. Linnæus fait aufli une ample defcription du Coucou dans les termes fuivants : Celui que j'ai examiné en 1732 avoit la tête obfcurément blanchâtre , ainfi que le cou & tout le dos, entre- mêlée par-ci par-là de plumes grifes; le cou en deffous de couleur cendrée ondée , mêlée de jaune ; le croupion de la même cou- leur que le dos, mais plus claire ; le ventre blanchâtre, avec des lignes en travers d’un brun noirâtre ; les plumes pareillement blanchâtres fous la queue, mais encore plus blanches; la queue aflez longue par rapport au corps, compofée de dix plumes noi- râtres, à pointes blanches, lefquelles d’un côté & au milieu font tachées de blanc; les aîles longues, d’un brun noirâtre en deflus, obfcurément blanchâtres en deffous, avec de petites lignes blan- ches en travers , dont les maîtreffes plumes font noirâtres ; le bec un peu recourbé , dont la mâchoire fupérieure plus longue eft noire, & l’inférieure plus pâle verdâtre ; les narines larges , fail- Jantes, nues ; les jambes en partie couvertes antérieurement, & jaunes, ainfi que les pieds ; la langue en forme de fléche plate; deux doigts en devant , & autant en arriere. C’étoit une femelle, dans le corps de laquelle il y avoit deux œufs de la groffeur d'un gros pois, & dont le ventricule étoit plein de Chenilles velues. En 1733 le mâle me parut femblable en tout au précédent ; mais il en différoit par lebec, revêtu à l'angle de la bouche d’une membrane jaune, lâche & molle , comme dans les jeunes Moi- neaux. Il avoit la tête cendrée ou blanchätre, fans aucunes taches 40 FH rtnior REINE IT VIRIENL LE grifes, commeauflile dos, qui pofé néanmoins dans une certaine fituation vers la lumiere, reluifoit ; toutle cou , même en deffous, blanchätre fans taches ; le ventre plus obfcur que dans le précé- dent, jaunâtre fous la queue ; les pieds jaunes. En 1734 un autre avoit la tête, le dos, & tout le deflus du corps blanchâtre , dont chaque plume étoit d’un gris-noir , ter- minée à fa pointe par une petite ligne blanche, & le difque ou le champ piqueté d’une ou deux bandes de couleur de terre cuite; les maîtreffes plumes de l’aïîle d’un gris-noir, marquées de fept taches blanches, ou d’un plus grand nombre; la gorge noirâtre; le cou & la poitrine en deflous blanchîtres , avec des lignes en travers cendrées-blanches ; le ventreblanc ; les plumes de la queue noires, variées de taches blanches & couleur de terre cuite plus obfcure; les plumes fupérieures de la queue qui font en recouvre- ment, de la couleur du dos, les inférieures blanches, avec des taches noires ; les jambes à demi-nues, ainfi que les pieds, & les ongles jaunes ; le bec noir , jaune en dedans ; la langue entiere, & non fendue en deux. Il fut tué en chantant. La femelle à des lignes brunes aux côtés du cou, que le mâle aa point. Les Coucous varient pour la couleur; mais je fuis encore in- certain fi cela dépend du fexe , de l’âge ou de l’efpece. Le Coucou eft fréquent en Suede ; il eft élevé communément par la Hochequeue blanche ordinaire. Ces defcriptions de M. Linnæus font très fidelles , mais elles ne font pas fuffifantes. J’ai envoyé l’année derniere un Coucou tué dans une charmille près d'Orléans , qu’on auroït pris pour le plus bel Emérillon , tant fon plumage étoit joliment madré. C'étoit pourtant une femelle, & la bigarrure de fon plumage eft fans doute la raifon pourquoi l’on a cru de tout temps que le Cou- cou fe changeoït en Emérillon ou en Epervier, & réciproque- ment. J'en ai vu deux autres tout femblables en apparence, & qui approchoient beaucoup d’un Pigeon bifet, tant pour la figure que pour le plumage, quoique l’un füt male, & l’autre fe- melle. Cette derniere avoit deux œufs dans le corps bien formés ; ce qui montre que le Coucou femelle pond au moins deux œufs chaque année, mais toujours dans deux différents nids. On dit proverbialement d’un gourmand, qu’il avale comme un Coucou ; & en effet , le Coucou eft grand mangeur, & a le gozier fort large. Mais pourquoi dit-on aufli d’un homme maigre qu’il eft fec comme un Coucou ? Car on remarque qu’en automne Île Coucou eft fort gras, & eftimé comme un bon manger, fur-tout quandil eft DIE SN OUT, SHEN VA AUX: 41 cft jeune. J'en ai fait l’eflai, & j'ai trouvé cet Oifeau fondant & d'un goût approchant de celui d'un Râle de genèr. Frifch met le Coucou au rang des Pics, parce qu'il fe nourrie de Vers de même qu'un Pic, & qu'il a, comme les Pics, deux doigts devant, & autant derriere. Mais, ajoute M. Klein, il y a bien d’autres Oifeaux qui vivent pareillementdes Infectes qu'ils vont prendre fur les arbres ; & quant au caratere des pieds, il eft commun aufli aux Perroquets. Que fi le bec du Coucou eft différent du bec du Perroquet, il ne l’eft pas moins du bec du Pic, fait en maniere de coin. D'ailleurs la nourriture eft fort trompeufe , fi l'on vouloit s’en fervir pour établir les genres des Oifeaux. Le même Frifch nous a donné une Hiftoire du Coucou, d’après fa propre expérience. J'y ajouterai la mienne, dit tou- jours M. Klein. Etant écolier , à l’âge de feize ans, je trouvai dans notre jardin un nid de Fauvette, avec un feul œuf, qui paroifloit trop gros & fuppofé. Ayant raconté ce phénomene à mon pere , il me défendit de lôter, parce que c’étoit peut-être un œuf de Coucou : ce qui fe trouva vrai; car l'œuf refta feul, & il en fortit un Coucou. Enfin quand l'Oifeau fut en plumes, je le mis avec le nid dans une cage, que je laïflai au mème lieu du jardin. Peu de jours après, je trouvai le matin la Fauvette em- barraflée entre les barreaux de la cage, dont le Coucou tenoit la : rère & le cou dans fon gozier, les aîles de la Fauvette arrètées par dehors l’ayant empêché de l’avaler. Dans cer état je tranf- portai la cage avec les Oifeaux, au College Her de Phy- fique du célébre M. Gottfched , qui nous failoit entendre que la Fauvette ayant coutume de nourrir fes petits avec une ou deux Chenilles vertes , le Coucou qui a une large avaloire, & qui eft toujours affamé, fentant plutôt à fon palais la tête de fa mere nourricicre que la mince nourriture qu'elle lui apporte, la faifit & la prefle; ce qui eft caufe que le Coucou, plus for & plus gourmand que fils ingrat, tue & dévore fa mere, & peut-être aufli fon pere nourricier, C’eft à la vérité le feul cas que j'aye vu: mais qui ofera le traiter de conte ridicule avec le bon homme Frifch ? J'en crois M. Klein fur fa parole : néanmoins, fi je ne me fuis point trompé , j'ai vu deux nids de Traquet, dans l’un defquels il y avoit cinq œufs de Traquet & un œuf de Coucou, qui étoit cout bleu comme les autres, mais plus gros du double ; & dans l'autre deux œufs de Traquet & un œuf de Coucou. M. de Réau- mur a doute de la vérité du fait, tant parce que ces deux œufs prétendus de Coucou ne lui paroïfloient pas aflez gros , que 42 Higsiro re E NATURELLE parce qu'ils reflembloient trop pour la couleur à ceux du petit Oïfeau. Or il lui fembloit que le Traquet pourroit pondreun œuf monftrucux, comme 1l arrive à la Poule. Cependant s'il en faut croire le rapport d'un Habitant de la Sologne, qui aflure en avoir vu bon nombre en fa vie, l'œuf du Coucou eft tout bleu, & d’une groffcur médiocre. Pour ce qui eft de l’affertion d’un autre Solognot , qui dit que la femelle du Coucou pond fon œuf récifément de la même couleur que ceux du nid qu’elle adopte, c’eftune chofe incompréhenfible. fl eft pourtant vrai que l’on n'a apporté dans un nid de Linotte ,un œuf qui étoit de la même groffeur que ces bleus trouvés dans le nid du Traquet : mais M. de Réaumur, qui le trouva encore trop menu pour un œuf de Cou- eou , fut bien éloigné de penfer que ce dernier fait fut vrai. Quoi qu'il en foit, il paroît conftant que la femelle du Cou- cou choifit de préférence pour y pondre , les nids bas des petits Oiïfcaux qui vivent d’Infeétes , tels que les Vitrecs, les Hoche- queues, les Verdiers, les Fauvettes, la petite Alouette de Pré, la Bunctte, la Gorge-Rouge, & autres femblables; que le petit Coucou une fois éclos , renverfe par terre les petits du nid, & qu'il fe fait nourrir des mois entiers par fes pere & mere nourri- ciers; que bien loin de les manger, il les fuit par-tout , en criant & demandant toujours de nouvelle nourriture , à quoi le pere & la mere ont toutes les peines du monde à fuflire ; & qu’enfin de- venu grand, 1l s’accoutume à chercher lui-même fa vie, qui con- fifte fur-tout en Chenilles velues. Depuis peu le R. P. Domle Feuvre , Chartreux , dont je ferois ici l’éloge , fi j’étois moins avant dans fes bonnes graces que je ne fuis, a bien voulu fe char- er du foin d’éleverun jeune Coucou pris à la glu, avec quelques Chenilles & beaucoup de Vers de terre : mais foit par ennui d’avoir perdu fa liberté, foit par défaut d'aliments convenables, il eft mort étique au bout d’un mois. Il eft à remarquer qu'il n’a point bu pendant tout ce temps-là. Je lai ouvert, & je lui ai trouvé , comme M. de Réaumur m'en avoit averti, d’après M. Hériffant, l’un de fes Eleves, l’eftomac grand, plus membra- neux que charnu, adhérant à toutes les parties du ventre par de fines membranes intermédiaires. Frifch ditqu'iln’y a que le mâle qui crie, Coucou. Ceci eftcon- forme au témoignage de nos Solognots, qui foutiennent que la femelle ne fait que margouiller , & qu’au printemps elle eft fou- vent pourfuivie de plufieurs mâles , qui fe battent à-peu-près comme des Chiens qui courent après une Chienne chaude; car ils difent que les Coucous ne s'apparient point, non plus que les DES SOTSME AUX. 43 Cailles , Les Faifands & les Volailles. Ils ajoutent que le Coucou femelle gobe au moins un œuf du nid où elle veut pondre : mais c'eft encore là un de ces faits dont il eft permis de douter, jufqu’à un plus ample éclairciflement. Le même Frifch nourrifloit fon jeune Coucou, d’abord avec des Vers à Soie, au défaut d'autres Chenilles & de Papillons , qu'il avaloit tout entiers ; puis avec du foie de Mouton , coupé en forme de Chenilles, & un peu humecté , quand il n’étoit plus affez frais. Il falloir lui donner la becquée. Du-refte il ne buvoit pas, mais il fecouoit routes les gouttes d’eau avant que d’avaler. Il vola enfin de lui-même fur les Vers vivants & remuants ; mais il laïffoit là ceux qui étoient morts. Lorfqué fa mangeaille étoit trop féche, il buvoit un peu; maisil le faifoit d’une façon fi gênée qu'on voyoit bien que c’étoit par contrainte. À la fin 1l cefla auffi de crier. Ce font les rognons de Mouton qu’il aime le mieux. Le Coucou n’eft donc pas un Epervier, dit toujours Frifch ; il ne left pas de fa nature: il a bien les pattes jaunes comme l'Epervier ; mais il na point les ferres d’un Oifeau de Proie : fon bec n’eft pas courbé ; & loin de dévorer fa mere & fes petits freres, il ne fait point de mal aux autres Oifeaux. Je l’ai vu jouer plufeurs fois avec fa mere, voler même après elle; ce qui a trompé bien des gens, dans l'idée qu’on avoit que c’étoit un Epervier. On n’a point fait attention à ce que cette petite Fauvette fait fouvent à l'égard du Coucou ; autrement on en auroit tiré des conclufions plus raifonnables ; car il n’y a point de petit Oifeau qui vole ainfi après PEpervier, fon ennemi, & qui joue avec lui. Il n’y à donc point de fens dans les proverbes qu’on a faits anciennement là-deflus , rel que celui-ci : C’eft un ingrat Coucou ; non plus que dans la compa- raifon qu’on en a faite avec un adultere; car c’eft la femelle, & non pas le mâle, qui pond un œuf dans un nid étranger. Les jeunes Coucous font fort différents des vieux, & n'ont pas la couleur qu'ils rapportent de leur quartier d'hiver , parce qu'il faut que ces jeunes Coucous mangent autant quand les jours font courts que quandils font longs; & c'eftune grande incommodité l'hiver de leur en donner autant avant le jour, & le foir auf avant dans la nuit qu'ils en prendroient s'ils étoient en liberté. I faut donc qu'ils aillent dans un quartier d'hiver, où ils puiflent trouver à mangeraufhlong-temps que durent chez nous les longs jours en été. On voit par ce raifonnement de Frifch, qu’il n’eft pas de l'avis de ceux qui penfent que le Coucou fe déplume l'hiver pour pafler la mauvaife faifon dans un creux d'arbre, au milieu d’un tas de Fij 44 H'ASDoNR E INA RENTE bled qu’il à ramaflé, quoiqu'il n’y ait point de Pays où l’on ne foit bercé de pareilles hiftoires. A les entendre, c’eft fur-tout dans la buche de Noël qu’on prétend trouver les Coucous ren- fermés. Que dirons-nous donc du fyftême de M. Klein, qui pré- tend que le Coucou , les Roflignols, les Fauvettes, les Cigo- gnes , le Crapaud-Volant, les Cailles, les Râles , & autres Or- {eaux qu’on a crus paflagers , font feulement erratiques, c’eft-à- dire, que fans quitter l’Europe pour pafler en Afrique, ils favent fe cacher dans des retraites le long des rivages pleins de broffail- les, dans des vallons, dans des arbres creux , dans des cavernes, où ils trouvent de quoi vivre, ou du moins un abri tiéde où ils furmontent la faim par un fommeil profond, d'autant plus que Ja Caille & le Râle font trop pefants, & ont le vol trop court pour pouvoir franchir les Alpes en paffant en Afrique, comme le veut Belon ? Il eft pourtant d'expérience que les Oifeaux de Paflage quittent nos climats froids pour aller chercher d’autres climats chauds ; car fans parler ici des Relations uniformes de tant de Voyageurs qui difent en avoir vu des Navires tout cou- verts, nous favons que depuis peu un Chevalier de Malte, Cor- refpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, lui a écrit qu'à Malte on prend tous les ans en automne nombre d’Oi- feaux paflagers, notamment des Roffignols & des Coucous. Outre notre Coucou, M. Klein en ajoute fept autres dans fon Catalogue raifonné ; fçavoir, 1°. 1e Coucou de la Caroline ; 2°. le Coucou aux aîles dorées, qui eft le grand Pivert aux aîles d’or de Catesby ; 3°. le Coucou du Brefil, ou l'Aracari de Marcgrave; 4°. le Coucou d’Andaloufie; 5°. le Coucou noir Indien de Ben- gale ; 6°. le Coucou bigarré de Bengale; 7°. le grand Coucou de la Jamaïque. . Celui de la Caroline n’eft gueres plus gros qu’un Merle ; tout le deflus de fon corps eft olivâtre , tout le deffous blanc; les plu- mes de fa queue augmentent à mefure qu’elles approchent du milieu. Cet Oifeau eft fort folitaire, & vit au fond des forêts. Celui d'Andaloufie eft un peu plus gros, a la tête bleuâtre, huppée ; une raie noire lui part du bec, coupe l’'œuil ,& vient fe réunir derriere la tête ; tout le deflus de fon corps eft brun, & cout le deflous eft roux. Celui de Bengale , gros commeunc Grive, a le bec rouge, & tout le corps d'un noir glacé de violet. Il differe de celui de FInde, en ce que: celui-ci eft beaucoup plus gros, & d’un noir luftré ondé de vert. Le bigarré eft roux en deffus , blanc en deflous , tacheté de brun, & a le bec jaunâtre. Le bigarré de DE SM) IIS EAUX, 45 Caïenne tout au contraire eft brun tirant fur le vert, tacheté de roux. Le Coucou de la Jamaïque ne differe prefque pas pour la cou- leur & la grofleur, de celui de la Caroline. Il ne faut pas le con- fondre cependant avec le Coucou à long bec, qui, plus gros & plus délié, eff prefque de la même couleur, mais dont le bec eft du double de longueur. I en eft beaucoup d’autres que les Auteurs n’ont point décrits, & qui annoncent une très grande variété dans cette efpece. Celui de Caïenne eft petit, mais d’un beau maron pourpre. Celui de Mindanao aux Philippines, approche de la groffeur de la Tourterelle ; il a tout le deflus du corps & la queue d’un brun tirant fur l'or vert, marqueté de blanc & de roux, & tout le deflous du corps & des aîles blanc, ftrié de noir. Celui de Malabar, Réle de Pontichéry, Cuz des Malais, eft en deflus tout cendré-noir, piqueté de blanc , & en deflous tout blanc , bigarré tran{verfalement de taches grfes, & a l'iris oran- ger. Ce Coucou eft honoré par les Idolatres du Pays ,comme une efpece de Divinité. Madagafcar en nourrit aufli plufieurs efpeces ; favoir , 1°. le Coucou huppé , qui en deflus eft cendré-vert , en deflous de couleur vineufe ; fes aîles , ainfi que les grandes plumes de fa queue, font d’un vert-clair, glacé de bleu & de violet, felon la différence des afpedts ; l'iris de fes yeux eft rouge-pâle. 2°. Le Coucou bleu , qui eft plus foncé deflus que deflous ; fes aîles varient de vert & de violet; fa queue eft bleue glacée d’un violer éclatant;l'iris de fon œuil eftrouge. Les Naturels l'appellent T'aës- Sou. Il fe nourrit de fruits. 7. PJ. 4. Fig. 1. 3°. Le grand Coucou, qu'ils appellent Y’ouroug-Driou , eft gros comme un Ramier; il a tout le deflus cuivré , mêlé d’acier éclatant, & rout le deflous gris-blanc ; fes pieds font rouges. Cet Oïfeau fe nourrit particu- liérement de noix. Sa femelle eft brune en deflus, & roufle en defous, toute tachetée de noir ; fes aîles font verdâtres, doublées de blanc-fale, piqueté de noir : elle eft de la groffeur du mâle. On dit que le Coucou eft haï de tous les Oifeaux, parce qu’il va pondre au nid des autres: mais c’eft une affez mauvaife raifon; car fi cela étoit , trouveroit-il tant de meres affectionnées qui le nourriflent avec tant de foin & fi long-temps ? Aldrovandus , Jonfton , Olina , & tant d’autres bons Auteurs, aflurent que le Coucou fe tient caché pendant l'hiver, & qu’alors il fe déplume. VWillughby avoue qu’on ne fait pas encore ce qu'il devient dans 46 HS To rLrE NAUTUREELE certe faifon ; maiscommeileft, dit-il, très-avéré qu’il ya plufeurs efpeces d'Oïfeaux de Paffage qui changent de climats felon les faifons, pourquoi le Coucou ne feroit-il pas la même chofe ? Olina ne lui donne que quatre ou cinq ans de vie. Scaliger dans fes Commentaires fur l'Hiftoire des Ne d'Ariftote , dit qu'il y a de certains Oifeaux qui ne s’apparient jamais, mais qui aufli-tôt après l'accouplement s'en vont d’un autre côté, ou font Chaftés par la femelle , tels par exemple que le Coucou. Ceci eft conforme à ce qui a été dit plus haut. Autrefois les Latins appel- loient Cuculus, Cocu , le mari qui eft infidele à fa femme; mais aujourd’hui c'eft tout le contraire. Quant à l’étymologie, le nom de Coucou , Cocou , Coquu, ou Cocu , Coux , vient comme Cuculus & Coccyx , du cri naturel de lOïfeau. En Provence on l'appelle un Coudiou. Nos Solognots nomment le jeune Coucou un Coucouat ; ce qui a beaucoup de rapport au mot des Italiens, qui appellent le nid du Coucou Cuccouafa , ou Cuocouaia. I feroit à fouhaiter que toutes les dé- nominations des Oifeaux fuflent auffi fimples que celles du Cou- cou; on ne feroit pas fi fouvent expofé à confefler fon ignorance, & à dire avec le favant Abbé Ménage : Je ne fais d’où vient tel mot. Avant de finir cet Article, je crois devoir faire mention de trois Oifeaux qui paroiflent avoir grande affinité avec le Coucou: le premier eft de grofleur d’Alouette , a le bec & les pattes du Coucou ; le ventre blanc ; le deflus du corps noir, jafpé de blanc ; la poitrine & les côtés du cou blancs & noirs ; la gorge & le fommet de la tête rouge. Le fecond a les pieds du Coucou , mais le bec droit, & du double de longueur; tout fon corps eft cendré en deflus, gris- blanc en deflous ; les plumes des flancs font roufles, ainfi que celles qui recouvrent le haut & les côtés de la cuifle. Les plumes de la queue fontnoires, tachetées de blanc vers l'extrémité: celles du milieu font les plus longues ; les autres diminuent proportion- nellement : on le nomme Colivicou à Saint-Domingue & aux Antilles. Il eft de la groffeur & de la forme de la Pie ordinaire ; il fe nourrit comme les Coucous, & a , comme eux, l’eftomac membraneux. #7, PL. 4. Fio. 3 Le troifieme eft le Barbu, ainfi nommé, parce qu'il a des poils roides & noirs au bec : il eft plus gros qu'un Moineau ; il a le bec gros, fort, un peu applati ; & on le mettroit au rang des gros becs, s’il n'avoit pas deux doigts devant , & deux derriere ; ce $ LE Dasrine à gravé par Martnet rt L Coucou de Madagascar 2, Brbu des Philippines À. Colwicon. [4 ; ‘ 4 s D Ki ‘ Er + = " r ' L L L (1 À = } } +. ne e ë ds æ L 1 et F . È LS 7 î A1 ù ï t t: L à. ? _ Km: “4 À # # we 1 { ji + —+ - Dessine et grave par Marhnet 1. Pue-griéhe du Senegal. 2.0 Hseau de Paradis. 8. Rot des Oweaux de Paradise es £ DRE S DO) T SEGA OU 47 quile rapproche desCoucous. Celui des [ndes Orientales a ledeflus de la tête rouge , & une bande tranfverfale fur la poitrine ; les . A ; joues & la gorge jaunes; le refte de la tête & du cou vert ; tout le deflous du corps jaune-fale, racheté de vert; tout le deflus du corps & des aîles jaune-pale. #7. PL. 4. Fig. 2. GHHAPITRE CINQUIEME: Des Oifeaux de Proie notlurnes. I LS different des Oiïfeaux de Proie diurnes, par la grandeur de la rête & des yeux , & parce qu’ils cherchent leur vie de nuit. On pourroit les nommer N'yétalopes ; parce qu'ils voient mieux de nuit que de jour. PNNRETTIGU LUE PC RUEUM I ER. Des Hiboux à orerlles, ou cornus. E° L: GRAND Duc, Bubo, Ray Synopf. Bubo primus, Gefn, Strix capite aurito, corpore rufo,Linn.; en Grec Byas ; en Italien Bufo, Gufo, Barbagianni ; en Allemand U/}u , Huhan ; en An- glois ske great Horr-Owl, ou Eagle-Owl, c'eft-à-dire , le grand Hibou à cornes , ou l’Aigle-Hibou ; en Suédois UF. Il eft de la grandeur d’un Aigle ; il a les pieds velus jufqu’aux ferres ; l'iris des yeux d’un rouge-jaunâtre; la couleur de tout le corps tannée, où d’un brun-roux , femblable à celle du Butor, avec de longues raies noires qui tendent en enbas par le milieu ou le champ des plumes, & des lignes tranfverfales le long du ventre. #7. PL s. RE .TES Aldrovandus en propofe trois efpeces: la premiere égaloit une Oiïe ou Aïgle. La feconde différoit de celle de Gcfner, ou de la premiere , par fes cuifles, plus grèles au deflus du genou; par la 43 HusTorre, NATURELLE couleur fauve ou d’un gris-tanné de toutle corps ; par la poitrine, joliment bariolée de taches noiratres longitudinales , à la façon des Eperviers ; mais les couleurs du dos n’y répondoient pas. La troifieme efpece d’Aldrovandus s'accorde en tout point avec la feconde, excepté par les jambes, qu’elle a moins velues , mais foibles , de même que les pieds. Selon M. Linnæus , le grand Duc eft de la grandeur de POie domettique. Il a le corps de couleur de terre cuite, tirant fur le roux , femé de petites lignes , toutes fituées en travers, ondées, noires , & de plus grandes aufli noires, mais longitudinales ; la queue plus longue que les aîles, avec des bandes d’une couleur fale; les aîles parfemées de taches noires ; les jambes & les pieds revètus d’une efpece de laine épaifie, comme le lievre ; le bec noir , revêtu à la bafe de foies en guife de dentelures. Cet Oïifeau eft très fort, dir M. Klein ; fouvent il fait beau- coup de tapage parmi des milliers de Corneilles , qui en hiver s'emparent la nuit des toits de nos greniers. Nous ne comptons que trois efpeces de Hiboux connues pour avoir des cornes ; Jonfton en a compilé fix. Le grand Duc a un cri effrayant; il fait fon nid dans les rochers les plus inaccefibles ; il prend non-feulement les petits Oifeaux, mais même des Lapins & des Lievres comme lAigle. Il n'ya point d'animal, felon Aldrovandus, qui amafle autant de proie que le grand Duc, fur-tout quand il a des petits ; de forte qu'il profite beaucoup à un Chaffeur qui a découvert fon nid, & qui lui dérobe une bonne partie de fa chafle, tandis qu'il eft aux champs, ayant foin feulement d’en laïfler affez pour nourrir les petits. C’eft fans contredit le plus grand de tous fes Oifeaux noc- turnes. Olina dit qu’on chaffe aux grands Oifeaux avec le grand Duc, & aux petits Oifeaux avec la Chouette. Il s'eft imaginé avec Pline , que les petits des Hiboux fortoient de l'œuf par la queue : mais Albert le Grand & Aldrovandus le nient formelle- ment. Ce dernier remarque que chaque plume des oreilles cor- nues peut fe mouvoir féparément, & que les Hiboux ont les trous des oreilles proprement dites très-amples, & recouverts d’un opercule ou couvercle de peau qui nait de la partie inté- rieure près des yeux, & penche en arriere. Selon M. Klein, les Hiboux ont la tête plaifamment faite entre tous les autres Oifeaux. Dans l'oreille externe , qui approche de celle de l’homme , les cavités font oppofées ; car la concavité de l'oreille droite eft placée au plus bas lieu , ayant à loppofite une autre fofle triangulaire : Le contraire fe voit à l’oreille sache : € DRE SO) M SAENA LU *: 49 de forte que l'une paroît faite pour recevoir le fon des lieux bas, & l’autre pour le recevoir d’en haut. On pourroit juftement com- parer les couvereles de plumes des oreilles externes avec ceux des ouïes des Poiflons ; les deux mâchoires du bec font mobiles, & la fupérieure à de part & d’autre des mufcles notables qui l'éloignent & l’approchent de linférieure. L’un des mufcles ad- ducteurs d’un côté venant de la partie occipitale, finit au palais par une expanfion tendineufe. Les Hiboux prennent de nuit, jufqu'au point du jour , divers Oïfeaux grands & petits, qui dorment , & même des Corneilles, des Loirs , des Rats, des Souris. Ils font craquer fortement leur bec, vu la mobilité des deux mâchoires, foufflant à pleine gorge. Quelques-uns fem- blént être cornus par les plumes dreflées près des oreilles, ou des yeux, & des narines. D’autres préfentent une face de vieille, comme embéguinée de coëife de nuit. Les Hiboux imitent les Bouffons ; ils font des geftes folâtres & aflez plaifants. C’étoient , chez les Anciens, des Oifeaux de mauvais augure; & ils regardoient comme un funefte préfage , quand un Hibou fe montroit dans une Ville en plein jour. On eft aujourd'hui revenu de ces imaginations. Le grand Duc poufle une voix femblable à celle d’un homme tranfi de froid ; favoir, Auhu ou houhou : delà les différents noms qu’on lui donne, de même qu’au petit Duc & au Hibou commun. On l'appelle grand Duc, à caufe de fa grandeur, & parce qu’on a cru fauflement qu’il fervoit de guide ou de conducteur aux Oi- feaux de Paflage : mais ce feroit aflurèément un bien mauvais conducteur. On le nomme encore grand Chat-Huant ou Hibou à cornes ou cornu , à caufe des le de plumes qu'il porte des deux côtés au fommet de la tête, & qui lui font comme deux cornes. Cotgrave l'appelle Barbaïan, du motltalien Barbagiannr, & les Provençaux une Peruve. 2°. Le crAND Duc du Brefil, Bubo Brafilienfis Marcgravir, jacururu diéla, Ray Synopf. Il eft fi femblable au nôtre, que je ne crains point de dire que c’eft le même. 3°. Le moyen Duc, Orus five Noëlua aurita , Afio Latinis Plinio , Ray Synopf. Ulula-Afio , Klein. Srrix capite aurito , pennis fex , Linn.en Anglois ke Horn-Owl; en Suédois Horn- Ugala ; en Grec Oosos, c'eft-à-dire, Hibou à orcilles; en Jtalien Duco cornuto. On l'appelle Hibou à oreilles, ou Hibou cornu, à caufe des petites plumes qui débordent fur fa tête, femblables à des cornes ou à des oreilles. Il eft rare en Angleterre. Il habite dans les forêts, dans des arbres creux, & dans des maifons G so EnsrorrE:, NATURELLE défertes. On en trouve beaucoup dans les montagnes d’Auver- gne. Il eft aufli commun en Sologne que le grand Duc y eft rare. Ïl ne differe de ce dernier que par la grandeur. * On l'appelle en Latin Afo , foit à caufe de fes oreilles de plu- mes, drellées comme des oreilles d’Ane, foit à caufe de fa voix, qui imite lebraire de l’Ane : en Françoismoyen Duc,commetenantle milieu entre le grand Duc & le plus petit; quelquefois Æ/:604 où Chat-Huant cornu ordinaire ; en Gafcogne Ducquet ou Tuguet, c’eft-à-dire, petit Duc ; en Sologne Chat-Huant de Brueres ou Bruyeres, parce qu'il cherche ordinairement fa vie dans les bre- mailles ou les bruyeres communes ; ailleurs Cloudet, à raifon de fon cri, qui eft cloud ou clout , qu'il répete continuellement la nuit, plus rarement le jour; quelquefois Char-Huant d’ Auver- gne, où Chavant fauve ; car les Solognots difent plus fouvent Chavanr que Chat-Huant. M. Linnæus fait mention d'un autre Hibou cornu à corps blan- châtre , qu'il appelle Hibou de Scandinavie ; il habite dans les montagnes de Lapponie, & égale en grandeur un Coq d'Inde. 4°. Le PETIT HiBou CORNU, Scops Aldrovandi , Ray Synopf. Uiula, Scops auritus, Klein. C'eft prefque le plus petit de ous les Oifeaux de Rapine nocturnes. Ce qu’on appelle les oreilles ou les cornes , n’eft compofé que d’une feule plume. On peur le nommer pecit Chat-Huant à cornettes. ART I IENLUE ISNENCIO N/D: Des Hiboux fans orerlles. 1 La FRESAIE , A/uco minor Aldrovandi , Ray Synopf. Ulula flammeata , Gefn. en Anglois he Commonwhite Owl, ou the Church-Owl ; c'eft-à-dire, Hibou blanc commun, ou Hibou d'Egiife. Les A nglois l’appellent Hibou blanc, à caufe de la cou- Jeur blanche qui domine dans fon plumage, quoiqu'il foit agréa- blement bariolé par des taches & de petites lignes fauves. M. Linnæus n'en parle point, parce qu’apparemment il ne fe trouve point en Suede. Cet Oïfeau eft commun à Orléans dans les Tours & les Clochers ; il ne fait point de nid, & pond à la fois cinq œufs très oblongs , & blancs comme des œufs de DOENS NOT S'EMAUU ‘x. SI Ramier. Le jour il refte dans fon trou , dormant & ronflant comme un homme ; fur le foir il vient de temps en temps au bord du trou , pour voir sil fait encore jour ; & quand la nuit eft venue, il s'envole en culbutant , comme font quelquefois les Pigeons; ce qui a fans doute donné lieu aux Normands de dire que cet Oifeau vole en Pair, renverfé, & les pieds en haut: mais ils fe trompent en cela ; car tout Oïfeau vole les pieds en bas, comme tout poiflon nage fur le ventre. On trouve dans fon trou des pelottes , dont quelques-unes font grofles comme des œufs de Poule, & qu’on croit être fes excréments : mais fes excré- ments font blancs & liquides comme ceux des Cifeaux de Proie, & ces pelottes ne font autre chofe que les reftes des aliments confiftants en peaux, en poils, en plumes & en os; le tout artiftement enveloppé comme dans une bourfe, qu’il a la facilité de rejetter par en haut, après la digeftion des chairs; car en gé- néral les Hiboux ont le gozier très large, & ils avalent de gros morceaux de viande tout entiers, comme un Rat , une Souris, un Oifeau. Ainfi la Nature induftrieufe arrange en peloton dans leur eftomac les os & les autres matieres groflicres, qu’ils revo- miflent enfuite, de même que PAlcyon & tous les Oifeaux qui avalent des Poiffons entiers, rejettent par le bec les arrêres & les vertebres de ces Poiflons digérés, Les Hiboux volent de tra- vers , comme fi le vent les emportoit, mais fi mollement qu’on ne les entend point voler. Je connois un Chafleur qui étant un jour à l’affut, eut une frayeur horrible en entendant huer un Chat- Huant fur {a tête. L’efpece de Hibou dont il s’agit ici eft le plus beau des Oifeaux de nuit pour le plumage. Belon le nomme perir Chat-Huant plombé | à caufe des taches qu’il a au bas du ventre; fon bec eft blanchatre & court, fort crochu ; fes yeux font tout noirs & très-enfoncés ; de forte que quand il dort on ne lui voit ni les yeux ni le bec. Il à une forte de fraife ou de bavette autour du cou , & fa face eft comme couverte d’un voile. On a repris Belon d’avoir changé d'avis fur fon compte, & d’avoir dans la fuite pris le Crapaud-Volant pour la véritable Frefaic. Le nom de Frefüaie vient du Latin Prefaga , fuivant Ménage, à caufe que cet Oifeau pafle pour être de mauvais augure, ou bien de ce qu’il a comme une fraife de plumes autour du cou. Ce qui appuie la premiere étymologie, c’eft que les Poitevins difent encore aujourd’hui Prefaie pour Frefaie, & les Gafcons Brefague. On l'appelle encore Æffraye , à raifon de fon cri ef- frayant ; à Orléans Orfraie ou Orfroie , par corruption pour Effraie ; car le mot Orfraie ou Orfrore ne APTE qu’à l’'Aigle 1] UR UF IL LB ‘2 H:sTOoIRE NATURELLE Pècheufe, dite en Latin Offifraga. Comme notre Frefaie eft de mauvais préfage aux yeux du vulgaire, on la nomme en certains Pays la Bête , ou l’Oi/feau de la Mort, parce qu’on s’imagine que quand elle pafle fur une maifon où il y a quelque malade, en criant Chou, qui eft fon cri ordinaire, c’eft figne de mort : mais à Orléans, où l’on eft accoutumé à entendre ce cri prétendu cffrayant, & cela à routes les heures de la nuit, on ne s’en foucie nullement. Ailleurs elle porte le nom de Dame , apparemment à caufe de fa fraife & de he voile. En Guyenne c’eft un Fre/aco ; à Vendôme un Chouart ; d’autres l’appellent Corbeau de nurt, & difent que c’eft le vrai Nyélicorax de l'Ecriture; Cotgrave & Eléazar Albin la nomment encore Lucheran. On le nomme au- trement ibou d’Eolife, de Tour ou de Clocher. 2°. Le Hrsou ou CHAT-HUANT cOMMUN , Szrix Aldrovandr, Ray Synopf. Ulula-Strix, Strix cinerea, Klein. Srrix caprte Levi, corpore ferrugineo, oculorum iridibus atris , remigibus primoribus . (y . erratis, Linn. en Anglois he common brown or Ivi-Owl, Screechk- Ovwl ; en Allemand Due Il differe de la Frefaie par la couleur plus obfcure de fon plumage, varié de tanné & de noirâtre, en ce que la plume la plus extérieure de laïle eft petite, & plus courte d’un palme que la troifieme & la quatrieme ; la feconde, plus courte d’un doigt que la troifieme ; la quatrieme & la cin- quieme, les plus longues de toutes; au lieu que dans la Frefaie la feconde & la troifieme font les plus longues, & la plus exté- rieure eft plus courte à peine d’un demi-doigt que l’une & l’autre, Selon la defcription de M. Linnæus, il eft de la grandeur d’une Poule, à peu de chofe près; il a la couleur du dos, de la queue & des aïîles grife, la tête tachetée de gris-blanc & de noir ; derriere les oreilles un fegment de cercle noir, compofé de plumes d’une ftruure finguliere ; des taches blanches aux côtés du dos & {ur les plumes des aîles du fecond rang ; les trois premieres plumes de l’aîle infenfiblement plus courtes , & en forme de fcie au bord extérieur , font toutes grifes depuis la premiere jufqu’à la vingt- quatrieme , avec des bandes larges , brunes ; fe plumes de la queue font grisâtres, avec cinq bandes brunâtres , excepté les deux du milieu ; il a le bas du ventre blanchître , avec des taches oblongues, grifes & noires ; fes pieds font aufli blanchâtres, avec des points noirâtres. Il habite dans les creux desarbres. 7. PZ 5. REA Les Auteurs ne difent rien de fon nid ni de fes œufs. Si l’on en croit les Solognots , il ne pond ordinairement à la fois que trois œufs blanchâtres ; & en ce cas-là le nid de Hibou prétendu DRE SMOPINS EAUX. 53 véritable , trouvé dans la Tour de Beaugency avec fix œufs, feroit plutôt un nid de Creflerelle, d'autant plus que ces œufs avoient la forme & la couleur des œufs de la Crefferelle. Le Hibou pouffela nuit, fur-tout quand il gele , une voix ter- rible qui fait peur aux femmes & aux enfants : delà vient qu'on l'a nommé en Latin Szrix à flridendo , quoique le mot Srrix foit, felon M. Linnæus, un mot générique qui convient également à toutes les efpeces de Hiboux. On l'appelle aufli une Dame , à caufe du voile ou de la gorgerette qu’il a autour du col, de même que la Frefaie; en Sologne Chavant où Chatmiant commun , pour Chat-Huant , qu'on écrivoit autrefois Chahuhan ; en Champagne le Trembleur , parce qu’il crie comme en friflonnant, ou trem- blant de froid. Or Æ:bou, Huau , Huet, Huor& Hulot, qui fignifient la mème chofe , femblent venir de la même fource. M. Jaulc les dérive de l’ancien Franc Æuwo ; & peut-être, ajoute- t-il, que notre mot Huau , & l'ancien Franc Auwo , ont été faits tous deux par onomatopée du cri du Hibou , que nous appellons auffi par cette raïon Chat-Huant ; car Hu dans les Coutumes fignifie cri, huée. Le Larin U//ula, lAnglo-Saxon ULe , l'Anglois OwZ ,lAllemand Æule , font des noms du Hibou, formés pareil- lement du cri lugubre de cet Oifeau. Selon d’autres, Hibou vient de ic Bubo,& huer eftun vieux mot François qui fignifie crier; d’ou nous appellons le Hibou Char-Huanr, c'eftà-dire, Char criant ou hurlant, à caufe qu'il a la tête femblable à celle d’un Chat, qu'il fe nourrit de Souris comme les Chats, & qu'il jette un très vilain cri, une voix lugubre. Le Roman de la Rofe lap- pelle Huon, & Prophéte de mal-adventure ; en Picardie Hulorte ; à Orléans on dit proverbialement, maigre comme un Huau , pour dire maigre comme un Hibou ; & en effet cet Oifeau eft ordinai- rementtrès maigre. Je connois des Particuliers quifont grand cas de ces fortes d'Oifeaux, & qui défendent à leurs gens de les tuer, parce qu'ils ont remarqué qu'ils détruifent les Rats & les Souris mieux que tous les Chats du monde. Willughby remarque que les Hiboux cornus ont aux pieds trois doigts devant, & un derriere; mais que le plus petit Hibou cornu & les autres Hibeux non cornus ont, comme le Pivert & le Perroquet , deux doigts devant , & autant derriere. Il faut noter, dit M. Klein, que les Hiboux ont les pieds irréguliers; car quand ils fe perchent pour fe repofer, ils placent en arriere le doigt extérieur, qui n’eft pas proprement antérieur , mais plutôt Jatéral, & ils l’étendent en devant quand ils veulent faifir leur proie, Ainfi il eft plus à propos de dire que les Hiboux ont des f4 HiIsToiIrEe NATURELLE pieds d'une ftruéture finguliere, tels qu’en a le Martinet P£- cheur, que de dire qu’ils ont aux pieds deux doigts devant, & autant derriere. 3°. Le Hisou GRIS ou CENDRÉ, Serix Cinerea , fortè Ulula Aldrovandi, Ray Synopf. en Anglois she Grey Owl. Il differe du précédent , en ce qu'il eft gris ou cendré, au lieu que l’autre eft brun ; en ce que le gris a de longues taches fur la poitrine, que l'autre n’a point, & que le voile intérieur d’autour de la ère eft varié feulement de brun & de blanc. Je foupçonne que ce Hibou cendré eft une variété du précé- dent, qui dépend de l’âge ou du fexe ; d’autant plus que les Au- teurs ne nous apprennent point en quoi la femelle differe du male, & que d’ailleurs M. Klein nous avertit qu'il y a quelques variétés. 4°. La CHouettEe, Nocfua parva , Aucuparta , five Noclua minor , Klein ; en Anglois che Lirle Owl ; en Allemand Schaf- felt, Hauf]-Eule. M. Klein n’en donne point de defcription. Je ne reconnois point non plus notre Chouette commune parmi les fix efpeces de Szrix qui fe trouvent dans M. Linnæus , outre les précédentes, ni parmi les trois qui reftent dans Ray. Je doute même que ce foit celle de M. Klein. Ce qu'il y a de certain, c’eft que notre Chouette Orléanoife cft la Cheveche de Belon, qui dit qu’elle eft plus petite que le Hibou commun, mais plus grande que la Huette ou Hulotte. Il ajoute que fes jambes font pattues, {es pieds pelus , & fes doigts mi-partis, ayant deux ongles derriere, & deux devant; que fa queuc n'eft gueres longue; qu’elle eft rotalement tachée de blanc & de gris, ayant la crête fort groffe; que fes yeux fort grands, font noirs au milieu, & jaunes tout alentour, c’eft-à-dire, en cette partie que les Latins appellent l’zr25 de l’œuil ; le deflus de la tèe eft comme enfoncé , ce qui provient de l’arrangement des plumes. J'ai été long-temps fans favoir ce que c’étoit que la Huette ou Hulotte de Belon : mais actuellement je fuis perfuadé que c’eit le plus petit Duc ou le petit Hibou cornu qui eft le Scops d’Aldrovandus. Notre Chouette s'appelle en Grec Glaux ; en Latin Nocua five Ulula vulgaris ; en Italien Nosrola où Nouula. Elle fait la guerre aux Rats ,aux Mulots, aux Scarabées ou Efcarbots, comme Hannetons & autres. Les Laboureurs en Sologne font grand cas de cet Oifeau , en ce qu'il détruit quantité de Mulots ; & c’eit pour lui donner plus de facilité à les prendre, qu'ils ont l’atten- tion de planter çà & là dans les feigles en herbe des charniers on DENS MONT S EAUX. ‘15 bâtons, afin qu'elle puifle fe pofer deflus, & y faire le guet. En Avril on l'entend crier jour & nuit gour, & ce cri eft fort doux. Quand il veut pleuvoir , elle change de cri ; alors elle dir 20yon. Elle habite dans des arbres creux; elle ne fait point de nid, & pond à la fois trois œufs tout blancs, parfaitement ronds, & gros comme des œufs de Pigeon ramier ; de forte qu’on eft étonné de voir des œufs fi gros fortir d’un Oifeau qui eft d’une taille fi modique. On a cru fauflement que la Chouette éroit la femelle du Hibou commun. Olina dit qu'elle vit huit à neufans; cela peut être vrai: mais il fe trompe lourdement quand il avance qu’elle couve les deux derniers mois de l'hiver. Jonfton dit, d'après Ariftote & Pline, qu’elle fait quatre petits. On nv'a ap- porté à la vérité un nid de Chouette ou il y avoit quatre œufs; mais d'ordinaire elle n’en pond que trois d’une couvée ; & d’ail- leurs quand elle pondroir quatre œufs à la fois, on ne pourroit pas en conclure qu’elle fait quatre petits , attendu que dans un nid tous les œufs n’éclofent pas. La Chouette va de nuit, rare- ment de jour; car il n’eft pas vrai de dire qu’elle foit abfolument aveugle de jour. Il y a une chaïîle aux petits Oifeaux qui eft aflez divertiffante ; c’eft ce qu'on appelle la Pipée, parce qu'on pipe fur le foir, pour imiter le cri de la Chouette, & attrapper les Oïfeaux à la glu. Jonfton dit que lorfqu’elle eft une fois raffa- fiée, elle peut fe pafer de manger pendant trois jours , & même qu’elle ne fe trouve point incommodée d’une abftinence de neuf . jours. Il eft conftant que les Oifeaux de Proie peuvent foutenir une longue diette. J'ai gardé vivante une Crefierelle fans rien manger pendant feize jours, & M. Hériffant à fait jefnerun Coucou pendant douze jours. Le Pere Hardouin dans fes Notes fur Pline, dit que le cri naturel de la Chouette eft ro4 sou : auffi les Grecs modernes l'ont-ils appellée Tzr00. Il n’eft pas vrai que le Roitelet ou la Corneille cafle les œufs de la Chouette, & que le Moineau la défende contre les attaques des autres Oifeaux. Sur quoi, je vous prie , feroit fondée l’inimitié des premiers, & lamitié du dernier ? La Chouette fe défend en fe couchant fur le dos, & préfentant des grifles comme les autres Hiboux, à la maniere des Charts. Pline dit, d’après un ancien, qu’elle à neuf fortes de voix. Il paroît qu’on a confondu enfemble les cris de plufieurs efpeces de Hiboux , & que c’eft ce qui a occafionné la confufion des noms. Les Solognots appellent notre Chouette Cheveche , maïs plus communément CAavoche , prononçant la pénultieme bréve , auquel cas il ne faudroit pas écrire Chevéche ou Chevefthe ; 56 ErS TO LRE N'ETURIE Lie quelquefois Caboche , apparemment comme qui diroit Grof}t- Tête , ou bien Goutriere , à caufe de fon cri ordinaire Gour, & fes petits Chavochars ; ailleurs Chuerre ; en Picardie Cauë ou Cauerte ; aux environs d’Aixen Provence, Machotte ; à Avignon Machette , Civette ,Souette ou Zoerte ; à Saint Laurent des Eaux, près Baugency, Graillon. Cotgrave le nomme encore Grimauld, Grimaud où Grimaude. On difoit jadis Choue pour Chouette. On voit que la plupart de ces dénominations font formées par ono- matopée, ou du cri de l'Oifeau. 5°. La vEritE ChouETTE ou CHEVECHE, Nocua minor, Ray Synopf. Elle differe des autres Oifeaux de Proie noéturnes par fa peuirefle, vu qu’elle eft plus petite qu’un Merle, & qu’elle n'excede pas beaucoup une AIRE en grandeur. On la trouve dans les forêts d'Autriche, mais rarement. Elle eft plus commune en Italie. , F Je me perfuade que c’eft ici la NocZua parva aucuparia de M. Klein , d'autant que Ray l’appelle en Anglois she Liule Owl, c’eft-à-dire , la petite Chouette ou le petit Hibou. 6°, La CHouETtTE pu BreEsiL, Nocfua Brafilienfis , Cabure diéla Marcgravit , Ray Synopf. Elle eft de la grandeur d’une Grive de Vigne; elle a le bec & l'iris des yeux jaunes ; les jambes courtes , velues ; les ongles noirs ; la queue large, de couleur d'ombre claire, ondée de blanc ; tout le deflus du corps, la crête, le dos, les aïîles pareïllement de couleur d’ombre claire, bariolé de taches blanches très petites à la tête & au cou, plus grandes aux aîles ; [a poitrine & le ventre font blanchâtres , variés de taches d'ombre claire. 7°. Il y a quelques années qu’on m’apporta de la Sologne un petit Hibou différent de tous ceux que j'ai vus jufqu'ici , & qui peut-être n’a point encore été décrit. Il pefoit en tout une demi- livre ; il avoit un pied trois pouces de longueur, depuis le bout du bec jufqu’au bout des aîles ; le bec très court; la langue platte & fendue en deux à fon extrémité ; le demi-bec fupérieur cro- chu, & qui pafloit l'inférieur de quelques lignes, noiratre; de larges oreilles bordées d’une fraife bariolée de blanc & de roufsa- - tre, de même que le fommet de la tête ; le contour de la bafe du bec & des yeux plus blanc ; tout Le deflus du corps noirâtre ou brun , mêlé de fauve ; la queue longue d’un demi-pied, compo- fée de douze plumes prefque égales, le ventre; le deffous des ailes & de la queue d’un affez beau blanc, traverfé néanmoins de marques noiratres vers le bord extérieur des Fos de la queue; vingt-quatre grandes plumes à chaque aîle; les pieds fort courts, comme DES LC) TS EFAQUAX: $7 comme les jambes , velus jufqu’à la naiflance des griffes, qui étoient de couleur de corne brunâtre , crès-afhlées ec crochues ; le vol de trois pieds ; le corps petit, mais bien gras. On pourroit peut-être l’appeller U//ula five Nolua minor, dorfo ferrugineo , ventre albido. M. de Fontenette à apporté de la Louifiane un Hibou dela même grofleur du précédent, mais tout blanc de lait, parfemé deflus & deflous de petits points noirs qui font une bigarrure très-agréable. En général il refte encore de quoi glaner dans l'Hiftoire des Oifeaux de nuit, & quelque chofe de nouveau à en dire. GHXAP DERE -STIXEIEME. Des Oifeaux de nuit irréouliers, de la couleur du Coucou , à bouche de Martinet, appellés Crapauds-Volants ou Tette-Chevres, 12. Le CrArAUD-VoLranT oule TETTE-CHEVRE ordinaire, Caprimuleus noftras vuloaris & Aldrovandi , Ray Synopf. Hirundo caud@ aquabili , Caprimulga, Klein. Hirundo caudä integré , ore fetes céliaro , Linn.:en Grec Aigothelas ; en Italien Caprimulgo, Calcaborto ; en Anglois he Fern-Owl, Goat Sucking-Owl , or Night jar ; en Allemand Here ou Pfaffe ; en Ruflien Leleck. C'eft un très bel Oifeau, plus reflemblant à un Coucou qu’à un Hibou , par la figuré du corps & par le plumage. Il a le bec très petit, noir; une grande bouche; Fe pieds courts, déliés; ce qui le diftingue fuffifamment de tous les autres Oifeaux de nuit. Nous avons trouvé dans fon eftomac des graines & des Scara- bées. C’eft enfin un Oifeau fingulier, à la vérité nocturne, mais qui n'aaucun rapport avec les Oifeaux de Proie ; fa rète eft grande à proportion du corps, mais bien plus petite que dans les autres Oifeaux de nuit. Il fe trouve dans plufieurs forêts en Angleterre, PAS np 3. MM. Linnæus & Klein le comptent parmi les Hirondelles, comme a fait Ariftote, M, Linnæus le décrit ainfi : Il eft de la H 53 HisTorre NATURELLE grandeur d'un Coucou; il a le corpsblanchâtre en deflus, tacheté de noir, de ganc & de brun ondés, & délicatement entremè- lés , femés de petites taches noires longitudinales ; le bas du veñtre couleur de terre cuite pâle , à ondulations noires plus épaifles ; la poitrine femée des mêmes ondulations, mais moin- dres; la tête grande à proportion du corps ; les oreilles amples; le bec menu, applati, modiquement recourbé, noir; les pieds petits, velus, dont le doigt du milieu eft plus long du double ; la queue longue , entiere ; dix plumes à la queue ; routes les pennes lâches, molles , égales ; l’ongle du doigt du milieu eft à {on bord intérieur coché d’écailles en forme de peigne. Ce qu'il y a de fingulier dans cet Oifeau , ce font des mouftaches au bord de la mâchoire fupérieure | compofées de huit foies roides qui débordent, afin qu'il puiffe plus aifément attrapper les Phalénes ou Papillons de nuit, & autres Infeétes ; fon vaite gozier eft dix fois plus ample que l'ouverture du bec, comme dans les Oifeaux du même genre; fes narines font faillantes, cylindriques ; ila une langue très petite, très pointue, très entiere , attachée au palais ; le crâne tranfparent ; la tête grande , avec de grandes oreilles qui ne débordent pourtant pas, & de grands veux ; ce ui lui eft commun avec les autres Oïfeaux de nuit ; l’ongle du milieu écaillé. Le mâle a prefqu’au milieu de la feconde & de la troifieme pennes de l’aîle une grande tache blanche, que la fe- melle n’a point; de plus dans le mâle les extrémités des deux premieres plumes de la queue font blanches. Il habite par-tout dans la Suede ; il vole dans la nuit, & fe fait aifément recon- noître par fon rocoulement continuel. Le Crapaud-Volant ne fait point de nid ; il pond feulement deux me à la fois, oblongs , blanchâtres, tachetés de brun, fur le fable nud, {ur de la moufle, ou fur quelques feuilles de chêne féches qui fe trouvent là par hazard, dans les bois mon- tagneux. M. de Réaumur a vu un nid de Crapaud-Volant où il avoit trois œufs , d’où il eft éclos trois petits. Les petits en éclofant font couverts de duvet comme des pouffins. Il dort ou fe tient tranquille pendant le jour ; & quand le foleil eft couché il commence à crier, & ce cri eft aflez doux ; puis il vole çà & là dans des claires voies, le bec béant pour prendre les Mouches, les Scarabées & autres Infeétes volants ; de remps en temps il fait claquer fes aîles en volant, à-peu-près comme les Pigeons. Al- drovandus dit que cet Oifeau eft rare en France & en Allema- gne; mais 1l fe trompe. Gefner obferve que Belon a eu tort de DES AC) L'SSEMANIU IX, 59 confondre la véritable Frefaie, qui eft une forte de Hibou, avec le Tetre-Chevre, qui ef tout différent. Il chafle fur-tour le foir & le matin; il vole ordinairement bas ; & comme il a de grandes aîles , on letue fort affément. Il y a des Chafleurs qui leftiment comme un fort bon manger, principalement en Août & Seprem- bre. Il s'en va de bonne heure; car après la mi-Seprembre on n'en voit gueres, en quoi il s'accorde encore avec le Martinet. En Bourgogne on le tue pour le manger , quoique quelques Chañfleurs du Pays l’appellent Chaffe-Crapaud ; car ils difent qu’il fait la chafle aux Grenouilles & aux Crapauds. C’eft appa- remment dans cette même idée que les Italiens l'ont nommé Calcaborto , c'eft-à-dire, Foule-Crapaud : mais cela ne paroït pas avoir été confirmé par l'expérience. Ariftore l'appelle 4zcorhelas, c’eft-à-dire, Terte-Chevre, parce qu’on s’eft fauflement imaginé ue, comme un Voleur de nuit, il entroit dans les étables pour y tetter les Chevres, au détriment des Bergers , attendu que les Chevres tettées devenoient aveugles, & que leur lait tarifloit en conféquence. Cette erreur a été copiée par Pline, Turner, Gef- ner, & par d’autres favants Naturaliftes. I] y a des gens qui di- fent avoir trouvé de petits Oifeaux morts auprès du nid du Cra- paud-Volant , & que c’eft un Oïfeau de Proie: mais il ne paroît pas plus carnafñer que les Martinets. J'en ai ouvert quelques- uns, & je n'ai apperçu dans leur eftomac que des reftes d'In- fectes , notamment de grofles Mouches jaunes, & des Fouille- Merdes. On l'a nommé jadis Caprimulge ou Tette-Chevre , par Ja rai- fon que nous en avons donnée ci-deflus ; en Saintonge & à Loudun on l'appelle encore aujourd’hui Frefaie , & il y eft re- gardé comme un Oifeau de mauvais augure; ce qui aura fans doute trompé Belon. De plus les Saintongeois croient qu'il couve fes œufs uniquement des yeux, comme l’Autruche. Son nom le plus généralement ufité eft celui de Crapaud-P'olant, qui lui à été donné apparemment à caufe de fon gozier affreux ou démefurément grand : mais il ne faut pas le confondre avec un autre Volatile qu’on appelle à Paris Crapaud-Volanr, & qui au printemps poufle vers le foir une voix très forte, femblable à celle d’un Crapaud. Or cette derniere efpece de Crapaud-Vo- lant, qui peut-être n'a jamais été connue des Naturaliftes, & qui ne fe trouve point ailleurs, que je fache, m'a parureffembler à une grande Chauve-Souris par fes aîles membraneufes; auquel cas je ne le compterois pas parmi les Oïfeaux. Il eft bien vrai H ij 60 HäsToiRe N'ATURÉLLE qu'Aldrovandus prétend que Belon à eu raifon de mettre [4 Chauve-Souris entre les Oifeaux , parce qu’elle a ce qui carac- térife principalement l'Oïfeau ; favoir deux pieds & deux aîles : mais on peut lui répondre avec Ray, quaela Chauve-Souris doit être féparée de la clafle des Oïfeaux, parce qu’elle n’a ni bec ni plumes, qui font deux chofes effenrielles à tout Oifeau, outre qu'elle n’eft point ovipare; ce qui n'eft pas moins eflentiel. Pour revenir à notre Caprimulgus où Crapaud- Volant ordinaire, les Solognots le nomment vulgairement Chauche-Branche ou Choche-Branche , parce qu'il femble chocher ou cocher la bran- che fur laquelle il fe repofe , comme le Coq coche la Poule ; d'autant plus qu'il ne fe perche pas fur une branche en travers, mais pour l'ordinaire fuivant fa longueur. Aufli cet Oifeau ayant les jambes foibles & très courtes , refte-t-il tout le jour accroupi, & dans l'attitude d’un Oifeau qui couve. A Checy près d’Or- Jéans , les Vignerons l’appellent Coucou rouge ; & en effet il a beaucoup d’afhinité avec le Coucou par fon port extérieur. 