^ ti L'HORTICILTEIIR FRANÇAIS DE MIL HUIT CEM CIAQIAKTE ET UN JDIiïMilL des Amateurs et des Intérêts horticoles RÉDIGÉ PAR F. HERIWCQ ATTACHÉ AU MUSEUM d'hiSTOIRE NATURELLE DE PARIS, COLLABORATEUR DU RÉGNE VÉGÉTAL, ÙU NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ, DU MANUEL DES PLANTES, ANCIEN RÉDACTEUR DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'HORTICULTURE DE LA SEINE, ETC. Annie lS70-7f PARIS iS m E. DONNAUD, LIBRAIRE-EDITEUR Rue Cassette, 9 N" 1. «80* Année. tH'SO. m mi mwi ©ikit ©[iKi^[!î)i*\K]iri i? m JOURNAL DES AMATEUIIS ET DES INTÉUÊÎS HORTICOLES CONTENANT LA CDLTURE RAISONNER, LA DESCHIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGDMES, LA DESCRIPTION ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX, PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DES AfflATEORS ET DES PRINCIPAUX HORTICDLTEORS DE FRANCE sous LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ, RÉDACTEUR EN CHEF, ATTACaÉ Ad MCSÉCM d'UISTOIRE NATURELLE UE TARIS, COllallorateur du Manuel des Plamet, des figures du Bon Jardlulei, Ex-Rédacteur principal de la SocUié iritonicuiiure 'aud, rue Cassette 9. L'IlORTlffllTEi FRANJlilS DE MIL HUIT CEÎVT CIÎVQIANTE ET UN JOURNAL Ï)ES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES KKhir.K PAR F. IlERINCO ATTACHÉ AU MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, COLLABORATEUR DU RÉGINE VÉGÉTAL, DU NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ, DU MANUEL DES PLANTES, ANCIEN RÉDACTEUR DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'hORTICULTURE DE LA SEINE, ETC. //^^^ ^"^-^ Année \m LIBRARY NEW VoaK hoï.^nxa:. . PARIS lî. DONNAUD, LIBRAIRE-ÉDITELli Rue Cassette, 9^ V, Il CCC LXX SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS UANS CK NUMÉRO. F. Ukrinco, Chronique — 0. Lescuyf.u, Cobsea penduliflora (PI. I).— Eug.de M\rtra(;ny, le Gazon et les Pourpiers. — Ekn. Bonard, Plantes nouvelles obtenues dans les jardins. — Le Roy Mabille, Pomme de terre : Plantation aiiloinnale et hivernale (février). — Boisduval, Noie sur les ravages occasionnés cette année dans la culture de Fraisiers, jiar la Grande Tipule des jardins . ITipiila olcraccaj. — X... Petites nouvelles ; Expositions et Floralies russes. — X... Travaux du mois de février. CHRONIQUE Un bouquet de violettes gigantesque : Violette Wilson de M. Uamel. Les ther- momètres sont comme" les baromètres et les météorologistps qui prophé- tisent la pluie et le beau temps-, singulière divergence d'opinions des ther- momètres des opticiens du quai des Lunettes. Les pronostics de M. Nick, pour l'année qui s'écoule; principes sur lesquels il établit ses prophéties: il a dit juste une fois sur dix. Nul ne croit à la science des Mathieu, mais tout le monde consulte ses oracles; sceptique et spirituel, ('oniment on s'y prend pour devenir un Mathieu quelconque. Le centenaire de llum- boldt, célébré dans presque tous les pays civili.sés : un mot sur la vie et les travaux de cet illustre savant. Paris, le ic" janvier ■1870. En ce jour solennel d'échange mutnel de petits cadeaux qui entretiennent l'amitié, dit-on, je voudrais, chers lecteurs, et surtout aimables lectrices, pouvoir vous adresser autre chose que ce vœu banal de bonne année et de bonne santé, qu'on sort chaque année de son écrin ; mais les temps sont durs. Il me serait bien doux cependant de vous ofîrir un bouquet de violettes comme celui qu'un prince de la finance parisienne vient d'envoyer à la femme d'un prince de la finance london- nienne ! mais, je le répète, les temps sont durs, et un pareil bouquet doit coûter quelques bons louis d"or; jugez-en ! Je l'ai vu chez maître Burel, horticulteur^ rue du Helder, et j'ose dire que c'est le plus merveilleHx, le plus gigantesque Ja7ivier \S10. 1 — 6 — bouquet de violettes qui soit sorti de la main d'une fleuriste. Je l'ai mesuré, et il avait deux mètres quarante centimètres de circonférence : 14 têtes pouvaient en même temps l'ap- procher pour aspirer le parfum qui commençait à n'être plus précisément très-agréahle, tant il est vrai que l'excès en tout gale les meilleures choses. J'ai assisté au pesage, et son poids était de 36 kilogrammes ! J'ai poussé la curiosité jusqu'à vou- loir connaître combien il y avait d'humbles fleurs de violettes, dans ce bouquet qui n'avait plus rien d'humble^ et j'en ai compté 41,500! Je garantis l'exactitude de ce chififre à un cent près. Il faut que la dame de Londres soit une bien forte femme, pour pouvoir tenir à la main ce petit bouquet de vio- lettes de 72 livres ! style de nos aïeux. Mais ce qu'il faut admirer dans ce bouquet, c'est, dirait M. Prud'homme, la patience et le talent de l'artiste. Faire uu bouquet à la main de 80 centimètres de diamètre, avec des fleurs dont la queue n'a pas toujours 5 centimètres de lon- gueur, c'est donner la preuve d'une rare patience et d'une grande habileté. Qu'aurait-il été ce bouquet, si maître Burel avait eu à sa disposition la fameuse violette Wilson?' Cette Violette Wilson, inconnue des bouquetières, est une nou- velle variété, peut-être même une espèce, à très-longue queue et qui pourra bien un jour, par ce fait, supplanter notre vio- lette des bois, dont la courte queue rend très-difficile la con- fection des petits bouquets si chers aux dames parisiennes. Elle est très-odorante, d'une très-belle couleur violette, son pédicelle ou queue a jusqu'à 20 et même 30 centimètres de longueur. C'est M. Ramel, l'introducteur et le vulgarisateur des Eucalyptus, en Europe, qui en a fait la découverte sur des murs en ruines de la citadelle d'Oran en Algérie, en compa- gnie de l'ami auquel il l'a dédiée. Je ne la connais encore que chez lui, au jardin botanique de l'École de médecine de Paris, et à Segrez ; elle n'est pas au commerce, que je sache, mais elle — 7 — mérite de l'être. Malheureusement sa rusticité ne va pas jus- qu'à lui permettre de passer l'hiver, 'à Paris, sans abri. Sa cul- ture est celle de la violette de Parme, et nous avonsfailli perdre les quelques pieds que nous avons à Segrez, par la gelée qui est survenue brusquement au commencement de décembre ; sans la neige qui les couvrait, c'en était fait d'eux ; car nous avons eu_, là, 13 degrés de froid , du moins notre thermomètre indiquait cette température; ce qui ne veut pas dire que tel était bien le réel degré de froidure. Les thermomètres, en effet, sont un peu comme les baro- mètres et les météorologistes qui prophétisent de la pluie et du beau temps ; ils ne sont pas toujours d'une rigoureuse exacti- tude, même ceux des maîtres. Ainsi, un jour de la semaine dernière, je passais, dans la matinée, par le Pont-Neuf, et comme tout bon Parisien, je consultai le thermomètre de l'in- génieur Chevalier; il marquait 7» 5/10 au-dessus de zéro, ligne des orangers et myrtes. J'en avisai un autre à l'angle du quai des Lunettes, chez Secrétan; celui-là indiquait 8 4/10, soit un degré de différence, et pourtant tous deux étaient à la même exposition, à 10 pas de distance, regardant le bon roi Henri. En continuant juon chemin j'en rencontrai plusieurs autres qui différaient aussi d'opinion sur le degré de la température atmosphérique. Le thermomètre de l'ingénieur Soury voulait que la chaleur soit de 6° 5/10 ; celui de l'ingé- nieur Boucart affirmait qu'elle était de 9 degrés,, température des puits profonds et des sources; Richebourg en avait un, à sa porte, qui indiquait 5"; à côté, celui de Fournier marquait 7"; enfin chez Boissel, le sein était à 6° 7/10. Comment ne pas faire naître des contestations sur les degrés de rusticité de certains végétaux, quand on a^, à sa disposition, des instru- ments d'une pareille précision ! J'avais donc raison de dire que thermomètres, baromètres et Mathieu, de tous pays, ne brillent pas par l'exac- — 8 — titude de leurs indications ou prophéties. Et je ne crois pas qu'il faille en excepter M. Nick, de Périgueux, le plus moderne des Mathieu, qui inscrit ses prédictions au Petit ofjîciel du soir. Voici, en effets ce que le savant périgourdin nous prédit après avoir compulsé tous les registres de l'Observatoire de Paris, que l'honorable directeur, M. Leverrier, a mis à sa dis- position; ce qui va bien étonner le monde entier y compris tous les astres. « Le prochain hiver sera-t-il rigoureux, oui ou non? » Telle est la question que s'est posée, M. Nick, tout comme un siaiple particuher qui n'a pas le moyen de faire^ à l'avance, d'abondante provision de bois. « Chacun, se répond-il, essaye de résoudre cette question à sa manière : les uns se basent sur l'épaisseur des pelures d'oignons ; les autres s'appuient sur la physionomie des saisons précédentes et raisonnent par analo- gie, ou sur l'émigration des oiseaux nomades, mais toutes ces données n'ont rien de sérieux ; les miennes seules sont sé- rieuses. I) Les principes sur lesquels sont établis ses pronostics repo- sent, en effet, sur l'action mécanique de la lune qui dissipe les vapeurs légères et mange les nuages. J'avoue que j'ai peine à comprendre comment un corps si- tué en dehors de notre atmosphère, à une infinité de portées de canon, peut agir mécaniquement sur les nuages de quelques points seulement de notre planète ; car la lune ne mange pas les nuages partout, puisqu'il pleut souvent à Paris quand il fait beau à Lyon et trop sec à Marseille. Quoi qu'il en soit, c'est d'après ces principes, qui sont ceux de Mathieu de la Drôme, que M. Nick décrète, au Petit journal officiel, que l'hiver de 1869-1870 aura une certaine analogie — une certaine analogie, le mot est heureux — a\ec celui de 1867-1868. (( Il sera marqué, dit-il, par des froids rigou- — 9 - reux •>; — préparons 'donc nos paillassons — « des gelées blanches se manifesteront frobahlcment — ce n'est pas plus sûr que cela : probablement — vers les 5, 13, et 25 novembre; dos froids intermittents assez vifs se feront sentir vers les 5, 9, 13, 18, 22 et 28 décembre, principalement pendant les deux premières dizaines; ces froids serojit accorii pagnes de neiges abondantes, particulièrement vers les li^ 20 et 27. » Voilà pour le passé et le présent; on peut parfaitement ap- précier l'exactitude de ces pronostics ; donnons-nous donc ce plaisir. Il a dit juste une fois, pour la gelée du 5 décembre, qui a été accompagnée de neige abondante que le perspicace météorologiste de Périgueux annonçait tout particulièrement pour le 1 1 . Mais qu'est-ce que 5 jours d'écart? Bagatelle ! Et puis, la neige n'a t-elle pas pu rencontrer en route un obstacle qui a retardé sa chute? Ces retards arrivent presque journelle- ment pour les trains de chemins de fer, 'et les navires qui cir- culent sur les océans. On ne peut donc pas rendre responsable de cet écart les principes sur lesquels reposent les pronostics d.e M. Nick. Tomber juste une fois sur 10, c'est un résultat qui dépasse toute espérance, et peu s'en est fallu que ce ne soit 2 sur 1 0 ; car il annonçait de la gelée pour le 28, et c'est dans la nuit du 2i au 25 qu'elle s'est fait sentir. Cette fois c'est une avance de 4 jours ; mais il se pourrait que ce soit la gelée an- noncée pour le 22 qui a subi aussi un retard de 2 jours; et ce retard s'expliquerait très-bien : il pleuvait si fort le 22, que la gelée a dû évidemment se mettre à l'abri quelque part, pour attendre la fin de l'averse, qui n'est survenue que le vendredi au soir 24-. On a pu voir comment cette pauvre gelée s'est em- pressée (le fonctionner pendant la messe de minuit, aussitôt apiès la chute de la dernière goutte d'eau, sur l'injonction, sans nul doute, de M. Nick ou du dernier quartier de la lune qui prenait possession de la haguette magique deux jours après, c'est-à-dire le 26. — 10 — C'est une bien belle science, il faut en convenir, que cette science des Mathieu et des Nick. Quels services immenses elle va rendre aux horticulteuts ! D'un côté économie : quand ils sauront que l'hiver ne sera pas rigoureux, ils ne feront que peu ou point de paillassons; d'un autre côté plaisir : car ils pour- ront préméditer bien à l'avance une partie d'été, quand ils sau^» ront que des pluies intermittentes viendront faire leurs arro- sements pendant la première, ou la deuxième, ou la troisième dizaine du mois de juin ou d'août. Qu'elle aimable science! Et pourtant nul ne veut y croire...; mais tout le monde s'empresse de consulter ses oracles, pour savoir si le temps ne doit pas changer, ou si l'on est loin d'un nouveau quartier de lune. Et on ose dire que nous sommes 'un peuple spirituel et sceptique. Calomnie, pure calomnie! Nous sceptiques ! allons donc ! Nous avons cru au zouave Jacob ; nous croyons en la divinité terrestre d'une tireuse de cartes et en la translucidité d'une somnambule; nous croyons en la science des Nick; nous croyons encore et toujours à l'influence de la lune, aux Carottes sauvages améliorées de Vilmorin, à la transformation et perfectionnement des Radis de famille, à la sève descendante que personne n'a jamais vue descen- dre, etc., etc. Or, quand on croit à tout cela on ne peut pas être sceptique: mais on ne peut pas être non plus très-intel- ligent ni spirituel. Je le dis bien sincèrement et sans flatterie. Et puisque nous croyons si bien en tout, servons-nous donc — pour notre gouverne — la suite du plat Nick. Le savant météorologiste prophète de Périgaeux continue ainsi ses pronostics pour le premier trimestre de 1870 : e Le froid reprendra avec plus d'intensité et de persistance dans la première et la deuxième dizaine de janvier, particuliè- rement du 4 au 5; la neige vers le 2, 9, 16. La troisième dizaine sera moins froide, assez agitée et plus humide. » Le mois de février sera plus accidenté que le mois de — 11 — janvier;, humide et relativement doux^ sauf quelques gelées partielles qui se produiront vers les 5, 10, 16, 21 . B Le rayonnement nocturne se manifestera encore dans la pi?emière dizaine de mars^ mais avec peu d'intensité. Ce mois sera assez accidenté et plutôt humide que sec, comme le mois de février. » Maintenant les jardiniers peuvent prendre leurs dispositions pour ne pas être surpris par les froids; s'il leur arrive quelque malheur, ils ne devront s'en prendre qu'à eux; j'ai fait ce que je devais. J'ajouterai encore un mot, cependant, à l'intention des per- sonnes qui voudraient devenir un Mathieu quelconque, ou seu- lement se passer des pronostics des autres. Pour annoncer avec certitude ïe temps qu'il doit faire l\ des époques déterminées, voici comment il faut procéder. On éta- blit, pour cha(|ue mois, une série de dates avec un écart de 4 à 6 jours entre chacune d'elles; soit par exemple 3, 9, 15, 18, 22, 28. Ceci fait, on prélude ainsi, comme M. Nick : a: Considérant que plus la résultante des forces est élevée, plus le ciel est couvert-, et qu'au contraire, plus la résultante des forces est faible, plus la lune mange de nuages et consé- quemment plus le ciel est clair; considérant en outre que, le V^ janvier 1799, la lune a mangé, pour ses étrennes, tous les nuages qui obscurcissaient l'horizon, il en résulte que l'été de 1870 aura une certaine analogie avec celui de l'année 1799. En conséquence : il y aura des chaleurs intermittentes pendant le mois de mai, et principalement vers les a, 9, 13, 18, 22 et 28; mais il est présumable que des pluies intermittentes viendront pour atténuer l'aridité de la sécheresse, et ces pluies tomberont particulièrement vers les 7. 11, 16, 20, 24 et 30, etc., etc. Et ainsi pour les autres. S'il arrive que la pluie tombe un des jours indiqués, on fait insérer bien vite dans les journaux ce petit entrefilet : <( Chacun a pu contrôler la mer- i9 veilleuse exactitude des principes sur lesquels reposent les pronostics du savant M. Mathieu de la Garonne. La pluie qu'il avait annoncée est tombée juste le jour indiqué par lui, etc. -7- Si au contraire c'est dans l'intervalle de deux dates, on dit : — « Il avait annoncée, que la pluie tomberait vers le 24, elle est en effet tombée le 22; mais le ciel menaçait depuis deux jours; on ne peut pas prédire avec plus de précision la probabi- lité du temps, etc., etc. Ce n'est pas plus difficile, et le tour est joué. On passe alors pour un génie, et votre descendance voit, avec un bonheur suprême, la génération contemporaine fêter votre centenaire, comme on vient de le faire pour Alexandre de Humboldt, et Napoléon V\ C'est un usage, en etïet, qui commence — que ces manifes- tations du centenat — et on va le mettre à la mode pour faire tomber les statues qui abusent de la permission d'envahir les places publiques. C'est pour Napoléon 1'% qu'on a inauguré cette invention. Mais l'année 1769 n'a pas produit que l'empereur de ce nom; elle a fourni au monde savant l'occasion de célébrer le cen- tenaire d'une de nos plus illustres célébrités scientifiques : Alexandre de Humboldt, auquel l'horticulture est redevable de nombreuses plantes nouvelles, et d'un beau travail sur la géographie botanique, qui rendrait de bien grands services aux horticulteurs, si les horticulteurs avaient le temps d'étudier cette science un peu plus exacte que celle de la météorologie des Mathieu. A ce point de vue, de Humboldt nous appar- tient; il a droit à notre reconnaissance et à un petit speech. Alexandre de Humboldt est né à Berlin, en 1769, do parents riches et d'une très-grande famille. A l'âge de 7 ans, il eut pour précepteur Campe, l'auteur du Robinson allemand; ce c[ui explique tout naturellement son goût et sa passion des voyages. En quittant l'université de Gottinguc, à l'âge de 21 ans, il - 13 — commença à se préparer pour ses grandes entreprises scienti- fiques. 11 fit son premier voyage sur'les bords du Rhin en com- pagnie du botaniste Forsler, et ce n'est qu'après dix années d'études préparatoires qu'il partit du port de Corogne, en Espagne^ pour l'Amérique. Tous les travaux qu'il y accomplit : explorations, observations, collections sont de la plus haute valeur scientifique. Il avait déjà commencé ses études sur les moyennes ciimatologiques, dont le résultat, connu sous le nom de « lignes isothermes )), fut une de ses contributions les plus originales à la science. Avec l'intuition du génie, il vit que la distribution de la température obéit à certaines lois, et, de l'observation, de la combinaison des faits, il enseigna aux géographes à tracer, sur leurs cartes, ces courbes dont les ondulations expriment les lois de la climatologie à la surface de tout un hémisphère. Un des premiers bénéfices de la riche moisson qu'il recueillit durant ce voyage, fut son tableau de géographie botanique, représentant les principaux traits physi- ques du continent américain. —Ayant remarqué, en effet, que la végétation change de caractère à mesure qu'elle s'élève sur le flanc des hautes montagnes et s'échelonne ainsi le long des pentes en gradins successifs, il conçut l'idée de dessiner une montagne conique, et d'indiquer, surles contours, les diUerents aspects de la 'surface, depuis le niveau de la mer jusqu'aux pics les plus élevés. Avec ce tableau, il suffit d'un coup d'oeil, pour saisir la succession des zones de végétation, et la distri^ bution géographique des plantes. Il étendit ensuite ces com- paraisons à la zone tempérée et à la zone arctique, montrant alors que, à mesure qu'on s'avance vers le nord, la succession des plantes au niveau de l'océan correspond à leur échelonne- ment sur le flanc des hautes montagnes ; si bien que, près du pôle arctique, la végétation présente une ressemblance remar- quable avec celle qu'on rencontre sous les tropiques, à la limite des neiges perpétuelles, etc., etc. _ 14 — De Hiiniboldt fit de nombreuses collections de plantes et d'animaux, et des expériences physiques sur les êtres vivants qui n'ont pas moins profité à la science; mais il faut dire aussi qu'il avait pour compagnon un jeune botaniste plein d'ar- deur,, Bonpland, qui s'occupait spécialement de la récolte des plantes. Après cinq années de pénibles explorations dans ces plaines immenses qui s'étendent entre l'Océan et le bassin de l'Oré- noque, le Rio-negro, les Amazones et les défilés des Cordil- lières, gravissant les plus hautes montagnes, visitant les cra- tères à peine éteints, Â. de Humboldt revint en France en pas- sant par le Mexique, la Havane et Philadelphie. C'était en 1 804. Il vint se fixer à Paris, et commença la publication du résultat de ses voyages, qui comprend toutes les branches de l'histoire naturelle , plus la géographie , la physique , la météorologie^ l'astronomie, etc. Alexandre de Humboldt était une grande et noble illustra- tion scientifique qui n'avait pas de patrie. Il était de tous les pa« où fleurissaient les sciences; mais il aimait principale- ment la France, parce que, à cette époque, on aimait beaucoup la science en France. Aussi, son centenaire a-t-il été célébré dans presque tous les pays civilisés. A Berlin, l'Académie des sciences et toutes les sociétés savantes de l'Allemagne lui ont consacré des séances spé- ciales, dans lesquelles des discours ont été prononcés et fort applaudis. En Angleterre, des cérémonies analogues ont eu lieu. En Amérique^ on lui a rendu les honneurs publics. — Philadelphie a eu une véritable fête internationale, et à Boston, la Société d'histoire naturelle s'était assuré le concours de M. Agassis, qui a prononcé un éloquent discours d'autant plus religieuse- ment écouté, que chacun connaissait les longues relations d'amitié qui ont existé entre ces deux éminents savants. — \o — A Paris, les sociétés savantes se sont empressées de ne point concourir du tout à la fôte du centenaire de Humboldt ; la colonie allemande seule a organisé une petite réunion, presque de famille, pour fêter la mémoire de l'auteur du Cosînos. F. Heulnco. COBiEA PENDULIFLORA (Pl. I). Tout le monde connaît le Cobœa si recherché des amateurs de petits jardins et des heureux mortels des villes possédant un balcon ou une terrasse ; c'est lui qui leur apporte, en eftet, l'ombre et la fraîcheur, et qui offre à leurs yeux un élégant rideau de tendre verdure, parsemée de belles et grandes fleurs en cloche de couleur pourpre marbré. Un voyageur botaniste, M. Fendler, en a découvert une autre espèce dans les montagnes de Caracas, à une hauteur de 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui a été baptisée par M. Karsten, dans sa flore de Colombie, Rosenbergia pen- duliflora. C'est elle que nous figurons dans ce numéro sous le nom de Cohœa penduliflora, nous rangeant à l'opinion de M. Hookerqui ne voit pas autre chose, en elle, qu'un Co6fm. Son introduction en Europe est due à M. Ernst, qui en envoya des graines au jardin royal de Londres oîi la plante a fleuri en décembre 18G8, dans les serres à Palmiers. Sa tige est grimpante, glabre^ d'un vert pâle; les feuilles sont alternes, pourvues de vrilles et de larges stipules comme dans l'ancien Cobœa scandens. La différence réside essentiellement dans la fleur qui tout d'abord est d'un jaune verdâtre clairet pendante. Le calice est a cinq lobes oblongs aigns, avec un tube très-court muni de cinq bosses arrondies à sa base. La corolle est irès-remar- quable et ne manque pas d'élégance par la disposition de ces — 16 — cinq lobes qui se détachent da tube à peine long de 2 centi- mètres — en lanières longues et étroites (10 centim. sur 4 millini,) comme des rubans un peu ondulés. Les étamines, au nombre de cinq, ont une anthère oblongue jaune, versatile, fixée au sommet d'un très-long filet rouge ; toutes les étamines s'écartent horizontalement et passent entre les lanières de la corolle. Le style est également très-long, presque une fois plus long que la corolle, de couleur vert jaunâtre clair, et terminé par trois stigmates filiformes. Celte curieuse espèce est considérée actuellement comme plante de serre chaude ; mais il est probable qu'elle deviendra, comme celle qui l'a devancée dans les pays civilisés, plus dé- mocratique, et qu'elle daignera condescendre à orner, pendant l'été, les tonnelles des petits jardins, et les balcons du 5e étage^ où d'élégants treillages s'empresseront de lui offrir un géné- reux appui. 0. Lesguyer. LE GAZON ET LES POURPIERS. Ceci n'est ni un conte ni une fable, comme pourrait le donner à penser le titre de cet article; c'est un simple fait que j'ai observé chez un de mes amis, et qui m'a paru digne d'être révélé aux amateurs de gazon fleuri. Tous les goûts sont dans la nature : les uns aiment une verte pelouse bien unie, exclusivement composée de ray-grass, et ils arrachent impitoyablement^ alors, la plus petite fleur de. pâ- querette pour ne pas rompre l'uniformité de la teinte verte de leur pelouse. Les autres, au contraire, regrettent de ne point voir poindre, au-dessus du vert gazon, quelques jolies petites fleurs de coucous ou primevères, des petits bouquets de trèfles, d'élégantes grappes simples de cardamine des prés, ou d'au- ~ 17 — très plantes qui peavent vivre en bonne harmonie entre elles^ sans porter atteinte à la bonne santé de la pelouse et qui égayent un peu le paysage. C'est pour ces derniers que je rapporte le fait en question. Un terrain avait été occupé, pendant plusieurs années, par un jardin fleuriste disposé en plates -bandes qui recevaient des plantes de toutes sortes^ et notamment des plantes annuelles. L'année dernière, on fit de ce fleuriste une sorte de petit par- terre avec pelouse et corbeilles. Le gazon était en ray-grass le plus pur, et jusqu'au mois de juillet, sa pureté fut rigoureuse- ment maintenue par des sarclages. Mais à cette époque le jar- dinier voyant apparaître quelques plantes à petites feuilles charnues et cylindriques, voulut voir ce qu'elles produiraient; il les fit respecter, et un beau matin on fut agréablement surpris de voir les pelouses émailléesde nombreuses et grandes fleurs de pourpiers, rouges, roses, blanches, jaunes, qui brillaient d'un éclat inusité au milieu de la couleur verte du ray-grass. Et comme bien l'on pense, ces pourpiers furent conservés, et pendant toute l'arrière-saison, ils n'ont pas cessé d'orner les pelouses du petit parterre. Ces plantes provenaient de graines enfouies dans le sol, pendant la culture du terrain en jardin fleuriste, et qui avaient été ramenées à la surface par les tra- vaux de vallonnement des pelouses du pelii jardin. Ce Pour pier est le Portulacca grandiflora, plante annuelle du Brésil qui a donné plusieurs variétés dont quelques-unes ont reç: les noms de Thellnssonii, Tliornburnii, caryophylloïcles. Ces herbes ont des tiges étalées très-rameuses, et leurs fleurs, rouge violet avec une tache blanche à la base des pétales dans le type, naissent à l'ais'selle des feuilles de la partie supé» rieure des rameaux ; elles peuvent mesurer de six à sept cen- timètres et ne s''ouvrent qu'au soleil. Le Portulacca Thcllussonii ,a les fleurs écartâtes avec lo centre blanc ; — le T/iombumii les a jaune foncé, tiquetées Janviev -1870. 2 .„. 18 — de rouge à la base; — clans [ecaryophijlloïdes. elles sont d'un rose tendre, striées de rose foncé et de lilas. Il y a en outre les variétés : blanc strié ; panachée de jaune et de blanc ; orange; rose pâle, et enfin les variétés à fleur pleine, qui offrent à peu près toutes les nuances des variétés à fleur simple. Jusqu'à présent, on n'a utilisé les Pourpiers que pour faire des bordures, pour décorer le dessus des grandes caisses, les balcons, les terrasses, les glacis, les rochers et les ruines exposées au midi. Je les propose aujourd'hui pour émailler gaiement les pelouses qui sont établies dans les terrains sablonneux, secs et exposés au soleil le plus ardent. On peut les semer au prin- temps, soit en même temps que la graine de gazon, soit sur les anciennes pelouses, dans les parties dénudées qu'on béquil- lera d'abord pour ameublir la terre, et qu'on chargera ensuite d'un peu de terreau après les semis opérés. Ou bien encore, on pourrait semer sur couche et repiquer les jeunes plants dans les éclaircies du gazon. Dans l'un ou l'autre cas, on obtiendra une belle floraison pendant toute l'arrière-saison, comme celle que j'ai tant admirée en septembre dernier. Eug. de Martragny. PLANTES NOUVELLES OBTENUES DANS LES JARDINS. M. Boucharlat aîné, à Guire-les-Lyon, annonce pour l'an- née 1870 un grand nombre de nouveautés qui seront au commerce à dater du 16 janvier. En Pelargonium à fleur double, ce sont : Volcan, rouge vermillon orangé; floribunda, rouge ombré; Madame Bou- charlat, rose vif de Heur de pêcher; Docteur Adrien Sicard, vermillon pur. — 19 — f.es Pelargonium à fleur simple s'appellent : Gloire de saint Louis, Abondance, Bélisaire, Madame Baudrand, Etendard des Nossegay^ Signor Sangali, Reine Blanche. Les zonales h grande fleur sont : Edouard Trouin, Hug Low, Calot, rosea compacta, Comte Paolo Taverna, Boule de neige, Made- moiselle Marie Opoix, Mutabilis^, Madame E. G. Henderson, Lucius le Nain. Enfin un Pelargonium unique nommé rubes- cens. Les Pétunia doubles sont inscrits sous les noms de : Boule violette, Dame blanche, Tom Pouce, la Candeur, la Vierge^ Evelina, Cléopâtre, Sidonie, monstruosa piena, violacea plena. Calypso, resplendens, mirandum, M. Opoix, Pluton, l'Étonnant, M. Ambr. Verschaffelt, M. Buyron. Des Chrysanthèmes — hors ligne — forme aponaise, on nom : Admiranda, Simon Delaux, Blanche de Castille, Ma- dame Ghniard, Crykand, Ci-Syang, Y-Kang-Kang, Griterion, pyramidalis, Surprise, Soleil d'or, Sans pareil, Clorinde, marginata. — D'autres Chrysanthèmes à formes diverses, et non japonaises, apparaîtront à la même époque ; ce sont : Dis- tinction, Bismark, Madame Etienne, multitlora, Impératrice, Belle Aurore, Rose d'amour, Reine des blanches, Précocité. Les nouveautés en Verveines sont : M. Crousse, Coquette du Grand-Duché, Grand-duc de Bade, Elvina, Octavie. Enfin les Véroniques rosa-alba, compacta superba et le Lantana Caméléon terminent la liste des plantes nouvelles de l'établissement de M. Boucharlat. Dans le catalogue de M. Chaté, rue Sibuet, 9 (boulevard Picpus, 40), Paris, nous trouvons plusieurs nouveautés inté- ressantes : Canna Adolphe Weich, à feuilles longues de 80 cent, vert" foncé avec large bordure rouge pourpre, et à fleurs rose orangé ; — Hendersonii, à feuilles vert glauque longues de 60 cent, et à très-grandes fleurs rouge carmin bordées de '— 20 — lignes du jaune le plus pur; — Auguste Joiyneaiix, à feuilles très-grandes d'un beau verl;^ et à fleurs extra -grandes, rouge ponceau vif parsemées de petites maculatures marron; — Coîîite de Lambertye, à feuilles larges bordées de pourpre, et à fleurs très-grandes jaune aurore. Bégonia Emile Chaté, Louis Lignot, Madame Lignot, Gloire de Montereau et excelsa. Les Pelargoniwn zonales doubles sont : Jean Sisley, Bouquet de Livry, Madame Jules Smith, Charles Dagneau, Triomphe de Vincennes. — Les variétés à grande fleur ont reçu les noms dB : Comte Albert de Larochefoucauld, Elisa Lama- tabois, François Herincq, Madame Elie Reclus, Madame Eu- gène Mangé et Souvenir de ma grand'mère. M. Billiard fils (dit la Graine), à Fontenay-aux-Roses, a obtenu, lui, les Weigelia M. André Leroy et Madame Car- rière, ainsi que 4 Lonicera Chamaecerasus tartarica : speciosa, elegans, bicolor, et graciHs. Ern. BoNARD. (^ mivre.) POMME DE TERRE. Plantation automnale et hivernale (i). La Pomme de terre^ parmi les plantes, occupe le premier rang après le blé, sous le rapport de l'aUrnentation. Ne lui demandons pas plus qu'elle ne peut donner, mais exigeons d'elle tout ce que nous pouvons en attendre. On ne sait pas, ou plutôt on a oublié, tout ce que vaut Fanti- famine, comme l'ap- pelait Parmentier. Mûre, elle contient beaucoup plus de sub- stances nutritives que quand elle ne l'est pas, ce qu'elle a de :'l) Journal de l'Agriculture. — 21 — commun avec toutes les plantes du monde, et elle n'est mûre qu'autant qu'elle a végété pendant tout le temps qu'elle peut végéter ; c'est encore en quoi elle ressemble à toutes les plantes que Dieu a créées. Laissons-la donc végéter aussi longtemps que possible, c'est-à-dire plantons-la en automne, afin que nos pauvres, s'ils en mangent vingt et une fois par semaine, comme dit spirituellement M. Villeroy, fassent vingt et un repas un peu plus réparateurs qu'aujourd'liui. Mais encore dans tout cela n'ai-je parlé que de la qualité, il faut aussi voir l'abondance. Tous ceux qui ont pratiqué la plantation automnale ont déclaré avoir fait des récoltes dou- bles. Si donc ces mômes pauvres, au lieu d'avoir un kilo- gramme de Pommes de terre qui ne contiennent que de l'eau, en ont, pour le même prix, deux kilogrammes-de nourrissants, n'est-ce pas quatre fois préférable? N'est-ce pas là un com- mencement du programme depuis si longtemps cherché et toujours insaisissable de la vie à bon marché (1)? M. Villeroy, attaquant ma méthode, dit que dans la localité qu'il habite on plante rarement avant le mois d'avril, que quelquefois la plantation se prolonge jusque dans le mois de mai, « et pourtant les Pommes de terre mûrissent. » Je regrette de ne pas pouvoir partager sa manière de voir là-dessus; mais je dis que ces pommes de terre ne sont pas mûres. La dessicca- tion des tiges ne prouve pas la maturité ; car enfin il faut bien qu'un jour ou l'autre elles se dessèchent, quand même la plan- tation se serait faite en juin ou en juillet; à ce compte, les Pommes de terre seraient toujours mûres. Des Pommes de (1)M. de RaiuneviUc, qui a pratiqué la plantation automnale pendant plu- sieurs années, et qui n'y vnyaitaue««e difficulté pour la grande culture, disait que, chez lui, le produit moyen du Bienfaiteur était de 30 pour 1 de semence et pas une de malade! Le respectable agronome avait si bien régénéré' la pré- cieuse plante, que déjà il était arrivé à en obtenir presque le même produit que du temps de Valmont de Bomare, 30 à 40 pour i. — 22 — terre abandonnées dans le sol ou plantées au commencemeE.. d'octobre ne perdent leui'S tiges que dix ou onze mois après, quelquefois près d'un an; donc il leur a fallu tout ce temps pour compléter leur maturité. Jusqu'à quel point peuvent être mûres celles qui n'ont végété que quatre ou cinq mois? Une plante peut-elle mûrir également en quatre mois, en six mois, en huit mois, en onze? Je m'en rapporte à M. Villeroy lui- même. M. Villeroy dit encore que quand on plante les Pommes de terre trop tôt, au printemps, avant que la terre soit suffisam- ment desséchée, elles ne germent pas pour cela plus tôt. C'est possible pour certaines terres, et je dirai pour la centième fois que c'est aux cultivateurs à prendre conseil de leur terrain. Ne faisons pas de règle trop générale ; telle chose est possible ici et ne l'est pas là. Ce qui est certain, c'est que, dans les quatre concours qui ont eu lieu dans mon arrondissement, presque toujours les plantations de février l'ont emporté sur celles de mars et d'avril en abondance et en qualité. Bien plus, sur 884 expériences comparatives faites en Angleterre, ce sont les plantations de février qui ont donné, proportion gardée, le plus de bonnes récoltes (1). Et remarquez que le (1) Les résultats de ces 884 expériences sont trop d'accord avec ma théorie pour que je les passe sous silence : Bonnes récolles. Mauvaises récoltes. 67 plantations d'automne ont donné 56 41. 442 — de février — 431 44. 224 — de mars — 4 36 88. 252 — d'avril — 105 4 47. 499 — de mai ~ 44 455. C'est-à-dire que les bonnes récoltes ont été ; en automne 83, 6 p. 100 ; en février, de 92, 2; en mars de 60, 7; en avril de 41, 7; en mai de 22, 1. Ou bien, les mauvaises récoltes ont été: en automne de 16, 4 p. 100; en février de 7, 8, en mars, de 39, 3; en avril de 58, 3; en mai de 77, 9. C'est-à-dire, que plus l'on a différé la plantation, plus les tubercules plantés' étaient déjà , 23 climat tempéré du Boulonnais et de l'Angleterre ne peut pas être ici invoqué comme circonstance favorable, puisque, à cette époque, les grands froids sont passés. C'est donc aux cul- tivateurs, de quelque pays qu'ils soient, à essayer. xMaiSj quand même les Pommes de terre plantées en février resteraient stationnaires^ elles auraient au moins cet avantage de ne pas s'échaufTer dans les caves^ où elles germent et s'é- puisent à donner de longues pousses qu'il faudra bientôt arra- cher. Et puis, voyez le tubercule après cela, surtout si l'on a attendu jusqu'au mois de mai : comme il est mou, crispé, ratatiné, vidé, épuisé! Voilà la semence que l'on charge delà production ! J'ai entendu dire, bien des fois, que la Pomme de terre, au mois de mai, n'était plus bonne à manger. Quoi ! elle ne vaut plus rien pour la bouche et elle est encore bonne à reproduire l'espèce! « La maladie a successivement diminué, répond, M. Yil- leroy, puis elle a disparu comme elle était venue. )) Il est vrai qu'on plante généralement plus tôt; aussi y a-t-il atténua- tion du mal. Mais y a-t-il disparition?... Demandez à M. Des- sin, qui disait, l'année dernière, que ses voisins perdent an- nuellement la moitié de leur récolte, quelquefois les deux tiers; mais ils plantent en avril et en mai, et M. Bossin, qui est à même de comparer, qualifie cela de mauvaise habitude. » On propose une foule de remèdes, tous ont été inu- tiles. » Tous ceux qui ont planté de bonne heure, soit en automne, comme MM. de Rainneville, Tougard, de Saubiac, Vilmorin, de Monlagnac , Jourdier et autres^ soit dans la première quinzaine de février, comme MM. Bossin et Capet, vidés, épuisés par une végétation inutile, plus la récolte a été mauvaise. Est- ce clair? Maintenant connaît-on la cause de la maladie? Si l'on me dit que les plantations d'automne sont battues par celles de février, je renverrai à l'obser- vation de M. de Rainneville, à la fin de cette note. _ 24-— ont va leur plant se régénérer graduellement, et cette régéné- ration a été d'autant plus rapide qu'ils ont donné plus de tbmps à leur Pommes de terre pour mûrir, et qu'en môme temps ils se sont servis de Pommes de terre régénérées. C'est-à- dire que plus le plant reproducteur a été parfait, plus tôt la race s'est relevée. C'est encore en cela que la Parmentière ressemble, non pas seulement à toutes les plantes du monde, mais à tous les êtres organisés que Dieu a jetés dans ce vaste univers. Si mon estimable contradicteur veut bien.se donner la peine de relire ce que j'ai dit à ce sujet dans le n° 40 du Bulletin de r Agriculture de 1867 et au n" 4 de 1868, je ne doute pas que bientôt il ne soit aussi chaud partisan que moi de la régénération progressive. Il y a encore un point sur lequel M. Viîleroy, M. Ritter, M. Risler et moi, ne sommes pas d'accord. Ici, je vais faire de la pure théorie; je laisse de côté l'application pratique, ces trois messieurs étant meilleurs juges que moi. Mes honorables contradicteurs, qui feraient rechercher la discussion comme un plaisir, tant ils y mettent de formes, pensent que le froid qui règne dans leur pays ne permettrait pas la plantation automnale. Si leur sous-sol ne permet pas d'enterrer la Pomme de terre à 20 ou 25 centimètres, je n'ai rien à dire; mais dans le cas contraire, je ne pourrai pas être de leur avis, et cela pour plusieurs raisons. D'abord je citerai l'exemple de M. de Montaigne, dans l'Alher, qui plante en oc- tobre; puis de M. Enjaibai, dans l'Ariége, qui plante en no- vembre pour récoller en mars ou avril (longtemps avant qu'on ait planté en Alsace), puis celui de M. Saubiac^ qui m'annon- çait que dans la Haute-Garonne, des Pommes de terre aban- données dans le sol avaient résisté à une gelée qui avait fait périr des masses déplantes et d'arbustes de pleine terre. En second lieu, j'appellerai toute l'attention de ces mes- sieurs sur la réflexion qui va suivre d'un journaliste anglais. — 25 — Dans une de mes brochures, j'avais rappelé l'expérience de M. Capel, dont tous les tubercules, plantés à 14 cenlimètres de profondeur, ont péri par la gelée, et celle de M. le comte de Rainneville qui, ayant enterré les siens à 22 ou 25 centimètres, au moyen d'une bonne raie de charrue, les a tous vus lever au printemps, bien que la gelée eût pénétré à 33 centimètres. Le Gardeners' Chronicle du 10 avril 1852, en rendant compte de cette brochure, a dit : « Aux yeux des hommes les plus expérimentés de ce pays, la question de la plantation d'automne est, depuis quelques années déjà, une question tranchée : M. Leroy-Mabille ne nous apprend donc rien de nouveau. Mais il confirme par des faits irrécusables tous les avantages de la pratique, et il montre combien peu est fondée la crainte que partagent beaucoup de personnes, que les tubercules plantés en automne ne gèlent en terre. Sur ce point, ses remarques sont frappantes, et .nous concluons en les reproduisant. » Ici le journal reproduit, en effet, quelques-unes de mes ob- servations, plus les deux expériences que je viens de rappeler, et il ajoute : « M. Leroy arrive à celte conclusion: que la Pomme de terre ne peut pas résister à la gelée lorsqu'elle est trop près de la surface du sol, mais qu'elle a celte faculté si elle est enterrée assez profondément, sans doute, dit-il, parce que le froid y est moins rigoureux, et peut-être aussi parce qu'il n'y arrive que graduellement et se retire de même; ce qui est précisément ce que nous avons si souvent affirmé nous-même sans avoir pu jamais en convaincre personne. » Il paraît qu'il en est de même en France... et même en Ba- vière, mais ce que l'on perd de vue trop généralement, c'est la contrée dont la Pomme de terre est originaire, et le froid ex- trême auquel elle y résiste. Je laisse parler là-dessus le savant Virey : — 26 — « La nouvelle espèce de Pomme de terre découverte à Ve- nezuela (Mexique) et décrite par le Journal de Pharmacie^ ne serait pas plus difficile h acclimaler dans nos régions froides que l'ancienne née également près de l'équateur, mais sur des terres élevées, comme le plateau de Quito, àplusde 1400 toises (2800 mètres) au-dessus du niveau de la mer, et dans la chaîne des Cordillières à une hauteur telle que le froment et le maïs ne peuvent plus y croître à cause du froid. » Je crois donc pouvoir dire, après cela, que la Pomme de terre n'a rien à craindre du froid dans notre Europe. Et ce- pendant encore, malgré ce que je viens de dire, et tout parti- san que je suis, en principe, de laplantation autom.nale, je dis qu'il ne faut pas l'essayer en grand pour commeucer; je dis même que j'adopte complètement l'amendement de M . Bossin, qui a aplani les difiiculiés de ma méthode en ne plantant que dans. la première quinzaine de février. La raison, c'est que je craindrais, en insistant trop sur les plantations d'automne et en voulant marcher trop vite, de compromettre encore une fois le succès. Je déclare donc que^ provisoirement, je passe, avec armes et hagages, sous les drapeaux de M. Bossin; dix-huit années consécutives de récoltes saines et abondantes sont un ensei- gnement assez puisant. Plus tard, quand on aura goûté de la plantation hâtive, on avancera peu à peu et peut-être fera-t- on comme M. de Rainneville qui en était venu à planter en septembre . Mais en attendant, ce dont je ne démordrai pas, ce que je maintiendrai envers et contre tous, unguibus etrostro, c'est que les Pommes de terre de mon cher confrère en Par- mentier ne sont pas complètement mûres, et je viens d'en don- ner la raison. Or, pour la Pomme de terre comme pour toutes les plantes du monde (je demande pardon, si je reviens si souvent sur cette expression, mais on a fait de la pauvre plante ]e paria du règne végétal, et l'on s'étonne qu'elle soit malade!), pour la Pomme de terre, dis-je, comme pour quelque plante que ce soit^ il faut une semence aussi mûr que possible. Je dis donc que pour marcher rapidement à la régénération de la précieuse anti-famine^ sans rien compromettre, il faut planter des Pommes de terre en automne, en quantité suffisante pour avoir de la semence ; les recouvrir de fumier pour les préserver de la gelée^ si le sous-sol ne permet pas une plantation plus profonde ; ne les arracher que lorsque les tiges seront bien ianées, et les employer ensuite comme semences pour la grande culture, qui se ferait aussitôt que l'état du sol le per- mettrait, au temps choisi par M. Bossin, s'il était possible. Quand on aura essayé cette méthode pendant deux ou trois ans de suite, mes honorables contradicteurs pourront dire que le remède est tout trouvé. Mais de grâce, lorsque nous essayerons la culture autom- nale, mettons-nous dans les conditions requises pour réussir. Plantons à une profondeur sulhsante pour nous mettre à l'abri de la gelée, soit 120 ou 25 centimètres ; ne plantons que dans des terrains secs qui permettent cette profondeur_, car s'ils sont humides, le plant pourrira; ne nous servons que de tubercules entiers ; — pas de fumier frais ; — et surtout employons toujours le plant régénéré obtenu par ce moyen. M. de Rainneville avait déjà dit, en terminant une de ses instructions : «: Quelques personnes de notre connaissance ont planté avant l'hiver, et elles ont récolté des tubercules gâtés. Nous les invitons à hre avec attention les conditions expo- sées plus haut, elles verront que toutes n'ont pas été sauve- gardées comme l'indique M. Le Uoy-Mabille. » Et moi j'a- jouterai : Ne vous étonnez pas si, malgré toutes vos précau- tions^ vous obtenez encore des tubercules gâtés la première année; le mal est ancien, et il faut bien lui donner le temps de se guérir ; on ne guérit pas ime maladie chronique à la première tisrme. — 28 — Dans le Bulletin de r Agriculture du 11 avril 1868, M. Des- breiix afTirmait avoir planté en novembre dans un terrain à sous-sol imperméable, et n'avoir pas réussi. Vraiment, je le crois bien; les conditions énoncées plus haut n'ont pas été remplies. M. Desbreux ne croit pas à la régénérescence dans le règne végétal comme dans le règne animal ; cependant il reconnaît que « des individus affaiblis par une cause quel- conque ne peuvent procréer que des êtres faibles, v et il se résume en disant que « le sûr moyen préventif est de retarder la végétation printanière et déplanter le plus tôt possible, alors que la terre est dans un état convenable. Quant au remède, ajoute-t-il, il est encore à trouver. » On le voit donc bien, planter le plus tôt possible., voilà ce que tout le monde dit, sans réfléchir que de cette plantation hâtive ressort nécessairement une maturité un peu plus complète ; d'où il suit que c'est le défaut de maturité qu'il faut com- battre. Eh bien, que le respectable M. Desbreux, qui nie lu régénérescence dans le règne végétal, se donne la peine de planter le plus tôt possible, pendant plusieurs années de suite dans du terrain bien sec, il obtiendra des individus plus adultes que leurs pères, par conséquent plus forts qu'eux, et qui, à leur tour procréeront d'autres individus plus forts qu'eux-mêmes. Il verra ensuite si « le remède est encore à trouver. 5) Le Roy-Mabille. NOTE SUR LES RAVACiES OCCASIONNÉS CETTE ANNÉE DANS LA CULTURE DE FRAISIERS, PAK LA GRANDE TiPULE DES JARDINS (Tipula oleraceo) (1). Au mois de mai de cette année, M. Ferdinand Jamin nous (1) Nous empruntons cet article à l'inlércssaDt et utile journal Vlnsecto^ îoqie agricole. Donnaud, éditeur, 9, rue Cassette. 40 fr. par an. — 29 — apporta, à la Société impériale et centrale d'horticulture de F'rance, des larves qui causaient de grands dommages dans ses plantations de fraisiers, à Bourg-la-Reine. C'était pendant la nuit, disait-il, que ces espèces de chenilles commettaient leurs déprédations. Elles rongeaient le cœur et les radicelles de la plante, et les fraisiers attaqués devenaient si chétifs que la flo- raison n'avait pas lieu et que les plus maltraités périssaient. M. Jamin, qui est un habile observateur, voulant se rendre compte de la cause du mal, fouilla la terre autour des plantes malades et trouva, autour de chaque pied, un certain nombre de larves dont les unes étaient presque aussi grosses qu'une plume d'oie et les autres moitié plus petites; il nous en remit plus d'une cinquantaine pour les étudier et en faire l'éduca- tion. C'est ce que nous avons fait. Ces larves dépourvues de pattes comme celles des diptères, longues d'environ 25 millimètres, sont entièrement lisses, d'un gris terreux comme certaines chenilles d'AgrotiSf appelées vers gris parles cultivateurs; leur peau est dure et très-coriace, ce qui leur a fait donner par Gurtis {Gardeners' Clironicle) le nom de vers à jaquette de cuir : elles offrent de chaque côté une raie longitudinale plus pâle que le fond, un peu blanchâtre : leur tête est noirâtre, cornée et un peu rétractile : lorsqu'elles veulent se déplacer, elles font sortir de leur extrémité anale cinq petites pointes noires qui leur servent de point d'appui pour avancer. Nous sommes parvenu à élever avec des fraisiers et des pri- mevères, cultivés en pot et recouverts d'une sorte de cloche en gaze, la majeure partie des larves qui nous ont été confiées par M. Jamin. Leur croissance est beaucoup plus lente que celle des chenilles et leur appétit moins développé ; elles finissent ce- pendant, en rongeant peu à peu, par dévorer entièrensent le cœur de la plante et de toutes les radicelles. Pendant le jour, elles sont complètement enfoncées en terre et l'on ne se doute — 30 -- pas de leur présence; mais, la nuit, nous les avons vues sortir, à moitié ou même aux deux tiers, les unes se tenant droites . comme des petites quilles, et les autres fléchies en arc de cercle sur la plante dont elles mangeaient le cœur. Depuis le mois de mai jusqu'au mois d'août, leur développement a marché très- lentement. Dans les premiers jours de ce dernier mois, les unes se sont changées en nymphes et les autres sont restées à l'état de larves . Les nymphes sont très-curieuses : elles sont presque aussi longues que les larves elles-mêmes ; elles sont également d'un gris terreux, pourvues de deux petites cornes et de petites épines qui leur servent à accomplir des mouvements de pro- gression lorsqu'arrive le moment deTéclosion. Au moment où. ce grand Diptère sort de son enveloppe, il a le corps très-long, d'un gris bleuâtre glauque, comme farineux : au bout de Tipiile des potagers, femelle. quelques heures la couleur devient cendrée ; le museau, les antennes et les longues pattes sont d'un roussâtre ferrugineux ; le corselet est brunâtre strié de noir; les ailes, plus longues que le corps, sont d'une teinte un ji^u enfumée et étendues dans le repos. Nous n'avons pas pu réussir à obtenir en captivité l'accou- plement de cette grande tipule. Notre honoré collègue et très- savant observateur, M. Goureau^ pense que les femelles, dont le corp*s est distendu par des centaines d'œufs, pondent en vo- lant ou lorsqu'elles sont posées sur les herbes, et que les œufs sont lancés comme par un fusil à vent. Ils sont, dit-on, noirs comme de la poudre- de chasse. — 31 — Les larves de cette lipule ont été celte année, dans quelques localités, un véritable fléau pour les cultivateurs de fraisiers. Dans les jardins, elles rongon.t aussi les racines des reines- marguerites, des balsamines, de la laitue, de la chicorée^ etc. Il n'y a pas d'autre moyen de les détruire que de fouiller le matin de bonne heure au pied des plantes malades, ou d'arroser la terre avec de l'eau dans laquelle on a fait dissoudre un peu de sulfure de chaux. (C'est-à-dire le mélange dissous d'un peu de sulfate de chaux avec le sulfure de calcium, qu'on obtient en faisant bouillir de la fleur de soufre avec un lait de chaux.) D' BOISDUVAL. PETITES NOUVELLES. Exposition. — La Société de botanique et d'agriculture de Gand annonce une exposition d'horticulture pour le mois d'a- vril prochain, du JO au 13. Cette exposition est tout à fait lo- cale ; les membres de la Société seuls sont admis à con- courir. La Société royale de Bruxelles annonce aussi un grand con- cours de Roses pour le 27 avril ; on dit les prix très-impor- tants. Est-ce que les lauriers de la Société des Rosiéristes de Brie -Comte-Robert empêcherait les Belges de dormir? A Londres, on commence déjà à parler d'une nouvelle exposition universelle d'horticulture pour l'année 1871. Mais au lieu de réunir en une seule fois tous les produits de l'horti- culture, on les répartirait — paraît-il — en plusieurs années, de sorte que l'exposition serait non- seulement universelle, mais qu'elle deviendrait perpétuelle. Ces expositions successives s'ouvriraient chaque année, le l*-^ mai, pour être closes le 30 septembre. On parle encore d'une exposition internationale de fruits, qui se tiendra l'année prochaine en Crimée. Les Russes ont pris goût aux Floralies. — 32 — Travayx eu mois ^e Février, Jardin d'agrément . On peut commencer à la fin du mois les semis de gazons et de plantes annuelles de pleine terre qui ne supportent pas le repiquage, telles que giroflée de Mahon, pavot, coquelicot, adonis, coreopsis, nigelles, pieds d'a- louette, réséda, nemophila, clarkia, gilia, etc. On plante en motte les plantes vivaces et bisannuelles qui n'auraient pu l'être à l'automne, telles que campa- nules, digitales, coquelourdes, œillet de poëte, etc. Les bordures de pâquerettes, mignardises, etc., peuvent être aussi replantées, si les gelées ne sont pas trop fortes. C'est encore le moment de semer sur couche les quarantaines, giroflée, amarante, cobéa, verveine, sensitive, pétunia, pervenche, rose, etc. On doit tailler ou éplucher les arbustes, et avancer le plus possible les labours. Jardin fruitier. On continue activement les labours, les plantations et la taille. Mais le groseillier noir ou cassis ne doit être taillé qu'au moment où les feuilles commencent à se développer; il en est de même des framboisiers. On peut commencer, si le temps le permet, de mettre la main aux fraisiers qui ont dû être fumés avant l'hiver ; on émiette le fumier, on débarrasse le cœur des plantes, et si le terrain est préparé, on peut planter du nouveau plant. Enfin, s'il y a des punaises sur le bois des pêchers, il faut les détruire, en brossant, par un beau temps, toutes les branches qui en sont garnies. Potager . On sème en pleine terre l'oignon, les pois hâtifs, tels qus michaux, nain de Hollande, prince Albert, d'Auvergne, des lentilles, des fèves de ma- rais, etc. Dans la seconde quinzaine, ce sont : salsifis, scorsonères, poireau, panais, carotte, épinards, cerfeuil, persil, pimprenelle, cresson alénois, chicorée sauvage, et des petites laitues de printemps dans les planches d'oignon. Ces diflférentes salades et fournitures doivent être semées très-serrées, sans quoi les feuilles deviennent très-dures; la chicorée surtout est très-amère. On repique de la romaine verte, oignons, choux-pommés, choux-fleurs, oseille. Vers la fin du . mois, on peut semer choux-fleurs, gros choux cabus de Saint-Denis, de Milan ; pomme de terre Marjolin, comice d'Amiens, etc. Les couches et châssis reçoivent de nouveaux semis de pois, haricots, fèves, concombres, melons, choux rouge^ choux-fleurs, aubergine, piment, radis roses» raves, céleri. Ou y repique les cucurbitacées semées le mois précédent, ainsi que des laitues pommées et des romaines. On continue le forçage des asperges et des fraisiers. Serres. Maintenir une chaleur suffisante pour entretenir la vie des plantes, mais pas assez élevée pour provoquer la végétation. Donner de l'air toutes les fois que la température extérieure le permettra, et arroser avec modération le« plantes qui sont encore dans leur période'de repos. Paris. — Imprimerie horticole de E. Donnapd, rue Cassette, 9. M. RENDATLER, horticulteur à Nancy, re- connaît une erreur commise involontairement sur son dernier supplément de 1870. Au lieu d'un premier prix pour la Collection de Pétunias, obtenu au Concours rég-ional de Nancy, du ^5 juin 1869, ce n'est qu'an second prix. M. LHUILLIER , horticulteur à Nancy, a ob- tenu le premier prix. Librairie de E. DONNAUD , rue Cassette, 9. GUIDE POUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE P V II KRŒNISHFRANCK BOTANISTE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures coloriées.— Prix, broché : 5 fr. MEME LIBRAIRIE. L'ORTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures. — Prix, broché : 4 fr. 50. MÉDAILLE D'ARGENT A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 50 MÉDAILLES ;iu\ Expositions de Paris et de la Province, CULTURE SPÉCIALE de Ferdinand GLOEDE, horticulteur, à Beauvais {Oise) 'INSECTOLOGIE AGRICOLE " JOURNAL TRAITANT DES INSECTES UT.ILES ET DE LEURS PRODUITS. DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGÂTS & iDES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER RÉDIGÉ PAR MM. D' BOISDUVAL, H. HAMET, V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVA LETTE, MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D-- BALBIANI, PILLAIN, GOUREAU, PLANCHON, A. GELOT. PRIX DE l'abonnement ! 10 FRANCS FAR AN. Vm livraison de 32 pages in-^° avec une planche coloriée. Paraît chaque mois. BUREAUX: RUE CASSETTE, 9, A PARIS. VIENT DE PARAITRE A LA LIBRAIRIE DE E. DONNAUD ANNÉE 4870. NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ EÉDIGÉ FAR MM. F. HERINCQ ALPH. LAVftUÉE — L- MEUMANM — B- VERLOT — CELS — COURTOIS- GËRARD — J -B. UERLOT — PAVARD — BUREL Atcc plas de 500 dessins intercalés dans le texte, DE MM. COURTIN. FAGUET, HAUBERT ET RIQCREUX GBAYÉS PAR M. BISSON. 11-18 jfeSDS DE PLUS DE 1,800 PAG. PRIXBR.: 7 Fr. CARI.: 8 Fr. REL.: 9 Fr. N»». 20° Année. 1870. JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES CONTENANT LA CDLTURE RAISONNÉK, LA DESCIlirTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES , ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TEUIIE, DES FRUITS ET DES LÉGUMES, LA DESCRIPTION ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX, POBLIÉ AVEC LE CONCOURS DES AMATEDRS ET DES PRINCIPAUX HORTICOLTEORS DE FRANCE sous LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ. RÉDACTEUR EN CHEF. MTiCnÊ kV MVSËCM u'UISTOIRE N;lTUnELLe DE PARIS, Collaborateur du Stan^el Jei Plamel, des figures du Bon Jantlnltt, Ex-Rédacteur principal de la SocUié J' honicuiiure '!gttei' { m PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RUE CASSETTE, 9. 1870 MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas- sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraitui d'intéressant à faire connaître par la voie du journal. Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le mois et dont nous avons reçu un exemplaire. HAAGE ET se A B?-FT?-T (rF.TJSSa) Horticulteurs et Marcliands Grainiers Viennent de recevoir, après la publication de leurs catalogues : Zizania aquatica, le Uiz sauvage ou Avoine aquatique de l'Amérique du Nord, introduction d'une certaine importance pour l'utilisation de terrains marécageux, d'eaux stagnantes, des bords de lacs, étangs, fleuves et rivières. Les graines, qu'on préfère au riz pour leur goût agréable, sont très-nutritives et un moyen excellent pour engraisser le bétail ; en état vert, la .plante sert encore de nourriture pour les bêtes à cornes; c'est une annuelle qui, pour ainsi dire, pros- père sans autres soins à lui donner que de la semer en place. Une fois introduite, elle sr propage naturellement au moyen de ses graines qui tombent à leur maturité et lèvent au printemps prochain. Prix : franco par la poste, le kilo, 45 fr. ; 15 grammes, 1 fr. Corypha australis, graines fraîches, 100 bonnes sur 100; franco par la poste JOO graines, 25 fr. ; 1 0 graines, 3 fr. DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT l" HISTOIRE, LA DESCRIPTION, LA FIGLRE DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS, Par André LEROY, PÉPINIÉRISTE, Chevalier do la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger. EN VENTE 2 Tolumes grand in-S". Tome \" A— C, 389 variétés. 915 variétés. Tome 2« D— Z, 528 — l*rix ; broché, fl© fr. le volume. Soit 20 francs pour l'eseinplaire complet de l'HISTOIRE DU POIRIER. SOMHâlRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NDMËRO. F. Hkrincq. Chronique. — 0. Lescuyer, Palava flexuosa. — A. de Talou, Revue des journaux étrangers. — Ern. Bonard, Plantes nouvelles : variétés jardinières. — Simon (Louis), les Aucuba. — L. Guillotkau, les Pommiers Houcin et i'aradis. — L. Cordier, l'Engrais humain. — Ern. Board, Petites Nouvelles : Pomme de terre Marceau ; Persil à grosse racine; Bambous nou- veaux ; graines du voyage de Hoczl; moyen de mettre les Melons à l'abri des pu- cerons; jardin-laboratoire de Collioure; fleuriste de la ville de Paris ; catalogues d'horticulture, — X..., Travaux du mois de mars. «IRONIQUE Résultat du défi porté à l'auteur des Radis de famille. Une commission est nommée; pourquoi faire? elle n'est qu'un prétexte à nouvelle discussion sur la théorie et la Carotte Vilmorin. D'une faiblesse de la nature humaine sur- git l'implacable discorde, qui arrête le progrès scientifique. Comment on accepte ou repousse les idées nouvelles. On conteste encore mes assertions au sujet des plantes domestiques. J'accepte les nouvelles hostilités, mais je n'accepte pas le terrain sur lequel on veut poser la question; je me méfie des textes et des témoignages. Comment on a annoncé les Radis de fa- mille à Saint-Pétersbourg. Ce que je demande. Erreur de l'auteur au sujet de Diospyros. Que peut la Commission qui a vu ses Radis. Facétie d'un médecin devant l'Académie des sciences au sujet de champignons. La théorie de M. Nick est jugée. Session de la Société libre des Agriculteurs de France ; ses vœux au sujet de l'enseignement de l'horticulture, et de la physiologie végétale dans les écoles primaires. Cours d'agronomie du Mu- séum. Fâcheuse nouvelle. Dans le numéro du mois de septembre dernier, page 263, je portais le défi, à l'auteur des Radis de famille, de repro* duire, devant une commission d'hommes compétents et sans parti-pris, le résultat qu'il prétend avoir obtenu du Radis sauvage, par des semis successifs et la sélection. A ce défi il a répondu par la demande, à la Société im- périale et centrale d'horticulture de France, d'une commission; mais ce n'est pas pour recommencer devant elle les expé- riences qui lui ont fourni tant de beaux Navets ; il l'a demandée pour lui montrer seulement les bords non fleuris de la Bièvie, Février M"i{). t 3 — 34 — entre la rue de Buffon et la rue de Poliveau, où se trouve tout ce que la nature a pu produire en Raves et Radis, qui ont été présentés comme les humbles sujets de la cinquième génération du Radis sauvage transformé ! C'est, en vérité, par trop sublime. Mais cette demande de commission, il faut le dire, n'est qu'un prétexte. Le rapport qui doit en être la conséquence va permettre de ramener la discussion sur la Carotte Vilmorin, et de tancer d'importance celui qui a osé se permettre de contredire ses admirateurs. Il fallait s'y attendre. Une des nombreuses faiblesses de la nature humaine est, en effet, de ne pouvoir souffrir la contradiction et de ne jamais pardonner à ses contradicteurs ; chacun a la prétention d'avoir en poche la vérité vraie, la vérité indiscutable, et quiconque ose en douter est traité, incontinent^ d'intelligence en mauvais état, d'esprit à l'envers, morose ou jaloux. Sachant que cette faiblesse est une maladie originelle, c'est- à-dire que possède tout être humain en naissant, et qu'elle ne fait que croître et embellir avec l'âge de l'individu, on ne devrait pas se formaliser quand on est ainsi maltraité par un adversaire qu'on a contredit. Malheureusement tout le monde n'a pas, comme nous, la raison d'accepter sans rancune tou- tes les effluves plus ou moins.... quelconques, de la vanité froissée; dans la discussion on se fâche, on s'irrite et « L'implacable discorde... » Foulant aux pieds les lois, l'honneur et le devoir, survient, qui accumule, dans son inconscience, entraves sur entraves, dans le chemin où veut s'engager le progrès scientifi- que. Car_, en général, c'est triste à dire, on accepte ou on re- pousse une idée, un principe, un fait nouveau, non pas parce que l'étude ou l'observation répétée engage à l'accepter ou à la repousser; non! on l'accepte ou on la repousse, unique- — 35 — ment par soumission au maître, par amitié ou inimitié pour l'auteur; il est bien certain que si j'étais l'inventeur des Carottes et Radis améliorés, on ne serait pas aussi empressé à accepter les faits et on aurait raison. J'ai tort — j'en conviens — de ne point pratiquer ce sys- tème qui a un grand avantage. Il est, en effet, à la physio- logie sociale, ce que les semis successifs et la sélection sont, au dire de MM. Vilmorin, Darwin et consorts, à la physiologie vé- gétale, c'est-à-dire qu'il vous transforme très-rapidement : de rien qu'on est, il vous fait devenir tout de suite quelque chose ; je tiens à la disposition des curieux un très-grand nombre d'exemples à l'appui du merveilleux effet de ce système . J'ai donc tort de ne pas l'apphquer, et d'avoir au contraire la funeste habitude de soumettre toutes les nouvelles découvertes à l'alambic de l'observation, pour en extraire la pure vérité; cette opération me conduit souvent à ne point ratifier tous les faits avancés, ce qui me vaut cette universelle réputation de de n'être point précisément le vil courtisan de toutes les vanités gcientifiques. Je paye cher, il est vrai, cette manie de ne pas vouloir endosser la livrée de l'esclavage; car... tou- jours grondent sur ma tôte les foudres des puissants, sans compter ceux des médiocrités et des nulHtés vaniteuses. Mais j'ai, du moins, la satisfaction de pouvoir toujours me re- garder sans rougir; et c'est bien bon de vivre ainsi. Mes Observations critiques sur les plantes domestiques, qui sont, comme toujours, le fruit d'études et d'observations sérieuses, ont mis certains admirateurs de la Carotte et du Radis améliorés en un tel état de sulfuration, c'est-à-dire de colère, c^ue cet état est devenu, chez eux, permanent, et qu'ils cherchent, depuis longtemps, un procédé simple et peu coù- teu^i pour m'anéantir en démontrant que toutes mes assertions sur ces plantes sont complètement controuvées. Ce procédé, ils viennent eniin de le trouver; la première partie a reçu son — 36 — exécution, c'est la demande de commission : la seconde verra prochainement le jour, et la voici : A l'occasion du rapport qui doit être présenté à la Société d'Horticulture de Paris, par la commission qui a visité les Radis de la cinquième génération, un membre de cette Société, ancien commis de la maison Vilmorin-Andrieux et compagnie, prendra la parole pour déclarer qu'il a vu, de ses propres yeux vu, M. Vilmorin père récolter des graines de Carotte sauvage dans les champs, et les semer en son jardin de Ver- rières. Un autre membre tirant parti de cette déclaration reprendra les hostilités et démontrera que je me suis plus que témérairement avancé, en déclarant que M. Vilmorin a re- connu — sur les observations à lui faites par M. Decaisne — que sa Carotte n'était pas le résultat de semis successifs et de la sélection, mais bien le fait d'une hybridation naturelle qu'il n'avait pas prévue, et qui a été opérée par les Carottes cultivées dans sa propriété. Certes, j'aurais très-mauvaise grâce de me plaindre de cette petite hostilité qui prouve, une fois de plus, que ['Horticulteur français, en prenant en main la question de la transformation et de l'améhoration des plantes sauvages par la culture sans le concours de l'hybridation artificielle, est resté tidèle à ses principes,, qui sont de répandre la lumière et de combattre les erreurs que la routine, ce terrible ennemi de tout progrès, veut maintenir ou propager. J'accepte donc à l'avance toutes les conséquences de cette hostilité que j'ai provoquée, et je puis assurer mes honorables adversaires que je ne leur garde- rai aucune rancune pour les choses agréables qu'ils pourront m'adresser. Mais ce que je n'accepte pas et ne puis accepter, c'est le terrain sur lequel ils se placent. Les textes et les témoignages qu'ils invoquent et veulent invoquer, ne peuvent rien pour faire la lumière sur la question en litige. S'il s'agissait d'une question de haute philosophie ; — 37 — s'il s'agissait, par exemple, de décider si c'est l'intelligence ou l'instinct qui pousse le noble rejeton d'un grand savant vers le sein de sa mère et lui indique la manière de s'en servir, je comprendrais la discussion qu'ils veulent poursuivre et j'ad- mettrais, alors, l'appel en témoignage de tous les philosophes de tous les temps et de tous les lieux, voire même des nourrices de la Bourgogne et de Nogent-le-Rotrou; mais ici, il s'agit tout simplement d'un fait matériel qui se résume à ceci : M. Vilmo- rin prétend qu'en semant de la graine de Carotte sauvage on obtient de la Carotte cultivée; M. Decaisne déclare avoir semé pendant cinq ans de la graine de Carotte sauvage, et n'avoir jamais obtenu que de la Carotte sauvage, jusqu'au jour oh il a opéré l'hybridation avec le pollen de la Carotte cultivée ; et moi je soutiens que la culture ne peut pas transformer une espèce en une autre espèce, comme dans l'histoire du Radis ! Qui a tort, qui a raison? Que peuvent, je le demande, pour trancher la question^ les textes de tous les Vilmorin et des Darwin, et que peut surtout le témoignage inattendu d'un ancien commis qui déclare naïvement avoir vu son maître récolter des graines sur les Carottes des champs? Rien ! rien ! rien ! Ce qui peut témoigner pour ou contre l'influence de la culture, c'est-à-dire des semis successifs sans hybridation, dans l'amélioration et la déviation des types sauvages et mettre fin aux débats, ce sont des faits, des faits, des faits! Un seul ne suffit pas; il peut provenir d'un désordre accidentel dans l'organisme d'une plante et n'être ainsi qu'une monstruosité, une anomalie. Vouloir asseoir ou défendre une théorie sur un fait isolé, ce n'est pas se montrer sérieux ; car chacun sait que la passion aveugle, et que l'homme passionné, qui veut prouver quelque chose, détruit ou garde le silence sur tout ce qui est contraire à ce qu'il prétend démon- trer. J'ai vu un savant agir ainsi, et chacun peut voir, dans les comptes rendus du congrès horticole de Saint-Pétersbourg^ — 38 — comment on y a présenté le Radis de famille. On a rappelé l'histoire delà trop fameuse Carotte de M. Vilmorin; mais on s'est bien gardé de rapporter le résultat négatif des expériences du professeur de culture du jardin des Plantes de Paris. Voilà pourquoi je me méfie toujours des textes et des té- moignages; voilà pourquoi je n'ai aucune confiance dans les théories qui ne reposent que sur un seul fait obtenu ou préparé dans l'ombre d'un jardin privé; voilà pourquoi, enfin, je de- mande aux défenseurs de la théorie Vilmorin de produire des faits, des faits, des faits, aux heu et place de témoignages et de citations d'auteurs, qui n'ont jamais parlé de la Carotte Vil- morin que d'après les textes de l'inventeur même. Ce que je demande n'est pas impossible. Puisque M. Vilmo- rin a obtenu si facilement la transformation de la Carotte sau- vage, le premier venu peut l'obtenir tout aussi bien. Que ses partisans recommencent ses expériences au grand jour; qu'ils montrent, chaque année, le degré des modifications subies ; alors le public jugera. Jusque-là, nous sommes en droit de sou- tenir que M. Vilmorin s'est trompé ; que sa théorie repose sur une erreur. Quant au Radis de famille, qu'on peut opposer à nos déné- gations, comme deuxième fait, rien ne prouve que l'auteur n'ait pas confondu et n'ait pris, pour du Radis sauvage, le Radis cultivé qu'on rencontre parfois dans nos champs à l'état typi- que, comme il existe aux îles Ténériffe, en Abyssinie, en Chine, à Montevideo et tant d'autres régions tempérées, c'est-à-dire avec des petites racines grêles, ligneuses, comme il en a été présenté à la séance du 12 août dernier, de la société de Paris, quelques pieds trouvés dans les plaines incultes de Clichy (1). (I) Le savant rédacteur du procès-verbal de cette séance les enregistre comme « tro'is plantes semblables au tij-pe normal du Raphanns RaphaJiistrum, sur lesquels cependant se trouvaient des siliques beaucoup plus développées, à parois plus charnues^ qm rappellent celles du Raifort cultivé». «M. Forest, — 39 — Notre savant confrère fait parfois de ces confusions; le Gar- dener^s Chronicle en relève encore une au sujet d'un Diospyros de plein air, que l'auteur des Radis a pris pour le Diospyros Kaki, qui n'a jamais pu supporter le climat parisien. Il n'y a donc rien d'étonnant qu'il ait pris le Radis cultivé dégénéré pour le Radis sauvagefSi nous le calomnions, il a un moyen bien sim|)le de nous confondre et de nous forcera l'aire amende honorable : c'est de reproduire, lui aussi, les mêmes résultats, en recommençant ses expériences au grand jour, avec de la graine de Raphanus Raphanistrum pour de vrai, récoltée dans les champs par des personnes étrangères à la question et qui suivront les opérations pour bien établir et enregistrer le degré de transformation de chaque génération. Car, enfin, la commission qui a été visiter dernièrement sa 5e génération ne peut rien décider. Les membres ne peuvent que déclarer qu'ils ont vu des Raves de toutes couleurs et de toutes grosseurs ; ils ne peuvent pas affirmer qu'elles provien- nent de Radis sauvage, puisqu'ils n'ont pas assisté à toute la série d'opérations de cette prétendue transfiguration; ce serait donner un triste gage de l'indépendance et de l'impartialité de ces sortes de commissions, si celle des Radis posait des conclusions affirmatives. On pourrait alors semer des graines de beaux et bons Navets, et, en déclarant à une commission qu'ils provien- nent de graine de la moutarde des champs [Sinapis arvensis)^ on ferait confirmer, en s'appuyant sur les textes de Vilmorin, que le fait est parfaitement et rigoureusement exact. Ce ne serait pas la première fois qu'on abuserait de la crédu- lité des savants. N'a-t-on pas vu, il y a quelques années, un dit encore le procès-verbal, assure que, dans les terres fraaches de la Brie, — là oii l'auteur des Radis de famille a pris ses graines — on trouve à la fois ces deux formes ou races du Raifort sauvage bien distinctes par leurs siliques. » Ainsi là, à la Société d'Horticulture de Paris, on confond aussi le Radis cultivé dégénéré avec le Radis sauvage ! — 40 -- médecin présenter, à l'Académie des sciences, des Champignons de taille gigantesque, qui provenaient, disait-il, d'un mode particulier de culture, consistant à faire germer des spores sur des plaques de verre!... Une commission fut nommée par l'A- cadémie, et, par extraordinaire, elle voulut fonctionner. C'est alors qu'on apprit que le facétieux médacin récoltait ses Cham- pignons tout simplement dans la cave d'un marchand de vin du quai Valmy, particulièrement favorable au développement de l'Agaric qui y croissait spontanément. Et les Chênes truf- fiers de l'Exposition ! etc Si la commission de la Société d'horticulture avait imité la commission de l'Académie des sciences, en demandant à l'auteur des Radis de famille d'opérer devant elle et avec elle, la question serait bien certainement aujourd'hui vidée; car il aurait refusé de s'exécuter, comme le cultivateur de Champi- gnons sur plaque de verre, sachant très-bien qu'il ne pourra jamais produire avec le Radis sauvage que du Radis sauvage. Que la commission lui fasse la proposition, et elle verra. S'il refuse, elle aura la preuve qu'il a voulu en imposer au public et à la science, exactement comme l'homme aux Champignons du quai Valmy. Ce serait par trop facile vraiment de venir dire : Voici ! cela est ! il faut l'accepter sans conteste ; car il n'est permis à personne de mettre en doute la bonne foi de qui que ce soit, et encore moins la mienne ! . . . , Il importe de protester contre une telle prétention, qui tend à se généraliser dans le monde horticole, et qui ouvrirait un champ sans fin à l'erreur et à l'absurde-, nous protestons donc contre ces procédés de commissions qu'on emploie, pour faire admettre dans la science les erreurs les plus grossières comme des vérités incontestables. En demandant de nouvelles expériences pour contrôler les 2 ou 3 faits contestés sur lesquels on veut appuyer la théorie de la — M '— transformation des êtres, je ne crois pas sortir des bornes de la bienséance, ni des limites d'une sage et honnête controverse. Donc, plus de discussion; des faits, des faits, des faits. Quand on nous en aura fourni plusieurs ; quand on nous aura fait voir chaque année la transformation graduelle de la racine du Radis et de la Carotte sauvage, uniquement opérée par les semis successifs et la sélection^ alors nous nous inclinerons humblement devant les auteurs et défenseurs de la théorie Vilmorin, et nous ne serons pas les moins empressés à la défendre, à la propager. iMais jusque-là , nous maintenons que M. Vilmorin s'est mépris sur la cause de la transformation des racines de la Carotte sauvage, et nous persistons à sou- tenir que l'inventeur des Radis de famille a semé des graines de Radis cultivé dégénéré, croyant, de bonne foi, semer de la graine de Radis sauvage. 