r 3 2 à far, Î tr < , ( 1 ï ; “ AA 4 : ‘ nl | CIRRS ÿ L k { | , \. s G Ï 1. . 4 , in . ‘ ra ; x € 1 = CE [ * | b i {ui CRT nu ! r. \ 4 ï FRE x 4 \ À n 0 \] ' L 4 | : L 1 . 0 : : + k ' * né, v s { no 4 LA : ‘ 4 À ‘ LP OL 4 : _ P: Se Ê i M: es LEE A Le Ê + l 4 Er 1 = 1 pu « e « ‘ 1 i . 3 4 ; . j LL e nl [An k L 0 3 n i . 2 A ni L ñ ’ E1 1.1 F x ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE, IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIERE, N° 5, F. S.—G. y ÉLÉMENS 1ÉË JE ZOOLOGIE. oU LECONS SUR L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE , LA CLASSIFICATION ET LES MOEURS DES ANIMAUX ; PAR M. H. MILNE EDWARDS, Membre de l’Institut (Académie des sciences) et de la Légion-d’honneur, Docteur és-sciences et en médecine, Professeur au Muséum d'histoire naturelle, et à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, Agrégé à la Faculté des sciences, etc, DEUXIÈME ÉDITION. ANIMAUX SANS VERTÉBRES. 4 Q-0 —— Le, PARIS. FORTIN, MASSON ET C*, LIBRAIRES SUCGESSEURS DE CROCHARD ET Cie, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N° I. 1845. 2Y ODA 8 à 4 1! L | Ù 1 : Û * é L | ï "A AURIEZ ESS 2. AOOIOEVÉS 43 MMOG TAG ANA LAUAMINA en BA UOTE FES ON D | LLULRES LUATIS “(ii ra Ù ti à Cantin Ausarradh ns wtÉ us ste anse RTE 41 A fs LP 27 or nn nl cie 1m tarssatert ÉNEEUENT : A s'C2 ie vins Mi Aiusnd 418 del vital tr “ii, ob ol otoaïf" L re, | 3 ñ (: “ 3 s | LOVEAUA MNT AS LM huis | N' CEA Eat IE. a Ê t- DR — (R ir k n : ' + Le Ch Le ne. re # DER us Er. 4 LAN AUEINE RULES RL à RATES LR “a L'un … “ vi UN ns : î A Du ae 4 (L L LS, 1 NS L | a n < FR TR ” man KV L v e ee ne D PR É r 2 ANA RS [A RUE EN EE MIA ET AL ÉLÉMENS DE ZOOLOGTE. SRRLRE VER VAR LUE LUE LEE LEUR QUE LUS LE LOUE LED LED LA E LEE LENS LD SAR QE R LR OR ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. SECOND EMBRANCHEMENT DU RÈGNE ANIMAL. ANIMAUX ANNELÉS. (1) & GRR DRE S N7: N 1071. Le plan général d'après lequel la nature a créé les ects animaux annelés est moins facile à définir que celui dont les généraux. vertébrés nous ont offert l'exemple; car ce plan subit des mo- dificalions plus variées el se laisse encore apercevoir chez des (x) Dans la classification de Cuvier que nous avons adoptée dans la première édition de cet ouvrage, le nom d'animaux articulés a été employé pour indi- quer cet embranchement, dont les limites étaient plus étroites que celles du groupe dont nous allous nous occuper maintenant; en effet, ce grand natu- raliste n’y rangeait que les annélides , les crustacés , les arachnides , et les in- sectes ; les heliminthes, les lernées et les rotateurs s'étaient relégués parmi les z00- phytes, tandis que les cirrhipèdes étaient pour lui des mollusques; mais de nouvelles observations ont rendu nécessaire le rapprochement de tous ces êtres et pour éviter la confusion, nous avons préféré réserver le nom d'animaux articulés pour le groupe formé par les insectes , les arachnides, les crustacés ct les cirrhipèdes , et employer ici ie nom d'animaux annelés qui, d’ailleurs, était déjà recu dans la science. Systéme ner- veux. 2 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. êtres d’une structure si simple et si imparfaite, que souvent plusieurs de ses traits les plus saillans manquent à-la-fois. Pour se former une idée juste de ce type organique, il ne faut donc pas résumer d’abord les particularités de structure propres à tous les animaux réunis dans Ce groupe immense, mais étudier en premier lieu le mode de conforniation offert par les espèces les plus propres à servir de représentans de lembranchement tout entier; puis examiner la manière dont ses caractères se modifient et s’effacent peu-à-peu vers la limite inférieure de la série. Lorsqu'on s’en tient de Ja sorte à la considération des ani- maux qui portent de la manière la plus évidente le cachet de ce second type zoologique (les insectes, les écrevisses , ou les sangsues, par exemple ), on voit que la conforma- tion de leur système nervenx est essentiellement différente de ce que nous avons trouvé chez les vertébrés, et suffit pour distinguer ces êtres des animaux appartenant aux autres em- branchemens. 6 1072. En effet, cet appareil si important, dont le jeu règle tous les phénomènes de la vie animale et dont les fonctions doivent nécessairement êlre en harmonie avec son mode de con- formation , se compose, ainsi que dans l’embranchement pré- cédent, de nerfs qui se répandent däns tout le corps et de centres médullaires auxquels ces nerfs viennent aboulir; mais ces cen- tres ne peuvent être comparés ni à l'axe cérébro-spinal, ni aux ganglions du grand sympathique chez les animaux supérieurs. Ce sont de petits ganglions disposés d'une manière parfaitement sy- métrique et placés par paires de Fig. 432. SYSTÈME NERVEUX chaque côté de la ligne médiane D'UN INSECTE. du corps, ou confondus en un certain nombre de masses im- paires qui occupent celte ligne, et réunis par des cordons médullaires en une ou deux chaines longitudinales, étendus dans une portion ou dans la totalité de la longueur du corps. L'un de ces centres nerveux occupe la lête et a été comparé au cerveau des animaux vertébrés; mais les autres ganglions, au lieu d’être placés au-dessus du tube alimentaire, sont logés au-dessous de ce canal et reposent sur la face ventrale du ANIMAUX ANNELÉS. Les corps ({4. 433) ; ilen résulte que les deux cordons inter-ganglion- naires par lesquels les ganglions céphaliques se trouvent unis aux ganglions ventraux sont séparés par l’æœsophage, qu’ils embrassent comme le ferait un collier, et qu’on n’aperçoit du côté dorsal de Panimal rien qui puisse être comparé à une moelle épinière. 7 m L k s t « ?2 1e Fr y p dock Fig. 433. ANATOMIE D'UNE CHENILLE. (1) Le nombre de ces ganglions est en général assez considérable, et chez divers animaux annelés peu élevés dans la série zoolo- gique , de même que chez ceux dont la structure est plus par- faite, mais dont le développement n’est pas achevé, ces centres nerveux sont tous semblables entre eux et également espacés, de facon à former, avec leurs commissures transversales et leurs troncs inter-ganglionnaires, deux cordons garnis de nœuds étendus parallèlement d’un bout du corps à l'autre, et assez semblables à une échelle de corde; mais, à mesure que Von s'élève à des élres plus parfaits, on voit ces mêmes gan- glions se rapprocher entre eux, soil de manière à se confondre sur la ligne médiane en une seule série, soit dans le sens lon- gitudinal, de façon à déterminer la réunion de plusieurs paires en une seule masse (fig. 434). Cette centralisation est quel- quelois portée s1 loin, qu’il n'existe pour tous les anneaux du corps que deux masses nerveuses, lune située dans la tête, l’autre dans le thorax; mais il est impossible qu'elle aille au-delà ; car, ainsi que nous l'avons déjà dit, les cordons qui réunissent entre eux ces deux centres nerveux, passent de chaque côté de lœsophage et les ganglions céphaliques sont (1) à Ganglion céphalique: — à collier œsophagien ; — c premier ganglion post-æsopbagien ; — d suite de la chaîne ganglionnaire ; — hk la bouche; — t i’œsophage; — À l'estomac; — / vaisseaux biliaires; — m intestin; — x anus; —s vaisseau dorsal; — 0,p,q pattes écailleuses ; — 7 j fausses pattes ou pattes : membraneuses; —u corne dorsale. b 4 LOOLOGIE DESCRIPTIVE. Fig. 434. SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. (1) placés au-devant ou au-dessus de ce Lube, tandis que les gan- glions du reste du corps sont situés en arrière de lœsophage , au-dessous du canal digestif. Quoi qu’il en soit, on peut presque toujours, par l’observation directe ou par analogie, reconnaitre dans la portion æsophagienne de ce système plusieurs paires de ganglions, et toutes ses parties sont toujours parfaitement symé- itriques par rapport à la ligne médiane, caractères que nous ne reltrouverons plus dans lembranchement des mollusques. Enfin il est à noter aussi que ensemble de cet appareil ganglionnaire central se déploie sur une ligne droite d'avant en arrière. Lorsqu'on descend dans la série zoologique , on rencontre des animaux qui offrent le même plan général de structure que les précédens, mais chez lesquels toute lorganisation se dégrade en quelque sorte, et chez lesquels le système nerveux se com- pose encore de deux cordons longitudinaux disposés symétri- (1) A système nerveux d'une forficule (perce-oreille; ; — B systéme nerveux d’une sauterelle ; — C système nerveux d’une lucane cerfzvolant, — D système nerveux d'ure punaise des bois (la pentatome grise ); « cerveau; — D, € nerfs optiques ; — d ganglions thoraciques ; — e ganglions abdominaux. ANIMAUX ANNELÉS. 5 quement sur les côtés de la ligne médiane de la face ventrale du corps et terminés antérieurement par une paire de ganglions, mais n'offrant pas sur le reste de leur trajet des renflemens de même nature. Enfin, ce système nerveux, rudimentaire semble disparaitre à son tour chez d’autres animaux , dont l’ensemble de l’organisation ne diffère du reste que très peu de celle des espèces dont nous venons de parler. Si nous comparions maintenant le système nerveux des ani- maux annelés, soit dans sa plus grande complication, soit dans son état rudimentaire , à celui des mollusques et des zoophyles, nous verrions qu'il se distingue toujours par cette tendance à la symétrie et à la disposition longitudinale ; mais cette compa- raison lrouvera mieux sa place dans la suite de ces leçons, et nous nous bornerons à indiquer ici ce caractère, dont l’impor- tance est plus grande qu’on ne le croirait au premier abord. 61073. En effet, cette tendance à la répélition exacte des diverses parties des.deux côtés d’une ligne médiane droite se montre non-seulement dans le système nerveux, mais aussi dans toutes les parties de Péconomie. Ce ne sont pas seulement les organes de la vie de relation qui offrent cette symétrie, comme cela se voit chez les vertébrés, mais aussi les viscères, et l’on peut affirmer que, de tous les animaux, les annelés sont ceux qui offrent au plus haut degré le caractère de symétrie binaire. $ 1074. Un autre trait remarquable dans le mode de confor- mation des animaux annelés, est la tendance à la répétition de parties similaires dans le sens longitudinal. Chez la plupart de ces êtres, celle disposition est si marquée qu’elle suffit pour les faire reconnaitre au premier coup-d’æœil. Tout leur corps, en Fiy. 435. SANGSUE. effet , est divisé en tronçons et semble composé d’une suile d’an- neaux placés à la file les uns des autres. Chez les uns, celte dis- position annulaire résulte seulement de Pexistence d’un certain nombre de plis transversaux qui sillonnent la peau et ceignent le corps (fig. 435) ; mais, chez la plupart, animal est renfermé dans une sorte d’armure solide , composée d’une série d’anneaux soudés entre eux ou réunis de manière à permettre des mouve- mens (fy. 436). Cette armure a des usages analogues à ceux de la Conforma- tion générale, Auneaux, Appendices, 6 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. charpente intérieure des animaux vertébrés ; car elle détermine la forme générale du corps; elle protège les parties molles; elle donne des points d'attache aux muscles , et elle leur fournit des leviers propres à assurer la précision et la rapidité des mouve- mens : aussi l’'appelle-t-on souvent un sgrelette exterieur; mais ce serait à tort que l’on voudrait y voir le représentant ou Pa- nalogue de notre squelette; car, dans la réalité, elle n’est autre chose que la peau devenue dure et rigide, ou même encroûtée Æ Er A Fig. 436. SCOLOPENDRE. par une sorte d’épiderme calcaire de consistance pierreuse. Pour donner une idée vraie de ses usages, aussi bien que de sa nalure, il serait par conséquent préférable de le nommer un squelette téqumentaire. $ 1075. Les divers anneaux ou tronçons du corps de ces ani- maux annelés ont toujours beaucoup de ressemblance entre eux ; quelquefois ils sont presque tous la répétition exacte les uns des autres, el toujours ils montrent une tendance remar- quable vers cette uniformité de strncture. Chaque anneau peut porter deux paires d’appendices ou de membres, l’une apparte- nant à son arceau dorsal ({g. 437), l’autre à son arceau ventral, Fig. 435. (1) d rl 2 rr (x) Coupe verticale d’un anneau du corps d'une annélide du genre ampli: nome : — d arceau dorsal ; — arceau ventral; --- rv membre ( ou rame ) de l’arccau ventral; — r 4 membre {ou rame ) de larceau dorsal; —5$ soie dont ces organes sont armés ; — € appendice nommé cirrhe. ANIMAUX ANNELÉS. 7 el, lorsque ces appendices sont peu développés, et que la division du travail physiologique est peu avancée, tous les anneaux en sont effectivement pourvus : aussi le nombre de ces organes est-il quelquelois extréniement considérable. Mais, en général, les appendices-de certains anneaux acquièrent un grand développement, et, par une sorte de compensation ou de balancement organique, les autres restent rudimentaires ou ne se montrent même pas. Presque toujours les appendices de l'arceau inférieur sont les seuls qui se développent , et ils pren- nent des formes d'autant plus variées, que l’animal est plus élevé dans la série des êtres. Ce sont eux qui, diversement modifiés, con- situent les filamens sem- blables à des cornes qui or- nent la tête des insectes et des crustacés, et qu’on nom- me antennes , les divers or- ganes de mastication, les Fig. 438. TALITRE (grossè. paltes, les nageoires, etc. (/ig. 438). Quelquefois les ap- pendices de l’arceau supérieur existent partout et remplissent, comme ceux de l’arceau inférieur, les fonctions de pattes (1); mais d'ordinaire ils n'existent tout au plus que sur deux des anneaux situés vers la partie moyenne du corps et constituant des ailes ou des organes analogues (2). Les pattes sont ordinairement au nombre de trois, quatre, cinq ou sept paires; quelquelois on en compte plusieurs centaines, et d’autres fois elles manquent complètement; mais alors elles sont presque toujours repré- sentées, pour ainsi dire, par des faisceaux de soies raides, comme dans le ver de terre, par exemple. La tendance que montrent les anneaux du corps à se répéter les uns les autres se reconnait dans la disposition des muscles , du système nerveux el même des viscères. Chaque anneau, dans son élat complet, possède une paire de ganglions; le tube digestif est étendu d’un bout du corps à Pautre et s'ouvre au-dehors par ses deux exirémilés, souvent même les organes de la circulation , de la respiration et de la reproduction sont distribués avec la méme uniformité, et chaque segment de animal représente d’une manière assez complète l’ensemble 1) J’oyez les annélides. 2) Voyez les insectes. Résumé. Classification. Caractires généraux. Squelette té- gumentaire 8 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de l’organisation ; aussi parmi ces êtres en est-il plusieurs qui peuvent être divisés transversalement en un certain nombre de tronçons , sans que cette mulilation entraine la mort dans au- cun des fragmens. $ 1076. Ainsi les caractères généraux de l’embranchement des animaux annelés dépendant principalement 1° de la symé- trie binaire de l’ensemble de leur organisation et plus parti- culièrementi de leur système nerveux ; 2° de la disposition en ligne droite de la portion centrale de ce systèmes et des princi- paux viscères, tels que le tube digestif; 3° de ja tendance à la répélition des parties homologues dans le sens longitudinal et à la composition annulaire des corps. Mais à ces caractères 1} faut ajouter en général ceux tirés de l'existence et de la dis- position de la chaine ganglionnaire , de l’absence d’un axe cé- rébro-spinal et d’une charpente intérieure comparable au sque- lette des vertébrés, et de la structure de la gaine tégumentaire. $ 1077. Nous diviserons cet embranchement en deux groupes faciles à caractériser par la structure des organes de la loco- motion, savoir : les animaux artieutes et les vers. SOUS-EMBRANCHEMENT DES ANIMAUX ARTICULES.1I)} $ 1078. Ce groupe qui a pour représentans principaux les insectes el les écrevisses , comprend tous les animaux annelés dont le corps est pourvu de membres articulés, tels que des paltes ou des nageoires formées de plusieurs leviers placés bout à bout et mobiles les uns sur les autres. Ce sont de tous les animaux annelés ceux qui méritent le mieux ce nom , à raison des divisions annulaires de leur tronc, et ce sont aussi de tous ces êtres , ceux chez lesquels Porganisation est la plus complexe et les facultés sont les plus parfaites. $ 1079. Le squelette tégumentaire constitue ordinairement une cuirasse très résistante, et enveloppe tous les appendices aussi bien que le tronc de Panimal. Il est garni intérieurement par une membrane qui parait être analogue au chorion de la peau des animaux supérieurs et se compose essentiellement (1) Où animaux articulés proprement dits, si l’on préfère conserver à l’em- branchement tout entier, d’animaux annelés, la dénomination d'animaux ar- ticulés employée par Cuvier. ANIMAUX ARLICULÉS. 9 d’une lame plus ou moins épaisse et non interrompue, formée à son tour par un tissu particulier d'apparence presque cornée dans la substance duquel se déposent souvent des sels calcaires. Ce tissu fournit, par l’analyse chimique, de l’albumine et quel- ques autres matières parmi lesquelles on remarque une sub- stance particulière, connue sous le nom de chiline; dans certains points il se durcit par suite d’un travail nutritif, qui semble avoir de Panalogie avec celui que détermine Possifica- tion des cartilages chez les animaux supérieurs; ailleurs il conserve loujours une grande flexibilité et donne ainsi nais- sance à un système de pièces solides, liées entre elles par des parties membraneuses et jouissant par conséquent d’une mobi- lité plus ou moins grande. Quelquefois ces mêmes pièces se soudent complètement entre elles, mais en général cette union imtme ne s'effectue qu'entre celles placées sur une même ligne transversale autour du tronc ou autour des membres, et les divers anneaux, ainsi formés , ne se rencontrent que par deux points opposés de leurs bords correspondans; ces points de jonction constituent des articulations, et leur position déter- mine la direction des mouvemens dont les segmens du squelette tégumentarre sont susceplibles. Les anneaux voisins peuvent aussi se souder entre eux et se confondre plus ou moins com- plètement, mais dans la plupart des cas il est encore possible de les distinguer. $ 1080. Le nombre des anneaux du tronc est très variable, mais en général ces divers segmens se groupent entre eux, de façon à constituer trois parties assez distinctes ; savoir : une têle, un thorax et un abdomen. Les appendices ou membres de la tête sont spécialement affectés aux sens et à la digestion ; ils sont toujours disposés par paires, et lorsqu'ils constituent des mâchoires, ces organes sont par conséquent latéraux au lieu d’être placés l’un au-devant de l’autre comme dans l’'embranchement des animaux vertébrés. Les membres tho- raviques sont ordinairement les seuls qui constituent des pattes ambulatoires, et lorsque l'animal devient parasite et cesse de se mouvoir , ces organes deviennent en général ru- dimentaires et peuvent même disparaitre complètement par les progrès de l’âge. Enfin , les appendices des divers anneaux de l'abdomen ont des usages variés et forment souvent partie de Pappareil de la génération, comme nous le verrons lorsque nous éludierons successivement les diverses classes d'animaux ariculés. $ 1081. Le système nerveux est toujours bien développé et se compose d’un nombre plus ou moins considérable de gan- glions disposés par paires de chaque côté de la ligne médiane Système ner- veux. Sens, Fouctions de vutrition. 10 ZOOLOGLE DESCRIPTIVE. ou réunis en masses impaires sur Cette mème ligne et mis en communicalion par des cordons longitudinaux, de facon à constituer un axe ganglionnaire droit et parfaitement symétri- que. On y distingue toujours une portion céphalique ou sus-æs0- phagienne , et une portion ventrale ou sous-intestinale (/{y. 433); cette dernière se compose, à son tour, d’un nombre assez considérable de noyaux ganglionnaires, mais sa longueur est très variable, ce qui dépend surtout des différences que Pon remarque dans le degré de rapprochement de ces ganglions (fig. 434); quelquefois ils sont très espacés , et la chaine formée par leur réunion occupe toute la longueur du corps; quel- quefois, au contraire, ils sont concentrés dans le thorax et presque confondus entre eux; de là des modifications consi- dérables dans la disposition générale du système nerveux ainsi que nous le verrons en traitant des insectes ei surtout des cruslacés. $ 1082. Chez les animaux articulés les organes des sens sont moins complets que chez les vertébrés; on ne leur connait pas d’instrument spécial pour l’edoral , et chez la plupart d’en- tre eux on n’a pas encore découvert d'appareil auditif; presque tous sont pourvus d’yeux, mais la structure de ces organes diffère beaucoup de celle de l'œil chez l’homme et les autres vertébrés, et présente des particularités très remarquables que nous ferons connaitre en parlant des insectes. . 6 1083. L'appareil digestif se compose essentiellement dun tube alimentaire occupant toute la longueur du corps, ouvert à ses deux extrémités, et en général étendu en ligne droite ; sl n'est pas fixé aux parois de la cavilé viscérale par un mé- Reprodnc- tion. Classification, senltère comme chez les animaux vertébrés, mais présente en général dans sa structure une grande complication. Le fluide nourrisseur esl presque incolore et circule tantôt dans un appa- reil vasculaire incomplet, tantôt dans les lacunes qui existent entre les divers organes; mais dans lous les cas il est mis en mouvement par un Cœur Où par un vaisseau contraclile situé sur la ligne médiane du dos (/ig. 433). Quant au mode de res- piration, il varie dans les différentes classes dont ce sous- embranchement se compose. 6 1084. Ces animaux se reproduisent à l'aide d'œufs et ne sont que très rarement hermaphrodites. [ls éprouvent des mues plus où moins nombreuses, et [a plupart d’entre eux ne nais- sent point avec tous les organes qu'ils sont destinés à avoir, el subissent dans le jeune âge des chansemens notables, souvent méme de vérilables métamorphoses. 6 1085. Ce groupe se compose de cinq classes , savoir : les insectes , les mvriapodes, les arachnides, les crustacés et les œ ANIMAUX ARTICULEÉS. 11 cirrhipèdes , que l’on peut distinguer à laide des caractères in- diqués dans le tableau suivant. Le corps composé \ | de trois portions distinctes : tête, tho- rax, et abdomen. ;} INSECYES. Trois paires de pat- du thorax et gar- ‘iles. nie d’aulennes. Pointidetdisnnce tion entre Île tho- rax ct l’abdomen ; vingt-quatre paires de pattes où davan- tage (jamais d'ailes;. ! Respiration aérien- Î ne s’effectuant à l’aide de stigmates et de trachées ou de poches pulmo- naires; sexes dis- tincts. 4 ANIMAUX ARTICULES. 4 | Myeararopes. / Point detète distincte duthorax; poirt) & : ! ARACHNIDES. d'antennes ; quatre paires de pattes. } | Unetête distincte | tes; en générai des | \ { Sexes séparés. Appareil Ro Kespiration aqua- | presque toujours très développé et per- | CRUSTACÉS & FES : -RUSTACES. tique s’effectuant | sistant; en général cinq ou sept paires | par des branchies \ de pattes: | (jamais d'ailes). Hermaphrodisme. Point d'organes de} ‘ L s NY -LEe MIRRIHIPÈDES. locomotion chez ies individus adultes. { CLASSE DES INSECTES. 6 1086. La classe des insectes se compose de tous les animaux Caractères. articulés ayant le corps formé d’une tête, d’un thorax et d’un généraux. abdomen distincts et les pattes au nombre de trois paires. A ces caractères extérieurs on peut ajouter que leur respiration s'effectue à Paide de trachées aérifères, qu'ils sont dépourvus d’un système vasculaire proprement dil, et que presque tou- jours ils subissent des métamorphoses dans le jeune âge ; enfin, il est aussi à noter qu'à peu d’exceptions près, ils sont pourvus d'ailes et que ce sont les seuls animaux invertébrés qui soient conformés pour le vol. : $ :087. Le squelette tégumentaire des insectes, c’est-à-dire Squelette té- la couche épidermique de la peau de ces animaux, conserve sumentaire. quelquefois dans toute son étendue une certaine flexibilité, mais présente en général une consistance analogue à celle de la corne. Sa surface est colorée très diversement et offre sou- vent les teintes les plus brillantes. Le corps, ainsi que nous l’avons déjà dit, se divise en un nombre considérable d’anneaux pläcés bout à bout et offre trois portions bien distinctes : la tête, le thorax et Fabdomen. 12 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. La téle, formée d’un seul tronçon, semble résulter de la sou- dure de plusieurs anneaux, mais ne présente que des traces très obscures de cette composition annulaire ; elle porte les yeux, les antennes et l'appareil buccal. Le thorax, qui fait suite à la tête, se compose de trois anneaux appelés prothorax, mesolhorax et metathorax, qui portent chacun une paire de pattes, et sont en général soudés entre eux (fig. 339 d, f, à). Lorsqu'il existe des ailes, c’est sur l’arceau dorsal des deux der- niers anneaux thoraciques qu’elles s’insèrent. Enfin l’«hdomen est d'ordinaire formé d’un nombre beaucoup plus considérable de segmens plus ou moins mobiles les uns sur les autres, et pri- vés d’appendices; souvent même on en comple jusqu’à neuf, el chez les insectes parfaits cette portion du corps ne porte jamais ni ailes ni pattes. Appeudices. $ 1088. Les membres ou appendices qui naissent de ces divers anneaux ont une structure analogue à celle du tronc de Panimal; « ab Fig. 439. SQUELETTE TÉGUMENTAIRE D'UN INSECTE. (1) (1) Anatomie du squelette tégumentaire d’un insecte: — « Tête séparée du thorax; — b Yeux; — c antennes; — thorax; — 4 premier anueau du thorax, INSECTES. 13 ils se composent en effet de tubes à parois solides ou de lames creuses, placées bout à bout et renfermant dans leur intérieur les muscles et les nerfs destinés à les faire mouvoir. Ceux de la preniière paire, insérés sur la partie antérieure ou supérieure de la tête, constituent les antennes (ec, fig. 439), organes dont la forme varie beaucoup et dont les usages ne sont pas bien con- nus, mais paraissent se rapporter aux sens du toucher et de l’ouïe. Les différences qu’on remarque dans leur conformation fournissent de bons caractères pour la distinction des genres et des espèces, et sont désignés par des noms particuliers, qu’il serait trop long d’énumérer ici. Les trois paires d’appendices suivans entourent la bouche et constituent les organes de mas- lication et de succion, dont nous exposerons bientôt la dispo- sition. À la suite de ces appendices viennent les pattes, qui sont toujours au nombre de trois paires et qui s’insèrent aux irois anneaux du thorax. Chacun de ces membres se compose dune suite d'articles placés bout à bout et mobiles les uns sur les autres ; on y distingue une hanche formée de deux pièces, une cuisse, une jambe et une espèce de pied, nommé assez improprement {arse, et divisé en 2, 3,4 ou 5 articles dont le dernier est armé d'ongles. La conformation des pattes varie ; mais, comme on le pense bien, est toujours en rapport avec les mœurs de ces animaux. En général, ces six membres sont tous de même forme et à-peu-près de même longueur; ils sont alors affectés spécialement à la marche. Lorsque ceux de la dernière paire sont beaucoup plus longs que les autres, comme cela se remarque chez les Criquets, 1ls deviennent ordinaire- ment les organes du saut; chez les insectes nageurs, tels que les Dytisques, les tarses sont aplatis, ciliés et disposés comme des rames ; chez ceux qui peuvent marcher suspendus à des surfa- ces lisses, les mouches, par exemple, on trouve sous le dernier article de ces organes une espèce de pelote ou de ventouse propre à les faire adhérer aux corps qu'ils touchent ; quelquefois aussi les pattes antérieures sont élargies comme celles des taupes, afin de servir à creuser la terre ; la courtilière , insecte fouisseur assez commun dans nos campagnes, nous Cffre un exemple remarquable de ce mode de structure. Il existe aussi des espèces chez lesquelles ces mêmes pattes constituent des organes de préhension ; la jambe étant conformée en manière de griffe et portant les pattes de la première paire (e); — f second anneau du thorax, sup- portant les ailes de la première paire (g) et les pattes de la seconde paire (4); — z troisième anneau du thorax , supportant les aites de la seconde paire (7), et les pattes de Ja troisième paire (4 cuisses ; /iambes; » tarse) ; — a b abdomen. 14 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pouvant se reployer contre l’article précédent dont le bord est garni d’épines ; la mante religieuse qui habite le midi de la France est conformée de la sorte. Enfin on connait aussi des insectes chez lesquels les pattes antérieures, réduites à un état rudimentaire et reployées contre la poitrine, ne servent plus aux mouvemens et échappent facilement à la vue, de facon qu’au premier abord on croirait ces animaux pourvus de qua- tre paties seulement; plusieurs papillons diurnes sont dans ce cas. 6 1089. Les ailes des insectes sont des appendices-lamelleux , composés d’une double membrane, soutenue à l’intérieur par des nervures plus solides. Lorsqu’elles sont encore à peine dé- veloppées, elles sont molles et flexibles, mais bientôt elles se dessèchent et demeurent rai- FN "7. des et élastiques. En général, à 4 il en existe deux paires; on )” F n'en voil jamais un plus grand NS 4 nombre , mais quelquefois lune ou lautre de ces paires manquent, el e’est toujours sur les deux derniers anneaux du thorax qu’elles naissent; le prothorax n’en porte jamais. Leur forme varie; lorsqu'elles servent réellement au vol, el- les sont minces et transparen- # # & tes, à moins d’êlre recouver- les par une sorte de poussière Fig. 440. colorée formée par des écail- les d'une pelitesse microsco- pique, comme cela se voil chez les papillons; mais sou- vent celles de la première paire (a fig. 440) deviennent épaisses, dures et opaques, et constituent des espèces de boucliers ou d’étuis nommés elytres, qui, dans le repos, recouvrent les ailes membraneuses (2) et servent à les protéger, comme cela se voit chez le hanneton, les capricornes, etc.; d'autres fois, chez les punaises des bois, par exemple , ces mêmes ailes, en- core membraneuses vers leur extrémité, deviennent dures et opaques vers leur base, el sont alors désignées sous le nom de demi-étuis où kemelytres (fig. 441). On connait aussi des insectes chez lesquels les ailes, au lieu d'avoir une structure lamelleuse, sont fendues en une mulliiude de membranes bar- bues sur les bords, et semblables à des plumes disposées en éventail; cela se voit chez les Lépidoptères du genre Ptérophore. Enfin, lorsque les ailes postérieures manquent, elles sont d'or- INSECTES. 15 dinaire remplacées par deux petits filets mobiles terminés en massue que lon nomme halanciers (fig. 442). Fig. 441. RÉDUVE TUBERCULÉ. Fi. 442. CONGPS. 61090. Ainsi que nous l'avons déjà dit, l'abdomen ne donne insertion chez les insectes parfaits ni à des pattes, ni à des ailes; la plupart des anneaux qui composent celie portion du corps sont privés de toute espèce d'appendice, mais les segmens Îles plus postérieurs en portent souvent, et les formes, aussi bien que les usages de ces parties, varient beaucoup. Tantôt ce soni de simples soies on des stylets dont les fonctions ne sont pas connues, chez les éphémères, par exemple ; tantôt ces organes ont la forme de crochets et constituent une pince plus où moins puissante, comme cela se voit chez les forficules ou perce- oreilles. D’autres fois, chez les podures, par exemple, ils sont disposés de façon à agir à la manière d’un ressort et à servir à Panimal pour se lancer en avant. Enfin, d’autres fois encore, ces appendices abdominaux offrent une struelure plus com- pliquée, et constituent une arme offensive telle que Paiguillon des abeilles, ou bien un instrument perforant connu sous le nom de faricre destiné à effectuer ie dépôt des œufs dans un lieu convenable. En parlant des sauterelles, des ichneu- mons, etc., nous aurons l’occasion d’en faire connaitre la structure. Système ner- veux. Organes des sens. Yeux. 16 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 1091. Le système nerveux des insectes présente la disposition généraleetla plüpart des modifications que nousavons déjà signa- lées en traitant du sous-embranchement au- Fig. 443. quel ces animaux appartiennent (61072,1081). Il se compose principalement d’une double série de ganglions qui sont réunis entre eux par des cordons longitudinaux (fig. 443); leur nombre correspond à celui des anneaux, et tantôt ils sont à-peu-près également es- pacés et s'étendent d’un bout du corps à l’au- tre, iandis que d’autres fois plusieurs d’entre eux sont rapprochés de manière à constituer une masse unique (#y. 434). Les ganglions céphaliques présentent un développement assez grand et donnent naissance aux nerfs des antennes, des yeux, etc. La première paire de ganglions post-æsophagiens fournit les nerfs de la bouche, et les cordons qui unissent ces noyaux médullaires aux gan- glions céphaliques et qui embrassent Pœæso- phage, donnent de chaque côté un nerf qui remonte sur l'estomac, et qui, en s’unissant avec celui du côté opposé, constitue un cor- don médian situé au dessus du canal digestif, et présentant sur son trajet deux ganglions. Les trois paires de ganglions situés à la suite de ceux placés immédiatement derrière l’æœsophage appartien- nent aux trois anneaux du thorax, et sont le point de départ des nerfs destinés aux pattes el aux ailes; en général, elles sont très rapprochées entre elles et beaucoup plus grosses que les paires suivantes, qui appartiennent à l'abdomen, et qui varient beaucoup dans leur mode de groupement. 61092. Les insectes sont pourvus de sens très développés ; ils jouissent évidemment de Pouie et de l’odorat, aussi bien que du tact, du goût et de la vue , mais jusqu'ici on n’a pas découvert le siège de lolfaction, et, chez la plupart de ces animaux, on n’apercoit aucun organe spécial d'audition. Les antennes et les appendices de la bouche semblent être les principaux instru mens du toucher, et les premières servent peut-être aussi à la perception des sons. Nous ne savons aussi que peu de choses sur l’appareil du goût; mais les organes de ia vue ont été mieux étudiés. La structure des yeux est très différente de ce que nous avons vu chez les animaux supérieurs et de ce qui existe chez les mollusques. En général, l’organe qui, au premier INSECTES. 17 abord, parait être un œil unique , est dans la réalité formé par l’agglomération d'une multitude de petits yeux, ayant chacun une cornée, un corps vitré de forme conique, un enduit de matière colorante et ur filament nerveux particuliers. Chez la fourmi on en trouve seulement cinquante , mais chez le hanne- ion , on en compte près de neuf mille; les papillons en offrent plus de dix-sept mille, et on connait des insectes qui en ont plus de vingt-cinq mille, les mordelles , par exemple. Toutes ces petites cornées sont hexagonales et sont soudées entre elles, de façon à constituer une espèce de cornée commune, dont la surface présente une multitude de divisions sembla- bles aux mailles d’un filet, visibles seulement à l’aide d’une loupe, et c’est à raison de cette disposition que lon donne souvent à ces yeux composes le nom d’yeux à résearii Où d’yeux à facettes. Du reste, chacun des petits appareils constituans de ces organes mulliples est parfaitement distinct de ceux qui len- tourent, et forme avec eux un faisceau de tubes terminés cha- cun par un filet nerveux provenant du renflement terminal d’un même nerf optique. Presque tous les insectes sont pourvus de deux de ces yeux composés , situés d'ordinaire sur les côtés de la tête; mais quelquefois ils sont remplacés par des yeux simples ; et d’autres fois ces deux sortes d'organes existent en même temps. Quant à la structure des yeux simples, que l’on désigne aussi sous les noms de stemmates ou d’ocelles, elle a la plus grande analogie avec celle de chacun des élémens des yeux composés. En général, les yeux simples sont réunis en groupe, au nombre de trois, vers le sommet de la tête (#g. 444). On ne sait rien de précis sur la manière dont ces appareils agissent sur la lumière qui les frappe, ni sur le mécanisme de la vision chez les insectes. $ 1093. Plusieurs insectes possèdent, de même que les ani- maux supérieurs, la faculté de produire des sons; mais, en général, leur chant ne se lie pas aux mouvemens de l'air dans l'appareil respiratoire, comme chez les premiers, et dépend du frottement de certaines parties du corps les unes sur les autres, ou des mouvemens imprimés à des instrumens spé- ciaux par la contraction des muscles. Ainsi le bruit monotone et assourdissant de la cigale résulte de la tension et du reiâche- ment alternatifs d’une membrane élastique disposée comme la peau d’un tambour de basque sur la base de l'abdomen ; chez les criquets, ce sont certaines parties des ailes qui, en frottant Vune contre l’autre, vibrent avec intensité et qui offrent à cet effet une structure très curieuse; mais le bourdonnement des mouches parait dépendre de la sortie rapide de l'air par les stig- mates thoraciques pendantles mouvemens violens du vol. Enfin 2 : A Appareil buccal. 18 ‘LOOLOGIE DESCRIPTIVE. il est d’autres insectes encore qui produisent une espèce de ‘cri dont le mode de production n’est pas encore bien connu, tel est le papillon de nuit, connu sous le nom de sphinx tête de mort. $ 1094. La manière dont les insectes se nourrissent varie beaucoup : les uns ne vivent que du suc des plantes ou des Fig. 444. TÈTE DE BLATTE sue par de- vant (1). animaux, les autres se repaissent d’ali- mens solides et sont où carnivores ou phytophages, et à ces différences cor- respondent des modifications remar- quables dans la conformation de la bouche. Chez les insectes broyeurs, cette ou- verlure est garnie en avant d’une pièce médiane , nommée /cvre superieure ou labre {a , fig. 444 el 445), et présente de chaque côté une espèce de grosse dent, mobile et très dure , appelée mandihule (b\, qui sert à diviser les alimens. Im- médiatement en arrière des mandibules se trouve une seconde paire d’appen- dices, dont la structure est plus com- pliquée : ce sont les mâchoires (e). Chacun de ces derniers organes offre au-dedans une lame plus ou moins dure el ordinairement armée de dentelures ou de poils, et porte au côté externe une ou deux petites tiges composées de plu- sieurs articles et appelées palpes mazxilluires. Enfin , derrière les mâchoires se trouve fune seconde paire d’appendices, dont la base est sup- portée par une pièce cornée médiane, nommée menton (d). Ces appendices con- stituent la languette. Hs sont appliqués contre les mâchoires, comme ces organes sont eux-mêmes appliqués contre les mandibules, et on leur distingue aussi une paire de filamens articulés et mo- biles, appelés palpes labiaux , parce qu’on donne ordinairement le nom de levre inferieure au menton réuni à la : Janguette. Quant à la forme de ces di- verses parties , elle varie suivant là na- Fig.445. ture et la consistance des alimens. Les palpes servent principalement à saisir (1) a Labre; — à mandibules;, — ce mâcuoires ; — d languette; —- e palpes labiaux ; — f'antennes; — g yeux composés; — L ocelles, INSECTES. 19 ces malières et à les maintenir entre les mandibules pendant que celles-ei les divisent. 6 1095. Chez les insectes suceurs , les mâchoires ou le labre s’allongent de manière à constituer une espèce de pipelte ou trompe tubulaire ,: dans Pintérieur de laquelle on trouve sou- vent des filamens déliés , remplissant les fonctions de petites Palpes maxillaires. -=_-; 7 Machoires. 7% Lobes latéraux de la languette. Palpes labiaux. .....) Languette. Fij. 446. TÈTE D'UN HYMÉNOPTÈRE (Anthophora). lancettes, et formés par les mandibules et les mächoires modi- fiées au point d’être à peine reconnaissables. Chez les abeilles et les autres insectes de l’ordre des hyménoptères , l'appareil buccal offre une disposition qui est en quelque sorte intermé- diaire à ces deux états extrêmes. La lèvre supérieure (4 ,fig. 447 ) et les mandibules (h) ressemblent beaucoup à celles des insectes broyeurs, et la lèvre et les man- dibules ne présentent même rien de très particulier; mais les mâ- choires (c) et la languette (d) se sont excessivement allongées, et les premières prennent une forme tubulaire et engainent longitudi- nalement les côtés de la languette, de façon que ces organes, réunis en faisceaux , constituent une trom- pe, qui sert de conduit aux ali- mens, toujours mous ou liquides, dont ces insectes se nourrissent. _. 20 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE Celte trompe est mobile à sa base et flexible dans le reste de son étendue, mais ne s’enroule jamais comme nous le verrons chez les papillons. Quant aux mandibules, elles servent unique- ment à découper les matières dont les hyménoptères font leur nid, ou bien à saisir et mettre à mort la proie dont ces insectes sucent les humeurs. On remarque aussi qu’il existe dans l’in- térieur de la cavité buccale d’autres pièces solides, qui man- quent chez les insectes broyeurs, et qui constituent des valvules destinées à fermer le pharynx toutes les fois que le mouve- ment de la déglutition ne s'effectue pas. 6 1096. Chez les punaises des bois, les cigales , les pucerons et les autres insectes de l’ordre des hante l'appareil de succion se compose des mêmes élémens, mais ceux-ci affectent une disposition un peu dif- férente. La bouche est armée d’un bec tubu- laire et cylindrique, dirigée en bas et en ar- rière (/g. 448), et composée d’une gaine ‘renfermant quatre stylets; la gaine (a, fig. 449) est à son tour formée de quatre articles pla- cés bout à bout, et représente la lèvre infé- rieure : à sa base on aperçoit une pièce coni- que et allongée qui est l’analogue du labre; enfin, les stylets (b, c), qui ont la forme de Fig. 448. PUNAISE filets grèles, raides et dentelés à leur sommet, DES BOIS. pour pouvoir percer la peau des animaux ou les vaisseaux des plantes, sont les représen- tans des mandibules et des mächoires excessivement allongées. a b c Fig. 449. APPAREIL BUCCAL D'UN HÉMIPTÈRE. INSECTES. 21 Dans les hémiptères qui vivent aux dépens des animaux, le bec est en général très robuste et replié en demi-cercle, sous la tête. Chez ceux qui se nourrissent du suc des végétaux, il est au contraire presque toujours grêle et appliqué dans le repos contre la face inférieure du thorax, entre les pattes. Sa lon- gueur est quelquefois si considérable , qu’il dépasse en arrière l'extrémité postérieure de l'abdomen. Chezles mouches, la trompe tantôt molle et rétractile, tan- iôt cornée et allongée, représente aussi la lèvre inférieure, et porte souvent à sa base des \ palpes ; un sillon longitudi- nal en occupe la face supé- rieure et loge des styletsdont lenombre varie de deux à six, et dont les analogues chez les insectes broyeurssontles mandibules, les mâchoires et la languette. Quelquefois celte trompe acquiert une longueur énorme (fig. 450), quelquefois au contraire elle esL à peine visible. Ç 1097. Enfin, chez les pa- pillons (#g. 452), qui senour- rissent aussi de substances liquides, mais qui les trou- vent au fond des fleurs et n’ont pas besoin d’instru- mens vulnérans pour se les procurer, il n’existe plus de stylets faisant fonctions de lancettes, comme chez les précédens , et la bouche est garnie d’une longue trompe ( , fig. 451) roulée en spirale et composée de deux filets creusés en gouttière à leur partie interne, qui ne sont Fiy. 450. NÉMESTRINE LONGI— autre chose que les mâchoi- RELRES res excessivement allongées et modifiées dans leurs formes. A la base de cette trompe, on distingue en avant une pelite pièce membraneuse, qui est le représentant du labre, et, de chaque côté, un petit tubercule, dernier vestige des mandibules(/g.451). On y aperçoit aussi des rudimens de palpes maxillaires , et en arrière se trouve une pe- 22 LOOLOGIE DESCRIPTIVE. tite lèvre triangulaire portant deux palpes labiaux très grands, d Fig. 451. TROMPE D'UN PAPILLON. (1) Fig. 452. MORPHE HÉLÉNOR. composés de trois articles et presque toujours velus ou garnis Tube digestif, d’écailles (4). 6 1098. Le canal alimentaire présente en général une struc- ture assez compliquée; quelquefois il est droit et présente à- peu-près le même diamètre dans toute sa longueur; mais d'ordinaire il est plus ou moins flexueux et offre plusieurs ren- flemens et rétrécissemens successifs. On y distingue alors (fig. 453) nn pharynx, un œsophage, un premier estomac ou jabot , un second estomac ou gésier , dont les parois sont mus- culaires et souvent armées de pièces cornées , propres à tritu- rer des alimens ; un troisième estomac, nommé ventrienle chy- Lifique , dont la texture est molle et délicate ; un intleslin grêle, un cœcum et un rectum. De même que chez les animaux su- périeurs, on remarque un rapport entre la nature des alimens et le développement qu’acquiert ce canal; chez les insectes carnassiers 1l est, en général, très court, tandis que chez les insectes qui se nourrissent de substances végétales il est ordi- nairement fort long. Les alimens qui y arrivent sont d’abord imbibés de salive; Pappareil qui sécrète ce liquide consiste en un certain nombre de tubes flottans, terminés quelquefois par des espèces d’utricules et communiquant avec le pharynx par des canaux excréteurs. Une multitude de villosités dont le , ventricule chylifique est ordinairement garni paraissent servir à la sécrétion d’un suc gastrique , et c’est également dans cette cavité qu’est versée la bile. Il n’existe pas de foie proprement (1) a Tête; — 2 base des antennes; — c œil; — d trompe; — e palpes. INSECTES. 23 dit chez les insectes; mais cet organe est remplacé par des tubes longs et déliés, qui flottent dans l’intérieur de l'abdomen «L b d 4 (T) © _QL S ( & D T2) ) 1) Vi) A) il TA À L Ko Fi. 453. APPAREIL DIGESTIF. (1) et débouchent supérieure- ment dans le ventricule chy- lifique (e, fig. 453). Ces vais- seaux biliaires hennent aus- si lieu de glandes urinaires, car il s’y forme de l’acide urique. Par un de leurs bouts ils débouchent ton- jours dans le ventricule chy- lifique, et l’autre extrémité est tantôt libre , tantôt fixée à l'intestin , soit auprès de le première ouverture, soit dans le voisinage du rectum. Enfin , on trouve encore, vers l’extrémité postérieure du canal intestinal , d’autres organes sécréteurs, qui ser- vent à élaborer les liquides particuliers (tels que le ve- nin de l’abeille,, que plu- sieurs insectes font sortir de l'extrémité de leur abdomen lorsqu'on les inquiète. $ 1099. Il paraïtrait que c’est par une simple imbi- bition que le chyle traverse les parois du tube digestif et se mêle au sang. Ce dernier liquide est aqueux et inco- lore ; 11 n’est pas renfermé dans des vaisseaux et se trouve répahdu dans les in- terstices que lesorganes lais- sent entre eux ou présentent dans la substance de leur tissu. Les insectes manquent aussi d’une circulation régulière. On distingue bien, dans certaines parties du corps, des courans même assez rapides; mais le liquide nour- ne À : De (1) à Téte portant les antenues, les mandibules, ete. ; — 4 jabot et gésier, suivis du ventricule chylifique; — € vaisseaux biliaires; — däntestins; — e or- ganes sécréteurs ; — f'anus. Circulation. ë t 24 : ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ricier ne parcourt pas un cercle de manière à revenir constam- ment vers son point de départ. Il n'existe effectivement chez ces animaux que des vestiges d’un appareil circulatoire (voy. $ 65). On voit près de la surface dorsale du corps un tube fongitudinal (fig. 454 et 455) qui exécute des mouvemens alternatifs de con- Fig. 454. CIRCULATION DANS LES INSECTES. (1) traction et de dilatation analogues à ceux du cœur chez les animaux supérieurs ; mais ce vaisseau dorsal ne parait four- nir aucune branche. Le liquide nourricier y pénètre par des 2 .k g k bf l h d onm Fig: 455. VISCÈRES D'UN PAPILLON . (2) (1) Das cette figure les ailes n'ont été représentées que d'un côté et les pattes du côté opposé; les lignes ponctuées indiquent les courans sanguins et les flèches indiquent la direction de ces courans: & Vaisseau dorsal; — 4 cou- rans labiaux. (2) Section verticale du corps d’un sphinx : a Ganglion céphalique; — gan- glions thoraciques ; — 4 ganglions abdominaux ; — e trompe ; — f œsophage; — g estomac; —h intestins; — 2 canaux biliaires; — k, À vaisseau ddr anus; — o,n,m base des pattes, 12 INSECTES. - 25 ouvertures latérales, garnies de valvules pour empêcher le re- flux , et l’on ignore comment il s’en échappe. Du reste, le mou- vement du sang ne dépend pas uniquement de cet organe ; car on a découvert récemment dans plusieurs insectes des valvules mobiles dont les battemens déterminent dans ce liquide des courans rapides , et, chose singulière, c’est dans les pattes que cet appareil est logé. 61100. Le sang, devenu veineux par son action sur les divers tissus de l’économie , ne peut donc venir, dans un point déter- miné du corps, se mettre en contact avec l’oxygène et reprendre ainsi ses qualités vivifiantes. Si la respiration s'était faite de la manière ordinaire à l’aide de poumons ou de la surface exté- rieure du corps, elle aurait été par conséquent extrêmement incomplète; mais le désavantage qui paraîtrait devoir résulter de cette grande imperfection dans la fonction si importante de la circulation, n’existe réellement pas. La nature a suppléé au transport du sang, en conduisant Pair lui-même dans toutes les parties du corps, à l’aide d’une multitude de canaux qui communiquent avec l'extérieur et se ramifient à l'infini dans la substance des orgañes { fig. 456). Ces tubes aérifères, désignés comme nous l'avons déjà dit au $ 101, sous le nom de frachees, présentent une structure compliquée : on y distingue dordi- naire trois tuniques, dont la moyenne est cemposée d’un fila- ment carlilagineux enroulé en spirale comme un élastique de bretelles. Tantôt ils sont simples; mais d’autres fois ils présen- tent un certain nombre de grands renflemens eh forme de vési- cules molles, qui remplissent les fonctions de réservoirs à air (4, fig. 456). Les ouvertures par lesquelles l'air péuètre dans les trachées sont nommées s{igmates : elles ressemblent en général à une petite boulonnière, mais présentent quelquefois deux valves qui s’ouvrent et se ferment comme les baltans d’une porte. On en voit d'ordinaire une paire sur les parties latérales et supérieures de chaque anneau ; mais elles manquent souvent aux deux derniers segmens du thorax. Quant au mécanisme par lequel l’air se renouvelle dans lintérieur de cet appareil respi- ratoire , 1l ne paraît consister en général que dans les mouve- mens de contraction et de dilatation de lPabdomen. Ainsi que nous l'avons déjà dit ailleurs, la respiration est très active chez ces animaux : ils consomment une quantité considérable d’air comparativement à leur volume, et s’'asphyxient promptement lorsqu'on les prive d'oxygène; mais, quand ils sont dans cet état de mort apparente, ils peuvent y rester très long-lemps sans perdre la faculté de revenir à la vie. 61101. La plupart des insectes ne produisent que très peu de Respiration. Chaïeur ani- chaleur; mais quelques-uns de ces animaux en dégagent, dans Male. Production de iumière. 26 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. certaines circonstances, une quantité assez considérable pour élever notablement leur température. Les abeilles sont dans ce cas, surtout lorsqu'elles s’agitent beaucoup dans-leur ruche, et il est à noter que la respiration devient alors très active, a h d Fig. 456. APPAREIL RESPIRATOIRE. ({) $ 1102. Un autre phénomène plus remarquable et dont on ne connait pas encore la cause, est la production de lumière qui s’observe chez quelques insectes. Le lampyre ou ver luisant !1) Appareil respiratoire d’une nèpe : a tête; — 2 pattes antérieures; — c ailes de la première paire; —e pattes de la seconde paire; — f stigmate; — g tra- chées ; — À vésicules aériennes. INSECTES. 2 =] nous en offre un exemple bien connu de toutes les personnes qui fréquent nos campagnes. 6 1103. Les sexes sont distincts chez ces animaux, et souvent Reproduc- il existe des différences très grandes entre le mâle et la femelle : tion. le lampyre commun nous en offre un exemple. Presque tous les insectes pondent des œufs; quelques-uns cependant sont vivipares. Souvent il existe à l’exirémité de l’abdomen de la femelle un dard , une tarière ou quelque autre organe destiné à pratiquer des trous propres à recevoir les œufs; et, par un instinct admirable, la-mère dépose toujours ceux-ci dans un endroit où les jeunes trouveront à proximité les alimens dont ils auront besoin, bien que, dans la plupart des cas, ces alimens ne soient pas de la nature de ceux qu’elle recherche elle-même. $ 1104. Dans le jeune âge, les insectes changent plusieurs fois Métamor- de peau, et présentent presque toujours un phénomène des plus phoses. singuliers, dont, au reste , nous avons déjà vu un exemple chez les batraciens. La plupart d’entre eux, en sortant de l'œuf, ne ressemblent ni à leurs parens, ni à ce qu’ils deviendront plus tard, et subissent, avant que d’arriver à l’état parfait, des changemens si considérables , qu’on ne peut mieux les désigner que sous le nom de metamorphoses. En général, les insectes passent par trois élats bien distincts , que l’on connaît sous les noms d’etat de larve , d’etat de nymphe et d'état parfait ; mais les changemens qu’ils subissent ne sont pas toujours également grands; tantôt ces changemens rendent l’a nimal tout-à-fait méconnaissable ; d’autres fois ils ne consistent guère que dans le développement des ailes, et l’on désigne ces degrés divers de transformation sous les noms de melamorphoses complètes et de demi-melamorphoses. (1105. Les insectes à métamorphoses complètes sont toujours plus ou moins vermiformes lorsqu'ils sortent de Pœuf et qu'ils sont à l’état de Zarve ; leur corps est allongé, presque entière- ment mou et divisé en anneaux mobiles, dont le nombre nor- mal est de 13; tantôt ils sont complétement privés de pattes, d’autres fois ils sont pourvus d’un nombre variable de ces or- ganes, mais dont la conformation ne rappelle en rien celle des mêmes parties chez l’animal adulte. Presque toujours , ils mont que des yeux simples, et en sont quelquefois complétement privés ; enfin, leur bouche est presque toujours armée de man- dibules et de mâchoires, quelle que soit la conformation qu’elle doit prendre par la suite, et on voit souvent les premiers de ces organes servir à la locomotion aussi bien qu’à la préhension des alimens. Ces larves varient du reste dans leur forme , et sont connues tantôt sous le nom de chenilles, lantôt' sous celui de vers. 28 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. -Après être resté dans cetétat pendant un temps plus ou moins long et avoir éprouvé plusieurs nues, leurs ailes se forment sous la peau et ils se changent en zymphes. Pendant toute la durée de cette seconde période de leur existence , ces singuliers animaux cessent de prendre de la nourriture et restent immo- biles. Tantôt la peau dont ils viennent de se dépouiller se des- sèche et constitue une espèce de coque ovilorme dans l’intérieur de laquelle ils demeurent renfermés ; tantôt ils ne sont recou- verts que par une pellicule mince, qui, appliquée sur les or- ganes extérieurs , en suit tous les contours, et ressemble à des langes dans lesquels linsecte serait emmaillotié. Cette dernière disposition, qui se voit chez les nymphes des papillons ou cAry- salides (fig. 458), leur a fait donner aussi les noms de pupe et de enaillot. Fig. 458. CHRYSALIDE Fiy. 459. PAPILLON À L'ÉTAT PARFAIT. (1) DU MÈME. Avant d’éprouver celte métamorphose, la larve se prépare souvent un abri, et se renferme dans une coque, qu’elle fabri- que avec de la soie sécrétée par les glandes salivaires el prépa- (r) Le papillon dont on à représenté ici les métamorphoses est le Nymphale Jasius. INSECTES. 29 rée à l’aide de filières creusées dans les lèvres. D’autres fois elle se-suspend au moyen de filamens ou se cache dans quelque trou. C’est pendant que l’insecte est dans cet état de repos ap- parent qu’il se fait dans l’intérieur de son corps un travail actif, dont le résultat est le développement complet de toute son ,or- ganisation. Ses parties intérieures sè ramollissent et prennent peu-à-peu la forme qu’elles doivent conserver ; les divers orga- nes dont l’animal adulte doit être pourvu se développent sous l'enveloppe qui les cache, et, quand cette évolution est ache- vée, il se débarrasse de cette espèce de masque, déploie ses ailes, qui ne tardent pas à acquérir de la consistance, et de- vient un znsecle parfait. Comme exemple de ces métamorphoses complètes, nous ne pouvons mieux choisir qu’en prenant le Lombyx du mürier, car cet insecte à l’état de larve est pour nous d’un immense intérêt; c’est le ver à soie, dont l'éducation contribue si puissamment à la prospérité agricole de nos provinces méridionales et dont les produits alimentent tant de riches indusiries. Les abeilles éprouvent des changemens plus grands encore, puisqu’à l'état de larve elles manquent complétement de pattes et ressemblent à de petits vers. Il en est de même des mouches, des cousins et d’un grand nombre d’autres insectes ; ainsi les animaux vermi- formes qui fourmillent dans les charognes en putréfaclion, et qui sont connus sous le nom d’asticots, ne sont autre chose que les larves de la mouche dorée. $ 1106. Les 2nsectes 4 demi-melamorphoses passent aussi par l'état de larve et de nymphe avant que d’arriver à l’état parfait ; mais ici la larve ne diffère guère de l’insecte parfait que par l'absence d'ailes , et l’état de nymphe n’est caractérisé que par la croissance des ailes qui, d’abord reployées et cachées sous la peau, sont alors libres, mais n’acquièrent tout leur dévelop- pement qu’à l'époque de la dernière mue. Quelques insectes, tout en subissant des changemens consi- dérables dans le jeune âge, ne passent point par la série com- plète de transformations dont nous venons de parler ; ils sem- blent , pour ainsi dire, s’arrèter en route et n'arrivent jamais à posséder des ailes. Les puces sont dans ce cas. En sortant de l'œuf, elles sont privées de pieds et ont la forme de petits vers de couleur blanchâtre. Ces larves sont très vives et se roulent en cercle ou en spirale. Bientôl elles deviennent rougeûtres, et, après avoir vécu dans cet état pendant une douzaine de jours, elles se renfermént dans une petile coque soyeuse , d’une finesse extrême , pour s’y transformer en nymphe ; enfin au bout d’en- viron douze jours de réclusion, si le temps est chaud, elles sortent de leur enveloppe à l’état parfait. Moœurs, Classification. 30 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Enfin, il est aussi des insectes qui ne subissent pas de méta- morphose ét qui naissent avec tous les organes dont ils doivent être pourvus, mais ce sont toujours des insectes aplères qui nous offrent ce mode de développement. Le podurelle et les poux sont dans ce cas. $ 1107. Les insectes, si remarquables par leur organisation, le sont encore davantage par leurs mœurs et par linstinct ad- mirable dont la nature à doué un grand nombre d’entre eux. Les ruses qu’ils emploient pour se procurer leur nourriture ou pour se soustraire à leurs ennemis, et l’industrie qu’ils dé- ploient dans leurs travaux , étonnent tous ceux qui en sont té- moins, et, lorsqu'on les voit se réunir en sociétés nombreuses pour suppléer à leur faiblesse individuelle, s’aider entre eux , se partager les travaux nécessaires à la prospérité de la com- munauté, pourvoir à leurs besoins futurs et souvent même régler leurs actions d’après les circonstances accidentelles où ils se trouvent , on reste confondu de trouver chez des êtres si pelits et en apparence si imparfaits, des instincts si variés et si puissans , et des combinaisons intellectuelles qui ressemblent tant à du raisonnement. Le sujel ne tarirait pas si nous vou- lions rapporter ici des exemples de ces phénomènes curieux ; mais les limites étroites de ces leçons ne nous permettent pas d’y consacrer en ce moment plus de lemps, et, du reste, en traitant de l’histoire particulière de ces animaux, nous pour- rons encore mieux faire ressortir les singularités de leurs ha- biludes. $ 1108. Il n’est aucune classe d'animaux qui soit aussi nom- breuse en espèces que celle des insectes : on en connait plus de soixante mille, et chaque jour les entomologistes en découvrent des espèces inaperçues jusqu'alors : aussi la vie d’un homme suf- fit-elle à peine pour en faire l'étude approfondie , et tout ce que nous pouvons chercher ici est de montrer les principales mo- difications qui se rencontrent dans la structure de ces ani- maux, et d’esquisser l’histoire de ceux d’entre eux qui nous offrent le plus d'intérêt. La division des insectes en ordres repose principalement sur la considéralion de leur appareil buccal , de leurs organes locomoteurs et de leurs métamorphoses. Le tableau suivant donnera une idée nette des principaux caractères employés dans celte classification, telle qu'elle est adoptée par la plupart des entomologistes. INSECTES. rieures con- stituant des élytres. | Ailes anté- imees ] confor- | pour la; 31 , Métamorphoses com- | plètés. Ailes de la deu- xiéme paire ployces transversalement pen- dant le repos. / Aules de la WE) paire ployées DERMAPTERES. | CoLÉOPTÈRES, transversa= lement et en éventail pendant le repos. Métamor- ; } Ailes de la pboses 1n- A < deuxième complètes. 5 paire ployces lon- gitudinale - ment en éventail et pas en tra- vers pen- dant le re- \ | ORTHOPTÈRES masti- cation. e | La bou- Ï che ar- mée de | mandi= pos. . es Les ailes de la première paire mem-) u PRDES } LES < prehen- braneuses et réticulées comme celle de ; NÉvroprÈnes, siles et \la deuxième paire. } ! Quatre ailes bien développées, mem- braneuses, transparentes et divisees en impro- grandes cellules. Bouch- conformée } HYMENO2TÈRES. ! bi pres pour la succion; mandibules dentifor- | EU à la mes. sant des see j 4 ; ; 4 retae ti Ailes antérieures rudimentaires et ior : ; + LS cation L'étytroides ; les postérieures membra- ae phoses neuses et plissées en éventail; mandi- et ayant bules styliformes. presque Ailes membraneuses el couvertes d'é- | toujours cailles qui simulent une poussière co= | |: SA de fore 1 ARR : LéPiDOrTÈRES. des oree. Bouche garnie d'une trompe en fn ailes. spirale. el Bouche } Quatre : _ WE ce] ttes Ailes antéritures ordinairement en = depour-| iles. < 2 = ST de forme de demi-elytres et toujours , n : ainsi que les ailes postérieures nues, HÉMIPTÈRES. 7. mandibu- Mi NÉE E À Z les pré Bouche armée d’un bec conique droit : o ë hensiles u coude, | et confor- \1uée pour lasuccion | trompe ou de sucoir, Point d’uiles. . Deux ailes seulement; bouche en forme de} PAR DiPrÈres. |] APHANIFIÈRES, \ ; H : Abdomen dépourvu d'appen- | | ; | des { ANOPLOURES. | ne subissant pas de métamorphoses É ‘et n'ayant jamais d'ailes. { Abdomen garni de fausses pattes ou d'appeadices propres ! Tuxsanounes. au saut. | ORDRE DES COLÉOPTEÈRES. $ 1109. L'ordre des coléoptères comprend tous les insectes pourvus d'élytres et subissant des métamorphoses complètes. Caracteres, 32 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Leur bouche est conformée pour la mastication et présente un labre, deux mandibules ordinairement de consistance cornée, deux mâchoires portant chacune un ou deux palpes et une lèvre inférieure également garnie de palpes. Fig. 460. Fig. 161. APPENDICES LOCAUX D'UN CARABE. Leur tête offre deux antennes composées presque toujours de onze articles , et deux yeux réticulés. On ne leur voit prés- que jamais d’ocelles. Le labre est, en général , transversal (a, fig- 461); les mandibules cornées, et la lèvre inférieure portée sur une plaque transversale appelée menton et articulé avec la tête par sa base. Leur thorax, distinct de Pabdomen, est composé de trois anneaux , portant chacun une paire de pattes. Le premier de ces segmens, beaucoup plus grand que les au- tres, ne donne pas insertion à des ailes, et est à découvert ; on le désigne ordinairement sous le nom de corselet ou de pro- thorax. Le second anneau thoracique ou mésothorax est moins développé que les autres, et se trouve presque entièrement caché sous les ai'es qui n’en laissent apercevoir qu’une petite por tion de forme triangulaire occupant le milieu du dos et connu des entomologistes sous le nom d’écusson ; les ailes supérieures ou élytres , qui s’y insèrent , sont dures, épaisses , horizontales, et se joignent sur la ligne médiane par une ligne droite { a, fig. 460 }; quelquefois elles sont même soudées Pune à lPautre de façon à constituer un bouclier médian et impair. Les ailes inférieures ou de la seconde paire Fig. 462. (b) s’insèrent au troisième anneau thoracique ou métathorax ; mais, ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 33 dans plusieurs espèces, elles manquent. Elles sont fines, trans- parentes et trop longues pour se cacher sous les élytres , sans se reployer en travers (fig. 462). L’abdomen est sessile, c'est- à-dire uni au thorax par sa plus grande largeur et se compose de six ou sept anneaux , plus ou moins membraneux en des- sus, mais durs en dessous. Du reste, la forme de ces insectes varie beaucoup. Quant à leur organisation intérieure, on re- marque aussi des différences très grandes. Tantôt le tube di- gestif est presque droit, et d’autres fois il est très long et flexueux ; les glandes salivaires sont très simples ; les vaisseaux biliaires sont fort longs et au nombre de deux ou trois paires. La larve des coléoptères ressemble à un ver, dont la tête est cornée , tandis que le reste du corps est presque toujours mou { fig. 463) : sa bouche est conformée à-peu-près de même que celle de l’insecte parfait ; et il n’y a pas toujours d'’ocelles ; les “M x Ds Fig. 463.LARVE. Fig. 464. NYMPHE. Fig. 465. ADULTE. © …— " —" """ " " CALOSOME. trois anneaux qui suivent la tête sont presque toujours pour- vus chacun d’une paire de pattes ordinairement très courtes ; enfin il existe chez un grand nombre de ces animaux une paire de, fausses pattes , attachée au dernier segment de l'abdomen. La nymphe (/g. 464) est inactive et ne prend pas de nourriture ; elleest recouverte d’une peau membraneuse, qui s'applique exac- tement aux parties situées au-dessous et les laisse apercevoir. $ 1110. Les habitudes des coléoptères varient trop pour que nous puissions en rien dire de général. La plupart se font re- marquer par la dureté de leurs tégumens et le brillant de leurs couleurs. Leur nombre est immense : on en connait plus de cin- 3 Coléoptères pentamères. Famille des carnassiers. Carnassiers terrestres. + ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. quante milléespèces : aussi leur étude est-elle devenue très dif- ficile. On les divise ordinairement en quatre sections , d’après le nombre de leurs tarses ; mais ces groupes ne sont pas aussi naturels qu'on pourrait le désirer. Voici, du reste, le résumé de cette classification : cinq articles à tous les tarses. | PENTAMÈRES, cinq articles aux tarses des quatre pattes COLEOPTERES Jantérieures et quatre seulement aux pattes } HÉTÉROMÈRES. ayant de derrière. | quatre articles aux tarses de tous les pieds. | TETRAMÈRES. troisarticles aux tarses ou un moindre nombre. | TRIMÈRES. $ 1111. La section des COLÉOPTÈRES PENTAMÈRES est la plus nombreuse et a été divisée par Latreille en six grandes familles , savoir : les Carnassrers , les Brarhc- Lytres , les Serricornes , les Clavi- cornes, les Palpicornes et les Lamet- licornes. Fig. 466. TARSE DE PEN- TAMÈRE. $ 1112. Les CARNASSIERS se distinguent de tous les autres pentamères par le nombre des palpes dont leur bouche est gar- nie : ils en ont six, savoir : deux palpes labiaux (comme d’or- dinaire) et quatre palpes maxillaires (fg. 461.) Leur mâchoire terminée par une griffe ou un crochet, et leurs antennes sont presque toujours plus ou moins filiformes. Plusieurs n’ont pas d'ailes sous leurs élytres. Ils font la chasse aux autres insectes et sont très carnassiers à Pétat de larve aussi bien qu'à l’état parfait. Les uns sont terrestres , les autres aquatiques. 6 1113. Les CARNASSIERS TERRESTRES ( Ou Geodephaga) ont les pieds uniquement propres à la course , et dont les quatre postérieurs sont insérés à égale distance de la ligne médiane et articulées de façon à se mou- 4 voir verticalement aussi bien que horizontale- Î Ze ment. Leur corps est en général allongé, leurs ‘f yeux saillans, leurs antennes longues et grèles ; enfin leurs mandibules sont longues, courbes Fig. 467. et entièrement à découvert. On les subdivise en deux tribus : les CICINDELÈTES, qui ont au bout des mâchoires un onglet mobile ( fig. 467), et les CARABIQUES, dont les mâchoires se terminent en pointe ou en crochet, sans offrir d’articulation à leur extrémité ( /g. 462 ). ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 35 6 1114. Les CICINDELÈTES ont en général la tête forte, des yeux gros, le corps oblong , métallique et brillant : on les ren- contre pour la plupart dans les lieux secs el exposés au soleil. Nous cite- rons comme exemple de cette tri- bu les CICINDÈLES , dont une espèce Cicindèles. (Le cicindèle champêtre ), vert pur avec Cinq points blancs sur chaque élyire, est très commune au prin- Lemps. Les larves de ces insectes ont trois paires de pattes, comme dans les autres groupes de la même famille , mais se font remarquer par la dé- pression de la face supérieure de leur têle et par l’existence de deux mamelons à crochets sur la partie dorsale du huitième anneau du corps. Elles se creusent dans la terre un trou cylindri- que assez profond, et s’y tapis- sent, en embuscade, pour saisir leur proie au passage. On a re- marqué aussi que, lorsqu'elles vont changer de peau ou se transformer en nymphe, elles bouchent avec soin l'entrée de leur demeure. 61115. Le genre TRICONDYLE, Tricondyles. qui appartient à la même tribu et qui habite aux Indes orien- tales, mérite aussi d’être men- tionné ici, non-seulement à cause de la forme générale du Fig. 469. TRICONDYLE AFTÈRE, COrPS, Mais aussi parce que les ai- les dela seconde pairemanquent. Cicindelètes. Fig. 468. CICINDÈLE, $ 1116. Les CARABIQUES (/#g. 470) ont ordinairement la tête plus Carabiques. étroite que le corselet : ils se cachent dans la terre, sous les pier- res, etc., et sont pour la plupart très agiles ; souvent ils répan- dent une odeur fétide et lancent par l’anus une liqueur àcre et caustique. Le carabe dore, que l’on nomme vulgairement le jardinier, et qui est d’un vert doré en dessus, noir en des- sous, est dans ce cas; mais Cest chez les APTINES et les BRACHINES, que ce phénomène est le plus remarquable. Ces insectes, qui, en général, vivent en sociétés nombreuses, 3. Tronvcatis pennes., Pipartis. Harpaliens. 36 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE- lancent cette liqueur avec assez de force pour produire une petite explosion, accompagnée d'une apparence de fumée blan- châtre : on en trouve quelques es- pèces dans le midi de Europe ; mais C'est à Cayenne et aux Antilles qu'on rencontre Les espèces les plus remarquables. Les carabiques sont si nombreux . que, pour les classer, Latreille à ét£ obligé d'établir dans ce groupe sept divisions, comprenant Cha- cune plusieurs genres, Savoir : 1° Les TRONCATIPENNES ( fig. 471 ), ; caractérisées par leurs élytres tron- Fig. 470. CARABE. quées à leur extrémité postérieure , une échancrure profonde sur le côté interne des jambes antérieures et quelques autres particula- rités d'organisation. On y range Îles BRACHINES el les APTINES ; dont nous venons de parler, ainsi que les LÉBIES, dont une espèce bleue, à corselet rouge, est très commune en Europe ; et plus de vingt autres genres appartiennent à cette division. QU ) Æ F AMEN € LA | [ Fig. 471. LÉBIE. Fig. 472. HARPALE. Fig. 473. SCARITE. 2° Les BIPARTIS, qui se distinguent des précédens par leurs élytres entières et leur abdomen , en général pédiculé (fig 473); leur couleur est presque toujours d’un noir uniforme, et ils sont pour la plupart fouisseurs et nocturnes. Tels sont les SCARITES, dont on trouve quelques espèces dans le midi de la France , et ur grand nombre d'insectes exotiques, qui n’offrent rien de très remarquable. 3° Les QUADRIMANES OU HARPALIENS (fig. 472), qui ressemblent aux précédens par leurs élytres terminées en pointe, et par l’é- chancrure de leurs jambes antérieures, mais se reconnaissent à la dilatation des quatre tarses antérieures chez le mâle et aux ORDRE DES COLEOUPTÈRES, 57 ces organes : ils ont la tête engoncée, le corselet plus large que À long , et le corps ailé. Ces insectes se plaisent .dans les lieux sablonneux , exposés au soleil et sont moins nombreux que les précédens. Le genre HARPALE est le type de ce groupe. Nous en possédons plusieurs espèces , dont une , le karpale bronze, qui est très commune dans toute l'Europe. 4° Les SIMPLICIMANES, qui se rapprochent beaucoup des pré- Simplicimar cédens, mais n’ont que les deux tarses antérieurs dilatés chez le nes. mâle. Ils se divisent en un assez grand nombre de genre, dorit le principal porte le nom de FÉRONIES. On range ici un des coléoptères les plus remarquables, le Mormolyce. MORMOLYCE qui habite l’île de Java, et qui a les élytres dilatées et foliacées ( /ig. 474) | papilles ou poils en forme de brosse, qui garnissent en dessous | | Fig. 474. MORMOLYCE PHYLLODE. 5° LeS PATELLIMANES, qui ne se distinguent de la section pré- Patellimanes cédente que par la manière dont les Larses antérieurs du mâle sont dilatés, les derniers articles, au lieu d’être terminés par » 38 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. des angles aigus, étant toujours arrondis à leur extrémité et formant une palette orbiculaire ou carrée, dont le dessous est ordinairement garni de brosses. Leurs pieds sont en général grèles et allongés, et leur corselet plus étroit que l'abdomen. La plupart fréquentent les lieux aquatiques. Ce groupe se compose d’une vingtaine de genres, dont les différences caractéristiques sont peu importantes. Un de ces insectes , appelé souvent le carabe savonnier et appartenant au genre CHLÆNIE, esi employé 5 dit-on, en guise de savon par les nègres de la côte du Sénégal. Grandipalpes. 6° Les GRANDIPALPES , qui diffèrent de tous les précédens par l'absence ou la petitesse de l’échancrure, qui , chez ceux-ci, se remarque au côté interne des jambes antérieures. Leurs man- dibules sont robustes , leurs yeux saillans, leur abdomen vo- lumineux et leurs élytres entières (fig. 470). La plupart sont de grande taille et ornés de couleurs métalliques brillantes. Les CARABES , dont nous avons déjà dit quelques mots, les cALO- SOMES et plusieurs autres genres appartiennent à cette division. Une espèce de calosome, nommée calosome sycophante (fig. 465), longue de huit à dix lignes et d’un noir violet, avec les élytres d'un vert doré, est d’une voracité extrême lorsqu'elle est à l'état de larve (9. 463); elle vit alors dans le nid des chenilles processionnaires, dont elle se nourrit, et, lorsque, à torce de s’être repue, elle a perdu son activité , elle est souvent at- taquée et dévorée à son tour par d’autres larves de son espèce, encore petites et agiles. Subulipalpes. 7° Les SUuBULIPALPES , dont les palpes extérieurs sont fusi- formes au bout ou terminés en alène, mode de conformation qui n'existe dans aucune des divi- sions précédentes. Leurs jambes an- térieures sont échancrées ; mais, du reste , ces insectes ressemblent beau- coup aux grandipalpes tant par les formes que par les mœurs. On yran- ge les BIMBIDIONS , dont une espèce est très commune aux environs de Paris ; les OMOPHRONS (/g. 476) qui viennent sur le bord des eaux et qui ont le corps bombé et presque or- Fig. 476. OMOPHRON BORDÉ. biculaire ; les ELAPHRES , etc. Fig. 495. Carnassier: $ 1117. Les CARNASSIERS AQUATIQUES ( #ydrocanthares ou queues. Hydradephaga) forment une lribu.bien moins nombreuse que ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 39 - les carnassiers lerrestires, et sont caractérisés par leurs pieds conformés pour la natation ( fig. 477 ). Ceux des quatre der- nières paires sont, en effel, comprimés et ciliés ou en forme de rame. Le corps de ces insectes est toujours ovalaire : leurs mandibules sont presque entièrement couvertes el leurs yeux peu saillans. À l’état de larve, ils ont le corps long et étroit, la tèle forte el armée de deux mandibules puissantes, deux petites antennes, six yeux simples et six pieds souvent fran- gés de poils. Ils vivent alors dans Peau et respirent soil par l’anus, soit par des espèces de branchies. A lépoque de leurs métamorphoses en nymphes, ils sortent de Peau, mais y retournent lorsqu'ils sont arrivés à l’état parfait. On les trouve dans les eaux douces et tranquilles, et, lorsqu'ils éprouvent le besoin de respirer, on les voit remonter à la sur- face , élever leur abdomen hors de l’eau et en écarter un peu les élytres , afin que lair puisse arriver aux sligmates silués au-dessous de ces étuis. IIS nagent très ben et sont extrème- ment voraces ; quand on les retire de l’eau , ils répandent une odeur nauséabonde. Vers le soir, ils viennent à terre, el la lumière les attire quelquefois dans l'intérieur des maisons. On les divise en deux genres principaux : les DYTISQUES, qui ont les antennes filiformes et plus longues que la tête, deux yeux et les pieds antérieurs plus courts que les suivans, et les GyrINs, dont les antennes sont en massue et plus courtes que la tèle, les yeux au nombre de quatre et les deux premiers pieds longs et avancés en forme de bras. Les DYTISQUES alleignent sou- vent une assez grande taille : ils ont cinq articles très distincts à lous les iarses, dont les anté- rieurs se terminent souvent, chez le mâle, par une sorte de palet- Le circulaire ou ovalaire, tandis que les autres, particulièrement les postérieures, se terminent en pointe et sont garnis d’une bordure de longs poils, qui en font d'excellentes rames. Ils sont très carnassiers et s’élancent sur Fig. 477. DYTISQUE. leur proie avec beaucoup de vitesse. La larve se suspend à la surface de l’eau, à Paide de deux appendices latéraux, fixés au bout de sa queue el se sert aussi de ces organes pour respirer; car ils ont la Dvytisques. Gyrins, Famille des brachelytres. 40 = ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. forme de petits tubes et conduisent aux trachées. L'espèce la ‘ plus commune en France est le dytisque de Ræœsel, qui est ova- laire , très déprimée et noirâtre , avec une bordure jaune. Les GYRINS sont en général de petite taille, leur corps est ovalaire et très luisant; leurs élytres tronquées au bout ; leurs pattes antérieures grêles , repliées en deux, presque à angle droit, avec le corps et les pieds des deux dernières paires Jarges, minces, presque membraneux et terminés par un tarse comme feuilleté ; enfin, 1l est aussi à noter que de cha- que côté de leur tête on distingue deux yeux dirigés lun en haut et l’autre en bas. On voit ces insectes pendant toute la belle saison réunis en trou- pes nombreuses à la surface des eaux dor- mantes et même sur celle de la mer : ils y nagent ou courent avec une agilité extrême el en décrivant mille détours circulaires ou obliques, habitude qui leur a valu les noms vulgaires de tourniquet et de pure aquatique : Fig. 478. GYRIN. ce sont les quatre pieds de derrière, qui leur servent d’avirons : ils ne font usage de ceux de devant que pour s aisir leur proie. Le gyrin nageur, espèce très commune en Europe, est long de trois lignes et d’un noir bronzé : sa larve sort de l’eau au commencement de lau- tomne , pour passer à l’état de nymphe et se renferme dans une pelite coque, qu'elle fixe à des feuilles de roseau , et qu’elle forme avec nne matière ayant l'apparence de papier gris. Ô 1118. Les BRACHELYTRES , qui forment la seconde famille de la grande division des coléoptères pentamères , n’ont, comme tous les suivans, que quatre palpes, et se distinguent 4 PA NE Î EIA 4 ie Fig. 479. STAPHYLAN. de ces derniers par leurs étuis beaucoup plus courts que le corps et leurs anten- nes , ordinairement filiformes et compo- sées d’articles granulaires. Ils ont en gé- néral la tête grande et armée de fortes mandibules , et le corps étroit et allongé ; deux vésicules, situées près de l’anus , et que lanimal peut faire sortir à volonté, sécrètent une liqueur très volatile, dont l’odeur ressemble souvent à celle de lé- ther. La plupart de ces insectes vivent dans la terre, le fumier, les champignons ou sous les pierres: ils sont très voraces , marchent avec une grande vitesse , et, lors- qu’on les touche , courent en relevant et en remuant le bout de ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 41 leur abdomen. Leurs larves ressemblent beaucoup à Finsecte parfait et se nourrissent des mêmes matières. Le principal genre de cette petite famille est celui des STAPHYLINS. $ 1119. Dans la FAMILLE DES SERRICORNES il n'existe qu’un palpe à chaque mâchoire ; mais les élytres recouvrent «a b C Fig. 480. l'abdomen. Leurs antennes sont de la même grosseur partout (/g.480, a) ou même plus grêles vers le bout, et dentées soit en scie (b, fig. 480), soit en peigne ou même en éven- tail ( fig. 480, c ). Cette famille , qui est peu natu- relle, se divise en trois sections : les sternoxes , les malacodermes et les limebois. $ 1120. Les STERNOXES se recon- naissent à leur corps ferme , solide et ordinairement ovalaire (y. 481); à leur tête engagée verticalement dans le corselet jusqu'aux yeux , el à l'espèce de mentonnière formée par une dilatation du preslernum Ou parlie médiane et inférieure du premier anneau thoracique, qui s’avance jusque sous la bouche et à la pointe formée par un prolongement du bord postérieur de cette même pièce sternale et reçue dans un enfoncement du second anneau thoracique. Ils se subdivisent en deux tribus : les huprestides et les elaterides. Fig. 481. TAUPIN. Fig. 482. BUPRESTE. Famille de; serricornes, Section des steruouxces. Buprestides. Élatérides,. Taupins. 42 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 1121. Les BUPRESTIDES , que l’on à nommés aussi richards , à cause de la richesse des couleurs métalliques dont ils brillent, ont la pointe postérieure du présternum peu développée et sim- plement reçue dans une échancrue de l'anneau suivant : aussi ne peuvent-ils sauter comme le font les élatérides. Ils volent très bien, mais marchent lentement et se laissent tomber à terre, en faisant le mort, lorsqu'on veut les saisir. A l’état de larve, ils vivent dans le bois sec, et, à l’état parfait, se tiennent sur les fleurs et les feuilles. Chez les BUPRESTES PROPREMENT DITS ( /ig. 482), les antennes sont de la même grosseur partout, el en scie depuis le troisième ou quatrième article. Une espèce de Cayenne, nommée le bupreste géant, est longue de deux pouces. On en trouve de petites espèces en France. $ 1122. La TRIBU DES ÉLATÉRIDES est caractérisée par une disposition singulière du thorax, qui donne à ces insectes la faculté de sauter lorsqu'ils sont placés sur le dos, et de re- prendre ainsi leur posilion naturelle; le mésothorax présente sur le bord antérieur de sa portion dorsale un petit crochet qui s’adapte dans une cavité correspondante du prothorax ; le sternum du premier anneau thoracique est, en même temps, armé d’un stylet dirigé en avant et engagé dans une échan- crure du mésothorax ; à l’aide de ces instrumens lPinsecte après avoir voûté son corps le roidit tout-à-coup, et frappant ainsi le plan sur lequel il repose avec la tête , les pointes latérales de son corselet et le dessus de ses élytires, il s’élance obliquement en Pair avec assez de force. Les TAUPINS (/g. 481), qui forment le type de ce groupe, ont le corps étroit et allongé, les angles la- téraux du corselet prolongés en pointe, et le présternum creusé de chaque côté d’une rainure où se logent les antennes, qui sont dentelées en scie. Ils vivent sur les fleurs et les feuilles, ou même à terre, et, lorsqu'on veut les saisir, ils appliquent leurs pieds sous le corps, el se laissent tomber, en faisant le mort. En sautant, ils font entendre un petit coup sec, et, lorsqu'on les prend entre les doigts, ils rejettent quelquefois par la bou- che un liquide verdatre , ce qui a valu à quelques espèces le nom vulgaire de cracheurs. On les appelle aussi scarabees à ressort, toque-maillets, elc. Les espèces indigènes sont assez nombreuses. Le taupin cucujo de l'Amérique méridionale pré- sente, de chaque côté du corselet, une tache jaunâtre, qui répand pendant la nuit une lumière très vive ; lorsqu'on en réunit plusieurs, ils reluisent assez pour rendre facile la lec- ture de l’écriture la plus fine, et les voyageurs racontent que les Indiens en attachent à leur chaussure, pour s’éclairer dans leurs voyages nocturnes. Nos colons appellent cet insecte sin- ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 43 gulier mouche lumineuse. Sa longueur est d'environ un pouce. $ 1123. Les SERRICORNES MALACODERMES Ont la têle engagée dans le corselet, comme les précédens ; mais le présternum ne présente pas de dilatation antérieure en forme de mentonnière, et n’est presque jamais pourvue d’une pointe dirigée en arrière et reçue dans la cavité de Panneau suivant. Enfin leur corps est ordinairement en tout ou en partie de consistance molle ou flexible. On les subdivise en cinq tribus : les cebrionites, les laumpyrides , les melyrides , les clairones et les ptiniores. $ 1124. Les CÉBRIONITES se reconnaissent à leurs mandibules terminées par une pointe simple ou entière , et à leurs palpes, qui ne s’élargissent pas vers le bout. Plusieurs de ces insectes se rapprochent des élatérides par la forme de leur corselet, dont les angles postérieurs se prolongent en pointe (fig. 482), et par lexistence d’une pointe du présternum, qui est reçue dans un enfoncement du mésosternum. $ 1125. Les CÉBRIONS PROPREMENT DITS sont de ce nombre , et diffèrent des autres genres dont la conformation est analogue par les articles de leurs tarses, qui sont entiers et sans pelottes , et par leurs cuisses poslérieures , qui ne sont guère plus grosses que les autres. On er voit un grand nombre après les pluies d'orage , et la femelle de lespèce la plus commune diffère tellement du mâle que les entomo- logistes l’ont considérée pendant quelque temps comme appartenant à un autre genre. D’autres insectes Fig. 483. CÉBRION ROUX. de cette tribu ont les cuisses des ! pattes postérieures très grosses et la jambe terminée par des éperons disposés de manière à don- ner à l’animal la faculté de sauter ; les SCYRTES sont dans ce cas. 6 1126. La TRIBU des LAMPYRIDES se distingue de la précé- dente par le renflement qui termine leurs palpes. Le corps de: ces insectes est LoujJours mou, étroit et peu ou point convexe ; leur tête est en parlie recouverte par le corselet , et le pénul- tième article des tarses est bilobé. De même que les taupins, ils contractent les pattes et font le mort lorsqu'on les saisit. Les femelles de quelques espèces sont privées d’ailes ou pourvues. seulement d’élytres très courtes. Section des malacoder- mes. Cébrionites. Cébrions, Lampyrides Lampyres. 44 NE ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 1127. Les LAMPYRES , qui donnent leur nom à cetie tribu j ont les antenñes très rapprochées à leur base, la Lête presque entièrement occupée par les yeux et ne se prolongeant pas en forme de museau et presque entièrement recouverte par le vorselel, les palpes terminés en pointe et le corps très mou; mais ce qui les rend surtout remarquables , c’est la pro- priété que possèdent les femel- Fig. 484. LAMPYRES. (1) les ou même les deux sexes de répandre une lumière phos- phorescente plus ou moins vive. Ce sont des taches situées sur ie dessus des deux ou trois derniers anneaux de l'abdomen, qui émettent celte lueur dont l'animal peut à volonté faire varier l'intensité, et qui persiste pendant quelque lemps après qu’on a séparé l'abdomen du reste du corps ou qu'on a placé l’insecte dans le vide, dans la plupart des gaz non respirables ou dans de l’eau tiède, mais qui s'éteint dans l'eau froide. Une espèce, appelée le Zampyre splendidute ‘fig. 484), est très commune en Europe. La femelle est privée d'ailes et répand une lumière vive, tandis que le mâle, qui est pourvu d’élytres noirâtres et d'ailes, n’est pas phosphorescent. C’est la première qui se voil si com- munément sur les buissons pendant les nuits chaudes de l'été, et qui est connue sous le nom vulgaire de ver luisant. De même que les autres espèces du genre, celle-ci est nocturne et reste, pendant le jour, cachée sous l'herbe. En Italie et surtout dans les pays chauds, on trouve un grand nombre de lampyres dont les deux sexes sont ailés; et ces insectes, en voltigeant pen- Driles. Télephores. dant l'obscurité, produisent une sorte d’illumination naturelle. Les DRILES sont très voisins des lampyres, mais s’en distin- guent par leurs antennes écartées à la base, et leurs veux, de srandeur médiocre. La femelle, beaucoup plus grande que le mâle, est aplatie et ressemble beaucoup à la larve; celles-ci se loge dans la coquille du limacon némoral , en dévore, Panimal et y subit ses métamorphoses. C'est aussi à côté des lampyres que prennent place quelques insecles, nominés TÉLÉPHORES , qui sont très communs sur les plantes, et diffèrent des précédens par leurs palpés terminés en forme de hache, et leur corselet sans échancrure latérale. On range encore dans cette division les OMALISES, dont une espèce (1) Lampyre splendiduie ; — a le mâle; — à la femelle. ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 45 noire et rouge se trouve communément sur les chênes aux en- virons de Paris; les LYcus qui se font, en général, remarquer par la dilatation de leurs élytres (9. 485) et quelques autres genres. $ 1128. La TRIBU DES MÉLYRIDES est caractérisée par des palpes ordinaire- ment filiformes et courts, des mandi- bules échancrées à la pointe, un corps eh général étroit et allongé, et quel- ques autres particularités d’organi- sation. On y range les MALACHIES . qui ont les palpes filiformes, et qui présentent, de chaque côté de la base de l'abdomen, une vésicule rétractilé etsusceptible dese dilater quand Panimalesteffrayé.Les DASYTES, dontune espèce bleuätre est très commune aux environs de Paris, sur les fleurs, diffèrent des précédens par l’absence de ces vési- cules et par la forme allongée de leur corps. Les MÉLYRES se distinguent par leurs antennes ; qui sont plus courtes que la tête et le corselet, et qui grossissent insensiblement vers le bout. Fig. 485. LYCUS LARGE. $ 1129. Les serricornes de Ïàa TRIBU DES CLAIRONES ont Îles mandibules demtées , les palpes terminés en massue , le corps ordinairement presque cylindrique , les yeux échancrés, le pénultième article des tarses bilobé, etc. La plupart vivent sur les fleurs ou sur les troncs des vieux arbres. Plusieurs de ces insectes paraissent n’avoir que qua— tre articles au tarse, lorsqu'on les regarde en dessus, le premier de ces arlicles étant caché sous le second. Les CLAIRONS proprement dits sont dans ce cas et ont les antennes ter- minées en massue et les palpes maxil- laires terminés par un article en for- me de triangle renversé. Leurs larves dévorent souvent celles de certains hyménoptères, et l’une d’elles ( la larve du clairon des ruches ), dont le Fig. 486. CLAIRON DES Corps est bleu, avec les élytres rou- ALVÉOLES. ges , marquées de bandes bleues, nuit beaucoup aux ruches , en dé- truisant les larves de nos abeilles domestiques. Les NÉCROBIES , dont la massue terminale de nos antennes est allongée et à ar- ticles lâches, différenr aussi des, précédens par la forme de quelques pièces de !a bouche. La necrobie violette est très com- Mélvrides, Tribu des clairones. Clairons. Nécrobies. Tribu des ptiniores. Ptnes. Vrillettes. Tribu des fimebois. . 46 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mune au printemps dans les maisons et se trouve aussi dans les charognes. $ 1130. Enfin la TRIBU DES PTINIORES se compose d’un assez grand nombre d'insectes, tous de petite taille, à tête globu- leuse et encapuchonnée, à mandibules courtes et dentelées sous la pointe , à palpes très courts, à corps de consistance assez solide et à jambes non dentelées. En général ils sont de couleur obscure, et leurs mouvemens sont lents. Si on les touche , ils contrefont le mert, et Îles individus ailés prennent “arement le vol pour s'échapper. Leurs larves sont blanchâtres, avec la tête et les pieds bruns et écailleux , et les mandibules très fortes. Les uns ont la moitié antérieure du corps plus étroit que l’abdomen , les antennes simples ou très peu en scie et insérées sous les yeux. Ce sont les PTINES proprement dites, qui se tiennent pour la plupart dans les greniers et les parties peu habitées des maisons, et qui, à l’état de larve , nous sont très nuisibles en rongeant les herbiers et les dépouilles d'anhnaux conservés dans les cabinets d’histoire naturelle. Les G1B- BIES , qui font aussi de grands ravages dans nos collections, diffèrent des ptines par Pinsertion de leurs antennes au-devant des yeux. Dans d’autres genres, le corselet est aussi large que labdomen, dans les vRIL- Fig. 487. VRILLETTE. LETTES, par exemple (#g. 487). Ces derniers insectes hantent l’intérieurde nos maisons, et, à l’état de larve, plusieurs d’entre eux rongent les planches, les meubles, les livres, etc., qu’ils percent de petits trous ronds semblables à ceux que Pon ferait avec une vrille très fine. Ce sont leurs excrémens qui forment les petits tas de bois ver- moulu qu'on voit souvent sur le plancher, dans les vieilles maisons. À l’élat parfait ils produisent , en frappant vive- ment plusieurs fois de suite avec leurs mandibules sur les boiseries où ils sont placés, un petit bruit semblable aux battemens d’une montre, et paraissent se servir de ce moyen pour s'appeler entre eux. Les larves de quel- ques autres espèces de vrillettes atta- quent les farines , les collections d’oi- seaux, d'insectes, elc. 6 1131. La troisième et dernière sec- tion de la famille des serricornes com- Fig. 488. LymexyLON prend les LIMEBOIS , qui se distinguent par NAVAL. leur tèêle entièrement dégagée , et qui ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 47 doivent leur nom à la manière dont leurs larves perforent en tous sens le bois dans lequel elles vivent. Les LYMEXYLONS (fig. 488) constituent le type de cette famille et se distinguent à leurs antennes presque moniliformes , à leur corselet presque cylindrique et à leurs élytres aussi longues que l’abdomen. L'espèce la plus commune, appelée lymexylon naval, à cause des grands dégâts qu’elle fait dans les chantiers de la marine , est très répandue dans les forêts de chêne du nord de lEu- rope : elle est de couleur fauve, avec la tête et le bord extérieur des élytres noirs. Quelques insectes de cette section n’ont que des élytres rudimentaires en Fig. 489. ATRACTOCÈRE forme de petites écailles, tels ‘sont les ATRACTOCÈRES ( #g. 489 ). 6 1132. La FAMILLE DES CLAVICORNES ressemble à celle _des serricornes par la disposition des palpes et des élytres , et n'en diffère guère que par les antennes ( fig. 490), presque toujours plus grosses vers leur extrémité, souvent terminées en mas- 3 sue et plus longues que les palpes maxillaires. Les pieds ne sont jamais propres à la mata- tion , et ces insectes se nourrissent, dans leur premier état au moins, de matières animales. On peut les diviser en deux sections. ff Le premier de ces groupes est caractérisé par des antennes de onze articles, plus lon- gues que la tête, et ne formant pas depuis Fig. 490. leur troisième article une massue fusiforme ou cylindrique. On y à établi plusieurs pe- ütes tribus sous les noms de palpeurs , d’histeroïdes, àe sitpha- les , de scaphidites, de nitidulaires, d’engidites, de dermestins et de byrrhiens. — $ 1133. Dans la TRIBU DES PALPEURS, les antenres, au moins aussi longues que la tête et le corselet, ne grossissent que peu vers le bout ; les palpes maxillaires sont longs , avancés et uni- formes ; la tête est ovoïde et séparée du thorax par un étran- glement ; enfin l'abdomen est grand , ovalaire et enchässé laté- ralement par les élytres. Les insectes de celte division se Lymexylons. Familie des clavicornes. Tribu des palpeurs. 48 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. tiennent pour la plupart sous des pierres et forment le genre Mastige. MASTIGE. Tribu des @ 1134. Les miIsréROÏDEs se distinguent des autres clavicornes histéroïdes. bar la position de leurs pattes, dont les quatre postérieures sont plus écartées entre elles , à leur base, que les deux anté- rieures : ils présentent aussi plusieurs autrés caractères com- : muns, tels que l’existence de dents } et d’épines sur le côté externe des jambes , des antennes coudées et ter- minées en une massue solide ou à ar- ticles très serrés, la tête enfoncée dans le corselet, et la forme carrée et la courbure de leur corps. Ces insectes se nourrissent ordinairement de cada- vres , de fumier, de vieux champignons ou d’autres matières corrompues ; quel- quefois cependant ils vivent sous l’é- corce des arbres; leur démarche est Fig. 491. ESCARBOT DES lente, et, lorsqu'on les touche, ils con- CADAVRES (grossi). trefont le mort, en collant les pattes et les aniennes contre le corps, et en demeurant complètement immobiles. Ils sont en général d’une couleur noire très brillante ou bronzée. Leurs larves , de forme presque linéaire , pourvues de six pattes courtes et terminées postérieurement par deux appendices articulés et un prolongement anal, se nourrissent des mêmes substances Escarbot. que les insectes parfaits. Le genre ESCARBOT forme le type de ce petit groupe. Tribu des Ç 1135. Dans la TRIBU DES SILPHALES , la têle est ordinaire- noise ment enfoncée dans le corselet , com- me chez les histéroïdes et la plupart des clavicornes suivans ; mais ils ont les pieds insérés à égale distance les uns des autres ; leurs antennes se terminent en massue, le plus sou- vent perfoliée et de quatre à cinq articles ; leurs élytres présentent en général au-dehors un rebord sail- lant, et les cinq articles de leurs tarses sont partout bien distincts : Fig. 492. NÉCRoPHORE Ils constituent les genres BOUCLIER FOSSOYEUR. PROPREMENT DITS, NÉCROPHORE , etc. Les premiers tirent leur nom de la: Bouclier. Nécrophores,. ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 49 forme de leur corps ovalaire et vivent pour la plupart dans les charognes. Les NÉCROPHORES Ont des mœurs analogues ; plu- sieurs d’entre eux recherchent surtout les cadavres de taupes et de souris, qu’ils enfouissent pour y déposer leurs œufs et placer ainsi leur progéniture au milieu de matières propres à leur ser- vir de nourriture: Il se distinguent par la forme de leur corps, par leurs antennes, plus longues que la tête et terminées brus- quement par une petite massue presque globuleuse et par quel- ques autres particularités d'organisation. $ 1136. Les SCAPHIDITES diffèrent de la tribu précédente par leurs mandibules fendues ou bidentées à leur extrémité. Leur corps est ovalaire et convexe; leurs pieds allongés et grêèles , et leurs antennes longues et terminées par une massue allongée. Les SCAPHIDIES , qui forment le type de cette petite division, vivent dans les champignons et habitent pour la plupart le nord de l'Europe. $ 1137. Les clavicornes de la TRIBU DES NITIDULAIRES se rap- prochent des silphales par leur corps en forme de bouclier rebordé , et des scaphidites par leurs mandibules bidentées ou échancrées au bout, mais diffèrent des uns et des autres par la conformation de leurs tarses ; dont quatre articles seulement sont visibles en dessus. Leurs mœurs varient, Les NITIDULES PROPREMENT DiTs habitent sur les fleurs. 6 1138. La sixième tribu , celle des ENGIDITES , offre des man- dibules échancrées comme chez les précédens , mais qui ne dé- bordent que peu ou point. Quelques espèces très pelites vivent dans l'intérieur des maisons ; mais Ces insectes ne présentent du reste que peu d'intérêt : on en a formé les genres DACNE el CRYPTOPHAGE. Dans les quatre dernières tribus, les pattes ne sont pas con- tractiles, et le présternum n’est jamais dilaté antérieurement en forme de men- tonnière. Dans la tribu des DERMESTINS, le contraire se remarque ; les pieds sont incomplètement contractiles, le tarse seul restant libre; la tête est enfon- cée dans le corselet jusqu'aux yeux; il existe en général une mentonnière ; les antennes et les mandibules sont Fig. 493. DERMESTE Courtes ; enfin le corps est ovoïde et DU LARD. épais. Les larves de ces insectes sont velues et se nourrissent, pour la plu- 4 Tribu des scaphidites. Scaphidies. Tribu des nitidulaires. Nitidules. Tribu des engidites. Tribu des dermestins. Dermestes. Anthrenes, ivrrhes. Acanthopo- des. 50 © ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. part, de dépouilles ou de cadavres d'animaux. Les DERMESTES PROPREMENT DiITs ont les antennes composées de onze articles disiincts et terminées brusquement en une massue perfoliée, formée par les trois derniers articles. Quelques espèces font de grands ravages dans les pelleteries el les collections d’his- toire naturelle. Leurs larves se nourrissent aussi de graisse, de fromage et de toutes sortes de matières animales : elles aiment les lieux iranquiles et obscurs , et, lorsqu'elles sont prêtes à se métamorphoser, leur nymiphe se développe dans la peau de la larve, qui lui sert comme de cocon. Les ANTHRÈNES. dont les antennes se terminent par une massue solide et se logent dans des cavités pratiquées sous les angles antérieurs du corselet, rongent aussi, lorsqu'ils sont à l’état de larve , les malières animales sèches, et s’attachent particulièrement aux collections entomologiques ; elles sont très petites et vivent à l'état parfait sur les fleurs. $ 1139. Enfin la huitième et dernière tribu de la première seclion de la famille des clavicornes se reconnait à ses pieds parfaitement contractiles , les jambes pouvant se replier sur les cuisses, et les tarses sur les jambes, de sorte que l'animal, dans cet état de contraction, paraît privé de paltes et reste complètement immobile, Les insectes qui forment ce groupe portent le nom commun de BYRRHIENS : ils ont le corps court et bombé , et se tiennent généralement à terre dans les lieux sablonneux. s $ 1140. La seconde section de la famille des clavicornes est beaucoup moins nombreuse que la première, et se compose d'insectes de forme ovoide, qu’on trouve dans l’eau, sous les pierres , près des rivages, ou même enfoncés dans la boue. Chez les uns les antennes sont composées de dix ou de onze articles comme chez les précédens, mais terminées par une massue presque cylindrique, et, chez les autres, elles ne se composent que de neuf articles ; chez la plupart, les tarses sont terminés par un grand article avec deux forts crochets au bout; chez quelques-uns on n’y compte que quatre arlicles ; enfin leur tête est enfoncée jusqu'aux yeux dans un corselet trapézoïde ; leur présternum est dilaté antérieurement, et leurs pieds sont im- parfaitement contractiles. On les divise en deux tribus, savoir : les ACANTHOPODES, remarquables par leurs jambes aplaties, assez larges et armées extérieurement d’épines , leurs antennes de onze articles , et leur corps déprimé ; et les MACRODACTYLES , dont les jambes sont étroites, à tarses très longs, le corps épais et convexe. ORDRE DES COLÉOPTÈRES 51 La première de ces divisions se compose du genre HÉTÉRO- cèRE. La conformation de la jambe de ces insectes leur permet de fouiller la terre et de s’y cacher. On les trouve dans des trous creusés dans le sable ou dans la houe, près du bord des ruis- seaux et les mares. Parmi les macrodactyles nous citerons les pRYOPS , dont les antennes, composées de dix à onze articles, terminées en mas- sue cylindrique, et plus courtes que la tête, sont reçues dans une cavité située sous les yeux ; les ELMIS, dont les antennes sont presque filiformes, ét les GÉORISSES, dont les antennes, ter- minées en massue ronde, n’offrent que neuf articles , el dont les tarses ne paraissent composés que de quatre articles. 61141. La FAMILLE DES PALPICORNES nous offre, comme la précédente , des antennes terminées en massue et ordinaire- ment perfoliées , mais composées de neuf articles au plus, in- sérées sur les côtés de la tête, à peine plus longues qu'elles et les palpes maxillaires, ou même plus courtes que ces derniers organes. Le corps est généralement ovoïde ou hémisphérique et bombé. La conformation des pieds varie ; chez les uns, ces organes sont propres à la natation et ne présentent que quatre articles bien distincts aux tarses ;.chez les autres, ils sont pro- pres à la marche seulement et ont cinq articles tarsiens bien distincts. Les premiers forment la tribu des HYDROPHILIENS ; les seconds, celle des SPHÆRIDIOTES. $ 1142. Les HYDROPHILES PROPREMENT DiTs constituent! le type du premier de ces groupes, et se reconnaissent à leurs antennes, composées de neuf articles et terminées par une massue ova- _laire à leur sternum relevé en carène et prolongé postérieure- ment en une longue pointe sta leurs palpes maxillaires plus longs que leurs antennes et à leurs tarses comprimés, ciliés en dedans, terminés par deux crochets et ayant, chez le mà- le. le dernier article en forme de palettetriangulaireaux pat- tes antérieures, On trouve as- sez communément en France l’hydrophile brun : c’est un de nos plus gros coléoptères. Son corps est ovalaire et long d’un Fig. 494. HYDROPHILE SprNIPÈNE. Pouce et demi : il marche mal, mais vole et nage très bien. 4 Macrodacty- les. Familie des palpicornes. Hydrophiles, Tribu des sphéridiotes. 52 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. La femelle porte, de chaque côté de Panus, une filière dont elle se sert pour fabriquer une coque ovoïde, dans laquelle elle dépose ses œufs. Gette espèce de berceau est rempli d’air et flotte sur l’eau. Les œufs y sont maintenus par une sorte de duvet et éclosent au bout de douze à quinze jours. Les larves ressemblent à des vers mous, allongés, déprimés et noirâtres, pourvus de six pieds et d’une tête écailleuse, armée de mandi- bules fortes el crochues ; elles respirent par la partie posté- rieure du corps, et présentent au-dessous de lPanus deux ap- pendices charnus destinés à les maintenir à la surface de Peau , la tête en bas , lorsqu'elles viennent y chercher Pair dont elles ont besoin : elles nagent très bien et ont la faculté de se ren- verser en arrière, ce qui leur donne le moyen de saisir les pelits mollusques qui flottent à la surface de Peau, et d’en casser la coquille sur leur dos comme sur une table, pour dé- vorer ensuite Panimal qu’elle renferme. Elles sont très agiles ; mais, lorsqu'on les saisit, elles se laissent allonger et tiraïller dans tous les sens, sans donner aucun signe de vie. Lorsque leur croissance est terminée, elles sortent de Peau et se creusent une sorte de terrier dans lequel elles se métamorphosent en nympbhe , et restent pendant quelques jours, même après être parvenues à l’état parfait. Les larves de tous les hydrophiles sont carnassières , tandis quëê l’insecte parfait ne se nourrit guère que de matières végétales décomposées : aussi fe canal intestinal de ces animaux éprouve-t-il de grands changemens pendant leur métamorphose, et devient-il beaucoup plus long chez l’insecte parfait. D’autres espèces d’hydrophiles ne présen- tent pas les particularités de mœurs que nous venonsde signaler. La femelle nage difficilement, et porte ses œufs sous l'abdomen, dans un tissu soyeux; enfin la larve, dépourvue d’appendices sur les côtés de l’anus, ne se suspend pas, comme les précé- dentes , et ne nage pas. Les ÉLOPHORES et quelques autres hy- drophiliens de petite taille ont les jambes grèles et ne nagent que peu ou mal, et s’éloignent quelquefois des eaux - pour se cacher dans la terre. Enfin on donne le nom de GLOBAIRES à quelques in- sectes de cette tribu, qui ont la fa- culté de se mettre en boule. 6 1143. La TRIBU DES SPHÉRIDIOTES se compose de palpicornes terres- tres de pelite taille, dont le corps est presque hémisphérique , les jam- Fig. 495. SPHÉRIDIE bes épineuses et les antennes com- SCARABÉOÏDE. posées de neuf articles : ils habitent ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 53 pour la plupart les matières excrémentitielles et appartiennent presque Lous au genre SPHÉRIDIE. $ 1144. Les LAMELELICORNES , qui constituent la cinquième et dernière famille de la longue série des coléoptlères penta- mères , sont caractérisés par leurs antennes , insérées dans une fossetle profonde, sous les bords latéraux de la tête, courtes, com- posées ordinairement de neuf à dix articles , et terminées par une massue formée en général des trois derniers articles, qui sont lamelleux et disposés, soit en éventail où comme les feuillets d’un livre, soit en peigne ou bien emboités les uns dans les autres, Fig 496. BOUSIER. Ces insectes sont remorquables par leur grande taiile, et par les formes bizarres que présentent souvent la tête et le corselet. Leur corps est généralement ovoide et épais ; le côté extérieur «les jambes antérieures est denté , et les articles des tarses sont entiers et sans brosses ni peiotes en dessous ; les mandibules de plusieurs sont membraneuses, caractère qu'on n’observe dans aucun autre coléoptère ; enfin ils sont tous pourvus d'ailes. el ont une démarche lourde, Les larves ont le corps long , demi cylindrique, courbé em dessous, mais blanchâtre, divisé en douze anneaux el pourvu de six pieds écailleux (/g. 497): elles vivent dans la terre, se nourris- sent de fumier, de racines , de végé- taux, etc.,else construisent unesorte de coque avec les débris des matiè- res qu’elles rongent. Quelques-unes uv se changent en nymphes qu’au bout de trois à quatre’ ans , et occa- sionnent de grands ravages dans nos Fiy. 497. potagers. À l'état parfait, la plupart de ces insectes se nourrissent aussi de matières végétales en décomposition ou de fumier. Cette famille se partage en deux tribus : les SGARABÉIDES, dont les antennes sont terminées en massue, soit feuilletée, soit globuleuse ou composée d'articles emboités et les LucA- NIDESs , dont la massue des antennes est conformée en manière de peigne. 61145. La TRIBU DES SCARABÉES Ou plutôt des SCARABÉIDES est Famille des lametlicoraes, Tribu des scarabéïides,. 54 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. très nombreuse et se divise en six pelites seclions, désignées sous les noms de coprophages, urenicoles, æylophiles, phyllo- phages , anthobies el melitophiles. Coprophages. Les SCARABÉIDES COPROPHAGES se distinguent par leurs an- tennes , composées de neuf ou de huit articles par leur labre et leurs mandibules membraneuses et cachées, et par l’état égale- ment membraneux du lobe terminal de leurs machoires. Cette conformation de Pappareil buccal ne leur permet de se nourrir que de matières molles, et la disposition de leur tube alimen- taire indique aussi que leur régime doit être peu substantiel ; car sa longueur, toujours très considérable , égale quelquefois dix à douze fois celle du corps. Parmi les genres nombreux dont celle tribu se compose, les ateuchus el les bousiers méritent surtout de fixer notre altention. .Atcuchus- Les ATEUCHUS sont célèbres à cause de lespèce de culte dont ils étaient l’objet chez les anciens Egyptiens. On les reconnait à leur corps arrondi et dépourvu de cornes (fig. 49%), à leurs palles postérieures non dilatées, à la forme de leurs élytres et à quelques autres caractères. Is ont Phabitude de vivre dans des boules de fiente ou même d’excrémens bumains, semblables à de grosses pilules , qu’ils font rouler avec leurs pieds de der- rière jusqu’à ce qu'ils aient trouvé un lieu propre à les enlouir. Souvent ils se réunissent plusieurs pour opérer ce transport, et c’est en marchant à reculons et en saisissant la boule avec leurs paltes de devant, qu'ils la tirent après eux. Deux espèces de ces L Fig. 498. ATEUCHUS DES ÉGYPTIENS. scarabées, lateuchus sacré el Vateuchus des Égyptiens, dont l’une se trouve dans le midi de l'Europe aussi bien qu'en Egyp- te ,et dont l’autre habite le sen- naar, étaient employées par les anciens Égyptiens comme une sorte d’amulette et comme un signe hiéroglyphique, aussi bien que comme un objet de culte re- ligieux. Ce peuple singulier ren- fermait quelquefois ces scara- bées dans ses cercueils et plus souventencore plaçait auprès de ses morts leffigie de ces insec- tes ; enfin il n’est aucun de ses monumens qui ne les représente sculptés où peints dans di- verses positions el souvent avec des dimensions gigantesques. ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 55 Les BOUSIERS (/{g. 496) habitent les bouses de vache et les fumiers, et diffèrent des précédens par leurs quatre jambes postérieures fortement dilatées et par quelques autres carac- tères. Une espèce de couleur noire, le bonsier lunnire, esi très commun aux environs de Paris, principalement dans les lieux sablonneux : elle porte de chaque côté du corselet une corne élevée , qui est plus longue chez le mâle : mais ce sont certaines espèces des pays chauds qui sont surtout remarquables par le grand développement de ces protubérances. $ 1146. Les scarabéides de la section des ARÉNICOLES dif- férent des coprophages par leurs mandibules cornées et par quelques autres caractères; leurs a, y QUE e élytres, au lieu de se joindre par x Î y) A leur base, comme chez la plupart < e de ces derniers , sont séparés par un à écusson (e, fig. 499 ). Ils vivent aussi LS de fiente, creusent des trous dans la terre el ne volent guère qu’après le coucher du soleil. On range dans ce groupe les GÉOTRUPES, dont la massue des antennes est feuilletée et ovalaire, et le labre carré, et doni le mâle a souvent le corselet armé de cornes. Le geotrupe sterco- raire, d'un noir luisant en dessus et d’un violet ou vert doré en dessous, porte'‘un tubercule sur le haut de la tête et se irouve très communément dans nos environs. ê \ Fig. 499. GÉOTRUPE. $ 1147. Dans la section des SCABAR ÉIDES XYLOPHILES , les ély- tres sont aussi séparés par un écusson bien distinci, mais ne recouvrent pas l’extrémité postérieure de lPabdomen , comme chez les précédens. Les antennes ont toujours dix articles, dont les trois derniers forment une massue feuilletée, et les imandibules, ainsi que les mâchoires, sont cornées. Nous cite- rons comme exemples de ce groupe le genre ORYCTE , dont une espèce , Lrès commune dans les couches de tan, est remarquable par la corne dont sa tête est armée, et le genre SCARABÉE PRO- PREMENT DIT, dont une espèce de l'Amérique méridionale est longue de cinq pouces , et présente, chez le mâle, une grande corne recourbée en avant, sur la tête, et une autre sur le corselet. $ 1148. La section des SCARABÉIDES PHYLLOPHAGES a les man- dibules cachées en dessus par le chaperon et au dessous par les mâchoires , tandis que , dans la tribu précédente , elles dé- Bousiers. Arénicoles. Geotrupes. Xylophiles, Orycte. Scarabée. « Phyllopha- 16 ses Hannetons. Mélitophiles. Cétoines. 56 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. bordent latéralement la tête ; leurs antennes ont de buit à dix articles. Les HANNETONS appartiennent à celte division. La larve de l'espèce commune , nommée vul- gairement ver hlanc (fig. 497), est extrêmement nuisible à l’agricul- teur : elle vit trois ou quatre ans sans subir de métamorphoses, et reste pendant loui ce Lemps en- foncée plus ou moins profondé- Fig. 500. ment sous lerre. En hiver, elle tombe dans une espèce de léthar- gie et ne prend aucune nourriture; mais, en élé, elle est très vorace et ronge les racines des plantes. L’insecte achève ses métamorphoses. vers le mois de février; mais il est alors très mou et il ne gagne la surface de la terre qu'au mois de mars ou d'avril, pour en sortir taut-à-fait vers le com- mencement de mai. À l’état parfait les hannetons se nour- rissent de feuilles, et leur nombre est quelquefois si con- sidérable, qu'ils dépouillent en peu de temps tout un bois. Pendant le jour , ils sont en général immobiles; mais, à l’ap- proche de la nuit, ils s’élancent dans Pair. Leur vol est lourd et bruyant, et ils ont tant de peine à se diriger , qu’on les voit se heurter contre tout ce qu'ils rencontrent. $ 1149. Enfin, dans le sixième groupe de la tribu des scara- béides, celui des MELITOPHILES, le corps est déprimé et le plus souvent ovalaire et de cou- leur brillante, le labre et les mandibules sont cachés et en forme de lames apla- lies, presque entièrement membraneuses; anus est à découvert, etc. Les larves de ces insectes vivent dans le bois pourri, et, à l’état parfait, 1ls se Liennent ordi- nairement sur {es fleurs. On y range les cÉrToINEs, dont une espèce, vert-doré, est N commune surtout sur les s fleurs du rosier et du su- Fig. 501. CÉTOINE PIEDS JAUNES. EAU; les GOLLA'THES dont ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 57 quelques espèces propres à l'Afrique sont remarquables par leur grande taille, les TRICHIES, etc. 6 1150. Les LUCANIDES, qui forment la seconde tribu de la iibu des famille des lamellicornes, sont peu nombreux et se reconnais- lucanides. sent à leurs antennes dont la massue est den- telée comme un peigne. Leurs mandibules sont toujours cornées et en général saillantes et très grandes. Cette disposi- Lion est très remarqua- ble chez un des plus grands coléoptères de notre pays, le /uwcane cerf-volant, dont les mandibules ressem- blent à des cornes den- |, tées. Cet insecte se mon- tre le soir vers le mois de juillet et reste pen- dant plusieurs années à l’état de larve dans l'intérieur des chènes. On range aussi dans cette tribu de la famille des lamellicornes le genre PASSALE qui dif- fère beaucoup des pré- cédens par la confor- mation générale des corps, et qui se Com- pose d'espèces propres à l'Asie et à l'Amérique. 6 1151. La division des COLÉOPTÈRES HÉTÉROMÈRES ca- ractérisée, comme nous l'avons déjà dit, par lexistence de quatre articles aux deux pieds postérieurs et de cinq aux quatre pieds antérieurs, se compose entièrement d'insectes qui se nourrissent de substances végétales. On la subdivise en quatre familles , savoir : les melasomes , les taxicornes, les stenclytres et les trachelytres. F'y. 502. LUCANE CERF-VOLANT. $ 1152. La FAMILLE DES MELASOMES se compose d’in- Famiile des sectes de Couleur noire ou cendrée, dont les élytres, généra- mélasomes. Piméliaires Blapsides. Téncéhrioni- tes, ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. w2) ) lement fermes et dures, sont souvent soudées entre elles ; la plupart sont aptères ; les crochets de leurs tarses sont presque toujours simples, et leur tête, plus ou moins ovoiïde, ne pré- sente pas à sa base un rétrécissement brusque en forme de col ; enfin leurs mandibules sont bifides ou échancrées au bout; leurs mächoires sont armées au côté interne d’une dent ou d’un cro- chet, et leurs antennes sont grenues en totalité ou en partie, el peu ou point renflées vers le bout. Presque tous ces coléoptères sont nocturnes 'el vivent à terre, soit dans le sable ou sous les pierres , soit dans les caves ou d’autres parties basses el sombres de nos maisons. $ 1153. Les uns, toujours aptères et ayant en général les élytres soudées Fig. 503. PIMÉLIE. et les palpes presque filiformes , com- posent une tribu nombreuse , dési- guée sous le nom de pimÉrIAIRES. La plupart de ces insectes habitent les pays chauds et surtout les terrains sablonneux et salés. $ 1154. D’autres mélasomes, également privés d’ailes, dif- lèrent des précédens par la conformation de leurs palpes maxil- laires , dont le dernier article est dilaté en manière de hache ou de triangle : ils constituent la tribu des BLAPSIDES. Les BLAPS PROPRE- MENT DITS ont le corps oblong et le corselet presque carré et l’ab- domen embrassé latéralement par ES les élytres , qui, le plus souvent, se prolongent au-delà en une pointe semblable à une sorte de queue. Leur marche est extrème- ment lente, et ils paraissent être Fig. 504. BLAPS Lis5E£. d'unestupiditéremarquable.Lors- qu’on les saisit, ils exhalent une odeur particulière, produite par un liquide âcre et irritant que sécrètent deux glandes situées près de l’anus. Le #aps porte- malheur, Vong denviron dix lignes et d’un noir luisant, est très commun dans les lieux sombres et malpropres. LA: \ $ 1155. Enfin les mélasomes munis d'ailes forment une troisième lribu sous ie nom de TÉNÉBRIONITES. Chez les uns. ORDRE DES COLEOPTÈRES. ET tels que les OPATRES, le corps est ovale, et le corselet arqué latéralement; chez d’autres , les TÉNÉBRIONS PROPREMENT DITS , par exemple , le corps est étroit et allongé, et le corselet pres- que carré. Un de ces derniers, le tenebrions de la farine, se voit fréquemment le soir dans les boulangeries, les moulins à farine, etc. : il est brun-noirâtre en dessus, marron en des- sous. Sa larve, cylindrique et d’un jaune d’ocre, vit dans le son etla farine. 6 1156. Les hétéromères de la FAMILLE DES TAXICORNES se distinguent des précédens par Pabsence de l’onglet qu’on voit au côté interne des màchoires de ceux-ci. Tous sont ailés et leur corps est ordinairement presque carré. La têle de ces insectes est en partie ca- chée par le corselet, et présente sou- vent des cornes chez le mâle. La plu- part vivent sous les écorces des arbres ou dans les champignons dont celles- ei sont recouvertes ; mais on en irouve aussi sous les pierres. Nous citerons, Fig. 505. DIAPÈRE. comme exemple de ce groupe, le genre DIAPÈRE. ÿ 1157. La FAMILLE DES STÉNÉLITRES diffère de la précé- dente par les antennes, qui ne sont ni grenues, ni perfoliées. Ces insectes sent beaucoup plus agiles que les mélasomes et les laxicornes , el se rencontrent, pour la plupart, sur les feuilles ou sur fes fleurs ; mais on en trouve aussi sous ies vieilles écor- ces des arbres ou dans les champignons. On les divise en cinq Libus , dont les quatre premières ont les antennes rapprochées des yeux et la têle point prolongée en manière de trompe. 0 1158. Les HÉLOPIENS , qui forment le premier de ces groupes, ent les antennes recouvertes à leur \ 3 base par le bord de la tête. Leurs pieds Æ ne sont pas propres au saut, et leur corps, de consistance solide, est en général arqué en dessus. Le genre HÉLOPs est le type de cette division, \ $ 1159. La TRIBU DES CISTÉLIDES est 4 ne a È TS nas . très voisine de la précédente, mais | s’en distingue en ce que Pinsertion î 1e des antennes n’est pas recouverte. Il 2 S est à noler que les tarses de ces co- Fiy. 506. HÉLOPS. léopières sont dentelés inférieure- Tenebrions. Fanuile des taxicurnes, Émile des sténélitres, Hélopien. Cistélides, Serropalpi- des. OEdémérites, Rhynchosto- nes. Familie des trachélides. 60 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ; ment en manière de peigne; mais, du reste , ils ne présentent rien de bien remarquable. 6 1160. La troisième tribu des sténélytres est caractérisée par les palpes maxillaires , qui sont souvent dentés en scie, forts grands et inclinés , mode de conformation qui lui a valu le nom de SERROPALPIDES. Le Corps est presque cylindrique dans les uns, ovalaire dans les autres, avec là tête inclinée, les pieds postérieurs au moins sont longs et propres au saut, enfin les cuisses ne sont pas renflées. Ce petit groupe a pour type le genre DIRCÉE. 6 1161. La TRIBU DES OEDÉMÉRITES ressemble aux précé- dentes par plusieurs caractères, mais se distingue par le corps étroit et allongé, le corselel un peu plus étroit que lPab- domen , les élyires linéaires ou rétrécies postérieurement en manière d’alène et souvent flexibles, la tête plus où moins prolongée en forme de pelit museau , et plusieurs autres parli- cularités de structure. Ces insectes se trouvent sur les fleurs et sur les arbres, et se divisent en OEDÉMÈRES et quelques autres pelits genres. $ 1162. La dernière tribu de la famille des sténélytres , celle des RHYNCHOSTOMES, se reconnail au prolongement, en forme de museau avancé ou de trompe aplatie, à la base duquel s’insèrent les antennes. On y range les MYCTÈRES , etc. $ 1163. La FAMILLE DES TRACHEÉLIDES diffère de tous les autres coléoptères hétéromères par la conformation de la tête, qui est triangulaire ou en cœur , et poriée sur une espèce de col. Le corps de ces insectes est en général mou avec les élytres flexibles, sans siries et quelquefois très courtes ; leurs mâchoires ne sont jamais on- guiculées; enfin la plupart vivent sur les végétaux, dont ils dévorent les feuilles ou sucent le miel contenu dans les fleurs. On les partage en six tribus , savoir : les LAGRIAIRES, dont Fig. 07 PROCHES les coche des tarses on simples - COCCINELLE. le corps allongé et le corselet cylin- dracé ou carré; les PYROCHROÏDES, qui différent des précédens par leur corps aplati et leur corselet orbiculaire ou trapézoïde (fig. 507); les MORDELLONES, dont le corps est élevé et arqué, la tête basse el les élyires très ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 61 courtes ou finissant en pointe, ainsi que l’abdomen; Îles ANTHICIDES , dont le corselet est en général cor- diforme ou divisé en deux nœuds et le corps oblong ; les HORIALES, dont tous les crochets des tarses sont dentelés et accompagnés chacun d’un appendice en forme de scie; et les cax- à THARIDES, dont les crochets des tarses (fg. 508) Ÿ sont profondément divisés et paraissent doubles. Ce groupe mérite surtout de fixer notre alten- Lion à raison des propriétés médicinales de la plupart des insectes dont il se compose , et surtout des CANTHARIDES. Ces petits animaux contiennent une malière irritante de nature particulière, qui agit comme un poison Fig. 508. Fig. 509. CANTHARIDE. Fig. 510. MÉLOË. Fig.511.MYLABRE. lorsqu'on l’avale, et qui a la propriété de produire de gran- des cloches lorsqu'on l’applique sur la peau : aussi s’en sert- on en médecine pour faire des vésicatoires. L'espèce la plus employée est la cantharide vesicante ( fig. 509 ;, appelée vul- gairement mouche d'Espagne. Son corps est long de six à huit lignes; ses élytres sont longues, flexibles et d’un vert doré très brillant, et ses antennes sont simples , noires et composées de onze articles. Elle est très commune en Espa- gne, en Italie et même en France; et vit en familles nom- breuses sur le frêne et le lilas, dont elle dévore les feuilles. Sa larve vit dans la terre et ronge les racines des plantes. Les MÉLOÉS (#9. 510), qui appartiennent aussi à cetle tribu et qui possèdent également des propriétés vésicantes, sont privés d’ailes et se traineni à terre ou sur les plantes peu élevées. En- fin, nous citerons encore parmi les cantharides le genre MmY- LABRE (/g. 511), dont une espèce est commune dans le midi de Cantharides. Colcopteres tétraméères, Rhyncho: phores, Bruches. 62 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. la France, el agii comme vésicant avec autant de force que la cantharide. $ 1164. La section des COLÉOPTÈRES TÉTRAMERES se com- pose, comme la précédente, d'insectes conformés pour senour- rir de substances végétales seulement : aussi se tiennent-ils sur les fleurs ou sur les feuilles des plantes. Les larves ont ordi- nairement les pieds courts, et souvent ces organes manquent et sont remplacés par des mamelons. On divise ce groupe en sept familles : les rhynchophores, les æylophages, les platy- somes, les longicornes, les cupodes, les rycliques et les clavi- palpes. 6 1165. Les RHYNCHOPHORES ou PORTE-BEC se distinguent à lPespèce de museau ou de trompe formée par un prolonge- nent de la partie antérieure de leur tête (fig. 512, 515, etc.). La plupart de ces insectes ont Pabdo- men gros, les antennes coudées , et en massue , et le pénultième ar- ticle du tarse bilobé. Les larves ont le corps oblong , mou et blan- châtre : ils ressemblent à de petits vers et n’ont à la place des pieds que de petits mamelons. Enfin ils ron- 2 gent les matières végétales, et plu- Fig. 512. CALANDRE. sieurs vivent uniquement dans l’in- térieur de certainsfruitsou graines. On donne le nom de BRUCHES aux rhynchophores pourvus d’un labre apparent et dont la tête, courte , large et déprimée, a la forme d’un museau. Plusieurs de ces insectes déposent leurs œufs un à un dans les germes encore tendres de certaines plantes légu- mineuses ou céréales , des pal- miers, etc. La larve s’y nourrit, et, lorsque lPanimal est arrivé à l’état parfait, il détache une por- tion circulaire de l’épiderme , pour Fig. 513. BRUCKE. sortir de sa retraite : C’est ce qui produit les trous arrondis qu'on voit souvent aux graines des lentilles, des pois , des dattes, ete. Les BRENTES (#9. ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 63 514), qui sont propres aux pays chauds , ap- partiennent aussi à ce groupe; ls ont jes antennes filiformeset terminées par une mas- sue dun seul article. La plupart sont re- marquables par la forme allongée de leur Corps. Les ATTELABES ( fg. 515) n’ont pas de la- bre apparent ; le prolongementantérieur de leur tête représente un bec ou une trempe. sur laquelle s’insèrent les antennes qui sont droites, et se composent de neuf à douze arüeles, dont les trois ou quatre der- niers sont réunis en une massue. Îls ron- gent les feuilles ou les par- ties les plus tendres des végétaux, et les femelles déposent pour la plupart leurs œufs dans des feuil- les, qu’elles roulent en for- me de tuyau ou de cornet. La larve d’un de ces in- Fig. 515. ATTÉLABE. sectes vit dans les feuilles roulées de la vigne et en dévore quelquelois une quantité immense. On les connaît, dans diverses parlies dela France, sous les noms de Zsette ou de béche. Les CHARANCONS Fig. 516. BALANI NOÏSETIER, diffèrent des précédens par leurs antennes coudées et composées de onze ou douze articles. On en connait un nombre immense et on les divise en plusieurs genres. Ils vivent en so- ciétés nombreuses et nuisent beau- coup aux plantes dont ils se nour- rissent. Les BALANINES sont assez voisines des précédentes , mais se font remarquer par la grande lon- sueur de leur trompe; l’une d’el- les ( fig. 516 ) se nourrit de l’a- à l’état de larve. Enfin les cALAN- DRES Ont les antennes également NE pu Coudées, mais composées de neuf articles au plus, et insérées à la base de la trompe. Plusieurs sont mande de la noisette lorsqu'elle est Prentes, Attelabes. Charancons. Famille des xylophages. 64 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. aptères , et, à l’état de larve , ils se nourrissent de graines ou de substances ligneuses. Une des espèces de ce dernier genre, la calandre du ble, que lon désigne vulgairement sous le nom de charancon aussi bien que de calandre , fait de grands ravages dans les magasins à blé. Son corps est étroit et de couleur brune, avec le corselet ponctué, et aussi long que les élytres, qui sont striés profondément. Sa démarche est lente, et elle parait se nourrir en rongeant les grains de blé ; mais c’est sur- tout à l’état de larve qu’elle fait de grands dégâts. Les femelles déposent leurs œufs dans autant de grains de ce céréale et bouchent ensuite le trou oblique qu’elles ont pratiqué à cet effet. Ces œufs ne tardent pas à éclore, et il en naît une petite larve vermiforme, dont la tête est cornée et armée de fortes mandibules , au moyen desqueiles elle ronge Pintérieur de la graine, qui lui sert en même temps de nourriture et de de- meure. Etle n’en sort qu'après avoir achevé ses métamorphoses, et arrive à l’état parfait environ six semaines après la ponte de l'œuf dont elle provient. La rapidité avec laquelle ces insectes destructeurs se mulliplient est extrême. On a calculé qu'un seul couple de calandres pouvait, dans l’espace d’une année, être la souche d’une famille composée de vingt-trois mille six cents individus, et, comme chaque larve dévore un grain de blé, on comprend facilement comment leur présence peut être en peu de temps la cause de grands dégâts. Une autre espèce, qui ressemble à la précédente, mais qui a deux taches jaunes sur chaque élytre, attaque le riz; et une troisième, longue d’un pouce et demi et de couleur noire , vit de la moelle des palmiers de l'Amérique. Sa larve nommée ver palmiste, est considérée dans ce pays comme un mets délicat. 6 1166. Dans la FAMILLE DES XY LOPHAGES, la tête est con- formée de la manière ordinaire , et les antennes, composées de moins de onze articles et toujours courtes, sont plus grosses vers leur extrémité et perfoliées dès leur base. On y range les BOSTRICHES, les PLATYPES , les SCOLYTES , etc. Ces insectes vivent pour la plupart dans le trone ou les grosses branches des ar- bres et occasionnent souvent de grands dégâts, soit en déta- chant ou en allérant l’écorce de façon à rendre le végétal ma- lade, soit en perforant le bois et en le rendant impropre aux ouvrages auxquels on le destine dans les arts. Les scolytes et les platypes altaquent les arbres à feuilles caduques, tels que les ormes, les frênes, les chênes, les peupliers, etc. Les bos- triches , etc., vivent sur les arbres verts, les pins et les sapins, par exemple, et il est aussi à noter qu’en généra! chacune de ces XYLOPHAGES affectionne une espèce particulière de ces ar- ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 65 bres. Peu de temps aprèsleurs métamorphoses ils percent Pécorce d’un trou circulaire dirigé obliquement en haut et en arrière à une certaine profondeur, puis creusent une galerie di sposée parallèlement à la surface de l'arbre et dirigée tantôt vertica- lement, tantôt horizontalement suivant ies espèces ; à droite et à gauche de cette galerie principale, l’insecte pratique ensuite deux séries de petites excavations destinées à loger ses œufs qu'il recouvre d’un peu de bois vermoulu. Les larves qui en naissent continuent à ronger l'écorce ou le bois situé au- près en s’éloignant de plus en plus de la galerie principale, et creusent de la sorte une multitude de petites galeries secondaires, formant avec la première, un angle droit ou très oblique; chaque larve a d'ordinaire une galerie qui lui appartient en propre et l'élargit vers le bout afin d'y construire une espèce de nid où elle se transformera en chrysalide. Enfin, lorsque ses métamorphosessontachevées, insecte parfait sort de sa re- traite , soit en rentrant dans la galerie principale et en pas- sant par l’orifice pratiqué par Fig. 517. ÉCORCE ATraquÉE ‘a Mère, soit en perçant un PAR DES SCOLYTES. nouveau trou dans le voisinage de son berceau. Les travaux que ces pelits coléoptères exécutent ainsi, sont très remarqua- bles et ressemblent souvent à une seulpture délicate pratiquée tantôt dans l'épaisseur de l’écorce, tantôt entre l'écorce et le bois , de façon à attaquer à-la-fois ces deux parties de l'arbre. Les dommages que-les xylophages occasionnent sont quel- quefois Lrès considérables; pour en donner une idée il nous suffira de dire qu'aujourd'hui il existe dans le bois de Vin- cennes plus de cinquante mille chênes attaqués par le scolyte pygmée, et que le nombre d'arbres détruits par le bostriche typographe dans les forêts du Hartz a été évalué à plus d’un mil- lion cinq cent mille dans espace d’une seule année (1783). 6 1167. La FAMILLE DES PLATYSOMES est caractérisée par Famille des des antennes de la même grosseur ou plus grèles vers le bout , platysomes. 