2°, Le TETTE-CHEVRE d'Amérique, Caprimulous America- Aus , bijau Brafilienfibus , Noitibo Lufitants Marcgravi: , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’une Hirondelle ; il a la tête large & applatie; les yeux grands, dont la pupille ou prunelle eft ellip- tique ou ovalaire ; l'iris jaunâtre ; le bec très petit ; la bouche très-ample ; la langue fort petite ; les jambes blanches, petites ; l'ongle du doigt du milieu comme dentelé; le deflus du corps noiratre, femé de petits points blancs ; les plumes dans toute la partie inférieure du corps mêlées de blanc & de noir, comme dans l’Epervier. On en trouve encore une efpece de la grandeurs d’une Chouette. 3°. Le periT TETTE-CHEvRE du Brefl, Guiraquerea Braf- lienfis ad Caprimuloum accedens Marcgravii, Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’une Alouette ; il approche du précédent par la figure de la tête , des yeux , de la bouche & du bec ; e de groffes foies aux côtés du bec ; les aîles longues , mais la queue beaucoup plus longue encore; au lieu que dans le précédent les ailes atteignent prefque jufqu’à l'extrémité de la queue. Il y a deux plumes à la queue qui paffent les autres nc longueur. Tout l'Oifeau eft d’un brun-cendré , avec des taches d’un jaune obfcur, ou mêlées de blanchâtre , comme dans l'Epervier. Au- tour du cou, derriere la rète , il a un collier doré obfcurément ; les jambes cendrées ou brunes. On peut voir le refte de la def cription dans Marcgraye : mais ceci fufira pour le diftinguer. Lu à Dasrne'et Grave par Mar tmet: _ » 7: LS 24 A 1. Grand Duc 2 Oat-huant.3 Telle chevre. DIE SO IIS EAU X, 61 L'Auteur ne dit point fi ces Oifeaux font nocturnes ou non. quoiqu’ils reflemblent exaétement à notre Crapaud-Volant par leur port extérieur : mais comme les Tette-Chevres & les Marti- nets ont beaucoup de reflemblance , il faut examiner fi ces Oi- feaux du Brefil ne font pas plutôt du genre des Martinets. Ce qu'il y a de certain, c’eft que la figure de leurs pieds ne répond pas à celle des pieds du Martinet. GX ASP DRE SEPTIEME. $ Des Oiléaux à bec & à ongles crochus frugivo- res , c'eft-a-dire, qui fe nourriffent de grains , ou des Perroquets. 22 PErRoquETs ont la tête fort grande ; le bec & Île crâne durs; un très beau plumage; les ongles crochus ; & aux pieds deux doigts devant, & autant derriere. En grimpant ils fe fer- vent de leur bec comme d’un hamecon ou crochet pour foulever le corps; leur langue ef large, femblable à une graine de courge, fuivant la remarque de Scaliger. Ils éroient autrefois célébres pour imiter la parole. Dans tous les Perroquets que j'ai obfervés jufqu'’ici, les narines fe font trouvées rondes, fituées à la partie fupérieure de la mâchoire d’enhaut près de [a plume, & voifines lune de Pautre. ; Les Perroquets, eu égard à la grandeur, peuvent fe divifer en trois genres ; favoir en Perroquets très grands, en médiocres, & en petits. Les plus grands font pareils en grandeur à notre Cor- beau, ou même à un Chapon bien engraiïflé. Ils ontla queue fort longue , & les Anglois les appellent Macaos & Cockatoons. Les moyens ou médiocres, & les plus communs, font égaux à un Pigeon , ou un peu plus grands ou plus petits, à queue courte, dits en Anglois Parrors & Poppinjays. Les plus petits font de la grandeur d’un Merle ou d’une Alouette , à queue très longue, nommés en Anglois Perokeets , en Italien Peroqueto. ZE 62 ÉMIS TOIRE INA TURELELE À RAT LCL AE NP MRMEMM CTMEURE Des grands Perroquets dits Macaos & Cockatoons, ne. Le GRAND PERROQUET BLEU, Pfiracus maximus Cyano- Croceus Aldrovandi , Ararauna Brafilienfibus Marcgravit , Canide Lerii, Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’un Chapon bien en- graïflé, de la longueur de deux coudées ; il a le bec goir, fort long ; une peau autour des yeux bariolée de plumes noires ; le fommet de la tête plat & vert; la gorge comme ceinte d’un col- lier noir ; tout le deflous du corps faffrané, & le deflus d’un beau bleu; la queue longue de dix-huit pouces; les cuifles très courtes ; les jambes & les piedsbruns, avec des ongles noirs. C'eft le bel Aras ou Arras bleu , aflez commun dans Paris. ME ROME 2°, Le GRAND PERROQUET ROUGE , Pfittacus maximus alter Aldrovandi , Ray Synopf. Il eft de la même grandeur & longueur que le précédent ; 1l a le bec plus court , la mâchoire fupérieure blanche, l’inférieure noire ; la région des yeux & les tempes blanches ; tout le corps, le commencement des aïîles, & toute la queue , du plus beau rouge-ponceau, comme aufli les maîtreffes plumes des aîles à leur partie intérieure; mais à leur partie exté- rieure elles font d’un bleu foncé, de mème que la partie infé- ricure du croupion; les plumes du fecond rang font jaunes, à bords rouges, ornées à la pointe comme d’un petit œuil bleu ; il a les jambes courtes & Les pieds bruns. Dans le Perroquet de cette forte que nous avons obfervé à Londres, les aîles & la queue étoient de couleur de vermillon, variées de bleu & de jaune; les deux plumes du milieu de la queue excédoient de beaucoup les autres en longueur, finiflanc en pointes aiguës, de couleur bleue. C'eft le gros Aras rouge le plus commun dans Paris chez les Scigneurs. On le laïffe ordinairement en liberté voler çà & là, parce qu’il fe prive aifément, & qu’il revient au logis. Son bec eft d'une force extrème ; il cafleun noyau de pêche. 3°. L’ArRaArRACANGA de Marcgrave ne paroît pas différent du DIE SIN OI S ER) U Se _ 63 précédent ; car la plupart des marques s'accordent: ilen differe en ce que les aîles font à moitié couvertes de plumes vertes, & que la derniere moitié eft bleuc. 4°. Le MaracANA des Brafiliens de Marcgrave eft une ef- pece de Perroquet, mais plus grande; les plumes de tout le corps font d’un gris-bleuâtre. Il crie comme le Perroquet ; il aime les fruits, fur-rout le Murucuïa. Marcgrave n’en dit rien de plus. s°. Autre Mar ACANA qui eft une petite efpece d’Aras ou de Macao ; car il eft de la figure d’un Aras, ayant comme l’Aras une queue longue , le bec noir, & la peau d’autour des yeux blanche , piquetée de noir ; la rète, le cou & les aïles d’un vert foncé ; le fommet de la rète feulement plus clair & bleuâtre; les aïîles & la queue vertes en deflus , bleues en deflous ; mais les extrémités des plumes font d’un bleu obfcur. À Ia naiïffance de chaque aîle il y a une tache couleur de vermillon, & une autre brune au deflus de la naiflance du bec. Clufius dans fes Exotiques décrit d’autres efpeces de grands Perroquets. AR TAI CIL ES ECO UND. Des Perroquets de moyenne grandeur , dits en Anglois Parrois & Poppinjays. ne: Le PERROQUET BLANC CRÊTÉ , Pfittacus albus criflatus Aldrovandi , Ray Synopf. Il fe diftingue aifément des autres Per- roquets par la couleur blanche de tout fon corps, par la crête qu'il porte fur fa tête, par fa queue redreflée, par fa grandeur pareille à celle d’un bon Pigeon de voliere, & par fes pieds jau- nâtres. Ce Perroquet fe nomme Cacatoës : il vient des Moluc- ques. #7. PI. 6. Fio. 1. Ce Perroquet eft rare, & d’une finguliere beauté. M. Chauve- lin, ancien Garde des Sceaux, en avoit un que tout Orléans a vu lors de fon féjour en cette Ville. On trouve encore aux Molucques deux autres Cacatoës. Le premier , de la grofleur du précédent , a le deffous des aïîles & de la queue couleur de foufre, & porte une huppe jaune. Le fecond eft de la grofleur d'un Arras , a les plumes d’un blanc nuancé 64 HISTOIRE NATURELLE d'une teinte couleur de chair ; fa huppe eft oranger foncé, tirant {ur le rouge ; les plumes qui la recouvrent font blanches, nuan- cées de couleur de chair. Le Cacatoës des Philippines eft de la groffeur d’un Perroquet or- dinaire ; il eft tout blanc en deflus : fous les aîles il eft foufré. Il l'eft auf fous la queue, avec mélange de jaune, tirant fur l’oran- ger-vif. Sa crête, qui n’a que deux pouces, eft mêlée d'oranger qu’on ne découvre que lorfqu'il la leve. Dans l'Inde on voit un autre Cacatoès de la groffeur & de la couleur du précédent, dont la crête eft plus longue, mais com- pofée de plumes étroites, placées derriere.la tête, & relevées en pointes comme la crête du Vaneau. Cet Oifeau eft vivant à Paris. Si l'on en croit quelques Hiftoriens & Voyageurs, ces Oifeaux font leur nid dans les angles des fenêtres, & fous les toits comme les Hirondelles. Mais je ne cautionne pas cette obfervation , n’y en ayant que fort peu qui l’ayent dit. 2°. Le PERROQUET VERT à aïlesrougeñtres, Pfitracus viridis, alarum cofté fuperné rubente, Aldrovandr Ray Synopf.Il eft égal en grandeur au précédent; il a le bec fupérieurement noir au bout, puis bleuâtre, du refte rougeatre , & inférieurement blanc; iris des yeux faffranée ; le fommer de la tète jaune ; le refte du corps verdatre, plus foncé en deflus, plus clair en deflous ; la partiefu- périeure des aïîles rouge ; la queue un peu courte : inférieure- ment il a aux côtés une belle tache rouge longitudinale, & füupérieurement une autre quieft jaunâtre; fes jambes & fes pieds font cendrés. Cette efpece eft chez nous la plus fréquente de toutes. Dans ceux que j'ai décrits à Londres il y avoit un cercle blanc autour des yeux , & une appendice des deux côtés à la mâchoire fupé- ricure du bec, à quoi répondoit üne coche ou crenelure à la mâchoire inférieure. Ce Perroquet eft aufli rare à Paris qu'il eft commun à Londres, à moins que ce ne foit le vert commun. 3°. Le PERROQUET à bec bariolé , Pfirtacus Porkilorhynchos Aldrovandi, Ray Synopf. Son bec eft à fa partie fupérieure d'un vert-bleu , fur les côtés couleur d’ochre ; à l'extrémité marqué d'unetacheblanchetranfverfale; à fa partie inférieure il eft çà & là de couleur plombée, & jaunâtre dans le milieu. Il a le fommet de la tête doré, le refte du corps vert, plus obfcur en deflus, plus clair en deflous; les aîles & la queue vertes, mêlées d’améthyfte ou de bleuitre, de noir, de vermillon obfcur, d’écarlate & de jaune; les jambes courtes; Les pieds plombés, & les ongles noirs. AMIE PES LOI SPA U,X. 65 4°. Le PERROQUET VERT à bec noir, Pfittacus viridis mela- zorkynchos Aldrovandi, Ray Synopf. À la naïflance du bec, au fommet de la rête & fous la gorge il a une couleur bleue tirant fur le vert; tout le deflus du corps d’un vert foncé ; feulement le gros de l'aile à l'endroit où elle eft attachée au corps, eft d’un rouge écarlate, comme aufl les extrémités des maîtrefles plumes; il a le deflous du corps jaune, & d’un jaune-vert ; le croupion écarlate inférieurement. $°. Le PERROQUET A TÊTE BLANCHE , Pfittacus leucoce- phalus Aldrovandi, Ray Synopf. Il à le bec & la partie de la rête contiguëé au bec blancs; la gorge & le deflus des aîles en haut - d'un rouge de cinnabre ; le milieu de la poitrine & l’entre-deux des cuiffes d’un rouge-obfcur ; la nuque, le cou, le dos, les aîles & le deflus du croupion d’un vert foncé; la poitrine & les cuifles d'un vert plus clair. On pourroit appeller ce Perroquet Le Bi- garré, à caufe de la multiplicité de fes couleurs ; car ilen a de {ept fortes : mais la couleur principale eft la verte. 6°, Le PERROQUET ROUGE-BLEU , Pfittacus verficolor {eu erythrocyaneus Aldrovandi , Ray Synopf. Il a le bec moins grand que les précédents, noirâtre ; la tête, le cou & la poitrine bleus ; le fommet de la tête jaune ; la région des yeux blanchä- tre ; le ventre vert; le croupion jaune ; le haut du dos d’un bleu clair ; les plumes du fecond rang des ailes femées de vert, de jaune & de couleur de rofe. 79. Le PERROQUET GRIS Où BLEUATRE , P/irracus crnereus feu fubceruleus Aidrovandi , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d'un Pigeon de voliere ; il a le bec noir; la couleur de tout le corps cendrée-obfcure ; la queue rouge , de couleur de cinnabre ou de vermillon , fort courte , & excédant à peine le bout des aïles ; les yeux entourés d’une peau nue & blanche. Nous en avons vu plufieurs de cette forte à Londres. Ce Perroquer eft des plus communs par toute la France. Il eft très familier ; il file & parle comme un homme fans criailler , comme font ordinairement les Perroquets verts. Il eft facile à nourrir; il mange de tout. On l'appelle vulgairement un Jacob, parce qu’il prononce volontiers ce nom. Ce Perroquet eft fort & vigoureux ; il vit long-temps. On en voit un à Orléans, qui eft âgé de foixante-douze ans au moins, & qui eft encore gai. Il y en a de cette efpece qui par fuccellion de temps devien- nent jafpés de blanc & couleur de rofe. Je ferois aflez difpofé à croire que ce changement vient de quelque altération dans l’ani- mal , caufée ou par les maladies ou par l’âge, parce qu'on y re- 66 HISTOIRE NATURELLE marque des nuances progreflives; les uns n'ayant que fort peu de couleur de rofe , & d’autres étant prefque entiérement de cette couleur. 8°. Le PERROQUET ROUGE & BLANC, Pfirtacus erythroleu- cos Aldrovandi, Ray Synopf. Il égale ou même furpañle en gran- deur les Arras, mais il a la queue courte; tout lecorps d’un blanc obfcur ou fale, de maniere qu'il paroïît cendré ; le bec noir; la partie poftérieure du dos, le croupion , toute la queue & les maï- trefles plumes des aîles teintes en vermillon. 9°. Le PERROQUET ÉCARLATE du Levant , Pfirtacus coccr- neus Orientalis , alis ex viridi & nigro variis, Ray Synopf. Il furpafle le Merle en grandeur ; il a tout le corps écarlate; les plumes du fecond rang des aîles vertes; les maïîtrefles plumes noires , à barbes extérieures vertes , inférieurement d’un rouge cramoifi ; le côté des aïles jaune ; la queue jaune dans fa plus bafle moitié , fupérieurement d’un jaune-vert; les jambes ceintes au deflus des genoux d’un anneau de plumes vertes; le bec jaune, de même que l'iris des yeux ; les jambes très courtes, noires. Nous avons vu à Londres ce Perroquet, qui y avoit été apporté des Indes Orientales, où on le connoît fous le nom de Zory. Le Lory des Molucques eft gros comme une Tourterelle:il eft deflus comme deffous d’un rouge vif; le milieu du dos & le pli de laîle font variés de jaune nuancé de vert; fes jambes font vertes. Il a dans l’aîle un peu de violet , de vert foncé & de noir; fon bec eft rouge ; l'iris oranger ; les pieds bruns. #7 PL. 7. Frot Le Lory Malabare eft de la groffeur du précédent, d’un rouge aufli vif en totalité, à l’exception de la tête, qui eft cou- verte d’une calotte noire qui fe termine en arriere par un beau violet ; fes jarretieres font bleues; fes aîles vertes, doublées en partie de jaune & en partie de noir. Le Lory de Jolo eft de même groffeur; le devant de fa tête, fes joues, fa poitrine, la partie fupérieure du dos, font d’un bleu tirant fur le violet ; le derriere de la tête eft rouge-clair ; le refte du corps eft d’un beau rouge mêlé de brun, de vert foncé & de noir ; la queue eft d’un rouge & d’un vert-brun; les deux plumes du milieu de fa queue font plus longues que les latérales; le jaret eft violet ; l'iris oranger. Le Lory des Berbices eft gros comme une Perdrix ; il a la tête & tout le deffus du corps d’un fuperbe cramoifi ; toute la poitrine & le ventre font d’un beau violet ; la tête paroît comme féparée du dos par une ligne violette qui vient latéralement fe DIEM OT SRE, AU) x: 67 joindre au violet de la poitrine, & paroït former le collier d’un tablier de Cordonnier ; fes plumes fcapulaires font d'un beau bleu ; fes aîles vertes & rouges, ainfi que fa queue : il a le bec noir & très fort; l'iris de fes yeux eft couleur d’or. Le Lory des Philippines eft de même groffeur ; tout le deflus de fa tête eft noir; la partie fupérieure du dos, la poitrine, le ventre , le deflous de la queue & le jaret font d’un beau bleu tirant fur le violet ; les aîles font vertes : cout le refte du corps en deflus , les cuifles , la queue, font d’un beau rouge vif ; iris eft oranger. 10°. Le PETIT PERROQUET VERT d’Ethiopie, Pfitacus pu- fillus viridis Œchiopicus Clufii, Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Pinçon ; il a tout le corps vert, plus clair au ventre, plus foncé au dos ; les grandes plumes des aîles d’un vert plus foncé d'un côté, brunes de l’autre & par tout le deffus ; les plumes de la queue à l'endroit où elles font attachées au croupion, teintes d’une couleur jaune-verte, puis d’un rouge élégant , enfuite de noir, enfin de vert; les petites plumes du fommet de la tête au deflus du bec, & de toute la gorge, d’un beau rouge fleuri; le bec gros & ferme, rougeñtre ; les jambes à peine longues d’un demi-pouce, cendrées ; les ongles blancs & aflez longs. Lorfqu'’il mange, il netient pas fa nourriture d’un pied, comme font les autres Perroquets, mais il la prend par petits morceaux avec fon bec. Il eft à remarquer queles femelles venant à vieillir ne veulent plus manger qu’à peine, à moins que le mâle ne leur donne la becquée, après avoir retenu quelque tems la nourriture dans fon jabot, de la même façon que les Pigeonneaux ont accoutumé d’être nourris par leur mere. 11°, Le BEAU PERROQUET VERT-BLEU, P/ittacus elegans Clufii exoticorum , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’un Pigeon; il a le cou & la poitrine d’un plumage bigarré , de couleur rou- geatre, & à la fin d’un bleu très-élégant : quand il fe met en colere , il dreffe fes plumes de maniere qu'il paroït en quelque forte crêté. Il a les plumes du ventre prefque de même couleur , cependant parfemées de brun ; celles du dos vertes ; les grandes plumes des aîles bleuâtres; la queue verte. PRESS 1ij 68 HisTorre NATURELLE AzTzrCLE Te O'as rE ar: Des grands Perroquets, ou des Perroquets de moyenne grandeur de Marcgrave. | GE L'afes Il 2 2 la tête, au deflus du bec, une efpece de petite mitre élégamment bleue; la gorge , les cotés de la tête, & {2 partie fupérieure d’un beau jaune ; tout le corps d'un vert-gai ; les plumes aux extrémités des aïîles moitié noires, moitié faffranées, en partie bleues auff à l'extrémité , en parue vertes çà & là ; la queue verte, mais quand il 'érend elle eft fran- gée de noir, de rouge, de bleu ; le bec d’un gris-brun; les pieds cendrés ; l'iris des yeux dorée. Le fecond eft femblable zu premier, un peu autrement coloré; car la petite mitre qui eft fur fa rère eft jaune mélée de blanc, d'un jaune-clair au deflus des veux & 2 la poitrine; autour dela partie fupérieure du bec eft une tache dé couleur de vert de mer. 3°. L'AjurucurucA. Sa petite mitre eft mélée de bleu & d’un peu de noir, & au milieu eft une tache jaune; 2 la gorge il y 2 une tache bleue; la poitrine, les aïles & le dos fonr d'un vert foncé ; lesextrémités des aîles & la queue font d’un vert plus clair ; les pointes des maîtrefles plumes de l’aïle font jaunes & rouges, mélées d’un bleu obfcur ; le bec fupérieurement cendré, eft noir aux extrémités. 4°. Le Par AGuA eft un Perroquet noir , qui a la poitrine, le dos & le ventre antérieur confidérablement rouges; l'iris des yeux rouge ; le bec & les pieds d’un cendré-obfcur. 5°. Le TARABE eft plus grand que le précédent ; ila la tête, 12 poitrine & le commencement des aïles rouges , & le refte vert; le bec & les pieds d’un gris-fale. 6°. L'AsurucarTincA eft de la grandeur d’un médiocre Pou- let, de couleur verte ; il a les veux rouges, & autour des yeux une peau blanche , comme la plupart des Perroquets; le bec & les jambes blanches ; la queue longue. 7°. L'AsuruPARA s'accorde en toutes chofes avec le précé- dent; mais 1l eft plus petit. - pins 0'rsBaA U x 69 _ 8°.1l faut ajouter 2 cette claffe le Kir AK1E, Perroquet de Min- dan2o , le Philippine. Il 2 la tête verte en devant, bleue en ar- Here; cour fon corps deflus & deffous eft vert-tendre; le croupion bleu ; les petires plumes des ailes font très agréablement jafpées de vert, de roux , de bleu & de noir ; le bec eît d’un bel incarn2t; il ft fort rare, & de la groffeur d’un Perroquer ordinaire. 9°. Le PERROQUET JAUNE , efpece d’Amazone : il à firis couleur de feu; tout le corps d’un très beau jonquiile : quand il déploie {es ziles & fa queue, on remarque dans quelques-unes de leurs grandes plumes quelques taches de rouge éclatant; fon bec & fes pieds font blancs. Cet Oifezu s'apprivoife & parle aifé- ment. J'en ai vu un vivant qui évoit très doux, & qui aruiculoitle Portugaistrès diftintement. Il eft de la groffeur des Perroquets ordinaires. #’. PL ;.17. 2. Bar:icre QuaxrTETEruE Des peris Perroquers. Le PETIT PERROQUET A COLLIER , Pfrracus rorquarus, Macrouros Anriquorum Alérovandi , Ray Synopf. Sa longueur ft de neuf pouces & demi; il 2 le bec couleur de vermillon ; l'iris des yeux jaune ; tour le corps de couleur verre, plus foncée en us, plus claire en deffous ; fon cou eft ceint d’un collier cou- curde vermillon, auquel va fe rendreuneligne noire Qui naît du bec inférieur fous le menton; les plumes les plus extérieures des ailes fonr 2 leur partie fupérieure diftinguées par une marque rouge. La Prnaucses À corziEr , de lle de Bourbon, eft moitié ë les pieds gris; 2 queue eft très longue. DEs Paizirrines 2 Î2 cête d'un bleu-viclet ; 70 H1STOIRE NATURELLE cout le deflus du corps vert-clair ; les côtés du cou jaunes; le mi- lieu jaune-vert, ainfi que tout le deflous du corps ; fon bec fupé- rieur jaune ; le crochet & le becinférieur cendré-clair ; les pieds bleuâtres ; les ongles gris. 2°, Le PETIT PERROQUET A LONGUE QUEUE tout vert, P/#- tacus minor Macrouros , totus viridis Aldrovandi , Ray Synopf. Il n'eft pas plus grand en tout qu’une Grive; il a le bec rouge; les pieds & les jambes rougeñtres, ou de couleur de chair, contre la coutume de tous les autres Perroquets ; l'iris des yeux faffra- née. Ces petits Perroquets qu'on appelle Perriques dans les Ifles Françoifes d'Amérique, aiment à s'entendre nommer Carhor , & c’eft le nom que les femmes leur donnent ordinairement. 3°. Le PERROQUET A LONGUE QUEUE DU JaroN , Pfrrtacus erychrochlorus Macrouros Japonicus Aldrovandi , Ray Synopf. Aldrovandusa décrit celui-ci d’après la figure. 4°. Le PETIT PERROQUET CRÊTÉ , P/firtacus erythrochloros criftatus Aldrovandi, Ray Synopf. Il avoit les aïles , la queue & la crête de couleur rouge; le refte du corps vert: il be au Perroquet crêté par fa crète, qui étoit compofée de fix plu- mes , trois grandes & trois petites ; l'iris des yeux étroit rouge. s°. Le PETIT PERROQUET DE Bontius , Pfittacus parvus Bontii , Ray Synopf. Il eft de [a grandeur d’une Alouette; il a le bec gris, de même quela gorge; l'iris des yeux argentée; il drefle les plumes du fommet de la tête en facon de belle crête; le ventre inférieur , la tête, le cou & la queue font fupérieurement d’un beau rouge ; la poitrine & les plumes inférieures de la queue font couleur de rofe-claire, & finiflent très élégamment en une cou- leur verte mêlée de blanc & de vert ; les aîles font principale- ment vertes, entremêlées de plumes rougeitres, dont la moitié eft bigarrée çà & là de couleur jaune & de rofe. & =) =: Ni "1 L 1 4 « | EE; Dessinée. el. grave ; par Martinet. 2. L'or 02 Jortiqaus jaune. 3.Perruche a Collier. d Lu) A4 (NATH Je as ft û Leg / We NAN r A | KR 4 ul ANS Ÿ ND A & > h ON ÿ | Le N 41) 18 ù re par Martinet . 1. C(racatocs . 2 ÆAiras Pler D'IEUS MONT SYE- ANT x: 71 La PR TARCURE CC IN QUI EM E, Des petits Perroquets de Marcgrave , que les Brafiliens appellent Tui , @ Les Anglois Parrakeets. 1°. Le premier eft de la grandeur d’une Hirondelle; fa couleur eft totalement verte ; fon bec eft noir. 2°. Le Tur Arute Ju8a. Il eft pareil au premier, & il a la même couleur aux plumes des aîles & au bec. Il en differe par un petit cercle de plumes jaunes autour des yeux, & par une grande tache de plumes de couleur orangée fur la tête. 3°. Le TurriricA. Ils font plus grands que ceux de Guinée ; ils ont la même couleur que le précédent ; le bec de couleur in- carnate ; les pieds bleuâtres. 4°. La quatrieme efpece eft de la grandeur d’un Etourneau; de la même couleur que la feconde, mais elle à la queue plus courte. s°. LeJEexDavaA. Il eft de la grandeur d’un Merle ; il a le bec & Îles jambes noires ; l'iris des yeux dorée ; la tête, le cou & la poitrine jaunes; le dos , les aîles & la queue vertes, mélées d’ou- tre-mer. 6°. Le Turete. Il eft de la grandeur d’une Alouerte ; il a la queue totalement d’un vert-clair , mais le commencement des ailes d’un bleu exquis ; les bords de toutes les plumes des aïîles bleus ; au dos à la naiffance de la queue, il y a aufli une tache bleue ; le bec eft incarnat; la queue eft contre la regle ordinaire de ce genre d'Oifeaux ; ainfi il appartient plutôt au fecond genre. 7°. Le TurrarA des Topinambous. if eft de la grandeur d’une Alouette, totalement d’un vert-clair , comme le précédent; il a le bec pareillement incarnat , & les jambes grifes ; la queue auffi plus courte. Il en differe par une tache au front près de la naif- fance du bec, laquelle eft fémilunaire, & de couleur de vermil- lon. Il y en a encore une autre de couleur jaune au milieu de chaque aîle inférieurement. Il fait fon nid dans des fourmilieres abandonnées des Fourmis, qui fe trouvent dans les arbres. 8°. L'AnacA du Brefil. Il eft de la grandeur d’une Alouette ; 72 HisToirE NATURELLE il a le bec brun ; fur la tête un plumage de couleur rougeître, & brune autour des yeux ; la gorge cendrée; la partie fupérieure du cou & les côtés verts ; le ventre d’un brun roufsitre ; le dos vert , avec une tache d’un brun-clair , ainfi que la queue ; au commencement des aîles eft une tache ou frange fanguine ; le refte des aîles eft vert, & l'extrémité en eft de couleur d’un vert de mer ; les jambes fupérieurement revêtues de plumes vertes, & inférieurement d’une peau cendrée, avec des ongles noira- tres. Le Couraciss1, petit Perroquet des Philippines, de la grof- feur d’un Moineau-Franc. Il eft vert, plus éclatant deflus, plus tendre deflous ; le devant de la tête près la racine du bec , la gorge, la partie fupérieure de la poitrine , & les plumes qui recouvrent la queue en deflus, font d’un beau rouge-foncé. Il y en à dans la même efpece qui font entiérement verts, à l’ex- ception des plumes qui recouvrent la queue, lefquelles font rouges. , La PERRUCHE de Java, qu'on trouve aufi en Guinée & au Brefil, d’où elle à pris aflez communément en France le nom de Moineau du Brefil , eft grofle comme une Alouette ; fon bec, fon front, fes joues & le haut de fa gorge font d’un oranger-vif dans le mâle, pâle dans la femelle; tout fon corps eft en deflous d’un beau vert-clair, en deflus d’un vert plus foncé ; fon crou- pion eft d’un bleu éclatant; les grandes plumes de fa queue, qui eft courte, font mèlées- de rouge & de noir-écarlate, terminé de vert; le pli de laîle eft noir, mêlé de violet ; les plumes de fes aîles font d’un vert foncé en dehors, d’un brun minimeen dedans ; le deffous de laîle d’un vert éteint , tirant fur le gris; fes yeux font noirs ; fes pieds gris. Cet Oifeau ne parle point, aime à être accouplé, vit en Europe , même au nord de la France : mais quand l’un des deux meurt, rarement l’autre, qui devient trifte & taciturne, lui furvit long-temps. Ils ont quel- quefois pondu en France; mais je n'ai jamais entendu dire que leurs œufs ayent éclos. On trouve encore à Caïenne une jolie Perruche de la groffeur du Merle ,-dont le bec eft noir , l'iris aurore; le deffous de fon bec eft bleu célefte; le deflus bleu ardoifé; le refte-de la rète brun ; le bas du cou bleu ardoifé ; tout le deflus du corps & de la queue vert éclatant ; toute la gorge brune, avec un bordé aurore à chaque plume ; ce qui forme un total écaillé : elle a le pli de l’aîle couleur de feu; le refte de l’aîle bleu ; tour le deffous du corps vert éclatant ; le milieu du ventre lilas veiné de brun ; fur Es) E S ELA U_x. 73 fur le milieu de la queue une ligne longitudinale lilas ; & le deffous de la queue , qui eft plus courte que celle des Perruches, d’un brun-rouge, tirant {ur le maron; les pieds & les ongles noirs. HAPL8.F3e. 7. 9°. Le Qui Jusa Tur. Il eft de la grandeur du Tuipara, tout jaune , mais l'extrémité des aïîles eft d’un vert obfcur ; il a le bec gris , les jambes de couleur incarnate. La plupart des Oïfeaux de ce genre font d’une couleur verte ; ils ont auffi l1 queue très longue ; ce qui fait que les fixieme & feptieme efpeces de Marcgrave appartiennent plutôt au genre moyen , nonobftant la grandeur, à caufe de leurs queues courtes. PERLE: 7. On trouve en Guinée un petit Perroquet de la groffeur d’une Grive , qui peut encore entrer dans cette clafle. Il à Le deffirs de la tête gris-brun , les joues gris-clair argenté; tout le deflus du corps & des aîles vert de pré; les grandes plumes de la queue vert-brun ; le pli de aile citron-clair ; le col vert-clair, qui fe rermine en pointe au bricher ; les parties latérales de la poitrine, & rout le ventre, ainfi que les parties fupérieures de la cuiffe , font d’un bel oranger ; la jarretiere eft verte ; l'iris jaune-foncée. 10°. L’Anr des Brafiliens, Pfirraco congener An: Brafilienfium Marcgravir , Ray Synopf. C'eft un Oïfeau de la grandeur d'une Grive de vignes , totalement noir pour le plumage, par les aîles, le bec, les veux & les pieds. Il porte fa queue redreflée, longue de fix doigts. Il à le bec haur, large, long d’un doigt ou un peu plus; la partie inférieure prefque droite ; la fupérieure haute, large, de figure fémilunaire & comprimée ; de forte qu’il a la poinre prefquefupérieurement; les jambes & les pieds font comme ceux des Perroquets. Il eft fréquent dans les forêts. Cet Oïfeau eft d’un brun-noirâtre tirant fur la couleur mini- me; fes plumes laifflent appercevoir une nuance de vert très obfcur ; toutes fes plumes font bordées d’un gris cendré très fombre. Il eft connu fous le nom de Bour de Tabac, ou Bout de Perun. Ÿ. PL 8. Fig. 3. Il en eft un autre de même efpece & plus grand, qui eften totalité d’un noir réfléchiflant le violet, ayant l'extrémité de chaque plume bordée d'un vert-foncé , & fa queue longue d’en- viron neuf pouces , couleur de bel acier poli & de rofetre fon- dus enfemble , & rendant une couleur de violet glacé. Il eft à remarquer qué prefque tous les Perroquers ont les jambes courtes & menues, contre la coutume de la plupart des Oïfeaux de Proie à ferres crochues. K 7À. Élisirto s R \ / » 12 N Z Perrogquet Ver 2 Petite l'ruche à gorge tachetee de Cryenne. 3 Bout de Petun. CAR É Dino LOT sl AU: x. 77 truche fe diftingue fuffifamment de tous les autres Oifeaux par fa tête, qui eft petite, enfoncée , & prefque femblable à celle de l'Oie ; par fon pied fendu en deux , comme l’a le Chameau, & par la forme de fes plumes , qui font compofées de villofités ou d’une forte de duvet crèpé & divifé. Elle pond des œufs très gros, qui pefent quelquefois quinze livres, & qui étant cachés dans le fable font uniquement , à ce qu’on dit, couves par la chaleur du foleil. Pline dit que l'Autruche furpafle en grandeur un Cavalier monté à cheval, quand elle dretfe le cou autant qu’elle peut. Il ajoute qu’elle eft naturellement chauve. Selon Jonfton , l'Au- truche eft Le feul de tous les Oifeaux qui ait des paupieres deflus & deffous comme l’homme, & des cils ou poils à la paupiere fupérieure ; fon dos, dont les plumes très noires dans le male, & brunes dans la femelle, reflemblent à de la laine par leur molleffe , eft fi large qu’elle pourroit porter un enfant ; les plu- mes de la queue font blanchâtres dans le mâle, & un peu brunes dans la femelle ; fes cuifles reflemblent aflez à celles de l'homme; elle a le bec court, large, pointu ; elle n’a prefque point de cer- velle; quand elle a la cête cachée derriere un arbre ou un buif- fon, elle fe croit en fureté ; elle aime les lieux déferts d'Afrique & d'Arabie. Quelquefois on en trouve une fi grande multitude à la fois, qu’elles forment de loin comme un Efcadron de Cava- lerie. Elien dit qu’elle pond jufqu’à quatre-vingts œufs d’une feule couvée ; qu'ils font fi gros que plufieurs perfonnes peuvent fe raffafier d’un feul œuf ; mais c’eft une exagération des plus ou- trées. Belon dit feulement qu’elle pond plus d'œufs que tout autre Oifeau ; & il nous apprend que ceux que l’on voit pendus dans les Bibliotheques & dans les Cabinets des Curieux, font _fouvent des œufs de Crocodile , au lieu d'œufs d'Autruche. Le même Belon dit que les œufs d’Autruche font quelquefois fi gros qu'ils pourroient contenir une pinte de liqueur, & qu'ils ont la coque affez épaifle pour fervir de vafe à boire. Les uns ont avancé que l’Autruche ne pouvant couver fes œufs à caufe de fa pefanteur , les couvoit uniquement des yeux; d’autres, qu’elle les abandonne dans le fable , & que c’eft le foleil qui les échauffe & les fait éclore. Mais M. l'Abbé de la Caille, Membre de PAca- démie Royale des Sciences, a écrit du Cap de Bonne-Efpérance, ou il a été envoyé pour prendre la parallaxe de la lune , que dans les déferts de l'Afrique l’Autruche ne couve fes œufs que pendant la nuit; au lieu qu'aux environs du Cap de Bonne- Efpérance, où il fait moins chaud , elles les couve le jour & la 37 H1sTOIRE NATURELLE nuit, comme avoit foupçonné M. de Réaumur. L’Autruche ne vole point; mais elle court très vite , étendant les aîles comme des voiles que le vent enfle, Quant au nombre des œufs , M. de Réaumur ne lui en donne pas plus de douze à la fois. C’eft fauflement qu’on a dit que l'Autruche fait difcerner par inftinét les bons œufs qu’elle a pondus d’avec les mauvais, & qu’elle abandonne ceux-ci pour ne s'attacher qu’à ceux-là. D’autres avancent avec autant de faufleté , qu’elle range fes œufs tous à la file , de maniere que ne pouvant les embrafler tous, la chaleur fe communique de l’un à l’autre. Le favant Samuel Bochart, dans fon Arerozoïicon , a réfuté toutes ces erreurs. On a dit auf que cet Oifeau étoit naturellement fourd : mais je ne crois pas plus cette furdité que celles du Coq de bruyeres & de la Grive de vignes. L’Autruche a les yeux gros & noirs, femblables à ceux du Chameau. Les Africains & les Arabes mangent de la chair d'Autruche ; mais elle étoit défendue dans l’ancienne Loi; &, felon Bochart, la raïifon pour laquelle Moïfe défendit aux Hébreux de manger de l’Autruche, c’eft parce qu’elle dévore tout ce qu’elle trouve, outre que fa chair & fes œufs font un aliment très groflier & difficile à digérer. Les Arabes difent qu'elle ne boit jamais. Elle a un air bête & ftupide: elle avale des pierres , & même du fer, mais elle ne les digere pas. M. Perrault, de l'Académie des Sciences, a fait avaler à une Au- truche qu'il devoir voir difféquer, une piece de monnoye de cuivre boffée, & il vit , après la diffettion , que les caracteres de la partie concave étoient tout entiers, & ceux de la partie convexe rongés & effacés ; ce qui montre la force du frotte- ment , & en même-temps la vérité de l'excellent Mémoire que M. de Réaumur a lu à l’Académie, où il fait voir par des expé- riences multipliées , qu'il y a dans les Oifeaux de trois fortes d’eftomacs ; favoir des eftomacs membraneux , qui digerent par leur feul diffolvant ; des eftomacs mufculeux ou charnus, qui digerent par la feule trituration , & des eftomacs qui tiennent de l’un & de l’autre. Or le gézier ou l’eftomac charnu de l’Au- truche à une extrême force de broiement. Aldrovandus dit que les Grecs & les Larins ont appellé l'Au- ruche Srruthio-Camelus , parce qu’elle refflemble en quelque forte au Chameau par la longueur de fon cou & de fes jambes : Mais que comme Naure parties de l'Oïfeau ; favoir le bec, les yeux, la cète & les jambes, reflemblent plus à lOie qu’au Cha- meau , on pourroit plutôt lappeller Chkezocamelus que Srruthio- camelus. Notre mot Auftruche ou Autruche vient de Struchoca- mis LOT s mA x. 79 melus , ou plutot , felon Nicot , de Srruchocamelus. I] y à des Auteurs qui ont fait dire à Hérodote qu'il y a des Autruches fouterraines , & qui fe font donné la torture pour favoir ce que c'étoit. Mais c’eft faute d'entendre ce Pere de l'Hiftoire , à qui l'on à fait dire bien d’autres bêtifes aufli mal-à-propos. Pour l'entendre , il faut favoir qu'Hérodote diftingue de trois fortes de Srrouthos , qui font, 1°. le Srrourhos aquatique ou marin, c'eft-à-dire, le Poiflon plat nommé P/ye ; 2°. le Srrouthos aérien, ou le petit Szrouthos , qui eft notre Moineau ; 3°. enfin le grand Srrouthos , le Srrouthos d'Arabie ou de Lybie, le Srrouthos ter- reftre , ou qui ne s'éleve point de terre, & c’eft notre Au- truche. Quant à ce que les Ornithologues difent que cer Oifeau s'ac- couple à reculons comme le Chameau, ils me permettront d’en douter , comme je doute que les Hirondelles s’accouplent de la même façon , malgré l'autorité d’Ariftote & de tous fes Co- piftes. 2°. L'AUTRUCHE D'AMÉRIQUE , Seruthio-Camelus America- aus , Nhanduguacu Brafilienfibus , Ema Lufitanis Marcgravit , Ray Synopf. Srrurhio-Nothus , Klein : en Allemand Srrauf]-Ba/f- tard. Elle eft un peu plus petite que la précédente, & plus fem- blable à l'Erreu ou au Cafouar qu'à l'Autruche; car elle a quatre doigts au pied, trois devant , & un derriere qui eft gros & rond; une queue non crêtée comme dans la précédente, mais des plu- mes grifes , étendues fur le dos juqu'à l'anus ; la tête d’une Oie, comme la vraie Autruche. Les Crébles l’appellent 7 4ozyou. Selon M. Klein, elle à trois doigts en devant, les ongles noirs , gros, moufles , & à la place du doigt poftérieur un corps arrondi, gros, & dur à la plante du pied ; ce qui fait qu’elle ne peut marcher que difficilement fur un plancher uni ; fon bec eft reflemblant à celui de lAutruche d'Afrique. C’eft un Oïfeau de même purement terreftre. Ce qu'il y a d'étonnant dans ces Oi- feaux rufés , c'eft que non-feulement ils échappent aux Chiens de chaffe , mais même qu’en étendant une des aîlesils dirigent tellement leur courfe à droite & à gauche, qu’ils éludentles traits des Sauvages , felon Pifon ; leurs plumes font grifes par cout le corps ; ils n'ont prefque point de queue, ni de ces crètes ou plumes flottantes à la queue ; leur corps eft ovale. Or fuivanc cette defcription , il paroït clairement que cet Oifeau ne peut point fe rapporter à la premiere famille des Autruches : mais pour la grandeur il va immédiatement après elles. 3%. Le Casouar, Emeufeu Eme Aldrovandi , Clufi, Nre- So HISTOIRE NATURELLE rembergii ; Emeu, vulgd Cafoaris Bontii ; Emeu , quibufdam diclus Cafearius Wormit , Ray Synopf. : en Anglois &hke Caf- Jowary ; en Allemand Cafuar. Cet Oïfeau a une langue ; une couronne de corne au milieu de la tête ; la tête & le cou nus, ou plutôt revètus de poils clairfemés ; la peau de couleur bleue- purpurine, excepté {eulement la partie inférieure du derriere du cou, qui eft couleur de vermillon ; antérieurement au bas du cou pendent fur la poitrine deux petits lobes de chair nus. L'ouverture du bec eft très-ample ; le bec long de près de quatre doigts, de groffeur médiocre, droit;ilales jambes grofles, fortes, plus courtes que celles de l’Autruche ; trois doigts au pied, tous en devant; car il n’a point de’doigt de derriere. Il a quelques ébauches d’aîles plutôt que de véritables aîles, avec feulement cinq petits tuyaux ronds de plumes, femblables à des tuyaux de Porc-épic, avec des aîlerons fans plumes, ou ufés par le frotte- ment; point de queue; le corps grand , pareil à celui d’une Autruche, revêtu de plumes brunes ou noirâtres, d’un tiflu lâche, qui de loin femblent être plutôt des poils que des plumes. Cet Gibau s’apprivoife aifément. Il habite les Indes Orientales. Il a fous la poitrine un cal ou durillon comme le Chameau, fur quoi il s'appuie & fe couche en fe repofant. ; Selon M. Klein, fon bec carené ou faillant a plus de cinq pouces de longueur ; il eft médiocrement gros, un peu crochu à fon extrémité ; il a la bouche ample ; une crête ou excrefcence de tête, groffe, de corne liffe, non anguleufe ; des plumes foyeu- fes & efpacées , avec une peau d’un bleu purpurin, qui joue fur la tête & fur le cou ; il n’a point de queue ; fes aîles font très courtes; fes plumes foyeufes Ê terminent ordinairement en deux ou trois pointes flexibles. Clufius a fort bien décrit le mâle & la femelle en ces termes : Le deflous du bec eft en quelque forte formé en croifflant, & le deflus, depuis la fente jufqu’à la poin- re , eft long de cinq pouces ; il a au deflous du bec comme deux barbes membraneufes ; les pieds non fendus en deux , mais munis de trois doigts, fans éperon , à la maniere des pieds de l'Outarde. Je me fouviens d’avoir vu cet Oifeau fingulier vivant dans Paris, à la Foire Saint Germain. 4°. Le CyenE ou CoQ ÉTRANGER, Cygnus cucullatus Nre- remberpti ; Gallus gallinaceus peregrinus Clufii, Dronte Bontii, Ray Synopf. : en Anglois 4e Dodo. Il fe trouve dans l’Ifle Mau- rice. 1l eft de grandeur moyenne, entre l’Autruche & le Coq- d'Inde ; il a la tête grande, couverte d’une membrane qui reflembie DE SMONTISCEMAUU x. Sr reflemble à un coqueluchon ; de grands yeux noirs ; le bec très long & fort, d’un bleu blanchâtre, excepté les extrémités, dont l'inférieure eft noirâtre , & la fupérieure jaunâtre ; une large bouche ; le corps gras, rond , qui eit vêtu de plumes molles & grifes pareilles à celles de l'Autruche; des deux côtés au lieu des maîtrelles plumes de l’aîle, il a de petites aîles garnies de plumes d'un jaune-cendré, & derriere le croupion, au lieu de queue, cinq petites plumes crêpues de la même couleur ; fes jambes font jaunûtres, aflez grofles, mais fort courtes ; il a quatre doigts au pied ; ils font folides, longs, comme écailleux , munis d'autant d'ongles noirs & forts. Au refte cet Oifeau eft lent dans fon allu- re, & ftupide; il fe laifle prendre facilement par les Chaffeurs. Voilà ce qu'en dit Bontius. CHAPITRE NEUVIEME Des Oifeaux a bec plus droit , & d’abord des plus grands qui ont le bec gros , un peu long &G droit. G ES Oïfeaux fe nourriflent indiftin&ement d’Infectes & de grains : il y en a aufli quelques-uns qui font carnaflers, fur- tout avides de charognes, ou bien ils ne vivent que d’Infeétes, Les premiers font ou prefque d’une feule couleur noirâtre , & c’eft le Genre Corbin, dit ainfi du Corbeau, qui eft un Oifeau très connu , & le plus grand de ce genre dans l'Europe ; ou de diverfes couleurs , & babillards, que nous nommons Pres , à caufe de la Pie, qui efk un Oifeau des plus communs. Les der- niers font tous d’une feule & même famille , & on les nomme Pics. I eft cependant à remarquer que quand nous affurons que tous les Pics ne vivent que d’Infeétes, nous entendons les Oi- feaux nommés proprement ainfi ; car il y en a quelques-uns que nous avons rapportés à ce genre , en prenant dans un fens étendu le nom de Pics pour tous les Oifeaux qui grimpent éga- 82 Hi:STOi1rRE NATURELLE lement aux arbres, lefquels fe nourriflent encore de grains; comme par exemple le T'orchepot , le Pic de muraille, &c. Quant aux Pics proprement dits, ils font diftingués de tous les autres genres d'Oifeaux par plufieurs marques infignes ; 1°. par le bec droit , dur , robufte, anguleux, propre pour percer les arbres ; 2°. par une langue très longue , ronde, terminée en épine offeufe , pointue , roide, dentelée des deux côtés, pour piquer les Vermiffeaux , les Artifons, les Fourmis & autres In- {ectes : langue qu’ils peuvent tirer fort loin , & retirer à leur gré, par le moyen de deux cartilages & de deux mufcles, en quoi il y a un merveilleux artifice; 3°. par des jambes courtes, mais fort robuftes, pour grimper aux arbres, & s’y attacher plus fermement , tandis qu'ils percent des trous; 4°. par les doigts de leurs pieds ; ils en ont deux en devant, & autant en arriere, pour le mème ufage; $°. par une queue roide & un peu dure , fléchie même en enbas, afin qu'ils s'appuient deflus, & qu’ils fe foutiennent par cet appui en grimpant; ce qui fait que l'extrémité de ces plumes eft fort fouvent rompue & ufée : or cette queue eft compofée feulement de dix plumes; ce qui con- vient à peu d’autres Oifeaux. 6°. Ils n’ont point d’appendices aux inteftins, ou d’inteftin cœcum ; ce qui eft particulier à ce genre, & qui ne convient à aucun autre Oifeau, que nous fachions, & entre les Quadrupedes au feul genre des Fouines; ce que je ne favois pas encore, lorfque je publiai l'Ornithologie de M. Willughby. 7°. Ils vivent uniquement d’Infetes, comme nous l'avons déja remarqué. Entre ces fignes diftin@tifs , le premier & le cinquieme ne conviennent gueres au Torcol, qu'il fautnéanmoins abfolument mettre au rang de ces Oifeaux , à caufe des autres fignes. Er t D :E SO ES BEA U x. Q ARS EUL C L'E à DU RENNES. Des Oiféaux du genre Corbin. L Es marques caractériftiques de ce genre font le bec grand, gros, droit ou modiquement courbé : ils vivent indiftinétement de chair, d’Infeétes & de grains ; quelques-uns même de ces Oifeaux font uniquement carnafliers , fe nourriflant principale- ment de charognes; ce qui fait que quelques Auteurs les appel- ent demi-carnañliers , comme le Corbeau & la Corneille; les autres font frugivores ou mangeurs de grains, comme le Freux. 1°. Le CorBEAU , Corvus , Ray Synopf. Corvus fimpliciter , Klein. Corvus ater | dorfo cerulefcente , Lin. : en Grec Corax ; en Italien Corvo ; en Anglois «ke Raven ; eh Allemand Rube. C’eft le plus grand en ce genre; il eft par-rout de couleur noire, avec un certain bleu reluifant; il déchire & dévore très fouvent des Agneaux nouveaux-nés. D'abord il leur arrache les yeux à coups de bec. Bien plus, il attaque auffi les Oifeaux , & quel- ques-uns l'infkruifent à la chafle. On croit qu'il vit fort long- temps. Selon M. Linnæus, il eft de la grandeur d’un Coq; tout fon corps eft noir, ayant le dos un peu bleuâtre; il a vingt grandes plumes à chaque aîle, dont les deux premieres font un peu plus courtes que les autres ; les plumes de la queue font égales. Il habite dans des forêts épaifles ; il fait fon nid fur les branches des arbres , fur-tout des fapins ; il fent avec une étonnante faga- cité les charognes, quoique très-éloignées. Les Suédois, qui l’appellent Korp , l'eftiment un Oifeau facré , & perfonne n’ofe le tuer. Dans les Provinces méridionales de Suede ,'il vole en hauteur quand le Ciel eft ferein, & il jette un cri fingulier qui fe fait entendre très loin, & ce cri eft Con. M. Klein dit avoir vu un Corbeau blanc. On dit que la Norvége & l'Iflande en nourriflent de cette forte ; mais comme Fflande à aufli des Corbeaux très noirs, il faut compter les blancs parmi les chofes rares. Jai obfervé , ajoute M. Klein, une Corneille blanche près de Lubeck, & des Pies blanches en Siléfie & à Drefde. Jean Caïus à vu en 1548 dans le Duché de Li) 84 HONSIT O 1RE UNAÎTUR ELLE Cumberland deux Corbeaux blancs tirés du même nid, & dreflés à la chafle comme des Eperviers. M. de Réaumur a vu aufli une Corneille blanche trouvée dans le nid , en fa Terre de Réaumur dans le bas Poitou. Le Corbeau a le bec fort gros, un peu voûté & crochu au bout, tout noir, tranchant par lesbords, & barbu à fa naïffan- ce ; la langue large à la pointe, arrondie à fa racine, noire; les yeux d'un noir luifant; fes plumes fervent à faire des touches pour le Clavecin & l'Epinette ; fa chair ne vaut rien à manger; mais fes petits fe mangent. Belon dit qu'il eft défendu en An- glererre , fous peine de grofle amende, de tuer les Corbeaux, à caufe qu’ils mangent des charognes & des Poiflons jettés fur le rivage de la Mer , qui autrement pourroient empuantir l'air. IL a le gofer très large, & la facilité de revomir les os qu'il a ava- lés. On s’eft fauffement imaginé que les Corbeaux s’accouploient par le bec. Ce qui a donné lieu à cette opinion, c’eft qu'ils fe baifent comme font les Pigeons dans le temps de l'amour. Selon Willughby , le Corbeau a le vol de quatre pieds ; il pefe trente- quatre onces , & il pond à la fois quatre, cinq, & quelquefois fix œufs d’un vert-bleu pâle & tacheté de noir, plus gros que ceux de la Corneille. Son nid eft très gros & profond ; il le fait fur le fommer des plus hauts arbres, & quand il à fait choix d’un chêne il ne le quitte point. Ils vont ordinairement deux à deux ; & où 1] y a une paire de Corbeaux , les Corneilles n'oferoient s'y établir. Quand leurs petits font grands & en état de voler, ils les chaffent hors du nid, & même du Pays, voulant fe maintenir dans un canton qui ait affez détendue pour les nourrir. On a remarqué , dit M. Anderfon , dans plufieurs petites Ifles firuées aux environs de l’Iflande , principalement dans celles qui ne font pas habitées , que fur chacune il ne fe trouve qu’une feule couple de vieux Corbeaux, qui s'étant emparés de tour le diftrié& s'y maintiennent de force. Ils attaquent les autres Corbeaux qui veulent s’y établir, & ne les quittent qu'après les avoir chaflés de leurs Etats. Les Aigles en font autant. Jonfton dit que leurs mœurs font admirables ; qu'ils vivent enfemble des trente à quarante ans, gardant fidelement les loix du mariage, & que l’un des deux étant mort, l’autre demeure veuf le refte de fes jours. On dit la même chofe des Corneilles , des Pigeons ramiers & des Tourterelles ; mais cela n’en eft pas plus vrai. Le Corbeau peut apprendre À parler ; il prononce, par exemple, fort bien Cofas , & c'eftainf que le vulgaire lenomme. 