11 suffit de comparer les fruits de ces deux espèces pour voir que nous n'avons pas tort de main- tenir cette assertion. — Chacun a pu voir et juger aussi de la valeur de cette autre prétendue théorie sur la prédiction du temps, par ce qui s'est passé dans le mois de janvier. M. Nick avait prédit de la gelée pendant les deux premières dixaines de janvier, et nous n'avons jamais eu moins de 8 à 10 degrés au-dessus de zéro! La troisième dixaine devait être plutôt humide que sèche ; c'est pendant tout ce temps qu'il a gelé à 7-8 degrés ! Il est donc temps d'en finir aussi avec tous ces prophètes qui propagent l'erreur partout et maintiennent nos cultivateurs dans cet état d'ignorance et de superstition, qui ne permet pas à l'esprit de lumière de pénétrer dans ces intelligences si fatalement défrichées. Mais s'il fallait expurger les sciences, même les sciences officielles, de toutes les erreurs qu'elles propagent, quelle razzia, mon Dieu ! il n'en resterait pas grand chose ! . . . — Décidément l'horticulture est en grande estime dans la ^" 42 — haute région de la sphère agronomique. Durant la session de la société libre des agriculteurs, qui vient de se tenir à Paris, il n'a été question que d'elle : « C'est par l'horticulture,, messieurs^ disaient tous les orateurs, que nous régénérerons l'agriculture ; apprenons donc aux instituteurs à tailleries arbres -, car dans la taille des arbres, il y a l'application de toutes les lois sublimes de la physiologie végétale, sans la connaissance de laquelle il est impossible de savoir faire pousser un grain de blé. Oui ! messieurs, quandles enfants denos campagnes auront appris la physiologie végétale en taillant les quatre Poiriers du jardin du maître d'école, ils pourront appliquer les merveilleux prin- cipes qui régissent la circulation delà sève ascendante et des- cendante au mouvement de la charrue qui retourne la terre, et à celui du bras qui répand le blé dans les sillons. Demandons donc au gouvernement, messieurs, que la taille soit scienti- fiquement démontrée dans les écoles de campagne ; car, je le répète, le salut de noire agriculture est dans la taille des arbres fruitiers et pas autre part, etc. » Ah ! qu'il en a été dit de bonnes durant cette session ! et l'étude de la physiologie n'est pas la moindre. Evidemment, ceux qui demandent qu'on instruise nos petits paysans sur la physiologie végétale, n'ont jamais cherché à appliquer eux- mêmes ses merveilleuses lois à la taille des arbres et à rai- sonner leur action ; car ils auraient vu, parles résultats, qu'on obtient juste le contraire de ce que le professeur indique, d'après les merveilleuses lois de la physiologie végétale, dont on abuse étrangement depuis quelques années. Et le gouver- nement semble le comprendre ; car il vient de supprimer les cours d'agronomie du Muséum, et de rendre les jeunes insti- tuteurs, pour lesquels ils avaient été créés, à leurs élèves. — Fâcheuse nouvelle pour finir. Tout le monde connaît les beaux Fuchsia à calice blanc qui ont fait la réputation de Gor- nelissen. Ces Fj^c/isia, paraît-il, ont tous été obtenus par un — 43 — amateur peu jaloux de popularité, qui en cédait la propriété à Cornelissen sans tambour ni trompette. Cet amateur n'est plus ; il vient de mourir. S'il a emporté le secret de faire des Fuchsia Cornelissen, leurs admirateurs peuvent mettre un crépë au dernier. Le nom de cet amateur est toujours resté inconnu ; il mériterait cependant d'être inscrit sur les tablettes de Flore — style consacré — avec ceux de tous les hommes qui ont enrichi la floriculture de bonnes et intéres- santes nouveautés. F. Heuinco. PALAVA FLEXUOSA (Pl. II). Le genre Palava, qui appartient à la famille des Malvacées, est composé d'herbes à feuilles souvent lobées et plus ou moins découpées. Les fleurs, qui naissent à l'aisselle des feuilles, sont solitaires, longuement pédonculées et de couleur pourpre plus ou moins foncé ; elles sont dépourvues de calicule ; le calice est à 5 lobes ; la corolle a .5 pétales ; les étamines très-nom^ breuses sont soudées en un long tube dont la base enveloppe les ovaires également très-nombreux disposés toutaulour d'un axe qui se termine par une infinité de styles filiformes oblique- ment tronqués au sqmmet. Le Palava fleœuosa, de M. M asters du Gardeners' Chronicle, que nous figurons dans ce numéro, est une plante annuelle, poilue, à rameaux redressés. Les feuilles sont divisées en trois segments qui sont eux-mêmes plus ou moins profondément lobés. Le pédoncule des fleurs est plus long que les feuilles ; le calice est marqué d'un disque pourpre foncé à sa base, et les pétales sont d'une jolie couleur mauve clair très-agréable aux yeux. Cette espèce a été trouvée à Saint-Lorenzo, au Pérou, par M. Léon, de Lima, qui en envoya des graines à M. Hooker, et en _ 44 — même temps introduite par MM. Veitch, qui en avaient reçu les graines, en 1867, de leur collecteur, M. Pearce. Elle est très- rustique et se plaît parfaitement dans les jardins à bonne exposition chaude, et en terre bien meuble. On la sème au printemps, en place ou bien en pot tenu sur couche et mis en place plus tard, pour en obtenir une fleuraison plus précoce. La maison Vilmorin en annonce les graines dans son catalogue de nouveautés pour 1870. Ce Palava flexuosa rappelle tout à fait, par le port, le feuil- lage et les fleurs, une de nos plantes indigènes de la même fa- mille, le Malva moschata, qu'on rencontre dans presque toutes les prairies sèches et qui, lui aussi, ferait très-bonne mine dans nos parterres. 0. Lesguyer. REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS. Cypripedium Parishii (Gardener's Chronicle et Bot. Mag., 5791). Très-belle Orchidée de l'Inde, découverte par le Révé- rend Parislî dans les montagnes de Moulmayne et qui vient de fleurir dans le jardin de Kew. La tige, dépourvue de pseudo- bulbe, porte des feuilles distiques en forme de lanière, coriaces; la hampe, qui a jusqu'à 60 à 70 centim. de longueur, porte, au sommet, 3 à 5 fleurs à sépales et labelle de couleur ver- dâtre, et à pétales trois fois plus longs que les sépales, en forme de lanière étroite contournée, pourpre foncé, avec la base ver- dâtre maculée de pourpre. Ceropegia Sanndersoni (Bjot. Mag., 5792). Nom donné par M. Decaisne à une plante grimpante de la famille des Asclépia- dées, originaire de Natal, et qui est très-originale et curieuse par la construction des fleurs. Ces fleurs peuvent avoir de 7 à 8 cent, de longueur; elles sont d'un blanc verdâtre maculé — 45 — de vert sur le limbe. Le tube de la corolle est très-étroit et arqué à la base ; mais à 3 cent, de son point d'insertion, il se dilate tout à coup et prend la forme d'un entonnoir demi- transparent couronné par cinq lobes étalés et connés formant comme une sorte d'ombrelle. Ses feuilles sont épaisses, char- nues, et, en l'absence des fleurs, on pourrait prendre cette plante pour une vanille, tant ces deux feuillages se ressemblent. Acerrufinerve\diV. albo-limbata (Bot. Mag., 5793). L'Acer ru- finerve est une espèce d'Érable du Japon, figurée par Siebold dans sa flore du Japon. Ses feuilles en cœur à la base, et à 3-5 lobes bordés de dentelures denticulées, sont glabres en dessus et en dessous, excepté sur les nervures de la face inférieure qui sont couvertes d'un duvet roux. — Dans la va- riété albo-limbata, les bords sont marbrés de blanc et de ver- dâtre. Primida pedemontana (Bot. Mag., 5794). Joli petit Primevère des Alpes suisses, de la section des Auricules, c'est-à-dire à feuilles un peu charnues lisses. Ses fleurs, d'un beau rose pourpre, forment d'élégants bouquets portés par un pédoncule racidal de 5 ou 6 cent. Comme toutes les plantes des Alpes, cette charmante espèce est d'une culture difficile ; il lui faut un sol bien drainé, et la garantir de l'humidité pendant l'hiver, autrement elle fond très-rapidement. Dorstenia argentata (Bot. Mag., 5795). Plante très-remar- quable, de la famille des Mûriers, par ses inflorescences et les panachures de ses feuilles ; elle est originaire des provinces du sud du Brésil, d'où elle a été importée au jardin royal de Kew, par M. Wilson Saunders. C'est une plante herbacée, à feuilles alternes, en forme de fer de lance, obscurément sinueuses sur les bords, d'un vert clair uniforme en dessous, mais d'un beau vert foncé en dessus, avec des marbrures irrégulières de cou- leur blanc d'argent. Les fleurs sont tout à fait insignifiantes, mais curieusement agencées sur un réceptacle très-dilaté, — 46 — large, sorte de figue ouverte et très-étalée. A la maturité, les petits fruits des espèces de ce genre sont lancés naturellement de ce réceptacle à des distances de plusieurs mètres, par un effet de contraction des alvéoles dans lesquelles ils sont implantés. Ce sont des plantes de serre chaude. Marmodes Gréenii (Bot. Mag., 5802). Le genre Marmodes appartient à la famille des Orchidées, et comprend des espè- ces originaires de l'Amérique tropicale. Celle que figure le journal anglais de M. Hooker a été dédiée à M. Charles Green, qui a enrichi les jardins d'Angleterre d'immenses collections de plantes vivantes. Elle est pourvue de pseudo-bulbes qui por- tent plusieurs grandes feuilles et de belles grappes pendantes, de nombreuses, grandes et magnifiques fleurs jaune clair entièrement criblées de gros points rouges. Vellozia elegans (Bot. Mag._, 5803). Le genre Vellozia est un de ces genres dont la structure particulière met le savant dans l'embarras quand il s'agit de leur assigner une place dans les familles naturelles. Ce n^est ni une Amaryllidée, ni une Iddée, ni une Hsemodoracée ; pour lever toute diificulté, on en a fait la famille des Velloziées. Ses fleurs ressemblent à celles des Hypoxis ; celles du V. elegans soni blanches. Cette plante provient de graines reçues du Cap et de Mada- gascar, par M. Fox Talbot, auquel le professeur Balfour l'avait dédiée sous le nom de Vellozia Talhoti, et même sous le nom générique de Talbolia elegans; mais on a reconnu qu'elle était itentique au Vellosîa elegans du professeur Oliver. Comme plante ornementale on peut la classer parmi les moins orne- mentales. Calochortus uniflorus (Bot. mag., 3804). Jolie petite Liliacée de la Californie, à petit bulbe gros comme une noisette, don- nant naissance à 2 feuilles Irès-étroitement lancéolées, longues de 10 à 12 centimètres, et d'une hampe plus courte sur — 47 — laquelle se développent successivement plusieurs petites fleurs roses très -longuement pédicellées , étalées, et à anthères bleues. Rhodotypos Kerrioides (Bot. Mag., 5805). Il y a longtemps que nous en avons parlé ; nos lecteurs le connaissent. Iris nudicaulis (Bot. Mag., 5806). Vieille espèce de Lamarck, originaire de la Bohème et de Silésie, et qui n'ajoute aucune nuance nouvelle à toutes celles fournies par les Iris germa- nica. Eria vestita (Bot. Mag., 5808). Espèce d'Orchidéede Manille, que Lindley a figurée déjà en 1845 dans le Botanical Register. Ses fleurs, d'un joli rouge orange, sont très-curieuses par leur villosité et par leur éperon relativement très-gros ; les sépales sont rapprochés et donnent à la fleur une apparence de fleur refermée. Blandfordia aurea (Bot. Mag., 5809). Plante australienne de la famille des Lys, à feuilles Irès-élroites, longues de 25 à 30 centim., et dont la hampe un peu plus longue porte, au sommet, 5 ou 7 fleurs en cloche d'un beau jaune d'or, à sépales terminés par un point vert. Gladiolus cruentus [Bot. Mag., 5810). Splendide GlVieulori- ginaiie de Pari-Natal, et qui a fleuri en septembre 1868 chez M. Bull, horticulteur à Chelsea; sa fleur est largement étoffée, comme celle du Gandavensis^ à 6 divisions obovales d'un rouge sang vif, avec les deux intérieures latérales marquées d'une zone transversale blanc rosé, pointillé rouge. C'est une très- excellente acquisition. Vanda Denisoniana (Bot. Mag., 5811). Espèce nouvelle à fleur blanc pur, originaire des montagnes d'Arracan. Aloe Crouclieri (Bot. Mag., 5812). Ce nouvel Aloe a ses feuilles toutes radicales étalées, en forme de langue très-allon- gée, vert clair, marquées de nombreuses taches blanches. Les fleurs longuement tubuleuses, arquées, pendantes, sont rose — 48 — pâle à la base et blanc verdâtre striées de vert foncé au sommet ; elles forment de longues grappes paniculées. A. DE Talou. PLANTES NOUVELLES. Variétés jardinières. Nancy a toujours des trésors de nouveautés à offrir aux ama- teurs. A partir du 1 0 de ce mois, M. Lemoine met en vente les variétés suivantes : Wigandia imperialis. Supérieur à ses congénères Cara- cassana, Vigieri etmexicana. Les feuilles de 1 m. 25 à 1 m. 40 de longueur, sur 55 à 60 centim. de largeur, conservent une disposition dressée dans leur jeunesse, pour arriver à l'horizon- tale à l'âge adulte. Leur surface est couverte de longs poils soyeux reflétés d'argent. Les fleurs sont blanches et lilas rosé. Plantée en pleine terre, à l'air libre au printemps, la plante atteint, dans le courant de la végétation de l'été, 2 mètres de hauteur. Torenia auriculœfolia. C'est une espèce naine, sans tige, ayant le faciès d'une Auricule. Elle est de serre tenipérée, et montre, en toutes saisons, des fleurs à larges lobes du bleu le plus brillant tout veiné et bordé de blanc. Pelargonium zonale. Encore un double: C. Glijm, plante très- naine à fleurs grandes, couleur écarlate orangé, formant de larges ombelles. — Les simples sont : Duchesse d'Anmale, fleurs carmin rose nuancé blanc au centre ; de Lesseps, fleurs régulières écarlate à point blanc ; Madame Duthoo- Bertrand y plante trapue^ à fleurs couleur mauve carminé, marqué de blanc aux pétales supérieurs. — Sous la dénomination de va- riétés à reflets bronzés, M. Lemoine annonce quatre nou- — 49 — veautés : Chevandier de Valdrôme, Flambeau, Panthéon eiPea- body. « La variété Madame Mézard, dit M. Lemoine, n'a que de pâles couleurs et une mauvaise forme à côté de ces nouvelles productions. Cineraria aspknifoUa, variété à feuillage blanc cendré, qui diffère da C. maritima par la forme de ses feuilles qui rappel- lent celles de certains Asplenium. — Le Cineraria lastrœfolia a les feuilles régulièrement lobées jusqu'à la nervure médiane ; ces deux variétés sont sorties da Cineraria acanthifolia. Pentstemon. Six nouvelles variétés enricliissent encore ce beau genre : Bossuet, rouge vineux à gorge blanche ; Colysée^ violet à gorge blanc strié de pourpre ; Gustave Lambert, lilas rose, àgorge blanche tigrée de lilas; /'Arca(//m, rouge carmin ^brillant^ goi'S^ marmorée de blanc et de cramoisi ; le Kédive, pourpre vineux, à lobes violacés ; Suez y carmin à gorge blan- che. Weigelia Hendersoni, Lemoinei et Lowii sont les dernières nouveautés en ce genre ; le premier est d'un beau rose et les deux autres d'un pourpre foncé, presque noir dans le dernier. MM. Rendatler et Grousse, de Nancy, annoncent aussi, nous a-t on dit, plusieurs bonnes nouveautés, mais nous n'avons pas reçu encore leurs catalogues; à huitaine, comme on dit au Palais. Pivoines. M. Joseph Baumann s'est rendu acquéreur de deux Pivoines en arbre, gains d'un semeur heureux de Gand, M. Goethals. Ces deux nouveautés ont fait grand bruit en Belgique. Le journal de l'Académie d'horticulture de Gand n'y allait pas de main morte. «Tout le monde, dit-il, amateur ou horticulteur, a couru voir et revoir ces Pivoines, et leur propriétaire doit avoir les oreilles littéralement rebattues des louanges qui lui ont été adressées à leur sujet et de l'admira- tion générale qu'elles ont excitée. » Ces deux nouvelles Pi- voines s'appellent : Souvenir de Gand et Gloire des Belges. Féorier ISIO. 4 — 50 — En Pivoines herbacées^ voici celles de M. Calot : Augustin Dhour, pourpre écarlate ; Comte de Gomer, rosiforme beau rouge pourpre velouté ; Constant Devred, en coupe, pourpre clair sa- tiné ; Madame Barillet-Deschamps, rose très-tendre bordé de blanc; Madame Jules Calot, blanc carné à teintes jaunes ; Ma- dame Loise Mère, blatic carné soyeux, accidenté de carmin ; Mademoiselle Rose Rendatlei\ beau rose tendre satiné, à reflets lilas ; Maréchal Vaillant, rouge violacé pourpré ; M. Barrai, rose tendre; M. BariUet'DescJiarnps, forme anémone, carmin pourpre éclairé de teintes blanches ; Loms Van-Houtte, cerise pourpre éclatant, forme anémone ; Souvenir de V Exposition universelle^ cerise clair à reflets. Ernest Bonard. LES ÂUCUBA (I). Le genre Aucuba rej)résenté, il y quelques années encore, par une seule et unique plante femelle à feuille ponctuée, re- gardée jusqu'alors comme le type de l'espèce, s'est enrichi promptementd'un grand nombre de magnifiques formes, dues d'abord aux inlroduclions japonaises, et ensuite aux nombreux semis qu'ont permis de faire les graines produites par l'ad- jonction des individus mâles qui faisaient partie de ces intro- ductions. Aujourd'hui les collections sont tellement nom- breuses et il airive des nouveautés en ce genre de tant de sources ditîérenles, qu'il est assez difficile de se reconnaître dans les dénominations plus ou moins justes et plus ou moins bien appliquées, données par les introducteurs ou les obten- teurs. Dans la nomenclature ci-dessous, nous plaçons à la tète du c«-enre l'une des introductions nouvelles à feuilles vertes, (1) Extrait du catalogue général descriptif et raisonné des espèces ligneuses d'einemeal de plein air, des frères Simon-Louis, horticulteurs à Meiz, — 51 — considérée avec raison comme le type de l'espèce, reléguant au l'ang de variété panachée l'ancienne forme à feuille maculée. — Nous indiquons le sexe de toutes les variétés chez lesquelles il nous est connu. AUCUBA HiMALAïCA (fœmina). Quoique originaire de l'Inde , cette plante n'est regardée par les botanistes que comme une simple forme de VAucuba japonica. Elle n'en diffère, en effet, que par ses feuilles lon- gues et étroites, tourmentées, irrégulièrement dentées, à dents obtuses, et par ses fruits plus longs et plus atténués . Variétés Mascula, ou mâle. — Macrophjlla à feuilles beaucoup plus longues : très-belle variété. AUCUBA JAPONICA. Viridis fœmina (\evl, femelle), feuille d'un beau vert, relati- vement petite. Viridis mascula (vert, mâle), feuilles grandes, marquées de rares maiîules jaunâtres. Albo-variegata (femelle), à feuilles panachées de blanc. Augustifolia, de Keteleêr (femelle), feuilles vertes, très- étroitement lancéolées. Arborea (femelle), variété d'une grande vigueur, h grandes feuilles et produisant beaucoup d'effet. Aurea (femelle), feuilles à grandes dents; les jeunes entière- ment jaunes, passant au vert en conservant toujours un reflet doré ; variété très-remarquable. Bico /or (mâle), feuilles marquées au centre, ^rès de la ner- vure médiane, d'une très-large tache jaunâtre. Bicolor elegans, analogue au précédent, mais à feuilles plus tourmentées. Bicolor Fortunei (mâle). — 52 — Dentaia de Siebold (femelle) . Dentata variegata (femelle). * Elegans (femelle). Grandidens, feuilles très-grandes, à grandes dents, très- agréablement maculées de jaune. Grandis (femelle)^, feuilles vertes, très-grandes. Hermaphrodita, de Gaujard; celte curieuse variété a l'avan- tage de posséder les deux sexes; feuilles vertes, allongées tourmentées. llicifolia à feuilles de houx. Latifolia grandis,' de Desfossé-Thuillier (femelle). Latimaculata (femelle). Cette variété;, connue avant l'intro- duction des plantes mâles, est le résultat d'un accident de branche fixé, de l'ancienne variété à feuille maculée. Ehe s'en distingue par ses feuilles souvent plus grandes et alors un peu chagrinées buUées, marquées irrégulièrement de grandes ta- ches d'un jaune blanchâtre. Lo7igifolia, de Standish (femelle), feuilles vertes, longue- ment et étroitement lancéolées. Longifelia aurea-nmculata, feuilles maculées de jaune d'or. Loîigifolia aurea- variegata (femelle), feuilles panachées de jaune d'or, Luteocarpaj fruit jaune ; feuilles vertes. Macrodontha (mâle), feuilles vertes, très-grandes, bien pleines, très-belle variété. Macrophylla, de Thibaut et Keteleêr ; feuilles vertes, énormes, largement dentées. Macrophylla dentata, de Thibaut et Keteleêr; feuilles vertes, très-grandes, longuement dentées. Maculata (mâle), feuiUes grandes, plus ou moins maculées, ou pictées de blanc jaunâtre. Belle variété, qui nous paraît être l'une des plus robustes. Marmorata, de William Bull (mâle). Toute nouvelle im- — 53 ■— portation japonaise. Comparée à la précédente, de laquelle elle se rapproche le plus, cette variété se distingue par ses feuilles plus courtes et moins dentées, d'un coloris plus brillant, le fond d'un vert très-foncé, entièrement mouchetées de points et de macules d'un jaune brillant. C'est la plus distincte des variétés à feuilles maculées. Medio argenteapicta. Medio-variegata (mâle), dans le genre du bicolor ou bicolor elegans, mais paraît en différer. Ovata, de Siebold (mâle); feuilles vertes, très-larges. Picta, de Siebold, limbata (femelle) de Standish et Aucuba foliis aureo marginatis des horticulteurs ; feuilles largement marginées de jaune. Variété très-constante et l'une des plus belles. Picturata, de Gaujard; feuilles très-larges, particulièrement marbrées et nuancées de jaune. Picturata, de Thibaut et Keteleèr (mâle) ; feuilles tourmen- tées, vertes, parfois marquées au centre d'une large tache jaune. Punctata, des horticulteurs (femelle); c'est l'ancienne forme à feuille ponctuée. Pygmœa (mâle), plante très-naine, à feuilles vertes. Robusta maculata (mâle), feuilles largement et diversement maculées. Salicifolia (femelle). Diffère peu de la variété longifolia. Sulphurea, les feuilles offrent de nombreuses macules, ce qui donne à l'ensemble de la plante un aspect soufré. Viridis latifolia, de Dauvesse (femelle); feuilles larges et vertes. Viridis longifolia (femelle). Se distingue de celui que nous avons pris pour type femelle du genre, par ses feuilles peu dentées, plus allongées. — 5'^ — Viridismacrophylla, deDauvesse (mâle); feuilles vertes très- larges. Les Aucuba demandent une bonne terre, plutôt humide que sèche : une exposition abritée des fortes gelées et surtout du grand soleil. Par leurs fruits rouges et leur beau feuillage varié et persistant^ ils produisent l'effet le plus ravissant, et ils sont appelés à jouer un grand rôle dans l'ornementation des jardins. Simon-Louis (frères), Horticulteurs à Metz. LES POMMIERS DOUCLN ET DE PARADIS. On m'a souvent demandé : qu'est-ce que c'est que le Pom- mier doucin? en quoi diffère-t-il du Pommier de Paradis et du Pommier franc ? Cette question, je l'avoue, m'a toujours fort embarrassé. Tout ce que j'ai pu répondre jusqu'ici, le voici : Le Pommier franc est une sorte de Pommier sauvage qu'on muhiplie dansles pépinières, par semis, pour en faire des sujets à greffer et produire des arbres très-vigoureux, particulière- ment des Pommiers à haute tige. Le Pommier doucin, lui, est aussi un Pommier qui sert de sujet pour greffer; mais au lieu d'être multiplié par graines on le propage par bouture et marcotte. N'ayant point une grosse racine pivotante, mais seulement des petites racines adven- tives qui naissent du bourrelet de la bouture, sa végétation est plus faible que celle du Pommier franc de semis ; on l'emploie pour greffer des variétés qu"on veut former en pyramides, et on en obtient des arbres qui se mettent à fruits plus prompte- ment que ceux greffés sur franc. Le Paradis est aussi un Pommier qu'on multiplie par bou- — 55 — ture et marcotte ; sa végétation est encore plus faible que celle du Paradis, et c'est pour cela qu'il est employé comme sujet quand on veut former des petits Pommiers nains qu'on appelle particulièrement Paradis, et qui se mettent très-vite à fruits. Quant à l'essence de ces trois sortes de Pommiers, c'est-à-dire sont-ils des espèces qu'on trouve àl'état sauvage dans la nature , ou de simples variétés trouvées dans les semis de pépinières? je n'ai jamais pu le savoir, et je crois qu'il n'y a pas de honte à le dire humblement. Comme cette question vient d'être l'objet d'une commu- nication de M. Decaisnc, au journal anglais Gardeners chro- nicle, j'ai pensé qu'il serait bon de faire connaître l'opinion de ce savant, et, à cet efïèt^ voici le lésumé de cet article, d';ipiès la traduction de notre confrère M. Morren : « Du Pommier de Paradis. Y oiûoiv établiniiu! limile précise entre le Pommier de Paradis et le Doiicin. c'est chercher la pieri'ephilosophale. La forme des pétales, les styles pubescenls ou glabres sont des caractères aussi variables que l'aspect des arbres mêmes. Les Pommiers sauvages de nos bois sont géné- ralement sans épines, les feuilles glabres ou pubescentes, et les fruits de couleur jaune. Les pommiers sauvages ne torment jamais d'arbres comme le feraient les Poiriers sauvages, les conditions étant les mêmes. Les Pommiers donnent des buissons avec ou sans racines rampantes ; de là cette phrase de Tourne- fort : d Malus pumilaquœ potius frutex quam arhor fructu can~ dido, Pirus paradisiaca. » Le nom de Pommier de Paradis ou Fîchet était déjà cité du temps de Ruellius, en 1336. On trouve le passage suivant dans VAhrégé pour les arbres nains (p. 55) : (( Pour avoir bonne race de Pommier Paradis, il faut prendre de celui qui porte des Pommes toutes blanches ; les autres, qu'on appelle communément des Boiittes-terres, sont des espèces de francs qui jettent beaucoup de bois. -» On connais- — 36 — sait donc, à cette époque, la multiplication par bouture, et le Pommier Paradis était recommandé à cet effet. Rien ne prouve que le Pyrus malus prœcox de Pallas soit une espèce sauvage particulière à la Russie ; et la preuve, c'est que la plante n'a pas de nom russe et que Pallas la désigne par des dénomina- tions allemandes, tandis que la Pomme ordinaire et le Malus baccata ont des noms vulgaires en Russie^ enïartarie, etc. « En Russie , comme chez nous , les Pommiers sauvages n'ont en général pas d'épines. y> Généralement les Pommiers russes sont épineux ; le bois est violet brunâtre, comme dans nos sauvageons ; les feuilles sont glabres ou pubescentes. J'en ai reçu de Novgorod, district de Krestz; de Kherson, de Karkow, de Moscou. Ces derniers sont épineux ou sans épines; il en est de même pour ceux que j'ai reçus de Savoie. Quant à la couleur des fruits, j'en ai vu de jaunes et rouges, de ianmes {fructu candido) et de panachés, comme sur les Pommiers cultivés. 2) Le moment de la floraison n'est pas non plus un caractère bien assuré : voyez le Marronnier du 20 mars et tant d'autres faits; d'ailleurs, toute plante n'a-t-elle pas des races précoces et des races tardives? Pallas n'indique d'ailleurs pas la date de la floraison du Malus prœcox ; on ne peut attribuer la pré- cocité qu'à la Pomme de Saint-Jean, analogue de la Poire de Saint-Jean, mûrissant à la fin de juin. )) Selon moi, il n'y a qu'une espèce de Pommier sauvage en Europe, et elle varie comme toutes les autres; dans les champs, dans les jardins, la nature suit les mêmes procédés, multipliant les espèces en modifiant plus ou moins les formes. C'est une erreur de croire que nos Pommiers sauvages se di- visent en deux groupes distincts : l'un à feuilles pubescentes et à fruits doux (Ma^us communis), l'autre à feuilles glabres et à fruits acides {Malus acerba). Prenez des exemples en bon nombre et de localités diverses, vous ne trouverez pas la hgne - 57 — de démarcation. J'ai' devant moi des branches de Pommiers, couvertes de fruits et de feuilles; il y en a de glabres ; d'autres sont duveteuses, et cependant tous les fruits sont jaunes. Je l'ai déjà dit : il y a 300 ans que le Pommier a été multiplié par boutures; une race a été établie. Les jardiniers sont enclins à dogmatiser : une variété ne réussit- t-elle pas chez eux, ils disent qu'elle dégénère ; d'ailleurs, on n'a pas fait d'observa- tions générales et systématiques; delà tant d'absurdités que l'on a imprimées. » En résumé — dit M. Decaisne — j'accorde qu'une espèce puisse varier considérablement, mais je ne puis admettre qu'elle se transforme eu une autre ; un Pommier ne peut pas devenir Poirier et je ne crois guère aux transformations du Raphanis- /rwm (Radis sauvage) en Raphanus (radis cultivé) de VJEgilops et de tant d'autres dont on fait si grand bruit. » — Notre rédacteur en chef n'est pas seul, comme on voit, à protester contre ces prétendues transformations opérées dans les jardins sous l'influence delà culture. L. GUILLOTEAU. L'ENGRAIS HUMAIN. La question des engrais est une question capitale pour le cultivateur et néanmoins elle est très-mal entendue en horticul- ture. Il en est un des plus précieux, les excréments humains, qu'on laisse perdre, sous le prétexte que ce n'est pas propre; comme si le fumier ne contenait pas les excréments des ani- maux de tontes sortes. Nous partageons à cet égard les idées que M. Corenwender émet dans les Archives de l'horticulture du Nord : (( Personne n'ignore, dit-il, que les excréments humains — ^8 — sont utilisés depuis un temps immémorial dans le département du Nord pour la fertilisation des terres ; on peut attester que c'est principalement à cet engrais que l'agriculture de cette contrée doit son incontestable supériorité. Le fermier flamand se moque, avec raison, de ces cultivateurs pusillanimes qui, dans la plupart des contrées de l'Europe, ont pour les matières excrémentielles une répugnance invincible, et qui se croi- raient deshonorés s'ils recueillaient ces engrais précieux pour fumer leurs champs. Il serait bien plus autorisé à penser ainsi s'il savait que les gens, qui ont ces faiblesses, vivent souvent dans des habitations malsaines, rarement nettoyées, et qui ré- pandent jusqu'au loin une odeur infecte. Pour nos contrées, l'engrais liquide est recueilli précieusement dans des citernes cimentées, bien étancliees, d"où on ne les retire que pour les porter dans les champs. Au contraire, presque partout ailleurs on le laiSvSe s'écouler dans les cours d'eau ou s'infiltrer dans le sol. Souvent il pénètre dans les nappes souterraines qui servent aux besoins des hommes et des animaux. La pompe aspire cette eau et la ménagère en fait usage pour cuire les légumes et préparer le bouillon. Nos praticiens du Nord nous paraissent mieux avisés; ils font passer prudemment les excréments par le corps des légumes; ces végétaux usuels les absorbent, les modifient dans leur constitution immédiate et les changent en aliments précieux et succulents. » L'urine seule est un excellent engrais et il est triste d'en voir perdre une aussi grande quantité; notre confrère, M. Briand, jardinier en chef à TEcole normale de Cluny, m'a dit obtenir de très-bons résultats en l'ajoutant, pour un sep- tième, dans ses eaux d'arrosements, une ou deux fois par semaine. Sans doute, ce n'est pas très-agréable d'aspirer les odeurs qui s'exhalent des engrais humains; mais il est facile aujour- d'hui de les désinfecter. — 59 — M. Payen a fait connaître, dans une séance de la Société im- périale et centrale d'agriculture de France, le système de M. Goux qui ne laisse rien à désirer sous ce rapport. Il consiste à garnir les tonneaux, qui reçoivent la matière fécale, d'un mé- lange absorbant, composé de 25 à 30 pour 100 de chiffons de laine; 50 à 54 pour 100 dépoussière de greniers à fourrage, et de \ 0 pour 1 00 de poussier de charbon provenant, soit de fonds de magasins ou de bateaux, soit même de carbonisation de branchages, ramilles ou bruyères, avec addition de 4 ou 5 pour 100 de sulfate de fer en menus cristaux. On garnit l'inté- rieur du tonneau d'une couche de 12 centimètres, en moyenne, de ce mélange, de manière à former une sorte de muraille in- terne en talus, doublant toute la paroi du tonneau et compo- sée, comme on le voit, de substances poreuses très-absor- bantes qui préviennent presque entièrement la fermentation putride. Lorsque le tonneau est plein, on répand à sa surface .une couche de poussière de charbon et on le transporte daus un endroit pour faire le dépôt général. On en forme alors des tas qui dégagent une odeur à peu près nulle. M. Moll, du con- servatoire des Arts et Métiers, fi expérimenté ce système et il regarde cet engrais.comme équivalant à une bonne poudrette ; M. Bella, directeur de l'école de Grignon, en a obtenu un succès complet. Nous recommandons donc, à nos confrères, de ne point laisser perdre plus longtemps un aussi précieux engrais, et d'avoir dans un coin de leur jardin un tonneau préparé d'après le système de M. Goux. Ils pourront l'employer sans craindre de donner une mauvaise odeur à leurs légumes ; car il n'est pas absolument prouvé que l'odeur des engrais pénètre dans les tissus des végétaux. C'est un simple préjugé et rien de plus. L. CORDIER. — 60 -^ PETITES NOUVELLES. Pomme de terre de Marceau. Rapportée d'Amérique vers 1 867 par un officier de marine, M. Vavin fils, commandant, alors, le navire le Marceau d'où son nom ; elle a été trouvée de très-bonne qualité par M. Va- vin père, président de la Société d'horticulture de Pontoise, qui en distribua à ses amis et connaissances. Cette variété, d'origine étrangère^ se conserve très -longtemps, au dire de M. CoUardeau, qui en a présenté, cette année, à la Société d'hor- ticulture, et à la Société d'acchmatation de Paris; il en a gardé, jusqu'à la fin du mois de mai dernier, des tubercules qui, à cette date, étaient encore très-sains et bons à manger. Elle n'égale pas tout à fait la Marjolm pour la bonté, mais elle la surpasse considérablement pour la productioui M. CoUardeau connaît des jardiniers qui, en ayant adopté la culture, y ont trouvé la source d'importants bénéfices qu'ils n'avaient jamais réalisés auparavant avec les autres variétés. Persil à grosse racine. Un de nos compatriotes, M. Marguerit te, jardinier à Varsovie, a envoyé à la Société d'horticulture de Paris des racines de ce Persil qui, dit-il, sont très-estimées en Pologne et en Russie. D'après une note d'un chef de cuisine d'une grande maison, on les emploie dans tous les mets et potages dans lesquels il entre des racines ou légumes quelconques, ou encore en gar- niture de grosses pièces de viande, en les apprêtant comme le céleri bulbeux. Ce Persil sert de légume d'assaisonnement, et pour cet usage on le préfère au Panais. De l'avis de S. Exe. le maréchal Vaillant, il y a peu de légumes meilleurs que ces ra- cines de Persil, dont les feuilles sont aussi bonnes que celles du Persil ordinaire. C'est donc une plante à propager en France ; les racines alimentaires ne sont pas très-communes dans nos potagers. — 61 — Bambous. M. le docteur Turrel, de Toulon, fait connaître à la Société d'acclimatation de Paris que les Bambusa mitis^ Quilioi, aU" rea, violescens, graciliSj et une espèce indéterminée, végètent admirablement sous le climat méditerranéen. « Le Bambusa gracilis et l'espèce indéterminée paraissent moins intéres- sants, dit-il, que les autres, dont nous espérons beaucoup et qui offrent des caractères originaux. Graines du voyage de M. Roezl. M. Roezl, très- connu en horticulture par ses voyages et les nombreuses plantes du Mexique qu'il a introduites en Europe, a eu l'heureuse idée de se servir du chemin de fer nouveau, du « Pacific Railway », qui traverse tout le continent de l'Amé- rique du Nord, pour explorer ces territoires immenses et riches en plantes qui ont le grand avantage d'être à peu près toutes nouvelles pour nos jardins, et surtout d'être parfaitement rus- tiques pour supporter le climat de l'Europe centrale. Il a fait ce voyage pour son propre compte, entraîné par sa passion pour les explorations, et dans l'espoir d'enrichir les jardins d'Europe de belles plantes nouvelles. M. Ortgies, du jardin botanique de Zurich, un ancien ami de M. Roezl, s'est, chargé delà vente de ses introductions. C'est donc à lui qu'il faut s'a- dresser pour en devenir acquéreur. — Dans les listes-prospec- tus qui sont distribuées à cet effet, nous avons remarqué quel- ques bonnes espèces dont l'énumération serait par trop fasti- dieuse. Toutes ces graines ont été récoltées en automne de 1869 dans les montagnes Rocheuses, les montagnes d'Utah et dans la Sierra-Nevada en Californie. M. Ortgies a cru agir dans l'in- térêt des acheteurs, en vendant l'édition entière de chaque es- pèce, et en refusant de vendre de petites quantités; Tacqué- reur est, en effet, certain de posséder seul les plantes qu'il achètera ainsi. Moyen démettre les Melons à V abri des pucerons. M. Eugène Gouet, iardinier à Brinches, a trouvé le moyen — 62 — de se garantir des pucerons qui infestent les Melons. Ce moyen est très-simple : après avoir chargé ses couches de 18 à 20 centimètres de terre forte mais bien divisée et amendée, il lave avec soin ses coffres et ses châssis, et les badigeonne en- suite intérieurement avec un lait de chaux. Il plante ses Me- lons, les paille, et saupoudre enfin le paillis d'une légère couche de chaux éteinte depuis quelque temps. En procédant ainsi, il assure que les pucerons n'envahissent plus ses cultures de Melons. Jardin-laboratoire de CoUioure. Notre collègue M. Naudin, que l'état de santé force à passer une partie de l'année dans le midi de la France, ne renonce pas pour cela à ses études scientifiques et horticoles. Il nous an- nonce qu'il veut fonder à CoUioure (Pyrénées-Orientales), petit village admirablement situé sur les bords de la mer, un jardin- laboratoire, destiné à toutes les recherches de botanique, de physique végétale, de culture, d'hybridation, d'acclimata- tion, etc. Cette entreprise est toute privée ; l'État n'est pour rien dans cette affaire. Fleuriste de la ville de Paris. L'administration du jardin de la ville de Paris vient de pu- blier les conditions d'admission et de séjour des élèves jardi- niers pour 1870 ; les voici : d Être âgé de 18 ans révolus; présenter une pièce pou- » vant servir à constater l'identité : posséder les premières 3) conditions de l'art horticole et avoir fait pendant un an, au y> moins, de la culture pratique. » L'administration alloue mensuellement aux aspirants 3> comme rémunération de leur travail : )) Pendant les 3 premiers mois 60 fr. )) — les 3 mois suivants 70 D — les 3 mois suivants 80 3) Cette période écoulée , l'aspirant peut être admis au - 63 ~ jo litre d'élève ; l'allocation mensuelle est alors portée, sui- )) vant ses aptitudes et ses capacités, à 85 fr., 90 fr ., et au- )) dessus. 3) Afin de rendre leur instruction aussi complète que pos- )) sible, les aspirants et les élèves seront occupés successive- )) ment dans les diverses sections de cultures de la ville de )) Paris, et y seront assujettis aux règlements concernant les » chefs et ouvriers. 5) Lorsqu'ils désirent quitter le service, ils doivent en pré- )) venir leur chef quinze jours à l'avance, et ne peuvent ré- 3) clamer le payement de ce qui leur est dû, avant le jour de :» la paye, qui a lieu du 8 au 1 0 de chaque mois. » Ern. BoNARD. CATALOGtlËS D'HORTICULTURE POUR 1870. Bruant, à Poitiers. Plantes nouvelles : Pelutiia, Pélargoûium, Verveines et Duhlia. CrouHse, à Nancy. Plantes nouvelles obtenues de semis dans rétablissement : Deipliniium, (leraniuni, Héliotropes^ Lanlauaj Pétunia, l*eulsleraou. Delesalle (Henri), àTliuiiieiiil près Lille (iNord). Plantes nouvelles : Pelargo- luuui zonale, Pcluuia, Verveines. Duflot, quai de la Mégisserie, î, Paris, Supplément aux Catalogues des graines iie fleurs, potagères, fourragères: Oignons. Nouveautés et récentes iniroiluctions. Duraud, à Bourg-la-Reine (Seine). Arbres fruitiers, arbres d'ornements, ar- bufclus et rosier*. Haag^c et Hiclimidt, àErlurth (Prusse). Nouveautés de graines, et de plantes d'oruemeut de pleine terre et de serres. — Catalogue général de graines de plantes d'ornement potagères ; Plantes vivaces, de serre, etc. Hubcr (frères), ;i Hyères (Var). Catalogue de graines de plantes nouvelles pour 1870. Spécialités: graines de fleurs, d'arbres et d'arbustes d'orne- ment indigènes et exotiques. lioise-Chanvière. Catalogues des Fraisiers et Lilium. lloutceny aîné, à Villefranche (Rhône). Catalogue de graines potagères et fourragères ei de fleurs. Reudatler, à Nancy. Plantes nouvelles obtenues dans l'établissement : Pétunia, Géranium, Héliotropes, Pentstemon, et autres plantes rares ou nouvelles. ISahut, à Montpellier. Catalogue des principales espèces de végétaux et de nou- veautés en arbres, arbrisseaux et arbustes. Vilmorin-Andrieux et Comp., 4, quai de la Mégisserie, Paris. Catalogue général de grainesde plantes dornement, fourragères, potagères. Nouveautés. Potager. Cest pendant le mois de mars que l'artichaut exige le plus de soin». On peut commencer vers le i5 à dégarnir les souches de la terre et du fumier entassés à chaque pied : la litière sèche doit rester à portée pour recouvrir si la température l'exigeait. Aussitôt que le hâle n'est plus à craindre, il faut enlever à chaque souche les œilletons superflus et ne laisser que les deux plus beaux ; après cette opération, il faut arroser copieusement les artichauts et leur donner une bonne couverture de fumier. C'est aussi pendant ce mois qu'on sème, laboure et fume les asperges. Le fumier de cheval est le meilleur pour ce dernier usage; mais, dans les terrains très-secs, on doit employer le fumier de vache; l'un et l'autre doit être à moitié décomposé. On plante choux-pommés, choux- fleurs^^ fraisiers, laitues, oignon blanc, oseille, poireau, romaines. On fait les semis de carottes, chicorée sauvage, choux-fleurs, choux-cabus de Saint-Denis, de Milan, de Bruxelles, épinards, fèves, ciboules, cresson alénois, panais, persil, poireau, tous les pois, radis rose et noir, salsifis, scorzonères, pommes de terre Vers ia fin du mois : céleri à couper, cerfeuil, choux Quintal et de Poméranie' toutes les laitues, romaines blondes et grises. Les couches et châssis exigent beaucoup d'attention, car, à cette époque, les réchauds dont on entoure les couches sont trop forts : il se produit des coups de chaleur qui détruisent toute la récolte j il faut aussi veiller aux coups de so- leil, qui produisent le même effet. On sème sur couche : concombres, melons, piments, tomates, raves, salade et fournitures diverses. Jardin fruitier. Finir la taille, labourer et pailler les plates-bandes. 9 Jardin d'agrément. Terminer les labours, travaux de propreté, la taille des arbustes divers et la plantation des plantes vivaces; faire des boutures d'arbres et d'arbrisseaux. On sème en pleine terre : Giroflée de MÎihon, Adonis, Coreopsis, Nigelles, Réséda, Nemophila, Clarkia, Gilia, Crépis roses, Giroflée jaune, Malope, Œillets de Chine, Pois de senteur, Reines-Marguerites , Capucines, Volubilis, Collinsia bicolor, Siléné à fleurs roses, Balsamines, Belles de Nuit et belles de Jour, Muflier, Pétunia, Thlaspi^ Scabieuse ou Fleur des Veuves, Phacelia, Linaria bipartia. On sème sur couche: Célosia Crête de coq, Amarantes, Balsamines, Reines-Marguerites, Calcéolaires, Quarantaine, Martinia, Cosmos. On place aussi sur couche les tubercules de Dahlia pour déterminer la végé- tation des bourgeons, les séparer ensuite et les mettre en pot jusqu'au moment de les livrer en pleine terre. Serres. C'est en mars que les Camellia sont dans toute leur beauté; il faut leur donner des arrosages modérés et entretenir avec soin la propreté des feuil- lages. Pour les autres plantes, même soin que pour le mois précédent ; mais on Veillera pour éviter l'efi'et des coups do soleil; on blanchit les vitres avec de lu chaux, ou l'on tend des toiles. Paris. — Imprimerie horticole de E. Donnaliu, rue Cassette, 9. LA MEILLEURE ASPERGE EST 'ASPERGE HATIVE LOUIS LIIÊRAULT cdaille d'or (unique) à l'Exposition universelle de 1867. (j'or de la Société impériale et centrale d'Horticulture de France, 1869. d^or de l'Empereur (1869) et cinquante autres récompenses pour cette variété. LOUIS LHÉRAULT (seul dépositaire), Horticulteur -Cultivateur d'Asperges, de Figuiers et de Vignes, 14, rue de Calais, à ARGENTEUIL (Seine-et-Oise) . ENTE DE GRIFFES, DE FÉVRIER A MAI. (Demander le Catalogue. Librairie de E. DONNAUD , rue Cassette, 9. GUIDE »OUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE PAR KRŒNISHFRANCK BOTANISTE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures coloriées. — Prix, broché : 5 fr. MÊME LIBRAIRIE. L'ORTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAU Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures. — Prix, broche' •. \ h. iiO. Librairie E. DONNAUD , rue Cassette, 9. INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL TRAITANT DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS. DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGÂTS 'cgeei < m PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNÂUD; RUE CASSETTE. 9. 1870 ÉDITEUR MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs cataloiiues an bureau du journal, rue Cas- sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant a faire connaître par la vois du journal. Nous mettons sur la dernière pane de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le mois et dont nous avons reçu un exemplaire. LA MEILLEURE ASPERGE EST L'ASPERGE IIÂTIVE LOUIS LHÉRÂULT Médaille d'or (unique) à l'Exposition universelle de 1867. _ d'or de la Société impériale et centrale d'Horticulture dq France, 1869. | — d'or de l'Empereur (1869) et cinquante autres récompenses^ pour cette variété. LOUIS LHÉRAULT (seul dépositaire), Horticulteur-Cultivateur d'Asperges., de Figuiers et de Vignes, 14, rue de Calais, à ARGENTEUIL (Seine-et-Oise) . ^ENTE DE GRIFFES, DE FÉVRIER A MAL (Demander le Catalogue.) DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT L'HISTOIRE, LA DESCRIPTION, LA FIGURE DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS, Par André LEROY, PÉPIKIÉRISTE, Chevalier de la Lésion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France ancien président du Corake horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, des États-Unis et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger. EN VENTE Oii ^:^ ^^ i::^ cô:) 2:2 ^3^ i:s ^^ 2 volumes grand iii-8°. Tome l- A-C, 389 variétés. | g,,^ ^a.je'tés. Tome 2*= D— Z, 526 — ) Prix: broclié, lO fr. le Tolume, Soil 20 francs pour l'exemplaire complet de l'HISTOIRE DU POIRIER. iiOlIlMAmE DES AiiTICLbS CONTENUS DANS CE NUMERO. F. Herincq, Chronique, — J. Decais.ne, Observations sur un Diospyros de la Chine, à fruit (ûmestiijic'. — 0. Leschyeu, Le Tacsonia eriantha (PI. 111). — EiiN. BoNARD, Plantes nouvelles; variétc> jardinières. — En,, de Martragny, le Disa grandiflora et les Orchidées de serre froide. — F. Herincq, de la graine et des semis. — F. Herixcq, Notions de taille sans physiologie végé- tale. — X..., Travaux, du mois d'avril. CHRONIQUE L'hiver de 1870, à Paris et dans le Midi; assassiaat d'un Cactus et 'd'un Tacsonia d'Alphonse Karr par... la gelée; état de la végétation, au com- mencement de janvier, dans la région méditerranéenne. Prix de quelques légumes à Paris; ce qu'on vend comme Laitue et Romaine au marché du quartier Saint- Marcel. Dégel, orage et gelée du mois de mars ; dicton popu- laire; encore l'inlluence de la lune. Funeste résultat de l'entreprise du co- mité des cultures expérimentales de la Société d'horticulture de Paris^au sujet du Radis de famille ; le Cerfeuil bulbeux inaméliorable; le Persil bulbeux, la Carotte et les Pommes de terre déperfectionnés. Le génie des peuples bar- bares nos ancêtres comparé au génie des peuples civilisés. Un demande la transformation de la racine grêle de Girollée en racine charnue, par les procédés connus. L'hérédité du mal ; inoculation de la panachure ; inlluence de la greffe sur le sujet; les abutilons panachés. Le petit bout d'hiver que nous avons eu^ dans le courant de février, a fait pousser les hauts cris à la population française en général, et à celle de la capitale en particulier. Pour huit et dix degrés de froid qu'on a dû enregistrer pendant deux jours à Paris, et ensuite trois à cinq durant une dizaine de jours, tout le monde s'est plaint de la rigueur des frimas. Il faut que nous soyons bien délicats pour trouver rude un pareil hiver ; car enfin la Seine qui, l'été, promène nos joyeux canotiers, n'a promené que quelques petits glaçons pendant deux jours seulement, et elle n'a pas daigné prendre comme elle fai- sait autrefois chaque année ! Si- nous continuons, nous protes- terons bientôt contre tout hiver dont la température ne se maintiendra pas à dix degrés au-dessus de zéro ! Mars 1870. b — 66 — Je comprends les plaintes des habitants de nos provinces du midi ; ils ont été fortement éprouvés cette année. Rarement chez eux le thermomètre traverse la ligne qui sépare le chaud du froid, et la neige est chose légendaire.. Cet hiver ils ont eu plus d'un mètre de neige ; à Cannes, d'après M. Laffay, huit degrés de froid ont détruit toutes les plantes exotiques cultivées depuis longtemps dans les jardins, et Alphonse Karr écrivait au commencement de janvier dernier : € Après quelques jours d un froid que je n'avais pas vu aussi rigoureux depuis dix-sept ans que je suis en Italie'et en Pro- vence (froid dont vous feriez à Paris vos beaux jours d'hiver) mais qui, je le crains, m'a assassiné un Cactus, un Tacsonia et plusieurs Héliotropes, le soleil revient rendre la couleur et la vie à ce pays qui, sans soleil, n'est qu'une triste, pâle et morte lithographie. La mer est calme et bleue ; les premiers Narcisses fleurissent sur les cohines ; les Violettes sont en fleurs sous les arbres; les Anémones étaient leurs feuillage découpé : les Giro- flées ouvrent leurs étoiles jaunes; les Jonquilles commencent à percer la terre au pied des Cameilia épanouis. Le 4 janvier l'hiver, qui a duré plus de huit jours, est bien avancé ici. ï) Nous aussi, à Paris, nous pouvions dire à celte époque,: l'hiver est bien avancé ; nous avons joui, en effet, depuis, d'un vrai printemps jusqu'aux premiers jours de février ; mais alors le froid a repris plus fort que jamais, et les maraîchers en ont profité pour vendre leurs produits des prix fabuleux. Les pauvres ménagères parisiennes ont payé la Mâche 1 fr. oOlalivre, et au mardi gras — alors que la Violette commençait ici aussi à fleurir sous les arbres — elle valait encore 1 fr. 20! l'Oseille a valu à ce moment 2 fr, 50 la livre ; le Pi&senHt 1 fr. ; on ne pouvait pas avoir de Poireau à moins de 15 et 1 0 cen- times la pièce ; 2 francs les Épinards pour un plat microsco- pique; et on m'assure, dans le faubourg Saint-Germain, que le Persil a été j^ayé jusqu'à 100 sous la botte à la halle. 67 — Quant à la salade de Laitue et de Romaine, c'est absolument du luxe pour les habitants des quartiers pauvres. Au marché de la place d'Italie on ne vend que les feuilles extérieures détachées des Laitues et Romaines expédiées, disent les mar- chands, en Angleterre : le cœur pour MM. les Anglais, les épluchures pour les bons Parisiens. AU rirjht! oui, c'est ma foi bien ! Et pourta'nt nous jouissons d'un temps magnifique depuis plusieurs jours; le dégel s'est opéré lentement, gentiment, sans trop de gâchis, et cette fois encore librement, sans aucune pression lunaire. Il a arboré son drapeau 4e samedi 19 février; la pleirïe lune était le 16 et le dernier quartier le Î22 ; son in- dépendance est donc incontestable. J'îii rencontré cependant un brave cultivateur qui le mettait encore sur le compte de la lune : ce C'est bien le vrai dégel, allez, me disait-il le diman- che, car c'est après-demain le dernier quartier, d Je dois ajouterqu'un autre m'avait dit le vendredi précédent^ alous que la température commençait à mollir : « Je crois bien que nous allons avoir le dégel ; ça ne serait pas étonnant, car c'était uvant'hipr la pleine lune ! » Avec les partisans de l'influence lunaire, il y a toujours d-'^ " '"'"'imodements, comme on voit. Mais un phénomène curieux, qui peut-être est unique dans l'histoire météorologique^ est celui qui s'est produit le lende- main des Cendres. A peine les derniers débris de glaçons étaient-ils fondus, qu'un violent orage s'est déchaîné, à sept heures du soir, sur notre brillante cité, accompagné de splen- dides éclairs, qui rendaient jaunes de jalousie les nombreux becs de gaz parisiens. Ce spectacle estival a paru d'autant plus beau, qu'il n'était nullement attendu ; toutefois, on ne doit pas s'en réjouir, s'il faut en croire ce dicton populaire : yuauii ii tonne en mars, Uonhoaime, gare ! — 68 — C'est un mauvais présage (i ). Tant pis pour les consomma- teurs de salade ; car les maraîchers, sous le fallacieux prétexte que cet orage de mars annonce une suite de mauvais jours, ne baisseront pas le prix de leurs Mâches, et nos ménagères con- tinueront de les payer toujours 24 sous la livre. Ainsi vont les choses : prospérité d'un coté ; extension *du paupérisme de l'autre; triste antithèse qui confirme la vérité de cette maxime de l'Évangile : Nul ne peut servir deux maîtres ; 'ce qu'il fera pour plaire à l'un ne conviendra pas à l'autre. Ainsi sera jus- qu'à la fin des siècles. Une chose qui poisrra bien aussi aller jusque là sans avoir de lin, c'est l'entreprise du comité des cultures expérimen- tales de la Société impériale et centrale d'horticulture de France, concernant la grande question à l'ordre du jour, la transformation des plantes par la culture. Voici ce qui vient de lui arriver. Les membres de ce comité, voulant répéter l'expérience du Radis sauvage — sans y avoir été invité par le grand conseil ou comité de censure — , avait semé des graines dans le jardin d'un des membres de ce comité, situé à la colonie de Clichy, dont le sol est arrosé et fertilisé par les eaux d'égouls de Paris. Un jardinier voisin^ bi^n connu dans toute la France par les beaux légumes qu'il a présentés au palais de Saint-Gloud, y\) Eu effet, au moment de mettre sous presse (7 mars) la gelée a fait retour. Hier dimanche 6, la terre croulait, et ce malin 7, cinq degrés au-dessous de zéro se faisaient sentir à Segrez, à 6 heures du matin. Peut-on dire que c'est un mouvement de lune? La nouvelle lune était le 2; la reprise de la gelée est le 6, et le premier quartier sera le 40. Qu'on ose dire ici qu'il y a intluence lunaire! Il est vraiment pénible de voir l'aveuglement des masses, au sujet de tous ces préjugés, de toutes ces vieilles rengaines si facélieusement combi- nées par les grands prêtres de l'antiquité, qui s'élevaient ainsi des autels sur l'ignorance et la bêtise des peuples. Retrouver les mêmes absurdités et les mêmes croyances en Tau de grâce 4870, eh bien ! vrai, cela ne prouve pas eu faveur des citoyens qui prétendent constituer le peuple le plus intelligent du monde... ; au contraire!. .. — 69 — l'année dernière, avait accepté la mission de veiller sur ces expériences. Il s'en acquitta rigoureusement, tant qu'il ne fut que le voisin du jardin où les graines avaient été semées. Mais un jour il devint possesseur titulaire de cette parcelle de ter- rain, de par la concession de l'administration municipale de Paris ; et alors ce brave gardien bouleversa le champ d'expé- rience du comité expérimental, pour y semer du Cerfeuil bul- beux, qui. paraît-il, est d'im rapport bien plus assuré que le produit des graines de Radis sauvage. Mais grande fut la colère des membres du oomité qui se li- vraient à des expériences — sans y avoir été invitée par le grand conseil. — On accusa le pauvre gardien de toutes espè- ces de choses et même davantage encore, en pleine séance de la. Société — sans même y avoir été autorisé par le grand conseil. — Il gesticula beaucoup d'abord pour se défendre et finit par déclarer qu'il ne savait pas que c'était aussi sérieux que ça. d Un membre du comité ni a dit, dit-il, qu'on n'obtiendrait ja- mais rien, que c'était pour rire; alors j'ai pensé que ce n'était pas la peine d'employer un si bon terrain pour rien. 3) Cet aveu excita des murmures, dos apostrophes, qui cou- vraient la sonnette du président. Enfin, un membre proposa un ordre du jour motivé ; mais comme il ne s'est trouvé personne . armé d'assez de courage pour le signer avec lui, on a passé à l'ordre du jour pur et simple. Mais le comité ne se tient pas pour battu ; il va resemer d'autres graines — sans y être invité par le grand conseil, — et cette fois, il n'en confiera pas la garde à \m cultivateur de Cerfeuil bulbeux, et bien moins encore à un cultivateur de Persil bulbeux, qui pourrait, à son tour, détruire le champ d'expérience, pour tenter le perfectionnement de cette racine qui se déperfectionne avec une aisance et une rapidité déses- pérante, s'il faut en croire M. le D' Andry. Nous souhaitons à MM. du comité des cultures expérimentales meilleure chance — 70 — cette fois. En tout cas qu'ils ne se découragent pas. Il faut que des faits nouveaux viennent démontrer la témérité des hommes qui soutiennent une théorie qu'on étaye de faits douteux que personne n'a vérifiés. Mais on aura beau faire, des exemples viendront à chaque instant témoigner contre cette prétention de la culture à trans- former à volonté, pour ainsi dire, une plante en une autre, et la lumière se fera . Non^ la culture n'a pas une aussi puissante influence ; si elle la possédait, elle agirait sur la conservation de toutes les trans- formations et améliorations qu'on lui attribue; c'est ce qu'elle ne fait pas. Le dernier numéro du journal de la Société d'horticulture de Paris, enregistre, page 24, un fait qui le prouve : cr M. Andry dit que la racine de Persil à grosse racine, prise parmi celles dont on devait l'envoi à M, Marguerite, de Varsovie, qui lui avait été remise pour qu'il voulut la faire préparer et en re- connaître ensuite la qualité comme aliment, lui a semblé fort bonne. Quant au Persil de la même variété, qu'il avait semé dans son jardin et qu'il croyait devoir lui donner des produits assez développés pour pouvoir être mangés, il n'a produit que des racines grêles, rameuses, nullement comestibles. 3) On conviendra qu'il est au moins singulier qu'une force améliorante devienne une force détériorante quand on la fait agir sur une plante qu'elle aurait primitivement améliorée. Mais, dit-on, si ces racines se sont trouvées grêles, rameuses et immangeables, c'est que le semis a été fait trop dru, que les racines, trop serrées^ n'ont pas pu se développer. Cette raison est fort spécieuse. Je ne sais comment le D' Andry a semé son Persil; mais j'ai semé l'année dernière des Carottes demi-lon- gues; j'ai semé très-clair_, ce qui n'a pas empêché le semis de me donner un dixième de Carotte à racines grêles, rameuses comme celles de la Carotte sauvage. Et la terre est une bonne — 71 — terre de jardin, qui avait été fortement fumée l'année même. En voici un autre cas emprunté au Bulletin de la Société d'acclimatation : M. Durieu de Maisonneuve, directeur du jar- din des plantes de Bordeaux, ayant reçu l'année dernière, de la Société d'acclimatation de Paris, des Pommes de terre Vêlez, les mit en expérience. « II y avait, dit-il, i 8 tubercules, moyens en apparence, mais qui, comparés à ceux qu'ils ont produits, pour- raient passer pour gros Plantés le 25 février (8 dans l'école de botanique, et 1 4 dans le jardin à multiplication), les tuber- cules ne furent récoltés que vers le milieu d'octobre.. . Le pro- duit des quatre pieds de l'école consiste en tubercules extrê- mement nombreux, plus petits que ceux d'aucune autre variété de moi connue; leur grosseur ne dépassait guère rare- ment celle d'une noix moyenne et descendait jusqu'à celle d'une noisette. La récolte des quatorze pieds du jardin à multiplica- tion fut nulle (!) » — Le point d'exclamation est de M. Du- rieu. Singulières forces améliorantes que les milieux et la culture du Bordelais! Quoi qu'en disent nos adversaires, c'est partout de même, dans tout le midi delà France, en Espagne, etc., tous nos légumes perdent leurs qualités et leurs caractères, et re- tournent aux types primitifs. Or, jamais le radis et la rave n'ont donné du Radis sauvage [Raphanus raphanistrum), mais bien toujours le même radis cultivé {Raphanus sativus), avec cette différence que la l'acine est grêle, ligneuse, au lieu d'être grossç et charnue. Et ce n'est pas la culture, je le maintiens, qui a déterminé la transformation des racines grêles en racines charnues de la • Carotte, de la Betterave, du Navet, du Chou-rave etc. S'il en était ainsi, il faudrait admettre que les peuples barbares, nos pères, qui nous ont transmis ces pjrécieux légumes, étaient bien autrement intelligents que nous, puisqu'ils ontdeviné, de suite, à la simple inspection, que la racine grêle de la Betterave de nos — 72 — côtes était susceptible de se- transformer en racine très char- nue et sucrée, et qu'il suffisait de soumettre ia plante à une culture en règle, pour opérer cette transformation ; de même pour les autres espèces transformées par nos ancêtres ! C'est réellement heureux qu'ils soient venus au monde avant nous, pour nous léguer ce précieux fruit de leur conception intellec- tuelle ; car nous, inventeurs de toutes espèces de mitrailleuses et des vélocipèdes, nous ne pouvons pas inventer la moindre racine nouvelle! Quand nous avons voulu essayer notre intel- ligence, nous sommes tombés, tout de suite, dans la contre- façon ; nous n'avons pu que reproduire ce qui existait déjà, des Carottes et des Radis ! Il ne manque pas cependant de racines sauvages à améliorer. Allons, messieurs les transformateurs, sortez un peu de l'ornière ; prenez de la graine de Giroflée des murailles , semez-la à l'automne en changeant son milieu, et, en continuant ainsi pendant cinq ans, vous aurez doté la boutique des fruitiers d'une racine toute nouvelle, succulente, sucrée et délicieuse, d'un genre inconnu. A l'œuvre donc! Un pareil résultat confondra les incrédules, et vous vaudra l'estime et la reconnaissance des amis du merveilleux, qui^ en ce mo- ment, font des efforts inouïs pour faire triompher les principes de l'hérédité du mal, de la contagion de la panachure par ino- culation, de l'influence de la greffe sur le sujet, et réciproque- ment, de l'hybridation par les sèves, etc., etc. Depuis quelques années, ces idées ont pris de la consistance auprès de certains savants distingués, qui n'ont cependant rien de panaché dans le cerveau, du moins il n'y paraît pas exté- rieurement. J'ai déjà parlé de l'influence d'une moitié de Pomme de terre rouge, sur une moitié de Pomme de terre blanche;, et de l'influence exercée par le simple voisinage d'unPommier de Châtaignier sur des pommes de Calville : les Pommes de terre avaient produit des tubercules rouges et blancs, et les Pommes — 73 -- de Calville avaient piqué du rouge du côté du Pommier de Châtaignier. Toutes ces jolies choses se sont passées sous le soleil prussien ; on n'a fait que proclamer seulement la véra- cité de ces faits, non pas sous les voûtes de l'hospice de Cha- renton, mais bien à découvert, sous le beau ciel de la France. Aujourd'hui, il ne s'agit plus ni de Pomme ni de Pomme de terre ; ce sont les panachures qui entrent en lice, les panachu- res qu'un rien fait naître, et qu^i^ri rien aussi fait disparaître. • Voici les faits panachés que notre confrère et excellent ami M. Edouard Morren apporte en faveur de l'influence de la greffe sur le sujet. Un certain Abutilon Thompsoni — importé il y deux ans par M. Veitch, des Indes occidentales ou modernement dit Améri- que australe — offre une panachure de feuillage hautement pri- sée dans le monde horticole, (c Or, dit M. Morren, cet Abuti- lon a communiqué sa panachure à diverses autres espèces et variétés sur lesquelles on l'a greffé. L'expérience réussit parti- culièrement bien avec les Ahutilôn slriatum, venosiim eivexil- larium. Si l'on greffe sur l'une ou l'autre de ces plantes un ra- meau d' Abutilon Thompsonii, les nouvelles pousses qu'elles ne tardent pas à émettre portent un feuillage non moins panaché que le greffon 3> Mais ce n'est pas tout. Lorsqu'on greffe un Abutilon vexilla- rm/?2 à feuillage bien vert, sur V Abutilon Thompsonii foliisvarie- gatisjldgveiïe montre bientôt çà et là, dit M. Morren, sur les anciennes feuilles, des gouttelettes jaunes, qui, en se multi- pHant, se confondent en bigarrures de diverses formes, et les feuilles nouvelles sont toutes bigarrées de blanc. Plus fort encore. L'infection est tellement puissante qu'il suffit de vacciner un Abutilon vert avec un petit morceau de pétiole d'un Abutilon panaché, pour qu'aussitôt toutes les feuilles du vacciné deviennent bariolées de blanc et de jaune! (( Tous ces faits, dit M. Morren, établissent d'une manière — 74 — incontestable la transmissibilité de la panachure du feuillage d'une plante à une autre par une sorte d'inoculation, et natu- rellement l'influence de la greffe.. . Les observations que nous avons constatées à Liège, dit-il, ne se rapportent pas à un fait isolé : les mêmes phénomènes se sont produits en Angle- terre, chez M. Lemoine à Nancy, chez M. Van Houtte à Gand, etc., etc. 5) Je regrette de ne pouvoir partager les convictions de mon ami M. Morren ; je crains qu'il ne se soit laissé trop emporter par l'amour du merveilleux. Pour établir d'une manière incon- testable l'influence de la greffe sur- le sujet, il faut des faits autrement sérieux que ceux produits par des panachures d'Abutilon, qui, de tous les végétaux, est celui qui se pana- che et se dépanache avec la plus grande facilité. Il est in- contestable que la panachure est la manifeslation d'im état maladif, et qu'elle apparaît tout particulièrement sur les indi- vidus débiles et chétifs ; M. ]\iorren le reconnaît parfaitement. Or, l'amputation que subit iê sujet greffe n'est-il pas déjà une cause de maladie, parle désordre qu'elle amène dans le mou- vement séveux ? Du reste, je le répète, il n'y a pas de plantes qui se panachent avec plus de facilité que les AbiUilon cités par l'auteur de la Contagion de la panachure . On en f;iit ce qu'on veut pour ainsi dire, tant la matière verte des feuilles se dé- compose facilement. On en rencontre chaque jour c|ui, sans être greffés, présentent des rameaux portant des feuilles d'un beau vert uniforme, et d'autres rameaux qui sont ornés de feuilles le plus admirablement panachées. Je montrais, hier encore, à ls\. HouUet, chef des serres au Muséum, un jeune Abutilon vexillarium dont tous les rameaux avaient leurs feuilles inférieures d'un beau vert foncé, quand toutes celles de la moitié supérieure des rameaux étaient panachées de jaune plus ou moins clair. Ce fait se présente partout, et M. Delépine aîné, dans un article sur V influence de la greffe sur le sujet, pu- — 75 — blié dans les Annales de la Société d'horticulture de Maine-et- Loire (1) reconnaît aussi, en parlant de ce phénomène des Abutilon panachés, « que quelquefois ces Abutilon à feuille verte donnent, sans être greffés, quelques scions à feuilles pa- nachées. Je ne crois pas que le phénomène exposé par M. Morren contirme, aussi incontestablement qu'il le dit^ l'influence de la greffe sur le sujet, puisque, d'une part, tous les sujets greffés avec dès greffons de variétés panachées ne subissent pas l'af- fection dont est atteinte la greffe, et, d'antre part, que le phé- nomène do variégation se manifeste naturellement sur des in- dividus des mômes espèces à' Abutilon qui n'ont pas été greffés. M. Morren s'est trop hâté, je le crains, pour poser des con- clusions en faveur de l'influence delà greflè. Aux «résultats qui ont été répétés, dit-il, plusieurs centaines de fois, » je pourrais opposer des milliers de résultats obtenus et répétés chaque année sur plusieurs-centaines d'espèces et variétés, et qui établissent aussi, d'une manière incontestable, C]ue la greffe n'exerce aucune influence sur le sujet, pas plus que le sujet sur la greffe. S'appuyer sur des panachures, surtout des panachures de malvacées, pour consolider les principes de cette influence, élaborés en Allemagne, c'est s'appuyer sur une chose plus fragile encore que la fragilité humaine. F. Heringq. OBSERVATIONS SUR UN DIOSPYROS DE LA CHINE A FRUIT COMESTIBLE. Le Garclenefs Chronicle, dans son numéro du 8 janvier der- nier, a publié une lettre très-intéressante de M. Decaisne que (1) 1869, 3* trimestre, page 494. — Te- nons ci'oyons devoir reproduire, car elle concerne une espèce de Diospyros ou Plaqueminier à fruit comestible propre au climat du nord de l'Europe, et qui a été confondu par un cer- tain auteur avec le Diospyros k'aki. En voici la traduction : F. H. Monsieur, Vous avez si souvent et avec tant de raison appelé l'attention de vos lecteurs sur le tort que causent à l'horticulture les noms incorrects donnés aux plantes, que je vous demande la permission d'appeler l'attention sur une de ces erreurs^ pour qu'elle puisse être corrigée aussi promptement que possible. Dans le numéro d'août i869 de la Revue horticole, p. 284, a été insérée une note sur la floraison et la fructification, au Muséum, d'un Diospyros, auquel l'auteur de l'article donne le nom du vrai Diospyros kaki. Ce prétendu vrai Kaki difi'ère considérablement de l'espèce décrite par Ksempfer, qui est un arbuste appartenant aux régions chaudes et tempérées de la Chine. La plante cultivée en plein air au Muséum est, au contraire, une espèce de la Mongolie et du nord de la Chine qui a été décrite, il y a déjà 40 ans, par M. de Bunge, sous le nom de Diospyros Schi-tse, h la page 42 de l'énumération des plantes du nord de la Chine. Elle est connue à Pékin sous le nom de Kai-tsame-Tsen. L'auteur de l'article publié par la Revue, ayant appris que la plante cultivée au Muséum n'était pas le vrai Kaki (1) lui donna aussitôt le nom de Diospyros costata, comme s'il s'agissait réel- lement d'une nouvelle espèce, kii appliquant, en outre, un nom fort mal choisi, puisqu'il indique un état anormal du fruit. C'est ainsi que le même auteur a, en peu de mois, donné deux noms àlamême plante, et commis conséquemment deux graves (1) C'est le professeur de culture qui le prévint bienveillamment qu'il avait fait confusion. F. H. — 77 — erreurs : l'une en enregistrant la fructification, sous le climat de Paris, d'une espèce originaire de contrées chaudes, l'autre en donnant un nom nouveau à un arbre décrit avec grand soin il y a 40 ans (1831). Le Diospyros Schi-tse, de Bunge, dif- fère sous beaucoup de rapports du D. kaki; ses feuilles sont complètement glabres, de forme elliptique, courtement acumi- nées ; ses fleurs sont solitaires ; le calice est soyeux dans la partie cachée par le fruit qui atteint souvent le volume d'une grosse Pêche, et qui est de couleur brun orange ou rouge foncé. Ces fruits, comme le remarque M. Bunge, contiennent de 8 à 12 graines, ou, plus communément, sont complètement dépourvus de noyaux, ce que constatent les lettres que j'ai reçues de Chine de MM. Eugène Simon et A. David, qui m'ont, en outre, adressé des dessins de ce fruit. Je n'aurais pas pris la peine de relever ces erreurs, si elles ne faisaient pas un tort réel à l'horticul- ture, et si elles n'étaient pas de nature à égarer les amateurs, en leur faisant considérer la culture du D. kaki comme propre à réussir dans le nord de l'Europe. Comme je crois que le Dios- pyros Schi-tse est le seul qui soit suiïisamment rustique pour prendre rang parmi les arbres fruitiers de l'Europe septen- trionale, j'ai jugé qu'il élait à propos de publier le vrai nom sous lequel il devait être désigné et propagé. On doit laisser le fruit du Diospyros Schi-tse complètement blettir avant de le manger ; son goût rappelle celui de la marmelade de Prunes ou d'Abricots. On en consomme de grandes quantités à Pé- kin, où le Kaki ne peut parvenir à maturité. J.Decaisne, Professeur de cullurc au Muséum. (Jardiu des plantes de Paris.) — 78 -- TAGSONIA ERIANTHA (PI. III). Cette magnifique plante, de la famille des Passiflores, que M. Bentham .considère comme une espèce nouvelle, a été dé- couverte de 1841 à 1843 par le voyageur botaniste Tliéodor Hartweg, collecteur de la Société horticulturale de Londres, qui^ à cette époque, explorait les régions australes de l'Amérique, comprenant les provinces de Guayaquil , les montagnes de Loxa, les Andes de Quito, la Nouvelle-Grenade, particulière- ment les environs de Bogota et les bords de la Madeleine. Hartweg ne l'avait observée que cultivée dans les cours et jardins de Quito, et jamais à l'état sauvage. Il ne paraît même pas l'avoir introduite vivante en Europe, car ce n'est c[ue dans ces dernières années que le commerce anglais l'a propagée et qu'elle a passé le détroit ; elle est actuellement chez les hor- ticulteurs français qui tiennent la nouveauté. Son introduction, à l'état vivant, est due au professeur Ja- messon, qui l'.a trouvée sauvage dans les forêts des Andes tempérées de la Nouvelle-Grenade, près du volcan de Pi- chincha, entre 3,300 à 4,300 mètres d'altitude. On peut la con- sidérer comme acquise à la serre tempérée et même au jardin d'hiver. Comme aspect et comme couleur de fleurs, le Tacsonia eriantha ressemble beaucoup à l'ancien Tacsonia mollissima ; oh serait tenté de dire que c'est lui. Si le. professeur Jamesson ne le décrivait pas comme une plante a native of the volcano of Pichinclia, » j'en ferais hardiment une simple variété sortie du T. mollissima, qui est très communément cultivé dans les jardins de Quito . Quoi qu'il en soit, voici ce qu'il est : Sa tige est grimpante, glabre, anguleuse, garnie de feuilles alternes, munies de stipules comme demi-circulaires dentées et terminées par une arête. Le pétiole, qui mesure 4 centi- mètres environ de longueur, porte, vers son sommet, 2, 4 eut) _. 79 — glandes ; le limbe est large de 16 à 18 centimètres et profondé- ment partagé en trois lobes ovales bordés de petites dents cal- leuses; la face supérieure est glabre, et l'inférieure, tomen- teuse^ blanche entre les nervures, est marquée d'un élégant réseau noirâtre. Les fleurs sont solitaires à l'aisselle des feuilles: elles sont portées par un pédoncule long de 3 à 4 centimètres, garni, à son sommet, de bractées foliacées soudées entre elles, longues de 3 centimètres, tomenteuses, blanches et veinées comme la face inférieure des feuilles. Le calice a un tube cyhndrique long de 10 à 12 centimètres, d'un beau vert clair^ et qui est couronné par 5 divisions oblongues d'une belle et fraîche couleur rose, avec une large nervure dor- sale vert jaunâtre. Les cinq pétales sont similaires, c est-à-dire qu'ils ressemblent aux divisions calicinales, moins la nervure dorsale verte qui n'existe pas. Ouant à la couronne qui garnit la gorge, elle n'apporte rien à l'éclat de la fleur ; elle est composée de petites écailles qui ne peuvent intéresser que le botaniste. Il n'en est pas de même des étamines à anthères d'or et de l'ovaire surmonté de ses trois clous pistillaires ; ce sont des accessoires charmants qui ajoutent à la beauté de cette magnilique et curieuse tleur. Le Tacsonia erianlha ne manquera pas d'amateurs et d'ad- mirateurs. La culture du Tacsonia moUissima s'applique^ en tout point, d ce nouveau venu. Il pourra certainement supporter la pleine terre dans les jardins du midi de la France ; mais, sous le climat de Paris, il lui faudra l'abri d'une terre tempérée ou d'un bon jardin d'hiver. En général, les Tacsonia sont tous de magnifiques plantes d'ornement ; malheureusement ils fleurissent très-rarement en Europe. Ce n'est pas par suite de tempérament délicat, bien au contraire ; ce sont des plantes très-rustiques qui crai- gnent la trop forte chaleur. C'est la haute température qu'on — 80 — leur applique généralement qui nuit à leur floraison et qui détermine l'enYahisseraent des poux collants. Pour en obtenir une belle végétation, une floraison assu- rée et brillante, il faut les planter en pleine terre dans une serre ou jardin d'hiver tempéré, dans la partie la mieux éclairée et bien ventilée. En leur donnant, en outre, une bonne terre mêlée de terreau de feuilles et de fréquents seringages pendant la belle saison, on peut être assuré d'un plein succès. Il va sans dire qu'il faut les rabattre tous les ans pour éviter l'encombrement. Le meilleur mode de multiplication est le bouturage ; on tient les boutures étouffées sous cloche et sur couche chaude. 