5 66 ZOOLOGIE -DESCRIPTIVE. des larses à articles entiers, des mandibules saillantes et le corps déprimé et allongé. Ces insectes se Liennent sous les écorces des arbres et constiluent le genre CUCLIE. Famille des 61168. La FAMILLE DES LONGICORNES diffère des précé- longicornes. dentes par la conformation des tarses, dont les trois premiers articles sont garnis en dessous de brosses, et les deuxième, troisième et quatrième articles sont cordiformes ou bilobés. Les antennes sont filiformes et très longues, en général plus longues que le corps, tantôt elles sont simples dans les deux sexes , lantôt pectinées ou en éventail chez le mâle. Les larves de ces insectes sont privées de pieds ou n’en ont que de très pelits el vivent presque toutes dans l'intérieur des arbres on EN ANS ANT sue Fig. 519. LAMIE. (1) Troncon d'une branche d'arbre atta- quée par la lamia vomicosa (fig. 519). Une portion de l'écorce a été enlevée pour mon- trer le dépôt d'œufs (a) et les cavités creu- sées dans le bois par Ja larve (2). On y voit aussi la manière dont l’insecte se transforme en nymphe (c). 4 Fig. 518 (1). sous les écorces ({g. 518). Plusieurs nuisent beaucoup aux végé- taux, en les criblant de trous ; d’autres rongent les racines des plantes. À Pétat parfait, ils font entendre un petit son aigu, produit par le frottement du prothorax contre le mésothorax. ORDRE DES COLÉOPTÈKES. i 67 Les LONGICORNES se divisent en quatre petites tribus. Dans le premier de ces groupes les yeux sont fortement échancrés ou allongés et étroits , et la tête, presque toujours avancée ou sim- plement penchée , s'enfonce jusqu’à ces organes sous le corselet. Chez les uns, les PRIONIENS , le labre est peu ou point distinct ; les mandibules sont fortes où même très grandes, et les yeux n’entourent pas la base des antennes; chez les autres , nommés CÉRAMBYCIENS , le labre est très apparent; les mandibules sont de grandeur ordinaire ; les yeux entourent, au moins,en par- tie, la base des antennes, etc. Cette dernière tribu est très nom- breuse et renferme les genres CAPRICORNE , CALLICHROME (fig. 520), CALLIDIE, etc. Plusieurs de ces insectes sont remarquables Fig. 521. CRIOGÈRE Fig. 520. CALLICHROME. par leurs couleurs et par l’odeur agréable qu'ils répandent : tel est le callichréme musque , dont le corps est déprimé, le cor- selet tuberculeux sur les côtés, les antennes simples et les cuisses postérieures très comprimées. Il est long d'environ un pouce et d’un beau vert ou bleu foncé. On le trouve souvent sur les saules , et répand une forte odeur de rose. Les LAMIAIRES (#9. 519), qui forment la troisième tribu de cette famille, se distinguent par leur tête verticale, leurs palpes fili- formes et terminés par un article ovoide, et plusieurs autres caractères. Quelques espèces sont privées dailes; la plupart habitent l'Amérique méridionale; mais nous en avons plusieurs dans nos environs, par exemple, la amie charpentier , qui est brune, avec un duvet grisâtre, quatre points jaunes sur le corse- let , et deux noires bandes sur les élytres, et qui a les antennes quatre fois aussi longues que le corps; la {amie cendrée, qui est très commune dans les terrains calcaires, ete. Les lamiaires "2 2, Prioniens. Céramby- ciens, Lamiaires. Lepturètes. Famille des cupodes. Famille des cycliques. 68 ZOOLOGIE DESCRIFTIVE. dont on a formé le genre MONOGHAME sont remarquables par la longueur de leurs antennes (/ig. 522). Enfin, dans la TRIBU DES LEPTURÈTES, les yeux sont ar- rondis ou à peine échancrés ; la têle est penchée el souvent rétrécie postérieurement en manière de cou; le corselet rétréci en avant, el les élytres vont en se rétrécissant gra- duellement. 1169. La Cinquième famille de la section des tétramères est celle des EUPODES. Ici le corps est plus où moins oblong, avec la têle et le cor- selet plus étroit que Pabdo- men ,quiest grand. Tous les articles des tarses , à l’excep- tion du dernier , sont garnis en dessous de pelotes , et les cuisses postérieures sont sou- vent très renflées ; les an- tennes sont filiformes ou vont en grossissant, et il existe Lou- jours des ailes. Ces insectes vivent sur les tiges et les feuil- les de divers arbustes, tels que le lilas , et les larves de plu- sieurs se renferment dans une sorte de fourreau, qu’elles se construisent avec leurs excré- mens. Nous citerons comme Fig. 522. MONOCHAME TRIDENTE. exemple de celte famille les CRIOCÈRES, dont une espèce, ayant le corselet et les élytres d'un beau rouge, est très com- mune sur le lis blanc ; une autre criocère (/g. 521), bleuâtre avec le corselet rouge et les élytres jaunâtres, tachetées de bleu, dévaste les asperges. Les DONACIES qui vivent d'ordinaire sur les plantes aquatiques , et offrent souvent des couleurs métalliques assez remarquables , appartiennent aussi à celte famille. $ 1170. Dans la FAMILLE DES CYCLIQUES, les tarses et les antennes sont conformés à-veu-près de même que chez les pré- cédens ; mais le corps est presque toujonrs arrondi, et la divi- ORDRE DES COLÉOPTÈRES. 63 sion extérieure des mächoires, aù lieu d'avoir la forme d'un lobe plus ou moins membraneux à l'apparence d’un palpe. Ces insectes sont généralement de petite taille et sont sou- vent ornés de couleurs métalliques très brillantes; ils sont pour la plupart lents et timides. À Pétat de larve, ils ont le corps mou et coloré, sont pourvus de six pieds et se nourrissent de feuilles. i On divise cette famille en trois tribus : les cassidaëres, les chrysomelines el les galerucites. $ 1171. Les CASSIDAIRES ont Îles antennes insérées à la partie supérieure de la tête, rapprochées, courtes el presque filifor- mes. La bouche est siluée tout-à-fait en dessous; les pieds sont courts, conlractiles et à tarses aplatis; enfin la tête est cachée sous le corselet ou même dans son échancrure antérieure, et cette dernière parlie, ainsi que les élytres, débordent le corps tout autour. Les larves , dont on connaît les mœurs, se recou- vrent de leurs excrémens. Les HISPES el les CASSIDES composent ce groupe. $ 1172. Dans la TRIBU DES CHRYSOMÉLINES, les antennes sont insérées au-devant des yeux et écartées. On y range les GRIBOU- RIS , les EUMOLPES, les CHRYSOMÈLES , elc. Une espèce d’EUMOLPE, long de six millimètres et de couleur noirâtre, avec les élytres d’an rouge brique, vit sur la vigne et a été désignée sous le nom d’ecrivarin , à cause de la manière dont elle découpe les feuilles. À Pétat de larve, cet insecte vit aux dépens des racines de la même plante, et à Pétat parfait, il s'atlaque souvent aux grains aussi bien qu'aux feuilles; les dé- gâts qu’il occasionne ainsi dans les vignobles sont quelquefois très considérables. Les GALERUCITES se distinguent par leurs antennes, au moins aussi longues que la moitié du corps; plusieurs ont les cuisses posiérieures très grosses, ce qui leur donne la faculté de sauter. On peut prendre, comme exemple de cette petite tribu, les GALERUQUES PROPREMENT DITS, dont une espèce, longue de trois lignes, jaunàtre ou verdälre en dessus, avec des taches noires, vil sur l’orme et en dévore quelquefois toutes les feuilles. Un autre insecte qui appartient également à cette tribu, mais qui rentre dans un autre genre, l’ALTISE DES POTAGERS mérile aussi l'attention à raison des ravages qu’il occasionne dans les jardins polagers el même dans les vignobles; à l’état de larve aussi bien qu’à l’état parfait, il ronge les feuilles sur lesquelles il vil, et il se multiplie avec une rapidité extrême. Tribu des cassidaires. Tribu des chrysoméli- nes. Eumolpe. Galerucites. Aluse, Famiile des elavipalpes. Coléoptères trimères. Famille des fungicoles. Famille des aphidiphages, Famille des psélaphicns. 79 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 1173. Enfin ja septième et dernière famille des tétramères , les CLAVIPALPES, se distingue de toutes celles ayant également le dessous des trois premiers articles garni de brosses et Pavant-dernier bifide, par les antennes terminées en une massue perfoliée et très dislincte, par les mâchoires armées en dedans d’une dent cornée, et par quelques autres caractères. Ce sont des insectes rongeurs, äont le corps est ordinairement arrondi et souvent même hémisphérique. Ils formentles genres ÉROTYLE, TRIPLAX , etc. 61174. Les COLÉOPTÈRES TRIMÈRES, caractérisés par l’exis- tence de trois articles plus ou moins distincts à tous les tarses, composent trois petites familles: les frrgicoles, les aphidiphages et les pselaphiens. Les FUNGICOLES ont le corps ovale, les antennes composées de onze articles, lerminées en massue et plus longues que la tête et le corselet; leurs élytres recouvrent entièrement l’abdo- men, el le pénultième article des tarses est profondément bilobé. Is forment lesgenres EUMORPHE , ENDOMIQUE, etc. Les APHIDIPHAGES ont pour la plupart le corps hémisphéri- que et se distinguent aussi des précédens par la brièveté de leurs antennes. Les COCCINELLES, connues sous le nom vulgaire de bêtes à Dieu , forment le type de ce groupe. Ces petits insectes sont très répandus dans nos jardins et sont des premiers à y paraitre au printemps. Lorsqu'on les saisit, ils replient leurs pieds contre le corps et font sortir par les jointures de la cuisse avec la jambe une humeur jaunâtre d’une odeur désagréable. Ils se nourrissent principalement de pucerons. Enfin les PSELAPHIENS différent des deux petites familles précédentes par leurs élytres tronquées et trop courtes pour re- couvrir tout Pabdomen, par leurs antennes, composées sou- vent de six articles seulement, et par leurs {arses, dont tous les arlicles sont entiers et dont le premier estên général si difficile à apercevoir, que, pendant long-temps, il avait échappé à l’ob- servation des entomologistes. Leur corps est long et arrondi postérieurement. On les trouve à terre dans les débris de Végé- laux. Ils forment les genres PSÉLAPHE, CLAVIGÈRE, etc. ORDRE DES DERMAPTÈRES. 1 | ORDRE DES DERMAPTÈRES. ÿ 1175. Le pelit groupe des dermapières, composé des perce- oreilles, lorme le passage entre les coléoptères etles orthoptères, mais se distingue des uns el des autres par la siructure des ailes dela seconde paire. Celles-ci se reploient en tra- vers dans le repos, comme chez les coléoptères, mais la portion ainsi reployée se ploie en mème temps longi- tudinalemenicommele ferait un éventail({g. 523), disposi- HOn qui ne se voit pas dans l'ordre précédent el se ren- contre toujours chez les or- x RE thoptères; quelquefois cepen- né JR EOEe dautelles manquent. Lesailes de la première paire constituent des élytres ayantPaspect de cuir plutôt que de corne, et se replient horizontalement; il est aussi à noter qu’elles sont très petites et qu’elles se rencontrent par un bord droit. La tête est de grandeur médiocre et ne porte pas d'yeux lisses. L'appareil buccal est disposé à-peu-près de même que chez les orthoptères, si ce n’est que la lame représentantle palpe maxillaire sürnuméraire des coléoplères carnassiers, el consti- tuant chez les premiers l'organe nommé galette, est plus étroile. Les pattes sont grèles et conformées pour la course; on y compteseulement trois arlicles aux larses. Enfin l’abde- menestlongetterminé par deux appen- dices Cnrnés et mobiles qui représen- ient une sorte de tenaille etoffren!sou- ventdesdimensionsirès considérables. Ces insectes, connus sous les noms de FORFICULES OU perce-orcilles, ne for- ment qu'une seule famiile. Is sort très communs dans lés lieux frais et humides: ils se rassemblent souvent en troupes nombreuses el font beau- coup de dégâts dans les jardins frui- : liers. On à cru qu'ils s’insinuaient dans les oreilles, et c'est de Caractéres Fig. 524. FORFICULE. Te) À * ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. là que leur vient leur nom vulgaire; mais celte opinion est inexacte. La pince qui termine leur abdomen leur sert pour se défendre. La femelle pond ses œufs par tas dans les lieux bas et humides, et se tient constamment dessus comme une poute qui couve. Les jeunes ne subissent que des métamorphoses incom- plètes, et ressemblent beaucoup aux adultes , si ce n’est qu’ils manquent d'ailes, que leur tête est plus grosse el la pince anale plus faible. ORDRE DES ORTHOPTÈRES. Caractères. 6 1176. L’ordre des orthoptères comprend tous les insectes ayant : 1° la bouche armée de mandibules et de mâchoires disposées pour la masticalion; 2° quatre ailes dont les deux antérieures constituent des élytres , et les deux postérieures sont membraneuses et plissées en éventail seulement pendant le repos. ” Le corps des orthoptères est en général moins consistant que celui des coléoptè- res et d’une forme ve f allongée. Dans la gi À plupart, la têle est grosse el verlicate ; les antennes sont composées d’un nombre considéra- ble d’articles, tan- tôt filiformes , tan- iôt en massue, ensi- formes ou perfoliés. Les yeux composés sont très grands et | accompagnés de | | deux ou trois pelits ) À ocelles. La confor- mation générale de la bouche est la même que chez les coléoptères ; les mandibules (, fig: 526) sont courtes, épaisses , très fortes et armées de dents, dont la disposition parait être Fig. 525. ORDRE DES ORTHGPTÈRES. 53 en rapport avec la manière dont l'animal senourrit ; les mâchoi- res (ec) portent cha- cune un seul palpe, composé de cinq ar- üucles et présentent en dedans une pièce cornée et dentelée, recouverte par une lame voùtée, nom- mée galette (d), ana- logue à la portion de ces organes, qui chez les coléoptères carnassiers , constitue - le palpe maxillaire interne. La languette (/, est divisée en deux ou en quatre lanières, et porte des palpes de trois articles. Le pro- thorax de ces insectes est assez grand et présente quelquefois des formes très bizarres. Les élytres sont coriaces où aemi membraneuses, chargés de grosses nervures rameuses et ordi- nairement un peu croisées l’une sur Pautre. Leur position varie; mais, dans un grand nombre de cas, elles sont placées oblique- ment ou en toit, Il en est de même des ailes qui sont larges et plissées longitudinalement en éventail ({g. 525) ; quelques es- pèces sont dépourvues de ces organes , et chez d’autres les ély- tres sont rudimentaires; enfin il en est qui sont toujours com- plétement aptères. Tantôt les pattes sont toutes de Ia même forme ; tantôt celles de la première ou de la dernière paire sont modifiées pour devenir propres à fouir la terre ({g. 531), à saisir la proie (/#g. 528) ou à sauter (/g. 530). L’abdomen, dont la forme est en général allongée, présente, chez un grand nombre de femelles, des appendices qui en occupent l’exirémité posté- rieure et constituent une tarière ou un oviducte à l’aide duquel P’animal loge ses œufs dans un endroit qui leur convient. Tous les orthoptères sont terrestres, même à l’état de larve. Quelques-uns sont carnivores; mais la plupart se nourrissent de plantes vivantes et sont d’une voracité extrême. La plupart sont pourvus d’un gésier musculeux , dont l’intérieur est armé de dents ou d’écailles cornées: Ces insectes ne subissent que des demi-métamorphoses, et ne font dans nos climats qu'une seule ponte par année. La larve et la nymphe ressemblent à l’insecte parfait, tant par la forme que par les mœurs: seule- ment la première est dépourvue dailes, et chez la seconde, ces organes sontrudimentaires. La nymphe est active et très vorace; (x) Organes de la mastication chez un orthoptère (le eriquet ). — a libre on levre supérieure; — b mandibules ; — c mächoires, — 4 galette; — e palpes maxillaires; — f lèvre inférieure. Classification, Famille des coureurs, Biattes. Mantes. 74 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. enfin ces insectes n'arrivent ordinairement à l'état parfait qu’a- près la sixième mue. $ 1177. Cet ordre se compose de deux familles très distinctes : les ORTHOPTÈRES COUREURS, dont les pieds postérieurs, ainsi que les précédens ; sont uniquement propres à la course , et les ORTHOPTÈRES SAUTEURS, dontles pattes postérieures, très lon- gues, avec une cuisse très forte , sont organisées pour le saul. $ 1178. Dans la FAMILLE DES ORTHOPTERES COUREURS , les élytres et les ailes sont presque toujours couchées horizonta- lement sur le corps, et la femelle ne porte jamais de tarière cor- née. On les divise en blaltes, mantes et spectres. Les BLATTES Ont le corps ovalaire ou orbiculaire, la tête cachée sous le corselet, les ailes pliées seulement dans leur longueur, el les tarses composés de cinq articles à tous les pieds. . Elles sont nocturnes, fort agiles et exlrémement voraces. Plusieurs vivent dans l’intérieur des mai - sons, parliculièrement dans les cuisines et les boulangeries, et at- laquent les étoffes de laine et de soie aussi bien que les comestibles. Les espèces propres à nos colonies y sont connues sous le nom de ka- Kerlacs, ei se trouvent souvent à bord des vaisseaux qui viennent des colonies. 6 1179. Les MANTES ont également Fiy. 527. BLATTE. cinq articles aux tarses ; mais leur corps est allongé; leur tète est dé- couverte etleurs palies antérieures, beaucoup plus grandes que les autres, constituent des organes de préhension; car les jambes, Fig. 528. MANTE RELIGIEUSE. ORDRE DES ORTHOPTÈRES. 79 terminées par un fort crochet, se reploient contre la cuisse, qui est comprimée et armée d’épines en dessous. C’est avec ces griffes que les mantes saisissent leur proie ; elles se nourrissent d'insectes, qu’elles dévorent vivans, on les trouve fréquemment dans le midi. $ 1180. LessPecTREs ne différent guère des mantes que par leurs pieds tous semblables entre eux. Ces insectes ont des formes très singulières. Les uns ; appelés PHYLL:Es (fig. 529), ont le corps aplati et membraneux , ainsi que les pieds et les élytres, qui ressemblent à des feuilles ; d’autres, désignés sous le nom de PHASMES, ont le corps filiforme et semblable à un bâton. Plusieurs manquent ailes : ils se nourrissent de végétaux , eLils ont, en général, la même couleur que les plantes sur lesquelles ils vi- vent. Fig. 529. PHYLLIE FEUILLE SÈCHE. 61181. La FAMILLE DES ORTHOPTÈRES SAUTEURS est ca- Spectres. Phasmes. Fimille des raclérisée, comme nous l'avons déjà dit, par la conformation des sauteurs. 76 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. paltes postérieures, qui sont propres au saul (fig. 530). Beaucoup de femelles ont une tarière , à laide de laquelle elles en- fouissentleurs œufs dans la terre. Les mâles font enten- dre un son bruyant, appelé vulgaire- ment le chant de ces animaux , el Fig. 530. occasionné par le frottement de di- verses parlies de leur corps les unes contre lesautres.Tantôte’est en frottantles cuisses postérieures contre les élytres et les ailes comme un archet sur un violon, que ces sons monotones se produisent ; &’autres fois C’est en faisant vibrer lune contre l'autre la portion membranense des élytres nommée miroir, ou bien à l’aide d’un organe particulier, semblable à un tambour placé à la base de Pabdomen. Cette famille se compose des genres courtillière, grèllon, sau- terelle, criquet, etc. Courtillières. $ 1182. Les GRILLONS et les COURTILLIÈRES ont les élytres et les ailes horizontales, les tarses composés de trois articles : ils se ca- chent dans des trous el se nourrissent ordinairement d'insectes. Les femelles onten général une larière trèssaillante, en forme de stylet ou de sabre. Les COURTILLIÈRES se reconnaissent à leu:s pieds antérieurs, qui, élargis, plats et dentés, ressemblent à Fig. 531. COURTILLIÈRE. des mains et sont propres à fouir. La courtillière commune , longue de quatre centimètres et de couleur brune, se creuse des terriers comme les taupes, el en coupant les racines des plantes qui se trouvent sur son passage, OCCasionne souvent de grands dégâts ; mais elle ne mange pas de végétaux , el se nourrit d’'in- sectes et de vers. Le chant du mâle, qui ne se fait entendre ORDRE DES ORTHOPTÈRES. 77 que le soir ou pendant la nuit, est produit par le miroir des élytres. 61183. Les GRILLONS n’ont pas de pieds propres à fouir. Nous en Gritions avons deux espèces assez communes: l’une noire, avee la base des élytres jaune, se creuse des terriers assez profonds dans les ravins secs et bien exposés au soleil, et sy tient à l’affüt des insectes : on le nomme le gréllon des champs ; Vautre , appelée grilion domestique (fig. 432), est jaunâtre, mêlée de brun, et fréquente l’intérieur de nos maisons, principalement les forges, les cheminées , etc. Le mâle produit un son aigu et désagréa- ble , qui a valu à cet insecte le nom vulgaire de cri-cri. MR SAS = Fig. 532. GRILLON DOMESTIQUE. 6 1184. Les MYRMÉCOPHILES (fg. 533) sont des insectes qui of- Myrmécophi- {rent beaucoup d’analogie avec les grillons, mais qui se font re- marquer par la forme ovalaire dei leur corps, la grosseur de leurs cuisses postérieures et labsence d'ailes; 1ls vivent dans les fourmilières. ÉE SE ÉE —. if JAN: ER euro ee A éd Fig. 533. MYRMÉCOPHILE. Fig. 534. TETRIX. $1185.Les SAUTERELLES et les CRIQUETS ont lesailesetles élytres Sautereites placés o bliquement en forme de toit (#g. 535); les premières ont et criquets. 78 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. quatre articles aux tarses , les seconds trois seulement. C’est au Fig. 535. SAUTERELLE. genre des criquets qu’appartien- nent ces insectes appelés par les voyageurs sauterelles de passage, qui se réunissent quelquefois par bandes innombrables,'et parcou- rent ainsi le pays, en détruisant sur leur passage tout veslige de végélation. Ona vu, dans l’espace de peu de jours, des provinces entières converties en déserts par le passage de ces nuées d’in- sectes. C’est en Afrique surtout queleurs ravages sontà craindre; mais quelquefois ils se montrent aussi dans le midi de l'Europe. Dans quelques parties de lPAfri- que, les habitans conservent le corps de ces insectes dans de la saumure ou les foni sécher, et les emploient comme comestibles. On trouve en France plusieurs petites espèces de criquets et plusieurs grandes sauterelles, dont une toute verte. l'etrix. Les TETRIX (/g. 534) sont des criqueis remarquables par le grand développement du corselet qui se prolonge en ar- rière, de façon à recouvrir souveni la totalité de Pabdomen, Traxales On donne le nom de TRUXALES (fig. 536) à des orthopières très voisins des criquets, mais dont la tête s'élève en forme de pyramide, Fia. 536. TRUXALE. Enfin nous citerons encore parmi les insectes de cette tribu , ORDRE DES NÉVROPTÈRES. 39 le genre PROSCOPIE (#y. 537) qui estintermédiaire entre les truxa- Proscopie. les et les phasmes et qui est aplère; loutes les espèces connues sont propres à PAmérique. Fig. 537. PROSCOPIE GÉANTE. ORDRE DES NÉVROPTÈRES. $ 1186. Les névroptères ressemblent beaucoupaux coiéoptères Caractères. et aux orthoptères par la conformation de Pappareil de la mas- tication, mais en différent par leurs ailes supérieures, qui, de même que les inférieures, sont membraneuses, transparentes el finement réticulées. RG RS: Nes Fiy. 538. ÆSHNE A TENAILLES , MALE. Le corps de ces insectes est ordinairement allongé et mou , et leurs antennes sétacées. Ils ont deux ou trois yeux lisses aussi 80 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. bien que des yeux composés: ils n’ont jamais d’aiguullon à l'extrémité de Pabdomen , et rarement une tarière; enfin ils varient par leurs mœurs et par la nature de leurs métamor- phoses. Cet ordre se compose de trois familles : les swbulicornes , les planipennes et les plicipennes. Famille des Ç 1187. Dans la FAMILLE DES SUBULICORNES, les antennes cubulicornes. Gnten forme d’alène, guère plus longues que la tête, et compo- sées de sept articles au plus (fg. 539); les mandibules et les mà- choires sont entièrement couvertes par le labre et la lèvre, ou par la partie antérieure de Ta tête ; les yeux sont gros et les ailes écartées. À l’état de larve, ils se tiennent dans Peau et se nour- rissent de proie vivante , mais en sortent pour subir leur der- nière métamorphose. On les subdivise en libelluliens et éphé- mères, reconnaissables au nombre des articles du tarse, qui, chez les premiers, est de trois, et, chez les derniers, de quatre. Libeliulicus. 61188. Les LIBELLULIENS ou demoëselles se font remarquer par leur forme svelte, leurs couleurs brillantes , leurs grandes ailes Fig. 539. LIBELLULE INDIENNE. Fig. 540. NYMPHE DE L’AGRION. (/ig.539)semblables à une gaze éclatante, et la rapidité du vol avec laquelle ils poursuivent les mouches ou les autres insectes dont ils font leur nourriture. Ils déposent leurs œufs sur les plantes aquatiques , et les larves qui en naissent vivent dans l’eau. Dans ce premier élat et à l’état de nymphe (/g. 540), ils sont assez sem- blables à l’insecte parfait , si ce n’est qu’ils manquent d'ailes et que leur tête, encore dépourvue d’yeux lisses, présente en avant une espèce de masque, qui recouvre les mandibules, et qui est garnie de pièces mobiles, en forme de tenailles , à laide des- ORDRE DES NÉVROPTÈRES. gl quelles l'animal saisit sa proie. On remarque aussi à Pextrémité postérieure de labdomen des appendices lamelleux, que la larve épanouit à chaque instant en même temps qu’elle dilate son rectum pour y faire entrer de Peau ; puis on la voit éxpulser avec force cette eau, mêlée à de grosses bulles d'air, et se servir de ce moyen pour se déplacer aussi bien que pour respirer. A l’époque de leur dernière métamorphose, les nymphes sortent de l’eau, grimpent sur les tiges de plantes aquatiques , et sy dépouillent de leur ancienne peau ; mais, en quittant cette en- veloppe , leurs ailes sont encore molles et humides, et ce n’est que lorsque ces organes se sont séchés, que l'animal peut pren- dre son vol. Cette tribu se divise en LIBELLULES PROPREMENT DITES (#g. 535), qui ont les ailes étendues horizontalement dans le repos , et la tête globuleuse surmontée dune élévation vési- culeuse, portant de chaque côté un œil lisse; en æsnnes (fig. 538), qui se distin- guent des libellules par la position des yeux lisses postérieurs sur une simple éléva- ion transversale en forme de carène; et en AGRIONS, dont les ailes sont verticales Fig. 541. AGRION. dans le repos, et la , tête transversale ( £g. 541). Les larves et les nymphes de ces derniers ont labdomen terminé par trois lames en nageoire, tandis que celles des æshnes et des libellules présentent cinq appendices réunis en une queue pointue. L’agrion vierge (fig- 541), d'un vert doré ou d’un bleu verdâtre, avec les ailes supérieures plus ou moins bleues, est très commune dans nos environs. $1189.Les épHÉMÈREs doivent leur nom à la courte durée deleur vie à l’état parfait: ils paraissent ordinairement , dans le voisi- Fig. 542. ÉPHÉMÈRE. q nage des eaux, vers le coucher du soleil , dans les beaux jours | P Ephémères, 82 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. d’été ou d'automne, et quelquesheures après, on les voit tomber à terre et mourir. Pendant ce temps, ils ne prennent même pas de nourriture , et, réunis en troupes nombreuses, ils voltigent e! se balancent dans les airs, puis se réunissent par couples sur quelques plantes ; bientôt après, la femelle dépose dans Peau ses œufs, réunis en un pelit paquet , et ces insectes légers ne tardent pas alors à tomber à terre et à périr. Leur nombre est quelquefois si considérable , que le sol est tout couvert de leurs cadavres, et l’on assure que, dans certains cantons, on les ra- masse par charretées pour fumer les terres. Mais , si on consi- dère ces animaux pendant toute la durée de leur vie, on voit que leur existence est loin d’être si brève; car, loin de naitre, pour mourir aussitôt , ils vivent par le fait deux ou trois ans, seulement ils restent pendant tout ce temps à l’état de larve ou de nymphe , et demeurent dans l’eau. La larve des éphémères ressemble assez à linsecte parfait; cependant la bouche offre deux saillies-en forme de cornes , et l'abdomen a de chaque côté une rangée de lames ou de feuillets, servant à la respiration et à la natation (#9. 543). La nymphe ne diffère de la larve que par la présence des fourreaux renfermant les ailes. Au moment où ces organes doivent se développer, l’insecte sort de l’eau; mais, par une exception re- marquable, après avoir subi cette métamor- phose, il change encore une fois de peau avant que d’être parfaitement adulte. Dans ce dernier état, les éphémères ont le corps mon, long, eflilé et terminé par deux ou trois longues soies (fg. 542); les antennes sont très petites, les pieds fort grèles, et les ailes élevées perpendiculairement où un peu inclinées en arrière comme chez les agrions. L'espèce la plus commune , nom- née l’Éphemire de Siwvummerdam, en l’hon- Le neur d’un anatomiste qui a puissaminent. Fiy. 543. contribué aux progrès de lentomologie ,à | le corps jaune-roussâtre, terminé par deux filets très longs. On connait une autre es- pèce d’éphémère , qui fait exception à ce que nous avons dit des caractères de l'ordre des névroptères, car elle n’a que deux ailes. Famille des 1190. La FAMILLE DES PLANIPENNES comprend les névro- planipennes. ptères dont les antennes sont notablement plus longues que la tête, et composées d’un grand nombre d'articles sans avoir‘ ORDRE DES NÉVROPTÈRES. 83 la forme d’une alène ou d’un stylet, dont les mandibules sont très distinctes et les ailes infé- rieures presque égales aux su- périeures. On les partage en panorpales, fourmilious , he- merobins, termitines el perli- des. Les PANORPATES ont cinq ar- ticles aux tarses , et extrémité antérieure de la tête verticale est prolongée en forme de bec. Les PANORPES (fig. 545), qui Fig. 844. BITTAQUE TIPULAIRE. constituent le type de cette pe- lite tribu , ont les quatre ailes grandes, égales et horizontales ; QE Fiy. 545. PANORPE D'ÉGYPTE. et l'abdomen du mâle terminé par une queue articulée et armée au bout d’une pince qui ressemble un peu à celle des scorpions. Les NÉMO- PTÈRES (/g. 546), qui pren- nent également place dans ce groupe , sont remar- quables par la longueur et la forme linéaire de leurs ailes postérieures. Enfin les BITTAQUES (fig. 544) res- semblent aux panorpes par la disposition de leurs ailes, mais ont l'abdomen conformé de la manière Fig. 546. NÉMOPTÈRE À BALANCIERS. Ordinaire. 6. P S anorpates Fourmilions. 84 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 61191. Les FOURMILIONS ont aussi cinq articles aux tarses; mais la tête ne se prolonge pas en forme de bec ou de trompe; les an- iennes vont en grossissant vers le bout ou se terminent en bou- ton, et la bouche est munie de six palpes. Ce sont les mœurs de l'espèce commune qui leur ont valu leur nom. Lorsqu'elle est Fig. 547. FOURMILION. à l’état de larve(/g. 548), elle se nourrit d'insectes et particuliè- rement de fourmis, dont elle fait une grande destruction.tQuoi- que pourvue de six pattes , elle marche trop mal pour saisir sa proie à la course, et lui tend un piège en forme d’entonnoir, qu'elle creuse dans le sable le plus fin ({g. 549); cachée au fond de cette retraite, elle attend patiemment qu’un insecte tombe dans le petit précipice qu'elle à ainsi formé, et, s’il cherche à s’échap- per ou s’il est trop loin pour qu’elle puisse s’en saisir , elle l’é- Fig. 548. LARVE. Fig. 549. PIÈGE DU FOURMILION. tourdit et le fait rouler au fonddu trou , en lui jetant avec la tête et les mandibules une grande quantité de sable ; elle Pen- traine ensuite et le suce, puis rejette loin d’elle son cadavre. Lorsqu'elle doit passer à l’état de nymphe, elle file un cocon soyeux , d’où l’insecte parfait sort au bout de quinze à vingt jours. Il est alors long d'environ 27 millim., noirâtre, tacheté de jaune, avec les ailes égales, disposées en toit, transparen- Les , à nervures noires et tachetées vers le bord antérieur. Plu- ORDRE DES NÉVROPTÈRES. 85 sieurs anatomistes ont cru que la larve du fourmilion était dé-- pourvue d’anus , mais cette opinion est erronée. $ 1192. Dans la TRIBU DES HÉMÉROBINS, la tête etles piedssont Tribu des conformés comme chez les précédens; mais les antennes sont hémérobins filiformes (fg. 550), et la bouche n’est garnie que de quatre pal- pes. Les HÉMÉROBES PROPREMENT DITS, qu'On nomme aussi de- Hémérobes. moëselies terrestres, volent lourdement et répandent pour la plu- part une forte odeur d’excrémens, dont les doigts demeurent Fig. 550. HÉMEROBE PERLE. long-temps imprégnés lorsqu'on les touche. A létat de larve, ils se nourrissent prmcipalement de pucerons, qu’ils saisissent avec leurs mandibules en forme de cornes. Les SEMBLIDES sont très voisins des hémérobes, mais leur Semblides. larve est aquatique ; une espèce connue sous le nom de semblide de la boue, se trouve près des eaux et y dépose sur les feuilles une quantité prodigieuse d’œufs pointus, réunis en grandes plaques brunes ; sa larve a l'abdomen garni d’appendices respiratoires comme ceux de l’éphémère , et sa nymphe est immobile. $1193.Dans la TRIBU DES TERMITINES, il existe presque toujours Tribu des quatre articles aux tarses et les mandibules sont cornées et "00 fortes. Dans tous leurs états, ces insectes sont terrestres el car— nassiers ou rongeurs Les TERMITES Ou fourmis blanches ont le corps déprimé , la Termites. tête arrondie, les ailes très grandes , horizontales et colorées, et les pieds courts (fig. 551, À); ils sont propres aux pays chauds el y occasionnent , à l’état de larve, de grands dégâts. Ces in- sectes singuliers vivent réunis en troupes innombrables, com- posées de mâles, de femelles , de larves, de nymphes, d’indivi- 36 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. dus adultes, mais incomplets, qu’on nomme soldats (/g- B). Is setiennentloujours cachés dans l'intérieur dela terre, des arbres J ou des solives, et quel- À ques espèces s’y con- struisent un nid com- mun, entouré d’une multitude de galeries couvertes. Les habita- tions de quelques-uns de cestermites sont fai- tesavec de la terre gà- chée, et s'élèvent au- dessus du sol, à une hauteur de 2m: ou 2 60 cent. (fg. 552) ; tantôt elles ont la forme d’un pain de sucre, d’autres fois celle d’un dôme, et, dans quelques parties de la côte Afrique, le nombre de ces monti- cules est si considérable que, de loin, on croirait voir un village. Elles se couvrent ordinairement de gazon, et leur solidité est éga- B Fig. 551. TERMITE FATAL. Fig. 552. NIDS DE TERMITES (l). (1) Les.grands nids représentés jei (d’après Smeathiman), appartiennent aux ORDRE DES NÉVROPTÈRES. 87 lement très grande : non-seulement elles résistent aux intempé- ries des saisons, mais eiles peuvent supporter un poids considé- rable sans se briser. Des voyageurs assurent que souvent on voit des taureaux sauvages monter sur ces monticules de moyenne grandeur , pour y rester en sentinelle pendant que le reste du troupeau pait à l’entour. D’autrestermites établissent leurs nids sur les arbres à des hauteurs très considérables et pratiquent toujours une longue gaierie couverte pour descendre de leur habitation à terre (a, b, fig. 552). Ce sont les larves qui élèvent tous ces édifices remarquables : aussi les désigne-t-on ordinaire- ment sous le nom d'ouvriers. Les soldats, reconnaissables à leur grosse tête et à leurs longues mandibules, sont moins nombreux elne participent pas à cestravaux; mais, ainsi que leur nom lin- dique, ils veillent à la défense de la communauté, et, dès qu'une brèche est faite à leur habitation, ils se présentent en foule et pincent avec force leurs ennemis. Devenus insectes parfaits, les Les quittent leur retraite, el s’envolent vers le soir, mais, le lendemain , dès le lever du soleil, leurs ailes se dessèchent et tombent. La plupart deviennent alors la proie des oiseaux ou des reptiles insectivores; mais on assure que, lorsque leslarves ou les soldats rencontrent un couple de ces insectes, ils les recueil- lent dans leur habitation, les emprisonnent dans une cellule particulière , les nourrissent avec som et transportent dans des chambres voisines les œufs à mesure que la femelle les pond. 4 $ 1194. D’autres lermitines, nommées PSOQUES, n'ontque deux articles aux tarses : ce sont de petits insectes dont le corps est court el’ souvent comme bossu, et les ailes en Loit: ils vi- vent dans le bois, le vieux chaume , les li- vies, eLC: Les MANTISPES ap- pvarliennent aussi à celle tribu , et sont remarquables par la conformation deleurs Fig. 553. MANTISPE GRANDE. pattes antérieures qui constituentdes griffes préhensibles semblables à celles des mantes. term es bellicosus ; Vun a été coupé verticalement pour en montrer l'intérieur, Le petit nid (a) appartient au termes arborum , et l’on voit en Ÿ la galerie qui le fait . & s communiquer avec le sol. Psoques. Mantispes. Tribu des perlides. Famille des plicipennes. 88 ZOOLOGIE DESCR{IPTIVE. $ 1195. Enfin, dans la TRIBU DESPERLDES, il exisle trois articles aux larses. Les mandibules sont presque toujours en partie membraneuses ({g. 554); les ailes inférieures sont plus larges que les supérieures et doublées sur elles-mêmes au côté interne, enfin l'abdomen est terminé par des soies. A l’état de larve (fig. 555), elles sont aquatiques et vivent dans des fourreaux qu’elles se construisent avec des débris de corps étrangers; elles y res- Fig. 554. PERLE PALE. tent pendant qu’elles sont à l’état de nym- phe et elles subissent leur dernière méta- morphose au commencement du prin- temps. Elles sont assez communes sur les bords de nos rivières. 61196. Dans la troisième et dernière famille des névroptères, celle des PLICIPENNES, les mandibules manquent et les ailes in- férieures sont ordinairement plus larges que les supérieures el plissées dans leur longueur. Leur corps forme avec leurs ailes , comme chez beaucoup de lépidoptères nocturnes, un triangle ——— << Fig, 556. FRIGANE VEINÉE. - allongé, et ces insectes ressemblent un peu à de petites phalè- nes (/g. 556). Ils volent principalement la nuit et se lrouvent souvent réunis en iroupes au-dessus deseaux. Les larves vivent dans des fourreaux recouverts de différentes mabères, qu’elles ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 89 lrouvent dans l’eau, telles que des graines, des petites coquilles, ou des. fragmens de plantes qu’elles lient ensemble avec des fils soyeux (fig. 557); elles ne quiltentjamais cette habitation, mais la trai- nent avec elles quand elles marcheñt, et alors sebornentàen fairesor- tir l'extrémité antérieu- . 557. LARVES DE FRIGANES. re de leur corps. Lors- qu'elles doivent se transformer en nymphe, elles fixent leur tube contre quelque corps solide, et en ferment les deux bouts avec une sorte de porte grillée, qu’elles percent plus tard lorsque cette première métamorphose est achevée. Elles sont alors très agiles. Les grandes espèces sortent tont-à-fait de Peau pour se trans- former en insectes parfaits; les petits se rendent seulement à sa surface, et l’insecte ailé se répose sur son ancienne dépouille comme sur un bateau , jusqu’à ce que ses ailes soient devenues assez fermes pour lui permettre de prendre son vol. Le genre principal de ces névroptères a reçu le nom de FRIGANE. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. $1197.Leshyménoptères établissent en quelque sorte le passage Fig. 558. (1, entre les insectes broyeurs et suceurs. Leur appareil buccal se compose effec- tivement de mandibules, de mâchoires et de deux lèvres très analogues à celles des insectes précédemment étudiés : la lèvre (aæ)el les mandibules() ne présen- tent même rien de très particulier ; mais les mâchoires (ce) et la languette (d) se sont excessivement allongées , et les pre- mières prennent une forme tubulaire et engainent longitudinalement les côtes de la languette , de façon que ces organes, réunis en faisceaux , constituent une trompe , qui sert de conduit aux ali- mens , toujours mous ou liquides, dont ces insectes se nourrissent. Celle trom- pe est mobile à sa base et flexible dans le reste de son étendue, mais ne s’en- (1) Appendices de la bouche d’un arthophore : & Labre;— 2 mandibules; Caracteres 90 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. roule jamais comme chez les lépidoptères. Quant aux mandi- bules , elles servent uniquement à découper les matières dont les hyménoptères font leur nid, ou bien à saisir et à mettre à mort la proie dont ces insectes sucent les humeurs. On re- marque aussi qu'il existe dans l’intérieur de la cavité buccale d’autres pièces solides, qui manquent chez les insectes broyeurs, el qui constituent des valvules destinées à fermer le pharynx toutes les fois que le mouvement de la déglutition ne s'effectue pas. Tous les hyménoptères ont, outre les yeux composés , Lrois petits yeux lisses; les antennes varient dans leur forme. Les ailes, aunombre de quatre, sont membraneuses, . nues el veinées seu- lement ‘fig. 559); les supérieures sont toujours les plus grandes, et, pendant le repos , ces organes sont croisés horizon- talementsur le corps. Les pattes sont pour- vues de cinq articles aux tarses; enfin lab- domen des femelles est terminé par une tarière ou un aiguillon, composé ordinairement de trois appendices longs et grêles. II est aussi à noter que les trachées des hyménoptères sont plus compliquées que dans les autres ordres. | Ces insectes subissent une métamorphose complète. La larve, lantôt privée de pattes , ressemble à un ver; d’autres fois pour- vue de six pieds à crochets et souvent aussi. de douze à seize pieds membraneux , ressemble davantage à des chenilles. Dans l’unet Pautre cas, elle a une tête écailleuse avec des mandibules, des mâchoires et une lèvre, à l'extrémité de laquelle est une filière pour le passage de la matière soyeuse dont sa coque doil être construite. Le régime de ces larves varie beaucoup. Plu- sieurs ne peuvent se passer de secours élrangers el sont élevées en commun par des individus stériles, réunis en société. La nymphe reste sans nourriture et dans un repos complet. Enfin, dans leur état parfait, les hyménoptères vivent presque tous sur les fleurs el meurent au bout de la première année de leur existence. Fig. 559. CIMBEX. e mâchoires ; —— c? palpes maxiliaires ; — 4 languette ; — d lobes latéraux de la languette ; — e palpes labiaux. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 91 On a divisé cet ordre en deux grandes sections, celle des terébrans et celle des porte-aiquillon. Fig. 560. AULAQUE 6 1198. La section des HYMENO- PTÈRES TÉRÉBRANS est caracté- risée par l’existence d’une tarière à l'extrémité de l'abdomen de la fe- melle. Cet organe est composé de trois pièces, dont deux servent de fourreau à la troisième ; tantôt il rentre complétement dans l’in- térieur de l'abdomen , et d’autres fois il reste toujours saillant et peut même offrir une longueur plus grande que celle du corps (/ig. 560). Deux familles, les porte- scies et les pupirores composent ce groupe. $ 1199. Dans la FAMILLE DES PORTE-SCIES, l'abdomen est ses- sile ({g. 559), c’est-à-dire n'ayant pas à sa base un rétrécissement en forme de pédicule , et parais- sant être une continuation du thorax. La tarière de la femelle est ordinairement en forme de scie et sert à préparer un lo- gement pour les œufs, aussi bien qu’à les y déposer. Les larves sont toujours pour vues de pieds. Ce groupe se compose de deux-tribus : Le tenthredines el les uroccres. 61260. Les TENTHRÉDINES, appelées vulgairement menuches a scie, ont la tarière composée de deux lames denteléesenscie, pointues, réunies et logées dans une coulisse sous l’a- nus. Leurs mandibules sont TENTHKÈDE. allongées , fortes et den- tées ; leurs mâchoires, pres- que membraneuses au bout, portent un palpe de six articles , la languette est droite et divisée en trois ;les palpes labiaux sont courts et formés de quatre articles ; Hyménoptè- res térébrans. Famille des porte-scies. Tobu des teuthrédines, Tenthrédes. Cimbex. Tribu des urocères, 92 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. les ailes sont divisées en cellules nombreuses; enfin l’abdo- men est cylindrique et arrondi postérieurement (fig. 561 ). À laide de sa double tarière , la femelle fait aux branches et aux autres parties des végétaux, de petits trous dans cha- cun desquels elle dépose un œuf et une liqueur mousseuse, dont l’usage parait être d'empêcher l'ouverture de se fer- mer. Les plaies faites ainsi deviennent convexes par l’aug- mentalion de volume de l'œuf logé dans leur intérieur et pren- nent souvent la forme d’une galle , dans l’intérieur de laquelle la larve se développe et subit ses métamorphoses, et dont linsecte parfait s'échappe en pratiquant à ses parois une ouver- iure circulaire. En général, cependant, les larves se Liennent à découvert sur les feuilles dont elles se nourrissent. Elles ressem- blent beaucoup à des chenilles tant par la forme générale de leur corps que par leur couleur et le nombre considérable de leurs pattes. Pour se transformer en nymphe, elles filent une coque et y restent souvent pendant plusieurs mois. Les TENTHRÈ- DES Constiluent le type de cette tribu. Leurs larves ont de dix- huit à vingt-deux pattes. Nous en avons plusieurs espèces, dont une noirâtre et assez semblable à une guëépe, se nourrit des feuilles de la scrofulaire; une autre, de couleur verte avec des taches noires, vit sur le bouleau. On range aussi dans ce groupe les CIMBEX (/#g. 559), qui diffèrent des tenthrèdes par leurs an- tennes courtes et renflées en forme de bouton au bout, et par quelques autres caractères. Ç120i. Dans la TRIBU DES UROCÈRES, les mandibules sont cour- tes , la languette entière et la tarière , tantôt composée de trois Fig. 562. SIREX GÉANT. filets et très saillante, ianlôt capillaire et roulée en spirale dans ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 93 l’intérieur de Pabdomen. Ces insectes forment le genre SIREX ; ils sont de grande taille et se rencontrent dans les forêts de pins et de sapins ; ils produisent en volant un bourdonnement assez fort , et la femelle dépose ses œufs dans les vieux arbres, dans Pintérieur desquels les larves vivent et subissent leurs mé- tamorphoses. Celles-ci ont le corps garni de trois paires de pattes et terminé en pointe. 6 1202. Dans la FAMILLE DES PUPIVORES, l'abdomen est ré- tréciou même pédiculé près de sa base et très mobile (#g. 560), et les larves sont apodes. Six tribus composent ce groupe, les eva- niales, les ichneumonides , les gatlicoles, les chalcidites ,1es chrysides et les oryures. Les ÉVANIALES se re- - connaissent à leurs ailes veinées, à leurs antennes, formées de treize à qua- torze articles, et à leur abdomen, quisemble être implanté sur le thorax (fig. 563). Dans le genre EVANIE, la tarière est cachée et consiste en une sorte d’aiguillon ; mais chez Fig. 563. FÆNE-LANCIER. les FÆNES (Ag. 563) et les AULAQUES (#9. 560), qui appartiennent aussi à ce groupe, cet appareil est saillant et se compose de trois filets. 6 1203. Les ICHNEUMONIDES ontégalement les ailes veinées; mais . leur abdomen prend naissance entre les deux pattes postérieu- res, et leurs antennes sont com- posées d’au moins seize articies (fig. 564). Le principal genre de cette tribx a reçu le même nom qu'un mammifère dont nous avons parlé précédemment , celui d'ICHNEUMON. Quelques auteurs appellent aussi ces in- sectes des mouches vibrantes , à cause:des mouvemens vibrati- les qui agitent leurs antennes, Fig. 564, ICHNEUMON. Sirex. Famille des pupivores, Evaniales. {chneumoui- des, Callicoles. Claleis. 94 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ou bien mouches tripiles, à raison des trois soies dont leur 1ta- rière se compose. Leur corps est ordinairement linéaire et leurs antennes contournées. Les fémelles déposent leurs œufs dans le corps des chenilles, des pucerons et même des araiï- gnées, et montrent un instinct remarquable dans la recher- che de leur victime. Celles dont la tarière est courte s’attaquent à des chenilles ou à des nymphes, qui se montrent au dehors ; mais celles pourvues d’une longue tarière vont chercher ces animaux sous les écorces des arbres et jusque dans les galles où ils sont cachés. Les larves des ichneumonides n’ont pas de pat- tes; mais elles vivent dans le corps des chenilles où elles sont écloses , et s’y nourrissent des parties grasses qui s’y trouvent jusqu’à ce qu'elles en percent la peau, pour en sortir soit à l'état parfait, soit au moment de subir leurs métamorphoses ; alors elles se mettent aussitôt à filer une coque soyeuse, qu’elles attachent aux tiges des plantes ou qu’elles suspendent aux feuilles. 6 1204. Dans la TRIBY DES GALLICOLES, les ailes inférieures woffrent plus qu’une seule nervure et les supérieures ne sont que peu veinées ; les antennes ne forment pas de massue, et la tarière est filiforme et roulée en spirale dans l’intérieur du ventre. Son extrémité est armée de dents, comme celle d’un fer de flèche, à laide des- quelles Pinsecte élargit les entailles qu'il fait aux différentes parties des végétaux pôur y loger ses œufs. Les sucs de la plante s’épanchent sur les bords de cette ouverture , et il en ré- sulte bientôt une excroissance nom- Fiy. 565. CYNIPS. mée galle, dont la forme varie. Les larves vivent lanlôt solitaires, tantôt en société dans l’intérieur de ces petites tumeurs dont elles rongent la substance, et y restent plusieurs mois. Les unes y subissent leurs métamorphoses; les autres la quittent pour s’enfoncer dans la terre, où elles demeurent jusqu’à leur der- nière transformation. Des trous ronds, qui se voient à la sur- face des galles , annoncent que l’animal en est sorti. Un de ces insectes , appelé Cynips de la galle à teinture (fig. 565), dépose ses œufs sur une espèce de chène du levant et détermine ainsi la formation des noir de galle, dont on fait un si grand usage pour la teinture en noir et pour la fabrication de l'encre. $ 1205. Les pupivores de la TRIBU DES CHALCIS ne diffèrent guère ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 95 des précédens que par leurs antennes en massue et coudées. Ce sont de très petits insectes ornés de couleurs métalliques très brillantes et ayant pour la plupart la faculté de sauter. Quel- ques-uns sont assez pelits pour pouvoir se nourrir de l’intérieur d'œufs d'insectes presque imperceptibles. Leur tarière est sem- blable à celle des ichneumons. Les oXYuRES ressemblent aux précédens par l’absence de ner- Fig. 566. BÉTHYLE. Fig. 567, CHRYSIS. vures aux ailes inférieures, mais labomen de la femelle est ter- miné par une tarière Lubulaire : ce sont les BÉTHYLES. Enfin les CHRYSIS (fg. 567) manquent de nervures aux ailes inférieures et ont une tarière tubulaire susceptible de s’allon- ger et de se raccourcir comme une lunette d'approche et armée d’un petit aiguillon. La richesse de leurs couleurs les a fait appeler des quépes dorees. On les trouve sur les fleurs et sur les murs, exposés aux rayons du soleil. ; 6 1206. Dans la SECTION DES PORTE-AIGUILLON , il n'existe pas de tarière; mais un aiguillon rétractile la remplace ordinai- rement. Chez la femelle ilexiste toujours un petit appareil sécré- teur, situé près de l'anus et servant à produire un liquide véné- neux, que l’animal emploie pour sa défense. Quelquefois Pinsecte se borne à lancer ce venin au dehors ; mais, en général, la petite poche dans laquelle il s’'amasse communique avee un aiguillon destiné à le verser au fond de la plaie faite par cet instrument. On distingue dans l’aiguillon une portion basilaire composée de plusieurs pièces, une tige cornée, creusée en gouttière et nommée etui , et un dard, composés de deux stylets aigus, logés dans l’étui et présentant chacun en dedans un sillon par lequel le venin s'écoule, Dans l’état de repos, toutes ces pièces sont re- ürées dans l’intérieur du corps de l’animal; mais, quand l’in- secte veut s’en servir, il fait sortir l’étui , et l’enfonce, ainsi que son dard, dans la peau de son ennemi. Quelquefois il lui est même impossible de le retirer; Vaiguillon tout entier se sépare 2 Oxyures. Crysis. Hyméuoptc- res porte-ai- guillon. Fourmis, 96 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. alors de son corps et reste implanté dans la plaie. La déchirure qui en résulte détermine promptement la mort de linsecte. Le mâle est toujours privé de celte arme : aussi peut-on le saisir sans danger ; mais les femelles et souvent les individus stériles, appelés ouvrières, en sont pourvus, et sa piqüre détermine une inflammation très douloureuse. Les hyménoptères de cette section ont les antennes simples et composées de treize articles chez le mâle et de douze chez la femelle. Les palpes sont ordinairement filiformes; les quatre ailes sont toujours veinées , et l’abdomen est pédiculé. Les lar- ves sont privées de pieds et vivent des alimens que les femelles ou les ouvrières leur fournissent. On divise les porte-aiguil- lon en quatre familles : les Acterogynes, les fouis- seurs, les diplopteres et les melliferes. Dans la FAMILLE DES HETEROGYNES les ailes manquent, soil chez les femelles, soit chez les in- dividus appelés ouvriè- res; les antennes sont cou- Fig. 568. FOURMI FAUVE FEMELLE. dées el la languette est petite el arrondie ou en cuiller. Ces insectes forment deux tribus : celle des fourmis et celle des #nutilles. 61207. La TRIBU DES FOURMIS nous offre un second exemple d’in- sectes vivant en socrétés nombreuses, composées de mâles, de fe- melles et surtout d'individus imparfaits et stériles, que l’on dé- signe sous les noms d’ouvrières ou de zeutres. Les mœurs de ces petits animaux sont des plus singuiières, et, si elles n'avaient été étudiées par des observateurs dignes de toute notre confiance, on serait tenté de traiter de fables les récits qu’on nous en fait. Les fourmis ouvrières sont dé- pourvues d'ailes et d’yeux lisses et se font ruer aussi par la gros- seur de leur tête, la force de leurs mandibules et quelques particula- rés de forme : elles constituent , comme nous lavons déjà dit, Le) Fig. 569. FOURMI FAUVE NEUTRE. «* ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 97 la portion la plus nombreuse des colonies dont elles font partie, el sont seules’ chargées des travaux nécessaires à la prospérité générale. Les unes bâtissent leur demeure commune en terre, les autres en bois. Les premières creusent dans le sol une mul- litude de galeries, de chambres disposées par étages, et rejetant les déblais au dehors, élèvent souvent au-dessus de leur nid un monticule, dans l’intérieur duquel ces travailleuses infatigables creusent de nouveaux étages, semblables à ceux situés au-des- sous ; quelquefois on les voit aussi construire avec cette terre des galeries qui montent le long des tiges des arbustes où ces insectes vont chercher leur nourriture , et qui les abritent dans leurs courses journalières. Les fourmis qui construisent leurs fournulières en bois , s’établissent dans des arbres déjà attaqués par des larves d’autres insectes et ramollis par la pourriture, Avec leurs mandibules , elles détachent les particules de bois, et creusent dans l'intérieur de l’arbre plusieurs étages séparés par des planchers et soutenus par des piliers, formés de bois non rongé ou de sciure détachée des parties voisines et pétrie avec de la salive. Si quelque accident vient détruire une partie de leur édifice, on voit aussitôt toutes les ouvrières qui ont échappé à ce désastre déployer une activité extrême, retirer des décombres celles qui y ont été ensevelies , transporter en lieu de süreté leurs compagnes blessées et ajouter de nouvelles bâiisses à celles encore debout. Les mâles et les femelles ne par- ticipent pas à ces travaux. Les premiers ne restent dans la fourmilière que fort peu de temps, et périssent presque aussitôt qu'ils en sont sortis ; les femelles quittent aussi la demeure com- mune avec les mâles ; mais, après s’être séparées de ceux-ci et s'être dépouillées de leurs'ailes, elles sont ramenées dans la fourmilière par les ouvrières, et placées dans les chambres les plus retirées , où elles restent prisonnières, et sont nourries par leurs gardiennes. Dès qu’elles pondent un œuf, une fourmi ou- vrière s’en empare et le transporte avec soin dans une chambre particulière. Les œufs destinés à produire des femelles ne sont pas logés dans les mêmes ceilules que ceux d’où naîtront les ou- vrières. Les larves reçoivent aussi de la part des ouvrières des soins assidus ; chacune d'elles est appâätée par celle-ci avec des sues qui lui conviennent , el, lorsque le temps est beau, on voit ces nourrices aclives transporter leurs élèves hors de la fourmilière pour les exposer aux rayons du soleil, les défendre contre leurs ennemis, les rapporter dans leur nid à l'approche du soir , et les entretenir dans un état de propreté extrême. Les fourmis ne font de provisions ni pour elles-mêmes ni pour leurs nourrissons, mais vont chaque jour chercher les alimens dont elles ont besoin. Pendant que certaines ouvrières s'occupent de 7 98 ZOOLOGIE DBESCRIPTIVE,. l'entretien des bâtisses et des nouvelles constructions nécessai- res à leurs colonies croissantes , d’autres vont chercher sur les fleurs des liquides sucrés et surlout y récolter un sue particu- lier , qui suinte du corps des pucerons et de quelques autres pe- tits hémiptères. Certaines fourmis ne se contentent pas de prendre la gouttelette sucrée que le puceron leur abandonne lorsqu'il se sent caressé par leurs antennes. Souvent elles por- tent ces insectes dans leurs demeures et les y élèvent comme des fermiers le font pour leurs vaches laitières. On a vu les habitans de deux fourmilières voisines se disputer leurs pucerons , et les vainqueurs emporter leurs prisonniers avec le même soin qu’elles le font pour leurs larves. Mais cette singulière habi- tude de prévoyance n’est pas encore le trait le plus extraordi- naire de leurs mœurs. Il est des fourmis qui, après avoir vaqué pendant une partie de leur vie à leurs travaux ordinaires, sem- blent comprendre le plaisir de loisiveté et vont faire la guerre à des espèces plus faibles, pour en enlever les larves et les nym- phes, transporter celles-ci dans leur propre demeure et charger les esclaves qu’elles se sont ainsi procurés, de tous les travaux de la communauté. Les fourmis se reconnaissent aisément à la disposilion de leur abdomen, dont le pédicule est en forme de nœud, soit simple, soit double. Leurs antennes sont coudées, et leurs mandibules ordinairement très fortes. Les mâles sont beaucoup plus petits que les femelles. Les unes, appelées par les entomo- logistes les FOURMIS PROPREMENT DITES, manquent d’aiguillon et portent les antennes sur le front; d’autres (les POLYERGUES) manquent aussi daiguillon, mais ont les antennes fixées près de la bouche; enfin, chez d’autres, les PONÈRES, par exemple, il existe un aiguillon chez les ouvrières aussi bién que chez les femelles. La fourmi mineuse et la fourmi noire cendrée, qui ap- partiennent l’une et l’autre à la première de’ces divisions, sont souvent enlevées, comme nous Pavons dit plus haut, par une troisième fourmi du même groupe (la fourmi sanguine) et par la polyerque roussätre, pour vivre dans les fourmilières de celles-ci et les remplacer dans l'éducation des petits de leur race. Mutilles. Les hyménoptères de la TRIBU DES MUTILLES vivent solitaires. Les mâles sont ailés; mais les femelles sont privées de ces or- ganes. Ils habitent pour la plupart les pays chauds. Famulle des 61208. La FAMILLE DES FOUISSEURS comprend les hyméno- fouisseurs. bières porte-aiguillon dont tous les individus sont ailés, dont les pieds postérieurs ne sont pas propres à ramasser le. pollen des fleurs et dont les ailes sont toujours étendues, Ces insectes sont ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 99 très agiles et vivent pour la plupart sur les fleurs; mais leurs larves sont carnassières, el, par une prévoyance instinetive bien remarquable, la femelle pourvoit ordinairement à leur nourri- ture, en plaçant à côté de ses œufs, dans le nid préparé pour ses petits, le corps de quelque larve on de quelque araignée qu’elle a préalablement percée de son aiguillon. On connait un très grand nombre de ces insectes, el on les divise en SCOLIÈTES (fig. 571), dont le premier segment du thorax n’est pas linéaire, dont les pieds sont courts el épineux, et dont les antennes sont, Fig. 570. SAPYGE. Fig. 571. SCOLIE. Fig. 572. POMPILE. chez la femelle, sensiblement plus courtes que la tête et le tho- r'aX ; SAPYGITES (#g. 570), qui diffèrent des précédens par leurs pieds grèles et point épineux, leurs antennes plus longues, etc.; SPHÉGIDES (/g. 572), qui, ressemblant aux précédens, ont les pattes postérieures une fois au moins aussi longues que le corps ; BEMBICIDES, dont le premier anneau du thorax est linéaire, le labre entièrement à nu ou très saillant, etc.; LARRATES , qui diffèrent des précédens par leur labre caché, et qui ont les mandibules profondément échancrées en bas, près de leur base ; NYSSONKENS , dont le labre est également caché, mais dont les mandibules ne sont pas échancrées de la sorte, et dont l’abdo- men est triangulaire ou conique; et CRABRONITES, qui diffè- rent des précédens par la forme de l'abdomen et par quelques autres caractères. 61209. La FAMILLE DES DIP LOPTERES est la seule de cette sec- tion dans laquelle on trouveles ailes supérieures doubléeslongi- tudinalement. Les antennes sont ordinairement coudées et en massue, les yeux échancrés, le corps glabre, noir et plus ou moins tachelé de jaune. Beaucoup de ces insectes vi- de Famille des diploptères. 100 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. vent en sociélés temporaires , composées d'ouvriers aussi bien que de mâles et de fe- melles. Ces dernières com - mencent lhabitation de la communauté, el d’abord soi- gnent seules les petits qu’elles mettent au Jour jusqu'à ce qu'il soit né des ouvrières qui les aident dans leurs travaux. On divise ce groupe en deux Fig. 573. GUÉPE CARTONNIÈRE. uibus < les masarides el les guéptaires. Masarides. Les MASARIDES n'ont que huit articles bien distincts aux an- tennes : ils ne présentent rien d’intéressant. Tribu des Dans la TRIBU DES GUÉPIAIRES, les antennes offrent toujours Guépiaires, tt (ff Fig. 574. NID DE GUÉPE COMMUNE, (1 (1) Daus cette figure on à représenté le mid ouvert à l’aide d’une section verticale. ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 10 bien distinctement treize articles chez les mâles et douzechez les femelles. Les unes, ayant les mandibules beaucoup plus longues que larges , et le chaperon cordiforme , vivent toutes solitaires, et leurs larves se nourrissent de cadavres de chenilles ou d’au- tres insectes que la femelle place avec ses œufs dans un nid construit en terre où dans quelque trou de mur : tels sont les EUMÈNES , elc. D’autres ont les mandibules courtes et tronquées et le chaperon presque carré : elles constiluent le genre GUÈPE PROPREMENT DIT, et différent beaucoup des précédentes par leurs mœurs ; car elles vivent en sociétés nombreuses, compo- sées de trois sortes d'individus comme celle des fourmis. Les femelles et les ouvrières font avec des parcelles de vieux’ bois, qu’elles détachent à l’aide de leurs mandibules , et qu’elles con- vertissent en une pâte semblable à du carton, des gâteaux ou rayons garnisen dessous de cellules hexagonales el suspendus en dessus par des pédicules ; lantôL ces agrégalions d’alvéoles sont à nu; d’autres fois les rayons sont renfermés dans une en- veloppe commune, dont la forme varie et dont l'ouverture ex- terne est en général située en dessous. Les femelles commencent seules la construction de ce nid, qu’elles placent tantôt en plein air, tantôt dans le creux d’un vieux arbre ou en terre. Les pre- niers œufs qu’elles y pondent produisent des individus stériles ou ouvriers , qui aident à agrandir le guépier et à élever les petits. En automne, il nait des femelles et des mâles, et un peu plus tard toutes les larves et les nymphes qui ne peuvent ache- ver leurs métamorphoses avant le mois de novembre, sont ar- rachées de leurs cellules et tuées par les ouvrières, qui elles- mêmes périssent avec les mâles au relour de la saison froide. Quelques femelles seules passent l'hiver et deviennent au prin- temps les fondatrices de nouvelles colonies. La quépe commune construit son nid en terre, avec une matière semblable à du papier fin et y place un grand nombre de rayons renfermés dans une enveloppe composée de plusieurs couches, disposées par bandes (/i4. 574). La quépe frelon place sou nid dans les trous des murs ou les vieux arbres et ne lui donne ni autant de solidité ni un aussi grand nombre de rayons. Cette espèce détruit les au- tres insectes et particulièrement les abeilles, dont elle vole aussi le miel. Une troisième espèce, la qguépe cartonniere (fig. 573), propre à l'Amérique méridionale, est célèbre par Parchitecture de son nid, de forme conique , qui est suspendu aux arbres, et qui est composé dun carton très fin. La FAMILLE DES MELLIFERES se distingue des autres hymé- noplères porte-aiguillon par la conformation des pattes posté- ricures qui ont le premier article du tarse très grand, en forme Famille des melliféres. 102 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de palette carrée ou de losange renversé (fig. 577). el qui sont propres à ramasser le pollen des fleurs. Les mâchoires et les lèvres de ces insectes sont en général très longues el consütuent une sorte de trompe. À l’état parfait ils vivent du miel des fleurs, et, à l’état de larve, ils se nourrissent de la même substance et de pollen. On les divise en deux sections: les andrenèles , qui vivent solitaires , et les apiaëires, qui, pour la plupart, vivent en société. Andrenètes. Les ANDRENÈTES se distinguent par la disposition de la languette , qui est plus courte que sa gaine el en forme de cœur ou de fer de lance. Ils n’offrent que deux sortes d’indi- vidus , des mâles et des femelles. Ces dernières ramassent or-, dinairement avec leurs pieds postérieurs un peu de pollen , et, en le mélant avec du miel, composent une pâtée, qu’elles renferment avec leurs œufs dans un trou creusé dans la terre, et qu’elles destinent à nourrir leur progéniture. l’andrenete des murs , bleu-noirâtre, avec des poils blancs sur la tête, le corselet et le bord de Pabdomen, est commune dans nos en- . virons. Tribu des Ç 1210. Dans la TRIBU DES APIAIRES , la division moyenne de eee la languette est filiforme el au moins aussi longue que sa gaine tubulaire. Les uns sont solitaires; les autres vivent en société. Apiairesso- Les APIAIRES SOLITAIRES offrent toujours que deux sortes litaires. d'individus, des mâles et des femelles. I n’y a pas d’ouvrières comme dans le groupe suivant, el chaque femelle pourvoit isolément à la conservation de sa postérité. Ces insectes se dis tinguent aussi par la con- formation de leurs pattes postérieures, qui, chez la femelle, ne présentent ni la corbeille, ni la brosse larsienne, que nous y ver- rons chez les apiaires so- ciales ; mais le côté interne de leurs jambes postérieu- Fig. 575. XYLOCOPE. res et du premier article du larse Correspondant est le plus souvent garni de poils nombreux et serrés, à Paide desquels ils récoltent le pollen des fleurs. Plusieurs de ces hyménoptères ont aussi , Chez la femelle, le ventre garni de poils soyeux, qui ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 103 consliluent une sorte de brosse servant au méme usage. Leurs mœurs varient. Les XYLOCOPES, par exemple , ont lhabitude de creuser dans le vieux bois des canaux divisés par des cloisons el servant à loger leurs œufs, ainsi que la pâture destinée aux larves : aussi leur a-t-on donné les noms de menuisteres , abeit- Les perce-bors, etc. Une grande espèce de ce genre, longue de près d’un pouce, avec le corps noir et les ailes violacées , est Fe irès commune dans nos envi- Fég. 576. NID DE XYLOCOPE. ;5ns. D’autres apiaires solitai- res , dont les naturalistes ont formé le genre MÉGACHILE , con- struisent contre les murs un nid avec une espèce de mortier terreux, ou bien creusent en lerre , pour y loger leurs œufs, des trous cylindriques, qu’ils ferment avec un couvercle , et qu'ils garnissent de petits morceaux de feuilles découpées à l’aide de leurs mâchoires. D’autres encore ne préparent pas de demeure pour leur progéniture , mais déposent leurs œufs dans les nids de quelque autre insecte de la même tribu. Les APIAIRES SOCIALES vivent, comme les fourmis, en sociétés nombreuses, composées d’ouvrières aussi bien que de mâles et de femelles, et sont caractérisées par la conformation des pattes postérieures, qui , chez les ou- vrières , présentent à la face interne de la jambe (ou palette) un enfonce- ment lisse, appelé corbeille, dans le- quel ces insectes placent la pelotte de pollen qu’ils ont recueillie sur les fleurs à laide du duvet soyeux (ou brosse), dont la face interne du tarse de ces mêmes pattes est garnie (fig. 577). Les abeilles et les bourdons proprement dits appartiennent à ce groupe. Les ABEILLES se reconnaissent à l'absence d’épines au bout des jambes postérieures et à la forme des premiers articles de leur tarse postérieur, qui, chez les ouvrières est en carré long. L’abeëlle domestique Où mouche à miel esi un des insectes dont l'histoire offre le plus d'intérêt tant à raison de l'instinct admi- Apiaires so- ciales. Abeilles, 104 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. rable dont ce petit animal est doué , qu'à cause des produits de son industrie. Elle est originaire de lancien continent, proba- blement de la Grèce, mais a été uansportée dans toute l'Eu- rope, ainsi que dans le nord de l'Afrique et de l'Amérique seplentrionale. Ces insectes établissent leurs demeures dans quelque cavité , telle que les trous des vieux arbres ou les es pèces de hultes que les agriculteurs leur préparent et qu'on uomme des ruches. Chaque colouie se compose d’un nombre très considérable d’ouvriéres où mulets (quinze ou vingt mille, quelquefois jusqu’à trente mille), de six à huit cents mâles, appelés à Lorl Lowrdons par les cullivateurs, el communément d'une seule femelle, qui parail y régner en souveraine el qui a recu le nom de reine. Ces trois sortes d'individus diffèrent Fig. 578. ABEILLE OUVRIÈRE. Fig. 599. ABEILLE MALE. entre eux par leur forme aussi bien que par les fonctions qu'ils sont deslinés à remplir dans ces communautés. Les ouvrières (/g.578:, qui sont des femelles stériles, sont les plus petites el se distinguent des mâles par leurs antennes, compo- sées de douze articles, leur abdomen court et formé de six an- neaux, leurs mandibules en forme de cuiller et sans dentelures, et leurs paltes postérieures pourvues d’une corbeille et d’une brosse pour la récolte du poilen ‘fg. 577). Les abeilles femelles ou reines (f#g. 578) ont l'abdomen plus long et les mandibules échancrées ; enfin les mâles (/g. 579) ont treize articles aux an- tennes et mänquent daiguillon. Ce sont les abeilles ouvrières qui exécutent tous les travaux nécessaires à l'existence et à la prospérité de la société, et ces animaux se les partagent entre eux. Les unes , nommées céré- res, Sont chargées de la récolte des vivres et des matériaux de construction ainsi que des bâtisses à élever ; les autres, appe- lées , à raison de leurs fonctions, les nourrices, s'occupent pres- que exclusivement du soin intérieur du ménage et de l'éduca- tion des petits. Pour faire sa récolle, Pabeille cirière entre dans une flenr ORDRE DES fiYMÉNOPTÈRES. 105 bien épanouie, dont les étamines sont chargées de la poussière appelée pollen par les botanistes. Cette poussière s'attache aux poils branchus, dont son corps est couvert, el en se frottant avec les brosses qui garnissent ses larses, linsecte la rassemble en pelottes , qu’elle empile dars les corbeilles ou palettes creu- sées à la face interne de ses jambes postérieures. 4 Paide de leurs mandibules , les euvrières détachent aussi de la surface des plantes une matière résineuse, appelée propolis , eten rem: plissent leurs corbeilles. Ainsi chargées , ces abeilles retournent à leur demeure commune, et, aussitôt arrivées, se débarrassent de leur fardeau pour retourner à la recherche de nouvelles provisions ou pour employer celles déjà recueillies. Les travaux de l’intérieur sont plus compliqués : les abeilles commencent par boucher avec du propolis toutes les fentes de leur habita- Lion et n’y laissent qu’une seule ouverture, dont les dimensions sont peu considérables ; elles s'occupent ensuile de la construc- Lion des rayons Où gâteaux, destinés à servir de nid pour les pelils el de magasins pour les provisions de la communauté. Ces gàteaux sont faits avec de la cire, matière qui se trouve sur diverses plantes , et qui est sécrélée aussi par les abeilles dans des organes particuliers, situés sous les anneaux de leur abdo- men. Ils sont composés de deux couches de cellules (ou a/veoles) hexagones, à base pyramidale, ädossés Pun à Pautre, et sont suspendus perpendiculairement par une de leurs tranches. En général, c’est à la voûte de la ruche qu’ils sont fixés , et ils sont toujours rangés parallèlement, de manière à laisser entre eux des espaces vides , dans lesquels les abeilles peuvent circuler. Les cellules, comme on le voil, sont par conséquent disposées horizontalement et ouvertes par un de leurs bouts. C’est avec leurs mandibules que les ouvrières les façonnent : elles en tail- lent les pans pièce à pièce, et elles portent dans leur construc- Lion une précision étonnante. La plupart de ces loges ont exac- tement les mêmes dimensions et servent à loger les larves ordinaires ou deviennent des magasins; mais quelques-unes , destinées à contenir des larves de femelles et appelées pour celle raison des cellules royales, sont beaucoup plus grandes el de forme presque cylindrique. Quand les abeilles ont fait une récolte abondante de poilen ou de miel, elles déposent leur su- perflu dans quelques-unes des cellules ordinaires, pour subve- nir soit à leur consommation journalière , soit à leurs besoins futurs. Elles ont aussi la précaution de boucher, avec un cou- vercle en cire, les cellules contenant leur réserve de miel, et si quelque accident vient menacer de miner leurs constructions, elles savent aussi élever des colonnes et des arcs-boutans, pour empêcher la chute de leurs gâteaux. 106 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Les mâles, comme nous l'avons déjà dit, ne participent pas à ces travaux, el lorsqu'ils ne sont plus d'aucune utilité à la communauté, les ouvrières les meltent à mort, en les perçant de leur aiguillon. C’est du mois de juin à celui d'août que ce carnage à lieu , el il s'étend même sur les larves et les nymphes de mâles. La femelle reste également étrangère à la vie active menée par les ouvrières ; mais, comme c’est de sa fécondité que dépend la prospérité de l’essaim , elle est toujours choyée par celles-ci. Dès qu’elle commence à pondre des œufs , elle devient pour toute la colonie un objet de respect , et elle ne souffre dans sa demeure aucune rivale ; si elle en rencontre, un com- bat à mort s'engage aussitôt , et une seule reine se voit toujours dans chaque essaim, quelle que soit la multitude d'individus dont celui-ci se compose. Tant qu’elles sont restées renfermées dans l’intérieur de leur habitation, la jeune reine ne pond pas d'œufs ; mais, si le temps est beau , elle en sort peu de jours après sa naissance , el s'élève avec les mâles à perte de vue dans l'air; cependant elle ne tarde pas à rentrer , et, quarante-six heures après, elle commence à pondre des œufs, qu’elle dépose un à un dans les cellules préparées à cet usage. Pendant le premier été, cette ponte n’est pas très nombreuse et ne se compose que des œufs d’ouvrières ; pendant l'hiver, elle s'arrête ; mais, dès que le re- tour du printemps se fait sentir, la fécondité de la mère-abeille devient extrême : dans l’espace d’environ trois semaines elle pond en général plus de douze mille œufs. C’est seulement vers le onzième mois de son existence qu’elle commence à donner des œufs de mâles en même temps que des œufs d’ouvrières, el ceux d’où naïitront des femelles ne viennent qu’un peu plus lard. Trois ou quatre jours après la ponte, les œufs éclosent , et il en sort une petite larve de couleur blanchâtre , qui, élant privée de pattes, ne peut sortir de son nid et chercher sa nour- rilure; maisles ouvrières pourvoientabondamment à ses besoins, en lui présentant une sorte de bouillie, dont les qualités varient suivant l’âge et le sexe de l'individu à qui elle est destinée, et, lorsque le moment de sa transformation en nymphe approche, elles la renferment dans sa loge , en adaptant à celle-ci un cou- vercle en cire. Cinq jours après la naissance d’une larve d’ou- vrière , ses nourrices ferment ainsi sa cellule. Elle file alors au- tour de son corps une coque de soie, et, au bout de trois jours, se change en nymphe ; enfin, après êlre restée sous cette forme pendant sept jours et demi, elle subit sa dernière mélamor- phose. Les mâles n'arrivent à l'élat parfait que le vingl-el-unième jour de la naissance de la larve , landis que les femelles subis- sent leur dernière transformation le treizième jour. ORDRE DES HYMENOPTÈRES. 107 L'influence qu’exerce sur le développement des abeilles la nature des alimens dont les ouvrières nourrissent les larves est des plus remarquables ; car, en variant la bouillie qu’elles donnent à leurs élèves , ces singulières nourrices produisent à volonté des ouvrières, ou des réines. Cela se voit d’une ma- nière évidente lorsqu'un essaim a perdu sa reine, et qu’il n'existe pas dans les rayons de la ruche de cellule royale conte- nant une larve de femelle ; alors les abeilles se hâtent de démolir plusieurs cellules d’ouvrières , pour y donner la forme d’une cellule royale, et fournissent en abondance à la larve qu’elles y laissent la pâture dont elles alimentent les femelles ; or, par ce seul fait, la larve, au lieu de devenir une abeille ouvrière , Comme cela serait arrivé si elle avait continué à être élevée de la manière ordinaire , devient une abeille-reine. Quand une jeune reine a achevé ses métamorphoses et rongé les bords du couvercle de sa cellule , pour sortir de son nid, on voit se manifester dans loute la colonie une grande agitation. D'un côté , les ouvrières bouchent avec de nouvelles quantités de cire les ouvertures qu’elle pratique , et la retiennent prison- nière dans sa loge; d’un autre côté, la vieille reine cherche à s'en approcher pour la percer de son aiguillon et se défaire ainsi d’une rivale dangereuse ; mais des phalanges d’ouvrières s’interposent, pour l’en empêcher. Au milieu du tumulte qui résulte de tout ce manège, la vieille reine sort de la ruche avec toute lapparence de la colère , et suivie d’une grande par- lie de la société d’ouvrières et de mâles dont elle était le chef unique. Les jeunes abeilles, trop faibles pour émigrer de la sorte , restent dans la ruche , ei bientôt leur nombre augmente par la sortie de celles qui étaient encore à l’état de larve ou de nymphe; les jeunes reines se dégagent aussi de leurs cellules pendant ce tumulie. Sil y en a plusieurs , elles se battent entre elles , et celle qui , après le combat, se trouve seule, devient la souveraine de la nouvelle société. L’essaim qui a abandonné de la sorte sa demeure avec la vieille reine, ne se disperse pas, mais va.à quelque distance se suspendre en groupe et fonder une nouvelle colonie qui recommence tous les travaux dont nous venons de parler , et qui à son tour, fournit au bout d’un cerlain temps un second essaim dent la sortie est déterminée par les mêmes causes que nous avons vu occasionner lPémigra- tion du premier. Une ruche donne quelquefois trois ou quaire essaims par saison ; mais les derniers sont toujours faibles. La mort de l'abeille - reine , la faiblesse d’une colonie et les allaques de ses ennemis déterminent quelquefois les abeilles à se disperser: les fugiives vont alors chercher asile dans une ruche plus forltunée; mais elles en sont impitoyablement re- Bourdon. Caractéres. 108 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. poussées à coup d’aiguillon par les propriétaires de la demeure qu'elles voudraient partager; car aucune abeille étrangère, même isolée, n’est reçue dans une ruche où elle n’est pas née. Quelquefois aussi Loute une colonie en allaque une autre pour en piller les magasins, et, si les agresseurs ont le dessus, ils détruisent complétement la population vaineue el enlèvent tout le miel de leurs victimes, pour le déposer dans leur ruche. Les abeilles ont aussi à redouter plusieurs insectes qui leur nuisent beaucoup, soit en dévorant leur miel ou la cire-de leurs rayons, Soit en les attaquant directement. 1211. Les enlomologistes donnent le nom de BOURDON à un genre voisin de celui des abeilles, mais qui s’en distingue par plusieurs cara£tères, Lels que Pexistence de deux épines à l’extré- milé des jambes pos- térienures Cesinsectes ontaussi le corps plus ; gros el plus arrondi ; ils vivent réunis en sociélé d'une cin- quantaine d’indivi- dus ou davantage, dans des habitations souterraines , - revê- tues de cire el gar- Fig. 580. BOURDON. nies de mousse bien cardée ; mais ces s0- ciétés ne sont que temporaires et se dispersent en automne. Les ouvrières , les mâles et les vieilles femelles ne tardent pas à pré- rir par l’action du froid ; mais les jeunes femelles qui sont déjà destinées à donner des œufs le printemps suivant se cachent dans quelque trou de mur ou même dans la terre , et y passent l'hiver dans un état de sommeil léthargique. ORDRE DES LEPIDOPTÈRES. 6 1212. L'ordre des lépidoptères se compose d’un grand no:n- bre d'insectes dont les ailes, couvertes d’une espèce de pous- sière colorée, semblent être peintes de la manière la plus brillante et la plus variée. On y range tous les papillons. Ces animaux , Comme nous l'avons déjà dit, sont conforimés ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 199 pour se nourrir exelusivement de matières liquides, qu’ils pom- pent au fond des fleurs. Leur bouche est munie d’une longue trompe (4), roulée en spirale et composée de deux filets creusés en gouttière à leur parlie interne , qui ne sont autre chose que les mâchoires excessivement allongées et modifiées dans leur forme. A la base de cette trompe, on distingue en avant une petite pièce membraneuse, qui est le représen- tant du labre , et, de chaque côté, un petit tubercule , dernier vestige des mandibules. On y aperçoit aussi des rudimens de palpes maxillaires, et en arrière se trouve une pe- D tite lèvre triangulaire portant deux palpes Fig. 581 (1). Jabiaux très grands , composés de trois ar- licles et presque toujours velus ou garnis d’écaiiles (p). Le thorax des lépidoptères est moins distinetement divisé que chez la plupart des insectes , et la première paire de pattes est Fig. 582. ÉRÈBE LIMACE. souvent petite , relevée contre le corps et cachée sous les poils. .On compte toujours cinq articles aux tarses et l’on trouve sou- vent à l'extrémité du dernier un pelit appareil assez compliqué, qui remplit les fonctions d’une ventouse et sert à l'animal pour se fixer aux corps sur lesquels il se pose. Les ailes sont au nom- bre de quatre et sont simplement veinées. L'espèce de poussière farineuse qui les couvre se compose d’une multitude d’écailles d’une petitesse extrême, fixées par un pédicule et présentant (1) Tète d'un papillon : — + tête; — 0 œil; — à base de l’antenne; — 2 bou- che en forme detrompe; — p palpe. 110 ; ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. des formes très variées suivant les espèces £L aussi suivant les parties où on les observe. À la base de chacune des ailes supé- rieures, On voit une petite pièce qui ressemble à une épaulette. Enfin l'abdomen se compose de six ou sept anneaux et ne pré- senie ni tarière ni aiguillon; mais chez le mâle, il se termine par une sorte de pince aplalie. $ 1213. Les lépidopières subissent des métamorphoses com- plètes. C’est ordimairement sur des feuilles ou sur quelque autre partie des végétaux propre à servir d’aliment aux jeunes, que la femelle dépose ses œufs. Les larves sont connues sous le nom Fig. 583. CHENILLE DU PAPILLON MACHAON. de chenilles (fig. 583). Leur corps est en général allongé, presque cylindrique , mou , diversement coloré et divisé en treize seg- mens. On y distingue de chaque côté neuf stigmales; tantôt ilest ras, tantôt hérissé de poils, de tubercules on d’épines. Les trois premiers anneaux qui suivent la tête portent chacun une paire de pieds écailleux ou à crochets, et plus en arrière on compte de quatre à dix pieds membraneux, dont les derniers s’insèrent à l'extrémité postérieure du corps près de l'anus. A l'extrémité de ces pieds membraneux il existe souvent une cou- ronne de petits crochets, et, pour que cette armalure ne gêne . pas l’animal pendant sa marche, le bout du membre se con- tracte alors de manière que les crochets se trouvent à plat avec la pointe en dedans. La tèle de ces larves est revêlue d’une peau plus ou moins cornée, et présente de chaque côté six petits yeux lisses. On y distingue aussi des antennes très courtes et coni- ques. Enfin leur bouche est conformée pour la mastication et armée de fortes mandibules, de deux môchoires, d’une lèvre inférieure et de quatre palpes. La plupart des chenilles vivent sur les végétaux, dont elles dévorent les feuilles. Quelques- unes rongent les fleurs, les graines, les racines, mème la partie ligneuse la plus dure des arbres, et il en est d’autres encore qui attaquent les matières animales , telles que la laine, les pelle- teries, le cuir, le lard , etc. Plusieurs vivent d’alimens plus ou moins divers; mais il en est qui ne veulent que d’une seule es- pèce de nourriture et ne se voient que sur une seule plante. Leurs mœurs sont très variées. Quelques-unes de ces larves se logent dans l'épaisseur des feuilles où elles se creusent des ga- ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 111 leries ; d’autres se fabriquent des fourreaux soit fixes, soit por- tatifs , el il en est qui se réunissent en société sous une tente de soie qu'elles filent en commun, pour leur servir dabri. La plu- part recherchent la lumière ; mais il en est aussi qui ne sortent de leur retraite que la nuit. Ordinairement elles changent de peau quatre fois avant de passer à l’état de nymphe, et. lors- qu’elles se préparent à subir cette métamorphose, la plupart filent une coque et s’y renferment. La matière soyeuse qu’elles emploient à cet usage se forme dans des organes particuliers assez analogues aux glandes salivaires, dont le conduit excré- teur aboutit à un mamelon-conique , situé au bout de la lèvre. D’autres chenilles se contentent de lier avec quelquesfils de soie des feuilles ou des fragmens d’autres substances solides et de s’en former une enveloppe grossière ; enfin il en est aussi un grand nombre qui restent à nu et se suspendent par leur extré- mité postérieure ou par un fil de soie passé autour de leur corps. Les nymphes ou chry- salides sont toujours emmail- lotees ou en forme de momie, c’est-à-dire que toutleur corps est enveloppé d’une mem - brane assez dure sous laquelle les parties extérieures de lin- secte fuiur se distinguent néanmoins. Leurs métamor- phoses s’achèvent en général assez promptement, et celles qui sont renfermées dans une coque soyeuse évacuent pour la plu- part, au moment darriver à l’état parfait, un liquide particu- lier propre à ramollir le tissu de leur enveloppe et à faciliter leur sortie. Fig. 54. CHRISALIDE DL MACHAON, Fig. 585. PAPILLON MACHAON. 112 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, Classitcation L'ordre des lépidoptères se divise en trois familles, également distinctes par les mœurs et par la conformation , savoir: les DIURNES , reconnaissables à leurs ailes élevées perpendiculaire- ment dans le repos; les CRÉPUSCULAIRES , dont les ailes sont ha rizonlales pendant le repos et les antennes en massue allongée ; et les NOCTURNES , dont les ailes sont également horizontales ou penchées, et dont les antennes sont sétacées ou diminuent de grosseur de la base à la pointe. Lépidopé- Les LÉPIDOPTÈRES DIURNES sont les plus remarquables res diurnes. par la vivacité des couleurs dont leurs ailes sont peintes en dessous comme en dessus: ils n’ont pas, comme presque tous les lépidoptères de deux fa- milles suivantes, une sorte de frein fixé au bord extérieur des ailes de la seconde paire et servant à retenir celles de la première paire dans une posilion verlicale pendant le repos : aussi ces organes s’é- lèvent-ils alors perpendiculaiï- rement, et en général les in- férieures prennent la même position. Il est également à noter qu’en général les anten- Fig. 586. DANAÏDE PLEXIPPE, nes des papillons de jour se terminent par un bouton ou une pelite massue, ou sont d’égale grosseur parlout. Leurs che- nilles (fig. 583) ont toujours seize pattes , et leurs chrysa- lides (fig. 584) sont presque toujours de forme angulaire, et, au lieu de se renfermer dans une coque, restent en général à nu, et fixées, par l’extrémité postérieure du corps. Ainsi que leur nom lindique, les lépidoptères diurnes ne volent que pendant le jour. On peut diviser cette famille en trois sections, d’après la mia- nière dont les jeunes subissent leurs métamorphoses. Chez les uns, la chrysalide est attachée par la queue et par un lien trans- versal en forme de ceinture ; chez d’autres , elle est suspendue par la queue seulement ; et, chez d’autres encore, elle est ren- fermée dans une coque. . Les lépidopières diurnes, qui, à Pétat de chrysalide, sont fixés par une ceinture aussi bien que par la queue, ont été désignés ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 113 sous le nom commun de GEINTURÉS , el subdivisés en plusieurs tribus, parmi les- quelles nous cite- rons lespapillonides et les pzerides. Les PAPILLONIDES ont six paltes sem- blables dansles deux sexes , les ailes lar- ges, à nervures sail- lantes, le bord infé- rieur de celles de la seconde paire con- cave ou replié, la lèle assez grosse et l'abdomen libre (#g. Fig. 587. 587) ; enfin leurs chenilles sont allon- gées, cylindriques et munies d’un ou deux tubercules ré- tractiles, placés sur le premier anneau du tronc. On range dans ce groupe les papillons proprement dits , les thaïs, les parnas- siens , ElC. Les PAPILLONS PROPREMENT DITS Ont les ailes larges ; celles de la seconde paire se prolongent souvent en une espèce de queue ; la massue des antennes est arquée de bas en haut, les palpes sont très courts et ne dépassent pasles yeux. Leurs chenilles ont la peau nue, et, dans les momens d'inquiétude, font sortir de la partie supérieure du cou une cerne molle et four- chue ; en général ces larves vivent solitai- res, et elles répandent souventune odeur pé- nétrante et désagréa- Fig. 588. PAPILLON ARJUNA. ble. Ce genre est ex- trêmement nombreux en espèces, qui, pour la plupart, sont remarquables par leur taille et la variété de leur coloris : celles qui ont des taches rou- ges à la poitrine ont été désignées par quelques me Papillonides. Papillons proprement dits. 114 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sous le nom de chevaliers troyens, et celles qui n’en offrent pas ont été appelées quelquefois chezaliers grecs ; mais ces distinc- tions sont sans importance. L'espèce la plus connue en France Thais, Parnassiens. est le papillon machaon Où à queue de fenouil, dont les ailes sont jaunes, avec des taches et des raies noires ; celles de la seconde paire se prolongent en queue, et présentent près du bord pos- térieur une série de taches bleues, et à l’angle interne une tache rouge en forme d’œil, surmontée d’un croissant bleu. Sa chenille est d’un beau vert, avec des anneaux noir de velours, ponctués de rouge . elle se trouve en juin et en septembre sur le fenouil, la carotte et quelques autres plantes de la mème fa- mille. 61214. Les rHAïs se distinguent des papillons proprement dits par leur tête assez petite et dépassée notablement par les palpes et leurs antennes assez courtes ; leurs ailes sont jaunes, tachetées de rouge et de noir, et bordées d’une ligne noirâtre Fig 589. THAIS HYPSIPYLE- en feston. La chenille de ces lépidoptères esi assez courte, mu- nie, comme les précédentes, d’un tubercule charnu » en forme d'Y, sur le premier anneau du tronc. et garni d'épines char- nues, dont l'extrémité est hérissée de petits poils raides. On en trouve dans le midi de l’Europe. 61215. Les PARNASSIENS ont la massue des antennes droite, les palpes dépassant le front, les ailes à contours arrondis non dentés et presque dénudées d’écailles en dessous. L’abdomen de la femelle présente à son extrémité une espèce de poche cornée. La chenille ne diffère que peu des précédentes ; seulement son corps est garni de petits mamelons un peu velus. La chrysalide se forme une espèce de coque avec des feuilles liées par des fils ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 115 de soie. Ces lépidoptères se rencontrent principalement "dans les contrées montagneuses. Une des espèces les plus répandues est le parnassien apotllon. $ 1216. Le groupe des PIÉRIDES ne diffère de celui des papillo- nides que par des caractères peu importans, tels que Pabsence d'aucune concavité ou apparence d’échancrure au bord abdo- minal des ailes inférieures , et la manière dont ces organes re- çoivent l’abdomen dans une sorte de gouttière. Les chenilles sont légèrement poilues et atiénuées aux deux extrémités. On y range les PIÉRIS, dont la massue des antennes est ovoiïde; les COLIADES, Chez lesquelies cette massue est en forme de cône renversé , elc. $ 1217. Dans cet autre groupe de lépidoptères diurnes , chez lesquels la chrysalide est également suspendue par une ceinture soyeuse , les crochets qui terminent les tarses sont très pelits, tandis que dans les tribus précédentes, ces organes offrent un développement considérable. Cette division a été désignée sous le nom d’ERYCINIENS et renferme un grand nombre de papillons de très petite taille, dont les chenilles sont très courtes , pubes- centes et ressemblent un peu à des cloportes. On y range les POLYOMMATES, ainsi nom- més à cause des taches ocu- liformes dont leurs ailes sont ornées. Dans quelques aulres genres du même groupe, les deux pattes antérieures du mâle sont beaucoup plus courtes que les autres , repliées et inu- tiles à la locomotion. Sou- Fig. 590. POLYOMMATE DU BOULEAU. vent la même disposition se remarque chez la femel- le. Nous citerons comme exemple les ÉRYCGINES, qui habitent l'Amérique. $ 1218. La section des DIURNES SUSPENDUS, dans laquelle la chrysalide est simplement suspendue par la queue (fig. 591) se rapproche beaucoup de la précédente. Dans le mâle, sinon dans les deux sexes, les pattes antérieures sont égale- ment petites et repliées contre le thorax. Ce groupe se sub- divise aussi en plusieurs tribus, parmi lesquelles nous cite- 8. Picrides Diurnes sus. peudus. Danaides, Vanesses 116 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. rons les danuides, les vanesses, les nymphales et les satyres. CHRYSALIDE. Fig. 591. Fig. 592. VANESSE: Chez les DANAÏDES (/g. 588), les pieds antérieurs diffèrent peu des autres ; bien qu’elles soient plus petites et repliées contre la poitrine , les antennes se lerminent par un renflement allongé et courbe, Les palpes labiaux sont écartés Pun de l’autre et les ailes sont triangulaires. La chenille est glabre et garnie de quel- ques prolongemens charnus et flexibles ; enfin la chrysalide est cylindroïde et ornée de taches dorées très brillantes. Tous ces lépidoptères sont exoliques. Les VANESSES sont caractérisés principalement par la disposi- tion de leurs palpesiqui sont contigus dans toute leur longueur, par leurs antennes terminées brusquement par un bouton court et ovoide, el par les nom- breuses épines dont le corps de leurs chenilles est hérissé (fig. 593). Beaucoup de ces lépidoptères sont ornés des couleursles plus belles. Nous en possédons plusieurs espè- ces, telles que la vanesse rut- cain , dont les ailes sont de couleur noire en dessus, avec une bande transversale rouge et des taches blanches sur les supérieures, et sont marbréesde diverses couleurs en dessous. Sa chenille est noire avec une suite de lignes jaunes de chaque côté , et vit sur les orties. La vanesse paon de jour (fig. 594) se fait remarquer par la grande tache en forme d'œil, peinte sur un fond rougeâtre, dont le dessus de chacune de ces ailes est orné. Sa chenille, noire, poin- tillée de blanc, vit en société sur les orties et le houblon. La +a- nesse morio, la vanesse belle-dame, la vanesse Rohert-le-Diable et Fiy. 593. CHENILLE DE VANESSE. ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 117 la vanesse petite tortue, sontégalement des espèces trèscommunes. y l'iy. 5Y4. VANESSE PAON DE JOUR. | . Les NYMPHÂLES (fig. 459) différent des vanesses par la forme Nymphales. des antennes, la disposition des palpes et quelques autres ca- ‘ ractères, mais s’en distinguent surtout par leur conformation à l’état de larve, car ils ont alors le corps glabre et la tête gar- nie de cornes charnues ({g. 457). Les SATYRES , de même que les nymphales, ont lPabdomen savres. logé dans une sorte de gouttière, formée par la partie inférieure ' des ailes postérieures, et les antennes. terminées par un petit bouton ou par une massue grêle et allongée. Leurs chenilles sontnucs où presque ra- ses, el extrémité posté- rieure de leur corps est allénuée el terminée par deux pointes. Ces lépido- pières fréquentent en gé- néral les lieux secs el ari- des, el oni le vol bas el saccadé. On en trouve quelques espèces en grande abondance dans les bois des environs de Paris. Fig. 595. SATYRE BALDER. $ 1219. Tous les lépidoptères diurnes dont 1la été question ci-dessus ont les antennes très rapprochées el presque conni- ventes à leur base; ceux qui se renferment dans une coque pour subir leurs métamorphoses, et qui constituent la seelion des ENROULES, ont au contraire les antennes écarlées à leur base. Ces Enroulés. appendices sont souvent terminés par un crochet en hamecon. Hespéries. Lépidopte- res crépuscu- laires. 118 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Les ailes inférieures sont ordinairement horizontales dans le repos, et les six pattes sont ambulatoires dans les deux sexes. Enfin , il est aussi à noter que îes jambes postérieures sont ar- iuées de deux paires d’épines au lieu d’une, comme dans les divisions précédentes. Le genre principal de cette division est celui des HESPÉRIES, dont une espèce , l’hesperie de la mauve , vit, à l’état de larve, sur la plante dont elle porte le nom: elle ales ailes dentées, d’un brun noirâtre en dessus, avec des taches blanches , et d’un gris-verdâtre ;'tacheté de brun en dessous. $ 220. Les deux familles donc il nous reste à parler se com- posent en majeure partie de lépidoptères qui ne volent que le soir ou la nuit, et qui se distinguent des diurnes par la position horizontale ou inclinée de leurs ailes pendant le repos. Quel- ques naturalistes en forment un seul groupe , sous le nom de HÉTÉROCÈRES ; mais la plupart des auteurs séparent les crépus- culaires des nocturnes, d’après la forme de leurs antennes. ’ ? . 61221. Les LEPIDOPTÈRES CRÉPUSCULAIRES o nt les an- tennes en massue allongée, prismatiques ou fusiformes. Une soie raide et écailleuse, semblable à une épine où à un crin nait près de la base externe des ailes inférieures et passe dans Fig. 596. SMÉRINTHE OCELLÉ. ÿ un crochet du dessous des ailes supérieures, de manière à les empêcher de se relever pendant le repos. Leurs chenilles ont loujours seize pattes, et leurs chrysalides, ordinairement ren- fermées dans une coque ou cachées dans la terre, ne présen- lent que rarement les formes anguleuses, qu’on remarque dans la famille précédente. On désigne quelquefois ces lépidoptères sous le nom de papillons bourdons , à cause du bonrdonnement que fait souvent entendre Finseele parfait lorsqu'il vole. On leur a donné aussi le nom collectif de sphinx. ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 119 Cette famille , beaucoup moins nombreuse que la précédente peut être divisée en quatre tribus, savoir: Les HESPÉRISPHINGES , qui tiennent en même temps des HEs- . Hespéris PÉRIES et des SPHINX, et se reconnaissent à leurs antennes, V8 simples, épaissies vers le milieu ou à l'extrémité, quise recourbe en crochet et se rétrécit en pointe, sans être garnie au bout d’une houppe d’écailles, et à leur trompe toujours bien distincte. Les SPHINGIDES (/g. 596), dont les antennes sont toujours ter- Sphingides. minées par un petit flocon d’écailles, et les palpes inférieurs larges ou comprimés transversalement , avec le troisième ar - ticle peu distinct. Les SÉsIADES , dont les antennes, simples et en fuseau allongé, Sésiades. sont souvent terminées comme celles des sphingides , mais dont les palpes inférieurs sont grêles , élroits et composés de trois arlicles bien distincts. Enfin les ZYGÉNIDES, dont les antennes, toujours terminées en Zygénides. une pointe dépourvue de houppe, sont tantôt simples et fusi- formes ou recourbées en cornes de bélier, tantôt pectinées dans les deux sexes, ou, du moins, chez le ReISe el dont les ailes sont disposées en toit. . La tribu des SPHINGIDES comprend les genres SPHINX PROPRE- Tribu des MENT DIT, SMÉRINTHE, etc. Les premiers ont une frompe très ‘Plingides. distincte , et leurs antennes sont en massue prismatiqne , Sim- plement ciliées ou striées en travers, en manière @e râpe, sur un côté. Leur corps est robuste, leurs ailes triangulaires et leur abdomen conique. Ces lépidoptères volent avec une grande rapidité et planent, en bourdonnant, au-dessus des fleurs: ils ne se montrent qu'après le coucher du soleil. Leurs chenilles Fig, 597. SPHINX DE LA VIGNE. ont le corps ras, allongé et en général rayé obliquement ou longitudinalement. La plupart présentent sur Pavant- dernier segment une élévation en forme de corne. Pendant le repos, Sméniuthes Tribu des sSésiades. Tobu des zyyénides. 120 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. plusieurs tiennent la partie antérieure de leur corps élevée, ce qui les a fait comparer au sphinx de la fable. Ces farves se nourrissent de feuilles, et entrent dans la terre pour se méta- morphoser: elles ne filent pas de coque proprement dite, mais se font une enveloppe, en liant avec quelques fils de soie des parcelles de terre ou des débris de végétaux. Parmi les espèces indigènes appartenant à ce genre, nous citerons le sphinx atropos.Ou téle de mort, remarquable par les taches qui simu- lent, sur le thorax, une tête de mort, et par sa grande taille ; le sphinx du tithymale, dont le corps est verdâtre en dessus, rous- sâtre en dessous, les ailes supérieures gris-roussâtre en dessus avec trois taches arrondies , et les ailes inférieures rosées, avec deux bandes noires et une tache blanche; enfin le sphinx de La vigne, dont les ailes supérieures sont peintes de vert olive et de rouge , et les inférieures rouges, avec une bande noire et une bordure blanche. Les SMÉRINTHES {/#g. 596; différent des sphinx proprement dits par leurs antennes dentées en manière de scie : ils sont lourds et leurs ailes inférieures dépassent les supérieures. Une espèce est commune sur Porme et le tilleul. La TRIBU DES SÉSIADES ne présente rien de remarquable : il est seulement à noter que plusieurs de ces lépidoptères ont labdomen terminé par une sorte de brosse, et que les chenilles rongent l’inté- rieur des tiges ou des racines où elles se construisent une coque formée de débris de bois. On y range les SÉSIES, dont quelques espèces ont les ailes presque nues et res- semblent beaucoup à certains hyménoptères ét diptères. La TRIBU DES ZYGÉNIDES se compose de lépidoptères, dont Les l mœurs diffèrent beaucoup de celles de la plupart des insectes de la même familles car, en général. 1ls volent au milieu du jour el ne crai- gnent pas l’ardeur du so- leil. Leurs chenilles vivent à nu sur divers végétaux appartenant pour la plu- part à la famille des légu- Fig.598. SÉSIE. Fig. 599. ZYGÈNE SYNTOMIDE. ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 121 mineuses, et elles se forment une coque de soie , fixée aux tiges des plantes, On peut prendre pour type de ce groupe une espèce assez commune dans nos environs, la zygène de la fili- pendule, dont le corps est d’un vert noirâtre, les ailes supérieu- res marquées de six taches rouges et les inférieures rouges avec le bord postérieur noirâtre. On range à côté des zygènes le genre PROCRIS, dont une espèce nuit beaucoup aux vignes dans le nord de lItalie. $ 1222. La FAMILLE DES LEPIDOPTÈRES NOCTURNES se distingue de la précédente par les antennes sétacées-'ou dimi-- nuant de grosseur de la base à la pointe. Plusieurs de ces in- secles n’ont pas de trompe distincte, et quelques femelles sont privées d'ailes ou n’en ont que de très petites. En général ces organes sont horizontaux ou inclinés , et présentent un crin corné ou un faisceau de soies qui part du bord externe des ailes de la seconde paire et passe dans un anneau ou une coulisse de celles de la première paire ; quelquefois éependant les ailes sont roulées autour du corps, et ilen est qui sont fendues longi- tudinalement, de manière à pa- raitre composées de plumes réu- nies en éventail. La plupart de ces lépidoptères ont des couleurs iernes et ne volent que la nuit, presque toujours leürs chenilles se filent une coque. Cette fâmille esttrès nombreuse el offre pour la classification de grandes difficultés. Latreille, Pen- tomologiste qui a le plus contri- bué au perfectionnement des mé- thodes naturelles, la divise en dix tribus : les Acpiutites, les bombycites , les faux bombhyx, les aposures , les nortueliles, les tordeuses, les arpenteuses, les delloides, les lineiles et les fissi- pennes. Fig. 600. BOMBYX FEUILLE DE CHÈNE. 61223. Les HÉPIALITES ont la trompe très courte el peu dis- iincte, les antennes ordinairement courtes, les ailes en loit el en général allongées : Pabdomen prolongé chez la femelle en une sorle de queue. Leurs chenilles se tiennent cachées dans l’intérieur des plantes dont elles se nourrissent, et leur coque Famille des lépidoptères nocturnes. Hépialites 122 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. est en grande partie composée de débris de ces végétaux. Les 5enrés HÉPIALE el COSSUS appartiennent à ce groupe. l Lrbe des (1224. La TRIBU DES BOMBYCITES se reconnail à leur lrompe mbycites. à . L ° : : =. iné Omer courle où rudimentaire, à leurs antennes entièrement pectinées , PA / À 2 S I i chez le mâle et à leurs ailes étendues et horizontales ou dispo- sées en Loil, mais dont les inférieures débordent latéralement Fig. 601. BOMBIX PETIT PAON DE NUIT. celles de la première paire. Ces lépidoptères diffèrent aussi des -précédens en ce que leurs chenilles vivent à nu sur les végétaux, dontelles rougent les parties tendres, et se font pour la plupart une coque de soie. Les espèces dont les ailes sont étendues et horizontales forment le genre SATURNIE. Une espèce, connue < sous le nom de grand paon de nuit, est assez Commune dans nos campagnes et se fait remarquer par sa grande taille; elle à jusqu’à cinq pouces d'envergure , et ne diffère que peu du petit paon de nuit (fig. 601). Bombyxpro- Parmi les bombycites dont les ailes supérieures sont incli- prementdits. nées, ce sont les BOMBYX PROPREMENT DITS qui offrent Îe plus d'intérêt; car c’est à ce genre qu'apparlient le ver à soie, dont les produits alimentent tant de riches industries. Le er à soie est en effet la chenille du Lombyxr du mürier , lé- pidoptère de moyenne taille, dont les ailes sont blanchâtres , avec deux ou trois raies obscures en travers el une tache en-croissant sur celle de la première paire. Cet insecte esl originaire des provinces seplentrionales de la Chine et ne fut intro- duit en Europe que dans le sixième siècle. Des mis- Fig. 602. BOMBYX DU MURIER. sionnaires grecs en appor- térent des œufs à Constan- tinople, sous le règne de Justinien, et, à l'époque des premières ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 123 croisades , sa culture se répandit en Sicile et en Italie ; mais ce ne fut guère que du temps de Henri IV que cette branche d’in- dustrie agricole acquit quelque importance dans nos provinces méridionales , dont elle forme aujourd’hui l'une des principales richesses. Les œufs du bombyx du mèrier sont désignés par les agricul- teurs sous le nom de graine de ver à soie. Quand ils ont été des- séchés, ils ont une teinte grise cendrée , et, pour être de bonne qualité , doivent pétiller sous Pongle qui les écrase, et laisser échapper une liqueur visqueuse et transparente. On peut les conserver ainsi pendant assez long-lemps sans les détériorer, pourvu qu’on les préserve de l'humidité et qu'on n'en réunisse pas une trop grande quantité dans un même paquel; car alors il arrive souvent qu'ils s’altèrent au point d’être improductifs. Pour que le travail de Pincubation commence et que les larves éclosent , il faut que les œufs éprouvent pendant quelque temps une tempéralure d'au moins 15 à 16° centigrades, et, afin de hâter la naissance des vers, on les place d'ordinaire dans une étuve, où l’on élève successivement la température de 15 à 27 ou 28° centigrades , et où l’air est maintenu à un degré conve- nable d'humidité. Après avoir éprouvé huil ou dix jours de chaleur croissante , les œufs deviennent blanchâtres , et bientôt après , les larves commencent à en sortir. Ces petits animaux , au moment de la naissance, n’ont qu'environ trois millimè- tres de long. Leur corps est ras et ordinairement de couleur grisàtre. : Dans le midi de la France, on appelle les vers à soie des magnans, el de là le nom de magnanerie qu'on donne aux élablissemens dans lesquels on les élève. Le premier soin qu’ils réclament après leur naissance est de les séparer de leurs coques et de les placer sur des claies où ils trouvent une nour- riture appropriée à leurs besoins. Pour cela on a l'habitude de recouvrir les œufs d’une feuille de papier criblée de trous, à tra- vers lesquels les vers montent pour arriver jusqu'aux feuilles de mürier, placées au-dessus, et &’est lorsqu'ils sont sur les rameaux garnis de cesfeuilles qu’on les transporte sur les claies préparées pour leur servir de demeure. La nourriture du ver à soie, comme chacun le sait, consiste en feuilles de mürier, et c’est par con- séquent de la culture de cette plante que dépend la possibilité d'élever ces insectes. Le mürier blanc est Pespèce la plus géné- ralement employée à cet usage; c’est un arbre qui s'élève à douze où quinze mèlres, el qui donne quatre ou cinq quin- aux de feuilles, quelquefois même dix ou douze. Il saccom- mode assez bien de tous les terrains, et on le cultive avec succès jusque dans le nord de l'Europe; mais il n'y croit nulie part 124 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sauvage. En effet, ce mürier ést originaire de la Chine. Deux moines grecs l’introduisirent en Europe vers le milieu du sixième Fig. 603. VER A SOÏE. siéele en mème temps que les vers à soie. Sa culture se réparidit bientôt dans le Péloponèse, elfit donner à cette partie de la Grèce son nom moderne de Morée. De là les müriers et les vers à soie passèrent en Sicile par les soins du roi Roger, et prirent dans la Calabre une extension rapide. Quelques gentilshommes, qui avaient accompagné Charles VIT en Halie, pendant la guerre de 1494, ayant connu tous les avantages que ce pays relirait de cette branche d'agriculture, voulurent en doter leur patrie et firent apporter de Naples des müûriers, quon planta dans la Provence et dans le Dauphiné. Il y a une trentaine d'années, on voyait encore à Allan, près de Montéliimart, le premier de ces arbres planté en France : il y fut apporté par Guy Pope de Saint- Auban, seigneur d’Allan. Aujourd'hui les muüriers couvrent une grande partie du midi de la France el se cullivent même dans le nord. On les fait lever de graine, et lorsque la jeune plante à un ou deux ans, on la greffe avec une variété dont les bonnes qualités ont été constatées par l'expérience. L'automne suivant ou une année plus tard, on la transplante pour la placer à de- meure, et ce n’esl que trois ou quatre ans après celle dernière opération qu'on peut l’effeuiller sans inconvénient. Depuis quel- ques années, on cultive une autre espèce de muüriers, qui con- vient également bien aux vers à soie et qui ne fait pas attendre si long-temps ses produits. Les vers à soie vivent à Pétal de larve environ trente-quatre jours, et, pendant ce temps, changent quatre fois de peau; le iemps compris entre ces mues suceessives constitue ce que les ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 195 agriculteurs appellent Les divers âges de ces petits animaux, A l'approche de chaque mue, ils s’engourdissent et cessent de man- ger ; mais, après avoir changé de peau , leur faim redouble. On appelle petite freze le moment de grand appétit qui précède les quatre mues, el grande freze celui qui se remarque durant le cin- quième âge du ver. La quantité denourriture qu’ils consomment augmente rapidement. Oncompie que, pour leslarves provenant de 30 grammes de graine, il faut ordinairement environ 3 à 4 kilogrammes de feuilles pendant le premier âge, dont la durée est de cinq jours; 10 à 11 kilogrammes pendant le second âge, qui dure seulement quatre Jours ; 85 kilogrammes pendant le troisième âge, qui dure sept jours ; 105 kilogrammes pendant le quatrième âge, dont la durée est égale à celle du troisième âge, et 6 à 700 kilogrammes pendant le cinquième âge. C’est le sixième jour du dernier âge qu'a lieu la grande frèze. Les vers dévorent alors 100 à 150 kilogrammes de feuilles, et font, en mangeant, un bruit qui ressemble à celui d’une forte averse. Le dixième jour, ils cessent de manger et s'apprêtent à subir leur première métamorphose. On les voit alors chercher à grimper sur les branches des petits fagots qu’on a soin de pla- cer au-dessus des claies où jusqu'alors ils sont restés. Leur corps devient mou, et il sort de leur bouche un fil de soie, qu’ils trai- nent après eux. Bientôt ils se fixent, jettent autour d’eux une multitude de fils d’une finesse extrême, qu’on appelle banc ou banne , el suspendus au milieu de ce lacis, filent leur cocon, qu'ils construisent en tournant continuellèment sureux-mêmes en divers sens et en enroulant ainsi autour de leur corps le fil qu'ils font sortir de la filière dont leur lèvre est percée. Les di- vers tours de ce fil unique s’agglutinent entre eux et il en ré- sulte une enveloppe dont le tissu est ferme et dont la forme est ovoïide. La couleur de cette soie varie; tantôt elle est jaune, iantôt d'un blanc éclatant, suivant la variété du ver qui la pro- duite. Le poids des cocons diffère aussi beaucoup. Les vers nés de 30 grammes de graine peuvent en donner jusqu’à 65 kilo- ‘grammes ; mais une telle récelte est rare, et souvent on n’en retire que 35 à 40 kilogrammes de cocons. En général trois jours et demi à quatre jourssuffisentaux larves pour achever leur cocon. Le temps pendant lequel ces insectes y restent à l’état de chrysalide varie suivant la température. Si la chaleur est de 15° à 18°, ils en sortent à l’état parfait du dix- huitième au vingtième jour. Pour percer leur cocon, ils en hu- mectent une extrémité avec une liqueur particulière, qu’ils dé- gorgent, et ensuite ils heurtent avec violence leur tête contre le point ainsi ramolli. Presque aussilôt après leur naissance, les papillons se recherchent entre eux ; ensuite les femelles pon- 126 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. dent leurs œufs, dont le nombre s'élève à plus de cinq cents pour chacun de ces insectes ; enfin, après avoir vécu à Pétat parfait pendant dix à vingt jours, ils meurent. Dans lé magnaner ies on compte qu'il faut d'ordinaire 500 gram- mes de cocons pour obtenir des papillons qui en naïtront 30 grammes d'œufs, et on règle en conséquence le nombre de chry- ME donlesnté stamorphoses doivents’achever:mais, pour pou- voirlirer parti de la soie, on est obligé de tuer les autres, afin de les empêcher de percer leur enveloppe; car, en faisant leur trou, ils rompent le fil dont le cocon se compose , et il devient alors impossible de le dévider. Pour cela, après avoir détaché les co- cons des branchages auxquels ils étareunt fixés, on les place dans un four médiocrement chauffé, ou, ce qui vaut bien mieux, dans un appareil nommé eloufjoir, où ils sont rentermés dans des caisses de cuivre chauffées au moyen de la vapeur à une température de 50° à 75°. Quelquelois on se borne à les exposer pendant deux ou trois jours à l’ardeur du soleil. Chaque cocon est formé , comme nous l'avons déjà dit, par un seul fil d'une longueur immense et d’une finesse extrême, qu’il faut ensuite dévider. Pour faciliter cette opération, on est obligé de faire tremper les cocons dans de Peau chaude, afin de dissoudre la matière gluante qui colle entre eux les divers tours de ce fil ; puis on réunit plusieurs de ceux-ci en un seul faisceau, qui, à l’aide de machines appropriées, est enroulé autour d’une bo- bine, et constitue un seul brin de soie filée. La soie la plus fine, connue sous le nom d’ôrgansin, se compose detrois à quatre de ces fils, ainsi réunis, et, dans la grosse soie, appelée trame , on fait entrer depuis huit jusqu’à vingt dé ces fils dans le même brin. Toute la coque ne peut se dévider de la sorte. D’ordinaire on ne relire que 500 grammes de trame, de 5 à 6 kilogrammes de cocons , el il faut jusqu'à 6 kilgrammes et demi de ceux-ci, pour donner 500 grammes d'organsin. Il reste ensuite des pellicules et de la bourre, que l’on carde avant de la filer, et qui donne ainsi diverses matières, connues dans Pindustrie, sous les noms de f{/oselle, de coconille, etc. Une autre espèce de lépidoptères de ce genre, le bhombyx pro- cessionnaire, mérite aussi d’être citée, non à raison de son uti- lité, mais à cause des mœurs de sa larve. Ces chenilles vivent sur le chêne en sociétés nombreuses et se filent en commun une toile qui les abrite. Le soir on les voit sortir de leur demeure, en formant une phalange régulière. Un seul individu, dont les autres suivent tous les mouvemens, ouvre la marche; deux autres viennent ensuite, puis trois, puis quatre, et ainsi de suite, chaque rangée étant formée d’une chenille de plus que la ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 197 rangée précédente : c’est de là que leur vient le nom de rhe- nilles processionnaires. Au moment de se transformer en chry- salides , elles se filent chacune une coque les unes à côté des autres.” 6 1125. La TRIBN DES FAUX BOMBYX esl caractérisée par l’exi- stence d’un frein qui fixe les ailes supérieures aux ailes infé- rieures pendant le repos, disposition qui se remarque aussi dans les groupes qui vont suivre , par l'existence de seize ns chez la chenille comme dans les tribus précédentes, par la brièveté de la trompe , par la forme pectinée des antennes du mâle, et par quelques autres particularités. Le genre LIPARIS, qui appartient à ce groupe, nous offre deux espèces remarquables : Pune est Ja Ziparis disparate dont la chenille fait souvent beaucoup de tort à nos arbres fruitiers, et dont la femelle diffère tant du mâle, que, au premier abord, il est difficile de les croire d’une même espèce. Ce dernier est brun, avec des raies noirâtres , tandis que la femelle est blan- che. La seconde espèce qui mérite d’être mentionnée ici habite l'ile de Madagascar. Sa chenille vit en grandes réunions, dont le nid commun à quelquefois un mètre de hauteur et renferme jusqu’à cinq cents cocons , dont la soie peut être employée à la fabrication des tissus. Les ÉCAILLES el les CALLIMORPHES, dont plusieurs espèces sont très communes dans nos environs, prennent aussi place dans cette tribu. Leurs chenilles ont les pattes extrêmement courtes, et leur corps est ovalaire comme celui d’un cloporte. 6 1126. Les nocturnes de la TRIBU DES APOSURES présentent un caractère unique parmi ces lépidoptères; leurs chenilles man- quent de pattes anales. On les divise en DICRANOURES el PLA- TYPTÉRIX. $ 1127. Dans la TRIBU DES NOCTUÉLITES, la trompe est comme enroulée en spirale et en général longue; les antennes sont ordi- nairementsimples ;les ailes sont conformées comme chez les précé- dens; enfin la chenille a tantôt seize, lantôt seulement douze ou quatorze paites , el se renferme le plus sou- vent dans une coque, Fig. 604. NOCTUELLE. pour achever ses mé- tamorphoses. Ces lé- Tribu des faux bombyx. Liparis. Callimorphes, Tribu des aposures. Tribu des noctuélites, 128 - ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pidoptères ont le vol rapide, et quelques espèces paraissent pendant le jour. Le genre le plus important qu'ils formentest ce- lui des NocTueLzes , dont quelques espèces sont remarquables par les taches dorées ou argentées de leurs ailes supérieures. Torteuses. @ 1128. Les TORDEUSES, qui forment la sixième tribu de la grande famille des lépidoptères nocturnes, ont une physiono- . mie particulière, due à la forme de leurs ailes supérieures, dont Fig. 605. NID DU TORTRIX. le bord supérieur est arqué à sa base. On les nomme quel- quelois phalènes à lurges épaar- les. Elles sont de petite taille et agréablement coloriées. Leurs chenilles se logent en général dans des feuilles qu’el- les tordent et roulent en di- vers sens, et qu’elles réu- nissent avec de la soie, de manière à s’en former un tuyau, dont elles mangent en- suite les parois. Dans nos jardins nous rencontrons, à chaque instant, sur les lilas, les groseilliers, etc., des nids de celle es- T Pyrales Fig. 606. PYRALE DE VIGNE (1). pèce, et c’est aussi de la sorte qu’est formé celui quise trouve sur lechène (fig. 605)etqui appartient à la chenille d’un petit papillon nocturne, letor- trix veridissima. Les PYRALES prennent place dans cette division et méritent de fixer no- ire allention à cause des ravages qu’elles occa- sionnent dans les vigno- bles du Mâconnais et de quelques autres par- Lies de la France ; et s’y montrent quelquefois en nombré immense, et à Pétat de chenilles ne se bornent pas à dévorer les (r) Feuille de vigne attaquée par la pyrale: — 4 le mâle;—#% a la femelle; Le) — 4 b la chenille; — 4 c les œufs; —4d,4%c les chrysalides. ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 129 feuilles de la vigne, mais. détruisent aussi les grappes en les entourant des mêmes fils dont elles construisent leur cocon. $ 1129. La TRIBU DES ARPENTEUSES OU GÉOMÈTRES est re- marquable par la manière âont leurs-chenilles marchent, Lors- qu’elles veulent avancer, elles se fixent par les pattes antérieu- res, puis relèvent leur corps en anneau, de facon à en rappro- cher lès deux extrémités, se cramponnant au moyen des palles postérieures, et se redressant ensuite, portent en avant leur tête et vont prendre avec leurs pattes de devant un nouveau point d'appui pour recommencer le mème manège. Dans limmobilité, leur attitude est également singulière, Fixées à une branche par les pattes de derrière seulement, elles restent pendant plusieurs heures et même des jours entiers le corps suspendu en l'air, par- failement droit et tout-à-fait immobile. Ce sont les PHALÈNES qui offrent ces particularités. Leur corps est ordinairement grêle, leur irompe courte et leurs ailes grandes. Ô 1150, Les lépidoptères dont se compose la TRIBU DES DELTOÏ- DES ressemblent beaucoup aux précédens; mais leurs chenilles, au lien davoir seulement dix ou douze pat- tes, en ont quatorze. Leur nom leur vient de la forme deleursailes,qui,dansle re- pos, s'étend. nt horizonta- lement en une sorte de del- ta. Ils composent le genre HERMINIE el quelquesaulres divisions peu importantes, Fig. 607. HERMINIE. 6 1131. Pans la TRIBU DES RINÉITES, les chenilles sont toujours pourvues de seize pattes au moins, et, au lieu de vivre sur les parties extérieures des végétaux, comme dans les groupes précédens , elles se tiennent ca- & chées dans des habitations en forme de fourreaux, qu’elles se construisent el qu elles trainent avec elles, ou bien qu’elles fixent d’une manière immobile. C’est avec les substances dont elles se s nourrissent qu’elles font cette Fig 608.TEIGNE DES TAPISSERIES, gaine dont la forme varie beau- coup. On a donné le nom de /aus- 9 Tribu des arpenteuses. Tribu-de del'oïdes. Tribu des tincites. 130 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ses teignes à celles dont la gaine est fixe , et on a appelé feignes cel. les qui transportent leur fourreau avec elles. Ces dernières , con- nues aussi sous le nom vulgaire de vers, attaquent principalement les étoffes de laine, le crin et les fourrures, qu’elles coupent avec leurs mâchoires, pour s’en faire des fourreaux ; elles occasion- nent de grands dégâts dans les collections zoologiques , dont la conservation est négligée. Les fausses teignes se bornent ordi- nairement à miner Linténiens des SbANCES végétales et ani- males, dont elles se nourrissent, el à y construire de simples galeries. Celles qui vivent ainsi dans le tissu des feuilles sont appelées des chenilles mineuses. À l’état parfait, les tinéites sont de très petite taille. Leur forme varie. Chez les unes, les ailes forment une sorte de triangle allongé et plus ou moins aplati, etilexisle quatre palpes distincts : tels sont les botys, les aglosses, les galleries , etc. Chez d’autres, les ailes supérieures sont lon- gues, étrortes et appliquées perpendiculairement sur les côtés du corps, ou bien couchées et roulées sur l'abdomen, autour du- quel elles semblent se mouler, ainsi que cela se voit dans les teignes proprement dites, les œcophores, les adèles, etc. Botys. Les BOTYS ont une trompe très apparente et vivent à l’état de chenille sur les feuilles, qu’elles roulent de diverses manières. Aglosses, Les AGLOSSES n’ont, comme les galleries, qu’une trompe rndi- mentaire, mais se reconnaissent “a leurs ‘ailes aplaties. On en trouve assez souvent dans les maisons, appliquées contre le mur. Une espèce, l’aglosse de La graisse, lorsqu'elle est à l’état de larve, se nourrit principalement de matières grasses , mais ronge aussi le cuir, les couvertures delivres, etc., el se consirun sur les.corps dont elle vit un long tuyau, dont la surface est recouverte de petites granulations. La larve d’uneautre espèce mange la farine. Galleries. Les GALLERIES diffèrent des précédentes par leurs ailes rele- vées postérieurement en forme de crête. La quilerie de La cire est cendrée avec quelques taches brunes. Sa chenille fait de grands dégâts dans les ruches, dont elle perce les rayons. Tagnespro- LES TEIGNES PROPREMENT DITES Ont une forme étroite el allon- prementdites. gée ; leurs ailes sont inclinées, enveloppantes, el ne dépassent guère l'abdomen; leur tête est huppée, et leur trompe est très courte. Une des espèces les plus communes est la feëgnedes draps, pelit lépidoptère d’un gris argenté, ayant un point blanc de chaque côté du thorax. Sa chenille se creuse des galeries dans l'épaisseur des étoffes de laine, qu'elle ronge rapidement , et se construit avec les brins, ainsi détachés, un tuyau qu’elle allonge par le bout ; elle y reste très long-temps, et, lorsque son corps est devenu trop gros pour être à l’aise dans cette demeure ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. 131 étroite, elle fend son fourreau et Pélargit en y ajustant une pièce. Ses excrémens ont la couleur de la laine qu’elle a man- gée. La teigne des pelleteries se distingue de la précédente par la présence d’un ou deux points noirs sur les ailes. Sa chenille vit : dans un tuyau feutré sur les pelleteries, dont elle coupe les poils à la racine. La teigne à front juune ravage de la même manière les collections dhistoire naturelle, et il est une autre espèce, appelée teigne des grains, qui ronge le blé, et occasionne ainsi de grands dégâts. Les OECOPHORES ne diffèrent que peu des précédentes, et ne méritent de fixer notre at- tention qu’à cause des pertes qu’elles font souvent subir à nos départemens méridio- naux, en attaquant le blé. L'espèce qui fait tout ce dé- gàt est couleur café au lait, et porte généralement le nom de teigne des bles. Enfin les ADÈLES habitent Fig. 609. OECOPHORE. les bois et ont en général les ailes peintes de couleurs brillantes. s 61132. La dixième et dernière tribu des lépidoptères noc- turnes , celle des FISSIPENNES » Se rapproche des tinéites par la forme étroite et allongée des ailes dans l’état de repos, mais se distinguent de tous les autres lépidoptères par la structure sin- gulière de ces organes. Les quatre ailes, ou au moins deux d’entre elles, sont fendues dans toute leur longueur en bran- Fig. 610. PTÉROPHORE. Fig. 611. ORNÉODE. ches, qui sont barbues sur les bords, et ressemblent à des plu- > | 9. OEcophores. 132 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mes disposées en éventail. On avait d'abord réuni ces insectes anomaux en un seul genre, sous le nom de PTÉROPHORES , Mais aujourd’hui on les divise en deux groupes d’après quelques dif- férences dans la structure de la bouche, et l’on donne à l’une d'elles le nom d’ORNÉODE (fig. 611). ORDRE DES HÉMIPTÈRES. Caractères. (1133. L'ordre des héiniptères se compose des insectes suceurs qui, par la texture de leurs ailes et la structure deleursqueletteté- Fig. 612. PENTATOME. SE gumentaire, se rappro- chent le plus des coléo- ptères. On les reconnait facilement à l’espèce de bec tubulaire eylindri- que et articulé, dont leur bouche est armée, et la plupartd’entre eux : se fontaussi remarquer par leurs élylres à moi- Fig. 613. (1) lié durs et à moitié membraneux. Le bec de ces insectes se compose d’une gaine presque cylin- drique, formée de trois à quatre articles, placés bout à hout et Fig, 614. { renfermant quatre filets très grêles , raides, dentelés à leur sommet et propres à percer la peau des animaux ou les tis- sus des plantes. Cette gaine représente la lèvre inférieure, et l’on voit à sa base une pièce conique et allongée, qui est l’'analogue du labre. Les filets ou suçoirs de la paire anté- rieure peuvent être considérés comme étant les mandibules, et ceux de la seconde paire comme étant les mâchoires ex- cessivement allongées dans les hémiptères qui vivent aux dé- (1) Un bémiptère vu en dessous pour montrer le bec. Les pattes et les antennes ont été coupées près de leur base. (2) Anatomie de la bouche d’un hémiptère :— a la gaîne formée par la ièvre ORDRE DES HÉMIPTÈRES. 133 pens des animaux; le bec est en général très robuste et replié en demi-cercle, sous la tête. Chez ceux qui se nourrissent du suc des végétaux, !! est au contraire presque toujours grêle et appliqué dans le repos contre la face inférieure du thorax , entre les pattes. Sa longueur est quelquefois si considérable, qu’il dé- passe en arrière l’extrémité postérieure de labdomen. Les ailes de ces insectes sont au nombre de quatre. Tantôt ces organes sont tous membraneux et semblables entre eux; d’an- tres fois ceux de la première paire sont seulement un peu plus consistans ; mais en général ils diffèrent tout-à-fait des ailes in- férieures et ne sont membraneux que vers le bout, tandis que, vers la base, ils sont épais , et coriaces où crustacés comme les élytres des coléoptères. Plusieurs hémiptères sont pourvus d’yeux lisses, et, chez quelques-uns, on à découvert sur le dessus de la tête deux-petits organes, qui paraissent constituer un äp- pareil de l’ouiê. Les métamorphoses sont incomplètes. En grandissant, le jeune insecte ne change ni de forme ni d’habitudes ; seulement il acquiert des ailes, dont il était d’abord privé. On divise cet ordre en deux sections, savoir : 1° les HÉTÉRO- FTÈRES , dont les étuis sont coriaces ou crustacés vers la base, membraneux à ieur extrémité, et dont le bec naït du front ; 2° les HOMOPTÈRES , dont les ailes antérieures ou éluis ont par- iout la même consistance, et dont le bec naît de la partie in- férieure et postérieure de la tête. $ 1134. Dans la SECTION DES HÉTEROPTÈRES , le corselet est grand et souvent triangulaire; les N 4 ailes et les élytres sont horizontaux ou à peine inclinés; enfin le bec est en général gros et court. Ce groupe se subdivise en deux famil- les , dont l’une est terrestre, Pautre aquatique. On les désigne sous les _noins de GÉOCORISES el d’HYDRO- CURISES. K . Les GÉOCORISES ou PUNAISES TERRESTRES Ont les antennes à dé- Fig. 615. PENTATOME. COUVerl, insérés entre les yeux et plus iongue que la tête. On les inférieure; — les soies formées par les mandibules-et les mâchoires, réunies en un faisceau et ayant à leur base le labre ; — e ces mêmes soies séparées entre elles Sectiou des hétéroptères. Punasisesters restres. Pentatomes. Seutellères. 134 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. subdivise en un grand nombre de genres, qui, pour la plu- part, offrent peu d'intérêt. Nous nous bornerons à citer les pentatomes, les punaises proprement dites , les scutellères, les reduves et les kydromètres. 6 1135. Les PENTATOMES et quelques autres géocorises ont la gaine du sucçoir en forme d’alène et composé de quatre articles distincts, et le tarse divisé en trois articles bien visibles. Le corps de ces insectes est court et large. Leur abdomen n’est pas recouvert en entier par l’écusson , et’ leurs antennes sont filiformes. Ils répandent une odeur très désagréable et se tiennent sur les plantes ou à terre. Les uns vivent de la sève des végétaux , les autres sucent divers insectes. On les désigne souvent sous le nom vulgaire de punaises de bois. Plusieurs espèces sont très connues dans nosenvirons. Les PUNAISES PROPREMENT DITES n'ont que trois articles distincts au suçoir. Leur corps est mou et très aplati; leurs antennes se ter- minent brusquement en forme de soie, etelles sont dépourvues d'ailes. La punaise des lits, qui pullule si ra- pidement dans les maisons vieilles et sales, et qui se nourrit principa- Fig. 616. PUNAISE. lement de sang humain, appartient à ce genre. Les SCUTELLÈRES sont remarquables par le grand développe- Fig. 617. SCUTELLÈRE. ment de lécusson qui recouvre tout lab- domen en manière de bouclier. Les RÉDUVES ont le corps allongé, la tête portée sur une espèce de cou, le bec court et arqué, et les élytres au moins aussi longs que l'abdomen. Elles pi- quent très fortement et se nourrissent principalement des humeurs d’autres in- sectes. Une espèce vit dans l’intérieur des maisons el fait aux mouches une guerre aclive. Enfin on range aussi dans la famille des géocorises quelques autres insectes, dont les quatre pieds postérieurs très grêles ORDRE DES HÉMIPTÈRES. 135 el fort longs, s’insèrent sur les côtés de la poitrine et ser- vent à lPanimal pour ramer ou pour marcher sur Peau : ce sont les nx- DROMÈTRES. 61136. Dans la FAMILLE DESHYDR O- CORISES ou PUNAISES D'EAU , les anten- nes,plus courtes que la tête ou à peinede > sa longueur , sont insérées et cachées sous les yeux; les pieds antérieurs se 4 replient sur eux-mêmes et servent de pince; enfin les yeux sont en général Fig. 618. HYDROMÈTRE. d’une grosseur remarquable. Tous ces } hémiptères sont aqualiques et carnas- siers : 1ls piquent fortement et se nourrissent d’autres insectes s qu’ils saisissent avec leurs pinces. Fig. 619. NÈPE, Fig. 620. RANATRE. Les NÈPEs forment la tribu principale de cette division : elles ont les deux pieds antérieurs en for- me-_de serre ou de tenaille.Leurcorps estovalaire et très déprimé ou li- néaire. On les sub divise eu NÈPES PROPREMENT DI- TES, NAUCORES, RA- (l Û E:: Fig. 621. NOTONECTE. NATRES, elc. D'autres hydrocorises, dont on a formé la tribu des NOTO- Familie des hydrocorises. Neoes. 