4 : à Albert le Grand dit, je ne fais fur quelle autorité, que dans une De Si OI S EMA AUX. 85 Ville de France appellée Corbeil , un Corbeau vécut plus de cent ans. Il ajoute qu'il y en avoit un à Erfort qui déroboit de lar- genterie, & alloit la cacher fous une pierre. C’eft aufli ce que font les Corneilles & les Pies. La longue vie du Corbeau eft fabuleufe, felon Scaliger. Cet Oifeau n'entre point fur nos tables, & cependant il eft très rare. Selon Cotgrave , on appelle Corbrner le cri des Corbeaux & des Corneilles. Le mot Corbeau , jadis Corbin , en Guyenne E/f- corbeau , vient de Corvus. On nomme Corbillars les petits du Corbeau , autrement Corbillarts , comme Cornillarts ou Cornil- lats , & même Cornillons ceux de la Corneille, & Prars ceux de la Pie. 1°, La CoRNEILLE COMMUNE, Cornix , Ray Synopf. Corzix aigra , Klein : en Grec Corôneé ; en Italien Cornice ou Gracchia ; en Anglois se Common Crow. Elle eft carnafliere , & fe nourrit ordinairement de charognes ; cependant faute de charognes elle ne laifle pas aufli de ravager les bleds. Elle eft de moitié plus petite que le Corbeau ; du refte elle lui reflemble fort. M. Linnæus n’en parle point, parce qu'apparemment elle ne fe trouve point en Suede ; ce qui eft aflez étonnant. M. Klein remarque auf qu'elle paroît rarement en Prufle. La Corneille a le bec, les jambes & tout le corps très noirs ; la bafe du bec eft couverte de poils ou de barbes comme dans le Corbeau. Ariftote a raifon de dire qu’elle mange de tout. Elle fait d'ordinaire cinq œufs d’une feule ponte. Il n’y a que la femelle qui couve, & pen- dant l'incubation ou la couvaifon le mâle à grand foin de lui apporter à manger. On à cru fauflement que les petits étoient abandonnés par le pere & la mere jufqu’à ce qu'ils commen- çaffent à fe revêtir de plumes. Il n’eft pas:moins faux que quand ils font devenus vieux , les jeunes les nourriflent par une jufte reconnoiflance , ainfi que la Cigogne, la Pie, la Puput, le Vau- tour & le Guêpier, qu’on a propofés aux hommes pour modeles de Pamour & de l’afliftance que l’on doit à fes pere & mere. On dit que la Corneille vit neuf Âges d'homme; qu’elle fert de guide aux Cigognes quand elles paflent les mers ; qu’elle cafle les œufs de la Chouette fon ennemie; qu’elle gagne la lepre quand elle touche à une charogne mangée à moitié par le Loup ; qu’elle fe joint au Héron pour fe battre contrela Belette & le Renard ; qu’elle eft malade dans le folftice d’été; que fes petits fortent de l'œuf par la queue : mais ce font de purs contes faits à plaifirs On 86 Efas Fo1rE NATURELLE n'a pas plus de raifon de croire que la Corneille eft la femelle du Corbeau. Selon Willughby, la Corneille commune pefe dix onces; elle a dix-huit doigts & demi de longueur, & deux pieds & autant de doigts de largeur, les aïîles étendues ; elle pond à la fois quatre ou cinq œufs, femblables à ceux du Corbeau, mais plus petits. Les Anciens difent que la beauté à été donnée au Paon, la force à l'Aigle, l'augure au Corbeau & au Pivert, & les finiftres préfages à la Corneille. Cicéron dit dans fon Traité de la Divi- nation , que les préfages du Corbeau étoient heureux du côté droit, & ceux de la Corneille du côté gauche. Quelle mifere! On a imaginé, dit M. de Réaumur en parlant des Abeilles, une efpece de chafle aux Corncilles affez plaifante ; on leur met de l’appas dans un cornet de papier, rempli en partie, ou au moins enduit de glu. La Corieille qui donne dans le piége qu’on lui à tendu, qui va pour prendre le morceau qui lui eft offert, fe fait une coëffe du cornet, & une coëffe qui lui couvre les yeux , & dont elle ne fait point fe débarraffer. Elle s’éleve alors en air à perte de vue, & l’on aflure qu’elle s’éleve jufqu’à ce. qu’elle tombe fans force, & prefque morte. C’elt un amufement qu'il eft aie de fe procurer en hiver, lorf- que la terre eft toute couverte de neige, & que ces Oïfeaux font afFamés. Il y en à qui appellent notre Corneille la Corbie, pour la diftinguer des autres. En Saintonge , en Touraine & ailleurs, on la nomme une Grole ou Grolle ; en Bourbonnois une Asrolle ; en Sologne , du côté de Romorantin, une Couale ; en Berry Couar ; en Auvergne un Couas ; en Piedmont une Crouaffe ou Croace. Ces divers no.%s ont été formés de fon cri, comme le Grola où Grolla des Italiens. Quelques-uns lui donnent auffi le nom de perit Corbeau , à caufe de fa reflemblance avec le vrai Corbeau. M. Jault , dans la nouvelle édition qu’il nous a donnée du Dictionnaire Etymologique de Ménage, dit que les Proven- çaux & les Marchands de Marfeille qui font dans les Echelles du Lcvant , appellent les Corneiïlles des Grailles ; ce qui marque infailliblement que ce mot vient de Graculus ; car, comme M. Ménage l’a fait voir dans fes Aménités de Droit, le mot Gracu- lus ne fignifie pas un Get, mais une Corneille. Adrien Junius, dans fon Nomenclator en huit Langues, nomme auffi Grarlle en François le mot Latin Cormix ; il ÿ joint même Graillar, dimi- D'E ST OPTS EAU x. 87 nutif de Graille, comme Cornicula l’eft de Cornix. Pierre Borel dit aufli une Graule , pour Grolle ; une Graie , Grarlle ou Agraille ; ce qu’il fait venir du mot Latin Garrula , parce que la Corneille eft babillarde. 3°. Le Freux, Cornix frugilega , Ray Synopf. Corvus ater, Linn. : en Grec Spermologos ; en Anglois the Rook ; en Alle- mand Rooche ou Rouch ; en Suédois Roka. Il paroît reflembler à la Corneille commune; mais il en differe par plufeursendroits; par la grandeur, il eft plus grand que la Corneille; par la cou- leur du bec, il eft blanchâtre à fa racine; ce qui vient de ce qu'en piquant de temps à autre fon bec profondément dans la terre, pour en tirer de petites racines ou des [nfectes, il ufe les plumes qui naiflent autour de fa racine, & y met la peau à nu; par l'éclat de fon plumage, qui eft d'un pourpre-bleu ; en ce qu'il cft Oiïfeau de Compagnie , & qu'il ne vole pas feulement en troupe , mais qu'il fait fon nid de même ; enfin en ce qu'il vit la plupart du temps de grains. M. Linnæus dic qu’il habite dans les Provinces maritimes mé- ridionales de Suede ; qu'il fait fon nid fur les arbres, & que c’eft un Oïfeau nuifible aux bleds. Selon Belon, il a le bec gros, long, droit, pointu par lebout, & jaune ; il s’en fert comme d’un pic; il va en troupe plus que la Corneille ordinaire ; & il ne mange point de charogne; il ne hante jamais le rivage des Rivieres, ne vivant que de ce qu’il trouve dans les terres labourables; au lieu que les Corneilles communes ne volent guere que deux à deux, ou rout au plus une douzaine enfemble , aimant les rivages, & vivant de toutes fortes d’immondices. C'eft l'Oïfeau le plus commun que nous ayons, couvrant quelquefois toute une forèt, & faifant grand bruit par fes croaffements. Le Freux n’eft pas mauvais à manger, étant gros comme une petite Poule ; mais fa chair eft noire & vilaine. Les gens de la campagne difent qu'il fait une foupe ex- cellente. Ses petits font très bons. Javois cru jufqu’ici, fur la foi de Belon , que le Freux avoit le bec jaune, & c’eft de cette maniere que je lavois indiqué à plufieurs Chafleurs qui ne le connoifloient point fur mon indi- cation : mais toutes réflexions faites , & après avoir ekaminé nombre de Corneilles dans les terres enfemencées de la Beauce, j'ai reconnu que fi le bec de cet Oïfeau paroît jaunâtre de loin, ce n’eft que parce qu'il eft fouvent crotté ou couvert d’un enduit de terre plus ou moins féche. Aldrovandus prétend que Belon a eu tort d’appeller Gracculus ss H1SsTOoIRE NATURELLE cette efpece de Corneille , attendu que le vrai Gracculus ef le Choucas ou la plus petite Corneille. Le Freux , {elon Willughby , pefe dix-neuf onces ; il a vingt aoigts de longueur, & le vol de trente-huit doigts ; fes œuts font femblables à ceux du véritable Corbeau, mais plus petits , _femés de plus grandes taches, fur-tout au gros bout. Le mot Freux, que quelques-uns appellent groffe Cornerlle , vient de Frugilega ou Frugivora. On trouve aufli écrit Frez ou Freus. Il y en a qui donnent à cette Corneille les mêmes déno- minations qu'à la Corneille commune. Elle eft nommée le Frayon dans un Livre intitulé /e Miroir de la Fauconnerte. 4°. La CORNEILLE MANTELÉE , Cornix cinerea frugilega , Ray Synopf. Cornix varia , Gefn. Corvus capite , gul& , alis caudâque nigris , trunco cénerafcente , Linn.: en Anglois the Royflon-crow. Sa tête , fa gorge jufqu’au ffernum ou bréchet , & {es aîles, font noires; le refte du corps eft cendré. Quelques- uns l’appellent Corneille marine ou de mer. Elle eft fréquente dans la plaine voifine du Bourg de Royfton & ailleurs, dans le territoire de Cambridge , fur-tout en hiver. Nous lui avons trouvé l’eftomac rempli de froment, d'orge & d’autres grains. Selon M. Linnæus, fa tête , fa gorge, fes aîles, fa queue, fes pieds & fon bec font noirs; tout le refte eft cendré ; depuis la gorge jufqu’au milieu du cou en deffous , elle eft noire; elle pond quatre œufs à la fois. Elle habite dans les bois ou bocages, communément dans les aunaies ; elle mange des Infeétes & diverfes charognes ; elle vole par troupe ; elle fe nourrit aufli de chenilles : de-là vient qu’elle purge les paturages & les prés de la vermine qui confume le foin : elle annonce d'avance la tem- pète future & les vents dans les lieux maritimes ; elle mange encore des coquillages & des têtes de Grenouilles. M. Klein dit que l'hiver, dans la bafle Saxe, une multitude innombrablede ces Corneilles afliégent les greniers durant la nuit, en criant de toutes leurs forces ; mais que fouvent elles en’font chaffées par les gros Hiboux , qui y font un grand tapage. On lappelle Corneille mantelée , parce qu’elle eft noire & grife, comme fi elle étoit vêtue d’un Manteau; quelques-uns Îa : nomment la mantelle ; d’autres la Bedeaude , à caufe de fa robe de deux couleurs ; le Meunier ou la Meuniere , pour la même raifon , ou la Jacobine ; autrement Corneille fauvage, Corneille d'hiver , & par dérifion Roffignol d'hiver , parce qu’elle vient nous annoncer l’hiver , comme le Roflignol nous annonce le printemps ; car elle ne fait point fon nid dans ce Pays-ci ; elle nous DE s LOGNTIS EAU. x. 89 nous quitte aux premieres chaleurs du printemps, & revient chez nous tous les ans vers la fin de automne , pour y pafler tour l'hiver , cherchant fa vie dans nos campagnes, près des Bourgs & des Villages, & en particulier dans les fientes des animaux le long des grands chemins. ; : VWillughby remarque que la Corneille mantelée pefe vingt- deux onces ; qu'elle eft longue de vingt doigts , & que fes ailes De 5 étendues ont trente-neuf doivts de largeur. 5°. La PETITE CORNEILLE , dite CHoucas , Monedula five . Lupus Aldrovandi, Ray Synopf. Cornix garrula , Klein. Corvus fronte nigrä, occtpite incano , corpore fufco , alis caudäque nigris, Lin». : en Grec Coloios ou Lucos ; en Italien Monacchia , Cutta ; en Anpglois te Jack-Daw ; en Allemand Dohle ou Thole ; en Suédois Xaja. Elle eft plus petite que la Corneille commune; la partie poftérieure de [a tête, jufqu’au milieu du corps, eft gri- sacre, comme aufli la poitrine & le ventre; le refte du corps eft noir , avec une lueur bleue; mais le haut de la tête l’eft davan- tage. Cet Oifeau a la tête grande à proportion du corps; ce qui dénote un génie fin & adroit. Selon M. Linnæus, le bec, le front, la gorge, les aîles, la queue & les pieds font noirs ; le derriere de la tête & le cou cen- drés ; l'iris des yeux blanche ; le dos noirâtre; la poitrine & le bas du ventre d’un gris-obfcur. Willughby dit que cet Oifeau pefe neuf onces & demie; que la longueur de fon corps , depuis le bout du bec jufqu’au bout de la queue , eft de quatorze doigts, & la largeur des deux aîles étendues de vingt-huit doigts & demi. Il eft commun dans certains cantons, & rare dans d’autres. Ces pfétendus Corbeaux, qui nichent en fi grande quantité fur l'Eglife de Saint Julien du Mans, ce qui a été regardé comme un phénomene furprenant, & a donné lieu à des queftions & à des réponfes en forme de differtations, imprimées dans le Mer- cure de France, ne font autre chofe que des Choucas qui s’at- troupent volontiers, & affectionnent certaines tours préférable- ment à d’autres, pour y loger toute l’année, On voitfouvent plus de cent nids de Choucas dans une feule Tour: mais on ne les voit point faire leur nid dans des trous d'arbres, comme le veut Albert le Grand. C'eft le Gracculus des Anciens, & la petite Corneille voleufe d'Horace. Les Latins l'ont nommée Monedula , comme quidiroit Monetula , à caufe que le naturel de cet Oifeau eft de voler de la monnoie , comme or & argent : voilà pourquoi l’on dit en pro- 90 HASToIRE NATERELLE verbe , voleur ou larron comme une Chouette. Pline tourne fa chofe à fon honneur; car il dit qu’elle a montré aux hommes à femer le bled , par le foin qu’elle à de le cacher en terre pour fa provifion. On l’appelle ordinairement Chouca , Choucas , Chocas, Chucas , Chicas ; Chouette , Chuette , Chouchette, Chouqguerte , Chuquerre ; & ces divers noms lui ont été donnés par onomato- pée, c’eft-à-dire, à raifon de fon cri naturel. Quelques-uns la nomment Cornillat, Cornilleau ou Cornillon , comme qui diroit pete Corneille. Selon Cotgrave, elle eft encore appellée Gaz, pour Gear, parce que c’eft le Gracculus , ou le Gear de la Fable ; Chue en Savoye ; & en Picardie Cauë, Cauette ou Cauvette. En bafle Normandie on appelle vulgairement nos Choucas des Fau- vettes , apparemment pour Cauvettes, à la maniere des Picards. 6°. Le CHoucAs À BEC ROUGE, Coracias , Pyrrhocorax ettam diéla | Ray Synopf. Cornix roftro pedibufque rubris , Klein ; en Iralien T'accola ; en Anglois he Cornish-Chough. I] eft affez dif- tingué par la couleur rouge de fon bec, non-feulement du pré- cédent, mais aufli de tous les autres Oifeaux de ce genre; de forte qu'il n’eft pas befoin d’ajouter d’autres fignes caraétérifti- ques , quoique nous n’en manquions pas. Il fréquente principa- lement les rochers & les côtes maritimes, non-feulement dans la Province de Cornouaille, mais encore dans le Pays de Galles. Le Corbeau fauvage de Gefner s'accorde en tout avec notre Choucas , excepté pour la grandeur. 7. PL. 9. Fig. 2. Selon Willughby , le male pefe treize onces, & la femelle douze onces & demie : l'Oifeau depuis le bout du bec jufqu’au bout de la queue, a dix-fept doigts de longueur; & la largeur de fes aîles étendues eft de trente-trois doigts & demi. Il fréquente les montagnes, & il eft commun dans les Alpes: mais il ne defcend prefque jamais dans le plat-pays ; il eft noir comme un Merle, mais plus gros & plus criard. Ïl fait fon nid dans les creux des rochers, où il ne pond à la fois quetrois œufs. I! mange de tout, mais principalement du grain. Îl n’y a guerts que les pauvres gens quien mangent, quoique fes petits ne foien pas mauvais. Olina dit qu’on le nourrit dans les volieres pour f beauté ; & Belon, qu'il s’apprivoife aflez aifément ; qu’on peut même lui apprendre à parler, & que fon cri, qui eft un peu importun, fe fait entendre de bien loin. En effet, j'en ai vu deux à Paris, dans le Fauxbourg Saint Germain des Prés , qui étoient fort privés, qui vivoient de bonne intelligence avec les Pigeons de voliere , allant & venant parmi eux. Le mot Pyrrhocorax eft purement Grec, & fignifie Corbeau DE MOT SE A U x g1 rouge ; auM a-t-il les yeux , le bec & les pieds d'un beau rouge orangé. On l'appelle en François Chouca où Choucas à bec & pieds rouges , Chucas de rocher ou des Alpes, Choucas de montagnes, Choquar dans le Vallais, pertt Chucas ou Chouerte rouge. 7°. Le CorBEAU DES INDES, Corvus Indicus Bon , Ray Synopf. Il reflemble à notre Corbeau par le bec ; mais aux tem- pes il eft piqueré comme les Pintades. Il à la rère & le cou ornés de plumes noirâtres; les pieds & les ongles forts. Il differe de nos Corbeaux pour le caractere, en ce qu'il ne fe nourrit point de charogne, mais principalement de noix mufcades, donc il fait un dégât confidérable. Sa chair eft délicate. 8°. Le CoRBEAU INDIEN , dit RaiNoceros, Corvus Indicus cornutus , feu Rhinoceros avis Boni ; Rhinoceros avis Aldrovan- di ; Topau Wormii Muf. Ray Synopf. Il furpafle de beaucoup en grandeur notre Corbeau d'Europe ; fon bec eft énorme à pro- portion du corps. Jean NieuhofF le décrit fous le nom de Jagervogel : mais comme je n’entends pas bien la Langue Flamande, je renvoie le Lecteur au Livre de Nieuhoff. Il paroïît qu’il y a différentes efpeces de cet Oifeau; car nous avons vu trois becs de cette forte fi différents pour la forme, qu'ils ne pouvoient être d'un feul & même Oifeau. On en trou- vera les figures dans l'Ornithologie de M. Willughby, où le Lec- teur doit recourir; car on ne fauroit les décrire fans un long verbiage fort dificile à comprendre. Cet Oifeau aux Ifles Phi- lippines eft appellé Ca/ao ; il eft gros comme un Coq, fon corps eft gris-brun. Cet animal s’apprivoife, & détruit les Rats & Les Souris dans les maifons. #7. PI. 9. Frp. 3. 9°. La CoRNEILLE BLANCHE. Elle eft un peu plus groffe que le Geai de France, d’un blanc-fale ; elle a l'iris rouge, le bec & les pieds blancs comme le refte du corps. Il y en a une vivante à Paris, où elle à été apportée de l’Iflande. 10°. Le CorgEau JASPÉ de blanc & de noir. Il eft gros comme un Coq, eft jafpé de plumes blanches , noires & grifes- brunes ; fon bec , fes jambes, fes pieds & fes ongles même font auf jafpés de blanc & de noir. Il a été apporté de l’Tfle de Ferroë en Dannemarck par le Capitaine Tureau. Le pErIT Corgrau du Cap de Bonne-Efpérance. Il eft gros comme un Merle, tout noir ; les plumes de fa tête & de fon cou, longues & étroites , forment une efpece de cravate lorfqu'il Les redreffe ; il porte à la racine du bec entre les narines , une demi- Mij 92 H1STOIRE NATURELLE douzaine decrins noirs, longs d'environ quatre pouces. #7. PL: Pro, M. Klein fait mention de plufeurs Corneilles étrangeres que nous ne connoiflons pas. AR THEMENLUE ST ENC O (ND: Du genre des Pres. LE À À Pie, Pica varia caudata , feu fimpliciter Pica , Ray Synopf. Prca Rufticorum vulgaris , Klein. Corvus caud& cuneifor- mi, Linn. : en Grec Kzrta ; en Italien Gazzera ; en Anglois he Magpye ou Pianer; en Allemand Aglafler ou Alefter ; en Sué- dois S£ara. Elle differe des Oifeaux congéneres ou du même gen- re, par fon plumage varié de blanc & de noir; par la forme fin- guliere de fa queue, dont les plumes du milieu font les plus lon- gues , & les autres infenfiblement plus courtes par ordre ou fym- métrie , jufqu’aux dernieres ; par fon nid fupérieurement cou- vert d’épines de tous Les côtés : il y a feulement un trou au côté. Selon M. Linnæus, la Pie a la tête , le cou, le dos, le crou- pion, l'anus, les cuifles , le bec & les pieds noirs; la poitrine, les côtés, les plumes du fecond rang de la bafe des aîles blan- ches ; les dix premieres plumes de l'aile noires au côté extérieur, blanches au côté intérieur ; les autres noires, extérieurement foyeufes-bleuâtres ; la queue en forme de coin, de la longueur du corps, dont les plumes pliées enfembles font toutes vifbles en deflus foyeufes-verdâtres. Elle habite dans les arbres près des maifons, & elt très commune par tout le Royaume de Suede, à Pexception de la feule Laponie. Elle bâtit fon nid avec artifice, & pond pour l'ordinaire fept œufs à la fois. Elle ne doit pas être diftinguée du genre des Corbeaux. M. Klein obferve que les Latins l'ont nommée Pica, comme qui diroit Préla , en Gtant lez, à caufe de la variété des couleurs de fon plumage ; qu'elle approche de fort près du genre Corbin par le bec , par les pieds & par les ongles, & que le favant Lin- » m » = C © ! nœus n'a pas mal fait d'affocier les Pies aux Corbeaux ; que néan- 3 è : (1 1 PS l ‘ x : » A . d : 1 » - - x - . + h \ FR \ 2 | | ” : 1 ‘ + : à , URL _S ï k 2 : : À ' 1] . ‘ A 4 £ À ai A v e : | D" | . 4 = ‘ : C 0 v ‘ ‘ Fe | | 3 è : - à ' ï 1 0 : 7 2 W Y Dane at Cravé par Martinet : n x / : ; 1. Corbeau di Cap de bonne Lcperance2 Cornerdle a bec JOUE : 3: Calao , (= DRE SONT S EAU x. 93 moins il ne faut pas les confondre avec les Corncilles , dont elles fe diftinguent fur-tout par leur longue queue, & en ce que les Pies ont les aîles courtes; au-lieu que les Corbeaux & les Corneilles ont ordinairement les aïîles longues. Belon dit que fi l'on Gtoit les plumes blanches à la Pie, elle feroit toute femblable à la Corneille : il ajoute qu’elle fait environ neuf ou dix œufs ; qu’elle a cela de particulier qu’elle devient chauve tous les ans dans la mue ; qu’on la trouve en tout Pays, & qu’elle mange de tout. La Pie a beaucoup d'inftin& ; elle parle comme l’homme quand on Pinftruit, & a beaucoup de babil ; mais pour qu'elle parle bien , il faut qu’elle foit en cage; de-là vient le proverbe, jafer comme une Pie. Quand elle eft foule, elle va cacher adroi- tement fes provifions ; quoique libre & à la campagne, elle fait des amas ou provifions de vivres, par exemple, de noix; & fi en chemin il lui en échappe une du bec, elle fait bien l'aller ramafler à verre. Cela fe voit tous Îes jours, pour peu qu’on y fafle atten- uon. Or il n’eft pas plus difiicile de croire que le Geai fait de même des provifions 2e glands, de noix, & d’autres vivres. La Pie a beaucoup de mémoire; elle eft voleufe, & il faut s’en méfier. On en raconte bien des hüftoires. Elle eft carnafliere, & détruit force gibier, même les Lapreaux. Si l’on en croit les Oifeliers, on diftingue dans la Pie , le Geai & l’Etourneau , le mâle de la femelle par la langue noire : mais on sy trompe tous les jours. La Nouvelle Maïfon Ruftique dit que dans la Pie le mâle fe connoît en ce qu'il a des plumes bleues fur le croupion. Wor- mius en a eu une toute blanche. Il y a plufieurs années qu’à quelques lieues d'Orléans on en prit en Sologne une aufñli toute blanche , à l'exception d’une feule plume noire au milieu d'une des aîles. J'ai envoyé pour la curiofité cette Pie à M. de Réaumur. Selon Willughby , la Pie pefe huit à neuf onces ; fa longueur eft de dix-huit doigts; elle pond cinq ou fix œufs d’une feule ponte, quelquefois fept, plus petits que ceux du Corbeau, plus pales ,,& femés de taches plus fréquentes. Jean Liébault dit que les Pies & les Moineaux couvent alternativement. La Pie aime qu’on l'appelle Marsor, & elle le prononce bien. Ses petits, nommés Prars , font aflez bons à manger. La Pie marche en fautant, & remue la queue à la maniere des Hoche- queues, elle change de voix comme elle veut, & contrefait aifé- ment les cris de divers animaux. Suivant le rapport des Chaffeurs, la Pie gobe les œufs dans les nids des Oifeaux, &en mange les petits, de même que [a Corneille, 94 H1isToiIRE NATURELLE En Picardie , en Gafcogne & en Bourgogne, on nomme fa Pie Agace ou Apaf/e ; en Poitou, en Périgord & en Angoumois, Ajace ; en Bretagne Agacc. Selon Pierre Borel , on difoit an- ciennement Apache , & agacter où agacer veut dire quereller, harceler ; d'où vient le mot Agache ou Agace, à caufe que la Pie cit un Oifeau Carnallier, & qui criaille fort. Ménage dit qu’il vient d'acaciare , agafler ou agacer, parce que les Pies font co- leres. M. Bochart croyoit qu'il avoit été dit par tranfpoñition de lertres de Arabe Azaggo , qui fignifie la même chofe. Mais felon M. Huet , on difoit autrefois Aga/fe pour Agathe , comme Ma- czeu pour Matthieu , Macé pour Matthias. On a donc nommé la Pie Agathe où Margot , comme le Geai Richard , l'Etourneau Sanfonnet , lAne Henr: |, Martin ou Bauder, de Baldeftus , diminutif de Baldus , nom propre d'homme; & d’Apoaffe , dans la fignification de Pie on a fait apaffer. J’aimerois mieux dire que le mot AgafJe ou Agaffer elt formé du bruit que font les Pies , lorfque découvrant quelque animal qu’elles n’ont point accou- tumé de voir , elles criaillent après lui. La Pie agace ou décele le Cerf par fon cri. On trouve dans la baffe Latinité Ajacia pour fignifier une Pie. On dit encore en Normandie que les Oifaux agacent, pour marquer les cris qu'ils font quand on approche de leur nid; ce qu'on appelle ailleurs maudir, Or tout cela femble venir du cri naturel de la Pie, fans aller chercher fi loin fon éty- mologie , nidériver, comme font quelques-uns, le nom d’Agaffe de l'Italien Gazza ou Gazzera , qui fignifie la même chofe, & femble avoir été formé de mème par onomatopée. En Sologne on l'appelle une Ovaffe , & les Solognots difent que cela peut venir du mot Ouarlle , qui veut dire une Brebis, parce que la Pie monte fur la Brebis comme fur le Cochon, avec cette différence que le Cochon aime la Pie, parce qu’elle le gratte & lui ôte fa vermine ; au lieu que la Brebis hait la Pie , parce qu’elle la bec- quete & lui arrache la laine. Selon Cotgrave , on la nomme encore Dame, Jaquette ou Jaguerte. 2°. Le Geat, Pica glandaria , Ray Synopf. Corvus variegatus, tectricibus alarum cerulers , liners tranfverfis albrs nigrifque, Linn. : en Italien Ghrandaia ; en Anglois the Jay ; en Allemand Holrz- Heher où Marcolfus ; en Suédois Noerskika. Il à les plumes du fommet de la tête variées de blanc & de noir ; la couleur du dos rouffe , avec quelque teinture de bleu. Mais la marque frappante par laquelle il differe des autres Oifeaux de ce genre, eu égar a la couleur, ce font ces petites plumes très belles qui fe trouvent à Ja bafe de l’aîle, bariolées de lignes tranfverfales bleues , fort DE S OLIS E A. U/ x. 9$ jolies , blanches & noires , qui couvrent les quinze premieres grandes plumes. Il dévore non-feulement des glands, mais aufli des féves nouvelles qui ne font pas encore tout-à-fait müres, & des cerifes dont il eit très-avide: Selon M. Linnæus , il a la tête d’un gris-tanné ; les épaules, la poitrine & le bas du ventre tannés; le front tanné-blanchitre avec des taches noires longitudinales ; une rache noire fous les yeux derriere le bec ; la gorge blanche dans quelques-uns ; les grandes plumes des aîles noires; mais les fept premieres font en grande partie blanches à leur bord extérieur, & les trois fuivan- tes d’un blanc de neige au côté extérieur depuis la bafe jufqu'au deffus du milieu ; tout le refte noir , dont cinq font plus longues que les autres ; les plumes du fecond rang font bleues au côté extérieur , avec des lignes noires en travers ; il a Ja queue noire, avec des plumes blanches en recouvrement; le bec noir, avec des mouftaches de part & d'autre, compofées de cinq ou fix foies noires ; la langue membraneufe, fendue en deux. Il habite com- munément dans les chènes. Dans une couvée de cinq on en a trouvé deux blancs, dans les aîles defquels on apperçoit une legere teinture de ce bleu-quadrillé qui orne l’aïle des autres. Il en a un au Jardin du Roi. Willughby dit que le Geai pefe fept onces; que fa longueur eft de quatorze doigts, & l'étendue de fes aïîles de vingt-un doigts & demi; il ajoute que la femelle n’eft que peu ou point différente du mâle; ce qui fait qu'on les diftingue très malaifé- ment l’un de l’autre. Bclon obferve que le Geai a le bec tant foit peu recourbé , fort & large jufqu’à avaler des glands tout entiers comme le Pigeon ramier ; la langue fourchue ; la queue un peu longue , compofée de douze plumes noires. Quand il veur, il redrefle tellement fes plumes fur fa tère qu'on s'imagineroit que c’eft une huppe. Les Payfans difent qu'il eft fujer à tomber du mal caduc, fur-tout quand il a été déniché dans un poirier, & cependant ils en mangent autant qu'ils en peuvent attrapper. Les Geais s'aiment beaucoup l’un l’autre ; lorfqu’on a bleflé un jeune Geai, fi on le fait crier en le mettant fous le pied ou autrement , tous les autres viennent à fon fecours , & donnent au Chafleur tout le loifir de les tuer : mais on a remarqué que les vieux fouffrent tout fans crier. Une chofe qu’on ne trouve en aucun autre Oi- feau , c’'eft qu'il a les côtés des aîles marqués de belles taches azurées qui font en travers. Cet Oifeau eft naturellement larron comme la Pie, & fe plaît à cacher ce qu’il a dérobé. Frifch dit 95 HisTOIRE NATURELLE que le Geai et carnaflier de même que les Pies & les Corbeaux ; que non-feulement il mange les petits Oifeaux dans les nids, mais qu’il fe jette mème fur ceux qui fe_prennent à la glu ou dans des filets, ou bien au trébuchet; qu'il mange de tout en cage , & que fouvent il y vit jufqu’à dix ans ; qu’il mange ordinai- rement des glands ; qu’il cherche aufli les noifetres müres desbois, & qu'il cache foit dans des faules creux, foit dans d’autresarbres ouilya de la terre, ce qu'il ne peut pas manger, afin de pou- voir le retrouver l’hiver dans des temps de difeite; que quand il apperçoit un Renard, ou quelque Oifeau de Proie, ila un cri particulier qui s'entend de loin, par lequel il fait venir ceux de fon efpece , & qu’en le prend aifément à la pipée, en contre- faifant le cri de fa Chouette ; que fa chair eit dure; mais que lorfqu’on la fait un peu bouillir, puis rôtir, elle prend un aflez bon goût , & approche de celui d’une Oie rôtie. M. Klein dit ue c’eft un Oïfeau élégant, madré & gai, qui ne cefle de jafer & de contrefaire ce qu'il entend, qui s'étant farci de gland en met en réferve dans des creux d'arbres, & qu'il fe laiffe prendre comme les Grives, à lappas des cormes qu'il aime. Autant le Geai eft beau & propre en liberté , autant il eft vilain en cage pour l'ordinaire ; de-là eft venu le mot, fale comme un Geai. Les mots Gear, Jar, Jayon ou Gayon , viennent de Gaius pour AHilaris, à caufe de fon caquet, qui eft une marque de gaicté ; & en effet, la joie eft babillarde, felon Ménage; d’au- tres les font venir du Grec Gaioo , fe réjouir ; d’autres difent fimplement qu’on l'appelle Gear , comme qui diroit Gai ; en Guyenne &en Picardie,on dit Gaz ou Guar,& c’eft ainfi qu'il eft écrit dans Calepin; à Verdun un Jacques , comme en Champa- gne, où il eft encore nommé un Gautereau ; en Orléanois un Jacuta, un Geta , un je n'ai pas, par une froide allufion au mot j'ar ; vulgairement un Richard , que les Picards prononcent Ri- card ; en Bretagne & en Anjou on dit aufli Rzcard. Selon le Dic- tionnaire de Trévoux, on l’appelle en quelques Provinces Gau- trot où Wautror ; ce qui autorife l’étymologie de Y’arius , plu- fieurs Ecrivains Latins modernes ayant appellé le Geai Pica varia , à caufe de fon caquet & de la diverfité de fes couleurs. C'eft le Garrulus des Modernes, ainfi nommé, comme qui diroit le Jafeur. | 3°. Le GEAï DE STRASBOURG , Garrulus Argentoratenfis Al- drovandi , Ray Synopf. Cornix cerulea , Gefn. Corvus dorfo fan- guineo, remig1bus nigris , rectricibus viridibus, Linn.en Anglois che Roller ; en Allemand Blaue Raaëcte ou Teutscher Papegey , c’eit- DE SION SEA AUU, x. 97 c'eft-à-dire, Corneille bleue ou Perroquet d’ Allemagne ou Rol- lier. I eft d’un très beau plumage; il a la poitrine & le ventre d’un bleu-blanchâtre ; le croupion & les petites plumes de l'aîle teintes d’un bleu agréable; la cête d’un bleu tirant fur Je vert- obfcur ; les grandes plumes des aîles & de la queue mêlées de bleu, de noir & de blanc. Les marques fingulieres dans cet Oi- feau font, 1°. des tubercules ou verrues nues aux yeux ; 2°. [a figure de la queue, dont les plumes les plus extérieures des deux côtés font plus longues que les autres ; 3°. les doigts divifés juf- qu’au fond ; 4°. fa langue , qui a feulement deux appendices fourchues. 7. PZ. 10. Fig. 1. Nous ne croyons pas que la Pie de Mer, décrire par Aldro- vandus au Chapitre 16 du Livre 12 de fon Ornithologie, foit différente de notre Geai de Strasbourg , quoique les couleurs ne s'y accordent pas ; peut-être qu'Aldrovandus a fait fa defcription à l’infpection de la Figure gravée. La Corneille bleue de Gefner nous paroît aufli être le même Oifeau que le Geai de Strasbourg; nous n’affirmons pourtant rien. Selon M. Linnæus , c’eft l'Oifeau le plus beau & Îe plus bril- lant de tous les Oifeaux de Suede ; fon dos eft d’un rouge-fan- guin ; il a les grandes plumes des aïîles noires, & les plumes de A queue vertes ; la bafe des aïîles bleue, & le difque vert. Il ha- bite dans plufieurs Provinces méridionales de la Suede. M. Klein dit que le deflus du corps eft d’un rouge-foncé; qu’au temps de la moiflon il fe met fur les tas de froment, fe nourriflant de grains & d’Infeétes répandus dans les champs ; que fes petits fientent dans le nid , d’où leur font venus des noms diffamants ; que c’eft le plus varié de tous les Oifeaux d'Europe; ce qui lui a mérité le nom de Perroguet ; que hors le temps de Ja moiflon il fe nourrit lui & fes petits de baies fauvages & de différents Infectes. Bclon ne l’a point connu. Selon Frifch , il fait fon nid dans les bois où il y a beaucoup de bouleaux, & c’eft pour cela qu’on l'appelle Gear de Bouleau ; il prend fa belle couleur bleue dans fa feconde année ; il vole par bandes en automne comme les Pies & les Corneilles ; on le voit même fouvent avec ces der- nieres dans les terres labourées, fur-tout dans celles qui font pro- ches des bouleaux, où il cherche des Vers, de petites graines ou racines, & des grains nouvellement femés. Plufieurs Chaffeurs le tuent pour le faire rôtir; & comme fa chair eft fort tendre , il a de cette façon le gout de la Tourterelle, On le nomme encore N 93 HisrToire NATURELLE Geai bleu , Pie ou Corneille bleue , Corbeau bleu , Corneille de grains , Perroquet d’ Europe ou d'Allemagne ; ordinairement Gear de Strasbourg , parce qu'il fe trouve aux environs de Strasbourg. Les Auteurs ne parlent point de fes œufs. Jonfton dit feule- ment qu’il fait fon nid d’excréments humains, comme le Put- put. M. de Réaumur avoit plufieurs Oifeaux de cette efpece bien confervés. Il sen trouve quelquefois en Sologne , du côté de Romorantin, même en toutes faifons, à ce qu'on m'a afluré; ce qui me feroit croire qu'il y fait fon nid : mais jufqu’ici per- fonne ne m’a pu dire l'avoir trouvé. L'an pañlé il en fut tué un au-delà de Clery , que M. Roze , Aubergifte de ce Bourg , m’en- voya tout frais; & j'avoue que je n'ai jamais rien vu de plus beau en fait d'Oifeaux. 4°. La Pre De PERSE, Pica Perfica Aldrovandi , Ray Synopf. : Aldrovandus a décrit cet Oifeau d’après la Figure; & comme les marques qu’il en rapporte ne font d'aucune importance ; favoir le bec blanchâtre ; l'iris des yeux blanche ; les pieds bleuâtres ; les plumes des aîles du fecond ordre, le croupion, & les pre- mieres plumes de la queue jaunes ; j'avoue que je ne fais pas quelle forte d'Oifeau c’eft, à moins de le ranger dans la clafle des Troupiales. 5°. Le Casse-Noix, Caryocatailes Gefneri & Turner: , Ray Synopf. Pica nucifraga , Klein. Corvus cinereus , caudé alifque gris, Linn. Il eft d’une grandeur moyenne, entre le Merle & Ja Pie; il a le bec noir, fort, femblable à celui des Pics; toutle corps , tant en deffous qu’en deflus , d’un roux-brun, très-joli- ment piqueté de taches blanches triangulaires, excepté la tète ; il eft blanc entre les yeux & le bec ; au deffous de l’anus, les plu- mes qui font fous la queue font aufli très blanches; fa voix eft femblable à celle de la Pie. . PL. 10. Fig. 2. M. Klein l'appelle en Allemand Nuszbrecher ; ce qui répond au mot Latin aucrfragus. J'en connois, dit-il, deux variétés plu- tot que deux efpeces : l'un a tout le corps bariolé de taches bru- nes & blanchâtres, à la façon d’un Etourneau ; le bec fort angu- leux ; la langue de la Corneille, & un peu divifée comme celle de toutes les Pies, mais plus longue: l’autre qui eft plus petit, 2 la langue très courte , comme placée dans le gozier , terminée aux angles des mâchoires, & plus fendue; le bec long de près de deux pouces, pe rond , & la mâchoire fupérieure plus longue. Le premier cafle en perfection les avelines, & l’autre les perce; tous deux fe nourriffent de différentes baies fauvages , & même d’In- fectes. Ils font leur nid dans des creux d'arbres ; & dans l'au- DE SMNOPE STE ANUS 99 tomneils y font des provifons de noifetres & de glands, de même que le Geai. Frifch dit que comme il fe tient principalement dans les forêts de fapins, & qu'il tire fa principale nourriture des amandes des pommes de fapin, on l’a nommé Pre de fapin piquetée ou gri- velée. Il ne laïfle pourtant pas, ajoute-t:il, de manger des glands & des noifettes comme notre Geai, dontil a au refte toutes les qualités naturelles. À l’écard du nom qu’il porte encore de Gear de Turquie, ce n’eft pas qu'il fe trouve plus en Turquie qu’ail- leurs: mais c’eft le Peuple qui l’a nommé de la forte; car il donne volontiers un nom de Pays étranger à tout ce qu’il ne voit pas fouvent, ou qu'il ne connoît pas. On pourroit donc également l'appeller Gear d'Italie, Geai d’ Afrique. Quelques-uns le nom- ment Gear du Limoufin ou d'Efpagne ; d’autres Corbeau de Bre- zagne ; en Franche-Comté Gear d’ Auvergne. C'eft le Piquereau des Savoyards. On ne connoîït point cet Oifeau dans notre Orléanois. Le Ré- vérend Pere Dom Vifiteur de la Chartreufe d'Orléans m'en a donné un parfaitement bien embaumé par le Chartreux de Nan- cy, je l'ai envoyé à M. de Réaumur. Dom Vifiteur n'a appris en même-temps que les Auvergnats le nomment vulgairement Caffë-Alaigne , comme qui diroit Caffe-Noifette ou Caffe- Ave- line ; qu'il fe trouve aufi en Lorraine & en Bretagne; que comme il fait tort aux arbres en les perçant comme fait le Pivert, les Gardes le tuent tant qu'ils peuvent. Du-refte c’eft un bel Oifeau. M. Linnæus fe contente de dire que notre Cafle-Noix s’ap- pelle en Suédois Noer-wecka ou Noer-kraka ; qu'il habite dans le Smoland ou la Gothic méridionale , Province de Suede , & qu’il eft rare ailleurs. Quant à la defcription du Geai de Bohème, Ray dit qu’il la renvoie parmi les petits Oifeaux à bec gros & fort, au genre def- quels il femble plutôt appartenir qu'à celui des Pies. 6°. La Pre ou RorLiER DESINDES, Pica caudata indica , feu Japonenfis Aldrovandi , Ray Synopf. Elle a le bec & les pieds rouges ; la tête & le cou bleus ; la poitrine & le ventre blancs: mais qu'eft-ce que cela dit ? 7°. Le GEAï Bourron Des INDES , Memus feu Picus garrulus Tndicus , Ray Synopf. Charleton dit qu'il n’eft pas fort différent du Gceai ordinaire, mais qu’il eft beaucoup plus petit. Que peut- on en conclure ? 8°. Le GEA1 BLEU cft gros comme un Etourneau ; fon bec eft N ij 1060 Hiéroire "NATURELLE noir ; une belle huppe bleuc lui couronne toute la tête ; tout Le deflus de fon corps eft bleu ; le deflous eft d’un bleu très pâle, tirant fur le blanc ; le ventre gris ; les aîles quadrillées de bleu blanc & noir; la queue bleue en deflus, coupée tranfverfale- ment de bandes noires , & blanc-fale en deflous On le trouve à la Louifiane & dans toute la partie du Miciflipi. La femelle a les couleurs moins vives & moins foncées. 9°. Le GEaA1 ou Rozrrier Des Paiziprines eft de la groffeur du Geai ordinaire ; il eft fuperbe par la variété & le tranchant des couleurs. Sa tête eft aigue-marine; le deflus du cou violet; le deflus du dos & des aîles vert & olive changeant; il a le bas du dos & le croupion bleus & verts; les barbes des plumes des joues & de la gorge d’un beau violet, & leur tige blanche; la poitrine violette ; le ventre & les cuifles aigue-marine; le deflus des aïles & de la queue bleu-foncé , aigue-marine & noir , mêlé d’un bleu très vif; la tige de toutes ces plumes eft noir-jais dans fa lon- gueur ; l'iris eft blanche; le bec noir. 10°. Le GEA1 ou RoLLtER DE LA CHINE, appellé Roz des Bois , eft de la grofleur du précédent ; tout le deflus de la rète & du corps eft vert-tendre; les parties latérales de la tête font noires ; le deffous des aîles eft gris ; le deflus olive & vert fondus enfemble, mêlés de maron. Cet Oïfeau eft rare; on l'appelle à Canton Sau-1a-Hoang. Ray ne fait point ici mention de la Pie du Brefil, dite Toucan, ui eft d’une grandeur moyenne entre la Pie ordinaire & le Merle; fon bec eft énorme à proportion du corps, mais tranfpa- rent, & d’une extrème légéreté, jaunâtre, dentelé en forme de {cie. André Thevet dit qu’elle fe nourrit de poivre. Ray la compte parmi les Oifeaux qui ont de l'affinité avec les Pics, comme on le verra plus bas. D'E SU ET SEA AQU. X. 101 AR ŒNrIC 1 E° L R Oo PS MEME. "Des Pics: 10! L E Pic Notr, Picus niger maximus , Ray Synopf. Picus aiger, vertice coccineo , Linn. : en Anglois ske Great Black Wood- pecker ; en Allemand Schwarez-Spechr ; en Suédois Spzllkraoka. Il eft fufffamment diftingué des autres Oifeaux du même genre, par fa grandeur infigne, par la couleur noire de tout fon corps, à l'exception de la tête, qui jufqu’aux narines eft teinte d’une très belle couleur de vermillon. #7. PL 10. Fig. 3. Selon M. Linnæus, il a tout le corps noir, & depuis la bafe du bec jufqu’au derriere de la tête, une tache oblongue rouge ; le bec & les pieds gris-bieuâtres. Il habite en Suede dans les vieux arbres fecs. M. Klein dit que le mâle, fuivant l’âge, a le derriere de la tète plus ou moins rouge ; mais que la femelle eft toute noire. Selon Frifch , c’eft le plus grand des Pics, & il en a toutes les propriétés ; 1l fait ordinairement fon nid dans les trembles ou les peupliers , & fon nid eft large & profond. Il donne de fi furieux coups de bec, qu’on l’entend d’auili loin qu’une hache; les plumes rouges de fa tête defcendent plus bas fur la nuque du cou dans quelques-uns de ces Oifeaux , que dans d’autres; ce qui diftingue les vieux mâles ; car les femelles n’ontrien derouge,ou n’en ontque fort peu à la nuque ; les mâles peuvent drefler un peu ces plumes rouges fur leur tête , & en faire comme une crête de Coq. Il eft vraifemblable qu'il s’en va l'hiver, parce que les vers de bois dont il fe nourrit reftent cachés , & qu'on ne voit point alors de fourmis, En effet, on netrouveaucun Pic chez nous en hiver ; & s'il en refte quelques-uns ici, il y a des Auteurs qui difent qu'ils fe nourriflent des amandes de pefle ou de fapin. Voilà ce qu’en dit Frifch. La raifon qu’il apporte de l’abfence du Pic noir pendant l'hiver , n’eft rien moins que folide; autre- ment il faudroit dire que tous les Pics s’en vont. Le Pic noir ne fe trouve point en Normandie, ni aux environs de Paris, non plus que dans notre Orléanois. 2°, Le PiverT, Picus viridis, Ray Synopf. Picus viridis , 102 HisToirREe NATURELLE vertice cocctneo,Linn. : en Anglois he green Woodpecker ; en Alle- mand Grun-S pecht ; en Suédois Wedknarr ou Groenfpik. Cette efpece fe diftingue aifément par fa grandeur , qui furpafle celle des autres, & par fa couleur verte. 3°. Le GRAND PiverT , Picus viridis major feu maximus Bellonit , Ray Synopf. Il eft beaucoup plus grand que le Pivert ordinaire. Ray lui attribue un bec courbé, contre la coutume des autres Pics ; cependant des pieds femblables ; enfin différentes taches aux aïîles, telles qu’on en voit aufli dans les autres, mais qui different pour la ce Il paroît que Ray s'eft trompé ici, en diftinguant le grand Pi- vert de Belon d'avec le Pivert ordinaire. Frifch , M. Linnæus & M. Klein n’en font qu’une feule & même efpece. Selon M. Linnæus, le Pivert varie par le fommet de fa tête, qui eft rouge, tantôt avec des taches noires , tantôt avec des taches blanches , & tantôt fans taches. Il a le bec pointu, applati, &fa mâchoire fupérieure carénée , triangulaire ; les narines oblon- gues, couvertes de foies; la langue cylindrique , à pointe aiguë, tendineufe , retirée en arriere dans une tunique cylindrique; la tête & le cou blanchîtres , avec des points noirâtres, qui font plus noirs aux mâchoires, & difpofés par lignes ; le fommet dela tête rouge, compofé de plufeurs taches cendrées à pointes rouges ou fanguines , & fous l'ouverture de la bouche une ligne rouge de part & d'autre; le dos , avec les plumes des aîles du fecond rang, vert depuis le milieu jufqu’au bout de la queue; les plumes du fecond ordre jaunes-vertes ; le ventre blanc, femé de taches noires tranfverfales, ondées de vert ; les grandes plumes des aîles noiresen deflus, avecdes taches blanches, & noiratres en deflous, avec des taches blanchâtres rangées par étages; la queue noirà- tre, avec un mêlange d’un vert-fale vers la bafe. Voilà la def- cription de la femelle. Le mâle differe de la femelle en ce que les tempes & la région des yeux font noires , la gorge blanche , la poitrine & le ventre verdâtres , bigarrés par ondes. Il habite dans les arbres les plus 1ecs: Frifch dit qu'il n’y a que les mâles qui ayent du rouge fur la tête, & que les femelles n’y en ont pas. M. Klein dit la même chofe : mais ils fe trompent. Les petits ont le deflus de la rète rouge, même dans le nid. Frifch fe trompe encore, quand il dit que fes œufs font nombreux. Il ajoute que le Pivert fait ravage pendant l’hiver dans les ruches des Abeilles, fur-tout dans celles qui font faites de paille ; qu'il vole par bonds, s’élevant d’abord DIE SOUS EN AUU 103 un peu au deffus de la ligne droite qu’il veut fuivre, puis fe plon- geant un peu au deflous de cette ligne ; que par-là fon vol fait un arc confidérable ; ce qui n'empêche pas qu'il ne puifle franchir de grandes plaines en volant. Les bouts des plumes de la queue du Pivert font comme ufés & roides , parce qu'il s'en fert pour s'appuyer quand il perce le bois : mais la queue du Torcol eft plus longue & molletre ; & au- lieu que prefque tous les autres Oifeaux ont douze plumes à la queue , le Pivert n’y en a que dix. Belon a tort de lui donner un bec courbé ; car tout le genre des Pics a le bec droit, excepté le petit Grimpereau. Le Pivert ne vaut rien à manger; cependant on le mange en Italie, & l’on aflure que pendant prefque tout l'hiver & en automne, on en vend à Bologne au Marché. On dit que le Pivert ayant donné quelques coups de bec à un arbre, va aufli-tôt de l’autre côté voir s’il eft percé ; mais s’il tourne autour de l’arbre, c’eft plutôt pour y prendre les Infeétes qu’il a réveillés & mis en mouvement. On doit rendre cette juftice à Pline, qu'il n’a pas ajouté foi à l'opinion du vulgaire, qui eft que le Pivert, par le moyen d’une herbe, fait fauter avec bruit ce qu’on a en- foncé dans fon trou. L'expérience en à été tentée plufieurs fois fans fuccès. Aldrovandus dit que le Pivert fait fept à huit petits d’une feule couvée ; cependant j'en ai déniché des nids où il ny en avoit que quatre. J'aime mieux m'en tenir à ce qu'avance VWillughby ; favoir qu'il fait cinq ou fix petits à la fois. 1] ajoute qu'il fe pofe à terre plus fouvent que les autres Pics, pour y cher- cher fa vie. La langue du Pivert eft fort longue. Ce n’eft pas, dit Frifch, comme le penfent quelques-uns, afin qu’elle A entrer bien avant dans les trous des arbres, pour en tirer les Vers de bois; car les Scarabées de bois pofent un œuf fur le bois pourri ou fur l'écorce d’un arbre vermoulu ou vieux; cet œuf devient un Ver fans pieds qui ronge le bois jufqu’à ce qu’il foit grand. Quand le temps de fa transformation de Ver en Scarabée eft venu, il fe fait en rongeant vers l'écorce une place affez grande pour lui, d’où il fort par le trou qui fe voit en dehors, & dans lequel il n'y a par conféquent plus rien pour le Pivert : mais la fin pour la- quelle il a une langue fi longue, eft pour qu'il puifle prendre fa nourriture dans des fourmilieres. Il va becqueter un peu dans le tas, & met les fourmis en mouvement; enfuite il tire fa langue aufli loin qu'il peut, & lorfqu'elle eft toute couverte de fourmis, il la retire; ce qu’il répete jufqu’à ce qu'il foit raffafié. On peut obferver , après Derham , que la langue du Pivert a une pointe 104 H1isToiIïrRE NATURELLE aiguë en guife ou en façon de corne barbue , & qu’à fon extré- mité , ou plutôt à fa bafe, elle eft enduite d’une matiere gluante. M. Deslandes, dans fon Eflai fur la Marine des Anciens, dit que peu d'arbres font capables de fournir des bois de quarante pieds de long fans nœuds , fans trous de Pivert, tels qu'il les faut pour des rames; & à certe occafion il ajoute en note marginale, que le Pivert fe fert de fa langue comme d’une tarriere pour per- cer les plus gros arbres; il la porte, dit-il, fort loin hors de fon bec ; elle tient à l'es hyoïde. Cette langue eft une efpece de lame offeufe, roulée en quelque forte comme un reflort de montre, & qui en fe dépliant permet à l'Oifeau de l’étendreextrèmement loin , & pour ainfi dire de la pointiller. Mais n’en déplaife à M. Deslandes, qui jouit dela réputation d’un bon Phyficien, je doute fort que la langue du Pivert puiffe jamais percer les plus gros ar- bres ; s'il le fait, c’eft plutôt à grands coups de bec, commeil eft aifé de s’en convaincre. Le Pivert fait dans un arbre un trou fi rond qu’il fembleroit l'avoir arrondi au compas. Aufli les Grecs l'ont-ils appellé Dendrocolaptès , c'eft-à-dire, Perceur d'arbres ou Doleur de trous. Lenomde Pic-verd , Pivert ou Piverd , vient de Picus viridis ; en Italien Pico verde ; comme Pic-Mart , Pimard ou Pieumart , vient de Pricus Martius ; on l'appelle autrement Prc-jaune ; en Poitou un Picoffeau ; en Périgord un Picorat ; en Guyenneun Bivai ; en Picardie Becquebo ; à Metz Bachebo, c'eft-à-dire, Befthebois ou Becquebois. Ray dit que c’étoit le Pluvre avis des Anciens, ou l'Oifcau de la pluie, & que les Anglois le nomment aufli Raën-fowl dans le même fens, parce qu’on croit qu’il an- nonce de la pluie quand il crie plus fort & plus fréquemment que de coutume. En Solognele ee l’appelle pour cetteraifon l’Avocat des Meuniers: Les Bucherons de la forêt d'Orléans lui donnent quelquefois le nom de Poulain à l’Hermitage , parce qu'il femble hennir comme un Poulain. D’autres l’appellent un Pleupleu , parce qu'il crie naturellement plui-plur ou pleu-pleu , & c’eft peut-être fur fon cri qu’on s’eft avifé de dire qu'il promet- toit de la pluie. Ce qu'il y a de certain, c’eft qu’au premier prin- temps il crie à tout moment par le plus beau temps du monde. Quelquefois auf il vole à tire d’aîles en criant de toutes fes for- ces , lorfqu'il eft pourfuivi par quelque Oifeau de Proie. Chez les Romains il étoit confacré au Dieu Mars, & c’eft de-là que lui eft venu le nom de Picus Martius , comme qui diroit Pic de Mars. Jules-Céfar Scaliger dit que le Piverts’accoutume à parler comme l'homme ; DE SHOT STE AUX. 1of homme ; mais qu'il parle moins proprement, plus rarement, & prononce moins de chofes à la fois que la Pie. Si l’on en croit Albert le Grand, il parle quelquefois en perfection. De nos jours nous ne voyons point qu’on apprenne à parler au Pivert, ni à aucun des Pics. Cotgrave appelle encore le Pivert Æ/pec , & c’eft le nom vulgaire qu'on lui donne en Normandie. 