tHarvard îlmvcrsîtij £tbrart) of Chc CDedîcal School and Ghc School of l>ublic JCcalth CHESTER NORTH FRAZIER Edward Wigglesvvordi Professer of Dermatology Harvard School of Medicine 'nj-.^^\^ HARVARD MEDICAL LIBRARV IN THE Francis A.Countway Library of Medicine BOSTON 1 i JJ A LIBRARY OF CHEÇTER N. FRAZIER ELEMENS DE PHYSIOLOGIE DE M. ALB. DE HALLER, Préfident de la Société Royale des Sciences de Gottlngue , Membre de T Académie Royale des Sciences de Paris, Londres, . Berlin, &e , 6cc. Traluciion nouvelle du Latin en François , /par M, BoRDENAVE. PREMIERE PARTIE. Prix 5 livres relié. A P A R I S. ChezGuiLLYM, Libraire, Quai des AugufHns, pr?s du Pont S. Michel , au Lis d'Or. M. DCG LXIX. Avec Approbation & Privilège du Rok M-. H On trouve cke^ U même Libraire : ALLERi Difputationcs Chirurgicse , i/z-4**. 5 vdî. / 50 livres. Ejurdem Difputarioncs Medicx. ^o liv. Opéra Anaromica , //z-4"'. 5» liv. Haller. Formation du cœur dans le poulet. f;z-i2, 1 vol. 4 liv. 10 fols. ■ Sur le mouvement du Sang , in- 1 2. 1 1. 1 5 f. . — Sur les parties fenfîbles & irritables des Animaux, in-ix. 2, liv. Inftitutions de Médecine de Boerhaave , in-l^. 8 vol. 10 liv. •^ Aphorifmes fur la connoiiTance & la cure *" des maladies, 7/2-11. z liv. 10 f. Traité de la matière Médicale , in- 1 2. z 1. 1 o f. — Confultationes Mcdicée , in- ix, 2 lïy, Conful ration traduite en François^ in- ii. 2 L Traité de la petite vérole , in- 12, 2 liv, .' Traité des maladies vénériennes, in-iz, 2 livres 10 fols. * ^jrliéorie Chymique delà Terre, avec le Traité du vertige j i/z- 12, 2 liv» Elémens de Chymie, 6 vol. 15 liv. L'Art de drefTer les formules de Médecine , par Gau- bius^ Z/Z-I2. 3 liv. Traité des parties qui fervent de palfage à Turinc, par M. Rutty , in-ii-, 2 liv. Traité des fièvres malignes & peftilentielles , &c, 2 vol. in-ix. 5 liv. Recherches critiques fur l'état préfent de la Chirur- gie, traduites de l'Anglois de Samuel Sharp, 2 liv. lof, - — Sur les progrès de la Chirurgie en Prascc , 2 vol. j liv. Traité des maladies aiguës des Enfans , in-i 2 , 2 L y f. Méthode de guérir les Hernies, par M. le Blanc, i;z-8°. 1768. 5 liv. Trait? pratique fur la Goutte, par Gcfle, in-ïP,i L4f, 1 Jurîrpru(îcncc de la Médecine & de la Chirurgie", par.M. Verdier , in-ii, 4 vol. 1 1 lir. lafcience du Maître d'Hôtel Confîreur, in-iz. 3 1, ■" Du Cuifinier, rn-ii. 17^8. 3 liv. Traité de la diftillation , par Dejeaii , in-ii. 2, 1. 10 f. Traité des odeurs , par Je même , in-ii, 1 1. lo f. Confiturier ^oyal , ou inftrudtions pour les con- fitures, i/z-ii. il. lofl Exportions Anatomiques de toutes les parties du Corps humain, par M. ^Tinflov/, in-it. 4 vol, 1768. izliv, " — • par M. Lieutaud, /«-8*. 1768. 7 liv. •J. B. Morgagni Advcrfaria Anatomica^, in-^°. ïi 1. Traité des AccoucliemenSj par Puzos, ^«'4**. 10 1. "— -^ — -^ par M. Mauriceau , z«-4°. 7 liv. lof. Pharmacopée Royale & Galénique , par M. Charras, //z-8*'. 1 vol. iiiiv. Pharmacopea Bateana, in-ii. - 1 liv. Mélange d'Hiftoire NaturelU , par M. Akon du Lac , /«-4^ ^vol. 18 liv. Caroli Linn^i fpccies plantarum , in-%^ z vol. 1 8 1, Hiftoire des Plantes , par Bauhin , in- 1 1. % vol. 5 I. Bibliothcca Borauica, ira- 4**. 5 liv. Diélionnaire d'Agriculture ,i«-4®. 1 vol. 10 liv. du bon Ménage , i«-4®. 7 I. 10 f. L'Agronome ou Didionnaire du Cultivateur , /«-8®> 1 vol. 9 liv. Traité des Brebis^ fraduit du Suédois, i/z-i 1. 1 1. 1 o f. Manière de perfcdionner les bonnes clpéces des Bétesàlainc, in-jz. i liv. léf. Confidérations fur les Bétes à laine de Flandres, in 1 2* -^ I liv. 16 f^ Cours de. Chymie , par Nicolas le Febvre, 5 vol. in~ii. Il liv. io f. Barchufcn Elementa Chemia:, 1-7-4°. 7 1. 10 f. Bi/ïertation fur la nature du feu , par M. de Bcau- feaubrc , in-ii* 2- liv* (Euvres de Jean £eUot , contcnam la Chiromânce|, itt-iz^ 3.Uv. iof. AVERTISSEiMENT. L 'explication du méchanifmt des parties daCorps Humain tient à tant de connoijfances , quil nejl pas éton- nant qiiil ait été d'autant mieux ap^ projondi , quon sefl attaché à la re- cherche des faits qui pouvoient le dé^ voiler. Les Mathétiiatiques , la Phyji^ que , la Méchanique , la Chymie , ÏAnatomie , &c. ont porté dans cette partie de la Médecine des lumières qui ne peuvent quen conjîater les principes. Quelle différence entre le Traité des ufages des parties de Galien & la Phyfiologie de Boerhaave ! Cefi à ce dernier , cefl à ce Réformateur de là Médecine qiiefl dû un des plus grands Ouvrages qui ait jamais paru fur r ac- tion des parties du corps humain. Les fca- vans Commentaires de M, de Halle R^ [on Difiple , & ceux de F Auteur lui- même fur cet Ouvrage , ont à la vérité donné affe:^ d'étendue aux matières dont efi rempli'^ néanmoins M. de H aller iv AVERTISSEMENT. vient , à la fuite de ces Commentaires , de donner un Traité plus concis , qui ne peut fervir quà le rectifier & à en faci^ Hier t élude n La précifion avec laquelle cet Ou- vrage e(l écrit Le rendra toujours re- commandahU aux vrais connoijfeurs. Outre plu [leurs points qui navoient pas été traités dans les Infiiiuts de BoERHAAVE , tcls quc la Fibre , le Tiffii cellulaire y &c. , M, de H aller y a) oint des Descriptions Anatomiques qui fervent de baje aux explications Physiologiques & j jettent le plus grand jour» Sans entrer dans le détail des opinions des différens Auteurs , il y expofe l'ujage des parties d'une manière jimple & lumineufe , d'autant plus re^ , commandable qiielle efl dépouillée de toute dijcuffio^ inutile. On y reconnoît par-tctït l'efprit d'obfervation , un ju* gemcnt sur , des réflexions qui méritent d'être approfondies , & un précis de connoiffances immenfes qui jettent le plus grand jour fur Les matières * qui y fonttraiées. Cet Ouvrage napas befoin d'éloges ^ AVERTISSEMENT, v il a été avec raifort accueilli de tous les Scavans, Les moins infiruits y puijent des connoijfances folides ; il journit une madère dUnflruUion utile , 6' ceux qui fçavent apprécier un travail de cette nature , conviennent quil doit être t objet £ une profonde méditation. L utilité dont il peut être ^faifoit de- firer cjtiilfût à la portée d'un plus grand nombre de Lecteurs, Pour entrer dans ces vues y on tavoit traduit en François ; mais beaucoup de fautes , plufeurs ar» îïcles omis ou tronqués , peut • être miême la Traducllon. faite fur une Edition an- térieure^ préfentoient un Ouvrage beau- coup moins fatisfaifant. Pénétré de ces défauts , jai cru devoir entreprendre une Traduction nouvelle fur la dernière Edition ; fy ai mis le plus d' exactitude quil nia été poffible , 5f je m'eflimerai heureux fi ce travail nefl pas indigne de Ihlluflre Auteur qui en a journi la matière , 6* s'il peut être utile aux Etu- dians auxquels je le confacre , & dont j'ai eu particulièrement en vue d'étendre ainfil'Inflruclion. , a iij DISCOURS DE V A UT E U R A SES AUDITEURS. 'Eté s -vous pas furpris , Mes- sieurs , auflî elairvoyans que vous rêrcs 5 de ce qu'après avoir finit ufage pendant vingt ans de la Phyfiologie du Grand BoERHA AVE pour faire rries Leçons , je change aujourd'hui de def- icinjôc que je commence à me fervirde mon propre Ouvrage. Ceft votre uti- licé^ Messieurs^ qui m a engagé, mal- gré les travaux fatîgans dont je fuis chargé , à dérober quelques momens pour celui-ci. Mon Maître (car je n'oublierai jamaisque le Grand Boer- HAAVE le fut) avoit écrit fes Inftirurs en 1715 environ. Par conféquent il n'avoit rien tiré des écrits des Mo- dernes , & il n*avoit pas fait ufage des immortelles defcriptlons de M. WiNSLOV. Mais rAnatomie a été fi DISCOURS^ &c. vij enrichie depuis ce rems qu'elle a une toute aurre forme. Ce n'eft pas qu'on aie trouvé un grand nombre de nou- velles parties , c'a été Touvrage des premiers fiécles. Mais on a donné la dernière main à la plupart des def- criptions ; l'Hiftoire des os , des muf- cles, des ligamens, des vifcéres , a été coniîdérablement augmentée ; rexpofîtion des vaifTeaux ôc des nerfs cft prefque accomplie. J'ai outre cela recueilli du grand nombre de difîe- rens Auteurs que j'ai été obligé de lire 5 un bon nombre d'expériences oue d'heureux hafards ont fait naître , ou que l'induftrie des Scrutateurs fcru- puleux ôc attentifs a dérobées à la na- ture. Cet Amphithéâtre , dans lequel vonstravaillez avec moi , Messieurs, pardon 5 fi j'ofe le dire, mais vous en avez été témoins; cet Amphithéâtre, dis je , nous a fourni les occafions , d'obferver plufieurs fituations , plu- iîeurs mefures réduites à de moindres ^ proportions, plufieurs figures des pe- tites parties ,difFérens éclairciflemens /fur les maladies dans les ouvertures vlij DISCOURS que nous avons faites des cadavres , éc ça & là quelques découvertes. J*ai donc trouvé à propos de rédiger 6c de réunir dans un petit Traité, pour nous foulager , tout ce que j'ai tiré de BoÊRHAAVE ; ce que de grands hom- mes , les MORGAGNI, les WiNSLOW, les Albinus, les Douglas 6c d'au- tres nés pour le bien publieront trouvé de nouveau : & enfin tout ce que j'ai recueilli des difïérens corps d'Ou- vrages de différens Auteurs , de ceque nos diiTeclîons nous ont fait découvrit* dans la Phyfiologie. J'ai compté par ce moyen éviter quelques corrections, quelques additions ôc les changemens néceflaires à Tordre que Boerhaa VE setoit prefcrit, èc qu*ain(î j'abrégerois votre te ms ôc lé mien. Ce Traité a audî cela de commode, que certaines chofes y font expofées plus exacte- ment que lorfque je le fais de vive voix. La crainte que j'ai toujours eue 'de m'éloigner de ce que mon Maître & d'autres que je refpe£te, ont dit, jn'a fait rapporter dans mon premier Ouvrage des chofes autrement que le^ DE V AUTEUR, &c. ix obfei varions réitérées pluiîcurs fois depuis lur le corps humain , me les ont apprifcs. On aura peut-être à m'ob- r jecler que cet Ouvrage efl: puremenc anaton'iiqiie* maisia Phyfiologie n'eft- elle pasi'Anatcmie animée ? J'efpérois être un peu plus coure. Je me fuis trompé. J'ai appris qu^on ne pouvoit fans s'étendre , dire beaucoup fur tant de chofes. Quoique j*aie paffé fous {ilence l'Hilloire de la Médecine 6c diilércntcs cqnrroverfes, que j'aie renfermé *mcsdcfcriptions dans des limites les plus étroites , cela m'a ce- pendant conduit forcloin ; j*ai étdplus long que ne permettent les bornes du Sémeftre qui nous (ont prefcrites. C'eft maleré moi , c'cft contre tous mes efforts que cela eft arrivé. J ef- père que vous ferez alTez équitables pour m'en excufer. Fortifiez- vous donc , vous dont une grande partie font de prudens Médecins ; fortifiez- vous pour le bonheur du Public ôC pour le vôtre ; bonheur que vous ne pouvez efpérer que par la confcience intime de vçs bonnes actions. ERRATA. Première Partie, AGE 3 5 , ligne 3, au-dc(îoas , l'ije^ aa-fleflus. Pag- 5 5", lig. l^ , démontre, /i/^ démontrent. Pag. 104 , lig. 6 , cou , lif, col. Pag. 105 , lig 8 , mcfocolon, liC méfocolon. Pag. 119, lig. 6 , trônes , ///. troncs. Pûg. 1 3i , lig. 3 i , excrelîence morbiqne. , lif. cxcroiilance morbiiiquc. Pag. 147 , lig. li , glutcnnc , lif, gluten. Pag. î6S , lig. I , poulmon , lif. poumon. Pag. ioy , lig. 30 , giclé,///] grêle, Pag. 20? ., lig z8, occipicaltantérieur , /i/T occipital antérieur. Pag. m , lig. zo , la, lif le Pag. ii6, lig. 13 , oint, lif. joint. Pag. ±^6 , iig. 11 jtroufTeux , /i/! troufïeaux. Seconde Partie, Page 56 , ligne 11 , des life^ de Ptzo-. 131, li^. 13 , foulées, ///] faoulées. /'rf^. 145 ^ lig. 3 3 j crrtueux , ///. tortueux. ELEMENS É L É M EN S PHYSIOL O GIF. CHAPITRE PREMIER, De la Fibre, T I.JL-/ES parties les plus fimples du corps humain font fluides ou folides. Les fluides, étant de nature différente , nous en parlerons lorfque l'occalion s'en préfentera. Les folides, qui font les plus fîmples , & le véritable fon- dement du corps 5 précéderont l'iiiftoire des autres parties. IL Les parties folides , tant des animaux que des végétaux, ont cela de commun dans leur flrudure , que les plus petits élémens de ces parties , découverts à l'aide du microfcope ^ font ou fibre ou maflTe inorganifée. /. Pan. A* 2 ÈléMENS III. La Fibre , en général, rep réfente une ligne^qui a peu de largeur, ou plutôt un petit cylindre. Ses particules les plus fixes font terreftres, comme on le découvre lorfqu'on l'a brûlée , ou qu'on l'a expofée à une longue pourriture. IV. Les particules terreftres de la fibre n'ont pas en elles-mêmes le lien ni la force de cohé- lion qui les unit , ôc elles ne font incorporées qu'au moyen du gluten, c'eft-à-dire,d'un fuc gluant qui fe place entre elles, c'eft ce que nous avons fait voir (n*^. III.) & ce que confirme l'expérience facile par laquelle lecheveubrûlé, mais dont les particules font encore cohéren- tes, recouvre quelque confiftance, fi on le trem- pe dans l'eau ou dans l'huile. C'eft ce que dé- montrent encore l'yvoire & les os, dont le léfidu devient friable , après l'extraction des fucs gélatineux , &c l'action dutems fur les es, qui les convertit en une vraie terre poreufe ôc avide d'eau. V. L'analyfe chymique des os & des che- veux , la gelée tirée des os , de l'yvoire Se des cornes , la nature des alimens , font voir que ce gluten eft compofé d'eau & d'huile , mêlées & unies enfemble pendant la vie. Il n'eft dans les corps animés que ce gluten qui puifie unir plus intimement leurs élémens les uns avec les autres. VI. La Fibre la plus petite , ou la Fibre Jimple^teViQ que la raifon^ plutôt que les fens, nous la fait appercevoir , eft compofée des mol écules terreftres, cohérentes en longueur, ^ liées les iines avec les autres par \q gluten. DE Physiologie. j 'VIL Les Fibres compofées qui le préfentenc naturellement dans le corps des animaux , y paroififent fous deux formes différentes. VIIL Les fibres de la première efpéce font linéaires^ c'eft- à-dire, ont la longeur dans un, très-grand rapport avec la largeur. Les fibrilles élémentaires dont ces fibres font compofées ^ font en ligne droite , & ordinairement paral- lèles avec les fibrilles voifines. Nous avons des 'exemples de ces fibres dans les os , & on les découvre très-facilement dans ceux du fœ- tus , dans les tendons , dans les ligamens & dans les mufcles. Nous avertiffons donc , une fois pour toutes , que l'on ne peut découvrir les fibres les plus petites 5 mais feulement celles qui font compofées de plus petites, & que les fibres compofées lont néanmoins femblables aux fibres fîmples. Les expériences que Mwis & Leuwenhoeck ont faites à l'aide du microf- cope , prouvent que les plus petites fibres muf- culaires font femblables aux grandes, & li- néaires de même que ces grandes. IX. Il y a une autre efpéce de fibres com^ pofées. Ces fibres font fouvent plus larges que' longues. C'efl à cette efpéce de fibres qu'on a donné le nom de Tissu cellulaire \ mais le nom de tiffu lui eft peu convenable. X. Le Tissu cellulaire eft compofé en partie de fibrilles , & en partie d'un nombre-infini de peti-tes lames , qui par leur diredion diffé- rente entrecoupent de petits efpaces , forment de petites aires , uniffent toutes les parties du corps humain , & font la fondion d'ua lieu large & ferme , fans priver les parties de leur Aij _4 E L i >vl E N s mobiliré. Au refte il y a une grande diverfîté dans ce tiflu , à raifon du folide aux aires, eu égard à fa largeur , à la fermeté de ies lames & à la nature du liquide plus ou moins aqueux 5 plus ou moins huileux , placé entre ces ftîèmes lames. XL Lorfque les petites lames de ce tiiTu s'uniffènt fortement , de font comprimées par l'aétion des mufcles & du liquide qui les étend , ou par toute autre caufe , ce tilîu ain(i ten^ forcé formée alors dans le corps humain des plans larges. Si ces plans font plus ou moins çn ligne droite , on les nomme membranes ; s'ils forment des cpnes ou des cylindres qui foient remplis de fluides qui y circulent , on leur donne le nom de vaisseaux : enfin s'ils environnent par des plans parallèles un el- pace quelconque , on les appelle gaines ou MEMBRANES prçpres, L'infpedion feule faiç vcfir que ces membranes font produites par le tifTu cellulaire , fur^-tout dans l'aorte & la dure-mere , après les avoir fait macérer ; la membrane propre des mufcles fi évidemment cellulaire Se femblable aux autres membranes y le péricarde qui dégénère dans les membranes cellulaires des grands vaiflTeaux du cœur , les membranes épaifles ôc dures qui fe formenç dans les tumeurs enkyftées ( dont le fiége eft uniquement dans le tiflu cellulaire), la dé-^ compofltion facile du Dartos , & de la mem- brane nerveufe des intefl:ins après les avoir foufllés , en fourniflent autant de preuves. XII. Les vâifleaux , qui colorent les mem- branes , ne font qu'un acceffoirç du tiffu cel- ©£ Physiologie. 5 lulaire , ne conftituent point la nature de la membrane , &c ne font que furajoiités à la membrane formée par le tiiïu cellulaire j en effet il refte dans les petites aires du réfeau que forment les vaiflfeaux des inteftins même gonflés d'injeclion , une membrane blanche , cellulaire, dont letendue furpaffe de beau- coup celle des vaiffeaux, lors même qu'ex- traordinairement dilatés, ils occupent une plus grande partie de l'efpace du réfeau. Je ne connois aucune membrane qui foitcompofée de fibres qui fe croifent, à moins qu'on ne regarde les fibres ligamenteufes & tendineu- ses comme des membranes, quoique ces fi- bres ne foient qu'étendues fur une vraie mem- brane* XIII. Ce tififu cellulaire s'obferve dans le corps humain, par-tout où il y a des vailTeaux ou des mufcles \ je dis par-tout, & je ne con- nois en effet aucun endroit qu'on en puifïe excepter. XIV. Ce ne font pas là les feuls élémens (n°. IL) des parties folides du corps humain ; il en eft encore un qui n'a la figure ni de fibre , ni de lame cellulaire : c'eft un g/uten épanché & épaiflî, non en fibres, mais dans les efpacôs que les fibres laiffent entr'elles. On le voit clairement dans les os dont les fibres très-diftindes dans le fœtus , font fépa- rées par les vaifleaux qui parcourent les efpar ces qu'elles laiffent entr'elles ; le crâne même alors a par-tout la figure d'un peigne : cette ftrudure eft tellement changée dans l'adulte, que le fuc qui s'épanche entre les interftices Aiij 6 Élembns de ces fibres , s'y incorpore , & forme avec elles des lames. XV. La Nature paroît même avoir d'abord formé les premières fibres (n*^. III.) de cette colle ou de ce gluten. Les fibres cellulaires formées dans la poitrine par la concrétion de la vapeur de la plèvre, ou par du pus épaifîî 5 qui font adhérer la furface des pou- mons à la plèvre , & qui relfemblent parfai- tement au véritable tiflu cellulaire, font voir que c'eft ainfi que ce tilTu a été produit. La comparaifbn du fœtus à l'adulte nous fait voir la même chofe ; en effet dans le fœtus une humeur purement gélatineufe , fituée entre la peau & les mufcles qui onr alors plus de con- nftence , occupe la place des cellules fou- cutanées qui font les plus grandes de toutes les cellules dans l'adulte. Le placenta du fang, la membrane fanguine de Ruisch, la mem- brane muqueufe d'ALBiNus , le polype , la foie 5 la colle , &c. font affez voir que c*eft ainfi que la nature conftruit ces fibres. Les maladies dans lefquelles les os les plus durs , leur fuc gluant étant devenu liquide , rede- viennent cartilage , chair ôc gelée , prouvent que les fibres oifeufes ne font formées que par le gluten qui devient compad. On réduit de même en gelée ks os de poifibn & ceux de tou5 les autres animaux, dans la machine de Papin. XVI. Il paroît donc qu'un peu de terre mêlée avec une eau albumineufe , s'eft d'abord , au moyen de quelque prefiion dont nous omet- tons ici la caufe , formée en filamens : que diPhysiologie^ 7 ces fikmens fe font attachés les uns aux autres par une attraâion mutuelle , en laKTant en- core entr'eux des efpaces pour former le tifTu cellulaire ; qu'ils ont acquis quelque confii- tance , & cela en conféquence de ce que leurs molécules terreftres fe font approchées les unes des autres à la fuite de Tévaporation de la partie la plus fluide du gluten \ que par- tout où les lames de ce tilTu ont été expofées à une plus grande preflîon, ce tilTu s'eft changé en fibres , en membranes , & enfin en os au moyeu du ^//^re/2 inorganifé (n°. XIV.) \ qu'en général les parties les plus molles , comme les plus dures ne différent en rien dans le corps humain , finon en ce que celles qui font dures 5 font compofées d'une plus grande quan- tité d^élémens terreftres , que ces élémens font plus rapprochés les uns des autres, & qu'il s'y trouve moins de gluten aqueux ; & qu'au contraire dans les molles , il y a moins de particules terreftres ^ & plus de gluten, CHAPITRE IL Du Tijju cellulaire & de la Graîffe, XVI I. J_j I Tissu cellulaire eft compofé de fibres & de lames, toutes folides {n°.X.) , fans cavités, & qui ne font point vafculeufes, quoique ce tiffu foit coloré par les vaif- feaux qui s'y diftribuent. Voici quelles font les variétés principales. Dans un endroit il eft Aiv t Élemïns lâche 5 compofé de lames longues Se diftantes les unes des autres y dans un autre il eft min- ce, & compofé de fibres courtes y il eft très- court entre la fclérotique & la choroïde, entre Ja membrane arachnoïde du cerveau & la pie-mere y délicat , mais cependant plus fen- éble, entre chacune des membranes des intef- lins , de l'eftomac , de la vefîîe y des uretères^ dans le poumon il forme véiicules. Celui qui fous le nom de gaine fuit la diftribution des vaifTeaux dans les vifceres , & fur-tout dans le foie & dans les poumons , eft encore com- pofé de filets plus longs. Son ufage principal eft de réunir les membranes ^ les fibres voi- fines, en leur laiflTant toutefois la liberté de fe mouvoir fuivant leur diftribution. Ce tiffii cellulaire dont nous avons jufqu ici parlé , ne contient prefque jamais de graifte , & il eft arrofé par une vapeur aqueufe , gluante ôc grallfeufe, qui s'exhale des artères , & qui eft reprife par les veines j c eft ce que font voir les injections d'eau , de coHe de poiftbn , d'huile , dans toutes les parties du corps : cette vapeur une fois détruite, les fibrilles fe réunifient , les membranes voifines fe con- iblident & perdent leur mouvement. XVIII. Le tiffu cellulaire qui fépare les libres mufculaires , & les diftingue jufques dans leurs derniers élémenis ; celui qui accom- pagne librement les vaifteaux êc les unit ; celui qui fe trouve dans les cavités des os , & qui eft compofé pareillement de lames ofteu- ies & membraneufes , eft plus lâche , & paroît plutôt eompofé de petites lames que de £- dePhysiologib. «; bres j enfin le tiiTu cellalaire placé fur la fu- perficie du corps, entre les muJfcles ôc la peau, eft le plus lâche. XIX. Lqs petites aires vuides de ce tifïu cellulaire (n^. XVIIl. ) , font prefque d'abord toutes remplies dans le foetus d'une humeur gluante ; à mefure que le corps croit , elles fe remplilTent d'une graifTe grumeleufe , qui enfin fe réunit en maflTe ; c'eft- à-dire, d'un liquide infîpide , inflammable , qui expofé à J'air froid , prend quelque confiftance , &c le coagule plus aux environs des reins , ôc dans les animaux qui vivent de végétaux, & moins dans d'autres parties , Ôc dans les animaux qui vivent de chairs, dans iefquels ce liquide , pendant leur vie , approche plus de la nature du fluide. Ce liquide contient un fel acide 5 &c un fel lixiviel volatil joints â l'huile. XX. Les vaifleaux fanguins rampent de fe divifent par-tout dans ce tiflii cellulaire , ôc les extrémités des artérielles y dépofent de la graiiTe qui eft repompée par les veines. Ce chemin des artères aux cellules adipeufes eft fi proche & fi facile , qu'il eft néceflaire qu'il y ait là de plus grandes. ouvertures par où le mercure , l'air , l'eau , le gluten Ôc l'huile , qui dans l'animal vivant pafl^ent len- tement , puifTent être introduits. Cette graiffe ne fe fépare point à travers quelque long con- duit particulier , mais elle découle de toute part dans toute la longueur de l'artère j de forte qu'il ne fe trouve aucune partie du tiffu . cellulaire qui l'environne, qui ne foit humec- lée , lorfqu'oji remplit une artère d'eau. La. A V lO É L i ME N S graifTe fe fépare afTez vite , çc^nme on peut robferver dans rembonpoinr qu'on reprend en peu de tems après les maladies aigucs. XXI. Mais nous fçavons qu'elle eft repom- pée par^ les veines pendant les grands exer- cices , il propres à diminuer la graifTe , fur- tout dans les animaux trop gras , & pendant les fièvres qui confument la graifTe. La gué- rifon de l'hydropifie , dans laquelle l'eau ré- pandue dans le tifTu cellulaire Tort par le canal des inteflins , comme fi elle en avoit été re- pompée 5 & enfin l'écoulement qui Te Tait à travers la veine après qu on Ta injedée d'huile ou d'eau, indiquent aîTez comment la graifTe pafTe dans les veines. Les nerfs Te diflribuent- ils dans les cellules adipeufes ? Il efl certain qu'ils y pafTent & qu'ils s'y diflribuent par-tout en des filamens Ci petits , qu'il n'efl pas poili- ble de les y Tuivre dans la difTedtion ; c'efl pourquoi la graifTe efl inTenfible , & d'une nature non- irritable. XXII. Les intervalles des lames dû tifTu cellulaire Tont ouverts de tous corés , & les cellules communiquent tontes les unes avec les autres dans toutes les parties du corps. Cefl ce que nous font voir les Bouchers, qui 5 en infinuant de Tair par une ouverture faite à la peau , la bourfouflent dans toute l'étendue du corps, c'eft ce qu'on voit arriver dans l'emphyfeme , dans lequel l'air introduit par les crevafTes de la peau , Se après y avoir cté arrêté, occafionne un gonflement général dans toute la circonférence du corps ; & enfin , c'eft ce qu'on obferve dans les maladies dans DE Physiologie. ii lefquelles tout ce tiiru cellulaire eft rempli d'eau. Le hafard qui nous a fait voir que l'aie s'eft introduit dans l'humeur vitiée même de l'œil , à la fuite d'un emphyfeme , la mala- die daes laquelle l'humeur gluante de Thy-» dropifie s'eft répandue dans les corps caver- neux de la verge , démontrent qu'aucune par- tie de ce tiÊTu n'en eft exceptée. XXIII. On reconnoîtra l'importance de ce tiftu , il l'on fait attention que c'eft de lui que dépend la fermeté & la folidiié naturelle de toutes les artères , des nerfs , des fibres muf-* culaires , & par conféquent celle des chairs 8c dQS vifceres qui en font çompofés ; bien plus , la configuration des parties , les plis , les cel- lules , les courbures dépendent du tiftu cel- lulaire, plus lâche dans certaines parties, 6c ^plus ferré dans d'autres. Il compofe tous les vifceres , les mufcles , les glandes j les liga- mens Ôc les capfules , de concert avec les vaif- feaux , les nerfs , les fibres mufculaires & ten- dineufes , dans la compofition defquels il entre néanmoins en grande partie. En effet, il eft conftant que c'eft au tilTu cellulaire feul , _c eft- à-dire, à fa différente longueur , à fon plus ou moins de tenfion , à fa plus ou moins grande quantité , & à fa proportion , qu'on doit rapporter la diverfité des glandes &c des vifceres Enfin la plus grande partie du corps en eft formée, puifque le corps n'eft pas entié- lement compofé de ces filets cellulaires. XXIV. La graifTe a différens ufages. Elle facilite le mouvement des mufcles, elle en diminue le frottement , elle les empêche de A iv 12 ^ ^ É t i M E K S devenir roides , elle lemplit l'efpace qui fe trouve entre les mufcles ôc les parties voifînes des vifceres , de forte qu'elle cède lorfquils font en mouvement , Ôc qu elle foutient les parties qui font dans l'inaârion j elle accom- pagne les vailTeaux & les garantit ^ elle étend également la peau , elle lui fert de couffinec ôc l'embellit ; peut-être même fe mêle-t-elle avec les autres liqueurs , pour tempérer leur acrimonie. EUe eft la principale matière de la. bile. Elle fuinte des os à travers leurs cou- ches cartilagineufes , ôc fe mcle avec la fy- novie y elle s'exhale du méfentere , du méfo- colon^de l'épiploon , autour des reins. Elle- enduit pendant la vie la fuperiîcie des vifceres- d'une v^apeur molle ; & enfin <, en fuintant entre les parties , elle les empêche de fe coller enfemble. XXV. Pendant le fommerl , dans le tems- ue l'efprit & le corps font en repos, la graifTe e dépofe dans les cellules, & lorfqu'elle y eft en trop grande quantité , elle devient nuifî- ble, parce qu'elle comprime les veines, qu'elle lefifte au cœur, qu'elle rend fujet à" l'afthme ,. à l'apoplexie Se à l'hydropifie. Cette graifTe eft repompée dans les veines^, èc portée rapide- rnent par les artères. Un grand mouvement^ Jes veilles, l'inquiétude, la falivation , la iiévre, la font pafTer par les pores excréteurs y Se fi elle rentre dans le fang , elle augmente les maladies aiguës , elle teint les urines , de forme unp grande partie de leur fédiment ; cpuifée en peu de rems , elle fe renouvelle bientôt avec les bonnes humeurs. Dans les l DE P Hf y S ï O L 6 ô I E. ï^ cerps languifTans , les cellules , au lieu de graiflTe ^ ne font remplies que d'humeurs géla- tineufes ; c'eft-là ce qui produit Tanafarque , rhydropiiie ôc l'hydrocèle extérieur* CHAPITRE III. jDês Artères & des Veines^ XXVI. J_j E s Artères confîdérées toutes en- femble , ont des rapports en plufîeurs chofes. Ce font des vaiiTeaux d^une figure de cônes- allonges, qui vont en décroifTant à mefure qu'ils fe ramifient^ il n^n eft pas de même lorfque les artères parcourent quelque efpaee fans jetter ^qs rameaux , leurs parois ne s'ap- prochent pas il fenfiblement , elles devien- nent même peu â-peu cylindriques , ou leur diamètre ne diminue qu'imperceptiblement dans les rameaux capillaires , & dans tous ceux dont l'orifice n'admet qu'un globule à la fois. Lorfqu'une artère eft remplie , elle eft circulaire dans route fon étendue. Elles onc routes la bafe commune de leur cône dans l'un & l'autre ventricule du cœur. Le fommet diî cône eft , ou dans le principe des veines , ou dan^ celui de la partie cylindrique de Fartera , ou dans un vaifTeau exhalant. Ces vaifteaux paroiflenc fe dilater dans certains endroits , &ils deviennent certainement plus gros , lorf- qu'ils font remplis & diftendus par une injee- âen de cire , peut-être cela vieni-il du Païen- T4 Élémens tiftement que fouffre rinjedion qui alors di- late cette partie de l artère davantage que tout le refte de fa longueur ^ nous en avons des exemples dans lartere vertébrale au-delTous du crânes dans l'artère fplénique, dans la courbure des carotides , fuivant les expérien- ces de Cowper , &, fi je ne me trompe j dans les artères fpermatiques. XXVIÏ. La MEMBRANE cxtcmc des artères , n'eft pas une membrane qui leur foit propre , & qu'elles confervent par-tout. La feule mem- brane externe de ces vaifTeaux vient de la plèvre qui les couvre dans la poitrine , du péritoine dans le bas - ventre. Quelque tifTu cellulaire plus épais, environne extérieure- ment les artères du col , du bras, de la cuiffè. Le péricarde qui embrafîié l'aorte de tous côtés, & qui fe répand fur le coeur avec ces vaif- feaux, difparoît peu après en fe confondant avec le tiifa cellulaire. La dure-mere fournit une gaine à la carotide à fon pafTage dans le crâne par fon conduit. Sa première & la vraie membrane extérieure de toutes les artères eft donc par- tout cellulaire , & adipeufe dans quelques endroits ,• comme dans le thorax. XXVIII. Ce tiiïu cellulaire eft plus lâche dans fa furface externe. Il eft coloré d'une infinité d'artérioles & de petites veines , & traverfé de nerfs aftez fenfibles. Il eft dans quelques endroits fi abondant , que les cou- ches extérieures ne paroiflfent pas appartenir a l'artère , & qu'il eft comme une autre mem- brane qui fe joint à celle t-»-? lartere \ c'eft là ce qu'on remarque dans les ancres da col. DE Physiologie. if dans les artères inguinales , dans les fous- çlavieres , dans les méfentériques , dans les cœliaques , dans les hépatiques. Ce font là les guaînes des artères que de grands hommesfonc Qbfervées. XXIX. Plus ce' tîlTu cellulaire eft intérieur 6t proche de la cavité de l'artère , plus il eft denfe , folide & ferré. La macération fait voir que ce qu'on appelle la membrane tendineufe de l'artère , ne diffère en rien de la cellulaire, puifque les couches intérieures de cette mem* t>râne deviennent cellulaires. XXX. La partie de l'artère la plus intérieure & la plus proche de fa cavité , eft compofée en général de fibres prefque circulaires ^ car on doit obferver qu'il n'y a aucune fibre qui foit entièrement circulaire 5 mais queplufieurs réunies par leur extrémité repliée fur le côté , paroitfent former un anneau. Ces fibres, dans les plus gros troncs , font compofées de plu- jfieurs couches fenfibles par leur couleur rou- geâtre & leur folidité ; plus les vaiffeaux de- viennent petits, & plus elles font difficiles à découvrir. Sous cette membrane on en ^re- marque une autre cellulaire plus difficile à démontrer, dans laquelle s'épanchent les con- crétions plâtreufes , lorfque Tartere s'oiîifie. XXXI. La membrane intérieure de l'artère eft unie & polie par le courant du fang \ elle rêvet par-tout les fibres charnues qui d'elles- mêmes ne font pas aflez continues , & empê- che que le fang ne s'infinue dans les efpaces qu'elles laiftent entr'elles. Elfe eft polie par- tout ôc fans valvules ^ quoiquon Voie quel- ié ^ É L é M E N s 4ues plis dans certains endroits], vers l'origine des rameaux , où les loix méchaniques les exigent néceflfairement ; c'eft-là ce qu on ob- ferve dans les rameaux qui fortent de l'arcade de l'aorte. Cette membrane eft plus molle , lâche 5 ridée dans les artères des vifceres , 3c elle eft prefque friable dans le conduit artériel. XXXII. Les artères ont aufïi leurs artères , êc on les remarque fur-tout dans la fuperiicie externe de leur membrane cellulaire j elles y viennent de part ôc d'autre de petits troncs artériels voiiîns qui y font en grand nombre, fe ramifient êc y forment des réfeaux. Elles font toutes fort petites , & on les découvre en plus grand nombre dans le fœtus , même fans le fecours de l'injection. Les nerfs def- cendent dans toute la longueur de la fuper- ficie de l'arrere ôc fe perdent dans la mem- brane cellulaire , comme on le remarque dans , la carotide interne & externe , & dans l'ar- cade de l'aorte. L'artère ne tient-elle point de là une force contraciile & Jpafiique ^ différente de fa fimple élafticité ? Les fièvres & les dé- faillances, la paralyfie avec atrophie, les affec- tions de l'ame, ne prouvent-elles pas quel- que chofe de femblable ? mais l'artère eft in- fenfible , & n'a point d'irritabilité remar- quable. XXXÏII. Les artères coupées par un plant perpendiculaire à l'axe de leur diredion , préfentent un orifice rond, puifqu'elles font claftiques. C'eft la pourquoi les hémorragies des petites artères, même des dents , devien- »em mortelles. Il eft vrai que l'aorte dans la Di Physiologii. 17 poitrine 5c dans le bas-ventre , la carotide au col 5 & d'autres artères dans le cadavre , pa- roifTent applanies lorfquelles ne font pas dilatées , cependant l'injeélion les rétablit dans leur état naturel de rondeur. Bien plus , l'artère abandonnée à elle-même comprime fortement par fon refîbrt le doigt qu'on y introduit dans l'animal vivant. Elle cède à l'effort du cœur j mais bientôt le cœur fe relâchant y elle fe contracte , & elle reprend fon premier diamètre ; c'eft-U le pouls j donc l'explication complette foppofe l'hiftoire du cœur. Qu'il fuffife donc pour le préfent de dire que toutes les artères battent , quoique le mouvement dévoie ôc àe dhijlole, fifen- fible dans les grandes artères , ne le foit point dans les petites ; les pulfations font néan- moins très-fortes dans les plus petites , lorf- que le mouvement du fang eft un peu aug- menté , coititne dans rinflâmmation* XXXIV. Les artères ont allez de force , mais fi le tifTu épais êc dur de la membrane cellulaire externe refufe de fe prêter à la force qui les dilate, elles fe rompent facilement, Ôc prefque plus facilement que les membra- nes de la veine. C'eft - là une des caufes de l'anévryfme. Les membranes des troncs des artères font prefque par -tout plus foibles , proportion gardée, 8c celles des rameaux plus Fortes ; de forte que l'effort du fluide produit un plus grand effet fur les troncs , Se un moindre dans les extrémités. C'eft^encore là pourquoi les anévryfmes font plus ordinaires aux environs du cœur. La force des artères de ï8 É L E M E N s des veines eft plus grande vers les pieds. XXXV. La nature a mis par-tout les artères a couvert , parce que leur blefTure ne pouvoit être fans danger dans les plus petites , &c fans la perte de la vie dans les plus grandes. Plufîeurs petits troncs courts fe rendent à la peau. Les plus grands troncs couverts par la peau ôc les mufcles , rampent le long des os. XXXVL II part de chaque tronc artériel des rameaux qui fe divifent & fe fubdivifent en d'autres plus petits , dont on ne peut pref- que découvrir la fin. Les orifices de deux ra- meaux produits par un tronc , pris enfemble , font toujours plus grands que celui du tronc dans la raifon de i ai, à-peu-près , ou un peu moins. Tous les troncs s clargiffent au- delTous de leur divifion. Les angles fous lef- quels les rameaux fortent de leur tronc , font prefque toujours aigus , demi-droits, ou ap- prochant , angle fous lequel il eft démontre dans les mécaniques que les corps font poufTés plus loin. Nous avons cependant des exem- ples de rameaux qui fortent de leur tronc fous des .angles droits ou environ , tels que les artères lombaires &'les intercoftales. D'autres ïameaux font rétrogrades , telles font les ar- tères coronaires du cœur , les artères fpinales produites par les vertébrales , & des rameaux des artères brachiale & tibiale. Cependant la plupart des rameaux qui paroiffent rétrogra- des 5 forment dans leur origine un angle aigu avec le tronc qui les produit ; tels font l'ar- fere pharyngée afcendante , la palatine def- çendante , les ombilicales éc les mammaires» DE Physiologie. 19 Au refte , il eft plus fréquent de voir les grands rameaux fortir de leur tronc fous un angle plus petit , & les plus petits fous de plus grands angles. On voit rarement deux grandes artères concourir enfemble pour ne former qu'un feul tronc j on en a néanmoins un exemple dans l'artère bafilaire formée par le concours de deux vertébrales. Les artères forment encore des contours en diftérens en- droits 5 en forte qu elles femblent ramper au- tour d'une ligne droite ; cette difpofition eft particulièrement remarquable dans les parties dont le volume peut augmenter beaucoup, comme les gros inteftins , la matrice, la face, la rate. La divifîon en rameaux , plus larges que le tronc , diminue la vélocité du fang. Ainfî les grands angles des rameaux , avec leur tronc 5 la flexion répétée , font qu'une artère peut beaucoup s'allonger par une médiocre diftenfiop. XXXVII. Les artères communiquent très- fréquemment enfemble , par des rameaux intermédiaires. Une artère jette un rameau qui communique avec un femblable rameau que poufl^e l'artère voifine , ôc ces deux ra- meaux unis enfemble ne forment qu'un feul tronc ; c'eft la ce qui s'obferve dans les grands troncs des artères méfentériques , dans les moyens des artères émulgentes & utérines , ôcc, & par tout dans les plus petites , de fort$ qu'il n'y a aucune partie du corps dans laquelle les troncs artériels voifins , du même nom , ou qui en ont un différent, ne communiquent par des rameaux intermédiaires. On a dans 2© E L i M E N S l'œil lexemple d'un anneau formé par des artères divergentes fur les parties latérales , dC qui reviennent fur elles-mêmes. Les artères fe terminent par des artérioUes qui font cy- lindriques ou fort approchantes de cette fi- gure. Ces artériolles pouffent , proportion gardée , un plus grand nombre de rameaux dans la même longueur, & ces petits rameaux forment ordinairement un réfeau , parce que chaque rameau s'anaftomofe par des rameaux plus petits avec ceux qui l'approchent. C'eft-là ce qu'on voit dans toutes les membranes. Aa moyen de cette ftruéture, quoiqu'il y ait quel- que point d'oblèrudion ^ le fang peut arriver Î^ar toutes les artères voifines aux rameaux de 'artère obftruée ^ la gangrené ôc les engorge- mens arrivent plus difficilement ; les obftruc- tionsfedilîîpent avec moins de peine, le fluide étant repouifé vers le tronc le plus étendu. XXXVIII. Hnfîn, la plus petite artériolle fe termine ôc fe continue dans la plus petite veine ; la dernière artériolle , pour cet effet , ou fe réfléchit fur elle - même , pour former l'extrémité d'une veine au-defiTus de l'angle de réflexion , ou , fî 'elle fort à angle droit de l'artère qui l'a produite , elle fe termine dans le rameau veineux qu'elle rencontre fous le même angle. C'eft ce qu'on a obfervé à tra- vers le microfcope. Ces vai fléaux font de diamètre à recevoir tantôt un, tantôt plufleurs globules. XXXIX. On ne trouve point de pareils réfeaux dans les vifceres , mais on obferve dans les vaiffeaux de ces vifceres une ftruc* DE Physiologie. ii tare togxô-dijfferente : ce font des rameaux Jefbenâans tous enfemble parallèlement à leur tronc , & qui paroi ifent former des pin- ceaux, des ^rSrifleaux, d^s zigzags , des houpes ôc différentes figures , fuivant les dif- férentes fondions de chacun de ces vifceres. XL. Les artères fe terminent encore par des vaiiïeaux d'un plus petit genre , qui quel- quefois font continus aux artères , Ôc qui font eux-mêmes de véritables troncs , par rapport aux rameaux qu'ils produifent. Suivez l'artère ophtalmique , les artères qu'elle poulie à la choroïde , le cercle de l'uvée , les artères dé- colorées de l'iris , Ôc même les rameaux rou- ges de cette artère qui forment un réfeau dans la conjonctive , ôc vous y trouverez des exemples de cette terminaifon des artères, où les inflammations font voir que le réfeau de la conjondive, quoique tranfparent, eft néanmoins une continuité des artères. Ce qui le prouve encore , ce font la rougeur & le gonflement des parties relâchées par la vapeur êc la ventoufe, &c l'expérience queLiEBERKHUN a faite fur les grenouilles avec le microfcope, au moyen duquel il a vu les globules déco- lorés de l'artère rouge , pafler dans un vaif-* f^au latéral. Les conduits urinaires font auffî continus aux î»rteres rouges. Cette difpofîtion des artères faitaffezfentir comment la liqueur rouge eft facilement poufTée dans les plus pe- tits yailTeaux. X LI. Dans d'autres endroits, certains vaif- feaux plus petits paroiffent fortir latéralement des troncs de la plus petite artère rouge, com- 11 ^ L â. M E N s me des rameaux plus petits que le tronc. C'eft là le cas dans lequel les vaiifeaux excréteurs fe remplirent difficilement. Peut -on foup- çonner cette ftruéture dans la plupart des glandes &c des vifceres qui fervent aux fécré- tions, 3c par lefquels la liqueur pafTe avec plus de difficulté des artères dans les conduits excréteurs. XLII. Les artères fe terminent encore d'une autre façon , par un canal exhalant. C'eft ain(î qu'elles finilTent très-fréquemmei^t dans prefque toutes les parties du corps , dans la peau 5 dans les membranes qui ferment quel- que <:avité , dans les ventricules du cerveau , dans les deux chambres de l'œil , dans les cellules adipeufes Ôc les véficules pulmonaires. La cavité de l'eftomac , celle des inteftins , Se de la trachée artère, font remplies de ces artères exhalantes : l'humeur que ces artères exha- lent eft fine, aqueufe , gélatineufe ^ 6c par fon féjour , fa congeftion , fon abondance , elle fe change en une lymphe aqueufe , qui peut fe coaguler dans les maladies ou après la mort. La fueur aqueufe qu'on imite fi fa- cilement , en remplilTant les artères , en eft une preuve. Le fang même , au lieu de cette vapeur fine , s'extravafe naturellement dans certaines parties , comme dans le cœur , dans les cellules de la verge , de l'uréthre , du cli- toris , des papilles des mammelles des fem- mes. Toute fécrérion qui fe fait dans les glan- des ou dans les cryptes n'a-t-elle pas quelque affinité avec ce qui fe paiTe dans les vaiffeaux exhalants ? -\ DE Physiologie. i^ XLIII. Tous les vaiffeaux dans le corps hu- main j produits par les rouges, mais qui cha- rient une humeur plus fine que le fang , pro- duifent-ils d'autres canaux qui donnent naif- fance à de plus petits encore ? Ce nouveau fyftême de vaiiFeaux, tel que de grands hom- mes l'ont propofé , paroît n'être pas fans exemples. Il eft très-probable qu'une vapeur aqueufe eft^fèp^rée des petits vaifTeaux que pouifent les artères décolorées de l'iris ; il eft prefque certain que les vaifTeaux rouges de la fubftance corticale féparent , par le moyen d'un autre genre de vaiifeaux, le liquide qui coule dans la fubftance médullaire. L'éréfi- pele , ou l'inflammation produite par les glo- bules jaunes , engagés dans les plus petits vaifTeaux jaunes, préfentent la même idée. XLIV. Ya-t-ilen conféquence àcs vaifTeaux artériels jaunes du fécond genre , qui produi- fént les vaifTeaux lymphatiques du troifiéme genre , defquels naifTent par degrés les vaif- Teaux d'un plus petit genre ? Le pafTagefacile du fang j du mercure, de la cire dans les vaifTeaux exhalans , tranfpirans , adipeux , urinaires dans les cellules du poumon ; la facilité afTez grande avec laquelle le fang pafTe dans les vaifTeaux labiés , lymphatiques, la- crymaux, où il ne paroît pas qu'il dut pafTer, s'il avoit à traverfer quelqu'autre fyftême de vaifTeaux intermédiaires, d'un moindre dia- mètre que ces globules , font contraires â cette opinion : d'ailleurs lerallentifTement du liquide, dans les vaifTeaux du troifiéme genre qui deviendroic continuellement plus grand i4 Élémens dans les plus petits , empêche d'adopter ce feiitiment, XLV. Les veines refTemblent aux artères en pluiieurs points. Elles ont comme elles leur bafe au cœur , leur fommet à l'extrémité de- ,^ chaque rameau dans toute la circonférence du corps. Le foie feul fournit un exemple d'uae difpoiition différente. Elles accompa- gnent aulii les artères , leur font parallèles & adolfées dans plufieurs parties , mais elles différent en bien des chofes. XLVL Les Veines font minces , unies par- tout , difficiles à féparer en plufieurs mem- branes , & on y remarque peu d'endroits oii on puilTe faire voir des fibres mufculaires. Quoiqu'elles foient minces , elles onc cepen- dant aifez de folidité, & elîes ne crèvent pas facilement lorfqu'elles font gonflées d'air. Plu- fîeurs exemples nous confirment qu'elles font plus fermes que les artères , fi on veut en croire les expériences qu'on a faites à cefujer. Elles fe rompent cependant plus fréquemment pendant là vie, comme il eft prouvé par des maladies des jambes 5 des bras Se du vifage* Elles ne fe foutie-nnent pas , lorfqu'elles font coupées , mais elles s'afFaiiTent, ôc l'ouverture qu'elles préfentent eft comme une fente , fi ce n'efl: lorfqu'elles font foutenues par quelque tiffu cellulaire plus ferme qui les environne, comme on le voit dans le foie, dans la matrice. Elles font médiocrement irritables ; & fi on les ftimule avec quelque préparation chymique , ©lies fe refferrent plus (jue les artères Elles ne battent DE Physiologie. iç barrent poinc, fi ce ii'eft ioifqu'il s'y fait obf- trucbion , ou dans les moribons , lorfque le iang eft poLiiré de l'oreillette droite du coeur dans les veines caves. XL VII. Les veines font plus amples que les artères j leurs diamètres font doubles , triples Se prefquè quadruples vers le iîége des vaif- feaiix des reins Se dans les vailTeaux des reins. Elles différent par- tout dans leur divifion^. elles ont des troncs plus nombreux : on ea trouve fouvent deux dans les extrémités , pour une artère. Les grands rameaux des veines font plus entrelacés Se s'anaftomo- fent plus fréquemment Se plus visiblement , Se cetre anaftomofe a lieu , non - feulement entre les petits , mais même entre les grands vaiiTeaux , entre les veines voifines, entre les droites Se les gauches , les fupérieures Se les inférieures. Elles parcourent particulièrement la fuperficie du corps , Se les cutanées fe por- tent au loin fur le col , la tête Se les extrémi- tés, ce que font très - rarement les artères dont elles s'éloignent par cette difpofition. Les veines fuivent alors la fuperficie fans êtra- accompagnées de l'artère qui s'enfonce avec quelque petit rameau de veines. Les veines Se les artères marchent ordinairement réunies dans les plus petits rameaux, dans les réfeaux membraneux Se dans la ftrudure interne des vifceres. Elles font ordinairement moins tor- îueufes. XLVIII. Les veines tirent, comme nous Ta- vons dit , leur origine des artères. Continues avec elles , elles partent des plus petites par des IPart, B I 2(> E L E M E N S rameaux qui s'y infèrent, & qui leur donnent nailfance en fe réfléchifTanr.Ceîles qui viennent des veines des plus petits genres , ou leur font continues, ou font leurs racines , ou des canaux acceiïbires, comme on le voit dans lesvaif- feaux lymphatiques & le canal thorachique. D'autres prennent leur origine des veines ab- forbantes de toute la fuperficie du corps ou des cavités de l'œil , des mteftins , de la poi- trine 5 du péritoine , du péricarde , àt% ven- tricules du cerveau. C'eft pourquoi il eft facile d'imiter dans tout le corps humain le fuinte- ment des veines , au moyen d'une injedtion d'eau poulTée par leur tronc; de là vient la continuelle rofée d'eau , de gelée & d'huile de la veine porte dans la cavité des inteftins \ mais cette vérité fera plus amplement expli- quée en fon lieu. XLIX. Les veines qui fortent de quelque membrane cellulaire font peu différentes , & elles rapportent dans la malfe du fang les eaux des hydropiques , la vapeur qui arrofe Tes parties , & la graifTe lorfqu'elle eft di (Toute ; elles reprennent le fang des cellules de la verge , du clitoris , des papilles mammaires, lorfque l'adion de ces parties eft calmée. Il eft probable que ces veines s'entrouvent dans toutes les glandes dans lefquelles une humeur fine , qui doit y être répompée, abandonne le refte de la mafte le plus épais , comme on î'obferve dans la bile, la femence &le mucus. L. Les expériences démontrent ^ue les vei- nes des moindres genres , de même que les artères, font femblables aux rouges. Tels font. DE P H Y S I OX O G I E. 17 par exemple , quelques troncs des veines de i'iris & de la conjonctive de l'œil , qui (ont tranfparens en fancé. Les plus grandes de tou- tes 5 les plus proches des rouges , & qui font plus vilibles que les petites artères , font appel- lées vaijjeaux lymphaùcju es. Nous ^n parlerons lorfqu'il fera queftion des veines lactées. LI. On obferve dans la plus grande partie du corps humain des veines remplies d'une liqueur rougeâtre , tirant fur le jaune , Se qui s'épaidit au feu , ou piefque rranfparentes , compofées d'une membrane tendre, irritables par les liqueurs acres , parfemées de valvules dans toute leur longueur, qui les font paroître pleines de nœuds lorfqu'eiles font gonflées j elles s'anaftomofenc infenfiblement les unes avec les autres , & elles aboutiffent toutes , ou du moins en grande partie , au canal thora- chique. Elles rencontrent dans leur route un genre particulier de glandes conglobées, elles y entrent, elles y font la fonction d artères par rapport à la convergence de leurs extrémités coniques , & elles s'y divifent en petits ra- meaux : elles en fortent pour fe raffembler dans d'autres petits troncs. On les a obfervées fur la fuperficie des vifceres du thorax & de l'abdomen , particulièrement dans les ani- maux ; dans la partie inférieure de la face , dans les mufcles de la langue Se aux environs ^ du col , à la partie des extrémités fupérieures la plus proche du tronc , jufqu'au plis du coude , dans toute la longueur du médiaftin antérieur & poftérieur , & par-tout où on a trouvé dos glandes -conglobées , dans le col & dans le Bij iS É L É M E N s thorax , dans toute la région lombaire conti- gue à l'aorte , dans le méiocolon , le badin , les vaifTeaux du teflicule , & à fa fuperhcie , dans les extrémités inférieures, en nn mot , par-tout où il fe trouve des glandes conglobées. Y en a-t-il dans d'autres parties? Trouve- t-on de /emblables vai(Teaux par-tout, & dans le cerveau, les yeux, les mains, les pieds, le dos, la. face antérieure du péritoine ? On n'a pas encore fait alTez d'expériences dans l'homme, ou du moins elles ne font pas en afifez grand nombre pour le certifier. On les rencontre par- tout fur la fuperficie des vifceres , Se aux envi- rons des vaifTeaux rouges de la grande efpèce. LII. Les valvules font deux à deux comme de petites voiles demi- circulaires , qui cèdent au liquide qui vient au grand tronc, & lailTent le paflTage libre en s'appliquant aux parois. Ces mêmes valvules, la liqueur refluant d'un canal plus large dans des canaux plus étroits ,. fe gonflent, s'étendent & bouchent le paflage. LUI. Ces valvules font en très-grand nom- bre dans les veines fanguines. Elles ,entrecou- pent un efpace vclairc avec les parois de la veine , dont la parois extérieure eft la veine elle-même , & l'interne efl; formée par la val- vule dont la convexité s'élève dans le tuyau de la veine. La bafe de l'efpace parabolique , ou l'entrée de la cavité valvulaire des veines, re- garde toujours le cœur. On en trouve dans toutes les veines foucutanées , dans celles des extrémités , dans les veines du col , de la face , de la langue , dans celles de la verge , à l'en- trée des grands rameaux, deux, trois, quatre. DE Physiologie. i^ jufqu'a cinq, Ôc une dans les rameaux les plus pecits. Il n'y en a aucune dans Jes veines des grands vifceres , dans celles du cerveau , du poulnion 5 du cœur, du foie, c^^ans tout le îyftême de la veine porte , des rfeins , de la matrice , a lexceptioii d'une ou deux qui fe trouvent dans la veine fpermatiqué j enfin il ne s'en trouve aucune dans les petites veines dont le diamètre n'a pas une ligi^e. On en trouve rarement dans Tazigos. Y en |i-t il dans l'embouchure des veines , du Foie , (jles reins ? J'y ai feulement remarqué quelques rides. LIV. Les valvules des plus petites veines font folitaires , oblongues , & forrqent partie d'une parabole plus étroite ^ elles font d'au- tant plus longues , que le rameaii eft plus petit, & elles paroilTent plus propres â s'op- pofer au reBux du fang. LV. L'afage commun de ces valvules eflde déterminer vers le cœur toute la preiîion , de quelque part que les veines la reçoivent , tan- dis qu'elles empêchent le fang , auffi-tôt qu'il a enfilé le tronc , de rétrograder dans leurs rameaux. En effet, les efpaces velaires étant ouverts en haut vers le cœur , le fang y entre ôc les étend ; ainfi la partie libre de ces val- vules qui s'élève vers l'ouverture de la veine s'approche de l'axe jufqu'a ce qu'elle rencontre fon oppofite ôc qu'elle ferme le tube. L'air qu'on y iniinue , la ligaturé Se l'injeâiion le prouvent. Et en effet , on ne fera jamais faci- lement entrer un liquide dans les veines à l'op- pofire de leurs valvules ; elles n'en bouchent pas d la vérité entièrement la capacité , mais ' . Biij 30 Élemens elles la ferment en grande partie. . LVI. Il paroît qu'un autre ufage des valvu- les eft de foutenir le poids du fang , d'empê- cher que la colonne fupérieure ne pefe fur l'inférieure , ôc que le fang qui monte par les troncs ne réfifte d celui qui s'élève par les ra- meaux ^ car s'il arrive que , par le mouvement ralenti du fang , fon poids ait un plus grand rapport au mouvement imprimé , Se que quelque partie de la colonne du fang com- mence à fe mouvoir en bas ; emportée par fon poids 5 la valvule la plus proche foutient cette colonne , Se en garantit celle qui doit la fuc- céder ; elle donne le tems à quelque mufcle voifin de venir par fes fecouifes à fon fecours. Se de faire avancer la colonne du fang. C'eft- là la raifon de la fituation des valvules dans les veines àes extrémités Se du col ; elles font dans ces endroits en plus grand nombre Se plus fortes qu'ailleurs. Ceft aulli là ce qui caufe ks varices , parce que le fang alors en- gagé dans les valvules les pouffe en bas , Se le$ oblige de defcendre Se de fe dilater. DE Physiologie. 31 CHAPITRE IV. Du mouvement du Sang dans les Artères & dans les Feincs 5 ou de la Circulatiou, LVII. L ES altères & les veines, que nous ve- nons de décrire , font remplies de fang ou de lymphe. Le fang ( de la nature duquel nous parlerons , lorfqu il s'agira des fécrétions ) eft rouge, & remplit les vaiflTeaux qu'on nomme vulgairement artères & veines, que nous ap- pelions ro/z^dj- ou du premier genre ^ Se qui ont leur origine au cœur. Le fang remplit ces vaif- féaux pendant la vie, de forte que tantôt il ne les étend que lâchement & imparfaitement, tantôt il les remplit très-fort & les gonfle. Les veines font très - remplies de fang après la mort , néanmoins les plus petites veines fe trouvent quelquefois remplies d'air , fur- tout long-tems après la mort. Les artères au con- traire ne contiennent ordinairement dans le cadavre qu'une petite quantité de fang. LVIIL Le fang circule rapidement dans tous les vaifleaux pendant la vie : ce qui le prouve, ce font les blefTures defquelles il s'écoule promptement jufqu'à la mort , autant de fang qu'il en faut pour la vie ^ & cela arrive pref- que fur le champ , lorfque de grandes artères font ouvertes *, quelquefois même l'ouverture des petites produit de fembiables accidens, Biv $1 Élimins qui font rarement la fuite de celle des veines, à moins qu'elles ne foient très-grandes. On a cependant des exemples d'hémorragies mor- telles à la fuite de l'ouverture de la veine an- gulaire de l'œil , de la ranine. Enfin les expé- liences qu'on a faites fur les animaux vivans , nous ont affez alTurés du grand mouvement du fang, fur-tout dans les artères. Lefangdansles grandes artères parcourt avec une très-grande viteiïe , dans la première minute , entre 74 & 149 pieds. Il fe meut au moins 2.0 fois plus lentement dans les plus petites. Le fang a dans les grandes veines un mouvement plus lent que dans les artères , à proportion que le dia- mètre des artères eft plus petit que celui des veines , ôc il l'eft prefque du double ou du triple. C'eft pourquoi une veine étant com- prniiée &c enfuite relâchée , le fang eft poulfé d'une valvule vers l'autre. LIX. Ce mouvement alfez uniforme dans les veines, eft alternativement plus grand dans les artères , de forte que tantôt le pouls s'é- lève , tantôt il s'abaifte. Cela eft feniible dans les animaux vivans. LX. Voici par quelles expériences on a dé- couvert la direction du mouvement du fang dans les vaiiïeaux fanguins. 1°. Il eft certani que les veines &c les artères communiquent cntr'elles, puifque tout le fang eft fouvent forti par l'ouverture d'une petite arrere , juf- qu'A caufer la mort Se la pâleur des chairs ; & ce fang n'eft pas feulement celui de la partie bledée , mais de tout le corps. On a vu ces uiftes accidens à la fuite de l'ouverture de DE Physiologie. 55 l'arrere interne des narines, des gencives , du doigr, des denrs , d'un pore cutané , du point lacrymal , de la plaie des ventoufes , de la morfure des fangfues. Il doit donc y avoir des voies par lefquelles le fang pafife continuelle- ment du ryllême des veines dans celui des artères. LXI. 1°. La ligature des artères fait voir que le fang coule du cœur fufques dans leurs ex- trémités. En effet , quelque artère que l'on puiflTe lier , elle fe gpnfle entre la ligature Se le cœur , elle s'affailîe entre fon autre extré- mité êc cette même ligature. Les artères trop éloignées du cœur ne battent point , ni ne laiifent point écouler le fang lorfqu'elles font ouvertes. La maladie 5 les tumeurs qui com- priment les vaiifeaux , l'anévrifme qui inter- rompt le mouvement du cœur , produifent le même effet que la ligature , ôc enfin tout ce qui peut' s'oppofer au cours du fang dans quelque artère que ce puiffe être. On en a fait des expériences fur la plupart des ;irteres. LXII. On n'a pas d'abord bien connu le mouvement du fang dans les veines , & toute l'antiquité a été perfuadée que le fang couloir du cœur dans les veines, ou certainemîit du foie dans toutes les parties. Il en eft peu qui aient fenti cette erreur ^ il eft bien vrai que plufieuis ont connu le pafîage du fang dans l'aitere pulmonaire , dans la veine du même nom , Servet , Colombus , Valverda , Jean Langius , Lembergius , Pigafetta , Arantius ,H. Conringius, Mercatus , PLAT£RyS , SpIGELIUS , C. HOFFMANN , ÔC Bv 54 É I i M E N s même Galien , Tont reconnu. Il en eft peu qui ayent eu connoiflance de cette circulation dans la veine cave : Cisalpin eft peut-être le feul 5 & Vesale dans un cas particulier extrêmement rare , & peut-être encore Hel- FRICUS DiETERICUS. LXIII. Les expériences d'HARVEY ne laif- fent plus aucun doute fur le mouvement du fang qui revient de routes les parties par les veines , & de là au cœur. Les valvules qui s'ob- fervent dans les veines, conduifent à cette vé- rité. Le foufïle , l'injeétion de cire , introduits par l'extrémité de la veine la plus petite & la plus éloignée, pafTent très-promptement dans le cœur. Ces valvules s'oppofent au mouvement ' de cette injection des gros troncs [ûqs veines vers leurs extrémités. Se ne cèdent prefque pas à moins qu'elles ne foient déchirées. Ce qui a lieu dans le mouvement de l'air , de la cire , du vif-argent qu'on y infînue , doit auflî être vrai par rapport au fang , la couleur du fluide qui y circule ne devant pas en changer la direétion. LXIV. Les valvules même du ventricule droit|du cœur fom difpofées de telle forte , que le fang , l'air ;, la cire , introduits par la veine cave , entrent dans ce ventricule. Se qu'elles ne laiffent rien fortir du cœur. . LXV. Les ligatures faites fur différentes parties dans l'homme vivant , pouvoient ren- dre ce fait évident. Si les veines du jarret, du bras , de la jambe éprouvent une ligature par art , ou par accident, le membre fe gonfle au- deffbus de la ligature , les veines font diften- DE Physiologie. ^5 dues, s'enflenc , & étant ouvertes , foutnilTent le fang avec abondance. Cet effet ne s'obferve pas au-defTous de la ligature , & on n'apper- çoit aucune veine. Des vifcères fchirreux & des glandes gonflées], qui compriment la vei- ne , produifent le même effet.Les concrétions polipeufes occafionnent ordinairement des tu- meurs dans les grandesveines. LXVI. Les expériences faites fur les ani- maux vivans font plus exactes. On s'eft affuré par leur moyen , qu^après la ligature de quel- que branche, foit de la veine pulmonaire, foit de la veine cave , la partie de ces veines la plus éloignée du cœur fe gonfle toujours, que le fang retenu au-deflbus de lobftacle élargit la veine, & que cette même veine fe défenfle ôc pâlit au-defliis vers le cœur. C'eft de là qu'autrefois les anciens lioient les membres , pendant les hémorragies , pour y retenir une aflez grande quantité de fang pour conferver la vie , en empêchant que le fang de toutes les parties ne revînt au cœur & vers l'artère blefl^e. Enfin , Ci on lie les yeines Se les ar- tères , les veines s'affailfent , & elles fe rem- pliflent aulîi-îôt qu'on a lâché la ligatur^. XLVII. Il a été conftaté par la transfufl n que le fang néceflaire à la vie d'un animal _, introduit par la veine d'un autre animal dont on a tiré tout le fang, remplit fl bien le cœur, les artères ôc les veines de ce dernier , qu'il reprend vigueur , s'enfle Se fe trouve même attaqué de pléthore. C'eft donc ainfl que des différentes liqueurs injeélées dans les veines , les unes deviennent calmantes ôc alfoupiflan- Bvj 3^ Elémens resdans le cerveau, émétiques dans l'eftomac , purgatives dans les inteftins , & coagulantes dans toutes les parties du corps , après avoir été portées au cœur , & de là dans les artères. LXVIII. L'injedion faite par un feul tronc artériel , remplit toutes les artères & les vei- nes ; ne s'enfuit-il donc pas de là que le fang palTe des artères les plus petites , de même avec aiïez d'aifance , dans toutes les parties du corps ; & fi on fefert d'une liqueur aqueufe êc coulante pour cette injedion , elle paflTe rrès-facilement dans la tête, le méfentere , le cœ,ur Se les poumons. LXIX. Enfin , on s'eft afifurc par les expé- rience faites à l'aide du microfcope fur les queues 5 les pattes 5 les méfenteres des lézards, des grenouilles , ôcc , que le fang pouffé par les artères vers leurs extrémités , eft porté , ou dans les veines continues à ces artères ré- fléchies fur elles-mêmes, ou dans des rameaux qui communiquent du tronc artériel dans la veine parallèle , &c qu'il revient par les veines dans la partie la plus proche du cœur. Cette circulation a lieu , tant dans les petites veines qui ne peuvent lailïèr paifer qu'un feul globule de fang, que dans celles qui font un peu plus grandes, & par lefquelles il en paife alors deux. On ne peut découvrir dans aucune par- tie aucune matière fpongieufe ni aucun pa- renchyme entre les veines & les artères j c'eft ce que confirment le microfcope , èc fur- tout i'injedion qui formeroit en s' épanchant des maiïe» informes , s'il y avoir des efpaces cel- lulaires entre l'ârtere èc la veine. DE Physiologie. 57 LXX. La circulation eft donc une des véricésr de médecine, adoptée de tout le monde: coût le fang du corps kumain eft poulfé du ventricule gauche du cœur par l'aorte dans les extrémités des rameaux artériels convergens y de ces rameaux il paiTe dans les plus petites veines , enfuite dans les plus grandes, puis de là dans la veine cave, & de là au cœur^ de il va &c revient toujours de la même façon. LXXI. Il y a cependant des cas jhtr^ÏQf- quels , comme dans les affeétions de l'ame , dans la trop grande révulfion après les grandes faignées , dans les convuliions , le fang a ré- trogradé dos petites artères dans les grandes ;, il y en a d'autres où il a paru que le fang trou- vant quelque obftacle vers les valvules, retro- gradoit des petits troncs veineux dans les der- niers rameaux de ces troncs. Mais tous ces dé- rangemens dans la circulation font de peu de durée , Se le fang reprend bien-tôt fon cours ordinaire. LXXII. La ligature Se les valvules font voir ce qui fe pafTe dans les vaiiïeaux lymphati- ques valvulaires Se veineux ; car tout vaif- feaux lymphatique valvulaire fe gonfle entre (qs petites racines Se le canal thora- chique , Se s'affailTe entre le canal thorachi-^ que Se la ligature. Toutes les valvules fem- blables à celles des veines , laiflent un pafiTage libre à l'air Se au mercure introduits dans des vaifleaux qui fe rendent au canal thorachique ; elles réiiftent très-fouvent à ces mêmes injec- tions pouiTées avec force du canal thorachique dans ces vaifleaux. jS É L i M E N s LXXIII. La vapeur dont le tKTu cellulaire eft huine6té , les exhalaifons du bas-venire ôc des autres capacités , font portées de ces peti- tes veines dans les fanguines , de manière qu elles paflTent au cœur. C'eft là pourquoi une partie devient œdémateufe , c'eft-à-dire, qu'elle fe remplit de cette vapeur arrêtée au- deiTous de la ligature ou de la comprelïion de la veine. Les expériences ne font pas pratiqua- bles dans tous les autres vaifleaux plus petits, mais l'analogie & le raifonnement font voir que tout s'y paflTe de même, & on rapportera des expériences qui prouvent que des fluides ont été repompés par les inteftins , par les vé- ficules pulmonaires & par la peau. LXXIV. Toutes les liqueurs dans le corps humain font donc pouuées du cœur dans l'aorte j toutes reviennent par les plus petites veines au cœur , fi on en excepte celles qui exhalent au dehors , ôc celles qui font excré- mentielles. Refte donc à rechercher le chemin par lequel le fang pafTe du ventricule droit du cœur dans le gaviche , mais cela fuppofe l'hiftoire des vaifTeaux du cœur & des poul- mons. ' DE Physiologie. }& CHAPITRE V. Du Cœur, LXXV. I ,A carcafTe de la poitrine formée dos & de cartilages, repri fente en général un cône tronqué , comme nous le dirons ailleurs. Sous ce cône font latéralement deux facs mem- braneux , qui fe terminent fupérieurement , & en s'arrondififant vers la première côte ; ils s'approchent en ces endroits l'un de l'autre , & n'y font féparés que par un peu de tifTu cel- lulaire. Ces facs font dans une obliquité telle que le fac droit a plus de largeur , & qa il eft adhérent antérieurement à la partie moyen- ne du fternum \ il s'incline un peui gauche en: defcendant; le gauche ne defcend pas du fter- num 5 mais des cartilages des côtes. Les lames internes &: oppofées de ces facs forment ce que les Anatomiftes nomment le médiastin. Ces facs n'ont aucune communication l'un avec l'autre , & celui du côté droit peut être ou- vert , & le poumon droit détruit , fans que le gauche foit blelTé. La membrane qui forme ces facs eft fimple , d'un tiffu ferré , & envi- ronnée à l'extérieur d'un tiffu cellulaire , on la nomme Pleure. Elle a plus de con/iftence que le péritoine, fur- tout vers le dos ; elle eft plus molle antérieurement. La cavité du mé- diaftin , ou l'intervalle qui fe trouve entre ces deux facs , plus large fupérieurement , pref- 40 Ê L É M E N s que nul inférieurement , eft rempli du thy- mus , de glandes conglobées, de grallFe 3c de val (Féaux. LXXVI. Dans la partie inférieure où ces facs s'éloignent en divergeant l'un de l'autre , ils laiiïent dans toutes leurs dimenfions une cavité qui les fépare : le péricarde remplit cette cavité. Ces facs de la pleure placés aux par- ties latérales du péricarde , & defcendans de- vant ôc derrière , viennent finir au diaphragme où ils ont une bafe tronquée obliquement , de manière que la partie antérieure eft plus cour- te, la poftérieure defcend plus loin, ôc forme au-deflus une cavité. Dans ces facs font placés les poumons. Ces facs en arrière font encore voifins l'un de l'autre, ôc n'y font féparés que par un tilTu cellulaire qui fe termine fur le péricarde , ôc qui contient la grande artère & Tœfophage \ c'eft-là le méd i Asji'ti pqfierieur, LXXVII. Le PÉRicARDEouletroifîemefac, mollement environné d'abord d'un tifTu cel- lulaire , puis de la pleure qui s'y applique en tous fens comme une membrane extérieure , ne fçauroit toucher le fternum , que par une furface peu étendue , les poumons gonflés couvrant antérieurement le cœur même , 8c s'infinuant inférieurement entre le péricarde ôc le fternum. Le médiaftin d'ailleurs , qui s'incline peu à-peu vers la gauche , n'occupe qu'un très-petit efpace fous la partie inférieure du thymus , aux parties latérales duquel fui- vent les poumons mêmes. On peut au refte déranger cette fituation dans la diCTedlion , à moins qu'on ne faiTe bien attention à la façon DE Physiologie. 41 «l'Ont on ouvre la poitrine. Le Péricarde a une bafe large & arrondie , qui s'unit ,à la partie rendineufe du diaphragme , par un tifTu cel- lulaire, plus lâche dans les jeunes fujets, & très-ferré dans les adultes , il eft plus large dans la droite &, plus mince vers la gauche. Le péricarde eft un peu plus grand que le cœur , aiin que ce vifcere puiife s'y mouvoir libre- ment ^ il n'eft pas certain qu'il ait jamais manqué. LXXVni. Le péricarde fe rétrécit peu-à-peu vers le haut ; au delTus du cœur , il fe ter- mine en une efpéce d'appendice cor^ique Ôc obîufe 5 qui eft adhérente aux membranes des gros vâiiTeaux , prefque vers la partie fupé- rieure du fternum , &z s'élève vers la partie latérale gauche de l'aorte. En effet, le péri- carde eft fi fortement attaché aux huit gros vailTeaux qui partent du cœur , que par une efpéce de prolongement cylindrique , il les embrafte chacun de tous côtés ^ en formant des efpéces de cloifons entre ceux qui font contigus. Au refte cette gaine qui environne ainft ces vaifteaux change aftez vite de nature, de bientôt elle retourne au cœur avec les gros vaiifeaux , auxquels elle tient lieu de tunique externe , ou elle devient cellulaire dans le poumon , dont elle accompagne en forme de gaine les gros vaifTeaux artériels ôc veineux. LXXIX. Les artères du péricarde viennent des artères thymiques , des compagnes fupé- rieures ôc inférieures du nerf diaphragmàti- que , des grandes artères diaphragmatiques , des rameaux des mammaires quife diftribiienc 42- É L É M E N s au médiaftin , des bronchiques , des œfopha- gieines , des médiaftines poftérieures & des coronaires qui s'anafl^omoient avec les bron- chiales &c autres. Il en eil de même des troncs des veines , lî ce n'eft que leurs anaftomofes font plus marquées de droite à gauche. Les nerfs cardiaques , fupeificiels , pouifent ceux qui h diftribuent au péricarde. LXXX. La membrane forte , qui forme principalement le péricarde , eft blanche de ferrée j elle a plus de confiftance que l'aorte ; elle eft compofée au moins de deux lames dif- ficiles à féparer à caufe de la denfité du tiflu cellulaire ; on les démontre fur les gros ani- maux. Se enrr'elles defcendent les vaiifeaitx ôc les nerfs du cœur ^ on peut même en la fouf- flant la féparer en plulieurs lames. Le tiflu cellulaire qui environne la furface externe, fait qu'elle paroît inégale. La face interne eft très-polie, & elle eft arrofée de toute part d^une vapeur aqueufe. Cette vapeur qu'on a vue tant de fois dans l'animal vivant, conftitue l'eau du péricarde. Cette eau rougeâtre, légè- rement vifqueufe , ôc de laquelle on ne peut avec raifon nier l'e^^iftence , ne fe trouve à la vérité dans le péricarde qu'en petite quantité; il s'y en trouve néanmoins. Se quelquefois elle augmente beaucoup dans les maladies. Cette eau a le caraélere de la lymphe : comme elle, elle s'épailîît en forme de gelée, lorfqu'on l'ex- pofe au feu Se dans certaines maladies elle prend la forme des petites fibres du tilfu cellulaire. Cett^ humeur eft fournie , fans le fecours d'au- cune glande , ni d'aucun pore vifible , par les ar- DE Physiologie. 45 teres exhalantes du cœur, des oreillettes Se du péricarde. L'eau ôc la colle qui pafTent dans le péricarde, lorfqu'on les in jede dans les grandes artères , en fervent de preuve. LXXXI. L'ufage du péricaide efi: de retenir la vapeur qui l'humecte , de foutenir le cceur , de lui donner ainfi une fermeté qui puiiTe lui fervir comme de point fixe dans fon mouve- ment, de l'empêcher en m.ême tems , foit de tirailler par fon mouvement les gros vaif- feaux , foit de flotter ça de là dans les diffé- rentes fituations du corps. C'eft pourquoi tous les animaux qui ont un véritable cœur , ont auffi cette enveloppe. La vapeur aqueuie anofe le cœur , & il en avoit befoin , il eft en effet très- chaud 6c il fe meut très-rapidement. Cette rofée empêche le frottement & les adhé- rences de ce vifcere avec le péricarde ^ quand elle eft évaporée , le péricarde fe colle , ou à quelque partie du cœur , ou même dans toute l'étendue de ce vifcere. LXXXn. Deux veines , abftraction faite des pulmonaires , rapportent le fang de toutes les parties du corps au cœur : les Anatomiftes les appellent du feul nom de veine cave ^ quoiqu'elles ne forment jamais un feul tronc. L'inférieure eft la plus grande, & aufti-tôt qu'elle a paflfé le diaphragme, fa parois droite s'élève & forme en fe courbant une efpéce de petite boffe , qui lui fait toucher dans cet en- droit la veine cave fupérieure , de fe rendre poftérieuremient à une cloifon moyenne entre le fînus droit du cœur & le gauche. La parois gau<:he de cette veine dégénère dans l'oreillette 44 É L É M E N s droite du cœur , donc les fibres font continues à celles de la veine cave. Les parois de la veine cave fupérieure fe terminent de même. LXXXIII. Il fe forme ainfi une cavité dont la parois droite , libre , convexe Se formée par le concours des deux veines caves , eft remplie de fibres charnues , diverfement en- trelacées entre deux membranes fimples : mais cette même cavité eft antérieurement 5 de fur la gauche , verticalement oblongue , prefque ovale, fe dilate en devant ôc fe termine enfin en haut par une efpéce de cul de fac pointu, dégagé du cœur , de couché fur la grande ar- tère. Cette cavité a par-tout un grand nombre de fibres charnues, renfermées de même entre deux membranes très -délicates ; ces fibres font -dégagées les unes des autres , prefque parallèles , viennent de la parois droite de gauch^ de cette cavité , fe contournent en Forme d'arcs parallèles, vers la partie anté- rieure demi-cylindrique de cette cavité. De très-petites fibres obliques uniffent ces arcs mufculaires. La partie antérieure de cette ca- vité remplie de -paquets de fibres, s'appelle proprement oreillette ; &c la droite, pofté- rieure , polie , fe nomme sinus. LXXXIV. Dans l'endroit où la veine cave inférieure s'ouvre dans le cœur , une mem- brane en forme de lune, naturellement entière & percée quelquefois comme un réfeau , à rai- fon de fa délicatefle , naît d'une colonne gon- flée , placée au coté gauche du trou ovale ; elle fe contourne vers l'extrémité inférieure de l'oreillette , elle y devient de plus en plus D E P I?Y S r O L O G I E. 4f niince îoriqii'elie revient à droite en fe cour- bant , elle environne prefque la moitié de l'ouverture de l'oreillette , ëc fépare l'oreil- lette de la veine cave comme une efpéce de cloifon ; on la nomme valvule D'EtJSTACHi. Nous parlerons ailleurs du trou ovale. LXXXV. Le fang eft rapporté par ces deux veines caves dans cette cavité, compofée du fmus ôc de l'oreillette , & il s'y arrête jufqu'à ce que le cœur foit relâché ; il en eft chalTé par la contraction des fibres mufculaires de l'oreillette qui applanilTent alors )la partie antérieure demi-cylindrique de cette cavité , tandis que fe contraétant antérieurement , ou vers le commencement du cœur, & poftérieu- rement ou vers le finus , elles retirent en arrière l'arc mitoyen : le fang de l'une & de l'autre veine cave ainfi mêlé , eft poufte dans l'orifice libre du cœur , par la fente que forment les valvules , de manière que les plans des valvules de ^elée , de lait , qui paÏÏent facilement de l'artère pulmonaire dans la veine, Se de là dans le ventricule gauche , font voir que le fang fuit cette direction. On découvre d'ail- leurs 5 à l'aide du microfcope , l'anaftomofe des artères avec les veines dans les grenouilles. CIIL Le fang une fois entré dans l'artère pulmonaire , ne peut donc retomber dans le cœur. Les valvules (n®. C) font aifez- grandes pour fermer exactement , lorfqu'elles font étendues , l'orifice du cœur ; elles font fi fer- mes , qu'un effort beaucoup plus grand que celui de l'artère pulmonaire ne fçauroit les forcer. Il arrive cependant quelquefois que le ^rand effort de l'artère contraélée les fait de- venir calleufes, ou déchire l'une de leurs mem- branes , Ôc que la matière oifeufe fe répand dans la duplicature des valvules. En effets DE P H Y S I O L O G I E.^ 5/ îe fang repoufifé vers le cœur par la contradkioii de i'artere trouve ouverts les orifices des in- tervalles de ces valvules (Cl) ; il y entre, il étend les valvules , & les oblige de s'ap- procher vers l'axe. Or les valvules ferraent Ci bien l'orifice par leur expenfion , qu'il ne refte pas la moindre fente ; car les petits corps durs ( C ) fi tués à la partie moyenne de leur bord , bouchent le tout exaâ:emenr. CIV. Les VEINES pulmonaires , dont nous parlerons plus amplement ailleurs , fe réunif- fent toutes en deux rameaux qui forment enfin quatre troncs , rarement deux. L'ufage a voulu qu^on ait confidéré ces quatre troncs comme une feule veine à laquelle on a donné le nom de pulmonaire. Ces troncs s'infinuent dans la cavité du péricarde qui leur ft»urnic une gaine 5 & ils s'infèrent dans les angles du smv s gauche quarré on pojlérieur ^ qu'on appelle aufli pulmonaire. Les veines fupé- rieures defcendent , Se les veines inférieures montent. On s'eft affuré par la ligature que ces veines portent le fang dont elles font char- gées dans la direétion qui mené au finus.^ En elîet , lorfqu ®n arrête le fang par ce moyfen , la veine fe gonfle entre le poumon ôc la liga- ture. CV. Ce finus tilTu fermement de différent? tïpuOTeaux de fibres qui fe portent par-tout entre les deux membranes, a fur la droite & antérieurement une parois commune avec le finus droit ( LXXXII ) , &; il fe termine anté- rieurement & à gauche en une appendice co- nique ^ crénelée ^& avec des avances en fcutne C V 5^ Élément de crère , qui après deux ou trois contours fer- pentins viennent fe coucher fur le ventricule gauche &c y prendre le nom d'oRtiLLETXE gauche. Ce iinus & fon oreillette font un peu plus petits que le finus ôc l'oreillette droite. CVL Le fang attend dan5 ce finus le relâ- chement du cœur , pendant lequel l'effort du fang preffe les valvules veineufes , & enfuite le finus fupérieur à la réiiftance fe relâ- che. Le finus ôc l'oreillette fe contradent donc en même tems , & ils pouffent alors 1^ fang dans le ventricule gauche du cœur de la même manière que l'oreillette droite l'a ^ pouffé auparavant dans le ventricule droit ■ JCC. 5 puifqu'il fe trouve en cet endroit un anneau femblable à Tautre , valvulaire , ova- le, membraneux , qui a de femblables pro- diicflions, nommées Valvules mitrales j & on nen compte que deux. Elle font au refte plus longues & plus fortes que celles du ven-^ ïricule droit. Leurs colonnes font pareille- ment charnues ; chacune en a une , & fou- vent une feule fert aux deux : elle eft alors plus forte. Ces valvules qui fouffrent un frot- tement plus fréquent que les droites par la grande action du cœur, ont ça & là, par cette raifon , un grsnd nombre de tumeurs earriîagineufes dans l'origine de leurs cordons tendineux. CVII. Voilà donc îe fang que les veines caves avoient porté dans Toreilletre droite LXXXV ; que cette oreillette nveit verfé dans le ventricule du même nom XC. ; que le ven- tricuk droLc â.voic ehaiTé dans, raicere pukna- DE Physiologie. 59 naire (IC) ; qni avoit palfé dans cette artère , dans les veines pulmonaires , &c avoir été porté dans le linus gauche (CIV) j qui enfin avoit été chaiTé de-là dans le ventricule gau- che (CVI) ^ voilà, dis-je, ce fang parvenu au ventricule gauche. Ceft-là la petite circula- tion que plusieurs des Anciens ont connue (LXII.) CVIir. Le Ventricule gauche jjjoftérieur ou fupérieur , occupe cette partie du cœur demi - conique , que j'ai dit être obtufe (LXXXVI). Il efi: plus étroit que le droit, un peu plus long & plus arrondi , & en général d'une plus petite capacité. Il ne contient ef- fedivement que deux onces environ du mê- me liquide dont le ventricule droit contient trois onces. Ils font intérieurement l'un & l'autre d'une ftrudture réticulaire fupérieure- ments moins épais du côté de l'embouchure de l'arrere \ mais la force du gauche eft plus grande, parce qu'il eft environné de fibres charnues beaucoup plus fortes. CIX. Le ventricule gauche follicité par l'impulfioH du fang , à raifon de l'irritabilité qui lui eft propre , ( n°. LXXXVII ) fe con- tra6te comme le droit, &: chalfe le fang avec un violent mouvement vers l'axe & vers la bafe , pendant que la pointe du cœur s'ap- proche de la bafe. Les valvules ayant la mê- me difpofition dans ce ventricule que dans le droit , le fang étend encore ici l'anneau, veineux \ mais il éloigne de l'orifice de l'aorte la production droite de CQtto. valvule qui le fermoit auparavaat. Il s'ouvre donc cet od- ^à- E L E M E K S iice^ îlafraifTe contre les parois de i'aorre h-i valvules fémilunaires (iruées dans cet orifi- ce, & il s'élance avec beaucoup de violence dans i'artere. ex. Les valvules de l'aorte différent à peine de celles de i'artere pulmonaire , fi ce n'eit que comme l'orièce de l'aorte efl plus grande les valvules font aulîî plus grandes Ôc plus fortes 5 8c. qu'il e(l rare qu'elles n'ayent pas à la partie moyenne de leur bord le petit corps calleux dont nous avons parlé. Les fi- bres 5 tant tranfverfes qu'afcendantes des val- vules 5 font auili beaucoup plus remarqua- bles. CXL II eft bon d'obferver que les mouve- mens de l'oreillette droite & gauchedu ventri- cule droit &: gauche', ne fe font pas dans l'ordre tel que je l'ai décrit pour plus de clarté. Voici comme cela fe palTe. Les oreillettes fe contrac- tent pendant que les ventricules fe relâchent , Se La contraction des oreillettes précède toujours celles des ventricules , comme on l'éprouve manifeflement dans les moribonds Se dans les animaux qui ont le fang froid y mais l'une • ôz l'autre oreillette fe remplit dans le pre- mier inftant ; elles fe vaident enfembie dans le fécond inftant. L'un & l'autre ventricule fe contrade dans un inftant contemporain au premier inftant, &c après s'être vuidé, chacun îe relâche dans un inftant contemporain au fécond inftant. Ceux qui ont enfeigné que cela fe pâftoit autrement , n'avoient pas re- tiré un aiTez grand fruit des expériences qu'ils avoient faites fur les aniaiaux vivans* Il eô DE Physiologie. 6"v certain que les oreillettes palpitent plufîeurs fois avant la mort , fans qiie le coeur fe con- trade une feule fois. v^ CXÎI, On pourroit demander pourquoi le: cœur fe contra6te continuellement tant de fois dans k vie , dans l'année , dans le jour ?- Pourquoi il fait tant de pulfations dans l'heu- re ; pulfations qui font environ an nombre de 5000, par heure dans l'homme en fanté^ Pourquoi fon mouvement n'eft jamais inter- rompu, &c qu'au contraire fa contra(f^ion s'ac- corde toujours avec fa replétion, pour être fuivie d'une nouvelle replétion , ôc ainii à l'infini dans un ordre confiant ? Pourquoi^ enfin il n'eft pas laflTé" & douloureux d'une adion fi confidérable , qu'aucun mufcle ne pourroit la fupporter même peu d'heures ? DifFérens Phyficiens feront à cela différentes réponfes tirées de la comprelïion cjue les nerfs fouffrent entre l'aorte ôc l'artère pulmonaire 5 & du mouvement alternatif des artères co- ronaires ôc du cœur , &c. CXIII. La nature me parok agir ici par des voyes très-fimples. La force mufculaire de la veine voifine d'une oreillette remplit cette oreillette lorfqu'elle eft lâché , & le cœur entre pareillement en conrraélion , lorf- qu il y eft follicité par le fang qui entre par l'oreillette. Le cœur fe contrad:e donc lorf- qu'il a reçu le fang par la même force irri- tante Ôc l'aiguillon qui follicité les autres fi- bres à la contrad:ion; il s'évacue : libre alors de l'aiguillon qui l'irrite , il fe repofe & fe lelache 3 mais il eft bientôt après rempli ^atî 6i Élément moyen de la contradtion qu'une fembîable irritation du fang vient produire dans l'oreil- lette , & cela parce que l'aétion confiante des artères & du cœur poufTe continuellement le fang vers l'oreillette. L'obfervation prouve que cela fe pafle ainfi , puifqu'elle fait dif- tinguer facilement dans l'animal plus foible> la fuccelîion de la replétion & de la contrac- tion dans les veines , dans les oreillettes , dans le cœur & dans les artères. Tout ceci elt encore plus évident dans les animaux qui n'ont qu'un ventricule , dans la tortiie , la grenouille , les ferpens , les poiirons , dans le poulet renfermé dans l'œuf, dans lequel un canal courbé tient lieu de cœur. Ceci au relie eft encore confirmé par le repos que produit dans le cœur la ligature des veines ^ par le mouvement que la folution de cette ligature, l'air ou une liqueur qu'on y intro- duit , y peuvent faire naître \ par la contrac- tion perpétuelle dans laquelle fe met le cœur de la grenouille , & qui fe manifefte par une bulle dair qu'elle poulTe 6c repoulTe alter- nativement pendant plufieurs heures : de-là vient que les oreillettes , fur-tout la droite ^ font les dernières à perdre leur mouvement,, car cette oreillette eft irritée par le fang que le froid même du corps y envoyé des parties. contraâ:ées , dans le tems qne le poulmon privé de la refpirarian s'oppofe au mouve- ment du fang du ventricule droit; que le gau-^ che ne recevant rien du tout , n'a plus aucune caufe qui le follicite à fe contracter ^ & qu'il refte par conféquent en repos* C'eft l'oreillette DE Physiologie. 6^ alors 5 qui en repouiïanr dans l'une & l'autre veine-cave le fang que le cœur privé de vie ne reçoit plus j exécute le mouvement que l'on attribue à la veine cave. CXIV. Je ne vois pas qu'on doive rien re*- chercher au-delà \ car (î on attribue le repos du cœur à la compreflion des nerfs, on ne pourra plus expliquer pourquoi les oreillettes , dont les nerf ne font pas comprimés, ne ref- tent pas aufli en repos , nous en avons des exemples dans les poilfons & dans le poulet» dont les nerfs ne fouffrent aucune compref- (ion. Si on explique cqs phénomènes par le mouvement des artères coronaires , on fera contredit par l'expérience , puifque leurs ori- fices ne font pas bouches par les valvules de l'aorte, que le fang jaillit plus haut de ces artères coupées dans le tems de la fyftole du cœur. Il pa-roît que les fibres du cœur ont une fi grande facilité à fe contrader , qu'on re- marque même dans ce vifcere , prefqiie pri- vé de vie , àes^ rides qui s'élèvent en divers endroits des points, comme rayonnans, & des efpeces de mouvemens qui fe propagent aux environs; que k cœur arraché , froid , piqué , enflé, excité, fe contra6te, & que les fibres du cœur coupé fe froncent orbiculairement , fans qu'aucun nerf, aucune artère puiiïe alors concourir à aider ce mouvement du cœur. Cette force irritable du cœur eft plus confi'- dérable & plus longue que dans tonte autre partie du corps, &: elle peut être rétablie après, un tems où tout autre mufcle n en feroit plus fufceptible* CXV. On a beaucoup difpaté fur la vîtefTe êc l'impétuoiité avec laquelle le cœurpouiTe le fang. Voici cemme les Modernes s'y font pris- pour déterminer cette vîteife ; ils fuppofent d'abord qu'il ne fort que deux onces de fang avec une vîtefTe telle qu'une partie de la pul- fation , qu'on appelle fyftole , fe pafTe dans|le tiers du tems qu'il faut à la pulfation totale ,. c'eft- à-dire 5 dans rh^ d'une minute. Ils efti- îîient d'ailleurs l'air de l'orifice de l'aorte à o^\ 41 87. Divifant ainfi Tefpace rempli par les deux onces de fang (3.318. pouces) par Taire de l'embouchure de l'aorte ; puis multiplianE par la longueur de l'aorte que remplifTent deux onces de fang =» ^ l,— de pouce , par 225 , ou par le nombre des pulfations j ils ont trouvé 1 49 î^ieds 2 pouces pour l'efpace que le fang parcourroit dans une minute , en fuppofant qu'il continuât à fe mouvoir avec la même vîteffe avec laquelle il a été chafTé du cœur : ils ont d'un autre côté évalué le poids du fang qui preffe le cœur , par la hauteur du jet à la- quelle arrive le fang jaillilTant par l'aorte d'un animal vivant -, cette hauteur a été trouvée de 7 pieds 5 dixièmes , & de 1 5 pouces par le rapport de l'aire du ventricule à l'aire de la' feétion. Ce qui donne 1350 onces cubiques de fang , c^eft-à-dire 5 1 livres & 5 onces , qui font effort contre le ventricule du cœur en contradlion. Le cœur pouffe donc 25 li- vres avec une vîtefTe capable de leur faire parcourir 149 pieds en une minute, &c cela 4B00 fois en une heure. CXVI. Quoiqu'il y ait encore dans t&wc- DE Physiologie^ 6f ceci plufieurs chofes à prouver , dont on ne viendra peut-être jamais à bout ; quoique la mefure de l'aire du ventricule foit incertaine, & que le jet du fang ne foit peut-être pas éva- lué à une aiïez grande iiauteur, vu que dans- l'animal vivant le fang jaillit avec violence , même des plus petites artérioles; quoiqu'en- fin on ne puifTe pas déterminer au jufte quelle partie de la durée totale du pouls eft employée à la fyftole du cœur , mouvement dont la va- riation doit influer beaucoup fur tout le cal- cul j au moins paroit-il , nonobftant cela ,. que ;e cœur eft une macÊine très-puiffante. C'eft aufli ce que l'expérience confirme ; en- effet, on ne peut que très-difficilement rem- plir d'inje6î;ion tous les vaiffeaux rouges ; iiî eft impoiïible de remplir tous les plus petits ;: cependant Ton fçait en même tems qne non- jfeulement b cœur dilate lentement tous îès^ vailTeaux, grands ôc petits , au moyen dtr fàng quil y poulie y mais encore qu'il y fait circuler le fang avec une grande vîtefle. J'ai- vu un jet parabolique fourni par une artério- le des plus petites, duquel la hauteur al loi t à quatre pieds , & l'étendue à fept , & on w vu le fang de l'aorte jaillir à douze pieds. CXVII. D'ailleurs 5 pour évaluer la force dèi cœur dans les animaux vivans, on doit faire attention au degré de toutes les réfiftances que le cœur doit furmonter. Il faut faire entrer eu ligne de compte le poids énorme de tout le fang , lequel va à 50 livres, peut-être pl'eis loin ; car l'exemple de ceux qui tombent en iîncope ôc de cô^x qu'on a fauve, après les 66 É L i M E K S avoir retirés de Teaii 5 prouve que le cœur feul peut 5 lorfqu'il s'eft arrêté , redonner fa- cilement le mouvement à toute cette mafTe lorfqu'elle l'a perdu. On doit faire fur- tout attention à la très-grande diminution de vî- tefTe que l'augmentation dts orifices des ra- meaux peut produire ] diminution qu'il pa- roît qu'on peut évaluer , dans les inteftins , de la vingt-quatrième à la trentième puifTance de ~y cependant les liqueurs font portées avec beaucoup de vitelfe dans les petits vailFeaux. La tranfpiration infenfible que j'ai vue s'éle- ver en forme de fumée & avec très-grande vîtefle dans les fouterrains , 6c le mouve- ment du fang des poiflbns en eft une preuve : or, comme dans toute machine la plus grande partie de la force mouvante eft employée à lurmonter les frottemens , on voit en confé- quence que dans le corps humain , où cir- cule un fluide beaucoup plus vifqueux que Teau , Se cela dans des canaux fi petits que les globules n*y peuvent paifer qu'un à un, & même qu'en changeant de figure le frottement ne peut manquer de produire un très-grand ralentiiïement ; vSc qu'ainfi une force capable défaire marcher une iî grande maffe malgré toutes ces réfiftances & une fi grande dimi- nution de force , doit de fon côté être très- confidérable. ex VIII. Le fang pouflTé dans l'aorte ren- contre les deux orifices des artères coronai- res qui font voifines des valvules de l'aor- te , mais fitués plus haut ; c'eft-là qu'il s'é- lance d'abord, de c'eft ainfi que le cœur fe DE Physiologie.' 