136 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. NECTES (/ig. 621), ont les deux pieds antérieurs simplement courbés en dessous et ceux de la paire postérieure ciliés et en forme de rames. Ces insectes nagent avec une grande vitesse: et se liennent ordinairement renversés sur le dos. Section des 61137. La SECTION DES HOMOPTERES , dont nous avons déjà homoptères. indiqué les caraelères , se compose entiérement” d'insectes qui vivent du suc des végélaux. Leurs ailes antérieures sont tanlôl Coria- ces, tantôt mem braneuses et sem- blables aux ailes inférieures ; enfin les femelles ont en général une tariè- re , à l’aide de la- quelle elles font des entailles dans les végétaux, pour y loger leurs œufs. On les subdivise en trois familles : les cicadaires, les aphidiens et les gallinsertes. Fig. 622. CIGALE DE L'ORME. Crcadaires. d 1138.Les CICADAITRES se distinguent par leurs tarses composés detrois articles, et leurs antennes ordibairement très peliles el co— : niques ou en forme d’alène. Leur IR canal alimentaire présente une W disposilion très singulière. Les CIGALES, qui forment Île - type de cette famille, sont pour- vues de trois yeux lisses, el ont six articles aux antennes : leurs élytres sont presque toujours lransparens et veinés, el les mäles portent, de chaque côté de la base de l'abdomen , un or- gane particulier, à Paide duquel ils produisent une espèce de chant monotone et bruyant. Ces insectes ne sautent pas comme la plupart des autres cicadaires, et se tiennent sur les arbres et tes arbustes. Les femelles ont une Pig. 623. CIGALE PERLÉE. larière Composée d’une gaine et de lrois lames écailleuses , dont QE ORDRE DES HÉMIPTÈRES. 137 deux terminées en manière de lime , avec lesquelles elles per- cent jusqu’à la moelle les petites branches de bois mort, afin d’y déposer leurs œufs. Les jeunes larves quittent bientôt celte re- traite, pour s’enfoncer dans la terre, où elles se métamorpho- sent en nymphes. C’est un insecte de ce genre qui, en piquant l’orme , fait dé- couler de cet arbre le sue mielleux et purg atif appelé manne. On le trouve en Italie , dans le midi de la France , etc. Les autres cicadaires n’ont que deux petits yeux lisses et trois articles bien distincts aux antennes; leurs étuis sont souveni coriaces et opaques , et leurs pieds sont en général eonformés pour le saut. Ils n’ont jamais d’organe sonore. On donne le nom de FULGORES à ceux dont le front est avancé de mamière à re- présenter une sorie de museau. Il parait que la fulgore porte- Fig. 624. FULGORE PORTE-LANTERNE. . lanterne, \rès grande espèce d'Amérique , répand pendant la nuit une forte lumière. Les genres centrote, lédre, cercope, cicu- delle proprement dite ei plusieurs autres pelits groupes appar- tiennent aussi à cette division. $1139. La FAMILLE DES APHIDIENS ou DES PUCERONS se dis- lingue de la précédente par les tarses, composés de deux articles seulement, et par les antennes filiformes ou sétacées, plus lon- gues que la tête et composées de six à onze articles. Ces insectes sont de petite taille; leur corps est mou et leurs élytres diffèrent à peine des ailes inférieures. Ils vivent en général réunis en troupes nombreuses et pullulenut prodigieusement. Fülgores. Famille aphidiens, des 138 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Psylles. Les uns , appelés psyLLES, ont dix à onze articles aux an- tennes, qui se terminent par deux soies. Les femelles ont des ailes aussi bien que les mâles ; enfin ils sautent et vivent sur les ar- bres et les plantes, dont ils tirent leur nour- riture. Quelques espèces, en piquant les feuilles, y déterminent la formation d’ex- croissances analogues aux galles. Les autres aphidiens n’ont que six à huit articles aux antennes et point de soies à Fag.625. psy1xe pu l'extrémité de ces appendices. Ceux dont JONC. les ailes sont linéaires, frangées et couchées horizontalement sur le corps, forment le genre des rurips , insectes remarquables par leur'agilité; ceux dont les ailes et les étuis sont ovalaires ou triangulaires, non frangées et inclinées , constituent le genre des PUCERONS, qui se subdivisent en pucerons proprement dits el en aleyrodes. à Puccronus Les PUCERONS PROPREMENT DITS ont le corps ovalaire et sou- proprement vent couvert d’une matière farineuse, les pattes longues el io grèles , les antennes plus longues que le corselet, et Pabdo men pourvu à son extrémilé de deux cornes ou mamelons, d'où s'échappe souvent par goutteleltes une humeur transparente et mielleuse, dont les fourmis sont très friandes. Ils vivent pres- que tous en sociétés très nombreuses sur divers végétaux, qu’ils Fig. 626. PUCERON COMMUN. Fig. 627. LARVE DU PUCERON. sucent avec leur trompe, et les piqûres qu’ils font aux feuilles’ y déterminent souvent des déformations très grandes ou même ORDRE DES HÉMIPTÈRES. 139 des excroissances de formes variées. Leur démarche est lente, el ils ne sautent pas. Beaucoup restent toujours privés d’ailes ou n’ont que des ailes rudimentaires; d’autres en po rtent qua- tre , qui sont assez grandes , transparentes et à nervures extré- mement fines. A l’état de larve, ils ressemblent tout-à-fait aux adultes aptères, et changent plusieurs fois de peau. Après la dernière de ces mues, on leur voit de chaque côté du corps deux fourreaux renfermant les ailes rudimentaires : ils sont alors à l'état de nymphe , et, par un nouveau changement de peau, ils deviennent insectes parfails. Au printemps chaque société ne se compose que de femelles aptères ou n'ayant que des vestiges d'ailes , comme les nymphes. Ces pucerons produisent tous des petits, qui naissent vivans ét qui sont également des femelles. Plusieurs générations de femelles se succèdent ainsi jusque vers la fin de la belle saison , et, à cette époque seulement , il nait des mâles. Dès-lors ces singuliers insectes cessent d’être vi- vipares et pondent des œufs jusqu’à ce que les premiers froids viennent les faire périr tous. En hiver, il n’en existe plus un seul; mais les œufs qu’ils ont laissés accolés aux branches des arbres éclosent au printemps et produisent une nouvelle géné- ration de femelles vivipares qui puliulent avec une rapidité extrême. On a constaté qu'une seule femelle pouvait produire une centaine de petits, qui, à leur tour, pouvaient devenir chacune mère d’un pareil nombre de jeunes, et on a vu ainsi, dans une seule saison, onze générations successives , COMpPoO- sées exclusivement de femelles. Par conséquent l’on voit que, si des causes nombreuses de destruction ne venaient mettre des bornes à cette excessive fécondité, un seul puceron pourrait, dans l’espace de quelques mois, être la souche de plus d’un mil- lard de ces singuliers insectes, nombre si immense qu'il effraie Pimagination. Une espèce de ce genre, le puceron du rosier, est très com- mune dans nos jardins , où elle vit sur l’arbuste dont elle porte le nom. Son corps est vert et ses antennes noires. Le puceron du chéne est brun et se fait remarquer par son bec, plus de trois fois aussi long que son corps. Le pureron du hétre est tout cou- vert d’un duvet cotonneux ei blanc. Enfin il est encore plusieurs autres espèces qui vivent chacune sur des végétaux particu- liers. 61140. Les hémipières de la FAMILLE DES GALLIN SECTES ont beaucoup d’analogie avec les pucerons, el se reconnaissent à leurs tarses, composés d’un seul article distinet, terminé par un crochet unique. La femelle (#9. 629) est toujours aptère , et sa bouche est conformée de la manièré ordinaire dans cet ‘Famille des gallinsectes. 140 ZOOLOGIE DESCRIPTIVI. ordre; mais le-mâle (£;. 628) n’a point de bee et a deux ailes , qui se recouvrent horizontalement. Ces pelits insectes sont d'un grand intérêt, non-seulement à cau- se des particularités de leur histoire, mais à raison des produits importansqu'ils four- nissent à notre indu- strie ; car C’est à eux que nous devons nos plus belles teintures rouges. La plupart des au- teurs leur donnent le Fig. 698. nom commun de co- COCHENILLE DU NOPAL. Fig. 629 (1. CHENILLES: mais quel- quefois on les distin- gue en COCHENILLES PROPREMENT DITES el en KERMÈS. A l’état de larve, les cochenilles sont d’abord très agiles et courent sur les plantes qu’elles habitent. Leur CArR est plat el ovalaire , et elles sont alors si petites, que, pour les bien voir, il faut le secours d’une loupe. Les mâles n’ont pas de bec, mais se fixent néanmoins sur les branches lorsqu'ils se préparent à subir leurs métamorphoses. Bientôt après leur peau se durcitet devient une coque dans l’intérieur de laquelle ils se changent en nymphes.Parvenu à l’état parfait, cette enveloppe s'ouvre, et l’insecte en sort à reculons. Il ne fait guère usage de ses ailes et demeure auprès de sa femelle pendant le peu de: temps qui pré- cède sa mort. La larve de la femelle est au contraire pourvue d’un bec, qu’elle enfonce dans le tissu des feuilles ou des jeunes branches pour y pomper la sève, et pour se fixer lorsqu'elle se prépare à changer de peau. Ces mues se répètent plusieurs fois, el, lorsque la jeune femelle à pris un certain accroissement , elle se construit une espèce de petit nid formé de duvet coton neux et s'accroche encore une fois de la sorte, mais pour ne plus se détacher. Pendant tout le reste de sa vie, elle demeure fixée, et son abdomen , qui prend un grand volume et ne tarde pas à se remplir d'œufs, lui donne l’apparence d’une graine plutôt que d’un animal. C’est dans cet état qu’elle pond ses œufs, dont le nombre est considérable ; elle les fait passer entre la (Gr) Fig. 62$. Le male tres grossi; la femelle (fig. 620 ) est également grossie. ORDRE DES HÉMIPTÈRES. 141 peau de son venire et le duvet dont son nid est formé ; puis elle meurt, et son cadavre, en se desséchant, devient une espèce de coque, qui recouvre el protège encore sa progéniture. L'espèce la plus intéressante de ce genre est la cochenille du nopal, qui vit sur des cactus, et fournit une magnifique cou- leur écarlate. Le mâle est très petit; son corps, allongé et ter- miné par deux soies, esi d’un rouge foncé ; ses pattes sont lon- guesetses ailes sont grandeset blanches. La femelle est beaucoup plus grande. Lorsque'sa croissance est terminée , elle est de la grosseur d’un petit pois. Ses pattes sont très courtes el tout son corps est d’une couleur brun-foncé , et recouvert d’une pous- sière blanche. Cet insecte précieux est originaire du Mexique, et sa propagation y est depuis long-temps une branche importante d'industrie agricole , que l’on essaie aujourd’hui d'introduire dans notre nouvelle colonie d'Alger. On distingue dans le commerce deux sortes de cochenilles du Mexique, savoir : la cochenille fine Ou mestèque, et la cochenille sylvestre OU sauvage; mais les naturalistes ignorent si ce sont de simples variélés d’une même espèce ou deux espèces dis- tinctes. Quoi qu'il en soit, c’est la cochenille fine seulement que lon cultive. Pour cela on fait de grandes plantations de cactus nopal, et aussitôt le retour de la belle saison, on prépare sur divers points de ces plantes à larges feuilles en forme de raqueltes, des espèces de petits nids, formés d’une sorte de filasse, dans chacun desquels on dépose huit à dix femelles remplies d'œufs. Bientôt il naît des milliers de larves de coche- nilles, et, si en juge nécessaire de les répartir sur un plus grand nombre de cactus, on a soin de procéder à cette opération avant qu’elles ne se soient fixées ; car, si on les détache quand leur bec est enfoncé dans le tissu de la plante, cet organe se rompt, et l’insecte périt infailliblement. Ils restent à l’état de larve pendant dix jours et à l’état de nymphe pendant deux se- maines. Les femelles vivent jusqu’à deux mois ; mais les mâles périssent au bout d’un mois. Aussitôt que la ponte commence , on récolte les cochenilles , en râclant avec un couteau émoussé la plante sur laquelle elles sont fixées , et, lorsqu'on ne destine pas leurs œufs à la propagation de lespèce , on les fait périr promptement à l’aide de la chaleur, afin de les empêcher de perdre de leur poids; puis on les sèche. Il paraît que le nombre des récoltes est de trois par an. Ce sont les campagnes d’Oaxaca et de Guaxaca, dans la province de Honduras , qui nous four- nissent le plus de cochenille. On la trouve dans le commerce sous la forme de petits grains irréguliers , convexes d’un côté, concaves de lPautre , et sur lesquels les traces d’anneaux sont toujours distinctes. La matière colorante qu’elle renferme donne 142 F ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. le plus beau carmin , doni on fait un grand usage en peinture aussi bien que pour la teinture des étolfes. : Lorsque la cochenille du nopal m'était pas encore connue en Europe, on employait aux mêmes usages un auire insecle du même genre, la cockenille de Pologne, dont la femelle, d’un brun rougeâtre, s'attache aux racines de quelques plantes, telles que la tormentille, le sc/eranthus perennis, etc.; elle fournit en effet une couleur presque aussi belle que la cochenille mexicaine ; mais elle est difficile à cultiver et à récolter : aussi en a-t-on abandonné presque entièrement l'usage. Le kermès Où cochenille du chéne vert, qui se trouve sur le chène vert, dans le midi de la France , en Espagne, elc., est beaucoup plus g gros que les espèces précédentes. La femelle, de couleur nofr-miblet, avec une poussière blanche répandue sur le corps , prend la grosseur d’un pois et fournit également une teinture écarlate dont on se sert encore dans le Levant et en Barbarie. Enfin il est plusieurs autres espèces de cochenilles , qui, sans être d'aucune utilité, vivent sur nos figuiers, nos orangers el nos oliviers, et nuisent beaucoup à ces arbres. ORDRE DES APHANIPTÈRES ou SUCEURS. $ 1141. C’est avec les hémipières que les petits insectes aptè- res et parasites dont se compose l’ordre des suceurs ont le plus d’analogie, Leur bouche est armée d’un suçoir composé de trois pièces, renfermées entre deux lames articulées et disposées en forme de bec cylindrique et conique. Leur corps est ovalaire , comprimé et re- vêtu de tégumens assez solides; la iôle est petite et présente de chaque côté un œil arrondi; les trois segmens du thorax ne différent que peu de ceux de l’abdomen , si ce n’est par leur Fig. 630. PUCE. petitesse et les pattes qui y sont fixées. Ces derniers organes sont forts et disposés pour le saut; ceux de la première paire s’insèrent presque sous la tête ; enfin l'abdomen est très gros et composé de neuf segmens, divisés chacun en un arceau supérieur et un arceau inférieur bien distincts. ORDRE DES RHIPIPTÈRES. 143 $1142. Ces insectes ne constituent qu’un seul genre, celui des PUCES. Les changemens qu'ils éprouvent dans le jeune âge sont considérables. En sortant de l’œuf, ils sont privés de pieds et ont la forme de petits vers, de couleur blanchäâtre. Ces larves sont très vives et se roulent en cercle ou en spirale. Bientôt elles deviennent rougeàtres , el, après avoir vécu dans cet état pen- dant une douzaine de jours, elles se renferment dans une petite coque soyeuse, d’une finesse extrême , pour s’y transformer en nymphe ; enfin, au bout d’environ douze jours de réclusion sile temps est chaud, elles sortent de leur enveloppe à Fétat parfait. L'espèce la plus répandue est la puce commune, qui se nourrit du sang de l’homme et de plusieurs de nos animaux domesti- ques ; mais il en est plusieurs autres qui vivent aussi sur divers quadrupèdes et sur des oiseaux, et qui ne différent que fort peu de la nôtre. La femelle est beaucoup plus grande que le mâle et pond une douzaine de petits œufs arrondis et un peu allongés, qui tombent à terre et se trouvent ordinairement en nombre considérable dans les endroits où leschiens et les chats ont l’ha- bitude de se coucher. En Amérique , on connaît sous ke nom de chkique ou de puce pénetrante une espèce qui a le bec beaucoup plus long que les précédentes, et qui mérite d’être signalée. La femelle s’introduit sous la peau du talon et sous les ongles du pied, et bientôt y acquiert le volume d’un pelit pois par suite du gonflement énorme d’un sac membraneux placé sous le ventre et renfer- mant les œufs. Ces puces attaquent plus particulièrement les nègres , el leur présence sous la peau donne souvent lieu à des ulcères dangereux. ORDRE DES RHIPIPTÈRES. , 6 1143. L'ordre des rhipiptières ou des stresipleres se com- pose d’un pelil nombre d'insectes qui sont très singuliers, tant par leurs mœurs que par leurs formes anomales , el qui parais- sent se rapprocher des hyménopières et des diptères plus que de toutes les autres divisions de la même classe. Ils se recon- naissent à leurs deux ailes grandes, membraneuses et plissées longitudinalement en manière éventail. Une paire de pelits élytres qui recouvre la base de ces organes, s’insère au second anneau du thorax , et lon remarque‘encore une paire de petits appendices étroits el allongés, qui naissent du premier segment F: 144 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. thoracique. La bouche est armée de petites lames linéaires et pointues qui ressemblent assez aux lancettes du sucoir des di- pières, et les yeux sont grenus et un peu pédiculés. À lélat de larve , ils ont la forme d’un pelit ver ovalaire privé de pat- tes, et vivent entre les écailles de quelques espèces d’hyméno-- ptères, des guêpes, par exem- Fig. 631. STYLoPs (grossi). ple; c’est là aussi qu’ils se chan- gent en nymphe. On connait deux genres de rhipiptères , les XÉNOS et les STYLoprs. ORDRE DES DIPTÈRES. 6 1144. Les diptères ont deux ailes membraneuses, étendues et assez semblables à celle des hyménoptères. Derrière ces or- ganes se trouve presque toujours une paire d’appendices ayant la forme de balanciers, el son- vent il existe aussi à leur base deux petites pièces membra- neuses , semblables à des val- ves de coquilles et nommées ailerons Où cuillerons. Les usages de ces parties ne sont. pas connus. La bouche des diptères est organisée pour la succion seulement. On y voit Fig. 632. USIE FOURCHUE. d'ordinaire une sorte de trom- pe, tantôt molle et rétractile, tantôt cornée et allongée, qui se termine par deux lèvres, et offre à sa partie supérieure un sillon longitudinal , dans lequel est reçu un suçoir , composé de soies cornées très aiguës et bar- dées à leur extrémité. Cette gaine , qui, dans l’inaction , se re- plie ordinairement sur elle-même, porte souvent à sa base deux palpes , et représente la lèvre inférieure. Les soies paraissent être formées par les mêmes appendices qui, chez les insectes broyeurs, constituent la languette , les mandibules et les mà- choires. Leur nombre varie de deux à six : elles font l'office de lancettes et fraient un passage aux liquides dont ces insectes se nourrissent, tandis que leur gaine sert à conduire Paliment ORDRE DES DIPTÉRES. 115 fluide jusque dans Parrière-bonche. Chez quelques diptères , que nous ferons connaître bientôt sous le nom de pupipares , la conformation de cet appareil de succion diffère un peu de ce que nous venons de décrire. Deux valves coriaces et velues renferment un petit tube grêle et rigide, qui parait être formé par la réunion de deux soies. On peut se former une idée assez exacte de la forme géné- rale des diptères par celle de Pun de ces insectes connus de tout le monde , la mouche commune. Leurs pieds sont en général longs, grèles et terminés par un tarse de cinq arti- cles, dont le dernier est souvent garni de deux on trois pelotes vésiculeuses où membraneuses. Leur abdemen est souvent pédiculé , et chez la femelle se termine ordinairement en une pointe qui souvent peut s’allonger comme.un tuyau de lunette, et constitue une sorte de larière. Tous ces insectes subissent des mélamorphoses complètes. Les larves sont dé- pourvues de pattes : leur tête est molle et leur bouche est or- dinairement munie de deux crochets. Tantôt elles changeni plusieurs fois de peau, et se filent une coque pour s’y transfor- mer en nymphes; tantôt elles ne muent pas, et leur peau durcie et racornie, devient pour la nymphe une coque solide, ayant l'apparence d’une gaine. Le nombre des diptères est presque aussi considérable que celui des coléoptères, et on les divise en deux sections, doni la première a pour caractère la tête distincte du thorax, le suçoir renfermé dans une gaine, et les crochets des tarses sim- ples ou unidentés. Ce groupe se subdivise en quatre familles : les Aémocères , les tanystomes, les notacanthes et les athe- ricéres. 61145. Dans la FAMILLE DES NÉMOCÈRES, les antennes sont composées d’un grand nombre darticles filiformes et beaucoup plus longs que la tête. Fanlôt on y compte de six à douze arti- cles , tantôt quatorze à seize , tandis que, dans les familles sui- vantes nous n’en irouverons que deux ou trois. Le corps de ces diptères est allongé, la trompe est saillante ; enfin Pabdomen se termine en pointe chez les femelles, et porte à son ex- trémité des pinces ou des crochets chez les mâles. Souvent ces insectes se balancent sur leurs pieds longs et déliés, et plusieurs voltigent dans les airs, rassemblés en troupes nom- breuses. Les uns déposent leurs œufs dans Peau, les autres dans la terre ou sur des plantes , et leurs larves , à tête 10 Classification, Famille des uémocéres. 146 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. écailleuse, changent de peau, pour se transformer en nym- phe. Dans ce dernier état, ils sont tantôt nus, tantôt renfermés dans des coques, et ressemblent assez à l’in- secte parfait. É Deux tribus , celle des cousins el celle des tiprles, composent cette famille, et se distinguent entre elles par la forme de la trompe. 6 1146. Les COUSINS , dont le corps el les pieds sont allongés et les anten- nes garnies de longs poils, ont une trompe longue, filiforme , cornée et renfer- mant un suçoir piquant, composé de cinq soies. Ces insectés fuient la lumière vive du soleil, et se plaisent surtout dans les lieux aqua- tiques ; le soir ils voltigent en troupes nombreuses et Fig.633. COUSIN (yrossi). s’annoncent par un bour- donnement aigu. Chacun sait Combien ils sont avides de notre sang. Pour s’en re- paitre , ils nous percent la peau avec les soies fines et den- telées de leur suçoir, et ils laissent dans la piqûre, ainsi Fig. 634. produite, une liqueur venimeuse, qui y dé- termine une irritalion vive et une enflure souvent considérable. On à observé que ce sont les femelles seules qui nous tourmentent de la sorte, et c’est dans les pays chauds sur- tout que leurs attaques sont à redouter. On les y désigne sous le nom de moustiques. Du reste, ces insectes ne vivent pas seulement de sang, ils aiment aussi le suc des fleurs. La femelle dépose ses œufs sur l’eau et les réu- nit entre eux de manière à former une espèce de petit radeau qui flotte à la surface du liqui- de. Les larves (fg. 634) sont aquatiques et fourmillent dans les eaux stagnantes au prin- temps et en été. Lenr abdomen est allongé et terminé par des ORDRE DES DIPTÈRES. 147 soies et des appendices disposés en raïons. Son pénultième segment porte sur le dos un tube assez long (4), à l’aide du- quel l'animal puise dans lPatmosphère Pair dont il à besoin. Pour respirer ainsi, il se pend en quelque sorte à la surface de l’eau la tête en bas , et on le voit à de courts intervalles re- nouveler ce manège. La nymphe continue à vivre dans l’eau et à s'y mouvoir ; mais, au lieu de respirer comme la larve, elle puise l'air dont elle a besoin au moyen de deux tuyaux placés sur le thorax. Elle flotte à la surface du liquide, et, après avoir achevé sa métamorphose, l’insecte parfait se sert de sa dépouille de nymphe comme d'un bateau, jusqu’à ce que ses jambes et ses ailes aient acquis assez de solidité pour lui permettre de marcher sur la surface de l’eau ou de s'envoler; car si son corps venait à être submergé, comme cela arrive souvent quand le vent renverse ces frèles embarcations, il se noierait mfailli- blement. Toutes ces métamorphoses se font dans l'espace de trois à quatre semaines: aussi les générations se renouvellent-elles plusieurs fois dans la même année. Une espèce du genre des GOUSINS PROPREMENT DITS, de couleur cendrée , avec l'abdomen annelé de brun et les ailes At FA sans taches , est très com- mune danstoute Europe. $ 1147. Dans la TRIBU DES TIPULES, la trompe est tantôt très courte et ter- minée par deux grandes lèvres, tantôt en forme de bec, mais alors perpendi- culaire ou courbée sur la poitrine. Plusieurs de ces insectes, lorsqu'ils sont à l’état de larve et de nym- phe, vivent dans l’eau comme les cousins ; d’au- tres habitent dans les gal- les végétales, et il en est aussi qui se Liennent dans les végétaux pourris, dans le Lerreau ou dans les bou- Fig. 635. TIPULE A CROISSANT. ses. On connaît un très grand nombre de ces in- sectes et on les a divisés en une multitude de genres; mais les limites de ces leçons ne nous permettent pas d'en faire lhis- toire détaillée , et nous nous bornerens à ajouter que certaines 10, Toba tipules. des Familie des tanvstomes, Asiles, Empis. Bombilles, 148 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. üpules présentent une anomalie remarquable; car elles man- quent d'ailes. 6 1148. Dans les familles suivanies , les antennes sont très courtes et présentent souvent, soil sur le côté, soit à leur extré- mité , une soie plus ou moins grosse et divisée à sa base en plu- sieurs petits articles. Dans la division des TANYSTOMES, le der- nier article de ces appendices (en ne comptant pas la soie styliforme, dont il vient d’être question) n’est pas annelé trans- versalement, et le suçoir | est composé de quatre : | : pièces, La plupart de ces insectes vivent de rapine; d’autres se nourrissent du suc des fleurs: A Pétat de larve, ils ressemblent à des vers allongés et presque cylindriques, à tête écailleuse , et vivent pour la plupart dans la terre. Pour subir leur seconde transformation, ils changent de peau, et la nymphe, qui est nue, offre plusieurs des parties extérieures de lPinsecte parfait. On range dans cette famille les aszles , les empis , les bombilles, les ustes , les anthrax, les leptis e\ plusieurs autres groupes qui à leur tour, se subdivisent en genres assez nombreux. Fig. 636. BOMBILLE PEINT. 6 1149. Les ASILES ont la trompe saillante, dirigée en avantet de consistance presque cornée , le corps allongé etles ailes couchées. Ils volent en bourdonnant et sont très carnassiers ; suivant leur taille, ils s'emparent des mouches, des tipules, des bourdons ou des coléoptères, dont ils sucent les liquides. L'ASILE FRÉLON, long d'environ 27 millimètres et de couleur jaune avec les trois premiers anneaux de l'abdomen noir, et les ailes roussâtres , est commun vers la fin de l’été dans les lieux sablonneux. 6 1150. Les Empis ressemblent beaucoup aux précédens, mais leur trompe est perpendiculaire ou dirigée en arrière ; ils sont de petite taille, et vivent de proie ou de suc des fleurs. 6 1151. Les BOMBILLES (fig. 636) ont la trompe dirigée en avant comme les asiles , mais leurs ailes sont étendues horizontale- ment de chaque côté du corps, leur thorax est bombé, et leur ORDRE DES DIPTÈRES. 149 abdomen est triangulaire ou conique. Ces diptères volent avec une grande rapidité en planant au-dessus des fleurs dont ils pompent le miel sans s’y poser , et font entendre un bourdon- nement aigu. On en connait dont la trompe est plus longue que le corps. $ 1152. Les ANTHRAx différent peu des bombilles, mais eur corps est déprimé et leur trompe est généralement courte; la plupart de ces insectes sont velus, et on les voil se poser souvent à terre ou sur | s murs exposés au soleil ; d'1 reste leurs habi- tudes sont très analogues à celles des précédens. Fr. 637 ANTHRAX. $1153 Les LEPTIs ont les ailes écartées et la lrompe membraneuse , à Lige ordinairement très courte, et terminée par deux lèvres bien distinctes. La larve d’un de ces diptères creuse dans le sable un entonnoir, au foud duquel elle se cache jusqu’à ce qu'un petit insecte y tombe : alors elle s’en saisit, le perce avec les crochets dont sa bouche est armée, le suce et re- jette audehors le cadavre en courbant son corps et en le redres- sant ensuite brusquement comme un ressort. Cette espèce ap- parlient au genre des leptis proprement dites, et a reçu le nom de verlion. $ 1154. Enfin les pozicHores ressemblent aux précédens par leur trompe, mais leurs ailes sont couchées sur le corps, la tête est triangulaire et labdonren courbe en dessous ; plusieurs sont remarquables par leurs couleurs vertes ou cuivreuses ; les uns se Liennent sur les murs ou les feuilles, d'autres courent avec célérité sur la surface des eaux. On range dans cette tribu les SCÉNOPINES qui n’ont pas de soie au dernier article des anten- nes, el dont une espèce ayant la tête et le thorax d’un brun ob- seur, l'abdomen noir, strié transversalement et les pieds fauves, est très commune sur les vitres de nos fenêtres. ÿ 1155. La FAMILLE DES TABANIENS a pour caractères une lrompe saillante terminée ordinairement par deux lèvres pour- vues de palpes avancés, et armée d’un suçoir composé de six pièces; le dermier article des antennes annelé, etc. Elle se compose d'un certain nombre de diplères qui ressemblent Anthrax. Liptis. Doüchopes Famille des tabanicens, 150 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. à de grosses mouches et qui ont en général le corps vel, les ailes étendues horizontale- ment de chaque côté du corps, et l'abdomen triangulaire. Ces insectes commencent à paraitre vers la fin du printemps et tourmentent extrêmement les chevaux et les bœufs, dont ils percent la peau pour sucer le Fiy. 6*8. TAON DES BOEUFS. Sang ; ils poursuivent aussi l’homme et sont très communs dans les bois et les pâturages. On les désigne souvent sous le nom collectif de TaonNs, mais les entomologistes réservent ce nom à un des pelits genres dont la famille se compose. L'espèce appelée taon des hœufs est très commune dans nos environs; son corps est brun avec des lignes jaunes sur l'abdomen et ses veux verts; sa larve vit dansla terre. Une autre appelée chrysops aveuglant, dont le corps est jaunâtre , rayé ou tacheté de noir, Fabdomen jaunâtre et les yeux dorés, tourmente beaucoup les chevaux. Famille des 9 1158. La FAMILLE DES NOTACANTHES ressemble à la pré- notacanthes. çédente par la conformation des antennes; mais iei te suçoir n'est formé que de qüatre pièces, et la trompe, dont la lige est en général très courte, est presque entièrement retirée dans la cavité buccale. On partage ce groupe en trois sections, savoir : les mydes, les rylophages, etles stratiomes. 6 1157. Les MyDAS ont le corps oblong avec l'abdomen coni- que, les ailes écartées, et les antennes divisées en cinq pièces, dont tantôt les deux dernières forment une massue, tantôt les Fy. 639. STKRATIOME CAMÉLÉON. trois dernières sont réunies en un grand article presque cylindrique. Les XYLOPHAGES ont les antennes com- posées de trois pièces äont la dernière en forme de massue, de gland , ou de cône, est divisée en huit anneaux ; leurs ailes sont ordinairement cou- chées sur le corps et leurs larves vi- ven! dans les parties cariées ou humi- des des arbres. Les STRATIOMES ont presque toujours une soie ou un stylet aux antennes dont le troisième article est terminal et divisé en cinq où six anneaux; enfin les ailes sont presque toujours couchées lune sur Pautre. Les larves de plusieurs de ces ORDRE DES DIPTÈRES. 151 insectes vivent dans l’eau et ont des habitudes analogues à celles des larves de cousins. Celles de quelques autres (du sarque cuivreux, par exemple) vivent dans les bouses de vache. 6 1158. La FAMILLE DES ATHÉRICERES, beaucoup plus nom- breuse que les précédentes, comprend tous les diptères dont la trompe , ordinairement membraneuse, longue et coudée est en- tièrement renfermée dans la cavité orale, ou bien est saillante el ne renferme que deux pièces formant le suçoir, et dont les an- tennes composées seulement de deux ou detroisarticles, n’offrent Jamais de divisions annulaires sur la dernière paire, et portent toujours une soie ou un stylet (7, fg.640). Le suçoir ne présente jamais plus de quatre soies, el la trompe se termine ordinaire- ment par deux lèvres. Peu de ces insectes sont carnassiers à état parfait, la plupart se tiennent sur les fleurs, sur les feuilles ou sur les excrémens , mais souvent ils piquent £ la peau des animaux pour y déposer leurs œufs. Leurs larvesont le corps mou, contrac- tile, annelé, et plus ou moins fusiforme, elles ne muent pas, et leur peau, en se solidifiant, constitue pour la nymphe une sorte de coque ovoïde ou sphérique; le corps de lPinsecte se détache peu-à-peu de celte enveloppe et prend la forme d’une boule allongée et molle qui passe bientôt à lPétat de nymphe ; parvenu à l’état parfait, l'animal sort en faisant sauter avec sa tête la partie antérieure de sa coque en forme de calotte. Fig. 640. (1) $ 1159. Les athéricères, dont le suçoir est formé de quatre piè- ces, constituent la TRIBU DES SYRPHIDES; leur trompe est toujours longue et coudée près de sa base; leur tête est hémisphérique et occupée en grande partie par les yeux; enfin, par leur forme générale, plusieurs de ces insectes ressemblent beaucoup à des bourdons ou à des guépes. Cette ressemblance avec les bourdons est surtout remarquable chez les VOLUCELLES et quelques autres gen- res voisins, et semble leur avoir été donnée pour leur faciliter entrée dans les nids de ces hyménoptères, où ils doivent en effet pénétrer pour déposer leurs œufs: car c’estdansces 1 habitations qu'ils vivent lorsqu’ils Fig. 641. VOLUCELLE. sont à l’état de larve. D’autres syr- phides, dont on a formé le genre HÉLOPHILE, méritent aussi de (x) Tête d’un syrphe : — à Antennes; — t-tête; — tr trompe. Famille des athéricères, ÆEcbu des syrphides Volucelles,. Syrphes, Obsties. 152 : ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. nous arrêler un inslant à cause de la forme singulière des larves de plusieurs d’entre eux. Dans ce premier état, ils vivent dans des eaux ou dans des matières à demi Baides, et leur corps se Lermine par une longue queue dont l'extrémité perforée ar- rive à la surface du liquide quand ils ont besoin de respirer : ces larves sont connues sous le nom vulgaire de sers à queue de rat, el se voient dans les latrines, les égouts et les eaux bourbeuses. Les SYRPHES PROPREMENT DITs vivent sur les plan- tes ; leurs larves se nourrissent principalement de pucerons, et se fixent aux feuilles ou à que que autre corps pour se transfor- mer en nymphe. Les autres athéricères, dont le suçoir ne se compose que de deux soies, se divisent en trois tribus, les æstres , les conops et les mouches. $ 1160. Les OESTRES nessemblent à des mouches très velues et sont caractérisés par la conformation de Ta bouche qui n’offre que trois tubercules, ou seulement de faibles vestiges de la trompe el des palpes ; leurs ailes sont ordinairement écartées et leurs antennes très couries el terminées pa runevpa- lelle arrondie munie d’une soie. Ces insectes sont pour le bœuf, le cheval, lâne, le mouton , le chameau, le renne el quelques autres mammifères des ennemis redoutables, car ils dépo- sentleurs œufs dansle corps de ces animaux et leur oc- casionnert ainsi des tour- mens très grands. Chaque espèce d’œstre s’altache à un animal particulier, el loge sa pro- génilure dans une partie déterminée du corps. Les uns percent la peau de leurs victimes à laide d’une tarière écailleuse, et in- troduisent au fond de la plaie leurs œufs, dont là présence dé- termine la formation de tumeurs plus ou moins grosses, rem- plies d’'humeurs purulentes, qui servent d’'aliment à la larve, à laquelle les habitans de la campagne donnent le nom de {ons ; dautres déposent simplement leurs œufs dans le voisinage de lune des ouvertures naturelles du corps, et les larves qui en naissent pénètrent par celle voie, soit dans les fosses nasales ou les sinus du nez, soit dans l’intérieur de Pestomac. Le corps de ces larves parasites (/g. 643) est en général conique et composé de onze anneaux garnis de tubercules ou de petites épines ; elles Fig. 642. OESTRE. Fig. 643. ORDRE DES DIPTÈRES. 153 n'ont pas de paltes , et leur bouche est tantôt garnie de mame- lons, tantôt armée de deux forts crochets, Quand elles ont ter- miné leurcroissance, elles sortent de leur demeure; cellesquiont vécu dans l'estomac, descendent dans l'intestin avec les matières _ excrémentilielles et s’échappent par Panus; elles se laissent alors tomber à terre et se transforment en nymphe sous leur peau comme les autres diptères de cette famille. L’œstre du mou- ton qui est long de 11 millim. , avec le thorax grisâtre et l’abdo- men jaunâtre tacheté de noir ou de brun, place ses œufs sur le bord interne des narines de ce quadrupède qui cherche à len empêcher en s’agitant el en se cachant le museau en terre; les larves remontent jusque dans les sinus du front où elles se fixent à laide des crochets dont leur bouche est armée, el y res- tent depuis le mois de mai ou de juillet, jusqu’au mois d'avril de l'année suivante; ces parasites sont très communs surtout dans les pays montagneux et boisés, et lorsqu'il s’en trouve plu- sieurs dans les sinus d’un mouton, leur présence occasionnesou- vent des vertiges. Les larves de Pœstre du cheval, de l’'œstre he- morrhoidal et de lPæœstre velerinaïre vivent dans l’estomac des chevaux. L’æstre des bœwufs, qui a le thorax jaune avec une bande noire et l'abdomen blanc à la base, fauve à son extrémité, dé- pose au contraire ses œufs un à un sous la peau des bœufs, des chevaux et de plusieurs autres quadrupèdes. Il existe en Amé- rique une autre espèce qui s'attaque de la même manière aux Indiens, dont on voit quelquefois le ventre couvert de petites tumeurs produites par les larves de cet insecte. $ 1161. Les anthéricères de la TRIBU DES coNops sont les seuls de cette famille dont la trompe soit toujours sail- lanteet en forme de sy- phon, soit cylindrique ou conique , soit sétacé. La plupart de ces insectes se tiennent sur les fleurs. Le stomoxe piquant qui appartient à celle divi- sion el qui est souvent confondu avec la mouche Fig. 644. CONOPS. commune, est un des in- sectes les plus incommo- des par les piqûres qu'il nous fait: c’est surtout en automne qu'il nous tourmente ainsi, et qu'il s'attaque de préférence à nos jambes, mais il n’épargne pas non plus-les chevaux et les bœufs. Tribu conops. des Tribu des mouches. 154 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 1162. Dans la TRIBU DES MOUCHES la trompe est très appa- rente, membraneuse , presque toujours garnie de deux palpes, complètement rétractile et armée d’un sucoir formé de deux pièces , et les antennes sont en palette avec une soie latérale. Ce Section des créophiies. 4 . . Échinom vic. Mouches | proprement dites, Sarcophages. ‘groupe a été subdivisé par les entomologistes en neuf sections composées chacune de plusieurs g genres. Dans toutes ces divi- sions à l'exception de la dernière, les antennes s’insèrent près du front, les palpes sont portés sur la trompe et se retirent avec elle dans la cavité buccale , et les ailes présentent des nervures transversales. La première section , celles des CRÉOPHILES , est caractérisée par la grandeur des cnillerons, qui recouvrent pres- que entièrement les balanciers ; les ailes de ces diptères sont presque toujours écariées; chez quelques-uns elles sont vibra- tiles; tantôt la soie des antennes est simple, par exemple, chez les ÉCHINOMYIES, dont une grossé espèce noire, hérissée de poils, se voit souvent dans les bois, bourdonnant au-dessus des fleurs ou des bouses de vache dans lesquelles sa larve habite; tantôt au contraire, la soie des antennes est plumeuse. Les MOUCHES PROPREMENT DITES présentent ce caractère, el se reconnaissent à leurs yeux contigus et à leur abdomen triangulaire. Cest à ce dernier genre qu'appartiennent la plupart des mouches dont les larves se nourrissent de viande ou de charognes. Les fe- melles ont l'extrémité de l'abdomen retiré et prolongé en forme de tuyau ou de tarière pour enfoncer leurs œufs dans ces ma- tières où les jeunes achèvent en peu de jours leurs mélamor- phoses. La mouche à viande (musca vomitoria) dont le thorax est noir, Pabdomen d’un bleu luisant avec des raies noires et le front fauve, dépose aussi ses œufs dans la viande dent elle accélère la pur éfaction. La mouche doree, qui est de couleur vert-doré avec les pieds noirs, pond dans les charognes, et c’est principalement de sa larve que les pêcheurs se servent sous le nom d’asticots pour amorcer leurs lignes ; on les emploie aussi pour nourrir les jeunes faisans et les jeunes dindons. La mou- che domestique Nil à l'état de larve dans le fumier ; elle a le tho- rax d’un gris cendré avec quatre raies noires, el l abdomen d’un brun noirâtre tacheté de noir. Les SARCOPHAGES , qui différent des mouches proprement dites par les yeux notablement écar- tés l’un de Pautre, présentent quelquefois une particularité physiologique remarquable: chez quelques-uns de ces insectes, les œufs éclosent avant la ponte, de façon que les femelles sont ovo-vivipares. La mouche carnassière , qui a le corps cendré, des raies sur le thorax, etdes taches carrées noires sur l'abdomen et les yeux rouges, appartient à ce genre et dépose ses larves sur la viande, sur les cadavres et quelquefois même sur des plaies du corps de l’homme qui sont exposées à Pair. ORDRE DES DIPTÈRES. 155 La seconde division des mouches se compose des ANTHOMYz1- DES qui ont le port des monches ordinaires, mais qui ont , ainsi que les diptères de toutes les sections suivantes, les cuillerons petits : leurs ailes sont en général couchées , leur tète est hémisphérique et leurs-pieds sont de grandeur ordinaire; nous cile- rons commeexemple de ce groupe.Pan- - thomyie des pluies fig. 645) qui est très Fig. 645. ANTHOMYIE. COMMUNE dans notre pays el qui est cendrée avec des taches noires sur le thorax et neuf taches triangulaires de même couleur sur Pab- domen. Les HYDROMYZIDES, qui constituent un troisième groupe, diffèrent des précédens par leur tète presque triangulaire et le museau voûté, les ailes couchées lune sur l’autre et les pattes fortes avec les cuisses souvent renflées. La plupart vivent dans les lieux aquatiques. La mouche des celliers qui dépose ses œufs dans les vaisseaux renfermant des liqueurs vineuses, prend place dans cette division. Dans la quatrième section , à laquelle on donne le nom de SCATOMYZIDE, le corps est oblong, les ailes couchées , la tête presque sphérique, les antennes insérées au haut du front et presque toujours plus courtes que la tête. Tantôt les pattes postérieures sont grandes avec les cuisses grosses ou compri- mées ; d’autres foiselles ne dif- fèrent que peu ou point des pattes précédentes. On peut . prendre pour type de ce grou- Fig. 646. SCATOPHAGE COMMUN pe le scatophage commun (sca- Section des, anthomyzi- des, Section des hydromygi- des. Section des scatomyzides. lophaga slercoraria), mouche très velue, d’un jaune grisätre avec un point brun sur les ai- «les, qui est très commune sur les excrémens , à la surface des- que!s la femelle dépose ses œufs. La section des DOLICHOCÈRES est très voisine de la précédente ‘dont on la distingue par la longueur du second article des an- tennes et par quelques autres caractères peu importans. On désigne sous le nom de LEPTOPODITES, une cinquième sec- hon remarquable par la longueur et la ténuité des pattes, sur- tout des postérieures. Les mouches qu'on y range se liennent Section des dolichocères. Section des Icptopodites. 156. ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. sur les plantes; plusieurs fréquentent les lieux aquatiques. La septième section de la grande tribu des mouches a reçu le Section des nom de caRPOMYZES, parce que les larves de plusieurs espèces carpomyzes. se nourrissent de fruits ou de grai- nes dans le germe desquels les mè- res avaient déposé leurs œufs. Le port de ces insectes est en général semblable à celui des mouches or- dinaires , mais leurs ailes sont vi- bratiles, caractère qui n'existe pas dans les groupes précédens ; plu- sieurs ont le corps très allongé et les pattes filiformes , telles sont les DIOPSIS, appelées aussi mouches à lunetles, parce que leurs yeux sont portés à l'extrémité de deux prolongemens cylindriques dirigés en dehors. Fig. 647. DIOPSIS ICHNEU- MONÉ. Section des Ç 1164. Une huitième section, celle des GYMNOMYZIDES , se gymnomy;z- compose de plusieurs petites mouches , dont le corps est court, des. ramassé, arqué, d’un noir luisant, la tête comprimée trans- versalement , les ailes couchées sur le corps et le dépassant postérieurement, et lPabdomen déprimé et souvent terminé par une petite pointe. Le mosille arque, qui appartient à ce groupe, se trouve souvent en grand nombre sur les vieux murs. Section des Enfin la neuvième et dernière division, celle des HYPOCÈRES , hypocères. diffère de tout le reste de la tribu des mouches par un grand nombre de caractères: les palpes sont loujours extérieurs , les antennes sont insérées près de la bouche, et les ailes pré- sentent une nervure oblique, de laquelle partent trois autres nervures longitudinales presque parallèles. Le corps de ces in- sectes est arqué, et leurs pattes fortes et épineuses ; ils forment le genre PHORE. . Famille des pPupipares. 6 1165. La FAMILLE DES PÜPI- PARES se compose d’un petit nombre d'insectes aussi singu- Lers par leur organisation que par leurs mœurs. Ils vivent en parasites sur les corps des mam- mifères et des oiseaux, en $y Cramponnant au moyen des Fig. 648. ORNITHOMYIE VERTE. ORDRE DES DIPTÈRES. 157 ongles robustes el dentelées dont leurs tarses sont armés. Leur bouche n’est pas conformée comme celle des autres di- pières; la trompe qui d'ordinaire sert de gaine au suçoir, existe plus ici, mais est remplacée par deux lames coria- ces el velues , et le suçoir ne se compose que de deux soies. Leur tête parait divisée en deux parties , dont la postérieure porte les yeux, el l’antérieure la bouche et les antennes qui ont tantôt la forme d’un tubercule garni de trois soies, tantôt celle d’une pelite lame velue. Leur corps est large et aplati ; leurs ailes sont écarlées et, dans quelques genres , manquent tout-à-fait; enfin l'abdomen , au lieu d’être recouvert d’arceaux écailleux comme dans les insectes ordinaires, est revêlu d’une peau très exten- sible. Mais le point le plus curieux de lhistoire de ces animaux, est la manière dont ils naissent; les œufs au lien d’être pondus directement, restent dans une poche membraneuse et y éclo- sent ; les larves elles-mêmes demeurent aussi renfermées dans le ventre de la mère, s’y nourrissent et n’en sortent qu'après leur transformation en nymphe; elles ressemblent alors à des œufs mous el bleus qui seraient presque aussi gros que l’abdo- men de leur mère et qui se durcissent , deviennent noirs et n’ol- frent pas de stries transversales comme la coque des autres di- ptères ; à l’une des extrémités de cette enveloppe se trouve une sorte de couvercle qui se détache lorsque l’insecte à terminé sa métamorphose et lui permet de sortir de sa loge. 6 1166. Les uns ont la tête bien dis- tincte et articulée avec lextrémité an- térieure du thorax; ils forment la TRIBU DES HIPPOBOSQUES. Une espèce à antennes tuberculeuses , à ailes gran- des et à corps brun nuancéde jaunâtre, se tient sur les chevaux et les bœufs, Fig. 649. MÉLOPHAGE ordinairement sous la queue. D’autres DES MOUTONS. diptères de cette tribu, qui sont égale- ment ailés, vivent sur les oiseaux, et constituent le genre ORNTHOMYIE (/#g. 648). On en connait qui sont privés d'ailes et se iennent cachés sous la laine des mou- tons ; ces derniers sont désignés sous le nom générique de MÉ- LOPHAGES (fg- 649). 6 1167. Enfin d’autres pupipares ont la têle presque confondue avec le thorax , et manquent d’ailes et de balanciers ; ils ressemblent beaucoup à des araignées et vi- Nyctéribie, 158 ZOOUOGIE DESCRIPTIVE. vent sur les chauves-souris. Ils constituent le genre NYCTÉ- RIBIE, Fey. 650. NYCTÉRYBIE DE WESTWOOD. ORDRE DES ANOPLEURES ou PARASITES. Caractères. $ 1168. Les derniers diptères paraissent établir le passage entre les insectes ordinaires et un petit groupe composé d’in- Li Fig. 651. POU. «a secles anomaux, les parasites, qui soni toujours privés d'ailes, qui n’ont que des yeux lisses et qui ne subissent point de méta- morphoses. Ainsi que leur nom l'indique , ils vivent sur le corps d’autres animaux dont ils sucent le-sang ; leur bouche est confor- mée pour ce genre de régime, et présente une sorte de museau ou de mamelon avancé, armé d’un suçoir rétraclile, ou bien deux lèvres membraneuses recouvrant une paire de crochets. Leur corps est aplati, presque transparent ORDRE DES THYSANOURES. 159 el divisé en onze ou douze segmens , dont trois appartiennent au thorax et portent chacun une paire de pattes courtes et ar- mées de crochets à l’aide desquels cette vermine se fixe sur les poils ou les plumes de leur hôte. C’est aussi à ces appendices cutanés qu'ils attachent leurs œufs : ils se multiplient très rapi- dement et ne se montrent chacun que sur des espèces particu- lières d'animaux. On les désigne généralement sous le nom com- mun de Poux, mais les entomologistes les distinguent en pour proprement dits, el en ricèns. $ 1169. Les POUX PROPREMENT piTs ont la bouche tubulaire; Poux. située à l’extrémilé antérieure de la tête et renfermant un suçoir, leurs tarses sont composés d’un gros article qui se replie contre la jambe et remplit ainsi les fonctions d’une pince ; il paraît que chezle mâle, Pextrémité de l'abdomen est armée d’une espèce d’ai- guillon. Les œufs connus sous le nom de Lentes (fig. 651 , a) éclo - sent au bout de cinq à six Jours ; les jeunes changent plusieurs fois de peau , mais leur croissance est très rapide : dans l’espace d’envirou dix jours, ils arrivent à l’âge adulte. Ils pondent un nombre considérable d'œufs, et on a constaté que dans les- pace de deux mois, deux poux sufliraient pour produire dix- huit mille individus. Trois espèces de ce genre sont propres à l’homme. La plus commune est le pou de La téte qui a le thorax bien distinet de l'abdomen , et a latéralement des taches brunes ou noirâtres sur un fond cendré. Le pou du corps humain a la même forme, mais est d’un blanc sale sans taches ; dans quelques maladies il pullule d’un manière effrayante. La troi- sième espèce a le corps arrondi et le thorax presque confondu avec l'abdomen ; sa piqüre est très forte. Plusieurs autres mam- mifères ont aussi des espèces de poux qui leur sont particu- lières. $ 1170. Les RICINS ont la bouche inférieure et composée à Ricins. l'extérieur de deux lèvres et de deux crochets ; ils différent aussi des poux proprement dits, par leurs tarses articulés et terminés par deux crochets égaux. Il en est une espèce qui vit sur le chien ; les autres se trouvent exclusivement sur les oiseaux. ORDRE DES THYSANOURES. $ 1171. Les thysanoures sont des insectes aptères, qui se Caractères, distinguent par les appendices dont leur abdomen est garni et 160 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. qui ne subissent point de métamorphoses. Ils forment deux fa- milles : les Zépismenes et les podurelles. Lépismènes, 6 1172. Les LÉPISMENES ont l'abdomen muni de chaque côté , en dessous, d’une rangée d’ap- pendices mobiles , et terminé par plusieurs soies articulées. Leur corps est allongé et couvert de petites écail- les luisantes qui paraissent souvent comme argentées. Leurs antennes sont sélacées el très longues , leur bouche est armée de mandibules et de mächoires avec des palpes ; enfin leurs pieds sont fort courts. Ces in- sectes courent très vite. La plupart se cachent dans les endroits obscurs, tels que les armoires et les fentes des cloisons construites en planches.Quel- ques-uns vivent sous les pierres. On les divise en MACHILES et en LÉPISMES PROPREMENT DITs. Les premiers sau- tent très bien à laide des filets ter- minaux de leur abdomen et fréquen- tent les lieux pierreux el couverts ; les derniers ne sautent pas et vivent pour la plupart dans l’intérieur des inaisons. Fig. 651 bis. MACHILE. Podurelles: ” 6 1173. Les PODURELLES ont l’ab- domen terminé par une espèce de queue fourchue, qui, dans le repos, est appliquée sous le ventre et qui, en se redressant 4 brusquement, sert à l’animal pour sauter. Leurs antennes sont très courtes; leur Lèle est ovale, et leur corps est mou et allongé, Quand ils sautent, ils retombent en général sur le dos , la queue étendue en arrière, et, pour Fig. 651 ter. PODURELLE. pouvoir s’élancer de nou- veau, ils ont besoin de se remettre sur le ventre et de recourber en dessous cet appendice. Les uns vivent sur les arbres ou se cachent sous les pierres ; d’autres se tiennent à la surface des eaux dormantes, et on MYRIAPVODES. - 161 trouve quelquefois des réunions nombreuses de ces petits in- sectes dans la neige ou sur le sable. CLASSE DESMYRIAPODES 61174 Les myriapodes diffèrent tellement des insectes ordi- naires, que plusieurs nalurakstes les regardent comme devant en êlre séparés, el en forment une classe distincle intermédiaire entre les insecles proprement dits et les arachnides. Non-seule- ment ces animaux n’ont jamais d'ailes; uiais leur corps, très al- longé etdivisé en un grand nombre d’anneaux , porte sur chacun de ces segmens au moinsune paire de pattes; aussi le nombre de ces organes s’élève-t-il toujours à vingt- “quatre ou davantage, et n’existe-t-il aucune ligne de démarcation entre le (horse et l’abdomen. Ils ressemblent un peu à des serpens ou à des vers qui seraient munis de pieds ; mais leur organisation intérieure les rapproche des insectes ordinaires. Fig. 652. SCOLOPENDRE. La tête des myriapodes est garnie de deux petites antennes et de deux yeux formés ordinairement d’une réunion d’yeux lis- ses. Lenr bouche est conformée pour la mastication. et présente une paire de mandibules bi-articulées, suivie d’une espèce de lèvre à quatre divisions, et deux paires d’appendices sem- blables à de petits pieds. Le nombre des anneaux de leur corps varie, et quelquefois ces segmens paraissent réunis deux à deux, de telle sorte que chaque 1ironçon morbide porte deux paires de paltes. Ces derniers organes se terminent par un seul crochet. I} exisle de chaque côté de corps une série de stigmales en commu- nication avec des trachées conformées de la même manière que chez les insectes ordinaires. Enfin , le vaisseau dorsal est très développé et donne naissance près de l'extrémité antérieure du corps, à deux bronches qui, après avoir embrassé le tube di- gestif se réunissent au-dessous pour constituer une artère ré- currente , située sur la ligne médiane verticale. Les myriapodes éprouvent dans le jeune âge des métamorphoses ; mais ces chan- gemens ne sont pas analogues à ceux que nous avons vus chez jes autres insectes, et consistent seulement dans la formation de 11 Caractères. Famille des chilognathes. lules pro- proment dits. 162 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. nouveaux anneaux el dans une augmentation correspondante du nombre de pattes. Deux familles'naturelles, faciles à distinguer par la forme des antennes, composent cet ordre, savoir : les CHILOGNATHES OU iules et les CHILOPODES ou scolopendres. 6 1175. Les myriapodes de la FAMILLE DES CHILOGNATHES ont en général le corps cylindrique et revêtu de tégumens très durs , les antennes, au moins aussi grosses vers le bout que vers la base et formées de sept articles ; les pattes courtes et pour la plupart insérées par doubles paires à des segmens com- posés de deux anneaux confondus en un seul tronçon. Les pre- miers anneaux qui suivent la lête ne présentent pas cette dis- position, et les deux ou trois derniers segmens sont apodes. Fig. 653. IULES. La nourriture de ces animaux consisté en matières animales ou végétales plus où moins décomposées, et leur bouche est munie de mandibules dépourvues de palpes et garnies de dents imbriquées ; d’une espèce de lèvre inférieure et de deux paires de pieds semblables aux suivans, mais plus rapprochés à leur base. Leur respiration se fait à l’aide de stigmates placés sur la pièce sternale de chaque double anneau et communiquüant in- térieurement avec une double série de poches aérifères, dispo- sées en chapelet et isolées, desquelles partent les trachées. Enfin on voit aussi de chaque côté du corps une série de pores qui livrent passage à un liquide acide d’une odeur désagréable. La marche des chilognathes est très lente : ils semblent glisser plutôt que marcher, et se roulent en Spirale ou en boule. Ils pondent leurs œufs dans la terre, et les petits, au moment de la naissance , ne ressemblent pas à leurs parens. Plusieurs d’entre eux, sinon tous, ont alors le corps parfaitement uni et sont complètement apodes; mais, dans le jeune âge, ils changent plusieurs fois de peau , et à chacune de ces mues, le nombre de leurs pattes augmente. Cette famille se divise en zxles , polydèmes, glomeris, etc. $ 1176. Les IULES PROPREMENT DITS (/#g. 653) ont le corps cy- MYRIAPODES. 103 lindrique, fort long et erustacé; leurs antennes sont renflées vers le bout, et ils n’ont pas d’appendices à l'extrémité postérieure de leur corps. La plupart des espèces viventà terre, dansles bois et les lieux sablonneux; mais on en trouve aussi quelques-uns de pêtite tailie sous les écorces des arbres et dans la mousse. Ils s’enroulent en spirale et répandent en général une odeur dés- agréable. Lors de la naissance, leur corps est réniforme et dé- pourvu d’appendices ; mais au boût de huit jours, ils subissent une première mue et prennent la forme qu’ils doivent conserver, à celle différence près, qu'ilsn’ont pas encore tous leursanneaux. Dans l’espèce sur laquelle ces métamorphoses ont été observées, on ne leur trouva alors que vingt-deux segmens, el le nombre total de leurs pattes était de vingt-six paires; à la seconde mue, Panimal acquit treize paires de nouvelles pattes, et, après la troi- sième, on lui en vit quarante-trois paires. Son corps se com- posait alors de trente segmens; enfin, à l’état adulte, le mâle en présentait trente-neuf et la femelle soixante-quatre; mais ce nombre varie suivant les espèces. L’inle des sables, long d’environ trente-six millimètreset d’un brun noirâtre, est assez commun en Europe, de même que lite terrestre qui est d’un quart plus petit et d’une couleur cendrée. $ 1177. Les rOLYDESMES différent des iules par la forme des anneaux de leur corps qui sont anguleux; on les trouve sous les pierres dans les lieux humides, etc. NN Fig. 654. POLYDESME. $ 1178. Les GLouÉRIS ressemblent heaucoup par la forme gé- nérale de leur corps à des cloportes ; il est ovalaire, convexe en dessus, concave en dessous et composé, la tête comprise, de treize segmens ; le nombre des pattesest de trente-deux dans les mâles et de trente-quatre dans les femelles. Ces myriapodes vi- vent sous les pierres et se routent en boule. 6 1179. Dans la FAMILLE DES CHILOPODES ou des scoco- PENDRES (/g. 652), le corps est déprimé et membraneux, les an- tennes s’amincissent vers le bout et se composent de quatorze articles ou davantage ; chaque anneau, recouvert d’une plaque coriace ou cartilagineuse, ne porte en général qu’une paire de pieds dont la dernière est ordinairement rejetée en arrière ei A Polyde-me. Gloméris. Famille des chilopodes, Scolopen- dres propree ment dites, Lithobies, Seutisères, 164 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, allongée en forme de queue ; la bouche est armée de deux mà- choires munies de palpes, d’une espèce de lèvre quadrifide, de deux petits pieds onguiculés et réunis à leur base et d’une paire de pieds-mächoires , fixés an premier segment du tronc au- devant d’une paire dé pieds ambulatoires , réunis à leur base, de manière à représenter une espèce de lèvre inférieure, et ter- minés par un fort crochet, dont l'extrémité est perforée. L'ou- verture située au bout de ces organes, communique avec une glande particulière et livre passage à une liqueur venimeuse qui, chez les grandes espèces des pays chauds, paraît être très active; aussi y redoute-t-on beaucoup ces animaux. Les scolopendres recherchent lobseurité et se cachent ordi- nairement sous les pierres ou les écorces des arbres, dans le fumier ou dans la terre ; elles courent très vite et sont carnas- sières. $ 1180. Les SCOLOPENDRES PROPREMENT DITES ont le corps di- visé de la même manière en dessus et en dessous et sont pour- vues tantôt de vingt-et-une paires de pattes, tantôt de quarante- deux paires ou d’un nombre même beaucoup plus considérable. Dans quelques espèces on en compte jusqu’à soixante-quatorze paires. Elles vivent de vers de terre, d’insectes, etc., et il parait que quelques-unes répandent pendant la nuit une lumière phosphorique. On en trouve dans le midi de la France, mais c’est surtout dans les pays chauds qu’elles sont nombreuses. On donne ce nom de LITHOBIES à des scolopendres dont les plaques àorsales sont alternativement plus longues et plus cour- tes et dont les pieds sont au nombre de quinze paires. Fig. 655. LITHOBIE. $ 1181. Enfin les scuTIGÈRES diffèrent des précédens par la conformation de leur corps, dont la face inférieure est divisée en quinze segmens , et la face supérieure est recouverte seule- ment de huit plaques en forme d’écusson; leurs antennes et leurs pattes sont très longues , et lorsqu'on les saisit, ils per- dent facilement une partie de ces appendices. On en trouve chez nous une espèce qui se cache dans la’ charpente des maisons. ARACHNIDES. 165 CLASSE DES ARACHNIDES. $ 1182. La classe des arachnides se compose d'animaux arti- Caractères culés qui ont beaucoup d’analogie avec les insectes, et qui sont également organisés pour vivre dans Pair, mais qui s’en distin- guent, au premier coup-d’œil , par la forme générale du corps et par le nombre despattes, et qui diffèrent aussi de ces animaux par plusieurs particularités importantes dans leur structure intérieure. En effet, les arachnides ont toutes la tête confondue avec le thorax et dépourvue d'antennes; elles ont quatre paires de pattes et jamais d’ailes; enfin elles respirent en général à l’aide de cavités pulmonaires et ont presque toutes un appareil circulatoire complet. * . Fig. 656. ARAIGNÉE DOMESTIQUE. $ 1183. Le squelette tégumentaire de ces animaux est en JÉ- Organisation. néral moins solide que celui des insectes, et leur corps se com- pose de deux parties principales, presque toujours distinctes, 166 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. l’une appelée cephalo-thorax, parce qu’elle est formée par la tèle el le thorax confondus en un seul tronçon; l’autre noïmée ubdomen et Composée , tantôt d’une suite d’anneaux distinçts (comme cela se voit chez les scorpions (#3. 668), tantôt d’une nassé molle, globuleuse et sans divisions (chez les araignées, par exemple (/g. 656)). Les organes de la locomotion sont tous fixés au céphalo-tho- rax, et consistent en huit pattes très semblables à celles des insectes, et presque toujours terminées par deux crochets ; en général leur longueur est considérable, et elles se cassent facile- ment; mais de même que chez les crustacés, le moignon après s'être cicatrisé , reproduit une nouvelle patte qui croit peu-à- peu et finit par être semblable à celle dont l'animal avait été privé. Jamais les arachnides ne présentent aucun vestige d'ailes, et leur abdomen est toujours complètement dépourvu d’appen- dices locomoteurs. C’est sur la partie antérieure du céphalo-thorax que se trou- ventla boucheetles yeynix (#9. 657). Ces derniersorganes sont tou- jours simples et en nombre assez considérable; on en compte or- dinairement huit, et on distingue dans chacun d’eux une cornée transparente, derrière laquelle se trouve un cristallin , et une humeur vitrée, puis une rétine formée par la terminaison d’un nerf optique et une enveloppe de matière colorante. On ne sait rien relativementaux instrumens à laide desquels s'exerce lau- dilion chez les arachnides; mais on à des preuves multipliées de l'existence ‘de ce sens chez ces animaux, et il paraitrait même que certains d’entre eux sontsensibles au charme de la musique. (A I C n9 Y ab ë Cu l œæ D mu (7) Fig. 657. (1) Scetion du cephalo-thorax d’une mygale, montrant la disposition du systéine nerveux : —ct{ Céphalo-thorax ; — m mandibole; — 9 griffe ou crochets - ARACHNIDES. 167 Le toucher s’exerce principalement: par lextrémité des pattes et par les appendices dont la bouche est garnie. $ 1184. Le système nerveux des arachnides présente des dif- férences assez grandes ; tantôt (chez les scorpions, par exemple) il se compose d’une série de huit masses ganglionnaires réu- nies entre elles par de doubles cordons de communication , et formant une chaine étendue, d’un bout du corps à laure, d’une manière presque uniforme ; d’autres fois (chez les arai- gnées, etc.) on trouve tous les ganglions du thorax réunis en une seule masse (4, fig. 657 et fig. 659), d’où partent en arrière deux cordons (c) qui vont aboutir à un ganglion abdominal uni- que (a, fig. 659). Du reste la disposition générale de ces parties est toujours la même : les ganglions antérieurs (e), situés au de- vant ou au dessus de l’œsophage et considérés plus ordinaire- ment comme représentant le cerveau de ces animaux , donnent naissance aux nerfsoptiques en avant et se continuent en arrière avec le collier œsophagien; les autres ganglions sont silués au- dessous du tube alimentaire, et envoient des nerfs, aux pattes, aux appendices de Pabdomen, etc. Les arachnides sont douées d’instincts variés qui sont quel- quelois non moins remarquables que ceux des insectes , et on serait même porté à leur accorder des facultés plus dévelop- péss, Car on à vu des animaux de cette classe se prêter à une espèce d'éducation et donner des signes d’une sorte d’intelli- gence. Plusieurs emploient des ruses particulières pour s’empa- rer de leur proie, et d’autres déploient dans la construction de leur demeure une industrie singulière ; mais nous ne trouvons dans cette classe aucun animal comparable sous ce rapport à la fourmi ou à l’abeille. $ 1185. Les arachnides sont carnassières, mais elles se bor- nent en général à sucer les humeurs contenues dans le cadavre de leur victime; et afin de leur rendre plus facile la capture d’a- nimaux dont ils pourraient redouter la force, la nature à pourvu un grand nombre d’entre eux d’un appareil venimeux. La plupart se nourrissent d’insectes qu'ils saisissent vivans ; quelques-uns cependant vivent en parasites. Chez les premiers, la bouche est garnie d’une paire de mandibules armées de crochets mobiles ou conformées en manière de pinces, d’une paire de mâchoires lamelleuses, portant chacune un grand mobile, qui la termine; — & bouche; —-æ œsophage; — e estomac; — ab ori- gine de l’abdomen; — € cerveau ou ganglion céphalique; — + masse ganglion- na re du thorax; — ca cordons qui l’unissent aux ganglions abdominaux ; — no nerfs optiques; — y yeux. 168 j ZOOLGGIE DESCRIPTIVE. palpe plus ou moins pédiforme, et d’une lèvre inférieure ; Fig. 658. (1) chez les arachnides parasites, la bouche a la forme d’une petite trompe d’où sort une espèce de lan- celte formée par les mâchoires. Le crochet mobile des mandibu- les présente près de son extrémité une pelile ouverture qui est l’ori- fice du canal excréteur de la glande venimeuse dont nous avons déjà par- lé, et la liqueur qu’elle verse au fond des plaies détermine presque aussitôt lengourdissement des insectes auxquels ces animaux font la chasse, mais est trop D pa ODOI i|| an Fig. 659. (2 faible pour nuire à l’hom- me, el c’esl sans aucune raison que le vulgaire at- tribue souvent à la mor- sure des araignées les boutons et les rougeurs qui se développent quel- quefois sur notre peau. Le canal intestinal est en général assez simple, mais offrequelquefois des appendices cœcaux qui pénètrent jusque dans l’intérieur des pattes. En général des tubes analo- gues aux vaisseaux bi- liaires des insectes, s’ou- vrent dans l’intestin près de l'anus; mais chez quel- ques arachnides, tels que les scorpions, ilexiste un foie composé de quatre grappes glanduleuses. Cest aussi autour de l'ouverture anale que se trouvent les glandes sé- (1) Appareil buccal d’une araignée : — s Sternuim; —/ lèvre; ma mâcnoi- res; — p palpes des mâchoires: — "1 imandibules; — # crochet ou griffe des mandibules. (2) Anatomie d'une mygale :— ct Céphalo-thorax ouvert en dessous et donnant attache aux pattes, dont la base est en place; — pa patte de la première paire; ï …… ARACHNIDES. 169 crétoires de la matière soyeuse , et les filières à l’aide desquelles plusieurs arachnides se construisent des toiles souvent très étendues et d’une délicatesse extrême (f, fig. 659). $ 1186. La respiration des arachnides est aérienne comme celle des insectes, et se fait quelquefois au moyen de trachées ; mais chez la plupart de ces animaux, elle est concentrée dans des poches, logées dans l'abdomen et appelés poumons. Ces der- niers organes présentent dans leur intérieur une multitude de lamelles FR (4) disposées comme les feuillets ‘d’un livre : aussi ressemblent-ils bien plus à des branchies intérieures qu'à de véritables poumons. Chaque poumon reçoit Pair par une ouverture Située à la face inférieure de lPabdomen (s) et. on en compte tantôt deux, tantôt quatre ou même huit. Cer- laines arachnides possèdent en même temps, des poumons et des trachées; et d’autres ne sont pourvues que de ces tubes dont la structure est essentiellement la même que chez les in- sectes. $ 1187 Lesangest blanc chez tous les animaux de cette classe. Les arachnides pulmonaires sont pourvues d’un appareil cireu- laioire complet. Leur cœur situé sur le dos , a la forme d'un vaisseau al- longé et donne naissance à diverses artères ; le sang, après avoir traversé les organes, se rend aux poumons et de là arrive au cœur, en suivant une marche semblable à celle que nous avons déjà vue chez les mollusques. Chez les arachnides, dont la respira- tion s'effectue uniquement à l’aide de trachées, l'appareil de la circulation est rudimentaire. [| ne parait y avoir qu’un simple vaisseau dorsal sans ar- tères ni veines. . Fig. 660. 6 1188. Les arachnides pondent des œufs comme les insectes, el le mâle diffère, en général, de la femelle par la forme des palpes maxil- laires, dont les usages paraissent être très importans; un grand — ppalpe; » mandibules; — ab abdomen; — t masse ganglionnaire thora- cique; — a ganglions abdominaux; — po piches pulronaires; s stigmates; — ! lamelles respiratoires d’une de ces cavités ouverte ; — ov ovaires; — or orifice des oviductes; ma muscles de l'abdomen ; -- an auus; — f fiheres. (1) Cœur d’une araréide :— « Contour de l'abdomen ; —c cœur ; — ar grande artère qui part de son extrémité antérieure; — 2 vaisseaux qui paraissent venir des poumons. Caractères. Famille des aranéides, 10 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. nombre de ces animaux enveloppent leurs œufs dans un cocon de soie, et quelquefois la mère demeure avec sa jeune famille pour la protéger, et porte mème les petits sur son dos lorsqu'ils sont encore trop faibles pour marcher. Tous ces animaux subis- sent plusieurs mues avant que d'arriver à l’âge adulte, et quel- ques-uns éprouvent une sorte de métamorphose, car il en est dont les pattes ne sont d’abord qu’au nombre de trois paires, et qui en acquièrent une quatrième à un àge plus ou moins avancé. 6 1189. Latreille divise la classe des arachnides en deux ordres caractérisés par le mode de respiration et de circulation, qui est tantôt semblable à ce que nous avons vu chez les insectes, tan- Hô tout différent. Le tableau suivant donne les caractères de ces deux groupes. ! ayaut des sacs pulmouaires et un appareil PULMONAIRES, / circulatoire complet ( yeux au nombre de six a huit). ARACHNIDES , : | ayant seulement des trachées pour la respira- is set tion et des vestiges d'organes cireulatoires \ | (yeux au nombre de quatre au plus). Celte classification n’est pas parfaitement naturelle ; car elle sépare certaines arachnides très analogues entre elles , et lexis- tence des trachées nest pas une circonstance aussi importante qu’on serait porté à le croire au premier abord , puisqu'on voit ces organes se montrer dans certaines arachnides pulmonaires, qui, du reste, diffèrent à peine de quelques autres espèces dé- pourvues de ces vaisseaux respiratoires: ORDRE DES ARACHNIDES PULMONAIRES. $ 1190. Les arachnides dont la structure est la plus compli- quée, respirent par des poches pulmonaires , qui existent en général seules, mais qui sont quelquefois accompagnées de tra- chées ; les stigmates par lesquels Pair y entre ont la forme de petites fentes situées sous l’abdomen, el sont au nombre de deux; de quatre, ou même de huit; tandis que chez les arachnides tra- chéennes ces orifices ne sont qu’au nombre de deux. On divise cet ordre en deux familles, les ARANÉIDES dont les palpes sont petits, pédiformes et ne se terminent pas en pince (fig. 656), et les PÉDIPALPES dont les palpes sont très grands et iérminés en pince ou en griffe ({g. 668). « $ 1191. Les ARANÉIDES ou arachnides pulmonaires fileuses, ont le céphalo-thorax composé d’un seul tronçon et recouvert ARACIHNIDES PULMONAIRES. 171 par une sorte de bouclier corné, ordinairement de forme ova- laire ; leur abdomen y est appendu par un pédoncule très court, et consiste en une masse renflée et ordinairement molle. Les yeux sont presque loujours au nombre de huit, mais quelquefois on n’en compte que six. Les mandibules sont insérées sous le front et se terminent par un crochet mobile très acéré et percé près de son extrémité d’une petite fente, servant au passage du venin sécrété par une glande logée dams l’article précédent. Les mächoires sont au nombre de deux, et la languette située entre ces organes se compose d’une seule pièce; les palpes maxillai- res s’avancent de chaque côté des mandibules et ressemblent à de pelits pieds; chez la femelle ils se terminent par une griffe, et chez le mâle ils sont renflés vers le bout et présentent dans ce point une structure très compliquée. Les palles sont insérées presque circulairement autour du céphalo-thorax. Elles sont toutes de inème forme, et se composent de sept articles dont le dernier est armé de deux crochets ordinairement dentés en pei- gne ; souveut on remarque près de ceux-ci, une multitude de poils aplatis , et il parait que c’est à l’aide de ces appendices qu’elles se fixent sur les corps les plus polis. Dans cette famille les cavités pulmonaires sont au nombre de deux ou d’une seulement, et sont placées près de la base du ventre : unétache jaunâtre ou blanchâtre indique à l’extériéur la position de chacun de ces organes , et c’est tout auprès à la face inférieure de Pabdomen que se voient les stigmates. $ 1192. La soie avec laquelle les aranéides se construisent des demeures , tendent des pièges à leur proie et forment des co- cons pour leurs œufs, est sécrétée comme nous lPavons déjà dit par un appareil logé dansla partie postérieure de labdomen. Cet appareil consiste en plusieurs paquets de vaisseaux contournés sur eux-mêmes ét aboutissant à dès pores percés au sommet de quatre ou de six mamelons coniques ou cytindriques, appelés filières, et situés au-dessous de lPanus. La matière gluante ex- pulsée à travers ces pores, prend de la consistance par le contact de Pair , et consiitue des fils d’une ténuité extrême et d’une lon- gueur considérable ; à l’aide de ses pattes , l'animal réunit en une seule corde une multitude de ces fils, et chaque fois qu’en se balançant, les filières viennent à toucher le corps sur lequel il pose, il y attache le bout d’un de ses fils, dont l'extrémité op- posée est encore renfermée dans Pappareil sécréteur , et dont il peut, par conséquent, augmenter à volonté la longueur. La cou- leur et le diamètre des fils varient beaucoup; une araignée du Mexique se construit une toile composée de fils rouges , jaunes et noirs, enlrelacés avec un art qui étonne; ei on à calculé que dix mille fils sortant des pores d’une des filières de quelqués- Classification. Mygales. 172 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. unes de nos araignées communes , n'égalent pas en grosseur un de nos cheveux, tandis que d’autres espèces propres aux pays chauds, forment des trames si fortes, qu’elles suffisent pour arrêter de petils oiseaux, et que l’homme , même, a besoin de faire un effort pour les rompre. La manière dont les aranéides mettent leur soie en œuvre ne varie pas moins ; les unes se bor- nent à tendre des fils irréguliers, d’autres tissent ure toile dont les mailles sont d’une régularité extrême. 6 1193. Celte famille se divise en deux sections , savoir: les MYGALES OÙ ARANÉIDES TÉTRAPNEUMONES, Ou qui ont quatre stig- males s’ouvrant dans autant de cavités respiratoires ; et les ARANÉIDES DIPNEUMONES OU ARAIGNÉES, qui n’ont que deux slig- males et, par conséquent, seulement deux poches pulmonaires. 6 1194. Les MYGALES sont remarquables par la force de leurs pattes et de leurs mandibules ; leurs yeux sont situés à l’extré- milé antérieure du cé- phalo-thorax,et la plu- part n’ont que quatre filières. Les MYGALES PROPREMENT DITES, Ont les crochets des mandi- bules, repliés en des- sous (/ig. 657), huit yeux, et les palpés in- sérés à l'extrémité des mäâchoires, de facon à paraitre composés de six articles dont la mâ- choire serait le pre - mier.. C’est, à ce genre qu'appartiennent Îles plus grandes aranéides; dans l'Amérique méri- dionale, on en trouve qui, lorsque leurs pat- tes sont étendues. occu- pent un espace circulai- re de vingt-deux à vingt- quatre centimètres de diamètre , et on assure que ces énormes arai- Fig. 661. MYGALE: unées sont assez fortes pour s'emparer des coli- ARACHNIDES PULMONAIRES. 173 bris, et des oiseaux-mouches ; nos colons les connaissent sous le nom d’araignees-crabes. Leur corps est entièrement velu et leur couleur plus ou moins noirâtre; ilsétablissent leur domicile dans les gerçures de lécorce des arbres, ou entre des pierres, el se construisent un tube dont le tissu fin et serré ressemble à de la mousseline. On en distingue plusieurs espèces dont quelques- unes passent pour être venimeuses. D’autres mygales, beaucoup plus petites, vivent dans le midi de l'Europe, et se creu- sent, dans les lieux secs et montueux , des galeries souter- raines en forme de boyau, dont elles tapissent l'intérieur d’un üssu soyeux et dont elles fer- ment l’entrée à laide d’un cou- vercle garni d'une charnière et formé de plusieurs conches de fils mélés de terre gâchée. La disposition de celte porte est telle que son poids suffit pour Fig. 662. NID DE MYGALE. Ja fermer; mais lorsque la my- . gale craint de voir sa demeure envahie par quelque ennemi, elle s'accroche à des trous prati- qués à la face inférieure de ce couvercle, du côté opposé à la charnière et empêche de louvrir. $ 1195. On donne le nom d’arypes à des aranéides qui se di-- tinguent des mygales par l'insertion de leurs palpes, sur le côté externe des mâchoires ; et qui ont les yeux très rapprochés et groupés sur un tubercule.: Une espèce de ce genre habite les en- virons de Paris, el se creuse une habitation souterraine à-peu- près comme les mygales dont nous venons de parler. $ 1196. D'autres aranéides de cette tribu ont la griffe des man- dibules repliée sfr la surface interne de ces organes et six fi- liaires; les unes pourvues seulement de six yeux disposés en Atypes. Disdères filis- tates, fer à cheval, et de mandibules très fortes , forment le genre DYSDÈRE ; d’autres ayant huit yeux groupés sur une petite élé- -vation , et des mandibules petites ont recu le nom de FILIS- TATES. $ 1197. La section des ARACHNIDES DIPNEUMONES, caractérisée par l'existence d’une seule paire de poches pulmonaires et pres- que toujours d’une seule paire de stigmates, se compose d’un grand nombre d’aranéides dont les palpes sont toujours dispo- Arachnides dipncumones. Araignées sédentaires. Latérigrades. Araignées tapissières. 174 x ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. sés comme dans les deux genres dontil vient d’être question, et dont les filières sont toujours au nombre de six. On a subdivisé ce groupe en deux tribus, savoir : les ARAIGNÉES SÉDENTAIRES , qui construisent des toiles ou tendent au moins des fils pour surprendre leur proie, et se tiennent habituellement dans ces pièges ou dans leur voisinage; et les ARAIGNÉES VAGABONDES , qui ne font pas de toiles, mais guettent leur proie et la saisis- sent à la course ou en sautant sur elle. 61198. Les ARAIGNÉES SÉDENTAIRES se reconnaissent à leurs yeux au nombre de huitou de six, disposés sur la largeur du front et placés quatre ou deux au milieu, et deux ou trois de chaque côté (fig. 663 et 664). Les unes nommées RECTI- GRADES, parce que, dans leur marche, elles se & o à & portent toujours. en avant, ont ces organes situés de manière à ne pas représenter un Fig. 663. segment de cercle ou un croissant, et tien- nent leurs pieds élevés dans le repos ; elles ourdissent des toiles et sont toujours stationnaires. Les autres, appelées LATÉRIGRADES , peuvent marcher de côté et en arrière aussi bien qu’en avant, ontles yeux au nombre de huit et dis- posés de façon à représenter, par leur réunion, un segment de cercle où un croissant; elles diffèrent aussi des précédentes par leurs mœurs: car au lieu de construire une loile, elles se bornent à tendre quelques fils solitaires pour arrêter leur proie, el elles se tiennent tranquilles sur les végétaux, les pieds étendus. On subdivise encore les araignées sédentaires rectigrades en TUBITÈLES OU TAPISSIÈRES , qui ont les filières cylindriques rap- prochées en un faisceau dirigé en arrière et les pieds robustes, et qui se construisent des tubes ou des cellules pour leur ser- vir de demeure ; INÉQUITÈLES OU ARAIGNÉES FILANDIÈRES, qui ont les filières presque coniques , peu saillantes et disposées en rosette ; les pieds très grêles et les mâchoires inclinées, el qui se cit en nd des toiles à réseau irrégulier, dont les fils se croisent hs tous les sens et sur plusieurs plans; et ORBI- TÈLES OÙ ARAIGNÉES TENDEUSES, qui ressemblent aux précé- dentes par la disposition de leurs filières et par la forme de leurs pieds, mais qui ont leurs mâchoires droites el élargies vers le bout et qui font des toiles en réseau régulier, composé de cercles concentriques croisés par des rayons droits, se rendant du centre à la circonférence. On range dans la division des twbitèles, les araignees propre- ARACHNIDES PULMONAIRES. 155 ment dites où tégenarres, les segestries, les drasses, les clubiones, les argyronèles , el. | Les TÉGÉNAIRES OU araignées proprement dites (fig. 656) ont huit yeux, dont les quatre antérieurs disposés en une ligne courbe (#g. 664) et les inâchoires droites et plus ou moins dila- iées vers le bout (fig. 658). Ces arachnides construisent dans lin- térieur de nos maisons, sur les haies ou sur les pierres, une grande toile à-peu-près horizontale, à la partie supérieure de laquelleestun tube ou elles setiennentsans faire demouvement ; elles y placent aussi leurs œufs renfermés dans une double enveloppe soyeuse, qui adhère au reste de la loile. Notre araignee domestique Po oO . s 296 (fig. 656) appartient à ce genre. Les SÉGESTRIES n’ont que six yeux et sont re- Fig. 664 marquables par l’existence de trachées aussi bien que de poumons. Elles se tiennent dans . les fentes des vieux murs où elles se construisent de longs tubes soyeux, dont l’ouverture extérieure est bordée de fils divergens, qui constituent une pelile toile propre à arrêter les insectes. Une espèce appelée segestrie perfide , de couleur noire, avec les mandibules vertes, est assez commune en France. Les DRASSES ont huit yeux comme les araignées, mais disposés autrement, et se distinguent aussi par la forme de leurs mâchoi- res qui représentent un cintre autour de la languette ; leurs mandibules sont robustes et ils se construisent sous les pierres, dans les fentes des murs, ou entre les feuilles, des cellules d’une soie très blanche. Le drusse reluisant se trouve assez communé- ment aux environs de Paris; il est petit, presque cylindrique, avec le thorax fauve et l'abdomen peint de bleu, de rouge, de vert et de jaune à reflets métalliques. Enfin, les ARGYRONÈ'TES au lieu d’être terrestres comme toutes les précédentes, sont des arachnides aquatiques ; elles se recon- naissent à la forme de leurs mâchoires et à leurs yeux dont les quatre médians représentent un quadrilatère, et les deux situés de chaque côté sont rapprochés l’un de l'autre et portés sur une éminence spéciale. L’argyroncte aquatique, qui est d’une couleur brun-noirâtre, vit dans nos eaux dormantes; elle nage l’ab- domen entouré de bulles dair, et se construit pour demeure une coque ovale remplie d'air, et attachée aux plantes des en- virons par une multitude de fils. Retirée dans cette loge, elle guette sa proie et garde assidüment le cocon dans lequel elle renferme ses œufs. Tégénairest Ségestries Drasses:- Argyronctes. 176 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE Iniquitéles. Le groupe des SÉDENTAIRES INÉQUITÈLES comprend les genres therid'on , pholque, etc. Théridions. Les THÉRIDIONS ont les pieds de la deuxième et de la troisième paires plus courts que les autres ; le céphalo-thorax est presque Fig. 665. MALMI- GNATTE. triangulaire, et les yeux disposés en trois groupes, dont celui du milieu, formé par quatre de ces organes, représente un carré, et les deux latéraux, comnosés cha- cun de deux yeux. Ces arachnides jettent entre Es feuilles de grandes trainées de fils , et, lorsqu'un insecte s’y est embar- rassé, is emmailloltent en quelque sorte leur proie avec de la soie, de manière à Pempécher de faire aucun mouvement , et le percent ensuite de leur crochet ve- nimeux pour lPengourdir avant que de s’en repaitre. La malmignalte, qui se trouve dans le midi de l’Europe et que, l’on regarde généralement comme étant très venimeuse, appartient à ce genre. Pholques. Les 1HOLQUES , dont les yeux sont disposés trois de chaque côté et deux au milieu , et dont les pieds de la deuxième paire sont plus longs que les postérieurs, ont des mœurs analogues aux‘théridions. Le pAolque phalangiste, dont le corps est long el étroit, la couleur jaunâtre , et les pattes très longues, est commun dans nos maisons, où il file aux angles des murs une toile composée de fils lâches. La femelle ne construit pas de cocon pour ses œufs, mais les agglutine en une petite masse arrondie, qu’elle porte toujours avec elle entre les mandi- bules. Orbitèles. Le groupe des SÉDENTAIRES ORBITÈLES se COmpose d’arach- nides. qui, pour la plupart, se rapprochent des précédentes par la grandeur et la mollesse de leur abdomen, et qui ont les yeux disposés quatre au milieu, formant un carré, el deux de chaque côté fi. 663). Tantôi leur toile est horizontale, tantôt perpen- diculaire, et ce sont les fils qui la soutiennent, dont les astrono- mes se servent pour construire les micromètres que ces obser- vateurs placent dans l’intérieur des télescopes. Epéires. Le genre principal de cette division de la grande section des araignées sédentaires rectigrades est celui des ÉPÉIRES, caracté- risés par les yeux latéraux presque confondus (#g. 663), et les mâchoires dilatées à leur base. Presque toutes ces arachnides se \ ARACHNIDES PULMOXAIRES. 177 lissent une toile verticale ou inclinée; les unes se placent au centre de cette trame, le corps renversé; les autres se cachent dans une retraite qu’ils se pratiquent tout auprès, et qui a tantôt la forme d’un tube soyeux , tantôt celle d’une coupe. Leur cocon est en général globuleux ou ovoïde, et offre quelquefois une structure très remarquable. Nous possédons en France plusieurs espèces d’épéires. Dans la division des ARAIGNÈES SÉDENTAIRES LATÉRIGRADES, les yeux sont toujours au nombre de huit et disposés en segmens de cercle ; les mandibules sont en général petites, et Le corps est d'ordinaire aplati avec l'abdomen grand, arrondi ou trian- gulaire. On y range les MICROMMATES, les PHILODROMES, Îles THOMISES, elc., dont on trouve diverses espèces dans nos en- virons. $ 1199. La TRIBU DES ARAIGNÉES VAGABOXNDES est Caraclérisée par la disposition de leurs yeux, qui s'étend a äu moins autant d'avant en arrière que trans : OC versalement (/g. 666). Ces arachnides ont Île de eo céphalo-thorax grand et les pieds robustes. - Ainsi que nous Pavons déjà dit, elles sont Fig. 666. chasseresses el ne font pas de toile. Latérigrades. Armonces vagabondes. Les unes, appelées CITIGRADES OU oraignces-loup ont en Citigraues. général les pieds propres à la course seu'ement; leur céphalo- thorax est ovoiïde, rétréci en avant gt plus large que le côté antérieur du groupe formé par leurs yeux. La plupart des femélles se liennent sur le cocon renfermant leurs œufs, ou lemportent même avec elles, el ne l'abandonnent qu'à la der- nière extrémiié : encore les voil-on relourner le chercher aussitôt que le danger est passé; elles veillent aussi quelque temps à la conservation de leurs petits: Ce groupe comprend les DOLOMÈDES , leS LYCOSES OÙ TARENTULES, etc. Ces dernières se liennent presque toujours à terre, courent très vite et se logent dans des trous ou dans les fentes des vieux murs : elles sont très voraces et défendent courageusement leur demeure, Lorsque la femelle va en course, elle emporte son cocon attaché à son abdomen , et, quand les petits sont éclos, ils se tiennent cramponnés sur le corps de leur mère jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour chercher eux-mèmes leur nourriture. Une des espèces de Iycoses, appr lée la turentule, parce qu'elle est com- mune aux environs de la ville de Tarente, est devenue célèbre par les fables dont 5on histoire a été chargée. On a prétendu, et 12 178 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. cette opinion est encore-adoptée du vulgaire, que la morsure de cet animal produisait des accidens très graves, même la mort, mais qu’au son de la musique le malade dansait malgré lui, et que cet exercice, suffisamment prolongé, le guérissait de tous les maux. La Zycose narbonnaïise, qui se trouve dans le midi de Ja France, diffère peu de la tarentule. Saltigrades. D’autres araignées vagabondés, formant la division des sAL- TIGRADES , Ont les cuisses antérieures remarquables par leur grosseur et les pieds conformés pour le saut aussi bien que pour la course : aussi marchent-elles par saccades, el, lors- qu’elles sont à portée de leur proie, les voit-on bondir dessus comme le ferait un chat. Tels sont les SALTIQUES et les ÉRÈSES. Familie des (1200. Les arachnides de la famille des PÉDIPALPES n’ont pas pédipalpes. qe filières comme les aranéides , et se reconnaissent facilement à leurs grands palpes en formes de bras, terminés en pince ou en griffe. Leur gaine tégumentaire est assez solide, et leur ab- domen est composé de plusieurs segmens distincts (/g. 668 ) ci Frg. 667. PHRYNE. Quelques-unes de ces arachnides ont l’abdomen plus ou Tarentules. moins pédiculé, dépourvu d'aiguillon à son extrémité et por- ARACHNIDES PÉDIPALPES. 179 * lant seulement quatre stigmales recouverts d'une plaque cor- née; huil yeux ,-dont deux situés près de la ligne médiane et rois de chaque côté, près des angles antérieurs du céphalo- thorax ; enfin les mandibules armées d’une griffe ou simplement d’un crochet mobile, et les palpes épineux. Elles habitent les parties’ les plus chaudes de PAsie et de PAmérique, et sont désignées par quelques auteurs sous le nem commun de TAREN- TULES ; mais il ne faut pas les confondre avec les tarentules dont il a déjà été question et dont on à formé le genre /yrose. Ces pédipalpes se divisent en deux genres : les PHRYNES et les THÉLYPHONES. 6 1201. Les autres arachnides de cetle famille forment le genre des scORPIONS. Leur corps est très long, et leur abdomen est uni au thorax dans loute sa. largeur, mais bientôt se rétrécit brusquement de manière à constituer une sorte de queue grêle Fég. 668. SCORPION. el composée de six anneaux, dont le dernier se termine par ün crochet aigu ou dard. Leurs stigmates sont au nombre de quatre paires : ils se voient à découvert près de la base de lab- domen (4, fig. 669), et donnent chacun dans üne poche pulmo- naire , de couleur blanche. Leurs palpes (p, fig. 668) sont très grands et lerminés par une pince didactyle. Leur front porte de chaque côté deux ou trois yeux disposés en ligne courbe; et, vers le milieu du dos, on voit deux autres yeux trés rap- prochés Pun de Pautre. Les scorpions habitent les pays chauds des deux hémi- sphères et vivent à terre dans les lieux sombres et humides ; on en trouve dans le midi de la France, mais ils n’atteignent une grande taille qu’en Afrique et dans l'Inde. Ils courent très vite, en tenant leur queue relevée au-dessus du dos, et se servent (le Paiguillon qui la termine pour se défendre et pour allaquer les animaux dont ils se nourrissent ; ce dard pré- * 12. Scorpions. Caractères. 180 ZOOLOGIE DESCRIPFIVE. sente au-dessous de là pote plusieurs ouvertures qui com- muniquent avec une glande ve- nimeuse, el la piqüre de ces arachnides est souvent mortelle pour les animaux même assez gros, tels que les chiens; Îles grands scorpions des pays chauds sont aussi très redou- jlables pour l’homme, mais la ‘piqûre des espèces qni habiteni l'Europe ne parait pas être ja- mais mortelle, il en résulte or- dinairement une inflammation locale plus ou moins vive, ac- compagnée de fièvre et d’en- gourdissement, et quelquefois de vomissemens, de douleurs dans tout le corps et de trem- # blement; pour combattre ces Fig. 669(1). ‘accidens, les médecins conseil- lent lusage de lPammoniaque (ou alcali volatil) administré à l'intérieur aussi bien qu’à lexté- rieur, et l'application de substances émollientes sur la plaie. Ces animaux vivent principalement d'insectes qu’ils saisissent avec leurs serres ; ils sont ovo-vivipares, la femelle porte pendant quelque temps ses petits sur son dos el veille avec soin à leur conservation. Le scorpion d'Europe est de couleur brune et n’est pourvu que de six yeux ; ses bras sont anguleux, sa queue plus courte que le corps, et sa taille d'environ 27 millimètres ; 1! commence à se montrer vers le quarante-quatrième degré de latilude, et devient très commun en lialie et en Espagne. On trouve également dans le midi de l’Europe et dans la Barbarie, le scorpion roussätre, qui est plus grand , se reconnait à ses yeux au nombre de huit, et à sa queue plus longue que le corps ; sa piqûre est plus dan- gereuse que celle du scorpion d'Europe. ORDRE DES ARACHNIDES TRACHÉENNES. $ 1202. Les arachnides qui sont dépourvues de poches pul- monaires , el qui respirenl à l’aide de trachées , forment dans la (1) Portion antérieure du corps d’un :corpion vu en dessous : — à Mandi- bules; — b base des palpes; — c,c base des pattes ; — 4, d stigmates; — e orifice de l’oviducte ; — f peignes. ARACHNIDES TRACHÉENNES. 181 classification généralement adoptée, le second ordre de la classe des arachnides. L'air pénètre dans ces canaux par deux stigma- Les très pelits, situés à la partie inférieure de l'abdomen. Toutes les arachnides trachéennes paraissent manquer d'un appareil circulatoire ; enfin il en est qui sont dépourvues d’yeux, el chez celles qui en possèdent , on n’en compte jamais que deux ou quatre La plupart des auteurs placent dans celte division quelques animaux marins dépourvus de trachées, el connus sous le nom de PYCNOGONIDES; mais il parait plus naturel de les ranger parmi les crustacés : en adoptant cette marche, l’ordre des arachnides trachéennes se compose des trois familles , des faux scorpions, des phalungiens et des acariens. $ 1203. Les FAUX SCORPIONS ont lPabdomen bien distinct du thorax et annelé, des palpes très grands et en forme de pieds ou de serres comme chez les scorpions, les mandibu- les apparentes et terminées par deux doigts et le corps ovalaire ou oblong. Ilssont tous terrestres ettrès agiles. les uns nominés GALÉODES, ont les mandibules extré- mement grandes, les palpes .pédiformes, le thorax divisé en deux segmens et lPabdo- men ovalaire et mou: ils habitent les pays chauds et sablonneux et sont réputés venimeux. Les autres, ap- pelés PINCES OU CHÉLIFÉ- RES (#g. 670), ressemblent à de petits scorpions privés de queue; leur corps est Fig. 670. CHELIFÈRE. aplati, leur thorax pres- que carré et leurs palpes très longs et terminés par une main didactyle. $ 1204. Les PHALANGIENS et les acariens-sont réunis par la plupart des auteurs dans une même famille sous le nom de Ho- LÈTRES , mais ils méritent d’être distingués. De même que les acariens ; les phalangiens ont le thorax et l'abdomen réunis en une seule masse ; mais cette dernière partie du corps présente des divisions annulaires qu'on ne voit pas chez les acariens. Le Faux scor< pion:. Galéodes. Pinces. Phalau siens: Faucheurs, Acariens. 182 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. corps de ces arachnides est ovale où arrondi; leurs pieds sont fort longs, leurs mandibules sont très saillantes et terminées en pince didactyle ; les machoires portent des palpes filiformes ; enfin, leurs yeux sont au nombre de deux. Les FAUCHEURS (pha- langium) constituent le principal genre de cette famille; ils sont remarquables par la longueur de leurs pattes, etse distinguent des autres phalangiens par leurs mandibules beaucoup plus Fig. 671. FAUCHEUR. courtes que leur corps, et leurs yeux portés sur un pédoncule commun. Ce sont des animaux très agiles qui vivent les uns à terre, les autres sur les arbres , et sont très communs dans nos campagnes. 6 1205. Les ACARIENS ou mires (/g. 672) n’ont l’abdomen n1 an- nelé, ni pédiculé, et leur bouche est conformée en manière de su- coir; les organes de la mastication ne sont pas libres comme chez les autres arachnides , mais plus où moins enveloppés dans une gaine ou une sorte de cuiller formée par la lèvre inférieure ; les palpes maxillaires seuls sont en général libres, et leur extré- uité est ordinairement armée d’un crochet ou d’une petite ARACHNIDES TRACHÉENNES. 183 pince : les uns ont quatre ou deux yeux, d’autres un seul, et plusieurs sont tout-à-fait privés de ces organes. Ils sont presque tous de très petite taille, et pullulent excessivement ; plusieurs A (12 b Fiy. 672. Fig. 673. IXODE DU HERISSON. Fig. 674. (1). ù ne naissent qu'avec six patles et n’acquièrent une quatrième paire qu'après leur première mue. Leurs mœurs varient beau- coup : les uns se tiennent à terre sous les pierres ou sur les plan- Fig. 675. SARCOPTE DE LA GALE. tes, d’autres sont aquatiques ; d’au- tres encore ne se rencontrent que dans les substances organiques plus ou moins altérées, tellesque le vieux fromage , etc. ; enfin , il en est aussi qui vivent en parasiles sur la peau ou dans la chair de divers animaux. La plupart des acariens parasites sont connus sous les noms de TIQUES ou ricins, et de SARCOPTES. Une es- pèce, le ricin proprement dit ou irode brun, se fixe sur les chiens, les bœufs, etc., et enfonce tellement son suçoir dans la chair de ces ani- maux , qu’on ne peul l’en détacher qu’en enlevant la portion de peau qui y adhère. On assure que la mul- liplication de ces parasites est quel- quefois si considérable, qu'ils font périr d’épuisement les bœufs et les chevaux sur lesquels ils se sont fixés. Une autre espèce de mite, appelée le Zepte automnal où rouget, est très commune en (1) Appareil. bucal d'un acarien du geure ixode: — à La lèvre inférieure: » ,b les palpes maxiilaires; — € ,e tête. 134 ZOOLOGIE DESCR{PTIVE. automne dans nos champs, et s’insinue sous la peau de nos Jambes , où sa présence occasionne des démangeaisons insup- portables. Enfin, c’est un petit animal de cette famille qui, en se multipliant dans des clapiers sinueux sous la peau’, occa- sionne une de nos maladies les plus dégoütantes, la gale. Le sarcople de la qale est à peine visible à Pœil nu, mais quand on lexamine au microscope on voil que son corps est oblong, que sa bouche à la forme &’une papille conique armée de plusieurs soies , el que ses pieds, au nombre de huit, diffèrent beau- coup entre eux, les quatre pieds postérieurs élant terminés par des soies seulement, tandis que les quatre pieds antérieurs sont garnis à leur extrémité de petites ventouses à l’aide des- quelles ils peuvent adhérer aux corps les plus polis. 6 1206. C’est probablement à la suite des arachnides qu’il faudra ranger quelques aniimalcules microscopiques qui ont été désignés sous le nom de TARDIGRADES , et qui se lient d’une manière assez intime aux acarus, aux annélides et aux rota- teurs ; ils sont pourvus de quatre paires de pattes formées par un tubercule charnu el armé d'ongles crochus ; leur tête porte des vestiges d'antennes et leur système nerveux se compose d’une chaine de ganglions assez développés, On les trouve dans les mousses, ét ils possèdent, comme les rotifères, la singulière propriété de revenir à la vie en absorbant de l’eau, après être reslés pendant long-temps dans un état de mort apparente par suile d’une dessiccation complète. CLASSE DES CRUSTACÉS. ÿŸ 1207. La classe des crustacés comprend tous les animaux articulés à pattes articulées , qui sont pourvus d’un cœur et de branchies, pour respirer dans l’eau. Les crabes et les écrevisses loriment le lype de ce groupe; mais on y range aussi un grand nombre d’annnaux dont la structure est beaucoup moins com- pliquée , et dont la forme extérieure est différente ; car, à me- sure que lon descend dans la série naturelle formée par ces èlres , On voit Le même plan général d'organisation se modifier successivement et se simplifier de plus en plus. Les derniers crustacés sont même si imparfaits qu’ils ne peuvent vivre que fixés en parasiles sur d’autres animaux, et que la plupart des nalturalistes.les ont rangés parmi jes vers intestinaux. Le squelette tégumentaire des crustacés offre en général une CRUSTACÉS. 185 consistance très considérable. Presque toujours 1l à une dureté pierreuse el renferme en effet une proportion très considérable de carbonate de chaux. On peut considérer cette enveloppe so- lide comme élant une espèce d’épiderme; car, au-dessous delle, on trouve une membrane qui ressemble au derme des animaux supérieurs, el, à cerlaines époques, elle se détache et tombe, comme nous avons déjà vu lépiderme des reptiles se séparer de leur corps , et comme nous avons vu aussi la mem- brane tégumentaire des larves des insectes se renouveler à plu- sieurs reprises. On comprend facilement la nécessité de ces mues chez des animaux dont tout le corps est enfermé dans une gaine solide, qui, ne pouvant croilre comme les parties inté- rieures , Opposerail à leur développement des obstacles invin- cibles, si elle ne tombait pas du moment qu’elle est devenue lrop pelile pour les loger commodément : aussi les crustacés changent-ils de neau pendant tout le temps que dure leur crois- sance, el il paraitrait que la plupart de ces animaux grandissent pendant presque toute leur vie. La manière dont ils se dépouil- lent de leur ancienne enveloppe est très singulière. En général ils parviennent à eu sortir sans y occasionner la moindre dé- formation , et, lorsqu'ils la quittent, toute la surface de leur corps est déjà revêlue de sa nouvelle gaine ; mais celle-ci est encore extrêmement molle et nacquiert la solidité qu’elle doit avoir qu'au bout de quelques jours. Le corps des crustacés se coinpose d’une série d’anneaux plus ou moins distincts. Tantôt la plupart de ces segmens sont sim plement articulés entre eux, et jouissent d’une mobilité assez grande (fig. 676); tantôt 1ls sont presque lous soudés en- semble et ne se distinguent que par des sillons situés à leur point de jonction ; enfin d'autres fois leur union est est conduit à considérer le tronçon résufant de leur fu- Fig. 676. TALITRE (yrosst). sion, Comme composé de plu- sieurs anneaux plulôt que d’un seul. Ilen résulte, comme on le pense bien, des différen- ces très grandes dans la forme générale de ces animaux, et, si l’on compare entre eux un cloporte (fy. 678) ou un tälitre et un crabe (/g. 673), par exemple, on sera porté au premier abord à les croire conformés d’après des types entièrement dissembla- bles; mais une étude plus approfondie de leur structure fait encore plus intime, et c’est par analogie seulementqu'on Organisation. 186 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. voir que la composition de leur squelette tégumentaire est es- sentiellement la même, et que les différences tiennent presque entièrement à ce que la plupart des anneaux, complètement dis- lincts et mobiles chez les cloportes, sont soudés entre eux,chezles Fig. 678. CLOPORTE. D? crabes , el à ce que certaines par- ties analogues ne présentent pas chez ces deux animaux les mêmes proportions. Ainsi, chez le cloporte (/iy. 678) ou chezle talitre ({g. 676), on irouvera une iéle distincte (e) suivie d’un thoiax, composé de sept anneaux seinblables en- tre eux (£', #) et portant chacun une paire de pattes (2, pp); enfin, à la partie postérieure du corps, "on verra un abdomen (ab) formé également de sept segmens, dont la grandeur diminue rapidement, mais dont la forme est à-peu- près la même que dans le thorax. Chez un crabe, au contraire Fig. 677. MAÏA. (fig. 677), la lète n’est pas séparée du thorax et ne forme, avec toute celle partie moyenne du corps, qu'un seul tronçon recouvért par un grand bouclier solide, nommé carapace ; enfin l'abdomen échappe d’abord à l'œil, car il est reployé en dessous du thorax et n'offre que peu de volume ; cependant il est facile CRUSTACÉS. : 187 de démontrer que, chez le crabe comme chez le eloporte, il existe en arrière de la têle sept anneaux thoraciques bien re- connaissables , et que la carapace n’est pas un organe nouveau créé pour les premiers; mais seulement la portion dorsale de l'un des anneaux de la tête, qui a pris un développement ex- trème et a chevauché sur tous les anneaux voisins. Chez d'autres animaux de la même classe, la forme générale du corps s’éloi- gne encore davantage de celles dont nous venons de parler. Ainsi, Les limnadies sont renfermés entre deux bourrelets ova- laires, réunis comme les valves d’une huitre, ét c’est après avoir enlevé celte cuirasse mobile qu’on reconnait la structure annulaire de leur corps; les cypris, qui abondent dans les eaux slaynantes, offrent une disposition analogue; seulement les anneaux dont leur corps se compose sont encore plus diffi- ciles à reconnaître. Enfin, nous cilerons encore les lernées , qui, à l’âge adulte, offrent les formes les plus bizarres ; mais qui , dans la première période de leur existence, ont une struc- ture annulaire bien régulière. Cette’ étude comparative @u squelette tégumentaire des crustacés offre un grand intérêt pour lPanatomie philosophique , dont une des branches les plus importantes a trait aux modifications que la nature fait subir aux mêmes élémens organiques , pour les adapter à des usages variés , el pour créer avec des matériaux analogues des animaux disserablables ; mais les limites que nous avons assi- gnées à ces leçons ne nous permettent pas de nous arrêter plus long-temps sur ce sujel. $ 1208. Les appendices latéraux ae divers anneaux conslitu- us r 7 æ pm D? D” [D n Fig. 679. PALEMON (1). » > » . . Li) &s Antennes de la prennuère paire; — ai antennes de la seconde paire où 188 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. is du corps sont en général très nombreux , et offrent aussi des différences considérables dans leur conformation et dans leurs usages, soit qu’on les considère dans les diverses parties d'un même individu, soit qu’on les compare chez des espèces distinctes. Ceux des premières paires sont, en général, affectés aux fonctions de relation el portent les yeux ou constituent des antennes ; les suivans entourent la bouche et servent à la pré- hension ou à la division des alimens; ceux de la portion moyenne du corps constituent des pattes pour la locomotion , el ceux qui sont placés plus en arrière ont des ‘usages très variables, mais servent, en général , soit à la respiration, soit à la repro- duction; enfin, cette Ipngue série se termine ordin:irement par une ou plusieurs paires de membres disposés pour servir de nageoires. La tête, ou plutôt la portion céphalique du corps, porte les yeux , les antennes et les appendices buccaux ; quelquefois elle est divisée en plusieurs anneaux distincts (chez les squilles, par exemple, fig. 695) ; mais , en général, elle n'offre point de sépara- tion semblable et n'est formée que d’un sent tronçon qui parait représenter sept de ces anneaux confondus entre eux. Tantôtelle est mobile et distincte du thorax (fig. 678); tantôt, au contraire, soudée à celte seconde portion du corps qui, à son lour, se compose d’anneaux articulés entre eux chez cerlaines espèces , soudés en une seule masse chez d’autres. L’abdomen , ou por- tion postérieure du corps, est presque toujours distinet du tho- rax et formé aussi par une série d'anneaux mobiles. Les antennes sont presque toujours au nombre de deux pai- res, el constituent , en général , des espèces de cornes filiformes très allongées. Les paltes naissent par paires des divers anneaux thoraciques ; souvent on en comple sept paires: chez les clo- portes , les crevettes des ruisseaux et les talitres, par exemple; mais, d’autres fois, comine cela se voit chez les crabes et les écrevisses, leur nombre est réduit à cinq paires ; seulement les appendices qui, dans le premier cas, formaient les quatre pal- les antérieures, sont affectés à d’autres usages et transformés en organes de mastication. Il existe aussi des différences très grandes dans leur structure: chez quelques crustacés, elles sont toutes foliacées, membraneuses et propres à la natation seule- ment ; chez d’autres, elles ont la forme de petites colonnes cou- dées et articulées, disposées pour la marehe seulement; chez antennes inférieures; — l appendice lamelleux qui eu recouvre la base; — r rostre ; — y yeux; —pm patte mâchoire externe; — p’ patte thoracique de la première paire; — p patte thoracique de la seconde paire; -—/p fausses pattes nataloires de l'abdomen; — # nageoire caudale, CRUSTACÉS. 189 d'autres encore , tout en restant propres à ce dernier genre de locomotion , elles doivent servir en même temps comme autant de petites bèches pour fouir la terre , el alors elles sont élargies ét lamellaires vers le bout ; enfin , chez d’autres encore, elles se terminent en pince et deviennent alors des instrumens de pré hension en même temps qu’elles remplissent encore leurs fonc- lions ordinaires dans la locomotion. Chez les crustacés nageurs, tels que les écrevisses, les langoustes , les palémons, ete, Pab- domen offre, en général, un développement considérable, et se Lermine par une large nageoire , de facon à devenir le prin- cipal agent locomoteur; mais, chez ceux qui doivent marcher plus qu’ils ne nagent , il est, en général, très petit et reployé sous le thorax : chez les crabes, par exemple, cette portion du corps est réduite presque à rien, et constitue lPespèce de ta- blier mobile qu’on aperçoit à la face inférieure du corps sous les pailes. $ 1209. Le syslème nerveux se compose d’une double série de ganglions situés sur la face ventrale du corps, près de la ligne médiane. En général leur nombre corrrespond à celui des seg- mens diiinets dont le corps se compose, et toujours ceux de e na la première paire sont logés dans la tête, au-devant de l’'œæsophage, où ils consliluent une es- pèce de cerveau (e); co mais la disposition des ganglions du tho- rax el de P’abdomen varie beaucoup. Tan- tôt ils sont égale- ment espacés entre eux , et forment avec 7Pleurs cordons d: uacommunication une chaine étendue d’un bout du corps à l’au- tre; tantôt ils sont plus ou moins rap- (« Fig. 680 (1). (1) Système nerveux d’un crabe (le maja) : — ca Carapace ouverte; — a an- tennes extérieures ; — Y YEUX; — e estomac; — c cerveau; — n0 nerfs optiques ; — na nerfs des antennes ; — co collier æsophagien; — ns nerfs stomato-gas- triques ; — gt masse ganglionnaire thoracique ; abdominal. ny nerfs des pattes; — na nerf 190 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. prochés entre eux, et quelquefois ils sont tous réunis en une seule masse, située vers le milieu du thorax. Il est à no- ter que, dans celle .classe de même que chez les mollusques, cette centralisation du système nerveux devient de plus en plus complète à mesure que lanimal acquiert une orga- nisation plus élevée. Du teste, ils n’ont tous que des facultés très bornées, et aucun d’entre eux ne présente beaucoup d'intérêt. | Les yeux sont conformés à-peu-près de même que chez les insectes. Quelquefois ils sont simples ; mais en général ils ont composés , et, chez tous les crustacés les plus parfaits, ces or- ganes sont portés sur cles pédoncules mobiles, disposition qui ne se voit dans aucune des autres divisions de l’embranche- ment des animaux articulés. Chez un grand nombre de crusta- cés , il existe aussi un appareil de louiïe, qui est silué à la base des antennes externes et qui se compose d’une petite mem- brane semblable à un tympan, au-dessus de laquelle se trouve une espèce de vestibule rempli de liquide et renfermant la terminaison d'un nerf particulier. On ne sail rien de positif touchant l'odorat et le goût chez ces animaux. 6 1210. La plupart des crustacés vivent de substances anima- les ; mais ils présentent de grandes différences dans leur ré- sime : les uns ne se nourrissent que de matières liquides; les autres se repaissent d’alimens solides, et on remarque dans la conformation de leur bouche des différences correspondan- * les Chez les crustacés mastica- fs teurs, il existe au-devant de y : celte ouverture une lèvre courte CPAS et transversalé, suivie d’une m paire de mandibules, d’une Ne lèvre inférieure, d’une ou deux 5 paires de mâchoires propre- ment dites, et en général d’une Fig. 681. (1). ou de trois paires de mâchoi- _res auxiliaires ou paltes-mâchoires, qui servent principa- lement à la préhension des alimens (voy. y. 681). Chez les crustacés suceurs, au contraire, la bouche se prolonge en une espèce de bec ou de trompe, semblable à ce que nous avons déjà vu chez les insectes, dont les mœurs sont analo- (1) Portion antérieure de la face inférieure du corps d'un crabe (le maja: ) — ai Antennes internes; — a antennes externes; — y yeux; — 0 organe au- ditif; — pattes-mächoires ; — b bouche ; — p base des pattes antérieures ; — rouverture afférente de la cavité respiratoire; — s sternum, CRUSTACÉS. 191 gues. Bans l'intérieur de ce tube se trouvent des appendices grèles et pointus, qui font l'office de petites lancettes, et, de chaque côté, on voit d’ordinaire des organes analogues aux mâchoires auxiliaires des crustacés broyeurs, mais qui sont conformés pour servir à fixer Panimal sur sa proie. $ 1211. Le canal digestif s’étend de la tète à l'extrémité posté- rieure de l’abdomen , et se compose d’un æsophage lrès court, d'un estomac grand ({g. 682, e) et en général armé intérieure- ment de dents puissantes, d’un intestin grèle et d’un rectum. Chez quelques crustacés, la bile est sécrétée par des vaisseaux biliaires assez semblables à ceux des insectes ; mais, en géné- ral, il existe un foie très volumineux (fig. 682), dessiné en fo Cx m 40 ? f h ec ae } LEO 14 Fig. 682. {1) plusieurs lobes et composé d’une multitude de petits tubes terminés en cul-de-sac et groupés autour d’un canal excréteur (1) Anatomie du crabe tonrteau : —p Portion de la membrane cutanée aui tapisse la carapace ; — c cœur; — ao, artère ophthalmique ; — aa artère abdo- minale; — b branchies dans leur position naturelle; — 2’ branchies renversées eu dehors, pour montrer leurs vaisseaux efférens ; — fl voûte des flanes ; — f'appendice flabelliforme {on fouet) des pattes-mâchoires; — e estomac; — mn muscles de l'estomac; — fo foie ; — g appareil de la reproduction, 192 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ramifié, dont l’extrémilé débouche de chaque côté dans Pin- testin , près du pylore. On ne sait rien sur la manière dont le chyle passe de lPin-, testin dans l'appareil circulatoire. Le sang est incolore ou lége- rement teint en bleu ou en lilas, et se coagule facilement. Ce liquide est mis en mouvement par un cœur situé sur la ligne médiane du dos (fig. 682, r) el composé d’une seule cavité. Sa forme varie, comme nous le verrons par la suite. Ses contrac- tions chassent le sang dans les artères, qui le distribuent à f toutes les parties du corps. Les veines sont très incomplètes et sont formées principalement par € les lacunes que Îles divers organes laissent entre eux el que tapisse une couche mince de Lissu cetlu- laire : elles aboutissent à de vas- tes sinus, situés près de la base des pattes(s, y. 683, el fig. 684) et de ces cavités le sang se rend aux organes re-piratoires, puis re- vient au cœur par des canaux bjen distincts, nommés branchio-cardiaques (vb, fig. 684). Les crustacés sont presque tous des animaux essentiellement aquatiques : aussi leur respiralion se fail-elle presque toujours ; à laide de branchies, et, lorsque ces organes manquent, C'est la peau de certaines parties du corps (le plus souvent des paltes) qui en tient lieu. Il existe un très pelit nombre de ces ani- maux qui vivent à l’air ; mais ils font exception à ce que nous avons dit relativement aux diffé- rences de structure de Fig. 6 83. (1). h vec f vb (1) Thorax d’un crabe (le maja ) ouvertet vu de côté : — p Base des pattes ; — f voûte des flancs ; — à brarchies; — s,s sinus veineux; — € cellules des flancs dans lesquelles ces sinus sont logés (2 Coupe verticale du thorax d’un crustacé montrant la marche suivie par le sang : — c Cœur; — s sinus veineux; — D branchies; — 4 vaisseaux qui porte le sang veineux aux branchies; — ve vaisseau qui recoit le sang après son passage à travers le réseau capillaire des branchies ; — +4 vaisseaux: bran- CRUSTACÉS. 193 l'appareil respiratoire chez les animaux aquatiques et terres- tres, car au lieu d’être pourvus de poumons ou de trachées, ils respirent par des branchies, comme les premiers, seule- ment ces organes sont disposés de manière à se maintenir dans un état d'humidité nécessaire ‘à l'exercice de leurs fonc- lions. Du reste, la disposition des branchies varie beaucoup dans les divers crustacés : tantôt ce sont des porlions mem- braneuses des membres abdominaux ou thoraciques qui les conslituent ; tantôt ce sont des organes d’unestructure beau- coup plus compliquée, formés d’une multitude de lamelles ou de petits cylindres (4, fig. 682, elc.). Les crustacés sont tous ovipares; les femelles se distinguent en général des mâles, par la forme plus élargie de leur abdomen, ét, après avoir pondu leurs œufs, elles les portent pendant un certain temps suspendus sous cette partie du corps onu même renfermés dans une espèce de poche formée par des appendices apparte- nant aux pattes ; quelquefois les petits naissent dans celte poche et y restent jusqu'à ce qu'ils aient subi leur première mue. En général, les jeunes n’éprouvent pas de véritables métamor- phoses; quelquefois cependant ils acquièrent par les progrès de l’âge, un plus grand nombre de pattes, et il en est qui changent même complètement de forme pendant les premiers temps de la vie. | La classe des crustacés se divise en trois groupes naturels d’après la conformation de la bouche, savoir : 1° Les CRUSTACÉS MASTICATEURS dont la bouche est munie de mächoires et de mandibules propres à la mastication, < 2° Les CRUSTACÉS SUCEURS dont la bouche est composée d’un bec tubulaire armé de sucoirs. 3° Les CRUSTACÉS XYPHOSURES dont la bouche ne présente pas d’appendices qui lui appartiennent en propre, mais qui est en- iourée de pattes dont la base fait office de mâchoires. DIVISION DES CRUSTACÉS MASTICATEURS. 61212. Cette division de la classe des crustacés comprend le plus grand nombre de ces animaux, et se compose de tous ceux dont organisation est la plus compliquée et la plus parfaite. Ces crustacés ne vivent presque jamais en parasites comme le font chio-cardiaques ; — f voûte des flancs ; — st s'ernum: — ce cellules des:flancs ; — a base des pattes. 135 Classification. 194 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. tous les suceurs, et se nourrissent habituellement d’alimens so- lides.‘Ils varient beaucoup par leur forme extérieure el par la structure de leur appareil respiratoire; on les a divisés en neuf ordres RIARRES les caractères suivans : { les branchies renfermées dans des cavités par- ticulières, situées de chaque côté du thorax, | DÉCAPOLES, Presque toujours cinq paires de pattes. ayant les yeux pédon- culés et mobiles, et presque toujours des branchies proprement [l les branchies extérieures. Pattes en nombre va- | dites (Podophtñalmes), able: | STOMAPOLES. / | Appendi- Abdomen = | : [ | ces flabelli- | très . déve- { uwrnirones. Æ Ïl formes des | loppe, | e] | pattes 1ho- tes - : A re LE raciques , Abdomen l a ues s » Ze “4 AU LA .] servant à la Frudimentai- | sgwonirovrs. © les branchies LE ° î Ras respiration. ! re. | ml remplacées EE “ TE a | par certaines | PP mes). Appendices flabelli‘or- | < ( portions mem- nes des fausses pattes ab- + ayant les yeux braneuses des domiuales , servant à la | "NPopEs, n È pattes où des \ respiration. ‘& p'esque tou- I & = Ra seiles, / FAUSSES pal{es. Pattes tho. / v QU Corps nu ou garni d'une a Point de bran- raciques la- P' & CTANTUS : : Il carapace simple. ER ES: 2 chies propre- nelleases et ment dites. CA EH che Corps renfermé entre) r h 3 ss) (apnre L deux valves. PHYLLOPODES po es.) | Corps renfermé dans un bouclier composé de COrFPOrEs, deux valves latérales. ni branchies proprement dltes, ni organes partieu- liers , conformés de manière | à paraître en tenir lieu. | { Corps sans carapace ni enveloppes , en forme de coquille bivalve. piration cutanée (Entomos- , OSTRAPODES, traces). À ORDRE DES CRUSTACES DECAPODES. $ 1213. L'ordre des décapodes comprend les crabes, les écre- visses , et tous les autres crustacés dont les branchies sont inté- Fig. 685. PODOPHTHALME. CRUSTACÉS DÉCAPUDES. 195 rieures et dont les pattes sont au nombre de cinq paires. La tête et le thorax de ces animaux sont confondus en une seule masse que recouvre une grande carapace (fig. 685, 694, elc.); ce bouclier dorsal s'avance en général plus où moins loin au-devant du front, descend de chaque côté jusqu’à la base des pattes, el sé tend en arrière jusqu’à l’origine de l’abdomen. Il en résulte qu’en dessus on ne peut distinguer dans toute cette partie du corps aucune trace de division annulaire; mais en dessous , la plupart des anneaux, quoique soudés entre eux, sont encore reconnaissables et laissent dans leurs points de jonction, des li- gnes de suture plus ou moins distincles. C’est au thorax que ces divisions se voient le mieux, et si lon enlève la carapace, on trouve que dans celle portion du corps, les anneaux sont même bien plus complets qu'on ne serait porté à le croire au premier abord ; car, non-seulement l’arceau inférieur ou sternal de ces ’ segmens est très développé, et constitüe une sorte de plastron plus où moins large , mais chacun de ces segmens est en outre pourvu des pièces latérales de son arceau dorsal ; ces dernières pièces sont siluées au-dessus des pattes , et par leur réunion, forment de chaque côté une grande cloison où une espèce de voùle qui remonte sous la carapace (4, fig. 682; f, fig. 684); d’au- tres cloisons naissent de la face interne de celte portion latérale du squelette tégumentaire nommée voûte des flanes, el, se réu- nissant à des lames semblables qui s'élèvent du plastron sternal, constituent au-dessus de la base des pattes une double rangée de cellules destinées à loger les principaux muscles de ces or- ganes (ce, fig. 684). Dans la portion abdominale du corps, les divers anneaux sont presque loujours mobiles les uns sur les autres , et nè consistent qu'en un anneau plus ou moins com- primé, sans lames ni cellules intérieures. Quant à la forme générale etaux proportions de ces diverses parties, elles varient dans les différens groupes dont cet ordre se compose. C’est chez les décapodes que le système nerveux est le plus développé (9. 680) et que les organes des sens sont les plus par- faits. Les yeux sont toujours portés à l'extrémité d’une paire d’appendices mobiles qui naissent du premier segment de la tête (y, fig. 680); quelquefois la longueur de leur pédoncule est très considérable (#g. 685)elen généralils peuventsereployer dans les cavilés qui remplissent les fonctions d’orbites ; et qui sont for- més par le bord antérieur de la carapace. Les antennes, qui pa- raissent être aussi des organes de sensation, sont toujours au nombre de quatre et ont la forme de petites tiges articulées plus ou moins longues, insérées entre les yeux et la bouche (/g. 679, 681 , elc.); leur longueur varie beaucoup, mais presque toujours ce sont celles de la seconde paire qui son! les plus grandes. On 15 196 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trouve dans l’article basilaire des antennes antérieures (ou in- ternes), une petite cavité qui, suivant quelques naturalistes , T4 >) L) = M Fig. 686. ÉCREVISSE. Fig. 687. APPAREIL MASTICATEUR (1). pourrait bien être un organe de l’odorat , et à la base des an- tennes externes (ou de la seconde paire), est situé l’appareil de l’ouïe, dont nous avons déjà fait connaître la structure (e, fig. 681). Les organes de la locomotion sont également très développés chez ces crustacés ; plusieurs courent avec une rapidité extrême (1) Fig. 686. L’écrevisse vue en dessous : — 4 Antennes de la première paire; — b antennes de la deuxième paire; —c yeux, — d tubercule auditif;— e pattes mâchoires externes ; — / pattes tlioraciques de ia première paire; — g pattes- thoraciques de la cinquième paire ; — À fausses pattes abdominales ; — : nageoire caudale ; — 7 anus. Fig. 687. Les six paires de membres qui composent l'appareil masticateur de l'écrevisse, isolées : — 4 Mandibnles; — 2, c première et deuxième paires de mächoires ; — d, e, fles trois paires de mächoires auxiliaires ou pattes- mâchoires,. CRUSTACÉS DÉCAPODES. 197 et d’autres nagent avec encore plus de vitesse. Leurs pattes, comme nous l'avons déjà dit , sont au nombre de cinq paires, et sont fixées aux cinq derniers anneaux du thorax, mais en gé- néral , celles des quatre dernières paires seules servent à la lo- comotion et celles de la première paire, terminées par une pince plus ou moins parfaite , deviennent des organes de pré- hension (f fig. 686). Chez les décapodes les mieux conformés pour la nage , le corps est allongé et l'abdomen se termine par une large nageotre transversale (4, 9. 686), tandis que chez ceux qui sont conformés pour courir, Pabdomen est très court, ne pré- sente pas de nageoire terminale , et se recourbe sous le thorax. L'appareil de la mastication est très compliqué ; la bouche est armée de deux fortes mandibules et de cinq paires de mà- choires ou de paltes-mâchoires , qui se recouvrent les unes les autres. L’estomac, situé immédiatement au-dessus de la bou- che, est vaste et muni de plusieurs pièces solides semblables à des dents qui broient les aliméns avant leur entrée dans le py- lore ; enfin le foie est très volumineux et divisé en plusieurs lobes (fig. 682); sa couleur est jaune , et c’est ce viscère que l’on désigne tulgairement sous le nom de farce chez les crabes et les écrevisses. Le cœur des décapodes est situé vers le milieu du thorax , entre les deux rangées latérales de cellules contenant € n 5] ‘ : l 1 2 [ 1 1 nm (2 Fiy. 688. APPAREIL RESPIRATOIRE D'UN PALEMON (1). (1) a Rostre ;— D carapace; — c base des antennes ; — 4 base de Vabdomen ; e base des pattes; — fhranchies; — g ligne ponctuée indiquant le bord en- fermé de la portion de la carapace qui recouvre les branchies et qui a été en- levée dans cette préparation ; — L canal efférent de la respiration; — À val- vule ; — 7 extrémité du canal efférent. Section de: brachyures. i93 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. les muscles des pattes, et au-dessus de l'intestin; sa forme est à- peu-près carrée, et il en naitsixartères dontles branches portent le sang dans toules les parties du corps (fg. 21). Les branchies (fig. 688) consistent en un nombre considérable de pyramides composées chacune d’une multitude de petits cylindres disposés comme les poils d’une brosse ou de petites lamelles empilées les unés sur les autres comme les feuillets d’un livre ; ces organes sont fixés par leur extrémité au bord inférieur de la voûte des flancs , et sont renfermés dans deux grandes cavités situées sur les cô!'és du thorax el comprises entre la carapace et la voûte dont nous venons de parler, disposition qui ne se relrouve dans aucun autre animal de cette classe. La cavité respiratoire com- munique au dehors par deux ouvertures; lune, servant à Pen- irée de Peau, est presque loujours située entre la base des pattes et le bord de la carapace (7, fig. 681) ; Pautre, destinée à la sortie de ce liquide, est placée sur les câtés de la bouche. Enfin le re- nouvellement de l’ean à la surface des branchies , est déterminé par les mouvemens d’une grande valvule située près de cette dernière ouverture et formée par un appendice lamelleux des mächoires de la seconde paire. Les crustacés décapodes forment trois groupes naturels qu'on a désignés sous les noms de brachyures, d'anomoures et de ma- croures, el qu’on peut distinguer d’après la conformation de l'ablomen et la pasition des ouvertures destinées au passage des œufs. $ 1214. La seclion des DECAPODES BRACHYURES se com- décapodes pose des crustacés qui sont connus vulgairement! sous le nom Fig. 689. THELPHUSE. commun de crabes. Is sout conformés pour là course plutôt que pour la nage, et sont remar- quables par Pétat pres- que rudimentaire de leur abdomen qui ne consti- tue qu'une espèce de ta- blier recourbé sous Île thorax. La carapace est très large et semble , au premier abord, recouvrir tout leur corps, car Pab- domen ne se voil que lirsqu'on renverse l'animal sur le dos. Le plastron sternal est CRUSTACÉS DÉCAPODES. 199 également très large, et c’est dans ce bouclier inférieur, près de l'origine des pattes de la troisième paire , que sont percées les deux ouvertures destinées au passage des œufs. Les antennes sont courles; les paltes-mâchoires extérieures recouvrent tout l'appareil buccal comme des opercules (#7, fig. 681); les pattes de la première paire se terminent par une espèce de main armée d’une pince dont le doigt inférieur est immobile; les pattes des quatre paires suivantes sont terminées paf un tarse styliforme ou lamelleux , et Pabdomen ne porte que des appen- dices rudimentaires fixés sur deux ou quatre des segmens qui suivent le premier : lavant-dernier anneau en est toujours dé- pourvu, et il n'existe jamais de nageoire à l’extrémité posté- rieure du corps. Il est aussi à noter que dans celte grande division de l’ordre des décapodes , lous les ganglions nerveux du thorax sont réu- nis en une seule masse, et qu’il n'existe pas de ganglions dans labdomen , de sorte que le système nerveux ne présente que deux centres médullaires, Pun placé dans la tête au-devant de l’æsophage , l’autre dans le thorax en arrière de Pestomac et au- dessous de l'intestin (#9. 680). Enfin les branchies sont toujours lamelleuses , et leur nombre est presque toujours de neuf pai- res de chaque côté du corps, mais celles des deux premières paires sont toujours rudimentaires. Les brachyures forment quatre familles naturelles, qui se composent chacune de plusieurs tribus subaivisées à leur tour en un grand nombre de genres. 6 1215. L’une de ces familles a reçu Le nom d'OXYRHYNQUES à cause de la forme plus ou moins triangulaire de la carapace, dont l’extrémité antérieure se prolonge presque toujours de manière à former une espèce de bec (ou rostre) très aigu. Plu- sieurs des crabes appartenant à ce groupe sont remarquables par la longueur de leurs pattes et sont appelés par les pêcheurs araignees de mer : lels sont les INACHUS, les MAIA (/9.677), ele. $ 1216. La seconde famille, celle des CYCLOMÉTOPES , se Famille des oxyrhvuques. Maia. Famille des reconnait à la forme arquée de la partie antérieure de la cara= eyelométopes. pace et à quelques autres caractères qu'il serait trop long d’é- numérer ici. On y range la plupart des crabes les plus connus de nos côtes ; ceux dont le dernier article des pattes postérieu- res est slyliforme vivent près des bords de la mer, et marchent plus qu’ils ne nagent, tandis que ceux dont les pattes posté- rieures se terminent par un article lamelleux et cilié sur les bords, sont nageurs et habitent souvent la haute mer. C’est à la première de ces subdivisions de la fanulle des cyclo- Tourtcau. 200 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. métopes qu'appartient le fourtean (fig. 690) où crabe poupart (cancer pagurus) qui se trouve en grand nom- bre sur nos côtes et qui se fait remarquer par sa grande taille et Île goùt délicat de sa chair. Il est de forme ovalai- re, et de couleur brun- rouge en dessus : on en prend souvent dont la carapace a près de 32 centimètres de large. Le crabe commun de. nos côles, que les natu- ralistes désignent sous le nom de rarcin me- nade, se reconnait à sa carapace ordinairement verdâtre’et ar- mée de chaque côté de cinq dents situées en dehors des orbites, el a ses paltes postérieures dont le dernier article est un peu élargi sans avoir cependant la forme d’une rame natatoire. Ce crustacé se tient ordinairement sur la plage et court avec une grande vitesse ; il peut vivre long-temps à lair pourvu qu'il y trouve assez d'humidité pour empêcher le desséchement de ses branchies , et il a Phabitude lorsque la mer se retire , de s’en- foncer dans le sable. On en mange un grand nombre; mais il est moins estimé que le tourteau et n’a guère plus de Scentimètres de large. Fig. 690. CRABE-TOURTEAU. Carcins. Portune. Il existe aussi près de nos côtes plusieurs pelites espèces de crabes nageurs, qui, pour la plupart, appartiennent au genre PORTUNE. Un des crustacés voisins de ces derniers est remarqua- ble par la longueur excessive des pédoncules oculaires, carac- tère qui lui à valu le nom générique de PODOPHTHALME (/g. 685). Famille des 9 1217. Dans la FAMILLE DES CATOMETOPES, la carapace catométopes. esten général à-peu-près carrée ou ovalaire, le front rabaitu et le bord postérieur du plastron sternal, beaucoup plus large que l'abdomen. Plusieurs des crustacés qu’on y range , sont remar- quables par leurs mœurs; tels sont les ocypodes , les tAclphuses et les gecarcins. Thelphuses. 6 1218. On donne le nom de THELPHUSES (/9. 689) à des-crus- tacés qui ressemblent beaucoup aux crabes proprement dits, mais qui , au lieu d’habiter la mer, vivent au loin dans l’inté- rieur des terres, au bord des ruisseaux ou dans les bois humides GRUSTACÉS DÉCAPODES. 201 où ils se cachent sous les pierres. Un de ces animaux est répandu en ltalie, dans la Grèce el en Egypte. $ 1219. Les GÉCARCINIENS ont la carapace plus ovalaire que les précédens, et s’en distinguent surtout par la forme particulière de leurs pattes-mâchoires externes. On en trouve en Asie, et en Amérique, mais C’est principale- ment dans quelques par- ties de ce dernier conti- nent qu'ils abondent ; aux Antilles on les con- nait sous les noms de tourlouroux, de crabes de lerre, elc. Au lieu de vi- vre dans l’eau comme les crustacés ordinaires , ils sont terrestres , et, quoiqu’ils soient pourvus de branchies, quelques-uns entre eux s’asphyxient promptement par la submersion; leur respiration est en effet trop active pour que la petite quantité d'oxygène dissoute dans l’eau , puisse suffire à leurs besoins, tandis que dans Pair ils trouvent ce gaz en abondance, et une disposition analogue à celle que nous avons déjà rencontrée chez quelques poissons, leur permet de rester hors de Peau sans que leurs branchies se dessèchent au point de devenir impropres à remplir leurs fonc- lions ; lantôt 1l existe au fond de la cavité respiratoire , une es- pèce d’auge destinée à servir de réservoir pour l’eau nécessaire au maintien de l'humidité autour des branchies; d’autres fois on trouve à la voûte de celte cavité une membrane spongieuse qui parail servir aux mêmes usages, La plupart de ces crabes de terre se tiennent d'ordinaire dans les bois humides, et s’y ca- chent dans des trous qu’ils creusent dans le sol; mais les loca- lités qu'ils préfèrent varient suivant les espèces : les unes vivent dans les terrains bas el marécageux qui avoisinent la mer, d'autres sur les collines boisées loin du littoral, et à certaines époques, ces dernières quittent leur demeure habituelle pour gagner la mer. On rapporte qu'alors ces crustacés se réunissent en troupes nombreuses et font ainsi des voyages très longs sans se laisser arrêler par aucun obstacle, eten dévastanttoutsur leur passage. Ils se nourrissent principalement de substances végé- tales et sont nocturnes ou crépusculaires, ils courent avec une grande rapidité,et c’est surtoutlors des pluiesqu’ilsquittentleurs terriers. On en à formé plusieurs genres sous les noms de GÉ- CARCGIN, UCASeTE, Fig. 691. GÉCARCIN. Gécarciviens. OUcypodes, Gélasimes, Grapses. 