4°. L'ErEiscHE , Picus varius major, Ray Synopf. Picus dif- color , Klein. Picus albo nigroque variegatus , vertice nigro, rec- cricibus tribus lateralibus utrinque albefcentibus , Linn.: en Italien Pig0770 ; en Anglois the Greater Spotted Wood pecker or Wir- wall; en Allemand Groszer Bunt-Specht; en Suédois Gyllen- ranna. I] eft noir, joliment piqueté de taches blanches. On voit dans le mâle, au deflous du fommet de la tête, un très beau trait de vermillon. Les deux fexes font fous la queue, teints d’une couleur ponceau ou de vermillon. Il eft égal au Merle en gran- deur, ou un peu plus grand. I! fe nourrit d’Artifons & d’autres Infectes. Selon M. Linnæus, il a la mâchoire fupérieure du bec care- née , aiguë , avec des côtés anguleux , & la pointe du bec appla- tic ; la langue très longue, dont la pointe eft menue ofleufe ; la tête noire; le front pâle, les rempes blanches; la noirceur s'étend depuis le bec jufqu’à la nuque. Le mâle eft au derriere de la rête marqué de taches en écarlate ; le cou, du côté du dos, eft blanc dans fon milieu ; les grandes plumes de l’aîle font noires de part & d'autre, avec des taches blanches depuis la troifieme jufqu’à la fixieme ; les plumes de la queue noires, c’eft-à-dire , les dix premieres, & même les trois premieres font blanchâtres des deux cotés ; la queue eft écarlate en deflous. Il habite à la campagne dans les arbres de la Suede. Frifch n'en dit prefque rien. C’eft , dit-il, des couleurs diffé- rentes de fon plumage qu’on lui a donné le nom de Prc bigarré: il n’a pas feulement du rouge fur la nuque du cou, mais aufli fous la queue. Il eft de la troifieme grandeur entre les Pics, & fe tient dans les bois touffus & épais ; du-refte il eft en tout femblable aux précédents. Il fait fon nid comme les autres Pics , dans un trou d’arbre pourri ; fon cri reffemble à celui d’une Perrique; il grimpe avec beaucoup d’aifance , non-feulement en hauteur, mais encore la tête en bas , & par deflous les branches mêmes, ayant le corps renverfé , comme font les autres Pics. C’eft un bel Oifeau. Il eft rare de trouver fon nid; aufli eft-il fin; & quand il apperçoit quelqu'un , il fe tient caché derriere une branche fans dire mot. O 106 Hmerosre. NATURELLE On lappelle Æpeifche , Efpeiche , Epeiche ou Epèche , Pic rouge où à cul-rouge , Pic roullier , Pic madre , ou noir & blanc. Les mots Æ/pec ou E/peiche, & femblables, viennent de l’Alle- mand Spech. oO A , s°. Le Pic DE MURAILLE , où plutôt le PETIT PIC BIGARRÉ , Picus varius minor , Ray Synopf. : en Anglois che Leffer Spotted Woodspite or Hickwall ; en Allemand Fleiner Bunt-Spechr. Picus difcolor minor. Klein. Picus albo nigroque varius , reétri- cibus tribus lateralibus apice albo variegatis. Linn. Il reflemble au précédenten figure & en couleur ; mais il eft beaucoup plus petit. Cet Oifeau fait un certain craquement clair qui fe peut entendre de loin , foit avec fon bec fourré dans une fente d'arbre, & agité rapidement çà & là, foit par une percuflion très fréquente. Selon M. Linnæus, il eft femblable au précédent, mais plus petit; fa rête eft ornée d’une grande tache de couleur écarlate, qui s'étend antérieurement entre les yeux ; le derriere de la rèêre a une tache noire, triangulaire , qui ne s'étend point jufqu’au bec ; la gorge & le cou en deflous font blancs, de même que la poitrine ; les tempes font d’un blanc-cendré ; la queue noire, fourchue ; les dix plumes de la queue font noires, mais variées à la pointe de blanc & de noir, & brunes en deflous; il eft rouge par deffous la queue; il a les aîles noires, & les premieres grandes plumes de part & d’autre piquetées de taches blanches depuis la troifieme jufqu’à la fixieme. Il habite par-tout en Suede avec le précédent. f Frifch dit qu'il eft inconnu à la plus grande partie du monde , & qu'il a eu bien de la peine à l'avoir; ce qui fuppofe qu'il eft rare en Allemagne. On ne le connoïît point non plus dans lOr- léanois; mais cependant il fe trouve quelquefois en Sologne & dans le Berry, à ce que m'ont affuré des Connoifleurs. Je n'ai jamais eu loccafion de le voir. On ne le connoït point en Nor- mandie. Belon dit qu'il s'attache fur-tout aux murs des rours, & qu'il y cherche des Vermifleaux dans les crevafles ; qu'il eft un peu plus gros que notre Moineau domeftique , & prefque de la grof- {eur d’un Etourneau ; qu’il a le bec oblong, mince, noir; la queue courte ; les doigts des pieds longs, trois en devant, & un qui fert de talon; qu'il remue roujours les aîles en volant, & qu'il ne refte point en place; qu'il niche dans les trous des murailles, & qu'il pouffe une voix affez douce. Il vit d’Araignées & d’autres menus Infectes. On le nomme Pic de muraille où de mur , Pic d'Auvergne , petit Pic bigarré DES ONE SE ci. at à 107 ou grivelé, Ternier, Efchelerre ou Echelerte , petit Cul-rouge. Notez que Ray & M. Linnæus entendent par le petit Pic bigarré une efpece de Pic différente du Pic de muraille, qui par la difpo- fition ou la ftructure de fes doigts n’eft pas proprement du genre des Pics, comme nous le verrons par la fuite. 6°. Le PLUS PETIT PIC BIGARRÉ, Picus varius tertius , om- nium minimus | Ray Synopf. Picus albo nigroque vartus , rectrici- Bus tribus lareralibus feminigris, Linn. Il a des cercles ou anneaux aux plumes par tout le corps, dont l’un eft blanc , & l’autre noir. Il eft un peu plus petit que notre Moineau domeftique; il égale prefque la gorge-rouge en chair; il a les pieds petits, maisles on- gles longs. Suivant la defcription de M. Linnæus, il eft de la grandeur d'un Moineau; il a la tête noire entre les yeux vers la nuque du cou , par une petite ligne qui joint le derriere du cou à la tête ; le fommer de la tète entre les deux yeux blanc ou de couleur écar- late ; le front gris ; la gorge, la poitrine, le bas du ventre gris; une tache blanche au deflus des yeux ; les tempes grifes; les ailes noires, avec fix rangées de taches blanchâtres ; les plumes de la queue noires, c'eft-à-dire, la quatrieme & la cinquieme; les trois premieres font à demi-noires, avec quelques taches de même couleur. Il habite en Suede avec le précédent. Frifch ne parle point de ce petit Pic racheté ou grivelé. Appa- remment qu'il ne fe trouve point aux environs de Berlin , ni ni même dans toute l'Allemagne. On ne le connoît point en France. 7°. Le Pic GRIVELÉ pu BRESIL, Picus varius Brafilienfis Tpecu diëlus Marcgravii , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’un Pigeon ; fa tête ch ornée de plumes de couleur de cinnabre, & crètée ; il a le cou noir deflus & deflous , avec une ligne blanche qui s'étend jufqu’au dos de chaque côté ; les aîles noires en deflus, blanches en deffous ; la queue noire; le ventre & les cuiffes noires & blanches ; le bec femblable à celui des Pics, avec lequel il perce les écorces des arbres. 8°. Le Torcor , Lynx five T'orquilla, Ray Synopf. Picus Tor. qguilla , Klein. Cuculus fubgrifea maculata, reétricibus nigris fafciis undularis , Linn.: en Grec Lynx ; en Italien Y’errcilla ou Zortocollo ; en Anglois che Wryreck; en Allemand Narer. halsz où Drehhalsz ; en Suédois Gioekryta. I differe des précé- dents , 1°. par le bec plus mince & plus Éible : car il ne fe creuie point, comme eux, un trou dans le bois folide, mais il fait fon nid dans des arbres creux & pourris; 2°. par une queue plus Oij 103 HuasSToiIREe NATURELL'E molle, ou moins roide; 3°. en ce qu'il contourne la tête & la roule fur les épaules d’une façon rifible ; d’où lui vient Le nom de T'orcol. Il eft joliment piqueté de couleurs variées & élégantes ; de forte que c’eft un fort bel Oifeau. Il ne furpafle pas l'Alouetre en grandeur. M. Linnæus dit qu'il habite en Suede au printemps; qu'il a les maïîtrefles plumes des aîles brunes , avec des bandes tannées égales, au nombre de fix à fept au côté extérieur ; dix plumes de la queue égales, femées de pointes noirâtres, avec quatre ou cinq bandes noires ondées. Selon Willughby , il pefe une once ; il eft long de fept doigts & demi, & l'étendue de fes aîles eft d’onze doigts ; 1l ne vit que de fourmis qu’il perce très promprement avec la pointe de fa langue, fans jamais y toucher avec le bec, d’après l’obfervation de Gefner, qui dit en avoir nourri pendant fix à fept jours en cage, uniquement de fourmis. Il pond huit ou neuf œufs à la fois. Sa voix imite la flûte, felon quelques-uns, & le cri de la cigale,felon d’autres. Il eft difficile à apprivoifer; ilfouffreimpatiemment l’ap- proche de l'homme; fionle tient dans la main, iltourne la tète à droite & à gauche comme un ferpent.Quandilveut,ou qu'il fe mer en colere, il dreffe les plumes de fa tète comme les Pics à tête rouge, en étendant fa queue. Ariftote dit que le Torcoleftun peu plus gros qu’un Pinçon; qu'il a le bec pointu & noir-plombé , les ongles grands, & la voix perçante; la pointe de la langue car- tilagineufe , fi aiguë & fi forte qu’elle perceroit la peau d’un homme comme une fine aiguille ou une épingle. Selon Belon, le mâle fe diftingue aifément de la femelle en ce qu'il eft plus rougeatre, & qu'il a l’eftomac plus jaune ; au-lieu que la femelle approche du gris-cendré. Il fe tient volontiers dans les forêts oùil y a beaucoup de bois pourri & de fourmilieres. Il ne fait point de nid , & pond comme le Pivert, dans un arbre creux fur du bois vermoulu. On l’appelle en François Torcol ou Torcou , Torcoller , Tor- cot, Turcot, Tercot ,comme qui diroit T'ourne-cou , en Provence un Fourmriller où Tire-langue , & en Saintonge Grand’ Langue. … 9% Le Prc JAUNE DE PERSE, Picus luteus Cyanopus Perficus Aldrovandi , Ray Synopf. Il ne differe prefque pas du Pivert Re grandeur; cependant il a la tête & le cou plus gros, & le ec plus long , tanné , ainfi que le deflus du corps; les pieds bleuitres ; les ongles noirs ; tout le refte jaune. C'eft un Oifeau ee qui vient de Perfe, & qui eft probablement le Trou- piale. Darraie' et Grave par Marhnet, 2 » d . ’ 0 4 ‘ ; « =, 1. Ceu de Strasbourg. 2 Pie griwelee 3, Grand Pre Now. Le e DE S'MOPIELS:E À CU. x. 109 : xo°. On en trouve un au Cap de Bonne-Efpérance, dont le deflus & le derriere de la rête font d’un très beau rouge ; les aîles font d’un vert-citron; le dos jaune-oranger ; la queue noi- re, le tout glacé, & tout le deflous grivelé. 11°. La Guyane en fournit un brun-foncé, tirant fur le maron, tacheté d’un gris mêlé d’une légere teinte de vert & de roux; fa tête aigretrée , eft de couleur de bois; le bas du dos & le croupion font d’un vert d’eau, & fa queue eft noire : il eft un peu moins gros que notre Pivert ordinaire. 120, Le PETIT Pic DE SAINT-DomineuE eft de la groffeur d’un Moineau-franc, de couleur d’olive-pâle ; toutes fes plumes font piquetées de blanc & de noir depuis la gorge jufqu’à l'anus. Celles qui recouvrent les aîles font légérement jafpées vers le bout d’un blanc-jaunâtre ; les grandes de la queue le font de noir ; fa rête & le deflus du cou font d’un beau vermillon. Tous ces Oifeaux au-refte varient en groffeur & en couleur , felon les climats. RAT IC LE: OU AT RTEME. De certains Oifeaux étrangers qui ont de l'affinité avec les Pics. w. La Pre pu Bresiz , Pica Brafilica Aldrovandi | Ray Synopf. Tucana five Toucan Brafilienfibus Marcgravii ; Xochite- nacatl Mexicanis Nierembergit ; Avis piperivora nonnullis. I] faut rapporter cet Oifeau au genre des Pics, & non pas à celui des Pies, comme le veut Aldrovandus, à caufe de la difpofñition ou ftructure de fes doigts , laquelle eft femblable à celle des Pics. En effer, il a deux doigts fitués en devant, & autant en arriere , & il fe creufe un trou dans un arbre pour y faire fon nid. Il eft de grandeur moyenne entre la Pie & le Merle. Î] differe de tous les autres Oifeaux connus jufqu’ici , par fon bec, qui eft plus grand que tout le refte du corps. Sa tête femble logée de- dans ; fes yeux font à la racine du bec, qui eft dentelé, de cou- leur fouffrée , de la longueur d’un pouce dans toute fa circonfé- rence. Cette ligne fouffrée fe continue tout le long de la partie 110 HirsToiIRE NATURELLE fupérieure ou la crête du bec, qui eft un peu applatie fur les deux faces, lefquelles font rouges ; l'extrémité du bec fupérieur ‘ft pointue , crochue & fouffrée ; la partie intérieure eft rouge- vif, ainfi que la langue , qui a la figure d’une plume ; tout fon corps eft noir, à l’exception de la poitrine & de la gorge, qui vers le cou eft blanche , enfuite fouftrée, puis jonquille, & enfin couleur de feu vif. On en voit dont la très grande partie de la poitrine AE ; ce qui feroit croire que le blanc de fa gorge & de fa poitrine fe changent en jaune par gradation , à mefure qu’il avance en âge, ou qu’il s'éloigne de la mue ; letour de l'anus fous la queue eft couleur de feu ; le deflus du crou- pion eft d'un jaune-verdâtre dans la longueur de deux doigts. Ïl y en a qui l'ont rouge comme l'anus ; ce qui feroit foupçonner auffi un changement de couleur dans cette partie. On le nomme aufli Predicarore , par le bruit qu’il fait avec fa langue. Il fe nour- rit ordinairement de fruits, vient à la voix lorfqu'il eft appri- voifé , ce à quoi on réuflit facilement; alors il mange tout ce qu'on lui préfente. D'autres Toucans ont le bec abfolument noir , fans dentelure, & la racine du bec d’un gris de cendre-clair. Ces Oifeaux varient en grofleur, & il y en a d’aufli forts que des ramiers. #7. PL. 11. Foie M. Klein n'en dit rien, non plus que Frifch. ' 2°, L'ArAcARI , Aracart Brafilienfibus Marcgravii ; Cochi- renacarl , item Xochirenacatl altera Hernandez Nierembergir , Ray Synopf. Son bec eft plus petit que celui du Toucan; la ma- choire fupéricure eft dans quelques-uns toute blanche, & dans d’autres diftinguée par une ligne noire à la fommité, fuivant fa longueur ; linférieure noire ; du-refte il lui eft tout femblable. I! reffemble plutôt à la Pie par fon plumage, qu’au Pic. 3°. Le JacaMacIRI , J'acamacrrt Brafilienfium Marcoravii , Ray Synopf. Il à à chaque pied deux doigts fitués antérieure- ment , & autant poftérieurement ; les extérieurs font plus longs du double que les intérieurs à la maniere des Pics ; ce qui fait que nous comptons avec raifon cet Oïfeau parmi les Pics. Il a encore du rapport avec les Pics par fon bec droit, aigu, noir. Il eft de la grandeur de l’Alouette ; il a les aîles courtes; tout le deflus du corps de couleur verte , mêlée d’une couleur dorée & de feu; de forte qu'il eft d’un brillant merveilleux ; le deflous d’un jaune-obfcur ; le cou entouré d’un anneau vert. 4°. Le Curucur, Curucur Brafilienfibus Marcgravir , Ray Synopf. Nous le mettons aufli après les Pics , à caufe d’un arran- DE! MOT SLEMAUUS x. III gement pareil des doigts. Il eft de la grandeur de Ia Pie ; il a le bec court, un peu large, fouffré ; liris des yeux dorée ; les jam- bes courtes , couvertes de plumes prefque jufqu’aux pieds; toute la poitrine & le ventre inférieur d’un très beau vermillon ; le dos & le deflus de la queue d’un bleu & d’une couleur de feu- écarlate , tirant fur le vert; le bord de la queue noir, & en deflous des plumes blanches ondées élégamment de noir en travers ; les aîles bariolées de différentes couleurs , d’abord verte , blanchâtre au milieu , noirâtre à l'extrémité. Par rapport aux couleurs il reflemble plus aux Perroquets qu'aux Pics. Dans la Guyane on en voit un autre dont la tête & la poi- trine font d’un beau violet-glacé, tirant fur l'acier poli ; le- ventre d’un jaune tendre; le deffous de la queue blanc ; tout le deflus du dos & la queue d’un vert-foncé très brillant; les aîles cuivre-rofette, dont toutes les plumes font d’un tiflu fort fin ; Piris eft d’un bleu célefte. 77. PJ 11. Fig. 2. 5°. Le GuiRA ACANGATARA, Guira Acangatara Brafilien- fium Marcoravir , Ray Synopf. Il a un rapport exact avec les Pics par la fituation de fes doigts, & prefque par le nombre des plu- mes de la queue. Il eft de la grandeur de la Pie; il a le becun eu crochu , obfcurément jaunatre ; l'iris des yeux brune ; toute Ê rête couverte de plumes brunes au milieu, fuivant leur lon- gueur près du tuyau, & jaunâtres fur les côtés comme la crête; le cou & les aïîles au contraire font revèêtues de plumes jauna- tres dans le milieu, & brunes fur les côtés ; il a tout le ventre, le dos, excepté les aïles, les cuifles fupérieurement , & la naif- fance des aîles, d’un blanc tirant fur le jaunâtre-pâle; la queue compofée de huit plumes ; le bas des cuifles d’un vert de mer. 6°. Le GuirA TANGEIMA , Guira Tangeima Brafilienfium Marcgravii, feu Picus nidum fufpendens , Ray Synopf. Cet Oi- feau | connu fous le nom de T'roupiale, mérite ce nom par deflus les autres ; car nous n’en connoiflons point d’autre qui fufpende fon nid , à proprement parler. Il eft égal à la Pie; ila la tête petite , le bec droit, pointu, noir, long d’un doigt ; les pieds correfpondants par la fituation des doigts aux pieds des autres Oifeaux ; la tête & la partie inférieure du cou très noires, & la partie fupérieure d'un nee célefte jufqu’au commencement du dos; toute la queue noire ; les aïîles font aulfli très noires, mais elles ont dans le milieu, fuivant leur longueur, une tache blanche; le refte du corps eft d’un bleu célefte ; les jambes font bleuatres. Ces Oifeaux conftruifent des nids admirables de figure 112 H1isTOoIRE NATURELLE cylindrique, tiflus fort artiftement de branchages, qu’ils fuf- pendent en grand nombre aux extrémités des branches. 7°. Le Jururu8A , Jupujuba feu Japu Brafilienfium Marcora- vii, Ray Synopf. Cet Oifeau , connu fous le nom de Caffigue jaune , eft de la mème figure que le précédent, & fait fon nid de la même facon. Il a la queue un peu plus courte; tout le corps d’un plumage très noir ; une tache jaune, longue d’un doigt , au milieu de chaque aïîle. Il eft tout jaune à l’extrémité du dos & près de l'anus ; il a la queue inférieurement jaune de- puis fa naïflance jufqu’au milieu, & le refte noir ; fupérieure- ment toute noire , avec feulement des plumes latérales jaunes jufqu'au milieu ; les jambes & les pieds noirs ; le bec de couleur foufrée ; l'iris des yeux couleur de faphir. 7. PL. 11. F19. 3. Son nid compofé d'herbe féche , de poils de Cheval ou de Cochon entremélés, eft de couleur brune , de figure d’une cucurbite étroite , avec fon alembic. Ces nids pendent aux dernieres ou à l'extrémité des plus petites branches des arbres. Par cet artifice l'Oifeau met fes œufs & fes petits à couvert des Singes. Il en eft un autre appellé Caffique rouge , parce que fon crou- pion & le bas du dos de d’un beau rouge ; toutle refte du corps eft noir de velours ; & un troifieme , qu’on peut nommer Caffr- que brun , a tout le corps brun tirant fur le noir; le deffous de la ueue jaune-tendre ; le croupion & le deflus de la queue tirant 1. la lie de vin. Les Indiens l’appellent Quracaïgou. I habite dans les endroits fourrés ou pleins d’eau, & parle comme le Geai. Ces Oifeaux fe trouvent au Brefil & dans la Guyane. 8°. Ray fait encore mention de quatre Pics des Indes , confer- vés dans le Cabinet d'Hiftoire Naturelle de Leyde, mais dontil ne donne que les phrafes. ARTICLE D ES DONS EF AUUUX. 113 AURATAICIL EE: C-1 N'OSU MENME, Des Pics improprement dits , ou des Oiféaux qui ons quelque affinité avec les Pics. : LA Le Pic DE MURAILLE, Picus murarius Aldrovandi , Ray Synopf. Il eft prefque de la groffeur d’un Erourneau ; il a le bec oblong, menu, noir; la tête, le cou & le dos cendrés; la poi- trine blanchatre ; les aîles en partie cendrées , & en partie rouges ; la queue courte; les longues plumes des aïles, le bas du dos, le ventre & les jambes qui font courtes à la maniere des Pics, noirs ; fes doigts font longs ; il en a trois devant, & un derriere qui fert de talon. Le male a la partie antérieure de la tête, la gorge & la partie fupérieure de la poitrine noires. On l'appelle Picus murarius où muralis , c'eft-à-dire , Pic de mur ou de muraïlle , parce que comme les Pics s’attachent aux arbres, il s'attache fur-rtout aux murs , où il va chercher des Vermifleaux dans les crevafles. Il niche dans les trous des ar- bres. Belon remarque que cet Oifeau remue toujours les aïîles 4 z Alouette hupee 2. Hirondelle 3. Mzsange à longue queue 4 Masange barbuë 5 Baltuite ce Le E Û H g* DE-s OMS HAN, 213 pelle-t-on quelquefois Ortolan , quoique improprement. Il ne vole point haut, & fon vol eft court; il fuir volontiers Les La- boureurs , pour manger les Vers de terre & autres vermines que la charrue à découverts. Il fait cinq à fix petits fous une motte de terre, fous une pierre, dans le pas d’un Bœuf , felon Belon, ou au pied d’une mazure. Il eft faux qu’il difparoiffe ou fe cache pendant la canicule, comme Pa dit Pline, d’après Ariftote. Selon Willughby, fa queue eft longue de deux doigts & demi, compofée de douze plumes ; & fon bec long de plus d’un demi- doigt. ; On l'appelle en Grec & en Latin Œnanthe ; en Italien Culo- Branco , & en Anglois White-Tail, c'eft-à-dire, Cul-blanc comme en François , à caufe de la blancheur des plumes de fon croupion; en Sologne T'rafne-Charrue , Garde-Charrue , Tour-. ne-motte , Cafje-motte , ou Motteux ; Trotte-chemin aux environs de Romorentin ; en Beauce Ariille , Arouille , MMorterelle , & par corruption Mortezelle , & fes petits Mortereaux ; ailleurs Rocul. Le nom générique des Oiïfeaux de cette famille eft V7- rec , Vitrac, ou Virroc ; ce qui eft une pure onomatopée , à rafon de leur cri. Cotgrave nomme notre Cul-blanc Yztrée où Blanculet. 2°. Autre VitREC, Œnanthe altera Aldrovandi , Ray Synopf. Il eft plus petit que le précédent , mais plus grand qu'un Moi- neau ; il a tout le plumage , excepté les grandes plumes des aîles, qui font noires à bords jaunes , d’un roux-jaunâtre, plus foncé au dos , plus clair à la poitrine ; & derriere les yeux une tache pie noire, de figure en quelque forte femilunaire. Je foupçonne que ce Vitrec, dont M. Linnæus ni M. Klein ne font aucune mention, eft la femelle du Cul-blanc commun. 3°. Le Virrec DE BRUYERE , @ranthe fecunda noftra feu Rubicola , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’une Hochequeue ; il a le deflus du corps de couleur de feuille de vigne morte, varié de taches noires , arrangées de fuite ; le ventre blanchître, avec quelque teinture de roux ; les côtés & le haut de la poitrine d’un roux-jaune ; deux taches blanches notables à chaque aîle. Il fe: diftingue du Traquet, principalement par les fignes fuivants : 1°. en ce que le deffus du corps eft plus agréablement coloré, les plumes en étant noites au milieu , le long de la tige , avec des bords blancs; 2°. en ce qu’il a à chaque aîle deux taches blanches; 3°..en ce que le bas de la queue eft blanc ; 4°. en ce que les petites plumes de la queue, tant deflus que deflous, paffent la moitié de la queue, dont elles cachententiérementla 224 HirsTrToitre NATURELLE - blancheur ; $°. en ce que des marques blanches s'étendent de: puis le bec jufqu’au derriere de la tête. Il a le bec, les pieds & les ongles noirs. 1 Bclon n’en dit rien , non plus que Meflieurs Linnæus & Klein. Cet Oifeau eft pourtant un des plus communs de la cam- pagne. Il abonde en Sologne dans les bruyeres & les genévrieres. On peut l’élever en cage, mais il ne dit mot. Son nid eft aflez bien ajuité, & fes œufs font d’un beau bleu. Le Coucou pond fouvent dans fon nid. Il s'appelle en Anglois the Whin-Chat ; à Nantes Crechet ; à Orléans J’itrac-Souchet ; & en Sologne Floquet , à caufe de fon cri. 4°. Le TRAQUET , @xanthe noftra tertia, Mufcicapa tertia Aldrovandi , Rubetra Bellonir , Ray Synopf. Motacilla nigricans, Jfaperciliis albis , macula alarum alba , gula flavefcente, Linn. Il eft de la grandeur d’une Linote ; il a la tête noire, ainfi que le cou ; une tache blanche des deux côtés ; de forte qu'il femble avoir un collier; le milieu du dos noir, dont les botds des plu- mes font fauves, & une tache blanche fur le croupion; la poi- trine fauve, ou d’un jaune-rouge ; le ventre blanc, avec quel= ues rougeurs ; une tache blanche voifine du dos, qui orne chaque aîle dans les deux fexes ; ce qui fait la principale marque de cet Oifeau ; le bec & les pieds noirs, de même que les ongles ; ce qui ceft une marque commune à tous les Vitrecs. Il fe trouve aux lieux montagneux de la Province de Derbishire en Angleterre. Selon M. Linnæus, il a le bec noir ; la cèête brune ; une ligne blanche qui pafle des narines par les yeux, & fous laquelle il ya une bande noire ; la gorge blanche ; le cou & la poitrine un peu tannés en deflous ; le bas du ventre blanc ; le dos & le croupion. d'un plumage brun, gris fur les bords; aux aïles une grande tache blanche, noire en dehors; les grandes plumes des aïles brunes dont les huit premieres font blanches au bord poftérieur & à la bafe; les plumes de la queue brunes, blanches depuis le milieu jufques vers la bafe, excepté les deux du milieu , qui font tout- à-fait brunes; la derniere plume de la queue blanche au bord extérieur prefque jufqu'au bout. Il eft de la grandeur du Moi- neau. M. Linnæus finit cette defcription par obferver que le précé- dent differe à peine de celui-ci. Mais il nous permettra d’obfer- ver à notre tour, que le Ÿ’irrac-Soucher eft tout différent du Traguer. Belon dit que cet Oifeau n’eft point paflager ; que le male a le deflus D ES SORT SVENAAU. x. 22; deflus de la tête, de la queue & des aïîles noir ; & que la femelle a le ventre blanc, le dos & le deflus du cou cendré, aufli-bien que la tête, & une ligne blanche à travers les aîles. Selon Jui, le Traquet hoche ou remue continuellement les aïles ; ii eft plus petit qu’un Pinçon ; il n’approche point des Villages ni des che- mins ; il aime la folitude, & on le voit voler par bandes, feule- ment quand il eft appliqué à élever fes petits. Î] fait fon nid avec tant d’adrefle , qu'on trouve bien difficilement par où il entre, & par où il fort. Le Traquet chante affez bien, & a des tons qui approchent beaucoup de ceux du Tire-Arrache. Le mâle reflemble au Moi- neau de muraille, appellé Friquer ; la femelle eft d’un plumage bien différent. Ils reitent ici l'hiver , & vont prefque toujours accouplés. Le nid de cet Oifeau eft bien fait ; il contient ordi- nairement cinq œufs bleus , un peu piquetés de rouge au gros bout. On trouve quelquelois un jeune Coucou dans fon nid. Le Traquet de Manille eft d’un noir-violeten deflus, en deffous d'un blanc-fale ; fa rète et de même couleur ; fes aîles font mê- lées de blanc-fale & de violet ; fa queue et verte & noire : il eft plus gros que le traquet ordinaire. Dans la même partie des fñdes on en trouve un autre qui eft violet-noir, & maron, avec une tache blanche fur les aîles ; le deflous de fa queue eft maron. On peut ranger dans la même claffe un autre Oïfeau de même forme, mais plus petit, dont le male eft tout noir-brun, à l’exceprion du deflus & du deflous de la queue , qui font blancs ; & la femelle d’un roux-clair. Ils ont au coin du bec de petits poils roides qui reviennent en devant. Celui de Madagafcar eft tout noir en deflus; en deffeus fa poitrine eft roufle, & tout le refte blanc. Le Traquet d'Italie a tout le corps blanc-roufsitre ; Îes ailes noires ; le croupion & la queue blancs ; les deux plumes du mi- lieu de la queue & les joues noires. Il eft commun aux environs de Rome. Le Traquet, ainfi nommé parce qu’il remue fans cefle comme un traquet de moulin , s'appelle encore Groulard'ou Croulard', Tarier , Thyon ; en Lorraine Semel ou Semelrro ; en Provence une Boufcarle ; en Bafle-Normandie un Criquet ; ailleurs une Roncerte ; ce qui répond au mot Grec Baris, & au Latin Rube- cra ; en Orléanois le V’irrac ordinaire, ù 5°. Le VITREC DE MONTAGNE, Œnanthe noftra quarta , mon- zicola | Coldfinch Germanis dicla ; Ray Synopf. ie ie ventre 226 Hirstrorre NATURELLE blanc, & la poitrine d’un jaune-brun ; la tête & le dos d’un brun ou vert-cendré ; les plumes de la queue qui font en recouvre- ment, noires ; les grandes plumes des aïles aufli noires , mais toutes, depuis la cinquieme , blanches vers le fond ; le bec noir, applati & prefque triangulaire ; les pieds noirs. M. Klein ne parle point de cette efpece de Vitrec, non plus que M. Linnæus : apparemment qu'il ne fe trouve ni en Allema- gne ni en Suede. II fe trouve dans notre Sologne; mais il pe qu'il n'y eft pas commun. Je n’en ai encore vu qu’un feul, que j'ai envoyé fous le nom de Vitrac blanc de Sologne, à M. de Réaumur , qui au premier afpe@ le prenoit pour le Vitrac Sou- chet. ” 6°, Le VITREC A MENTON BLANC, Ficedule affinis , an Spr- pola prima Aldroyandi ? Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Becfigue, mais il a le corps plus allongé ; Le deflus du corps d’un roux-cendré ; le fommet de la tête plus cendré; le menton blanc, d’où vient fon nom; la gorge d’un blanc-rouge ; la poitrine & le bas du ventre rougeîtres ; le bec en deflus noirâtre , en deflous blanc; la bouche jaune en dedans. Il differe de la feptieme efpece de Becfigue d’Aldrovandus, en ce que celle-ci a toute la queue d'une feule couleur , & que dans notre Vitrec les plumes exté- rieures de la queue font blanches. Les Anglois l’appellent ke Whire-Throat, cefr-à-dire, Men- ton blanc. Nous ne le connoiflons point. 7°. Le Bouvier, Mufcicapa prima Aldrovandi , Boarina Bo- . nontenfibus , Ray Synopf. C’eft un petit Oïfeau oblong, à bec pa- reillement oblong , d’un brun-roufsâtre ; il a tout le deflus du corps varié de plombé , de cendré & de jaunâtre ; le deflous blanchâtre ; la poitrine parfemée de taches noires; les aîles bi- garrées de noir-jaunâtre & de blanc ; les jambes & les pieds noi- râtres. Je ferois fort porté à croire que cet Oifeau eft ce qu’on ap- pelle ici Becfigue , & par corruption Becquefi ou Becquafi, Oiï- feau allongé qui vient vers la vendange, & qui ef fort gras : aufli Pappelle-t-on en Périgord le Graffet ou le petit Ortolan ; en Savoie, en Dauphiné & dans le Lyonnois , une V’exerte. Ce qu'il y a de certain , c'eft que ce Becfigue n’eft point le Becfigue ou la Rouflette de Belon. Le Diétionnaire de Trévoux nous dit que le Piper, en Latin Spipola , eft un Oifeau dont il y a plufieurs efpeces, & que la troifieme efpece s'appelle Boarinus en Latin , à caufe qu’il fuit volontiers les Bœufs; & dans un autre endroiril ajoute, Bouvier, D-E's MONTS. EAU. x: 217 Oifeau gobeur de Mouches, Mufticapus , Boarinus diffus. Ce Oifeau fuit les Bœufs & les Vaches, à caufe des Mouches qu'il trouve à leur fuite, & delà on lui a donné le nom de Bouvier. Il y en a encore une autre efpece nommée en quelques endroits Borin. Le mal eft que tout ceci n’apprend rien. PR ER GENE US UI X I E ME. De divers petits Orfeaux à queue d'une feule couleur. 1°. Le Gosr-MoucHe, Sroparola Aldrovandi , five perfimilis Avicula , Ray Synopf. Il reffemble au petit Moineau femelle en grandeur & en couleur, mais il a le corps plus long & plus menu. Tout le deflus du corps elt cendré ou brun, c’eft-à-dire , d'un gris de Souris ; cependant la rète eft femée de taches noires au ommet , comme l’a fort bien remarqué Aldrovandus. Il a le deflous du corps blanc ; la gorge & les côtés un peu roufsatres ; toute la queue brune; les grandes plumes des aïîles noiratres, mais les bords des plumes intérieures font jaunes ; le bec droit, noir , un peu large & applati près des narines ; la mâchoire fupé- rieure, qui fuivant fa longueur s'éleve en angle , d’ou vient que le bec paroît triangulaire ; cette mâchoire, un peu plus longue que l'inférieure , elt crochue par le bout ; l'ouverture de la bou- che ample ; la bouche jaune en dedans; les pieds petits, noirs, comme le remarque encore Aldrovandus. On lui trouve dans l'eftomac des Scarabées & des Mouches ; il fréquente en été les jardins d'Angleterre. Son bec eft fait pour prendre des Mouches. Dans les petits le dos eft bigarré de taches blanches & noires. Nous avons décrit au long ce petit Oifeau , afin que tout Ob- fervateur attentif puifle aifément le diftinguer de tous les autres. Je ne trouve point cet Oifeau dans Belon, ni dans Meflieurs Linnæus & Klein. On ne le connoît point à Paris, ni à Orléans, quoiqu'il y foit fort commun. Quelquefois même il fait fon nid dans un ee en cfpalier , ou dans le mur d’un jardin. Il pond d’une couvée quatre à cinq œufs. Il ne vit que de Mouches & de Coulins , ou d’autres petits Infectes volants. Il pafle d'un arbre à l’autre pour attraper fa proie, & en l’attrapant il fait cla- Ffij 218 H1isToirEe NATURELLE quer fon bec. Soû cri eft rude & affez femblable au bruit que fait la lime d’un Serrurier. C’eft un Oifeau de paflage qui arrive ici des derniers, & qui en part des premiers. Îl n’a aucune beauté dans fon plumage. | Le Go8e-MoucHE HUPPÉ DE TA MARTINIQUE porte une petite huppe noire fur la tête. A l'égard du corps, il eft brun en deflus, cendré en deffous. On y en trouve un autre fans huppe , qui a tout le deflus du corps brun-foncé ; le refte de l'Oifeau eft cendré. Ceux de Madagafcar & du Cap de Bonne-Efpérance font huppés ; leur tête eft d’un noir tirant fur le vert-foncé ; les uns ont le corps blanc, jafpé de noir en deflus ; les autres tout le corps canelle-foncé ; mais tous ont les grandes plumes de l’aîle blanches , & deux plumes à la queue longues & étroites, dont la côte eft noir d'ivoire, & les barbes blanches ; ils ont l’œuil jaune , & le cour de [a paupiere blanc. #7. PL. 17. Fo. 1. Je lappelle Gobe-Mouche ou Preneur de Mouches ; ce qui répond au mot Latin Mu/ftrcapa où Mufcipeta. | mérite bien ce nom, & Aldrovandus le compte parmi les Proliamofthe des Italiens, avec jufte raifon. En Normandie les gens de la campa- gne le nomment Coureur de Bibers , C'eft-à-dire , Coureur ou Preneur de Coufins ; car les Normands appellent les Coufins des Bibets , apparemment parce que ces Infeëtes fucent & boivent Je fang de l’homme. Il y en a qui lappellent 4ragne , Araigne , ou Araïgnée, tant parce qu'il fait fon nid en partie de toiles d'Araignées, que parce qu'il mange ces Infeétes. 2°. Le Rossrenor FRANC , Lufcinia feu Philomela , Aydoy (Aèdôn) Ray Synopf. Moracilla ruffo cinerea, genuum annulis cinerers , Linn. Cet Oïfeau , dit en Anglois 4e Nightingale, comme qui diroit Chanteur de nuit, a acquis fon nom defon chant noëturne, & a été fort connu dans tous les fiecles. Mais ceux qui l’ont fouvent entendu chanter pendant la nuit, &qui connoiflent le mieux fa voix, ignorent néanmoins pour la plu- part la figure de FOifeau. Il eft de la grandeur d’un Chardonne- ret où d’un Roflignol de muraille; il a le corps un peu long, fans être remarquable par aucune variété de couleurs, ou par fa beauté ; il a tout le deflus du corps fauve-clair, avec quelque mélange de vert, comme dans la Mauvis ; la queue d'une cou- leur fauve plus foncée, comme le Roflignol de muraille; tout le ventre blanchâtre ; le plumage de la poitrine, de la gorge & du deffous des aîles, plus obfcur , mêlé de vert; le bec noiratrc; DE Us MOMES CEFANUUX: 219 les pieds de couleur de chair obfcure ; la bouche jaune en dedans comme celle des Grives. Selon M. Linnæus, il fe trouve en Suede dans les bois; il a le deflus du corps d'une couleur teftacée-brune , qui devient plus roufsâtre aux aîles, & encore plus à la queue; la gorge, la poi- trine & le ventre cendrés ; la queue blanchâtre en deflous, les cuifles blanches ; les genoux comme entourés d’anneaux cen- drés. Cet Oïfeau prend un fingulier plaifir à chanter; il fait varier fon chant de tant de façons qu'il ne fait jamais deux accords ni deux tirades qui foient pareilles. Autant de fois qu’il reprend fon haleine , autant de fois il change de tons & de mefure , & l'on peut aflurer qu'à chaque reprife il chante un nouveau Motert. On diroit qu'il poflede à fond la Mufique, dontle charme confifte dans une mélodieufe variété de tons & d'accords; aufli nos Poëtes l’appellent-ils le Chantre aîlé de la Nature. La femelle ne chante point, quoiqu’en difent plufeurs Auteurs, tant anciens que modernes ; & les petits qu’on éleve à la brochette, ne chan- tent jamais aufli bien que ceux de la campagne. Nous ne crai- gnons point d'être démentis fur ce point par de bons Obferva- teurs. Au-refte cette même obfervation avoit déja été faire avane nous. Pierre Gyllius , favant Naturalifte, dont Belon eft accufé d'avoir pillé les Manufcrits , dit formellement dans fes Remar- ques fur l'Hiftoire des Animaux d’Elien , que le Roflignol apprend à chanter à fes petits, & que fi l’on en prend qui ne fachent poine encore chanter, ils chanteront plus mal en cage que d’autres, parce qu'ils ont été féparés avant le temps d'avec leurs pere & mere , qui leur fervent de Maîtres. Catesby dit quelque part que les Oïfeaux des Indes font beau- coup plus beaux que ceux d'Europe, mais qu’ils n’en approchent pas pour le chant. Bien des Voyageurs aflurent la même chofe. “Mais nous croyons que cette aflertion eft trop générale , & qu’elle auroit befoin d’une explication; car, 1°. nous tenons d’un Médecin établi à Québec , que notre Roflignol fe trouve en Canada comme ici dans fa faifon. 1°. Nous avons vu ci-deflus une Grive d'Amérique qui l'emporte fur le Roffignol , même par la variété & l'harmonie de fon chant. É Le Roffignol ne chante jamais mieux que dans le filence dela nuit; c’eft alors qu’il déploie toute l'étendue de fa voix, 8: qu’on ne fe laffe point de l'entendre & de ladmirer. Ce que Gefner ra- conte fur la foi d'un ami, de la facilité du Roffignol à retenir & 230 Hi1STOoIRE NATURELLE répéter de longs difcours, tient tellement du prodige, que nous n'en croyons rien. Willughby dit que le Roflignol pefe une once, & qu'il pond cinq ou fix œufs à la fois. (a) Le Rossienor DE MaDAGAscAR , appellé par les Infulaires Foudi-jala , a la tête roufle, la gorge blanche, la poitrine fauve; tout le refte du corps brun , mêlé de vert-olivatre. Philoméle eft un mot Grec qui fignifie ami du chant & de la mélodie. Les Poètes donnent ce nom au Rofignol ; & ils racon- tent l'Hiftoire de Philoméle & de Progné, deux fœurs, filles de Térée, qui furent changées , la premiere en Roflignol , & la fe- conde en Hirondelle. On l'appelle Roffignol franc ou Chanteur, ou Roflignol des bois, pour le diftinguer du Roflignol de mu- raille. Quant à fon étymologie, les fentimenis font partagés. Belon dit que cet Oiïfeau a été nommé Roffignol de fa couleur roufle : mais Ménage prétend que Belon fe trompe, & au’il vient plutôt du Latin Zuftinra , qui vient de Lufcus , parce que le Rofignol clignote des yeux. Il eft dit aufli dans la nouvelle édition du Dictionnaire Etymologique de Ménage, que Zu/cr- niola vient de luftus , louche, à caufe que les yeux du Rofi- gnol femblent être de travers. Cette raifon ne vaut rien ; car le Roflignol a les yeux très beaux & forts droits. Au-reite Roffionol paroît venir de Zufciniola , par un léger changement, ainfi que l'Italien Roffienuolo , quoiqu'Olina dife, comme Belon , qu'il vient de fa couleur roufle. On trouve dans Cotgrave Rouffienol & Rofcignol ; & même Roffionolet , pour un jeune Roflignol. En Provence on dit un Rouffignor ou Rouffigneau ; & c’eft de cette derniere façon qu'il fe trouve écrit dans le Roman dela Rofe. Il y en a qui appellent la femelle du Rofignol une Roffionole ou Roffignolette. 3°. La GorGE ROUGE, Rubecula five Erithacus Aldrovandt , El Yauos Ariftotelis , Ray Synopf. Sylvia fylvatica , Klein. Mo- tacilla grifea , gula peéloreque fulvis , Linn. Cet Oifeau étant très connu prefque par toute la terre, & nommé ainfi de fa poi- trine rougeitre , n’a pas befoin d'une plus ample defcription. Tout le deflus de fon corps eft d’un gris-vert comme dans les Grives. En hiver il entre jufques dans les maifons , pour y cher- cher fa nourriture , comme ami & familier avec les hommes. (a) Ceux qui voudront élever des Roffigaols , confulreront le Traité du Roflignol franc ou chanteur , contenant la maniere de le prendre au filet , de le nourrir facilement en cage, & d'en avoir le chant pendant toute l'annee ; Ouvrage accompagné de Remarques utiles &c eurieufes fur la nature de cet Oifeau. On trouve ce Trairé chez Debure pere , Quai des Au: guftins , à l'Image S. Paul, MS = DAE S TOM S EVA. 31 Selon M. Linnæus , la Gorge-rouge habite dans les arbres feuillus le long des marais en Suede , chantant très bien. Elle eft d’un jaune-roux depuis le bec jufqu’au /feraum ; elle à le dos, les aîles & la queue gris ; le ventre blanchâtre ; ongle de derriere plus long que les autres; les grandes plumes des aïles & de la queue d'un cendré-brun ; mais fix de celles qui font en recouvre- ment ont des taches tannées au bout ; la queue égale; le bec & les pieds bruns. Pendant l'été, dit Frifch, cet Oifeau eft feul dansles bois, dans les buiflons & dans les lieux enfemencés, parce qu’il n’en fouffre pas aifément d’autres autour de lui. Quand une fois il a#pris poflefion d’une place, il pourfuit tous les autres Oifeaux de fa grofleur qui y viennent ; tellement que le nom d’Ærzrhacus que lui ont donné les Grecs, s'accorde fort à fon naturel ; aufli a-t-il pañlé en proverbe , una arbor non capit duos Erithacos , c’eft-à- dire , que deux Gorges-rouges ne peuvent pas demeurer dans un même buiflon. Quand on enferme avec cet Oifeau d’autres Oïfeaux de {a groffeur dans une même cage, il les perfécute avec rufe, les frappant fous les aîles quand ils les levent, & fur la poitrine vis-à-vis du cœur; & il en tue bientôt quelques-uns , ou les rend malades , fur-tout s'ils font encore jeunes. Tous les pe- tits Oifeaux connoiffent la Gorge-rouge, & la fuient tout d'abord. Elle aime à faire fon nid dans les arbres creux. Sa nourriture en été eft toutes fortes d’Infeétes tant volants que rampants, prin- cipalement les œufs de Fourmis. Mais en automne lorfque certe nourriture cefle, on la trouve dans les buiflons qui portent de petites baies, & dans les jardins, où l’on peut la prendre aifé- ment. Quand on la laiffe voler dans un poële , elle prend bientôt toutes les Mouches qui peuvent y refter de l'été. On connoit les mâles à la vivacité de la couleur rouge de leur poitrine, & ils chantent bien vite dans une cage à Roflignol , s’il y a feule- ment à peine quelques femaines qu'ils s’en font envolés du nid, mais d’une maniere fort douce & fort agréable. En automne on les nourrit avec des œufs de Fourmis ; & quand on n’en peut plus avoir , avec du cœur de Bœuf coupé bien menu, & mêlé avec un peu de graine de Pavot blane, ou avec des Vers de fa- rine de même que le Roffignol , & même quelquefois avec un eu de fine farine de froment , humeëtée d’un peu de bon lait. Selon Willughby , la Gorge-rouge pefe demi-once ; fa lon- gueur eft d’un demi-pied, & fon vol de neuf pouces ou douze doigts ; fa queue eft longue de deux doigts & demi, compofée de douze plumes. Elle pratique quelquefois un long veftibule + 292 H1isToirEe NATURELLE fon nid, dont elle ferme l’extrémité avec des feuilles , quand elle va chercher fa nourriture. C’eft , dit Willughby, ce que j'ai obfervé étant encore jeune, quoique je ne nie pas qu’elle ne puifle le conftruire autrement. ; J'ai trouvé bien des nids de Gorge-rouge ; mais je ny ai jamais remarqué cette forte de veftibule dont parle ici Willughby. Jai feulement obfervé que quelquefois fon nid eft extrêmement caché par une efpece de rideau de moufle qui fe trouve au devant tout naturellement. J'ai même trouvé un jeune Coucou dans le nid de cet Oifeau. Selon Olina, le mâle fe diftingue de [a femelle par fes pieds plus noirs, & par certains poils ou petites barbes qu’il a aux deux côtés du bec. Cet Oifeau vit en cage quatre ou cinq ans, & quel- quefois plus, fuivant le foin qu’on en prend. La Gorge-rouge chante harmonieufement en automne & aux approches de l'hiver ; les gens de la campagne prédifent même par fon chant le temps qu'il doit faire ; car fi elle chante au pied d'une haie, c’eft figne de pluie; fi au contraire elle chante per- chée fur le fommet d’un arbre, elle annonce du beau temps. La Gorge-rouge eft un Oifeau qui n’épargne pas fes femblables en cage; car fi lon en met plufieurs enfemble dans une voliere, la plus forte tue la plus foible, comme font aufli les Méfanges & la Pañle-bufe. Les Anciens s’étoient fauflement imaginés que le Rofignol fe changeoit en Gorge-rouge , la Fauverte à rèête noire en Becfigue , & le Coucou en Epervier. ‘ La Gorge-rougc fait un mets excellent en automne ; mais il y a bien des Pays où l’on ne connoït point ce mets. Tous les ans on en mange une quantité prodigieufe dans la Lorraine. Auf la nouvelle Maifon Ruftique nous apprend-elle que les Rouges- gorges font moins exquifes aux environs de Paris, à caufe dela fécherefle de la terre fablonneufe, que dans la Lorraine & le Pays Meflin , ou elles font très délicates & d’un goût aulii exquis que lOrtolan. | Belon obferve avec raifon que la Gorge-rouge n’a pas propre- ment la gorge ou la poitrine rouge, mais d’un jaune-orangé. On la nomme néanmoins Gorge-rouge ou Poitrine-rouge dans prefque toutes les Langues; en Latin Rubecula , & felon Scaliger Rubinus ; en Italien Peiroffo ; en Allemand Ro- Bruft; en Anglois «ke Robin-Red-Breaft, ou Ruddock ; en Sué- dois Rosgel ; en François Gorge-rouge ou Rouge-gorge , Rouge- bourfe , Cou-rouge , Rubeline ; en Anjou Rubrette ou Rubiane , & dans le Maine Rubienne ,felon Ménage; en Auvergne J'aunar; cn ! D E SCO UrS EAU x. 33 eu Provence Cu/-rouffet- Bernard ; en Saintonge Ruffe ou Biffe ; en-Périgord la Panchorte ; en Normandie Bérée , & non pas Berce | comme écrit le Dictionnaire de Trévoux ; en Bretagne Ripe, Rule , Vachette , ou Roffignol d'hiver ; en Guyenne Moureau ou Rufthe ; en Poitou Ruche ; en Sologne Reuche ou Ruche ; à Sandillon près d'Orléans; Marion la Reuche ; en Pi- cardie Foireufe , Frayeufe ou Frilleufe ; en Savoie Roy Patan ; à Mezieres près de Cléry, Agoupy ; à Saumur Gadille , Gua- drille | Gadrille où Gagrille ; ailleurs Roupie ; en Orléanois, felon quelques Payfans, Mifère ou Bonhomme Mifère , autre- ment la Pauvreté ; autour de Paris perir Coq d'Inde. Or la plu- part de ces dénominations viennent de ce qu’en hiver cer Oifeau eft comme tranfi de froid , au-lieu qu’en été il eft fier. D'autres l’appellent encore Roffignol de haie où d'automne , & Becfigue. Pour ce qui eft du mot Roupie , Belon dit que l’on appelle quel- que part une Gorge-rouge Roupie , parce qu’on Ja voit venir aux Villes & Villages lorfque les Roupies pendent au nez des per- fonnes : mais Belon fe trompe, dit Ménage; car elle a été ap- ire Roupie de Rubia. Je crois pourtant que Ménage fe trompe ui-même , & que Belon a raifon; car Rujje , Rufche ou Ruche, & Gadille, fignifient une Roupie. 4°. La Gorcr-roucE Des INDES , Rubecula Indica Mufet Leydenfis , Ray Synopf. On ne fait rien de cer Oïfcau. Le P. Feuillée Minime , dans le premier Volume de fon Journal des Obfervations Phyfiques, donne la defcriprion d’un Oifeau des Indes Occidentales, appellé Erzchacus five Chloris Erithacordes. 5°. Le RossiGNor DE MURAILLE, Ruricilla , &orusocç ( Phoi- nicouros) Grecis , Ray Synopf. Sylvia Ruricilla , Klein. Moca- cilla gulé nigrä , abdomine rufo , capite dorfoque cano , Linn. Il a la poitrine, le deffous des aîles , le croupion & la queue roufles; le bas du ventre blanc; la tête, le cou & le dos teints d’une cou- leur plombée ; le fommet de la tête en devant orné d'une tache blanche remarquable ; la gorge & les mâchoires au deffous des yeux noires ; le bec & les picds noirs ; la bouche jaune en de- dans. Gefner & Aldrovandus décrivent encore trois autres cfpeces de Roffignols de muraille ; favoir, 1°. le Ruricrlla tertia pou vandi, dont la defcription faite par Gefner s'accorde exaétement avec celle que nous venons de fre du Roflignol de muraille or- dinaire ; 2°. le Rotschwentzel de Gefner, ainfi dit de fa queue rougeatre , décrit d’après la figure; 3°. le Wegflecklin de Stras- bourg, qui a le haut de la poitrine bleu , & Te bas ce jaune- œ le) 134 HisrToire NATURELLE roufsatre ; le ventre cendré; les jambes brunes ; le menton brus & bigarré. Selon M. Linnæus , le Roffignol de muraille habite en Suede dans les arbres feuillus, faifant fon nid dans les creux des arbres & des murailles, & chantant fort bien; ila la poitrine , le crou- pion & la queue roux; la tête, le cou & le dos cendrés; le front blanc ; la gorge & les machoires noires au deflous des yeux ; deux plumes du milieu de la queue brunes. La femelle a la tête & le cou cendrés, & la poitrine plus pâle ; le bas du ventre blanc , & les grandes plumes des aïles brunes. Frifch dit que c’eft le noir de la gorge qui diftingue cet Oi- feau des autres Oifeaux à poitrine rouge , qui vivent aufli de Vers. Sa queue rouge le met du nombre des Oifeaux à queue rouge. Il chante fort haut fur les maifons & fur les toits dans les Villes, ou fur le haut des arbres À la campagne. Souvent fon ra- mage n’eft qu'une clef fort longue qui a environ cinq notes , dont la premiere eft la plus longue , avec des tons bas. Il com- mence à chanter dès le mois de Mars, & fon chant eft enfuite fort agréable. Il fait fon nid fous de petits toits, proche des jar- dins, dans des endroits où il ne va ni Rats ni Souris ; quelque- fois il le fait au milieu d’un foliveau. C’eft principalement la marque blanche prefque ronde qu’il a au front , qui le diftingue des autres Oifeaux à queue rouge. Willughby dit qu'il pefe une demi-once , & que fon vol eft de neuf pouces ou douze doigts. Selon Jonfton , il pond deux ou trois œufs , & l’on a quel- quefois trouvé un jeune Coucou dans fon nid. Mais ceci n’eft rien moins que fondé ; car 1°. il fait cinq à fix petits d’une cou- vée; 2°. il n’y a nulle apparence que jamais la femelle du Cou- cou aille pondre dans fon nid. Il pafle cout l’été chez nous, & même il refte ici jufqu’à la fin de l'automne. Charleton foupconne qu’il pourroit bien fe cacher dans les trous des murs, & y dormir tout l’hiver jufqu’au retour du printemps. Nous ne faurions être de fon avis. Selon Olina il vit fix ou fept ans. Cetre cfpece de Roffignol tire fes diverfes dénominations de fa couleur ou de fon habitation. On l'appelle en Grec & en Latin Phœnicurus , Ruricilla, où Punicilla , {elon Scaliger ; en Italien Cod'roffo ou Roffignuolo di Muraglie ; en Anglois che Redflart ; en Suédois Roedftjert ; en François Roffionol de muraille où de mur , Roffignol bätard ; à Loudun & à Rouen Cul-rouge ; à Ver- dun Rouge-queue ; en Provence Cul-rouffer ; en Bafle-Norman- DiE S'AONÉ'SUENAUU.x: 213$ die Falle rouge ou Prérror ; en Anjou per Prêtre ou Clerc, Æ/fcalandre ; en Suifle Roffignol de roc ou de rocher ; en plufieurs endroits Roffignol baïllet , pour Roflignol paillet, à raifon de fa couleur roufle ou rougeatre ; c’eft ainfi qu'on difoit autrefois vzrr Bailler pour vin clairet ou rouge-päle. Mais, felon la penfée de Ménage , ce feroit un diminutif de Bai. On a dit Badius pour Baius, Bai; de Badius on à fait les diminutifs Badiolus & Ba- diolettus , duquel Badiolettus nous avons fait Barller. Nicot & Cotgrave difent qu'on nomme Cheval baillet, un Cheval qui a une marque ou une étoile blanche au front. Il paroït donc que c’eft dans le même fens qu’on aura dir Roflignol baillet , & dans ce cas-là les deux érymologies précédentes ne feroient pas les véritables. " 6°, La Passe-Buse, Curruca Eliote, an Magnanina Aldro- vandi ? Ray Synopf. Motacilla fupra fufca, fubtus exalbida , macul& pone oculos grifeä , Linn. Elle eft prefque de la grandeur d’une Gorge-rouge ; elle a le deflus du corps varié de noir & de roux-fale, fon plumage étant noirâtre au milieu de chaque plu- me vers la tige , & d’un roux-fale à l’extérieur ; la tête & le cou un peu grisâtres , dont les taches du milieu font plus obfcures ; le bas du dos au deflus du croupion un peu verdatre & deftirué de taches ; le deffous du corps cendré ou plombé, & cependant le bas du ventre blanchätre. En général cet Oifeau eft de couleur de terre & fale; & comme il a quelque refflemblance avec le Moi- neau femelle , on l’a nommé Moineau de haie. Ses œufs font teints d’une belle couleur bleue. Selon M. Linnæus, la Paffe-bufe habite en Suede, fur-tout dans les terres argileufes , pondant des œufs cendrés avec des taches tannées. Mais M. Linnæus fe trompe ici ; car cet Oifeau pond ordinai- rement cinq œufs tout bleus, & de la plus grande beauté, comme Ray l’a fort bien remarqué. Frifch n’en dit que deux mots. Quelquesuns, dit-il, nom- ment cet Oifeau la Fauverte noire, à caufe que de loin il paroït noir par les taches d’un brun obfcur qu’il a. Son chant eft un peu criailleur. Le Coucou fait volontiersun œuf dans fon nid. Quand un Chat ou quelqu'autre animal s'approche du nid de la Pafle- bufe ,elle l'en éloigne en badinantavec lui fur la terre; parce que le Chat la fuit en rempant, & veut la prendre : mais quand elle en eft bien loin, elle le laiffe, Le chant de la Pafle-bufe eft court, mais aflez plaifant; elle fait fon nid de bonne heure dans les buiflons , fur-tout dans les Ggij 226 HisToirE NATURELLE haies féches, qu’elle préfere pour cela aux haies vives. Le Cou: cou aime beaucoup à pondre fon œuf dans fon nid. C’eft la vraie Curruca des Anciens , felon Eliote , Auteur d’un Diétionnaire Anglois. Aufli Juvénal appelle-t-l de ce nom un mari trop com- plaifant pour fa femme , & qui en eft la duppe. Belon l'appelle Paffer rubi d'autres Paffer fepiarius ; en Angloisthe Hedge-S par- row ; ce qui fignifie la même chofe ; en Suédois Xruka ; en Fran- çois petit Moucher ou Moufchet | Moineau de haie , Gobe-Mou- che , Moucherolle où Moucheris ; en Berry Bufette ; en Orléanois Paffe-bufe ; en Anjou Paffe ou Paif]e-buifjonniere ; en Norman- die Bunerte ou Beunette , peut-être pour Brunerte, qui fe trouve dans Cotgrave ; en Saintonge B/ffe-Morelle ; dans le Pays Nan- tois Morneau ou Pazffe de hate , Royffelotte ou Brunette ; à Paris. Grifette, Rouffette ou Rouffelette ; en Sologne Pied de por ,ap- paremment à caufe de fa couleur; ailleurs Mars cocu , felon Cot- grave; en Périgord une Paffe fourde. I] y en a qui l’appellent petite Paffe privée , apparemment à caufe qu’elle eft aflez fami.. liere , fe tenant volontiers dans les haies des jardins, & autour des maifons. 