0. Lesguyer. PLANTES NOUVELLES. Vanétés iardiniires. Pétunia. On doit à M. Rendatler, de Nancy, une belle série de variétés de cette plante. Les variétés à fleurs doubles den- telées sont : Emile Hafarin, blanc de neige pur avec les lobes frangés ; Jlplwnse Carême, plante naine, rose vif carminé, taché et rubané d'argent ; Canal de Suez, semi-double blanc porcelaine, avec centre orné d'une rosace maculée violet j Eléonore, blanc taché de violet ; Kœichen Buchner, blanc ma- culé lilas ; M"'^ de Mazure, rose groseille des Alpes, bordée de blanc avec reflets carminés. Les doubles non dentelées sont ; Ami Cosle, blanc avec réseau rose ; Elise Rochefort, blanc rayé violet pourpre ; F. Herincq, blanc bordé et réticulé de couleur mauve ; Gerson, blanc avec larges macules rose cent feuilles ; Gustave Lambert, rose tendre veiné réticulé carmin et moucheté de blanc ; Joséphine Scheurer, blanc taché de hlas, avec cercle blanc ; Lambliu, violet sablé blanc ',Léon Lapré- — 81 — t'Oie, amarante velouté, strié, veiné, réticulé cramoisi sur fond blanc ; Malesherbes, rose foncé ombré violet; Marie Van Houtte, blanc nuancé de rose ; Meyerbeer, beau rose cent feuilles liséré blanc ; Minerve, lilas rosé, veiné et réticulé de cramoisi, ma- culé blanc ; M. Gazel, blanc avec larges taches groseille, et pétales ornés d'une large macule carmin ; M'"" Gebhard, cen- tre blanc largement bordé violet pensée, liseré blanc ; M""' Motel, lilas clair, bordé blanc, centre violet pâle ; M. Burdin aine, rouge cocardeau, centre pourpre ; Stanislas, pourpre foncé à reflets violet, légèrement maculé de blanc. Ses variétés à fleurs simples sont : Brillant, Buffon, César, Charles Geoffroy, Raphaël, Tapageur, Ulysse. M. Crousse, de Nancy, en met aussi au commerce plusieurs, savoir : dans les fleurs doubles : Gloire des Pétunia, fleur énorme blanc carné nacré, avec centre maculé d'un riche pourpre velouté^ à pétales profondément laciniés ; Henri Delesalle, rouge violet foncé fortement maculé et bordé blanc ; Jean Bose, blanc glacé avec quelques pétales maculés de lilas ; Wilhelma, rose vif fortement carminé, marginé blanc, à centre rouge foncé ; '^William Bollisson, blanc à pointes vertes lavé çà et là d'une teinte rose carné. Dans les fleurs simples ce sont : Enchanteur, Léon Garnier, le Progrès. On doit à M. Delesalle, horticulteur àThumesnil, près Lille, les Pétunia à fleurs doubles : Talma, Caprice des dames, Augustine Bernard, Admiration, Cupidon, M°" Jouveneaux, Florian, M. Gelein, Lowagie, Aurélie Blomir et Guillaume Aussens. Les Pétunia muUijlores ou. Lilliput, forment une race naine . et ramifiée, à petites feuilles , à fleurs petites, nombreuses et très-mignonnes. M. Bruant, de Poitiers, s'est appliqué à perfectionner cette ' race, et il en annonce de nouvelles variétés; celles à fleurs doubles sont : Sportsman, amarante vif, maculé blanc; Charme, Mars 4 870. (i — 82 — lilas réticulé pourpre, bordé blanc lilacé ; Satin blanc, blanc de satin brillant ; Berthe Fer té, corolle extérieure cra- moisi pourpre très-largement étoile blanc pur, avec rosace centrale pourpre ; Vélocipède, pourpre intense largement ma- culé blanc ; Olympe Dardenne, pourpre vif, strié longitudinale- ment et bordé de blanc. — Les variétés lilliputiennes à fleurs simples sont : Constellation, Unique, Délicieux, et Muscadin. M. Bruant annonce, en outre, les variétés à grandes fleurs doubles : Conseiller Ravaud, Jean Sisley, Patrie, Fashionable, Baudry et Hamel, la Neige, Trophée, Marquise de Faucher, Jules Menoreau. — Ses variétés à fleurs simples ont pour nom : Pégase, Diadème, Voie lactée et Héro. Ern. BoNAUD. [La mite au prochain numéro.). Le DISA GRANDIFLORA ET LES ORCHIDÉES DE SERRE FROIDE. Dans un voyage que j'ai fait l'été dernier, en Allemagne et en Hollande, j'ai été très-surpris de voir des Orchidées culti- vées sur les fenêtres, comme on cultive ici, en France, la Gi- roflée et la Jacinthe. L'espèce la plus répandue est celle qui porte le nom de Disa grandi flora. C'est une des plus belles Orchidées,! par ses magnifiques fleurs de couleur éearlate vif. J'en ai vu de très-beaux pieds, chez un horticulteur d'Amster- dam, M. Groenewegen, qui venait d'en recevoir directement un fort envoi du cap de Bonne-Espérance. Sa culture est des plus faciles : on la plante dans de la terre de bruyère mêlée de terre tourbeuse et de sphagnum, et l'hiver on la rentre simplement en serre froide. C'est une plante très-recom^ mandable. En Angleterre, la culture des Orchidées de serre froide est également en grande vogue, et les résultats objtenu^, en Bel- 83 - gique, dit M. Linden, de Bruxelles, sont réellement merveil- leux. Telles espèces, cultivées en principe dans la serre chaude où elles ne produisaient que des hampes chétives et des fleurs réduites de moitié, deviennent méconnaissables par leur beau développement, lorsqu'on les soumet à une tempé- rature analogue à celle des hautes régions de la chaîne des Andes. La culture en serre froide, c'est-à-dire chauffée à la tempé- rature des Camellia, produit une floraison et une végétation plus puissantes que celles obtenues en haute serre chaude, et elle a l'avantage de permettre aux amateurs de circuler dans la serre sans craindre les transitions subites de tempé- rature si dangereuses pour la s;mté. Voici, d'après M. Linden, de Bruxelles^ et M. William Bull, de Chelsea (Angleterre), un choix d'espèces qui conviennent particulièrement [)Our la culture en serre froide. Nous pourrions citer encore beaucoup d'autres espèces ; mais nous croyons qu'avec la liste que nous avons dressée, les amateurs pourront trouver de quoi garnir une serre froide d'une certaine étendue; espérons que la culture des Orchi- dées obtiendra en France la même vogue qu'en Angleterre et dans les pays voisins. Aerides Warneri. Anguloa eburnea. Arpophyllum spicatum. Barkeria melanocaulon. ^ — Skinneri. — spectabiHs. Brassavola glauca. — nodosa. Brassia cinnabarina. — cinnamomea. — verrucosa major. Calanthe veratrifolia. Cattleya Acklandiae. — citrina. — crispa. — guttata. — labiata . — maxima. — Mossiae. — Skinneri. — Trianaae. ~- — splendens. — 84 — Cœlogyne cristata, — speciosa. Cymbidium Mastersii. Cypripedium barbatum. — — superbum. — concolor. — Fairrieanum. — hirsutissimum. — Hookeri. — insigne, — — Maulei. Cypripedium purpuratum, — Pearcei. — venustnm. Dendrobium calceolaria. — chrysanthum. — speciosum . Didactyle meridensis. — Iripetala. Epidendrum atro - purpu- reum. — Brassavolae. — campylostaiix. — erubescens. — prismatocarpum. — Sophronitis. — verrucosum. — virens . — virgatum. — vitellinum. Eriopsis biloba. Laelia acuminata. — alba. Ltclia autumnalis. — furfuracea. — majalis. — Perrini. — superbiens. Lycaste aromatica. — aurantiaca, — balsamea. — costata. — cruenta. — Deppei. — lanipes. — macrophylla. — Reichenbachi. Masdevallia civilis . — coccinea. — leontogiossa. — ochthodes. — obscura . — pumila. Maxillaria acutipetaia. — leptosepala. — luteo-alba. — nigrescens. — ochroleuca. — pic ta. — splendens. — venusta. — tenuifolia. Meiracyllium Sophronotis. Mesospinidium sanguineum. Nasonia punctata. Odontoglossum Alexandra?. 85 — Odontoglossum Alexandrie var. TriaïifBi. — — var. Bowmanni. — angustatum. — astranthum. ' — auro-piirpureiim . — .bictoniense. — brevifolium. — cariniferum. — Gervantesii . — cirrosum. — citrosmiim. — conslrictuii). — cordatum .. — cristatum. — crocatiim. — coronarium. — ■ densiflorum. — gloriosurii. • — grande. — Halli. — Krameri. — lœve . — Lindleyanum. — luteo-purpureum. — maculatum. — membranaceum. — myanthum. — naevium. — nebulosuni. — odorat um. — pardinum . — Pescatorei. Odontogloss. phaloenopsis. — prasinura. — pulchellum. — radiatum. — ramosissimum. — Riche nheimi. — roseum. — Schlieperianiim. — Schlimi. — stellatum. — triumphans . — Cro-Skinneri . — zebrinum. Oncidium abortivnm. — abruptum. — acinaceum. — andigenum . — aurosum. — bifolium. — calanthum. — crispum. — cucuUatum. — falcipetalum. — hastalum. — incurvum. — le.ucochilum. — linguiforme. — macranthum. — nubigenum. — ornilhorynchum. — phalœnopsis. — serratum. — splendidum. — 86 Oncidium superbiens. Pleione Wallichianca . Restrej)ia antennifera . Sobralia dichotoma. — lilacina. — macrantha. — rosea. — Ruckeri. — violacea. Sophronitis cernua. Sophronitis coccinea. — grandiflora. — violacea . Trichoceroa muralis . — platyceros. Trichopilis maculata. — sanguinolenta. — suavis. — tortilis. — Tiirialvœ. Eug. DE Martragny DE LA GRAINE ET DES SEMIS. Tout être organisé, animal ou végétal, naît d'un œuf, du- quel il sort après un temps plus ou moins prolongé d'incuba- tion, ou autrement dit de couvage. L'incubation de l'œuf est tantôt interne ou sur la mère même, et alors l'individu apparaît débarrassé de son enveloppe ; c'est ce qui arrive pour les êtres dits vivipares. Ce phénomène se produit dans le règne animal et est particulier aux animaux mammifères : il est très-rare dans le règne végétal, et encore doit-on le regarder plutôt comme une monstruosité que comme un fait naturel. On l'observe néanmoins, très-communément, chez plusieurs espèces du genre Allium et notamment la Ho- cambolle, l'Ail, VEchalotte dont les inflorescences sont garnies de nombreuses petites bulbilles qui opèrent, souvent, leur pre- mier développement ou germination sur la plante mère; on en trouve encore un exemple chez certains sujets du Poa bul- bosa, qui portent, au sommet de leurs tiges, des petites plantes germées en guise de fleurs, etc. D'autres fois l'incubation est externe, c'est-à-dire que — 87 — l'œuf est d'abord expulsé de l'individu mère, et ensuite couvé, ou, autrement dit, placé dans des conditions favorables à l'accomplissement de certains phénomènes vitaux, pour dé- terminer l'éclosion ; c'est ce qui a lieu chez les oiseaux, les poissons, et pour toutes les plantes. Tous les êtres qui nais- sent ainsi, sont appelés^, pour cette raison, des êtres ovipares. Dans le règne animal, c'est la mère qui couve ses œufs; dans le règne végétal, c'est la terre qui est la couveuse. Pour l'œuf animal, la chaleur est le seul agent nécessaire à l'accomplissement du phénomène de l'éclosion ; et chacun sait " que l'œuf qui subit un refroidissement, par l'abandon trop pro- . longé de la couveuse, ne parvient pas au but final : l'animal meurt dans la coquille. La graine ou œuf végétal exige aussi, pour germer ou éclore, une certaine somme de chaleur ; mais, en outre, il lui faut de l'air et de l'humidité proportionnés au degré de la température du sol, et, comme l'œuf animal, elle ne germe pas si elle subit une trop grande fluctuation dans les degrés de cha- leur, d'air et d'humidité. De même, un milieu trop chaud sans humidité dessèche et tue le germe. Sous l'influence d'une grande sécheresse, les phénomènes chimiques qui doi- vent préparer les aliments au jeune embryon ne se produisent pas, et le germe meurt ainsi d'une sorte d'inanition au milieu de l'abondance. Enfin trop d'humidité décompose ou fait pour- rir la graine, sans provoquer le moindre développement du germe qui meurt de la putridité. 11 importe donc, comme on voit, de placer œufs ou graines dans le milieu qui convient à chacun d'eux, et de les y maintenir, avec le moins possible de variations, jusqu'au jour de l'éclosion ou de la germination. Mais, s'il suffit de placer un œuf sous une couveuse pour en obtenir cette éclosion, il ne faut pas croire que la chose soit aussi simple pour déterminer la germination de la graine." — 88 — Le même milieu ne convient pas à toutes les graines ; car toutes n'ont pas la même structure. Elles diffèrent essentielle- ment suivant les espèces auxquelles elles appartiennent ; de là des conditions différentes pour l'accomplissement des phéno- mènes précurseurs de la germination ; delà, aussi, naturelle- ment, des milieux différents pour faire les semis. Or, ou ne peut connaître le milieu qui convient spécialement à telle espèce de graine, qu'en connaissant bien sa structure intérieure. Par conséquent, une petite promenade dans le domaine de la science, avant d'abandonner nos graines à leur couveuse, ne peut que nous aider à trouver^ d priori, les meilleures condi- tions de germination qui conviennent à chacune de celles que nous pourrons avoir à confier à la terre ; nous allons faire cette promenade pittoresquement, le moins ennuyeusemenk possible. Donc, ce bel' arbre qui est là-bas, au fond de votre jardin, et dont la cime dépasse de beaucoup le mur de clôture, pro- vient de bien peu de chose ; il a cela de commun, du reste, avec nous, grands orgueilleux que nous sommes ; vous ne vous en doutez pas. Voici son origine et son histoire : Il était une fois un bel et grand arbre appartenant à la même espèce que le vôtre, et qui était tout couvert de fleurs. Une d^elles toutefois n'était pas encore épanouie ; le bouton était même très-petit. Néanmoins il contenait un ovaire, au fond du- quel on pouvait distinguer, avec une forte loupe, un tout petit mamelon, plein comme une pomme de terre, et composé de myriades de cellules invisibles à la loupe, mais que le micros- cope montrait toutes semblables entre elles. Quelques jours après, le bouton ayant grossi, on vit que le mamelon s'était un peu allongé, et, vers sa base, on apercevait, à l'aide de la loupe, comme une sorte de bourrelet circulaire ; un peu. plus tard, il offrait un second bourrelet au-dessous du premier. Ces deux bourrelets n'étaient pas — comme bien on pense — pour le garantir contre les chutes qu'il pourrait faire; ils — 89 — étaient les premières ébauches des deux espèces de sacs qui devaient constituer plus tard l'enveloppe de la graine. En effets huit ou dix jours après, le petit mamelon avait dis- paru; les deux bourrelets s'étaient allongés en s'amincissant, et tellement allongés qu'ils formaient comme deux fourreaux emboités l'un dans l'autre et ^ enveloppant complètement le mamelon^ excepté son sommet ; on l'apercevait par un tout petit trou qu'avaient laissé les deux fourreaux ou enveloppes, et que les botanistes ont nommé micropyle. Ainsi, ce petit mamelon que nous avons vu complètement nu au début, s'était vêtu en quelques jours — qu'on me passe cette comparaison pittoresque — d'un gilet de flanelle et d'une chemise ; seulement il avait mis le tout par dessus sa tète, et c'est l'ouverture du col, de ces deux vêtements, qui a constitué le micropyle. Dans cet état, il était ce qu'on appelle un ovule ; c'est la première enfance de la graine. Comme chaque chose doit avoir un nom pour mieux la désigner quand on en parle, M. Mirbel a nommé pri7nine% fourreau extérieur ou che- mise; et secondine, le fourreau intérieur ou gilet de flanelle. Quant au mamelon ainsi renfermé dans sa double enveloppe, on l'appelle ou niicleus ou nucelle , ce qui veut dire noyau. Jusque-là ce mamelon nucellaire était resté plein; mais aus- sitôt qu'il fut enveloppé de toute part, il se fit en lui uiie sorte de révolution : une des cellules qui le composaient — la cel- lule la plus centrale — prit tout à coup un très-grand déve- loppement; elle absorba celles qui l'entouraient, refoula les autres vers la circonférence, et ili en est résulté, que ce ma- melon interne ou noyau s'est trouvé creusé et composé alors : d'une épaisse membrane que M. Mirbel appelle tercine, d'une cavité centrale tapissée par la paroi même de cette grande cellule nommée quiniine par le même auteur, et sac embryon- naire par M. Adolphe Brongniart. Mais la quartine, va-t-on dire, où est-elle? Elle est seule- — 90 - ment dans le beau mémoire de M. Mirbel sur l'ovule ; comme la planète Leverrier, nul n'a encore pu l'apercevoir ailleurs. Il n'y a donc pas de honte à se tromper, puisque, quand on se trompe, c'est, comme on voit, en illustre compagnie. Le moment où le sac embryonnaire se formait était aussi le moment où le bouton s'ouvrait. On s'aperçut alors que l'in- térieur de ce sac était rempli d'un liquide plus ou moins dense nommé liquide protoplasmique, et que son sommet, corres- pondant au micropyle ou petit trou des enveloppes primine et secondine, était occupé par deux petites cellules accolées l'une à l'autre. Voilà, mon cher lecteur, l'origine de votre bel arbre de là-bas. C'est, en effet, une de ces deux cellules, nommées vésicules embryonnaires, qui est devenue lui. Vous voyez qu'il provient de bien peu de chose. Mais comment s'est opérée cette fameuse transformation? demanderait-on. Très-simplement, comme opère toujours la nature. A peine la fleur était-elle épanouie, que les anthères s'ouvri- rent et laissèrent échapper le pollen. Un grain alla tomber sur le stigmate ou tète de l'ovaire, et là, au dire des savants, il aurait émis un tube qui s'est allongé, allongé, allongé, en pénétrant au travers du tissu conducteur, qui remplit le cou de l'ovaire, scientifiquement n^ommé style, et serait parvenu jus- qu'au sommet de la cavité ovarienne où résidait l'ovule muni de ses deux vésicules embryonnaires. Arrivé là, l'extrémité de ce tube pollinique aurait cherché le micropyle; l'ayant trouvé, toujours au dire de la science officielle, il s'y serait engagé, et, rencontrant enfin le point où se trouvaient les deux vésicules embryonnaires, il l'aurait touché plus ou moins délicatement, selon les auteurs, en prononçant ces paroles adressées aux sus- dites vésicules : « Je vous apporte la vie ; allez, croissez pour muitipher ! y> A partir de ce moment, on vit, en effet, se produire le triste phénomène de l'absorption du plus faible par le plus fort. De — 91 -- même que Caïn tua son frère Abel pour n'avoir plus à partager la nourriture avec lui, de môme une des vésicules embryonnai- res absorba l'autre pour n'avoir pas à partager l'aliment proto- plasmique qui, alors, s'organisa en cellules tout autour d'elle pour former le fœtus végétal, c'est-à-dire l'embryon. A mesure que cet embryon s'organisait ainsi, on vit la tleur perdre de sa fraîcheur, et l'ovaire grossir ; la corolle se tlé- trissait de plus en plus ; elle finit un jour par se dessécher et tomber; l'ovaire devint un peu plus tard fruit, et l'ovule devenait graine renfermant dans son sein la petite plantuliî parfaite qui est devenu ce grand arbre ! ! ! N'est-ce pas que c'est beau le travail de la nature! et comme l'étude des phénomènes qui président à la création d'une plante la plus insignifiante est bien autrement intéressante que l'étude de toutes ces impuretés littéraires, artistiques et théâtrales, dans laquelle se plonge, néanmoins, l'immense majorité delà géné- ration actuelle ! Et dire qu'il y a des gens qui osent demander: ((. A quoi que ça sert de Connaître la botanique? » Maliieureux ! qui ne connaissez que les joies du patinage sur le lac d'un bois de Boulogne quelconque, et qui demandez au théâtre du Châtelet ou autre l'ahment nécessaire au développement de votre intelHgence, je vous plains de tout mon cœur. Le spec- tacle qu'offre l'étude de la botanique développe bien autres ment les facultés intellectuelles, et il n'altère ni les nobles sentiments du cœur, ni la salubrité du corps ! F. Herincq. {Lo suite ou prochnin numéro). NOTIONS DE TAILLE SANS PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Les professeurs et auteurs de livres sur la taille des arbres fruitiers s'empressent, plus que jamais, de faire intervenir la — 92 — fameuse formvile : ce d'après les lois sublimes de la physiologie végétale », pour donner une petite teinte scientifique à leur enseignement. Ils ignorent que le mot lois effraye toujours les plus paisibles et les plus honnêtes amis de Pomone, qui trem- blent alors de voir apparaître un huissier porteur d'une feuille de papier timbré ; car la vue d'un huissier dans l'exercice de ses fonctions n'a jamais été une vue très-agréable pour les timides et les innocents. Mais ils sont bien autrement eîTrayés^, les braves gens, quand les mots « physiologie végétale d viennent ensuite frapper leurs oreilles : ils blêmissent et sont pris tout à coup de tremblements nerveux. La membrane du tympan perçoit bien encore les sons qui sortent de la bouche du professeur, mais il y a un tel trouble au siège de rintelligence, qu'il leur est impossible de saisir le sens des mots : ce n'est, dans leur tète, que chocs et contre-chocs, confusion, désordre, obscurité. Cet état gagne le professeur ou l'auteur qui se met alors à divaguer et à ne plus se comprendre. J'ai toujours regretté cette manie, des tailleurs d'arbres, de faire intervenir ainsi des lois scientifiques mal assises et sou- vent en opposition avec les faits acquis; ils ne font que produire l'obscurité autour des opérations qu'ils enseignent, quand ils ont affaire à des personnes intelligentes^ et ils développent un orgueil démesuré chez les intelligences ohtiisiuscules, autrement dit bornées, qui ne retiennent qu'une chose de ce grand attirail de fausse science, la formule mémorable : « d'après les lois de la physiologie végétale » ; et Dieu sait à combien de mau- vaises sauces ils la mettent ! De braves et modestes garçons jardiniers m'ont souvent avoué leur répugnance à ouvrir un livre pour apprendre la lailledes arbres. Dès les premières pages, ils éprouvent, disent- ils, un tel dégoût de tout ce pathos physiologique, qu'ils jettent au loin le livre et continuent de s'en rapporter au hasard pour tailler les arbres qui leur sont confiés. C'est aussi l'aveu que — 93 - font journellement des amateurs sérieux, qui voudraient se livrer à l'exercice si agréable et si hygiénique de l'horticulture ; mais ils sont effrayés et battent en retraite devant les grands mots et les grandes phrases embrouillées des auteurs et des professeurs d'arboriculture. Il y a cependant moyen d'enseigner simplement, clairement et brièvement la taille des arbres frui- tiers. Profitons de la saison pour le démontrer. La taille des arbres fruitiers a pour but de faire produire de beaux fruits en moyenne quantité ; de maintenir la fertilité des arbres et de réduire leur dimension, sans nuire à leur produc- tivité, pour pouvoir en planter le plus possible sur une étendue de terrain limitée. Le problème ainsi posé est facile à résou- dre, sans recourir aux principes douteux de la physiologie. L'arbre fruitier, avant sa première fructification, se décom- pose ainsi : 1" la flèche ou la tige qui constitue l'axe même de l'arbre; i2^ les branches dites charpenlières, qui naissent de l'axe ou delà flèche, et qui forment la charpente de l'arbre sur laquelle se développent cinq sortes de production : les rameaux à bois, les brindilles, les dards, les lambourdes et les ro- settes. Pour mettre un arbre à fruits voici ce qu'il faut faire : Etablir d'abord les branches charpentières tout autour de la flèche aussi régulièrement que possible, pour former une pyra- mide, ou sur deux lignes opposées pour une palmette ; ces branches, dans les deux cas, doivent être toujours simples et fortement espacées, surtout dans les pyramides, afin que l'air et le soleil puissent pénétrer jusque dans l'intérieur de l'arbre. Tout œil d'une branche charpenLière peut devenir ou rameau à bois, ou production fruitière; c'est la taille qui détermine ce qu'il sera. Une branche vigoureuse, dont l'œil terminal seulement est supprimé par la taille, offre à la première pousse le phénomène suivant : les 2 ou 3 yeux supérieurs se développent en vigoureux bourgeons à bois ; les yeux qui vien- — 94 — nent en dessous ne produisent que des petits bourgeons plus ou moins longs et grêles : ce sont de futurs rameaux fruitiers ; les plus longs sont les brindilles, les plus courts très-pointus sont des dards ; à la suite des dards se forment quelques petits bouquets de feuilles nommés rosettes, puis, dans toute la por- tion inférieure, les yeux ne se développent plus; ils sont plus ou moins gonflés ; ceux de la base sont à peine visibles, ce sont eux qu'on appelle des yeux latents. Toutes ces productions ne subissent pas la taille. Voici comment on doit traiter chacune d'elles ; Avant de taiiler le rameau supérieur, qui doit prolonger la branche charpentière ou bien la flèche, il faut se rendre bien compte de la vigueur de l'arbre, par l'examen du nombre d'yeux qui se sont plus ou moins développés pendant la végétation de l'année précédente. Si la portion du rameau de prolongement a été taillée sur le 10* œil — ^ je suppose — et qu'il n'y ait que les cinq supérieurs qui se soient développés, c'est un indice que l'arbre n'est pas assez vigoureux pour être taillé aussi long ; car il faut que tous les yeux se développent, afin que, plus tard, la branche se trouve garnie parfaitement, de sa base à l'extrémité, de productions fruitières. Donc, si sur 10 yeux, 5 seulement se sont développés, il faut tailler la fois suivante le rameau de prolongement sur le 5^" ou le 6^ œil, en comptant naturellement de la base. Pour la flèche, tous les yeux doivent se développer en bourgeons à bois; il faut donc tailler plus court que pour la branche de charpente, et aider, par un moyen artificiel, le cran ou l'incision, l'évolution des yeux de la base. Tous les autres rameaux à bois qui se trouvent en-dessous du rameau de prolongement des branches charpentières doi- vent être supprimés : on les taille alors sur l'empâtement qui possède des yeux latents, lesquels produiront des brindilles ou des dards. Les brindilles qui viennent en dessous des rameaux à bois ne doivent jamais être taillées ; on casse les plus longues sur — 95 — le quatrième ou sur le cinquième œil, suivant leur vigueur ; on ne touche pas à celles qui n'ont que quelques centimètres de longueur ; ces brindilles se transforment, en 2 ou 3 ans, en branches fruitières. On ne taille jamais non plus les dards, qui deviennent des lambourdes; l'œil terminal, d'abord pointu, se gonfle les années suivantes et devient bouton à fruits. Donc respect aux dards et aux lambourdes . Il faut aussi ne point abattre tous les yeux portés sur un petit pied et qui garnissent la portion inférieure des rameaux ; ce sont les yeux des rosettes qui ne tardent pas non plus à porter fruits. Après la première fructification, les lambourdes se gonflent au sommet et se couvrent de petits yeux qui tous se transfor- ment en boutons à fruits ; mais, pour cela, il ne faut pas tailler ces lambourdes, autrement les yeux restants s'allongeraient en grêles brindilles. Donc respect aux lambourdes qui ont donné leurs fruits ; elles se ramifient et constituent ce (|u'on appelle alors des bourses. A partir de ce moment, la fertilité de l'arbre est assurée. Si plus tard les bourses deviennent monstrueuses par la ramifica- tion et trop productives, on en supprime une partie, mais avec circonspection, et on taille le sommet de chacune de leurs ramifications seulement pour les rafraîchir. En résumé la conduite d'un arbre fruitier consiste : 1 " A tailler les rameaux à bois de prolongement suivant la vigueur de l'arbre et le nombre des yeux qui se sont développés à la taille de Tannée précédente; 2" A supprimer tous les gourmands et à tailler sur empâte- ment tous les autres rameaux à bois ; 3° A casser les brindilles trop longues pour faire transformer l'œil en bouton à fruits ; 4"* A ne jamais tailler ni casser les dards, lambourdes et brin- dilles courtes ; — 96 — 5o A ne tailler les lambourdes que quand les bourses sont vieilles, trop rameuses et ne donnent plus que de petits fruits ; 6° Enfm, à attendre, pour retrancher du fruit, que les ovaires soient parfaitement formés, et jamais pendant la floraison, mal- gré le conseil des maîtres en la matière : il ne faut supprimer que quand on est certain de ce qu'on a. F. Herincq. Les travaux de ce mois difl'èrent peu de ceux du mois précédent. Potager. Ou peut semer maiulenant en pleine terre toutes sortes de légumes, tels que radis, raves, épinards, laitues, romaines, chicorée d'été, céleris, choux de Milan et de Bruxelles, brocolis violets, navets hâtifs, betteraves, haricots, pois, potirons, etc. On plante les laitues, choux-fleurs, concombres, aubergines, etc., élevés sur couche; les artichauts, asperges, fraisiers, etc. On sème encore sous châssis des haricots, melons, choux-fleurs, aubergines, tomates, pour obtenir des récoltes à différentes saisons. Jardins fruitiers. On achève la taille des arbres vigoureux, et, vers la fin du mois, quand les bourgeons ont acquis une longueur de deux à trois centimètres, on supprime ceux qui sont inutiles ou nuisibles au parfait développement de l'arbre. On termine les greffes en fente; on veille les arbres en fleurs, afin de les protéger, par un abri quelconque, des gelées tardives qui peuvent détruire toute la récolte. Jardins d'agrément. On repique en place les plantes élevées sur couche; on continue aussi la plantation des plantes vivaces ; les semis de plantes indiquées au mois de mars: plus les Belles de nuit, capucines, haricots d'Espagne, lupins, œillets et roses d'Inde, volubilis, etc. Il faut se hâter de terminer la plantation des arbustes d'ornement. Serres. Le soleil commence à prendre de la force; on peut se dispenser de faire du feu dans les serres. Il faut donner de l'air toutes les fois que le temps le permet, et arroser en raison de la chaleur et de l'état de végétation des plan- tes. On pratique les boutures et les greffes de différentes plantes. Paris — imprinieiie horticole de E. Donnaui», rue Cassette, 9. LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR, RDE CASSETTE, 9, A PARIS. ESSAI SUR L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE COMPRENANT L'HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC L'indication des moyen» propr Mon correspondant avait raison; j'avais oubhé cette propo- sition darwienne qui, pendant longtemps, fit mon bonheur! D'après Darwin, qui passe pour un homme sérieux, le Trèfle a besoin, en effet, du concours des Bourdons pour opérer la fé- condation de ses ovaires. Et ce qui le prouve, c'est qu'un jour il vit des champs de Trèfle envahis par des légions de Bour- — 101 — dons, et que la plante produisit beaucoup de fruits; tandis qu'un autre jour, aynnt recouvert une potée de Trèfle d'un voile pour empêcher les Bourdons d'opérer la fécondation^ il n'en put recueillir aucune graine. L'influence des Bourdons, dit-ii^ est ici bien établie. Or, les mulots ou souris des champs sont très-friands de couvains de Bourdons. Quand ils en rencontrent dans la terre, c'est peureux le plus beau jour de leur vie ; c'est comme qui dirait un dîner chez les Frères Pro- vençaux, ou un souper au café Anglais. Ils mangent tout. Par conséquent ils privent le Trèfle de son auxiliaire dans l'acte de fécondation. Voilà pourquoi le Trèfle ne donne pas de fruits dans les pays où il n'y a pas de chats pour détruire les mulots qui se nourrissent de Bourdons; et que, au contraire, cette légumi- neuse fructifie dans les pays où il y a de bons matous, qui croquent les mulots, et assurent une paisible existence aux Bourdons, qui se livrent alors, sans périls et sans crainte, aux douces et agréables fonctions pour lesquelles ils ont été gra- duellement et insensiblement transformés !... J'avoue que je n'aurais jamais découvert cette corrélation du chat et du Trèfle. D'abord, parce que il y a des chats dans tous les pays où le Trèfle est cultivé; et c|u"ensuite, en voyant une potée de Trèfle sous voile ne point donner de fruits, j'aurais mis sa stérilité tout simplement sur le compte de l'im- mobilité de l'air sous l'enveloppe protectrice, comme cela ar- rive sous les châssis de Melons de première saison, quand le temps trop rigoureux ne permet pas de lever un instant les panneaux vitrés au moment de la floraison ; comme cela ar- rive pour les arbres fruitiers qu'on force en serre, quand on n'étabUt pas une ventilation qui agite l'air intérieur" pendant la durée de l'épanouissement des fleurs. Mais faire intervenir un maître Rominarjrobis dans la fructification d'un Cerisier ! — car les Bourdons ne doivent pas seulement concourir à la fé- — 102 — conrlation du Trèfle, -jnmnis, an erand jamais ! Pour découvrir des choses aussi merveilleuses, il faut la puissante et ingé- nieuse imagination de Darwin ; Car c'est comire Ce grarifl homme Établit Non ?ans bruit Toute!! ses théories ! Mais (( qui frap}De l'air, bon Dieu I de ces lugubres cris ? » C'est, paraîl-il, la Modestie aux prises avec la Vérité. Son humble manteau s'est entr'ouvert durant le débat, et la foule ayant aperçu la pourpre orgueilleuse dont elle est vêtue, en dessous, lui crie haro ! J'ai déjà vu de ces modesties-là. C'est très-drôle,.... mais c'est bien triste...- Voyez vous-même, lecteurs; vous n'avez qu'à suivre. F. Héringq. OBSERVATIONS SUR LES DIOSPYROS COSTATA ET SCHI-TSE. Réplique de M. Carrière. Dans notre dernier numéro, page 75, nous avons publié une letfi^e de M. Decaisne insérée dans un journal anglais, le Garde- nefs Chronicle, relative aux noms incorrects donnés aux plantes 'par quelques horticulteurs, et à une espèce de Pla- queminier {Diospyros} à fruits comestibles du Nord de la Chine. Nous avons reproduit cette lettre pour deux motifs. Le premier pour faire connaître un nouvel arbre fruitier; le se- cond pour montrer que nous ne sommes pas seul à nous élever contre les fausses déterminations des plantes horticoles, et que nous avons avec nous le professeur du Muséum et les savants rédacteurs du journal anglais. — 103 — Mais cette lettre, de M. Decaisne, a amené l'antenr du Dios- pyros coslata à une réplique dans le Gardeners Chronicle. Comme avant (out nous voulons la vérité, nous reproduisons cette répli(|ue, sans même y avoir été invité par l'auteur. Pour nons, les hommes ne sont rien. Le principe est tout. Il s'agit ici de faire la lumière sur un arbre qui peut avoir de l'avenir dans nos cultures; ce n'est qu'avec la plus grande sincérité qu'on pourra y parvenir. Nous sommes désintéressé dans la question Si nous prenons part au débat, ce sera seulement pour éclairer le lecteur sur quelques passages de la note et redresser quelques citations incorrectes, et pour montrer en- suite le mal que produit une erreur de détermination. Ceci dit, voici la note de l'auteur du Diospyros costata ; c'est la traduction littérale, le mot à mot pour ainsi dire de celle qui a été publiée en anglais; nous aurions craint d'en modifier l'expression , en cherchant à lui donner une tournure plus française (1). « Monsieur le rédacteur, à la page 39, M. Decaisne m'accuse de faire grand tort à la science en commettant nombre d'erreurs dont les prin- cipales sont : 1" d'avoir confondu le Diospyros Schi-tse avec \e Dios- pyros Kaki de Linné tils.; 2° qu'après lui avoir donné ce nom et avoir fait uuf nouvelle étude, j'ai appelé ma i>lante Diospyros costata. Mais je veux démonfrer que ma plante n'est pas la même que celle men- tionnée par M. Bunge ; je comparerai la description de ce botaniste avec celle donnée par M. Decaisne. » La description du Diospyros Schi-tse de M. Bunge (Enuméralion des plantes du Nord de la Chine, n» 237, p. 42.) peut se traduire ainsi : » Diospyros a rameaux tomenteux ainsi que les pédoncules et la base du calice; feuilles largement obovales-oblongues, aiguës, gubes- (1) Nous recevons un numéro de la Revue dans lequel l'auteur reproduit sa leUre envoyée au journal anglais. Eu la lisant, nous remarquons que la di- rection àwGardener' s Chronicle en la tiaduisaul en anglais, l'a < xpurgée de toutes les inconvenauces que conlieat l'original français, et que nous-niême uous aurions supprimées, et nous nous demandous, en outre, si l'auteur a Lieu réellement sa raison. V. 11, — 104 — ceiites à la face supérieure, légèrement poilues en dessous; fleurs axil- laires solitaires; pédoncules accompagnés de deux bradées; fruit très- gros, déprimé, ne contenant que peu de graines. — Se trouve presque sauvage à la base des montagnes et est cultivé fréquemment. Fleurit en mai. — Cette espèce ne paraît se rapporter exactement à aucune de celles déjà décrites; elle semble voisine du Diospyros orixensis, et se dislingue du Diospyros Kaki par ses fleurs solitaires. L'arbre a le port d'un ample Pommier ou Poirier (The tree bas the habit of a wide- spreading apple or pear tree) (1). Les feuilles sont grandes et les fleurs dépassent de quatre fois la grandeur de celles du Diospyros Lotus. Le fruit est magnifique, de couleur jaune rougeâtre et de la grosseur d'une très-grosse pomme (large apple); en général il ne contient pas de graines. » — Or, il est difficile, sinon impossible, de faire concorder la description donnée par Bunge avec celle de M. Decaisne. Où, dans la description de M, Bunge, est-il dit que « l'arbre vient des parties chaudes de la Chine? » (The tree corne from the warm parts of China?) (2); que « les feuilles sont presque elliptiques et complètement glabres? >^ Où M. Decaisne a-t-il vu dans la description du Diospyros Schi-tse « que lé fi-uit est de la grosseur d'une pêche (3) ; qu'il con- tient de huit à douze graines et qu'il est de couleur brune (4) ; qu'il 'a besoin d'être blet pour être mangé et qu'il peut être comparé à de la marmelade de prunes ou d'abricots (*)?que l'on en consomme de gran- des quantités à Pékin » où le D. Kaki ne peut parvenir à maturité? et beaucoup d'autres choses dont M, Bunge ne dit rien, tout en étant cependant le seul auteur qui ait vu et décrit cette espèce. Quant à la présence de côtes sur les fruits de M. Bunge, elle n'a, suivant toute probabilité, pas été constatée par l'observateur, et, pour se soustraire à cette difficulté, M, Decaisne affirme que les côtes sont exceptionnelles.' Mais quelle autorité M. Decaisne peut-il invoquer? Je suis d'une opi- nion différente, etj'affirme que le caractère en question n'est pas excep- tionnel, mais constant (5). M. Decaisne, dans sa lettre, soutient que j'ai confondu une espèce (1) Ces numéros renvoient aux notes et observations qui suivent cette lettre et qui nous appartiennent. F. H. (*) L'opinion de M. Decaisne, quant à la nature du fruit, lui a probablement été. suggérée par les observalions qu'il a faites en examinant celui récollé sur le Diospyros costata; ce ne peut être sur celui du D. Schi-tse qu'il n'a pas vu, et qui n'a été décrit par aucun auteur. (Carrière.) — 105 — des contrées chaudes avec une espèce du nord de la Chine. Ceci encore est une présomption. Thunberg, qui a habité le Japon, dit que le Kaki y est spontané et qu'on Ty cultive aussi très-fréquemment; qu'il . croît dans les environs de Nagasaki, ce qui a été confirmé par beaucoup d'écrivains qui ont visité le Japon" (6). (M. Carrière ici ajoute une des- cription très-étendue de sa plante, en vue de moQlrer combien elle est différente du Schi-tse ; mais nous sommes forcés de la supprimer, en renvoyant nos lecteurs à la Revue horticole où ils trouveront cette des- cription.) (Observation du journal anglais.) Il me reste maintenant à faire connaître comment, après avoir considéré ma plante comme le vrai D. Kaki, j'ai changé d'opinion et lui ai donné le nom de costata. J'ai remarqué qu'il y avait dans l'herbier du Muséum un échantillon récolté à Formose, par Oldhara, n''299, qui se rapporte absolument à ma plante, et que les descriptions faites par Thunberg et autres auteurs s'appliquent si bien à elle que je me considérais comme étant en droit de lui conserver le nom de Kaki (7) (voir Thunberg « Flora Japonica » page <57, où se trouve une description qui correspond très-complète- ment avec celle que j'ai donnée du Diospyros costata). Mais comme d'un côté diff'érenls auteurs ont déjà donné ce nom à des plantes très- diflférenfes, et que d'autre part le nom de Kaki sert à désigner au Japon et en Chine le nom générique appliqué à toutes les espèces de Dios- pyros, et que les fruits de ces plantes sont toujours appelés Kaki (abso- lument de même que nous appelons pommes les- fruits de tous nos pommiers), et comme il existe une grande confusion entre les dififé- rentes espèces, il en résulte que le nom de Kaki non-seulement n'a aucune signification précise, mais qu'il donne lieu à la plus grande confusio^. C'est ce qui m'a conduit à penser que, pour mettre un terme à cet état de choses, il était préférable d'adopter le nom de cosiata, quj a l'avantage d'être approprié à ma plante, et d'être une des formes du D. Kaki, décrite par Thunberg. Uue autre considération me conduisit à rejeter le nom de Kaki donné par le fils de Linné ; c'est que cet auteur ne connaissait pas la plante "qu'il a baptisée, comme il ressort avec évidence de la maigre description qu'il en donne, tout à fait insuffisante pour caractériser cette espèce, et qui pourrait tout aussi bien s'appli- quer à la plupart des autres du genre. Voir Linn. fils, suppl. p. 439. Tout ce qui a été dit , par conséquent , démontre avec évidence : <°que, au lieu d'embrouiller la question, je l'ai éclaircie; 2° que, loin de nuire à l'horticulture et d'induire en erreur les amateurs, j'ai — 106 — rendu un service en déblayant les difficultés et en faisant progressei" à la fois la science et riioiticultiire; 3" que, rontrairement à ce que M. Decaisne m'a si vivement reproché, je n'ai commis aucune erreur, mais que j'en ai relevé quelques-unes -que d'autres avaient faites;. 4° que le Diospyros costata, Carr., n'est pas le même que le D. Scbi-tse de Bunge, comme l'affirme M. Decaisne, mais bien une espèce nou- velle, et qui ne se trouve nulle part, en Europe, qu'au Jardin des Plantes de Paris ; 5° que les deux noms que j'ai donnés à ma plante ne sont pas seulement expliqués, mais bien justifiés; 6" que le caractère (les côtes du fruii) sur lequel je me suis fondé pour établir mon espèce, loin d'être exceptionnel, comme M. Decaisne Taftirme, est constant et normal ; 7° qu'il y a au Japon plusieurs sortes de Kaki qui ont été con- fondues les unes avec les autres, et que puisque le mot Kaki est em- ployé génériquement dans ce pays, il n'y a pas de raison pour conti- nuer à le conserver pour caractériser une espèce; que ces plantes sont originaires des parties froides et tempérées du Japon, et non pas des contrées chaudes de la Chine, et que, par conséquent, contrairement à ce qu'a dit iM. Decaisne, elles peuvent être cultivées dans le nord de l'Europe. Ce qui a induit M. Decaisne en erreur, c'est qu'il a regardé comme étant le Diospyros Kaki l'espèce qui se trouve cultivée dans quelques jardins, quoiqu'elle en ditîère considérablement par tousses caractères; celui-là est délicat, il ne peut pas supporter le climat de Paris en plein air,' mais au pontraire mûrit très-bien ses fruits dans le midi de la France, à Antibes. Cette espèce aussi appelée Diospyros Kaki est probablement originaire du Népaul. Je tenterai de démontrer ceci par la suite, car j'ai l'intention de publier une description accompagnée d'une figure. (Cette raison dit le journal anglais nous fait penser qu'il n'est pas nécessaire de rapporter ici la description de M. Carrière.) En conséquence, quoique j'aie été conduit à des conclusions complè- tement différentes de celles de M. Decaisne, il en résulte, j'en ai la conviction, qu'il me sera reconnaissant d'avoir cherché à le seconder dans la difficile tâche qu'il a entreprise et qu'il poursuit si active- ment, de servir la science en combattant toutes les erreurs qui vien- nent l'entraver. E. A. Carrière. Gardencr's Chronicle and agricultural Gazette. -_ ISo jo. — 5 mars 4870. — Page b'If . El maintenant qu'on me permette quelques observations pour rectifier certains faits dénaturés parl'auteurde eelteletlre : — 107 — r Le port du Diospym^ schi-isc, dit-il, dans sa traduction française, est celui du Pommier ou du Poirier. 11 y a ici erreur de la part du latiniste cjui a traduit Bunge. Nous avons con- sulté l'ouvrage cité pour nous éclairer, et Bunge dit : « Pyri mali qui est le génitif, si je ne me trompe, de Pyrns malus^ nom botanique donné par Linné au Pommier comestible. Dans la description de Bimge^ il n'y a pas entre les deux mots la moindre conjonction alternative vel, ou aut ; par con- séquent Pyri mali veut dire simplement du Pommier et non du Pommier ou du Poirier. Le dernier des vrais botanistes et le dernier des collégiens de neuvième n'auraient pas commis pareille faute. T Autre erreur d'une haute gravité. Dans la lettre de M. De- caisne, il n'est pas dit, comme le prétend M. Carrière, « que l'arbre de Bunge vient des parties chaudes de la Chine : )) mais bien que la plante cultivée au Muséum est bien que le semis ait été fait en automne, époque qui, au dire des transforma- teurs, n'exerce d'influence que sur les organes souterrains. € Longues, étroites et à une seule loge au début, dit-il, les siliques du Radis sauvage arrivent progressivement à la forme ventrue très-développée des siliques du Radis cultivé. Comme ces dernières, arrivées à ce point, elles sont à deux loges. » Les siliques du Radis cultivé à deux loges ! Ah ! Celui qui a dit cela à M. le rapporteur l'a induit singidièrement en erreur. Mais peu importe, la question n'est pas là. Pour le moment il s'agit de savoir si une espèce peut se transformer en une autre , par la culture ou autrement. M. le rapporteur de la Société d'horticulture de Paris dit oui ! les savants les plus sérieux, les plus sensés — et M. Vilmorin en tète — disent non ! Oui, M. Vilmorin père est anti-transformisle ! Jusqu'à ce jour on lui a prêté des idées qu'il combat dans son mé- moire : nous le démontrons dans cette note. Nous avons déjà fait connaître l'opinion du professeur de culture du Muséum ; voici maintenant celle du professeur de botanique du même établissement, M. Adolphe Brongniart, qui est, en outre, premier vice-président de la Société impé- riale et centrale d'horticulture de France. a: L'espèce, dit-il à la page 23 de son rapport sur les — 138 — progrès de la botanique phylographique (1), malgré, la varia- bilité qu'elle peut présenter dans certaines limites, nous pa- raît invariable dans son essence et ne pas pouvoir se trans- former en une autre espèce ni donner naissance à des espèces nouvelles. 3) Placée dans les conditions les plus différentes de celle où la nature l'avait fait naître, la plante conserve ses caractères essentiels ou périt; elle présente. de légères variations, qui n'ont rien de stable ; elle ne se modifie pas graduellement, et ne s'acclimate pas.... i> ■ Telle est l'opinion du savant professeur de botanique sur la transformation des plantes : elle est parfaitement conforme aux faits observés et recueillis jusqu'à ce jour. La commission de la Société d'horticulture n'en a pas fait connaître de nou- veaux; son rapporteur appuie l'opinion contraire, non pas sur les résultats matériels obtenus par des expériences entreprises par elle, mais par une simple preuve morale, ce Connaissant, dit-il à la page H 3, la parfaite loyauté qui caractérise M. Carrière, la majorité de votre commission est toute dis- posée à croire ce qiCil nous a dit. )) Ah! le bon billet qu'a la Châtre ! Il faut convenir que si M. le rapporteur est grave en la forme, il n'est guère sérieux quant au fond, ce Connais- sant la parfaite loyauté.... )) Il est sublime, l'argument; il n'y a que les Sociétés d'horticulture pour en trouver de pareils. En tous cas c'est être très-habile de l'avoir mis en avant pour couvrirla personne de l'inventeur ; car nul n'a le droit de mettre en doute la parfaite loyauté d'un homme ou d'un écrivain, quand bien même cet écrivain n'aurait pas craint, pour se dé- fendre d'une erreur, qu'on lui impute, de dénaturer la phrase d'un de ses adversaires pour lui faire dire le contraire de ce (4) Publicatioa faite sous les auspices du ministère de l'iaslructioû publique <868. — 439 — qu'il a dit et se donner par cela raison (1). Mais en mettant en avant \a parfaite loyauté de son client, M. le rapporteur n'est pas très-heureux; car c'est aussi l'argument in extremis, l'ar- gument de la dernière extrémité ; le suprême effort du com- battant qui succombe. Donc, « respect aux vaincus! d Quoi qu'il en soit la commission a manqué à son devoir. Elle avait été nommée pour s'assurer matériellement si les assertions articulées par l'inventeur du Radis de famille étaient exactes, et elle vient confirmer ces assertions sans preuve matérielle, mais seulement sur des assertions nouvelles du même individu ! Franchement, avec la meilleure volonté du monde, il n'est guère possible de prendre ce rapport au sérieux. Il est d'autant moins sérieux que le rapporteur a oublié de citer et de discuter les faits qu'on oppose à ceux des hommes qu'il défend. Ce n'Qst pas en employant ces procédés qu'on arrivera à la vérité. C'est sans doute très-habile; mais ce n'est pas ce qu'on appelle de l'honnêteté scientifique. Je le dis humblement à messieurs de la Société impériale et cen- trale d'horticulture de France. On répète à satiété que cette prétendue amélioration du Radis sauvage, par la culture, est la confirmation des travaux de M. Vilmorin . C'est une erreur des plus grossières ; elle ne confirme rien du tout, puisque jamais l'honorable obtenteurde la Carotte améliorée n'a émis cette théorie : « que la culture seule est la cause efficiente de la variation des plantes, et que toutes les plantes sauvages peuvent être (ransformées et amé-» lioréespar elle. « Si M. le rapporteur, au lieu de citer une petite note de quelques lignes insérée dans les Annales de la société royale d'horticulture (dans laquelle l'auteur fait connaître la couleur des Carottes qu'il a obtenues), avait consulté le mé- moire présenté à la société d'horticulture de Londres en -1840 (1) Voir l'Eort. franc. 1870, p. 107 lignes 12 et suivantes, — 140 - et publié pour la 'première fois en français, en 1859, en tête du Recueil des Notices de M. Louis Vilmorin, il aurait mieux connu l'opinion du savant honnête — modèle d'honnêteté scientifique — auquel on attribue la théorie absurde de la transformation des plantes sauvages par la culture ; il aurait vu, au contraire, qu'il en est le plus sérieux adversaire, puis- qu'il lui oppose de nombreux faits. Mais tel est l'amour de la vérité de nos adversaires, qu'ils gardent systématiquement le silence sur tout ce qui est contre les principes qu'ils veulent faire prévaloir. Et puisque ceux qui ont mission de répandre la vérité l'enveloppent ainsi de nébulosités, pour la cacher aux yeux de ceux qui veulent faire sincèrement connaissance avec elle, il est de notre devoir d'écarter les nuages qu'on amoncelle autour d'elle, au risque de nous faire foudroyer par tous les Jupiter olympiens de l'horticulture. Voici d'abord l'opinion de M. Vilmorin sur l'espèce : c L'es- pèce naturelle, dit-il, (1) est essentiellement fixe et stable ; elle ne varie, sauf de rares exceptions, que dans les limites assignées aux différeuces individuelles ; différences qui s'éteignent et se renouvellent avec les individus, sans laisser de traces durables et donner naissance à des races nouvelles, ce qui explique comment nous obtenons si facilement des variétés de nos plantes potagères déjà déviées et améliorées, tandis que si nous introduisons dans la culture une espèce encore à Vétat na- turel, nous ne la voyojis pas se modifier sensiblement. i> 11 est bien difficile de trouver dans ce passage du mémoire de M. Vilmorin, le principe qu'on lui attribue : que la culture est la cause de la variation des plantes sauvages. Mais les par- tisans de la transformation, par les procédés culturaux, seront bien obligés de se rendre à l'évidence après la' lecture (<) Livre cité, page 7, — 141 — du passage suivant, qui se trouve à la page 8, et dans lequel l'auteur combat cette opinion, en examinant les moyens par lesquels la transformation de nos plantes domestiques a été effectuée. « On pourrait croire ^ et cette opinion m'a été quelquefois mani- festée par des hommes éclairés, que, pour la création des variétés alimentaires perfectionnées, il a dû suffire d'une nourriture abon- dante et des soins de la culture jardinière, mais un examen attentif ne permet d'adopter cette opinion que dans un sens trés- restreint. Certainement ces soins sont au nombre des moyens in- dispensables; mais il est indubitable aussi que, seuls, ils ne suffiraient pas. Donnez au Chou sauvage une nourriture très-abon- dante, traitez-le jardinièrement, vous lui procurerez un dévelop- pement plus vigoureux, des dimensions plus fortes; ses feuilles deviendront plus amples; ses tiges plus hautes ; vous en ferez un Chou cavalier, ou le Chou vert hranchu ; mais jamais, par ces moyens seuls, vous n'en ferez un Chou pommé (1). // a fallu cer- tainement autre chose. — Quelle est cette autre chose, ou plutôt quelles autres choses'^ Cest là leproblemesur lequel j' appelle l'at- tention, non pas pour le Chou seulement, mais pour maintes autres plantes. Et maintenant, que M. le rapporteur écoute la suite, lui qui m'a soutenu un jour^ au Jardin des Plantes, que M. Vilmorin n'avait jamais expérimenté que sur la Carotte : elle se trouve à la page 9 du Recueil de M. Lo.uis Vilmorin. On veut éviter la vérité, eh bien, je poursuivrai ses ennnemis, en la traînant à ma suite, jusqu'à ce qu'elle soit reçue et acclamée partout. c: Souvent occupé de cette question, termine M. Vilmorin, /a» cherché à ni éclairer sur elle par des expériences; j'en ai suivi (1) J'en ai en ce moment l'exemple sous les yeux. Depuis deux ans j'essaie le Brassica sylvestris^ dont j'ai dû les graines à l'obligeance de M. Loudou et du Révérend Thomas Bree; les individus les plus rigoureux sont ceux qui s'é- loignent le plus de la disposition à pommer. (Note de M. Vilmorin.) — 142 - sur diverses plantes dans la mie de les améliorer, sur la Laitue vivace [Lactuca.perennis), sur le Tetragonia, le Solanum stolo- nifervm, le Brassica orientalis ; plusieurs années d'épreuves ne rnont jusqu'ici fait obtenir de ces espèces aucune modification SENSIBLE. Mais la Carotte sauvage, que j'avais comprise dans les mêmes essais, s' est améliorée , au contraire, de la manière la plus prononcée ^ Pourquoi donc le rapport ne mentionne-t-il pas ces expérien- ces et leur insuccès, qui prouvent à M. Vilmorin « quil faut autre chose que la culture pour obtenir la déviation d\m type spé' cifîque, et à nous qu'il n'est pas l'auteur de cette absurde ttiéorie de la transformation? Pourquoi n'avoir pas parlé de cette autre chose qui a fait dévier ses Carottes et que nous avons enregis- trée dans nos observations critiques (1) : la mouche , comme di- sent les faiseurs de graines de carottes, que doit cependant connaître M. le rapporteur, ou l'hybridation, commel'a démon- tré le professeur de culture du Muséiun, iM. Decaisne, par des expériences faites dans cet établissement et que, au besoin, M. Verlot, secrétaire général adjoint de la Société, aurait pu certifier véritables, puisqu'il leur a donné les soins de culture ordinaire ? Ah ! c'est que M. le rapporteur n'a aucune confiance dans les expériences du Muséum, comme il me l'a dit un jour ; elles n'ont pour lui aucune valeur; ce sont des expériences de laboratoire qui ne signifient çien ; c'est de l'horticulture en chambre ! Il croit cependant au Radis sauvage qui aurait été amélioré dans ce même laboratoire du Muséum. Mais il est vrai que s'il "y croit, ce n'est pas parce que, au mois de septembre dernier, on lui a montré déjeunes pieds de Radis prétendu sauvage, re- piqués dans douze godets de deux pouces, et qu'il n'a pas vu (1) L'Horticulteur français 4869, page 149. — 143 — semer. Non ! Il y croit parce que, € connaissant la parfaite loyauté, etc., etc. ^ » le reste comme au rapport. C'est tout sim- plement sublime ! Voilà oîi conduit l'esprit de parti. Il passionne d'abord, il aveugle ensuite, et, dans cet état de cécité, il est impossible de marcher droit dans le chemin qui mène au temple de la Vérilé. Je regrette bien sincèrement que la Société impériale et centrale d'horticnltnre de France se soit laissé entraîner dans cette fâcheuse affaire ; car elle apporte un poids énorme à un principe complètement faux, qui n'avait, comme soiUien, que le nom d'un homme faussement invoqué, puisque cet homme nie positivement l'influence de la culture dans la transforma- tion de la Carotte, en déclarant que cette transformation, comme celle des Choux, des Laitues, etc.^ est due à autres choses que la culture, lesquelles autres choses il déclare, honnêtement, ne point connaître. Est-il donc si étonnant, après cela, qu'il ait avoué, à M. Decaisne, que l'hybridation n'a pas été étrangère au résultat obtenu par lui ? M. le rapporteur parle d'expériences entreprises par le comité des cultures expérimentales. Mais il fallait attendre le résultat, pour confirmer la parfaite loyauté de l'inventeur des Radis de famille ; il n'y a pas péril en la demeure, et cette précipitation, au contraire, peut avoir de fâcheuses consé- quences- Si les résultats sont négatifs, par exemple, que fera la Société? Elle se rétractera; mais elle n'empêchera pas que le principe se perpétuera toujours sous sa protection; car les membres qui ont lu le rapport qu'elle vient de publier le proclameront auprès de leurs amis et connaissances, et quand la rectification arrivera, on ne mettra pas autant d'em- pressement à la répandre. Et, du reste il sera impossible de retrouver tous les adhérents, qui pourront bien alors ne plus lire son journal. — Voilà pourquoi il est si difficile de dé- — iu — raciner Terreur ; voilà pourquoi aussi il ne faut jamais con- firmer un fait sans en avoir contrôlé matériellement et à plu- sieurs reprises l'exactitude. Le rapport de la Société d'horticulture sur les Radis pré- tendus sauvages améliorés, ne nous a donc nullement con- vaincus de la sincérité des assenions avancés au sujet de cette question, et nous persistons à regarder l'origine de nos plantes domestiques comme accidentelle et non comme ré- sultat de procédés culturaux. Ce sont des accidents plétho- riques qui ont été trouvés sur des plantes sauvages, comme on rencontre tous les jours, dans la nature, des fleurs accidentelle- ment doubles, et que l'homme a su conserver par la culture. Quoi qu'il fasse, le jardhiier n'obtiendra jamais, comme l'a dit l'honorabie M. Vilmorin, du Chou sauvage un Chou pommé, ou un Chou-rave, ou un Chou-fleur, etc. Qu'on nous dé- montre le contraire en produisant une racine nouvelle, mais en dehors des genres qui fournissent nos racines alimentaires ; car, malgré toute notre confiance en la parfaite loyauté des inven- teurs, nous redoutons les méprises et les erreurs involontaires qu'un amour-propre mal placé ne permet plus ensuite d'avouer. Nous regardons donc toujours les Radis de famille comme variétés du Radis cultivé, obtenues de graines provenant de sujets dégénérés, ou plulôt qui ont fait retour au type spéci- fique, le Rapha7ius sativus, espèce bien distincte du Radis sauvage Raphanus Raphanistrum. Nos observations, sur plu- sieurs plantes légumières, nous ont démontré, en effet, que ces sujets ainsi dégénérés sont les- plus affolés et qu'ils produi- sent un plus grand nombre de variétés que les sujets les mieux coDStitués. Nous réservons cette question pour plus tard. F. Herincq. — 145 — WEIGELIA LAVALLEI (Pl. V). Ce nouveau Weigelia annoncé par M. Lemoine, de Nancy, sous le nom de Diervilla {Wei(jeUa) hybrida Lavallci, est une production hybjide çblenue, d'après cet liorliculteur, du croi- sement opéré, par lui, sur le Weigelia arborea grandi [lorQ.f à fleurs d'un blanc jaunâtre, par le Weigelia muUiflora à fleurs pourpre vineux. Ses fleurs, formant de longues grappes flexibles, ont la grandeur des fleurs du Weigelia arborea, et la couleur est in- termédiaire entre celles des parents, c'est-à-dire qu'elle est d'un rouge pourpre. Mais le grand mérite de cette nouvelle variété est de fleurir dès le plus jeune âge ; des boutures de quelques centin. êtres se couvrent de fleurs. Celle variété est excessivement floribonde cbez les sujets vigoureux et forts; les branches latérales sont tellement fleuries qu'elles s'infléchissent gracieusement sur le poids 'de la production florale. Pour la culture forcée, le Weigelia Lavallei est une des meil- leures acquisitions. Comme élévation, il peut atteindre 2 et 3 mètres. (L J'ai dédié ce produit, dit M. Lemoine dans son catalogue, à M. Alphonse Lavallée, amateur savant et bien connu pour sa compétence en matière d'arbustes. y> 0. Lesguyer. UNE PLANTE PROPRE A GARNIR LES TIGES DE ROSIERS (i). II y a six ans, nous assistions aux utiles leçons d'horticul- ture que le savant directeur du jardin des Plantes de Paris 0) Extrait Buîl. soc. d'hort, de la Côte-d'Or. Mai 4870. 40 — 116 — fait annuellement dans l'amphithéâtre de la galerie de géo- logie au muséum de Paris. Dans une de ses leçons, sur l'ornementation des jardins, le savant professeur blâmait vivement lamode^ de mauvais goût, qui veut que dans tous les jardins on cultive surtout des ■Rosiers greffés sur tige; ces arbustes ressemblent alors à un bouquet perché sur une baguetle plus ou moins élevée ; un hideux tuteur , un échalas, nécessaire par la fragilité et la flexibilité de cette haute tige, qui ne saurait résister aux vio- lences des vents, vient encore ajouter à cet aspect désa- gréable. M. Decaisne conseillait aussi de cultiver les Rosiers, soit en touffe, soit en colonne ou en palissade contre un treillage, selon les espèces, choisissant celle de ces formes qui serait le plus en harmonie avec le mode de végétation de la variété que l'on veut cultiver et de l'emplacement que l'on désire orner. Préférant de beaucoup ce mode de culture, nous n'hésitons pas à le recommander aux amateurs partout où ce sera pos- sible; en effet, rien de plus floribond et de plus en harmonie avec la végétation des Rosiers sarmenteux, qu'un berceau de Rosa indica major, une façade garnie du Rosier multiûore, ou un tronc d'arbre transformé en une colonne de fleurs à odeur suave, en l'entourant de quelques pieds du Rosier Ayrshire. Nous en dirons autant de ces charmants massifs de Rosiers francs de pied : hybrides, Noisettes, Rengales, Ile Rourbon, autant de ces déliineuses bordures de Rosiers Lawrances, fleuris pendant toute la belle saison ; pour nous, il c&t regret- table que ces charmantes espèces, souvent abandonnées, aient laissé dans les jardins modernes trop de place aux plantes à feuillage . Quelle que soit la valeur de cette critique, la mode est une impérieuse maltresse à laquelle il faut toujours céder; et puis, — 147 — il faut bien le reconnaître, le Rosier greffé sur tige présente de nombreux avantages ; autour de lui on peut faire croître de charmantes et délicates plantes, ce qui serait impossible avec les Rosiers francs de pied ; cette tige grêle, ce vilain tu- teur, peuvent être dissimulés par une colonne de verdure et de fleurs ; c'est' ce que nous avons, depuis plusieurs années, tenté avec succès au jardin des Plantes de Dijon. Peu de plantes grimpantes conviennent parfaitement pour cet emploi; les unes, telles que Maurandia, Lophospermum, Eccremocarpus, etc., etc., sont trop maigres et ne garnissent pas bien cette tige que l'on voudrait dissimuler. Les auti-eSj telles que les difTorentes espèces d'Ipomés. Ca- pucines, Gourdes, Cobeea, etc., sont trop vigoureuses, épui- sent le Rosier au pied duquel on les plante, puis, par leurs nombreuses et vigoureuses pousses, cacheraient totalem(nl la tête du Rosier, si on n'avait pas le soin de les rogner pres- que journellement ; malgré toutes ces précautions, elles se dégarnissent encore trop promptement de la base, autre in- convénient qui n'est pas moins fâcheux. Une seule nous donne des résultats satisfaisants ; nous rem- ployons depuis plusieurs années avec un plein succès sur pres- que tous nos Rosiers. Nous voulons parler du Thunbergia alata. Cette plante, bien qu'originaire de l'Afrique orientale et du Cap, vit très-bien en plein air, dans la belle saison, sous le chniat de toute la France. Ses tiges grêles et grimpantes vé- gètent avec assez de vigueur pour garnir une tige de Rosier en peu de temps. Il suffit de les fixer avec quelques attaches, et- de supprimer avec un grand soin les pousses qui tente- raient de pénétrer dans l'intérieur de la tète du Rosier ; cette opération fait refouler la sève vers les parties inférieures d'où sortent de nombreuses jeunes pousses qui bientôt forment une colonne épaisse et compacte couverte de fleurs. — 148 — Les personnes qui possèdent un massif de Rosiers à tiges peuvent laisser une partie des rameaux trainer à terre pour cacher cette dernière; car cette jolie acanthacée fleurit égale- ment bien en rampant par terre, où elle peut former de très- jolies bordures. La floraison commence, dans les années ordinaires, en juin, et se coniinue pendant toute la belle saison. Nous cultivons de préférence la variété orange à œil noir ; ces deux couleurs contrastent très-agréablement. Nous faisons des semis plutôt en avril qu'en mars, sur couche chaude, parce que les jeunes plants irop forls languis- sent beaucoup à la transplantation en plein air ; quand les plants ont quelques feuilles, on les repique par deux ou trois dans de petits pots remplis de terre mélangée de terreau et de terre de bruyère, que l'on enterre sur couches chaudes, en les ombrant pendant quelques jours pour faciliter la reprise. Aussitôt celle-ci assurée, on leur donne de l'air pour qu'ils se fortifient en attendant leur mise en place, qui doit avoir lieu dans la deuxième quinzaine de mai. Nous recommandons, lors du repiquage, de mettre deux ou trois plants dans chaque pot, car un seul de ces pots suf- fira alors pour la plantation à faire au pied de chaque Rosier. Une terre riche en engrais bien décomposé, tenue fraîche et meuble, est celle qui convient le mieux à cette plante. La récolte des graines demande de l'attention ; elle doit se faire pendant que les capsules paraissent encore verdâtres, car elles s'ouvrent avec élasticité et laissent échapper les graines avant de paraître complètement mûres. On doit employer les graines fraîches autant que possible ; la levée se fait alors plus rapidement. J.-B. Weber, Jardinier-chef de U ville de Dijon. — 149 — REMARQUES SUR LA RUSTICITÉ DE QUELQUES VÉGÉ- TAUX, ET SUR L'EFFET DU FROID PENDANT L'HIVER DE 1869-70. Nous avons reçu de Rrix, près Valogne, la lettre suivante qui confirme les faits annoncés par IM. Hauguel, au sujet du Chamœrops excelsa qui résiste aux hivers, sur les côtes de Normandie, et pour lequel notre collaborateur de Martragny, avait émis l'année dernière un doute. Voici la lettre : f Brix, 9 mars 1870. «Monsieur, » Considérant l'hiver comme passé, je suis bien aise de vous faire connaître les résultats de son influence sur quelques-uns des arbres exotiques que nous cultivons ici. Cet hiver a été très-rigourenx, mais l'intensité du froid, dont le maximum a été de 12° dans la nuit du 26 janvier a fait moins de mal qu'un vent violent de N.