292 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 1220. Les OCYPODES ont la carapace carrée et très élevée, et sont remarquables par la grandeur de leurs pédoncules oculai- res et par la rapidité avec laquelle ils courent sur le sable des bords de la mer. On en trouve plusieurs espèces en Egypte , en Asie et en Amérique. ; Les GÉLASIMES sont très voisins des ocypodes , mais ils méritent d’être cités à cause de la conformation singulière de leurs pat- tes; chez le mâle l’espèce de main qui termine lune de celles de la première paire, acquiert des dimensions énormes; elle est quelquefois beaucoup plus grande que tout le reste du corps, et animal parait s’en servir pour fermer l'entrée du terrier dans lequelil vit. La plupart de ces crustacés habitent l'Amérique et les iles de POcéan Indien. C’est aussi à cette famille qu'appartiennent les GRAPSES , qui ont la carapace quadrilatère et en général très déprimée , et qui vivent au milieu des rochers des bords de la mer. Une espèce de ce genre est assez commune sur nos côtes. On donne le nom Fannlle des osstomes. Lenvosiens. Calappes Matutes. de NAUTILOGRAPSES à de petits crustacés qui ressemblent beau- coup aux grapses, et qui se rencontrent fréquemment en haute mer, flottant sur de grandes plantes marines. il est probable que le crabe aperçu par Christophe Colomb , quelques jours avant la découverte du Nouveau-Monde , et considéré par ce célèbre navigateur comme un signe du voisinage des terres, était un de ces crustacés Enfin, on classe encore dans cette famille les PINNOTHÈRES , petils crustacés , presque sphériques et assez mous, qui se lo- gent dans l’intérieur de la coquille des moules et de quelques autres mollusques bivalves. $ 1221. La cinquième et dernière famille de la section des brachyures est celle des OXYSTOMES caractérisés par la forme triangulaire de la bouche et par quelques autres particularités de structure. Chez plusieurs de ces crustacés , dont on à formé la tribu des LEUCOSIENS, il n’existe pas comme d'ordinaire au-de- vant de la base des pattes antérieures une ouverture servant à l'entrée de l’eau nécessaire à la respiration , et ce liquide n’ar- rive dans la cavité branchiale que par un canal qui s’ouvre au devant de la bouche. D’autres oxystomes sont remarquables par la forme de leurs pattes antérieures qui s’élèvent en crêtes , et s'appliquent contre la bouche: tels sont les cALAPPES dont la carapace se prolonge de chaque côté au-dessus des pattes comme une espèce de bouclier , et les MATUTES, dont les palles CRUSTACÉS DÉCAPODES. 203 sont Lerminées par un article aplati eu forme de rame nata- loire. 6 1222. Les décapodes de la SECTION DES ANOMOURES pré- sentent dans leur organisation des différences assez grandes ; leur abdomen n'est pas un organe puissant de natation comme cela a lieu chez les macroures, mais n’est pas non plus en général réduit à un élal aussi rudimentaire que chez les brachyures; et presque toujours il existe une paire d’appendices fixés à son avant-dernier anneau : chez la fe- melle il n’existe pas d'ouverture sur le plastron sternal, mais on remarque un petit trou à Particle basilaire des pat- tes de la troisième paire; enfin les bran- chies sont presque toujours beaucoup plus nombreuses que dans la section précédente, et disposées par faisceaux sur plusieurs rangées. Cette division comprend les DROMIES qui se reconnaissent à leur forme glo- buleuse et à leurs quatre pattes posté- ég. 692. HIPPE. rieures reployées sur le dos; les HoMo- LES dont une espèce qui habite la Mé- diterranée, mesure un mètre lorsque ses pattes sont étendues ; les HIPPES et les RÉMIPÈDES qui ont les palles très courtes et con- {ormées pour fouir dans le sable; les PORGELLANES , ele. ; mais les seuls anomoures sur l’histoire desquels nous nous arrêle- rons un instant, sont les PAGURES, animaux singuliers dont l'abdomen, gros et contourné sur lui-même, est toui-à-fait membraneux , tandis que les tégumens du reste de leur corps sont crustacés Comme d'ordinaire, ce mode de conformation rend leur abdomen d’une délicatesse extrême, et pour le proté- ser, ces animaux se logent dans des coquilles de diverses mol- lusques gasléropodes ; ils s’y cramponnent à l’aide de leurs pat- tes postérieures qui sont courtes, el trainent partout avec eux celle demeure dans laquelle ils peuvent à volonté se retirer en entier. On en trouve plusieurs espèces sur n6s côtes , et on les désigne généralement sous les noms de Bernurds-l'hermite, de soldats, ele. Les BIRGUS sont de grands crustacés de la mer des Indes, qui, sans avoir l'abdomen entièrement membraneux , comme les pagures, en diffèrent très peu, et paraissent pouvoir Section des anomoures. Dromies. IHomo'es. Hippes Porvellaucs, Pagures. Li sus Section des macroures, Famille des macronres euirassés. 204 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. vivre très long-temps hors de l’eau à là manière des crabes de terre. $ 1223. Les DÉCAPODES MACROURÉS se reconnaissent au premier abord par le grand &éveloppement de leur abdomen, qui se termine toujours par une grande nageoire (», fig. 693) composée de cinq lames disposées en éventail. Ce sont des crus- Œs | à 7 pm D 7” 2 ñn Fig. 693. PALEMON (1). tacés essentiellement nageurs, qui ne viennent pas à terre el qui ne marchent que peu au fond de l'eau; ils nagent presque tou- jours, et en frappant Peau avec leur puissante queue, ils se lan- cent en arrière avec une vitesse extrême. Leur corps est allongé et presque loujours comprimé latéralement; ils ont des antennes très longues et le dessous de leur abdomen est garni de fausses pailes natatoires (/p). Cette section de l’ordre des décapodes se compose de quatre familles : les macroures cuirasses, les thalassiniens, les astaciens et les sulicogues. Les MACROURES CUIRASSÉS sont remarquables par lépaisseur et la dureté de leur squelette tégumentaire et par ia largeur de leur plastron sternal. On range dans cette famille les /angoustes, les scytlares, les galathees, etc. (1) as Antennes de la première paire: — ai antennes de la seconde paire ou antennes inférieures; — / appendice lamelleux qui en recouvre la base; — r rostre; —— y yeux; — pr patte mâchoire externe; — p' patte thoracique de la première paire; — p” patte thoracique de la seconde paire; — jp fausses pattes natatoires de l'abdomen; — » nageoire caudale. GRUSTACÉS DÉCAPODES. 905 Les LANGOUSTES (/g. 694) sont des crustacés de grandetaille dont Langoustes. les antennes sont cylindriques et très longues , dont toutes les pattes sont monodactyles , dont le front est armé de deux gros- ses cornes recourbées , et dont la carapace est en général héris- sée d’une multitude d’épines. La chair de ces animaux est très estimée ; ils fréquentent pour la plupart les côtes rocailleuses ; eL il s’én trouve dans nos mers une espèce qui est très com- mune. nr, Fig. 694. LANGOUSTE. $ 1224. Les SGYLLARES et quelques macroures qui s’en rap- Scyllares. prochent extrêmement, ont, comme les langoustes , toutes les Galathées. Famille des thalassiniens. Famille des astacien:, Écrevisses. Homards. 206 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. patles monodactyles, disposilion qui est assez rare dans celle section , mais ils sont caractérisés par la forme singulière des antennes externes qui sont très larges et lamelleuses. La Médi- terranée en possède deux espèces. Enfin les GALATHÉES dont on trouve aussi plusieurs espèces sur nos côtes, ont les pattes de la première paire terminées par une grande main didactyle, et les pattes de la cinquième paire, grèles, impropres à la loco- motion , et reployées au-dessus des autres. 61225. Dans la FAMILLE DES THALASSINIENS, les tégumens sont peu consistans, le sternum est linéaire, et il n’exisie pas comme dans les familles suivautes, une écaille mobile au-des- sus de la base des antennes externes. La plupart des crustacés de cette division viventenfoncés dans le sable, à quelque distance du rivage; on en trouve sur nos côtes deux genres, les AXIES el les CALLIANASSES. 6 1226. Dans la FAMILLE DES ASTACIENS, le sternum est également linéaire, de façon que les pattes se touchent presque par leur base (fg. 686); mais il existe au-dessus de la base des antennes externes un appendice lamelleux et mobile. Ilest aussi à noler que les branchies sont conformées en manière de bros- ses. Ce petit groupe ne présente d’intéressant que le genre des ÉCREVISSES (astacus) composé de plusieurs macroures, dont les uns vivent dans les fleuves ou les ruisseaux, les autres dans la mer ; leur squelette tégumentaire est très solideet leur carapace se termine antérieurement par une espèce de corne médiane, nommée rostre ; leurs paites antérieures sont très grosses , el armées de pinces didactyles extrêmement fortes ; celles des deux paires suivantes, quoique grêles, sont également didactyles , tandis que celles de la quatrième et de la cinquième paire sont monodactyles. La chair de ces crustacés est très estimée , et on en fait une pèche active. L’ecrevisse commune Où écrevisse fluvialite, de couleur brun- verdâtre, à rostre armé d’une pelite dent de chaque côté et à pinces chagrinées, habite les eaux douces de l'Europe et du nord de PAsie ; elle se tient ordinairement dans des trous ou sous des pierres. Chaque année vers la fin du printemps, elle change d’enveloppe; sa croissance parait durer pendant toute sa vie, qui dépasse vingt ans ; sa taille est cependant toujours médio- cre. Elle est très vorace et se nourrit de mollusques, de petits poissons, ele. Le Aomard où cécrevisse de mer, est beaucoup plus grand et a le rôstre armé de chaque côté de trois petites dents; ses pinces CRUSTACÉS STOMAPODES,. 207 sont inégales et très grosses. Il habite le voisinage des côtes et se tient au milieu des rochers; on en trouve beaucoup sur les côtes de la Bretagne. $ 1227. La FAMIBLE DES SALICOQUES comprend un grand nombre de macroures, qui, pour la plupart, sont de petite taille et se font reconnaitre par la grande lame qui recouvre toute la base de leurs antennes inférieures (/g. 693 2); leurs branchies sont lamelleuses et leur corps en général comprimé. Nous cite- rons parmi ces crustacés, les penees, les palemons et les crangons, qui sont tous comestibles. Les PÈNÉES ont, comme les écrevisses, les patles des trois premières paires didactyles : mais ces organes sont grêéles, et les antérieures sont encore plus courtes que les suivantes ; 1l est aussi à noter que leurs tégumens sont peu solides, et que leurs antennes internes sont très courtes. Une espèce de ce genre ap- pelée vulgairement carumote, est très commune dans la Médi- terranée ; sa longueur est d'environ 25 centimètres, et sa chair est très délicate. Les PALÉMONS, qui sont connus sur nos côtes sous les noms de crevettes, chevrettes, saliroques el bouquets, sont également recherchés pour l’usage de la table ; on les reconnait au long rostre denté en scie, dont leur front est armé (/g. 693), à la con- formation de leurs pattes dont les deux premières paires sont grèles et didactyles, et à leurs antennes internes terminées par trois filamens. On les trouve en assez grande abondance sur nos côles , à peu de distance du rivage, mais toutes les espèces de nos mers sont d'assez pelite taille. Enfin les CRANGoNS, qui ressemblent aux précédens par la forme générale, sont plus apla!'is, manquent de rostre et ont les pattes antérieures terminées par un seul doigt qui se reploie en manière de griffe contre la main. Leur chair est un peu moins estimée que celle des palémons et leurs tégumens, de couleur grisâtre, ne deviennent pas rouges par la cuisson comme cela à lieu chez la plupart des crustacés. Ils sont très communs sur nos Côles. ORDRE DES CRUSTACÉS STOMAPODES. $ 1228. Celte division comprend les crustacés dont les yeux sont portés sur des pédoncules mobiles, dont le thorax est re- Famille des salicoques. Pénces, Palémons, Crangons, Organisation, 208 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. couvert en totalité ou en partie par une carapace, et dont les pattes sont cylindriques comme chez les décapodes, mais dont les branchies ne sont pas renfermées dans une cavité située de chaque côté du thorax au-dessous de la carapace; en général ces derniers organes ont la forme de houppes et sont fixés aux fausses paites de labdomen , mais quelquefois on les trouve ap- "D D bpa pu q Fig. 695. SQUILLE (1). pendus aux pattes thoraciques, et d’autres fois ilssont rudimen- taires ou manquent même complètement ; dans ce dernier cas, les tégumens sont simplement membraneux, et la respiration r parait se faire par la surface générale du corps. Quelques-uns de ces animaux ressemblent extrêmement aux décapodes macroures , les THYSANOPODES par exemple ; mais la plupart ont des formes plus ou moins bizarres. Ainsi, chez les Squilles. SQUILLES qui se trouvent dans la Méditerranée et dans plusieurs autres mers , la carapace est pelite et ne recouvre que la moitié antérieure du thorax, dont la partie posiérieure est composée d’anneaux sembiables à ceux de Pabdomen ; les membres qui, par leur position, correspondent aux pattes-mâchoires externes des décapedes, sontexirèmement longs, et se terminent par une grande griffe dentée et préhensile ; les trois paires de membrés suivans sont au contraire appliqués contre la bouche et les pat- tes fixées aux trois derniers anneaux du thorax, sont grêles et natatoires; enfin l'abdomen se termine par une large nageoire, et porte au-dessons une double série de fausses pattes lamelleu- Phyllosomes. ses auxquelles sont fixées les branchies. Les PHYLLOSOMES , qui appartiennent aussi à cet ordre et qui habitent pour la plupart les mers voisines des tropiques, ont une forme encore plus sin- gulière; leur corps est aplati comme une feuille, presque entiè- rement transparent et composé d’une première lame ovalaire (1) y Yeux; — « antennes; --p? pattes de la première paire ; — p” pattes des trois paires suivantes; — p’’ pattes thoraciqnes des trois dernières paires; — pa fausses pattes abdominales; — à branchies; — g nageoire dorsale. CRUSTACES AMPIIPODES. 3509 qui représente la tête, d’une seconde lame en partie recou- verle par la précédente et donnant insertion aux paltes tho- Fig. 696. PHYLLOSOME. , raciques, et à un abdomen souvent rudimentaire; enfin les pattes de ces animaux sont grêles, bifides et propres àla nage seulement. ORDRE DES AMPHIPODES. 6 1229. Les crustacés amphipodes, isopodes et læmipodes for- ment un groupe naturel, caractérisé par la forme générale du corps el par plusieurs autres particularités de structure, Chez ces animaux , que l’on désigne sous le nom commun dedrioph- thalmes, les yeux ne sont jamais portés sur des pédoncules mo- biles comme chez les décapodes et les stomapodes : il n'existe : . Fig. 697. TALITRE (grossi). jamais de carapace. La tête est distincte du thorax, et celle dernière portion du corps se compose loujours d'une série d’anneaux mo- biles, dont le nombre est ordinairement de sept (fig. 676, page 185, el fg. 678). Presque toujours on comp- te aussi sept paires de pat- tes, et l'appareil de la mastication ne présente outre les mandibules et les 14 Edrivplhthal- mes. Amphipades. 210 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. deux paires de mâchoires, que d’une seule paire de pattes- mâchoires. Chez les AMPHIPODES, la respiration s'effectue à l’aide de grandes vésicules membraneuses, fixées à la base des pattes et formées par des appendices analogues aux fouets des pattes, chez les crustacés supérieurs : ces organes pendent sous le thorax et sont baignés par l’eau ambiante , dont le renouvel- lement est assuré au moyen des mouvemens continuels qu’exécutent les trois premières paires de fausses palies abdo- inminales. L’abdomen de ces crustacés est très developpé el se compose de sept segmens, dont le dernier est rudimentaire et dont les trois précédens portent chacun une paire d’appen- dices, qui se réunissent en faisceaux, pour constituer une espèce de queue propre au saut, ou une sorte d’éventail ser- vant de nageoire. Enfin tous les amphipodes sont de petite taille ; et leurs pattes assez longues , sont dirigées, les unes en avant , les autres en sens contraire. Cet ordre se compose de deux grandes familles : les erevettines et les Ayperines. Crevettines 9 1230. Les CREVETTINES sont pour la plupart de petits crustacés, dont le corps est très comprimé latéralement (fig. 697) et dont Pabdomen ést conformé de manière à agir comme un ressort et à servir au saut. Elles nagent sur le flanc et ne sont jamais parasites, comme les hypérines.'On en connaît un grand nombre , parmi lesquelles nous citerons les CREVETTES PROPRE- MENT DITES, dont une espèce, appelée vulgairement puce d’eau, est très commune dans les ruisseaux, etles TALITRES, qui abon- dent sur le sable des bords de la mer et sautent avec une agilité extrême. Crevettes. Talitres. Hypérines. 9 1231. Les HYPÉRINES ont le corps élargi et l'abdomen propre à la nage seulement ; ils vivent presque toujours en parasites sur des poissons et se distinguent des précédens par la conforma- tion de leurs pattes-mâchoires, etc. ORDRE DES LÆMODIPODES. $ 1232. Les læmodipodes ressemblent aux amphipodes par la conformation de leurs organes respiratoires, maisse distinguent des autres édriophthalmes par l’état rudimentaire de leur ab- Chevrolles. domen. Les uns, tels que les CHEVROLLES dont le corps est linéaire et les pattes très grêles, mènent une vie errante ; d’au- CRUSTACÉS ISOPODES. °11 tres, dont le corps est lrès élargi et les pattes courtes, vivent fixés sur d’autres animaux ; tels sont les GYAMES, qui habitent Cyames. en parasites sur le corps des baleines, et qui ont reçu pour cette raison le nom vulgaire de poux de baleine. Fig. 698. CYAME. Fig. 699. ANILOCRE. ORDRE DES ISOPODES. 61233. Les isopodes ressemblent beaucoup aux amphipodes par Organisation. leur conformation générale, si ce n’est que leur corps est déprimé et élargi , et que leur abdomen ne se termine jamais par des appendices propres au saut ni par uné nageoire caudale compo- sée d’appendices des trois dernières paires, comme cela a lieu dans le premier ordre des édriophthalmes. Ainsi que nous Pa- vons déjà dit, les yeux sont sessiles, le thorax se compose pres- ‘ que toujours de sept anneaux distincts et porte sept paires de pattes ambulatoires (fg. 677, page 186) ; l'abdomen n’est jamais rudimentaire comme chez les læmipodes, et cé sont les lames terminales des fausses paltes abdominales qui remplissent les fonctions de branchies ; en général, ces organes dont la forme est ovalaire et la texture membraneuse sont suspendus libre- ment sous l'abdomen , mais quelquefois ils sont recouverts par deux appendices en forme de volets qui se reploient au-dessous. Enfin on remarque ordinairement chez la femelle de grandes la- mes fixées à la base des pattes thoraciques et disposées de façon à constituer sous le thorax une sorte de poche destinée à loger les œufs, et les petits pendant les premiers temps de la vie. Cenx- ci, au moment de la naissance ont souvent une forme un peu différente de celle qu’ils auront par la suite, et manquent d’une paire de pattes qui se développe lors de la première mue. 14. 212 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Les genres principaux de l’ordre des isopodes sont les IDOTÉES, dont le corps est étroit et allongé, et les fausses pattes bran- chiales recouvertes par des lames operculaires ; les CYMOTHOËÉS remarquables par le corps élargi et dontles habitudes sont para- sites ; les BOPYRES, qui vivent également en parasites (sous la ca- rapace des palémons), et qui ont les fausses pattes abdominales garnies d’appendices branchiaux rameux à-peu-près comme chez les squilles ; et les CLOPORTES (/#g. 678), qui, au lieu d’être äquatiques comme lous les précédens, vivent à terre et sont très communs dins nos caves, sous les pierres et autres lieux sombres et humides. Idotées. Cymothoés. Cloportes. Trilobites. 6 1234. C’est aux isopodes que ressemblent davantage les ani- maux fossiles connus sous le nom de TRILOBITES, mais il paraît probable qu'ils en différaient par Pexistence de pattes membra- Fig. 700. ASAPHE DE Fig. 701. ASAPRE Fig. 702. CALYMÈNE BUCH. CAUDIGÈRE. DE BLUMENBACH. ‘ neuses et simplement nataloires, analogues à celles que nous verrons chez les phyllopodes. C’est seulement dans les couches fossiliféres les plus anciennes de l’écorce du globe qu’on ren- contre des trilobites, et ils paraissent avoir tous cessé d'exister antérieurement à la création des mammifères. On les divise en plusieurs genres, les GALYMÈNES (#9. 702) et les ASAPHES (7. 700, 701), les OGYGIESs et les PARADOXIDES. ORDRE DES COPÉPODES. $ 1235. Les copépodes, qui appartiennent à la division des EN- TOMOSTRACÉS , ressemblent assez aux édriophthalmes par la CRUSTACÉS COPÉPODES. 213 forme générale de leur corps ; ils n’ont pas de carapace et leurs yeux ne sont pas pédonculés, mais en général ces organes , au lieu d'occuper les côtés de la tête, sont situés au milieu du front et confondus en une seule masse, de manière que ces petits ani- maux ne paraissent avoir qu'un seul œil médian. Les CYCLOPrEs, qui forment le principai genre de ce groupe, sont des crustacés presque microscopiques, quise trou- vent en grand nombre dans les eaux douces aussi bien que dans la mer. Leur corps est plus oumoins pyriforme fs. et leurs pattes natatoires, 111 HT ©. mais non membraneuses. Fig. 703. CYCLOPE. Les femelles portent leurs œufs suspendus sous leur abdomen dans un ou deux sacs ovalaires, et les petits subissent des métamorpho- ses considérables, car en naissant, ils n’ont que qua- Cyclopes. Fig. 704. LARVES DE cYCLorEs. trepatles, leur corps est ar- rondi et ils manquent de . queue; mais par la suite ils acquièrent une paire de pattes de plus, et leur abdomen se développe de manière à former une longue queue. ORDRE DES OSTRAPODES. $ 1236, Ces entomostracés sont également de très petite taille Caractères. et sont pourvus de pattes natatoires, non membraneuses et d’un œil unique; mais ce qu’ils offrent de plus remarquable , est l’espèce de double bou- clier semblable à une coquille bivalve qui recouvre tout leur corps. Les CYPRIS, qui for- Cypris. ment le type de cette division fourmillent dans nos eaux douces, mais échappent faci- lement à la vue à cause de leur petitesse. (x) o OEil; p pattes, 214 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Daphnies. Caractères. ORDRE DES CLADOCÈRES. $ 1237. On range dans cette section de la division des BRAN- CHIOPODES quelques petits crustacés qui ont également le corps renfermé dans un grand bouclier bivalve , el qui , pour la plu- part n’ont aussi qu’un seul œil, mais qui sont pourvus de pattes nataloires membraneuses , paraissant remplir les fonctions de branchies. La plupart de ces animaux presque microscopiques, appartiennent au genre DAPHNIE, et habitent les eaux douces et stagnantes. ORDRE DES PHYLLOPODES. $ 1238. Les phyllopodes, qui appartiennent, comme Îles pré- cédens, à la division des brachiopodes, sont re- marquables par le grand nombre de leurs pattes branchiales ; les uns, tels que les BRANCHIPPES, Ont le corps divisé en une longue série d’anneaux distincts, et n’ont pas de carapace ; d’autres ont la tête et le thorax cachés sous un grand bouclier Fig. 306. LIMNADIE. (1) horizontal ; les apus par exemple. Enfin il en est aussi dont toui le corps est renfermé entre deux valves et qui à raison de cette disposition , ressemblent extérieurement à de pelits mollusques acéphales, les LIMNADIES (/g: 706) sont dans ce cas. Presque tous ces crustacés habitent les eaux douces. DIVISION DES CRUSTACÉS SUCEURS. $ 1239. Les crustacés suceurs vivent en parasites avec d’au- tres animaux, et ont la bouche en forme de bec ou de trompe cylindrique renfermant des appendices s'yliformes pro- (1) L'une des valves de Ja carapace enlevée. LA CRUSTACÉS SUCEURS. 215, pres à percer les tégumens des animaux dont ils sucent les, humeurs. La structure de ces animaux varie beaucoup, et la plupart éprouvent dans le jeune âge des métamorphoses con- sidérables; quelques-uns peuvent toujouxs marcher ou nager, mais d’autres, après s’être fixés sur leur proie, prennent un ac- M Fig. 707. CALIGE (vu en- dessous). (1) Fig. "708. CALIGE. croissement monstrueux qui les prive de la faculté de se mou- voir; leurs membres deviennent rudimentaires, tandis que leur corps grossit beaucoup et prend souvent les formes les plus bi- zarres. Îls vivent en général sur des poissons. (1) a, a Carapace ; —b antennes ; — TEA. manteau et le pied. Leur J—} bouche, en forme de br trompe , est surmontée ? d’un petit voile triangu- Fig. 802. PLEUROBRANCHE. (1) laire et de deux tenta- cules: ils ont quatre es- tomacs, dont le second est quelquefois armé de pièces osseuses, et leur anus s'ouvre derrière les branchies. Une espèce, de cou- leur jaune-citron , est assez commune sur nos côtes. Aplysies 9 1321. Les APLYSIES, que les anciens appelaient des Zievres marins, Ont une forme très singulière : leur corps est assez sem- blable à celui d’une limace ventrue ; mais les bords du pied, redressés en crêtes flexibles, entou- rent le dos et peuvent même se ré- fléchir sur lui. Leur tête est portée sur un cou plus ou moins long et garni de quatre tentacules (?), dont les deux supérieurs sont creusés comme des oreilles de quadrupède et placés au-dessus des yeux (y. Les branchies, en forme de feuillets très compliqués , sont fixées sur le dos , à l’aide d’un large pédicule membraneux , et recouvertes par un petit manteau (#), dans l’épais- seur duquel se trouve une pelite coquille cornée. Enfin l'anus est si- lué en arrière des branchies. Ces mollusques vivent de fucus et sont pourvus d’un énorme jabot, suivi de trois autres estomacs, dont le deuxième et le troisième sont armés en dedans de crochets aigus et de plaques cartilagineuses. Une glande Fig. 803. APLYSIE. (2) particulière sécrète une liqueur ‘ àcre et la verse en dehors par une (1) Fig. 802: — m Le manteau relevé pour montrer les branchies (br) ; — a Vanus ; — la bouche et la trompe; — » le voile; —4 les tentacules ; —p le pied. (2) Fie. 803 : t, t Tentacules;— y yeux; — 7? manteau; — b branchies. MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 289 ouverture située du côté droit. Enfin il suinte du bord du man- teau une humeur de couleur pourpre qui, lorsque l’animal se contracte, est assez abondante pour teindre au loin Peau qui l'entoure. On trouve sur nos côtes plusieurs espèces d’aplysies, dont les couleurs varient. On donne le nom de DOLABELLES à des mollusques qui ne dif- fèrent guère des aplysies que par la position de leurs branchies et de leur manteau à l’extrémité postérieure du corps. Îl en existe dans la Méditerranée aussi bien que dans la mer des Indes. Les ACÈRES ressemblent encore aux aplysies par la complica- tion et l’armature de leur estomac, ainsi que par la position de leurs branchies, et par plusieurs autres points importans de leur organisation; mais ils se distinguent par leurs tentacu- les, qui sont courts, très larges © _et disposés de manière à former ensemble au-dessus des yeux un grand bouclier charnu (+). Plusieurs de ces animaux ré- p’ pandent aussi une liqueur pourpre. Les uns sont complè- d tement dépourvus de coquilles Fig. 804. (1) ou men ont qu'un vestige: on leur réserve le nom d’accres pro- prement dits ; d'autres ont une coquille un peu roulée sur elle- même et sans spire saillante ni échancrure , qui est cachée dans l'épaisseur du manteau : ce sont les bulles. Enfin il en est d’au- tres dont la coquille, recouverte seulement d’un léger épiderme, est plus contournée et assez grande pour donner retraite à Pa- nimal : on en a formé la division des bulles. ORDRE DES GASTEROPODES NUDIBRANCHES. $ 1322. Les mollusques dont ce groupe se compose sont tous privés de coquille (ou du moins n’en ont une que pendant les premiers temps de la vie), et portent des branchies fixées sur quel- que parte du dos (fig. 805). La structure des organes de la repro- (1) L'animal de la bulla hydatis : — e La coquille; — p les deux lobes du pied; — p' portion postérieure du pied; — » espèce de voile formé par la réunion des tentacules ; — a anus. 19 Dolabelles. Acères. Bullées, Bulles, Caractères, 290 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. duction les rapprochent beaucoup des pulmonés, des inféro- branches et des tectibranches : tous vivent dans la mer. Fig. 805. ÉOLIDE. Parmi les genres qui offrent ce mode d'organisation, nous ci- Doris. terons : les ports, dont la forme générale est à-peu-près la même que celle des pleurobranches (#4. 802) et dont les branchies sont insérées en cercle autour de l’anus, à la partie postérieure du dos ; les TRITONIES , dont les branchies, en forme d’arbuscu- les , sont logées tout le long des deux côtés du dos, et dont la bouche est armée de mâAchoires cornées latérales, semblables à des ciseaux de tondeurs; les TE- THIES, dont les branchies , en forme de panaches, occupent aussi les deux côtés du dos, mais dont la tête est recouverte d’un grand voile frangé et la trompe dépourvue de mâchoires ; les GLAUCUS (#9. 806), dont les bran- chies , au nombre de trois pai- Fig. 808. GLAUCUS. res, sontencoresituées demême, mais sont composées chacune de plusieurs longues lanières , disposées en éventail ; et les ÉOLIDES (fig. 805), qui ressemblent assez à de petites limaces, dont le dos serait garni d’un grand nombre de lames ou feuillets bran- chiaux , disposés comme des écailles. Ces dernières présentent dans leur organisation intérieure une particularité fort remar- quable: leur tube digestif donne naissance à un système de vais- seaux qui se ramifient dans différentes parties du corps et se prolongent dans les appendices branchiformes. TFritomies. Glaueus. MOLLUSQUES HÉTÉROPODES. 291 ORDRE DES HETEROPODES. $ 1323. Ces gastéropodes ne sont pas organisés pour ramper Gfractères. sur le ventre comme tous les précédens, mais pour nager seule- ment. En effet, leur pied, au lieu de former un disque charnu horizontal, est comprimé en une lame membraneuse verticale, dont ils se servent comme d’une nageoire. Leur corps est formé d’une substance gélatineuse et transparente, et leurs branchies “sont placées sur l’arrière du dos. Les principaux genres dont se compose ce groupe sont les ea- rinaires ei les firoles. Fig. 807. CARINAIRE. (1) 6 1324. Les CARINAIRES ont l’abdomen (c’est-à-dire l’espèce Caripaires. de noyau renfermant le cœur, le foie et quelques autres organes) recouvert par une coquille mince symétrique et conique , dont la pointe est recourbée en arrière et dont le bord antérieur re- couvre la base des branchies. Il en existe une espèce dans la Mé- diterranée. Les FIROLES n’ont point de coquille, mais, du reste, ressem- ARR: Firoles. blent beaucoup aux carinaires. (x) 8 La bouche ;— t tentacules; — y yeux ; —e estomac ; — f'foie; — a anus; — ce coquille; — br branchies; — p pied ; — » petite ventouse située sur le bord du pied, 19. Caractères, Caractères, 292 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. CLASSE DES MOLLUSQUES PTÉROPODES. $ 1325. Les mollusques dont ce groupe se compose sont orga- nisés pour la nage seulement: ils n’ont ancun organe à laide duquel ils puissent ramper ou même se fixer aux corps sous-ma- rins , mais ils flottent continuellement dans la mer et s’y meu- vent à l’aide de nageoires placées comme des ailes aux deux côtés de la bouche. Tous sont de petite taille, et la plupart habitent les mers des pays chauds ; mais on en trouve aussi dans le voisinage des pôles. Le clio borealis, par exem- ple, abonde tellement dans ces derniers parages, que, malgré sa petitesse , il devient, dans certai- nes saisons , la pâture ordinaire de la baleine. La forme des ptéro- podes varie beaucoup : les uns Fig. 808. HYALE. sont nus, les autres pourvus ï d'une coquille. On en forme plu- sieurs genres , dont les principaux sont les «Hs, les Ayales, les cleodores, les cymbulies, ete. CLASSE DES MOLLUSQUES ACÉPHALES LAMELLI- BRANCHES. 6 1326. Les mollusques dont nous nous sommes occupés jus- qu'ici ont lous une tête distincte; ceux dont il nous reste en- core à parler en sont dépourvus, et montrent dans toute leur organisation une simplicité plus grande. La bouche est toujours cachée au fond du manteau ou entre ses replis : il n’y à jamais de dents ni d’yeux. Le système nerveux est 1rès simple, et les organes de la locomotion sont fort incomplets. Chez ceux qui forment la classe des mollusques acéphales la- mellibranches , le manteau est très grand et ployé en deux, de manière à renfermer le corps, comme un livre est renfermé dans sa couverture. Tantôt ces deux feuillets sont libres par leur bord inférieur , tantôt réunis de façon à constituer un tube (fi. 809, fs, ti). Une coquille, composée de deux battans ou valves, recouvre ce manteau en totalité ou en partie, et présente à sa MOLLUSQUES ACÉPHALES. 293 partie supérieure une charnière garnie d’un ligament élastique, dont le jeu fait bâiller les valves toutes les fois que les muscles (ma, mp), étendus de lPun à l’autre, ne se contractent pas pour les maintenir fermées. Les branchies (r) ont la forme de grands feuillets striés régulièrement en travers; leur nombre est tou- jours de quatre, et elles sont placées entre la face interne du manteau et le corps de l'animal. La bouche est à l’une des extré- mités du corps, et présente, de chaque côté, deux petits feuillets n triangulaires (0, qui sont formés par les extrémités des lèvres et gu nf co cEng cer Op np) « EE te à 1 \ l i MILLE EL LAS Le 7” ï ! Gr y 3 Al (2 y ” y re DAT ChomiÀ in) î CRE SSP Er D i e br np Fig. 809. ANATOMIE D'UN MOLLUSQUE ACÉPHALE. (1) servent de tentacules ; l’estomac, le foie et les autres viscères sont logés entre la bouche et l'anus, et au-dessous du cœur (co) , qui est situé sur le dos; le système nerveux se compose de trois paires de ganglions, dont lune (ga) placée au-dessus de la (1) Mollusque du genre mactre; l’une des valves de la coquille, la moitié corres- poudante du manteau et les branchies ont été enlevées du côté gauche — c Co- quille ; — » manteau :—/14a musele antérieur ;—xp muscle postérieur; —b bou- che; -- ttentacule; — e estomac ; — e” appendice de l'estomac ; — z intestins; — ffoie ; —- p pied; — co le cœur traversé par l'intestin rectum (r); — {ts tube supérieur dans lequel s'ouvre l'anus (a); —- 4 tube inférieur ou respiratoire: — br branchies du côté droit; — ya ganglions antérieurs; — # nerfs qui en naissent; — n9 nerfs inter-ganglionnaires ; — gp ganglion postérieurs ; — zp nerfs qui en naissent et qui se distribuent an inanteau. Classification» Famille des ostracés. Classification. Huitres. 294 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. bouche, une seconde au-dessous de cet orifice et un troisième (g p) sous la portion terminale de l'intestin. Enfin la partie infé- rieure du corps se prolonge presque toujours en une masse charnue (p), appelée pied, qui sert aux mouvemens et qui porte quelquefois à sa base un faisceau de filamens, nommés Ayssus, à l’aide duquel l’animal se fixe aux corps sous-marins. $ 1327. Cejte classe se divise en cinq grandes familles, recon- naissables aux caractères suivans : ayant le manteau ouvert et sans tubes ni ouvertures par-|} ve ticulières. | SARRACES / , ouvert par devant et n'ayant | ; qu’une ouverture séparée, | MYTILACÉS. nou prolon- | pour la sortie des cxcrémens. | gees » de maä- | ferme et percé de trois ou- a ayant le man: À. Ace - vertures, dant la première |teau fermé en je nes. Ho er A RER ou pied, : CAMACÉES. < Eh manteau. deuxième à la respiration, : ; m{nrrière , de et la troisième a l'issue des Le manière à pré- : j excrémens. © Àsenter des ou- ; , < Avertures par- prolongées, de | ouvert par devant et présen- AADricEs ticolières manière à for- | tant en arrière deux tubes. mer deux tu- |fermé et ne présentant en bes. Le man-(avant ou en bas qu'une ou- teau verture pour le passage du }ENFERMES. \ pied, et en arrière deux tu- bes. } 61328. La FAMILLE DES OSTRACÉS a pour type lhuitre, et se compose d’un assez grand nombre de mollusques qui man- quent complètement de pied ou n’en ont qu’un très petit, et qui, pour la plupart, vivent fixés aux corps sous-marins, soit par leur coquille, soit par leur byssus. Leur manteau est ouvert en arrière aussi bien qu’en avant, etses deux lobes ne se réunissent nulle part pour former des ouvertures particulières, comme nous le verrons chez tous les autres acéphales. Ce groupe peut être subdivisé en deux tribus, suivant qu'il existe un seul muscle, allant d’une valve à tres ou deux de ces organes, placés l'un près de l'anus, l’autre au-devant de la bouche, disposition qui se rencontre chez presque tous les au- tres acéphales. $ 1329. C’est à la première de ces divisions qu'appartiennent les HuÎTRES. La coquille de ces mollusques est irrégulière, feuil- MOLLUSQUES ACÉPHALES. 295 « letée et composée de deux valves dissemblables et réunies par un petit ligament logé de part et d’autre dans une fossette, sans que la charnière présente ni dents ni lames saillantes. L'animal lui-même est d’une structure très simple. Son manteau , dont les lobes sont unis supérieurement près de la charnière , pré- » . mm a è [ D” Fig. 810. ANATOMIE DE L'HUITRE. (1) sente une double bordure frangée : il n’y a aucune apparence de pied. Le muscle adducteur des valves est situé vers le centre du corps, et le cœur, au lieu d’être placé comme d’ordinaire sur le dos, se trouve entre ce muscle et la masse des viscères, où il est facile à distinguer à raison de la couleur brune de son oreillette ; la bouche est cachée sous l’espèce de capuchon formé par la réunion de la portion supérieure des deux lobes du man- teau; les tentacules qui entourent cette ouverture ressemblent beaucoup aux branchies , qui sont grandes et recouvrent tout l'abdomen ; enfin l’anus se voit au-dessus du muscle. Tous ces mollusques ont un ovaire et produisent des œufs, qui, au mo- ment de la ponte, sont d’une petitesse extrême, et sont suspen- dus dans un liquide blanchâtre, dont l’aspect a de l’analogie (x) L'une des valves de la coquille; — *’ sa charnière ; — m l’un des lobes du manteau ; — »° portion de l’autre lobe reployée en dessus; — c muscles de la coquille; — br branchies ; — b bouche; — 4 tentacules labiaux; —/ foie ; — : intestins ; — a anus; — co cœur. 296 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. avec celle du suif en gouttelettes. Ce frai nage dans Peau et s'ag- glutine bientôt aux coquilles voisines ou à quelque autre corps marin : aussi les jeunes huitres sont-elles toujours adhérentes , soit entre elles, soit à une huître adulte ou aux rochers sur les- quels elles vivent; mais, dans le premier cas, elles se détachent en général par les progrès de l’âge, et forment seulement de grands amas, que l’on appelle des /ances. Leur croissance est très rapide. Les pêcheurs assurent qu’à trois mois, nos huîtres com- munes ont déjà la grandeur d’une pièce de trente sous, et que, à la fin de la première année, elles ont environ cinq centimètres de diamètre; enfin il leur faut trois ans pour acquérir la taille que présentent celles que l’on vend sur nos marchés , c’est-à- dire environ huit centimètres de diamètre. On ne sait rien de précis sur la durée de leur existence. On connaît plusieurs espèces d’huitres : la plus répandue dans nos mers et la plus intéressante est l’Auître comestible, qui nous fournit un aliment sain et agréable, dont on fait depuis lanti- quité la plus reculée, une consommation immense. Ces mollus- ques se trouvent d'ordinaire rassemblés en nombre incalcula- ble, et forment ainsi des bancs d’une étendue trê8 grande, situés en général assez près des côles , ou du moins dans des lo- calités où la mer n’est pas très profonde. Ils sont l’objet d’une pêche active , et, pour les prendre, on traine sur le fond de la mer une espèce de rateau, garnie d’un filet, nommé drague ; mais, après les avoir ainsi recueillies, on ne les livre pas de suite à la consommation ; on les dépose dans des bassins parti- culiers, où on les fait parquer pendant un certain temps, et où elles engraissent et prennent un goùt plus délicat. Les plus gros- ses sont d'ordinaire séparées de leur écaille et marinées; mais les autres se mangent sans préparation et ne sont même esti- mées qu'autant qu’elles sont vivantes. En effet, habitude qu'ont ces animaux de fermer leur coquille dès qu’on les relire de Peau, rend possible leur conservation pendant un temps assez long , et c’est à l’état vivant qu’on les sert sur nos tables. Quand elles meurent, leur coquille reste béante. Plusieurs points de nos cô- ies en fournissent ; mais c’est à Marennes, et surtout dans la baie de Cancale, que les huitres abondent : c’est celte dernière localité qui approvisionne presque exclusivement les marchés de la capitale et de presque tout le nord de la France; les ba- teaux de la Houlle, près Cancale, et de Granville, pêchent cha- que année, dans cette baie, plus de quatre-vingt millions de ces mollusques, dont la majeure partie est envoyée à Courseulles et dans d’autres ports de la Normandie, où il existe des éla- blissemens considérables pour le parcage des huitres et d’où on les expédie en poste pour Paris. C’est vers le commencement de MOLLUSQUES ACÉPHALES. 297 l'été que ces mollusques jettent leur frai ; dans cette saison ,on est dans l'habitude de ne pas les manger , et l’on croit générale- ment qu’ils deviennent malsains ; mais cette opinion ne parail pas fondée. 6 1330. On donne le nom de GRYPHÉES à des coquilles qui, pour la plupart, sont fossiles et qui ont beaucoup d’analogie avec les huitres, mais dont la.valve convexe est plus saillante au sommet, et s’y recourbe en crochet (fig. 811). On en trouve dans des ierrains très anciens. _Fig. 811. GRYPHÉE Fig. 812. GRYPHÉE Fig. 813. ARQUEE. DILATÉE. PEIGNE. On rapproche aussi des huîtres un grand nombre d’autres coquilles fossiles , telles que les RADIOLITES, les SPHÉRULITES (Ag. 815) et les HIPPURITES (#ig. 814) dont les valves pe paraissent pas avoir été réunies par un ligament, et se recouvrent comme un vase et son couvercie; en général la valve inférieure est conique et fixée par son extrémité inférieure. Fig. 814. HIPPURITE. Fig. 815. SPHÉRULITE. 1331. Les PEIGNES, appelés aussi pelerines OU manteaux , ressemblent également aux huîtres par la disposition de leur charnière ; et sont faciles à reconnaitre à leur coquille inéqui- valve, demi circulaire, presque toujours marquée de côtes rayonnantes du sommet de chaque valve vers ses bords, et pré- sentant de chaque côté de ‘a charnière un élargissement angu- Gryphées, Peignes. 298 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. leux, nommé oreille. Dans quelques espèces, il existe un byssus; mais la plupartde ces mollusques ne sont pas adhérens, et peu- vent même nager avec assez de vitesse, en fermant subitement leurs valves. Leur bouche est garnie de beaucoup de tentacules branchus qui tiennent lieu de lamelles labiales, et il existe entre les branchies un petit pied ovalaire. Nous en avons sur nos cô tes une grande espèce, qui est généralement connue sous le nom : de coguille de Saint- Jacques. Pimess te, On range aussi à côté des huîtres; les LIMES et les HOULET- TES, dont la coquille est ovalaire ou oblon- gue. Les MARTEAUX, (fig. 816) qui offrent près de la charnière une échancrure pour Fig. 816. MARTEAU. le passage d’un bys- sus. Les ANOMIES, dont la valve inférieure est profondément échancrée à côté” Auomies. du ligament, et laisse ainsi passer la partie centrale du muscle qui s’insère à une plaque, tantôt cornée , lantôt pierreuse, à l’aide de laquelle Panimal se fixe. Marteaux Spoudyles. Les SPONDYLES ou Autres epineuses, dont la coquille est feuil- letée ou même épineuse, et dont la charnière présente, à chaque valve, deux dents qui entrent dans des fossetles de la valve op- posée. Enfin, c’estaussi dans cétte tribu que prennent place les PERNES, dont la charnière se compose de plusieurs ligamens insérés dans des fossettes particulières ; et un assez grand nombre d’autres co- quilles, soit récentes, soit fossiles. Pernes. Ostraces a deux muscles. 61332. Parmi les ostracés pour- vus de deux muscles distincts et Fig. 817. PERNE. dont la coquille présente , par conséquent à la face interne de chaque valve, deux surfaces inégales correspondantes à l’in- MOLLUSQUES ACÉPHALES, 299 sertion de ces organes, nous citerons les etheries , les arondes, les jambonneaux, les arches et les trigonies. Les ÉTHÉRIES ont beaucoup d’analogie avec les huîtres : leur coquille est grande, inéquivalve, très inégale, sans dents à la charnière , et pourvue d’un ligament, qui esten partie extérieur et en partie intérieur. Îl en existe dans le Haut-Nil. 6 1333. Les ARONDES se reconnaissent à leur coquille équivalve, à charnière rectiligne , munie d’un ligament étroit, et souvent allongée en ailes par ses deux extrémités (fig. 818). Le corps de ces mollusques est très petit et se prolonge en un pied conique vermiforme et garni d’un byssus pour le passage duquel il existe une échancrure sur le bord de la coquille. Le muscle adducteur antérieur est excessivement petit, et les palpes labiaux très grands. On a divisé ces mollusques, mais peut-être sans raison suffisante , en deux genres : les AVICULES et les PINTADINES, sui- vant que leur coquille présente ou non de grands prolongemens en forme d'ailes, et que sa char- nière est armée dune dent ou dépourvue de toute protubérance semblable. C’est au dernier de ces groupes qu’'appartient laronde aux perles, Connue aussi sous les noms d’Auëtre perlière, de pinta- dine mere-perle, etc., et célèbre par la nacre dont l’intérieur de sa coquille est revêtu, et par les perles fines qu’on y trouve. Cette coquille est à-peu-près demi cir- culaire, écailleuse et brun-verdâtre en dehors : elle devient très grande et se trouve sur les côtes de Ceylan, dans le golfe Per- sique , le golfe du Mexique et plusieurs autres localités, où elle vit en bancs considérables, attachée par son byssus aux rochers sous-marins et où elle est l’objet d’une pêche active. Les perles sont des corps de même nature que la nacre bril- lante dont l’intérieur de ces coquilles est revêtu. Elles se com- posent de couches concentriques de nacre très serrées , et elles se produisent lorsque cette matière, au lieu de s'étendre en couches plates sur celles déjà déposées , constitue de petits amas isolés comme des gouttelettes, ou adhérens à la coquille par un pédicule seulement. Leur formation dépend d’une espèce de maladie ou, du moins, d’une activité anomale dans le travail Fig. 818. ARONDE PERLIÈRE. Echeries. Arondes, Pintadines. Perles. 309 - ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sécréloire qui donne naissance à la nacre: aussi toutes les cir- conslances qui peuvent stimuler cette sécrétion, telles que la présence d’un grain de sable ou de quelque autre corps étran- ger entre la coquille et le manteau de Panimal , tendent-elles à en déterminer la formation. Du reste, les arondes perlières ne sont pas les seuls mollusques qui produisent des perles. Toutes les coquilles dont l’intérieur est nacré peuvent en contenir. Les patelles, les halliotides et nos moules communes en renferment quelquefois, et il n’est pas rare d’en trouver dans une grosse espèce de mulète, qui habite les grandes rivières du nord de l’Europe; mais c’est la pintadine mère-perle qui en fournit le plus et qui en donne les plus belles. à C’est principalement dans le golfe de Manaar, sur les côtes de Ceylan, dans le golfe Pérsiqué, dans le golfe de Panama et sur la côte est de la Californie, que se pratique la pêche des perles; mais il existe des bancs de pintadines mères-perles dans plusieurs autres localités, telles que les côtes du Japon , de Cumana, etc. Pour se procurer ces mollusques précieux, des hommes , habitués à cet exercice, plongent au lond de la mer, et vont les ramasser ainsi à des profondeurs de sept à dix-huit mètres. Afin d'accélérer sa descéhte, le plongeur saisit avec ses orteils une grosse pierre , munie d’une corde , et, quand le be- soin de respirer ou la crainte des requins lui fait désirer de re- monter, il se débarrasse de ce poids et donne le signal pour que les matelots restés sur le bateau le tirent à eux. La pierre est ensuite ramenée à bord, et sert à un nouveau plongeur. Le temps pendant lequel les plongeurs restent sous l’eau est ordi- nairement d’une minute, quelquefois d’une minute el demie ou même deux minutes : on cite même un individu:qüi pouvait y rester six minutes. Chacun d’eux est muni d’un sac ou filet destiné à recevoir les coquilles qu'il ramasse , et il n’est pas rare de les voir remonter chargés d’une centaine de ces mollus- ques : ils plongent quarante ou cinquante fois dans une journée, et la pêche d’un bateau. monté par dix plongeurs et dix hom- ines employés à les haler à bord, s'élève quelquefois à trente- trois mille pintadines par jour. Pour que les bancs ne soient pas dévastés, on en règle l'exploitation, et on pense qu’il faut sept ans pour que ces animaux acquièrent toute leur maturité. A Ceylan, la saison de la pêche dure depuis le milieu de février jusque vers la fin de mars. Les coquilles sont déposées sur la .plage. dans des enclos particuliers; et, lorsque’ les animaux sont morts el à demi pourris, on examine attentivement chaque coquille, pour en retirer les perles; on choisit aussi les plus belles coquilles, propres à fournir la nacre; puis on fait le triage des perles; on les nettoie ; on délache et on polit avec de la MOLLUSQUES ACÉPHALES. 301) poudre de perles celles qui sont adhérentes; on les perfore, el, après les avoir réunies en chapelet, on les livre au commerce. Les produits de cette mdustrie sont assez considérables. En 1798, la pêche de Ceylan a été évaluée à 4,800,000 fr.; mais, les bancs ayant ététrop épuisés, donnèrent beaucoup moins les années sui- vantes, et le revenu qu’on en tire aujourd’hui est moins élevé. 6 1334. Les JAMBONNEAUX ou PINNES ont deux valves égales en forme d’éventail à demi ouvert, bâillantes et réunies par un li- gament le long d’un de leurs côtés. On en trouve dans la Médi- terranée une très grande espèce qui vit à demi enfoncée dans le sable et ancrée à Paide de son byssus, dont les filamens très fins, brillans comme de la soie et d’une grande force , sont employés par les habitans de quelques parties de la Calabre et de la Sicile pour lisser des étoffes précieuses. Les ARCHES se distinguent de tous les précédens par leur co- quille équivalve, et dont la charnière, située sur le long côté des valves, est garnie d’un grand nombrede petites dents qui s’engrènent dans les intervalles les unes des autres; chez les unes, les ARCHES PROPREMENT DITES (fig. 819), la charnière est rectiligne et la coquille est Fig. 819. ARCHE. plus allongée dans le sens ._ parallèle à cette jonction ; chez les autres nommés PÉTONCLES (/g. 820), la charnière esi courbe et la coquille de forme lenticulaire. Les premières se tiennent près du rivage dans les endroits rocailleux , et sont ordi- nairementrecouvertes d’un épi- derme velu ; les derniers vivent dans la vase. Les unes et les au- tres se trouvent sur nos côtes. Enfin les TRIGONIES , dont la plupart des espèces sont fossiles , sont remarquables par leur charnière munie de deux lames en chevron créne- lées à chaque face, et péné- Fig. 820. PÉTONCLE. trant entre quatre lames de Jambon- neaux, Arches, Famille des mytilacés. Moules 302 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. la valve opposée , crénelées de même sur leur face interne. 61335. Dans la FAMILLE DES MYTILACÉS, le manteau est largement ouvert en avant comme chez les ostracés, mais il présente une ouverture particulière pour la sortie des excré- mens ; cet orifice, du reste , ne se prolonge pas en tube comme dans les familles qui vont suivre, et il n’existe pas d’ouverture spéciale pour le passage de l’eau servant à la respiration. Il existe toujours un pied distinct, et les valves sont rapprochées par l’action de deux muscles adducteurs. Les mytilacés se ressemblent assez pour être connues du vulgaire sous un seul nom, celui de moules, mais ils doivent néanmoins être divisés en plusieurs genres , dont les plus im- portans sont les moules proprement dites , les anodontes et les muleles. $ 1336. Les MOULES PROPREMENT DITES abondent sur les ro- chers de nos côtes où elles vivent fixées par leur byssus et en général serrées les unes contre les autres. Leur coquille est close, et ses valves, de forme triangulaire, sont égales, bombées et réunies par un ligament étroit sur le côté de leur angle aigu. La bouche de animal est située près du sommet de la coquille dont l’extrémité opposée laisse passer le byssus ; l’anus est placé aussi près de la charnière ; et vis-à-vis de cet orifice, 1l existe une ouverture particulière ou un petit tube formé par le man- teau ; vers l’angle arrondi de la coquille, là où passe l’eau né- cessaire à la respiration , le bord du manteau est frangé ; enfin, le pied est grèle, cylindrique , et garni postérieurement d’un byssus soyeux. Les moules sont généralement employées comme aliment, mais elles déterminent quelquefois une espèce d’empoisonne- ment accompagné de symptômes très alarmans et suivis quel- quefois de la mort. Le vulgaire attribue à tort ces accidens à la présence d’un petit crabe nommé pinnothere , qui se trouve fréquemment dans l’intérieur de la coquille de ces mollusques; car ce crustacé n’est nullement vénéneux; quelques auteurs pensent que la qualité malfaisante des moules dépend au con- traire de ce qu’elles se sont nourries du frai des étoiles de mer, qui , assure-t-on , est de lui-même un poison ; enfin d’autres la considèrent comme résultant d’une maladie de ces mollusques. Mais toutes ces opinions ne paraissent pas suffisamment étayées, et, du reste, ne suffisent point pour expliquer les faits observés ; car on sait que certaines personnes ne peuvent jamais manger de moules sans en être plus ou moins incommodées, tandis que, pour d’autres personnes, ces mollusques ne sont jamais nui- MOLLUSQUES ACÉPHALES.. 303 sibles. Il semblerait donc plus rationnel d'attribuer les accidens qu'ils produisent à l’état particulier de celui qui s’en nourrit, plutôt qu’à l'existence d’un véritable poison ; et, en effet, la médecine nous apprend que, par suite de dispositions partien- lières de l’estomac (appelées par les hommes de Part idosyn- crasie), Certains alimens qui, pour les personnes ordinaires, sont de facile digestion, peuvent devenir pour d’autres indivi- dus une espèce de poison, et déterminer tous les accidens pro- duits par les moules. On cite des exemples de personnes qui, jouissant d’ailleurs d’une bonne santé, ne pouvaient jamais manger des fraises sans avoir une indigestion violente , d’autres qui éprouvaient les mêmes symptômes pour peu qu’elles man- geassent des goujons, du merlan, etc. Enfin on sait également que des substances qui, pour tous les hommes sont de violens poisons , n’ont aucune influence nuisible sur certains animaux. Aussi sommes-nous portés à croire que l’empoisonnement pro- duit par les moules ne dépend'pas tant des qualités particu- lières d’un certain nombre de ces animaux, que de l’état de l'estomac des personnes qui ne peuvent les digérer. On distingue sous le nom de MODbIOLEs les moules dont la charnière est placée plus bas , et on donne le nom de LITHO- DERMES à d’autres espèces qui ont la coquille presque également arrondie aux deux bouts, et qui se creusent des trous dans les pierres auxquelles elles. sont d ahore simplement suspendues à laide de leur byssus. $ 1337. Les ANODONTES , appelées vulgairement moules d’etang, vivent dans les eaux douces et se reconnaissent à leur coquille mince , médiocrement bombée, ovalaire , close et sans dents à la charnière ; ; elles manquent de byssus et sont pourvues d’un pied très grand , comprimé et de forme presque quadrangu- laire , à l’aide duquel elles rampent sur le sable ou sur la vase. Nous en possédons une grande espèce dans nos eaux douces à fond vaseux. Les MULÈTES ou moules des peintres (unio) ressemblent beau- coup aux anodontes , mais ont une charnière plus compliquée , la valve droite ayant une fossetté dans laquelle pénètre une dent de la valve gauche , et offrant en arrière une longue lame qui, à son tour, est reçue entre deux lames du côté opposé. Ces mollusques habitent aussi les eaux douces, mais se tien- nent de préférence dans celles qui sont courantes. L'espèce commune est ovalaire et de couleur brun-verdâtre ; elle est très répandue en France. On trouve aussi dans le Rhin, la Loire et quelques autres rivières, une mulète beaucoup plus grande et Modioies, Anodontes, Manlètes. Famille des camacées. Tridacnes. . 304 .ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. remarquable par la beauté de la nacre dont l’intérieur de la coquille est garni ; on en retire même des perles assez belles. Enfin, on range aussi dans ce groupe quelques mollusques marins qui ressemblent aux mulètes par leur organisation et par la disposition générale de leur charnière, mais dont la co- quille a les sommets plus bombés et des côtes saillantes qui rayonnent de ces points vers la circonférence ; telles sont les cARDITES, dont la forme est plus ou moins oblongue ou en cœur , les GYPRICARDES, dont la dent située sous le sommet de la coquille, est divisée en deux ou en trois ; les CORALLIO- PHAGES, dont la coquille est mince et la lame latérale très effa- cée ; ec. 61338. Dans la FAMILLE DES CAMACÉES , le manteau est fermé et percé seulement de trois ouvertures, dont l’antérieure sert à la sortie du pied (p, fig. 821), la suivante (r) au passage de l’eau nécessaire à la respiration , et la troi- sième {e) à l'expulsion des excrémens. Ainsi que nous l’avons déjà dit, ces deux dernières ouvertures ne se prolongent pas en tubes, comme dans les deux fa- milles suivantes. Enfin la charnière a beaucoup d’a- nalogie avec celle des mu- lètes : car la valve gauche présente, près dn sommet, une dent, et, plus en arrière, une lame saillante, qui entre dans des fosses de la valve opposée. On divise les camacées en tridaenes, cames, isocardes , elc. Fiy. 821. (1) Les TRIDAGNES ont la coquille équivalve, allongée et bâillante en avant, où ses bords sont dentelés (#9. 822). Leur organisation intérieure présente plusieurs particularités remarquables. Ils n'ont qu'un seul muscle adducteur des valves. Leur manteau est largement ouvert en avant, pour livrer passage au byssus, et présente, un peu au-dessous de l’angle antérieur , une autre (x) Une came dépouillée de sa coquille, pour montrer la disposition de son manteau : — p Le pied; — r l'ouverture de la respiration. MOLLUSQUES ACÉPHALES. 305 ouverture , qui introduit l’eau vers les branchies ; enfin la troi- sième ouverture, qui répond à Panus , est située vers le milieu du bord inférieur. C’est à ce genre qu’appartient l’énorme coquille de la mer des Indes, connue sous le nom vulgaire de benilier; elle se trouve suspendue aux rochers par des byssus si gros et si forts, que, pour les trancher, il faut employer la hache , et son poids s'élève quelquefois à plus de cent cinquante kilogrammes. Fig. 822. TRIDACKNE. Les cAMEs ont la coquille équivalve, irrégulière, et le plus souvent lamelleuse et hérissée : elles vivent fixées aux rochers comme les huîtres, et ont un petit pied coudé comme celui de l’homme (fig. 821). On en trouve quelques espèces dans la Médi- terranée. Les ISOCARDES ont, au contraire, la coquille libre, ré- gulière et bombée. La Méditerranée en produit une espèce assez grande. 61339. La FAMILLE DES CARDIACÉES a pour caractère d’a- voir le manteau ouvert par devant et prolongé postérieurement en deux tubes, qui tan- tôt sont distincts, tantôt sont unis en une seule masse, el qui servent, Pune pour la respira- tion (r, fig. 823), l’autre Fig. 823. TFLLINE. pour le passage des ex- crémens (e). Ce mode de conformation se reconnaît sur la coquille par la disposition de 20 Cames. Isocardes. Familie des cardiacées, Bucardes, Donaces. * Cyclades. Corbeilles, 306 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Pimpression d'attache des bords du manteau, qui, avant de se réunir à limpression musculaire postérieure, décrit une courbure rentrante plus ou moins profonde (fig. 824). Chez lous ces mollus- ques, il existe un muscle transver- sal à chaque extrémité du corps et un pied (p, fig. 823), qui, en général, sert à ramper. Les es- pèces qui ont de longs tubes vi- vent d'ordinaire enfoncées dans le Fig. 824. VÉNÉRUPE. sable ou dans la vase. On range dans cette famille les bucardes, les donaces , les cyclades, les corbeilles, les tellines, les lucines, les venus, les petricoles, les mactres, eic., genres qui, pour la plupart ; sont très nombreux en espèces, mais n’offrent que peu d’in- lérêL. $ 1340. Les BUCARDES { cardium ) Ont pour caractère princi- pal une charnière, garnie de part et d'autre de deux petites dents situées au milieu et d’une lame saillante ou d’une dent placée à quelque distance en avant et en arrière. Leur coquille est équivalve, bombée , garnie de côtes rayonnantes du som- met vers la circonférence. Enfin sa forme générale, lorsqu’on la regarde de côté, rappelle celle d’un cœur , à cause de la ma- nière dont les sommets des valves s'élèvent et se recourbent en dedans. Ces mollusques sont très communs sur nos côtes. Une espèce , que l’on mange et que l’on désigne ordinairement sous le nom de coque ou soudon, abonde sur les plages sablonneuses. Les DONACES (donar) ont la charnière conformée à-peu-près comme chez les bucardes ; mais leur coquille est aplatie, à-peu- près triangulaire, inéquilatérale et à sommets presque verti- caux. On en trouve sur nos côtes plusieurs petites espèces dont la coquille est très jolie. Les CYCLADES ont la même charnière el se distinguent des précédens par la forme arrondie de leur coquille , qui est équi- latérale (c’est-à-dire dont les deux moiliés de la valve, situées de chaque côté d’une ligne verticale passant par son sommet, sont semblables) et striée en travers. Une espèce est fort com- mune dans nos mers. Les CORBEILLES (rorbis) sont des coquilles de mer oblongues MOLLUSQUES ACÉPHALES. 307 transversalement, qui ressemblent aux précédentes par leur charnière et dont la surface extérieure est garnie de côtes transverses, croisées par des rayons divergeant avec une grande régularité. Les TELLINES ressemblent beaucoup aux donaces ; mais elles ont le milieu de la charnière armé d’üne dent à gauche et de deux à droite. Leur coquille est légèrement bâillante. De même que les donaces, elles ont deux longs tubes (fig. 823), qui peuvent rentrer en entier dans la coquille quand l’animal se contracte. Les unes et les autres vivent enfoncées dans lesable et abondent sur nos côtes. Les VÉNUS sont reconnaissables à leur charnière, dont les lames antérieure et postérieure, au lieu d’être écartées des dents médianes , comme chez les bucardes, etc. , sont rappro- chées en un seul groupe sous le sommet. Leur coquille est en général épaisse, médiocrement bombée et un peu allongée. On en connait un très grand nombre. LL] Les PÉTRICOLES et les vÉ- NÉRUPES ressemblent beau- coup aux vénus, et ont été ainsi nommées, parce qu’el- les vivent dans l’intérieur des pierres qu’elles perfo- rent. . Enfin les MACTRES diffé- Fig. 825. MACTRE. rent des autres cardiacées par l’existence d’un liga- ment intérieur logé dans deux fossettes de la charnière corres- pondant l’une à l’autre (fig. 825). Il en existe quelques grandes espèces sur nos côtes. $ 1341. La cinquième et dernière famille d’acéphales lamelli- branches, ou les ENFERMES , se compose des mollusques dont le manteau n’est ouvert que par son extrémité antérieure ou vers son milieu pour le passage du pied , et se prolonge postérieu- rement en un double tube ; partout ailleurs il est complètement fermé (fig. 826). Leur coquille est toujours bâillante par ses ex- trémités , et la plupart de ces animaux vivent enfoncés dans le 20. Teilines. Vénus. Famille des enfermés. Lutraires. Myes, etc. Byssomies. Hyatelles. 308 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sable ou dans la vase ; quelquefois ils se creusent même des trous e Fig. 826. SOLEN (1) dans les pierres ou dans le bois. On les divise en myes, lutraires, anatines, glycimères , solémyes , byssomies, hyatelles , solens, psammobies , pholades , tarets, fistulanes , elC. Les LUTRAIRES ressemblënt beaucoup aux mactres; mais leur charnière est dépourvue de lames latérales, et leurs valves sont très bâillante, surtout en arrière , par où sort le gros cylindre charnu , formé par leur double tube, On en trouve une grande espèce dans le sable de l'embouchure de: plusieurs de nos fleuves. Chez les MYEs, il existe à une des valves une lame saillante, et, à l’autre, une fossette , réunies par le ligament; les ANATI- NES présentent à chaque valve une petite lame, donnant attache au ligament; enfin les SOLÉMYES et les GI YCIMÈRES diffèrent des myes par leur ligament extérieur. Les BYSSOMIESs , au lieu de vivre dans le sable, comme les précédens, pénètrent dans les pierres et les coraux, et sy fixent à l’aide d’un byssus. Leur coquille est oblongue, sans dent marquée et bâillante vers le milieu de son bord inférieur pour le passage du pied. Les HYATELLES Ont à-peu-près la même forme générale ; mais la dent de leur charnière est plus marquée. (1) c La coquille ; — « l'extrémité antérieure du mantenu; —p le pied; — t les tubes. MOLLUSQUES ACÉPHALES. 309 Les SOLENS, appelés vulgairement manches de coutéau (fig. 826), Soleus, ete. à cause de la forme cylindrique et allongée de leur coquille, ont la charnière garnie d'un ligament extérieur et armée, de cha- que côté, de deux ou trois dents saillantes et bien prononcées. Leur pied est conique et sort par lPextrémité antérieure de la coquille. [ls vivent dans le sable et s’y enfoncent avec beaucoup de rapidité à laide des mouvemens qu'ils exécutent avec leur pied. Les SANGUINOLAIRES, les PSAMMOBIES el Îles PSAMMOTHÉES sont des mollusques très voisins des solens, mais dont la coquille est plus large, et dont armature de la charnière est un peu différente. $ 1342. Les PHOLADES se distinguent de tous les précédens par Pexistence d’une ou plusieurs pièces calcaires , situées entre les deux valves de leur coquille, près de la charnière. Les val- ves, larges et bombées antérieurement, $allon- gent du côté opposé et laissent entre elles, à chaque bout, une grande ouverture oblique ; leur charnière ressemble assez à celles des myes; enfin leur double tube n’est point rétrac- tile et peut s’allonger extrêmement. Ces ani- maux habitent des tubes, qu’ils se creusent, soit dans la vase, soit dans des pierres ou dans des bois. Nous en possédons une grande espèce sur nos cÔles. $ 1343. Les TARETS sont célèbres par les dé- gäts qu'ils font en perforant la quille des na- vires , les pilotis des digues, les écluses, etc. Ce sont des mollusques, dont le corps très allongé el presque vermiforme, est enveloppé dans un manteau tubuleux, ouvert à la par- tie antérieure et inférieure pour livrer passage au pied, et pourvue en arrière de deux tu- bes distincts, très courts , et dont la base est garnie de chaque côté d’une palette pier- reuse et mobile ; leur coquille est compo- sée de deux valves rhomboïdales , mais elle est très petite, et ne recouvre qu'une faible portion du manteau. Il paraîtrait que c’est en faisant agir l'extrémité de sa coquille à la ma- nière d’une tarière, que lanimal creuse dans Fig. 827. TARET. Fistulanes Gastrochénes. Clavagelles et arrosoirs. 310 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. le bois submergé le trou qui lui sert de demeure , et, à me- sure qu’il s'enfonce, il lapisse celte excavation d’une matière calcaire , de façon que bientôt il se trouve logé dans un tube pierreux qu’au premier abord on pourrait prendre pour une seconde coquille. Il commence à attaquer le bois lorsqu'il est très Jeune ; aussi l'ouverture extérieure de sa galerie est-elle très petite, mais il s’y enfonce jusqu’à ce qu'il ait terminé sa crois- sance et augmente progressivement la largeur de sa demeure; les deux tubes qui occupent l’extrémité postérieure de son manteau restent cependant dans le voisinage de l’ouverture de la galerie, et c’est par l’un d’eux qu’il fait entrer l'eau né- cessaire à sa respiration et à sa nutrition, car il reste toujours dans son trou la bouche en bas et l'anus en haut. Le taret commun, dont la longueur est d'environ seize centimètres , a élé apporté , dit-on, de la zone torride, mais s’est malheureuse- ment beaucoup répandu dans nos mers, et a tellement infesté les digues de la Hollande, que plus d’une fois ses ravages ina- perçus ont manqué d’occasionner de terribles inondations. On a vu aussi des vaisseaux couler à la suite de voies d’eau dé- terminées par ces animaux destructeurs. $ 1344. Les FISTULANES vivent aussi enfoncées dans le bois sub- mergé ou dans quelque autre corps analogue, et tapissent égale- ment leur trou d’un mortier calcaire qui constitue un tube complètement fermé par le gros bout, et ressemblant plus ou moins à une bouteille. De même que les tarets, elles ont en outre une petite coquille bivalve et deux palettes qui peuvent être considérées comme les analogues des pièces operculaires des gastéropodes. Elles habitent la mer des Indes. Les GASTROCHÈNES ne diffèrent que peu des précédentes ; leur coquille, dépourvue de dents, est très bâillante en avant ; et leur double tube, qui peut y rentrer entièrement, est suscep- tible de beaucoup d’allongement : ils se creusent des trous dans la pierre calcaire ou dans des masses madréporiques , et re- vêtent souvent ces excavations de matière calcaire qui , en se solidifiant , constitue un tube analogue à celui des tarets et des fistulanes. Enfin, on range encore dans cette division les CLAVAGELLES et les ARROSOIRS qui se construisent également un tube cal- caire ; chez les premiers, lune des valves est saisie par ce tube, tandis que l’autre reste libre dans son intérieur, et, chez les derniers , le tube présente à son extrémité fermée, un disque MOLLUSQUES BRACHIOPODES. S11 percé d’un grand nombre de petits trous tubuleux, disposition qui leur a valu le nom darrosoirs. LA CLASSE DES MOLLUSQUES BRACHIOPODES. $ 1345. Ces mollusques ont beaucoup d’analogie avec les acé- Caractères » aractere phales ordinaires; ils sont également pourvus d’un manteau à deux lobes et d’une coquille bivalve, mais ils n’ont pas de pied, et présentent à la place de cet organe deux bras charnus gar- nis de filamens et susceptibles de se déployer au dehors ou de rentrer dans la coquille, en s’enroulant en spirale (a, fig. 828); leurs branchies cessent d’être distinctes du manteau, et la : +: masse formée par leurs viscères esl Fig. 828. TÉRÉBRATULE. très pelile. Ils sont dépourvus d’or- ganes de locomotion, et vivent fixés aux corps sous-marins. Les genres principaux dont ce groupe se compose sont les dinquies , les terebratules et les orbicules. Les LINGULES sont pourvues d’un long pédoncule charnu, dont l’une des extrémités est en général fixée aux rochers sur lesquels ces animaux habitent d'ordinaire , et l’autre extrémité porte deux valves oblongues et aplaties. Leurs bras, insérés sur les côtés de la bouche, sont très longs; enfin , les vaisseaux branchiaux rampent à la face intérieure du manteau, et y for- ment de chaque côté une série de petits replis parallèles. Elles se trouvent dans les mers d’Asie. $ 1346. Les TÉRÉBRATULES ont deux valves inégales jointes par une charnière , et C’est à travers un trou percé au sommet de l’une d’elles que passe le pédoncule charnu à laide duquel l'animal se fixe. Leurs branchies sont moins distinctes que chezles lingules , et ne consistent qu’en un réseau vasculaire disséminé à la face interne du manteau ; mais leur système musculaire est plus développé, et il existe dans l’intérieur de la coquille une Lingules. Térébratules. Spirifères. Orbicules Caractères. #12 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. petite charpente solide (fig. 830), dont la structure est quel- ETS CRE UE Fig. 829. TÉRÉBRATULE. Fig. 830. quefois très compliquée, et dont les principaux usages sont de fournir des points d'attache aux muscles et d'aider à produire l’écartement des valves. On trouve des térébratules vivantes dans les mers du Sud; mais c’est surtout à l’état fossile qu’elles , abondent , et elles se montrent dans les couches fossilifères les plus anciennes de l'écorce du globe. 61347. On donne le nom de sPIRIFÈRES (/#g. 831) à des coquilles fossiles , qui ressemblent beaucoup aux térébratules , mais qui sont munies intérieurement de deux grands cônes formés d’un filet en spirale et destinés probablement à soutenir le corps de P’animal. Fig. 831. SPIRIFÈRE TRIGONE. Fig. 832. SPIRIFÈRE GLABRE. Les ORBICULES ont une valve ronde et conique comme la co- quille des patelles, tandis que Pautre est plate et perforée pour le passage d’un pédoncule très petit ; la conformation de leurs bras et la disposition des vaisseaux branchiaux se rappro- chent beaucoup de ce que nous avons vu chez les térébratules. SOUS-EMBRANCHEMENT DES MOLLUSCOIDES. $ 1348. Dans ce groupe le système nerveux est rudimentaire ou nul , et ne se compose Jamais de plusieurs ganglions réunis MOLLUSCOÏIDES TUNICIERKS. 313 par des cordons médullaires ; il n’y a jamais de tête distincte ; le corps tantôt nu, tantôt renfermé dans une coque calcaire est presque toujours soudé intimement à ceux d’un grand nombre d’autres individus de la même espèce, et la masse:ainsi formée est ordinairement fixée au sol. Enfin, il est aussi à noter que la reproduction peut presque toujours s'effectuer par des bour- geons aussi bien que par des œufs, et c’est par suite de ce pre- nier mode de multiplication que la plupart des molluscoïdes constituent les agglomérations dont il vient d’être question, car les jeunes qui naissent ainsi par bourgeons restent fixés sur le corps de leur mère. < 6 1349. Ce sous-embranchement comprend deux classes bien distinctes, savoir : les TUNICIERS, reconnaissables à leur bou- che à bords simplement lobés, et les BRYOZOAIRES chez lesquels cet orifice est entouré d’une couronne de longs tentacules à bords ciliés. CLASSES DES TUNICIERS. 6 1350. Ces animaux n’ont pas de coquille et l’enveloppe de leur corps , que l’on peut comparer au manteau des mollusques proprement dits , est d’un tissu coriace; et constitne tantôt un sac, tantôt un tube ouvert à ses deux extrémités. Ils sont pour- vus de branchies bien distinctes, mais ces organes n’ont jamais la forme de feuillets comme chez les acéphales lamellibran- ches; leur circulation est oscillatoire et le courant sanguin change de direction à des intervalles de temps très rapprochés ; le cœur a la forme d’un tube et se contracte d’une manière vermiculaire. Enfin , ils n’ont ni bras ni pied , et ils flottent dans la mer ou vivent fixés sur des rochers, des fucus ou d’autres corps sous-marins. On peut les diviser en trois ordres, les BI- PHORES , les ASCIDIENS et les PYROSOMES. 61351 Les BIPHORES ( sa/pa) sont , de tous les tuniciers, ceux dont l’organisation est la plus compliquée. Leur manteau est tubiforme , garni de bandes musculeuses transversales , et ren- fermé dans une enveloppe cartilagineuse , transparente; lune et l’autre sont ouvertes aux deux bouts, et leur orifice anté- rieur est muni d’une valvule , disposée de manière à permettre l'entrée de l’eau , mais non sa sortie ; l’orifice de l’œsophage est placé dans l’intérieur du tube formé par le manteau vers sa partie postérieure ; et le cœur, le foie et les autres viscères sont réunis en une petite masse près de cette ouverture; Panus est situé assez loin en arrière du côté dorsal du corps, et une branchie unique composée d’une membrane plissée en travers, Caractères. Biphores. « Ascidies. 314 ZOULOGIE DESCRIPTIVE. s'étend obliquement de la paroi supérieure à la paroi inférieure mn br C Fig. 833. BIPHORE. (1) de la cavité palléale ; Veau qui traverse ce tube baigne par con- séquent l'appareil respiratoire, et c’est en l’expulsant avec force du côté de l’anus que lanimal se déplace. Au-dessus de l’ex- trémité antérieure de la branchie on distingue un point ocu- liforme et un ganglion.nerveux médian d’où partent plusieurs nerfs. À l’âge adulte, ces mollusques sont libres ; mais au mo - ment de la naissance , ils sont souvent réunis entre eux en une longue chaine , et nagent ainsi pendant long-temps. Les biphores se trouvent dans la Méditerranée et dans les par- Ues chaudes de l'Océan; souvent ils émettent une lumière phosphorique. $ 1352. Les ASCIDIES ne peuvent se déplacer comme les bi- phores ,el vivent fixées aux rochers. Leur manteau a la forme d’un sac pourvu de deux orifices, et l’intérieur de cette cavité est tapissé par le réseau des vaisseaux branchiaux; la bouche et le noyau renfermant Îles viscères sont fixés au fond du grand sac branchial, et Panus se trouve près de l’une de ses ouvertures. (:) a Ouverture antérieure du manteiu ou bouche ; — f foie, etc.; - an anus; — br branchie; — p ouverture postérieure du manteau ; — 7 muscles (2) Ascidies du genre porophora : — b Bouche; — e estomac; — : Me à MOLLUSCOIDES BRYOZOAIÏRES. 315 On les divise en ascèdies simples, ascidies sociales et ascidies composees. Les ASCIDIES SIMPLES vivent isolées et ne se multiplientque par le moyen d'œufs; elles ont en général une forme ovoïde très irré- gulière. Les ASCIDIES SOCIALES (/g. 834) adhèrent aux corps étrangers par des espèces de racines ou stolons sur lesquels les bourgeons reproducteurs se développent et donnent naissance à de nou- veaux individus ; il en résulte que ces animaux vivent réunis en colonies plus ou moins nombreuses , mais ne sont unis que par leurs racines. Enfin, les ASCIDIES COMPOSÉES sont associées d’une manière bien plus intime; car un grand nombre de ces petits êtres vivent réunis en une seule masse, dont le tissu de consistance gélatineuse ou cartilagineuse, les englobe en entier et repré- sente une sorte de manteau commun. A la surface de cette masse on aperçoit une multitude de petits orifices qui ont, en général, la forme d'étoiles à six branches, et qui sont autant de bouches ou d’anus appartenant aux individus ainsi empri- sonnés; souven! il existe un cloaque commun à loute une asso- ciation d'individus. Enfin , la propagation de ces singuliers animaux se fait de deux manières : tantôt la masse s’accroit par le développement de bourgeons reproducteurs dans ce tissu commun , tantôt des jeunes formés dans un ovaire, sont ex- pulsés au dehors et nagent librement pendant quelque temps, jusqu’à ce qu’ils se soient fixés sur quelque corps sous-marin où ils vont établir une nouvelle colonie ; mais ils mont pas en naissant la forme qu'ils doivent avoir par la suite, et ils subis- sent de véritables métamorphoses. Les ascidies composées forment plusieurs genres bien dis- tincts parmi lesquels nous citerons les BOTRYLLES , qui forment sur les fucus des espèces de croûtes gélatineuses ornées d’une multitude d'étoiles , dont chaque branche est représentée par le corps d’un des individus composant ces singulières colonies et dont le centre est occupé par un anus commun. 61353. Enfin, les PYROSOMES sont des mollusques agrégés assez semblables aux botrylles par leur organisation indivi- — à anus; — { tige commune ; — les flèches indiquent ja direction du courant d’eau servant à la respiration. Ascidies sim- ples. Ascidies 50= ciales. Ascidies com- posées. Pyrosomes. 516 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. duelle, mais qui sont réunis en nombre considérable, de ma- nière à former un grand cylindre creux, ouvert par un bout seulement, contractile el nageant dans la mer. CLASSE DES BRYOZOAIRES. Caractères. ( 1454. Les bryozoaires ont été jusqu’en ces derniers temps confondus avec les polypes, maisils se lient dela manière la plus intime aux ascidiens, et appartiennent évidemment au Lype des molluscoïdes. Leur corps a la forme d’un sac ovoïde ou allongé, qui serait fermé par le bas, et qui, par son extrémité opposée, pourrait rentrer plus ou moins profondément en lui-même, comme on le ferait faire à un doigt de gant que l’on chercherait à retourner ; la portion inférieure de ce sac tégumentaire offre presque toujours une consistance assez considérable , et consti- lue d'ordinaire une cellule ou un tube s’ouvrant seulement Fig. 835. PLUMATELLE. (1) par le haut; la portion rétractile de lanimal est au contraire d’une délicatesse extrême, el se termine antérieurement par (1) a Groupe de plumatelles de grandeur naturelle; — 2 d’autres grossies et vues dans diverses positions ; — € anus. ZOOPHYTES,. 317 un cercle de longs tentacules, au milieu duquel se trouve la bouche. Ces tentacules sont bordés de chaque côté par une série de cils vibratiles, et peuvent à volonté s'épanouir au dehors en forme de cloche ou rentrer dans la cellule formée par la portion inférieure du corps. Dans l’intérieur du sac té- gumentaire se lrouvent l'appareil digestif et les muscles destinés à faire saillir ou rentrer les tentacules ; la cavité alimentaire a la forme d’un tube recourbé en une anse , et offre des dilaia- tions et des rétrécissemens alternatifs ; sa première portion est très évasée , et paraît servir à la respiration aussi bien qu’à la déglutition : plus bas on distingue un estomac et un intestin , enfin l'anus se voit du côté du dos de l’animal , tout près de la bouche. Il existe aussi autour de cet appareil des canaux qui paraissent être destinés à opérer des sécrétions et une masse molle qu’on regarde comme un ovaire. Enfin un grand nombre de ces petits êtres sont encore pourvus d’un opercule qui est mis en mouvement par des muscles particuliers, et qui est disposé de façon à fermer l’entrée de la cellule tégumentaire quand l'animal y a retiré ses tentacules et la portion molle qui ter- mine antérieurement son corps. La plupart de ces molluscoïdes sont microscopiques,maisi ls vivent presque tous agrégés, et forment souvent par leur réunion des masses assez considérables. Les plus communs sont les ESCRARES et les FLUSTRES , dont le polypier pierreux, chez les premiers , corné chez les seconds , a la forme d’une petite cellule ovoide et dont les divers membres d’une même communauté se réunissent de façon à consiituer de grandes lames à mailles régulières, qui tantôt s'étendent comme une fine dentelle sur des coquilles ou des pierres sous-marines, et d’autres fois s'élèvent en branches ou en touffes foliacées. D’autres animaux d’une structure analogue, mais entièrement mous , habitent les eaux douces et sont connus sous les noms de cristatelles , d’alcyonelles , etc. QUATRIÈME EMBRANCHEMENT DU RÈGNE ANIMAL. LES ZOOPHYTES. 61355. Les animaux qu’on range dans cette quatrième et Organisation dernière grande division du règne animal ont une organisa- tion bien moins compliquée et par conséquent moins parfaite que celle des êtres dont nous nous sommes occupés jusqu'ici. 318 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Dans les animaux plus élevés, le corps présente toujours deux moitiés semblables ; tous les organes extérieurs se ré- pètent symétriquement de chaque côté de la ligne médiane, landis que les faces supérieure et inférieure du corps diffèrent beaucoup entre elles. Dans les zoophytes, au contraire, cette symétrie ne se montre plus : les divers organes sont placés tout autour de l’axe du corps ou d’un point central, de manière à donner à l'ensemble de lanimal une forme rayonnée ou sphéri- que. Quelquefois cette disposition est portée si loin, que l'animal ressemble à une étoile, et, chez un grand nombre de ces êtres, elle donne à leur corps Paspect d’une fleur épanouie. Beau- coup d’entre eux vivent fixés au fond de l’eau et unis entre eux de manière à simuler des arbrisseaux rameux , et cette analo- gie extérieure avec certains végélaux est si grande, que, pen- dant long-temps , on a confondu plusieurs de ces animaux avec les plantes marines dont ils ont le port, et que même aujour- d’hui que nous savons combien leur structure et leurs fonctions sont différentes de celles des végétaux , on ne peut leur donner un nom plus juste que celui de zoophytes , ou animaux-plantes. Dans cet embranchement, le système nerveux n'existe plus ou ne se montre tout au plus que dans un état rudimentaire , et consiste alors en une série de petits ganglions disposés en cer- cle ou en une seule masse médullaire située dans laxe du corps. £n général on ne trouve pas d'organes spéciaux pour les sens, et les fonctions de relation se réduisent presque entièrement à un tact plus ou moins obtus et à la faculté d'exécuter des mou- vemens généraux ou partiels. Quelques-uns de ces êtres pa- raissent sensibles à l’action de la lumière, et, chez d’autres on voit des points colorés , qu’un habile naturaliste considère comme étant des veux ; mais jusqu'ici on n’a observé aucun fait propre à démontrer lexistence de la vision chez les zoophytes même les plus élevés. La disposition de leur appareil digestif varie beaucoup, mais, en général, il ne communique directe- ment au-dessous que par un seul orifice qui remplit les fonc- tions d’un anus aussi bien que celles d’une bouche, et il est aussi à noter que chez un grand nombre de ces animaux l’esto- mac se continue avec un système de canaux plus ou moins compliqués , destinés à répartir dans les diverses parties du corps le liquide nourricier ; chez d’autres zoophytes il existe ième un appareil spécial pour la circulation ; mais ils n’ont jamais ni un cœur ni une circulation régulière. Enfin leur respiration se fait tantôt par toute la surface du corps, tantôt par des cils vibratiles ou par des organes intérieurs qui res- semblent un peu à des trachées, mais qui reçoivent de l’eau au lieu de porter dans tous les organes de Pair atmosphérique. ZOOPHYTES RADIAIRES. 319 6 1356. Les zoophytes se divisent naturellement en deux sous-embranchemens faciles à caractériser d'après la confor- malion générale des corps , savoir : 1° Les ZOOPHYTES RADIAIRES, dont divers organes radiaire- ment sont disposés autour d’un axe longitudinal et dont la forme est plus où moins distinctement étoilée. 2° Les ZOOPHYTES GLOBULEUX , dont le corps est plus on moins sphérique, sottdurant toute la vie, soit dans le jeune âge, lorsque les progrès du développement le rendent tout. à-fait irrégulier. SOUS-EMBRANCHEMENT DES RADIAIRES. $ 1357. Les radiaires ou animaux rayonnés sont les êtres les plus parfaits parmi les zoophytes , et plusieurs d’entre eux ont même une organisation assez compliquée. Les uns sont confor- més pour vivre près du rivage et pour ramper au fond de la Fig. 836. ASTÉRIE, mer, d'autres sont destinés à flotter seulement au sein des eaux, et il en est d’autres encore qui vivent fixés au sol et ne 320 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. peuvent exécuter des mouvemens de locomotion que dans les premiers momens de la vie. Ces différences coïncident avec des particularités de structure très importantes et servent de bases à la division des radiaires en trois classes , savoir : 1° Les ECHINODERMES dont la peau épaisse et, en général, très dure, est garnie d’appendices tentaculaires servant à l’ani- mal pour ramper sur le sol. 2° Les ACALÈPHES dont le corps, entièrement gélatineux, est conformé pour la nage seulement. 3° Les poLYPESs dont le corps, tantôt entièrement mou, tan- tôt en partie encroûté de matière cornée ou pierreuse , adhère aux corps étrangers par son extrémité inférieure et ne se dé- place presque jamais. CLASSE DES ÉCHINODERMES. 6 1358. Les échinodermes sont des animaux rayonnés, dont la peau est épaisse et souvent soutenue par une sorte de sque- lette solide , et dont la structure intérieure est très compliquée. Il sont conformés pour ramper au fond de l’eau et sont en gé- néral pourvus, à ceteffet d’une multitude de petits tentacules rétractiles, qui passent à travers des pores dont leurs tégumens sont percés, et agissent par leur extrémité à la manière de ventouses. Tous sont pourvus d’un appareil vasculaire spécial, et leur système nerveux se compose d’une couronne de petits ganglions entourant la bouche. Trois genres principaux. les holothuries , les oursins ei les asteries, composent ce groupe. $ 1359. Les HOLOTHURIES sont des animaux dont le corps est Fig. 837. HOLOTHURIE. allongé , arrondi et coriace; leur bouche en occupe l'extrémité ZOOPHYTES ÉCHINODERMES. 321 antérieure et est entourée d’une couronne de tentacules bran- chus et rétractiles, portée sur un cercle de pièces osseuses. L’intestin est fort long ; il est attaché dans la cavité abdominale par une sorte de mésentère, et se termine par un cloaque dont l'ouverture extérieure se voit à l'extrémité postérieure du corps. Un organe respiratoire semblable à un arbre creux, dont les rameaux sont extrêmement nombreux , aboutit également dans le cloaque, et se remplit d’eau au gré de l'animal. Il existe aussi, chez les holothuries, un système vasculaire très compliqué, des organes sécréteurs assez nombreux et des muscles puis- sans ; enfin, on a cru leur reconnaître un vestige de système nerveux. La disposition de leurs tentacules ambulatoires varie : tantôt ces appendices sont distribués en cinq séries longitudi- nales comme des côtes de melon, tantôt ils n’occupent que la face inférieure du corps, ou même sont rassemblés sur une espèce de disque ventral. Les holothuries sont à peine rayonnés et semblent établir le passage entre les oursins et les entozoaires les plus élevés. Quelques auteurs en rapprochent, sous le nom d’echinodermes sans pieds, les SIPONCLES et plusieurs autres animaux marins à corps cylindrique, qui ont en effet de l’analogie avec ces zo0- phytes, mais qui sont dépourvus de tentacules ambulatoires , et ressemblent davantage aux entozoaires avec lesquels ils parais- sent devoir être rangés. $ 1360. Les oursiNs ont le corps plus ou moins globuleux et \ À M: WIR Fig. 838. OURSIN. (1) (1) Du côté gauche on a enlevé les épines du test pour montrer la disposi. tion des pièces calcaires dont cette enveloppe est composée. 21 4 322 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. revêtu d’un test calcaire composé de plusieurs rangées de pièces anguleuses, exactement réunies entre elles. La surface de cette coque est ornée d’épines plus ou moins longues, portées sur des tubercules arrondis et mobiles au gré de lPanimal qui s’en sert pour ramper ; ses tentacules ambulatoires concourent au même usage, et traversent une multitude de petits trous disposés avec une grande régularité par rangées verticales. La bouche occupe le centre de la face inférieure du corps et est armée de cinq dents puissantes enchâssées dans une charpente calcaire très compliquée { {g. 839 ); l'intestin est contourné sur lui-même , et anus se trouve tantôt au milieu de la face dor- sale, tantôt au bord postérieur du corps ou en dessous entre ce bord et la bouche. Ils ont de même que les holothuries, un système vasculaire très compliqué, et à la face interne de leur test on trouve cinq ovaires qui se déchargent par des orifices f d fé b eZ Fig. 839. ANATOMIE DE L'OURSIN. (1) particuliers. Plusieurs de ces animaux sont comestibles, mais ce ne sont que leurs ovaires que l’on mange. Les uns vivent dans (1) a Bouche garnie de ses mächoires; — à œsophage; — o estomac ou pre- mière portion de l'intestin ; — d seconde portion de l'intestin allant aboutir à l'anus; —e ovaires ; — f, f lamelles branchiales; — g,g portion du test gar- nice de ses épines. ZOOPHYTES. ÉCHINODERMES. 3923 le sable , les autres sur les rochers; leurs mouvemens sont très lents, et ils se nourrissent de petits mollusques. $ 1361. Les ASTÉRIES, Ou etoiles de mer, doivent leur nom à la forme singulière de leur corps qui est divisé en rayons, dont le nombre est ordinairement de cinq. La plupart ont une char- pente solide d’une structure très compliquée; leur bouche est située au milieu de la face inférieure de leur corps, et donne dans un grand estomac qui , en général, envoie dans chaque rayon des appendices ramifiés, mais qui ne présente pas d’ou- veriure anale , comme dans les genres précédens. Leur système vasculaire est disposé à-peu-près de la même manière que chez les oursins, et les ovaires sont répartis tout autour de leur corps. Chez les ASTÉRIES PROPREMENT DITES ( fig. 836), chaque rayon présente en dessous un sillon longitudinal aux côtés du- quel se trouvent les pieds ou tentacules ambulatoires ; une multitude d’épines hérissent le reste du dessous de leur corps, et toute sa surface est en outre percée de pores qui laissent passer des tentacules beaucoup plus grêles que ceux dont il vient d’être question. Chez les OPHIURES, les rayons ne présentent ni sillons, ni tentacules, et c’est par les mouvemens ondulaires de ces branches que l’animal se meut plutôt que par le jeu des tentacules am- bulatoires dont le nombre est peu con- sidérable. On a donné le nom d’EURYALES à des ophiures dontlesrayons sont branchus, et celui de COMATULES à d’autres étoiles de mer, dont ces mêmes rayons divisés en deux ou trois tiges , portent deux rangées d'appendices articulés. Fig. 840. ENCRINE. Les ENCRINES sont des zoophytes qui ressemblent beaucoup à des comatules , mais qui sont fixées au sol par une longue tige : on en trouve de vivantes dans les mers actuelles, mais c’est principalement à l’état fossile qu’elles abondent. 21. Euryales, Comatules. Encrines. Acalephes. simples. 324 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE, CLASSE DES ACALÉPHES. 61362. Les acalèphes sont des animaux mous, d’une consistance Fig. 841. MÉDUSE (Pelugie). gélatineuse , qui flottent toujours dans la mer et sont essentiellement or- ganisés pour la nage. Ils n’ont pas comme les échi- nodermes une peau bien distincte des parties sous- jacentes el une cavité in- térieure logeant les vis- cères; leur organisation est très simple, et leurs organes intérieurs se ré- duisent presque à un es- tomac d’où partent des vaisseaux quise ramifient dans les diverses parties du corps. On les divise en deux ordres : les acalephes sim- ples et les acalephes hy- drostatiques. Les ACALÈPHES SIMPLES flottent et nagent dans la mer par l’eflet des con- traclions et des dilatations allernatives de leurs corps sans être Méduses, aidés par une vessie aérienne. Les MÉDUSES forment le groupe le plus nombreux de cette division. On donne ce nom à des animaux gélatineux dont le corps, élargi et plus ou moins convexe, ressemble à un disque ou à une tête de champignon (fig. 841 ). L’estomac est creusé au milieu de cette espèce d’ombrelle , au- dessous de laquelle perd d'ordinaire un pédicule ou des ap- pendices tentaculaires de formes variées. Chez la plupart des méduses , lestomac est percé au milieu de sa face inférieure d’une bouche bien distincte du pourtour de laquelle naissent ZOOPHYTES. ACALÈPHES. 395 des canaux qui se ramifient dans l’ombrelle et y forment un lacis vasculaire très compliqué; dans la partie terminale de la- quelle se trouvent un certain nombre de pores excrétoires ; mais chez d’autres , auxquels on à donné le nom de RHIZOSTOMES “el n'existe pas de bouche propre- ment dite, et l’estomac ne com- munique avec l’extérieur que par l'intermédiaire de ses pa rois membraneuses et de di- vers vaisseaux qui vont se ra- mifier dans les tentacules et s'ouvrir par de ces pores à lPex- trémité des appendices. Des ovaires ou des organes mâles, dont le nombre est ordinaire- ment de quatre, sont groupés autour de l’estomac de presque toutes les méduses ; souvent ils Fig. 842. RHIZOSTOME. sont logés au fond d’autant de cavités distinctes , ouvertes sous l’ombrelle. Enfin on trouve chez plusieurs de ces animaux des organes qui paraissent être des instrumens de sécrétion , et à la fier, interne de leur ombrelle on distingue ordinairement des stries qui paraissent être des fibres musculaires. Il est aussi à noter que chez un grand nombre de ces animaux les bords de l’ombrelle sont garnis de points oculiformes et de longs Len- tacules qui leur servent probablement pour s'emparer des petits mollusques ou zoophytes , qu’ils veulent amener à leur bouche pour les y engloutir. C’est en contractant lentement les bords de leur ombrelle et en expulsant ainsi l’eau contenue dans sa concavité que les méduses nagent ; on ne les voit guère près de la surface que lorsque le temps est trés calme, et plusieurs de ces animaux contribuent au phénomène de la phosphorescence de la mer , en répandant une lumière blanchâtre. Dans le jeune âge, ils subissent des métamorphoses très remarquables, et passent par divers états dont le premier rappelle tout-à-fait la forme qui est permanente chez un grand nombre d’infusoires, et dont le second offre beaucoup d’analogie avec le mode de conformation propre aux polypes. Rhyzostomes, Les CESTES sont voisins des méduses par leur organisation Cestes. intérieure , mais en diffèrent beaucoup par la forme de leur corps, Car 1ls ressemblent à un long ruban gélatineux. 326 Béroës. Porphyes et vélelles. Fig. 843. BÉROË. Acalèpheshy- ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. On eue le nom de BÉROÉS à des acalèphes qui se rappro- chent également beaucoup de méduses, mais qui ont le corps globuleux ou ovoide , et garni de plusieurs rangées verticales de cils vibratiles. Enfin , on range aussi dans cette di- vision les PORPHYES et les VÉLELLES, dont le corps , en forme de disque, est sou- tenu à lintérieur par une lame carti- lagineuse , et garni en dessous de nom- breux tentacules. 61363. Les ACALÈPHES HYDROSTATIQUES se reconnaissent à drostatiques une ou plusieurs vessies ordinairement remplies d'air , qui contribuent à les faire flotter dans l’eau et qui surmontent une multitude de tentacules et d’appendices de formes variées. La structure de ces singuliers animaux et les usages des diverses parties de leur corps sont encore trop peu connus pour que nous nous y arrètions ici. On les divise en PHYSALIES , PHYSSO- PHORES, STÉPHANOMIES ; DIPHYES > CLC. CLASSE DES POLYPES. Organisation. Fig. 844. HYDRE. $ 1364. On réunit sous le nom de polypes un grand nombre d'animaux dont le corps est cylindrique ou ovalaire ,et n'offre d'ouverture qu’à une de ses ex- trémilés , laquelle est entourée d’une couronne de longs tenta- cules. La bouche occupe lPaxe du corps, et sert en même temps d’anus; elle communique, soit directement, soit par l’intermé- diaire d’un canal membraneux, avec une grande cavité abdomi- nale qui se termine en cul-de-sac et qui loge les organes de la re- production. Il est aussi à noter que les tentacules de ces zoophytes ne sont Jamais garnis de cils vibra- tiles comme ceux des bryozoaires qui, jusqu’en ces derniers Lemps, ont été confondus avec les vrais polypes. : ZOOPHYTES. LOLYPES. 327 La structure des polypes est très simple et leurs facultés très bor- nées. Presque tous ces animaux vivent fixés à des corps étrangers par leurextrémité postérieure,;etn’exécutent d’autres mouvemens que ceux nécessaires pour étendre leurs tentacules ou les contrac- ter, et faire rentrer la portion antérieure de leur corps en elle- même. Ils se multiplient de deux manières : tantôt ils produisent des œufs qui se détachent et sont expulsés au dehors pour aller au loin se fixer et se développer ; d’autres fois il naît sur un poini quelconque de la surface de leur corps, des espèces de bourgeons qui ne s’en séparent jamais , et qui de- viennent autant de nou- veaux polypes semblables à leur mère; il en résulte alors des masses de formes variées , dans lesquelles toute une suite de généra- tions se trouve agrégée, et semble vivre d’une viecom- mune , comme si elle était réellement un être com- posé , pourvu d’un seul corps,avec mille bouches et autant d’estomacs (/.845). En général les cavités di- gestivés de tous ces ani- maux agrégés, vivant ainsi en communauté, ne s’ou- vrent pas directement les unes dans les autres, mais il existe d'ordinaire des communications vasculai- res entre les divers indivi- dus réunis en une seule masse, et les matières alimentaires digérées par les uns peuvent de la sorte profiter à tous leurs voisins. Souvent le corps de ces petits animaux esi composé en entier d'un tissu semi-transparent d’une délicatesse extrême (fg. 844); mais, chez la plupart, la portion inférieure de leur gaine tégu- mentaire se durcit beaucoup et même s’ossifie, de façon à acqué- rir la consistance et l’aspect de la pierre. Cette enveloppe solide présente des formes variées, et constitue tantôt des tubes, tantôt des espèces de cellules; pendant long-temps on la considérait comme étant seulement la demeure des polypes qui la forment, Fig. 845. SERTULAIRE. 328 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. et c’est elle qu’on désigne sous le nom de polypier. Quelquefois chaque polype possède un polypier distinct, mais d’ordinaire c’est la portion commune d’une masse de polypes agrégés qui présente les caractères propres à ces corps, et il se forme ainsi des polypiers agrégés, dont le volume peut devenir extrême- ment considérable , quoique chacune de ces parties consti- tuantes n’ait que des dimensions fort petites. C’est de la sorte que des polypes dont le corps n’a que quel- ques millimètres de long, élèvent dans les mers voisines des tropiques , des récifs et des îles ; lorsqu'ils sont placés dans des circonstances favorables à leur développement, certains ani- maux de cette classe pullulent au point de recouvrir des chaînes de rochers , ou d'immenses bancs sous-marins , et de former avec les masses pierreuses de leurs polypiers amoncelés les uns au-dessus des autres, des amas dont l’étendue s’accroit sans cesse par la naissance de nou- veaux individus au-dessus de ceux déjà existans. La dé- pouille solide de chaque colo- nie de polypes reste intacte après que ces frêles architectes ont péri, et sert de base pour le développement d’autres po- lypiers , jusqu’à ce que ces ré- cifs vivans atteignent la sur- face de l’eau, car alors ces animaux ne peuvent plus y vivre, et le sol formé par leurs débris cesse de s'élever; mais Fig. 846. POLYPIER D’UNE , bientôt la surface de ces amas CARYOPHILLIE. de polypiers, exposée à lac- tion de l’atmosphère , devient le siège d’une nouvelle série de phénomènes; des graines déposées par les vents ou apportées par les vagues, y germent et la couvrent d’une riche végétation jusqu’à ce qu’enfin ces vastes charniers de zoophytes presque microscopiques, deviennent des îles habitables. Dans l'Océan pacifique on rencontre une foule de récifs et d’iles qui n’ont pas d’auire origine; en général ils semblent avoir pour base quelque cratère de volcan éteint, car presque toujours ils ont une forme circulaire et présentent au centre une lagune com- muniquant au-dehors par un seul chenal: on en connaît qui ont plus de quarante kilomètres de diamètre. Presque tous les polypes habitent la mer ; on en trouve cepen- dant dans les eaux douces. Ceux dont le polypier est simplement charnu ou corné sont répandus dans toutes les latitudes , mais ZOOPHYTES. POLYPES. 329 ce n’est guère que dans les mers des climats chauds qu’on trouve en abondance des polypes à polypier pierreux. 6 1365. Cuvier a divisé cette classe de zoophytes en trois or- dres : les polypes charnus, les polypes gélatineux et les polypes à polypier; mais cette classification n’est pas naturelle , et au- jourd’hui que la structure intérieure de ces animaux est mieux connue, on a senti la nécessité de les distribuer autrement. Les polypes présentent en effet trois types d'organisation et doivent par conséquent être divisés en autant d'ordres naturels, savoir : 1° Les ZOANTHAIRES , dont la bouche est entourée d’un grand nombre de tentacules simples et dont la cavité abdominale est garnie d’une multitude de lamelles logeant les organes de la reproduction. 2% Les ALGYONAIRES, dont la bouche est entourée de huit ten- tacules pinnés et dont la cavité abdominale est garnie de huit lamelles. 3° Les HYDRAIRES , dont la bouche est entourée de tentacules tuberculifères et dont la cavité abdominale ne loge pas de lamelles ovariennes. 6 1366. Chez les ZOANTHAIRES, ainsi nommés à cause de leur ressemblance avec certaines fleurs, la peau est épaisse et opaque, et le corps a ordinairement la forme dun cylindre tronqué à ses deux extrémités, dont l’une adhère au sol et l'autre est garnie d’un grand nombre de tentacules cylindriques et plus ou moins effilés vers le bout (fig. 847). Au milieu de la couronne formée par ces appendices, se trouve la bouche qui, par Pintermédiaire d'un court œsophage, conduit dans une grande cavité stomacale ; les parois de celle-ci ne sont pas dis- tinctes de l’enveloppe générale du corps, mais présentent un grand nombre de lames membraneuses verticales, qui renfer- ment dans leur épaisseur les organes générateurs. Parmi les zoanthaires , il en est un certain nombre dont les tégumens conservent toujours de la mollesse et n’offrent partout qu’une consistance charnue. Tels sont les ACTINIES Où anemones de mer (fig. 847), qui vivent iso- lées sur les rochers et qui sont ornées des couleurs les plus belles; ces zoophytes peuvent se détacher des corps auxquels ils adhèrent, et ne se multiplient pas au moyen de Fig. 847. ACTINIE. bourgeons extérieurs comme la plupart des polypes; aussi ne se + Ordre des zoanthures, Actinies, 330 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. réunissent-ils pas en masses comme ces derniers ; leurs petits, en se détachant des ovaires , tombent dans l’estomac el sont vomis par la bouche. Loauthes.. Quelques zoanthaires charnus forment au contraire des agré- gations nombreuses , et quand ils sont épanouis dans l’eau ressemblent à des bouquets de fleurs : les ZOANTHES sont dans ce cas. Les autres polypes de cet ordre sécrètent en abondance du carbonate de chaux, qui se dépose dans les tégumens et dans les replis intérieurs de la portion inférieure du corps, de manière à constituer un polypier pierreux (fg. 846), dont la forme exté- rieure est en général cylindrique et dont l’intérieur est occupé par des lames verticales, disposées comme les rayons d’une roue. Quelques-uns de ces animaux vivent isolés comme les actinies ; mais la plupart sont agrégés, et leurs polypiers sont alors réunis plusou moinsintimement en uneseule masse, dont la surface offre une multitude de petites cavités ou cellules circu- Caryophillies. laires , à fond étoilé. Les uns, tels que les GARYOPHYLLIES , for- ment de la sorte des espèces d’arbres pierreux, dont chaque branche se termine par une cellule servant à abriter la portion molle et rétractile d’un de ces polypes. D’autres, comme les Astrées. ASTRÉES, se réunissent en masses arrondies, mais sans que leurs limites respectives cessent d’être distinctes, tandis que , Méandrines. Chez d’autres encore, tels que les MÉANDRINES , l'union des di- vers individus d’une même agrégation est si intime, qu’ils sem- blent former un seul ruban contourné sur lui-même. Ce sont Ordre des alcyoniens. "ig. 848. (1) principalement ces zoanthai- resà polypes pierreux qui con- courent à la formation des £Les de corail, dont nous avons par- lé il y a quelques instans. $ 1367. Dans l’'ORDRE DES ALCYONIENS, le corps de cha- que polype est en général beau- coup plus allongé, et les ten- tacules qui le terminent sont larges, foliacés, garnis, sur les bords , de petits prolongemens cylindriques et au nombre de (1) Un des polypes du corail, fortement grossi : — c Portion corticale com- nuue. ZOOPHYTES. POLYPES. 331 huit seulement (fig. 848). La bouche est placée de la même manière que chez les zoanthaires , et au-dessous de cette ouverture se trouve un canal alimentaire membraneux et droit, qui est suspendu à la partie supérieure de la grande cavité abdominale , dans laquelle il débouche par son ex- trémité inférieure. Des cloisons verticales entourent ce tube, le fixent aux tégumens et se, continuent inférieurement le long des parois de la grande cavité, située au-dessous. C’est dans leur épaisseur que se forment les ovules , et, à leur partie supérieure , près de l’ouveriure inférieure du canal æsophagien, dont nous venons de parier, on remarque des vaisseaux intestiniformes qui paraissent être des organes de sécrétion. Presque tous ces polypes sont agrégés, et la portion commune formée par leur réunion est traversée par une mul- ‘titude de petits canaux qui constituent un lacis très compliqué, et établissent des communications entre les divers individus ainsi associés. Certains alcyoniens forment par l’ossification de la portion inférieure de leurs corps des polypes pierreux , très analogues .à ceux des zoanthaires, mais qui ont la forme de simples tubes sans lamel- les intérieures, le tubi- pore musique est dans ce cas ; les tubes calcaires qu'il construit forment des masses très considé- rables, et sont rangées verticalement les unes à côlé des autres comme des tuyaux d’orgue. D’autres alcyoniens en plus grand nombre ont leur partie charnue, com- me farcie d’une multitu- de de petites aiguilles calcaires et forment par leur réunion desrameaux dont l’intérieur est d’a- bord creux , et se remplit peu-à-peu d’une ma- lière cornée ou pierreuse, de façon à donner nais- sance à un axe solide qui soulient toute la masse, el qui ressemble à un arbrisseau. Fig. 849. CORAIL. Gorgones Pennatules. 332 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. La substance dont on fait de si jolis ornemens de parure, et qu’on appelle corail, se forme ainsi et n’est autre chose que l'axe pierreux de certains polyyes de l’ordre des alcyoniens qui vivent fixés aux rochers, à des profondeurs assez con- sidérables dans la mer. Lorsqu'on retire le corail de l'eau, on voit, en effet, que chaque branche pierreuse est recouverte d’une espèce d’écorce charnue, renfermant une multitude de petits polypes blanchätres, à huit tentacules à bords frangés, qui ressemblent à des fleurs plutôt qu’à des animaux (/g. 849); la substance rameuse qui les unit est remplie de petites aiguilles crétacées, et est sillonnée par une multitude de vaisseaux en communication avec la cavité digestive de ces animaux; sa face interne sécrèle en abondance du carbonate de chaux, mêlé à une matière colorante rouge, qui se dépose par couches soit sur des corps sous-marins sur lesquels ces polypes se sont fixés, soit dans le milieu de la masse résultant de leur réunion, et constitue ainsi une tige dont la grosseur augmente par l’addition de nouvelles couches, tant que les polypes dont elle est recouverte continuent à vivre, et dont la longueur s’accroit par le développement de nouveaux individus à l’ex- itrémité de l’agrégation déjà existante. Quelquelois, par leffet d’une espèce de maladie, le corail au lieu d’être d’un beau rouge , est seulement rosé ou même tout-à-fait blanc; on le trouve dans diverses parties de la Méditerranée , mais c’est sur- tout près de la côte d’Alger qu’on enr fait une pêche active. On donne le nom de GORGONES à des polypes très voisins de ceux du corail, mais dont l’axe commun est seulement corné. Les PENNATULES sont des polypes agrégés qui ressemblent ex- trêmement aux précédens par leur organisation , mais qui ne Fig. 850. VÉRÉTILLE. vivent pas fixés au fond de la mer comme eux. Elles ont une ZOOPHYTES. POLYPES. 333 partie commune charnue , soutenue à lintérieur par une tige calcaire et susceptible de se contracter et de se dilater ; ces polypes sont disposés avec une grande régularité de chaque côté de la portion supérieure de cet axe charnu , et sont en général disposés de manière à donner à l’ensemble de la masse la forme d’une plume d'oiseau. La plupart des pennatules flot- tent dans la mer et répandent une lumière phosphorique. Les VÉRÉTIBLES (/g. 850) offrent à-peu-près la même structure. Enfin , on range encore dans cet ordre des polypes agrégés qui n’ont point d’axe solide, et dont la portion commune, simplement farcie d’aiguilles calcaires microscopiques, con- serve toujours une consistance charnue ; les ALGYONS ou LOBU- LAIRES offrent ce mode d'organisation. $ 1368. Les polypes de lORDRE DES HYDRAIRES ou SERTU- LARIENS sont beaucoup plus simples que les précédens, et ne semblent être formés que par un tube fermé à son extrémité inférieure, mais ouvert à son extrémité opposée, el portant au- tour de cette ouverture une couronne de tentacules filiformes. Les HYDRES OU POLYPES A BRAS, qui habitent les eaux douces et qui nous ont déjà offert des phénomènes physiologi- ques si remarquables (614), peuvent étre considérés comme le type le plus sim- ple de ce groupe. Leur corps tubiforme est gélatineux et ne laisse apercevoir dans son intérieur aucun organe particulier, néanmoins ils nagent etrampent avec agi- lité, agitent leurs longs ten- tacules pour saisir les petits animaux qui se trouvent à leur portée , et qu’ils dé- vorent avec avidité ; ils pa- raissent aussi être sensibles Fig. 851. HYDRES. (1) à la lumière. On est par- venu à retourner quel- (x) a Lentilles d'eau au-dessous desquelles on trouve d'ordinaire les hydres; — b'uu de ces polypes; — € un autre sur lequel se sont développés deux indi- vidus. Aleyons. Ordre des hydraires. Hydres. 334 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ques-uns de ces polypes, de façon à rendre la surface de leur estomac extérieure, et on a vu que la cavité formée par la surface de leur peau devenue intérieure, a rempli tout aussi bien que l'estomac naturel, les fonctions d’un organe digestif , mais ce qu’ils offrent de plus singulier, c’est l’étonnante force de vitalité , qui les fait continuer à vivre lorsqu'on les divise en morceaux , et qui permet à chaque fragment de devenir un in- dividu complet. De même que nous Pavons déjà vu pour les polypes agrégés, ces animaux se multiplient par le développe- ment de jeunes individus sur divers points de la surface ex- térieure de leur corps ; mais ici les petits, qui ressemblent d’abord à des branches du corps de leur mère, cessent bientôt d'y adhérer et deviennent libres. La plupart des sertulariens ne sont pas entièrement géla- tineux comme les hydres, mais sont revêlus d’une gaine cornée tubiforme, qui est fixée aux corps sous-marins par lune de ses extrémités , et qui , à l’extrémité opposée, s’évase pres- que toujours en forme de cloche pour loger les tentacules lorsque ces polypes se contractent, de même que les alcyon- naires ils se multiplient par des bourgeons qui restent adhé- rens, eLil en résulte des polypiers rameux ayant l'aspect d’un petit arbuscule, dont chaque branche serait terminée par une fleur délicate et élégante. Les SERTULAIRES (/#g. 845) et les PLUMULAIRES nous offrent ce mode d’organisation. SOUS-EMBRANCHEMENT DES ZOOPHYTES GLOBULEUX ou HÉTÉROMORPHES. 6 1369. Dans cette division de l’'embranchement des zoophytes le corps n’est pas radiaire, mais ses diverses parties sont en général groupées autour d’un point central ou d’un axe, de façon à constituer un sphéroïde plus ou moins régulier. Par leur conformation générale, ces êtres semblent avoir beaucoup d’a- nalogie avec les larves de divers radiaires, des méduses et des sertulaires, par exemple, et leur structure est d’une grande simplicité. Ils se subdivisent en deux classes : 1° Les INFUSOIRES PROPREMENT DITS, dont la forme est régu- lière et dont le corps est toujours mobile. 20 Les SPONGIAIRES , dont le corps se déforme par les progrès du développement normal, et constitue alors une masse privée de mouvement et de sensibilité. ZOOPHYTES INFUSOIRES. 335 CLASSE DES INFUSOIRES. 6 1570. Ces animalcules qui ne s’aperçoivent qu’au moyen du microscope , et qui se développent en abondance dans Peau contenant des débris de corps organisés, ont été jusqu’en ces derniers temps confondus avec les infusoires rotateurs, dont la Fig. 852. INFUSOIRES. (1) structure est très différente. Leur corps, tantôt arrondi , tan- tôt allongé et aplati, est souvent couvert de petits cils, et offre dans son intérieur un nombre ordinairement très considérable de petites cavités qui paraissent remplir les fonctions d'autant d’estomacs ; chez quelques-uns ces sortes d’ampoules semblent être groupées autour d’un canal qui s’ouvre au-dehors par ses deux extrémités (/g. 852, IT) ; mais d’autres fois elles paraissent être tout-à-fait isolées, et les personnes qui ont fait de ces petits êtres l’objet d’une étude spéciale ne s’accordent pas sur l'existence d’une communication directe entre leur cavité et le dehors. La manière dont ces infusoires se propagent a été l’ob- jet de beaucoup de recherches, et un grand nombre de natu- ralistes pensent qu’ils peuvent se former directement par la désagrégation des matières dont les feuilles, la chair muscu- laire et les autres corps organisés se composent; mais cette gé- nération spontanée est loin d’être suffisamment démontrée , et l'on sait que, dans certains cas au moins, ils naissent les uns des autres. Du reste leur mode de propagation est bien d’ac- cord avec la simplicité de leur structure : c’est par la division (x) Divers infusoires polygastriques , vus au microscope : — 1 Monades; — 11 trachélie anas; — 111 enchélide représenté dans le moment où il rejette par l’anus des matières excrémentitielles ; — 1v paramécie ; — v kolpode; — vt tra- chélie fasciolaire marchant sur des végétaux microsco piques. 336 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. spontanée de leur corps en deux ou plusieurs fragmens, dont chacun continue de vivre et devient bientôt un nouvel individu semblable au premier, que ces êtres singuliers se multiplient. Leurs formes sont très variées et on les a divisés en plusieurs genres, parmi lesquels nous citerons les ENCHÉLIDES (NI, f£g. 852), dont le corps est oblong; les vozvoces qui sont globuleux et tournent continuellement sur eux-mêmes ; et les MONADES (1, fig. 852) qui ressemblent à des petits points tourbillonnant dans Peau où elles nagent. CLASSE DES SPONGIAIRES. Structure. $ 1371. Les éponges et Îes autres corps d’une structure ana- logue, ressemblent beaucoup à la portion commune de cer- tains polypes agrégés, tels que les alcyons, mais s’en distinguent essentiellement en ce qu’ils ne renferment rien d’analogue à la portion individuelle de ces ani- maux. Guidés par cette ressem- blance plutôt que par lobserva- tion, plusieurs auteurs ont admis que les petits trous qui se voient à la surface des éponges étaient des cellules renfermant des po- lypes , mais il n’en n’est rien, et Fig. 853. ÉPONGE. aujourd’hui il est hors de doute que ces corps singuliers ne ren- ferment point de polypes. Ce sont des masses qui vivent dans la mer fixées aux rochers, et qui n’offrent aucun signe, ni de sensibilité ni de contractilité ; on peut les piquer , les déchi- rer, les brùler , sans qu’ils exécutent le moindre mouvement, et on sait seulement qu’ils vivent, parce qu’ils absorbent conti- nuellement une quantité considérable d’eau par les pores ré- pandus sur toute leur surface, et que ce liquide est ensuite expulsé par d’autres ouvertures plus grandes d’où il s'écoule en formant un courant rapide. Une espèce de charpente solide composée tantôt d’aiguilles ou spicules calcaires ou siliceuses, tantôt de filamens cornés, soutient ces masses et est revêtue d’une espèce de tissu mou dont l’intérieur présente une multi tude de lacunes communiquant entre elles, de façon à consti- tuer un système compliqué de canaux ramifiés. A certaines DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE 337 époques , de petits corps ovoïdes ou sphériques se développent dans ce parenchyme, tombent dans les canaux dont il est percé, et sont expulsés au-dehors avec l’eau qui les traverse. Ces cor- puscules sont les germes reproducteurs de l'éponge; ils sont doués de la faculté de se mouvoir, et après avoir nagé pendant quelque temps, se fixent et se transforment en une “petite éponge semblable à celle dont ils proviennent. On connaît un grand nombre de spongiaires ; la plupart sont propres aux mers des régions chaudes , mais plusieurs habitent les rochers de nos côtes. Celles dont on fait un si grand usage dans économie domestique se distinguent par la nature pu- rement cornée et par l’élasticité des filamens dont leur char- pente solide se compose : l’une de ces espèces, l'éponge com- mune , se trouve en grande abondance dans la Méditerranée ; l’autre, appelée éponge usuelle, est propre aux mers d’Amé- rique. Ces corps sont l’objet d’un commerce important, et pour les préparer aux usages auxquels on les destine, il suffit de les bien laver pour détacher de leur squelette corné, la matière animale dont il est naturellement recouvert. IL existe aussi dans les eaux douces des corps appelés spoN- GILLES, qui ont beaucoup d’analogie avec les éponges, mais sur la nature animale desquels on a plus de doutes; plusieurs naturalistes les regardent comme appartenant au règne vé- gétal. DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. $ 1372. Pour nous former une idée générale du règne animal, il ne nous suffit pas de connaître les principaux phénomènes par lesquels la vie se manifeste chez les êtres animés, et d’avoir étudié la structure de leur corps et le mécanisme de leurs fonctions; il nous faut aussi jeter un coup-d’œil sur la manière dont les animaux sont répartis à la surface du globe, et cher- cher à apprécier l'influence que peuvent exercer sur eux les circonstances diverses au milieu desquelles ils sont appelés à vivre. $ 1373. Lorsqu'on porte son attention sur la manière dont les 22 338 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Animaux amimaux sont distribués autour de nous sur le globe, on est rerretres el d'abord frappé par la différence des milieux dans lesquels ils aquatiques, habitent. Les uns, comme chacun le sail, vivent toujours sous l’eau et meurent promptement quand on les retire de ce li- quide; les autres ne peuvent exister que dans Pair, et périssent presque aussitôt s'ils viennent à être submergés. Les uns , en effet, sont destinés à peupler les eaux, les autres à vivre sur la terre, et, lorsqu'on compare, sous le räpport physiologique et anatomique, ces animaux aquatiques el terrestres, on découvre, du moins en partie , les causes de ces différences dans leur mode d'existence. En étudiant la respiration, nous avons signalé un rapport constant'entre l’intensilé de cette fonction et lénergie vitale. Les animaux, avons-nous dit, consomment, dans un temps donné, une quantité d'oxygène d'autant plus considérable que leurs mouvemens sont plus vifs et leur nutrition plus rapide : or ils ne peuvent prendre cet oxygène que dans les fluides dont leur corps est baigné, et dans ‘un litre d’air il existe 208 centi- mètres cubes de ce principe vivifiant, tandis que dans un litre d’eau il ne s’en est trouvé ordinairement en dissolution qu’en- viron 13 centimètres. Il est donc évident que le degré d'activité dans la fonction respiratoire, indispensable à lexercice des fa- cultés propres aux animaux supérieurs, doit être bien plus facile à atteindre dans Pair que dans Peau, et, qu'à raison de celte seule différence , le séjour dans ce dernier fluide dont être interdit à tous les êtres les plus élevés dans la série animale. On comprend , en effet, qu'un animal qui, pour vivre, a besoin de s'approprier à chaque instant une quantité considérable d'oxygène , n’en lrouve pas en proportion suffisante lorsqu'il est plongé sous l’eau , et qu'alors il périsse asphyxié. Mais , au. premier abord , on s'explique moins facilement les raisons pour lesquelles un animal aquatique ne puisse continuer à vivre lorsqu'on le retire de l’eau pour le placer dans Pair, car on lui fournit alors un fluide plus riche en oxygène que ne l'était le liquide dont l’action vivifiante suffisait à tous ses besoins. Il est cependant certaines circonstances qui nous rendent, jusqu’à un certain point, compte de ce phénomène. Ainsi , la physique nous apprend qu'un corps, pesé successivement dans Pair et dans l’eau , est plus léger dans ce dernier cas que dans le pre- mier, el que, pour le soutenir en équilibre, il suffit alors d’un poids équivalent à celui qui représentait sa pesanteur dans l'air, diminué de celui de la masse d’eau qu’il a déplacée. Il en résulte que des animaux dont les tissus sont trop mous pour se soutenir par eux-mêmes dans Pair, et s’y affaissent au point de devenir inaptes à remplir leurs fonctions dans Porganisme; DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 339 peuvent cependant vivre très bien dans le sein des eaux , où ces mêmes tissus, n'étant guère plus denses que le fluide ambiant, n’ont besoin d'offrir qu’une bien faible résistance pour conserver leurs formeset pour empêcher les diverses parties du corps de re- tomber sur elles-mêmes. Cette seule considération suffirait pour nous expliquer pourquoi des animaux gélatineux, tels que les infusoires ou les méduses, sont nécessairement confinés dans les eaux : car, lorsqu'on semé un de ces êtres délicats , encore plongé dans ce liquide , on voit que toutes ses parties, mêmes les plus tenues , se soutiennent dans leur position normale et flottent avec aisance dans le milieu ambiant ; mais dès qu’on les en retire, leur corps tout entier s’affaise et n'offre plus à l’œil qu’une masse informe et confuse. L’influence de la densité du milieu ambiant sur le jeu mécanique de ces instrumens de la vie, se fait aussi sentir chez des animaux dont la structure est plus parfaite, mais chez lesquels cependant la respiration s'exerce encore par des appendices membraneux ramifiés . comme des arbuscules ou des panaches. Ainsi, chez les anné- lides ou même chez les poissons, les branchies se composent de filamens flexibles , qui se soutiennent facilement au milieu de l’eau , et qui permettent de la sorte au fluide respirable d’ar- river et de se renouveler sur tous les points de leur surface; mais, à l’air, ces mêmes filamens membraneux s’affaisent par l'effet de leur propre poids, retombent les uns sur les autres, et, par cela seul , excluent l'oxygène de la plus grande partie de l'appareil respiratoire. Il en résulte que cette fonction est alors entravée, et que l’animal peut mourir asphyxié dans Pair, tandis qu’il trouvait dans l’eau tout ce dont il avait besoin pour respirer librement. Pour se convaincre de l'importance de ces variations dans l’état physique des organes placés dans Pair ou dans l’eau, il suflit de se rappeler ce qui se passe dans nos laboratoires de dissection : un anatomiste qui voudrait étudier la structure d’une partie délicate, n’y arriverait que difficilement s’il faisait sa dissection à l'air; mais, en plaçant dans l’eau l’objet de son étude, il parvient bien plus aisément à en distinguer toutes les parties ; car ces parties, soutenues en quelque sorte par ce liquide, conservent alors leurs rapports na- turels comme si elles étaient d’un tissu consistant et rigide. Une autre circonstance qui influe également sur la possibilité de la vie dans l’air ou dans l’eau, est lévaporation qui se fait toujours à la surface des corps organisés placés dans Pair, mais qui n’a point lieu an milieu de eau. Un certain degré de dessiccation fait perdre à tous les tissus organiques les propriétés physiques qui les distinguent, et on voit toujours les pertes par évapora- tion entrainer la mort des animaux, lorsqu'elles dépassent cer- 39 Distribution géographique des espèces terrestres 340 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. taines limites. Il en résulte que les êtres dont l’organisation n’est pas calculée de facon à les préserver des effets nuisibles d’une pareille évaporalion , ne peuvent vivre que dans Peau, et périssent promptement dans Pair. Or, Péconomie animale ne peut satisfaire à celte exigence qu’à la condition d’une compti- cation très grande dans sa structure. En effet, si la respiration doit être active, il faut que la surface respiratoire soit alors logée profondément dans quelque cavité intérieure, où l'air ne se renouvellera que dans la mesure nécessaire à l’emtretien de la vie. Pour assurer ce renouvellement, il faudra que Pappareil de la respiration se complique d'organes moteurs propres à l’'assurer ; pour prévenir la dessiccation d’une portion quelcon - que de la surface du corps, il faudra aussi que la répartition des liquides dans les diverses parties du corps se fasse aisément et qu'il existe une circulation active, ou bien que cette surface soil revêtue d’une tunique à peine perméable. Cela est si vrai, que même chez les poissons , où la circulation est bien com- plète, mais n’a lieu que lentement, et où le réseau capillaire n’est pas très serré, la mort arrive promptement, par suile de la dessiccation d’une partie du corps, de la portion postérieure, par exemple , lors mème que cetle portion seulement est expo- sée à l’air et que tout le reste de l’animal demeure plongé dans l’eau. Nous pourrions ajouter encore que, dans Peau , l’alimenta- Uon est possible avec des instrumens de préhension el de mou- vemens moins parfaits que dans l’air, où le transport des matières étrangères dont l'animal a besoin est plus difficile à opérer. Ainsi, sous tous les rapports les plus essentiels, la vie est, en quelque sorte, plus facile à entretenir dans le sein des eaux qu’à la surface de la terre : elle nécessite, dans l’atmo- sphère, des instrumens physiologiques plus compliqués et plus parfaits ; aussi les eaux sont-elles l'élément naturel des animaux les plus inférieurs dans la série zoologique ; ét, si les produc- lions de la création se sont succédé dans le même ordre que les états transitoires par lesquels chaque animal passe durant la période de son développement, on en peut conclure que c’est aussi au milieu des eaux qu’auront paru d’abord les êtres ani- més , résultat qui,s s'accorde avec les observations des géologues et avec les récits de Ecriture. $1374. Le physiologiste peut de la sorte se rendre compte du mode actuel de répartition des animaux entre les deux élé- mens géologiques qui se partagent la surface du globe , l’eau et la terre; mais ces différences fondamentales ne sont pas les seules que l’on observe dans la distribution géographique des êtres ani- més. Si un naturaliste, familier avec la faune de son pays, visite DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 341 des régions lointaines, il voit, à mesure qu'il avance, la terre se peupler d'animaux nouveaux à ses yeux, puis ces espèces dis- paraitre à leur tour pour faire place à d’autres espèces égale- ment inconnues. Si, quittant la France, il aborde dans le sud de VAfrique, 1 n'y trouvera qu’un petit nombre d'animaux semblables à ceux qu'il avait vus en Europe, et il remarquera surtout léléphani aux grandes oreilles, lPhippopotame, le rhinocéros à deux cornes , la girafe, des troupeaux innombrables d’antilopes, le zèbre ; le buffle du Cap, dont les cornes recouvrent par leur base élargie tout le front; le lion à crinière noire : le chim- pansé, qui, de tousles animaux, ressemble le plus à l'homme ; le cynocéphale , ou singe à face de chien; des vautours d'espèces particulières; une multitude d'oiseaux à plumage brillant, étrangers à l’Europe ; des insectes également différens de ceux du nord, par exemple, le termite fatal, qui vit en sociétés nom- breuses , el élève avec de la terre des habilations communes, d’une disposition très curieuse el d’une hauteur considérable. 