7°. Le Becricur, Ficedula feptima Aldrovandi , Pettichaps: Æ'boracenfibus, Beccafigo Iralis,Ray Synopf. Motacilla pulé viref- cente-cinerea , artubus fufcis , fubtus flavefcens , abdomine albido, Linn. Il eft de la grandeur d’une Linote ; il a le corps un peu court ; la tête, le dos, les aïîles & la queue d’un cendré , ou, comme d’autres veulent, d'un brun-vert ; tout le deflous du corps blanc ou argenté ; la poitrine feulement plus obfcure, avec quelque teinture de jaune; le bec noirâtre, & les pieds bleuä- tres. Ce petit Oifeau n’eft prefque remarquable par aucune di- verfité de couleurs. Je lui ai trouvé dans l’eftomac ouvert des pepins de raifins & d’autres femences. Selon M. Linnæus, il habite en Suede dans les arbres; c’eft peut-être la femelle de la précédente ; il a le corps cendré en deflus, & d’un gris-blanchâtre en deflous ; la gorge blanche ; les aïles clofes tannées en deflus; les grandes plumes des aïles tannées à leur bord extérieur ; les plumes de la queue égales, ow les extérieures un peu plus courtes, toutes brunes; mais la pre- miere en dehors eft pâle, & la feconde pâle à fon extrémité; les autres font à peine manifeftement pâles. Dans un autre, qui eft peut-être le mâle, la couleur eft cen- drée, mais plus d’un cendré-jaunûtre. Nous ne connoiflons point ici ce Becfigue, & nous ne devons pas en être {urpris ; car en Italie & dans nos Provinces méridio- DE 5 MOIM'S1EMRQU: x: 237 nales, on appelle Ficedule ou Becfigues, non-feulement toutes les différentes efpeces de Fauvettes, mais aufli prefque tous les petits Oifeaux à bec menu ou efilé , & même quelques autres à bec gros & court comme le Bouvreuil. Au-refte on ne peut dif. convenir que cette clafle ne foit fort étendue & fort variée, felon la différence des climats dans lefquels ces Oifeaux naif- fent; les uns ayant des couleurs très brillantes, d’autres très fim- ples ; les uns étant garnis de longues plumes à la queue, d’autres n'en ayant point ; ceux-ci ayant des huppes, ceux-là étant fans huppes : mais le caractere , les inclinations , la forme du corps, & fur-tout du bec, ne permettent gucres de s'y méprendre. D’ail- leurs leurs couleurs font aflez douces & tendres ; & à l’exceprion de trois ou quatre, & notamment de celui de Surinam, dont les couleurs ie très tranchantes , les autres pour la plupart font olives defflus , & jaunes deflous ; les autres gris , plus ou moins bruns deflus, & blancs deflous ; d’autres enfin bleus, avec les aïles noires, ne différant gueres entr'eux que par quelque peu de noir que ceux-ci ont fur la tête , & quelque peu de blanc que ceux-là ont fous le ventre. 8°. La FAUVETTE A TÊTE NOIRE, Arricapilla five Ficedula Aldrovandi , Suuanïe & MsAarrogugos Graects ( Sucalis & Melan- coruphos) , Ray Synopf. Sylvia atricapilla , Klein. Moracilla tef- zacea , fubtus are , pileo obfturo, Linn. C’eft un petit Oi- feau qui a le fommer de la tête noir, d’où lui vient fon nom; le cou cendré , & tout le dos d’un vert-obfcur ; la poitrine d’un cendré-clair ; le bas du ventre d’un blanc-jaunâtre; le bec noir, plus menu que celui de la Méfange , & les pieds plombés. Selon M. Linnæus, elle habite en Suede, fur-tout en Scanié. Le mâle à le fommet de la tête noirâtre ; le dos couleur de terre cuite, & le deffous du corps cendré. La femelle a le fommet de la tête d’un jaune-roufsâtre, ainfi que tout le corps, qui eft d’un blanchître clair en deffous. Frifch la nomme Fauvette gris-de-fouris , & voici ce qu'il en dit en peu de mots : Comme cet Oifeau approche de bien près du Rofignol parla beauté de fon chant, on peut l’appellerle Roffignol bätard. Son chant n’eft pourtant pas fi fort; 1l n’a point de clefs qui durent fi long-temps, nitant de changements. Ce chant dure jufques dans le mois de Juin. Son manger, qui confifte en Mou- ches & en Vers, lui fait faire fon nid dans les jardins. Quandil a plu, cette Fauvette pañle légérement fur les herbes encore mouillées , & fe baigne ainfi. ie] Frifch fait enfuite mention de quatre autres Fauvettes; favois 238 HisroirEe NATURELLE deux grandes & deux petites, fanscompter la Pafle-bufe, qu'il met aufli parmi les Fauverres. Mas pour les défigner il fe contente de renvoyer le Lecteur à fes Figures enlaminées ; & il remarque à cette occalion que ces Oifeaux font peu connus par leur figure dans la plupart des Auteurs , & que l’article des Fauvettes eitun des plus obfcurs de l'Hiftoire des Oifeaux; en quoi Frifch a bien taifon ; car quoique Belon parle de la Fauvette noire ou brune, ui eft notre Fauverte à rète noire , & de la Fauvette roufle qu’il appelle mal-à-propos T'roglodytes , il n’a rien dit des autres efpe- ces de Fauvettes. Cependant elles font bien connues dans l'Or- Jéanois : ainfi l’on appelle à Orléans la Fauvette roufle de Belon, T'riplerte ou Atriplette , Triplotte où Atriplotte ; on trouve dans uelques Livres répille pour Fauverte commune ; ailleurs Fau- vette babrllurde ; en Sologne Ererpe ; en Saintonge Gorgerte ; à Nantes Gro/ffe-gorge , Gorgerre ou Meurter, parce qu'elle enfle la gorge en chantant, & qu’elle aime les mûres des haies. C’eft aufli apparemment ce at nouvelle Maifon Ruftique nomme Märier blanc ; en Anjou T'réploffe ; en Normandie Fauvette & gorge blanche , autrement Gorgerette. Mais outre ces deux efpeces de Fauvettes, les gens de la cam- pagne diftinguent encore , 1°. une forte de Fauvette allongée roufsâtre, fousle nom de T'riplerte ou d’Arriplerte bouviere , que quelques-uns confondent avec la Fauverte Bretonne , dite auffi F'auvette bouviere , laquelle fait volontiers fon nid dans les char- milles, & dont le chant approche de celui de la Fauverte à rête noire ; 2°. [a Dringue noire , qui a le plumage plus brun, le corps plus gros que les autres Fauvettes ; le bec plus crochu parle bout, & le ramage plus approchant de celui de la Triplerte où Fauverte babillarde , laquelle fait comme elle fon nid dans les buiflons. 3% La perrte Dringue , dite Dringue jaune , qui à la voix plus foible, & qui chante mal, mais dont le nid eft fott joli, & seflemble beaucoup à celui du Chardonneret. Pour revenir à notre Fauvette à rête noire, fi connue de tout le monde pour la beauté de fon chant , elle pefe , felon Wil- lughby , une demi-once ; elle eft longue d’un demi-pied , & fon vol a neuf pouces ou douze doigts d’étendue ; elle a dix-huit grandes plumes à chaque aïîle, & douze à la queue, qui eft lon- gue d’un peu plus de deux doigts. On dit , ajoute Willughby, que les vieilles au commencement de l’automne fe changent en Becfigues, en changeant de voix & de couleur; ce que je ne crois oint. Cette Fauvette fait fon nid dans les buiflons, dans les char- DiE s: SON SFA U, x 139 milles , quelquefois même dans de jeunes maroniers d'Inde à huit ou neuf pieds de hauteur. Son nid eft bien ajufté , & revêtu de crin en dedans ; elle pond d’une couvée quatre à cinq œufs, dont le fond eft d’un blanc de lait, femé de taches brunes-rouf- sâtres. Nous avons ici le SieurRoufleau, Courelier , qui fe plaît a élever des Fauvettes, & qui y réuflit à merveille , leur appre- pant avec la bouche différents airs. Selon lui, ilyena de deux fortes ; favoir la Fauverte des bois & celle des jardins: la pre- miere eft plus petite que l’autre | & plus fujette à la goutte. IL leur fait une pâtée avec de la mie de pain, du chenevis broyé, & un peu de perfil haché , le tout humecté avec de l’eau , quand elles font encore jeunes ; mais quand elles favent une fois man- ger feules , on n’a que faire d’humecter leur mangeaille ; ik faut alors leur mettre féparément leur pot à boire. Après la mue , c'eft-à-dire, au mois d'Aoùt , elles prennent leur couleur natu- relle, & leur tète devient noire en deflus. Vers le temps de leur paflage , elles s’agitent & fe tourmentent beaucoup dans la cage, fur-tout pendant la nuit ; alors il en périt beaucoup. Quand elles ont plufieurs années, elles ne fe tourmentent plus. Il en a con- fervéune neuf ans en cage. Selon Olina, la Fauvette vit cina à fix as, fi elle eft bien foignée. La Fauvertte à rète noire, dite en Italien ze/fa regra ow Capi- néra ; en Provençal Teffa negra où Capo negro ; en Anglois she Black-Cap ; s'appelle encore en François Fauverre ou Trépille franche , grande Fauvette ; en Berry Buferte à tête norre ; en Pé- rigord la Gamache. Il y en à qui nomment le mâle Fauver, & la femelle Fauverre. On trouve dans Cotgrave Faulyeret pour Fauverte. Quant au mot de Fauverte | Belon remarque qu’il y a des gens qui penfent qu’il faut dire Fauverte , à rafon de la cou- leur fauve ; mais , felon lui, l’'étymologie de Troglodytes des Anciens, enfeigne le contraire, & il faut dire Foverre à Fovers. L'origine que Belon réfute eft la véritable, dit Ménage. C’eft auf la penfée de M. l'Abbé Prevoft dans fon Manuel Léxique ; il y eft dit que la Fauvette eft un petit Oifeau qui tire fur le fauve, d’où lui vient fon nom. 9°. Le RorTELET CRÊTÉ, Regulas criftatus Aldrovand: , Tro- chilus Plinio & Ariftoteli , cui & ess@de G Basireûs , Ray Synopf. Motacilla remigibus fecundariis exteriore margine flavis , medio aigris. I eft aflez diltingué des autres petits Oifeaux par fa pe- titefle & par fa tache faffranée ou écarlate-claire très agréable au fommer de la tête, qu’on appelle crête. Il a tour le cou & le dos d'un vert-obfcur-jaunatre ; la poitrine & le ventre d’une couleur 4, 240 HisToirRE NATURELLE verte qui tire fur Le blanc. Je lui aï trouvé l’eftomac plein d'In- fectes. Il fe tient fur le haut des arbres , particuliérement des chènes. Il n’eit pas rare en Anglererre. Selon M. Linnæus, il habite en Suede fur les arbres aflez fré- quemment ; & c'elt le plus petittdes Oifeaux de notre Pays. Il à le corps d'un gris-verdatre en deflus, & plus clair en deflous ; les grandes plumes des ailes brunes , dont les cinq premieres font à peine jaunâtres à leur bord extérieur; & les autres, depuis la fixieme jufqu'à la feizieme , noires au milieu du bord extérieur; & du milieu en dehors, jaunes-verdatres: elles font routes blan- châtres au bord poftérieur , & même par le bout, depuis la dou- zieme jufqu’à la feizieme. Le Roitelet a le bec pointu comme une alène, & noir ; la langue lacérée au bout ; l’ongle de derriere plus grand que les autres. Le mâle a fur le fommet de la tête une grande tache jaune , dorée dans le milieu , & noire fur les côtés. Frifch le nomme Roireler de haie d'automne. Selon lui, c’eft le vrai Roitelet des Anciens ; car il a un bouquet de plumes de diverfes couleurs fur la tête , qui lui fait comme une couronne. Plufieurs le nomment en France & dans les Pays voifins /e perr Cog doré , en faifant comparaïfon de l’ornement de fa rête avec une crête de Coq. Il fe tient dans les hauts bois de fapins. Les Oifeleurs l'y prennent quelquefois à l’amorce des Méfanges. Quand il vient dans les jardins, 1l fe glifle dans les arbrifleaux & les broffailles ; ce qui le rend plus difficile à appercevoir. Si on le tire avec de la cendrée, on le met en pieces ; & il pañle à travers les filets des Oifeleurs. Quand on veut lavoir par curio- fité , il faut le tirer avec du fable. La femelle à aufli une crête jaune , mais d’un jaune plus pale. Olina dit qu'on appelle cer Oifeau en Latin Regaliolus & Re- gulus criftatus , parce qu’il eft le plus petit des Roirelets, & que c'eft à celui-ci que convient proprement le titre de Rearrino ou de Rorteler, ayant fur la tête un rang de plumes de couleur de fouci, avec quelques autres plumes plus pâles, & d’autres noires; ce qui le Are comme couronné. Voilà pourquoi on lap- pelle en Tofcane Fior rancio ou Fleur de Souci , parce que fa crête reflemble à du fouci. Au-refte il à le corps de couleur ver- dâtre , mêlée de jaune comme le Becfigue , excepté la queue & les aîles ; une petite tache blanche au deflus de l’œuil ; la poitrine & la gorge d’un blanc-fale ; le ventre d’un blanc plus clair ; les aïles & la queue plus obfcures que le croupion , avec quelques nuances d’un blanc-obfcur à leur naiflance & dans le milieu, comme aux ailes du Pinçon; le bec très menu, droit & noir. Il D ES VONT S'ECAEU X. . AI Il ne chante point, mais il fait un cri qui eft plutôt une piaillerie qu'un chant. ; Selon Willughby, il ne pefe pas plus d’un gros ; fa longueur eft de quatre doigts un quart, & fon vol eft d'un peu plus de fix doigts ; fa queue eft compofée de douze plumes, & longue d’un doigt & demi. Ce qu’on raconte de fon inimitié avec l’Aigle eft un conte pur. Aldrovandus dit qu’il pond fix ou fept œufs qui ne ‘font pas plus gros que des pois. Le Roitelet crêté ou huppé eft commun en Sologne & aux environs d'Orléans fur-tout en automne & en hiver; car on cefle de le voir dès le premier printemps. On prétend qu'il s'en va pour lors, & qu'il ne fait point fon nid dans ce Pays-ci. L'hiver ces Oiïfeaux vont ordinairement deux à deux, grimpant le long des branches des arbuftes dans les haies, ou fe perchant fur les . fommets des chênes & des ormes , dans un mouvement prefque continuel , comme font les Méfanges. Leur cri reflemble à celui de la Sauterelle. Si-tôt qu'ils s'envolent, ils s’entrappellent & ne fe quittent jamais ; apparemment qu'ils font toujours accou- plés mâle & femelle. Ils ne craignent point l'homme , & ils s’en laiffent approcher jufqu’à les toucher quelquefois du bout de la canne. Belon l'appelle Poul à caufe de fa petitefle, Soulcie , Soucre ou Sourcicle , à caufe de fa crête ; felon quelques-uns, Soulfe , Souct ou Fleur de Souci ; en Orléanois Sucer ou petit Sucet , peut- être pour Sozciet ; ailleurs Suer, Œuil de Bœuf ou petit Bœuf ; à Fay au deflus d'Orléans, Biffourder. Les Anglois le nomment the Golden-Crown’dwren , ceft-à-dire, Roitelet couronné d’or, ou Syviow , c’eft-à-dire, Méfange à tête dorée, 10°. Le RoITELET NON CRÊTÉ , Regulus non criftatus Aldro= vañndi , an Afilus Bellonii ? An Luteola Turneri ? Ray Synopf. T'rochilus capite Levi , Klein. Motacilla cinereo-vireftens , fubtus flavefcens , fuperciliis luteis, Linn. Il re de nom propre en Anglois, que je fache; on l'y nomme feulement le perit Oi- feau jaune ; eft tant foit peu plus grand que le Roirelet crèté; il a tout le deffus du corps d’un brun ou d’un cendré-verdatre , excepté les aîles & la queue; & le deflous du corps, favoir la gorge, la poitrine & le ventre , font blancs , avec une légere teinture de vert; du-refte tirant fur le jaune. Il fe tient ordinai- rement parmi les faules, fe #liffant continuellement à travers les arbres & les arbuftes, & il chante d’une voix qui imite le cri de la Sauterelle. Ces fortes d'Oifcaux varient pour les couleurs; Hh 242 HisToire NATURELLE car les uns font d’un vert ou d’un jaune plus clair, & d’autres plus foncés. Selon M. Linnæus, il habite en Suede dans les fauflaies, & il po cinq œufs blancs, femés de taches rouges; il a le corps d'un run-cendré-verdatre ; une ligne jaunâtre qui va des narines ar deflus les yeux au derriere de la rète ; le deflous du corps d’un blanc-jaunâtre; les plumes inférieures des aîles qui font en recouvrement , d’un vert-jaunâtre ; les grandes plumes des aîles, brunes à bord verdâtre ; les plumes de la queue femblables aux grandes plumes des aîles, comme dit Willughby. Frifch l'appelle Serin de fauffaie , ou la plus petite Fauverte. Selon lui, cet Oifeau a un chant mêlé de plufieurs changements, & un peu criard. Il fait fon nid dans les buiflons épais des jar- dins : mais les petits font fouvent la proie de leurs ennemis. Il reflemble par fa couleur au Serin ou au Tarin. Olina dit que le Roitelet, dit en Latin Regulus non criflatus, & en Tofcane Zur , a les mêmes couleurs que le Regaliolo ou Fior rancio , excepté qu’il n’a point une tache jaune 4. la tête. Selon lui , il ne chante point, maisil poufle un cri comme sil fe plaignoit, lequel paroît exprimer fon nom. C’eft un petit Oi- {eau très foible ; de forte qu’il arrive quelquefois qu’en lui jet- tant une motte de terre fur l'arbre où il fe tient , on le fait tom- ber. Il fe nourrit de même que les Roitelets d’hiver. On les prend tous les trois à la pipée. Selon Willughby, il pefe deux gros ; fa longueur eft de cinq doigts, & fon vol de fept doigts. Notre Roitelet non crêté elt vraiment l'Afilus de Belon, qui l'appelle en François Chanteur ou Chantre | & avec raifon ; car ce petit Oifeau varie infiniment fon chant , & même ce chant n'eit pas défagréable : ainfi Olina a tort de dire qu'il ne chante point. Ray n’a peut-être pas plus de raifon de comparer fon chant à celui de la Sauterelle. C’eft un des premiers O'feaux qui nous annoncent le retour du printemps ; je l’ai entendu chanter plus de trois femaines avant le Rofignol franc. Il eft aufli un des der- nicrs à nous quitter aux approches de l'hiver; en quoi il imite le Pruyer. Il ne pond pour l'ordinaire que cinq à fix œufs; mais on peut le faire pondre à volonté, parce qu'il eft tellement atta- ché à fon nid qu'il ne l’'abandonne que très difficilement. Un de mes amis M'a raconté qu’un jour ayant trouvé le nid de cerOi- fcau » il lui fit pondre jufqu’à trente œufs l’un après l’autre, en lui étant tous les jours fon œuf, à melure qu'il étoit pondu ; après DUE LS MOPI STE AUU x: 243 quoi il en cut pitié, & lui en laïffa aflez pour couver. En effet, dit M. Colonne, il eft remarquable que plus on ôte d'œufs aux Oïfeaux tant fauvages que domeftiques , plus ils s'efforcent d’en faire pour en réparer la perte. Ainfi la Poule fait plus d'œuf quand on lui en ôte, que lorfqu’on lui laïffe ce qu'elle à fait. M. Lifter , en levant les œufs d’une Hirondelle à mefure qu’elle pondoit, elle en fit jufqu’à dix-neuf, quoiqu’elle n’en fafle d’or- dinaire que quatre ou cinq au plus. Le Roitelet non crêté s'appelle Chanteur ou Chantre ; en Lor- traine Choph ; à Bellegarde dans la Forêt d'Orléans , Chophri ou Chofti ; en Sologne Frelor ou Frelorte , Chaufour , Bouchefour, Fourllet, Toute-vive ; à Orléans V’erti-verto ou Toli-tolo ; en Normandie Pouillor ou Pouliot ; tous noms qui lui viennent de fon chant, de fon nid, ou de fa taille. 11°. Le ROITELET COMMUN , Paffer troglodytes Aldrovandr, Turnero & Bellonio perperam Regulus , Ray Synopf. Moracilla grifea , als nigro cinereoque undulatis , Linn. Il a la tête , le cou & le dos d’un bai-brun ; les aîles, la queue & le dos bariolés de lignes tranfverfales noirâtres ; le milieu de la poitrine plusblanc, avec des lignes noires tranfverfales inférieurement & fur les côtés. Il tient la plupart du temps fa queue redreflée. 7. PL. 17. F9. 2. Son nid eft fait de moufle ; il a la figure d’un œuf dreflé fur un de fes bouts, & fon ouverture pour entrer & fortir eft pla- cée au côté. Selon M. Linnæus, il habite rarement en Suede ; il fait fon nid fur terre & dans les haies. L'Oifeau eft châtain en deflüs, plus âle en deffous; il a le bas du ventre ondé par de petites lignes nes tranfverfales ; la queue entiere ; les aïles d’un cendré- noiratre , ondées de noir. Frifch lappelle Rorreler de neige , ou Rorteler de haie d'hiver. Selon lui, les Anciens racontent bien des fables fur cet Oifeau. IL à différents noms. Le nom Latin 7 rochrlus, c'eft-à-dire, Cou- reur, & fon nom Allemand Zouin-Schlupfrz , c'eft-à-dire, Or- eau qui fe gliffe dans les haies , font conformes à fa nature : mais celui de Roreler ne lui convient pas, & il eft plus conve- nable au premier dont nous avons parlé , à caufe de l’ornement qu'il a fur la tête en maniere de couronne. Comme le Roiteiet couronné fe gliffe aufli dans les broflailles ou buiflons , on peut Jui laiffer le nom de Rortelet de haie : mais celui d'hiver, que nous fommes fort peu de temps fans voir pendant l'hiver, fera appellé Rorteler d'hiver non couronné. Sur la fin de l’automne & au commencement de l'hiver, il cherche encore dans les mu- Hh ij 244 Élasér o 1er E :N À TUREBLE railles des Vers & des Araignées. On l'entend & on le voit encore quand il y a peu de temps qu'il a neigé; ce qui le fait nommer Rorteler de neige par quelques-uns. Lorfqu’il chante , le fon de fa voix eft fi fort & fi agréable qu’on fouhaite toujours de l’entendre plus fouvenc & plus long-temps. Son nid a quelque chofe de par- ticulier. Il fait plus de petits que les autres petits Oifeaux, mais pas tant que la Méfange. Il fe prend comme les Méfanges. Il vit quelque temps dans les chambres : mais il fe perd à la fin, fans qu'on s'apperçoive comment il s’en va. Olina dit qu'il chante prefque toute l’année, mais particulié- rement au mois de Mai, qui eit Le temps où il a coutume de faire fes petits. Selon lui il pond à la fois, c’eft-à-dire, pour une cou- vée, cinq ou fix œufs, & quelquefois plus; puis il recommence au mois d'Août. Il vit trois à quatre ans. J'ai vu des gens qui prétendoient que cet Oifeau fait jufqu’à vingt petits d’une feule couvée : mais ceci eft contraire à l'expé- rience. Nous ne voyons pas non plus dans ce Pays-ci qu'il re- commence à faire des petits au mois d’Août, comme l'avance Olina. Selon Willughby, il pefe trois gros ; fa longueur eft de quatre doigts & demi, & fon vol de fix doigts & demi; il a dix-huit grandes plumes à chaque aîle, & la queue compofée de douze plumes. Il pond neuf ou dix œufs à la fois, & mème quelque. fois davantage : en quoi Willughby fe trompe. Je connois un Amateur d'Oifeaux qui fait élever ou nourrir dans une cage faite exprès notre Roirelet avec du pain d’œuilles émié qu'il tire de Strasbourg , où l’on fait beaucoup d’huile d'œuillet, c’eft-à-dire , de pavot noir. Il en a qui chantent en cage comme à la campagne, même au cœur de l'hiver. Il y a des Provinces où les gens de la campagne fe font un fcrupule de toucher à {on nid , ainfi qu’à celui du précédent. Quelques Au- teurs ont rapporté comme une merveille , que le Roitelet mis à la broche devant le feu tourne de lui-même, fur-tout fi la broche cft de bois de coudrier ; mais c’eft que quand la partie de lOi- feau tournée du côté du feu eft rôtie, l’autre qui ne left pas def- cend , parce qu’elle eft plus pefante , outre que la broche elle- mème fe tourmente ; & ainfi il n’eft pas étonnant que l'Oifeau tourne. Les Anglois le nomment ske common Wren, c'elt-à-dire,, le Roitelet commun. Tout le monde le connoïît fous ce nom. On l'appelle en Provence Rot de bédeler ; en Poitou Quronguion ;. en Saintonge Roz boutt ; à Nantes Béruchon ou Bertaud ; en DE S'NONT sYETAMU x. 245 Guyenne Arrepit ; en Normandie Rebetrer , felon le Diétion- paire de Trévoux , ou plutot Reberrin , felon Cotgrave Rebetre ; en Sologne Roibery ,; Robery ou Roasice en Anjou Bérichon ou Roi Bertaud , & felon Cotgrave Roz Bertrand , Berichot ou Ber- chot, Beurichon ; ailleurs Bourichon ou Burichon , Bœuf de Dieu, Oifeau béni, Done ou Béruchon , Paffereau croglodyte , {lon le Dictionnaire de Trévoux ; à Orléans Ratillon ou Rartereau, comme qui diroit pett Rar, par un diminutif de Raton ; peut- être aufh pour Rorrllon ; car ici on appelle un petit Roi ou un Roitelet Rorxillon ; en Bourgogne Rot de frordure ou Fourre- buiffon ; ailleurs peur Ror ; en RSS peut Ror Patan ; felon Ménage, les Anciens difoient Burrus pour Rufus : de Burrus on a fait rious ou Burrichus ; de Burrichus on à formé le dimi- nutif Burrichio , dont nous avons fait Beurrichon ou Burrichon , pour Rortelet , à caufe de la couleur roufsitre de cer Oïfeau , qu'on appelle aufli Beurrichor. Selon le même Auteur , on dit proverbialement qu'un homme ou une femme font réfolus comme. Berthaud , pour fignifier qu'ils font hardis & entreprenants; ce ui fe dit par corruption au-lieu de Barchole , fameux Jurifcon- de , qui donnoit de promptes réfolutions me toutes les dif- cuités de Droit qu on lui propofoit. Or c’eft apparemment dans le même fens qu’on appelle notre Roitelet Ro: Bertaud ou Ber- thaud , parce qu'il eft extrêmement hardi & réfolu ; à moins qu'on ne veuille dire que Bertaud fignifie ici Courtaut ; car or dit £ertauder un Cheval, pour l Lee ce petit Oifeau tenant fa queuc redreflée comme font les CARE écourtés. Il y a des gens qui appellent Rorrelerte la femelle du Roitelet. En Périgord on le nomme Rebenet. Aldrovandus & les autres Ornithologues ont décrit plufieurs autres petits Oifcaux qui doivent fe rapporter < à cette clafle : mais Ray avoue qu’il ne les connoît point, du-moins fous les noms. qu’ils leur ont donnés, 246 HrsToiReE NATURELLE À R T I CL E USNEMBET JET Des plus petits Oifeaux étrangers décrits par Marcorave GE par d’autres. r. L E Cortsri, Guainumbi Marcgravii ; Guaiminibi Joann. de Laet ; Gouambuch Lerio & Theveto ; Tomineio Jofeph. a Cofta ; Ouriffa , id eft , Radius folis five Tomineio Clufi ; Hoirçitgil Hernand. Ray Synopf. C’eft le plus petit de tous les Oifeaux. Il differe de tous les autres petits Oifeaux par fa petirefle & par les couleurs brillantes de fon plumage , qui furpañlent l'éclat de la foie la plus belle , de l'or & de tout autre métal. On dit qu’il remue les aîles avec tant de rapidité, qu’on ne fau- roit appercevoir fon mouvement ; on ajoute qu’en volant il fait un certain bourdonnement comme un Bourdon ou une Mouche à miel, & qu'il pafle d’un lieu à un autre fi promptement que très fouvent il échappe à la vue. On prétend que ces Oifeaux fe nourriffent de miel , de rofée, & du fuc des fleurs, qu'ils fucent avec leur langue, qui eft très longue & propre à cela, en fe tenant long-temps fufpendus & comme immobiles en l'air par le balancement de leurs aïîles. Mais comme ils ont un eftomac mufculeux , nous croyons plutôt qu’ils vivent de Mouches & d’autres Infe@es. Je trouve dans plufieurs Livres que ces petits Oifeaux dorment pendant tout l'hiver, & qu'ils reftent alors comme engourdis & à demi-morts. On en Croira ce qu'on voudra. Pour moi je n’en crois rien, vu que dans les Pays où il fe trouve une grande abondance de ces petits Oi- feaux, il ne fait prefque point d'hiver, & que Marcgrave écrit qu'on les trouve en grand nombre dans les forêts pendant toute l'année. François Hernandez en décrit fept efpeces, & Marcgrave neuf, toutes plus belles les unes que les autres, & de diverfes grandeurs. La defcription en feroit d’un détail immenfe, & il ne rendroit jamais les beautés qui s'offrent aux yeux. Cependantils méritent trop par leurs couleurs magnifiques & leur forme fin- guliere , pour n’en pas décrire quelques-uns. 1°, Le grand Colibri , qui eft de Caïenne, eft de la groffeur du DE: SM OM SRE AAU. x. 247 Roitelet, mais délié dans fa taille, & très allonge. C’eft un des plus fuperbes Oifeaux pour l'éclat des couleurs. Sa gorge eft d’un. vertolacé d’or, jouant l’'émeraude ou la topaze, felon les afpedts; fa poitrine & fon ventre, ainfi que fes côtés, font d’un rouge & or vifs & glacés, qui rendent l'éclat de lefcarboucle; le dos eft rouge & or matte; les deux plumes du milieu de la queue font longues , étroites, & d’une efpece de violet glacé. #7. PL 17. Fig. à. Cet Oifeau, ainfi que ceux de fon efpece, a les jambes très courtes , armées d’ergots très pointus ; la langue divifée en deux vers le bout eft très déliée & très longue , pour puifer au fond du calice des fleurs, dont elle fuce le fuc felon lesuns, mais où elle va prendre les petits Infectes qui s’y trouvent, felon d’au- tres : pour cela les cornes de l’os hyoïde ne vont pas fe terminer derriere les oreilles comme dans beaucoup d’autres Oifeaux : mais fe prolongeant plus loin encore que dans le Pic-bois, dont le mé- chanifme eft le même , elles fe portent derriere la tête, & s’ap- prochent de chaque côté de la premiere vertebre du cou : elles fe prolongent en montant fur le milieu de la tête de derriere en de- vant, le long d’une finuofité faite pour les recevoir, & viennent toutes deux fe perdre par des filaments en partie ofleux & en partie cartilagineux dans la narine gauche de l'Oifeau ; enforte que dans les vibrations de la langue ces deux cornes ont le jeu d’une fpirale, & la portent fort loin hors du bec, qui eft un peu arcqué. 2°, Le Corisri DE SuriNAM a tout le deflus du corps vert & or; la gorge vert d'émeraude ; la poitrine d’un bleu glacé d'or très éclatant ; le bec droit; ce qui fait que quelques Auteurs l'appellent Oïfeau mouche , voulant par cette différence diftin- guer lun de l’autre. 3°. Le Cozrsri pu MExIQUE eft totalement d’un bleu très vif & très brillant. 4°. Le Corr8r1 Des MoruqueEs a la tête & le cou jaunes; la poitrine rouge; le deflus du corps cendré, & celui des aîles noir; le ventre & le deflous de la queue verts. s°. L'Orsreau MoucHe pu BRESIL a le corps vert piqueté d’or ; le deffus de fa crête eft d’un rouge de rubis ; fa gorge & fa poitrine fous un afpet font verts, & fous l’autre topaze; le deflous de fa queue eft maron luftré ; fon bec eft droit. 6°. L'Orseau MoucHE HurPÉ eft vert & or mat fur le dos, gris-cendré en deflous ; fa queue tire fur le violet, & il porte fur la tère une mitre ou aigrette qui réfléchit le rouge, le vert & l'or les plus éclatans. Il a le bec droit. Ÿ. PL. 17. Fig. 5. 2 48 HisToirE NATURELLE 7°. Le Cori8r1 DE SAINT-DoMiNGuE ale deflus du corps & de la tête d’un velouté noir, tirant fur le violet ; le croupion , la queue & les aîles vert & or ; le fouet de laîle violet ; la gorge & la poitrine d'un cramoïfi velouté ; le ventre noir: fon bec eft courbé en faulx. 8°, Le Coz1B8r1 DE LA LouisiANE eft très petit; il eft vert & or mat en deflus , & porte à la gorge une petite tache étincelante comme le feu de l’efcarboucle ; fa femelle a le deffous du corps blanc-fale : fon bec eft droit. °,. Le CoLiBri DE LA JAMAÏQUE eft en deflus vert & or mat: mais tout le deflous eft d’un vert d’émeraude très brillant. Le plus petit Oifeau Mouche eft de la grofleur d’une aveline : fon corpsett brun piqueté d’or en deflus,& blanc-fale en deflous. Le Colibri, dit M. Colonne, vit de la rofée & du miel des fleurs. On rapporte que lorfque les fleurs viennent à manquer, il manque & meurt avec elles : cependant cette mort n’eft qu'un long fommeil , puifqu'on ajoute que par un inftinét naturel il va ficher fon bec , qui eft fort pointu, aux arbres de pins qui difti- lent la poix, où il refte ainfi attaché fans mouvement pendant l'efpace de fix mois, & jufqu’a ce que les fleurs nouvelles foient revenues. Il fe réveille alors & reflufcite , fe nourriflant comme il avoit coutume de faire auparavant; ce qu’il continue de même tous les ans. Ce fait eft raconté par plufieurs Auteurs, & entrau- tres par Hernandez, qui alla aux Indes par ordre de Philippe If, pour faire l'Hiftoire Naturelle de ces Pays-là, lequel aflure que cela eft très véritable. Quant à moi, je croirois volontiers que ce petit Oifeau s'attache ainfi aux arbres, où il dort comme les Mar- mottes & plufieurs autres animaux qui ne paroiffent point en hiver ; & au furplus que la féve des arbres où ces Oifeaux fichent leur bec peut leur fournir quelque peu d’aliment fufifant pour Les faire fubffter; car de croire qu’un animal véritablement mort puifle reflufciter comme on le dit, la chofe n’eft pas facile à croire, & il feroit même ridicule de fe l’imaginer poflible. Ce qui me confirme dans mon opinion, c’eft que le Pere du Tertre rapporte, en faifant la defcription de ce joli animal, qu’il ne fait pas au vrai fice qu’on en dit eft fort exact : mais il ajoute qu'un jour il en trouva un qui avoit le bec piqué dans l'écorce d’un arbre, & que l'ayant pris avec les doigts, l'Oifeau fit un effort fi brufquement qu’il lui fit peur, & lui échappa des mains; ce qui fait voir que cet animal n’eft pas mort, & que ce n’eft feulement qu'un affoupiffement. Ce favant Religieux nous en donne encore une conviction plus parfaite par ces paroles: On dir mille autres réveries » D'un SN MT SEE: >. 249 rêveries , auxquelles je ne veux pas m’arrêter : n1 moi non plus; je cherche la vérité autant que je puis, & à détromper , s'il eft pothble, ceux qui font trop crédules. Le Colibri ou Colubri s'appelle autrement l Oz/éau-Mouckhe. J'en ai vu un fur fon nid pofé fur une branche d'arbre, dans le magnifique Cabinet de feu M. Bonnier de la Moflon. I] feroit curieux de voir dans celui de M. de Réaumur les différentes ef- peces de Colibri qui lui ont été envoyées des deux Indes. 10°, Le GUIRA-GUACU-BERABA,Gurra-guacu-beraba Brafilien- fibus Marcoravit | Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Char- donneret ; il a le bas du cou , le dos & l'extrémité du ventre jaunes-dorés; le deflus de la rête & du cou , la moitié antérieure du dos, les aîles & la queue d’un vert-clair ; une grande tache noire fous la gorge jufqu’aux yeux; le bec droit, pointu, jaune, un peu noirâtre en deflus ; les jambes & les pieds bruns. 11°.LeGuiRA-COEREBA, Gurra-coereba Brafilienfibus Marc- gravir , Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Pinçon ; il a le bec noir, pointu, & un peu recourbé en bas; une petite mitre fur la tête, compofée de plumes d’une couleur de vert de mer; le refte de la tête & tout le deflous du corps, avec la moitié poftérieure du dos, revêtus de plumes bleues tirant fur le blanc de lait ; une ligne large bleue qui pale tranfverfalement de la poitrine par la naiffance des aïîles au dos ; tout le deflus du cou , avec la moitié antérieure du dos d’un plumage profondément noir, reflemblant à du velours; la queue noire, longue d’un doigt & demi ; les aîles grandes, jaunâtres dans leur moitié latérale, & prefque toutes jaunes en deffous ; les pieds couleur de cinnabre. 12°, Le JAPACAN:, Japacani Brafilienfibus Marcgravir, Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Bemtere ; il a le bec oblong, noir , un peu recourbé en bas ; les yeux dorés; la tête noiratre; le refte du corps en deflus mêlé d'ombre & de noir ; la queue noirâtre en deflus, & blanche en deffous ; tout le deflous du corps mêlé de blanc & de jaune, cannelé par des lignes tranfver- fales noirâtres ; les jambes brunes. Cet Oiïfeau , ainfi que le pré- cédent , font na par la plupart des Naturaliftes Grimpe- reaux , claffe fort étendue & fort riche en couleurs. Ces Oifeaux ont pour marque caraétériftique d’avoir le bec courbé comme les Colibris, mais les pattes greles & longues ; au-lieu que les Colibris les ont très courtes. On en voit un à Caïenne dont le bec fupérieur eft noir ; celui de deffous blanc; la tête d’un noir de velours , & tout le corps deflus & deffous vert d’émeraude sc FoP lu. Fire. s. & i 250 Hingro 1 RE: N ATURER viE 13°. Le TancarA, T'angara Brafilienfibus Marcgravii , Ray Synopf. Il eft de la grandeur du Pinçon ; il a le bec droit ,un peu gros, noir ; le pieds d’un gris-brun; une tache noire au deflus de la naiflance du bec ; toute la tête & le cou verts; le commencement du dos entouré de plumes très noires comme d'un collier ; le refte du dos jaune; tout le bas du ventre d’une couleur bleuatre exquife ; les aîles noires, & leurs extrémités latérales bleues ; le commencement des aïles d’un vert de mer extéricurement ; les plumes des épaules qui tombent fur le dos en partie jaunes, la queue longue d’un doigt & demi , compofée de plumes noires , dont les extrémités latérales font bleues. On peut joindre à cette clafle le TANGARA pu Pérou, dont le corps eft d’un beau vert en deflus, & d’un bleu-vifen deffous ; la tête d’un beau maron , & le pli de l'aîle jonquille : il eft plus petit que le Moineau. Le TANGARA DE SAINT-DoMINGuE eft tout brun, tacheté deblanc-fale , & il eft de la groffeur du Moineau-franc. CELur DE CAÏENNE a la tête vert-piftache; le cou & le dos d'un noir de velours, ainfi que la queue; le croupion rouge-vif & brillant ; la gorge violette; le deffous du corps d’un bleu-écla- tant ; le pli de laîle aigue marine. Il eft connu dans ce Conti- nent fous le nom de Paver. W. PI. 18. Fig. 2. Il s’en trouve une autre efpece nommée MaAnNAKIN, de la grandeur du Moineau , qui a le bec d’un jaune-brun , un peu large , pointu ; le plumage de la tête d’un beau vermillon , d’un beau jaune, ou d’un beau blanc ; le refte du corps , avec les aïîles & la queue, d'un noir luifant ; la queue courte: le haut des jam- bes blanc , avec une tache oblongue de vermillon au côté exté- rieur ; les pieds cendrés. 14°. Le Quaux cui cHiz, Quauh chi chil feu Avicula capins rubet Hernand. Ray Synopf. Il eft un peu plus grand que le Coli- bri , blanchîitre en deflous, verdâtre mêlé de brun en deflus; 1l a la tête couleur d’écarlate ; le bec & les pieds noirs. C’eft un: Oifeau qui chante bien. E— =: 7 Dessine ét Grave par artnet 7 : 2 DS Pme : - ’ 1.Gobemouche de Madagascar » Roitélet 3 -Crimpereau verd 4. olbri S. Oiseau mouche lupe ù . = Does MONT SYEUXQU. *: STE CHAPITRE QUINZIEME. Des Oifeaux de moyenne grandeur à bec gros &C fort. x°. LE GEA1 DE BOHÈME, Garrulus Bohemicus Aldrovandi } Ray Synopf. Ampelis remigibus quibufdam apice membranaceo érmenats, Linn. Celui que M. Lifter a vu tuer d’un coup de fufil à Yorck , égaloit prefque la Grive en grandeur ; il avoit au bout des aîles quatre ou cinq petites pointes couleur d’écarlate, nues ; au bout de la queue un large bord jaune comme de l'écorce de citron, d’où lui vient fon nom Allemand : du-refte il reffem- ble en grande partie pour la couleur à une Pie-Grieche. Ajou- tez, d'après Aldrovandus, qu’il a le bec très noir , de la gran- deur de celui du Moineau ; la tète ornée comme le Cochevis d’une crête qui penche en arriere, de couleur châtain-clair vers le bec, & en arriere gris-brun. Ÿ. PL. 18. F9. 1. J'ai cru devoir je ter ici cet Oifeau plutôt que parmi les Geais, à caufe de fa pe- titefle & de la grofleur de fon bec , quoiqu'Aldrovandus dife qu'il fe nourrit de fruits, & qu’il aime fur-tout les raifins; au-lieu ue les Oifeaux de ce genre aiment mieux les femences. Je ne Arai donc le procès à perfonne fur cet article. Selon M. Linnæus , il habite en Suede dans les forêts ; il a le bec noir, convexe; la mâchoire fupérieure plus longue, recout- bée , & les deux mâchoires échancrées au bout de part & d'autre; la langue cartilagineufe , pointue , fendue en deux ; la tère tan- née , avec des plumes plus longues vers la nuque; une ligne blanche au coin de la bouche ; tout le corps cendré, mais plus châtain vers la tête ; la gorge & les tempes noires, de même que les plumes qui recouvrent les narines, le bec , les pieds, les grandes plumes des aîles & de la queue; les plumes inférieures de la queue qui font en recouvrement, grifes, ainfi que le front & le deffous des yeux dans quelques-uns ; il eft crèté quand il redreffe les plus longues plumes de fa tête; il a les plumes de la queue noires, égales , jaunes par le bout, & rougetres ‘ee la üge; les plumes de la queue qui font en recouvrement, faffra- nées-brunes , ou cendrées en deflus, & tannées Ae les « iij Lÿ£ H1$TOIRE NATURELLE grandes plumes des aïles noires , dont les quatre premieres font antérieurement blanches par le bout , & les quatre fuivantes c'eft-à-dire, depuis la cinquieme jufqu’à la huitieme, antérieu- rement d’un blanc-jaunatre par le bout ; les dixieme, onzieme, douzieme , treizieme , quinzieme & feizieme antérieurement blanches à leur extrémité ; la dix-feptieme & la dix-huitieme fans taches ; mais les onzieme , douzieme , treizieme , quator- Zzieme , quinzieme & feizieme, terminées par‘une petite mem- brane oblongue, couleur d’écarlate ; les plumes des aîles en re- couvrement noires, dont les plus grandes antérieures ont les ex- trémités blanches. Frifch l'appelle Queue de foie ou Grive de Bohême. Selon lui, on n'a pas encore donné de nom convenable à cer Oifeau. Quel- ques Auteurs Latins le nomment Graculus où Garrulus Bokhe- micus : il n’a pourtant rien qui le puifle faire appeller ainfi. Son cri n’eft qu'un pur croaflement qu’il ne fait que quand il s'envole. Il y en à qui regardent l’arrivée trop nombreufe de ces Oifeaux comme un prodige avant-coureur de la guerre. D’autres gens fimples le nomment l'Oifeau de la Pefte. Il ne fait pas fon nid en Bohême, comme la plupart des habitants l’aflurent ; mais il y vient de contrées encore plus éloignées vers le Nord. Lorfqu'ils paflent par la Saxe , on les y nomme Queue de foie ; cela n’arrive pas fouvent en pluficurs années, quoique quelques-uns penfent qu'ils viennent tous les dix ans : mais qui eft-ce qui l’a écrit dans. le Calendrier ? Nous mettons cet Oifeau parmi les Grives , 1°. parce qu'il fe nourrit des mêmes chofes que les Grives dans fon paflage, & qu'il mange volontiers de toutes fortes de baies 3, 2°. parce qu’il vient chez nous en même-temps que ces Oifeaux; 3°. parce qu'on le prend avec les Grives, mais en plus grande quantité , attendu qu’il forme comme des nuéesen l'air quand il s'en va d'ici; 4°. parce que fa chair eft de même goût que celle: de la Grive; 5°. enfin parce qu'il eft de la grofleur d’une Grive rouge. Les petites pointes qu'on voit à fix ou fept de fes plumes: derriere les grandes font fort fingulieres, 1°. à caufe de leur cou- leur rouge-cramoifi ; 2°.à caufe de leur figure, qui par fa bigar- ture reflemble fort à un fer de pique; ce qui peut bien n'avoir pas peu contribué à la fuperftition de la prophétie de la guerres. 3°. à caufe de a matiere; car ce ne font pas des plumes, & cet Oifeau n’en à aucune, mais des cartilages fubrils à la pointe du. tuyau de la plume. Quelques-uns ont de femblables petites poin- tes rouges aux plumes de la queue. Les mâles different peu des. femelles, fi ce n’eft qué quelques-uns ont des pointes rouges un + DE SU ONTIS EAU x. 253 peu plus vifibles ; ce qui peut encore faire diftinguer les vieux des jeunes. Cet Oifcau s’apprivoife bien-tot dans scans : il refte aufli en cage; lorfqu'il vole, il dreffe fa crête. Comme ils font fort étourdis, on les prend en quantité. Ils font encore aifés à tirer, parce qu'ils fe perchent près les uns des autres. J'ai grand regret, me difoit l'illuftre M. de Réaumur dans une lettre datée de Paris le 28 Avril 1751, de ne vous pouvoir donner le plaifir de voir un joli Oïfcau qui m'eft arrivé vivant depuis huit à dix jours; c’eft le Geai de Bohème. Il ÿ en a une defcription fort étendue dans le Dictionnaire de Frévoux , au mot de Geai. Il a une huppe qu'il fait jouer comme le Catacoy fait jouer la fienne. Il femble vêtu de foie. Il à à chaque aîle fept à huit plumes dont les bouts font terminés par des palettes de couleur de cinnabre. Ces palettes font de corne comme le tuyau de la plume; elles n’ont aucun veftige de barbe; leur tiflu eft continu. Il m’a été envoyé de Drefde. On dit qu'il ne paroit en Allemagne que tous les fept ans. De quatre qu'on m'avoit en- voyés, un feul eft refté en vie; un eft mort le jour de fon arri- vée ; celui que j'ai fe porte très bien. Cet Oifeau niche près de Petersbourg. On l’a aufli à Quebec , d’où il m'en eft venu plu- fieurs. On l'y appelle Recoller , à caufe de fa huppe qui imite un froc. À la Caroline il eft nommé le Jafeur : mais s'il jafe, c’eft bien bas. Un pot de chambre ne lui feroit pas inutile ; il aime la propreté ; il fait toutes fes ordures dans le même endroit. On le nourrit aifément ; il mange du pain, des carottes cuites, des baies de geniévre, &c. On ne trouve point ce bel Oïfeau dans notre Orléanois : ce- pendant il y a quelques années qu'il en fut tué un à Marailly près la Ferté-Lowendhal. Depuis peu on en a pris quatre, qui dans le fort de l'hiver s’éroient réfugiés dans un colombier en Beauce. 2°. Le GROSBEC ORDINAIRE , Coccothrauftes vulgaris , Ray Synopf. Zoxia Line& alarum duplici albä , Linn. Il a la tête, mais fur-tout le bec plus grand que ne femble le comporter la grofleur de fon corps ; d’où lui eft venu fon nom Anglois she Groffe- Beak ; ainfi il n’eft pas befoin d'autre marque caractériftique. On le voit rarement en Angleterre, & 1l n’y paroït jamais qu’en hiver. Selon M. Linnæus, il habite en Suede dans les lieux plantés de pins ; il mange les femences & les noyaux les plus durs ; & comme le Bec-croife fe nourrit de la femence des pommes de fapin , de même celui-ci aime la femence des pommes de pin. Il 254 HisToire NATURELLE a le dos & la poitrine rouges, de maniere cependant que toutes les plumes font cendrées & rouges au bord extérieur ; le ventre cendré ; les aîles noirâtres, avec deux lignes obliques blanchà- tres ; la queue noiratre, le bec conique ; la machoire fupérieure plus longue, recourbée, plus ample que linférieure ; la langue entiere ; les narines recouvertes de plumes noires; les pieds noirs. Frifch l'appelle Pinçon de cerifes ou Pinçon à gros bec. Comme cet Oifeau , dit-il, peut cafler les noyaux de cerifes avec fon bec, & les manger, il eft appellé Prnçon de cerifes par bien des gens. Il perd beaucoup de cerifes; car il laïffe fous l'arbre la chair qu'il a féparée du noyau , & choifit les plus muüres. On le nomme encore plus communément Mangeur de noyaux ; & à caufe de fon gros bec, quelques-uns lui donnent le nom de Gros-bec. On le voit rarement en cage, quoiqu'il püt bien s’y garder. Il mange du chenevis; & ne chante pas d’une maniere défagréable. Lorf- que les cerifes font paflées , il mange de routes fortes de grai- nes, & en automne les fruits du hètre. Il fait aufli fes petits dans les bois de hètres, & peut mettre fon nid où il veut, même dans les buiflons : cependant il eft aifé à trouver. Les Oifeleurs le trouvent par-tout en automne , & il leur eft facile de le prendre, Quand il refte l'hiver dans notre Pays, il fe nourrit entrautres chofes de graines de charmes, qui aufli dures que des noyaux de cerifes, ont en dedans un petit noyau huileux. On ne fauroit l'apparier avec une ferine ; peut-être que fon bec lépouvante, ou que les carefles qu'il lui fait avec fon bec ne font pas polies. Selon Willughby , il pefe une once trois quarts ; fa longueur eft de fept doigts & demi, & fon vol de douze doigts & demi; il a dix-huit plumes à chaque aïîle , & la queue longue d’un peu plus o de deux doigts, compofée de douze plumes égales. On dit, ajoute Willughby . qu'il fait fon nid dans un creux d'arbre , & qu'il pond à la fois cinq ou fix œufs. Le Gros-bec pince cruellement. IT fait fon nid comme le Pin- DRE derriere ; les jambes au deflous des genoux fort grofles, d’où 7] pr os 2 vient que Belon le nomme Œdrcnemus ; {a couleur eft très fem- blable à celle du Courlis de mer ; ce qui fait que les habitants de Norfolck , chez qui il fe trouve aux environs de Thetford , Pap- pellent Srone-Curlew , c’elt-à-dire, Courlis de terre ou de pierre. Belon l’a d’abord obfervé en Angleterre. 