-E. qui a soufflé avec persévérance en janvier et février et qui était accompagné par un froid variant de —80—6°— 5% etc. L'effet de ce vent violent et froid a été très-marqué ici, ainsi nos landes {ulex] et nos routes exposées à son action sont desséchées en partie. T> Voici maintenant l'effet du froid sur nos arbres : le Benthamia fragifera a eu une grande partie de ses feuilles desséchée'^, ce qui ne lui était jamais arrivé ici ; je pense pourtant que la tloraison n'en sera pas tiop altérée, le Tramwesia glaucesccns ne souffre pas. » Les Chamœrops humilis et excelsa résistent parfaitement ; les Cocos amtralU ont parfaitement résisté même sans neige sur leurs feuilles. » L'hiver prochain j'essayerai le Coryplia amtralis et le Jubea spec- tabilis ; les Eucabjptus globulus perdront de leurs feuilles mais ne mourront pas. » Le Phillocladus est toujours parfait- et rArawcana du Brésil n'a pas éprouvé la moindre atteinte. > » Veuillez, etc. » L. Herpin de Frémont. » . Deux faits ressortent de celte lettre : l'influence incontestée — 150 — de la mer, et les effets du \ent qui sont plus pernicieux que la gelée même. Nous avions déjà remarqué cet effet des cou- rants d'air, et cette année nous l'avons bien constaté sur plu- sieurs végétaux ligneux relativement rustiques. Ainsi un Evonymus japonica, planté au bout d'une .allée bordée de grands arbres, a été gelé en partie : la .moitié qui se trouvait faire saillie dans l'allée a été entièrement détruite, tandis que l'autre qui ne recevait pas le vent coulis de l'allée, n'a pas eu une feuille atteinte. - Dans les environs de Bourg-la-Reine, une pépinière com- posée de ' Lauriers amande a été fortement endommagée ; presque tous les sujets ont été gelés, tandis qu'à vingt pas plus loin, des arbres de la même espèce n'ont pas du tout souffert ; c'est très-probablement que les premiers étaient ex- posés à des courants d'air froid. ^ Il faut bien peu de chose pour garantir de la gelée. A Segrez nous avons parfaitement réussi à faire passer de grands Ca- mellias de trois mètres de hauteur, en plein air, avec un simple paillasson étalé en dessus en forme de parasol; il commençait à fleurir dès le 1 5 avril dernier. Un paillasson dressé simplement devant des Colletia cruciata, horrida, etc., ne le protégeant pas en dessus, ont parfaitement résisté aux 13° de froid qui ont été constatés dans cette loca- lité. Tous les Chamœrops excelsa, jeunes et vieux, n'ont eu pour protection que le paillasson étendu au-dessus de leur tête, et pas un n'a souffert. Ce toit protecteur nous a mieux réussi que la paille qui en- veloppe entièrement la plante. Tous les arbustes ainsi em- paillé's ont eu leurs tiges gelées, ou tout au moins toutes leur feuilles sont tombées. Ce système de poupée est vicieux, en ce que la paille mouillée soit par la pluie, soit par la neige, devient un foyer d'humidité, qui favorise l'action du froid sur les tissus des végétaux. — 151 — Toutefois, nous ne recommandons pas plus l'un que l'autre, car le froid a mille manières d'agir : il respecte un jour des sujets qu'il extermine le lendemain . F. Herincq. BIBLIOGRAPHIE. Histoire des Plantes ; La Truffe; Nouveaux Éléments dliistoire naturelle; Petit Guide -pour le jardin maraîcher. Histoire des plantes, par M. Bâillon. Le savant professeur poursuit sa tâche en botaniste rompu à toutes les difficultés de la science. Depuis que nous avons annoncé ses monographies des Renonculacées, Dilléniacées, Magnoliacées, et Anonacées, la Hbrairie Hachette en a fait paraître sept autres : les Moni- miacées, Rosacées, Gonnaracées, Légumineuses-Mimosées, Légumineuses-Caesalpiniées, Légumineuses-Papilionacées, et Protéacées ; on nous annonce un nouveau cahier (sous presse) qui contiendra les monographies des Laurinées, Éléagnées et Myristicées. G'est toujours le même travail' consciencieusement élaboré ; consciencieusement exécuté. Les gravures sur bois intercalées dans le texte sont toujours très-nombreuses; les dessins, artis- tement tracés par M. Faguet, sous la direction de l'auteur, ont été aussi très-admirablement gravés; au point de vue scien- tifique, ils sont d'une rare exactitude. On trouvera sans doute étrange de voir, dans l'ordre natu- rel, les Monimiacées prendre rang entre les Anonacées et les Rosacées ; puis les Protéacées, Lauracées venir après les Légu- mineuses. Pour les botanistes c|ui en sont encore aux méthodes naturelles élaborées sous le premier Empire, ils ont de quoi y perdre leur latin . Des apétales confondus avec des polypé- tales; despérigynesau milieu des hypogynes, etc., ce sera pour eux le renversement de toutes les sages doctrines scientifiques, et ils gémiront sur le sort de la méthode de Jussieu. — 152 — M. Bâillon n'est pas le premier qui ait porté la main sur l'œuvre de l'auteur du Gênera plantarum ; tous les botanistes qui se sont occupés de classification, tout en admirant l'œuvre du maître l'ont attaqué, plus ou moins, même jusque dans Ips fondations. Le premier qui porta la pioche sacrilège, sur cette méthode, fut Decandoile. La classification du savant Genevois est bien au-dessous de celle de Jussieu au point de vue philosophique. Il renverse tout simplement l'ordre du Gênera ; commence par ce qu'il regarde comme végétaux les plus parfaits pour des- cendre aux imparfaits, et change les noms des divisions. Il dit Vasculaires au heu de Colylédonées, détruisant tout d'un coup la base de l'édifice érigé par de Jussieu qui est : Acotylé- donées, mono-et dicotylédonées, abandonnant ainsi l'embryon pour s'appuyer sur la tige_, et commettant aussitôt cette grave erreur : qu'il y a des tiges qui croissent en dedans (endo- gènes), etc. Puis Schultz vint, qui prend comme DecandoUç pour point de départ la structure interne (végétaux cellulaires et vasculaires), d'oti il déduit ses principes de division phy- siologique, et établit ses homorganes, hélérorganes, synor- ganes^ etc. Lindley, lui, emprunte a tout le monde pour con- struire sa méthode : il prend à Linné, en changeant les noms toutefois, de cryptogames et phanérogames qu'il appelle asexuel le s ei sexuelles ; il em^Yun[e les vasculaires et les en- dogènes à Decandoile, et il suit de Jussieu à travers les po- lypétales, monopétales et apétales, appelant ces derniers tn- complets. Unger et Endlicher prennent pour assise la structure anatomique et le mode de développement des végétaux, d'où deux divisions premières : Thallophytes, eiCormophytes; puis viennent les divisions et subdivisions, dans lesquelles figurent les apétales, monopétales et polypétales de Jussieu : quant aux épigynes, hypogynes et périgynes, il n'en est plus ques- tion. Enfin M. Brongniart subordonne l'embryon aux organes — 153 — de la reproduction, et partage les végétaux d'abord en deux grandes divisions, comme Linné : Cryptogames et Phanéroga- mes; pais les phrinérogamss sont divisés en 2 embranchements : monocotylédones et dicotylédones; ces derniers sont subdivisés en monopétales et polypélales. La classe des apétales de Jussieu est détruite, et les végétaux qui en faisaient partie sont dissé- minés dans les polypétales, M. Brongniart les considérant comme un état imparfait d'organisation ou d'avortement de la corolle. Il en est résulté qu'on trouve les Urticées à côté des Renonculacées, les Amaranthacées à côté des Garyophyllées, les Platanes non loin des Ombellifères, les Euphorbiacées dans le voisinage des Malvacées, etc., etc. Quant à la division établie d'après l'insertion des étamines, M. Brongniart con- serve les hypogynes et péri gy nés, rangeant dans ces derniers les épigynes. La classification de Jussieu est, comme on voit, quelque peu endommagée par tous les auteurs qui se sont oc- cupés du classement des végétaux. M. Bâillon, dans son histoire des plantes, a suivi le courant. Il admet dans son livre la première division de Jussieu fon- dée d'après le nombre des cotylédons de l'embryon, mais c'est pour suivre une coutume et non pour consacrer le prin- cipe; car il ne lui parait pas logique, dit-il, d'établir une clas- sification avant de connaître exactement les caractères de tous les objets qu'on a à classer. Toutefois, on peut voir qu'il ne tient aucun compte de la présence ou de l'absence de la corolle, et que l'insertion des étamines a, pour lui, encore moins de va- leur, puisqu'il rapproche les Rosacées des Renonculacées. C'est que, en effet, à part l'insertion des étamines et la présence de stipules, une Potentille ressemble singulièrement à une Re- noncule. C'est beaucoup, diront les partisans de l'insertion. Pas autant que cela, pourra répondre M. Bâillon, puisque les Pivoines, de la famille des Renonculacées, sont péiigynes comme les Potentillesl — 154 — Mais me voilà loin de mon sujet. Je voulais simplement dire que l'œuvre de M. Bâillon s'était enrichie de nouvelles livrai- sons,— puisque j'ai fait connaître dès le début mon apprécia- tion sur ce magnifique et intéressant livre, — et je me trouve dans les hautes régions phytographiques pour lesquelles n'a ^sls été h'iiV Horticulteur français. Redescendons donc et fai- sons ample provision de leste, pour ne plus monter si haut. Donc, prenez la monographie des Monimiacées, et d'après les jolies gravures, qui émaillent le texte, vous verrez pourquoi M. Bâillon y place les Calycanthus, et pourquoi elles se trou- vent à côté des Rosacées. Vous saurez ensuite, en passant à la partie historique, que Técorce du Calycanthus flortdus est substituée, en médecine, à récorce de la Cannelle. Vous apprendrez quels senties végétaux qui fournissent le bois de tambour, le bois gilet, le bois à allu- mer des habitants des îles mascareignes ; et quel est l'arbre qui porte la Pomme Jacot, le Pot de chambre Jacot, ou la Pomme de singe, etc. La monographie des Rosacées, qui vient après vous offrira un* autre attrait; celle des Légumineuses est peut-être encore plus intéressante. Du reste tout est at- trayant dans ce livre qui ne sacrifie rien, toutefois, à la partie scientifique. Car, après l'étude approfondie de toutes les séries delà famille, au point de vue des caractères, des affinités, de la distribution géographique, etc., l'auteur donne un Gênera, en latin, oîi tous les genres sont décrits très-minutieusement, pour faciliter l'étude ou la détermination des genres. La Truffe. Etude des conditions générales de la production truffière, par M. Ad. Chatin, professeur de botanique à l'école supérieure de pharmacie de Paris. — Si vous voulez des truffes, semez des glands, a dit le comte de Gasparin; M. Chatin pense de même. Dans le livre qu'il vient de publier à la librairie Bouchard Huzard, il se livre à la recherche des données les plus sûres pour parvenir à la production rationnelle de ce — 155 — Champignon qui est, dit-il, aussi sain que réparateur, et qui est l'objet d'un commerce considérable : il s'en consomme chaque année paraît-il pour 50 millions de francs. A la suite d'un voyage d'un mois, dans les pays trufûers, il a pu se con- vaincre que les reproches adressés aux truiîes ne sont pas fondés. Actuellement il ne craint pas d'être de l'avis de Louis XVIII, dont la compétence gastronomique ne peut être mise en doute, et qui disait au docteur Portai : Les Truffes, docteur, ne sont pas ce qu'un vain peuple pense. Donc, dévorons- en sans crainte, car ce ne sont pas davantage des piqûres d'insectes ; M. Chatin le démontre très-clairement en combat- tant les idées de mon ancien adversaire dans cette question, M. Jacques Valserres. Après avoir passé en revue toutes les espèces de Truffes l'auteur fait connaître les arbres trufûers ; il résulte decetle re- vue, que les chênes ne sont pas les seuls à abriter ce Champi- gnon; par conséquent on peut conclure que le Chêne truflier n'estpas précisément une vérité. La Truffe a été trouvée sous 39 essences d'arbres, dont 7 espèces de chênes et 32 autres végé- taux, parmi lesquels se trouvent la Vigne, le Buis, la Ronce, le Rosier églantier, etc. 11 me serait impossible de suivre M. Cha- tin dans son livre. Tout cequejepuis dire, c'est qu'ilm'a beau- • coup intéressé, et qu'il intéressera bien davantage encore celui qui voudrait se livrer à la culture des Truffes ; culture possible, et dont la seule difficulté consiste à créer le miheu dans lequel peut se développer et croître ce délicieux Cham- pignon. Je dis délicieux par pure déférence pour les amateurs. Qu'on me permette de placer ici une bonne anecdote que se plaisait à raconter l'excellent et.regretté M. Léveillé, que la mort vient de nous enlever, et dont la vie a été partagée entre les malades et l'étude des Champignons. Il passait un de ses examens de médecine qui portait sur l'histoire naturelle. L'exa- minateur lui présente un bocal hermétiquement clos, dans le- — 156 — quel il y avait une chose à peu près ronde, rugueuse et noire. « Pourriez'vous me dire le nom de cet objet? lui dit le grave professeur. € Le jeune Léveillé regarde, tourne et retourne le bocal, et répondit avec assurance : € C'est une galle-in- secte, î Le professeur de sourire en disant : « Vous en êtes bien sur ? — Aussi sur qu'on peut l'élre en ne voyant l'objet qu'à tra- vers un bocal, répondit le jeune étudiant ; car on ne pourrait l'affirmer qu'en coupant l'objet en deux. —r Eh bien ! coupez, je vous'y'aulorise. d D'un coup de scalpel la masse globuleuse fut ouverte, et l'é- lève montra au savant professeur les loges intérieures dans lesquelles s'étaient nichés les insectes. «En voilà la preuve, 5) dit-il. C'était une truffe appartenant à l'espèce de M. Jacques Valserres. Le pauvre professeur ne savait plus quelle contenance tenir. — Vous avez raison, et pourtant, ajouta-t-il, voilà 25 ans que je la montre et la fais reconnaître à tous mes élèves pour une Truffe ! Et l'auditoire d'applaudir. « C'est que, en effet, me disait cet excellent M. Léveillé, il se trouve souvent de ces galles parmi les Truffes qu'on vend dans le commerce, d Faites donc attention, lecteurs, quand vous voudrez faire truffer une dinde. Nouveaux Éléments dliisloire naturelle , par MM. Gervais, Léon Marchand et V. Raulin. Cet ouvrage a été rédigé con- formément aux programmes officiels de 1866, pour l'ensei- gnement secondaire spécial^ et il est publié par la librairie . Hachette. Cet ouvrage est divisé en cinq parties ; mais chaque partie est traitée de manière que chacune d'elles, peut devenir un livre complet, une étude complète de ces sciences, mais à des degrés _ 157 — différents. Ainsi le premier volume, qui vient de paraître, est une sorte d'étude préparatoire. Les auteurs promi^nent l'élève au milieu de la nature, lui montrent l'ensemble sans entrer dans les détails minutieux qui fatiguent rapidement l'esprit. C'est, qu'on me passe la comparaison, la manière qu'un cicé- rone intelligent emploie pour faire connaître sa ville à un étranger. Il lui fait pai'courir d'abord vaguement celle ville, lui fait observer la rivière qui la traverse, et les grandes rues qui y aboutissent; il le promène ensuite sur les boulevards; les places, les squares, les. jardins publics, les musées, et de temps en temps, il lui fait admirer les plus beaux monu- ments qui se trouvent dans cliacun de ces boulevards, de ces places, etc. De sorte que le soir venu, l'étranger connaît l'en- semble delà ville; il pourrait la quitter, et raconter en ren- trant cliez lui quels sont tous les grands éléments qui entrent dans la composition de celte ville. Mais si le temps lui permet d'y séjourner plusieurs jours, le cicérone lui fait voir alors le lendemain une partie de la ville plus en détail ; il n'avait vu que la façade des musées, cette fois on y entre, mais on les traverse rapidement, et ce n'est qu'après avoir vu ainsi clia([ue quartier, qu'il le reconduit à nouveau pour examiner cliaque cliose en détail. De cette manière, on le comprend, quelque soit le temps qu'il reste dans la ville, il la connaît, mais plus ou moins parfaitement. Tel est le princi[)e qui a présidé ^ la rédaction de ces Nou' teaux Élémeiils cC histoire nalurcUe. Pour ce qui nous regarde, c'est-à-dire la botanique, M. Léon Marchand, professeur agrégé à l'école de pharmacie de Paris, l'a traitée en maître. Le Colza lui sert d'exemple pour définir l'individu^ l'espèce et les organes de la végétation. Avec la Giro/lée^ il définit le« parties qui constituent la fieur ou organe de la reproduction, et ainsi avec d'autres plantes vulgaires, il parvient à donner une idée générale de la plante. Des gravures nombreuses et — 158 — très-soignées, viennent aider encore à l'explication des textes, qui, du reste, n'avaient pas besoin de cela" pour être compris, car le jeune professeur est très-clair dans ses démonstrations. La zoologie par M. Gervais, et la géologie par M: Raulin, sont Iraitées avec le même soin et le même talent. Petit Guide pour le jardin maraîcher, par M. Nardy aîné. L'auteur de ce petit guide est jardinier à Monplaisir-Lyon. Par conséquent il sait ce que vaut le temps. Pour n'en point faire perdre en vaine lecture, il a résumé, dans des tableaux^ la cul- ture de toutes les plantes potagères, et les notions sur les semis et les plantations. Dans une première colonne se trouvent les noms des plantes ; la seconde est consacrée à l'indication des moyens de reproduction ou de multiplication^ et de la durée germinative des graines. Viennent ensuite celles indiquant les époques des semis et des plantations; les époques de la con- sommation, et dans une dernière sont consignées les observa- tions spéciales avec quelques notions culturales. Cette idée est ingénieuse , et ce petit cahier, qui ne coûte que 50 centimes, rendra de grands services aux personnes qui n'ont pas le temps de lire les gros livres sur la culture des plantes potagères. F. Herincq. PETITES NOUVELLES. Floralies russes.— Les Sociétés d'horticulture de la Bel- gique sontbien autrement actives que celles de la France ; c'est triste à dire, mais c'est la vérité» Outre les bulletins de cha- cune d'elles, qui contiennent toujours des faits intéressants, elles publient une œuvre commune, chaque année, sous le titre : Bulletin de lai fédération des Sociétés d'horticulture de la Bel- gique. Celui de cette année est consacré aux Floralies russes, c'est-à-dire à Texposition et au congrès qui ont eu lieu à Saint-Pétersbourg au mois de mai dernier ; il contient le ré- sumé de tout ce qui s'est fait et de tout e.e qui a été vu. — i59 — Fourmi. — Ce petit animal, au cœur de roc, n'aime pas, au dire d'un jardinier de Beauvais, Fodeur des feuilles de Noyer. Donc, un moyen infaillible de le faire déloger, c'est de déposer de ces feuilles sur les fourm?lières ; on ne les détruit pas, mais on envoie les fourmis thésauriser ailleurs. Carotte grelot hâtive. — Cette variété qui est encore dési- gnée sous les noms de Carotte très-courte à châssis et Carotte toupie, est celle qui doit êlre.préférablement cultivée, d'après M. Laizier, maraîcher à Clichy, parce qu'elle est la plus hâ- tive et que sa racine est la meilleure de toutes. En trois mois on en obtient les plus beaux produits. Arrosement des Fraisiers. — M. Lerebours, de Neuilly, a fait une expérience, en vue d'éclairer la question contestée par quelques personnes, de l'arrosement des Fraisiers à gros fruits pour en obtenir une seconde récolte. Dans ce but, il a exagéré les arrosements à l'aide de tuyaux qui lui donnent de l'eau à discrétion, et pendant presque tout le mois d'octobre il a récolté sur ses Fraisiers, des Fraises superbes et d'un parfum exquis. Les pieds qui lui ont donné cette seconde récolte sont, relati- vement aux autres, dans le rapport de 8 à 10 et appartiennent aux variétés Madeleine Lerebours et Excellente. CATALOGUES U'HÛRTIGULTURE POUR LE PRINTEMPS 1>E 1870. Aldebert (Mme veuve), à Lille (Nord). Catalogue de nouveautés et spécia- lités en Rosiers, Dahlias, Pelagoruiums, et en général de plantes de col- leclioDS. Bull (William), horticulteur à Chelsea (Angleterre). Catalogue de plantes nouvelles, rares et belle», en bout? genre, cultivées dans eet établissement. (Prix, un shilling.) DuYi-vier, quai de la Mégisserie, n° 2, Paris. Catalogue de graines des piaules potagères et fourragères, avec notés abrégées sur la culture et l'é- poque des seaiis; — Supplémeut au Catalogue général. H. Jamaiii, rue de la Glacière, Paris. Rosiers nouveaux. liierval, rue de Rouvray, 5, à Neuilly (Seine). Catalogue prix courant ; cul- ture spéciale dp. nouveautés et de plantes à feuillage. IVartly aîné, à Montplaisir (Lyon). Plantes nouvelles obtenues dans l'établis- sement : Canna, Géraniums, Œillets remontants. Pétunia, Verveine. Rong'ier-ChauTière, 152, rue de la Roquette, Paris. Catalogue général de Dahlia, et Catalogue prix courant des plantes cultivées dans l'établissement. -. 160 — Terdier (Charles), 12, rue Duraéril, Paris. Nouveautés pour le printemps de 4870 ; Rosiers et Caladium. Travaux iu mm de hm. Potager. Le jardinier doit toujours penser à l'avenir; si les légumes abondent ce mois-ci, il n'en est pas de même dans les mois d'automne; il doit continuer ses semis de choux-fleurs, brocolis, choux-navels, navets, radis roses et noirs, choux à grosses côles, de Milan, de Bruxelles, chicorée, scarole, laitues, hari- cots, pois de Clamart, etc. Jardin fruitier. Le pincement, l'ébourgeonnage et le palissage sont les prin- cipaux travaux du mois. Les branches nouvelles qui s'emportent trop devront être pincées; mais il faut bien se garder de les couper trop court; tous les bour- geons de la base se développeraient, et à la taille prochaine on se trouverait très-embarrassé par la présence d'une foule de faux bourgeons. On doit se con- tenter de pincer seulement l'extrémité, ainsi que le recommande M. Lepère, et si plusieurs bourgeons se développant au sommet faisaient confusion, on les taille en vert au-dessus du bourgeon inférieur qu'on pourra lui-même pincer si son élongation est trop rapide. Pour l'ébourgeonnement du pêcher, on peut en- lever sans inconvénient tous les bourgeons qui se trouvent sur les branches frui- tières, au-dessous des fruits, et qui pourraient gêner dans le palissage ; le bour- geon terminal qu'on peut rogner indistinctement, suffit pour appeler la sève nécessaire à la maturation des pêches. Jardin d'agrément. Les soins de propreté, placement des tuteurs, palissades des plantes grimpantes, sont à peu près ce que réclament les jardins d'agrément, On plante les Dahlias, et met en place les plantes repiquées en pépinières, et pendant la belle saison, telles que Pétunia, Chrisanthéme frutescent, Pelar- gonium, Ilàbrotamnus. Les semis de plantes annuelles du mois dernier peuvent se continuer dans les premiers jours du mois ; mais il est trop tard pour les Reines-Marguerite et les grosses Giroflées jaunes. C'est le bon moment de semer les espèces vivaces et bisannuelles, telles que Primevères, Ancolies, Phlox, Pieds d'Alouettes vivaces. Croix de Jérusalem, Roses Tremières, CEillet de Poètes, Campanules, Digitales, Coquelourde», etc. aBE£xSX3Saessa Paris — Imprimerie horticole de E. Donnaud, rue Cassette, 9. LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR, RCF CASSETTE, 9, A PARIS. LE CHAMPIGNON & SA CULTURE PAR M. LAIZI ER 1 volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent. ESSA SUR L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE COMPRENANT HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC Ki'lmdieation des moyena propres & les éloigner ou aies détruiro et I.'UISTOIRE DES IMSECXES EX AXJXRES AWIHIAUX UTICES AUX CULXUItES Par le Dr BOISDUVAL. uvrage illustré de 125 figures gravées sur bois, et orné du portrait de l'auteur gravé sur acier. Prix : broché, 6 francs. GUIDE OUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE P A K KRŒNISHFRANGK BOTANISTE Un joli volume iii-32 colombier, avec gravures coloriées.— Prix, broché : 6 fr. MÊME LIBRAIRIE. L ' O R T I E SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier avec gravures. — Prix, broché : i fr. 50. Librairie de E.Donnaijd, rue Cassette, 9. L'INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL TRAITANT DES IN$ECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS, DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGÂTS âc DES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER RÉDIGÉ PAR MM. D"" BOISDUVAL, H. HAMET, V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVALETTE, MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D"" BALBIANI, PILLAIN, GOUREAU, PLANCHON, A. GELOT. PRIX DE l'abonnement : 10 FRANCS PAR AN. Une livraison de 32 pages in-8° avec une plat. Paraît chaque mois. jBUREAUX: RUE CASSETTE, 9, A PARIS. Vient de paraître à la Librairie de E. Donnaud. ANNÉE 1870. NOUVEAU JARDINIER ILLUSTR É BÉOIGÉ PAB MM. F. HERINCQ ALPH. LAVftLLÉE — L- NEUiViANN — B. VERLOT — CELS —COURTOIS- GERARD — J.-B. VERLOT — PAVARD — BUREL Ayecplas de SOC dessins intercalés dans le teite^ DE MM. COURTÎN, FAGUET, MAUBERT ET RIOCREUX GRAVÉS PAR M. BISSON. IJi-18 JÉSUSDEPLDS DE 1,800 PAG. PRIX BR.. 7 Fr.CART,: 8 Fr. REL.: 9 Fr. N-G. 90* Année. 1890. (DU 62^ (aiQOÎ ©253? ©CîKîlÏÏ^Îlîg Êî m JOURML DES AMATEURS ET DES INTERETS UORTICOLES CONTENANT LA CDLTDRE RAISONNER, \A DKSCliirTlON ET L'IllSTOinE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TEIlllE. DES FliUlTS ET DES LÉGUMES, LA DESCRIPTION ET L'USAGE DES I^STIlliME^TS NOUVEAUX, PUBLIÉ AVKC LK CONCOURS DES AMATEORS ET DES PRINCIPAUX HORTICDLTEDRS DE FRANCE SOUS LA DIRECTION OK M. F. HERINCQ, BÉDACTEDU EN CnEF. kTtkcni ta Mcst'OM d'histoire iiATunEi.Le de PAniti, CollallOraleiir du Manuel Jn l'Iamei, dos figures du Bon JanllHfi, Ex-lté(lacteiir principal lIC la Socléli •i'li„ilituliurr Je la Seine , Membre bouuraire et curresiiuiutaiil de plusieurs Sociétés d'Iiorticiiltnre, etc. li'norticniteor Français paraît le S de chnqiie mois, par lirraison de 52 paijes de texte graad in-8, et d'une planche gravée et coloriée arec le plus grand soin. l Paris 10 fr. par an. PRIX DE L'ABOMXEMEÎST : ! DÉPARTEMBNTS. 11 fr. — V ÉritANGEii .... 15 fr. — Toute» les demandes d'abonnement devront être aixompagnécs d'un Imn du montant de l'alMinne- mentsnr la poste on sur une maison d>! Paris, et au nom du M. E. OONNADD, rue Cassette, 9.. Les Souscripteurs (les départements qui n'enverraient pas, avec leur demaniIc, seltf,^, et de communiquer .^.., ^^ ,,,. Nous mettons sur la dernière pui/e ..„ mois et dont nous avo7is reçu un exemplare sont priés défaire parvenir leurs calnlo{iiies au bureau du journal, rue Cas- er tout ce qulls auraitHl d'intér^sxaul à faire connaître par la vole du journal, miière pai/e de l'Horticulteur français, le nom dex ca!ah>r/u>'S parux doux te Librairie de E. DONNAUD, éditeur, rne Cassette, 9. DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT L'HtS-rfimE LA DESCRIPTION, LA FIGURE DES rRUlTS ANCIENS ET I>ES FRUITS JÉODEftNES Les ptus généralement co:1nus et cultivés, Par André LEROY, PÉPINIÉRISTE, Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président du Comice liorlicolc d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger. EN VENTE 2 volumes grand in-8". Tome 1" A— C, 389 variétés. ) } 91 o variétés. Tome 2« D-Z, 526 — j Prix: broché, tO fr. le volume. Soit 20 francs pour l'exemplaire complet de l'HISTOIRE DU POIRIER, SON HISTOIRE , SA CULTURE Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales Par E. ÇHATÉ fils, horticulteur. Un volume in-lG colombier.— Prix : bpocbé , 1 fr. 50 CULTURE DES PLANTES AQUATIQUES par M. D. HÉLYE Chef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : i fr. 50. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR Un volume ia-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Prix : 1 fr. «5. SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NDHËRO. F. IfEniNCQ, Chronique. — F. Herincq, L Exposition d'horticulture du 27 mai à Paris. — F. IIi:ki>cq, Pêche Robert-Lavallée (PI. VI). — A. Lavallék, Le Ceanothus velutinus. — J. Jouan, Noie sur l;i IVuLlilication du Sbralitzia regiaae. — A. Feriueu, Le. Soufflet injecte ur Pilon, avec figures noires. — EaN. BoxARD, Plantes nouvelles. — L. Guuoier, La Cliicorée frisée de la Passion, — X..., Travaux du mois. CHRONIQUE Un bois de Séquoia gigantea ea France; tentative de M. Ernest Baroche- in- succès probable; oiiuvdise coiiiitioQ d'établissem^at ; cffot fàclieux • les ea- ncmis du progrès agricole s'en frotleront les mains; mais échec n'est pas- mat. L'Ailanlhe comme arbi'e forestier; la valeur de soa b)is. L-^s E ica- lyptuà. Ilisticité de qiclquiis Palmiers dans le midi; un Palmier fruitier à introduire. Culture di Jalap à Paris. Inflience des expositions almo^plié- riques. Expo-itions universelles interniUoaales de Londres et de Lyon pour 1871. Visite d.î VI. Mixwell Masters, aux présidiints des coTiit-^s franciis au sujet de I expoiiti')n de Londres; résiltaL. La Société iraiiiiraliou mutuelle dite Société coopérative des amis de l'instruction scientifique. L'autre jour, en gravissiint péniblement, sous le feu d'un so- leil torride, la montée de la Grippe qui longe le parc de Gui- trancourt, aux environs de iVhntes, je me suis cru — mais pour un instant seulement — sur quelque haut plateau califor- nien, dominant une vaste forêt habitée par des géants du règne végétal, le Séquoia (jUjanlea. Je voyais poindre, en effet, sur le versant ouest do cette butte inculte, des masses de peiites cymes séquoiennes, et mon imagination aidant, je pouvais les prendre pour les extrémités des flèches de Séquoia gigantesques qui se seraient élancés, d'une vallée profonde, jusqu'au niveau d'une crête de montagne quelconque du pays aux pépites d'or. J'ai cherché à me faire illusion; mais la tour de Mantes, où fut inhumé Philippe-Auguste, et qui se dressait dans le lointain, me rappelait, sans cesse, quoj'étais seulement dans les environs de Paris. Ce que je pouvais prendre, avec b^iaucoup d'imagi- nation, pour des extrémités de Séquoia géants, était tout bon- Juin 1870» 4t «- 162 — nement des Séquoia naissauU que M. Ernest Çiroohe avait fait planter sur ce coleau aride, qui, jusqu'à ce jour, n'a pu pourrir que des CaroUcs sauvages; et, ma foi, un bois en mi- niature de Snquoia gigan'ea, en France, était bien aussi inté- ressant qu'une foiôt californienne. Je me bovnai donc à la réalité, c'est-à-dire à examiner cette tenlalive de culture en grand de l'arbre géant de la C;»lifornie ; tentative qui, mal- heureusement, nuira plus qu'elle ne servira à la propagation da Séquoia comme arbre forestier européen; carie résultat n'encouragera pas les voisins de M. Ernest Barocheà l'imiter, et lui-même conclura t-il, d3 l'insujcès certain de son expé- rience, que le Séquoia ne peut entrer dans l'aménagement de nos forêts. Il est bien certain, cependant, que le Séquoia est un arbre rustique, qui résiste parfaitement à nos hivers les plus rigou- reux, et qu'on peut, dès lors, regarder comme positivement acquis à la sylviculture européenne. Malheureusement, dans notre pays, les innovations sérieuses, utiles, sont difficiles ; l'agriculteur est tellement routinier, qu'il ne sort de la voie suivie par ses pères que poussé par la jalousie que font naître les succès de ses voisins. Aussi, les hommes intelligents, qui travaillent au progrès de notre agriculture, doivent-ils agir avec prudence auprès des habitants des campagnes, et ne les faire jamais assister qu'à des expériences dont le succès est certain, assuré par des es- sais tentés à huis clos. Non-seulement le routinier est heureux -de voir l'intelligence se tromper, mais il s'appuie sur ses in- succès poup excuser son apathie, plutôt que son antipathie pour le progrès ; il n'est pas aussi indifférent que cela aux gains . Quand il voit son voisin empocher cent sous, en perfec- tionnant ses cultures, quand lui a bien de la peine à en tirer 50 avec celles de ses aïeux, il sait très-bien modifier les siennes. — 103 - U n'est pas besoin, alors, de le prêcher beaucoup; il faut même ne le point prêclier du tout ; an seul exemple fait plus qu'un déluge de piroles. Parmeniier connaissait bien son genre humain, quand il faisait garder, pendant le jour, son champ de pomme de terre dans la plaine de Grenelle, et qu'il relirait ses gardiens pendant la nuit. Prêchons comme lui d'exemples. Ces réflexions me sont suggérées par le milieu dans lequel M.Ernest Baroche a placé ses Sfr/wom. Sans doute cet arbre croît dans les terrains sableux \ mais il faut que ces terrains soient assez profonds pour que les arbres puissent solidement s'y at- tacher par leurs racines. Or, le sol de la Grippe, à Guitrancourt^ n'a aucune profondeur; c'est de la poussière qui repose sur la pierre calcaire, et, pendant les chaleurs d'été, les rayons du soleil pénètrent entièrement la faible couche de cette terre ponssiéreuse qui devient brûlante. Le Séquoia, quelle que soit sa tempérance, ne trouvera jamais, là, de quoi se sustenter; ses racines seront brûlées parle soleil, et, dans le cas heureux où les racines résisteraient à l'action du feu du ciel, il est plus que probable qu'elles ne pourraient pas opposer une grande ré- sistance aux vents, étant superficielles, puisque la couche de pierre est à 30 ou 40 cent, delà surface du sol. L'essai de M. Ernest Baroche, à Guitrancourt, ne sera pas heureux, je le crains; il n'aura que fourni, aux cultivateurs routiniers, l'occasion de se frotter les mains. Qu'il ne se dé- courage cependant pas. Le Seciuoia réussit parfaitement en France; les gelées n'ont sur lui- aucune prise. Il est sobre comme un Arabe, c'est vrai; mais il lui faut un bon point d'ap- pui, et un sous-sol sableux un peu humide ne lui est pas désa- gréable. M. Ern. Baroche peut le trouver très-facilement dans quelques parties de ses bois;"ce n'est que partie remise : échec . n'est pas nini ! * Un autre arbre, qui mériterait aussi une large place dans nos forêts, et qu'on né trouve encore que dans les parcs, c'est — 104 — l'Ailanthe ou Vernis à[i ia^on (kilanlhus glandulosus). Nous n'avons, en France, aucune idée de la valeur de cette espèce. Son tronc est très-élevé, très-droit. Le bois est moins dense que celui du Chêne, mais il est bien supérieur comme densité " au bois de i'Orme ; l'élasticité et la ténacité sont plus grands que dans ces deux essences. Des expériences ont été faites ces temps-ci; des plancties d'Ailanlhe exposées à l'air sans abri ni peinture, se sont parfaitement conservées pendant vingt-sept ans. Le bois se scie très-facilement et acquiert en- suite, exposé à l'air, une grande dureté. En Amérique, on fa- brique, avec ce bois, des outils pour l'agriculture et il ne se forme ni fentes ni crevasses ; ses branches se prêtent facile- ment à la confection du charbon de bois, et son tronc est très- propre à la charpente. C'est un arbre très-précieux qui pousse très rapidement, et qui doit prendre place dans nos bois et forets ; nous le recom- mandons aux forestiers. L'attention des acclimatateurs est portée, depuis quelques années, sur certains habitants végétaux de l'AustraUe, ]es Eu- calyptus; s'il faut en croire quelques écrivains, ce sont des ar- bres qui intéressent Sdalemenl Ijs m'riJionaax et ce serait au même titre que les Palmiers, c'esl-à-dire comme arbre d'agré- ment. Pour nos lecteurs des régions privilégiées de la France, c'est déjà quelque chose; mais nous croyons ces écrivains mal renseignés; dans un prochain numéro, nous ferons con- naître les résultats obtenus." Voici quelques renseignements sur la rusticité de plusieurs Palmiers que nous empruntons aux observations de M. Naudin publiées dans le dernier bulletin de la Société d'acclimatation de Paris. A Gollioure, où notre confrère a établi son jardin d'expériences, la température est descendue, dans la dernière semaine de décembre dernier, à 6 degrés au-dessous de zéro. Beaucoup de végétaux exotiques, qu'on y regardait comme — 465 — invulnérables, ont éié tués roides par ce froid. Ont résisté : un Phœnix reclinata, de la Cafrerie, qui a perdu tontes ses feuilles, mais le cœur étant bon, il repartira ; le Lrvislonia ou Corypha australis; le Phœninc farinifera, charmante espèce demi-naine très-pittoresque, le Sabal palmelto des Etals-Unis du sud; \e Levislonia humilis àe la Nouvelle-Hollande; le Jii- bœa spcclabilis ou Cocotier du Chili, dont la rusticité est à toute épreuve , enfin le Phœnix dactylifera ou Dattier et les Cha- mœrops qui n'ont rien à craiudre des iiivers les plus rigou- reux ôe celte région méditerranéenne. Tous ces Palmi('rs ont éié ensevelis [)eudant 12 jours sous un mètre de neige; M. Naudin les regardait comme perdus; ils étaient complètement aplatis comme le senties plantes des her- biers ; on les croyait morts, mais aussitôt que la neige fut fondue, tous ces jeunes Palmiers se redressèrent, et finalement, aujourd'hui, ils se portent tous très-bien. M. Naudin conclut de là que les Palmiers sont plus robustes et plus endurants. des intempéries que leurs provenances tropicales ou quasi-tropi- cales né le feraient supposer au premier jibord. Aussi recom- mande-t-il, à la Société d'acclimatation un Palmier fruitier, le Cocos yataï de d'Orbigny. « C'est, dit-il, un des plus rustiques de la famille et probablement l'égal, sous ce rapport, du Jitbœa sj)ectabilis, qui est rustique, même à Montpellier oîi les hivers ne sont j)as doux. De plus, c'est un arbre fruitier de premier ordre, et même un arbre agricole, en ce sens que les noyaux huileux de ses grosses drupes sucrées sont fort recherchés du bétail qu'ils engraissent rapidement. » La Société d'acclimatation rendrait donc un réel service aux cultivateurs de la Provence et de l'Algérie en introduisant une bonne quanlité de graines de ce précieux Palmier. Une introduction intéressante, dont parle le jardinier en chef du jardin de celte Société, M. Quiliou, est celle du Jalap {Exogonium.purga); c'est une espèce de convolvulacée ou volu- — 166 — bilis, qui rend de grands services rmx IMexicains et aux Euro- péens qui en font un usage modéré d'après ordonnance de médecin. M. Qiiihou ne paraît pas satisfait du résultat qu'il obtient depuis deux ans, dans la culture de cette plante; les petits tubeicules qui se forment n'arrivent pas, dit-il, à matu- rité, faute de chaleur, et il est obligé de itiaintenir ces plants en végétation dans la serre chaude pour les conserver. Il est moins heurtux, dans ce cas, que le jardin de l'école de médecine, oii le Jalap, depuis plusieurs années, passe parfaitement en pleine terre, dehors, mûrit ses tubercules, et montre même ses jolies fleurs en clochette. Sa rusticité n'est pas douteuse, le succès ou l'insuccès tient, évidemment, aux soins de culture ou à un simple effet d'exposition. On ne se rend pas assez compte de l'influence de l'exposition ; elle est énorme, et peut déterminer une avance ou un retard d'un mois au moins dans la floraison d'une plante automnale ; assurer ou faire manquer la maturation des espèces de région chaude. Cette année encore j'ai constaté une différence de 1 2 jours dans la floraison des Iris exposés au midi et au nord. Les premières fleurs des Iiis exposés au midi se sont dévelop- pées le 15maij tandis que celles de l'exposition nord n'ont commercé àfleurir que le 27. Et puisque je parle exposition, rappelons que, l'année pro- chaineily en aura une, d'un autre genre, à Londres : unegrande Exposiiion universelle d'hortîcuknre. Un comité français a été nommé, qui doit recueillir les adhésions des horticulteurs; MM. Dioiiin de Lhuys et Decaisne en sont les présidents. A celte occasion nous avons eu l'agrénble et flatteuse visite d'une des rotabilitcs horticoles de l'Angleterre,^!. Maxwell Masters,rédac- | leur en chef du CardenersChronirlc.Cc savant est venu à Paris pour conférer, avec les [irér^idunts de sections agricoles et hor- ticoles. Mais je crois qu'il est reparti comme il était venu , sans le moindre rtAseignement sur les intentions des horticulteurs ^ 167 — et agriculteurs français. Personne ne s'en est encore occupé. Aussi, en nous quittant, nous d-t-il agréàbleriient et spirituelle- iiient reproclié de ri'iivoir pas, en Fratlce, une activité bien dévorante pour aider au succès des expositions horticoles in- ternationales. Comme il a i-aisôn! J'espère toutefois que nos horticuiletirs tiencli?orit a honneur dfe rùoiitrer leurs produits, à côté dé ceiix des horticulteurs anglais, et qu'ils porteront hadt le drapeau français !... Ma foi, j'ai risqué le drapeau ; çâ fait généralement très-bien; je suis persuadé c{ue, iiiàintehaht, tous les horticulteurs dje JPrance voht envoyer leur adhésion pour l'Expositioh iiilërnàtionale de Londres 1 87 1 , et qu'il n'en restera plus un seul pour celle de Lyon ; car Lyon aura aussi la sienne à la môme époque. Ces Expositions internationales sont contagieuses comme la petite vérole , toutes les i^illë^ \èè atltapent, et je ne désespère pas d'en voir bientôt une au hameau de Radis-lès-Fouilleuses, montée par une société anonyme, comme cblïé de tyoh, avec liii capital dé garantie de 50(i,ObO fi*. O^and donc seroHà rioiis âssêzraisdrinablesjiout'userd'u'rie chose, sârife jamais eh abuser? \]hè autre inventiôli toiit aiussi contagieuse, dont oh abuse, et qui menîice de devenir aussi envahissante et aiissi perni- cieuse que Vorpliconisme; c'est le coopérai ivisîuè littéraire fet scieniifiquc. Je coiiiprends leà sofclélés coopératives pour la bou- langerie, la boucherie, Tépicci-ie ; niais liaîichemeril pour une société coopé^alive' dés dmi^ de l'irt^trucliori, je cesse absolu- ment d'en comprendre l'écOno'mic ; si ce n'est qu'on voudrait peul-ôlre créer un haras pour la production, à bon marché, d'une grande quantité d'ânes savants. Elle existe et fonctionne déjà celte société ; car elle est en train de bdttre la caisse dans hhappcl. Voici la réclame c|u'on tient de nie faire lire dans le n°du l*^' juin de ce journal. « La Société cocpérative des amis de l'instruction (I) vient (<) rSe feraii-flle jas mieux de pendie ce tilre : Socielc dcmucratico-cûopc- rativc d'aduiuulioii et d exaltation rnuluellei? [•. H. — 168 — . d'organiser une série d'explorations scientifiques populaires. Elle nous prie d'annoncer que plusieurs de ses sociétaires feront dimanche 5 juin, à Meudon, une course botanique sous la di- rection de M. Verlot, chef de Técole botanique du xMuséum. 3) Afin de rendre fructueuse cette excursion, deux conférences sur le même sujet seront faites à la bibliothèque, par M. Pois- son, conservateur (????) des collections botaniques au Muséum les 2 et 3 juin à 8 heures du soir. y> , Où allons-nous, mon Dieu ! Allons, vote pour moi, j'volerai pour loi!... Kt on dit qu'il n'y a plus d'enfants!.. . F. Herincq. L'EXPOSTTION HORTICOLE DE PARIS. Si je sais par oîi prendre cette exposition, je veux bien que le loup me croque ! Je me garderai donc de le savoir, main- tenant, car le loup me croquerait, et une foule de braves gens — dans leur jubilation — seraient capables d'en illuminer l'intérieur de leur cœur ; je ne tiens pas absolument à leur procurer si doux et grand plaisir. Je voudrais commencer par quelque chose qui empoigne, comme on dit, tout de suite le lecteur, et l'attacher par d'au- tres choses qui le forcerait à lire jusqu'à ma signature inclusi- vement. Ecrire avec la certitude qu'on ne sera pas lu, — et c'est le sort des comptes rendus d'exposition d'horticulture, — ce n'est pas encourageant, c'est même peu fait pour don- ner des idées entraînantes . Si j'écrivais pour des I.\I. Van Aoker et Barlou. 11 y en avait deux beaux grands sujets appartenant à Leroy — 176 — Isidore fort admirés par les amaleurs-connarsseursj ils étaient, ceux-là, splendides. Un genre qui, chaque année, attire les visiteurs, c'est le genre calcéolaire. M. Vilmorin en avait un lot d'une culture peu commune ; les autres lots appartenaient à M.M. Moyse, Plateau et Grandjean. J'aurais dû offrir aux Coleus les honneurs de la première page; ceux que MM. Morlet, Lierval et Welker avaient pré- sentés étaient dignes d'une pareille place : Morleti et Thomasi de 31. Morlet étaient très-remarques des amateurs en ce genre ; car ici je m'efface : la beauté des feuilles est pour moi une beauté de pure convention et je ne la comprends pas : j'en excepte toutefois le Coleus Saisonif qui offi'e des coloris si vifs et variés que les feuilles alors ressemblent à des fleurs. Je m'extasie bien un peu aussi, chaque année, devant les Caladium de M. Bleu; mais c'est absolument pour n'avoir pas l'air d'un crétin et par déférence pour l'homme dévoué qui se livre exclusivement à la production de nouvelles va- riétés. Dans le lot exposé le 27 dernier, il m'a semblé qu'il y avait plusieurs nouveautés qui étaient bien cousines germaines avec des anciennetés. Prudence, Monsieur Bleu, ne soyez pas trop bon père ; sachez sacrifier les nouveau-nés qui res- semblent trop à leurs aînées. Emilie Verdier.est une charmante petite plante bien distincte avec ses feuilles blanc carné à nervures etbDrds verts veinés de blanc; Meyerbeer avec ses nervures vertes et ronges ; Dachartre avec sa teinte rosé sur fond blanc, sont encore distinctes ; mais Edmond André me paraît de trop d;ms la collection, à moins qu'on ne le préfère à Henderson, ce à quoi je n'ai rien à redire. J'ai aussi pour le Bégonia une admiration d'estime : c'est curieux, très-intéressant, mais, pour rester en contemplation devant eux^ il faut être possédé de l'envie de compter le uombre des petits points qui se trouvent sur la face argentée — 177 — de Madame Hermcq-, après tout, c'est un amusement comme un autre. M. Emile Chaté en exposait une nombreuse col- lection , dans laquelle se trouvaient Boliviensis en fleurs , Madame Alphonse Lavallée , Duchartrei , Secrétaire Morren , Mada)ne Mézard, Robusta, Imperatur^ etc. C'est du milieu de ce groupe de Bégonia que se dressait un Canna panaché, nouveauté de M. Chaté, àfeuilles marquées de bandes obliques alternativement verbes et pourpre brun foncé. Celte fois, les plantes à grands feuillages n'étaient représen- tées que par les Palmiers, Dracœna, et Fougî'res de MM. Cban- tin, Lierval, Savoie et Luddcmann ; on nous avait fait grâce des Sapins, des Houx et des Troènes. Le lot de Palmiers de M. Lierval était composé de 80 espèces rares ou précieuses ,' comme les VerschaffeUia melanochetes, Brahea spinosa, Onco- sperma naîi-houtlcana , etc. ; les collections Savoie et Ludde- mann comprenaient, surtout, des petites jdantes d'espèces d'appartements. Quant à M. Cbanlin, il exposait de beaux et grands exemplaires eu Latania borbonica, Brahea dulcis, Thrinax elegans, Ceroxghnn niveum , etc. En Fougères , il avait de superbes Cyathea meduliaris et dealbata, Balantiiun antarcticuni, Cibotiuni Beirichianum. M. Lierval eu exposait une très-riche collection. Parmi les Pwidanus du lot Lierval, je citerai son magnifi- que re//ea?a, \QPorieana à feuilles disposées sur trois faces; le candelabrum ; les ornata et Vandermeerschii , excellentes plantes pour appartement , et une espèce innommée de Ma- dagascar, dont les feuilles sont couvertes d'une poussière blanche cireuse très-remarquable. Les Broméliacées avaient queli|ues représentants dans les lots de MM. Lierval et Luddemann. C'est le Bromelia bracteata de M. Lierval, qui a été, cette année, l'enfant chéri des visi- teurs ; tout le monde le demandait : les grands journaux même J»«/H870. 42 — 178 — en ont pai'lé. Cette espèce est^ en effet, très-curieuse t elle oiîre un fruit d'Ananas du plus beau rouge. Les Orchidées de MM. Luddeuianu, Linden, Chantin et Chenu étaient aussi Irès-rechercliées. On admirait de fartes et belles touffes de Cypiipediitm barbalum superbum, villo^iinif Hookerii superbiens ; Callleija Mosiœ, Aerides falcatum, Lœlia purpurata, Stanopea saccata superba de M. Luddemann j le Selefiipediiim caiidatum du lot de M. Chenu ; les Mesospinidium sa?i(juineum, Odontoglossiim Ehrcnbcrgii nœvium et Pescatorei de la coUeclion Linden. Comme collections déplantes de serres variées, on" comptait d'abord celle de M. Lierval, la plus nombreuse en espèces rares ^et nouvelles ; puis celle de M. Nadaillac, remarquable par lîÀ belle culture et la vigueur des sujets ; de M. Grandjean, amateur comme le précédent, et daus laquelle se trouvaient beaucoup de bonnes nouveautés, au nombre desquelles on peut citer le Delechampia Roezlei, qui est loin de tenir, d'après les plantes exposées, ce que les dessius des journaux anglais avaient promis; enfin le lot des plantes nouvelles de M. Linden. Dans le lot Lierval, je signalerai les Dracœna Gailfoylei, à feuilles rubanées rose et jaune pâle, CyanophyUum speclandum à feuilles veloutées, Alocasia hybrida, Ledenbergia rosea œnea, ' Fittoniagigantea, Tillandsia Lindeni, Dracœna Liervaliiy Co- leûs Saisoni, qui n'est pas mort, comme on en faisait courir le bruit, Phyllagathis rotundifoîia, Philodendron impériale, Bi- gnonia argyrea violescens aux feuilles marbrées de rose lilacé clair et vert cuivré. Quant aux plantes nouvelles de M. Linden, elles portent les noms : Dioscorea eldorado, Dracœna lentiginosa,' Xanthosoma 'Wallisiij CissusLindehii, Acer palmatam foliis rhticulalis,Ma' rozamia &yl.indrica, Dracœna lulescens striata, AUernanlhera cdmabilis lalifolia. Vu résumé les amateurs-connaisseuM ont dû être charm's 1 — 179 — decefte eJfposKion; ils ont pu trouvera moissonner. Les ad- mirateurs d'ensemble n'ont pas été satisfaits; il leur mau- qtiait de gros spécimens à eflet. Ils auraient voulu un plus grand nombre Je fortes plantes dms le genre des C/mjsanf.he- mumfrutesccns, deM. Giroux. des Az liées de M. Isidore L.îroy, àcsCyanop/njllummagnifictnnôeM. Gliantin, ou des colonnes en lierre, surmontées de Géranium comme celles de M. Lassus. Il est bien cerlam qu'une grande quantité de forts sujeis en* plantes ileuries n'aurait pas fait mal dans le piy.sage; mais, telle quelle était, celte exposition n'a pas fait regretter les vin-t sous d'entrée que le public paye, maintenant, sans la moindre observation; c'est passé dans nos mœurs. Enfin, comme couronnement de l'édifice, je rappellerai les incomparables Asperges de M. Louis Lhérault, et j'enregistrerai les Pommes Calville et Apis conservées de M. Chevalier- les primeurs en Pèches, Prunes, Raisins, Melon, Ananas, etc.', de MM Crémont, de M- veuve Entraygues, et de l'exposant por- tant le n° 126, le jour de l'ouverture de l'I^xposilion. S'il n'est pas satisfait de cette mention au numéro, qu'il s'en prenne à la Société d'horticulture qui avait ouvert les portes avant le travail du Jury, et qui a privé, ainsi, les exposants du bénéfice qu'ils auraient pu tirer de l'afaaence des visiteurs, si leur nom avait été placé à chaque lot; l'absence de ces noms n'a pas permis, en effet, aux amateurs de prendre des notes. Et maintenant, que j'ai fait tout mon possible pour être gentil envers tout le monde, advienne que pourra. F. Herlncq. PECHE ROBERT LAVALLÉE (Pl. VI). La Pèche que nous figurons, dnns ce numéro, a été rccolt(5e 5ur un arbre tige plein vent, provenant d'nn semis fait, à Se- — 180 — grez, il y a quelques années, avec les noyaux de Pêche de vigne provenant du Mans. Elle était la compagne de deux ou trois cents autres, dont quelques-unes étaient encore plus grosses. On peul juger, par là, ce qu'on pourra obtenir d'un arbre en espalier et traité, t[uant au nombre de fruits à con- server, â la manière deMonIreuil, c'est-à-dire en ne laissant que 8 à 10 pôùhes par môlre sur chaque branche. Cette Pêche, quia été reconnue nouvelle par les maîtres es science pomologique, est toutefois proche parente delà Che^ vreuse tardive et delà Reine des vergers. L'arbre est très-vigoure ix, excessivement fertile et tardif; il mûrit ses fruits durant la dernière quinzaine de septembre. Ses fleurs sont petites, de couleur r isée; le calice est cam- panule rouge brun, à tube glabre et à dents arrondies, duve- teuses inlérieurement; les pétales sont obovales concaves, à 'peine plus longs que les dents du calice, rosés sur le limbe, et rouge sang sur l'onglet; les étamines nombreuses, inégiles, ont le filet couleur carmin; l'ovaire est conique duveteux, sur- monté d'un style velu à sa bise, glab['3 s ipirieirement, et dépassant à peine les étamines. La floraison a heu à la fin d'avril. Les feuilles sont lancéolées, glabres, obfussment dentelées, pourvues de 4 à 6 glandes inégales et de deux formes : 2 sont pétiolaires, arrondies, et 2 ou 4, occupant la place des dents, à la base du limite, sont réniformes. Le jeune bois est vert olive plus ou moins fortement teinté de rouge brun. Le fruit est de première grosseur et de première qualité ; il est allongé, terminé par un mamelon assez fortement ac- cusé, et marqué d'un sillon longitudinal profond; sa chair blanche, Irès-succulenle, recèle une eau abondante très agréa- ble ; enfin sa peau, fortemeiit pourprée du cô!é du soleil, et vert jaune teinté de rose du côté de l'ombre, a le fin duvet di^s — 181 — joues rosées du jeune et charmant Bébé auquel nous avons dédié cette délicieuse Pèche. F. Herincq. CEANOTHUS VELUTINUS. Ce Ceanothus, introduit depuis quelques années dans les cultures européennes, est une espèce cnlifornienne décou- verte, par le voyageur Perry, dans les monlaj^nes rocheuses, sur le territoire de Colorado compris entre le 39' et 41« degrés de latitude. C'est un petit arbuste très-élégant à la cyme bien arrondie qui se couvre, vers la mi-mai, d'innombrables petites pa- nicules de fleurs légères, blanches, d'une odeur agréable analogue à celles du Robinia faux Acacia, mais plus faible, plus douce. Son fi'uillage est Ircs-beau et persistant ; il est composé de feuilles ovaks elliptiques, longues de 4 centim. sur environ 3 de largeur, asccz épaisses, bordées de irès-fines dents, d'un beau vert foncé et glabres en-dessus, de couleur vert pâle, ou plus ou moins jaunâtre et très-faiblement veloutées en-dessous. Par le temps de plantes à feuillage qui court, ce Ceanothus Inclut inus pourrait être présenté comme tel aux amateurs. Mais nous lui croyons un plus grand mérite. Par l'abondance de ses fleurs blanches, il est bel et bien un arbuste d'ornement, et il me semble qu'il serait ti ès-recherché sur les marchés, dès le premier printemps, comme plante d'appartement; élevé en serre, il fleurirait plus tôt, et cultivé, comme plante de jardin d'hiver il aurait du succès. Tout le monde a admiré la floraison de ce joli Ceanothus dans l'École de Segrez, où le sujet fleuri est livré en pleine terre depuis cinq ans. — ■182 — Chaque année, on l'enveloppait de paille pour le garantir des gelées ; mais le résultat de cette prëcaulion était la chute de toutes ses feuilles, et la pourriture de l'extrémité herbacée de ses rameaux où se développent les panicules. Cet hiver, je n'ai fait mettre qu'un simple toit en pqille supporté, au- dessus, par 4 piquets et mon Ceanothus n'a perdu aucune feuille; toutes les ramificalions sont actuellement garnies de fl'eurs tellement nombreuses que l'arbuste paraît couvert de neige. Cette espèce n'atteint guère que 1 mètre à 1 m. 50 cent, de hauteur. Alph. La VALLÉE. NOTE SUR LA FRUCTIFICATION DU STRELITZIA REGINtE (1). Tous les amateurs connaissent, pour l'avoir vue ou pour en avoir entendu parler, la magnifique musacée, qui porte le nom de Slrclilzia regmœ; on ne peut rien voir de plus éclatant que les fleurs de cette plante, où se trouvent associées les nuances tranchées du jaune et du bleu de ciel, et dans une disposition telle, qu'on croirait, de loin^ voir la tète et le bec d'un oiseau singulier plutôt que les pétales d'une fleur. C'est dune un or- nem.ent très-distingué pour les serres. Les plants de Slreiitzia sont rares et chers. Tous les auteurs,, en s'exlasianl sur la beauté hors ligne de cette plante, n'ont pas manqué de piirler de la difûciilté de sa multiplication. Le Boii ardinier porte qu'on ne peut le multiplier que par là division des touffes. JM^iis c'est là un exf)édient tiès-dangereux pour une plante dont les racines sont grosses et charnues et qui entrent jiar conséquent assez facilement en pourriture. (1) Ânn. Soc. d'iiort. de Maine-et-Loire, 1810, p. 49. — 183 - J'ai cru devoir aider la nature, quoique les auteurs affirment que la chose est impossible à cause des organes reproducteurs. Les étamines, en effet, insérées dans l'intérieur du tube, ne peuvent pas communiquer le pollen de leurs fleurs aux trois stigmates placés à l'extrémité el au-delà d'un étranglement : la fleur se flétrit ainsi sans qu'il y ait eu fécondation. J'ai donc aidé à la fécondation, en dilatant le tube ou plutôt en l'ouvrant au moyen d'un petit morceau de bois, et en intro- duisant le pollen sur les stigmates. Ce simple moyen a suflTi pour assurer la fécondation du Strelitzia regmœ, et des graines ont été récollées dans le cou- rant de l'année 1869 dans la serre tempérée do Mme de Ber- nard, à la Petite-Fontaine, route des Ponts-de-Cé. J. JouAN, jardinier. LE SOUFFLET INJECTEUR PILLON. Dimanche dernier, j'ai fait avec M. Emile Chalé des expé- riences Irès-inléressanles sur la destruction des insectes qui font tant de ravages dans les jardins. Notre ennemi était le puceron vert, et le kermès que l'on trouve sur les plantes des serres chaudes. Nous expérimentions un nouvel instrument in- venté par M. Pillon, et qui nous a été fourni par un fabricant, M. Bodevin,rue Héaumur, 26. Cet instrument, très-simple et trîîs curieux, se nomme soufflet injnctcur] son vérilable nom devrait être soiifflel pulvérisateur. C'est, ainsi que son nom l'indique, un soufflet, tiès-bien construit, muni d'une boule mobile qui contient le li([uide et le petit appareil qui sert à le pulvériser. Le dessin ci-joint donne la figure exacte de l'appa- reil. Il est très léger, il ne pèse que COO grammes; il est donc irès-iacilc à manier sans fatigue; c'est ce que l'expérience m*a — 184. — prouvé. J'ai pu me servir de cet instrument pendant deux heures sans é[>rouver de fatigue sensible. Voici comme on s'en sert. On remplit la boule du liquide destructeur; on referme l'ouverture avec le bouchon, puis on se sert de l'instrument dans toutes les positions sans avoir à se préoccuper du con- tenu de la boule; cel!e-ci^ très-mobile, se trouvant toujours en équilibre. On souffle et aussitôt il sort de l'instrument une pluie très-fme semblable à un nuage; elle pénètre la plante dans les plus petits interstices et va tuer l'insecte le plus caché; elle mouille promptement et partout la plante qui est soumise à son action. Le moyen par lequel cet instru- ment divise le Hquide en milliards de gouttelettes est très-cu- rieux. Lèvent qui sort du soufflet aspire et entraîne l'air qui se trouve dans le tuyau placé près de lui à angle droit ; le vide se fait dans le tuyau; immédiatement la pression de l'air fait remonter le liquide dans le tube et affleurer le bord où le cou- rant d'air lesaisitet le divise en pluie très-fine. On voit quec'est une application d'un phénomène de la nature, une petite trombe d'air enfermée dans un soufflet et mise à notre disposition. Par la simplicité de sa construction, les dérangements sont très- rares. C'est une petite merveille de l'industrie, jointe à la science. Il réunit plusieurs avantages : celui du bon marché d*abord, question très-importante, vitale même, puisque le — 185 — plus grand nombre pourra se le procurer. Il remplit ensuite parfaitement son but ; ce qui n'est pas commun parmi les objets brevetés s. g. d g. Cet inslrument n'a pas de similiiire dans l'industrie du mo- bilier horticole, où les inslrumenls pulvérisateurs des liquides sont inconnus, surtout dans les conditions de perfection, de bon marché et d'exlrêaie commodité que présente celui-ci. Tous ceux qui ont assisté à ces expériences ont été émer- veillés du bon résultat, et je crois devoir le faire connaître aux lecteurs de l'Horiicidteur français. Bien que construit pour les liquides, j'ai eu la curiosité de l'essayer avec la [)Oudreinseclici(Je; le résultat a été le méaie qu'avec ceux-ci; la poudre a jailli avec force en nua<:e, et toutes les parties de la plante en ont été presque immédiate- ment recouvertes. Pour moi, c'est déjà un perfectionnement sur tous les instruments en usage pour l'emploi des poudres insecticides. Ceux qui l'acquerront, auront donc deux instru- ments réunis en un seul. Les liquides employés pour la destruction des insectes re- viennent Souvent à un prix élevé; le [)roblème à lésoudre était de trouver un instrument qui puisse, avec la moindre quantité possible, obtenir le plus d'effet possible. Ce soufflet résout le problème du bon marché d'une manière remarquable Nous avons opéré sur des verveines inft^stées de pucerons; l'agent deslrueteur était l'acide phénique dissous dans son poids d'alcool, dans la proportion de 2 millièmes, soit deux grammes du composé par litre d'eau. Nous avons pesé la boule après chaque expérience, et, vérifications faites, nous avons trouvé qu'il nous fallait, pour chaque plante, selon sa grosseur, 30, 40, 50 et 60 grammes de liijuide. Chaque plante était bien trempée dans toutes ses' parties et telle qu'elle eût été, si elle avait été exposée longtemps à une forte pluie. Quand j'ai quitté le jardin, les pucerons étaient presque — 186 — tous morts ; les plus gros seuls prcsentaient des signes de vie. Cette expérience a bien réussi; elle a mis en relief les excel- lentes qualités du soufflet pulvérisateur; mais ella n'est pas suffisante pour indiquer la valeur du liquide destructeur; nous la continuerons et nous varierons les liquides. Je tiendrais beaucoup à pouvoir obtenir une certaine quantité de formules très-exactes et d'un effet sur ; ce serait un excellent résultat pour les horticulteurs. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ces expériences. A. Ferrier. PLANTES NOUVELLES. Dahlia arborea. Sous ce nom M. Ch. Hubert, horticulteur à Hyères, annonce un nouveau Dahlia, qui n'est pas, dit-il, le Dahlia imperialis^ mais une espèce distincte et tout à fait inédite, propre au jardin de plein air dans le Midi, et au jardin d'hiver pour les régions plus septentrionales. Sa hauteur est de 2 mètres; il forme une touffe ramifiée à grandes feuilles d'un vert sombre ; et, vers la fin de décembre, là plante se couvre d'une innombrable quantité de fleurs de couleur mauve, dont une température à zéro, n'arrête pas le développement. Il y a quelques 15 à 20 ans, nous avons vu^ dans les collec- tions de botanique, un Dahlia arborea,- mais qui, depuis, en a disparu. Est ce le même? La description incomplète que nous avons sous les yeux, ne permet pas de décider. Quoi qu'il en soit, un Dahlia en aibre est toujours le bien venu ; nous re- commandons celui de M.M. Hubert, qui annoncent encore, dans leur catalogue, les quelques bonnes plantes suivantes : Modiola geranioides. Plante du Brésil de la famille des Mauves, vivace, étalée, à feuilles profondément découpées, et à petites fleurs d'un violet foncé. Palava flcxuosa* Autre Mal vacée du Bré^il, annuelle et dont — 187 — le principal mérite réside dans sa floraison abondante; ses fleurs sont violet foncé. Salvia argentea vera. Sauge à feuillage ornemental d'un beau blanc d'argent et soyeux. Solanum Warceioiczioidfs. Espèce à feuillage ornemental haute de 3 à 4 mètres, et très-rustique à Hyères; ses feuilles de 3o à 40 centim. de longueur, découpées en lanières profondes sur les cotés, sont de couleur ferrugineuse dans lejeune âge ; ses fleurs blanches ou blanc violâtre, sont disposées en grappes ; et les fruits de la grosseur d'une cerise prennent une légère teinte jaunâtre en mûrissant. Tagetespatula nana favi/îora.\aT\é[é deVŒWleià'lndieTiamf à fleurs toutes tuyautées, au lieu d'ètreligulées ; leur couleur est irn beau jaune orangé, avec un étroit liséré de rouge marron au sommet et à l'intérieur des fleurons. Géranium {Pelargonium zonale). Les semis fournissent toujours leur contingent de variétés à fleurs doubles : M. Ren- datler annonce : Boucharlat aîné, cerise vif éclatant, à grosse ombelle ; Marie liendatler, rose tendre glacé de blanc et à reflets argentés satinés. M. Grousse a obtenu : ili"" Hmiy Jacotot, plante Jiaine, fleurs rose de Chine foncé ; M. le comte Talou rose foncé forte- ment ombré et reflété d'une teinte saumonée ; Gloire des dou- bles^ issu d'un Géranium zonale à fleurs simplks [Marie Stuart), et M. Crousse le déclare franchement. « Celte variété, dit-il, est la déviation la plus marquante qui ait réussi (foutes les autres h fleurs doubles ayant Beauté deSuresne, pour type) et elle présente, comme caractères propres aux simples : un petit bois, un petit feuillage et une floraison continuelle. Les fleurs bien doubles sont d'un joli coloris cerise vif, œil blanc au centre... Peut-être cette variété est elle le point de départ d'ime série de Géranium doubles d'une floraison aussi abondante que les Tom- Pouce simples, d ^ Î88 --- M. Delesalle met au commerce les variétés : Laurent Dele- salle, rouge ponceau très-foncé, et Bouquet tout fait, vermil- lon orangé très-clair. —Froufrou, cerise brillant, et Lumineux ^ couleur minium orange vif, sont les deux gains mis en vente par M. Bruant. — Nous rappelons pour mémoire : Victoire de Lyon et Clémence Hoyer^ gains de M. Jean Sisley, annoncés par M. Alégatière, de Lyon, et dont nous avons déjà parlé. Les Géranium à fleurs simples sont : Anna Pfitzer et Souvenir d'Etienne, de M. Rendatler ; — M"" Luxer, Roi des roses et Maurice Richard, de M. Crousse ; — Alfred Denecker, M. Meurillon, Inkermann, Toilette de Flore, Léon Willoguaux, Arlequin, Coquette^ de M. Delesalle; — et Poitevin^ de M. Bruant. Bégonia. M. Linden, de Bruxelles, annonce un Bégonia vernicosa, rampant, à feuilles très- grandes arrondies aiguës, d'un beau vert luisant en dessus, rouge en dessous ainsi que le pétiole qui est hérissé de petites stries terminées par des poils renversés ; ses fleurs sont nombreuses, roses et blanches. M. Linden porte aussi, comme nouveauté, le Bégonia rosœflora, espèce des Andes du Pérou, dont nous avons déjà parlé (1869, p. 458, pi. 5); lés fleurs sont d'un beau rouge vif, très-grandes ; nous le rappelons donc comme mémoire ; on ne saurait trop parler des bonnes plantes. Ce genre s'enrichit chaque jour de quelques belles et bonnes variétés jardinières. MM. Thibaut et Keteleér,, horticulteurs, rue Houdan, .87, à Sceaux (Seine), viennent d'en mettre au commerce quatre nouvelles, obtenues par M. Boutard et qui sont la flne fleur de pois de ce genre : nous les connaissons : Bijou de Bou- gemont a ses feuilles oblongues longuement acuminées, pour- vues de pétioles courts, d'un rouge foncé ainsi que le des- sous des feuilles : la face supérieure est presque entière- ment d'un blanc d'argent, et elle reflète une t-einte roseuié- — 189 — talliqiie dans les jeunes feuilles ; — Louis Boutard a les feuilles pourpre foncé en dessous et la face snpirieare d'un vert noi- râtre parsemé d'une myriade de petits points blancs; — Mar- quise de Nadaillac ; ses feuilles ont le pétiole et le dessous des feuilles rouges; la face supérieure est marquée d'une très-large zone blanche, sur le milieu, et le bord d'un verC sombre est couvert de points blancs irréguliers et très-serrés. Ces trois Bégonia sont des hybrides de Bégonia subpellata et d'une variété du Rejc; ils ont des tigi3s courtes et des feuilles plus fermes que les variétés acaules, et sont moins sujets, par ce fait, de souffrir de l'humidité. Le quatrièmtî est le S/na- ragdinavenulosa, hybride du smaragdinaetdu dc-edalea, c'est une plante trapue à feuilles arrondies velues, d'un vert clair, finement veiné de brun. Gloxinia à fleurs dressées. M. Vallerand, l'heureux lauréat de l'exposition universelle de !8i57 pour le Gloxinia à fleurs fine- ment pointillées, n'a pas épuisé ses ressources : les dernières nouveautés qu'il a cédées à l'établissement Thibaut et Keteleêr, sont toujours dignes des premières. Ce sont : Baron Bild, plante naine; fleur blanche semje de nombreux points très-serrés de coule'jr violet foncé, avec la gorge lilas relevée d'un ré.>eau violet clair; Baronne BUd, fliur grandj blanche ponctuée de rose carminé, avec gorge blanc de crème fortement rayée et ponctuée de lilas ; E. Lenormand, fleur blanche ponctuée de bleu violacé, avec gorge rayée et ponctuée de lilas, marquée d'une zone très- prononcée couleur lilas carminé ; Ferdinand Lesseps, fleur très grande, violet foncé, striée et mouchelée de blanc, à gorge blanc jaunâtre r.iyéa de lilas violet; Louise de Suède, fleur rose clair ponctuée de rose carminé, avec le pourtour rose foncé, et la gorge blaiche très-finement rayée et pointillée lilas clair ; Maia'.m Bauim, fleur blanjhe for- tement marquée de gros points violets, à gorge blanche lé- gèrement rayée de lilas et marquée d'une zone violet azir^; — 190 — Madame de LcBseps^ fleiir blanche finement pointillée de bleu et de lilas, à gorge blanc soufré, ponctuée et poiniillée de bleu et de lilas ; Madame ThiébatUt, fleur largement bordée dé blanc pur, avec une zone centrale de points lilas carminé,, et la gorge blanche marquée de gros points marrons au fond et de points violets à l'orifice; Mademoiselle Aline, fleur bleu pourpre, très-foncé au centre, et bleu violacé clair au bord, avec le tube violet clair; Mademoiselle Nilsson, fleur blanche pointillée rose carminé à gorge blanche rayée de lilas clair avec une zone de carmin franc •, 0 salo san, fleur blanche à tube violet pourpré pondue de marron; Roi de Siùde, fleur blanche ponctuée de violet magenta, à points plus gros et plus foncés près la goi-ge qui est lilas clair, rayée de lilas carminé j — Madame Robillardf plante naine à fleur violet clair, rayée, bordée de blanc légèrement lîlacé, avec la gorge jaune soufre ; Mademoiselle Âdhle Ribaut, plante naine à fleur rose, rayée et bordée de blanc, à gorge blanche. Ces deux dernières variétés sont des gains de M. Rosciaud, auquel on doit aussi de bien jolies plantes de ce genre. Canna. A la page 19, nous avons annoncé les nouveautés de M. Chaté ; voici maintenant celles de M. Nardy de Monplai- sir-Lyon : — Jacques Plantier, à feuilles larges vert foacQ, bordé pourpre fondu ; fleurs orange veiné de capucine vif; Madame Schmitt, feuilles d'un vert métallique ; fleurs orange vineux ; Prince Impérial, feuilles vertes ; fleurs d'un beau rouge éclatant. Celte dernière variété a été obtenue par M. Ghrélien, jardinier en chef du fleuriste du parc de la Tête-Noire^ à Lyon. Ern. Bonard. CHICORÉE FRISÉE DE LA PASSION. J'ai parlé plusieurs fois de cette nouvelle Chicorée annon- cée comme très -rustique, et supportant parfaitement nos hi- vers en plein air; mais chaque fois c'était pour constater l'in * succès de culture. Je crois devoir y revenir encore aujourd'hui , pour faire connaître les rasuUats contraires ohl6has pir M. Louesse, ancien associé de la miisoa B ossin, grainier, et le mode de culture que réclame cette variété pour réussir en plein air. « Elle est essenliellement d'iiiver, dit-il dans une note présentée à la Société d'horticulture de Paris, puisqu'elle a supporté, cette année, 13 degrés de froid, à la condition toutefois de la cultiver en plate-bande, le long d'un mur exposé au midi ou au levant. Plantée en plein carré, elle ne m'a pas réussi depuis deux ans que je la ouliive. Il en a été de môme chez plusieurs jardiniers de mon voisi- nage. Il lui faut donc l'abri d'un mur qui la protège contre les grands froids, ce qu'elle a du reste de commun avec les laitues d'Iiiver cultivées en plein air. C'est en tout point la culture de Laitue Passion d'hiver. 2) On sème du 15 au 30 août sur un bout de planche terreau- tée; on repique le plant à une distance de 30 à 33 centimètres, dans une terre bien amendée. Au printemps, on donne un bon serfouissage, et on étend sur le sol une bonne épaisseur de terreau ou de paillis. Quand la chicorée a acquis tout son développement, on la lie pour la faire blanchir.» M. Louesse engage ses collègues à cultiver cette Chicorée qui, (( par sa rusticité et son aptitude à supporter les froids de nos hivers, offre une ressource précieuse commesalade de prin- temps, puisque sans couche ni châssis, on peut en obtenir le produit de bonne heure et cela, sans baaucoup de soins. » Toutelois, ily a. Iol coaddion. sine qud non: le muretl'expo- sitiondu midi, sans lesquels, pour la Chicorée de la Paisioii, il n'y a point de salut; le jugement que nous avons toujours porté sur elle se trouve donc contirmé . L. CORDIER. — 192 — Travayx dy moîs de Jyîlîel. Jardin Potager. On continue, pour les couches, les opérations du moîs pré- cédent; on veille sur les Melons, les Patates et les Aubergines qui les couvrent. En pleine terre, on sème Poireaux, Ciboule,. Chicorée de Meaux, Scarole et Choux-fleur; on met en place ieux qu'on a semés le mois dernier. On peut encore semer des Navels, Raiponces, en mêlant des Radis, des Carottes demi-longues pour rhivor, et, à la fin du mois, de la Chicorée blanche, de l'Oignon blanc pour être rrpiqné en oclobre, et de la Scorznnère pour passer l'hiver ; on met en place le Céleri turc, et on en butte tous les quinze jours pour en avoir loujoursde bon à être consommé; c'est le meilleur temps pour l'arrachage des Échalotles et l'Ail. Jardin fruitier. Il faut visiter fréquemment les espaliers; palisser, ébonr* gcnnncr, découvrir, sans trop les dégarnir, les fruits dont on veut avancer la maturation; veiller'avcc attention à maintenir l'équil'bre des arbres, arquer ou pincer les branches vigoureuses; dépalisser et dresser les faibles. Regarnir les vides des espaliers ou des quenouilles, par le proctdé de la greffe par approche lies rameaux herbacés. Dans les journées Irès-chaudes arroser les pieds des arbres nouvellement plantés, surtout les Pêchers, et seringuer les feuilles. Vers la fin du mois on greffe en écusson, à œil dormant, les Cerisiers, Pêchers, Abricotiers, Poiriers, etc., dont la sève s'arrête de bonne heure; et à œil pous- sant tous les arbres dont la végétation se prolonge jusqu'aux gelées. Jardin d'agrément. Arroser, palisser, élaguer, mettre en place les plantes d'automne, ébourgconner les Dahlias, relever et mettre sur les tablettes, dans un endroit sain et aéré, les bulbes ou griffes de Jonquilles, Narcisses, Jacinthes, Tulipes, Renoncules. Anémones, etc., aussitôt que les feuilles ou hampes seront desséchées; marcotter les Œillets, semer les Cinéraires et les Lupins. Serres. Les plantes restées en serre ne demandent plus que des arrosemcnts, de Tair et un peu d'ombre quand le soleil est trop ardent. •' ■-—■ac' et L'BISTOIRE DES IKSECTES ET AUTRES AIVIMAUX UTILES AUX CULTURES Par le Dr BOISDUVAL. Ouvrage illustré de 425 figures gravées sur bois, et orné du portrait de l'auteur gravé sur acier. Prix : broché. O franc». GUIDE POUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE PAR KRŒNISHFRANGK BOTANISTE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures coloriées.— Prix, broché : 5 fr, MEME LIBRAIRIE. L'ORTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume iii-32 colombier avec gravures. — Prix, broché : i fr. 50. Librairie de E. Donnaud, rue Cassette, 9. L'INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL TRAITANT DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS. DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DEGATS 6c DES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER RÉDIGÉ PAR MM. ..'.Ij: l *L, ' . 'AMET, V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVALETTE, MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D'' BALBIANI, PILLAIN, GOUREAU, PLANCHON, A. GELOT. PRIX DE l'abonnement : 10 FRANCS PAR AN. Une livraison de 32 pages i/i-S" avec une planche colmée. Paraît chaque mois. BUREAUX: RUE CASSETTE, 9, A PARIS- Vient de paraître à la Librairie de E. Donnaud. ANNÉE 1870. NOUVEAl] JARDINIER ILLUSTRÉ BÉUIGÉ PIB MM. F. HERINCQ UPH. LAVALLÉE — L- NEUMANN — B- VERLOT — CELS —COURTOIS- GERARD — J.-B. VERLOT — PAUARD — BUREL Arec plas de 500 dessins intercalés dans le texte^ DE ' MM. COURTIN. FAGUET, HAUBERT ET RIOCREUX GRAVÉS PAR M. BISSO.V. I \-^l 8 JÉSUS DE PLUS DE 1,800 PAG. PRIX BK. : 7 Fr. CART.: 8 Fr. REL. : 9 Fr N» î. dO* Année. 1S70. JOURNAL DES AMATEUKS ET DES INTEUÊTS IIOIITICOLES CONTENABT LA CDLTDRE RAISONNER, I.A DESCHIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FROITS ET DES LÉGUMES. LA DESCBIPTIOM ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX. PUBLIÉ AVEC LK CONCOURS DES AMATEURS ET DES PRINCIPAUX HORTICULTEURS DE FRANCE sous LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ, RÉDACTEUR EN CHEF, kTTkCBt «D MCSËCn u'ulSTOine MATUnEUE DS rAM(, Collalioratcnr du ;ifuni.e/ i/a l'iamcî, dos figures du Bon Jvainle,, Ex-llé. Cette augmentation de OS franc sert à paieries frais de négociation de la traite qui leorest adressée. n } » tOr « < Il PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RUE CASSETTE, 9. ^870 cAOo. iViV. les Horticulteur a sont priés d<^ faire pnrvcnir leurs caliloo'ies au bureau du journal, rue Ca$' telle, 9, et de communw,ner tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal. yous mictions sur la dernière pifie de l'Horticulieur français, le nom des catalogues parus dans It wois et dont nous avons reçu un exemplare. Librairie de E. DONNAUD, éditeur, rue Cassette, 9. DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT l'histoire, hK DESCRIPTION, LA FIGURE DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS, Par André LEROY, PÉPIMÉRISTE, Ghevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger. EN VENTE 5:;ia lis (^ i::s^ C2:> 1:2 ^:s^ i:^ ^ 2 volumes grand in-8°. Tome J" A— C, 389 variétés. 915 variétés. Tome 2» D— Z, 526 — Prix: broclié, tO fr. le volume. Soit 20 francs pour l'exemplaire complet de l'HISTOIRE DU POIRIER, &1 i SON HISTOIRE , SA CULTURE Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales Par E. CHATÉ fils, horticulteur. Un volnjne in-1© colombier.— Prix : broché, 1 fr. 50 CULTURE DES PLA.NTES AQUATIQUES par M. D. HÉLYE Chef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume m-3 2 colombier, orné de gravures. —Prix : 4 fr. 50. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR Un volume iû-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Prix : 1 fr. 85. SOMMAIRE DES ARTICIES CONTENUS DANS CE NUMÉRO. F. Heriacq, Chronique, — A. Lescuylr, Platycrater arguta (E'I. Vil). — EnG. DE MARTRAc.^Y, L;i Bruyère odorante. — Pail Hauguel, Observations sur la fécondation du Strelitzia. — Mas, La cueillette des fruits. — La pluie et la lune.— Henry Qievilly, Purification des eaux putrides et malsaines. CmiONIQUE Réclamation et rectification au sujet de ma dernière chronique et du compte •rendu de l'Exposition; l'homme n'est pas parfait. Effet désastreux d'un ar- roscment imité de ceux employés parles exposants de Résédas; formule. Pro- testation des cent et quelques Géraniums doubles, au sujet de mon apprécia- tion microscopique-, ils veulent tous être le plus beau; harmonie. Nous no voulons pas nuire au commerce des nouveautés; mais nous défendons les in- térêts des acheteurs et combattons l'abus. Un défenseur des sociétés coopé- ratives me traite d'éteignoir et d'arislo. Ma réponse. Ce qu'on apprend dans les cours publics et dans les conférences. La fausse science; deux prouves tirées des erreurs consignées dans deux livres d'horticulture : entêtement, fa- tuité des auteurs : la sève descendante fait le pied do grue au sommet des arbres jusqu'au mois d'août avant de descendre; la sévc qui descend au mois d'août favorise le développement des principes sucrés des cerises qui mû- rissent au mois de juin; azote, hydrogène, latitude et longitude, confusion et contradiction de l'auteur; vaisseau et faisceau ; fibres ou vaisseau; etc., com- ment en'fia on acquiert la vraie science. Je m'en étais toujours douté; l'homme, bien qu'il pose pour chef-d'œuvre de la création, n'est positivement pas un être par- fait ; car il ne se connaît pas, et il lui manque absolument ce qu'il faut pour se bien connaître, pour apprécier la valeur de ses actes ou de ses œuvres. Jusqu'à ce jour j'avais si bonne opinion de moi, que je me regardais comme un être plus que partait; aujourd'hui j'ai la preuve que je suis des plus mipaifaits : non-seulement je ne me connais pas, mais je ne comprends même pas mes œuvres. En prenant la plume, le mois dernier, pour édire ma chro- JmVet 1870. 