6 1375. Si notre zoologiste quitte le cap de Bonne-Espérance et pénètre dans l’intérieur de la grande ile de Madagascar, il y trouvera encore une faune différente, Là, il ne verra aucun des grands quadrupèdes qu'il avait remarqués en Afrique, et là, la famille des singes sera remplacée par d’autres mammifères éga- lement bien conformés pour grimper aux arbres, mais ressem- blant davantage aux carnassiers, et désignés par les nalura- listes sous le nom de makis ; il rencontrera laye-aye, un animal des plus singuliers , qui parait être l’objet d’une sorte de véné- ration de la part des habitans, et qui tient en même temps du singe et de l’écureuil ; des Lenrees, petits carnassiers insecti- vores, qui ont le dos épineux comme celui de nos hérissons, mais qui ne se roulent pas en boule ; le caméléon à nez fourchu, et plusieurs reptiles curieux qu’on ne trouve pas ailleurs, ainsi que des insectes non moins caractéristiques de cette région $ 1376. Poursuivant encore sa route et arrivant dans l'Inde , notre voyageur y verra un éléphant distinct de celui d'Afrique ; des bœufs, des ours, des rhinocéros, des antilopes, des certs, également différens de ceux de l’Europe ou de PAfrique; l’orang- outang, des semnopithèques et une foule d’autres singes particu- liers à ces contrées ; le tigre royal, Pargus, le paon , des faisans et une multitude presque innombrable d'oiseaux, de reptiles et d'insectes inconnus ailleurs. $ 1377. Si ensuite il visite la Nouvelle-Hollande , tout y sera encore ure faune nouvelle pour lui, et laspect de cette faune lui parailra encore plus étrange que celle des diverses popula- tions zoologiques qu’il avait déjà passées en revue. Il n’y trou- Distribution des espèces aquatiques. Théone de la distribution géographique des animaux, 342 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. vera plus d'espèces analogues à nos bœufs, à nos chevaux, à nos ours et à nos grands carnassiers ; les quadrupèdes de grande taille manqueront même entièrement, el il découvrira des kanguroos , des phalangers volans et des ornithorhynques. $ 1378. Enfin, si notre voyageur, pour revenir dans sa patrie, traverse le vaste continent de l'Amérique , 1l découvrira une faune ayant de l’analogie avec celle de l’ancien monde, mais composée presque entièrement d'espèces différentes ; il y verra des singes à queue prenante, de grands carnassiers assez sem- blables à nos lions et à nos tigres, des bisons, des lamas, des tatous ; enfin des oiseaux, des reptiles et des insectes également remarquables et également nouveaux pour lui. 6 1379. Des différences non moins grandes dans les espèces animales, propres aux diverses régions du globe, s’observent, lorsqu’au lieu de s’en tenir à l'observation des habitans de la terre, on examine les myriades d’êtres animés au milieu des eaux. En passant des côtes de l'Europe dans l’océan Indien, et de ce dernier dans les mers de l’Amérique , on rencontre des poissons, des mollusques, des crustacés et des zoophytes par- ticuliers à chacun de ces parages. Ce cantonnement des espèces, soit aquatiques, soit terrestres, est si marqué, qu'un nalura- liste un peu exercé ne peut méconnaitre, au premier Coup d'œil , l’origine des collections zoologiques qu’on aura recueil- lies dans l’une et dans l’autre des grandes divisions géographi- ques du globe, et qu’on soumettra à son examen. La faune de chacune de ces divisions offre un aspect particulier, et peut ètre facilement caractérisée par la présence de certaines espèces plus ou moins remarquables. $ 1380. Les naturalistes ont imaginé plusieurs hypothèses pour se rendre compte de ce mode de distribution des animaux à la surface du globe; mais , dans l’état actuel de la science, il est impossible d’en donner une explication satisfaisante, à moins d'admettre que, dans l’origine des choses, les diverses espèces ont pris naissance dans des régions différentes, et que peu-à-peu elles se sont ensuite répandues au loin pour occuper une por- tion plus ou moins considérable de la surface de la terre. En effet, la présence d’un animal particulier, dans un point res- treint du globe, suppose nécessairement , lorsque cet animal ne se rencontre pas ailleurs, qu’il est originaire de ce point ou bien qu’il est arrivé par émigration d’une région plus ou moins éloignée , et qu’ensuite il aura été complétement détruit là où était le berceau de sa race ; c’est-à-dire précisément là où, sni- vant toute probabilité, devaient se trouver réunies toutes les conditions les plus favorables à son existence. Rien ne milite en faveur de cette dernière hypothèse , et il répugne au sens com- DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 343 muu de croire que, dans le principe, le même pays à vu naître le cheval , la girafe, le bison et le kangureo, par exemple , mais que ces animaux Pont ensuile quitté sans y laisser de traces de leur passage, pour aller se cantonner , l'un dans les steppes de l'Asie centrale, lautre dans Lnéieus de lPAfrique, un troisième dans le Nouveau-Monde el un autre encore dans les grandes iles de lAusiralié. Il est bien plus naturel de supposer que chaque espèce a été, dès Porigine, placée par l'auteur de toutes choses dans la région qu’elle était destinée à habiter d’une manière permanente, el que est en partant dun cer- lain nombre de ces centres de créations distinctes que les di- vers animaux se sont répandus dans toute Pétendue de la portion du globe qui forme aujourd’hui le domaine de chacun d'eux. Dans l’état actuel des choses, il nous est impossible de reconnaitre tous ces foyers zoologiques : car on conçoit la pos- sibilité d'échanges si multipliés entre deux régions dont les faunes étaient primitivement distinctés, qu’elles puissent n’otf- frir aujourd’hui que des espèces communes à Pune et à autre, el alors rien ne décèlera aux yeux du naturaliste leur sépara- tion originelle ; mais lorsqu'une contrée sera peuplée d’un nombre considérable d'espèces qui ne se voient pas ailleurs, mème là où les circoustances locales sont les plus semblables, on sera aulorisé à penser que celle région:a été le théâtre d’une créalion zoologique particulière, et on devra la, considérer comme une région distincte. Ce que le naturaliste doit se demander, ce n’est done pas comment il se fait que les divers points du globe soient habités aujourd’hui par des espèces différentes ; mais bien comment les animaux ont pu se répandre au loin sur la surface du globe, et comment la nature à posé à cette dissémination des bornes variables suivant les espèces. Cette dernière question se pré- sente surtout à esprit lorsqu'on voit combien est inégale l’éten- due du domaine occupé aujourd’hui par tel ou tel être animé : l’orang-outang, par exemple, se trouve confiné dans Pile de Bornéo et dans les terres voisines; le bœuf musqué est cantonné dans la partie la plus septentrionale de PAmérique , et le lama dans les régions élevées du Pérou et du Chili; tandis que le canard sauvage se montre partout, depuis la Laponie jusqu’au cap de Bonne-Espérance, et depuis les États-Unis d'Amérique jusqu’en Chine et au Japon. Les circonstances qui favorisent la dissémination des espèces sont de deux ordres : les unes tiennent à la nature de l'animal lui-même , les autres à des causes qui lui sont étrangères Aux nombre des premières , nous devons signaler d’abord le déve- loppement de la puissance locomotive ; toutes choses égales Circonstan ces quirèglent la dissémina- tion des espé- ces. 344 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. d’ailleurs : les espèces qui vivent fixées au sol où qui ne pos- sèdent que des instrumens imparfaits pour la locomotion n’oc- cupent qu'une portion bien restreinte de la surface du globe, comparées aux espèces dont les mouvemens de translation sont rapides et énergiques; aussi parmi les animaux terrestres, soni-ce les oiseaux qui nous offrent le plus d'exemples d’es- pèces cosmopolites , et, parmi les animaux aquatiques, les cé-— tacés et les poissons. Les reptiles , au contraire, sont pour la plupart cantonnés dans des limites étroites , et il en est de même pour la plupart des mollusques et des crustacés. L’in- stinct qui porte certains animaux à changer périodiquement de climats contribue aussi à déterminer la dissémination de ces espèces ; el cel instinct, comme nous l’avons déjà vu, existe chez un grand nombre de ces êtres. Parmi les circonstances étrangères à l’animal, et en quelque sorte accideutelles, qui concourent à amener le même résultat, nousindiquerons aussi en première ligne l'influence de l’homme : et, pour en donner une idée exacte, il nous suffira d’un petit nombre d'exemples. Le cheval est originaire des steppes de Asie centrale, et, à l’époque de la découverte de l'Amérique, il n'existait dans le Nouveau-Monde aucun animal de cette espèce ; les Espagnols l’y ont transporté avec eux à une époque qui ne remonte pas au-delà de trois siècles, et aujourd’hui, non-seulement les habitans de ce vaste continent, depuis la baie d'Hudson jusqu’à la Terre-de-Feu , possèdent des chevaux en abondance, mais ces animaux y ont repris la vie sauvage, et s’y rencontrent par troupes presque innombrables. Il en est de même de notre bœuf domestique : transporté de l'Ancien dans le Nouveau-Monde, il y a pullulé au point que, dans quelques parties de l'Amérique du sud , on en fait une chasse active dans le seul but de se procurer des peaux destinées à la fabrication du cuir. Le chien a élé aussi partout le compagnon de l’homme, et nous pouvons ajouter encore au nombre des animaux devenus comospolites à notre suite le rat, qui paraît être originaire de l'Amérique, quita envahi l'Europe durant le moyen âge, et qui se trouve maintenant jusque dans les îles de l'Océanie. Dans quelques cas, les animaux ont pu franchir des barrières naturelles en apparence insurmontables , et se répandre sur un espace plus ou moins considérable de la surface du globe , à l’aide de circonstances dont importance semble d’abord bien minime, telles que le mouvement d’un fragment de glace ou d’un morceau de bois entrainé parles courans à des distances souvent très considérables; ainsi, rien n’est plus commun que de rencontrer en mer, à des centaines de lieues de toute terre, des DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 345 fucus flottant à la surface de l’ean et servant d'appui à de petits crustacés incapables par eux-mêmes de se transporter à la nage loin des côtes où ils ont pris naissance. Le grand courant ma- vilime qui, sorlant du golfe du Mexique, côtoie l'Amérique septentrionale jusqu'à la hauteur de Terre-Neuve, puis se dirige vers l’Islande, et redescend vers les Acores, entraine souvent jusque sur les côtes de l’Europe des troncs d’ar- bres que le Mississipi avait arrachés dans les parties les plus reculées du Nouveau-Monde et avait charriés jusqu’à la mer : or,ces bois sont fréquemment taraudés par des larves d’in- sectes et peuvent donner attache à des œufs de mollusques ou de poissons, etc. Enfin il n’est pas jusqu'aux oiseaux qui ne contribuent à la dispersion des êtres vivans à la surface du globe, et cela de la manière la plus singulière : souvent ces animaux ne digèrent pas les œufs qu’ils avalent, et, les éva- cuant à des distances considérables du point où ils les avaient irouvés , transportent au loin les germes d’une race inconnue jusqu'alors dans les contrées où ils les déposent. Malgré tous ces moyens de transports el d’autres circon- siances propres à favoriser également la dissémination des espèces, il n’est que bien peu d’annnaux réellement cosmopo- lites , et la plupart de ces êtres sont cantonnés dans des régions assez limitées. Du reste, on comprend qu’il doit en être ainsi, lorsqu'on étudie les circonstances qui peuvent s’opposer à leur _ progrès. Mais cette étude est loin de nous fournir une expli- cation satisfaisante de tous les cas de circonscription limitée d’une espèce, el il nous est souvent impossible dé deviner pourquoi certains animaux restent confinés dans une localité lorsque rien ne semble devoir s'opposer à leur propagalion dans les localités voisines. $ 1381. Quoi qu’il en soit, les obstacles à la dissémination géographique des espèces sont tantôt toutes mécaniques , d’au- tres fois physiologiques ; et parmi les premiers on doit citer d’abord les mers et les hautes chaines de montagnes. Pour les animaux terrestres, en effet, les mers d’une certaine étendue sont en général une barrière infranchissable , et on voit que, toutes choses égales d’ailleurs , le mélange de deux faunes dis- unctes est loujours d'autant plus intime que les régions aux- quelles elles appartiennent sont plus rapprochées géographi- quement ou sont mises en communication par des terres intermédiaires Ainsi, l’océan Atlantique empêche les espèces propres à l'Amérique tropicale de se répandre en Afrique , en Europe ou dans l'Asie; et la faune du Nouveau-Monde est com- plètement distincte de l’ancien continent , si ce n’est dans les latitudes les plus élevées , vers le pôle boréal ; mais là les terres 346 ._ ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. se rapprochent , l'Amérique n’est plus séparée de l’Asie que par le détroit de Bering, et se trouve liée au nord de l'Europe par le Groënland et lIslande : aussi les échanges zoologiques ont-ils pu s'effectuer plus facilement , et on y trouve effectivement des espèces communes aux deux mondes : tels sont l'ours blanc, le renne , le castor, l’hermine , le faucon pèlerin, Paigle à tête blanche, etc. Les hautes chaines de montagnes constituent aussi des barrières naturelles qui arrêtent souvent la disper- sion des espèces, el empêchent la fusion des faunes propres à des régions zoologiques voisines. Ainsi, les deux versans de la cordillière des Andes sont habités par des espèces qui , pour la plupart , sont différentes; et les insectes de la région brési- lienne, par exemple, sont presque tous distincts de ceux que Von rencontre au Pérou ou dans la Nouvelle-Grenade: La dispersion des animaux marins vivant près des côles est entravée de la même manière par la configuration géographi- que du globe : mais ici, c'est tantôt une longue continuité de terres, Llanlôt une vaste étendue de haute mer qui s’oppose à la dissémination des espèces. Ainsi, la plupart des animaux de la Méditerranée se retrouvent aussi dans la portion européenne de Atlantique, mais n’ont pu parvenir jusque dans les mers de l’Inde , dont la Méditerranée est séparée par le détroit de Suez , et n’ont pu traverser davantage l’Océan pour se répandre sur les côtes du Nouveau-Monde. $ 1382. Les circonstances physiologiques qui tendent à limi- ter les diverses faunes sont plus nombreuses; mais celle qui se présente'en première ligne est sans contredit la température inégale des diverses régions du globe. Il est des espèces qui peuvent supporter également bien un froid intense et les cha- leurs tropicales : l’homme et le chien, par exemple; mais il en esi d’autres qui , sous ce rapport , sont moins favorisées de la nalure et qui ne prospèrent ou même ne peuvent exister que sous l’influence d’unetempérature déterminée. Ainsi, les singes, qui pullulent dans les régions tropicales, meurent presque toujours de phthisie lorsqu'ils se trouvent exposés au froid et à humidité de nos climats ; tandis que le renne , conformé pour supporter les rigueurs du long et rude hiver de la Laponie, souffre de la chaleur à Saint-Pétersbourg , et succombe en gé- néral assez promptement à l'influence d’un climat tempéré. Il en résulte que, dans un grand nombre de cas, les différences de climat suffisent à elles seules pour arrêter les espèces dans leur marche des latitudes élevées vers la ligne, ou des régions équatoriales vers les pôles. L'influence de la température sur l’économie animale nous explique aussi pourquoi certaines espèces restent cantonnées dans une chaine de montagnes, sans DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 347 pouvoir se répandre au loin dans des localités analogues. Nous savons, en effet, que la température décroit en raison de lélé- vation du sol , et par conséquent les animaux qui vivent à des hauteurs considérables ne pourraient descendre dans les plaines basses pour gagner d’autres montagnes sans traverser des pays où la température est bien supérieure à celle de leur habitation ordinaire. Le lama , par exemple, abonde dans les herbages du Pérou et du Chili situés à une élévation d'environ quatre ou cinq mille mètres au-dessus du niveau de la mer, et s'étend au sud jusqu’à l’extrémité de la Patagonie; mais ne se montre ni au Brésil ni au Mexique, parce qu’il n'aurait pu y arriver sans descendre dans des régions trop chaudes pour sa constitution. La nature de la végétation et de la faune préexistantes dans une région du globe, influe également sur son envahissement par des espèces exotiques. Ainsi, la dispersion du ver à soie esl limitée par la disparition du müûrier au-dessus d’un certain degré de latitude; la cochenille ne peut se répandre au-delà de la zone où croissent les cactus; et les grands carnassiers, à moins qu'ils ne vivent de poissons, ne peuvent exister dans les ré- gions polaires, où les productions végétales sont trop appau- vries pour nourrir un nombre considérable de quadrupèdes herbivores. 6 1383. Il nous serait facile de multiplier les exemples de ces dans un lieu quelconque et l’existence de certaines conditions climatériques, phytologiques ou zoologiques; mais l’espace nous manque pour ces détails , et les considérations que nous venons de présenter nous paraissent pouvoir suffire pour don- ner une idée de la manière dont la nature a effectué la répar- tition des espèces animales sur les diverses points de la surface du globe; et, pour atteindre le but que nous nous élions proposé en abordant ce sujet , il ne nous reste plus qu’à jeter un coup-d’æil sur les résultats amenés par les diverses circonstances dont nous venons de parler, c’est-à-dire sur Pétat actuel de la distribution géographique des êtres animés Lorsqu'on compare entre elles les diverses régions du globe sous le rapport de leur population zoologique, on est frappé d’abord par l’inégalité extrême qui s’y remarque dans le nom- bre des espèces. Dans telle contrée on rencontre une diversité extrème dans les formes et la structure des animaux dont sa faune est composée , tandis qu'ailleurs il règne à cet égard une grande uniformité ; et il est facile de saisir une certaine rela- tion entre les différens degrés de richesse zoologique et l’éléva- lion plus ou moins considérable de la température. Effective- L - : + : des rapporls nécessaires entre l'existence d’une espèce animale ; Caracteres diverses aunes, 348 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ment. le nombre des espèces, tant marines que terrestres , augmente en général à mesure que lPon descend des pôles vers l'équateur. Les terres polaires les plus reculées n’offrent guère au voyageur que quelques insectes, et dans ces mers glacées les poissons et les mollusques mème sont peu variés. Dans les climats tempérés, la faune devient plus nombreuse en espèces; mais c’est dans les régions tropicales que la nature s’est mon- trée le plus prodigue à cet égard , et le zoologiste ne peut voir sans étonnement la diversité sans fin des animaux qui sy trouvent accumulés. , On remarque aussi qu’il existe une singulière coincidence entre lPélévation de la température dans les différentes régions zoologiques et le degré de perfection organique des animaux qui les habitent. C’est dans les climats les plus chauds que vivent les animaux les plus voisins de Phomme et ceux qui dans chaque grande division zoologique possèdent l’organisation la plus compliquée et les facultés les plus développées, tandis que dans les régions polaires on ne rencontre guère que des êtres occupant un rang peu élevé dans la série zoologique. Les singes, par exemple, se trouvent confinés dans les parties les plus chaudes des deux continens; il en est de même des per- roquets parmi les oiseaux , des crocodiles et des tortues parmi les reptiles, et des crabes de terre parmi les crustacés, ani- maux qui tous sont des plus parfaits de leurs classes respec- lives. C’est encore dans les pays chauds qu’on trouve les animaux les plus remarquables par la beauté de leurs couleurs, la gran- deur de leurs corps et la bizarrerie de leurs formes. Enfin , il semble exister un certain rapport entre le climat et la tendance de la nature à produire telle ou telle forme ani- male. Ainsi, on observe une ressemblance très grande entre la plupart des animaux qui habitent les régions boréale el aus- trale ; les faunes des régions Lempérées de l'Europe, de PAsie et de Amérique septentrionale, offrent une grande analogie dans leur aspect général , et dans les contrées tropicales des deux mondes on voit prédominer des formes semblables. Ce ne sont pas des espèces identiques que l’on rencontre dans des régions distinctes et à-peu-près isothermes , mais des espèces plus où moins voisines et qui semblent être des représentans d’un seul etmême type. Ainsi, les singes de l’Inde et de PAfrique centrale sont représentés dans l'Amérique tropicale par d’autres singes faciles à distinguer des premiers ; au lion, au Ligre et à la panthère de Pancien continent correspondent dans le Nou- veau-Monde le couguar , le jaguar et loncelot. Les montagnes de l'Europe, de l’Asie et de l'Amérique septentrionale nour- DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 349 rissent des ours d'espèces distinctes, mais n’offrant entre eux que des différences légères. Les phoques abondent surtout dans le voisinage des deux cercles polaires, et si l’on voulait cher- cher des preuves de cette tendance, non dans les classes les plus élevées du règne animal , mais parmi les êtres inférieurs , on en trouverait de non moins évidentes : les écrevisses, par exemple, paraissent être confinées aux régions tempérées du globe, et se trouverrt représentées dans la plus grande partie de l'Europe par lespèce si commune dans nos ruisseaux ; dans le midi de la Russie, par une espèce différente; dans l'Amérique septentrionale, par deux autres espèces également distinctes des précédentes ; au Chili, par une quatrième espèce; au sud de la Nouvelle-Hollande, par une cinquième espèce ; à Madagascar, par une sixième, et au cap de Bonne-Espérance , par une septième. La comparaison des faunes propres aux diverses régions zoologiques du globe conduit à d’autres résultats dont il est plus difficile de se rendre raison. Ainsi, lorsqu'on examine successivement l’ensemble des espèces qui habitent PAsie ou l'Afrique et l'Amérique , on remarque dans la faune du Nou- veau-Monde un caractère d’infériorité qui n’avait pas échappé au célèbre Buffon. Effectivement , il n'existe pas dans le Nou- veau-Monde des mammifères aussi grands que dans l’ancien continent : on voit ,il est vrai, dans l'Amérique septentrionale une nombre considérable de singes, mais, parmi ces animaux, il n’en n’est aucun qui soit l’égal de l’orang ou du chimpansé, el ce sont des rongeurs et des édentés qui y abondent le plus, c’est-à-dire de tous les mammifères ordinaires les moins intel- ligens. Enfin, c’est dans l'Amérique qu'on rencontre les sarigues, animaux qui appartiennent à un lype inférieur aux mammi- fères ordinaires , et qui n’ont de représentant ni en Europe , ni en Asie, ni en Afrique. Si lon passe ensuite du Nouveau- Monde dans une région plus nouvelle encore , dans l’Australie, on y trouvera une faune dont l’'infériorité se prononce davan- tage, car la classe des mammifères n’y est guère représentée que par des marsupiaux. Quant à la délimitalion des diverses régions zoologiques qui se partagent le globe et la composition de la faune propre à chacune d’elles, nous ne pouvons”"en traiter ici sans sortir du cadre tracé pour ce cours, el nous regrettons d'autant moins cette nécessité que, dans l’état actuel de la science, ces questions sont loin d’être résolnes. FIN. SIBIVELLRALELLEELS ES LUS LE LAVE LUE LUE ET ER VUS LA VUE LATE LL ELA D LUS LEE LEE LEUR LES TABLE DES MATIÈRES. EMBRANCHEMENT DES ANIMAUX ANNELÉS. .. SOUS - EMBRANCHEMENT DES ANIMAUX ARTICULES. CLASSE DES INSECTES , . ORDRE DES COLÉOPTÈRES, . . Coléoptères pentamères. Carnassiers: du telae dns 0 tou Cicindeleteshalrtnd et Eu - GCicndéleinrsre sil anietonils Tricondyle. . . . . Carabiques . Troncatipennes. . . . .. ve Bipartis. Harpaliensh= à. Haipale taste Simplicimanes OT EMA SE PT Mormolyce. Palellimants 43 ANNEE GNIEDIS 247, 2 0 UPS Grandipalpes . . . ... Calosome Subulipalpes + Bembidion . Omophron . . . .. Carnassiers aquatiques... Dytisques. . Pages. 8 [ Pb. 1b. Ib. -_—— 0G0—— Gyrins . . 8 Brachel tres... : À Staphylins se, 2... SENTICONNESE ES Dr aide Sternores, . , Biprestides Le Re Bupresles 15... 1. Flatérites ee. Taupin.. $erricornes maiacodermes . . . Cébrionites . . Cébrions a 0 RE Lampyrides. nb CPAS ES LPAMpPyre nie te ele Dies ARS ENER TE RER (DEléDROrE SERRE CR Omalises, Mélyrides. A Malachie. Claironmees. 2 CPS Mae Nécrobie. . PLULOTESs ele = 200 LU Pline dt 0 ee ÉYCUS SE SEE TT Pages. 40 Ib. 16. TABLE DES Pages. V'rillettes. 49 Limebois 5 MN NE Ib. Lymexylon. 47 Atractocère. 1b, Clavicornes. 1h. Palpeurs. 1b. Mastige. . 1h. Histéroidese . MSN. ENS 48 Escarbot. lb. Silphales. FÉES fo Bouclienhes see 70e : « SONIA Nécrophore. 49 Scaphidites. 1b. Scaphidie. Ib. Nititélairess «7, +, 21 lb. Nitidule, — db, Engidites s_# 1b. Dacné . : 1. Cryptophage . 1b. Dermestins. 1b. Dermeste. 50 Anthrène. , . , 1. Byrrhiens. . . 1b. Æcanihopodes., r, :.: r., MON db. Hétérocère. Dr Macroractyles. . 1h. DNVO NS EÉ e cC.e 1h. Hlnisiér. "2" 0". 1. Wéonisserne.: UN. Ib. Palpicornes. AE ROME 1b. Hydrophiliens. . Ib. Hydrophile, 1b. Plophores + 22 DER 52 ODA AR Er CU AN AURr 1b. NES TE) CREER ENS 1b. Snheridienr 222 ts 2 1b. Lamellicornes, . : , . . 53 SÉGabeMes Nes As. 16. Coprephages ae. .7 EMA 54 Ateuchus ee n'a r A0R Ib. JOUSIETMPES VAT ORAN EPS A MARS Arénicoles 2 MR NPA ER 1b, GÉDTUDE PR RE Ib. Xylophiles RS ARS ne dla 1b. MATIÈRES. 351 ; Pages. Oycten.ead-efetronri er di5S Scarabeer M Mabhens + sHOQUl ib. Phyllophages : s% 7 16. Hannelonshen:, 240.7 07. Pb 56 Melitophiles RE LE 1b. Cétoine. + : : 2.1: 0. 16. Gokhiath@mn: : 2708 +1 12200 Œ Ib. richteun +14 40.1004 nt 57 Blicanides :: : 2.5 + + PIN Ib. Ueanen ess enr ere. el tb. Bassalea2". - ,: 3 à + A0 16. CorÉOPTÈRES RÉTÉROMÈRES . . . 0. Mélasomes, « 213 +. … VON M | Biméliares 20. . UM 58 DRORSIdES Lee en PAU 1. DANS PS1 M Ne 1e. Ténebrionites : : 5: 2 11020 1b. OPATRE SPEED ENCRES 39 Ténébrions 780.0. Rem 1b. Taricornes » : : ns... Ib. Diaperendemes chalets: 2101 1. Sténélytres:s + 7:03 200, lb. Hélopiens Mig ee : 5, "0:"° 1b. OS LE IEEE 5, 5 rente 1e NY) tb. Serropalpides. REP cut Se der 60 Dircersieses 5.2 4 à "M8 MD, OEdémeéritess : à 4 1.110 1b. OEdémère: . .: .!: . Le Id. Rhynchostomes 2... 1. Myctères. UN DES AR RRES 16. Prachelides #20. ANPNENNyS, DORA RES ER EN ET ID Pyrochroides. 16. Mordellones. : . 1b. Anthicides_. , 6: Horiales. D. Cantharides. SD. Cantharide, ! 2 OPEN. ANROESET AEMENS A CIES Aed ( Mylabre . tb. COLÉOPTÈRES TÉTRAMÈRES. . be Rhyncophores. . Ib. Bruche. . . lb. Brente, 63 352 Pages. Attelabes Le» : + ee. 03 Gharançons ... : : à : + + Oslo RAÏAMAIE : .. . . de © ane /P alandres 0 Le 0. ON Ron ee Xylophages. se 64 Bostriche. . D «artodd, Blalype. . . . . . +. . editor Scolvie, + ho. ee CCR Platysomes . 65 Cucuje. 66 Longicornés à % . . - ?. sai Priontens Amos ede 67 Cérambiciens. |... . . eneterWle. Gépricorne, td... 4 RTE Callichrome. RE Lee 1b. Gale VA TE RTE: 1b. Lamiaires 1.54 ee RE 1b. NÉ LUTTE me DE RE 17 MOnOChame. sn ee eh Lepturètes 68 Eupodes. DRE à it DE Grivcele Meet. FT Re OT D DONACIEN ee DR ET 72e Goiques RTE RL ee 2 Cassidaires. Se MM O0 Chrysomélires. 1 à ! ME 1b GRIDOUTIES TS UT EN MEME EE 1b. Euymoôlte PRE Me 00 Ses 16. GRTYSUMELE 2. asc) 1. Galérucites nm EU: 16. Galeruiques Mr 1 ist 1b. ANTIS EN ERE EUR 2 LEO RER 16. Glavipalpes, © : 5.1: mp D Erotyle. Tiplix CNE en A UD COLÉOPTÈRES TRIMÈRES, . . . . 1b. Hunsicoles MR CNE PRIE Ib. mpliidiphages. ©. VOGUE 1b. Coccinelle". + : 54 MAR 1b. Bselaphiens. : 4 2 SRE 1b. BSélaphe ee LANCE 1b. Glavigère. 0... .f. . NEC r 1b. ORDRE DES DERMAPTÈRES. . , . 71 BOTRCUIE SR MEN 0e , OR 7h: TABLE DES MATIÈRES. Pages, ORDRE DES ORTHOPTÈRES. 72 Orthoptères coureurs... . 7 Blatte. 1b. Mante, 16. Spectres. . 75 Phytllies. . Ib: lhasme, 1b. Orthoptères sauteurs. . 1. Grillons . 76 Courtillière. 1b. Grillon. 7 Myrmécophile. . 1. Sauterelle. . 1b. Tetrix. 78 Truxale 16. BnOsCOpie; 72 0 Mean Fi ORDRE DES NÉVROPTÈRES. 1b. Subulicornes. … . 80 Libelluliens. 1b. Libellule. 8£ Fshne. 16. Agrion. 1b. Ephémère. . 1b. Planipennes. NT ee 82 Panorpates. 83 Panorpe. 1b. Nemopterete SUMMER 1b. Bittdque MAC Ue 16. KOUFMILONS. - CESR HÉMETOLINS PEN 85 Hémérobe, + 200 lb. Semhlidé: Len PPT 16. TETMILINESS EEE C0. 1b. Termite:. Li ie le el RE 1b. RSOQUE CRE CT TNT 87 Mantispe:s 4: US No: Perlides. 88 Perle messe 2: 1b. PUCIDERTES à: aa 16. ÉRIANE ME Un. 2 dc Ars ORDRE DES HYMÉNOPTÈRES. 89 Hyménoptères Térébrans. . . gt Porte=scies. 1b. Tenthrédinés . 16. TABLE DES MATIÈRES. Tenthrède . . . . « . + + . + 92 Cimbex. . . . . .! Uroceres se ut SELS TNA, SITEX D AU MSIE. ET. 0193 Pupivores. , . . . . . 1b. ÉVATUQlES EU Ve ele ones na RNIeÉO, Evanies... … «th: : : 1b. BæRne Er. ne : . 1. Aulaques à = . 1: + +» 1b. Tchnenmoniles.- + 10 1110. fchneumon. = . . s insulte 1640: Gallicoles. . . . . . . . « = (14694 DAS nie yé..s ce Le. . 26. (PNR RSR AA TONT LE OXUTES Me 2 6 ne . the 95 AU TICHRO PERS OMAN OROPOTE M LE CHEYS e mecs + +de, Hyménoptères porte-aiguillon. . Ib. HOlÉTOSTRES 5 ee + © ». OU, FOUFMES Es Ste à : 1. Bplrérauess hd. ne MST NNIOS Bonene nn. Re le ie due 16. FREE MPRRERETETE 1b HOUSSE Se Sn ue es. Le lent: Ib Sa EEE «+ 99 CITEOUL NN 16. Rembicides Se 2: + + Ce 1b. BÉCTEGLES PANNES ne eee 16. PÉASSONIONS. ee sels = Gil db. Grabronites 5. LUS ER: Diploptères nr DIU CS à 16. MBSGriIAeSs. UNE > N°00 Guébiaires Re : LCA 16. HUDENE.. +. eee pitede fe Iot GED eee ie cle 16. T'AS SSSR ERTES 16. MANATENRE LENS ie US Sn as TO STONE A SPORE NO PIE 16. Apiaires solitaires. à . . . . . . 1b. XylOCOpe: 7. à MA rue 103 Mépachile fe 1b Apiaires Sociales EU: 1b. Abeille" 7 IEEE, 1b. Bourdon : #10 PNR MRERRETE 108 Pages. ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES. . , . [08 Lépidoptères diurnes _ . . . .. 113 Diurnes ceintures. : . . . . . . 113 Papillonides. . . . . .. NN NE LE BADHIONS "PRES Ib. EF TO EE LE SEC AN DE 114 Barnassien/..: : J.-M 16. BITES tee ne M EU TIRE 115 ROIS PME Re MEME ETS db. Goliade se TR RC TRE 1b. AO QE PERTE à 6. Rolyommate. : : : . . - :": 1. CO OS SM RE ER °16. Diurnes suspendus. . . . . . .. 16. Wanaide te Eee EN 116 Manesses. 25 + Polo Te LE Nymphalet 2 Ar PP 117 Sa VE NE RU 16. Diurnes enroules. 7", 2 Nb: HÉSDErIGs ee se 0 Vote 118 Lépidoptères hétérocères. . . . Ib. Lépidoptères crépusculaires. ROUTE: Hespérisphinges. . . . . . .. 119 SDRINOTCeS SANS AM EU 16. SESIO ES NU RS RENE 16. ATSCRIAES) SN SRE LE PES 16. SOPHIE SRI 2 16. Smérinther NE MAR + 120 SÉSIG PAT ER NTSC RG TER CAREAR 1b OM ere DE PEN Ib Lépidoptères nocturnes. . , . . tax Hépialites ts =, . È 16, RombyCiLes see I UE 129 Vertarsoiets LT AE 16. Bombyx processionnaire. . . , 126 Faux bombyces, . . . . 127 MIDaris fi te Fe RE 16. Eeaille "SERRE 18. Gallimorphe"s +: 0 7, DT LA ADOSUTES NT RAC RENINQU LIRE 2. Dicranure.. See RC 46. HMAEVDIÉTIX TN I 2 16. NDCEUELLCS EE. … 1b: Noctuelle. , , ., .. ANT ANI20 364 Pages. TONDEUSE eee De tie ee 128 MONDIALE AS ee ete ee ie ete Ib. Pre Me aie 16. Pyra'e de la vigne. . . . . . APE Arpenteuses. . . . + + + . . « 129 Delinines it. ere ele te 16, Herminie. . . . . + ALT De HNELLES 2 ses moi ee PONT TERRES he helet eto Ib, Hausses lelones Reel 130 Chenilles mineuses, . . . . . . 1b. HORS PARUS eee eee Ib. JTE TEE PE e- 1b. Galleries ere tenter ent Ib. HeEness d.4P,: ER Ress dE OFCOpPhOre ele ere 131 Adèle , . . .. Ib. Hessinenness ce pb eee lb. Plérophore. 6 Ste 1, Grnéode APE eee s102b, ORDRE DES HÉMIPTÈRES. , . , . 132 HEtErCpIÈreS EC LS CÉOCONISESR, LPS EME RUE 16. Pentatome ". ... 20: 134 BORA ot oil: Scutellères. . . . : , . . ste TD: Hydrocorises . . . . 135 INDES M me ete lb. NEDE Rd n tm 16. Nautore ! 7-1 5 5" ann 1 RANATTE. SEM cPe-cee Ze Notonectes . . . 136 Homoptères. . NRC 1b. Cicaderes LNELPERANSEEE A LS Cigale 1 RENTE RES Le Ib. Éuipore 2" Rte 137 Centrole.s RTE AIS 16. PeUrE, #2, 1 SORA 16. Wéncope: : ::: : ARE Ib. Gicadelle: … 4 4 + RUE 16, PIAIENS. 4 1. SCSI 16. ÉSVIC ES cu 138 PÜCELON Le + 1: à RTE MT OE Gallinsectes, - : . : 3. 139 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Cochenille , . . . .. 140 ORDRE DES APHANIPTÈRES 142 PACE us ati 0 CR 143 ORDRE DES RHIPIPTÈRES Ib. XEDOSIE Re etes ete AE 144 SUTIOPR A he Le à +. ce 1. ORDRE DES DIPTÈRES , . . . . . 1b. Nemocères.158.=. 1m, # » « + +. : 145 Gousin. . + ... 146 AA pue A ee ce are 147 TANFSTOMES. Le MENTALE 148 Aile. VAR GRR EAU de SUR: 1. Empis :. Lu. Lee see le. Bombyle. . 4. 4 Amar. Antbraxir te L+44 8 00 149 Léptisr. ‘4.514 1400 D 16. Dolichope.: , :. 4,1 0 06 (0e 1. Tabaniens sn 0e 1b. FAO: : 4er 20010 SNA 150 Ghrysapss. 1,4 à 5 0004 2 lb. Notacanthes. 1 MEN 1b. Miydas 2. LME EE 1b. Kylophage”. =: . . , 9. TMmb Stratiome. eee te NE VUN7p. Athéricères . Ke te Re 11 OSPPDILITES RU EU RUE SAULT LE Volucelle.- :: +: 24 4 2800078 Hélophile.=.5.-". 141 2206708 16. Syrphe. . 1 6 Ne OEstre,... "70. 5.5. + » CONENEMP: CONOpS RTL 153 Mouches se le à. SRE 154 Créophiles: : #8..:.1 2,006 1b. Echynomies MN", . 00 16. Mouchen te nmenr y Lu 1b. Sañcoplagess. 6: : 00 1b. Anthomyzides. . . . . . ... 155 Anthomyie ==. . à: : . ONE Hydromyzides UNE CNE: Scatomyzides . . . .. 16. Scaigphage . . . . !: . . 16. Dolichocères . .. ! "». 16. Lépiopodiles .: "1.0 MIE. Carpomyzes SAS ENTRE 156 TABLE DES MATIÈRES. 355 Pages. Gymnomyzides . . . + . . . . 156 Mosille Re RME ASS es 1. Hjpacères 0 Heu SR 1 16. Phoree 0.17 TR 1b. Pupipares. .*. ... , . . AU UND LE Hyppobosque. . . . . ... . . 137 Ornithomyieh-1.. 0 .ÆiR 16. Melophage”. . .'. . 1. "bite 1b. Nyetenibie à … 1". 1b. 2. TOUS P'COROMAPOENEREPENE EE 158 FOURS à sa on 6: TR 159 RNCINE M ORALE. sut 4, 1b. ORDRE DES THYSANOURES. Ib. Lepismenes,. NAME Ur . 160 MEACRITE MUR echo oi 16. Pouurelles st SMPBNMENIEUS EN E 1b. CLASSE DES MYRIAPODES 161 Chilagnathest at A5u 18. 010. # 162 1 Et bot RS ENT 12 T0 16. Bolydesmel eat 163 GlomMerIS MN el. ael. ef 1b. Éflopodes is per, 1020: Seplopendre rise. han 0% BHRObIER EL. 4 1 lb. Scutigères. . . . 1b. CLASSE DES ARACHNIDES . 16 Arachnides pulmonaires . . . . 190 AranetAes RENE EMA EE lb. Arachnides tétrapneumones ©. 172 MYEale ARIANE, Ne 16. AY DER le, De, OM ACRES 1730. Dysderer MN 10e 1b. Arachnides dipneumones. . .. Ib. Araignées sédentaires. . . 174, 176 — vagabondes . - . : . 174, 1797 — rectigrades. : . . . . . . . 174 — latérigrades. . . . .. 1794, 1797 ÉNLapissiènes- M2. Lt. elte 174 — lendeuses. 1 à mn, 1b. AFATENECN 4) 0 eee TUE 155 CNE OSEO ce 60 600 MO 1b. Drasdsen. vien SE AA 1b. Argyrouète « , . . . . . hab. TRENIAIONS TE TR 10/6276 Pages Malmignalle . . . + + + « . . 176 Pholque. : + + « = =: + + je 18. Orbritèles ns DR eue: LP; Epeirers à + . «as de + oh: 16. Micrommate. . . . « . + + 177 Philodrome:t Meet e 16. Thomise 1 ets. nd ru LP: Citigradess ! ! 2. .Vaine 1b. Dolomede. Nice 1b. Éÿcose ns UNSS Ar ROLE Torentule PE 0.0. : 1b SATA ES EEE EN CR CNE 178 SaÏtique AN NN RS 1b. NÉS ee AU et ar QUE 1b. Pédipalpes 2 sta tete 1b. Bhrynes #0 nt: 2. . die 1b. Thélyphone. . . . « . sr - 179 SCOrpiOn . "na. see 1b. Arachnides trachéennes . . . 180 Pycnogonides. . . . . + . .. 181 Galéoder.. 2. 0. eme Ib. Pine 4 Le 0 'MEUSS Plhalangiens. à... «+ "1 1b, Faucheur: 5 1. 0e. fe 182 ACATiens. elite ME: Ib. SATCNPIE re ut Er 183 ardiorades #0 L.t 184 CLASSE DES CRUSTACÉS. MU CRUSTACÉS MASTICATEURS. . . . 193 ORDRE DES DÉCAPODES , . »: . . 194 Brachyures M MONT IEDE 198 Oxyrhynques . . . . . . « . 199 Inachus 0 tr 16. MTalat Me 2 4e le Un IR 0H. MP Ib Cyclométopes. . . +. . . .. 16. HOUrIEAUs 1 tetes 200 (Crabe EN CN UN 16. Borlune?.v. eee MOUV LE Podophthalme, , . . . . . . . 1b. Catométopes. . ... ,, à ME; Otypode. ce RE ILE C5 fEhelphuse "Fete Dr NINZE. Gecarciniensh Re" RUE 201 Mourlourou Mas ». tsar: 16. 366 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pages. Crabe de terre... , . . . . . 201 Chevrolle. . . . . 1 HSM 210 CÉPACUL S S0s ee 0e Il 2; \Cyème.:. … … - + . : : “aa Do RE PTE): Ib. ORDRE DES ISOPODES. , . . . . Lb. GEypode 2: + : Van at ao Idôlée. ... .,: . . . 212 Gélasme . + . . + 5 Ie Ib. Cymothoé. . . . . .. Ib. Grapse tn. + . PR MVE JB @loporte. .. . . . . . rafoodbe Pinnothère : . + . + .… 1.1 JD M TSilobites. à à à. » à MAMAN Oystomes. à à à + 21.05 INR 1} Galyÿmener. .:.,. … . 16. Leucosiens à + à à, AT. US 16} ASaphe LUN. RP, … lerlfe 1b. CMAphes se or LATE FO" NOESgien 24 de Het uh 16. Matute.s. à + ur. 1: 0 ENGIN Pbaradoxide se tr A, ee 1b. ANOMOUTES +» + Maten . « « 203 ORDRE DES COPÉPODES , 16. |) TS PR 1B5 ‘Oyclope., Mr eee une 213» Hümoles 2: 5 Mal RE n Ib. UÜRDRE DES OSTRAPODES , Jb. Hippe à - à LENS .n ou HS IOMPbrIS. TS a lb. REMIDELe ET EME UE NAME Ib. ORDRE DES CLADOCÈRES , 2E4 Pôrcellanes!: 0... 22. té Ib Daphmie.!LEEACA TH AD 4e 1b. Pagure i 4 3 daleie à te Aus Ib. ORDRE DES PHYLILOPODES . . , 1b. Birgus aire Ne mnt rstsudnv Ep Lymnadie NE NN ROSE 4 1 LA Décapodes macroures . . . .. 204 CRUSTAGÉS SUCEURS . . . . . 1B. = CUirASSÉS. . . . . . . . : . HU} ‘Lérnée.. : + SR MANTTEIES 216 EANPONSIO ser das der 1 2 ANR 205 (Hlige. : + 04 «o MR db. Scyllare D 6h de ef nue) ve 7 MST lb. CRUSTACÉS XYPHOSURES, . . . . 40, Galathée"s 28 6 re ET 206 Iimule, . . . . . +. “ .1iorr Thalassiniens . . .., . . . .. Ib. CLASSE DES CIRRHIPÈDES. 4. IX VOS PRES ne tu à MeIOS ARatife LOU MATE AMENER ES 218 GCällianasse … . "4. tn: Ib. - Bälane.. … . LEARN 1b. AStacienS V3 ELA EN, MR 1b, SOUS-EMBRANCHEMENT DES Étrevisser Musee dia Id. VERS AUS ASE 219 Homard,, + 2 Elo Bus Id. (CLASSE DES ANNÉLILES. . 220 Sahicoques': : ...,. ie 207 Annélides errans. . . . .. . 222 Benne e, La tot tl x : Aphrodite.” . 1.0. , ne 223 Palemon 2 Con IbL “Néréides. rt tee 16. Chanson ARRET De Ib Arénicole (SRB 2. 224 ORDRE DES STOMAPODES . . . . 4b. Annélides tubicoles. . . . . . 1b. squile. + ts. +, RNaoB A Serpule. re side 28, Pliyllosome: : , :. ©. 2.2 Jb; Térébelle. . .". ..., D EVANO EU ORDRE DES AMPHIPODES . . . . 209 AM DATI TE ses .: 20 eubuetaue 1b. Edriophthalmes . .., . .... 1b, Annélides terricoles . . . . .. 10 Créveltines , #2. 1.2 . ‘ne AOL POMDPIC ES à 0e + CAE 1b. Greveltes ns se RO ROINIOMAIN AIS. ose NII sdb: Faliire. 4 ve 2000, MB 1b. Annélides suceurs. . . . . …. 16. Hyperine, ". . "4: . mwa 15, Hirudinéen, ;, . . . 226 ORDRE DES LÆMODIPODES, . . , /b. Sangsue . . . . . . . . . . 16. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Hæ&Mopis se EM ue PES 227 CLASSE DES ROTATEURS. seb} Rotifére MER ICRe Ter 200. & 228 BYaChION ae .….. à cb + 229 CLASSE DES HELMINTHES. 229 Planariées . . . . . . . - 330 PANAIRE RE An ee en cvs de 231 Gérébralule 2 Mir ce 1b. INÉMERLE Ra dre eee to ce à 16. INÉMATOÏIDESA SE Laiuite Lee de 1b. TNTRE PP NE RRRNE 1b. AGCARITO AT ENS Dane ME 1b. RSongler ne 2...» 6 232 Trichocéphale, . . . . . . . .124b: Émpuatules, «1014 ACGANTHOGÉPHALES, , . . . . 233 Echinorhynque. . . . .. .. 1b. BR ENATODES 2200 de mens 1b. Monostomes. . . . ., 1b. AMIDRISLOMES uote eue re Ts 16. Diplostomes H%%)2 LUEUR À 1b. DoUVE SNL Re ee UT: Hécatpeolytes... 4: « es 1234 Distomen ie .+: : … , 1b. HPENTOIDES En 0 ces cité 1b. AÉMNEL LD ER NOIRE RE LS 235 LL SE OCR FRET 236 GESTOIDES ENS 8. 2e 1b. GMSLICETQUE:. Es. ee ve ve se de 1b. (CNT ÉPRROMR E EET 1b. Hydatide. .: HAT EMBRANCHEMENT DES MA- LACOZOAIRES . . . . . 237 MOLLUSQUES. . . ..... 239 CLASSE DES CÉPHALOPODES 246 — DIBRANCHIAUX . . . . . 255 HOUIPE Her tee DIS 0 16. RRPOHAUIE. man e se des « uit 256 (CAMERA COTE 257 Calmarets 1.25 GS E, THEME uub; Oùychoteute .:.:7. 2,1, 1b Séichesr eau Ta RIIUGUP] Bélemnite se 2 nest aient 1b. CÉPHALOPODES TÉTRABRANCHIAUX 258 357 Pages NEC CH EEE CL E 259 Ammpomte to. à: 4. "TM 260 Goniatite, en à 0 ME ONC Staphite ts remis PIE 1b. Baculiér. Let men cu 16, Gurrilité., : . ENMSS MM EL Nommulite Ne CRUE: Camérines et RER UP MU Foraminifere. . . 1b. CLASSE DES GASTÉROPODES 262 — PULMONÉS . . . « «+ . : 266 Pulmonés terrestres . . , . . . 16. IMACE EN NC NE ES CES 16. VArINUlE ER AE ENTRE 267 Mestacelle EME ME RENE NUE: Paemacelles + Ne 268 EScanrote Nr CRE 16. VAlTIMES Le es eme Te lb. PBuliMme +# CAS Rte NE 16. Maillot ent 2 269 Grenailles LP 0 et CE 16. CAUSE RARE 1b. Aimbreltéstitinc scale 1b. TETE RS EM RO EE LION 1. Pulmonés aquatiques MISES MEL 1b. Gnchidie. LM ET ; 1b. Plänorbés "0-70 270 Éyrnnée.# 1-0 20 HIT 1b. PhySe ere cite tete 1b. Auricule se. en A eee : 1b. ORDRE DES PECTINIBRANCHES, . 271 HFOChOÏAES. à ven dat 272 AOUpIE SRE AENE ENCE 16. CEA NET ER ONE EPP TS 2 1. TOQUE- EN CCS CAT Ib SADOl-s ere tihioe ce UMA Dauphinules#i:1# 4 et 0e it nie. Türritelles. ss 2 daiTi et 16. Scalaire eee 05 1b, Gyclostome PEER PEACE 16. Valvée. . , MAMMA 280 va 275 Paludine, Rate ect 1b. Liloriners PR a Cure ef! 10. MonodonleMitAañg que sx 1. 358 Pages. Phasianelle, /. .: . … . . . .#ht256 Ampullaire. . . . .. 1b. Mélanie . . . TRE 1b. Janthine me. LC 1b. Nérite. Ib. Biccinoides, 2. : Me 14, Buccins 277 Buccin. 16. INasse ml Mr ne 1b. LonneAlR4 Are 1b. Harpe. , . 273 CASQUE... . 7. NUE 16. Vis. Ib. Ceérite, . 1B. BOCRers.. + 4 4.41. tag Mürex. 02,0%. télé tb. Fuseau ; 16. BIEUTOLOME: -. se ste CIE 12 Strombe .-….:. Fe : . 280 AN EYOSLOMES. 0 ones eve eu MIRE Volute ...2, se s'en ile lb. ONUIE LEE + à see cofonre gros : 281 PONCElAINE. s8 6 su + shot SEL Ib. Cône ere: de , a PLU? Pourpre des anciens......... 282 Pectinibranches capuloides . .. lb. Cabochon....... issise02010283 HIPPONYCES. eee. EL Crépidule seu ee come: Ib. Calypire.s 2% se8 ere ; CUP LE Siphonairee taie se -- 110? SIPATE LR ee ee ce ce tie SUN Ib; ORDRE DES TUBULIBRANCHES... 284 Viermet:2-...:0680 HA AULtZ2S Magille..sen.te As ciel 1b. SINIQUAÎTE, , «tresse ere NOUC: ORDRE DES SCUTIBRANCHES .... 10. OMIEP ce sise see ele 200 Eissurelle........* Re 1b. Emarginule ...... ee» sertie 1b. ORDRE DES CYCLOBRANCHES . «+ 2806 BALE SR esse se 00 OS Oscabrion...... ee ae ele SUD. ORDRE DES INFÉROBRANCHES . .. 287 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Phyllidie...... SARL . 287 Diphyllidie 1%. 0% SALE SMRAITDS ORDRE DES TECTIBRANCHES... (0. Pleurobranche ...,.... 1.070288 Aplysie.. .... ent el RO) Dolabellesets.t. #06 ‘:.11289 IACRTE bete de iedanu ts ve aie ête toi ie 1b. Bullée 2e... Se OR LMD LIGA CPR 2 1b. ORDRE DES NUDIBRANCHES..... (0. Doris een ee ares rs hele -1200 Trilonie. eve RS LE DEN LE Glatcus En ANS tb. MOLLUSQUES HÉTÉROPODES ... 201 Garniare ce. ss en ec AND MoLLusQUES PTÉROPODES..... 2092 Clio! ous so CET 4. Hyalé ste GE DE LE bb; Gléodore san. te PÉTITION Gymbnlies eric tetes UTP: MOLLUSQUES ACEPHALES. 292 — LAMELLIBRANCHES. ..... 16. Ofstraces recente 294% HOTTE. se cresossse ie sets oo DE Giyphee. 0." nee-echte 297 Radiolite.. .:..:24100€ STE Ib. Spherulite. «706 cree 1b. Hippurite,.. #08 1060000) Peine secte -PcLCr CEE HALL IlHÉbpaotodoecono dde ....,298 Marteau sis caresrect LEE 1b. Anomie...... AU FOR RNAI Spondyle., 1: RiMPRONIELA?: Pérnessnias sin sos HALTA MAY LE Ethernies 8 ere entr 450 299 HAPORAES ee se Rae LEO EE 1b. ANICUIé Re mes-rrer chrerce : 1b. Pintadine ........ Siotete RAM 1b. PETER ie cols cie ; tb. Jambonneau.............4#10 307 ARNO see de none de ; 16. Péloncless sun croate A EU TNPONIE. 2... ME 16. Mylilecesiunstadaente AODET NL TABLE DES MATIÈRES. Pages. LT on ontodbibiobiant 302 Modiole meer re ete emer 303 ADOONTE MER PERS A TNEER NE 1b. Mulé tee ee CR 1b. CAMALECSE = eee « cle à ete oo 304 Tridacner ee. ORNE 1 1b. Came AUMERM EAST AUTOS 305 ISOCATAERE ET. + ee see secte cie 1b, CAROIACLES rer is sie cat aie à 1h. RARE e cute Sie ee ets eu sie 306 DOndCe.. ses CAC Ib EURE COM OMNPENORNPOEr 16. CorHelllefaniest ee se ccm 16. RENNES ee cos cuepectie 307 MÉNUS ee 22 ce e HS eee dard 1b. BÉRHICOIe sers nie à Mae el sa 1b. MÉRENUDE A eee lb. MAC ee ete eee 1b, ENJERNESN EE en ete cles tee 16. LUTNAITE Rs ere ee de cie Moicie 308 MER eee cie ec lb. BYSSOMIE Peer ei Dore 1b. HVAlENE PE EEE ce Ib. SOIR ER ee eee 309 SANBUINOIAITE.» 2e etes este 16. BSammobie re a EE 1b. PSsmmothées- ere tie. 1b. BOAT ee eee sle eee tb, MATE Near ir en ass 1b. EISTOlAne EE SE cree 310 Gastrochenes-. deu Ib. Clavigele EE EEE ER TEE 16. ANHOSOID ARE etes elle secte 1b. MOULLUSQUES BRANCHIOPO- DES Ten ire ie nee 311 Lino 6e Tee ann Ib, MÉRÉDANUIENR see etale + eee 0 16. SRE re CR eee ee. 312 OrbiCUleSe semi eee eue 1b. SOUS - FEMBRANCHEMENT DES MOLLUSCOIDES ... Zb. CLASSE DES TUNICIERS... 313 Biphore” ere EE 1b. ASCILES. er se moe Sara à 359 Pages Aseidies simples "1. =... 1. 315 = SOCIQLES se Ne 0 0 8e Ib, — COMPOSEES ........ AE IEULLE 12 BOURYIEN ee teeietneete 1b. BYFOSOME à 2. 4e - eee - See) Ib. CLASSE DES BRYOZOAIRES. 316 ÉSCDARE" -/t- ete PO DU CRUEL 317 Flusire eme. 2 1b. Cristatelle tee ir de 1b. AICYONCLLE RES ENEEET Ee 1b. EMBRANCHEMENT DES ZO0O- PHMBES A AC ee etc lb, SOUS - EMRRANCHEMENT DES RADIAIRES......... 319 CLASSE DES ÉCHINODER- NES sets as ele don 327 Holotburie mere RE 16. OUESIN ES AR NET 321 ASTÉTIERE ie dla nee 2e ne 323 OPUS NE LP ce 1b. HR EST N SE 16. Comalrle sers Pere 16. ÉCrINeR eee rene neo 1b. CLASSE DES ACALÈPHES... 324 ISIMPLES ee 7e es ea eee 16. Meédusesi ins dose cie LE: Rihyz0stome ere nNeree 325 CRE AT semer te mia sc ele 1b. BÉTOC Ie rene Me eee 326 Porphyet #2... en AT UD: OC ICS RER ESTRUT 16. ACALÈPHES HYDROSTATIQUES ... 0, * BRYSAE PRE Re 1b. Physsophore... #:.°: Neo LE Stéphanomie + PE RE Il. Diphye: M PNA RES TAN Ib. CLASSE DES POLYPES, . . . 46. ZOANTHAIRES . . . 329 ACRIE SN SRE Ib. Zoauihé ,< ENRSE EE ERTAE ES 330 Caryophillie../. . 1b. NSINCG?.-1s CR UT ME Ib. NTéAndrINne RE 16. ALCTONIENS 2. + … + Ib. 360 Pages. COTALE TN à ui te Gi 332 Gongoner. = 0. . .… -tpabt 1. Benpatniles. 5: . . . Auut b. Véretille ::. 2 : :,. 2,2 40088 333 HSDIALRES.. 4 . +, CCI Th. Hydrent 12 UE NE AN 16. PMICYON : À Ge isce e re lb. SOUS - EMBRANCHEMENT TABLE DES MATIÈRES. Pages. DES ZOOPHYTES GLOBU- DEUX US C7 CRREE 334 CLASSE DES INFUSOIRES . 335 CLASSE DES SPONGIAIRES 336 BON. 2 De CR 1b. DE LA DISIRIBUTION GÉOGRA— PHIQUE DES ANIMAUX . . . . 337 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 5 IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, @-——— Aue Garancière , n. 5. ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE. , af ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE. LECONS SUR L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET LES MOEURS DES ANIMAUX, PAR M. H. MILNE EDWARDS, Membre de l'Institut (Académie des sciences) et de la Léyion-d’honneur, Docteur ès-sciences et en médecine, Professeur à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, ete. DEUXIÈME ÉDITION. EX 37 (0 6-6 PREMIÈRE PARTIE. INTRODUCTION. — ANATNOMTE ET PHYSIOLOGIE. = 0 O0 d PARIS. FORTIN, MASSON ET C*, LIBRAIRES, e 2: SUCCESSEURS DE CROCHARD ET CI, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉD'ECINE, N° 1. 1640. pas t % n : L 2 Par PGI ALTO ANT CR ." a Lt & à : PL ‘en à CONTE ONE ORNE LEE TNTIU S CAR = » 2 pl [TES D NC Te 14440478 D pe 4 d: É À “ L * à F ALARME | + «3 AU 4 FAT e LA A M, SAR NAS AUS RSR RAS AUS ARS LR LR LES LEE LR ER LR LR RS LEUR ÉLRLLR ER IRERLLLLLILTOSS AVERTISSEMENT — 600 —— — L'histoire naturelle est une des sciences qui excitent l’in- térêt le plus général; le récit des phénomènes singuliers que présentent une foule d'animaux suffit pour éveiller la curiosité même des hommes les moins éclairés, et l'étude philosophique de la zoologie offre des attraits bien plus vifs encore à ceux dont l'intelligence mieux cultivée a réveillé ce désir ardent de savoir qui , au lieu de s’apaiser , augmente à mesure qu'il trouve de nouveaux alimens. L’utilité des connaissances qu’elle donne se fait sentir aussi à chaque instant, et se montre même dans des circonstances qui, au premier abord, semblent lui être complètement étrangères ; mais les avantages résultant de son étude ne consistent pas seulement dans cette culture de l'esprit considérée en elle- méme , ni dans les applications pratiques qu’elle peut four- nir : l'influence qu’elle exerce sur nos facultés est peut-être d’une importance encore plus grande. Elle nous accoutume à chercher les causes des effets dont nous sommes frappés, et, plus qu'aucune autre science, l’histoire naturelle exerce notre intelligence dans la méthode, partie de la logique sans laquelle toute investigation est laborieuse et toute expo- sition obscure. v] AVERTISSEMENT. Pendant long-temps, cette branche des connaissances humaines à cependant été regardée par la plupart des hommes comme propre à satisfaire une vaine curiosité plu- tôt qu'à exercer utilement l'esprit ou à le préparer d’une manière heureuse pour d'autres études. Aussi s’est -elle trouvée exclue de l’enseignement destiné à la jeunesse, et est- elle restée presque inaccessible pour tous ceux qui ne vou- laient pas en faire leur occupation principale. Les écrits admirables de Buffon, recherchés d’abord conime modèles d'un style noble et pompeux , ont commencé la réforme de ces préjugés, et en dévoilant au public combien l'histoire naturelle offrait un attrait puissant, ils ont commencé aussi à populariser cette science qui, pour être aimée, n'avait besoin que d’être aperçue. La tendance générale des esprits vers les idées positives est venue seconder celte impulsion, et aujourd'hui l'étude de la nature est reconnue comme un des élémens indispensables dans tout système libéral d’édu- cation. L'université, d'ordinaire si peu favorable aux inno- vations , a elle-même senti la nécessité d’en admettre l’en- seignement dans les collèges, et désormais cette science ne pourra rester complètement étrangère, même aux hommes qui se contentent de l'instruction élémentaire reçue dans ces établissemens. Cependant les personnes qui veulent acquérir sur lana- tomie, la physiologie et l'histoire naturelle des animaux les connaissances que devrait posséder tout homme éclairé, ne trouvent pas toujours dans les ouvrages qu'elles consultent les secours nécessaires à celui qui débute dans ces études el qui ne veut y consacrer qu'une partie de son temps. A moins de se servir de traités élémentaires déjà vieillis, elles sont obligées de se contenter de résumés trop abrégés pour satisfaire leur curiosité, ou bien d’avoir recours à un grand nombre d'ouvrages volumineux faits pour: avancer la science plutôt que pour la rendre populaire. , AVERTISSEMENT. vi] Il m'a semblé qu'il ne serait pas sans utilité, même pour” les progrès futurs de l’histoire naturelle, de combler une partie de cette lacune en donnant au public un manuel de zoologie assez élémentaire pour convenir aux jeunes intel- ligences et aux personnes qui ne peuvent consacrer: à ces études un temps considérable , et cependant assez appro- fondi et assez détaillé pour satisfaire les gens du monde et même les étudians en médecine qui, sans vouloir devenir des zoologistes, sentent journellement le besoin de ne pas rester étrangers à cette branche importante des sciences naturelles. C’est ce que j'ai cherché à faire en publiant cet opuscule où se trouvent reproduites en partie les leçons que j'ai faites l’année dernière à l’école centrale des Arts et Ma- nufactures. La première partie de ce livre est consacrée aux notions de physiologie generale et d'anatomie comparée nécessaires à l'intelligence de l'histoire particulière des animaux. L'âge de quelques-uns des lecteurs qu'il pourra avoir n'a fait pen- ser qu'il convenait de laisser de côté l’histoire de certaines fonctions ; mais, du reste, j'espère n'avoir rien omis d'impor- tant dans l’esquisse des phénomènes dont l'ensemble consti- tue la vie. J'ai cherché à y porter autant de concision et de clarté que possible , et d’après la nature de mon ouvrage, j'ai dù nécessairement me borner à exposer des faits et passer sous silence les opinions et les hypothèses dont la discus- sion grossit tant la plupart des traités de physiologie. La seconde partie de ces élémens est consacrée à la z00/0- gie descriptive ; on n'y trouvera pas un système complet de classification du règne animal, ni l’histoire de tous les êtres animés, mais seulement un tableau des principales modi- fications que la nature a introduites dans la structure et le mode d'existence des animaux, l'indication des caractères propres à faire distinguer ceux d’entre eux qu'il importe vil] AVERTISSEMENT. le plus de reconnaître, la description des particularités les plus remarquables de leurs mœurs et quelques détails sur leur utilité dans l’industrie. J'ai pensé que des figures intercalées dans le texte facili- teraient l'intelligence du mécanisme des fonctions, et aide- raient à fixer les idées sur la forme des animaux dont j'aurai à parler et sur les caractères employés dans la classification ; j'en ai placé une centaine dans la première partie de mon ouvrage , et dans la seconde il s’en trouve un nombre beau- coup plus considérable : la gravure en a été confiée à des artistes des plus habiles en ce genre, à MM. Andrew, Best et Leloir. Paris, novembre 1834. ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE. LAS LAB VS RAR AD LES LS SAR AR LR RE AR ANR LEUR LÉ R LED à LA SAR LUS VAR VAUT LR LA PREMIÈRE PARTIE. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. NOTIONS PRÉLIMINAIRES. $ 1. L'objet de ces leçons est de faire connaître les pointsles Sujet de ce plus intéressans de l’histoire des animaux, de signaler ceux qui livre. sont utiles ou nuisibles à l’homme, et de montrer l’influence que certains d’entre eux exercent sur l’industrie et les richesses générales. Pour atteindre ce but, il me faudra d’abord exposer les phé- nomènes principaux qui caractérisent leur mode d'existence, et décrire leur forme et leur structure; indiquer les moyens employés par les naturalistes pour distinguer entre eux et re- connaitre avec certitude tous ces êtres dont le nombre est si grand , que l’imagination en est presque effrayée; montrer com- ment ils vivent, comment ils sont distribués sur les diverses parties de la surface du globe, comment ils contribuent au bien- être de l’homme , et comment ils nuisent à son industrie ; parler enfin des richesses dont ils sont la source, et des moyens aux- quels nous avons recours pour nous les procurer ou pour tirer parti des produits qu’ils nous fournissent , et les approprier à nos besoins. En d’autres mots, ces leçons seront consacrées à l’enseigne- ment de Panatomie et de la physiologie comparées, à celui des 1 Caractercs anatomiques et physiologi- ques. 2 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. classifications zoologiques, et à celui de l’histoire naturelle et économique des animaux. Le simple énoncé du sujet que je me propose de traiter me semble devoir suffire pour en faire apprécier l'intérêt et lim- portance. En effet, quel est l’homme dont la curiosité n’a pas été mille fois excitée par la vue des animaux singuliers qui peuplent tout ce qui nous entoure, et qui présentent à chaque instant de leur vie des phénomènes si remarquables et souvent si incompréhensibles ? Comment, en réfléchissant à ces phéno- mènes et aux actes que nous exécutons nous-mêmes, ne pas éprouver le desir de scruter l’intérieur de ces machines com- pliquées, de connaïtre par quels agens, par quel mécanisme nous exécutons des mouvemens; d'examiner comment tous les êtres organisés, assimilent à leur propre substance, les sub- siances étrangères dont ils se nourrissent; et de chercher quels sont les usages des organes divers dont notre corps se compose. Enfin, tout homme éclairé doit comprendre aussi que Phistoire des animaux qui produisent les perles, la soie et la laine, qui nous fournissent nos alimens journaliers, ou qui nous prêtent leurs forces, ne peut être d’une médiocre importance; et per- sonne ne peut rester indifférent à la connaissance d’une foule d’autres animaux, qui, s'ils nous sont moins utiles, n’en sont pas moins intéressans par le merveilleux instinet dont la nature les a doués. Il est donc inutile de s’arrèter ici pour prouver que l'étude de la zoologie est un élément nécessaire de l'éducation, ou pour rappeler par des exemples l'intérêt que présente cette branche des connaissances humaines; et je me hâterai d'arriver à des considérations plus propres à fixer notre attention. Caractères genéraux des élres vivans. $ 2. Lorsqu'on Jette les yeux sur la foule immense d'animaux qui peuplent la surface du globe, on n’est frappé, au premier abord, que des différences énormes et sans nombre qu’ils pré- sentent entre eux; un homme, un poisson, une araignée et une huitre, par exemple, n'auront, pour un observateur superficiel, rien de commun. Mais, lorsqu'on examine avec soin ces êtres divers, on ne tarde pas à se convaincre que, malgré ces diffé- rences , il est un certain nombre de caractères qui ne manquent chez aucun d’entre eux, et qui se reproduisent sans exception chez tous les autres animaux. Ces caractères sont de deux ordres : les uns nous sont fournis par la disposition matérielle du corps, NOTIONS PRÉLIMINAIRES. a el sont, par conséquent, du domaine de PANATOMIE (1); les autres consistent dans les phénomènes que présentent ces mêmes corps pendant la durée de la vie, et ils appartiennent à la PHysto- LOGIE (2), science qui traite des actes et des propriétés des êtres vivans. $ 3. Ce qui distingue éminemment les animaux et les végé- taux de tous les autres corps de la nature, c’est la VIE, mouve- ment intérieur , dont la cause est inconnue, mais dont les effets sont faciles à apercevoir. $ 4. Tous les êtres vivans, et eux sealement, ont la faculté de durer pendant un temps et sous une forme déterminés, en attirant sans cesse dans leur composition , en s’appropriant une partie des substances environnantes, et en rendant au monde extérieur des portions de leur propre substance; en d’autres mots, ces êtres ont LA FACULTÉ DE SE NOURRIR, el lorsque l’espèce de tourbillon qui détermine le renouvellement des matériaux dont leur corps est composé, s'arrête sans relour, ce corps meurt, et ne tarde pas à se détruire complètement : or, ce mou- vement à toujours une durée limitée et la MORT est partout une suite nécessaire de la vie. Pour les corps bruts, tels que les pierres et les minéraux, il en est tout autrement. Une fois formés, ils existent, tant qu’une force étrangère ne vient pas les détruire, et pendant ce temps dont la durée n’a pas de limites nécessaires, ils ne sont pas le siège d’un mouvement de nutrition. Si leur volume augmente, c’est par simple juxta-position d’un autre corps semblable à eux, et s'ils perdent une partie de leur propre substance, c’est par l’action d’une force agissant en dehors d’eux et complètement indépendant de la cause de leur existence. Le mouvement continuel de composition et de décomposition qui constitue le travail nutritif dont les êtres vivans sont le siège, échappe lui-même à nos sens; mais existence nous en est révélée par des faits nombreux et faciles à constater. Le besoin que les animaux éprouvent sans cesse d'introduire dans l’intérieur de leur corps des substances étrangères qui leur servent d’alimens, suffit déjà pour faire présumer que ces êtres (x) L’anatomie est la branche des sciences naturelles qui traite de la forme, de la position, de la structure et des qualités des organes dont se composent les corps des êtres vivans. Ce nom est dérivé du mot grec dvaTouix dont les racines (4v& dedans et Tévetv couyer) indiquent la manière dont doivent être faites les études anatomiques. (2) D’après son étymologie (ddote, nature, et ATYCS, discours), le mot physio- loge devrait signifier discours sur la nature ou science de la nature, mais on ne l'emploie que dans l’acception indiquée ci-dessus. Vie. Faculté de se nourrir. Preuves de l'existence du mouvement nutritif, Martet re- production. + ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. doivent incorporer continuellement à leurs orgänes des matières puisées au-dehors, et c’est seulement par cette faculté que peut s’expliquer l'accroissement de volume si remarquable chez tous ces êtres pendant les premiers temps de leur existence. Un enfant en venant au monde ne pèse qu'environ six livres, et vingt-cinq ans après, lorsqu'il est parvenu à l’âge adulte, son poids dépasse cent livres; il est donc évident qu’à cette époque de sa vie, il a déjà puisé, dans des substances qui luiétaient d’abord étrangères, la majeure partie des matériaux dontses organes se composent D'un autre côté, l’amaigrissement extrême qui survient à la suite de certaines maladies, prouve assez que le corps vivant peut abandonner une portion de la matière dont il était formé, et rendre au monde extérieur une partie de sa propre sub- stance. Les expériences de Sanctorius qui, pour étudier le phéno- mène de la transpiration, passa une grande partie de sa vie dans une balance, montrent aussi que le corps humain éprouve sans cesse des pertes de poids assez considérables, pertes que les alimens sont destinés à réparer. Mais, du reste, voici une observation qui ne peut laisser aucun doute sur l’existence du mouvement nutritif, même dans les parties les plus dures et les plus profondes du corps. Un chi- rurgien anglais, Belchier, ayant mangé par hasard d’un cochon quiavait été élevé chez an teinturier, remarqua queles os de cet animal étaient rouges, etattribuantcette particularité à ce qu'on Vavait nourri avec des alimens colorés de la même manière, il conçut la possibilité de se servir d’un moyen analogue pour rendre visibles les effets du travail nutritif, et il entreprit des expériences qui, répétées ensuite par un grand nombre de sa- vans, furent couronnées d’un plein succès. En nourrissant des animaux avec de la garance, pendant un certain temps, on trouva toujours que les os élaient teints en rouge par le dépôt de cette matière colorante dans l'épaisseur de leur substance; et, lorsque après avoir nourri ainsi un animal on suspendit l'usage de la garance, on trouva, qu'après un temps déterminé, la ma- tière rouge, qui avait dù se déposer dans la substance de ces organes, ne s'y trouvait plus et en avait été nécessairement rejetée. Or, ces faits ne peuvent s'expliquer que par le mouve- ment continuel de composition ou de décamposition auquel on donne le nom de nutrition. Nous avons vu plus haut qu'après une certaine durée le mou- vement nutritif s'arrête toujours, et que tous les êtres vivans, après avoir existé pendant un temps dont la limite extrême est fixée pour chacun d'eux, doivent nécessairement périr; mais cette destruction des individus n’entraine pas la disparition de NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 5 l'espèce, car un autre caractère commun à tous ces êtres est la faculté de donner naissance à des êtres semblables à eux. $5. L'origine des corps organisés diffère complètement de celle des corps bruts Ces derniers ont existé depuis la création du monde, ou bien se forment par la combinaison d’autres corps qui ne leur ressemblent en rien. Les corps vivans, au contraire, proviennent toujours d’un être semblable à eux, d’un parent à qui ils tiennent d'abord et dont ils se séparent lorsque leur développement est assez avancé pour qu'ils puissent vivre par eux-mêmes. 66. Les êtres vivans ont tous une structure commune. Leur corps est toujours formé par une réunion. de parties dissem- blables entre elles, et dont les unes sont solides, les autres li- quides. C’est un tissu spongieux composé de lames ou de fibres solides et très extensibles qui laissent entre elles des interstices remplis de fluides; et ce mode de structure, qui a reçu le nom d'ORGANISATION, est une des conditions essentielles de leur existence. En effet, pour assurer à ces corps une forme quelconque, il leur fallait évidemment des parties solides; et, pour y entretenir le mouvement nutritif, pour faire pénétrer dans leur tissu in- time les substances étrangères destinées à y être incorporées, el pour entrainer au-dehors les particules qui devaient cesser d'y appartenir, il fallait aussi des parties fluides. Celles-ci de- vaient pouvoir pénétrer partout où il y avait vie à entretenir dans lPépaisseur des solides comme à leur surface, et par con- séquent ces parties solides devaient nécessairement avoir une texture spongieuse et aréolaire. Il est donc impossible de con- cevoir l'existence d’un mouvement semblable au travail nutritif, sans un mode de structure tel que celui dont nous venons de parler , et observation apprend que cette organisation se re- trouve dans tous les êtres vivans, dans les végétaux comme dans les animaux. Aussi donne-t-on à cesètres le nom général de corps organises, par opposition aux êtres bruts que lon appelle corps inorganiques. $ 7. Enfin, la nature chimique des matières qui constituent les corps organisés, est également caractéristique. On trouve toujours dans ces corps un certain nombre de substances qui se rencontrent aussi dans le règne inorganique, et qui n’offrent ici rien de particulier ; Peau est dans ce cas; mais les produits, qui forment la base essentielle de toutes les parties solides des corps vivans, appartiennent en propre au règne organique, el présentent des propriétés fort remarquables. Le nombre de ces substances est très considérable et elles diffèrent beaucoup entre elles; mais cependant elles sont, pour la plupart, formées des Structure des êtres vi- vas, Composition chimiques des êtres vivans. Résumé de ces caractères. Composition chimique du corps des ani- maux, 6 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. mêmes élémens réunis en proportions diverses. En général, ce sont des composés de carbone, d'hydrogène et d’oxigène, ou bien des substances résultant de l'union de ces trois élémens avec un quatrième principe nommé azole. (1) $ 8. Nous voyons donc qu’il existe dans la nature deux classes de corps : les corps organisés ou vivans et les corps bruts ou inorganiques; el en résumant Ce que nous venons de dire sur leurs propriétés, on trouvera que les caractères généraux des premiers, les seuls dont nous ayons à nous occuper ici, consis- tent dans leur mode de structure et leur composition chimique, duns la faculte dont ils jouissent de se nourrèr ct de se reproduire, dans leur origine et dans la duree limitee de leur existence. Caractères generaux des animaux. $ 9. Si maintenant nous restreignons davantage le champ de nos observations pour nous borner à l’étude des animaux , nous verrons que ces êtres ont aussi d’autres caractères qui leur sont communs , mais qui ne se rencontrent pas chez les corps organi- sés appartenant au règne végétal. Et d’abord, la composition chimique des animaux et des végétaux n’est pas la même; les substances qui constituent les plantes ne renferment en général que peu ou point d'azote, et ces corps ont pour base le carbone. (1) Les chimistes appellent élémens ou corps simples les substances dont on ne peut extraire que des particules de même nature : le fer, l'or et le soufre, par exemple. On en connaît aujourd’hui cinquante-quatre , et en se combinant entre eux de diverses manières, ils forment tous les autres corps de la nature. Le carbone pur et cristallisé constitue le diamant, tandis que non cristallisé et mélé à quelques sels, 1l constitue le charbon ordinaire; aussi, pour se convaincre de l'existence de ce principe élémentaire dans tous les corps organisés , suffit-1l de se rappeler que, lorsqu'on les chauffe fortement à l’abri du contact de l’air, de facon à les décomposer, ils laissent pour résidu du charbon. L’hydrogène, ainsi nommé parce qu’il entre dans la composition de l’eau, se présente , lorsqu'il est isolé, sous la forme d’un gaz ou fluide aériforme d’une légèreté extrême; com- birné avec le carbone, il ferme le gaz employé pour Péclairage et chtenu en distillant du charbon de terre, de Phenle , ete. L’oxipène est aussi un gaz; il forme environ la cinquième partie de la masse de l'atmosphère, et produit par sa combinaison avec un grand nombre de corps le phénomène de la combustion; uni à l'hydrogène, il forme l’eau, et uni au carbone le gaz acide carbonique qui se trouve en grande quantité dans les vins mousseux, la bierre, ete., et se dégage du charbon qui brûle, On l'appelle oxigène (qui veut dire générateur des acides), parce qu'il entre dans la composition de la plupart des acides. Enfin, l'azote est un gaz qui mêlé à l’oxigèene constitue l'air atmosphérique. NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 7 Dans les.animaux, au contraire, c’est l'azote qui joue l’un des principaux rôles. (1) $ 10. Chez ces derniers êtres, la vie se montre aussi sous une forme plus compliquée que chez les végétaux. A la faculté de se nourrir el de se reproduire, vient s’adjoindre celle d'exécuter, sous l'influence d’une volonté intérieure, des mouvemens qui tendent à un but déterminé, et celle de sentir ou de recevoir des impressions el d’en avoir la conscience. De là est venu le nom d’étres animes que l’on donne aux animaux, par opposition aux végétaux, que l’on nomme étres inanimes. (2) 6 11. S'il fallait définir d’une manière concise ce que l’on en- tend par le mot animal où pourrait dire qu'il s'applique à tout corps doué de La fucuite de se nourrir, de sentir et d’executer des mouvemens spontanes. Des fonctions des animaux et de leurs organes. $ 12. Les phénomènes divers par lesquels la vie se manifeste sont toujours le résultat de l’action d’une partie quelconque du corps vivant, et ces parties, que l’on peut regarder comme au- ant d'instrumens , portent le nom d’ORGANES. Ainsi un animal ne peut exécuter des mouvemens que par l'action de certains organes appelés muscles et ne peut avoir la connaissance de ce qui l’entoure que par l'intermédiaire des oryanes des sens. Lorsque plusieurs organes concourent à produire un phéno- mène ,-on désigne cet assemblage d’instrumens sous le nom d'appareil, et Von appelle foncton l'action d’un de ces organes isolés ou de l’un de ces appareils. On dit, par exemple appareil de La locomotion pour désigner l’ensemble des organes qui servent (x) Cette différence dans la composition des substances végétales ét animales est facile à constater. Lorsqu'on brûle ces dernières , l'azote qu’elles renferment se combine avec une certaine quautité d'hydrogène, et forme de l’ammoniaque qui se dégage en répandant une odeur piquante particulière. Les substances qui ne contiennent pas d'azote n’ont pas en brülant la même odeur. (2) Presque tous les animaux différent aussi des plantes par plusieurs autres caractères très saillans, tels que leur mode d’organisation, la manière dont ils se nourrissent et respirent, etc.; mais lorsque, dans l’un et l’autre règne , on descend aux êtres les plus simples, on voit la plupart des dissermblances s’effacer peu-a-peu, de facon que la limite entre ces deux grandes divisions de la nature vivante devient quelquefois assez difficile à reconnaitre. Les éponges, par exemple, appartiennent au règne animal, mais manquent de presque tons les . caractères de l’animalité, et, sous certains rapports, offrent beaucoup &’analogie avec certains végétaux. Facultés de sentir et de se mouvoir, Résumé. Organes des animaux, Classifica - tion des fonc- tions des ani- maux. Diversité dans la struc- ture et les fonctions des Animaux. C'est par la division du travail physio- logique que la nature rend les facultés plus parfaites. 8 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. à transporter l'animal d’une place à un autre, et fonction de la locomotion pour désigner l’action de toutes ces parties. $ 13. Les fonctions des animaux se rapportent à deux objets : la conservation de l'individu et la conservation de sa race; mais parmi les premières, il est une distinction importante à établir; les unes servent à assurer l'entretien et l'accroissement du corps; les autres, à mettre l'animal en relation avec les êtres qui lenvi- ronnent. Il en résuite que les fonctions ou actes de ces êtres peuvent se diviser en trois grandes classes, savoir: les fonctions de nutri- tion, les fonctions de relation ei les fonctions de reproduction. Les fonctions de ütrilion et de reproduction, ainsi quenous l’avons déjà vu, sont communes aux plantes et aux animaux, aussi leur donne-t-on le nom collectif de fonctions de la vie vegetative, mais les fonctions de relation n'existent que chez ces derniers et constituent ce que les physiologistes appellent la vie animale. $ 14. La manière dont les fonctions des animaux s’exécutent varie extrêmement. Dans les uns ces actes sont peu nombreux, et la vie ne se manifeste que par un petit nombre de facultés ; chez d’autres, au contraire , on observe les phénomènes les plus variés, et il existe une multitude de facultés dont les premiers ne sont pas doués. Or, chacun de ces phénomènes, comme nous Pavons déjà vu, est le résultat de l’action d’une partie quelcon- que du corps, et lobservation aussi bien que le raisonnement prouvent que le mode d'action d’un organe ou instrument dé. pend toujours de sa nature intime, de sa structure et de ses au- tres propriétés. Il s'ensuit que l’organisation des différens ani - maux doit offrir aussi peu d’uniformité que le mode suivant le- quel ces êtres remplissent les trois ordres de fonctions dont nous venons de parler. Dans les animaux dont les facultés sont les plus bornés et dont la vie est la plus simple, le corps présente partout la même struc- ture. Les parties qui le composent sont toutes semblables entre: elles; et, identité d'organisation entrainant un mode d'action analogue, l’intérieur de ces êtres peut se comparer à un atelier où tous les ouvriers seraient employés à l'exécution de travaux semblables, et où, par conséquent, leur nombre influerait sur la quantité, mais non sur la nature des produits. Chacune des parles du corps remplit les mêmes fonctions que les parties voi- sines, et la vie générale de l’individu ne se compose que des phé- nomènes qui caractérisent la vie de l’une ou l’autre de ces parties. Mais à mesure que l’on s'élève dans la série des êtres, que lon se rapproche de l'homme, on voit l’organisation se compliquer davantage; le corps de chaque animal se compose de parties de plus en plus dissemblables entre elles, tant par leur forme et NOTIONS PRÉLIMINAIRES, 9 leur structure que par leurs fonctions; et la vie de l'individu ré- sulte du concours d’un nombre de plus en plus considérable d’instrumens doués de facultés différentes. C’est d'abord le même organe qui sent, qui se meut, qui absorbe du dehors les sub- lances nutritives et qui assure la conservation de espèce; mais peu-à-peu les diverses fonctions se localisent , elles acquièrent chacune des instrumens qui leur sont propres et les divers actes dont elles se composent s’exécutent à leur tour dans des organes distinets. Ainsi, plus la vie d’un animal se compose de phéno- mènes variés , et plus ses facultés sont exquises; plus aussi la division du travail est portée à un haut degré dans l'intérieur de son corps, et plus la structure de ce corps est compliquée. Le principe qui semble avoir été adopté par la nature dans le perfectionnement des étresest, comme on le voit, précisément l’un de ceux qui ont eu le plus d'influence sur les progrès de Pin- dustrie humaine: La division du travail. Il est une autre conséquence de cette loi, qui mérite aussi de fixer l'attention , et qui se présente nécessairement à l’espril pour peu que l’on médite sur les faits dont nous venons de parler. Nous avons vu que plus un animal était élevé dans la série des êtres , plus les instrumens destinés à produire l’ensemble des phénomènes vitaux sont variés, et plus aussi les fonctions de chacun de ces organes sont spéciales et limitées. Il en résulte que la destruction d’une partie quelconque du corps doit pro- duire dans l’économie un trouble d'autant plus grand que Pani- mal est doué de facultés plus parfaites, et que ces êtres doivent résister d'autant mieux aux mutilations que la structure de leur corps est moins compliquée. Or, cette observation conduit à l'explication de plusieurs faits qui, au premier abord, paraissent incompréhensibles, et trouve précisément sa confirmation dans certains phénomènes telle- ment extraordinaires qu’on les aurait rejetés comme des fables, s'ils navaient été constatés par des hommes dont le témoignage est irrécusable. Ainsi, il existe des animaux dont on peut diviser le corps en une multitude de morceaux, sans y arrêter le mouvement vital; au contraire, chaque fragment prend par cette excitation un développement insolite, et constitue bientôt un nouvel animal, semblable par sa forme à celui dont il provient, tout aussi par- fait dans son espèce, exerçant les mêmes fonctions et vivant de la même manière. Conséqueu- ces dece prin- cipe. + 10 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Les êtres singuliers que les naturalistes désignent sous les noms de Polypes d'eau douce où d'Hydres, el que l’on trouve souvent sous des lentilles d'eau, offrent ce phénomène bizarre; en les mutilant de la sorte, loin de les tuer, on les multi- plie. Tremblay, naturaliste ge- nevois du siècle dernier, à qui l’on doit la connaissance de ces faits curieux , a ouvert un de ces pelits animaux; puis il Pa étendu et coupé en tous sens ; il l’a, pour ainsi dire, haché, et, malgré cet état de division ex- trême , chacun des fragmens loin de mourir est devenu bientôt un animal complet. Pour comprendre ce phénomène , en apparence si contradic- toire à tout ce que nous montrent les animaux supérieurs, il faut, avant tout, examiner le mode d'organisation des polvpes dont nous venons de parler. Ces animaux sont trop petils pour être bien étudiés à l'œil nu; mais, lorsqu'on les observe au mi- croscope, on voit que la substance de leur corps est partoul identique: c’est une masse gélatineuse, renfermant des globules d’une petitesse extrême, el dans laquelle on n’aperçoit aucun organe distinct. Or, comme nous l'avons déjà fait remarquer, l'identité dans l’organisation suppose nécessairement l'identité dans le mode d'action, dans les facultés Il s'ensuit que toutes les parties du corps de ces polypes , ayant la même structure, doivent remplir les mêmes fonctions : chacune d’elles doit concourir de la mème manière que Loutes les autres, à la production des phénomènes dont l’ensemble constitue la vie, et la perte de l’une ou de plu- sieurs de ces parties ne doit entrainer la cessation d’aucun de ces actes. Mais, si cela est vrai, si chaque portion du corps de ces animaux peul sentir, se mouvoir,se nourrir et reproduire un (1) Dans la figure 1, on a représenté plusieurs Lydres fixées à des lentilles d’eau (a) : ces animaux comme nous ie verrons par la suite, ne consistent qu'en un petit tube gélatineux, ouvert par l’une de ses extrémités, et garni d’un cercle de filamens appelée tentacules, à l’aide desquels ils introduisent les alimens dans leur cavité digestive. L'an de ces polypes (b) porte sur les côtés de son corps deux petits qui en naissent et qui ne tarderont pas à s'en détacher. - NOTIONS PRÉLIMINAIRES,. 11 nouvel être, on ne voit pas de raison pour que chacune d'elles, après avoir été séparée du reste, ne puisse, si elle est placée dans des circonstances favorables, continuer d'agir comme au- paravant , et pour que chacun de ces fragmens de l'animal ne. puisse non-seulement continuer à remplir les fonctions néces- saires à l'entretien de sa vie, mais aussi reproduire un nouvel individu et perpétuer sa race, phénomènes dont l'expérience de Tremblay nous rend témoin. Appliquons maintenant ce même principe à des êtres dont la structure est moins uniforme, et dont les divers actes ont déjà des instrumens appropriés à chacun d’eux. Prenons pour exem- ple le Zombric terrestre Où ver de terre. Chez cet animal cylindrique et eflilé, la localisation des fonc- tions est déjà portée assez loin; la nutrition se compose d’une série d'actes exécutés par des instrumens différens ; la digestion s'effectue dans une cavité dont les parois ont des propriétés par- ticulières; il existe aussi un système de canaux servant à conduire les matières nutritives dans toutes les parties du corps, et un appareil qui est devenu le siège principal de la faculté de perce- voir les impressions et de déterminer les mouvemens; enfin on trouve des instrumens destinés uniquement à la locomotion Aussi ne peut-on concevoir la possibilité de diviser en tous sens le corps de ces vers comme on l’a fait pour les polypes, sans que la mort ne s’ensuive. Mais lorsqu'on examine la disposition de ces divers appareils qui concourent chacun d’une manière diffé- rente à l'entretien de la vie, on voit qu'ils s'étendent tous unifor- mément d’uneextrémité du corps à l’autre, etquechaquesegment transversal de animal ne diffère que peu ou point de tous les autres; il en est la répétition et représente, jusqu’à un certain point, l'animal entier, car il renferme tous les organes,dont le jeu est nécessaire au mouvement vital. On comprend donc sans peine la possibilité de détacher un certain nombre de ces segmens du reste du corps sans faire perdre ainsi à l’un ou à l’autre tron- con aucune des propriétés vitales dont jouissait l'individu entier, et c’est en effet ce qui a lieu. Si l’on coupe transversalement un ver de terre en deux, trois, dix, vingt morceaux, chacun des fragmens ‘peut continuer de vivre à la manière du tout, et constituer un nouvel individu. Mais si l’on s'élève encore davantage dans la série des êtres animés, on voit la division du travail physiologique augmenter de plus en plus; les diverses fonctions deviennent lapanage d'autant d'appareils particuliers; chacun des actes qui s'y rat- tachent est exécuté par un instrument spécial, et ces divers ap- pareils au lieu d’être distribués uniformément dans toute la longueur du corps, se logent dans des parties différentes; en Marche à suivre dans ces études. Composi- tion anatomi- que des orga- nes. Tissu culaire. Tissu VCUX. D mus- ner- m2 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. sorte que la perte de chaque portion du corps prive Panimal de quelque faculté, et produit dans l’économie une perturbation d'autant plus grande que cette faculté est plus importante pour d'entretien de la vie. $ 15. En étudiant les diverses fonctions des animaux, j'aurai à signaler la manière dont chacune d’elles se complique et se perfectionne par suite de cette division du travail; mais je ne m'arrèlerai qu'aux faits les plus importans , et je m’étendrai de préférence sur l'examen des phénomènes de la vie , chez les êtres qui, sous ce rapport, occupent le sommet de la série animale. En effet, c’est lorsque chacun de ces phénomènes résulte de l’action d’un instrumeut particulier que les divers actes dont la fonction se compose sont les plus faciles à observer, et que les effets de la vie peuvent être les mieux analysés ; ce sont aussi les animaux les plus compliqués qui sont le mieux connus des anatomistes et des physiologistes, et ce sont eux aussi qui nous offrent le plus d'intérêt. Tissus organiques. $ 16. Le corps de la plupart des animaux renferme un nombre considérable d'organes différens ; mais lorsqu'on examine com- paralivement la structure de ces diverses parties, on ne larde pas à se convaincre que les matériaux dont elles se composent sont bien moins variés qu'on ne l'aurait d’abord supposé. Ce sont, en effet, les mêmes tissus diversement combinés et affec- tant des formes particulières qui constituent la plupart de nos organes. Les principaux tissus organiques sont au nombre de trois, sa- voir : les Lissus musculaire, nerveux et cellulaire. $ 17. Le tissu musculaire constitue ce que lon nomme vulgai- rement la cAwir des animaux; il est l'agent producteur de tous leurs mouvemens, el consiste toujours en fibres susceptibles de se raccourir. Quelquefois ces fibres sont, pour ainsi dire, dissé- minées dans la substance de nos organes, d’autres fois elles sont rassemblées en masses et forment des muscles; mais quelle que soit leur disposition, on les distingue toujours par leur fa- culté contractile, et dans le corps de l’homme, de même que chez la plupart des animaux , On les rencontre partout où il y a des mouvemens à exécuter. 18. Le tissu nerveux est une matière molle et ordinairement blanchâtre, qui constitue le cerveau et les nerfs, et qui est le siège de la faculté de sentir; en draitant des fonctions de rela- NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 13 tion nous aurons l’occasion d’en étudier les propriétés et les usages. 6 19. Enfin, le tèssu cellulaire, que l’on nomme ainsi à cause de sa texture aréolaire et spongieuse , est, de tous les matériaux constitutifs de nos organes, le plus universellement répandu. Dans les animaux les plus simples, il parait former la presque totalité du corps; et dans ceux qui ont, ainsi que l’homme, la structure la plus compliquée, ce tissu existe en couche plus ou moins épaisse entre tous les organes; il remplit les interstices que ces parties laissent entre elles, et se rencontre aussi dans l'épaisseur de leur substance, où il sert à réunir les diverses portions dont elles se composent, comme à leur surface il sert à unir les divers appareils de l’économie; il est, en quelque sorte la gangue de tous les organes, et en se modifiant de diverses ma- nières , il donne naissance aux membranes et à une foule d’au- tres tissus : enfin, c’est toujours dans son épaisseur que se dé- pose la graisse. Ce tissu est une substance blanchâtre, demi transparente et très élastique , qui se compose de filamens et de petites lamelles plus ou moins consistans et réunis irrégulièrement, de façon à laisser entre eux des lacunes ou cellules de grandeurs varia- bles. Ces cellules n’ont que des parois incomplètes et ne sont séparées les unes des autres que par une espèce de feutrage spongieux ; aussi communiquent-elles toutes ensemble et li- vrent-elles un passage facile aux fluides qui tendent à les tra- verser ; enfin, elles sont toujours imbibées d'un liquide aqueux chargé de particules albumineuses et connu sous le nom de se- rosile. La communication des lacunes du tissu cellulaire entre elles est facile à démontrer: si l’on fait un trou à la peau d’un animal qu’on vient de tuer, et que l’on insuffle de lair dans le tissu cel- lulaire, ce fluide pénètre dans toutes les parties du corps et les distend. C’est ce que les bouchers font tous les jours pour don- ner à leur viande une plus belle apparence, et C’est aussi ce qui a été pratiqué par quelques bateleurs pour déformer, de la ma- nière la plus hideuse, le corps de quelques nralheureux enfans, et exciter ainsi la Curiosité ou la commisération du public. En voici un exemple. Un chirurgien célèbre du seizièmesièele, Fabrice-de Hilden , nous rapporte qu’en 1593 on montrait, à Paris, un enfant de quinze à dix-huit mois, dont la tête était monstrueuse; les parens de ce petit infor tuné le promenaient de ville en ville comme un objet de curiosité, et attiraient un grand nombre de spectateurs ; mais un magistrat ayant soupçonné quelque fraude, les fit arrêter et mettre à la question: ils avouè- rent alors avoir fait, sur le sommet de la tête de leur enfant, un Tissu cellu- laire, Tissu reux, OSsCUX, etc, , Se=S 14 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. trou à la peau, et y avoir soufflé de Pair à l’aide d’une canule. Chaque jour ils renouvelaient celte opération, et ils étaient en- fin parvenus à donner à la tête de l'enfant un volume prodi- gieux. De nos jours on a vu cette pratique barbare renouveiée par un bateleur de Brest. $ 20. Les autres tissus organiques qui concourent avec les pré- cédens à former les diverses parties du corps sont les membra- nes séreuses et muqueuses, les diverses variétés de Lissus fibreux {tendons, aponévroses , elc.), les cartilages, les os, etc. ; mais suivant toute apparence ce ne sont que des modifications du tissu cellulaire. En effet nous les voyons se développer souvent d’une manière accidentelle aux dépens de ce tissu; et dans la plu- part de ces cas on connaît la cause de leur formation : ainsi toutes les fois que le tissu cellulaire est soumis à une pression et à un frottement continuel, il se transforme en une membrane séreuse; lorsqu'il est en contact pendant un certain temps avec un liquide qui l’irrite, il revêt tous les caractères des membra- nes muqueuses ; sous l’influence du tiraillement et d’une irrita- tion mécanique il donne naissance à des membranes fibreuses : et il est à remarquer que toutes ces membranes n’existent d’une manière normale dans l’économie que précisément là où agis- sent les causes propres à déterminer ailleurs leur formation. Quant à l'étude plus approfondie de ces tissus, elle trouvera na- turellement sa place dans la suite de ces leçons. DES FONCTIONS DE NUTRITION. Énuméra. Ÿ 21. On ne sait rien de précis sur la manière dont s'opère la tion des phé- nomènes nutrition. de nutrition, et il est même probable que, pendant long-temps en- core, le mécanisme de ce mouvement inteslin dont nous avons démontré ci-dessus l'existence (1;, demeurera un mystère pour les physiologistes ; mais si on n’a pu observer directement le travail par lequel les matériaux constitutifs des organes se re- nouvellent sans cesse, on a été plus heureux dans l’investigation (1) Voyez page 3. FONCTIONS DE NUTRITION. 15 des divers actes qui préparent ou qui accompagnent ce phéno- mène curieux. On sait quel est l’agent principal de la nutrition, et comment il se distribue aux différentes parties du corps; on a étudié avec succès la manière dont cet agent, qui est le sang, peut transporter , dans tous les organes, les matières qui n’y étaient pas d’abord mêlées, mais qui se trouvaient déposées dans un point déterminé du corps, ou même simplement en contact avec certaines parties ; on a trouvé aussi qu’en lraversant les organes, le sang se dépouille d’une portion de ses pañlies consti- tuantes, donne naissance à de nouveaux liquides, et change lui- même de nature au point de ne plus être apte à remplir ses fonc- lions, Jusqu'à ce qu’il ait été en quelque sorte régénéré par l’ac- lion de l'air ; enfin, on a vu que le liquide nourricier , en assu- rant ainsi l’entretien des organes , s’'épuise et a besoin de se renouveler lui-même aux dépens des matières étrangères con- venablement préparées dans des organes destinés spécialement à cet usage. Ce sont ces divers phénomènes de la vie végétalive ou organique qui constituent les fonctions de la circulation, de l'absorption , de l’exhalation, de la respiration, de la digestion, et des sécré- lions , actes dont l'étude va maintenant nous occuper. DU LIQUIDE NOURRICIER OÙ SANG. $ 22. Nous avons vu que le travail nutritif ne peut avoir lieu que par Pintermédiaire des parties fluides, et qu’en effet il n’est pas de corps organisé qui ne renferme des liquides aussi bien que des solides. Ces liquides sont de l’eau tenant en dissolution ou en suspen- sion diverses substances dont nous parlerons plus tard, et c’est à l'existence d’une certaine quantité d’eau, dans l'épaisseur même des parties solides du corps que les animaux doivent, en majeure partie, leurs formes arrondies, et que les organes dont ces êtres sont pourvus doiventla souplesse et les autres qualités nécessai- res à l’exercice de leurs fonctions. Ainsi, par le dessèchement, un tendon diminue de volume, perd sa souplesse , sa blancheur et son éclat satiné, et devient dur, rigide, demi transparent et bru- nâtre ; mais en le plongeant alors dans de l’eau, on le voit absor- ber rapidement ce liquide, et reprendre, à mesure que cette ab- sorption s'opère, les propriétés qu'il avait perdues. D'après cela, il est facile de prévoir que le dessèchement d’un Nécessité des liquides, Influence . du desseche- ment. Proportion des liquides, 16 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. corps organisé, porté jusqu’à un certain degré, doit toujours y interrompre le mouvement vital et y produire la mort. Et effec- tivement , c’est ce que l’on observe toujours ; mais pour montrer d’une manière encore plus évidente l'importance du rôle que les liquides remplissent dans l’économie animale , je dois faire con- naître ici les résultats curieux obtenus par Spallanzani, Buffon, Bauer et quelques autres naturalistes dans leurs expériences sur le dessèchement de certains animalcules microscopiques ; lors- que l’eau dont leur corps est imbibé, s’est en grande partie éva- porée, plusieurs de ces êtres, dont la petitesse est extrême, per- dent le mouvement et cessent de donner aucun signe de vie; mais ne périssent pas de suite : on peut les conserver dans cet état de mort apparente pendant très long-temps, et pour les rappeler complètement à la vie, il suffit de leur rendre un peu d’eau ; c’est ce qui a lieu pour les vébrions du ble, animalcules qui ressemblent à de petites anguilles, ou plutôt à des petits bouts de fil, et qui vivent dans les grains de blé rachitique. (1) Si on les place dans une goutte d’eau , et qu’on les observe au microscope , on les voit d’abord nager avec vivacité, mais lors- que le liquide s’évapore , ils demeurent immobiles et laissent suinter de leur corps une espèce de vernis qui les recouvre et empêche leur dessèchement ultérieur ; ils se déforment alors complètement , et dans cet état ils. ne ressemblent en rien à des êtres vivans ; cependant en les plongeant dans Peau ils repren- nent bientôt leurs formes , et reviennent complètement à la vie, même après avoir élé dans cet état de mort apparente pendant plusieurs mois. Des phénomènes analogues ont été observés sur d’autres ani- malcules microscopiques que les naturalistes appellent des rotiferes et que l’on trouve dans les gouttières. Mais pour la plu- part des animaux il en est tout autrement; car pour eux une mort réelle est toujours la suite immédiate d’un dessèchement poussé jusqu’à un certain degré. Les poissons nous en offrent un exemple frappant , car lorsqu'on les retire de l’eau, ils péris- sent promptement , et souvent c’est principalement au dessèche- ment de leurs branchies que leur mort doit être attribuée. La quantité des liquides contenus dans le corps d'un animal est bien plus considérable qu’on ne serait porté à le croire au (1) Le blé est sujet à plusieurs maladies telles que le charbon, l’ergot, la rouille , le rachitisme, etc. La plupart de ces altérations dépendent du dévelop- pement d’une espèce de champignon, nommée urédo, dans la substance de la graine; mais c’est la présence des vibrions qui rend le blé rachitique, car on peut produire cette maladie à volonté, en inoculant de ces animaleules sur du SANG. 17 premier abord. Les tendons dont il à été question plus haut, contiennent environ la moitié de leur poids d’eau , et cette pro- portion est bien plus forte dans d’autres organes. Le corps d’un homme contient environ les neuf dixièmes de son poids de li- quide ; aussi en desséchant dans un four, pendant dix-sept jours, un cadavre pesant cent vingt livres, a-t-on vu son poids se ré- duire à douze livres, eta-t-on trouvé des momies qui ne pesaient plus que sept à huit livres. Du reste la proportion des liquides et des solides varie suivant les animaux et les individus; cer- tains êtres, tels que les méduses , n’offrent que la consistance d’une gelée tremblotante,et on peut dire d’une manière générale que les liquides prédominent d'autant plus sur les solides que les animaux sont plus jeunes et d’une structure plus simple. $ 23. Dans les animaux dont la structure est la plus simple, tous les liquides de l’économie sont semblables entre eux ; ils ne paraissent être que de l’eau plus ou moins chargée de par ti- cules organiques ; mais dans les êtres qui occupent un rang plus élevé dans la série zoologique, les humeurs cessent d’être tou- tes de même nature, et ilen est un qui est destiné d’une manière spéciale à subvenir aux besoins de la nutrition : ce liquide est le SANG. $ 24. Chez la plupart des animaux inférieurs le sang est loin d’avoir les caractères physiques que nous lui connaissons chez l’homme et chez les animaux qui se rapprochent le plus de nous ; blé ordinaire. Les vibrions dont il est ici questiou ont tout au plus deux à trois lignes de long etenviron un sixième de ligne en diamètre. La figure 2 montre un de ces animalcules vu au microscope, et la figure 3 , un grain de blé coupé en deux et grossi pour faire voir les vibrions qui y sont logés, et les altérations qu’ils y ont produites ; enfin la fig. 4 représente un épi deblé rachitique ; les points noirs sont les grains malades. Ce que Buffon dit des ani- malcules du blé ergoté doit s'appliquer aux vibrions du blé rachitique, car dans l’ergot il ne s’en trouve pas. 2 Nature des liquides. Du liquide nourricier ou sang. Sang blanc. Sang rouge. Globules du te saug. Forme de ces globules. 18 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. au lieu d'être rouge et épais, il ne consiste qu’en un liquide aqueux, tantôt complètement incolore, tantôt légèrement teinté en Jaune, en vert , en rose ou en lilas: aussi est-il assez diffi- cile à voir, et pendant long-temps a-t-on pensé que ces êtres en étaient complètement dépourvus et les appelait-on des animaux ecxsanques. Les ANIMAUX A SANG BLANC, Ou ayant le sang à peine teinté, sont très nombreux : tous les insectes rentrent dans cette caté- gorie, et c’est à tort que l’on regarde vulgairement les mouches comme ayant du sang rouge dans la tête ; lorsqu'on écrase un de ces animaux on voit s’'épancher , il est vrai, un liquide rou- geàtre, mais cette matière n’est pas du sang et provient unique- ment des yeux de ces petits êtres. Les araignées, les crabes, les écrevisses et tous les animaux qui se rapprochent de ces der- niers et qui sont désignés par les zoologistes, sous le nom de crustaces, n'ontaussi que du sang presque incolore ; enfin les li- macons , les moules, leshuitres, les vers intestinaux et les au- tres animaux de la classe des motlusques et de celle des 200phy- tes sont dans le mème cas. (1) $ 25. Le sang est au contraire d’un rouge intense chez tous les animaux qui par leur structure se rapprochent le plus de l'homme, tels que les mammifères, les oiseaux , les reptiles el les poissons, et même chez la plupart des vers de la classe des annélides. $ 26. En examinant au microscope le sang d'un animal ver- tébré, on voit qu'il est constamment formé de deux parties dis- tinctes : d’un liquide jaunâtre et transparent, auquel on a donné le nom de serum, et d’une foule de petits corpuscules solides, réguliers et d’une belle couleur rouge qui nagent dans le fluide dont nous venons de parler, et que lon appelle les globules du sang. $ 27. Chez les animaux de la même espèce, tous les globules du sang ont la même forme et à-peu-près la même grosseur (2); Lu (:) La couleur du sang paraît être une circonstance de peu d'importance chez les animaux invertébrés, car on la voit varier quelquefois chez des êtres qui, du reste, se ressemblent extrémement par leur structure, et par la manière dont leurs fonctions s’exécutent. Ainsi ehez presque tons les mollusques, ce li- quide est a-peu-près incolore, tandis que chez un de ces animaux, le taret, il est rougeûtre, et chez un autre, le planorbe, il est presque violet; chez la plu- part des annélides il est rouge; mais chez quelques-uns, les aphrodites, par exemple, il est incolore, et chez certaines sabelles, il est vert; enfin la classe des insectes présente des anomalies analogues. Chez es animaux vertébrés au contraire, la couleur du sang ne varie pas ; elle est toujours d’un rouge plus ou moins intense. 1 (2} Avant la naissance, les globules ont quelquefois des dimensions, ou même SANG. 19 mais lorsqu'on les compare chez des animaux d’espèces diffé- rentes, on y remarque des différences importantes à signaler. En général, ces corpuscules se ressemblent beaucoup plus chez les divers animaux d’une même classe que chez des animaux appartenant à des classes différentes; chez les premiers, leurs dimensions peuvent varier, mais ils affectent presque toujours la même forme, tandis que d’une classe à une autre, les diffé- rences de volume deviennent souvent beaucoup plus considé- rables et la forme elle-même peut changer. Fig. 5. (L fi Ainsi chez l'homme (#g. 5), et chez presquetous lesautresanimaux de la classe des mammifères(le chien, le cheval, le bœuf, par exemple), les glo- bules du sang sont circulaires (2); tandis que chez les oiseaux, les reptiles et presque tous les pois- sons (3), ils ont une forme elliptique (voy. fig. 6). Fig. 6 (4 Ces corpuscules sont toujours microsco- piques; mais c’est surtout chez les mam- mifères qu'ils sont d’une pelitesse extré- me; les plus gros que l’on ait rencontrés dans le sang des animaux de cette classe, n’ont en diamètre qu'environ la cent ving- 4 tième partie d’un millimètre (5), et quel- quefois , chez la chèvre par exemple, ils n’ont que un deux cent cinquantième de millimètre. Dans l’homme, le chien, le la- pin et quelques autres mammifères, leur diamètre est égal à environ la cent vingt- cinquième partie d’un millimètre, et chez une forme différente de celles qu'ils offrent pendant tout le reste de la vie. Ainsi le poulet dans l'œuf , a d'abord des globules circulaires, et ce n’est qu'à une période plus avancée de l’incubation que ies globules offrent tous une forme elliptique. Mais après la naissance, les globules ne varient plus. (r) Fig. 5, globules du sang de l’homme ; grossis à-peu-près quatre cents fois (en diamètre). (2) Les chameaux et les lamas font exception à cette règle, car chez ces mammifères, les globules du sang sont elliptiques. (3) Il parait que chez les lamproies , les globules sont circulaires, mais ce sont les seuls poissons connus qui fassent exception à la règle indiquée ci-dessus. (4) Fig. 6, globules elliptiques du sang des oiseaux, des reptiles et des pois- sons, — a Globules du sang de la poule, vus de face et de profil; — 2 globules du sang de la grenouille; — e globules d’un squalé (même grossissement). =. (5) Chez un singe d'Afrique nommé callitriche. 9 _. Volume de ces globules. Structure des globules. Globules 20 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. le cheval, le mouton, le bœuf, etc., ils n’ont que un cent cin- quantième de millimètre. Dans les oiseaux, les globules du sang sont plus grands que chez les mammifères; leur petit diamètre est ordinairement de un cent cinquantième de millimètre, et leur grand diamètre varie de un centième à un soixante-quinzième de millimètre. Dans la classe des reptiles, ces globules atteignent des dimen- sions beaucoup plus considérables que chez les oiseaux; ainsi dans le sang de la grenouille, elles ont environ un quarante- cinquième de millimètre sur un soixante-quinzième; dans la salamandre aquatique, un trente-cinquième sur un cinquante- sixième, et dans le protée qui est de tous les animaux connus celui chez lequel ils sont les plus grands, leur longueur est d'environ un dix-septième de millimètre : Enfin, chez les poissons ils sont intermédiaires pour la gros- seur entre les globules des oiseaux et des reptiles Fig. 7. (x) $28. Du reste, ces globules sont toujours - aplalis, et présentent une tache centrale en- tourée d’une espèce de bordure de couleur plus foncée. Leur structure intérieure est quelquelois très difficile à connaitre , mais lorsqu'on à soin de les prendre chez un ani- mal où leur volume est le plus considérable, et qu'on les examine à l’aide d’un microscope puissant, on voit qu'ils sont composés de deux parties distinc- tes, d’un noyau central et d’une enveloppe en forme de vessie. En général, cette enveloppe est déprimée et forme autour du noyau un rebord plusou moins mince, de façon que le tout offre l'aspect d’un petit disque renflé au milieu (/#g. 7); elle est de cou- leur rouge et semble être formée par une espèce de gelée facile à diviser, mais très élastique. Le noyau centrâl a la forme d’un sphéroïde et offre plus de consistance ; il n’est pas coloré, et on peut facilement le séparer de son enveloppe rouge à l’aide de l’eau pure qui dissout la matière colorante, sans attaquer la substance dont il est lui-même composé. Chez l’homme el les autres mammifères , la portion centrale des globules est, au contraire, moinssaillanteque le bord, et le noyau n’est pas bien distinct; mais suivant toute probabilité, il doit exister comme dans les autres classes d'animaux ver- tébrés. $ 29. Ces globules rouges qui donnent au sang sa couleur, ne (1) Fig. 5, globuie da sang de la greuouille; grossi environ sept cents fois, et vu de profil. Fig. 8, le même, vu de face; l'enveloppe est déchirée de manière a monfrer le novau central. SANG. 24 sont\pas les seuls qu'on y découvre à l’aide du microscope. Il existe aussi dans ce liquide, mais en beaucoup moindre quan- tité, d’autres corpuscules incolores et d’une forme sphérique; en général ils sont difficiles à apercevoir à cause de leur mélange avec les globules rouges. $ 30. Chez les animaux sans vertèbres dont le sang est blanc. ou à peine coloré, on trouve aussi des globules; mais ces corÿus- cules diffèrent beaucoup de ceux des animaux vertébrés; leur grosseur est très variable chez le même individu; leur surface offre un aspect framboisé; on n’y distingue ni noyau central, ni enveloppe extérieure, et leur forme est en général sphérique. 6 31. La chimie nous apprend que le sang se compose d’un grand nombre de substances différentes. Chez les animaux su- périeurs, on y trouve de l’eau, de Palbumine (1), de la fibrine (2), une matière colorante rouge contenant du fer, une autre ma- tière colorante jaune, de la cholestérine, une matière grasse dans la composition de laquelle il entre du phosphore et un grand nombre de sels, tels que de l’hydrochlorate de soude ou sel marin, de l’hydrochlorate de potasse, de l’hydrochlorate d’ammoniaque, du sulfate de potasse, du carbonate de soude, du carbonate de chaux, du carbonate de magnésie, des phos- phates de soude, de chaux et de magnésie, des lactates de soude, des sels alcalins formés par des acides gras; enfin, on y recon- nait aussi la présence du fer, de lacide carbonique libre, du gaz azote et du gaz oxigène. Mais cette complication, toute grande qu’elle peut nous paraitre, est encore au-dessous de la réalité, et si nos moyens d’analyse étaient plus parfaits, on dé- couvrirait dans le sang, d’autres substances encore, qui y exis- tent bien certainement, mais ne s’y trouvent qu’en quantités trop petites pour que le chimiste puisse les saisir. Pour s’en convaincre, ilsuffit d'arrêter l’action de certains organes chargés de séparer du sang divers liquides particuliers, tels que Purine; car, des matières qui étaient expulsées de l’économie par cette voie et qui ne se montrent pas d'ordinaire dans le sang, s’y ac- (1) L'albumine est une matière qui entre dans la composition de la plupart des tissus organiques des animaux, et qui forme presque à elle seule le blanc de l'œuf. Elle peut se dissoudre dans l’eau, mais par l’action de la chaleur elle se solidifie et dev'ent insoluble. C’est à raison de l’exist nce de l’albumine dans le sang que les raffineurs de sucre emploient ce liquide pour clarifier leur sirop comme on pourrait le faire avec des blancs d’œuf. (2) La fibrine forme la base de la chair musculaire. Pour l’extraire du sang il suffit de battre avec des verges ce liquide avant qu’il ne se soit coagulé; la fi- brine s'attache aux baguettes, sous la forme de filamens blanchâtres et très élas- tiques. blancs du sang rouge. Globules du sang blanc. Composition chimique du sang. Variations dans la com- position du sang. 22 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. cumulent, alors, et deviennent, de la sorte faciles à reconnaitre, ainsi que nous le verrons du reste plus en détail, lorsque nous arriverons à l'étude des sécrétions. Les substances que nous venons d’énumérer comme étant con- tenues dans le sang, sont aussi celles qui entrent dans la com- position de presque toutes les parties, soit solides, soit liquides de économie; l’albumine forme la base d’un grand nombre de tissus, la fibrine est le principe constituant des muscles , les sels contenus dans le sang se rencontrent aussi soit dans les os, soit dans les humeurs, et d’après l’ensemble des fails connus, on est en droit de penser que les matériaux destinés à devenir de la chair, de la bile, de l’urine , etc., existent déjà dans le fluide nourricier; les organes qui doivent se les approprier , les pui- sent dans ce liquide et ne les créent pas; aussi n'est-ce pas sans raison que le sang a été appelé par quelques auteurs, de la chair coulante. $ 32. Les proportions dans lesquelles les diverses matières con- stituantes du sang s’y trouvent réunies, varient beaucoup chez les différens animaux. Dans l'homme, on trouve ordinairement sur cent parties de sang, environ soixante-dix parties d’eau, dix-neuf centièmes d’albumine, un centième de sels et quelques millièmes seulement de fibrine et de matière colorante. Dans le sang des oiseaux, la proportion d’eau est, en général, un peu moins forte; mais dans le sang des reptiles et des poissons, on en trouve davantage. Dans celui de la grenouille, par exemple, il existe plus de quatre-vingt-huit centièmes d’eau. Des différences analogues se remarquent, lorsqu'on compare les quantités relatives de sérum et de globules dans le sang des divers animaux; el, comme nous le verrons par la suite, il existe un rapport remarquable entre la quantité de ces globules et la chaleur développée par ces êtres. Les oiseaux sont de tous les animaux ceux dont le sang est le plus riche en globules, et ceux aussi dont la température est la plus élevée; les globules constituent, en général, quatorze ou quinze centièmes du poids total de ce liquide. Le sang des mammifères en renferme un peu moins, el, sous ce rapport, il est une différence à établir parmi ces animaux; chez les carnivores et les omnivores, la quantité proportionnelle de globules parait être plus grande que chez les herbivores; en effet, chez l’homme, chez le chien et chez le chat, ils entrent dans la composition du sang pour douze ou treize centièmes de son poids total, tandis que chez le cheval, le mouton, le veau et le lapin, ils ne forment que les sept ou neuf centièmes. Mais le nombre d’herbivores et de carnivores dont on a examiné le sang n’est pas assez grand, pour que lon puisse regarder ce résultat comme une loi physiologique. Enfin, SANG. 3 chez les reptiles et les poissons, que l'on appelle des animaux à sang froid, à cause du peu de chaleur qu'ils développent, la quantité relative des globules est beaucoup plus faible encore et ne dépasse guère cinq ou six centièmes du poids total du sang. Du reste, les proportions des élémens solides et liquides va- rient aussi chez les différens individus d’une mème espèce, et diverses circonstances peuvent apporter des modifications dans le sang d’un même animal. Ainsi la quantité des globules est plus grande , et celle de l'eau plus faible dans le sang de l’homme que dans celui de la femme, et dans le sang des individus d’un tempérament sanguin, que dans ceux d’un tempérament Iym- phatique. $ 33. Dans l’état ordinaire, le sang est toujours fluide, et se compose, comme nous lavons déjà dit, d’un liquide aqueux, tenant en suspension des globules solides; mais il est des cir- constances où ses propriélés physiques changent complètement. C’est ce qui a lieu, par exemple, toutes les fois qu’on extrait le sang des vaisseaux où il est contenu, dans l’intérieur du corps d’un animal vivant; abandonné à lui-même, il se transforme, au bout de quelques instans, en une masse de consistance gélati- neuse qui se sépare peu-à-peu en deux parties, l’une liquide, Jaunâtre et transparente, formée par le sérum , l’autre plus ou moins solide, complètement opaque et d’une couleur rouge, à laquelle on donne le nom de caillot ou de cruor du sang. Ce phénomène est dù à la présence de la fibrine contenue dans le sang. Cette substance, qui est dissoute dans le sérum, à la propriété de se solidifier lorsqu'elle n’est plus soumise à l’in- fluence de la vie, et en se solidifiant ainsi, elle entraine avec elle les globules et forme avec eux une masse gélatineuse, de la même manière que du blanc d'œuf employé pour clarifier un liquide trouble, entraine les corpuscules qui s’y trouvent mèlés, lorsque par l'effet de la chaleur, il vient à se coaguler. Pour s'assurer que la coagulation du sang dépend de la fibrine, il suffit de battre ce liquide avec des verges aussitôt qu’ilest tiré de la veine; la fibrine, au momentdesa solidification s’attachantalors aux baguettes, s’extrait facilement, etle sang perd la propriété de se coaguler. À l’aide d’une expérience très simple due à M. Mül- ler de Berlin, il est également facile de se convaincre que cette fibrine se trouve dans le sérum el n’est pas contenue dans les globules, comme on le croyait jusque dans ces derniers temps. Effectivement, si l’on jette sur un filire du sang dont les globules sont très volumineux, du sang de grenouille, par exemple, il est possible de faire passer le sérum et de retenir tous les globules avant que la coagulation se soit effectuée, et alors, bien que les globules soient restés intacts sur le filtre, le sérum se prend Coagulation du sang. Usages du saug. Effets de l’hémorrha- sr] gic. 24 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE, en masse comme d'ordinaire; seulement le caïllot, formé alors exclusivement de fibrine, est blanc au lieu d’être rouge, comme lorsque les globules s’y trouvent englobés. Le sang perd quelquefois la propriété de se coaguler ainsi. Cette altération singulière se remarque dans les animaux tués par une forte commotion électrique, un coup de foudre, par exemple, el par lPaction de certains poisons, tels que le venin des serpens. Enfin, d’autres fois le sang se prend en masse comme d'ordinaire, mais se sépare ensuite en trois parties, en sérum , en caillot elen une couche molle et grisätre qui en oc- cupe la surface, et que lon appelle couenne du sang. C’est sur- tout le sang provenant des personnes affectées de maladies in- flammaloires , telles que la pneumonie ou fluxion de poitrine et le rhumatisme aigu, qui se couvre ainsi de couenne, et la plupart des médecins s'accordent à regarder ce phénomène comme un signe certain de l’existence d’une inflammation in- terne; mais des observations récentes prouvent que la forma- lion de la couenne peut dépendre aussi de circonstances loutes différentes, el qui, en elles-mêmes, n’ont aucune importance, telles que la grandeur de louverture de la veine, la forme du vase dans lequel on reçoit le sang, ete. Du reste, ce phénomène parait dépendre de ce que les globules commençant à tomber vers le fond du vase avant que la coagulation ne se soit effectuée, le caillot qui se produit dans la partie supérieure ne renferme pas de ces corpuscules, et se compose uniquement de fibrine , landis que d'ordinaire les globules sont saisis par la fibrine avant qu’ils se déposent, et sont par conséquent répandus à-peu-près uniformément dans toute la masse du caillor. $ 34. Le sang, avons-nous dit, est l’agent spécial de la nutri- tion. Mais il ne sert pas seulement à réparer les pertes que subissent les organes ou à les nourrir, il est destiné aussi à pro- duire dans ces parties une excitation, sans laquelle la vie ne saurail s'y maintenir. L'expérience suivante peut, mieux que toute autre, donner une idée de l’importance du rôle que ce liquide joue dans Péconomie. $ 35. Lorsqu'on saigne abondamment un animal, on le voit s’affaiblir de plus en plus, et si lhémorrhagie est très abondante, il ne Larde pas à perdre connaissance; sa respiralion s'arrête , tout mouvement musculaire cesse , el la vie ne se manifeste plus par aucun signe extérieur ; enfin , si la perte de sang est poussée assez loin, et qu'on laisse l'animal dans cet état, la réalité suc- cède bientôt à l'apparence, et la mort ne tarde pas à arriver. Mais si, au lieu d'abandonner à son sort celte espèce de cadavre, on injecte, sans perdre de Llemps, dans ses veines, du sang sem- blable à celui qu'il a perdu, on le voil avec étonnement revenir SANG. 26 à la vie; à mesure qu'on introduit dans ses vaisseaux de nouvelles quantités de sang, il se ranime de plus en plus; bientôt il res- pire librement, se meut avec facilité, reprend ses allures ha- bituelles et il peut même se rétablir complètement. Cette opération , que l’on désigne sous le nom de transfusion, est, certes, une des plus remarquables que lon ait jamais faite, et elle prouve mieux que tout ce que l’on pourrait dire, lim- portance de l’action des globules du sang sur les organes vivans; car, si l’on emploie, de la même manière, du sérum privé de globules, on ne produit pas d'autre effet que si on se servait d’eau pure, el la mort n’en est pas moins une suite inévitable de lhémorrhagie. Mais ce n’est pas comme simple expérience physiologique que la transfusion est devenue célèbre; c’est comme moyen curatif qu’elle à le plus occupé les esprits, et son histoire four- nira un exemple des erreurs graves dans lesquelles on tombe souvent, lorsqu'on veut appliquer à la pratique une science incomplète, danger qui a fait dire, avec quelque vérité, que ignorance est moins nuisible que des demi-connaissances. Vers le milieu du dix-septième siècle, les médecins attri- buaient presque toutes les maladies à des altérations du sang, et ils s’imaginèrent qu'en changeant ce liquide , on obtiendrait la guérison de tousles maux; aussi, sans avoir étudié préalablement les conditions nécessaires à la réussite de l'opération de la trans- fusion , se pressèrent-ils de la mettre en pratique; et Wren en Angleterre , Major en Allemagne, Denis et Emmert à Paris, et Hicuse autres médecins, Font passer, tantôt du sang d’un homme sain, tantôt du sang d’un veau, dans les veines de leurs malades. Quelques-unes de ces Lentatives n’eurent pas de suite fâcheuse , mais d’autres occasionèrent les aecidens les plus graves, même la mort; et un arrêt du parlement de Paris, rendu en 1668, vint heureusement mettre un terme à ces expériences meurtrières. Si, au lieu d'appliquer prématurément l’opération de la trans- fusion à l’art de guérir, on eùl étudié la question sous ses divers points de vue, ainsi que cela a été fait depuis quelques années, on aurait évité ces malheurs, et une chose qui, dans quelques cas, peut être réellement utile, n’eût pas été proscrite d’une manière générale. En effet, les expériences publiées à Londres par M. Blondel, et à Genève par MM. Dumas et Prévost, nous ont appris qu’en procédant d’une certaine manière, le succès de la transfusion est presque assuré, landis que, lorsqu'on suil une imarche différente, cette opéi ration entraine constamment des suites funestes. Ainsi, la première condition de la réussite de la transfusion, est l injection de sang provenant d'un ani- Transfusion. Importance des globules du sang. 26 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. mal de mème espèce que celui sur lequel on opère. Si le sang que Pon introduit ainsi diffère de celui de l'animal par le vo- lume de ses globules, et non par leur forme; si l’on injecte, par exemple, du sang de vache ou de mouton dans les veines d’un chat ou d’un lapin, celui-ci ne se rétablit qu'imparfaitement et périt toujours au bout de peu de temps. Enfin, si l’on transfuse du sang à globules circulaires, dans les animaux dont le sang contient des globules elliptiques, ou wice versä, la mort a lieu en peu d’instans, et est accompagnée d’accidens nerveux qui ne peuvent être comparés qu'à ceux produits par les poisons les plus violens. (1) On ne doit donc plus s'étonner du résultat de la transfusion telle qu’on la pratiquaitau dix-septième siècle, lorsqu'on croyait que, puisqu'on pouvait injecter le sang d’un mouton dans les vaisseaux d’un autre moulon, on pouvait aussi l’introduire dans les veines d’un homme. Mais, d’un autre côté, on voit qu’en n’employant que du sang d’un animal de la même espèce que celui sur lequel on opère, il ne serait pas impossible de tirer un parti avantageux de la transfusion dans la pratique de Fa mé- decine ; et effectivement , en Angleterre , on vient de employer avec succès dans plusieurs cas où l’hémorrhagie rendait Ia mort imminente. Néanmoins , on ne doil avoir recours à celle opéra- tion que dans les cas extrêmes, car elle est toujours des plus délicates. En effet, si l’on introduit, avec le sang que l’on pousse dans les veines une certaine quantité d'air, chose qui arrive as- sez facilement, la mort du malade est instantanée ; car ce gaz, en arrivant dans les cavités du cœur , s’y échauffe , s’y dilate et op- pose à leur resserrement un obstacle mécanique qui fait cesser la circulation. La propriété excitante du sang que démontrent d’une manière si remarquable les expériences sur la transfusion , sont dues principalement à la présence des globules , car d'une part le sé- (1) Lorsqu'on injerte du sang à globules elliptiques dans les vaisseaux d’un animal dont Île sang ales globules circulaires, on pourrait croire que les acci- dens dont cette opération est suivie, dépendent des obstacles mécaniques que les globules elliptiques, toujours plus gros que les globules circulaires, oppo- sent à la circulation dans les vaisseaux capillaires; mais cette explication est inadmissible, puisque les mêmes résultats sont produits par l'injection d’un sang à globules circulaires dans les vaisseaux d’un animal à globules ellipti- ques. En effet, si l’on injecte du sang de mammifère dans les veines d'un oi- seau, on détermine une mort presque subite; on a vu souvent quelques gouttes de sang de mouton suffire pour tuer des pigeons, et cependant les globules du mouton sont beaucoup plus petits que ceux de ces oiseaux. €e phénomène doit par conséquent, dépendre de quelque autre cause, mais jusqu'ici nous ne savons rien sur sa nature. SANG. 27 rum dépouillé de ses corpuscules et de sa fibrine ne détermine rien de semblable lorsqu'on l’injecte dans les veines d’un ani- mal près de périr d’hémorrhagie, et d’une autre part, on peut rappeler celui-ci à la vie en se servant du sang privé de fibrine, mais pourvu de ses globules à-peu-près de la même manière que lorsqu'on se sert de sang dans son état normal. $ 36. La fibrine du sang joue néanmoins un rôle très impor- lant dans l’économie, consme le démontrent les expériences ré- centes de M. Magendie. En effet, ce savant a constaté que lors- qu’on injecte dans les veines d’un chien du sang dépouillé de sa fibrine , l'animal tombe bientôt dans un état de faiblesse ex- trême et périt au bout de quelques jours , en présentant tous les symptômes qu’offrent les malades en proie à certaines fièvres pernicieuses. Il paraïtrait aussi que les propriétés physiologiques de la fi- brine varient d’un animal à un autre, car un physiologiste alle- mand M. Bischoff, a constaté que du sang de mammifères injecté dans les veines d’un oiseau, ne produit plus tous les accidens terribles dont nous avons parlé il y a un instant, pourvu qu'on dépouille préalablement ce liquide de toute sa fibrine. $ 37. L'influence du sang sur la nutrition est également facile à démontrer. Ainsi, lorsque, par des moyens mécaniques, on diminue d’une manière notable et permanente la quantité de ce liquide reçu par un organe, on voit celui-ci diminuer de gros- seur el souvent même se flétrir et se réduire presque à rien. D'un autre côté, on observe également que plus une partie quel- conque du corps fonctionne, plus elle reçoit de sang, et plus aussi son volume s’accroil. En effet, chacun sait que l'exercice musculaire tend à développer davantage les parties qui en sont le siège; que chez les danseurs, par exemple, les muscles des jambes et surtout du mollet acquièrent une grosseur remarqua- ble , tandis que chez les boulangers et les autres hommes qui exéculent, avec leurs bras, de travaux rudes, les muscles des membres supérieurs deviennent plus charnus que les autres parties. Or, les muscles reçoivent plus de sang lorsqu'ils se con- tractent que lorsqu'ils sont en repos, et par cet afflux de sang, le travail nutritif dont ils sont le siège est activé et leur volume s’accroit. $ 38. D’après les expériences dont nous venons de parler , on peut voir que le sang ne sert pas seulement à réparer les pertes que subissent les organes vivans et à les nourrir, mais aussi à produire dans ces parties une excitation sans laquelle la vie ne saurait s’y maintenir. Or, en agissant ainsi sur les organes avec lesquels il est en contact, ce liquide en éprouve à son tour des modifications , et il perd bientôt ses qualités vivifantes. Le sang Importance de Ja fibrine du sang. Influence du sang Sur la uutrition, Influence des organes sur le sap®, ; Sang arté- riel et sang veineux. 28 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. qui arrive dans les diverses parties du corps est d’une cou- leur rouge vermeille, tandis qu’il présente , après les avoir tra- versées , une teinte sombre d’un rouge noirâtre, et dans cet état il ne possède plus la faculté d'entretenir la vie dans les organes auxquels il se rend. Mais du sang ainsi vicié, ou du moins en quelque sorte usé, reprend , par l’action de Pair, ses propriétés primitives el redevient alors propre à exciter le mouvement vital. La fonction à laide de laquelle ce changement important s’0o- père, est celle de la respiration, dont nous aurons bientôt à nous occuper. Le sang , qui a subi l’action de l'air et qui est propre à l’entre lien de la vie, est appelé sang arteriel, celui qui a déjà agi sur les organes et qui ne peut continuer à y exciter le mouvement vital, se nomme sang veineux ; il contient, en général, moins de globules que le sang artériel, et se coagule moins prompte- ment, mais c’est par sa couleur noirâtre et par son mode d’ac- lion sur les Lissus vivans qu'il s’en distingue le plus. DE LA CIRCULATION DU SANG. 6 39. D’après ce que nous venons de dire sur le rôle que les Nécessité du liquides nourriciers remplissent dans l’économie animale , et mouvement circulatoire, sur l'influence que la respiration exerce sur les propriétés phy- siologiques de ces liquides, il est évident qu’ils doivent être le siège d’un mouvement continuel. En effet, puisque c’est le sang qui distribue à toutes les par- ties du corps les matériaux nécessaires à leur nutrition, et que ce liquide est aussi la voie par laquelle les particules éliminées de la substance des tissus sont entrainées au loin , il ne peut res- ler en repos, et il doit nécessairement traverser sans cesse Lous les organes. Mais chez la plupart des animaux, ces conditions d'existence ne sont pas les seules qui rendent le mouvement du sang indispensable pour l'entretien de la vie: lorsque Pair ne pénètre pas lui-même dans l'épaisseur de tous les tissus (comme CIRCULATION. 99 cela à lieu chez les insectes), el nagit que par l'intermédiaire de la surface extérieure du corps ou d’un organe spécial de res- piration (tel que les poumons), il est également facile de voir que le sang, qui a déjà traversé les Lissus , doit se rendre dans l'appareil respiratoire pour y subir l'influence vivifiante de l'air avant que de retourner de nouveau vers ces mêmes Lissus. Or, c’est ce qui a réellement lieu, et ce mouvement constitue ce que les physiologistes appellent la CIRCULATION DU SANG. 6 40. Chez les animaux dont la structure est la plus simple, le liquide nourricier est répandu assez uniformément dans toutes les parties du corps ; il remplit les lacunes que les divers organes ou leurs lamelles constituantes laissent entre eux; enfin il ne présente que des mouvemens lents et irréguliers. Mais lors- qu’on examine des êtres moins éloignés de l’homme , on voit que chez eux le sang se meut dans une direction constante , et qu'il existe un organe particulier destiné à lui imprimer ce mouvement. Cel organe , que l’on nomme COEUR , est une espèce de poche contractile qui recoit ce liquide dans son intérieur, et qui, en se resserrant, le pousse dans une direction déter- minée. En s’élevant dans la série des êtres, on voit aussi que bientôt le sang ne circule plus dans de simples lacunes, mais se meut dans un système de canaux ayant des parois qui leur appartien- nent en propre, et qui sont indépendantes des parties voisines. Ces canaux portent le nom de vaësseaux sanguins, el consti- tuent, avec le cœur , l'APPAREIL DE LA CIRCULATION. Les courans dont nous venons de parler se montrent chez quelques animaux qui n’ont pas de vaisseaux sanguins bien for- més , et lors de l’incubation de l’œuf, on les distingue avant que les cavités contenant le sang aient acquis des parois distinctes. On peut même regarder ces courans comme étant la cause déter- minante de la formation de ces tubes , car toutes les fois que, par suite de certaines maladies telles que les fistules, une partie du corps est fréquemment traversée par un liquide quelconque, le passage accidentel ainsi frayé ne tarde pas à se revèêtir d’une membrane et à se transformer en un canal ayant des parois pro- pres , et indépendantes des parties voisines. Quoi qu’il en soit, chez tous les animaux pourvus d’un appa- reil circulatoire bien complet, le système vasculaire se compose de deux ordres de vaisseaux ; de canaux centrifugés qui portent le sang du cœur dans la profondeur de toutes les parties du corps , et de canaux centripètes qui rapportent ce liquide de ces organes vers le cœur. On désigne les premiers sous Le nom, d’ar- teres et les seconds sous celui de veines. D’après les fonctions de ces vaisseaux on peut prévoir quelle Appareil de la cireulation. Cœur Vaisseaux sanguins. Artéres et veines. Vaisseaux capillaires. Histoire de la découverte de la cireula- tion. 30 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. doit être leur disposition générale. Les artères ayant à distribuer dans toutes les parties du corps le sang qui sort du cœur, doi- Fig. 9. (1) vent nécessairement se subdiviser , se ra- mifier de plus en pius, à mesure qu’elles s’éloignent de cet organe. Les veines, au > Coniraire, doivent présenter une dispo- sition inverse, elles doivent être d’abord très nombreuses et se réunir peu-à-peu entre elles, de facon à se terminer au cœur par un ou deux gros troncs. Les arlères, comme on le voit, peuvent être comparées aux branches d’un arbre et les vemes à ses racines; mais elles en différent sous un rapport très impor- ani; car, au lieu d’être séparées les unes des autres comme les branches et les racines des plantes, les artères et les veines doivent se continuer les unes avec les autres.de manière à former un seul système de canaux, et le sang doit passer des unes dans les autres en traversant la substance des organes. C’est effectivement ce que l’on observe; et on désigne sous lenom de saisseaux rapillarres les canaux étroits qui lient entre eux ces deux ordres de conduits et qui peuventêtre considérés comme étant en même Lemps la terminaison des artères et l’origine des veines (VOY. fig. 9). Les artères et les veines , ainsi que nous venons de le dire , communiquent entre elles par lune de leurs extrémités , au moyen des vaisseaux capillaires ; par lextrémité opposée ces deux systèmes de canaux sont unis par les cavités du cœur. Ilen résulte que l'appareil vasculaire forme un cerele complet dans lequel le sang se meut pour revenir sans cesse à son premier point de départ ; et €’est en raison de la nature de ce mouvement qu’on l'appelle circulation. $ 41. Ce phénomène était inconnu des anciens; la plupart des auteurs de l'antiquité pensaient qu’il n’y avait de sang que dans les veines , et croyaient que pendant la vie, comme après la mort, les artères étaient vides ou contenaient de l'air. Mais vers le milieu du deuxième siècle de l’ère chrétienne, Galien constata, par des expériences délicates faites sur les animaux (tr) Vaïsseaux capillaires de la membrane palmaire de la patte d’une grenouille : — a artères; — » veines. — Les fleches indiquent la direction du courant sanguin. CIRCULATION. 31 vivans, la présence de ce liquide dans les artères, et prépara ainsi la voie pour la découverte de la circulation Cet homme célébre a rendu à la science bien d’autres services encore. et elle aurait certainement recueilli de ses travaux, des avantages plus nomb:eux, si une circonstance fortuite n'avait privé la posté- rité d’une grande partie de ses écrits : il avait laissé cinq cents rouleaux de manuscrits ; c’est-à-dire la matière d'environ qua- tre-vingt de nos volumes in-8, et on les jugeait si précieux que, pour mieux en assurer la conservation, on les déposa dans le temple de la Paix à Rome; mais cette précaution méme leur de- vint funeste, car ils y furent consumés lors de l'incendie de cet édifice sous le règne de l’empereur Commode. (1) Au seizième siècle , on Jeta quelques nouvelles lumières sur ce point important de physiologie. Michel Servet, connu comme théologien p'utôt que comme médecin, et célèbre surtout pour avoir élé brûlé comme hérétique dans une ville réformée, et à Vinsligation du réformateur Calvin (2), a indiqué, dans un de ses ouvrages, la direction du cours du sang dans les veines pulmo- naires; mais la découverte de la circulation ne date réellement que du commencement du dix-septième siècle, et la gloire en est due à Harvey, professeur d'anatomie à Londres et médecin (1) Galien, l’un des plus grands médecins de l'antiquité, naquit à Pergame, ville de l’Asie-Mineure en l'an 131, la quinzième année du règne d’Adrien; il fit une partie de ses études à Alexandrie dont les écoles médicales et scientifiques étaient alors dans l’état le plus florissant, et à l’âge de trente-quatre ans, il se rendit à Rome où il acquit, par ses lecons publiques , une grande célébrité, et où il exeita parmi les autres médecins une jalousie si vive que bientôt il fut obligé de quitter la ville et de retourner à Pergame. C'était au moment où une épidé- mie venait d’éclater en Italie, et ses ennemis profitérent de cette circonstance pour lui reprocher sa fuite comme une lâcheté. Il eut néanmoins l’avantage rare de jouir pendant sa vie de toute la gloire que son génie devait lui assurer , et sa haute réputation se conserva intacte pendant une longue suite de siècles. A Pâge de trente-huit ans nous le voyons appelé à Aquilée, par Marc-Auréle , Pour y combattre une épidémie violente qui muissonnait l'armée de Germanie, et le même prince le placa ensuite auprès de son fils Commode dont là sante était trés délicate, Galien ne tarda cependant pas à retourner dans sa ville na- tale où il mourut l'an 200, à l’âge de soixante-neuf ans. C'était un des anato- mistes et des physiologistes les plus profonds de l’antiquité ; sous ce rapport, il peut être comparé à Aristote; et, comme médecin, il prend place auprès d'Hippocrate. Pendant long-temps sa réputation a été même bien plus grande, et durant tout le moyen âge ses écrits étaient le guide, pour ainsi dire unique des médecins. (2) Le malheureux Servet, forcé par les intrigues de Calvin à fuir la France, passa par Genève où son ennemi implacable était tout puissant; on l'y arrêta pour ses écrits religieux , et Calvin parvint à le faire condamner au bücher. Servet fut brûlé vif le 25 octobre 1553. Preuves de l'existence de la circulation Grande et petite circula- t'on. 32 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. dû malheureux roi Charles I‘. Dans les lecons qu’il donna en 1619, il fit connaître le mécanisme de celte fonction; ses idées furent d’abord attaquées de toutes parts avec acharnement, et lorsque ses envieux contemporains ne purent plus révoquer en doute la vérité de sa grande découverte, ils cherchèrent à lui en ravir la gloire en prétendant qu’elle était connue depuis long- temps; ils ne reconnurent à Harvey que le mérite d’en avoir propagé la connaissance ou, commeils disaient, d’avoir fait cir- culer la circulation du sang; maisla postérité lui à rendu une jus- tice entière , el son nom sera toujours cité comme celui d’un des plus grands physiologistes. 6 42. L'existence du mouvement circulatoire du sang est fa- cile à démontrer. Si lon examine au microscope une partie transparente du corps d’un animal vivant, la membrane qui réunit les doigts des pattes postérieures de la grenouille, par exemple, on voit distinctement les courans sanguins qui traver- sent d'innombrables vaisseaux capillaires et qui se continuent dans d’autres canaux plus gros (fig. 9). Quant à la direction de ces courans, elle est également aisée à constater; si l’on com- prime une artère de facon à y intercepter le cours du sang, on voit ce liquide s’accumuler dans la portion du vaisseau située du côté du cœur et en distendre les parois, tandis qu’au-delà du point comprimé, l'artère ne tarde pas à se vider plus ou moins complètement : il est donc évident que le sang parcourt ces Canaux en se portant du cœur vers les diverses parties du corps. Or, en faisant la même expérience sur la veine, on ob- serve l'effet contraire: le sang s’y accumule au-delà du point comprimé, et ne coule plus dans la portion comprise entre ce point et le cœur; car si l’on ouvre alors le vaisseau au-dessus et au-dessous de ce même point, le sang s'échappe avec force de l'ouverture inférieure , et ne sort pas de la supérieure. La ma- nière dont se pratique l'opération, si commune de la saignée au bras, nous montre aussique, dans le système veineux, le sang sui une direction opposée à celle que nous lui avons vue dans les artères , et se rend des diverses parties du corps vers le cœur, en effet, pour faire gonfler la veine et pour faciliter la sortie du sang, on comprime le vaisseau à l’aide d’une ligature , immé- diatement au-dessus du point que l’on veut ouvrir. Description de l’appareil de la circulation. 6 43. Dans tons les animaux où la respiration se fait dans un organe spécial, tel que le poumon, les vaisseaux sanguins se ra- mifient, non-seulement dans les tissus qu'ils doivent nourrir, CIRCULATION. 