6^7 fournit le fang à lui-même. Ces artères font ordinairement au nombre de deux , de for- tent du cœur a angle obtus rétrograde. La droite defcend entre l'aorte ôc l'artère pul- monaire, La gauche qui eft fupérieure , fort entre l'oreillette gauche Se l'aorte. Toutes les artères extérieures font accompagnées de beau» coup de graiffe. CXIX. Ces artères communiquent par-tout. entr'elles par de petits rameaux vers la cloi- fon du cœur & vers fa pointe , & ne for- ment jamais autour du cœur un anneau : el- les fe terminent de deux façons diiférentes. CXX. 1*^. Elles fe terminent dans les vei- nes dont les rameaux accompagnent ceux àes artères , mais dont les troncs ne font jamais unis à ceux des artères. La grande veine co- ronaire accompagne donc l'artère coronaire gauche. Cette veine s'ouvre dans l'oreillette ,_ vers la partie la plus gauche de la valvule d'EusTAcHi , par un grand orifice couvert de valvules. Elle cotoye la racine de l'oreillette gauche , de elle marche avec les rameaux fu- perficiels de l'artère dont j'ai parlé. CXXL L'autre veine qu'on peut aulîî re- garder comme une partie de la première, puifqu'elles ont l'une & l'autre une même in- fertion , defcend le long de la cloifon du cœur dans fa face plane ; on la peut nom- mer médiane. La troifiéme cotoye tranfverfa- lement la racine de l'oreillette droite , d'où elle s'ouvre dans le grand orifice de la veine coronaire (CXX) , ou au moins aux envi- rons de cet orifice , & enfin dans la veine é% É L É >î s N s antérieure. Elle diftiibiie fes rameaux a la partie fituée dans la face plane du ven- tricule droit 5 d^où elle reçoit fou vent lesf innominées dont nous parlerons bientôt.' CXXII. Le cœur a a fa partie antérieure quelques autres veines \ mais il y en a une plus- grande qui parcourt la partie voiiine du ventricule droit & de roreillette droite , & qui, après avoir rampé obliquement entre les membranes, s'infe:e dans la partie la plus an- térieure, & quelquefois dans le tronc fupérieur de la veine cave. Cette veine antérieure poufïè un rameau qui fe cache vers la racine du iî- nus droit , s'infinue dans la fubftance même de l'oreillette, s'infère de nouveau dans la grande veine coronaire, & achevé déformer le cercle veineux du cœur , & à-peu- près femblable au ceicle artériel que d'autres Au^ teurs décrivent , mais que fe ne connois point. Il faut remarquer au refte que ce cer- cle art&riels & ces petits cercles veineurx ne font pas encore clairement démontrés. CXXIII. Il y a encore plufieurs veines dont le nombre & le lieu font incertains , 5c qui jfe diftribuent aux4)arties de la bafe du cœur les plus profondes fur lefquelles les Anato- miftes fe font moins exercés, qui fe cacheiir entre les origines des grands vaiflTeaux , & s'euvrent par plufîeurs orifices dans le finus droit, l'oreillette &: le fin us gauche; mais cette dernière efpece d-'infertion eft la plus rare ; c'eft ainfî que j'ai vu une veine par- ticulière s'élever du iinus caché dans la chair de l'oreillette droite , fe porter vers l'aoïre DE Physiologie. 6^ &c i'artere plîlmonaire , ôc s'ouvrir de l'un Ôc de l'autre côté dans la grande veine coro- naire ; une autre fîtuée encre l'orifice de la veine coronaire <5c l'aorte s'inférer au iinus droit; une troifiéme paiTer dans les veftiges du trou ovale , & la cloifon des deux fmus, aboutir aulli au finus droit ; d'autres qui ap- partenoienc aux valvules veineufes j ôc enfin un nombre infini d'autres qu'il feroic trop long de décrire. CXXIV. D'autres veines plus petites, dont les troncs fort courts ne peuvent être faci- lement difTéquésj s'ouvrent obliquement dans le nombre infini de petites cavités du ven- tricule droit ôc du gauche. Les injedions d'eau 5 d'air & de mercure faites dans les ar- tères qui accompagnent les artères coronaires après avoir lié ces veines , ou dans ces vei- nes , même après avoir bouché leur grand orifice , en fournifiTent les preuves ; puiiqu'en effet les bulles d'àir , les gouttes d'eau teinte ëc le mercure jailiifTent alors de tous les points de la circonférence des ventricules fans aucun effort qui puifTe faire foupçonner que ces vei- nes ayent été rompues. CXXV. Quelques-uns prétendent que les artères coronaires ne reçoivent pas leur fang du cœur , mais' de l'aorte pendant ia con- traction ^ à caufe de l'angle rétrograde que forment ces artères, des valvules qui, félon eux , en bouchent les orifices , & de la cou- leur pâle du cœur lorfqu'il eft en contraction j mais l'expérience s'oppofe aux deux derniè- res raifons ) quant à la première , il peut fe «7» É L É M E -N s faire qa'elle re-tarde ou qu'elle diminue le mouvement du fang ; mais elle n'en em- pêche point l'entrée ; car les injedlions d'air ôc de mercure dans les vaiifeaux fpermati- ques 3 biliaires , Ôc dans tous les autres ieiii- blablês , font voir que les angles les plus ré- trogrades n^arrêtent point le cours naturel des liquides. Il y a plus, le fang qui s'échappe de l'artère coronaire forme un plus grand jet dans la contraction du cœur que pendant fa dilatation (CXiV). CXXVI. Il y a moins liea de douter du reflux du lang. Tout le fang dss artères co- ronaires eft rapporté dans les ventricules & les oreillettes droite & gauche, mais en moin- dre quantité dans la gauche , tant par des ori- fices plus grands (CXX, CXXI , CXXII), que par des orifices plus petits (CXXIII) ; enfin par les orifices les plus petits ( CXXIV ) par lefquels rinjedion paffe très facilement îorfque les grandes veines font liées. Il pa- roît que cette circulation fe fait en très-peu de tems, à caufe de la grande vitelTe que le cœur communique au fang; mais s'accom- plit-elle pendant une pulfation ? Ce ne fe- roit point mon fen'timent , car les vaifTeauic du cœur ne pâlitTent pas, ou ne s'évacuent point tout à -fait ; les artères du cœur ont un chemin libre dans la graiiTe qui les environ- ne. Mais de quel ufage peuvent être toutes ces petites veines (CXXV) ? Elles rappor- tent le fang des artères profondes qui ne font accompagnées d'aucune grande veine. CXX VII. Les humeurs plus fines que le DE Physiologie. 71 fang , poulfées par le cœur , reviennent par les veines valvuiaires lymphatiques qui ac- <:ornpagnent les vaiiTeaux coronaires ôc mon- tent vers la fous-claviçre ôc vers le canal tho- rachique. Il eft bien rare de les voir. CHAPITRE VI. Des fonci'ions communes des artères^ CXXVIII. ijE fang poufifé du ventricule gauche du cœur dans l'aorte qui part du cœur en fç courbant d'abord à droite , puis à gau- che j & en formant un arc très-aigu, ce fang , dis-je, vient d'abord frapper de fa mafTe la parois droite de cette artère ; de-là il icft ré - fléchi fur la gauche , d'où il fe rend en tour- noyant , 6ç en continuant fon chemin à tra- vers les artères , en fe brifant contre leurs pa- rois & fe réfléchiflant autant que leur pléni- tude peut le permettre. CXXIX. Les artères font toujours pleines de fang pendant la vie , puifque le fang qui jaillit par une artère , n'eft point interrompu par dQS mouvemens alternatifs pendant que le cœur eft en repos \ mais qu'il en fort d'un fil continu , que le mierofcope nous fait voir dans les animaux vivans des artères pleines pendant la fyftole & la diaftole , & que les fibres circulaires de l'artère ne font pas mê- me capables d une allez grande contradion 71 E L â M E N S pour vuider tout le tube de l'artère. C'^O: .pourquoi lorfqu'il arrive une nouvelle onde de fa ng dans les artères déjà pleines, quoi- que la quantité en foit petite par rapport a tout le fyltême artériei , puirqu'elle ne va pas à plus de deux onces , elle atteint néan- moins l'onde qui la précède, qui plus éloi- gnée du cœur , s'avance plus lentement : elle la poulTe donc , elle diftend en même tems les artères , pouiTe en dehors les parties con- vexes de leur courbure , & rend les fpirales qu'elles forment plus ferpentantes , comme i'injedion le fait voir. On a donné le nom de pouls à cette dilatation de l'artère , & à ce changement d'un petit diamettre en un plus grand, La diaftole n'eft autre chofe que l'ex- pandon de l'artère au-delà de fon diamettre naturel : cette dilatation eft de l'efTence de la vie ; elle a uniquement fa fource dans le cœur , & elle n'eft point naturelle à l'artère abandonnée à elle-même. C'eft pourquoi le pouls ceiTe, lorfque le mouvement du cœur cft intercepté , (oit que l'impuhion du cœur foit vaincue par l'obftacle de quelque ané- vryfme , ou de la ligature ; c'eft de-là que le pouls cefTe fubitement dans un animal vi- vant dont on a percé le cœur. CXXX. La contradion de Tartere fuit fa dilatation ; c'eft-à-dire , que d'abord que le cœur a poufTé le fang , & furmonté la force qui le diftendoit , il ie repofe. Alors l'ar- rere , en conféquence de l'élafticité naturelle ilefes fibres circulaires, irritée par l'impref- iion de ce même ùmg , fe eontrade (XXX), Se DE Physiologie. f^ Se poulfe autant de fang quelle en avoitreçii au-deià de la moitié de fon diamètre. Toute cette quantité palFe dans les vaifiTeaux plus petits , ou dans les veines. Les valvules femi- funaires (CVI) s oppofent à l'effort qu'il fait pour revenir en arrière. Auflî-tôt que l'artère a chaflTé cette onde , comme elle n'eft plus ir- ritée , fon effort fe relâche , ôc dans l'inftant une nouvelle onde de fang que le cœur y en- voyé , la diflend de nouveau , d'où s'enfuit une nouvelle dyaflole. CXXXI. La nature élaftique des artères , fait voir qu elles fe contractent effective mène ôc que cette contraction fert à faire avancer lu fang. Le relâchement fenfible que le cœur produit dans leur dilatation, l'évacuation que l'artère fe procure elle-même par fa propre force dans les rameaux latéraux intercep- tés entre deux ligatures , le retour du fang par les veines continues à une artère liée, quoique le cœur n'agi(re point fur elle ; le jet du fang par Tartere, qui, comme de grands hommes l'ont obferve , efl même plus grand lorfque le cœur efl en repos, la rapidité du feng chaffé avec force de l'aorte au-defTous d'une ligature faite à cette artère , l'évacua- tion des artères qui fe fait même pendant le repos du cœur, l'obfervation qu'on a faite que les veines font plus remplies après la jnort que ne le font les artères j 3c que mê- ine après la mort le fatig , à la fortie d'une ] grande artère , jaillit à une hauteur aufîi con- iidérable que celle de deux pieds, la coatrac- tion convulfive qu'on remarque dans les ani» / Pan. D y4 hLEMENS maux aufqaels on a ouvert cette artère , le reiïerrement des orifices des artères qui ont été coupées dans les bleiTures , toutes ces cho- fes prouvent que les artères fe contradent , 3c que cette contradion lert à faire avancer le fang. CXXXII. La vîtelFe du fang qui le fait monter à un pied ôc peut-être à plus de deux dans une féconde. Se la plénitude continuelle de l'artère , fait qu'on ne peut appercevoir de fucceilion dans l'élévation des différentes artères , & que les artères du corps humain paroiiTent toutes s'élever dans un même tems qui eft celui de l'élévation du cœur vers la pa- rois de la poitrine. Il eft cependant sûr que tout cela fe fait avec quelque fuccelîîon , êc les contradtions dé l'aorte paroiflTent fe fuc- céder dans le même ordre & a mefure qu'elle eft remplie par le fang que le cœur y pouffe , de forte que la partie de l'artère la plus pro- che du cœur fe contrade la première , & que la force de la contradion fe propage ainfî peu-à-peu jufqu'à la fin. Nous en avons un exemple dans les inteftins , & on le voit dans les infedes dont le cœur long Se noiieux fe contrade avec une fuccefïion fenfible depuis le commencement jufqu'à la fin. Mais l'ame confond des inftans fi petits. CXXXIII. Dans quel endroit la pulfation n'eft-elle plus fenfible ? Je penfe que c'eft dans les extrémités les plus petites & cylin- driques des veines. Il eft certain que la fom- me de tous les orifices des petites artères a uu rapport d'autant plus grand à lorifice de DE Physiologie. 7Ç l'aorte , que leur divifion a été pouflee plus loin , èk qii'ainii le rapport du tronc aux ra- meaux étant toujours de moindre inégalité, quoiqu'il puilTe varier , la raifon de la fom- me des orifices de petites artères à l'orifice du commencement de l'aorte eft la plus grande qu'il efl: poilible dans la dernière divifion de ces artères. Les membranes des artères fonc d'ailleurs dans un rapport d'autant plus grand avec leurs orifices , qu'elles font plus peti- tes 3 jurqu'à ce qu'elles ayent un rapport fuf- fifant pour ne laiffer paiier qu'un feul glo-' bule. C'ePc ce que confirme TAnatomie. En effet , fi on infinue de l'air dans les artères, il a toujours , tout compté , d'autant plus de difficulté à les rompre, qu'elles font plus pe- tites. Enfin , on s'en eft encore afiuré par le calcul , au moyen duquel on a déterminé la- grandeur d'un globule par rapport aux deux -membranes demi- cylindriques de la plus pe- tite artère. Joignez à cela le frottement du liquide dans les plus petits vaifTeajjx cour- bés de qui fe rencontrent fous des angles quel- conques ; frottement qui doit entrer en ligne de compte , puifqu'il diminue confidérable^ ment de la vîteiTe même de l'eau courante dans des canaux fimples , & qui ne s'éten- dent qu'en longueur , & cela d'autant plus que les diamètres de ces canaux font plus petits. Ajoutons encore que plus l'artère eft perire 5 & plus le nombre des globules .qui ^touchent fes parois & fe frottent contr'elles, çit grand. La figure conique de i'artere fait Dïj 7<> É L É M E N s encore que le fang ne peut pafTer fans ré- iîftance dans les rameaux les plus étroits , & qu'il fait effort pour les diftendre ; enfin les courbures Se les plis des vaifleaux retardent aufïî le mouvement du fang , puifqu'il y a toujours une partie de la force mouvante em- ployée à pouffer la partie convexe des plis ôc à changer la figure du vaiffeau. Il faut au refte avoir égard à la vifcofité du fang , le repos feul étant capable de le réunir en gru- meaux, ôc le mouvement circulaire pouvant lui feul balancer cette attra6lion mutuelle des parties , & empêcher que le fang ne con- traéte des adhérences avec les parois des vaif- féaux qui le contienn^t , comme cela arri- ve dans l'anévryfme &c dans les bleflfures ; ou enfin que les globules ne fe réuniffent en- femble comme ils le font ordinairement après la mort. On voit par-là que le fang fouffre un très-grand ralontiifement daiis les plus petits vailTeaux, quoiqu'il foit difficile d'en déter- Hîiner au jufte la quantité. Le fang pendant la vie coule à la,yérité, comme un torrent dans les troncs des vaiifeaux, mais fes globules fe traînent ifolés ôc diftans les uns des autres dans les petits rameaux. Le fang commence à fe coaguler dans les phis petits vaifleaux. L'expérience a appris aux Chirurgiens que le fang coule d'une petite artère voifine du cœur ou de l'aorte avec plus de danger, que d'une artère plus confidérable , mais plus éloi- . gnée. Le fang de la grenouille parcourt en une minute les deux tiers d'un pouce , 6c il en parcourt jufqu'à quatre dans les vaiffeaux D X P H Y s I O L O G I E, ^ 7? de Fangiiille. Voyez à^ce fujet ce quia été dit n^ LVIII. CXXXIV. Le pouls fe fait fentir , parce que l'onde antérieure du fang va plus lente- mint dans les artères que celle qui la fuit j elle lui fait donc obftacle (CXXIX), mais Je mouvement du cœur fe raîentiiTant peu à peu, & la contradtion des artères augmen- tant a mefure , l'excès de la vîteflTe de l'onde poftérieure du fang pouffé par le cœur fur celle de la première que la contradtion des petits vaiifeaux fait avancer, fera de plus en plus petit 5 jufqu'à ce qu'ennnil n'y ait plus de différence; Ôcc'eft alors que le pouls ne fe fcnt plus, parce que la première & la dernière onde vont d'une même vîteffe Ôc d'un mê- me cours- Ce point d'équilibre ne peut avoir lieu dans les grandes artères ; car l'onde que le cœur envoyé de nouveau, y eft dans un plus grand mouvement que la précédente » comme le prouve la pulfation inflammatoi- re , fur-tout des petites artères de l'œil. C'efl: dans les petites artères que le pouls commencée à fe perdre; l'égalité du mouvement du fang obfervée au microfcope dans les artères des grenouilles le confirme. On ne fent point de pulfation dans les veines que l'œil peut dé- couvrir. Le microfcope ni d'autres expérien- ces ne nous ont point appris que le mouve- ment du fang qu'elles renferment fût accé- léré lorfque le cœur fe contrafte. CXXXV. Il faut donc que toute l'énergre que le cœur a communiquée au fang fe perde au commencement des veines , puifquil en Dû) /S E t É M E N s ' refte encore un peu , même dans les plus pe- tites artères j Se qu'on n'en remarque point dans les plus petites veines que l'on puilfe voir. L'expérience prouve que la pecireiTe des derniers vaifTeaux détruit la pulfationj en ef- fet, d'un côte , l'eau quoiqu'introduire par jet dans un canal fouple , fort d'un fil con- tinu a travers une éponge que l'on a adaptée à l'extrémité de ce canal ^ ôc d'un autre côté , il on injede par pulfation alternative de l'eau dans les artères méfentériques , cette eau for- nra aufli d'un fil continu par les veines. CXXXVI. Le pouls eft la mefure de la for- ce que le cœur employé , puifqu'il en eft le plein Se prochain effet. C'eft ce qui fait qu'il ed; moins fréquent , toutes chofes d'ailleurs égales 5 dans ceux qui jouiiTent d'une fanté parfaite , Se dans lefquels il n'y a aucun ai- guillon, aucune réfiftance qui tienne lieu de cet aiguillon. Se dont le cœur pouffe le fang librement Se avec aifance. La plénitude des artères, jointe à la grande quantité de la force du cœur , font un pouls étendu. La vacuité de l'artère , & une moindre quantité de fang fournie par le cœur, forment un pouls petit. Le pouls dur dénote quelqu'obftacle , quel- qu'aiguillon , une augmentation de la force du cœur avec épaifîiffement du fang , ou bien obdrudion ou rigidité de l'artère. Le pouls prompt défigne un aiguillon, un obflacle, la fenfibilité Se l'irritabilité du co^ur. On ne fent jamais mieux le pouls que lorfque l'artère efl nue Se appuyée fur les os ; mais les obflruc- tions le font quelquefois fentir dans des par- DE PHYSIOLOeiI.' 75? des qui fans cela feroient les moins propres i cet effet. CXXXVIL Le pouls , dans tout animal i eft d'autant moins fréquent que l'animal eft plus grand, d'autant que le cœur eft à pro- portion moindre que dans un petit animal , qu'il pouffe alors le fang à une plus grande diflance 5 ôc que l'augmentation des frotte- mens paroît devoir être plus grande que celle de la force du cœur 5 de-là vient que les pe- tits animaux font voraces , que les grands le font moins j tels font la baleine & réléphanr» Le pouls de l'homme adulte bat ordinaire- ment dans une minute 65 fois le matin ôc 80 fois le foir ; il efl moins fréquent pendant la nuit 5 Se il revient peu-à-peu à fon pre- mier état vers le matin. En effet, le mouve- mient mufculaire de l'aârion des fens , tant internes , qu'externes , les alimens tant foli- des que fluides , pouffent le fang veineux vers le cœur , rendent par-là l'aiguillon plus fré- quent ôc les contrariions plus nombreufes ; c'efl-là la caufe du paroxifme du foir dans toutes^ les fièvres. Le fommeil ralentit le fang & généralement tous les mouvemens de l'a- nimal. CXXXVIIL Les enfans ont le pouls fré- quent, & le pouls efi d'autant plus lent qu'on eft plus vieux. Le pouls, dans un embryon, bat environ 134 fois, êc dans les nouveaux nés , il bat environ 1 20 fois par minute. Il n'en bat que 60 dans les vieillards. Le pouls fébrile commence depuis 9(3 pulfations. La célérité médiocre du pouls dans les fièvres, Div to É I E M E N s t)u par le mouvement muiculaire , dans ifn adulte , s'étend jufqu'à iio ou 120 pulfa- lions j la plus grande célérité va jufqu'à 130 4DU 140 5 de à ce nombre l'homme meurt. Xes piilfations font moins fréquentes en hi- ver 5 la différence peut être de dix ; elles le font plus en été , ôc fous la Zone Torride , .elles vont jufqu'à 1 20 ; les affedtions de l'ame y produifent encore divers changemens. CXXXIX. Le fang fe meut lentement dans 4es petites veines , & tient ce mouvement en partie du cœur ôc en partie de la force con- .tra6tile' des artères. Le mouvement que re- couvre le fang dans les noyés, ôc qui n'a lieu que parce que le cœur eft folliciré à fe mou- voir 5 eft une preuve que le cœur y contri- , bue. La vie fubiîftante malgré l'o^ification du cœur 5 ou la'deftruélion prefqu'eutiere de cet» organe , Se le mouvement du fang confervé 43ans la queue des poiiTons après la fe puis noire , en- fuite aulîî tenace que de la poix , acre ôc inflammable. Il refte au fond le charbon du fang , qui eft poreux , inflammable , qui détonne lors- qu'on l'enflamme, Ôc laiflTe une cendre. Oa tire de cette cendre , après l'avoir lavée, fil- trée & fait évaporer, un fel compofé de fel marin &c d'alkali fixe. Se il refte fur le fil- tre un peu de terre infipide. Ce fel fixe fait à peine la cinquantième partie du fang , dont preque la quatrième partie eft alkaline. Oa tire de ce fel , au m.oyen du feu le plus vio- lent , quelque chofe d'acide , qu'on peut rap- porter en partie à celui du fel marin , tel que l'acide que nous avons trouvé dans l'ef- prit du fang; il a aulTî quelque rapport avec les alimens tirés des végétaux , dont le ca- radere n'eft pas encore totalement détruit. C'eft ce qui fait qu'on le trouve dans les ani* maux qui vivent de végétaux , de même que dans l'homme. La terre qui eft peut-être la cent cinquantième partie environ du fang , eft chargée de quelques particules que l'ai- mant attire. Lejerum diftillé donne les mê- mes principes que tout le fang ; il fournit cependant moins d'huile & beaucoup plus d'eau. CLXI. Cette analyfe fait voir qu'il y a dans le fang des liquides plus péfans 5c plus te- naces les uns que les autres, qu'il y en a d'à- 5>4 É L É M E N s ' queux ôc d'autres inflammables , Sc que la plus grande partie du (àng tend plus à la pourriture 5c à la nature alkaline ^ car tant que le fang n'eft pas altéré , qu'il eft préfervc de la pourriture & d'une trop grande cha- leur 5 il ne s'alkalife ni ne s'aigrit point ; il eft au contraire doux ôc un peu falé, quoi- qu'il foit cependant aflez acre & très-difpofé à la pourriture dans certaines maladies , par exemple , dans le fcorbut, maladie dans la- quelle il ronge ks vaifFeaux, dans l'hydro- pifie où l'eau devient prefque alkaline. On trouve dans les infedes une chaux alkaline qui fait efFervefcence avec les acides. Les acides violens & l'erprit de vin coagulent le fang ; les acides doux, les fels alkalins , mê- me les fixes ôc fur-tout les volatils , les aci- des végétaux 5 k nitre Sc les autres fels moiens le dilTolvent ^ il ne fait efFervefcence avec au- cuns fels. Le mouvement v^iolent des muf- cles, une trop grande chaleur extérieure, une fièvre ardente , font tomber fubitement le fang en pourriture pendant la vie. CLXIL Si on expofe au microfcope du fang nouvellement tiré Sc renfermé dans un tube de verre , ou bien du fang qui fe meut dans les veines d'un animal vivant^ on y dif- tingue des globules rouges, mous, de figure variable Se qui conftituent ce qu'on appelle le cruor ou la partie rouge du fang dont nous avons parlé ( n°. CLV ). Ces molécules ne font-elles pas plutôt lenticulaires , ccyr^mQ Leeuwenhoeck l'a obfervé dans les poiifons, êc comme on l'a trouvé depuis peu da^s DE Physiologie. oS riiomme ? Ce point ell aiFez dimcile à dé- terminer y cependant la facilité avec laquelle la grailTe fe ramaire en globules paroit fa- vorifer l'opinion reçue. CLXIII. Ces globules nagent dans un flui- de moins denfe , dans lequel on diftingue à travers le microfcope des globules jaunes plus petits que les rouges , qui ont été auparavant de cette couleur, ôc qui par la feule cha- leur & la fermentation fe font changés en d'autres femblables ôc plus petits ; en forte que tout le fang fe réîbut en une matière jaune, même dans l'homme vivant. Des hom- mes célèbres dans la Phyiîque expérimentale ont évalué le diamètre d'un globule rouge de fang à un trois mille deux cens quaran- tième de pouce. ChXlV. On obferve quelquefois, à l'aide des plus excellens microfcopes , dans l'eau pâle qui refte , de dans laquelle les premiers globules nageoient, des globules de la tranf- parence de l'eau , èc quelques petites pointes de fels. CLXV. C'eft de ces expériences comparées les unes avec les autres que font tirées tou- tes les connoilTauces qu'on a fur le fang. On fçait donc que le fang eft compofé de glo- bules qui réunis par les caufes (CLVI) fe figent en une malTe confufe , parce qu'alors leur force d'attradtion devient plus grande, La partie rouge du fang deflechée & qui s'en- flamme, fait voir que ces globules font d'une nature inflammable ; c'eft ce que prouve auflî le pyrophorc qu'on tire du fang humain j êc_ 96 É L E M E N s il eft très-vrai-femblable que la plus grande partie de l'huile poiireufe qu'on tire du fang, au moyen d'un feu violent, vient encore de- là. Il n'y a point de filamens dans le fang , ôc ils ne fe forment que dans l'eau chaude. CLXVI. Le ferum jaunâtre qui paroît auflî compofé de globules nageans dans l'eau , eft tel que nous l'avons décrit ( CLVII ) ; il fe •trouve dans une efpece de liquamen aqueux ^ plus fin , dont on ne peut diftinguer les particules j c'eft une eau , dans laquelle d'autres principes y font en plus petite quan- tité , & dont le feu forme des féls alKalis. Les diftillations de la falive, du mucus, de l'humeur de l'infenfible tranfpiration , en -fournilTent des preuves. CLXVII. On ne peut déterminer au jufte la quantité du fang contenu dans le corps ; il eft conftant que le poids des humeurs lur- pa(re de beaucoup celui des parties folides, mais plufieurs de ces humeurs ne circulent point , telles font le fuc glutineux 6c la graiflTe. A en juger par les grandes hémor- ragies qui n'ont cependant pas fait perdre la ■yie , par les expériences faites fur les animaux defquels on a tire tout le fang , par le vo- lume des artères .& des veines , on peut éva- luer les humeurs qui circulent au moins à 50 livres, dont la moindre partie conftitue le vrai fang. Les artères en contiennent en- viron la cinquième partie, les veines les qua- tre autres. CLXVIII. La proportion de ces élémens ji*^ft pas toujours teÛe que nous l'avons dit jufqu'à DE Physiologie. 97' jufqu'a préfenr. L'exercice , Tâge viril , la fièvre augmentent le fang renfermé dans les vaiffeaux fanguins , fa rougeur, fa force, fa. denfité , la cohéfion de fes parties , la dureté du ferum coagulé , fon poids ôc fcs principes alkalis. Au contraire fi on eft jeune, oifif, qu'on ne boive que de l'eau, qu'on ne vive que de végétaux , toutes ces caufes dimi- nuent la partie rouge , rendent les parties aqueufes plus abondantes, de augmentent a proportion le ferum Se le mucus. La vieillefie augmente la partie rouge du fang , ôc dimi- nue la partie gélatineufe. CLXIX. C'eft de ces principes joints à ua examen exad de la ftruçture organique des folides 5 que dépendent les difirérens tempé- ramens. En elFec , l'abondance des globules rouges fait la pléthore j celle dQs parties aqueufes dans le fang, conftitue le tempé- rament phlegmatique ; le cholérique ôc Ïqs autres de cette efpéce paroi (Tent dépendre du caraéfcere plus acre ôc plus alkalefcent du fang. Les hommes carnaciers en font un exemple , & les Antropophages font certainement plus féroces que- ceux qui vivent de végétaux. La mélancolie ( car la matière de cette maladie eflrdans le fang) paroît avoir fon fiége dans rabondance du principe terreux dont noiis avons parlé n° CLXIX. Une plus grande ïf- rirabilité des folides, & la dureté jointe à la mobilité tendent au tempérament cholérique^ jane moindre irritabilité avec une dureté mé- idioçre des folides a du rapport avec le tem- pérament fanguin j une moiodjre irritabilité LPart. E 9^ É L É M E N s avec moins de dureté Gonftitue le tempéra- ment phlegmatiqiie. Une grande irritabilité paroît jointe à la débilité des folides dans le tempérament mélancholique. Il faut cepen- dant ne pas s'abandonner trop aux fyftêmes pour rendre raifon de tous les différens tempé- ramens que la nature ne nous offre pas feule- ment au nombre de 4 ou de 8 , mais dont les nuances font infinies. CLXX. La partie rouge du fang paroît fur^ tout fervir à produire la chaleur , puifqu'elle lui eO" toujours proportionnée ; la grolTeur de {qs globules la retient dans les vaiflTeaux du premier genre ôc empêche leur affairement j ôc comme ils reçoivent du cœur un mouve- ment commun , le cœur leur communiquera un mouvement d'autant plus fort qu'ils font plus denfes que les liqueurs des genres in- férieurs qu'il meut en même-tems ; c'eft-là pourquoi la partie rouge du fang étant trop diminuée par de fréquentes faignéeSjle fang fé- journe dans les plus petits vaifTeaux; on devient gras & hydropique : & par la même raifon le renouvellement du fang paroît dépendre de la quantité convenable de cette même .partie rouge. En effet , les hémorragies font dégé- nérer le fang , qui de fa nature efl rouge ôç denfe , en une liqueur pâle Se féreufe. CLXXI. Le ferum ^ principalement celui qui fe coagule , eft fur-tout defliné à la nu- trition des parties , comme on le verra dans le Chapitre IX\ Les liqueurs plus fines font deftinées à différens ufages , à la diffolution des alimens a à arrofer la furface externe U DE Physiologie. 99 interne des cavités du corps humam , à en- tretenir la fouplelTe dans, les folides , aux iTîouvemens des nerfs , à la vue , &c. CLXXII. On ne peut donc être en fanté , Cl le fang eft dépouillé de fes parties les plus fortes , puifque ces parties n'étant plus en mê- me proportion , les autres humeurs féjour- nent dans les petits vailfeaux , les parties de- viennent pales 5 froides 5c foibles. Les fonc- tions de la vie Ôc la fanté ne peuvent non plus fubfîfter fans les autres liquides des genres inférieurs, puifqtie la partie rouge du fang dépouillée de fa partie aqueufe, fe coagule, qu'elle forme des obftrudions dans les petits vaiiTeaux , & qu'elle produit une ttop grande chaleur. CLXXni. Y a-t-il quelque différence entre le fang artériel & le fang veineux ? Il le pa- roît au moment que le fang vient de fouffrir l'adion du poumon ; mais à peine les ex- périences ont-elles pu en faire découvrir dans la denfité ôc dans toutes fes autres qualités diftindives. La couleur vive du fang artériel, ôc la couleur foncée du fang veineux par le rapprochement de fes parties paroiflTent y faire une différence , mais il faut répeter les ex- périences. CLXXIV. Toutes les humeurs du corps humain , qu'on diftingue en différentes çlaf-« fes, tirent uniquement leur origine du fang pouffé par l'aorte. Expliquons donc par la ftrudure des glandes , l'artifice de la nat«te , dans les productions de tes humeurs, Eij 100 h L E Î,I E N s CHAPITRE VIII. Des Sécrétions, GLXXV. 1 L paroît qu'on peut ranger fous quatre claiFes les humeurs que le lang dé- pofe dans d'autres vailTeaux, pour opérer cette a6lion que I'oq nomrciQ fé credo n. Nous ran- geons fous la première les humeurs vifqueu- fes , lymphatiques , que le feu ôc l'efprit de vin peuvent coaguler , & qui néanmoins dans l'homme vivant s'exhalent fort fouvent en • forme de vapeur , & enhn fe réunifTent après la mort en une gelée qui peut s'épaifîîr : tel- les font la liqueur ou la vapeur des ventri- cules du cerveau, du péricarde , de la pleure, du péritoine, de la tunique vaginale, de l'am- nios , des articulations , des reins fuccentu- îiaux, & peut-être de la matrice, la liqueur gaftrique , inteftinale , & enfin ce qu'on ap pelle ordinairement lymphe. ^ CLXXVI. La féconde clafTe eft celle des liqueurs qui en partie s'exhalent de même que les précédentes \ mais qui font plus fim- pies qu'elles (CLXXV) , plus aqueufes, &: que le feu ni l'efprit de vin ne peuvent plus coaguler ; celles qui en partie ne s'exhalent point 5 ôc qui dépofées dans leurs conduits excréteurs font féparées chacunes e-n leur lieu particulier par l'orifice commun de. quelcjue glande. L'humeur de Tinfenfible tranfpira^ u DE Physiologie. îot lion 5 une partie des larmes , & l'humeur aqueufe de l'œil font du premier genre ^ l'au- tre partie des larmes, la falive, le fue pan-^ creatique , l'urine , fe rapportent au fécond* La fueur paroît être un compofé de l'humeur de l'infenlible tranfpirarion ôc de l'huile fou- cutanée. CLXXVII. Les humeurs de la troifiémê claflTe différent de celles des deux premières , en ce qu'elles font lentes & vifqueufés ; elles font d'une nature aqueufe, elles ne s'épaiiif- fent point en gelée; elles fe réunifTenc plu- tôt 5 lorfque l'eau dont elles font chargées s'eil évaporée , ôc elles ne forment que des pelli- cules feches ; telles font les huitieurs mu- queufes du corps humain qui font difperfées dans les canaux par où palTe l'air , les ali- mèns , l'urine, ôc dans les cavités des par- ties génitales , la liqueur dts proftratôs ôc k femence. CLXXVIÎL Nous rangeons fous la der- nière clalTe les humeurs inflammables , qiii récemment féparées j font aqueufes Ôc fines, mais qui après avoir féjourné dans quelque partie Se s'être dépouillées de leurs ^arries aqueufes par l'évaporation , fe changent éii en une matière ondrueufe , tenace , oléagi- neufe,, ardente, &foûventamere; telles fonc la bile , la cire des oreilles , le fuif Ôc la crafle de la peau, la moelle des os , Ôc la graifle qui fe trouve dans toutes les parties du corps ; le lait même , en tant qu'il con-~ tient «ne matière burireufe , a plus de rap- port à ce genre d'humeur qu'à toute autre." Eiii 102 É L E M E N S CLXXIX. Quiconque aura fait attentioîî qu'il fe trouve dans le fang une férofité qui ie coagule ( CLVI ) , une eau qui s'exhale (CLX) 5 un mucus vifqueux (CLVII) , enfin de l'huile (CLX) , n'aura pas de peine à con- cevoir qu'il eft pofîible que toutes côs diffé- rentes liqueurs (CLXV , jufqu'à CLXXIX) , fuffent êc foient féparées du fang , puifqu'el- les ont le principe dans la inaiTe même du fang; mais comment a-t-il pu fe faire que riiuile fe féparât du fang par un tel vifce- re ? L'eau par tel st-utre /* Le mucus par ce- lui-pi, &c ? C'eft ce qui refte à rechercher ôc cela fuppofe la defcription des organes des fécrétions. CLXXX. Les liqueurs qui peuvent fc coa- guler, fe féparent prefque par-tout des artè- res , fans le fecours d'aucune machine, dans des canaux excréteurs continus aux artères; c'eft ce que nt$us prouvent les injections de colle , d'eau Se d'huile fine qui tranfudent & fe répandent fî promptement des artères fanguin^ dans toutes les cavités dans lef- quelles cette vapeur coagulable fe trouve na- turellement, & ne rencontrent en leur che- min aucun nœud intermédiaire , ni aucune petite cavité qui puiffe les arrêter : enfin le îarig fe répand dans la plupart de ces cavi- tés, fans qu'il s'enfuive aucune incommo- dité , Toit qu'il s'extravafe , foit par fon fér jour , foit par l'augmentation de fon mou- vement;; d'où l'on peut inférer que le che- min qu'il y a entre les vaiffeaux rouges & ces conduits excréteurs , n eft ni long, ni dif- DE Physiologie. loj ficile. Se auflî que la lymphe jaune diffère peu du fang. CLXXXI. On peut mettre au nombre de ces humeurs, cette lymphe veineufe qui eft portée au canal thorachique par les vaiifeaux valvulaires (LI). Il paroît aufïi qu'elle fore bientôt des anères , fi on en croit toutes les expériences des grands Hommes, par lefquel- les il eft conftaté que la partie rouge du fang, le mercure ôc les autres liquides ont paflTé des artères rouges dans les veines valvulaires lym- phatiques 5 la rougeur de la lymphe , mêlée de jaune , le confirme , puifqu'elle fait voir qu'il y a dans la lymphe des globules rouges &fereux (CLXI, CLXin. CLXXXII. Il ne faut pas néanmoins diflî- muler que ce genre de vaifTeaux a un genre de glandes particulier dans lefquelles les vaif- feaux lymphatiques dépofent leur liqueur , èc d'où ils la reprennent ; mais les vailfeaux lymphatiques ne tirent pas leur origine de ces glandes , ôc il paroît évidemment qu'ils forcent du poumon , du foie , des inteftins , ôc qjj'ils parcourent quelque efpace avant que d'arriver à ces glandes. CLXXXIII. Ces glandes prêtent à la lym- ^ phe ôc au chyle quelque chofe qui n'eft pas afTez connu. Voici quelle eft leur ftrudture; elles font ordinairement oblongues , conglo- bées, olivaires, fouvent réunies par peloton , d'autrefois ifolées ôc folitaires ; elles font li- bres ôc Bottantes dans le rifTu cellulaire qui les affermit, ôc on en trouve dans la plupart des parties, tant internes qu'externes du corps Eiv .1P4 ^ É L É " M E N S- humain : elles commencent d'une part a la fa- ce , à la partie fiipérieure de la glande pa- rotide 5 vers l'angle de la mâchoire inférieu- re, ôc de l'autre à la foifQ jugulaire, doti elles defcendent le long dQs parties latérales du cou , avec la veine jugulaire ; elles fe (é- parent enfuite en deux bandes, & fe portent a la file les unes des autres en dehors avec la fouclaviere , fous l'aifFelle ^ ceft-là qu'elles font en plus grande quantité. Il s'en trouve enfin quelques-unes fur le plis du coude ; on n'en remarque point d'autres dans le cefte dé l'extrémité fiipérieure , ni fur le dos. CLXXXIV. Il en dtfcQnd une grande quan- tité dans la poitrine le long de la trachée ar- tère & du péricarde ; les antérieures fe pla- cent lur la veine cave 6c fur l'enveloppe du cœur, jufqu'au diaphragme. Les poflérieures environnent la trachée artère de tous côtés , fe rangent indifféremment autour de fes bran^ ches 5 & fe portent jufqu'aux extrémités du poumon y d'atirres placés dans le médiaftia poftérieur s'attachent fur le péricarde , ôc s'é- tendent avec le canal thorachique juf^u'au diaphragme. CLXXXV. Enfin d'autres accompagnent les grands vailTeaux , &c elles s'étendent dans l^e bas-ventre , où elles prennent le nom de lombaires : parvenues dans le plis de l'aî- ne , elles s'y réuniiTent en aiTez grand nom- bre, côtoyent le mufcle couturier &c les grands vaiiTeaux, & fe perdent dans le jarret; d'au- tres de là même bande fe portent dans le baf- ûn y de fe placent dans le tiffu cellulaire le dePhysiolo g I É. ÎÔ5 long des grands vailfeaux hypogalbiqties , ôc derrière l'inteftin rediim , on trouve de pareilles glandes fur la grande &c petite cour- bure de i'eftomac, à l'origine de chaque épi- ploon 5 à l'entrée delà veine porte, dans tout le chemin dos vaifTeaux de la rate & pro- che ce vifcere ; enfin dans toute l'étendue du mefentere Se du mefocolon. CLXXXVI. Elles font toutes d'une même ftrudture. Elles font d'abord couvertes d'unfe membrane externe , ferme , liflTe & colorée dé petits vaifleaux rouges ; on trouve immé- diatement au-delTus de cette membrane un tifTu cellulaire, mol, lâche & court, donc un nombre infini de petits vaifTeaux fanguins ôc lymphatiques parcourent en tous fens les inte^ftices. Leurs follicules , leurs fibres muf- culaires ôc leurs deux membanes me font in- connus. CLXXXVII. Il eft aflfez confiant que ces glandes (ont de quelque utilité aux vailfeaux lymphatiques ôc à la lymphe; puifqu'aucun vairfeau lymphatique ou laiteux ne parvient au tronc auquel il s'infère , fans avoir diftri- bué fes rameaux a quelque glande , ôc s'être formé de nouveaux par le concours de ces ra* meaux a la fortie de cette même glande. Le fuc chyleux dont ces glandes font rempliesdans les jeunes gens ôc dans les jeunes animaux, ôc ie fuc noir dont elles font farcies dans la poi- trine des vieillards , font voir que ces glan- des , féparent quelque chofe du fang qui ft mêlé avec la lymphe ôc avec le chyle dépo- iés dans Is ciffk ceiiukire. Leur grandeur Ôc £ Y Ï06 É L E M E N S leur bon état dans les jeunes gens , kur cor- ruption 5c leur deftrudtion dans les adultes 3c dans les vieillards , perfuadent que cette fécrétion fe fait parfaitement dans la jeu- neiTe de l'animal, &c qu'elle ce (Te d'avoir lietî dans la vieillefle. Ces glandes font le iiége le plus ordinaire des fchirres y il n'eft donc pas probable qu^ la lymphe y reçoive un mou- vement accéléré. Le thymus eft du genre des conglobées comme il le ^aroîr par Con fuc y mais avec cette différence qu'il eft divifé en lobes : au refte on trouve encore dans d'au- tres parties- ces fortes de glandes conglobées par caquets, & fur- tout fous l'aifrelle & dans l'aine. CLXXXVîîLL'humear albumineufe des arri- eulations , qui par k mélange de la vraie graif- fe 5 de l'huile mcduUaire Se d'une liqueur qui s'exhale, conftitue un Uniment très-mol ^ très-propre à lubrifier & a empêcher le fro- tement,^ e(l une autre efpece de liqueur coa^ gulable , qui peut s'épailSr fi on la mêle avec les efprits acides &:.avec l'efprit de vin. Cer- taines glandes conglomérées particulières font devinées à la fécrétion de cette humeur ; el^ les font placées dans ks cavités inégales des îirticularions âes os, de manière a pouvoir erre un peu comprimées fans être froifiees. ; CLXXXIX, La rtruaure de ces*glandes ed particulière : les plus grandes font prefque col- lées fur l'os par une large bafe ; elles s'amin- cilTent en une efpece de poÎBte de la forme d'une crête ; elles dcpofent cette humeur par leurs conduits ouverts Se placés dans le bord t)E PhYS40LOGI£. 107 mince qui les termine ; elles font mêlées do beaucoup de grailfe , & il efl: manifefte qu'el- les font compofées de plus petits grains j d'autres plus petites , éparfes ça & là dans les gaines des tendons & dans l'écartement des fibres ligamenteufes , paroiifent prefque de la nature des glandes (impies; elles font plei- nes d une féroiité muqueufe ôc jaunâtre. C X C. Les liqueurs , non coagulables , ( CLXXVI ) , de la première clafle , fe fépa- rent de même que celles qui peuvent s'épaif- iîr (CLXXV), c'eft- à-dire 5 par les artères exhalantes qui naifTent immédiatement des artères fanguines , fans le fecours d'aucun fol- licule intermédiaire; les inje6tions faites avec l'eau & avec quelque matière glutineufe plus fine tranfudenr fi bien des artères dans les vaidèaux de l'infenfible tranfpiration , dans les vaiifeaux lacrymaux du premier genre &c dans ceux de Thumeur aqueufe , qu'il ne.peuc y avoir aucun doute fur ce fait. Les artères de ces parties paroiiTent être d'une nature ir- ritable , puifqu'étant ftimulées par une ma- tière acre ^ elles filtrent plus de liqueur, dans un tems donné , que pendant l'état na- îarel. CXCL Quant au dernier genre, fçavoir celui des falivaires , la fécrétion fe fait au moyen des glandes conglomérées , que les ^ Anciens ont fur-tout diftinguées des autres , parce qu'elles ont la forme d'une grappe dç raifin , & ce font eelles-là qu'ils ont pard^ culierement regardées comme des glandes ; elles font effedivement compofées de grains- lOS ^ É L E M E N s OU de petits lobes arrondis , réunis par un tifTii cellulaire lâche , en une plus grande malTe qui eft fouvent couverte extérieurement d'un tilTu cellulaire épais , comme d'une enveloppe commune. On en a des exemples dans les glandes parotides & dans les maxillaires. Des vaifTeaux artériels , afTez conlidérables en cec endroit , & des vailTeaux veineux marchent dans les intervalles de leurs grains. D'ailleurs la plupart des glandes conglomérées féparenc êc tirent du fang leur humeur au moyen du conduit excréteur dont chaque grain glandu- leux eft pourvu ^ de qui en fe réuniflfant avec de femblables en un plus grand tronc, for- ment enfin tous , commes les veines , un feul canal qui porte la liqueur que la glande a féparée, au lieu de fa deftination , à la ca- vité de la bouche , à celle des inceftins , à la fuperficie de l'œil j & il y a des glande* qui n'ont pas de canal excréteur , ou dans lefquelles au moins on n'a pu encore en dé- couvrir; telles font les glandes tyroïdes , les jeins fuccenturiaux , les glandes pituitaires , ^ le thymus. CXCII. Ces grains font environnés d'un? tiflu cellulaire plus ferme qui leur fert de limite, ôc ils fe divifent en de plus petits grains qu'on apperçoit à l'œil nud , ôc en- core mieux à l'œil armé du microfcope ; mais pourra-t-on demander quel eft le terme de ^j-te diviiion ? Chaque grain iimple eft - il creux dans foU milieu ? Reçoit-il des arrerèsî l'humeur qui tranfude dans fon follicule ôc h chaiTe-t il par fon conduit excréteur ? Les DE Physiologie. 105? boutons , les hydatides , les reins remplis de grains fchirreux &c ronds , donnent-ils lieu d'imaginer cette ftrucliire f' Les grands vifce- res deftinés aux grandes fécrétions , font-ils des glandes conglomérées? Les concrétions ar- rondies qu'on ti' Olive à la fuite des maladies , dans le foie, dans la rate, dans les reins, dans les tefticules, dans la fubftance corti- cale du cerveau , font-elles des raifons pour adopter ce fentiment } Les petits animaux daas lefquels ces vifceres paroilTent com- pofés de petits grains l'appuient-ils de leur côté ? Y a-t-il dans le tilîu cellulaire , qui environne les extrémités vafculaires de tou- tes les parties du corps , des petites cavités ôc des aréoles dans lefquelles fe répand la liqueur féparée. GXCin. Il paroît que tout cela n'a pas lieu dans leur ftrudure ; en effet les grains qui entrent dans la compo(ition des vifceres àes animaux, ne font pas d^s lobes élémen- raires, mais compofés & grands à propor- tion des animaux auxquels ils appaniennenr, Prefque toutes les concrétions morbiiîques ont eu leur tilïn cellulaire du placenta &c dans hs membres mêmes qu'on n'eut jamais foupçonnés d'une ftruâ:ure glanduleufe ; ces concrétions fe forment par la réunion de l'hui- le , de la vapeur .& de la terre qui fe font répandues dans quelque cavité cellulaire , qui y féjournent , compriment les follicules voi- fins ôc fe forment ainfî des parois particu- liers. Mais la nature aqueufe & coulante dn- liquide que les glar^içs fépateni { QLXKYl) 3. IIO E L É M E N s nous doit perfuader qu'il n'y aucun ralen- tKTement dans cette fécrétion , aucun lieu où l'humeur ait pu féjourner \ puifque les li- quides qui font en repos dans le corps hu- main qui eft chaud & rempli de vailTeaUx réforbans , s'épaiflîfTent to;^'; jufqu'à appro- cher de la nature du mucus ou de l'huile \ de plus 5 on éprouve beaucoup de difficulté à faire paflfer les injections des artères dans ces conduits excréteurs , parce que , fi elles font tropgrofïieres, elles font arrêtées & fi elles font fines 5 elles s'exhalent dans le tiffu cellulaire. De grands hommes ont cependant eu l'art de faire palTer une injeârion afiez grofliere & fem- blable à celle de la cire , des artères des glandes falivaires & de celles du foie dans leurs con- duits excréteurs , fans qu'elle ait rempli des petits nœuds mitoyens , comme l'exigeroit la théorie (CLXXXII). CXCIV. Les grains paroifTent donc com- pofés d'artères Se de veines divifées & fub- divifées, liées enfemble par une grande abon- dance de tiffu cellulaire qui fert à fourenir le réfeau que ces vaififeaux forment, jufqu'à ce qu'enfin ce tiiTu' cellulaire devenant infen- fîblement plus dur , prenne à peu près une Êgure ronde. L'analogie des lobes du pou- mon & des lobes du thymus , la firudure des infeétes , & fur-tout des tefticules dont les lobes font manifeftement compofés de vaif- feaux excréteurs réunis en pelotons au moyen ci*une membrane très-molle , donne lieu de le croire ainfi. Les liqueurs des glandes ne paroilTenc pas s'épancher dans le tiffu cellu- BE Physiologie. lît laire, Se orv ne trouve fouvenc point, ou ait moins difficilement leur trajet vers le con- iduit excréteur. CXCV. Il s'engendre encore dans d'autres endroits , de fans le fecours des grains des glandes conglomérées, une liqueur fine qui ne s'épaiflît point, qui cependant ne s'exhale pas , & qui eft d'une nature aqueufe ; c'eft ainfi que l'urine eft dépofée par les artères fanguines dans les tuyaux membraneux aux quels elles font manifeftement continues , puifqu elles lailTent un paflTage libre à l'air , à l'eau & au mercure. Le fuc nerveux paroîtj quoique cela ne foit pas auiîî clair , fe fépa^ rer de la même manière dans le cerveau. CXCVI. Le troilieme genre de liquides efl lemuqueux ( CLXXVII) j il eft féparé du fang prefque par-tout, dans des finus ou des glan-* des creufes» Les vraies glandes ou les folli- cules font en général d'une ftrudare telle, qu'ils ont une grande cavité environnée de tous côtés par une membrane , de façon ce- pendant que la chair m.ême de la partie à la- quelle la glande eft adhérente , tient ordinai- rement lieu d'un autre hémifphere fermé du follicule. Cette cavité , le plus foavent ron- de , eft cependant quelquefois longue , &c rampe obliquement entre les parties voifi- nes y l'urètre des hommes &c les follicules da vagin en fourniffent des exemples. Ces fol- Kcules font irritables , ôc ftimulés par une matière acre, ils accélèrent la fécretion. CXCVIL Des petites artères, ou de la chair Car laquelle les follicules font implantés j ou tït E L é M E N s de la membrane qui couvre la partie convexe de ces follicules, fe terminent en prolon^^ geanr leurs extrémités dans la cavité du fol- licule, s'y ouvrent & y exhalônt leur liqueur, ^ui , reçue dans cette cavité, s'y arrête à càufe de la petitelTe du conduit excréteur , êc s'y épaiffit , parce qu'une partie de FeaU dont elle eft chargée eft reprife par les vei- nes qui percent ces follicules , de même que les artères exhalantes. C 'eft- là ce que nous apprennent la ftrudure des follicules fîmples de la langue dans lefquels on peut apperce- voir l'ocifice excréteur & les pores de dé- charge, à l'œil nud 5* l'infpedion des tuyaux dos ventricules des oifeaux dans lefquels le tuyau capillaire féciéteur s'avance vifiblement dans cette cavité ^ l'injeétion au moyen de laquelle nous faifons paiïer dans les glandes fimples de la cire dépouillée de la couleur dont elle étoit teinte. CXCVIII. Soit que le finus muqueuxfoit long, ou que ce foit une glande ronde, il a toujours un orifice excréteur & le plus fou- vent aflfez ample ; -de manière cependant que dans les glandes rondes le rapport de cet ori- fice à la cavité de la glande n'eft pas fort grand : ce petit orifice s'ouvre quelquefois im- médiatement dans la grande cavité dans laquel- le le mucus doit fe répandre y ceci a lieu fur le dos de la langue , dans les inteftins Se de l'eftamac : Ruisch les aappellées cryptes. Les finus font fouvent d'une ftrudare femblablé & s'ouvrent fans aucun autte COUdait , comîïiô dans l'urètre à^ Thommet bePhysiologii. Iï| CXCIX. Il eft un autre genre de ces glan- des où plufieurs follicules (impies renfermés dans une feule enveloppe commune , ou- vrent , pour ainfi dire , de grandes bouches dans un fînus commun , fa^ avoir de vrai conduit excréteur ; c'eft ce que Ton obferve dans les amygdales. On les nomme con- glutinées, ce. D'autres glandes iim.ples ont un con- duit excréteur pour verfer leur mucus 5 c'eft- à-dire, un petit vailFeau membraneux cylin-, drique , étroit , qui s'ouvre par fon orifice antérieur dans la cavité commune à laquelle il eft deftiné \ c'eft fur-tout dans les glandes fou-cutanées, dans celles de la trachée ar- tère , dans celles du palais èc dans les glan- des fébacées, qu'on trouve de ces conduits ex- créteurs afifez longs. Il eft d'ai très glandes où l'on découvre plus clairement les pores Se le conduit, que les follicules; telles font celles des narines 5 du larynx &: de l'inteftin rec- tum. CCI. Dans d'autres endroits plufieurs de ces conduits concourent à la fortie de leurs follicules , comme dts rameaux veineux , dans un grand conduit excréteur commun à plusieurs follicules. On peut rapporter à ce genre les glandes inteftinales compofées , quelques fînus de l'urètre, le trou-borgne de la langue \ & dans les animaux , les tuyaux du ventricule du caftor , à^s oifeaux , les ap- pendices aveugles du ventricule des poiffons y Sec, On peut donner à ce genre de ojandô le nom de Glandes compo/ees de fim^ks;^ 114 É L É M E N s mais quand elles font fimplement voifînes l'une de l'autre , nous les nommons ordinai- rement Glandes attroupées ou ajjemblées ; tel- les font celles des inteftins , de i'cftomac Ôc du gofîer. ^. CCII. Les liqueurs inflammables (CLXXVII) font féparées du fang dans des organes de dif- férente ftrudlure ; la graifTe & la moelle font dépofées par de petits orifices des artères , 6c fans le fecours d'aucune glande, dans le tiflTti cellulaire- Cette graiife fou-cutanée fort ça & là par des petits conduits ou pores, fans paf- fer par aucun follicule glanduleux \ mais la cire des oreilles & le fuif cutané eft féparé par àQs glandes de différens genres. Plufieurs glandes febacées laifrent voir fur la peau leur orifice nud, fans avoir de- conduit un peu long qui y réponde ; telles font celles des oreilles , des nymphes , des parties de la gé- nération de la femme, de la foffe fituée en- tre ces nymphes & les grandes lèvres , du prépuce, de la verge, du clitoris, de l'aréo- le,des mamelles. Ces glandes différent à pei- ne des cryptes (CXCVII) , ii ce n'eft par la matière qu'elles féparent. CCIII. D'autres glandes febacées ont un conduit excréteur de quelque longueur ; tel- les foRt prefque toutes les glandes cutanées & celles qui étant placées dans le rifiTu cel- lulaire , ont nécefiTaireinent un conduit qui perce la peati , c'eft ce dont on a un exem- ple très-commun , fur- tout au vifage ; en effet l'efpece de petit ver qu'on en exprime aflfez fou vent , détermine d'un côté la lonr DE Physiologie. 115 gueur du conduit , ôc fait voit d'ailleurs par fa grandeur qu'il y a un follicule au-deiïous du pore délié qui perce la peau. ^ CCIV. Enfin d'autres glandes febacées font du genre de celles dont j'ai parlé, (CCI) 5 dans lefquelles plufieurs cryptes rairemblent tous leurs petits conduits dans un plus grand conduit excréteur; c'eftainfi qu'on obferve dans difFé- rens endroits de la face de grands pores com- muns à plufieurs cryptes. Ceci a lieu dans les glandes febacées des paupières , dans l'organe qui fert à la fécrétion du mufc dans la civette. CCV. Le Lait qui eft un mélange d'eau ôc d'huile , & qui conftirue un genre parti- ticulier , fe fépare dans une glande conglo- mérée ( CLXXXXI ) , & un peu de graifTe reforbée contribue peut-être à le former. On n'efl: pas d'accord fur la manière dont fe fait la fécrétion de la bile , mais plufieurs raifons perfuadent que l'organe qui fert à cette fé- crétion eft vafculeux , Se que la bile fe dé- pofe de la veine porte dans les racines des pores biliaires , fans paffer par aucun folli- cule mitoyen , ôc principalement rinjecftioîî que RuiscH fit pafler de la veine porte dans les racines des pores biliaires fans rencontrer de nœuds intermédiaires qui la retardât. Mais le lait Se la bile font des humeurs beaucoup plus fines Se plus aqueufes que la graiife Se que le fuif des follicules. CCVL Refte donc à rechercher comment il a pu fe faire , que de la même mafifç du fang ks mêmes liquides fe féparafTent conftam- ment aux mêmes endroits , que le kit , par lî^ É L é M E N s exemple , ne fe féparât jamais dans lesjreins, la bile dans le thymus ^5 le tniicus dan^ les glandes febacées. Il n eft que ôc l'ar- tère capilliir-e plus longue. CCXX. Y a-T-il dànsdifiérentes parties des fermens propres , des pores , d&s pefanteurs fpécifiques , des filtres qui déterminent l'ef- péce d'humeur qui s'y forme ? Que ceux qui ' voudroient les admettre , faflent un peu at- t-ention à la grande différence qui fe trouve dans l'humeur féparée par une même partie du corpus , fnivant la variété de 1 ag?, du genre de vie, &c. La bile eft douce dans le fœtus, Ôc la femence y cil fine ôc fans ver ; on n'y trouve point de lait , ou il eft purement aqueux j Lurine y ell aqueufe , muqueufe, infipide ; le mucas delà matrice y eft fort blanc ; les vaifteaux de la peau y font rem- plis d'un fuc rouge ; la graiiïe y eft géîati- neufe. Lqs mêmes organes féparent dans l'a- dulte 5 une bile acre , une femence épaiTe , F ij 124 - H L E M E N s un lait butireux , une urine jaune , alcalef- cente & fine > un fang menftruel, une humeur aqueufe très-limpide. Dans l'homme même quelle différence n'y a-t-il pas entre l'urine aqueufe, l'urine dont la coétion eft parfaiyi| ôc l'urine plus pefante , chargée de fel ^ d'huile , qu'on rend dans les fièvres? Les af ^ feâ:ions de l'ame qui ne produifent d'autres eiFets dans le corps que d'étrangler les nerfs, produifent des changemens furprenans ^Jans les fecrétions. Elles chafTent le fang 6c la bile Î*5ar les v^ailTeaux de la peau. Ajoutez à cela e dérangement fréquent que de légères eau- fes produifent dans les fecrétions , d'où il ar- rive en conféquence qu'une plus grande vî- telfe fait féparer différens fluides par un mê- me organe, car le fang pafle prefque par tous les canaux des autres humeurs , par ceux de la fueur, des larrnes , du mucus des nari- nes , du mucus d« la matrice , du lait , de la femence , de l'urine , de la graiffe. On a vil du vrai lait fe féparer par les glandes des aines. Lorfque la fecrétion de l'urine ne peut fe faire dans les organes ordinaires par rap- port à quelques vices de la velïie , des ure- tères , des reins , elle s'exhale alors dans la peau , dans les ventricules du cerveau & dans tout le tiiïu cellulaire. L'humeur de l'infen- fiblê tranfpiration , quoique fine, pafie par le froid vers les canaux urinaires , & les re- mèdes & le faififlfemcnt la déterminent par les petits conduits excréteurs des inçeftins. L'HwîiîS^y^P^^ vifi^ueufe qui s'exhale dansle DE Physiologie. ii^ riffa cellulaire, eil alternarivement fcparée &c ûbforbce avec la graiiT^ ( XIX , &c. ) clans un même organe, quoique ce foit une Inimeur Jien différente. La falivarion fupplée à l'in- fenfible tranfpirarion, tant interne qu'exter- ne. La bile repompée pafTe dans les vaifTeauX tranfpaténs de l'œil. Il paroît qu'il n'y a rien dans la ftructure telle qu'elle puifTe être, de tel vifcere ou glande que ce foit, qui pxiifle donner à chaque humeur féparée fon carac^ tere particulier , ou la déterminer de telle forte qu'une plus ou moins grande viteflTe , le changement des afFeélions des nerfs , ne puiffent produire d'autre liquides dans les or- ganes les. plus fains. CCXXL Pveftedoncà rechercher comment les fecrétions pures fe font dans l'homme en fanté. Tous les liquides récemment féparés, fans en excepter aucun, pas même i huile, font beaucoup chargés d'eau ; & on ne voie pas qu'ils fe féparent de liqueur épaiffe qui n'en contienne de plus fines. Comment peut- il donc arriver que la femence , la bile , l'huile , le mucus , deviennent vifqueux ÔC acquièrent d'autres qualités par l'évaporation de la trop grande abondance de leurs par- ties aqueufes ? CCXXIL La nature a préparc dans cette vue des glandes , des follicules grands &z pe- ti^ pour fervir à certaines liqueurs à y dé- pofer leur eau , & devenir après cela plus vif- queufes & plus pures ; c eft ainfi qu'une eau légèrement muqueufe de d'abord peu diffé- F iij Il6 É L É M E N s rente de l'humeur de l'infenfible tranfpira- tion ou de la matière des larmes, fe dépofç dans les follicules des narines de la trachée artère, des inreftins j elle ne s'en fépare pas fur le champ , parce que l'orifice excréteur eft plus petit que le follicule (XICC). IJi conduit excréteur qui eft quelquefois long & grêle, ralentit le liquide de manière qu'à peine peut-il fortir , s'il n'y eft contraint par une prelîion extérieure, & peut-être même fi le follicule irrité par l'abondance & l'acri- monie de la liqueur qu'il contient, ne chafle cette matière incommode par un mouvement périftalrique. L'évacuation qu'on fait le ma- tin par le nez , l'expulfion du mucus des poumons , l'éternuement que le féjour de ces liqueurs pendant la nuit produit au ré- veil , en font autant de preuves. D'un autre côté les veines fe prolongent dans la cavité des follicules, s'y ouvrent & repompent la partie aqueufe du mucus, de manière que ,plus le mucus refte de tems dans ces folli- cules , plus il sépailîît ; <5c fi la force ftimu- lante eft afTez grande pour l'expulfer fur le champ, il s'en exprime une liqueur aqueufe & fine après la fécretion ^ nous en avons dts exemples dans l'urètre, dans les narines, dans .la cire mêm.e des oreilles ; nous en avons aulîî dans la bile qui fort du foie chargée d'eai>, peu amere, & qui neft pas fort jaune.|La velîicule du fiel la retient donc , la chaleur naturelle la fomente , la liqueur la plus fine en eft pompée par les veines reforbentes, §c D ^ P ri r s ï O L Ô G I E. 11/ ce qui refte dans la veliicule eft plus amét, péus oléagineux ôc pins épais. Le même mé- chanifme a lieu dans la femence ; elle eft confervée dans ies vefficules féminales , elle $ y épaiilîc ; elle elfc fluide quand on fe livre fou vent au plailir ; elle eft au contraire vii- queufe dans les perfonnes chaftes. il y a des endroits où la nature a doublé , ôc triplé ces fortes de réfervoirs dans un même organe; c'eft ce qu'elle a fait toutes les fois qu elle a eu en vue la fécretion d'une humeur très- vifqueufe. Le refticuîe a un refeau deftiné pour le paffage de la femence ; Fépididime le termine par nn grand canal y & par une grande veiîicitle ; les vaifTeaux du tefticule font étroits, ainfi que le conduit défèrent ôc le conduit proftatique^ CCXXIIL II n'y a donc nulle part de glan- des qn*autant qu'elles peuvent fervir à fépa- rer un liquide vifqueux ; ôc s'il fe fépare par les artères une liqueur vifqueufe, fans qu'elle paffe dans un follicule , eïh féjourne tou- jours 5 lorfqu'elle eft féparée , dans un fol- licule plus grand. La femence , la bile , la fynovie, ïà grailTe en font des exemples. CCXXIV. La figtieur peut changer de ca- ïâdiete dans un réfervoir par l'afFufion & le meflarige de quelqu'autre liqueur nouvelle. La femence s'épaifîrt lorfque h liqueur des prof- rates vient à s'y mêler ; le mélange du fuc pan- créatique, du fucgaftriquetSrinteftinalattenrue le chyle, Se celui de la bile Talkalife ; la fyno- vie eft rendue plus coulante par les deux efpeceîj F iv tl8 É L É M E K s ae grailfe qui; sy mêlent ( CLXXXVMI ). CCXXV. Les follicules ôc les rélervoirs ©nt encore le gfand avantage de conferver chaque liqueur pour le tems auquel feul elle peut être d'ufage à la vie ; la bile eft con- fervée pour le tems de la digeftion , la fe- naence pour Tufage modéré des plailirs dont fon évacuation eft accompagnée ; le mucus des narines s'accumule pendant la nuit, pour tempérer pendant le jour la violence de Fair qu'on refpire par le nez. CCXXVL Amli de même que la nature a fair'des machines capables de ralentir les liqueurs oHns leurs grands & leurs petits fol- licules 5 de même en a-t-elle fait d'autre^ propres à les chafTer dans les tems conve- nables. Elle a donné des triufcles particuliers à certaines glandes ^ fur- tout aux refticules des animaux , à la veflie & à la vellicule du fiel , aux inteftins, au ventricule. Dans d'au- tres parties elle a placé les glandes près des mufcles pour faire avancer la liqueur, tels font le digaftrique, le maifeter, les mufcles du bas ventre , le diaphragme. D'autres fois elle les a munies de parties nerveufes irri- tables qu'un aiguillon difficile à exprimer , venant à irriter, fait mettre en a6tion , Ôc ouvrir un chemin libre au lait, à la femence .& aux larmes ; ou ftimulées par une matière aère , comme il a été dit , elles dépofent plus promptement la liqueur qu'elles contiennent 5, la bile , la liqueur du ventricule , des intef- tins, & le fuif font de cette efpece. Djs Physiologie. ii^ CCXXVII. Nous ferons une hidoire plus détaillée de chacun des liquides qui fe re- paient du fang y loi'lque nous parlerons des organes des fecrétions j mais avant que d'en- trer dans le détail de chaque fecrétion en particulier , il eft à propos que nous coni- inencions par traiter de la plus importante de toutes , ôc qui fe fait dans toutes les par- ties du corps humain j fcavoir , de celle du fuc nourricier, & de la manière dont ce fuc s^adapte dans les petits vuides que les particules qui s'échappent du corps, aban- donnent. iiiii[fiiiiiiiiiiii CHAPITRE IX. De la Nutrition, CCXXVII. JLj e corps humain eft ccmipofé de parties fluides & folides ( I ). Les fluides font en plus grande quantité \ & cela paroi- tra-t-il étonnant, QrYon fait attention que les unes & les autres proviennent d'alimens fluf- des^ C\ l'on confidere la quantité du fan"^ ( CLXVII. ) le rapport des orifices des vaii- feaux aux fluides qu ils contiennent , la ré- plétion de ces mêmes vaitFeaux pat les in- jetions , la diminution du poids du corps lorfqu il a été dépouillé de fes patties^uides par les maladies ;, par la pourriture de pat ia. difuUation, • • • - • • ' Fv I I 30 £ L i M E N s CCXXIX. Il eft facile de démontrer la diffipâtion continuelle des fluides. Eu efFeî, les humeurs aqueu Tes s'exhalent très-proiïipte- meiit du corps 5 la rranfpiration infeniible Se la tranfpiration des poumons eft environ de trois ou quatre livres par jour. Les liqueurs coagulabes & épai^fes font continuellement dilToutes par une chaleur de ^^6 degrés ( cha- leur de riiommé en fanté ) , par lefrorremenc réciproque des globules contre les parois des vaifleaux, ôc par celui des globules entr'eox . (CXLVIII) \ ces globules enfin devenus vola- tilsjs'échappent eux-mêmes : d'ailleurs l'urine îi'eft pas fimplement aqueufe & chargée des jréçrémens des alimens , elle eft encore com- pofée d'autres humeurs , puifqu'elle s'alka - life , & qu'elle contient de l'huile de un ef- prit analogue à l'huile & à l'efprit du fang. II s'écoule Auflî tous les jours par le bas ven- tre quelques onces de bile & une portion du fuc inteftinal. La maigreur qui fuit le meuvement mufculaire , les violens purga- tifs , & la fièvre en font des preuves. CCXXXL La 'vie même la plus naturelle détruit çéceffairement les parties folides du corps. C*eft ce qui fe déduit facilement des caufes mêmes de la vie^ puifque le fang pouf- fé par le cœur avec une grande impétuofité contre les parois convexes que forment \qs vaiiïèaux par leur courbure , les étend , il les redreffe , & peu après ces vaifTeaux élaf- fiques entrent en contradion , & ils fe ré- taDlilTent dans leur état naturel de courbure: or fomtue ceci a lieu idoooo fois par jour. ï)E Physiologie. 131 ^' truelles parties du corps pourroienr y réfifter ? Les bois même ôc les métaux ne feroienc-ils pas ufés par un pareil frottement ? Il eft donc vraifemblable que ce frottement ruine les parties folides de notre corp^ , ces parties n'étant compofé^s que de terre friable , peu cohérente , ôc de gluten ^ n°. IV , que le feu & la pourriture , comme on le fçait , peu- vent diffoudre. Ceci a lieu dans toute la ca- vité des vaiffeaux , & il eft certain que le frottement eft prodigieux, fur-tout dans les plus petits. Lorfque les fibres s'étendent en longueur, \q gluten intermédiaire alors pa- reillement étendu , perd de fa force attrac- tive j & pour peu que la force d'impuUion furpaffe celle de l'attradtion , il faut nécef- fairement que le gluten foit chafte des inter- valles des elémens terreux , & qu'il fe for- me de petites foftettes. La rupture des mem- branes'de l'aorte dans les vieillards le confirme. CCXXXL La liberté ou le peu de con- nexion du dernier élément qui termine ie plus petit canal , & qui eft finiplement uni au refte du canal par une feule de fes extrémités, fait voir que la diflolution qui fe fait dans les extrémités de ces vaif- feaux coupés, tant cutanés qu'internes, né s'opère que par la force & la fluidité du fang. C'eft-là la fource des petites pellicules qui paroifTent après la deftruétion de Tépider- me, de TaccroifTement fubit des poils, des ongles & àes dents qui fe fait en afTez peu de tems. CCXXXIL 11 eft eonftant que le tifTu cei- Fv IJ2, ÉlÉmENS lulaire des vailfeaux eft non feulement ufé dans leur cavité, mais encore dans toutes Tes parties , Ci on fait attention aux frottemens que ce tiiTu qui a peu de cohéfion , & que la feule macération peut dilfoudre (XI) , ef- fuye du violent mouvement du fang contre les mufcles voifins, contre les tendons & con- tre les os qui font au-delfous. La graiife qui environne ces parties diminue à la vérité le frottement , mais elle ne les en garantit pas entièrement. CCXXXIII. Le tiffu cellulaire qui forme la partie folide des membranes & des vif- ceres doit néceiïairement fe diffoudre & re- devenir fluide, lorfque fes fragmens auront été brifés par la force élaftique des artères qui conftituent toutes les parties du corps. Le mouvement violent & prefque contiuel des mufcle^ , les grandes & fréquentes cour- bures des fibres , concourent a cette deftruc- tioru La nature même de la chofe le démon- tre , puifque rien ne détruit plus efficace- ment les corps durs que leur courbure réi- térée ; notre tifTu cellulaire doit donc par cette raifon être indifpenfablement ufé, puif- qu il cft compofé de fibres molles, tout ré- cemment formées de gluten de de plufîeurs cavités vuides , diftinguées les unes des au- tres par un fluide intermédiaire (X). CCXXXIV. La folidité des os même ne les met pas à couvert d'une lente deftrudion. L*excrefcence morbique des dents dans les fcorbutiques fait voir que les os font fujets a de fréquens changemens. Se qu'il fe forme DE PhYSIOXOGIE. i^^ aans les plus durs de nouveaux filamens. La courbure des dents autour du plomb dont on comble leurs cavités , Ôc les obfervations qu'on a faites tant dans les hommes que dans les animaux , fur l'accroillement merveilleux des dents qui n'en ont pas d'oppofées , le confirment encore : de plus les os devenus chair prouvent que le fuc ofTeux eft changé, que lancien eft remplacé par un nouveau ; les exoftofes , les tophus vénériens produits parla corruption du fuc oflfeux , «Se dont les perfonnes diifolues font attaquées , à caufe du vice de leurs humeurs : la cure de cette maladie par les remèdes internes ^ la couleur fouge des os des animaux nourris de garan- ce, & le recouvrement de la couleur natiy- relle des os lorfque ces mêmes animaux chan- gent de nourriture , font voir que le fuc of- feux fe renouvelle. Enfiti; les expériences fai- tes par de grands Hommes , confirment que les os des vieillards décroiffenr. CCXXXV. Tout corps vivant eft ainfi dans un état perpétuel de dilïipation ; les fluides s'exhalent & font pouffes au- dehors ; les folides brifës êc réduits en très - petites parties , paftent dans les cavités des grands vaiifeaux par les orifices des vaifteaux inha- lans 5 font rendus par ce moyen au fang , forment le fédiment de l'urine , deviennent la raatiere de la pierre & àes os contre na- ture. Ces pertes font beaucoup plus grandes dans la jeunefle : toutes les parties font alors mol-es, les parties aqueufes & glutineufes do- minent, de les terreftres font en petite quan- 1J4 É L É M E N s tiré. Cette dilîlpatian dimintte avec l'âge , néanmoins il s'en fait toujours. CCXXXVI. La nature devoit donc né- ceiïairement pourvoir à ces pertes. La façon dont les fluides fe réparent doit paroître dé- montrée à quiconque confultera ce que nous avons dit fur les forces qui concourent à la digeftion des alimens , où nous faifons voir qu'il entre dans le fang un chyle femblable au lait , qui renferme une huile fine ,. graif- feufe ôc des fucs gélatineux des. végétaux ,, &^ fur- tout des animaux. Les parties adipeii- £qs j globoleufes , mais lâches & plus légè- res que l'eau ,. au moyen de la denfité que leur procure la forte contraction des vailTeaux artériels 5c leur force d'attradion dans les plus petits 5 ou un peu d'eau diftingue ces globules y enfin , la configuration que^ leur donne la grandeur des derniers orifices des pliis petits vaiffeaux , forment des globules d'un diamètre déterminé. CCXXXVIL La nature inflammable des globules rouges CLXV , fait voir qu'ils font compofés de graiîFe ; éc l'efficacité du lait, pour réparer la mafl^e du fang dans le fœtus ôc dans les enfans , prouve aulH d'un côté qu'ils réfultent des globules du chyle , devenus plus denfes. Leev/enhoecIc a vu que les glo- bules du chyle étoient plus grands Se pliis lâ- ches que les fanguins ; d'ailleurs, l'expérience fait voir le chyle diftingue par fa forme Se fa couleur, nageant dans le fang quelques heures après que l'animal a mangé ; il difparoît peu après, de le fang paroit alors fi uniforme, que le D E P B Y s I O L Ô G I E. J f$ chyle doit nécelTairement avoir pris pendant ce temps la nature de» différentes liqueurs. CCXXXVIIL II n'eft pa* abfolumenc difHcile de comprendre comment la lymphe coagulabe s'engendre , car elle eft préparée depuis long-temps & perfectionnée dans les chairs des animaux & dans les beeufs, de forte que les forces naturelles de notre corps ne font dans cette occafîon que dégager la lymphe des parties folides, & la mêler avec le lang y d'où il fuit que nous tirons des ani- maux des alimens plus fucculens ôcplus pro- pres à réparer continuellement nos forces , & qu'il fe trouve une plus petite quantité dé cette matière vifqueufe & gelatineufe dans les végétaux^ c'eft pourquoi ils font moins noitr- tifians. Néanmoins les animaux qui ne vi- vent que d'herbes , dans lefquelles il fe fait une abondante & très-bonne réparation de lymphe gelatineufe , font voir qu'il y a dans les végétaux quelque chofe de gélatineux que les feules forces animales peuvent changer en lymphe coagulabe y la nature vifqueufe de la farine des végétaux mclée avec de l'eau , &,le caradbére de plufieurs fucs tirés àcs plantes. , en font autant de preuves. CCXXXIX. Ce qui fe paffe dansle poulet, ionne lieu de préfuTner que les autres hu- meurs font produites par la lymphe; puifqu'il eft entièrement formé du blanc d'œuf qui s'unit à toutes fes parties folides & fluides. Le changement de la lymphe en une eau évapora- ble éc alcalefcente , lorfqu'on l'expofe à urre chaleur de ^6 ou loo degrés , comme on le ^^6 É L i M E N s remarque dans tous les animaux qui transpi- rent , confirme ce fenrimenr. CCXL. Il n'eft même pas ^extrêmement ^iffitiie de découvrir comment la perte des patries foiides eft réparée. La lymphe eft vif- queufe ôc s'attache facilement, comme on le voit dans les polypes. Des battemens réitérés , faifant évaporer les parties aqueufes, forment très-promtement du gluten fereux les fibres & les membranes CLVII : la lymphe s'incor- pore donc par l'impulfion même du fang, remplit les petites foflfettes des vaifTeaux for^ méQs par la deftru6fcion du gluten , placé entre leurs élemens terreftres , elle contradte des adhérences dans les cavités qui la reçoivent » elle fe moule , elle fe figure èc s'aglutine en partie par fa propre force de cohéfion , & en partie par le mouvement d'impullion à^s hu- meurs artérielles dont l'effet fe fait fentir du çentreà la circonférence. L'air que les fluides contiennent paroît y avoir beaucoup de part , étant adhérent aux foiides , & y étant abon- dant pour l'union de la terre & de Teaù ; d'ail- leurs 5 il ne peut fe faire de dilTolution fans la féparation de l'air & fôn rétabliffement en bulles élaftiques. CCXLL II paroît que les pertes que font les extrémités libres des vaifleaux & des fi- bres , ne fe réparent que parce qu'elles font véritablement pouiïees en avant, c'eft-à-dire , que la partie la plus voifin^ de l'extrémité dé- truite de la fibre j prend en fe prolongeant la place de cette extrémité. C'eft ainfi que s'ac- complit ce qui a été dit CCXXIX , & il fe DE Physiologie. 157 forme alors entre ces fibres allongées des in- tervalles que remplit un nouveau gluten lym- phatique. CCXLlî. La rofée lymphatique , qui s*ex-~ haie dans le tifTu cellulaire XX ^ répare les pertes de ce tifTu , s'épanche dans les vuides que laiiTent lés parties détruites de la fibrille cellulaire ; comme elle eft coagiilabe, le bat- tement àQ^Qs propres artères & des voifines, la preflion des mufcles, réunifTent (qs parties, là partie aqueufe s'en fépare , ôc cette rofée fe change enfin en tiflii cellulaire. Le change- ment des fucs des végétaux en pulpe , enfuite en vrai tilfu cellulaire \ les filamens qui à la- fuite Aqs maladies font produits dans la poi- trine par les vapeurs & par le pus , confirment cette théorie. CCXLin. On ne pourra dire au jufte com- ment les fibres mufculaires & tendineufes fe noutriiïent , que lorfque leur ftrudture fera mieux développée. Il paroît néanmoins en comparant les mufcles du fœtus, pulpeux , mois & prefque charnus dans toute leur éren? due , avec les mufcles tendineux & prefque fans chair d un adulte \ & par la grande abondancedes vailTeaux qui arrofent les fibres mufculaires , & par les expériences des grands hommes , que la fibre mufculaire fe nourrit de la rofée l'ymphatique , répandue dans le tiflTu cellulaire qui les unit , & qu'elle s'y adapte par la preflion àcs mufcles & des artères. CCXLIV. Comme la ftruaure des os eft plus connue, aufli eft-il plus facile d'entendre l^î Et i MENS comment ils fe nourriflènt ; ils font compo- {és d'abord, de filets membraneux , qui s'en- durciiïent peu à peu , &: d'un gluten qui s'oiïi- fie entre les interftices de ces filets. La réplé- tion qui fe fait dans les adultes des filions qui ëtoient entre les lames des os ,. & que des vaifïeaux parcouroient dans le fœtus j les tu- térofités fort faillantes des os, les croûtes piei- reufes inorganifées qui fe forment autour de CQS os ; les fréquentes ankilofes , produites par la confufion & la coagulation du fuc qui s écoule entre à^xxx os, démontrent Texillence du fuc offeux ; & an a des exemples où tous les tuyaax à&% os fefont remplis de ce fuc plus abondamment qu*à l'ordinaire. La gelée qui s'écoule des os, de l'yvaire , des cornes , ex- pofés au feu , & qui eft fi vifqueufe qu elle lie & coagule avec elles quinze fois autant d'eau \ la friabilité des os, lorfqu'ils font dé- pouillés de cette gelée \ cette gelée que la pourriture diffout & qui s'évapore toute com- me la lymphe , font voir par à^s expériences inconteftables que ce fuc eft un vrai gluten de la nature de la lymphe eoagulable. Eiîfîa les coquilles è&% œufs , des limaçons & de îous les animaux à coquille , les gouttes faiï- guines colantes & vifqueufes qui iiiintent des os, & qui contraïftenr aufli-tot de la dureté , prouvent que ce fuc, qui a été vifqueux & •fluide, peur devenir fec& Iriable.Le rétablif- fement de la dureté oflfèufe , lorfqii'on unit des os calcinés avec une matière gelatineufe, fournit encore une nouvelle preuve. - CCXLV. On voit de quelle façoa le corps D E P.H Y S I O L O G I B. 1 J^ cft confervé tel qu'il eft dans l'homme en fanté, & comment fe réparent les pertes qui font des fuites néceiTaires de la vie même. Mais il y a différens degrés de nutrition félon les divers âges. Dans l'enfance , les pertes font plus que compenféespar les réparations - le contraire a lieu dans les vieillards. Le premier état s'ap- pelle aceroiffement , ôc le fécond déGroifje'- ment. CCXLVI. Le fœtus a commencé par n'^ctrc prefque qu'une goutte de liqueur lympide ^ comme on le verra ailleurs '» un mois après toutes les parties qui dans la fuite deviennent oflTeufes , ne font encore que des membranes. Le fœtus pafTed'un état fi petit (que la vue la plus fine n'y peut rien appercevoir) â un état il grand d'accroiifement au moyery au fuc lai- teux 5 qu'il acquiert dans l'efpace de 9 mois lapefanteur de 12 livres , poids certainement dont le rapport eft infini avec celui de fon premier état. Au bout de ce terme ^ expoféà l'air il croît plus lentement, &il devient dans l'efpace de 10 ans environ 12. fois pluspefar?t qu'il n'étoit , & trois ou quatre fois plus grand. Examinons la caufe de cet accroiffe- ment , de fa vîteffe dans les premiers temps , & pourquoi il n'eft pas dans la fuite aufïi prompt. CCXLVn. L'extenfibilité du fœtus eft fa- cile à concevoir , fi on fait attention à la na- ture vifqueufe & muqueufe de tout fon petit corps , au peu de terre qu'il contient , à i'a- bondance de l'eau dont il eft chargé, enfin au fiombre infini defes vailfeaux 5, qui fe voienr. Î40 E t £ M E N s & que les injedlions nous font découvrir dans les os, dans les membranes ,dâns l'œil ^ui en renferme un nombre infini , dans les cartila- ges , dans les membranes des vaiireaux , darrs la peau , dans les tendons , enfin par tout. Au lieu de ces vailïeaux , on ne trouve dans les adultes qu'un tilTu cellulaire denfe ou un fuc épanché. Plus il y a de vailFeaux , plus Tac- croiffement eft facile ; car le cœur , dans les premiers temps de là vie , plus voifin des par- ties, y porte les liquides avec une impétuofité beaucoup plus grande & plus concentrée. Les liquides épanchés dans le tilTu cellulaire y fé^ journent , pour ainfi dite , de ils ont moins de force pour les étendre. CCXLVIII. Il doit cependant y avoir une autre caufe , fa voir , la pi us grande force de le plus grand mouvement du cœur à raifon des humeurs & des premiers vailfeaux. Le point -faillanc déjà vivifié dans le temps que tous les autres vifceres & tous les autres folides au fœtus ne font pas encore fenfibles^ la fré- quence du pouls dans les jeunes animaux y la proportion du cœiîr d'autant plus grande que l'animal eft plus jeune , & telle dans l'hom- me qu'elle eft du fœtus à l'adulte une fois & demie plus confidérable , prouvent cette vé- rité. En effet , comment l'animal croîtroit il , fi le rapport de la force du cœur du tendre fœtus à fes autres parties étoit le même que celui du cœur de l'adulte à toutes les tiennes ? Et, fi je ne me trompe, la faculté dlrrirer qu'à le fang veineux , beaucoup plus grande 4ans le fœtus que dans l'adulte , fait beaucoup DE Physiologie. 141 dans tout ceci. Tous les organes qui s'endur- cillent dans l'adulte, font extrêmement ten- dres & fenfibles dans le f^œtus, par exemple, l'œil , l'oreille , la peau & même le cerveau. Ceci ne peut-il pas encore s'expliquer , parce que le fœtus a , proportion gardée , la tête plus grolfe , Se qu'en confequence le rapport des nerfs des jeunes animaux au relie de leurs parties eft plus grand ? CCXLIX. Il doit donc arriver que le cœur faifant effort contre des vailTeaux muqueux , il les étende aifément de même que le tiflTu cellulaire qui les environne, & les fibres muf- culaires qui font diverfement arrofées par ces vaiiïeaux. Or , toutes ces parties cèdent faci- lement, parce qu'elles renferment peu de terre , & qu'au contraire elles ont beaucoup de gluten qui les unit & qui fe prête aifément. Delà les hémorragies des enfans Se des jeunes gens dont le cœur eft plus fort Se dont les vaifleaux n'ont pas encore alTez de rigidité. Voici comme fe forment les os : le fuc gelatir neuxVengage d'abord entre deux vai (féaux parallèles, fe change en fibres membraneufes. Se s'oiîîfie parleur battement réitéré. Les os , dont les fibres font déjà formées, s'accroiflent, lorfque les vaiffeaux , collés à leurs fibres , venant à être étendus par le cœur , entraînent avec eux ces fibres olfeufes & leS| allongent j ces fibres repouflfent ainfi les cartilages qui limitent par tout les os , Se qui ont quelque^ chofe de cellulaire , quoique élaftiques ; elles s'étendent en long entre les deux épiphyfes , & Tes rendent ainfi peu à peti moias épaiffes. 14* E L É M E N s mais plas folidcs. Tel eft le méchanifme par iev^uei les parties du corps s'allongent , & par lequel il le forme des mcervalles entre ces Hbres olTeufes , cellulaires & terreftres qui fe font allongées. Ces intervalles font remplis CCLXIV, XX, par les liquides qui font plus vifqueux & plus glutineux dans les jeunes ajiimaux que dans les adultes ; ces fluides contradent donc plus facilement des ad- hérences , & fe moulent dans les petits vuides. CCL. La foupleffe des os, la facilité avec laquelle ils fe confolident , la plus grande abondance du gluten ôc du jcrum glutineux dans les membres àQ% jeunes animaux , & le rapport à^s cartilages aux grands os , font voir que les os dans les jeunes fujets font d'une nature plus vifqueufe que dans les vieil- lards. CCLI. Mais plus Taiimal approche de la- dolefcence , plus l'accroiirement fe fait lente*- ment. La roideur des parties qui étoient fou- pies &: flexibles dans ie fœrus , rolîihcation des parties des os 5 qui auparavant n'étoient que cartilages, en font des preuves. En effet, f)lu (leurs vaiireaux difparoinent , preifés par e battement des gros troncs dont ils font voi- fins 5 ou dont ils parco.irent les membranes, & ils font remplacés par des parties folides qui ont beaucoup plus dexronfiftence. Le fuc cmeux s'écoule dans les filions qui féparent les fibres oflTeufes ; & toutes les membranes , & les tuniques des vailfeaux font remplies d'un tiilu cellulaire plus deofe. Mais lorfqu'une DE Physiologie. 145 grande quantité d'eau s'eft évaporée de tou- tes les parties, les filets cellulaires fe rappro- chent , ils s'attirent avec plus de force , ils s'imilïent plus étroitement , & réliftent da- vantage à l'extenfion. Le gluten adhérent par tout aux os & aux parties folides , fe fécne , la comprelïion d^s artères & des mufcles ayant diiîipé, les parties aqueufes. Les terref- tres font en conféquence dans un plus grand rapport avec les autres. CCLIL Tout cela fe paffe ainlî jufqu'à ce que la force du cœur ne foit plus fumfante p^j)ur étendre les folides au de là , ce qui ar- rive lorfque les épiphyfes cartilagineufes dans les os longs fonr infenlîblement fi diminuées, qu'elles né le peuvent être davantage \ mais devenues alors extrêmement minces èc très- dures, elles fe réfiftentl elles-mêmes & au cœur en même temps. Les mêmes caufes ayant lieu dans toutes les parties du corps , fi on en excepte un petit nombre , tout le tilTu cellulaire , toutes les membranes des artères , les fibres mufculaires & les nerfs acquièrent peu à peu une dureté telle CCLI , que la force du cçeur n'eft plus capable de les é^endr^. ÇCLIIL Cependant le tiim cellulaire lâche & entrecoupé de plufieurs cavités, fe prête dans différens endroits à lagraiflTe & quelque^ fois au fangqui s'y infinue, fe gonflé dans dif- férentes parties , &: fait groflîr fans faire croître. Il paroît que cela doit être ainfi , en ce que l'accroiffement n'ayant plus lieu, il fe iiépar^ du fang une moindre quantité d'hu- 144 Èl^mens meurs : de U il rçfte plus de matière pour les décrétions ', la réfiftànce que les humeurs trou- vent en pâlfant dans les plus petits vaifleaux étant augmentée par l'endurci (ïe ment de ces vaiireaux , les liqueurs lentes fe portent plus aifément de la plus petite artère dans des ré- fervoirs. Les lecrétions lentes doivent par conféquent; être plus abondantes , le rapport de la torce comparative du cœur , comme on l'appelle , étant alors moindre. La roideur des parties augmente leur réfillance j mais la force du cœurne paroit point être augmentée par cette rigidité. Car le cœur eft un mufcle qui tire principalement fa force de fa fou- pleiLe 5 du fuc nerveux qui , eu égard à fa partie folide , s'y diftribue en très grande quantité , & enfin de la partie rouge du fang , comme nous le dirons ailleurs : or , bien loin que la vleillelTe augmente toutes ces chofes , elle les diminue certain e^men t. CCLIV. Ainfi le corps humain n'a point d'état fixe , comme on le pourroit penfer, ^ il n'eft jamais en repos. Les cavités de quel- ques vaiiTeaux font continuellement détruites, & ces vai (féaux font changés en fibres foli- des , fuivant que la preilîon des poids , des mufcles & du cœur , fe fait fentir avec plus de force dans différentes parties ; c'eft de là que les parties, dont les ouvriers fe fervent plus fréquemment , deviennent roides. Le tiffu cellulaire devient auffi continuellement plus épais & plus dur , le gluten plus fec & plus terreux ; c'eft-là ce qui rend fecs les os des vieillards \ c'eft de U que les cartilages fe changent » DE Physiologie. 145 changent en os , lorfque le gluten , dont ils tiennent toute leur fouplefTe, eft détruit. Tou- tes les parties deviennent dures , le tifTu cellu- laire même du cerveau , du cœur & des artè- res ; la pefanteur fpecifique des différentes parties du corps devient plus grande, & même celle du criilallin. CCLV. Enlin la force attraftive &: gluti- neufe Aq% liqueurs du corps humain eft alté- rée par les alimens falés , par les boiffons fpi- rirueufes, & par les excès de tout genre dans la diète; le fang dégénère en une mafTe fria- ble 5 acre & qui n'eft point gelatineufe ; c'eft ce que font voir la lenteur des cicatrices des plaies «Sr des fradures , la mauvaife odeur de l'haleine , la plus grande quantité de fels du fang , & de l'urine, la diminution des parties aqueufes, & l'opacité des humeurs quiétoient tranfparentes. CCLVI. Ceft pourquoi les ligamens inter- vertébraux venant à fe fecher , à fe durcir & à s'oHîfîer , ils rapprochent en devant les ver- tèbres les unes des autres , & diminuent la reditude & la grandeur du corps \ les tendons deviennent d'un blanc éclatant , très-durs & cartilagineux , lorfque le gluten qui étoit dans l'interftice de leurs fibres eft prefque détruit , les fibres mufculaires , après avoir expulfé le fang ^t^ vaifteaux intermédiaires, dégénèrent en une fubftance tendineufe , feche & blan- che : les vaiffeaux ôc fur-tout les artères , l'eau qui les humede étant diiïîpée , déviennent plus dures & prefque offeufes. Le tiftii cel- lulaire lacbe fe contracte & forme desmem- /, Fart^ G 14(> E L i M E N s branes plus dures ; les vaiireaux excréteurs font ainii comprimés de parc & d'autre , & les petits orifices exhalans , étant détruits , caufent la fechereiTe des parties Ôc diminuent la dépuration nécelfaire du fang. Delà fuivenc une plus grande roideur dans les parties , ôc une conflit ution du fang plus feche & fi ter- ïeufe 5 qu'au lieu de la vapeur qu'il dépo- foit auparavant dans toutes les parties cellu- laires du corps 5 il n'y décharge plus qu'une vraie terre , c'eft ce que prouvent les endur- çiflemens des parties , les croûtes olTeufes ré- pandues dans les artères , dans les membra- nes 5 fur la fuperficie de la plus part des os, ôC fur -tout dQS vertèbres , & quelquefois dans les' parties les plus molles , comme on l'a ob- fervé dans toutes les parties du corps. CCLVII. C'eft là la voie naturelle qui con- duit à la mort ; & la mort doit fuivre , lorf- que le cœur devient calleux , que fa force n'augmente plus à proportion des refiftances qu'il rencontre j ôc que par conféquent il {\ic- combe fous le poids ; lorfque le poumon , qui çft alors moins fufceptible de dilatation , ré- jfifte au ventricule droit du cœur, de même que tout le fyftéme des artères capillaires , qui d'ailleurs font beaucoup de refiftances au cœur CLX. Le mouvement du fang fe ralentit ainfi peu à peu , il s'arrête , ôc ne trouvant plus de paiïage libre par le poumon , il s'accumule fur- tout , dans le ventricule droit , jufqu'à ce qu'enfin le cœur palpitant pendant quel- que cems 5 le fang s'arrête , fe coagule ^ de que le mQUvemeac du cœur çefTe. DE Physiologie. 14-7^ CCLVIIl. La nature a prefque marqué le ter- me auquel tous les~animaux doivent arriver , on n'en fçait pas bien les raifons. L'homme qui vit long-tems , vit naturellement deux fois plus que le bœuf & que le cheval , puif- qu'il s'eft trouvé affez fréquemment des hom- mes qui ont vécu 100. ans , Se d'autres qui font parvenus jufqu'à 150. Les oifeaux vivent çlus long-tems , comme des expériences en font foi ; les poiifons vivent plus que les oi- feaux 5 ôc comme au lieu d'os , ils n'ont que des cartilages , ils croiifent continuellement. CCLIX. La mort étoit d'une néceffité indif- penfable fuivant les loix des corps qui nous font connues , quoique la différente propor- tion de la force du cœur aux parties folides , la codion des alimens , le cara(5tere du fang , la chaleur de l'air extérieur , puiflent plus oiï moins éloigner le terme. On ne pouvoit, de^ même éviter que les vailTeaux les plus petits ne fulTent comprimes par les plus gros , que le glutenne s'épaissît infenfiblement , les par- ties aqueufes venant à s'en feparer , 6c qu'ea conféquence les filets du tilTu cellulaire ne s'approchalTent de plus en plus , cependant une vie tranquille , que les paffions ni les exercices violens ne troublent point , les ali- mens & les boiffons tirés des végétaux , la tempérance & la fraîcheur extérieure , peu- vent retarder la roideur des folides , corriger l'intempérie feche & acre du fang. CCLX. Eft-il croyable qu'il fe forme oit quil fe régénère de nouvelles parties dans le corps humain ? Le polype qui renaît quand on Cij Ï48 - É L É M E N s la coupé 5 prefque rous les genres de vers Se de chenilles qui fe réunifTent lorfqu on les a divifés j les ferres des écreviiïes c|ui fe renou- vellent 5 tous les difFérens changemcns qui ar- rivent à l'eftomac , les queues qui renaifTent dans les lefards , ôc les os qui fe prolongent pour occuper la place de ceux qu'on a perdus , prouvent-ils une pareille régénération ? La réparation naturelle des cheveux qui certai- nement font organiques , des ongles & des plumes 5 les nouvelles chairs qui s'engendrent dans les plaies , la régénération de la peau , le rétabliflfement du fcrotum , le cal des os , tous ces phénomènes conduifent-ils à cette conféquence ? La queilion eft difficile à déci- der. Les infedes , dont la ftrudture eft fim- ple & glutineufe , ont tous ce privilège que leurs humeurs lentes ne s'écoulent point, mais qu'elles reftent adhérentes aux autres parties du corps. Les membranes qui fe chan- gent en hydatides dans l'homme^ les chairs qui s'engendrent dans les plaies, le cal qui réunit non-feulement les os fracturés mais qui encore répaœ des os entiers , fe forment d'une liqueur glutineufe rendue compaéte par la pulfation des artères voifines , par celle des vaifleaux coupés , 3c par le prolongement du périofte dans la plaie. Enfin dans le nez Se les lèvres coufues , dans les dents replacées & qui recouvrent leur fermeté , les vailTeaux coupés & les nerfs doivent néceiTairemenc ie réunir avec d^autres vaiflTeaux & d'autres nerfs coupés qui leur font oppofés. Mais on n'a jamais obfervë que de grandes parties or-. DE Physiologie. 