1 : >! . . “1 En effet, Belon dit qu’étant en Angleterre il vit premiére- ment fon Œdicnemus , qu'il nomme en François Offardeau pour Outardeau , parce qu'il lui a trouvé quelque reflemblance avec une Outarde ; mais que l’ayant depuis retrouvé en nos contrées, & l'ayant montré à des Connoifleurs , il n’a pu apprendre fon propre nom. C’eit un Oifeau, ajoute-t-il , qui fait fes petits bien tard ; car nous en avons encore trouvé qui ne favoient paswoler à la fin d'Oétobre. Il eft prefque de la groffeur ou grandeur d’un Courlis. Ses jambes longues nous invitoient à le mettre entre les Oifeaux de riviere, & principalement lui voyant les cuifles nues; toutefois les doigts de fes pieds courts nous en empêchoient , & nous induifoient à le mettre du nombre des Oifeaux terreftres de campagne. | Nous fommes ici de l’avis de Belon ; & au-lieu de ranger notre Courlis parmi les Oïfeaux aquatiques, nous le rangerions plus volontiers avec l'Outarde & la Canepetiere. Nous voulons bien croireavec Aldrovandus, que l'Œdicnemus de Belon eft le même que le Charadrios de Gefner , & que ce dernier a eu tort de le nommer Charadrios où Charadrius ; mais il nous femble qu’Al- drovandus à eu tort lui-même de prétendre que cet Oifeau de- voit être mis au rang des Oifeaux aquatiques. Charleton, qui en certains endroits de fon Oromafticon Zoi- con, fe donne pour un aflez bon Chafleur, avoue que notre Courlis lui eft abfolument inconnu. M, Linnæus n’en fait au- cune mention, parce qu'apparemmentil ne fe trouve point en Suede, Ce Courlis efttrès commun en France, notamment en Berry, en Sologne & en Beauce. Nos Beaucerons ne connoïffent même que cette forte de Courlis, & voici une parrie de Îeurs obferva- tions à ce fujet, Le mâle & la femelle crient également Courles , fur-tout le foir & pendant la nuit, temps auquel ils s’approchent des Villages , & rodent autour des maifons, Comme ces Oifcaux DES UONUL SHERNMAU:.X. 335 courentlégeremenr,& qu'ils battent la campagne avec viteflepour y chercher leur vie, on les appelle en Beauce des Arpenteurs. Les mâles pourfuivent les femelles dans la faifon de l'amour ; quand ils font accouplés, le mâle & la fenfêlle vont enfemble; & lorf- que la femelle couve, le mâle lui tient compagnie , ou s'en éloi. gne peu. Quand les petits font éclos , ils les promenent l’un & l'autre, La mere leur montre la nourriture qui leur eft propre, à mefure qu’elle en trouve. Ils ne vivent que d'Infectes , comme Sauterelles, Grillons, Courtillieres , de même que la Canepe- trace ; car ces Oifeaux font un peu carnafliers. Les Courlis an- noncent le vent & la pluie. Comme ils volent plus de nuit que de jour, ils fe répandent alors çà & à dans la campagne , en criant de toutes leurs forces fur les hauteurs. Cet Oifeau ne va jamais à l’eau ; il n'aime que la terre, & une terre grouetteufe ou pierreufe, une terre feche & maigre , comme fait la Canepe- trace. Delà vient qu’en Beauce on appelle une mauvaife terre , une serre a Courlis. Le Courlis ne pond que deux œufs à la fois fur la terre toute nue , on au milieu d’un cercle de cailloux. Les petits font long-temps fans pouvoir voler ; il leur faut pour cela de la pluie de Septembre. Ils font alors un bon manger. Ils s’en vont vers la S. Martin. Ils s’attroupent dans ce temps-là comme pourunrendez-vous, à la voix d’un feul qui les appelle, jufqu’au nombre de trois à quatre cents. Ils partent enfuite tous enfemble pendant la nuit. Ilsreviennent de bonneheure, c’eft-à-dire, vers la Notre-Dame de Mars, felon que la faifon eft plus ou moins commode. Dès qu'ils font arrivés. on les entend crier. Ils annon- cent le retour du printemps. Ils prononcent curlu ou rurlu dif- tintement , & leur voix reflemble à une flüte douce. Le Courlis a les jambes groffes & robuftes, fur-tout les ge- noux ; Ja tête grofle & comme quarrée ; les yeux grands, & liris jaune ; il a l’air ftupide , & il l’eft effectivement. Si on le met courir dans une chambre, il va donner tête baiïflée contre les pieds d’une table , d’un bureau , ou d’une chaife , faifant effort à plufieurs reprifes pour vaincre cet obftacle, fans avoir l’inftin®æ ou l’adreffe de fauter par deflus le bâton, ou de fe détourner de fon chemin à droite ou à gauche. Il ne ferme point les yeux, quoiqu'on lui fafle peur avec la main. Il a le gozier large, le bec mollafle, & jaune à fa bafe , comme fi c’étoit un jeune Oi- feau. M. Boulanger de Chaumont le nomme grand Courlis ; mais cette dénomination convient mieux au Courlis de mer. Il sap- pelle Courlis ou Corlis commun , Courlis de terre, Corlieu, Corlur, x, 336 M MEMETOIRE NATURERLE Curlu , Turlu , Turlui, Courlique où Courlive , à raifon de fon cri; Courlis-Caïllo , à caufe qu'il fe plait dans les cailloux. Il y a des Chafleurs qui nommagt le jeune Courlis un Courlifjeau. 5°. LeCanuTi, Canutf Avis , id eft, Xnor Lincolnienfibus ; an Pilyenckegen Aldrovandi ? An Callidrys nigra Belloni: ? Ray Synopf. 7'ringa cinerea , remio1bus fecundariis bafi totaliter albis, rectricibus quatuor medirs zmmaculatis, Linn. Il pefe deux onces & demie ; il a la rère & le dos d’un cendré-brun ; une lignetranf- verfale blanche fur les aïîles ; le bec noir, long d'un doigt & demi ; les pieds verdatres ; les ongles noirs. Sa chair eft déli- cicufe. Selon M. Linnæus, il habite en Suede le long des eaux où il court, remuant continuellement la queue comme la Lavandiere. Il eft prefque de la grandeur d’un Erourneau; il a la tête, le dos & le cou ondés de brun , de noir & de ris; le bas du ventre, la poitrine, la gorge & le deffous du cou blancs ; vingt pennes à chaque aîle brunes, les premieres blanches derriere au milieu , celles du fecond ordre blanches au milieu totalement ou des deux côtés, avec les extrémités blanches ; mais ces extrémités font moins manifeftcment blanches dans les premieres ; les grandes plumes de la queue brunes, dont les quatre premieres font bigar- récs de blanc ; mais la cinquieme & la fixieme, ou les quatre du milieu font abfolument fans blancheur , & rachetées de gris ; le bec brun , un peu plus long que la rête; les pieds grisatres , à quatre doigts, dont le dernier eft attaché à celui du milieu par la plus bafle articulation ; les cuifles à demi nues ; le deflous des aîles peint de quatre bandes blanches ; les plumes de l’aîle fupé- rieures en recouvrement , fur-tout les premieres, blanchâtres par le bout ; les fix premieres grandes plumes des aîles dentelées au bord extérieur vers le bout ; une tache blanche fur les yeux ; huit petites dents à la bafe de la langue; & dans le gozier plufieurs petites dents qui regardent en arriere. Cet Oifeau nous eft totalement inconnu, ainfi que les fui- vants. 6°. Le Bécassin, Tringa minor ;an Cinclus fecundus feu mi- nor Aldrovandi ? Gallinula Hypoleucos Gefneri , Ray Synopf. Tringa roftro Levi, corpore cinereo lituris nioris , fubtus albo, Linn. Jl approche du poids de deux onces; il a le milieu du cou grisitre ; du-refte tout le deflus du corps eft d’un brun-verdâtre, agréablement bigarré de lignes plus obfcures tranfverfales ; la tère plus pâle , avec des lignes qui ne font pas tranfverfales aux umes , mais tirées fuivant la longueur du tuyau; les côtés , la poitrine DE. s SONINSÉMAQU x. OT poitrine & le ventre blancs; le deflus du bec d’un brun-noirâtre, & le deffous blanchâtre ; les pieds pales-verdatres. Il fe trouve ‘aux lieux maritimes. Selon M. Linnæus , les Suédois lefomment Sraeppa , & les Genevois Bécafjin. 11 habite en Suede le long des Lacs. C'eft peut-être le même Oifeau appellé Srrandfittare en Weftmanie, lequel habite fur les rivages fablonneux de Kallftrander ; il à le bout du bec life ; les pieds & le bec livides, à peine plus longs que Ja tête ; la cète, le derriere du cou, le dos, les aïles, le crou- pion & tout le deflus du corps cendrés , avec des raies & des ondes brunes ; la gorge , le bas du ventre, les cuitles & l'anus blancs ; le deffous du cou blanc, avec des lignes longitudinales brunâtres ; la fixieme & la feptieme pennes de la queue cen- drées, avec des ondes d’un brun-pañlé ; la cinquieme & Ja hui- tieme cendrées fans taches ; la quatrieme & la neuvieme blan- ches par le bout , du-refte cendrées & ondées d’un brun-pañlé ; la premiere, la troifieme , la dixieme , la onzieme , & la dou- Zieme blanches par le bout, & variées de bandes blanches & brunes; mais la onzieme & la douzieme font blanches par tout le côté extérieur ; les grandes plumes des aîles brunes, dont la premicre eft fans tache ; la feconde & les fuivantes jufqu’à la dixieme brunes , avec une tache brune au côté intérieur ; la on- zieme & les fuivantes jufqu’à la vingtieme , brunes , avec une tache blanche qui couvre les deux côtés; la quinzieme, la fei- zieme, la He , la dix-huitieme, la dix-neuvieme & la vingtieme blanches par le bout, fans aucune petite ligne ondée . 1. D . en deflous ; le dernier doigt attaché à celui du milieu; une ligne blanche au deflus des veux. Ray dit que les Habitants d’Yorck l’appellent she Sand- Piper. 7°. Autre efpece de BÉcAssiN, Z'ringa Aldrovandr, Cinclus Bellonii , Ray Synopf. Tringa roftri apice punélato , pedibus livido-virefcentibus , dorfo fufco-viridi nrtido, Linn. Elle égale le Merle en grandeur , ou même le furpaffe ; elle a le deflus du corps d’un brun-verdatre luifant comme de la foie ; les épaules, les grandes pennes des aïles les plus proches du corps, & la plupart de celles qui les recouvrent, piquetées de blanc fur les bords; le croupion blanc comme ncige ; la gorge blanche , avec des taches brunes; la poitrine & tour le ventre d’un blanc de neige ; le bec long d’un doigt & demi, d'un vert-obfcur , droit, applati fur le; côtés ; les pieds d’une couleur livide-verdatre; les Vv 228 HisrToire NATURELLE D) ongles noirs; la faufle aïle intérieure noirâtre , fort joliment piquetée de lignes blanches obliques qui fe réuniffent au tuyau en angle obtus. Selon M. Linnæus, les Suédois la nomment Horsgjoek. Elle habite en Suede le long des rofeaux & fur les bords des ruifleaux ou des rivieres ; elle a le bec noir ; les jambes de couleur plom- bée ; le deflus du corps brun; le deffous des aîles noir , avec des lignes blanches-ondées ; le ventre blanc ; le cou tacheté; la queue avec des taches en travers ; les grandes pennes de la queue , la premiere de chaque côté, totalement blanches ; les deux autres avec une tache blanche près du bout; la troifieme de chaque côté avec une raie blanche non loin du bout ; la qua- trieme avec deux raies; la cinquieme avec deux raies & demie; la fixieme avec quatre raies. C'eit peut-être ce qu’on appelle à Vannes en Bretagne Bé- caffine de mer, & en Poitou T'yranfon où Tirançon. 8°. Troifieme efpece de BÉCASsIN , T'ringa tertia Aldrovandi, Giaroncello & Pinirolo Ttalis diéla, Ray Synopf. Celle-ci a le bec beaucoup plus noir & un peu plus court que la précédente ; le même port extérieur, hormis quelque variété de couleurs; car quoique l’une & l’autre foient d’un brun-chatain , principale- .ment fur la tête, le cou, le dos & les aîles , la précédente a plus de brun dans toutes ces parties, & celle-ci plus de châtain. M. Linnæus n’en fait aucune mention , non plus que des fui- vantes. 9°. Le RoTKNUSSEL , Gallinula melampus Gefnero Aldrovan- di, Rotknuffel Baltnero , Ray Synopf. Cet Oifeau eft d’une cou- leur roufle ou rougeître, avec des taches brunes au cou & au- cour des yeux. Il a le corps brun, avec certaines taches de cou- leur fale ; les aîles marquées de taches blanches; le bec & les pieds noirs. Il paroït différent de l'Oïfeau qu’Aldrovandus dé- crit pour celui-ci fous le nom de Giarola. Voyez fa defcription. 10°, Le MATKERN, efpece de PorPHiR1o ou POULE suLr- TANE, Gallinula erythra Gefnero , quam German: Markern vo- cant ; Matknelrzel Balinero , Ray Synopf. Quoique tout fon corps foit prefque rougetre , excepté le ventre qui eft blanchître,, tirant fur le roufsâtre, & les jambes grifes-cendrées, cependant ce rouge eff plus foncé fur le dos , & entremêlé de taches noires, plus clair fur quelques pennes des aîles, dont les plus longues approchent de la couleur du crayon rouge. Il y a au deflous du cou quelques points blanchätres. Le bec eft noirâtre mêlé de rouge. DES DONR'SÉEIALU x. 339 119, Le SANDERLING où MAUBESCHE GRISE, Arenaria nof. tra , id eft Sanderling , aliis Curwiller, Ray Synopf. Il furpañle un peu en grandeur le Bécaflin ; il a le bec long d’un doigr, droit, noir, grêle, femblable à celui de la Bécaffe ; les jambes, les pieds , les ongles noirs; & ce qui eft particuliérement nota- ble , il n’a point de doigt de derriere; la rête petite; tout le deflus du corps agréablement varié de noir & de blanc ou de cendré; le ventre & le deflous des aîles plus blancs que neige ; une ligne blanche tran{verfale qui fe voit fur les aîles étendues fupérieurement , & qui eft attachée aux bouts des plumes du fe- cond ordre. Ces Oifeaux fe tiennent fur les rivages fablonneux de la mer, & volent par bandes. Le Sanderling n'ayant que trois doigts, eft facile à diftinguer des autres. J'ai lieu de penfer que c’eft l'Oifeau qu’on appelle Credo fur la Loire, à caufe de fon cri. Il vient ici avec la Guignette au mois de Mai, & pond fept œufs grivelés fur le fable tout nu. 12°. Le Dunrin, Dunlin feprentrionalium Anglorum D. Johnfon, Ray Sinopf. Il à le milieu du ventre noirâtre, ondé de blanc ; tout le deflus du corps roux , marqueté par-tout de ta- ches noires un peu grandes, avec peu de blanc; le bec & les pieds noirs; le doigt de derriere très court. Il eft égal à un Bécor. C'eft une queftion de favoir fi cet Oifeau n’eft pas le même que le fuivant. 7 13°. L'ALOUETTE DE MER , Cznclus prior Aldrovandi ; Schaœ- ziclos feu junco Bellonii , quam Galli Alaudam marinam vocanr, Ray Synopf. Elle eft égale à l'Alouette commune , ou tant foit peu plus petite; elle à la figure d’une Bécafline ; le bec auf femblable, mais noir, & long d'un doigt un quart; les picds bruns ou d’un noir-verdâtre ; le deflus du corps, excepté les grandes pennes des aîles & les plumes en recouvrement du pre- mier ordre , cendré ou roux , varié de taches noires au milieu des plumes. Dans cet Oifeau & dans les précédents du même genre, les aïîles font longues , & atteignent jufqu’au bout de la queue quand elles font pliées. Elle a les principales pennes des aïîles blanches à la partie inférieure, où elles font cachées par les plu- mes qui les recouvrent; du-refte brunes. Ces fortes d’Alouettes fe tiennent pour l'ordinaire le long des rivages de la mer, & vo- lent-par bandes. VWillughby dit que l'Alouette de mer pefe environ deux onces, & que la longucur de fon corps depuis le bout du bec jufqu’au bout dela queue, eft d’un peu plus de huit FAÉRCSS la nomme vi) 340 H1STOIRE NATURELLE en Anglois she Stinr , & dans le Comté de Suflex Ox-Æye. Selon Bclon, elle hoche ou remue fans ceffe la queue. 14°, La GuicNETTE , Cenclus tertius Aldrovandi , Ray Sy- nopf. Elle eft de la même couleur , de la même figure & de la même conformation que la précédente, finon qu’elle a la queue blanche, & ornée de lignes noires qui la coupent en travers: mais elle en differe par le bec; car au-lieu que la précédente Pa prefque égal, celle-ci a le fien un peu gros à fa naïffance, puis infenfiblement aminci de plus en plus. Elle a auffi les jambes un peu plus longues & plus groffes. La Guignerte ne fait point de nid, non plus que le Credo ; elle pond pour l'ordinaire trois œufs à fond jaunâtre-luifant, picotés de points bruns-roufsâtres, plus gros que ne femble com- porter la grandeur de l'Oifeau ; ce qui s’obferve pareillement dans les autres Oifeaux aquatiques. Nous avons eu occafion de remarquer qu'il y a un aflez grand nombre d’Oifeaux qui ne font point de nid, & quelques-uns qui pondent fur des pierres. C’eft ainfi , felon M. de Réaumur , que la Demoifelle de Numidie, qui tient du Héron, pond fur la pierre toute nue. La Guignette eft eftimée pour avoir la chair délicate, fur-tout en automne, où elles volent par bandes. Si l’on en tue une d’un coup de fufil , les autres viennent voltiger autour du Chaffeur, comme pour fauver leur compagne ; quand elles s’'envolent , elles s'appellent mutucllement en rafant la furface de l'eau; & quand elles mar- chent le long de l’eau , elles remuent la queue. Si la Guignette n'eft que démontée, elle nage avec aflez de facilité, ayant les trois doigts de devant munis d’une petite membrane, qui eft plus confidérable entre le doigt extérieur & le doigt du milieu. La nuiton lesentend crier fur les grêves & dans lesifles; car, comme l'obferve Willughby,prefque touslesOifeaux aquatiquesfontnoc- turnes. Le mâle & la femelle fe reffemblent fi fort, qu'il eft comme impofhble de les diftinguer à l'extérieur. Il eft aflez étonnant que Belon n'ait fait aucune mention d'un Oifeau fi commun. La Guignette s'appelle en Anjou & autour de Paris Cul-blane d’eau : il ne faut pas néanmoins la confondre avec le vrai Cublanc , qui fe trouve auf le long de la Loire & fur les étangs en Sologne, dont il femble que Willughby n'a donné ni la figure ni la defcription. Or le vrai Cublanc d’eau paffe ici pour être un mets encore plus délicat que la Guignette. Rabelais dit Guynerre auicu de Guignette, & la plupart de nos Chafleurs difent comme lui. À Verdun en Dunois, on l'appelle Blanc-Culer. À Due s ."O)ES MANU : x; 341 Sully les enfants nomment nos Guignettes des Folers, à caufe de leur maniere de voler au deflus de l’eau. Quant au mot de Gxi- gnette où Guynette , je n'imagine qu'il vient du cri naturel de l'Oifeau plutot que de fa maniere d’obferver le Chaffeur. 15°. Le CHiquaTit, Chiquatli five Noëlua Hernand., Ray Synopf. Il eft égal à notre Bécaffe ; il a le bec long, menu & noi- ratre ; les parties inférieures du corps pâles, avec quelques plumes noires entremêlées autour du cou; routle refte du corps mélangé de brun, de jaune & de cendré ; l'iris des yeux jaune. Il fe tient fur les montagnes, & elt cerreftre. BR TLIIC Te OUI, Xl EM E: Des Orfeaux aquatiques à pieds fendus & à bec court, qui vivent d'Infeites. 1°. É- Vaxnrau, Capella five Vannellus , Ray Synopl. Gavia vulgaris, Klein. Tringa crifla dependente , peclore nigro, Linn. Cet Oifeau eft très connu , & fe trouve par-tout. Il eft de la grandeur d’un Pigeon domeftique ; il a le bec court, droit, long d’un doigt; la tête ornée d’une crête ; le corps paré de belles couleurs ; la tête noire au deflus de la crête, de même que la gorge & le haut de la poitrine , où cette couleur repréfente la moitié d’un collier ou un croiflant ; les mâchoires blanches, comme aufli le ventre & la poitrine ; un plumage d’un beau bai- brun fous la queue ; le milieu du dos & les plumes des épaules d'un vert-luifant agréable ; une tache rougeître des deux côtés le long des aîles ; les plumes qui recouvrent le deflus des aîles joliment variées de pourpre, de bleu & de vert; celles de deflous, blanches. Il fe trouve dans les lieux marécageux & aquatiques ; il fait fon nid par terre dans les endroits champètres plus fecs. sl Fie:z. Selon M. Linnæus, il habite en Suede par-tout dans les prés bas. Le male a la tête noire en deflus , avec de longues plumes qui pendent en arriere en façon de crête ; la gorge noire en bas vers le cou ; le haut de la poitrine noir ; les tempes blanches ; le deflus du cou cendré ; le dos reluifant de brun , de bleu , de vert \ 34 HisTorre NATURELLE & de tanné; la poitrine blanche; le deflus des aîles de la même couleur que le cou, mais plus bleu ; vingt-quatre grandes pennes noires à chaque aîle , dont les cinq premieres font blanchâtres par le bout, & celles du fecond ordre vers la bafe; la queueen- tiere ; douze grandes pennes à la queue blanches, noires dans leur moirié extérieure, pales par les bouts , dont l’extérieureeft blanche , excepté une tache noire près du bout ; les plumes de la queue en recouvrement tannées en dehors & en deflous ; le bec noir; les narines oblongues, percées à jour ; les pieds rou- ges. Le male à la gorge noire, & la femelle Pa blanche. Dans le male la premiere penne de la queue eft blanche, avec une tache noire vers le bout ; & dans la femelle elle eft toute blanche. Willughby dit qu'il pefe huit onces ; que fa longueur eft de treize doigts & demi, & fon vol de trente-un üoigts ; que fa crête cft compofée de vingt plumes, & qu'il pond à la fois quatre ou cinq œufs d’un jaune-fale , femés de fréquentes taches noires ; qu'il fait fon nid par terre en plain champ & à décou- vert. Il ajoute que les petits étant éclos & couverts de poil fol- ler, quittent le nid pour fuivre la mere çà & là. Selon Belon, le Vanneau prend les Mouches en volant, comme font les Hirondelles & la Pie de mer; en été il vole feul, & en hiver par grandes bandes ; il vole rapidement, & fait en volant un aflez grand bruit qui reflemble à celui que produit un van , d’où lui vient fon nom. Il à coutume de volti- ger tout autour de fon nid, & de le décéler par fes cris réïtérés. Entre les Oiïfeaux qui portent huppe, nous ne connoiffons que le Vanneau , le Bihoreau, la Putput , le Paon, le Cochevis , l'Aigle, le Héron , le Roiteler crêté , certaines efpeces de Poules domeftiques , &c. Les François en font les délices de leurs ta- bles, & quelquefois il fe vend aufli cher qu’un Lievre, Il devient fi gras, qu’on croiroit qu’il auroit été engraiflé exprès. On nele vuide point pour le manger, ainfi que la plupart des Oifeaux les le] plus délicieux. On en prend en Beauce une grande quantité. Les Anglois en nourriflent dans leurs jardins pour dépeupler les Vers: & en cffet, pour exterminer les Chenilles , les Vers, les Fourmis & autres Infeétes malfaifants, il n’y a qu’à lâcher dans un jardin quelques Vanneaux ou quelques Pluviers, après leur avoir lié les aîles, ou leur avoir Ôôté les plus grandes pennes des aîles ; vous les verrez travailler du matin au foir à tenir la place nette. | Le Vanneau eft un des plus beaux Oïfeaux que nous connoif- L, Deus (ONTÉSI EAU 1x: 342 fions. Il s’apprivoife aifément; il court très légérement ; il à l'œuil grand & hardi; fa crête lui donne beaucoup de grace. Il ne craint point les Chats, ou du-moins fi-tôt qu'il en apperçoit un , ille fait fuir par fon cri perçant; il crie fur-tout la nuit. A Paris on l’eftime encore aujourd’hui comme un mets délicieux ; delà le proverbe ufité, que que »°a jamais mangé Wanneau , n’a jamais mangé bon morceau. Cependant il y a bien des gens qui leftiment moins que le Pluvier. En Hollande on fait grand cas des œufs de Vanneau pour la délicatefle ; enforte que dans la primeur un œuf de Vanneau y fera quelquefois vendu jufqu'à une piftole. Les Solognots en font aufli de fort bonnes omelettes. Le Vanneau fe nomme en Italien Pavoncello ; en Allemand Kywzrr ; en Anflois ke Lapwing ou Tewir ; en Suédois Wipa ou Xowzpa ; en François V’annereau , Vanneau ou Vanner,felon Cotgrave , autrement Dixhuir ou Papechieu ; en Picardie dans le Boulonois | Oversne ; en Sologne une V’annelle ; jadis Paon célefle ou perir Paon fauvage. On lui a donné en Latin le nom de Capella , parce qu'il femble dire 4, ou æx , qui fignifie Che- vre, ou parce qu'il a le cri d’une Chevre. Albert le Grand le traite de Sos , attribuanr à bêtife d’aller au devant de l'homme quand il a fon nid , & de le déceler ainfi. Les diverfes dénomi- nations qu'il a en différentes Langues [ui viennent ou de fon cri, ou de fa reflemblance avec le Paon commun : aufi Ménage préfume-t-il , d’après Belon , que cet Oifeau a été nommé W’ax- neau , comme qui diroit Paoneau. Il y en a qui Pappellent Jaco- bin , à caufe de fon plumage noir & blanc. 2°. Le PLuviEr DORÉ, Pluvialis viridis, Ray Synopf. Gavia viridrs , Klein. Charadrius nigro lutefcenteque vartegato , peëtore concolore , Linn. Il eft de la grandeur du Vanneau ; il a tout le deflus du corps noir, agréablement parfemé de taches fréquen- tes d’un jaune-verdâtre ; de telle forte que le milieu de chaque plume eft noirâtre, & que les bords en font piquetés tout autour de taches jaunes-verdâtres ; le bec droit, noir, long d’un doigt; la poitrine variée de brun & d'un jaune-verdâtre ; le ventre blanc ; les pieds noirs. De-plus il n’a point de doigt poftérieur ; ce qui fuffit pour Le diftinguer des autres Oifeaux de mêèmegenre. Sa chair pafle pour être très délicate, ainfi que celle du fuivant. Selon M. Linnæus, il habite en Suede dans la Dalécarlie orien. tale, près des montagnes de cette Province, & dans les plaines de l’Ifle d'Ocland. Il eft de la grandeur d’un Pigeon; il a le deflus du corps noiratre, femé de petites taches ovales teftacées & tracées fur le bord de chaque plume ; la gorge blanchatre ; le. 344 HisrToire NATURELLE deflous du cou depuis la gorge jufqu’au /lernum, tacheté de tef- tacé & de brun ; la poitrine & le ventre blancs ; la queue entie- re, compoféc de douze pennes brunes, bigarrées de taches tef- tacées ; les grandes plumes des aïîles noires-brunes, avec le bord des extrémités blanchâtre; les plumes des aïîles en recouvrement noires-brunes , blanches par les bouts ; le deffous des aïîles blanc; les cuifles à demi-nues, cendrées ; le doigt extérieur lié d’une membrane à la premiere articulation. Nous avons décrit , ajoute M. Linnæus , un autre P/uvrer doré de la maniere fuivante : Il avoit le corps d’un vert-jaune, avec des taches noires & branchues fur le dos ; la poitrine bigarrée d'un jaune-vert ; le ventre blanc; les grandes pennes des aîles brunes , dont les neuf premieres étoient blanchâtres au milieu de la tige ; la cinquieme & les fuivantes blanchâtre extérieurement à la bafe. | L M. Klein obferve que les figures qu’en ont données M. le Comte de Marfigli & Éléazar Albinus , ne valent rien. Selon lui, tous les Pluviers ont la tête moins belle que les autres Oifeaux , ê& celle paroît un peu ftupide au jugement des Phyfionomiftes. Cet Oïfeau a le cou court, & la rète grande à proportion du corps, & les yeux grands. Il eft folitaire dans Les lieux bas & dans les prés. I a tout le corps de couleur de fuie, joliment tigré par une infinité de taches d’un vert-jaune. Les grandes penres des ailes font noirârres , celle du milieu étant frangée de blanc; & dans le male le deflous du corps eft très noir. Le Pluvier doré eft un fort bel Oifeau. Il eft aflez commun en Sologne. Sa chair eft cftimée des François commeun mets friand, mais non pas préférable au Chapon, comme le dit Aldrovandus, On s’eft imaginé fauflement que le Pluvier vivoit de rofée, parce qu’on ne lui trouve aucun excrément dans les inteftins. Il fe nourrit comme le Vanneau , de Vers & d’Efcarbots. Albertle Grand avoit déja réfuté l’opinion vulgaire, qui eft que les Plu- viers vivent uniquement d’air. Si l’on ne trouve , dit-il, jamais rien dans le ventre du Pluvier, la raifon en eft , que cet Oifeau wa que l'inteftin jejunum , dans lequel il ne fe trouve jamais rien, comme cela s’obferve dans plufieurs autres animaux. Le Pluvier va feul la nuit; mais le jour il vole de compagnie en fui- vant lAppelleur , felon le rapport des Chafleurs. C’eft un Oi- feau de paflage qui s'en va d'ici au printemps, & qui ne fait point fon nid chez nous. Le Pluvier vert ou doré fe nomme en Italien Pzvzere ou Pr- viero verde ; en Allemand Gruener Gybirx , Pardel, Pulyrer ou Pulros ; DUE:Ss) MONT SEAL x. 345 Pulros ; en Anglois ke Green Plover ; en Suédois Aokerhoena, & en Lappon Aurti ; en Guyenne Plubay ; en Poitou Pivier ; en Picardie Plouvier. Belon dit que le Pluvier à été ainfi ap- pellé , parce qu'on le prend plus aifément dans un temps plu- vieux qu'en tout autre temps. Je crois plutôt, ajoute Ménage, que c’eft à caufe qu'il aime la pluie. On prétend que la Ville de Piviers ; qu'on appelle autrement Pluvrers ou Prthiviers , ca- pitale de la Province du Gâtinois, a pris fon nom du grand nombre de Pluviers qui fe trouvent aux environs de cette Ville. 3°. Le Pruvier cris, Pluvialis cinerea, Ray Synopf. Gavia feu Pluvialis cinerea , Klein. T ringa nigro-fufca fubtus alba, roftro nigro , pedibus virefcentibus , Linn. La chair de celui-ci n'cft pas moins eftimée que celle du précédent. Il a Le bec noir, plus long que le doigt; les pieds d’une couleur verdatre-fale; la tête , le dos, les plumes des aîles qui font en recouvrement, noi- ratres, avec les extrémités d’un cendré-verdâtre ; le menton blanc ; la gorge marquetée de taches oblongues brunes ; la poi- trine , le ventre & les cuiffes blanches ; la queue bariolée de raies tranfverfales blanches & noires. Il eft pareil au précédent pour la grandeur. Selon M. Linnæus , il habite en Suede dans la Scanie. Il a le bec noir ; les pieds d’un vert-cendré , avec des découpures tranf verfales ; vingt-quatre grandes pennes à chaque aïle , dont la premiere eft blanche par la tige ; la deuxieme, la troifieme & la quatrieme plus noires, & les autres plus brunes; toutes blan- ches, fur-tout au bord des extrémités ; les plumes en recouvre- ment marquées en outre de taches tranfverfales ; douze grandes le] plumes à la queue, blanches, avec des lignes tranfverfales bru- nes, diftantes l’une de l’autre, excepté les deux du milieu , OÙ les lignes font plus larges & plus proches ; le corps d'un noir- brun ; la poitrine , le bas du ventre, & le croupion blancs; la tête & le cou femés de petites taches noires & cendrées, à ce que dir M, Leche | qui appelle ce Pluvier Tringa Auguffi 72enfts. - M. Klein dit qu'il eft bigarré de noir, de jaune & de cendré ; qu'il a au deffous du cou des taches noires oblongues; que l’er- got de derriere n’eft qu'un petit ongle à peine fenfible, & qu'il a le bec d’un noir-rougeitre. Il y à des Chafleurs qui prétendent que le Pluvier vert ou doré, & le Pluvier gris ou cendré , font le même Oifeau qui change de plumage felon l'âge ou la faifon ; mais ils fe trompent. Ce qu'il y a de bien vrai, c’eft que le Pluvier gris eft très rare Xx 346 HisTorre NATURELLE dans lOrléanois, & qu’on n’en voit prefque jamais à Orléans au Marché à la Volaille. Notre Pluvier gris, dit en Anglois 4e Grey Plover , eft le Pardalus d'Ariftote, felon Aldrovandus ; les Italiens l’appellent Pluvier de montagne. Ses petits fe nomment en particulier Guzl- lemots : or Guillemot ou Guillor eft un diminutif de Guillaume. 4°. Le PLUVIER AIGRETTÉ D'AFRIQUE, qui mérite placeici, eft de la groffeur ordinaire ; il a le deflous & le deflus de la rête qui fe termine en huppe, d’un beau noir ; les cotés de la rète & tout le deflus du corps gris ; le deffous du corps blanc-roufsitre; un croiflant noir fur le ventre; les aîles noires & blanches, & un ergot noir au pli de chaque aïle. On le trouve au Sénégal. Nœus eft le feul Naturalifte qui paroifle en avoir parlé. #7. PL. 23. Frs; 5°. Le GuicnarD, Morinellus Anglorum , Ray Synopf. Ga- via Morinellus , Klein. Charadrius peétore ferrugineo , line@ alb& tranfverfà collum pelufque diflinguente , Linn. Il eft prefque de la couleur du Pluvier gris, mais beaucoup plus petit que lui , vu qu'il ne pefe que quatre onces : en outre il n’a point de doigt. poftérieur, comme le précédent. Il pafle pour un Oifeau fort niais , & pour fe laiffer prendre par des minauderies, jufques-là que fa bêtife eft paflée en proverbe. Il a le bec des Pluviers , droit, noir , prefque long comme le doigt; la tête agréablement bigarrée de taches blanches & noires; le dos varié de cendré & de noirâtre , dont chaque plume eft noirâtre au milieu vers la tige, & grisâtre le long des bords ; le croupion & le cou plus grisâtres ; la poitrine & le deflous des aïîles d’un jaunâtre-fale , & le ventre blanchître. Ces Oifeaux , dit M. Lifter, quittent deux fois l'année, en Avril & en Août, les lieux marécageux, & fe retirent par ban- des dans les champs montagneux. Or la caufe de leur tranfmigra- tion dépend de leur nourriture ; car alors ils y vont chercher les aliments qui leur font convenables ; & pour m’en aflurer, j'en ai ouvert plufieurs, auxquels j'ai trouvé dans l'eftomac certains petits Scarabées noirâtres, des Vers & de petits Limacons ter- reftres. Selon M. Linnæus, il habite dans la Dalécarlie orientale. Il à le cou & le dos d’une couleur cendrée-claire; la poitrine tannée, avec unc ligne tranfverfale blanche, tirée fur une ligne noire à la bafe du f£ernum ; le ventre noirâtre, dont cependant chaque plume eft blanchâtre intérieurement ; la gorge blanche; la queue cendrée , avec un bord blanc; les aîles plus pales en deffous; une En DE 's CONIISIEMAEU x. 347 ligne blanche qui entoure la tête à la racine du bec; le doigt extérieur attaché à celui du milieu par une petite membrane ; les grandes pennes de la queue brunes , dont les trois premieres font blanches au bout, & les autres à peine blanchâtres au bord du bout ; la tête noirâtre en deflus ; le bec & les pieds noirs. Le mâle eft noir vers les cuifles ; 1l eft de la grandeur d’une Grive. Le Guignard eft une forte de petit Pluvier, dont la chair eft en grande eftime, & pafle pour un des mets les plus délicats. On a cru que c’étoit un Oifeau particulier au Pays Chartrain; mais il fe trouve ailleurs non-feulement en Beauce, mais aufli dans d’autres Provinces de France. Il eft fi gras, qu'il fouffre dificile- ment le tranfport; & en général tout Oifeau de marécage , ou qui vit dans les lieux humides , a une chair huileufe qui ne veut point être gardée. La femelle ne differe du male,que parce qu’elle a la poitrine moins tannée, & le ventre moins noir ; de forte que le fer à cheval eft moins fenfible dans la femelle que dans le male. Ces Oifeaux viennent au coup de fufil, voltigeant autour du Chafleur ; & quand on en a tué un,ontue ordinairement toute la bande. On n’en voit ni l'été ni l'hiver. Ils ne viennent en Beauce qu’au printemps & en automne. On y en voit jufqu’au 15 de Mai. Ils font toujours chers. Le Guignard, felon le Diétionnaire de Trévoux, s’amufe à > k ANS SRE regarder & à confidérer fi attentivement ce que fait l'Oïfeleur, D qu'il fe laiffe couvrir par un autre homme avec un filet : appa- remment qu'il a été nommé Gzzgnard à caufe qu’il regarde ce que l’on fait dans la campagne ; ce qui eft expliqué par le mot François ouroner , comme qui diroit regarder de côté, fans faire femblant de rien, ni de penfer à ce que l’on regarde. Mais s'il en faut croire le doéte Ménage , cet Oïfeau a été ainfi appellé d'un nommé Jean Guignard, Bourgeois de Chartres, qui le premier en reconnut la délicatefle en 1 542. Il s’en trouve aufli aux envi- rons d'Amiens, où on les appelle Szross. Je trouve dans la Nou- velle Maifon Ruftique du Sieur Liger, entre les Oifeaux aquati- ques , les Syriors ou Griferres. Or ces Syriots font apparemment les mêmes que les Szrors des Picards ; & cependant on y diftin- guc formellement les Syriots des Guignards de Beauce. Au-refte je n’en tiens volontiers à ce qu’en dit Ménage , d'autant plus que j'ai reconnu dans cette Maïfon Ruftique plufieurs erreurs en fait d'Ornithologie. C’eft ainfi qu’elle diftingue mal-à-propos les Sanfonnets des Etourneaux. [l y a des Chafeurs qui difent Guinard , & même on trouve écrit Gurnare : maïs l’ufage eft pour Gurgnard. M. Boulanger de Chaumont dit qu'on l'appelle ÆAK1] 348 Hlirsäéto 1 R E NATURELLE cn Normandie Perite de Terre. Le mot Latin Morinellus veut dire perrt Sos. Les Allemands le nomment Morinelle ou Mornell, & les Anglois 4e Dorterell ; ce qui fignifie la même chofe. 6°. Le GuiGNARD DE MER, Morinellus marinus D. Brown ; an Cinclus Turneri ? Ray Synopf. Nous avons vu cet Oifeau fur les Côtes de Cornouaille. Il a le bec droit, noir, long d’un doigt, diminuant infenfiblement de grofleur. depuis la bafe jufqu’a la pointe, qui cft aiguë; ce bec un peu enfoncé , eft plus ferme que dans le genre des Bécaflines ; tout le deflus du corps, ex- cepté le milieu du dos, qui eft blanc, & le haut de la poitrine, font de couleur brune, avec le milieu des plumes noir ou d’un noir-pourpré , les bords cendrés ou d’un roux-blanchâtre ; tout le deffous du corps, à la réferve de la poitrine , eft blanc comme neige ; il a une tache noire tranfverfale grande , au croupion même ; une tache blanche fur les aîles près de la jointure du bra avec le coude ; la moitié inférieure des pennes de la queue blan- che , & la moitié fupérieure noire; les jambes courtes, de cou- leur faffranée. Je ne trouve point cet Oifeau dans M. Linnæus, ni dans M. Klein. Les Anglois le nomment rke Turn-Srone ou Sea-Dotte- rell. ° 7°. L'ALOUETTE DE MER DES AncLots, Charadrius five Hia: zicula , Ray Synopf. Gavia Lirtroralis , Klein. Charadrius pectore nigro, fronte nigricante , lineol& alb& , vertice fufco , Linn. Elle urpafle un peu en grandeur l'Alouette commune ; elle a Le bec plus court que le doigt, jaune-doré dans fa moitié inférieure , noir en deflus ; la bafe du bec entourée d’un petit cercle noir, qui s'étend enfuite depuis les angles de la bouche par les yeux, jufqu’aux oreilles, & pafle enfin par le milieu de la tête tranf- verfalement , faifant tout le tour d’une ligne large ou d’une ban- delette blanche, tirée du coin intérieur d'un œuil au coin inté- rieur de l’autre; le derriere de la tête cendré ; le menton blanc; le cou ceint d’un double collier, dont le fupérieur eft blanc, & l'inférieur noir; le dos & les petites plumes des aîles en recouvre- ment cendrés ; la poitrine & le ventre blancs ; les aîles noires, avec une longue ligne blanche en travers ; les pieds d’un jaune- pale, & les ongles noirs. Elle n’a point de doigt de derriere. Cet Oifeau eft le petit Pluvier à collier. Ce petit Oifeau eft commun à l'Amérique & à l'Europe : Marcorave le décrit fous le nom de Matuitui. Selon M. Linnæus,cette Alouettchabite par-routen Suede fur les rivages, & fe trouve fréquemment dans les Alpes de la Lapponic. DIE s | 'OPRS PELEU: x. 249 Elle a le bec faffrané , noir au bout; la tête de couleur cendrée- brune ; le front noirâtre, avec une ligne blanche tranfverfale ; les tempes plus obfcures ; la gorge & le cou blancs, puis une grande tache noire jufqu'au /ternum ; le dos , les aïles & la queue cendrés ; le ventre & la poitrine blancs; les pieds jaunes, mais fauves dans l'autre fexe; les grandes pennes des aïles brunes, dont la premiere eft blanche par la tige, & la cinquieme , la fixieme , la feptieme , la huitieme , & la neuvieme font blanches par le bout ; les grandes pennes de la queue brunes, mais la fixie- me de chaque côté fans tache ; la troifieme, la quatrieme & la cinquieme blanches par le bout; la deuxieme de chaque coté blanche par le bout & au côté extérieur ; mais la premiere de chaque côté eft rout-à-fait blanche , avec une tache brune. | M. Klein dit qu’elle eft à-peu-près de moitié plus grande que l'Alouette huppée , & qu’elle fe cache dans des cavernes le long des rivages. Les Allemands l'appellent See-Lerche , & les Anglois 14e Sea- Lark , c'eft-à-dire, Alouette de mer ; les Suédois Srrandpipare , & les Lappons Pago. 8°. L'OrsEAU DE JONCS , Junco prima Aldrovandi, Ray Sy- nopf. Il eft de la grandeur d’un Moineau ; il a le bec noir , creufé en forme de canal, dur , crochu par le bout ; le deffus de la tête, la auque du cou & le ventre châtains ; le deffous du cou & la poitrine blanchâtres ; le refte du corps d’un brun tirant fur le noir. MM. Linnæus & Klein n’en font aucune mention. Je foup- çonne que ce pourroit être l'Oifeau de riviere que Cotgrave nomme /Zicare. 3$0 He8TorrEe NA TOUREELE À R T I C'EMEUVSNEMPAIUT E Ne Des Oiféaux à pieds fendus qui nagent dans les eaux ; G premiérement des Poules d'eau, dont les doigts ne font liés d'aucune membrane, Ls marques caraériftiques des Poules d’eau font, la tête petice ; le bec court & médiocrement recourbé ; le corps prefque ramañlé , grêle & applati fur les côtés ; les aîles un peu courtes, concaves , & femblables à celles de la volaille ; la queue fort courte; les jambes longues ; les doigts très longs; le vol court. 1°. La PouLE D'EAU COMMUNE, Gallinula Chloropus major Aldrovandi , Ray Synopf. Le mâle pefoit quinze onces, & la femelle douze, Cet Oifeau a le bec long d’un doigt; la mâchoire inférieure jufqu’au coin de la bouche, d’un blanc-jaunitre, puis rougeitre; la mâchoire fupérieure moins jaunâtre au bout, mais rouge par les narines à l’extrémité de la plaque ronde qui eft fur le fommer de la tête ; de forte qu’à l'endroit où finit le rouge du bec on peut en détacher la plaque comme un morceau de cire appliqué deflus ; les pieds verdâtres ; une ligne blanche qui prend dès la naiffance de l’aïle, & en parcourt toute la lon- gueur jufqu’au bout ; le dos & les plumes des aîles qui fonten recouvrement , d’une couleur approchante du tanné ; le refte du deflus du corps noiratre ; la poitrine plombée ; le ventre grisa- tre ; des plumes blanches fous la queue , que l'Oifeau dreffant fouvent la queue, fait voir en nageant; les jambes marquées d'une tache rouge au deflus des genoux. M. Klein ne dit rien de notre Poule d’eau ordinaire, non plus que M. Linnxus. Il eft affez étonnant qu’elle ne fe trouve point en Suede. Tout le monde connoît la Poule d’eau. Elle fait fon nid d’aflez bonne heure dans les rofeaux fur les étangs ou fur les ruiffeaux. Ses petits vont à l’eau dès qu'ils font éclos, & fuivent leur mere. Elle crie la nuit comme le jour. On peut l'apprivoifer aifément ; clle mange de tout; elle eft fort prompte à la courfe ; elle fe montre hardie au point qu’elle ne craint ni Chien ni Chat; & fi DE ss JObL SN ELA LU x. 3 une Poule domeftique emporte quelque chofe dans fon bec, elle lui monte fur le dos, & lui arrache le morceau du bec. La Poule d’eau commune s'appelle en Anglois z4e Common Water-hen où More-hen ; en Provence Poule d’aigue ; Pou- Lette d'eau ou grand Räle, felon Belon ; Cote ou Gelinerte d’eau , felon Cotgrave. 2°, Le RALE D'EAU, Rallus aquaticus Aldrovandi ; Ortygo- metra Bellonii ; Gallinula Chloropus altera Aldrovandi , forté etiam Gallinula ferica ejufdem , Ray Synopf. Semblable à la Poule d’eau commune , mais plus petit, il eft plus grand que la Caille; il a le bec plus long du double que la précédente, applati fur les côtés, rougcâtre en deffous vers la tête, & noirâtre en deflus; une chauveté fort petite & à peine vifible; tout le deflus du corps varié de noirâtre & de jaune-fale ou d’olivatre ; le menton blanc ; la gorge roufsâtre , avec un mêlange de cendré ; la poi- trine plus cendrée, mais avec une marque blanche dans fon mi- lieu ; le deflous de la queue blanc, comme dans la précédente. Mais les marques les plus remarquables & comme caractérifti- ques de cet Oifeau font des plumes noires aux cuifles & aux côtés, agréablement bigarrées de lignes blanches tranfverfales ; une ligne blanche le long de la bafe de l’aîle, comme dans la Poule d’eau ; les pieds de couleur de chair plus obfcure. IL court très rapidement, & fe cache le long du bord des eaux. Il marche plu- tot qu'il ne nage dans l’eau. M. Klein dit qu'il a le corps menu & comme applati, ainfi que le râle de genèt; la tête petite, & le bec comme les Oifeaux de combat ; feize pouces de longueur depuis le bout du bec jufqu’au Oo = . bout des ongles, & douze jufqu’au bout de la queue. Il ajoute . Ke) . . \ A que ces Oïfeaux habitent principalement fur les étangs où croît le nénuphar, fur les feuilles duquel ils courent comme des Loirs, & même franchiflent d’une courfe légere l'eau claire par inter- valles. M. Linnæus n'en parle point, parce qu'apparemment il ne fe trouve pas en Suede. Selon Willughby , fa longueur depuis le bout du bec jufqu’au bout de la queue , eft de douze doigts, & fon vol de fcize. Il à la véficule du fiel grande, longue , recourbée; le pore biliaire grand ; le ventricule mufculeux , & de longues appendices rem- plies d’excréments. Il vole les pieds pendants. Le Râle d’eau fe nomme en Allemand Schwartzer ; en Anglois the Water Rail, a Bilcock ou Brook-Ouxell ; en François Räle noir ou commun. Selon Belon , Ralle aquatique, Ro: & Mere des 3 52 Ebrsto 1 RE IN A TIMRENRTE Cailles , comme sil en étroit le conduéteur dans leur paMage. Mais comme il a le vol très court, & qu'il eft bientôt pris en pays découvert, il ne pourroir être qu’un fort mauvais conduc- teur, De-plus comment voudroit-on qu’il fe mit à la conduite des Cailles , puifqu'il refte chez nous l'hiver ? Il y a donc tout lieu de penfer que notre Raâle d’eau n’eft pas l Orrygometra des Anciens, à moins qu'on ne veuille dire qu'il mérite par fa taille le nom de Roi ou de Mere des Cailles. 3°, Le PETIT RaALE D'EAU, Gallinula Chloropus altera Al drovandi , Ray Synopf. Il a beaucoup de rapport avec le précé- dent, dont il differe en ce que fon bec eft jaunâtre dans une cer- taine étendue deflus & deflous ; en ce qu’il a le cou & la tête noiratres ; le dos chatain , ainfi que le deflus des aîles, & les jambes verdatres. Néanmoins je crois que c’eft la même efpece, qui en eft peut-être différente feulement pour le fexe ; car dans ce genre d'Oifeaux les jambes different en couleur felon la di- verfité du fexe. Il paroïît bien que Ray n'a jamais eu occafon de voir notre etit Râle d’eau ; car s’il l’avoit vu , il auroit aifément reconnu la différence fpécifique qu'il y a entre celui-ci & le précédent. Cet Oifeau n’eft pas commun dans l’Orléanois, & il eft rare d’en voir à Orléans au Marché à la Volaille. L'année derniere un Poulailler m'en apporta un de Beauce, qui avoit été pris vivant fous un tas de chaume affez loin de la Conie. Il eft encore actuel- lement plein de vie à la Chartreufe d'Orléans, dans la Cellule du R. P. Dom Pierre le Feuvre , qui le nourrit de millet, après lui avoir donné uniquement pendant quelque temps de l'Ome- lette fans fel. Il eft familier & fort joli, Le petit Râle d’eau a le bec droit, modique, & bien différent de celui du Râle d'eau ordinaire, orné à fa bafe d’un cercle jaune- orangé ; la poitrine agréablement piquetée de blanc & de brun, ainfi que les côtés, à-peu-près comme une Poule pintade; & aux tempes une marque roufsatre ; le doigt de derriere court à pro- portion des autres, placé un peu haut, lequel fe tourne beau- coup en dedans quand l'Oiïfeau marche. Il court très-vite, & leve fort les jambes en marchant. Il vole mal, & donne au Cha£ {eur tout le loifir de l’ajufter, On fait cas de fa chair en Norman- die, où il eft très commun en automne dans certaines vallées le long des ruifleaux. On prétend qu’il refte toutel’annéeen Beauce le long de la Conie, & qu'il y fait fon nid comme le Râle ordi- naire, fous les fouches des aunes & des faules, où il eft fort difh- cile de Le dénicher, On DES LOLTSÉRACU x: 353 On appelle en Normandie cette efpece de Râle Marouette ou Coquant, & ailleurs Cocoën , peut- -être à caufe de fon cri; quel- ques-uns le nomment Rd/e de pré, parce qu il fe plaît dans les prés bas ; & nos Poulailleres d'Orléans perrt Räle d’eau , parce qu'il eft effectivement plus petit que le Räle d’eau commun. Dom le Feuvre auroit bien fouhaité pouvoir apparier le fien dans la faifon des nids avec une femelle de fon efpece ; mais comme il n’eft guere pofible d’en trouver , il vouloit Mbituer à celle-ci une Caille femelle. On lui en à donné une qu'on croyoit effectivement telle, mais qui malheureufement seft trouvée mâle. Cela n’a pas empêché que fon Râle ne lui ait fait amitié ; il en eft devenu plus gai que de courume; il s’eft mis à chanter le foir, & fur-tout dansla nuit, à diverfes reprifes,comme lon s’en eft afluré en féqueftrant la Caille. Or fon chant imite celui de la Caille > quoiqu ‘il ait quelque chofe de plus rude. 4. Le RALE D'EAU SOYEUx, Gallinula férica Gefneri AL drovando , Ray Synopf. Il eft très “joliment bigarré de noir & de roux prefque par tout le corps, finon que fon ventre eft blanc. Sa couleur noire reluit comme du velours. Ses jambes font hautes & brunes , & fes doigrs fort longs. C’eft une queftion de favoir left différent du R2le d’ eau de Bon 5°. La GRINETTE , Poliopus Gallinula minor Aldrovandi , Grinerta Italis, Mediolani Gillerdine ; an Gallinula alia Chlo- ropus Fulice fimilis Bellonii Aldrovando ? Ray Synopl. C'eft le plus petit de tousles Râles que nous ayons vus jufqu’ici; ilreflem- ble prefque pour la couleur au Räâle d’eau ordinaire, finon qu’on voit au milieu du dos entre les aïles , une raie noire parfemée de taches blanches , laquelle eft accompagnée de deux autres raies voifines qui Due de chaque côté fur les plumes des aîles en re- couvrement. Jl y a à la bafe de Païîle une ligne blanche quis’étend depuis les épaules jufqu’au bout de la penne extérieure, comme dans la Poule d’eau commune , dont il eft diftingué par fa pe- titefle , comme il l’eft du Râle ordinaire , tant par fa petite taille que par fon bec plus court , quoiqu'il ne reflemble d’ailleurs pour la figure. 6°. Le RALE AUX ue JAUNES, Gallinula Ochropus major Gefne je Aildrovandi , Ray Synopf. Il a le bec jaune, ainfi que les pieds. Il paroît dans ra plumage fept couleurs diftinétes , comme a figure enluminée le fait voir, On peut voir le refte À 1Ë deferiprion dans Gefner. Le WynkERNEL ou LA MAROUETTE, Gallinula ochra one quam Germani Wynkerncl appelant Aldrovando , Ray + 354 Hisroirre NATURELLE Synopf. Il à prefque tout le corps de couleur verdâtre, mais fale & obfcure, plus brune en deffous ; la tête, le cou , la poitrine & les aîles marquetés de points & de taches blanches ; la queue en partie blanchatre; le bec en partie nojrâtre, & en partie d'un rouge-ponceau ; les jambes jaunes. Je ne trouve point ces différentes efpeces de Râles décrites dans M. Linnæus, ni nommées dans M. Klein. 8°. Le JACANA , Gallinula Brafilienfibus Jacana dicta Marc- gravii , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’un Pigeon ; il a les jambes d’un jaune tirant fur le vert; le doigt de derriere d'une longueur éñorme ; la queue courte ; Le dos, les aîles & le ventre variés de vert & de noir ; le cou & la poitrine d’une couleur chan- gceante, telle qu'il s'en voit au cou des Paons ou de certains Pi- le] geons ; le deflous de la queue blanc ; le bec du plus beau yer- le) millon depuis le commencement jufqu’au milieu , du-refte jaune- verdatre ; la tète couverte d’une maniere de coëffe membraneufe ronde , de couleur de Turquoife. 9°. L'AGUAPECACA , JACANA ARMÉ ou CHIRURGIEN, Gal- linula Brafilienfis Aguapecaca diëéla Marcgravii , Ray Synopf. Il eft pareil au précédent en figure & en grandeur; mais il en differe par les aïles , qui font d’une couleur plus brunître. Il n’a point de mitre fur la tête, mais il a fur chaque aîle une petite corne dreflée , avec laquelle il fe défend. 77 PL 213. Fig. 4. 10°: Troifieme efpece de RALE pu Bresir, Gallinula Bra- filienfis tertia Marcgravii , Ray Synopf. Il reffemble aux deux précédents pour la figure & pour la grandeur ; il a tout le deflus du corps brun, excepté les aîles qui fonc vertes avec les extré- mités brunes ; le deffous du corps pareillement brun ; le bec droit , faffrané , avec une petite peau rouffe à fa naiffance & à la partie antérieure de la tête ; une petite corne jaune, femblable à celle du précédent, à la partie antérieure de chaque aîle. 11°. Quatricme efpece de Rare pu Bresiz , Gallinula Brafilienfis quarta Marceravii , Ray Synopf. Il eft de la même figure que les autres ; il a le bec jaune; une petite mitre cutanée rougeûtre au front, près de la naiffance du bec ; toute la crête, le cou & le deflous du corps noir ; le deflus roux ou d’un brun clair, à l'exception des aîles ; les grandes pennes des aîles d’un vert de mer , avec les extrémités noires ; Îes pieds cendrés ; une petite corne très pointue , faffranée à la partie antérieure de chaque aile. 12°. Le TAMATIA, Gallinula aquatica , Tamatia Brafilien(r- bus Marcgravir, Ray Synopf. Il a la rète & les yeux grands, mar- - Po Dersine et Grave par Marnet E , ñ , / LA 47 ‘1 1 Paon de Mer 2. faneau 3. Pluvier egrette et arme 4. Vacanæ où Cururgur Le Le DES O\riS EAU x. 355 chant le dos & le cou courbés ; le bec long de deux doigts, d'abord large comme celui d’un Canard, mais pointu antérieu- rement ; la mâchoire fupérieure noire , & linférieure jaunâtre ; les pieds & les doigts qui font longs comme dans les Räles, d’un vert-jaunâtre ; la tête noire ; le refte du corps brun, avec quel- ques plumes blanchatres mêlées fur le ventre. 