33 mais aussi dans l'organe où le sang doit subir Paction de l'air, et ce liquide traverse, par conséquent, deux ordres de vaisseaux capillaires, l’un servant à la nutrition, l’autre à la respiration ; la circulation qui se fait dans l'appareil respiratoire est appe- lée la petite circulation, ei celle qui se fait dans le reste du corps, la grande circulation. Du reste , la route suivie par le sang et la structure de lappa- reil circulatoire, varient beaucoup dans les différentes classes d'animaux. Chez tous les animaux supérieurs, l'appareil de la circulation se compose comme nous l’avons déjà dit : 1° du cœur qui sert à mettre le sang en mouvement; 2° des vaisseaux qui servent à conduire ce liquide, et qui sont de deux ordres, les artères et les veines. $ 44. Dans l’homme, que nous prendrons comme exemple pour étude de appareil de la circulation, le cœur est logé dans la cavité de la poitrine, que les anatomistes appellent le {4orax; son extrémité inférieure est dirigée un peu obliquement à gau- che et en avant, et son extrémité supérieure, qui donne nais- sance à tous les vaisseaux qui communiquent avec son inté- rieur , est fixée aux parties voisines, à-peu-près sur la ligne médiane du corps. Dans le reste de son étendue, le cœur est complètement libre, etil est enveloppé par une espèce de double sac membraneux, le pericarde, dont la surface interne est par- tout en contact avec elle-même, parfaitement lisse et continuel- lement humectée par un liquide aqueux; disposition qui sert à rendre les mouvemens de cet organe plus faciles. (1) (x) Cette tunique est une de celles que les anatomistes désignent sous le nom de séreuses et la disposition de ces membranes mérite d’être remarquée; elles ont toujours la forme d’une espèce de sac dont la surface interne , extrêmement lisse et constamment enduite d’une couche de liquide, est partout en contact avec elle-même ; l’une des moitiés de ce sac adhère par sa face externe aux parois: de la cavité qui loge les viscères, et l’autre moitié entoure ces viscères eux-mêmes, et y adhère par sa face externe, Pour me servir d’une comparaison triviale, mais qui peint parfaitement la chose, ces membranes ressemblent à un bonnet de coton qui entourerait les viscères comme ce bonnet enveloppe la tête et dont la moitié extérieure serait fixée aux parois d'une cavité renfermant et le bonnet et la tête. Ces membranes tendent à diminuer le frottement de ces parties entre elles, et par conséquent à faciliter leurs mouvemens : aussi trouve-t-on des po- ches aualogues partout où des organes frottent continuellement on avec force les uns contre les autres, comme aux articulations des os des membres, autour des poumons, des intestins, etc. Cœur. 34 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Fig. 10.11) y en freo fre D L CE > e 4 / À « h La forme générale du cœur (fg.10)estcelle d'un cône ou pyramide irré- gulière et renversée; son volume est à-peu-près égal à celui du poing,etsa substance est presque en- lièrement charnue; c’est un muscle creux, dont l’intérieur est divisé par une grande cloison ver- ticale (fg- 11 ec), en deux moiliés formant chacune deux cavités superposées, un ventricule et une oreil- dette(a ,e et b, dj. Les deux ventricules du cœur en occupent la partie inférieure et leurs parois sont douées d’une force bien plus grande que celle des oreillettes, circonstan- ce dontlutilitéestéviden- te : car les oreillettes ne doivent chasser le sang que dans les ventricules situés au-dessus, tandis que ces dernières cavités doivent l'envoyer à une distance bien plus consi- dérable : soit aux pou- mons, Soitaux autres par- ties du corps. Le ventri- cule gauche est aussi bien plus fort que le ventricule droil, et l’étendue du tra- jet que les contractions (1) Fig. ro. Les poumons, le cœur et les gros vaisseaux qui en naissent. — a Portion du cœur occupée par le ventricule gauche; — 2 ventricule droit; — € orallette droite. L'oreillette gauche se voit au-dessus du ventricule du même côté; — d veine cave inférieure; — e veines sous-clavière et jugulaire, qui vont se terminer dans la veine cave supérieure; — f'et g artères carotide et sous-clavière naissant de la crosse de l'aorte ; — } artère aorte descendante; — { trachée-artère ou tube aérifére;—p poumons. ‘2) Section du cœur pour montrer les cavités qu'il renferme. — a Veutricule CIRCULATION. 35 de ces cavités doivent faire parcourir au sang, nous explique également bien la raison de cette différence; car le ventricule droit n’envoie ce liquide que dans les poumons situés à peu de distance du cœur , et le ventricule gauche le pousse jusqu'aux parties les plus éloignées du corps. 645. Les vaisseaux dans lesquels le sang circule communi- quent tous avec le cœur, par l'intermédiaire d’un petit nombre de gros troncs, et se distinguent, comme nous l’avons déjà dit, en artères et en veines, suivant qu’ils sont destinés à porter le sang du cœur vers une autre partie, ou bien qu'ils rapportent ce liquide de divers organes vers le cœur. Les artères et les veines sont formées, intérieurement, par une membrane mince et lisse qui se continue avec celle qui tapisse les cavités du cœur, et qui a dé l’analogie avec celles que les anato- mistes désignent sous le nom de séreuses. Dans les artères, cette tunique interne est entourée d’une tunique moyenne, gaine épaisse, jaunâtre, et très élastique, qui se compose de fibres d’une nature particulière disposées circulairement; et le tout est ren- fermé dansune troisième tunique externe ou celluleuse, formée par du tissu cellulaire dense et serré. Dans les veines, on ne trouve pas de tunique moyenne ou élastique distincte, et la membrane interne n’est entourée que par une couche mince de fibres longi- tudinales, lâches et extensibles. Il en résulte une différence très grande dans les propriétés physiques de ces deux ordres de vais- seaux. Les veines ont des parois minces et flasques qui s’afrais- sent, lorsqu'elles ne sont pas distendues par le sang, et qui se cicatrisent facilement lorsqu'elles ont été divisées. Les artères, au contraire, ont des parois beaucoup plus épaisses et conservent leur calibre, lors même qu’elles sont vides, comme cela arrive toujours après la mort (1); enfin, lorsque ces derniers vaisseaux sont ouverts, les bords de la plaie tendent à s’écarter, à raison de l’élasticité des fibres de leur tunique moyenne, et la cicatri- sation ne s'effectue jamais d’une manière complète, à moins que l’on ne détermine l’oblitération de l'artère dans le point di- visé; aussi, pour arrêter le sang qui s'échappe d’une veine, suf- fit-il de maintenir, pendant quelque temps, les bords de la plaie en contact, tandis que lors de l'ouverture d'une artère, il faut lier le vaisseau ou l’oblitérer au moyen de la compression. gauche; — b ventricule droit ;— c cloison charnue qui sépare ces deux cavités ;—4 oreillette droite; — e. oreillette gauche ; —fvalvule mitrale qui sépare cette cavité du ventricule gauche ; — 2 valvule tricuspide séparant l'oreillette et le ventricule droits; — À artère aorte; — %’ la même, après son passage derrière le cœur; —: veine cave; — k artères pulmonaires; — / veines pulmonaires. (x) Lorsque la mort arrive, les artères continuent à se resserrer après que le ventricule gauche à cessé de battre, de facon qu'alors tout le sang passe dans les veines et s’y accumule, tandis que les artères restent vides ; c’est pour cette raison qu'on a été si long-temps avant de connaître. les usages de ces derniers . 2 VAaISSCAUX. 3. Structure des arteres et des veines. PHYSIOLOGIE. ANATOMIE ET L \ (l a RASE > te CEE CEE EME) h 4 2 29 # = S 22 EC) n CIRCULATION. 37 ' $ 46. Les vaisseaux qui doivent transporter le sang artériel dans tous les organes, naissent du ventricule gauche du cœur par un seul tronc appelé srière aorte (a) (2). Celte grosse artère re- monte d’abord vers la base du cou, puis se recourbe en bas, passe derrière le cœur et descend verticalement au-devant de lépine du dos jusqu’à la partie inférieure du ventre. Pendant ce trajet , il se sépare de l’aorte un grand nombre de branches dont les principales sont les deux artéres carotides, qui remontent sur les côtés du cou et distribuent le sang à la tête; les deux ar- tères des membres supérieurs, qui prennent successivement les noms darteres sous-clavières, axillaires et brachiales, suivant qu’elles passent sous la clavicule, qu’elles traversent le creux de l’aisselle, ou qu’elles descendent le long du bras; l'artère cœlia- que, qui se rend à l’esiomac, au foie et à la rate; les artères mesenteriques, qui se ramifient dans les intestins ; les artères re- nales, qui pénètrent dans les reins; et les arteres iliaques, qui terminent, en quelque sorte, l'aorte, et qui portent le sang aux membres inférieurs. $ 47. Les VEINES qui communiquent avec les dernières ramifi- calions des artères, par l'intermédiaire des vaisseaux capillaires, et qui recoivent le sang après qu’il a ainsi arrosé toutes les parties du corps, suivent à-peu-près le même trajet que les artères ; mais elles sont plus grosses , plus nombreuses, el, en général, situées plus superficiellement (#g. 12). Un grand nombre de ces vaisseaux marchentsous la peau, d’autres accompagnent les artères, et, en dernier résultat, tous se réunissent pour former deux gros troncs qui s'ouvrent dans l’oreillette droite du cœur , el qui ont reçu les uoms de veines caves supérieure et inférieure (fig. 10 d, e, fig. 11 à). Les veines des intestins présentent dans leur marche une par- üicularité remarquable : le tronc commun, formé par leur ré- union , pénètre dans la substance du foie et s’y ramifie, de facon (x) Dans cette figure, le thorax et l'abdomen sont ouverts; les vaisseaux su- perficiels sont représentés du côté gauche, et les vaisseaux situés plus profon- dément se voient du côté droit; enfin, les artères sont gravées à Ja taille et les veines au pointillé: — a Artère aorte, dont on voit naître les artères intercos- ‘ tales, etc.; -—2 l’une des artères carotides ; — ec artère sous-clavière du méme côté; — d artère brachiale ; — e artère radiale; — fartère cubitale; — gartère cœliaque ; — À artère mésentérique supérieure; — ? l’une des artères rénales; — Jartère mésentérique inférieure ; — k artères iliaques; — / artère fémorale qni, après avoir fourni du côté externe une grosse branche aux muscles de la cuisse, passe derrière le genou et se divise en deux branches principales (#2, n); — o veine cave supérieure; — p veine cave inférieure qui traverse le muscle dia- pbragme (7) comme l'artère aorte et recoit aussitôt après, les veines qui vien- nent du foie, et qui terminent le système de la veine porte;— r veines rénales ; — s veines sous-cutanées du bras ; — £ veines sous-cutonées de la jambe. (2) Voyez fig. 10, 4, fig. 11, het fig. 12, a. Description des artères. Veines. Veine porte. Petite cir- culation. Artere pul- monpaire. Veine pul- monaire. Mouvemens du cœur. 38 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. que le sang de ces organes ne retourne au cœur qu'après avoir circulé dans un système particulier de canaux capillaires con- tenus dans le foie , et donnant naissance à des vaisseaux qui se réunissent entre eux pour aller s'ouvrir dans la veine cave infé- rieure. Cette portion de l'appareil veineux est appelée le système de la veinc-porte. 648. Le sang veineux qui arrive de toutes les parties du corps, pénètre dans l'oreillette droite du cœur par les veines caves, et passe de celle cavité dans le ventricule situé au dessous, pour se rendre ensuite aux poumons. Le vaisseau destiné à conduire le sang vemeux du cœur aux poumons, est nommé artère pulmonaire (1); il naït de la partie supérieure et gauche du veniricule droit, remonte à côté de l'aorte, et se divise bientôt en deux branches qui s’écartlent presque transversalement l’une de l’autre, et vont se ramifier dans les poumons; celle du côté droit passe derrière laorte et la veine cave supérieure; celle du côté gauche passe au-devant et au-dessus de la crosse de l’aorte. La première se subdivise en trois branches avant que de pénétrer dans la substance des pou- mons; la deuxième en deux; l’une et l’autre vont se ramifier sur les parois des cellules pulmonaires. $ 49. Les veines pulmonaires naissent dans la substance des poumons, des dernières divisions capillaires des artères du même nom, et se rassemblent en rameaux et en branches qui suivent le même trajet que ces vaisseaux, elles forment enfin quatre troncs qui abandonnent deux à deux chaque poumon, et se rendent dans l’oreillette gauche du cœur, où elles versent le sang devenu artériel par son contact avec l’air dans l’intérieur de l'organe respiratoire. Enfin, cette oreillette communique avec le ventricule gauche, d’où nait l'artère aorte. # Mecanisme de La circulation. $ 50. Le mécanisme à l’aide duquel le sang se meut dans tous ces vaisseaux est facile à comprendre. Les cavités du cœur, comme nous l’avons déjà dit, se resserrent et s’agrandissent alternativement, et poussent ainsi le sang dans les canaux avec lesquels elles sont en communication. Les deux ventricules se contractent en même temps; et, pen- dant que leurs parois se relâchent ensuite, les oreillettes se con- tractent à leur tour. Ces mouvemens de contraction portent le nom de systole (2), et on appelle déastole (3) le mouvement con- (1) Por. fig. ro , et fig. 11, 4. (2) Zvoroïn, de ouoTeko, je resserre. (5) De drasrahho , je dilate. CIRCULATION. 39 traire, Ils se renouvellent très fréquemment ; chez l’homme adulte, on en compte ordinairement de soixante à soixante- quinze par minute; chez les vieillards, leur nombre parait aug- menter un peu, et dans les très jeunes enfans, il s'élève, en géné- ral, à environ cent vingt. Du reste, une foule de circonstances influent sur la fréquence et la force des battemens du cœur; ils sont accélérés par l'exercice, par les émotions de l’âme, et par un grand nombre de maladies ; dans la défaillance et la syncope, ils sont considérablement diminués ou même interrompus mo- menlanément. $ 51. L’oreillelte gauche, qui reçoit le sang venant des pou- mons, communique, Comme nous l’avons vu, avec les veines pulmonaires, d’une part, et avec le ventricule gauche, de Pau- tre ; lorsqu'elle se contracte, elle expulse de sa cavité la majeure partie du sang qui s’y trouvait, et il est évident que ce liquide doit tendre à s'échapper par ces deux voïes: c’est en effet ce qui a lieu. Mais, comme le ventricule se dilate en même temps, c’est dans son intérieur que la presque totalité du sang pénètre, et très peu retourne dans les veines pulmonaires. Fig. 12 *. (à) Bientôt après, le ventricule gauche u «se contracte à son tour, et chasse le sang qu'il vient de recevoir : or, il existe autour des bords de Pouverture qui fait communiquer le ventricule avec l'oreillette placée au-dessus, un grand repli membraneux, disposé de manière à s'affaisser, lorsqu'il est (14 d poussé de haut en bas, et à se relever et à fermer l’ouverture, lorsqu'il est h poussé en sens contraire (2) : il en ré- sulte que pendant la contraction du ventricule, le sang ne peut retourner dans l'oreillette, et qu’il est poussé dans l'artère aorte. Les contractions du ventricule se succédant (r) Section du cœur pour montrer la disposition des valvules qui séparent les oreillettes des ventricules :—«. l’une des oreillettes ouverte et étendue ;—0.ca- vité du ventricule dont les parois sont garnies d’un grand nombre de colonnes charnues disposées irrégulièrement, de facon à former des espèces de cellules; — c, valvule dont le bord externe est fixé au pourtour de l'ouverture auriculo- veatriculaire , et dont le bord libre donne attache à un grand nombre de petits tendons (4) provenant de coionnes charnues fixées aux parois du ventricule par leur extrémité inférieure. (2) Cette espèce de soupape a recu le nom de walvule mitrale à cause de la . division de son bord libre en deux languettes. Le-mécanisme au moyen duquel Action de l'oreillette gauche, Actiou du ventricule gauche. Mouvemens du sang dans les arteres. 40 4 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE, rapidement, de nouvelles ondées de sang pénètrent à chaque instant dans ce vaisseau, et le liquide contenu dans son inté- rieur doit, par conséquent, s’y mouvoir et couler du cœur vers l'extrémité capillaire du système artériel. $ 52. L'évaluation de la force avec laquelle le ventricule gauche chasse le sang dans le système artériel pour l'envoyer à toutes les parties du corps, a été le sujet de plusieurs travaux qui ont donné les résultats les plus discordans. Ainsi, Borelli, guidé par le calcul, plutôt que par lexpérience directe, a été conduit à penser que celte force devait être suffisante pour faire équilibre à 180,000 livres, tandis que le physiologiste Kiel ne l’évalue qu’à cinq onces.Mais M. Poiseuille vient de publier sur cette question des recherches mieux dirigées, et d’après lesquelles il paraitrait que la force avec laquelle le cœur lance le sang dans lartère aorte, est d'environ quatre livres chez un homme adulte et d'environ onze livres dans un cheval. 653. D’après la nature des mouvemens dont nous venons de parler, on pourrait croire que le sang ne chemine dans les ar- tères que par saccades, chaque fois que le ventricule gauche se contracte, et que, pendant la dilatation de cette cavité, il doit rester en repos. Ii en estcependantioutautrement: si l'on ouvre un de ces vaisseaux sur un animal vivant, on voit le sang s’en échapper en formant un jet continu qui devient plus fort tau moment de la contraction du cœur, mais qui n’est pas inter- rompu lors du mouvement contraire. Cela dépend de laction des parois des artères sur le cours du sang. Ces parois sont très élastiques ; lorsque une ondée de sang est projetée dans laorte par la contraction du ventricule, elles cèdent à la pression ainsi exercée, comme le ferait un ressort, mais elles tendent ensuite à revenir sur elles-mêmes et à chasser le sang qui les distendait. Pour démontrer l'influence des parois arlérielles sur le cours du sanÿ, il suffit de mettre à nu une grosse artère sur un ani- mal vivant, et d’en intercepter une portion entre deux ligatures serrées avec force, puis de pratiquer une pelile ouverture entre les deux points ainsi oblitérés. Le sang qui s'y trouve est com- plètement soustrait à l'influence des mouvemens du cœur, etce- pendant, il s’échappera encore de l'artère en formant un jettrès elle ferme l’ouverture auriculo-ventriculaire est très simple; de petites cordes tendineuses qui naissent de colonnes charnues fixées inférieurement aux parois du ventricule , s’insèrent à son bord libre et l’empêchent de se renverser dans l'oreillette, tandis qu’elles n’opposent aucun obstacle à son affaissement. (Voy. la fig. 12.) CIRCULATION. 41 élevé et le vaisseau ne lardera pas à se vider par le seul effet du resserrement de ses parois. La portion de l'artère située au-delà des ligatures diminue aussi de calibre, et fait passer dans les veines la majeure partie du sang qui s’y trouvait. C’est ainsi par l’elasticité des artères, que le mouvement inler- mittent imprime au sang par les contractions du cœur, se trouve transforme en un mouvement continu. Vans les grosses artères, les saccades occasionées par ces contractions se font encore sentir; mais dans les vaisseaux capillaires, et même dans les pelites branches artérielles, on ne les aperçoit plus, et le sang n’y coule que par l'effet de la pression exercée par les parois élastiques des artères. On voit donc que les contractions du cœur servent à remplir continuellement les grosses artères, et, pour ainsi dire, à ten- dre le ressort représenté par les parois de ces vaisseaux , et des- tiné à pousser , d’une manière continue, ce liquide jusque dans les veines. $ 54. Le phénomène connu sous le nom de pouls n’esl autre chose que le mouvement occasioné par la pression du sang sur les parois des artères, chaque fois que le cœur se contracte. D’a- près la fréquence et la force de ces mouvemens, on peut juger de la manière dont cet organe bat, et en tirer des inductions utiles pour la médecine. Mais le pouls ne se fait pas sentir par- tout; pour le distinguer , il faut comprimer légèrement une ar- tère d’un certain volume entre le doigt et un plan résistant, un os par exemple, et choisir aussi un vaisseau situé près de la peau, comme l'artère radiale au poignet. 655. Bien que ce soit le même agent moteur qui fasse couler le sang dans toutes les parties du système artériel, on observe cependant que ce liquide n’arrive pas à tous les organes avec la mème vitesse. La distance qui les sépare du cœur est une des causes de ces différences, mais elle n’est pas la seule. Taniôt ces vaisseaux marchent à-peu-près en ligne droite : d’autres fois ils forment des coudes plus ou moins nombreux ; or, toutes les fois que la colonne de sang, mise en mouvement par les contractions du cœur , rencontre une de ces courbures , elle tend à redresser le vaisseau, et perd ainsi une partie de la force qui la faisait mouvoir, ce qui ralentit d’autant la rapidité de son cours. On sait, d’après les lois de la physique, que, toutes choses égales d’ailleurs, la rapidité avec laquelle un liquide coule dans un système de canaux non capillaires est d'autant plus grande, que le calibre de ces conduitsest plus petit; et l'observation nousapprend quela capacité totale des divers rameaux d’une brancheartérielle, ou des diverses branches d’un tronc, est toujours supérieure à Pouis. Circoustan- ces qui modi- fient la mar- che du sang. Cours du sang daus les veies. 42 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. celle des vaisseaux desquels ils naissent. Il en résulle que plus une artère se subdivise avant que de pénétrer dans la substance d’un organe , plus le sang doit arriver avec lenteur dans cette partie ; et, sous ce rapport, on observe dans l’économie animale des différences très grandes : tantôt ces vaisseaux ne se distri- buent aux organes qu'après s'être subdivisés un grand nombre de fois, et tantôt, au contraire, c’est Le tronc artériel lui-même qui s’enfonce dans l’épaisseur de la partie où il doit se ramifier. Ces dispositions, à l’aide desquelles l’impéluosité du cours du sang est modérée dans certains points de appareil circulatoire, se remarquent principalement dans les artères chargées de por- Ler ce liquide à des organes dont la structure est la plus délicate et les fonctions les plus importantes, au cerveau, par exemple. Du reste, la nature, dans sa prévoyance éclairée, ne se borne pas à ces précautions pour assurer l’arrivée d’une quantité con- venable de sang dans chacune des parties du corps. On conçoit facilement que, par la compression et par d’autres accidens, une artère peut se trouver oblitérée dans un point de sa lon- gueur , et que, si le sang ne pouvait alors arriver à l'organe où ce vaisseau se distribue, la mort de la partie en résulterait iné- vitablement; mais c’est ce qui n’a pas lieu, car la plupart des artères ont entre elles des communications fréquentes nommées anastomoses , au moyen desquelles ces vaisseaux peuvent rece- voir du sang d’une artère voisine , lors même qu’ils ne commu niquent plus directement avec le cœur. 6 56. Nous avons vu par quel mécanisme le sang parvient du cœur dans toutes les parties du corps ; étudions maintenant les moyens que la nature emploie pour faire circuler ce liquide dans les veines el pour le ramener au cœur. Ce sont encore les contractions du ventricule gauche du cœur et le resserrement des parois artérielles qui contribuent le plus au cours du sang dans les veines. Si l’on interrompt le passage du sang dans une artère, et que lon ouvre la veine correspondante, ce liquide continuera à . s’'écouler de ce dernier vaisseau, tant que lartère, en se res- serrant, n'aura pas expulsé tout le sang qui le distendait; mais aussilôt après l’hémorrhagie cessera , bien que la veine soit en- core remplie de sang, et la sortie du liquide recommencera dès que la circulation sera rétablie dans l’artère. C’est donc lim pulsion reçue par le sang, à sa sortie du cœur, qui se fait encore sentir dans les veines, et qui détermine sa marche dans ces vais- seaux. Mais il est aussi d’autres circonstances qui tendent à fa- voriser ce mouvement. Dans les veines des membres et de diverses autres parties du corps, la membrane qui tapisse ces vaisseaux forme un CIRCULATION. 43 grand nombre de replis ou vatvules (fig. 13) qui laissent le passage libre lorsque le sang les pousse des extrémités vers le cœur, et le ferment, au contraire, lorsque ce liquide tend à revenir du cœur vers les extrémités. Or, cette disposition empéche, par conséquent , le sang de refluer vers les capillaires , et contribue aussi, d’une manière active, à faciliter son passage Fig. 13. (1) vers le cœur; car, chaque fois que , par les mouvemens des parties voisines, la veine se trouve comprimée, le sang est poussé en avant; et lorsque la compression cesse, il ne peut plus retourner en arrière, mais est remplacé par une nou- velle quantité de liquide venant de la partie inférieure de la veine. Toute compression intermittente de ces vaisseaux, con- tribue donc au retour du sang vers le cœur. $ 57. La dilatation de la poitrine produite par les mouvemens respiratoires, en aspirant ce liquide, à la manière d’une pompe, (1) Troncon d’une grosse veine ouverte pour montrer les valvules formées par les replis de sa membrane interne. — & Portion supérieure de la veine; —# valvules dont la concavité est dirigée vers le cœur; — c ramuscules veineuses s’anastomosant entre elles et se réunissant pour former une grosse branche (4), laquelle s’ouvre dans le tronc principal en e. Petite culation. 44 - ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. facilite aussi l’arrivée du sang veineux dans les cavités du cœur, ainsi que nous le verrons lorsque nous traiterons de la respi- ration. Néanmoins, le sang coule beaucoup moins vite dans les vei- nes que dans les artères, et la nature a multiplié les moyens propres à empêcher que l’obstruction d’un de ces vaisseaux n’arrétdt le retour de ce liquide vers le cœur. Effectivement, il exisle en général plusieurs veines destinées à remplir les mêmes fonctions, et ces vaisseaux communiquent enire eux par des anastomoses nombreuses. $ 58. Le passage du sang à travers les cavités du côté droit du cœur , se fait de la même manière que de l'oreillette gauche dans le ventricule du même côté. Lorsque l'oreillette droite se relâche, le sang y afflue des deux veines caves, et lorsque celte cavité se contracte ensuite, la majeure partie de ce liquide passe dans le ventricule, car il existe sur le bord de l’ouverture de ces vaisseaux une valvule destinée à s'opposer au reflux du sang dans la veine cave infé- vieure , et par l'effet de la pesanteur ce liquide doit nécessaire- ment tendre à tomber dans la cavité ventriculaire plutôt que de remonter dans la veine cave supérieure. L’ouverture par laquelle le ventricule droit communique avec l'oreillette est garnie d’une soupape (1) comme celle du ventri- cule gauche, et par ses contractions cette cavité pousse le sang dans l'artère pulmonaire, en soulevant d’autres valvules qui entourent l'entrée de ce vaisseau, et qui empêchent le sang d’en sortir pour rentrer dans le cœur. (2) Enfin le sang passe des artères pulmonaires dans les veines du méme nom, en traversant les vaisseaux capillaires des pou- mons, et rentre dans loreillette gauche, de la même manière qu'il se meut dans les canaux de la grande circulation. (r) On la nomme walvule tricuspide, parce qu’elle est divisée en trois portions triangulaires ; sa disposition est analogue à celle de la valvule mitrale (707. p. 39}. (2) Ces valvules, au nombre de trois, sont formées par des replis de la mem- brane interne de l’artère, et sont nommées, à cause de leur forme æalvules semi- lunaires; leur disposition est analogue à celle des valvules des veines (voy. fig. 13). Lorsque le sang est poussé du cœur dans le vaisseau, ils se relèvent ct s'appliquent contre les parois de celui-ci; mais lorsque le sang tend à rentrer dans l'oreil- lette, le poids du liquide les distend et les abaisse; elles ressemblent alors assez bien aux petits paniers dans lesquels on fait couver les pigeons; et comme elles se touchent par leur bord libre, elles ferment l’artère. Il existe des valvules semblables à l’entrée de l'artère aorte où elles servent à empêcher le sang de rentrer dans le ventricule gauche pendant que cette cavité se dilate. CIRCULATION. 45 Cours du sans chez les dirers animaux. $ 59. La circulation du sang se fait de la même manière chez Mammifères homme, chez tous les autres mammifères, et chez les oiseaux. et les oiseaux, Dans tous ces animaux le cœur se compose de deux moiïtiés par- Fig. 14. (1) faitement distinctes et divi- sées chacune en deux cavi- tés : une oreillette et un ventricule ; quelquefois la séparation entre la moitié droite et la moitié gauche de cet organe est marquée à l’extérieur par un sillon profond et alors on croirail voir deux cœurs accolés l’un à l’autre; le Dugong nous offre un exemple de celte disposition curieuse (fg.14), mais, en général, le cœur des mammifères ainsi que celui des oiseaux ressemble extrêmement à celui de l’homme. Quoi qu'il en soit, le sang artériel remplit les cavités gauches du cœur et passe du ventricule dans l'aorte et ses dépendances (voy. fig. 15); ce système d’artères le conduit dans toutes les parties du corps où il traverse les vaisseaux capillaires et se transforme en sang veineux. Les veines reçoivent alors ce liquide et le conduisent dans l'oreillette droite du cœur. Cette cavité verse ensuite le sang dans le ventricule droit et ce ventricule le pousse dans Par- tère pulmonaire. Le sang veineux arrive de la sorle aux poumons et en traversant les vaisseaux capillaires par lesquels les artères pulmonaires se terminent, il subit le contact de l'air et redevient sang artériel. Enfin le sang ainsi vivifié passe dans les veines pulmonaires qui le versent dans l’oreillette gauche du cœur , et cette oreillette le pousse ensuite dans le ventricule gauche, d’où il sort de nouveau pour recommencer le trajet que nous venons d'indiquer. (1), Cœur du Dugong: — v $ ventricule gauche ; —o g oreillette ganche; —a artére avrte ; — » © veine Cave; — o dorcillette droite; — + 4 ventricule droit; — a p artère pulmonaire. 46 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Fig. 16. On voit donc que chez les mammifères et les oiseaux, le sang en parcourant le cercle circulatoire passe deux fois dans le cœur el traverse deux systèmes de vaisseaux capillaires, servant lun à la nutrition du corps, l’autre à la respiration; c’est ce que l’on exprime en disant que chez ces animaux la céreulation est double. Y est aussi à remarquer que dans ces deux classes d’ani- maux la cireulation est compièle , C'est-à-dire que la totalité du sang veineux est conduit à l'appareil respiratoire, et transfor- mé en sang artériel, avant que de retourner aux organes qu'il est destiné à nourrir. (1) Figures théoriques de la circulation du sang dans les quatre classes d’a- nimaux vertébrés. Dans toutes ces figures, les parties ombrées indiquent celles où se trouve le sang veineux, et les parties dessinées au trait, celles qui con- tiennent le sang artériel ; le cœur est représenté par un cercle ponctué. Enfin, les flèches indiquent la direction du courant sanguin, Fig. 15. Circulation du sang chez les mammifères et les oiseaux. — a Le -cœur renfermant quatre cavités. — Le sang veineux y arrive de toutes les parties da corps par les veines (4) et pénètre das l'oreillette droite (c); puis descend dans le ventricule droit (4) qui le pousse dans l'artère pulmonaire (e), dont les ramifications capillaires (f) sont le siège du travail respiratoire, et se conti- nuent avec les racines des veines pulmonaires par lesquelles le sang devenu artériel retourne au cœur; ce liquide y pénètre par l'oreillette gauche (g), passe CIRCULATION. 47 Avant la naissance, lorsque Pair ne distend pas encore les pou- mons , la circulation ne se fait pas de la même manière que pen- dant tout le reste de la vie. Il existe alors une ouverture qui fait communiquer l'oreillette droite avec l’oreillette gauche , et un ou plusieurs vaisseaux se rendent directement du ventricule droit à l’artère aorte , de facon que le sang venant des diverses parties du corps, peut parvenir dans ce vaisseau sans traverser le système pulmonaire. Mais lorsque le jeune animal com- mence à respirer, Ces communications entre les systèmes vei- neux et artériel , ne tardent pas à s’oblitérer, et la circulation se fait de la manière indiquée ci-dessus. $ 60. Dans la classe des Reptiles la circulation n’est pas com- plète comme chez les mammifères et les oiseaux ; une portion plus ou moins considérable de sang veineux, se mêle au sang artériel avant que de se rendre aux poumons, et par conséquent le liquide nourricier qui traverse les organes n’est qu’imparfai- tement revivifié. Én général, ce mélange s’effectue dans le cœur, cet organe n'étant pourvu que de trois cavités, savoir : deux oreillettes et un seul ventricule (4. 16); le sang veineux venant de diverses parties du corps est versé par l'oreillette droite dans le ventricule unique qui reçoit aussi le sang artériel venant des poumons et contenu dans l'oreillette gauche; une portion de ce mélange de sang artériel et de sang veineux retourne ensuite aux poumons et le reste se rend, par les artères, aux organes qu’il est destiné à nourrir ({g. 18). Cette conformation de lPap- pareil circulatoire rappelle un peu ce qui existe chez les mam- mifères et les oiseaux avant la naissance lorsque les deux moi- liés du cœur communiquent entre elles. ensuite dans le ventricule gauche (A), et de la dans l’artère aorte (:), dont les branches se répandent dans toutes les parties du corps, et dont les dernières divisions capillaires (7) se continuent avec les racines des veines. % Fig. 16, Circulation du sang chez les reptiles ordinaires.—a Le ventricule nnique recevant à-la-fois , par l'intermédiaire de l'oreillette droite, le sang veineux qui vient de toutes les parties du corps (c), et par l'oreillette gauche le sang artériel qui vient des vaisseaux capillaires pulmonaires (b) ; la double flèche placée dats ce ventricule, indique les deux directions dans lesquelles le sang en est expulsé. Fig. 17. Circulation du sang dans les poissons.—a Le cœur qui ne se compose que de deux cavités’, une oreillette () et un ventricule (c) lesquelles recoivent le sang veineux venant de toutes les parties du corps (f), et l’envoient à l'appareil respiratoire (4) dont les vaisseaux capillaires donnent naissance à un tronc ar- tériel (e) qui réhaplace l'aorte et distribue le sang à toutes les parties du corps. Reptiles. 35 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Féy. 18.1) ne IG ï ! ! } k h 1 i l 1 ! (1) Appareil cireulatoire d’un lézard, — a Ventricule du cœur; — & oreil- lette gauche; — c oreillette droite ; — d, d crosses aortiques; = e artère caro- tide ; — f'artère aorte ventrale formée par la réunion des deux crosses aorti- tiques ; — g artères des membres antérieurs; — À artère pulmonaire ; — i veine pulmonaire ; — ? veine cave irférieure ; — } ligne ponctuée indiquant le contour des poumons; — k estomac; —- / intestins ; — »7 veines qui naissent des intestins, tère branclhiale ; Fig. 19. (1) — e branches CIRCULATION. 49 $ 61. Chez les poissons lap- pareil circulatoire se simplifie davantage.Le cœur ne présente que deux cavités, une oreillette et un ventricule, et ne reçoit que du sang veineux (fig. 17); par ses fonctions il correspond par conséquent à la moitié droite du cœur des animaux supérieurs. Le sang qui en part se rend à l'appareil respiratoi- re,etaprès avoir subi linfluen- ce vivifiante de l’air, passe di- rectement dans les vaisseaux artériels servant à le transpor- ter dans toutes les parties du corps; enfin ce liquide après avoir servi à la nutrition des or- ganes revient par les veines, dans l'oreillette du cœur qui le verse dans le ventricule , d’où il s'échappe pour retourner de nouveau à l’appareil respira- toire {VOY. fig. 19). On voit donc que chez les poissons le sang, en parcou- rant le cercle circulatoire , ne traverse qu'une seule fois le cœur , et cela à l’état veineux. Mais la circulation est encore double et complète, car ce li- quide traverse deux systèmes de vaisseaux capillaires et toute la masse du sang vei- neux se transforme en sang et vont se ramifier dans la substance du foie (2), puis se réunissent de nouveau pour se rendre dans la veine cave; — 0 reins. (1) Fig. 19. Appareil circulatoire d’un poisson (un squale); les artères sont représentées au trait et les veines sont ombrées : — à Oreillette du cœur ; — b ventricule du cœur; — c bulbe de l’artère pulmonaire ou branchiale; — 4 ar- transversales de ce vaisseau, traversant les branchies; — f artère aorte formée par la réunion des vaisseaux qui naissent des branchies; — g veine cave; — À veines rénales; — # système de ia veine porte; — 7 sinus veineux qui débouche dans l'oreillette; — À intestin. { Poissons. Mollusques. 50 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. artériel avant que de retourner aux organes (voyez fig. 17, page 46). $ 62. Chez la plupart des mollusques la circulation se fait à-peu-près comme chez les poissons, avec cette différence ce- pendant que le cœur est aortique au lieu d’être pulmonaire, c’est-à-dire se trouve sur le trajet du sang qui se rend de lap- pareil respiratoire aux diverses parties du corps. Le cœur de ces animaux se compose ordinairement d’un ventricule, d’où nais- sent les artères fig. 20), et d’une ou de deux oreillettes en com- munication avec les vaisseaux qui y apportent le sang artériel de l'appareil respiratoire ; c’est le cas pour les limaçons , les huîtres Fig. 20. (1) et tous les autres mollus- ques de la classe des gasté- ropodes et de la classe des acéphales ; mais quelque- fois il n'existe pas d’oreil- lettes, et on trouve des es- pèces de cœurs veineux tout-à-fait distincts du ventricule aortique et si- tués à la base des organes de la respiration; c’est le cas des poulpes, des seiches et des autres céphalopodes. Quoi qu’il en soit,chez tous ces animaux le sang artériel traverse le cœur , puis se rend dans toutes les par- ties du corps, se dirige en- “ suite vers l'appareil de la respiration et après avoir subi l'influence de lair re- tourne de nouveau au cœur pour recommencer le même trajet. (1) Appareil circulatoire d’un mollusque gastéropode du genre doris. Les artères sont représentées au trait et ies veines sont ombrées:—« Veines des dif- férentes parties du corps se réunissant pour former le gros tronc (2) qui porte le sang à l'organerespiratoire (les branchies , c), d’où ce liquide revient par les veines pulmonaires (d) dans l'oreillette du cœur (e), qui, à son tour, le pousse dans le ventricule (f), lequel l’envoie dans l'artère (g) chargé de le distribuer aux différentes parties du corps; -- c les branclies; — 4 les tentacules. CIRCULATION. 51 6 63. Dans les écrevisses, les crabes et les autres animaux de la classe des crustacés, le sang suit la même marche que chez les mollusques; seulement le cœur, destiné à le distribuer dans toutes les parties du corps, ne se compose que d’un ventricule (fig. 21);. 6 64. Les vers de la classe des annélides ont aussi une circu- lation et un appareil vasculaire bien distincts; mais en général il n’existe pas de cœur proprement dit, et le liquide nourricier n’est mis en mouvement que par les contractions des principaux vaisseaux. Aussi le cours du sang est-il bien moins régulier que chez les divers animaux dont nous venons de parler et souvent la direction du courant n’est pas constante. $ 65. Dans les insectes, le sang n’est plus renfermé dans un système de vaisseaux particuliers; il est répandu dans les in- terstices qui existent entre les divers organes; mais cependant, il est encore animé d’un mouvement circulatoire, et l’agent principal de cette circulation vague et incomplète est un vais- seau dorsal situé sur la ligne médiane du corps, au-dessus du tube digestif (/g. 22). (r) Appareil circulatoire d’un crustacé (le homard): —a Le cœur; — à l’ar- tére ophthalmique; — c l’artère antennaire ; -- d l’artère hépatique; — e l'artère abdominale supérieure ; — f l'artère sternale; — 9 g sinus veineux recevant le sang qui arrive des diverses parties du corps, et l’envoyant à l’appareil respi- ratoire (les branchies, À), d’où il retourne au cœur par les vaisseaux branchio- cardiaques (i). : 4. Crustacés. Annélides. Insectes. Zoophytes. Nécessité de cette fonction. 52 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Fig. 22. (1) Enfin, il existe aussi une espèce de circulation encore plus imparfaite chez divers zoophytes, tels que certains polypes, où le liquide nourricier, répandu dans la grande cavité dont le corps de ces animaux est creusé, s’y meut avec assez de rapidité, sans que l’on puisse découvrir la cause de son mouvement. 6 66. Telles sont les principales modifications que l’on re- marque dans la manière dont s’effectue la circulation du fluide nourricier chez les divers animaux. Etudions maintenant les phénomènes qui s’accomplissent pendant qu’il parcourt ainsi le système vasculaire. DE L’ABSORPTION. 6 67. Nous avons vu que le corps d’un animal vivant doit assimiler continuellement à sa propre substance des matières étrangères puisées dans le monde extérieur, el doit rejeter au dehors des particules qui se séparent de ses organes , et qui ne peuvent plus servir à les former. (1) Fig. 22. Circulation dans un insecte névroptère; les flèches indiquent la direction des courars : — a Vaisseau dorsal dans lequel le sang se dirige d’ar- rière en avant; — 4 principaux courans latéraux. Se ABSORPTION 53 Nous avons vu aussi qu'un liquide particulier , le sang, par- court sans cesse les diverses parties de l’économie, et sert à charier ces matières. Mais ce liquide nourricier est renfermé lui-même dans des cavités intérieures du corps, qui, nulle part, ne s'ouvrent au dehors; on doit donc se demander par quelle voie les substances étrangères, nécessaires à l'entretien de la vie, peuvent pénétrer dans les vaisseaux pour se mêler au sang, et comment les ma- tières qui s’y trouvent peuvent s’échapper au dehors. Ces deux ordres de phénomènes constituent les fonctions de Pabsorption et de l’2rhalation, dont nous allons maintenant nous occuper. Ç 68. L’aBsorPrion est l’acte par lequel les êtres vivans pom- pent en quelque sorte, et font pénétrer, dans la masse de leurs humeurs, les substances qui les environnent, ou qui sont dé- posées dans la profondeur de leurs organes. Pour constater l'existence de cette faculté absorbante, il suffit d’un petit nombre d'expériences. Si l’on plonge dans de l’eau le corps d’une grenouille, de façon à ce que le liquide ne puisse s’introduire dans la bouche de l'animal, on trouve néanmoins qu’au bout d’un certain temps son poids augmente : or, cette augmentation qui, dans des circonstances favorables, s'élève jusqu’au tiers du poids total de animal, ne peut évidemment dépendre que de l'absorption de l’eau par la surface extérieure du corps. Si l’on introduit une quantité connue d’eau dans l'estomac d’un chien, et qu’à laide de deux ligatures, on ferme toutes les ouvertures qui font communiquer la cavité de cet organe avec d’autres parties, le liquide n’en disparaitra pas moins au bout de peu de temps, car il sera absorbe par les parois de lPestomac etse mélera ainsi au sang. Il n’existe cependant, à la surface de la peau ou de l’estomac, ni pores (1) ni ouvertures quelconques qui conduisent directe- ment dans les vaisseaux sanguins, et qui servent au passage des liquides absorbés. Mais les tissus qui forment ces organes, de même que ceux de toutes les autres parties du corps, ont une structure plus ou moins spongieuse, et sont tous plus ou moins perméables aux liquides. $ 69. En effet, dans le corps vivant comme sur le cadavre, ces (r) Les pores que l'on aperçoit à la surface de la peau ne traversent pas cette membrane et ne conduisent que dans de petites cavités logées dans son épaisseur et servant à sécréter diverses humeurs ou à former les poils; en traitant du tou cher, nous aurons l’occasion de revenir sur la structure de la peau. Définition. Preuves de son existence, Mécanisme de l'absorp- tion. Perméabi- lité des tissus. Capillarité. Endosmose. 54 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. tissus s’imbibent toujours des fluides qui les baignent, et se laissent traverser par eux avec plus ou moins de facilité. Fig. 23. (1) e b a Ainsi, que l’on fasse passer à travers un tronçon de veine, disposé comme dans la figure ci-jointe, un courant d’eau acidulé, et que l’on mette en contact avec la surface exté- rieure de ce vaisseau, une teinture bleue de tournesol, on ne tardera pas à voir la couleur de ce liquide virer au rouge par l’action de Pacide qui y sera parvenu en traversant les pa- rois de la veine. Dans le cadavre, ces parties sont, par consé- quent, perméables aux liquides. $70. Or, que l’on mette à nu une veine chez un animal vivant, que l’on isole parfaitement ce vaisseau , et que l’on applique sur sa surface extérieure de l’extrait de noix vomique , ce poison violent ne tardera pas à pénétrer à travers les parois membra- neuses de la veine, à se mêler au sang, et à occasioner les symptômes terribles qui s’observent quand on l’injecte directe- ment dans un vaisseau sanguin. Il est donc évident que, pendant la vie comme après la mort, les veines sont perméables aux liquides. 6 71. La perméabilité des parties solides des corps organisés suffit déjà pour nous faire comprendre comment l’absorption est possible. À l’aide de cette propriété des tissus vivans, les liquides peuvent avoir accès partout, mais elle ne saurait les y appeler; et, pour qu'ils pénètrent dans l’intérieur des organes, il faut nécessairement qu'ils soient sollicités à le faire par une force quelconque. L’atiraction capillaire contribue puissamment à produire cette imbibition; mais elle n’est pas la seule force qui agisse dans ce sens , et pour se former une idée exacte du mécanisme à laide duquel les liquides pénètrent dans la substance des tissus orga- niques, il est nécessaire de connaître un phénomène très curieux, découvert il y a quelques années par M. Dutrochet, et désigné par lui sous le nom d’endosmose. (1) a Flacon à deux tubulures contenant l’eau acidulée, et servant de réser- voir; — à vase contenant de la teinture bleue de tournesol dans laquelle plonge la portion moyenne d'une veine dont l’une des extrémités communique avec le réservoir a et l’autre se rend dans le vase c destiné à recevoir l’eau acidulée qui s'écoule, en traversant la veine. ABSORPTION. 55 Ce physiologiste a constaté que, si l’on renferme de Peau gom- mée dans un pelitsac membraneux surmonté d’un tube et bai- gné par de l’eau pure (fg. 24), ce dernier liquide pénètre dans l’intérieur de l'appareil, et s'élève dans le tube Fig. 24. à une hauteur considérable. Il y a donc ici une véritable absorption, et la force qui la déter- mine agil souvent avec assez d'énergie pour faire équilibre à une colonne d’eau de plusieurs centimètres. En plaçant au contraire de Peau gommée ou sucrée au-dehors du sac membra- neux, et de l’eau pure dans son intérieur, le passage a lieu en sens inverse, et le sac, au lieu de se remplir , se vide. Ce phénomène a la plus grande analogie avec l'absorption qui à lieu chez les êtres vivans, et l'explication en est facile à trouver. Nousavons vu que les membranes organiques , de même que tous les corps spongieux ou poreux, se laissent traverser par les liquides; mais la fa- cilité avec laquelle ce transport a lieu varie suivant que ces liquides sont plus ou moins fluides et mouillent plus ou moins facilement ces espèces de filtres. Si les deux liquides , placés dans l’inté- rieur et à l’extérieur de la poche membraneuse pouvaient traverser avec la même rapidité les parois de cette cavité, ils se méleraient également, et le même niveau s’établirait en dedans et au dehors de linstrument. Mais si le liquide extérieur traverse plus facilement les parois du sac que le li- quide intérieur, le courant du dehors en dedans sera plus rapide que le courant en sens contraire, et le liquide s’accu- mulera dans l’intérieur de l'appareil. Or, c’est ce qui a lieu quand il y a endosmose; l’eau qui baigne le sac renfermant l’eau gommée filtre facilement à travers les parois de cette avité , et lorsqu'elle est arrivée dans son intérieur, elle s’unit à la gomme et forme ainsi un liquide nouveau dont le pas- sage, à travers ces mêmes parois, et d'autant plus difficile , que la quantité de gomme est plus considérable : elle doit donc s’y accumuler et s'élever dans le tube vertical qui communique avec le réservoir membraneux. $ 72. Les corps organisés qui absorbent du dehors les liqui- des dont ils sont entourés sont placés dans les mêmes condi- tions que le sac membraneux dont nous venons de parler ; il est donc à présumer que, dans tous les cas , les mêmes effets sont dus à des causes analogues , et que la force principale qui dé- termine le passage des subsiances absorbées à travers les mem- Transport des matières absorbées,. 56 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. branes vivantes est la mème que celle qui produit le phénomène de Pendosmose. $ 73. Dans certains animaux des classes inférieures, ceux dont la structure est la noins compliquée et les facultés les plus bor- nées , l'absorption ne consiste que dans l'espèce d’imbibition dont je viens de parler, C’est par le même mécanisme que les substances étrangères traversent l'épaisseur des parties solides avec lesquelles elles sont en contact, pour aller se méler aux liquides dont les aréoles de ces organes sont remplies; qu’elles Vaisseaux absorbans. se répandent ensuite dans tout le corps, et qu’elles pénètrent dans la profondeur des tissus. Mais lorsqu'on s’élève dans la sé- rie des êtres, on voit que bientôt la nature perfectionne le mé- canisme de l'absorption, et que, pour y parvenir, elle introduit dans cette fonction importante une division de travail de plus en plus grande. $ 74. Chez les animaux dans lesquels il se fait une circulation régulière, l'absorption proprement dite, ou le passage des sub- slances étrangères du dehors dans l’intérieur de Péconomie , s'effectue toujours de la même manière que chez les êtres moins parfaits; mais, du moment où ces substances en traversant de la sorte les tissus pénètrent dans les vaisseaux capillaires , dont ceux-ci sont creusés, et qu’elles s’y mêlentaux sucs nourriciers du corps, les choses se passent tout autrement ; car, au lieu de conti- nuer à se répandre de proche en proche dans les diverses parties par l'effet de limbibition, elles sont entrainées par des courans plus ou moins rapides, et distribuées immédiatement dans tous les points où le sang lui-même pénètre. On voit donc que Pab- sorption de ces matières et leur transport dans l'intérieur de l’économie ne sont plus un acte unique, mais-se composent de deux séries de phénomènes parfaitement distincts; les uns, pu- rement locaux, consistent dans lPimbibition des tissus et dans le mélange des matières absorbées avec les humeurs contenues dans les vaisseaux capillaires de ces parties; les autres, dépendans de la circulation générale, consistent dans le transport de ces inèmes substances dans des parties éloignées de celles où elles avaient d'abord pénétré. 6 75. Chez tous ces êtres, l'agent principal à l’aide duquel ce transport s'effectue est le sang qui traverse les organes où l’ab- sorption a lieu, et qui retourne vers le cœur pour se porter en- suite de nouveau dans l'épaisseur des divers tissus. Il s'ensuit que chez les animaux pourvus d’un système circulatoire les vei- nes jouent un rôle très important dans Pabsorption, et que, dans l’immense majorité des cas, c’est par leur intermédiaire que les liquides, dont un point circonserit du corps est imbibé, se répandent dans toute Péconomie. ABSORPTION. 7 Chez un grand nombre d'animaux, c’est seulement par lin- lermédiaire des vaisseaux sanguins que absorption s'effectue : mais , chez l’homme et la plupart des autres. animaux dont l’or- ganisation est la plus compliquée, il existe un autre système de canaux, qui servent au même usage, et qui paraissent êlre spécialement destinés à absorber certaines substances déter- minées. C’est l’appareil des vaisseaux lymphatiques, dont la découverte ne date que du dix-septième siècle, et est due aux travaux d’Eustache, d’Asellius, de Pecquet, de Rudbeck, de Bartholin , etc. (1) On donne ce nom à des canaux qui naissent par des radicules extrêmement déliées dans la profondeur des divers organes, et qui, après s'être réunis en lroncs plus ou moins gros, vont enfin déboucher dans les veines près du cœur. Un grand nombre de physiologistes regardent ces canaux comme étant les agens uniques de l’absorption, et les nomment vaisseaux absorbans. Mais rien ne vient à l'appui de cette opinion exclusive : lana- tomie comparée suflirait même pour l’infirmer, et les expé- riences faites par M. Magendie et par plusieurs autres savans, prouvent qu'elle est complètement erronée. En effet, absorption par les veines est facile à constater chez tous les animaux qui ont un système de vaisseaux Iymphatiques, comme chez ceux qui en sont dépourvus. Voici des expériences qui ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. MM. Magendie et Delille, ayant assoupi un chien avec de lopium pour lui éviter les douleurs occasionées par une opé- ration laborieuse, pratiquèrent lamputation de lune de ses cuisses, en laissant seulement intactes l’artère et la veine, afin de conserver la communication entre le membre et le reste du corps; puis ils enfoncèrent, dans la patte ainsi séparée, un poison violent (de lupas tieuté). Or, les effets du poison se manifestèrent avec autant de promptitude et d'intensité, que si la cuisse n’eût pas été séparée du corps, et l'animal périt dans l’espace de quelques minutes. On pouvait objecter que , malgré toutes les précautions prises, (x) En 1565, Eustache décrivit ie canal thoracique, mais sans en connaître les rapports. En 1622, Asellius découvrit les vaisseaux lymphatiques dans le mé- sentère d’un chien. En 1651, Pecquet trouva que ces vaisseaux se terminent dans le canal thoracique, et que ce canal s'ouvre dans les grands troncs vei- neux. Enfin, vers 165:i, on constata l'existence des vaisseaux lymphatiques dans les autres parties du corps et il est difficile de décider aujourd'hui , si la priorité pour cette découverte importante appartient à Joliffe, à Rudbeck, ou à Bartholin. Absorption veineuse. Vaisseaux lymphatiques. 58 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. les parois de lartère et de la veine laissées intactes contenaient dans leur épaisseur les vaisseaux lymphatiques, et que ces ca- naux avaient suffi pour donner passage au poison. Pour lever cette difficulté, M. Magendie répéta l’expérience sur un autre chien, avec cette modification, qu’il introduisit dans l'artère crurale un tuyau de plume sur lequel il fixa le vaisseau par deux ligatures; il coupa ensuite circulairement les parois de lartère entre les deux liens, et pratiqua la même opération sur la veine. Il n’y eut donc plus de communication entre la cuisse de lPanimal et le reste de son corps, si ce n’est par le sang artériel qui arrivait dans le membre et par le sang veineux qui retournait vers le cœur; néanmoins, le poison introduit ensuite dans la patte produisit la mort avec sa rapidité ordinaire. Cette expérience ne laisse point de doute que le poison n'ait passé de la patte au tronc, à travers la veine crurale; et, pour rendre le phénomène encore plus évident, il suffit de presser cette veine entre les doigts au moment où les effets du poison commencent à se manifester; car, en empéchant ainsi le passage du sang, on voit les symptômes de lempoisonnement cesser aussitôt, pour reparaitre dès qu’on laisse de nouveau le vaisseau libre et que le sang remonte vers le cœur. Dans d’autres expériences, on a constaté directement la pré- sence des matières absorbées dans le sang des veines. Il est donc évident que ces vaisseaux sont des organes actifs de l'absorption ; mais on ne peul douter aussi que, dans certains cas, les vaisseaux lymphatiques ne servent aux mêmes usages. 6 76. Les vaisseaux lymphatiques ressemblent assez aux veines par leur structure et leur mode de distribution; mais ils sont bien plus fins et leurs parois sont plus minces. On en trouve dans presque toutes les parties du corps; et, chez les mammi- fères , ils forment deux plans : l’un superficiel , Pautre profond ; ils communiquent entre eux par de fréquentes anastomoses, el se réunissent en rameaux et en branches comme les veines. La plupart de ces vaisseaux forment ainsi un gros tronc qui remonte au-devant de la colonne vertébrale, et qui va déboucher dans la veine sous-clavière du côté gauche (on le nomme canal tho- racique); mais d’autres s'ouvrent isolément dans la veine du côté opposé du cou, ou même quelquefois dans divers vaisseaux san- guins situés plus près de leur origine. Pendant leur trajet, on les voit passer à travers de petits organes irrégulièrement ar- rondis , et situés aux aisselles, au pli de laine, au cou, dans la poitrine et dans l’abdomen (voyez fig. 25). La structure et les usages de ces corps sont encore peu connus; on les appelle ganglions Où glandes lymphatiques. Enfin, dans l'intérieur des ABSORPTION. 9 4 vaisseaux lymphatiques , il existe un grand nombre de replis transversaux qui remplissent les mêmes fonctions que les val- vules des veines, et qui s'opposent au reflux de la Iymphe. On a constaté l’existence des vaisseaux lymphatiques chez les oiseaux , les reptiles et les poissons, aussi bien que chez les mammifères. Chez divers reptiles, cet appareil offre même une structure plus compliquée que chez les animaux supérieurs, car les vaisseaux lymphatiques sont en communication avec un certain nombre de réservoirs contractiles qui battent d'une ma- nière régulière, et qui peuvent être considérés comme des es- pèces de cœurs lymphatiques. Chez la grenouille ; ilexiste deux paires de ces poches situées, l’une sous la peau dans la région ischiatique, l’autre près de la troisième vertèbre cervicale, et on les voit se contracter et se dilater alternativement à-peu-près soixante fois par minute. $ 77. Le liquide contenu dans les vaisseaux Iymphatiques porte Le nom de /ymphe. Dans l’état normal, il est légèrement jaunâtre et transparent; examiné au microscope, on y décou- vre des globules incolores qui paraissent être sphériques et qui sont plus petits que les globules rouges du sang; abandonné à lui-même, il se coagule à-peu-près comme le sang, mais avec moins de force; enfin, soumis à l’analyse chimique , il se mon- tre composé d’eau, d’albumine , de fibrine et de divers sels. On voit par conséquent, que la lymphe a la plus grande analogie avec le sérum du sang, lorsque ce liquide est dépouillé de ses globules rouges, et qu'il contient encore en dissolution, la fi- brine dont dépend sa coagulabilité. On ne sait que peu de chose sur les mouvemens de la 1ym- phe dans l’intérieur des vaisseaux lymphatiques ; ainsi que nous le verrons en étudiant la digestion, ce liquide remonte quel- quefois avec beaucoup de force dans le canal thoracique , et en dernier résultat, il va toujours se mêler au sang dans les grosses veines situées près du cœur. $ 78. Rien n’est plus facile que de démontrer l’absorption qui a lieu dans certains organes par lintermédiaire des vaisseaux lymphatiques; pour le faire, il suffit d'ouvrir l'abdomen d'un animal dont la digestion est en pleine activité, car on trouve alors tous les vaisseaux lymphatiques des intestins gorgés d’un liquide lacté provenant des matières alimentaires. On a retrouvé aussi dans ces vaisseaux, divers sels préalablementintroduits dans les intestins; mais il paraïitrait bien démontré que les vaisseaux lymphatiquesne possèdent pas la propriété d’absorber toutes les substances qui peuvent cependant, pénétrer dans le torrent de la circulation, par l'intermédiaire des veines. Quelques physiolo- gistes ont élé même portés à croire que les vaisseaux lymphati- Lymphe. Absorption lymphatique. Circonstan- ces qui in- fluent sur l’ab- sorption. Perméabi- lité et vascula- rité des tissus, 60 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. La ques qui ne proviennent pas des intestins, el qui sont répan- dus dans les autres parties du corps ne servent pas à absorption des matières étrangères; mais cette opinion ne parait pas bien fondée. En effet, lorsque les canaux biliaires sont obstrués, on reconnait souvent la présence de la bile dans les vaisseaux lym- phatiques du foie, el lon sait depuis long-temps que lPab- sorption de cerlaines matières vénéneuses est fréquemment suivie du gonflement et de inflammation des troncs Iymphati- ques, qui s'étendent du point où le poison a été déposé vers le cœur , comme si le passage de ces matières avait irrité leurs parois ; cela se voit presque toujours chez les personnes qui, en disséquant un cadavre putréfié, se piquent le doigt. Du reste , l'absorption qui se fait par les vaisseaux lymphati- ques doit être beaucoup plus lente que celle effectuée par les veines, car le sang coule avec une grande rapidité dans ces der- niers Canaux , el le liquide contenu dans les vaisseaux lympha- liques ne s'y meut que très lentement. Enfin il paraïtrait aussi que cette absorption ne s’exerce que sur certaines substances déterminées, et sert principalement à deux fonctions dont nous aurons à nous occuper par la suite : savoir , le passage des matières nutritives de l’intestin dans le système sanguin , et le transport du résidu fourni par le tra- vail nutritif dans la profondeur de toutes les parties de Pécono- mie; el, nous le répétons, c’est par lintermédiaire des veines que s’opèrent la plupart des phénomènes ordinaires de Pab- sorption. $ 79. D'après ce que nous venons de dire sur le mécanisme de l'absorption, on comprendra facilement quelles sont les princi- pales circonstances qui doivent influer sur la marche de cette fonction. Ainsi, la première condition de toute absorption étant la per- méabilité des tissus interposés entre la substance qui doit être absorbée et les liquides qui serviront à en effectuer le trans- port, il est évident que, toutes choses égales d’ailleurs ; ce phé- nomène doit être d'autant plus rapide, que ce tissu lui-même offre une texture plus lâche et plus spongieuse. Un autre principe également facile à déduire des faits déjà exposés, cest que, toutes choses égales d’ailleurs, la rapidité de l’absorption doit être en raison du degré de vascularité du tissu qui en est le siège. En effet, la texture lâche et spongieuse des solides organiques est, de toutes les propriétés physiques, celle qui doit faciliter davantage l’imbibition, et les veines étant la route principale par laquelle les substances absorbées se répandent au loin dans l’économie , l'influence du nombre plus ou moins grand de ces ABSORPTION. 61 vaisseaux et de leur grosseur , est trop évidente pour nécessiter aucun commentaire. Dans la plupart des cas, ces deux lois suflisent déjà pour nous fournir l'explication des différences énormes que l’on remarque dans la rapidité avec laquelle Pabsorption s'effectue dans di- verses parlies du corps, elles pourraient même nous faire pré- voir ces différences , d’après la seule considération de la dispo- sition anatomique de nos organes. . Ainsi, les poumons, dont je ferai connaitre plus tard la struc- ture et les fonctions, sont, de toutes les parties de économie, celle dont la structure est la plus spongieuse, et dont le système vasculaire est le plus développé. Il s'ensuit que l’absorption doit être plus rapide dans ces organes que partout ailleurs, et c’est effectivement le résultat auquel on est arrivé par l'ex- périence. La substance molle et blanchätre que l’on trouve entre lous les organes, et que l’on nomme le féssu cellulaire, est aussi très perméable aux liquides, mais on y irouve bien moins de vais- seaux sanguins que dans le tissu du poumon : aussi l'absorption Sy fait-elle avec moins de vitesse que dans ces organes, sans laisser cependant que d’être encore très rapide. La peau présente, au contraire, une texture très dense, et sa surface esl recouverte d’une espèce de vernis formé par lépi- derme; en général, les vaisseaux sanguins y sont également petits et peu nombreux; et, comme on pouvait s’y attendre d’après cette disposition anatomique, l'absorption ne s’y fait que très difficilement. En enlevant l’épiderme, on facilite con- sidérablement limbibition de cette membrane, et on rend, par conséquent, labsorption plus facile; enfin, lorsqu'on ne se borne pas à dénuder ainsi le derme, mais qu’on détermine la dilatation de son système vasculaire (en lirritant au moyen d’un vésicatoire, par exemple), on rend cette fonction encore plus active. En médecine , on tire parti de la connaissance de ce fait pour obtenir l'absorption de certaines substances dont on craint Pac- tion irritante sur l’estomac, et cette manière d’administrer les médicamens est désignée sous le nom de methode endermique. Le peu de perméabilité de lépiderme nous explique aussi pourquoi on peut manier sans danger la plupart des poisons les plus vio- lens, pourvu toutefois que la peau des mains soit intacte, car alors l'absorption est à-peu-près nulle ; tandis que les accidens les plus graves, et la mort même, peuvent être le résultat du contact de ces mêmes substances sur un point où la peau est entamée par une coupure, ou seulement dépouillée de son épiderme. Quantité des humeurs. Nature des matières sorbées. ab- 62 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. È Une autre circonstance qui exerce aussi une influence très grande sur la rapidité de l'absorption, est l’état de p£ethore (1) plus ou moins grand de l’animal. La quantité de liquide qui peut étre contenu dans le corps d’un animal vivant a des limites, de même que le degré de des- siccation compatible avec la vie. Or, plus le corps approche de son point de saturation, plus les liquides éprouvent de difii- cultés pour pénétrer dans son intérieur. Ainsi, que l’on administre à deux chiens des doses égales d’un poison, dont les effets ne se manifestent qu'après son ab- sorption, et que, préalablement à cette opération, on diminue la masse des humeurs de l’un de ces animaux au moyen d’une sai- gnée copieuse, tandis que, chez l’autre, on augmente le volume des liquides contenus dans le corps, par l'injection d’une certaine quantité d’eau dans les veines, l’empoisonnement aura lieu chez le premier avec plus de rapidité que dans les cas ordi- naires; et, chez le dernier, les symptômes qui dénotent Pab- sorption du poison ne se montreront qu'après un temps bien plus long. Ces résultats sont d'autant plus importans à connaître, qu'ils trouvent des applications nombreuses dans Part de guérir, et qu'ils montrent combien les fonctions des êtres vivans sont sou- mises aux lois ordinaires de la physique. Les recherches de mon frère, le docteur W. Edwards, relatives à l'influence des agens physiques sur la vie, ont mis cette vérité dans tout son jour, et M. Magendie est arrivé au même résultat en suivant une autre route. Enfin , la nature des substances absorbées influe aussi sur la promptilude avec laquelle elles pénètrent dans l'épaisseur des tissus , et sont portées dans le torrent de la circulation. En thèse générale, on peut dire que, toutes choses égales d’ailleurs , Pab- sorption sera d'autant plus rapide , que les liquides sont moins denses et mouillent plus facilement les tissus ; pour les solides, il faut tenir compte, en premier lieu, de leur degré de solu- bilité, et ensuite des propriétés physiques des dissolutions qu’ils forment. é Ainsi, lorsqu'on injecte de l’eau dans la cavité abdominale d’un animal vivant, on voit ce liquide disparaitre promptement, tandis que de lPhuile, placée dans les mêmes conditions, ne diminue pas sensiblement de volume dans un laps de temps considérable. (1) Le mot pléthore (1410694, rArw, je remplis) est employé pour indiquer l’état de plénitude du système vasculaire, EXHALATION. 63 Nous venons de passer en revue les points les plus importans de l’histoire de l'absorption ; nous avons à nous occuper main- tenant de la fonction inverse, celle par laquelle une partie des substances contenues dans la masse générale des humeurs, et renfermées avec elles dans les vaisseaux sanguins, peuvent en sortir, soit pour pénétrer dans des cavités intérieures du corps, soit pour s'échapper au dehors. DE L’EXHALATION. $ 80. Nous avons déjà vu que les parois des vaisseaux sanguins sont perméables aux liquides. Il en résulte que l'eau et les autres matières fluides contenues dans ces canaux ne peuvent pas y être emprisonnées d’une manière complète , et doivent pouveir s’en échapper avec plus ou moins de facilité pour se répandre à l’entour ; cette espèce de filtration de lPintérieur des vaisseaux sanguins vers le dehors a effectivement lieu, et on donne à ce phénomène le nom d’exhalation. Dans quelques circonstances, une portion du sang lui-même s'échappe des vaisseaux avec toutes ses parties constituantes, et il peut arriver que cet epanchement sanguin s'effectue sans que les parois des vaisseaux offrent des ouvertures qui établissent une communication directe du dedans au dehors. Le sang suinte alors à travers le tissu dont ces parois sont compôsées, mais ce phénomène est rare; et, en général, les vaisseaux ne laissent point sortir de leur intérieur les globules solides que le sang charie, tandis que les parois de ces canaux n’opposent qu’une barrière plus ou moins incomplète au passage des parties les plus fluides du liquide nourricier. L'eau , contenue en si grande abondance dans le sang, peut, de la sorte, se répandre au de- hors, en n’entrainant avec elle qu’une petite quantité des sels et des autres matières solubles du sérum. Les gaz dissous dans le sang peuvent s’en dégager de la même manière, et cela, à raison seulement des propriétés physiques des parois vasculaires. Pour rendre ce phénomène pour ainsi dire palpable, il suffit d’injecter dans les veines d’un animal vivant certaines sub- stances qui ne se trouvent pas naturellement dans lé sang, mais s’y dissolvent très bien, et qui sont faciles à reconnaitre : car , au bout de quelque temps, on découvrira des traces de ces matières étrangères dans tous les liquides qui se trouvent ré- pandus dans les différentes cavités du corps, et qui s’y sont pro- duits par exhalation. Ainsi, lorsqu'on injecte du prussiate de potasse dans les veines d’un chien, on ne tarde pas à relrouver Caractères de ce phéno- mène, Mécanisme de Pexhala- tion. 64 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ce sel dans le liquide aqueux qui s’accumule dans le thorax et dans Pabdomen, et chacun sait que lorsque des matières odo- rantes, telles que des liqueurs spiritueuses , ont été absorbées et sont introduites de la sorte dans le torrent de la circulation, elles viennent s’exhaler des vaisseaux à la surface pulmonaire, et s’'échappent au dehors avec Pair expiré. 681. L’exhalation qui a lieu chez tous les êtres vivans n’est pas, comme la plupart des autres fonctions physiologiques, un effet des forces vitales; c’est un phénomène essentiellement physique qui n’est pas dépendant de la vie, bien que sa marche puisse être modifiée par l'influence de ces forces. Effectivement, tout ce qui constitue une véritable exhalation , s’observe sur le cadavre aussi bien que chez animal vivant , et C’est même après la mort que quelques-uns de ses effets sont les plus faciles à constater , car alors rien ne vient en empêcher la manifestation. Ainsi, il suffit de laisser pendant quelques heures, dans la même position, le cadavre d’un animal récemment mort, pour voir la portion aqueuse du sang transsuder en partie à travers les parois des vaisseaux , et s’accumuler dans les points les plus déclives du corps. Par le seul fait de l’évaporation à Pair sec , on peut priver un animal mort de toute l’eau contenue, soit dans les grandes cavités de son corps, soit dans l’intérieur de ses vaisseaux sanguins, et pendant la vie une évaporation sem- blable s'opère sans cesse. Enfin , à l’aide d’une expérience très simple, on peut démontrer sur le cadavre l’espèce de filtration qui se fait à travers les parois des vaisseaux sanguins, et qui donne lieu à tous les phénomènes de l’exhalation. Pour cela, il suffit encore de pousser dans appareil circulatoire d’un animal récemment mort, une dissolution de gélatine colorée par du vermillon réduit en poudre très fine; l'injection rouge péné- trera dans les vaisseaux capillaires, et on verra alors une por- tion de l’eau chargée de gélatine et dépouillée de matière colo- rante suinter à travers les parois de ces canaux, pour se répandre au dehors, tandis que le vermillon sera retenu dans leur inté- rieur. Or, ce qui arrrive ici pour l’injection , a lieu aussi pour le sang qui, pendant la vie, traverse sans cesse ces vaisseaux ; les globules et les parties les moins fluides du sang se trouvent arrêtés, comme le vermillon, par les parois de ces canaux, tandis qu’une portion de l’eau du sérum , tenant en dissolution les sels propres au sang et une petite quantité d’albumine, filtre à travers ces parois, comme a suinté la dissolution géla- lineuse de l’injection et se répand dans les parties voisines, ou s'échappe au dehors. $ 82. On voit donc que l’exhalation de même que l’absorp- tion est un phénomène dimbibition, et c’est à tort que beau- EXHALATION. 65 coup de physiologistes ont cru devoir en attribuer les effets à de prétendues bouches , qui d’après ces hypothèses ser aient spécialement destinées à livrer passage aux fluides exhalés, mais qui dans la réalité n'existent pas. Le mécanisme de l’exhalation est le même que celui de Pabsorption, seulement le mouvement s'effectue en sens contraire; toutes les parties qui sont le siège de l’une de ces fonctions peuvent être le siège de Pautre, et en sénéral elles ont lieu simultanément dans les mêmes parties ; enfin tout ce qui tend à modifier la marche de lune influe aussi sur l’autre. Ainsi, la texture plus ou moins spongieuse d’un organe, el par conséquent plus ou moins favorable à l’imbibition, est une con- Circonstan- ces qui in- fluentsur l’ex- dition qui agit de la même manière sur la marche de l absorp- halation. tion et de lexhalation. L’une et l’autre de ces fonctions sont aussi, toutes choses égales d’ailleurs, d'autant plus actives, que la partie qui en est le siège est traversée par un plus grand nom- bre de vaisseaux sanguins. Les variations dans la masse des liquides contenus dans le corps agissent, au contraire, d’une manière inverse sur ces deux fonctions. Plus la quantité de ces liquides est considérable, plus lexhalation est abondante. Dans le corps vivant comme dans le cadavre, les tissus retiennent l’eau avec d'autant plus de force qu’ils en contiennent moins, et on peut à volonté activer l’exha- lation en augmentant la masse des humeurs. Une expérience que l’on doit à M. Magendie démontre ce fait de la manière la plus évidente ; dans l’état normal, l’exhalation qui s’opère dans l’intérieur de l’abdomen est si faible, que le liquide exhalé est absorbé aussilôt que déposé dans cette cavité, et ne s’y accumule pas; mais ayant injecté une quantité consi- dérable d’eau dans les veines d’un chien, ce savant a vu aus- sitôt le liquide s’écouler rapidement de la surface interne des parois de l'abdomen et former bientôt dans cette cavité un dé- pôt considérable. La pression que le sang supporte dans les vaisseaux influe aussi d’une manièré puissante sur l’exhalation, et lorsque la circulation dans les veines est entravée de façon à déterminer l'accumulation de ce liquide, la portion la plus fluide du sang s’exhale en abondance dans les parties voisines et en détermine le gonflement; c’est ce qui produit l’enflure des parties qui ont été fortement serrées par des ligatures. Enfin la nature des substances contenues dans le liquide nour ricier, et l’état physiologique des parois vasculaires, influent également sur l’exhalation, et c’est de la sorte que dans certai- nes circonstances (dans des maladies inflammatoires, par exem- ple }, le fluide exhalé par des vaisseaux sanguins n’est pas comme 5] Siège de l'exhalation. à à Transpira- tion insensi- ble. Exbalations internes. 66 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. d'ordinaire du sérum très aqueux, mais renferme aussi de la fi- brine. $ 83. L’exhalation peut avoir lieu à la surface du corps en contact avec l'atmosphère , ou bien dans l’intérieur de cavités plus ou moins grandes, qui ne communiquent pas librement au dehors, et de là une distinction importante à établir : ceile des exhal/ations externes et des exhalations internes. L’exhalation externe qu'il ne faut pas confondre avec la pro - duction de la sueur, et qui a lieu par la surface interne des poumons, aussi bien que par la peau, est désignée sous le nom de transpiration insensible, parce que ses produits se dis- sipent par évanoration , et, en général, ne sont pas aperçus par nos sens. Les pertes que l’homme et les autres animaux éprou- vent par cette voie sont très considérables. Dans l’état de santé, le poids du corps d’un homme adulte ne varie guère, et les pertes qu’il éprouve par les diverses excrétions contrebalancent le poids des alimens dont il fait chaque jour usage. Or, d'après les expériences de Sanciorius, il parait que souvent la transpi- ration insensible entre pour les cinq huitièmes dans les pertes totales dont nous venons de parler. Du reste, l’évaporation qui se fait à la surface du corps n’a pas lieu toujours avec la même intensité, et ici encore l’in- fluence des agens physiques se fait sentir à-peu-près de la même manière sur l’animal vivant et sur le cadavre. Dans lun comme dans l’autre, les pertes par évaporation sont augmentées par l'élévation de la température, par l’agitation de Pair, par sa sécheresse, par la diminution de la pression atmosphéri- que, eic. Les exhalations internes ont lieu à la surface des parois des cavités plus ou moins vastes, creusées dans l’intérieur du corps; elles consistent aussi en de l’eau mêlée à une petite quantité de matières animales et des sels contenus dans le sang d’où ces liquides s’échappent. Telle est la source des humeurs qui hu- mectent continuellement les membranes séreuses (1) dont les grands viscères de la tête, de la poitrine et de l'abdomen sont enveloppés; de la sérosité qui baigne les lamelles du tissu cellulaire si abondamment répandu dans toutes les parties du corps, et d’une partie des humeurs qui remplissent l’intérieur de l'œil. Comme ces exhalations internes ont lieu à la surface de ca- vités qui n’ont pas d’issue au dehors, il est évident que la quantité des liquides contenus dans ces espèces de réservoirs ; (1) Fey, la note de la page 35. RESPIRATION. 67 irait toujours en augmentant si les parties qui exhalent ainsi n'étaient pas en même temps le siège d’une absorption non moins rapide. Dans l’état de santé, ces deux fonctions s’exer- cent simultanément et se contrebalancent de manière à main- tenir toujours la même quantité de liquide dans l’intérieur de la cavité; mais il arrive quelquefois que cêt équilibre est rompu et que l’exhalation devient plus active que l’absorption. Les liquides s'accumulent alors dans les parties, et il en résulte des maladies connues sous le nom d’Aydropisies. (1) 6 84. L’exhalation , dont l'étude vient de nous occuper, n’est pas la seule voie par laquelle les matières contenues dans le sang s’échappent des vaisseaux, soit pour se répandre au de- hors, soit pour servir à d’autres usages dans l’intérieur du corps; un résultat analogue est amené par l’action de certains or- ganes que lon nomme des glandes; mais alors la substance séparée du sang n’est pas seulement de l’eau tenant en dissolu- tion une pelite quantité des matières constituantes du sérum ; c’est un produit dont la composition est toute différente de celle de ce sérum ou du sang lui-même, et dont l’origine doit être attribuée à l'influence de quelque force chimique sur le fluide nourricier. On désigne sous le nom de secretion le travail phy- siologique d’où dépend la formation de ces liquides particuliers, et dans la suite de ces leçons, nous aurons à nous en occuper plus longuement; mais il nous suffit, pour le moment, de si- gnaler l’existence des phénomènes sécrétoires et de les distinguer de ceux dépendans d’une simple exhalation. DE LA RESPIRATION. $ 85. Connaissant la manière dont se fait la circulation , lab- sorption et l’exhalation, nous pouvons maintenant aborder |; l'étude d’une autre fonction, dont l’histoire se lie étroitement à celle du sang, et dont l'importance n’est pas moindre que celle de ce liquide : nous voulons parler de la respiration. (x) Ces amas d’eau prennent diverses dénominations suivant les parties qui en sont le siège; on donne plus spécialement le nom d’hydropisie (ou hydropisie ascite) aux accnmulatious d’eau dans Ja cavité de l'abdomen; et on appelle Aÿ- dropisie de poitrine celles qui se forment dans la plévre , membrane qui enveloppe les poumons; kydropisie du’ cœur, celles qui ont lieu dans le péricarde, mem- brane qui entoure le cœur; hydrocéphale , celles qui se forment dans les mem- branes qui revêtent le cerveau, et œdème, celles qui se montrent dans le tissu cellulaire des diverses parties du corps. 2. Importance e cette fonc- on. Action de loxigène, 68 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Nous avons vu que le sang artériel, par son action sur les tissus vivans, perd les qualités qui le rendaient propre à l’en- tretien de la vie, et qu'après avoir été modifié de la sorte, ce liquide reprend, au contact de l'air, ses propriétés premières : ce contact est donc nécessaire à l’existence des êtres vivans. Et en effet, si on place un animal sous la cloche d’une machine pneumatique dans laquelle on fait le vide, ou bien qu'on le prive d’air par tout autre moyen, il survient un trouble très grand dans les diverses fonctions; bientôt après, l’action de tous les organes s’interrompt, la vie eesse de se manifester , et l'animal tombe dans un état d’asphyxie ou de mort apparente; enfin, la vie s'éteint complètement et ne peut plus être rappelée. Ce phénomène est l’un des plus généraux de la nature orga- nique ; le contact de l'air est indispensable à tous les animaux, comme il l’est à tous les végétaux; et, lorsqu'un être vivant en est privé, il meurt toujours. Partout où il y a vie, l’air est né- cessaire. : Au premier abord, on pourrait croire que les animaux qui vivent toujours au fond de l’eau, comme les poissons, sont sousiraits à l’influence de Pair, et font, par conséquent, excep- tion à la loi dont nous venons de parler; mais il n’en est pas ainsi, Car le liquide dans lequel ils sont plongés, absorbe et lient en dissolution une certaine quantité d’air qu’ils peuvent facilement en séparer , et qui suffit pour l’entretien de leur vie ; il leur est impossible d’exister dans de l’eau purgée d'air , et on les voit s’y asphyxier et mourir, comme périraient des mam- mifères ou des oiseaux que l’on soustrairait à l’action de Pair atmosphérique sous sa forme ordinaire. Les rapports de Pair avec les êtres organisés forment une des parties les plus importantes de leur histoire physiologique, et la série des phénomènes qui en résultent constitue l'acte de la RESPIRATION. . 6 86. L'air, disons-nous, est nécessaire à la vie de tous les animaux ; mais Ce fluide n’est pas un corps homogène ; la chimie y a démontré l'existence de principes très différens ;'et qui, par conséquent, peuvent ne pas jouer le même rôle dans le phéno- mène de la respiration. En effet, outre la vapeur d’eau dont l'atmosphère est toujours plus ou moins chargé, Pair fournit, par l’analyse, vingt-et-un centièmes d’origene et soixante-dix- neuf centièmes d'azote, ainsi que des traces de gaz acide carbo- nique. La première question qui se présente à l'esprit, lorsqu'on aborde l’étude de la respiration , est donc de savoir si ces gaz différens agissent de la même manière, ou hien si c’est à lun deux qu'appartient plus spécialement la propriété d'entretenir la vie. RESPIRATION. 69 Pour la résoudre, il suffit d’un petit nombre d’expériences. Si l’on place un animal vivant dans un vase rempli d'air, et que l’on intercepte toute communication de ce fluide avec latmo- sphère, on voit qu’au bout d’un temps plus ou moins long, cet animal s’y asphyxie et périt; lair qui l’entoure a donc perdu la faculté d’entretenir la vie, el si on en fait alors l’analyse chi- mique, on s'aperçoit qu’il a perdu en même temps la majeure parlie de son oxigène. Si on place ensuite ur autre animal dans un vase rempli de gaz azote, on le voit périr également; tandis que si l’on enferme un troisième animal dans de l’oxigène, il y respire avec plus d'activité que dans l'air, et ne présente aucun symptôme dasphyxie, | Il est donc évident que c’est à la présence de l’oxigène que l'air atmosphérique doit ses propriétés vivifiantes. La découverte de ce fait important ne date que de la fin du siècle dernier (1777), et elle est due à un des chimistes français les plus célèbres, Lavoisier , qui, malgré ses titres nombreux à la reconnaissance publique, périt prématurément, victime de la tourmente révolutionnaire. $ 87. Par Pacte de la respiration, disons-nous, tous les ani- maux enlèvent à l'air qui les entoure, une certaine quantité d’oxigène; mais les changemens qu’ils déterminent ainsi dans la composition de ce fluide, ne se bornent pas là; l’oxigène qui disparaît est remplacé par un gaz nouveau, de lacide carbo- nique. La production de cette substance est un acte non moins général parmi les animaux que lPabSorption de l’oxigène ; et c’esl dans ces deux phénomènes que consiste essentiellement le tra- vail respiratoire. Pour constater ce fait, on n’a qu’à souffler pendant quelque temps, au moyen d’un tube, dans de l’eau tenant en dissolution de la chaux. L’acide carbonique a la propriété de s’unir à cetté dernière substance , et de donner ainsi naissance à un corps qui est insoluble, et qui, par sa composition, est analogue à la craie; or, dans cette expérience, l’acide carbonique qui s’é- chappe de nos poumons, ne tarde pas à se combiner avec la chaux, et à former une poussière blanchâtre qui, en se dépo- sant, trouble l’eau et devient facile à apercevoir. Ce fut même par ce moyen, qu’en 1757, un chimiste, nommé Black, constata le premier la production de ce gaz pendant la respiration. Du reste, l’acide carbonique peut se reconnaitre encore par d’autres méthodes, car il éteint les corps en combustion , et fait périr les animaux qui le respirent en quantités un peu considérables. (1) (1) L'acide carbonique, qui est formé par du carbone uni dans certaines Production d'acide carbo- uique. Rôie de l’a- zote. Transpira- uon pulmo- naire. 70 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. $ 88. Quant à l'azote de l’air respiré, son volume ne change que peu, et l’usage principal de ce gaz parait être d’affaiblir action de l’oxigène qui, à l’état de pureté, excite trop forte- ment les animaux et produit chez eux une espèce de fièvre. On à remarqué, cependant, que, dans quelques cas, une partie de lazote de Pair disparait pendant la respiration, et que d’au- tres fois son volume augmente. Il parait même que les animaux en absorbent et en exhalent continuellement, comme ils exha- lent et absorbent les liquides renfermés dans la cavité du péri- carde , du péritoine, eic., et que les variations que nous venons de signaler dépendent de ce que ces deux fonctions opposées se font en général équilibre, de manière que leur résultat n’est pas apparent, mais que l’absorption est quelquefois plus active que l’exhalation de l’azote , tandis que d’autres fois , la quantité de ce gaz exhalé excède celle qui est absorbée, d’où résulle tantôt une diminution, tantôt une augmentation dis son vo- lume, lorsqu'on le compare avant et après qu’il a servi à la respiration. 6 89. Enfin , il s'échappe aussi du corps, avec les produits de la respiration , une quantité plus ou moins considérable de va- peur d’eau; cette exhalalion , qui a recu le nom de transpira- tion pulmonaire, est même un des phénomènes les plus appa- rens de la respiralion, lorsque, par l'action réfrigérante de Pair , » LU proportions avec de l’oxigène, se produit lors de la combustion du charbon, pendant la fermentation alcoolique, etc.; il entre dans la composition du mar- bre, de la craie, etc., et se trouve dans la plupart des eaux minérales. A l’état de gaz, il est incolore comme l'air, mais beaucoup plus pesant que ce fluide et so- luble dans l’eau. C’est de l’action de cet acide sur l’économie animale que dé- pend l’asphyxie produite par la vapeur du charbon, ainsi que la plupart des accidens du même genre qui ont lieu daus les mines, les souterrains, les puits, et dans les cuves où fermente le vin ou la bière. Dans une grotte située près de Naples, il s’en dégage continuellement de l’intérieur de la terre, et ce gaz oc- casionne des phénomènes qui, au premier aperçu , paraissent très singuliers et excitent la curiosité de tous les voyageurs : lorsqu'un homme entre dans cette caverne, il n’éprouve aucune gêne dans la respiration, mais s’il est accompagné d’un chien, cet animal ne tarde pas à tomber asphyxié à ses pieds, et périrait promptement si on ne le reportait au grand air. Cela dépend de ce que l'acide carbonique dégagé de la terre, étant beaucoup plus lourd que l’air, ne s'y élève pas, mais reste près du sol et y forme une couche d’environ deux pieds d’é- païsseur, Or, un chien qui pénètre dans la grotte, se trouve par conséquent plongé tout entier dans ce gaz méphitique, et doit nécessairement s’y asphyxier, tandis qu'un homme dont la taille est beaucoup plus élevée, n’a que la partie inférieure de son corps exposée à l’action de l'acide carbonique ét respire libre- ment l'air pur qui se trouve au-dessus. Ce lieu remarquable est connu sous le nom de {a Grotte du chien. RESPIRATION. 71 ambiant, ces vapeurs se condensent à la sortie du corps et for- nent un nuage plus ou moins épais. 6 90. Pendant que l'air respiré éprouve les changemens que nous venons d'indiquer , le sang, qui parcourt les membranes en contact avec ce fluide, éprouve également des modifications importantes ; il redevient propre à entretenir la vie, et passe d’un rouge noirâtre à un rouge vif et éclatant. Pour bien ob- server ce fait, on n’a qu'à ouvrir une artère sur un animal vi- vant, et à comprimer en même temps son cou, de façon à em- pêcher l’air de pénétrer dans ses poumons, le sang qui s’écou- lera de l'artère sera d’abord d’un rouge vif, mais ne tardera pas à devenir noirâtre et semblable à du sang veineux. Si alors on permet de nouveau laccès de l'air dans les poumons, on voit ce liquide changer encore de couleur et reprendre la teinte propre au sang artériel. $ 91. Tels sont les principaux phénomènes de la respiration des animaux. Cherchons maintenant à nous en rendre compte, à en trouver l'explication. Et d’abord, que devient l’oxigène qui disparait, et quelle est l'origine de l’acide carbonique produit pendant lexercice de cette fonction ? Lorsqu'on fait brûler du charbon dans un vase rempli d'air, on voit que l’oxigène disparait el est remplacé par un volume égal de gaz acide carbonique ; il se faiten même temps un dé- gagement considérable de chaleur. Or, pendant la respirauon, les mêmes phénomènes ont lieu , et on observe toujours un rap- port remarquable entre la quantité d’oxigène employée par l’a- nimal et celle de lacide carbonique qu’il produit; dans les circonstances ordinaires, le volume de ce dernier n’est que de peu au-dessous de celui du premier , et les animaux ; comme nous le verrons par la suite, dégagent tous plus ou moins de chaleur. Il existe donc la plus grande analogie entre les principaux phénomènes de la respiration, et ceux de la combustion du char- bon, et cette parité dans les résultats a fait penser que la cause des uns et des autres était la même. On a donc supposé que l’oxigène de l’air inspiré se combinait dans l’intérieur de lor- gane de la respiration avec du carbone provenant du sang, el que, de cette espèce de combustion, naissait l’acide carbonique dont l'expulsion est en quelque sorte le complément de Pacte respiratoire. Mais cette théorie, proposée par le célèbre Lavoisier, et adoptée jusqu’en ces dernières années par la plupart des phy- siologistes , ne s'accorde pas avec les résultats de lexpérience, el par conséquent, doit être abandonnée; car on sait auJour- Modifica- tions du sang. Théorie de la respiration. 73 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE, d’hui que la consommation de l’oxigène par la respiration n’est pas liée immédiatement à la production de l'acide carbonique ; ce dernier gaz existe tout formé dans le sang veineux, et vient simplement s’exhaler à la surface de l’organe respiratoire pen- dant que l’oxigène de lair absorbée par cette même surface, va se dissoudre dans le liquide nourricier et donne à celui-ci les qualités cara cléristiques du sang artériel. 6 92. Pour prouver que l'acide earbonique n’est pas le produit de la combinaison directe de loxigène inspiré avecle carbone du sang quitraverse l’organe respiratoire, il suffit d’une expérience très simple, faite il y a quelques années par M. William Edwards. Placez dans un vase rempli d'azote, ou de quelque autre gaz qui ne contient pas d’oxigène, un animal susceptible de résister pendant assez long-temps à l’asphyxie, une grenouille, parexem- ple, puisfaites l'analyse du gaz, vous trouverez que Panimal ainsi privé d’oxigène , aura continué néanmoins à donner de l’acide carbonique comme s’il avait respiré dans l'air. Or , dans ce cas, il est impossible d’atiribuer la formation de l’acide carbonique à la combustion directe admise par Lavoisier, car cette com-— bustion aurait nécessairement cessé aussitôt que l'air respiré ne contenait plus d’oxigènesz le dégagement de l’acide carboni- que se continuant, il faut que ce gaz existe déjà tout formé dans le corps de lanimal, et soit simplement exhalé par l’organe respiraloire. 6 93. En effet, c’est le sang qui est la source de lPacide carbo- nique dégagé pendant l’acte de la respiration , et on a constaté récemment qu’il existe toujours une certaine quantité de ce gaz en dissolution dans le liquide nourricier. Un chimiste de Berlin, M. Magnus, s'est même assuré que le sang contient aussi du gaz oxigène et du gaze azote, et que, pour déterminer le dégage- ment de tous ces gaz, il suffit de soustraire le sang à l’influence de la pression atmosphérique, en le plaçant sous une cloche dans laquelle on fait le vide à l’aide de la machine preuma- tique. Les recherches du même savant, font voir que le sang possède la propriété de dissoudre une certaine quantité de tous les gaz avec lesquels il se trouve en contact; mais que toutes les fois que ce liquide étant déjà chargé d’un gaz, vient à en absorber un autre, il ne le fait qu’en abandonnant une certaine quantité du premier, lequel semble céder la place au second. Ainsi, lorsqu'on agite du sang veineux avec de l’hydrogène, une por- tion de ce gaz est dissoute, et une quantité correspondante de acide carbonique déjà existant dans le liquide est dégagée. Lorsque, au lieu de se servir d'hydrogène comme dans l’expé- rience précédente, on emploie de l’oxigène, on obtient un résul- RESPIRATION. 73 lat analogue; le sang veineux dissout une certaine quantité de ce gaz, abandonne une quantité à-peu-près équivalente de son acide carbonique, et par l'effet de cette substitution change de teinte, passe du rouge sombre au rouge vermeil et devient semblable à du sang artériel. $ 94. On voit que, dans cette expérience, tous les principaux phénomènes de la respiration se reproduisent indépendamment de l'influence de la vie et par le seul effet de la propriété que possède le sang de dissoudre alternativement les divers gaz avec lesquels il est en contact. Il est donc à présumer que les choses se passent de la même manière dans l’intérieur du corps des animaux vivans, et que la respiration ne consiste que dans l'absorption de l’oxigène et les autres matières que l’atmosphère peut nous fournir , absorption qui détermine à son tour le dé- gagement et l’exhalation de l'acide carbonique et des autres gaz dont le sang se trouve chargé. Nous savons, d’ailleurs, que l’interposition d’une membrane analogue à celle qüi forme les parois des vaisseaux respiratoires dans lesquels le sang circule, n’est pas un obstacle au passage du gaz; si l’on place du sang veineux dans une vessie bien fer- mée , et qu’on expose celle-ci à l’action de l’oxigène , on obser- vera les mêmes phénomènes que si l’on mettait ces deux fluides en contact immédiat; l’oxigène se dissoudra en partie dans le sang, et sera remplacé par de lacide carbonique expulsé de ce liquide, dont la couleur passera en même temps du rouge brun au rouge vermeil. Nous avons déjà vu que les organes respi- ratoires sont conformés de ia manière la plus favorable à Pex- halation aussi bien qu’à l’absorpiion, et l'expérience nous a depuis long-temps appris, que toutes les substances volatiles introduites dans le torrent de la circulation sont, de même que l'acide carbonique, expulsées peu-à-peu du corps par lexha- lation dont ces organes sont le siège. Ainsi, lorsqu'on injecte du camphre ou de l’esprit-de-vin dans les veines d’un chien, ces substances s’'échappent avec l’air qui sort des poumons de l'animal , et se reconnaissent à leur odeur caractéristique ; il en est de même lorsqu'on injecte de petites quantités d'hydrogène dans les veines d’un animal vivant ; ce gaz se dissout d’abord dans le sang, et vient ensuite s’exhaler à la surface des cellules pulmonaires mélé aux produits ordinaires de la respiration- D'un autre côté, les poumons , comme nous lavons déjà dit, absorbent avec une grande rapidité les matières introduites dans leur intérieur , et cette absorption s'exerce sur les gaz el les vapeurs aussi bien que sur les liquides ; pour s’en convain- cre, il suflit de rester pendant quelque temps dans un appar- tement, dont Pair est chargé de vapeur d’essence de térében- 74 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. thine , car alors la présence de cette matière dans l’intérieur du corps ne tarde pas à devenir manifeste par l’odeur de violette qu’elle donne à l’urine. Pour se former une idée de l’activité avec laquelle cette absorption s'effectue , il suffira aussi d’un exemple : dans une expérience faite sur lui-même, par le phy- siologiste Lenning , ce savant trouva que le poids de son corps avait augmenté de huit onces sans qu’il eût fait usage ni d’ali- mens ni de boissons, et seulement pour avoir respiré un air chargé de brouillards épais. 6 95. D’après cet ensemble de faits, on peut se former une idée nette de ce qui se passe dans l'acte de la respiration. Le sang veineux qui arrive de toutes les parties du corps tient en dissolution de l'acide carbonique en quantité assez considé- rable, un peu d'azote et quelques traces d’oxigène. En traver- sant l’organe respiratoire, ce liquide arrive en contact avec l'air et en dissout une portion; de l’oxigène et une certaine quantité d'azote sont ainsi absorbés , et ces fluides en se dissol- vant dans le sang, en chassent une quantité correspondante des gaz qui s’y trouvaient déjà, et qui consistent principalement en acide carbonique mêlé à un peu d'azote; il en résulte donc un dégagement d’acide carbonique (1) et d’azote en même temps qu’il y a absorption d’oxigène et d’azote , et cela dans des pro- portions telles, que l'acide carbonique exhalé égale presque en volume loxigène absorbé, et que l'azote également exhalé remplace souvent exactement la quantité d'azote absorbée ou bien n’en diffère que peu , soit en plus, soit en moins; enfin une portion de l’eau contenue dans le sang s’exhale aussi sous la forme de vapeur , et constitue la transpiration pulmonaire. Il en résulte que, par l’acte de la respiration, le sang perd de Pacide carbonique , de l’azote et de l’eau , tandis qu’il se charge d’oxigène et d'azote ; aussi, s’est-on assuré que le sang artériel tient en dissolution une proportion beaucoup plus considéra- ble d’oxigène que le sang veineux, et c’est à la présence de cet oxigène , que ce liquide doit ses propriétés vivifiantes et sa cou- leur vermeille. La respiration consiste donc essentiellement dans (r) Il est essentiel de noter que la quantité d'acide carbonique contenue dans le sang veineux quoique médiocre, suffit pour rendre compte de toute la quan- tité de ce gaz dégagé pendant la respiration; ainsi chez l’homme , ce liquide en contient au moins 1/5 de son volume, et comme la quantité de sang qui traverse les poumons en une minute peut être évaluée à environ 250 pouces cubes, il doit y passer pendant ce méme espace de temps environ 50 pouces cubes de gaz acide carbonique; or, la quantité de ce gaz, dégagé par la respiration pendant ce même laps de temps, ne dépasserait pas même, d’après l'évaluation la plus élevée, 27 pouces cubes. RESPIRATION. 75 un phenomene d'absorption et d'exhalation, par suile duquel le sang venant en contact avec l'air atmosphérique, se debarrasse de son acide carbonique et se charge d’oxigene. Quant à la source de Pacide carbonique contenu dans le sang, on ne sait rien de positif, mais il y a quelque lieu de croireque ce saz est un des produits du travail nutritif, et se forme dans tou- tes les parties du corps là où le liquide nourricier agit sur les ussus vivans , pour y entretenir la vie et se transformer de sang artériel en sang veineux. $ 96. Nous avons vu que la respiration est indispensable à l'entretien de la vie de tous les êtres ; mais le degré d'activité de cette fonction varie beaucoup dans les différens animaux. Les oiseaux sont, de tous les êtres animés, ceux dont la res- piration est la plus active; dans un temps donné, ils consom- ment plus d'air que tous les autres animaux, et ils succombent anssi à l’asphyxie avec plus de rapidité. Les mammifères ont également une respiration très active, et on à fait un grand nombre d'expériences pour apprécier la quantité d’oxigène que lun d'eux, Fhomme , emploie de la sorte dans un temps donné. Cette quantité varie suivant les imdi- vidus , les âges et diverses autres circonstances ; mais elle parait ètre, terme moyen, d'environ sept cent cinquante litres ou déci- mètres cubes par jour. Or, l'oxigène ne forme que les vingt-et-un centièmes (en volume) de l'air atmosphérique ; ils’ensuit donc que l'homme consomme, pendant cet espace de temps, au moins trois mille cinq cents litres ou décimètres cubes de ce dernier fluide: Les animaux des classes inférieures ont, en général, une res- piration bien plus bornée, surtout ceux qui vivent dans l’eau. Mais néanmoins, si on réfléchit à la consommation énorme d’oxigène que tous ces êtres doivent faire chaque jour, on voit que l'atmosphère en serait bientôt dépouillée et que tous les animaux périraient asphyxiés, si la nature n’employait des moyens puissans pour renouveler sans cesse la quantité de ce gaz répandu autour de la surface du globe. C’est en effet ce qui a lieu ; et une chose digne de remarque, c’est que ce moyen est précisément un phénomène du même ordre que celui dont il est destiné à contrebalancer les effets : c’est la respiration des plantes. Les végétaux absorbent l'acide carbonique répandu dans lat- mosphère,etsous l'influence de la lumière solaire, ils en extraient le carbone et mettent l’oxigène à nu. Ainsi, c’est le règne végétal qui donne aux animaux l’oxigène qui leur est nécessaire , et c’est la respiralion des animaux qui fournit sans cesse aux végélaux l'acide carbonique indispensable à leur accroissement. Etendue de la respiration cliez les diffé- rens änimaux. Influeuce des animaux et des plantes sur l’atmos- phère. 76 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ' On voit donc que c’est en grande partie du rapport qui existe entre les animaux et les végétaux, que dépend la nature de lat- mosphère , et qu’à son tour c’est la composition de Pair qui doit régler en quelque sorte le nombre relatif de ces êtres. (1) Circonstan- (97, Ilexiste toujours un rapport remarquable entre la quan- rent dur ve. Uté d'air consommée par chaque animal, dans un temps déter- tendue de la Miné, et la vivacité de ses mouvemens: Les animaux dont les respiration. IMOuvemens sont lents et rares, ont, toutes choses égales d’ail- leurs, une respiration bien moins étendue que ceux qui se meu- vent avec rapidité et ne restent que peu de temps en repos. Les grenouilles ou les crapauds, par exemple, consomment moims d'air que certains papillons, bien que leur corps soit d’un vo- lume bien plus considérable que celui de ces insectes; mais ces repüles ne se meuvent que peu et lentement, tandis que les pa- pillons exécutent sans cesse les mouvemens les plus vifs. $98. L'activité de la respiration varie aussi chez le mème animal, suivant les circonstances où il est placé; et, on peut établir en thèse générale, que tout ce qui tend à diminuer lé- nergie du mouvement vital, détermine une diminution, soit dans l'absorption de l’oxigène, soit dans la proportion relative de l'acide carbonique exhalé, tandis que d’un autre côté, tout ce qui augmente la force de l'animal, produit un changement cor- respondant dans l'étendue de la respiration. Ainsi, chez les jeunes animaux, ce travail est moins actif que chez ces mêmes êtres à l’âge adulte. Pendant le sommeil , étendue de la respiration est également diminuée. La fatigue, labstinence, l'abus des liqueurs spiri- lueuses, produisent le même effet. Un exercice modéré et lali- menlation activent au contraire cette fonction. La chaleur augmente l'étendue de la respiration , et le froid la diminue, Il parait qu'il existe aussi des variations dans la quantité d’a- cide carbonique produite aux diverses époques de la journée ; el, d'après quelques faits, il semblerait que la pression baro- métrique exerce aussi une influence assez marquée sur ce phé- uomène. Enfin, suivant toute apparence, activité de cette exhalation doit dépendre principalement de deux conditions , savoir : 1° de (1) D'après cela, on pourrait croire que, dans les villes où un grand nombre d'hommes vivent réunis et où il existe très peu de plantes, l'atmosphère doit être moins riche en oxigèue que dans les campagnes ; mais ce serait une erreur. L'analyse chimique montre que l'air à partout la même composition , et celte “ntformité doit être attribuée aux courans dont latmosphère est continuelle- ment agitee. RESPIRATION. 71 la proportion d° acide carbonique existant dans le sang, propor- tion qui se lie probablement à la manière dont le trav ail nutritil s'effectue, et 2° de la rapidité de la circulation, circonstance d'où dépend la quantité de sang qui, dans un temps donné, traverse l'appareil respiratoire. Jusqu'ici, nous nous sommes occupés seulement des phéno- mènes de la respiration , considérés en eux-mêmes, etsans avoir égard aux organes qui en sont le siège. Voyons maintenant quels sont les instrumens destinés à cette fonction importante, et +oyons aussi comment ils sont modifiés dans les divers animaux. Appareil de la respiration. 699. Dans les animaux dont l’organisation est la plus simple, la respiration n’est l'apanage d'aucun appareil spécial, mais s'effectue dans toutes les parties qui sont en contact avec l’élé- ment dans lequel ces êtres vivent et puisent l’oxigène nécessaire à leur existence. L’enveloppe générale du corps, ou la peau, est aussi le siège d’une respiration plus ou moins active chez la plupart des ani- maux des classes les plus élevées, et notamment chez l'homme ; mais chez tous ces êtres, une partie déterminée de la membrane tégumentaire est plus spécialement destinée à agir sur l'air, et se modifie dans sa structure, de manière à mieux remplir cette fonction. Dans les animaux où la respiration commence à se localiser ainsi, elle à pour instrument un certain nombre d’appendices membraneux qui s'élèvent sur la surface de la peau dans une partie quelconque du corps, et affectent la forme de tubercules, de feuillets ou de franges. Chez d’autres animaux où la respiration est plus active, la portion de lenveloppe générale du corps, devenue le siège principal de cet acte, au lieu de former saillie en dehors, se replie en dedans et constitue des poches ou des canaux dans les- quels l’air pénètre. Du reste, quelle que soit la forme qu ’affecte l'appareil respi- ratoire , on remarque que la partie ainsi modifiée, pour agir sur Vair, présente une texture molle, spongieuse et fine; qu’elle recoit une grande quantité de sang ; et qu’elle est disposée de manière à offrir, sous un volume comparativement petit, une surface d'autant plus étendue , que la respiration doit être plus active. On peut établir aussi, en thèse générale , que cet organe sera un instrument d'autant plus puissant, que son organisation s'éloignera davantage de celle de l'enveloppe générale du corps, Organes de: larespiration. Structure de l’orgaue res- piratoire. 78 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. et que la respiration qui a lieu par la peau, sera ‘d'autant moins active que celle dont ces organes spéciaux sont le siège sera au contraire plus étendue. Du reste, la structure des organes respiratoires varie suivant qu'ils sont destinés à être en Contact avec l'air à l’état de gaz, ou à agir sur de l’eau tenant en dissolution une certaine quantité de ce fluide. Branchies En effet, chez tous les animaux qui vivent plongés dans l’eau et qui respirent par inter médiaire de ce liquide, les instrumens spéciaux de la respiration sont saillans, et portent le nom de branchies, tandis que chez les animaux à respiration aérienne, il ny a pas de bran- chies, mais bien des cavités intérieures qui servent aux mêmes usages, et que lon appelle des poumons ou des trachees. 6 100. Les BRANCHIES varient beaucoup dans leur forme; quelquefois elles ne consistent que dans quelques tubercules ou quelques prolongemens foliacés, qui ont une texture un peu plus délicate que celle du reste de la peau, et qui reçoivent une quantité de sang un peu plus considérable ; d’autres fois, ces organes se composent d’une multitude de filamens ra- meux, et ressemblent à de petits arbuscules ou à des panaches vasculaires (4 a fig. 25); enfin, d’autres fois encore, ils sont formés par un grand nombre de petites lamelles membra- neuses disposées comme les feuillets d'un livre ou comme les dents d’un peigne. Le premier de ces modes d'organisation se rencontre chez plusieurs vers marins, tel que l’arénicole, si commun sur nos côtes ; le second se voit aussi chez divers annélides, ainsi que chez plu- sieurs crustacés ; enfin, le dermier est propre à la plupart des mollusques et des poissons. IL est aussi à noter que chez les animaux in- férieurs , les branchies sont, en général, si- tuées à l'extérieur, de façon à flotter libre- ment dans Peau ambiante, tandis que chez les Fiy. 25. animaux plus élevés dans la série zoologique, VARÉNICOLE. {els que la plupart des mollusques et tous les poissons, ces organes sont logés dans une eee qui sert à les protéger, et qui est disposée de telle sorte, que l’eau peut faci- lement se renouveler dans son intérieur. « « RESPIRATION. 79 $ 101. Les cavités intérieures qui servent à la respmation aérienne affectent tantôt la forme de trachées, tantôt celle de poumons. Les TRACHÉES sont des vaisseaux qui communiquent aveC TFrachées. l'extérieur par dés ouvertures nommées stigmates et se ramifient Fig. 26. (1) D (4 d h Ce 1 f J / (1) Appareil respiratoire d’un insecte (la nèpe). —- 4 Tête; — h base des pattes de la première paire; — c premier anneau du thorax ;—4 base des ailes ; — e base des pattes de la deuxième paire; — f stigmates; — g trachées; — h vésicules aériennes. \ Poumons. s0 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. dans la profondeur des divers organes. JIs y portent ainsi Pair, el Cest, par conséquent, dans toutes les parties du corps que s'effectue la respiration. Ce mode de structure est particulier aux insectes et à quelques arachnides. $ 102. Les PouMoxs sont des poches plus ou moins subdivisées en cellules qui reçoivent également l'air dans leur intérieur et dont les parois sont traversées par les vaisseaux contenant le sang qui doit ètre soumis à l'influence vivifiante de l’oxigène. Ilexiste des poumons (mais dans un grand étal de simplicité chez la plupart des araignées, et chez quelques mollusques, tels que les limaces. Les reptiles, les oiseaux et les mammifères en sont également pourvus. $ 103. Dans l’homme (de même que dans tous les autres mam- mifères), les poumons sont logés dans une cavité nommée fAorur, Fig. 27. (1) qui occupe la partie supérieure du tronc et qui est séparée de l'abdomen (ou ventre) par une cloison transversale formée par le muscle diaphragme. Ces orga- nes sont, pour ainsi dire, sus- pendus, dans cetie cavité, et sont enveloppés par une mem- brane mince et très unie qui ta- pisse également les parois du thorax et qui est appelée pla- vre (2). Is sont au nombre de deux, placés de chaque côté du d corps, et ils communiquent au dehors à l’aide d’un tube, la tra- chee-artère (b fig. 27), qui monte le long de la partie antérieure du cou et vient s'ouvrir dans l’ar- rière-bouche. Ce conduit est formé par une série de petites bandes cartilagi- neuses placées en travers et af- « b (r) Cette fignre représente la trachée-artère et les poumons de l’homme; l'un de ces organes est resté intact (d), mais de l’autre côté ou en a détruit la sub- stauce pour mettre à nu les ramifications des bronches (e). a Larynx et extrémité supérieure de la trachée-artère ; — à trachée ; — c divi- sions des bronches ; — e ramuscules bronchiques; — 4 Jun des poumons. (2) La disposition de la plèvre est analogue à celle des autres membranes sé- reuses dont il a déjà été question (page 33. Elle forme un sac sans ouverture, RESPIRATION. 81 fectant la forme d’anneaux incomplets ; à l’intérieur, il est tapissé par une membrane muqueuse qui est de la même na- ture que celle de la bouche et qui se continue avec elle. Enfin Bronches. à sa partie inférieure, la trachée-artère se divise en deux branches qui prennent le nom de Bronches et qui se ramifient dans linté- . rieur de chaque poumon comme les racines d’un arbre dans lPin- térieur du sol (e, e, fig. 27). Les poumons , comme nous l’avons déjà dit, présentent dans Giutes pul- leur intérieur une foule de cellules, dans chacune desquelles monaires. s'ouvre un petit rameau de la bronche correspondante. Les pa- rois de ces cavités sont formées par une membrane très fine et très molle et sont creusées d’une multitude de vaisseaux capil- laires qui reçoivent le sang veineux de l’artère pulmonaire et lexposent à l’action de Pair. $ 104. Sous un même volume, la surface par laquelle la res- piration s'opère sera donc d'autant plus grande et le sang rece- vra le contact de l'air par des points d'autant plus nombreux, que les poumons seront formés par des cellules plus petites. Il existe, par conséquent, un rapport direct entre l’activité de la respiration et la grandeur des cellules pulmonaires ; et, en ef- fet, chez les grenouilles, par exemple, où cette fonction ne s'exerce que d’une manière faible et lente, les poumons ont la forme de sacs divisés seulement par quelques cloisons, tandis que, chez les mammifères et les oiseaux où la respiration est la plus active, ces organes sont divisés en cellules si petites, qu’à l'œil nu il est difficile de les apercevoir. | 6 105. Dans l’homme et dans les autres mammifères , les bron- ches se terminent toutes dans les cellules pulmonaires, et celles- ei sont toujours terminées elles-mêmes en cul-de-sac; il en ré- sulte que l'air qui entre dans les poumons de ces animaux ne pénètre pas au-delà. Mais chez les oiseaux, où la respiration est -encore plus active, quelques-uns de ces canaux traversent les - poumons de part en part, et vont s’ouvrir dans le tissu cellulaire qui les entoure, et qui, dans tout le reste du corps, remplit les espaces que les divers organes laissent entre eux; or, les cavités contenues dans ce tissu communiquent toutes entre elles, et air qui est reployé sur lui-même, et dont la moitié externe adhère aux parois du thorax, tandis que l’autre moitié est fixée sur la surface du poumon correspon- dant ; la face interne de la plèvre est, par conséquent, partout en contact avec elle-même, et comme elle est extrêmement lisse et continuellement lubrifiée par de la sérosité, elle glisse très facilement et favorise puissamment les moure- mens respiratoires. 6 82 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. qui y arrive pénètre ainsi dans toutes les parties du corps, même dans la substance des os. Mouvement 9 106. Enfin, il est à noter que la membrane muqueuse, dont vibratile de la la trachée et les bronches sont tapissées, est garnie d’une sorte membrane de duvet microscopique, et que chaque brin de ce duvet est PAUSE animé d’un mouvement ondulatoire très rapide ; ce mouvement vibratile détermine dans le liquide ambiant des courans souvent très rapides, et persiste pendant un certain temps, après que la membrane qui en est le siège a été séparée du corps de Pani- mal, de sorte qu’à l’aide d’un microscope puissant, on peut fa- cilement l’étudier; la direction du courant ainsi produit paraît être de l'extérieur vers l’intérieur de l'appareil respiratoire , et un mouvement semblable s’observe à la surface de la membrane qui tapisse la première porlion des voies aériennes, c’est-à-dire les fosses nasales ; mais, en général, on n’aperçoit rien d’analo- gue dans l’arrière-bouche. Mecanisme de lu respiration. Renouvelle- (107. D’après ce que nous avons dit des altérations que Pair ment de l'air. subit par la respiration, il est évident que ce fluide doit être sans cesse renouvelé dans l’intérieur des poumons; c’est ce qui a lieu à l’aide des mouvemens d'inspiration et d'expiration que nous exécutons alternativement, et ces mouvemens, à leur tour, dé- pendent du jeu des parois de la cavité thoracique où sont logés les poumons. Le mécanisme par lequel l'air est appelé dans les poumons, ou en est expulsé, est très simple et ressemble en tous points au jeu d’un soufflet, si ce n’est que dans les poumons, le fluide pénètre dans l'organe et s’en échappe par le même conduit. En effet, les parois du thorax sont mobiles, sa cavité peut alternativement s’'agrandir et se resserrer, et les poumons en suivent tous les mouvemens ; aussi, dans le premier cas, l’air pressé par tout le poids de l'atmosphère se précipite dans la poitrine à travers la bouche ou les fosses nasales et la trachée-artère, et vient rem- plir les cellules pulmonaires de la même manière que l’eau monte dans un corps de pompe dont on élève le piston. Dans le second cas, lors du mouvement d'expiration, l'air contenu dans les poumons esi, au contraire, comprimé et s'échappe en partie au-dehors par la voie qui a déjà servi à l'entrée de ce fluide. Pour comprendre comment le thorax de l'homme se dilate RESPIRATION. 83 el se resserre, il est indispensable d’en examiner la structure. Fig. 28. (1) Cette cavité (fig. 28) a la d « (a forme d’un conoïde dont 2 le sommet est en haut et la base en bas, et ses pa- rois sont formées en ma- d Jeure partie par une es- pèce de cage osseuse ré- . sultante de l’union des côtes (e) avec une portion de la colonne vertébrale 3 (Ou épine du dos) en ar- rière (a), et avec l'os ster- ° num en avant (b). - y Les espaces que les cô- tes laissent entire elles €’ sontremplis par desmus- cles qui s'étendent de Pun de ces os à l’autre (e) ; des , museles se portent aussi © de la première côte à la portion cervicale de la co- €’ lonne vertébrale (2); en- fin, la paroi inférieure de f a h la poitrine est formée par le muscle diaphragme (4) qui s'attache au bord inférieur de la charpente osseuse dont nons venons de parler. $ 108. La dilatation du thorax peut se faire de deux manières, par la contraction du diaphragme ou par l'élévation des côtes. En effet, le diaphragme, dans l’état de repos, forme une vote élevée qui remonte dans l'intérieur de la poitrine (9), et il est facile de comprendre que la contraction de ce muscle doit dimi- nuer la courbure de cette voûte, et en l’abaissant agrandir d’au- tant la cavité du thorax. (1) Thorax de l’homme. Du côté gauche les muscles ont été enlevés, tandis que du côté opposé ils sont en place. a Portion cervicale de la colonne vertébrale; — a’ portion lombaire de la colonne; la portion dorsale qui concourt à la formation du thorax est cachée par le sternum, ete. — b sternum;— c c côtes; — c’ fausses côtes; — d clavi- cule; —e muscles intercostaux ; — f dernière fausse côte cachée par l'insertion du musele diaphragme ;-- g voûte formée dans l’intérieur du thorax par le dia- phragme; du côté droit la continuation de cette voûte est indiquée par une ligne ponctuée ; — À piliers du diaphragme s’imsérant aux vertèbres lombaires ; —# muscles élévateurs des côtes. 6. Thorax, luspiration. Expiration. Etendue et fréquence des mouvemens respiratoires. Soupir, rire, etc. 84 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ' Le jeu des côtes est un peu plus compliqué ; ces os (e et c”), au nombre de douze de l’un et de l’autre côté, décrivent chacun une: courbure dont la convexité est tournée en dehors et un peu en, bas ; leur extrémité antérieure, qui est unie au sternum (4) à l’aide de cartilages intermédiaires, est beaucoup moins éievée que leur extrémité postérieure, et l'articulation de celle-ci avec la colonne vertébrale leur permet de s'élever et de s’abaisser. Le premier de ces mouvemens est déterminé par la contraction des muscles de la base du cou (x). Or, lorsque les côtes s'élèvent ainsi , elles tendent à se placer sur une ligne horizontale; car en même temps que leur extrémité antérieure remonte en entrai- nant avec lui le sternum, elles tournent un peu sur elles-mêmes, de façon que leur courbure ne se dirige plus en bas, mais en dehors ; il en résulte que les parois latérales et antérieure du thorax s’éloignent alors de la colonne vertébrale, et que la ca- vilé de la poitrine s'agrandit. $ 109. Dans le mouvement d'expiration, le diaphragme se re- lâche, et les poumons, à raison de lélasticité de leur tissu, se resserrent et celte cloison musculaire remonte en forme de voûte. Lorsque Jes muscles, qui ont produit élévation des côtes et du sternum, cessent de se contracter, le poids de ces os et la traction exercée par Pélasticité des poumons déterminent aussi l’abaissement de ces os; mais il est également d’autres forces qui peuvent contribuer à déterminer le resserrement du thorax et l'expulsion de Pair hors des poumons : tels sont la contraction des muscles qui forment les parois du ventre et qui se fixent à la partie inférieure de la poitrine. 6 110. On remarque plusieurs degrés dans l'étendue de ces mouvemens et dans la respiration ordinaire, la quantité d'air aspiré par le thorax ou chassé des poumons, n’excède guère la septième partie de celle que ces organes peuvent contenir. On évalue à environ 4580 centimètres cubes, la quantité d’air con- tenu ordinairement dans les poumons, el à 655 centimètres cu- bes celle qui entre dans la poitrine ou en sort à chaque inspira- fion ou expiration. Le nombre de mouvemens respiratoires varie suivant les in- dividus et suivant les âges; dans l'enfance, ils sont plus fré- quens que chez l’homme adulte, et chez ce dernier , on compte en général environ vingt inspirations par minute. On voit donc que , dans l’état ordinaire, il doit entrer dans les poumons d’un homme environ 13,100 centimètres cubes d'air par minule, ce qui fait, pour une heure, environ 786 litres, et par jour, à-peu-près 19,000 litres de ce fluide. $ 111. Le soupir, le bäillement, le rire et le sanglot ne sont que des modifications des mouvemens ordinaires de la respira- RESPIRATION. 85 tion. Le soupir est une large et profonde inspiration dans la- quelle une grande quantité d'air entre peu-à-peu dans les pou- mons; aussi ce phénomène ne dépend-il pas seulement des affections morales qui en sont la cause la plus fréquente, et le besoin de soupirer se fait-il sentir toutes les fois que le travail respiratoire ne s'effectue pas avec assez de rapidité. Le häillement est une inspiration encore plus profonde, qui est accompagnée d’une contraction presque involontaire et spasmo- dique des muscles de la mächoire et du voile du palais. Le rire consiste en une suite de petits mouvemens d’expiration saccadés et plus ou moins fréquens, qui dépendent en majeure partie de contractions presque convulsives du diaphragme. Enfin, le mécanisme du sanglot diffère peu de celui du rire, bien que ce phénomène exprime des affections de lame toutes différentes. $ 112. Le mécanisme de la respiration est essentiellement le même chez tous les mammifères, les oiseaux et la plupart des reptiles; seulement dans ces deux dernières classes, le muscle diaphragme manque plus ou moins complètement, et par con- séquent, c’est par le jeu des côtes surlout que Pair est appelé dans les poumons ; mais chez les tortues et les reptiles de lordre des batraciens (c’est-à-dire les grenouilles, les salamandres, etc.), le thorax n'est pas conformé de manière à pouvoir se dilater ac- tivement et à agir Comme une pompe aspirante; aussi chez ces animaux , la respiration se fait d’une manière différente, c’est par des mouvemens de déglutition que Pair est poussé dans les poumons. De l'influence de la respiration sur les autres fonctions. $ 113. Pour terminer ce que nous avons à dire ici de la respi- ration, nous ajouterons encore quelques mots sur l'influence que les mouvemens d'inspiration et d'expiration exercent sur les autres fonctions dont nous avons déjà fait l’histoire. Il est évident que la dilatation du thorax doit produire sur le sang contenu dans les gros vaisseaux qui aboutissent dans cette cavité, le même effet que sur l’air contenu dans la trachée- artère, Lors des mouvemens d'inspiration, la portion des veines caves, qui est enfermée dans la cavité thoracique, se gonfle par l’abord du sang aimsi aspiré ; et, par la même cause, les veines qui pénètrent dans cette cavité, mais qui sont situées au dehors et soumises, par conséquent, à l'influence de la pression atmo- sphérique, se vident plus ou moins complètement. Mécanisme de la respira- tion chez les autres äani- maux. Influence sur la circulation, Sur l’absor;;- tion. Sur l’exhala- tiou. Nature de ce phénomène. 86 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Cette espèce de succion contribue donc à aider la marche du sang dans le système veineux, et elle se fait sentir même dans les artères avec lesquelles ces premiers vaisseaux se continuent par l'intermédiaire des capillaires. Les mouvemens d'expiration suspendent, au contraire, d'une manière momentanée, le cours du sang dans les grosses veines, et l’accélère dans les artères qui partent du cœur, et qui se trou- vent alors comprimées. C’est à ces deux phénomènes que l’on doit attribuer le gonfle- ment des veines (surtout celles de la tête et du cou), qui a lieu pendant une forte expiration. Dans l’intérieur du crâne , ce gon- flement est si marqué, qu’à chaque mouvement respiratoire, les vaisseaux situés sous la base du cerveau soulèvent ce viscère et y produisent une espèce de pulsation. 6114. La dilatation de la poitrine parait exercer aussi une influence notable sur l'absorption; en effet, elle agit à la manière d’une pompe sur tout ce qui environne le thorax, et doit tendre à faire pénétrer du dehors en dedans tous les fluides qui com- muniquent avec son intérieur; mais cette aclion ne se fait sentir que dans le voisinage immédiat de la poitrine. 6115. Enfin, l’exhalation abondante, qui a toujours lieu à la surface des cellules pulmonaires, est déterminée, en grande par- ue, par l’espèce de succion qui accompagne chaque mouvement d'inspiration , et qui agit sur les liquides dont les parois de ces cellules sont imbibées, comme elle agit sur le sang des veines caves et sur l'air de la trachée-artère. Nous avons déjà vu que, dans l’état normal, toutes les substances volatiles qui se trou- vent dans le sang s’exhalent par cette voie; mais, si l’on ouvre le thorax d’un animal vivant, et que l’on pratique la respiration arUficiellement, de manière à ce qu’il n’y ait jamais de succion à la surface des cellules pulmonaires, on arrête presque entiè- rement cette exhalation ; et alors, du camphre injecté dans les veines, par exemple, ne s'échappe pas avec plus de rapidité par cetle voie que par la surface de toute autre membrane, dont le tissu serait aussi vasculaire et aussi perméable aux liquides. DE LA DIGESTION. 6116. Nous avons déjà vu que tous les êtres vivans ont besoin de puiser continuellement dans le monde extérieur des sub- stances nutritives, et d’assimiler à leurs organes des matériaux DIGESTION. 87 nouveaux. Nous avons vu aussi comment cette absorption s’ef- fectue, et l’étude de la respiration nous a offert des exemples de ces substances pénétrant ainsi dans le liquide nourricier , et étant portées par cet agent dans la profondeur des organes, sans avoir subi aucune modification préalable. Dans les végétaux, toutes les substances nutritives pénètrent ainsi directement dans les organes. Mais chez les animaux, la plupart des matières nécessaires à l'entretien de la vie ne sont absorbées qu'après avoir subi une certaine préparation, au moyen de laquelle leurs propriétés sont changées et leur com- position modifiée; ou, en d’autres mots, qu'après avoir été DIGÉRÉES. $ 117. On pourrait donner le nom d’slimens à toutes les sub- stances qui, introduites dans le corps d’un être vivant, servent à son accroissement, où à réparer les pertes qu’il éprouve con- tinuellement; mais, en général, on restreint davantage le sens de ce mot, et on ne l'applique qu'aux matières qui ne sont ab- sorbées et ne servent à la nutrition, qu'après avoir été digérées. Pour plus de clarté, nous ne l’emploierons que sous cette der- nière acception. Les alimens ne sont pas moins nécessaires à l’entretien de la Effets Alimens. de vie que l'air que nous respirons ou que l’eau que notre corps l’abstincuce. absorbe continuellement, soit à l’état liquide et sous la forme de boisson , soit à l’état de vapeur. Lorsque les animaux en sont privés, on voit leur corps diminuer de volume, leurs forces s’affaiblir, et la mort survenir toujours après des souffrances plus ou moins prolongées. Le besoin d’alimens se fait d’abord connaître par une sensation particulière, qui a son siège dans l'estomac : la faëm. Il est aug- menté par l'exercice, par l'influence stimulante d’un froid mo- déré , et par l’action que certaines substances amères, telles que le cachou , exercent sur l'estomac. Au contraire , tout ce qui tend à ralentir le mouvement vital, l’'immobilité, le sommeil, etc., tend aussi à rendre ce besoin moins:impérieux. Les animaux qui s’'engourdissent pendant l'hiver ne prennent aucun aliment pendant tout le temps que dure leur léthargie; et les animaux à sang froid, tels que les poissons et les Srenouilles. peuvent sup- porter une abstinence très longue, lorsque l'exercice de leurs diverses fonctions est ralenti par l influence d’une température très basse. Mais les animaux dont le mouvement nutritif est très rapide, tels que l’homme et la plupart des mammifères, péris- sent en général très promptement par le défaut d’alimens. Les herbivores, dont le sang est moins riche en globules que celui Nature des alimens. 88 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. des carnivores, succombent plus tôt que ces derniers; etles jeunes animaux, dont la nutrition‘ est bien plus active que celle des adultes (puisque le volume de leur corps augmente continuel- lement, au lieu de rester stationnaire), meurent aussi de faim plus tôt que ceux-c1. Ce que le Dante à décrit, avec des couleurs si vives, dans le célèbre épisode du comte Ugolin , est donc bien réellement ce qui arriverait, si un homme déjà parvenu au terme de sa croissance , et des enfans en bas âge, se trouvaient privés en même temps de toute nourriture. L'abstinence prolongée occasionne des phénomènes très re- marquables , et que l’on peut classer en trois séries. Dans la pre- mière période, la faim se fait souvent sentir , et il survient une faiblesse plus ou moins grande, ainsi qu'une altération plus ou moins profonde de tous les traits. Dans la seconde période , les facultés intellectuelles sont troublées : on remarque alors chez l’homme, ainsi que chez les animaux, de l'inquiétude, ou même de la fureur; et, quelquefois, laliénation mentale se manifeste par des visions. Enfin, dans la troisième période, cette exalta- Lion fait place à un état d’abattement ou à une stupeur complète, et il est à noter que souvent, lorsque l’abstinence à été prolon- gée au-delà d’un certain temps, l'usage d’alimens ne peut plus sauver la vie de l’animal. Dans ce cas, il meurt presque tou- jours , soit qu'il continue à jeuner , soit qu’il reprenne son ré- gime ordinaire. Les alimens sont tous fournis par le règne organique, et c’est toujours aux dépens de substances qui ont elles-mêmes fait partie d’un être vivant, que la vie est entretenue chez l'homnie et chez tous les autres animaux. Du reste, toutes les substances alimentaires ne possèdent pas au même degré la propriété nutritive, et des expériences très cu- rieuses ont fait voir que, pour la plupart des animaux au moins, le concours d’un certain nombre de matières différentes était in- dispensable pour subvenir aux besoins de la vie. Ainsi des lapins, nourris avec une seule substance, tel que du froment, des choux, de lavoine ou des carottes, meurent, dans l’espace d'environ quinze jours, avec toute l’apparence de l’inanition ; tandis que, nourris avec ces mêmes substances, données concurremment ou successivement à de petits intervalles, ces animaux vivent et se portent bien. * La diversité et la multiplicité des alimens est donc une règle importante d'hygiène; et en cela, les préceptes de la science sont parfaitement d'accord avec notre instinct et avec les varia- tions que les saisons apportent dans les substances alimentaires qui nous sont offertes par la nature. On à constaté aussi que les substances, telles que le sucre, la DIGESTION. 89 gomme , l'huile et la graisse, dans la composition desquelles il n'entre pas d’azole, ne peuv ent suflire pour la nourriture des animaux, même lor squ’on les varie le plus. L'usage d’une cer- laine quantité d’alimens azotés , tels que la chair musculaire, le gluten, qui se trouve dangle blé de froment, lalbumime, etc.; paraît être indispensable à l'entretien de la vie de tous ces êtres. Lorsqu'on compare les qualités nutritives des diverses sub- siances alimentaires, il faut aussi prendre en considération la quantité d’eau qu’elles renferment; en la déduisant du poids de la masse employée, on arrive à connaïtre celui de la matière réellement nuiritive. Ainsi, notre pain ordinaire contient, sur 100 parties, 25 parties d’eau ; la viande de bœuf, environ 70; les pommes de terre, 75; et les navets el les choux, 92. Du reste, les diverses substances qui peuvent servir d'alimens aux animaux varient suivant la nature de ces êtres, et ces dif- férences, comme nous le verrons par la suite ; sont toujours en rapport avec d’autres différences dans l’organisation. D’après l’investigation de l'appareil digestif, on peut comprendre pour- quoi tel animal se nourrit de matières végétales , et tel autre de chair musculaire. Mais une chose, dont on ne peut en aucune facon se rendre compte, et qui, cependant, est bien avérée, c’est la faculié qu'ont certains animaux, de se nourrir de substances qui, pour d’autres, sont des poisons violens. Ainsi, les chèvres et les moutons peuvent manger impunément de la ciguë, tandis qu’une très petite quantité de celte plante suffit pour donner la mort à l'homme et à une foule d'animaux ; et les cantharides, qui sont pour l’homme un poison violent, sont pour le héris- son un aliment salubre. $ 118. La digestion, ou le travail par lequel les animaux mo- difient les alimens, de manière à les rendre propres à être ab- sorbés et à servir à la nutrition, consiste essentiellement dans l’action de certaines humeurs sur ces matières, action par suite de laquelle ces substances-éprouvent diverses altérations, et sont séparées en deux parties : l’une, destinée à pénétrer dans la profondeur du corps, pour subvenir aux besoins de Panimal, et appelée chyle; Vautre, impropre à cet usage, et'devant être rejetée au dehors sous la forme de féces. D’après la nature de ce travail, il est évident que la digestion doit toujours se faire dans une cavité intérieure du corps, pou- vant servir de réservoir pour ces humeurs, comme pour les alimens qu'ils doivent attaquer, et c’est effectivement ce que l'on observe. Tous les animaux sont pourvus d’une cavile di- gestive, et l'existence de cet organe est un des caractères qui les distinguent des végétaux, où les substances alimentaires Nature du travail diges- tif. Organes di- gestifs. Description de l'appareil digestif de l’homme. 