149 ganiques fe foient régénérées ; la force même du cœur dans l'homme , & la tendance que les humeurs qui croupilTent ont à la putré- faction , la ftruclure compofée du corps qui fort différente de la nature des infectes , s'op- pofent à de pareilles régénérations. CCLXr, Nous avons jufqu à préfent exa- miné les fonctions communes de tous les vaiflfeaux du corps humain , palfons aux fonc- tions particulières de chaque artère; Nous com- mencerons par l'artère pulmonaire , parce -qu'elle fort du ventricule droit du cœur Ôc que Taorte ne reçoit rien que par fon moyen CVII. Mais on ne peut entendre les fondions de cette artère , fans faire précéder l'hiftoire du poumon ôc des organes de la refpira- îion. CHAPITRE X. De la Refpîration* C C L X 1 1. JLe s Poumons remplifTent les facs de la plèvre LXXV. LXXVI : c'eft le nom de deux vifceres fitués l'un a droite & l'autre à gauche , qui font de mcme figure que ces facs , c'eft-à-dire , qu'ils ont infédeurement une bafe large , & qu'ils fe terminent fupérieurement en cône émouffé vers la première côte. Leur face antérieure eft plane , la latérale convexe , la moyenne ou in- terne concave , pour environner le coeur. Le" G iij 15© É L E M E N s jpoLimon droit eft le plus grand , ^ il eft fouvent divifé en trois lobes ; le poumon gau- che l'eft plus rarement. Dégagés des autres parties, ils font fufpendus aux gros vaifTeaux , û ce iveft que la membrane externe de la plèvre , en s'éloignant du poumon , forme «ne efpéce de ligament à l'endroit où elle ta- pifTe la face fupérieure du diaphragme. On trouve entre les poumons & la plèvre une humeur aqueufe , coagulabe ( comme dans le péricarde LXXX. ) qui tranfpire par la fuper- £cie du poumon j la quantité de cette hu- meur augmente dans l'hydropifie de poitri- ne ; elle fe coagule & forme des fibres qui attachent le poumon. CCLXIII. La Membrane externe du pôu- lîion eft fîmple, mince , continue à la plèvre; elle eft adhérente de toutes parts aux grands ^ vaifîeaux du cœur , d'où elle s'étend fur le poumon j on peut cependant foufler dans les poumons &c les gonfler fans la déchirer , ÔC même elle réfifle encore , lorfqu'après avoir infinué beaucoup d'air dans les pou- mons , elle s'en fépare. Elle couvre en forme de pont les intervalles des lobules du pou- mon. CCLXIV. Le poumon eft compofc de lobes féparés par des intervalles intermédiaires , xemplis d'un tifTu cellulaire plus lâche. Les poumons fe divifent d'abord en deux grands lobes 5 un moyen & un petit. Ces lobes font cependant adhérens , fe divifent enfuire dcSe fubdivifent en un nombre infini de petits lobes , jufqu'à ce qu'enfin chaque lobule fc termine en autant de petites cellules mem- braneufes , de différente figure, remplies d'aïc dans l'adulte , & qui communiquent toutes entr elles. Les véficules du poumon ne re- çoivent pas fimplement l'air de la trachée ar- tère par un feul tuyau qui le termine dans leur cavité ovale ; mais elles reçoivent encore l'air qui s'exhale des petits rameaux de l'ar- tère qui s'y diftribuent ; de forte que cet air répandue dans les efpaces irréguliers qu'el- les laiiTent entr'elles , paiïe 6c repaiïe libre- 111 en t de chaque particule du poumon dans toutes les autres. On en a une preuve par l'air qui s'infînue dans tous les lobes , quoi- qu'on ne l'ait introduit que par un rameau de la trachée artère correfpondante au plus petit lobe. Le tiffu cellulaire des intervalles n'eft pas feparé des véficules pulmonaires y & il n'eft point environné d'une membrane particulière à ces lobes. CCLXV. La Trache'e artère conduit Taie dans ces véiicules , elle tire fon origine du larynx dont nous parlerons ailleurs ^ &: elle reçoit l'air uniquement par fon moyen. Le tronc de la trachée artère efi: fimple , ïîtué fur l'œfophage qu'il ne recouvre pas entiè- rement du côté gauche ; il eft foutenu par la partie antérieure & applatie des vertè- bres du col ; il eft en partie charnu 6c ^n partie cartilagineux ; c'eft-à-dire , qu'en- tre le tiffu cellulaire qui environne 8c at- tache la trachée artère, on remarque un canal fait alternativement de cerceaux car- tilagineux de charnus ^ les cerceâuï G IV 152. Elïmens cartilagineux font minces , élaftiques , pré- sentent une furface plus large ôc font plus épais antérieurement ; ils s'uniffent par leurs extrémités poftérieures plus minces , ôc for- jnent un cercle au moyen des fibres mufculai- res rranfverfes &c fort adhérentes a l'extré- mité libre de ces cerceaux ; les inférieurs font plus petits. ; CCLXVL Les cerceaux charnus qui fuc- cedent alternativement aux cerceaux cartila- gineux , font compofés de fibres mufculaires louges. Quelques unes de ces hbres font tranf- verfes & uniffent enfemble les extrémités libres d^s cerceaux ; d'autres defcendent d'un cerceau fupérieur à l'inférieur correfpondant. D'autres fibres mufculaires defcendent de la partie inférieure du cartilage cricoïde en k prolongeant le loag de la partie poilérieure , jusqu'à la divifion des bronches , & fe per- dent dans le poumon. Les fibres tranfverfes rétréciiTent la trachée artère ; (es longitudina- les la rendent plus courte. On trouve quelque chofe de mufcuîaire , mais plus indéterminé, entre les anneaux imparfaits des bronches dans le poumon. CCLXVÎL On remarque dans la mem- brane cellulaire qui environne la mufcuîaire , Ôc furtout poftérieurement entre les cartila- ges CCLXV. , un nombre infini dé glandes iimples qui verfent dans la trachée artère , pa* un petit conduit fembiable à un pore , un mucus tranfparent , aqueux , qui ne fe coa- gule point 3 très- doux & d'une très-grande ' luiîité pour en défendre la membrane très- DE Physiologie. 153 fenfible des impreffions d'un air impur , rem- pli de corpufcules nuiiibies par leur rextuie ^ ëc qui , fuivant ce que nous apprend la chy- mie 5 font acres. Enlîn tes parois nitéiieures de la trachée artère lont rapitrées d'une mem- brane polie, pulpeufe , très-facile à irriter ôc continue à la membrane de la bouche. CCLXVIÏL Desvailfeaux qui fe diftiibuent à la trachée artère , les uns font fitués dans le col ôc viennent des artères & des veines thiroidiennes inférieures ; les autres dans la poitrine , font produits par d'autres petits rameaux des troncs de la fouclaviere , par les mammaires & les bronchiaies proprement dites. Quant aux nerfs , la trachée artère en reçoit une grande quantité du nerf récurrent , ôc de rintercoftal. CCLXIX. La trachée artère fe divife à la partie fupérieure de la poitrine en deux bran- ches , femblables au tronc , compofées de même de cerceaux cartilagineux imparfaits 5c de glandes femblables. L'une ôc l'autre fe dis- tribue chacune à fon poumon ; La brahche droite eft plus courte de plus grofTe. Lorf- qu'elles font dans le poumon , les cerceaux cartilagineux fe changent en fragmens de plus^ en plus difformes , gnomon iques , angulai- res, à trois côtes égales , entrelacées d'une plus grande portion de la membrane, jufqu'à ce qu'enfin les cartilages diminuant peu à peu , les dernieris rameaux des bronches devien- nent membraneux. Les glandes font les mê- mes que celles dont nous avons parlé ci-defTus. D'auçres glandes conglobées , couchées fur le G V î54 É L É M E N s tronc , fur les branches de la trachée artère Se fur les poumons , font du genre des lympha- tiques CLXXXIII ôc fuiv 5 Ôc n'influent en rien fur la nature de la trachée artère. CCLXX. Les extrémités dQS rameaux de la trachée artère, qui échappent à la vue , exhalent l'air dans les efpaces cellulaires du poumon des adultes , & elles reprennent de ces ef- paces une vapeur artérielle pendant l'cxpi- ration. CCXXI. On donne le nom de Veines Se d'ARTERES bronchiales aux vaiiTeaux des bron- ches : les artères fontprefque toujours au nom- bre de deux \ l'une vient de l'artère inter- coftale près de l'aorte , Se fe diflribue dans le poumon droit Se même dans ie gauche ; l'au- tre fort du tronc de l'aorte , Se fe diftribue au poumon gauche. Quelquefois elles font au nombre de trois , Se alors il en vient une fé- conde de l'aorte \ d'autres fois enfin il ne s'en trouve qu'une qui fe diitribue aux deux pou- mons. Les veines bronchiales font plus ordi- nairement au nombre de deux ; la droite vient de l'azigos ^ Se Xz gauche d'un rameau immé- diat de la fouclaviere. Ces vaifTeaux fe por- tent dans les poumons avec les bronches , defcendent dans leurs membranes. Les artères bronchiales communiquent avec les pulmo- naires , Se les veines bronchiales avec les vei- nes pulmonaires. Q-uelquefoîs la veine pulmo- ïiaire fournit des petits rameaux au poumon , â la trachée artère 5c à la fuperficie du pou- mon. CCLXXIL Le poumon ade plus grands vaif- DE Physiologie. 155 féaux, fçavoir , l'artère pulmonaire dont nous avons parlé C Ôc Cil , & la veine pulmo- naire CIV. Ces troncs ôc ceux de la trachée artère qui les accompagnent , s'étendent dans le poumon , ôc font environnés d'une quan- tité confidérable de tiifu cellulaire qui fe fe trouvant enhn en plus grande quantité , forme le poumon. Les vaiiTeaux aériens les plus déliés s'y terminent- ;^ les plus petites artérioies ôc les plus petites veines rampent dans les petits efpaces du tiflfu cellulaire des véfîcules 5 ôc s'y entrelacent en forme de ré- feau. C'eft auili-là que l'artère exhale une grande quantité de vapeur CCLXI , dans les cellules aériennes dû poumon , ôc que la veine pompe de ces cellules une vapeur aqueufe : c'eft-là pourquoi l'eau teinte , le petit lait , la cire la plus fine , injedtés par ra.rtere pul- monaire 5 paiTent dans la trachée artère en formant une écume , ôc réciproquement, de la trachée artère dans l'artère pulmonaire. Par la même raifon la liqueur injeétée palTe ôc re- paOTe aifement de la veine pulmonaire dans la crachée artère , de celle-ci dans les veines, Ôc enfin des artères rouges dans les veines fiujr monaires. CCLXXIIÎ. Les vailTeaux lymphatique? forment , comme dans les autres endroits , un réfeau fur la fuperficie du poumon. Les ra- meaux qui fe diftribuent au mediaftin pofte- rieur , aux glandes couchées fur l'œfophage ôC ^u canal thorachique , fortept de ce, réfeau. Les petits nerfs de la partie antérieure ôc pos- térieure 5 font produits par la huitième paire G vj 1 ^6 É L É M E N s dans fa defcente le long des bronches j il en vient auiïi du nerf récurrent & des plexus car- diaques qui fuivent la route des grands vaif- feaux. CCLXXIV. La plus grande portion du fang qui paiïe dans le poumon eft égale à celle qui dans le même tems parcourt tout le corps , peut-être même eft-elle plus grande: ne luit-il pas de-là que ce vifcere eft d'une extrême uti- lité. Cette utilité dépend manifeftement de l'air , ainfi que le prouvent le confentement unanime de toute la nature dans laquelle on ne trouve prefque aucun animal qui ne ref- pire, & la ftrucVurèdu fœtus dans lequel le poumon eft dans l'inaiflion , parce que le tœtus n'eft pas dans l'air ôc que le poumon ne reçoit feulement qu'une petite partie du lang que l'artère pulmonaire lui envoie du cœur. Il faut donc parler de la refpiration ou de lattradion de l'air dans les poumons , -Se de fon expuliion, CCLXXV. L'Air , comme nous l'apprend la phyiîque , eft un fluide invifible , élaftique & fonore ; mais Tair que nous refpirons or- dinairement eft impur , rempli d'une gran- de quantité de vapeurs aqueufes & d'autres , ^cs femences àes animaux , des végétaux , & de différentes autres matières étrangères ; il eft pefant , ôc fa pefanteur fpécifique eft 850 fois moindre que celle de l'eau. Cet air ré- pandu fur toute la terre , prefTé par les co- lonnes fupérieures , prefTé par les latérales , entre avec une grande force où il trouve moins de réfiftance j c eft ce que démontrent © E P H Y s I O L G G I E. | 57 les expériences faites dans le vuide Se les phénomènes des pompes. CCLXXVI. La dentité de la peau du corps humain à travers laquelle l'air ne peut pas même pafTer lorfqu'elle eft feche , la graifïe qui eft aiî-defTous, lorifice étroit des vaiiFeaux abforbans , la réhftance qui eft par-tout la même , exclut du corps humain l'air environ- nant. Il nous faut donc examiner , pourquoi l'air palïe dans le poumon , qui d'ailleurs eft plein d'un air ^ans l'adulte , lequel fait alors équilibre avec tout le poids de l'athmofphere : il eft conftanc que le poumon contient tou- jours de l'air , car de quelque façon qu'on s'y prenne pour l'en exprimer , le poumon eft toujours plus léger que l'eau , le poumon même du fœtus qui avant que d'avoir reçu l'air s*enfonçûir dans l'eau , devient plus lé- ger pour peu qu'on y en ait infinué. CCLXXVII. Mais l'équilibre venant à être rompu 5 l'air fe porte conftamment par tout où il trouve moins de réfîftance CCLXXV : il faut donc pour attirer l'air dans le pou- mon faire en forte que le poumon réiifte moins à l'air qu'auparavant , c'eft-à-dire , que l'air que le poumon renferme dans fa ftruc- ture cellulaire fe raréfie ; or c'eft reffet que produit la dilatation de la cavité de la poi- trine que le poumon remplit y l'air qui fe trouve toujours dans les poumons s'étend donc dans ce plus grand efpace , de manière que lorfqu'il eft ain(î répandu , il s'afFoiblit & réiifte moins à l'air extérieur : par conféquent il defcend une quantité fuffifante de l'air exté- 158 É L i M £ N s rieur jufqu'à ce que celui qui remplifToîc avant les poumons ait acquis une denfité égale à celle de l'extérieur. CCLXXVIII. Examinons préfentement les forces capables dedilater la poitrine. Nous ap- pelions Poitrine ou Thorax une efpece de cage compofée d'os & de cartilages , dont les intervalles font remplis par des mufcles j elle a la- figure d'un cône obtus , plus étroit â fa partie fupérieure & prefque ellyptique ; ce- pendant applati en devant & divifé à fa par- tie poftérieure par une éminence. Les pou- mons occupent les parties latérales de cette cage 5 le péricarde & les vifceres du bas ven- tre la moyenne Se l'inférieure. CCLXXIX. Douze côtes fur les parties la- térales , le fternum à la partie moyenne & poftérieure , font les pièces fondamentales de la poitrine. Les vertèbres font très-folidemenc affermies , tant par leurs apophyfes obliques entrelacées les unes dans les autres , que pat leur conne6î:ion avec les côtes , c'eft pour- quoi elles fervent-de bafe folide aux côtes. Les -côtes en général font courbées en forme d'arc irré^ulier ; leur courbure latérale &c pofté- rieure eft grande , Se elles fe terminent anté- rieurement en ligne droite , les parties olfeu- fes des côtes font prefque parallèles entre el- les ; la plus grande partie eft oflTeufe , la po- ftérieure" eft épaiffe 5c ronde , l'anté- rieure plate & mince j le refte de la côte fe termine antérieurement par un cartilage, qui , en général eft large 5 appplati Se implan- lé dans une petite cavité raboteufe de i'ex- D E P H Y s i O L O G I E. 2 5 ^ trémité antérieure de la paucie oifeufe de la côte. CCXXC. La partie poftérieure ofTeufe & épailTe des côtes fe termine en une petite tête reçue dans une cavité tracée fur les parties la- térales ôc moyennes du bord de la première de des deux dernières vertèbres du dos , ou formée par les bords voifins de deux des ver- tèbres intermédiaires. De forts ligamens unif- fent les côtes aux vertèbres ; le principal vient de chaque côte & s'épanouit en forme de rayon fur la vertèbre qui lui correfpond. D'au- tres uniiïent l'apophyfe tranfverîe de cha- que vertèbre au tubercule de chaque côte , d'autres lient les côtes voifines & en même tems les apophyfes tranfverfes entre elles : de plus chacune des lo côtes fupérieures a en- tre fon angle de courbure ôc fon articula- lion avec les vertèbres , un tubercule arti- culé par fa facette polie avec ces apophyfes par des ligamens fort & courts , de manière •que les côtes peuvent un peu s'élever & s'a- baififer , fans rien perdre de leur ftabilité. CCXIXC. Des cartilages antérieurs , les fept fupérieur^ s'avancent jufqu'au flernum 5 entrent dans les folfettes tracées fur les par- ties latérales de cet os , & revêtues d'un car- tilage dans lefquelles elles font affermies par des ligamens courts. Des cinq autres carti- lages, le fupérieur fe joint au moyen d'un .tiuu cellulaire très-fort au 7e des fupérieurs. Enfuite chacun des cinq cartilages inférieurs s'unit le premier au feptiéme , ôc chacun en- fuite au fupérieur au moyen d'un tiflii cel- ^6o ^£ t i M E N s lulaire ferme ; aîniî unis ils forment an re- bord continu 5 qui cft appuyé fur le llernuQi. Les deux inférieurs fonc flottants ôc ne font unis que par le moyen des mufcles. Ces cartilages inférieurs font unis entre eux ôc avec le fternum par des ligamens fermes. - CCXVIIIC. La première côte paroît très- peu inclinée de derrière ôc en devant ; la féconde rencontre le fternum prefque à an^ gle droit ; les autres montent vers les ver- tèbres Ôc le fternum , mais particulièrement vers ce dernier. La partie ofTeufe des côtes eft dans une direction telle que la face antérieure de la fupérieure eft très déclive en devant , ôc prefque tranfverfe dans les fuivanres ; elle eft prefque perpendiculaire dans les moyennes où cette partie s'élève inférieurement ôc un peu en devant. Les côtes font encore plus ou moins ftables ^ les ftipérieures courtes , tranfverfes Ôc plutôt implantées dans le fternum qu articu- lées avec lui 5 font capables d'une i^rande réfiilance. Plus les côtes deviennent inférieu- res , plus elles font mobiles , ôc enfin la der- nière ^ qui n'eft unie que par des chairs , eft la plu5 mobile de toutes. CCXVIIC. Le Sternum en général eft ua os mince ôc fpongieux , coinpofé d'une feule pie e dans les adultes , ôc de plufieurs dans Je fœtus. La partie fupérieure la plus large & octogone, eft affermie par les clavicules qui s'articulent très-étroitement avec le fternum parleur tète triangulaire, ôc de part Ôc d'autre parla première côte. Les carités angulaires des parties latérales du fternum reçoiveat les côtes DE Physiologie. i^i fuivantes. La pairieinférieurefe termine par un appendice moitié ofTeufe, moitié cartilagineu- fe, dont la figure varie , de qu'on nomme car- tilage xiphoide ou enjijorme. CCXVIC. Il eft donc nécefTaire que le tho- rax foit élevé pour que le lieu qu'occupent - les poumons foit aggrandi , & que par ce mo- yen l'air extérieur defcende dans les pou- mons. Ain/i toutes les ferions du thorax font des angles droits , 6c leur capacité aug- mente \ différens mufcles concourent plus ou moins conftamment à ce mouvemeni'. Tous ^ les MUSCLES intercojlaux élèvent toujours les côtes. C'eft le nom de 22 mufcles , dont onze font externes ou plus voiiins de la peau , & onze font 'internes , &: ne font féparés de Fa plèvre que par la graifTe & le tsfTu cellu- laire. Les externes commencent à l'articula- tion poftérieure des cotes CCXXG. & fe : terminent en devant vers leur partie ofTeufe , à quelque diftance de leur cartilage ; de forte que le refte de l'efpace entre ces^ cartilages jufquau flernum , n'eft rempli que par une aponévrofe qui tient lieu de ces mufcles. Leur direction eft telle qu'ils defcendent en de- vant , du bord inférieur de la cote fupérieure au bord Supérieur de là côte fuivante. Tous les Auteurs conviennent qu'ils élèvent les cô- ,>f^«^ , parce qu'ils defcendent de la côte fu- pc ore la plus fiable vers la fuivante plus mobile , de manière que leur partie inférieu- re eft plus éloignée de l'articulation àes côtes avec les vertèbres ou de leur point d'appui. CCXVC. Les MUSCLES intercojlaux internes l5i. È L i M EN s prennent leur origine à quelque diftance des vertèbres prefque à la partie externe du tu- bercule CCXXC ; il s'étendent de là jufqu aa fternum auquel les premiers de ce genre s'in- fèrent ; ils ont une direâ^ion oppofée à celle des externes , fi on en excepte la partie an- térieure du premier , enforte qu'ils defcen- dent en fe portant en arrière , du bord infé- rieur de la côte fupérieure au bord fupérieur de la côte fuivante. Ceft-là -ce qui fait douter de- leur adion : la partie inférieure du mufcle s'infère dans l'endroit de la côte la plus voiline de fon articulation avec les vertèbres , ce qui la fait paroître moins mo- bile ; néanmoins ces mufcles élèvent les cô- tes , puifque l'excès de fermet-c de la côte fupérieure fur la fmvante , tant par rapporta fon articulation qu'à fon poids 5c à fon liga- ment 5 l'emporte de beaucoup fiir la moîîi- lité que peuvent lui procurer ces mufcles pat leur plus grande diflance du point d'appui. Les dilfetSions des animaux vivans par lef- quelles on s'eft aiTurc que les intercoilaux in- ternes fe contractent pendant l'élévation àes côtes , ôc qu'ils fe.rrelachent , quand elles s'ab- baifTent , démontrent ce que nous avançons. On le fait voir de même par les fils qu'on attache aux côtes d'un fquélette humain ar- ticulées de façon quelles puiflTent fe mouvoir , & ces fils tirés dans la diredion des, muf- cles intercoftaux internes approchent toujours & partout la côte inférieure de la fupérieu- re j enfin la fermeté des côtes fupérieures qui fervent-de point fixe aux côtes inférieures, les DE P H Y S I O L O G i I. ï^3 deux premières vraies côtes étant lo ou izfois plus ftables que les autres , la différence de la diftance du point d'appui n'étant à peine que de la vingtième partie de tout le levier , le gonflement des mufcles intercoftaux inter- nes , lorfqu'on élevé le thorax d'un cadavre , confirment encore l'ufage que nous attribuons à ces mufcles. CCXIVC. Le thorax eft donc élevé par l'ac- tion de ces mufcles. Les côtes en tournant dans leur articulation s'abbaifTent par leur extrémi- té antérieure , elles forment de plus grands angles avec lefternum & les vertebrer, la par- tie moyenne de leur arc s'élève , & leur bord inférieur fe drefïe en devant. Le fternum eft aufîi alors porté en devant, Les côtes par ce moyen s'éloignent des vertèbres , les droites s'écartent des gauches ^ le diamètre de cha- que côté de droit à gauche , du fternum aux vertèbres , augmente environ de deux lignes : ôc cela ayant lieu dans toutes les fedtiqns ima- ginables du thorax , la cavité de la poitrine eft aOTez amplement dilatée. Ce mouvement eft fur-tout fenilble dans les femmes & dans les homrnes effouflés.Mais cette dilatation n'eft pas fuffifante pour l'homme en fanté^&ellen'eft même prefquepas feniible dans les hommes , quoique cependant les mufcles intercoftaus ^ en retenant les côtes & en les élevant , fa- cilitent alors beaucoup l'infpiration fans qu'on s'en apperçoive , en ce qu'ils fervent de point fixe au diaphragme , pour que ce mufcle Ifs exerce toute fa force , non pour abbailfer Le côtes , mais pour s'abbaifTer lui, même» 1(54 É L É M E N s diaphragme efi: donc le mufcle qui concourt le plus par fon adion à la dilatation du tho- rax dans rinfpiration. CCXIIiC On donne le nom de diaphrag- me â un mufcle qui forme un plan curvi- ligne , qui en générai fépare tellement les facs pulmonaires d'avec le bas ventre , que la partie prefque moyenne , la plus haute fortifie le péricarde , & les parties latérales qui prennent leur origine des parties olTeu- fes de la poitrine Se des lombes font par- tout plus baffes , fur-tout les poftérieures. Les parties charniies de ce mufcle prennent leur origine à la face interne ou poftérieure du cartilage xyphoïde , de la ye , de la 8e , de la 9e 5 10e, ne & delà pointe de la ne côte; là elles lai (lent im petit efpace dans lequel la plèvre eft contigue au péritoine ; enfuite les appendices mufculaires ou les piliers du diaphragme beaucoup plus forts , forment de part ôc d'autre par leur union 1 , 3 , ou 4 mufcles ronds ; elles ont une origine char- nue à l'apophyiS tranfverfe de la première vertèbre des lombes , & à la partie latérale du corps de la féconde , ^ elles deviennent tendineufes dans leur attache à la partie moyenne du corps de la féconde , de la troifiéme êc de la quatrième dQS mêmes ver- . tebres. eCXIîC. Toutes ces fibres CCXIIIC , de- venues tendineufes , forment le centre du dyaphragme ; ce centre a la figure dun gno- mon obtus , & il foutient le péricarde par fon angle plus grand ôc mitoyen ; fes ailes D E P H Y s I O L O G I E. I(>5 latérales , dont la gauche eft plus étroite , defcendent en arrière. Ce centre eft plus dé- gagé que les autres parties j mais le cœur tait quelque réfiftance dans fa partie moyen- ne tendineufe 5 Se dans la mufculaire qui lui eft voifine. Les parties latérales Se les parties charnues qui en font proche font les plus mobiles. CCXIC. Il y a dans le distphragme deux trous 5 dont le droit eft quarré Se bordé dans fa partie droite tendineufe de quatre forts troufteaux tendineux. Le trou gauche eft ovale Se fitué entre les piliers droit Se gauche du diaphragme, qui fortent de la partie moyenne du corps des vertèbres des lombes, fe croifent jufqu à trois fois au-defTous de ce trou, Se de- viennent tendineufes fupérieurement ; c'eft pourquoi il eft probable que le trou 'gauche fe contrade dansl'adion du diaphragme , Se que le droit pendant ce tems eft immobile ; en èftet dans le mouvement des mufcles , les ten- dons font les parties qui éprouvent le moins de changement. CCXG. La ftrudure de la partie , les ou- vertures des animaux vivans , font voir que les chairs du diaphragme , quimontept de tou- tes parts des parties fermes vers les moyennes mobiles , les abbailfent , Se qu'en conféquen- ce elles portent en bas les facs latéraux de la poitrine LXXV. dans lefquéls les pou- mons font placés de part Se d'autre ; que par ce moyen ce mufçle augmente conndérabler- ment le diamètre perpendiculaire de la poi- l6(f E t É M E N s trine , qu'il comprime tous les vifceres du bas ventre , ôc qu'il les preiTe contre les muf- des du bas ventre qui leur font réfiftance & contre les parois ofl'eufes du baffin. Le dia- phragme eft dans l'homme en fanté & en repos prefque le feul mufcle qui agilTe dans la relpiration. Le poumon obéit à l'air , au dia- phragme & aux côtes , & on peut voir qu'il eft appliqué contre ces dernières , en l'obfer- vant par une ouverture faite à la poitrine fans entamer la plèvre. CCIXC. Dans les plus grandes infpirations qu'exige l'abondance du fang qui fe porte dans le poumon , ou dans quelqu'autre em- barras qui s'y rencontre , différentes forces concourent à la dilatation de la poitrine ; tels font les mufcles attachés au thorax , à la cla- vicule 5 à l'omoplate , comme les fcalenes , les maftoïdiens , les trapèzes , les pe6fcoraux , les cervicaux defcendans , les dentelés fu- périeurs & les releveurs de Stenon ôc au- tres 5 pour lesquels il faut confulter l'A- natomie. CCVinC. Voila donc des forces capables * d'augmenter la capacité de la poitrine dans toutes fcs dimenfions CCXC , éc CCXVIC ; refte que l'air CCVI , naturellement péfanc ôc prefle par les colonnes fupérieures de l'ath- mofphere , entre dans la poitrine avec une force d'autant plus grande qu'il y a moins d'air d'ans le poumon , ôc beaucoup plus grande encore s'il n'y en a point du tout. Les bronches s'augmentent donc de toutes parts DEJPHYSIOtOGIÏ. 16 f en longueur & en largeur dans l'infpiration ; la poitrine étant alors dilatée dans touteâ fes dimeniions & le poumon gonflé reftant tou- jours immédiatement appliqué à la plèvre. Les vaiffeaux que le tilTu cellulaire unit avec les bronches deviennent aufïi plus longs , ils font étendus , leurs petits angles deviennent plus grands , & la circulation fe fait en confé- quence plus facilement. De plus lorfque les vé- licules du poumon font remplies d'air, l'efpace dans lequel les vaiiTeaux capillaires du poumon fe diftribuent , devient plus grand, la compref- fion des parties voifines eft diminuée , le fang pafTe donc plus librement dans les grands àc les plus petits vailTeaux du poumon , &: il s'y meut avec plus de vîteife. C'eft là ce qui rend le pouls plus fréquent dans l'infpi- ration. Nous pouvons pafler fous fîlence la preffion de l'air fur le fang , puifqu'elle eil fi légère , qu'elle ne pouffe jamais l'air dans le fang , ceque le fiphon peut cependant opé- rer aifément. CCVIIC. Y a-t-il de l'air entre le pou- mon & la poitrine ? Cet air fe raréfie- t-il dans l'infpiration ? Et lorfqu il eft rétabli dans fon premier état , caufe-t-il l'expiration en comprimant le poumon ? L'exemple des oi- feaux dans lefquels tout fe paffe ainfi , con- firme-t-il cette opinion ? tout confpire con- tre elle 5 puifque dans les quadrupèdes vivans & dans les cadavres , on trouve le poumon immédiatement contigu a la plèvre , fans qu'il en foit féparé par aucun efpace \ mais lorfque la-plevre eft percée, le ^ntad d« l'aie l6^ É L É M E N s fait tetlirer auffirôç le poulmon en dedans de la poitrine. Si dans les grandes playes de la poitrine l'air entre dans une de fes cavités , la refpiration eft diminuée , Se elle eft fup- primée , s'il entre dans les deux. Le thorax ouvert fous l'eau ne pouflTe ni chaffe aucune bul- le d'air. Une vapeur ou une eau très-fine rem- plit le petit efpace qu'il peut y avoir entre le poumon 3c la poitrine. L'adhérence des poulmons gcno un peu la refpiration , ôc elle feroit fupprimée. Il l'air entre, les pou- mons de la poitrine étoit néceflfaire pour la refpiration. Enfin l'air extérieur introduit dans toutes les membranes du corps les corrompt , à moins qu'elles n'en foient défendues par une grande quantité de mucus. Or on n'ob- ferve pas dans la plèvre de femblable mucus. CGViC. La poitrine dilatée autant qu'elle le peut être , où certainement autant qu'il eft nécelfaire à l'homme en fan té , par les caufes dont nous avons parlé CCXC , Se CCXIVC 5 l'air s'infinuant dans un lieu tou- jours plus chaud , s'échauffe par le moyen du fang. Dans l'Europe feptentrionale le dé- gré moyen de la chaleur de l'athmofphere eft de 48° ; le degré moyen de la chaleur de l'air fortant du poumon eft de 94° j la diffé- férence eft donc de 4 ôc l'alkali fe change en tartre vitriolé. L'utili- té de la refpiration confîfte-t-elle donc en ce- la ? La quantité de ces fels qui fe trouvent dans l'air efl trop petite , êc on refpire très-faci- lement dans les montagnes les plus hautes €>îi ils font encpre.en bien plus petite quan- tité y on ne trouve d^ailleurs dans le fang au- cune marque d'acide nitreux ; la fuperficie des caillots du fang expofés à l'air n'eft donc d'un rouge éclatant , que parce que les glo- bules fphériques y font plus au large ; la partie oppofée n'eft noire , que parce que les globules y font comprimés les uns par les autres , & qu^ils y forment une couche plus denfe. CCCIX. Pourquoi les tortues , les grenouit- DE Physiologie. 179 les 5 les lézards, les limaçons, les chenilles ôc 'une grande partie des inledes vivent-ils long- tems fans air ? Le poumon dans ces animaux fert moins à la préparation du fang qu'il reçoit en petite quantité , qu'à nager j c'eft aufïi là pourquoi les veines de leurs poumons fe vuident dans la veine cave , & que leurs ar- tères pulmonaires viennent de l'aorte. Les in- fedtes infpirent ôc expirent par leurs ftigma- res. Pourquoi tout animal, le plus grand com- me le plus petit , un petit oifeau même , perit-il dans un air qui n'eft pas renouvel- lé ? C'eft parce que l'air qu'il rend ôc qu'il tire continuellement par les poumons fe rem- plit de vapeurs aqueufes , non élaftiques, al- kalines & nuifibles ; non que cet air de- vienne plus léger , puifque le mercure def- cend peu dans un air non renouvelle , qui fait périr l'animal. Par cette raifon l'animal vit plus long-tems , fi cet air eft plus com- primé que l'air naturel ; car les corps dans leA quels les élemens élaftiques font en plus gran- de proportion , fe corrompent plus lentement. L'air renfermé , rempli de vapeurs , devient un poifon par fon feul féjour. Pourquoi les animaux s'enflent-ils dans le vuide ? Parce que l'air du fang privé de fon élafticité , s'en dégage & la recouvre. CCCX. Il y a une efpéce d'harmonie entre le pouls & la refpiration. Dans l'état naturel on compte ordinairement trois ou quatre pul- fations. S'il arrive plus de fang au cœur , le nombre des pnlfations & des refpi rations augtiieme. C'eft- là d'où vient la difficulté de Hvj iSo È L É M E N s refpirer quont ceux qui font en mouvement, parce qu'alors le lang veineux eft accéléré CXLII. S'il y a une plus grande re(iftance dans les poumons, & que le fang ait de la pei- ne à pailer du ventricule droit dans le gau- che , le nombre ôc l'étendue des refpirations feront plus grands pour débarrafler la voie. C'eft là la caufe des foupirs &c du bâille- ment. Cependant le nombre des refpira- tions n'augmente pas toujours avec le pouls , les fièvres , dans les quelles le poumon eft libre , en fourniiïent un exemple. Pourquoi un animal mourant fe ranime-t-il , lorfqu'on l'échauffé avec Thaleine ? La trop grande re- fiftance que trouve le fang qui doit paffer par les poumons , eft la caufe prochaine de la mort CCLVII ; car alors l'aorte n'en reçoit point : mais l'air infinué dans le poumon ouvre une voie au fang CCXIVC. CCCXI. L'abondance & l'acrimonie du mucus qui enduit la membrane fenfible des bronches , le rendent incommode : il a paru être la caufe delà fuffocation dans l'hydropifie de poitrine. La toux nous met donc à cou- vert de fon abondance , de fa eohéfion , de fon acrimonie , c'eft-à-dire , que le fyftê- ihe de la refpiration irrité , le mucus Se les matières platreufe font brifées & ^xpulfées par de grandes infpirations qui fe fuccedent promptemenr Se par la compreflion réi terée des mufcles du bas ventre. CCCXII. Le ris diffère de la toux par fa v^aufe qui eft prefque dans l'efprit , ou qui an moins dépend du chatouillement de quel- DE PHYSIOIOGIE. I S I que nerf cutané , & en ce qu'après une grande infpiration , il excite des expirations fréquentes & imparfaites par l'ouverture ré- rréciede la glotte, & qu'il n'évacue pas entiè- rement l'air des poumons. De là le ris de- vient quelquefois falutaire , en ce qu'au lieu d'une infpiration pleine , il fe fait plufieurs infpirations & expirations , Se les lecoufTes font plus grandes. C'eft aufli là ce qui peut arrêter le fang, parce que la refpiration n'é- tant pas pleine, le fang paiïe dans l'artcre pulmonaire & n'en fort point. Les expirations font ordmairement; petites lorfqu'on pleure ^ comme quand on rît y mais les pleurs fe ter- minent ordinaireme^it par une grande expira- tion , qui eft promptement fuivie d'une inf- piration : les pleurs ont prefque les mêmes avantages & les mêmes inconvéniens que le ris 5 & loîfiqpi'elles font modérées , elles fou- la gent les anxiétés que caufe la triftelfe. On éternue une feule fois , mais très-fort, pendant une infpiration & une forte expira- lion. CCCXTII. La refpiration a plufieurs utili- tés accelToires. Elle exhale quelque chofè , même nuifible du fang , puifque cette vapeur, retenue dans l'air , fuffoque. Elle eft encore une force conftante qui comprime le bas ventre & ks vifcéres ; elle évacue l'eftomac 9 les inteftins, la véfîcule du fiel , le réfervoir du chyle, la veffie urinaire , l'inreftin reétum 5 la matrice ; elle brife les alimens & pouffe le fang dans le foie, dans la rate & parle me- iBl Ë L E M 1 N s fentcre. L'infpiration attire les particules odorantes de l'air , elle les conduit au fenfo- rium y elle charie ôc mêle l'air avec nos ali- mens , ce qui ne concourt pas peu à les rom- pre & à les dilToudre. L'enfant qui vient de naître ne peut tetter qu'en infpirant & en préparant par ce moyen un efpace plus grand dans la bouche dans laquelle l'air qui y eft renfermé , fe raréfie ; de forte que l'effort de l'air extérieur pouflTe le lait dans la bouche ou il trouve moins de réfiftance. Enfin la voix fe forme au moyen de l'air \ c'eft danc ici le lieu d'en parler. CHAPITRE XL De la Voix & de la Parole, CCCXIV. IjE larynx eft le principal organe de la voix j lorfqu'il eft bleffé , lair fort de la trachée artère fans former de fon. On a nommé Larynx une machine creufe, faite de cartilages, qui reçoit l'air du gofier & le conduit dans la trachée artère à laquelle elle eft unie par des ligamens & par des fibres mufculaires. Les plus grands de fes cartilages , fçavoir r annulaire & \q f cuti- forme , s'oftifienc dans les fufets avancés en âge. Deux cartilages, le thyroïde & le cricoïde , forment la partie antérieure la plus ample du larynx , prefque fuuée au deiTous de la peau, la partie latérale DE Physiologie. 183 |r du larynx a aufli une telle relation à ces carti- lages , que la portion du cartilage cricoïde eft d'autant plus grande que les parties latérales font plus hautes. La partie poltérieure eft for- mée par ce même cartilage annulaire &c par les aryténoïdes auxquels il eft uni par des muf- cles. L'épiglotte , légèrement attachée avec le cartilage thyroïde, ou s'élève , ou s'incline fur le larynx. Le larynx reçoit fes vailTeaux des artères thyroïdiennes fupérieures. Une grande quantité de nerfs lui vient infé- rieurement des nerfs récurrens, fupérieure- ment delà huitième paire, &: quelques-uns même de Tintercoftal ; ces nerfs communi- quent dilfértimment entre eux. Le nerf récur- rent eft devenu célèbre par fon origine dans le thorax , par fa réflexion au tour de l'aorte & de la fouclaviere droite , par l'origine qu'il donne à quelques nerfs du cœur , par Texpé- rience dans laquelle il eft conftaté que la liga- ture de ce nerf eft fuivie de l'extindion de la voix. CCCXV. Ces cartilages font unis enfem- ble par différens ligamens & par diiFérens mufcles ; de forte que le larynx joint a la fermeté de quelques-unes de fes parties & au changement facile des autres , la mobilité du tout. Le câvûl^gQ fiuti-forme ou thyroïde eft fîtué antérieurement & compofé prefque de deux plans quarrés , inclinés l'un fur l'autre à angle obtu.On trouve quelquefois , mais ra- rement de part 5c d'autre de ces deux plans, ^.- -lin trou par lequel palTent les vaifteaux du larynx. Les apophyfes fupérieures de ce car- 184 Élémens tilage qui fe terminent par un bout plus gros Ôc incliné de derrière en haut , font unies avec les cornes de l'os hyoïde par de forts li- ^amens qui leur font propres, dans lefquels il y a quelquefois un petit os. Les inférieures plus courtes , prefque adaptées aux petites Facettes creufes ôc planes du cartilage cri- coïde , y font articulées alTez fortement à caufe du tiflu cellulaire court & fort qui les unit : la partie antérieure eft attachée par des ligamens fermes , percés de plufîeurs trous , qui fe terminent fur la partie moyenne anté- rieure & fupérieare du cartilage annulaire , & par d'autres fupérieurs qui vont de la corne defcendante du cartilage fcutiforme , à la partie fupérieure du cartilage annulaire» CCCXVI. Le cartilage cricoïde eft ferme & épais par fa partie antérieure \ il s'élève en s'augmentant en arrière en forme d'anneau inégalement tronqué, & il eft féparé en deux foiTettes par une ligne lai liante , moyenne. La partie poftérieure eft la plus ferme & pref- que la bafe àts autres. C'eft de cette partie que defcendent les fibres mufculaires longi- tudinales , & les ligamens qui fe portent fur la trachée artère CCLXV. Le pharynx uni avec ces deux cartilages par plufieurs couches mufculaires, reçoit le larynx dans le fac qu'il forme. CCCXVIL Les deux cartilages arytenoïdes font d\ine figure très-compofée^ & on peut les divifer chacun en deux parties , dont l'in- férieure plus grande eft articulée de façon à fe mouyoir par fa bafe , légèrement creufe avec DE Physiologie. 185 la petite tête du cartilage cricoïde. Ils s'élè- vent en pyramide quarrée dont le côté pofté- rieur eft concave , l'antérieur convexe Ôc dif- tingué par trois cannelures ^ ils deviennent grêles en haut , jufqu'à ce qu^enfin ils fe ter- minent fupérieurement par des petites têtes cartilagineufes ovales & un peu épaifTes. La partie inférieure de ces cartilages eft telle- ment unie par des fibres mufculaires , en par- tie tranfverfes & en partie obliques , qu'on voit la direction de ces fibres fans pouvoir fé- parer les mufcles. On appelle ces mufcles ary- aryténoïdïens. Ces deux cartilages font fupé- rieurement féparés l'un de l'autre par une petite fente perpendiculaire que quelques Anatomiftes ont appelle improprement la glotte. CCCXVIII. Les cartilages aryténoïdes font unis avec le cartilage thyroïde par des liga- mens tranfverfes , aiTez forts , élaftiques & néanmoins couverts par la membrane mu- queufedu larynx; ils s'infèrent dans l'angle plan du cartilage thyroïde , CCCXV. Ces li- ga mens peuvent être éloignés l'un de l'autre , lorfque les cartilages aryténoïdes s'éloignent, & être unis lorfque ces mêmes cartilages fe rapprochent ; c'eft-là ce qu'on appelle véri- tablement la Glotte , qui eft continue à cette fente CCCXXVII, mais pofée à angle droit par rapport à elle. CCCXIX. Il fort d'un fort ligament de ce même angle du cartilage thyroïde , un carti- lage en quelque façon ovale , convexe anté- lieurement, & qui par fon reffort s'élève de 4l8(j ÉlEMENS telle forte qu'il fe trouve à la partie pofté- rieure de la langue ; il peut être abaiiTé par le dos de la langue , devenir tranfverfe , fermer & couvrir toute l'entrée du larynx qui conduit en bas entre cette epiglotte &: les car- tilages aryténoïdes. L'épiglotte eft unie à la langue par plusieurs fibres membraneufes & pâles, & â l'os hyoïde par une grande expan- fîon membraneufe. Elle ne reçoit aucunes fibres mufculaires des mufcles thyro-aryté- noïdiens nides ary-aryrénoïdiens , ou fi elle en reçoit , elles font Ci foibles , rapport à fon élafticité, qu'elles ne peuvent la mouvoir fen- fiblement. CCCXX. Il y a fur les côtés fupérieurs des iigamens delà glotte CCCX VIII. deux au- tres ligamens plus mois qui font , ou moins tendineux , ou moins élaftiques , & qui fe terminent parallèlement de chaque cartilage arytenoïde au cartilage fcutiforme. On re- marque de part ôc d'autre de ces deux liga- inens CCCXX. & CCCXVIII. un Ventri- cule ou une cavité particulière , qui a là figure d'un efpace' parabolique comprimé , creufé en bas entre la double membrane du larynx , & qui a toujours fon orifice ellipti- que ouvert dans le larynx. CCCXXI. Enfin toute la cavité interne du larynx eft tapifiee par cette même membrane molle , muqueufe , facile à irriter , décrite en parlant de la trachée artère CCLXIII , mais elle eft arrofée dans cet endroit par plufieurs glandes. Les fupérieures font pe- tites & compofées, d'autres plus fimples CCI. DE Physiologie. 1^7 placées fur la partie antérieure du dos de le- piglotte , fe prolongent par fes ciiiïérens trous ou ies finus , vers fa face concave dans laquelle on remarque une fuite de peti' s grains glanduleux , alTez durs. De plus il y a de part & d'autre fur le dos antérieur cannelé des cartilages arytenoïdes CCCXVII , une glande conglomérée, flafque , de figure prefque gho- monique , compofée de petits grains ronds , qui fans doute font chargés de mucus , Se dont une partie fe détache & defcend de part & d'autre jufqu'au cartilage annulaire. Il y a dans les ventricules une infinité de Ci" nus muqueux ; enfin toute la fur;:ace interne du larynx eft remplie de pores muqueux af-- fez grands. Toutes ces glandes féparent un mu- cus fin , aqueux , mais vifqueux. CCCXXII. La Glande thyroïde fait-elle dans cet endroit quelque fonétion ? Elle eft du genre des conglomérées ? Elle eft molle , ôc les enveloppes de fes petits lobes font beaucoup plus fines que dans le genre des fali- vaires ; elle eft ample & placée antéTieure- ment fur le cartilage thyroïde , fur une par- tie du cartilage cricoïde Se fur la trachée ar- tère ; elle couvre par fes cornes les parties latérales du cartilage thyroïde ; elle eft plus étroite dans fon milieu ; elle a une appen- dice qui s'élève quelquefois jufque vers l'os hyoïde ; elle eft remplie d'une humeur fe- reufe , iaunâtre Se légèrement vifqueufe. En- voie-t-elle ce fuc dans la trachée artère , ou dans l'œfophage ? Ses conduits ne font pas en- core allez connus. Retient - ellç tout-à-faiç l8$ É L É M JE N s fon fuc pour le dépofer dans les veines , de même que le thymu$ qui lui refTemble par faftrudure ? Eft-elle du genre desconglo- bées ? La grandeur remarquable des artères que lui foarnifTenc la carotide & la fouck- viere , font voir que les fondions de cette glande ne font pas de peu de conféquence \ {qs veines fe vuident dans les jugulaires ôc dans les fouclavieres. Elle a un mufcle parti- culier 5 nommé aiigos' , qui ne fe trouve pas toujours. Il vient du bord de Tos hyoïde , quelquefois du bord inférieur prefque gau- che du cartilage thyroïde , Ôc épanouît àQS fibres tendineafes fur cette glande , fur la- quelle les mufcles fterno-hyoïdiens ôc fterno- thyroïdiens font d'ailleurs couchés. CCCXXIII. Le larynx & los hyoïde qui lui eft uni, peut être élevé conndérablement , & même jufqu'à un demi-pouce au-deflTuS de fa moyenne hauteur. Les mufcles diga- ftriques5les genio -hyoïdiens, les genio-glofles, Î2S ftilo-gloifes , les ftilo-hyoïdiens , les fti- lo-pharyngiens , l^s thyro-palatins & les hyo- tyroïdiens , concourent tous , ou en partie , a cette adion, Lorfque le larynx eft élevé , la glotte fe rétrécit ôc les ligamens CCCXVIII , s'approchent de plus près. La glotte peut par ce moyen être fi exactement fermée par laétion des mufcles aryte-noïdiens obliques & tranfverfes , qu'elle refîfte avec une for- ce incroyable à l'effort de tout lathmof- phere. CCCXXIV. Le larynx peut être de même abbailTé à prefque un demi pouce au deffous DE Physiologie. i§«^ de fa firuation moyenne , par les mjifcies flerno-hyoïdiens , les fterno thyroïdiens ôc les coraco-nyoïdiens; ôc lorfque ces mufcles font en a6tion, par les crico-rhyroïdiens antérieurs & pofterieurs , pendant ce mouvement les cartilages arytenoïdes s'éloignent l'un de l'au- tre , &c la glotte devient plus ample. Les muf- des arytenoïdiens inférés latéralement à ces cartilages ,les crico-arytenoidiens pofterieurs ôc les latéraux , clargiflfent encore cette ou- verture. Les thyro-arytenoïdiens peuvent com- primer les ventricules du larynx fur lefquels ils font placés CCCXX. CCCXXV. Il n'a jufqu'ici été queftion que de Tanatomie de la partie ; faifons voir pré- fentement quel eft l'efFet de l'air chalTç pen- dant l'expiration hors du poumon iCCVC 5 à travers la trachée artère dans le larynx , ôc de-là par la glotte dans la bouche diffé- remment figurée. La voix , la parole ôc le chant , en font les effets. La Voix fe forme uniquement , lorfque l'air eft poulfé fi vio- lemment par la glotte retréeie , qu'il fe brife fur ces ligamens , ébranle ainfî le larynx qui en conféquence de fon élafticité réagit par fecouffes fur l'air , ôc en augmente la force. Le fon que nous appelions voix , parti- culier à chaque genre d'animaux , ôc qui dé- pend totalement Ôc uniquement du larynx ôc de la glotte , eft formé par les fecoufïes àe% ligamens CCCXVIII , & en même tems des cartilages du larynx. Sans ces fecouffes , il ne fe forme qu'un gafouillement. I5)0 É L i M E N s CCCXXVI. La force de la voix dépend de la quantité d'air poulfé à la fois de du récrécifTe- ment de la glotte. Il faut donc pour cet effet que le poumon foit ample, qu'il puilTe bien fe dilatetjquele larynx & la trachée artère ayent beaucoup de capacité , & que l'expiration foit forte. Mais nous voyons que le ton grave ÔC le ton aigu dépendent de différentes caufes. La glotte fe rétrécit & s'étend dans le ton aigu ; elle fe relâche & fe dilate dans le ton grave j c'eft ainfique l'air venant en même tems fe brifer à différentes reprifes contre les ligamens de la glotte rétrécie , il s'excite plu- sieurs tremblemens dans le même tems. Le contraire arrive dans la glotte dilatée. C*eft pourquoi dans la voix aiguë le larynx efl élevé avec un effort d'autant plus grand, qu'elle eft plus aiguë ^ la tête même alors eft portée en arriére pour laiflTer aux mufcles qui élèvent le larynx la liberté d'exercer toutes leurs forces ; l'expérience le confirme. En effet, fi dans les tons aigus on pofe le doigt fur le larynx , on s'apperçoit qu'il s'élève à la hauteur de pref- qu un demi-pouce , pour une odave : l'anato- mie comparée d'ailleurs nous a fait voir que la glotte eft étroite &c cartilagineufe dans les oifeaux qui chantent , large dans les ani- maux dont la voix eft enrouée , dans ceux qui mugiffent & dans ceux qui font muets. Le fiftlement paroît encore le confirmer, car alors le fon aigu vient évidemment du rétrccif- fement de la bouche. Les inftrumens de mu- iîque 5 dans lefquels la petiteife du trou par DE PhYSIGLOGIS. 19! où fort Tair ôc la vîtefTe de celui qu on y in- troduit forment les fons aigus , prouvent la même chofe. CCCXXVII. Le contraire produit la voix grave , tels font la defcente du larynx par les moyens rapportés CCCXXV , la glotte large ôc le larynx très-ample. On s'alfure de la def- cente du larynx en portant le doigt delfus quand on chante ; alors on apperçoit mani- feftement que le larynx defcend à un demi pouce environ pour chaque o6lave. Les hom- mes ont la voix plus grave , ôc la voix la plus grave fe termine par un foufle muet. CCCXXVIII. On appelle Chant la voix modulée par les difFérens pafTageà du ton grave a l'aigu , Se exprimée du larynx trem- blant &:fufpendu entre des forces contraires; c'eft le caradtere principal par lequel on dif- tingue le chant de la parole. Il eft donc plus laborieux à caufe de l'adion continuelle des mufcles qui mettent le larynx en équilibre ; de-là il échauffe, parce que les tons aigus ne ^peuvent fe former que par le rétréciifement de la glotte , par une expiration lente , 6c qu'il faut beaucoup d'air pour le fourenir , CCCXXVI ; de-là vient que l'infpiration doit être grande. Il defféche çonféquemment la trachée artère, par le mouvement plus accé- léré de l'air , de il faut beaucoup de mucus ; c'eft pourquoi il y a tant de réfervoirs de cette humeur dans le larynx; ôc jeferois même porté à croire que les ventricules CCCXX peuvent être mis au nombre de ces réfer* voirs. ïc^l É X i M E N s CCCXXIX. La Parole fe forme fans que le larynx paroiffe faire quelque mouvement par des tons aigus & graves peu différens ; mais la voix étant différemment changée par les organes de la bouche. La parole harmo- nieufe a différentes variétés dans les tons , ôc les organes de la bouche la modifient diffé- remment. CCCXXX. La parole confifte dans la pro- nonciation des lettres différentes fuivant les différentes nations *, la plupart des lettres font néanmoins les mêmes par toute la terre. On appelle voyelles les lettres qui fe forment par la voix uniquement exprimée par la bouche , fans donner de coups de langue contre aucune partie. Les confonnes fe forment par quelques coups de langue contre certaines parties de la bouche , des lèvres ou des dents. Le plan de noiïQ ouvrage ne nous permet pas de nous étendre plus au long fur cette fonction admi- rable. L'Art a fi bien découvert toutes les cau- fes corporelles des lettres , ( exemple rare dans la Phyfique !) qu'il a appris aux fourds mêmes a imiter l.a parole , par la feule inf- pedion & en touchant les organes pendant que les lettres font prononcées. CCCXXXI. Toute la diverfitédes tons dé- pend-elle uniquement de la longueur des li- gamens de la glotte (longueur qui peut va- rier fuivant que le cartilage fcutiforme eft plus ou moins tiré en devant , que les carti- lages aryténoïdes le font en arriére) , de ma- nière que les tons qui fe forment, lorfque ces iigamens font très-tendus ôc font de fré- quentes B E Physiologie. 195 quentes vibrations , foient les plus aigus ? C'eft ce que quelques Anatomiftes modernes ont pré- tendu appuyer par des expériences qui leur ont fait voir, que le fon de chaque animal eft pro- duit par la tenfion des cordes ou ligamens de là glotte, l'air étant poulTé par la trachée-ar- tère ; que ce fon eft plus aigu par la plus grande tendon des ligamens, &: plus grave par leur relâchement -, que ce relâchement abfolu caufe la fuppreilion de la voix ; que le reilerrement de la moitié du ligament , lautre étant libre , donne un fon plus haut d'une odbave, &: qu'il le donne plus haut félon qu'on augmente de reiferrement d\m tiers ou d'un cinquième. lî ne me conviendroit pas de décider une quef- rion que mes expériences ne m'ont pas encore éclaircie. Les doutes que peuvent faire naître la glotte immobile , offeufe de cartiiagineufe des oifeaux , ôc qui conféquemment ne peut s'étendre j les fons du filïlement ôc qui très-cer- tainement fe forment alors par le feul retré- ciiTement des lèvres ^ l'exemple des femmes qui ont la voix plus aiguc que l'homme, quoi- qu'elles ayent la glotte Ôc le larynx plus courts ; les expériences qui conftatent que les fons les plus aigus fe forment par les ligamens de la glotte rapprochés les uns des autres autant qu'ils le peuvent être ; l'incertitude des expé- riences nouvelles; le défaut des machines pro- pres a tirer le cartilage fcutiforme en devant ; le foupçon évident que l'Auteur de l'expé- rience a cru que le cartilage fcutiforme étoit porté en devant , tandis qu'il étoit certaine- jjient élevé ; tout<îs ces chofes , dis-je , font / Parc. l 15)4 E I É ^ E N s naître de trcs-grands doutes. Cependant le té- moignage de quelques grands hommes , qui afl'urent ces expériences , ne permet pas ûq rejetter cette découverte , jufqua ce que nous ayons des chofes particulières a oppoier. CHAPITRE XII. JDu Cerveau, CCCXXXII.JN Ous parlerons des organes des autres fonctions du corps humain , dans Tordre qu'ils reçoivent le fang. Nous avons fait l'hiftoire des artères coronaires en parlant du cœur. Les carotides forteni; de laorte im- médiatement après. CCCXXXIIL Uaorte qui fort antérieure- ment du cœur, CXXVIII. pour retourner vers les vertèbres de la poitrine, forme en fe pliant de derrière à gauche , un grand arc , dont l'an- gle e il: arrondi à la vérité , mais petit. Il part trois ramaux de la convexité de cet arc ; le premier monte à droite & fe divife peu après en deux grandes artères, dont Vinférieure fuit la direwlion du tronc5& fe nomme fo us-clavier e\ l'autre monte le long de la traçhée-artere , fe rend à la tête> &on l'appelle la carotide droite-^ la carotide gauche prend naiflfance de ce même arc de l'aorte & s'incline un peu fur la gauche \ Izfius-claviere gauche eft la troifiéme branche qui fort de cette croife; elle s'incline plus fur la gauche que la carotide gauche , ^ elle eft DE Physiologie. ' icjj - plus petite que la fous-claviere droite. La partie de l'aorte iitiiée au-defioua de lorigine de ces rameaux eft plus grofle & faillit un peu à gauche. Il y a rarement des variétés. CCCXXXIV. L'artère carotide unie avec la veine jugulaire ôc la huitième paire de nerfs , par beaucoup de tilTu cellulaire épais , mon- te quelquefois jufqu'à la partie fupérieure du cartilage thyroïde fans jetter aucun rameau ^ lorfqu^elle y eft arrivée , elle s y partage en deux branches. L'antérieure qu'on nomme ca- rotide externe , fuit plus la direction du tronc ôc eft ordinairement la plus confidérable ; elfe fournit d'abord l'artère thyroïdienne fupérieure ^ ôc la linguale qui va en ferpentant fe diftri- buer à la lange. La.pharyngée afcendente pan de la face poftérieure de la carotide , proche fa divifion ; cette artère fe difitibue au pha- rynx ôc aux mufcles du voile du palais j elle jette un rameau aftez considérable à la dure- mère par le trou de la veine jugulaire ôc de la huitième paire , lequel fe divife vers la portion du rocher voiiine du grand trou occipital ôc vers l'apophyfe cunéiforme de FosTphénoïde. CCCXXXV. L'arterc occipitale parc du bord extérieur de la carotide externe ; elle fournit un rameau à la dure-mere,par un trou particulier fîtué dans l'angle du rocher qui s'éloigne de l'apophyfe maftoïde , lequel fe diftribue à la partie de cette membrane qui tcipi(re les foffes du cervelet; une auire vient au-deifus de l'at- las fous le crâne, ôc fe diftribue à la dure-mere; un troihéme monte quelquefois vers la dure- mere par la foffe jugulaire. V auriculaire voi- ï()6 Élemens fine de Tartere occipitale fe diftribue a la par- tie poftéiieure de l'oreille , à la membrane du tympan de aux tempes. CCCXXXVI. Le refte de Tartere carotide externe monte à travers la glande parotide , ^z après avoir fourni des rameaux à cette glan- de, à la face ôc aux paupières, elle forme fur- tout la grande temporale. Le tronc de la caroti- de 5 après s'être incliné , fe cache derrière la mâchoire inférieure , & prend le nom de ma- xillaire interne. CCCXXXVIL La maxillaire interne envoie dans cet endroit un rameau à la dure-mere , qui après avoir palfé par un trou particulier à^s grandes ailes pterigoïdiennes , vient dans la folTe moyenne du cerveau , &: fe diftribue par pluHeurs rameaux dans toute la partie de^ la dure-mere qui tapiffe les os des tempes êc les pariétaux, jufqu'au finus longitudinal; elle eft quelquefois double, & elle envoyé fouventun rameau remarquable à la glande lacrymale. Cette même artère maxillaire monte & va gagner , en fe divilànt en trois rameaux , la partie fupérieure des narines où elle fe termi- ne , aDrès avoir fourni des rameaux aux dents des deux mâchoires , la fous-orbitaire à quel- ques parties de la face & des paupières, la pa- latine au palais offeux, èc à^s petits rameaux à la dure-mere, tant par les petits pores à^s gran-' des ailes , qu'avec la féconde ^ la troiiiéme branche de la cinquième paire , & enfin à la dure-mere qui garnit la fenre orbitaire infé- rieure. ÇCCXXXVin. L'autre tronc poftérieur, &: DE PhYSIO L O g I E. 197 qu'on nomme carotide interne , CCCXXXIV. monte fans fournir de rameaux. Cette artère après avoir formé un contour ferpentin remar- quable, entre par fon conduit dans l'apophyfe pierreufe où elle eft environnée par une gaine de la dure-mere 5 pareille à celle qui fort par tous les trous du crâne. Elle s'élève , s'incline enfuite en devant & pénètre dans le crâne en ferpentant le long de la felle du fphénoïde , dans le fang du finus caverneux , après avoir fourni quelques rameaux à la cinquième paire des nerfs , à la dure-mere, à l'entonnoir , & un plus grand à l'œil , dont une partie revient par un trou particulier vers cette portion de la dure-mere placée fur la partie moyenne de l'orbite. CCCXXXIX.Le tronc de la carotide interne paiïe après cela fîir la partie antérieure de la felle 5c fe courbant en arrière, il entre dans la mem- brane arachnoïdejaprès avoir jette des rameaux au pont de varole , aux cuiifes du cerveau , au plexus choroïde & aux nerfs optiques qu'il ac-- compagne ; il fe partage en deux rameaux , un antérieur & l'autre poftérieur. Le premierjaprès s'être uni par un ramau court au pareil du côté oppofé , fe courbe le long du corps calleux de derrière en haut , & fe diftribue à la partie movenne du cerveau. Il donne quel- quefois des rameaux a la faulx , & dès fa naif- fance il en fournit au troifiéme ventricule , a la voure & aux couches des nerfs optiques. Le dernier après s'être anaftomofé par un petit rameau avec l'artère vertébrale , fi cette artère ne vient pas immédiatement de "la carotide, iiij 19^ Ë L E M E N s monte dans la fcifTiire de Sylviûs, fe diftrî- bue aux parties latérales du cerveau de fournie au plexus choroïde. Tous les rameaux de la carotide renfermés dans le crâne font d'une fubftance mince , folide , plus facile à rompre que toutes les autres artères. CCCXL. L'artère vertébrale fort prefque de lafous-claviere de chaque côté ; on a vu la gauche fortir du tronc de i'aorte à^ns un lieu caché j elle pa(re,fans fournir derameaux^dans le trou de l'apophyfe tranfverfe de la fixiéme vertèbre du col , s engage en ferpentant dans les trous de toutes les autres apophyfes tranf- verfes àt^ vertèbres du col , & jette d'efpace en efpace de petits rameaux qui fortent & fe diflribuent aux mufcles du col. Elle commu- nique avec la thiroïdienne inférieure & four- nit d'autres rameaux plus grands Scpodérieurs qui accompagnent chaque nerf vers la partie de la pie- mère qui recouvre la moelle épiniere, èc d'autres antérieures , qui ne font pas en fî grand nombre & qui font plus confidérables, par lefquels ellecornmunique dans cette moelle avec le tronc qui \qs a produits. Parvenue vers la féconde vertèbre du col , elle fe coude un peu, puis un peu plus, pour aller gagner l'apo- phyfe tranfverfe de la première vertèbre ; elle fournit dans cet endroit deux rameaux remar- quables aux mufcles du col , & àQS petits dans fon paiïage par le trou occipal à la dure-mere ik. aux foiïes du cervelet : elle entre par ce trou dans le crâne , elle fe porte le long de la moelle allongée, &: elle s'approche infenfible- ment de l'autre pour s'anaftomofer & former D I P H Y s I O L O G ï JE. ï 99 V Artère hajilaire qui s'étend fous le pont de Varole 5 & qui ell foutenue par la pie-mere. Les artères vertébrales jettent avant leur union^ ou après , des branches à la fuperficie du cer- velet & dans fafubftance intime^ ces branches s'étendent profondément jufque dans le qua- trième ventricule^ c'efi: d'elles que naifTent les ancres fpinales , qui quelquefois viennent de l'union des deux troncs , &: quelquefois viennent d'un coté de tronc , & de l'autre côté d'un rameau. Outre les rameaux que la bafî- la ire jette à la moelle allongée & aux cuiffes du cerveau , elle produit encore les artères in- férieures du cervelet. Il naît entre ces rameaux une artère qui accompagne le nerf auditif. En- fin l'artère bafilaire fe divife à la partie anté- rieure du pont de Varole en deux rameaux \ l'un d'eux fe diftribue à la fuperficie du cerve- let, au quatrième ventricule , aux péduncules du cervelet, aux nates y aux tejîes , & a la glande pinéale ; l'autre parcourt plus profon- dément le cerveau & fe diftribue au plexus choroïde , à celui de la glande pinéale , à cette glande, aux couches des nerfs optiques, aux corps cannelés, à la voûte, & à tout le ventri- cule antérieur. CCCXLI. Il paroît par cette defcription des artères du cerveau que la force du fang qui monte au cerveau à chaque pulfation , eft grande \ en effet il en monte la fixiéme par- tie,& même plus, de tout le fang du corps hu- main ; ce fang y eft d'ailleurs porté par àQ% troncs très-voifîns du cœur & qui fortent bruf- ^uement de la convexité de l'arcade de raorte. liv lOO É L E M E N s Il eft donc probable que les parties les plas vives &c qui confervent mieux le mouvemenc <^ui leur a été communiqué , fe portent au cerveau. L'effet du mercure qui ne fe mani- fefte prefque qu'à la rête , n'en eft-il pas une preuve ? L'effet prompt des liqueurs fpiritueu- fes , l'étonnement momentané que produit l'odeur vive du camphre , la chaleur & la fueur qui fe manifeftent plus au vifage que dans toute autre partie, l'éruption des humeurs contagieufes & extrêmement vola- tiles au vifage, ne le confirment- ils pas? La route fûre que tiennent les artères du cerveau met ces grands vaiffeaux fi néceflTaires à cou- vert de toute injure j les anaftomofes fréquen- tes de ces troncs entre eux & de leurs rameaux diminuent le danger des obftru6bions ; c'eftpar cette raifon que les artères carotides étant liées, l'animal ne périt point , Se même il ne paroît pas beaucoup foufirir. Les grands coudes que forment les artères carotides Se les vertébrales, font propres à modérer l'impétuofité du fang qui va au cerveau , une grande partie de la vî- îefîe que le fang tient du cœur étant employée à changer la figure des coudes formés par ces vaiflTeaux. Quelques auteurs ont remarqué que ces artères étoient un peu plus grandes dans ces coudes. CCCXLILC'efl avec raifon que nous com- tnençons l'hiftoire du cerveau par {es membra- nes. Une'fphere oiTeufe , compofée de plu- iiears pièces , qui peut s'étendre en dehors , mais qui s'oppofe efScacementàtoutepreiiion, environne cette partie tendre Se néceiTaire à DE Physiologie. ici la vie. Cette fphere eil tapiifée de routes pans en dedans par une membrane rrès-ferme , compofée de deux lames afTez diftindes, unies étroitement à toute la furface olTeufe par une infinité de petits vaifFeaux, comme par autant de pédicules, qui ne peut s'en féparer dans ' l'homme fain , ôc qui efi: un peu plus légère- ment adhérente aux os minces & plus forte- ment unie aux commilTures des os du crâne , qu'on appelle futures, à raifon de leur figura, Elle eft fi adhérente dans les jeunes fujets qu'on arrache en même temps les fibres aux- quelles elle eft unie. Ce n'eft cependant pas fans force qu'on vient à bout de féparer la dure-mere dans les adultes, dans lefquels la plupart àes vaiiTaux étant détruits, elle eft par conféquent moins difticile à féparer. C'eft de ce déchirement que proviennent les petites gouttes de fang qui s'obfervent fur fa furface > après fa féparation du crâne. Tout ce qu'on a dit fur le mouvement de la dure-mere, n'eft donc qu'une pure chimère j quant au mou- vement qu'elle a paru avoir dans les plaies de tête, ce mouvement n'étoit produit que par la pulfation dos artères dans un lieu n©n réfiftant, pendant que le refte du crâne immo- bile s'oppofoir â l'effort du fang poufte par 1^ cœur. Elle eft infenfible , non-irritable & fang nerfs. CCCXLIII. La Lame externe eft adhérent^ aux os, & leur fert de périofte; elie fort avec 4es nerfs & les vaiftaux par tous les trous d^ la bafe du crâne , &: s'unit avec le périoft^ d,g la tête j des vertèbres^ enfin de toïit le corps ^ 1 Y XOl É L E M £ N S c eft de-la qu'elle a écé appellée Merh par les Barbares. La Lame interne continue avec la première dans placeurs endroits , s'en éloigne cependant dans d'autres , par exemple , vers les grandes ailes de l'os fphénoïde, fur les par- ties latérales de la feile d cheval, oii il fe ré- pand beaucoup de fang entre ces deux lames & fur la felle : cette même lame s'éloigne de la lame eàterne qui eft adhérente à l'os &: fait un repli pour former la fau/x qui prend naif- fance de l'os ethmoïde , au-devant de l'apo- phyfe criJla-gaUi , & fe porte entre les deux os au front, le long de la future fagitrale jufque vers la partie moyenne de l'occipital j elle de- vient de plus en plus large en arrière ; elle eft placée entre les deux hémifpheres du cerveau, un peu au-deifus du corps calleux , plus éloi- gnée de ce corps en devant , & plus rappro- chée en arrière. Il eft certain que les fibi'és tranfparentes qui s'élèvent de l'endroit où elle eft unie avec la tente, & fedifperfent en forme de rameaux & de palmes vers le finus longitudinal , ne font pas des fibres motrices , puifque très-fouvent il ne fe trouve entre elles aucune membrane, mais fimplement àts trous naturels. La faulx s'unit à la partie moyenne de là tente Se fe continue avec elle. Cette même lame produit de mcme , en changeant feulement de fituation ia petite faulx qui fépare le cervelet en deux lobes , & elle produit la forte tente qui , forrant de la croix de l'occipi- lal, fépare tranfverfalement le cerveau du cer- velet , & fe termine enfin fur le rocher & les ^pophyfes dinoïdes antérieures > laiilaxic une B E P H y S I O t O Ô î £. i&^ ouverture ovale pour le palfage libre de la moclie épiniere» Ces prolongemens de la dure- mere four qu'aucunes parties du cerveau ne peuvent dans aucune iituation être poulTées les unes furies autres, ni fe preiFer mutuellenienc dans les fecoulîesde ce vifcere. C'eft pourquoi dans les quadrupèdes faits pour la courfe,dans lefquels ces fecouifes croient plus à craindre , la cloifon du cerveau ôc du cervelet eft of- feufe. CCCXLIV. On remarque fur la face exter- ne de la pie-mere , près le finus de la faulx , des glandes dont quelques-unes font placées dans le réfeau de la dure-mere ^ ces glandes font tournées en partie vers la cavité de ces fînus, de forte que quelques-unes la touchent, & en partie vers les infertions des grandes veines, dans la pie-mere, où elles font réunies par paquets continus avec les premières : quel- quefois elles font molles , ovales, blanches; quelquefois rouges , dures , &: femblables à des petites verrues. La vapeur qui s'exhale de la fuperficie de la pie-mere ne vient pas de ces glandes^ car par-tout, dans les ventricules mê- me , dans lefquels il ne s'en trouve point , il s'exhale une vapeur abondante des plus petites artérioles , comme on le confirme par l'injec- tion d^eau Se de colle qui fuintè de toute la fu- perficie de la pie-mere. CCCLXV. L'autre enveloppe du cerveau qui fuit immédiatement celle-ci , 5c qui fe moule fur lui, s'appelle Membrane ^r^c/j- noïde à caufe de fa ténuité. Elle environne le cerveau de toutes parts \ elle eft d'une tranfpa- I vj r 104 ^ £ L i M E N S rence aqueule , très- mince & ferme auù que ion peu d'épaifFeur peut le permettre. Elle palle pat-delTus toutes les inégalités du cervean & environne ii bien les gros vaiffeaux , qu'ils le trouvent entre elle ôc la pie-mere. Ce n'eft pas une lame de la pie - mère ; car elle en diffère par fa fituation , comme an le peut voir fur la moelle épiniere, quoiqu'elle paroif- fe de nature cellulaire entre les hémifphere& du cerveau. CCCLXVI. La pie-mere eft la troifiéme membrane Se la plus molle du cerveau ; elle en revct immédiatement toute la furface j elle eft tendre, très-vafculaire. Se compofcedepeii de cellules qui renferment plufieurs vaif- feaux : elle fournit au cerveau des vaifleaux qu'elle a reçus comme autant de radicules. Elle defcend dans toutes les anfradluofités , fe gliiTe dans les filTures du cerveau , du cervelet Se de la moelle épiniere. Reçue dans les cavités intérieures du cerveau , fa ftrudture n'eft pas la même , elle devient molle & prefque mé- dullaire, & cela s'obferve fur-tout fi on dif- ieque le cadavre long-temps après la mort ;fes vaifTeaùx la font néanmoins encore diftinguer.. CCCXLVÎI. Il n'en eft pas des veines du cerveau, comme de celles des autres parties du corps , car elles n'ont point de valvules ni d artères qui les accompagnent. Se leurs troncs ne font pas de la même ftriidure que celles des autres. Les veines qui viennent des cavités les plus intimes du cerveau , celles qui font fur les corps cannelés , les veines on plexus choroïde 3 de la cloifon tranfparencej des ven- ï>E Physiologie. lOj trkules antérieurs , fe rénnilTent en troncs, ôc enfin en une grande veine qui eft quelque- fois double; ôc qui, accompagnée de plufieurs artérioles du plexus choroïde , deicend erl- arriere vers la cloifon du cerveau ôc du cer- velet, CCCXLIV. elle reçoit là les veines qui montent de la partie poftérieure ôc inférieure du cerveau , ôc quelques-unes du cervelet ; elle fe vuide dans le fmus , c'eft- à-dire, dans une veine renfermée dans la duplicature de la dure- mère ; fouvent elle defcend vers le finus longitudinal inférieur qui eft plus fréquem- ment à gauche , ôc qui d'autres fois fe partage en deux branches. CCCXLVIII. les veines Supérieures & fu- perficiellesdu cerveau fontgrandes& couchées fur fes circonvolutions qui font en grand nom- bre. Quelques veines de la dure-mere s'infè- rent dans ces veines répandues dans toute la fuperfieie du cerveau ; les autres fe vuident dans le fînus longitudinal fupérieur par des orifices particuliers ; la plupart fe réuniffent en devant , car il y en a peu qui fe portent tout droit ou en arrière ; elles fe vuident toutes, fur- tout les antérieures en fe terminant oblique- ment dans le S mus longitudinal fupérieur ^ qur eft formé par un plan droit Ôc gauche de la lame interne de la dure-mere qui fe réunit in- férieurement le long de la partie fupérieure de la faulx ; il eft en conféquence triangulaire , fupérieurement convexe ; il eft grêlé dans fon commencement vers le trou borgne qui eft fi- tué devant l'apophyfe crijla-galli y il monte y ôc fuit la direàion de la faulx ^ ôc dans l'éa- 106 Ê L i M E N s droit où elle s'unit avec la tente, ce finus s'in- cline ordinairement à droite, & prend le norrt de Sinus tranfverfe droit \ il fe porte tranfver- falement dans la gouttière particulière, tracée dans les os occipital & temporal ; enfuite il fe courbe & fe termine dans le trou de la jugu- laire ; élargi dans cet endroit, il reçoit les Jinus pierreux inférieurs & occipitaux, & il fe vuide dans la jugulaire. Le Sinus tranfverfe gauche femblable au premier, & qui fe termi- ne pareillement dans la jugulaire j s'infère plu- tôt au fin us droit , qu'il ne fe continue avec le tronc. Le qnasriéme finus, CCCXLVn. s'in- fère d'ordinaire de même que l'occipal \ ce- pendant cela varie quelquefois , & le finus longitudinal fe termine dans le finus tranfver- fe gauche : alors le quatrième finus & le finus occipital fe terminent dans le finus tranfverfe droit : d'autres fois le finus longitudinal fe partage en deux troncs tranfverfes, & quel- quefois le finus moyen réunit les tranfverfes. CÇCXLIX. \]vL Sinus grêle , plus rond & irrégulièrement parallèle à la partie la plus épaifîe du bord inférieur de la faulx, la cotoye ; il relfemblelà une veine & reçoit de la faulx même d'autres petites veines qui communi- quent dans le finus longitudinal fupérieur ; il en reçoit encore de k portion voifine des hémifpheres du cerveau & du corps calleux , dans l'endroit où la faulx eft adhérente a la par- tie antérieure de la tente , ce finus fe termine pareillement dans le quatrième finus. CCCL. Les Freines inférieures du cerveau qui regardent la bafe du crâne ^ s'inferenc de DE Physiologie. 2o7 différentes façons. Les ancérieiires viennent de lafiflure de Sylvius celles fe réunilfent&s'in- ferenr dans le finus caverneux ou dans cet in- tervalle triangulaire de la lame interne ôc ex- terne de la dure- mère , placée fur les parties latérales de la felle à cheval: d'autres viennent du pont de Varole, ôc fe terminent dans le finus pierreux fupérieur; les autres poftérieurs viennent des lobes poftérieurs du cerveau, & nombreufes vers la tente , elles fe terminent dans le (in us tranfverfe. CCCLI. Les Pleines Jupér/eures du cervelet fe réuniffent en de gros troncs , Ôc fe vuident en partie dans le finus droit Bc en partie dans les tranfverfes. Les inférieures du cervelet & de la moelle allongée fe terminent dans le fi- nus pierreux fupérieur. CCCLIL II y a plufieurs autres finus, outre ceux dont nous avons parlé. Le plus antérieur de tous Se qui fouvent ala figure d*un anneau, eft cependant petit antérieurement , plus large poftérieurement , environne la glande pitui- taire , communique avec le finus caverneux vers les apophyfes clinoïdes, & avec les finus pierreux inférieurs entre ces apophyfes de la carotide , & enfin avec les finus pierreux fu- périeurs, vers la fixiéme paire de nerfs, der- rière la cinquième paire. Il reçoit quelquefois la veine ophthalmique : quelquefois il eft ù'anf- yerfc & réunit les finus caverneux ; on le prend pour le finus circulaire , où il eft confondu avec lui. CCCLIIL Le Sinus pierreux fupérieur eft fimé en arrière dans la foife du rocher , & '10 B È 1 i M E N s prend fon origine dans l'extrémité antérieure de fa pointe j il communique dans cet endroit avec ie fînus caverneux ; il reçoit les veines de la dure-mere qui s'y infèrent, & quelquefois les veines antérieures du cerveau , CCCL. il fe termine à l'angle du finus tranfverfe, dans l'endroit où il fe coude. Une autre veine qui rampe fur le rocher, va auffi fe terminer dans cet angle. Le Sinus pierreux inférieur plus court & plus ample , cotoye le bord inférieur du rocher , & communique avec celui du coté oppofé , derrière les apophyfes clinoïdes , &: après s'être uni deux fois avec le finus caver- neux & le finus pierreux fupérieur , au-def- foLis de la cinquième paire de nerfs , il fe ter- mine enfin dans la fofie jugulaire. Il reçoic auflî quelques veines des vertèbres. Les Sinus occipitaux vont aufii s'y vuider \ le plus gros cotoye le bord du trou occipital & vient ga- gner la faulx du cervelet, CCCXLIIL il s'infe- le ordinairement en s'uniflTant quelquefois plus près, quelquefois plus loin,i celui du côté oppo- fé, dans le quatrième finus & avec lui dans le fînus rranfverfe gauche, &: quelquefois dans le finus même; ou enfin il fe divife en deux & fe vuide dans les deux finus tranfverfes : ce finus reçoit les veines inférieures êc poftérieures de la dure-mere & quelques-unes des vertèbres. CCCLÎV. L'0^a/>zW^^/2r/r/ê//reft irrégulier, compofédeplufieurs rameaux, en partie tranf- verfe , en partie defcendant vers le grand tro« occipital ;_il unit différemment les finus pier- reux inférieurs,dontles rejetions accompagnent la neuvième paire de nerfs, ou bien il palTe par ©E Physiologie. 20^ un trou particulier , & communique avec la veine vertébrale externe; les autres rameaux fe portent en bas , & s'ouvrent dans lescercles vei- neux de la moelle épiniere. Lq S inus caverneux delà dure-mere 5 CCCXLVIÎ. rempli de beau- coup de cellules , reçoit, outre le iinuSjCCCLL & CCCLIÏ. les grandes veines dont nous fivons déjà parlé , ôc plufieurs branches qui accompagnent les trois branches de la cinquiè- me paire de fierfs, la grande artère de la dure- mere , CCCXXXVlï. la carotide interne, CCCXXXIX. & par un trou particulier des ailes, qui ne s'obferve pas toujours, les bran- ches qui communiquent avec les veines qui font (ituées hors du crâne , qui fe rendent aux jugulaires , & furtout avec le grand plexus ptérygoïdien des veines nafales. La grande veine deladure-mere qui accompagne l'artère, ôc dont les rameaux font quelquefois doubles ^ fe terminent à quelques-unes des branches dont nous venons de parler. Les veines du pé- ricrâne s'infèrent de même dans le fin us lon- gitudinal par les trous pariétaux j les veines occipitales par le trou maftoïdien, dans le fi- nus tranfverfe j les vertébrales externes par le trou antérieur de l'os occipital , dans la folTe jugulaire : d'autres produites par les oc- cipitales antérieures , accompagnent la neu- vième paire de nerfs. Lefang trouve ainii une infinité d'iifues pour fortir des iinus , dans lefquels il ne s'embarrafTe que trop fou- vent , & ces voies font différentes fuivant que chaque partie eft plus lâche ou plus déclive, C'eft pourquoi une veine , même grande , où IIÔ Ë L i M E N s Tune ôc l'autre jugulaires étant liées, il 116 fiiif- vient peint de (yinptômes râcheux. CCCLV. L'abondance du fang qui fe porte au cerveau , fon plus grand mouvement dans les artères carotides, CCCXLL le défaut de compreffion fur une partie environnée d'os , le mouvement plus lent du fang dans les vif- ceres de l'abdomen & dans les extrémités in- férieures, les fondions continuelles des fens 6c du cerveau, qui attirent vers ces parties une plus grande quantité de fang, d'autres caufes font enfin que la tête fe remplit de fang d'une manière furprenante , au moindre mouve- ment accéléré de la circulation. C'eft du mou- vement plus grand du fing que viennent les rougeurs du vifage , le gonflement des yeux , leur état érincellant , les douleurs de tête , les battemens, les hémorragies de nez qui font fi fréquentes. C'eft pourquoi on conçoit que fî les veines du cerveau eurent été plus minces ôc rondes, elles eutTent été plus fujettes à fe rompre; cela arrive même alfez fréquemment, 6c on eût été plus fiîj et à l'apoplexie. La nature a donc donné aux veines dans lefquelies le fang du cerveau fe dépofe , une autre figure , afin quelles fe dilataffent plus facilement, parce qu'elles réfiftent inégalement; elles font auffi d'une ftrudure plus folide , très-diffici- les à fe rompre , & fur- tout les grands fînus , qui doivent tenir lieu de tronc ; caries petits font ou ronds ou demi-cylindriques , ou irré- guliers. Elle a placé en dedans des petites tra- verfes faites d'une forte membrane , qui vont du fond de la parois droite du finus fe termi- DE Physiologie. m ner dans la parois gauche , fortifient pendant la plus grande diftenfion , l'angle aigu du flnus qui fe diftend beaucoup , & le préfervent de la rupture. Ces veinescommuniquentplufieurs fois les unes avec les autres, avec les vaifTeaux de ia moelle épiniere ôc des parties externes de la tête , & fe débarrafTent par ce moyen de la trop grande quantité de fang , CCCLIV. CCCLVI.Le fang artériel ferépand-t'il dans les ii'nus du cerveau ? Ce fang les anime-t'il de manière a y produire des pulfations ? Il eft cer- tain qu'ils ne battent point , car la dure-mere eft par-tout adhérente au crâne , SL même plus fortement dans l'endroit des finus ; ils reçoi- vent cependant les liqueurs injeétéespar les ar» teres. L'exhalation s'y fait-elle par les petits vaifTeaux ? Y a-t'il auparavant une circulation par les veines ? Le premier paroît beaucoup plus probable. CCCLVII. Enfin tout la fang du cerveau fe rend dans les veines jugulaires; ces veines fe dilatent très-facilement, &c elles font à cou- vert du mouvement rétrograde du fang de l'oreillette droite du cœur par les valvules qu'on obferve dans leurs cavités ; elles font fortifiées par beaucoup de tiffu cellulaire qui les environne. Il revient peu de fang de la tête par les veines vertébrales. Les jugulaires répondent directement à chaque grand rameau de veine cave fupérieure, de forte qu'elles rap- portent le fang au cœur par le chemin le plus court. CCCLVIII. Eft-il bien certain qu'on ait vu des vaifTeaux lymphatiques dans le cerveau ? 2IÎ É t i M E N S On les à décrits dans le grand plexus choroïde, entre les fibres du nerf olfaâif , dans la pie- mere , mais je n'en ai jamais vu , êc peut-être n'y en a-t'il aucun, puiiqu il ne fe trouve dans le cerveau aucune glande conglobée, genre de glandes qui accompagne ordinairement ces vaiffeaux. Tout ce qu'on a dit de la glande pi- tuitaire de l'entonnoir , des conduits qui vont de-là dans les veines de la tête , pour repom- per l'eau des ventricules, n'eft confirmé par au- cune expérience anatomique ^de forte qu'il efl: probable que la vapeur féparée des ventricules eft toute reprife dans les veines inhalantes ^ &c que s'il s'en trouve une trop grande quantité, elle defcend du fond de ces ventricules fur la bafe du crâne ôc dans la cavité lâche de la moelle épiniere ; les hémiplégies qui fur- viennent après les apoplexies , les tumeurs aqueufes du bas de la moelle épiniere dans les hydrocéphales , en font des preuves. La glande pituitaire reçoit toujours un cône qui m'a paru cortical, & à d'autres médullaire, peut-être folide ; m'ais elle eft très-molle Se femblable à la fubftance du cerveau ; fon ufa- geeft très-incertain, & dans quelques animaux, elle n'eft pas en même raifon avec le cerveau. CCCLIX. Il nous refte a parler du cerveau. On renferme fous ce nom plufieurs parties. Nous appelions plus ftriétement Cerveau, la partie fupérieure de ce vifcere contenu dans le crâne, qui eft feule antérieurement, ôc qui a pof- térieurementau-defibus d'elle une autre partie firuée dans les folfes poftérieures , inférieu- res de l'os occipital, au-deiTous de la tente , dePhysiologie. 215 &c qu'on appelle Ceryelet, La partie moyen- ne 5 inférieure , blanche , placée fous le cer- veau , &c la partie antérieure du cervelet , e(l appellée en ^^niQ pont de Varole, & en par- tie Moelle allongée, CCCLX. Le cerveau a prefque la figure d'un demi-œuf 5 qu'on auroit divifé profondement en deux parties par fon plus long diamètre , non pas totalement, mais à moitié. On remar- que dans fa furfacefupérieure& inférieure une grande quantité d'élévations ondées qui divi- fent aflez profondément le cerveau en lobes ondes par leurs angles alternes arrondis. La fubftance corticale eft très-molle dans la fu- perficie de ces lobes , & tire du jaunâtre & rougeâtre au cendré \ c'eft la plus tendre de toutes les parties du. corps humain j elle eft garnie en dedans d'une moelle prefque blan- che , rougeâtre dans le fœtus \ elle eft criblée d'une infinité de petits vailfeaux artériels, rec- tilignes & fimples ;elle eft plus folide j fa mo- lelîe eft telle qu elle eft plus capable de pren- dre quelque figure , & elle eft en plus grande quantité que la fubftance corticale. Le plus grand rameau poftérieur de l'artère carotide , CCCXXXIX. diftingue la moitié droite , de même que la gauche du cerveau , en lobe an-^ térieur plus petit & en lobe poftérieur plus^' grand. CCCLXL On a long-temps difputé fur la ftrudture de la fubftance corticale ; mais pré- fentement il eft aflez confiant par les injec- tions anatomiques , qu'une grande partie de cette fubftance eft compoféc de petits vaif- f 114 E L E M E N s féaux qui lui viennent de toutes parts Aq^ ra- ineauxde la pie-mere , comme des pédicules, fe plongent dans la fubftance corticale , y por- tent un fluide plus fubtil que le fang \ ôc queU quefois dans les maladies qui viennent d'étran- glement, & dans les animaux, fur tout dans les oifeaux , ils laiiïenc aufli palTer la partie rouge du fang. L'autre partie de la fubftance corticale , qui ne peut être remplie d'injedion , eft ou veineufe ou compolée de vaifleaux plus tendres j car cette fubftance paroît afïeis uni^^orme &ne laiflTe point lieu de foupçonner qu'une partie foit tubuleufe & l'autre folide. On en a de commun accord banni les glandes , Ôc il n y a aucune partie fur laquelle un pareil foupçon puifl^e tomber plus à faux. CCCLXII. Pour développer la nature de la fubilance médullaire, il faut la comparer avec celle des cerveaux des quadrupèdes 6c dos poilfons. La partie du cerveau qui fe trouve au-defTous des élévations ondées fupérieures eft blanche , s'étend peu à peu , devient plus abondante , &c enfin forme tout le Centre ova/c du cerveau , Ci on en excepte les feules élévations qui fe trouvent autour. Lqs deux hémifpheres du cerveau, qui font limplement divifés dans leur partie moyenne , font unis par une moelle mitoyenne. On appelle Corps calleux cette partie de la moelle qui eft au-def- fous ôc un peu éloignée de la faulx.On obfer- ve fur fa furface deux petits Filets blancs ôc parallèles , réunis vers la commiffure anté- rieure , où ils fe terminent , ôc divifés pofté- rieuremenr. L'extrémité antérieure du corps DE Physiologie. iij calleux fe confond avec la partie des ciiifTesdu cerveau , qui fort des lobes antérieurs , ôc la poftérieure plus large avec les pieds du che- val marin. Toute la fuperfieie de ce corps eft cannelée par des fibres tranfv^erfes qui vont en diminuant fe terminer dans la partie la plus voiiîne de la moelle du cerveau. CCCLXÏII. Ce qui fuit eft plus difEcileà décrire. Le cerveau n'efl pas une mafTe foUde; €n effet du fond de la partie médullaire pla- cée fur l'os fphénoïde , où la plus grande cuilfe du cerveau fort de ce vifcere , il fe forme une foffe qui n'eft recouverte que de la pie-mere ; elle s'étend peu à peu en arrière ; enfuira en fe contournant , elle fe continue en devant ôc en haut. Alors elle fe partage prefque vers l'ex- trémité poftérieure du corpscaiieux^&: la partie poftérieure la plus courte gagne le lobe pofté- rieur du cerveau, en fe terminant en dedans, La partie antérieure fe prolonge au loin fur les parties latérales du corps calleux j paral- lèlement à l'horifon , elle fe contourne exté- rieurement en forme de corné & fe termine dans le lobe antérieur du cerveau, cette ca- vité, une&: fépatée de chaque côté, eft appel- lée Ventricule antérieur ou à trois cornes ; il eft naturellement rempli d'une vapeur qui fe condenfe très-fouvent en eau. CCCLXIV. Cette cavité eft remplie , afin que les parties fupérieures & inférieures du cerveau ayent un rapport convenable : fon plancher inférieur eft de différentes figures. La corne antérieure eft formée inférieure- ment par une éminence un peu convexe , Ion* Xi6 Élémens gue , de couleur cendrée à l'extérieur ôc cou- verte d'une membrane extrêmement vafcu- laire ; on appelle ces éminences corps canne- lés , parce qu'on obfeive en dedans des lignes blanches , alternativement mêlées avec beau- coup de fubftance corticale , poftérieurement plus longues , plus grêles , entre lefquelles on remarque des petites taches & points médul- laires. Intérieurement & poftérieurement , deux autres pareils monticules , cendrés en grande partie extérieurement , vers le troifiéme ventricule àc même plus loin, moins viiible- ment cannelés, s'adoiTent de telle façon qu'ils font fréquemment unis fupérieurement , par leur partie corticale confondue \ ils fe portent en dedans , defcendent par la corne du ventri- cule antérieur vers la bafe du crâîie , & pro- duifent les Nerfs optiques , d'où ils font ap- pelles les Couches des nerfs optiques. On remarque entre les corps cannelés & ces cou- ches une cannelure blanche , médullaire , qu'on appelle Centre demi- circulaire gémeau ^ née de la commifTirre antérieure , fouvent des piliers de la voûte , & fur tout de la moelle qui eft au-devant des couches. Cette commif- iure large &: forte établit la jondion de la par- t;ie antérieure du cerveau , au-devant de ces couches. Le centre gémeau plus large pofté- rieurement , tire fon origine par beaucoup de filets , de la jonction du pied de /cheval avec la moelle du cerveau. Les corps cannelés for- aient-fur tout les cuiftes du cerveau CCCLXV. Le corps calleux , fltué dans la partie moyenne , cft au-deffus de l'axe com- mun BE Physiologie. nj mun de. ces deux ventricules. Il eil: couché poftérieurement fur la voûte avec laquelle il eft continu. Il defcend antérieurement de ce corps deux femblables lames médullaires , dé la longueur des corps cannelés ; on les appelle fepcum lucidum , ou doifon tranfparente. Ces lames unies intérieurement renferment une cavité anonyme. Cette cloifon eft inférieu- rement continue à la Voute , c eft-à-dire , a une bande médullaire à quatre cornes , dont les deux antérieures viennent de la bafe du crâne de la commiffure dont nous avons par- lé , & derrière elle fous les couches des nerfs optiques , fouvent du centre gémeau , &: de la ligne fléchie àQS couches optiques. La voûte eft placée fur les corps cannelés & le's couches des nerfs optiques , & fe termine en partie en une bandelette large, mince , & en parti® dans d'autres éminences continues à la voûte & aux corps calleux demi-cylindriques & bor- dées par cette bandelette. Ces éminences àQi^- cendent dans les cornes inférieures èc antérieu- res des ventricules 8c fe terminent par un arc extérieur convexe, dans lequel font tracés en- viron dix filions formés par les circonvolutions du cerveau, & comme par un pied fillonné, d'où on les a nommés pedes hypocampi , pieds de cheval marin : ces éminences font extérieure- ment compofées de fubftance médullaire ôc intérieurement de fubftance corticale. Au com- mencement de la divifion du pied de cheval , la bandelette fe divife en deux cannelures blanches , l'une longue & l'autre courte , in- férées au cerveu & â ce pied j ou dont une / Part, K itS È t E M E N s fe termine à fon bord interne. Une fembla- ble cminence fe rend dans la corne poftérieure du ventricule , courbée en dedans vers fa fin , femblable à un'crgot , dont la colonne con- tinue occupe le fond de la corne defcendante du ventricule. La partie médullaire fituée en- tre les piliers écartés de la voûte derrière le plexus moyen des ventricules , & qui eft rem- plie de cannelures tranfverfes & figurées, que j attribue aux artères , s'appelle la Lyri. CCCLXVI. Dans la partie antérieure ôc inférieure des ventricules , commence de part ^ d'autre , le plexus choroïde renfermé fîm- plement dans la pie-mere ; il eft nud dans le refte de la cavité du crâne , & compofé de plufieurs arrérioles^ CCCXXXIX.CCCXL.& de petites veines fournies par le grand tronc CCCXLVIII. Les vaiflfeaux nombreux qui le €ompofenî 3 réunis enfemble par la pie-mere, repréfentent une expanfîon à plufieurs plis. On y obferve fouvent, & non toujours, plu- fleurs glandes tranfparentes , rondes , fembla- bles à des hydatides. Ces plexus étant parve- nus à l'extrémité antérieure des couches des nerfs optiques , s'uniffent & fe continuent avec le grand plexus vafculaire , qui dekend par la fente du troifiéme ventricule , jufqu'à la glande pinéale, ôc s'étend jufqu'a la pie-mere des lobes poftérieurs du cerveau. C'eft de-là que viennent fans doute la chaleur interne du cerveau, Texhalation & l'inhalation des li- queurs. Les plexus choroïdes font très-lar- ges, dans le lieu où les ventricules anté- rieurs commencent à defcendre , ils devien* ftE Physiologie. iij^ lient plus écraics en defïoHs , ôc recouverts pac la feule pie-rnere ; ils font faillie à la parti© baffe & antérieure du ventricule. CCCLXVII. Il y a entre les couches des nerfs optiques qui fe touchent prefqueparun© fuperficie plane , une fente naturelle qui eft limitée par l'union des cuilfes du cerveau fwr la bafe du crâne ; on la nomme troifiéme Vbnt^icvle, Elle conduit en devant par un. «ntonnoir panché dans une cplon ne médullai- re , creufe dans les animaux , qui né l'eft pas lî évidemment dans l'homme , & qui fe ter- mine à la glande pitukaire , CCCLVIII. Les couches des nerfs optiques font ^nies podé- rieurementj dans le fohd. du.v^entricule, par une bande médullaire, ou commiflure pofté- rieure , furmontée de chaque côté d'une can- nelure blanche , courbée en arc , qui com- mence au-deffus Se avant la fin de la voûte , & fe continue avec le centre-gémeau j les pi- liers poftérieurs de la voûte , fur la commif- fure poftérieure , Se unit les couches des nerfs optiques , en fe terminant quelquefois à U glande pinéale. Les couches des nerfs optiques forment antérieurement Se fupérieurement une éminence que repréfente la voûte triangu- laire qui les recouvre. CCCLXVIIL II y a fur les couches des nerfs optiques une éminence poftérieure, médul- laire, tranfverfc, figurée, qui unit la moelle des lobes poftérieurs du cerveau droit Se gau- che. Elle eft poftérieurement relevée en bofte par quatre tubercules ovales faillans en dehors que ion appelle nates Se tejles \ ils font Kij IIO E L E M E N s compofés extérieurement d*une fubftance mé- dullaire, 6c intérieurement d'une fubftance un peu corticale. On remarque fut ces éminences une glande dont la fubftance eft corticale, qui d'ovalaire devient conique, entrelacée de plu- iieurs vaifiTeaux dans lefquels le plexus choroï- de fe termine : c'eft la fameufe glande pïnéale. Entre cette éminence pofée au-defifus des qua- tre tubercules & les cuifTes de la moelle allon- gée, il y a un canal qui communique du troi- ijéme au quatrième ventricule j on le compare a un Aqueduc, CCCLXIX. Toute la moelle du cerveau fe réunit inférieurement fur la bafe du crâne, en deux groiïes colonnes applaties & iillonnées en longueur dans toute leur furface , qui ren- ferment un peu de fubftance corticale : ce font les cuiftes du cerveau. Ces cùilTes réunies par derrière , & couvertes par les cuifles du cerve- let qui font au-deffous d'elles, s'infèrent par à^s couches compofées de fibres fenfibles dans les corps pyramidaux de la moelle allongée , & d'autres plus profondes qui proviennent des premières , ôc léparent les fibres tranfverfes antérieures du cervelet, forment avec la moelle du cervelet le commencement de la moelle ai- longée. CCCLXX. Comm© le Cervelet eft plus petit, il eft moins compofé. Il a deux lobes qui ne font point divifés profondément dans aucun endroit , & qui (ont unis fapérieurement Se inférieurement par un anneau moyen qui eft eu; fé- parée dansfon milieu par un fillon particulier, variée en dedans & cannelée par le mélange d'un peu de fubftance corticale \ elle a la for- me d'un cône, & elle s'incline vers le grand -trou occipital; elle a devant le pont deux pai- xes de tubercules , une fituéaux parties latéra- les externes , de figure olivaire , nommée corps olivaius; l'autre interne , pyramidale, c'eft-à-dire , qui diminue en arrière en forme de cône, &: qu'on appelle corps pyramidaux; elles font groffierement féparées par un fillon dans lequel la pic-mere s'mfinue.On obferve, entre cette moelle & l'éminence vermiculaire du cervelet , une cavité qui paroîc d'abord étroite , & qui eft plus large au-de(ïus des tu- be rcules,CCCLXX. elle a la figure a un rhora- be , & on l'appelle le quatrième Ventriculx \ il eft fermé poftérieurement par la grandi valvule , ou par 'une voie médullaire , qui unit les éminences du cervelet aux/z^r^j, &ré- minence vermiculaire avec la faillie tranfverfe qui eft au-deffous des teJles^OCCLXXXlp vert- cricule a un léger iîlîon ^ravé fur la moelle allongée , & qui répond au canal couvert par les nates & les teftes ^ appelle Aqueduc di Sylvius. Le plexus choroïde eft le même dans ce ventricule que dans les antérieurs , excepte qu'il eft plus petit , & il y a antérieurement un fillon que l'on appelle calamus fcriptorius , plume a écrire. Les filions antérieurs hc poftc ^ rieurs fe continuent le long de la moelle cpi* dïPhysiologii. 