13- — 194 — niqiie et le compte rendu de l'Exposition, je m'étais promis de faire quelque chose de très-anodin, et, en les relisant pour la correction des épreuves, je les avais trouvés tels que je le dé- sirais : à l'eau de fleur d'oranger : c'est-à-dire des modèles de sagesse et de modération. J'étais tout à fait content de moi. « Cruelle erreur, sur eux, je verse encore des larmes. » Depuis quinze jours je suis abreuvé, en effet, de reproches plus amers que le Quassia amara avec lequel on détruit les pu- cerons ; de tous côtés on me menace du supplice infligé aux sujets criminels du Grand-Turc. Oui ! il y a des gens qui pous- sent la charité chrétienn-e jusqu'à vouloir m'empaler pour me faire gagner le paradis. Ma prose, disent quelques-uns de mes honorables correspondants, n'a jamais été aussi venimeuse; mes traits, disent les autres, a n'ont jamais été plus lancinants : je suis un meurtrier ; je suis un assassin ! ... ^ Et moi qui me van- tais, en terminant, d'avoir été gentil envers tout le monde! « C'est à n'y rien comprendre, i comme on chante dans le Do- mino noir, de l'Opéra-Gomique; et, en effet, je n'y comprends rien. Le premier reproche qui m'a été adressé, sous enveloppe, vient d'une dame. Elle m'accuse d'être le meurtrier d'un beau Pelargonium auquel elle tenait comme à la prunelle de ses deux beaux grands yeux, et qui est mort subitement, dit-elle, à la suite d'un arrosement imité de ceux des exposants de Résédas de l'Exposition. Mon aimable correspondante, a le droit, sans doute, d'être affligée de la mort prématurée de son Pelargonium ; mais cela ne suffit pas pour m'accuser de meurtrier. Je proteste contre cette accusation de pélargonicide. Tout ce qu'on peut me re- procher c'est de l'imprévoyance. J'aurais dû prévoir que ies personnes disposées à imiter les exposants de Résédas, pour- raient employer cet engrais dans toute sa pureté, et qu'alors — 195 — elles tueraient leurs plantes ; j'aurais donc dû ajouter, que pour l'employer avec succès et sans dangers dans les eaux d'arrose- ment, il n'en faut que un cinqutbme ; soit un litre pour 4 litres d'eau. Je regrette d'avoir oublié de donner cette formule ; snns cet oubli, il y aurait, en France, un Pelargonium de plus, et une fausse accusation de moins. Après cette épitre féminine, est venu un vrai déluge de ré- criminations des cent et quelques Géranium zonale à fleurs doubles. Ceux-là n'y vont pas de mains mortes : je suis un as- sassin ; je tue le commerce des nouveautés ; je suis un aveugle, un diffamateur, etc., etc. îls me demandent une rétractation. Chacun, en particulier, veut me faire déclarer qu'il est le plus beau, le plus magnifique, et très-difTérent des autres qui, ajoute-t-il naïvement a parte , se ressemblent en effet tous. Il y en a même un qui m'a envoyé deux témoins, voulant m'em- broclier, sans façon, si je ne déclare pas qu'il est le seul beau, le seul acceptable, qu'il possède toutes les qualités réunies. Je proteste encore contre cette manière gracieuse de faire dire la vérité pas vraie aux gens; mais comme après tout je tiens fort à n'être point embroché, je proclame donc que le Géra- nium aux deux témoins est archi-supérieuraux cent et quelques autres qui n'ont aucun rapport entre eux, aucune ressemblance qui puisse faire prendre l'un pour l'autre et que les amateurs peuvent les acheter tous indistinctement, avec une entière con- fiance. Si maintenant MM. les producteurs de Géranium dou- bles ne sont pas satisfaits de cette déclaration, je suis tout disposé à reproduire m extenso leurs lettres; seulement je les préviens qu'avant la fin de l'année ils se seront mutuellement égorgés, tant est merveilleuse l'unanimité avec laquelle ils dénigreut réciproquement leurs produits, et me donnent rai- son. Les peuples sont bien toujours des frères ! mais les confrères d'un même pays sont fameusement ennemis ! . . . — 196 — Touchante, très-touchante, l'harmonie sociale et commer- ciale. . . . mais en musique. En signalant les productions similaires qu'on vend* sous des noms différents, en horticulture, je ne crois pas porter atteinte au commerce honnête des nouveautés; je crois au contraire le servir. Du reste j'ai à défendre aussi bien les intérêts des amateurs que ceux des horticulteurs. Que les producteurs ne donnent que du bon et du nouveau vrai ; ils n'auront jamais à craindre le dénigrement de Y Horticulteur français ; mais quand ils donneront des nouveautés pourrire^ ils peuvent être assurés qu'il n'hésitera pas à les signaler à l'attention des amateurs. L'abus lui fait horreur; il le com- battra énergiquement, envers et contre tous. Voici plus grave, plus sérieux. C'-est un admirateur, un enthousiaste des Sociétés coopératives des amis de l'instruc- tion. 11 me traite carrément d'éteignoir, d'aristo, qui veut perpétuer l'ignorance dans laquelle croupissent les jardi- niers. Tout beau, cher monsieur. Si quelqu'un craint la lumière, ce n'est pas dans V Horticulteur français qu'il se cache ; et quant à vouloir perpétuer l'ignorance horticole, nous avons donné des preuves du contraire. En traitant de jeu d'enfant les Sociétés coopératives pour l'instruction, j'ai voulu montrer simplement que ces Sociétés n'ont rien de sérieux, et ne servent qu'à flatter l 'amour-propre de quelques pauvres diables incompris et méconnus, qui ont plus de présomption que de science. Toutes les conférences, tous les cours possibles sur l'hor- ticulture, sur l'arboriculture, qu'on cherche à étendre jusque dans les campagnes, ne feront pas plus de vrais, de bons jar- diniers, que toutes les conférences pour l'instruction du peuple n'ont produit d'ouvriers instruits et savants. L'homme qui veut réellement s'instruire^ ne court pas les conférences. — 197 — Ce n'est pas au cours d'un conférencier que Henri Murger, ce délicieux bohème, enfant du peuple, a appris à écrire de si délicieuses choses. Ce n'est pas davantage en suivant les cours de nos plus savants botanistes, que Poiteau est devenu le pre- mier jardinier de France, et qu'il a pu écrire les ouvrages sérieux dont il a doté l'horticulture. C'est par le travail, par des études sérieuses et suivies; c'est en pâlissant sur les livres des savants émérites, dans le silence de la mansarde, qu'on peut acquérir le savoir et la science. Les cours et les confé- rences n'ont jamais produit qtie des présomptueux et des fats, qui courent après de vaines sciences pour paraUre savants, et qui^ aveuglés par les vapeurs enivrantes de l'orgueil, finissent par se mentir à eux-mêmes, en se prenant pour des érudits. L'horticulture, malheureusement, fourmille de ces sortes de savants, depuis l'invention des conférences sur l'arboricul- ture. Deux mobiles poussent l'homme à s'instruire; la curiosité naturelle qui fait naître le désir de connaître tout ce qui se passe autour de soi, pour sa satisfaction personnelle ; et la fa- tuité, l'orgueil qui trouve un nouvel attrait à se faire estimer comme instruit et savant. Les conférences ont été inventées pour satisfaire à ce dernier sentiment. On y attrape sans fa- tigues quelques bribes de toutes espèces de choses ; mais comme il n'est pas facile de saisir au lancé de la parole le véritable sens de toutes les propositions que développe le professeur, on en prend quelques-unes à contre SBns, et alors, ces erreurs sont funestes, car on les soutient mordicus, de par le savant professeur au cours duquel on a assisté. Mieux vaut dans ce cas — oui, je le soutiens — l'ignorance que ce faux savoir, d L'ignorance n'a jamais fait de mal, dit J.-J. Rousseau, l'erreur est seule funeste. On ne s'égare point parce qu'on ne sait pas, mais parce qu'on croit savoir 3) et notre pauvre science horticole nous en fournit de nombreuses — 198 — preuves. Je vais en offrir deux à mon honorable accusateur, en expiation de son aveugle admiration pour les Sociétés coo- pératives des amis de l'instruction horticole. Première preuve. Un éditeur m'apporte un jour le manuscrit d'un ouvrage sur le Pécher, avec prière de le lire et de lui en donner mon opinion. La première partie consacrée à la physiologie est archimauvaise. Voici entre autres erreurs celle que j'avais signalée à l'éditeur: « La sève descendante est aussi nommée sève d'août, parce que c'est vers cette époque qu'on en remarque le mouvement Cette s.éve n'est autre chose que la première (sève ascendante) qui élaborée, etc., redes- cend entre les couches d'aubier et de liber, etc.. » Je ne cite que celle-là ; car autrement il me faudrait re^ produire toute la première partie de ce Hvre. L'auteur étant venu me trouver, je lui indiquai d'abord ce passage à retoucher comme entaché d'un peu d'obscurité, pour ménager sa susceptibilité ; je lui proposai d'enlever les mots : nommée sève d'août, mais mon homme n'en voulut jamais démordre parce que, m'a-t-il dit, .c'est au cours de M. Decaisne qu'il avait pris ses notes !.. . . J'ai eu beau pro- tester, au nom du professeur, contre cette assertion, il a per- sisté, et il soutient que M. Decaisne professe, dans son cours, que la sève monte au printemps dans le haut des arbres, et que là, elle fait le pied de gru jusqu'au T' août, moment où elle commence à redescendre entre les couches d'aubier et de liber et qu'alors ce elle constifue les organes de la fructification et favorise le développement des principes sucrés des fruits pour en compléter la maturité, y) Voilà comment les gens qui suivent les cours pubhcs interprètent les principes exposés par les professeurs. Pour les autres bourdes, voir Méthode élémentaire pour tailler et conduire les Pêchers en espaliers, par J. Lachaume. Cette lecture édifiante permet- tra d'attendre patiemment que la sève d'août descende, pour — 499 — compléter la maturité des Cerises qui mûrissent dans le mois de juin. Deuxième preuve du funeste résultat de l'instruction popu- laire par les cours et conférences. — Un jardinier doué d'une certaine intelligence veut conquérir les sciences dont la connaissance lui paraît absolument nécessaire, pour bien cultiver d'après les règles de l'art. Il suit pendant un an, pen- dant deux ans peut-être, les cours de botanique, les cours de culture, de chimie, de physique, de géologie, etc., du Mu- séum, et,' le soir, il va entendre les conférenciers, qui appren- nent en 15 leçons, l'astronomie, la gréogaphie, l'algèbre, etc. Il prend force notes, et un beau jour, quand il les retrouve, la tête lui tourne ; il se croit un émule des Brongniart des Decaisne, des Frémy. des Becquerel, des Arago, etc. Tous ces savants ont travaillé 10 ans et plus sur les bancs des écoles, dirigés par des maîtres éminents ; pendant i 0 à 15 ans ils se sont livrés à des études profondes sur la science que chacun d'eux enseigne, et c'est ainsi qu'ils sont parvenus à acquérir les connaissances spéciales qui en font des profes- seurs distingués. Notre jardinier, lui, n'a pas mis tant de temps à conquérir les connaissances de chacun de ces professeurs ; en deux ans, il a emmagasiné, dans son cerveau, le savoir en entier de tous ces savants; puis un matin, en voyant l'ignoi-ance de la plupart des hommes qui se disent jardiniers, l'idée lui vint naturellement de les instruire. Les sciences qu'il a acquises dans les cours et" conférences, il les met à leur disposition. Il veut, dans des Entretiens familiers — imitant modes- tement Lamartine — donner des nations de chimie, de phy- sique, d'astronomie et bien entendu de botanique , dont la connaissance, dil-il, dans sa préface, est « indispensable à l'intelligence d'une foule de phénomènes que ne peuvent et ne doivent vraiment pas ignorer les jardiniers dignes de ce nom. » -=- 200 — Mais, ajoute-t-il avec une sainte modestie, « peut-être nous accusera-t-on d'avoir voulu jouer le rôle de savant — (ce serait de la calomnie) — de n'avoir eu d'autre but que de faire parade de nos connaissances. Ce serait bien à tort, et cett€ ac- cusation, du reste de peu de valeur en elle-même, tomberait bientôt par l'observation des faits„ » — Il aurait pu ajouter : exposés dans mon livre. En efTet, voici les notions de sciences qu'il développe dans la première partie de son livre, et qui doivent « jeter tant de lustre » sur le jardinier qui les répétera à son maître, où à ses confrères qu'il regardera du haut de sa grandeur : Page 19. « V hydrogène est un des deux éléments (le plus abondant) qui constituent l'eau. Et page 60 : c Veau se com- pose de deux éléments : V oxygène et lliydrogène dans les pro- portions suivantes : sur 100 parties il y en a environ 85 d'oxy- gène et {o dliydrogène. » Mais, s'il n'y a que 15 pour iOO d'hydrogène, il n'est pas l'élément le plus abondant^ comme l'enseigne l'auteur à la page 19 de son savant livre. Page 20 : « V azote, est-il dit, se trouve aussi — ■ quoique en TRÈS-PETITE quantité — dans Vair atmosphérique. Et page 49 : < Sur 100 parties d'air^ la science a constaté quil y a environ 78 d'azote y 21 d'oxygène et 1 d'acide carbonique. » Il me semble, avec ma pauvre petite intelligence, que s'il y a 78 pour 1 00 d'azote, ce gaz est au contraire en très-grande quantité? Mais l'auteur cultive avec amo:u' les contradictions. Écoutez encore celle-ci. Nous sommes dans le domaine de la géographie; car il traite de tout; de la fabrication du baro- mètre, du thermomètre, etc. Ce qui m'étonne c'est qu'il n'a pas commencé son livre par les notions de grammaire « pour j)arler et pour écrire correctement on se sert de mots ; les mots sont composés de lettres, etc., etc. y> On demande^ à la page 87, ce qu'on entend par les mots lati- tude et longitude. La réponse est ainsi formulée à la page 88 : — 201 -~ « De cesdeux lignes principales [acce terrestre et équateur), l'une, un peu plus courte (à cause de l'aplatissement des pôles), a été considérée comme marquant la largeur de la terre, d'où le nom de latitude ; l'autre, au contraire un peu plus longue, en a été considérée comme en marquant la longueur ; de là aussi le nom de longitude. Du reste, il vous suffira, pour bien comprendre tous ces détails, de jeter les yeux sur une cane géographique, sur un planisphère ou bien une sphère ; vous y remarquerez des lignes qui les coupent en entier dans les directions que je vous ai indiquées ; les unes vont de bai en haut ou de haut en bas ; ce sont celles qui indiquent la latitude ; les au- tres les coupent en sens opposé ; ce sont celles qui indiquent la longitude. » <• Écoutez la suite; c'est curieux : après la méprise vient la contradiction. « Toutes ces lignes sont placées à des distances déterminées et égales les unes des autres, et chacune de ces lignes correspond à un certain nombre de degrés qui sont dits de latitude si on les compte à partir de l'équateur en allant vers les pcMes, de longitude au contraire, si on les compte dans le sens opposé à l'équateur » On pourra croire qu'après cela on peut tirer le rideau; pas du tout. Il y a plus fort encore dans la partie botanique; c'est comme chez Nicolet. Pas de phrase sans une ou deux erreurs^ L'auteur confoild tout : les fibres sont des vaisseaux, et les vaisseaux des fibres; « les vaisseaux du latex communi- quent entre eux mais non avec les vaisseaux propres » . Il prend vaisseau pour faisceau^ et donne (page 125) le nom de vais- seau fibreux à tous ces vaisseaux ou fibres, qui sont enchevê- trés les uns dans les autres mais jamais disposés bout à bout. Dans cette même page 123, voici les autres preuves d'i- gnorance qui s'y trouvent : a On donne le nom de vaisseaux à des tubes plus ou moins allongés, creux, effilés, terminés en pointe à leur extrémité. » Et si vous allez dire à l'auteur du livre qu'il fait confusion ; que ce qu'il décrit comme vaisseaux sont les fibres des bota- — 202 — nistes, il vous répondra ce qu'il m'a répondu ; «Les botanistes comme les autres savants ne savent pas ce qu'ils disent. » Comprenez cette définition du tissu cellulaire : « On appelle tissu cellulaire ou utriculaire celui qui paraît ne présenter que des cellules ou des utricules appliquées ou superposées sans aucune apparence de liaisons ou de vaisseaux. » Mais je m'arrête, car il me faudrait citer toutes les pages du livre, et mon illustre accusateur anonyme, qui se fait le défen- seur de la société coopérative pour l'instruction horticole, pourrait bien ne plus être de force à comprendre la fausseté des assertions de l'auteur. J'espère qu'il a compris les bourdes grossières au sujet deV azote, de Vlnjclrogene, de la latitude prise pour longitude, etc., voilà le résultat le plus clair de l'enseigne- ment par les cours publics. Et pourtant l'homme qui a si cruel- lement dénaturé renseignement des maîtres de la science est un homme intelligent; c'est une illustration; il fait autorité dans le monde horticole; il y a même des gens qui ne jurent que par lui. Les conférences des sociétés coopératives par des professeurs qui ne sont pas toujours des savants de première qualité, n'en produiront pas d'autres. L'élève jardinier ou autre, dont rintelligence n'est pas aidée par une solide instruction primaire, ne peut pas saisir le sens vrai de toutes les propo- sitions abstraites de la science, quelle qu'acné soit. S'il prend des notes, elles sont tronquées et il rapproche dans le même corps de phrase des définitions qui appartiennent à des propo- sitions tout à fait différentes : de là, confusion et erreur. C'est ce que montrent parfaitement les citations contradictoires que nous avons faites. Il est facile de se faire une idée du genre de sa- voir que possédera à la fin du cours un tel élève. Un jardinier de cette nature — quoique dise certain auteur — déconsidère plus la science qu'il exerce, que le jardinier le plus ignorant^ qui se livre mécaniquement au métier qu'il pratique avec sim - plicité. On excuse l'homme sans instruction qui reste simple, — 203 — sans prétention, et rien n'empêche qu'on ait pour lui de l'es- time. Mais on se moque impitoyablement du faux-savant parce qu'il est toujours arrogant, seul moyen d'en imposer au sot ; s'il n'est pas l'esclave de son maître comme le dit l'auteur que nous citons, il idevient son jouet, celui même des autres domesti- ques ; et le mépris de tout le monde -- mépris bien mérité — couronne l'œuvre de ce sot pétri d'orgueil et de présomption. Voilà, je le répète, ce que produisent les cours et les confé- rences; les sociétés coopératives ne produiront pas plus. Ce système d'instruction pour l'horticulture est funeste. Depuis quelques années, il a amené la production de livres insensés comme ceux que je viens de citer ; il porte partout l'erreur et la fausse science, qui non-seulement jettent le ridicule sur celui qui en fait parade, mais qui font d'un bon ouvrier, un fat et un paresseux. J'ai connu de braves garçons, excellents ouvriers et jardi- niers habiles avant de venir à Paris. Depuis qu'ils ont suivi les conférences des arboiiculteurs; qu'ils ont assisté aux cours du soir ; qu'ils croient connaître les lois de la physiologie végétale; qu'ils ont entendu parler d'acide carbonique, etc.; ils sont de- venus impossibles. Ils n'ont que les mots physiologie et acide carbonique à la bouche; mais en revanche, ils n'ont que très- peu de durillons aux mains. Je les aimais beaucoup dans leur ignorance des lois de la physiologie; maintenant qu'ils ont en- tendu parler de la décomposition du fameux acide carbonique, qui joue un si grand rôle dans l'existence du jardinier qui se dit savant, je les fuis comme la peste. Mon accusateur anonyme en dira ce qu'il voudra ; mais je le défie de vivre plus de huit jours, sans attaque d'apoplexie, avec un jardinier qui a suivi des cours et conférences quelconques ; car un tel jardinier ne peut plus recevoir d'observation, sans vous dégager, en pleine figure, les lois de la décomposition de l'acide carbonique, et à la manière de l'auteur ci-dessus mentionné, bien entendu. =— 204 — Je me résume : L'ignorance n'est pas un crime ; elle est préférable au faux savoir; et j'aime mieux cent fois avoir affaire à un jardinier qui ignore les notions dénaturées de toutes les sciences, qui ne sont pas absolument nécessaires pour bien cultiver, qu'à ce fastueux imbécile qui fait parade, tout le jour, de sciences qu'il ne com- prend pas. Le faux savoir est une source inépuisable d'erreurs dans les- quelles se noie constamment la vérité. Il naît d'une instruction boiteuse ou bâtarde, et il n'engendre que fatuité, accompagnée toujours de l'arrogance nécessaire pourenimposer aux ignorants ou aux hommes craintifs qui n'osent pas se prononcer sur la qualité de ce savoir. Je puis avoir de l'estime — ■ sans déroger ■^~ pour l'ignorance, et je lui en montre quand elle ne provient pas du vice; mais je ne puis en avoir pour le faux savoir arro- gant qui se moque des incrédules ; pour lui, je n'ai jamais eu et n'aurai jamais qu'un bon faisceau de verges^ pour le fouailler d'importance. Je m'incline avec respect et admiration devantla vraie science. Mais quiconque veut la posséder, doit éviter ces cours, et sur- tout ces conférences des sociétés coopératives pour l'instruc- tion populaire, où les professeurs exaltent mutuellement leur science et leurs vertus. Le vrai savoir ne s'acquiert que par le travail forcé ; par la lecture des bons livres, et surtout — pour le jardinier — du grand livre de la nature. Lire beau- coup, avec attention, avec réflexion; ne jamais quitter une phrase avant d'en avoir compris le vrai sens, tel est, pour'moi et selon moi, le seul moyen d'acquérir le*s connaissances sé- rieuses et utiles, qui font un bon, un vrai jardinier, que mailre et domestiques estimeront, parce que ce savoir-là est tou- jours modeste, et que l'homme qui le possède ne cherche pas à s'en faire un marchepied, pour dominer ses camarades. F. Herincq. — 205 PLATYCRATEU ARGUTA (Pl. VIII). Le genre Platycrater doit son nom à la forme des fleurs sté- riles delà plante : il est tiré du grec platijs, ample, et krater, vase en forme de coupe antique. Sa place, dans les familles na- turelles, est à côté des Hydrangea ou Hortensia qui appartien- nent, comme chacun sait, à la famille des Saxifragées. Il se compose de deux espèces, dont le Pfatycrater argutay que nous figurons, et qui a été introduit du Japon par Siebold. Comme les Hydrangea, il ades ileursde deux formes et de deux sortes : des stériles et des fertiles. Les fleurs stériles, qui constituent son mérite ornemental, sont très-amples, en forme de coupe obsciirément découpée en trois ou quatre lobes, de couleur blanc verdâtre ou rosé et ornés d'un réseau de fmes veinules roses; la corolle et les étamines font défaut complète- ment, et on ne trouve, au centre, qu'un rudiment d'ovaire. Les fleurs fertiles se composent d'un calice tubuleuxdontle tube est soudé à l'ovaire, et dont le limbe est partagé en 4 lobes. La corolle est blanche à 4 pétales; les étamines, en nombre indé- fini et à anthères à 4 loges, forment une sorte de houppe jaune au centre de laquelle on aperçoit les stigmates finement pa- pilleux qui terminent les deux styles. Le fruit est une capsule à 2 loges renfermant plusieurs graines très-petites, linéaires- oblongues, fixées siur un placenta pariétal. -4^8 Platycrater arguta est un petit arbrisseau à tiges et ra- meaux cylindracés retombants ou rampants, émettant même des' racines quand ils traînent sur le sol. Ses feuilles sont op- posées, simples, pétiolées,' oblongues, finement dentelées, d'un vert gai en dessus, un peu jaunâtre en dessous. Les fleurs sont disposées en corymbes lâches au sommet des rameaux ; les fleurs fertiles occupent le centre et les stériles la circonfé- — 206 — rence de rinflorescence. La fleuraison a lieu au mois de juin . et les fruits mûrissent au mois d'août. Cet arbrisseau, qui a été seulement livré au commerce l'an- née dernière par M. Lemoine, de Nancy, a été trouvé par Sie- bold dans les vallées supérieures du Japon, le long des sources, et grimpant sur les parois des rochers humides, a Nous l'a- vons trouvé, dit cet intrépide el courageux introducteur [Flore du Japon, page 65), dans l'île deKinsiu sur les bords d'un torrent de 1 ,200 pieds au-dessus du niveau de la mer, en so- ciété du joli Salix intégra de Thunberg. :» D'après le rapport d'un botaniste japonais, Wudagawa Joan, ami de Siebold, le Platycrater se trouve aussi dans les montagnes de l'île de Nip- pon. Il est connu au Japon sous le nom de Bai-kwa-ama-tsja^ ce qui veut dire, paraît-il, Thé céleste à fleurs de Prunier, à cause de son usage dans quelques provinces. On fait, avec ses feuilles, une infusion qui sert à laver et baptiser l'idole du Sjaka (Buddha), le jour de la fête de naissance du Dieu. Le Platycrater est cultivé dans presque tout le Japon : mais il prospère mieux dans les climats septentrionaux. On le plante au bord des étangs avec le Gardénia radicans et différentes espèces d'Iris, d' Alisma et de Sagittaire. Sa culture en France est donc assurée. 0. Lescdyer. LA BRUYÈRE ODORANTE. Pendant un court séjour que je fis à la délicieuse île Port- Crox, une des îles d'Hyères, ce qui m'a le plus frappé, c'est la délicate odeur quij chaque matin, saluait mon réveil, et m'en^ gageait à la promenade sur le versant ouest de la vallée cen- traie que commande le fort Napoléon. Il était littéralement — 207 -- couvert de hautes bruyères de plus de 4 à 5 mètres, qui for- maient comme une forêt vierge dans laquelle on ne pouvait avancer, qu'en se faufilant de côté, entre les tiges de ce ra- vissant arbrisseau, qui mesurent jusqu'à 40 à 50 centim. de circonférence. C'était de là que s'exhalait celte odeur suave qui embaumait toute Tile. Les fleurs de cette Bruyère, qui apparaissent au commencement de mars, sont blanches ou blanc rosé, très-odorantes et forment de splendides bouquets naturels au sommet des rameaux. Il est tiès-étonnant que celle ravissante Bruyère, qui est VErica arborea des botanistes, ne soit pas plus répandue dans le commerce horticole. Elle vaut cerlaipement les autres es- pèces du Cap, comme effet floral, et elle a, sur elles, l'avan- tage d'être odorante. Pour le midi et l'ouest de la France, ce serait un magnifique arbre d'ornement des jardins et parcs ; pour le centre et le nord, on en ferait un bel arbuste de jardin d'hiver ; cultivée en pot, cette Bruyère aurait du succès sur les marchés comme plante d'appartement. Elle a du reste attiré l'attention de la Société d'acclim.ata- lion. Dans la séance de février dernier, M. Geoifroy St-liilaire en a mis sous les yeux de l'assemblée un bouquet, qui lui a été envoyé par M. Quillo, capitaine de vaisseau de la marine impériale, et qui provenait des jardins de 13rest, oii cette, belle espèce a été introduite par les officiers de marine vers 1825. Le premier pied introduit existe encore, parait-il, dans le jardin botanique de Brest_, qui recèle, pour l'histoire de Tac- climatation, des trésors qu'un jardinier habile a réunis là autre- fois, et dont les noms, comme celui du jardinier, sont à peu près inconnus des hommes qui s'occupent de la culture des plantes. Rappelons donc ici le nom de ce digne jardinier, de l'ex- cellent Noël, qui, sans ambition, a diiigé pendant de longues années le jardin botanique de Brest, dans lequel on voit en- — 208 — core aujourd'hui les enfants précieux qu'il y a plantés et que tout le monde ignore. On cite souvent les jardins de Toulon, de Cherbourg ; les belles plantes qu'on y trouve; jamais un mot de celles que quelques rares amateurs connaisseurs ad- mirent dans celui de Brest. J'avais leurs noms en notes ; mais, hélas ! la poussière de onze années ne permet plus de découvrir la moindre trace; et ma mémoire, depuis quelques temps, manque à tous ses devoirs; elle ne se rappelle seule- ment que le plaisir que j'éprouvai, en voyant tous ces beaux spécimens d'arbres rares et précieux. Elle avait oublié, cette mauchte mémoire, jusqu'au pied de Bruyère dont parle l,e Bulletin de la Société d'acchmatation, et qui, d'après les renseignements fournis par M. Blanchard, le jardinier chef actuel, mesure aujourd'hui 5 mètres 40 de hauteur, et la tige 40 centimètres de circonférence au niveau du sol ; malheureusement on s'attend tous les jours à le perdre. Mais partout oii il exisie un jardin^ et dans les ci- metières, dit M. Blanchard, on rencontre cette Bruyère assez communément; elle se multiplie facilement de graines et re- lève d'elle-même dans les bordures de buis. Ce fait permet d'espérer que sa culture est possible sur d'aulres points de la France, où réussissent les Alalernes, les Chênes-verts, avec lesquels elle croit spontanément à l'île Port-Crox. Gomme toutes les Bruyères, on la propage par semis en ter- rines; les graines pas ou peu recouvertes; la terre tenue hu- mide constamment et abritée d'un morceau de verre de vitre qui repose sur les bords de la terrine. On tient ce semis en serre, et on repique le plant très-jeune dans des petits godets. Mais ce procédé ne produit que lentement de beaux sujets. Le bouturage est le moyen le plus généralement employé par les horticulteurs; c'est celui que je conseille de suivre. Les meil- leures indications que j'ai trouvées sur cette opération de bou- turage des Bruyères sont dues à M. Louis Neumann, l'habile — 209 — jardinier des serres froides du jardin des Plantés de Paris ; je ne puis mieux faire que de reproduire ce qu'il dit sur ce sujet dans le Nouveau Jardinier illustré, dont il est le collaborateur pour les plautes de serres. a Les boutures se font de février jusqu'à juin. On choisit les extrémités des rameaux vigoureux ; la longueur peut varier de 1 cent, et demi à 4 cent, au plus ; on enlève avec des ci- seaux les petites feuilles sur toute la partie qui doit être en- terrée. Le sable siliceux de terre de bruyère est ce qu'il y a de meilleur pour ce genre de bouturage. Mais on place un lit de terre de bruyère en-dessous pour alimenter les racines qui se développeront. On les pique dans le sable sec, puis on arrose avec un arrosoir à pomme très-fine pour les consolider. Les pots à boutures doivent être garnis de tessons jusqu'à moitié. On doit les placer sous châssis à froid et près du jour ; on peut cependant plonger les pots dans une couche de tannée tiède (12 à IS*^ centigrade), quoiqu'elles puissent reprendre sans celte précaution. On recouvre les pots de petites cloches, qu'on essuie une ou deux fois par jour, pour enlever l'humidité qui les fait fondre. Au bout d'un mois et demi, les boutures sont en état d'être séparées. On repique en petits godets, qu'on re- place, pendant quelques jours, sous de plus grandes cloches, jusqu'à ce que les jeunes plantes soient bien reprises. » Ensuite quand les plantes commencent à grandir on pince les tiges et principaux rameaux pour les faire ramifier et obte- nir des sujets bien faits. Pendant toute la période de culture en pot, il faut avoir soin de bien arroser; le succès ou l'insuccès dépend de l'arrosement, et cette opération nepeut se décrire ; c'est une affaire d'œil. Cultivez ma Bruyère, et quand vous l'aurez vue en fleurs^ vous voudrez faire le voyage de l'île Port-Grox, petit Eden moderne, pour y contempler les bois de Bruyère, et en aspirer le doux et agréable parfum. Seulement, je crois devoir prévenir Jut//é^ JH70. . 14 — 210 — qu'on est en train de les détruire pour faire des pipes avec la racine ! Horreur ! n'est-ce pas ? EUG. DE MaRTRAGNY. OBSERVATIONS SUR LA FÉCONDATION DES STRELIT2IÂ. Dans le numéro de juin dernier, M. J. Joiian, en traitant de la fécondation du Strelitzia reginœ, a oublié de mentionner une chose très-importante et digne de remarque. Voulez-vous une réussite assurée de la fécondation des Stre- litzia'^ imprégnez les stigmates, avec la liqueur neciarifère qui coule de la base des fleurs, avant l'emploi du pollen. Nous avons opéré souvent, sans cette liqueur, et toujours^ dans ce cas, nous avons échoué. Au contraire le succès a été complet quand nous avons opéré, comme il vient d'être dit. M. Jouan n'a pas fait attention à ceci, et cela nous étonne qu'il ait réussi; mais peut-être le petit bâton, avec lequel il opérait, était-il barbouillé de cette hqueur; car, nous le répétons, jamais la fécondation n'a produit d'effet, sans l'imprégnation préalable des stigmates avecla sécrétion nectarifère. M. Jouan affirme, d'après les auteurs, dit-il, que la féconda- lion des Strelitzia est impossible; mais alors d'où nous sont venus les Strelitzia rutilans, imperialis, aurora, citrina, vi- trea, etc.? Nous engageons M. Jouan à lire l'excellent ouvrage de M. Lecoq, sur la fécondation naturelle et artificielle des vé- gétaux . Paul Hauguel. — 2H — LA CUEILLETTE DES FRUITS. La récolte des fruits est déjà commencée et se continuera pendant trois mois pour les différentes espèces ; nous pensons que quelques observations sur cette opération, une des plus importantes de l'arboriculture, seront bien accueillies de nos abonnés. Obtenir un fruit dans toute la perfection qu'il est sus- ceptible d'acquérir, tel est le but final des travaux et des soins multipliés du cultivateur d'arbres fruitiers, et il ne peut être atteint que par une récolte faite à propos. Un fruit de bonne variété cuçilli intempestivement peut être mauvais ou tout au moins de qualité inférieure, et cependant il est bien souvent abandonné à des mains inintelligentes. Que les intéressés en soient prévenus et prennent leurs précautions. Le travail proprement dit de la cueillette exige des soins, sinon de l'intelligence ; il faut ménager les productions frui- tières, espoir de l'avenir, et ne pas froisser le fruit, afin de lui assurer toute sa beauté et une conservation plus facile. Mais le point délicat, celui duquel dépend tout le succès, c'est le choix du moment oii il doit être détaché, ayant reçu de la sève tous les principes de saveur et n'en ayant perdu aucun par son séjour trop prolongé sur l'arbre. Dans les ouvrages spéciaux, l'énoncé de l'époque ordinaire de maturité de chaque variété, qui complète sa description, n'est qu'une indication plus ou moins approximative. Ce moment favorable de la cueillette peut varier beaucoup suivant la saison, le sol et l'exposition, et le cultivateur doit mettre enjeu toute son aptitude d'obser- vation pour le saisir lorsqu'il est arrivé. Lui donner plus de certitude dans cette appréciation, tel est le but de ces quelques lignes. En procédant par ordre de maturité, nous commencerons par les cerises. La Cerise ne doit jamais être cueillie que com- — 212 — plétement mûre; et l'on dit avec raison que le prolétaire,- obligé déménager sa bourse, mange de meilleures Cerises que le riche, plus soucieux du luxe des primeurs que de la satisfac- tion du goût de ses convives . La Cerise change bientôt de cou- leur et même avant d'avoir atteint toute sa grosseur ; aussi combien d'impatients d'appétits ou du gain se hâtent trop d'en jouir! Quelle différence cependant de saveur et de qualités hy- giéniques entre une Cerise à peine rougie et celle dont la peau s'est colorée d'un beau pourpre foncé passant jusqu'au noir pour certaines variétés, entre une Cerise aux couleurs blafar- des et celle dont le ton chaud, ambré ou transparent, indique que le sucre est achevé dans sa chair ! Les différentes variétés de Cerises se divisent en quatre classesassez distinctes : les Guignes à chair plus ou moins molle, bien juteuse et sucrée; les Bigarreaux à chair ferme, cro- quante et souvent très-sucrée ; les Cerises proprement dites à chair tendre, sucrée et acidulée ; et les Griottes à chair plus ferme et décidément acide. Les fruits des deux premières clas- ses atteignent leur maximum de quahté quelques jours après qu'ils ont acquis toute la couleur dont l'intensité est diffé- rente pourchaque variété ; trop longtemps après, la chair des Guignes s'amollit trop, laisse évaporer son sucre et son par- fum et déchue même quelquefois jusqu'à la fadeur ; les Bigar- reaux perdent leur consistance croquante, leur chair devient creuse autour du noyau et subit une sorte de décomposition qui en dénature le sucre et le parfum. Les Cerises proprement dites se colorent presque toutes très-prématurément ; elles sont entre-cueilUes, c'est-à-dire détachées de l'arbre à plusieurs reprises, à mesure qu'elles arrivent au ton décisif de l'entière maturité avant qu'elles aient perdu le brillant de leur coloris et que leur peau soit devenue terne, indice d'un commence- ment de fermentation intérieure qui altère la fraîcheur de leurs sucs mélangés de douceur et d'une agréable acidité. -~ 213 — La pluparf des variétés de Griottes peuvent rester longtemps à l'arbre et ne réclament une cueillette anticipée que si elles sont destinées au liquoriste ou au confiseur. Leur chair est or- dinairement pourvue d'une certaine dose d'astringence qui contribue à les maintenir longtemps au même degré de mata- ration, et même, souvent, elles sont préférées lorsqu'ayant perdu une partie de leur eau de végétation, la proportion de leur sucre toujours assez faible est devenue plus appréciable. L'Abricot doit être détaché avant que sa couleur soit de- venue trop mate, sinon il serait pâteui et son jus moins relevé; sa peau doit avoir encore toute sa vivacité de ton, et s'il ne faut pas faire effort pour les séparer du rameau, il ne doit pas non plus tomber trop facilement dans la main. Rangé avec précaution dans un panier où les lits ne seront pas entassés, il sera déposé au fruitier dont la fraîcheur, en modérant le tra- vail de la maturation, lui conservera toute son eau rarement trop abondante. Les Prunes seront cueilhes au moment où le développement de leur arôme, leur facilité à céder aux secousses imprimées à l'arbre, annoncent leur entière maturité. Deux ou trois jours de séjour au fruitier leur donneront un jus plus abondant et plus relevé. Evitez de les arracher si elles résistent ; elles achè- veraient bien leur eau au fruitier, mais elles seraient sans su- cre et sans parfum. Quelques variétés à peau épaisse, à chair un peu consistante, gagnent à être attendues jusqu'au point où leur peau s'affaisse ou se ride légèrement ; leur sucre est alors plus concentré, sans qu'elles aient perdu leur parfum, et leur chair est devenue plus fondante. Nous pourrions citer, de ce nombre, la Goutte d'or, la Mirabelle tardive et la Fulton des Américains qui est de bonne consommation jusque dans la pre- mière quinzaine de novembre. A bientôt la cueillette des Pèches, des Poires et des Pommes. On conçoit plus facilement que l'on ne peut définir le — 214 — meilleur point où une Pêche doit être détachée de l'arbre, afin d'arriver à toute sa perfection. Elle commence à développer un léger arôme ; sa peau s'assouplit en se dilatant et ne parait plus aussi exactement assujettie aux fibres de la chair. On pressent, à travers son épaisseur, que les cellules qu'elle re- couvre commencent à se gorger de sucs. Le moment est venu où le fruit, semblant fléchir sous unelégère pression de tonte la surface de la paume de la main et cédant au mouvement de rotation que lui impriment les doigts réunis à son point d'at- tache, arrive à la main qui ne le serre qu'autant qu'il ne puisse lui échapper. Les Pèches doivent être placées, sur un lit, dans un panier plat, et maniées avec précaution; le moindre froissement nui- rait à leur apparence et à leur quablté ; leur eau s'évaporerait bien vite par la plus légère meurtrissure. Mises une nuit ou deux à la fraîcheur du fruitier, leur excellence ne laisse plus rien à désirer. Ce séjour au fruitier sera de plus longue durée à proportion que le fruit sera d'une variété plus tardive, dont la cueillette doit être faite plus longtemps d'avance. Toutes les Pêches à peau lisse, Brugaons ou Nectarines, gagnent en finesse et en succulence lorsqu'elles ont lentement achevé leur maturation au conservatoire, et même quelques*-unes sont à leur meilleur point lorsqu'elles commencent à se flétrir, La cueillette des Poires est plus compliquée que celle des fruits à noyaux ; leur maturité est à prévoir plutôt qu'à cons- tater ; un très-petit nombre, nous dirons même aucune, ne devant rigoureusement attendre sur l'arbre le moment de la consommation. Des différentes variétés de poires mûrissent pendant presque toute l'année ; cette prévision de maturité exige donc des appréciations aussi différentes qu'il y a de catégories de ces variétés. Une Poire d'été ne sera pas récoltée comme une Poire d'au- tomne, comme une Poire d'hiver. Plus une Poire est de matu- — 215 — rite précoce, moins longtemps d'avance il convient delà cueil- lir. Ainsi, les Poires mûrissant au commencement de juillet sontà cueillir trois ou quatre jours avant maturité, et si elles sont cassantes ou à chair un peu ferme, deux jours suffisent. Prenant pour exemple deux variétés bien connues : un Doyenné de juillet cueilli quatre ou cinq jours d'avance aura une eau plus abondante, plus relevée que s'il eût jauni sur l'arbre : un Blanquet, au contraire, aura plus de sucre et n'aura pas en- core perdu son eau au moment où il aura revêtu la livrée d'un jaune doré de l'entière maturité. A mesure que nous avançons dans la saison, l'époque de la cueillette des Poires sera plus anticipée ; ainsi celles du mois d'août attendront facilement quinze jours au fruitier, en amé- liorant la finesse de leur parfum, sans perdre de leur eau. Telle variété exige plus, telle autre exige moins; c'est une étude à faire, en échelonnant les époques de récolte pour la môme va- riété et en appréciant ensuite celle qui a donné les meilleurs résultats. L'expérience prouve qu'un Beurré GifFard mérite d'être cueilli plus près de maturité qu'un Beurré d'Amanlis. Mais, me direz- vous, comment prévoir qu'une Poire sera à son entière maturité dans trois jours, dans quatre jours, dans quinze jours? Les gens exercés ne se trompent guère à l'aspect du fruit, et vous devez vous efforcer d'arriver, par l'observa- tion, à ce tact d'appréciation. Cependant voici un petit moyen dont vous pourrez vous servir, surtout pour les Poires d'été, en attendant que vous soyez devenu plus habile. Il est rare que quelques fruits atteints par les insectes ou mal conformés ne tombent prématurément de l'arbre avec toutes les couleurs de l'entière maturité ; cueillez alors tous ceux les mieux exposés et parvenus à leur volume complet, et si quelques-uns, cachés sous le feuillage, vous paraissent en retard, renvoyez-en la cueil- lette jusqu'à ce qu'ils soient arrivés au même point de gros- seur et d'apparence. J'ai aussi vu employer un excellent — 216 — moyen pour juger de l'état de maturation des variétés de Poires destinées au usages de la cuisine et de la confiserie, auxquelles une cueillette trop précoce ou trop tardive enlèverait beaucoup de leur valeur. A l'approche de l'époque tardive ordinaire de leur maturité, de temps en temps on en ouvre quelques-unes, et lorsque l'on remarque que leurs pépins commencent à brunir, le moment de la cueillette est arrivé. Ce moyen serait- il bon pour la plupart des variétés de Poires destinées à la table? C'est une expérience à faire. Les Poires mûrissant en octobre seront cueillies dès la fin de septembre et s'achèveront très-bien au fruitier sous l'influence d'une température peu élevée ; celles de novembre, décembre ettoutl'hiver, attendront sur l'arbre jusqu'à ce que le feuillage, par sa couleur et son aspect terne, annonce que la sève va bien- tôt cesser de circuler. Si le sol est sec et léger, l'exposition chaude, la cueillette sera avancée ; elle sera^ au contraire, re- tardée pour les mêmes variétés si le sol est aqueux et compacte et l'exposition froide. Ainsi, dans les petits jardins de la ville, anciennement étabhs^ pourvus d'un terreau abondant dans lequel les rayons du soleil se concentrent et maintiennent une température élevée et où la chaleur de l'air se multiplie par la réverbération des murs de clôture, un Doyenné d'hiver sera récolté de bonne heure si l'on ne veut le voir arriver à ma- turité avant la fin de novembre. S'il est venu sur un arbre' planté en rase campagne, dans un sol argileux et dont l'expo- sition incline au iiord, il n'aura pas perdu sa facilité de conser- vation en ne le cueillantqu'aux jours qui précèdent les premières gelées. En principe, plus une Poire est de maturité ta'rdive. plus l'époque de sa récolte doit être reculée. Certaines variétés d'une conservation à toute épreuve, mûrissant seulement au printemps, gagnent sur l'arbre tant qu'il n'a pas encore perdu ses feuilles, et même, si l'on n'attendait pas jusqu'à ce mo- ment, la chair de leur fruit ne serait pas achevée dans sa tex- — 217 — ture et dans ses sucs, et bientôt ils se rideraient et seraient de nulle valeur. Ce que nous venons de dire des Poires s'applique, en grande partie, aux Pommes que l'on doit cependant récolter encore plus longtemps d'avance. Les Pommes à chair tendre se ride- ront moins si on les laisse plus longtemps à l'arbre, mais aussi leur maturation sera moins prolongée. LesPommes à chair dure, cassante, gagneront jusqu'au moment de l'arrél de la sève et ne perdront rien de leur faculté de longue conservation. Les observations précédentes tendent à établir qu'un bon fruitier est aussi nécessaire à l'amélioration des fruits d'été qu'à la conservation des fruits d'hiver. iMàs. (Extrait de la Revue Agricole et Horticole du Gers.) LA LUNE ET LA PLUIE. Pends-toi, Lune, ma mie; il a plu et tu n'étais pas là. Tu étais nouvelle le 28 juin ; ton premier (juartier était le 6 juillet, et c'est le 2 juillet que le temps a changé. Pends-toi, Lune, ma mie. Elle doit être bien en colère après moi la Lune. Voilà que de tous côtés m' arrivent des renforts; tout le monde s'acharne après elle; mon grelot a produit son effet. Ainsi le Bien public, journal de la Côte-d'Or, publie sur ce sujet un article plein d'intérêt, dont nous extrayons les passages suivants : « Rien ne peut consoler les vignerons et les horticulteurs quand ils voient les bourgeons de leurs Vignes, les fleurs de leurs Pêchers, de leurs Poiriers, devenus noirs, détruits par les rayons de la terrible lune rousse ! Voyons au moins si les reproches qu'on lui fait sont fondés, et si cette lune est^ à un degré quelconque, responsable du mal qu'on lui impute. — 2t8 — 3) Tous les ans, au printemps, il s'établit dans nos climats tempérés, une lutte, un combat, entre le chaud et le froid, entre les '^nts glacés qui continuent à souffler de temps en temps du nord , encore couvert d'une épaisse couche de neige, et les vents du sud que nous envoie la zone équinoxiale, toujours chaude comparativement à notre Europe. La bataille a plus ou moins de durée ; la victoire reste plus ou moins de temps indécise,, suivant les circonstances qu'il serait trop long d'énuméreret que dans nos pays à saisons indécises^, mal faites, mal déterminées, il est impossible de prévoir et de calculer. L'automne présente un phénomène analogue et parfois aussi tranché : les premiers jours d'octobre sont trop souvent mar- qués par des gelées précoces qui grillent nos Haricots verts, nos Dahlias, nos Résédas, les Capucines, etc., etc. Et après quelques jours de froid, il n*est pas rare de jouir, pendant un mois ou deux, d'une température tiède et agréable. Le mai causé par le froid précoce de l'automne n'est rien, comparé à celui que causent les gelées tardives du printemps , celles-ci tuent les espérances de l'avenir, détruisent les choses de pre- mière nécessité, les éléments de nos jouissances et de nos ri- chesses... Au mois d'octobre, on peut porter légèrement le petit désagrément de n'avoir plus de Capucines pour parer la salade. 3) Quand le ciel est couvert pendant la nuit, et surtout de grand matin, il ne gèle pas. Les grands désastres arrivent quand le ciel est clair, très-clair-; d'où vient cette différence dans les effets produits? La voici : De même que la terre s'é- chaulfe sous l'action du soleil pendant le jour, elle se refroidit la nuit pendant l'absence du soleil. Il y a échange de tempéraure entre la voûte céleste et le sol ; mais pour que cet échange ait lieu, il faut qu'ils se regardent, qu'ils se voient : c'est ce qu'on appelle le rayonnement. Un nuage interposé entre eux pro- duit un effet analogue à celui que produirait sur vous une — 219 — couverture, un paletot dont vous vous envelopperiez pour passer la nuit à la belle étoile, sans courir le risque de mourir de froid. C'est pour la même raison qu'on a recommandé de hrùler, dans les vignes, soit du famier, du goudron ou d'autres substances produisant une épaisse ou lourde fumée ; elle se répand sur la surface du sol, lui fait, ainsi qu'aux plantes qui végètent, une espèce de manteau qui empoche en partie le rayonnement. 3) Malheureusement ce moyen, toujours coûteux^ n'est pas commode à avoir constamment sous la main, et cependant, il faut pouvoir l'employer pour ainsi dire instantanément; car, au moment où l'on s'y attend le moins, un ciel couvert peut s'éclaircir tout d'un coup, le rayonnement a lieu, et le proprié- taire qui s'est endormi tranquille sur l'assurance que lui donnait un ciel entièrement pris et même une pluie abondante et tiède, ne voit plus, à son réveil, que des pousses roussies, ge- lées, que les premiers rayons du soleil vont achever de dé- truire tout à fait. 3) J'ai écrit tout à l'heure le mot pluie... Si le temps s'é- claircit et se refroidit tout d'un coup pendant la nuit, surtout à l'approche du matin, et que les vignes, les arbres fruitiers, aient été mouillés auparavant, oh ! alors le mal est extrême, la ruine est complète. On dit que, en Bourgogne, les consé- quences de pareilles gelées se font sentir parfois plusieurs an- nées de suite. Pour continuer ma comparaison de la couver- ture, .c'est comme si on s'exposait à passer une nuit en plein air, tout nu et sortant de l'eau. T> Un de nos compatriotes a exphqué pourquoi les vignes plantées dans les bas gèlent plus volontiers que celles qui occupent des coteaux ou des sommets; c'est un effet qui se rattache au rayonnement et à la propriété des gaz de se strati- lier toujours de teUe façon que les couches les plus froides oc- cupent les parties inférieures de l'espace dans lequel elles peuvent se répandre. — 220 — î En quoi l'astre de la lune, qu'il soit roux ou de toute autre couleur, qu'il soit Lune de mars, ou Lune d'avril, peut-il être responsable de ce qui se passe à 90,000 lieues (de 4 kilomètres chacune) au-dessous de lui, et comment, en bonne conscience, lui imputer les malheurs qui résultent de la sérénité de ce ciel? Cette sérénité, nous l'avons dit, est la conséquence de l'arrivée d'un vent qui vient des régions boréales au lieu de venir du sud ou de l'ouest ; les régions d'où il nous arrive sont seulement à 5 ou 600 lieues de nous, au grand maximum à 8 ou 900 lieues... Certes, la lune ne peut être que bien inno- cente de l'effet désastreux de ces vents glacés. » Mais l'homme veut connaître les causes de ce qui lui arrive ; sans être absolument difficile sur le mérite des raisons qu'on lui donne^ il lui en faut. Il demande sur qui ou sur quoi il doit faire retomber ses plaintes, ses malédictions ; les gelées d'avril ou de mai ne sont à redouter que quand le temps est clair, et c'est alors seulement qu'on peut voir la lune... Donc c'est elle qui est le seul coupable, et on la chasserait bien vite du ciel si on pouvait. C'est une croyance populaire, vieille comme le monde, et que tous les raisonnements ont laissée debout ; elle satisfait à ce besoin qu'a notre esprit de connaître les causes des choses et de savoir à qui doit incomber la res- ponsabilité. En définitive, cela ne fait de mal à personne. » De son côté M. Willermoz a traité la question de l'influence de la lune sur la végétation, d'une manière très-remarquable dans le Bulletin de la Société d'horticulture du Rhône ; M, Por- cher a cru utile de faire l'analyse de ce petit travail et de la publier dans le Bulletin de la Société d'Orléans, auquel les Annales de la Société de Maine-et-Loire l'ont empruntée. Il résulte des recherches opérées par M. Villermoz que c'est Aristole, et sa docte cabale, qui ont inventé les fables qu'on débite sur les effets de la lune. Il n'est donc pas étonnant que ces croyances aient été adoptées et propagées avec confiance, — vu la parfaite loyauté du mailre, — par tous les illustres — 221 — savants, ses contemporains, ou qui sont venus après lui, Virgile, Pline, Galien, etc. En résumé M. Villermoz range au nombre des erreurs et des préjugés populaires les effets attribués à la lune sur la végé- tation, et M. Porcher termine ainsi son analyse : Ainsi soit-il. L'affaire est entendue ; nous n'en parlerons plus. F. Herincq. PURIFICATION DES EAUX PUTRIDES ET MALSAINES. Purifier et rendre salubres des eaux stagnantes ou coulantes, contenant des matières corrompues et des déjections nauséa- bondes, pour obtenir un engrais puissant, tel est l'intéressant problème qu'un grand nombre de personnes compétentes ont cherché à résoudre depuis quelques années et dont nous pou - vons aujourd'hui annoncer la solution. Depuis longtemps, en effet, des cités entières, des villages, môme de simples individus s'étaient préoccupés de cette im- portante amélioration, et ingénieurs, chimistes et praticiens avaient mis leur science et leur zèle à son service. Dès lors de nombreux procédés furent vantés et prônés ; mais ces théories qui parurent plausibles dans le principe, s'évanouirent promp- — 222 — tement devant la pratique avec laquelle elles étaient incom- patibles. Ainsi, entre autres, on conseille d'employer le charbon de bois, désinfectant bien connu, ou encore de mélanger l'eau impure avec une petite quantité d'eau de chaux. Or, on reconnut bientôt que ce réactif, qui pouvait, il est vrai, clarifier le liquide corrompu, était nuisible à la vie des êtres qui vivent dans son sein, tels que les poissons ; et_, en outre, il ne pouvait pas plus qu'avant l'opération servir pour les lessivages ou Fart culi- naire. Enfin, selon l'antique et vulgaire expression, on trouva à force de chercher. M. Le Chatelier, ingénieur en chef des mines, émit l'idée de se servir du sulfate d'alumine et commença bientôt l'ex- périence suivante, conjointement avec M. Léon Durand-Claye^ directeur adjoint du laboratoire des ponts et chaussées. Dans une quantité donnée d'eau sale et putréfiée, provenant même des égoùts, on mélangea une proportion connue de sul- fate d'alumine liquide à j 0° Beaumé. Sous l'influence de cet agent, si utile à l'industrie sous d'autres rapports, les ma- tières malsaines se précipitèrent et la masse totale expéri- mentée se divisa en deux parties bien distinctes. L'une de- vint semblable à une boue noire, spécimen d'engrais, suscep- tible d'être desséchée et pulvérisée; l'autre partie n'était plus qu'une eau limpide et claire, dépourvue de ses principes mal- faisants et, en outre, propre à la cuisson des légumes, aux les- sivages et agréable aux poissons, loin de leur être nuisible. Convaincue de ces faits, une société se créa bientôt, sous les auspices de l'administration municipale de la ville de Paris et l'habile direction de MM. Mill et Alfred DuranJ-Claye, ingé- nieurs, pour recueillir les eaux d'égout, à la sortie du grand collecteur à Asnières, et expérimenter ce procédé dans de vastes bassins, créés par elle, à cet etfet, dans la plaine de Gennevil- liers (Seine) . Ces bassins qui se trouvent, à proximité d'une importante fabrique de sulfate d'alumine, sont disposés de — 223 — façon à pouvoir irriguer et arroser les champs voisins avec l'eau d'égoût à son arrivée, selon le désir des cultivateurs riverains et moyennant une bien faible rétribution. Mais le principal but propose en les créant, a été de retenir le dépôt boueux, précieux comme engrais, et de rendre au fleuve, après l'avoT purifiée, l'eau de son affluent malsain. De plus, la ville de Paris a acheté, en cet endroit, un énorme champ d'expériences pour l'essai de la culture des plantes de produit ou d'agrément et oii des irrigations périodiques et fer- tilisantes ont donné naissance à une végétation luxuriante sur laquelle la Société centrale d'Horticulture s'exprimait en ces termes (mai 1869) : (( Afin de mieux reconnaître l'action fertilisante de l'eau )) noire des égouts et du terreau qu'elle dépose, l'adminis- V tralion municipale a fait l'acquisition d'un champ compléte- JD ment épuisé par une culture sans fumier et dans lequol un » fermier en était venu jusqu'à ne plus pouvoir obtenir même )> de maigres récoltes d'avoine. Cette terre a été labourée î" profondément, après quoi on y a mélangé le dépôt de l'eau y> d'égoùt. On voit que les produits qu'on en obtient dès cet » instant sont comparables à ceux que donne la culture ma- i> raîchère courante, tandis que précédemment, il est certain y> qu'on n'aurait pu rien retirer de ce sol épuisé. » Depuis lors les produits de cette sorte de colonie horticole, et particulièrement ceux de celte année, sont d'une richesse de végétation qui fait l'admiration des visiteurs. Pour compléter ces renseignements, sur l'élablissement de Gennevilliers, laissons parler les chiffres, qui ont toujours une grande éloquence au début d'une spéculation ou d'une expé- rience. Les collecteurs de la rive gauche et de la rive droite réunis ensemble à Asnières et le collecteur départemental à St-Denis, donnent ensemble, par jour, un débit d'environ 260,000 mètres — 224 — cubes d'eau d'égout ou environ 95 millions de mètres cubes par an. Par suite du dépôt qui ensable le lit de la Seine, les frais de dragage se montent à environ cent mille francs par an, car un mètre cube d'eau sortant du collecteur renferme jusqu'à trois kilogrammes de matières fertilisantes. La quantité de ce terreau peut donc s'élever, par an, jusqu'à 285 millions de kilogrammes d'engrais pur. Un crédit de 800,000 fr. a été d'abord ouvert par la ville de Paris. Provisoirement cinq ou six mille mètres cubes d'eau sont purifiés chaque jour. Les ingénieurs distingués, que nous avons nommés, de- mandent, pour frais d'installation, dix millions et environ un million pour l'exploitation annuelle. Ces chiffres qui paraissent énormes, se trouveront compensés par la vente de l'engrais et le bienfait d'une eau salubre alimentant la capitale, qui désormais n'aura plus à envier la plantureuse végétation, semblablement produite aux portes d'Edimbourg, de Milan et de Valence. Enfin, faite en grande ou en petite quantité, cette clarifica- tion, au moyen d'un produit chimique peu coûteux, procure non-seulement un précieux fertihsant, mais assainit encore toute eau putride, depuis la mare exhalant ses odeurs fétides et malsaines devant Thabitation du villageois, jusqu'au fleuve dont l'onde corrompue baigne et aUmente les cités populeuses. C'est à ces titres divers et à cause des avantages qu'elle pré- sage que nous avons cru qu'elle méritait d'être signalée à tous les amis du progrès utile et bienfaisant. Henri Quevilly. Pans — imprimerie horticole de E. Donraï-u, rue Cassette, 9. LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR, RDE CASSETTE, 9, A PARIS. LE CHAMPIGNON & SA CULTURE PAR M. LAIZIER i volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent. ESSAI SUR L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE COMPRENANT L'HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC I^'indleatlon de* mo^eBS propres à lea éloigner on aies détruiro et L'HISTOIRE DES INSECTES ET AUTRES A.NI»AUX UTILES AUX CULTURES Par le Dr BOISDUVAL. Ouvrage illustré de 425 figures gravées sur bois, et orné du portrait de l'auteur gravé sur acier. Prix : broché, 6 francs. GUIDE POUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE PAR KRŒNISHFRANCK BOTANISTE Un joli volume in-32 calombier, avec gravures coloriées.— Prix, broché : 5 fr. MEME LIBRAIRIE. L'ORTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Mi\ joli yolunie in-â2 colombier avec gravures. — Prix, broché : 4 fr, 50. Librairie de E.Donnaud, rue Cassette, 9. L'INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL TRAITANT DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS. DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DEGATS âc DES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER RÉDIGÉ PAR MM. Û' BOISDUVAL, H. HAMET, V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVALETTE, MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D^ BALBIANI, PILLAIN, GOUREAU, PLANCHON, A. GELOT. PRIX DE l'abonnement *. 10 FRANCS PAR AN. Une livraison de 32 pages tn-S" avec une planche cohriée. Paraît chaque mois. BUREAUX: RUE CASSETTE, 9, A PARIS. Vient de paraître à la Librairie de E. Donnaud. ANNÉE 1870. LE NOUVEAU JARDINIER I LLU STR É RÉ016É PAR MM. F. HERINCQ HPH. LAVaiLÉE — L- MEUKIAHH — B VERLOT — CELS — COURT ftlS- GERARD — J.-B. VERLOT — PAVftRD — BUREL Avec plas de liOO dessins intercalés daas le texte, DE MM. COURTiN. FAGUET, MAUBERT ET RIOCREUX GRATES PAR M. BISSOR. n-1 8 mm de plus de i,80ft PAG. PBIX bu.. 7 Fr. CARI.: 8 Fr. REL. !» F» N»». 90* Année. 1S90. JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTldULES OOKTERANT Li CDLTDRE RAISONNÉB, LA DKSCUIFTION ET L'HiSTOlKE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGDMES, LA DESCRIPTION ET L'DSAGE DES I^STRUMENTS NOUVEAOX, PUBLIÉ AVEC LK CONCOURS DES iffiTEORS f T DES PRINCIPAUX HORTICDLTEDR^ DE FRANCE SOUS LA DIRECTION DK M. F. HERINCQ, RÉDACTECR EN CHEF. iTTicaé ào mcséom d'histoibe MiLTURELLe UE Paris, Collaborateur du Stanael Jet niamei, des figures du Bon JarUInltt, Ex-Rédacteur principal de la SocUii Whoriicuiiure di la Semt , Membre boaoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'borticulture, etc. L'Horticnltear Français parait le a le chaque mois, par liTraison de 32 pages de texte grand in-8, et d'aae planche grarée et coloriée arec le plas grand soin. S Paris 10 fr. par an. Départements. 11 fr. — Étranger 15 fr. — iTontes les demandes d'abonnement devront être accompagnées d'un bon du montant de l'abonne- ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au nom de M. E. DONNAUD, rue Cassette, 9. Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon sur la poste on sur uue maison de Paris, sont avertis que nous leur ferons prt^seiiter une quit- tance de DOUZE francs. Cette augmentation de DN franc sert à pa^er les frais de négociation de la traite qui leur est adressée. a'.i>i!3]^i<. ^ PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RUE CASSETTE, 9. 1870 -co MM. les Horticulteurs sont priés seite,9, et de communiquer tout ce q.. .. Nous mettons sur la dernière page d. ... mots et doni nous avons reçu un exemplaire Librairie de £. DONNAUD, éditeur, rue Cassette, 9. DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT l'histoire la description, la figure des fruits anciens et des fruits modernes LES PLUS généralement CONNUS ET CULTIVÉS, Par André LEROY, pépiniériste, Cbevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres, des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger. EN VENTE Oa l^ i^ 53^ Cê:> ^ ^^^^ ^^^^ ^ 2 volumes grand in-S". Tome 1" A— C, 389 variétés. ) > t>io variétés. Tome 2» D— Z, 526 — ) ■Prix: brochié, t© fr. le volume. Soit 20 francs pour l'exemplaire complet de riIISTOIRE DU POIRIER. SON HISTOIRE , SA CULTURE Suivi d^une monographie des espèces et des variétés principales Par E. GHATÉ fils, horticulteur. Un volume in-fl G colombier.— Prix : broché, 1 fr. 50 CULTURE DES PLANTES AQUATIQUES par M. D. HÉLYE Chef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : * fr. 50. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR Un volume iû-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Prix : 1 fr. »5. SOMMAIRE DU IVUHERO D'AOUT. F. Herincq, Chronique. — 0. Leschyer. le Weigelia Lowii (PI. VIII). — Ern. Bernard. Les Phlox : choix des meilleures variétés. — Louesse. Les Cactus Rafinesquiana et vulgaris. — Eue. de Martragay. Laurier-Cerise à larges feuilles. — G. d'Hangest. Boulures de Rosiers. — Guenin-Gauthrot. Moyen de faire fructifier le Poirier. — F. Herincq. Kote pour servir à l'histoire de la Végétation : suppression de fruits sur le Pêcher ; Pêches sur un rameau sans feuilles. — Dagorno aîné. Cul I are dt's Choux-fleurs à Paris et aux environs. — V F. Herinco. La Géothermie. — Totius. Petites nouvelles;, rusticité; vitalité des grettes d'arbres fruitiers ; Champignons cultivés dans des écuries ; Pommes de terre du Chili; Orangers nains delà Chine; Violette double de Brandi ; étiquettes; Vallota purpurea; piège à Loirs; destruction du Tigre; destruction des Courtilières. — Travaux du mois de Septembre. CHRONIQUE Caractère d'une chronique. Procédé Duchesne-Thoureau pour la culture de la Vigne; opposition de recelé des mutilations; ses objections au sujet de ce système ; adhésion de la Société d'horticulture de l'Aube et du congrès vi- licole de Beaune. Procédé Clos, pour répandre l'erreur au sujet du Radia sauvage amélioré. Rusticité au Benthamia fragifera à Toulouse- assertion à réformer à son égard dans le Manuel des plantes de Jacques et Herincq; Toulouse n'est pas où levain peuple pense. Statistique horticole du déparle- • ment de la Haute-Garonne. La violelle de Parme doit être débaptisée. On déraisonne toujours autour de l'inâueDce de la greffe et du sujet. Mon être tout entier est pénétré de tristesse. Vingt fois j'ai pris la plume pour commencer ma tâche mensuelle, et vingt fois je l'ai déposée ne trouvant pas im mot à tracer. C'est que, quand les engins de la mort moissonnent peut-être des exis- tences amies, quel que soit la légèreté du cerveau, le cœur est peu disposé à lancer des fusées joyeuses; et ma conviction est qu'une chronique ne doit pas être un diluvium de bombes asphyxiantes, comme un discours académique. Mes adver- saires diront ce qu'ils voudront de cet aveu ; ils me traiteront, s'ils veulent, d'esprit léger, d'ennemi de la science et des — 226 — institutions scientifiques, peu m'importe. Je démontrerai, quand il le faudra, qu'çn dévoilant des abus, qu'en frappant d'ironie certains faits et les actes de certains hommes_, j'ai toujours servi, avec le plus entier désintéressement, ce qu'on prétend que je cherche à desservir. Si V Horticulteur français ne suffit pas, j'ai de plus paissants moyens de publicité que j 'appellerai j alors, à mon aide, pour faire la lumière sur ce que des intérêts purement .personnels veulent tenir dans Je sombre obscur ; cliaeun verra si je trahis ou si je sers les intérêts qui me sont confiés. En attendant, continuons de combattre pour la ^oire de l'horticulture, et le salut de quelques vieux routiniers qui s'encroûtent dans les anciennes méthodes et qui se prétendent cependant grands amis du progrès. Parmi les procédés de culture de la Vigne qui ont été mis en évidence depuis quelques années, il en est un qui occupe actuellement beaucoup les arboriculteurs, non pas parce que il est agréé et proclamé dans le monde horticole ; bien au con- traire. Ce système n'a été révélé, pour ainsi dire, au public, que par des controverses et des dénégations sans nombre, quand il n'était pas accueilli avec un profond dédain, au sein de certaines sociétés d'horticulture : ce système est une sorte d'hybride de la non-taille, et de la taille à long bois. Et je l'avoue, mon opinion était un peu celle de tout ce monde, c'est-à-dire que, subissant l'entraînement général^ je ne me permettrais pas de supposer que les hommes considé- rables-qui avaient condamné le procédé, se fussent prononces sans une pleine et entière connaissance de cause. En outre, rien ne m'autorisait à croire qjie la passion, ou tout autre mo- bile plus ou moins inavouable, eût dicté les décisions souve- raines que, comme tant d'autres, j'acceptais de confiance, sans chercher à les contrôler, Mais depuis l'aiTaire du fameux Radis sauvage amélioré, je sais ce que valent le contrôle et l'ap- — 227 — probation de certains hommes, de certaines sociétés d'hor- ticulture. Dans cette question de la Vigne, une chose, toutefois, m'a- vait frappé : c'était le courage et l'énergie qu'en toute occa- sion déployait le promoteur de ce système, M. Duchesne- Thoureau, qui, depuis neuf ou dix ans^ persistait et s'ohstinait aie rapporter incessamment sur le terrain de la discussion, malgré l'unanime improbation de nos arboriculteurs, et quand il savait, à l'avance, que dans toutes nouvelles discussions sa voix serait étouffée par les dénégations d'une assemblée pré- venue contre lui, et qu'il serait seul à soutenir son sys- tème. Malgré l'inégalité de la lutte — un contre tous — M. Du- chesne n'a pas reculé d'une semelle ; son courage n'a pas fai- bli. Il est vrai que, dans plusieurs concours horticoles et agri- coles des départements, il a remporté divers succès qui, — il faut le dire aussi^ — au lieu de lui être utiles, n'ont fait que soulever plus d'hostilités de la part des partisans de l'école adverse. La Société (T horticulture de l'Aube^ qui pendant longtemps a tenu rigueur à M. Ducliesne, a fini par reconnaître qu'elle avait eu tort de fermer les yeux et de rejeter son procédé, sur de simples assertions acceptées de confiance et sans examen. Dans un long rapport très-circonstancié, une commission composée d'hommes spéciaux et bien connus de cette société, déclare et proclame hautement, aujourd'hui, que les cultures viticoles de M. Duchesne, loin d'être défectueuses, comme l'assure l'école adverse, sont au contraire tellement supérieures à ce qui est pratiqué en général, que, grâce à son initiation, une voie nou- velle et féconde est ouverte ^ l'horticulture; qu'en un mot l'auteur de ce procédé a été victime de préventions que rien ne justifie. Et ladite commission, voulant confirmer par une adhésion, sans réserve, l'utilité des cultures qui lui ont été sou- — 228 — - mises, n*a point hésité à demander pour M. Duchesne une médaille de vermeil. Presque en même temps le congrès universel de viticulture réuni à Beaune (Côte-d'Or), statuait sur le même procédé de culture en décernant, à l'auteur, une médaille d'or; et, au der- nier concours agricole du Palais de l'industrie à Paris, chacun s'arrêtait et admirait, comme nous, les produits remarquables exposés, par M. Duchesne, et s'informait des procédés de culture qui permettent d'obtenir des résultats aussi prodi- gieux. Aussi, ai-je quelque peu modifié mes impressions premières, qui n'étaient pas précisément favorable au procédé Duchesne, et suis-je surpris de voir l'opposition acharnée qu'on conti- nue de lui faire, dans des sociétés qui se déclarent, toujours, instituées pour le progrès de l'horticulture, mais qui défen- dent, il est vrai, avec un égal acharnement, l'erreur. et les pré- jugés, sans autres faits que la bonne foi des inventeurs. Actuellement, se voyant battus, les défenseurs de l'école delà nmtilation des arbres réduisent leur opposition à trois objections :"!• que le procédé Duchesne est impraticable sous le climat de Paris; 2"* que les raisins n'acquièrent pas un degré parfait de maturité sous le climat de Paris; 3° que la produc- tion exagérée de ce procédé ne peut pas être maintenue pendant de longues années, sans préjudice pour l'arbre ou le cépage. Or, M. Duchesne a fait, sur plusieurs points aux environs de Paris, des applications de son système; j'en ai vu quelques- unes, et je n'hésite pas à déclarer que je suis convaincu et dé- cidé à défendre un mode de culture qui produit des résultats aussi surprenants. Mais nous laisserons la parole à M. Du- chesne, qui veut bien développer lui-même son procédé dans \' Horticulteur ; nous en commencerons la publication dans un prochainlnuméro, et nous en recommandons tout particulière- ment la lecture. — 229 — En fait de procédé, en voici un qui est employé par la So- ciété d'horticulture de la Haute-Garonne, pour» venir en. aide à sa sœur de Paris en détresse : « On connaît, dit l'honorable président Clos, les expériences par lesquelles M. Carrière est arrivé à faire du Raplianus ra^ phanistrum une plante domestique. La valeur et le succès de ces expériences ayant été contestés, elles ont été renouvelées dans le sein de la Société impériale et centrale d'horticulture, et les résultats ont été le* miêmes que ceux obtenus par M. Car- rière. ». Qu'ai-je donc fait à l'honorable président de laSociétô d'hor- ticulture de la Haute-Garonne, pour qu'il rapporte ainsi l'his- toire dans le dernier bulletin de cette Société? Il n'ignore pas cependant que la Société impériale et centrale n'a pas de sem, c'est-à-dire de jardin, et ^qu'elle n'a pas pn, par consé- quent, renouveler les expériences qui, en outre, demandent au moins quatre années pour donner les résultats. Il sait aussi, car c'est inscrit au journal de celte Société, que les premiers essais entrepris par quelques membres du comité des cultures expérimentales, en dehors de son sein, et sans y avoir été in- vité par elle, ont été bouleversés complètement, et que ces essais ont été abandonnés. Qu'ai-je donc pu faire — je me le redemande — à cet honorable président, ami de la vérité et du progrès scientifique, pour écrire ainsi l'histoire ? En tout cas, je ne recommande pas son procédé aux autres présidents de sociétés, pour propager l'erreur et l'absurde; car ce n'est pas précisément de l'honnêteté scientifique. Et on trouve étonnant que je doute parfois de la sincérité des assertions de certains savants ! On serait incrédide à moins. La même numéro des Annales de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne; contient un article tres-intéressant sur la rusticité du Benthamia fragiferay dans lequel se trouvent ces passages : Il fait voir aussi des rameaux sur lesquels un ou deux fruits sont attachés vers l'extrémité, sans feuille ni bourgeon 'Août 1810. 16 ^ 242 — au-delà; seulement, vers la base du rameau se trouve un ra- meau de remplacement. M. Lepère affirme que les fruits ainsi placés atteignent aussi bien que les autres leur parfait déve- loppement. )) Tout le monde qui étudie la physiologie sur la nature vi- vante a observé et constaté le fait signalé par M. Lepère ; il n'y a pas de Pêcher qui, chaque année, n'en présente un exem- ple. Or, puisque ces Pêches ne reçoivent pas de sève descen- dante élaborée par les feuilles, elles ont donc élaboré elles- mêmes la sève ascendante brute, qui arrive directement du sol dans leurs tissus. C'est donc dans les cellules de ces tissus que la sève brute est transformée, au début de la végétation, en liquide nourricier des cellules nouvelles qui s'ajoutent aux anciennes pour accroître le volume du fruit; c'est donc toujours dans l'intérieur de toutes les cellules qui constituent le fruit parvenu à son dernier développement, que la sève brute sa- pide est élaborée et transformée en jus sucré et vineux qu'on recherche et savoure dans une bonne Pêche. Nos adversaires auraient mauvaise grâce à soutenir, ici, le contraire. F. Heringq. CULTURE DES CHOUX-FLEURS A PARIS ET AUX ENVIRONS (1). g 1. — Des Clioux'fleurs de primeur et de printemps. Le Chou-fleur dit Petit-Salomon se cultive pour la haute pri- meur. On le sème du 8 au 1 0 septembre dans un terrain léger et bien préparé. Si le temps est beau et si l'exposition où est fait le semis est favorable, on peut opérer à Tair hbre ; dans le cas contraire, il est essentiel de poser des châssis sur le semis il) Belg. horticole. — 243 — en les soutenant au moyen de pots à fleurs, de manière à em- pêcher l'action des pluies fréquentes et des brouillards, qui font naître souvent, sur les plantes du Meunier qui les fait périr ou en retarde beaucoup le développement et leur nuit môme jusqu'à leur maturité. , Il importe d'élever le plant de telle sorte qu'il ait assez poussé pour être bon à repiquer sous châssis, -ayant une première feuille, dans la première huitaine d'octobre. On repique sous châssis, dans un terrain bien préparé et bien situé. Si le ter- rain oii doit se faire le repiquage n'est pas dans de bonnes conditions de légèreté, on le couvre d'une couche de bon ter- reau de fumier ou de feuilles sur 3 à 5 cent, d'épaisseur, selon que le terrain l'exige. Après la première quinzaine qui suit le repiquage, si ces jeunes plantes semblent disposées à une vé- gétation rapide, on doit les tenir au grand air, jour et nuit ; il importe même de leur donner quelquefois l'accès de l'air libre, dans la crainte qu'elles ne deviennent trop tendres, ce qui ar- rive quelquefois et peut alors amener de graves inconvénients. D'un autre côté, l'excès de végétation peut les rendre très-dif- ficiles à préserver des fortes gelées, ou encore les disposer à montrer leurs boutons trop tôt^ ce qui arrive quelquefois par- tiellement dans cette variété. Si l'on est obligé, ce qui arrive quelquefois^ d'enlever les châssis qui couvrent les Choux repiqués, on doit veiller avec soin à ce que les premières gelées blanches n'atteignent pas les plantes ; car c'est souvent pour elles une cause de destruction par l'effet de la maladie charbonneuse qui vient à la suite. Lorsqu'on cultive, avec les soins convenables, des plants de Choux-fleur dit Pelit-Salomon , vers le 20 jusqu'à la fin de novembre, on doit les renfoncer. S'ils sont dans de bonnes con- ditions de végétation, cela se fait dans le même terrain ; on peut les arracher et les replanter ensuite à la même place sans labourer la terre, pourvu qu elle ait été bien préparée pour le — 244 — repiquage et qu'elle soit, comme il a été dit plus haut, en bon état de légèreté : mais on doit, lors du renfonçage, ne mettre que 70 à 80 pieds, au plus, sous chaque châssis, tandis qu'au repiquage on peut en placer 150. Le renfonçage des plants est un très-bon préservatif contre les fortes gelées et contre l'humidité de l'hiver. , Le jardinier qui élève ces plantes dans de bonnes conditions pourra les planter en place du 15 janvier à la fin de ce mois, sur des couches déjà éteintes. Cette plantation se fait au mi- lieu d'une culture de laitue noire assez avancée, ou parmi des épinards dits de Hollande. On doit se tenir en garde contre la chaleur des couches, car les plants de Choux-fleurs brûlent très-facilement. Il est très-bon de mettre alors, par châssis, 8 ou 9 Choux au plus et, à mesure qu'ils grandissent, d'élever les coffres de manière à conserver une certaine distance entre eux et les verres, afin d'éviter de les couvrir dans le cas de petites gelées de 1 à 3 degrés centigrades. Les Choux-fleurs ditsPetit- Salomon, cultivés dans de bonnes conditions, atteignent une bonne maturité du 10 mai à la fin du même mois. Vers la fin d'avril et aux premiers jours de mai, époque où ils tendent à montrer leurs boutons, il faut avoir soin dé les arroser fré- quemment. Si le temps est beau et sec, il faut les arroser tous les jours abondamment. Ce sont en effet les arrosages fréquents qui en avancent la maturité^ en améliorent la qualité et les rendent tendres et blancs. Pour les avancer, il est très-bon de pratiquer les arrosements sous les châssis. Le Chou-fleur Gros-Salomon se cultive de la même façon et appartient à la même variété ; il arrive à la maturité dans la fin de mai et jusqu'au 20 juin, quoiqu'il ait été semé à la même époque et cultivé de la même manière. Il n'existe bien qu'une variété de Chou-fleur dit Salomon : le gros a été distingué par nos anciens jardiniers qui l'ont tiré d'une dégénérescence du petit, en vue d'augmenter le volume du produit. Or, tandis — 245 ^ que, d'ordinaire, raccroissement du volume ne s'opère qu'au détriment delà qualité, il n'en a pas été ainsi pour la plante en question : il est connu, en. effet, que le Chou-fleur Gros-Salo- mon a autant de qualité que le Petit; seulement il est beaucoup moins hâtif. Or, par une culture bien entendue du Chou-fleur dit Petit-Salomon, on peut en obtenir une récolte printanière de plus, à cause de sa précocité, et avoir ainsi dans la culture des Choux-fleurs un meilleur résultat pécuniaire. Il ne serait cependant pas prudent, pour les jardiniers, d*a- bandonner la culture du Chou-fleur Gros-Salomon , en se plaçant uniquement au point de vue de l'intérêt pécuniaire. En effet, il a l'avantage de fournir à la consommation des Choux- fleurs d'excellente qualité au moment où la haute primeur est épuisée et où les produits de pleine terre ne sont pas encore ar- rivés. Nous féHcitons nos anciens cultivateurs d'avoir opéré un progrès réel par l'obtention du Chou-fleur Gros-Stilomon qui est un légume parfait et qui a, pour le consommateur, l'avan- tage de venir à un moment de l'année où autrefois on était privé de Choux-fleurs. En résumé, il est bien compris que les Choux-fleurs Petit et Gros-Salomon font partie de la culture printanière, mais que le Petit est de haute primeur, tandis que le Gros est printanier. § 2. — Culture des Choux- fleurs pour l'été. Pour l'été on cultive le Chou-fleur Lenormand et le demi- dur. On doit semer l'un et l'autre du 12 au 15 septembre, tous deux à la même époque, les repiquer avec soin dans un bon terrain, sous châssis, vers le 15 octobre, et leur donner un ren- fonçage du 25 novembre au 10 décembre, si la végétation a fait beaucoup de progrès ; cette opération est toujours bonne à pratiquer en vue de la conservation du plant destiné à passer l'hiver. Ce plant doit être enfoncé à 0"" 70 et 0°» 80 sous les châssis. Par ce moyen, il est facile à préserver du froid avec — 246 — Taide d'une couverture formée d'un paillasson ou d'une lé- gère couche de fumier sec ou de feuilles jetées à la main sur les vitres. . . On doit avoir soin de découvrir chaque fois que le temps le permet, car il ne serait pas prudent de tenir ces jeunes plantes couvertes pendant plusieurs jours de suite ; il est même bon en temps d'hiver, de donner de l'air quand le temps est propice; or, il est presque toujours facile de le faire, les plants de Choux- fleurs devant toujours être placés à la meilleure exposition de nos jardins. Les plantes de Choux doivent rester sous les châssis pendant tout le mois de mars, dans la crainte des gelées souvent rigou- reuses de cette saison. Mais ils doivent être tenus constamment au grand air, afin qu'ils se trouvent en état d'être mis en place dans les premiers jours d'avril. Le Chou-fleur Lenormand est supérieur au demi-dur pour la culture et même pour la consommation. Il a l'avantage de venir à très-bonne maturité dans un terrain sec et d'être pour la consommation d'une qualité parfaite; si on le plante dans un bon terrain et qu'on ait le soin de l'espacer de 0" 70 à 0°" 80, on en obtient des résultats parfaits, vers la fin de juin, sans avoir pratiqué beaucoup d'arrosages ; il faut même être prudent en ce cas. Le Chou-fleur Lenormand offre aux cultivateurs un avantage sérieux : c'est de donner des produits magnifiques sans arro- sages et d'avoir une précocité d'environ un mois d'avance sur le demi-dur; cela est très-avantageux dans les terrains des environs de Paris pour les récoltes à obtenir successivement. Le Choux-fleur demi-dur se cultive de la même manière que le Chou-fleur Lenormand : il peut être planté à la même époque, il doit être espacé de la même manière ; il n'exige pas de grands arrosements jusqu'au moment oii il se dispose à pren- dre le bouton j mais, vers la fin dejuin, on peut compter qu'il ■— 247 — doit recevoir dix litres d'eau par jour, à moins que les pluies ne soient fréquentes. Si l'on veut obtenir de beaux et bons produits de cette va- riété, vers la fin de juin, on doit disposer du fumier de vieille couche encore bon et assez long, et en former un tapis d'envi- ron 0"" 05 d'épaisseur. Ce moyen est très-efficace pour rendre moins nécessaire l'extrême abondance des arrosements au mois de juillet, quoiqu'il ne faille pas pour cela épargner l'eau. Le vrai Chou-fleur demi-dur joue un très-grand rôle dans les cultures des environs de Paris, et il rend de très-grands ser- vices à la consommation ; le point culminant de sa récolte a lieu entre l'été et l'automne, à un moment où il reste seul dans nos jardins. Nous devons, dès lors, tenir grand compte de cette excel- lente variété qui alimente nos marchés pendant la plus grande partie de l'année. On peut encore semer de la variété demi-dur au 26 novem- bre. Le semis se fait alors sous cloche où il passe l'hiver. Au mois de février, on repique sur une couche tiède et on obtient ainsi des produits magnifiques à la fin de juillet. 