13°. Le PorpxyrioN, Porphyrio, Ray Synopf. Il eft du genre des Râles, fi les Figures enluminées ne nous trompent point; Car nous n'avons jamais vu lOiïfeau lui-même, non plus que Gefner & Aldrovandus. Il a toutle corps bleu ; la partie moyenne du bout de la queue d’une couleur cendrée-blanchätre ; lebec & les jambes d’un pourpre-éclatant; le bec gros & applati fur les deux faces, & les doigts des pieds, ainfi que le talon, qui font tous très déliés, d’une longueur exceflive. Cer Oifeau eft connu fous le nom de Poule Sulrane. W. PL 24. Fig. 1. 14°. Le QuacxizTo, Quachilro five Porphyrio Americanus Hernandez Nieremberott, Ray Synopf. Il chante pendant la nuit comme le Coq; il a le plumage d’un pourpre-noir, avec quel- ques plumes blanchâtres mêlées parmi ; le bec pale au com- mencement, & rougeitre quand l'Oifeau eft devenu grand ; une plaque chauve autour de la bafe du bec. Il reffemble à la Jx- delle ; il a les jambes d’une couleur jaune-verdatre, & l'iris des yeux jaune. C’eft une autre efpece de Poule fulrane. 15°. Le RAzE DItaLrt1E , Rallus Tralorum Aldrovando , Ray Synopf. Il differe de la Judelle, en ce qu'il a plus de blanc aux ailes & autour des yeux. Il à le bec noir ; les jambes verdâtres ; des membranes moins découpées entre les doigts ; il n’a nulle plaque chauve , autant que je puis conjeéturer d’après la Figure, dit Gefner. On ne fait rien de plus de cet Oifeau. 16°. L'AcozLinN, Acolin feu Coturnix aquauilis Mexicana Hernand, Ray Synopf. C'eft une efpecc de Râle d’eau, « 356 HisToirre NATURELLE A R T I CNE El UNE LLE NMEE: Des Oiféaux aquatiques à pieds fendus , dont les doigts font accräs de membranes. 10 Le Jupetre, Fulica, Ray Synopf. Fulica Recentiorum , Klcin. Fulica fronte caly& aquali , Linn. Elle eft plus grande que la Poule d’eau, ordinaire ; elle pefe vingt-quatre onces; elle eft noire par tout le corps ; d’une couleur néanmoins plus claire & plombée à la poitrine & au ventre. Elle a le bec long d’un doigt & demi, d’une couleur bleue tirant fur le blanc ; un morceau de chair mou, lifle, rond, qui s’éleve du bec au fommet de la tête, & qu'on appelle chauvere ; les pieds bleus ou d’un brun-vert; des membranes circulaires pendantes aux articulations des doigts. Cet Oifeau nage prefque toujours dans les eaux. Selon M. Linnæus, elle habite en Suede dans les eaux. Elle # le deflus du corps noir, & le deffous d’un noir-cendré; la poitrine piquetée de couleur grisitre-ondée ; le bec de couleur de chair, court ; le front chauve, d’un blanc-incarnat ; les narines oblon- gucs ; la mâchoire fupéricure plus longue , aiguë , droite ; la queue trés courte ; les pieds longs, à quatre doigts aigus , AVEC des membranes latérales. Je laïfle à d’autres , ajoute M. Linnæus, qui en auront la facilité, à juger fi cet Oïfeau ne devroit pas plutôt être rapporté à la clafle des Volailles; car je ne l'ai exa- miné qu'une fois, il y a déja long-temps. Elle pefe, felon M. Klein, vingt-quatre onces ; elle a les mem- branes des doigts très larges ; le bec fort, pointu , blanc ; le doigt de derriere frangé d’une fimple membrane ; une plaque chauve fur le bec. Robergius à obfervé une fingularité aux côtes de cet Oifcau ; car elles font doubles, & les apophyfes offeufes fe croi- fent. Le même Auteur nous apprend qu'on l'appelle en Latin Fulica, à caufe de fa couleur de fuie ; en Allemand Rokr-henne , Waffer-hur , où Pfaffe ; en Anglois she Coot, ou Bald Coot. Les Suédois la nomment B/40s-K laocka. Willughby dit auf qu’elle pefe vingt-quatre onces ; qu'elle à feize doists de longueur ; le bec long d’un doigt & demi; la DE s1 OF MS BRALU x: 357 Fe longue de deux doigts, compofée de douze pennes ; que on nid eit flottant fur l’eau , qui l’éleve & l’abaiffe entre les rofcaux qui le retiennent ; que rarement elle fe perche fur les arbres. 2°, La GRANDE JUDELLE , Fulica major Bellonit , Gallis Ma- croule, Foulque ve/ Diable de mer, Ray Synopf. Elle fe plonge fans cefle dans les eaux douces; & fa couleur noire eft fi par- faite, qu’elle fembleroit avoir été appliquée fur fes plumes avec le pinceau. La tache blanche de la tête eft plus large dans celle- ci que dans la précédente ; elle eft auffi un peu plus grande qu’elle de corps. Elle ramene à elle fes jambes en volant, &a les doigts larges , féparés les uns des autres , comme la précédente. 77. PZ. 243 Fig. 2. Selon M. Klein, elle eft plus grande que la premiere; elle à la plaque chauve plus ample, & le plumage d'une couleur de Corbeau, luifante ; ou plutôt ce font des variétés de la même efpece. M. Linnæus ne dit rien de la Macroule; peut-être a-t-il jugé, comme M. Klein, que ce n’étoit qu'une variété de la préce- dente. La Judelle dont il s'agit ici eft commune en Sologne & du côté de Châteaudun. On la mange en maigre, & fa chair eft cftimée. Elle eft remarquable par la marque blanche qu’elle porte fur le front, & par les doigts de fes pieds, ornés de mem- branes coupées en feftons. Son nid eft conftruir de grillages de joncs artiftement arrangés. Selon le Sieur Guignard, Fermier de l’Etang de Verdes en Dunois , & habile Chaffeur, la Judelle ne craint point l'Oifeau de Proie; elle lui préfente fes griffes, & fe défend à merveille contre fes ennemis. Elle fait pour l’or- dinaire deux nids; l’un pour couver fes œufs , & l'autre pour recevoir fes petits. Si-tôt qu'ils font éclos , ils vont à l'eau, & l'ancien nid qui a fervi à les couver ne fert point à les loger du- rant la nuit. Le male fe charge de les conduire çà & là dans l'eau, pour y chercher leur vie, tandis que la femelle conftruit un nouveau nid avec le même artifice que le premier. Elle pond jufqu’à onze œufs d’une couvée. Le pere à foin de promener les petits nouvellement éclos, pendant que la mere acheve de cou- ver les autres œufs qui reftent à éclore. Quelquefois il en refte encore deux ou trois à éclore trois jours après que les premiers font éclos. Les Judelleaux onten naïffant le bec & la tête rouges; mais cette couleur rouge fe pañle infenfiblement. Quand la Ju- delle n’a rien de meilleur à offrir à fes petits, elle plonge au fond 355 8 HisToiRez NATURELLE de l’eau, & en arrache avec fon bec le grand jonc dit Scirpus, dont la racine eft blanche comme celle du porreau. Elle donne cette racine à fucer à fes petits. Les Judelleaux vivent aufi de Moucherons , de Vers , & d’autres Infeétes aquatiques. Les Ju- delles font paflageres. Il eft à préfumer qu’elles vont pañler l'hiver dans des climats plus chauds , d’où elles reviennent par bandes dans le même temps que les Cailles & les autres Oifeaux de pañlage. La Judelle fe nomme en Italien Folega ou Folaga ; en Fran- çois, felon Belon , grande Poule d’eau, Foulque, Foucque, Fou- que ou Foulcre, Diable de mer ou Diable d’eau , Jodelle , Jou- darde , Belleque , Macroule ; en Champagne Morelle ; à Nantes Joelle ; à Orléans Judelle , ainfi qu’en Berry & en Sologne. Or Ja plupart de ces noms lui viennent du mot Latin Fulrca, ou de {a couleur noire-foncée. Selon Ménage , Foulque vient de Fulr- ca , & Fulica vient de Fuligo (Suie) , parce qu’elle eft noire. Quant au mot de Jodelle ou Judelle, perfonne que je fache ne nous en a donné l’étymologie, excepté M. le Duchat dans la nouvelle Edition du Dictionnaire Etymologique de Ménage, Selon lui, Jodelet , nom de famille & fobriquet , eft un diminu- tif corrompu de Jeudy , nom propre. Jodelle , autre nomtde famille, eft le fimple de Jodeler, lequel vient pareillement de Jeudy. Mais cette étymologie ne nous paroît pas fatisfaifante, quoique nous n’en ayons pas de meilleur à donner. Il y a des cantons où l’on nomme notre Judelle Macreufe , quoiqu’elle foit bien différente de la Macreufe ordinaire ; d’où il paroît que les mots de Macroule & de Macreufe ont la même étymologie. Refte à favoir quelle elle eft. Seroit-ce parce que ces Oifeaux fe man- gent en maigre ? 3°. La Juperze pu Mexique, Fulice Mexicane altera [pe- ces Yohoalcoachillin dia Hernand. Ray Synopf. Elle reflemble en tout aux précédentes, excepté par la couleur, qui en defous, autour de la tête & du cou , eft rougeâtre , & en deflus pâle- verdâtre, avec un mêlange de bleu & de jaune, Son bec eft blanc comme neige, & jaune proche du bout. PRE TAS ee CAR DE DEs OrsE.au x: 359 CHAPITRE VINGTIEME. Des Oifeaux aquatiques palmipedes , & d'abord de ceux à bec étroit. REP CALME PeR EE MERIE R: Des Palmipedes & jambes longues, 1°. | LH 20e ,» Recurviroftra , Avofetta Tralorum , Ray Sy- nopf. Plotus Recurvirofter , Klein. Recurviroftra albo nigroque varta , Linn. Elle furpafle le Vanneau en grandeur ; elle a tout le deflous du corps blanc comme neige, & le deflus en partie blanc & en partie noir ; toute la queue blanche ; les jambes très longues, d'un beau bleu , nues jufqu’à trois doigts au deflus des genoux ; le bec noir, menu , long de trois doigts & demi, d’une figure finguliere, réfléchi en haut ; en quoi elle differe de tous les autres Oifcaux que nous avons vus jufqu'ici. Elle eft aflez commune fur les Côtes d'Angleterre, principalement fur les Cotes orientales. Ÿ7. PL. 14. F1. 3. ‘Selon M. Linnæus , elle habite en Suede à la pointe méri- dionale de l’Ifle d'Oeland. Elle a le corps blanc, mais le deflus de la crête, le cou, les cotés du dos & les aïîles noires ; le crou- pion court, noir ; les grandes pennes des aïles plus longues vers la pointe, plus courtes vers la bafe, dont les huit premieres font noires, mais blanches vers la bafe, dans cette proportion que plus elles font courtes, plus elles font blanches; de forte que la huitieme eft marquée d'une tache noire au bout feulement, & que toutes les autres grandes plumes font blanches ; les plumes en recouvrement blanches , excepté les cinq premieres, qui font noires par le bout ; les grandes pennes de la queue très courtes, 160 HisroirrEe NATURELLE blanches ; les pieds bleuâtres, plus longs que la queue du double ou du triple, entiérement en palme, ayant le doigt poftérieur très petit, & les ongles noirs ; les cuiffes à demi nues; une petite tache blanche au deflous & au deflus de l’œuil des deux côtés ; le bec noir, enfoncé & applati prefque comme du cuir, très pointu comme unc alène, recourbé vers le haut , nullement roi- de, plus long du triple que la tête, membraneux à fa pointe; les narines oblongues , percées à jour. L’Avocette , dit M. Klein , pefe neuf onces douze gros ; elle a la tête circulaire; le bec noir , femblable à une faucille ren- verfée , ou à un fabre de Turquie ; le ventre blanc , ainfi que la queue , qui eft longue de trois doigts & demi; tout le refte blanc & noir; les pieds d’un bleu-noirâtre ; les trois doigts de devant liés enfemble ; le doigt de derriere court & fimple. Elle a le cri du Râle de genêt, & dit crek , crek. L’Avocette eft très rare dans l'Orléanois ; un Chaffeur en tua trois il y a quelques années à Châteauneuffur-Loire : mais les ayant montrées à plufieurs perfonnes du lieu, on les trouva fi extraordinaires qu'on ne fe fouvenoit pas d’en avoir jamais vu. Au contraire rien n'eft plus commun fur les Côtes du Bas-Poitou, & dans la faifon des nids les Payfans en prennent les œufs par milliers, pour les manger. Quand on la fait lever de deflus fon nid , elle contrefait l’eftropié autant & plus que tout autre Oi- {cau. Belon n’a point connu cet Oifeau. L’'Avocette ou le Bec-renverfé fe nomme en Italien Avoferta, Spinyago d’Acqua , Beccarella où Becco-florto ; en Allemand Schabbel Schnabel ; en Suédois Skjaerflaecka. Linocier dans fon Hiftoire des Oifeaux l'appelle Gerférole. 2°. Le FLAMMANT ou FLAMBANT , Phenicopterus , Gallrs Flammant, Ray Synopf. Ila le cou & les jambes très longues ; le bec un peu large, d’une figure finguliere & extraordinaire; favoir la mâchoire fupérieure recourbée , enfoncée , dentelée; & linférieure plus épaïlle , noirâtre à fon extrémité, du-refte d’un bicu-obfcur ; le cou & le corps blanc ; les grandes pennes des ailes noires ; les plumes des aîles qui font en recouvrement, d'une très belle couleur de feu, d’où lui vient fon nom. On en voit dont le corps eft rouge deflus & deffous , mais aflez ordi- nairement d’un rouge moins vif que celui des aîles. Je croirois ceux-ci d’une efpece différente, parce qu'ils font réguliérement plus petits. Il fe trouve en hiver fur les rivages de la Gaule Nar- . bonnoïife ; ce qui fait qu'on en prend aflez fouvent aux environs de Martigues en Provence, & de Montpellier en Languedoc. Il fe DE ts MOINS U -x: 361 fe trouve aufli en Amérique autour des Ifles Antilles ou des Ca- raïbes , témoins Hernandez , Rochefort & du Tertre. #7. PZ. 2 $- Fig. 1. Selon les Voyageurs , le Flammant a le bec fait en forme de cuiller , le cou fortlong, les jambes fi hautes, que le corps eft élevé de terre d'environ trois pieds. On ne rencontre gueres ces Oifeaux qu'en troupe; ils ont l’ouie & l’odorat fi fubrils, qu’ils éventent de loin les Chafleurs & les armes à feu. Pour éviter d’être furpris, ils fe pofent volontiers en des licux découverts, & au milieu des marécages, d'où ils puiflent appercevoir de loin leurs ennemis ; & il y en a toujours un de la bande qui fait le guet, tandis que les autres fouillent dans l’eau pour y cher- cher leur nourriture : aufli-tôt qu’il entend le moindre bruit, ou el apperçoit un homme, il prend l’eflor, en jettant un cri qui ert de fignal aux autres pour le fuivre. Quand les Chafleurs veulent abattre de ces Oïfeaux , ils fe mettent au deflous du vent, afin que l'odeur de la poudre ne leur foit pas fi facilement portée ; puis ils fe couvrent d’un cuir de Bœuf, & marchent fur leurs mains pour contrefaire cet animal , jufqu’à ce qu'ils foient à portée de tirer leur coup ; & par certe rufe ces Oifeaux qui font accoutumés à voir des Bœufs fauvages qui defcendent des mon- tagnes pour venir aux abreuvoirs , deviennent la proie des Chaf- feurs. Ils font gras , & ont la chair aflez délicate. On conferve leur peau qui cit couverte d’un duvet mou, pour être employée aux mêmes ufages que celles du Cygne & du Vautour. Le Flambant ne fe trouve point dans les Pays du Nord: auf M. Linnæus n’en fait-il aucune mention. Belon n’en a rien dit non plus : il s’en trouve pourtant non-feulement près de Nar- bonne & de Montpellier , comme le remarque fort bien Ray, mais encore fur les bords du Rhône; & c'eft delà qu’on en a en- voyé à M. de Réaumur. Le Phænicoprerus , dit M. James dans fon Diétionnaire Uni- verfel de Médecine , eft le nom d’un Oifeau dont il eft fouvent parlé dans les Anciens , qui étoient fort friands de fa langue & de fon cerveau. Je ne fache point que perfonne ait connoiflance de cet Oifeau : mais, à en juger par la dérivation, il devoit avoir les aîles rouges. Or il paroît étonnant que M. James n'ait pas confulté Willughby là-deflus. En général fon Dictionnaire cft bon & bien fait; mais on peut dire, fans vouloir flétrir la réputation dont il jouit, que l'Ornithologie n’eft pas fon beau côté. M. Lémery appelle notre Phénicoptere Flaman ou Flam- Boyant : onle nomme plutôt Flammant où Flambant. I fe nomme Z z 362 Hi1sTOIRE NATURELLE en Jtalien Fiamingo ; en Efpagnol Flamenco ; en Anglois 74e Flamingo ; en Grec & en Latin Phænicopterus ; à quoi répond le nom François. Or felon Ménage, le Flammant ou Flambant eft ainfi appellé de la couleur de fes plumes , qui eft d’un rouge- cramoifi comme flambant. Le Flambant eft extrêmement rare dans l'Orléanois. Il y a environ dix ans, fuivant le rapport de M. des Mazures, très habile Chafleur , qu'il en fut tué un à Sully fur la Loire. On le trouva fort bon rôti. 3°. Le TrocHiLe ou CouREUR , Trochilus vulgd Corrira ‘Aldrovandi , Ray Synopf. Il a les jambes les plus longues d’entre les Palmipedes , excepté le Flammant & l'Avocette ; ce qui eft caufe qu'il eft léger à la courfe; le plumage bariolé ; le bec droit, jaune , noir au bout ; la bouche grande; l’iris des yeux blanche tirant fur le bai-brun , ayant un double cercle; le deffous du corps jufqu’au ventre blanchâtre ; la queue couverte de deux pennes blanches, dont les extrémités font noires; vout le deflus du corps de couleur prefque tannée. Bclon n’en parle point, non plus que MM. Linnæus & Klein. C'eft l'Oifeau aquatique qu’on à dit nettoyer les dents du Cro- codile, quand il dort fur les bords du Nil ; mais qu’on à pris . mal-à-propos pour le Roiteler , fans doute à caufe de la reflem- blance du nom Grec & Latin. DE (HO) ENS EN. U x. 363 ART L CL E S E C\OMNED. Des Oiféaux aquatiques palmipedes à jambes plus courtes , G premiérement de ceux qui n’ont que trois doigts. 5 ie Us les Palmipedes, à l'exception des trois précédents, ont les jambes courtes, revètues de plumes jufqu’à la deuxieme arti- culation ; les doigts de derriere courts; le doigt de devant exté- rieur plus court que l’intérieur ; le croupion moins relevé que les autres Oifeaux. 1°, Le PENGuIN ou PiNeuin , Penguin Nauris noftratibus , que Goïfugel Hoieri effe videtur ; an Penguin Batavorum , feu Anfer Magellanicus Clufii? Ray Synopf. Plaurus pinguis , Klein. Alca roftri fulcis oëlo , maculä alb& ante oculum , Linn. Il appro- che de l'Oie domeftique pour la grandeur , & , felon Clufius , il le furpañle. Il a le deflus du corps noir, & le deffous blanc; le cou comme entouré d’un collier de plumes blanches, felon Clu- fius; les aîles très petites, & qui ne paroiflent pas propres pour voler. Clufius dit même qu'il n’a point d’aîles, mais à leur place deux aïlerons de peau, pendants aux côtés comme des moignons, toutefois couverts de plumes. Son bec eft femblable à celui de Aka , mais plus long & plus large, noir, applati fur les cotés, fillonné vers l'extrémité de fept ou huit raies obliques à la m4- choire fupérieure , & de dix à la mâchoire inférieure , qui même forme un angle en bas: mais il n'y a point de lignes blanches à fon bec comme il y en a à celui de l4/ka. Une ligne blanche s'étend des deux côtés depuis le bec jufqu’aux yeux. Il n’a point de doigt de derriere : cependant Clufius le repréfente avec ce doigt , mais mal-à-propos, à mon avis, vu qu'il paroït dé- crire le même Oifeau que le nôtre. Celui qu'Olaüs Wormius a nourri chez lui pendant quelques mois , avoit un cercle blanc au deflus des yeux, lequel Ca à une paire de lunettes. Ses aîles n’avoient pas non plus la forme que Clufius a exprimée; car elles étoient un peu plus larges, avec une bordure blanche, L'Oifeau de Wormius avoit été apporté des Ifles de Féro, & celui > Z'z'ij LA 364 Histoire NATURELLE de Clufius des Ifles du Détroit de Magellan; or ces Ifles font fi éloignées les unes des autres, & fituées dans des régions fi dif- férentes , qu'il n’eft gueres croyable que le même Oïfeau s’y trouve. Celui que nous avons décrit a été vu fec dans le Tréfor de la Société Royale de Londres , & dans le Cabinet de Jean Tradefcant, & il a plus de rapport à l'Oifeau de Clufius qu'à celui de Wormius , fi toutefois ces Oiïfeaux font différents. M. Pl 25. Hipiiz. M. Linnæus n’en donne point de defcription ; il fe contente de dire qu’il habite rarement dans la mer de Norvége. Selon M, Klein , on le nomme Pinguin parce qu'il s'engraifle fort. Il aune grande bouche; le bec long , courbé en devant, avec une émi- nence à la mâchoire inférieure ; une tache blanche devant les yeux ; un collier blanc au cou ; la rête & le dos d’un plumage noir comme du velours; le ventre blanc; les aîles courtes, faites de peau , pendantes comme deux bras, couvertes de plumes étroites & foyeufes. Il fait fur les rivages des trous où il habite. M. Pyrard trouva dans une Ifle déferte peu éloignée de Pffle d’'Anubone , une fi grande multitude de ces Oifeaux, qu'il ne pouvoit faire un pas fans fouler aux pieds leurs nids. De Laët, ui le premier leur a impofé le nom qu’ils portent, en trouva auffi dans la Nouvelle France. Il s’en trouve encore dans d’autres Ifles de l'Amérique. Dern Dee vu cet Oifeau fingulier dans les magnifiques Ca- binets de feu M. Bonnier de la Moffon. Je ne penfe pas non plus qu’il foit dans ceux de M. de Réaumur , encore moins dans ceux du Jardin du Roi. Le Penguin fe nomme en Allemand Fesrgans , & en Danois Garfahl. Clufius l'appelle l Oie de Magellan , ou Magellanique- 2°. Le PLONGEON DE MER , Merous Bellonit Aldrovando , Ray Synopf. Il paroît être le même Oifeau que le fuivant ; il fe trouve fur les Côtes de l’Ifle de Candie, où les gens du Pays Pap- pellent Uramania ; il differe du fuivant par fa grandeur, qui eft pareille à celle de la Sarcelle , & par la couleur du bec , qui eft noir en deflus & blanc en deffous. 3°. L'ArquE, Alca Hoieri Clufio Wormii Muf. Ray Synopf. Plautus tonfor , Klein. Alca roftri fulcis quatuor, lineä utrinque albä à roftro ad oculos , Lino. Il eît plus petit qu'un Canard do- meftique. Il à tout le deflus du corps noir , & le deffous blanc jufqu’i l'endroit où il plonge dans l’eau ; ce qui eft commun aufli aux Oifeaux de ce genre; le bec long de deux doigts , très noir, applati, étroit; la mâchoire fupérieure crochue par le bout. * PAT "7 de ‘ eu PI 25. arunet par 2 Lt Crave 7 € à à X À . Dingun TL nant 2 T ce "PI, 24 Dasvine et Cravé par Martinet 1. Poule Sultane 2 Foulque . À. Avorelte. D à 14 _ A, fat y NES is w, x DRE LEA wi PL,30 OO - D = A, M, HI /# .… ut EOTU LE 4 / | SAN 7 nn ot À! vuch ef f A dente at (ae ou l/lor'lon.2 ( tnét- Grave par Mar A [e rele 1 Ca = 1. Carre Q D Ers LOTS ER u x. 425$ œpire fubrufo major ; an Anas Schellent diëlz Gefnero Aldro- vandi ? Ray Synopf. Il eft pareil au Canard brun ci-deflus , ou même plus orand; il a Le bec long de deux doigts, dontle milieu au-delà des narines eft d’un jaunâtre-fale ; Piris des yeux d’un beau jaune ; la tère d’un roux-fale ; le cou cendré ; le refte du deflus du corps brun-foncé ou noirâtre; une large tache blanche au milieu de chaque aïle; le deffous du corps jufqu’à la queue blanc , avec une ligne tranfverfale brune vers l'anus ; les pieds obfcurément jaunâtres , avec des articulations & des membranes qui font entreles doigts, noires. Mais les couleurs varient un peu dans ce Canard & dans les autres individus des différentes efpe- ces de Canards. \ MM. Linnæus & Klein n’en font aucune mention. 13°. Le CANARD A LARGE BEC ET À PIEDS JAUNES, Ânas Platyrhynchos pedibus luteis Aldrovandi , Ray Synopf. Anas anacul@ alarum purpured utrinque nigrä albäque , peclore rufefcen- ce, Linn. Anas fluvracilis rufa mas , roftro fuperiäs virefcente , in- feriis flavefcente , Rudb. Il eft un peu plus grand que le Canard aux yeux d'or. Il a le bec en partie brun, & en partie jaunatre ; tout le corps de couleur jaunâtre-cendrée , femé de taches bru- nes, petites & ferrées à la crête, plus grandes, mais plus clair- femées au cou , au dos, au croupion & à la queue; beaucoup plus grandes encore & plus fréquentes fur tout le dos ; le milieu des aïles brun, fraverfé par une ligne blanche , après laquelle vient une tache bleue quarrée , fuivie d’une autre ligne blanche; les jambes jaunes ; les doigts liés par une membrane brune. C'eft ici la femelle , que nous n'avons pas encore obfervée. Selon M. Linnæus, il habite en Suede fur les rivieres. Le mâle à aux aîles une tache violette , luifante, noire des deux côtés , blanche des deux côtés, hors la noirceur. La femelle a la tache des aîles comme dans le mâle, mais plus bleue dans le mi- lieu ; la poitrine eft roufsätre dans lun & dans l’autre ; la bafe & la pointe des aïîles cendrées ;-la queue blanche ; tout le dos brun à bord tanné ; tout le deflous tanné , avec des taches d’un brun-fale ; la gorge d’une couleur tannée-pale fans taches ; les aîles cendrées-brunes ; les dix premieres pennes des aïîles fans tache , plus longues, celles du fecond ordre depuis onze jufqu’à vingt, brunes, blanches par le bout , dont le côté extérieur eft violet-clair & luifant, celles qui font en recouvrement depuis onze jufqu’à vingt, brunes, blanches vers la pointe, & noires par la pointe même; les grandes pennes de la queue brunes , avec Hhh 426 Hisroirre NATURELLE de petites lignes ferpentines pales, dont la flexion eft inégale; les pieds-rougeitres. M. Klein n'en dit mot, non plus que du fuivant. 14°. Le CANARD A QUEUE POINTUE, Anas caudacuta | Ha- velde Wormir fimilis , fi non eadem , Ray Synopf. Anas caudä. acut& Iflandica , Havelda ipfis diéta , Willughby. Anas caudé cu- neiformi acut& , Linn. C’eft ce que M. Johnfon appelleen Anglois the Swallow- Tail d Sheldrake, comme qui diroit Canard à queue d'Hirondelle. X eft de la grandeur du Canard que nous appel- lons petite Pénélope. Il a le bec court, camus , noir vers la bafe & la pointe, rouge dans le milieu ; la tête , le cou & la partie antérieure de la poitrine, blancs, comme aufli la partie antérieure du dos jufqu’aux épaules ; mais derriere les orcilles il y a quelque mélange de brun ; le refte du dos , les aîles, & la poitrine juf- qu'au milieu du ventre, noirs; le refte du ventre blanc; des plu- mes longues, pointues, qui lui defcendent des deux côtés des épaules , blanches ; feize pennes à la queue, dont l’extérieure de chaque côté eft toute blanche ; les quatre du milieu toutes noires , dont deux font plus longues que les autres de trois pou- ces, & fort pointues ; les autres pennes blanches à leur bord ex- téricur , & noires à leur bord intérieur ; les pieds d’un bleu-pâle,. avec des membranes noires. #7. PL. 31. F19. 1. Selon M. Linnœus, les Suédois le nomment 4/er ou Ahlfogel. Il habite fréquemment en Suede aux lieux maritimes. Le mâle a la tête & le cou blancs, avec une grande tache noirâtre des. deux côtés de la tête ; le dos noir; la région du ffrnum noire, & cette noirceur fe joint à celle du dos ; les aîles noires fans tache, cendrées en deflous ; la queue en forme de coin , noire en deflus, blanche en deflous, dont les principales pennes font pointues , avec quelques plumes latérales blanches , mais la penne du milieu eft plus longue du double que les autres ; les pieds plombés ; le bec convexe, femicylindrique, moufle, noir, incarnat dans fon milieu ; les narines oblongues ; le bord des mâchoires dentelé par de larges écailles ; le gozier dentelé ; la langue divifée à fa pointe en trois parts moufles , dont les laté- rales font plus courtes, avec un bord en façon de cils. La femelle a tout le corps d’une couleur cendrée-nébuleufe, & tout le ventre blanchâtre ; la queue en forme de coin , dont la penne du milieæ “ pie longue que les autres, mais non pas plus longue du ouble, D'E s OMS EL vu x 427 Secondement , des Canards de rivieres, qui fréquentent principalement les eaux douces. 9°. Le CANARD SAUVAGE ORDINAIRE , A4 t0rquata minor Aldrovandi ; Bofchas major, Ray Synopf. Anas fylveftris vera , Klein. Anas caude rectricthus intermedirs recurvis, Linn. Il pefe trente-fix à quarante onces ; il a le bec d’un vert jaune, long de deux doigrs & demi; les pieds faffranés, & les ongles bruns ; la téte & le haut du cou d’une belle couleur verdâtre, puis un col- lier blanc , qui n’acheve pourtant pas le cercle à la partie pofté- rieure ; la gorge depuis le collier jufqu’à la poitrine, châtaine ; le milieu des aîles d’une couleur pourpre-bleue luifante , mêlée avec du noir Voyez dans l'Ornithologie de M. Willughby la defcription du refte de fon plumage. La femelle n’a pas de fi belles couleurs; car elle n’a ni la tête verte , ni de collier au cou: mais l’un & l’autre, comme auff tout le corps , variés de blanc, de brun & de roux, de même que dans la cane domeftique. Il y a dans le mâle quatre pennes du milieu de la queue qui fe réfléchiffent vers le dos. Selon M. Linnæus, le Canard fauvage commun fe nomme en Suédois Graes-and où Blaonacke ; & le Canaïd privé ou domef- tique , qui n’eft qu'une variété du précédent, Arcka. Il habite très fréquemment en Suede dans les lacs & dans les rivieres ; le privé s’y trouve aufli par-tout. Le mâle à la tête azurée; le dos tanné-brun ; le croupion verdâtre-foyeux; huit grandes pennes latérales à la queue , cendrées-blanchâtres, mais les quatre du milieu noires recourbées; la poitrine & l'abdomen cendrés, mêlés de blanc par petites ondes ferrées ; les aîles brunâtres en deflus, blanches en deflous; les dix premieres pennes des aîles cendrées, celles du fecond ordre , depuis onze jufqu’à vingt-quatre, bru- pâtres en deflus, blanches par le bout depuis onze jufqu’à vingt- un; mais depuis douze jufqu’à vingt, violettes dans le milieu , noires extérieurement , blanches aux extrémités; les plumes des aîles qui font en recouvrement, cendrées , blanches dans le mi- lieu , noires par le bout. -Schvenckfeld dit que c’eft un Oifeau de paflage, qui va cher- cher les lieux chauds : mais M. Klein remarque qu'il refte tout l'hiver dans fon Pays, & qu'en l'année 1746 , le dix-huitieme jour de Janvier, il en tua deux mâles d’un coup de fufil, qu’il emporta avec lui à Danczick, Hhh ij 428 His$TôrRE NATUREELE Le Canard fauvage varie moins en couleur & en grandeur que le Canard domeitique. Cependant on ne laïfle pas d'y remar- quer des variétés même confidérables. L'année derniere comme J'étois en Sologne chez M. le Duc de Grammont, en fon Château de la Motte , fur la fin du mois de Décembre, fon Capitainedes Chafles lui apporta un Canard fauvage qu'il venoit de tuer fur un étang. Ce Canard étoit prefque tout blanc, & blanc comme neige ; mais ce qu'il y avoit en lui de plus frappant, c’étoit fa grandeur, qui étoit telle qu’elle égaloit celle d'une Oie de moyes- ne taille. Le Canard fauvage a un goût plus agréable que le Canard do- meftique. Il eft auf meilleur en hiver qu’en toute autre faifon, & la femelle eft préférée au mâle. Le mâle eft fuperbe, au-licu que la femelle a un plumage fort commun. Ils marchent mal & lentement en dodinant, c’eft-à-dire, en balançant leur corps à droite & à gauche ; mais en récompenfe ils volent bien. Ils ai- o 319 ment à barbotter dans les étangs, fur les ruifleaux & les rivieres. Ils vont par bandes l'hiver, & AE LC UE Re beaucoup d’or- dre. Ils plongent avec une grande facilité. La femelle a la voix plus groffe que le mâle. Ils font leur nid dès le mois de Mars ; & fi-rot que les petits font éclos, ils vont à l’eau, pouvant vivre & s'élever fans le fecours de perfonne. La Cane fauvage eft fort ru- fée ; elle ne fait pas toujours fon nid le long des eaux , ni même par terre. On en trouve très fouvent au milieu des bruyeres, à la diftance d’un quart de lieu de l’eau. De-plus, on en a vu pondre dans des nids de Pies & de Corneilles, fur des arbres très-élevés. Refte à favoir comment la mere s'y prend pour tranfporter fes petits fur l’eau. Les uns difent déullé les prend lun après l’autre dans fon bec; d’autres fur fon dos ; d’autres enfin entre fes cuifles fous fon ventre. Ce qu’il y a de certain , ceft qu'un Chaleur n'a afluré avoir tué une Cane d’un coup de fufil au moment qu'elle tranfportoit ainfi un de fes petits caché fous fon ventre. Si cela cft, comme je fuis difpofé à le croire, ne doit-on pas admirer l'inftinét de ces animaux ? Le célébre Descartes, pour fe délivrer de tout embarras , s'eft avifé de changer en automates, c’eft-à- dire, en pendules bien réglées, comme ditun Auteur moderne, tous les animaux de l'Univers ; if en a fait de pures machines: mais la raifon & l’expérience montrent évidemment la faufleté de cette hypothèfe ; & pour peu‘qu’on fe montre attentifaux ac- tions des Bêtes, on découvre qu’elles ont dans leur conduite fou- vent plus de fagefle que bien des hommes. D'ailleurs n’eft-ce pas. QUELS, JON EL vx 419 vouloir s’aveugler foi-mème que de ne pas reconnoître qu’elles font fenfibles à la pitié , à la reconnoiflance & 1 la tendreffe ? Je crois donc que ceux qui ont fourenu que les animaux n’étoient que de fimples machines , fe mocquoient dix fois par jour de leur opinion : du-moins devoient-ils en plaifanter eux-mênmies , lorfqu’ils voyoient un animal qui par quelque aétion détruifoit leur fyftème de fond en comble. Il eft démontré que les Bètes ne peuvent être de pures machines, parce qu’il n’eft pas croyable que Dieu leur ait fabriqué tant d'organes de fentiment tels que les nôtres , pour qu'il n’y eût point de fentiment cnelles. Les feuls Oifeaux en font une bonne preuve. Le Canard fauvage fe nomme en Allemand Spzegel-Endte ; ou Mertz-Endie , comme qui diroit Canard de Mars, parce qu'il s'accouple dès le mois de Mars ; en Anglois 4he common Wild Duck. La femelle s'appelle en François Cane fauvage , & le mâle Malard ou Malart ; le petit dit en Latin & en Italien Anaricu- la , Hallebran jufqu'en Oétobre, où il devient Canardeau,& un mois après Canard ou Oifeau de riviere. Quant aux étymologies, Belon , François Pithou & Jules Scaliger difent que le mot de Cane ou Canard à été fait par onomatopée de la voix de cer Oi- feau. M. le Duchat penfe différemment. Cane ou Quane ne pour- roit-il pas venir, dit-il, d'Aguirana , en fous-entendant Avzs ? On prétend que la Guyenne ou l’Aquitaine à été ainfi nommée de fes eaux, Aqua , Aquitana , Aquana , Quana , Quane , Cane ; mais cette derniere étymologie nous paroït tirée de trop loin pour être la véritable. Selon M. Huet , Malard fe dit en bas-Bre- ton Maillard. I] paroït delà que l’on difoit autrefois Marllard , & que le nom de Maïrllard , qui eft un nom propre d'homme, à. été donné à un Canard domeftique ( car on le donne également au Canard fauvage & au Canard privé ), comme celui de Mar- got a été donné à une Pie, & celui de Henry à un Ane. Si cela cit ainfi, les Anglois l’auront pris de nous; car ils appellent le Canard fauvage he Mallard ou Mallarr. Le mot de Aallebran, Halebran , Halbran , Alebran ou Albran , eft compofé de deux mots Allemands; car, felon M. le Duchat, Æalbran vient de Halber-ente | & par contraétion Halbrente , c'eft-à-dire , demi- Canard , Halber en Allemand fignifiant demi, & Ente Canard, mot qui reflemble beaucoup au Latin Axas. Or le Latin vient du Grec Nicoz ou Nürra ( Néfla ou Nètta) dérivé de A0 roù Ney (Apo tou Ncin )à Narando ,felon Varron. M.de Cafeneuve dit qu'Allebrent ou Albrent eft formé de Beé$oc , qui en Grec fignifie un Canard. 4; HisToirreE NATURELLE 2°. Le CANARD A LARGE BEC ET A AÎLES BIGARRÉES 3 Anas platyrkynchos roftro nigro & plano Aldrovandi , Ray Sy- nopf. Anas macula alarum rufä nigrd alb& , Linn. Il égale ou furpafle en grandeur le Canard aux yeux d’or , & approche de bien près du Canard commun. Il a le corps longuet ; le bec tel que celui du Canard ordinaire, ou plutôt de la Sarcelle, dont les côtés font un peu faffranés, & le milieu noir ; tout le crou- pion noir ; le dos brun , les franges des plumes étant d’un blanc- roux ; le menton & les machoires blancs , piquetés de petites taches brunes ; la tête d’un bleu-noirâtre ; le bas du cou, le haut de la poitrine & les épaules, d’un très beau plumage, varié de blanc & de noir ; les côtés pareillement bigarrés très joliment par de petites lignes noires; la poitrine blanchâtre; le ventre fali par des taches noires tranfverfales ; la queue courte, blanche, compofée de feize pennes , dont les deux du milieu font brunes en deflus ; les grandes pennes des aïîles brunes ; 1l y a cependant une tache blanche au milieu de laîle , terminée fupérieurement par une couleur d’un noir-pourpré luifante ; enfin dans le troi- fieme rang des plumes en recouvrement , des taches roufles ou rouges-femées. Ainfi cet Oifeau fe diftingue de vous les autres Oïfcaux de ce genre, par cette marque qui eft comme caraété- riftique , en ce qu'il a trois taches de diverfes couleurs lune fur l’autre à chaque aïîle, blanche, noire, roufle. Selon M. Linnæus, il habite en Suede dans les eaux douces. Il a le dos brun ; la tête d’un bleu-noirâtre ; la poitrine blanche ; Je ventre fali de taches tranfverfales noires ; les cotés bigarrés de petites lignes blanches & noires ; les grandes pennes de la queue blanches pour la plus grande partie; les dix premieres pennes des aîles brunes ; les fuivantes depuis onze jufqu’à treize, blanches par le bout ; les autres depuis quatorze jufqu’à dix-fept, noires vers la tige extérieure , avec les extrémités blanches ; depuis dix-huit jufqu’à vingt, noirâtres à la partie extérieure depuis la tige; enfin depuis vingt-un jufqu’à vingt-cinq, d’une couleur roufle-brune. Ray le nomme en Anglois the Gadwall ou Gray. En Norman- die on le connoît fous le nom de Chipeau. M. Klein n’en dit rien de particulier. 3°. Le CANARD A MOUCHES , Anas muftaria , Mugpgent Gefnero Aldrovandi , Ray Synopf. On le nomme ainfi, parce qu'il atrrappe les Mouches qui volent fur l'eau. Il eft prefque de la grandeur & de la figure du Canard domeftique. Il a le bec DE :S4 VOIS EAU x 431 large, camus, faffrané ; prefque tout le corps varié de noirâtre de bleuâtre, de blanc & de jaunître ; & ces couleurs font tantot entremêlées, & tantot diftinctes ; les pieds jaunes , & les doigts liés enfemble par des membranes noiratres ; le cou piqueté de ces mêmes couleurs , tant en deflus qu’en deflous ; le fom- met de la tète plus noirâtre, & cette couleur fe trouve aufli aux aîles. M. Linnæus n’en fait aucune mention ; & M. Klein, qui l'ap- pelle en Allemand Mor-Endte ou Mugg-Ent, fe contente de dire que c’eft un petit Canard bigarré , qui en voltigeant au deflus de l’eau prend les Mouches comme fait l'Hirondelle; qui a les pieds jaunes ; la membrane d’entre les doigts noire ; le bec jaune & dentelé en forme de fcie. 4°. La PENELOPE ORDINAIRE, où MILLOUIN , Penelope Al. drovandi ; an Anas fiftularis ? Ray Synopf. Anas capite brunneo, fronte alb& , cauda fubius nigrä , Linn. Elle eft plus petite qu'un Canard commun. Elle a la tète & le deffus du cou rouges, hu de taches noirâtres ; le fommet de la rète vers le bec, d’une cou- leur plus claire, c’eft-à-dire, d’un roux ou d’un jaune-blanchä- tre, ce qui eft la marque caractériftique de cette efpece; la par- tic fupérieure de la poitrine, comme aufli les côtés jufqu’aux ailes , ornés d’une très belle couleur vineufe, avec de fréquentes lignes tranfverfales noires ; les épaules & les côtés fous les aîles , très joliment piquetés de lignes tranfverfales noires & blanches; le milieu du dos brun; les plumes de la queue qui font en recou- vrement , noires; quatre pennes de la queue brunes ; une très belle tache bleue aux aîles ; le bec plombé, avec un onglet noir; les pieds d’un brun-blanchâtre qui tire fur le bleuatre. C’eft un Oifeau très commun le long de la mer & dans les lieux maréca- geux. { Selon M. Linnæus , le mâle a la tête & le cou bruns; lefront blanc ; une grande tache blanche à la bafe de l’aîle, puis une tache noire, enfuite une azurée , enfin une noire; le bec & les pieds noirs ; le dos ondé de cendré & de noir; le cou gris en deflous ; la queue un peu pointue, courte , noire en deffous; de petites dents écailleufes tranfverfales ; Ja langue en forme de cils: des deux côtés. La femelle eft d’une couleur ceñdrée-nébuleufe, à l’exceprion de la poitrine & du ventre qui font blancs; elle à le bec & les pieds cendrés ; point de taches aux aïles. M. Klein dit feulement qu’on a nommé cet Oifeau Canard Flûteur , à caufe du fon aigu de fa voix, qui imite la flûte ou le flagcolet. 452 HisToirre NATURELLE On l'appelle en Allemand Pferff-Endte ; en Anglois the Wi- geon , ou Whewer, ou Whim ; & en Suédois Wriand. s°. Le CanarD VINGEON BRUN, Pha/fcas fort Gefnero D. Johnfon , Eboracenfibus the Wigeon, Ray Synopf. Il égale en grandeur le précédent. Il a le corps écrafé ou applati ; la tête & tout le cou d’un brun-pale, femés de taches fréquentes triangu- laires plus foncées ou noiratres; tout le corps, les aîles & la queue d’un brun-foncé , avec les bords des plumes plus clairs, & quel- quefois blancharres; les aïles traverfées par deux lignes blanches, qui laiflent entrelies un efpace grisâtre ; la poitrine & les côtés plus clairs que le dos, vafiés de taches plus obfcures; le ventre blanc comme neige, finon qu’il paroît fous la queue quelques taches obfcures ; le bec & les pieds bleuûtres. MM. Linnæus & Klein n’en difent abfolument rien. 6°. Le CANARD A QUEUE FOURCHUE , Anas caudacutz Al- drovandi , the Sea-Pheafant or Cracker , Ray Synopf. Il a le corps grêle ; le cou longuet; la taille du précédent; le bec varié de bleu & de noir ; la tête de couleur tannée, teinte d’un pourpre léget derriere les oreilles, avec une ligne blanche qui prend des deux cotés du derriere de la tête , & qui tend vers la gorge; tout le defTous du corps , le cou , la poitrine , & le ventre jufqu'à l'anus blancs , puis noir fous la queue ; le deflus du corps orné de très belles couleurs différentes : mais les pennes du milieu de la queue lus longues que les autres de deux doigts & demi, fufifent pour fe defcription de cet Oifeau , & pour le diitinguer de tous les au- tres Oifeaux du même genre. 7. PJ. 31. F19. 1. Nous l’avons obfervé aux lieux maritimes de Suffolk près d’Aldborough & d'Orford. Il fe trouve encore ailleurs en Angle- terre. Je m'étois d’abord imaginé que c’étoit l’efpece que M. Lin- nœus appelle Anas caudé cuneiformi forcipatä , en Suédois Win- ter-and , c'eft-à-dire , Canard d'hiver , & qu'il dit habiter dans les Provinces feptentrionales de la Suede : mais fa defcription n’y eft pas conforme. M. Klein dit qu'il fe nomme à Rome Coda lancea, & en AI- Jemand Spies-Endre ou Spitz-Schwantz. Il ajoute qu’il a fouvent vu cet Oifeau , qu’il a la cête roufle, mais rougeâtre derriere les orcilles, & que la femelle n’a point la queue pointue comme le male. Ce Canard à queue d’'Hirondelle fe trouve parmi les Eftampes de feu M. Roberr, fous le vitre de Canard très rare. D DE s ! Or SfEa vu x. 433 de Madieres le poffede dans fa belle Collection, l'ayant acheté de nos Chafle - Marées , qui l’avoient apporté de Dieppe avec quantité de Molletons. 7°. La SARCELLE , Querquedula fecunda Aldrovandi , Ray Synopf. Anas Querquedula Francia , Klein. Anas maculé elarum viridi , line& alb& fupra infraque oculos, Linn. C'eft l'Oifeau le plus petit dans le genre des Canards, à l'exception du fuivant ; elle pefe douze onces. Elle a le bec large , noir , un peu réflé- chi en haut; le fommet de la tère & la partie fupérieure du cou roux ou bais-bruns ; une raie des deux côtés des yeux vers Le der- riere de la tête, d’un vert-foncé , luifante comme de la foie ; une tache noire fituée entre ces deux raies au deffous du derriere de la tête; une ligne blanche fous les yeux, qui fépare la couleur roule de la verte ; le bas du cou, le haut du dos & les côtés fous les aîles d’un plumage très joliment piqueté par de petites li- gnes tranfverfales noires & blanches , ondées alternativement; la région du jabot jaunâtre dans quelques-unes , très agréable- ment piquetée de taches noires comme des écailles ; la poitrine & le ventre grisâtres;, une tache noire fous le croupion; les aïles brunes , ornées d’une tache verte dans le milieu ; la queue compofée de feize pennes, eft toute brune ; les pieds font d’un brun-pâle, & les doigts liés enfemble par une membrane noirâ- tre. Sa chair eft la plus vantée dans le genre des Canards. #7. PL. s NO RES Selon M. Linnæus, elle habite en Suede dans les lacs & les rivieres , & elle eft d’un goût exquis. Elle a le corps le plus petit d’entre les Canards ; la rête tannée ; une ligne qui s'étend de- puis le bec jufqu’aux yeux, où elle devient fourchue, une bran- che montant au deflus de l'œuil, & l’autre defcendant au def- fous ; entre cette bifurcation une tache bleue-luifante qui def- cend des yeux vers le cou, & qui vient s'unir par derriere, en devenant bleuâtre ; tout le corps ondé en deflus de lignes noires & blanches; les dix premieres pennes des aïîles brunes ; les fui- vantes , depuis onze jufqu’à dix-huit, blanches par le bout, & noires au côté antérieur ; les autres depuis feize jufqu’à dix-neuf, d'un vert-luifant au côté antérieur ; la vingtieme noire au côté antérieur ; une tache noire fous le croupion , blanche fur les côtés dans le mâle; unetache aux aîles d’un vert-foyeux noir en def- fus & en deflous, blanche devant & derriere; le bec camus, noir; les pieds noirs, avec des ongles aigus ; les plumes des aïîles qui font en recouvrement, brunes ; les inférieures blanches; la poi- Iii 434 HisToirrEe NATURELLE trine blanchître , avec des taches rondes, noires; le bas du ven- tre blanchître ; les grandes pennes de la queue brunes, avec un bord blanc. M. Klein fe contente de dire que cet Oifeau aune ligne étroite jaune qui va depuis la mâchoire fupérieure au deflus des yeux, par la nuque du cou, jufqu’à la poitrine ; les yeux enfermés dans un cercle noir ; la tète & le cou tannés. La Sarcelle à quinze doigts de longueur , environ vingt-cinq pennes à chaque aïle, & feize à la queue. La Sarcelle eft plus re- cherchée que le Canard pour fa délicarefle ; elle plonge rare- ment entre deux eaux ; elle fe plaît à barborer comme le Ca- nard. Le mâle eft d’une beauté exquife ; la femelle a le cou plus menu & plus allongé; mais elle eft moins belle en tout que le male. Ces Oifeaux volent par bandes , mais fans crier & fans garder un ordre régulier comme font les Canards fauvages. Paffé la mi-Avril, il eft rare d’en voir en Sologne. Il n’y a pas d'appa- rence qu'ils y faffenc leur nid, puifque perfonne ne peut fe van- ter d'y en avoir jamais trouvé, ni même des jeunes. Apparem- ment qu'ils vont faire ieur nid dans les marais du Poitou, ainfi que tant d’autres Oifeaux aquatiques. La Sarcelle s'envole de deflus l'eau avec beaucoup de Iégéreté. La Sarcelle fe nomme en Grec B4oze ( Bofcas ); en Latin Bo/f- cas , Phoftas où Querquedula , felon Belon ; en Italien Sarcella ou Saracella ; en Anglois che common Teal , ou the French Teal; en Suédois Aerta ; en Francois Sarcelle, Cercelle ou Cercerelle , Alebrande, Garfote, Hallebran où Halebran, {elon Belon ; en Champagne & en Orléanois Arcanerre ; jadis Anette pour Ca- netre. Selon Pierre Borel, Anere veut dire Canard, & encore au- jourd’hui en certains lieux du Languedoc on dit une Anède ; ce qui vient du mot Latin Anas. Quant au nom de Hallebran , il ne convient qu'aux jeunes Canards fauvages. Les Poulailleres Orléanoifes appellent aufi quelquefois, mal-à-propos , notre Sarcelle perit Môlleron. Or Sarcelle , Cercelle ou Cercerelle, jadis Quercerelle , viennent de l'italien Sarcella , ou du Latin Quer- guedula. Garfote & Arcanerte fembleroient venir de Garganello, autre mot ftalien qui fignifie la même chofe , à moins que le mot d'Arcarerte ne vienne d’Arcanne , qui s’eft dit autrefois pour Ochre, cet Oifeau ayant la tête & le cou de cette couleur. . 8°. La PETITE SARCELLE , Axas circia Gefnéri , Ray Synopf. Anas teflaceo-nebulofa , fupercilits albidis , roftro pedibufque ci- nerers , Linn. Elle eftle plus petit d’entre tous les Canards. Elle Dos s +O IISNEEA «0: x. 43$ a le bec noirâtre, & tout le deflus du corps d’un brun-cendré ; les extrémités des plumes du dos blanchatres ; une ligne d'un ‘pouce aux aîles, qui eft en partie noire, en partie de couleur d’émeraude , blanche des deux côtés ; les pennes de la queue pointues ; tout le deflous du corps d’un blanc qui femble tirer fur le jaunâtre-clair : 1l y a pourtant à la poitrine & au bas du ventre des taches un peu grandes, noirâtres, qui y font mêlées fréquemment; les jambes d’une couleur bleuärre-claire , & les membranes qui font entre les doigts, noires. Selon M. Linnæus , qui n’en dit que deux mots, cette Sarcelle eft d’un plumage nébuleux-fale vers le ffernum ; elle a les aîles bariolécs, avec une tache bleue en cette partie, noire defflus & deflous , blanche devant & derriere. M. Klein n’en dit rien. Ray l'appelle en Anglois he Summer Teal , c'eft-à-dire, la Sarcelle d’été. 9°. La SARCELLE A TÊTE NOIRATRE , Querquedula prima Aldrovandi ; Querquedula varia Gefneri, Garganey Mediola- nenfibus, Kernel Areentoratenfis Gefnero, Ray Synopf. Anas ma- cula alarum viridi , lineë alb& fupra oculos, Linn. Elle eft très femblable à la Sarcelle ordinaire pour la figure du corps. La mar- que la plus caractériftique par laquelle elle en differe, et une raie blanche qui commence des deux côtés de la tête à Pangle intérieur de l'œuil , & qui paffant par deflus les yeux & les orcil- les, s'étend prefque jufqu'au milieu du cou. Quant au fommet de la tête, il eft prefque tout noirâtre; au-lieu que dans la Sar- celle ordinaire il eft d’un roux-foncé. Selon M. Linnæus , elle habite en Suede dans les lacs. Elle cft prefque de la grandeur de la Sarcelle commune. Elle a le bec noir ; les pieds livides ; le fommet de la tête noirâtre; une ligne blanche qui prend fon origine au coin interne de l'œuil, pañle par defflus les yeux & les oreilles , & va jufqu’au milieu du cou ; la gorge noire; la poitrine ondée de noir & de cendre; le dos d’un pourpre-brun ; les cuifles ondées de noir & de blanc ; les dix premieres pennes des aîles brunes au côté antérieur, & d'un gris de Souris au côté intérieur ; les fuivantes, depuis onze juf- qu’à vingt-un, blanches par les bouts , du-refte d’un vert-luifant antérieurement ; quatorze pennes à la queue, brunes, avec des taches d’un bianc-roux au bord extérieur. La femelle eft moins bien colorée, félon Willughby , & elle n’a point la gorge noire. Nous ne connoiflons point ici ces différentes efpeces de Sar- liiij 436 Hisrorre NATURELLE celles , qui ne font que des variétés de la Sarcelle commune, fi l’on en croit M. Klein. 10°, Le PETIT CANARD SAUVAGE , Anas fera decima-fexta feu minor quarta Schwenckfeldir , Ray Synopf. Anas parva mufte- laris feu V’ulpanas vulgo. Il a une grande reflemblance avec la Sarcelle ordinaire. Il reflemble par la rougeur de fa tête à une Belette ou à un Renard. Troifiémement , des Canards étrangers du Brefil. 