125 BÎere. On remarque dans ces filions des fibres ^ui viennent traniverfalemenC5de droite à gau- che, fe rendre dans la moelle allongée ôc dans la moelle épiniere. Deux ou trois ftries tranf^ verfes du quatrième ventricule , qui forment un nerf mol, viennent des éminences voifines de ce fiilon ; d'autres ftries femblables mon- tent aux cuifles du cervelet. CCCLXXII. La moelle du cerveaH & du cervelet fort du crâne par différens trous, pour fe diflribuer aux parties auxquelles elle ç^àeC- tinée. On appelle Nerfs les plus petits pa- quets ; & le plus confidérable de tous fe nom- ine Moelle épiniere _, qui eft une continHation de la moelle allongée , CCCLXXI. Les nerfs font des troufifeaux médullaires, très -mois dans leur origine , compofés de petits paquets de filets diftincts, droits ôc parallèles. Ces cor- dons , après aroir fait quelque chemin , font couverts de la pie-mere rougeâtre ôc aiTez fer- me , qui les unit en un rrouflTeau plus folide ; êc après leur divifion ils font toujours voifins, & fe portent vers leur orifice particulier dans la dure-mere : ils parcourent les intervalles ôc les canaux qu'elle forme jufqu'â ce qu'ils trou- vent un trou dans le crâne. Se qu'ils fortent par cette efpèce d'entonnoir. Chaque nerf, à fa fortie du crâne , eft ordinairement environne de la dure-mere ; il devient fort & folide , comme on le remarque dans le nerf optique , dans la cinquième paire, ôc les autres. On ne voit pas clairement dans d'autres parties que la dure-mere environne de même les nerfs : telles font la portion molle du nerf auditif ^ lie Kiv 224 É L i M E N S nerf olfadif 5 le nerf intercoftaL Le nerf, en- fuire nud Se peu foiitenu entre les mufcles , a tous fos cordons remplis de leur moelle,^ en- vironnés par lapic-mere.De cette façon5ies plus petits cordons s'unirent pour en former d'au- tres plus grands , réunis par une grande quan- tité de tilius cellulaires 5 dansiefquels un grand nombre d'artérioles & de petites veines fe dif- tribuent , ôc dans lefquels la graiflTe même fe répand quelquefois. La dure-mere , ou certai- nement quelque tilTu cellulaire ferré , fournit à tous les cordons une enveloppe générale qui les contient Se les unit tous , pour ne former qu'un feul nerf. CCCLXXIIL Tous les nerfs de la tète ont cela de commun , qu'ils viennent de la moelle allongée du cerveau Se du cervelet. Les nerfs olfa(ftifs prennent nailTance par des filets laté- raux de l'intervalle des lobes intérieurs du cer- veau 3 Se par des hlets droits de la moelle des lobes antérieurs. Les nerfs optiques viennent en grande partie des couches de ces nerfs, CCCLXIV , Se de ia moelle du cerveau , ii- tuée dans la bafe du crâne, proche les éminen- ces mammillaires. La troifiéme paire vient des cuiiTcs de la moelle du cerveau derrière les corps rnammillaires. La quatrième paire fimple Gu double naît des parties latérales des émi- nences du cervelet aux tejies, La cinquième paire fore très-manifeftement des péduncules du cervelet. La iîxiéme paire vient de la partie balTe du pont de V a r o l e , d'un fdlon , CCCLXX. profond entre la moelle allongée ^ le pont. La feptiéme paire eft compofée de DE Physiologie. ii^ deux portions , dont la molle vient de la moelle allongée , & même du quatrième ven- tricule , par deux filets tranfverfes ; la portion dure vient de la partie des cuilles du cervelet, la plus proche du pont. La huitième paire fore de l'intervalle des corps olivaires Ôc pyrami- daux , Ôc , fuivant robfervation de quelques célèbres Anatomiftes,du quatrième vemricule. La neuvième paire part des corps olivaires, La dixième paire peut être regardée comme la première cervicale , à caufe de fa double ra- cine 5 de l'arc qu'elle forme avec la paire qui eft audeiTus , éc celle qui eft au-delTous, ôc du lieu de fa forcie. Il ne part donc propre- ment du cervelet aucun autre nerf que la cin- quième paire & .la quatrième ; les nerfs anté- rieurs , c'elVà-dire , les olfaècifs , les optiques ôc la troifième paire tirent uniquement leur origine du cerveau ; ôc les autres nailfent des lieux où la moelle du cerveau ôc celle du cer- velet fe rèanillent. ; CCCLXXIV. La Moelle épiniere efl un cordon médullaire, qui defcend de la mobile allongée , ôc fe prolonge jufqu a la féconde vertèbre des lombes , où elle fe termine en forme de cône arrondi. Elle eft applatie anté- rieurement & poftèrieurement vers fon paffa- ge dans le col , convexe fur les parties latérales ; elle eft prefque quarrée le long du dos. La pie- mere l'enveloppe de même que le cerveau , s'infmue profondément dans l'une. &; l'autre fi0ure,CCCLXX, & partage prefque la moelle en deux parties. Elle contierst intérieurement un peu de fubftance corticale : hs artères an- Kv lia É L É M E N S térieures les plus confidérables font des bran- ches récioguades qui viennent des vercébrales à leur arrivée dans le crâne , qui defcendwnt le long de la pie-mere, alternativement rortueu- fes par des plis continuels , qui s'anaftamofent le long de prefque tous les nerfs avec des ra- meaux des vertébrales , des intercoftales , des lombaires ôc des facrées , jufqu'a ce qu'enfin l'artère antérieure , enveloppée dans un* gaine de la dure- mère , forte vers le coccyx , ôc s'y perde. Les rameaux inférieurs des artères da cervelet en fourniffent poftérieurement des femblables , mais plus petites , plus tortueu- fes , & qui ont de fréquentes anaftomofes. Les veines fpinales defcendent du cerveau même avec les artères , Se elles fe terminent par des rameaux qui accompagnent également les nerfs , en a^utant de (Inus circulaires placés dans iadure-mere, qu'il y a de vertèbres, ÔC qiii communiquent tous enfemble , de façon que chacun a de part ôc d'autre un canal droit, commun avec le fupérieur & l'inférieur , Ôc fe oint en dehors par un autre rameau avec les veines vertébrales , intercoftales , lombaires & facrées. Le fînus fupérietir communique avec les iinus antérieurs occipitaux, CCCLIV^ CCCLXXV. La moelle épiniere a une au- tre enveloppe lâche, qui ne lui eft pas collée , dans laquelle on ne remarque aucun vaiffeau, tranfparente comme l'eau, aflfez ferme , nom- mée ArvACHNOyde , qui eft plus longue que \z pie-mere , ôc fe prolonge jufqu'à la fin de l'os facrum ; elle renferme les nerfs qui s'y trou- vent fevils , couchés les i^ns fur les autres en DE Physiologie. 127 forme de troufiTeau. On n'a pas encore rien dit de lafaçon dont ellefe prolonge aveclesnerfs. CCCLXXVI.EnfinJa dure mère de la moelle épiniere continue avec ceiie du cerveau , envi- ronne l'arachnoïde, ëc defcend également juf- qu a i'extrêmité de i^os facriim. La gaine qu'elle forme efl plus ample dans fon com- mencement, vers la fin du col &: vers les lom- bes j & plus petite le long du dos , &c s'atta- chant par pluûeurs filamens à l'os facrum , elle fe termine en un petit cône. Cette membrane enveloppe encore les nerfs à leur fortie , ôc paroît former avec eux un ganglion dur , ovale, rougeâtre. Un ligament dentelé, fitué en dedans entre les intervalles de tous hs nerfs , eft adhérent à cette portion de la dure mère ; il tire fon origine du crâne , proche le trou de la neuvième paire de nerfs , Ôc unit jufqu à la fin , par fes productions triangulai- res, l'arachnoïde avec la dure-mere dans cha- que intervalle des nerfs , entre les troulTeaux antérieurs & poftérieurs jufqu'au bas. La dure- mere efl: enduite extérieurement d'une ma- tière grafTe , & la membrane qui tapifTe itité- rieurement les vertèbres , &c les vertèbres mê- mes font tellement adaptées pour former le canal , que la moelle épiniere ne peut être comprimée dans aucune flexion de l'épine. CCCLXXVIL Les fibres de la moelle épi- niere font très-difl:inâ:es dans les hydropiques & dans les animaux. Elles partent de toute la partie plane antérieure & poftérieure de la moelle épiniere, & en général les cordons an- térieurs, revêtus par lapie-mere, convergenj; K vj %1$ . È L É M E N s ordinairement en forme de rayons , pour for- mer un plus gros cordon , auquel s'unit un autre cordon formé de même par les filets ,poil:érieurs, ôc fe réunir en un nerf qui fort par l'orifice de la membrane de ladure-mere entre deux vertèbres. Les nerfs vertébraux font au nombre de trente paires. Ceux qui fortent par les vertèbres du col font courts ôc aflTez forts , &: fur-tout ceux qui fortent des trous infé- rieurs j les nerfs dorfaux font petits ; les nerfs lombaires font plus gros , de même que les premières paires facrées , dont les dernières îônt les plus petites. Les nerfs lombaires &c fa- crés font les plus longs , puifqu'ils prennent leur origine vers le dos ; enveloppés par la pie- mere, accompagnés par les artères , renfermés par l'arachnoïde , ils forment un troufTeau qu'on appelle vulgairement la. queue de che- val, ^ CCCLXXVIIL Ces nerfs fe diftribuen^ dans tomes les parties du corps d'une façon très- compliquée , dans le détail de laquelle nous n'entrerons pas' ici. Nous ne pouvons ce- pendant paiïer fous filence que tous les nerfs vertébraux , fi. on en excepte un ou deux du col, fedivifent, à leur fortie des vertèbres, en tronc poftérieur de en antérieur j que le poftérieur fe diftrîbue uniquement aux muf- cles , & que l'antérieur produit un rameau qui s'unit avec fes afTociés Se avec un petit ram.eau produit par la fixiéme paire du cerveau , pour former un des principaux nerfs du corps , qui eft uni prefque avec tous les autres nerfs , ôc qui fe diftribue au coeur ôc à tous les vifceres DE Physiologie. 22,9 dtt bas-ventre. Ce nerf a autant de ganglions , qu'il. reçoit de rameaux de la moelle, fi on ex- cepte les endroits où plufieurs de ces rameaux fe réunifTent en -an feul ganglion. Il corhmu- nique diverfement avec les nerfs cruraux, bra- chiaux, diaphragmatiques , avec la paire vague &Ia neuvième paire. Le fécond nerf principal, c'eft la huitième paire ou la paire vague ; elle vient du cerveau , Se s'unit au bas du col, dans la poitrine & dans le bas-ventre , avec Tinter- coftal ; elle fort du crâne , compofée de trois cordons , dont le plus grand fe diftribue au la- rynx , au golier , au plexus même du cœur, XCIV, Se jette des rameaux au poumon , à l'œfophage , à l'eftomac , au foie. Le troifiéme eft lenerf diaphragmatique, formé par la plu- part des nerfs cervicaux inférieurs , par lés bra- chiaux , Se quelquefois par un rameau de-la neuvième paire ; il defcend le long du péricar- de, & fe diftribue à la face fupérieure du dia- phragme ; le grand plexus du nerf intercoftal en fournit à la face inférieure. Le nerf accef- foire vient des branches poftérieures des lix ou fept paires cervicales, &de la moelle allongée par plufieurs racines , Se s'approche de la hui- tième paire. Il rétrograde dans le crâne , Se pa- roît établir quelque fympathie entre la huitième paire Se la moelle épiniere. Enfin les nerfs des extrémités forment dès leur origine des plexus ; ils font plus durs à caufe de leur longueur , Se beaucoup plus grands que dans les vifceres. Ceux de l'extrémité fupérieure font produits par les quatre paires cervicales inférieures Se la première dorfale 5 les nerfs de rextrèmitc 130 É L É M 1 M s inférieure font prodiiks par les nerfs lombai- res & les faci'cs. CCCLXXIX. Les nerfs fe ramifient de mê- me que les vaiiïeaux , fe divifenc à angle aigu , fôuvent fenfiblemenr rétrograde, deviennent peu à peu plus mois Se plus petits j &c leur ter- minaifon, que l'on voit rarement, paroît fimc en pulpe , après avoir quitté les gaines qui les environnoient , comme on le remarque dans le nerf optique. Ladiredionde leurs filets con- tinus depuis le cerveau eft telle qu'ils ne fe fendent jamais , lorfqu'ils fe divifent ; mais , étant unis par un tilTu cellulaire , ils s'éloi- gnent feulement l'un de l'autre. Les vices parti- culiers de certaines parties , occafionnés par ceux du Cerveau , en font des preuves : telles font l'aphonie , la furdité^ la privation de la parole , les parai yfies de chaque mufcle. Réu- nis par le tilfu cellulaire avec les parties voisi- nes 5 prefquè fans élafticité , ils ne fe retirent point j lorfqu'on les a coupés ; mais leurs en- veloppes contractées en font fortir la moelle. Un grand nombre fe diftribue dans les muf- clés, beaucoup dans la peau ; il y en a peu dans les vifceres , & encore moins dans les poumons. Ils s*anafiomofent fréquemment eii- tr'eux, ainfiqueles vaiiTeauXj&Ton trouve des ganglions fur-tout dans le concours des rameaux qui fortent de différens troncs ; ces ganglions font des tumeurs nerveufes , dures , le plus fouvent vafculâires , renfermées dans une membrane ferme , dans lefquelles la direction des filets nerveux eil internpmpue- Leur ftruç- ttire de leur utilité nous o^t été jufqu'ici iucon- 9E PhYSIOLO&IB. 15 1 unes. Les nerfs des fens ne font pas Us feuis dans lefqueisces tumeurs ne s'obfeivent point; car il ne s'en trouve point dans la huitième paire ^ dans le nerf diaphragmatique, dans les nerfs des extrémités , & elles font particulières aux nerfs de l'ipine , & à l'intercoflal qui efl véritablement un nerf de l'épiac, & à la cin- quième paire. CCCLXXX. Voici à peu près ce que Tana- tomie nous apprend fur le cerveau & fur les nerfs. Il nous reilie à développer leurs utilités phyfiologiques. Tout nerf irrité , par quelque caufe que ce foit, occafionne une douleur très- aigtië; & il cette caufe agit fortement , les maf- cles, dans lefquels les nerfs fediftribuent, font agités fur le champ d'un mouvement convul:- fif 5 dont la violence furpalTe celle des mouve- mens naturels , de que la volonté même ne fçauroit arrêter. Ces mouvemens convuKifs s'obfervent même après la mort ^ mais, peu dé tems après, dans les autres mufcles Se dans le cœur les mufcles tombent en paralyfie, & de- viennent pour l'ordinaire maigres peu à peu, lorfqu on a coupé les nerfs qui s'y rendenn Si un nerf préfidoit à quelque fens , ce fens fe perd, ce nerf étant comprimé ou coupé ; mais auffi-tôt que le nerf eft délié ôc remis en liber- té, les mufcles recouvrent leurs forces, à moms qu'on n'ait offenfé le nerf dans la ligature.Tous ces effets ont lieu, de manière que les parties les plus éloignées du cerveau foufFrent de la lé- fion du nerf, fans que les plus proches en foient altérées , à moins que l'irritation n'ait ctc énorme. Gn a fait ces expériences fur le 1^1 E L É M E N s nerf récurrent , far la huitième paire, fur le nerf diaphragmatique , fur les nerfs des extré- mités 5 fur la troifiéme branche de la cinquiè- me paire qui fe diftiibue à la mâchoire infé- rieure , ôc fur d'^autres nerfs. CCCLXXXL Lorfque la moelle du cer- veau eft tiraillée ou irritée , de cruelles con- vulfions fur viennent par tout le corps fans ex- ception,quelle que puilTe être la partie irritée; Se il n'y a aucune prérogative pour le cerveau , le cervelet, ou le corps calleux. Il arrive la même chofe, lorfquon irrite la moelle épinie- re. Lorfque le cerveau eft comprimé, dans quelqu'endroit qu'il le foit, la partie du corps, qui reçoit des nerfs de celle du cerveau, qui eft comprimée, fe trouve privée de mouve • ment 6c de fenriment : c'eft ce que font voir Iqs obfervations faites , à l'occafion d'un vice particulier , dans des parties déterminées du cerveau , dans lefquelles l'origine des nerfs étant comprimée, comme celle des nerfs opti- ques, la vue s'eft éteinte , à la fuite d'une ma- ladie des oreilles qui a donné lieu a la furdité; ou enfin dans lefquelles le mouvement de l'un des bras, de la cuiflTe , ou de l'un des côtés du pharynx , a celTé. On voir plus évidemment, dans les bleffuresde la moelle épiniere, que la partie bleflee, d'où les nerfs tirent leur origi- ne, entre en convulfion, fi la moelle eft irri- tée , & qu'elle devient paralytique, fi- elle eft comprimée. Si quelque grande partie du cer- veau eft preftee par le fang , par l'eau , par une fchire , par un os qui s'y trouve renfermé , ou par quelqu'aucre caufe méchanique, les opéra- DE Physiologie. 255 rions de lame font viciées ; on tombe dans le délire, le vertige , la manie , la ftupidité, ou un aiïbupiiïement mortel.Toutes ces maladies difparoifTentj lorfque la comprefîion n'a plus lieu. Enfin, la moelle épiniere étant bleffée au col , la mort s'enfuit imniédiatement , parce que c'eft dans cet endroit que Icsjierfs du cœur tirent leur origine , LXXXI. CCCLXXXII. Celapofé, il ne paroît pas qu'on puifiTe douter que ce ne foi t dans le cer- veau, dans le cervelet & dans la moelle épinie- re, qui lui font unis, que réfide la caufe de tous les mouvemens du corps, 6c que de - là elle s'étend dans tous les mufcles ôc dans tou- tes les parties du corps humain par le moyen àes nerfs ; en effet la caufe du mouvement ne fubfîfte pas dans chaque partie , puifqu'après la deftrudion du cerveau elle fubfiftéroit en- core ; elle ne s'augmenteroit pas' par l'irrita- tion du cerveau , Se ne languiroit pas dans la comprefîion de ce vifcere. CCCLXXXIII. On voit clairement que toutes les fen Tarions font caufées par l'impref- fion de lobjet fenfible fur un nerf quelconque du corps humain , & que cette imprelîion , par- venant par le même nerf au cerveau, eft ré- préfentée enfin à l'ame, lorfqu'elle touche le cerveau. Il eft conféquemment faux que l'ame ne fente immédiatement que par' les organes des fenfations, & par le moyen des ram.eaux des nerfs. Les douleurs , qui fubfiftent après l'amputation d'un membre , l'interruption to- tale de la douleur par la compreifion du nerf j> 1^4 E L E M E N^ 5 les vices des fens par les maladies du cerveau, s*oppofent a ce fentimenté CCCLXXXIV. L'ame habite - r - elle une place principale dans le cerveau , qui foit l'o- rigine de tous les mouvemens & la fin de tou- tes les fenfations ? Eft- elle dans le corps cal* leux? Cela peut -il fe démontrer par les hlef- fures faites dans cette partie , pour faire mou- rir les animaux le plus vigoureux , auflî bien que par les triftes effets des maladies de ce corps? Ge corps a-t-il aflfez de connexion avec les nerfs ? Y a-t-il des obfervations qui confta- tent que ce foit de ce corps que la cinquième , la feptiéme , ou quelqu autre paire de nerfs , lire fon origine? Les bleffure^ de la moelle épiniere produifent- elles àcs effets aufïî mor- tels ou de plus grands ? On ne peut néanmoins dire qu'elle eft le fiége de l'ame , puifque , lorfqu elle efl comprimée ou détruite , elle n'empêche pas l'homme de vivre, fans que fon efprit foit altéré dans fes fondrions. Lts oi- feaux dans lefquels il n'y a point de corps cal- leux , les blefiTures de ce corps pas plus funef" tes que celles d'une autre partie du cerveau^ iimblent prouver le contraire. CCCLXXXV. L'ame a t- elle fon fiége par- tout, dans le principe de chaque nerf, de forte que les principes de tous les nerfs réunis faf- fent un véritable Sensorium commun ? luts fenfations de l'ame s'y repréfentent- elles ? & eft-ce la que les mouvemens volontaires ou néceffaires ont leur origine? Cela paroît très- probable. En effet ^ il ne paroît p#6 que i'ofir DE Ph Y S I Ô L €> ê I i. 25^ J ^Ine du mouvement puilîe être au - defTous de rorigine des nerfs , car il y aiiroit quelque par- tie du nerf qui feroit inutile , étant immobile ou infeniible, quoiqu'elle fut fembîable au refte du nerf ; on ne peut non plus met- tre Forigine du mouvement dans Tartere, CCCLXXXII5 puifque l'artère n'a aucun (qï!- timent ni mouvement volontaire. Refte donc que le fiége de l'ame foit dans le principe des nerfs. CCCLXXXVI. Il s'agit préfentement de rendre raifon pourquoi les nerfs font les or- ganes des fens & des mouvemens ; mais com- xne la caufe en eft cachée daiis les plus petits clcmens de la fibre médullaire , elle paroit être au-delTus de la fphere des fens & de la raifon; tâchons néanmoins de la développer par le« expériences , autant qu'il eft poffible. On dé- montre d'abord que les nerfs fortent de la moelle du cerveau , puifque cela eft très-ma- oiifefte par l'exemple de tous les nerfs du cer- veau 5 fur-tout des olfaéfcifs , des optiques , de la quatrième Se feptiéme paire, qui font pure- ment compofés d'une fubftance médullaire , dans un long trajet , avant que d'être revêtus de la pie-mere* CCCLXXXVII. Il faut donc chercher <:e que c'eft que la moelle. Une infinité d'exem- ples démontrent qu'elle eft fibreufe 5 ou faite de filets parallèles q«i fe foutiennent félon Jeur longueur , fur-tout le corps calleux , les corps cannelés, les couches des nerfs optiques, la moelle cpiniere , & enfin le cerveau des poiirons. On prouve encore très- évidemmei^ 15^ Élémens par l'exemple de la feptiéme , quatrième , cinquième paire de nerfs , que les fibres du cerveau fe continuent fibres nerveufes , Se s'é- tendent en ne formant qu'un feul corps con- tinu. CCCLXXXVIII. C'eft fur la nature de cette fibre , qui compofe avec des femblabies la moelle &c les nerfs , que roule toute la difpute. Plufîeurs des modernes ont penfé que cette fibre étoit folide , &c qu'elle n'eft arrofée que tpar une vapeur qui s'exhale dans le tiffu celiu- iulaire qui environne chaque fibre nerveufe. CCCLXXXIX. De fortes raifons ne per- mettent pas d'embraflTer ce fentiment. La fubf- tance corticale du cerveau eft par-tout vafcu- laire ; continue à la fubftance médullaire, elle lui elt fî adhérente qu'il n'eft pas polîible de Ten féparer; & cette union eft fi évidentp, que perfonne n'en peut douter. De plus , ilfe diftribue une grande quantité de fang dans la fubftance corticale du cerveau,CCGXL ; enfin la fubftance corticale ôc médullaire croît en même proportion 'dans toutes leurs dimen- fions. Tout ceci bien exammé, je conclus que les vaifteaux de la fubftance corticale , dont elle eft toute compôfée , font continus aux filets de la fubftance médullaire^ defquels elle eft auflî entièrement compôfée , Se qu'ils ne font pas fi folides , puifqu'en fuppofant cette ftrudture , une grande quantité de la liqueur portée à la fubftance- corticale par les carotides ôc les vertébrales , deviendroit iîlutile , étant repouflee par un.e moelle folide. Enfin , l'ac- croiftement analogue de la fubftance corticale DE Physiologie. t^y & de la méduliaire fuppofe manifeftemenc une caufe commune ; en effet , c'eft cette plus grande force du cœur , CCLIX , qui rend les vaifTeaux fanguins plus longs. Refte donc qiae la fubftance médullaire foit auflî compofée de vaiiïeaux qui foient étendus par la même im- pulfion du cœur. CCCXC. Les phénomènes des nerfs blelTés s'oppofent auffi à la folidité des fibres nerveu- {qs y car fi un nerf irrité eft ébranlé , ôc que cela fe falïe de même que dans une corde élas- tique qui tremble fî on la touche, il faut que le nerf foit compofé de fibres dures , attachées à des corps folides par les extrémités, & ten- dues , puifqu il ne peut fe faire que des cordes molles 5 Se qui ne font pas tendues , ou qui n'ont pas de fermeté, tremblent. Mais les nerfs font tous médullaires dans leur principe, très- mois ôc très-éioignés de toute tenfion : lorf-* qu'ils paflent par des canaux qui les mettent à l'abri de toute preffion, ils reftent mois & fans membranes, comme on l'obferve à l'intercoftal êc à la féconde branche de la cinquième paire ; quelques-uns mêmes font toujours mois dans route leur longueur : tels font le nerf olfadif de la portion molle du nerf auditif, qui de- yroit être fufceptible de vibration , parce que le fon fe tranfmet par ce moyen. De plus , quel- que durs que foient les nerfs, ils s'amolliffent dans les vifceres , dans les mufcles , dans les organes des fens , avant qu'ils s'acquittent de leurs fondions. C'eft pourquoi les fibres ner- veufes , qui ne font tendues ni dans leur ori- gine 5 ni dans leur fin , ne peuvent être capa- 23 s Élemens blés de vibrations élaftiques ; & il n'eft point de cas particuliers dans lefquels on les en puifTe croire fafceptibles , parce que dans une grande partie de leur route , ils font étroire- lîient liés par le tilTu cellulaire avec les parties dures : tels font , par exemple , les nerfs da cœur , qui font affermis fur les grandes artères èc fur le péricarde. Enfin , l'expérience faite fiir un nerf 5 qui, quoique coupé, ne devient pas plus court , & dont les deux parties fépa- rées ne fe retirent pas chacune vers leurs ex- trémités , mais qui au contraire font un peu plus longues , à caufe que le nerf eft lâche , & qu il laiffe échapper la moelle en forme de tubercule , 4)rouve bien que les nerfs font fans ëlafticité \ la moelle très - molle du cerveau , tous les phénomènes de la douleur & de la convulfion dépendant des nerfs , ne peuvent cocore laifTerfoup^onner leur tenfion. CCCXCI. Ajoutez préfentement que la forç€ d'un nerf irrité ne fe propage jamais en haut , & que les mufcles, qui fon^t au - delTus de l'endroit irrité , ne tombent jamais en con- vulfion , quoique le trône de la corde nerveufe y foit plus ferme. Cela eft entièrement con- traire à la nature élaftique \ car une corde pin- cée fait également les vibrations depuis le lieu où elle a été touchée , jufqu'à (es extrémités. Ainfi il devient probable qu'il y a un liquide qui defcend du cerveau dans les nerfs, & coule jufqu'aux extrémités , & dont le mouvement , accéléré par l'irritation , agit uniquement fé- lon la diredion de fon écoulement, & qu il ne peut tranfmettre vers le h^ut les convulfions , DE Physiologie. 25^ puifqu'une autre portion du mcnie fluide , qui vient du cerveau, s'y oppofe. CCCXCII. Je penfe qu'il eft prefque cer- tain que les fibrilles nerveufes font creufes , & qu'elles n'exercent pas leurs fondions aa moyen de leur élafticité , mais par le mouve- ment du liquide qu elles renferment. La peti- tefle des tuyaux , qui ne peuvent même être apperçus à travers le microfcope , ne fait rien contre cette expérience. Le défaut de forma- lion d'une tumeur dans un nerf qu'on a lié , n'eft pas afîiz confirmé ; & de femblables preuves , qui démontrent la foiblefle de nos lens 5 ne détruifent pas la véritable exiftence des efp ri ts animaux. CCCXCIII. Mais on ne fçait point quelle cft la nature de ce liquide. Les uns en effet , fur-tout les modernes , prétendent qu'il eft très-dur , élaftique , éthéré , enfin électrique. D'autres penfent que ce fuc eft aqueux , in- compreffible , cependant albumineux. Je ne diffimulerai point que j'ai plufieurs raifons qui m'engagent à n'admettre aucune de ces opi- nions. La matière éledtrique eft â la vérité très- puifTante & très -propre à exciter le mouve- ment; mais elle n'eft pas retenue par les nerfs ; lorsqu'on la communique, elle pénètre même tout l'animal , & diftribue fa puiftance aufîî bien aux chairs qu'a la graiffe & aux nerfs. Il n'eft que les nerfs dans l'animal vivant , ou les parties dans lefquelles ils fe diftribuent , qui trémoaHent , lorfqu'elles font irritées. Il faut donc que le liquide, qui coule dan.s les nerfs. t,^0 É L E M E N s foit tel , qu'il puilTe êcre contenu dans les tuyaux qui forment ces nerfs. CCCXCIV. La nature aqueufe & albumi- neufe eft commune à piufieiirs cle nos hu- meurs , èc on pourroit facilement la regarder comme faifant partie du fuc qui coule dans les nerfs , à l'exemple de l'eau quî s'exhale dans les ventricules du cerveau , qui eft produite par les mêmes vaiiTeaux , de la liqueur gélati- neufe qui s'écoule des cerveaux difféqués d^s poifTons , Se des grands nerfs des animaux , de la tumeur qui fe forme dans les nerfs après leur ligature. Mais cette qualité fuffit- elle pour expliquer les forces étonnantes des nerfs en convuhlon j comme le font voir les difTedtions des animaux vivans ; même des plus petits , ôc les forces qu'ont les maniaques Se les hyfte- riques ? L'exemple hydroftatique , tiré des tuyaux capillaires , peut - il confirmer ceci ? Cet exemple peut fervir à expliquer la force de l'adion du fluide nerveux ; mais la vîtelTe , avec laquelle il agit , réfute les indudions qu'on pourroit en tirer. CCCXCV. C'eft pourquoi en général il pâ- roît certain qu'il fe prépare quelque liquide dans des vailTeaux de la fubftance corticale, dans les tuyaux creu^: de la fubftance médul- laire ; que ce fuc s'écoule dans les conduits nerveux. Se que poufte jufqu'aux extrémités des nerfs y il eft laxaufe de l'irritation donc le nerf eft plus fufceptible que toutes les autres parties du corps humain , Se il le rend l'organe unique ou principal du featimenc & du mou- vement. t> I Physiologie; 141 Vement. Mais la nature de ce liquide n'eft pas encore connue ; néanmoins la nature du fang porté au cerveau , CCCXLII. les phénomènes? qui montrent que la ténuité donne plus d'éner- gie aux corps , fuivant les obfervations de Newton, prouvent que ce fuc eft très-mobile. On doit bien le diftinguer de la liqueur vif- queufe ôc viiible des vaifTeaux qui s'exhalte dans les intervalles des cordons nerveux. CCCXCVI. Que devient le fuc nerveux^' qui doit s'engendrer en grande abondance de là quantité du fang porté avec vîtefTe Vers le cerveau , fi on compare cette fécré- tion avec la fécrétion abondante du fang qui coule plus lentement dans un endroit plus éloigné du cœur par la petite artère émul- gente 5 ou la méfenrerique ? Il eft aflez pro* table iqu'il s'exhale par les nerfs cutanés. Plu- sieurs ont prétendu qu'il s'exhaloit dans les cavités différentes du corps , dans l'eftomac ôc dans les inteftins. Il ne peutguères fe faire qu'il revienne dans les veines fanguines , a rhoins que Ton ne fuppofe de très -petites y-eines qui fe rendent lentement dans les gran- des ; il neréptignepas non plus qu'il foit ré- ppmpé de ces cavités. Revient-il dans le cer- veau, de forte qu'il y ait dans le même cordon de nerfs des filets qui rapportent les efprits au cerveau? Eft -ce là d'où dépendent ley fenfations ? CCCXCVII. A quoi bon tant d*éminence$ .'différentes dans le cerveau ? Pour: quelle fin. les ventricules, les nates , les teftes, la diftinc^ tion du cerveau d'avec le cervelet, de tant de cordes tranfverfes qui comrauniquent d'une Pan,/ i 14i E L E M E N s partie du cerveau, du cervelet > de la moelle cpiniere , à celle qui eft oppofée ? CCCXCVIII. La diftindion nécefTaiie des parties pour de grands ufages paroît avoir Fait la néceffité des ventricules. Pour que les corps cannelés & les couches des nerfs opti- ques retindent la moelle féparée, il a fallu né- celTairement qu'il fe trouvât entre ces cminen- ces une vapeur qui empêchât leur réunion ; c'eft par la même raifon qu'il s'en fépare dans les cavités du cerveau & du cervelet. Peut- être audi que la néceflité d'entretenir une cha- leur dans l'épaifTeur de la moelle a rendu né- ceiïâire la cavité par laquelle les artères ferrées les unes entre les autres puifTent entrer en grand nombre. CCCXCIX. Nous ignorons rutilité de la plupart des tubercules , & il n eft que les ma- ladies & les expériences anatomiques faites fur des animaux femblables à l'homme qui puiiTent nous en inftruire , mais il n'y a pas grande efpérance j les parties font petites , profondes, ôc ne peuvent prefque jamais être blelTées iàns danger. Sont- ce la autant d'en- droits diftindts pour les idées ? Les couches des nerfs optiques en fournifTent-elles un exem.ple ? Mais la plupart de ces éminences ne produifent aucuns nerfs. CD. Les cannelures & les conduits inter- nes paroiffent établir quelque communicatioix des mouvpmens avec les fenfations. Quelques- uns joignait le cerveau avec le cervelet ; d'au- tres la moVlle épiniere avec les nerfs du cer- veau, coiniia^ raçceflbire *, la plupart uniflctit DE Physiologie. 245 les parties qui fe crouvent à droite , & celles qui font à gauciie , à l'exemple de la commif- iure antérieure , CCCLXIIL de la poftérieure double, CCCLXV. du corps calleux,CCCLXI , des filets étendus entre les éminences du cer- velet aux teftés,CCCLX VIII, des bandes mé- dullaires du troifîéme ventricule à la moelle allongée & épiniere , CCCLXIX j en effet , cela paroîc expliquer pourquoi , comme le prouvent une infinité d'exemples , la partie droite du cerveau étant blelTée , les nerfs du côté gauche fe font plutôt afFaifsés, & au con- traire ; la nature d'ailleurs paroît avoir , par ce moyen , fait enforte que quelque partie du cerveau qui fût blefsée , le nerf qui en fore ne cefsât p^s toujours d'exercer les fondions , puifque fi le nerf eft compofé de fibres qui viennent de l'un Se l'autre hémifplieres du cerveau , ce nerf peut encore , malgré la deftrudlion des fibres de fon côté , s'acquitter d'une partie de fes fondions au moyen des filets qui lui viennent de l'autre côté. Aulîi avons-nous une infinité d'exemples de blef- fures du cerveau , & même de deftruâioa d'une grande partie du cerveau , fans que cela ait caufé aucun dommage confiant dans aucut> nerf, & fans qu'aucune des fondions de l'ame en ait paru altérée. La nécefllté a encore pro- duit beaucoup de ftries plus déliées, des appa- rences de nerfs , des tubercules , ainfi que la pulfation des vaiffeaux voifins &c la configura- tion des parties adjacentes. CDI. Les départemens des fondions vitales &: animales font-ils diftingués l'un de l'autre ? L« 144 É L i M E N s cervelet produit-il les nerfs du cœur Se les au- tres nerfs vitaux ? le cerveau, les nerfs desfens Se ceux qui fe diftribuent aux organes du mou- vement volontaire ? L'anatomie ne s'accorde pas avec cet élégant fyftême. La cinquième paire de nerh vient évidemment du cervelet j or ce neuf fe diftribue à la langue , aux muf- clcs pterygoïdiens , aux buccinateurs , aux temporaux , aux frontaux, à l'oreille, à l'œil, au nez , ôc toutes ces parties font tout à la fois ôc fRues volontairement Se deftinées aux fenfa^ rions. De plus le même nerf, comme la hui- tième paire , donne des rameaux au cœur Sc au poumon qui font deftinés à ces fondions vitales , au larynx qui fert à des fondions ani- males Se volontaires. Se à l'eftomac pour le fentiment ; enfin il n'eft pas vrai que les vices du cervelet caufent une mort fî certaine Se (î fubite. Car il eft conftaté par certaines ex- périences , Se même par les nôtres , que le cervelet a fupporté des blefsures Se des fchirres fans qu'il en ait coûté la vie ; Se il ne ditfére du cerveau jque parce qu il eft plus mol Se plus tendre. Pourquoi le cerveau paroît-il infen(ible,ôc pourquoi fa prelîion n'étend-elle pas fes effets jufqu'à l'ame ? Cela vient fans doute de ce que tout fentiment parvient à l'ame par la moelle du cerveau, Se que cette dernière étant comprimée Se embarrafsée , il ne peut y avoir aucune perception de ce fen- timent. CDU. S'il n y a dans ççttehypoïhàfç auçq^ DE Physiologie. i^4f folidité 5 quelle eft donc la caufe du mouve- ment perpétuel du cœur ôc des inteftins, au mouvement defquels la volonté ne paroît pas concourir , ôc qu'elle ne peut même fufpen- lire ? Pourquoi dans l'apoplexie le cœur fe meut-il toujours , après la deftrudion du fyf- îême duquel tous les mouvemens volontaires ôc toutes les feafations dépendent ? La caufe €n eft Cl fimple , que c'eft peut-être pour cela qu'on ne l'a pas foupçonnée. Les organes qui font toujours prêts au mouvement , très-fui- ceptibles d'irritabilité, & enfin qui font tou- jours irritées 5 font continuellement en adion. Le cœur eft continuellement agacé par k fang veineux qu'il poufte lui-même, CXILCXIIL CXIV. il eft propre à un mouvement rrès- conftant , même après la mort , par la folidité de Cqs fibres charnues ôc leur figure réticu- îaîre , qui lui donnent une force confidérable j il eft en conféquence très- mobile Se fur- tout irritable par les expériences^ LXXXVIL Leé inteftins eux-mêmes font très-fenfibles , ôc comme nous dirons ailleurs , ils font nerveux Se propres à fe contrader a caufe de leurs fi- bres circulaires , comme on le voit dans toutes les parties dans lefquelles on obferve cette ferie de fibres ; ils font prefque toujours irri- tés par le chyle & par l'air qui fe raréfie dans leur cavité, par la bile que le foie y envoyé , & par les excrémens. Nous avons parlé ail- leurs de la refpiration ; je ne vois pas qu'on puifte expliquer fon mouvement alternatif, fi ce n'eft par une inquiétude qui fuit l'infpi- ration ôc l'expiration, ce qui fait fentir la L iij 146" É L É ?vf 1 14 s méceflîté du pafTage fucceiFif de Tune à l'autre, CCLXXVI. & CGC. CDIII. Nous avons dit que les nerfs étoient les organes des fens ôc du mouvement. J'ai jugé à propos d'expliquer d'abord le mouve- ment qui eft le plus funple , uniforme & le plus confiant, puifqu'il a exifté dans le fœtus avant la plupart des fens. iMign—aBaipMiM^— — na^g^—— BMi^—— jMi|P CHAPITRE XIII. Du Mouvement mufculaire. ' Vj N appelle Fibres mufculaircs dan$ k corps humain des rroufTeux de filets rou- ges 5 par le moyen defquels tout le mou- vement fe fait. Lorfque piufîeurs fibres , fur- tout celles qui font plus fenfiblement rouges font réunies, on les nomme alors Muscle. La /implicite de leur ftrudlure a fait qu'on n'a pu démêler comment des chairs molles & déliées pouvoient produire les plus grands & les plus forts mouvemens dans l'homme , & fur-touc dans les infe6tes à coquille. CDV. On remarque ^ans toute forte de jrjufcles des fibres longues, grêles , molles , qui ont quelqu'élafticité , en général prefque toujours parallèles , environnées de beaucoup de tilTu cellulaire & réunies par paquets. Ces paquets liés & enveloppés par un tifTu plus lâche ôc ordinairement gras , forment de plus DE Physioloôîe. 14f gros troufTeaux qui font de même féparés par le tiflTu cellulaire ôc par des cloifons mem- braneufes, jufquà ce qu'enfin plufieurs pa- quets ou parallèles ou inclinés, environnés pat im tilTu cellulaire, mince &c continu avec les cloifons ôc féparés des chairs & voifines par un. tiffu cellulaire un peu plus épais , iie forment plus qu'un feul mufcle. On reconnoît dans chaque fibre vifible une fuite de filets qui s'uniifant avec leurs femblables par leurs ex- trémités contournées , forment une fibre plus confidérable. CDVI. La plupart des 'mufcles , fur-tout ceux qui font attachés ai;x os , Ôc tous ceux qui font prefTés par d'autres forts mufcles au- delfous defquels ils font placés , font compo- fés de plus d'un genre de fibres ; en effet les fibres charnues, CDVI. en fe réunilTant , for- ment ordinairement dans le milieu du mufcle répailfeur , qu'on appelle ventre ; elles dégé- nèrent infenublement dans \qs extrémités du mufcle , elles y deviennent grêles & dures ; elles y perdent leur couleur rouge & elles y paroilTent d un blanc éblouiffant \ placées plus près les unes des autres, elles font réunies par un tifTu cellulaire, rare accourt, & colorées par une petite quantité de petits vaifTeaux ; elles font indolentes , difficilement irritables, & font appellées tendon , ^ elles font réunies en un paquet rond & étroit \ mais on les nomme aponévrofes , fi elles forment par leur réunion une furface plane & ample. La comparaifoii du fœtus dans lequel on trouve peu de tendons avec l'enfant plus avancé en âge dans lequel L iv Î4S" ' É L E M E N s on en remarque beaucoup plus , Se enfin avee l'adulte ôc les vieillards dans lefquels on en obferve un très-grand nombre , fak voir que les fibres charnues deviennent véritablement tendineufes. Les mufcles qui ne font point at- tachés aux os , n'ont pas ordinairement de tendons , tels font le cœur , les fphinders &c membranes mufculaires des vifceres &c àes vaifTeaux. Ils fe terminent par des tendons longs dans leur extrémité la plus mobile Se furtout lorfqu'ils fe portent autour des ar*- ticulations Se des épiphyfes. On voit claire- ment dans les fœtus que les mufcles ne font attachés qu'au périofte ; mais dans l'adulte le périofte étant intimement uni aux os» les mufcles confondus avec le périofte s'atta- chent dans les petites fofïes de l'os même. CDVII. Les artères Se les veines fe divifent dans le tifiu cellulaire qui environne les muf- cles ; ordinairement compagnes Se voifines , elles forment des réfeaux dont les filets fe eroifent à angle droit ; c'eft là la fource de la vapeur Se de la grâiffe répandue dans le tiiTu cellulaire mince Se épais ^ c'eft par elles qu'elle en eft repompée. Des vailTeaux lymphatiques parcourent les mufcles de la langue , du col Se de la face ; mais on a de la peine à les dé- couvrir dans les extrémités. Des nerfs même en plus grande quantité qu'ailleurs , Se des vai (féaux fe diftribuent aulTi dans le tilTu cel- lulaire des mufcles; mai? ces nerfs ayantquitté leur enveloppe la plus dure , ils deviennent plus mois Se ils difparoiffent avant qu'on les puifTe fuivre jufque dans leurs extrêïnités.Ils t> E Physiologie. 249 te rendent par pluïîeiirs endroits en un même mufcle j Ôc n'ont point d'entrée particulière : on a de la peine à les faire voir dans les ten- dons, ôc on n'obferve aucunes fibres nerveufes qui environnent ôc relferrent les fibres char- nues. Ceux qui les ont décrites n'ont vu que les filets du tiiïu cellulaire. CDVIII. La ftrudure de la plus petite fibre, qui fert d'élément aux mufcles d'ans l'homme & dans les animaux , examinée à Taide du microfcope , a toujours paru d'une ftrudure fembîable à celle des grandes fibres, èc on n'a- rien découvert , que des filets très-déliés, réunis par le tifiu cellulaire. Ces fibres ne peu- vent donc être-fuppofées faites d'une fuite de véficules ni de lofanges. Ces fibres font-elles creufes ? Sont-elles continues aux artères ? Les charnues ne différent-eiles des tendineufes que parce qu'étant preflfées , & ayant expulfé lé fluide qu'elles contiennent , elles deviennent folides ? La petitelîe des fibres moindre que hs globules rouges , la blancheur que prend le mufcle lorfque le fang en a été ôté en le la- vant, ôc les raifons phyfiologiques rapportées, CDVIIL démontrent que cela n'eft pas pro- bable. ' CDIX. Le mufcle fe contra6te naturelle- ment en rapprochant fes extrémités versfon ventre. Arrêtons-nous à confiderer ce qui' ar- rive dans la contraction du niufcle , pour dé- duire de fa ftruélure la puiffance qui le mec en mouvement. Tout mufcle devient dbne dans fa contraction , ôc plus court ôC plus gros 5 la contraction varie; dans les uns elleeft l]o Ê L É M E N s plus petite , dans d'autres plus grande , dan^ quelques autres elle tient le milieu, par exem- ple dans les fphindersjl'irisje diaphragme, les intercoftaux dans lef quels la longueur ne paroît pas diminuée d'un tiers, mefure qui vient d'une fauCfe hypothèfe.Le mufcle en même tems de- vient & plus large & plusdur,&: fe gonfle dans . toute la circonférence, comme on le voit dans le cœur ôc dans le mafl^eter. Ce mouvement s'exécute encore dans l'animal vivant avec une rapidité convulfîve , &c les fibres de. concert avec les troulTeaux charnus fe contrariant, de polies qu'elles étoient fe reflerreht en rides ondées , marquées fur les faifceaux charnus & fur les fibres élémentaires , de forte que tout le mouvement mufculaire paroît confîfter dans le raccourcififement des fibres fur f elles- mêmes , raccourci (Te ment qui , lorfqu elles fe contra<5tent alternativement plus ou* moins , ajoute quelque partie de la longueur qu'elles ont reçue fupérieurement à la largeur qu elles acquièrent dans l'intervalle de deux contrac- tions. Ajoutons encore que ces troufleaux char- nus font tirés de façon qu'ils forment d'autres angles entr'eux & avec les os mis en mouve- ment , & que les angles droits font changés en inégaux. Mais parmi un grand nombre d'expériences, je ne me fuis point apperçu qqe les mufcles pâlifTent. Tout le mufcle peut le mouvoir , ou feulement quelqu'une de fes par- ties; & il fe gonfle, fi par une forc'e extérieure on met le membre dans la (ituation dans la- quelle le mufcle agir. CDX. Or pour découvrir la caufe du mou- DE PHYSlt>LOGXl. 251 Vement mufcukire , obfervons cette fibre mê- me dans les cadavres ; nous l'y trouvons fi capa- ble de contradion^qu'étai^t fiéchie & abandon- née d elle-même, elle fe raccourcit ^ c'eft pour- quoi lesmufcles coupés,dans le cadavre m.ême, /écartent dans le lieu de la feétion , &que rac- courcis, ils laifiententr'eux de l'intervalle. La fi- bre mufculaire irritée par le froid, par un inf- trument piquant ou par un poifon , fereflerre, palpite,agit alternativement,6<: fe relâche. Cet- te irritabilité ne fe remarque point dans le tilTu cellulaire, ni dans les membranes qui en font formées ; elle eft très-foible dans les ligamens & dans les tendons ; mais elle eft très-confi- dérable dans le cœur,& fur- tout dans les intef- tins,enforte qu'ils confervent après la mort leur irritabilité plus long-tems que les autres par- ties du corps 5 qu'ils l'exercent avec plus de force , ,& qu'on peut la leur rendre avec plus de facilité. Il faut encore fçavoir qu'ayant ôté du corps quelque partie irritable, qu'en ayant féparé les nerfs ôc ôté tout commerce avec le cerveau , l'irritabilité n'eft pas encore confi- dérablement diminuée , fur-tout dans le cœur & les inteftins. L'exemple des Polypes Se des autres infedes qui n'ont point de cerveau ni de nerfs , & cependant font facilement irrités , prouvent la grande puifiance de l'irritabilité dans la fibre animale ; enfin l'affinité des plan- tes , dont beaucoup ouvrent ou refierrent leurs fleurs & leurs feuilles,felon le degré de froid ou de chaud, & dont quelques unes même qui agif- fent très-promptement , fèmblent ne le point céder aux animaux , prouve çncore la même 2.52, Élément chofe. Cette force ed abfolument différen-^ te de toute autre propriété des corps connue jufqu'à préfenti& robfervation en eft nouvelle , Elle ne dépend ni du poids, ni de l'attradiion» ni de l'étaflicité , puifque elle eft propre à la fibre molle , & qu elle difparoît dans la fibre qui fe durcir. CDXI. Il eft cependant certain par les expé- riences 5 CCCLXXX. ôc fuiv. que la caufe de mouvement dans le mufcle vient des nerfs ; car le nerf feul a la faculté de fentir^ feul il rapporte les perceptions à lame , qui n'a aucun empire fur une partie, ni qui n'en reçoit aucune percep- tion , quand le nerf qui s'y diftribue a été lié,, coupé , ou manque entièrement. Car les nerfs Se la moelle épiniere étant irrités, même dans l'animal mort j le mufcle ou les mufcles qui tirent leurs nerfs de ces parties , entrent dans- ,'de violentes convulfîons. Le nerf de quel- que mufcle étant lié ou coupé , ou ayant comprimé le lieu de la moelle épiniere ou du cerveau d'où vient le nerf , le mufcle aftaiiTé languit & ne peut être par aucune force réta- bli dans un mouvement femblable au mou- anent vital ; la ligature du nerf étant lâchée ,, le mufcle recouvre la force qui le met en înouvement. Un nerf étant irrité , auftî-tôt après fa feéèion , le mufcle auquel il fe dif- tribue ^ fe contradle. On en a fait plufieurs expériences, fur- tout fur le nerf diaphragmati- que 3c le récurrent. CDXII. Les artères concourent-eîîes au moti- vement mufculaire ^ La paralyiie des excrêmi"' DE PHYSIOIOSrE. I55 tes inférieures après la ligature de l'aorte , en eft-elie une preuve ? Elles n'y concourent en rien , fi-non qu'elles confervent la bonne dif- pofition du mufcle Ôc l'habitude mutuelle des parties , qu'elles féparent la vapeur & la graifTe ôc qu'elles fervent à la nourriture. La réfolu- tion du mufcle n'efl: pas une fuite de la fec- tion de l'artère ni de la ligature, fi- non long- tems après que la gangrène les détruit , & la paralyfie des extrémités inférieures quiparoît être une fuite de la ligature de l'aorte, n'en eft qu'une de la mauvaife difpotuion de la moelle épinitre. Une artère irritée ne produit aucun changement dans le mufcle. De plus on ne peut pas expliquer le mouvement de quelques mufcles particuliers par une cauie qui venant du cœur , agit avec une force égale fur tout le corps ; enfin c'eft fur les ner^s &c non fur les artères ni les autres parties loli- des du corps , que la volonté étend ion em- ^^ GDXIII. Mais la façon dont les nerfs met- tent les mufcles en mouvement eft h oblcure, qu'il n'y a prefque pas lieu d'efperer de la ja- mais découvrir. Les véficules nerveufes capa- bles de fe gonfler , le fuc nerveux y étant apporté avec plus de vîtelTe , ne s accordent pas avec l'anaromie, qui nous fait voir que les fibres font par- tout cylindriques & nulle part véficulaires , avec la prompte exécution da mouvement des mufcles , avec la dimmution pkitôt que l'augmentation du volume des mui^ clés pendant leur adion. Les chamettes le. rhombes que forment lés fibres enfleesne sac-., 2 54 EtéMEî^s ^ ^ cordent pas avec l'infpecftion anatomiqUé , ni avec la vîtelTe de radion. Enfin on ne peur pas faire voir une fi grande qua-ntité de fibres pro- duites par auffi peu de nerfs, ôc qu ilsfediftri- buencdans une autre direction & prefque tranf- vérfeàces fibres. La fitppofition que \qs nerfs environnent la fibre artérielle ôc la contradent par fon élafticité,n'eil pas conforme à la ftruc- ture de ces parties , dans lefquelles on prend pour nerfs les filets cellulaires qui font les feulsquonypuiiïe découvrir. Les phénomènes obfervés fur les animaux , qui étant fans cer- veau & fans moelle épiniere ^ n'en font pas moins propres au mouvement, prouvent que la ftruârure des mufrles peut accomplir le mouve-^ ment fans les nerfs. Les bulles remplies d'air, f ^ les garois du mufcle qui le prefTent. Cettt cauie, quelle qu'elle puilfe être , agit conri- nuellement, mêmelorfque le mufcle eft en ac- tion y & aulli-iôc que cette vîteife acceiroire ^ qu elle tient du cerveau, eft rallentie , elle ré- tablit par fon eftort les membres ou les autres parties quelconques dans le premier état, érar dans lequel il y a équilibre entre le mufcle dc^ la eaufe oppofée. Toutes les fais que l'anta-/ gonifme vient des mufcles , aucuns ne peuvent: fe contra6ter fans étendre leurs antagoniftes, d'où il fuit que les nerfs étant étendus , de un fentiment d'incommodité en étant la fuite , ils font plus d'etfort pour reproduire l'équili- bre ; c'ed aufil pourquoi les mufcles fîéchif- feurs étant coupés , les extenfeurs agifTent inême dans le cadavre , de réciproquement. CDXIX. Mais il y a d'autres moyens qtrt rendent le mouvement murculaire sûr jCef tain .& facile. Les grands mufcles , longs , par lef- quels fé font les grandes Réxions , font renfer- més dans les gaines tendineufes Se fermes , que d'autres mufcles tendent ôc rirent, de ma- feroit des forces. Les tendons longs , courbés ou étendus fur les articulations fléchies dans leur mouvement , font reçus dans des efpéces de gouttières particulières, qui ont leurs canaux propres &r lubrifiés ; ces gouttières fortifient les tendons fans les priver de leurs mouvemens & les empêchent de s'écarter & de fe durcir fous la peau , avec douleur aperce de mouvement. DE PiîYSIOLOGIE. 2^^ Le§ miifcles perforés font les mêmes fonctions dans d'autres parties. Ailleurs les tendons font I)lacés au tour des éminences des os, pour s'in- iérer par un plus grand angle dans l'os qu'ils meuvent ; ou ils s'infèrent à un autre os , d'où un autre tendon va s'inférer fous un plus gran ou'plulieurs nerfs liés enfembk par un tilfa' cellulaire. Elles paroifTenc longues & en for- me de poil dans les lèvres après la macéra- tion ; elles font très-vilibles fur la langue : c*eft de la Itructure de ces dernières que par analogie on a conclu à celle des papilles cu- tanées. CDXXVIIL La peau eft: environnée d'une enveloppe qui réfifte aux injures de l'air , de qui lui eft adhérente par une infinité de petits vaifTeaux & de poils qui la traverfent. La fur- fkce externe de cette enveloppe eft comme de la corne , féche , incorruptible , infeiifîble , dépourvue de vaiffeaux & de nerfs , remplie de rugofités d'une diredtion déterminée ôc ccailleufe : on l'appelle Epiderme ; elle eft percée d'une infinité de pores dont les plus grands laiflent palfer la fueur, & les plus petits l'infenfible tranfpiration. Le feu & la compreflion épailîîlTentrépiderme, & les nou- velles lames qui fe colent à la première , & qui s'élèvent entr'elle &c la peau , fe nom- ment callofités ; mais l'épiderme eft naturel- lement conppofé de deux lames très-diftm6tes? dans les Nègres. CDXXIX. La furface interne de l'épider^ me eft plus pulpesje, demi-fluide ôc comme Gompofée de mucus j celle des Européens fe fépare difficilement , celles des Nègres d'A- frique plus aifément j & chez ces derniers elle eft vraiment membraneufe , folide & fé-" parable ^ ainfi que dans le palais des am*. CE Physiologie. f màttX ï elle eft placée fur la peau, elle reçoit les papilles dans fes cavités molles: c'eftU e^ qu'on appelle le Gorps retkulaire de Mal- piGHY 5 au refte il eft certain que l'épiderme n'eft pas percé en forme de crible.- CDXXX. Il paroît très probable que c6 réfeau eft compofé de quelque humeur con- crète qui s'exhale de la peau. On ne connoît pas encore biep la ftruclure de l'épiderme. Ent effet , comme il n'a point de vailTeaux , qu'il fe régénère Ôc qu'il n'eft pas feniible , il ne paroît avoir aucun rapport avec les parties or- ganiques du corps. Nleft-il pas la partie exté- rieure du mucus de Malpighy CDXXVII ^ coagulé par l'air & le frottement, qui eft percé par les conduits exhalans 3c inhalans dont les orifices font unis par un gluten qui les envi - ronne ? La petite membrane muqueufe qui fe trouve fur le tympan , donne- 1- elle lieu de le croire ? Sa diffolution dans l'eau , obfervce par de grands hommes, niée par d'autres dans les Nègres , paroît-elle le confirmer ? CDXXXI, Les Glandes febacées , tant fîmples que compofées , ( N. CIL CIIL CIV. ) doivent entrer dans l'hiftoire de la peau. Elles font en grand nombre dans le tifTii cellulaire au-deffous de la peau ; elles la percent pac leur conduit excréteur , répandant fur l'épi- derme un enduit mol , demi-fîuide, plus dur fur la face , plus oléagineux aux aines & aux ailTelies , qui fait reîiiire la peau lorfqu'elle en eft couverte , & la préferve des injures de l'air & du frottement. On les trouve dans les endroits où le corps eft néceffairement plus Aiij t Ei é M E N s ^ èxj^fë à rail', côitîme au vifage, où il s*en trouve un grand nombre du genre compofé j 6c dans ceux où ildevoit y avoir plus de frot- tement , comme aux mamelles, à raiirelle , à Paine , au gland de la verge , aux nymphes , à Panus & au jarret. Quelquefois elles don- «ent naitTatice a des poils. Trouve- 1- on auflî fàr-tout dans la peau ces fortes de follicules ? Qjjoique l'anatomie ne tious, les découvre |)omt , il paroît probable qu'il y en a par- tout 'y la cralTe qui s'engendre fur tout le corps en fert de preuve, & ils paroiffent être de l'ef- péce àQsfebacées, Il fe répand fur la peau par îes pores CCII encore une autre efpéce d'en- duit huileux qui vient de la graiife même, fans être filtré dans aucune glande , fur-tout ©ù la peau poutfe les cheveux. CDXXXH. Les Poils & leà Ongles ap- partiennent au(îi à la peau î les Poils font répandus prefque par toutes les parties du torps, a l'exception de la paume des mainS & de la plante dés pieds , mais ils font dans plulîeurs endroits mois & courts , plus longs fur la peau du crâne , des joues , du menton , de la poitrine des hommes, des parties antc* rieures des extrémités , fous les ai (Tel les , aux aines Se au pubis. Ils fortent du tiflii cellu- laire, en tirant leur origine d'un petit bulbe inembraneux, vâfculaire, fenlible , qui ren- ferme une moelle cellulaire & un fuc diverfe- ment coloré , ou d'une glande febacée. L'en- veloppe du bulbe , remplie de moelle conti- iiue, de figure cylindrique, environnée d'une tellulofîté graffê, fort par un trou de la peau , dePmysiologis. ^ î^'infinue dans une femblable gaine qui lui vient de Tépiderme ; c'eft de là que le poil ^ient fa fermeté incoiruptible. On ne peut faire voir aucune autre enveloppe ^ de on nô voir que la continuation d'une matière fpon*^ gieufe cellulaire dans toute la longueur dtt j>oil. lien fartauflî naturellement d'autres dii tifTa cellulaire foucurané, 6c la graiffeen pro«* dutt dans d'autres endroits pendant les mala» dies. Les poils croiflfent fans cetTe , & après avoir été coupés ils renaifTentde la moelle que la peau pouiTe en dehors , & de l'épiderm^ prolonge. grande quantité , la fait paroître grafïe ôc jaune & conftirue l'odeur 5c fur- tout Ja cou- leur de^la fueur. C'eft pourquoi- elle fenr plus: fort fous les aiiïelles-& dans, les aines oiixes. glandes font plus nombreufes. CDXL. Les expériences. & l'analogie de là. tranfpiration du.poumon qui feiait de même, ^ue l'infenfible tranfpiration &; qui eft. plus, ordinairement fenfîble. dans l'air froid , peu- vent nous conduire à connoître la nature de; cette; humeur. Gn s'eft aflTuré par des expé- riences ,. en recevant l'haleine dans, de grands; vafes dans lefquels l'humeur qui la formej 5:e^ réunie: en. gputies, qu'elle eft en grande.- DfE PHYSIOtOGfE. ï| partie aqueufe. La délicatefTe de la croute qui fe forme fur le miroir, fa uature volatile, fai dëgénération fréquente en diarrhée ou eii^ évacuation urinaicey lorfqiae la traiafpiratioiî» a été fupprimée y h tranfpirarion de la cha- leur que procurent les boiflons chaudes , tan- dis que les froides pouffent par les urines ^. nous aurorifent à regarder cette humeur com- me aqueufe. Cette eaa vient des^ différentes* boilTons ,. qui foiunilfent une grande partie- de latranfpiration, & des^ fluides inhalés. Sou- vent même la matière de la tranfpiration re- tient difiinâiement l'odeur des alimens. CDXLI. La nature de notre fang ,. la dif- tindtion fuBtile que les chiens font de leuC maître,, les fuites fâcheufes de la tranfpira*» tion flipprimée ,, fi évidentes dans les mala- dies aigucs y. toutes les fois que déterminée en^ dedans, elle rend les urines pâles , & enfin; l'infedtipn que la matière de la refpiration: çaufe dans l'air, font voir qu'il entre aufïï dans fa. compofition quelque chofe de vola- tile d'une nature alkahne». Cette difpofitioa alkalinç dépend des particules du fang atté- nuées par un £rortement continuel , par: la. chaleur , &qui par ce moyen contraèïenr de râcreté. Leschien.s fuivenr ces odeurs. Si on a. vu rathmofphere qui environne les homm.es^ & les animaux, éleâ:rîqiie& quelquefois lui- ' fanre , c'eft à cela qu'on doit l'ar^ribner. CDXLIL La quantité de l'infenfible tranf-' piration- eft prodigicufe, foit qu'on faife at- tention a l'étendue de l'organe de cette fe^ Gréjcion.,, foit à la vapeur qiii s'exhale unique?-; Î4 È L É M E K s ment des poumons, foit aux expériences dé Sanctorius , par lefquelles il s'eft aifuré que de huit livres d'alimens , il s'en perd cinq par i'infenfible tranfpiracion ; par d'auctes expé- riences , foixante once* ont paru fe perdre par la tranfpiration ] ces liqueurs par conféquenc ne concourent point à l'augmentation du poids du corps Ôc ne fe perdent par aucune autre excrétion fendble ; & il faut cependant ôret de ce p»ids lafalive , la fueur ôc le mucus des narines. Bien plus, il eft conftant que la tranf* piration eft encore beaucoup plus grande, puifque non-feulement il fe perd par cette voie une fi grande quantité de matière four- nie par les alimens , mais encore tout ce qui a été repompé dans le fang. Les différentes conftitutions de l'air & du corps entrent pour beaucoup dans tout ceci. La. tranfpiration efl: plus abondante dans les pays chauds, dans les mois chauds de Tété , dans les jeunes gens , dans ceux qui font beaucoup d'exercice , Se les urines font moins abondantes ; au con- traire , on perd plus par les urines que par la tranfpiration , dans les pays froids , dans les mois~ tempérés & froids , dans la vieillefTe , dans l'oifiveté. Cependant dans les régions tempérées , calcul fait pour toute l'année , on perd un peu plus par la tranfpiration que par les urines. L^^diftancedu temps après le repas change auffi quelque chofe , & cette règle pa- ^roît ctre telle que la tranfpiration eft très- abondante lorfque les alimens font digérés , en grande partie , qu'ils ont paflTés dans le iang de font difpoféc â s'e«haler. Èile eft nar DE Physiologie. 15 Carellemenc moins abondante dans le fom- ftieil 5 même dans les pays chauds ; mais la chaleur , caufée par les couvertures, l'aug- menre. CDXLIII. Là tranfpiration abondante 8c égale , & en même temps un corps robufte j font en général un figne d'une bonne fanté j car la tranfpiration trop abondante , accom- pagnée defoiblelfe , paroît plus nuifible que fî elle ctoit totalement fupprimée, (i on peut compter fur la vérité de ce qui a été écrit a cet égard. La raifon de ce figne eft , que cela fuppofe une grande liberté dans les vaitfeaux difperfés par-tout le corps , une codion plus parfaitedes alimens , dont une g^rande partie s'eft perdue par la tranfpiration. La diminu- tion de cette fecrétion eft un fignedureflferre- fnent de la peau , de la langueur du cœur ôc de la co6tion imparfaite des alimens. La tra»f- piration trop abondante diflip'e peut-être les efprirs mêmes. Un mouvement modéré des mufcles augmente d'un feiziéme la tranfpira- tio» de l'homme en repos , & la porte julqu'à une livre en une heure , éc enfin en une de- mi-heure. La liberté dans les vaifTeaux , leuc élafticité , les boiiTons aqueufes , légçremeni ipiritueufes & chaudes, les alimens de facile digeftion , l'air pefant de qui n'eft point trop froid , la joie enfin rendent la tranfpiratitih plus abondante. Les contraires la diminuent & la fupprimenr. Cependant la fanté ne dé- pend pas abfolument de cette fecrétion , que de légères caufes peuvent auffi facilement ÔC fans danger dimimier de augEnencet ^ ^ àm$ ^6 Ê B Ê M E N s" . beaucoup de peuples quienduifent continuel- lement leur peau-d'huile, ainfi que dansbeau-^ coup d'animaux , elle eft pea coniîdérable. CDXLLV. La fu^ur eft plus évidemment falée , comme on s'en alTure en la goûtant , &C par les ctiftaux qui fe forment dans ks habits de verriers qui fuent beaucoup , 8c par la dif- tillati®n , au moyen de laquelle on a décou- vert que fon fel eft alkali. C'eft pourquoi les^ matières qui ca^ufent les maladies les plus» dangereu^fes fe féparent fdavent par cette voie. Mais k fueur eft toujours quelque chofe de non naturel, qui nedoit jamais avoir lieu^ dans l'homme en fanti , a moins qu'il ne fe foit mis par quelqne exercice trop violent ^ dans le cas d'une courte maladie. Elle eft fou- vent n-uifible dans les maladies aiguës y parce qu'elle prive k fang de fa partie aqueufe , les autres liqueurs s'épaiffiiïent , les fels devien- nent acres. Un trop grand mouvement, ou la. chaleur du pays la. rendent très-puante , ÔC enfin fanguinolente., Quelquefois- elle jette des étincelles électriques-. CDXLV. L'ufage de k rranfpiration eft d^évacuer la trop grande quantité des parties aqifôufesdu fang, les débris des fels alkalis qu'une longue circulation rend plus acres , ôC peut être une huile rrès-fubrile ôc très- vola- tile , produite par le rncitie fang. Cette tranf- piration adoucit &c amollit l'épi derme , Se enr cretient la fouplefte nécelï'aire des papilles. ' CDXLVI. La peaa qui eft garnie de vaif^ fcaux exhalant , en a auïïl un grand nombre- ^li.regompent de l'air une humeur fubtile,^ iîePhysiologie. 17 ou en tout temps , ou certainement dans un froid modéré , dans les temps humides, dans la nuit, dans roifiveté , la trifleffe ^ &: par les difpofitions contraires à celles dont nous avons parlé CDXLII , qui rendent la tranfpiration plus abondante. Les inje6tions faites avec de l'eau ou quelqu'autre liqueur fines , tran (Tu- dent également par les veines Se par les ar- tères; les effets manifeftes des remèdes répan- dus dans l'air ou appliqués à la peau , des va- peurs 5 du mercure , de la térébenthine , du lafran ; l'eau dans les bains , les emplâtres chargées de mercure , de tabac ^.de colo- quinte , d'opium, de cantharides , d'arfenic y l'efficacité funeile de^ venins réforbés a tra- vers la peau , &du virus vénérien y la confer- vation de la vie des animaux , fans boire ^ dans les Ifles chaudes, mais humides; la fueur &rurine abondante de ces mêmes animaux, fans beaucoup boire ; enfin les cas plus rares des maladies de ceux qui rendent beaucoup plus par les urines qu'ils ne boivent , font voir l'exiftence de ces pores abforbans. Il e(l fort difficile de déterminer la mefure de cette réforption , cependant il eft conftant par de fûtes expériences , qu'elle eft très-abondante dans les plantes , fur- tour pendant la nuit. CDXLVII. L'aétion des nerfs peut rétrécir & relâcher \qs vaiffeaux inhalans & exhalans.. Les paffions de Tame font voir ces effets : une Joie prompte & fubite lâche les vaiffeaux exhalans , â eaufe de l'impétuofitc avec la- quelle le fang 4'^y porte, & parce que les nerfs fe relâchent ,; de là viennent la rougeur de la l'S É L É M É N s peau , U moiteur , la bouffifufé. Là léfttêur Ôc la triftefTe refîerrent les vaifffeaùx exhalans^ la fécherefTe delà peau dans ce cais , la rèflem- blance qu* elle a avec la peau de poulet a la fuite dune frayeur, & la crainte qui lâche h ventre , en font des preuves. Ces càufes pa- roiflTent ouvrir les vaiflTeaux inhalaris ; ç^eft ce qui fait que la crainte nous fend pîus fuf- ceptibles de la petite vérole 5c de la pefte. CHAPITRE X V. I^u Gout, CDXLVIII. LoRGANE du goût diflSre peu de celui du toucher 5 & uniquement en ce qu'il eft conftaté par de fùres expériences qu'il a fon fiége dans la langue. Les corps ffièmes qui ont plus de faveur appliqués dans quelque au- tre partie de la bouche que ce puiffe être , n'excitent pas dans l'ame la moindre fen- fation du gout , a moins qu'ils n'aient quel- que acrimonie pénétrante; &la fenfation qui s'excite quelquefois dans l'eftomac , dan's i'œfophage , dans îe gofier a la fuite du vo miffement, paroit devoir être rapportée à là langue , à laquelle les Vapeurs qui là produi- fent fetranfmettent. CDXLIX. La partie fupérieure dé la langue Se (qs bords latéraux font les'feuls propres à là fenfation du goût. On appelle t an ôOE cène D E Pu Y s î Ô I O G I E. I*> partie inufciilaire cachée dans la bouche , ob- tufe, très large dans l'homme, divifée pat tin léger iillon moyen, dont la partie infé- rieure Se poftérieure eft adhérente de diffé- rentes façons aux muftles & aux os voiiins, &: dont la partie antérieure & fupérieure eft hiobile. Cette partie de la langue, deftinée au g^out , eft recouverte d'une peau continue à celle de la face ôc de la bouche , mais pul- pèufe, molle , & dans une humidité & une chaleur perpétuelle. Un nombre infini de pa- pilles-nerveafes s'ékvent fur cette peau , ÔC lont d'une grolîeur plus remarquable dans cet endroit que par-tout ailleurs. Ces papilles font de plufieurs genres : celles du premier font rangées fur une même ligne vers la. par- tie poftérieure de la langue, fur les pairies latérales du trou borgne , ôc font au nombre de fept ou neuf; elles font environnées d'une fofte prefque circulaire; elles font prefqtrô coniques ôc elles, onr la figurfe d'un cône ren»- verfé ; elles ont un fin us profond dans le mi=- lieudu cône; au refte elles font dures & peu propres à la fenfation du goût. On en trouve quelques-unes feitiblables éparfes ça & H fut le dos de la langue , devant lespremiéres. CDL. Celles du fécond genre ont la figuré de champignon ; elles font ovalaires , cylin- driques 5 ôc on les trouve éparfes ça & là fut la furface fupérieure de la langue; elles font plus petrtesque les premières , pkis tendres ôc toujours plus pointues en devant , jufqu'à ce qu'elles deviennent plus ferrées fur les bords de la brigue ,où elles font rangées en lignes di^ iO É L i M E N s vergentes. Les papillesdurroifîétDe genre font coniques & beaucoup plus nombreufes ; elles fpnt placées entre les. premières ôc s'étendent au loin fur la langue ; celles qui font fîtuées antérieurement fonr plus inclinées de plus flottantes v,ers la pointe de la langue ; elles font en grand nombre , fur- tout Vers les bords ; il y en a cependant auffi quelques-unes poftérieurement vers le trou borgne. La fen- fation eft très-vive fur ces papilles & elles doivent être regardées comme le véritable or- gane du goût. Les petits conduits artériels ôc veineux , exhalans & infpirans , dont ces glandes font entrecoupées, n'ont rien de com- mun avec le goût, fi ce n'eft qu'ils féparent du fang & qu'ils verfent fur le dos de la langue une liqueur propre à difloudre les (eh , Se à amoîlir les papilles. A lapartiefupérieure ÔC poftérieure de la langue font beaucoup de ghndQs fimpîes qui fcparent du mucus , ou- vertes par un ou plufieurs trous , rondes, en- vironnées parua voile membraneux demi- fphérique , & la chair de la langue. Quelques- unes d'elles s'ouvrent dans un follicule caché, aveug/e j & d'une figure peu déterminée , qui fe remarque au milieu des grandes papilles, CCCCXXXXVIIL CDLL Outre le grand nombre de vaifTèaux, des nerfs fe diftribùent à ces papilles ; on peur les fuivre jufque dans les grandes-pa- pilles, & leur nombre eft plus grand dans la langue que par-tout ailleurs : car outre le nerf de la huitième paire qui jette une de fes trois branchies principales à la bafe d« la kn- DEpHYSIOLOeiE. Il gue , & qui fe porte profondement le long de Vos hyoïde, où elle eft recouverte par le muf- cle ceratogloITe , un rameau confidérable de la neuvième paire fexiiftribue aux mufcles de la langue , & à la langue. Cette paire de nerfs, après avoir communiqué avec la première paire cervicale & le grand ganglion cervical du nerf intercoftal , & après avoir jeté un ra- meau qui fouvent s'unit avec la huitième paire , ôc conftamment avec la féconde & la troifiéme paire^cervicale, fe diftribue aux muf- cles qui defcendent du fternum ôc communi- que ordinairement avec le nerf diaphragma- tique ^ après quoi le refte de fon tronc fe diftribue à la langue où il communique dans le mufcle ceratoglolTe par plufieurs rameaux avec la cinquième paire , & fe termine fur- tout dans le gènioglofTe. Enfin la troifiéme branche de la cinquième paire , après avoir fourni en haut la corde du tympan ou s'y être unie , ôc après avoir jeté quelques rameaux , qui forment un ganglion au mufcle pterigoï- dien interne, aux glandes maxillaire &fublin- guale , fon tronc principal paffe au-delà du mufcle ceratogloiïe où il s'unit avec la neu- vième paire ; elle va de là gagner la langue , y accornpagne l'artère qui eft fîtuée profon- dément , Ôc vient avec elle vers fa pointe, là elle eft cutanée. Si ce nerf a donc quelque pré- rogative , c'eft de concourir fur-rpur à U fenfation du goût , comme le prouvent les maladies. Du refte , les papilles font un peu dures, &c une çellulolité ferme 8>c pulpeufe^» unit les nerfs , les artères 6c les veines pour 11 Élément en former des petits tubercules, doixt plu- iîeurs conftituent une grofle papille. CDLII. On ne remarque dans Thomme qu'une feule enveloppe muqueufe & à demi tranfparente 5 fur les papilL's auxquelles ell^ eft très-adhérence , & qui tient lieu d'épider- me. Un rcfeau percé de pluGeurs trous, re- çoit ces papilles dans les animaux ; elles en- filent ces gaines , qui font comme îes cornes de l'épiderme. CDtïII. On remarque fous ces papilles une chair mufculaire , compofée de diffé- rens plans de fibres donc la diredion n'eft pas facile à déterminer dans la langue humaine. Le miiCcle gémogloffc forme une grande por-- tion de fa partie inférieure^ il vient de la fimphyfe du menton 8c fe difperfe en forme de rayons dans la langue. Le mnCcleflylogioffe en forme la partie fupérieure Se latérale^ fes fibres fe portent jufqu'â la pointe de la langue. La portion moyenne de la langue , entre ces deux mufcles , eft; formée par un mufcle pro?* pre de la langue , cjui vient de la partie anté- rieure du pharynx Se du mufcle ft:ylogloiïè^* mais il eft plus profond , fe porte en devant èc fe termine dans le géniogloire , ou il fait entre ce mufcle Se le ftyloglolTe une alTez grande partie de la langue. La partie ppfté- rieure eft formée par le mufcle cerûtogiaffe ^ dont les fibres fe portent vers le haut Se en arrière, entre le ftyloglofte Se iç mufcle iin^ gual ; 3c le mufcle chandrogloffe , qui efl; toiit-à-fait différent & qui viçnt des petites eornes de l'os hyaide & de la j^rtie ypifine DePhYÇIOLOGIE. Z| de la bafe de cet os , fe porte en dehors Ôc couvert par les couches latérales du géhio- gloife, il fe perd dans la langue en s'unifTant avec le ftylogloffe. Ces mufcles rendent la langue mobile de toutes parts , ôc dans toutes fes parties ^ fa partie charnue peut prendre par ce moyen différentes figures , former une cavité lorfque les ftyloglofes agiffent j s'ap- platir par l'adliori des cèratoglolfes , devenir plus étroite ëc prefque cylindrique au moyen dQs fibres tranfverfes de la langue auxquelles s*uni(rent difTérens autres ordres de fibres , difficiles â développer dans l'homme ôc mé- langées d'une graade quantité dç grailfe vif- ^ueufe. CDLIV. Un grand nombre d*artére^fe dif- tribuent à la langue, la plus gro(fe eft pro- fonde & va en ferpentant par la partie infé- rieure gagner la pointe delà langue ; elle vient de la carotide externe. La plus petite eft fu- perficielle , placée fur la glande fublinguale ^ s*anaftomQfe avec la première , ôc elle en tire fon^rigine, ou de la labiale^ la langue re- çoit encore différentes petites branches pofté- rieures de la labiale , des rameaux propres de la labiale ou des amygdales. Les veines for- ment différens plexus difficiles à décrire. I,*une de ces veities eft profonde , accompa- gne la neuvième paire de nerfs j ôc lautre fu- pierficielle accompagne l'artère mentonnière ôc faum'it la ranln^ en s*uni(rànr avec la pre- mière y elles vont toutes fe rendre à la grandç veine qui eft la féconde branche de la jugu- laire interne , a|>rè^ h cérébrale. Elles com- 14 Elemens muniquent de ditfcreiites façons avec les plexus voiiins des amygdales, des tyroïdienes, des pharyngienes , des cucanées, ôc fe rcunif- fent en forme de réfeau fur le dos de la lan- gue 5 de droit à gauche , devant 1 epiglotte. CDLV. Les grandes papilles de la langue, plus molles , continuellement humectées , font plus fenlibles au toucher que les cuta- nées , qui font féches & petites. C'eft ce qui rend la langue exrrcmemenc fenlible ; de plus, les papilles cutanées ne reçoivent d'au- tres imprelîîons des fels que celles de la dou- leur ôc de l'humidité. Mais les papilles de la langue , élevées pour goûter ^ & un peu émi- iienies , leurs pointes étant ébranlées dans une grande étendue, font tellement aff"ed:ées par les fels , dilfouts dans l'eau ou la falive , qu'on en diftingue de différentes clalfes fous le nom de fiveurs ; tels font l'acide, le doux, l'acerbe , l'amer , le falé , l'urineux , le fpiri- rueux, l'aromatique , lâcre de différens gen- res , le fade , le pourri & les autres en partie purement falines*, Se en partie altérées 5c compofées par le mélange d'une huile fubtile, végétale &c animale. Plus chaque fel e.ft acre, 6c plus il ell douloureux au goût. Ces diffé- rentes faveurs dépendent- elles de la diffé- rente figure des fels ? La figure cubique du fel marin n'eft- elle pas une preuve, de même que lafi:^ure prifmariquedu nître , ôc les autres du vitriol & du fucre ? Cela ne paroît pas vrai- ferabUbls > car les criftaux infîpides ont leurs figures, &: ces figures font trop femblablesdans ùs fels qui excitent diflérentes faveurs , & donc DE Physiologie. iç dont les etîers font oppofés ^ ces figutes ne font pas même conftantes dans le mcme fel , comme dans le nître , dont on rend par ait les criftaux cubiques. La faveur paroît donc dé- pendre de la ilrudure interne ôc infenfiblc des élcmens dss corps. CDLVI. La nature de l'enveloppe des pa- pilles , de la falive , & des autres liqueurs du corps humain j des alimens qui font dans l'eltomac , fait beaucoup pour la perception des faveurs , &c l'âge , le tempérament, l'état de fanté ou de maladie , le plus ou moins d'habitude , influent beaucoup fur la manière dont on peut être afîedté : mais eu général nous regardons comme infipide tout ce qui a moins de fel que notre falive. CDLVIl. Les efprits , fur- tout les végé- taux , font repris par les papilles mêmes ou par les petits conduits abforbans de la langue, comme il paroît par la réparation prompte d^s forces , en buvant des fpiritueux , mêm» avant qu'ils foient arrivés dans l'eftomac. CDLVIII. La nature a établi une différence entre les faveurs , afin que les animaux con- nu (fent les alimens qui leur feroient plus fa-* lutaires ; car en général aucun aliment perni- cieux n'eft d'un goût gracieux, & celui qui eft propre a la nourriture de l'homme, n'efl: pas d'un goût défagréable \ il ne s'agit pas ici de la gloutonnerie qui peut rendre nuifible l'aliment le plusfalutaire, ni des foilîles que la nature n'a point offert à Thomme , mais que l'art a cherché. La nature a donc ainfi en- gagé l'homme d'un côté par la douleur , que II Part. B iS È L É M E N s 1 011 appelle f;xim , ou par le plailir du goCit à prendre nécelfa ire ment des alimens. Les an'i- maux qui ne peuvent rien apprendre par l'exemple ni par l'éducation, diltinguent plus exadlement les faveurs , & cette diflindtion leiK eft fuftifante pour les faire abftenir des alimens nuifibles. C'eft en conféquence que les animaux qui dévoient vivre de végétaux dont la variété eft infinie , & qui font d'ail- leurs mélangés d'efpéces nuifibles, ont eu des papilles plus longues , ôc la langue bien plus élégamment conftruite que l'homme , qui n en avoit pas befoin. CHAPITRE XVI. Pe VOdorat, CDLIX. Lj'opoRAT fert aulli à diftinguer les alimens nuifibles , à nous prévenir fur leurs mauvaifes qualités , avant que de nous expo- fer à les goûter , ce qui n'eft fouvent pas fans danger , à éviter la pourriture , qui nous eft fur-tout rrès-nuifible dans les alimens, & en- fin à nous f:iire découvrir ceux qui font agréa- bles (Se utiles. Quoique l'habitude rende l'uti- lité de l'odorat plus remarquable dans les bctes que dans l'homme j cependant les hommes abandonnés à eux-mcmes , fans être trop ex- périmentés fur la grande variété des odeurs , ont paru çertainçmçnt avoic la délicatefle dq DB PïlYSIOLdGIE. 27 l'organe j néceiraiix* pour diitiiiguer de loin les qualités des alimens j enfin il n efl: (guère de moyen plus fur pour juger des vertus médi- cinales des plantes , que le témoignage natu- rel du goùc & de l'odorat. C'eft pour cela fans doute que l'organe de l odorat a été place dans tous les animaux aux environs de la bouche. Ceft aufli là pourquoi les animaux qui font obligés de chercher au loin leur proie , & qui doivent diftinguer parmi pla- Jîeuis herbes femblables, celles qui font nui- fibles , ont l'odorat très-fin , Ôc les organes qui y fervent très- étendues. CDLX. La fenfation de l'odorat s'opère au moyen d'une membrane pulpeufe , molle , vafculaire , papillaire , poreufe , qui tapifTe toute la cavité interne des narines, plusépaif- fe vers la cloifon & dans la cavité principale du nez, plus mince dans les finus. Il s'y dif- tribue un aiîez grand nombre de nerfs très- mois. Ceux qui fe rendent dans la partie moyenne , viennent de la première paire CCCLXXIÎI , Se defcendent fur la cloifoa par les trous de la lame cribleufe ; on a ce- pendant de ia peine à les fuivre jufque dans leurs extrémités fur la cloifon. Les autres nerfs latéraux viennent de la féconde bran- che de la cinquième paire & de fes rameaux , qui traverfe le canal ptérygoidien & defcend par les canaux du palais *, ceux du finus maxil- laire viennent du rameau fous orbitaire. Se de celui qui fe diftnbue aux dents. La partie antérieure de la cloiion reçoit un rameau de l'oplithalmique de Willis. Bij XS É L i Aï E N s CDLXL Les narines reçoivent un grand nombre d'artères des différens rameaux , de la maxillaire interne, des trois nafales, de la fupérieure &C des deux latérales , du rameau ©phthalmique de la carotide interne , des ra- meaux de l'arcére palatine , de la fous orbi- taire , qui fe diftnbuent dans les linus ôc de l'artère fupéneure des dents. Les veines , en s'affociant, forment un grand plexus dans l© mufcle pterygoidien externe , communiquent avec les fin us de la dure-mere , ôc enfin fe léuniiTent dans le rameau externe de la jugu- laire interne. Les narines tirent leur nour- riture de leur chaleur des artères , & ces artères y fourniffent le mucus qui s'y fé- pare. CDLXIL La forme ronde de la tête , fur- tout dans l'homme , diminue la furface de l'organe de l'odorat ; c'eft donc pour l'étendre que les narines internes font compofées de diftérens corners , de de différentes cavernes rangées d'une façon admirable. Nous appel- ions d'abord Narinis , cette cavité multi- forme 5 qui commence aux orifices antérieurs du nez, de s'étend tranfverfalement 8c en ar- riére fous l'os cribleux , au-deffus du palais , de fe termine au gofîer. Cette cavité eft fou- vent inégalement féparée en deux par une cloifon , dont la partie fupérieure oiTeufe efl formée par la lam.e cribleufe defcendante , l'inférieure par le vomer , de l'antérieure ef| terminée par le cartilage triangulaire dont la furface eft trçs-étendue ^ extrêmement fça- DE PttVSIOLOGtÊ. 19 CDLXIII. De plus , les enfoncemens fpi- faux des coquilles du nez augmentent la lur^ face latérale des narines. Los cornets fupé- rieurs font de petits contours fpiraux-pofté- rieurs & fupérieurs de l'os cribleux. A la par- tie moyenne font des parties de ce même os, allongées en forme de coquilles convexes en. dedans , concaves en dehors , pointues par les deux bouts j dont la furface eft toute gravée de petites foffeites &c d'enfoncemens fpon- gieux internes , fufpendues tranfverfalement , loutenues par des éminences particulières de l'os du palais ôc de l'os maxillaire. Les cor^ nets inférieurs font femblables aux moyens j ils ont pareillement la figure d'un coquilkice 5 ils font plus longs &: ordinairement diilingues des premiers , auxquels ils font quelquefois unis par une petite lame oiTeufe , qui eft plus fréquemment membraneufe. Cette lame pro- longée vers le haut , quadrangulaire , ferî à former le ifinus maxillaire. CDLXIV. La cavité des narines eft encore aggrandie par ks fmus qui font autant d'en- ioncemens des narines , & comme leurs ap- pendices. Les fupérieurs font les iinus fron- taux qui varient , font irréguliers & placés fous l'éminence fourciliere, entre la lame an- térieure Ôc poftérieure du coronal ; on ne les obferve pas dans le foetus. Il paroit qu'ils font produits par ladion des mufcles fourciliers , & des autres qui tirent en dehors la lame an- térieure 5 qui augmente les cellules du diploë, comme on le voit dans l'apophyfe maftoïde. Ils s'ouvrent à la partie fupérieure des na- B iij '5© É l. É M E N s rineSjdans quelques cellules antérieures de Tos ethmoïde. CDLXV. On trouve fous les finus précé- dens les finus etliiTJoidaux qui font au nom- bre de quatre , &: même plus de chaque côté , inués a la partie externe de l'os cnbleux , & qui refTemblent à des ruches j ils font termi- nés fupérieurement par la partie cellulaire moyenne du front ^ ils s'ouvrent antérieure- ment d^epuis l'os unguis , par plufieurs petits tnyaux''(icués fur une me me ligne tranfverfe dans la cavité fupérieure des narines. Les cel- lules qu'on remarcjue à h partie inférieure & interne de l'orbite , vers l'os pîanum & l'os maxillaire , font continus aux fmus erli- moïdaux , & s'étendent jiifques à la partie extérieure. On remarque en troifiéme lieu une grande cavité contiguë & qui appartient en partie à l'os cribleux & à l'os du palais, tra- cée dans l'os fphenoïde. Les cartilages qui dans Je fœtus y éroient en grand nombre étam deffechés , cette cavité le forn^e peu-à~peu dans le corps de Tos , fous, la Ço^.c pituitaire ; elle eÛ: ample ,, unique ou divifée en deux par une cloifon , & s'ouvre antérieurement par un trou particulier dans le conduit fupérieur des narines. CDLXVL Le dernier fînus , le pîas bas , mais le plus grand , eft un peu remarquable dans le foetus , Se il devient très-grnnd dans l'adulte 5 les parois offeux qui le compofent devenant minces , & il eft creufé dans l'os maxillaire. L'os unguis , l'os ethmoïde*, l'os du palais 3 la lame particulière des cornets infé* © E Physiologie. 5 i fleurs du nez , ôc la membrane pituitaire le ferment du côté des narines, dans iefquelles il n'eft ouvert que par un trou rond fitué en- tre le cornet moyen Ôc l'inférieur. CDLXVII. Il éroit à propos que les nerfs des narines qui font prefque nuds , fuifent d couvert des injures de l'air qui entre ôc fore continuellement par les narines , pour les ufages de la refpiration. La nature a donc muni les narines , au lieu d'un épiderme épais , d'un mucus vifqueux , inlipide , fade, fluide lorfqu'il eft récent, & que l'air peut épaifïir en croûtes denfes Ôc féches ; il eil plus épais dans cette partie du corps que par- tout ailleurs. Ce mucus préferve les nerfs de lafécherefTe «Se de la douleur. Les artères nom- breufes des narines le produifent ôc le dcpo- fent en partie dans des conduits cylindriques qui y font en grand nombre, ôcen partie dans des véficuîes arrondies qui font vifibles , il fe répand fur toute la furface de la membrane olfaétive , ôc l'humeéle de tous côtés. Un long.finus, commun à pluiieurs petits points muci-feres , s'étend antérieurement le long de la cloifon. On vuide la trop grande quan- tité du mucus qui s'eft amaiïé pendant la nuir, en comprimant pendant un peu de temps les narines , ôc en pouiïant enfuite très-fort fou h.ileine ; ou bien ce mucus irrite par fa fé- clierefl^e ôc fon apreté les nerfs trèsfeniibles , ôc l'éternuement qu'il caufe le chaiTe en de- hors. Les différentes (iruations concourent à vuider ces finus qui abondent en mucus , fi bieiî que quelque (inus peut toujours fe dé- Biv 'à\ É L i M E N s barraflfer , foit que la tête foit élevée , fok 9 u elle foit portée en devant ou fur les cotés; cependant les finus maxillaires Se fphé- noïdaux s'évacuent le plus difficilement de tous. Les larmes defcendenr zuiVi par les na- rines par un conduit particulier , elles les humeàent & délayent le mucus. CDLXVIII. Le nez a été placé à la partie antérieure des narines ; il eft revêtu en de- dans de la même membrane ; il eft compofé de deux os , prefque de fix cartilages , dont deux font continus à la cloifon CDLXïI. Le nez a des mufcles particuliers pour {qs diffé'^ lens mouvemens ; il eft élevé & dilaté par un mufcle qui lui eft commun avec la lèvre fu- périeure, Ôc rétréci par un conftrideur pro- pre , par un abaifTeur êc par celui qui tire la cloifon moyenne. Ainfî cet organe faillit en dehors , & il fe préfente aux odeurs & peut ctre dilaté à proportion de la plus grande quantité d'air qu'on doit infpirer , & il eft réciproquement fermé fuivantla quantité de celui qu'on doit expirer. CDLXIX. C'eft pourquoi l'air , rempli des parties très-fines , inviiibles , huileufes , fa- lées ôc volatiles qui s'échappent des corps , attiré dans les narines pendant rinfpiration CCLXXXIV 5 dépofe ces particules fur les nerfs étendus, nuds & toujours mois. Ces particules y excitent une efpéce de toucher , qu'on appelle Odorat , au moyen duquel on diftingue les difFérens genres d'huiles 3c defels ; ôc quoique la perception confufe per- mette difficilement de ranger ces odeurs par DE Physiologie. /| clafTe , 6c de fe les rappeller â Li mémùlrQy elle a cependant jufqu'à préfent été iiiffifante pour nos ufages. Ce fens nous avertit de la pourriture nuifible, de la trop grande acri- monie, de ce qui a des qualités utiles ôc dou- ées. Le fel mêlé avec l'huile étant l'objet de Iz faveur , de l'huile mêlée avec le fel faifanc auiîi les odeurs , on voit l'affinité qui règne entré ces deux fenfations , affinité qu'exigeoit Tutihté mutuelle de l'une ôc de l'autre. Mais l'odorat difcerne plutôt les parties volatiles , êç le goLit les parties fixées , peut-être parce qu*un épiderme extrêmement muqueux re- couvre la langue, empêche l'effet des fels plus fins qui affectent plus facilement les nerfs qui font moins couverts 6c plus mois dans les narines* CDLXX. La force des odeurs eft grande , mais elle eft de peu de durée , parce que les particules , extrêmement fines , s'appliquent fur des nerfs nuds 6c fort près du cerveau ; c'eft en conféquence que la force venimeuia Ôc recréative des odeurs peut faire revenir fi efficacement ceux qui fe trouvent mal, ou qui ont été fubmergés. Ceft de là que les parti- cules acres occafionnent un éternuement très- violent , que l'odeur des médicamens purga- tifs lâche le ventre , que vient la force d'anti- pathie. Les éternuemens trop fréquens de- viennent en conféquence nuîfibles , 6c on eû expofé â perdre la vue , à caufe du grand corn* merce des nerfs. La cloifon du nez 6c les car- nets doivent être regardés entre toutes les parties des narines , comme ks principsks Bv J4 liLEMENS de Forgane de l'odorat: puifqu'ils font «en fi grand nombre dans les animaux qui ont l'o- dorat fin & que ces cornets font difpofés dans les quadrupèdes en très-belles fpirales , dans les poifTons en lames parallèles y rangées élégamment en forme de peigne. CHAPITRE XVI L De rOiiïe. CDLXXL L'odorat didingue les corpuf- cales qui voltigent dans l'an- , & l'ouïe ie.^ trémouiTemens de Tair élaitique. C'eft pour- quoi l'organe de l'ouie eil tout autrement conftruit que les organes des autres fens , & il eft compofé en grande partie de cartilages élaftiques ou d'os très-durs y afin qu'il rende plus parfaitement les trémouiTemens qui lui font communiqués. CDLXXII. Le pavillon de i,'Oreille eft l'organe externe de ce fens. C'eft un cartilage uni par m\ tiflTu cellukire ferré, & par des ligamens propres à l'os des tempes, de manière qu'il peut fe mouvoir antérieurement & pof térieurement. La figure de ce cartilage eft compofée. L'éminence externe , nommée HiLix , commence à la partie fupérieure d'une languette libre & fe termine en faifant «n contour à un cartilage pareillement libre, If^mh^liX eik uiie éminence partagée en deux,. DE Physiologie. 35 fituée au-deiroLis de l'helix , il fe termin^^ fous un monticule renfermé dans l'helix &c fur la languette courte, qu'on appelle anti-tragus. Le refte de l'oreille eft concave antérieure- ment, convexe poftérieurement 5 infenfible- nient plus profond ôc traverfé par une ligne moyenne , il s'unit au conduit auditif , (!k prend le nom de conque» Ce conduit ett pref- que recouvert par un appendice rond . mo- bile , nommé tragûs. Toute cette partie de l'oreille eft recouverte uniquement d'une peau mince Ôc d'un tilfu cellulaire maigre j elle a un grand nombre de glandes febacées qui fé- parent une humeur onâueufe j elle e(ï mue par plufieurs mufcles, que l'habitude & la façon dont on fe coëfte , rendent fouvent inu- tiles 5 il eft cependant raifonnable de penfer que la nature les a deftinés à des fonctions par- ticulières. LQfupérieur eft mince & vient du mufcle frontal & de l'aponevrofe du crâne; il s'étend fur l'aponevrofe du mufcle tempo- ral & fe termine à l'oreille , vers la cavité in- nominée. Les pqfiérieurs font au nombre de deux ou de trois j, plus ou moins; ils font plus forts, prefque tranfverfes , viennent de cette aponevrofe & de l'apophyfe maftoïde , & fe terminent à la partie convexe de la conque , qu'ils ouvrent fans doute. Le mufcle antérieur eft le plus petit ; il sétend aufti fur l'apone- vrofe du mufcle temporal , & s'infère prefque tranfverfiilement d l'origine de l'helix. Les petites portions de chairs courtes , qu'on a de la peine à voir, oui font cependant rou- geâtres , peuvent apporter queicpe change- B vj ^6' Élémens ment à l'oreille. Le tranjverje de rorcille , qui unit au loin l'hélix &: l'anthelix, ouvre lo- reille \ Vantltragien qui vient de la racine dé l'anthelix & fe termine à l'antitiagus , relâ- che l'entrée de la conque ; le tragien qui eft couché fur le tragus , en dilate l'ouverture. Le mufcle de la grande tente , fitué au milieu ans deux cartilages du conduit , les approche l'un de l'autre 6c rend le conduit plus élalH' que. Les deux autres , le grand Ôc long mulcle de riielix ôc le petit ne font pas de grand iifage; ils font peut-être de quelque utilité toutes les fois que pour entendie plus exade- ment un petit bruit , nous tendons lorgane de l'ouïe & nous rendons , en rapprochant les cartilages , le conduit auditif plus réfif- ^ant. CDLXXIIL Laconqueeft unie avec le con- duit auditif rond, applati, incliné en dedans, plus étroit en s^avançant , fléchi en devant vers fa partie moyenne , & en grande partie onTeux. Il eft en partie, antérieurement ôc extérieurement , cbmpofé de trois anneaux imparfaits, qui viennent de la conque & du tragus y unis enfemble par une efpéce de chair , par une membrane 8c un cartilage mitoyen , 3c qui s'implantent enfin dans l'os inème. Le conduit eft achevé fupérieurement ^ poftérieurement uniquement par une mem- brane. C'eft-U ce qui s'obferye dans l'adulte; car dans le fœtus &c dans les notiveau-nés ce conduit eft uniquement cartilagineux, ôc la partie oflTeufe fe développe peu a peu. CDLXXIV. L'épiderme fe continue dans DEPifIVSIOLOGIE. 