0% peut également semer cette variété dans les premiers jours de'mai sur une couche demi-chaude et à l'air libre. Au bout d'un mois environ, on a déjà des plants bons à mettre en place au milieu de cultures de Melons de première saison ; vers la fin d'août, on en obtient des récoltes magnifiques. Nous ferons remarquer avec insistance à nos jardiniers que, pour les semis de Choux-fleurs à faire en mai et juin, on «loit avoir grand soin de pailler le semis avec du fumier de cheval qui ait encore l'odeur d'urine le plus possible, afin d'éviter la lerrette ou puce noire (Attise) qui détruit parfois totalement les semis. Si on a réussi à la germination, il ne faut pas se croire pour cela délivré complètement de ces insectes destructeurs; car.il arrive parfois que, quand les Choux-fleurs changent de — 248 — feuilles, ils surviennent en assez grand nombre, de manière à détruire en peu de jours un semis dont on était très-satisfait. Dans ces circonstances fâcheuses, il est un moyen simple et peu coûteux dont on doit faire usage : on bassine le semis, au moyen d'un arrosoir à trous très-fms, avec l'eau de tabac. On établit par-dessus le semis de petits treillages élevés d'envi- ron 0"" 10 de terre;, sur lesquels, pendant qu'il fait soleil, on étend une toile assez serrée. Il s'établit ainsi un courant d'air qui déplaît énormément à ces petits animaux destructeurs, qui disparaissent en quelques jours. Il est toujours essentiel de faire le semis au nord, autant que possible, dans le but d'ob- vier à ce désagrément. Le Chou-fleur Lenormand et le demi-dur sont les deux meil- leures variétés à cultiver pour l'éié. Dagorno aîné. {La suite au prochain numéro). LA GÉOTHERMIE. La géothermie est l'art de chauffer la terre ; c'est un art tout nouveau qui erre encore à l'aventure. M. Naudin avaii émis l'idée, il y a quelque 15 ou 20 ans, qu'en chauffant le sol d'un jardin, par exemple, on pourrait y cultiver des plantes exotiques des régions tempérées et même chaudes, sans abris et sans craindre de les perdre par le froid de nos hivers : la chaleur du sol, disait- il, les préser- verait de la gelée. Personne, que je sache, n'a essayé de mettre en pratique l'idée de M. Naudin; on n'était pas assez certain du résultat annoncé par notre savant confrère. M. Vanoni, entrepreneur de fumisterie, vient d'appUquer ce système pour la culture de primeurs; mais eu couvrant toute- fois le terrain de serre ou de coffres vitrés. ,Ce n'est plus — 249 — précisément, dans ce cas, la géothermie rêvée par M. Nau- din : c'est la culture ordinaire des primeuristes dans laquelle la couche de fumier est avantageusement remplacée par un courant d'air chaud provenant d'un calorifère muni d'un ap- pareil de ventilation et de saturation ; système très -ingénieux, et qui a déjà donné d'excellents résultats dans les expériences entreprises par M. Vanoni, sous la direction de M. Helye, chef de culture au jardin des Plantes de Paris. Nous avons visité ces cultures expérimentales, établies ave- nue de Saint-Mandé, à Paris, et elles sont très-intéressantes. Les serres sont à deux pentes 'et ayant chacune deux bâches de 4 mètre de largeur, séparées par un sentier de 80 centi- mètres. Ces bâches ont, pour ainsi dire, deux étages : un plancher les partage en deux : le rez de chaussée constitue la chambre de chaleur, et le premier étage est rempU de terre sur 40 centim. environ d'épaisseur. Mais ce premier étage ne recouvre pas dans toute sa longueur la chambre de chaleur; il est arrêté par une cloison en briques, à l'extrémité opposée à l'entrée, à 25 ou 20 centimètres du mur de la serre, de ma- nière à laisser entre cette cloison et le mur une ouverture qui communique à la chambre inférieure et par laquelle s'échappe la chaleur qui entre alors dans la serre, chassée avec force par le nouveau calorique que produit l'appareil, et qui, après avoir passé au-dessus d'un réservoir d'eau pour s'imprégner d'humidité, entre dans cette chambre chaude par une ouver- ture opposée à l'ouverture de sortie. Par cet ingénieux système, non-seulement la terre est chauf- fée, mais l'air de la serre est agité ; il y a une sorte de cou- rant qui passe sur les plantes, et qui les empêche de s'allon- ger, de s'étioler, comme dans les serres ordinaires oh la chaleur est dégagée sur place par des tuyaux qui circulent le long des murs. Outre ce courant d'air chaud, il y a un système de ventila- — 250 — tion qui ajoute encore à la mobilité de l'air, et permet de ré- gler la température ambiante dans les environs de 1 8 degrés centigrades. Les plantes enfermées dans de pareilles serres ne se croient pas prisonnières; au milieu de cet air agité, sans cesse renou- velé, elles s'imaginent vivre en pleine liberté, dans leur mi- lieu normal, et cette satisfaction les dispose à donner de beaux- et abondants produits, comme ceux que nous avons vus. Les premières expériences ont porté sur les plantes sui- vantes : Haricots, Pommes de terre, Asperges, Radis, Carottes, Choux-fleurs, Laitue, Romaine, Melons, Concombres, Ananas, Fraisiers, etc. Et succès complet sur toute la ligne. Le système géothermique de M. Vanoni peut tout aussi bien s'appliquer aux simples coffres qu'aux serres. Mais... il y a toujours dans les innovations de ce genre un fâcheux mais^ et celui du système géothermique porte exclusi- vement pour nous sur le prix d'établissement, et sur les frais de chauffage. Aujourd'hui, les quelques expériences qui ont été faites à la fin de la saison ne permettent pas encore de donner des chiffres exacts; attendons. Quoi qu'il en soit, nous croyons que ce système est appelé à rendre d'immenses services, surtout dans les régions du Nord, où la couche est insuffisante pour la culture des primeurs ; et les Russes, dès qu'ils le connaîtront, s'empresseront certaine- ment d'en faire l'application. Pour eux, il y aura toujours éco- nomie dans son emploi. F. Herincq. PETITES NOUVELLES. Rusticité. M. Monay, de Toulon, a adressé, à la Société d'ac- cHmatation de Paris, les détails suivants sur le degré de rusti- cité de quelques plantes : Sa propriété est située dans le coin le — 251 — plus abrité du littoral méditerranéen, et le thermomètre y des^ cend rarement à zéro. Pendant les froids rigoureux de la fin de décembre, rien n'a soulfert chez lui, à l'exception de VEuca- lyptiis globulus, dont les feuilles seules se sont desséchées sous l'influence du mistral ; les Orangers et les Citronniers n'ont pas été atteints. Parmi les Palmiers, il a constaté la rusticité des espèces suivantes : Corypha amtralis, Latània borbonica, Cha" mœrops excelsa, Jubœa spectabilis, Seaforthia elegans, Cocos flexuosa. Le Cocos australis a légèrement souffert, le Musa en- sefe a parfaitement résisté. Toutes cesespèces, d'après M. Monay, ne craignent pas un froid de 3 ou 4 degrés, pourvu que le vent ne souffle pas. Vitalité des greffes d'arbres fruitiers. Les greffes peuvent conserver leur vitalité beaucoup plus longtemps qu'on le croit. Le journal the Field rapporte le fait suivant : Au mois d'avril 1868, la Société d'horticulture de Victoria, en Austrahe, ayant reçu de Ghiswich Garden (Angleterre) des greffes d'arbres frui- tiers coupées au mois d'octobre 1867, ne put les utiliser à leur arrivée, parce qu'elle n'avait pas d'arbres en état d'être greffés; il fallut conserver ces greffes jusqu'au mois d'août suivant. Malgré un intervalle de neuf mois qui s'est écoulé entre le moment où les greffes ont été coupées et celui où elles ont été utilisées, 66 Pommiers, 72 Poiriers, 24 Figuiers, 5 Pru- niers et 5 vignes furent sauvés. Cette réussite prouve donc que n'importe quelles espèces d'arbres fruitiers peuvent être introduits dans des pays lointains avec la certitude d'un par- fait succès et presque sans frais.. Une caisse d'un volume mo- déré peut contenir des milliersfde greffes. Hermétiquement fermée, on peut, dans la traversée, traiter cette «aisse comme une marchandise ordinaire. Champignons cultivés dans desécuries. D'après le même journal (the Field) , les Bulletins de la Société d'acchmatation don- nent les renseignements suivants sur cette culture : « Le baron — 252 — Joseph d'Hoogvarst, de Limmal, a obtenu de très-bons résultats jen cultivant les Champignons dans de petites caisses disposées les unes au-dessus des autres comme les rayons d'une biblio- thèque ; le tout étant placé dans une écurie. Les caisses ont à peu près 1 m. 20 de long sur 0 m. 30 centimètres de large. Un rideau coulant sur une tringle dérobe la culture à l'action de la lumière. L'expérience n'a pas été accompagnée d'émanations malsaines pour les chevaux. Les couches étaient formées de fumier de chevaux richement nourris. L'auteur de cette note recommande cette forme de culture en faisant ressortir combien elle prend peu de place et qu'elle n'exige aucun soin. D'après lui-, elle devrait surtout être tentée dans les grandes villes. Pour cette culture le fumier de cheval peut être remplacé par des feuilles mortes. D'après l'auteur de la note du journal the Fieldy qui en a dernièrement renouvelé l'expérience, trois parties de feuilles mortes et une partie de terre végétale bien mélangées, et arrosées, à mesure que la fermentation avance, avec de l'urine venant directement de l'écurie, donnent des couches à Champignons aussi excellentes que celles faites avec le meilleur fumier de cheval. Pommes de terre du Chili. Le docteur Funck a introduit dans ces derniers temps, pour la Société d'acclimatation de Berlin, les dernières variétés de Pommes de terre qui manquaient à cette Société pour compléter sa collection de Pommes de terre du Chili. De son côté le professeur Philipi, de Santiago, a en- voyé, à cette même Société, plusieurs Pommes de terre des hauts plateaux de Bolivie. L'Allemagne se trouve ainsi dotée de toutes les variétés de ce pays et surtout de Pommes de terre sauvages, qui promettent de rendre de grands services, tant pour la production contre la maladie, que pour l'introduction de variétés nouvelles. Orangers nains de la Chine. M. le docteur Martin annonce à la Société d'acclimatation de Paris l'envoi des quatre Orangers — 253 — nains cultivés à Pékin, oh ils sont traités comme plantes de serres et rentrés soigneusement, sous peine de ne pouvoir ré- sister aux froids rigoureux de l'hiver. Deux de ces Orangers appartiennent au Citrus microcarpa, de Bunge ; dans le Sud les Chinois appellent cet oranger Kum-quat ; dans le Nord on le ■connaît sous le nom de Kin-kû. Le fruit est rond et ne dépasse pas la grosseur d'une Cerise. Les Chinois l'estiment beaucoup pour la fabrication des confitures. L'autre espèce d'Oranger est le Kint-sao. Les fruits sont oblongs, et ont à peu près la forme et la grosseur du fruit du Jujubier. Les fruits de ces Orangers mûrissent vers le mois de janvier. Violette double de Brandy. Cette variété, encore inconnue en France ou tout au moins fort rare, a les fleurs d'un beau bleu violet, striées de rouge et très-odorantes. D'après une note de M. Otto, insérée au Journal de la Société de Hambourg, cette violette se force très-bien dans une serre froide. On en relève simplement à l'automne des pieds provenant de la pleine terre ; on les empote et on les rentre dans la serre ; vers le 15 janvier suivant les fleurs apparaissent. Cette variété supporte parfai- tement l'hiver à Hambourg, où le froid est plus rigoureux qu'en France ; elle est par conséquent acquise à nos parterres. Etiquettes. M. Paul Simon a présenté à la Société d'horticul- ture de Paris des étiquettes courantes pour arbres fruitiers, qui paraissent répondre à tous les besoins, s'il faut en croire le Comité des arts et industries de cette Société. « Ce sont, dit le Bulletin, de petites plaques de zinc sur lesquelles on écrit avec une encre dont M. Simon a trouvé la recette dans un livre, et qui est composée de la manière suivante : 10 grammes d'eau distillée additionnés d'un gramme dé chlorure de platine et d'un gramme de gomme arabique. L'écriture tracée avec ce liquide devient immédiatement assez noire pour être parfaite- ment lisible, et l'expérience prouve qu'elle est ineffaçable ; car les étiquettes présentées par M . Simon , et qui ont été faites avant l'hiver, ont supporté toute la mauvaise saison sans avoir — 254 — été altérées le moins du monde. Dans une séance du Co- mité d'arboriculture de la Société parisienne, on a tracé des caractères sur du zinc avec cette encre et, dès que ces carac- tères ont été secs, un frottement énergique avec le doigt n'a pu les effacer. Le vinaigre seul peut faire disparaître l'encre dont il s'agit ; mais alors les caractères restent comme gravés dans le métal. Vallota purpurea est une charmante Amaryllis à 'grandes fleurs d'un beau roùge écarlate. A l'occasion delà présentation d'un pied fleuri à la Société impériale et centrale d'horticulture de France, M. Dr. Andry a fait connaître que cette plante se recommande par la beauté de ses fleurs et par le peu de diffi- culté qu'elle offre pour la culture. Elle vient sans peine, dit-il, et fleurit très-bien, tenue simplement dans un cofl're froid. Elle s'accommode même de la culture d'appartement par la-^ quelle on en obtient aisément la floraison. Ses grandes fleurs durent environ un mois. Elle fleurit habituellement vers l'au- tomne; mais quelquefois aussi on en obtient les fleurs en mai et juin. Piège à Loirs. M. Auge, serrurier à Dammarie-les-Lys, près Melun, a imaginé un piège qui parait être avantageux, dit le Journal de la Société d'horticulture de Paris, par la facilité avec laquelle il agit, et aussi parce qu'il peut très-bien être suspendu verticalement à un niur ou un espalier, de manière à prendre les Loirs au lieu même oh ils vont faire leurs dépré-^ dations. Destruction du Tigre. D'après M. Rivière, on peut combattre avec succès le Tigre du Poirier, en projetant, sur les arbres, de l'alcool réduit à l'état de bruine très-fine et presque de pous- sière liquide au moyen du soufîlet-injecteur de M. Pillon dont nous avons parlé dernièrement. L'alcool, assure M. Rivière, tout en produisant un effet énergique sur les insectes, ne nuit pas aux plantes, n'en altère pas même les pousses les plus déh- ates. Depuis plusieurs années qu'il fait usage de ce liquide, il — 255 — ne l'a jamais vu produire des effets désastreux. Le jus de tabac produit aussi de très-bons résultats, d'après M. Andry. M. Hardy confirme cette action ; depuis quatre ans, il s'en sert avec succès au potager de Versailles, dans la proportion de un dixième de jus pour 9 dixièmes d'eau. M. Forney, un homme qui sait tout et connaît tout, a affirmé, à une des séances de la Société impériale, que le meilleur procédé pour détruire le Tigre, consiste à projeter de l'eau bouillante sur l'écorce des arbres attaqués par cet insecte, et que pas un n'échappe à son ac- tion. Ce que M. le docteur Boisduval déclare ne pas croire; car, dit-il, le Tigre dépose ses œufs vers le bout des rameaux et à la base des bourgeons terminaux ; par conséquent l'eau ne peut pas les atteindre. C'est ce que confirme le résultat ob- tenu par M. Corbay, qui a échaudé tous ses arbres, sur la re- commandation de M. Forney; au printemps suivant, les arbres ainsi échaudés ont eu plus d'insectes que jamais. Ùestruction des Courtilihres. M. Vigneron de la Jousselan- dière, de Nantes, a publié, dans le Journal de la Société nantaise d'horticulture, un rapport sur les Courtilières, dont il nous a adressé un exemplaire à part, et dans lequel il fait l'histoire de ce terrible insecte, et des moyens de destruction. Il a es- sayé de tous : des pots remphs d'eau et enfoncés à fleur de terre ; des tas de fumier sous lesquels viennent se réfugier ces animaux ; l'huile et la solution de savon noir versés dans les trous, etc. L'auteur les a essayé tous, mais sans grands suc- cès. Il a imaginé alors le procédé suivant, à l'aide duquel il a détruit en une année plus de 5,000 CourtiUères : Placer de distance en distance, dans les allées du jardin, une couche de terre légère et meuble, sur environ o centimètres d'épaisseur, 80 de longueur et 40 à .50 de largeur, en ayant soin de laisser une portion de l'allée à découvert entre cette couche de terre et les planches cultivées. On recouvre ces tas avec les mau- vaises herbes arrachées dans les plates-bandes, ou, faute de mieux, avec de l'herbe fraîche coupée, de la vieille paille ou du — 256 — vieux foin. Tous les trois ou quatre jours, on enlève avec soin la couverture et on trouve les Courtilières réfugiées dans la terre. M. Vigneron de la Jousselandièrefait usage de ce procédé depuis mai jusqu'en octobre ; il prend ainsi chaque année une grande quantité de ce redoutable ennemi des jardins. Travaux du mois de Septembre. Potager, On continue de semer en pleine terre, des Radis, Raves, Carottes hâtives, Pimpernelle, Poireaa, Cerfeuil, Chicorée fine d'Italie, Laitues diverses. Mâche, Épinard; Choux pommés hâtifs, Choux-fle >rs, etc. — On prépare les meules à Champignons; on continue de butter le Céleris ou on l'arrache, ainsi que le Cardon, pour le faire blanchir, en les plantant profondément en rigoUes dans du terreau . Pépinière. On veille toujours à l'équilibration des arbres ou espaliers; pincer long, coucher et palisser les branches vigoureuses; dépalisser et redresser les oranches faibles; découvrir les fruits trop ombragés. Jardin d'agrément. Récolte des graines, et semis d'automne {voir page 4 44, 1851). Vers la fin du mois, on peut commencer à planter dans des pots ou à mettre en carafes, pour les appartements, les Oignons de Narcisse de Constan- linople, grand Primo et Soleils d'or, les Jacinthes, les Crocus, Tulipes hâtives. — Il faut avoir soin de choisir des Oignons très-réguliers, bien fermes, et la couronne, oii naissent les racines, tres-saine. On peut attendre le mois d'oc- tobre pour planter ces ci nous en pleine terre. Serres. Les nuits commencent à devenir fraîches; on doit rentrer, dans la deuxième quinzaine, les plantes deserres chaudes; rempoter, avant, celles qui en auraient besoin; les arrosements doivent être donnés préférablement le matin . On dispose, vers la fin du mois, les panneaux des serres tempérées, châssis, bâches, etc. riins>®afaBMU8^ Pahf — Imprimerie bertieole de E. Dohxaub, me Ctsietta, 9. LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR, RDE CASSETTE, 9. A PARIS. LE CHAMPIGNON & SA CULTURE PAR M. LAIZIER 1 volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent. ESSAI SUR L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE COMPRENANT L'HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC ■.'iBâlaattoB «es morcB* propres & !«•« éloisnf-r nn aies détrnlr') et C'HISTOIRE DES IIVSECTEa EX AUTRES A.INI1HAUX UTILES AUX CULTURES Par le D^ BOISDUVAL. Ouvrage illustré de 425 figures gravées sur bois, et orné du portrait de l'auteur gravé sur acier. Prix : broché, tt francs. GUIDE POUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE PAR KRŒNISHFRANCK BOTANISTE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures coloriées.— Prix, broché : 5 fr. MÊME LIBRAIRIE. L'ORTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET liNDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier avec gravures. — Prix, broché : 1 fr. 50. Librairie de E.Donnaud, rue Cassette, 9. L'INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL TRAITANT DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS, DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DEGATS &: DES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER RÉDIGÉ PAR MM. D' BOISDUVAL, H. HAMET, V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVALETTE, MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D' BALBIANI, PILLAIN, GOUREAU, PLANCHON, A. GELOT. PRIX DE l'abonnement : 10 FRANCS PAR AN. Une livraison de 32 pages in-i° avec une plamihe colutièe. Paraît chaque mois. BUREAUX : RUE CASSETTE, 9, A PARIS. Vient de paraître à la Librairie de E. Donnaud. ANNÉE 4 87 0. LE NOUVEiVl] JARDINIER ILLUSTR É aÉDlfié PAR MM. F. HERINCQ ALPH. LAVALLÉE — L. NEUMfiNN — B- VERLOT — CELS — COURTOIS- GÉRARD — J.-B. VERLOT — PAUARD — BUREL ATeoplos de SOO dessins intercalés dans le texte, DE MM. COURTÎN, FAGUET, MAUBERT ET RIOCREUX GRAVÉS PAR M. BISSON. IN-18 JÉSUS DE PLUS D£ 1,800 PAG. PRIXBE.: 7 Fr. CARI.: 8 Fr. RBL.: 9 Fr No». 90* Année. 1«70-1S91. IDB 5201 03(00? mm ©CiûlQïïaaîg gT OKI JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES COHTEHAHT LA COLTORE RUSONNÉK. LA DESCRIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE. DES FRDITS ET DES LÉGOMES. LA DESCBIPTION ET L'DSAGE DES INSTRUMENTS NOOVEAOX, PDBLIK AVEC LK CONCOURS DES AMATEDRS ET DES PRINCIPADX HORTICDLTEDRS DE FRANCE SOUS LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ, BÉDACTECR EN CHEF. ITTACHÉ AD MUSEUM d'bISTOIRE KATCRELLK DE fA&IS, Collaborateur du .Wni.»*/ Jn riamei, des figures du Bo» JardMtr, Ei-Réflacteur [>riiici|sie ou sur une maison de Paris, sont avertis .jne nous leurrerons présenter unennit- tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à payer les frais de négociation de la traite qui leur est adressée. 0 » qQei-»'0- PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RUE CASSETTE, 9. < 870 -1871 a o o > If u I ^'"'"''^"''^"'■s sont priés de faire parvenir leurs catalof/ues au bureau du journal, rue Cas- teiie, j, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal. /yofis mêlions sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le moxs et dont nous avons reçu un exemplaire. RECETTES A L USAGE DES MÉNAGES BOURGEOIS ET DES PETITS MÉNAGES AVEC LA MANIÈRE DE SERVIR A NOUVEAU TOUS LES RESTES Ornée de Figures dans le texte PAR LE BARON BRISSE Un volume in-4 8 jésus, cartonné. Prix : 8 fr. âO L.a cou-vertitro est orné» da portrait de l'auteur* U avec 1200 recettes 5« ÉDITION MENUS EN GRAS & EN MAIGRE Un beau volume in-(2. Prix -. 3 francs. LA PETITE CUISINE DU BARON BRISSE ORDINAIRE ET RECETTE POUR CHAQUE JOUR DE L'ANNÉE Un volume in-12. — Prix : 3 francs. SOMMAIRE DU NUMEllO UE SEPTEMBRE. . llKiii.Ncy. Chronique. — K. Herincq. De l'Acclimatation. — o. Lesccyeb. Antigonon leptopus (l'ig. IX). — Ern. Bonabd. I„i Pervenche do Mada- gascar. — 0. l.i:scuYi;ii. I.a Violette cornue (viola coniula). — Dagor^o aîné. Ciill lire des Choux-fleurs (--iiilci. — F. Astik. Préparation du Crambé ou Chou marin. — L. C-ouDiKR. Potiron tendre de Buonos-Ayres (Hapallito ticrno). — 1'. AsriK. I.e^ Pelargonium zoualeà IIcuin doubles; leur valeur décorative; aliiis de nouvelles variétés. — Victor Chatkl. Moyeu de coiisci ver les Pommes de terre. — X Travaux du mois d'Aoùl. CHRONIQUE ïjHortkullear françui>i suspendu pendant la guerre; uion embarras eu repre- nant la plume de chroniqueur •. mon sort n'est pas digne d'envie^ instincts natifs de la bestialité cbcz l'Iioname. Reprenons le travail Les perles de l'hor- ticulture; puissance de l'industrie horticole à Paris; caractère du jardinier français. Un projet d'Ecole d'horticulture potagère moderne, renversé paruu projet d'Ecole •d'horticulture maraîchère démocratique; exécution sommaire du second projet : les maraîchers en chaire. Culture des glacis des fortifi- cations en plantes potagères, pour nourrir les Parisiens pendant le siège, liésullals; mystification; légumes exposés el vendus le 5i5 décembre en fa- veur des soldats blessés; leur provenance; tromperie et jactance; les lé- gumes ne se font pas on 15 jours. Prix des légumes à Paris pendant le siège; causes des prix élevés de ces légumes. L'idée de faire des légumes sur les fortifications; M. Laizier et les débilanls de bonheur des peuples. Résultai final. Une année s'est écoulée depuis l'apparition du dernier nu- méro de VHorticulteur français, dont hi publication a été in- terrompue par les coups de canon des Prussiens, qui m'ont forcé de déposer la plume de la défense horticole, pour prendre le grand sabre de la défense nationale; mais, je le déclare en toute sincérité, ce grand sabre n'a fait de mal à personne, et iJ ne m'a occasionné aucune égratignure : mes amis, — si j'en ai au delà du mur d'enceinte, — peuvent calmer leurs inquié- tudes. Aujourd'hui la plume m'est rendue; je n'en remercie nul- lement le ciel, car je suis très-embearrassé d'elle. Tenu isolé du reste des peuplades plus uu moins civilisées de la terre, Septembre !87l', p^ra ru Août 1871 . 17 ~ 258 — qui ont assisté tranquillement à toutes nos petites et grandes boucheries extra et intra-muros, j'ignore ce qui s'est dit, ce qui s'est fait, au delà du fameux cercle que nous n'avons pu briser, malgré notre bruyante humeur belliqueuse. Dès lors, avec la plume de chroniqueur en main, je trouve que mon sort n'est pas absolument digne d'envie, et, en ce moment suprême de la reprise du travail, je suis presque comme cer- tains de mes anciens camarades de la milice citoyenne : je me laisserais aller volontiers aux regrets de ne pas pouvoir conti- nuer, indéfiniment, le rôle de défenseur de la pairie... derrière les remparts, bien entendu. C'est beaucoup moins ennuyeux que d'écrire une chronique; on ne se figure pas la dépense d'imagination qu'on est parfois obligé de taire pour arriver, par une succession d'idées pas trop saugrenues, à la fin de sa lâche. Mais enfin, puisqu aucun gouvernement ne peut assurer indéfiniment à l'homme l'existence de la bête brute, c'est-à- dire la vie sans travail, soumettons-nous à cette nécessité de travailler pour gagner notre nourriture. Du reste le pain qu'on gagne ainsi est moins amer que celui qu'on jette en pâture aux ours mal léchés des révolutions, à cet amas d'ivrognes, de paresseux, de présomptueux incapables, tous saturés du plus pur despotique orgueil, et qui sacrifient tout — jusqu'à l'hon- neur et leur patrie — pour satisfaire à ces deux instincts natifs de ia bestialité : repos et volupté. Pour l'homme des révolu- tions tout, en eflet, est là; le dernier acte de la4ragédie que nous avons jouée, pendant près d'iman, nous en fournit de nombreuses et incontestables preuves. Reprenons donc le tra- vail ; non-seulement il est la source de tous les biens, jnais il est la meilleure entrave qu on puisse opposer au retour de l'instinct sauvage qui n'est jamais complètement éteint chez l'homme civilisé. Et^ certainement, si tous les fameux pro- consuls de la Commune s'étaient livrés davantage au travail el moins à l'exercice des clubs et des cabarets, ils n'auraient — 259 — pas étalé, d'abord, leur incapacité à l'Hôtel-de- Ville, et ils n'auraient pas eu à exercer, ensuite, leur haine sur des pauvres innocents et sur des monuments sans défense,, ce qui dénote, chez eux, autant de bêtise et de lâcheté que de férocité. Travaillons, reprenons courage, et avec un peu de peine nous parviendrons à relever notre pauvre pays qu'on a voulu abattre. La lâche est rude sans doute, car les désastres sont grands; mais la volonté et l'union conslituent une force toute puissante, qui peut renverser les plus gigantesques obstacles; unissons donc toutes nos volontés, et que celle de la Providence s'accomplisse. L'Horticulture n'a pas été plus épargnée que les autres in- dustries, dans ce grand combat livré parla barbarie à la vraie civilisation. Les pertes du commerce des plantes sont très-con- sidérables. Nous pourrions faire un sombre tableau des ruines horticoles que nous avons tristement contemplées; mais en esquissant ces navrants paysages, il faudrait citer les éta^ blissements ainsi dévastés, et chaque chef de maison m'accu-_ serait de nuire à son commeice, en éloignant ses clients qui iraient ailleurs, dans la crainte de n'être plus servis chez lui comme autrefois. Passons donc en silence devant ces tristes épaves. Du reste les dégâts matériels sont à peu près partout réparés, et les vides dans les collections sont déjà comblés. !)ès aujourd'hui le commerce parisien est en mesure de satis- faire aux demandes les plus sévères j il s'est relevé tout seul de ses ruines, tant est puissant le ressort de l'industrie hor- ticole en notre beau pays. La Société centrale d'Horticulture de France s'était empres- sée^ toutefois, d'otîrir son concours aux victimes des guerres prussiennes et communeuses, en réclamant pour elles ou en appuyant les demandes d'indemnités qu'elles pourraient faire. Dans sa séance du 23 février, elle avait nommé une commission chargée de recueillir les renseignements et de constater les — 260 - dégâts éprouvés; mais elle comptait sans ses hôtes. Le jardi- nier français est essentiellement Français ; il veut bien recevoir, mais il n'entend pas qu'on fouille dans ses affaires, pour s'as- surer si sa demande est fondée ou non ; il trouve ce procédé in- convenant et vexatoire ! Dans la séance du 9 mars, un membre de la commission d'enquête fit connaître, en effet, à cette com- pagnie [Journal de la Société centrale, tome V, page 28) a que la commission chargée, par elle, de faire un relevé des dégâts causés à l'Horticulture parisienne par le siège de Paris, ren- contre une difficulté sérieuse auprès des horticulteurs qui, gé- néralement, font difficulté de lui fournir les éléments de ce relevé-. » La Société d'Horticulture de Paris s'est contentée de prendre acte de la rencontre de ces difficultés, afin que les horticulteurs ne puissent accuser, plus tard, elle et le gouvernement de n'a- voir rien fait pour l'Horticulture parisienne plus ou moins ruinée. Les jardiniers auraient très-mauvaise grâce à récriminer ainsi; surtout messieurs les maraîchersqui, pendant le siège, ont été l'objet de faveurs toutes particuhères de la part 'du gouverne- ment de la Défense nationale et de la Société d'Horticulture. En- registrons-les ici, pour en consacrer le souvenir, et pour montrer aussi que si l'Horticulture, en France, ne marche pas plus ra- pidement dans la voie du progrès, ce n'est pas toujours la faute des gouvernants qui ne peuvent pas tout faire. A plu- sieurs époques ou a tenté de fonder des écoles d'Horticulture; et chaque fois — cnacun sait ça — le plus bel insuccès a cou- ronné l'œuvre. Les promoteurs, alors, d'en rejeter la faute sur ie gouvernement qui, disaient-ils, avait toujours la manie de vouloir faire des civels sans lièvres, c'est-à-dire de fonder des écoles d'Horticulture avec des professeurs qui n'étaient pas horticulteurs praticiens. Or. l'année dernière, an moment où les regards se portaient — 2G1 — aulre part que sur les promenades peu fleuries de la capiiale, un homme, voulut profiter de la présence des Prussiens aux environs de Paris pour créer une école d'Horticulture potagère moderne, dans le jardin des Tuileries, mais toujours avec l'aide et la protection du gouvernement ; car, en France, nous ne savons rien faire sans lui. Notre hômmg alla donc crier fa- mine, pour les Parisiens, chez M. le ministre de 1 instruction publique, promettant de faire pousser — à la moderne — de beaux Choux pour les assiégés, sans attendre la saison nouvelle. Poussé par le flot de la misère publique qui montait crescendo et par sa [)hilanthropie bien connue, M. le mi- nistre allait octroyer , à l'homme du potager moderne , le jardin des Tuileries et les fonds nécessaires à la création de son école, quand il fut avisé que cette école moderne n'avait rien de sérieux ; que son fondateur était un homme en effet purement moderne , c'est-à-dire un homme très-peu habitué au travail. On offrit alors eu échange, à Son Exe, le projet d'une vraie école d'Horticulture maraîchère démocra- tique, dans laquelle toutes les sciences, toutes les opérations du jardinage^ tout ce qui concerne cet état, en un mot, serait pro- fessé et enseigné, par de vrais maraîchers, pris à la source la plus pure, c'est-à-dire dans les marais Saint-Antoine, Picpus, Cliaronne, etc. Cette nouvelle proposition fut agréée, et aussitôt un écri- vain distingué, auteur d'une foule de petits et gros livres sur l'Horticulture et l'Agriculture classiques, reçut mission de fon- der cet établissement d'enseignement pratique, unique en son genre, et entouré de toutes les chances possibles de succès. Notre savant confrère se rendit, en conséquence, dans les ré- gions où se trouvent les meilleurs crus de la science maraî- chère, pour recruter son personnel enseignant. Sur son passage le peuple applaudissait et tous les maraîchers qui jusqu'alors avaient trouvé a. très-mauvaise » l'idée d'une école d'Horticul- — 262 — tnre, ]a trouvèrent excellente, nette fois qu'on venait leur ofTiir des chaires pour enseigner l'art de planter des Choux correctement ; ils n'avaient pas assez d'éloges pour le gouver- nement de la Défense nationale qui comprenait si bien, di- saient-ils, les vrais intérêts du peuple! Les hommes sont bien tous et partout les mêmes, depuis le premier jusqu'au dernier échelon vje F échelle sociale. Ceci se passait dans le courant du mois de novembre der- nier, en plein siège. Encouragés par ce premier succès, M}1. les maraîchers pro- posèrent, au gouvernement, de mettre en culture maraîchère tous les terrains vacants de Paris, pour approvisionner de lé- gumes frais les pauvres Parisiens qui, à ce moment, en étaient réduits au hareng saur — un pour trois jours; — le ministre des subsistances accorda avec empressement ces terrains. Les maraîchers demandèrent, alors, tous les fumiers des différents services de la ville et de l'administration de la guerre ; les fu- miers furent accordés. Ils réclamèrent ensuite — insatiables, ces maraîchers — ils réclamèrent l'exemption du service mili- taire, de la garde nationale, pour eux et leurs fils ; et les fils furent exemptés du service des tranchées, et les pères du ser- vice des remparts, etc., etc., etc. Le résultat de toutes ces concessions et exemptions a été celui-ci : 1° Emploi considérable de fumier; 2° Exemption du service de la garde nationale de tous les fils de famille de MM. les maraîcl>ers ; S*" Zéro élèves, à Técole maraîc^ière, à moins de compter comme tels les 14 ou 1,500 solides garçons — fils de famille suscités — exemptés du service militaire, pour veiller à la garde des petits Pois qu'on devait nous faire manger en vert, et que ces jeunes citoyens ont laissé geler, par une des plus belles nuits du mois de janvier. — 263 — io Enfin zéro légumes mangeables ; mais abondance de plants de toutes sortes, avec lesquels MM. les maraîchers ont pu regarnir leurs marais, après la signature de la paix. En résumé, de cette école pratique et des cultures munici- pales, il ne reste plus que le terrain en pleine friche, et le sou- venir de l'énorme quantité de fumier qui devait produire des légumes en abondance pour la population assiégée^ mais qui a été absorbé uniquement pour faire pousser du plant à l'usage de MM. les maraîchers. • C'est ainsi que les gouvernements croient faire quelque chose dans l'intdi'ét public, et qu'ils ne font rien. Le peuple alors murmure, elles hommes qui le gouvernent, tout étonnés de l'entendre murmurer, de répéter en chœur, comme dans le Domino noir : « Je n'y puis rien comprendre. » Pendant toute la durée du siège, les journaux n'ont fait qu'entretenir la population parisienne des brillantes cultures étabhes, par ces habiles maraîchers, jusque sur les glacis des fortifications, et qui devaient lui procurer de beaux et abon- dants légumes. Les pauvres gardes nationaux de service aux remparts risquaient parfois un œil , par-dessus les épaule- ments ou dans les embrasures des pièces de canon, pour voir les Choux promis ; mais, hélas ! les ,alacis sont restés veufs de Choux, tout le temps du siège, et les pauvres Parisiens avaient fini par oublier jusqu'à la forme pommée de ce précieux légume. Les membres du gouvernement ont été plus heureux. Le 25 décembre, à la vente faite au ministère de l'instruction publique, en laveur des soldats blessés, la commission ma- raîchère exposa, 'devant eux, plusieurs lots de légumes, pré- sentés comme les résultats obtenus par les jardiniers de Paris, sur les terrains incultes et à l'aide du fumier concédés par l'administration municipale dans, le courant du mois de novembre. — 261 ~>, Les membres du goavernernent ont pu voir des Clionx. des Choux-fleurs, Céleri turc et Céleri-rave, Salsifis, Cerfeuil bul- beux, Pomme de terre, Potirons, Igname de Chine, etc., etc. Et en voyant tous ces beaux légumes ^ ils se félicitaient d'avoir mis 200 hectares de terrains vagues à la disposition des maraîchers, qui étaient arrivés aussi rapidement n d'aussi merveilleux résultats ; ils étaient convaincus que Paris n'avait l'ius à craindre ni la famine ni les Prussiens. Je n'aurais pas parlé de cette gigantesque et sublime mys- tification, si elle ne venait pas jeter un trouble profond dans l'esprit des personnes peu versées dans l'art de la culture maraîchère. En lisant toutes ces notes de journaux et notam- ment celles du Journal de la Société d'HorticuUure de Paris, on peut croire, en t-fî'et, qu'avec derintelligence, de la perspi- cacité, de la science, etc., etc., — comme celles que possèdent les maraîchers de Paris, au dire du Journal de la Société cen- trale, — on parvient à suppléer au temps, et à obtenir, en deux mois, des légumes qui demandent normalement neuf mois de culture pour arriver à l'état d'être livrés à la con- sommation. Que des journalistes s'amusent à bafouer leurs lecteurs, en leur racontant les choses les plus impossibles, on le comprend; c'est dans l'habitude des écrivains des feuilles publiques. Mais que des jardiniers, qui ont reçu des concessions de terrains pour produire des légumes devant aider à l'ahmentation d'une population menacée de famine, viennent effrontément montrer aux chefs du gouvernement des légumes conservés en caves, comme résultat de savants travaux exécutés sur les terrains concédés depuis deux mois, pour faire croire, à ces chefs et au pubhc, « au talent et à la supériorité incontestable des cultivateurs maraîchers de Paris... à la renommée dont ils jouissent justement depuis longtemps..., elc. » [Joiirn. Soc. dliorl. de Paris, 1871, p. 536) et, cela, au risque de répandre les idées les plus fausses sur les principes de la culture maraîchère, c'est un procédé que nous n'hésitons pas à blâmer hautement, et, d'au- tant, qu'il cache un trafic honteux, dans un moment où tout Français devait faire acte d'abnégation, ou tout au moins de désintéressement. Non-seulement ces maraîchers ont trompé les, ministres et le public, mais ils semblent dire cpie le gouver- nement n'a rien fait, nu que peu de chose, pour eux, <( Sans doute, dit un membre de la Société d'Horticulture de Paris (Journ., p. 23), les horticulteurs doivent être reconnaissants de quelques facilités [\) que leur a concédées l'administration municipale pour l'obtention de fumiers^ et des exemptions du service militaire.,.. Mais si des résultats sérieux ont été obte- nus, si des légumes ont été livrés à la consommation malgré la rigueur de la saison hiiwrnale.... c'est à l'expérience de nos jardiniers maraîchers (pi'on en est redevable, etc. » Devant une pareille jactance, nous ne pouvons nous em- ])êcher de réduire à leur juste valeur le talent et la supé- riorité (le MM. les maraîchers, qui, avant tout, se sont mon - très très habiles dans l'art de la spéculation. Oui, en effet, MM les maraîchers de Paris ont pu offrir, pendant le siège, des légumes qui ont été payés au poids de l'or; mais ces légumes ne provenaient pas de cultures pra- tiquées sur des (( terrains incultes, qui n'avaient été ni fumés, ni depuis longtemps travaillés, )) et dont ils n'étaient en pos- session que depuis la fin de novembre. Ces légumes sortaient des magasins, où ils avaient été entassés jusqu'au moment de l'investissement complet, et d'autres, ceux de la saison, prove- naient des marais qu'on n'avait jamais cessé de cultiver. Je le répète, on ne crée pas, de toutes pièces, en quelques jours, des légumes qui demandent de six à neuf mois de cul- ture pour acquérir leur maturité. Et veut-on savoir, maintenant, à quels prix ces habiles jar- diniers vendaient les produits si rapidement et si merveilleu- — 266 ^ sèment obtenus ? Voici ceux c|ui ont été publiés par le Journal de la Société à/ Horticulture de Paris-, l'auteur de la note les donne comme lui ayant été fournis par les producteurs mêmes. Outre l'intérêt historique, ces prix établissent encore la somme de patriotisme que MM= les maraîchers du départe- ment do la Seine ont dépensée pour aidera la défense de Paris, et ils montrent si ces honorables industriels ont su profiter d'un malheur public pour rançonner plus que de raison leurs concitoyens. Voici donc les prix de quelques-uns des fameux légumes soi-disant obtenus en moins de deux mois sur les terrains et avec le fumier concédés par l'administration municipale : 5 Laitues ont été vendues 7 fr. » c. 3 Scaroles 8 y) 5 Céleris (1) 5 )) 1 Salade de Céleri et Mâche 12 50 1 Chou Î6 )) ! Chou-fleur. 4 » 1 botte de Radis 2 50 1 Cardon 30 » 1 botte de Poireaux 18 )) 1 botte de Carottes 19 » 1 hectolitre Pommes de terre. ... 26 )) 1 Radis noir. . 7 )) 1 Potiron 25 » 1 lot de Mâches 4 50 1 botte de Navets 6 50 En présence de ces cliitïres, tout commentaire est superflu ; (I) Je pourrais donner le nom d'ua maraîcher qui avait 7000 pieds de Céleris en jauge, et qui a refusé de les vendre 2 fr, la pièce, espérant que les prix monteraient encore. Mais la gelée a tout détruit en une nuit, et Dieu sait si j'ai battu des mains en appreng,nt ce désastre, juste punition du ciel! — 267 — mais si les autres commerçants avaient suivi l'exemple de nos patriotiques confrères, que serions-nous devenus pendant cinq mois de siège? ' A ce reproche, qui leur a été adressé, ils ont d'abord ré- pondu^ que l'exagération de ces prix était causée p;u' la rapa- cité des intermédiaires, entre eux et les consommateurs ; mais les prrx "que nous venons de donner sont ceux des objets vendus par les producteurs. Ensuite, ils ont accusé la com- pagnie des Omnibus d'avoir vendu le fumier très-cher. Autre mauvaise raison ; la compagnie des Omnibus n'est pour rien dans cette affaire, car, je le répète, ce n'est pas avec le fumier qui leur a été fourni pendant le siège que MM. les maraîchers ont obtenu les Potirons qu'ils ont vendus 25 fr. ; les Gardons vendus 30 fr.; les Pommes de terre que j'ai payées, moi-même, comme Bergeret, 26 francs l'hectolitre ; les Choux pommés achetés 16 fr.^ et ainsi de tous les légumes que M. Laizier a présentés comme résultats de culture pendant le siège, mais que les maraîchers de Paris n'ont jamais pu obtenir, je le répète, du 12 novembre au 2o décembre, voire même au 28 janvier, quel que soit le merveilleux de la rapidité de leurs méthodes parfaites de culture et quand ils auraient employé tous les anciens fumiers impériaux. Je n'ai jamais compris cette extravagance d'idée de la part de M. Laizier, président de la commission des maraîchers de Paris, qui sait comment pousse un Chou. Elle ne m'aurait pas surpris, si elle était sortie du cerveau d'un de ces braves et excellents républicains chevronnés, c'est-à-dire de la veille ^ qui se disent seuls possesseurs de l'amphore fameuse et inson- dable renfermant lentes les libertés et tous les bonheurs des pcu(d(.'S, mais de laquelle ils n'ont jamais pu rien faire sortir, si ce n'est du sang et'^le la misère. Ces braves gens sont telle- ment irréfléchis, qu'ils auraient pu croire, très-facilement, qu'on pouvait produire, par décret , un Chou pommé , un — 268 — Chou-fleui', comme on a iait, par décret, un directeur général des plantations de la ville de Paris, du citoyen Cavalier dit Pipe-en-Bois, ex-grand cultivateur de carambolage au café Procope, aujourd'hui, probablement, inspecteur de colonisation d'une de nos colonies quelconques. Pour ces braves et excel' lents débitanis de bonheur et de liberté populaires, qui croient plus ou moins sincèrement à la réalisation de leur boniment, l'homme peut tout quand il veut, et il n'y aurait rien d'é- tonnant qu'ils aient, encore actuellement, la conviction — su- perticielle peut-être — que si le gouvernemeut de la Défense nationale l'avait bien voulu, les maraîchers de Paris auraient pu produire des Choux pommés de qualité supérieure, en moins de 8 jours, sur les glacis des fortifications, et en telle abon- dance, que le moment psychologique de de Mollke était reculé indéfiniment et que les Prussieiis auraient été ainsi obligés de lever le siège de Paris ! Quoi qu'il en soit^ l'idée — burlesque tant qu'on voudra, mais avant tout républicaine, c'est-à-dire irréfléchie — de faire pousser, en quelques heures, des Choux sur les fortifications pour nourrir les défenseurs de Paris, aura toujours eu un ré- sultat final dont profitera, certainement, la science horticole. Le peuple parisien reconnaissant, pour le bien-être qu'il éprou- vait à regarder chaque matin , par-dessus les épaulements des remparts, si les Choux poussaient sur les glacis, a nommé député, au Corps législatif, un des auteurs de cette fameuse et démocratique idée! Et qu'on vienne dire, après cela, que le peuple français n'est pas toujours le peuple le plus naïf, le plus exploitable et le plus exploité du monde !... F. Herinco. 2t)0 DE L'ACCLIMATATION. L'hiver de 1870-1871 a porté un coup terrible à cette inno- r.ente fiction scientifique qu'on appelle acclimatation, et en vertu de laquelle on peut habituer un être quelconque, soit plante soit animal, à vivre dansunchmat différent de celui pour lequelil a été créé, et à supporter une température beaucoup plus basse que celle de son climat natif. Nous avons toujours été l'adversaire de racclimatation ; nous tivons toujours regardé comme une erreur le principe sur lequel repose cette science, et nous l'avons combattue, parce que nous avons vu en elle una sorte de Calpé, qui s'oppose à la marche de nouvelles conquêtes scientifiques, et au pied de lac[uelle tout vient se briser et s'anéantir. En effet, pendant qu'on caresse et soutient une douce hérésie, le progrès est en- rayé, car on le maintient aux arrêts, la chaîne au cou. Naturellement, notre opposition a été fort peu goûtée des hommes qui acceptent révérencieusement toutes les opinions des savants, sous le fallacieux prétexte qu'il faut respecter les idées des auteurs qui ont une certaine notoriété dans la science; et les épithèles les plus mal sonnantes ne nous ont pas été épargnées. Pendant longtemps nous avons combattu, seul contre tous, cette vieille opinion de nos pères : qu'on peut acclimater des plantes et des animaux. Aujourd'hui, deux bo- tanistes viennent — je ne dirai pas se ranger sous ma bannière, ce serait irrévérencieux de ma part, — mais ils viennent ap- porter le poids de leur autorité. Ils ont profité de la pivsence des Prussiens, aux environs de Paris, pour aller passer F hiver dans le midi, et se livrer à l'étude de l'acchmatation des végétaux. Ce qu'ils ont vu leur a paru si peu en harmonie avec ce qu'ils avaient entndu dire, ({uaussitôt de retour dans la capitale du — 270 — monde savant, ils se sont posé chacun cette question : « l'ac- climatation vraie exisie.-t-elle réellement? » Dans la séance du 23 mars de la Société d'Horticulture de Paris, M. Duchartre s'est répondu : € Dupetit-Thouars avait raison : «chercher à acclimater une plante, c'est poursuivre une chimère; » et. dans la séance du 24 mars de la Société d'acclimata'ion, M. Gliatin a déclaré à ses collègues qu'il ne croyait plus au principe pour le développement duquel celte Société a été fondée. De là grand mécontentement et protes- tation. M. de Quatrefages a réclamé en faveur de l'acclima- tation, en reconnaissant toutefois : que l'acclimalation sans modification des êtres est un rêve; qu'elle n'est possible que par suite de la formation de races déterminées, et adoptées physiologiquement a" un milieu nouveau. M. Duchartre ne paraît pas partager cette manière de voir du savant président de la Société d'acchmatation. Dans une longue note insérée au compte rendu de la séance du 23 mars de la Société d'Horticulture de Paris, il appelle l'attention des partisans de l-acclimatation, au sujet de la mort des Eucalyptus cjlohulus et Agave americana^ qu'on regardait comme accli- matés définitivement dans le midi de la France. Nous repro- duisons celte noie à peu près in extenso : « Depuis un certain nombre d'années, dit-il, la création, incontestablement utile, d'une grande Société-mère spéciale, qui a eu bientôt un grand nombre de' Sociétés correspondantes ou affihées sur presque tous les points du globe, a mis à la mode le mot d'acclimatation. Après avoir admis, avec pleine raison, qu'on pourrait acclimater, dans nos contrées, des végé- taux empruntés à des contrées analogues aux nôtres pour le climat, pour l'ensemble des conditions climatériques, on a pensé qu'on pourrait encore, grâce à des cultures successives dans des stations intermédiaires, amener une espèce propre aux régions chaudes à prospérer finalement dans des pays tem- — 271 — pérés ou même froids. L'exagération de cette idée est devenue telle, qu'on a pu lire, dans mi journal scientifique français, un long article destiné à exposer cette thèse singulière, que si les plaines des euvirons de Paris n'étaient pas encore plautées en Bananiers. Arbrtis à pain, Cannes à sucre, etc., c'était unique- ment, selon l'auteur, par suite de la routine invétérée chez nos (Cultivateurs (!!!) On en est enfin venu à un tel abus du mot «acclimater, 3> qu'un savant, des plus distingués à d'autres litresj a écrit un mémoire sur des végétaux acclimatés dans une excellente orangerie. » (f Or, il y a déjà bien longtemps que Dupetit-Thouars, ex- cellent esprit et physiologiste éclairé, quoique parfois systéma- tique,' avait appelé l'acclimataiion : la douce chimère de la cul' ture. M. Duchartre pense que Dupetit-Thouars avait parfaite- ment raison, et que chercher à cultiver une plante sous un cHmat sans analogie marquée avec le sien propre, en d'autres termes, à l'acclimater, c'est poursuivre une chimère, à moins qu'on ne soit assez heureux, par une rare série prolongée d'ac- 'tions exercées avec une rare sagacité, ou par l'effet d'accidents sans cause connue, pour en obtenir une race plus rustique, moins sensible au froid et aux autres influences climatériques que le type duquel elle sera sortie; mais- ces cas sont encore bien rares, s'ils existent môme en réalité. Ainsi, dit M. Du- chartre^ pour citer des végétaux très-connus, sous combien de formes différentes se présentent aujourd'hui les Haricots, les Pommes de terre, les Dahlia, etc, etc. ! Néanmoins en connait- on qui soient aujourd'hui moins sensibles à la gelée que ceux qui ont en premier lieu trouvé place dans les jardins, à une date bien éloignée, au moins quant aux deux premiers? VA- gave americana a été importé du Nouveau-Monde depuis plus de trois siècles, puisque Glusius l'a vu déjà en Espagne, en lo03. 11 existait aussi dès cette époque en Italie. De là^ il n'a pas tardé à se répandre dans la pluparfdes pays que baigne la Méditerranée, et, dans certains de ces pays, il est devenu fort abondant. Or, les contrées méditerranéennes offrent une assez grande inégalité au point de vue de leur température pour que, si cette espèce avait dû subir V influence modificatrice qu'on a voulu accorder à la culture sous des climats différents, elle dût être aujourd'hui parfaitement acclimatée. Sans être commun dans les environs de Béziers, V Agave y est cependant assez répandu soit dans les jardins, soit en groupes isolés dans la campagne. Il en existait, avant Thiver, bon nombre de pieds végétant ainsi, sans culture ni abri, dont la force indi- tpait qu'ils occupaient la place depuis longtemps déjà. Après l'hiver M. Duchartre n'en a plus retrouvé un seul en vie, même dans des expositions bien abritées. L'Agave americana n'est donc pas acclimaté dans le midi de la France, plus de trois siècles après son introduction en Europe. )) Quant à V Eucalyptus glohulus, il n'y a que peu d'années cj[u'il nous a été. apporté d'Australie; aucun hiver réellement rigoureux n'étant surven^i depuis qu'on l'a planté en assez grande abondance dans nos départements méditerranéens, on' s'est flatté de l'idée qu'il était déiinitivement acquis à cette partie de la France. On a même proposé de l'utiliser pour tirer parti de certains terrains, à cause de la rapidité avec laquelle il se développe. Or, il n'a pas supporté les gelées de l hiver (1) et même l'état de ses feuilles et de son écorce attestait qu'il avait déjà péri avant que le froid fût arrivé à son maximum. On voit donc qu'il ne faut pas se presser de chanter victoire quant à l'acquisition de végétaux originaires de pays plus chauds que le noire, ou, pour employer l'expression consacrée, cjuanl à l'acchmatation de végétaux étrangers. S'il y a une série d'hivers peu rigoureux, ces nouveaux venus résistent j mais (1) A Montpellier, le therniomèlrc est descendu à 16 degrés au-dessous de zéro. — 273 — dès que survient un de ces hivers exceptionnels que M. Renoii croit revenir en France à peu près tous les quarante ans, comme ceux de 1709, 1749, 1789, 1826, et poin* le midi, 1870-1871, les espèces que nous nous flattions d'avoir défini- tivement acquises succombent au froid et nous démontrent ainsi notre erreur. — ce Au reste, dit en terminant M. Du- chartre, le plus ou moins d'abondance des sucs dans le tissu d'une plante, surtout peut-être l'humidité ou la sécheresse du sol, influent beaucoup sur la puissance avec laquelle le froid agit sur les plantes. Je viens d'en avoir la preuve par un fait qui me semble mériter d'être cité. VAspidislra elatior, espèce originaire" de la Chine, est tenue, pendant l'hiver, en serre tempérée ou en serre froide. J'en ai deux pieds plantés dans deux caisses rempHes de terre de bruyère qui, pendant mon absence, sont restés absolument abandonnés tout cet hiver dans une cuisine où le froid a été assez fort et assez prolongé pour que l'eau qui remplissait l'un des réservoirs qu'on nomme fontaine à fdtre ait fini par ne former qu'un seul bloc de glace. Ces deux Aspidistra n'ont nullement soufïert et, au moment présent, ils sont en fort bon état. » Dans cette même séance de la Société d'Horticulture, M. Cliatin a confirmé ce qu il a dit à la Société d'acchmatation et appuyé l'opinion de M. Duchartre. Selon lui on abuse beaucoup du mot acclimatalion : quand une plante étrangère vient bien dans nos pays, dit-il, on proclame aussitôt quelle y est accli- matée, tandis que le résultat observé tient uniquement à ce qu'elle a trouvé dans son nouveau séjour des conditions ana- logues à celles au milieu desquelles elle vivait naturellement Dans d'autres cas, l'acclimatation semble définitive pendant une série d'années : mais un hiver plus rigoureux quel es premiers suffit pour détruire toutes les es[)érances qu'on avait conçues. M. Chatin fait observer en outre que Thumidité et l;i sécheresse influent beaucoup sur l'intensité avec laquelle agit Septembre i S" 1 . Ib — 274 — la gelée sur différents pieds de la même espèce végétale. Ainsi, dit-il, au printemps^ les chênes ont souvent leurs jeunes pousses gelées dans les bas-fonds et non sur les coteaux où il y a moins d'humidité ; l'olivier succombe souvent au froid après des pluies ; l'avoine d'automne gèle fréquemment sur les terres .humides, tandis qu'elle persiste si on la sème dans des terres sèches. Ces deux savants botanistes pouvaient déduire de tous ces faits le principe physiologique que voici, et que nous énon- cerons en attendant qu'ils le développent pour leur compte : Tout végétal, ou plutôt, tout être végétal spécifique a reçu delà nature une constitution cjui lui permet de supporter une température inférieure, jusqu'à un degré donné. Chaque fois donc qu'une plante quelconque est transplantée dans un climat différent du sien, cette plante vit et se développe tant que la température de ce climat ne descend pas au-dessous du degré minimum pour lequel cette plante est constituée, c'est-à-dire du degré de froid qu'elle peut supporter, et auquel la tempé- rature de son pays natal peut accidentellement descendre. Par conséquent une plante pourra vivre dans un pays moins chaud que le sien, aussi longtemps que la température ne descendra pas au degré qui lui aurait donné la mort dans son climat même. Elle y vivra 10 ans, 20 ans, 50 ans, si pendant toute cette période la température n'atteint pas le degré de froid qui la fait mourir; mais aussitôt que ce degré sera atteint, la plante périra. Tous les soins qu'on lui aura donnés pendant cette plus ou moins longue période de culture acclimatative ne lui aura pas fait acquérir la plus petite somme de rusticité. Je le répète, toute plante est constituée pour supporter un certain degré de froid, et elle peut vivre n'importe dans quel climat, tant que la température ne descend pas au-dessous du degré de froid que la plante peut supporter, d'après la consti- tution originelle de l'espèce. Or, toute plante est dite ac» — 275 — climatée, par les partisans de l'acclimatation, tant que la température ne descend pas au degré de froid mortel de l'espèce. 11 n'y a pas d'autre acclimatation ; la culture ne peut pas plus opérer le miracle des modifications du tempé- rament, que celui de la transformation constitutive des organes des végétaux. Quant à la création de races plus rustiques, la culture est encore à nous en fournir le premier exemple. Que les partisans de l'acclimatation en prennent donc leur parti. Ils pourront encore néanmoins jouir de quelques beaux arbres de pays plus chauds que le nôtre, pendant plusieurs années; mais il faut, dès aujourd'hui, qu'ils s'attendent à des déceptions qui seront d'autant plus cruelles, qu'ils auront joui plus longtemps de la vue d'un beau sujet acclimaté. F. Herinco. ANTIGONON LEPTOPLS (Pl. IX). Cette plante, introduite dans ces dernières aimées, du Mexi- que, est encore peu répandue dans les cultures ; c'est une mer- veilleuse rivale du Bougainvillea, dit M. Hooker, par l'abon- dance des élégantes grappes qu'elle développe et par la belle couleur rouge de ses fleurs. VAntigonon est une plante vivace , grimpante, à tiges li- gneuses grêles, et à rameaux anguleux tomenteux. Les feuilles sont alternes, pétiolées, de forme ovale, entières, terminées eu une petite pointe au sommet, échancrées en cœur à la base, tomenteuses en dessous dans le jeune âge, puis glabres. Les stipules opposées aux feuilles ont la forme d'écaillés. Les fleurs, d'une belle et éclatante couleur rouge, sont portées par un pédicelle très-grêle capillaire, et disposées en grappes rassemblées dans la partie supérieure des rameaux en splen- dides panicules retombantes; chaque grappe est terminée par une sorte de vrille rameuse. — 276 - Les fleurs, qui ont un centimètre et pins de grandeur, sont composées d'un simple calice coloré, à 5 sépales inégaux : 3 sont extérieurs, largement cordiformes ou ovale é chancre en cœur, et 2 sont intérieurs de forme oblongue; tous les cinq d'un très-beau rouge éclatant. Comme chez toutes les plantes de la • grande classe des Apétales, il n'y a pas de corolle. Les éta- mines sont au nombre de 8, de même grandeur, avec des filets subulés, soudés entre eux en une sorte de cupule qui s'insère au fond du calice. L'ovaire est triangulaire, surmonté de 3 styles soudés inférieurement. Cet ovaire devient un fruit sec nommé akène, à une seule loge qui renferme une graine dressée ; il est enveloppé dans les sépales qui persistent après la floraison, comme dans beaucoup de piaules de cette famille et notamment dans les oseilles. Cette belle plante, qui est originaire du Mexique occidental, et dont on a retrouvé des spécimens en Californie et dans la Nouvelle-Grenade, a été introduite il y a trois ans en Angle- terre où elle a fleuri dans le mois d'octobre de l'année qui a suivi son introduction ; ce qui indique une plante vigoureuse et facile à fleurir. Elle est de serre tempérée, et même de serre froide ; ce sera une ravissante et précieuse plante pour les jardins d'hiver. On la multiplie de graines semées en terrines; on repique le plant en godet qu'on place sur une couche tiède ou en serre pour pousser rapidement à la végétation, .^a multiplication est également très-iacile par bouture en serre. 0. Lesciyer. LA PEPiVENCHK DE MADAGASCAR. Cette ravissante Pervenche ligneuse, qui peut atteindre à deux mètres de hauteur, élevée en espaher dans nos serres et jardins d'hiver, est cultivée, par certains jardiniers de Paris, pour les marchés, et traitée alors comme plante annuelle. — 277 — Dans cette condition cette Pervenche devient aussi une de nos plus joJies plantes d'ornement pour la décoration des jardins. Cette Pervenche aime les sols légers et chauds ; un la mul- tiplie par le semis. Pour obtenir des plantes de serres ou d'appartement, on sème dès janvier ou février; mais pour les plantes de pleine terre on ne sème qu'au mois de mars en terrine^ tenue en serre ou sur couche. Quand le plant a 4 ou 5 centimètres, on le repique en petit godet qu'on replace sur couche et sous châssis, en donnant de l'air le plus souvent possible, lorsque le. temps est convenable. Cette Pervenche ne se ramifie pas facilement ; il faut donc, pour en obtenir de beaux pieds, aider à la ramification par le pincement. On exécute cette opération quand le plant a 6 ou 7 feuilles ; il se développe alors 5 ou 6 rameaux qui donnent naissance à de charmantes fleurs roses ou blanches; pour ob- tenir une plus abondante floraison, on repince tous les ra- meaux provenant du premier pincement ; mais on retarde la floraison d'un mois. Le meilleur sol factice pour la Pervenche de Madagascar ou Pervenche rose {Vinca roseu} est celui qui est composé de terre de bruyère mélangée d'un tiers de bon terreau. J'en ai vu de ravissantes corbeilles, l'année dernière, dans les jardins du palais deCompiègne. Que sont-elles devenues, hélas! 1^^. BONARD. VIOLETTE CORNUE. [Viola cornuta.) Cette Violette, qui appartient à la section des Pensées, est une des plus précieuses du genre par l'élégance et l'abondance de ses fleurs, et par la durée de la floraison. Elle est voisine des — 278 — Violettes de Rouen et éperonnée {Viola Rothomagensis et calcarata)]; mais elle leur est préférable au point de vue orne- mental. Ses tiges sont glabres, menues, anguleuses, couchées, puis redressées supérieurement, très- variables dans leur longueur, pouvant atteindre jusqu'à 40 centimètres. Elles sont plus ou moins fortement coudées au point d'insertion des feuilles. Les feuilles sont alternes, pétiolées, ovales, à peine échan- crées en cœur à la base, glabres à leurs deux faces, crénelées et ordinairement ciliées sur les bords^ obtuses au sommet, et longues de 3 à 4 centimètres ; elles sont accompagnées d'oreillettes ou stipules ovales -lancéolées; fortement dentelées ou laciniées à leur base et ciliées sur les bords. Les fleurs sont très-grandes, de couleur violet clair avec œil blanc crème, ou de couleur jaune ou blanc pur, ce qui constitue trois variétés. Elles sont solitaires à l'aisselle des feuilles^ et portées sur des pédoncules de 10 centim. de longueur. Le calice est à 5 sépales étroits, lancéolés, aigus, appendiculés à la base. La corolle est large de trois centim. et plus ; les deux pétales supérieurs sont obliquement dressés, oblongs, spatulésj les deux latéraux sont plus petits, étalés et rapprochés du pétale inférieur qui est beaucoup plus large, largement obovale, brièvement et brusquement acuminé et prolongé inférieurement- en un éperon mince et long de 15 à 20 millimètres. Cette espèce charmante, originaire des Pyrénées, pousse admirablement dans nos jardins, soit au soleil, soit à l'ombre, et forme de larges touffes émaillées de ravissantes fleurs depuis le mois de mars jusqu'en août. La culture est toute simple. (Quoique vivace, on la sème sim- plement en plein sol bien ameubli, comme pour la Pensée, et on la repique ensuite à demeure. Dans les parties om- breuses, sur les bords de massifs d'arbres et d'arbustes, — 279 — elle se plait admirablement, et fleurit abondamment. C'est une plante qui n'est pas assez répandue. 0. Lescuyer. CULTURE DES CHOUX-FLEURS A PARIS ET AUX ENVIRONS (swîfe)(l). g 3. — Culture des Choux- fleurs pour r automne. Pour cette saison, il existe deux variétés de Choux-fleurs parfaitement connues des cultivateurs ; ce sont : le tendre d'automne et le demi-dur déjà nommé. On sème le tendre d'automne du 1<" au 8 juin, dans un bon terrain et au nord autant que possible, afin de faciliter la ger- mination, et pour éviter les insectes bien connus qui attaquent ces semis. Il ne faut pas semer trop épais, afin de préparer des plants robustes! et bien venants. On devra avoir grand soin d'arroser de manière à donner au jeune plant une végétation rapide qui permette de le mettre en place vers le 15 juillet au plus tard. On peut planter alors sur de vieilles couches, parmi des cultures de Melons, en ayant bien soin surtout d'arroser et d'ombrager au moment de la plantation. Dans cette saison, les rayons du soleil gênent beaucoup la marche de la végétation des jeunes plantes. On peut égale- ment planter en pleine terre, dans un bon terrain, en prenant les mêmes soins et en espaçant toujours les pieds d'environ 0™ 60. Si on plante sur de vieilles couches, au milieu de cul- tures de Melons^ la maturité arrive un mois plus tôt. Le Chou-fleur tendre d'automne se cultive habituellement de cette manière, et on en obtient la maturité du 15 au 20 septembre ; si on le plante en pleine terre, la récolte se fait en octobre. (1) Voirie dernier numéro, août 1870, page 242. — 280 - Pour la fin de l'automne, on cultive le Chou-fleur demi-dur de la même manière, c'est-à-dire qu'où le sème dans les mêmes conditions, mais du 8 au 15 juin ; on le plante généralement en pleine terre. Il est inutile de le planter sur de vieilles cou- ches, attendu que la maturité n'a pas besoin d'être avancée. Le Chou-fleur demi-dur est le vrai Chou-fleur d'automne ; on en fait la récolte en novembre et jusqu'au 20 décembre. ïl existe des localités où le Chou-fleur demi-dur se récolte en hiver; cela lient un peu au sol ou à l'époque du semis. On peut semer le Chou-fleur demi-dur du 10 au 20 juin, ce qui fait une diffé- rence très-grande pour la récolte. La meilleure époque pour semer le Chou-fleur demi-dur pour l'automne est du 10 au to juin. Si on le cultive dans de bonnes conditions, la récolte doit se faire du 1" novembre à la fm de ce mois : cela tient au terrain et à la manière dont la culture a été dirigée. Il serait inutile de cultiver le Chou-fleur Lenormand pour l'automne ; le produit en serait beaucoup inférieur à celui des autres variétés. § 4. — Culture des Choux- fleurs pour P hiver. Le Chou-fleur demi-dur se prolonge souvent pour l'hiver; cela tient à la localité et au mode de culture. Le vrai Chou-fleur d'hiver est le dur qui se sème du 15 au 20 juin. Planté en pleine terre, dans un bon terrain, du 20 au 25 juillet, il atteint sa maturité fin de décembre. Cette variété offre un inconvénient assez grave : le Chou-fleur dur d'hiver arrive à bonne maturité très-tard, et par cette raison il se trouve exposé à des gelées assez fréquentes qui causent aux cultiva- teurs de très-grands embarras. On est parfois obligé de faire des fosses et d'y enjauger les Choux à cause de la rigueur des gelées. Ce travail est très-coû- teux et peu lucratif. Par cette raison, il est très-bon d'élever — 281 — du Chou-fleur dur pour l'hiver, mais en petite quantité. Quand cette variété a été atteinte par quelques gelées, ce qui arrive généralement, elle est peu de garde : alors les jardiniers doi- vent apprécier. Je crois que le Chou -fleur demi-dur semé au 20 juin, planté, lin juillet dans des localités tardives, pourra se conserver aussi facilement que le Chou-fleur dur d'hiver et aura beaucoup moins à redouter les gelées. Il arrive souvent que, vers le i5 décembre, le Chou-fleur dur ne marque ims le bouton; il est venu à cette époque des gelées qui ont fait déses- pérer de la récolte ; c'est pourquoi nous recommandons de ne les élever qu'en petite quantité. Le Chou-fleur demi-dur et le dur sont les deux variétés bien connues pour l'hiver. C'est aux cultivateurs de chaque localité à juger quel est celui des deux qu'ils doivent cultiver, ainsi que l'époque où ils doivent en faire le semis. Dans les cultures des environs de Paris, on cultive en très- petite quantité le vrai Chou -fleur dur d'hiver. Mais il est très- bon d'en espacer les pieds au moins de 0»! 