90 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. sont absorbées, sans avoir subi aucune préparation préalable. Chez quelques animaux, dont la structure est la plus simple, celle poche n’est qu’un simple repli de la peau, qui pénètre profondément dans le corps et s’y termine en cul-de-sac. Cela se voit dans les hydres ou polypes d’eau douce, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler (1) : aussi, peut-on retourner un de ces animaux comme un doigt de gant, sans changer en rien sa manière de vivre. La surface, qui était extérieure, devient alors intérieure et forme la cavité où se digèrent les alimens, tandis que la surface qui formait auparavant cette cavité, mais qui est devenue externe, n’agit plus sur ces mêmes substances. $ 119. Chez la plupart des animaux, la cavité digestive n’offre pas ce mode de conformation, et communique au dehors par deux orifices distincts, situés à ses deux extrémités opposés. Ainsi, chez l’homme et tous les autres animaux supérieurs, cette cavité a la forme d’un long canal qui s'étend d’une extrémité du tronc à autre, et qui, d'espace en espace, se dilate et se resserre alter- nativement, de facon à constituer plusieurs espèces de chambres ou de poches , unies entre elles par des conduits plus ou moins étroits. Ce tube est formé par une membrane dite muqueuse, qui a une grande analogie de structure avec la peau, dont elle est la continuation ; elle en diffère par plus de mollesse, par une plus grande abondance de vaisseaux capillaires et de follicules sécréteurs, et par l’absence presque complète d’épiderme. Au- tour de cette membrane, se trouve une enveloppe charnue formée par des fibres musculaires, plus ou moins abondantes, et servant, par leurs contractions, soit à pousser les substances alimentaires de la bouche jusqu’à l’anus, soit à les arrêter dans leur marche et à les faire séjourner, pendant un certain temps, dans telle ou telle partie de l'appareil digestif. Enfin , dans une grande partie de son étendue, ce tube est encore enveloppé d’une membrane séreuse, mince et transparente, appelée peri- toine, qui sert en même temps à le fixer et à faciliter ses mou- vemens. L'appareil digestif se compose de ce tube alimentaire; des organes destinés à diviser les alimens ; des diverses glandes ser- vant à former les humeurs nécessaires à la digestion; et des vaisseaux chargés du transport de la matière nutrilive ainsi élaborée, de la cavité digestive dans l'intérieur de l’appareil de la circulation. 6 120. Le tube alimentaire prend, dans-‘diverses parties, des noms différens. Sa partie antérieure, élargie et remplissant les (1) Voyez page 10. DIGESTION. 91 usages d’une sorte de vestibule, est appelée bouche. La cavité qui y fait suite se nomme arriére-bouche où pharynzx ; la troisième partie du canal digestif constitue l’æsophage (a fig. 29); la qua- trième, l'estomac (b); la cinquième, l’intestin grèle (d); et la sixième , le gros intestin (e,g,h,i), qui se termine à l'anus (4). Fig. 29. 1) d k j Chez l’homme et chez la plupart des animaux, qui s’en rap- >rochent le plus, les organes qui opèrent la division mécanique l plus : CS (1) Le canal digestif et ses annexes. a L’æsophage ; — b l'estomac; — c le pylore se continuant avec le duodé- num où première portion de l'intestin grèle; — d d intestin grèle; —e cœcum ou première portion du gros intestin dans laquelle se termine l'intestin grèle: — f appendice vermiforme du cœcum;—g colon ascendant ; — colon traus- verse ; — : colon descendant; — } rectum; — À extrémité anale du rectum ; — { foie ; — m vésicule du fiel; — x pancréas; une grande portion de cette glande est cachée derriere l’estomac ; — 0 rate. Préhension des alimens. Bouche. 92 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE des alimens, sont situés dans la bouche et portent le nom de dents. Mais, chez certains animaux, ce travail est confié à d’autres parties , à l'estomac, par exemplé, comme cela se voit chez Îles oiseaux. Les principales glandes de l'appareil digestif sont : les glandes salivaires, les follicules gastriques, le De (4) et le pancréas (n). Enfin, les vaisseaux qui servent à l'absorption des produits de la digestion sont, chez l’homme, de même que chez tous les autres mammifères, les oiseaux, les reptiles et les poissons, des canaux particuliers, appelés vaisseaux chiliferes ou Lactes. Tous ces organes, à l'exception de la bouche, des glandes sa- livaires , du pharynx et de l’æœsophage , sont logés dans une grande cavité, qui occupe les deux tiers inférieurs du tronc, et que l'on nomme abdomen ou ventre. Elle est séparée du tho- rax par le muscle diaphragme et terminée inférieurement par un bassin formé d’une large ceinture osseuse dont le milieu est occupé par une sorte de plancher charnu. En arrière, elle est bornée par l’épine du dos, et en avant, comme sur les côtés, ses parois sont formées par de larges muscles, qui s'étendent du thorax au bassin dont nous venons de parler. La surface interne de cetle cavité est tapissée par le péritoine, et cette membrane forme en outre divers replis entre les feuillets desquels sont ren- fermés l'estomac, les intestins, le foie, le pancréas et la rate. Ces replis, appelés mesentères, naissent tous de la partie posté- rieure de l'abdomen , et quelques-uns d’entre eux se prolongent beaucoup au-delà de l'organe qu'ils doiventrecouvrir, et forment ainsi des espèces de voiles ou de tabliers, nommés épiploons. 6 121. L'introduction des alimens dans le canal digestif s’effec- tue de diverses manières, et le mécanisme en est varié suivant que ces substances sont solides ou liquides ; néanmoins, chez l’homme, elle se fait toujours, soit à l’aide des mouvemens de la bouche, soit au moyen des membres supérieurs. Pour les anatomistes, la bouche ne consiste pas seulement dans l'ouverture qui sépare les deux lèvres, mais dans la cavité ovalaire formée en haut par lamächoire supérieure et le palais, en bas par la langue et la mâchoire inférieure, latéralement par les joues, en arrière par le voile du palais, et en avant par les lèvres. L’ou- verture par laquelle elle communique au-dehors peut à volonté s’'élargir el se fermer, soit par le mouvement des lèvres, soit par l’écartement ou le rapprochement des mâchoires. Il est donc fa- cile de comprendre comment elle peut servir à la préhension des alimens. Les lèvres et les mâchoires agissent comme le fe- raient des pinces, et saisissent les corps qui doivent être intro- DIGESTION. 93 duits dans la bouche. Chez la plupart des animaux, ce sont ces mêmes organes qui vont au-devant des alimens, pour s’en saisir ; mais, chez l’homme et chez quelques autres animaux, la division du travail est en général portée plus loin; car ce sont les mem- bres antérieurs qui remplissent ces fonctions. La main place les alimens dans la bouche, et les lèvres et les mâchoires ne se rapprochent que pour les y retenir. La préhension des boissons se fait de deux manières : tantôt le liquide est versé dans la bouche et y tombe par l’effet de sa pro- pre pesanteur; d’autres fois, il est pompé par cette cavité, soit par la dilatation du thorax, qui l’aspire en même temps qu’il dé- termine l'entrée de l'air dans les poumons, soit par les mouve- mens de la langue, qui, en se retirant en arrière, agit à la ma- nière d'un piston. Ce dernier phénomène constitue l’action de sucer ou de téter. Les boissons ne séjournent pas dans la bouche et descendent de suite dans l'estomac; mais les alimens solides y restent pen- dant un certain temps, et y sont soumis à la mastication et à l’énsalivation. 6122. La mastication où la division mécanique des alimens est opérée, comme nous l'avons déjà dit, par les dents. Ces organes sont des corps d’une dureté extrême , qui ressem- blent beaucoup à des os et qui sont fixées solidement au bord Fig. 30. (1) de chaque mâchoire, de fa- con à agir les uns contre les autres: La manière dont ils se forment mérite de fixer no- tre attention ; chez l’homme que nous choisirons ici com- me exemple, chaque dent se développe dans lintérieur : au d’un petit sac membraneux b e_ logé dans l'épaisseur de los de la mâchoire (fig. 30); ce sac que l’on nomme la capsule dentaire se compose de deux membranes vasculaires, et renferme dans son intérieur , un petit noyau pulpeux semblable à un bourgeon dans lequel viennent se ramifier des filets nerveux et un grand [22 e (x) Cette figure représente la mâchoire inférieure d'un très jeune enfant; la majeure partie de la surface extérieure de l’os a été enlevée pour mettre à nu les capsules des dents renfermées dans son intérieur : — 4 gencive ; — b bord in- férieur de la mâchoire ;— c angle de la mâchoire; — d capsules dentaires; — e apophyse coronoïde; — f condyle de la märhoire. Masücation. Dents. Leur déve- loppement. 91 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. nombre de vaisseaux sanguins (f7.31). Suivant l'opinion généra- lement recue, ce noyau, appelé le hu£be ou le germe de la dent se- rait un organe sécréteur, qui laisserait transsuder à sa surface une humeur gélatineuse et des sels calcaires dont la solidification par couches successives donnerait naissance à la dent ; celle-ci se moulerait sur le bulbe, l’envelopperait peu-à-peu et n'aurait Fig. 31.(1) cependant avec elle aucune liaison organi- d d que: ce serait un corps inerte, comparable au produit des autres glandes de l'économie animale, à la salive, à la bile, etc., si ce n’est que la matière dentaire, au lieu de demeurer toujours à l’état liquide comme celles-ci, ne tarderait pas à se solidifier et à prendre une dureté pierreuse. Mais ces idées s'accordent c mal avec ce que nous savons maintenant sur la structure interne des dents, et d’après des recherches récen- tes de M. Owen, dont il serait trop long d'exposer ici tous les résultats, il paraïtrait plus probable que la dent résulte d’une sorte d’ossification du bulbe lui-même, ossification qui commen- ce à la surface pour gagner peu-à-peu le centre, et qui, une fois effectuée , arrête plus ou moins complètement tout mouvement vital dans la partie qui en est le siège. Quoi qu’il en soit, la substance de la dent une fois formée semble être complètement privée de vie, et les matériaux dont elle se compose ne se re- nouvellent pas comme cela a lieu pour les os. À mesure que la dent s’allonge, elle remonte vers le bord de la mâchoire qu’elle perce bientôt pour se montrer au dehors; cette portion saillante et dénudée constitue ce que l’on nomme la cow- ronne de la dent, et sa rucine, ou portion basilaire, reste engagée dans la mâchoire comme un clou qui serait enfoncé dans du bois. La cavité osseuse qui loge ainsi la dent est appelée aZveole, et on désigne sous le nom de collet de La dent le point de réunion de la couronne avec la racine. Lorsque le bulbe dentaire est fixé au fond de sa capsule par un ou plusieurs pédicules, il arrive un moment où la matière pierreuse déposée à sa surface l'entoure de toutes parts et comprime ses vaisseaux nourriciers, de façon à en déterminer l’oblitération ; la dent cesse alors de croître, le bulbe se flétrit , et une cavité centrale indique seule la place de cet organe; mais lorsque le bulbe ne présente pas cette disposition (1) Coupe d’une capsule dentaire grossie pour montrer la disposition du germe et de la manière dont la matière pierreuse se dépose à sa surface : — a capsule; — à bulbe ou germe ;— c vaisseaux sanguins et nerfs qui pénètrent dans le bulbe ; — d d premiers rudimens de l’ivoire de la dent. DIGESTION. 95 et qué la dent ne se forme qu’à sa surface supérieure , ce bulbe ne cesse pas de fonctionner , la croissance de la dent ne s’arrête pas et on ne trouve pas dans son intérieur de cavité centrale ; les grandes dents qui occupent le devant de la bouche des lapins nous offrent un exemple de cette disposition, et si leur longueur n’augmente pas sans cesse, c'est parce qu’elles s’usent par leur ex- trémité libre à mesure qu’elles croissent par leur base. On distingue aussi dans chaque dent des parties qui diffèrent entre elles par leur structure. La substance qui en forme presque toute la masse et qui en occupe l’intérieur se nomme ivoire ; celle ° qui d'ordinaire en revet l’extérieur et qui constitue, à la surface de la couronne, une sorte de vernis ou de couverte pierreuse se nomme émail; enfin vers l'extrémité de la racine de la plupart des dents et quelquefois même autour de la couronne, on ren- contre une troisième substance qui recouvre l’émail, et qui, à raison de la place qu’elle occupe, a recu le nom de substance corticale. L’ivoire des dents se compose d’une matière animale analogue à la gélatine, de phosphate de chaux (dans la proportion d’en- viron 64 pour 100 chez l’homme adulte), de carbonate de chaux (à-peu-près 5 centièmes ), et d’une quantité très petite de phos- phate de magnésie. L’émail dont la couleur est un peu différente de celle de livoire et dont la dureté est si grande qu’il fait feu au briquet à la manière d’un caillou, offre à peine quelque tra- ces de matières organiques, et le phosphate de chaux entre dans sa Composition pour près des neuf dixièmes; quelques chimistes y ont signalé la présence de fluate de chaux, mais cette matière ne parait pas y exister constamment, et dans tous les cas elle ne s’y trouve qu’en quantités extrêmement petites. Quant à la sub- stance corticale, elle existe à peine chez l'homme, mais chez le bœuf où elle est très développée, elle a fourni par l'analyse chi- mique environ 42 pour 100 de matière organique, 54 pour 100 de phosphate de chaux el 4 pour 100 de carbonate de la même base. Examiné au microscope, l’ivoire des dents de l’homme et de la plupart des autres mammifères laisse apercevoir dans sa sub- stance une multitude de tubes flexueux et rameux, d’une ténuité extrême qui vont déboucher dans la cavité centrale , et qui ren- ferment dans leur intérieur des matières granuleuses de nature calcaire; elles se dirigent vers la surface de la dent; leurs branches s’anastomosent souvent entre elles, de façon à constituer un ré- seau plus ou moins serré, et leurs divisions se terminent fréquem- ment par de petites Cavités ou cellules renfermant aussi un dépôt calcaire. Ces cellules qui ressemblent beaucoup à celles qu’on rencontre dans le tissu osseux, sont en général plus nombreuses Parties con- stituantes des ents. Composi- tion chimique des dents. Structure intime des dents, 96 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. vers la surface de l’ivoire, et entre cette surface et l'émail il existe une membrane extrêmement fine. L’émail , soumis égale- ment à l’investigation microscopique , parait formé d’une mul- titude de fibres ou plutôt de prismes hexagonaux , d’un aspect cristallin, serrés les uns contre les autres et dirigés à-peu-près perpendiculairement à la surface de la dent. Enfin la substance corticale est caractérisée par la présence d’un grand nombre de cellules osseuses et de tubes calcigères irréguliers. Quelquefois les dents, au lieu d’être logées dans des alvéoles, se soudent par leur base à la mâchoire qui les porte et font corps avec elle; e’est le cas chez plusieurs poissons, et d’autres fois ces organes, au lieu de ressembler à des os, n’offrent que la consis- tance de la corne; chez l’ornithorinque, par exemple, ils sont formés par des tubes cornés réunis en faisceaux. Chez la ba- leine, les dents paraissent être remplacées par les grandes lames flexibles connues sous le nom de fanons, et chez d’autres ami- maux , même dans la classe des mammifères, elles manquent ., . complètement, chez le fourmilier, par exemple. de “% Les dents de homme ainsi que celles de la plupart des autres mammifères présentent différentes formes, et leurs usages va- rient suivant la nature de ces différences : les unes se terminent par une lame mince et tranchante ; aussi, servent-elles à couper les substances introduites entre les mâchoires, et ont-elles recu Incisives. le nom de dents incisives (fig. 32, a, b).. D’autres sont coniques et chez beaucoup d'animaux s’avancent bien au-delà des dents voisines ; elles ne peuvent pas servir à couper les alimens comme les dents incisives, mais à s’y implanter et à les déchirer. On les Canines. appelle dents canines (c). Enfin, d’autres se terminent par une surface large et inégale, et présentent les conditions les plus fa- vorables pour écraser et broyer les alimens ; ce sont les dents Molaires. molaires OÙ mâchelicres (d, e, f, g, h). : Fig. 32. (1) h VA d'’ (1) Dents d’un homme adulte; — x premiere incisive; — & deuxième incisive , — € canine; — d ete petites molaires;— f g h grosses molaires. DIGESTION. 97 La bouche de l’homme est armée des trois espèces de dents que nous venons de signaler , ét la manière dont elles sont im- plantées dans les mâchoires varie aussi bien que la forme de leur couronne. Les dents incisives { «, »), dont le jeu doit tendre à les enfoncer dans leurs alvéoles plutôt que de les en arracher, mont qu’une seule racine assez courte. Les dents canines 'e) se prolongent dans l’intérieur des mâchoires bien plus profondé- ment que les incisives , et les dents molaires (d,e, f, g, k), qui doivent supporter les plus grands efforts, présentent deux ou trois racines divergentes qui augmentent la solidité de leur in- sertion. Lorsque nous nous occuperons de l’étude des mammifères en particulier , nous verrons comment la disposition des dents va- rie, suivant que ces êtres doivent se nourrir de substances ani- males ou végétales, de chair molle ou de petits animaux cachés sous une peau semi-cornée comme les insectes, d'herbes ten- dres ou de bois plus ou moins durs; et nous verrons aussi que, par la seule inspection de ces organes, on peut arriver à con- naître avec beaucoup de certitude le régime, les mœurs et même la structure générale de la plupart des mammifères. A l’époque de la naissance , le développement des dents de l’homme est peu avancé; il est bien rare qu'aucun de ces corps ait encore percé la gencive, et ce n’est communément que de l'âge de six mois à un an que leur évolution commence. Les dents qui se forment alors sont destinées à tomber au bout d’un petit nombre d'années, et à faire place à d’autres. On les appelle dents de lait, ou de la premiere dentition , eton en compte vingt, sa- voir: à chaque mâchoire, quatre incisives qui occupent le de- vant de la bouche, deux canines situées me de chaque côté, im- médiatement après les incisives, et quatre molaires placés vers le fond de la bouche , deux de chaque côté. Vers l’âge de sept ans, ces dents commencent à tomber et à être remplacées par une autre série de dents, qui se sont formées dans des capsules situées plus profondément que celles dont les premières sont sorties; aussi leurs racines sont-elles bien plus longues et leur insertion plus solide. Les dents de la seconde dentition sont également plus nom- breuses que celles de la première ; la série complète se compose de trente-deux de ces corps, savoir : pour chaque mâchoire, quatre incisives, deux canines et dix molaires, dont les deux premières de chaque côté n’ont que deux racines, et sont appe- lées petites molaires (fig. 32, d, e); tandis que les trois situées plus en arrière sont pourvues de trois racines et appelées grosses molaires (f, q, h). Dans la vieillesse extrême, ces dents tombent comme les dents = 4 Systeme den- taire de l’hom- me, Première dentition, Seconde den- tition. Mouvemens de mastici- tion. Importance de la mastica- tion. 38 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. de lait tombent dans lPenfance, mais elles ne sont pas rempla- cées et les alvéoles s’oblitèrent. $ 123. Les dents dont nous venons d'étudier le développement et la structure, sont les instrumens passifs de la mastication. Elles sont mises en mouvement par les mâchoires dans lesquel- les elles sont implantées. La mâchoire supérieure ne peut se mouvoir sur le reste de la tête, mais linférieure , dont la forme ressemble un peu à celle d’un fer à cheval, ne s'articule avec le crâne que par l’extrémité de ses deux branches, et peut s’écarter Fig. 33. (1) ou se rapprocher de la mâchoire supérieu- d e ve. Un grand nombre de muscles se fixent à cet os et y impriment ces mouvemens À (fig. 33). Son abaissement est déterminé par la contraction de ceux qui se portent de FL son bord inférieur à los hyoïde. L'effet con- f traire est produit par Paction des muscles de: à qui se portent des divers points de sa sur- POP) face aux tempes et à d’autres parties voi- sines de la tête (2). La puissance des muscles élévateurs de la mâchoire est très grande, et lors de leur contraction, les corps introduits entre les denis sont comprimés avec d'autant plus de force que ceux-ci sont placés plus près du fond de la bouche, et par conséquent, plus près des points où ces muscles se fixent. Les alimens sont continuellement ramenésentre les dents par la contraction des joues ou par les mouvemens de la langue, et, pressés ainsi entre deux surfaces dures, très inégales, et dont les aspérités s’engrènent, ces substances ne tardent pas à être divisées en portions plus ou moins petites et comme broyées. L'importance de cette opération est très grande; car plus la mastication est complète, plus la digestion est facile, ce qui, du (1) Tête vue de profil. — « Mâchoire inférieure; — à articulation de la mà- choire inférieure avec le crâne ; —c muscle masseter ;—d arcade zygomatique; — e muscle temporal; — f f musele orbiculaire des lèvres ; —g musele orbiculaire des paupières ; — À occiput ou partie postérieure du crâne. (2) Les principaux muscles élévateurs de la mâchoire inférieure sont : 1° Le muscle temporal (e, fie. 33) qui naît de l’apophyse coronoïde de cet os, passe sous l'arcade zygomatique (d), et s'étend sur les côtés de la tête où il se fixe; 2° le muscle masseter (c), qui se porte de la face externe de l’an- gle de la mâchoire à l’arcade zygomatique (4); 3° les deux muscles ptérygoïdiens, qui occupent , à la face interne de la mâchoire , la place correspondante à celle du masseter, et vont se fixer à la base du crâne, de chaque côté de l'ouverture postérieure des fosses nasales. DIGESTION. 09 reste, est aussi aisé à constater qu'à comprendre. En effet, si l’on fait avaler à un animal des morceaux de viande de diverses grosseurs , et qu'après un certain temps on le tue pour ouvrir son estomac, on trouvera que, toutes choses égales d’ailleurs, les fragmens les plus petits sont ceux dont la digestion est la plus avancée, et que la superficie des plus gros aura été à peine attaquée, tandis que les autres seront déjà complètement ra- mollis. Or, c’est ce qui arriverait également, si on plongeait dans l’eau des fragmens de grosseurs inégales d’un corps sus- ceptible de se dissoudre dans ce liquide : de sucre, par exemple. Il est beaucoup d'animaux qui ne possèdent pas d'appareil de mastication, et qui sont cependant destinés à se nourrir d’ali- mens solides, dont la division mécanique est nécessaire à la di- gestion, mais alors la nature supplée à ce défaut en donnant à ces êtres d’autres instrumens de trituration : c’est ainsi que chez la plupart des oiseaux, l’un des estomacs (le gésier) est doué d’une force musculaire suffisante pour écraser les alimens in- troduits dans sa cavité, et que chez les crabes , l'estomac est armé de pièces osseuses semblables à des dents. $ 124. Pendant que les alimens subissent dans la bouche de Phomme et de la plupart des autres mammifères, cette division mécanique , ils s’imbibent de salive et quelquefois même se dis- solvent dans ce liquide. La salive est un liquide incolore, transparent, légèrement visqueux , qui coule continuellement dans la bouche, dont elle occupe les parties les plus déclives. L'analyse chimique a montré qu’elle était composée d'environ 993 parties d’eau sur 1000; les sept autres millièmes sont formés d’une matière animale parti- culière (environ 3 millièmes); de mucus (1,4; de chlorure de sodium (ou sel marin); de chlorure de potassium; de tartrate de soude, et d’une petite quantité de soude libre, qui donne à ce li- quide des propriétés alcalines. Le mélange de la salive avec les alimens est une circonstance qui a plus d'importance qu’on ne le croirait au premier abord. IL facilite la mastication, il aide puissamment à la déglutition, et, comme nous le verrons par la suite, il paraît jouer aussi un grand rôle dans la digestion de quelques-unes de ces substances. Les glandes qui forment la salive sont situées à l’entour de la Insalivatior. Salive, Usages, Glandes 54 bouche , et sont composées de petites granulations agglomérées livaires. entre elles. Chez l’homme il en existe trois paires placées symé- triquement de chaque côté de la tête : savoir, les glandes paro- tides , situées au-devant de l'oreille et derrière la mâchoire infé- rieure ; les glandes sous-mazillaires logées sous l’angle de la mâ- choire(m, fig. 34), et lesglandes sublinguales (1) placées au-dessous Cle Déglutition. Pharynx. OEsophage, 100 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. de la langue, dans l’espace que les deux côtés de la mâchoire laissent entre eux. Ces glandes communiquent chacune avec la bouche par un conduit excréleur particulier , et y versent la salive en quantités variables. Lorsqu'on éprouve de lPappétit, la vue des alimens suffit pour en déterminer un afflux plus considérable, et la pré- sence d’un corps étranger dans la bouche, même d’un corps complètement insipide, excite toujours la sécrélion de ce li- quide ; il parait que lors de la mastication il devient aussi plus alcalin qu'il ne l’est ordinairement. $ 125. Tant que la mastication n’est pas achevée l'ouverture postérieure de la bouche (ou 7sthme du gosier) est fermée par le voile du palais (4, fig. 34) qui est abaiïssé et qui s'applique contre la base de la langue. Les alimens ne peuvent donc pénétrer plus avant dans le camal digestif; mais lorsque cette opération est ter- minée, celte cloison mobile qui sépare la bouche du pharynx s'élève et la déglutition s'opère. Fig. 34. (1) On donne ce nom au passage des alimens de la bouche jus- que dans Pestomac à travers le pharynx ei l’œsophage. Le pharynx ou arriere-bou- che est une cavité qui fait suite à la bouche, el qui est placée à , la partie supérieure du cou (fig. 34 el 35). Par son sommet - « 1] communique avec les fosses n nasales; et en haut et en avant, mil west séparé de la bouche que par le voile du palais. En bas et en avant, le larynx (e) vient sv e ouvrir; enfin, en bas eten ar- rière il se continue avec Pæsc- , Phage (à), tube long et étroit qui descend le long du cou, tra- verse le thorax en passant en- tre les deux poumons derrière le cœur, et au-devant de la colonne vertébrale, traverse le nuscle diaphragme et se iermine enfin à l'estomac. (1) Cette figure représente une section verticale de la bouche et du pharyux vus de profi : — a lenez; — à la lèvre supérieure, placée au-devant de la voute DIGESTION. 101 Fig. 35. (1) Le voile du palais, qui sé- Voile du pa Cr pare la bouche du pharynx, est lais: une cloison mobile, suspendue » Wansversalement au bord pos- térieur du palais, et libre par l son bord inférieur qui se pro- longe au milieu en une pointe q appelée la Zuelle (fig. 34, L, et -_e 35, d.) Ilest formé par un repli 1 / de la membrane muqueuse qui f tapisse tout le canal digestif, et il renferme, dans son intérieur, un grand nombre de muscles qui lui permettent d'exécuter plusieurs mouvemens: de s’a- --_---- ? baisser pour s'appliquer contre la langue, de s'élever et de se porter obliquement en arrière vers la paroi postérieure du D pharynx, de façon à intercepter plus où moins complètement le passage entre cette cavité et les fosses nasales. { du palais, qui se porte horizontalement en arrière, et sépare la cavité de la bouche des fosses nasales ; — c la langue dout la base se fixe à l'os hyoïde (d) — ele laryox suspendu à l'os hyoïde et s’ouvrant dans l’arrière-bouche ; — f portion de la trachée-artère , tube qui se continue avec le larynx d’une part, et se rend de l’autre dans les poumons; — g portion de la base du crâne à la- quelle est suspendu le pharynx ou arrière-bouche (4); — i commencement de l’œsophage; — À section du voile du palais; au-dessus de cette cloison, on aperçoit l’ouverture postérieure des fosses nasales, et au-dessous deux espèces de piliers entre lesquels se trouvent les amygdales; — / glande sublingaale placée sous la langue, et communiquant avec la bouche par un petit conduit excréteur dirigé en avant; — 7» glande sous-maxillaire située en arrière et au- dessous de la précédente ; — x corps thyroïde , espèce de glande imparfaite pla- cée au-devant de la partie inférieure du larynx. (1) Le pharynx vu par derrière et ouvert pour montrer la position relative des ouvertures postérieures des fosses nasales, du voile du palais, du fond de la bouche, et de l'ouverture du larynx:—4 base du crâne; — 4 apophyse mas- toide de los temporal, située sur ie côté de la base du crâne derrière l'oreille; — c cloison verticale qui sépare les deux fosses nasales, dont on apercoit la ter- minaison à la partie supérieure de l’arrière-bouche; — 4 voile du palais faisant suite à la voûte du palais; au milieu de son bord inférieur on remarque un pro- longement nommé la luette, et de chaque côté de cet appendice on apercoit la cavité buccale ; — 2 base de la langue ; — f'extrémité de l'os hyoïde; du côté opposé, cet os est entièrement caché par la portion de la paroi postérieure du pharynx qui se trouve rejetée en dehors ; —o ouverture du larynx ou glotte ? D Mécanisme 102 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. $ 126. La deglutition est en apparence fort simple, et cepen- de la dégluti- dant elle est réellement le plus compliqué de tous les mouve- tion, mens qui servent à la digestion. Elle est produite par la con- traction d’un grand nombre de muscles, et exige le concours de plusieurs organes importans. Tous les muscles de la lan- gue, du voile du palais, du larynx et de l’œsophage y prennent part. Lorsqu'elle doit commencer , les alimens sont rassemblés sur le dos de la langue qui s'élève et les presse d'avant en arrière contre le voile du palais; cette cloison s'élève alors pour deve- nir horizontale, et permet ainsi aux alimens de sortir de la bou- che; si elle n’opposait pas un obstacle au mouvement imprimé à ces substances par les mouvemens de la langue, les alimens pénétreraient dans les fosses nasales; mais la direction dans la- quelle elle se place, les oblige à descendre dans le pharynx. Cette première période de la déglutition est soumise à l'empire de la volonté; mais il n’en est pas de même de la suite de cette opération, et les mouvemens à l’aide desquels les alimens arri- vent à la partie inférieure du pharynx sont involontaires et en quelque sorte convulsifs. Le bol alimentaire (c’est ainsi que lon nomme chaque masse d’alimens avalés) ne franchit alors qu’un espace très court; mais il doit éviter l'ouverture du larynx, ainsi que celle des fosses nasales, où sa présence serait nuisible, et son passage doit être assez prompt pour que la libre communi- cation entre le larynx et Pair externe ne soit que momentané- ment interrompue. Voyons comment la nature est parvenue à ce résultat im- portant. Le bol alimentaire n’a pas plus tôt touché le pharynx, que tout entre en mouvement. Cette cavité se contracte et embrasse le bol alimentaire, pendant que d’un autre côté le larynx s'élève et va au-devant de ce corps pour rendre plus rapide son passage sur ouverture de la glotte. Les bords de cette ouverture se rap- prochent en même temps, et l’épiglotte, pressée contre la base de la langue, s’abaisse de facon à couvrir l’entrée du larynx. Aussi le bol alimentaire, toujours pressé par la contraction du pharynx, glisse à la surface de l’épiglotte , sans s'engager dans le larynx , et parvient à l’'æœsophage dont les fibres circulaires, en se contractant successivement, le poussent jusque dans estomac. conduisant aux poumons par la trachée-artère; une espèce de valvule, nommée épiglotte, s'élève au-dessus et en avant de cette ouverture ; on la voit ici appli- quée contre la base de la langue ; — portion de la trachée-artère; — 1 commen- cement de l’œsophage; — À l’un des muscles élévateurs du pharynx. DIGESTION. 103 $ 127. L’estomac (fig. 29, b) est une portion élargie du canal ali- mentaire qui fait suite à lœsophage, et qui est le siège du phé- nomène le plus remarquable de la digestion : la transformation des alimens en chyme. C’est une poche membraneuse, qui chez l'homme, est placée en travers à la partie supérieure de Fabdo- men , et qui a la forme d’une cornemuse (1). Il se rétrécit gra- Fig. 29 (2). duellement de gauche à droiteet se recourbe sur [ui-même, de fa- con que son bord supérieur est concave et très court, tandis que son bord inférieur (appelé grande courbure de l'estomac)est con- (1) C’est en effet, avec l’estomae d'animaux où cet organe ressemble beaucoup a celui de l’homme, que l’on fait le réservoir à air des cornemuses, (2) Le tube digestif avec ses annexes, Pour l'explication détaillée de cette figure, voyez page qI. Estomac, Sue gastii= trique. 104 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. vexe et trèslong. Vers les deux tiers de l’estomae, il existe, pen- dant la digestion surtout, un rétrécissement qui divise cet organe en deux parties: l’une, située à gauche , est nommée portion car- diaque de l'estomac; Pautre, située à droite, est appelée portion pylorique. L'ouverture par laquelle ce viscère communique avec l'æœsophage est également appelée ouverture cardiaque , parce qu’elle est située du côté du cœur. Celle qui conduit de l'estomac dans les intestins est située à l'extrémité de la partie pylorique, el se nomme 7ylore. (1) 6 128. Les parois de l’estomac sont très-extensibles : lorsque sa cavité n’est pas remplie d’alimens, elles se contractent, et on voit alors à leur face interne une multitude de plis dont le nombre diminue à mesure que l'organe est plus distendu. On remarque aussi à la surface de la membrane muqueuse qui ta- pisse l’estomac, un nombre très considérable de petites cavités sécrétoires, appelées follieutes gastriques, qui versent sur les alimens le liquide qu’elles forment. Ce liquide, que l’on nomme suc gastrique, est, comme nous le verrons par la suite, l’un des agens les plus importans de la digestion, car c’est son action sur les alimens qui détermine leur transformation en chyme. Lorsque lPestomac est vide, il ne se forme qu’en très petites quantités ; mais, lorsque les parois de cette cavité sont excitées par le contact des alimens, et surtout dalimens solides, le suc gastrique coule en abondance, el a tou- jours des propriétés acides très marquées. Cette acidité parait être due en partie à de l'acide hydrochlorique libre, et en partie à la présence d’une substance particulière, qui se rencontre aussi dans le lait, et que l’on appelle acide lactique. On y trouve aussi quelques sels, tels que du sel marin, du phosphate de chaux, etc., et environ quatre-vingt-dix-huit centièmes d’eau ; enfin, on vient d'y signaler la présence d’une matière particu- lière, qui a reçu le nom de pepsine, et qui n’est encore qu’im- parfaitement connue, mais qui paraît cependant être douée de propriétés fort remarquables, et jouer un grand rôle dans la digestion. (1) Le mot pylore est dérivé du grec mUAGUEO portier (TûAn porte et CHETE © gardien), et a été donné à l'orifice intestinal de l’estomac pour rappeler les fonc- tions qu'il remplit : tant que la digestion des alimens n’est pas assez avancée pour que ceux-ci doivent passer dans l’intestin, le pylore reste contracté et ne leur livre point passage; maïs lorsque les alimens sont transformés en chyme cette ouverture se desserre et se laisse traverser. On donne le nom de vabule du pylore à un bourrelet circulaire qui entoure cette ouverture, et qui est formé par un repli des tuniques muqueuse et musculaire de lestomac. DIGESTION. 105 $ 129. Les substances alimentaires qui s'accumulent dans l'es tomae y sont assez fortement pressées par l’action des parois musculaires de l'abdomen, et tendraient à remonter dans l’œæso- phage, si la portion de ce conduit, voisine du cardia, n’était pas fermée par la contraction de ses fibres musculaires. Quel- quefois , cette résistance est vaincue, et les alimens remontent jusque vers la bouche, ou même sont rejetés au dehors, phé- nomènes qui portent les noms de reyurgilation où de vomis- sement. D'un autre côté, les alimens ne peuvent traverser simplement l'estomac, et pénétrer de suite dans les intestins, car l'ouverture du pylore est complètement fermée par la contraction énergique des fibres musculaires dont elle est entourée. $ 130. Les alimens sont donc retenus dans l'estomac, et s'y accumulent principalement dans la partie cardiaque, ou grand cui-de-sac de cet organe. Quelques-unes des substances ainsi ingérées sont alors simplement absorbées par les parois de l’es- tomac, et pénètrent dans le sang sans avoir subi daltération préalable; Peau, Palcoo!l faible et quelques autres liquides sont dans ce cas. D’autres substances pénètrent dans l'intestin , et sont même expulsées au dehors avec les excrémens sans avoir élé altérées ; mais les alimens y sont digérés, et transformés ainsi en une masse pulpeuse et semi-liquide , appelée ckyme. On remarque d’abord que les fragmens placés vers la surface de la masse alimentaire, et près des parois de l'estomac, s’im- bibent de suc gastrique , deviennent acides comme ce liquide, et se ramollissent peu-à-peu de la superficie vers le centre. Toute la masse des alimens finit par subir la même altération, et par suite de ce ramollissement, ces substances se transforment en une matière molle, pultacée, en général grisâtre, et d’une odeur fade et particulière, qui est du chyme mêlé à des débris dali- mens. On remarque aussi qu’il se forme sur les parois de l’esto- mac une substance blanchâtre, qui ressemble à du blanc d’œuf légèrement cuit, et qui se mêle aux autres produits de la di- gestion stomacale. Ces altérations ont lieu avec plus de rapidité dans le voisinage dé la partie pylorique de l'estomac, que dans le grand eul-de-sac, et se propagent de la superficie de la masse alimentaire vers son centre. Pendant que la chymification s'opère, les parois de l’estomac deviennent le siège de contractions circulaires qui se succèdent d’abord de droite à gauche, de façon à pousser le chyme , dont la masse alimentaire est recouverte, vers le grand cul-de-sac de les- Llomac; mais, après un certain temps, tous ces mouvemens ver miculaires, que lon nomme peristaltiques, se font dans le sens Accumula- tion des ali- mens dans l'estomac. Formation du chyme. 106 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. opposé et portent le chyme vers Le pylore, puis jusque dans Pin- testin grèle. Toutes les substances alimentaires ne sont pas transformées en chyme avec la même promptitude. Les observations et les expériences qui ont élé faites à ce sujet, montrent que la chair musculaire est beaucoup plus facile à digérer que la plupart des substances herbacées; que la cuisson influe beaucoup sur ce phénomène ; que le veau bouilli, par exemple, est des deux liers plus digestible que le veau rôli; que la peau et les tendons résistent pendant long-temps à l’action de l’estomac, etc. Du reste, il existe, à cet égard, de grandes différences sui- vant les individus. Le volume des morceaux d'alimens avalés influe aussi beaucoup sur leur transformation en chyme, ce qui se comprend parfaitement bien, d’après la nature du travail digestif. En général, les alimens séjournent pendant plusieurs heures dans l'estomac, avant que d'être complètement tranformés en chyme. 6131. On a fait un grand nombre d'expériences, dans la vue de nous éclairer sur ce qui se passe pendant la digestion des alimens dans lestomac. Les plus remarquables sont celles de Spallanzani , physiologiste célèbre de Modène. À l’époque où 11 entreprit ses recherches, on croyait que ce phénomène n'étant autre chose qu’une espèce de trituration , et que le chyme n’était que des alimens broyés de facon à les réduire en pulpe; mais Spallanzani montra qu'il en était autrement. Il fit avaler à des oiseaux des alimens renfermés dans des tubes et dans des espèces de petites boîtes métalliques, dont les parois étaient criblées de trous, de façon à préserver ces substances de tout frottement , mais à ne point les soustraire à l’action des liquides contenus dans l’estomac, et il trouva que la digestion s’en était opérée comme dans les circonstances ordinaires. Il en conclut, avec raison , que le suc gastrique devait être la cause principale de la chymification des alimens ; el, pour le mieux démontrer, il eut encore recours à des expériences très ingénieuses. Il fit avaler à des corbeaux ei à d’autres oiseaux, de petites éponges atiachées à une ficelle, au moyen de laquelle il retira ces corps de lesto- mac, après qu'ils y eurent séjournés quelques minutes et qu’ils s’y furent imbibés des liquides contenus dans cette cavité. II se procura ainsi une quantité considérable de suc gastrique qu'il placa dans de petits vases, avec des alimens convenablement divisés ; il eut soin en même temps d'élever la température, de façon à imiter , autant que possible , les circonstances dans les- quelles la chymification à heu, et au bout de quelques heures il vit la masse alimentaire , soumise à cette digestion artificielle , DIGESTION. 107 se tranformer en une matière pulpeuse semblable en tous points à celle qui se serait formée dans l'estomac par suite d’une diges- tion naturelle. D’autres observations faites sur l’homme lui-même ont con- duit aux mêmes résultats. Celles que lon doit à un médecin américain , le docteur Beaumont, offrent surtout un grand in- térêt ; elles ont été faites sur un jeune homme parfaitement bien portant, mais dont l'estomac avait été ouvert par une blessure d’arme à feu, et dont la guérison était restée imparfaite, de façon que la plaie, quoique cicatrisée , laissait béante un orifice au moyen duquel il était facile de voir tout ee qui se passait dans l’intérieur de cet organe. Il s’est assuré, de la sorte, que les alimens , en arrivant dans l’estomac, excitent la sécrétion du sue gastrique, s’en imbibent et sont ensuite digérés par la seule action de cet agent ; car, lorsqu'il les retirait de l'estomac, ainsi imbi- bés, il les voyait encore se transformer peu-à-peu en une masse chymeuse. À l’aide d’un tube , il lui était facile aussi de se pro- curer de ce suc gastrique qu'il voyait suinter des parois de les- tomac, et en employant ce liquide comme l’avait déjà fait Spal- lanzani, pour des digestions artificielles, il a réussi à transformer des morceaux de bœuf en une substance semi-fluide semblable au chyme que cette matière alimentaire aurait produit par la digestion naturelle. ILest donc évident que le suc gastrique est la cause principale des altérations que les alimens éprouvent pendant leur séjour dans l'estomac, et la connaissance de ce fait doit nous conduire à chercher quel est le principe qui donne à ce liquide des pro- priétés si remarquables. Jusqu'en ces derniers temps, on attribuait le pouvoir dissolvant du sue gastrique à l'acide chlorhydrique (ou hydrochlorique) et à l'acide lactique, qui entrent toujours dans sa composition; ces a€i- des possèdent en effet la propriété d'attaquer plusieurs des sub- stances qui servent le pius ordinairement à l'alimentation , mais leur action est trop faible pour expliquer les phénomènes de la chymification ; et, d’après des expériences récentes, que l’on doit à MM. Eberle, Schwann et Müller, de Berlin, il paraitrait que le suc gastrique renferme une matière particulière , dont l’action sur la plupart des alimens est assez analogue à celle de la dia- stase sur lamidon. Cette matière , à laquelle on a donné le nom de pepsine, n’agit qu'autant qu’elle est combinée à de Facide chlor- hydrique ou à de l'acide acétique , et possède alors la propriété de dissoudre ou de réduire en une espèce de bouillie, la fibrine , Palbumine coagulée, et la plupart des autres substances ali- mentaires les plus solides ; elle détermine aussi des changemens importans dans la nature chimique de quelques-unes de ces latestin. 108 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. matières, dans l’albumine, par exemple, et elle fait coaguler le caséum, même lorsqu'elle est dépouillée de tout acide. Pour l'obtenir, il suflit de faire macérer, pendant quelque temps, une portion de la membrane muqueuse du quatrième estomac d’un veau, dans de l’eau aiguisée d’acide chlorhydrique, et, avec le liquide ainsi préparé, on peut répéter les expériences de di- gestions artificielles, de la même manière que si lon se servait de suc gastrique naturel. Du reste, cette pepsine n’a pas encore été isolée , et on ignore la plupart de ses caractères chimiques. Certaines substances alimentaires, telles que le caséum , la gélatine et le gluten , ne sont pas dissoutes par la pepsine, et il paraitrait que , pour être digérées dans Pestomac, elles doivent être préalablement soumises à d’autres agens. La salive est un de ces dissolvans; et, chez les animaux qui se nourrissent spé- cialement de substances végétales, il existe souvent, entre la bouche et l'estomac proprement dit, une première cavité des- tinée à loger les alimens pendant que ce liquide les imbibe ; chez les mammifères de l’ordre des ruminans, ce premier estomac porte le nom de panse, et chez les oiseaux, on l'appelle jabot. Ainsi, c’est par l’action de la salive, et surtout du suc gas- trique, que les alimens sont transformés en chyme; mais cer- laines substances peuvent résister à ces liquides et traverser l'estomac, sans avoir été dissoutes; pour la digestion de celles- là, l'influence d’un autre agent est nécessaire, el, comme nous le verrons bientôt, c’est en avançant plus loin dans le tube di- gestif qu’elles le rencontrent. $132. La portion du canal alimentaire, dans laquelle les ali- mens pénètrent après leur digestion dans l’estomac, porte le nom d’éntestin (fig. 29, e, d). C’est un tube membraneux et con- tourné sur lui-même, dont le diamètre est peu considérable, mais dont la longueur est très grande, étant, chez l’homme, environ sept fois celle du corps. Chez les animaux qui se nour- rissent exclusivement de chair , les intestins sont, en général, plus courts que chez l'homme et les autres animaux omnivores ; tandis que chez les herbivores, leur longueur est beaucoup plus considérable. Ainsi, dans le lion, elle n’est que d'environ trois fois celle du corps, et dans le bélier, elle est souvent égale à vingt- huit fois cette longueur. La raison de ces différences est facile à saisir, car il est évident que les substances herbacées, qui se digèrent très lentement, et qui renferment une très petite por- tion de matière réellement nutritive, doivent être prises en plus grande quantité, et doivent séjourner pendant plus long-temps dans le canal alimentaire, que la chair musculaire dont la di- gestion est très prompte et dont presque toute la masse est composée de matières nulritives. DIGESTION 109 Les intestins, Comme nous l’avons déjà dit, sont logés dans l'abdomen, et renfermés dans les replis du péritoine qui les fixent à la colonne vertébrale. Ils se composent de deux parties dis- tinctes : l'intestin gréle et le gros intestin. L'intestin yréle fait suite à l'estomac, et c’est dans son inté- rieur que la digestion s'achève. Il est très étroit, et forme en- viron les trois quarts de la longueur totale des intestins. Sa sur- face extérieure est lisse, les fibres musculaires qui Pentourent sont serrées les unes contre les autres, et la membrane muqueuse qui en tapisse l’intérieur, présente à sa surface une foule de petits folicutes et de petits appendices saillans nommés vèllo- sites. On y remarque aussi un grand nombre de plis transver- saux, nommés valvules conniventes. Les follicules sécrètent continuellement une humeur visqueuse, dont la quantité est très considérable. Les villosités, comme nous le verrons bien- tôt, paraissent servir spécialement à l'absorption des produits de la digestion , et les valvules conniventes à retarder la marche du chyme. Les anatomistes distinguent dans l'intestin grêle trois por- tions, le duodenum (1), le jejunum (2) et Vileon (3); mais cette distinction e t de peu d'importance en physiologie. $ 133. Les matières alimentaires qui pénètrent dans cet in- testin s’y mélent avec les humeurs sécrétées par ses parois, et avec deux liquides particuliers, la ble et le suc pancréatique qui sont formés chacun dans un organe glandulaire, situé dans le voisinage de l'estomac. % Le foie (fig. 29, L), qui est l'organe producteur de la bile, est le viscère le plus volumineux du corps. Il est situé à la partie supé- rieure de l’abdomen de l’homme, principalement du côté droit, et descend jusqu'au niveau du bord inférieur des fausses côtes. Sa face supérieure est convexe et sa face inférieure irrégulièrement concave. On y distingue trois lobes, dont le plus grand est situé à gauche, et séparé du lobe droit par une échancrure, et dont le plus petit (nommé lobule) est placé au-dessous des deux autres. La couleur de cet organe est rouge brun à sa surface et jaunâtre dans l’intérieur. Sa substance est molle et compacte, mais tra- versée par une multitude de canaux, et lorsqu'on la déchire, (x) Ainsi nommé, parce que sa longueur est a-peu-près égale à douze traverses de doigts. (2) Le nom de jéjunum a été donné à cette portion de l'intestin parce que, dans le cadavre, on la trouve ordinairement vide, (3) Ieum, de eXetv, tourner , entortiller, à cause des circonvolutions qu’elle présente, Intestin grêle, Foie. Bile. 110 ANATOMIE ET PHYSIOLUGIE. elle parait être formée par l’agglomération de petites granula- tions solides, dans lesquelles aboutissent les vaisseaux sanguins, et desquelles naissent les conduits excréteurs destinés à porter la bile au dehors. Ces canaux excréteurs se réunissent successivement entre eux pour former des rameaux, des branches, et enfin un ironc qui sort du foie par la face inférieure de cet organe pour se por- ter au duodénum, et qui communique aussi avec une poche membraneuse adhérente au foie, habituellement distendue par de la bile, et nommée vesicule du fiel. La terminaison du canal se voit dans le duodénum, à peu de distance de l'estomac. (1) Le foie présente une particularité très remarquable. La ma- jeure partie du sang qui circule dans cet organe n’est pas arté- rielle, comme dans les autres parties du corps. Le sang veineux provenant des intestins y arrive par la veine-porte, qui s’y ra- mifie à la manière des artères, et il paraitrait même que c’est principalement aux dépens de ce liquide que la formation de la bile a lieu. Chez les animaux inférieurs cet organe est souvent remplacé, soit par une agglomération de petits tubes terminés en cul-de-saé, et insérés sur les rameaux d’un canal excréteur (comme chez la plupart des crustacés); soit par des vaisseaux simples, mais très longs, comme chez les insectes. Enfin, chez des êtres placés en- core plus bas dans la série zoologique , il manque tout-à-fait ou n’est représenté que par un lissu glandulaire qui entoure une portion de l'intestin; mais c’est un des organes sécréteurs dont l'existence est la plus constante dans le règne animal. La bile est un liquide visqueux, filant, verdâtre et d’une sa- veur très amère. Elle est toujours alcaline et a beaucoup d’ana- logie avec du savon. On y trouve, dissous dans de l’eau , un sel formé de soude unie à un acide gras de nature particulière, de la cholestérine , un principe colorant, un peu d’oléate ou de margarate de soude, et du mucus. D’après les recherches ré- centes de M. Demarset, il paraîtrait que les matières signalées dans ce liquide par quelques chimistes , sous les noms de resine biliaire et de taurine, ne sont que les produits de l’action des réactifs sur l’acide gras dont il vient d’être question. La bile s’écoule constamment dans lintestin, mais il parait que c’est pendant la digestion qu’elle y arrive en plus grande abondance ; car , lorsque l’estomac est vide, la vésicule du fiel (1) Le conduit excréteur qui sort immédiatement du foie se nomme canal he- patique , et celui qui vient de la vésicule canal cystique. Enfin, le tronc commun formé par la réunion de ces deux vaisseaux est appelé canal cholédoque ( de Xe, bile, et de dc06, qui contient). DIGESTION. 111 se remplit, et lorsque la digestion est terminée, on trouve ce réservoir presque vide. 6134. Le suc pancreatique a beaucoup d’analogie avec la sa- Sue pancréa- live, tant par ses propriétés physiques que par sa composition tique. chimique; la glunde pancréas (1) qui le forme ressemble aussi aux glandes salivaires. C’est une masse granuleuse qui chez l’homme est divisée en un grand nombre de lobes et de lobules, de consistance assez ferme et de couleur blanc grisâtre tirant un peu sur le rouge, et qui est placée en travers entre l’estomac et la colonne vertébrale ( fig. 29, n). Chacune des granulations qui la forment donne naissance à un petit conduit excréteur, et tous ces conduits se réunissent, à la manière des veines, pour former un canal qui s'ouvre dans le duodénum près de lem- bouchure du canal cholédoque. Pancréas. $ 135. Nous avons déjà vu comment les mouvemens péristal- Formation tiques de l’estomac poussent le chyme dans le duodénum à tra- du chyle. vers le pylore. Cette ouverture esi garnie d’une valvule qui s’op- pose au retour de cette matière dans l'estomac, et la présence du chyme dans l'intestin détermine , dans ce tube, des contractions analogues à celles de l’estomac, et qui ressemblent exactement aux mouvemens d’un vers de terre qui rampe. À l’aide de ces mouvemens vermiculaires, le chyme s’accumule dans lPintestin et avance de plus en plus dans l'intérieur de ce tube. Pendant ce trajet , il se mêle avec la bile et les autres humeurs qu’il rencon- tre, et change peu-à-peu de propriétés; il devient jaunâtre amer, de moins en moins acide, puis alcalin , et il s’en sépare une malière plus où moins épaisse , Lantôt blanche , tantôt gri- sâlre , suivant la nature des alimens dont elle provient, qui s’at- tache à la surface de la membrane muqueuse intestinale, et qui est désignée par quelques physiologistes sous le nom de ckyle brut. Les parties les plus fluides de la masse chymeuse sont en même temps absorbées par les parois du tube digestif, et vers le iers inférieur de l'intestin grêle il ne s’en trouve presque plus ; la pâte formée par le résidu du chyme, par la bile et les autres humeurs déjà mentionnées, acquiert, dans cette portion du tube alimentaire , plus de consistance , prend une couleur'plus fon- cée, et passe dans le gros intestin pour étre rejetée au-dehors sous la forme d’excrémens. La bile ne joue pas dans la digestion un rôle aussi important Usages de que le suc gastrique, ei en liant le canal cholédoque on peut l’em- l* bile- (1) Le mot pancréas signifie tout charnu (de z&v, tout, et de xoëas, chair), et a été donné à cette glande par les anciens, Gaz de lin- testin grêle. : Gros intes- tin. Usages du gros intestin. 0 2) ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. pêcher d'arriver dans l'intestin sans arrèler pour cela toute for- mation de chyme. Elle paraît servir principalement à mettre un terme à l’action du sue gastrique en neutralisant les acides con- tenusdans ce liquide , à dissoudre certaines substances alimen- taires qui ont pu résister à l'influence du suc gastrique, les ma- tières grasses par exemple, enfin à stimuler par son contact irritant les parois de l'intestin, et à y réveiller les mouvemens péristaltiques. Quant au suc pancréatique, il doit probablement agir à-peu-près de la même manière, à raison de ses qualités al- calines, mais on ne sait rien de positif à cet égard $ 136. Quoi qu’il en soit, c’est, comme nous le voyons dans l’in- testin grêle que la digestion s'achève, et pendant ce travail , il se dégage de la masse alimentaire divers gaz qui distendent plus ou moinslintestin. Ces gaz sont principalement de Pacide carbonique et de l'hydrogène pur ; quelquefois on y trouve aussi de Pazote. $ 137. Le gros intestin (fig. 29,e, g,h,i), qui fait suite à l'in- testin grêle et qui reçoit le résidu laissé par la digestion, se dis- tingue facilement par les dilatations nombreuses que l’on remar- que sur ses parois entre les divers faisceaux formés par ses fibres musculaires. On le divise en ræcum, en colon et en rectum. Le cœcum (1), qui est situé près de los de la hanche, du côté droit, se prolonge en cul-de-sac au-delà du point d'insertion de l’intes- un grêle , et présente, à son extrémité, un appendice vermifor- me. Des replis, disposés en manière de valvules, garnissent l’ou- verture de l'intestin grêle, et s'opposent à ce que les matières, poussées dans le cœcum , puissent rentrer dans liléon et retour- ner vers l'estomac. Le colon (2, fait suite au cœcum , remonte vers le foie, traverse l'abdomen immédiatement au-dessous de l'estomac, et redescend du côté gauche pour gagner le bassin où il se continue avec le rectum, qui se termine à l’anus. Le résidu provenant de la digestion des alimens est poussé peu- à-peu depuis le cœcum, jusqu'au rectum (3), où il s’accumule et séjourne pendant un temps plus ou moins long. En traversant ainsi le gros inteslin, ces matières acquièrent de la consistance, changent de couleur et prennent une odeur particulière. Il se dé- veloppe en même temps dans cet intestin une quantité plus ou moins considérable de gaz, qui diffèrent essentiellement de ceux (1) Les anatomiste, ont uommé cæ um la premiére portion du gro; intestin. parce qu’elle se prolonge inférieurement sous la forme d’un cul-de-sac (de cœcus, aveugle). (2) On fait venir ce nom de xwAVO , j'arrête, parce que cet intestin retient long-temps les matières exerémentitielles dans ses replis. (3) Cet intestin est ainsi nommé parce qu’il est droit. DIGESTION, 113 de l'intestin grèle par Pexistence presque constante d'hydrogène carboné, et quelquefois aussi par la présence d’un peu d'hydro- gène sulfuré. _ Les fibres charnues qui entourent l'anus et qui forment le muscle sphincter de celte ouverture, sont continuellement con - tractées et s’opposent par conséquent à la sortie des matières ac- cumulées dans le gros intestin. En général , pour que leùr expul- sion ait lieu , il ne suffit même pas de la contraction des fibres musculaires qui entourent cet intestin , il faut aussi que le dia- phragme et les autres muscles de l'abdomen concourent au mème but, en comprimant la masse des viscères renfermés dans cette cavité. $ 138. Pour terminer l’étude de la digestion , 11 nous reste en- core à examiner comment la matière nutritive extraite des ali- mens, passe du canal intestinal dans la masse du sang, qu'elle est destinée à renouveler. Quelques-uns des liquides introduits dans l'estomac sont ab- sorbés directement par les veines qui serpentent dans les parois de cette cavité, et dans celles de l’intestin grêle ; mais le chyle suit une autre route, et pénètre dans un système particulier de canaux destinés à en effectuer le transport. Ces vaisseaux, appe- lés chylifères (ou Lactés , à raison de l’apparence qu’ils prennent ordinairement lorsqu'ils sont remplis de chyle), appartiennent , ‘ comme nous l’avons déjà dit, à l'appareil des vaisseaux lymphati- ques (1). Ils prennent naissance par desorifices imperceptibles à la surface des villosités de la membrane muqueuse intestinale, et se réunissent, à la manière des veines , en branches , plus ou moins grosses qui marchent, entre les deux lames du mésentère, vers la colonne vertébrale ({g. 36). Pendant ce trajet, les vaisseaux lym- phatiques traversent de petits corps de forme irrégulière et d’une couleur rose pâle , que l’on appelle les glandes mesentériques (d), et, après leur sortie de ces glandes, se réunissent en un tronc uni- que , nommé canal thoracique (f). Ge canal reçoit aussi les vais- seaux lymphatiques de presque toutes les autres parties du corps. Il traverse le diaphragme , et monte au-devant de la colonne ver- tébrale jusque vers la base du cou, où il se termine enfin dans la veine sous-clavière du côté gauche. Il existe dans son intérieur des replis disposés comme les valvules des veines, de façon à permettre le passage des liquides vers la veine sous-clavière, mais à empêcher leur retour vers l’intestin. Lorsqu'un animal est à jeun, ces vaisseaux sont à-peu-près vides, mais lorsque la digestion intestinale est en pleine activité, (1) Vuyez page 57 Gaz da gros intestin. Deéfécation. Absorption du chyle, Vaisseaux chylifères, Marche du chyle. 114 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ils ne tardent pas à se gorger de chyle, dont la couleur est en gé- néral blanche , et l'aspect semblable à celui du lait. Fig: 36. (1) À F4 e d Co h° 2 À b $ 139. Ce sont les villosités dont la surface de la membrane mu- queuse de l'intestin est garnie , qui paraissent être spécialement chargées de l'absorption du chyle. Aussitôt que ce phénomène commence, on les trouve gonflées et imbibées de ce liquide comme des éponges qui seraient imbibées de lait ; quelques ana- tomistes ont cru apercevoir , dans ces espèces de franges, des ouvertures très petites communiquant avec les radicules des vaisseaux lymphatiques , et si cela était, on comprendrait faci- lement comment le chyle peut pénétrer dans cés canaux sans pouvoir être absorbé par les veines. En effet ce liquide contient, ‘ (r) Portron de l'intestin grêle avec les vaisseaux chylifères qui en naissent, . et le commencement du canal thoracique. a Portion de l'intestin; —# mésentère que fixe l'intestin à la paroi posté- rieure de l’abdomen; — c radicules des vaisseaux chylifères rampantes sur l’in- testin; — d glandes mésentériques; — e vaisseaux chylifères apres leur passage à travers les glandes mésentériques ; — f'canal thoracique, — g portion renflée du canal thoracique, appelée réservoir de Pecquet ; — h h vaisseaux lympatiques des membres inférieurs, etc., se rendant au canal thoracique ; — ? portion de l'artère aorte, à côté de laquelle le canal thoracique remonte pour gagner la veine sous- clavière. DIGESTION. 115 comme nous le verrons bientôt, des globules qui seraient trop gros pour passer à travers les simples porosités des parois vei- neuses , tandis qu’ils trouveraient un accès facile dans les vais- seaux chylifères , à travers les trous dont les villosités paraissent être criblées. Quoi qu'il en soit, le chyle pénètre dans ces derniers vais- "seaux, et coule avec assez de vitesse le long du canal thoracique jusque dans la veine sous-clavière gauche. Si on lie ee canal sur un animal vivant , on empêche complètement le passage du chyle dans le système circulatoire , et ce liquide s’accumule dans le canal thoracique. La cause de son mouvement ascensionnel dans ce canal , et dans les nombreux vaisseaux chylifères qui re- présentent les racines de ce tronc, n’est pas bien connue. On observe qu’il persiste pendant quelque temps après la mort, et que le cours du chyle est favorisé par les mouvemens respiratoi- res , les batitemens des artères , et tous les mouvemens qui peu- vent comprimer d’une manière intermittente le canal thoraci- que; ce qui se comprend parfaitement, à cause des valvules dont nous avons déjà parlé, et dont nous avons expliqué le jeu en traitant de la circulation veineuse (Voyez pag. 42). $ 140. Le chyle varie d’aspect suivant la nature des alimens dont il provient, et suivant les animaux où on l’observe. Dans l’homme et la piupart des mammifères, c’est en général un li- quide blanc laiteux , d’une odeur particulière et d’une saveur sa- lée et alcaline. Examiné au microscope, il paraît composé d’un liquide séreux, tenant en suspension des gouttelettes graisseuses et des globules circulaires assez analogues aux petits globules blancs qu’on aperçoit dans le sang, nageant au milieu des glo- bules rouges. Le chyle provenant d’alimens qui ne renferment pas de matières grasses est beaucoup moins opaque que celui fourni par des substances contenant de la graisse ou de l'huile, et chez les oiseaux, 1l est presque toujours transparent. Lorsqu'on examine le chyle dans les vaisseaux lactés près de leur origine, on trouve que les matières organiques qu’il contient consistent principalement en albumine ; mais quand on l’observe plus loin dans son trajet vers la veine sous-clavière , on voit que ses qualités ne restent plus les mêmes; à mesure qu’il avance dans l’intérieur des vaisseaux Iymphatiques, 1l se charge d’une quantité de plus en plus considérable de fibrine , principe qui lui donne la propriété de se coaguler spontanément à la manière du sang. En général, ce liquide prend en même temps une teinte rosée et devient susceptible de rougir légèrement au contact de l'air. On doit se demander si la fibrine qui se montre ainsi dans le chyle provient de ce que l’albumine déjà existant dans ce li- Chyle. 116 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. quide, se modifie peu-à-peu dans sa nature, ou bien si elle y est versée par les glandes mésentériques où par quelque autre organe en communication avec les vaisseaux chylifères. Cette dernière opinion parait la plus probable, car le liquide con- . tenu dans le canal thoracique renferme en général une propor- tion plus forte de fibrine chez les animaux qui sont à jeun, que chez ceux que l’on examine pendant que la digestion est en: pleine activité. Quant à la source de la matière colorante qui se montre dans le chyle, on est également , sur ce point , dans une ignorance complète. Le chyle qui est versé dans la veine sous-clavière par le canal thoracique et qui se mêle ainsi au sang, sert à réparer les pertes que ce liquide éprouve par son action sur les organes qu’il nour- rit. Mais comment se fait l’hématose ou la transformation de ce chyme en sang ? Nous avons déjà vu que ces deux humeurs se ressemblent beaucoup, et que, par l’action de Pair sur le chyle, celte res- semblance augmentait encore, parce que la couleur de ce li- quide devient ainsi très analogue à celle du sang. On peut en conclure que cest dans l’intérieur des poumons et par Pacte de la respiration que s'opère une partie des modifications néces- saires, pour changer le chyle en sang. Mais ilexiste entre ces deux liquides une différence importante dont on ne peut expliquer ainsi la disparition. Les globules du chyle ne paraissent pas être renfermés dans une sorte de vessie colorée comme ceux du sang, et l’on doit, par conséquent , se demander encore où se forment ces derniers globules. La question est loin d'être résolue; mais lon connait quel- ques faits, qui tendent à faire penser que le foie pourrait bien être l’organe chargé de ce travail important. DES SÉCRÉTIONS. $ 141. Nous avons vu que l'introduction des matières étran- gères, nécessaires à la nutrition, s'effectue de deux manières : tantôt, par l’absorption simplement et sans que ces matières aient subi de modification préalable, tantôt par l'effet du traè vail digestif qui sépare ces matières des autres substances avec lesquelles elles se trouvent mêlées , les prépare en quelque sorte, et leur donne la forme la plus convenable avant que deles faire pénétrer dans l’intérieur de économie; le premier de ces actes, qui s'exerce par la surface pulmonaire, par la peau ou par SÉCRÉTIONS. 117 loule autre voie, estun phénomène en quelque sorte mécanique; tandis que le second , bien plus compliqué, est le résultat d'un travail chimique. Pour se débarrasser des matières inutiles contenues dans un corps vivant et pour les expulser au dehors, la nature emploie aussi deux procédés analogues, savoir : Pexhalation et la sécré- tion. L’exhalation dont l’histoire nous a déjà occupés, est une conséquence de la perméabilité des tissus, et peut s'effectuer dans tous les points ; elle ne change pas la nature des fluides dont elle amène l’expulsion , et peut être considérée , ainsi que l'absorption ,.comme un phénomène presque entièrement phy- sique. Mais la sécrétion, que nous allons étudier maintenant, ne consiste pas seulement dans la sortie des liquides dont les tis- sus sont imbibés , elle choisit dans le sang certains principes de préférence à d’autres, les sépare , les modifie quelquefois dans leur nature intime , et donne ainsi naissance à des humeurs par- ticulières : enfin, elle ne peut s'effectuer que par l'intermédiaire de certains organes déterminés, et sous tous ces rapports, elle est à la simple exhalation, ce que la digestion est relativement à l'absorption. 6 142. Les principaux instrumens à laide desquels la nature opère ce travail de chimie vilale, se composent de cavités, en général, d’une petitesse extrême, qui ont la forme de poches, de bourses ou de canaux d’une grande ténuité , el qui reçoivent un nombre considérable de vaisseaux sanguins, ainsi que des nerfs. On désigne ordinairement ces organes sous le nom commun de GLANDES ; mais ils présentent dans leur structure des différences essentielles, et on les distingue en glandes parfaites Où glandes proprement dites et en giandes imparfuiles Où ganglions vascu- laires, Suivant qu'ils ont un orifice servant à verser au dehors le produit de leur sécrétion, ou bien qu'ils ônt la forme de ca- vilés sans ouverture, de l’intérieur desquelles les liquides sécrétés ne peuvent sortir que par voie d'absorption ou par rupture. $143. La disposition des glandes proprement dites varie Orgaues se- créteurs. Glandes pro- beaucoup; mais, lorsqu'on les étudie avec soin, on voit que ces prementdites. organes peuvent lous se rapporter à deux types principaux, et qu'ils se composent toujours, soit de pelits sacs à orifices plus ou moins rétrécis, soit de tubes d’une ténuité extrême, el que les différences que l’on y rencontre dépendent du mode de grou- pement de ces parties, en quelque sorte élémentaires. Les petits sacs sécréteurs, dont nous venons de parler, peu- vent être désignés sous le nom commun de fottieules. Dans leur état de plus grande simplicité, ces organes ne consistent que dans de petites dépressions creusées à la surface de certaines mem- branes, el ressemblent à des fossettes plutôt qu'à des poches : on 118 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. les nomme alors cryptes, et on en voit beaucoup à la surface des membranes muqueuses. Lorsque ces cavités se creusent da vantage et que les bords de leur ouverture se resserrent en manière de goulot, on les appelle fo/l'eules proprement dits. Tantôt ces follicules sont disséminés à la surface des membranes , y débouchent chacun séparément par un orifice distinct , et sont désignés sous le nom de folticules simples : la membrane muqueuse du tube digestif nous en a déjà offert des exemples; tantôt ils sont serrés les uns contre les autres , de facon à former une masse plus ou moins considérable, tout en conser- vant chacun son ouverture particulière , et se nomment alors follieutes agréges (telles sont les glandes de Meibomius qui bor- dent les paupières, les glandes gastriques de quelques mammi- fères, etc.), et d’autres fois encore, ils se groupent de la même manière, mais se réunissent encore plus intimement, de façon que leurs orifices particuliers ne débouchent au dehors que par l'intermédiaire d’un petit nombre d'ouvertures, ou même d’une seule; disposition qui caractérise les organes appelés par les anatomistes des follicutes conglomeres , et qui se rencontre dans les amygdales placées, comme nous l'avons déjà dit, de chaque côté de l’isthme du gosier. Enfin, d’autres fois encore, ces sacs sécréteurs, au lieu de s'ouvrir presque immédiatement au de- hors, ne communiquent avec lextérieur que par un col très allongé, de façon à ressembler à un tube terminé par une am- poule, et alors ils peuvent encore rester isolés ou bien s’ag- glomérer en grappes, à l’aide de canaux excréteurs communs qui, à leur tour, se réunissent successivement, de façon à se terminer par un seul conduit et à ressembler à des racines atla- chées à un seul tronc, et portant à l'extrémité de chacune de leurs dernières divisions chevelues un pelit renflement vésiculaire. Ces organes sécréteurs, que l’on pourrait appeler des follicules am- pullaires,se rencontrent à l’état de simplicité et d'isolement sous la peau de certains poissons, et paraissent constituer aussi sous cette forme les glandes sudorifères logées dans la peau de l’homme ; groupés sur un canal excréteur commun rameux, ils constituent la plupart des glandes composees, désignées par les anatomistes sous le nom de glandes conglomerees, telles que les glandes salivaires et le foie des mammifères. Les organes sécréteurs qui affectent la forme de tubes, présen- tent aussi dans leur disposition des différences analogues à celles dont il vient d’être question. Ces tubes, dont la longueur varie et dont l’une des extrémités est ordinairement fermée, tandis que l’autre reste béante et sert pour la sortie du liquide sécrété, sont tantôt simples et parfaitement isolés, chacun allant s’ou- vrir directement au dehors, comme cela se voit dans les glandes SECRÉTIONS. , 5 119 chargées de lubrifier la peau de certains poissons, et dans les vaisseaux biliaires de divers animaux inférieurs ; tantôt aggluti- nés entre eux, de façon à former une masse, sans cesser néan- moins de rester complètement indépendans les uns des autres, disposition qui s’observe dans les appendices qui, chez divers pois- sons, paraissent remplacer le pancréas ; d’autres fois, ces tubes, également agrégés et simples, mais peu allongéset serrés parallè- lement les uns à côté des autres, vont déboucher dans une cavité commune, en forme de cellule ou de canal, comme cela se voit dans les glandes gastriques de plusieurs oiseaux; enfin, d’autres fois encore, ces mêmes tubes acquièrent une longueur extrême sans changer de calibre, se pelotonnent sur eux-mêmes, et vont se Lerminer par un conduit excréteur peu ou point ramifié à son origine, de façon à donner naissance à une glande conglomérée, tels que les reins et quelques autres organes dont l'importance est très grande dans l’économie. Il est aussi à noter que plusieurs glandes composées sont, en outre, pourvues d’une espèce de réservoir placé sur le trajet de leur conduit excréteur, et destiné à permetire accumulation du liquide sécrété. La vésicule du fiel, que nous avons déjà eu l’occasion de mentionner , et la vessie urinaire sont des poches de cette nature. $ 144. Les glandes imparfaites Varient encore davantage dans leur mode de conformation. Les unes consistent en de petites cellules fermées de toutes parts et tantôt isolées, tantôt agglo- mérées en masse; les autres, que l’on appelle quelquefois des ganglions vasculaires, sont composées essentiellement de vais- seaux sanguins ou lymphatiques, lesquels, après s’être divisés en ramuscules très déliés, se réunissent de nouveau. Comme exemple des premières, nous citerons les vésicules ovariennes et les cellules adipeuses où se forme la graisse; nous citerons comme exemple des secondes, la glande thyroïde (1), le thy- nus (2), et les ganglions mésentériques, dont il a déjà été ques- üon en parlant de l'absorption du chyle. (1) Le corps thyroëde est une masse ovoide molle, spongieuse et d'apparence glandulaire qui se trouve à la partie antérieure et inférieure du cou , au-devant de la trachée-artère (voyez fig. 34 n). ILest, en général, plus gros dans l’enfaut que dans l’adulte, et il existe chez tous les mammifères, mais manque chez les oiseaux , la plupart des reptiles , les poissons et les autres animaux des classes inférieures C’est un gonflement maladif de ce corps qui occasionne les tumeurs connues sous le uom de goitres. (2) Lethymus est une masse glandiforme renfermée dans la poitrine entre les deux lames du médiastin antérieur (cloison qui est formée par l’adossement des Glandes 1m- parfaites. Caracteres sénéraux des pla ndes. Produits des . sécrétions. 120 © ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Les ganglions vasculaires paraissent être destinés à modifier les liquides qui circulent dans leur intérieur; mais on ne sait presque rien de positif sur leur histoire, et par conséquent nous ne nous y arrêterons pas ici, et nous ne nous occuperons que des organes sécréteurs proprement dits. 6 145. Ces organes, dont nous venons d'indiquer les prinei- pales formes, sont toujours disposés de façon à constituer une lame membraneuse très étendue, dont la surface externe est baignée par le fluide nourricier (1), tandis que la surface oppo- sée est libre, et circonscrit d'ordinaire une cavité; le liquide sécrété suinte de cette dernière surface, et les matériaux dont cette humeur se compose sont puisés dans le sang; aussi, une glande peut-elle être comparée à une sorte de filtre, qui, inter- posé entre le sang et une cavité, ne laisse passer dans celle-ci que certaines matières déterminées, et possède même quelque- fois la propriété de modifier la nature chimique des substances qu’il sépare de la sorte. 6 146. Les liquides qui résultent du travail sécrétoire dont les glandes sont le siège, varient beaucoup entre eux et diffèrent aussi beaucoup, soit du sang lui-même, soit du sérum qui se- rait dépouillé de fibrine et des globules sanguins. Ces humeurs contiennent ordinairement en assez grande abondance des ma- tières qui n'existent qu’en proportions extrêmement faibles dans le liquide nourricier, et quelquefois on y trouve des substances que la chimie n’est pas encore par vertue à découvrir dans le sang, Ou qui ne s’y rencontrent qu'à l’état de combinaison, avec des principes dont elles sont séparées, lorsqu'elles passent dans la sécrétion. Tantôt ces liquides contiennent des acides libres, tandis que le sang dont ils proviennent est alcalin ; d’autres fois, ils sont alcalins comme le sang, mais bien plus fortement, et d’autres fois encore , ils sont caractérisés surtout par la pré- sence de certaines matières qu'on ne voit guère ailleurs, telles que lurée, le caséum, le beurre, elc. 6 147. Jadis, on croyait que les glandes avaient le pouvoir de plévres, et qui loge le cœur), Il est extrémement développé chez le fœtus; mais peu après la naissance, son volume diminue beaucoup, et chez l'adulte il est complètement atrophié (r) Les vaisseaux sanguins qui se distribuent dans une glande, se ramifient autour des vésicules ou des tubes sécréteurs, dont cet organe est composé, mais ne communiquent jamais directement avec la cavité creusée dans leur intérieur , et c’est à tort que plusieurs anatomistes ont cru que les racines des canaux ex- créteurs se continuaient sans interruption avec les dernières divisions des vais. seaux sanguins. SÉCRÉTIONS. 121 créer, aux dépens de lalbumine ou de quelque autre matière con- tenue dans le liquide nourricier, toutes les substances qui, telles que l’urée, se rencontrent en abondance dans certaines humeurs, et cependant ne se retrouvent pas d'ordinaire dans le sang lui- même. Mais des expériences que nous avons déjà eu l’occasion de signaler montrent que, dans la plupart des cas (et probable- ment toujours), les matériaux constitutifs des liquides sécrétés existent tout formés dans le sang , seulement en quantités trop petites pour que leur présence soit décelée par les moyens d’ana- lyse dont la chimie dispose. Ainsi l’urine sécrétée par les reins contient chez l’homme, le chien et la plupart des autres mammi- fères, une quantité considérable d’urée , et cependant , dans les circonstances ordinaires, on ne découvre pas de traces de cette substance dans le sang; si les reins, où l’urine se forme, étaient le siège de la production de cette urée , il est évident qu'après la destruction de ces organes, cette matière ne se montrerait plus dans l’économie, mais il en est tout autrement : bientôt après cette opération on en découvre dans le sang et au bout de quelque temps elle s’y trouve en proportion assez forte. Il est donc évident queles reins ne produisaient pas cetteurée, mais ne faisaient que la sépa- rer du fluide nourricier au fur et à mesure qu’elle y apparaissait, et que si on peut facilement en constater l'existence dans le sang après avoir interrompu la sécrétion rénale, c’est parce que, n’é- tant plus enlevée par les reins, elle s’accumule dans ce liquide. $ 148. Les humeurs produites par les divers appareils sécré- teurs diffèrent beaucoup entre eux, mais on n’a pu découvrir aucun rapport entre ces différences et la structure des glandes qui les sécrètent. Il arrive même quelquefois que la nature d’une sécrétion change sans que l’on apercoive aucune modification bien notable dans l'organe qui en est le siège. Enfin il s'établit quelquefois , d’une manière anormale , de véritables sécrétions dans des parties qui d'ordinaire n’en présentent aucune trace ; la formation du pus qui accompagne si fréquemment les inflam- mations est un phénomène de ce genre. Quant à la nature même du travail sécrétoire, on ne sait rien de positif, seulement il paraïtrait que laction du système ner- veux à une grande influence sur ce phénomène. Les liquides sécrélés dans le corps de l’homme et de la plupart des animaux sont extrêmement nombreux et très variés; les uns sont destinés à y rester et à y remplir des usages plus ou moins importans , tels sont les humeurs de Pœil, le suc gastri- que , la bile, etc. ; d’autres sont rejetés immédiatement au de- hors, et parmi ces derniers , il en est qui ne paraissent servir qu’à débarrasser l'économie de matières inutiles où nuisibles ; on les désigne sous le nom dexcretions , et la plus importante Sièye de cette sécré- tion. Structure des reins. Uretcre. \ CSsiC, 122 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. d’entre elles est la sécrétion urinaire, dont létude doit main- tenant nous occuper. De la secretion urinaire. $ 149. Cette fonction a son siège dans les reins, organes qui. chez les animaux de boucherie , sont connus sous le nom vul- gaire de rognons. Ce sont deux glandes volumineuses , placées dans l'abdomen , de chaque côté de la colonne vertébrale, entre les muscles de la région lombaire du dos et le péritoine , et en- tourées le plus ordinairement de beaucoup de graisse ; leur cou- leur est d’un rouge brun et leur forme semblable à celle d’une graine de haricot. Leur substance se compose essentiellement de tubes sécréteurs d’une ténuité très grande et d’une longueur extrême qui, chez les mammifères, sont contournés sur eux-mêmes dans tous les sens, vers leur extrémité libre , et qui ensuite se dirigent en ligne droite vers le milieu du bord interne de la glande, de façon à former un certain nombre de faisceaux pyramidaux dont le som- met s'engage dans une cavité membraneuse nommée calice, el dont la base, dirigée en dehors , est arrondie et pour ainsi dire coiffée par la portion pelotonnée de ces canaux , portion qui constitue ce que les anatomisies appellent la substance corticale des reins, tandis qu’ils nomment swbslance lubuleuse Où medult- laire celle formée par ces faisceaux eux-mêmes. Dans le jeune âge et chez quelques animaux, tels que l'ours et la loutre, ces py- ramides restent toujours distinctes , et chaque rein se compose alors de plusieurs lobes séparés ; mais en général ils se soudent bientôt d’une manière intime, et les calices qui ne sont autre chose que des canaux excréteurs communs, se réunissent aussi de façon à former une petite poche membraneuse appelée bassinet. Une multitude de vaisseaux capillaires sanguins ser-— pentent entre ces tubes sécréteurs, et constituent, dans la portion corticale de la glande , un lacis très serré, au milieu duquel on remarque un grand nombre de petits corps sphériques formés aussi par des canaux sanguins pelotonnés sur eux-mêmes. C’est dans la portion corticale des reins que urine se forme. Ce liquide descend par les canaux dont se compose la sub- stance médullaire , et par les calices , jusque dans le bassinet, et passe de là dans la vessie en traversant un long tube membra- ueux de la grosseur d’une plume à écrire, qui se porte obli- quement du bassinet à la vessie’, et se nomme wretére. La vessie est une poche conoïde qui remplit Les fonctions de réservoir . SÉCRÉTIONS. 123 pour l'urine , et qui est située à la partie inférieure de Pabdo- men, derrière la portion antérieure du bassin , nommée arcade du pubis. Elle est formée par une membrane muqueuse entourée de fibres charnues , et se continue inférieurement avec un canal étroit qui débouche au-dehors et s'appelle canat de l'uréthre. $ 150. L’urine est un liquide jaunâtre et acide qui, chez l’homme’, se compose, dans l’état normal, d'environ quatre- vingl-ireize centièmes d’eau, de trois centièmes d’une matière particulière nommée urée, d’un millième d'acide urique et d'une petite quantité d'acide lactique et de divers sels, tels que du chlorure de sodium, ou sel marin, du phosphate de chaux , etc. Dans les mammifères carnivores, sa composition chimique est à-peu-près la même que chez Phomme, si ce n’est qu'on n'y rencontre pas d'acide urique ; mais dans les animaux herbivores on y trouve une substance très singulière, l'acide hippurique, et chez les oiseaux ainsi que chez la plupart des reptiles (les lé- zards, les serpens, etc. ), il ne renferme guère que de l'acide urique ; enfin, chez les grenouilles et les tortues, on y trouve de l’'urée et de lalbumine. Sa composition parait être à-peu-près la même chez les poissons ; mais , chez les insectes , on y trouve de l'acide urique. Pendant cer taines maladies, sa Composition change aussi chez l’homme. $ 151. La rapidité avec laquelle les boissons, introduites dans l'estomac, passent dans la vessie et sont expulsées au-dehors par les voies urinaires, est extrême. Chacun a pu en faire la remar- que, et les expériences sur les animaux vivans le prouvent également. Mais cependant, il n'existe aucune communication directe entre ces deux organes , et les liquides ne peuvent parve- nir de l'estomac dans la vessie qu'après avoir élé absorbés, mé- lés à la masse du sang, portés ainsi dans la substance des reins, et séparés par le travail sécrétoire dont ces glandes sont le siège. Lorsqu'on introduit dans le torrent de la circulation (soit par injection, soit par absorption) certaines substances faciles à re- connaitre (telles que de la rhubarbe, de l’indigo, de la garance, de la gomme gutte on du cyanure jaune de potassium et de fer), on ne tarde pas à les voir expulsées avec les urines, et comme nous lPavons déjà dit, c’est aussi dans le sang que les reins puisent les diverses parties constituantes de ce liquide. $ 152. Du reste, diverses circonstances influent sur Pactivité de cette fonction, et peuvent modifier, soit la masse des liquides expulsés par les voies urinaires, soit la quantité de matières so- lides séparées du sang par les reins, et tenues en dissolution dans: la parlie aqueuse de l’urine. La quantité d’eau expulsée par la sécrétion urinaire dépend Uréthre. Urine. Source .de . l'urine. Circon- stances qui iuflnent sur cette sécré- tion. 124. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. en grande partie de celle des boissons ingérées dans lestomac. L'eau introduite dans la masse du sang par suite de Pabsorp- lion s’en sépare plus ou moins rapidement, de façon qu'après un certain temps, l'équilibre se rétablit dans lPéconomie, quelle que soit la quantité de boissons ingérées dans l’estomac , et, c’est par deux voies distinctes que ce liquide s'échappe ainsi de notre corps, par lexhalation pulmonaire et cutanée, et par la sécrétion urinaire. Or, ces deux fonctions se suppléent en quel- que sorte, et la masse des liquides en circulation restant la méme, on observe que tout ce qui tend à diminuer l’une, tend à augmenter Pautre. Ainsi, l’action de la chaleur sur le corps tend à augmenter la transpiration, et diminue par conséquent la sécrétion urinaire : aussi celte dernière fonction est-elle plus active en hiver qu’en été (1), et lorsqu'on prend une quantité considérable de boissons, on peut presqu'à volonté en déterminer lPexpulsion par lune ou l’autre de ces voies, suivant qu'on se place dans les circon- stances favorables, soit à la transpiration, soit à la sécrétion urinaire. La quantité de substances solides expulsées par les reins et tenues en dissolution dans la partie aqueuse de l'urine, dépend en grande partie de abondance et de la nature des alimens employés. En effet, M. Chossat a constaté que, lorsqu'on se nourrit des mêmes alimens, et qu'on en varie seulement la quantité, la sé- crétion de l’urée et des divers principes, autres que l’eau, expul- sée par les reins, varie dans la même proportion. Elle diminue à mesure que l’on s’assujettit à une abstinence plus rigoureuse, el elle augmente à mesure que l’on fait usage d’une quantité plus grande d’alimens, pourvu toutefois que cette quantité ne de- vienne pas trop considérable pour être digérée. Ce physiologiste a constaté aussi que la sécrétion de ces ma- lières augmente à mesure que l’on se nourrit de substances plus animalisées, C'est-à-dire qui renferment une portion plus consi- dérable d'azote. Ainsi, en se nourrissant tantôt de pain seulement el tantôt de chair musculaire, il a vu que, pour des poids égaux dalimens (abstraction faite de l’eau qu’ils renferment), la quan- tüité de principes solides expulsés sous la forme d'urine, était 4 (1) Les expériences curieuses de M. Chossat montrent que dans la saison froide , la masse des urines dépasse souvent celle des boissons ingérées dans l’es- ‘tomac. Dans les mois du printemps , où la température est douce, ce rapport diminue sensiblement, et dans la saison chaude la proportion des urines aux * boissons n’est que d'environ 0/10, SÉGRÉTIONS. 125 quatre fois plus considérable dans le dernier cas, que dans le premier. Du reste, l'état de l’économie animale exerce aussi beaucoup d'influence sur les résultats de la sécrétion urinaire; tout ce qui tend à affaiblir, paraît tendre aussi à ralentir cette sécrétion ; mais on a constaté qu'elle se continue sans interruption lors même que l’animal est astreint très long-temps à une diète com- plète. $ 153. L’urine laisse quelquefois déposer dans l’intérieur des voies urinaires diverses substances qui s’y trouvent en dissolu- lion, et ces dépôts solides constituent ce qu’on nomme graviers et calculs urinatres. Les graviers sont presque toujours formés par de l'acide uri- que, et dépendent de la sécrétion trop abondante de ce prin- cipe : aussi cette maladie est-elle aggravée par tout ce qui tend à augmenter la proportion des substances solides tenues en disso-: lution dans l'urine, le régime animal, l'usage trop restreint des boissons aqueuses, etc. En général, ce dépôt se forme dans les reins, et est entrainé au-dehors.par les urines. Les calculs urinaires sont des concrétions plus volumineuses qui se forment aussi quelquefois dans les reins, mais qui, en général, se développent dans la vessie où ils séjour nent. Ils gros- sissent peu-à-peu par l'addition d’une nouvelle quantité de ma- tière déposée par l'urine, et présentent, à raison de leur mode de formation, des couches concentriques plus ou moins dis- inctes. Les substances qui entrent dans leur formation sont assez variées. Les unes existent toujours dans l'urine, mais ne s'y trouvent ordinairement qu'en quantités assez petiles pour sy maintenir en dissolution. D’autres sont produites ou rendues insolubles par les altérations chimiques que l'urine éprouve lorsqu'elle séjourne long-temps à l'air ou dans l’intérieur de la vessie. Enfin, d’autres encore sont le résultat d’un mode d'action anormale de l'organe sécréteur lui-même. Les premières sont l'acide urique , les secondes, Purate d’am- moniaque , le phosphate ammoniaco-magnésien, le phosphate de chaux, les troisièmes, l’oxalate de chaux, l’oxide cystique, etc. Les calculs de la première classe sont les plus communs, etil arrive souvent que leur présence dans la vessie, détermine le dé- pôt de sels que nous avons rangés dans la seconde catégorie. IL est assez rare de voir ces dernières substances former le noyau d’un calcul; mais rien de plus commun que de voir un noyau d'acide urique ou d’oxalate de chaux encroûté de phosphates terreux. Altérations de l'urine, Graviers, Calculs uri- paires. Iutroduc- tion des sub- stances étran- gères. 126 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. DE L’ASSIMILATION ET DE LA DÉCOMPOSITION NUTRITIVE. $ 154. En étudiant les diverses fonctions dont l’histoire vient de nous occuper, nous avons vu que les animaux attirent con- tinuellement dans l’intérieur de leurs corps des matières variées, puisées dans le monde extérieur et destinées à servir à la com- position de leurs organes. Ce passage du dehors en dedans est effectué par l'absorption dont les différens points de la surface de ce corps est le siège; et cette surface étant formée presque exclusivement dans la peau, par les parois des cavités respiratoi- res et par celles du tube digestif, il en résulte que c’est par cette triple voie que les matières étrangères doivent pénétrer dans l’é- conomie. C’est effectivement ce que nous avons vu, mais nous avons vu aussi que la peau étant recouverte par lépiderme n’ab- sorbe que difficilement les fluides qui la baignent, tandis que, par les poumons et par le canal alimentaire, l'absorption est des plus rapides : aussi la surface extérieure du corps ne prend-elle qu’une part très faible dans ce travail, et c'est presque exclusi- vement par les cavités digestives et respiratoires que s’introdui- sent ces molécules nouvelles destinées à subvenir aux besoins de l'animal. L’absorption, avons-nous dit aussi, ne peut guère s'exercer que sur des substances à l’état fluide; par conséquent , lorsque l'animal ne trouve pas sous cette forme toutes les matiè- res nécessaires à son existence , il doit pouvoir les y amener, el pour arriver à ce résultat la nature l’a pourvu de la faculté de digérer les alimens solides dont il se nourrit en partie. Les matières que les animaux puisent ainsi au dehors étant destinées à devenir des parties constituantes de ces organes , 1l est évident qu’elles doivent renfermer tous les principes élémen- taires dont ces organes sont eux-mêmes composés. Or, nous avons vu que les substances qui constituent en quelque sorte les matériaux de lorganisation, sont formées essentiellement de carbone , d'azote, d'hydrogène et d’oxigène ; il en résulte que c’est aussi du carbone, de l'azote, de l'hydrogène et de l’oxigène dont ces êtres doivent s’emparer de la sorte. C’est dans l’atmosphère que les animaux puisent une partie de cet oxigène, et son absorption constitue un des principaux phénomènes du travail respiratoire ; une certaine quantité d’a- zote provenant de la même source paraît entrer aussi par celte voie. De l'hydrogène combiné à une nouvelle quantité d’oxi- gène est en même temps introduit dans l’économie sous la forme d’eau , et pénètre tant par la surface respiratoire ou cutanée SÉCRÉTIONS. 127 que par les voies digestives. Ces principes pour être absorbés ne nécessitent aucune préparalion ,; el par conséquent vont se mêler immédiatement aux liquides nourriciers ; mais il n’en est pas de même pour le carbone et la majeure partie de l'azote ab- sorbés ; ces élémens ne deviennent propres à servir aux besoins de la nutrition des animaux , que lorsqu'ils ont été déjà combi- nés sous l'influence de la vie et qu'ils constituent des composées organiques ou organisés. De là la nécessité d’alimens provenant du corps de quelque plante ou de quelque autre animal, et aussi la nécessité de facultés digestives ; car ces alimens, en général solides, ont besoin d’une sorte de préparation avant que de pou- voir être absorbés, et c’est par la digestion que cette élabora- tion s'effectue. Ainsi, le carbone et la majeure partie de l'azote nécessaires à l'animal sont introduits dans son corps, combinés avec de lhy- drogène et de l’oxigène sous la forme d’alimens , et y entrent par Îe voies digestives ; une nouvelle quantité d’oxigène et d’hy- drôle est également absorbée par lappareil digestif, sous la forme d’eau; enfin, de l’oxigène libre, de azote non combiné et un peu d’eau, pénètrent dans l’économie par l'intermédiaire des organes respiratoires. 6155. Ces élémens nutritifs se mêlent, comme nous l'avons déjà vu, avec le sang, et en deviennent des parties constituantes. Ce liquide, élaboré par des procédés qui nous sont inconnus devient riche de tous les principaux composés, dont les tissus sont à leur tour formés; et, poussé dans les diverses parties du corps par l'effet du mouvement circulatoire dont il est animé, il distribue à chacune de ces parties les matières nécessaires à son entretien et à son accroissement. Ces matériaux nouveaux , destinés à entrer dans la constitution des tissus vivans, existent tout formés dans le fluide nutritif qui les traverse, ou bien sy produisent par suite des altéralions que ces parties elles-mêmes déterminent dans quelques-unes des substances contenues dans le sang; enfin, le tissu vivant choisit, en quelque sorte dans ce liquide, les molécules qui sont semblables à ceux dont il est déjà formé, les arrête au passage, se les approprie, et leur com- munique la force vitale dont il est lui-même doué. C’est ce dépôt de molécules nouvelles dans la profondeur de la substance des parties vivantes, leur arrangement en un tissu organisé, et leur admission au partage des propriétés vitales , qui constitue le phénomène de l'assimilation. Quant à la manière dont cette assimilation s’opère, on ne sait rien de positif, on ne sait même pas comment les matières nu tritives s’échappent de l’intérieur des vaisseaux sanguins, pour aller se fixer dans la substance des tissus voisins. Probablement Distribution de ces matiè- res dans l’éco- > nomie. Assimilation Croissance, Formation des parties nouvelles. 128 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. c’est le sérum chargé de fibrine qui, seul, passe par imbibition des vaisseaux capillaires dans la profondeur des parties solides situées à l’entour , et le liquide, ainsi épanché, après avoir dé- posé une portion de ses élémens constituans, est repris par les vaisseaux lymphatiques et porté par ces canaux, sous la forme de Zymphe, jusque vers le centre de l'appareil circula- toire, où il est rendu au sang dont il provient. Mais pourquoi tel tissu, formé essentiellement de fibrine, ne prend-il guère dans ce liquide nourricier que de la fibrine, tandis que tel autre tissu, composé principalement d'albumine, y puise surtout de l’'albumine; ou que tel auire encore, contenant comme partie constituante des sels calcaires, en extrait de nouvelles quantités de ces mêmes sels ? Pourquoi les molécules ainsi déposées, sont- elles toujours arrangées de façon à constituer, dans chaque partie de l’économie, un tissu d’une texture déterminée, et à revêtir dans leur ensemble des formes constantes? Pourquoi, enfin, participent-ils à la vie dont les molécules auxquelles ils se ré- unissent sont déjà animées? Ce sont autant de questiofi#aàx- quelles il est impossible de répondre, et dont la solution m'est guère à espérer; car, tous ces phénomènes paraissent toucher de trop près à l’essence du principe vital, pour être accessible à notre investigation. Il est seulement à noter que, chez les ani- maux pourvus d’un système nerveux bien développé, cet appa- reil par ait exercer une influence considérable sur tous les phé- nomènes de la nutrition. $ 156. Quoi qu'il en soit, c’est dans les premiers temps de la vie que ce travail d’assimilation est le plus puissant ; aussi, est-ce dans cette période de l'existence surtout, que le volume total du corps augmente rapidement. En effet, la croissance est un carac- tère commun à tous les êtres vivans; et, louJours aussi, après avoir duré pendant un certain temps, ce mouvement se ralentit ou s'arrête. Il paraitrait que cette période de croissance se pro- longe beaucoup plus chez les animaux inférieurs, que chez ceux qui sont plus élevés dans la série zoologique. Chez quelques-uns des premiers, le volume du corps augmente pendant toute la durée de la vie, tandis que les derniers prennent d'ordinaire tout leur développement avant que d’avoir atteint le tiers ou même le quart de leur carrière. 6157. La force assimilatrice ne détermine pas seulement le dépôt de nouvelles molécules, organisées au milieu de celles dont une partie vivante se compose FETE elle peut même devenir plus active et amener la formation de parties nouvelles. En effet, la plupart des animaux possèdent la faculté de réparer, jusqu’à un certain point , les mutilations qu’ils éprouvent, et c'est par un travail analogue à celui de la nutrition ordinaire que ce SÉCRÉTIONS. 129 résultat s'obtient. C’est de la sorte que, dans le corps de l’homme, une portion nouvelle de peau vient recouvrir une plaie qui se cicatrise, et qu'à la suite d’une fracture un tissu osseux nouveau se développe pour remplir le vide laissé entre les fragmens de l'os brisé et les réunir. Mais, c’est chez les animaux inférieurs que cette faculté régénératrice est portée à son plus haut degré : chacun sait que lorsque la queue d’un lézard vient à être cassée , cet organe, d’une structure compliquée, ne tarde pas à repous- ser; et on a constaté que, chez les araignées et les crabes, une patte nouvelle se développe à l'extrémité du moignon laissé par une patte brisée. Des expériences faites sur les salamandres ou lézards d’eau, ont conduit à des résultats plus surprenans en- core, tels que la reproduction d’un œil tout entier, et d’une grande partie de la tête; enfin, les vers de terre et beaucoup d’autres annélides peuvent reproduire de la sorte la plus grande partie de leur corps; et, chez les hydres, comme nous Pavons déjà vu, un fragment quelconque du corps peut se compléter et devenir à son tour un animal parfait dans son espèce. $ 158. Du reste, diverses circonstances , que nous n’avons pas le loisir d'examiner ici, peuvent modifier la marche du travail d’assimilation , l'activer, la ralentir, ou en changer la direction. C’est de la sorte que, dans certaines maladies, on voit la nutri- tion s'arrêter presque entièrement, et que dans d’autres, cer- tains tissus changent de nature. Il est aussi à noter que ce travail ne se fait pas avec la même rapidité dans toutes les parties du corps; pour s’en assurer, il suffit d'observer les changemens de forme qu'amènent souvent les progrès de l’âge; car ces change- mens dépendent principalement de ce que certaines parties croissent plus rapidement que d’autres. Ainsi, depuis le moment de la naissance jusqu’à l’âge adulte, les membres du corps de l’homme grandissent plus vite que le tronc, d’où il résulte qu’en général, celui-ci est une portion d’autant moins considérable du tout, que la croissance s’est prolongée davantage. 6 159. Pendant que les parties vivantes s’approprient de la sorte des molécules nouvelles et les incorporent à leur substan- ce , il se fait aussi dans ces mêmes parties un mouvement de dé- composition qui amène un résultat inverse, c’est-à-dire la sé- paration d’une portion des molécules constituantes des tissus organisés et leur expulsion au dehors. Nous avons vu ailleurs par quelles expériences on était parvenu à démontrer l'existence de ce mouvement intestüin qui lui-même échappe à nos sens. Quant à son mécanisme , il nous est tout-à-fait inconnu, et nous ajouterons seulement que quelques faits nous portent à croire que c’est sous l'influence du contact de l’oxigène absorbé par la respiration , que les matières organisées dont se composent les 9 Circonstan - ces qui modi- fient la mar- che de lassi- milation. Travail éh- minatoire. Execrétions, 130 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. lissus vivans sont peu-à-peu détruites et transformées en acide carbonique, en eau et en quelque produit très azoté, tel que Pu- rée ou l’acide urique. C’est en effet sous ces trois formes que les animaux expulsent au dehors la presque totalité des matières dont ils ont à débar- rasser leur corps. L’acide carbonique s'échappe presque en entier par les organes de la respiration; une portion de Peau est exhalée par la surface pulmonaire et la peau sous la forme de transpiration insensible ; enfin, l’urée ou les substances qui la remplacent sortent avec une nouvelle quantité d’eau , par les voies urinaires. Quant aux déjections alvines, elles se composent presque en entier du résidu des alimens laissé par la digestion ; mélées à une portion de la sécrélion biliaire, et par conséquent elles ne doivent pas être confondues avec les produits excré- menttiels du travail nutritif. Ainsi, il paraîtrait probable que c’est pendant l’action du sang artériel sur les tissus, que ceux-e1 éprouvent la décomposition moléculaire , ayant pour résultat l'élimination d’une portion de leur substance, et que l’un des produits de cette réaction est la- cide carbonique, qui, dissous dans le sang, transforme ce liquide en sang veineux, et va ensuite s’exhaler par la surface respi- ratoire. Le sang est aussi le véhicule à l’aide duquel les autres produits du travail éliminatoire sont entraînés au loin et trans- portés jusque dans les organes chargés de les expulser, organes parmi lesquels il faut sans hésitation ranger en première ligne les poumons et les reins, puis la peau, le foie et les membranes muqueuses en général, qui laissent continuellement suinter de leur surface de l’eau chargée de quelques sels et d’un peu de matière animale. Dans le jeune âge, ce mouvement de décomposition est bien moins aclif que le mouvement d’assimilation , mais à l’âge adulte ces deux phénomènes deviennent égaux et se contreba- lancent, de sorte que, malgré l'absorption active des matières étrangères par les voies respiratoires et digestives , le poids du corps demeure ordinairement stationnaire. Et cela doit être ; car si l’on tient un compte exact de tout ce qui entre sous la forme de l'air que nous respirons, et des boissons ou des ali- mens que nous avalons, on verra que la quantité totale d’oxi- gène, d'hydrogène, de carbone et d'azote, ainsi mgérée dans no- tre corps, est représentée exactement par celle de ces mêmes ali- mens expulsés sous la forme d'acide carbonique, d’eau, d’urée, etc. $ 160. Il ne faut pas croire que toutes les substances nutriti- ves absorbées soient réellement employées à lPassimilation, et que toutes les matières excrétées proviennent de la décomposi- SÉCRÉTIONS. 131 lionnutritive des organes ; une certaine quantité des premières ne font pour ainsi dire que traverser le corps et s’'échappent au dehors sans avoir servi; une autre portion des matières ingérées tout en restant dans le corps est employée non pas à la nutrition des tissus vivans, mais à la production des humeurs sécrétées dans les différentes parties de l’économie. Enfin lorsque ces ma- tières nutritives dépassent de beaucoup les besoins du moment, la nature en met une portion en réserve pour être employée plus tard ; car c’est là l’un des usages de la graisse (1) qui, dans beaucoup de circonstances , se dépose en quantité si considéra- ble dans certaines parties du corps, et qui disparaît ensuite pour peu que l’alimentation cesse d’être assez abondante. Tels sont les principaux points de l’histoire des fonctions de nutrition , et nous devrions maintenant passer à l’examen des fonctions de la vie animale, s’il ne nous restait encore à dire quelques mots d’un phénomène très important, qui paraît se (1) La graisse se dépose dans le tissu cellulaire et se compose essentiellement de deux matières particulières , l'oléine et la stéarine, dont l’une est liquide et l’autre solide à là température ordiuaire ; les proportions relatives de ces deux substances varient beaucoup chez les différens animaux, et il en résulte des dif- férences correspondantes dans la consistance de leur graisse, En général, les principaux usages de cette matière sont tout mécaniques, et elle sert, comme le ferait un coussin élastique, pour protéger les organes qu’elle entoure; c’est ce qui se voit dans l'orbite où l'œil repose sur une couche épaisse de graisse, à la plante des pieds où il s’en trouve aussi une quantité considérable , et dans d’autres parties du corps exposées à une pression considérable ou à des frotte- mens fréquens. La graisse peut également, à raison de la lenteur avec laquelle elle laisse passer le calorique, contribuer à conserver la chaleur qui se dégage dans l’intérieur de notre corps; enfin elle peut aussi être considérée comme une es- pèce de réserve de matières nutritives déposée dans certaines parties du corps, afin de servir au travail de l’assimilation lorsque l'animal ne pourra plus puiser au-dehors les substances nécessaires à l’entretien de la vie; en effet, lorsque les personnes grasses restent long-temps sans manger, leur graïsse est absorbée peu-a-peu, et paraît servir a leur nutrition; on remarque aussi que les animaux hibernans, qui passent une grande partie de la saison froide sans prendre d’ali- mens et plongés dans un état de léthargie, sont surchargés de graisse lorsqu'ils s’engourdissent, et sont au contraire très maigres lorsqu'ils se réveillent de ce sommeil de plusieurs mois. La graisse ne se dépose pas avec la même facilité dans toutes les parties du corps; elle abonde surtout entre les feuillets du mésentère (portion de péritoine qui enveloppe les intestins) autour des reins et sous la peau. Le repos exerce une grande influence sur sa formation ; les très jeunes enfans sont ordinairement très gras, mais lorsqu'ils commencent à faire beaucoup d’éxercice, leur graisse se dissipe peu-à-peu et tant que l’accroissement du corps est rapide, il est rare qu'il s'en dépose des quantités considérables. Faculté de produire de la chaleur. Animaux a sang froid et a sang chaud. 132 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIF. lier d’une manière intime à la nutrition : savoir, la production de la chaleur. DE LA CHALEUR ANIMALE. 6161. La faculté de produire de la chaleur paraît être com- mune à tous les animaux ; mais la plupart de ces êtres dévelop- pent si peu de calorique qu’il ne peut être apprécié par nos thermomètres ordinaires, tandis que chez d’autres la production de chaleur est si grande qu’on n’a même pas besoin d’instru- mens de physique pour en constater l’existence. Pour mieux ju- ger de cette différence, on n’a qu’à placer un lapin et un pois- son ayant à-peu-près le même volume dans deux calorimètres , et à les y entourer de glace à la température de 0°; la quantité de ce corps fondu dans un temps donné sera proportionnelle à la quantité de chaleur développée par ces deux animaux. Or, dans l’instrument renfermant le poisson, la quantité de glace fondue dans l’espace de trois heures , par exemple, ne sera pas appréciable , tandis que, dans celui contenant le lapin, on trou- vera, après le même laps de temps, plus d’une livre d’eau l- quide , et pour fondre cette quantité de glace, il faut autant de chaleur que pour échauffer, depuis la température de la glace fondanie jusqu’à l’ébullition , environ trois quarts de ce poids d’eau ; or cette chaleur n’a pu être fournie que par l'animal sou- mis à l'expérience. Cette différence énorme dans la faculté de produire de la cha- leur occasionne des différences correspondantes dans la tempé- rature des divers animaux. Un thermomètre placé dans le corps d'un chien ou d’un oiseau, par exemple, s’élevera toujours à 36 ou 40 degrés (centigrades), tandis que, dans le corps d’une grenouille ou d’un poisson, 1l indiquera une température à- peu-près égale à celle de atmosphère au moment de l’expé- rience. On donne le nom d'animaux à sang froid à ceux qui ne pro- duisent pas assez de chaleur pour avoir une température propre et indépendante des variations atmosphériques; et on appelle animaux à sang chaud Ceux qui conservent une température à-peu-près constante au milieu des variations ordinaires de chaleur et de froid auxquelles ils sont exposés. Les oiseaux et les mammifères sont les seuls êtres qui appartiennent à cette dernière catégorie; tous les autres animaux sont des animaux à sang froid. La température de homme et de la plupart des autres mam- CHALEUR ANIMALE. 133 mifères ne varie guère que de 36 à 40 degrés: celle des oiseaux s'élève à environ 42° centigrades. $ 162. Du reste, la faculté de produire de la chaleur varie dans Animaux bi- les divers animaux de ces deux classes, et varie aussi dans le bernazs. même individu , suivant l’âge et les circonstances où il est placé. Ainsi la plupart des mammifères et des oiseaux produisent assez de chaleur pour conserver la même température en été et en hi- ver et pour résister aux causes ordinaires de refroiäissement, mème à un froid très vif. Mais il en est d’autres qui produisent seulement assez de chaleur pour élever leur température de 12 ou 15 degrés au-dessus de celle de l'atmosphère ; il en résulte que, pendant l'été, leur température est à-peu-près la même que celle des autres animaux à sang chaud , mais que, pendant la saison froide , elle s’abaisse beaucoup ; or , toutes les fois que ce refroidissement atteint une certaine limite, le mouvement vi- tal se ralentit toujours, et l'animal qui léprouve tombe dans un état de torpeur ou de sommeil léthargique qui dure jusqu'à ce que la température se relève de nouveau. On appelle animaux hibernans les êtres qui présentent ce singulier phénomène, et, sous ce rapport, ils sont en quelque sorte intermédiaires entre les animaux à sang chaud non hibernans et les animaux à sang froid. $ 163. Dans les premiers temps de la vie, tous les animaux à Influence de sang chaud se rapprochent aussi plus ou moins des animaux à S a Le sang froid; de même que ces derniers, ils ne produisent, en gé- hujeur néral, pas assez de chaleur pour conserver leur température , lorsqu'ils sont exposés à des causes de refroidissement même très légères. Mais labaissement de température, qui est sans incon- vémient pour les animaux à sang froid, agit sur ceux-ci d’une manière bien différente; car toutes les fois qu’il est porté au-delà d’un certain degré, ou qu’il dure pendant un temps déterminé, la mort en est la suite. Sous le rapport de la faculté de produire de la chaleur, les jeunes animaux à sang chaud, qui naissent les yeux ouverts, et qui, aussitôt après la naissance peuvent courir et chercher leur nourriture, diffèrent bien moins des adultes des mammifères qui naissent les yeux fermés, ou les oiseaux qui, au sortir de l’œuf, ne sont pas encore couverts de plumes. Si on tient des chats ou des chiens nouveau-nés, par exemple, éloi- gnés pendant un certain temps de leur mère et exposés à l'air , même en été, ils se refroidissent au point d'en mourir. Les enfans produisent aussi bien moins de chaleur dans les premiers jours qui suivent leur naissance qu’à une époque plus avancée de leur vie; leur température s’abaisse alors très facile- ment, et l’influence du froid leur est très nuisible; aussi, pen- Influence de la températu- re. Influence de l'exercice du sommeil, etc. Causes de la production de chaleur. Influence du système ner- veux. 134 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. dant l’hiver , en meurt-1l un bien plus grand nombre que pen- dant le reste de l’année. $ 164. Tout ce qui agit comme excitant et qui augmente l’é- nergie du mouvement vital, tend aussi à augmenter la faculté de produire de la chaleur, et tout ce qui affaiblit l’'économue ani- male exerce, sur la fonction qui nous occupe ici, une influence débilitante. Ainsi, l’action d’un froid modéré tend à augmenter la faculté de produire de la chaleur, et pendant l'hiver, nous pouvons, par conséquent , mieux résister à des causes de refroidissement que pendant l'été. ; L'influence de la chaleur, lorsqu'elle ne s’est pas prolongée pendant long-temps, est excitante et augmente la faculté de produire du calorique; mais à la longue elle affaiblii le corps, et alors elle diminue l'énergie de cette faculté ; €’est surtout pour cette raison que les personnes ayant habité pendant long- temps les régions tropicales sont si sensibles au froid de nos hivers. Enfin l'exercice augmente momentanément la production de chaleur , et l'accélération des mouvemens respiratoires esi suivie du même effet. Pendant le sommeil, cette faculté paraît être, au contraire, moins puissante que pendant la veille ; aussi, lorsque des hommes, exposés à l’action d’une température très basse, ont l’imprudence de dormir, succombent-ils bien plus rapide- ment que s'ils se tiennent éveillés et en mouvement. La malheu- reuse retraite de Russie a fourni des exemples nombreux de l'influence funeste du sommeil sur nos soldats affaiblis par la fatigue et les privations de tous genres, et exposés à un froid des plus intenses. $ 165. La cause de la production de chaleur dans le corps des animaux paraît être l’action que le sang artériel exerce sur les issus, sous l'influence du système nerveux. En effet, il existe un rapport évident entre la faculté de produire de la chaleur, l'intensité de l’action nerveuse, la richesse du sang et la trans- formation plus ou moins rapide du sang veineux en sang ar- tériel. On à constaté par l'expérience que tout ce qui tend à affaiblir considérablement lPaction du système nerveux, tend aussi à diminuer la production de la chaleur. Ainsi, lorsqu'on détruit le cerveau ou la moelle épinière d’un chien, et qu’en imitant, par des moyens artificiels, le mécanisme à l’aide duquel Pair se renouvelle dans ses poumons, on entretient la vie de Pani- mal , la production de la chaleur cesse néanmoins, etle corps se refroidit aussi rapidement que le ferait un cadavre placé CHALEUR ANIMALE. 133 dans les mêmes circonstances. En paralysant l’action du cer- veau au moyen de certains poisons énergiques, tels que l’opium, on produit encore le même effet, et ces expériences, variées de diverses manières , ont mis hors de doute que l'une des conditions nécessaires au développement de la chaleur animale est l'influence que le système nerveux exerce sur le reste du corps. D'un autre côté, l’action du sang sur les organes paraît être également indispensable à la manifestation de ce phénomène ; car, la suspension de la circulation de ce liquide, dans une par- tie quelconque du corps, est suivie du refroidissement de cette partie; et ilexiste un rapport remarquable entre la faculté de produire de la chaleur chez les divers animaux et la richesse de leur sang. Les oiseaux, qui sont de tous les animaux ceux dont la température est la plus élevée, sont aussi ceux dont le sang est le plus chargé de particules solides (en général de 14 ou 15 parties sur 100); les mammifères, dont la température est un peu moins élevée, ont aussi le sang plus aqueux; en général, le poids des globules ne constitue que les 9 ou 12 cen- tièmes du poids total de ce liquide; enfin chez les animaux à sang froid, tels que les grenouilles et les poissons, on ne trouve guère au-delà de 6 centièmes de globules pour 94 parties de sérum. Mais l’action du système nerveux et dun sang plus ou moins riche en globules ne sont pas les seules circonstances qui im- fluent sur la production de la chaleur animale; pour que le liquide nourricier exerce sur l’économie, l’action nécessaire à l'exercice de cette faculté , il faut qu’il ait toutes les propriétés qui caractérisent le sang artériel; et, comme il ne les acquiert que par la respiration, on voit que le développement du calo- rique doit être dépendant aussi de cette dernière fonction. En effet, toutes les causes qui rendent la transformation du sang veineux en sang artériel moins complète ou moins rapide, ten- dent aussi à diminuer la faculté productrice de la chaleur , et il existe toujours un rapport intime entre elle et Pactivité de la respiration. La formation de l'acide carbonique, dont lexhalation est Pun des phénomènes les plus remarquables de la respiration des ani- maux, peut même nous expliquer la cause de la production de la majeure partie de la chaleur développée par ces êtres. Sil'oxi1- gène absorbé pendant la respiration est employé à former ce gaz par son union avec du carbone provenant du sang ou des tissus vivans, comme nous avons tout lieu de le croire, cette combi- naison doit être accompagnée d’un dégagement de chaleur, de même qu'il s’en dégage lors de la combustion du charb no Pair. Iofluence du sang Influence de la respiration. Théorie de la production de chaleur. 136 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Or, la production de l'acide carbonique parait s'effectuer dans la profondeur de toutes les parties animées du mouvement nu- tritif, et par conséquent, si ce phénomène est réellement la prin- cipale cause de la chaleur animale, cette chaleur doit se déve- lopper à-la-fois dans tous les points de l’économie; et effective- ment , elle n’émane pas d’un foyer unique, tel que les poumons, comme quelques physiologistes le croient, mais se dégage en quantité plus ou moins considérable de tous les tissus vivans. Des expériences nombreuses, et faites avec une précision ex- trême, montrent que la chaleur que produirait la combustion du carbone contenu dans le gaz acide carbonique, exhalé par les animaux à sang chaud, est égale à plus de la moitié de la quan- uté totale de calorique dégagée par ces êtres. Et, si l’on admet que l’oxigène absorbé, sans être remplacé par de l'acide car- bonique, se combine dans l'intérieur du corps avec de lhy- drogène pour former de l’eau, on voit que la chaleur produite par cette combustion et celle de carbone dont il a déjà été question, équivaut souvent aux neuf dixièmes de celle déve- loppée par l’animal. Le mouvement du sang et le frottement des diverses parties du corps en produisent très probablement le reste. En dernière analyse, nous voyons donc que la respiration est probablement la cause principale de la production de la cha- leur animale, puisqu'elle fournit au sang l’oxigène qui paraît servir à brûler pour ainsi dire une portion du carbone contenu dans la substance des organes, mais nous voyons aussi que cette espèce de combustion est, suivant toute probabilité, l’une des suites du travail nutritif, travail qui résulte de l’action du sang artériel sur les tissus vivans, et qui ne semble s’effectuer que sous l'influence du système nerveux. Du reste, cette fonction importante ne s'exerce pas avec la même énergie dans toutes les parties du corps; celles où le sang circule avec le plus d'abondance et de rapidité (et où, par con- séquent, la vie est la plus active), sont aussi celles où il se dégage le plus de chaleur; il en résulte que les organes les plus éloignés du cœur doivent être, toutes choses égales d’ailleurs, ceux qui produisent le moins de chaleur, etqui, par conséquent, se re- froidissent le plus facilement. C’est ce qu’on observe en effet ; la température de nos membres est moins élevée que celle du tronc, et lorsque nous sommes exposés à l’action d’un froid in- tense, ce sont ces parties qui se gèlent les premières. FONCTIONS DE RELATION. 137 $ 166. La faculté de produire de la chaleur nous explique pour- quoi les animaux à sang chaud ont une température qui peut se soutenir au-dessus de celle de atmosphère dont ils sont envi- ronnés. Mais comment se fait-il que ces êtres puissent conserver encore la même température, lorsqu'ils sont placés dans de Pair plus chaud que leur corps? Un homme, par exemple, peut rester pendant un certain temps dans une étuve sèche où Pair est échauffé même à un degré voisin de celui de l’eau bouillante, sans que la chaleur de son corps augmente notablement , et s’é- lève au-delà de 2 ou 3 degrés. La faculté de résister ainsi à la chaleur dépend de l’évapora- tion d’eau qui a lieu continuellement à la surface de la peau ou dans l'appareil de la respiration , et qui constitue la transpira- tion cutanee et pulmonaire; car l’eau, pour se transformer en vapeur, enlève du calorique à tout ce qui lenvironne, et par con- séquent, refroidit le corps à mesure que la chaleur extérieure l’'échauffe. C’est par la même cause que l’eau placée dans les vases poreux nommé a/cærazas (1),se refroidit si promptement, même au milieu de l'été. Or, la quantité d’eau qui s’évapore ainsi aug- mente avec la température de l'air, et il en résulte une cause de refroidissement d'autant plus puissante que la chaleur de Pat- mosphère est elle-même plus grande. DES FONCTIONS DE RELATION. $ 167. En faisant l’énumération des diverses facultés dont les animaux sont doués, nous avons vu que les unes étaient exclu- sivement destinées à assurer l'existence de ces êtres, tandis que d’autres servaient à leur faire connaître ce qui les entoure. Les premières constituent les fonctions de nutrition dont nous ve- nons de faire l'étude; les secondes, les fonctions de relation dont nous allons maintenant nous occuper. 6 168. Lorsqu'on examine ce qui se passe chez un animal dont la structure est des plus simples, et dont les facultés sont les plus (1) Ces vases laissent suinter l’eau qu’ils renferment et ont ainsi une surface constamment humectée, où se fait une évaporation rapide quirefroidit le liquide contenu dans leur intérieur. C’est par la même cause que l’on éprouve une sen- sation de froid si vif lorsqu'on verse de l’éther sur la peau, et que l’on souffle sur la partie ainsi mouillée. Faculté de résister à la chaleur. Enuuméra- tion de ces fonctions. Contracti- lite, Volonte. Sensibilité, Insünct. Facultés in- tellectuelles, 138 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. bornées, on remarque d'abord qu'il se meut, et que les mouve- mens qu'il exécute sont déterminés et dirigés par une cause in- térieure. Parmi ces mouvemens, il en est qui se répètent de la même manière, quelles que soient les circonstances où l'animal se trouve, et qui ne peuvent être modifiés par lui. Mais 1! en est aussi d’autres qui varient suivant les besoins de l'animal et sont soumis à l'empire d’une force intelligente, que l’on désigne sous le nom de volonte. Ces deux ordres de phénomènes constituent deux des fonc- tions les plus importantes de la vie de relation, savoir : la con- tractilité, ou la faculté d'exécuter des mouvemens spontanés, et la volonté, ou la faculté d’exciter la contractilité et d’en va- rier les effets, dans la vue d'arriver à un résultat prévu par Panimal. Il est une autre propriété inhérente à tous les êtres animés et qui est encore plus remarquable, c’est-la sensibilité, ou la faculté de recevoir des impressions des objets extérieurs et d'en avoir la conscience. Ces trois facultés sont communes à tous les animaux, mais ce ne sont pas les seules qu’on leur observe. On remarque que, chez tous, il existe une force intérieure qui les porte à faire certaines actions uliles à leur conservation, mais dont ils ne peuvent certainement pas prévoir le résultat, et dont la cause ne dépend d'aucun besoin apparent. Ainsi, une foule d'animaux construisent, avec Part le plus admirable, des demeures desti- nées à loger leur progéniture, et calculées de manière à répondre à tous les besoins des jeunes, et ils le font toujours de la même manière et avec la même habileté, même lorsque, éloignés de leurs semblables depuis le moment de leur naissance, ils n’ont jamais vu exécuter des travaux analogues. D’autres, à une épo- que déterminée de l’année, émigrent vers des pays lointains dont le climat leur sera plus favorable , et s’y dirigent avec assu- rance, comme si le but de leur voyage était devant leurs yeux. On donne le nom d’énstinet à la cause qui porte ainsi les ani- maux à exécuter certains actes déterminés, qui ne sont pas l'effet de limitation, et qui ne sont pas le résultat du raison- uement. Ces espèces de penchans varient, pour ainsi dire, dans chaque animal, et les phénomènes qui en résullent sont tantôt d’une simplicité extrême, et tantôt d’une complication qui étonne. D’autres animaux plus privilégiés jouissent encore de fucultes intellectuelles, ou du pouvoir de rappeler à l'esprit les idées produites précédemment par les sensations, de les comparer, d'en tirer des idées générales, et d'en déduire les motifs de conduite. FONCTIONS DE RELATION. 139 Enfin, il est aussi quelques êtres animés qui jouissent de la faculté de communiquer à leurs semblables les idées qui les oc- cupent, soil à l’aide de certains mouvemens, soit en produisant des sonsdivers. Les phénomènes variés, à l’aide desquels les animaux se mettent en relation avec les objets qui les environnent, peu- vent, comme on le voit, se rapporter à six facultés princi- pales, la sensibilité, la contractilite, la volonte, Vinstinet, Vin- telligence , l'expression. Les quatre premières existent chez tous les animaux, les deux dernières chez un petit nombre seulement, et la manière dont les unes et les autres s’exécutent varie presqu’à l'infini. Chez quelques animaux d’une structure très simple, les poly- pes, par exemple, les diverses facultés de la vie relative ne sont l'apanage d'aucun organe particulier ; toutes les parties peuvent sentir et se mouvoir sans le concours d’un autre organe ; mais chez l’homme et chez l'immense majorité des animaux, lexer- cice de toutes ces fonctions est dépendant de Paction d’une partie déterminée du corps qui porte le nom de sys/eme ner- veux. DU SYSTÈME NERVEUX. $ 169. Ce système est formé par une substance particulière , molle et pulpeuse, qui est presque fluide dans les premiers temps de la vie, et qui acquiert plus de consistance à mesure que homme s’avance vers l’âge mür, Il est aussi à remarquer que, sous ce rapport, les animaux inférieurs ressemblent aux êtres plus parfaits, dont le dévelop- pement n’est point terminé. Chez les grenouilles, par exemple, la pulpe cérébrale n’offre pas plus de consistance que chez le fœtus humain ; et, chez les écrevisses, elle est presque liquide. C’est, du reste, une tendance de la nature dont nous aurons souvent à parler, que celle de faire passer des animaux supé- rieurs par des états transitoires, qui sont analogues à l'état qui est permanent pour d’autres êtres d’une structure moins per- fectionnée. L'aspect de cette substance, que l’on nomme tissu nerveux, varie beaucoup: tantôt elle est blanche, d’autres fois grise ou cendrée; tantôt aussi elle forme des masses plus ou moins con- Expression. Résumé. Tissu veux, ner" Systeme ner- veux de l’hom- me. Encéphale, Sa gaine, Crâne. Canal ver- tébral. 140 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE,. sidérables, et d’autres fois elle constitue des cordons allongés et ramifiés. Ces derniers organes portent le nom de nerfs, et les premiers celui de ganglions ou de centres nerveux, car ils servent de point de réunion pour tous les filamens dont il vient d’être question. 6170. Dans l’homme et dans tous les animaux qui s’en rap- prochent le plus, l'appareil nerveux se compose de deux parties appelées système nerveux de la vie animale Ou cérébro-spinal, et système nerveux de la vie organique Où ganglionaire, et chacun de ces systèmes se compose , à leur tour, de deux parties, l’une centrale, formée de masses nerveuses plus ou moins considé- rables; l’autre périphérique , formée de nerfs qui se rendent, de ces centres, à diverses parties du corps. 6 171. La portion centrale du système nerveux cérébro-spinal est souvent désignée sous le nom d’axe cérébro-spinal, ou d’en- céphale. Elle se compose essentiellement du cerveau, du cer- velet et de la moelle épinière, et elle est logée dans une gaine osseuse formée par le crâne et la colonne vertébrale, ou épine du dos. La cavite du crâne occupe toute la parlie supérieure et toute la partie postérieure de la tête. Elle est de forme ovalaire et présente, à sa paroi inférieure, un grand nombre de trous des- tinés à livrer passage aux nerfs qui se rendent au dehors, et aux vaisseaux sanguins servant à la nutrition des parties renfermées dans son intérieur. Enfin, dans le point où la tête s’articule avec la colonne vertébrale qui la porte, il existe une grande ouverture appelée trou occipital, et, par cette ouverture, la ca- vité crânienne se continue avec un canal qui règne dans toute la longueur de la ligne médiane du dos. Fig. 37. (1) Ce canal est formé par une suite d’anneaux osseux appelés vertcbres (fig. 37), qui, joints entre eux d’une manière solide, constituent une espèce de tige occupant toute la longueur du tronc, et appelée colonne épinière Où colonne vwertebrale (fig. 38). De chaque côté, on y voit une série de trous par lesquels les nerfs passent pour se rendre aux différentes parties du corps. (1) Fig. 35, l’une des vertèbres du dos vue par sa surface supérieure. SYSTÈME NERVEUX. 141 Fig. 38. (1) $ 172. Diverses membranes entourent aussi l’en- Membranes céphale, et servent à fixer ou à protéger cet or- de l'eucépha- gane, dont la structure est très délicate, et dont © l'importance est extrême. La première de ces tuniques porte le nom de Dure-mère, dure-mère : Cest une membrane fibreuse, ferme, épaisse, blanchâtre, et comme moirée, qui adhère, par plusieurs points de sa surface extérieure, aux parois du crâne et au canal vertébral, et qui forme autour du système nerveux une gaïîne lrès résis- tante. À sa face intérieure, on remarque plusieurs replis qui s’enfoncent dans des sillons plus ou moins profonds de la masse nerveuse encéphali- que, et forment des espèces de cloisons qui em- pêchent ces parties de se déplacer et les soutien- nent de facon qu'elles ne pèsent point les unes sur les autres, quelle que soit la position du corps. Enfin, il existe dans son épaisseur des canaux veineux très vastes, qui portent le nom de sinus de la dure-mere, et qui ser- vent de réservoir pour le sang provenant des diverses parties de l'encéphale. En dedans de la dure-mère se trouve une seconde tunique, Arachnoïde, nommée arachnoïde, à cause de sa ténuité et de sa transparence, . qui l'ont fait comparer à une toile d’araignée. Elle appartient à la classe des membranes séreuses, et représente une sorte de sac sans ouverture, replié sur lui-même, qui enveloppe l’encé- phale et tapisse les parois de la cavité de la dure-mère, de la même manière que la plèvre enveloppe les poumons, et le pé- ritoine les intestins. Sa surface intérieure, partout en contact avec elle-même, est lubrifiée par une humeur séreuse, et sa lame interne pénètre dans les diverses cavités dont nous aurons à signaler plus tard l'existence dans l’intérieur du cerveau. Son principal usage est de fournir un liquide qui baigne cet organe et en facilite les mouvemens. Enfin, on trouve encore au-dessous de l’arachnoïde une troi- Pie-mère. sième tunique cellulaire, qui manque dans certaines parties et qui est appelée la pie-mere. Çe n’est pas une membrane pro- prement dite, mais une trame cellulaire et sans consistance, dans laquelle se ramifient et s’entrelacent, dans mille directions différentes, une multitude de vaisseaux sanguins plus ou moins fins et tortueux qui proviennent de l’encéphale, ou qui vont se répandre dans sa substance. En effet, la circulation du sang dans lencéphale se fait d’une manière toute particulière. Les (1) Fig. 38, la colonne vertébrale vue de profil. 