37 le conduit auciicif , de même que la peau , qui devient mince peu â peu , ôc ell exade- ment éjfenduefuu l'os j c'ed ce qui le rend très- feniîbleaux dcmangeaifons, au plaifir 6c à U douleur; elle eft couverte de poils , faciles i irriter ik propres à nous avertir des ordures qui s'amalFent dans ce conduit , ôc des infec- tes qui s'y infinuent. Il y a dans le tiffu cellu- laire épais , comme réticulaire, 6c membra- neux en grande partie , CCCCLXXI , un grand nombre de follicules jaunes , ronds , ' qui verfent par un conduit court dans la ca- vité du conduit, un liquide d'abord gras, qui enfuite s'épailîiflant peu à peu > devient plus amer , inflammable, oint la peau fenfible Se la membrane du tympan , la préferve des in- jures de l'air , en chaflTe 6c arrête les infedes. Il caufe lafurdité dans ceux qui font mal-pro- pres 6c négligens. CDLXXV. Les ondes fonores de l'air tom* bent dans l'oreille qui les doit néceffairemenc recevoir fuivant les loix de la Phyfique. L'air élallique reçoit les tremblemens fonores ôc les tranfmet ou feul ou le premier, s'il eft vrai que l'eau puilTe tranfmertre ces tremblemens fans le fecours de l'air. Ceft pourquoi la force des fons s'étend dans l'air comprimé Se s'éteint dans le vuide. L'air reçoit ces trem- blemens , ou d'un corps mu contre lui , ou d'un corps contre lequel il eft pouffé , ou de deux corps qui fe choquent mutuellement. Toutes les parties , même les plus petites , du corps qui produit le fon, doivent frémir & fubir un njouvement d'ofcillatioii i cei ébraur ^S É L 1 M É N s lement pouffe l'onde la plusvoifine de l'air; la partie antérieure de l'air , ainfî comprimée, rebondit aulîi-tôt qu elle a vaincu cette im- pullion par fon élafticité ^ elle poulTe en ar- rière l'air vers le corps fonoreoù lair eft alors plus lâche & plus raréfié, & le comprime. Ceore même onde comprime la^ portion an- térieure voifine. de l'air , de même qu'elle âvoit été comprimée par le corps tremblant ; cette portion rebondira fon tour, repoufTe en arrière l'air vers le corps ébranlé ôc en devan'-j excite ainfi une nouvelle onde. Les ofcilla- tions doivent fe fuccéder ainii promptement pour être étendues , & ne doivent pas être moins que de trente dans une féconde. Plus elles font fréquentes dans un tem.ps donné, plus on dit que chaque fon eft aigu, & il nous affeéteplus vivement , jufqu'd ce que ce fon ibit le plus aigu de ceux qui peuvent être en- tendus , & ce fon produit 7520 ofcillations dans une féconde. CDLXXVI. Les corps lespîus durs 5 les plus fragiles & qui font frappés plus violemment , rendent en général des fons plus aigus ; les difpofitions contraires font des fons graves. Il n*y a pas de milieu entre les fons aigus Se les graves , ou s'il y en a , il eft arbitraire. On dit que des cordes, ou des corps, font à l'unifiTon, lorfque dans un temps donné ils produifent le même nombre d'ofcilliations. Celle qui fait deux fois plus d'ofcillations qu'une autre dans un même temps , produit un fon qui diffère d'une odave. On a donné d'autres lîoms au* difiKrens rapports de ces fons. Lqs t)E Physiologic. ^5^ cordes les plus courtes produifent les fons le» plus aigus , ÔC le contraire a lieu en raifon inverfe des longueurs. Celles qui font plus tendues produifent audi des fons plus aigus dans un rapport fousdoublé des reniions ou des poids qui les tendent. On fait très- facile- ment ces expériences avec le monocliorde , oa avec une fuite de cordes qui font tendues par des poids. ^ CDLXXVIÎ. Quelque puifTe être le fon aigu ou grave , fort ou foible , il eft porté dans l'air avec une vîtefTe telle, qu'il parcourt dans une féconde avec une force confiante & qui ne fe relâche pas dans les grandes diilan- ces 5 environ 1058 pieds de Paris. Le vent con- traire, comme beaucoup plus lent, retarde un peu le fon & luiôte prefque la douzième par- tie de fa vîteflTe. De même la denfité ôc la fé- chereffe de Tair augmente les fons ; le relâche- ment de l'air Ôc fon humidité les diminue ; la chaleur d^'été augmente fa vîtelfe. Dans la Guinée , le fon parcourt dans une féconde 1098 pieds. CDLXXVIII. Tous les fons rencontrent dans tous les corps voifins ^ dans Teau même & dans le mercure , des particules qu'elles mettent en branle , non- feulement celles qui font à l'uniflTon avec elles, qui rendent plus clairement le fon ^ mais encore toutes les antres qui font auOi ébranlées dans différens rapports. De là tous les fons que nous enten- dons 5 font compofés du fon primitif, pro- duit par le corps ébranlé , & des fons fecon- daires produits par des corps environnans 4<-' É L i M E îî s ébranlés par les fecoutres élaftiques du fon piimicif. La force du fon augmente , li les féconds fons fuccédenc ii prompcement aux premiers que l'oieille ne ies puiiîe diftmguer. Lecho efl produit 5 lorique les Ions fe fuccé- denc il lentement que l'oreille peut les fepa- rer j il fliut pour cela qu'il s'en forme prefquQ iîx dans une tierce , ou qu'il y aie entre le corps lonore <5c l'oreille une diftance de iio pieds. CDLXXIX. Le fon fe réfléchit des corps durs par des angles égaux aux angles d'inciden* ce. Le même fon, pouffé dans l'air libre , s'af- foiblic , parce qu'il s'étend dans une fphére très-vafte ; il conferve fa force , fi on le pouife dans un cylindre & fi on le réunit dans le foyer d'une ellipfe , il acquéreradela force^ comme on l'obferve dans le porte- voix , par- ce qu'il fort du foyer d'une parabole par des rayons parallèles , & non écartés. CDLXXX. C'eft pourquoi les ondes fono- res, pouirées dans l*air , frappent notre oreil- le, firuée dans un endroit haut Se qui eft na- turellement en-devant Se en-dehors j l'oreille par fon élafticité les repercute , Se ils font réunis par des réflexions alternatives dans la conque &le conduit auditif, où ils font d'au- tant plus forts que la furface de l'oreille eft plus grande que l'orifice du conduit. Confer- vés dans ce conduit cylindrique , ils avancent en dedans, fortifiés par les nouveaux fons que produifent les cartilages élaftiques , & les os durs qui en ont été frappés & qui les confon- dent avec le fon primicif, feE Physiologti. 41 CDLXXXI. Le conduit auditif eft terminé intérieurement par la membrane du tympan, qui eft arrondie , pofée obliquement dans l'adulte, &qui au moyen d'une appendice fu-^ périeure, s'avance en dedans en forme de bou- clier, de forte que la partie au-deffus de la moyenne , creufée depuis le conduit , s'a- Vance , en faifant boffe , vers la cavité du tympan. Cette membrane eftcompofée de plu- sieurs lames ; la première eft blanche , mu- queufe , & à proprement parler , n'eft point une membrane ; elle tient lieu d'épiderme j la féconde eft une vraie peau continue à la membrane du conduit vafculaire^ la troifîé* meeftféche, bruyante, claire Ôc tranfpa- rente, fans vailTeaux fanguins. Le périofte vafculaire du tympan forme la membrane in- térieure. Entre ces membranes eft un tiiTu cellulaire tendre. On n'a encore pu découvrir par aucun moyen aucun trou naturel dans cette membrane , & le paftage de la fumée par cette voie eft une fable. Elle eft toujours fi bien tendue dans le fillon de l'anneau qui la rerient , qu'on ne trouve rien dans le corps humain de plus tendu, ni de plus fufceptible de tremblement. Les ondes fonores tombent fur cette membrane, & fur-tout dans la cavité conique qui la tire en dedans; après leur der- nière réflexion dans le conduit auditif, ils l'o* bligent, a caufe de fon élafticité , de pro- duire des ofcillations. CDLXXXII. Cette membrane eft tendue devant la cavité du rocher , nommée le tym- pan,, qui eft d'une figure ronde ou à peu près. 41 ÉiiMiNS cependant inégale. Cette cavité eft divifée dans fon milieu par une éminence, Ôc elle eft poftérieurement aggrandie dans l'adulte par les cellules maftoïdiennes , qui ne fe tiouvent point dans le fœtus. Le tympan eft celluiaire antérieurement &c fupérieurement , il eft ta- piflé par une membrane vafculaire , dont les petits vaiflfeaux viennent de la carotide inter- ne , des tympaniques externes , de la ftilo- maftoïdienne & d'un rameau de la méningée qui s'infinue par la fente de l'aquéduc ^ il eft ordinairement rempli d'un mucus , que la trompe verfe au dt^liors , & comme divifé en cellules par différentes membr^aes. CDLXXXIII. Cette cavité renferme qua- tre olTelets, trois plus grands & un petit. Le marteau a fa tète fupérieure ronde , placée dans le plancher du tympan \ de-là fon long manche defcend le long de la membrane du tympan , entre la lame féche & celle qui eft propre au tympan jufqu'à la partie moyenne , en s'y attachant exadement , fur-tout par fon extrémité large & un peu courbée en dehors \ il eft outre cela foutenu par un ligament pro- pre avec la cuiflTe la plus longue de l'enclume \ une autre membrane fortifie le marteau près de fon apophyfe la plus longue. Une avance plus courte & conique , qui fe remarque fur le manche , poulfe la membrane du tympan en dehors. On remarque au même endroit une éminence très-longue, applatie , un peu large , qui s'élève en devant dans le fillon de la trompe. Le marteau s'articule avec l'en- clume par deux lignes faillantes , oblique- DE Physiologie. 45 ment de fa tète ôc un fillon qui les fépate. CDLXXXIV. On décrit ordinairement trois mufcles du marteau. Le premier eft in- terne , tend la membrane du tympan , eft le plus grand de tous , placé dans le tillon pro- pre de la trompe, le long de laquelle il s'é- tend parallèlement , ôc fon tendon le réflé- chifTant en dehors autour d'une poulie , il s'infère à la partie fupérieure du manche. Le fécond vient aulîi du fillon adjacent de la trompe, mais il eft extérieur , plus court & fe porte prefque de même en arriére ; il s'at- . tache cependant le long de l'apophyfe la plus longue du marteau fans fe réfléchir ^ on le révoque en doute, & il ne diffère pas alfez de la membrane pulpeufe rouge. Le troifiéme , fuivant quelques Anatomiftes, prend fon ori- gine du conduit auditif, fe porte dans le tym- pan par le fillon de l'anneau interrompu du conduit, fe termine à l'apophyfe la plus courte du marteau, &fertà relâcher la membrane du tympan ; je n'ai jamais aifez fûrement obfervé ce mufcle , & je connois de très- grands Anatomiftes qui n'ont pas été plas heureux que moi. Au refte , celui qui tend à l'aicle du marteau , la membrane du tym- pan , difpofe l'organe à la perception des fons foibles ; l'autre, s'il fe rencontre, mo- dère les fons trop violens , Se en retirant le marteau de l'enclume, il empêche la propaga- tion de l'ébranlement fonore. La membrane du tympan étant percée , les olTelers dérangés de leur place , l'ouïe devient crabord dur, puis il s^enfuit une furdirc parfaire ^ & il ne 44 Elemehs refte que cette portion de l'ouïe , qui fe fait par le moyen des os du crâne» CDLXXXV. Le marteau communique les cbranlemens qu'il a reçus de la membrane du tympan à l'enclume , qui eft un petit os plus court , plus épais , avec lequel il eft articulé poftérieurement par une furface large & deux filions au milieu defquels s'élève une émi- nence. La cuifTe la plus courte , taillée dans fon petit corps , fufpendue par un ligament, eft affermie dans un fillon propre de los. La longue cuifte defcend parallèlement au mar- teau 5 & fe recourbant un peu en dedans par fon extrémité 5 reçoit le quatrième oflfelet qui eft convexe d'un côté & un peu applati de l'au- tre , & placé fur l'étrier, auquel il communi- que les fecouiïes qu'il a reçues. CDLXXXVL L'étrier , dont la figure auto- rifela dénomination, eft couché tranfverfale- xnQnt y de manière qu'il reçoit l'enclume fur fa petite tète cave ; îes branches font un peu courbées , mais la poftérieure l'eft pkis , fa bafe eft ovale, un p^u moins inférieuremenr , & cette bafe s'adapte exactement fur un trou conforme à fa figure , & qu'on a coutume de nomniQT IsL fenêtre ovaie. Sqs branches, creu- fées en dedans , font réunies par une mem- brane tendue , arrêtée furfi bafe un peu cave. L'étrier a un mufcle particulier , renfermé dans une éminence oiTeufe , dont le petit ten- don s'infère à la tête de l'étrier , fous l'enclu- me ; il paroit tirer l'étrier de façon , que cet os poftérieurement entre pkis profondémenc dans la fenêtre ovale Ôc qu'il en fore anté;ieu~ DE Physiologie. 45 rement , d'où il arrive que la pulpe nerveule du veftibule eft comprimée par la bafe de 1 e- rrier &c par l'air du tympan. La bafe de Fétrier eft environnée d'une membrane qui fépare ie veftibule du tympan. CDLXXXVII. DitFérens canaux fortent de la cavité du tympan. Le plus grand, q^ui de la partie antérieure monte en devant , fort en- tre l'os fphénoïde &: l'os des tempes , répond dans un cône elliptique divergent, compofé en partie par deux cartilages , & en partie membraneux , qui fe termine par une ouver- ture elliptique très-large , derrière les nari- nes , dans la cavité du gofîer , ôc qui eft tourné de dedans en devant; ce canal eft tapifté d'une- membrane poreufe , pleine de véiicules , con- tinue ôc femblable à la membrane des nari- nes. C'eft-là la Trompe que les mufcles, qui font pofés deiïus 5 peuvent comprimer, lorf- quils font gonflés, & que peut être le circon- flexe du voile du palais peut relâcher Se ou- vrir. L'air , dans l'mfpiration , entre par ce ca- nal dans ie tympan , s'y renouvelle , de le mucus fe répand tout autour des offelets pour les défendre, il paroît probable que l'air fort par la trompe , lorfque des fons violens pouf- fent la membrane du tympan en dedans. Cette trompe dirige auffi à l'organe de l'ouïe , les fons reçus par la bouche. Lorfquon infpire, l'air preiTe vers le dehors la membrane du tympan ; de là vient le bourdonnement , lorf- qu'on baille , & c'eft ce qui rend les fons moins diftinds , parce que l'air , pouffé en plus grande abondance par la trompe daxis le 4^ E L E M E N s tympan, réfîfte aux ébranlemens de l'air ex- tcrieur. CDLXXXVIII. Deux autres ouvertures conduifent du tympan au Labyrinthe , ou à l'oreille incerne. La Fenêtre ovale CDLXXXVI , qui n'eft couverte d'aucune membrane , conduit dans le Vestibule qui eft une cavité ronde , creufée dans la portion la plus dure du rocher, & adjacente à la partie interne du tympan. On y remarque les cinq orifices des trois Canaux demi- cïrcul air cs\ ces canaux , dans le fœtus , font faits d'une fubf- tance écailleufe , diftindte , dure , environnée d'un titfu fpongieux \ ils font tracés dans l'a- dulte dans la partie la plus dure du rocher \ ils font un peu plus grands qu'un demi-cercle, & ils ont une embouchure plus grande que leur calibre. Le plus grand des canaux eft pof- térieur , inférieur & perpendiculaire \ le moyen , fupérieur, eft auili pofé perpendicu- lairement \ l'externe , & le plus petit , eft horizontal. L'orifice^ interne du canal fupé- rieur eft commun avec l'orifice fupérieur du canal poftérieur. CDLXXXIX. Le Limaçon, qui eft incli- né dans la partie antérieure du rocher , fait encore voir quelque chofede plus admirable dans fa ftrudurc. Un de fes orifices s'ouvre dans le veftibule , 6^ lautre dans la Fenêtre ronde , cachée par une éminence 5c placée dans le fond du tympan. Le limaçon eft fait d'un noyau offeux , conique , dont la pointe eft inclinée en dedans ; il eft divifé dans fon milieu par un fillon , & criblé à fa bafe 5c DE Physiologie. 47 dans toute fa longueur d'une grande quantité de trous , qui Te terminent par des tuyaux , qu'on appelle échelons. Il y a dans le fœtus un canal dilîinét autour de ce noyau , formé par la coquille même , de qui s'unit dans Pa- dulte avec l'os voiiin y il eft environné par deux tottrs ôc demi d'une fpirale, qui fe porte en forme de cône , des deux orifices dont nous venons de parler, en diminuant vers la pointe du noyau. Ce canal a deux loges , & il eft di- vifé par une cloifon qu'on appelle h AMt fpi- rale. Cette lame eft en très-grande partie of- feufe , part du noyau & fe prolonge à angle droit dans la cavité du canal ; elle eft canne- lée & renfermée de part & d'autre par le périofte interne qui lui fert de gaine. L'autre partie , qui eft extérieure & membraneufe , divife le canal. Ainfi font diftingués les deux demi-canaux , qu'on appelle Echelljes. Le demi-canal intérieur & poftérieur , com- mence à la fenêtre ronde , où il eft bouché par une membrane , l'autre, qui eft antérieur, commence au veftibule : ces échelles commu- niquent entr'elles , par un petit trou dans la pointe du limaçon , où la cloifon fe termine en une troifiéme cavité en forme d'émoi;» noir \ elles communiquent encore par plu- fieurs trous avec le noyau de la rampe, qui eft rempli de nerfs. CDLXXXX. Les vaiffeaux de l'oreille ex- terne viennent de la temporale & de l'auri- culaire \ ceux qui fe diftribuent à la mem- brane du tympan , font produits ou par la fty- lomaftoïdienne ou la temporale, ou par l'un© 4^ Él^mens èc Tautre ; ceux du conduit auditif viennent de ces me mes vailTeaux j ceux du tympan font tels que nous l'avons dit n". CDLXXXIL Le veftibule , les canaux demi-circulaires ôc le limaçon en reçoivent de la vertébrale &c de la ftylomaftûidienne. CDLXXXI. Il nous refte à dicrire les nerfs qui fe diihibuentà l'organe de l'ouïe. Le prin- cipal efl; celui qu'on appelle la feptiéme paiac CCCLXIII. Il le gUlfe dans le iînus du trou auditif interne de l'os pierreux , 3c fe divife en deux dans fon cul de fac. La plus petite portion du nerf palfe par le trou fupérieur de ce fmus, dans un canal tranfverfe qui fe ré- fléchit derrière le tympan ; il jette dans fon trajet un rameau qui palfe par un canal parti- culier dans le tympan ; & qui montant enfuite entre le marteau &c l'enclume , par la fcilTure fîtuée derrière l'articulation de la mâchoire inférieure , fort du tympan & s'unit avec le nerf lingual CDLI, quoiqu'on ne connoilfe pas la caufe de cette union myftérieufe. Elle fert néanmoins à^expliquer clairement la fym- pathie des dents avec les fons aigus , avec les bridures de l'oreille, ôcc. Le reite du nerf fe termine vers les parties latérales de l'apophyfe ftyloide , fe diftribue à l'oreille externe , à la parotide , en grande partie à la fice, & à la partie fupérieuredu col ; il efl: en partie muf- culaire , &c en partie cutané; il s'anafl;omofe de différentes façons avec la féconde &c la troi- iiéme branche de la cinquième paire, avec la huitième & la troifième cervicale. Il n'envoie aucuns rameaux à l'organe de l'ouïe , ou s'il en DE Physiologie. 4c> en envoie , ils font fort petits. L'oreille externe reçoit antérieurement d'autres nerfs de latroi- liéme branche de la cinquième paire , & pof- térieurement de la féconde ôc de la troificme paire cervicale. CDVIIIC. La Portion molle eft plus grolfe Se plus difficile à fuivre , fort du qua- trième ventricule CCCLXXÏII ; formée de rameaux très-petits , elle pafTe par les trous très-fins du fond du finus auditif, & fe dif- tribue en partie au veftibule & en partie au li- maçon j ces rameaux forment dans le vefti- bule une' membrane pulpeufe , très-tendre , qui s'étend de part & d'autre dans les canaux demi-circulaires ; ceux qui fe diftribuent au limaçon , s'y terminent d'une manière qu'oa ne peut développer. CDVIIC. Il n'eft pas douteux que le nerf qui fe rend dans le veftibule & dans les ca- naux demi-circulaires , ne foit frappé par les èbranlemens de l'air extérieur qui s'étendent jufqu'à rétrier & qui touchent par la fenêtre ovale la pulpe du nerf qui y eft nud. La por- tion qui fe diftribue au limaçon, peut à peine ctre apperçue. Il eft probable qu'il s'en iepare des rameaux q-ui paiTent par les petits trous du noyau CDXIC , ôc qui fe diftribuent au pcriofte du limaçon & à la partie membra- neufe de la lame fpirale. Des filets nerveux tranfverfes , fortent-ils du noyau du limaçon fur la lame fpirale , fucceftivement pics courts ? Cette partie eft-elle l'organe immé- diat de l'ouïe ? L'anatomie n'eft pas encore parvenue à le faire voir , 6c cela ne s'accorde II Pan, C '50 È L E M E N s pas âvec ce qui s'obferve dans certains anî- rtaux 5 dans les oifeaux Ôc les poiMons , qui entendent parfaitement , quoiqu'ils n'ayent pas de limaçon. Quelque chofe qu'il en puilFe être, il eft cependant probable que la lame fpirale, remplie de nerfs, eft ébranlée par l'ofcilliation de la membrane du tympan qui agite l'air de cette cavité , de forte qu'il frappe la membrane de la fenctre ronde & celle-ci l'air interne du limaçon. CDVIC. Cette conjedure eft d autant plus •heurèufe , que la lame fpirale eft véritable- ment triangulaire , qu'elle a à ion fommet un angle aigu & qu'on peut imaginer dans cette lame un nombre infini de cordes, de plus en plus courtes, qui s'accordent & foient dans une telle harmonie avec les difFérens fons aigus & graves , CDXIV, qu'elles tremblent en formant un nombre infini de fons , c'eft- à-dire , les plus longues Cnnées à la bafedu limaçon , avec les fons graves , les plus cour- tes , fituées à la pointe , avec les fons aigus. La perception dn fon fe fait-elle dans la par- tie moyenne des canaux demi-circulaires ? Mais nous lifons qu'ils manquent dans l'élé- phant. CDVG. Il par oît que les fecouiTes ëkftiques de l'air arrivent aux nerfs auditifs par l'oreille externe, le conduit auditif, la me«ibrane du tympan , ôc que delà elles prennent diffé- rentes routes ôc fe communiquent plus exac- tement au moyen des os contigus , dans le veftlbule ; plus confufément , Se avec perte de leur force dans la raucoiîté de la caiffe y DE Physiologie. fi ^u moyen de l'air du tympan , dans la fenêtre ronde &c dans le limaçon. On ne fçait rien de plus ^ mais il eft conftaté par des expériences iûres, que le tremblement fonore ôc élafti- que , fe communique au nerf auditif par la trompe , par les dents Ôc par tous les os du crâne. La diftinction des fons dépend fans doute de la vîtefle des ébranlemens du nerf acouftique, fuivant qu'ils fe fuccéd^nt plus ou moins promptement dans un petit efpace de temps. Iln'eîl pas nécelTaire que l'ame puiiïe les nombrer ; il fuffit qu'il s'excite dans 1* penfée difFérens changemens fuivant que le nombre de ces ébranlemens eft différent. La grâce des fons dépend-t-elle du nombre des confbnnances ? L'ame compte-t-elle en elle- même les degrés des confonnances, ôc fe plaît-elle dans leur facilité ôc leur fréquence? D'habiles Muficiens nient que cela foit ainil , ôc ils affûtent que les fons difïbnnans Ôc dif- tans les uns des autres , dans une proportion difficile à déterminer , font quelquefois très- gracieux. Pourquoi les fons trop aigus font- ils infupportables ? Il paroît qu'ils tendent les petits nerfs de la lame fpirale fî fort qu'ils fieuvent les rompre , comme cela arrive dans e verre , que le fon trop aigu caffe , & dans les Ifles Canaries, où les fons trop aigus ren- dent fourds; s?*. Gij Si ilLEMENS CHAPITRE XVIII. De la Vue, CDIVC. JLes fecoufTes de l'air fe font fentir fur l'organe de l'ouïe , les vibrations de la lu- mière agifïent fur celui de la vue. L'organe de l'ouïe eft oflTeux , afin qu'il retentiïfe \ celui de la vue eft en grande partie compofé d'hu- meurs 5 pour produire des réfra6tions. La ftrudure , compofée d'organes fi tendres , exigeoit qu'ils fulfent en lûreté. Il y a plu^- fîeurs efpéçes d'humeurs , ôc chacune a une enveloppe particulière. CDIIIC. Les Sourcils. défendent les yeux extérieurement. On nomme ainfi cette grof- feur, fituée dans la partie inférieure du front , couverte de poils ferrés , couchés en forme de tuiles creufes, que le mufcle fourcilier, l'orbiculaire des paupières & le frontal peu- vent conduire en dehors , & procurer ainïi de l'ombre à l'œil, expofé à une trop grande lumière. Lorfque les fourcils fe font acquîtes de oette fonction , ils font élevés par le fron- tal qui s'y infère \ ce mufcle eft mince , char- nu , contigu à la peau , & affermi à la calotte aponevrotique du crâne , que le mufcle occi- pital 5 quadrangulaire , long , tire vers la par- tie poftérieure. La contraâion è^^s fourcils défigne l'inquiétude , leur élévation au con^ CE Physiologie. 5.5 traire annonce la tranquillité Se la férénité ae l'ame^ils empêchent les fueurs découler dans les yeux , & retiennent les infedes. CDIIG» Les paupières veillent de plus près fur rœil. Ce font des plis cutanés , for- més par la peau de la face , qui devenue plus tendre , va gagner leur bord ^ repliée fur elle- même 5 elle parcourt intérieurement l'efpace que la lame externe a parcouru^jpxtérieure- ment , de laquelle elle eft féparée par un peu de tiffu cellulaire j d'un côté elle eft membra- neufe & vafculaire, Ôc de l'autre rouge, min- ce 5 paflfe par-deiïus le globe de l'œil , de fe couche antérieurement fur la fclérotique ; 011 lui donne le nom de Conjonctive , & enfia celui de Cornée. L'épiderme l'accompagne par-tout, dans l'endroit même où elle s'unit intimement à la cornée. La paupière fupé- rieure eft plus grande, plus mobile , l'infé- rieure eft petite , & elle fuit plutôt les mou- . vemens , qu'elle ne fe meut par elle-même. Les nerfs que la première & la féconde bran^ che de la cinquième paire , ôc la portion dure de la feptiéme fournirent aux paupières , les rendent" extrêmement fendbles. Elles reçoi- vent un grand nombre d'artères , des ophthal- miques , des temporales , des rameaux de la maxillaire interne , des fous orbitaires, & de celles de la face. CDIC. Chaque paupière , pour fe fermer plus exactement, a furie bord par lequel elles fe touchent , un arc cartilagineux , grêle , en forme de lune , qui devient plus mince en dehors , ce cartilage tend la paupière 8-c l'em- Ciij 54 Élémens pêche de former des rides , lorfqa'elle eft élevée ou abaiifée ; on l'appelle Tarse. La paupière fupérieure eft élevée par un mufcle qui lui eft particulier , Ôc qui prend fon ori- gine de la dure mère à Tendroit , ou , en quittant le nerf optique , elle dégénère dans le périofte interne j il s'élargit peu-à-peu , & s'épanouit fur le tarfe. Le mufcle frontal lui aide beaucoup par fes attaches différentes à l'orbiculaire , qu'il étend en haut. La paupière fupérieure eft abaiifée par le mufcle orbicu- laire-^ il eft large & étendu autour de l'orbite; il eft fi tué fous les paupières , & fe porte a l'un & l'autre angle de l'œil : il a pour point fixe un ligament qui vient de l'os frontal , dans l'endroit de fon union avec l'os maxillaire , & les fibres s^inferenr en partie à l'os du front & à l'os maxillaire. Ce mufcle élevé la pau- fiére inférieure , & il enveloppe tellement œil, qu'il le garantit èi^^ impreffions de la lumière pendant le fommeil & de toutes les ordures qui pourroients'y gliffer. La paupière inférieure eft outr'e cela abaiifée par un dou- ble troufteàu de libres qui s'infèrent a la lèvre fupérieure. Enfin le bord épais de chaque pau- pière eft garni de Cils pour les empêcher de fe coller \ c'eft-à-dire , qu'ils font garnis de poils qui fortent en dehors fous différens or- dres, qui augmentent l'ombre ou Tobfcuriré lorfqu'ils fe croifent & qui nous fervent à dif- tinguer plus exadtement quelque objet , parce teftins au nombre de trente , ôc même plus , placées en général dans la longueur de i'uri^ ôc l'autre paupière ^ elks font quelquefois branchues, compofées de finus aveugles-par-;- ticuliers , qui fe rendent dans un plus gra^id conduit ferpentin , qui a fon orifice dans 1$ bord même de la paupière *• elles feparent un fuif mol qui enduit les paupières , & qui eft entraîné par les larmes , avec Icfquelles il fe mcle. DI. La matiere.iles larmes empêche le frot.^ tement continuel dQs paupiéces qui monteiit ôc «lefcendent fur l'oEil ; elle conferve la fou^ pleiïe de la cornée ; elle entraîne les infedles de les autres petits corps acres qui s'infinuent dans l'œil, c'eft une liqueur falée, tranfpa- rente , qui s'évapore & fe répand continuel- lement fur la face antérieure de l'œil; elle nq coule point furies joues, à moins qu'elle ne foit ramaiTée par des caufes particulières. Ellei eft produite en partie par les artères exha- lantes de la conjon(5i:ive , comme on le voit par rinjeartie un peu plus proche du nez. DVI. Lorfqu'il a atteint l'œil , il quitte la îanie interne de la' dure mère, dans laquelle il s'étoit infinué en pa (Tant par le trou optique de l'os fphenoïde ; elle environne alors le globe de l'œil , comme première enveloppe , devient plus épailTe & forme ce qu'on apijelle la fdérotique. La lame externe de la dure mère forrr>e , en fe féparant de l'interne, le périofte âiQ l'orbite. La pie mère , qui fe fé- pare aafti de ce nerf , eft vafculaire , tapilTe la partie interne de la fclerotique ; elle eft toute rouïTe & mince. La fubftance médullaire , €k>ntla partie interne de ce nerf eft compofée , eft continue au ceiveau , mais féparée par deâ DE Physiologie. 59 cloifons cellulaires, elle fe réunit en une pa- pille conique , blanche , applatie ; & péné-^ trante par les trous du cercle blanc de la cho- roïde, elle forme par fon épanouilTement la redne , membrane la plusnnterne de l'oeil. DYlh Lajciérodque en général blanche, peu vafculaire , tenace , d'un ri0Li ferré , fem- blable à la peau , a alTez la figure d'un globe ; cependant elle eft déprimée antérieurement : elle eft plus épaiiïe poftérieurement ; elle eu: percée à la partie antérieure d'un trou orbi-r culaire , au tour duquel eft attachée oblique^' ment une partie plus convexe , tranfparente , compoféedeplufieurs lames , pénétrées d'une eau tranfparente, dont les vailfeaux font fort difficiles à faire voir ; elle eft fenlîble , pref- que circulaire , mais cependant plus circu- laire du côté du nez , ôc prefque ovale vers les tempes; on la nomme la cornée; c'eft par cette membrane que la lumière pafTe au fond de l'œil; elle prend très-facilement l'eau de k rend de même. La conjondtive s'éloigne des paupières à la partie antérieure la plus plane de la fclerorique & devant la cornée , & elle eft unie avec la fclçrotique CDIIC > par un tiffu cellulaire propre , qui peut s'en^ fler , rempli de vaifteaux en partie rouges & en partie continus avec les rouges, mais rranf- parens. , DVllh L^ choroïi^e commence par un cer- cle blanc , percé de plufieurs trous , qui ter^ mine la fubftance du nerf optique à l'endroit où la reâne & fon artère centra k l'abandon- nent ^ devenant de là de plus en plus cpncen- C vj êO ÉlÉMENS trique, elle s'épanouit entre la fclérotique avec laquelle elle eft peut-être unie par quel- que tilTu cellulaire , & par beaucoup de vaif- leaux qui vont d'elle à la choroïde. Elle eft rouffe extérieurement , d'un brun foncé en dedans & prefque noir , de forte qu'on peut par la macération féparer l'une & l'autre furface, & appeller l'interne membrane de RuYscH^elle blanchit avec l'âge. Parvenue vers l'origiiie de la cornée tranfparenfe , elle s'unit exactement avec la fclérotique par beaucoup de tilTu cellulaire \ elle forme là le cercle prefque blanc que nous nommons le Cercle cilier, & elle prend une autre direc- tion^ Cette membrane en effet , qui par fon épanouiiTement formoit d'abord une fphere, s'étend au tour de la cornée en formant un cercle , un peu convexe en devant , imparfait, dont la partie moyenne eft ouverte par un cercle concentrique, qu'on appelle Pupille ; ce cercle eft plus étroit du coté du nez , & plus large du coté des tempes. La partie antérieure de cet anneau eft appel lée Iris \ la poftérieure qui fe fépare de l'antérieure par la macéra- tion , & qui eft couverte de noir , s'appelle pour cette raifon UvÉE. On obferve tant an- térieurement que poftérieurement un grand nombre de cannelures branchues , en forme de rayons , de différentes couleurs dans dif- ' férens hommes. Je n'ai pu découvrir, pas mê- me à l'aide du microfcope, dans l'œil du bœuf même , les fibres orbiculaires & concentri- ques de la pupille ; mais j'ai vu uniquement dans l'uvéô un cercle interne , diftingué par D E P H Y s I O L O G I E. 6î des. rayons alTez obfcurs. La pupille eft fer- mée dans le fœtus humain & dans le poulet , Ôc l'iris forme enfe replongeant un œrcle par- fait. La partie étendue de la pupille eft pareil- lement vafculaire ; elle fe retire peu à peu après la nailfance , difparoît ôc laine un paf- fage libre aux rayons de la lumière. DIX. Derrière l'uvée du même cercle , où la choroïde s'unit intimement avec la fcléro- tique, un peu plus extérieurement que la cor- née, partent intérieurement de la choroïde, en forme d'anneau , des cannelures épaiflTes , élégamment pliées , qui naififent de la cho- roïde, blanches , couchées fur des vaiiTeaux qui leur font parallèles , qui fe terminent en barbe de plume pendante , unies par une por- tion lâche & mincê de la rétine , couvertes par-tout d'une couleur noire ; elles lont cou- chées fur l'humeur vitrée , ôc enfin font adhé- rentes à la capfule du criftallin \ on les nomme LiGAMENS ciliers. On ne fçait point d'oij vient leur couleur noire , & on n'a point trouvé des glandes propres à la féparet, quoi- que quelques Anatomift es lésaient admifes. DX. La rétine eft une vraie continuation de la moelle du nerf optique ; c'eft pourquoi elle eft très- tendre, muqueufe , & peut fe fé- parer au moindre foufle ; elle s'épanouit en dedans de la choroïde en une fphere concen- trique femblabie, & embrafte de près le corps vitré. La rétine , parvenue vers les procès ci- liers, fuit leur direction , & fert de bafe à leurs artérioles & à leurs ftries V^He s'avance vers le^riftallin , s'implante dans fa xapfule €t E L E M E N s ôc la couvre , fi on en croit les expériences de quelques perfonnes. Je diftingue dans la re- nne plutôt des plis rayonnes que des fibres., Les vailTeaux rouges nombreux , qui lui font propres , Ôc qui font répandus fur fa fubftance nerveufe blanche, font regardés comme une membrane propre par les Anatomiftes mo- dernes. DXI. Les humeurs foutiennent ces tuni- ques , dont la figure a quelque rapport avec une racine bulbeufe ; elles confervent la fir gure fphérique de l'œil , & elles paroiflent conftituer un corps en partie folide, en partie mol, ôc en partie liquide. L'Humeur vitrée y qui eft la principale, remplit donc par-tout le dedans de la rétine. Elle a une membrane propre, mince, tranfparente, d'une llrudure cellulaire ; une liqueur très- tranfparente ÔÇ qui ne dégénère pas facilement même dans le§ vieillards, qui occupe les intervalles cellulaires de cette membrane,elle s'évapore parfaitement lorfqu'on l'expofe-au feu, elle eft de même genre que l'humeur aqueiife , & elle eft un peu plus denfe que l'eau. Les vai(îeaux que l'on voit dans le mouton , appartiennent à la rétine. DXIL Mais le corps vitré en devant 3c der- rière Tuvce , à un enfoncement orbiculaire, alTez profond , qui renferme dans fa cavité la Lentille criftaliine , que l'on a mife mal q. propos au nombre des humeurs. Cette lentille a une figure compofée de deux portions de fpheres convexes d'une convexité elliptlqpe , dont l'antérieure eft plus plate 6c la poftérieure PI Physiologie. pl^is grêle , & fe porte antérieure- DE Physiologie. é^ ment vers un enfoncement tracé dans l'os frontal, avec lequel un ligament dou^ble forme un anneau entier qui foutient de part & d'au- tre un cartilage creux dans le m.ilieu , & pref^ que quadrangulaire. Le tendon de l'oblique palTe dans ce canal , & fe réfléchi (Tant de de- hors en bas, renfermé dans une gaine propre, il s'infère dans le globe de l'œil derrière les mufcles droits; il le tire en devant, comme hors de l'orbite , & le porte en haut , pour que la vue puifle avoir plus d'étendue , & il tourne la pupille en bas & en dedans. Lcpetic oblique vient du finus du conduit lacrymal , tracé dans l'os maxillaire , près de l'os unguis &: en dehors \ il monte au tour du globe de l'œil , & s'infère a la fclérotique par un ten- don derrière le mufcle droit externe. lîpa- roît qu'il tire en dehors & en bas la partie de l'œil à laquelle il eft attaché , & qu'il tire en haut èc en dedans la partie oppofée de la pu- pille. DXVI. Les mufcles de l'œil font propres à des mouvemens plus recherchés qui fuppo- fent la connoiiTance des nerfs. Nous avons déjà parlé du nerf optique DV & DVI. La quatrième paire fe diftribue uniquement au mufcle grand oblique , & la fixiéme au muf- cle droit externe. Les nerfs principaux de l'œil viennent de la troifiéme & cinquième paire. Le premier rameau de la cinquième paire, nommé ophthalmique , fournir, dès fon entrée dans l'orbite , un rameau à la glande lacryr maie &à la paupière, &: s'unit avec la deuxiè- me branche de la cinquième paire 6c avec le 66 É L i M E w s rameau temporal de la troinéme branche de cette même paire. Le tronc qui fe porte dans l'orbite , fe divife en deux rameaux , dont le fupérieur pluiS grand , fe partage en deux , 6c fe perd dans le front & les paupières. L'infé- rieur fe porte en dedans , au-deifus du nerf optique , envoie un petit & long filet aux par- ties externes de ce nerf qui , avec un autre filet de la troifiéme paire , forme le ganglion ophthalmique. Ce même rameau , après avoir fourni le nerf nafal récurrent CDLX y fe perd dans les parties de l'angle interne de rœil. DXVIL Ce qu'il y a de plus remarquables dans la troifiéme paire , c'eft qu'après avoir jette un rameau aux mufcles droits de l'œil & à la paupière , fon tronc s'avance fous le nerf optique ôc pouffe trois rameaux enfem- ble au mufcle droit inférieur, au mufcle petit oblique 5 ôc au mufcle droit interne^ il part enfuite, quelquefois avant, du tronc, ôc quel- quefois du rameau de l'oblique inférieur , un autre rameau court, plus gros que le rameau de la cinquième DVII , & qiielquefois feul , qui forme fous le mufcle abdudeur ôc dans le nerf optique , le Ganglion ophthalmique^ ovale , qui fe trouve conftamment. Il part de ce ganglion & quelquefois auiîi du tronc de la troifiéme & cinquième paire , quatre oa cinq rameaux ciliers , qui fe portent en fer- pentant au tour du nerf optique , vont au globe de l'œil , percent la fclcrotique pref- que dans fa partie moyenne , & parcourent la choroïcfè en droite ligne , de compagnie avec l'es artérioles les plus longues ou avec les vei- DE Physiologie. 6j nés, fe diftribuenc manifeftement à l'iris, 6c comme il paroît jaux procès ciliers. C'eft de ces nerfs que dépend d'abord lafenfibiliré ma- nifefte de l'iris, qui fe refTerre lorfque les degrés de la lumière viennent à augmenter , Ôc fe dilate lorfqu'ils diminuent : c'eft aufli ce qui fait qu'elle s'élargit pour voir les objets éloignés , &c qu*ellc fe rétrécit pour diftinguet les objets les plus proches. Le relâchement des forces qui réfîftent à l'humeur aqueufe , paroiffent être la caufe de la dilatation , com- me on le voit dans la foiblelTe , dans la fyn- cope , & après la mort. La caafe du refTerre- ment éft moins connue, & dépend peut-être uniquement de la plus grande affluence des humeurs dans les vaiffeaux décolorés de l'iris, qui étendent ces vaififeaux ôc rendent en mê- me tems l'iris plus long, & ferment une gran- de partie de la pupille. Elle fe meut & fe'ref- ferr^ plus évidemment dans les enfans ; l'œil s'endurcilfant peu à peu dans les vieillards , elle devient prefque immobile. D'autres pe- tits nerfs , fortis du même ganglion, fe dif- iribuent dans 1% fclérotique. DXVIII. Un autr« mouvement plus caché & qui peut moins fe fairp voir , c'eft celui des procès ciliers, qui, DIX, couchés fur les filions de la membrane vitrée , paroifTent par leur adion porter ce corps en arrière , ôc faire ainfî avancer lecriftallin en devant, en le por- tant à une plus grande diftance de la rétine. L'Anatomie ne montre pas le fphinder de la pupille , ou conftrideur de la cornée , que de grands hommes ont fuppofé , ni les fibres 6$ É L i M E K s motrices du criftallin que d'autres ont foup- çonnées , & la dureté confiante du criftallin , & de la cornée dans beaucoup d'animaux ne permet pas d'admettre cette ftrudure. DXIX. Les vaiflTeaux de cette partie , dont la ftrudure eft très-belle , font aufli relatifs à rhiftoire de l'œil. Or , tous ceux qui fe diftri- huent aux parties propres de l'œil , viennent de V artère ophthalmiquey quieft un rameau de la carotide interne CCCXIIC. Cette artère fe gliftant fous le nerf optique , fournit des ra- meaux principaux ; le cilier fupérieur , l'infé- rieur 5 un ou plufieurs ; le lacrymat qui pro- duit le nafal récurrent-poftérieur , & la partie externe de l'arc du tarfe ; la mufculaire infé- rieure , la narfale antérieure récurrente ; les mufculaires fupérieures , la palpébrale, qui forme l'arc du tarfe avec le premier rameau : enfin elle fe diftribue dans la face , au front, au nez & aux parties voifines. Les rameaux de l'ophthalmique , qui fe rendent à Tinté- rieur de l'œil , font les ciliers poftérieurs , les moyens qui fortent des rameaux des troncs produits par d'autres , fe portent au nombre de quatre rameaux & plus , en ferpentant en partie vers l'entrée du nerf optique, & en par- tie plus loin, & auprès de la partie moyenne de la fclérotique ; ils s'infinuent dans la cho* roïde , en fe fubdivifant en vingt artérioles §c plus; ces artérioles forment fur la fuperficie externe de la choroïde de petits arbres arron- dis, qui fe ramifient d'une façon admirable. Les vailTeaux fe portent fur la furface interne en ligne plus direde, ôcfourniffent auiîî quel- E^E Physiologie'. 6^ ques rameaux vers la cohéfion de l'iris DVIII, de la cornée 6c de la choroïde* Chaque ra- meau fe fendant là en deux parties , dont l'une fe porte â droite Se l'autre à gauche , forment par leur rencontre , avec leurs fem- blables oppofées , le cercle artérielde l'uvée. DXX. Les autres artérioles ciliaires-anté^ rieurcs contribuent beaucoup à la conftruc- tion de ce cercle. Elles font fournies par les rameaux mufculaires de l'oplithalmiquesÔc au nombre de douze rameaux ôc plus , elles per- cent la fclérotique proche l'origine de la cor- née tranfparente , & compofent enfemble le cercle de la pupille. Il part de ce cercle ôc des artérioles ciliaires antérieures , dont nous venons de parler , & du milieu du cercle , des vailTeaux droits > branchus , qui fe diftri- buent à l'iris , à l'uvée & aux procès ciliers ; les uns font naturellement remplis d'une li- queur bleuâtre , quelquefois brune ; les au- tres font couverts d'une couleur extrême- ment noire. Les rameaux de ces artères , na- turellement blancs , fe fubdivifent en d'autres petits rameaux quife diftribuent au criftallin , comme je l'ai obfervé. DXXI. Cette même artère ophthalmique , fon tronc , ou quelque rameau lacrymal où cilier , fournit un ou plufieurs rameaux au nerf optique. C'eftlà le feul rameau qui s'in- fînue dans la moelle de ce nerf , ôc qui for- tant par k pointe de la pupille DVI , le rend au centre de la rétine, & fe diftribue par plu- fieurs rameaux dans cette membrane. Quel- quefois un rameau plus petit fe pprte vers le yO É L É M E N s centre de la rétine , Se fe ramifie de même fur cette membrane. Il eft certain , par les obier- vations furies animaux, que les rameaux vaf- culaires de la tunique vitrée , & l'artère pof- térieure du criftallin , font produits pa ceux- ci. La plus intérieure de ces artères eft le cé- lèbre pore optique des Anciens. DXXII. Les veines de l'œil forment de petits arbriiïeauxfemblablesdans la choroïde, ôc un cercle pareil vers Tuvée. Elles fortent de la veine ophthalmique, qui d'un côté vient de la veine de la face qui s'infinue dans lor- bite ,& s*infere de-la dans le finus caverneux. Les troncs des veines internes de l'œil , qui percent la fclérotique^ font plus gros & en plus petit nombre , & forment des petits ar- bres plus grands ôc plus antérieurs que les ar- tériels. Une autre veine, placée de même que lartere au centre du nerf optique , fe porte à la rétine. Les vaiffeaux aqueux ne dif- férent pas des fanguins. On dit qu'on a vu des vaiffeaux lymphatiques dans la ratine ; mais les expériences n'ont pas été aflez ré- pétées. DXXIIL Voila ce qui regarde la partie ana- tomique de l'œil. Quant à fon adion , elle ne peut être expliquée que fuivant les loix dé- terminées par les expériences de Phyfique qui ont jette un très-granâ jour fur cette adtion , fi l'on en excepte fort peu de chofes douteufes. La lumière eft une matière qui eft la même que celle du feu , ou qui en approche de fort près , très-fubtile , très-Huide , qui pénétre tous les corps, très-roide, ôc qui ne varie DE Physiologie. 71 point dans quelque longueur qu'elîe puiiFe s'étendre, emportée dans un mouvement très- grand , de façon qu'elle parcourt l'univers dans prefque feize minutes & demie. Cette matière dans notre fyftême planétaire , ou dé- pend du foleil 5 dont l'adian paroît ranger ea ligne droite la ma,tiere de la lumière , répan- due d'ailleurs confufément , ou de quelqu'au- tre point lumineux. Cette matière part de ce centre , &fe difperfe en forme de rayons dans toutes les parties de la fphere fur la fuperficie de tous \e$ corps ; delà elle fe réfléchit pour tomber dans l'œil à angles égaux aux angles d'incidence , ôc rend colorés & vifîbles les corps d'où ces rayons viennent. DXXIV. Il eftpréfentement alTez confirmé par l'expérience que la lumière eft corapofée de rayons qui n'ont prefque point de largeur phyfique , qui cependant peuvent conftam- ment fe divifer en fept rayons plus petits, conftans & immuables. Les propriétés con- nues de ces rayons font qu'ils forment par leur union la couleur blanche ; mais lorfque les plus petites furfaces des corps les refradtent & les féparent , ils fe divifent en rayons rou- ges qui font les plus conftans , les plus inflexi- bles , les moins réfrangibles ; puis en rayons oranges , en jaunes , en verds , en bleux , en indigos , en violets , parmi lefquels ceux qui différent le plus des rayons rouges, font les plus foibles & les plus réfrangibles. L'ombre efl: produite par le défaut de rayons réfléchis. C'eft des différentes combinaifons dé ces rayons que naiflent les couleurs ; mais les Jl É L E M E N s couleurs propres des corps viennent de ce que, les plus petites furfaces des corps folides, qui terminent leurs pores , & qui réfractent les rayons de la lumière , à proportion du diffé- rent degré de leur épailTeur, réfléchilTent plus abondamment, fur-tout un certain genre de rayons, & abforbent les autres rayons par les réfraélions internes & répétées qu'elles leurs font fouffrir : en forte que les particules les plus épaiiTes & les plus fortes rendent la cou- _ leur blanche ; celles qui en approchent le plus rendent la couleur rouge , & enfin les petites fuperficies rendent la couleur violette. Les corps opaques font ceux qui retiennent tous les rayons , qui n'en renvoient aucuns àcaufe, des grands trous vers les parois defquels la lumière eft attirée , & qui font remplis d'une matière qui a une force de réfraétion différente de la force de réfradion des parties de ce corps. Nous admettons cette doârine , jufqu'à ce qu'on ait établi une nouvelle théorie , par laquelle on attribue la diverfité à^s couleurs à la vîteffe , ou à la lenteur des vibrations. Ce point d'ailleurs n'eft pas de notre objet. DXXV. Quand ces rayons , tombans obli- quement, paffent par des liqueurs de diffé- rente denfité , ils s'approchent ou s'éloignent Î)lus ou moins de la perpendiculaire , & c'eft à ce qu'on appelle réfraction. En. général , plus le milieu par lequel ces rayons paffent eft denfe , & plus les rayons s'approchent de la perpendiculaire j fi l'on en excepte les feules liqueurs inflammables qui , par une verra particulière DE Physiologie. 7j; particulière , attirent les rayons vers la per- pendiculaire 5 dans un rapport plus grand que n'efl: celui de leur denlité. Les rapports de l'angle d'incidence aux angles de réfraction font aiïez conftans, de forte que le finusde l'angle de réfraélion du rayon , qui palTe dô l'air dans l'eau , eft au fin us de l'angle d'inci- dence, comme 4 à 3 , & le finus d'incidence des rayons qui palTent de l'air dans le verre , efl: au finus de réfraéfcion comme de 17 à 115 de l'eau dans le verre comme 51 à 44. DXXVI. Les rayons qui palfent par l'aîr , font peu divergens , tels que paroiifent être les rayons du foleil à caufe de la diftance im- menfe , Se en général lorfqu'ils arrivent à la diftance de cent pieds environ. Lorfqu'ils tom- bent fur des corps convexes , fpliériques, plus denfes que l'air , ils font réfractés , de forte qu'ils fe réunilTent dans un point qu'on ap- ptWe foyer. Ce point fe trouve toujours dans l'axe ou dans le rayon perpendiculaire à la furface fur laquelle ces rayons font tombés ; de-là il eft immuable. Le foyer des rayons qui tombent de l'air , fur une bulle fphérique \ . d'eau, eft diftantd'un demi diamètre de cette fphere , & de la quatrième partie du diamè- tre 5 dans un globe de verre ; mais dans la lentille de verre^convexe, faite d'une portion de fphere , qui ne foit pas moindre que àb trente degrés , qui foit également convexe , ce foyer eft diftant d'un demi-diamétre ; il faut cependant obferver que les rayons ne fe réuni flfent pas dans un point , mais dans un petit cercle. //. Pan, D y4 Elemens DXXVII. Les rayons de la lumière, ou di-- redfcs 5 ou réfléchis , tombenr donc fur la cor- née , de forte que parrans du point lumineux ôc (Jifperfés fur la furface de cette membrane , ils forment un cône très aigu , dont la bafe eft fur la cornée , Se le fommet au point lumi- neux ; tous les rayons de ce cône peuvent paf- fer pour parallèles fans aucune erreur fenfible. Tous les rayons qui tombent fur la cornée, fous un angle plus grand que quarante de- grés , font réfléchis par cette membrane , dç ne pénétrent point fa furface. Les autres qui pafleut à travers 5 mais encore fous de fort grands angles , tombent entre l'uvée & les parties latérales du criftallin , & fe perdenç dans La couleur noire qui enduit l'uvée DVIII, de les procès ciliers DIX. Les feuls qui tom- bent donc fur la fuperficie du criftallin , font ceux qui ont rencontré la cornée fous de petits angles , peu différens de la perpendiculaire j Se prefque fous des angles de vingr-huit de- grés. Il arrive ainfi que tous ces rayons ^ que' d'ailleurs la force de réfrangibilicé des hu- meurs n'eiit pu concentrer fur la rétine , font exclus 5 puifqu'ils auroient peint alors fur la rétine une image trop large, & par confé- quentconfufe. DXXVIII. Les rayons arrivant donc de l'air qui efl: un fluide extrêmement fin , tra- verfent la cornée qui eft: un fegment de fphere épais , beaucoup plus denfe que l'eau , Se quatre fois plus réfringent, font très forte- ment réfractés vers la perpendiculaire , tom- bent dans l'humeur aqueufe qui elfc en trè?- bePhysîologïe, 75 petite quantité , prefque iemblable à l'eau , «^ beaucoup plus légère , convergent un peu moins ôc Uns former de foyer à caufe de la î^rop grande proximité, deviennent prefque pa- rallèles fur la furface du criftallin très-tranf^ parent , & font plutôt convergens, puifque la force de réfradion de la cornée a d'ailleurs beaucoup diminué leur divergence. Outre cela , la cornée étant convexe , éc même plus que la fclérotique ^ elle reçoit ôc ramafTe plus de rayons que fi elle étoit plus plate ^ parce qu'elle auroit par cette raifoii moins de furface. DXXIX. On conçoit facilement que k force de réfradion du criftallin , par rapport a fa dureté Se à fon poids , eft plus grande que celle de l'eau, & même on fait voir par certaines expériences qu'elle eft fi grande, que de même que le diamant , le finus de fou angle de réfraâion eft moitié du linus de l'an- gle d'incidence , & par d'autres dans Isfquel- les , fi l'on compare le criftallin avec le verre , l'angle de réfradtion eft un peu plus petit qu'une fois &: demie de Tangle d'incidence* Les rayons convergent donc beaucoup, en partant par la furface antérieure , & fur- tout par la poftérieure qui eft très-convexe , pouc aller tomber dans l'humeur vitrée. DXXX. Cette humeur plus denfe que Tèau, puifqu'elle va au fond, mais moins denfe que le criftallin , continue à rapprocher les rayons de la perpendiculaire , cependant moins que le criftallin , jufqu'à ce que dans un ceil bien conftitué , ces^ rayons arrivan* D ij 7(j E L È M E N s d'un point de viiion diftinde Se concentrés dans la pins petite partie poiîible de la rétine , ils y peignent l'image de l'objet d'où ils font partis , renverfée, parce que ces rayons fe lonméceiTairementcroifés. Le Phyficien peut obferver cette image dans un œil artificiel ou dans un œil naturel auquel on a ôté la partie poftérieure de la fclérotLque. Elle tombe vers les parties extérieures de l'entrée du nerf op- tique , vers l'extrémité de l'axe de la vifîon, extrémité qui n'eil pas un point mathémati- que 5 mais qui a quelque largeur , puifque nous voyons en même tems plufieurs objets , dont il faut que les images foient peintes en divers points. La viiîon eft très-diftinfte dans cet endroit , parce que les rayons y arrivent prefque perpendiculaires. Souvent elle n'oc- cupe pas le même lieu dans les deux yeux. Lorfque le criftallin eft détruit , la feule hu- meur vitrée réunit les rayons , mais plus foi- blement. DXXXL Les fondions nécefTaires de la vie humaine exigent que non-feulement les rayons qui arrivent d'une diftance donnée , peignent diftinélement l'image de l'objet d'où ils viennent dans la rétine , mais encore que ceux de différens lieux , fort oppofés & plus ou moins diftans, produifent le même effet. C'eft là pourquoi le criftallin eft mobile par les moyens dont nous avons parlé ci-defTus , n^DXlV & DXVIII, & en effet , fans ce mouvement en devant & en arriére , nous euftxons vu les objets éloignés ou voifîns très- obftï4tçïïiQnt.NQUs apprenons ce méchanifi^ie D E Fh y SIOLOGifi. ^"Jj par expérience , & il eft inconnu de ceux a qui on a ôté depuis peu la cataracte. On peut même s'appercevoir àts avantages & de la néceiïité de cette aâ;ion dans un œil artificiel. Ainfi la plus grande diftance du criftallin a la rétine , corrige les rayons trop divergens , tels jque font ceux qui viennent des objets voifins; ce qui fait que le foyer plus éloigné , formé par les rayons divergens , tombe fur la rétine même , autrement les rayons fe fulTent réu-^ nis derrière elle. La force de réfradion de l'œil étant fuppofée t^Ue , qu'elle puifTe faire tomber parfaitement le foyer des rayons fut la rétine , à la diftance de trois^ pieds , elle ne peut réunir dans le même point les rayons qui viennent de la diftance de trois pouces , & les rayons plus divergens , n'étant pas réunis avec une plus grande force , fe réuni- ront plus tard, DXXXII. Les rayons qui arrivent de lieux très-diftans & qui peuvent palTer pour parallèles , fe réuniroient dans l'humeur vi- trée avant que d'arriver à la rétine , &: fe fé- pareroient vers le point de concours , comme du point lummeux , fuivant la nature àts rayons. Mais les forces DXVÎII, éloignant le criftallin de la cornée , l'approchent de la ré- tine , de forte que les rayons qui doivenc s'aftembler à une certaine dift-ance du criftal- lin , parcourent un efpace néceftaire , pour tomber fur la rétine. Car enfin, l'œil qui raf- femble fur la rétine les rayons qui viennent de la diftance de fept pouces, raftemblera bienpluspromptementà même en deçà de la Diij 7^ É L I M E N S rétine , ceux qui fonr diftans de trois pîeds. li etoit donc nécedaire > puifquê nous voyons diftindtement , à différentes diftances, que ks yeux fuiïent mobiles. Le point de vifion dif- tinde eft celui dans lequel l'objet étant place fur la rétine , eft peint dans le plus petit ef- pace podible. Les forces qui réuniifent les rayons font fouvent Ci différentes , dans les deux yeux du même homme , que l'un eft prefque presbite , & l'autre myops. DXXXIIL Mais ce fecours ne fuffit pas dans tous les hommes ^ car on trouve de nosc jours un plus grand nombre de perfonnes fé- denraires 3c qui s'occupent plus fur des petits objets, dont la cornée eft plus convexe 6c plus denfe , le criftallin pareillement plus convexe & plus folide , l'œil plus long à caufe du poids dts humeurs , & dont les autres hu- meurs de l'œil font peut-être aufïiplus denfes;, enfin dont les yeux fe trouvent affeétés de î'un, de pîufieursou de tous ces vices à la fois» Ces perfonnes onL l'iris fenhble à une petite lumière & parce qu'elles clignent les yeux, on les appelle Myops. Dans ces yeux le point de vifion diftindte eft extrêmement proche > &fe trouve entre un &fept pouces de diftance de l'œil : ces perfonnes voient obfcurément les objets au delà de cette diftance, & n'en dif- tinguent pas les parties. La raifon en eft évi- dente ; en effet , fuivant ce qui a été dit ci- deffus , il arrive qu'une force de réfraction des humeurs , plus grande qu'il ne faut, obli- ge les rayons éloignés , & en conféquence prefque parallèles , de s'affembler en deçà d% î> E P fî Y s I O L Ô G ï Èrf 79 la rétine 5 d'où étant de nouveau féparés de leur foyer j ils fe portent en difFérens points fur là rétine. C'eft aufîî la la raifon pour la- quelle la viiion eft confufe , même dans un œil bienconllitué, lorfque les objets font trop voiiins de la cornée j les rayons qui arrivent de ces objets ^ s'éparpillant fur toute la rétine,, ne fe réunilfent dans aucun endroit* - DXXXIV. Lorfque cette maladie eft com- mençante 5 on peut remédier à ce défaut de hi vue , en regardant les objets dans des lieu^ éloignés , en ne s'occupant pas iur de petits objets & s'abftenant de î'ufage des verr-ss con- caves 5 Se en regardant par de petits trous ^ ce qui aiFoiblit coniidérabiement k vue. Mais une fois que ce vice eft conftatc , on doit fs fervir de verre concave qui diminue d'aiitanc plus la force de réfradion des humeurs de la cornée &du criftallin , qu'il eft concave, ôc qu'il éloigne aiîez de la cornée le foyet des objets éloignés , pour le faire tomber fur la rétine. Le diamètre de k fphere , dont ce verre eft une partie , doit être égal au produit: de la diftance de la vifton diftindfce de l œil nud j multiplié par la diftance de k vifioii diftinéte de l'œil armé, divifé par la diffé- rence de l'une 5c l'autre diftance. L'âge don- ne quelque efpérance au myops, car tous le^ en fans le font y mais avec lâge , l'œil eft ap- pîani par k force des parties folides , il de- vient plus court , & la force réfrangente de la. cornée Ôcdii criftallin eft moindre., DXXXV. Un autre défaut , contraire au premier , c'eft de ne voix les objets que dans Dw ^o Élémens. <3es diflances très-éloignées , Se ce défaut eft fréquent Se incurable, fur-tout dans les vieil- lards. Dans ce cas la cornée Se le criftallin ibnt moins convexes , Se la force de réfraction des humeurs de l'œil eft plus petite. Ceft ce qui fait que les objets plus voifins , dont les layons font très-divergens dans la cornée, pa- xoifTent confus. En effet , les forces conver- gentes de l'œil n'étant pas fuflifantes pour faire tomber le faifceau des rayons fur la rétine , les rayons arrivent à la rétine fans s'être léunisfur elle. Se ont leur foyer par delà, d'où s'en fuit confuiion dans la vifion. On dif- tingue bien les objets éloignés , dont les rayons arrivent prefque parallèles à l'œil. Le point de la vifiondiftindle des Presbites , eft entre quinze Se trente pouces. DXXXVI. On peut remédier à ce défaut de la vue , en fe fervant de tuyaux noircis , dont l'ufage attendrit la rétine , Se qui font arriver les rayons parallèles à l'œil. On peut encore fe fervir d'une lentille de verre con- vexe , qui , en faifant converger les rayons , les réunit plus promptement en un foyer Se fur Ta rétine même. Le diamètre de lafphere , dont cette lentille doit être une partie , doit être le même que de la première DXXXIV. L'âge ne laiife aucune efpérance , il augmente au contraire le mal. DXXXVIL L'œil qui tient le milieu entre le myops Se \e presb'ue eft le meilleur , c'eft-à- dire 5 celui qui voit diftinétement les objets^ alTez proches ôcafTez éloignés , & qui en con- féquence peut être égal à l'œil myops Se à DE Physiologie, Si i'œil presbite. L'oeil qui peut lire exademenc à un pied dé diftance , pafTe pour bon. Mais il y^ a quelques conditions auxquelles on doit taire attention, c'eft que les humeurs doivenc être très-limpides , l'œil très-mobile, la pu- pille feniible , la rétine ni trop dure ni trop tendre. DXXXVIII. Ce n'eft pas l'œil feul qui tranf- met à l'ame l'image de l'objet reprélenté fur la rétine. L'expérience y entre pour beaucoup, ôc nous fait diftmguer bien des chofes , que l'œil ne voit pas véritablement , & l'ame en interprète d'autres autrement que l'œil ne les repréfente. Car en premier lieu on juge de la grandeur de l'objet par celle de l'angle opti- que, intercepté entre l'objet radieux, confî- déré comme le point du fommer , ôc la cor- née comme la bafe du triangle j c'eft ce qui fait que les objets voilins paroiilent grands ; ceux qui font éloignés paroiiTent petits. C'eft ainfî qu'on doit expliquer les effets des mi- crofcopes par le moyen defquels les objets nous paroiffent d'autant plus grands, que la diftance du foyer eft plus petite que celle de la vifion diftiii6le. Ce n eft pas que les objets foient effedlivement plus grands, mais ils fonc plus diftinds &c plus Vamineux *, en confe- quence l'ame les croit plus proches. DXXXIX. La force de la lumière dépend du même angle , dans la même lumière exté- rieure , & de la multitude de rayons réunis dans un petit efpace fur la rétine ; d'où il fuit que les objets voifins font plus diftincts ,- les éloignés plus obfcars ^ Ôc fi les corps éloignés Dv %i Élemens font lumineux par eux-mêmes, Tame fe les repréfente fous un rapport ou plus grand ou plus proche , ou même fous tous les deux en- femble. DXL. On juge du lieu de l'objet vifible par le concours des deux lignes menées du centre de l'œil qui voit en une conjonction mutuelle,, ou dans le lieu intermédiaire entre le point dans lequel l'objet paroît à l'œil droit , ôc le point dans lequel il paroît à Tœil gauche. Si ces lignes ne le coupent en aucun endroit , nous voyons l'objet double ^ (i elles fe cou- pent, nous voyons l'objet dans le point de leur îedtion. Nous ne voyons pas la diftance, mais nous en jugeons tant par la diminution d'une grandeur qui nous eft déjà connue, que par fangle intercepté entre les deux axes optiques, par la moindre force de la lumière , l'image pâle de l'objet , &c par le grand nombre de corps interpofés , dont la diftance nous eft connue ; mais tous ces rapports font trom- peurs , parce qu'ils ne font pas fondés fur la lageffe infaillible du Créateur , mais fur un jugement de l'homme qui eft la fuite de l'ex- périence. On mefure moins bien les diftances par un feul œil. DXLI. On ne voit pas les reliefs y mais on en juge encore par l'expérience , & d'après ce que nous avons appris que le corps qui eft convexe de relie manière, a fon ombre & fa lumière difpofée de telle façon. C'eft pour- quoi le microfcope trouble fréquemment le jugement par fe changement & la tranfpoE- ùon dQs^ ombres,. DE P H Y â I O L O G r È.- 8 j DXLII. L'ame jage que la (kuationi des parties d'un objet eft telle que celle qu'elles ont dans cet objet, quoiqu'il foit renverfé fur la rétine. L'ame opère continuellement cette corredion de la yiiion, fans expérience , dans J'homme né aveugle ô£ dans les animaux. DXLIII. Ce qui en impofe encore à l'amer c'eft que les fenfations externes , portées aa iiége de l'ame par les yeux , lui font repré- fentées , prefque pendant une féconde , de lar même façon que li l'objet étoit préfent y c'eit de là qu'elle voit ces cercles enflammés, pro- duits par le mouvement d'un rayon lumineux^ c'eft aufli pourquoi l'impreffion de l'image du foleil 5 & quelquefois celle des autces corps y reftent. DXLIV. Eft-il tout à-fait faux que f objet fe peigne fur la rétine ? Se peint-il fur la cho- roïde ? Cette nouvelle opinion eft- elle con- firmée par l'expérience qui fait voir que le^ rayons, qui tombent dans l'endroit oii k nerf optique entre dans l'œil , n'y produifent ao- cun effet ? Expérience dont on rend raifon y en difant qu'il n y a dans cet endroit , aucune portion de la choroïde, que la rétine y e^ nue, & que parconféquent elie ne voit point. Mais» une obfervation très-connue , par laquelle il cft conftant que la rérme eft une moelle ner- veufe très-fenfible , que la choroïde a» con- traire a peu de nerfs & qu elle eft compofée de vailTeaux certainement infenfiblesè ta In^ miere , s'oppofe à cette opinion. Là grande variété de la choroïde dans les animaux:, la préfenceconftantedekrécine;, h, membïâiw §4 É L É M E N S très -noire, pofée entre la renne & la choroïde de certains poiffons , la combattent. Eniin l'A- natomie démontre que dans la place aveu- gle de l'oeil , la choroïde s'y trouve , mai^ qu elle eft blanche. Au refte , cette expé- rience fait voir, pourquoi le nerf optique ne s'infère pas dans l'axe de l'œil , mais dans fon côté ; ain(î (i on en excepte un feul cas , lorf- que les lignes menées par le centre des nerfs optiques ne peuvent concourir , l'autre œil voitéc vient au fecours de celui dont la place aveugle eft tournée vers l'objet. DXLV. Ne voyons -nous diftindtement que l'objet qui eft diredement placé dans cette partie de la rétine fur laquelle la vidon eft plus diftinde, ôcTame fe perfuade-t-ellevoir beaucoup de cliofes , en partie par la durée dQs idées , en partie par la vîreile des mou- vemens de l'œil ? Cela eft certain de la vi- iion la plus diftinde ; ce feroit trop de l'af- firmer de la moins dift-inde. Pourquoi voyons- nous un feul objet des deux yeux ? C'eft que la fenfation eft unique & fe fait fans aucune différence, quand les impreftions de deux ob- jets font femblables. Beaucoup d'animaux voient les objets fimples , même fans le con- cours des nerfs optiques. C'eft pourquoi les images de deux objets n'excitent qu'une feule fenfation dans l'ame , quand elles tombent fur le même point de la rétine ; mais deux fenfations fui vent d'un feul objet , quand l'image tombe fur divers endroits de chaque œil. Pourquoi nevoir-oripas pendant la nuit ? Pourquoi ne voit-on pas quelquefois pendant DE Physiologie. ^ ^S ie jour ? Cet aveuglement pendant la nuit eft commun aux nations qui habitent les pays chauds , où le foleil paroît dans fon plus grand éclat, & aux vieillards , celui du jour a lieu dans ceux qui ont les yeux enflammés , dans les jeunes gens d'un tempérament vif , Se dans ceux dont les yeux font extrêmemeiiE fenfibles. La trop grande fenfibilité de la ré- tine -eft la caufe de l'aveuglement pendant le jour , 3c fa callofité caufe l'aveuglement pen- dant la nuit. Pourquoi les animaux voient-ils pendant la nuit } Cela vient de ce que leur pupille eft grande &c dilatable , leur rétine tendre, leur choroïde refplendiiTante de pro- pre à réfléchir fortement la lumière. Pour- quoi ne voyons-nous pas , lorfque nous paf- fons d'un lieu clair dans un lieu obfcur ? C'eft parce que le nerf optique ne peut être emu par des puiiTances plus petites , après qu'il a lupporté les effets des plus grandes. Pourquoi fentons-nous de la douleur dans les yeux en paflant fubirement d'un lieu obfcur dans un lieu bien éclairé ? C'eft parce que la pupille ^ qui alors efl: très ouverte j lailîe palTer fubi- tement trop de rayons ^ & que la rétine qui éroitpeu afFe6léepar une lumière très-foible 3, fent alors très-vivement de plus grandes im- preflions. Voyons-nous d'un œil feul ou des deux en même tems ? Nous voyons d'un ôc fur-tout du droit ; mais les deux nous font voir plufiêurs objets plus diftindement , êc plufleurs points de ces objets , & nous foni mieux juger de leur diftance» Î6 Ê L É M Ê ïï s ■■ 1— 1— I ■! ■ I II [— —g— ««ni— —■»■—»— l——»^»—Br CHAPITRE XIX. Des Sens internes, DXLVL INaus avons parlé de tous les fens en particulier. Ils ont préfentenient cela de commun , que la fuftance médullaire du nerf tendre & pulpeux , ébranlée par les objets extérieurs , caufe au moyen des eTprits ani- maux quelque changement dans la partie du cerveau, où les libres dunerf ébranle naiflent des artères du cerveau CCCXLV. On ne fçait rien au-delà , fi non qu'il s'excite dans l'ame une nouvelle penfée , que tantôt on appelle perception y quand on la rapporte à l'ame , ôc tantôt idée , lorfqu'on la rapporte à l'objet qui la fait naître. La penfée fe forme toutes les fois que ce changement, produit dans chaque organe fenfitif, eft rapporté à fa première ori- gine •, car cette peniée n'eft pas l'image ex- preffe de l'objet du quel le nerf feniitif a été affeété. En effet , l'idée de la couleur rouge n'a rien de commun avec le rayon peu réfran- gibie , féparé des fept portions du rayon totalj, & il peut beaucoup moins fe faire ,. fui vanc les loix de roptique, que Fimage de l'objet peint par les rayons, fur un nerf blanc & très- mol , foit portée par m\ long chemin dans des ténèbres parfaites , à travers un corps très- opaque , à l'origine des couches des nerfs op- tiques. Il n'y a rien dans la douleur cyie la D E P K Y s ï O L O 6 I E. $f brûlure produit ou excire , qui préfenre à l'ame le violent mouvement (d'une matière légère & fubtile , par lequel les particules d i nerf font féparées de leur contaét mutuel. Il n'y a rien dans l'idée du fon aigu, d'une corde déterminée qui apprenne à Tame que cette corde a fait deux mille vibrations dans une féconde. Mais le Créateur a réfolu dans £qs décrets éternels y qu'à certains changemens produits d'abord dans le*s neifs^ enfiute dans le fcnjorium commun , fe formaîlent dans l'ame certaines penfées nouvelles, & dans une chaîne confiante \, de forte qpe dans la fuppo- foion que tout ce que nous voyons dans le monde fut arbitraire , il ne. paroit néanmoins pas faux par l'accord perpétuel des penfées îemblables qui répondent à de femblables affedions des nerfs feniibles 5 produites dans tous les hbmmes, dans le même tems , ÔC dans un même homme, en divers rems. DXLVII. Ileft conftant par les expériences- que cette première origine de la fibre ner- veufe 5 à laquelle fe rapporte le fentiment , eft toujours diftinâe de toutes les autres , & que lechangemenr produit par l'objet externe fur ce nerf DXLVI , refte long-tems dans l'ori- gine de ce nerf, & que les mêmes change- mens font tellement difpofés à pen près dansv la partie du cerveau dont nous avons parlé ^■ que s'arrangeant fuivant l'ordre destems dans lefquek ils ont été produits , les changemens- contemporains, ou ceux qui fe font fuccédés^ de fort près , ou enfin ceux qui ont été pro- duits par les nicmes motifs & par les mêmea> f S8 E L É M E N s objets , foient les plus voifins. Il eft certain qus les nouvelles elpéces de changemens font portées de nouveau à cette partie du cerveau, dans laquelle d'autres femblables font en dé- pôt ; car autrement_les fignes arbitraires des mots &: des lettres, ne nous renouvelleroient pas dans la mémoire les anciennes idées \ ou les idées ennuyeufes qui fe repréfentent fans le fecours d'aucun corps , ne produiroient pas les mêmes effets que ceux qu'ont produit ces corps. Il n'y auroitpasnon plus une connexion il confiante , ni ii manifefte des images ana- logues , qui concourent efficacement pendant les fonges aux impreiïions corporelles , agif- fantes alors' très fortement. La mémoire & l'imagination dépendent de ce dépôt \ au refte plufieurs ont nommé idées ^ les imprefîions de ces changemens confervés dans le finfo- rium. Nous , pour ne les pas confondre , nous les appelions ^^é-Vej à^s chofes qui ne font pas infcrites dans l'efprit , mais dans le corps même, & dans la moelle même du cerveau, d'une façon qu'on ne peut exprimer ^ en ca- raderes dont le nombre eft infini, & qui font fi petits qu'on ne ne peut les imaginer. Celles qui ont ère produites par l'organe de la vue font plus vives & plus diftindes que les au- tres \ puis celles qui font entrées par l'ouïe ; les autres font confufes, & on peut moins fe \q% rappeller, pXLVIII. L'imagination a lieu toutes les fois qif 1 l'occafion de quelque efpécto^x eft en dépôt dans quelque partie du cerveau, il s'ex- cite dans l'ame les mêmes penfée^ , que celles dePhysiologie. §5) qui feroient produites , fi le nerf fenfitif lui- même fouffroit le changement qui a fait naî- tre cette efpéce. Cette définition eft confirmée par l'exemple de la fantaifie la plus forte de certains hommes, par les délires, ôc enfin par l'exemple des fonges dans cous les hom- mes , pendant lefquels il fe produit dans l'a- me , à l'occafion des efpéces confervées dans le cerveau , des penfées qui font un peu plus foibles que celles qui ont été produites en premier lieu par les changemens que les ob- jets extérieurs ont occafionnés fur le nerf de la feniarion. Bien plus , l'attention , le repos , l'abfence des autres objets , font qu'on obtient de l'am.e un confentement plus fort à l'occa- fion de ces efpéces imprelTes dans le cerveau, que par les perceptions que les objets externes produifent dans l'ame j car la volonté eft beau- coup plus fortement déterminée dans les fon- ges que dans les veilles, & certains mufcles def» tinés aux mouvemens volontaires font dans les fongQS des efforts dont ils ne feroient pas capa- bles pendant la veille , quoique Iqs nerfs fuiTent très-vivement frappés par le même objet. De là on comprend comment il peut fe faire que Te/péce interne la plus forte en im- pofe i l'ame dans le délire , fi bien qu'elle la regarde comme une perception d'un objet ~ externe. Tout ceci fe prouve par l'exemple des étincelles de feu qui paroifient lorfqu'on fe frotte l'œil ; de la rougeur que l'on voit quoiqu'on ait les yeux fermés ; du vertige produit par un mouvement dans la rétine , Ôc que nous attribuons aux objets extérieurs; de la vifion double , Sce, $0 É L é M B ?ï s PXIVIX. On appelle mémoire cette fa- CLirté de l'ame , par laquelle quelque penfée ou quelqu'efpece de l'objet extérieur çonfer- vée dans cette partie du cerveau qui fert à la fenfation , CCCLXXXV. excite quelque perception dans l'ame. Cette perception eft d'ordinaire plus foible , que Timagma- tion 5 Se paroît prefque feulement dépen- dre de certains fignes arbitraites que l'ame a unis avec cette idée , dans la première per- ception ^ car la mémoire repréfente à peine à l'ame les images &c les portraits des chofes , mais à peu près les mots , quelques attri- buts &c le gros des idées. C'eft pourquoi elle émeut la volonté avec moins de vivacité. L'ob- fervation de ce qui fe paffe dans la mémoi- re 5 fait voir que ces changements produits par les fens externes, relient long-tems dans le cerveau , ôc que quelquefois , s^il ont été trop violents , ils fe repréfentent pendant long-tems & prefque toujours à l'efprit j mais ils s'afFoibliiïènt cependant Se s'effacent , s'ils ne font pas renouvelles par le même objet repréfente de nouveau à l'ame , ou par l'ame qui exige ce changemenr^ans la mémoire ^ jufqu'à ce qu'enfin ce changement prefque entièrement effacé périffe , & que cette pen- fée , qui par une loi de la nature répond a - ce changement , ne puiffe plus fe repréfen- ter à l'ame. Les nouvelles Se différentes ai- peces qui arrivent dans le Senforium produi- fent peu a peu cette de(lru6tion \ Ce n'eu donc pas feulement le tems ou la feule cir- culation du fang , comme on le voit dans les , Cataleptiques , qui continuent quelquefois 0EpffYSïOLOGIE. 95 après un tems alTez long le fil des idées y que la maladie avoir interrompu. Quelques- ; unes des maladies , dans lei quelles le cer- veau eft comprimé d une façon quelconque par le fang ou par une autre caufe , détiui- fent fubitement toutes cqs efpeces. Cette cau- fe agilTant fur une partie du jenforlum com- mun , efface quelquefois de la mémoire une partie des efpeces de quelques mots ou de tous les caractères qui nous fervent à expri- mer les noms de nos amis , ôc de ceux qui nous font attachés ; efpeces qui peuvent or- dinairement fe renouveller, la caufe qui com- prime ne produifant plus fon effet. Enfin la Fermeté & la durée de l'idée dépendent de fa nouveauté , de fon adlion vive ôc de fa gran- de force pour augmenter ou diminuer notre bonheur , de notre attention & de la ré- pétition 5 qui produifent des efpeces fi vives 5 que l'ame enfin eft aufïi frapée par la per- ception de ces efpeces que de celles des ob- jets externes , comme on le voit dans les Maniaques. DL. Or fi nous fuivons Thiftoire de la vie humaine , il paroît qu'à peine il y a eu une ombre de mémoire dans le commencement de la vie , mais qu'il y a alors de fimples perceptions qui s'évanouifTent bientôt & qui excitent cependant dans l'efprit des penfées vives \ les cris des petits enfans en font une preuve. La mémoire fe forme peu à peu , & les idées des perfonnes les plus chères & les plus familières reftent gravées dans l'ef- prit à^s enfans^ L'imagination augmente auÛi çz Elemens en même tems de devient fouvent très-vive dans les jeunes gens , comme le prouve la peur qui ne produit {qs plus triftes & (es plus violens effets que dans ces âges. Par Gonféquent à mefure que le nombre des idées devient plus grande la facilité de conferver les premières diminue , la force de l'iiiiagina- tion s'appéfantit , jufqu'à ce qu'enfin elle s'evanouille prefque entièrement , que les idées reçues s'effacent bientôt du cerveau ôc que l'imagination qui eft une efpece de mé- moire 5 s'affoibliife en même tems. DLL Mais ces perceptions produifant dans l'ame même diiférens changemens qui font abfolument indépendans du corps , nous par- lerons en abrégé de quelques-unes , autant qu'il luifit pour la médecine. Nous appelions ac- tendon , lorfque la même idée fe préfente feule à l'ame pendant un certain temps. La comparai Ton que l'ame fait de deux idées , s'appelle raifonnement , & jugement lorfque l'ame comparant ces idées , les trouve ou femblables ou différentes. Un examen des idées qui n'ePt point précipité & dans lequel Tame les confidere fuivant toutes les parties , l'attention opiniâtre de l'ame fur un objet en négligeant toutes les autres idées , eft une des grandes caufes du génie d'invention & & de la prudence ; c'efl-là pourquoi les' en- droits fombres font propres pour les calculs difficiles ; c'eft de-là que vient l'attention déterminée à^s aveugles pour les fons ^ & à^s fourds pour les couleurs. Les erreurs onc^leur iburce dans la négligence avec laquelle on DE P H T S I G L O G I E. 5>5 a contemplé toute l'idée, de l'eftime qu'on en a fait par la notion partielle qu'on en a prife 5 de l'union des idées avec les autres dif- llindles par le pur hazard , & qui fe rappor- tent par des cauies externes. DLII. L'intégrité du jugement dépend de la bonne conftitution du cerveaur, s'il vient à être comprimé , irrité , épuifé de fang , que fa {lruâ:ure vienne à être changée , Tu- fage de route la raifon eft confondu ; les ef-- peces internes qui ont plus de force , fe pré- fenteiit à l'ame" ; au lieu des objets exter- nes 5c vrais , la chaîne des idées eft inter- rompue 5 de forte que l'ame ne les compare plus 5 & ainfi elle n'apperçoit plus leur rap- port ni leur diftance , mais elle pafle par faults d'une idée à une autre différente ;. où enfin cette efpece étant détruite , les fondions des fens étant fufpendues , le cer- veau étant comme vuide de ces efpeces , l'homme eft réduit à l'idiotifme &: à la con- dition d'une plante : mais les forces des corps extérieurs changent beaucoup de cho- fes dans l'habitude de l'ame par rapport aux efpeces des fens : l'^ir , le régime de vie , les alimens , l'habitude , fortifient la folidité du jugement , la force de l'imagina- tion 5 la fidélité de la mémoire ^ où les dimi^ nuent. DLIII. Enfin fuivant que ces idées nous pa- roiiïent indifférentes ou concourent en quel- que chofe à notre bonheur , elles produi- fent différentes déterminations dans la vo- lonté. Des idées qui augmentent ou diminueut ^4 É L É M E N s iiotre bonheur , les unes font produites pat le corps , ôc font purement méchaniques. La douleur & la malaife font de ces idées produites par les corps , Se paroilTent avoir pour fondement toute fenfation trop vive dans les nerfs , de même que le plaifir dans lequel les nerfs font irrités au delà de leur ton ordinaire , mais avec modération. La démangeaifon approche fort du plaidr , & dans l'une & l'autre il fe porte plus de iang & d'efprits dans cette partie dans laquelle ie plaifir & la démangeaifon fe font fentir ; mais la démangeaifon devenue plus vive , fe change en douleur ou en une fenfation trop vive des nerfs. L'inquiétude vient de ce que le fang pafTe difficilement dans les poumons. Les autres idées qui afFeéient l'ame , ou font to- talement indépendantes des propriétés de la matière j ou le font certainement moins que les premières qui font (impies , connues ôc méchaniques. La préfence du bien caufe de la joie 5 Le défir du bien donne de l'amour ; L'attente du bien 'met dans l'efpérance ; La préfence du mal produit la trifteflTe ou la terreur , ou le défefpoir ; La fuite du mal donne de la haine y L'attente du mal cau- fe de la crainte. DLIV, En conféquence de ces affections de i'ame , non-feulement la volonté pure paroît déterminer le corps ^ pour des fins qu'elle a prévues , à certaines adions , par les quelles il cherche le bien , ou fuit le mal ; mais on obferve dans le corps , fans deffein premé-^ diié & fans qu'il puilTc sjy oppofer , diffé^^ »E Physiologie. pj rens changemens dans le pouls , dans la ref- piration , dans lappétit , dans la force ôc dans les autres fondtions , dans le cœur , dans Ïqs nerfs , dans l'eftomac & dans les autres parties j qui fuivent immédiatement & in- diquent les pallions de l'ame. C'eft ainfi que la colère excite un mouvement violent des fifprits , augmente celui du cœur , rend le pouls fréquent , donne de la force aux muf- fies, pouffe le fang dans les plus petits vaif- féaux ôç dans des vailTeaux étrangers, accélère le paûTage de la bile , le pouflTe même hors de fes vaifFeaux , Ôc détruit les maladies lentes ôc les obftru6tions. C'eR ainfi que la trifteiTe affoiblit la force des nerfs & du cœur , re- tarde le pouls 5 détruit l'appétit , rend pâle , occafîonne la cachexie , la diarrhée , l'idte- re , les fchirres , ôc les maladies qui font la fuite du eroupiflTement des liqueurs , c'eft ainli que la crainte diminue les forces du cœur , ôc produit en conféquence les poly- pes ôc la pâleur , affoiblit le mouvement muf- culaire , relâche les fphindfcers , augmente les infpirations , diminue les exhalations. L^ terreur violente augmente la force jufqu'à ex- citer des convuldons , elle excite le pouls , elle détruit les obftrudions ôc les paralyfies , elle fupprime le paiïage du fang , elle fait mourir fubitement. L'amour , l'efpérance , la joie, augmeritent la tranfpiration ^ elles accélèrent le pouls , elles tiennent les voies du fang libres ; elles augmentent l'appétit; elles rebdent les maladies curables, Une trop ^6 Élémens grande joie imprévue a fouvenr été canfe de la mort, parce qu'alors le mouvemens du fang eil plus grand , Ôc qu'il produit une vrai apo- plexie. La pudeur retient particulièrement le fang dans le vifage , comme ii les veines croient liées ; elle fupprime les mois , ôc on l'a vue caufer quelquefois la mort. DLV. Comment ces changemens font- ils produits à Toccafion de certaines affedtioris de l'âme ? les fphindters nerveux ne gouver- nent-ils point les vailTeaux & ne les réferrent- ils pas 5 tantôt par fault , & alors ils fouet- tent le fang, Se tantôt ne les relâchent-ils pas &: n'afïoiblifïent-ils pâs leur ton ? Il eft.certam que cela fe paife ainfi dans les plus petits, par la très- grande reffemblancedes effets que la terreur ou l'air froid produit fur les nerfs de la peau. Mais nous voyons manifefiement dans les par- ties génitales les veines referrées fous certai- nes conditions , c'eft là ce qui fait que le fang s'y accumule. Il paroît probable que les plexus nerveux qui embraflent plufieurs grands vaif- 'feaux 5 produifent les mêmes effets ; car ils en- vironnent Se contiennent ça Se là l'artère mé- ningée , l'artère temporale , la vertébrale , la carotide , la fouclaviere , la cœliaque , les rénales Se les autres. On peut regarder com- me une vérité , que la différente fenfibiîité. des nerfs , rend les artères plus ou moins ir- ritables , Se qu'en conféquence elles fe con- tractent plus ou moins fort par la même quantité de fang; Le mouvement du fang peut ainfi ^tre augmenté ou diminué j de même l'appétit DE Physiologie. 97 l'appétit & le mouvement pcriftaltique du ventricule &c des inteftins eft fendbîement détruit parles afeélions de Tame. DLVL II y a tout lieu de préfumer que le Créateur a alîigné aux paflîotts de Tame leur caradtere , pour empêcher que l'homme qui devoir vivre en fociété , n'en imposât aux au- tres. Les mufcles particuliers, fur-tout de la face êc des yeux ^ expriment ii fidèlement cha- que paflion de l'ame , qu'un peintre vient à bout de les caraétérifer & de les repréfenter. Il y auroit beaucoup de belles chofes à dire fur chacun de ces caractères; mais le champ efl: trop vafte pour y entrer ici. La Phyjiono- mie vient fouvent de ces mufcles qui répètent une même adion , en forte que le vifage eft toujours dans un état , qui conferve quelque chofe de l'adrion dominante des mufcles. DLVn. Quelle eft la iource des fympa- thies des parties , fi célèbres dans la pratique de la médecine ? Il paroît qu'il y en a qui dé- pendent des anaftomofes des vaifieaux fan- gnins , au moyen defquelles le fang repoufie vivement d'une partie , en furcharge une au- tre qui tire fes vaiCfeaux du même tronc. Ceft par-là qu^ l'on peut expliquer les fai- gnées rèvulfives , rendre raifon destnaux de tête occailonnés par le froid aux pieds , &c. Quelquefois ce confentement vient de la ftruc- ture femblable de deux parties , ce qui fait que les mêmes caufes dans le corps prodnifent les mêmes effets fur Tune & fur l'autre ; c'eftà cela que je rapporte le commerce qu'il parok y avoir entre la matrice ôc les mammel' Fan. IL E e)% .É L É M E N S Une autre caufe du confcntement desparties, ccft la continuation des membranes j c'elt pourquoi la pierre produit ô.qs démangeaifons, dans le gland y les diarrhées guériiTent de la l\udité. Les nerfs mêmes & leurs anaftomofes préfentent encore une autre caufe de ce con- îentement ^ l'engourdifiTement , l'agacement des dents à Toccafion de certains fons , vient de cette caufe , par une fenfation fatiguante produite dans le nerf maxillaire à caufe de (es^ différentes communications avec la portion date. C'eft ainfi qu'il y a fympathie entre un œil & l'autre, qui ne s'obierve pas de même entre les deux oreilles ; mais cette fympa- thie vient de l'union des deux nerfs opti- ques : c'eft aind que la néphrétique produit le vomilTement. Enfin on place encore la caufe de ce confentement , dans le fenforium commun , au commencement mêrne des nerfs ; elle eft prouvée par les convulfions qui s'étendent au loin par l'irritation d'un feul nerf ^ par l'épilepfie univerfelle produite par un vice local , &c. La matière tranfmife par les tilTus cellulaires d'une partie malade , à une autre, par la force des mufcles , des ar- tères & du poids , produit encore dans les ma- ladies quelque efpéce de confentement. DLVIIL II nous refte à expliquer cette grande fympathie qu'il y a entre le corps & T'ame j car une infinité des chofes font voir que la nature du corps & de l'ame font tota- lement différentes, fur-tout les idées 3c les aifedions de l'ame , auxquelles il n'y a rien da relatif dans l'organe fenfitif. En effet. DE Physiologie. ^^ quelle eft la couleur de l'orgueil , la grandeur de l'envie, de la curiofité , dont il n'y a riea de femblable dans les animaux ? & ce bien , que l'on defire ne peut être rapporté à aucune volupté corporelle. Le corps peut-il acquérir ^es forces doubles telles , qu'elles réunifTent en une mafTe les particules infinies dont il eft compofé , & (i bien qu'elles ne confervent de ne fe repréfentent pas feulement leurs affec- tions particulières, mais qu'elks s'accordent encore toutes dans une penfée totale & com- mune , qui diffère des attributs de chacune d'elles , les reçoive cependant tous & les com- pare entre eux Avons-nous quelqu'exemple de corps qui fans aucune caufe externe paffc du repos au mouvement , dont la direâion du mouvement foit changée, réfléchie, fans le concours de quelqu'autre caufe , comme- on l'obferve très-facilement dans l'ame ? DLIX. Cependant cette ame , fi différente du corps , eft liée avec lui fous des conditions extrêmement affujettiffantes , puifqu'elle eft obligée de penfer aux efpéces que le corps lui repréfente , qu'il paroît qu'elle ne peut tenir fa mémoire & fon jugement que des efpéces corporelles du cerveau , & qu'enfin fa vo- lonté eft la caufe ou l'occafion des plus grands & plus violens mouvemens du corps, DLX. Il êft bien plus fage de convenir qu'on ignore en quoi confîfte cette union , ôc de fe régler fur les loix déterminées du Créa- teur , qu'il eft permis d'étudier , fans vouléir les imaginer. Voici ce qui peut déterminer à penfer de cette façon ; c'eft i'obfervatioa Ei| 100 Elemens DXXXXVI , 5c l'expérience quon a en opti- que que les affeâ:ions du corps font unies par un lien arbitraire avec les penfées de l'ame , & qu'on auroit vu d'autres figures , fi le Créateur eut changé la force de réfradion & les cou- leurs des parties de l'œil. De même qu'il y a une loi qui établit une connexion éternelle & mutuelle entre les rayons moins refrangiles , ^ la penfée de la couleur rouge ; il 7 en a de même une qui établit un lien entre l'impref- fion de ces rayons furla rétine Ôc cette penféej ^ nous ne devons pas plus avoir de honte d'ignorer le méchanifme de cette loi , que de- ce que nous n'avons aucune connoilTance de la nature de la première. DLXI. Maisramegouverne-t-ellele corps ? Tous les mouvemens & les adtions dans le corps dépendent-ils également de l'ame, com- me la fource Se le principe du mouvement ? Eft-ce de Ùl volonté , en tant qu'elle veille au bien commun de l'homme , que dépend le mouvement du cœur , de la refpiration , des artères ? La (Iruéture des polypes qui croifiTent dans les plaies , les afFedions de l'efprit , les taches de naiiTance , ne font-elles pas voir cette puiiTance de Tame ? Tous ces mouve- mens qui dépendent de la volonté , quoique nous ignorions les organes & que nous ne faf- fions pas attention que notre volonté agit , lorfque nous refpirons , que nous clignons les yeux 5 qu'occupés de mille foins nous nous promenons , tout cela ne donne-t-il pas lieu de croire que les perceptions obfcurés dans la cefpiration , le mouvement des paupières &: DE Physiologie. ioi ra£tion des mufcles n'exigent pas toujours le confentement de Tame ? Eft-il donc certain que tous les mouvemens tirent leur origine de lame , parce qu'il n'y a pas d'autre caufe évidente continuellement unie avec le corps i laquelle on puifFe les rapporter, DLXIl. Beaucoup des chofes nous empê- chent d'adhérer à ce fentiment. D'abord il pa- roît que cette conftru6tion & cette régie du corps furpaflfent de beaucoup la capacité de rame. Notre ame voit diftindementun point, DXLV , elle penfe diftindement à une idée ; mais 11 elle veut voir deux objets enfemble, fi elle veut contempler en même tems deux idées 5 fi elle veut lire en même tems deux lettres , elle les confond à l'inftant , elle fe trompe de ne diflingue parfaitement ni l'une ni l'autre idée ; connoiiïant fes limites , tou- tes les fois qu'elle veut s'appliquer férieufe- ment Se avec attention à quelque ouvrage , elle fe refufe, pour ainûdire, à toutes les im- preflîons des fens ; elle ne voit , ni n'entend, ni ne fent, Ôc n'exerce aucun mouvement mufculaire. Il faudroit donc que l'ame fût occupée d'une infinité de chofes , 3c qu'elle fe les repréfentât trèsdiftindement , pour régir avec une conduite réglée , fuivant ta plus exade Géométrie , une fi grande quan- tité de mufcles , une infinité de vaiffeaux , un nombre confidérable de fibres ; elle réfou- droît & conftruiroit alors dans le gouverne- ment de (es mufcles des problêmes qu'aucun géomètre ne pourroit facilement réfoudre. Il faut cependant croire qae l'ame n'ell pas inf- Eiij ïfel É L É M E N s truite de ces travaux Ci grands , 6c qu'elle peut contempler les idées abftraites & les plus difficiles fur tous ces ouvrages , de forte que le foin de fon corps ne trouble point fes méditations & que fes méditations n'excluent point les mouvemens néceffaires du corps. DLXIII. De plus , quoique nous ne foyons pas participans de notre volonté, nous pou- vons vouloir refpirer , vouloir cligner les yeux ôc le vouloir efficacement , nous en avons cependant le pouvoir $c nous pouvons fufpendre la refpiration , fixer les paupières , exciter tour à tour ces actions, & nous ne per- dons jamais pour cela la confcience ni l'ufage de notre pouvoir. Nous n'avons pas le même empire fur le cœur ni fur les inteftins ; nous ne pouvon? pas modérer les violens & péni- bles mouvemens , ni exciter les languilTans. Parmi tant de mortels, pourquoi perfonnene préflde-t-il à la refpiration ? Pourquoi -per- sonne depuis tant de iiécles n'a-t-il pas régi le cœur ? Si la feule habitude eft caufe que ces puillances nous font inconnues ; pourquoi l'a me n'eft-elle pas avertie du pouvoir de fon action pour mouvoir le cœur , pour exercer le mouvement périftaltique ? Lorfque l'adion de ce vifcere a été fufpendue , pendant des heures , des jours entiers dans les noyés , dans les hyftériques , dans les défaillances, l'ame s'eil-elle repofée ? DLXIV. Mais il eft manifeftement faux que tous les mouvemens dépendent de l'ame, ôc que fans elle le corps neferoit qu'une mafTe immobile Ôc fans vertu. Car la force concrac- DE Physiologie» 105 tile qu'excite un aiguillon quelconque Se à laquelle dans l'homme le mouvement du cœur , des inteftins & peut-être tous les mou- vemens font relatifs, CDU. n'exige pas même la préfence de Tame ; cette force s'obferve encore dans le cadavre , elle s'y reiTufcite par des caufes méchaniques , par la chaleur , le fouffle , 5c elle n'abandonne point la fibre tant que le froid ne l'a pas roidie , quoique la deftruétion du cerveau & du cœur ayent déjà chaflc l'ame, quia la volonté & laperceptionj ôc qlioiqu'un mufcle , ôté du corps même , ait été féparé de toute place imaginable de l'ame, DLXV. Nous avons dit ailleurs , qu'on ne devoir attribuer rien ou peu de chofes aux taches naturelles. Une très-ancienne pratique & la feule sûre , nous apprend que les mou- ve'mens vitaux ne font modérés avec aucune prudence dans les maladies , mais qu'ils font prefque dirigés par la feule force de l'aiguil- lon ^ & que la faignée , l'ufage du pavot , du nître, du quinquina , calment les mouve- mens trop violens des maladies aiguës & des intermittentes. Il n'y a aucune prérogative entre l'homme fage & celui qui eft extrême- ment fou 5 pour gouverner le corps. Il eft fi incroyable & fi contraire a la fagefTe de pen- fer , qu'un enfant qui n'eft pas même afiez înftruit pour mouvoir fes mufcles , quand il eft né , èc qui apprend par des expériences à marcher , à avaler, enfin avoir, conftruifa foji corps , dont la ftru6lure eft admirable , E iv que cela amplement faffit pour fe refufer k cetce hypothèfe. CHAPITRE XX. Du SommsiL DLXVI. Un appelle veille rapiitude qui fe trouve dans les organes fains pour exercer li- brement les fenfations &: les mouvemens vo- lontaires \ Ôc on nomme E L E M E N s caufe une certaine ardeur fébrile , l'acrimo- nie des humeurs ëc enfin l'accablement. Aux approches de la nuit , on fent peu à peu un engourdiifement dans les mufcies longs ôc dans leurs tendons , une inaptitude aux pen- {ées fcrieufes &c un amour pour le repos de Tefprit ôc du corps. Alors les forces qui fou- tenoient le corps , s'abattent , les yeux fe fer- ment involontairement , la mâchoire infé~ rieure refte pendante, on eft néceirairement forcé à bailler , la tète s'incline en devant > l'ââiion des objets extérieurs nous affcdle moins , & enfin les idées & les penfées fe troublent , & le délire fucccde y ie palfage de cet état au fommeil eft peu connu , cepen- dant cet état le précède toujours. Le défaut des efprits que le mouvement mufculaire & l'exercice des autres fens a confommés d'une fiçon quelconque , ôc dont il eft très proba- ble qu'il s'exhale une très-grande partie , pa- roit être la caufe du fommeil naturel, com- mun à tous les animaux. DLXXI. Le défaut de toute irritation dans la tète & dans le corps , la traBquillité par- faite de Tefprit & des fens extérieurs , la nuit enfin concourent beaucoup au fommeil. DLXXIi. De plus, tout ce qui afIbibHt les forces , les grandes pertes de fang , la faignée, les remèdes rafraichilTans, le pavot , le froid- même de l'air extérieur , tout ce qui détourne le fang de la tête , comme les bains des jam- bes , la grande quantité des alimens renfer- més dans l'eftomac , occafionnent & augmen- tent le fommeil. B'aiitres fubftanees pac leur DE Physiologie. 