80 et de les planter en rangs très -éloignés, afin qu'ils prennent beaucoup d'exten- sion avant les gelées et qu'ils développent une tige dure et so- lide. Cela est un préservatif contre les fortes ^gelées, et, si le temps impose l'obligation d'enjauger ces Choux, l'enlèvement en est beaucoup plus facile. Il ne faut pas semer trop tard les Choux-fleurs d'hiver, soit le dur, soit le demi-dur, en vue de les conserver plus long- temps; ce serait une grande erreur. Le Chou-fleur dur d'hiver semé tard ne forme pas de tige, et pour cette raison il prend le bouton dès qu'il est à demi venu. Dans ce cas, s'il y a un mo- ment de temps doux, il arrive à maturité avant le demi-dur, avec une pomme élargie comme un verre à boire. Dagorno aîné — 282 "— PRÉPARATION DU GRAMBÉ OU CHOU MARIN. Ce légume a fait^ i' y a quelques années, une apparition de peu de durée dans nos potagers. Nous l'avons vu figurer dans certains lots d'exposition de plantes maraîchères, mais nous croyons qu'il n'a pas été donné suite aux essais d'introduc- tion qui avaient été tentés parmi nous. Personne n'ignore l'esprit routinier qui dirige les consommateurs et la répugnance obstinée avec laquelle un produit nouveau est tout d"abord repoussé, quelle que soit sa valeur. L'exemple mémorable de l'accueil qui fut fait d'abord à la Pomme de terre donne la me- sure de la disposition des esprits à cet égard. On ne peut trop reprocher aux horticulteurs maraîchers, qui sont en réalité des industriels, de ne pas maintenir dans leurs jardins une plante dont ils ne trouvent pas l'écoulement. D'un autre côté, le dédain des consommateurs se justifie par l'ignorance où ils sont du parti que l'on peut tirer d'un produit. Il est dès lors indispensable, quand on recommande un légume nouveau, de faire connaître la meilleure préparation qui lui convient. C'est ce que M. Rœquet fait en ces termes pour le Crambé, dans le Bulletin de la Soc. d'Hort. de Compiègne : • « Après avoir récolté les feuilles, on les passe quelques mi- nutes à l'eau bouillante afin de les blanchir, comme on dit en termes de cuisine, ou mieux afin d'en enlever l'amertume. On retire les feuilles cuites du Crambé ^ on les met égoutter dans une passoire, et on les accommode au maigre ou au gras à la manière des Choux-fleurs. Pour ce qui est de l'eau de cuisson, qui est devenue toute violette, elle n'est bonne à rien si ce n'est à arroser les composts. On a dit que le Crambé participait, pour le goût, du Chou-fleur et de l'Asperge. La véritdest qu'il a une odeur d'Asperges qu'on ne saurait contester, mais rien de plus, rien de moins. Il a une saveur propre qui ne ressemble — 28B - à celle d'aucun autre légume, et qui n'en constitue pas moins un mets très-appétissant, avec l'avantage précieux d'arriver sur les tables une dizaine de jours au moins avant les Asperges de pleine terre. » F. AsTiÉ. (Ann. Soc. d'Hort. Haute-Garonne.) POTIRON TENDRE DE BUÉNOS-AYRES, [Rapallito tierno.) M. le ministre de la République Argentine a fait connaître à la Société d'acclimatation une variété de Potiron qui provient de Buénos-Ayres où il est connu sous le nom de Rapallito tierno, et qu'il cultive avec succès depuis plusieurs années à Brunoy, pri^s Paris. Ce Potiçon ne trace pas comme les autres variétés. On le mange quand il a atteint le volume d'une grosse Pomme de reinette, soit en salade, cuit, coupé en tranches et môle à des haricots verts, après avoir pris soin d'enlever les plus fortes graines qui se rencontrent à l'intérieur; soit aussi farci comme les Aubergines ; soit encore cuit dans le pot au feu comme des Carottes ou des Panais. Ce Potiron est farineux et plus sucré que le Potiron ordi- naire de France ; cueilli avant la parfaite maturité, il se con- serve jusqu'en mars. La culture est celle du Melon en pleine ^erre. C'est-à-dire qu'on le sème en pots et sur couche à la même époque que les Melons. Dans les premiers jours du mois de mai on le met en place. A cet effet on creuse à l"" 30 de distance des trous carrés qu'on remplit de fumier et sur lesquels on élève un fort cône de terre mélangée de terreau. On plante le jeune pied de Rapallito au sommet de la butte, et on recouvre d'une cloche — 28-1 — que l'on maintient jusqu'au moment où les gelées ne sont plus à craindre ; plus tard, en avançant dans la belle saison, on peut semer en place. Cette variété aime beaucoup l'eau ; il faut l'arroser fréquemment. Par mesure de sûreté, pour conserver la variété dans toute sa pureté, i! sera bon de la planter éloignée des autres variétés de cucurbitacées. M. le ministre de la République Argentine l'a recommandée tout particulièrement à la Société d'acclimatation. L. GORDIER. I i;i III» ■— LES PELARGONIUM ZONALE A FLEURS DOUBLES. Leur valeur décorative ; abus de nouvelles variétés. Dans un article inséré dans le Bulletin de la Société d'Horti- culture de la Dordogne (1870, p. 13), et relatif à l'emploi des fleurs dans les jardins, M. Batise, après avoir parlé des Pe- largonium zonale à fleurs simples et de ceux à feuilles pana- chées, ajoute : ce Nous ne parlerons que pour mémoire des variétés à fleurs doubles : la plupart de celles qu'on possède sont trop peu florifères, trop vigoureuses ou d'une végétation trop irrégulière pour être employées comme les autres. C'est un type, qui probablement a de l'avenir, mais qui a besoin d'être travaillé, comme disent les horticulteurs. » Nous avons tout d'abord pleinement partagé sur ce point la manière de voir de M. Batise. L'année dernière, nous avions formé une corbeille de Pelargonium zonale à fleurs doubles dans un terrain riche et frais. Leur végétation avait été exu- bérante, car les feuilles fort épaisses atteignaient 0'" 20 de dia- mètre. Quanta la floraison, elle avait été insigniflante. Cette année, un nouvel essai nous a donné de meilleurs résultats : nos 120 pieds pris parmi les 7 ou 8 variétés ayant paru les premières dans le commerce, mis dans un nouveau terrain plus __ 285 — sec que le précédent et à une exposition différente, ont abon- damment fleuri et sans interruption. Nous avons eu toutefois l'occasion de remarquer que dans la plate-bande oii étaient placés ces divers pieds, les fleurs étaient plus nombreuses aux extrémités que dans la partie centrale, et cela, abstraction faite soit des variétés, soit de la force des sujets. Cette circonstance s'explique pour nous par cette considération que, des deux bouts de la plate-bande, l'un se trouvait assez rapproché d'un grand arbre, et l'autre de nombreuses 'plantes ligneuses grim- pantes, d'une végétation vigoureuse. Ce voisinage, gênant pour beaucoup de plantes, a suffi pour modérer l'emportement des Pelargonium zonale à fleurs doubles, les a amenés ainsi à donner de nombreuses fleurs . mais n'a pas cependant trop arrêté leur développement. Si les conséquences que nous déduisons des faits que nous avons eu occasion d'observer sont vraies, il-suffirait^ pour ob- tenir des variétés de Pelargonium zonale à fleurs pleines, une floraison abondante, de les cultiver dans un sol d'une richesse moyenne, de manière à arrêter un peu leur vigueur. Ailleurs que dans notre jardin, au square de la place Belle- cour, à Lyon, nous avons eu occasion de voir, cette année, un massif de Pelargonium zonale à fleurs doubles, d'une floraison très-brillante. Il nous paraît donc que d'ores et déjà on peut ranger ces variétés parmi les bonnes plantes d'ornement. En attendant qu'elles donnent des ombelles un peu moins abon- dantes que dans les variétés à fleurs simples, ce léger désavan- tage est bien compensé par la force, la bonne tenue, la belle forme hémisphérique de ces ombelles, et par la persistance des fleurs. En rendant compte de l'Kxposilioii qui a eu lieu à Paris, au mois de mai dernier, M. F. Herincq s'élève avec raison, à l'é- gard des Pelargonium zonale à fleurs doubles, contre la mul- tiplicité fictive des variétés présentées qui, dill'érentes par les — 286 — noms, ne se distinguent guère soit de celles déjà connues^ soit entre elles, pnr aucun caractère particulier. (Hort. franc. 1870, p. 1 72.) Le jury, lors de notre dernière Exposition, a pu faire une remarque semblable ; on y voyait, en effet, beaucoup de plantes presque identiques, qui, à ne consulter que les noms, . devaient former autant de variétés distinctes et nouvelles. Il y a là un abus que nous avons eu souvent l'occasion de signaler et dont les amateurs et les maisons d'Horticulture de second ordre sont trop souvent victimes. L'on peut bien admettre jusqu'à un certain point la bonne foi et l'illusion complaisante de quelques amateurs engoués de leurs obtentions ; mais les grands établissements, non moins que les Sociétés d'Horticul- ture, devraient se montrer un peu plus réservés, lorsque les uns mettent au commerce, ou que les autres patronnent des variétés prétendues inédiles; leur contrôle devrait être plus sévère. Nous souhaitons qu'il se rencontre des horticul- teurs assez consciencieux pour faire une étude attentive des Pelargonium zonale à fleurs doubles, mises au commerce, de manière à n'admettre dans les collections que des variétés tranchées et d'un niérite réel. Pour nouS;, nous croyons devoir entrer dans celte voie en signalant ici le peu de valeur de la variété Mme Rose Char- ineuœ, dérivée, comme on sait, du Tom-Pouce à fleurs simples. Elle a, en effet, le même défaut que cette dernière variété. Elle ne peut soutenir l'ardeur de notre soleil ; à peine écloses, ses fleurs noircissent et se fanent; elles sont d'ailleurs peu abondantes. C'est donc, du moins pour notre région, une va- riété à écarter des collections. F. "ASTIER, (De la Soc. d'Hoit. de Haute-Garonne.) — 287 — MOYEN DE COiNSERVER LES POMMES DE TERRE. Les Pommes de terre arrachées de trop bonne heure, c'est-à- dire avant leur complète maturité, ne se conservent pas ; elles brunissent, noircissent et pourrissent bientôt. Pour les con- server, on les saupoudre fortement de poussière de charbon ou de charbonnette (braise de fours à pain ou à chaux), et on les remue souvent, afin de changer la direction de la scve qui se porte dans les yeux et de retarder la germination. On obtient encore de bons résultats en les conservant au milieu de la terre fortement mélangée de plâtre, de chaux, de cendres de bois ou même de houille. Il Tant prendre ces [jrécautions le plus tôt possible après lès avoir arrachées. Avec ces mêmes précau- tions, elles se conserveront parfaitement, sans être remuées, dans des trous de un à deux mètres de profondeur (les plus profonds seront les meilleurs), creusés dans le sol et qu'on aura recouverts de terre fortement tassée. Il faut au moins 50 centimètres de terre au-dessus de la dernière couche de Pommes de terre, qui devra se trouver au moins à cette pro* fondeur au-dessous de la surface du sol. Pour empêcher les Pommes de terre de verdir et de prendre un goût acre (fui les rend insalubres, il faut avoir bien soin de les priver entière- ment de l'action du jour. Les Pommes de terre qui ont verdi au jour sont, au con- traire, les meilleures de toutes pour semence (i). Victor Ghatel. • (1) Les revendeurs de Paris emploient un procédé Irès-efficace de conser- vation des Pommes de terre. Ils passent les tubercules au four, après la cuisson du pain et les y laissent pendant quelques minutes ; cela suffit pour llétrir les Pommes de terre, dont la peau se ride, et pour faire périr leurs yeux qui ne peuvent plus se développer. En portant du four, les tubercules sont portés dans la cave, oii ils ne tardent pas à reprendre Ibumiditc qu'ils ont perdue. Ce procédé ne peut être employé, naturellemenl, que pour les Pommes de terre destinées à l'alimentation. — 288 — Travaox eu mm d'août Potager. Les chaleurs du mois d'août nécessitent de copieux arrosemcnts aux Choux-Fleurs, Choux, Cardons, Céleri, etc. ; les Concombres, Cornichons, veu- lent aussi des bassinages nombreux. — A mesure que les Artichauts cessent de produire, il faut couper immédiatement les tiges au niveau du sol, en fai- sant attention de ne pas endommager les œilletons qui commencent à se déve- lopper. — Toutes les Laitues doivent être l'objet d'une attention soutenue de la part du jardinier; il faut lier les Laitues et les Scaroles, empailler les Car- dons ^ et Céleri pour les faire blanchir selon le besoin de la consommation; semer de la Romaine d'hiver, de la Laitue de la Passion, qu'on replante sur rolière. On peut encore à bonne exposition, semer dans les premiers jours du mois, des Haricots pour récolter en vert, pour les conserves d'hiver; mais alors le terreau etles arroscments ne doivent pas manquer, on sème aussi, Radis roses^ Oignon blanc, Poireau, Salsifis, Scorzonères, Épinards, Cerfeuil, Navet^ Mâches, Carottes, Choux-Fleurs, Choux de Milan, Pommiers hâtifs. Si on veut avoir du plant de Fraisier Qualre-Saisons, il faut, dès les premiers jours du mois, laisser les coulants se développer librement, on les paille un peu pour faciliter rémis- sion des racines. On veillera enfin à abattre, avec le dos d'un râteau, toutes les tiges d'Oignons qui seraient restées debout, pour que la sève se concentre dans l'Oignon et en augmente le volume. Jardin fruitier . Palisser, ébourgeonner, pincer, sont les principaux travaux à opérer; on doit avoir soin aussi de découvrir les fruits qui approchent de la maturité, et profiler de cette opération pour visiter les branches malades, soit par la gomme, le chancre, etc. — On commence la greffe à oeil dormant, à .mesure que le bois sur lequel on veut pratiquer est parfaitement aoûté. Jardin d'agrément . Les travaux de ce mois sont à peu près les mêmes pour l'entreUcn. On commence à greffer les Rosiers en écussonà œil dormant; on sèvre les OEillets qu'on aurait marcotté le mois précédent, et on les plante dans des pots ou en pleine terre. 11 faut s'empresser de lever et mettre en place les plantes annuelles d'automne repiquées en pépinière, telles que Reine-Marguerite , Bà'samine et Rose d'Inde, etc. On sème des Quarantaines pour les repi- quer en pots et qu'on abrite pendant l'hiver, des Giroflées grosse espèce, Calcéc- laires. Cinéraires, Pensées, Pelargonium, Pivoines, Renoncules, etc. Serre. Comme au mois de juillet. Paris " Imprimerie horticole de E. DoNNÀrm, rue Casseltf, 9. LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RCE CASSETTE, 9, A PARIS. & 6l 'S ^ SON HISTOIRE , SA CULTURE Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales Par E. CHATÉ fils, horticulteur. Un volume in-f 6 coloniibier. — Prix : liroché 1 fr. AO CULTURE DES PLANTES AQUATIQUES par M. D. HÉLYE Chef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 4 fr. 50. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR Un volume in-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Prix : 1 fr. «». LE CHAMPIGNON & SA CULTURE PAR M. LAIZIER 1 volume m-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent. L ' O R T I SES PROPRIETES ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier avec gravures. — Prix, broché : i fr. 50. Librairie de E.Donnaud, rue Cassette, 9. 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SO* Auuée. 1890-1891. JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS IIORTICGLES CONTENANT LA CDLTURE BAISONNÉK, LA DESClllPTlON ET L'HISTOIRE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESl'ÉCES DE PLEINE TEUUE. DES FKDITS ET DES LÉGUMES, LA DESCaiPTlON ET LUSACE DES I^ST^tMEl^rS NOUVEAUX, PDBLIK AVEC LE CONCOUBS DES AMATEORS ET DES PRINCIPAUX HORTICDLTEDRS DE FRANCE sous LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ, EÉUACTEUR EN CHEF. ATTACHB 10 HDSEDM d'uISTOIHE ^ATDIIELLe Ui PA&IS, Collaborateur du ilunuel Je$ l'tamei, des flgures du Bon Janllnitt, Ex-Bédacteur principal de la S;MU Wiionicuiiure Je la Stine , Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc. l/HorticulteurFrauçais parait le i> de chaque moi:{, par livniisou de 52 payes de telle grand iii-8, et d'uue plauche grafée et coloriée avec le plus grand soin. ! Paris 10 fr. par an. Départements. 11 fr. — . Étranger ... 15 fr. — Toutes les demandes irabonnement devront être aocoiupugii''cs d'un lion du montant de l'abuane- ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au uom de iM. E. DONNAUD, rue Cassette, 9. Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon sur la ijoste ou sur une malsonde l'aris, sont avertis ijue nous leur ferons présenter une quit- tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à payer les frais de négociation de la Iraito qui leur est adressée. ■"»"|> uSiQiiaii ii(ii n« PARIS MBRAIRIE DE E. DONNAUD. ÉDITEUR RUE CASSETTE. 9. 1870-4871 Witf. lex Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau dujournaUrue Cat- ielte, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal. Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues pmrus dens te mois et dont nous avons reçu un exemplaire. CULTURE SPÉCIALE DE ROSIERS de JOJ^epIl J§Cii^WART2;3 horticulteur 43 , rue du Repos , 45 , à la Guillotière ( LYON ) M. GUILLOT père, horticulteur rosiériste, 43, rue du Repos, à Lyon, se décide, après tant d'années de fatigues et de travail opiniâtre, pendant lesquelles il nous a livré de si bonnes et belles roses, à prendre un peu de repos, si bien gagné. Il a cédé son bel établissement à M. Joseph SCHWARTZ, qui, depuis déjà six ans, dirigeait rétablissement ; c'est donc à lui que les clients de M. GUILLOT père doivent adresser leurs commandes. Cette année, M. SCHWARTZ met au commerce six variétés nouvelles de roses ; André Durand, André Ri^otard, M""^ Cieorges Scbwartz, prince Stirbey, Virgile' hybride remoniante, et Vaucanson, hybride de noisette. SÉCATEURS ~ de ^iusiuve €)&UVMil3lIM9 à iW&geut (Haute-Marne) M. Gustave COUVREUR, de Nogent (Hante-Marne), fabrique un excellent Sécateur doat le fer et l'acier employés sont d'une qualit'^ irréprochable; les manches sont recouverts en buis, ce qui fatigue moins le main et donne à l'ouvrier une plus grande force. Ce Sécaienr ne craint pas d'ailleurs de subir les plus dures épreuves ; on peut prendre un gros morceau d'épine sec , et, malgré toute la résistance offerte, ce morceau de bois sera facilement coupé, sans que les James du Sécateur soient détériorées. Le prix du Sécateur, garni démanches en buis cl garanti par le fabricant, est des plus restreint. On l'envoie franco à qui en fait la demande à M. Gustave COUVREUR.,à Nogent (Haute-Marne), contre un bon sur la poste ou des timbres-poste: 3 fr., S fr, 30 c, 3 fr. 95 et 4 fr. 95 c, selon les di- mensions : 47 centimètres, 19 4/2, 22 et 25 centimètres. FRAISIERS, FRAMBOISIERS, GROSEILLIERS ET GLAYEULS WILLIAM GLOËDE, successeur de F. GLOEDE, son père Collection de 100 Fraisiers (10 variétés) à 10 et 20 francs contre mandai de poste. En vente : Les bonnes Fraises, 5 francs. Prière debien s'adresser, pour éviter toil rclard : ■WILLIAM GLOÉDE, horticultei;r, rue de rHôtel-Dieu, 11° 3, à Beauvais (Oise). SON HISTOIRE, SA CULTURE Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales Par E. GHATÉ fils, horticulteur. Un Tolnme in- f 6 colombier. — ÎPrix : brocls»* , fi fr, ftrt CULTURE DES PLANTES AQUATIQUES Par M. D. HÉLYE Cbef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume iu-:->.2 colombier, orné de gravures. — Prix : 1 fr. 50. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR Un volume in-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Prix : 1 fr. 85. SOMMAIIIK DU IVIJMERO D'OCTOBRE. l''. Herincq. Chronique. — F. Herincq. M. Joigneaux et ses Maraîchers; rt'- ponsc à un arlicle du Siccle. — 0. Lescuyer. Arnebia longiflora (IM. X). — EuG. DE Martragny. Lcs Althsea, en forme de rosiers Liges. — Ern. Broux. Multi- plication de la Centaurea candidissima. — .Iulks .Iarlot. Le Phalaris arundinacea picta , et les Pelargonium zonale à feuilles iianachées. — L. CoRDiER. Salsifis nouveau. — S. C. La Greffe d'hiver. — Demahis. Ma- ladie de la Vigne par le PlujUoxeru. — Ern. Bonard. Revue des Journaux étran- gers : Plantes nouvelles ou rares. — X Travaux du mois de Novembre. CHRONIQUE Le conseil municipal de Versailles et l'Horlicullure. Le fleuriste de la ville de Paris et l'école des ponts et chaussées-, balayeurs et jardiniers. La dis- location du marché du quai aux Fleurs à Paris -, une question à cet effet. Le cryptogamiiisme et le parasitisme : maladie de la Pomme de terre, el de la Vigne : le Phylloxéra elles agriculteurs; résultat d'une souscription dans le Midi, pour la destruction des Phylloxères. Circulaire du ministre de l'agri- culture au sujet de cet insecte. — Nécrologie : Lierval, Rendaller, Séné- clauze, Billiard, Lemaire, Lecoq, Dans son rapport sur rinstruction publique, le conseil mu- nicipal de Versailles émet im vœu qui nous intéresse ; celui de la création d'un cours d'horticulture à l'usage des enfants de écoles : (( Votre commission, dit le rapporteur, comme celles qui l'ont précédée, exprime encore une fois le vœu que la So- ciété d'Horticulture organise des cours utiles aux enfants de nos écoles. Nous répéterons ici ce que nous avons déjà eu l'occasion de dire ailleurs : Il est bien singulier que Versailles, dont la seule industrie spéciale est la culture des fleurs, n'ait pas de cours régulier d'horticulture . Des écoles de ce genre existent dans des pays voisins; elles y sont florissantes et for- ment des élèves distingués que l'on recherche et que Ton paye souvent très-cher. Nos chefs d'exploitation horticole se plai- gnent de ne trouver que très-difîicilement des contre-maîtres instruits, capables d'agir avec méthode, comprenant bien ce Octobre 1870, p ni en oclobre 1871 . 19 — 290 — qu'ils font, parce qu'ils ont reçu des notiojis exactes de bota- nique et de sciences naturelles. Versailles semble être une des villes qui présentent les meilleures conditions pour un pareil enseignement. Il est regrettable que la Société d'Horticulture ne se rende pas aux vœux exprimés souvent par le conseil municipal, qui ne lui refuserait pas une subvention, si elle était nécessaire. 11 y a là place pour une création qui hono- rerait notre ville, et qui en même temps lui serait fort profi- table. )) Le conseil municipal de Versailles est bien bon de s'inté- resser à notre pauvre horticulture ; il serait à désirer que celui de Paris en fit autant ; car iious avons aussi maintenant un conseil municipal à Paris, dans lequel même il y a trois ou quatre médecins. — L'horticulture parisienne a grand be- soin, en effet, non pas de médecins aliénistes, mais qu'on s'occupe un peu d'elle. Nous avions espéré, un instant, qu'une école naîtrait du fleuriste delà Muette, et du jardin fruitier du bois de Vincennes; il nous avait semblé voir là es premières ébauches de cette institution depuis si longtemps réclamée ; mais c'était une illusion d'optique ; le jardin de la Muette est en train de se transformer en succursale de l'école des ponts et chaussées. On vient de nommer directeur de ce jardin un ingénieur qui, évidemment, est un homme intelli- gent et qui l'a prouvé en prenant possession de son poste. Il a fait, aussitôt, de tous les jardiniers chefs de sections, des inspecteurs du balayage des places et promenades pubhques de Paris, et les anciens inspecteurs du balayage, qui sont un peu ingénieurs, ont pris la place des multiplicateurs chefs susdits. Très-prochainement les balayeurs, qui tiennent un peu aussi aux ponts er, chaussées, quitteront le, balai pour prendre le râteau au jardin de la Muette, et les jardiniers de la Muette seront chargés de l'entretien des trottoirs des rues de Paris. Ainsi le veut M. le grand ingénieur en chef — 29i — des promenades publiques; le tout pour la plus grande gloire de l'horticulture et les intérêts particuliers des amis des ponts et chaussées. République ou Empire, c'est, comme on voit, toujours la même chose : les fauteuils et les trônes pour- ront changer par suite de vétusté, mais les hommes ne chan- geront jamais. Cette intronisation des ingénieurs dans le jardinage muni- cipal de Paris amènera peut-être, après tout, une amélioration bien désirable de l'emplacement du marché dit du quai aux Fleurs. Ce pauvre marché est tout disloqué depuis le gouver- nement des grands hommes de la Commune. L'emplacement Lobau est occupé, depuis l'incendie de rhôtel de ville, par les décombres du palais municipal, et les marchandes qui s'y te- naient sont reléguées actuellement sur le Pont-au- Change, à un kilomètre de l'autre portion du marché Lobau qui continue de tenir sur le quai, en face de l'hôtel de ville ; le hasard seul les fait découvrir. Est-ce que MM. les ingénieurs chargés des intérêts du commerce horticole de la capitale ne pourraient pas livrer, à ces marchandes, l'ancien emplacement du quai aux Fleurs, situé entre le tribunal du commerce, la caserne- préfecture et le nouvel Hôtel-Dieu? Il n'y a que quelques tombereaux de pierres à macadam a enlever ; ce ne serait pas une grande dépense. Si M. l'ingénieur en chef de l'horticul- ture parisienne connaissait la situation du commerce des plantes, il n'est pas douteux qu'il s'empresserait de rélabhr ce marché où il était autrefois; mais il est probable que l'in- génieur horticole en chef de Paris s'occupe autant de l'horti- culture parisienne que M. le colonel du génie auxiliaire s'est^ occupé des travaux de défenses militaires exécutés par sa légion pendant le siège. Quoi qu'on fasse, Képublique ou Empire^ on rencontrera toujours aussi abondamment, sur le bord des eaux crouTrissantes, cette fameuse, esfiècé .^rampante que Linné a nommée Ciimularius sinecuristis,.Qt qu il signale — 292 — dit-on, dans sa philosophie scientifique, comme une pre- mière transformation d'un effrayant cryptogame parasite, qu'Ovide décrit, paraît-il, dans ses Métamorphoses, sous le nom de Gangrœna socialis, qui porte la mort dans tous les corps organisés chez lesquels il s'introduit. Rien ne peut dé- truire cette espèce maudite ; il est impossible de trouver, dails les corps qui en sont infestés, des parties assez saines à Taide desquelles on pourrait essayer son extirpation. C'est comme pour le Botritys infestans de la Pomme de terre; les tubercules les plus sains employés à la régénéra- tion de la plante de Parmentier en sont tout aussi facilement atteints. L'action du cryptogamitisme et du parasitisme est d'une puissance qui défie toutes les forces humaines. Aussi, ce Botrytis, qui cause la maladie de la Pomme de terre^ continue-t-il à vivre nonchalamment sur ses tubercules, sans plus se soucier de tous les moyens proposés et appliqués Dour le détruire. Cette année encore, il exerce ses ravages d'une manière désespérante ; il semblerait que l'odeur prus- sienne favorise son développement. De même du petit puceron parasite Phylloxéra vastatrix qui s'attaque à la racine de la Vigne, et nous menace d'une 'pépie universelle; il résiste aussi à tous les moyens d'action employés contre lui. Il est vrai que pour le Phylloxéra, comme pour le Gangrœna socialis, nous rencontrons la même apathie^ la même indifférence chez les individus intéressés à leur destruction. La Société d'agriculture de l'Hérault avait ouvert une souscription pour l'organisation d'études et d'ex- périences relatives à la nouvelle maladie de l'arbuste dont le produit est si fort apprécié des descendants de Noé. Eh bien ! cette souscription a fourni une somme si modique, que le D' Cazalis ne peut retenir un profond soupir. « Que faire, dit-il, dans une de ses chroniques du Messager — 293 — agricole du Midi, avec d'aussi modiques ressources? Nous avons déjà dit que, pour préserver un pays des horribles ra- vages causés par le Phylloxéra, il faut détruire de suite toutes les souches où le puceron commence à se montrer. Par mal- heur, les propriétaires ne veulent consentir à arracher les souches atteintes que si on leur accorde de larges indem- nités. — Nous avons fait arracher les souches malades à Lan- sargues ; mais, tout près de la Vigne où cette opération a été faite, se trouvent encore huit à dix souches puceronnées que le propriétaire n'a voulu à aucun prix laisser arracher. En prenant cette résolution que nous ne nous permettrons pas de qualifier comme elle le mériterait, dit iM. Cazalis, ce proprié- taire assume une responsabihté terrible. )) Il s'en moque pas mal cet honnête propriétaire. N'avons- nous pas vu, pendant la guerre, des hommes refuser du pain aux soldats français et courir le porter aux soldats de Guil- laume pour garantir leur foyer, sans se soucier de la ruine du reste de la France à laquelle ils concouraient en agissant ainsi? Gangrœna socialis, partout et toujours. Le danger est tellement menaçant que le ministre de Tagri- culture s'est détourné un instant des occupations pohtiques dans lesquelles tout le monde est absorbé, pour s'occuper de cet ennemi microscopique dont l'invasion en France peut causer des dégâts aussi terribles que l'invasion des armées prussiennes. Voici, en effet, la circulaire qu'il a adressée der^ nièrement aux préfets : « Monsieur le préfet, depuis quelques années une nouvelle maladie sévit avec violence sur une assez grande étendue de vignobles. La rapidité avec laquelle elle se propage ne permet pas de négliger aucun des moyens propres h en prévenir ou à en atténuer les funestes effets. Une commission centrale, composés dépavants et de praticiens expéri- mentes, a été instituée près de mou ministère avec la mission de re- chercher l'origine du fléau, ainsi que les mesures à prendre pour en circonscrire les ravases. ^ 294 ... » Cette commission, dans les diverses séances qu'elle a tenues au ministère de l'agriculture et du commerce, a été unanime à recon- naître que la cause du mal est bien le puceron, dit Philloo-era vmtatrix, dont l'existence a été constatée sur les racines de !a Vigne. En présence de ce fa^.t, qui paraît acquis à la science, cette commission a émis l'avis qu'il y avait certaines précautions à prendre par les propriétaires de vignobles infestés. Elle a exprimé le désir que cet avis lut porté à la connaissan33 des intéressés, à titre de conseil. » J'ai doiiG Fhonneur, Monsieur le préfet, de vous prier de donner à la présente circulaire toute la publicité désirable, en faisant observer aux populations qu'il s'agit ici, à la fois, de leur intérêt particulier et de l'"intér3t public. M La commission conseille aux viticulteurs d'arracher scrupuleusement tout plant de Viguidout les racines sont attaquées par le puceron, de remuer profondément ie sol pour mettre à découvert toutes les ra- cines et de brûler sur place le cep et les racines, en ajoutant les brous- ' sailles nécessaires pour soumettre la terre infestée de pucerons à un fort écobuage. » Dans le cas où l'insecte attaque les feuilles, il y développe des galles placées à leur face intérieure, véritables nids, pleins d'œufs et d'insectes destinés à se répandre sur les racines. Pour arrêter leur pro- pagation, il est indispensable d'enlever avec le plus grand soin toutes les feuilles attaquées. « La notice, publiée par la commission centrale et dont je vous transm.ettrai plusieurs exemplaires, en vous priant de les distribuer aux principaux viticulteurs de votre département, mettra les intéressés à même de reconnaître le caractère de la maladie et de distinguer les feuilles atteintes. » En attendant cette notice, nous publions, dans ce numéro, un résumé des travaux de MM. Planchon et Lichtenstein auquel nous renvoyons ceux qui veulent s'éclairer sur cette ciuestion. De la maladie à la mort la transition est tellement natu- relle que le plus souvent on passe de l'une à l'autre sans le vouloir . C'est, hélas ! ce qui est arrivé à plusieurs de nos confrères durant la période de silence que nous a imposée l'invasion prussienne. Nous avons, en effet, à enregistrer la mort de MM. Lierval, — 295 - nendatler, Sénéclanze Billiard, Lemaire et Lecoq, nos conci- toyens, qui tons ont rendu des services sérieux à l'horticul- tiu'e. La nécessité de reproduire, àanç^ Y Horticidieur français, use lettre que le SiMe, dans son amour de la vérité (l),na pas cru devoir reproduire, en réponse à un article puBlié dans son numéro du 19 septembre dernier, nous oblige à remettra au prochain numéro les quelques mots que nous avons consacrés à nos regrettés confrères. F. Heringq, M. JOIGNl^AUX ET SES MARAICHERS, Le journal le S/èc/p vient de prendre en mains la défense des maraîchers de Paris, que nous avons blâmés au sujet de leur conduite anti-fraternelle et peu patriotique perdant le siège. Très-partisan de la Ubre discussion, el afin de m-^ttre nos lecteurs en mesure d'apprécier !a valeur des arguments, et de décider ensuite, entre les deux parties, de quel côté est la vé- rité, je comuience par reproduire, de l'article du Siecle,lf^,R pas- sages les plus saillants qui ont la prétention de justifier ce que nous avons blâmé j je ne comprends la liberté de la presse que dans ces conditions. Le Siècle la comprend autrement ; car il est encore à insérer la lettre justificative que je lui ai adressée, tout fraternellement le 2 de ce mois. Voici ce que dit ce journal dans son numéro du 1 7 septembre dernier : (c Nous avons eu et nous avons l'abondance (en parlant lé- 5) gumes), parce que, sans aucun doute, les jardiniers ont fait (I) On lit dans le Petit Moniteur du 12 courant: « Le 4* conseil de guerre vient de juger l'affaire du journal le Sidrle, inculpé de compte rendu de mau- vaise foi. Le gérant a été condamné à 4,000 fr. d'amende, à la minorité de faveur de trois voix; lès quatre autres s'étant prononcées pour une peine plus forte. — 296 — » du plant en quantité. Il faut les en féliciter ; cependant il se » rencontre un esprit chagrin -r- (on a oublié mon fiel) — qui )) les en blâme et leur reproche toutes sortes d'énormités qui y sont autant de mensonges. y> Les maraîchers de Paris n'ont rien promis qu'ils n'aient )) tenu. Ils ont mis en culture environ 14 hectares de terrain y> improductif (1)^ et n'ont jamais pris, vis-à-vis dupubliCjl'en- ji) gagement de fabriquer en quelques semaines ce qui deman- :i) daii plusieurs mois. Ils se sont engagés tout simplement : y> 1° à repiquer tout ce qu'ils pourraient sauver de plants dans )) la banlieue ; 2" à faire de la verdure ; S*" à multiplier les )) semis, pour faire face aux besoins qui se produiraient après )) le siège. Et c'est ce qui a lieu. i> Jamais entreprise ne fut plus à découvert que celle-ci ; )) une commission de plusieurs membres de la Société cen- 3> traie d'horticulture les a visités à deux ou trois reprises, et i> en a témoigné hautement sa satisfaction, non-seulemenfc en )) présence du ministre, mais encore dans le journal de la )) Société En ce temps-là, il y aurait eu quelque mérite à 3> critiquer ou à produire des observations Où donc alors 3) était M. Herincq, notre critique d'aujourd'hui? Pourquoi ne 3) parlait-il pa^? ou s'il parlait, pourquoi joignait-il ses éloges )) à ceux de tout le monde, et nous envoyait-il ses regrets )) d'avoir eu, sous l'Empire, de mauvais procédés à notre en- )) droit? C'est cjue la période du 4 septembre était encore en 3) faveur. A présent, que la réaction a trouvé sa voie, il lui 5> emboîte le pas. M. Herincq suit les courants, il ne les re- j> monte point. )) Les chefs maraîchers, les Laizier, les Stainville, etc., ont » accompli largement leur devoir pendant le siège de Paris; (1) Sur 200 qui ont été mis à leur disposition: ils n'ont pas abusé! F. H. — 297 — )) c'est à leurs efforts et à leurs conseils que nous devons l'a- 3> bondance et le bas prix des légumes dans ces derniers temps. » Que cela contrarie M. Herincq, c'est possible ; mais je n'y )) peux rien. i> Le tout signé P. Joigneaux. Je m'attendais à une riposte de la part de l'honorable député de Paris et j'avais blindé mes épaules pour recevoir ce qu'il appelle pirttoresquement une volée de bois vert, et qu'il admi- nistre à quiconque contrarie ses vues ou n'approuve pas toutes ses entreprises. Ma précaution a été inutile. L'honorable député de Paris s'est amendé, depuis qu'il est question de demander l'amnistie pour les hommes qui, après avoir été pardonnes à la suite des tentatives insurrectionnelles du 31 octobre et du 28 janvier, se sont empressés de montrer à l'Europe entière qu'ils étaient di- gnes de la clémence du gouvernement de la défense nationale, en recommençant le 18 mars dernier, par l'assassinat 'du général Clément Thomas, et en finissant par celui du commandant Chaudey, rédacteur du Siècle! M. Joigneaux, en effet, se borne, cette fois, à me signaler à l'attention des partisans de la Répu- blique au pétrole, comme un réactionnaire de la pire espèce, qui voudrait voirie peuple mourir de faim, puisque je suis contrarié^ dit-il, de voir l'abondance 'et le bon marché des légumes. M. Joigneaux n'est peut-être pas tout à fait dans le vrai quand il attribue aux elTorts des maraîchers de Paris l'abon- dance et le bon marché des légumes. L'abondance vient de la province qui avait aussi ses réserves de l'année dernière, et qu'elfe a écoulées sur Paris aussitôt la circulation rétablie. C'est aussi l'avis de M. Laizier, un des chefs maraîchers de M. Joigneaux. Dans la séance de la Société d'horiiculture du 9 février, au sujet « des prix élevés qu'ont atteints les légumes que pouvait offrir la saison, y> le procès- verbal porte — 298 — ceci : « M. Laizier dit qne les cultivateurs situés au delà des )) lignes prussiennes ont fait, l'année dernière, une abon- 3) dante récolte de beaux et bons légumes, tels que choux, ^ pommes de terre, carottes, navets, etc., et que si le'jiassage 3) de la ligne occupée par l'ennemi était moins diliicile, que D le ravitaillement se fît plus facilement enfin, Paris pourrait ï> recevoir, en quelc[ues jours, une énorme quantité de ces 3) produits divers. » Ainsi, M. Laizier connaissait ces immenses ressources pour l'approvisionnement de Paris, aussitôt que les portes seraient ouvertes, et il se serait amusé h faire du plant, pendant le siège, pour subvenir aux besoins d'une époque pour laquelle il savait que Paris recevrait ((f une* énorme quantité )) de .ces légumes divers ! Pour qui donc M. Joigneaux nous prend-il ? L'idée de M. Joigneaux et O^ était bien réellement de faire du légume pour la période du siège, ou, pour être plus dans le vrai, de faire un peu de bruit dans le public, de faire parler d'eux, et tout simplement pour les besoins de leur avenir. M. Joigneaux déclare que toutes mes assertions sont des énormités mensongères; il appelle en témoignage les commis-" sions de la Société d'horticulture de Paris, et le journal de ladite Société, pour affirmer son dire : que les maraîchers ne s'étaient engagés qu'à faire du pJant. Notre confrère du Siècle h. été très-mal insjiiré, car partout les commissions et le journal parlent légumes, et jamais plant. Voici quelques-uns des témoignages invoqués par l'honorable député de la Seine. Le secrétaire général expose que. .... « Des démarches ont été faites auprès du gouvernement en j> vue d'obtenir des avantages particuHers pour les horlicul- 5> teurs qui voudraient se livrer à la culture des légumes )) hàlifs pour Tapprovisionnement de Paris pendant le siège -» (procès-verbal de la séance du 24 nov.; journ. 1870^ p. 527). — 299 — « Monsieur le ministre, La Société d'horticulture s'était déjà i> préoccupée, par l'entremise de son Comité des cultures ,>) maraîchères et spécialement par les soins du Président de )) ce Comité, M. Laizier, de la question de la production plus 3) éiendue et plus hâtive de certaines plantes alimentaires. . ... » ce Sous la direction de M. Laizier,... et de notre confrère, » M. Joigneaux, délégué à cet effet par le gouvernement, des » terrains ont été mis à la disposition des cultivateurs ma- » raîchers ; mais, pour hâter le développement des végé- 1» taux ainsi cultivés et en obtenir prompîement des produits » utiles, il faudrait des fumiers. » Ceci est extrait de la lettre du Président de la Société, au ministre de l'agriculture, pour obtenir des fumiers de cheval. M. Joigneaux trouvera cette lettre au Journal de cette Société, année 1870, p. 528. Je pourrais prolonger les citations de ce genre; mais j'espère que ces deux suffisent pour prouver qu'on parlait de faire du vrai légume et non du jeune plant. Je passe à la haute satisfaction exprimée par les commis- sions. € Plusieurs membres font observer (séance du 23 5) février) que l'on a beaucoup parle des cultures légumières )> dirigées par les mandataires de l'administration, et qu'on y> exalte les résultats obtenus ; quant aux nouveaux ter- » rains (les terrains concédés par l'administration), on a pu y 2) récolter partiellement quelques produits qui ont été vantés )) comme satisfaisants ; mais la commission, qui est allée vi- )) siter les cultures maraîchères des faubourgs, n'a pu être )) mise à même de constater les résultats obtenus sur les nou- 3) veaux emplacements qui y avaient été indiqués. y> Et le rapporteur de la commission, dans son rapport quelque peu amphigourique et euqihatique, im.ité du genre italien, fait connaître pourquoi cette commission n'a pas pu constater les résultats des cultures de M. Joigneaux : (T En partie, dit-il, parce que les personnes qui la gui- — 300 — » daient (les Laizier ou les Stainville) ont eu de la peine à en )) indiquer l'emplacement; en partie parce que la nuit est )) venue arrêter nos observations. )) Ceci est écrit en toutes lettresau journal invoqué par M. Joigneaux, année 1870^p. 536. Comment admettre, après cet aveu si sincère du rapporteur, que la commission a témoigné hautement sa satisfaction à M. le ministre sur les splendides résultats de l'entreprise Joi- gneaux, Laizier et consorts ; entreprise tellement à découvert_, que les hommes chargés de la mener à bonne fin, ont de la peine à se rappeler l'emplacement des terrains qu'ils cul- tivent, si ce n'est, toutefois, le soir, quand la nuit, la bien- veillante nuit, ne permet plus à la commission, qui a témoigné hautement sa satisfaction, de pousser jusque-là son explora- tion? C'est sublime de découvert et de sincérités! J'ai confondu, dit l'honorable député, des légumes de ré- serve offerts gracieusement aux ministres avec des légumes nouveaux; le lecteur va juger si j'ai fait confusion. Voici ce que porte le procès-verbal de la séance de la Société d'horti- culture du 22 décembre : Et dans cette énumération figurent : Choux-fleurs, Céleri, Cardon, Cerfeuil bulbeux. Potiron, Igname de la Chine, Radis noir^ etc., qui, tous^ demandent un peu plus de ^0 jours pour acquérir leur maturité ; il est vrai que les minisires et le public ne sont pas forcés de le savoir. Si, après l'exposé de ces témoignages, M. Joigneaux, main- tient que mes assertions sont toujours des énormités menson- gères, c'est qu'alors les mots qui servent à qualifier les actes — 301 — ont changé leur signification, pendant que la période de régé- nération sociale du 18 mars était en pleine vigueur. Dans ce cas je ne répudie pas le titre de réactionnaire dont me gratifie l'honorable député de Paris. M. Joigneaux demande où j'étais pendant le siège et pour- quoi je n'ai pas protesté contre ces cultures hétéroclites, à l'époque où la période du 4 septembre était en faveur. Ma réponse est très-simple : J'étais où devait se trouver « toute âme bien née, qui ne compte pas avec le nombre de ses années 3), quand il s'agit de défendre l'honneur et le sol de son pays. Et si je n'ai pas critiqué une entreprise aussi à dé- couvert que la sienne, c'est parce que V Horticulteur français avait suspendu sa publication, M. Joigneaux le sait très-bien, et nullement parce que la faveur dont jouissait la période du i septenlbre me faisait craindre pour ma personne ; car, je l'avoue bien sincèrement, sans l'habile écrivain du Siècle, j'i- gnorerais encore qu'il y avait à craindre des citoyens qui ont proclamé la Répubhque française à Paris, le 4 septembre, sans mandat régulier des autres citoyens de la France. Je me félicite alors de mon silence. M. Joigneaux est étonné de ce que je le critique après lui avoir envoyé des éloges sous l'Empire. Triste époque que celle où nous vivons ! Par ce temps de ré- publicanisme qui court, la franchise est chose tellement rare^ que les républicains mêmes ne la comprennent plus, quand, par hasard, ils en rencontrent quelques cas. Eh ! mon Dieu, ma con- duite envers M. Joigneaux est bien simple. En homme qui n'appartient à aucun parti, et qui, par conséquent, n'a pas de parti pris, j'adresse au même individu, quel qu'il soit, ami ou adversaire, des éloges quand il le mérite, et je le blâme quand ses actes ou ses œuvres sont blâmables. C'est tellement na- turel que, à mon tour, je suis étonné de l'étonnement de M. Joigneaux. -- 302 — Enfin, l'habile écrivain du Siècle assure que si nous avons les légumes à bon marché, c'est grâce aux efforls des maraî- chers de Paris, et particulièrement aux Laizier, aux Slain- ville, etc. Cette appréciation iinale manque un peu d'exactitude. Si les légumes sont à bas prix, ce n'est pas aux efforts patrio- tiques de nos maraîchers parisiens que nous devons ce résul- tat, mais bien à la concurrence désolante (!) de la province, comme l'a si bien dit M. Laizier; car, si nos maraîchers étaient encore seuls à nous alimenter, ils pourraient bien tou- jours vendre, comme pendant le siège, au peuple qui ne touchait que 1 fr. 50 par jour : un Chou 16 fr., une botte de Carottes 19 fr. ; une botte de Radis roses 2 IV. 25. Je connais un de ces maraîchers qui a vendu 20 mille plants de Choux à 1 fr. la pièce. Comment M. Juigneaux veut-il que les malheureux cultivateurs c|ui ont acheté leurs plants à ce prix puissent, après 5 ou 6 mois de culture, fournir un beau Chou pommé que les ménagères payent, sur les marchés, la modique somme de dix centimes, deux sous ! Si l'abondance et le bas prix des légunies contrarient quel- qu'un, l'honorable député de Paris peut être assuré que ce n'est pas l'écrivain qui, au risque de s'attirer bien des haines, a blâmé les maraîchers que le Siècle défend aujourdjhui, en ieur reprochant d'avoir profité d'un malheur public, pour édifier leur fortune sur les ruines de leur pays et sous la protec- liôn des obus prussiens. F. Herincq. ARNEBIA LONGIFLORA (Pl. X). Le genre Arnebia appartient à la famille des Borraginées, dans laquelle se trouve la Bourrache, les Cousoudes, le .^lyo- — 303 — sotis, elc; il est très-voisin du genre Lithospermwn, et si voisin, que certains botanistes des deux ne font qu'un, en réunissant les Arnebia aux Lithos|)ermes 11 est bien certain que la différence botanique est assez difficile à établir; elle réside tout simplement dans le stigmate, qui est à deux loijes dans les Lithospermum, et à quatre lobes dans les Arnebia, Il y a cependant, dans le faciès, un je ne sais quoi qui fait recon- naître facilement ces deux genres. Les plantes du genre Arnebia sont des herbes des régions orientales de l'Europe : l'Egypte , la Perse, le Caucase , la Sibérie orientale, sont les berceaux des 8 à 10 espèces connues jusqu'à ce jour. V Arnebia longiflora, que nous figurons dans ce numéro, Crst originaire de l'Arménie; c'est un botaniste voyageur français, M. Balanza, qui l'a introduit au Jardin des plantes de Paris, où nous avons admiré ses jolies fleurs jaunes, marquées à la gorge de la corolle de cinq petits croissants de couleur rouge j)Ourpre foncé, ayant leurs pointes en dehors, ti est voisin de VAriiebia cchioicles et, comme lui vivac-e et rustique, peut supporter je plein air sous notre climat. Les tiges atteignent de 30 à 10 centimètres de hauteur ; elles sont toutes terminées par un épi en crosse de ces jolies fleurs dont nous avons parlé. Ce sera une très-bonne plante pour corbeilles ou plates-bandes d'espèces variées. 0. Lescuyer. LES ALTH/EA en forme DE ROSIERS TIGES. Pendant la durée du glorieux Empire, qui nous laisse une pe- tite cane à payerd''une dizaine de milliards, j'apercevais, dans le jardin réservé du monarque doni l'incapacité a été, jusqu'à — 304 — la fin, méconnue, des sortes de Rosiers admirablement fleuris dans le courant des mois d'août et septembre, et je regrettais de ne pouvoir en reconnaître les variétés, qui me paraissaient incontestablement, franchement remoniantes et dignes d être signalées aux amateurs de ce beau genre. Aujourd'hui que ce jardin est ouvert au public^ j'ai été tout surpris de retrouver des Althœa {Hibiscus syriacus) là où, pen- dant dix ou quinze ans^ je croyais admirer des Rosiers ! Celte découverte n'a pas été une déception pour moi, bien au contraire ; je venais de surprendre l'application de la forme Rosier tige à un arbuste charmant, qui fleurit à une époque oîiles arbustes et arbrisseaux fleuris sont rares dans les jardins, et qui, malgré ce précieux avantage, est rarement cultivé. Ce peu de succès des Althrea en arbre tient, évidemment, au mode de culture qu'on leur apphque, ou, pour être plus dans le vrai, à l'absence complète de soins. On se figure, en effet, que les arbrisseaux et arbustes, à l'exception du Rosier, n'ont pas besoin d'être taillés; qu'une fois plantés, on ne leur doit plus rien. Sans doute, ils peuvent se pas- ser du concours du jardinier ; mais quand une main habile di- rige l'évolution de leurs ramifications, ils produisent une flo- raison autrement behe que celle qu'ils donnent quand on les abandonne à eux-mêmes. Les Althœa sont dans ce cas. Les sujets non taillés se chargent d'un fouillis de brindilles portant chacune quelques petites fleurs qui disparaissent sous un épais feuillage. Mais tout autre est la floraison lorsque chaque année, au printemps, on taille à l'épaisseur d'un écu tous les rameaux qui se sont développés l'année précédente sur les branches principales. Alors de nouvelles pousses naissent vigoureusement dans le courant de l'été, et à l'ais- selle de chaque feuille surgissent de belles et larges fleurs presque aussi grandes que celle des Roses-Trémières, et qui se succèdent jusqu'en octobre. — 305 — Des buissons d'AUhœa ainsi taillés sont des arbrisseaux ad- mirables ; élevés sur une tige en tête de Rosiers, ce sont des arbustes ravissants. Cetteespèce, qui est originaire d'Orient, a les fleurs rouges; mais la culture en possède plusieurs variétés de couleurs di- verses, les unes à Heurs simples, les autres à fleurs doubles. Parmi les variétés à fleurs simples nous citerons : totus albus à fleurs blanc pur; variegata, fleurs panachées rouge et blanc ; vioJacea, ou violette; fasiuosa, fleurs roses. Dans les variétés à fleurs pleines ce sont : alba plena sero- lina, variété tardive à fleurs doubles blanches; ardens, rouge vif; carnea, rose chair; cœru/m, pourpre ardoisé; e/e^^anfzs- sima, panaché de rose et de blanc; rosea, rose; rubra, rouge; onemonœflora, pourpre; speciosa, très-belle variété à larges fleurs panachées de rouge et de blanc, etc. On multiplie toutes ces variétés de greff"e sur racines de l'es- pèce type, qu'on obtient de graines semées au printemps dans des terrines remplies de terre de bruyère. On repique dans des pots pour pouvoir rentrer le jeune plant eu orangerie pendant les 12 ou 3 premières années ; puis ou livre à la pleine terre. Pour obtenir des Althœa en forme de rosier tige^ on dresse le sujet sur un seul scion, jusqu'à la hauteur de un mètre par exemple ; là on le taille, puis on pince les bourgeons pour ob- tenir les sortes de coursons sur lesquels chaque année on ra- battra la taille. Cette l'orme est vraiment charmante. Eug. DE Martragny. Octobre 1871". 20 306 - MULTIPLICATION DE LA CENTAUREA GANDIDISSIMA. Lorsque je travaillais au jardin de la Muette, j'ai remarqué que^ souvent, sur un cent de belles boutures de cette char- mante plante, il n'y en avait qu'une trentaine, au plus une quarantaine, qui parvenaient à émettre des À-acines. C/est après avoir vu cette difficulté de reprise que j'ai essayé plus de vingt procédés de bouturage, pour voir si je ne parviendrais pas à un résultat plus complet; à force de chercher, j'ai fini en effet par trouver le véritable mode de multipHcation de cette Centaurea, qui joue un si grand rôle dans l'ornementation des jardins, par son beau feuillage blanc. L'époque qui me réussit le mieux est du 10 au 20 août. En coupant de très-bonnes boutures de cette Centaurea, il fau mettre de côté toutes celles qui sont atteintes d'un peu de noir, en les coupant, et ne conserver que celles qui sont bien vertes ou bien portantes. Alors on les prépare, en les coupant auprès du nœud, comme on fait pour toutes les boutures. Je dispose aussitôt des coffres à froid, mais en plein soleil, de manière à avoir une profondeur de 25 centimètres, et je place des pots de 8 centim. remplis de bonne terre franche bien tamisée, en les, espaçant de 10 centim. les uns des autres. Dès que le premier rang de pots est ainsi préparé et placé, je repique mes boutures, à l'aide d'un petit bâton aiguisé, une dans chaque pot, et aussitôt je les arrose en évitant de mouiller les feuilles. Après ce premier rang je dispose le second, puis le troisième, etc., jusqu'à ce que le coffre en soit plein î je couvre ensuite avec les panneaux vitrés. Les jours suivants, aussitôt que le soleil donne sur le châssis, il faut ombrer légèrement, pour briser les rayons soiaireS;, et désombrer dès que le soleil ne frappe plus sur les plantes j ~ 307 ~ mais il ne faut pas donner d'air ; ces jeunes boutures doivent être sans air, et ne doivent pas être tenues trop humides. Une dizaine de jours après leur mise en pots, ces boutures ont besoin d'un nettoyage, c'est-à-dire qu'il faut enlever les feuilles pourries ou qui jaunissent ; on doit faire cette opéra- tion avec précaution, en se servant d'un couteau bien tran- chant pour ne pas donner de secousse aux plantes, ni aux pots, parce que, comme ces boutures sont très-lourdes, en les re- muant, on pourrait casser les jeunes racines en voie de forma- tion et qui sont très-tendres. Aussitôt qu'on s'aperçoit que des boutures ont des racines à plein pot, on les enlève du châssis ; on les rempote, et on les traite comme les plantes faites. C'est en opérant ainsi que je suis arrivé à faire reprendre de 80 à 90boutuxes sur 100. Depuis deux ans que je pratique ainsi, j'obtiens toujours le même résultat. C'est ce qui m'a décidé à faire connaître mon moyen à mes confrères, par la voie de VEorticulteur français. Ernest Broux, jardinier à Rosay (Eure). LE PHALAPJS ARUNDINACEA PIGTA Eï LES PELAR- GONIUM ZONALE A FEUILLES PANACHÉES. « Out of evii cornes goocl. » Décidément le proverbe anglais a encore une fois raison : Du mal vient le bien. Le siège de Paris, cause de tant d'infor- tunes et de ruines, nous a valu, par suite des désastres dont l'horticulture parisienne a été frappée, d'étudier la valeur et l'emploi de certaines plantes. Sans ces malheurs, nous aurions comme par le passé, oîi nous avions tout en abondance, continué la garniture de nos — 308 — massifs et de nos corbeilles comme nous avions l'habilude de le faire, sans nous préoccuper par quelle plante nous pour- rions remplacer telle autre plante, si celle-ci venait à nous manquer. Un de mes amis, grand amateur d'horticulture, habite une charmante petite maison à Saint-Mandé; c'est une copie fidèle d'un de ces riants cottages qui font l'ornement du comté de Surrey. Le jardin est un petit Eden dont les frais gazons rap- pellent ceux de Sydenham palace et de Kew garden's. Avec tout cela mon ami n'était pas heureux. L'hiver avait été rude, le combustible avait manqué, et, de tout ce que renfer- mait sa petite serre, il ne lui restait que quelques Pelargonium zonale, Ageratum, Coleus, Galcéolaires. Les Pelargonium zo- nale à feuilles panachées : flover of the day, Manglesii, Lady Plymouth, etc., qui, les années précédentes, faisaient l'orne- ment de ses corbeilles et de ses massifs, avaient tous été vic- times du siège, et mon ami se désespérait de ne rien trouver pour combler ce vide. Je l'engageai d'essayer de planter en place, comme bordures, autour d'un grand massif de Coleus Verschaffeltii, des Phalaris arundinacea picta ou roseau pa- naché. Cette graminée, dont on connaît l'excessive rusticité, re- prit rapidement, et j'eus le soin, pour la maintenir à une hauteur de 15 à 20 centimètres, de renouveler le pincement des chaumes chaque fois que cela était nécessaire. Un découpage à la bêche, de temps à autre, est aussi de ri- gueur pour maintenir la bordure dans ses limites. J'ajouterai que cet essai a complètement donné le résultat que j"en attendais! Le feuillage de cette plante, qui est rubané de blanc jaunâtre ou de rose, et ressort extraordinairement bien sur le vert du gazon , peut défier celui des Pelargonium Man- glesii, Lady Plymouth et autres variétés à feuillage panaché. Quoique ce mode d'emploi du Phalaris soit né de la guerre, — 309 — je n'en continuerai pas moins, pendant la paix^ à faire de très- jolies bordures avec cette graminée, et je répéterai, comme à Albion : Oui oj evil cornes good. Jules Jarlot. NOUVEAU SALSIFIS BLANC. Ce nouveau Salsifis a été présenté à la Société d'Horticulture de l'Hérault, dans le courant de l'année dernière. AI. Martin Hivernale, qui le signale dans le Bulletin de cette Société, lui attribue une racine parfaitement simple, et qui ue rouille pas. Comparé avec le Salsifis que nous possédons, le nouveau venu a été reconnu bien supérieur. Semé en même temps, en terre sèche et en terre humide, il a donné une très-grosse et très- belle racine, tandis que celui cultivé anciennement a produit, dans les mêmes terres, une racine très-ordinaire et souvent rouillée. Après essai, la Société de l'Hérault a reconnu que les éloges appliqués au nouveau Salsifis sont bien mérités. Cette plante a donné, à l'auteur de la note à laquelle nous empruntons ces détails, M. Rivemale, des racines très-développées en lon- gueur et en grosseur, non ramifiées, lisses^ fines et d'un goût très-agréable. Mais contraireuient aux assertions de l'oblen- teur de cette nouvelle variété, qui prétend qu'une fois la graine levée on n'a plus qu'à maintenir le terrain dans un état de propreté, sans arroser, M. Rivemale recommande de donner de copieux arrosements ; c'est à cette seule condition, dit-il, qu'on peut obtenir de beaux produits comme ceux qu'il a obtenus. L. GORDIER. -. 310 — LA GREFFE D'HIVER (i). Un jardinier du XVP siècle, du nom de Landais et qui a laissé quelques écrits, avait annoncé que la greffe en fente des arbres fruitiers pouvait se faire pendant l'hiver avec autant de chances de succès que dans toute autre saison. La découverte de Landais passa inaperçue comme beaucoup d'autres et l'on continua de grefîer au printemps comme par le passé. En 1859, M. Laure, agriculteur distingué à qui Ton doit un bon livre sur l'agriculture du Midi de la France, est revenu sur la greffe d'hiver et a fait connaître les expériences que fit, à ce sujet, en 1836, un jardinier, M. Flory. € Le sieur Flory, dit M. Laure, ayant été appelé en dé- cembre 1 836 pour tailler un ' fruitier, apporta chez lui quelques brins d'un poirier dont il désirait se procurer l'espèce, avec le projet de les enfouir pour les conserver jusqu'à l'époque des greffes en fente ; mais quand il fut à sa pépinière, il eut la pensée de les conserver en les enfouissant et en même temps en les greflant en fente sur cinq sauvageons. Comme ce n'était là qu'un essai, il n'eut pas une grande foi dans son opération, surtout lors des fortes gelées du mois de janvier suivant. En effet, que devait-il attendre de greffes et de sujets secs et entièrement privées de sève? Aussi, quel ne fut pas son étonnement et sa satisfaction quand il aperçut, dans le mois de mars, les yeux de ses cinq greffes commençant à se déve- lopper, lorsque les yeux de toutes ses autres greffes en fente, faites dans les premiers jours du mois de mars, n'avaient pas même encore stossi P y> Les résultats de ces greffes d'hiver, dont pas une seule ne manqua, furent que dans le mois d'octobre suivant, deux sur cinq purent être transplantées et mises en place et que les H) Revue agricole de VAreyron, — 3H — trois autres prirent bien plus de développement que les greffes faites en mars. ' » Flory répéta ses greffes d'hiver l'année suivante sur près de cent sujets dont plusieurs hors de terre. Le succès fut aussi complet que celui de l'aimée précédente. Ce qu'il y eut de bon, c'est que les greffes faites au-dessus du sol et non enfon- cées se développèrent avec autant d'énergie que celles faites à quelques centimètres de profondeur. » M. Laurecite plusieurs exemples de greffe d'hiver tous suivis de succès, et que n'ont pas empêchés les froids les plus rigou- reux. D'après ce qui précède, la greffe en fente en hiver, ou plutôt à la nn de l'automne, permettrait de gagner une année sur la greffe de printemps, comme le fait aussi la plantation d'au- tomne. Mais le moment de la greffe peut être avancé, et il n'est pas nécessaire d'à (tendre jusqu'au mois de décembre. Dans un des numéros de la Revue des jardins et des champs, M. Bouillard rappelle que 1" greffe en fente d'automne peut être employée avec avantage pour suppléer à la greffe en écusson que la sé- cheresse n';a pas permis de pratiquer. « Les premières fraîcheurs du mois de septembre, dit 3) M. Bouillard, seront très-favorables à la reprise des greffes 5) en fente que l'on peui appliquer sur tous les arbres à fruits i> à pépins, Poiriers, Pommiers, etc.; le Cerisier surtout D réussit crès-bien à l'automne. )) Les essences d noyaux telles que Pruniers, Pêchers, Abri- D cotiers, sont plus rebelles à la reprise, mais réussissent cè- )) pendant, en ayant soin d'ombrer convenablement les greffes y> et de choisir le moment où il circule encore assez de sève :& pour souder le scion avant l'hiver, ce qui peut varier » suivant le degré de chaleur et l'humidité du sol. » S. C. — 312 — MALADIE DE LA YîGNE PAR LE PHYLLOXERA (1). MM. Planchon et Lichstentein, à qui nous devons les études si complètes sur le Phylloxéra vastairix qui cause la nouvelle maladie de la Vigne dont il est question depuis quelques an- nées, ont communiqué à l'Académie des sciences le résultat de leurs observations sur cet insecte. De ces observations il résulte que la supposition faite par ces auteurs, de l'identité du Phylloxéra qui vit sur les racines et de celui qui vit sur les feuilles, oîi il produit des excrois- sances en forme de galles, cette supposition est aujourd'hui confirmée. Les jeunes insectes radicicoles ou gallicoles ne présentent aucune diflerence. Les mères pondeuses des galles et les mères aptères des racines étaient, au contraire, assez dissem- blables de forme et de mœurs. Les premières, isolées au fond d'une galle, peuvent y pondre jusqu'à 200 œufs. Leur corps, finement chagriné, ne porte pas de tubercules (il y a cepen- dant des exceptions, confirmées d'ailleurs par Signoret, et l'on trouve parfois des formes mal définies, à tubercules plus ou moins développés). Les secondes, groupées sur les racines, pondent 30 ou 40 œufs; plus allongées, elles portent, après leurs mues, 6 rangées de tubercules mousses sur le dos et le rebord ventral. Ces différences étstut connues, le polymorphisme des aphi- dietis et des coccidées n'implique pas une difTérence d'es- pèce^ mais seulement des formes alternantes ou jjaralleles, modifiées suivant les conditions de l'existence, rentrant l'une dans l'autre ou dérivant l'une de l'autre par des voies de filia- tions inconnues. C'est ce qu'on pouvait conclure des pre- (1) Voir Chronique. — 313 — mières expériences de MM. Planchon et Lichtenstein et de M. Laliman; mais ces expériences, insuffisantes, ne pouvaient donner lieu qu'à présomption, aujourd'hui il y a certitude. Le 12 juillet 1870, MM. Planchon et Lichtenstein ont en- fermé des Phylloxéra de galles avec des racines fraîches. Les jeunes sortant des galles par centaines, ne trouvant pas de feuilles, se sont fixés sur les racines. Au bout de deux jours, ils formaient des groupes serrés, parmi lesquels on voyait des femelles adultes portant les tubercules caractéristiques, et tous, par leurs formes, leurs mœurs, leurs œufs, se confondaient avec les Phylloxéra des racines. Voilà donc un fait établi; la forme gallicole ou aérienne peut devenir la forme radicicole ou souterraine. Maintenant, comment peut s'opérer, dans la nature, la filiation d'une forme à l'autre ? Voici l'hypothèse de MM. Planchon et Lichtenstein; les Phylloxères ailés sortis de terre à l'état de nymphes, puis pas- sés à l'état parfait, transportés par les vents, pondent proba- blement leurs deux ou trois œufs sur les tiges et les feuilles. Ces œufs donnent des individus aptères qui produisent les pre- mières galles. Les jeunes sortis de ces galles forment de nou- velles galles sur les feuilles en voie d'évolution (Signoret, La- liman). L'évolution des feuilles terminée, en septembre, les insectes abondent sur les racines, où ils s'établissent seuls ou en compagnie d'autres qu'ils y trouvent déjà et dont ils re- vêtent la forme . Cetfe supposition est plausible, mais l'incertitude est com- plète sur les filiations qui ramènent l'insecte ailé. Cette forme rare sur les racines se produit-elle nécessairement chez les aptères souterrains après un nombre déterminé de générations agames (par la pathénogénèse) ? ou bien est-elle due seulement à certaines conditions dénutrition ou autres circonstances par- ticulières? adhuc subjudice lis est (l'aJïaire est encore à juger). =- 314 — A la siiilo de cette communication, M. Milne-Edwards a fait remarquer que les galles ouvertes ne sont pas toujours aban- données. Il a trouvé dans la cavité de ces galles de jeunes Phyl- loxères en nombre considérable et de taille microscopique. Les vignerons ne doivent donc pas considérer comme inof- fensives les feuilles qui portent des galles ouvertes, mais au contraire les récolter et les brûler avec soin. Cette opération, pratiquée en grand, devrait sans aucun doute détruire, et à peu de frais, une grande quantiié de reproducteurs avant qu'ils ne soient descendus sur les racines, et ralentir les pro- grès du mal. Dans une lettre adressée le 19 juin 1870 à la Société des agriculteurs de France, MM. Planchon et Lichtenstein avaient attribué les Etats-Unis d'Amérique comme patrie du Phyl- loxéra, ou du moins ils avaient signalé une espèce extrême- ment voisine qui attaque, quoique moins idolemment, depuis 12 ou 13 a îi s, les Vignes de l'Illinois, du Missouri, de New- York, etc. Les naturalistes américains Asa-Fitch, Walsh, Schimer, Riiez, Font fort bien décrite. . « Pourquoi les ravages de cet insecte sont-ils plus terribles en Europe que dans sapatrio? Ne serait-ce pas parce que les insectes parasites ou plutôt, mangeurs de ces pucerons sont très-nombreux en Amérique et manquent en Europe ?j) Walsli et Riley citent au moins cinq insectes comme des- tructeurs du Phylloxéra [Pemphigus vitifoliœ de Fitch^ et Dactyîosphora vitifoliœ àe, Scbim'er). Ces cinq insectes appar- tiennent aux genres Sc?/m/iMs (coléoptères), Syrphus (diptères), Hemerobius (névroptères), Anthocœris (hémiptères). Les in- sectçs de ces genres, qui vivent en Europe, dévorent les Phyl- loxères du Chêne [Phylloxéra quer eus, Lalinmn) , Peut-on importer ces insectes en France? Les auteurs se dé- clarent pour l'affirmative et offrent de le démontrer; aussi M. Drouyn deLhuys, président de la Société des agriculteurs — 315 — de France, a-t-il chargé une commission de la Société d'aocli- m.'îlation d'étudier la question de l'importation des insectes dcsiructeurs du Phylloxéra, question que MM. Planchon et Lichlenstein, LaHman et Signoret nous paraissent capables^ plus que tous les autres,, de suivre efficacement. Quant aux remèdes à appliquer à la Vigne, M. Petit fils, de Marseille, conseille 1" de déchausser profondément la plante à l'époque des plus grands froids (décembre et janvier); 2° de la fumer; 3" de l'arroser et de lui dcmner de fréquents labours, un au moins à bras, et les autres à la charrue. D'autre part, un viticulteur de Vaucluse signale au Mercure optécien le bon effet obtenu par l'acide sulfureux gazeux. Il dé- couvre les racines à 0"" 15 centim. et entoure les ceps infestés de soufre concassé qu'il enflamme le matin, en ayant soin que le soufre fondu ne puisse couler sur les racines. Dans les vi- gnobles importants, on pratique une tranchée dans toutes les allées et on procède sur trois rangs aux fumigations sulfu- reuses. Un propriétaire de Sisteron (Basses-Alpes) écrit au Messager du Midi que tous les procédés recommandables ont échoué chez lui, sauf la fumure avec du fumier ordinaire additionné d'une légère proportion dephénurede potassium (?) — N'est-ce pas plutôt du phénate de potasse? Toutefois, maintenant qu'est démontrée, grâce à MM. Plan- chon et Lichtensfein, l'identité des deux formes aérienne et souterraine du Phylloxéra, le remède qui se présente comme devant être le plus facilement applicable et le plus elficace, est la visite fréquente des ceps, en été, et la destruction des feuilles alFectées des galles caractéristiques. .T. Demahis. (La Cnliure.) 316 — REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS. MoRMODES Greènii (Botanical Magazine 5802). Orchidée de l'Amérique tropicale à pseudo-bulbes ovoïdes-allongés portant des feuilles glauques en dessous, lancéolées-allongées lon- gues de 30 à 35 centim. et des grappes pendantes multiflores ; les fleurs sont grandes à sépales et pétales étalés ovales- oblongs, jaune jiâle en dehors, jaune foncé en dedans, marqués de nombreux points rouge-marron ; le labelle rétréci et arqué inférieurement est dilaté au sommet en une sorte de cuiller frangée et de couleur violette. Velloziaelegans (Bot. Mag. 5803). Cette plante, qui res- semble assez à des Hypoxis, appartient à la famille des Vel- loziées, ou des Hœmodoracées, voisine de la famille des Amaryllidées. Elle est originaire de Madagascar et son intro- duction est due à M. Fox Talbot, qui l'a présentée à la Société d'Edimbourg, où le D"" Balfour lui a successivement donné les noms de Talbotia elegans pour faire plaisir à son introducteur ; puis de Vellozia Talbotii pour que la déception de M. ïalbot ne soit pas complète ; malheureusement, M. Oliver, botaniste à Kew_, l'avait déjà décrite sous le nom de Vellozia elegans, nom sous lequel cette plante est figurée dans le Botanical Magazine. Sa tige est grêle, dressée, haute de 30 à 35 centim., garnie de feuilles longues, à l'aisselle desquelles naissent des pédoncules qui portent de 3 à 5 fleurs blanches à sépales presque égaux. Plus intéressante que ornementale. Culture des Hypoxis. Sous châssis froid en hiver. Calochortus UNiFLORUs de Hooker ou Cyclobothra uniflora de Kunth (Bot. Mag. 5804). LiHacée de la Cahfornie, trouvée dans les plaines aux environs de San -Francisco par le D"" Bo- — 317 — lancier; elle n'atteint pas plus de 10 à 15 centimètres; son oignon, ovoïde-allongé, donne naissance à 2 feuilles en fer de lance, et à une hampe qui porte de 1 à 3 fleurs très-longue- ment pédicellees, de couleur rosée avec les anthères violettes. Châssis froid pendant l'hiver. Iris nudicaulis de Lamark, ou Iris bohemica de Smith (B. M. 5806). Espèce voisine de Vlris germanica^ mais distincte par ses fleurs pourpre foncé avec l'onglet des pétales jaune rayé de rouge. Rustique et de plein air. EuiA VESTiTA de Lindley, ou Denclrobium vestitum de Wal- llrh (B. xM. 5807). Orchidée toute velue, découverte dans les îles de Manille et Bornéo par Wallich, ancien directeur du jardin botanique de Calcutta, et importée en Europe par M. Vilson Sanders. Sa tige est dressée; ses feuilles sont coriaces lancéolées, et ses fleurs, disposées en longues grappes pendantes garnies de grandes bractées jaune paille à la base et ronge au sommet, offrent des sépales rouge orange, et des pétales blancs. Espèce de serre chaude. Androsage pubescens de la Flore- française, ou Androsace alpina de Gaudin (B. M. 5808). Charmante miniature indigène aux montagnes du Dauphiné, des Pyrénées et des Alpes suisses, formant de charmantes toulfes gazonnantes, émaillées de fleurs blanches avec œil jaune. Pour rochers bien drainés. Blandfordia alrea de Hooker (B. M. 5809). Lihacée de la iNouvclle-Galles du sud, en Australie, importée par MM. Veitch et Sons. Plante vivace à racines fibreuses, et à feuilles dis- tiques, roides, linéaires, longues de 25 à 30 centim.; les fleurs, au nombre de 4 ou 5 sur des hampes grêles, sont jaune orange, en forme de clochette à 6 segments dont 3 externes sont terminés par une pointe verte. Châssis froid pendant l'hiver. Gladiolus cruentus, décrit en 1868 par M. Moore dans le Gardencr Chronicle, et figuré dans le Botanical Magazine n" 5810. Magnifique espèce trouvée à Port-Natal, sur la côte — 318 — orientale de l'Afrique, dans la Cafrerie, et qui se rapproche beaucoup de nos belles variétés du G. gandavensis. Ses fleurs sont largement campanulées avec ses segments obovales échancrés, d'un beau rouge écarlate ; les deux segments laté- raux sont marqués d'une zone transversale plus pâle dans la- quelle se trouvent une inimité de petits points écarlates. Cul- ture des glaïeuls ordinaires. Vanda DENisoNiANA, décrite par Reichenbach en 1869 dans le Gardener Chronicle ; le Botanical nous montre, dans sa planche 5811, les johes grappes de fleurs blanches de cette Orchidée originaire des montagnes d'Arracan. Aloe Croucheri de Hooker (B. M. 5812). Espèce dépourvue de tige et dont les feuilles étalées, cartilagineuses, allongées en forme de tangue, sont marquées de points blancs. Ses fleurs, enlongues grappes paniculées, sont allongées, arquées, roses à la base, blanc verdâtre avec stries plus vertes dans la moitié supérieure. Dahlia imperulis de Roezl (B. M. 5813). L'introduction de ce beau Dahlia en arbre, figuré l'année dernière dans le Bota- nical Magazi7ie, remonte à l'année 1862. bitroduit, à cette épofjue, dans le jardin de Zurich, oîi M. Rœzl envoyait toutes ses collections de plantes mexicaines, il a été mis au commerce par M. Salter, horticulteur à Versailles ; mais il n'a pas eu grand succès, car il a disparu rapidement de la scène horti- cole. C'est cependant une belle plante; elle est arborescente et atteint jusqu'à 4 et 5 mètres de hauteur ; ses branches étalées, portent des feuilles très-amples et sont terminées par de grands capitules de couleur rosée, larges de 15 à 18 cen- timètres. Par sa nature' ligneuse et arborescente, cette grande et belle espèce ne peut être employée que difficilement pour l'ornementation des jardins. Sa place est dans les grands jardins d'hiver. On pourrait toutefois la traiter comme les Montagnea et Ferdinanda. -^ 319 — Jerdonia iNDiGA fBot. Mag. 5814). Jolie petite plante de la famille des Gesnériées, voisine des Streptocarpus et des Vidy- mocarpus. Ses feuilles, longues de3 à 4 cent., en cœur, offrent une panachure d'un vert pâle ou branche de chaque côié de la nervure médiane. La hampe, haute de 8, à 10 cent., porte une ou deux fleurs lilacé pâle avec des stries rouges dans l'intérieur du tube. Ce nouveau genre est dédié au major Jerdon, de l'armée de i'inde, qui s'intéresse beaucoup à l'introduction, en Angleterre, de plantes nouvelles vivantes. Celle-ci a été dé- couverte dans les montagnes de Nellighery, par M. Wright, et introduite au jardin de Kew par le major Beddone. Serre chaude, culture des Streptocarpus. Phalcenopsis Parishii de Reichenbach (B. M; 5813). Cette Orchidée, décrite par le Gardener Chronicle dès 1865, est épiphyte et produit des grappes de petites fleurs bbuiches avec large labelle deltoïde et de couleur pourpre. Elle a été découverte dans les forêts de Birmèse par M. Parish, et c'est M. Low, de Clapton, qui l'a livrée au commerce. Serre chaude. MoNOLENA PRiMUL^FLOâA de Hooker (-B. M. 5818). C'est ce qu'or trouve aussi, chez les horticulteurs, sous le nom de Ber- tolonia primuîœflora. Très-curieuse Mélastomacée de la Nou- velle-Grenade, introduite par M. Bull, horticulteur à Chelsea. D'un rhizome charnu naissent des feuilles en cœur, rouge pourpre en dessous, et de nombreuses hampes grêles portant chacune 2 ou 3 fleurt» rose carné. Serre chaude. Delphinium nudicaule de Torrey et Asa Gray (B. M. 5819). Espèce vivace découverte en Californie par David Douglas, qui en envoya des graines à M. Thompson de Ipsvich (An- gleterre). Elle ressemble au D. cardinale, mais les pani- cules sont plus lâches ; la couleur des sépales est rouge orangeetles pétales sont jaune brique. Elle fleurit en juillet. e Jardin potager. Le potager commence à revêtir sa tenue d'hiver; mais le Poireau, le Céleri, les Choux, la Chicorée, la Scarole et la Laitue d'hiver, etc., couvren;^ encore le terrain. Pour prolonger sa jouissance de Fraise, on place des châssis sur les planches; il faut songer à la plantation de nouveaux frai- siers. Lorsqu'on craint la gelée, on arrache une partie des diSérenls légumes, pour les rentrer dans la serre aux légumes, ou les mettre en jauge pour les couvrir de feuilles ou litière sèche, afin d'en avoir toujours à sa oisposilion. On prépare également la couverture pour les Artichauts, Céleri, Chicorée, Sca- role, etc., restés en place. On arrache les Choux-fleurs qui commencent à mar- quer pour les planter dans la serre aux légumes, ou dans des tranchées sur lesquelles on pose des châssis. A défaut de serres et châssis, on peut couper les Choux-fleurs au-dessous de la tête, en supprimant les plus grandes feuilles, et on les suspend avec une ficelle dans un cellier. Pour ceux dont la tête n'est pas encore formée, il faut les couvrir pendant la gelée, et les découvrir dès que la température est radoucie. On butte le Céleri en place ou on l'enterre profon- dément dans du terreau pour le faire blanchir. On repique encore sur côlière : Choux d'York, Cabus et Laitues d'hiver. Vers la fia du mois, on commence à forcer les Asperges, soit en plaçant un châssis, entouré de réchaud, sur une planche d'Asperges en pleine terre, soit en plantant des griffes sur couche chaude et sous châssis. On sème encore, sur de vieilles couches chaudes ou sur terreau et sous cloches de la Laitue crêpe et gotte, Romaine, Choux-fleurs ; sur couche tiède. Laitue à couper, Radis hâtifs j on repique aussi les Salades et Choux-fleurs semés en octobre. Jardin fruitier. Trois opérations appellent l'attention du jardinier : le défon- cement, la plantation et la taille des arbres. Pour la plantation, il n'y a aucun inconvénient à replanter sur l'emplacement d'un arbre ii.ort ou épuisé, pourvu qu'on fasse un trou plus grand qu'il ne le serait dans un terrain neuf, et qu'on renouvelle la lerre. On ne peut laiiler, dans ce mois, qu'un petit nombre d'aibres fruitiers, ce sont les vieux sujets épuisés j les jeunes, plus vigoureux, peuvent attendre jusqu'aux derniers jours de février. Dès qu'on craint les gelées, on doit rassembler toutes les branches des Fi- guiers, à l'aide de cordes, et les envelopper de litière sèche ; ou bien on creuse de petites tranchées au pied des arbres, dans lesquelles on rabat les branches en les y maintenant avec des crochets en Dois ; on les recouvre ensuite d'une épaisseur de terre suffisante pour que la gelée ne les atteigne pas. Jardin, d'agrément. On va encore quelquefois dans son parterre jouir des charmâmes iieurs de Chrysanthèmes, et contempler trisiement les derniers Asters, ou chercher ^^s derniers brins de Réséda. Apres avoir taillé les Rosiers de Bengale, et couvert de feuilles les plantes et arbustes qui craignent les froids, arracher les Dahlias pour rentrer leurs tubercules dans une pièce bien sèche et à l'abri de la gelée, séparer et planter les plantes vivaces. Tulipes, Jacinthes et ISarcisses, etc., on peut dire adieu pour longtemps au jardin d'agrément. Serres. Les plantes de cette température n'exigent que peu de soins pendant ce mois ; il faut seulement arroser avec discernement ; bassiner de temps en temps les feuilles de Camélia : veiller à maintenir la température au degré nécessaire, en observant que la température de la nuit soit plus basse que celle du jour; renouveler l'air toutes les lois que le temps le permet; et, enfin, entre- tenir les plantes dans un état parfait de propreté. Paris — Imprimerie liorlicole de E. DoNifAUB, rue Cassette, t'. LE CHAMPIGNON & SA CULTURE PAR M. LAIZIER i volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent. L'OUTIE SES PROPRIÉTÉS ALIMENTAIRES MÉDICALES, AGRICOLES ET INDUSTRIELLES PAR Arthur ELOFFE Un joli volume in-32 colombier, avec gravures. — Prix, broché : 4 fr. M RECETTES A l"uSAGE des MÉNAGES BOURGEOIS ET DES PETITS MÉNAGES AVEC LA MANIÈRE DE SERVIR A NOUVEAU TOUS LES RESTES Ornée de Figures dans le texte PAR LE BARON BRISSE Un volume i;i-18 jésus, cartonné. Prix : 3 Ir. .