1°. Le CANARD SAUVAGE Du BRESIL, Anas fylveftris Bra- filienfis magnitudine Anferis Marcgravit , Ray Synopf. Il a le bec noir , & les pieds bruns ; tout le corps noir, excepté le com- mencement des aîles , qui eft blanc. Il y a pourtant aufli du vert qui brille à travers le noir ; une crête noire fur la tête, & au deflus de la naiflance du bec une mafle ridée noire ; une peau rouge autour des yeux. 2°. L'Aprca Aroa, Anas fylveftris Brafilienfis , Apeca Apoa diéla Marcgravio , Ray Synopf. Il eft de la grandeur d’une Oie de huit mois, & de la figure de notre Canard commun : mais il en differe, 1°. en ce qu'il eft plus grand ; 2°. par fon bec noir, & crochu à l'extrémité; 3°. en ce qu’il porte fur le bec une crête charnue , large & prefque ronde , noire , marquée de taches blanches ; 4°. par la couleur de fes pieds & de fes jambes , qui n'eft pas rouge, mais d'un cendré-brun. Il a en outre à la fom- mité du bec un trou tranfverfal de la grandeur d’un pois , appa- rent des deux côtés, qui fait l'office des narines. Il fe trouve par- tout le long des riviercs. à 3°. L'Ireca Guacu, Zpeca Guacu Brafilienfium Prfonr, Ray Synopf. C’eft un Oifeau domeftique, célèbre pour la bonté de fa chair. Il tient le milieu pour le volume & la figure du corps, entre l'Oie & le Canard. Il a le bec jaunâtre depuis le bout jufqu’au milieu, puis une tache rouge qui colore excellemment la moitié de la tête ; tout le corps de couleur blanche depuis le fommet de la tête jufqu’à la queue, qui le rend brillant comme un Cygne; les pieds d'un Canard, d’une couleur jaune-rougeitre. Il s'en- raifle également fur la terre & fur les étangs. 4%. Le MarEcA, Anas fylveftris Brafilienfis Mareca dicla prima Marcoravit | Ray Synopf. Cet Oifeau vient de Bahama. Îl a le bec du Canard , brun , avec une tache rouge à fa naïffance des deux côtés ; la rête en deflus de couleur grife , blanche aux DIENS: OTIS ERA Ù x: 437 côtés fous les yeux; toute la poitrine & le bas du ventre imitant obfcurément la couleur du bois de chène coupé , lequel eft ba. riolé de petits points noirs; les jambes & les pieds noirs ; la queue grife ; les ailes à leur naiflance d’une couleur grife-brunâtre ; les grandes pennes des aîles de la même couleur d'un côté, d’une couleur brunâtre-claire de l’autre côté, telle qu’elle à coutume d’être aux pieds, & au milieu de couleur verte tranfparente , avec une frange noire. 5°. AuTRE MarECA , Anas fylveftris Brafilienfis Mareca dicta , fecunda Marcgravii , Ray Synopf. On l'appelle auffi Ca- NARD DU BRreEs1r. Îl eft de la mème grandeur & de la même figure que le précédent. Il à le bec noir-luifant ; tout le deflus du corps de couleur d'ombre | mêlée avec du brun; le deffous de la gorge blanchâtre ; une petite tache ronde d’un blanc-jau- . nâtre devant les deux yeux ; la poitrine & le ventre obfcuré- ment gris , avec de l'or entremèêlé; la queue noire ; les pennes des aîles brunes , avec un vert-tranfparent ; le milieu des aîles d'un beau vert, mèlé de bleu & de brun, ondé de noir; mais l'extrémité des grandes pennes des aîles eft route blanche; les jambes & les pieds d’un rouge de vérmillon. L'Oifeau rôti teinc les mains & le linge d’un vermillon fanguin, quand on le manie. Quatriemement , des Canards domeftiques. 1°. Le CANARD DOMESTIQUE COMMUN , Anas domeftica vul- garis , Ray Synopf. Il eft trop connu pour avoir befoin de def cription : plus petit qu'une Oie, à peu-près égal à une Poule, il a le corps plus affaïflé ou plus écrafé ; le dos large ; ainfi que le bec ; les jambes courtes, difpofées en arriere. On remarque dans divers individus une merveilleufe variété de couleurs, comme dans les autres Oifeaux domeftiques. Le male a des plumes re- ireflées fur le croupion, & réfléchies vers la tête. Selon M. Linnæus, le Canard privé fe trouve par-tout en Suede. M. Klein fe contente de dire que ces Oiïfeaux different entr'eux pour les couleurs, & que les mâles ont deux ou trois lumes frifées fur la queue près du croupion. La femelle differe peu du mâle pour la grandeur. Le Canard a la voix rauque & baffle, au-lieu que la Cane l’a claire & haute. Ces Oifeaux aiment à barboter fur les mares , &à manger de la lentille d’eau qui y croît. Ils font gourmands, & prefque infa- tables. Quand il pleut, ils fe réjouiflent, & plongent dans l'eau 433 HisTotrre NATURELLE en fe jouant. On en fait peu de cas pour les tables. Le Canard eft fort beau ; mais la Cane n’a rien de brillant dans fon plumage : le gris y domine. La plume des Canards n’eft pas fi fine que celle des Oies ; mais en récompenfe leur chair & leurs œufs font plus eftimés, Les Ca- nards vivent plus dans l’eau que fur la terre. Un mâle fuffit à fix Canes , & même à huit ; leur ponte commence au mois de Mars, & leurs œufs font un mois à éclore. Une Cane ne fauroit em- brafler que fix à fept œufs pour l'ordinaire, au-lieu qu'une Poule en peut couver jufqu'à douze. Jonfton dit que les Chinois en nourriflent des troupeaux fi nombreux, que fouvent ils vont au- delà de vingt mille, pour arracher les herbes qui nuifent au rys. On appelle en Normandie le Canard Malard , la Cane Bourre, & le petit Bourrer, dit ailleurs Canichon | Caneton où Canet ; Burior , felon Cotgrave. A Saumur les gens de la campagne nomment les Canetons des Bouricancans. Pierre Borel dit que Bourrée elt un mot qui nous eft venu des Goths, comme auf Bourretre & Bourrard , quifignifient des Canards encore en Nor- mandie. À Paris & ailleurs on fait affez peu de cas de la chair du Canard privé ou domeftique , en comparaifon de celle du Ca- nard fauvage, & l'on y appelle le premier Canard Barboteur, Barboteux ou Barbortier. Ray le nomme en Anglois he common T'ame Duck, & M. Klein en Allemand, Mausz-Zahme End, ou End-Trach. 2°, Le CANARD DOMESTIQUE A BEC CROCHU, Anas domef- zica roftro adunco , the Hook Billd Duck , Ray Synopf. Il reflem- ble très fort au Canard domeftique commun, par fon port exté- rieur : il en differe principalement par fon bec, qui eft large au bout, un peu plus long que celui du Canard ordinaire , & mo- diquement recourbé en en bas. Il femble aufli avoir la tête plus petite & plus grêle. MM. Linnæus & Klein n’en font aucune mention. 3°. La CANE D'INDE , Anas Mafthata, an Cairina Aldro- vandi ? Ray Synopf. Anas Indica , Klein. Anas facie nud& pa- pillofä, Linn. C'eft le plus grand de tous les Canards que nous ayons vus jufqu’ici. La couleur du plumage tant du male que de la femelle , eft ordinairement d’un noir-rougeître. Ce Canard a autour des narines & des yeux des caroncules rouges. Il poufle une voix rauque, & qui fe fait à peine entendre, excepté quand 1l fe met en colere. Onle nomme en Anglois re Mufcovy Duck, non parce qu'il nous a été apporté de Mofcovie , mais parce qu'il exhale une affez forte odeur de mufc. DE 0 .O Sa. vx; 439 C'eft une queftion de favoir fi las Carrina d'Aldrovandus, VAnas Libyca de Belon, & l’Anas Indica de Gefner , font une feule & même efpece d'Oifeau. Ce qu'il y a de certain, c’eft qu’ils me femblent être les mêmes. Selon M. Linnæus, cette efpece de Canard habite en Suede, où elle eft élevée dans les bafles-cours des Grands Seigneurs. Elle eft plus grande du double que le Canard domeftique ordi- naire , bigarrée de blanc & de noir , fentant fort le mufc. Le mâle eft marqué au milieu du cou en deffus , de mammelons rouges nus. M. Klein fe contente de dire qu’elle a reçu depuis long-temps en Allemagne le droit de Bourgeoifie, y étant comme naturali- fée ; qu’elle eft plus grande que le Canard domeftique commun; qu’elle à la tête & la gorge de couleur fanguine , revêtues d’une peau charnue , & qu’elle a le plumage varié dans le goût de la Poule Pintade. Belon obferve que le membre génital de ce Canard eft gros comme le doigt, long de quatre doigts , & rouge comme du fang. Scaliger dit qu'il n’a point de voix ; que les œufs de la fe- melle font d’une CE couleur , c’eft-à-dire, bruns , prefque ronds, & que fi on les regarde au foleil, on apperçoit au haut la même marque noire qui fe voit au bec de l’Oifeau. Un An- cien avance que fi l'on deftine deux Canes ordinaires à un male de cette efpece , elles feront un grand nombre d'œufs, mais que les petits qui en proviendront feront ftériles. On l'appelle Cane de Guinée ou de Libye , felon Belon , au- trement Cane d’Inde , Cane de Turquie , ou Cane mufquée. X nous femble , comme à Ray , que c’eft la Cane du Caire d'Aldro- vandus. Nota. J'ai tâché de rendre fidélement l'excellent Abrègé Mé- thodique des Oifeaux , publié par le favant Ray, conformément à l'Ornichologie de Willughby. Il y eft parlé de plus de cinq cent foixante efpeces d'Oifeaux , fans compter plus de deux cent foixante-dix Oifeaux étrangers qui fe trouvent dans PAppendix imprimé à la fuite de cet Abrégé, & qui font tirés des Voyages de Jean Nieuhoff, Flamand, du Pere du Tertre, du Pere Jean- Eufebe Nicrembersius , de François Hernandez, de Marcgrave, des Manufcrits du Docteur Hans-Sloane, & de Jacques Periver; ce qui comprend les Oifeaux des Ifles Antilles de l'Amérique , ceux du Brefil & du Méxique, de l'Ifle de la Jamaïque , & de 440 HisrToirre NATURELLE MadrafT, qu’on appelle autremenr le For: Saint George. Ainf l'on voit que le nombre des Oïfeaux dont parle Ray , fe monte à plus de huit cent trente Oifeaux de toutes fortes de figures, de grandeurs & de couleurs. Si quid novifti reétius iftis, « Candidus imperti ; fi non, his ute* mecum, ÿ Cet Ouvrage fut communiqué avant l'imprefion à uñ Savant, grand amateur d'Hiftoire Naturelle, & qui poffede un très riche Cabinet des Oifeaux les plus curieux. Ce Savant officieux a pris Ta peine de relire d'un bout à l’autre le Manufcrit, & y a ajouté la defcription de plus de deux cents Oïfeaux très rares, qui avoient échappé aux recherches de Rai, comume à celles de fon Traduc- cour, E TN. TABLE brie td dns ER de Per ee 1. 37 eine et Cravé par Martinet + ' Pr 0 .. + \ .… » .. f » 7 Canard à n ueue porrdue.2 Canard à & ueuefourchué à. J'arcelle Ce Æ À BE FAP RP, FL ASE mx, pag. 322 Acatechichi&tli, 277 Acée ou Affée, 324 Acith, 37 Acolin, 355 Aeda, 415 Aeder Fugl , autrement Aedder, 416 Aemmerling, 293 Aerla , 318 Aerta, 434 Agace ou Agache, 04 Agaile ou Aface : ibid. D où viennent ces noms, ibid. Agalle craouillaffe , 28 Agalle cruelle , ibid. Agealle ou Ajace boiffeliere, ibid. Aghirone ou Airone, 310 Aglafter ou Alefter , 92 Agrolle , 86 Agroti, 311 Aguapecaca, 354 Aaïa, 318 Aigles » En quoi different des autres Or de Proie, 1bid, Si l’Aigle fait éclore à la fois plus U deux Aiglons, Fables qu’on débite fur l’Aigle, ibid. i. Aigle fauve ou dorée, ibid, Defcriprion d'un nid d’Aigle ue À ibid, & Aigle Malabar, 8 Aigle de mer, s Fait fon nid fur les plus hauts chênes, ibid. Trait d'Hiftoire à ce fujet, ibid. Aigle noir ordinaire, 6 Combien 1l eft de temps à couver, 1bid. Aïgle péchereffe ou pècheufe, ibid. EU TAMONU .E. Aigle Royal , pag. 5 D'o où vient ce mot, Voyez Orfraie , Bondrée , Faucon #4 marais , où Buzard, Aigrette, 31X Aigron , 310 Ajurucatinga ; 63 Ajurucurau , ibid. Ajurucuruca , ibid. Ajurupara , ibid. Albatros, 384 Albran, 429 Alcyon vocal, 11$ Alebrande, 434 Aler ou Ahlfogel, 416 Ali o" Alu, 294 Alouette commune , 187 D'où vient ce nom, 190 Alouette de bois ou Buifloniete , 192 Alouette Calandre, LOI Âlouette des champs ou des plaines, 190 Petite Late des champs, 194 La plus perire Alouette, ibid. Altec crêtée , duppée , cornue , de chemin, ou e Brie, ibid, Alouette huppée 3 193 Petise Alouette huppce , 194 Alouette des Indes, ibid. Alouette de mer, 339 Alouette de mer des Anglois, 348 Alouette de pré, 191 Alque, 364 7e adavadée , 289 Amalouaffe , 28 Anaca, 71 Ancka, 427 Andorinha , 208 Anede, 434 Anhima , 303 Kkk Bec en cizeaux, 441 Anhinga, pag. 375 Ani, 73 Aokerhoene, 345 Apeca-Apoa, 436 Aracari , 110 Araracanga , 62 Ararauna , ibid. Aïbalêtrier , 207 Arbenne, 139 AÂrcanette , 334 Ardennette, 270 Arderelle ox Ardetolle bleue, 215 Arneat, 29 Arouchelet , 116 Arras , 62 ÂArrepit, 245 Artille, 223 Aftore or Afturo , 26 “Afturnellati , 156 Atototl d'Amérique ; 116 Aubier ou Aubrier, 22 Auk, 365 Avocerte , 359 Auque, 408 Autour, 26 D où vient ce mot ; 2bid Autruche, 76 Pond des œufs très gros, & en grand nombre , 77 Remarques de plufñeurs Savants fur l'Autruche, ibid. D'où vient le mot d’Autruche, 78 Autruche d'Amérique , 79 S'il y a des Autruches fouterreines, but, B LES : 104 Bald Buzfard , 21 Bald Coot, 356 Balid , 162 Baltimore , 221 Defcriprion de fon nid, 224 Barbagianni, 47 Babu, 46 Barges, FL0P 27 Bartavelle ou Bertavelle , 148 Bafaner, 371 OZ T À B'ÊMNE Bec-croifé , 307 Remarque fur cet Oifeau ; 260 Bec en lancette, 397 Bécaffes, 323 Bécafle de mer, 321 Bécaflin, 336 Autre Pécafin, 337 Bécañlines, 32$ Bécaflon aux pieds rouges , 33E Beccaccia , 324 Beccade , ibid. Beccafñgo , 236 Beccarella , 360 Beccaroveglia , 318 Beccaffaigne , 32$ Beccaflin, 338 Beccaflino , 32$ Becco Storto ; 360 Béceater , 12$ Becfigue , 186,236 Bécor, ses Becquebo , 104 Becque-bois cendré, 118 Becqueriolle ox Bequerolle , 326 Béhors, 314 Belle de nuit, 116 Benari, 292, 298 Bengali gris , 290 Bérée, 233 Bergender, 414 Bergeronette , 219 Bergeronette d’étang , 116 Berg Schnepffe, 324 Bérichon oz Beruchon, 24$ Berjonette , 221 Berluccio, 298 ernache , ATO Bernacle, 409 Perr: Bernacle, 410 Bête, sz Bézenge, ZIT Bézopiter Kneiffer, AO Bievre, 403 Bihor ou Bihour, 314 Bihoreau, 310 Bifette, 418 Biffe-Morelle , 136 Bitard , 154 Bittern ou Bittour , 314 AL P K# ATBIÉMF Q U E. Bivai , ag. 104 Black Cap , Fe 239 Blanc-Culet, 340 Blaonacke , 427 Blaos-Klaocka, 356 Blaue Raacte, 96 Blomees, 214 Blongios, 315 Boarina , 226 Bœuf de marais, 314 Groff: Bondrée blanche , 7 Bondrée-Buze, 20 Bortlenofe , 367 Boucriolle, 326 Bourgeonier , 2$9 Bourouemeftre , N 383 Bouricancans , Bourre & Bourret, Boufant ou Boufat, 20 Boufcarle, Bout de Petun ou de Tabac, 73 Boute-en-train, 283 Bouvier, 226 Bouvreuil , 25? d'Amérique , 2$9 du Nord ou d'Allemagne, 261 Braacher, 320 Bramble 01 Brambling , 270 Brand -Endte, 413 Brandtvogel , 394 Bréant, 2$7 Brent Goofe, 410 Bréfague, SI Bribr1, 295 Bruant, 25$ Gros Bruant, 297 Bruia , 32 Brunnacke, 23 Brushane, 332 Bufo , 47 Buhor , 314 Bunelle , 236 Bunting , 292 Buriot, 438 Burrough-Duck , 414 Bufetre, 236 Buftard , 14 Butor, ar2 Remarques furle Butor, 313, 314 443 D'où vient le mot de Butor, pag. 314 & 315$ Perir Butor, 31$ Grand Butor , ibid. Buttelnafe , 367 Buzard ou Buze ordinaire, 19 D'où vient ce nom, 20 Buzard ou Buze de marais, 22 Buze à Mouches, 20 Buze des Anglois, 725 Buzet à tête noire, 239 C (RE ARET ; 233 Cabecçoté, 32 Caboche, s6 Cacatoës, 63, 64 Cadoreu , 276 Caille , 148 aigrettée , 150 des Indes, ibid. : des Philippines, ibid, Calandra, 195 Calandre, 11$ Cao, 91 Calcaborto , +de Calouaffe , 28 Calpetre , 318 Canard à large bec, 42Y Perir Canard à large bec, 41 9 Canard à large bec & à aïles bigar- ; F4 Es rées, 430 Canard à large bec & à pieds jaunes , 42$ Canard à mouches, 430 Canard à queue fourchue, 432 Canard à queue pointue , 426 Grard Canard à tète roufle, 414 Canard aux yeux d'or, 410 Canard barboteur, 433 Canard brun, 422 Canard crété ou huppé, 419 Canard domeftique à bec crochu , 418 Canard domeftique commun, 437 Canard flureur, 431 Canard noir, 417 Pecis Canard noir, ibid, Kkkij 444 Perit Canard fauvage : . Pag- 435 Canard fauvage atéteroufsatre, 424 Canard fauvage du Brefil , 456 Canard fauvage ordinaire, 427 Remarques fur le Canard fauvage , 428 Canard vingeon brun , 432 Canards. Marques diftinttives du gen- re des Canards, 413 Canarie-Fogel, 287 Canario, 1bid. Canary Birde , ibid. Cane à collier, 410 Cane blanche de Sologne , 402 Cane cornue , 377 Cane d'Inde de Turquie ou mufquée, 439 Canepetiere, 154 Remarques fur la Canepetiere, 155 D'où vient ce nom, bu. Canepérraffe , ibid. Canepétrolle, bit, Cane fauvage, 429 Canuti, 336 Capinera, 239 Caponegro , ibid, Capo roflo maggiore ; 414 Caprimulgo, $7 Caracara, 25 Cardaline, 276 Cardelino , ibid. Cardello, ibid’. Cardinal, 255 des Philippines, 272 Dominicain, 259 du Bref, 277 pourpre foncé , 271 Cardinat, 276 Carioma , 303 Carouge, 221 Defcription de fonnid, ibid. Carreaux, 205$ Cafouaït, 79 ; 80 Caffard, 20 Calfe-noifette ou Cafle-noix, 118 Caffe-noix, 93,254 Caffe-rognon, HAT E Caflique jaune, 112 Callique rouge, bid A A PROTRE Caffwary, ac. 80 Cafuar 1 F Sud. Catarraéte d’Aldrovandus , 389 Catarracte ordinaire , 389 Catrakas , 143 Cauerte, 56 Cehoilotl, 164 Cencontlarelli, 173 Cendrille , 211 bleue, 21$ Cepphus d'Aldrovandus, 390 Cercelle ou Cercerelle, 434 Chacha, 172 Chaffinch, 268 Chanteur ou Chantre, 243 Charderaulat, 276 Charderonnet,. ibid. Chardonnet, ibid. Chardonneau, ibid. Chardrier , ibid. Chardonnerer, 274 Chaffe crapaud , s9 Chaffe merde , 382 Chat-huant commun, $2 grand , 49 Chavant fauve , so commun , 53 Chauce-branche, Co Chauce poule, ou Choche-poule, 2$ Chaufour , 243 Chaumet , ou Chamet, 295 Chavoche , s5 Chevalier grand , 329 rouge, 330 Chipeau, 430 Chiquatli, 3AI Chirurgien , 354 Chofti, 243 Choph, ibid, Choquart , 91 Chouart, 52 Choucas, 89 à bec rouge, 90 Chouette, S4 Eft eftimée des Laboureurs , parce qu'elle fait la guerre aux Rats, ibide Ses cris, sys Comment elle fe défend , êk;a. A LP, H AfB# MF QU E Chouette petite, pag. 56 du Brefil , ibid. rouge , o1 Church-Owl, 0 Cigogna, 305$ Cigogne blanche , 304 d'Amérique , 306 noire, 305 Remarques fur la Cigogne, ibid. Cinfolotto , 258 Cicril, 287 Cloudet , so Cochelirieu ox Cochelivier , 191 Cochevis, 193 Cochitenacatl , 110 Cocoï, 316 Cocoin, 353 Coda Lancea, 432 Codatremola , 218 Codiroflo, 234 Colherado, 318 Colibri, 246 de Caïenne, bi, de Saint-Domingue, 248 de la Jamaïque, ibuJ, de la Louifiane , ibid. du Mexique, 247 des Molucques, HAE de Surinam , ibid, Remarques fur le Colibri ;, 248 Colivicou , 46 Colombafle , 171 Colymbe ;ecir, 379 Commoncrow , 8 Commonwhite Owl , so Condor, 10 Coq de bruyere grand , 135 petit, 136 D'où vient ce nom, 136 Coq des roches, 144 Remarques fur la femelle du Coq des roches , 1bid. Coq dinde, 127 Remarques fur le Coq d'Inde, 131, 132 Autre efpece de Coq d'Inde, 133 Coq d a ; 233 Coq d Inde fiuvage, is Coq domeftique , 128 445 D'où vient ce mot, ibid° Coq doré , 143 petit ; 240 Coq étranger , 80 Coquant, 353 Coquedrie, 292 Coquillade, |: 190 Coracias , 90 Corax, 83 Corbar ou Corbeau pefcheret, 372 Corbeau, 83 de nuit, 52,310 des Indes, 9: d’étang , 372 Petit Corbeau du Cap de Bonne-Ef- pérance , ot Corbeau jafpé , ibid. marin, Ou Cormarin, 372 ècheur , itid. S'il y a des Corbeaux blancs, 83 Remarques fur les Corbeaux, 84 D où vient ce nom, 85 Corbejo ou Corbijo ; 320 Cormoran, 371 petit , 373 Cormorant , Cormarant , Courmaran, ou Corman, ibid. Adrelfe de cet Oifeau, 372 Corneille blanche , or bleue, 97 » 98 commune » 8s mantelée , 83 Pourquoi on la nomme ainfi, sg Corneille petite. Pourquoi les Latins l'ont nommée Monedula, 89 Chaffe plaifante aux Corneilles, SG Fables fur la Corneille, 85 Cornice, 2bid, Cornifch-Chough , 90 Coroné, 85 Corvo, 83 Corvo marino, 372 Coffirde , 20 Cottinga, 74; 179 Couale , 86 Couar, 1bid. Couas, ibid, Coucou , 38 d'Andaloufe , 44 446 de Bengale, page 44 de la Caroline, ibid, de Caïenne, 4$ de la Jamaïque , ibid, des lides , 39 huppé de Madagafcar, 45 Pi dé Malabar, ibid, de Mindanao, ibid. bleu, 1bide grand , 1bid. rouge ; [de] Le Coucou eft grand mangeur, 40 Hiftoire d'un Coucou , 4I Remarques fur les Coucous, 41, 43 D'où vient le mot Coucou, 46 Coucoua , ibid. Coudiou , ibid. Coulhci , 72 Coulin, 181 Coulterneb ou Counterneb, 367 Coupeur d’eau, 397 Coureur, 362 Coureur de Bibet, 228 Courlis du Brefil , 322 de mer, 319 Remarques fur cet Oifeau , 320 Courlis petit, 321 deterre, 333 Remarques fur ces Courlis, 33$ Courtpendu , 186 Coxolirli , 142,843 Coztotolt, 277 Crabier, 312 jaune, 311 IOUX , ibid. Cran ou Crœn , 301 Crane, 301 ; 373 Crapaud volant, S7 Cravant, 409 Créchet, 224 Credo, 339 Crécper, 118 Creflérelle ; 17 Se bat avec Jean-le-Blanc, ibid. Fait la guerre aux Souris, aux Rats, aux Mulots , & mème aux Pigeons, 7 Remarque fur les petits de la Creffe- relle, 18 M'A BUDME Différents noms de la Crefferelle ; ag. 18 Crefted Diver, Ê fre Crefted Lark, 194 Crex d Egypte, 330 Criard grand 388 petit, | 395 noir petit ; 395$ Criquet, 22$ Croace ou Croualle , 86 Croppers, 156 Croque-abeille , 21E Crot-pècherot, 6,372 Cuccolo ou Cuculo, -' 38 Cuclillo, ibid. Cuckow , ibid. Cugelier, 190 Remarques fur le Cugelier, 195 Cuil des Malais, 45 Cuiller, 317 Cul blanc commun , 222 d'eau, 340 Culobianco , 223 Cul-rouge, 334 Cul-rouffet , 234 Cul-rouffet-Bernard , 233 Cuntur, 9 Curicaca, 312 Curlew , 320 Curlu, 32% Curucui , 110 Autre Curucui , 111 Cutta , 89 Cygne, 80 privé, 404 fauvage , 495 D D): ME; E Damier , 384 Darnagalfe , | 28 Dauphin, 373 Demoifelle de Numidie , 303 Deux pour un, 325$ Diable de mer, 357 » 419 Didapper, 379 Dieftel-Finck, 274 Dipper, 379 AVE P If AB ÉRTAI Q-U.E, 447 Dun Diver, pag. 401 Entita, pag. 213 Greater crefter Diver, 376 Epeifche, 10$ Greateff tailed Diver, 380 Épervier, 26 Dodo, 8o Eperviers généreux, 17 Dohle, 89 Epouvantail, 395 Dopping , 420 Efcalandre, 235 Dos bleu, 118 Efchelette, 113 Dotterell , 343 Efterne oz Eterneau, 183 Doucker, 379 Eftournel, ibid. Dapier, 123. Eterpe, 238 Drenhaloz, 107 Etourneau, 182 Dringue jaune ; 238 Comment onleprendälaglue, 183 noire , ibid. D'où vient ce mot, ibid, Duc 'grand), 47 Etourneaublanc, 184 Fait fon nid dans les rochers, 43 du Cap de Bonne-Efpéran- Amafle beaucoup de pois, ibid. ce, ibid. D'où lui vient fon nom, 49 des Indes, 183 Duc (grand ) du Bref , ibid. Autre Etourneau des Indes, 184 Duc { moyen), ibid. Etourneau de la Louifiane, ibid. Cutbert-Duck, 41 de mer , 180 Common Tame Duck, 438 Evèque, 277 Great Black Duck , 417 Eyder-Ente, 416 Hook Bill Duck , 438 Mufcowy Duck , 438 Scaup-Duck, 419 Fc NELLO ou FANELLO ;, 28t Tufted Duck, 419 +Fagiano, 142 Ducocornuto , 49 Faifan , 141 Ducquer, so des Antilles, 143 Dunlin , 339 du Brefil , 142 Duppel-Schnepffe , 325 de la‘ hine, 143 Dur-Bec, 255 du Tibet, 144 1 Trait d'Hiftoire fur le Faifan, 142 - Falconello , 27 Fc ow : 47 Fafihn, 141 Echaffe , 329 Fauchor, 20 Ecreffelle , 18 Faucon de la Baie d'Hudfon, 13 Ederdon, 415 Fauconblanc, 12 Effraye, SI boffu , ibid, Eider, 41S de Caïenne, 13 Eider-Gans, 416 étranger noir , 0 Ein Teucher, 376 gentil c noble, az Ema s: Emeu, 79 d'Inde crèté, 13 Emérillon, 16 d'Inde rouge, 1bid. Emerillon, 18,37 de montagne , 12 Endormeur de mulots, 18 de rocher ou d'arbre, 148. End Trach: 438 rouge ‘« Fougeatre , ibid. Hauftz -Zahme Endte, ibid. facré le facre, dir ne Mort Endte , ou Mugs-Ent, 431 de Tunis ox de Baxbarie, 32 448 D'où vient le mot de Faucon : x Trait d'Hiftoire fur un Faucon, ibid. Faulxconneau, Fauperdrieux , Fauvette , à tête noire , 321 23 237 ibid, D'où vienrle mot de Fauvette, 239 Remarques fur la Fauvette, Fern-Owl , Fettgans, Fidmingo , Field-Lark (common ), Fiklin, Gold-Finch 3 Finck, Fincke, Fior Rancio, Fisk-orne , Flambant o Flamant , Remarques fur cet Oifeau , Flamenco, Flamingo , Floquet, Foireufe , Folaga ou ‘Folega S Folcillette : Fottivento, Fou, Foucault , Foudi-Jala, Fouette-merle , Fouetteux, Fouillet , Foulque, Fourmillet , Fourrebuiflon , Francolin , Frégate, Frelot, Frefaie , Remarques fur cet Oifeau , ibid. s% 364 362 190 1$0 276 267 2638 240 21 360 361 362 362 224 229 358 207 174 398 326 230 16 16 243 252 108 25) 137 373 rs 32259 SO5BE D'où vient le mot de Frefaie, ibid. Freux, D'où vient ce nom, Fringuello, montano , Frifone , Frofone ou Frufone, 254 Fuchs-Gans, # ABLE G Ex CHET; 397 Gadwal 0; Gray, 439 Gai où Guai , 96 Gallerand , 314 Gallinaccia , 140 Gallo del Paradifo ; QE Gamache , F 239 Gambette, 332 Gambo-Goofe, 4II Gans, .. 408 Garan, 30I Garfahl , 364 Garganey , 435 Garfote, 434 Garza , 31I Gafotto, 168 Gaviaon , 25 Gautereau , 96 Gazzera , 92 Gazzuola , 27 Geai, 94 bleu , 99 de Bohème , 251 de la Chine, 100 bouffon des Indes, 99 du Limofin ou d'Efpagne, id, des Philippines, 100 de Strasbourg , 96 Remarques fur le Geai ; 95 »96 D'où vient ce nom, ibid. Gela, ibid. Gelinote, 139 de la Baie d'Hudfon, 140 du Canada, ibid, Gerfaut , II Trait d'Hiftoire fur un Gerfaut blanc, 1bid. Ghiandaïa , 94 Giarole , 195 Gillerdine, 353 Gilloniere , 168 Gioektyta , 107 Glaucion, 424 Glaumet, 268 Glead , 24 Gebe-mouches, 227 huppé du Cap de Bonne-Efpé- rance » ee < MEL (P HPANBAE MEL O. UE: rance , pag 228 huppé de Madagafcar , ibid. huppé & non huppé de la Marti- nique , 1bid, Goeland brun, 389 L cendré , grand , 386 cendré , petit, 387 gris , grand , 389 noir & blanc, grand, 385 Goisland varié , 390 Goislands , (marques caractériftiques des) 382 Goislette, 393 Gold-droffeb , ox Gold-meerle, 186 Golden Crown'dwren , 241 Golden Eye , 4210 Golspinck ou Groening , 293 Goofander, AOI Goofe, 408 Canada Goofe, A12 Spur-Winsd Goofe, AI Swan-Goofe , ibid, Gorgerette ou Gorgette , 238 Gorge-rouge , 230 Remarques fur cet Oifeau , 231 Gorge-rouge des Indes, 233 Gouttreufe À 371 Gracchia , 8s Graes-end x 427 Graie, 87 Graille , 86 Graillon , s6 Grand gofier , 371 Grand’langue , 108 Choisie . 283 Graffet , 226 Graulau , 12$ Great Black Wood-pecker , IOI Great Horn-Ovwl, Greater Spotred Wood pecker or wi wal, 10$ Grebe, 380 Greenwood pecker , 102 Greylage , AI Grey owl, $4 Griffon , 207 Grigri, 24 Grimpant ou Grimpard, 113 Grimpereau, grand, ibid. 44.9 Grimpereau, petit, pag. 118 Grinette, 3193 Grifard , 387, 390 Grifette , 236 Grives, (marques caraétériftiques des) 166 d'Amérique, petite, 173 des Ardennes, 17e de Bohème, 252 de Caïenne, 174 de Ceylan, ie Champenoife , 172 de Guy, groffe : 166 Peut apprendre à parler , 168 Grive de guy, petite, ibid, de Madagafcar , 174 des Maynas 4 ibid, de Riojaneiro : ibid. rouge ou de vigne , 169 Autre Grive rouge , 172 Grive du Sénégal , 173 Grive de vendange . 172 Groenfiska , 285 Groenspik , 102 Grola ox Grolla , 86 Grole ou Grolle , ibid, Gros bec du Canada, 272 du Cap de Bonne-Efpéran- ce, ibid. gris-perlé, 278 des Indes, 255$ des Indes, crèté, ibid. noir, 278 noir à poitrine couleur de feu , 277 ordinaire, 253 / rouge, 277 Gros os ; 264 Groffe-Beak 253 Groffe-têre , 305 25% Groszer Bunt-Specht, 105 Grue, 299 des Ifles Baléares, 301 des Indes, ibide de Numidie , 303 Remarques fur la Grue, 300 Gruener-Gybitz , 344 Grun-Specht, 102 Guaca guacu, 399 L11 450 Guara , pag- 322 Guarauna , ibid. Gudunge , 415 Guèpier ; 124 Autre Guépier , 125$ Gufo , 47 Guignard,, 346 Remarques fur cet Oifeau , 347 Guignard de mer, 348 Guignette , 340 Guillem , : 366 Guillemot, 365 Guira-Acangatara , III Guira Cohereba , 249 Guira-guacu beraba , 249 Guiranheemgatu , 273 Guira-Guainumbi À Guira perea, Guira querea , 6o Guira Tangeima ; 111 Guira- Tinga : 316 Gyllenranna s 10$ À H SP 281 Haffert, 3384 Hafs-Tjader, 372 Halebran, 434 Hallebran , 429 Hanipon, 326 Harle, 424 Hauffe-Eule , 4 Hazlehun , 139 Héergans, 310 Hen-Harrier ou Harrou, 23 Here, $7 Herle, 400 Hérons , ( marques caraétcriftiques des) 308 Remarques fur les Hérons, 309 Héron à bec en faucille, petit, 312 bigarré, petit , 317 blanc > £TARA , 310 blanc , petit, Br Autre petit Héron ne x r1bid. du Brefil , perie, 316 du Prefil À bec dentelé » ibid. Héron cendré, grand, 308 HW À BIVEMVE Héron cendré , perir , pag. 310 Héron étoilé, 314 blanc du Mexique, petit, 317 Héron noir : 1bid. à pieds rouges, 311 Herondelle de imer, 393 Heubel Lerch , Le Hiboux à oreilles ou cornus , Hibou apporté de la Louifiane par NL, de Fontenette , S7 Hibou commun, s2 Cornu , petit, s° gris ou cendrée , $4 Remarques fur un Hibou fingulier 5 > sG Hicart , 349 Hioux , 20 Hippomanucodiate , 34 Hirngrill , 289 Hirondelle d'Afrique , 209 d'Amérique , 208 de Caïenne, 209 de la Chine, 208 Leurs nids font recherchés , ibid, Hirondelle domeftique 3 197 Leur induftrie à faire leur nid, 198 Remarque fur leur éducation, 1 Si elles vont paifer l'hiver dans des « climats plus chauds, 199, 200, 201I Hirondelle de Saint Domingue , 209 Hirondelle de mer, 392 ; 393 Petite Hirondelle noire de mer, 395 Grande Hirondelle o Hirondelle noi- re, 207 Hirondelle de rivage ou d’eau , 203, 20 Remarques fur l'Hirondelle de Ée ge; 204 D'où vient le mot d’'Hirondelle, 202 Hiwngwill , 285 Hoacton , 317 Hobby, 1 Hobereau , ibid. D'où vient ce mot, 1bid. Se bat avec des Pies ou des Corneil- les, 16 Hochequeues, (leurs marques carac- rériftiques , 218 APLNP H'AYBSE MT © UE Hochequeue cendrée , commune ;, jaune , Hoco, Hoilotl , Hoitzilaztatl , Holtz-heher , Honey-Buzzard , Hook Bill d Duck, Hoop ou Hoopof, Hooper , Horn-Owl, Horn-Uvola, He , Hortolan , Houfe Spartow , Hua, Huan, Huart , Huart ou Huau, Huet, Huitain, Huitrier , Hulotte, Huppe, Remarques fur cet Oifeau , Hutti, more : Jabiru guacu , Jacamaciri , Jacana , armé, Jack-Daw , Jack-Snipa , Jacobin , Jacobine , Jacod ou Jocafle, Jacun Cati Guacu , J acupema , Jagervogel , Jamacau , Jambu , Japacani ; Japu , Jaquette-Dame ; pag. 220 218 47 Jar ou Jars, Jardinier , Jafeur, Jaunar, Jay , Ibijau , Ibis d'Egypte, Jean-le-Blanc, Jendaya , Ipeca Guacu, Judcock , Judelle , grande , du Mexique, Jugoas , Jupu juba , Jynx, K AJA, Karakin, Kemper-Kens, Kernel, Keftrell , Kiddaw , Kielder , Kilakil , Kioerfogel , Kitta , Knipa , Knipper , Shi ; Korp , Kowipa , Kran, Kane ou Kranich, Si ; Kruka, Krypare , Kudge-ghef, . Kukuc, Kywitt, | pren ; Laerka, Lagopus, Laneret , Lilij 452 Lanier , pag- 383 D'où vient ce mot, ibid. Langni-Langnaien ; 32 Lanoi , 15 Lapwing à 543 Lardere, 211 vale 382 Lavandiere, 219 Léleck , 57 Lerche , 188 Yeflerfea cock Swallow , 395 Leller feau Swallow , 393 Linette ou Lunette, 281 Linnet common , 281 Linnet Red-headed, 283 Linot, 281 -Linote, (marques caractériftiques de la) 278 Grande Linote blonde, 280 Linote commune , 270 Perire Linote srife , 280 Linote à gorge rouge, 278 Linote de montagne, 28; Petire Linote de pañlage , 280 Grande Linote rouge, ibid. Petite Linote rouge , 282 Perire Linote roufle |, ou Linote de vigne , 280 Linote verte , 287 Remarques fur deux Linotes d’un plumage fingulier, 279 Litorne, 170 Trait d'Hiftoire fur une Litorne , ibid. Littl owl, $4 Livot, 22 Lodola Capelluta , 194 Lodola maggiore , 195 Lodola non capelluta , 190 Loeffel-Endte , ou Lépel gans, 422 Locre, 376 Lom , ou Lomm, 380 Lomvwie, 365 Loquoere , 376 Loriot , 184 D'où vient le mot de Loriot, 186 Singularité de fon nid, 185 Lory , 66 FA PDIULERE des Berbices , pag. 66 de Jolo, ibid, de Malabar , ibid. des Moluques, ibid. des Philippines , 67 Louette, 190 Loufiou , 186 Loxia, 259, 261 Loyette, 16 Lui, 242 Lunime, 380 Remarques fur cet Oifeau , 381 Lunde, 366 Lupo dellapi, 12$ Lupoge , F21 Lutheux , 191 Lutronne , 187 M lu 4 PR : GE Macareux , 366 Machette ou Machotte , s6 Maçon ou Pic-Maçon , 118 Macquerolles , 409 Macreufe, 418 Macroule , 357 Macrouros, 6) Macucagua , 134 Magpye ce Mara, 290 Maïague , 398 Maïeuze, 21E Mainate, 187 Malard ou Malart, 429, 438 Common fea Mall , 337 Malle-Mucke , 390 Remarques fur cet Oifeau , ibid. Malouaffe , 28,254 Manakin , 250 Mangeur de noyaux , 2$4 Mansfeni , 37 Mantelle , 88 Manucodiates , 33337 Maracana, 6; Marcolfus , 94 Maréca, 436 autre , 437 Margot, .76 AIPTUPF EL. AN BMÉBERA Q. UE. Mari cocu, pag. 236 Marion la Reuche, 133 Marmette de mer, 365 Marouette , 353 Marfoleau , 281 Marspitt , 328 Martin EÉchiquier , 126 Martin ox Martlet, 203 Martin-pécheur , 122 de Caïenne , 126 de Gorce , ibid. de l'Ifle de France, ibid, du Royaume de Juida, 126, 127 du Mexique , 126 des Moluques , 128 Martinet des Antilles , 126 du Cap de Bonne-Efpéran- ce, ibid. à cul blanc, 203 grand , 20 Comment on le prend dans l'Ile de Candie, ibid. Martinet, petir, 202 Remarques fur le petit Martinet, 203 Martinet des Philippines , L26 Male, 211 Mathoen, 329 Matkern, 33 Mattagalle , 7 Maruitui , 348 Maubèche grife , 339 Mavis, 170 Mauviette, 169 Mauvis, 169 ; 170 Méerles , [ 176 Méerrinde , 314 Mées, 211 Meife , ibid. Melmeife , 2714 Mena-rabou , 165 Meroi , 400 Merle, 17 cuivré d'Afrique ; 182 à bandelettes, 181 bleu , 179 du Brefil , 180 453 Merle du Cap de Bonne-Efpérance , pag. 1 81, à collier , 179 commun , A Remarques fur le Merle commun, 175, 176 Merle d’eau, 180 Merle de deux couleurs, 18: Merle doré, 186 Merle bleu des Indes, 179 Meïle des Indes noir & rouge, 180 Merle Picheret, 123 Merle de Ponticheri , doré , 186 Merle de rocher , 178 Autre Merle de rocher, ibid, Merle rouge à tête bleue ;, 179 Merle de Siam ; 181 Merleffe , 177 Merlin , 16 Merlo Aquaiolo , 330 Merlo Aquaiolo grande, ibid. Merluche , 177 Mérope , 126 Mertz-Endte , 429 Méfange barbue , 2U7 bleue , 213 du Canada , 217 Groffe, 209 huppée, 216 des Indes, 217 à longue queue , 211$ Méfange de marais 5 212 à miroir , 210 nonette , 2HE à tête noire , 212 de la Virginie , Méfanges , ( leurs marques diféiné, ves, 209 D'où vient ce nom, 211 Méfengle , ibid, Mewen-Schnabel , 366 Mézi, 18 Milan ; 24 du Brefil ; 1$ noir , ibid, Miliaria , 175278. Millouin , 431 Milvio , 24 454 DéAtBL IAE Mire-Drum ; pag: 312 Perice Mouette cendrée; pag. 396 Mitu du Brefil, 132 Mouette cendrée de Belon, 387 Müitu poranga , 133 Mouette cendrée deGefner, 389 Coddy Moddy , 392 Petite Mouette ou Goislette, 393 Moine , 264 Mouette d'hiver, 392 Petis: Moineau du Cap de Bonne- EF noire ; 394 pérance , 290 noire à pieds fendus, 395 Moineau franc, 262 Autre, noire à pieds fendus > 4bids Friquet , 263 Petite Mouette du Pays à pieds fen- gros ; 264 dus, ibid. de Guinée ; 290 Autrepetite à pieds fendus, ibid. dehaie, 235 Mouette pècheufe , 3,931 de Jones ou de Rofeaux , Mouette rieufe de Caesby 5#. 389 113,294 D'où vient le nom de Mouette, 388 de neige, . 276 Mouettes, { marques caraétériftiques de noyer ; 266 des) 382 petit , ibid. Mounier, 123 petit de Rofeaux , 115 Mountin Finch, 270 faffrané 256 Moufchet, 26 fauvage a 266 Moutardier, 207 du Sénégal > Petits 290 Moyen Duc, s° Remarques fur le Moineau franc, Muller SR 367 26 ; Murre, 365 Autres fur le Moineau de Joncs ox Mufcicapa, 228 de Rofeaux, TIANILIS N Moiflon, 264 Molleton , 420 Nu ; 107 Monacchia , 89 Naufrage,° 6 Monachino, 258 Nhanduapoa, 302 Moor-Buzzard , 23 Nhanduguacu, 79 More-hen, 351 Nibbio, 20 Morillon, 423 Nightjar, s7 Morillon vingeon , 24 Nightingale à 228 Morinelle où Mornell , 348 Nighringale Virginian ; 255 Morkulla , 324 Ninotte , , 281 Morton , 419 Noddy, 396 Morttereau , 205$ Noet-Kraka, 99 Moucet, 264 Noetpacka, 117 Moucherolle , 236 Noetskika, 04 Mouchet , 15 Noerwaecka . 117 Mouchevis, 236 Noitibo, 60 Mouclier , 424 Nonette, 15 Grande Mouette d'Aldrovandus, 390 Nonnain ou Nonnette blanche, 403 Petire Mouette d'Amérique, 396 Normelle, 176 Petire Mouette bigarrée , ibid. Norrquint, 270 Grande Mouette blanche , 390 Nuszbrecher, 98 Mouette du Brefl, ibid. Nuthatch oz Nutjobber;, 117 Mouette brune, 392 Nycticorax, 313 * 7. f ATP H AB ÉMMNI © U E O ©). ou OcxA, Ocnos, 3102 Ococolin , 143 Œufs. Remarques fur les œufs des Oifeaux aquatiques , 381 Oie , ( marques caraétériftiques du genre des Oies, pag. 408 404 Oie de Ba, 371 Oie de Canada, 412 domeftique , 406 d’Efpagne , petite , 411 de Gamba , ibid, de Guinée, zbid, de Magellan, 364 de inarais , ibide noire , grande , ibid. fauvage , 408 du Spitzberg , 412 Remarques fur les Oies, 407 Oifeau bleu, 123 de cerifes., 187 de combat , 332 Oifeau de Dieu , 33 de Diomede , 398 jaune , 256 Impérial de la Chine , G de Jones, 349 de Saint-Martin, 24 de Médie, 150 de Meurte, 167 Oifeau de Notre-Dame, 123 de Paradis, 3 n | Pècheur, 136 de Pentecôte, 185 de la pete, 2$4 Royal, 162, 302 de tempîte, 333 des Tropiques, SA Oifeau-mouche, 249 du Brefil , 247 huppé , 1bid. Oifeaux qui portent huppe, 342 Oifeaux qui vivent long-temps, 74 il eft faux que les Oifeaux de Paradis n'ayent pas de pieds, 36 Remarques fur les Oifeaux de com- bar, 333 455 Comment les Oifeaux de tempête la préfagent , pag. 384 Olimerles , 185$ Onocrotal , où Onocrotale, 370, 371 Ootos, | 49 Orfraie, 7,8&9 Orfroie , St Orhan, 136 Oriol ou Orio , 186 Oripelargus , 7 Orran, 136 Orre , ibid. Ortolan, 292 Autre Ortolan, 296 Petit, 226 Ortolano , 298 Oftrich , 76 Overgne, 343 Outarde , 152 Oneftime beaucoup fa chair, 153 Trait d'Hiftoire fur des Outardes , ibid. Ox-Eye , 340 P Dé: EN CUL , 374 Paille ou Paifferelle, 264 Paille buifloniere, 136 Paiffe folitaire , 178 Pale ou Palette , 3É75 226 Pale du Brefl, 318 Palette du Mexique, ibidé Palombe , 162 Panchotte, 233 Paon , 129 de Guinée, 130 d'Inde, 122 de mer, 332 Remarques fur le Paon, 130 Paoneau , ibid. Papa-gallo, z$ Pape , 277 Papechieu , dé 343 Papegey , 75 Papero, 4038 Paragua , 6c$ Parat, 264 456 F 'A BILIE Pardel, pag. 344 Perdrix grife , pag. 145 Parefleux , 314 rouge ; 147 Parrots , 61 Le male de la Perdrix ne couve point, Partridge common ; 146 145 Paflara, © 264 D'où vient le nom de Perdrix grieche, Pañle-Bude, 235 148 Pañfe-folle , 396 Fable débitée fur les Perdrix, 145, Paile privée, petite, 236 146 Paffera di Canaria , 287: Périer, 292 Paferat, 264 Péringleo ; 219 Pallerat ou Paflereau folitaire, 179 Pernille , 148 Pafferon , 264 Perokeets, Gt de muraille, 26$ Peroqueto, ibid. Paife fourde, 236 Perrique, 70 , 76 Pañiere , 264 Perroquets , ( defcription générale folle , 265 des) ibid. Pata, 301 #erroquet d'Allemagne, 97,260 Pavoncello , 343 à bec bariolé 1 64 Pavone, 130 blanc crèté , 63 La Pauvreté , 233 Grand Perroquet bleu, 62 Pauxi, 133 Perir Perroquet de Bontius, 70 Pèche-Bernard , 310 Perir Perroquet à collier, 69 Pêche-Veron, 123 Perrt Perroquet crêté, 70 Pêècheur, 37 Perroquet écarlate du Levant, 6G Pelekan , 318 Perroquet de France, 2$9 Pélican, 318,369 Perroquet gris ou bleuâtre, 6s des Philippines, 370 Peur Perroquet de Guinée, 73 Remarques fur le Pélican, . 371 Perroquet jaune ; 2069 Pellicane , 318% Perir Perroquer à à longue queue 70 Pénélope , 422 Perroquet à longue queue du Japon, ordinaire : 431 ibid. Penguin ou Pinguin , 363 Perroquet de mer, 366 Penkena, 267 Grand Perroquet rouge, 6z Penru, 415 Perroquet rouge & blanc, 66 Perchaqueue , 216 Perroquet rouge-bleu , 6 Perdrix de Barbarie, 1 13 8 Perroquet de terre, 127 Perdrix blanche , 37 Perroquetà ère blanche, 6$ Autre efpece de Perdrix NATE Perroquet vert à aïîles rougeâtres, 64 ibid, Perroquet vert à bec noir, GS des Alpes, 133 Beau Perroquet vertbleu, 67 des Ardennes, ibid. Petit Perroquet vert d’Ethiopie , ibid. de Savoie, ibid. Pourquoi on a donné la defcription de Suille , ibid, de tous ces Perroquets, 74 du Brefil, 147 Combien vivent les Perroquets, ibid. de Damas, 140, 146 Maniere dont les Caraïbes prennent Gaïlle, 148 les Perroquets, 7$ grecque , ibid. D'où vient le nom dePerroquet, 76 grieche, ibid. Perruche à collier, 7 € PRE PP ANT ANE Perruche de Gingi , pag- 69 des Philippines, ibid. de Java, 72 Pefcatore del Ré, 122 Péteux , 292 Petite deterre, 348 Pétuve , 49 Pétrac, 266 de Caïenne, ibid. Pétritz, 292 Pétrone, 289 Petteril , 383 Pectichaps, 236 Perrot 5 232 Péwit, 389 Pfaffe, s75 856 PfeiffEndte, 432 Phéafant , 142 Phéafant or Cracker , 432 Pianet, 92 Pic d'Auvergne, 113 Pic bigarré . 10$ ; 106 Perir Pic bigarré, ibid. Le plus perir Pic bigarré , 107 Pic grivelé du Brefil , ibid. Pic du Cap de Bonne-Efpérance, 109 Pic de Saint Domingue, ibid. Pic de Guyane, ibid. Pic madré, 106 Pic de muraille, rs Pourquoi on le nomme ainfi, ibid. Pic noir, JOI rouge , 106 roullier , ibid. Pic de fapin , 99 Picaflon , 119 Piccione, 1538 Piccioncino , ibid. Pichot, 268 mondain , 270 Picoffeau , 104 Picotat , ibid, Picoverde, ibid, Pie, 92 Sea Pie, 328 Pie ancrouelle, 29 Pie anete, 92 Pie du Bref], 190, 109 ÉMUI QU E 457 Pie-croi , pag. 28 Pie efcrayere, 29 Pie grieche d'Afrique, 31 de Caïenne, ibid. de Canada, 32 de Madagafcar, 3E des Philippines , ibid. Grande Pie grieche, 27 D'où vient ce nom, 28 Petire Pie grieche bigarrée , 29 Petire Pie grieche grisatre, 30 Petite Pie grieche roule , 28 Traits d'Hiitoire fur la petite Pie grie- che d'Allemagne, 30,31 Pie grieche folle , 28 Pie gruelle, ibid. Pie des Indes , 99 de mer, 32$ de Perfe, 98 D'où vient le nom de Pie, 92 Remarques fur la Pie , 93 Ne doit pas être confondue avec la Corneille, ibid. Pied de pot, 236 Piénu, 19I Pierrot , 264 Grand Pierrot, 384 Pierte , 402 Common Pigeon , 158 Pigeon de Barbarie ou de Numidie, 157 batreur , ibid bizet , 160 D'où vient ce nom, 161 Pigeon cauchois , 158 chevalier , 157 commun ou domeftique, 156 culbutant , 157 Grand Pigeon domeftique , 156 de Groenland, 367 groffe gorge , 156 heaumé , 167 Jacobin ou encocluchoné, 157 Petit Pigeon de la Jamaïque, 164 à queue marquée d'une ban- de , ibid, à rète blanche, ibid. meffager ou courier, ibid. Mmm 458 T A BA LME Pigeon du Mexique , pag. 164 Pintadeau, pag. 154 ramier , 161 Pintado, 134, 354 D'où vient ce nom, 162 Piochet, 119 Us varient felon les différents lieux , Pion ou Pione , 259 ibid. Pipct, 296 Pigeon de roche, 163 Piquereau, 99 Pigeon fauvage ou des bois, ibid. Pique-veron, 123 Per. Pigeon fauvage du Brefil, 160 Picri, 18 Pigeon fauvage de l'Ifle de Saint Pitriou, ibid. Thomas, 4 ibid. Pittouir, 314 Pigeon trembleur , 156,157 Pivane, 2$9 Turc, 157 Pive, ibid. Remarques fur les Pigeons, ibid. Pivert, IOI D'où vient ce mot, 158 bleu, 12% Pigneux, ; 294 grand , | 102 Piler, 399 Remarques furle Pivert, 102, 103 Gros Pillery , 26$ D'où vient ce nom, 104 Piloriot, 186 Pivier ou Plouvier, 345$ Pinçard , 268 Piviere ou Piviero verde, 344 Pinchard , ibid, Pivoine, 2$9 Pinchon, tbid. Pleupeu, 104 Pincio, 1bid. Petix Plongeon, 377. Pinçon d’Ardennes , 270 Induftrie de cet Oifeau , 378 d'Auvergne , 259 Grand Plongeon d'Aldrovandus, 380 de cerifes , 2$4 GrandPlongeon cendré, 375 de chardons , 274 Plongeon crèté brun, 402 commun , 266 Le plus grand Plongeon de Gefner , d'Efpagne , 255 33x à gros bec, 254 Plongeon glacial, 402 gris, 295 huppé , 401 de hètre, 267 à long bec , ibid. huppé des Indes, 255 de mer, 36% Pinçon de lin, 279 Petit Plongeon noir & blanc, 380 maillé , 259 Grand Plongeon à queue, 379 de mer, ÿ 333 Plongeon du Rhin, 403 de montagne. 269 de riviere , 37S montain , 270 Green Plover , 345 à poitrine rouge ou enfan- Grey Plover, 346 glantée , 2$7 Stone-Plover, 327 rouge , 259 Plouvier, 345 royal, 264 Plubai, ibid. vert, 293 Plumar, 399 Rufe du Pinçon contre l'Oifeau de Grand Pluvier, 328 Proie , 267 Pluvier aigretté d'Afrique, 346 Pinçonne, 269 Pluvier doré, 343 Pinçonnée , 211 gris ; e 345 Pintade 333,134 Pochart, 423 Remarques fur la Pintade ; 134 Poches 328 l | ANT P EH AIBRÉME.LO UE Pocherie , pag. 123 Pool-fnipe , 332 Pope, 367 Popp, 119 Poppinjays , 61 Porphirion , 355 Porphirion ou Poule fultane, 338 Porte-mitre d’or, 274 Poul, 241 Pouilloc 5 243 Poule d’aigue , 351 Poules d’eau , (marques caractérifti- ques des) 350 Poule d’eau commune , ibid. Poule domeftique , 128 Ses différentes efpeces, ibid. Poule frifée, 128 huppée ; ibid. naine , 1bid. perfanne, ibid. fans croupion , ibid. fauvage du Brefil , 134 Poule pintade : ibid. d'Afrique, zbid. de Barbarie , ibid. de Guinée, ibid. de Mauritanie , ibid. de Pharaon ou d'Egypte, ibid. de Tunis, ibid. Povot, 150 Pracka , 402 Prée, 292 Preneur de mulots, 18 Préfaie, SI Prêtre , 259 Prétro , 235 Proyer , 291 Eft peut-être le grand Bruant grisä- tre de Frifch, ibid. Puant, 124 Pufin , 367 ; 399 Pulros, 344 Pulvier, ibid. Puniilla , 234 Pupola, 119 Putput ou Puput, PT Pygargus, 22 Pyrold, 185 Pyrrhocorax , 90 Q UACHILTO ;, Quäglia, Quail, Quatrain , Quartr Occhii , Quauh chi chil, Queue de poele ; Queue de foie, Quiacaigou , Qui Juba Tui À Quinçon, de montagne , Quoi, Quoimeau , LAUE RAATTE, Rabaillet, Rabe, Rabirolle , Raguenet, Rail, Rail! , Raille, Râle de genèt, Remarques fur cet Oifeau , D'où vient cenom, Râle du Brefil, d'eau, noir , rouge , Petit râle d’eau , Râle d’eau foyeux , Râle d'Italie, aux pieds jaunes, Rafcle, Rat ou Road-Goofe , Rat-Bernard , Rat gans, Rarhs-herr , Ratier, Ratillon, Raven, Razor-Bill, Rebenet , Recoller, Mmm ij 460 N ‘A RATE Red-shank , pag. 332 Redftart, 234 Red-fparrow , 113,294 Reeve, 332 Regalbulo ou Rigogolo , 186 Rethel, 310 Reteiro, 119 Reuche, 233 Rhinoceros , 93 Riche-prieur , 268 Ridelle , 424 Ried-fpaz, 114 Riemen-bein , 329 Ring-tail , 23 Ripoton , 379 Road Goofe , AIO Robin, 121 Rocheraye , 163 Rock-Pidgeon , 163 Roeditjert , 232 Roerdrum, 314 Rohrtrum , ibid, Roi de Bédelet , 244 Roi Bertaud , 245$ Roibery, ibid. Roi bouti , 244 Roi Paran, 233 Roiteler commun , 243 Remarques fur cer Oifeau , 244 Roitelet crèté, 239 non crèêté , 241 Remarques fur le Roitelet non crèté, 242 Roitelet de haie d'automne, 240 Roka, 87 Roller, 96 Rollier , 97 de la Chine, 100 des Indes, 99 des Philippines, 100 Roncet, 22$ Rondine ou Rondinella , 202 Rooche ou Rouch, 87 Rook, ibid. Roquette, 148 Rofelle k 172 Roflelet, 116 Roffignol baillet , 2515 Rofignol franc , pag. 118 Remarques fur le chant de cet Oi- feau, 229 Roflignol d'hiver, 88 de Madagafcar, 230 : de muraille, 233 de riviere , 115$ de roc, 23$ Roffignolette , 230 Rofignuolo , ibid. Rotgel, 232 Roth-Bruft , ibid. Rotknuffel, 333 Rotthals, 413 Roucheur, E1$ Rouge , 410 Rouge-queue , 234 Roupeau , 310 Roupie , 233 Rouffeau , 314. Roufferolle , 115 Rouflignol , 230 Royfton-crow , 83 Rubétra, 225$ Rubienne, 232 Rubiette , 2bid. Ruddock , ibid. Ruffe 3 1bid. Runts, 156 Rupicola , 163 Rufche, 233 Rufle , ibid, S Sins ; TE Sacret, ibid. Saeffparf , 294 Sanderling , 339 Sand-piper ; 337 Sanfonnet , 8; Saouakou , 318 Saracella , 434 Sarcella , ibid. Sarcelle , 433 à tête noire ; 435 Safolo , 163 Saulet , 266 Sau-ta-hoang , 100 € ANT @P HT APE Sayacu , pag. 273 Scare-crow , 395 Scenicle , 287 Schabbel fchnabel , 360 Schaffiele , s4 Meewen fchnabel , 366 Scheermeffer fchnaebler , 365 Schel-arake , 414 Schet-be , 32 Duppel-fchnepffe , 32$ Schwantz, 432 Schwartzemeeve , 393 Schwartzer, 351 Schwartzkopf , 393 Schwartz-fpecht , 101 Schwartz reucherlein , 379 Scolopax , 324 Scrayes, 393 Screech-ow1 , si Scurvogel , 302 Sea-dotterell, 348 Sea-eagle , 27 Sea-hen, 366 Sea-lark, 349 Sea-fwallow , 393 Sea-turtle , 3638 Seeheher, 373 See-lerche , 349 Scetrache , 373 See-Wafler-Rabe, 372 Semel, 224 Semeltro, ibid. Semeur , 219 Sénateur , 382 Serin de Canarie, 285 Serin vert d'Europe , 284 Serin d'Italie, 289 Trait d'Hiftoire fur un Serin & un Chat, 286 D'où vient Le nom de Serin, 287 Serrant, 293 Sguacco , 311 Shagge, 3573 Shearwater, 398 Shel-arake , 414 Shoveler , 421 Sibilot, 408 Siffleur , 1723299 EMI O UE. Sjoe-orre , Sirot, Siferre , Siska, Siskin , Sixain , Skata , Skjaerflaecka, Skout , Skraka , Small Loon, Smériglio , Smerlin, Smerlo , Snaeppa ; Snipe , Pool-fnipe, Snite, Soco , Soland Goofe , Souchet , Souette , Soulcie , Sparaviere, Sparling Foul , Sparrou-hawk, Sparverius , Spatule , couleur de rofe , Spartz , Sperga , Sperling , Spermologos , Spernuzzola , Spiegel-Endte , Spiegel Meïffe , Spies Endte , Spillkraoka , Spinzago d’acqua , Spipolette , Spitz-fchwantz , Spoonbill , Spure Wing Goofe, Spurres, Squaïotte ; Starda , Stare , Starling , 462 Starna , pag: 146 Stellaris , 4 Stercoraire , 282 Stieglitz , 274 Stiglitza , 276 Stint , 340 Stone-Plovet , 327 Storch , 305$ Storck , ibid. Stork , ibid. Stornello , 183 Storno , ibid. Strand-pipar, 349 Strandfittare, 207 Strandskjura , 328 Straus ,- 76 Strauf-baftard , 79 Strilozzo , 292 Strix, 53 Stromfinck , 383 Strundt-Jager , 382 “Struts, 76 Strutzo, ibid. Struzzolo , ibid. Sucet, 241 Sucking-owl, s7 Sule , 373 Swaerta, 417 Swallow , 202 Swallow-Tail d Sheldrake , 4216 Swan, 404 Tame Swan, 405$ Swartlafe , 383 Syriot , 347 Syroperdix , 140 Syvigw , 241 YVI8 T £ PAT 3 90 Tadorne, 413 Taerna , 393 Tait-fou, 45 Tamatia , 354 du Brefl , 173 Tame Swan, 405 Tangara, 250 de Caïenne, ibid, de Saint Domingue, ibid. FU A BEN Tangara du Pérou ; pag. 150 Tanner Finck, 270 Tape-bois, 118 Tapera , 208 Tapon , 2$9 Tañabes (ue 68 Tarier , 225$ Tarin, 287 de mer, 282 ‘ de montagne, 288 Tarlino ou Terlino, 320 Tartaregoio, 292 Tartaniu , 123 Taureau d’étang , 314 Tcha-Chert-Be, 32 Tcha-Chert-Dac, ibid. Tchouer, 26$ Common Teal, 434 Summer Teal, 435 Teitei, 290 Tépétotoil, 132 Terlino , 320 Terpier , 113 Tefta neora , 239 Tête de Bœuf, 30 Tère-rouge, AIS Terta,, 212 Tette-chevre d'Amérique, 6o Petite Tette-chevre du Brefl, zbid. Tette-chevre ordinaire, 57359 D'où vient ce nom, s9 Teutscher Papegey, 96 Tewit, 343 Thole, 89 Thouarou de la Guyane , 396 Thouyou , 79 Thraupis, 287 Thyon, 22$ Tiercelet, 15 Tiers, 424 Tiers-rouge , ibid, Tige guacu , 273 Tige piranga , ibid. Tique, 192 Tirançon, 338 Tire-arrache , 115,116 Tire-langue, 108 Tirteruiz, 292 A-LeP À, 2 Titemoufe , pag. 212 Tlacahoilotl , 164 Tlauhquecul, 318 Todier, 127 Tomlinge , 213 Toquilcoyotl , 301 Torchepot , 116 Pourquoi on le nomme ainfi, 118 Torcol , 107 nor , 277 Remarques fur le Torcol , 108 Tord, 36 Tordmule , ibid. Torlot, 292 Torquilla, 107 Tortocollo , ibid. Tortola, 1$9 Tortora , ibid. Tottovilla, 190 Toucan, 100 ;, 109 Toucnam Courri , 21 Son nid eft des plus curieux, ibid. Toudre, 168 Tourat, 170 Tourd, 167 - Tournel, 183 Tourne-motte , 223 Tourterelle, 158 d'Amboine , 16$ des Barbades , ( petite ) = 160 de Batavia , 165 des Indes, 159 Autre desIndes, ibid. Trage, 168 Traine , ibid. Traîne-charrue , 225 Trambone , 314 sEranar, 301 Trapazorola , 379 Traquet, 224 d'Italie , 22$ de Madagafcar , ibid. de Manille , ibid. Traue, 168 Trefflier, 27$ Trelus, 191 Trembleur, 53 PEL T © Ü E. 463 Trépille franche, pag. 239 Tréploffe, 238 Tride, 146 Trie > 108 Triplette , 238 Triplorte , ibid. Tris , 172 Tritri , 292 Trochil, 362 Tronf , 15G Tropick Bird , 374 Tropic-Vogel , 374 Trotte-chemin , 295$ Troupiale , FI Trube, 318 Truble, 2bid, Truelle, ibid. Trunf, 156 Tui-apute-juba ; 7È Tuiere, 1b1d. Tuipara , ibid. Tuitirica, ibid. Tuquet, 163 Turcot, 108 Turlu, 320 Turlui , 32E Turlut, 191 Turn-Stone , 343 Turricola , 163 Turtle-Dove, 159 Tyranfon , 333 v Memo: 219 Vacherte, 233 Valeria, G Vanga, 32 Vanneau , 341 Vannelle, 343 Vannereau, 343 Vautours, 8 Leurs différentes efpeces , 9 D'où vient ce mot, 10 Où le Vautour fait fon nid, 11 Vélia, 116 Vendangette, 170 Venette, 226 Verdale, 293 464 F A BE Verdarino ; pag. 288 Verdat de pré, 292 Verdauge , 293 Verdelat, j zbid. Verdelin , 257 Verdeyre , 293 Verdier , (gros) 292 jaune , 4bid. à fonnette , 29$ Autre à fonnette , ibid. Verdie terreux ou buiflonnier , ibid. Verdiere 293 Verdin, | ‘_ abid Verdoie, 2575 293 Verdone, 293 Verdrie, ibid. Vermontant , ibid. Vernage, 410 Verticilla, 107 Vert-pré, À 276 Verzellino, 287, 288 Vetti-Vetto, 243 UF, 47 Uhu, ibid. Vinago , 160 Vingeon , (Canard ) 432 Virevent , 2290 Vitrac ordinaire , 22$ Vitrac-fouchet, 224 Vitrecs , ( leurs fignes caraétérifti- ques ) 222) Vitrec de bruyere , 223 à menton blanc, 226 de montagne, 22$ Vouroug-Driou , 45 Upésga , 119 Vrai Bouvreuil, 259 Vuidecoc, 324 Vuiderle, 116 Vulpanfer, 409 W WW ssssreuux ; 356 Common Water-hen , 351 Water-Rail , ibid. Wedknarr, 102 Weisbatt , Whever , Whilk , Whim, Whin-chat , White nun , White-Throat, Great-Red-headed Widgeon , Wige, Wigeon, Common Wild Duck, Wild fwan, Winter-and , Wipa , Wit-Tail, Woldsnaeppa , Wood-chat, Wood-Cock , Woodpecker , Wrakfogel , Wriand , Common Wren, Wryneck , Wynkernel , X D CATL; Autre Xochitenacatl , ve d'A x Yarwip, Yellow Hammer, Yohoalcoachillin , y FA 5 Zivolo, Zirlammer, Zirzcherlein, Zoette , Zoucet, Zouin-Schlupfrz ; Z Fin de [a Table Alphabétique, e ERA TURE EL Es (à + k rs d \ 1 \ & ÿ “ SA \ } E x Û 0 1 ' { c é ù PAU