107 force afFciblifiTenc & diminuent tout le mou- vement des efprits , non-feulement dans le cerveau , mais encore dans l'eftomac , dans les inteftins , dans le cœur , comme l'opium & peut-être les autres narcotiques. DLXXIII. Mais tout ce qui eft chaud , tout ce qui oblige le fang de fe porter plus vite au cerveau , le vin, les Ipiritueux de tout genre , fur-tout leurs vapeurs, les particules des ali- mens qui paflTent avec peine , les différentes fièvres aiguës ôc malignes , produifent auiîi le fommeil, ou l'empêchent de revenir, comme l'embonpomt. Toutes ces caufes paroiifent s'accorder en ce que le fang ramaÔe dans la tête , comprime le cerveau & intercepte lé chemin des efprits dans les nerfs. DLXXIV. Il y a aufli des caufes mcchani- ques qui produifent le fommeil, telle que la comprellion de la dure mère & du cerveau , telle qu'elle puiffe être , produite par l'épan- chement du fang , par quelque pièce d'os , Se par la grande quantité d'eau dans les ven- tricules du cerveau DLXXV. Le fommeil eft donc produit ou par un fimple défaut dans la quantité &c la mobilité des efprits ou par la conrpreflion des nerfs , ôc toujours par l'aftaiuement des tuyaux nerveux par lefquels les efprits ani- maux coulent de leur fource , du fenforium commun dans toutes les parties du corps. DLXXVL Les caufes des veilles confirment cette théorie. Car tout ce qui produit une abondance dWprits 3 & fur- tour les boiffons E vj I08 É L É M I N s aromatiques , chaudes, qui envoient à la tête «les particules ftimulantes , fubtiles , & qui excitent un peu le mouvement du fang dans le cetveau , détrempent le fang &c font qu'il fe fépaie plus d'efprits dans un tems donné ; toutes ces caufes éloignent du fommeil. DLXXVII. Les foins pénibles , les médita- tions attentives & paffionnées , les douleurs du corps de de l'efprit & toutes les chofes qui ne laiflenr pas les efprits en rep05 dans le fen- forium commun, & s'oppofent à l'afTaifre- ment des nerfs , entretiennent la veille. Les premières caufes produifent donc l'abondance des efprits , celles-ci en augmentent k mou- vement. Ce que nous avons dit , DLXXV , rentre donc dans ceci, c'eft-à-dire, qu'on peut placer la caufe du fommeil dans l'aftaifiTement des nerfs qui viennent du fenforium com- mun. DLXXVIIL Le fommeil a-t-il donc fon iîége dans les ventricules du cerveau ? L'em- pire plus étendu 'du fommeil dans les ani- maux qui n^ont point de ventricules au cer- veau 5 s'oppofe à cette opinion. Les fonctions vitâfes fe continuent-elles toujours pendant le fommeil , parce qu'alors le cerveau eft le feul affecté, lans que le cervelet le foit pen- dant ce tems ? Quelle eft la caufe de cette di- v^rfité qui fait que les fondions animales, /ent en repos pendant le fommeil, tandis que, les vitales ne font pas interrompues ? Il n'y a pas d'autres caufes que celles dont nous avons; 4éja p atlé , fçayoir , que les mouvemens vi- DE Physiologie. 109 taux font préfervés- du repos par des aiguil- lons perpétuels , 6z par des caufes qui les for- ' cent lans celTe , DCIL DLXXIX. L'effet du fommeil eft de modé- rer tous les mouvemens dans le corps humain. Car alors il n'y a plus que le cœur qui poufïe les humeurs; tous les mouvemens des muf- chsy des nerfs fenfitifs , produits par les paf- lions de l'ame & par la volonté , qui exci- toient avec le cœur , pendant la veille, le cours du fang & des efprits, nont plus lieu alors DLXIV , CDXXI ; le cœur paife peu à peu de fes pulfatfons plus fréquentes & prefr que fiévreufes au mouvement lent du matin ; la refpiration devient plus petite ôc moins frëquéhte^ ; le mouvement périftaltique de l'eftomac êc des inteftins & en même tems la faim 5 la coâ:ion des alimens , la marche des èxcrémens, font ralentis; les humeurs fines font poudées plus lentement; les humeurs pa-: relTeufes s'accumulent ; la graifife répandue fe réunit ; l'humeur vifqueufe de la nutrition fe cole aux fibres &c aux cavités qui lui font propres ; il fe perd moins d'efprits , le frotte-; ment du fang diminue ; la tranfpiration efl moins abondante. Ainfi pendant que d'un coté la fécrétion du liquide nerveux continue à fe faire & qu'il ne s'en perd point , ce fluide s'amafTe peu à peu dans le cerveau, il djftend les nerfs affaiffés , il les remplit , ôc au moin- dre aiguillon , les fens internes Se externes fe rétabliffent dans leurs fonébions & la veille fe rétablit. Un fommeil trop long difpofe à tous les effets d'une circulation lente, à l'embou- ÎIl É L i M 1 N s point 5 à l'a (ToupifiTe ment , à la cachexie 5c a la grande perte de mémoire. DLXXX. Pourquoi baille-t-on, lorfqu'on a envie de dormir ? C'eft pour débarratlèr le poumon par lequel le fang paiïe plus lente- ment. A quoi bon s étendre ? C'eft pour vain- cre par Timpulfion des efprits la contraôlion naturelle des mufcles , qui tous ont un peu fléchi toutes les articulations , & pour rétablir en conféquence la force des mufcles exten- feurs. Qu'eft-ce qui a donné lieu à l'opinion fur le mouvement du cœur, plus fort pendant le fommeil ôc la tranfpiration plus abon- dante ? Elle eft produite par la chaleur qu'oc- cafionnent les couvertures , par le moyen defquelles la tranfpiration étant retenue , elle amolit& relâche la peau. On a froid lorfqu'on fe couche tout habillé , & les animaux qui dorment pendant long-tems , ont un très- grand froid, comme les rats des montagnes, les hériffons. Pourquoi tous les animaux fom- meillent-ils après tivoir mangé ? Cela n'efl: pas caufé par la compreiîion de l'aorte ou la plus grande quantité de fang qui eft pouftee au cerveau , car les animaux qui n'ont pref- que pas de cerveau , s'endorment aufti après avoir mangé ; mais cela vient de la force de l'aiguillon que le chyle & l'air exercent dajns l'eftomac Ôc les inteftins. En effet, la force des efprits & du fang fe détermine dans cet endroit , comme il arrive dans toutes les efpéces d'irritations , ain(î le cerveau en a beaucoup moins. Mais encore les particules des alimens les moins mcables , paftent difr »E PHYSIOLOGIE. m cilement dans le cerveau , compriment la moelle ôc rendent le fommeil moins doux. Y-a-t il des longes perpétuels & qui n'aient lieu que dans le fommeil ? Soni-ils lî naturels a lame Ôc Ibccédent-ils aux fenfations , fi bien que l'ame ne foie jamais fans penfer ? Il ne le paroît pas. Nous rapportons plutôt les fonges à une elpéce de maladie , & à quelque caufe ftimulante qui dérange \q jènforium de fon repos parfait. C'eft pourquoi le fommeil, dans lequel il n'y a pomt de fo iges , ou di\^ moms defquels on ne fe fouvient pas , ré- pare beaucoup. C'eft aulîi pourquoi les fonges n'ont ordinairement pas lieu dans le. premier fommeil , parce qu'alors les efprits font fore épuifés , mais ils reviennent le matin , quand les efpnts font en partie réparés. C'eft de-là que les embarras , les idées fortes reçues dans la mémoire, lesalimens durs &leur quantité, la fituation moins favorable , caufent des fonges; car ils ont coutume de naître de quel- que fenfation , à laquelle, félon les loix de l'aiTociation des idées , fe joint un nombre entier d'efpéces relatives. CHAPITRE XXI. Di la Faim , de la Solf^ des Alimens & d& la Boijjon, DLXXXÎ. La douleur DLIIÎ , 5c les pîaifîrs font les gardes que le Créateur a donriés à lii É L É M E N s l'homme ; la douleur pour le détourner de ce qui pourroit lui nuire, & le plaifir pour l'en- gager aux actions utiles. L'homme a fur-to'ut très-grand befoin de prendre des alimens ; car comme il tranfpire beaucoup tous les jours, comme il perd beaucoup de particules qui le compofent , il falloir que ces pertes rufTent réparées. Mais ce qui a rendu princi- palement les alimens nécelfaires , c'eft que le ï'ang naturellement enclin à la nature du fel lixiviel , tend toujours de plus en plus à ui>e acrimonie pourriuante à caufe des mouve- mens naturels & néceflaires du cœur & des artères, & à caufe de la chaleur, qui déter- mine beaucoup les humeurs animales à la pourriture. D'ailleurs le fang qui de fa nature eft coagulable , qui perd toujours beaucoup de fa partie aqueufe par l'évaporation infen- fible, a befoin d'un élément aqueux qui fé- pâre f?s globules & les empêche de fe coa- guler. DLXXXIL Ces-chofes font démontrées par leur5 eau fes Se par les phénomènes que l'on obferve dans les hommes d>c dans les animaux • qui meurent de faim ; car ils ont cela de commun que leur haleine eft acre & puante , que leurs dents font ébranlées , parce qu'elles font corrodées par l'humeur faline , qu'ils foufFrent des douleurs énormes dans l'eftomac , des fièvres aigucs , Se qu'ils éprouvent une", vraie rage. Ces maux fe déclarent d'autant plus promptcment , que les exercices dii corps ont été plus violens & plus vigoureux ^ & ils paroifTent plus lentement dans les phlegmati- . D E P K"Y SIOLOGIE. II5 ques & dans les gews oilifs qui ne trânfpirent pas beaucoup , ëc dont le iang n'eil pas en grand mouvement. DLXXXIII. Un nouveau chyle , compofé le plus fouvent des fucs de végétaux acefcens, conftamment plus fin que le fangjdans le cou- rant duquel il eft porté continuellement , tempère Ton acrimonie putrefcible 5 délaie les humeurs qui font prêtes à fe coaguler, don^ ne à toute la mafTe ce caraâére falin & mo- déré qui eft naturel à l'homme ; enfin lorf- qu'il vient des chairs des animaux , il fournit une nouvelle lymphe gélatineufe , propre à réparer les pertes ^ en s'appliquant au moyen de Cqs^ câufes- CCXLII , dans les lacunes des parties folides détruites. La boifîon> détrempe lur-tout le fang qui eft d'une nature à fe coa- guler, elle empêche aufti la pourriture en dif- Î)erfant les particules qui laproduifent. C'eft a raifon pour laquelle on vit lo.ng-tems fans manger , pourvu qu'on boive, DLXXXIV. Un fentiment de doukur , qiii s'appelley^i/;z , nous engage à prendre des alimens , ainfi que le plaifir que l'on trouve dans le goût. CDLVIII. La faim fans doute vient de ce que les plis fenfibles de l'eftomac font frottés réciproquement les uns contre les autres par le mouvement périftaltique de l'ef- tomac, par celui du diaphragme Se des muf- cles de l'abdomen 5de forte que les nerfs nuds, frottés par d'autres nerfs également nuds , fentent une.douleur infupportable. L'Jiômme eft ainfi averti du danger auquel la diette l'expefe , & il eft obligé de fe procurer des 114 ÉliMlNS alimens par le travail. La liqueur gattrîque devenue plus acre contribue encore à cette fenfation. DLXXXV. Le fiége de la yô// eft dans la langue , dans le goner , dans 1 efophage èc dans i'eftomac j dès que ces parties très-fen(î- bles & toujours naturellement humedées par leurs humeurs muqueufes & falivaires , de- viennent féches par le défaut d'une nouvelle fécrétion des humeurs femblables ou par les fels muriatiques, alcalefcens , qui féjournent dans ces endroits, on éprouve un fentiment beaucoup plus infupportable , & le danger auquel la foif nous expofe eft d'autant pltis grand, que la douleur ne peut fe ralentir que lorfque l'abondance de la partie ^queufe du fang eft réparée , que les vaiiTeaux fecrétoires des parties , dont nous avons parlé ci-defTus , font remis en iiberté , & qu'elles en font ar- rofées. On fçait de-là, pourquoi la foif fe fait fentir dans les travaux qui diffipent la partie aqueufe du fang par la tranfpiration ; pour- quoi elle fe fait fentir dans les fièvres, lorf- que les vaideaux qui exhalent vers la langue & le goder font obftrués. L'eau iimple ap- paife donc moins bien la foif que les fluides aigrelets , qui non-feulement comme fluides, arrofent & foulagent ces parties , mais encore provoquent les humeurs retenues, ôc modè- rent la pourriture. DLXXXVL Les hommes engagés par ces caufes à prendre des alimens folides & fluides, ont cherché de tout tems ces fecours de la vie dans les végétaux & dans les animaux , en- dePhysiologii, 115 forte que l'eau & les fels font prefque les feuls du règne minéral .qui leur foient alors de quelque ufage. Il eft probable que le pre* mier choix des alimens eft dû aux expérien- ces 5 ôc qu'on ufoit d'un végétal fuivant que l'odeur & la faveur y engageoient , &c que les forces que leurs fucs procuroient , en con- finnoient l'utilité. Peu à peu les animaux . étant devenus incommodes aux hommes -, ôc les végétaux ne les nourrilfant pas alTez pour fufïîr à leurs travaux , ils firent enfin ufage ,des chairs des animaux. Préfentement la quan- tité des corps , tant de ceux qui fervent de bafe à nos alimens , que de ceux qui fervent à les aiïaifonner , eft infinie. DLXXXVII. Quoiqu'il y ait des exemples d'hommes & de peuples qui n'ont tiré leurs alimens que d'une feule clalfe, c'eft-â- dire, des feuls végétaux ou des feuls animaux , Ôc quel- quefois de très-peu d'efpéces d'une de ces elafiTes ; & enfin , quoiqu'il y en ait eu qui n aient vécu que de lait ou Amplement dépé- rit lait 5 cependant la nature de la ftructure humaine de la néceflité reconnue par des ex- périences 5 femble exiger que nous vivions fur-tout de deux genres d'alimens, fi bien proportionnés entre eux , qu'aucun n'excède. Le dégoût qui fuit le trop long ufage de Tun ou de l'autre genre de ces alimens , nous inf- truit du milieu que nous devons tenir» DLXXXVIII. La ftrudure de l'eftomac humain eft femblable àcelle des animaux car- naciers ; les dents que nous avons dans l'une & l'autre mâchoire , l'inteftitv cœcum court Xl^ È L É M E N s èc petit 5 Se la force qui nous eft néceflaire , exigeoient pour alimens les chairs des ani- maux. Il nV a que les chairs qui renferment une lymphe géîatineufe déjà préparée , qui répandue des vaifleaux rompus , fe change fa- cilement en une grande quantité de fang. Lorfqu'on s'abftient des chairs , on fent ordi- nairement une grande foiblelle du corps 5c de Teftomac , & on a coutume d'être attaqué d'une diarrhée perpétuelle. Les herbivores ont les inteftins grands , longs & épais. DLXXXIX. La plupart des végétaux qu'on mange , font d'une nature acefcente ; il y en a peu qui s'alcalifent ou foient remplis d'a- romates : aucuns ne renferment cette partie géiatineufe propre à faire beaucoup de fang. Les farineux , qui font en petit nombre , font les feuls qui nourrilTent , & après avoir cir- culé plufieurs fois > ils fe changent enfin en humeurs naturelles. Ils font cependant nécef- faires pour empêcher que l'homme , ne fè nourriliant que de^chair , ne foit rempli d'une trop grande quantité de fang & tendant trop à la pourriture , comme il eft confiant que cela a lieu parmi les amropophages^ ôc c'eft- lâ ce qui produit lefcorbut j donne de la fé- rocité , produit la puanteur , la lèpre & toute forte de genre de corruption ; ces maux ne peuvent être guéris qu en changeant de régi- me de vie , & en n ufant que de végétaux ai-, grelets. Voilà pourquoi îhomme a peu de dents canines , & l'appétit de l'homme en' fanté , & fur-tout de celui qui eft malade, eft. d'autant plus incliné pour ks végétaux aigre^^ DH Physiologie. 117 kts j que le tempéramenc, la faifon Se le cli- mat (oat plus chauds. Auili dans les pays les plus chauds , on ne vie prefque que de végé- taux j & on y ufe raremenc de chairs , ou q& TiQÙ. pas fans danger ; dans les pays froids , on en ufe plus ûiremenc ôc avec moins de danger. C'eft pourquoi on ufe par-tout de pain , ou au moms d'un aliment farineux analogue au pain. DXC. L'eau fournit une boiflon très-bon-^ ne, (i elle n'eft chargée d'aucun fel, ik qu'elle ne foit point garée par l'air , qui k fait fer- menter. On préfère toujours avec raifon celle qui coule des montagnes , fur le fable , qui eft très-froide, très-limpide, très-légère ôc inlîpide. Touees les fois qu'on n'a pas d'eau pure , ce qui arrive fouvent dans les pays plats , ou qu'on a befoin de quelque force pour exciter l'eftomac à fe contra6ter , ou des aromatiques , on trouve alors ce fecours dans le vin , non-feulement dans celui que l'on tire fur-tout des raisins , mais encore dans celui de pomme Se de poire , qui eft lim- pide après la fermentation , rempli d'efprits diffous dans l'eau Se dans un fel acide. Par- tout où les raifins ne meuriffent point , on prépire par la fermentation , avec des grains grillés & cuits dans l'eau, une liqueur a peu près femblable , qui renferme aulîi des ef- prirs , mais plus venteufe , moins forte , ôc plus froide. DXCI. Les hommes ont imaginé difFérens aiïaifonnemens ; le fel , le vinaigre, lesdiffé- Tens acides , pour corriget la difpofiaoïi des iiS Élemens chairs à la pourriture ; le poivre , les aroma-» tiques acres , les efpéces d'ail pour fortifier l'eftomac , que Tufage continuel des végétaux afFoiblit, le fucre , le fel, les aromates pour le plaifir ou.par ragoût. Toutes ces cliofes ne nourriflTent pas , parce qu'elles ne renferment ni lymphe gélatineufe, ni farine propre à la nourriture. DXCII. On a imaginé différentes façons de préparer les alimens fuivant les diffé- 'lentes nations ; les différens climats, les diffé- rentes faifons , pour corriger leurs crudités, attendrir leurs fibres folides , chaflfer le trop d'air qu'ils renferment, tempérer leur âcreté difgracieufe, enfin pour le plaifir du goût. Mais cependant les chairs fut-tout , & la plu- part des végétaux ontbefoin de quelque tritu- ration 5 dans l'homme principalement , qui a l'eflomac peu charnu , & où d'ailleurs les alimens ne doivent pas fe pourrir^ malgré le long féjour qu'ils y font. C H A P I T R E X X I L J?e la Majlication & de la Salive, DVIIC. JLes alimens durs, tenaces, compo- fés défibres longues , parallèles, couvertes d'os ou de cartilages & friables , ont la plu- part befoin d'être mâchés , pour les divifer eu des particules plus petites éc moins cohéren- tes , & les foumettre plus facilement aux t)E Physiologie. 119 forces diiïblvantes de l'eftomac. Ils font d'au- tant plus fa voureux, plus prêts de la nature des fluides Se de plus facile digeftion , qu'ils ont été plus exadtecnent broyés dans la bou- che. DVIC. C'eftpour cet effet que la bouche de l'homme eft garnie de dents très-dures , donc la racine ofiTeufe ôc ereufe , reçoit par un trou Il tué au fommet de fon cône des petits vaîf- feaux & un petit nerf qui fe diftribuent à leur période interne. Elles font arrêtées par leurs racines dans une alvéofe appropriée à leur figure 5 & ûxée vers la partie fupérieure de la couronne de leur racine par une gencive adhérente. Les parties des dents hors l'alvéole ne font pas oiîêufes, mais d'une ftruéture par- ticulière, beaucoup plus dure , plus denfe , ôc prefque vitrée, compofée de fibres droites & verticales à la racine & concourantes dans le milieu. Cette partie n'a point de période, de vaiiïeaux , ni de nerfs ; continuellement détruite , elle paroît fe réparer perpétuelle- ment au moyen de quelque fuc qui monte du follicule de la racine. Les dents font donc très-propres à vaincre la dureté des corps ôc à broyer les alimens. DVC. La matière & la fermeté des alimens étant différentes , la nature a fait des dents de différentes façons. Dans l'homme , les quatre premières de chaque mâchoire font plus foibles que les autres , & n'ont qu'une racine^ leur couronne efl" concave en dedans , convexe en dehors , & émincie en forme de €©in, elle fe termine par un tranchaïu. Leur 110 É L É M E N s ufage eft de couper en parricules plus petite*. les alimens les plus mois , unicjuement tena- ces , & de mettre en pièce les fibres des chairs ôc des végétaux , les membranes , les petits os, enfin les parties friables des fruits. DIVC. La féconde efpéce des dents font les canines , dont il n'y en a que deux dans cha- que mâchoire , & leur racine efl: plus lowguç , pkis ferme , cependant unique , 5c leur cou- ronne fe termine en forme de cône. Elles dé- chirent les alimens tenaces , & elles retien- nent entre elles ceux qui ontbefoin d'être plus mâchés. DIÎIC. Le troifiéme ordre font les molaires , qui ont en général plufieurs racines ^ dont la couronne eft quadrangulaire & la fuperficie plate , mais divifée par à^s afpérités aufii dures que à^s pierres. Les deux antérieures font les plus foibles , elles ont une ou deux racines \ la fuperficie de leur couronne efl divifée en deux , les trois poftérieures font plus grandes, elles ont trois , quatre ou cinq racines , mais elles en ont prefqu'une de moins à la mâchoire inférieure ; leur fuper- ficie éfi: plate , quarrée, divifée enautanr de petits mon-ticules qu'il y a des racines. Les ali- mens ofTeux placés entre ces dents , font rom- pus ; les durs font moulus , pendant qu'ils font broyés par les dents inférieures portées alternarivemenr , obliquement & latérale- ment fur les fupérieures immobiles. On doit fur- tout à ces dents , la préparation que les alimens reçoivent par le moyen des dents. DliC.Pour que les dents puilTenc fe mou- voir D E Ph Y s I OL OG I E, III voir avec force & avec fermeté, les fupérieu- tes font enfoncées dans les alvéoles de la mâ- choire fupérieure immobile , &c les inférieu- res dans celles d'un feul os mobile articulé avec los des tempes , de forte qu'il peut être éloigné de h mâchoire fupérieure , ôc en être approché avec une très-grande force , enfuite être porté latéralement à droite & à gauche , ôc enfin ctçe avancé en devant au- delà de la fupérieure^, de être retiré en arriére. Ces mouvemens dépendent de l'articula- tion des condy les , qui s'élèvent fur les parties latérales de la mâchoire 5c font larges tranf- verfalement , plus hauts dans le milieu Se placés entre les tubercules obliques de l'os des tempes, creufés vers la racine de l'apo- phyfezygomatique , unis, plus profonds dans le milieu , augmentés d'une petite fo^QttQ femblable , plus plane , fltuée vers la partie antérieure du conduit auditif, duquel elle efl: féparée par une fente propre. Un cartilage mitoyen pofé entre le condyle de la mâchoire inférieure & le tubercule de |'os des tempes , cave de part & d'autre , dont les côtés font relevés , répondant d'un côté au tubercule de l'os des tempes , & de l'autre à des dépref- fions voifines , donne une plus grande liberté à cette articulation , &c rend les croûtes car- tilagineufes dont elle eft revêtue plus du- rables. DîC. Les mufcles qui meuvent la mâ- choire dans l'homme , font alTez foibles 6c très-forts dans les brutes. Ces mufcles font le temporal y dont les fibres tendineufes , en for- // Parc. F tu É L É M E N s me d'étoile , fe réunilTent ciQs parties latérales de la tête & de fon aponévrcfe , Se fe termi- nent à l'apophyfe coronoide de la mâchoire inférieure ; le maffeter^ qui defcend double ou triple du zigoma & du bord de l'os de la pomette , ôc fe termine en arriére à la bran- che de l'os maxillaire. Ces mufcles fervent à élever la mâchoire ; ils concourent à la mê- me action ; le temporal cependant tire un peu plus la mâchoire en arriére , & le mafTeter en devant. Le pterygoïdien interne defcend de la folTe pterygoïdienne & de l'os du palais , de la racine du petit crochet de l'aile interne vers l'angle de la mâchoire inférieure ; il l'élevé & la porte fur les côtés ^ lorfqu'elle a été baif- féepar les autres. Lepterygoidien externe parc de deux endroits \ d'un coté tranfverfalemenc de l'aîle interne & de l'os du palais , & de la tubérofité poftérieure de la mâchoire fupé- rieure ; de l'autre, en defcendant de la partie temporale cave de la grande aile de l'os fphé- noïde. De-là il fe termine en arriére & en dehors au condyle de la mâchoire qu'il porte antérieurement , devant la fupérieure 6c fur les côtés. DC. La mâchoire eft abbaiCéejla bouche eft ouverte par le digaftrique, qui part de la rainure maftoïdienne , en devenant tendi- neux dans fa partie moyenne ; il eft attaché à l'as hyoïde par beaucoup de tilTu cellulairesfort &de nature tendineufe ; il eftauffi uni avec le myîo-hyoïdien enpaifantpar les fibres écartées du ftylo-hyoïdien ; il reçoit àzs nouvelles fi- bres , & va s'inférer à la fympliyfe des deuïi?^ D E P H Y s I D L O G J E. Il| moitiés de la mâchoire. La bouche peut en - core erre ouverte par tous les autres mufcles qui s'attachent à la niachoire , à i'os hyoïde & au larynx ; tels font le génio-hyoïdien , le mylo-hyoidien 5 le génio-giofTe , le fterno- îhyroïdien , le fterno-hyoidien , le coraca- hyoïdien , & le très-large du col : mais ce dernier tire plutôt la peau de la face 6c an col en bas. Le génio-hyoïdien & les digâfiri- ques peuvent retirer la machoirie en arriére ôc i'élever. DCI. La mâchoire éft élevée avec une grande force , Se les dents inférieures appro- chées dçs fupérieures , divifent les .alimens par le moyen des mufcles temporaux , madê- ter 5 pterygoïdien interne ^ adbion très-for re, fuivant certaines expériences , ôc qui fufiit pour élever un poid de quelques centaines ce livres. Le pterigoïdien interne , l'externe 3c les autres , dont nous avons parlé ci-defTus , lorfqu'ils agilfent feuls ôc alternativement , font des petits monvemens latéraux & un mouvement circulaire fur un condyle immo- bile. C'eft ainfi que les alimens font coupés , rompus 5 broyés ^Sc Ci la maftication ell exade, ils font réduits en pulpe. DCII.EnefFet, pendant que les alimens font broyés , ils s'imbibent continuellement d'une grande quantité de liquide aqueux;, tranfparent , qui s'évapore , infipide , légè- rement falé , qui contient peu de terre , qui n'eft ni acide ni alkaii, quoiqu'on puifTe en tirer une très-petite quantité de fel lixiviel , & donc les (ources nombreufcs font placées Fij 124 Elemens aux environs. Un nombre inliai de glandes buccales , labiales , ovales , verfent la falive qu'elles feparent en très-grande quantité par un petit conduit de par une ouverture. Cette liqueur qui efl naturellement abondante , left plus dans ceux qui jeûnent , elle eft plus acre ; on l'avale naturellement ; elle eft d'un très- grand fecours au fuc propre de l'eftomac , ôc on ne la crache point fans s'incommoder , à moins qu'on ne foit phlegmatique. Celle que les vaifleaux exhalans des joues êc du dos de la langue verfent dans la bouche y eft fembla- ble Scplus fine. Il eft préfentementaffez conf- taré que le conduit incifif eft aveugle , & qu'il ne laifTe paflTer autre chofe qu'une branche de l'artçre palatine qui fe diilribue aux na^ rines. DCIÎI. Les Glandes falivaires fur-tout fournifTent une liqueur qui a le même nom. Lorprincipale ed la parotide , qui s'étend dans tout l'intervalle du conduie auditif & de la mâchoire , & recouvre la partie nue de la mâchoire & une partie du malTeter^ elle eft conglomérée , eompofée de grains glandu-' leiix, ronds , unis par un tiiTu cellulaire , qui e.n l'environnant plus étroitement , forme fur toiiiQ la glande une efpéce d'enveloppe géné- rale prefque tendineufe. Son conduit blanc , vafculeux , gros , qui du fond de la glande vient gagner le zygoma , d'où il s'incline rranfverfalement , reçoit un petit conduit d\ine glande placée à la parti? fupérieure du malFeter , continue cc quelquefois féparée de la parotide a rarement double , §c en ft réfîé- dePhysiologië. Ï25 chifTant vers le bord épais du mufcle mafTeter, il fe termine , en paiïant par récartèmenc des fibres du buccinareur y entre pluiieurs glandes buccales , &c s'ouvre dans l'intérieur de la joue par un conduit non faillant & fans papil- le. Le volume de cette glande & le grand nom- bre d'artères qui s'y diftribuent , font qu'elle eft une des principales fources de la falive. DCIV. Une autre glande , voifîne de la pa- rotide, beaucoup plus petite , compofée des grains glanduleux plus mois &plus gros, unis par une femblable membrane , ôc placée a l'angle de la mâchoire inférieure , eft en par* tie cutanée & fe termine fur elle-même , de en partie par une appendice fur le mufcle mylo-hyoïdien. Cette appendice s'érend dans la petite folTe iituée le long de la maGhoiie , efi: compofée de grains glanduleux, placée au- deiïbus de la membrane de la bouche, Ôc s*ap- •pollQ/ublinguale, Il fort de cette grande glande maxillaire ôc de fon appendice un conduit , qui eft couvert dans fa longueur par la partie rnoyenne de la fublinguale , en reçoit un , deux & trois rameaux qui s'y infèrent , Se ainfî augmenté , il s'ouvre par un petit cylin- dre apparent , placé fous le frein de la langue. D'autres conduits plus courts de la glande fublinguaie & qui font au nombre de trois , quatre , ou de plus jufqu'à vingt , percent & s'ouvrent fur le bord de la langue par des petits conduits courts ou des points, c^ y verfent la falive. Il arrive quelquefois que le grand rameau antérieur de cette glande , qui a coutume de fe joindre au conduit de la F iij 11^ È L E m: E N 3 giânde maxillaire , fe porte feul parallèle- ment à ce conduit , & s'ouvre dans un endroit féparé, DifFérens Anatomiftes ont décrit d'au- tres conduits falivaires ^ mais la nature jui- qu'ici ne nous lésa point découverts. DCV. La divine Providence a fi bien dif- pofé tous les inilrumens de la maftication , que cette a6tion ne peut s'exécuter fans que les glandes falivaires parfaitement compri- mées 5 ne verfent une plus grande quantité de liqueur. En effet , la glande maxillaire eft unefource de la falive qui , lorfque la bouche e'it ouverte , eft preifée par le digaftrique & le mylo-liyoïdien. Le maiîerer en fe gonRant> ôc le mufcîe cutané du col qui eft au- de (Tous , prefTe la parotide. Cette compreffion mufcu- ïaire eft produite par le feul appétit , Se elk yerfe de la falive dans la bouche. • DCVL Les alimens étant donc broyés en- tre les dents , & mêlés avec la falive ôc Tair, ils font réduits en une pâte-molle, fùccu- ienre , fufceptible de prendre différentes formes , pleine d*air éLiftique , qui ren- fermé dans un lieu chaud tend toujours par fon élafticitc à diifoudre les parties des alimens entre lefquelles il fe trouve. Par ce «leyen les parties huileufes font mêlées avec les aqueufes , la faveur ôc l'odeur des ali- mens particuliers eft confondue enfemble , ôc la falive difTolvant les fels , les alimens de- viennent en même tems favoureux. Tout ce que ces fubftances ont de volatil eft fans cefTe pompé par les vaifteaux abforbans de la lan- gue ôc des joues j c'eft-U ce qui rétablit les DE PHYSIOtOGIl. llj forces 5 en fe diftribuant au fang ÔC aux nerfs. DCVII. La langue , les joues & les lèvres font les mouvemens ^léceuaires pour tourner çà & là les alimens dans la bouche , Se les préfenter fous les dents. La langue fur-tout, lorfqu'elle eft étendue^ reçoit fur le petit Ci- nus de fon dos dilaté les alimens , Se au moyen despuiffances qui la meuvent, CDLIIL elle porte ce fardeau au lieu de fa deftina- tion. Tantôt con«;a6tée Se plus étroite , elle parcourt avec fa pointe tous les recoins de la. bouche 3 Se ramaffe en un tas tous les alimens. Tantôt en s'approchaht vers les dents , elle pompe les fluides ou les alimens folides de la cavité des joues , & les porte dans la cavité poftérieu*e de la bouche placée derrière les dents. DCVIIL L'os hyoïde attaché i la langue par des mufcles Se des membranes , la dirige. La bafe de cet os eft ooncave en dedans ; fes cornes fe portent en dehors Se fe terminent par un bout plus épais; il a auffi des petites cornes ovales. Cet os tiré en bas par les forces qui l'y déterminent , tire aufli la langue Sc la mâchoire , û elle eft lâche. Ces forces font le flcrno-hyoïdicn qui fort de la clavicule , entrecoupé de lignes tendineufes & devient grêle en \i^\\i\\t fterno- thyroïdien c^Witnt du même endroit & de la première côte , il eft plus large , & en abbaiffant le cartilage auquel il fe termine, il fait nécefTairement defcendre l'os hyoïde qui lui eft joint \ il fe mêle auffi avec Thyo-thiroïdien , le thyro- Fîv Il8 ÉtSMlNS pharyngien , Ôc fe confond çà ôc la avec le flerno-hyoïdien. Le coraco-hyoïdien vient de la cote fiipérienre de l'omoplate près de fon échancriirCj ilfe porte obliquement &enpaf- faiit fur la jugulaire , il devient tendineux , puis fon autre ventre fe porte directement à l'os hyoïde qu'il abbaiiTe en ligne droite ,& fe confond ça & là avec le fterno-hyoïdien. Vhyo' thyroïdien eft terminé par les premiers mufcles. DCIX. D'autres forces élèvent l'os hyoïde avec la langue. Ce font \Qfiylo-gloQ'c foutenu par un ligament propre , quelquefois charnu , qui vient de la mâchoire , le ftylo-hyoïdicn foible 5 qui eft fouvent fendu pour le paiTage du digaftrique , & fe réunit enfuite^en deux portions ; il eft adhérent à l'expanfion tendi- neufe du digaftrique , s'infère par une de it% portions à la bafe de l'os hyoïde , & par l'autre à fa corne , & s'y confond avec une expanfîon têndineufe du mylo-hyoïdien. Le fécond flylo-hyoïiicn ( loriqu'il s'y trouve ) eft fem • blable au premier , mais plus poftérieur \ il fort de la pointe de l'apophyfe ftyloïde , s'in- fère aux petites cornes , & tient lieu du liga- ment qui fufpend l'os hyoïde. Tous ces muf- cles tirent la langue en arriére & l'élevent fur les côtés. Le mylo-hyoïdkn ^ qui vient de toute la longueur delà mâchoire , fe réunit en un avec fon femblable , élevé la langue , lui donne de la fermeté dans fes difFérens mou- vemens 5 ou fert aufîî à baifiTer la mâchoire. Le génio-hyoïdien , affocié du génioglofle , fait fortir la langue hors la bouche. DE Physiologie. 119 DCX. Mais en outre, les mufcles des joues meuvent différemment les alimens dans la bouche ôc les compriment. Les uns les pouf- fent de la cavité des joues dans celle de la bouche, derrière les dents, comme le bue- cinateur , lorfque la bouche eft fermée ; les autres ouvrent la bouche pour recevoir les alimens , comme le releveur propre ou bi- ceps de la lèvre fupérieure , le relevettr com- mun d'un côté , le nafal de la lèvre fupé- rieure , Tun Se l'autre zygomatique , le rieur , le triangulaire du menton, l'abbaifiTeur propre de l'angle de la bouche qui fort de îa petite foiïe tracée près de la dent canine de l'un 6c l'autre côté , 3c s'infère à l'orbiculaire. D'au- tres ferment la bouche , lorfque les alimens font dedans , pour s'oppofer à leur fortie, tels font l'orbiculaire de Tune ôc l'autre lèvre , l'abbailTeur propre de la lèvre fupérieure , le releveur propre de la lèvre inférieure , le re- leveur en partie commun. On doit prendre les defcriptions de ces mufcles dans des livres d'anatomie. DCXI. Ainfî les alimens mêlés avec la fa- live , ramollis , ramalTès de tous côtés der- rière les dents , font portés fur la langue étendue par les cerato-glofiTes , de rendue un peu concave par les ftylo-gloifes j ils paflent ile-là dans le gofier. rXO il L E M E N s CHAPITRE X X 1 1 L De la Déglutition. DCXII. luA^ langue élevée par les mafcles ftylo-gloffes , appliquée dans, toute l'étendue du palais , poufTe les alimens vers le gojier qui feul eft alors ouvert y puis tirée en arriére par la partie poftérieure de fon corps , la plus épailTe , par les mêmes mufcles , les ftylo- hyoïdiens & les digaftriques , elle pouffe l'é- pigîotte , qui eft élevée vers fon dos , qui lui eft unie par piufteurs membranes , & peut- être par quelques fibres mufculaires. Tous les mufeles releveurs du larynx agiffent alors enfemble \ le digaftrique , le génio-liyoïdien le génio-glofle , le ftylo-hyoïdien , le ftylo- gloire^leftylo-pharyngien, & d'autres portent le larynx en haut & en devant, de forte que répiglotte rencontre la langue & s'incline plus facilement. Il eft donc néceftaire que les mâ- choires forent approchées pendant la déglu- tition 5 ou au moins que l'inférieure foit éle- vée & affermie dans cette fîtuation afin que le digaftrique trouvant là un point fixe , ainfî qose les autres mufcles dont nous venons de parler y. puifîent élever l'os hyoïde. L'épi- glotte ainfî renverfée ferme ampîement 5c exafement l'entrée du larynx & les alimens parlent fur elle , eo-mme iur un pont , pour aller dans le fond du gofîer* BE Physiologie. 131 DCXIII. Nous appelions pharynx , cette grande cavité , difforme , qui eft entre les vertèbres du col , devant le grand trou de l'os occipital , & la partie moyenne de l'os cuneï* forme , l'entrée des narines podérieures , le voile mobile du palais , la langue , le deflus du larynx de l'œfophage. Il eft fait d'un fac membraneux , pulpeux , environné extérieu- rement de toutes parts des fibres mufculaires. Sa membrane intérieure continue à l'épider- 111e j peut fe renouveller de même ^ mais elle eft plus remplie de fucs. Le pharynx eft envi- ronné extérieurement de beaucoup de tiflli cellulaire , fur-tout poftérieurement ôc fur fes parties latérales \ en conféquence il eft lâche j facile à dilater & propre à recevoir toutes fortes de corps qui , pouflfés par la lan- gue 3 paftent au-delà du larynx. DCXIV. Il eft dilaté dans cette adion , DCXII , par des forces qui Télé vent , par le Jiylo-pharyngien , qui quelquefois eft double & qui vient de l'apophyfe-ftyloïde , defcend fur la membrane du larynx au-deftous de l'os hyoïde, ôc fur le bord du cartilage thyroïde , 6c s'épanouit avec le fuivant fur la face inté- rieure du pharynx , par le thyro-palatin , qui eft couché fur le voile mol du palais en façon d'arc , & forme de part & d'antre deux co- lonnes qui defcendent vers les parties latérales du pharynx , en conftitue une grande partie , & s'arrache aufti par un plan large de fibres au cmil'^ge thyroïde. Je croirois plutôt de grânas hommes qui ont afturé que le fal- pingo-pharyngkn eft un vrai mufcle , que Fvj J32. ÉtiMÊNS ïiies propres expériences ; je tléfefpére prerqo^ du céphalo-pharyngien , à moins qu'on ne prenne pour ce mufcle le tiffti cellulaire , fer- me, blanc 5 qui fufpend la partie fupérieure du pharynx. La boiubn tourne autour du la- rynx à chaque côté de l'épiglotte , & tombe ainfî dans rœfophage. DCXV. Le voile mobile du palais inter- pofé 5 empêche en bouchanr les narines que les alimens n'y pafTent ^ lorfqu'ils font portes dans le pharynx alors dilaté , DCXIV. Ce voile fe continue antérieurement du palais offeux jufqu aux parties latérales des ailes ptérigoïdiennes ; il eft compofé de la mem- brane de la bouche , de celle àes narines & de mufcles intermédiaires ; il eft prefque quarré , fufpendu dans le fond du gofîer en- tre les narines poftérieures & la bouche , de forte que les narines poftérieure^ font natu- rellement ouvertes , & le voile tourné vers la cavité de la bouche ; fa partie moyenne & inférieure fe termine en cône , elle eft pen* dante devant l'épiglotte , elle eft garnie de quantité de glandes , & on l'appelle la luette. Le releveur de ce voile vient des inégalités de los cunéï- forme, derrière le trou épineux,. & aufïi du cartilage de la trompe ; il à^îc^wèi en dedans en faifant un arc avec celui du côté oppofé dans le voile mobile ; il le peut approcher à.^^ cavités des narines éc àts trom- pes pour empêcher que les alimens n'y paf-^ fent ; mais il ne paroît pas agir forrètiienr dans la déglutition. La contradtion àts muf- cles du pharynx empêche alors les alimens de © E P H Y s I O L O G ï E. 1|| regorger dans les narines , de même que ix déprelîîon du mufcle thyro-palatin qui abbailTe manifeftement le voile ôc l'applique à la lan- gue de au pharynx ; ce mufcle mol , étendu fur le voile , vient un peu antérieurement de ce même os cunéï-forme , & de l'intervalle de fes ailes , de l'aîle interne & de la trompe 5 devenu plus large ,& palTant par le crochet de l'aîle interne , il change de diredion , monte par un tendon rayonné & fe diftribue dans la îurface de la membrane du voile du palais ^ joint à fon femblable , il foutienr les autres mufcles ôc s'attache au bord cave de- l'os du palais. Il peut ouvrir la trompe , & aufïi baif- 1er le voile mobile. Le pharynx ainfî refTerré comme par un fphindter , poulTe en bas les alimens & rien ne peut rétrograder dans les 'narines ^ c'eft pourquoi le voile du palais étant vicie, les alimens rétrogradent par les narines , & la furdité arrive. DGXVL Pendant que TefFort fe fait pour pouffer les alimens , DCXV. le voile du pa- lais baiffe &tiré en bas vers la langue par l'ac- tion des palato-pharyngiens,&du circonflexe du voile du palais , les preffe en s'appliquant fur eux. Ces mêmes mufcles de le glofïb-pala- tin 5 quoique petit , appliquent le voile con- tre la racine gonflée de la langue , & empê- chent le retour des alimens dans la bouche. Lorfqu'il n'y a plus à craindre- que les alimens tombent dans la trachée-artére , l'épigîotte fe relevé & eft portée en devant par fon propre reffbrt de par la langue. Le mufcle azigos né 154 E L É M E N s des tendons du circonflexe , élevé la luette abbaifTée. DCXVIÏ. Peu après fuit un effort pour pouflTer les alimens en bas *, il eft opéré par les mufcles conftrideurs du pharynx qui ti- rent la partie poftérieure vers l'antérieure ; qui font en partie tranfverfes & qui montent en partie fur la face poftérieure du pharynx. Le principal eft le ptérygo-pharyngien , qui fort de tout le crochet ôc du bord de l'aîle in- terne j de là il forme un arc en fe contour- nant de derrière en haut, & il embrafte au large la partie fupérieure du pharynx. Le my- lo-pharyngien eft en partie continue aux fi- bres du buccinateur , moyennes entre fes deux adhérences ofleufes , éc vient en partie d'un lieu particulier au-deffiis âes dernières dents molaires de la mâchoire inférieure. Ces mufcles prefque tranfverfes 5 embraflent le pharynx , de tirent la partie poftérieure vers Fantérieure. Enfuite les génio-pharyngiens , dont les fibres tirent leur origine confufe ic obfcure de la langue , montent vers le pha- rynx en formant deux plans. Les chondro' pharyngiens qui font triangulaires , viennent des petites cornes de Tos hyoïde ; les cératcy pharyngiens y montent en forme de rayons de la partie moyenne des grandes cornes \ les fyndefmo -pharyngiens viennent delà corne du cartilage thyroïde 5 & font difterens des fui- vans \\Qsthyr0-pharyngien5 font doublés &: farrifics par des fibres du fterno-thyraïdieîi & du crico-thyroïdiea j les crico-pharyngkBs DE P fï y S I O L O G r E. I ^ f ent des fibres afcenciantes, tranfverfes & def- cendantes. Ces mufcles agiilènt fiiccelîive- ment, les fiipérieurs les premiers, puis ceux qui fpivent, êc ils font avancer les alimens dan^ œrophage. En même temps les mufcles qui abbailîenr le larynx, lecoraco-hyoïdien^ le (lerno-hyoïdien j le fterno-thyroïdien reti- rent le larynx en arriére , prefTent le pharynx de poufTenc en bas les alimens ; les ary-aryré- noïdiens ferment la fente perpendiculaire pos- térieure du larynx , 'pendant que les alimens pafTent le long de cette fente. DCXVIII. Comme on avale quelquefois des alimens fecs Se rudes, que le pharynx doit fe dilater facilement & fans douleur, le mu^ eus qui s'amalTe de tous côtés dans le gofier ett ici d'une très-grande utilité. En général il y a entre la membrane interne du pharynx, êc la nerveufe , une grande quantité de folli- cules fimples 5 ovales , qui verfent par des orifices courts un mucus doux , aqueux , mais vifqueux , qui forme des filets , Se qui ren- ferme une plus grande quantité d'huile , de fel volatil & de terre que la falive ; elles font "en plus grand nombre dans la partie au pha- rynx fufpendue a i os occipital;, elles y font placées en ligne droite en forme de rayon ^ de dans ce rrouiîéau , qu'on fLppeWefa^pfhgo-pha^ ryngien. Il y a aufii un grand nombre de ces foilîcuîès plats & circulaires dans la partie poftérieure de la langue , ^ufqu'au trou bor- gne, dans lequel s'ouvre fouvent un finus af- fez long , commun à plufieurs follicules mu- qiieux. D'autres pores vetfent une humeur viiqueufe femblable , qui vient de la chaif puipeufe du palais ôc du grand nombre de glandes qui y font placées. Le voile mobile du palais eft tout glanduleux , femblable au pha- rynx , mais les follicules y font réunis de plus près & en plus grand nombre. DCXIX. Les amygdales fituées vers Ten- droit du pharynx attaché au petit bec oiTeuX ptérigoïde , entre le glolTo-palatin àc le pha- ryngo-palatin , font ovales & percées en de- dans de plus de dix grands finus ouverts entre les colonnes du voile; étant comprimées par lesmufclesvoifins , elles verfent par leurs ou- vertures un mucus très-lent. Les arriéres-na- rines 5 le pavillon des trompes , la face de répiglotte tournée vers le larynx & le dos àQS cartilages aryténoïdes font auflî remplis de ces iînus muqueux. Enfin l'œfophage a de tous côtés un grand nombre de ces follicules fim- ples , qui fournifTent un mucus un peu plus fluide. Lqs glandes œfophagiennes font du genre à^s conglobées , & elles ne féparent pas la même humeur que celles dont il eft ici queftion. Les vaiifeaux qui fe diftribuent aux amygdales , viennent des artères linguales & labiales ; le pharynx en reçoit aulîï de ces ar- tères & delà pharyngée; l'œfophage eft arrofé par les pharyngées , les thyroïdiennes fupé- rieures & inférieures , les bronchiales & l'aorte. Plufieurs àQs veines du palais &: èts amygdales fe jettent, après avoir formé diffé- rens plexus , dans un rameau fuperficiel de la Yeine jugulaire interne. DQXyi* L'œfophage eft un tuyau double , B E PhY 8 1 O LO G ï É. 1^7 Sont fintérieur eft fcparé de l'extérieur par un grand nombre de tilTus ceHulaires qui peuvent s'enfler. L'intérieur eft nerveux, fort, continu à la membrane de la bouche & des narines, & fe diftingue de la membrane veloutée , min- ce , qui ne forme point de petits floccons , pulpeux 5 par un tiflli cellulaire court qui lui eft propre , dans lequel les glandes font placées & les vaiftèaux forment un réfeau. Le tuyau extérieur eft mufculeux & fort, compofé de fibres qui viennent de la partie poftérieure ôc inférieure du cartilage cricoïde , de fibres an- nuUaires qui dégénèrent en fibres longitudi- nales externes, & qui élèvent Tœfophage fur les alimens Ôc le dilatent , afin qu'il puiiTe les recevoir. Les autres fibres intérieures , circulaires , fortes, viennent pareillement du cartilage cricoïde y elles fe contractent fuc- ceiîîvement , & poulTent les alimens le long de l'œfophage, quidefcend d'abord tout droit vers la gauche de la trachée-artére , pafTe daiïs la poitrine derrière le cœur , dans l'in- tervalle de l'une Se de l'autre pleure, LXXV ; enfuite il fe coude infenfiblement un peu à droite, puis à gauche , gagne l'orifice parti- culier du diaphragme XXIX , dans l'intervalle de l'expiration & de Tinfpiration. Tout l'œfii- phage eft environné extérieurement de tifTus cellulaires. DCXXI. Cet orifice fupérieur du ventri- cule eft refterré par l'adtion de l'un êc l'autre mufcle inférieur du diaphragme agiftant dans l'infpiration ; c*eft ainfi que les alimens font arrêtés dans l'eftomac , de forte que toute k 15^^ ÉlÉmens prefliôn du diaphragme les déteiTiiiine natil- rellement vers le pylore ; ainfi reftomac elt exadement fermé , fi bien que dans ceux qui jouiirenc d'une fanté parfaite , les vap 3urs mêmes s'y trouvent retenues , &c elles ne sQn élèvent que par un vice particulier. CHAPITRE XXIV. Z)e l'aciion de reflomacfur les allmens, DCXXII. IN ous appelions eftomac un vaif- feau membraneux . defdné à recevoir les ali- iiiens , placé dans le bas ventre derrière le diaphragme E Ph Y s I O L O G I E. 149 1 fe contracter plus fortement que lorfque l'eftomac étoit vuide, ôc d'autant plus qu'il eft plus plein ; parce que la tumeur que for- ment alors les alimens fert à ces fibres de point d'appui. Le plan des fibres de la petite courbure amené le pylore vers î'œfopliage, & comme il ne sinlére qu'à fa face gauche, il le force de s'approcher du côté droit. La principale couche des fibres circulaires rétrécit la cavité de Teftomac , mêle les alimens avec les liquides , DCXVIIIL. fait fur eux à peu près l'effet que font les deux mains prences, l'une contre l'autre, les poulfe peu à peu vers le pylore ; & celui-ci ne les laiffe pas palfer tout de fuite , tant par la caufe énoncée , DCVIL. que parce que le mouvement com- mence par un lien plus irrité , & qui poulTe également les alimens en haut , tandis que d'un autre côté il les prelTe en bas. Il n'y a rien dans ce mouvement qui reifembie à la trituration telle qu elle fe fait dans les oifeaux qui vivent de graines , Ôc qui n'ont point de dents 5 & que quelques Auteurs ont auflî tranfportée dans l'homme. Cependant l'efto- mac a de la force , c'eft ce que prouvent (os fibres qui deviennent d'un tiers plus courtes ; on a vu affez fréquemment l'eftomac avoir le diamètre diminué de plus d'un tiers , &: même d'un pouce en largeur. Néanmoins il n'écrafe pas les graines , ni les vers qui font encore plus mois. DCXIIIL. La force périftalcique la plus violente de l'eftomac vient du diaphragme & des mufcles du bas-ventre ; car ils peuvent G iij 150 Élémens plus exa(5î:emenr évacuer l'eftomac Se rappro- cher de plus près le pian antérieur du polté- rieur. Cette force détermine continuellement, fur-tout les liquides de les aliiiiens lorfqu'ils font amollis &c qu'ils^e font point trop gref- fiers pour la valvule du pylore, à palier vers le duodénum par le pylore qui eft incliné , quand l'eftomac eft trop plein. Je n'ai jamais vu les alimens fortir avant que leur ftrudture fîbreufe , ou telle autre qu'on leur voudra fuppofer, n'ait été changée en un fuc mu- queiix 5 prefque cendré , jaunâtre , un peu fœtide & pulpeux. Ce qui eft le premier préparé & fluide, palfe d'abord; l'eau fuit donc la première , le lait enfuite, puis les légumes , & en dernier lieu le?^chairs. Les fibres plus dures, plus tenaces &plus longues; les peaux pairenr fans être changées, & les corps durs , qui font trop gros pour paflfer par le pylore , reftent très4ong-tems dans Tef- tomac. DCXÎIL. Les veines qui font flottantes Se ouvertes dans l'eftomac Se femblabies aux ar- tères exhalantes, abforbeRTt une aftez grande quantité des boilTons , qui fe rendent ainfi par un chemin plus court dans le fang , com- me on le déduit clairement des injeélions. PafTe-t-il aufîî quelque chofe dans les vaif- feaux lymphatiques, DCXXXI ? DCXIL. L'eftomac irrité ou par la trop grande quantité d'alimens Se par leur acrimo- nie , ou par les nauféès que caufe la bile qui y remonte , ou par une autre caufe , poufte par fon mouvement antipériftaltique les ali- ©E Physiologie. ï5I mens en haut ; il les rend dans le vomijje- ment par lorifice de i'œfophage qui eft alors relâché. Lesmufcles du bas vencie concourent à cette adtion en comprimant le ventre , en approchant les côtes , & pendant que le dia* phragme en s'abbaiiTant s'oppofe à leur ac- tion, ils évacuent l'eftomac qui eft alors forcé comme dans un preiToir de chafTer par un relTort violent tout ce qu'il contient. DCXL. Les alimens paffant par la voie naturelle dans le duodejium y rencontrent la bile , qui remonte affez fouvent dans l'efto- mac 5 & le fuc pancréatique ; mais le carac- tère principale de q^^ liqueurs propres à la digeftion ne peut fe développer qu'à la fuite de l'hiftoire des vifcéres qui foumiirent leur fang à la.Yeine-porte. glBHBHi«JUIlJglWl«»!gtaPiail3gEga CHAPITRE XXV. ^e. r Eplploon, DîXL. Un appelle Péritoine une mem- brane ferme , fimple, qui contient tous les vifcéres du bas-ventre. Elle eft intérieure- meut très polie, exhalante & mouillée; elle eft recouverte extérieurement de routes parts d'un tiftii cellulaire très-lâche , très-gras vers les reins , très-court vers le tendon inférieur des m.ufcles tranfverfes. Le péritoine com- mence au diaphragme , qu'il recouvre entié- G *v l^t É L i M E N s rement ôc entre les fibres charnues deS der- nières cotes 8c les externes àes lombes ^ il complette avec la pleure le diaphragme à tra^ vers lesdifFérens trous duquel ces membranes font continues. Il defcend poftérieurement devant les reins & antérieurement derrière les mufcles du bas-ventre; il fe plonge dans le baffin depuis les os pubis , où il eft placé fur la veiîie , defcend derrière elle , & fe portant enfuite en arrière par deux plis courbes en forme de croiffant , avant l'entrée des ure- tères , il s'unit devant l'inteftin redum avec fa portion qui tapilTe les lombes & il eft dans cet endroit devant cet inteftin. DCVIIIL. Mais il fe développe difFèrem- înent pour couvrir les vifcères. Les produc- tions qu'on appelle ligamens , font courtes ^ elles font formées par une double produdion continue du péritoine , qui fe fépare de fa^ face interne , qui contient entre deux un tilfu cellulaire Ôc fe porte vers le vifcére particu- lier qu'elle doit envelopper. La les lames fe fèparent pour environner le vifcére ; le tiifu cellulaire renfermé entre les lames fe conti- rîue avec cette tunique membraneufe , ôc fé- pare ça Se là de cette membrane , la vraie chair du vifcére. Trois de ces courtes produdions fe rendent au foie , une ou deux à la rate , ôc les reins ont auiîi les leurs , de même que les parties latérales de la matrice ôc du vagin. La fl:ru6ture tendre des vifcères eftainfi à couvert des fecoulFes dans le mouvement du corps, ôc toute leur maffe eft attachée très-folidement contre les parois femmes du péritoine , de IXE P^ÎYSIOLOGIS. 155 cralnre qu'ils ne foient emportés par leur pro- pre poids ôc qu'ils ne fe nuifeni: à eux-mê- mes. DCVIIL. La plus remarquable des produc- tions du péritoine eft celle qu'on appelle le MÉSENTÈRE ÔC le MÉsocoLON dout nous ne devons pas ici féparer la defcription , quoi- qu'il foie afTez difficile de donner une idée de ces parties Nous décrirons d'abord le mé- focolon comme le plus (impie. Le péritoine s'étend un peu dans le baiîin devant l'inteftin rectum 5 & dans l'endroit où cetinteftin fe courbe en arc fémi-lunaire , le péritoine s^'é- ioigne des vaiiTeaux moyens iliaques ôc ^vt pfoas 'y il eft double, DCVIÎIL. 6c prend une figure telk qu'il puiiïe s'adapter à l'inteftin colon. Mais fupérieurement oC cependant du côté gauche, le colon , prefque fans aucune produdHon moyenne^ qui foit libre, eft uni au péritoine couché fur le mufcle pfoas , jufqu'à la rate , 011 ce même péritoine qui a fourni mie tunique au colon, tendu fous la rate , reçoit Se fortifie cq vifcére dans fon enfoncement fupérieur. DCVIL. De là le péritoine s'élève du rein gauche jxde l'intervalle de l'un & l'autre , des grands vaifïèaux &c du rein droit , antérieure- ment fous le pancréas, Se fournit tranfverfa- lement le méfocolon qui eft continu , large Se aOez long , Se divife , comme une cloifon » la partie fupérieure du bas-ventre dans la- quelle l'eftomac , ta rate , le pancréas Se le foie font placés, d'avec fa partie inférieure. Sa lame inférieure , iimple, fe continue du mé- Gv 154 Elémens ^ focoloîi droit au gauche , & ferc de me m- biaiie excerne à une affez grande partie du duodénum dans l'endroit où il defcend. La fupérieurejplusembarrairéejSclolgnedefapaî- tie inférieure , vis-à-vis du pylore , fournit une lame externe au duodénum &: s'unit au- delà de cet inceftin & du colon avec la lame in- férieure , de forte qu'une grande partie du duodénum fe trouve renfermée dans la ca- vité du méfocolon. Le méfocolon fe retourne enfuite vers le foie &: defcend vers le rein de ce côté \ il eft beaucoup plus court , contient La partie droite du colon , jufqu-à Tnueftin cœcum 5 qui eft placé fur le mulcle iliaque, & dont la petite appendice a même un mé- fentere , long & en forme de faulx. Le mé- focolon fe termine là , prefque vers la divi- lion de l'aorte. DCVL. Suit le Mésentère, qui eft une production très-ample du péritoine , formant des plis, continue au méfocolon tranfverfe , qui s'élève vers le côté droit du duodénum , à fa fortie , 6c dë-là vers l'un 6c l'autre méfo* colon jufqu'au balîin. Le méfentere defcen- dant fous la partie la plus droite du méfoco- lon tranfverfe , depuis la portion du péritoine couché fur l'aorte, au-deifous du pancréas , renferme dans les plis nom.breux de fon con- tour la très-loi 'gue fuite des inteftins grêles. DCIVL. Toutes les parties du méfentere &c du méfocolon , renferment de la graiife en quantité prefque d'autant plus grande qu'el- les font plus longues \ cette grailfe fe réunit dans ÏQS intervalles néceifaires des deux lames. DE PhYSICLOSïE. J^i OU fe trouvent auiîi les valifeaux flortâns au- tour d'elle .; elle eft féparée par les artères 6c reprife par les veines , comme nous le dirons ailleurs. ' DCniL. La ilrudure de I'Épiploon appro- che âiTez de celle dm méfentere. Or , il a plu- ifieurs membranes auxquelles on donnece mê- me nt>m , femblables quant à la ftrudlare dc auxufagesj elles font toutes faites d'une mem- brane rendre ^ facile à déchirer , fur laquelle rampent des vaiiTeaux en forme de réfeau, le long du trajet defquels la g rai (Te éfi: difpo- fée en forme de ilries. Cette membrane eft toujours double , 6c les vailTeaux fe diilri- buent entre fes lames étroitement unies parmi tllfu cellulaire très-tendre , & la graifle s'y accumule. Dans l'endroit ou la partie fupé- rieure du rein droit ôc le lobe aigu du foie fîtué fous les grands vailTeaux de llnteftin duodénum fe réuniffent en angle, là la mem- brane externe ducolon qui vient du péritoine, & la membrane conjointe du duodénum , qui- vient aufîi de fort-près du péritoine placé lue le rein , s'indnue en arriére 'Se au loin dans la fente tranfverfe du foi^ s fe continue avec fa membrane externe , renferme la véficule du fiel , raffermit les vaiiTeaux hépatiques ; elle eft la toute jaune de gliifante. Il y a derrière cette produdion membraneufe , entre la par- tie ia plus droite du foie , les vaiiTeaux hépà= tiques & la portion voifine du duodénum , un orifice naturel par lequel Tair eit reçu ample- ment dans cette cavité de i'épiploon , dont nous parlerons. G V} J5^ Él^mens DCIIL. De-là la membrane externe du foie & de i'eftomac font tellement unis par leur prolongement continu à cette membrane, DCXLVil. depuis le pylore & la petite cour- bure de I'eftomac , que la membrane tendre du foie fe continue de la fofle du conduit vei- neux, au-delà du moyen lobe fur I'eftomac, en s'étendant fur le petit lobe Se le pancréa?» C'eftlà le petk Épiploon hépatico-gajirique ^ qui rempli d'air repréfente un cône , & de- venant peu à peu plus dur , Se en maigrilTant, fe termine en un vrai ligament qui unit l'œfo- phige & lefoie, DCXXIII. DCIL. Le grand Epiploon g aflro- colique eft beaucoup plus ample ; il commence dans l'endroit où l'artère gaftro-épiploïque droite va d'abord le diftripuer à I'eftomac , conti- nué jufqu'à cet endroit par la lame fupérieure du méfocolon tranfverfe , DCXLIII. de là il s'étend depuis toute la grande courbure de I'eftomac jufqu'àla rate j c'eft-a-dire , depuis la courbure le plus à droite de I'eftomac vers la rate , jufqu'à ce qu'enfin il fe termine en un ligament qui unit la partie fupérieure & ^ poftérieure de la rate avec I'eftomac \ c'eft là la lame antérieure, DCL. Elle fe prolonge en bas & refte flot- tante devant les inteftins , tantôt jufqu'à l'om- bilie , tantôt jufqu'au baffin , derrière les muf- cîes du bas-ventre, jufqu'à ce qu'en fe re- pliant fur elle-même , elle monte de fon bord iEférieur , en lai (Tant entre elle &: la lame an- térieure u>ne cavité moyenne , pour fe conti- nuer fort au long en la membrane externe du DE P H Y S 10 L O Ci I E. I 57 colon tranfverfe , &c enfin dans le finns de la rate qui reçoit les grands vaifTeaux. Elle fe continue encore derrière i'eilomac ôc devant le pancréas avec la cavité du petit épiploon. DCLI. L'Epiploon colique en eftune fuite ; il fort plus à droite que le commencement de l'épiploon gaftro-coiique du méfocolon j il efl; continu avec fa cavité , mais produit par le feul colon , 6<: fa membrane externe qui fe fépare double de l'intedin , il s'avance & devenu tantôt plus long, tantôt plus court, il fe termine en cône au deifus de l'inteûin cae- cum. DCLII. Enfin il vient de tout le colon un -nombre infini de petits Epipioons ou Ap- pendices épiploïquesàoni la ftruclure ed très- femblable , qui peuvent être pareillement foufïlées , d>c qui reffemblent à des vefiies aveugles , mais qui font courts , oblongs, très- gras &: continus à la membrane externe du colon. DCLIII. L'épiploon a plufieurs ufages. Son lîfage commun avec le méfentere eft de for- mer des efpaces lâches dans lefquels lagraiffe s'amaiFe & fe conferve pendant le fommeil ^ le repos, afin qu'elle puilTe pendant le mou- vement être diiîoute & rendue dans la malTe du fap.g par les veines abforbantes , & confti- tuerainh ia portion principale de la bile. C'ed pourquoi on trouve l'épiploon tantôt avec plus d'un pouce d'épaiifeur , tantôt mince 5c plus tranfparent que du papier. L'épiploon qu'on a trouvé dans différens fujets d'un plus grand ou plus petit volume , plus ou moins gras. I5S E L E M E N s fuivant qu*iis avoient mené une vie plus ou moins oiiîve , plus ou moins laborieule , & qu'ils avôient été plus ou moins affectés de maladies j les phénomènes qui s'obferyenc dans les animaux ; l'analogie du refte de la graiiFe répandue par- tout le corps , XXI ; l'exemple des grenouilles , dans iefquelles on peut voir cette graifFe repaflfer dans le iang j la nature de la bile manifeftement intiamma- hle ; tout cela fait voir que cette graitre eil repnfe par les veines. G'elt à cela que je rap- porte les vices de la digeftion , les crudités , les fraîcheurs d'eftomac que l'on a obfervés , après la dellrucfcion de i'épiploon. DCLIV. Tout ie iang qui revient des épi- ploons Ôc du méfocolon fe réunit dans la vei- ne-porte , Se par conféquent dans le foie mê- me. L'épiploon gaftro-colique reçoit du fang de l'une & l'autre artère gaftro-épiploïque y de plufieurs rameaux defcendans& en forme deréfeau , dont les' plus latéraux font les plus longs ; les artères inférieures font des petits ra- meaux des artères coliques. L'épiploon coli- que reçoit des rameaux des artères coliques, de même que les autres plus petits , DCLIt. "Les artères du petit épiploon viennent des hépatiques Sc de la coronaire droite Ôc gau- che. DCLV. L'épiploon a de très-perits nerfs, & il eft infeniible &" gras. Ges nerfs viennent de la huitième paire , tant dans la grande que dans la petite courbure de l'eftomac. DCLVI. Les artères du méfentere font en général les mêmes que celles qui fe diftri- DE Physiologie. 159 buentaux inteilins, & dont les plus petits ra- meaux fe terminent dans les glandes Ôc la grailTe du méfentere. Les artères intercoftales, fpermatiques , lombaires ôc capfulaires , fournilfent de part &c d'autre diffërens petits rameaux au mélocolon. Les artères Iplénique ôc prancréaticc-duodenale en fourniiFent au mélocolon tranlverfe. Le méfocoion gauche en reçoit despetits rameaux de l'aorte , qui fe jettent dans les glandes lombaires. DCLVIl. Les vemes de l'épiploon accom- pagnent en général les artères, &fe rèunifTent dans des troncs femblables. Celles de la par- tie gauche de l'épiploon gaftro- colique , &c de l'hèpatico-gaftrique , fe vuident dans la fplè- nique qui porte fon fang dans le tronc de la veine-porte. Les veines de la plus grande par- tie droite de l'épiploon gaftro-colique , du colique & des appendices èpiploiqueSjfe vui- dent dans le tronc méfenterique. Toutes les veines méfenteriquesfe rèunilTent en une qui eft le vrai tronc de la veine-porte ^ elles for- ment d'abord deux gros rameaux ^ Lun s'ap- pelle méfenterique ^ reçoit la veine gaftro-épi- ploique, les coliques moyennes , l'iléo colique & toutes les veines àes inteftins grêles juf- qu'au duodénum ; l'autre qui fe porte tr an f- verfalement , fe réunit au premier, au-deffus de l'origine du duodénum , rapporte le fang Aqs veines coliques gauches ^ de l'intellin rec-" tum , (i on en excepte les inférieures , qui viennent en partie des rameaux de la vefïïe &' en partie des hypogaftriques qui fortent du badin. Cette veine qu'on appelle hémorrhoïdaU l(jô É L É M E N s interne , s'infère quelquefois dans la fpléni-' que plutôt que dans la mélenterique, L'épi- ploon a-t-ii des vailTeaux lymphatiques ? Il y a certainement dans le petit épiploon de dans le gaftro-colique des glandes conglobées , & les anciens Obfervateurs ont vii dans l'épi- ploon des vaiiTeaux tranfparens, de même que celui qui parmi les modernes a pris ces vaifTeaux pour des veines ladées de l'efto- niac. DCLVIII. Une autre utilité de l'épiploon , eft de fe placer entre les inteftins & le péri- toine , de les empêcher de fe col'er , de laifTer aux inteftins une entière liberté pour fe mou- voir , de diminuer le frortement qu'ils ef- fuyenr tant fur eux-mêmes que fur le péri- toine , d'enduire d'une huile très-douce les fibres mufculaires. C'eft aulîi pourquoi il fe trouve dans les infedtes beaucoup de grai(ïe entre les inteftins. Il y a plufteurs appendices dans les gros inteftins, parce que leurs fibres charnues font plus conlîdérables , & qu'ils ne peuvent pas être tous couverts par l'épi- ploon. DCLIX. Il dirige auffi les vaifTe^ux , il les foutient 6c les affermit j il unit les vifcéres vol fins , exhale une vapeur molle , qui en fe mêlant avec l'eau qui s'exhale des autres vif- céres du bas-ventre > les enduit Scies lubri- fie tous. .DCLX. Le méfentere fert d'appui aux in- teftins & les rend fiables , fans les priver de leur mobilité \ il foutient les vaifteaux , les nerfs ôc les veines la<^ées j il les met en su- DE Physiologie. i^i reté; il loge les glandes , comme on le dira ailleurs ; il fournit la membrane externe aux inteflins ôc produit la plupart des épi- ploons. DCLXL Mais outre cela , le fang qui re- vientpar les veinesjnéfenteriques & méfoco- liques , apporte au foie une autre partie prin- cipale de la bile ^ fçavoir , une alTez grande quantité d'eau , légèrement alkaline , re- pompée de tous les inteftins grcles , comme on le fera voir dans fon lieu. De plus , elle rapporte auiîi des gros inteftins une eau, mais plus putride , fœtide , & d'un caracSbere ap- prochant de l'aîkali volatil , reprife des excré- fnens qui fentent déjà fort , qu'elle tranfmet au foie, comme le prouvent des expériences -parrîculieres , & l'endurcifTemenn des ma- tières retenues trop long-tems dans les intef- tins. Cette eau eft naturellement fluide , ôc plus fluide encore par le commencement de la purréfadion ; elle tempère en conféquence la lenteur de Thuile de l'épiploon & du mé- fenrece , & Tempèche de fe coaguler ; mais elle fournit fur-tout à la bile cette humeur rance 3c alkaline , dont elle abonde , ôc de laquelle dépend uniquement la finefle fur- prenante de la bile, fa vertu favonnsufe de fa force colorante. i6i Elemens CHAPITRE XXVI. De la Rate. DGLXII. AjA rata eft un des vifcéres qui en- voie fon fang au foie. Ce vifcére eft pulpeux, fanguin, livide , un peu épais , de circonfér rence ovale , ordinairement divifé dans fa longueur , convexe dans fa partie tournée vers les côtes 5 concave à la partie oppofée ^ il a deux petites faces , une antérieure 6c une pof- tcrieure , dont la première regarde l'eftomac, & l'autre le diaphragme \ il eft divifé par l'en- trée Aqs vailfeaux. Il eft uni à l'eftomac par le petit épiploon,& par ui> ligament fupérieur, fouteaupar le colon voifin &par un ligament, DCXLIII. il s'étend derrière la capfule à la- quelle il eft adhérent par une grande quantité de tilTu cellulaire , &: il eft attaché au rein par le péritoine. Il reçoit auiïidu diaphragme le péritoine fous le nom de Ligament, dans la partie poftérieure de fon finus cave derriéreles vaifteaux. Sa (iruarion n'eft pasconftante & fuiç celle de l'eftomac. Lorfque l'eftomac eft vuide, la rate eft fituée plus perpendiculairement , & on y diftingue une extrémité fupérieure & une inférieure. Lorfque l'eftomac rempli s'é- lève en devant par la partie moyenne de fa grande courbure , DCLXÎI. la rate change en même tems de fituation &: oïle a deux ex- trémités, une antérieure & une poftérieure , DE Physiologie. i6^ deforte qu'elle eft prefque tranfverfe. Ainfi fa mafTe , qui d'elle-même eft très-molle , eft plus lâche & plus grande , lorfque l'eftomac eft vuide ; quand il eft plein , il l'applatit con- tre les côtes 5 & la fait fe vuider. C'eft pour- quoi on la trouve grande dans ceux qui font morts de langueur, petite dans ceux qui fonç vigoureux & ont péri de mort fubite. Elle defcend auftî avec le diaphragme dans l'infpi- ration , remonte dans l'expiration j elle change outre cela fréquemment de fituation avec le colon. On trouve fouvent une autre rate plus petite près de celle que nous venons de décrire, DCLXIII. La rate a de grands vaifleaux , â proportion de fon poids. Le tronc artériel vient de la cœliaque , dont le rameau gauche fe porte en ferpentant au-deftus & derrière le, pancréas , 6c après avoir fourni des rameaux au pancréas, au méfocolon, à l'eftomac & à Icpiploon , ilfe courbe pour fe conformer au fîUon de la rare, & foucenu par l'extrémité droite de l'épiploon gaftro-colique , il perce , pour ainfi dire , la rate par plulleurs rameaux. Une veine qui l'accompagne , extraordinaire- ment molle &au de- là de ce que le font toutes les autres veines , forme le principal rameau gauche de la veine-porte , & outre les ra- meaux qui accompagnent les artères , cette veine reçoit la grande coronaire qui defcend derrière le pancréas & quelquefois rhémor- rhoidale interne. On a parle ^.illeurs des vaif- feaux courts de la rate \ enfiil'Ies lombaires, les phréniques , les intercoftnles , les capfu- laires jettent des petits rameaux aux ligaœens 1^4 É L É M E N s Ôc aux membranes de la rate. Les veines fplc» niques ôc les vaifTeaux courts communiquent donc par ce moyen avec les capfulaires , les rénales & les phréniques. DCLXIV. On a plus fouvent parlé des y AJSsiAvx lymphatiques de la rate , que je ne crois qu'on les a vus. On les indique dans la duplicature de la membrane de la rate , mais on ne trouve pas une pareille'duplicature , &c -on dit qu'ils vont de- là au rcfervoir du chyle, ils font très-apparens dans les veaux. DCLXV\ Les Nerfs delà rate font petits , c'eft pourquoi elle eft peu feniible & s'en- flamme ttès-rarement. Ils tirent leur origine d'un plexus particulier compofé de rameaux poftérieurs du nerf de la huitième paire , DCXXX. êc des propres rameaux du grand plexus ganglioforme que le tronc fplanchni- que du nerf intercoilal produit ; ces rameaux couvrent de leurs filets l'artère fplénique. DCLXVL La (ubftance de la rate paroît être beaucoup plus fimple , qu'on ne l'a crû vul- gairement. En effet , dans l'homme & dans le veau elle eft uniquement compofée d'ar- tères & de veines ; & fur-tout par les artères qui fe divifent Se ie fubdivifent en une infi- nité de rameaux , terminés en un grand nom- bre de ramifications enfin très-molles , diffi- ciles a remplir , ferrées , defquelles il y a un paifage facile dans les veines qui les accom- pagnent. Différens Auteurs ont pris pour des glandes les petits pinceaux de ces vaiffeaux avec leurs rameaux parallèles , en quelque forte arrondis. Dans les injedions bien faites , DE Physiologie. i6^ la matière ne fe répand dans aucuns interval- les. Chaque tronc artériel ôc les rameaux qui en fortent , font environnés d'un tiiFu cellu- laire tendre, comme dans tous les vifcéres. Une membrane unique, (impie, qui n'eft pas fort dure, continue au péritoine , enveloppe extérieurement toute la malTe. DCLXVII. L obfervation nous apprend qu'il entre dans la rate beaucoup plus de fang que dans tous les autres vifcéres , puifqu'il ne fe trouve ni mufcle , ni grailï^ , ni conduit excréteur , ni vailTeau aérien entre fes vaif- feaux rouges. Ce fang n^eft prefque jamais coagulé, il eft noirâtre , & on peut prefque le comparer avec le fang du fœtus par fa dilîb- lution , fa couleur , Se la plus grande portion ^efon eau ; il abonde en fel volatil. DCLXVIII. On a de tout tems recherché , douté & difputé fur l'ufage de la rate , parce qu'elle n'a pas de conduit excréteur. Voici ce qui nous paroît le plus répondre à fa ilrudu- re. Il fe porte beaucoup de fang à la rate , DCLXIII. fon mouvement eft lent à caufe que l'artère s'y porte en ferpentant; mais dans le tems que l'eftomac eft vuide , il s'y porte plus abondamment & il v eft retenu, parce qu'alors il eft moins prefte j il eft en quelque forte en ftagnation à caufe du très-grand rap- port que les rameaux paroilFent avoir dans ceg endroit avec leurs troncs , & d'ailleurs à caufe de 1^ circulation difficile du fang de la rate par les veines hépatiques : c'eft de là que les fchirres font très-fréquens dans la rate; c'^ftde là que vient la force immenfe du fang l(3(j É L i M E N s qui gonfle toute la rate &c qui n'efl: pas fî grande dans aucun autre viiccre. C'eft en conféquenee que le fang ftagnanc dans un lieu chaud , fomenté par les matières putrides que renferme le colon qui en eft proche , ed: diiFout 5 atténué & commence en quelque fa- çon à fe pourrir , comme le prouve fa couleur êc fa conliitence. Il eft d'autant plus fluide que la rate n'a pas de vailfeau fécréteur, & par conféquent toute la partie aqueufe qui a paf- fé dans l'artère , repalfe dans la veine. DCLXIX. D'ailleurs , quand l'eftomac eft rempli d'alimens & d'air , la rate eft réduite dans un petit efpace contre les côtes qui lui réfiftent & le diaphragme qui la touche', de forte que le fang qui revenoit lentement par la veine fplénique & en petite quantité, eft exprimé en plus grande abondance de la rate, revient promptement au foie , fe mêle au- fang pareifeux , plein de gTailTe , qui revient de l'épiploon & du méfencere, DCLXIV. il le délaie Ôc l'empêche de fe coaguler & de refter en ftagnation , &c il rend la fécrétion de la bile plus abondante dans le tems même qu'elle ell plus néceflfaire pour ladigeftion. Il paroît ^ donc qu'il porte quelques parties aqueuies à la bile j mais peut-être légèrement alkalines de qui deviennent plus acres par le féjour. DGLXX. La ftrudure de la rate eft-elle cellulaire ? Le lang répandu dans ces cellules s'y arrête-t-il ? ou y eft-il délaie par quelque fuc féparé dans des glandes particulières ? Lanatoniie ne fait rien voir de femblable , de D E P H Y s I O L O G I ï. 16 J la liqueur , ou la cire , pouirée avec affez de force ne fort pas des artères. Les maladies, ou l'anatomie comparée, font-elles voir quelque chofe de fembkble aux glandes ? Voyez ce que nous avons dit N° CXVIIC. Se prépare- t-il dans la rate un acide pour l'eftomac ? Cette opinion n'eft plus de mode , elle eft Contraire à l'harmonie des liqueurs du corps humam. La rare eft-elle inutile & cela eft-il démontré par les maux médiocres que fouf- frent les anmiaux auxquels on l'a ôtée ? Un animal robufte efl moins fufceptible d'une pe- tite perte ; cependant on a des exemples qu'en confequence le foie eft devenu gonflé éc vicié, que la bile a été njoins abondapte, plus jaune , & que des ventrincom modes ont fuccédé ; effets que Ion doit rapporter au changement du caractère de la bile , à l'obf- trudion du foie , aux forces affoiblies de la digeftion. CHAPITRE XXVI I. Du Foie y de la VéJicuU du Fiel & de la Bile, ' DCLXXI. Le foie eft le plus vafte de tous les vifcéres \ il occupe une grande partie du bas- ventre au de (Tus du méfocolon ; il en occupe cependant une plus grande dans le fœtus. Le diaphragme eft au-defTus, a droite & derrière; e'eft de lui qu'il reçoit le péritoine fojis le iartie convexe du foie , depuis le partage de a veine cave jufque dans le (îllon tranfverfe du foie y il s'élargit en devant & prend le nom de ligament fufpenfoir, parce qu'il fépare le grand lobe droit du petit lobe gauche ; de s'é- cartant , il forme la membrane du foie , DCXXIII. blanche , (impie , mince , fem- blable à la première membrane de l'eftomac , au-délfous de laquelle fe trouve la membrane cellulaire , qui l'unit avec la chair du foie. La veine ombilicale s'unit à fon bord inférieur : cette veine prefque effacée dans l'adulte n'a plus la forme qujg d'un corps fibreux , envi- ronné de beaucoup de graifïe. Une membrane vient du diaphragme au foie , dans Textrê- mité du lobe gauche , fur la partie convexe ôc fouvent fur le bord j elle eflLdans les jeunes gens ordinairement plus à gauche que l'œfo- phage ; elle eftplus à droite dans les adultes ; elle eft^^aulîi toujours unie à l'eftomac & à la rate , lorfque le foie eft trop gros ; On l'ap- pelle Ligament latéral gauche. Le droit réunit beaucoup plus poftérieurement le diaphrag- me au grand lobe droit. En outre fans cepen- dant que l'étendue foit fenfîble , la membrane du lobe droit du foie eft fouvent collée au diaphragme par le moyen d'un tilfu cellulaire, fur-tout dans les vieillards ; car on le fépare facilement dans le fœtus, &: ily a même entre îe ligament fufpenfoir & le ligament gauche une pareille produdion continue du péritoine, femblable à un lisament. De plus , le péri- toine DE Pk YS I O L ec lE. i^cj toine, en fe portant du rein vers le foie, forme un pli qui a la figure d'un ligament. Le petit epiploon , & les productions lâches Se coiïti- nuesdu méfocolon, DCXLVII. uniflTent le foie avec l'eftomac, le duodénum & le colon - ^ le méfocolon l'unit avec le pancréas. Le foie eft amfi folidement affermi dans le corps, de manière cependant qu'il lui refte encore beaucoup de mobilité Bc qu'il peut être agité difteremment ôc abbaiiïe par le diaphragme. DCLXXIL Le lobe droit du foie répond outre cela antérieurement par fa face interne concave au colon, poftérieurement au rein droit. Le fin us moyen a dans fon voifinage la partie du duodénum qui touche la véficule ÔC la partie qui porte les grands vaiiïeaux du toie. Le lobe gauche s'étend très-loin fur l'ef- tomac , & fouvent il s'étend , fur-tout dans les jeunes gens , au-delà de l'œfophage , j'af- que dans Phypocondre gauche. Le petit lobe s'adapte à la petite courbure de l'ertomac. Le pancréas eft aufli fous le foie , de h capfule atrabilaire droite eft unie par une grande quantité de tiflu cellulaire a la partie le plus a droite. DCLXXIIL II eft difficile de déterminer la figure du foie. Ce vifcére commence dans la partie droite de l'hypocondre par une émi- tience très grofife Ôcfolide, convexe du côté du diaphragme , concave du côté du colon de du rein ; il eft partagé par une ligne faiîlante, quî divile ces pentes faces caves , Se qui fe con- tinue a rappendice la plus longue du périt • n , r ^^ ^^^^ dimipue peu à peu Se de^ Jrart, II» L| l'jO É L E M E N s Vient plus mince 3 & fe terminant prefque trianoulairement en pointe , il s'étend dans i'hypocondre ga^uche, au de là de l'œlophage dans les jeunes gens , & jufqu à la rate ^ il eft ordinairement plus court dans les adultes , 6c fe termine àTceiophage. Lapavtiefupérieure, poftérieure du foie, eil par-tout convexe^ elle ioutient le diaphragme , & elle eft placée en grande partie fous le cœur en s'applatilTant un peu fur la gauche ^ la face inférieure qui a différentes figures , s'appuie fur le duodé- num , le colon 5 l'eftonvac , le pancréas , là capfule rénale droite , c'eft-à-dire , qu'il y a plufieurs filions qui divifent le foie en diffé- rentes régions , qui n'étoient pas inconnues aux Anciens. DCLXXIV. Le principal , tranfverfe , s^é- tend de droit à gauche &: occupe environ les deux tiers du foie \ il commence à la partie mince du lobe droit , & va en s'élar^ifTanc fur la gauche. Uy a devant ce fillon tranf- verfe , dans le lobé droit j une cavité pour la véficule du fiel , enfuire un lobe convexe ano- nyme , la fofîe de la veine ombilicale tranf- verfe en arrière , fouvent couverte d'un pont jette du lobe gauche du foie fur cette émi- nence anonyme. Derrière le grand fillon du coté droit , une éminence grêle , tranfverfe , qui s'élargit fur la droite , légèrement creufe, conduit les grands vailTeaux du foie ; les An- ciens l'ont appellée Porte ; elle joint le pe- tit lobe 5 dont je parlerai avec le lobe droit. Vient.enfuite le lobe poftérieur j que l'on ap- pelle mal à propos lopeticlôh de Spigelius ^ © E Physiologie. 171 qui eft papillaire , obtus , conique , placé dans la petite courbure de l'eftomac. La grofTe racine réunie de ce lobe ôc de la première cminence creufée , commence de la partie convexe du foie ôc du diaphragme , & a un iîllon oblique creufé dans le côté droit , in- cliné fur la droite , dans lequel eft placé le tronc de la veine cave , qui va du cœur vers les vertèbres des lombes , fouvent couvert, comme par un pont , par une grande quantité de chair du foie , de façon qu'elle forme un tuyau. Une autre folTe , prefque droite en ar- rière y termine le bord gauche du petit lobe, elle s'étend auffi fur la gauche, a fon com- mencement au liliontranfverfe, & fe termine vers le paflage de la veine-cave par le dia- phragme. Cette foiïe contenoit dans le fœtus, le finus veineux , dont on trouve encore quelque veftige dans l'adulte. Tout ce qui eft par delà 5 forme le lobe gauche , fîmple, éga- lement cave en bas , pour s'appuyer fur l'efto- mac, & s'émincit eu un bord tranchant. DCLXXV. Un Ci grand vifcére a aulÏÏ une grande quantité des vaiflTeaux de différens genres. La grande artère , la plus grande par- tie de la cœliaque , Se la plus à droite , qui fort en devant & à droite , palTe tranfverfale- raent devant la veine-porte, ôc après avoir fourni la petite artère coronaire &c jette la pancrèatico-duodenale qui eft considérable , le porte au foie à peu près par deux rameaux, dont le gauche fe diftribue a la folTe onibili- cale , au conduit veineux , au lobe poftèrieur , au lobe gauche , au lobe anonyme , au liga- H ij l-J'L É L É M E N S ment fufpenfeur , 6c s'unit à i'artére phréni- que & d i'épigaftrique. Le rameau droit ell; plus profond, couvert par les vaKTeaux de la bile j.il fe rend au lobe droit , à l'anonyme, 6c produit par unfeul petit tronc Tartére cyf- tique 5 qui fe divife peu après en deuXjpalTe^ en delfus & en defous de la véficule , cou- verte par la membrane externe fous laquelle elle rampe \ elle jette des rameaux à cette véficule 6c aux conduits biliaires ^ plufieurs autres au foie. Le rameau gauche ou même le tronc fournit une artère fuperficielle aux VâilTeaux de la bile , au lobe anonyme , auic glandes àQ% portes» Outre la cœliaque , la grande méfenterique produit très-fouvent un grand rameau à droite , qui monte derrière le pancréas \ il pafTe pour le rameau droit de l'hépatique qui vient de la cœliaque. Mais la grande coronaire , qui eft la première bran- che de la cœliaque, jette toujours un rameau , fouvent très-con-fidérable , au lobe gauche 6c à la fotfe du conduit veineux. Celles que pouiïent au foie les phréniques , les mam- maires , les rénales , les capfulaires , font plus petites. DCLXXVI. Il y a de deux genres de veines dans le foie, 6c c'ellle feul exemple que nous en ayons jufqu^à préfenr. La veme-porre re- çoit tout le fang du ventricule, DCXXIX. à^^ inteftins , du méfentere , DCLXIV. de la rate DCLXUL del'épiploon, DCLXIV. ^ enfin du pancréas , p.ir deux troncs , Içavoir, la fpiénique tranfverfe 6c la méfenterique af- rendante ^ qui fe réimiffent enfuit^ ça un,. t> E Physiologie. 173 Ce tfonc eft grand , compofé de membranes fortes Ôcplus folides que dans la veine cave ; il monte derrière la première courbure du duodénum, reçoit les veines le plus à droite du duodénum , ôc la petite coronaire ; il monte à droite dans le finus du petit lobe du foie, DCLXXIV. puis fe divife de nouveau en deux grands rameaux. Le Rameau droitcomt, eft plus ample , fe divife en deux , & après avoir reçu la veine cyftique , il fe diftribue dans fon lobe. Le gauche parcourt le refte de la longueur du fillon tranfverfe du, foie & fournit des ramifications au petit lobe , au lobe anonyme & au gauche, & fe recourbant^ il entre dans la foffe ombilicale, & lorfqu'il eft parvenu dans la partie moyenne , il fe ramifie dans le foie. Il arrive quelquefois que le rameau du petit lobe poftérieur vient du tronc de la veine-porte. DCLXXVIL La V^m^E-porte eft environ- née par-tout de beaucoup de tifTu cellulaire qu'elle entraîne avec elle , du méfentere & de la rate \ il eft denfe, court , fortifie fes mem- branes , qui font plus dures que celles de Taorte même. Beaucoup de petits vaifTeaux &c les nerfs hépatiques fe diftribuent dans ce tiftu , & tout cela enfemble prend le nom de capfule, qui n'eft autre chofe que le tiftu cel- lulaire &: dans la compofition duquel il neft jamais entré aucune fibre charnue. La veine-porte l'entraîne avec elle par-tout le foie ; elle en eft fufpendue , de forte que les rameaux , ainfi arrêtés & coupés par un plan perpendiculaire à leur diredion ^ confervent Hiij "^174 É L i M E "N s un orifice rond. Chaque rameair-de la veine- porte fe divile en plufieurs autres rameaux , quife fubdivifent jufqu'â ne former plus que des vaiiTeaux très fins, comme le f€>nt ordi- nairement les artères. Chaque rameau de la veine-porte eft toujours accompagné des ra- meaux de Tartére hépatique , qui rampe fur fa furface ôc fur celle des pores biliaires , à peu près comme ks artères bronchiales ram- pent fur les bronches , &c les rameaux du con- duit biliaire font unis entre eux par un tiifu cellulaire auili fin que de la toile d\traignèe. Quelques rameaux fortent du foie , fe portent vers les iigamens , Se s anaftomofent avec les veines qui les environnent. La fomme des rameaux de la veine-porte eft toujours plus grande que le tronc , &c la fomme des orifices des rameaux eft confidèrabkmeht plus grande que celui du tronc 3, XXXVI. Il s'enfuit de-U qu il y a beaucoup de frottement ^ CXLVII. Se CXXXIÎI. que les chofes s'y pafTent com- *ne dans les artères. DCLXXVIÎI. La veine -porte apportam , également que l'artère hépatique, du fang au foie, il doit y avoir une autre veine qui le rapporte. L'extrémité des rameaux de la veine-porte Se celle de l'artère hépatique s'abouchent donc avec d'autres veines qui font des Rameaux (/e la veine-care , qui for-^ tent de routes parts du foie Se fe rèuniflTenc vers fa convexité , à la partie poftèrieure de ce vifcère,en de petits troncs , enfuiredansde gros troncs : enfin ils ne viennent plus qu'à former environ dix. grands vaiffeaux. Les, D E P H Y s I O L O G I E. I7Ç pîus petits d'entr'eux & les plus nombreux viennent du petit lobe poftérieur du foie , ôc fe Ytiidentdans la veine-cave, pendant qu elle mont^ vers le diaphragme à gauche par le fillon fouvent couvert par un pont jette dif- fus ^ qui eft auprès du petit lobe jGtué à droite. Les autres beaucoup plus grands , au nombre de deux ou trois , fe jettent dans cette même veine-cave , mais plus près du diaphragme j, êc fouvent après avoir reçu les veines qui en reviennent» Les rameaux de la veine -cave font en général en plus petit nombre & plus petits dans l'adulte , que ceux de la veine- porte y le fang en confcquence eft porté avec plus de rapidité par ces rameaux à raifon du frottement diminué, CXL. &c du concours du fang dans un plus petit orifice , dans lequel il eft toujours accéléré , toutes Iqs fois que la force qui le pouiTe eft fuffifinte, CXL. Je n'ai jamais vu aucune valvule remarquable à l'ori- fice de ces veines. Le tronc de la veine-cave -monte par un trou du diaphragme, dont les quatre angles obtus ne font bordés que par des fibres tendineufes, CCXCL d'où il chance plus difficilement de figure , CCCCXV. Ôc cette veine s'ouvre auffi-tôt après dans l'oreil- lette droite. La phrénique ôc l'émulgente fourniftent les petites veines qui parcourent la fuperfieie du foie , où certainement les veines hépatiques , qui viennent des portes , communiquent avec elle. DCLXXIX. On fait voir que le fang vient de toutes ces parties , DLXXVI. à la veine- porte , en liant les veines entre ces parties ôc H iv l-jô ^ É L E M E N s le foie ; en effet, elles fe gonflent & la veine- porte s'aifailTe & fe vuide. Les injections ana- tomiques nous apprennent que le fang paffe <îu foie dans la veine-cave , en ce qu'elles font voir qu'il y a des anaftomofes & un che- min entre la veine-porte ôc la veine-cave \ la nature commune àes veines qui fe rendent à la veine-cave en eft encore une preuve. Ce- pendant les obftacles qui naififent de la diftri- bution artérielle de la veine-porte , par ce qu'elle eft fi éloignée du cœur , la nature hui- leufe du fang qui y circule , font que le fang fe meut plus lentement dans le foie que par- tout ailleurs , s'y amafle , 6c y produif plus facilement àQs fchirres. Le mouvement muf- culaire & la refpiration en diminuent le dan- ger ; le repos , l'oifiveté, les alimens acides ic vifqueux l'augmentent. Nous avons jufqu'à préfent parlé de ce qui fe paflTe dans ladulte, dans lequel la veine ombilicale & le conduit veineux n'ont plus lieu , quoiqu'il foient adhérens au rameau gauche de la veine- porte. DCXXC. Le foie a plutôt^ un grand nom- bre de nerfs que de gros , c'eft pourquoi il eft peu fenfîble , quand il eft bleffé ou enflammé. Ces nerfs viennent de deux endroits. La plu- part font produits par le grand plexus gangli- forme du rameau fplanchnique du nerf in- tercoftal , auquel fe joint un rameau qui vient du plexus poftérieur de la huitième paire j ils accompagnent l'artère hépatique , & fe ré- pandant librement autour de fon tronc , ils fe diftribuent avec elle & la vfine-porte dans le dePhysiôlogie. ^ 177 foie. Un autre paquet vient ordinairement fe joindre avec le conduit veineux , il vient du plexus poftérieur de la huitième paire , ôc quelquefois du grand plexus* DCXIXC* Le foie a beaucoup de vaifTeaux lymphatiques , ôc on peut toujours les voir facilement aux environs de la veine-porte. Ils fortent de toute la face concave du foie de de la fuperficie de la véfîcule du fiel ; ils for- ment un plexus qui environne la veine-porte, ôc fe rendent aux glandes conglobées (ituées en dedans &: devant cette veine : de- la ils fe léuniiïènt en un gros tronc qui eft la féconde racine du canal thorachique. On en a décric d'autres dont les branches viennent de la partie convexe du foie , Ôc dont on ne connoit point la fin ; car il n'eft pas probable qu'ils fe vuident dans la veine-cave , & on ne les a pas conduits alTez fouvent jufqu'âu réfervoit du chyle , pour qu'on puiffe anurer qu'ils s'y rendent. DCXVIIIC. La ûniâcme interne du foie efl plus difficile à développer. Les derniers ra- meaux de la veine-porte , de la veine-cave 5? de l'artère Se des conduits biliaires dont iî fera parlé y font unis par un tiffu cellulaire , DCLXXVIL en forme de petits grains , qui font prefque exagones, dans lefquelsily aune communication réciproque des rameaux de la veine-porre &c de l'artère hépatique avec les racines de la veine-cave , & de la veine-porre avec les extrémités des pores hépâtîqocs",. Cette dernière communication eft prouvée par les injedions ^uztomîqaes y, ■piniqne hs- l7^ ' É L E M E N S liqueurs injedées par la veine-porte j revien- , nent a la fin dans le canal cholidoque. ^ DCXVIIC. Plufieurs illuftres Anatomiftes ont enfeigné que ces grains étoient creux , que les artères & les veines rampoient fur leur lurface extérieure , & que la bile iéparée par les rameaux de la veine-porte fe dépoloit dans leur cavité. Ils ont tiré leurs preuves de Tanatomiedes animaux , dans lefoie defquels CQS grains ronds font plus vifibles que dans celui de l'homme; des maladies, qui font voiries cellules & les tubercules ronds rem- plis de lymphe , d'une matière plâtreufe èc de difFéreiites concrétions. On peut ajouter à cela la lenteur delà bile , qui a aflez d'affinité avec le mucus, l'analogie des follicules de la vèfieule du fiel. DCX Vie. Mais l'Anatomie exadte n'admet point iesfollicules dans lefquels les plus petits vaiflTeaux fécrétoires s'ouvrent ; en effet , cqs follicules arrêterôient en chemin la cire qu'on inie6^e dans les vaifTeaux du foie & forme- roient des petits nœuds moyens entre ces pe~ tits vailFeaux & les pores biliaires. C'eft ce- pendant ce qu'on n'a jamais vu , puifque la cire continue fon cours , fans féjourner ni fe répandre dans aucune cavité ^ qui devroit l'arrêter à fon paffage de la veine-porte dans les conduits biliaires. Bailleurs la trop grande longueur des vai (féaux biliaires ne paroît pas s'accorder avec la ftrudure glanduleufe ; car tous les follicules fe déchargent à une petite -«îiftance de la liqueur qu'ils féparent ; ils ne Jonc pas propres à laifler parcourir un lon^ DE PhYSIO LOGIE. 