îO I^n couve rî ijie n^t oni'-r- du portrait de l'aiîtetir. LES 5 6 6 MENUS DU BARON BRISSE avec 1200 recettes 5» ÉDITION MENUS EN GRAS & EN MAIGRE Un beau volume in-r2. Vnx : 3 francs. LA PETITE CUISINE DU BARON BRISSE ORDINAIRE ET RECETTE POUR CHAQUE JOUR DE L'ANNÉE Un volume in-12. — Pri\ : 3 francs. ANNÉE 18715 NOUVEAU MRDINIER ILLUSTR É BEUIGB PlB MM. F. HERiNCO ftLPM. LAVALLÉE — L. NEUMfiHN — B- yERLOT — CELS — COURTeiS- 6ERAR0 — J.-B. «ERLOT — PAWARD — BUREL Avec plus de SOO dessius intercalés dans le texte, DE MM. COURT IN, FAGUET, MAUBERT ET RIOCREUX GRAVÉS PAB M. BISSON. I\-1 8 JÉSUS DE PLUS DE 1 ,800 PAG. PRIX BR. : 7 Fr. CART.: 8 Fr. REL. :9F». ESSAI SUR L'ENTOMOLOGIE HORTICOLE COMPRENANT L'HISTOIRE DES INSECTES NUISIBLES A L'HORTICULTURE AVEC E.'ln4ieatloades taojcam propres à les éloigner on aies dêtruiru et I^'HISTOIRE DES INSECTES ET AUTRES A:«I»2AÏJX UTILES AUX CULTURES Par le D' BOISDUVAL. Ouvrage illustré de 425 tigures gravées sur bois, et orné du portrait de l'auteur gravé sur acier. Prix : broché, G francit GU IDE POUR RECONNAITRE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX DU PAYS DE FRANCE PAR KRŒNISHFRANCK BOTANISTE Un joli volume iii-32 colombier^ avec gravures coloriées. — Prix, broché : 6 fr. l'nii?. — IrajM'imerie horticole de K. Do^^AUD, rue Casselle, 9. No -fil. SO* Année. 1890-1891. JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES CONTENANT LA CUITCRE RAISONNÉE, LA DESCRIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES, ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGDMES, LA DESCRIPTION ET L'DSAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX, PDBLIÉ AVEC LE CONCOURS OES AMATEURS ET DES PRINCIPAUX HORTICULTEURS DE FRANGE sous LA DIRECTION DE M. F. HERINCQ, RÉDACTEUR EN CHEF. imcHé ic HcsEDM d'distoibe xattrelle de paris, Collaborateur du Manuel du niantti, des figures du Bon Janilnltr, Ex-Rédacteur principal de la SocUid tthorucuiiurt dt la Seint , Membre bonoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc. L'Horlicaltenr Français parait le S de chaqae mois, par lirraison de 32 payes de teile grand ia-8, et d'une planche graTée et coloriée arec le plas grand soin. [ Paris 10 fr. par an. PRIX DE L'ABONNEMENT : j DÉPARTEMENTS. 11 fr. — [ Étranger 15 fr. — Toutes les demandes d'abonnement devront être accompagnées d'un bon du montant de l'ahonne- ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au nom de M. E. DONNAOD, rue Cassette, 9. Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pa»,avec leur demande d'abonnement, un bon sur la poste ou sur une maison de Paris, sont avertis que nous leur ferons présenter une quit- tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à paieries frais de négociation de la traite qui leur est adressée. PARIS LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR RUE CASSETTE, 9. 1870-1871 MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs caialoques an bureau du journal, rue Cas* selle, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal. Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le noin des catalogues paras dansle mois et dont nous avons reçu un exemplaire. CULTURE SPECIALE DE ROSIERS de J®feCpia ^Cfci^'WAilT^^ horticulteur 45 , rue du Repos , 45 , à la Guillotière ( LYON ) M. GUILLOT père, horticulteur rosiériste, 43, rue du Repos, à Lyon, se décide, après tant d'années de fatigues et de travail opiniâtre, pendant lesquelles il nous a livré de si bonnes et belles roses, à prendre un peu de repos, si bien gagné. Il a cédé son bel établissement à M. Joseph SCHWARTZ, qui, depuis déjà six ans, dirigeait l'établissement ; c'est donc à lui que les clients de M. GUILLOT père doivent adresser leurs commandes. Cette année, M. SCHWARTZ met au commerce six variétés nouvelles de roses : André Dunand, Auguste Biiçotard, M"*^ Georges Schwartz, prince Stirbey, Virgile hybride remontante, et "Vaucanson, hybride de noisette. CULTURE PRATIQUE DES CINÉRAIRES Par E. CHATÉ, horticulteur Joli volume in-32 colombier, avec gravures. — Prix, broché : 1 fr. 25 FRAISIERS, FRAMBOISIERS, GROSEILLIERS ET GLAYEULS WILLIAM GLOEDE, successeur deF. GLOÊDE, son pêro Collection de 100 Fraisiers (10 variétés) à 10 et 20 francs contre mandat de poste. En vente : Les bonnes Fraises, 2 francs. Prière de bien s'adresser, pour éviter tout retard : WILLIAM GLOËDE, horticulteur, rue de l'Hôtel-Dieu, n» 3, à Beauvais (Oise). LES ORIGINES DU CHEVAL DOMESTIQUE D'APRÈS LA PALÉONTOLOGIE, LA ZOOLOGIE. L'HISTOIRE ET LA PHILOSOPHIE PAR C.-A. PIÈTREMENT Chevalier de la Légion d'honneur, Vétérinaire en \" aux lanciers de la garde 1 volutoe in-S". — Prix : 8 fr. CULTURE DE L'ASPERGE PAR T. LENORIVIAND, HORTICULTEUR Un volume in-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan. Pris : 1 fr. Sô,, CULTURE DES. PLANTES AQUATIQUES Par M. D. HÉLYE Chef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris Un joli volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : i fr. 50. SOMMAIRE DU NDMÉRO D'OCTOBRE. F. IIerixcq. Chronique. — Rapport adressé au Ministre de l'agriculture sur le Phylloxéra, avec planches (PI. XI). — Eue. de Maktragisy. Le Jasmin de Virginie greffé sur Catalpa. — Simon Louis, frères. Note sur l'origine du Lilas Varin et sur ses variations. — F. Herincq. Culture forcée des arbres fruitiers et des Jacinthes. — Alex. Mac'lod. Du reboisement des parcs et des semis d'arbres. — Ern. Bonard. Plantes nouvelles. CHRONIQUE État de l'horliculiure en Franco. Les Pelargonium zonale blancs doubles de Cari Petzol -, lettre de M. Boucharlat aîué sur celte variété; eËforts des se- meurs français pour l'obtenir. — Catalogues pour l'automne de 1871 et le printemps de 1872 : de MM. Boucharlat aîné, Sim-^n-Louis, Bertier-Ren- datler, Lemoine, Jules Margollin Jamin (successeur de Jamin-Durand), Schwartz (successeur de M. GuU'ot père), Levêque et fils. — La Uose Ilichard Wallace. Catalogues de MM. Guillot fils, Ch. Hubert, Thibaul-Keltekér, Ballet frères. Exposition de Mcaux et Londres, succès de MM. Ballet; Catalogues de M. Bruant et de divers. Dans notre avant -dernière chronique, nous annoncions que, malgré nos désastres, les horticulteurs parisiens étaient en mesure de satisfaire aux demandes qui pourraient leur être faites. Il en est de même pour les horticulteurs des autres ré- gions de la France ; de tous côtés nous arrivent catalogues, prospectus, circulaires et prix courants pour l'année horticole 1871-1872; nous allons leur consacrer cette chronique. Mais d'abord, connaissez-vous l'établissement d'horticuî- ture de Cari Petzol à Dresde, dans le nouvel Empire allemand ? Non ! tant mieux pour vous; car il parait que le chef de cette maison est de première force sur l'exploitation des gens cré- dules qui croient en l'honnêteté germanique. Dans son cata- logue il annonce le fameux Pelargonium zonale double blanc Or, voici les renseignements que nous adresse, sur son compte, Novembre 1 871 , 21 ~ 322 — M. Boucharlat aine, horticulteur à Cuire-lès-Lyon (Rhône) ; ils méritent l'insertion. Cuire, le 2 octobre 1871. MonsieurHeriacq,vous qui faites si courageusement la chasse aux char- latans horticoles, je viens vous en signaler un qui n'a pas eu son pareil, et dont je crois être la première victime, vu mon amour pour les belles nouveautés, les Pelargonium à grandes fleurs et zonale à fleurs simples et doubles, etc. — Depuis deux ans on attend le Pelargonium zonale blanc double. Or une maison horticole de Dresde (Saxe) voyant tout le prix que l'horticulture, eu général, attache à cette plante, a imaginé, — n'ayant pas pu, sans doute, emporter nos pendules, — de battre monnaie avec ce Pelargonium double blanc si impatiemment attendu, persuadé qu'il aurait beaucoup d'acheteur même au comptant ; car il annonçait qu'il n'expédierait pas autrement. En mars dernier, je recevais, en efl'et, une circulaire de l'établissement Garl Petzol, à Dresde, circulaire ornée de quatre médailles décernées, autant qu'on peut le voir à l'exergue, par une société m/erna^/ona/e. Dans un long préambule, on annonce deux Pelargonium blancs doubles. Le premier s'appelle Varga, du nom de l'obtenteur, et le second porte l'épithète de Triumph. Bien que ces nouveautés venaient d'un pays ennemi, je n'hésitai pas à demander -1 2 plantes; car rhorticulture n'entre pas dans les questions de la politique. J'écrivis de me les adresser, comme il était dit : « contre remboursement.» Au mois d'avril, je reçus de la gare de Genève un avis d'aller retirer un colis contre 250 fr. de remboursement. Les plantes que j'y trouvai étaient comme des fils, et presque mortes; mais, mon amour pour le Géranium double blanc me les fit tellement soigner que j'ai réussi à les sauver. J'écrivis à l'expéditeur pour lui demander pour- quoi il ne m'avait pas avisé 'de son envoi; point de réponse. Bref j'an- nonçai en France et en Angleterre, que je possédais les deux Géranium zonale doubles blancs et j'attendis avec impatience leur floraison que je n'ai pu obtenir qu'en août dernier. Mais, ô cruelle déception ! c'étaient, le croiriez-vous, tout simplement des Géranium madame Lemoine roses ! Voilà, Monsieur Herincq, le fait que je tiens à vous signaler; donnez- lui le nom que vous voudrez. Quant, à moi, terrifié d'indignation d'avoir été trompé par un;pareil A//emanc?, jelui ai écrit de suite et l'ai menacé de faire ce que je fais aujourd'hui, s'il ne me restituait pas l'argent qu'il m'a ainsi extorqué; mais point de réponse: il tient plus à mon argent qu'à son honneur. J'ai été assez heureux, dans mon malheur, malgré les avantages que j'avais trouvés, de n'avoir pas voulu Uvrer ces nou- — 323 — veautés, à aucun prix, avant d'avoir vu leur floraison. Je vous au- torise, dans l'intérêt de l'horticulture, à publier ma lettre, afin que ce maître fripon ne fasse pas d'autres dupes. Votre tout dévoué, BouciiARLAT aîné. Depuis que les braves enfants de Saint-Flour, en Auvergne, ont obtenu, sans trop savoir comment, le premier Pelargonium zonaie-inquinans, à fleurs doubles, la této tourne, en effet, aux amateurs de Géranium ; c'est à qui arrivera premier avec le double blanc ! Ils fécondent, refécondent et surfécondent tous les doubles rouges et doubles roses avec les blancs simples les plus purs , ou les blancs simples avec les doubles roses et rouges, mais, comme sœur Anne, ils ne voient rien^ absolu- ment rien venir, que des fleurs qui verdoient , c'est-à dire beaucoup de Pelargoniums à fleurs vertes ; phénomène curieux du reste, mais que n'explique pas précisément la théorie de l'hybridation, et qui ne fait pas tout à fait le bonheur des cher- cheurs du double blanc. Il est singulier qu'on ait obtenu , du premier coup, le double rose par le croisement d'un rouge double et d'un rose simple, et que le double blanc mette autant de mauvais vouloir à sortir d'un blanc simple fécondé par un double rose ou double rouge; les hybridateurs nous donneront sans doute un de ces jours la clef de cette obstination végétale. En atten- dant, nous nous joignons à M. Boucharlat aine pour flétrir, comme il le mérite, l'impur Allemand, qui n'a pas voulu être en reste avec ses compatriotes, de retour de leur peu glo- rieuse campagne de France. M. Boucharlat aine, chemin de la Croix-Rousse, 30, à Cuire (Lyon), est un des rares hommes qui se livrent à l'horticulture bien plus par amour pour les plantes que par intérêt. Nous avons vu comment il en a été récompensé. Dans son pros- pectus de plantes nouvelles choisies dans de nombreux semis — 324 — opérés par lui, il annonce : 1° quatre nouveaux Pelargonium à grandes fleurs : M"^ Robinson Woolfield, M™'' Rougier Sar- relte? M™^ Max Nisson, Madeleine Liabaud; 2° trois Pelargonium zonale à fleurs doubles : Vicomtesse Elisabeth de Chatelux, Duc de Massimo, et Antonio Galcagno ; 5° neuf Pelargonium zo- nale à fleurs simples : Caméléon, Gustave Henri, l'Étincelant, comtesse de Montfort, M. Guérin Neveu^ Sir William Rollisson, MonDébut(de Guillot fils), M^^*^ Marie Vacogne, Duc de Magenta; 4° deux Pelargonium zonale à feuilles panachées : Galypso, Stella-variegata et un Pelargonium genre unique : le Sceptre. Les Verveines — genre qui entre dans les spécialités de l'établis- sement — sont au nombre de 25, dont 9 verveines dites ita- liennes; pour l'énumération, nous renvoyons au prospectus. Nous rectifierons, en finissant, et sur la demande expresse de l'honorable M. Roucharlat, une faute d'impression très-grave, au sujet du Pelargonium zonale double Vicomtesse de Chatelux. Il est dit dans la description : (s: Ombelle de 22 centimètres de DIAMÈTRE 5) ; c'est de circonférence qu'il faut lire^ et qu'il avait écrit. Cette mesure impossible est tellement une faute d'impri- meur, qu'il en existe une autre, non moins grave, que M. Bou- charlat ne nous a pas prié de relever, mais que nous signalons parce qu'elle peut nuire à ses intérêts. On indique le siège de l'établissement à Caluire ! Or il est probable que les per- sonnes qui écriraient à cette adresse verraient leur lettre re- venir avec cette observation au dos : Caluire, pays inconnu. C'est en effet à Cuirey quartier des maisons neuves, à la Croix-Rousse (Lyon) , que se trouve l'établissement Boucharlat aîné. MM, Simon Louis, de Metz, contrairement aux bruits qui ont circulé, sont toujours en possession de leurs riches et admi- rables pépinières. Grâce aux mesures prises par eux dès les premiers jours de Finvestissement de Metz, leurs cultures ont pu être à peu près entièrement préservées de la dévastation — 325 — pendant le siège. Les dégâts, purement matériels, qu'ils ont eu , à supporter ont laissé complètement intactes leurs nombreuses collections d'arbres de toutes sortes. Le supplément à leur ca- talogue général offre un très-grand nombre d'espèces qui, par suite de la non-vente des sujets préparés pour la saison dernière, se trouvent représentés par des spécimens de pre- mier choix. Le l^'" supplément est relatif aux arbres et ar- bustes d'ornement, le 2» aux arbres fruitiers et aux Fraisiers. A ces deux catalogues supplémentaires sont joints deux pros- pectus : l'un pour les Rosiers et l'autre pour les Nouveautés i?iédites, que cet établissement livre au commerce à partir du \<^^ novembre courant ; les nouveautés sont : /Esculus hip- pocastanum digitata major ^ Clematis patens Lucie y Hibiscus syriacus macranthus foliis tricolor (nom un peu trop long), Ligustrum vulgare foliis albo-maculatis, Padus racemosa ro- tiindifoHa,Syringa rolhomagensis meiensis et Thuya occidentalis denudata. On en trouvera la description à l'article • P/an/e5 nouvelles. — Par suite des malheureux événements qui font de Metz une ville allemande, MM. Simon Louis ont dû apporter quelques modifications dans l'organisation de leur exploitation. Ils ont transporté «en France», disent-ils, pour rester Français, à Bruyères- le-Châtel(Seine-et-Oise), prèsArpajon, une partie de leur affaire de Graines, et c'est à Plantières que se trouve actuellement le siège de l'établissement des pépinières. Ils en- gagent donc leurs clients à s'adresser directement à Plantières, près Metz, pour tout ce qui a rapport aux pépinières et plantes de serres. De Metz, pour revenir â Paris, nous devons passer natu • Tellement à Nancy, puits intarissable de nouveautés. Dans celte ville, deux établissements nous ont donné signe de vie — Bertier et Lemoine — en nous adressant leurs prix courants de plantes nouvelles. M. Bertieii-Rendatlkk, gendre et successeur de notre re- - 32G — gretté confrère Rendatler, continue de marcher dans la voie ouverte par son beau-père. Les Pentstemon lui ont fourni trois * nouveautés : M. Havard, M. Baumann et Lanzezeur. LesGem- nium doubles également trois gains nouveaux : Henry Person, M™^ Pasquier et M. Van-Houtte ; les Géranium simples nouveaux comptent pour cinq : Bergère, Ghâteaudun, Comte Hug, Emblème, Mont Valérien. Cet établissement possède en outre beaucoup d'autres nouveautés provenant des princi- paux semeurs de ce genre, et d'autres genres de plantes de serre et de pleine terre. M. Lemoine s'est acquis une grande réputation dans le com- merce des nouveautés. Intelligent, très-actif,ilne laisse échapper aucun gain méritant. Malgré l'occupation allemande, il a réuni une légion de plantes nouvelles. Parmi les espèces de serre froide, c'est d'abord Bégonia alata coccinea ; puis 4 Pelar- gonium zonale à fleurs simples : Claude de la Meurthe, Géné- ral Faidherbe, Président Grévy, Président Thiers : ensuite deux zonale à fleurs pleines : Patriote Lorrain, Préfet de Lyon. En plantes vivaces, son catalogue annonce : Aquilegia alpina superba, Phlox arlequin, Châtiment, et M. Kuss : Clématite Lucie Lemoine, à grande fleur blanche pleine, et enfin des nouveautés d'autres obtenteurs dans les genres Fuchsia, Pelargonium, Pétunia, Chrysanthèmes, Delphi- nium, Pentstemon et Phlox. — Une bonne occasion d'écouler sa monnaie prussienne : M. Lemoine annonce que les tha- lers seront acceptés en payement pour la valeur de 3 fr. 75 c. M. Jules Margottin fils vient de créer un établissement à Bourg-la-Reine (Seine), près la station du chemin de fer. Ses pépinières, qui ont écliap[)é aux désastres de la guerre, sont composées des plus belles variétés de Rosiers existants, les mêmes que possède son père. Le nom de Margottin est un nom qui n'a nul besoin de recommandation : sa réputation, étayée — 327 — des plus belles roses sorties de l'établissement de M. Margottin père, dispense de tout éloge. L'établissement Jamin-Durand, situé dans la même localité, route de L'hay, passe aux mains de M. Durand fils. Ce jeune et intelligent pépiniériste, dans sa circulaire annonçant la mise en vente d'une Fraise nouvelle, le D' Morcre, promet de faire tous ses efforts pour maintenir la réputation d'un établisse- ment fondé par son grand-père, M. Jamin (Jean-Laurent), et qui jouit dans le monde horticole d'une célébrité qu'il veut conserver comme le plus précieux des patrimoines. Malgré les désastres causés dans ses pépinières par deux guerres succes- sives, il annonce qu'il est en mesure de satisfaire sa clientèle comme par le passé . Deux autres rétrocessions ont eu lieu dans le courant de cette année. M. GuiLLOT père, rosiériste à Lyon, se décide, après tant d'années de fatigues et de travail opiniâtre pendant lesquelles il nous a livré de si bonnes et de si belles roses, à prendre un peu de repos, bien mérité et honorablement gagné. Il a cédé son bel établissement à M. Joseph SchAvartz, qui, depuis bientôt six ans, dirigeait ses 'cultures. C'est donc à M. Joseph Schwartz, 43, rue du Repos, à la Guillotière (Lyon), que les clients de M. Guillot père doivent adresser leur commande. Cette année cet établissement met au commerce six variétés nouvelles de Rosiers : André Durand, Auguste Nigotard, M°^^ George Schwartz, Prince Stirbey, Virgile (hybrides re- montants) et Vaucanson (hybride de noisette). Plus les Rosiers nouveaux de divers semeurs. M. Gloede, le célèbre fraisiériste, de Beau vais (Oise), cède également son établissement à son fils, M. WiUiani Gloëde. Cet établissement, situé rue de l'Hôtel-Dieu, est affecté à la culture des Fraisiers, des Framboisiers, des Groseilhers et des Glaïeuls. — 328 — [. LÉvÈQUE et fils, horticulteurs, autrefois boulevard de THôpital, à Paris, ont transporté leur établissement rue du Liégat, n° 26, à Ivry, près Paris (Seine). Cet établissement, qui jouit d'une rare probité, vient de publier son prix courant pour marchands, des nouveautés en Rosiers, Glaïeuls, Pi- voines, Phlox, Gamellia, Azalea indica qui sont ses spéciahtés. MM. Lévêque^ qui se sont montrés très-sévères dans l'émission de leurs nouveautés, ne mettent encore, cette année, qu'un Rosier nouveau, qu'ils dédient au noble et généreux étranger Sir Richard Wallage, qui a voulu partager nos dangers et nos misères pendant le siège, et qui a si largement payé celte triste hospitalité par des dons en argent considérables, pour aider le gouvernement à soulager les souffrances de la po- pulation parisienne. Nous nous associons à la pensée de MM. Lévêque^ qui ont voulu témoigner de leur reconnaissance envers le digne héritier du marquis d'Herfort, en baptisant leur nouveau gain : Rosier Richard Wallace. M. GuiLLOT iils, chemin des Pins, à Lyon, est encore un rosiérisle auquel nous ne refuserons jamais notre recomman- dation. On dit avec quelque raison : « tel est le père, tel est le fils^ )) et ici le proverbe est inconiestable et incontesté : rhonnêteté commerciale est ici don de famille. Les nouveaux Rosiers que M. Guillot fils met cette année au commerce sont : Comtesse de Nadaillac, Madame Camille, Mademoiselle Cécile Berthod (Rosiers thé), abbé Bramerel, Baronne Louise Uxkull, OEillet fantaisie (hybrides remontants), et Catherine Bonnard, qui est un hybride non remontant. L'établissement Ch. Hubert et C% à Hyères (Var), a pour spéciahté la culture pour la production des graines de fleurs, d'arbres et d'arbustes d'ornement, indigènes et exotiques. Il ne compte que vingt-cinq années d'existence, mais ce sont vingt-cinq années de succès. Les frères Hubert mettent en effet un zèle digne d'éloges à rechercher toutes les plantes qui _ 329 — peuvent concourir à l'embellissement de nos jardins, et ils les multiplient avec activité, pour arriver à la récolle des graines ; chaque année ils introduisent, ainsi, un grand nombre d'espèces nouvelles ou de variétés perfectionnées. Le catalogue général pour 1871 et 1872 en contient plusieurs très-dignes d'atten- tion. La première partie de ce catalogue comprend les plantes nouvelles et recommandables ; la seconde est réservée aux Graminées et Cypéraeées ornementales nouvelles. Dans la troisième se trouvent les plantes méritantes déjà connues ; puis viennent les séries de Cucurbitacées. Pour les plantes de ces quatre séries, MM. Hubert donnent la description et leur appréciation sur chacune d'elles. La seconde division du cata- logue est une simple énumération des espèces dont ils ont des graines disponibles ; et enfin vient la liste de leur belle col- lection de Ca/ma avec indication delà hauteur, de la couleur des fleurs et celle du feuillage ; cette collection comprend 434 espèces ou variétés. Nous ferons connaître dans notre prochain numéro, qui paraîtra dans quelques jours, la plupart de ces nouveautés. MM. Thibaut kt Keteleér, à-Sceaux (Seine), sont peut-être les horticulteurs qui ont été les plus éprouvés pendant le siège. Leur belle et riche collection de plantes de haute serre chaude : Orchidées, Broméliacées, etc., a été entièrement détruite par le froid. Ils viennent de publier un extrait du catalogue de IST-â, qui contient les plantes disponibles pour l'aulomue 1871. Excepté les Orchidées, dont la multiplication n'est pas rapide, ces honorables et savants horticulteurs sont en me- sure de satisfaire aux demandes de leurs clients, et notamment en ce qui concerne les arbustes de plein air : Fougères, Coni- fères, etc. Nous signalerons pour le plein air quelfjues bonnes espèces d'introduction récente : Desmodium japonicum, Ju- glans macrophylla, Idesia polycarpa, Parrotia persica, Pteros- tyrax hispida, Quercus daymio, Stuartia grandiflora, sur les- — 330 — quels nous reviendrons. Ce qui recommande l'établissement Thibaut-Keteleêr, c'est la parfaite et rigoureuse détermina- tion de toutes leurs plantes, et la sévère exécution des com- mandes. MM. Baltet frères, horticulteurs-pépiniéristes à Troyes (Aube), n'ont rien perdu de leur activité. La publication de plusieurs notices et de leur catalogue ne leur a pas fait né- gliger les Expositions. La France, hélas ! n'en a pas eu beaucoup cette année. La ville de M eaux est à peu près la seule, à notre connaissance, qui ait fêté Flore et Pomone ; un peu plus, elle faisait les honneurs de cette fête aux soldats de Guillaume^ car c'est le lendemain ou le surlendemain de l'évacuation de la ville par l'armée prussienne que s'ouvraient les portes de cette Exposition. MM. Baltet n'étaient pas désireux, paraît-il, de montrer leurs beaux fruits aux pillards germaniques ; ils savaient à quoi s'en tenir sur la manière dont les sujets de l'empereur d'Allemagne respectent le bien d'autrui. C'est à Londres qu'ils ont montré les produits de leur jardin fruitier, qui, au dire du journal anglais Gardener's Chronicle, ont fait l'admiration des Anglais, et tout spécialement des membres du Jury. Quatre premiers prix ont été leur récompense : 1° mé- daille d'or pour la collection de Poires la plus complète ; 2° mé- daille de vermeil pour la collection la plus remarquable de Poires de dessert ; 5° grande médaille d'argent pour le plus beau lot de Poires à cuire ; 4° prix spécial en vermeil pour leur collection de 150 variétés de Pommes. Un groupe de 50 variétés de Poires de semis a été renvoyé à un comité de la Société horticulturale, qui doit en faire l'examen et ensuite un rapport ; car les Anglais ne décident pas, comme en France, séance tenante, de la nouveauté ou du mérite d'un fruit; et certes, je suis loin de les blâmer. Félicitation à MM. Baltet de leur beau et brillant succès. Il paraît, du reste, au dire d'un de nos correspondants de Londres, qui a eu l'honneur de dé- — 331 — guster quelques-unes de leurs Poires, que leurs collections étaient des choix extra, comme beauté et surtout comme qua- lité : nous regrettons de ne pouvoir en donner la liste. M. Bruant, à Poitiers (Vienne), dans un supplément pour 1871-1872 à son catalogue raisonné, annonce toutes les nou- veautés d'arbres fruitiers qu'il a en multiplication, ainsi que les anciennes naturellement. Il cite parmi les nouveaux ou peu répandus : 23 Abricotiers, 21 Cerisiers, 28 Pêchers, 2 Poi- riers nouveaux mis au commerce par l'établissement : Ray- mond de Monlaur et comte de Chambord ; plus une longue série de variétés peu répandues ; puis les Pommiers, Pruniers^ Vignes, etc. La deuxième partie du catalogue est consacrée aux arbres et arbustes d'ornement, etc. F. Herincq. • P. S. Depuis la composition de ce numéro, dont la pubHca- tion a été retardée pour des causes indépendantes de notre volonté, nous avons reçu les catalognes suivants : DuviviER, grainier-fleuriste et pépiniériste, 2, quai de La Mégisserie^ Paris. Oignons à fleurs, prix courant (sans remise) pour marchands. Graines de choix pour jardiniers. Naudet (Isidore), horticulteur, marchand grainier,38,rue de Bondy, près le boulevard Saint-Marlin, à Paris. Catalogue de Rosiers, Glaïeuls, Pivoines, Phlox, Camellia, Azalea indica, etc. . . Nouveautés disponibles. Loise-Chauvière, grainier, horticulteur, cultivateur et pé- piniériste, 14, quai de la Mégisserie, Paris. Catalogue de Glaïeuls, variétés nouvelles, plantes de serre et plantes vivaces de pleine terre. P. A. GoNTiER, successeur de Guenot, marchand grainier- fleuriste, 6, quai de Gèvres, Paris. Catalogue d'oignons à fleurs, plantes bulbeuses de toute nature. Legendrè-Garriau, marchand grainier, horticulteur, 8, ave- ~ 332 — nue Victoria, Paris. Catalogue d'oignons-fleurs et plantes bulbeuses. Grande variété. F. MoREAU dit Louis, horticulteur-pépiniériste, 3, avenue de Sceaux, Fontenay-aux-Roses (Seine). Catalogue d'arbres frui- tiers, arbres, arbustes et des plantes herbacées d'utilité ou d'ornement. Croux et fils, horticulteurs-pépiniéristes à Aulnay-les-Sceaux (Seine). Extrait du catalogue général, prix réduit pour mar- chands, sans remise. Conifères, arbres forestiers et d'ornement, arbustes variés, plantes grimpantes en pots, arbres fruitiers et jeunes plants. L. Renault, marchand grainier, fleuriste-pépiniériste, 18, rue de l'Arcade, Paris. Catalogué d'oignons k fleurs, plantes à bulbes et tubercules, griffes et pattes. Arbres et arbustes d'or- nement^ arbres fruitiers. CoTTiN (Alfred), pépiniériste à Sannois, près Paris (Seine-et- Oise). Catalogue descriptif et raisonné, arbres fruitiers et d'ornement ; culture spéciale de pleine terre. DuvAL (Hippolyte), pépiniériste à Montmorency (Seine-et- Oise). Catalogue des espèces et variétés du genre rosier. MALADIE DE LA VIGNE PAR LE PHYLLOXERA (PL XI). Rapport adressé au Ministre de V agriculture. Nous avons parlé à plusieurs reprises de cette maladie qui a paru pour la première fois dans la vallée du Rhône en 1864 ou en 1865. Nous complétons aujourd'hui les renseignements que nous avons déjà donnés en publiant une planche repré- sentant l'insecte et le mal qu'il produit (1), et en reproduisant quelques extraits du rapport adressé au ministre de l'agricul- ture parla coumiission chargée d'étudier cette terrible maladie (1) Cette planche est empruntée à Vlw^ectologie agricole^ publiée par M. Donnaud, éditeur, rue Cassette, n° 9, Paris. — 333 — qui est devenue un véritable fléau pour les vignobles du Midi, et qui ne cesse de s'étendre en gagnant les départements limitrophes des départements envahis. (( Le trait extérieur le plus caractéristique de la nouvelle maladie, dit le rapport, celui qui a le plus frappé tous les obser- vateurs, c'est l'existence, dans toutes les parcelles atteintes depuis peu, d'un centre d'atlaque qui s'élargit sans cesse. Les ceps, environnant ce premier foyer d'infection, s'étiolent et jaunissent déplus en plus jusqu'à ce qu'ils soient complète- ment desséchés. Quand la parcelle a une certaine étendue et quand le mal est suffisamment intense, au lieu d'un centre d'attaque, on en trouve plusieurs. Il ressort de ces faits, observés partout, que la maladie de la Vigne se propage de deux manières : de proche en proche et à distance. L'extension progressive des divers centres d'attaque, dont nous venons de parler, nous révèle le premier mode de propagation ; leur existence simultanée sur plusieurs points éloignés les uns des autres nous révèle le second. L'expérience nous a d'ailleurs appris, bien des fois, que la nouvelle maladie de la Vigne pro- cède par bonds irréguliers et qu'elle fait souvent une brusque apparition à de grandes distances des foyers d'infection déjà connus. Quand on examine les racines des Vignes attaquées, on s'aperçoit facilement qu'elles sont le siège des altérations les plus profondes : on les trouve toujours molles et pourries ; leurs tissus, hypertrophiés et sans consistance, ne résistent pas à la pression des doigts. 3) Ces graves désordres sont occasionnés par une espèce de puceron, auquel on a donné le nom de Phylloxéra vastatrix. Ce puceron, presque invisible à l'œil nu, s'établit sur les racines de la Vigne et les pique de son suçoir afin de se nourrir de leurs sucs. Ces piqûres multipliées irritent proba- blement les tissus et amènent leur hypertrophie. Elles produi- sent souvent sur le chevelu des racines des nudosités (voir la — 334 — planche XI, fig. 5) ou sortes de renflements noueux tout à fait caractéristiques qui établissent une distinction fondamen- tale entre la maladie nouvelle et tous les autres genres d'altéra- tions observés dans les Vignes, tels que la pourridie ou blan- quet, espèce de pourriture produite par des champignons souterrains, et la maladie de la Camargue, qui a déjà fait périr dans cette contrée un assez grand nombre de plantations. i> On remarque en même temps que les Phylloxéra^ auteurs de ces graves désordres, ne restent jamais sur les racines qui commencent à se décomposer. Dès qu'un point pourrit, ils se portent immédiatement sur un autre. En un mot ils produisent la pourriture, ils la précèdent sans cesse et ne la suivent jamais. i> Jusqu'à ce jour, aucun de nos cépages n'a été épargné par la nouvelle maladie de la Vigne ; mais on signale dans les environs de Bordeaux quelques variétés américaines qui n'ont pas été encore attaquées, quoique entourées de Vignes malades depuis trois ans. 3) D'après les études faites dans ces derniers temps les Phylloxéra vivent sous deux formes différentes : à l'état aptère, c'est-à-dire sans ailes (pi. XI, figures très-grossies i , 2, 3) et à l'état ailé (pi. XI, figure très-grossie 4); ils ne sont jamais vivipares ; en toute saison et sous les deux formes qu'ils affec- tent, ils ne pondent jamais que des œufs. Nous devons ajouter que les individus observés jusqu'à ce jour, et le nombre en est grand, ont toujours été femelles. » Le Phylloxéra mâle, qu'on cherche depuis longtemps, n'a encore été trouvé ni à l'état aptère, ni à l'état ailé. )) Voici quelles sont les principales phases de la vie de ces insectes. Ils hivernent sur les racines de la Vigne à l'état d'in- sectes aptères, jamais à l'état d'œufs. Tant que la température est rigoureuse, ils restent plongés dans un état complet d'en- gourdissement ; mais, dès que la chaleur commence à faire — 335 -- sentir son influence, tous les individus épargnés par le froids, et par les humidités de l'hiver reprennent une vie nouvelle ; ils se nourrissent avec abondance et se mettent immédiatement à pondre des œufs. Leur multiplication devient bientôt effrayante et ne s'arrête plus que dans le courant du mois d'octobre. C'est pendant cette période, qui dure de sept à huit mois dans le midi, que les pucerons font leurs plus grands dégâts (1).- 5) Le Phylloxéra à l'état non ailé est essentiellement voué à l'a vie souterraine ; il chemine probablement sur les racines de la Vigne, en suivant les nombreuses fissures qu'on trouve à leur surface. Mais il ne reste pas toujours dans cet état. Pen- dant la saison chaude, on voit, de loin en loin, quelques rares individijs présentant sur leur corselet de petits appendices des- tinés à devenir des ailes. Les insectes ainsi conformés sont de véritables nymphes qui ne tardent pas à se dépouiller de leur enveloppe et à se transformer en insectes parfaits possédant des ailes et des yeux bien caractérisés. C'est probablement quand ils ont pris cette forme que les Phylloxéra sont soulevés et emportés par les vents à des distances souvent très-considé- rables. On ne pourrait pourtant pas affirmer que les pucerons aptères ne peuvent pas, eux aussi, dans certaines conditions, être transportés par les vents. (1) D'apràs MM. Planchon et Lichtcnslcin, eu prenant approximativement le chiffre vingt comme une moyenne raisonnable du nombre d'œufg pondus par un de ces pucerons, et le cbiffre huit comme celui des pontes possible, entre le 15 mars et le 45 octobre, on trouverait, par le calcul, cette progression effrayante du nombre croissant des individus ayant pour point d'origine une seule femelle : en mars, 20; en avril, 400-, en mai; 8,Û00; en juin, i 60,000; en juillet, 3,200,000; en aoûl, 64,000,000; en septembre, 1 ,280,000,000; en octobre, 25,600,000,000, c'esl-à-dire plus de 25 milliards. Cette progression explique très-bien, comment des ravages, à peine perceptibles au printemps, deviennent un vrai désastre à l'automne. (Note de la rédaction du journal.) — 336 - î) Tous les Phylloxéra ailés — qui sont excessivement rares — sont des femelles pondant des œufs et donnant ainsi nais- sance à des pucerons non ailés. y> On rattache à l'existence de l'insecte sous sa forme ailée un fait d'une haute importance. Dans la vallée du Rhin et plus encore dans le Bordelais, on a observé, pendant l'été, quel- ques ceps excessivement rares, dont les feuilles étaient cou- vertes de galles d'une forme particulière; la saillie vërruqueuse est au-dessous et l'ouverture est au-dessus de la feuille. Ce caractère constant établit une distinction radicale entre les gal- les dont il s'agit et toutes les autres galles ou boursouflures qu'on trouve sur les feuilles de la Vigne. Ces galles sont des nids remplis de pucerons aptères, ressemblant beaucoup à ceux que l'on trouve sur les raisins. On croit pouvoir attri- buer la formation de ces galles et l'apparition des habitants qu'elles renferment aux insectes provenant des œufs pondus par les Phylloxéra ailés. y> Comme on le voit, le Phylloxéra a deux genres de vie. Il reste presque toujours caché sous terre ; mais, à certains moments, quelques rares individus jouissent d'une véritable existence aérienne. La vie souterraine de cet insecte est assez bien connue ; il n'en est pas de même de la seconde. y> La commission croit devoir appeler l'attention des entomolo- gistes sur ce point et sur celui de l'existence des mâles et des époques de fécondation. € Telles sont les conditions — continue le rapport — dans lesquelles se présente la nouvelle maladie de la Vigne. Depuis qu'on la connaît, uiie foule de moyens ont été proposés pour la combattre. Aucun d'eux n'a complètement réussi. En trou- vera-t-on de plus actifs a l'avenir? :s) En attendant que la science nous ait fourni de véritables moyens de défense, la commission est d'avis qu'il y a lieu, dès à présent, de conseiller aux agriculteurs et aux municipahtés — 337 - d'imiter l'exemple donné dans l'Hérault et dans la Gironde, où Ton n'a pas hésité à arracher les ceps, à les brûler et à désinfecter le sol par un sérieux écobuage. Elle conseille, dans ie même ordre d'idées, de ramasser les feuilles portant des galles et de les brûler. 3) Ces mesures défensives, analogues à celles qu'on a prises contre la peste bovine, ont l'avantage de détruire un grand nombre d'insectes qui pourraient se propager et répandre la maladie dans les vignobles environnants. Prescrites à propos et mises a exécution avec ensemble et sous une surveillance intelligente, elles peuvent arrêter le progrès du mal et ie faire reculer. Mais ces mesures immédiates, que le ministère peut recommander comme extrêmement urgentes, le mois d'août étant bien des plus dangereux pour la propagation énergique du Phylloxéra, des souscrij)!ions a l'aide desquelles les socié- tés, comices ou syndicats pourront subvenir aux indemnités réclamées par certains propriétaires de Vignes condamnés à la destruction, ne sauraient dispenser de chercher ailleurs un re- mède d'une application plus facile. Toutefois, autant la Com- mission s'exprime avec conviction lorsqu'il s'agit de conseiller des mesures de police rurale, autant elle veut rester réservée lorsqu'il est question des règles de conduite ;i tracer à ceux qui s'occuperont de cette question ; elle laisse le champ libre à toutes les idées D L'arrachage des ceps malades et leur emploi, avec d'autres combustibles, à l'écobuage du sol infesté, la cueillette et la destruction par le feu des feuilles portant les galles spéciales du Phylloxéra circonscriront la marche de la maladie et mar- queront un temps d'arrêt. Les personnes qui se voueront aux recherches qu'on désire provoquer, auront ainsi le temps né- cessaire pour atteindre le but ; car, il ne faut pas l'oublier, dans les problèmes complexes de l'agriculture, il n'est pas permis d'improviser, et, plus que jamais, il n'est donné à per- JSovembre 487<. i!2 — 338 — sonne en pariai cas, de deviner la nature en passant (l). » (Extrait du rapport de la Commission instituée par le Ministre de l'agriculture.) LE JASMIN DE VIRGINIE GREFFÉ SUR CATALPA. Parmi les nombreuses greffes hétérogènes qui ont été prati- quées au jardin d'expériences et d'acclimatation du château de Segrez, la plus remarquable, au point de vue' de l'effet pitto- resque et ornemental, est sans contredit celle du Jasmin de Virginie {Bignonia radicans), espèce grimpante, sur le Ca- talpa qui est un arbre. L'opération, pratiquée il y a trois ans, a parfaitement réussi. Le Catalpa qui a éié greffé est un arbre dont le tronc ,haut de 2 mètres, se divise , à cette hauteur, en plusieurs branches grosses comme le bras, et qui se ramifient chacune en trois ou quatre rameaux de 3 à 4 centim. de diamètre. Ces rameaux ayant été rabattus à 30-40 centim. nu-dessus de la bifurca- tion ont reçu chacun deux greffons de Jasmin de Virginie par la greffe en fente. Quelques petites ramilles avaient été conservées, vers la partie supérieure des gros rameaux gref- fés^ pour appeler ia sève, et dans le courant de l'été, la suppression d'un certain nombre de leurs bourgeons, le pin- cement d'un certain nombre d'autres favorisèrent l'attache des greffons, qui ne lardèrent pas à développer leurs pre- mières feuilles. L'année suivante, les mêmes opérations fu- rent pratiquées sur les bourgeons du Catalpa, et les premiers rameaux du Bignonia prirent du corps par le développement de leurs bourgeons. Cette année, le Catalpa offrait le pins sin- (!) Depuis la publicatiop de ce rapport, on a constaté l'existence du Phyl- loxéra mâle; il a été observé à l'éiat ailé. - 339 - gulier et le plus admirable effet. Du milieu d'un large et abon- dant feuillage s'éohappaient^, de tous côtés, de nombreux rameaux à feuillage léger^ tous terminés par de beaux bouquets des grandes et brillantes fleurs rouges du Bignonia que cliacun connaît. Il y avait dans ce Catalpa, ainsi greffé, quelque chose de si bizarre et de si merveilleux à la fois, que les personnes les moins pénétrées du feu sacré^ de l'horticulture restaient en contemplation devant lui, tournant tout autour pour péné- trer le mystère. Nous signalons le succès de ce genre de greffage pour le recommander à nos lecteurs et appeler leur attention sur une opération qui peut apporter un nouvel élément à l'art d'em- bellir les parcs et les jardins. EUG. DE MaRTRAGNY. NOTE SUR L'ORIGINE DU LILAS VARIN ET SUR SES VARIATIONS. Tout le monde connaît aujourd'hui, pour l'avoir admiré dans tous les jardins et pour en avoir fait au printemps un de ces monstrueux bouquets qu'il fournit à profusion, le magni- fique arbuste dont nous sommes heureux d'oifrir une superbe variété (I), qui, par son coloris, variera agréablement ces bouquets, auxquels on ne pouvait faire qu'un reproche, celui d'être trop uniformes ; nous voulons parler du lilas que l'on nomme vulgairement Lilas Varin ou Lilas de Rouen [Syringa rothomagensis), et dont l'origine est assez controversée pour que nous rapportions à ce propos les deux versions généra- lement admises sur cette origine. Quelques auteurs prétendent que cette espèce (?) a été intro- (1) Voir à l'article : Plantes nouvelles : Seringa rolhonaagensis mplcnsis. (Rédact.) — 340 — duite de la Chine, et la nomment même Syrmga chinensis ; d'autres, avec plus de raison à noire avis, le disent avoir été obtenu au jardin botanique de Rouen par un JVL Varin, et le donnent comme un hybride du Lilas commun et du Lilas de Perse, ce qui nous paraît très-rationnel, attendu qu'il est par- faitement intermédiaire dans toutes ses parties entre ces deux espèces et qu'il ne donne jamais de graines. Cet arbrisseau a produit jusqu'ici, évidemment par dimor- phisme, deux variétés bien distinctes : la première^ qui a reçu le nom de son propagateur M. Sauget. d'où Lilas Sauget, mé- riterait d'être beaucoup plus répandue qu'elle ne l'est, car elle surpasse de beaucoup le type par ses fleurs d'un beau rouge lilas et sa constitution plus robuste. La seconde, livrée au com- merce par M. Lemoine^ de Nancy, sous le qualificatif alba^ se distingue par le coloris de ses fleurs d'un blanc lilacé, qui sont aussi un peu moins grandes, à corolle imparfaitement étalée, et par la taille plus réduite de l'arbrisseau. Enfin, celle que nous offrons aujourd'hui au commerce s'est produite à Metz sur une très-forte touffe du Lilas Varin. (Voir page 550.) SiMQN Louis frères, Pépiniéristes à Plantières, près Metz. ' CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS ET DES JACINTHES. C'est en décembre que commence le travail de la culture forcée des arbres fruitiers et des oignons à fleurs. Pour les arbres fruitiers, les sujets doivent être plantés en pots depuis au moins le printemps précédent, et parfaitement repris, très-sains, mais sans paraître trop vigoureux; car la productivité ou la stérilité d'un arbre à fruit est en raison du — 341 — degré de vigueur du sujet. Plus un arbre pousse vigoureuse- ment, plus il est difficile à mettre à fruits; plus il est faible au contraire, plus on a de facilité à obtenir sa fructification. Il semblerait que les sujets faibles ont conscie.ice de leur fin prochaine, et qu'ils se hâlent de produire leurs fruits pour per- pétuer leur espèce. Ce singulier phénomène ne se produit pas seulement chez les végétaux, on l'observe également chez les animaux, et l'espèce humaine ne fait pas exception. Lorsque les arbres, — Cerisiers, Pruniers, Framboisiers, Groseilliers, Pêcliers, Vignes, etc., — sont })lacés dans la serre à forcer, on chautTe très- peu d'abord; suffisamment pour obtenir une chaleur douce capable de provoquer seulement l'évolution des bourgeons à fruits, sans exciter l'évolution rapide des bourgeons à bois, qui absorberaient alors la plus grande partie de la sève au détriment de la floraison. Une trop forte chaleur au début de l'opération de forçage a, en outre, pour résultat de faire développer les bourgeons à fruits en bourgeons à bois, ce qui n'est pas le but qu'on se propose. Le maximum de tem- pérature;, qui est 25 degrés, ne doit être attemt qu'après la floraison, quand les fruits sont bien noués. Alors il n'y a plus à crahidre la coulure ou la transformation des fleurs par excès de chaleur. Quant au degré de la température à maintenir dans la serre à forcer jusqu'au moment de la floraison, nulle règle à établir; c'est la marche de la végétation qui sert de guide, et c'est par l'observation qu'on active ou qu'on ralentit le feu de son fourneau; il y a là h tour de main, que la plume est impuissante à décrire. Pendant la première période de chauffage, avant l'évolution des bourgeons, la serre peut rester couverte de paillassons jour et nuit pour conserver la chaleur interne et économiser le combustible; mais dès que la période d'évolution commence, on doit découvrir la serre toutes les fois que le soleil apparaît , car la lumière est absolument nécessaire à la formation de cer- — 312 — tains principes qui entrent dans les éléments constitutifs des végétaux, et tout particulièrement les matières colorantes. Une serre à forcer doit être construite de manière à pouvoir établir une forte ventilation et courant d'air chaud, car l'agi- tation de l'air intérieur de la serre, à un certain moment, est une condition de réussite dans la culture forcée. La fécondation des fleurs, dans la nature, est favorisée par les vents qui disséminent la poussière fécondante, ou par les insectes qui la portent de l'antlicre sur le stigmate. Dans une serre, l'air est généralement calme, pas la moindre brise; les insectes n'y sont pas admis, et, dès lors, les plantes n'ayant rien pour les aider à accomplir l'acte le plus important do leur existence, voient leurs fleurs tomber sans rien pro- duire. Dans la culture forcée, le jardinier doit donc venir en aide à ses arbres. S'il est doué de beaucoup de patience, il peut porter lui-même le pollen sur le stigmate; mais si l'impatience est un de ses défauts, et que, de plus, le temps lui manque, il n'a qu'à établir un courant d'air, et la fécondation est assurée. Mais il faut bien se garder, quand on ne possède pas un ventilateur à air chaud, d'étabhr ce courant en ouvrant la porte et un châssis placé à l'autre bout de la serre; ce double courant d'air froid, en frappant sur les tissus tendres des fleurs, arrête tout à coup le mouvament séveux, et cet arrêt momentané, si court qu'il soit, détermine la désarticulation des pédoncules et la chute des fleurs. A défaut de ventilateur, on donne l'air par un châssis du haut de préférence, au moment le plus chaud de la journée, et en présence du soleil. L'air du dehors, étant plus froid que l'air de la serre et, par conséquent plus lourd, descend natu- rellement par son poids dans la région basse. En tombant ainsi, il déplace l'air chaud de la région supérieure, le refoule à droite, à gauche, partout, et le courant intérieur est établi. Comme l'air extérieur s'empare, au contact de l'air chaud, — 3^3 - d'une partie du calorique de ce dernier, il se trouve, par cette raison, suffisamment chaud quand il arrive dans la région occupée par les fleurs, et il opère alors, sans danger, la dissé- mination de la poussière poUinique qui vivifie les ovules, ce qui assure l'altachage des ovaires et la production des fruits. Mais pendant que l'air extérieur opère lui-même, il faut chauffer régulièrement, pour ne pas laisser trop tomber la cha- leur ; car dans le forçage il ne faut pas de transition ; la tempé- rature doit être régulière, et c'est graduellement qu'on doit arriver au maximum de 25 degrés, qui est la température de la période qu'on peut appeler période maturative. Un bouquet de Jacinthes pour finir. C'est le moment de mettre en pots les oignons de Tulipes précoces et de Jacinthes, pour les forcer en serre. Les Jacinthes ne seront belles qu'autant qu'elles auront été élevées très- près des vitres, recevant ainsi beaucoup de lumière. Pour mon compte, voici les variétés que je préfère, et j'a- voue que j'ai un faible pour les simples Leurs fletu's sont moins grosses, c'est vrai, mais je ne juge pas la beauté au vo- lume ni au poids. Parmi les variétés à fleurs simples qui ont obtenu mes sui- frages, en voici une vingtaine de premier choix : rouges : Agnès, Goldsmilh, LordGrey,Norma, Solfatare; — violettes: Améthyste, Charles, l'Unique, Monsignor van Urée; — blan- ches : Alba superbissima, Blanche formidable, Grand Vain- queur, Maria Cornelia; — jaunes : Chateaubriand^ Citronnière, Grande jaune; — bleues : Amiral deCuligny, Emicus, Général Pélissier, la Nuit. En Jacinthes à fleurs doubles, voici cellessur lesquelles j'ai jeté mon dévolu : rouges : Alida Catharina, Bouquet royal, Bouquet tendre^ Gagel, Hugo Grolius; — violettes : Grootvorst, Lord Cowley; — blanches : A la mode, Prince de Waterloo, Grand-vainqueur, Pyrène, La Tour d'Auvergne; — jaunes : — 344 — Goethe, Jaune suprême, Mine de soufre, Piet Hein ; — bleues : Bouquet Constant, Bucentaurus, Garrick, madame Marmont, Hélicon. F. Herincq. DU REBOISEMENT DES PARCS ET DES SEMIS D'ARBRES. Les proprié'aires de grand parc, ou qui possèdent quelques terrains boisés, sont souvent très-embarrassés quand il faut regarnir certaines parties de leur propriété. Où et comment se procurer le plant nécessaire; quelle quantité et à quelle di- stance doit-on planter, etc., sont autant de questions qui agi- tent et qui reviennent tour à tour à l'esprit. On peut, dirons-nous, se procurer du jeune plant d'arbres, au mille, chez la plupart des pépiniéristes, et la plantation se fait, le plus ordinairement, à la distance de 1 mètre. Dans les terrains secs et arides, où la végétation est maigre et l'ac- croissement très lent, on peut planter plus serré ; au contraire, dans les terres fortes et fertiles, la distance peut être de 1 mètre 30. Quoi qu'il en soit, on peut établir que la moyenne de plants à employer sur une surface donnée est de 10,000 par hectare. Pour le reboisement en grand, c'est un mauvais système de planter de suite comme le recommandent certains auteurs, à la distance accordée aux arbres de hautes tiges ou de futaies. Quel que soit le but qu'on se propose, établissement ou reboisement partiel de taillis ou de futaies, la dislance doit être la même, entre 0 60 et 1 m. 30, suivant la nature du sol, et le climat. Il faut que les plants s'abritent et se protègent mutuellement, dans leur jeune âge, contre le soleil, les hâles, les gelés, etc., ce qui ne peut avoir lieu quand on plante à 6 ou 8 mètres de distance ; c'est graduellement, au fur et à mesure que les arbres acquièrent de la force, qu'on retranche, chaque année, — 345 — les plus faibles, jusqu'à ce que la distance réglementaire soit atteinte. Quand il s'agit de combler seulement quelques vides, dans les futaies des parcs, les propriétaires, souvent, font arracher dans leur propriété du plant qui a poussé sous bois. Mauvais, très-mauvais système. Les plants de cette provenance ne produisent jamais de beaux arbres; ils sont généralement mal constitués ; leurs pousses sont grêles, parce que leurs bour- geons se sont durcis avant le temps, n'ayant jamais reçu l'ac- tion bienfaisante du grand air et du soleil, et, de plus, la racine est réduite au pivot primitif, sans le moindre chevelu; lare- prise est dès lors difficile, et quand par hasard elle a lieu, les sujets boudent pendant plusieurs années. J'ai vu des Frênes et des Chênes, provenant de semis naturels sous bois et trans- plantés pour regarnir des futaies, metire dix ans pour gagner 1 mètre en hauteur et un centimètre environ en circonférence. Le reboisement en grand peut être fait, également, par graines qu'on sème ou à la volée, ou en lignes, ou en po- quets. Dans ce cas il faut semer aussitôt après la récolte des graines, ou avoir soin de les faire stratifier, quand le semis ne peut pas être pratiqué à cette époque ; car la plupart des graines de nos arbres forestiers perdent rapidement leur fa- culté germinative, ou bien, quand les graines sont semées tar- divement ou à contre-saison, la germination se fait très-capri- cieusement et incomplètement. Une partie des graines germent la première année, et, pour d'autres, la germination ne s'effectue qu'un an ou deux ans après. Par conséquent, quand on sème en pépinière, il ne faut pas se hâter de labourer l'emplacement d'un semis d'arbres qui n'aurait réussi qu'imparfaitement la première année; en l'entretenant avec soin, on en obtient de nouveaux p'anis les années suivantes. Les semis sur place ne conviennent guère qu'aux espèces essentiellement forestières, comme le Bouleau, Charme, — 346 — Erable, Frêne, Hêtre, Pins maritime et sylvestre. Sapin, etc. La quantité de graines nécessaire à l'ensemencement d'une surface déterminée est très-variable et subordonnée surtout à l'espèce. Voici, d'après le Catalogue delà maison Vilmorin, les données générales sur les quantités par hectare, des prin- cipales essences employées pour les reboisements, en suppo- sant que chaque espèce soit adoptée seule et sans mélange : Acacia blanc, ou Robinier [Robinia pseudo-acacia). On sème rarement en place ; on fait les semis en pépinières, et de préférence en avril ou mai. Pour obtenir le nombre de plants nécessaire pour garnir un hectare de terrain, 1 à 2 kilogrammes de graines suffit ; pour semer en place, en rigoles ou bandes, il en faudrait 42 à 15 kilogr. et de 20 à 25 kilogr. pour les semis à la volée. AiLANTE, ou Vernis du japon {Ailanthus glandiilosa). On sème en pépinière, en avril-mai, à raison de 2 à 3 kilo- grammes de graines, pour garnir un hectare en plants. Aune {Alnus commiinis). On sème rarement en place; le semis en pépinière donne de meilleurs résultats. On sème à l'automne, en hiver et au printemps. Pour semer en place à la volée, il faut de 10 à 12 kilogr. de graines j le semis en ri- goles ou en bandes n'exige que 6 à 8 kil., et il n'en faut que 1 à 2 kil. pour semis en pépinière, qui fournira le plant néces- saire à la plantation d'un hectare. Bouleau {Betula alha). Le semis en place est le plus usité; on sème à l'automne et au printemps, en mélangeant la graine avec du sable fin ou cendre lessivée, et en choisissant un temps de pluie ou de neige . Pour le semis à la volée, il faut de 30 à 40 kilogr. à l'hectare ; 24 à 30 pour le semis en rigole et seu- lement de 1 à 2 kil. pour obtenir en pépinière le plant d'un hoctare. Charme {Carpiniis Betulus). On sème cette essence plutôt en rigoles ou bandes qu'à la volée. Il convient de nettre les — 347 — graines en stratification pendant deux hivers, et de ne semer que la deuxième année au printemps, parce que le semis di- rect met deux ans à lever, et que durant cette période une par- tie des graines est détruite par les animaux. Quand on sème la première année sans faire slratifier les graines, il faut alors semer en automne, autrement on perdrait encore une année. Pour ensemencer à la volée un hectare, il faut de 45 à 50 kilogr.; il n'en faut que 30 à 33 kil, pour les semis en bandes, et 1 kil. 500 gr. à 2 kil. suffisent pour semis en pépinière. Châtaignier {Castanea vesca). La Châtaigne doit être stra- tifiée dans du sable et semée à la fin de l'hiver en bgnes ou par poquets; dans ce cas il faut de 350 à 450 kilogr. de se- mence par hectare. Mais il est préférable de semer en pépi- nière et de repiquer le plant ; il ne faut alors que 50 kil. de Châtaignes jiour replanter un hectare. Chêne. Les graines des Chênes de toutes espèces ont l)esoin d'être mises en stratification dès la récolte; autrement une grande partie ne germe pas. On sème à la fin de l'hiver de préférence en place à la volée ou en lignes ; le repiquage est peu usité. Les graines déjà germées pendant la stratification peuvent être également utilisées. Pour l'hectare il faut 750 à 900 kilogr. de graines pour semis à la volée, 500 à GOO pour les semis en lignes ou poquets, et seulement 100 à 150 pour le plant préparé en pépinière. Erables {Acer). On peut semer en place, à la fin de l'hiver, avec des graines mises en stratification aussitôt après la récolte ; il faut 60 h G5 kil. pour semis à la volée et de 40 à 45 pour les semis en lignes ou en bandes ; mais il est pi'éférable de se- mer en pépinière et de repiquer le plant; dans ce cas 7 kil. 500 gr. à 10 kilogr. de graines suffisent pour l'hectare. Frêne commun [Fraxinus Orniis). Ce n'est guère que la deuxième ou la troisième année de semis que la graine de Frêne germe. 11 faut donc la mettre en stratification pendant — 348 — deux ans, et la semer à la fin du deuxième hiver; dans cett condition elle germe peu de temps après. On pratique rare- ment le semis en place, qui demande 40 à 45kil. à l'hectare quand on sème à la volée, et 27 à 30 kil. pour les semis en hgnes. Le semis en pépinière est plus sûr, et 2 à 3 kil. de graines suffisent pour fournir le plant nécessaire au reboise- ment d'un hectare. Hêtre commun, y ay A'RT) {F ag us sylvatica). La graine de hêtre perd facilement ses facultés germinalives. On doit la faire stratifier pendant l'hiver et semer au printemps suivant ; la germination est alors très-rapide. On peut encore semer aus- sitôt après la récolte des faînes; mais les animaux^ qui en sont très-friands, endotruisent une grande partie. Les semis se font à raison de 325 à 425 kiL pour semis à la volée; 250 à 300 kiL pour Hgnes ou rigoles, et 6 li ?0 pour semis en pépinière. Orme {Ulmus) . Le semis en pépinière, avec l à 2 kil. de graines, est préférable au semis en place, qui exige d'être fait dans on semis de plantes annuelles (sarrasin ou céréales mé- langés), soit à la volée avec 28 à 30 kil. de graines par hectare ou en bandes alternatives à raison de 18 à 22 kil. Cette pré- caution est nécessaire pour favoriser le développement des jeunes plants, qui ont besoin d'être garantis des ardeurs du soleil. On sème en juin aussitôt après la récolte. Tilleul (Ti/m). Le Tilleul se sème parfois en place à rai- son de 20 à 25 kiL à l'hectare pour le semis à la volée, ou 15 à 20 kil. pour les rigoles ou bandes ; mais il est préférable de faire le plant en pépinière ; il faut seulement 1 à 2 kilogr. de graines. Mélèze d'Europe [Larix Europœa). On sème rarement en place cette espèce ; le semis en pépinière est préféré, et ce n'est pas eans raison. Toutes les graines de Mélèze ne sont pas fer- tiles ; on compte généralement qu'iJ y en a deux tiers de mau- vaises. Aussi l'emploie-t-on à raison de 15 à 20 kilogr., en — 349 — graines désailées pour semis à la volée d'un hectare ; 10 à 15 kil.pour semis en lignes ou bandes, et 1 à2 kil. pour semis en [)épinière3. Pin maritime, connu également sous les noms de Pin des Landes, Pin du Mans et Pin de Bordeaux; c'est le Pinus pi- naster ou marilima des botanistes. — C'est le semis en place qui est \d plus usité. Dans les terrains légers, siliceux, et pour les contrées chaudes oii les sécheresses de printemps sont fré- quentes, les semis doivent être faits préférablement vers la fin de l'été ou à l'automne ; mais ils réussissent mieux à la tin de l'hiver et au printemps dans les bonnes terres et dans les ré- gions tempérées. Dans le semis à la volée on emploie de 20 à 30 kil. à l'hectare; 10 à 12 kil. pour semis en rigoles ou bandes, et 1 ou 2 kil. pour obtenir le plant en pépinières. Pin sylvestre, qui porte aussi les noms de Pin de Riga, et Pin du nord [Pinus sylvestris). De tous les Pins, le Pin syl- vestre est celui qui a le plus de valeur, au point de vue de l'ex- ploitation pour son bois. On le sème ordinairement en place au printemps, ou à la fin de l'été et en automne suivant le sol et le chmat, comme pour le Pin maritime : 6 à 8 kil. de graines pour semis à la volée, ou 3 à 5 kil. pour rigoles ou bandes. Mais la germination est très-inégale : une partie a lieu dès la première année, et l'autre partie s'effectue successivement pendant plusieurs années. Le semis en pépinière est peu usité; il ne faut -qu'un kilogr. de graines pour obtenir le plant d'un hectare. MM. Vilmorin proposent un mélange qui nous paraît très-avantageux. C'est île mélanger à la graine de Pin sylvestre une certaine proportion de graines de Pin maritime, qui est généralement meilleur marché, ce qui diminue la quantité de Pin sylvestre et permet de réaliser une certaine économie dans le prix d'achat de la semence. Les premières éclaircies portent sur le Pin maritime, qui finit par disparaître et laisse le champ libre au Pin sylvestre. -- 350 — Le Pin oeDriançon ou Pin mvgeo {Pinus mughus ou montana) se sème en place et de préférence en pépinière, dans les mêmes conditions que le Pin sylvestre. Le Pin Larigio ou de Corse ne réussit pas toujours très-bien par semis en place qui exige de 8 à 1 5 kilogr. suivant la qualité de la graine — pour les semis à la volée et de 6 à 8 pour les semis en rigoles, lignes ou bandes ; mais comme la graine est d'un prix élevé, il y a avantage et économie à semer en pépi- nière à raison de 2 kil. 500 à 3 kil. pour le plant de l'hectare. Le Pin noir d'Autriche {Pimis nigra austriaca) se sème dans les mêmes conditions que le Pin Laricio. Sapin Epicéa ou Pesse (Picea exceha ou Abiespicea). Le se- mis en place réussit bien avec 20 à 25 kil. de gr. semée à la volée, ou 8 à 10 kil. pour semis en rigoles, lignes ou bandes; mais le semis en pépinière avec un kilogr. de graines est pré- férable, et c'est celui qui est généralement adopté. Sapin commun, dit aussi Sapin argenté, Sapin croisé, Sa- pin pectine, Sapin de Normandie (Abies pecttnatà). On sème préférable ment cette espèce en place, en lignes ou en poquets à raison de 50 à 60 kilogr. de graines à l'hectare. Les semis doivent être faits aussitôt après la récolte, car les graines perdent rapidement leur faculté germinative. Pour le semis en pépinière, peu usité, il ne faut que 2 à 3 kilogr. de graines pour fournir la quantité de plant nécessaire au repeuplement d'un hectare. Alex. Maclou. PLANTES NOUVELLES. Syrikga rothomagensis metensis, autrement dit^ Lilas de Rouen, de Metz (Simon Louis). Le Lilas de Rouen qu'on nomme aussi vulgairement Lilas Varin, est un arbrisseau ma- — 351 — gnifique qui fleurit à profusion au printemps, et dont chaque branche est un splendide bouquet. La variété annoncée par MM. Simon Louis s'est produite sur une forte touffe de ce Lilas Varin ; c'est donc ce que nous appelions autrefois naïve- ment un accident^ un jeu de la nature. Aujourd'hui que la sim- plicité est bannie de partout, même des jardins, on dit : « c'est du dimorphisme'^ » ce mot-là vous a tout de suite un cachet de science qui fait bien dans le paysage ; mais le Lilas de Metz fera encore mieux ; car on le dit supérieur au Lilas Varin. Les fleurs sont aussi grandes, très-bien ouvertes, d'un magnifique coloris carné pâle légèrement lilacé . Clematis patens. var. Lucie (Simon Louis). La Clématite pa- ïens, introduite depuis plusieurs années du Japon, est une de nos plus belles plantes grimpantes, très-rustique, ne deman- dant que la terre ordinaire , se plaisant à toutes les expositions et donnant de nombreuses et très-grandes fleurs d'un beau bleu de ciel. Elle a produit un très-grand nombre de variétés^ entre autres les remarquables clématites Louisa flore pleno, Louise, Marie, Clara, splendida perfecta, etc., sorties des cul- tures des frères Simon Louis, de Metz Elle vient de produire dans le même établissement, la variété Lucie qui ne le cède en rien à sesainées. Ses fleurs sont grandes, nombreuses à pétales larges, arrondies à l'extrémité, d'un superbe coloris pourpre violacé très-foncé, nuancé de carmin ; le bord de ces pétales est d'un beau bleu, et la place occupée par les trois nervures centra:les est d'une teinte plus clair, tandis que le revers de ces pétales est blanc bordé de lilas. Les étamines, à anthères d'un brun rougeâtre et à filets blanc pur, forment une rosette qui se détache admirablement sur la couleur foncée de la fleur . C'est une très-belle plante, très-florifère. Clématite Lucie Lemoine (Lemoine) est une autre variété de la même espèce, obtenue par M. Lemoine, de Nancy, et qui n'a rien de commun avec la Clématite Lucie des frères Simon — 352 — Louis. Elle ne peut être comparée, dit l'obten leur, qu à la Clé- matite Jolm Goiild Veitch; mais elle a sur elle la supériorité de la forme et celle de la duplicature. Ses fleurs sont très-doubles, blanches, larges de 11 à 12 centimètres, et se composent de 75 à 90 pétales des mieux étoffés ; les étarnines sont jaunes et rayonnantes autour de la masse des pistils qui occupent le centrio La floraison de cette nouvelle variété a lieu au com- mencement de juin, en pleine terre; à la première phase de l'épanouissement, ses fleurs ont une forme sphérique qui rap- pelle celle des Zinnia à fleurs doubles ; tout à fait ouvertes c'est tout à fait la forme d'un gigantesque Zinnia double blanc. La Clématite Lucie Lemoine est Irès-rustique, çt tous ses ra- meaux sont florifères . tEsgulus hippocastanum DiGiTATA MAJOR (Slmou Louis). Le marronnier à feuilles digitées est une forme du marronnier ordinaire, tellement différent du type, que certains auteurs en ont fait une espèce distincte. Elle constitue un petit arbre à feuillage ridé, d'un vert pâle et à folioles petites en forme de coin. Par la nature même de son feuillage, cette variété a un aspect maladif qui ne plaît pas toujoui?s aux admirateurs des belles et fortes constitutions. La sous-variété 7ncijor des frères Simon Louis, tout en présentant le caractère ridé des feuilles, n'a pas l'aspect rachitique du digitata; elle s'en distingue par la vigueur et les dimensions plus fortes de l'arbre ; par ses feuilles plus grandes, d'un vert très-foncé, et à la surface unie. LlGUSTRUM VULGARE FOLIIS ALBO MACULATIS (SimOU Louis). Si Linné vivait encore, il ferait des sauts de carpes en voyant pa- reil nom ; fort heureusement qu'ils ne s'appliquent qu'à des arbres panachés. Ce Troëne a les feuilles irrégulièrement mar- brées et veinées de blanc. (A continuer.) Paris — Imprimerie horticole de E. Donnacd, rue Cassette, 0. Spécialité d'ASPERGES d'ARGENTEUIL de Figuiers et de Vignes liOiois lillÉRAULT , horticulteur- cultivateur à ARGENTEUIL (Seine-et-Oise). 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Semis et la graine (étude survies), 86, 117. Semis des arbres forestiers, 344. Sénéclause, 354. Septembre : travaux, 256. Séquoia gigantea : essai de grande culture, 161; — variété panachée^ 131. Sève descendante. Voir, 241 . Simon-Louis frères : leurs pépinières et leurs nouveautés, 325. Sinapis alba : germination, 119. Skimmia oblata alba variegata, 131. Sobralia de serre froide, 86. SolanumWarcewiczioides, 187. Sophora alopecuroides, 113. Sophronitis de serre froide, 86, Soufflet injecteur Filion, ■\S3. Spiraea aruacus, de Thui-berg, 109. Strelitzia reginae : fécondation et fruc- tification, 182, 210. Stuartia grandifiora, 329. Suppression des fruits : 241 . Syringa rothomagensis : son origine et ses variations, 339; — chinensis, 340; — nouveaux, 325. 330. T Tacsonia eriantha (PI. III), 78. Tagetes patula nana faviflora, 187. Taille de la Vigne, 226. Taille des arbres fruitiers sans physio- logie, 91 . Talbotia elegans, 46, 316. Température et chemin de fer, 99. Thermomètres du quai des Lunettes,7. 383 Thibaut et Keleleêr, et leurs collec- tions reformées, 329. Thlaspi : germination, liO. Thunbergia alata pour garnir les tiges de Rosiers, <47. Thuya nouveau, 325. Tigre : procédé de destruction, 254. Tilia : semis, 348. Tilleul : semis 348. Tipula oleracea : ses ravages avec fig. noire, 2S. Tlpule des jardins(avec figure en noir): ses ravages sur les Traisiers, 28. Torenia auriculaefoiia, 48. Toulouse : statistique liorticole, 230. Transformation des plantes : notre opinion, 7u, 4 44. Transwesia glaucescens : rusticité, 149. Trendelenburgia, 358. Trichoceroa de serre froide, 86. Trichopilis de serre froide, 86. Truffe (la), par M , C ha tin, 151 . Ulmus : semis 348. Valota purpurea, 254. Vanda denisoniana, 318. Végétation (note pour servir à l'his- toire (ie la), 241. Veitchia Johannis, 131. Vcllozia elegans, Talbotii, 46, 316. Vernis du Japon : arbre forestier, 1C4; — : semis 346. Veronica. Voir Véroniques. Véroniques nouvelles, 19. Versailles et l'horticulture, 289. Verveines nouvelles, '19,3.4. Vigne : sa nouvelle maladie, 292, 312, 332; — culture forcée, 341; — sys- tème Duchesne Thoureau, 226; '— vitalité des greffes,*25 1 . Vilmorin père. Son opinion au sujet de l'amélioration et de la transfor- mation des plantes par la culture, 137. Vinca rosea : sa culture, 277. Viola cornuta, 277. Violette cornue, 277: — double de Brandy, 253; — de Wilson, 6; -^ de Parme, sa culture à Toulouse, 231. Violette : statistique de la vente, 133, 231; — bouquet gigantesque, 5. Vitalité des greffes d'arbres fruitiers, 251. Vitis amurensis, 116 ; Labrusca, fici- folia, 109. w Wallaoe (Richard) Rosier nouveau , 388. Weigclia Lavallei (Pi. V), '20- — LoAvii(Pl. VIII), 232;— Ilender- soni, Lemoinei, 49. Wetfrea macrophylla, 130. Wigondia, imperialis, 48. Xanthoceras, 11*. Xylynacaulha medio lutea, Verschaffelti foliis aureo-slriatis, Regeli, Vander- doncktî, 131. Vucca funifera, 131 384 — Fotager. Cest pendant le mois de mars que l'artichaut exige le plus de soins. On peut commencer vers le <5 à dégarnir les souches de la terre et du fumier entassés à chaque pied : la litière sèche doit rester à portée pour recouvrir si la température l'exigeait. Aussitôt que le hâle n'est plus à craindre, il faut enlever à chaque souche les œilletons superflus et ne laisser que les deux plus beaux j après c'ette opération, il faut arroser copieusement les artichauts et leur donner une bonne couverture de fumier. C'est aussi pendant ce mois qu'on sème, laboure et fume les asperges. Le fumier de cheval est le meilleur pour ce dernier usage: mais, dans les terrains très-secs, on doit employer le fumier de vache; l'un et l'autre doit être à moitié décomposé. On plante choux-pommés, choux- fleurs* fraisiers, laitues, oignon blanc, ^iseille, poireau, romaines. On fait les semis de carottes, chicorée sauvage, ch ma- fleurs, choux-cabus de Saint-Denis, de Milan, de Bruxelles, épinards, fèves, i l^■oule8, cresson alénois, panais, persil, poireau, tous les pois, radis rose et noir, salsifis, scorzonères, pommes de terre Vers ia fin du mois : céleri à couper, cerfeuil, choux Quintal et de Poméranie* toutes les laitues, romaines blondes et grises. Les couches et châssis exigent beauconp d'attention, car, à cette époque, les réchauds dont on entoure les couches sont trop forts : il se produit des coups de chaleur qui détruisent toute la récolte ; il faut aussi veiller aux coups de so- leil, qui produisent le même effet. On sème sur couche : concombres, melonSf piments, tomates, raves, salade et fournitures diverses. Jardin fruitier. Finir la taille, labourer et pailler les plates-bandes. 9 Jardin d'agrément. Terminer les labours, travaux de propreté, la taille des arbustes divers et la plantation des plantes vivaces ; faire des boutures d'arbres et d'arbrisseaux. On sème en pleine terre : Giroflée de Mahon, Adonis, Coreopsis, Nigelles, Réséda, Nemophila, Clarkia, GHia, Crépis roses. Giroflée jaune, Malope, Œillets de Chine, Pois de senteur, Reines-Marguerites , Capucines, Volubilis, Collinsia bicolor^ Siléné à fleurs roses. Balsamines, Belles de Nuit et Belles de Jour, Muflier, Pétunia, Thlaspi, Scabieuse ou Fleur des Veuves, Phacelia, Linaria bipariia. On sème sur couche: Célosia Crête de coq, Amarantes. Balsamines, Reines-Marguerites, Calcéolaires, Quarantaine, Martinia, Cosmos. On place aussi sur couche les tubercules de Dahlia pour déterminer la végé- tation des bourgeons, les séparer ensuite et les mettre en pot jusqu'au moment de les livrer en pleine terre. Serres. C'est en mars que les Camellia sont dans toute leur beauté; il faut leur donner des arrosages modérés et entretenir avec soin la propreté des feuil- lages. Pour les autres plantes, même soin que pour le mois précédent ; mais on Veillera pour éviter l'efi'et des coups de soleil; on blanchit les vitres avec de la chaux, ou l'on tend des toiles. ^^m^^^^S^^^ Paris— Imprimerie horticole de E. Donnaud, rue Cassette, 9. jVaiiii-rt /ni/. I?irôriii/ .!•<• /9't/-f::^^z^ /?^i^ y^-T^^^/r, /vV/ JLiii/'t-rf /'//■/./ û,-/'r,),/ -Cé^y^/^f^:^, y ^/^ /,„„.//.„„:,;.. ,- .i/,.,„,.,, .-; /'.i, *' //e/'/'iii/ 'a^^^^tPIPZ^C^Z^^ /-'^/^^/^ryTtZ^l^/Z ■ryr^^l-/Z- Jfaiiieri pifi. ///'/> /•/II/ .r ^/Ay^y/// /m^> Hmii.rtc, T-JVt^ruin.à.J'aris. JV"JJ^ert pm.r JP^brai/ j-c /mzJ JfoiiÙFfe , 5. r^/^f Jift^rion . /mt^ . //oni.j-/'f, â, J^. Jlfùçnon , I^nnù>' Ma^^Jirr^ puiu- Deirai/ j", c. //>!'/■/ />//>./■ . /','/,,-,,,/ r'' 7//^^// V/ ^^/// ^ ^ '// /r////J ' f'I/t.i />,■/•/■„,/ r^S^^Yytyy7.^^:^y^^^ -f^ C6^'i^///< '/ r^y. fnif Ifoiu.-t,' r. it,,//i.>n. <">. /'„ { 'i>r/f^/ir/ !■//'/ . /?c'-l,rai/ se Q-^^-^yc^^^tyù^c^/^îC^ ^iCe /nui. //iiiic.iff , :>,/•. J/ù/nti.'t uJf^rt //i/ur Mé'^- ( ^>:y i^<<^77 /'ry^^'^^.^'^/^^^/. J?n^ Hoia^t», r. Jfionoru S J'a^i»-. Spcciaîité d'ASPERGES d'ARGENTEUIL de Figuiers et de Vignes Louis E.I1ÉRAIJL.T , horlicttUeur-CBlti valeur â ARGENTEUIL {Seim-et-Oisé). Vente, de février à avril, de griffes d'ASPERGE 3AT1VE Loxiis LHËRAULT dont je suis le exil pi'opriclairc et dcpositaire. Médaille d'or (unique) 1 l'Kxposilioii universelle de 1867, et 50 récompenses le !«'■ ordre pour celte variété, qui est supérieure ncore par ses qualités à celles que j'ai désignées sous os noms d ASPERGES INTERMÉDIAIRES :l TARDIVES d'ARGENTEUIL. N. 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