1*^9 e/pace aux liqueurs , parce qu'ils leur font perdre une grande partie de la vîtefTe qu elles ayoienr reçue des artères. Les concrétions 6c les hydatides fe forment dans le tiffii cellu- laire , & enfin la bile eft aiFez fluide , d abord après fa féparation. DCXVC. La veine-porte qui eft particti*!- liére au foie ôc qui ne feroit d'aucun ufage , il elle ne fervoit à aucune fécrétion , engage à croire que la bile ne fe fépare pas par Tartére hépatique ; la continuation des rameaux de cette veine avec les conduits biliaires eft beau- coup plus évidente que dans les artères ; l'ex- périence fait voir que la fécrétion de la bile continue à fe faire malgré la ligature de l'ar- tère hépatique; la grandeur des conduits bi- liaires comparée aux artères qui leur corref- pondqnt , de enfin la nature particulière dii fang de la veine-porte, lequel eft très-propre à la fécrétion de la bile , confirment ce fenti- ment. En eftet , ce fang renferme de l'huile qui domine plus dans la bile que dans toute autre liqueur humaine, une eau favonneufe repompèe de l'eftomac , une vapeur alealef- cente & prefque fœtide du bas- ventre, la- quelle s'exhale ( comme on le fait voir par l'anatomie) de toute la fuperficie des intef- tins , de l'épiploon , de l'eftomac , du foie , de la rate Se du méfentere. Enfin le fuc demi- pourri , acre , alealefcent , repompé des ex- crèmens , pendant qu'ils s'épailhiTent dans lés gros inteftins, Se rendu par les veines hémor- rhcïdales internes , d'où la bile tire fon amer- tume & oetce difpoficion qu'elle a à s'alkalifec H vj loO É L i M E N S &c à fe pourrir. Le fang de l'artère hcpacique n'a rien qui foit particulièrement propre ou^ analogue à la fécrétion de la bile. DCXIVC» La veine-porte pouflfe donc dit fang très- propre à la fècrètion de la bile dans chaque petit grain du foie, DCXVC. & le chemin étant libre Ôc fans aucuns follicules intermédiaires, entre chaque rameau de la veine-porte Se la petite racine d'un conduit biliaire , la bile fera pouiTce par la force du fang qui circule , & qui fuit par derrière & par Tadion auxiliaire du diaphragme qui prelTe le foie dans le bas-ventre très-remplt contre les autres vifcères, DCLXXL dans les plus grands rameaux & enfin dans les deux troncs du conduit biliaire hépatique, quis'u- riilTent avec la veine-porte dans la foffe tranf- verfe du foie , vers le lobe anonyme. DCXIIIC Ce conduit eft compofè d'une membrane nerveufe , forte , femblable à celle des inteftins j d'une membrane cellulaire ex-- terne 6c interne, & d'une membrane veloutée lâche , rèticulaire , inégale par la quantité de pores Se de finus, & continue avec la veloutée des inteftins. Il n'a rien de mufculaire dans fa llrudure. L'expérience y démontre peu d'irri- habilité. DCXIÎC. Le conduit hépatique ainfi formé fe rend vers la veine-porte, en lailfant l'artère fur h. droite vers lé pancréas ; ildefcend à gauche couvert par une portion de cette glande , de perce poftèrieurement î-inreftin- duodénum dans la partie inférieure de fa fé- conde courbure, à fix pouces du pylore ,.où il BB PhYSÏOLOGÏÏ. itî s*m/înue à travers des fibres charnues, rencon- tre le finus oblong , oblique , formé par le canal pancréatique Se s'y infère par un petir orifice. Ce finus defcend loin êc obliquement à travers la féconde membrane cellulaire àm duodénum, il perce la nerveufe ôc fe continue obliquement entr'elle ôc la veloutée : enfin il s'ouvre dans une ride du duodénum faillante ôc a longue queue. Un finus d'un pouce envi- ron de longueur, qui reçoit le canal choiido^ que 5 fitué dans l'efpace qu'il y a entre l'en- droit où il arrive vers l'inteftin duodénum &c fon embouchure, efl renfermé entre les mem- branes de cet inteftin , de forte que lorfqu'il efl: rempli , diftendu par les vents ou extrê- mement rétréci par un violent mouvement périftaltique , ce conduit eft néceffairement comprimé 3c applati y il ne s'évacua que îorf- que ce même inteftin eft vuide ou médiocre^ ment relâché. L'obliquité de ce conduit , fa ride facile à pouffer & à fermer , enfin la def- cente affez prompte d'une nouvelle bile pac un conduit perpendiculaire , empêchent la bile de rétrograder de l'inteftin dans ce con- duit ; l'air même qu'on infinue dans cetin*^ teftin ne remonte point par ce conduit. DCXIC^ Ce conduit en reçoit un autre iemblable qui lui eft, joint à l'endroit des portes , plus petit , parallèle dans un afTez^ grand efpace , & qui 8*^7 infère à angle très- aigu; on l'appelle C.A^Ai^.cyJiique à caufe de fon origine ; il eft rarement gfoflî par un^ autre conduit qui vient du foie pour sV infé- xerJl vicnr de k Vésicule dujicl ^ qui efl \m 01 £ L i M E N s reiervoir particulier qui fe trouve dans la plu- part des animaux ëc qui ne s'obferve point 4ans d'autres, fur-tout dans ceux qui font Fort vifs. Ce réfervoir eft placé dans la folTe du. lobe droit du foie , DCXXIV. à la droite du petit lobe anonyme , de forte que plus on efl: jeune 6c plus il fe trouve entièrement entre le bord du foie , au lieu qu'il eft extrême- ment faillant dans l'adulte. Il eft fitué tranfr verfalement de la. partie antérieure à la pof- térieure , fon col monte un peu. DCXC. La figure de la véficule du fiel n'eft pas conftante j elle a cependant la figure d'une poire ,.fe termine en devant par un hé- mifphere obtus Ôc aveugle, & va en s'allon- géant & en fe diminuant en arriére ; le col ou le fommet de ce cône tronqué , réfléchi fur lui-même , arrêté dans un ou deux endroits par un tifTu cellulaire propre, fe termine en îe réflécliiflant de nouveau en haut dans le conduit cyftique î qui de-lâ va à gauche fe Tendre au conduit hépatique. Ce conduit eft lui-même arrêté par plufieurs brides du tiftii cellulaire j il a en dedans plufieurs rides , qui , lorfqu'on l'ouvre après l'avoir foulîlé Se defteché , ont toutes , prifes enfemble , la figure d'une valvule fpirale , mais qui font pendant la vie molles , alternes êc retardent la bile, fans qu'aucune s'oppofe entièrement à £on paftage , comme on s'en aifure en le gon- flant d'air, qu'on en fait fortir en le compri- mant. DCXCI. La Membrane externe de la véfi- culedu fiel la revêt feulement à fa partie in- ©E Physiologie. 1S5 férieure, ôc c'eft l'enveloppe même du foie qui Rejette au-delddelavéfkule du {iel,Ô<: la forti- ne dans fon finus. La féconde eft un tilTu cel- lulaire lâche. La troiliéme paroît compofée de fibres quelquefois fort vifibles j qui fe portent Je long de la véficule , qui cependant ont dif- férentes diredions , de forte que quelques- unes fe coupent obliquement, ôc d'autres fois on n'en trouve aucune. Lz nerveufe & la fé- conde cellulaire ôc la veloutée font les mêmes que dans les inteftins, finon que la veloutée paroît former un réfeau & des cellules fem- blables à celles des conduits biliaires. On trouve des pores dans la véficule , fur-tout vers le col & même dans le milieu, dans lef- quels on peut introduire une foie , & qui fé- -parent du mucus. Les artères exhalent , com- me par-tout ailleurs , leur eau dans la cavité interne de la vciicule. DCXCn. La bile hépatique paflTe dans la véfîcule du fiel , toutes les fois qu'elle trouve quelqu'embarras dans le finus duodenal , par des vents ou par quelqu autre caufe qui com- prime le conduit cholidoque. Elle eft donc très-remplie toutes les fois que le canal choli- doque eft comprimé par un fchirre & une tumeur , & quelquefois elle eft (\ grande qu'on auroit de la peine à le croire. Le canal cyftique étant lié , il fe gonfle entre la liga- lurG- & la partie qui s'abouche avec le canal hépatique , & on a vu dans les animaux vi- vans la bile hépatique pafter dans la véficule qu*on avoir ouvert© exprès pour cette expé- rience. L'angle rétrograde de ce conduit n'em* 1S4 ^ Élémens pêche rien ; car la moindre compreflîon dé- termine la bile du foie dans la véiieule, & l'air s'infinue facilement par cette voie , fur-tout lorfque l'inteftin eft gonflé auparavant par Tair. La bile de la véiieule ne paroît pas être une bile différente qu'elle fépare ; en effet , toutes les fois que quelque pierre ferme le chemin du conduit cyftique , ou qu'on a lié ce conduit , on n'y trouve rien autre chofe qu'un mucus peu épais, infipide , féparé par les fol- licules 5 DCXCL ou une eau légère qui s'y exhale. Il n'y a pas le moindre veftige de vé- ficule dans plufieurs animaux , & cependant il coule dans les inteftins une grande abon- dance de bile acre , médicamenteufe. Il ne paroît pas probable que le rameau de la veine- porte fépare de la bile dans lavé'ficule, puifque cette véficule eft un vaiffeau qui la rapporte i l'artère ne fait pas cette fonction ; car il n'eft prefque pas probable que la bile cyftique la plus acre foit produite'par un fang plus doux, & que celle du foie qui eft plus douce foit produite par un fang plus convenable pour cet effet , DCXVC;par conféquent toute la bile que le foie fournit à la véficule , y monte donc uni- quement par le conduit cyftique , & on ne trouve dans Thomme aucun aurre conduir entre le foie & la véiieule , comme on le prouve par la ligature dont nous avons parlé ci-defifus , par l'embarras que produit la pierre, par l'obfervation fcrupuleuie Se recherchée de la ftru6ture de la partie , qui démontre qu'il ne s'écoule rien du foie ni de la véikale, de qu'on ne coupe pas d'autres yaiiïeaux que ©E Physiologie. 185 les artères Se les veines , quand on fépare la véfîcule du foie. DCXCIII. Lorfqu'une partie delà bile hé- patique , reçue dans la véiicule du fiel y fé- journe , elle y eft uniquement agitée par le mouvement d'une refpiration douce , & il s en. exhale une partie très -fine que nous voyons fe répandre au loin à travers les mem- branes voifines. Le refte , comme une huile alkaline , devient acre dans un lieu chaud , fe rancit , s'épaiflit , concrade de l'amertume , ôc fa couleur devient plus foncée. On n'ob- ferve pas d'autre différence entre la bile cyfti- que àc l'hépatique , finon que cette dernière eft moins amére , moins roulTe , moins vif- queufe dans fes conduits. Le pore biliaire, plus étendu dans les animaux auxquels il tient lieu de véficule , prouve que cette diveriité ne vient que de fon feul féjour ; car la bile qui y refte plus lorig-tems que dans le foie eft plus amére ; l'éléphant en fournit un exem- ple. Mais la principale utilité de la véficule du fiel j eft de recevoir la bile dans le rems que l'eftomac eft vui de & quelle n'eft d'au- cun ufage; &de la verfer plus abondamment & avec une plus grande vîtefte , quand nous en avons befoin pour pénétrer les alimens , dans le tems qu'ils paftent en plus grande quantité dans le duodénum. Cela fe fait avec une vîtefte d'autant plus grande , que le conduit cyftique eft plus étroit que la véficule du fiel. DCXCIV. La véficule ne touche point l'ef- tomac, mais l'endroit d'où le duodénum cona- tt^ Ê L É M Ë N s mence a defcendre. Mais lorfque reftomac diftendu occupe^ dans le bas-ventre , qui eft déjà très-plein , un plus grand efpace , il prefTe le foie & le duodénum , compriipe la védcule du fiel & en exprime le lue qu'elle contient , ainfi la bile coule de laVéficule par un chemm libre dans le canal cholidoque Se dans le duodénum. Cela fe fait plus facile- ment dans riiomme couché , parce qu'alors le fond eft en haut- De là il fuit que pendant la diette la vcficule fe gonfle. La continuiré du conduit cyftique avec le canal cholidoque fait voir qu'elle coule dans l'inteftin & non pas vers le foie , l'angle de rencontre de ces deux conduits s'oppofant à ce retour, de même que la réilftance de la nouvelle bile qui arrive du foie. A peine y a-t-il une force qui puiife l'exprimer, fî on en excepte le diaphragiiié dc i'eftomac ; car celle de fa membrane propre mufculaire Se contrad:iblé efl foible. La bile hépatique parcourt continuellement ce che- min , le conduit cyftique étant même lié, fi ce n'eft quand il fe trouve quelqu'obftacle , qui n'eft jamais de durée , vers l'extrémité du ca- nal cholidoque , comme l'air , la force périf- taltique. Il n'eft pas croyable que toute la bile qui vient du foie , fe détourne pour entrer dans la véficule , plutôt que d'aller dans le duodénum. Il n'y a pas un obftacle perpétuel qui empêche qu elle ne s'écoule par cet en- droit , qui réfifte particulièrement à la bile hépatique & qui laifie palTer la cyftique. Le paftagedans le canal cholidoque eft plus ,^rand êc plus droit ; le conduit cyftique eft beau- DE PHYSIOLOGtI. 1S7 coup plus petit que l'hépatique ^ il n'eft par conléquent pas fait pour recevoir tonte la bile de ce conduit. Le canal cholidoque eft beau- coup plus grand que le cyftique; il n'eft donc pas fait pour ne recevoir feulement que la bile de ce conduit. Il y a plufieurs animaux dans lefquels le- conduit hépatique s'ouvre dans l'inteftin , fans avoir aucun commerce avec le cyftique : dans les animaux vivans , le canal cyftique étant même libre, il parole que la bile delcend continuellement dans le duodénum. La grandeur de l'organe fécré- Éoire Se du conduit excréteur, qui eft beau- coup plus grand que les falivaires , les mala- dies dans lefquelles il eft forti par l'ouverture d^un ulcère du côté quatre onces de bile cyf- tique 5 perfuadent qu'il s'y en fépare une aiïez grande quantité. DCXCV. La bile hépatique eft à la vérité bien amére , mais la cyftique l'eft encore plus; elle eft mifcible avec l'eau , l'huile Ôc î'efprit de vin ; elle fe coagule avec les acides minéraux ; elle fe diftbut par les fubftances alkalines ; elle eft très-propre à dilToudre rhuiie 5 les réfines & les gommes ; elle eft d'un caradlére favonneux & lixiviel, mais qui dégénère volontiers en odeur de mufc par la pourriture. Son analyfe chymique , ou les ex- périences que l'on fait en la mêlant avec dif- férens corps , font voir qu'elle contient beau- coup d'eau & une aftez grande quantité d'huile inflammable , qui en fait la douzième partie environ ; on découvre fort bien cette huile dans les pierres cyftiques. Il entre aulîi unô lS8 Ê L É M E N s affez grande quantité de fel alkali volatil dans fa compofition. C'eft donc un favon, mais du genre de ceux qui font compofés de fels lixi- viels volatils. Intimement mêlée avec les ali- mens réduits en pulpe & exprimés de l'efto- mac 5 par la force périftaltique de l'intedin duodénum & la preffion des mufcles de l'ab- domen 5 elle détruit en grande partie leur aci- dité naturelle ; elle difTout le lait caillé Ôc dif- pofe davantage les alimens à la pourriture ; elle diifout les huileux , afin qu'en fe mêlant facilement avec l'eau , ils conftituent une par- tie du chyle , ôc pafïent par les veines ladées; elle déterge Se atténue le mucus, & enfin elle excite par fon acrimonie le mouvementpérif- taltique des inteftins. Tous ces ufages font confirmés par l'obfervation des accidens con- traires qui fuivent le défaut de la bile. La bile cyftique étant fupprimée , l'hépatique n'efî: pas fuffifante pour débarraffer le bas- ventre ; & fon utilité eft fi grande , qu'il efl notoire que le cours de la bile vers les inteftins étant fupprimé, la véficule étant détruite, les ani- maux les plus robuftes ont péri en fort peu de tems. DCXCVI. La bile altérée & privée de fon amertume par la pourriture , defcend peu à peu avec les alimens & fort en même tems que les excrémens. La veine-porte en re- pompe peur-être quelque partie fine, aqueufe & moins amére. Elle regorge moins dans Teftomac à caufe de l'élévation du duodénum qui eft-plus bas , de la valvule du pylore , du nouvel abord du chyle , que l'eftomac ajoute- D I Ph Y s I O L O G I E. 189 au premier. Elle eft douce ôc agréable dans le fœtus ; car alors aucuns excrémens fœtides ne fournifTent une vapeur acre alkaline, ôcThuile n'en eft point repompée. Etant vifqueufe dans un animal tranquille , gras , de même dans l'homme par les mêmes caufes ou par le cha- grin, elle forme très-facilement des caillots durs , plâtreux ou rélineux , & beaucoup plus fréquemment que l'urine , comme nous l'a appris l'expérience. Lorfque fes paflTages font bouchés & qu'il furvient quelque mouve- ment convuhif contraire , elle retourne dans le foie & dans le fang ; elle teint toutes les autres liqueurs humaines, le mucus même de Malpighi ; ainfî elle produit l'iétére. A-t-on jamais trouvé le canal cholidoque inféré dans le pylore ? C'étoit U où on le pîaçoit dans des fîécles où l'anatomie n'étoit pas trop éclairée, & il n'y a parmi les Modernes aucune obfer- vation qui confirme cette tradition , quoi- qu'on life dans quelques Auteurs qu'il s'infér^ près le pylore. CHAPITRE XXVIII. J?u Pancréas > DCXCVIII. JLa bile efi: un favon , mais vif- queux , qui n'eft pas alTez coulant Se qui par confcquent ne fe mêle pas fi aifément avec les alimens , fur-tout la cyftique. La nature a donc ajouté à la bile le fuc pancréatique ^ 1 9« É LÉ MENS aqueux, infipide , fin , qui n'eft ni acide , ni lixiviel 5 féparé dans le même lieu pour dé- layer la bile , la rendre plus mobile en s'y mêlant par le mouvement périftaltique des inteftins & la mêler avec la pulpe des ali- mens , aider lui-même à difToudre la malTe chyleufe & faire les mêmes fonctions que la falive, dont nous avons parlé, DCVI. avec laquelle ce fuc , la glande qui le fépare , fon conduit ôc les maladies même ont un grand rapport. Il eft afTez naturel de p enfer qu'il tempère l'acrimonie de la bile cyftique , ôc cela eft confirmé par l'anatomie comparée ; car les animaux qui n'ont pas de véficule du fiel 5 ont le canal pancréatique fort éloigné du cholidoque. DCXCIX. Le Pancréas eft la plus grande des glandes falivaires ; elle eft obiongue, pla- cée fur le méfocolon tranfverfe , derrière la partie du péritoine qui fe prolonge au-delà du pancréas à travers ce méfocolon, derrière l'eftomac Ôc la rate , fous le foie , devant la capfule atrabilaire gauche ôc l'aorte. Elle a la figure d'un triangle un peu applati ^ fon bord fupérieur eft poli ; il eft couvert du pé- ritoine ; le plan poftérieur de^'eftomacvuide, s'appuie fur fon bord poftérfeur ôc inférieur j il commence vers la rate ôc fe porte prefque tranfverfalement de gauche à droite , en de- vant , au-delà des vertèbres ; il s'élargit au côté droit des vertèbres , il s'infinue entre fa lame fupérieure du méfocolon tranfverfe ÔC l'inférieure , DCXLIV. & il s'unit par fort cxtrcmitc arrondie au duodénum , de façon DE pHYSrOLOGII. I^I qu'il lui ferc de méfentere. Sa ftru6lure eft U même que celle des glandes falivaires ; il eiï compofé de grains ronds Ôc aflez durs , unis par beaucoup de tiflu cellulaire. Il reçoit plutôt un grand nombre de vaiflèaux que de gros^; la plupart viennent des vaifTeaux fplé- niqnes ; ceux qui font le plus â droite vien- nent de la première duodenale ôc de celle qui eft commune au duodénum ôc au pancréas ; cette artère s anaftomoXe avec la première §C avec la méfenterique qui jette auffi quelques rameaux afTez coniidérables à cette glande ; la capfulaire & la phrénique ne lui envoient que de petits rameaux. Les nerfs ne font pas confidérables ; auffi le pancréas n'eft-il pref- que pasfenfible ; ils viennent du plexus pof* térieur de l'eftomac , de l'hépatique , &c. DCC. Il y a le long & prefque au milieu de cette glande un conduit blanc , rendre , formé par le concours d'une infinité de petites ra- cines ; c'eft pourquoi en s'augmentant peu à peu, s'élevant devant la veine-porte Ôc l'ar- tère méfenterique , ôc après avoir reçu un gros rameau de la portion la plus large du pancréas j il arrive à l'endroit du duodénum , où fe rend le canal cholidoque ; il defconâ en changeant de route, s'avance ôc s'ouvre , DCXIIC. dans le finus fitué entre les mem- branes de l'inteftin ôc poli en dedans , après avoir reçu le canal cholidoque. On trouve af- fez ordinairement l'orifice de ce canal fèparé de celui du canal cholidoque j ou bien il s'ou- -i^re par deux orifices difïérens dont l'inrèrieut èft ciiftinguè ôc plus petit que iautre : ii sou* JC)% É L É ME N S; vre cependant toujours dans le voifinage du canal cholidoque. DCCL Ou ne peut pas déterminer la quan- tité de la liqueur que fépare le pancréas j ce- pendant il s'en filtre alTez abondamment , eu égard à celle que féparent les glandes fali- vaires , parce que le pancréas eft trois fois plus grand & qu'il eft fi tué dans un lieu ua peu plus chaud. Le fuc pancréatique eft pouf- fé par la force du liquide qui circule , par les vifcéres qui le prefient , le bas-ventre étant plein, par le foie , l'eftomac , la rate , l'artère méfenterique , l'aorte , la fplénique. Uexif- tence conftante de ce vifcére dans prefque tous les animaux fait voir qu'il y eft d'une grande utilité j ôc le peu d'expériences que l'on a fait fur des animaux robuftes, au moyen defquelles on s'eft alTuré qu'on pouvoit ôter une partie du pancréas ( car on ne peut ôter le rout qu'avec le duodénum) fans qu'il s'en- fuivê rien de fâeheux , ne prouve rien contre ce que nous avançons. En effet , on vit encore, lorfqu'on a une partie du poumon détruite j cette partie n eft cependant pas inutile. On nç parle plus depuis iong-tems de l'effervefcencç de ce fuc avec la bile. CHAPITRE XXIX, Des Intejîîns grêles, PCCIl. Les Anatomiftes appellent inteftins grêles un tuyau continu , prèfque cylindri- que DE Physiologie. i^j que 5 mais dont la fedion eft de figure ovale éc le fommec obtus eft dans la partie libre de l'inteftin. Ce tuyau commence où finit i'ello- mac qu'il embraife, DCXXVI. Il fe prolonge fout lom ôc finit en s'étendant dans l'intedm le plus gros. Les Anatomiftes ont coutume de compter trois inteftins grêles ; mais la nature n'en a fait qu'un. Le duodénum a cependant des bornes en quelque forte confiantes dans la fin de la partie de l'abdomen qui eil fur le méfocolon tranfverfe , DCXLÎV \ mais cet inte{l"in grêle , fituc auiÏÏ au-deflous du méfo- colon , n'a aucun caraâ:ére marqué qui puifle le faire diftinguer de ceux qu'on appelle vul- . gMTeinenz jéjunum de ï iléon ; fi ce n'eft que le jéjunum ell garni d'un plus grand nombre de valvules Se de vaifiTeaux , & que les poils de fa membrane veloutée font plus longs (ce qui le rend un peu plus rouge ) , que l'ileon renferme plutôt des glandes, ôc que fes ramifi- cations vafculaires font moins fréquentes ; cette diftindlion s'eft cependant infinuée peu à peu 5 fans qu'on en ait afligné de raifon .cer- taine. DCCin. Le duodénum tire fon nom en quelque forte de fa longueur. Il eft lâche 5c plus ample , fur-tout dans fes premières cour- bures, parce qu'en partie il n'a aucune mem- brane externe , & que d'ailleurs cette mem- brane ne l'environne point par-tout. Il eft rouge & pulpeux , & il a quelquefois des fi- bres charnues plus groftes. Il commence au- tour de l'orifice annulaire du pylore ; il va de- la en onde , mais il eft en général tranfverfe à // Fart. 194 É L É M E N s i '; droite Se en arriére , quand l'eft^inac eft vuide 5 vers la véficule du fiel dont iïîtouche le col 5 DCXCII. Il defcend enfuite pjbliqiie- ment à droite, jufques vers la lame inférieure du méfocolon & l'entrée du canal cholidoque, ôc il eft reçu en chemin ^ntre la lame fupé- rieure ôc inférieure du méfocolon. Delà en- core tranfverfe, mais montant en même tems derrière le pancréas & les grands vailleaux niéfenteriques , il revient à gauche avec la veine rénale gauche ; il fort de la duplicature du méfocolon en fe coudant vers la droite des vaiiTeaux dont nous venons de parler , par un trou particulier dans lequel le méfocolon tranfverfe gauche ôc le méfentere lui font unis , il defcend dans la partie inférieure du bas-ventre ^ il s'y infère ôc prend le nom de y^y^^^î^.Tz, Sa grandeur 3 fon élévation au-def- fus de l'infertion du canal cholidoque , le fé- cond pli qu'il fait autour de la racine du mé- fentere, occâfiorfnent quelque rallentiflemenr, afin que la bile , ôc fur-tout le fuc pancréati- que, fe mêlent particulièrement avec la maflTe des alimens dans cet inteftin. DCCIV. Le refte des inteftins grêles n'a aucune place îixe ; mais il remplit la partie inférieure du bas-ventre ôc le bafîln , par des contours indéterminés , nombreux Ôc qu'on ne peuç décrire ; il eft entouré par le colon qui l'environne , ôc il fe place entre la veiîie éc la matrice. DCCV. La ftrudure des inteftins grêles eft a peu près la même que celle de l'eftomac ou de l'œfophage, Le péritoine ou le méfentere DE Physiologie. t^ç leur fournit une membrane externe , (î on en excepte une partie du duodénum ; cette mem- brane en s'approchant double de la pointe obtufe de l'inteftin , féparée dans cet endroit par un tifTu cellulaire , ordinairement gras, ôc dont le refte embraïTe ii étroitement les in- teftins 5 que leurs fibres mufculaires font ad- hérentes à la membrane externe , qui ne dif- fère point de celle de l'eftomac. C eit donc par cette membrane & par leméfentere, DCLIV. que font foutenus les inteftins & qu'ils font affermis avec une grande mobilité , de ma- nière qu'ils peuvent exécuter tous les mouve- mens qui leur font nécelTaires. DCCVI. Leurs fibres mufculaires ne font pas les mêmes dans toute leiu: étendue , & ils n'ont pas tous la même figure. En effet , la principale couche des fibres à^s inteftins eft circulaire , & environne de toutes parts leur tube ;ces fibres aflez femblables & parallèles forment des cercles compofés d'arcs impar- faits ; elles font du refte pâles & très-fufcep- tibles de contradion. Les fibres longitudinales des inteftins grêles font en plus petit nombre, difperfées dans toute leur circonférence , pla- cées fur-tout au fommet obtus de l'inteftin & entrelacées entre les premières. DCCVIL II fe trouve entre la membrane mufculaire & la fuivante un tiffu cellulaire plus étendu , femblable à celui qui s*obferve au-deffous de la membrane mufculaire de l'eftomac , répandu fur la membrane ner- veufe; on le trouve rarement rempli de graifTe dans l'homme. La membrane nerveufe , fem» I9^ E L É M E N S blable à celle de l'eftomac , forme propre- ment les parois de tout le canal inteftiiial ; elle eft compofée de petites fibres ferrées , que le fouffle peut féparer , éloigner , & ré- foudre en tifTu cellulaire. Celle-ci eft fui vie d'une troiliéme membrane cellulaire ; c'eft encore un tiiTu femblable à celui qui fe trouve encre la membrane mufculaireôc la nerveufe. Enfin la plus intérieure de toutes , c'eft la membrane veloutée \ elle n'eft pas la même que celle de l'eftomac. En effet , elle eft d'a- bord plicée de toutes parts pour former des rides prefque demi-circulaires , & même qui réunilfent obliquement ces demi cercles, & ferment difFérens contours ; la tunique ner- veufe pénétre légèrement ces rides \ la troi- fiém© cellulaire eft au-deftous , & ainfi inter- pofée , elle remplit la duplicature de la mem- brane veloutée. Ces plis commencent à un pouce environ du pylore & fe trouvent en très-grande quantité dans la partie moyenne 6c intérieure des inteftins , le nombre en de- vient peu à peu moins confidérable , & il fe trouve fur la convexité de la féconde cellu- laire un petit tronc d'artère & de veine. Les premières fontconfufes dans le duodénum & iuivent même la longueur de Tinteftin ; la préparation anatomique peut leur faire for- mer des cerceaux & des valvules. Elles font effedivement molles , faciles à retourner & fe prêtent en conféquence au paftage , foit dired, foit rétrograde des alimens ; elles font cependant en fi grande quantité qu'elles les rallentiftent dans leur trajet, elles donnenç dePhysiologie. 197 par cette raifon pins d'étendue à la mem- brane veloutée. DCC VIIL Ce n'eft pas fans raifon que nous donnons le nom dev^/o//r^'^àcette membrane, puifqu'elie pouife dans toute la fui face in^ cerne des inteflins , tant fur les valvules que dans leurs intervalles , un nombre infini de flocons libres &c flottans , femblables à ceux d'une houppe de foie , en quelque façon co- niques, mais obtus, formés parla membrane interne des inteftins , par le tifTu cellulaire renfermé dans la duplicature , par les petits vaiffeaux ôc les perYrs nerfs^ renfermés dar.s ce tilfu , par confcquent aflez femblables aux papilles de la langue , fi on excepte leur molleiïe. DCCIX.Dans la furface interne de la mie m- brane veloutée s'ouvre un nombre infini de pores grands & petits. Ces pores répondent à ces glandes fimples , qui fe découvrent facile- ment , muqueufes , placées dans la féconde membrane cellulaire , femblables à celles qui s'obfervenr dans la bouche & le pharynx \ kurs follicules font très-vafculeux ôc leurs orifices eft ouvert dans l'inteftin. Il y en a quelques-unes dans le duodénum , affez voi- fines , &C qui cependant ne fe réunilTent pas , & il n'eft pas roujours poflible de les faire voir. Il y en a une affez grande quantité dans l'inteftin iléon ; quelques-unes font ifolées , on en trouve peu qui foient unies enfemble , Se beaucoup avec leurs femblables font ra- ma (Fées de manière qu'elles repréfentent une tache elliptique. liij T^S É L i M 1 N S DCCX. On trouve dans toute la furface des inteftins de petits pores qui environnent la bafe des poils de la membrane veloutée; on les voit fur-tout dans les gros inteftins & on les y a obfervés depuis long-tems , & ce n'eft cjue depuis peu qu'on les a découverts dans les inteftins grêles. Ils paroiftent aiifli féparer une liqueur muqueufe. DCCXI. Les vaifiTeaux des inteftins grêles font très-nombreux. Le tronc commun le plus gros de cette portion d'inteftin qui eft au-def- fous du méfocolon, eft l'artère méfenterique, la plus confidérable de celles que poufte l'aorte dans le bas-ventre; elle en fort au-deftus des artères rénales, defcend derrière le pancréas , àla droite du commencement du jéjunum , & outre les artères coliques , prolongeant fur- tout fon tronc vers la partie inférieure du mé- fentere ôc Textrêmité droite del'inteftin iléon, elle jette à gauche un grand nombre de ra- meaux, dont les premiers & les derniers font les plus courts , & les moyens font très-longs. Ceux-ci 5 divifès en de plus petits rameaux, s'anaftomofent avec les rameaux voifins , for- ment des arcs convexes , d'où fe détachent d'autres artérioles qui s'anaftomofent encore les unes avec les autres , forment de fembla- bles arcs , Se cette même difpofition fe répète prefque cinq fois , jufqu'à ce qu'enfin les der- niers arcs pouffent en très-grande quantité des rameaux droits , qui embralfent de part ÔC d'autre les inteftins. DCCXII. Cette divifiondes rameaux dans les inteftins eft aftez conftante ^ pour qu ua DE Physioiogiî. 1^9 rameau antérieur arrive du méfentere à tra- vers la première membrane cellulaire ; l'autre poftérieur, après avoir jette de petits rameaux à la membrane externe & à la charnue , fe diftribue dans la féconde membrane cellu- laire. Là le petit tronc antérieur fe portant vers le fommet obtus de la courbure du canal inteftinal , va tout droit en fe ramifiant ga- gner un femblable rameau poftérieur , Ôc il fournit a proportion de ce qu'il eft gros . des rameaux déplus en plus petits, en forme d'ar- briiïeaux , qui s'anaftomofent avec une infi- nité d'autres petits rameaux d'artères oppofées* Ce réfeau jette par la membrane nerveufe à la troifiéme membrane cellulaire de dans la cavité de la membrane veloutée des Râl^ts rameaux qui enfin s'ouvrent &c exhalent 4eur liqueur dans l'inteftin, dont l'injedion d'eau, de colle & enfin de mercure , imite facile- ment le cours. L'induftrie des modernes a dé- couvert de plus que les artères fe terminent dans la petite cavité du follicule , Se qu'elles y dépofent leur liqueur ^ qui s'écoule par l'o- rifice commun de ce follicule. Au refte la ftrudture réticulaire des artères Se leur nom- breufes anaftomofesfont que les inteftins font à couvert , autant qu'il eft pofiible , de toute obftruétion, & qu€ les molécules arrêtées peu- vent rentrer facilement dans le tronc des ar- tères par le moyen de ces anaftomofes. DCCXIII. Le dernier tronc de l'artère mé- fenterique s'anaftomofe avec l'ileo-colique. Le duodénum a différentes artères. La pre- liiicre fupérieure , droite , fournie par l'hé- liv XOp É L 1 M £ N s parique fe diftribue à la partie convexe de k courbure de cet inreftin , au pancréas , Ôc fournit a cet inteftin ^ elle communique avec la gauche, inférieure, appeliée pancréatico- duodenale, qui forme un arc femblable dans ie pancréas &: la partie concave de la courbure du duodénum , & s'anaftomofe enfin avec les artères duodenales les plus inférieures y qui font produites par la méfenterique dans foii pafTage devant cet inteftiru Je pane volontiers fous fdence la defcription des artérioles que les ancres fpermatiques & capfulaires jettent au duodénum, DCCXiy. Les veines , fort femblables aux artères, fe rendent toutes au tronc méfenteri- ^^A de la veine-porre , ii Ton en excepte la duôifènale droite qui fe rend au tronc même de la veine-porte , de les petites qui accompa- gnent h^ artérioles , DCXIII. éc fe rendent auin dans les veines fpermatiques Ôc lom- baires. Je n'en aï pas encore vu d'autres venir de la veine- cave. Elles ont toutes cela de conv mun qu'elles n'ont pas de valvules ôc qu'elles communiquent librement avec les artères. Elles repompent de la membrane veloutée des inteflins, dont la plus grande partie eft vei- neufe , une humeur fine , comme il le paroît parles injections d'eau faite dans ces veines , laquelle pafTe facilement dans les inteftins ; par l'analogie des vieillards , dans lefquels les glandes méfenteriquss ôc les ouvertures des vaiffeaux laâ:és s'effacent très-fouvent 'y par l'exemple des oifeaux qui n'ont point de vei- aes laxiiéês j par la vîteiïè avec laquelle les li« DE P H Y S I 6 t G G I E. 20I queurs aqueufes font portées dans le fang 5c vers les urines, comparée avec la petiteiTe du canal thorachique. , DCCXV. Lqs nerfs font en très-grand nom- bre 5 petits , 6c rendent cependant les inteftins tfès-fenfibles \ ils font produits par les plexus moyens du nerf fphanchnique , qui envionne k tronc de l'artère méfenterique & fe répan- dent autour d'elle, fortement attaches par un tiiïli cellulaire dur. Les nerfs du duodénum, viennent aufîi du plexus poftérieur de la hui- tième j>aire & du plexus hépatique. DCCXVI. Les artères exhalantes répandent dans la cavité des inteftins une liqueur hne , aqueufe ,/emblable au fuc gaftrique , & qui n'eft pas acre ; ta grande quantité de cette li- queur peut s'évaluer par la grandeur de l'ori- iice excréteur & de l'artère qui la fépare ^ grandeur qui furpaffe celle de routes les au- tres parties ; par le relâchement qui fe trouve dans une partie continuellement hume<5tée 6c chaude , ôc par les diarrhées ou par les dé- je6tions aqueufes qui fuivent les purgations. Le mucus produit par ces fources , DCCIX. &c DCCX. enduit la furface interne de la membrane veloutée & met les nerfs fenfibles à couvert des impreilions des chofes acres 5c fpiritueufes, C'eft pourquoi il s'en trouve une plus grande quantité au commencement des gros inteftins , parce que la maiTe corrompue àQs alimens commence a être plus acre & plus tenace dans ces parties. DCCXVIl Le mouvement des mufelesqai /bi' ment les parois de l'abdomen , tncle ceus? 10-2. É L E M E K S iiqueuf avec la malTe des alimens réduits ett pulpe , avec la bile & avec le f uc pancréati- que , Ôc fur-tout le mouvement perijtaltiquc plus fenfible & plus fort dans les inteftins grêles , que dans toute autre partie \ car la partie de l'inteftin foUicitée par les vents , par les matières acres & âpres , fe contracte très-fort, même après la mort , dans l'endroit où on applique ces matières j elle fe débar- raffe d'un corps qui la diftend & l'incom- mode , & le pouffe dans la portion voifine Sc relâchée de l'inteftin, qui , contrariée à fou tour par la même force irritante , le repoulTe de part & d'autre. Ce mouvement a lieu tan- tôt dans une partie de l'inteftin , tantôt dans uneautre , fans aucun ordre déterminé & par- tout où l'air & les alimens produifent quel- qu'effet. L'aptitude au mouvement eft ii forte dans les inreftins , qu'ils balancent l'irritabi* litéducœur, la* furpaiîent , ou au moins en font difficilement furpa (Tés. Cela fe fait par un mouvement vermiculaire merveilleux , & par la révolution Aqs inteftins , qu'ont dé- montré la diffedtion àQS animaux vivans, & de triftes accidens dans l'homme , à la fuite des plaies du bas- ventre & des hernies. Le poids des alimens pouvant bien n'entrer pour rien dans cette action par rapport aux diiFé- reiis plis & replis des inteftins , lorfqu'ils font irrités , ils s'évacuent en haut comme en bas. On conçoit par là ce que c'eft que le mou- vement antipénftaltîque qui expofe plus long* tems la mafTe àQ% alimens à Taélion douce - des inteftins 9 du fac qui ladiilbuc^ 6c aux »E Physiologie. lôf orifices des veines abforbantes. Tout ce qui eft renfermé dans le canal inteftinal eft enfin pouflTc vers les gros inteftins , parce que la force ftimulante a fon principe dans l'orifice gauche de l'eftomac ; les alimens nouveaux qui y arrivent continuellement , excitent en l'irritant une nouvelle contraction dans la par- tie fupérieure des inteftins , pendant que le colon qui ne fe contradte point vers la partie inférieure de l'iléon , diminue l'adion ftimu- lante ; en conféquence le colon relâché reçoit ce qui vient fupérieurement Se s'évacue plus facilement dans le cœcum qui eft grand 3c en repos, plutôt qu'il ne repoufTe en haut les ali- mens qu'il a reçus , mouvement auquel s'op- pofe la preilîon de l'inteftin qui y poufte de nouveaux alimens. Il y a des Obfervateurs qui prétendent que ce mouvement détermine plus fortement les alimens en bas qu'en haut. DCCXVIII. Les fibres circulaires excitent par leur contradtion ce mouvement périftal- tique qui reffert l'inteftin , vuident Ci exaébe- ment ce canal, qu'elles pouftent en avant les plus petits corps , les épingles & les petites pouiîîéres. Les fibres longitudinales, que nous voyons d'ailleurs dilater la portion fuivanre de l'inteftin & la rendre capable de recevoir les alimens qui y font pouftes, lorfque ces fi- bres fe contraétent à l'occafion de l'aétion des alimens qui les follicitent, forment les révo- lutions de l'inteftin retiré en haut ou en bas , & courbent la partie droite de l'inteftin , tan- dis qu'elles ledrciTenc celle qui eft courba ^ 1 V j 104 É L i M E H s comme on le voit fenfiblement dans les brutes^ Cette même contradion prefTe la membrane^ veloutée dans la cavité de rinteilin ^ rend les. plis plus longs Ôc exprime le mucus pour pé-- nétrer la quantité des alimens proportionnée à l'irritation ôc à la force qui la produit. Elles rendent les introfufceptions fréquentes ,&: fou- - vent fans caufer aucun dommage , lorfqu elles retirent la portion de Tinteftin voifitie qui efè contractée , & qui par ce moyen renferment la première dans celle qui eft plus lâche. DCCXIX. La pulpe des alimens difïbute par le fuc pancréatique , par le (\àc inteftinal, mêlée avec la bile , arroféepar le mucus , eft donc exaétement pétrie & beaucoup mieux que dans l'eftomac , à mefure que les parois des inreftins grêles fe rapprochent plus les unes à^s autres , que la fuite de- l'a&ion da mouvement périftultique eft plus longue, & qui! s'y mêle une plus .grande quantité de li- queur. Cette pulpe vifqueufe , mêlée avec l'air, devient ainli écumeufe fans efFervef- cence ; & l'air continue à produire fur les alimens àins, les inteftins les mêmes effets. qu'il a produits dans l'eftonTac , de forte ce- pendant que leur acidité eft entièrement dé- ïruite dans les inteftins. La partie huileufe & graffe des alimens , dilToute par la bile , DCXCV. mêlée avec les fucs aqueux, prend ordinairement la couleur blanche , comme • une émulfion, vive dans le duodénum, mani- fefte au-deffbus de l'infertion an canal choli- doque , & qui enfuite fe c-ommunique a la Oiembrâne veloiuée le long des inteftins grê^ DE P n Y S I O L O S i E. iGf îcs. Les flics gélatineux des chairs , difTous par une grande quantité d'eau qui s'y efl mê- lée 5 ôc qui font natureiiement un peu vif- queux, s'attachent à la membrane veloutée ^ & font préparés à être repompés. Les veines abforbent très-rapidement l'eau & tout ee qui eft aqueux; cependant la mafiTc pulpeufe des alimens ne s'épai/îit jamais beaucoup dans les inteftins grêles y aiitant que je l'ai pu voir ^ parce que l'eau qui eft abforbée , eil réparée par la liqueur produite par les artères ôc par le mucus , & elle ne fent ^as extrêmement mauvais , tant à caûfe de la grande quantités du liquide qui la tient en diiTolution , qu'à caufe du peu de tems qu'elle y refte , & qui ne lui permet pas de fe pourrir. La mafTe qui eu blanche au commencement du jéjunum,^ eft toute muqueufe à la fin de l'iléon. Le refte qui eft plus terreux ôc groffier , âpre , acre ÔC qui a pafTé fur l'orifice des vaiiTeaiix abfor- bans fans pouvoir y entrer , defcend par foa , propre poids ou poufié par une force lembla- bîe a celle d'un fphinâ:er dans les gros intef- tins ; il eil: infenfiblement pouffe , de forte qu'il parcourt prefquè tout le chemin àam l'efpace de vingt-quatre heures. Prefque tout le chyle en eft exprimé dans Tefpace de trois ou quatre heures, ou un peu plus. DCCXX. La longueur des inteftins grêles eft eonfidérable ; elle eft cinq fois ôc plus aulîi grande que le corps. La furface de la mem- brane veloutée augmentée par les rides qu'elle forme , la force incroyable des vailTeaux ex- Jialans & abforbans, le long féjour des ali- XOiS É L É M E N s mens en parcourant les gros inteftîns , !a grande quantité du liquide mteftinal répandu fur la maiïe des alimens , font qu'il fe trouve abondamment dans les inteftms grêles tout ce qui eft nécefTaire pour la diflblution des ali- mens avec nos fucs , pour leur réforption par les veines méfenteriques & les veines ladtées, pour nétoyer les matières vifqueufes des in- teftiîis , pour empêcher qu'il ne fe forme des caillots & des adhérences , pour ôter la vertu venimeufe de plufieurs fucs , qui tuent fubi- tement lorfqu'ils fe mêlent tout à coup avec le fang & qui peuvent être avalés impuné- ment. C'eft pourquoi les animaux qui vivent d alimens de difficile digeftion ont les intef- tins longs , que ceux qui vivent de chair les ont courts , & que ceux qui ne prennent que des fucs pour toute nourriture , les ont très- courts. Le peu de longueur des inreftins dans les hommes les a rendus fujets à la fiim ôc à avoir des excrémens puans & fluides. / CHAPITRE XXX. Des Vaîjjeaux du Chyle, DCCXXI. Le chyle eft un fuc blanc l DCCXIX. exprimé des alimens qui eft porté dans le fang. Il paroît être d'une nature aqueufe & oléagineufe, comme on le voit par fa faveur douce , fa difpolition acefcente, h, coukur blanche* Par ces qualités il aipi ©E Physiologie. 107 tapport merveilleux avec les émulfions. Il pa- roîc compofé de la farine des végétaux , de la lymphe èc de 1 huile des animaux y il retient en partie le cara6tére dts alimens volatils Ôc huileux j il fe tourne en lait fans changer beaucoup. C'elt alors qu'on voit plus mani- feftement fa fcrofîté gélatineufe , tranfpa^ rente, coagulable en uneefpéce de gelée dans une grande chaleur , ou lorfque la partie aqueufe qui la tient en diITolution, s'eft éva* porée. DCCXXII. On connoît depuis long-tems que le chyle pafTe de la membrane veloutée , à laquelle il s'attache , dans les veines ladtées , comme on le confirme par l'expérience, dans laquelle on fait paiTer dans ces vaifTeaux une liqueur colorée qui fuit la route du chyle, par la refifemblance du fluide blanc qae Ton voit dans les veines ladbées & hors de ces veines , de même que par le rapport que les vaiflfeaux laélés ont avec les veines. Des expériences plus récentes nous ont appris quelque chofe oe mieux. Le chyle eft abforbé par un orifice ouvert à Textrêmitc du canal de chaque petit poil 5 de la même façon que par des tuyaux capillaires. Il pa(Te dans ce poil creux & relâ- ché 5 lorfque l'inteftin eft lâche ; mais lorf^ que ce petit vaifTeau eft comprimé par le mouvement conrradlil & fucceffif des fibres des inteftins , il eft pouffé dans le conduit qui commence à paroître dans la féconde mem- brane cellulaire. Il y a deux couchesr différen- tes de ces petits troncs ^ un antérieur Se un poP tcrieur , comme on Ta dit dQS vaiiTeaux roa-; 103 È L i M E N s ges 5 DCCXI. Chaque vaifTeau laâ:é pafTc eone , en fe réuniiranr pour former un plus gros canal , dans la première membrane cel- lulaire , ôc fuit en général les artères \ il ac- compagne même les arcades qu'elles forment, & s'unit avec (qs femblables en réfeaux à an- gles fort obliques. Les vailTeaux laClésfont valvulaires , à leur fortie des inteftins, de mê- me que les lymphatiques , garnis de valvules placés deux à deux &c parallèlement en for- me de croilFant , LU. qui laiiTent palTer le chyle des inteftins dans ces vaifTeaux de l'em- pêchent de rétrograder. Pendant tout ce che- min, le mouvement périftaltique des inteftins prefTe le chyle , & la force périftaltique des vaiiïeaux, dépendante entièrement de l'irri- tabilité , qui poufte le chyle même après la' mort , &c la grande preflion des mufcles du bas-ventre, le font avancer félon la détermi- nation des valvules. Il y en a beaucoup qui naiftèntdu commencement des inteftins grê- les au-delfous du méfocolon ; quelques-uns partent du duodénum & quelques-uns des gros inteftins. DCCXXIIL On trouve une infinité de glandes , du genre des conglobées , CXVIC. vers la divifioa des vaifteaux, entre les lames,, du mèfentere. Elles font cependant plus mol- les , fpongieufes, faites d'un tiftu cellulaire rempli d'un fuc , revêtues d'une membrane externe , moins dure que par-tout ailleurs ÔC colorées d'une infinité de petits rameaux arté- liels. Cbaque vaiftean laâ;é fe porte à Tune de ces glandes , de après s'ê^e divifé en plu- t)E PHYSlOLaCIE. lOtf Ûèuïs branches , verfe le chyle dans les cel- lules de cette glande. Le chyle exprime de là par la contradtion des vaiileaux & fiir-touî par Faction des miifcles du bas-ventre, eft chafTé dans le vaifl'eau laiteux qui en fort, dont les petits rameaux vont former un trône plus gros 5 & il palTe jufqu'à deux , trois ou quatre fois dans différentes glandes , quoi- qu'il ne faffe quelquefois qu'en côtoyer quelques- unes fans y entrer. On s'aiTure par la ligature que c'eft là la route que le ehyle tient & qu'il continue à fe mouvoir des inteflins vers les glandes du méfentere , puifque les veines ladées fe gonflent entre la ligature 3c les inteftins : les fchirres des glandes du mé- fentere , à la fuite defquels ces vaiifeaux com- primés font fenfibles , & la difpofition des valvules qui empêchent le retour du chyle dans les inteftins , confirment la même chofe. DCCXXIV. On n'eft pas abfolument sûx de ce qui arrive ait chyle répandu dans les cel- lules de ces glandes. Il paroît cependant qu'il fe fépare dans ces glandes une liqueur, fine qui en fe mêlant au chyle , le délaie. En effet, on a obfervé que le chyle étoit plus aqueux à la fortie de toutes ces glandes Se que les li- queurs fines injectées dans les artères , palfent de ces artères dans les cellules des glandes de fe mêlent avec le chyle. DCCXXV. Il ne fort des dernières glandes- qui font placées plus près les unes des autres dans le centre du méfentere , quepeitde vaif- feaux laétés des plus grands , au nombre de quatre , cinq ou plus j ils mon'-fînt avec l'ar- 210 ÉlÉMENS tére méfenteriqHe & fe mêlent au plexus lymphatique qui vient des parties inférieures du corps 5 ôc rampe au-delà de la veine ré- nale , enfuite avec celui qui va fe rendre , en paflant derrière l'aorte, aux glandes lombaires ôc avec l'hépatique. Ce conduit ainfi formé , cependant fufceptible de variations , fe gonfle le plus ordinairement , fous la forme d'une petite bouteille d'une groffeur remarquable à côté de l'aorte , entre cette artère Ôc le pi- lier droit du diaphragme ; elle eft longue de deux pouces ôc au-delà ; elle fe prolonge très fréquemment dans la poitrine au-delfus du diaphragme ; elle eft conique de part ôc d'autre , Ôc on l'appelle le refervoir du chyU* La lymphe gèlatineufe des extrémités ôc du bas-ventr£ fe mêle avec le chyle "dans ce re- fervoir ôc affoiblit fa blancheur. Il y a cepen- dant des fujets dans lefquels deux ou trois conduits 3 même petits ôc étroits , tiennent lieu de refervoir. il fe trouve cependant aflfez ordinairement ; ôc comprimé par le dia- phragme , battu par l'aorte, il poufTe le chyle d'autant plus vite que fon orifice eft plus large que le conduit dans lequel il fe décharge. DCCXXVI. Le Canal thorachique , ainfi appelle à caufe de fon palTage dans le thorax ^ eft fouvent unique ; s'il eft quelquefois dou- ble , il s^init ôc n'en forme plus qu'un , après avoir parcouru un petit efpaee ; il monte der- rière la pleure, entre la veine azigos& l'aorte, en fe tortillant ; il reçoit les vaifTeaux lym- phatiques de Teftomac, de Tœfophage ôc des poumons , qui viennent à tcAvers les glandes BE Physiologie. 211 conglobées , placées auprès en grand nombre. Il eft en général cylindrique ; il forme fré^ quemment des ifles , & après s'être partagé il revient fur lui-même, fur-tout à la partie fupérieure. Il a fort peu de valvules , Ôc dif- ficiles à voir ; il fe poree ordinairement à gauche vers la cinquième vertèbre derrière Tœfophage; de-là il monte vers la partie gau- che de la poitrine, derrière la veine fous-cla- viére jufqu'à ce qu'il foit parvenu à peu près ver^ la fixième vertèbre du col. DCCXXVIL Alors recourbé ^ divifé fou- vent en deux branjches , dont chacune fe di' lateuH peu , il defcend , & les orifices de ces branches étant réunies ou même diltinétes , il entre dans la fous-claviére à l'endroit où fe rend la jugulaire interne ; entré obliquem.enc il tend des parties poftérieures , fupérieures, droites , en bas , vers la gauche , en devant ôC par un feul rameau ou par deux , il pénétre dans la fous-claviére , plus extérieurement que cette union. Cet orifice a une vraie val- vule, flottante, demi-circulaire, pofée au devant , & même pendant quelle eft écartée , elle empêche que le fang ne s'y porte. Il eft rare que cela foit autrement ; on le trouve très-rarement divifé en deux parties , dont chacune fe rende à- l'une des fous-claviéres de chaque côté , & il eft encore plus rare de trouver quelques-unes de ces branches s'ou- vrit dans la veine azigos. Il reçoit près de fon infertion un gros vaiifeau lymphatique Sc tranfverfe qui vient des extrémités fupérieures. ill i L E M E N s ôc un autre qui defcend de la tète , unique , ou au nombre de plufieurs. DCCXX VIII. Le chyle mêlé avec le fang ne change pas auiîi-tôt de nature, comme on le fçait par l'exemple du lait qu'il produit. Cependant cinq heures après avoir mangé de même au-delà jufqu'à la douzième heure , tems où la femme peut donner tout fon lait , alors après avoir circulé environ quatre- vingt mille fois dans toute l'habitude du corps , échauffé parla chaleur naturelle , mêlé avec les autres liqueurs , il eft changé de telle forte 5 que l'on voit en partie la graiffe fe dé- pofer dans le tiffu cellulaire , qu'il paroit en partie figuré en globules rouges , que la par- tie gélatineufe forme la férolité du fang , la partie aqueufe fe difiîpe en partie par les urines & l'infenfible tranfpiration , & délaie en partie le fang. Il n'eft pas rare de voir dans les veines laâ;ées d'un animal moribond une liqueur tranfparenre fuccéder à la liqueur laiteufe qui s'y remarque ordinairement , ou de voir une liqueur blanche dans un endroic^ des inteflins & une limpide dans un autre ; toutes ces chofes s'accordent avec la ftrudure, de ces parties. Il n'y a donc pas deux genres, de vaitTeaux des inteftins , dont l'un foit'def- tiné à charier particuliérem^ç'nt la lymplie , ÔC l'autre le chyle feulement. DCCXXIX. Après le tems de la digeftion complette, les vaifTeaux ladés repompent des inteftins une humeur aqueufe j ils font rranf- parens , de le canal thorachique rapporte fur- DE Physiologie. iij tout alors dans le fang la lymphe du bas-ven- tre & de prévue toutes les autres parties du corps , LI. CHAPITRE XXXI. D&s gras Intejl'ins, DGCXXX. V-»! qui refte après l'expreffioa du çhyle , eft formé en partie d'une portion de bile , mais qui a beaueoup dégénéré & eft devenue muqueufe , de quelque partie de mucus &: d'une grande partie dé la terre donc les alimens étoient chargés , de toutes les par- ties acres qui ont été rejettées par les orifices des vaiiTeaux abforbans , DCCXIX. de toutes ks fibres membraneufes folides , que la force périftaltique des inteftins &: la macération n ont pu détruire. DCCXXXI. Toute cette mafïe pafle de rinteftin iléon dans le cœcum , où elle fé- jourrîe ,; car l'extrémité des inteftins grêles fe termine au coté droit de l'inteftin colon , qui eft placé fur les os des iiles & fur le mufcle iliaque du coté droit \ elle s'y applique fî obliquement , qu» général elle monte un peu plus vers le cote inférieur & moins vers le fupérieur, qui eft prefque tranfverfe. La dernière partie de la membrane nerveufe &; veloutée de l'inteftin iléon , fe prolonge de telle forte entre Técartement des fibres char- aues & nerveufes du colon , qu'elle refte fuf^ 214 Ë L É M E N s pendue en dedans de la cavité de ce gros in* teftin^ elle y eft mobile , molle & forme deux plis faillans , qui font compofés de la mem- brane nerveufe de de la veloutée du gros in- teftin , & de la membrane nerveufe & ve- loutée de l'inteftin grêle , unieé par beaucoup de tifTu cellulaire. Le pli fupérieur eft tranf- verfe & plus court ^ l'inférieur eft plus grand , plus long 5 & monte. Ils fe réuniuent par un fbmmet lice & femblable, fur-tout à la droite où ils fe touchent. Entre ces deux plis fe trouve l'embouchure de l'iléon femblable à une fente tranfverfe. Le fouftle change fîngu- liérement cette ftrudure , & fait appercevoir deux valvules fermes & membraneufes. Lorf- que tout le tiftu cellulaire eft détruit , l'iléon fort du colon , ôc les valvules difparoiffent, lorfqu'on en a tiré une grande partie , de fa- çon qu'il y en refte encore à fon infertion j il a la figure d'un fphyndter mufculeux. DCCXXXIL Au-delfous de l'entrée de i'ileon y le gros inteftin defcend à quelques pouces 5 & s'attache dans la région des ifles par un cul-de-fac appelle cœcum. De fa partie baffe a droite part une appendice , grêle dans l'adulte 5 plus large dans le fœtus , longue ôc conique , qui a la figure d'un petit inteftin ; elle eft différemment reçtourbée en-de(fus , quelquefois en bas , remplie de glandes mu- queules , qui verfent leur gluten fur les excré- mens. Le colon même fe termine dans le fœtus par une fin conique à l'appendice. Le poids des excrémens qui font couchés deftus & qui rétrécit l'efpace vers la droite de l'appendice , DÉ Physiologie. 215 la force du tilTu cellulaire qui unit la partie du cœcum avec l'iléon , la force contractile des ligamens , font que l'appendice , éloignée de la partie moyenne, fort de l'extrémité gau- che du colon 5 Ôc ainlî eft formée la boffe droite 9 épailTe & pendante du colon , propre aux adultes. Quand le réfidu des alimens eft parvenu par fileon dans l'inteftin colon, cette inaffe tombe par fon propre poids dans le cœ- cum 5 elle y féjourne, ôc y pourrit tant parce qu'elle y eft difpofée qu'à caufe de la chaleur de cet endroit, & c'eft là fur-tout que les ex- crémens commencent à fentir mauvais. DCCXXXIIÎ. On appelle colon cet inteftin qui eft entièrement continu avec le cœcum , & qui eft le même. Ce gros inteftin eft très- ample & beaucoup plus fort que les inteftins grêles; il commence vers les ifles, DCCXXXI. Il monte le long du rein Se pafte dans l'angle de rhypocondre droit fous le foie , & il s'at- tache à l'un ôc à l'autre de ces vifcéres au moyen du péritoine. Enfuite il fe porte fou- vent tranfverfalement fous le foie & l'eftomac vers la rate , fous laquelle il eft étendu , DCLXII. & fe retourne fouvent fur lui-mê- me dans un enfoncement profond au-deftous des côtes gauches. Alors il defcend une fé- conde fois , & après avoir fait une grande courbure vers l'iUe droite , DCXLIII. la par- tie inférieure de cet arc fe termine dans le baflin & forme Tinteftin rectum, DCCXXXIV. La ftrudure des gros mtef- tîns eft en général U même que celle des in- teftins grêles \ eilQ a cependant bien des dif- ÎI{^ É L i M E K s férences. D'abord toutes leurs fibres longirii- dinales fe réuniiTent en crois paquets qui fe diftribuent dans toute la longueur de ces in- teftins j l'un de ces paquets eft nud , Scc'eftle plus grand ^ l'autre eft recouvert dans (on ori- gine par l'cpiploon, & le troifiéme eft renfer- mé dans Is méfocolon. L'-épiploon &c le me • focolon font plus courts que i'inteftin & ils le raccourciftent tellement que la membrane nerveufe &c la veloutée forment des éminen- ces intérieurement. Ces fibres font unies très- exadement avec la tunique externe de l^in- teftin ; mais dans les endroits intermédiaires, & fur-tout vers le méfocolon , la première membrane cellulaire s'y trouve avec de la graifte. Ces fibres , d'abord écartées , s'atta- chent à l'appendice vermi-forme. Vers la fin du colon, elles ne forment fouvent que deux ligamens , les deux plus petits paquets étant réunis en un. DCCXXXV. La tunique nerveufe, la troi- iiéme cellulaire d>c la membrane veloutée dçs gros inteftins forment des rides beaucoup plus grandes dans des endroits intermédiaires en- tre les ligameîis , fouvent élevées en trois rangs , lefquelles appuyées par les ligamens , peuvent foutenir un peu la maffe alimentaire ôc s'oppofer à fon retour. Elles font aCTez ar- tiftement rangées trois à trois au commence- ment du colon ; elles varient de plus en plus à mefure qu elles s'en éloignent ; elles font pe- tites , doubles & folitâires ; les grandes fe confondent avec les petites Ôc enfin elles dif- fsaroifTeQt. Les ligamens qui refleirent le colon' de,Physiolôgie. 217 colon étant détraits , elles s'évanouifiTent prefqu'enriérement. Enfin la membrane ve- loutée Qik plus rendre , & fans tiifu velouté , cependant ridée & poreufe : (es grands pores communiquent avec des grands follicules ronds & foiitaires ; les petits font innombra- bles & conduifent à des petits follicules. Cha- que genre de ces glandes verfe une grande quantité de mucus. , DCCXXXVI. Les vailTeaux des gros in- teftins viennent des deux méfenteriques. L'ar- tère colique moyenne vient du grand tronc niéfentenque 5 iorfqu'il defcend derrière le méfocolon tranfverfe. Elle a un , quelquefois deux ou trois rejettons qui fe diftribuent aa^ méfocolon trainfverfe , & elle s'anaftomofe à droite avec l'ileo-colique , a gauche avec la méfenterique inférieure , en formant un arc très-grand , ôc c'ed: la plus grande de toutes les anaftomofes des artères du corps. Enfuite, au-deifus du méfocolon, fort de cette, même grande méfenterique un grand rameau qui fe porte droit vers le pli que Tileon fait avec le colon & s'unit en haut vers la portion droite du colon avec la colique moyenne ^ dt à gau- che avec la méfenterique * elle fournit duL milieu du méfenrere un rameau qui fe didri- bue dans le méfocolon de l'appendice vermi- culaire , 8c fe termine dans l'un &c l'autre plis antérieur & poflérieur de l'iléon avec le colon. Enfin la méfenterique inférieure vient par un tronc particulier entre les artères ré- nales & la divifion de l'aorte , &c fe porte à gauche vers le colon. Elle communique en PanJI. K Il 8 Élémens haut par un grand arc avec la colique moyenne; elle jette en bas trois ou quatre branches au repli du colon (itué fur les iiles, &c defcend juiqu'au re6lum. Cet inteftin reçoit dans cet endroit difFérens rameaux de,rhémorrhoidâle moyenne , produite par le dernier tronc des hypogaltriques , qui communiquent avec les premiers. Les derniers viennent du mémo tronc , mais hors du ballin. Je palFe fous fi- lence la defcrrption des petites coliques four- nies par lesfpermatiquesj par lesintercoftales, par celles de 1 epiploon , par des artères cap- fulaires & par les lombaires. Les veines font femblables aux attéres & fe vuident dans la gaftro-colique, dans l'hcmorrhoïdale interne, dans la moyenne & dans l'externe. DCCXXXVIL La diftribution des vaif- féaux dans les gros inteftins eft fort différente de celle des inteftins grêles. Les arcs font moins fréquens §Cne font pas ii multipliés; les troncs fiiivent au loin le trajet de l'inteftin y les glan- des qui font placées deifus font moins nom- breufes ; les rameaux imitent moins dans leur diftribution celle d'un arbre, ils font plus tortueux , ^ ils forment plus rarement un rcfeaudans le tiiTa cellulaire. Les artères ex- halent cependant une liqueur dans la cavité de l'intcftin , & les veines abforbent de mê- me des excrémens une liqueur ténue oc fétide. DCCXXXVIIL Les vaiiTeaux lymphati- ques naiÛent auflî de toute la longueur du colon , Se même du reclum & s'anaftomofenc avec les lombaires. On a quelquefois vu ^es f>f, Physiologîe. ii9 Vaiireaux lymphatiques venus du colon, rem- plis de chyle au heu de lymphe , ce qui prouve qu'il y a encore dans ces parties quel- que fubftance utile , qui peut être portée au fang avec avantage. De là dépend la force des iavemens nourrillàns & des fébrifuges. DCCXXXIX. Les nerfs viennent du ple- xus 5 formé par les rameaux defcendans de l'un & Tautre plexus rénal ; d'autres du tronc intercoftal dans le thorax & vers les lombes , Se d'autres du grand plexus méfenterique. Ils accompagnent l'artère méfenterique infé- rieure & fe diftribuent au colon. Les infé- rieurs viennent de ce même plexus, du coïu que gauche ôc dans le baiîin ils vont d l'intef- tin redhum ; d'autres viennent des intercof- taux inférieurs , ôc d'autres des facrés au mc- me inteftin. Ils font en plus petit nombre , ISc Tinteftin e(l moins fenhble, afin qu'il s'habi- tue aux excrémens acres ôc dures. DCCXL. Les ei^crémens retenus dans l'in- tePtin cœcum , DCCXXXI. rendus fecs par la liqueur fine qui en eft repompée, & moulés dans le colon rond , lorfqu'il fe cont»âd:e , montent du fond du cœcum , élevés par les ligamens longs, qui fe réunilfent fur l'appen- dice vermiculaire. On voit mieux là , que dins lesinteftins grêles même , comment les fibres circulaires poulTentles excrémens, lorf- qa'elles fe contractent. Les fibres longitudi- nales emmenées vers cette partie contractée de Tinteftin , comme vers un point fixe , tin- rent en haut la partie inférieure de l'interiia de le dilatent ^ alors la nouvelle partie de l;iu- K i] 220 É L É M E N S tettin 5 où la malle excrémenteufe arrive , étant irritée fe contrade; les fibres longitudi- nales fe çontraélent aulH vers elle ; & tandis que cela fe fait à plufieurs reprifes , les excré- inens achèvent tout le chemin par les gros inreftins. On voit à l'œil le mouvement péril- talrique des gros inteftins dans les annnaux vivaiis &c dans les, hommes, iorfqu'ils font bleifés au bas-ventre ; on voit le mouvement anci-périftaltique par le même moyen , aulÏÏ- bien que par les clyftéres que l'on rend par la bouche. La contraccion du bas-ventre , au moyen de (es mufcles , peut y faire quelque chofe. DCCIXL. Pendant que les gros excrémens montent à droite le long des rides, DCCXXXI. ou des valvules qui fe trouvent à l'entrée de l'inteilin ileon , ils déroarnent fur la gauche ]a"ride inférieure , ils rabattent ce qui retient CQS deux valvules &c ils pouflent en bas la, fupérieure j le chemin efl ainii fermé fi exac- tement, qu'il ne rentre rien dans l'inteftin ileon , ce qui n'arrive pas de même lorfque les excrémens font plus fluides. Les excré- mens pouilés vers la partie fupérisure venant à retomber, abailTenc la valvule fupérieure Se par eux-mêmes ferment plus exademenr le paiTage dans l'iléon. Les excrémens , de plus en plus fecs , moulés , font mus lentement par les mêmes caufes, DCCXL. dans tout le co- lon j qui fait deux contours , qui eft long de cinq a fept pieds , & dans lequel ils reftent aiTez long-temspour ne pas déranger les fonc- ions vitales 6ç,a autant moins de vingt-qua-' DE Physiologie. m tre heures , que les alimens reftent plus leng- terns dans les inreitins grêles. DCCVIIIL. Les excrémens enfin arrivent dans rinteftin rectum , qui d'abord eft inciKié en bas , puis un peu en devant, devient large & appiati 5 placé au-defTous de la veilie , ou du vagin avec lesquels il eft attaché , cepen- dant plus au vagin qu'à l'a veiïie. Les excré- mens féjournent long-tems §^ fouvent en grande quantité dans cet endroit lâche, en- vironné de vifcéres mois , de mufcles 6c de beaucoup de grailTe. DCCVIIL. La ilrudure de cet inteftin eft fort difîérente de celle de tous les autres. Il n'a uniquement en devant pour membrane externe que le péritoine, &c il eft arrêté en ar- riére vers l'os facrum par un tiim cellulaire fort étendu ÔC rempli de pluileurs glandes conglobces & de graine. Ses phics uiuica- leufes \0Tii beaucoup plus fortes que par- tout ailleurs , les lonc^itudinales fur-tout , qui , faites de lexpanfion de trois ligamens .^ fe diftribuent d'abord d la face antérieure, en- fuite vi tout l'inteftin , qu'elles dilatant, lorf- que les excrémens fe préfentent , & qu'elles refferrent, lorfqu'ils font fortis. Il a auiîi des fibres tranfverfes , fortes, & leur dernier an- neau ovale &: gonllé forme ce qu'on appelle le fphincîer interne , qui ferme e'xaélemenc l'orifice de l'anus. DCCVIL. La membrane veloutée , trcs- poreufe & inégale par fes rides tendres, dif- pofées en polygones , réticulaires , a aulli quelques finus particuliers , car la partie de K iij 2.11 ^ ÉlÉMENS l'inteftln In plus proche de la peau & de Ta- ri hce inférieur forme un cercle blanc , ferme & valvuLiire. Les rides longitudinales fe ter- minent fur cet anneau , cependant en s'y cour- banc ôc s'approchant les unes des autres, en fof me de cercle. Des Ilnus creux dans leur partie fupérieure font renfermés entre ces plis y ils font plus profonds â la partie infé- rieure. C'eil dans leur cavité que s'ouvrent les canaux de grolFes glandes muqueufes : les glandes fébacées qui environnent l'anus , em- pêchent que les. excrémens ne le blelfent par leur dureté & leur acreté. DCCVL. L'anus a encore des mufcles pro- pres. Le Spiui^cTEïk externe eft large , charnu , compofé de deux plans de fibies demi-ellipti- ques, quifecroifent vers le coccyx & les par- ties génitales , & fe jettent en cet endroit par d^s faifceaii:: ^haiiïus, dans une fubftance II- gamenteufe ôc cellulaire qui defcend dii^coc- cyx. Ils fs perdent de même par des.trouf- feaux femblables dans la peau de périné ôc par trois autres paquets plus forts , un moyeiï 6c deux latéraux , fur l'accélérateur ôc le bulbe de l'uretère , dont les latéraux fervent autant de releveurs que de fphindber. Les fi- bres du fphindter venant donc à fe redrelTec entre la partie antérieure Ôc poftérieure qui leur fert de point d'appui , elles ferment l'a- nus qui eft placé entre elles. Le fphinéler in- terne eft uni à Texterne par quelques fibres , afin qu'il agi^Te avec lui. Cette adtion eft vo- lontaire ôc n'eft pas continuelle. En effet la petiteiFe de l'orifice de l'anus j comparée avec D E Ph Y s I O L O G I £. llj la grandeur de l'inteftin , les rides qui fe ré- pondent les unes aux autres , DCCVilL. la force des fibres tranfverfes du fphinder in- terne 6c la veflie qui eft delTus, paroilTenr ref- ferrer naturellement l'anus. DCCIVL. Les re/eveurs ont un autre ufage. Ce font des mufcles très- larges & compofés de différens plans de fibres , qui defcendent par un plan large encre les os ifcliion oppofés, & placés audeÏÏbus de l'inteftin redlum & de la velîie , foutiennent l'un ôc l'autre pour em- pêcher le reélum de defcendre & de refter ouvert. Ces mufcles , outre cela , réunis avec le fpinder par des fibres qui s'y perdent, peuvent écarter fes fibres , ouvrir l'anus ; mais ils peuvent l'élever en même tems &,le foutenir pour l'empêcher de tomber pendant que les excrémens font rendus. Ces mufcles tirent leur origine , comme on le fçait , de l'épine de l'ifchion , de la fyncon- droie des o^ pubis , de la partie de cet os qui envH'onne le trou ovale ,& enfin de la partie de rifchion qui eft antérieurement au-defTus de fa tubéronté. Ils fe réuniftent au-delTous du coccyx, & s'y attachent par plufieurs fi- bres. DCCIIIL. Toutes les fois donc que les ex- crémens feront en grande quantité dans le reâum , qu'ils l'incommoderont en l'irritant par leur poids Se par leur âcreté , qu'ils feront pareillement incommodes aux vifcéres voi^ fins , un mouvement volontaire les forcera de fortir par l'étroit paffage de l'inteftin en- tr'ouvert , DCCVL. de même que l'adion da 224 É L É M E N S diaphragme , qui concourt à TefFort , en ce que porré vers le bas par une grande force, il détermine en bas les vifcéres du bas-ventre xempli, auxquels les mufcles du basvencre aulîi contradés oppofent une réfiftance, & il pouiïe ce qui eft contenu dans la veiTie ôc le redtum dans l'ouverture inférieure formée en- tre les os du baffin , où il y a moins de ré- iiftance. Lorfque les excrémens ont forcé le pafTage étroit de l'anus , l'adion du diaphrag- me cqïTq & ils font poudrés au dehors par le feul mouvement périftaltique de l'inteftin. l.es excrémens pouiïes dehors , l'inteftin fe rerire au moyen de fes fibres longitudinales , ôc l'anus reiTerré par l'un & Tautre fphindter , ferme fon orifice aulii cxadement qu'il l'étoit avant cette adion. CHAPITRE XXXII. Des Reins ^ de la Vejp,e^ d&VUrïnc^ DCCIIL. J_jE chyle réforbé dans le fang con- tient beaucoup d'eau, dont la proportion feroic trop grande dans le fang, & qui feroit trop promptement dépofée dans le tiiTu cellulaire, il elle n'étoit évacuée. Une partie s'exhale donc par la peau , CCCXL. & une autre , auflî grande & quelquefois plus, iè filtre par les reins & fort du corps par cette voie. DCCIL. Nous appelions reins deux vif- céres placés derrière le péritoine 5 fur les paj- DEPHYSIOLOCli!. 2.1 j lies latérales de l'épine du dos , couchés fous le diaphragme ôc fur le pfoas Ôc le quarré des lombes , de forte cependant que le rein droit QÎi ordinairement un peu plus bas Ôc un peu plus poftérieur. Le rein droit a a fa partie an- rérieure le foie fupéri^ui-ement , DCLXXII. puis le colon ôc les inteilins ; le gauche a la rate, l'eftomac, le pancréas & le colon. Ils font attachés par d^s replis du péritoine au colon j au duodénum , au foie, à la rat&. Leur figure eft convexe extérieurement, chacune de leur face eft applatie , demi-elliptique , concave intérieurement , inégalement divi- fée en extrémité fupérieure , plus épaiffe ôc longue 5 Se en inférieure plane & grcie. Leur membrane externe , ferme Se folidej ed extrê- mement adhérente. Il y a toujours entre cette membrane & le péritoine de la région lom- baire, une très-grande quantité de graille qut environne par-tout le rein , comme une ef- péce d'écorce. i DCCL. Les vaineaux des reins font très- gros, tant les artères qui prifes enfemble font plus groOTes que la méfenterique fupérieure ^ que les veines. Les artères fortent de ràorte au-defTous de cette méfenterique ; "elles ne font paS: toujours les mêmes \ la gauche ed cependant plus courte, la droite plus longue , l'une 6c l'autre font afTez fréquemment dou- bles , triples , quadruples. De ces artères naiiTent les artères capfulaires inférieures y les adipeufes qui fe ditlribuent à Técorce graife du rein , DCCIL. Se affez fréquemment les fpermauques. Cette. graine iecoit plus oral- iv Y llS É L É M E N s n.iirement de petits rameaux des fpermati- ques & des lombaires , que le rein même. DCCLI. Les veines font grofTes, fur- tout la gauche j elles varient moins que les artères, La droite ne fournit fouvent aucun rameau^ elle eli courte ôc cachée ^ la gauche reçoiç: toujours la veine fpermatique , la capfulaire ôc la dernière ramihcation de la veine a\igos de ce côté. Elle eft très-grolfe 6c tranfverfe- dans une grande étendue , elle fuit l'inteftin duodénum devant l'aorte. L'une & l'autre artères, & l'une & l'autre veines viennent des grands vailfeaux , en formant un angle aiga en bas , &: avant qu'elles fe diftribuent au rein , elles fe divifent en plufieurs rameaux.. Le palTage très-libre du fang des artères réna- les dins les veines, eft démontré par la facilité avec laquelle l'eau , la cire , l'air palfent par cette voie. On trouve des vqixiqs lymphatiques a(ïèz groifts dans la région des veines rénales y elles donnent nailfance au réfervoir du chyle , DCCXXV. Se palfent pour recevoir les ra- meaux qui fe diftribuent fous la membrane- externe du rein. DCCLIL Les nerfs qui fe diftribuent aux reins font petits '& nombreux. Ils viennent du grand plexus , parfemè de part & d^autre de ganglions, que forment les filets du grand ganglion femi-lunaire5.& s'unifîentavec àès rameaux de la branche thorachique du nerf intercoftaL Ils entrent dans les reins^ avec l'ar- tére, &c ils fburniiTent auilî les nerfs niéfen- reriques moyens, DCCXIL. & les fpermati^ ^ues Ces nerfs étant puetits , les reins ^ir DE P H Y S I O t O (S ï î. 227 peu de fentiment. Comme ils environnent l'artère en formant autour d'elle un plexus ^ on comprend facilement comment à l'occar fion de certaines paffions , il fe fépare en peu -de tems beaucoup d'urine , & comment celle qui éroit naturellement épaifle & en petite quantité , fort en grande abondance & fort aqueufe. DCCLIII. On remarque à la partie fupé- rieure du rein une capfule rénale glanduleufe, du genre des conglomérées , triangulaire , adhérente au foie, â la rate , au pancréas , au diaphragme & au rein par autant de filets, eave en dedans , comme une efpéce de ven- tricule qu'on en peut féparer , remplie d'un liquide d'un jaune rouge , fluide , prefque fanguin ; elle eft grande dans le fœtus & plus grande que le rein \ elle ne croît pas de mê- me dans l'adulte. Ces capfules ont plufieurs artères , qui font de trois fortes ; les fupé- .rieures viennent ^qs diaphragmatiques , les moyennes de l'aorte , les inférieures des ré- nales. Elles ont une grande veine de chaque côté \ la droite fe vuide dans la veine-cave , la gauche dans l'émulgente. Cette veine en formant plufieurs rameaux , fe porte nue fuj; la furface polie du petit ventricule , dans le fîllon qui divife la capfule. On ne fçait pas leur ufage, quoique leur proximité des reins, fi confiante dans plufieurs animaux , perfuade qu'elles font de quelque ufage pour les reins, iur tout dans le fœtus. Elles n'ont aucun con- duit excréteur & on ne voit point de oores aa Kv) 228 É L É M É N S moyen defqaels leur fuc puKfe pafTer dans les veines. ♦ DCCLIV. La ftradture interne des reins efi: afTez fimple &c affez connue. Les vaifTeaux fe diftribuent entre leurs parties fupérieure Se in- férieure 5 Se fe plongent dans leur chair ; ils font enveloppés d'une gaine cellulaire , & fe divifent en plufieurs rameaux, qui fe termi- nent dans ceux du bafîinet. De laces vailTeaux fe portent aux papilles, Se après avoir fait des arcs entre elles , elles fe diftribuent à l'olri- gine des papilles , d'où part une infinité de petits rameaux , dont les uns vont entré les intervalles des papilles , Se aux papilles , les autres fe portent vers la circonférence externe du rein Se quelquefois même à la graiflfe en perçant la membrane du rein , & s'y changent en rameaux: menus- , ferpentans, qui en fe réfléchifTant vers cet endroit diftinét du rein, où le petit tronc de Tartére prend naiiTance , s'étendent infenliblement en petits vaiiïeaux droits , mais vifibles , dans lefquels ils dépo- fenf l'urine. La cire , l'eau Se l'air imitent af- fez facilement la fécrétion qui fe fait par ces artères , Se pa(re des artères rénales dans l'uretère. Dans ces papilles , Se vers leur ori- gine 5 font des petits corps arrondis, que des Aiiatomiftes modernes regardent comme des glandes , qui produifenr les conduits propres , urinaires , plus étroits que les artères. Plu- lîeurs artères fe portent parallèlement entre ces petits conduits. DCCLY. Ces vaiffeaux urinaires coriver- DE P H Y S I OL O G I E. lii> gent infenfiblement en forme de rayons , 6c fe lamaiTeni: en un trouffeau qui , gagnant ïa cavité du rein , fe termine en papille ronde , dont la convexité eft remplie de pores, c'eft- à dire, des orihces des vaillèaux dans lefquels l'urine féparée defcend. Le nombre de ces pa- pilles eft indéterminé ; elles font cependant quelquefois au nombre de treize & plus , & on les a vues fimpîes , triples , & enfin qua- druples. Elles font 11 diftindes dans le fœtus, que le rein paroît fait d'autant de petits reins, unis par un tiffu cellulaire lâche, dont chacun a fon écorce compofée par de petits vailTeaux ferpentatis &: a un amas de vailfeaux urinaires redilignes. Les papilles font réunies par un tilTu cellulaire plus ferme dans l'adulte & ne forment qu'un feu l rein; cependant le rein recouvre à peu près la ftrudture qu'il avoir dans le fœtus , n on rend le tiffu cellulaire plus lâche j en injectant de l'eau dans fes vaifleaux. Le rein eft , toutes chofes d'ailleurs égales , plus grand dans le fœtus. DCCLVL On remarque autour de la fail- lie que fait chaque papille une membrane lâche , diftinde & fpatieufe qui lui fert d'en- veloppe, de forte que la papille eft placée dans le tuyaux creux de cet entonnoir cylin- drique. Deux & quelquefois trois de ces tuyaux concourent avec leurs fernblables , 8c il le produit de cette façon trois troncs creux , qui par leur réunion , mais au-delà du rein, forment un feul canal, conique, qu'on ap- pelle le baftinet. DCCLYII. Le fang de lartére rénale eff IjO É L â M K K s regardé comme moins mobile que celui dtt cerveau, & il eft peut-être rempli d'une plus grande quantité d'eau ; porté par les petites artérioles rempantes du rein , il dépofe une grande partie de fon eau dans les vaiflfeaux redilignes des papilles , de même que Thuile qui eft intimement unie à cette eau , lés fels, & ce qu'il y a de liquide plus atténué. Le diamètre des coaduits urinaires dans leur origine & leur ferme réfiilance paroiffent ex- clure l'huile grofliére^le chyle &lalymphe coa- gulable. C'eft ce qui fait que lorfque le mou- vement du fang eft accéléré, la partie rouge paiïe facilement par ces tuyaux , & que lorf- quà la fuite de quelque maladie ils devien- nent lâches , ils laiffent palTer la graifife , le lait même , les fels des alimens & les boif- fons. Le feu & la pourriture font devenir l'u- rine alkaline & enfin volatile. Elle eft intime- ment unie avec une huile en partie empireu- matique, jaune, volatile y Se en partie très-te- nace , qui s'en fépare lorfqu'on vient a pouf- fer le feu au dernier degré , & forme le phof- phore ; 6c enfin d'une quantité de terre plus confidérable que Hans auame autre liqueur humaine. L'urine récente contient au$ An fel marin , de après une longue pourriture , on le découvre «ncore dans le phofphore y quoiqu'une grande partie foit convertie en alkali volatil. Il y a au(îî un acide , analogue à l'acide vitriolique , & d^ns l'homme , & dans les animaux. Paj la chaleur Turiiie fournit aufîîun f^lfufible. Pendant la fièvre la portion d'huile & de fel & racrimoiûê augmemenr. DE PhYSIO L ^ G I E, Z^t PCCLVIII. L'uretère continue au baffinety fait avaiîcej: l'urine qu'elle a reçue par la force ties vifcéres qui font fuués deifus , par celle des mufcles du bas- ventre & des lombes, &c par le mouvement du fang qui k prefle par derrière , ôc enfin par fon poids. L'uretère eft recouverte par le péritoine j elle eft enfuite formée d'un tifTu cellulaire, d'une membrane mufculaire foible & difficile à appercevoir , d'une féconde membrane cellulaire , d'une membrane nerveufe blanche de ferme, d'uA troifiéme tilTu cellulaire, & d'une membrane interne qui eft très-polie , peut-être poreufe &glanduleufe intérieurement, & en géné- ral médiocrement irritable dans toute fon étendue. Le diamètre des uretères eft différent dans différentes parties. Elles defcendent le 4ong du pfoas au-delà des grands vaiffeaux iliaques , viennent dans le baffin derrière la veiîîe , au point de réunion de la partie deC^ cendante de la veflîe avec là tranfverfe , Se obliquement entre (es fibres charnues & la tunique nerveufe , en fe contmuant intérieur rement entre cette membrane ôc la veloutée y elledefcend au loin en dedans & s'ouvre dans la veffie par un orifice coupé abliquemenc» Elles n'ont aucune valvule dans leur trajet ni à leur embouchure. Il defcend de l'endroit oià elles s'inférenî vers le verumontanum un repli épais formé par la membrane nerveufe, DCCLIX. L'urine ne paraît pas tenir d'au- tre route j car quoiqu'il foit certain qu'il fe fafle une exhalation à travers reftomac y de 1^1" Élémens me me qu'à travers les autres membranes , & que les expériences iemblent prouver que la vedie foit iufceptible d'mhalation , &c quoi- que l'eau 6c les liqueurs aigrelettes palFenc très promptement , il n^y a cependant pas pour ceLi d'autre voie que les uretères , qui portent l'eau desalimens à laveilîe. En efïec, la velîieell: féparée de toutes parts de la cavité de l'abdomen par le péritoine^ 6c il n'eft pas certain que les vapeiirs qui fortent de la vef- fie ou qui doivent la pénétrer , trouvent dan^ le péritoine des pores ouverts ^ d'ailleurs lés membranes déjà mouillées & faulées cThu- meurs n'en attirent pas beaucoup ; & l'obrer-- vation fcrupaleufe de la manière dont les eaux médicamenteufes feféparent par les uri- nes , fait voir que cela ne fe paife pas aaiffi vite qu'on l'auroit cru d'abord. Le froid que caufe cette eau par fapréfence, produit le mi- me effet que le froid extérieur fur la peau \ 6c la vellie en eft excitée au point qu'elle là- clie l'urine , non pas celle qui vient de cç qu'on a bu en dernier lieu, mais Turine an- cienne & qui â été féparée auparavant. La grandeur des vailTeaux des reins fait voir qu'il ïe préfenre aux reins prefque la huitième par- tie de tour le fang, & que par conféquent il fe porte plus de mille onces de fang vers les reins dans l'efpace d'une heure ; enforte qu'il ne doit donc pas paroitre étonnant qu^il puilTe fe féparer du fang pendant ce rems environ foixante 5c dix onces d'eau. Il eO: d'ailleurs conftanc que l'homme &c les ani- DE Physiologie. 255 maux 5 dont ies uretères font liées Ôc obf- truées , périiTent , ôc qu'il ne fe trouve pas alors d'urine dans la velïie. DCCLX. La veflie eft placée dans le petit baffin , qui eft comme une appendice de l'ab- domen ; elle eft environnée d'os prefque par- tout , bornée cependant inférieurement & fur les côtés uniquement par des mufcles. Elle eft placée dans cette cavité , de façon qu'elle eft unie par Beaucoup de tiftu cellu- laire avec les os pubis , d'où elle reçoit le pé- ritoine , qui la recouvre un peu à fa partie antérieure & defcend tout le long de fa par- tie poftérieure , prefque jufqu au commence- ment de l'uretère, d'où elle va gagner le rec- tum , ou la matrice dans les femmes. On re- marque derrière la vefîie , l'inteuin redluîri 3 les vèficules feminaircs , les proftates ôc les releveurs de l'anus. Elle eft très- longue &c co- nique dans le fœtus ^ elle fe préfente au deiTus des os pubis ^ à peine la voit-t-on au-defTus de ces os dans les adultes , même lorfqu'on l'a fouftlée , parce qu'alors le ballin eft , pro- portion gardée, plus grand ôc plus profond. BCCLXI. Ce réfervoir eft en général d'une figure ovale , cependant il eft plus plat anté- rieurement , plus convexe poftérieurement , fon extrémité inférieure eft obtufe , fore ap- platie &c large dans l'etldroit où elle s'appuie fut l'inteftin rectum. C'eft la figure de la veftie dans l'adulte ; elle eft prefque cylindri- que dans le fcètus & dans les femmes qui ont eu beaucoup d'enfans , elle s'élargit fi fort fur les côtés , qu'elle repréfente une efpéce de 134 É L É M E N s tétracdre rond donc la fedtion efl: triangulaire. Ce changement paroît produit par le poids de l'urine qui comprime les parties inrérieures de la veifie , 1 étend en largeur , & la rend ainfi plus courte &c plus large. DCCLXII. Sa ilrudure e(l la même que celle de tous les grands réfervoirs. La pre- mière membrane ell cellulaire , lâche Se gralTe en devant, un peu moins dans fa partie podé- rieure , par laquelle elle s'unit aufli avec le redcum. On remarque au-deflTous de ce tilru la membrane mufculaire y qui eft très-difficila à décrire, faite de fibres capables de fe contrac- ter , pâles & rangées par différens paquets en forme de réfeau , non continus , mais inter- rompus par difFérens efpaces , dans lefquels on voi.t [a membrane nerveufe nue. Les nbres de la principale couche font longitudinales, viennent de la partie antérieure de la proftate & font quelquefois fi bien unies à la fyncon- drole des os pubis , qu'elles paroilfent en tirer leur origine. Elles montent en s'élargilTant vers Textrêmité fupérieure conique de la vef- iie ; elles palfent de là vers la partie pofté- rieure , où elles s'élargiffent confidérable- menr , & fe terminent enfuite dans la prof- tate ; elles s'écartent cependant diverfement fur les parties latérales de la veiîie , & les plans antérieur & poftérieur s'y confondent. Ces fibres doivent néceflTairementabbailïerla veiîie & par conféquent pouffer l'urine vers le fond. DCCLXIIL La direcflîon des autres fibres eft diiEcile à déterminer \ elles rempliiTent les DEPHYSlOLOGIEr 235 intervalles des premières j elles viennent poftérieurement des proftates ; elles montent en fe courbant , Ôc forment une couche tranf- verfale profonde > tant antérieurement que pofl.érieuremenr. DCCLXIV. On remarque au-deflbus de h membrane mufculaire un beau tilTu cellu- laire , qu'on peut Souffler , qui eft plus tendre & plus mol que dans les inteftins. Au-deirous eft la membrane nerveuje , continue à la peau , femblable à celle de l'eftomac ; la membrane veloutée eft moins apparente , plus difficile à féparer de la nerveufe , trcs-mu- queufe , plitrée en différentes rides d'une di- reclion indéterminée. On apperçoit dans cette membrane , non pas toujours facilement, les pores àQ% cryptes qui verfent un gluten vif- BCCLXV. Les vaifTeaux &: les nerfs qui fe diftribuent à la veflîe, viennent des mêmes endroits que ceux ^^s parties génitales^ nous en parlerons en en faifantladelcription. Le ré* feau principal eft fîtué dans le premier ti(Tu cellulaire \, on en reniarque un autre dans le fécond. Les artères exhalent & s'ouvrent dans la membrane veloutée ; on en a une preuve par les injc6tions anatomiques ; les veines abforbantes s'ouvrent de même , & ce font elles qui caufent l'épaiiliftement de Turine confcrvèe dans la veftie > de même que fa plus grande couleur. La velîie eft d'un fenti- ment aftez délicat , de forte qu'elle fent tou- tes les liqueurs qu'on y injede, & qu'elle ne fouffre que l'urine faine. On fait voir facile- 1^6 É L È M E N s ment des vai(reaLixlyniphariques dans le pre- mier ti(îu cellulaire , mais ils piennenc peut- être leur origine d'ailleurs , ôc de l'inteiliii qui en eft voifin. DCCLXVI. L'urine tombe infenfiblemenr, par un fil continu , dans la velïie j on en a eu des exemples dans dQS maladies 6c dans des cas extraordinaires dans lefquels l'extrcmité de Turetere étoit vifible , elle y féjourne &c devient plus acre ôc plus rouî^c , une portion de Ion eau étant repompce , juiqu a ce qii irri- tant par fa malfe éc par ion acrimonie la tex- ture fenfible de la vefîîe, elle eft chalfée pre- mièrement par le mouvement du diaphragme & des mufcles de l'abdomen , qui , Jorfque l'homme eft debout , comprime & poulie les inteftins contre la veftie \ l'urine fe fait jour par un panTa-e étroi: ^ embarr?.^é ; Zc cnfuite au moyen du mouvement périftaltique des ifîbres mufculaires contradées de la veflie , DCCLXIII. Delà rifchnrie parla tropgrande dilatation de la velîie , le reilort de fes fibres mufculaires étant détruit. DCCLXVII. Un canal continu à la vefîie & qu'on appelle urethre , dont la membrane in- terne eftmanifeftement continue à l'épideniie & environnée de beaucoup de tiflfu cellulaire, formé par une membrane nerveufe folide , fort par un orifice étroit delà partie antérieure du fond de l'extrémité arrondie de la veille. Le diamètre & la diredtion de ce canal va- rient; il fe porte antérieurement en fortant entre les branches écartées des os pubis , en- iiiiteil remonte contre leurfymphife \ il e(^ DE Physiologie. 237 femblable à la trompe d'un éléphant , & il s'incline enfuite en bas. il eft court j droit, ÔC tranfve.rfe dans les femmes. DCCLXVIII. La Glande prqftate renfer- me d'abord de tous côtés l'urethre , qu'elle lailTe enfuite nue pendant un petit efpace 'y après quoi on obferve inférieurement d'abord le bulbe de l'uiethre , qui enfuite l'environne fupérieurement de toutes parts. Les corps ca- verneux de la verge, litués au-delFus & laté- ralement , forment en sunillant un (1 lion in- férieur, dans lequel l'urerhre s'infinue j ils augmentent fa force , & entretiennent ainfî ce canal conftamment ouvert. L'uretiire eft rrès-large en fortant de la veille, elle devient conique en approchant vers la proftate j elle eft cylindrique dans fa partie libre , plus large au commencement du bulbe, enfuite cylin- drique le long de la verge , & elle s'élargit un peu vers la fin. DCCLXIX. Ce canal eft dirigé dans fon adtionpar des mufcles qui lui font propres ^ ou voifins. D'abord dans les femmes on re- marque manifeftement vers l'origine de Tu* rethre des fibres placées tout autour, qui en général font tranfverfes , de façon qu'elles s'entrecoupent différemment \ elles ont un point d'appyi dans le vagin , èc elles font ma- nifeftement la fondion d'un fphinder , c'eft- à-dire , qu'elles abbailTent le canal à l'orifice duquel elles font placées & qu'elles le ferment, malgré la réfiftance qu'elles trouvent dans la contraârion du vagin Ôcxlans le fphinder de l'anus. On remarque dans l'homme de fem- 2^3 Élémens * bîables fibres tranfverfes , mais qui fe con- fondent dans un arc tourné en haut , elles fe portent vers la velïîe dans i'endcoit où elle efl: unie avec la proftate , recouvrent fes fibres longitudinales , <3c la proftate j elles font pro- pres à la veflîe. DCCLXX. Le rekveur de l'anus paroît auflî élever Turethre vers les os pubis & par conié- quent la fermer j S<. l'accélérateur , en fe con- traârant , paroît fermer exadtement la vefiie daris l homme vivant , en agiffant avec le fphinder , & arrête 1 urine même pendant qu'elle coule ; de forte qu'il n'eft pas douteux qu'une tenfion modérée de ce mufcle peu: contribuer à retenir l'urine. DCCLXXI. Ces eau fcs & le poids de l'u,- rine qui preiTe en bas plutôt vers le fond, der- rière l'oriface dei'urethie , & contre l'inteftin redtum , que vers l'orifice & l'origine de l'u- rethre , font que l'urine eft retenue dans la veiïie, même dans le cadavre ^ & qu'elle ne 5'en écoule que par un effort capable de com- primer la veifie. Cette force , DCCLXXVI. pouife 1 urine avec une vîrefle d'autant plus grande , qu'elle fort d'un grand réfervoir par un petit canal , & qu'elle foulage le corps , lorfqu'elle en eft fortie. Les dernières gouttes qui reftent vers le fond du bulbe & qui y font arrêtées par leur propre poids , en font chaf- fées par les mufcles accélérateurs , qui for- ment une gaine mufculaire, forte , qui envi- ronne le bulbe , dont les fibres penni formes fe réuniftent vers la partie baOTe & moyenne du bulbe 3 fe terminent antérieurement par dePhysiologib. 2^9 deux tendons fur les corps caverneux de la verge , & s'attachent au l'phinder de l'anus par trois tiouiïeaux , dont deux font latéraux , 6c un moyen. Ce mufcle , ayant alors afFermi &c fermé le fphindler ^ élevé en haut le bulbe & exprime avec force par des fecoulTes alter- natives fur l'urethre les plus petites gouttes d'urine. DCCLXXII. Uurine étant acre & la mem- brane de l'urethre très-fenfible , êc l'air pou- vant y entrer , la nature a mis ce canal â cou- vert de ces injures par une grande quantité de mucus qui s'y amaife. Outre les fources de la velïîe, Ce mucus eft encore produit par deux glandes conglomérées , fituées de part & d'au- tre dans l'angle du bulbe de l'urethre & des corps caverneux , dont le conduit fe porte obliquem.ent & fort au loin dans l'urethre , dans laquelle il s'ouvre au devant du bulbe. L'urethre eft d'ailleurs pleine de iinus mu- queux , cylindriques , dont pluiieurs defcevb- dent vers le gland ; quelques-uns ont une di- redion contraire , dans les parties latérales defquels de petites cryptes paroiiTent dépofer mi mucus fluide 6c doux. Les plus grands de ces iinus font diipofés le long de la partie fupérieure de l'urethre , avant l'origine du bulbe , jufqu'au gland. Il y en a de plus petits qui font entremêlés avec les grands, 6c font fitués fur les parties latérales. On en remarque aulîi plufieurs dans les femmes, 6c elles font plus grandes , quoique l'urethre foit plus courte, fur-tout dans fa fortie. DCCLXXIIL La propreté néceffaiie poijr 140 É L É M E N s la vie humaine detiiandoic que rurlne féjour- nât j ôc i'urine ne devoir pas feulement ftpa- rer du fang l'eau fuperflue des alimens qui eft une urine fournie par les liqueurs que l'on a bues, B.11Q , aqueufe & qui retient quelque- fois un peu de l'odeur & de la couleur des alimens , mais qui devoir évacuer l'huile rance ôc enfin la terre des parties folides dé- truites. Cette urine du fang ell: jaune, fétide, acre, lorfqu'elle efl: rendue long- tems après avoir bu ôc fur-tout après le fommeil. Cette urine trop long tems retenue caufe la mort, le cerveau même en étant corrodé. Mais l'une ôc l'autre utilités qui fe trouvent réunies en ce point, n'ont pu nous mettre à couvert des maladies , parce que l'urine fe repofant , dé- pofe continuellement fa terre, qui s'unilfant avec d'autres nouvelles couches , forme la pierre. Il paroît cependant par l'exemple de plufieurs peuples qui ne font pas fujets à la pierre , que le mucus très- léger de la vefïîe nous en met afTez à couvert , à moins que les eaux ne foient fablonneufes Se pleines de ma- tière plâtreufe , -qu'on ne boive trop de vin , qu'on ne vive d'alimens trop vifqueux , ôc qu'on ne foit trop oifif. Les urines retenues trop long-tems contre les loix établies par la nature , 3c enfin les maladies des reins , peu- vent être les fources de la quantité de la terre qui forme la pierre , & de la réunion de (qs parties terreftres. CHAPITRE DE Physiologie. 241 ..i:-i— ^«MiMMlT^.IIUJW— — ■^i.^MllMlll.j CHAPITRE XXXIII. Dts Parties génitales de V homme, DCCLXXIV. JL E s vaifTeaux fperaiatiques font fort voilms dans leur origine de ceux des reins , dans prefque tous les animaux. Il fal- loit que cela fut ainfi, à caufe de la double uti- lité de l'organe propre à expulfer l'urine & la femence , & du rapport des parties génitales à l'intervalle de la partie fupérieure des cuif- fes 5 relativement à la propreté, à la pudeur , à la facilité de l'accouchement , de lejeélioa des urines , & à la force dans les efforts. DCCLXXV. La femence du mâle fe forme dans le tefticule ; elle eft dépofée dans les véficules féminaires \ elle eft dépofée air dehors par la verge ; elle eft tranfmife dans la matrice & féconde l'œuf ; nous fuivrons cet ordre dans rexpofition de Tufage des par- '•■.• r\ ' \ 1151 n • JépaidTeur du péritoine dans le fœtus; enfuite ils s'avancent peu à peu dans l'aîne , fous le péritoine -, enfin ils defcendent au-defïbus de l'aîne , dans l'âge parfait, leur fîtuation étant changée j peut-être par la feule force du poids , & du fang qui s'y diftribue. Ils reftent cependant quelquefois dans . l'aîne , même dans les adultes. Ils ont la figure d'un œuf , //. Fart, L 241 Élémens dont rextutmité fupérieure efl aiguë Se l'in- férieure elt obcufe. DCCLXXVI. Les tefticules font recouverts de plufieurs enveloppes , 5c premièrement par le fcrotum , qui eft fait d'une membrane cellulaire , épaifife, vafculaire, fortifiée d'une membrane folide , extrêmement adhérente à la peau , qui par le froid & dans l'ade véné - rien paroît avoir quelque relTort , fans cepen- dant qu'on y puiflTe découvrir aucune fibre mufculaire ^ elle fe ride ordinairement lorf- qu'elle efl: en adtion de elle élevé les tefticules. Cette membrane cellulaire , qu'on appelle vulgairement Dartos , environne en parti- culier chaque tefticule , d'où fe forme une efpéce de cloifon par la réunion de ces deux facs , quand on les defTéché ; cette cloifon eft fo uvent imparfaite fupérieurement. DCCLXXVII. On remarque au dedans du dartos un tilTu cellulaire lâche , qui peut fe gonfler comme dans les autres parties , mais dans lequel il n'y a point de grailTe , fi l'on en excepte la çartie inférieure du fcrotum. Cette membrane étant ôtée, on découvre un mufcle 5 que l'on a appelle crémajîer à caufe de fon ufage , formé par quelques fibres du petit oblique du bas-ventre & par le tendon de l'oblique externe , que l'on appelle liga- ment , & quel-quefois par d'autres fibres qui viennent de l'os pubis ; il s'épanouit pofté- rieurement en une gaine : enfin il embra(Te de tous côtés le tefticule qu'il comprime ^ ' ve 5c exprime. '1 DE Physiologie. 241 DCCLXXVIIÎ. Ou remarque au defTous un autre ciilu cellulaire continu au tiiTu fpon- gieux qui environne le péritoine, on lappelle membrane vaginale. Elle efl compofée de cel- lules beaucoup plus grandes que par toHC ailleurs , 6c qui peuvent s'enfler fucceflive- ment. Elle eft tellement féparée de l'autre par- tie, au commencement du tefticule,au-defrus de l'épididime , qui eft fur le tefticule proche l'anneau des mufcles du bas- ventre, que l'air qu'on y fouffle a de la peine à s'infînuer jus- qu'à cet endroit. Il y a entre cette membrane & la fuivante un efpace , dans lequel il s'ex- hale une vapeur & quelquefois de l'eau. La membrane interne eftappellée albuginée'^cWQ eft forte , blanche , fortifiée par la membrane^ qui renferme immédiatement la chair du tefticule. DCCLXXIX. Une artère , qu'on appelle fpermaûque , defcend de chaque côté vers le tefticule ; elle vient de l'aorte âu-deffous de l'artère rénale , quelquefois au-deiTas , ou de l'artère rénale même , ou à^s capfulaires. Cette artère , qui eft d'ailleurs la plus petite dans tout le corps , à proportion de fa lon- gueur, defcend en dehors devant le pfoas, donne des rameaux à la graiffe qui environne les reins , à l'uretère , aux glandes lom- baires , au méfocolon, au péritoine, & fur- tout à la graifTe qui fe trouve à la partie in- férieure du rein *, & fans cependaEtt être deve- nue plus petite , elle fe porte par un trajet ortueux derrière le péritoine , jufques vers l'anneau des mufcles du bas- ventre. Cet an- Li| 244 É L E M E N s neau eO: uniquement formé par les fibres ten- dineuses 5 delcendantes du grand oblique , in- terrompues par un long écarrement caché en defTous ; pluiieurs des plus petites & inté- rieures le portent en s'élargiifant vers la par- tie moyenne de l'os pubis, & croifées en par- tie av.ec les fibres du mufcie de l'autre côté , elles forment It piller interne. Les autres fibres extérieures , plus fortes , diftinguées des pre- mières par i'écartement, s'implantent par un gros paquet dans la partie latérale externe de l'os pubis ; on les appelle les piliers exter- nes , dont différentes fibres s'étendent fur le fafcia-lata & dans l'aîne. La partie fupérieure de cette ouverture eft fermée eji partie par des fibres qui viennent du pilier externe , qui font coarbes & montent vers le pilier interne , qui eil plus foibie. Au-delTous de ces fibres éc par le refte de la petite ouverture qui eft fouvent divifée par un paquet de fi- bres tendineufes , defcend i'artére fpermati- que avec la veine & le canal déférent , la- quelle réunie par beaucoup de fibres cellu- laires forme un cordon cylindrique , qui fe proloni^e dans l'aîne , & de- là dans le fcro- tum , fournit plufieurs rameaux au mufcie crémafter , à la membrane cellulaire , à la cloifon , & êiQ^cQnà vers le tefticule en for- mant deux plexus , dont le principal fe rend à la partie moyenne & inférieure du tefticule, entre Tépididime & l'origine du canal défé- rent 5 & jette des rameaux tranfverfes à la membrane albuginée \ l'autre accompagne le canal déférent ^ fe termine de même à la DE Physîoloôie. I4f partie fLipérieure àa tefticule. Les artères épi- gâftriques jettent d'autres rameaux plus petits aux enveloppes du tefticule de d'autres des véficules féminaires fuivent le canal déférent» Elles communiquent l'une ôc l'autre avec les YâilTeâux fpermatiques. DCCXXC. Plufieurs de ces petites arté-- rioles fe jettent tour autour de l'épididime ; mais les plus grandes tranfverfes paient à tra-»- vers Taibuginée, vont, après l'avoir percée çà ôc là, dans Tintérieurdu tefticule , de fe dif- tribu ent par- tout dans fa fubftance , en par* courant beaucoup de petites cloifons mem- braneufes. Il n'y a pas ici plus déconnexion, ni d'anaftomofe plus grande entre l'artère fper- matique Se la veine que par-tout ailleurs ^ de on ne trouve point de fang dans les rameaux: placés entre î'albuginée Ôc le tefticule ; mais îe long trajet , le petit diamètre , les flexions tortueufes , le grand rapport des rameaux au tronc ,1a fraîcheur de la partie , font voir que le fang eft porté au tefticule , très-lentement & en petite quantité. DCCXIXC. La veine fpermatique droite rapporte le fang dans la veine-cave , de la gauche fe vuide dans l'émulgente ou dans l'une de Fautre ; la veine eft confidérablement plus grande que l'artère , dans fon tronc de dans fes rameaux ; elle l'accompagne , mais elle eft compofée de plufieurs troncs tortueux, entrelacés & formant un plexus très-long dans le bas-ventre même, qui embraftë l'artère ôc s'y continue jiifqu'au tefticule en. devenant peu a peu double comme l'artère. Oiy trouve L iij 24^ É L E M E N s très-peu de valvules dans cette veine. Les en- veloppes externes des refticules reçoivent des artères des épigaftriques Ôc le Icrotum des crurales ôc du rameau interne , qu'on appelle honteufe externe ' elles fournident des vei- nes qui accompagnent les artères ôc qui fe vuident dans la faphene & dans la crurale. DCCXVIIIC. Le tefticule a plufieurs nerfs, qui font particulièrement d'un fentiment très-vif 5 de forte que les blelTures des refti- cules font fubitement fuivies de défaillances ôc de convullions. Les uns profonds viennent du plexus rénal Se fuivent les vaiiTeaux fper- matiques. Les autres plus fuperficiels fe dif- tribuenc aux enveloppes du tefticule &c vien- nent de la troiiiéme paire lombaire ôc des fuivantes. J'ai fouvent vu des vaifteaux lyni- phatiques dans le cordon fpermatique ; on croit qu'ils prennent leurs origines du tefti- cule Se ils fe mêlent avec ceux qui accomj)a- gnent les vaiiTeaux de l'aîne. DCCXVIIC. Le fang mu lentement Se en petite quantité , porté dans l'intérieur du tefticule par fes artères, DCXXC fe partage dans les plus petits vaifteaux auxquels nous imaginons par analogie que les vailfeaux qui portent la femence font continus , & dont les pelotons forment le tefticule. Ils font petits, rortueux , affez folides j leurs orifices font dans un très-petit rapport avec leurs mem- branes , Se ils forment plus de vingt pelo- tons, diftingués par des cloifons cellulaires qui viennent de l'albuginée au tefticule Se conduifent les artères Se les veines. Il y a dans DE Physiologie. 147 cnaqiie cloifon un conduit qui reçoit la fe- mence des vaifTeaux fpermatiques. Ces con- duits , qui font au nombre de vingt &c plus , compofent un réfeau qui eft adhérent à la membrane albuginée , ôc ils s'uniflTent par différentes anaftomofes. De ce réfeau s'élè- vent vers la partie fupérieure .de l'épididime dix , douze , vingt vaiiTeaux ^ qui en fe con- tournant en différens plis , forment autant de cônes vafculaires : joints par un tiffu cellu- laire intermédiaire Bc pofés les uns fur les au- tres, ils forment la tête de l'épididime & il,s concourent peu après dans unfeul conduit. ^ DCCXVIC. Ce conduit unique , embar- raffé par une infinité de plis ôc de détours fer- pentins j dont on ne trouve aucun autre exemple , attaché par beaucoup de tilTu cel- lulaire, lâche & réuni par une membrane que lui fournit ralbuginée , forme l-épididime , qui eft un acceflToire du tefticule, qui cotoïe fon bord externe poftérieur , & eO: adhérent au tefticule par la partie la plus épaiflfe de fa tête & par beaucoup de tiifu cellulaire \ il lui eft en partie adhérent par fa partie inférieure , moyenne 5 plus mince; il efl: en partie libre & forme avec le tefticule un cul-de-fac. Le conduit dont l'épididime eft compofé , s'élar- gît peu à peu en defcendant; il eft très-large dans le bas du tefticule , de-la il monte fur lui-même dans la face poftérieure du tefticule, il étend infendblement (qs fpirales qui font déjà beaucoup plus épaifTes & prend alors le nom de canal déférent. Tel eft le chemin que la femence parcourt , lorfqu'elle eft pouiTée L iv ^4^ É L E M E N 9 parle mouvement du liquide qui la fuit de- puis le tefticule ôc peut-être par le crémafter, mais très-lentement , comme on a lieu de le préfumer par les replis merveilleux de l'épi- didime qui empêchent prefque toute efpéce d'injeftion d'y paiTer , ôc par le long tems qu'il faut pour réparer la femence', lorfque les véiîcules féminairesfontépuifées. DCCXVC. Le. canal déférent cylindrique eft formé d'une fubftance trèsépailfe , fpon- gieufe, contenue entre deux membranes , per- cé par un très- petit conduit , il monte vers le cordon des vailTeaux fpermatiques, paflfe par Panneau, DCCLXXIX. defcend dans le baf- iin , s'applique à la veflle , paffe entre les uretères , où il trouve un réfervoir au-defTous, compofé des deux parties , droite êc gauche , qu'on appelle véj7cules f^minaires. Ce canal eft couché intérieurement fur elles , jufqu'à la glande proftare , & dilaté dans fon trajet, courbé par un conduit ferpentin , il paroît cel- lulaire. Il s'unit à angle très-aigu , près de la proftare , avec un conduit conique qui vient de la véiîcale féminaire ^ & il fe décharge enfemble dans un conduit conique , qui fe plongeant à travers la proftate , écarté de fon femblabie en dehors, rétréci, s'ouvre dans i'uréthre par les deux orifices latéraux &. rrès-ctroits d'une petite éminence cave , gon- flée 5 à longue queue , appellée veru-monta- num. La liqueur que l'on injeéte dans le canal déférent d'un cadavre , pafte dans I'uréthre ÔC dans les véiîcules féminaires , mais ordinaire- ment plus promptement dans les véiîcules. DE Physiologie. 149 Pendant la vie , la femence ne s'écoule jamais que dans l'ade vénérien , &c en conféquence ie conduit déférent porte toute la femence dans les véiicules , fans que l'angle rétrograde qu'il forme avec elle , la retarde. DCCXÎVC. On appelle véficule féminaîre un petit inteftin membraneux , ferme , iitué au-deffous de la veilîe , à laquelle il eO: uni par beaucoup de tifTu cellulaire , duquel for- cent dix inteftins aveugles , de même plus, dont quelques-uns font divifés en différentes loges 5 mais qui fe termine par un cul-de-fac conique. Ce petit inteftin eft tellement ref- ferré par beaucoup de tilTu cellulaire ferme , par les vaiiTeaux qui y font fîtués , de par le péritoine qui le recouvre, qu'il eft rama^flé en un peloton court ôc tortueux. Au refte, la flruàure de la membrane externe paroît avoic quelque chofe de mufculaire ; la membrane interne eft ridée de femblable à la miembrane veloutée des vaiiTeaux biliaires ; on dit qu'elle a des pores ôc àQS glandes , mais je ne les connois pas ; cependant elle a certainement différens enfoncemens. DCCXIIîC. La liqueur qui y eft dépofée , fort jaunâtre, fine Se aqueufe du teilicule; *î'le conferve ce même caradiére dans les vé- fîcules , cependant elle y eft plus vifqueufe Se plus jaune. Elle a une odeur particulière de forte dans chaque animal ; fon poids eft le plus confidérable de toutes les liqueurs hu- maines. Aucun animal , dont il y a deux fexes^ ne peut être fécondé , fans que la femence ne foit introduite dans la matrice. On çn z Lv 250 É L É M E N s ignoré la raifon , jufqu'â ce que les mlcrof- copes nous eulTent appris que cette liqueur -dans riiomme de dans tout autre animal étoic remplie d'animaux vivans , femblables à des anguilles à groiTe tête , qui fe trouvent conf- tamment dans la femence des animaux fains depais l'âge de puberté &c jamais avant ce rems j on n'en trouve point dans la femence de ceux qui font impuiifans. On conçoit que ce font de petits animaux , par le mouvement différent , par la façon dont ils évitent de fe rencontrer , par le mouvement rétrograde , êc le changement de vîtelTe. On dit qu'ils dimi- nuent en vieilliffant , êc qu'ils perdent leurs queues. DCCXIIC. On a beaucoup douté de la vraie utilité de cqs petits animaux , dont on ne trouve point de femblabies dans aucune liqueur humaine ; mais préfentement on en a trouvés dans la liqueur du corps jaune , ÔC quelquefois dans les décodtions de les infu- fions des parties des animaux; plafieurs onten- feigné qu'ils fervent à l'irritation & à l'éguillon vénérien j d'autres allèguent d'autres raifons» Cependant la plus grande partie des Anatomif- tes s'accordent fur cette hypothéfe, que le ver féminal eft Torigine de l'homme , à peu ptès de même que le ver l'eft de la mouche. La grande reflTemblance de l'animalcule avec les premiers linéamens du fœtus fécondé , linéa- mens qui ne paroiiTent point à moins que la femelle n'ait été fécondée par le mâle , en font une preuve. Ce qui confirme encorecerte opinion ^ c'efi: que dans les animaux produits dePhysïolôgïe. 25Ï par l'accouplement de deux efpéces, le fœtus a plus de rapport avec le père qu'avec la mère; de façon même quelquefois que les maladies & les vices du corps fe confervent long-tems dans les familles en palfant ainlide génération en génération , de père en fils. Ajoutons , que les infectes fe développent alTez communé- ment de cette façon telle, que celle dans la- quelle le ver fe change en fœtus èc de-là en homme ; que les vers font les principes domi- nans dans tout le règne animal , Se que par conféquent ils doivent avoir quelque fonc- tion très-noble. DCCXIC. On dit beaucoup de chofes con- tre ce fentiment , dont les principales font tirées des preuves j qui feront expofées ail- leurs , fur la génération des parties du corps humain qui ne fe fait pas fubitement , mais peu à peu ; Se l'exemphe des animaux qui tiennent de deux genres 5 dans lefquels ily a beaucoup de chofes , èc du père ^ &: de la mère , de forte néanmoins que le corps en- tier ne paroît pas avoir été tracé dans quelque partie qui fe fépare de l'un des deux produi- fans. On a établi des doutes par rapport à la grande quantité de vers qui étoiept inutiles & defquels un feul fur un million eft fécondé, &; par rappart à la petitelTe du ver en com- parai Ton du fœtus Se de {q$ membranes. DCCXC. Tout bien examiné , la chofs paroît être entièrement obfcure . & il y a peut-être plus de vérité dans l'hyporhéfede la formation fuccefîive , comme on le voit par le changement certain qui fe fait dans des par- L vj 1^1 Élémens ries de grande importance qui font fort diffé- rentes dans ie fœtus , & dans l'enfant naif- fant j du cœur fur-tout, qui d'un canal qu'il ctoit , prend la forme de deux ventricules ôc de deux oreillettes ^ de forte qu'un nouveau poumon 5 une nouvelle artère pulmonaire ôc une.nouvelle veine, fe trouvent entre la jonc- tion de l'aorte primordiale & la veine-cave. Les polypes que l'on trouve dans l'eau douce, les vers , les écrevifTes, les cornes de cerf qui tombent ôc fe réparent ôc les autres animaux font voir que différentes parties de l'animal , les plus nobles Ôc même allez composées, peu- vent être réparées fans le fecours d'aucun élé- ment préparé pour cette fin. On tire encore une forte preuve de la formation très certaine par un vrai fluide , comme on l'obferve dans les animaux dans lefquels l'humeur gélati- neufe s'épailîifTant peu à peu fe change en dents , en mufcles, ou des ferres de l'écreviffe. L'analogie des plantes s'accorde en ce point j il eft en effet confiant que leur bois ôc les au- tres différentes .parties fe forment peu à peu au moyen d'un fluide qui s'épaiflit en forme de tiffu cellulaire. Cette vertu pour réparer îa plante fer*trouve non-feulement dans la fe- .mence, mais même dans toutes les parties de Tarbr®, de forte que chaque particule peur léparer la racine Ôc la fleur. DCCIXC. De quelle utilité peuvent donc être ces vers féminaires ? Sont-ils les élémens de rhomme ? Mais de f^çon qu'à la fuite de beaucoup de changemens , par raccroifl^ement de certaines parties , le développement de DE Physiologie. 2^3 quelques-unes , la perte de quelques autres, ils acquièrent enfin la figure humaine , en fe développant peu à peu. Cette invention n'eft- elle qu'une chimère ? Mais ces vers que l'on a apperçus , font naturels à la femence de l'homme >, comme le font dans le vinaigre ceux qui s'y trouvent , comme les autres ani- malcules que l'on trouve dans les infufions des herbes , dans un lieu chaud , expofé à la pourriture des excrémens voifins, dans l'intef- tin rectum , & de l'urine voifine ? ^. DCCVIIIC. Cette femence eft gardée dans les véficules féminraires , tant que l'homme éveillé ne fe livre pas au plaifir de l'amour, ôc que lesfonges ne lui procurent aucune illu- iîon. Pendant tout ce tems la quantité qui s'y en trouve, excite l'animal à l'acte vénérien ^ mais une grande quantité de la femence la plus volatile , la plus odorante , qui a plus de force , eft repompée dans le fang ôc elle y produit en y entrant des changemens bien furprenans, la barbe , les poils , les cornes ;. elle change la voix ôc les mœurs ; car l'âge ne produit pas dans les animaux ces changemens^ la femence feule les produit , ôc on ne les re- marque jamais dans les eunuques, La force êc l'accroifTement des animaux châtrés diminue; la férocité & l'odeur féminale répandue dans toute la chair des animaux entiers devient plus forte. La femence paroit être retenue par le pafTage étroit du canal féminal , par la du- reté des proftates ôc par d'autres caufes qui ne font pas aiTez connues. Mais il eft certain qu'il fort auiïî de petits vaiiTeaux de l'épidi- is4 . Elémens dimejqui s'étendent au loin dans le cordon des vâideaux fpermatiques & font probable- ment de petites veines abforbantes. DCCVIIC. La quantité de la femence qui fort en une fois des véiicules dans l'homme eft petite 5 fur-tout s'il ne s'eft abllenu pendant long-tems de l'ade vénérien. Une nouvelle humeur produire par la proftate , s'y jomc donc pour que la femence puilFe être pouifée plus loin avec une plus grande force. La prof- tate en forme de cœur , plus mince en de- vant, environne l'urethre à fo;i origme & la contient ; mais elle eft plus proche de !a fur- face fupérieure. C'eft la plus den(e & la plus folide de toutes les glandes ; elle eft d'une ftrudlure particulière \ elle ne paroît pas évi- demment conglomérée; elle prépare une hu- meur blanche, épaiffe, douce, abondante , qui ■fe répand dans une petite dépre-iion creufée aux parties latérales des orifices des véficules féminaires , par les mêmes caufes que la fe- mence avec laquelle elle fort & dans laquelle elle domine par fa blancheur & fa vifconté. DCCVIC. Mais il falloit que cet urethre fat ferme Se droite , afin que la femence fût éjaculée avec quelque force dans la matrice qui en eft éloignée ; c'eft donc là pourquoi - elle eft environnée des trois corps caverneux. Le premier , qui lui eft propre , commence dans l'endroit où ce conduit fort de la prof- rate , par un principe épais , qui a la figure d'un cœur: il eft d'abord placé au-deflTous de l'urethre & enfuite au-deOTus , mais il eft plus mince dans cet endroit j il fe continue par DE Physiologie. 25^ toute rétendue de la verge , jufqu a ce qu'il fe termine mférieurement dans ie gland ôc que revenant fupérieureinent de rextrêmité de l'urethre , il retourne contre le pénil en fe dilatant , s'appuie fur les corps caverneux de la verge en s'élargilTanr , Se fe termine par un bord large , mince Ôc arrondi. La ftrudure de ce corps eft cellulaire , mais lâche , de forte qu'elle paroîr plutôt compoféede lames entre- lacées en réfeau , placées entre deux mem- branes fortes , que de fibres. DCCVC. Le fang artériel fe répand dans ce corps caverneux &c vient des artères pro- fondes produites par l'hémorrhoïdale externe, DCCXCIX ; c'eft ce que fait voir l'injeétioiî d'une matière quelconque qui paffe facile- ment de ces artères dans les cellules qui en- vironnent l'urethre. Cependant le fang arté- riel ne la fait pas gonfler naturellement, par- ce qu'il y a des veines qui font pareillement ouvertes ôc qui en repompent le fang à me- f ure qu'il s'y répand. Lorfque ces veines vien- nent â être comprimées par l'aétion des forces dont nous avons parlé , DCCCCIL le fang eft retenu dans ces efpaces cellulaires , pendant que les artères plus fortes continuent d'en ap- porter de nouveau. Le fang par fon féjour di- late le bulbe de l'urethre , fon corps caver- neux Ôc le gland même ^ cela arrive prefque toujours -lorfque les autres corps caverneux delà verge , avec lefquels celui-ci ne commu- nique point du tout , font roides. DCCIVC. Les Corps caverneux de Xx verge tirent leur origine des branches des os 25^ Élémens ifchium, avec lefquels ils font réunis par une matière blanche, cellulaire j mais denfe &: ferme. De- là inclinés en dedans lun vers l au-' tre, ils renferment l'urethre devant le bulbe ; êc là changeant de diredliion , ils deviennent parallèles, ôc réunis au-delfus de l'urethre qui eil placée au delTous dans leur milieu j ils fe portent en devant ôc fe terminent par un bout émouflTé dans le gland. Ces corps font compofés d'une enveloppe très-forte 6c en dedans d'une chaire fpongieufe , comme dans l'urethre, DCCVC. qui peut pareillement fe gonl^er par le fang qui y efl: porté. Il y a entre euxunecloifon mitoyenne faite de fibres ten- dineufes, fermes, parallèles , plus étroites en bas , qui ne font point continues , de force qu'il s'y rencontre plufieurs efpaces moyens , d'autant plus grands qu'ils font plus antérieurs ôc qui lailfent une communication libre entre le corps caverneux droit & le gauche. D'au- tres fibres de cette efpéce fe portent de la cloifon vers l'un ôc l'autre corps caverneux , s'infèrent dans leur enveloppe très-ferme , ôc empêchent la trop grande diftenfion , ôc l'ané- vrifme de la verge. DCCîIIC. Ces corps font environnés par beaucoup de tilîu cellulaire très-tendre. La partie de ce tiifu la plus prochaine des corps caverneux , eft teitdue , ferme 8c femblable à une membrane ; la portion la plus extérieure eft un tiflTu cellulaire plus tendre, continu avec celui dufcrotum, environné immédiate- . ment par la peau fans aucune graàlTe. Legland^ DCCXCIV. eft naturellement recouvert par dePhysioiôgie. 257 la peau ^ de façon que continue à celle de la verge , réfléchie fur elle-même , comme dans les paupières , recouverte de part 6c d^autre de fon épiderme ôc garnie d'un tiiTu cellulaire moyen , elle forme ce que Ton appelle pré- puce-^ elle peut être retirée, & eile revient enfuite en devant fur le gland , où elle fe change en un corps rendre , mol , fpongieux, couvert de fon épiderme &c de tiffu cellulaire, couché fous le corps caverneux réfléchi de l'urethre Se enfin continu avec la membrane même de l'urethre. Ce même prépuce efl: lié par un double ligament triangulaire , au moyen duquel la peau eft unie avec l'enve- loppe cellulaire de la verge. On remarque dans le petit enfoncement qui eft ati-deffous de la couronne du gland ôc autour de la cou- ronne même, de petits follicules fimpîes , fe- bacés , qui féparent une matière oncliieufe , fétide par rapport au lieu où elle fe trouve, de même que dans les autres parties du corps qui font expofées au frottement. La verge eft foutenue par un tiflu cellulaire ferme , qui a la forme d'un ligament triangulaire , qui def- cend de la fyncondrofe des os pubis & fe con- tinue avec ce tifTu cellulaire épais ôc dur qui environne les corps caverneux, DCCîIC. Le fang étant- porté dans les ar- tères pendant le coït , & étant retenu dans les veines , les corps caverneux fe gonflent, fe tendent, fe roidilLent &c foutiennent l'urethre flafque , ou qui feroit trop fôible,{i elle fe roidifToit toiue feule ,de forreque la femence puiiïe par ce moyen parvenir dans la matrice. 25S Élémens On en a une preuve par les dififeârions des animaux morts pendant le coït , de par l'érec- tion artificielle produite par une injection d'une matière liquide dans les vaifTeaux de la verge ; mais on ne fçait pas encore la caule de cette ére6tion. On ne peut pafTer ici fous ii- lence la defcription des vaifTeaux de la verge , afin qu'il paroilFe combien ileft difficile d'ex- pliquer , comment les veines peuvent être comprimées. DCCIG. L'aorte étant parvenue a la qua- trième vertèbre des lombes , & la veine- cave à la cinquième , elles fe divifent en deux par- ties j l'artère efi: antérieure & la veine-cave efl peflèrieure. Les branches iliaques commu- nes , étant parvenues à la partie fupérieure au bailîn , jettent en bas Se en dedans l'artère hypogaftrique , qui eft plus groiïe que l'artère iliaque externe dans le fœtus , ëc à laquelle elle eft à, peu près égale dans l'adulte. Elle defcend dans le baflin & fe divife en quatre , cinq ou fix rameaux principaux. La ptemière branche eft ï iliaque antérieure qui jette des rameaux à la dure- mère , a la queue de che- val , en haut vers les lombes 6c en bas dans l'os facrum. La féconde eft \d.Jacrée latérale y qui fe porte au même os & à la queue de^' cheval (ce n'eft quelquefois qu'une branche de la première ). La troiiîème eft Y iliaque poj- térieure , qui fe diftribue prefque toute dans îesmufcles feffiers. La quatrième eft ïifchiadi- que defcendante qui fe jette à diffèrens mufcles, aux nerfs & aux releveurs de l'anus. La cin- quième ou le tronc ïoiï^t Xhémorrhdidde in- DE Physiologie. 25^ férleure ou la hontcufc commune qui fournit dans le baffin des rameaux remarquables à la vefïîe 5 à l'inteftin redum&s'anaftomofe avec les méfenteriques \ en forçant du baffin , elle rampe le long du mufcle obturateur , jette les hémorrhoïdaics externes au fphindler &: à la peau de l'anus , fe divife en deux rameaux àQWiï interne fe termine au bulbe de l'urethre & à la proftate; V externe partagée de nouveau fe jette profondément dans le corps caverneux de la verge, parcourt fa longueur ,- & de- là par un autre rameau fouvent joint avec les ar- tères des véficules , elle fe porte le long du dos de la verge , ôc fe termine par des rameaux qu'elle fournit aux corps caverneux^: à là peau. La fîxiéme eft X obturatrice qui fe diftribue à l'articulation du fémur & à quelques mufcles. L'artère ombilicales'^ le dernier rameau (on en parlera dans l'hiftoire du fœtus ) ; elle four- nit dans l'adulte quelques rameaux à la velîie, de fa gaine épairfe & calleufe ; quelquefois quelques-uns de ces rameaux partent d'un tronc commun. La peau de la verge & du fcrotum reçoit des artères de l'épigaftrique , de la crurale & de l'un de fes rameaux inter- nes- Les artères externes communiquent ça ôc là avec les internes. • DCCC. Les veines font en général fembla- bles aux artères, & viennent fouyentde l'ilia^ que pir deux troncs , qui fe terminent en rè- feau. Enfuite la veine hèmorrhoïdale reve- nant autour des os pubis, forme dans la prof- rare avec les veines des vèficules féminaires qui naiiibnt dans le bailin , un grand plexus ^ ^^O ^ , É L É M E N s duquel naît hveine delà verge ^ fouvent feulô, &: garnie de valvules quidéterminenf le cours du fang vers la veine-cave. Les veines exter- nes de la verge & du fcrotum fe terminent dans la faphene , dans la crurale ^ & commu- niquent dans plufîeurs endroits avec les in- ternes 5 fur- tout à la bafedu prépuce. DCCCI. De grands hommes ont dit que les vai[feaux lymphatiques de la verge fe por- toient fous la peau de la verge. Elle a plu- fieurs grands nerfs qui accompagnent les ar- tères \ ils viennent du grand tronc ifchiadi- que. La vdîie j l'inteftin rectum , & la ma- trice reçoivent le plexus méfenterique infé- rieur, produit parle moyen , DCCLXV. .& qui defcend dans le bafîin. DCCCIL Pour que la verge s'enfle, il faut que la grandeveine , DCCCL foit compri- mée, ou qu'une force empêche les petites veuies , qui font ouvertes par-tout dans les corps caverneux , de repomper le fang qui y eil porté par \qs artères. Le releveur de l'anus quipoufTeen haut la prodate & lâveffie , peut en partie faire cette fonction • mais il eft pro- bable, comme on le voit dans la papille des maiî^melles des femmes , par la peau qui e(l fous le col du coq d'inde , par la rougeur du vifage â loccafion de certaines paillons de i ame , par l'exemple des animaux qui s'ac- quittent de l'acte vénérien Tans aucun mufcîe eredeur, qu'il peut arriver, fans qu'il foir necelfaire d'aucun mufcle , que les veines reprennent le fang phis lentement , & que cela fe peut faire en conféquence de l'adtion. DE Ph Y s lo L O GIE. i^i dune quantité des cordes nerveufes qui fe diftribuent dans l'intérieur de ces corps , qui reflerrées par la force du plaifir , compriment les veines-, de forte que devenues plus étroites, elles reportent moins de fang au tronc que q^and elles étoient libres, ôc que lès artères eiles-même apportent alors le fang avec plus deforce & de vélocité. La caufe de cette con- vulfion.exiftedonc dans les fpinéters nerveux, & elle dépend de la différente irritation des îierfs de la verge & de l'urethre ^ foit qu'elle ipit produite par quelque fridion externe , ioit par les peilfées ou les fonges amoureux , foit par l'abondance d'une bonne femence , foie par la quantité de l'urine, foit parle fang qui après le repas fe porte en plus grande quantité cjans le bas- ventre , foit enfin par les différens effets des remèdes diuréti- ques , purgatifs^ venimeux , par les coups de fouets & l'épilepfie , ôcc. DCCCIII. Enfin une éredion forte 8c lon- gue eft ordinairement accompagnée de l'ex- pulfion de la femence, lorfque les èfpaces cel- lulaires de l'uretkre, & le gland qui lui eft continu , font fi exactement gonflés par le fang, que remplis de ce fluide chaud & fura- bondant , les papilles nerveufes redrefTées font en conféquence très-forcement affedées par la caufe du plaifir. Les releveurs de l'anus qui prefient les véficules contre la veffie qui leur réfifte , les évacuent, étant mis en mou- vem.ent par le feul ébranlement qu'ils reçoi- vent de l'imagination échauffée ou par le chatQuillemeiit des nerfs du gland , fur-tout S.6l É L É M E N s vers la partie inférieure, voifine du frein. C'eft ce qui fait que la femence ne s'écoule jamais avec l'urine pendant qu'on eft en fanté ; car il faut que la veffie foit feumee pour que la femence foit éjaculée , & d'ailleurs elle ne feroit point de réfiftance aux véficules , fi elle étoit lâche. Les mufcles tranf- verfes qui font au nombre d'un , de deux , de trois , qui fortent de l'os ifchium dans le mê- me endroit que l'éredeur , qui fe réuni- fent par un faifceau principal entre l'anus & le bulbe de l'urethre , qui s'infèrent quel- quefois dans l'accélérateur même , paroif- fent propres à dilater l'urethre de à recevoir la femence exprimée des véficules. DCCCIV.. Peu après l'urethre fenfible étant irritée par la femence , les forces qui la contradent fe mettent en adion. L'accélera- reur , DCCLXXI. y concourt le plus , en don- nant des fecouffes violentes au bulbe & a la partie voifine de l'urethre , il chaffe avec d'au- tant plus de vîteiTe les liquides qu'il renferme que le diamètre du bulbe furpafTe le diamètre de Turethre devenue plus étroite. Il faut pour qu'il puilTe agir avec fermeté, que le fphinc- ter de l'anus k de la veffie foit aufii contrade. Ce mufcle paroît être auffi un des principaux éredeurs , en comprimant les veinées du corps caverneux de l'urethre. Dans le même tems les érecieurs de la verge ^ comme on les appelle ordinairement, qui viennent de la tubérofite de l'os ifchion , qui font forts & s'inferent dans les corps caverneux , foutiennentla verge dans une diredion moyenue entre la perpen- DE Physiologie. i6^ diciilalre & la tranfverfe. C'eR ain(i que la feinence eft pouifée dans le vagin , ou enfin dans la matrice dans un coït fécond. Cette aéhon eft très-violente ôc fort proche de la convulfion ; c'eft pourquoi elle afFoiblit d'une façon furprenante ôc devient très-nui- fible au fyftême nerveux. CHAPITRE XX XIV. JDe la Matrice, DCCCV. JLa matrice eft placée dans la partie fupérieure du bafîîn , de forte que la velîîe eft à fa partie antérieure, & l'inteftin reélum à fa partie poftérieure ; elle eft dégagée de ces deux parties. Le péritoine defcend dans les femmes des os pubis dans lebafîin, &c paftanc par derrière la veiîie, il fe prolonge jufqu'au bas de la matrice. Delà il remonte le long de la matrice, & fe portant au de-là, il defcend une féconde fois le long de fa partie pofté- rieure & s'étend fur le vagin jufqu'à l'endroit où il eft fitué tranfverfalement , d'où en for- mant des plis femi-lunaires , il embrafte l'in- teftin rectum; fa ftrudure eft tout- à-fait la même que dans l'homme. Mais ce même pé^ ritoine qui vient des vaifTeaux iliaques dans le bafîin êcs'étendplus au large fur la matrice, fur fes parties latérales & fur le vaî^in, reve- nant fur lui-même, il divife le baffin comme: par mie efpéce de cloifon en deux régions ^ 164 É L É M E N s Tune antérieure & l'autre poftérieure, Ôc on Vap^oWe /igamentlarge. Il eîl aulîi exaétemenc uni a la matrice fans qu'il y ait de graifTe in- terpofée , Ôc lui fert de membrane externe. DCCCVI. La figure de la matrice eft telle, qu elle eil convexe antérieurement , & pofté- rieurement un peu applatie ; {qs plans dans leurs contours forment des bords aigus ; le bord fupérieur eft un peu convexe ; les laté- raux font d'abord convergens & deviennent enfuite parallèles. Elle eft d'une ftrudure par- ticulière 5 faite d'un rilTu cellulaire épais , ferré, un peu dur, cependant fucculent ; on y remarque , fur-tout dans les nouvelles accou- chées , quelques fibres femblables aux fibres mufculaires 5 différemment difpofées en pe- tits cercles, fur-tout dans le fond de h. ma- trice , ôc entre les trompes. Je n'ai jamais trouvé les fînus muqueux , brandi us , diffé- remment divifés dans le corps de la matrice . quoique je les aie particulièrement cherchés ; mais j'ai auiîî obfervé quelques veines envi- ronnées d'un tilFu cellulaire dont les diamè- tres s'appuient les uns furies autres. On a de la peine à diftinguer la membrane interne de la matrice; elle eft cependant continué a l'épi- derme Se difpofée par flocons dans la partie fupérieure de fa cavité, calleuie inférieure- •ment Se valvulaire. La cavité de la mar^ka eft petite j elle eft d'abord prefque triangulaire , enfuite elle s'applatit en cylindre. Cette par- tie , qu'on appelle col de la matrice , eft toute inégale , remplie de rides , calleufes =, qui deviennent tranchantes & dont le tranchant eft DE Physiologie. i^^ eibndme vers le vagin , qui s'étendent fur les cotes depuis la ligne antérieure jufqu'à la pof- tcneure , & font unies par des rides plus pe- rces dans! intervalle defquelies on remarque des iiniis muqueux où il y açà & H des bulles ^oimcs, remplies d'un liquide très-tranfpa- rent ; on les trouve dans la" partie fupérieure fu colde la matrice, & elles varient quant à la groiïeur ôc au nombre. La matrice eft affez fréquemment divifée par une éminence fi- tuee dans fon milieu. L orifice interne delà matrice termine le col par une fente tranf- ver e retenue par des lèvres gonflées : il fait laillie dans le vagin , du refte il eft rempli de mucus ôc de finus muqueux fitués fur les lè- vres gond ees. rr;S?^^^'^i' ^r ^^''\^ triangulaire de lama- tr ce xournit de fes angles latéraux des canaux qui iont embrafles par beaucoup de tilfu cel- iiilaire qui s'élargiiTeni infenfibiement, fe recrecifTent un peu vers la fin , font d'abord tranlveries, tendent vers l'ovaire ôc d^fcen- dent enfuite ; mais cela varie : on ks nomme les trompes. Leur membrane externe vient du péritoine ; car elles font placées dans la du- phcature du ligament large ^ l'interne eft ri- dée , prefque réticulaire ôc muqueufe : elle torniedansle refte de fa longueur des efpéces de franges difperfées çà & là & pliées eu long , qui environnent au loin lonfire de la trompe , ôc s'uniffent à l'ovaire. Il y a quel- que chofe de fpongieux , de cellulaire , mais de p^ax rendre encre ces deux membranes II ^^ Pan, 2V1 l66 É L É M E N s s'y trouve auffi une grande quantité de vaif- feaux ik peut-être y a-t il quelques tibres rnuiculaiies , mais elles font moins lenii- bies. DGCCVIÎÎ. Les ovaires renfermés derrière les trompes dans la duphcatuie du même H- gamcnr Ira'ge , font ficués traniverfalement ôc unis au moyen d une expandon particulière, du ligament iaige avec ces trompes j ils font aifez k)ngs pour qu'ils foient flottans^ ils font obiongs , applacis de part & d'autre ; leur bord libre elt convexe ôc lemi-elliptique ; le bord qui ell attaché au ligament, elt droit. Leur ftruéture a aùezj de rapport avec celle dé la matrice ; elle eil ferrée , blanche , cellu- laire ik fans grailfe- On remarque aulîi dans l'ovaire, mên:ie des vierges, des bulles rondes, faites d'une membrane pulpeufe aflTez ferme , qui font remplies d'une lymphe coagulable , dont le nombre eit indéterminé; on en trouve jufqu'à douze dans un ovaire. Le bord du li- gament large qui s'éloigne de la matrice pour fourenir les ovaires eft plus épais ; on y re- marque quelque chofe de plus folide ; il eft femblable à un ligament particulier. DCCCIX. Enfin la matrice envoie tn bas des mêmes angles latéraux de fi partie trian- gulaire une efpéce de paquet de fibres cellu- laires , longitudinales éc vafculaires , qui dans Ain trajet eft plus étroit de fort da ballî^ par l^anneau des mufcles du bas-ventre -, DÇCLXXIX. fe porte dans l'aîne où il fe rà- inifie en de petits vaiffeaux, qui s'anafto^io-^^ DE Physiologie* i^t; fent avec les épigaftriques. Y a c-il auffi de longues fibres qui viennent delà matrice ? Je ne lésai pas aflez bien viies pour l'aflurer. DCGCX. Les vaijj eaux artériels de la ma- trice viennent à^s hypogaftriques , dont le plus grand rameau, lemblabie à celai qui fe porte à la partie inférieure de la veilie dans les hommes, vient ou du tronc ombilical ou fort près de ce tronc, ils font communs à la ma- trice, â la veiïîe ^ à l'inteftin redrum \ ils s'approchent de la partie inférieure de la ma- trice , (3c en fe portant en haut ils s'anaftomo- fent avec les artères fpermatiques. Ces der- niers vaifleaux ont leur origine , de même que dans les hommes ; ils defcendent dans le baiîîn âu-deli du pfoas par un plexus pampi- ni-forme , & ils fe divifent en deux plexus. L'antérieur fe jette dans l'ovaire parplufieurs hameaux contournés , quife diftribuent dans toure fa fubftance. Le poftérieur en jette à la trompe, fe porte vers la matrice 6c il s'y diftri« bue eh haut <î5c en bas par plufieurs rameaux tor- tueux & en jette quelques-uns à la veiïîè. L-hémorrhoïdale moyenne vient de la hon- teufe commune & fe porte anrérieuremenc au long du vagin auquel elle fe diilribue , de même qua la veilie & à l'inteftin redum. Outre cela l'extrémité du vaoin & le clitoris reçoivent des artères de l'hémorrhoïdale ex- te'-ne \ Se le clitoris a. des artères profondes Se fuperâcielles fembiables à celles qui fe diftri- buenr a la ver;^e dans les hommes. DCCCXI. Les veines de la matrice font >femblai>les aux artères. Le plexus formé par la Mij X6^ É L È M E N s jondion de riiémorrhoïdale externe avec les rameaux qui reviennent de la veilie , fe jette dans le clitoris comme dans la verge des hom- mes. Elles n'ont pas de valvules j il y en a cependant quelques-unes dans les veines ^per- matiques. On a vu des vaiifeaux lymphati- ques dans la matrice des animaux , mais non pas encore dans celle de la femme, ou du moins je ne les ai pas vus. Les nerfs qui fe iliftribuent par de grands rameaux à la velîie , à la matrice , a l'inteftin redum , viennent du plexus méfo-colique inférieur. Quelques-uns fe diftribuent auili à travers le ligament large à l'ovaire ; d'autres viennent du nerf qui ac- compagne les vailfeaux du clitoris. Ainfi tous ces organes font très- feniibles, à raifon du grand nombre de nerfs qui s'y diftribuent. DCCCXIl. Tout ce que nous avons décrit eft commun au fexe de tout âge ; mais vers la treizième année, ou un peu plus tard , tems où la femence commence àfe former dans riiom- me , il fe fait auPn un changement dans le fexe'; car alors tout le fang reprend vigueur; dans une jeun^ iille-, la gorge commence à paroître , la région du pubis fe garnit de poils, & dans ce même tems les menftrues corti- mencent à couler. Ce flux m-enftruel eft pré- cédé d'efforts douloureux dans les lombes, de pefanteurs, de douleurs de tête, de puftules à la peau : car les vaiiïeaux de la n^atrice qui font par pelotons , & qui avoienr^ jufqu'alors dépofé dans fa caviré une çfyéce ce lait , très- blanc dans le fœtus , féreux dans les vierges , CQtiimencenc à fe gonller de fang & enfin à . ■ , I r>£ Physiologie. I09 Texhaler par dans la matrice. Cela a lieu pen- dant quelques jours ^ les premières incommo- dités cefTent pendant ce rems & les petits ori- fices des vaiileaux de la matrice contractés ne fournirent plus qu'une férofité. Les périodes font indéterminées dans les jeunes filles^ mjais les vaiflTeaux étant infenfibiement contradtés vers la fin de la quatrième femaine , les mê- ines efforts fe répètent , & ces efforts fonc fuivis du même flux menftruel. Ces retours périodiques ont lieu prefquejufqu à cinquante ans ^ cependant le régime de vie , le climat , le tempérament peuvent établir beaucoup de variations. ' ' . DCCCXIÏI. L'autopfîe a fait voir dans les femmes mortes pendant leurs régies que ce fang couloir dss vaiifeaux de la matrice *, on a même vu des femmes vivantes , dont la ma- trice renverfée fourniiToit du fang par fon orifice interne , Se ced auili ce que nous fait voir la matrice qui eft d'une nature vafculaire, molle , fpongieufe en comparaifon du vagin , qui n'eft point garni d'autant de vaifleaux fanguins , ni compofé de petits pelotons , mais mince & calleux. L'obfervation a auiîi démontré que le fmg menftruel efl: d'une bonne qu^âlité dans les femmes faines ê^ pro- pres. DCCCXIV. Comme il n'eft pas affez cer- tain qu'aucun des autres animaux foientfujet? à ces fortes de flux menftruels , quoiqu'il s'é- coule des parties génitales de quelques-uns du fang vers le tems de leur accouplement annuel , les nvales d'ailleurs n'y étant jamais M iij ^7^ É L É M E N s iujets , on a de tour tems recherché la caufe de cette hémorragie particulière à l'efpéce liumaiiie 6c au fexe féminin. Pe tous les t€ms ou a expUqué ce phénomène par l'at- tradlion de la lune qui ell capable d'élevec les eaux de la mer : d'autres ont voulu que ce fût un liquide acre , flimulant , féparé dans les parties génitales de la femme , qui y produisît' cet effet. La lune ne peut pas être regardé© comme caufe de cet eftèt , parce qu'il n'y ai pas de jours où pludeurs femmes n'aient Iv^urs 3;égles 5 & qu'il n'en eft pas moins qui les aient , lorfque la lune eft dans fon apogée , que lorfqu'elle ell dans fon périgée. C'eii erv vain que l'on recherche des fermens autour de la matrice où routes les liqueurs font douces ôz muqueufes. Se l'acle vénérien, pendant le- quel toutes ces liqueurs fe. féparent , ne dimi- nue ni n'augmente les mois , lorfqu'on s'ea abftient : eniin il paroîtqîj3 le ùn^, menftruei vient de la pléthore , parce qu'étant retenu , on l'a vu fe faire jour , jneme avec rupture des veines, par tout autre organe du corps , où il n'y a point'de fermens pour l'exciter. DCCCXV. Le corps des femmes eft en gé- néral natiireliemenr d'une (IruCture plus mol- le , leurs parties folidesont moins de relTort, leurs miifcies font plus petits & plus gras, les os font plus foibîes , &c les éminences rnoins fenfîbles. Les femmes ontanfîî le bafîin plus ^rand dans toutes les dimenfîons , les os des ides plus éloignés ies uns des autres, l'os facram plus retiré en arriére des os pubis , les OS ifchium plus éloignés l'un de l'autre de fur- m PlîYSÎOtOGIÊ. 17X tout l'angle de rencontre des os pubis beau- coup plus grand. Ces différences l'ont confir- mées par les obfervations des grands hom- mes j de par la difpofition nécelTaire qui exigé un plus grand efpacè pour plalieurs vifcéres dans le baiîîn. Les artères de la matrice font amples &c plus grofTes que les artères corref- pondantes dans les hommes ^ ôc la grandeur de leur orifice efk proportionnée à répaifTeu? de leur membrane ; les veines font à propor- tion moins groiïVs que dans les hommes, ëc enfin plus fermeg dans ces endroits que par- tout ailleurs , d^où il arrive que le fang porté à la matrice par un tronc artériel revient plus difficilement d'une artère plus foible dans une veine plus étroite & plus dure , Se fe ports plus promptement dans les vaiiTeaux laté- raux, DCCCXVÎ. Le fœtus féminin ou les filles nouvellement nées ont les extrémités infé* rieures petites ^ une grande partie du fang de l'artère iliaque paffe dans l'ombilic , & une petite partie fe porte dans le baiïin; c'eft pour- quoi le baflin eft petit, peu profond, lavefhe,la matrice Se les ovaires fe trouvent au-deffusdii baffin. L'artère ombilicale étant liée , tout la fang de l'artère iliaque defcend dans les ex- trémités Se dans le bailin ; elles croifTent de même que lebafîin,qui devient plus profond & plus large, dans lequel fe renferment infen- fiblement la matrice Se la veiîie, qui celTent en confèquence d'être prelTèes par les intef- tins 6c le péritoine, lorfque les mufrles ds Miv ^7i É L E M EN S l'abdomen refferrent la partie inférieure du bas- ventre. DCCCXVIÎ. Uaccroiiïement étant parfait, les artères de la matrice ôc du baffin , qui croient petites dans le foetus , font en général îrès- grandes , Ôc tout fe trouve changé , de forte que l'artère hémorrhoïdale fert alors de tronc à l'artère hypogaftrique , DCCXCIX. au lieu que l'artère ombilicale en fervoit au- paravant. Il fe porte donc alors plus de iang à la matrice, au vagin ôc au clitoris , qu'aupara- vant. DCCCXVIII. Dans le tems que l'accroif- fement eft. prefque devenu infenfible , que l'appétit étant vif , le fang eft préparé en abondance dans des vifcéres bien conftitués, les hommes de les femmes font fujets à une pléthore , qui s'évacue fort fouvent dans, l'homme par les narines ,4 la fitite de la dila- tation des vaifTeaux exhalans de la membrane Î>ituitaire5 CCCCLXI. de forte qu'ils diftil- ent le fang même , Se qui dans les autres ani- jmauxfait poufTer les cornes, la barbe , ôc dé- termine la fécrétijon de la femence. Cetre mê- me pléthore trouve une route plus facile dans les femmes , parce que le fang y eft porté par fon propre poids &que les vaiiTeaux de la ma- trice alors plus grands , placés à leur aife dans la ftrudèure cellulaire , fucculente & molle de la matrice , en conféquence de quoi ils s'é- tendent facilement , exhalent par des Bocons très-mois, $c s'ouvrent dans la cavité de la matrice , où lé fang paife prefque plus facile- D£ Physiologie. 275 ment que dans les veines qui les accompa^ gnent ; les artères de la tête dans les femmes étant d'aiileuis plus dures ëc à proportion plus petites. Le fang fe ramafïe donc d'abord dans les vaiffeaux utérins , qui alors fe gon- flent , comme on le fçait par expérience , en- fuite dans les lombaires ôc dans l'aorte même. En fuite 5 le cœur envoyant conrinueliemenc unenouvelie quantité de iang aux vaifï'eaux déjà dillendus , l'eiFort de ce Puiide produit eniin fon eSet fur les petits vaiifeaux féreux de la matrice , de forte qu'ils laiffent couler d'abord une grande quantité de mucus chaud, enfuite une férolité rougeâtie Ôc enfin le fang même. Cette même détermination du fang vers les parties génitales fait paroître des poils quiétoienî alors prefque cachés , augmente le clitoris 5 dilate les plexus caverneux du vagin & fait naître les defirs. Tout ce qui en géné- ral augmente la quantité du fang & le dé- termine particulièrement a la matrice , com- me font la joie , la fenfualité , les bains des pieds 5 la nourriture trop fucculente , &c. rendent le Bux menftruel plus abondant , ôc accélèrent fon retour. DCCCXîX. Six ou huit onces de fing étant écoulées , les artères débarralTées de la trop grande quantité qui les diftendoit , recou- vrent leur redbrt , comme le font routes les artères. Se leur diamètre étant diminué, elles ne laiflTent plus paflTer qu'une liqueur très-fine, femblable à celle qui s'écouloic auparavant. Mais cette grande abondance de fang qui s'ed écoulée par la matrice , venant à être repro- M V 274 E L É M E N s dune par les mêmes caufes , elle en iorr de nouveau par les mêmes voies , plutôt que par o uc ailleurs. Une faut pas rechercher la caufe pour laquelle ce flux menftruel reparoit conf- tamment â peu près tous les mois^ car cela dé" pend du rapport qu'il y a entre l'abondance Ôc la viteife du fang accumulé &c la réfiftance de la matrice qui doit infenfiblement céder. Ce flux périodique revient donc plus prcvmp- tement ôc n'attend pas refpace d'un mois, iorfqu'une plus grande abondance de fang eil déterminée vers la maciice , comme dans les pléthoriques , les lafcives. Ce flux celle , lorf- que la matrice, de même que toutes les au- tres parties folides du corps, a acquis une du- reté telle que la force du cœur qui pouffe le fang artériel , ne peut la furmonrer. La dif- feélion & l'injedtion nous font découvrir cette dureté dans la matrice, dans fes artères & dians les ovaires. Les femiellesdes animaux en général n'ont pas des mois , parce que leurs matrices font membraneufes & féches , êc que leurs vaifleaux font plus forts , ce qui fait qu'aucune hémorragie des marines oii d'autres parties , ne peur avoir lieu naîurelk- nient dans ces fortes d'animaux. DCCCXX. Pourquoi les mammelles corn-- mencenr-elies a paroitredans le même tems ^ Leur ftruclure a beaucoup de chofes corn- ihu nés avec celle delà matrice, comme il%- paroir par la fécrét^on du lair dans hs rnaîn-" melles , à la fuite de l'accouchement , qui di- minue ou augmente fuivant que les vuidaxi- ^és augmentent ou diminuent r par la rrf- ' DE Physiologie. 27c iembJance da liquide féreux qui fe trouve dans la matiice avec l'hameur laite ufe , iine & bianchê qui fe trouve dans les iBammeiles des femmes qui n'ont pas encore eu d'enfans , & qui eft très-évidente dans les femelles des animaux , par^ 1 eredcion de la papille à 1 oc- casion du frottement , analogue d rére6cion du clitoris. Les mêmes caufes qui dilatent les vaifTeaux de la matrice , déterminent donc une plus grande quantité de fang vers les mammelles , ôc fon effet eft d'augmenter la elande conglomérée des mammelles. G H A P I T R E X X X V. De la Conception, DCCCXXÎ. 1_jA matrice demeure coîiftam- ment dans c^i état, à moins qu'il n'y aie eu commerce avec un homme. La nature a en- gagé la femme à cette adlion par le plaifir , de même qu'à prendre des aliméns , & a confirait pour cette fin en elle des organes particuliers. En effet elle a ajouté à la matrice le va^ln , qui eft un canal membraneux , capable d^ frotterîfent , fort fufceptible d'expan (ion , & qui après avoir embrafTé l'orifice de la matrice, DCCCVL de-là fe porte en bas & en devarîC au-de(fous de la velîie , placé fur l'inceftin re6tum , auquel il eft uni , &: s'ouvre par un orifice alTez large au-delTous de l'urethre. Un Mvj zy6 ^ Ê L É M E- N s grand repli valvulaire , formé par la peau Se répiderme ôc qu'on appelle hymen ^ met dans le fœtus Ôc les vierges cette ouverture à cou- vert des injures de l'air ^ de l'urine \ peut- être ell-il aufli de quelque utilité morale , puifqu'il n'a été donné qu'à la feule efpéce humaine , autant que j'ai pu m^en convain- cre. Il feroit circulaire , s'il fe continuoit au- deifous de l'urethre, &: il s'y continue quel- quefois \ mais, il eft plus large vers l'anus^ Cette membrane ed infeniiblement ufée par le coït, & enfin à force d'être déchirée, elle difparoît. DCCCXXÎI. La ftruduredu vagin eft fem- blable à celle de la peau ; fon épidémie eil un peu dur , calleux \ fa peau eft épaiife » blanche & nerveufe ; on y remarque fur- tout à fon extrémité des fibres charnues. Sa face interne eft en grande partie inégale , &; rem- plie de tubercules calleux , duriufcuîes , ce- pendant fenfibles, & de lames inclinées qui fe terminent en tranchant , qui regardent en bas & font difpofées de manière qu'elles fe réuniffent en deux principales colonnes qui font comme couchées fur ces tubercules ^ dont la fupérieure fe porte au-deflous de l'urethre, &c'eftlaplus grande; V inférieure eft couchée fur l'anus. Une fuite valv^aire de petites papilles courbée en arc fe continue de l'une a l'autre de ces deux colonnes & fe ren- contre mutuellement. Cette difpohrionparok avoir été faite pour donner duplaifir & facili- ter l'expanfion du vagin. Le vagin a un ma- DE Physiologie. 277 eus particulier produit par les iinus qui s'y rencontrent ça &: iâ, fur-tout dans la partie poftérieure la plus lilTe. DCCCXXIII. Deux appendices cutanées ^ Q.ppe\léQs nymphes ^ font placées au-devant de la fortie du vagin ; elles font produites par la continuation de la peau du clitoris & de celle defon gland; leur (Irudlureefl: cellulaire dans la partie moyenne *, elles fe gonHent facile- inent y elles font découpées &c garnies de part & d'autre de plufieurs glandes febacées , fem- blables à celles qui fe trouvent dans les rides du prépuce du clitoris. Leur utilité principale eft de diriger l'urine , qui fort de l'urethre en- tre chaque nymphe , ce qui ne fe fait pas fans une efpéce d'ére6tion des nymphes. Ces membranes defcendent de l'arc cutané , qui environne le clitoris , partie très-fenfible ôc très-fufceptible de chatouillement , que deux corps caverneux qui la compofent , prenant leur origine des mêmes os, unis enfuite, mais n'ayant aucune urethre , font relTembler en quelque forte à la verge. Les vaiiTeaux , les nerfs, les mufcJes éredeurs font femblables à ceux de rhom.rrke Se agilTent de même dans Tad^e vénérien , mais le clitoris fe gonfle Ôc s'étend moins dans celles qui ont de la pu- deur ; cependant il fe gonfle ôc s'érige tou- jours par le froîtementr DCCCXXIV. Il y a vers les bords du vagin, dans l'endroit où ils fe continuent avec les lèvres cutanées qui recouvrent en général rou- tes les parties de la génération , un grand ple- xus veineux fait par les rameaux des veines ly% È L H M E N s hémorihoïdales externes. Les plexus (droit Se gauche ionc unis enfemble à la parcie fupé- rieuredu vagin , au-delTus du clitoris, par un plexus moyen. Le fang s'accumule dans cqs plexus , lorfque ces parties font irritées , il ré- trécit le vagin Ôc augmente le plaifir de l'un ôc l'autre fexe. Le mufde conjiricicur de tori-' fice du vagin y contribue en quelque chofe ^ il prend Ton origine de part & d'autie dii fphincter de l'anus •, il couvre le plexus vai- culaire \ il fe porte en s'élargilFant en devant le long de l'origine des lèvres & s'infère dans les cuilfes du clitoris. Il paroîtqu il peut com- primer les plexus latéraux du vagin & les plexus des veines qui dans le périné viennent des hémorrhoïdales externes, & rallentir pa^E ce moyen le retour du fang. DCCCXXV. La femelle , foit par devoit , foit par l'amour du plailir, s'unit eniin avec le mâle. De même que dans Thomme , DCCCîïLainfi le frottement des parties très- tendres & très-fenfibles excite une contradion eonvullive dans ^toutes \qs parties qui envi- ronnent le vagin. Pnr ce moyen , le retour du fang veineux étant fupprimé , le clitoris, les nymphes & le plexus qui environne prefque tout le vagin , fe gonPient fi la femme eft laf- cive ; le plaifir s'augmente jufqu'au der- nier degré ; & enfin l'adion des mufcles , DCCCXXIV. exprime , mais non pas tou- jours, ni dans toutes les femmes, une liqueur muqueufe, gluante, qui vient de difFérentes fources. Cette liqueur a fes fources d'abord à la fortie de l'urethre , où de grands finus mu- be' Physiologie. 279 queux environnent rexcrêmité gonflée de ce canal urinaire, puis deux ou trois grands finus muqueux fe jettent dans la fubftance même du vagin lur les parties latérales de l'urethre, dans le fond des iinus que forment de petites membranes valvulaires caves à là partie fu- périeure. Enfin on remarque fur les parties latérales du vagin, entre les parties inférieures des nymphes Ôc de l'hymen , de part ôc d'au- tre, un orifice d'un conduit très-long , qui ^ defcendant vers l'anus , reçoit du mucus de très-petits follicules. DCCCXXVI. Mais cette même adion , qui doit exciter un très-grand plaifir par le con- cours dufang dans tout le fyftême des parties génitales de la femme , DCCCXXV. produit un changement bien plus nobk dans fes par- ties internes. En effet , lorfque la^femence chaude de l'homme pénétre dans la cavité fenfible de la matrice, gonSée 5^ pleine d'ar- deur , à caufe du fang qui s'y porte, les trom- pes très- remplies de vailTeàux diftendus ôc qui rempent entre leurs deux membranes , ôc arrofées alors d'une très grande quantité de fang , fê gonfienten même tems. Dans cet état les trompes deviennent rouges, elles fe roi- dilTent , le morceau déchiré s'élève & s'adapta â l'ovaire. On s'eft alTuréde ces faits par la dif- iie6tion tant des femmes que des animaux, de par la difpofition extraordinaire que l'on a ren contréedans ces parties m.alades, DCCCXXVII. Dans les filles qui ont ac- quis l'âge de puberté , lovaire eft extrême-^ ment rempli d'an fluide lymphatique, <:oagii- 1§0 H L É M E N s lable 5 qui diftend les véfîcules. Quelquefois avant la conception , fe produit peu à peu au-, tour d'une véficule de l ovaire, DCCCVIIl. un caillot jaune , que j'ai fouvent remarqué , qui, fort augmenté &c accru autour de la véii- cule , paroît fe changer en un corps jaune , hémifphérique , qi^i a la forme d'un grain , cave en dedans &: contenant dans fa cavité , autant qu'on peut l'appercevoir , un petit , oeuf, ou une petite membrane creufe qui doit, être la place de l'homme futur. Ces corps font apparens dans la femme d'abord après la conception, i^ors donc que le coïteft fécond , la trompe comprimant l'ovaire, en exprime par la petite fente qui fe fait à la membrane externe l'œuf mur \ ^elle l'abforbe , pour de là le faire avancer dans la matrice par fon mou- vement périflaltiquequi commence dans l'en- droit du premier contaét & chaiTe ainfi peu à peu l'œuf dans cette cavité \ cette aétion eft fort fenfible dans \qs animaux. Les corps jau- nes qui fe trouvent conftamment dans les ovaires des femmes fécondes , la tumeur confiante qui s'y ôbferve, le rapport à^s fen- tes de l'ovaire ïi fouvent obfervées & qui font couftamment égales au nombre des enfans que la femme a eus , font voir que la chofe fe paQe ain(i; cependant l'extrême étroitelTe de la trompe , & la petiteffe même de l'œuf trouvé dans la matrice , permettent à peine de croire qu'une véficule entière puifTe par-: courir cette voie. Il ne faut cependant pas dif- iimuler , qu'on n'a jamais vu sûrement i'œuf renfermé dans un calice jaune. DE Physiologie. 183 DCCCXXVIII. Toutes ces chofes fe paf- ',: fent au grand plaifir de la mère future , non ' pas cependant fans quelque fentimenc d'un niouvement interne le long de la trompe , & d'une efpéce d'évanouiffement. La concep- tion a lieu, lorfque l'œuf a été changé par la femence , de forte qu'il commence à fe form.er un nouvel homme dans cet œuf, foit que ce - foit un ver qui s'y întroduife alors & qu'il y foit un nouvel hôte plein de vie , ou qu^une vapeur volatile qui s'exhale delà femence du mâle excire un nouveau mouvement dans les parties liquides de l'œuf; car plufieurs chofes s'oppofent à l'hypothèfe qui admet toutes les parties formées dans l'œuf, & jamais on n'a vu un fœtus dans un œuf de vierge. Les fœtus reffemblent plutôt au père qu'à la mère , quand ils font engendrés de parens différens, éc quelque perfeàion que l'on puiiïe fuppo- fer dans les œufs des femmes , quelque ref- ''emblance qu'ils puiflent avoir avec les œufs féconds , cependant ils font des germes inu- tiles 6f éternellement fiériles fans la femence du mâle. DCCCXXIX. La matrice , où il eO: dé- montré par des expériences certaines que la femence du mâle eft portée , eft-elle le lieu de la conception ? La force de la femence du mâle féconde-t-elle l'œuf dans l'ovaire même, comme femblent le prouver les fœtus trouvés dans les ovaires & dans les trompes, le chan- gement manifefte qui arrive au corps jaune après qu'il eft fécondé , l'analogie des oifeaux dans la matrice defquelsil tombe un œuf après X^l É L B M £ îi s le coït, quoique plufieurs fpient fécondés en même tems dans l'ovaire ? La petite qiianticé êc la lenteur de la femence du mâle , que de grands hommes ont jugée moins propre poiiç parcourir un chemin auiïi long Sç par un paf- lage aufli étroit que celui dQs trompes , n'e(\ pas une objedlion fuliifante ; en effet , on 3, trouvé par l'ouverture ^les femmes mortes après le coït ôc des femelles des animaux , les trompes remplies de femence. DCCCXXX. La matrice fe ferme certaiue- mentdansles f-emelles d^is animaux &c proba- blement dans les te m mes après la conception, de crainte que le petit œuf ne péiilLe avec l'efpérance d'une nouvelle génération. L'œuf étant arrivé dans la matrice , Se quelques jours s'érant écoulés , on a quelque chofe d@ plus certain fur les chnngemens qui lui arri- vent. La membrane de l'œuf qui a été (impie jufju'aloTs , fournit de toute fa furface des flocons branchus ^ mois , qui s'implantenç de contractent des adhérences avec des flo- cons exhilans ôc abforbans -de la matrice , DCCGVII, Cette adhérence a Heu dans toutes les p^irties de la matrice , fur-tout dans cette partie épaiire qui Ce trouve entre les trompes, & qu'on appelle vulgairement le fond de la matrice. CVft ainfi que l'humeur fine ôc fé- reufe s'écoule des petits tuyaux artériels de la matrice , dans les petits vaiiTeaux veineux de l'œuf Se nourrit le fœtus. Avant cette ad- hérence , le fœtus fe nourrit d'un fuc qui lui eft particulier ou de quelqu autre humeur re- pompée DE Physiologie. 2S5 DCCCXXXI. Il y a alors dans cet œuf beaucoup d'eau limpide ôc coagulable au feu ou à leiprit de vin. Le fœtus eit d'abord in- vifible, enfuite quand il commence à paroî- tre 5 il a la tête fort groiTe , le corps petit , les extrémités ne paroident point encore , l'om- bilic efl grand &c applati , Se il fe trouve at- taché vers l'extrémité arrondie de l'œuf. L'œuf Ôc le fœtus paiTant continuellement de cet état à un plus grand , croiifent enfemble , mais dans une proportion inégale ; car pen- dant que la féroiité artérielle paiTe par des. routes fenhblement plus ouvertes clans les- vaiifeaux de l'œuf, le fœtus auquel il paroîc qu'il ie porte la plus grande partie de la nour- riture par lagrande veineombilicale, s'accroic- beaucoup 5 l'œuf s'augmente en mêmetems, mais, beaucoup moins, ^vironné d'un > tiflii cellulaire plein de mucus , divifé par trois cloifons & pair la membrane qui eft comiîîue à l'amnios , noueux de dif^ IÎ6 É L E M E N s tance ^en diftanee ; il gagne l'ombilic en paf- -iant par au éGarcement arrondi de la peau Se tre plàs grande ; l'oreillette gauche au con- traire renferme d'autant moins de fang que la droite, que la partie qui paffe par le con-* duit artériel eft plus grande , d'où elle eft en conféquence d'autant plus petite que la droite : la valvule du fœtus à terme eft fi grande & fi fort à gauche de l'ifthme ou l'arc mufcukire , DCCCXLII. que la valvule pouffée du côté gauche vers la droite ferme ce trou comme un voile , qu'elle cède lorsqu'elle eft pouffée de droite a gauche c^ qu'elle laifTe paffer l'air ou le fang , Se que lorfqu'elle eft pouftee de gauche à droirej elle retient l'air ôc l'empêche de palfer à droite. N ij 2c)Z É L 1 M E N S DCCCXLIV. Une pente quantité ie ce fang qui a paffé dans le ventricule droit , fe ÎQZtQ auffi dans le poumon ; car l'artère pul- monaire du fœtus plus grod'e que l'aorte , ie continue tout droit dans le conduit artériel ^ dont le diamètre eft plus grand que les orifi- côs réunis Àqs deux branches de i'artére pul- îiionaire, & plus grand que l'oririce du trcfu ovale 5 qui entre dans l'aorte j à l'endroit où cQZtt artère touche d'abord les vertèbres fous la fouclaviére, & il jette par confèquent dans l'aorte inférieure plus de la moitié du fang de l'artère pulmonaire , qui fans cette diipofî- îion auroit pu paffer par le ventricule gauche iz par les rameaux afcendans de l'aorte \ c'eft pourquoi l'aorte eft fi petite dans le fœtus a îa fortie du cœur. C'eft ainii que le fang eO: détourné à^s poumons , qu'une grande partie paiie tout droit par les artères ombilicales, & que les forces des deux ventricules' font lèunies pour chafTer le fang de l'aorte. DCCCXLV, La matrice croît continuelle- tnent avec le fœtus , & alors fes artères qui ferpentent font étendues & allongées en ligne droite par le mouvement du fang. Son èpaif- ieur refte ainfi la m^ême , parce que la plus grande quantité de fang qui fe trouve dans les artères & dans les veines compenfe l'afFoi- blififement de fa texture foUde. Le fond de la jnatrice fur-tout s'étend , de forte qu^alors les trompes paroiffent défcendre de fa partie moyenne ; ainfi la matrice s'étend au-deffbs du baiîin vers le colon , St même jufqu'à l'ef- iomac 5 de manière qu'elle comprime les vif- DE Pliysiologiê, 1^3 céres da bas-ventre, laveiîie & l'inteftin rec- tum. L'orifice de la matrice 13'eft jamais fermé dans ce tems , mais il eft enduit d'un mucUs qui vient des linus, êc peut être par un mucus femblable qui vient des véficules lituéesdans le col de la matrice , & il eft par ce moyen préfervé des imprelîions de l'air. Enfin le col de la matrice fe prête à l'extenfion de fon corps, il devient court , l'orifice eft plat & large , fans longueur , & il s'ouvre toujours de plus en plus a mefure que le tems de l'ac- couchement approche. Le fœtus s'accroiffanc en même tems , fa fituation qui dans ion jeune ageétoit aftez indéterminée ôc qui en- viron vers le milieu de la groifefi^e , lorfqu'il fembloit fe mouvoir comme une boule, étoic telle que la tête écoit cachée entre les genoux, devient bien différente ; ce ^œtus plonge fa tête de plus en plus pefante dans le baffin , ÔC la dirige vers le col de la matrice. DCCCXLVL C'eft de-là que viennent d'abord les dîftérens efforts vagues de la ma- trice irritée pour fe délivrer , & enfin les neuf mois étant écoulés, quand le poids du fœtus, lemal-aife, les incommodités delà mère , les coups qu'il donne avec fes pieds, le tiraillement du placenta , deviennent ex- trêmes , alors la tête du fœrus embarraffée dans le paiTage produit un fentiment fembla7 ble à celui que caufent les excrémens , lorf- qu'ils s'accumulent dans l'inreftin reétum ; cette efpéce de douleur oblige la mère a faire des efforts pour accoucher. DCCCXLVII. La mère étant donc tour- N iij Z()4 É t E M E N $ mentée pat des ténefmes qu'elle ne peut lup- porter plus long-tems, elle emploie toute la force de la plus violente infpiration pour pouiïer les vifcéres du bas- ventre en bas &c comprimer la matrice , DCCXXVII. pen- dant que la matrice relTerrée par fa force contradile prefife le fœtus , cette adion feule fuffit quelquefois pour faire fortir le fœtus , fans aucun effort de la part de la mère. L'^P" nios rempli d'eau , pouffé en cqne par la tête du fœtus, dilate l'orifice interne de la m.a- rrice , il eft atténué , diftendu ôc fe rompt , les eaux s'écoulent , elles arrcfentles palï-ages, elles relâchent tout. Alors la tête nue du fœ- tus , la face tournée vers l'os facium à caufe defon poids , s'infinue en forme de coin dans l'orifice de la matrice ,. l'étend , jufqu'à ce que la mère par un grand effort faife même quelquefois écarter les os pubis de que la tête de l'enfant pouflée dehors avec une douleur infupportable & un frémiffement de tout le corps 5 paffe dans le vagin qui peut fe dilater , qui n'eîl pas beaucoup comprimé par aucun os , en forte plus facilement , Se qu enfin l'en- fantvoie le jour, DCCCXLVÎII. Le placenta , attaché au fond de la matrice, DCCCXII. fe^ détache ordinairement fans peine lorfque le fœtus efl à'terme , par un effort léger de la mère Se par le moyen de la fage- femme qui le tire. Les flocons du placenta font ainfi féparés de ceux de la matrice 5 il s'enfuit un grand écoule- ment de fang & la mère efl alors délivrée de l'arriére-faix. On lie en même tems le cordon DE Physiologie. 295 dmbilical , parce qu'on ne poiirroit le laifTer libre fans danger pour le foetus , & on le coupe. AïnCi la veine ombilicale ne reçoit plus de fang Ôc celui des artères ombilicales trouve un obilacle infurmontable. DCCCXLiX. Alors la matrice , étendue jiifqu'à ce tems d'une façon extraordinaire, fe contracte par la force de fes fibres élaftiques , DCCCVI. avec tant de vitelle Ôc tant de vio- lence qu'elle relferre fou vent la mairi de la lage- femme & le placenta qui n'eft pas bien détaché. Ainfi les vaiiTeaux qui par eux-mê- ines tendent à devenir plus petits , font com- primés ; la grande quantité de fang qui s'étoit amaffée dans la matrice , en eft chaflee ^ il fort foiisle nom de lo-chies , d'abord pur , en- fuite à mefure que \qs vaiiïeaux fe retréciirenc il devient jaune & enfin blanc, la bleflure delà matrice fe guérit & celle ci fe réduit prompte- ment i un volume qui n'eil: pas beaucoup plus grand que celui qu elle avoit avant la con- ception. DCCCL. Lesmammelles deux ou trois jours après l'accouchement , qui eft le tems où les vuidanges commencent à diminuer , fe gon- flent coniidérablement, & au lieu d'un peu de férofité qu'elles conrenoient pendant la grof» feiïe, elles fe rempUlfent alors d'une liqueur féreufe , fine & peu après du chyle même. Le iait eft fort femblable slu chyle j il eft blanc , légèrement épais , doux &c doué d'un fel elfentiel très-doux ^ il tend à s'aigrir ; il a une vapeur odorante, volatile , de il eft corn- pofc de beaucoup de graille , d'eau ôc d'une Niv 1Ç)6 É L i M E N s matière caféeufe & terreufe , qui rend plutor à s'alkalifer. Ce chyle fe tournant en feruni long-tems après avoir mangé , devient falé , légèrement alkali de déplaît au fœtus. Le laie retient fouvent les caraàéres de certains ali- mens Ôc àes médicamens , comme le chyle. Il paroit que la caufe de la plus grande fécré- non qui ie fait dans les mammeiles doit être attribuée à la révuliion &c qu'elle fuccede à la fupprelîion de cette grande fécrétion qui fe faifoit dans la matrice , ôc qui nourrifToit le fœtus , de même que la diarrhée fuit la fuppreffion de la tranfpiration ^ car on a vu du lait for tir par d'autres endroits ôc par les plaies mêmes. Les anallomofes des artères mammaires avec les épigadriques , quoique vraies 3 font cependant ii petites que cela ne peut produire ici aucun effet particulier. DCCCLL Les mammeiles font compofées d'une grande quantité de graifTe , très-molle , très-blanche ,- répandue dans leur fubftance ,, ôc d'une glande conglomérée , convexe , for- mée de grains d'un rouge livide, arrondis , duriufcules , couverts extérieurement ôc unis enfemble par un tiifu cellulaire ferme. Elles reçoivent beaucoup de vaiiFeaux des mam- maires internes 5 des thorachiques externes, 'ôc ils communiquent tous enfemble proche la papille. îl s'y jette un grarni nombre de nerfs airez gros ,. de même que dans la peau qui les environne ; cqs nerfs viennent des dorfaux. •• DCCCLîL Une infinité de petits conduits très-tendres , très-blancs, extrêmement mois ôc faciles à dilater ^ tirent leur origine par an Bi Physiologie. 297 très-grand nombre de petites racines , de cette glande fi tuée à la partie moyenne , fe réunif- fenc déroutes parts vers le milieu de la pa- pille, tant dans le cercle qui l'environne, que dans l'aréole du cercle , de fe rendent dans la racine de la papille. C'eft ainfi que nous ap- pelions un corps caverneux dans lequel le fang peut fe répandre & produire une érec- tion 5 comme dans la verge. Vingt conduits excréteurs laiteux & plus, s'ouvrent dans cette papille, fans avoir jamais entre eux aucune communication ; ils deviennent plus petits dans la papille qu'ils n'étoient auparavant ; lorfqu'elle eil lâche, ils font comprimés , ri- dés , afïaiirés & connivents ; mais lorfqu'elle ^ vient par un chatouillement quelconque à fe redrelîer , ils font droits , ouverts au moyen des orifices cachés entre les rides cutanées. L'aréole environne la papille ; elle eft rem- plie de glandes fébacées qui mettent cette peau tendre â couvert du frottement & d'une mocceur perpétuelle. DCCCLIII. C'efl dans cette partie qu'eft le premier aliment de l'enfant , & il fçait y avoir recours avant que d'avoir fai.t l'expé- rience d'aucune autre fonétion. Ayant em- braifée la papille dans fa bouche j il l'oblige par une douce irritation à fe redrelTer ; il la preGTe avec fes petites lèvres , pour que l'air extérieur ne puilTe point s'y introduire ; il infpire en même tems , & il forme dans fa bouche un efpace rempli d'un air plus léger. Ainfi le poids de l'air extérieur & la force Je comprelîion des lèvres de l'enfant exprimenc Nv 29^ É L É M E N s le lait de la papille , qui fans cela tend a s'e^ couler par fon abondance , 3c l'enfant tetteôc fe nourrir. Le lait féreux d'abord , ou le pre- mier lait 5 lâche le ventre de l'enfant , purge le méconuim, DCCCXXXVIII. & lui eft par là d'une très-grande utilité. Le lait s'eft écoulé quelquefois dès itiammelles des vierges, des vieilles femmes & même des hommes fans le fecours du fœtus , par le feul chatouillement qui élevé ces conduits laiteux & augmente l'afïluence du fang dans ces parties. DCCCLVÎ. Mais il arrive de grands chan- gemens dans le fœtus après fa naiifance. La reipirarion eft la première , qu'il tend à com- mencer même dans le vagin, étant provoqué» à ce qu'il femble , par la douleur 5c par l'an- xiété , aux cris par lefquels il annonce fa ïïaiflance. Il attire donc l'air dans les pou^ mons ,qui jufqu'alors font petits & remplis d'une vapeur féreufe ; il les dilate , il les change de rouge- bruns , petits , folides , ôt fubmergés dans l'eau même fàlée , de les rend plus légers , fpongieux , plus grands , remplis d'air , blanchârres 8c nageans fur l'eau. Le fang pafTe donc plus facilement dans ces pou- mons qui font grands Se lâches , CCXCIV, Une grande partie du fang de l'arrcre pulmo- naire, qui éroit porté par le conduit artériel dans l'aorte , paffe donc alors dans le poumori par les rameaux de cette artère ; & le fang cefle de couler par ce conduit , d'autant plus qu'il rencontre un nouvel obftacle, en allant fe porter dans le bas-ventre. Les artères om- bilicales qui font très-grandes étant liées , h ©E Physiologie, 299 fang de l'aorre ne peut fe frayer un nouveau chemin , qu'en employant toute fa force pour dilater les artcres du balîin Ôc des extrémités inférieures. Enfin comme le poumon reçoit plus de fang , l'aorte en reçoit auili une plus grande quantité à fa fortie du coeur , ôc le conduit artériel qui fe trouve entre cette artère, qui devient plus grofTe ôc l'artère pulmonaire, eit prefTé de telle forte que non-feulement il fe trouve vuide , mais même plus court dans l'adulte 5 il ell: du refte en dedans d'une cou- leur rouge particulière , mol ôc très-propre à fe réunir avec le fang qui y féjourne. Cette route du fang s'oblitère donc promptemenr , ôc prefque dans l'efpace d'un an. DCCCLV. Le trou ovale fe ferme aufli peu à peu par les mêmes caufes j car auiîi-tôt que la route du fang efl devenue plus ailée par le poumon 5 elle l'eft auffi parle ventricule droit du cœur , ôc le fang de l'une ôc l'autre veine- cave s'y porte d'autant plus abondamment,, qu'il trouve un chemin plus facile dans l'ar^ lére pulmonaire qui eft lâche, Ôc qu'en con- féquence il n'a pas befoin de l'ouverture pratiquée dans la cloifon des deux finus.^ De plus il fe porte moins de fang dans la veine- cave inférieure par la veine ombilicale , puifqu'elie fe trouve entièrement privée de ce fluide , a caufe de k ligature de l'ombilic ; DCCCXXXXVI. l'effort qu'il fait contre le trou ovale eft donc moindre ôc le fang de la veine-cave fupérieure peut à peine s'y porter à caufe de l'ifthme qui fe rencontre dans cet endroit. Enfin le fînus gauche reçoit une plus |00 É L É. M s Î4 ^ grande quantité de fang par les poumons J il fe dilate, les petites cornes de la valvule ovale font étendues avec tout le iinus auquel elles font attachées , ôc elles élèvent la val- vule , de façon que dans le fœtus à terme avancée fut cet iilhme , elle ferme entière- ment le trou , la valvule s'applique à Tifthme même , ôc le fang du iinus gauche foutienc en même tems ce.tte valvule contre l'impé- tuofîté dufing du (inus droit. Le trou ovale fe ferme ain(i peu à peu , avec le concours de quelque frottement du bord fupérieur de la valvule contre Tifthme fupérieur , & le bord fupérieur de la valvule s'unit & fe colle à la face poftérieure de l'ifthme ; mais cela fe fait lentement , deforte qu'il relie fort fouvent un petit canal entre l'ifthme &z la partie fupé- rieure de la valvule même dans un âge fort avancé ^ cependant lorfqu'il ne fe rencontre point de petit canal , on voit encore des verti- ges de la cavité gauche & du tuyau ouvert dans la partie fupérieure droite ôc fermé à gauche. DCCCLVI. Les parois de la veine ombili- cale fe rapprochent bientôt , le fang n'y paf- fant plus. Le fang de la veine-porte , qui ne trouve plus l'obftacle formé par le fang de la veine ombilicale, fe jette dans le iinus gau- che ôc dans la partie courbe de la veine ombi- licale, DCCLXXVI. & il coule dans les ra- meaux par lefqueîs la veine ombilicale avoit coutume de porter le fang dans la veine-cave. Le conduit veineux s'affailLe & s'einice par la compreiîion que le diaphragme, en defcendaiàC ©E Physiologie. ^ 503 oans rinfpirationjoccafîonne fur le foie & par laquelle le lobe gauche eft appliqué contre le petit lobe ; peu^être aulîi à caufe de l'angle obtus que ce conduit forme avec lelinus gau- che de la veine-porte j il eft certainement fer- mé en premier lieu vers cecce veine. DCCCLVII. Les artères ombilicales fe fer- ment , de la même façon que les artères qui font liées par-tout ailleurs, au moyen d'un caillot poiipeux de fang qui en occupe l'ex- trémité fermée & par le fang qui éprouve là réfiftance des membranes & fe détourne dans- les artères voillnes qui réfiftent moins. Les mufcles de l'abdomen qui com.priment ces artères dans la refpiration contre l'abdomen très-rempli, y concourent en quelque chofe , de même que l'angle très-aigu que l'artère ombilicale en fortant de l'iliaque , fait alors avec elle , en fe recourbant le long de la vef- iîe 5 & la re6litude , par laquelle les extré- mités inférieures qui ètoient pliées vers le corps dans le fœtus , font alors étendues. Ces artères fe ferment donc promptement , & il ne refte qu'un petit tuyau , qui fournit du fang à deux ou trois artères de la vellie. L'ou- raque s'oblitère très-facilement, parce qu'il monte tout droit de la velïie , qu'il eft très- petit , qu'il n'a point de fortie & que l'urine , qui trouve alors l'urethre ouverte inférieure- ment , ne fait aucun effort pour fortir par ce tuyau. DCCCLVIIL Le foie diminue infenfible- ment par les mêmes caufes , il fe retire fous les côtes 3 les gros inteftins , qui étoient petits 30i É L É M E N s dans le fœtus , augmentent confidérabie- nient; l'efto mac s'étend en longueur; rintef- tin cœcum fe développe par le poids des ex.- crémens , qui tendent en bas vers la droite de l'appendice vermi-forme; les pieds s'augmen- tent conddérablement par le fang repoulfé par les artères ombilicales qui font liées ; & tous les autres cliangemens par le moyen defquels le fœtus palfe mfeniîblement à l'état parfait d'adulte , ont de même lieu. DCCCLIX. Quelle eft la caufe de la ftruc- ture du fœtus ? Eft-ce fon ame ? Elle eft trop ignorante fur fa na.ure , Ôc elle ne prévoit point les fins & les fonctions auxquelles les membres du fœtus font préparés. Ses pre- miers linéamens formés dans l'œuf êc la fe- mence , ne font-ils que fe développer , étant étendus par la plus grande abondance du li- quide qui s'y porte ? On ne trouve pas cette délinéation ainfi formée dans la mère , DCCCXXVIII. ni dans la femence du père ? DCCCXC. Y a-t il donc quelque force at- tractive , qui réuniiîe les particules d'un li- quide vifqueux 'd'abord pour en former des filets , & former enfuite de ceux-ci des fibres, des membranes , des vaiiïeaux, des mufcles , des os Se enfin des membres ? Cela paroît plus probable. Mais quelle eft la fageue qui dirige une ftrudure aufîi fage , auîii conf- tante , aufii variée pour {es propres fins ? C/eft fansdoute par les loix divines que toutcelafe fait , de même que nous voyons par ces mê- mes, loix , les aiguilles de la glace, les cryf- taux des feis, les petites parcelles ôc les lames DE Physiologie. |oj des métaux , les globes terreux des pierres , les cryftaux , les fables, les pouffiéresde mouf- fes , les fils de lins , la gelée des fungus , les fucs des plantes , les véficules cellulaires , les fibres, enfin le gluten des animaux les plus fimples , les filamens , les fibres les plus no- bles 5 les riiïiis cellulaires fe réunir en im corps d'une mêirie efpéce , qui peut feule-, ment être produit fuivant ces loix , par cette matière, &: fous ces mêmes condi rions. Cette opinion ne fe trouve-t-elle pas confirmée par le développement infenfible qui fe fait des membres du fœtus comme dans le polype ? Ce n'étoit d'abord que de petits tubercules^ enfuite ce font des éminences devenues plus longues ; ce ne font pas de petits fils qui croiffent uniquement en fe dilatant. Le cœur qui fe forme fucceilivement dans le poulet par le tuyau , DCCXCIX. la rentrée de ce cœur nud fous les côtes , enfin la confidéra- tion attentive de la fuite des accroiiïemens qui fe font dans le polype , dans l'homme , dans le poulet Se dans les plantes ne le confir- ment-ils pas ? L'accouchement a-t-il des jours fixes ? Les exemples réunis nous apprennent que l'accouchement du fœtus ayant vie , s'é- tend à peine au onzième mois, & qu'il peut â peine s'avancer au commencement du fixiéme mois. Les taches naturelles prouvent-elles la pui (Tance formatrice de l'ame ? Il n'y a point de voie par laquelle l'ame de la mère pniffe exercer fa puifi^ance dans le fœtus; on ne voit point la matière qu'elle y envoie; le mouve- ment par lequel elle l'y détermine^ le feari- 504 Élémeks ment intérieur &c la fagefTe pour la difpofer , êc enfin les expériences font ou vaines , ou ne font que relatives aux maladies légères de la peau des foetus, dont les mères recherchant avec foin l'origine, la trouvent dans les peurs qu'elles ont eues. D'où viennent les monf- rres ? Sont-ils produits par les mélanges des fœtus à moitié faits ? ou font-ils conftruits de la même façon qu'ils naident , ôc n'ont- ils eu jamais d'autre ftructure ? Ce qui rend ce fentiment plus vraifemblable , ce font les différentes réiuiions du cœur qui ne pou- voient le faire fans danger , la longue fuite des intedinsqui ne forme conftamment qu'un même canal dans un fœtus divifé en deux parties, les parties nouvelles & extraordi- naires créées pour les ufages particuliers cies fœtus monftrueux , les parties fuperflues^Sc folitaires dans un fœtus qui d'ailleurs eft fain. La fuper-fœtation eft-elle polnble , quoique l'orifice foit fermé , que les trompes foienc courtes & pendantes , peu propres à embraf- fer les ovaires , & que la matrice remplie de fonœufparoilTe^tre un obftacle fuffifant ? U efl: très-sur qu'elle peut avoir lieu au com - mencement de la grofieiïe , puifqu'il eft ar- rivé plufieurs fois que la matrice à m.oirié remplie, la femme a conçu un fécond fœtus , le premier étant devenu fec , plâtreux ou com- me un fquelette , êc qu'elle l'a mis au monde; & qu'il s'en eft trouvées qui ont accouché de deux fœtus parfaitement faits ëc fains, à quel- ques femaines ou à quelques mois l'un après l'autre. Quel q9l le terme de la fécondité D E Ph Y s I O L O G I E. 50^ Kuiîiaine ? Les couches de quatre enfans font rares , cependanc on trouve dans des Auteurs fidèles une ou deux obfervations de ("emmes qui en ont eu jufqu'â cinq. Quelle eft la caufe du goût dépravé des femmes grolTes ? La femence repompée dans le fang paroit d'a- bord produire quelques naufées ; les mois retenus Se la compreiîion que la matrice fait fur l'eftomac en occaiionnent d'autres. L'oifi- veté & l'imagination, mères de beaucoup de maux 5 ont multiplié ces mêmes incommo- dités. Y a-t-il dans le corps jaune un fuc plein de molécules organiques , qui s'unif- fent avec de femblables molécules contenues dans la femence du mâle , pour former un nouvel animal ? Les corps jaunes ne fe trou- vent pas dans une vierge avant la conception, mais ils paroiifent auiii-tôt après , & il n'y a rien dans leur fuc, que ne contiennent audi les autres parties du corps humain. Fin de la féconde Partie^ MBtta^aMa T A B L DES CHAPITRES Contenus dans cette féconde Partie. Chapitre XIV. Des Sens ; du Toucher, page X CHAR XV. Du Goût, iS CHAP.XVI. De r Odorat. 16 CHAP. XVII. De l'Ouïe. 34 CHAP. XVIII. De la Vue. çr CHAP. XIX. Des Sens internes. %^ CHAP. XX. Du Sommeil. 104 CHAP. XXI. De la Faim ^ de la Soif ^ des Alimens & de la Boijfon. 1 1 1 CHAP. XXII. Du Manger & de la Salive, j 1 8 CHAP. XXIÎI. De la Déglutition. i 3 o CHAP. XXIV. De l'avion de VEJlomacfur les Alimens. 138 CHAP. XXV. De VEpiploon. i ^o CHAP. XXVI. De la Rate. i6z CHAP. XXVII. Du Foie ^ de la VéJicuU du Fiel & de In Bile. 1 6-j CHAP. XXVIÏL Du Pancréas. 189 CHAP. XXIX. Des Intefiins grêles. 15,2 CHAP. XXX. Des Valffeaux du Chyle. 106 CHAP. XXXI. Des gros Imeflins. 2 1 3 CHAP. XXXII. Des Reins, de la FeJJle , de r urine r 214 CHAP. XXXIII. Des Parties génitales de l'homme, 241 CHAP. XXXIV. De la Matrice. 2^3 CHAP. XXXV. Delà Conception. zjj^ Fin d.e la Table des Chapitres. A P P R O B A T I O N, 'M 'ai lu par ordre de Monfeigneur le Vice-Chancclier la J Tradadlion des Élémens de FhyJiologU de M. de Halter, A Paris, le 17 Juillet 1768. lOUlS.^mfeur Royal. J PP.IFIIÈGE DU ROI, I ' Ouïs, par la grâce de Dieu , Roi de France & de Navarre: A nos Ames bc féaux Confeillers les Cens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Confeil , Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils &: autres nos Jufliciers qu'il appartien- dra : S a l u t , notre amé Pieilre Guillyn Libraire, Nous a fait expofer qu'il defîreroit faire imprimer & donner au Pu- blic, la Phyfiologie, traduite de Hallery s'il Nous plaifoit lui ac-^ corder nos Lettres de Privilège pour ce nécefîaires. Aces Causes, voulant favorablement traiter l'Expofant , Nous lui avons permis 6c permettons par ces Préfentes de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui ferablera , Ôc de Iç vendre, faire vendre ôi débiter par tout notre Royaume pen*- dant le tems de fîx années confécutivcs , à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires , Se autres Perfonnes de quelque qualité 6c condition qu'elles foient , d'en introduire d'impreflîon étrangère dans aucun lieu de notre obéilTance , comme auffî d'imprimer , ou faire imprimer, vendre, faire veiidre , débiter ni contre- faire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun extrait fous quelque prétexte que ce puiiTe être , fans la permiffion exprefle & par écrit duJit Expofant ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des Contrevenans , dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôcel-Dieu de Paris, &: l'autre tiers audit Expofant ou à celui qui aura droit de lui , & de tous dépens, dommages ôc intérêts j A la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Corn- munauté des Imprimeurs ôc Libraires de Paris dans trois mois de la date dMcelles , que l'impreiïîon dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume , & non ailleurs , en beau papier & beaux caraûères , conformément aux Réglcmens de la Li- brairie ,5c notamment à celui du 10 Âviil 17:^ j > à peine de déchéance cîu préfent Privilège j qu'avant de l'expcfer en vente, le manufciit qui aura fervi de copie à l'impreifion dudic Ouvrage , fera remis dans le même écac où l'Approbatioa y aurî écé donnée , es mains de notre très-cher & féal Chevalier, Cliancelier de Fiance , le fîeur de Lamoignon , èc qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Biblio- thèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre , un dans celle dudit (leur de Lamoignon , 6c un dans celle de notre très-cher ôc féal Chevalier , Vice-Chancelier &C Garde des Sceaux de France , le Sieur de Maupeou: -le tout à peine de nullité des préf:;ntes : du contenu def- quelles vous mandons &: enjoignons de faire jouir ledit Expo- fant ôc fes ayans cauies , pleinement 5c pailîblement , fans fouîï'rir qu'il leur foie fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commeucement î)u à la fin dudit Ouvrage , foit tenue pour duemenc lignifiée i Se qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés ^: féaux Confeillers Secrétairr;s, foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huilîîer ou Sergent fur ce requis , de faire pour l'exécution d'icelles , tous A6tes requis Ôc néceflaircs , fans demander autre perraiiTîon , 6c nonobltant clameur de Haro , Charte Nor- mande , ôc Lettres à ce contraires : Car tel efl notre plaiiîr. Donné à Paris le vingt-cinquième jour du mois de Juillet Tan de grâce mil fept cent foixantc-huit , 6c de nptte regac le cinquanie-troilîéme. Par le Roi en fon Confeil. Signé LE BEGUE. Reglfîréfur U RigiJk&XVIl deja Chambre Royale & SynUU cale des Libraires & Imprimeurs de F aris , n° 1775 , fol. 488 , conformément au Règlement de iji^. A Paris ce 30 Juillet 5 R I A S S 0 N , Syndic. \J K) i ê I *^*Spi ^ I *^^^^î. -fer' vi COUNTWAY LIBRARY Iliiiiiiiiiiiiliiii I 3 2044 1 ■lliililii lili liliiil illlii iiiiiiiiiniiiniiiii-i ■;■■■■■■"; 14 96b 916 .^ /A K'^ %lè*^. ,.:-^' S^v'«, ,c^, -^^ÎV. i^'»SSfk