142 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. artères, avant que de pénétrer dans cet organe, dont la lexture est extrêmement délicate, se réduisent en vaisseaux capillaires, et cette division à pour but de modérer la force avec laquelle le sang y arrive. Axe cérébro- Fig. 39. (1) $ 173. L’axe cérébro-spinal, qui spinal. : a 6 est protégé par ces diverses enve- PAR LE dé loppes, se compose, comme nous l'avons déjà dit, de plusieurs orga- nes distincts; mais toutes ces par- ties sont intimement unies entre elles et peuvent être considérées comme une Continuation les unes des autres. Sa portion antérieure ou supérieure est très volumineuse et occupe l’intérieur du crâne: c’est à elle surtout que convient le nom d’encéphale. On y distingue deux parties principales, le cerveau et le cervelèt : Vun et l’autre se continuent inférieurement avec un gros cordon nerveux , logé dans la colonne épi- nière et appelé la moelle épiniere. $ 174. Le cerveau (fig. 39, æ , et fig. 40, a, b, c)est la portion la plus volumineuse de Pencéphale: il oc- cupe toute la partie supérieure du crâne depuis le front jusqu’à l’occi- put. Sa forme est celle d’un ovoiïde, dont la grosse extrémité est tournée en arrière; sa face supérieure est assez régulièrement voùtée ; sur les côtés, 1l est un peu comprimé et en dessous il est aplati. On y dis- üngue d’abord deux moitiés latéra- les, nommées kemispheres du cer- veau , el séparées par une scissure profonde , dans laquelle s'enfonce j une cloison verticale, formée par un (x) Système nerveux cérébro-spinal vu par sa face antérieure (les nerfs étant coupés à peu de distance de leur origine): — à cerveau ; —b lobe antérieur de l’hémisphère gauche du cerveau ; — c lobe moyen; — dle lobe postérieur, pres- que entièrement caché par le cervelet; — e cervelet; —f" moelle allongée; — / moelle épinière : — 1 nerfs de la première paire ou nerfs olfactifs; — 2 nerfs op- tiques ou nerfs de la seconde paire; —3 nerfs de la troisième paire qui naissent SYSTÈME NERVEUX. 143 repli de la dure-mère et appelée, à cause de sa forme, la faux Cerveau, cérébrale. En avant et en arrière, celle scissure divise le cerveau Fig. 40. () ( [ y L\ 5 2 . d 3 12 5 =) 1+ it} 11910 6 e 15 dans toute sa hauteur ; mais, au milieu, elle n’en occupe que la partie supérieure, et est bornée inférieurement par une lame derrière l’entrécroisement des nerfs optiques, au-devant du pont de Varole et au-dessus des pédoncules du cerveau ;— 4 nerfs de la quatrième paire; — 5 nerfs trifaciaux ou de la cinquième paire ; — 6 nerfs de la sixième paire, couchés sur le pont de Varole; — 7 nerfs de la septième paire ou nerfs faciaux , et nerfs de la huitième paire ou nerfs acoustiques ; — 9 nerfs de la neuvième paire ou glosso-pharyngiens ; — 10 nerfs de la dixième paire ou pneumo-gastriques ; — 11 nerfs de la onzième et douzième paires; — 13 nerfs de la treizième paire ou nerfs sous-occipitaux; — 14, 15, 16 trois premières paires de nerfs cervicaux;— g nerfs cervicaux formant le plexus brachial ; — 25 l’une des paires de nerfs de la partie dorsaie de la moelle épinière ; — 33 l’une des paires de nerfs lom- baires ; — À nerfs lombaires et sacrés formant les plexus d’où naissent les nerfs des membres inférieurs; — : et 7 terminaison de la moelle epinière appelée queue de cheval; —X grand nerf sciatique se rendant aux membres inférieurs. (1) Coupe verticale du cerveau , du cervelet et de la moelle allongée : — a lobe antérieur du cerveau ; — à lobe moyen; — ec lobe postérieur du cerveau; — d cervelet; —e moelle épinière ; — f'coupe du corps calleux situé au fond Cervelet. 144 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. médullaire, qui s'étend d’un hémisphère à l’autre, et qui se nomme corps calleur ou mésolobe (fig. 40, f). La surface de ces hémisphères est creusée par un grand nombre de sillons tor- tueux et irréguliers et plus ou moins profonds, qui séparent des éminences arrondies sur les bords, contournées sur elles-mêmes et ayant quelques ressemblances avec les replis de l’intestin grêle dans l’abdomen. Ces éminences portent le nom de circonvolu- tions du cerveau, et les sillons qui les séparent et qui logent des replis de la lame intérieure de l’arachnoïde sont appelés anfrac- tuosités. Ils sont plus ou moins profonds, et il est à remarquer que , dans l’enfant naissant et dans la plupart des animaux , même les plus voisins de l'homme , les circonvolutions sont peu prononcées. À la face inférieure du cerveau , on distingue en- core dans chaque hémisphère trois lobes, séparés entre eux par des sillons transversaux, et désignés sous le nom de lobes an- térieur moyen et postérieur (2, c, d, fig. 39); on remarque aussi dans cette partie du cerveau deux éminences arrondies , placées près de la ligne médiane (erninences mamillaires), et deux pédoncules très gros , qui semblent sortir de la substance de cet organe, pour se continuer avec la moelle épinière (caisses du cerveau Où pédoncules du cerveau). C'est également de cette par- tie du cerveau que sortent les nerfs auxquels ce viscère donne naissance. La surface du cerveau est presque entièrement formée de substance nerveuse grise; mais dans son intérieur, on ne trouve guère que de la substance blanche. Lorsqu'on incise cet organe, on voit aussi qu’il existe dans son intérieur diverses cavités qui communiquent toutes au-dehors, et qui sont appelées les ven- tricules du cerveau (fig. 40 , f). $ 175. Le cervelet est placé au-dessous de la partie postérieure du cerveau (fig. 40, d, et fig. 39 , e), et n’a pas le tiers du volume de la scissure qui sépare les deux Lémispheres du cerveau ; au-dessous de cette bande transversale de matière blanche, se trouvent les ventricules latéraux du cerveau; — g lobes optiques cachés sous la face inférieure du cerveau; — 1 nerfs: olfactifs; — 2 œil dans lequel vient se terminer le nerf optique dont on peut suivre la racine sur les côtés de la protubérance annulaire jusqu'aux lobes op- tiques; derrière l’œil on voit le nerf de la troisième paire; -— 4 nerf de la qua- trième paire qui se distribue, comme le précédent, aux muscles de l'œil; — 5 branche maxillaire supérieure du nerf de la cinquième paire; — 5’ branche ophthalmique du même nerf; — 5” branche maxillaire inférieure du méme nerf; — 6 nerf de la sixième paire se rendant aux musclés de l'œil; — 7 nerf facial; au-dessous de l’origine de ce nerf on voit un troncon du nerf acoustique ; — 9 nerf de la neuvième paire ou nerf glosso-pharyngien; — 10 nerf pneumo- gastrique. — 11 nerf de la onzième paire, ou nerf hypoglosse ; — 12 nerf de la douzième paire ou nerf spinal ; — 14 et 15 nerfs cervicaux. SYSTÈME NERVEUX. 145 de cet organe , même chez l’homme adulte, où il est proportion- nellement plus gros que chez l'enfant. On y distingue, comme au cerveau, deux hémisphères ou lobes latéraux séparés par une rainure et un lobe moyen situé en arrière et en bas, dans l’enfoncement dont nous venons de parler. La surface des hémi- sphères et du lobe moyen est formée par de la matière grise et ne présente point de circonvolutions, mais un grand nombre de sillons à-peu-près droits et placés parallèlement les uns à côté des autres, de façon à diviser cet organe en une multitude de lames disposées commeles feuilles d'un livre. Inférieurement le cervelet se continue avec la moelle épinière au moyen de deux pédoncules courts et gros, et dans le même point il entoure ce dernier organe par une bande de substance blanche qui se porte transversalement d’un hémisphère à l’autre, en passant au-de- vant de la moelle épinière, avec laquelle elle est intimement unie, et qui porte le nom de proluberance annulaire ou de pont de Varole. (1; 6 176. Lorsqu'on soulève les lobes postérieurs du cerveau on Lobes opti- voit, entre cet organe et le cervelet, quatre petites éminences ques- arrondies, placées par paires de chaque côté de la ligne médiane (fig: 49, g). Elles s'élèvent sur la face supérieure des prolonge- mens médullaires , qui se portent du cerveau à la moelle épi- nière , et constiluent ce que les anatomistes appellent les /obes optiques Où tubercules quadrijumeaux , dont nous aurons sou- vent à parler dans la suite de ces leçons. 6177. La moelle epinicre (fig. 39, f; 40, e) est en quelque sorte Moelle épi- un prolongement du cerveau et du cervelet. Elle à la forme d’une nière. grosse corde et présente, en avant comme en arrière, un sillon médian et longitudinal qui la divise en deux moitiés latérales et symétriques. À son extrémité supérieure (à laquelle les ana- tomistes donnent le nom de moelle allongee), on remarque divers renflemens appelés corps olivaires, pyramidaux et restiformes, et de chaque côté on en voit sortir successivement un grand nom- bre de nerfs dont les premiers se dirigent directement en de- hors, mais dont les derniers descendent de plus en plus obli- quement, de façon que la moelle épinière paraît se terminer en se divisant en un grand nombre de filamens longitudinaux, dis- posés à-peu-près comme les crins d'une queue de cheval (fg. 39 ,j), ressemblance grossière qui à valu à cette partie le nom de l’objet auquel on la comparé. Au niveau de l’origine des nerfs, qui se distribuent aux membres thoraciques, la moelle épinière présente un renflement bien sensible; elle se rétrécit (1) Ainsi nommé en l'honneur d’un anatomiste célèbre, Varoli. 10 Fibres de l'encéphale. 146 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ensuite, et son velume augmente de nouveau vers la partie d'ou naissent les nerfs des membres abdominaux ; enfin son extré- mité inférieure-est très grêle et se trouve vers la partie supé- rieure de la région lombaire de la colonne vertébrale. La moelle épinière se compose, comme le cerveau ei le cerve- let, de deux substances médullaires de couleurs différentes ; mais ici la matière grise, au lieu d’être située à la surface de lor- gane, en ocecupe la profondeur, et c’est la matière blanche qui la recouvre. Il n’exisie pas autour de la moelle épinière de pie- mère , et la gaine , formée par la dure-mère , n’est pas occupée en entier par cet organe, mais est distendue par une quantité considérable de liquide au milieu duquel celle-ci est suspendue, disposition admirablement bien calculée pour la préserver des pressions ou des commotions qui pourraientrésulter des mouve- mens trop violens de la colonne vertébrale ou de toute autre cause , et qui produiraient sur cette partie du système nerveux des accidens encore plus graves que sur le cerveau. 6178. Nous avons dit que la substance qui forme laxe céré- bro-spinal était molle et pulpeuse ; dans la matière blanche on peut cependant distinguer des fibres, et l'étude de la marche aw’elles suivent conduit à Pexplication de certains phénomènes des plus remarquables. La moelle épinière présente, comme nous lavons déjà dit, deux moitiés qui sont unies entre elles par des bandelettes for- nées principalement de fibres médullaires transversales; de chaque côté on trouve aussi, dans la substance blanche de cet organe, un grand nombre de fibres longitudinales, qui à la partie supérieure se réunissent en six faisceaux principaux. Quatre de ces faisceaux occupent la face antérieure de la moelle allongée ; ils constituent les renflemens dés ignéssous le nom de pyramides antérieures et corps olivaires , et ils pénètrent dans le cerveau. Les fibres des pyramides présentent une particularité très remarquable: celles du côté droit se portent à gauche et celles du côté gauche à droite. Ce n’est qu'après cet entrecroisement qu’elles s’enfoncent dans la protubérance annulaire, et en continuant leur marche en avant constituent les pédoncules du cerveau. Ces fibres divergent ensuile et se répandent dans les cireonvolutions inférieures, antérieures et supérieures des lobes antérieurs et moyens du cerveau. Les fibres longitudinales qui sortent des éminences olivaires montent, comme celles des py- ramides, à travers la protubérance annulaire, et vont former la partie postérieure et interne des pédoncules cérébraux ; elles traversent, comme celles des pyramides , diverses masses de substance grise, augmentent de volume et de nombre, el en sui- vant des directions différentes forment diverses parties du cer- SYSTÈME NERVEUX. 147 veau, telles que les couches des nerfs optiques, et les corps striés ; enfin elles s’épanouissent dans les circonvolutions dont la masse entière constitue les hémisphères cérébraux; par l'intermédiaire d’autres fibres transversales , les deux moitiés du cerveau com- muniquent enire elles et ces fibres forment les corps calleux dont nous avons déjà parlé, ainsi que plusieurs autres bandes transversales désignées par les anatomistes sous le nom génér al de commissures. Les fibres longitudinales des pyramides postérieures de la moelle épinière se réunissent à quelques fibres venant des par- es voisines de la moelle allongée, et constituent ainsi les pédon- cules du cervelet, qui plongent jusqu’au centre de l'hémisphère correspondant de cet organe, et envoient vers sa circonférence une multitude de feuillets qui se subdivisent et forment, par leur assemblage, des espèces de rameaux enveloppés de matières gri- ses et appelées par quelques anatomistes l'arbre de vie ( fig. 40, 4). On distingue aussi, dans le cervelet, des fibres transversa- le qui font communiquer entre elles les deux hémisphères. Une partie de celles-ci entourent la moelle allongée en avant et for- ment la protubérance annulaire dont il a déja été question. $ 179. Les nerfs qui naissent de l’encéphale , et qui établissent la communication entre ce système et les diverses parties du corps sont au nombre de quarante-irois paires (voy. fig. 39, page 42, et fig. 40, page 143). Ils proviennent ious de la moelle épi- aère ou de la base du cerveau , et on les distingue , d’après leur position, par des numéros d'ordre, en procédant d'avant en arrière. Les douze premières paires naissent de l’encéphale et sortent de la boite osseuse du crâne par les divers trous situés à sa base. Les trente-et-une paires suivantes proviennent de la portion de la moelle épinière, qui est renfermée dans le canal vertébral, et sortent de cette gaine osseuse par des trous situés de chaque côté entre les vertèbres (fig. 38). Chacun de ces nerfs se compose d’un grand nombre de fais- ceaux, de fibres médullaires de diverses grosseurs, et entourés d’une membrane nommée nevrilème. Ces fibres élémentaires sont en général d’une ténuité extrême, et se portent parallèlement entre elles d’une extrémité du cordon nerveux à l’auire, sans jamais se réunir ni se diviser; par leur extrémité supérieure , elles se continuent aussi sans interruption avec les fibres de la moelle épinière ou de la base du cerveau; et, par leur extrémité opposée, elles vont se terminer dans les organes auxquels elles sont destinées. En général, les différens faisceaux de fibres mé- duilaires appartenant au même nerf ne sont pas tous réunis au moment où ils quittent l’encéphale, et il en résulte que le nerf présente à son origine plusieurs racines; à mesure qu'ils S'éloi- 10. Nerfs, Système gan- glonaire. 148 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. gnent de ce point, ces faisceaux se séparent pour se rendre à des parties différentes , de façon que le nerf lui-même semble se divi- ser successivement en branches, en rameaux et en ramuscules ; quelquefois aussi, certains de ces mêmes faisceaux ou de leurs fibres constitutifs, après s'être séparés de la sorte, vont s’accoler à quelques nerfs voisins pour en suivre le trajet, et il en résulte ce que les anatomistes appellent des anustomoses (1) ou des plexus (2). Enfin , lorsqu'une branche nerveuse est parvenue dans l’organe où elle doit se rendre e, ses fibres primitives s’y répandent et s’y terminent presque toujours en formant des anses. Fig. 41. (3) Les nerfs qui sortent de la moelle épinière en naissent par deux racines composées cha- cune de plusieurs faisceaux ; l’une de ces ra- cines provient de la partie inférieure de cet organe, l’autre de sa partie postérieure; et cette dernière racine, avant que de se réunir à la première, présente un renflement ou gan- ylion , composé en partie de substance médul- laire grise. Quelques-uns des nerfs cérébraux df présentent une disposition semblable, mais il en est d’autres qui n’en offrent aucune trace ; et, comme nous le verrons bientôt, cette différence est indicative d’autres parti- cularités dans les propriétés physiologiques de ces cordons mé- dullaires. $ 180. Le systeme nerveux ganglionaïre, appelé aussi nerf grand sympathique, Où système nerveux de la vie organique, se (1) Les nerfs ayant été regardés par quelques anatomistes comme étant des canaux destinés a conduire le fluide nerveux,on a donné le nom d’anastomoses a la réunion de leurs branches ou de leurs rameaux ; maïs ce mot, comme nous l’avons déja dit, signifie réellement un abouchement ou une communication entre deux vaisseaux, et par conséquent, ne devrait pas être employé ici, car lors- qu'une fibre nerveuse se sépare d’un nerf pour s’accoler à un autre , elle ne se confond avec aucune des fibres de celles-ci et continue son trajet sans interrup- tion jusqne dans la partie à laquelle elle est destinée. (2) Plexvs (de plecto, j’entremêle) est le nom que l’on donne à une espèce de réunion de plusieurs nerfs ou vaisseaux. Les principaux plexus nerveux sont ceux formés par les nerfs des membres, peu après leur sortie de la colonne vertébrale. (Voyez fig. 39, g et A). (3) Tronçon de la moelle épinière, pour montrer la disposition des nerfs qui en naissent : - a moelle épinière; — à racine antérieure de l’un des nerfs spi- naux;— c ganglion situé sur le trajet de cette racine; — d racine postérieure du même nerf, allant se réunir à la racine antérieure , au-delà du ganglion ; — e trone commun formé par la réunion de ces deux racines; — f petite branche qui va s’anastomoser avec le nerf grand sympathique. SYSTÈME NERVEUX. 149 compose dun certain nombre de petites masses nerveuses bien distinctes, mais liées entre elles par des cordons médullaires, et de divers nerfs qui vont s’anastomoser avec ceux du système cérébro-spinal, ou se distribuer dans les organes voisins. Ces centres nerveux portent le nom de ganglions : on en trouve à la tête, au cou, dans le thorax et dans l'abdomen. La plupart d’entre eux sont placés symétriquement de chaque côté de la ligne médiane au-devant de la colonne vertébrale, et forment ainsi une double chaine depuis la tête jusqu’au bassin; mais on en trouve aussi dans d’autres parties : près du cœur, et dans le voisinage de l'estomac, par exemple. Les nerfs du système cérébro-spinal se rendent aux organes des sens, à la peau, aux muscles, etc.; ceux qui font partie du système ganglionaire se distribuent aux poumons, au Cœur, à l'estomac, aux intestins, aux parois des vaisseaux sanguins. En un mot, les premiers appartiennent spécialement aux organes de relation, les derniers aux organes de nutrition. $ 181. Le système nerveux de tous les mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons, est conformé d’après le mème plan général que celui de l’homme. Chez tous ces animaux, il existe un cerveau, un cervelet et une moelle épinière; des nerfs nais- sent de cet axe cérébro-spinal et se distribuent aux divers or- ganes de la vie de relation : enfin, il existe aussi un système ganglionaire pourvu également de nerfs et destiné aux prin- cipaux organes de la vie de nutrition. Mais, chez les mollusques, les insectes, | s crustacés et Les autres animaux sans vertèbres, il n’en est pas de même; chez ceux-ci, l'axe cérébro-spinal parait manquer, et tous les nerfs du corps vont se réunir dans un certain nombre de ganglions plus ou moins éloignés entre eux. Enfin, dans la grande division des zoophytes, on ne trouve tout au plus que des vestiges d’un système nerveux rudimen- taire, et, en général, cet appareil parait manquer complète- ment. En faisant l'histoire de ces divers groupes d'animaux, nous aurons loccasion d'indiquer les particularités qu'ils présentent à cet égard. Telles sont les diverses parties dont se compose l'appareil nerveux de l'homme et des autres animaux supérieurs; voyons maintenant quels en sont les usages, el occupons-nous en pre- mier lieu de l'étude de la sensibilité. Système ner- veux des au- tres animaux. Organes de la sensibilité, Rôle des nerfs. 150 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. DE LA SENSIBILITÉ. 6 182. La sensibilité, avons-nous dit, est la faculté de recevoir des impressions et d'en avoir la conscience, Elle appartient à tous les animaux; mais le degré auquel elle se développe varie presque pour chacun d’entre eux. À mesure que l’on s'élève dans la série zoologique, et que l’on se rapproche de l’homme, on voit les sensations devenir de plus en plus variées; l'animal acquiert le pouvoir de prendre connaissance d’un plus grand nombre des propriétés que possèdent les objets dont il est envi- ronné, et d'en mieux apprécier les nuances différentes; les impressions produites deviennent plus vives, et à mesure que la faculté de sentir se perfectionne ainsi, on voit la structure des organes de la vie de relation se compliquer de plus en plus; car 1c1, de même que pour toutes les autres fonctions, c’est par la division du travail que la nature arrive à des résultats de plus en plus parfaits. $ 183. Partout où les sensations, produites par des objets extérieurs, sont un peu variées, il existe un système nerveux distinct, et c’est de son action que dépend la faculté de sentir. La structure en est d’abord très simple, et alors toutes les parties qui le composent paraissent remplir à-peu-près les mêmes fonc- üuons, Dans le ver de terre, par exemple, c’est un cordon noueux, étendu dans toute la longueur du corps, et dont toutes les par- lies possèdent les mêmes propriétés; car, si on coupe l’animal iransversalement en plusieurs tronçons, on voit chacun des fragmens continuer à sentir et à se mouvoir comme auparavant; mais, dans les êtres dont l’organisation est plus compliquée, et dont les facultés sont plus parfaites, cet appareil se compose, comme nous l'avons déjà vu, de plusieurs parties dissemblables, et alors chacune de celles-ci agit aussi d’une manière différente des autres, et remplit des fonctions spéciales. Ce sera donc chez l’homme et chez les autres animaux supérieurs, que l’étude de ces fonctions nous offrira le plus d'intérêt. 6 184. Toutes les parties de notre corps ne sont pas également douées de la faculté de sentir ; quelques organes jouissent d’une sensibilité des plus exquises, tandis que d’autres peuvent être excités de toutes les manières, froissés par des corps étrangers , coupés, et même déchirés, sans que l'animal en éprouve la moindre sensation. Or, les parties les plus sensibles sont tou- SENSIBILITÉ. 151 jours celles qui reçoivent le plus grand nombre de nerfs; et, à où il n’y a point de nerfs, il n’y a pas de sensibilité. Si l’on fait une incision à la patte d’un animal vivant, et que l’on mette à découvert le nerf qui se rend à cette partie, on remarque aussi que ce cordon est doué d’une sensibilité extrême; pour peu qu ‘on le pince ou qu'on le pique, Panimal montre tous les signes d’une douleur des plus vives, et les muscles auxquels le Henf ainsi blessé se distribue, sont agités par des contractions convulsives. D’après cela, on pourrait déjà deviner que c’est aux nerfs que nos organes doivent leur sensibilité, et pour mettre ce fait hors de doute, il suffit de détruire l’un de ces cordons; ear, si l’on pratique l’expérience sur un des membres d'un animal vivant, toutes Les parties auxquelles le nerf se rendait sont aussitôt frappées de paralysie, c’est-à-dire privées de la faculté de sentir et de se mouvoir. Mais ce nerf, dont l’action est indispensable à l'exercice de ces fonctions, est-il chargé lui-même de déterminer les mou- vemens et de percevoir les sensations, ou bien remplit-il seu- lement le rôle d’un conducteur et est-il destiné uniquement à transmettre aux muscles l'influence de la volonté, et à porter à un autre organe, qui serait le siège de la perception des sensa- tions, les impressions résultant du contact d’un objet extérieur avec la surface du corps, ou de l’action de lout autre stimulant? Pour résoudre cette question, les physiologistes ont eu encore recours à des expériences sur les animaux vivans. Si l’on coupe, dans un point quelconque de sa longueur, le nerf qui se rend à la patte postérieure d’une grenouille, par exemple, et que l’on pique ou que l’on pince Pextrémité ainsi séparée du reste du système nerveux, on voil qu'elle est com- plètement insensible, tandis que la partie située au-dessus de la section conserve toute sa sensibilité; les parties du membre qui reçoivent des branches nerveuses du fragment inférieur du nerf sont également paralysées. Un nerf séparé du système dont il faisait partie cesse donc de remplir ses fonctions; 1l ne peut, par conséquent, ètre le siège de la perception des sensations, et on doit nécessairement con- clure qu’il sert à transmettre à l’organe chargé de cette fonction les impressions reçues par les parties douées de sensibilité. C’est, en effet, ce qui est démontré clairement par toutes les recherches faites à ce sujet. L’impression produite par le con- tact d'un corps avec le nerf iui-mèême, ou avec la partie dans laquelle ce nerf se ramifie, ne peut être perçue, et ne peut, par conséquent, produire une sensation, si elle n’est transmise par le nerf à d’autres organes. Rôle de la moelle épi- uière. Rôle du cer- veau. 152 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. $ 185. Ce fait une fois bien établi, on est naturellement con- duit à se demander où les sensations doivent arriver pour que l’a- nimal en ait la conscience, ou , en d autres mots, quel est lor- gane chargé de les percevoir ? Les nerfs dont nous venons d'étudier les fonctions aboutissent tous au cerveau ou à la moelle épinière , qui elle-même se ter- mine dans le cerveau ; il est donc évident que c’est dansune par- tie quelconque de l’encéphale que doit résider cette faculté. Cher- chons par l'expérience, si c’est dans la moelle épinière, dans le cervelet ou dans le cerveau. Lorsqu'on pratique sur la moelle épinière les mêmes expérien- ces que celles déjà faites sur les nerfs qui en partent, on remar- que d’abord que cet organe est extrêmement sensible : la moindre piqûre produit une douleur vive et des mouvemens convulsifs; et, si on le coupe en travers, on voit aussitôt une paralysie com- plète de toutes les parties dont les nerfs naissent au-dessous de la section , tandis que celles dont les nerfs proviennent de la por- tion de la moelle épinière encore en communication avec le cerveau , continuent à jouir de la faculté de sentir et de se mou- voir. En ayant soin d'entretenir artificiellement la respiration de ma- nière à empêcher l'animal ainsi expérimenté de périr asphyxié à la suite de la paralysie des museles inspirateurs, on peut constater que toutes les parties de la moelle épinière et de la moelle allongée perdent la faculté de déterminer des mouvemens volontaires et celle de donner naissance à des sensations aussi- tôt qu’elles sont séparées du cerveau, et on en doit conclure que ce n’est pas en eux que réside la faculié de percevoir les sensa- tions ou de déterminer les mouvemens volontaires. Mais il en est tout autrement pour le cerveau. Si l’on met à nu les deux hémisphères de cet organe chez un animal vivant ( chez un pigeon, par exemple), et qu’on irrite leur surface avec la pointe d’un instrument tranchant, on est d'abord frappé de leur insensibilité ; on peut couper et déchirer la substance du cer- veau sans que l'animal donne le moindre signe de douleur , et sans qu'il paraisse s’apercevoir de la mutilation qu'on lui fait subir ; mais si, comme l’a fait M. Flourens, on enlève cet or- gane , l'animal tombe dans un état de stupeur dont rien ne peut le faire in Tout son corps devient insensible , ses sens n’a- gissent plus, et s’il se remue, ce n’est « que poussé par quelque cause céder et sans que la volonté paraisse entrer pour rien dans la déter mination de ses mouvemens. On voit par cette expérience que l’action du cerveau est indis- pensable à la perception des sensations et à la manifestation de la volonté , et que c’est à cel organe que les impressions re- SENSIBILITÉ. 153 cues par les nerfs doivent arriver pour que Pantmal en ait la conscience. 6 186. Dans la fonction de la sensibilité , il y a donc une divi- sion du travail bien remarquable ; les parties qui, par leur con- tact avec les corps étrangers, sont susceptibles de donner nais- sance à des sensations, ne peuvent pas percevoir elles-mêmes ces impressions , et d’un autre côté, l’organe qui est le siège exclu- sif de la perception de ces impressions, ne peut lui-même enr re- cevoir directement ; il est insensible et ne peut être excité que par les impressions qui lui sont transmises par l'intermédiaire des nerfs. Ainsi, on peut distinguer dans l’appareil de la sensibilité trois propriétés, savoir : 1° la faculté de recevoir au contact d’un corps étranger ou de quelque autre agent une impression de nature à donner naissance à une sensation ; 2° la faculté de transmettre ces impressions , du point où elles ont été produites, à l'organe chargé de les percevoir ; 3° celle de donner à l'animal la con- science de leur existence ou de les percevoir. Il résulte des expériences de M. Flourens et de quelques autres physiologistes, que chez les animaux qui avoisinent l’homme , tels que les mammifères et les oiseaux , cette dermière faculté ré- side essentiellement dans les hémisphères du cerveau ; et comme nous l'avons vu il y à un instant, la faculté de recevoir des 1m- pressions et de les conduire au cerveau où elles doivent être per- çues , est l’apanage des nerfs. 6 187. Il est aussi à noter que dans la transmission des impres- sions vers le cerveau , chacune des fibres élémentaires d'un nerf agit d’une manière complètement indépendante des fibres voisi- nes , et comme ces fibres seulement accolées en faisceaux, ne se réunissent jamais entre elles, mais continuent chacune son trajet jusque dans l’encéphale ; il en résulle que les sensations venant des différens points du corps, arrivent chacune par une route particulière et ne se confondent pas entre elles. Nous jugeons du siège de la sensation par la voie à l’aide de laquelle elle parvient à notre cerveau, et c’est toujours à la partie du corps où se ter- mine la fibre élémentaire ainsi mise en action que nous rappor- tons la sensation produite. (1) (1) La sensation dépendante de l'excitation d’un nerf est encore rapportée par l'intelligence à l'organe où ce nerf se distribue, lors même que cette excitation a son siège plus près du cerveau sur un point quelconque du trajet de ce nerf, Ainsi, lorsqu'on comprime le nerf radial au coude, c’est dans la main que la douleur semble exister, parce que c’est dans cette dernière partie que le nerf en question va se terminer. C’est également pour cette raison, qu'après la sec- Resume. Indépendan- ce des fibres nerveuses, Nerfs de la sensibilité. Différentes especes de sensibilité, Les cinq sens. 154 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. 1. 6188. Du reste tous les nerfs du corps ne possèdent pas la pro- priélé de transmettre les sensations ; il en est qui sont consacrés exclusivement aux mouvemens, et parmi les nerfs de la sensibilité tous ne jouissent pas de la faculté de conduire au cerveau les mêmes impressions. La sensibilité de certains nerfs ne peut pas toujours être mise en jeu par des agens qui sont susceptibles d’ex- citer des sensations dans d’autres nerfs ; ainsi la lumière, par exemple, produit une sensation vive, lorsqu'elle frappe sur la partie terminale des nerfs optiques, mais n’est susceptible d’é- mouvoir aucun des autres nerfs de l’économie ; et ces nerfs opti- ques, si sensibles à l'influence de cet agent subtil, peuvent être comprimés , piqués ou déchirés sans qu’il en résulte aucune sen- sation de douleur, tandis que les nerfs spinaux, qui restent indif- férens à l’action de la lumière, conduisent avec la plus grande perfection les sensations produites par le contact matériel d’un corps étranger, et ne peuvent être excités de la sorte un peu fortement sans qu’il en résulte une douleur plus ou moins in- tense. Il existe donc différentes espèces de sensibilité aptes à être mis en jeu par des excitans différens, et c’est de la sorte que nous pouvons apprécier les diverses propriétés physiques des objets dont nous sommes entourés; mais le genre de sensation pro- duit par chacun de ces excitans de notre sensibilité, parait dé- pendre de la nature du nerf excité plutôt que de la nature de la cause excitante, car il est possible de déterminer avec le même agent des sensations essentiellement distinctes, par cela seul qu’on porte alternativement son influence sur des nerfs différens. Ainsi une piqûre, une commotion forte ou un courant galvani- que détermineront la sensation du fourmillement, ou même une douleur plus ou moins intense lorsqu'elles agiront sur un des nerfs spinaux , la sensation de la lumière lorsqu'elles affecteront les nerfs optiques et la sensation d’un son lorsque c’est sur les perfs acoustiques qu’elles porteront leur influence. Ces différens ordres de sensations, résultant de action du monde extérieur sur les différentes parties du système nerveux et susceptibles d’être excitées par des agens différens, nous per- tion d'ou 5erf ou éprouve souvent de la douleur dans la partie ou ce nerf se distribuait, et où la sensibilité est cependant complètement détruite. Enfin, la connaissance de ce fait nous explique aussi comment, après l’'amputation d’un membre, le malade peut éprouver des sensations dont le siège semble être dans la partie qu'il a perdue; c’est qu'il rapporte instinctivement aux organes, où allaient se terminer les diverses branches du nerf ecupé l'excitation dont le troncon de ce nerf est maintenant le siège. SENSIBILITÉ. 155 mettent d'apprécier les diverses propriétés physiques des corps qui nous environnent , et ce sont ces modifications de la sensibi- lité qui constituent les cinq sens dont l’homme et la plupart des animaux sont doués. La sensibilité tactile, ou le toucher ; la sensibilité gustative ou le goût ; la sensibilité olfactive ou l’odorat; la sensibilité auditive ou l’ouie, et la sensibilité optique, ou la vue, sont par conséquent autant de facultés distinctes, ayant chacune leurs instrumens particuliers, dont l’action est excitée par des causes distinctes et dont le jeu nous procure des connaissances différentes. Le contact d’un corps qui résiste à la pression ou qui est notablement plus chaud ou plus froid que nos organes, détermine dans les parties qui jouissent de la sensibilité tactile, des sensations par- ticulières , d'après lesquelles nous jugeons de la consistance , du poli, de la température el jusqu’à un certain point du volume et de la forme de cet objet ; le contact de ce même corps sur une autre partie dont les nerfs sont doués de la sensibilité gustative peut nous donner la sensation des saveurs, et lorsque après avoir été réduit en particules extrêmement ténues, il vient à toucher les parties douées de la sensibilité olfactive, il peut encore donner naissance à une sensation d’un autre ordre, celle des odeurs; le mouvement vibratoire dont ce corps peut être animé échappera inaperçu aux organes du goût et de lPodorat, mais produira la sensation du son lorsqu'il parviendra aux par- ties douées de la sensibilité auditive ; enfin la lumière que ce corps nous envoie n’excitera aucun des sens dont il vient d'être question , mais déterminera sur les parties douées de la senstbi- lité optique des sensations différentes de toutes celles que nous venons d’énumérer, et propres à nous faire connaitre la forme, la couleur et la position des objets dont nous sommes envi- ronnés. La sensibilité olfactive est l'apanage des nerfs cérébraux de la première paire ; la sensibilité optique appartient aux nerfs céré- braux de la seconde paire ou nerfs optiques ; la sensibilité gusta- tive est propre à certaines fibres des nerfs cérébraux de la cin- quième paire ; la sensibilité acoustique réside dans les nerfs au- ditifs ou nerfs cérébraux de la huitième paire; enfin la sensibilité tactile est exercée presque exclusivement par les nerfs spinaux , et les nerfs cérébraux de la cinquième, de la neuvième, de la dixième et de la douzième paires. $ 189. Les nerfs qui sont doués de la sensibilité tactile servent _ Fonctions aussi aux mouvemens, mais il est bien évident que la faculté Pi d’exciter les contractions musculaires , et celle de conduire les ,; es des nerts . sensalions ne résident pas dans les mêmes fibres élémentaires, et spinaux, ete, si ces nerfs possèdent en même temps ces deux facultés, cela dé- - Propriétés des divers fai- sceaux de la moelle. Sensibilité des nerfs du système gan- glhonaire. Organes des scus, 156 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. pend seulement de ce qu'ils sont formés par la réunion de fibres sensibles et de fibres motrices. Dans le trajet du nerf il n’est pas possible de distinguer ces deux ordres de fibres, mais à son ori- gine cette distinction est facile, car la nature les à séparés. En ef- fet tous ces nerfs naissent, soit de la moelle épinière, soit de la base du cerveau par deux racines , et d’après les observations intéressantes de MM. Bell et Magendie , on sait aujourd’hui à ne pas en douter que les fibres dont se compose l’une de ces racines, servent à la transmission des sensations, tandis que celles qui constituent l’autre racine, conduisent aux muscles l'influence dont dépendent les mouvemens volontaires. En effet, si l’on coupe les racines postérieures de Pun des nerfs spinaux, on prive aussitôt ce cordon de la faculté de trans- mettre les impressions : la partie du corps à laquelle il se rend devient insensible ; mais les mouvemens restent soumis à l’in- fluence de sa volonté, tandis que la section des racines anté- rieures , les racines postérieures restant intactes, détermine la paralysie des mouvemens sans détruire la sensibilité. En coupant les racines postérieures de tous les nerfs spinaux, on n'empêche pas l'animal d'exécuter des mouvemens volon- taires, mais on rend tout son corps (à l'exception de la tête, dont les nerfs naissent dans l’intérieur du crâne) complètement insen- sible. Les racines postérieures sont donc des nerfs de la sensibilité et les racines antérieures des nerfs du mouvement, et c’est par leur réunion que le cordon résultant de leur jonction jouit en même temps de ces deux facultés. Les différentes parties de la moelle épinière ne possèdent pas toutes, au même degré, la faculté de transmetire les sensations ou d’exciter les mouvemens; la sensibilité est exquise à la face postérieure de cet organe, et beaucoup plus faible à sa face an- térieure. Enfin, le système nerveux ganglionaire n’est que peu ou point sensible : on peut pincer ou couper ces ganglions, ainsi que les nerfs qui en partent, sans produire de douleur et sans occa- sioner de contractions musculaires. Il est à remarquer aussi que, dans l’état de santé , les organes intérieurs qui reçoivent ces nerfs ne nous transmettent que des sensations faibles et très confuses, et c’est seulement dans certains états maladifs que leur sensibi- lité se développe. Dans ce cas, il est à présumer que les sensa- tions arrivent au cerveau par l'intermédiaire des branches qui unissent les nerfs du système ganglionaire à chacun des nerfs spinaux. Mais ce point de physiologie réclame de nouvelles in- vesligations. $ 190. L’appareil de la sensibilité ne se compose pas seulement des diverses parties du système nerveux doni nous venons d’in- DU SENS DU TOUCHER. 157 diquer les usages ; les nerfs doués de la faculté de transmettre au cerveau les sensations qui nous viennent du dehors, ne se terminent pas librement à l'extérieur, de façon à recevoir di- rectement le contact des agens qui déterminent ces sensations, mais vont aboutir dans des instrumens particuliers destinés à recueillir pour ainsi dire, l’excitation et à la préparer de façon à assurer son action. Ces instrumens sont les organes des sens, et c'est essentiellement par leur intermédiaire que les sensations nous arrivent, mais ils ne sont pas indispensables pour lexer- cice de toutes ces facultés; la sensibilité tactile peut être mise en jeu partout où il existe des nerfs propres à conduire les sensa- tions ordinaires, et c’est seulement pour les sens spéciaux, c’est- à-dire pour le goût, odorat, l’ouie et la vue, que cette espèce d’in- termédiaire entre le nerf et le monde extérieur, est une condi- tion nécessaire. Ayant étudié d’une manière générale le phénomène de la sen- sibilité ainsi que les organes qui en sont le siège, nous devons maintenant examiner plus en détail, chacune des formes sous laquelle cette propriété se manifeste, ou en d’autres mots, nous occuper de l’histoire particulière de chacun des sens dont la na- ture a doué les animaux. DU SENS DU TOUCHER. 6 191. Tous les animaux jouissent d’une sensibilité tactile plus ou moins délicate, et cest surtout par l'intermédiaire de la membrane dont la surface de leur corps est recouverte, que cette faculté s'exerce. Pour l’étudier, il faut donc avant tout examiner quelle est la structure de la peau. Dans l’homme, la surface extérieure du corps et celle des ca- vités creusées dans son intérieur, mais communiquant avec le dehors, tel que le canal digestif, etc., sont revèêtues d’une mem- brane tégumentaire plus ou moins épaisse et bien distincte des parties qu’elle recouvre. Cette membrane est partout en conti- nuité avec elle-même, et ne forme réellement qu'un seul tout ; mais ses propriétés ne sont point partout les mêmes, et on la désigne par des noms différens, lorsqu'elle se reploie en dedans pour tapisser des cavités intérieures, ou lorsqu'elle s’étend sur la surface extérieure du corps. La portion intérieure de la mem- brane tégumentaire générale est appelée membrane muqueuse, et la portion externe peau. Siège de cette faculté. Structure de la peau. Derme. Épiderme. 158 ANATOMIE ET PH\SIOLOGIE. $ 192. La peau se compose de deux couches principales : le derme ou chorion, et lépiderme. Le derme forme la couche la plus profonde et la plus épaisse de la peau. C’est une membrane blanchâtre, souple, mais assez élastique et très résistante. On y distingue un grand nombre de fibres et de lamelles entrecroisées d’une manière très serrée. Sa face interne est unie aux parties voisines par une couche plus ou moins épaisse de tissu cellulaire, et donne, dans quelques points, attache à des fibres musculaires servant à la mouvoir. Enfin, sa surface est hérissée d’un grand nombre de petites sail- lies rougéätres, qui sont très Sencables , et qui, disposées par paires, forment, dans certaines parties du corps, telles que la paume des mains et l'extrémité des doigts, des séries régulières. Ce sont ces corps qué l’on dés gne sous le nom de papilles de la peau, et c’est le derme de la peau de certains animaux qui, pré- paré par le tannage, constitue le cuir. L’épiderme est une espèce de vernis semi-transparent, qui re- couvre le derme et se moule sur sa surface; ce n’est pas une par- tie sensible, ni même une partie,vivante, mais une matière qui parait être sécrétée par le derme, el qui ne prend une certaine solidité que par le desséchement ; aussi dans les parties du corps qui sont soustraites à l’action de l'air, est-elle toujours molle et peu distincte. Elle se compose d’un nombre plus ou moins con- sidérable de couches superposées, et sa couche la plus interne qui conserve de la mollesse et qui renferme la matière colorante à laquelle la peau doit sa couleur , a été considérée par beaucoup d’anatomistes, comme constituant une membrane particulière , et a été désignée sous le nom de reseau muqueux de La peau. Chez l’homme et les autres mammifères , les couches les plus superfi- cielles de l’'épiderme se séparent peu-à-peu de la peau et tombent sous la forme d’une poussière blanchätre composée de petites écailles ; quelquefois aussi elle se détache dans toute son épais- seur et laisse le chorion à nu; c’est ce qui arrive lorsqu’à la suite d’une brûlure, par exemple, il se forme une cloche sur la peau ; mais elle se reproduit avec beaucoup de rapidité. Enfin, 1l est des animaux qui, à des époques déterminées, se revêtent d’un épiderme nouveau et se dépouillent de Pancien comme dune gaine, sans la rompre ni la déformer; les serpens nous offrent un exemple remarquable de ce phénomène. On observe à la surface de Pépiderme une multitude de pe- tites ouvertures appelées pores de la peau. Elles correspondent au sommet des papilles dont nous avons déjà parlé, et livrent passage à la sueur, liquide acide qui est formé par voie de sécrétion , et qu'il ne faut pas confondre avec Peau qui s’exhale continuellement par la surface de la-peau et qui constitue la DU SENS DU TOUCHER. 159 transpiration insensible. Ces pores, d’une petitesse extrême, ne iraversent pas le derme, et ne sont autre chose que les orifices des conduits sécréteurs, d'autant de petités ampoules qui sont logées dans la substance de la peau et qui sécrètent la sueur. (1) On trouve aussi à la surface de cette membrane, d’autres ou- vertures plus grandes, dont les unes livrent passage à des poils, sur le mode de formation desquels nous reviendrons par la suite, et dont les autres laissent suinter une matière grasse, sécrétée par des foilicules logés dans lépaisseur du derme; enfin, dans quelques points de la surface du corps, on voit sortir de la sub- siance de la peau des lames cornées, appelées ongles, dont la nature est semblable à celle des poils. $ 193. Le principal usage de l’épiderme est d’opposer des ob- stacles à l’évaporation des liquides contenus dans le corps, et de protéger la peau proprement dite du contact immédiat des corps étrangers, de façon à modérer les impressions produites par ce contact. Nous avons déjà vu que cet enduit solide est par lui-même insensible; et comme 1l s’interpose toujours entre le derme et les objets extérieurs dont le contact sur cette mem- brane détermine les sensations, il est facile de comprendre que plus la couche épidermique est épaisse, plus aussi le derme doit ètre soustrait à l’action des corps étrangers, et plus les impres- sions qu'il éprouve doivent êlre obtuses, Or, dans quelques par- ües du corps , au talon, par exemple , Pépiderme présente une épaisseur considérable, tandis que dans d’autres, à l'extrémité des doigts, sur les lèvres, etc., elle est extrêmement mince. On remarque aussi que, partout où la peau est exposée à des frot- temens, son épiderme s’épaissit. Chacun sait combien la couche qui se forme dans la main des forgerons et autres ouvriers em- ployés à des travaux analogues , devient épaisse, dure et ru- gueuse. Enfin, chez quelques animaux, l’épiderme s’encroûte de matières calcaires et devient tout-à-fait inflexible ; dans ce cas, il rend la surface du corps complètement insensible. $ 194. La sensibilité dont la peau est douée réside dans le derme ei dépend des nerfs qui se distribuent dans sa substance, et qui apparüennent à la classe des nerfs du tact, lesquels nais- sent comme nous l’avons déjà vu , de la moelle épinière ou de la base du cérveau par deux racines, et doivent aux fibres dont se compose leur racine postérieure, la propriété de transmettre les (1) La sueur est un bhquide acide, comme Purine et ie suc gastrique Pour s’en convaincre , il suffit d'appliquer sur la peau ,-humectée par cette sécrétion, un morceau de papier teiut en bleu par du touruesol; car la couleur de celui-ci passera de suite au rouge, comine cela à tonjours lieu par l’action d'un acide, Usage dé l'épiderime. Sensibilité de la peau. Membranes muqueuses , ele. Toucher. + Organes du toucher. 160 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. sensations. Ces nerfs vont presque lous se terminer sous la forme de houppes dans les papilles du derme , et ce sont ces papilles qui possèdent par conséquent, au plus haut degré la sensibilité tac- tile ; aussi là où elles sont les plus nombreuses, cetie sensibilité est-elle la plus exquise. $ 195. La membrane muqueuse qui revêt l’intérieur des voies aériennes, et une grande portion de celle qui tapisse le canal ali- mentaire , reçoivent également des branches des mêmes nerfs et jouissent pareillement de la sensibilité tactile ; les muscles pos- sèdent aussi ce genre de sensibilité, quoique à un degré très fai- ble; enfin, les os, les cartilages et les tendons sont insensibles dans les circonstances ordinaires, mais peuvent devenir le siège de douleurs très vives lorsqu'ils sont dans un état maladif. 6196. La sensibilité tactile, telle qu’elle existe dans toutes les parties de la surface de notre corps, suflit pour nous faire juger de la consistance, de la température, et de quelques autres propriétés des corps qui arrivent en contact avec elle. Ce sens ne s'exerce alors que d’une manière en quelque sorte passive, qui peut être désignée sous le nom de tact; mais, d’autres fois, la partie douée de cette sensibilité joue un rôle actif; des contrac- lions musculaires, dirigées par la volonté, multiplient et varient ies points de contact avec l’objet extérieur , et on donne alors à ce sens le nom de toucher. Le toucher n’est donc que le tact perfectionné et devenu actif ; mais 1l ne peut être exercé par toutes les parties qui sont douées de la sensibilité tactile, et 1l ne peut appartenir qu'à des organes disposés de manière à leur permettre de se mouler en quelque sorte sur les objets soumis à leur examen. Dans l’homme, la main est l'organe spécial du toucher , et sa structure est très favorable à l'exercice de ce sens; l’'épiderme y est mince, poli et très souple; le chorion y est abondamment pourvu de papilles et de nerfs, et repose sur une couche épaisse de tissu cellulaire graisseux très élastique ; enfin, la mobilité et la flexibilité des doigts sont extrêmes, et la longueur de ces organes est considérable; or, ces circonstances sont des plus avantageuses, car elles tendent à augmenter la sensibilité de cette partie, et lui permettent de s'appliquer à tous les corps, quelle que soit l’irrégularité de leur figure. Mais une autre dis- position organique qui contribue non moins à la perfection de notre toucher, est la faculté qu'a l’homme d’opposer le pouce aux autres doigts, de manière à pouvoir serrer les petits objets entre les parties de la main, qui sont précisément celles dont la sensibilité est la plus exquise. | Chez la plupart des animaux, les organes du toucher sont disposés d'une manière beaucoup moins favorable. Chez les SENS DU GOUT. 161 mammifères, par exemple, on voit ce sens devenir de plus en plus obtus, à mesure que les doigts deviennent moins flexibles et s’enveloppent davantage dans les ongles, dont ils sont armés; quelquefois cependant, les mains sont remplacées par d’autres organes d’une structure presque aussi parfaite, tels que la trompe de l'éléphant; enfin, il est des animaux qui emploient princi- palement leur langue comme instrument du toucher, et d’autres sont pourvus d’appendices particuliers, qui servent aux mêmes usages , el qui sont appelés fentacules, palpes, etc. Le toucher nous fait apprécier plus ou moins exactement la plupart des propriétés physiques du corps sur lequel il s'exerce ; ses dimensions, sa forme, sa température, sa consistance, le degré de poli de sa surface, son poids, ses mouvemens, etc. Ce sens est tellement parfait, que plusieurs philosophes de l’anti- quité et des temps modernes l’ont regardé comme nous étant plus utile que la vue ou que l’ouie, et comme étant même la source de notre intelligence; mais ces opinions sont évidem- ment exagérées, Car le toucher n’a réellement aucune préro- gative sur les autres sens; et, chez quelques singes, dont l’intel- ligence est incomparablement moins développée que celle de l’homme, les organes du toucher sont presque aussi parfaits que dans le corps humain. DU SENS DU GOUT. $ 197. Le sens du goût, comme celui du toucher, est mis en jeu par le contact des objets extérieurs sur certaines surfaces de notre Corps; mais il nous fait connaitre des propriétés qui échappent au toucher, les saveurs des corps. Toutes les substances n’agissent pas sur organe du goùi. Les unes son! très sapides, d’autres ne le sont que peu, et il en est un grand nombre qui sont complètement insipides. On ignore la cause de ces différences, mais on remarque qu’en général les corps qui ne peuvent pas se dissoudre dans l’eau n'ont pas de saveur, tandis que la plupart de ceux qui sont solubles sont plus ou moins sapides. Leur dissolution parait même être une des conditions nécessaires pour qu'ils agissent sur l'organe du goût; car, lorsque cet organe est complètement sec, il ne nous donne plus la sensation des saveurs ; et on connait des substances qui , étant insolubles dans l’eau, sont insipides dans leur état ordinaire, mais qui acquièrent une saveur forte , si on parvient 11 Usages du toucher. Saveurs. Organe du goût, 162 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. à les dissoudre dans quelque autre liquide, dans de l'esprit de vin, par exemple. 6 198. La connaissance de la saveur des corps sert principa- lement à diriger les animaux dans le choix de leur nourriture : aussi, l’organe du goût est-il toujours placé à l'entrée du tube digestif. C’est la langue qui en est le siège principal, mais les autres parties de la bouche peuvent aussi éprouver la sensation de certaines saveurs. La membrane muqueuse qui recouvre la langue est abon- damment fournie de vaisseaux sanguins, et présente, sur le dos de cet organe, un grand nombre d’éminences de formes variées qui rendent sa surface rugueuse. Ces éminences, ou papilles, sont de diverse nature : les unes lenticulaires , et en petit nombre, consistent en autant d'amas de follicules muqueux ; d’autres, fungiformes ou coniques et très nombreuses, sont vasculaires ou nerveuses; ces dernières recouvrent les filets terminaux du nerf lingual et paraissent servir principalement au sens du goût. La langue, dont la masse est formée par un grand nombre de muscles entrecroisés, reçoit Les branches de plusieurs nerfs; les uns servent à y exciter les mouvemens, les autres à conduire au cerveau les sensations des saveurs. Le nerf trifacial, ou nerf de la cinquième paire, qui naît à l'extrémité supérieure de la moelle épinière el se sépare de l’encéphale près du bord antérieur de la protubérance annulaire (voy. fig. 40, p. 143), est celui qui remplit ces dernières fonctions. Il sort du crâne derrière l'orbite, et se di- vise en trois branches principales, savoir : le nerf ophthalmique, qui se rend à l'appareil de la vue, etc.; le nerf maxillaire supé- rieur, qui se distribue à la mâchoire supérieure et à la joue, et le nerf maxillaire inférieur, dont l’un des principaux rameaux porte le nom de ner” lingual et se termine dans là membrane muqueuse de la langue. Si l’on coupe le nerf lingual sur un animal vivant, on ne paralyse pas les mouvemens de la langue, mais on rend cet organe insensible aux saveurs; et si on coupe le tronc du nerf trifacial dans l’intérieur du crâne, on détruit le sens du goùt non-seulement dans la langue , mais aussi dans toutes les autres parties de la bouche. La section des nerfs hypoglosses ou nerfs de la onzième paire, qui se rendent également à la langue, ne prive pas l'animal de la faculté de sentir les saveurs, mais entraine la perte du mouve- ment dans la langue et les autres parties auxquelles ces nerfs se distribuent. Il s'ensuit done que la branche linguale du nerf de la cinquième paire est le nerf spécial du sens du goût. Mais les nerfs dé la SENS DE L'ODORAT, 163 neuvième paire ou glosso-pharyngiens, qui se distribuent prin- cipalement autour de l’arrière-bouche et qui président à la sensibilité tactile de cette partie, paraissent être doués aussi d’une certaine sensibilité gustative. DU SENS DE L’ODORAT. $ 199. Certains corps possèdent la propriété d’exciter en nous des sensations d’une nature particulière, qui ne peuvent être perçues à l’aide des sens du toucher et du goût, et qui dépendent de l'odeur qu’ils exhalent, Les odeurs sont produites par des particules d’une ténuité extrême, qui s’'échappent des corps odorans et qui se répandent dans l'atmosphère comme des vapeurs. Tous les corps volatils ou gazeux ne sont pas odorans; mais, en général, ceux qui ne peuvent se transformer facilement en vapeur , ne répandent que peu ou point d’odeur ; et, dans la plupart des cas, on voit les substances odorantes le devenir d'autant plus, que les circon- stances où elles sont placées sont plus favorables à leur volatili- sation. Du reste, la quantité de matière qui se répand ainsi dans l'air, pour produire les odeurs même les plus fortes, est extrême- ment petite. Un morceau de muse, par exemple, peut parfumer l'air de tout un appartement pendant un temps considérable, sans changer notablement de poids. Une foule de corps, tels que l'eau , les vêtemens, etc., peuvent s’imbiber de ces vapeurs et devenir odorantes à leur tour; mais d’autres substances, telles que le verre, s'opposent complètement à leur passage. Nous pouvons sentir l'odeur de corps placés à une très grande distance de nous; mais, pour que notre sens olfactif soit réveillé, il faut toujours que les particules odorantes, émanées de ces corps, arrivent en contact avec l’organe destiné à les recevoir. Et, en cela , le mécanisme de l’odorat est analogue à celui du goût et du toucher, tandis que, pour la vue et l’ouïe, comme nous le verrons bientôt, il en est tout autrement. 6200. L'air, disons-nous, est le véhicule des odeurs; c’est ce fluide qui les transporte au loin, et qui les fait arriver jusqu’à nous. Il est donc évident que l'organe destiné à les sentir doit ètre toujours placé de manière à en recevoir le contact, et l'expérience nous apprend que, pour que cet organe puisse remplir ses fonctions , il faut que la membrane touchée par les odeurs soit continuellement humectée et enduite d’un liquide 11° Odeurs. Organe de l’odorat, Fosses na- sales. 164 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE, propre à absorber les particules odorantes, et à les fixer pendant quelque temps sur la surface olfactive. Si cette surface était extérieure, elle remplirait la première de ces conditions, mais non pas la seconde; les odeurs viendraient la frapper, mais elle ne tarderait pas à se dessécher et à devenir, par cela seul, in- sensible à leur contact. On voit donc que, chez les animaux destinés à vivre dans l'atmosphère, l’odorat doit toujours résider dans les parois d’une cavité intérieure du corps, communiquant librement au dehors, et que plus le renouvellement d'air, qui nous apporte les odeurs, s’y fera d’une manière rapide et régu- lière, plus ainsi les conditions seront favorables à l'exercice de ce sens. C’est effectivement ce qui a liéu, non-seulement chez l’homme, mais aussi chez tous les autres mammifères, chez les oiseaux et les reptiles : le sens de l’odorat a son siège dans les fosses na- sales, et ces cavités sont continuellement traversées par Pair, qui se rend aux poumons , pour subvenir aux besoins de la res- piration. Elles communiquent au dehors par les narines et s'ouvrent postérieurement dans le pharynx, à peu de distance de la glotte (voyez fig. 33 et 34, p. 100 et 101) : aussi, toutes les fois que la bouche est fermée, est-ce par leur intermédiaire que l'air arrive aux poumons, et peut-on les considérer comme la portion antérieure du tube aérifère. Fig. 42. (1) Les fosses nasales sont séparées NE VU € : entre elles par une cloison verti- cale, qui est dirigée d'avant en arrière, el qui occupe la ligne médiane de la face; leurs parois sont formées par divers os de la face et par les cartilages du nez, et leur étendue est très considé- rable. Sur la paroi externe de chacune d'elles, on remarque j chez Fhomme trois lames sail- (4 lantes, qui sont recourbées sur 7 æ elles-mêmes, et qui sont appelées les cornets du nez (y, à, 4). Ellès augmentent la surface de cette d n (r) Cette conpe verticale des fosses nasales, représente la paroi externe de l'une de ces cavités: — a bouche; — à narine; — c ouverture postérieure des fosses nasales ; -— d portion de la base du crâne ; — e front ; — f méat inférieur; — g cornet inférieur; — À méat moyen; —4i cornet moyen; — k cornet supé- rieur ; — / sinus frontal; —» sinus sphénoïdal; — # ouverture de li trompe d’Eustache. SENS DE L'ODORAT. 165 paroi, et sont séparées entre elles par des gouttières longitu- dinales, nommées meats (f, h). Enfin, ces fosses communiquent avec des sinus plus ou moins vasies, qui sont creusés dans l'épaisseur de los du front (1), des os de la mâchoire supé- rieure, etc. La membrane muqueuse qui tapisse les fosses na- sales s'appelle membrane piluitaire; elle est épaisse et se pro- longe au-delà des bords des cornets, de façon que l’air ne peut traverser les cavités olfactives que par des routes étroites et assez longues, et que le moindre gonflement de cette membrane rend le passage de ce fluide difficile, ou mème impossible. La surface de la membrane pituitaire présente une foule de petites saillies , qui lui donnent un aspect velouté; on y remarque aussi un mouvement vibratile produit par des cils microscopiques, et analogue à celui dont nous avons déjà signalé l'existence dans d’autres parties du corps (2); enfin, elle est continuellement lubrifiée par un liquide plus ou moins visqueux , appelé mucus nasal, qui parait se former en grande partie dans les sinus déjà mentionnés, et elle recoit un assez grand nombre de filets nerveux, dont les uns viennent des nerfs de la cinquième paire, et les autres du nerf olfactif ou de la première paire. 6 201. Le mécanisme de l’odorat est très simple; il faut seu- lement que le mucus nasal s’imbibe des particules odorantes répandues dans l'air qui traverse les fosses nasales, et que ces particules soient ainsi arrêtées sur la partie de la membrane pituitaire qui recoit les filets du nerf olfactif. D’après cela, on conçoit facilement quelle est l'importance du mucus nasal pour l'exercice de l’odorat, et on comprend comment les changemens dans la nature de ce liquide, qui surviennent pendant le coryza ou rhume de cerveau, peuvent faire perdre momentanément ce sens. C’est à la partie supérieure des fosses nasales que les branches du nerf olfactif sont les plus nombreuses, que le mucus nasal est le plus abondant, et que les routes suivies par Pair sont les plus étroites; aussi, est-ce dans cette partie que les odeurs sont le plus aisément et le plus vivement senties. Il paraïtrait même que le principal usage du nez est de diriger vers la voûte des fosses nasales l’air inspiré; en effet, les persannes qui perdent (1) Les sinus frontaux n’existent pas dans l'enfance, mais se développent avec l’âge et acquièrent des dimensions très considérables : ce sont ces cavités qui coutribuent le plus à faire avancer la partie inférieure du front au-dessus de la racine du nez. | (2) Voyez page 82, & roë. Membrane pituitaire. Mécauisme de l’odorat. Organe olfactif chez d'autres ani- maux. 166 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. cet organe , perdent en même temps presque entièrement l’odo- rat, et on a vu des cas où, pour rendre ce sens au malade ainsi mutilé, il a suffi de lui ajuster sur la face un nez artificiel. L'on s'accorde généralement à regarder le nerf olfactif comme étant le nerf destiné à porter au cerveau les impressions pro- duites par les odeurs; mais 1l paraît que le nerf de la cinquième paire joue également un rôle très important dans cette fonction, car M. Magendie à constaté que sa section rendait la membrane pituitaire insensible aux odeurs les plus irritantes; et l’on sait aussi que la sensibilité tactile de cette membrane est dépendante de ce nerf. Quant à l’usage des sinus qui communiquent avec les fosses nasales par des ouvertures étroites, et qui sont tapissées par une membrane mince, on ne sait rien de positif; et, d’après quelques expériences, 11 semblerait même qu'ils ne participent pas à la sensibilité olfactive. Cependant, on remarque que les animaux chez lesquels ces cavités sont les plus vastes, sont aussi ceux dont l’odorat est le plus fin. L’étendue de la membrane pituitaire est une des circonstances qui paraissent influer le plus sur l’activité de ce sens, et à cet égard, l'homme est loin d’être le plus favorisé, et c’est chez les mammifères carnivores, les ruminans et quelques pachydermes, que l’appareil olfactif atteint son plus haut degré de développe- ment; chez ces derniers animaux les cornets du nez deviennent d’une complication extrême, et présentent comme nous le ver- rons par la suite, une disposition très remarquable. Chez les rep- üles , au contraire, cet appareil est d’une grande simplicité. $ 202. Chez les animaux qui vivent dans l’eau, lodorat s'exerce par l'intermédiaire de ce liquide, et l'organe qui est le siège de ce sens n'offre pas la même structure que chez les animaux qui respi- rent dans Pair. Ainsi chez les poissons, les fosses nasales ne com- muniquent pas avec l’arrière-bouche , mais sont des cavités ter- minées en cul-de-sac et la membrane pituitaire , dont elles ‘sont tapissées, présente une multitude de plis disposés comme des rayons autour d’un point central, ou rangées parallèlement comme des dents de peigne de chaque côté d'une bande mé- diane. Enfin , il existe aussi beaucoup d'animaux qui possèdent un odorat même très fin. et chez lesquels on n’a encore découvert aucun organe spécialement affecté à cet usage: les insectes, les crustacés , les mollusques, etc., sont de ce nombre. 2 SENS DE L'OUIE. 167 DU SENS DE L'OUIE OU DE L’AUDITION. 6203. L’audition est une fonction destinée à nous faire con- naitre les sons produits par les corps vibrans. L'appareil de l’ouie est très compliqué; les diverses parties dont 1} se compose sont, pour la plupart, d'une petitesse ex- trême; aussi n’occupe-t-11 que peu d'espace et est-1l renfermé presque en entier dans l'épaisseur d’une saillie osseuse qui, de chaque côté de la tête, avance dans l’intérieur du crâne et con- stitue La partie de l’os temporal appelé, à cause de sa grande dureté, le rocher (fig. 43 ce). On, y distingue chez l'homme trois portions, savoir : Poreille externe , l'oreille moyenne et l'oreille interne. Fig. 43. (1) è CN) œ (! (2 d Je e € ñn (1) Cette figure représente une coupe verticale de l'appareil auditif, dont les parties intérieures sont un peu grossies pour les faire mieux distinguer : — a pa- villon de l’oreille ; — 2 lobule du pavillon ; — c petite éminence appelée anti- tragus ; — d conque dont le foud se continue avec le conduit auriculaire; — e e portion de l'os temporal, appelée rocher, dans laquelle est logé l’appareil à Appareil au ditif, 1= Oreille ex- terne. Pavillon Conduit au- riculaire. Oreille moyenne. Caisse. 168 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. L’orcille externe se compose du pavillon de l'oreille et du con- duit auriculaire. Le pavillon de l'oreille (a) est une lame fibro-cartilagineuse, souple et élastique, qui est parfaitement libre dans la plus grande partie de son étendue , et qui adhère au bord du conduit auricu- laire. La peau qui le couvre est mince, sèche et bien tendue; sa surface se contourne de plusieurs manières et présente diverses éminences et enfoncemens , dont le plus considérable est appelé conque auditive (d). Elle constitue une espèce d’entonnoir très évasé et se continue avec le conduit auriculaire qui s'enfonce dans l’os temporal, et se recourbe en hautet en avant. La peau qui tapisse ce conduit, se termine en cul-de-sac à son extrémité interne, et au-dessus d'elle on trouve un grand nombre de pe- tits follicules sébacés qui fournissent la matière jaune et amère connue sous le nom de cerumen. L'oreille moyenne se compose de la caisse, du tympan et des parties qui en dépendent. Fig. 44. (1) La caisse (fig. 44 k) est une 9 d cavité de forme irrégulière , qui est creusée dans la sub- stance du rocher, et qui fait suite au conduit auriculaire dont elle est séparée par une _e cloison membraneuse, bien ; tendue et très élastique nom- mée tympan (h).Vis-à-vis l’'ou- verture dans laquelle le tym- panestcommeenchässé(c’est- à-dire à la partie interne de la caisse), se trouvent deux au- tres trous qui sont bouchés de la même manière par une auditif; — e’ apophyse mastoide de l'os temporal, —e” portion de la fosse glénoïdale de l’os temporal dans laquelle s’articule la mächoire ‘inférieure ; — e” apophyse styloïde du temporal, servant à l'insertion des muscles et des li- gamens de l’os hyoïde ; —e””’ extrémité du canal que traverse l'artère carotide interze avant que de pénétrer dans la cavité du crâne ; — f conduit auriculaire ; — g tympan; — k caisse dont on a retiré la chaîne des osselets; — : ouvertures conduisant de la cavité de la caisse dans les cellules (7 ) dont le rocher est creusé ; sur la paroi interne de la caisse on apercoit les deux ouvertures ap- pelées fenêtres ovale et ronde; — À trompe d’Eustache , conduisant de la caisse dans ie haut du pharynx, — / vestibule : —» canaux semi-circulaires; — n lima- con ; o nerf acoustique. {1) Cette figure représente la paroi externe de la caisse, le tympan, les os- SENS DE L'OUIE. 169 membrane tendue; on les appelle, à raison de leur forme, fené- tres ovale et ronde. À la paroi postérieure de la caisse, on voit une ouverture qui conduit dans des celluies creusées dans la portion mastoïdienne de los temporal, et à sa paroi inférieure on remarque l'embouchure de la trompe d'Eustache (k fig. 43), conduit long et étroit qui vient aboutir à la partie postérieure des fosses nasales (fg. 42, »), et qui établit ainsi une communication entre l’intérieur de la caisse et l'air extérieur. Enfin cette cavité est traversée par une chaine de petits osselets, qui s’étend depuis le Lympan jusqu’à la membrane de la fenêtre ovale et qui s’ap- puie, à l’aide d’une branche dirigée de côté, sur la paroi posté- rieure de la caisse (fiy. 44). Fig. 45. (1) Ces os sont au nombre de quatre et portent les 4 b noms de rnarteau (fig. 45, a), d'enclume(b), d'os Lenticulaire (c), et detrier (à). Une petite üge, qui 4 ÿ i peut être comparée à un manche, et qui appar- l be Uent au marteau, appuie sur le tympan, et la base de l’étrier repose aussi sur la membrane de la fe- 2 nèêtre ovale. Enfin des petits muscles, fixés à ces osselets, leur impriment des mouvemens par suite desquels ils pressent plus ou moins forte- d ment sur cesmembranes, et augmentent ou dimi- nuent, par conséquent, leur degré de tension. L’oreille interne, de même que l'oreille moyenne, est renfermée tout entière dans le rocher. Elle se compose de plusieurs cavités qui communiquent toutes entre elles, et que l’on nomme le vesti- bule , les canaux semi-circulaires et le limaçon. Le vestihule (4, fig. 43), en occupe la partiemoyenne et communique avec la caisse par la fenêtre ovale. Les canaux semi-circulaires (#») s'élèvent de la face supérieure et postérieure du vestibule : 1ls sont au nombre de trois et ont la forme de canaux arrondis et renflés en forme d’ampoule à une de leurs extrémités. Enfin, le limaçon (») est un organe très singulier , qui est contourné en spirale, comme la co- selets de l'ouie et leurs muscles, le tout grossi: — 4 a cadre du tympan ; — b tympan ;— c manche du marteau dont l'extrémité s'appuie sur le milieu du tympau;— d tête du marteau s’articulant avec l’enclume; — e apophyse qui naît au-dessous du col du marteau , et s’enfonce dans la scissure glénoïdale de l'os temporal; son extrémité donne attache au muscle antérieur du marteau ; — f musele interne du marteau ; — # enclume dont la branche verticale s’appuie sur les parois de la caisse, et dont la branche verticale s’articule avec los lenticu- laire (4); — iétrier dont le sommet s'articule avec l'os lenticulaire, et dont la base s'appuie sur la membrane de la fenêtre ovale ; — 4 muscle de Pétrier. (x) Osselets de l'oreille séparés: — z le marteau; — Z lenclume;—c l'os, lenticulaire ; — 4 l’étrier. Trompe d'Eustache, Osselets de l’ouïe. Oreille in- terne. Nerf acou- stique. Mécanisme de l'audition. Sons. Usages pavillon. du 170 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. quille de Panimal dont il porte le nom ; sa cavité est divisée en deux parties par une cloison longitudinale, moitié osseuse, moi- tié membraneuse; elle communique avec l’intérieur du vesti- bule, et n’est séparée de la caisse que par la membrane de la fené- tre ronde. Cette dernière cavité est remplie d’air; l'oreille interne, au contraire , est remplie d'un liquide aqueux , et la membrane qui tapisse le vestibule , ainsi que les canaux semi-circulaires , w’est pas appliquée contre les parois osseuses de ces cavités, mais comme suspendue dans leur intérieur. Le nerf de la huitième paire qui naït de la moelle allongée près du corps restiforme, et quise sépare de lencéphale entre le pé- doncule du cervelet et la protubérance annulaire, pénètre dans le rocher par un canal osseux nommé conduit auditif interne, et vient se terminer dans l’intérieur des poches membraneuses du vestibule et des canaux semi-circulaires, ainsi que dans le lima- con. C’est de lui que dépend la sensibilité de l'organe auditif, et on le nomme, pour celte raison, nerf acoustique. $ 204. Telles sont les parties principales de appareil auditif de l’homme et des animaux qui se rapprochent le plus de nous. Voyons maintenant quel est le rôle que chacune d’elles remplit dans l’exercice du sens de louïe. L’audition, avons-nous dit, est destinée à nous faire sentir les sons. Le son résulte d’un mouvement vibratoire très rapide qu'é- prouvent les particules des corps sonores. Pour s’en assurer, 1l suffit de répandre, sur une lame de verre ou sur la table d’un violon, du sable fin, et de faire produire à cette lame ou à cet instrument un son quelconque : on verra aussitôt les grains de sable s’agiter et être lancés en Pair avec d'autant plus de force que le son sera plus intense. Les ondulations qu’éprouve le corps sonore se communiquent à l’air qui est en contact avec sa sur— face, comme ils se sont communiqués au sable dans Pexpérience précédente ; et c’est ainsi, de proche en proche, que les sons se propagent au loin. Or, pour que nous puissions les entendre, il faut que les mouvemens vibratoires dont nous venons de parler arrivent jusqu'à l'oreille interne, et que, sous leur im- fluence, le liquide qui baigne immédiatement le nerf acoustique, entre lui-même en vibration. Pour se rendre raison du méca- nisme de lPaudition, il faut donc suivre la marche de ces mouvemens ondulatoires à travers les diverses parties de lappa- reil auditif qui se trouvent interposées entre l'air extérieur et le nerf acoustique. $ 205. C’est d'abord sur le pavillon de loreille que viennent frapper les vibrations sonores de Pair. Dans les animaux où cette æ SENS DE L'OUIE. 171 partie a la forme d'un cornet , elle sert à réfléchir les vibrations et à augmenter l'intensité du son qui arrive à son extrémité ré- trécie , comme cela est facile à constater par expérience. Cha- cun sait que les personnes un peu sourdes entendent avec plus de facilité lorsqu'elles appliquent à leur oreille un cornet ana- logue ; et si l’on étend sur le sommet ouvert d’un cône en car- ton une membrane mince, recouverte de sable fin, on verra que les mouvemens de cette poussière seront bien plus intenses lorsque le son arrivera à la membrane par le côté évasé de l'en- tonnoir que lorsqu'il viendra du côté opposé. Chez l’homme, la conque de l'oreille et le conduit auriculaire remplissent les mêmes fonctions; mais les autres parties du pavillon ne sont pas disposées dei manière à pouvoir réfléchir ainsi les sons vers le tympan, et elles paraissent avoir d’au- tres usages. En effet, lorsque des vibrations sonores viennent tomber perpendiculairement sur une surface élastique , les mou- vemens ondulatoires excités dans celle-ci sont bien plus intenses que dans le cas où le son arrive obliquement , et on en peut con- clure que les directions variées de la surface du pavillon de noire oreille sont destinées à présenter aux ondes sonores, quelle que soit la direction suivant laquelle elles nous arrivent, un plan ainsi disposé, et servent par conséquent, à augmenter la faculté vibrante de cet appendice élastique. Du reste, le pavillon de l'oreille n’est pas d’une très grande utilité, et sa perte n’affaiblit pas beaucoup lPouïie. Les vibrations, excitées ainsi dans le pavillon de l'oreille ou dans les parties voisines de la tête, se communiquent aux parois du conduit auriculaire et de là aux parties plus profondes de lap- pareil de l’ouïe; mais ces mouvemens ne peuvent êlre que très fai- bles, et c’est principalement par l'intermédiaire de Pair contenu dans ce conduit, que les sons pénètrent dans l’intérieur de lo- reille : aussi , en bouchant ce tube avec du coton ou tout autre corps mou, qui s'oppose à leur passage, on en rend la perception très difficile. 6 208. Le tympan sert principalement à faciliter la transmis- . sion des vibrations sonores de l'air extérieur vers le nerf acous- tique. En effet, les expériences d'un de nos physiciens les plus habiles , M. Savart, prouvent que les sons , en venant frapper sur une membrane mince et médiocrement tendue, y excitent très aisément des vibrations. Si l’on tend sur un cadre une feuille de papier , et que l’on en saupoudre la surface avec du sable, on voit celui-ci s’agiler vivement et se rassembler de manière à for- mer des lignes variées, aussitôt que l’on en approche un corps sonore en vibration. Si l’on fait la même expérience avec une planchette de bais ou une feuille de carton , on ne verra pas de Usages du conduit audi- tif. Usages tympan. du Passage du son à travers la caisse. Dans l’orcilie interne. Usage de la trompe d’Eu- stache. Utilité de la caisse. 172 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. mouvement semblable, à moins d'employer un son extrêmement intense ; mais, si on adapte à ces derniers Corps un disque mem- braneux semblable au tympan, on les verra vibrer facilement sous l'influence de sons qui, auparavant, w’auraient produit sur eux aucun effet appréciable. il est donc évident que le tympan doit entrer aisément en vi- bration , lorsque des sons viennent le frapper , et que sa présence doit augmenter la facilité avec laquelle les autres parties de Pap- pareil auditif éprouvent des mouvemens semblables. 6 207. Les vibrations se transmettent de la membrane du tym- pan aux osselets de l'oreille, aux parois de la caisse, et surtout à Pair dont cette cavité est remplie : elles parviennent ainsi à la paroi postérieure de la caisse, et là il existe, comme nous l'avons vu, des membranes tendues sur des ouvertures conduisant dans l'oreille interne , à-peu-près comme le tympan est tendu entre le conduit auriculaire et la caisse. Or, ces membranes doivent agir de la même manière que celle-ci, ©’est-à-dire entrer facilement en vibration et transmettre ces mouvemens aux parlies voi- sines. La face postérieure de ces disques membraneux est en contact avec le liquide aquenx qui remplit l’oreille interne, et dans ce liquide sont suspendues les poches membraneuses (1), qui. à leur tour, sont distendues par un autre liquide, dans lequel plongent les filets terminaux du nerf acoustique. Les vibrations que ces membranes exécutent doivent donc se transmettre à ce liquide, se communiquer ensuite au sac membraneux du vesti- bule, et arriver enfin au nerf sur lequel leur action produit la sensation du son. $ 208. On voit, par ce qui précède, que Pair contenu dans la caisse joue un rôle très important dans le mécanisme de l’audi- ion; or, si celle cavité ne communiquait pas avec lextérieur, cet air ne larderail pas à être absorbé et à disparaitre, et les vibrations du tympan ne se transmettraient plus à l'oreille in- terne que par les parois osseuses de la caisse, et n’y arriveraient que très difficilement. Cela nous rend compte des usages de la trompe d’Eustache , et nous explique comment lobstruetion de ce conduit peut devenir une cause de surdité. Le tympan n’est pas indispensable à l'audition; car, lorsque cette membrane est déchirée, les vibrations de Pair contenu (x) On les appelle le vestibule membraneux et les tubes semi-cireulaires, suivant qu’elles occupent le vestibule ox les canaux semi-circulaires; dans le limacon , 1l n’y a rien de semblable, et le liquide dont celui-ci est rempli est le méme qui baigne le vestibule membraneux. SENS DE L'OUIE. 173 dans le conduit auditif se communiquent sans interruption à Pair de la caisse, et arrivent ainsi aux membranes des fenêtres ovale et ronde. On peut donc se demander quelle en est lutilité et quel désavantage il y aurait à ce que, la caisse n’existant pas, les membranes des fenêtres ovale et ronde fussent placées à l’ex- térieur? Pour répondre à cette question , il faut d’abord se rap- peler que la manière dont les membranes vibrent sous l'influence d’un même son, varie suivant leur degré de sécheresse ou d’hu- midité, leur température, etc. Or, il est probable que deux sons font sur nous la même impression , toutes les fois qu’ils font vi- brer de la même manière le liquide dans lequel se termine le nerf acoustique, et pour que le même son agisse toujours sur nous d’une manière identique, il faut, par conséquent, que les membranes qui communiquent directement leurs vibrations à ce liquide soient constamment à la même température, et au même degré d'humidité; et c’est précisément ce qui arrive pour les membranes des fenêtres de l'oreille interne : Pair de la caisse ne se renouvelant que très lentement, est toujours complète- ment chargé d'humidité et à la même température, tandis que, si la caisse n'existait pas, ou communiquait librement avec le dehors, l’état de ces membranes changerait à chaque instant, suivant qu’elles seraient exposées à l’action d’un air chaud ou froid , sec ou humide. Cela nous explique aussi pourquoi le conduit d’'Eustache est long et étroit chez tous les animaux à sang chaud, tandis que chez les animaux à sang froid, tel que les lézards, il est court et très large; chez les premiers, il faut que Pair ait le temps de se mettre à la température du corps avant que de pénétrer dans la caisse; tandis que chez les derniers, cette température étant la même que celle de l’atmosphère , le renouvellement brusque de Pair contenu dans la caisse n’a point d’inconvéniens. $ 209. Nous avons vu que la chaine d’osselets qui traverse la Usages des caisse ei s'appuie sur le tympan et sur la membrane de la fenêtre æ ovale, vouvait exécuter certains mouvemens au moyen desquels la pression qu’elle exerce sur ces membranes augmente ou dimi- nue. L’utilité de cette disposition est facile à comprendre : si lon saupoudre de sable une membrane tendue sur un cadre, et qu’on en approche un corps sonore en vibration, on verra que, sans rien Changer à l'intensité du son, on peut augmenter ou diminuer à volonté la force avec laquelle le sable est lancé en Pair, suivant qu’on diminue ou qu’on augmente la tension de la membrane.Dans le premier cas, celle-ci exécutera, sous l'influence d’un son de même intensité, des mouvemens vibratoires bien plus étendus que lorsqu'on viendra à la tendre davantage. On peut en conclure que la pression plus ou moins forte, exercée 174 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. par le marteau sur le tympan, et par l’étrier sur la membrane de la fenêtre ovale, a pour usage d'empêcher ces membranes de vibrer trop fortement sous l'influence de sons très intenses, sans les priver pour cela de la faculté de vibrer lorsqu'un son faible vient les frapper. La pression exercée sur la membrane de la fenêtre ovale se communique aussi à la membrane de la fe- nêtre ronde, par l’intermédiaire du liquide dont l'oreille interne est remplie; et il en résulte que les osselets de l’ouie, en ap- puyant sur les deux membranes auxquelles ils sont fixés, em- pêchent les vibrations sonores qui arrivent au nerf acoustique d’être assez intenses pour endommager cet organe délicat. La perte du marteau, de l’enclume et de l’os lenticulaire , af- faiblit l’ouie, mais ne le détruit pas; celle de l’étrier est, au contraire , suivie de la surdité, car cet os, adhérant à la mem- brane de la fenêtre ovale, sa chute détermine la déchirure de cette cloison, et alors le liquide contenu dans le vestibule se perd , et le nerf acoustique ne peut plus remplir ses fonctions. . Modifiea- 6 210. Nous voyons donc que toutes les parties qui composent ets nr l'oreille externe et l’oreille moyenne servent à perfectionner lies les ani. l'audition, sans cependant être absolument nécessaires à l’exer- maux. cice de ce sens; aussi disparaissent-elles peu-à-peu à mesure que l’on s'éloigne de l’homme, et que l’on étudie la structure de l'oreille chez les animaux de moins en moins élevés dans la série des êtres Chez les oiseaux, il n’y a plus de pavillon de l'oreille ; chez les reptiles, le conduit auditif externe manque aussi; le tympan devient externe, et la structure de la caisse se simplifie ; enfin , chez la plupart des poissons, il n’y a plus de vestige, ni d'oreille externe , ni d'oreille moyenne, et l'appareil de l’ouïe ne se compose que d’un vestibule membraneux surmonté de trois canaux semi-circulaires, garni en dessous d’un petit sac qui paraît représenter le limaçon, et suspendu dans la partie laté- rale de la grande cavité crânienne. Chez les animaux placés encore plus bas dans la série des êtres, il en est de même pour le limaçon, et les canaux semi-circu- laires, parties dont nous ne connaissons pas bien les usages (1); mais le vestibule membraneux est un organe qui ne manque jamais; partout où il existe un appareil auditif, on trouve un petit sac membraneux rempli de liquide, dans lequel vient se terminer le nerf acoustique, et ce vestibule est un instrument indispensable pour l’exercice du sens de l’ouie; mais, chez la (r) D'après les expériences de M. Flourens il paraïîtrait que la destruction des canaux semi-cireulaires ne détruit pas l’ouïe, mais la rend confuse et douloureuse. SENS DE LA VUE. 175 plupart des mollusques et des insectes, on ne trouve plus aucun vestige d’un instrument spécial pour l’ouiïe, bien que ces ani- maux ne paraissent pas être insensibles aux sons. Enfin, chez les zoophytes et plusieurs autres animaux des plus inférieurs, ce sens lui-même parait manquer complètement. DU SENS DE LA VUE. $ 211. La vue est une faculté qui nous rend sensibles à l’action de la lumière, et qui nous fait connaitre, par l'intermédiaire de cet agent, la forme des corps, leur couleur, leur grandeur et leur position. L'appareil chargé de cette fonction se compose, chez l’homme et les animaux les plus voisins de nous, du nerf de la deuxième paire, de l’œil et de diverses parties destinées à protéger cet organe ou à le mouvoir. Fig. 46. (1) $ 212. Le globe de l'œil, dont ch s SA ÈNr h nous nous occuperons d’abord, est une sphère creuse, un peu renflée en avant et remplie d’hu- meurs plus ou moins fluides. Son enveloppe extérieure se compose de deux parties bien distinctes : l'une blanche, opaque et fibreuse, ca nommée selerotique (s); Vautre , transparente, et semblable à une lame de corne, qu’on appelle, pour cette raison, la rornee (ce). sr vpecbh Celle-ci occupe le devant de l œil, et se trouve comme enchâssée dans une ouverture circulaire de la sclérotique. Sa surface externe est plus bombée que celle de cette dernière membrane, et elle ressemble à un verre de mon- (1) Intérieur de l'œil: — c cornée transparente ; — s sclerotique; — s’ portion de la sclérotique renversée en dehors pour montrer les membranes situées des- sous ; — ch choroïde ; — r rétine ; — x nerf optique ; — ca chambre antérieure _ de l’œil placée entre la cornée et l'iris, et remplie par l’humeur aqueuse ; — É iris; — p pupille; — cr cristallin, placé derrière la pupille ; — pe procès ci- liaires; — # humeur vitrée; — D » portion de la conjonctive qui, après avoir recouvert la partie antérieure de l’œil, s’en détache pour tapisser les paupières. Appareil de la vue. OEil. Sclérotique, Cornée. ris. Pupille. Chambre an- térieure, Humeur a- queuse. Cristallin, Humeur vi- trée. 176 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. tre qui serait appliqué sur une sphère, et qui ferait saillie à sa surface. À une petile distance derrière la cornée, on trouve dans l’in- térieur de l'œil, une cloison membraneuse (2), qui est tendue transversalement et fixée au bord antérieur de la selérotique, tout autour de la cornée. Cette espèce de diaphragme, qui est colorée diversement, suivant les individus, est appelée srés, et présente dans son milieu une ouverture circulaire nommée pupille (p). On distingue dans le tissu de cet organe des fibres musculaires qui se dirigent, en rayonnant, du bord de la pu- pille vers la circonférence de Piris et d’autres fibres de même nature, qui sont circulaires, et qui entourent cette ouverture comme un anneau. Lorsque les premières se contractent , la pu- pille se dilate, et lorsque les dernières viennent à agir, elle se resserre. L’espace compris entre la cornée et Piris constitue la chambre antérieure de l’æil (ca, fg.46) : elle communique par l'ouverture de la pupilleavec la chambre postérieure, cavité située derrière liris, et elle est remplie, de même que celte dernière chambre, par l'humeur aqueuse, liquide, parfaitement transparent et composé d’eau tenant en dissolution un peu d’albumine et une petite quantité des sels qu’on rencontre dans toutes les sécrétions de l’économie animale. On croit cette humeur formée par une membrane qui se trouve derrière l'iris , et qui présenteun grand nombre de plis rayonnans, nommés proces ciliaires (pc). Presque immédiatement derrière la pupille se trouve une len- tille transparente, nommée cristallin (er) : elle est logée dans une poche membraneuse’et diaphane (la capsule du cristallin), et parait être le produit d’une sécrétion opérée par elle; car, lorsqu'on la retire de l'œil d’un animal vivant, sans détruire sa capsule, on voit bientôt un nouveau cristallin remplacer Pan- cien. On remarque aussi que ce corps se compose d’un grand nombre de couches concentriques , dont la dureté va en crois- sant depuis la circonférence jusqu’au centre, ce qui s'accorde très bien avec ce que nous venons de dire sur son mode de for- mation. Enfin , chacune de ces couches se compose à son tour, de fibres dont les bords paraissent s’engrener entre eux, et dont la disposition est très remarquable. Il est également essentiel de noter que la face postérieure du cristallin est beaucoup plus convexe que l’antérieure. Derrière le cristallin, on trouve une masse gélatineuse et dia- phane très volumineuse, qui ressemble à du blanc d'œuf, et qui est enveloppée par une membrane d’une ténuité extrême , dont un grand nombre de lamelles se portent en dedans, de facon à former des cloisons ou des cellules. Cette membrane est SENS DE LA VUE. 19% nommée 2yaloïde, et l'humeur qui s’y trouve Aumeur vitrée (+). Partout, excepté en avant, où se trouvent le cristallin et l'iris, l'humeur vitrée est entourée par une membrane molle et blan- châtre, nommée reline (r), qui n’est séparée de la sclérotique que par une autre membrane, également mince, qu’on appelle choroïde (ch) . Cette dernière est formée principalement par un lacis de vaisseaux sanguins, et est imprégnée d’une matière noire, qui donne au fond de l’œil la couleur foncée qu’on voit à travers la pupille, et qui manque chez les personnes et chez les animaux appelés alhinos. Le globe de l'œil recoit plusieurs nerfs : le plus remarquable par sa grosseur et par ses fonctions est le nerf optique (o) qui traverse la partie postérieure de la sclérotique et se continue avec la rétine. Cette membrane parait même n’être qu’un épa- nouissement du nerf optique, dont les fibres élémentaires vont former à sa surface antérieure une multitude de papilles cylin- driques serrées les unes contre les autres, et offrant sous le mi- croscope, l'aspect d’une mosaïque. Les autres nerfs du globe de l’œil sont excessivement grèles : on les nomme nerfs ciliaires ; ils naissent d’un petit anslion formé par la réunion de quel- ques branches des nerfs de la troisième et cinquième paires (1), el vont se distribuer à l’iris etaux parties voisines de l’intérieur du globe de l'œil. 6 213. C’est par l’intermédiaire de la lumière, avons-nous dit, que les corps placés à l’entour de nous agissent sur notre vue. Ceux qui émettent de la lumière , le soleil et les corps en igni- tion, par exemple, sont visibles par eux-mêmes; mais les au- tres ne le deviennent que lorsque la lumière qui les frappe est réfléchie par eux, de facon à arriver jusqu’à nous. Cet agent se meut avec une vitesse extrême : il ne peut agir sur nos sens qu’autant qu'il vient frapper sur la rétine, située au fond de notre œil; les corps opaques le r'éfléchissent ou Vabsorbent ; mais les corps transparens, tels que l'air atmosphé- rique et l’eau, lui livrent un passage facile. On voit donc que la première condition pour lexercice de la vision est l'absence de tout corps opaque entre les objets exté- rieurs et le fond de notre œil : aussi la cornée qui recouvre la partie antérieure de cet organe, comme un verre de montre, est-elle complètement transparente, et la lumière qui la tra- verse et qui passe par l’ouverture de la pupille, arrive-t-elle facilement sur la rétine; car elle nerencontre sur la route que le (1) Voyez la figure 40, pag. 143 Rétine. Choroïde. Nerf opti- que. Nerfs ciliai- res. Mécanisme ? de la vision. Marche de ia lumière dans l’œil, Réfraction de la lumiere dans l'œil. Influence de la densité des milieux. 178 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. cristallin, qui est diaphane et des humeurs qui le sont égale- ment. Mais, dans quelques maladies, il en est autrement , et cette perte de transparence entraine toujours la cécité ; dans Paffec- tion , connue sous le nom de cataracte, par exemple, le cristal- lin devient opaque , el s'oppose ainsi au passage de la lumière; et lorsque des taches blanches ou faies se forment sur la cornée, celte membrane devient une espèce d'écran qui empêche les rayons lumineux de pénétrer dans œil, et qui rend la vision impossible. Les parties diaphanes du globe de l'œil ne servent pas seule- ment à livrer passage à la lumière. Leur principal usage est de changer la direction des rayons qui pénètrent dans cet organe, de facon à les rassembler sur un point quelconque de la rétine; en effet, l’intérieur de l'œil ressemble assez exactement à lin- strument d'optique connu sous le nom de chambre noire , et l’i- mage des objets que nous voyons se peint sur la rétine comme sur l’écran placé derrière cet instrument. Pour nous rendre compte de ce phénomène , il est nécessaire d'examiner la mar- che des rayons lumineux à travers les corps transparens en gé- néral, et d'appliquer les connaissances ainsi acquises à l’étude du mécanisme de la vision. $ 214. La lumière marche ordinairement en suivant une ligne droite , et les différens rayons qui partent d’un point quelcon- que s’écartent entre eux de plus en plus, à mesure qu’ils avan- cent dans l’espace. Lorsque ces rayons tombent perpendiculai- rement sur la surface d’un corps transparent, ils traversent ce- lui-ci sans changer de direction; mais lorsqu'ils viennent le frapper obliquement , ils sont toujours plus ou moins déviés de leur direction primitive. Sile corps dans lequel ils pénètrent est plus dense que celui dont ils sortent, s'ils passent de l'air dans de Peau ou dans du verre, par exemple, ils forment alors un coude et se rapprochent de la perpendiculaire au point d’im- mersion ; si, au contraire, ils passent d’un milieu plus dense dans un milieu plus rare, ils s’écartent de cette perpendi- - culaire , et ces déviations sont d'autant plus grandes que le rayon frappe la surface du corps transparent plus obli- quement. Ce phénomène, qui est connu sous le nom de re/raction de la lumiere, est facile à constater; Cest à cause de ce changement dans la direction des rayons lumineux, lors de leur passage de Peau dans l'air qu’un bâton droit, plongé à moitié dans ce li- quide, parait loujours comme sil était coudé au point d’im- mersion ; el si lon place une pièce de monnaie («) au fond d’un SENS DE LA VUE. 179 Fig: 47: (À) vase vide, de façon à ce que le bord ve de celui-ci s'élève juste assez haut se Ç [pour empêcher l’œil de l'observateur / #7. dapercevoir ceLobjet, ilsuffira, pour } le rendre visible, de remplir le vase 6 avec de l’eau, car les rayons de lu- mière qui partent de la pièce, au lieu de marcher toujours en ligne droite, seront réfractés lors de leur passage de Peau dans l’air, et s’éloigneront de la perpendiculaire : or, en changeant ainsi de direction, les rayons, qui, auparayant, passaient au-dessus de l’œil de lob- servateur ; viennent alors le frapper. Les rayons lumineux, avons-nous dit, se rapprochent de la perpendiculaire au point de contact, toutes les fois qu’ils pénè- trent obliquement dans un corps plus dense que celui dont ils sortent. Il en résulte que la forme de ces corps influe beaucoup sur la marche de la lumière qui les traverse; suivant que leur surface est convexe ou concave, les rayons seront rapprochés ou écartés entre eux. Quelques exemples rendront cette proposition facile à com- prendre. Supposons que trois rayons divergens, partis du Fiy. 48. e L h A AS ROBE d RCE Rens ne Or Re. Es A DR TRS , à Die or HS va g h - b (r) D'après la position de l'œil il est évident que si la lumière marchait en ligne droite, l'observateur (f) ne pourrait apercevoir la pièce de monnaie (a) qu’autant que le rayon de lumière « e arriverait à son œil; mais les parois du vase étant opaques, ce rayon, ainsi que tous ceux situés au-dessous de la ligne a bet ae, sont interceptés. Or, lorsqu'on remplit le vase d’eau les rayons sont réfractés en passant de ce liquide dans l’air, et par couséquent l’un des rayons qui, auparavant, passait au-dessus de l’œil, le rayon a d, par exemple, sera dévié de facon à pourvoir arriver à l’observateur. 12, Influence de la courbure des surfaces. 180 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. point &, traversent l'air et viennent tomber sur une lentille, dont la surface est convexe, comme la ligne bb (fig. 48). Le rayon ac frappera perpendiculairement cette surface, et par conséquent traversera la lentille, sans éprouver de déviation ; mais le rayon a d, tombant obliquement sur cette surface, sera réfracté et rapproché de la perpendiculaire tirée au point d'immersion : or, cette perpendiculaire aura la direction de la ligne ponctuée e, et, en s’en rapprochant, le rayon lumineux, au lieu de pour- suivre sa route vers le point 4, suivra la ligne /. Il en sera ‘de même pour le rayon & g, qui, en continuant sa marche, se rapprochera de la perpendiculaire 2, et se dirigera vers le point ?, au lieu de continuer à se porter en ligne droite vers le point y. Les autres rayons qui viendraient frapper la lentille seraient réfractés d’une manière analogue, et par conséquent, au lieu de continuer à s’écarter entre eux, ils se rapprocheront et pourront même se réunir tous dans un même point, que l’on appelle le foyer de la lentille. Si la surface du cristal, au lieu d’être convexe, est concave, les rayons lumineux ne se rapprocheront pas de l’axe du faisceau, comme dans le cas précédent, mais au contraire divergeront davantage. Le rayon a d{(fiy. 49), par exemple, devra se rappro- cher de la perpendiculaire au point de contact, laquelle aura la direction de la ligne ponctuée e, et, ense déviant ainsi, ce rayon prendra la direction de la ligne /: Le rayon a 4 sera également rapproché de la perpendiculaire À, de façon à prendre la direc- tion de la ligne z. Fig. 49. La déviation que les rayons lumineux éprouvent, en traver- sant de la sorte des lentilles convexes ou concaves, est d'autant plus forte, que la courbure de la surface de ces corps est plus grande, et la simple inspection des figures dont nous venons de nous servir suflira pour faire comprendre qu’il doit en être ainsi; Car plus la courbure de la surface sur laquelle les rayons divergens viennent frapper, plus les perpendiculaires au SENS DE LA VUE. 181 point d'immersion s’éloigneront de la direction de ces mêmes rayons. La physique nous apprend aussi que les corps transparens réfractent la lumière avec d’autant plus de force qu’ils sont plus denses (c’est à-dire que, sous un même volume, ils ont un poids plus considérable), et qu’ils sont formés de matières plus combustibles. La lumière qui frappe un corps transparent ne le traverse pas en enlier : une portion plus ou moins considérable en est réflé - chie , et c’est à raison de cette propriété que ces corps rem- plissent , plus ou moins bien , l'office de miroirs. 6215. D’après ce qui précède, on voit que, lorsqu'un faisceau de rayons lumineux tombe sur la cornée , une partie doit être réfléchie par elle , tandis que le reste la traverse : C’est la Iu- mière ainsi réfléchie par la cornée qui donne aux yeux leur brillant et qui fait qu’on peut s’y mirer. Les rayons qui pénètrent dans cette lame transparente passent dans un corps beaucoup plus dense que Pair : ils sont, par conséquent , réfractés et rap- prochés de la perpendiculaire ou de laxe du faisceau avec d’au- tant plus de force, que la surface de la cornée sera plus convexe ; car plus cette membrane sera bombée , plus les rayons diver- gens qui viennent la frapper formeront, avec sa surface, un angle aigu. Si, après avoir traversé la cornée , les rayons lumineux ren- contraient de Pair, ils se réfracteraient avec autant de force que lors de leur entrée dans. cette membrane, mais en sens con- traire ; ils reprendraient, par conséquent , leur direction primi- tive ; mais l'humeur aqueuse qui remplit la chambre antérieure de l'œil a un pouvoir réfringent beaucoup plus considérable que Vair, de façon qu’en y entrant , les rayons s’écartent moins entre eux qu'ils ne s'étaient rapprochés lors de leur passage dans la cornée ; l’action de ces parties rend , par conséquent, ces rayons moins divergens qu'avant leur entrée dans Pæil, et fait qu'une quantité plus considérable de lumière arrive dans l’ouverture de la pupille. Une grande partie de la lumière qui parvient au fond de la chambre antérieure de l'œil, rencontre l'iris et est absorbée ou réfléchie au dehors par elle: celle qui tombe sur la pupille pénètre seule vers le fond de l'œil , et la quantité en est d'autant plus considérable , que cette ouverture est plus large. Aussi , lorsque la lumière qui arrive à l'œil est très faible , la pupille se dilate-t-elle, tandis qu’elle se resserre sous l’influence d’une lumière vive; l'iris, comme on le voit, est le régulateur de la quantité de lumière qui doit parvenir jusqu’à la rétine, et ilest à noter que c’est chez les animaux destinés à poursuivre leur Iufluence de la cornée, Influence de l'humeur aqueuse. Usages de la pupilie. Usaces du cristallin. Formation desimagessur la rétine. Usages du pigment de la choroïde, 182 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. proie après le coucher du soleil que la pupille est le plus dilatable. Les rayons de lumière qui ont traversé la pupille tombent sur le cristallin, espèce de lentille diaphane , qui change de nouveau leur direction et qui les fait tous converger vers un point nommé foyer, où ils se réunissent. Or, ce foyer se lrouve précisément sur la surface de la rétine , et c’est ainsi que les rayons lumineux , envoyés à l’œil de divers points d’un corps placé à disiance, sont rassemblés sur cette membrane nerveuse, de façon à y peindre en pelit Pimage de l’objet dont ils pro- viennent. 6216. IL est aisé de s'assurer, par Pexpérience, queles images se forment ainsi au fond de l'œil : il suffit de prendre un œil de lapin ou de pigeon , dont la sclérotique est à-peu-près transpa- rente ,ou, mieux encore, des yeux d'animaux albinos , et de placer devant la cornée un objet fortement éclairé , une bougie allumée, par exemple , pour voir distinetement l’image de celui- ci se peindre sur la rétine. Fig. 50. Les images qui se for- ment de la sorte sont tou- _4 Joursrenversées, el la cau- SV re | se de ce phénomène est ; : facile à trouver. En effet, si l’on observe la marche que les rayons lumineux , partant des deux extrémités d’un ob- jet (a , €, fig. 50), doivent suivre pour parvenir à la réline, on voit qu'ils doivent toujours se croiser avant que d’yarriver,elque, par conséquent , celui qui viendra de Pexirémité supérieure de l’ob- jel (4) se trouvera à la partie inférieure de l’espace occupé sur la réline par le faisceau entier de rayons formant l’image (b), landis que celui venant de l’extrémité inférieure de l’objet (e) occupera le haut du même espace (4): ilen sera de même pour tous les autres rayons, et il en résultera qu’au fond de Pœil l'objet pa- raitra renversé. 6217. La matière noire qui est située derrière la rétine et qui tapisse tout le fond de l'œil ainsi que la face postérieure de Viris , sert à absorber la lumière immédiatement après qu’elle a traversé la rétine ; si cette lumière était réfléchie vers d’autres poinis de cette membrane , elle troublerait considérablement la vue et empêcherait la formation d'images bien nettes au fond de Vœil. Aussi, chez les hommes et les animaux albinos où ce pig- ment manque , la vision est-elle extrêmement imparfaite. Pen- dant le jour, ils voient à peine de manière à pouvoir se conduire, et c’est pendant le crépuscule où même pendant la nuit, que leur vue devient distincte. SENS DE LA VUE. 183 $ 218. Leglobe de l’œil sert, comme on le voit, à conduire la lumière et à la concentrer sur la rétine ; il remplit l'office d’une espèce de lunette ; mais c’esLun instrument d'optique plus parfait qu'aucun de ceux que les physiciens sont encore parvenus à construire ; Car, en même temps qu'il est en général tout-à- fait achromatique et qu’il ne présente point d’aberration de sphéricité , sa portée peut varier considérablement. La lumière blanche est formée par la réunion de plusieurs rayons élémentaires diversement colorés, qui, étant séparés , donnent naissance au spectre solaire , el ces rayons ne sont pas également réfrangibles. Il en résulte que, lorsqu'on fait passer la lumière à travers un Corps qui la réfracte, elle est plus ou moins complètement décomposée , et les objets qui la projettent pa- raissent avoir les couleurs du spectre solaire ; mais, si le corpsqui réfracte la lumière se compose de plusieurs couches douées de forces réfringentes différentes, il est possible que les rayons élé- menlaires , qui ont été trop fortement écartés de leur route par l’une de ces couches , ne le soient pas assez par une autre, et que ces différences se compensant, il n’y ait, en dernier résultat, au- cune décomposition semblable dans la lumière réfractée, et, par conséquent, aucune production de couleurs. On appelle chromatisme celle propriété de dévier la lumière de sa marche, sans y développer des couleurs, et, par conséquent, les lentilles achromatiques sont celles qui ferment en leur foyer des images incolores ou n'ayant que les couleurs de l'objet représenté. On obtient deslunettes achromatiques en combinant différens verres , dont les uns corrigent la dispersion de la lu- mière produite par les autres , de façon à réunir tous les rayons en un même foyer. Il esi probable que lachromatisme de Pœæil dépend de quelque disposition analogue ; mais les physiciens ne sont pas d'accord sur l'explication de ce phénomène : les uns pensent qu’il dépend de la diversité des humeurs de cet organe ; d’autres Pattribuent aux différences de densité qui existent dans les différentes couches du erisiallin. L’aberration de sphericite consiste dans la réunion des rayons qui tombent sur différentes parties d'une lentille à des foyers sensiblement différens , d’où résulte un défaut de netteté dans les images ; lorsque les lentilles sont très convexes , les rayons: qui passent près des bords ne se réunissent pas au même foyer que ceux qui traversent la partie centrale de Pinstru- ment, et, pour obtenir des images nettes, on est obligé d'in- tercepier le passage des premiers, en plaçant au devant de la lentille un diaphragme percé d’un trou. Or, les images qui se forment derrière le cristallin de Pœil ne sont jamais diffuses, elon attribue cette absence d’aberration de sphérieité à l'iris , Perfection de l'œil con- sidéré comme instrument d'optique, L'œil est a - chromatique. Vision à di- stances diffé- rentes. Myopie et presbytisme. 184 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. qui remplit la fonction des diaphragmes placés dans l’intérieur des lunettes. Chacun sait que l’on peut voir d’une manière tout aussi nette des objets placés à quelques pouces de l'œil ou à une distance même très considérable de cet organe. Dars nos instrumens d'optique , au contraire , image qui se forme au foyer d’une lentille avance ou recule, suivant la distance à laquelle se trouve l'objet : on a donc supposé que , pour donner à notre vue des portées si différentes , le cristallin devait se rapprocher ou s’éloi- gner de la rétine , suivant les besoins , ou bien que la forme. du globe de l'œil devait changer. Mais lobservation directe ne confirme pas ces hypothèses, et jusqu’iei cette particularité n’a pas pu trouver d'explication satisfaisante. Il est seulement à no- ter que c’est sous l’influence de la volonté que s’opèrele change- ment qui survient dans l'œil, lorsque cet organe se dispose pour la vision distincte à telle ou telle distance , quelle que soit, du reste , la nature de ce changement. Mais l’œil ne possède pas toujours , au même degré, cette faculté précieuse : quelquefois on ne peut voir distinctement qu’à la distance de quelques pieds : plus près toutes les images sont confuses ; et d’autres fois , au contraire , la vue ne devient nette que lorsque les objets sont approchés de l’œil à une distance de quelques pouces , et tout ce qui se trouve au-delà parait comme enveloppé d’un nuage. La première de ces infirmités, connue sous le nom de presby- tisme, dépend d’un défaut de convergence dans les faisceaux lumineux qui traversent les humeurs de l'œil. Les rayons qui arrivent à cet organe, d’un objet très éloigné , divergent très peu et peuvent être rassemblés au point où se trouve la rétine , bien que la force réfringente de lœil ne soit pas considérable ; mais ceux qui viennent d’un objet très rapproché divergent beau- coup , et la force réfringente de l'œil se trouve trop faible pour les rapprocher de façon à les réunir sur un point déterminé de la rétine. Aussi les presbytes ont-ils ordinairement la pupille contractée, comme s'ils faisaient un effort continuel pour ne laisser entrer dans leur œil que les rayons qui tombent sur le centre du cristallin, et qui n’ont pas besoin d’être beaucoup déviés de leur route , pour se rassembler derrière le cristallin au point occupé par la rétine. Ce défaut de pouvoir réfringent dans l’œil parait tenir, en général, à un aplatissement de la cornée ou du cristallin , circon- stances quieffectivement doivent tendre à produire le presby- tisme , et qui se montrent presque toujours chez les vieillards. La myopie résulte d’un effet contraire : les rayons qui tra- versent l'œil sont alors déviés de leur route avec tant de force, SENS DE LA VUE. 185 qu’à moins d’être très divergens, ils se croisent avant que d’arri- ver sur la rétine. Cette imperfection de l’organe visuel dépend , en général, d’une trop grande convexité de la cornée ou même du cristallin ; mais elle peut être une suite de l'habitude que l'œil prend de s’adapter à la vision à courte distance , et c’est de la sorte que , par l’usage de verres grossissans , il est possible de se rendre myope à volonté, statagème auquel on a vu de jeunes conscrits avoir recours , pour se faire exempter du service militaire. On remarque que les personnes qui ont la vue trop courte deviennent moins myopes par les progrès de l’âge , et cela se comprend facilement, parce que la sécrétion des humeurs de l'œil devient toujours moins abondante pendant la vieillesse : or, cette diminution, qui tend à rendre la cornée moins convexe, rend la vue plus longue ; dans la plupart des cas , elle détermine le presbytisme ; mais ici elle ne fait d’abord que corriger les défauts de l’œil et donner à la vue sa portée ordinaire. Il en résulte qu’en général la vue des myopes s'améliore à l’âge où celle de la plupart des personnes s’affaiblit; mais, comme cette diminution dans l'abondance des humeurs de l'œil continue toujours , il arrive un momentoù l'œil du myope devient aussi top peu réfringent , et sa vue, par conséquent , trop longue. Pour corriger ces défauts naturels de l'œil, on a recours à des moyens dont leflicacité vient confirmer l’explication que nous venons de donner de la cause, soit de la myopie, soit du presby- lisme. On place devant les yeux des verres, dont les surfaces sont disposées de façon à augmenter ou à diminuer la divergence des rayons qui les traversent. Les myopes se servent de verres concaves qui tendent à disperser la lumière, et les presbytes emploient des verres convexes qui tendent, au contraire, à rapprocher les rayons divergens de l’axe du faisceau. $ 219. C’est le contact de la lumière sur la rétine, avons-nous dit, qui détermine la vision; et, effectivement, lorsque cette membrane est frappée de paralysie (état qui constitue la maladie connue sous le nom de goutte sereine), ce sens est complète- ment détruit. Mais la sensibilité de la rétine est tout-à-fait spé- ciale : cette membrane nerveuse ne jouit que peu ou point de la sensibilité tactile , et on peut la toucher ou même la pincer et la déchirer sur un animal vivant, sans que celui-ci manifeste aucun signe de douleur. Tous les points de la rétine sont aptes à recevoir l'impression de la lumière; mais la partie centrale de cette membrane jouit d’une sensibilité bien plus exquise que tout le reste, et c’est seulement lorsque les images des corps extérieurs se forment dans celte partie, que nous les voyons bien distinctement : aussi, Usage de la rétine, 136 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. lorsque nous regardons un objet quelconque, avons-nous le soin de diriger sur lui Paxe de nos yeux. Du reste, celle sensibilité particulière de la rétine a des bornes : une lumière trop faible est sans action sur cette membrane, el une lumière trop forte la blesse et la met hors d'état d'agir. Mais, à cet égard , l'influence de habitude est extrême : lorsqu'on est reslé long-temps dans lPobscurité, une lumière, même très faible, éblouit les yeux, et rend, pendant quelques instans, la rétine incapable de remplir ses fonctions, landis que les per- sonnes accoutumées à la lumière du jour n’éprouvent ces mêmes effets qu'en regardant les objets les plus éclatans, en cherchant, parexemple, à fixer le soleil. Lorsqu'on regarde pendant long-temps le mème objet, sans changer de position, le point de la réline qui en recoit l’image ne larde pas à se fatiguer, et cette fatigue, portée au-delà d’une certaine limite, prive, pendant quelque temps, la partie qui l’éprouve de sa sensibilité ordinaire. Ainsi, lorsque nous regar- dons pendant quelque temps une tache blanche située sur un fond noir, et qu’ensuile nous transportons notre vue sur un fond blanc, nous croyons y voir une tache noire, parce que le point de la rétine, précédemment fatigué par la lumière blan- che, y est devenu insensible. La fatigue qu'éprouve la rétine par l'exercice de ses fonctions dépend aussi en partie des efforts que lon fait pour regarder les objets placés sous les yeux. Si l’on cherche à voir avec atten- tion des corps très faiblement éclairés, on éprouve bientôt un sentiment douloureux dans l'orbite e£ même dans la têle. Il est aussi à noter que l'impression produite sur la rétine par le contact de la lumière, dure pendant un certain temps après que ce contact a cessé: aussi, lorsque des images différentes viennent se peindre successivement sur le même point de cette membrane, avec assez de rapidité, pour que l'impression de l’une ne se soit pas encore éteinte avant que celle de Pautre ne commence , ces images se confondent, et la sensation qui en ré- sulte ne diffère pas de celle qui dépendrait d’une seule et mème image. C’est pour cette raison que lorsqu'un corps décrit un cercle avec beaucoup de rapidité, on croit voir un anneau, el qu'une roue qui tourne avec vitesse ne parait plus avoir des rayons séparés par des intervalles vides, mais ressemble à un disque. , Rôle du nerf $ 220. Le nerf optique, qui, en s’épanouissant au fond de optique. l'œil, forme la rétine, transmet au cerveau les impressions pro- duites sur cette membrane par le contact de la lumière : aussi - sa section produit-elle immédiatement une cécité complète. Rôle du nerf Du reste, pour que la rétine remplisse ses fonctions, il faut le SENS DE LA VUE. 187 concours, non-seulement du nerf optique, mais aussi du nerf de la cinquième paire, que nous avons déjà vu exercer la plus grande influence sur le goût et l’odorat. Lorsqu'on fait la section de ce nerf entre le cerveau et le point où naissent les branches qui se rendent à l’œil, on détruit la vision. L’animal parait en- core distinguer lPobscurité de la lumière, mais il est réellement aveugle; et, chose singulière, au bout de quelque temps la cor- née devient opaque, s’ulcère, et l’œil se vide et s’atrophie. Ce sont les hémisphères du cerveau qui paraissent être le siège de la perception de ces sensations , comme de Loutes les autres ; car, lorsqu'on les détruit, l'animal devient aussitôt aveugle ; mais il est d’autres parties de l'encéphale qui exercent aussi la plus grande influence sur ce sens : ce sont les lobes optiques ou tubercules quadrijumeaux (page 143, fig. 40 g). Si on les détruit sur un oiseau (où ces parties sont très développées), on déter- mine également la cécité, et il est à noter que les animaux qui ont la rétine la plus développée et les nerfs optiques les plus gros , sont aussi ceux où ces lobes acquièrent le plus de volume et ont la structure la plus compliquée ; on peul même considérer ces organes comme une dépendance des nerfs optiques, etcomme étant les liens qui les unissent aux hémisphères cérébraux. Mais, ce qui frappe le plus dans ces expériences sur lPencé- phale, c’est de voir que la destruction de lhémisphère cérébral ou du lobe optique d’un côté n’entraine pas la perte de la vue du même côté : c’est l’œil du côté opposé qui devient aveugle, et Panatomie nous donne, jusqu'à un cérlain point, Pexplication de ce fait; car les nerfs optiques, peu après leur séparation du cerveau, se réunissent et s’entrecroisent, de facon que celui qui vient du lobe droit envoie une grande partie de ses fibres ou même la totalité à l’œil gauche, et vzce vers. 6221. Lorsque les deux yeux sont dirigés sur le même objet, il se forme une image de celui-ci au fond de chacun de ces or- ganes , et on peut se demander comment il se fait que cela étant, nous ne voyions pas les objets doubles : nous ignorons la cause de ce phénomène; mais il est important de noter que, pour qu’une sensation unique soit le résultat de ces deux impressions distinctes, il faut que celles-ci affectent certaines parties déter- minées des deux rétines entre lesquelles. il existe une sorte de sympathie. En effet, pour que les deux images donnent lieu à deux sensations, et pour que nous voyions comme deux corps distincts, un seul objet, il sufit de déranger l’axe de l’un des yeux, de façon à faire tomber l’image qui s’y forme sur un point de la rétine, qui n’est pas en harmonie avec le point de la rétine occupé par l’autre image dans l’œil du côté opposé. C’est une expérience que chacun peut faire, en appuyant légèrement Île de la cinquie- me paire. Rô!e du cer- veau. Concours des deux yeux. Manière dont l’œil apprécie la forme et la position des objets. Apprécia- tion des dis- tances, 188 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. doigt sur l’un des yeux du côté externe et supérieur de cet organe. $ 222. Nous jugeons de la forme des corps par celle de l’image qu'ils produisent sur notre rétine : aussi, lorsque, par une cause quelconque, la forme des faisceaux lumineux qu’ils envoient vers celte membrane, vient à être changée avant son arrivée à l'œil , tombons-nous, à cet égard, dans des erreurs plus ou moins grandes. L'expérience, déjà citée, d’un bâton plongé à moitié dans l’eau et paraissant alors coudé, bien qu’il soit réellement droit, est une illusion d'optique de ce genre. Nous jugeons de la position des objets dont nous sommes en- tourés, par la direction des rayons lumineux qu’ils nous en- voient, et nous les voyons toujours dans le prolongement de la ligne droite, suivie par ces rayons au moment où ils pénètrent dans notre œil. C’est ainsi que, lorsque le faisceau lumineux , envoyé par un de ces objets sur une surface polie (un miroir, par exemple), est réfléchi par celle-ci, de façon à faire un angle quelconque avant que de parvenir à notre œil, nous voyons Pobjet comme s’il était placé derrière le miroir dans le pro- longement de la ligne droite, suivie par le rayon, pour arriver de cet instrument à nous. Le jugement peut rectifier les conséquences que nous tirons de cette sensation, mais elle existe toujours. Ceci nous explique aussi pourquoi nous ne nous servons que d’un seul œil, lorsque nous voulons nous assurer si des corps sont exactement alignés entre eux. En effet, lorsque cette con- dition est remplie, et que nous plaçons l’um de nos yeux sur le prolongement de la ligne occupée par ces objets, le rayon Tlumi- neux qui se dirige du dernier corps vers notre œil, ne peut y arriver, élant interceplé par l’avant-dernier , et ainsi de suite, de façon que le corps le plus rapproché nous cache en totalité ou en partie tous les autres, tandis qu’en les regardant avec les deux yeux, la même chose n’arrive que lorsque ces objets sont si- éloignés de nous, que les rayons qu’ils envoient à nos yeux sont presque parallèles, ou bien lorsque l’objet intermédiaire est très grand, par rapport au dernier, ou très rapproché de lui, et encore la coïncidence ne se voit-elle alors que d’une manière beaucoup moins nette que si l’observateur ne se servait que d’un seul de ses yeux. $ 223. Pour apprécier la distance qui nous sépare des objets, Paction simultanée des deux yeux nous est, au contraire, d’un grand secours; on peut s’en assurer par l’expérience suivante Suspendez à un fil un anneau, et cherchez à y introduire un crochet fixé à l’extrémilé d’une longue baguette : en vous servant des deux yeux, vous réussirez facilement à chaque coup; mais SENS DE LA VUE. 189 si vous fermez un œil, vous aurez la plus grande difficulté à enfiler l'anneau : le crochet ira au-delà ou restera en decà, et ce ne sera que par hasard ou en tâtonnant long-temps que vous parviendrez à l’introduire dans l'anneau. Aussi, lorsqu'une personne vient à perdre un æil, reste-t-elle en général très long-temps sans pouvoir juger sainement de la distance des corps placés près d'elle, et cette privation rend- elle pour toujours cette appréciation beaucoup plus difficile. Du reste l'utilité des deux yeux, dans ce cas, est facile à ex- pliquer d’après les lois de la physique. En effet, lorsqu'un ob- jet est peu éloigné, il faut, pour que son image tombe sur le même point de la rétine des deux yeux, que l’axe de ces organes converge vers le point regardé, et cette inclinaison, dont nous avons la conscience, est d'autant plus grande que l’objet est plus rapproché de nous. Mais lorsque les objets sont assez éloi- gnés pour qu’en les regardant, les axes optiques des deux yeux deviennent sensiblement parallèles, nous n'avons plus de règle sûre pour déterminer leur distance, et nous ne pouvons appuyer notre jugement que sur des considérations plus ou moins trom- peuses , Lelles que l'éclat de la Inmière, la netteté avec laquelle nous distinguons les détails, la grandeur de l’objet lui-même, si elle nous est connue d'avance, etc. Lorsqu'on peut comparer l’objet éloigné à d’autres objets intermédiaires, cette apprécia- tion devient beaucoup plus sûre ; mais chacun sait combien il est difficile de juger de la distance d’une lumière que l’on aperçoit au milieu de la nuit lorsque l'obscurité empêche de voir les autres objets environnans. Le concours des deux yeux est encore utile en ce qu’il fait pa- raitre les objets plus éclairés. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder une bande de papier blanc avec l’un des yeux, et de placer devant l’autre un obstacle qui cache la moitié de l’objet : la partie vue par les deux yeux à-la-fois paraîtra beaucoup plus éclairée que celle qui n’est vue que par un seul. $ 224. La manière dont nous jugeons de la grandeur des corps dépend bien plus de l'intelligence et de l’habitude que de Pac- lion même de l’appareil de la vision ; en effet, ce qui nous guide d’abord est la grandeur de l’image qui se forme au fond de l'œil ; mais à mesure que la distance qui nous sépare d’un objet aug- mente, celte image diminue de façon que, pour juger des di- mensions du premier , il faut toujours tenir compte de la dis- tance à laquelle nous le croyons placé. C’est pourquoi, quand on n’apprécie pas exactement son éloignement, on juge diffici- lement de la grandeur d’un corps qu’on voit pour la première fois ; une montagne , que nous voyons de loin pour la première fois, nous paraît en général beaucoup plus petite qu’elle ne l’est Apprécia- tion du volu- me des objets. Apprécia- tion des mou- vemens des objets. Illusions d'optique. Nécessité de l'éducation du sens de la vue. 190 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. réellement, parce que nous la croyons près de nous lorsqu’en réalité elle est encore très éloignée. $ 225. L’estimation du mouvement des corps se fait tantôt par le changement de direction de la lumière qui parvient à l'œil , d’où résulte le déplacement de son image sur la rétine ; tantôt par les variations de la grandeur de cette même image. Pour que nous puissions suivre le mouvement d’un corps, il faut que son déplacement ne soit pas irop rapide, car alors nous ne l’aper- cevons pas, à moins que la quantité de lumière qu’il projette ne soil extrêmement considérable, et dans ce cas il produit sur nos yeux le même effet que s’il occupait momentanément toute la longueur de la ligne qu’il parcourt D’un autre côté, nous ne reconnaissons , en général, que très difficilement et quelquefois même nous ne pouvons reconnaitre le mouvement des corps dont l’image ne se déplace qu'avec beaucoup de lenteur, soit à cause de la lenteur réelle de leur mouvement , comme cela a lieu pour aiguille d’une montre, ou deleur gr and tue comme cela a lieu pour les astres. D’après tout ce que nous venons de dire sur Ja mtiété dont nous jugeons de la distance et de la grandeur des corps, il est aisé de voir que le sens de la vision a besoin d’une espèce d’édu- cation , et que même il est des circonstances où il doit toujours nous induire en erreur. C’est en tenant compte de ces erreurs, connues en physique et en physiologie sous le nom d slilisione d'oplique, ainsi que des lois de l’économie animale dont elles dépendent, que les arts parviennent à en produire à volonté, à faire paraître saillantes etarrondies des surfaces planes et à faire paraître plus ou moins éloignés des objets placés près de nous. 6 226. Pour que la vue nous donne les connaissances précieu- ses qu’elle est susceptible de nous communiquer , il faut à ce sens un long exercice et une véritable éducation. L’enfant qui vient denaitre distingue tout au plus la lumière de l’obscurité, et bien que son œil présente déjà toutes les qualités physiques né- cessaires à la vision (1), il ne commence à voir qu'après quelques semaines d'existence. Il ne fixe d’abord les yeux que sur les ob- jets les plus éclatans, tel que le soleil, et il ne distingue aucun objet; les premiers qui le frappent sont ceux dont la couleur est rouge; bientôt il paraît distinguer les autres couleurs bien tran- (1) Dans le fœtus qui n’a pas atteint son septième mois, ilen est autrement, l'iris n’est pas encore perforé; mais à cette époque la membrane pupillaire qui occupe la place de la pupille, se rompt et est absorbée de facon à donner accès à la lumière. SENS DE LA VUE. 191: chées, mais il n’a encore aucune idée nt des distances ni des grandeurs, et on le voit étendre la main pour saisir les objets méme les plus éloignés et n'avoir aucun égard à leurs dimen- sions. Peu- à-peu la vision se perfectionne, et c’est principale- ment en corrigeant par le secours des autres sens les erreurs auxquelles celui-ci expose, que l'enfant acquiert la faculté de ju- ger sainement de ce qu’il voitautour de lui. . Du reste, pour bien apprécier l'espèce d'éducation nécessaire à la vision, il suflit de lire l'histoire curieuse d’un aveugle de naissance, à qui Cheselden, célèbre chirurgien anglais, rendit la vue à un âge assez avancé pour que ce jeune homme pül ana- lyser toutes ses sensations et en rendre compte. « Lorsque ce jeune homme vit la lumière pour la première fois, il était si éloigné de pouvoir juger en aucune facon des distances, qu'il croyait que tous les objets touchaient ses yeux (ce fut l’expression dont il se servit), comme les objets qu’il palpait touchaient sa peau. Les objets qui lui étaient les plus agréables étaient ceux dont la forme était unie ei la figure ré- gulière, quoiqu'il ne püt encore former aucun jugement sur leur forme, ni dire pourquoi ils lui paraissaient plus agréables que les autres. Il n’availeu , pendant le temps de sa cécité , que des idées si faibles des couleurs qu’il pouvait distinguer alors à une forte lumière , qu’elles n’avaient pas laissé de traces suf- fisantes pour qu’il püt les reconnaitre. En effet , lorsqu'il les vit, il disait que les couleurs qu’il apercevait n’étaient pas les mêmes qu'il avait vues autrefois; il ne connaissait la forme d'aucun objet, et il ne distinguait aucune chose d'une autre , quelque différentes qu’elles pussent être de figure ou de grandeur. Lors- qu’on lui montrait des objets qu’il connaissait auparavant par le toucher , il les regardait avec attention et les observait avec soin pour les reconnaitre une autre fois; mais comme il avait trop d'objets à retenir à-la-fois, il en oubliait le plus grand nombre, et dans le commencement qu'il apprenait, comme il disait , à voir et à reconnaitre les objets, il oubliait mille choses pour une qu’il retenait. Il se passa plus de deux mois avant qu’il püût reconnaitre que des tableaux représentaient des corps so- lides; jusqu'alors il ne les avait considérés que comme des plans différemment colorés et des surfaces diversifiées par la variété des couleurs ; mais lorsqu'il commença à concevoir que ces ta- bleaux représentaient des corps solides , il s’attendait à trouver, en effet, des corps solides en touchant la toile du tableau, et il fut très étonné, lorsqu’en touchant les parties, qui, par la lu- mière el les ombres lui paraissaient rondes et inégales , il les trouva plates et unies comme le reste : il demandait quel était donc le sens qui le trompait, si c’élait la vue ou si c’élail le tou- Histoire de l’aveugle de Cheselden, Parties ac- cessoires de l'appareil de la vue, Organes mo- teurs. 192 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. cher. On lui montra alors un petit portrait de son père, qui était dans la boite de la montre de sa mère : il dit qu'il reconnaissait bien que c'était la ressemblance de son père, mais il demandait, avec un grand étonnement, comment il était possible qu’un vi- sage aussi large pût tenir dans si petit lieu, que cela lui parais- sait aussi impossible que de faire tenir un boisseau dans une pinte. Dans les commencemens, il ne pouvait supporter qu'une très faible lumière , et il voyait tous les objets extrêmement gros; mais à mesure qu’il voyait des choses plus grosses , 1l jugeait les premières plus petites : il croyait qu'il n’y avait rien au-delà des limites de ce qu’il voyait. On lui fit la même opération sur l’autre œil, plus d’un an après la première, et elle réussit éga- lement. Il vit d’abord de ce second œil les objets beaucoup plus grands qu’il ne les voyait de l’autre, mais cependant pas aussi grands qu'il les avait vus du premier œil; et lorsqu'il regardait le même objet des deux yeux à-la-fois , il disait que cet objet lui paraissait plus grand qu'avec son premier œil, mais il ne le voyait pas double, ou du moins on ne put pas s'assurer qu'il eùt vu les objets doubles lorsqu'on lui eut procuré l'usage de son second œ1l. > En abordant l'étude de la vision, nous avons dit que Pappa- reil chargé de l’exercice de ce sens se composait d'une partie essentielle, qui est le globe de l’œil et le nerf optique , et de di- verses parties accessoires destinées à mouvoir ou à protéger la première. 6 227. Les organes moteurs destinés à faire varier la direction des yeux, sontdes muscles qui entourent le globe de Pæil et qui Fig. 51. (1) s’insèrent à la sclérotique par h" e leur extrémité antérieure, tan- dis que par leur extrémité pos- térieure ils se fixent aux os si- tués derrière cet organe. Le globe de l’œil lui-même re- pose sur du tissu cçllulaire graissenx sans y adhérer for- tement, el il en résulte que chacun de ces muscles en se contractant le tire de son cô- té, de façon à le faire rouler (1) Coupe verticale de l'orbite pour montrer la position de l'œil et de ses muscles: — a cornée; — À sclérotique; — c nerf optique, dont l’extré mité 0p- SENS DE LA VUE. 193 sur lui-même et à changer la direction de son axe. Ces muscles sont au nombre de six : quatre d’entre eux , appelés muscles droits de l'œil se fixent aux quatre points opposés de la circon- férence de la sclérotique, et se portant directement en arrière, vont s'attacher au fond de l’orbite, de façon qu’en se raccour- cissant , ils peuvent diriger l’œil en haut, en bas, à droite, ou à gauche suivant que l’un ou l'autre d’entre eux vient à agir. Enfin deux autres de ces muscles qui portent le nom de muscles obliques de L’œil (k, g), sont disposés de facon à faire exécuter à cet organe des mouvemens de rotation, qui dirigent la pupillé en bas eten dedans, ou bien en haut et en dehors. Les nerfs qui donnent le mouvement à ces muscles appartien- nent exclusivement à l'appareil de la vision : ce sont ceux de la troisième , de la quatrième et de la sixième paires (/£g. 40). Les muscles droits sont entièrement soumis à la volonté; les muscles obliques agissent souvent indépendamment d'elle, et c’est de leur contraction que dépend le renversement des yeux pendant la syncope. $ 228. Les parties protectrices de l'appareil de la vision méri- tent aussi de fixer notre attention. Celles que nous devons si- gnaler d’abord sont les cavités osseuses qui logent les yeux et qui sont appelées orbites. Ce sont des fosses profondes creusées dans la face, et cloisonnées par divers os de la tête: elles sont très vastes et ont à-peu-près la forme d’un cône, dont la base serait dirigée vers l'extérieur , et dont le sommet, tourné vers le cerveau, serait percé d’un trou pour le passage du nerf optique. Chez l’homme et les singes, les orbites sont dirigés en avant, et leur paroi externe les sépare complètement des fosses tem- porales; mais à mesure que l’on examine des animaux qui, par l’ensemble de leur organisation, diffèrent de plus en plus de ceux-ci, on voit les orbites devenir de plus en plus latérales et se confondre de plus en plus avec les fosses temporales. Du reste, le globe de l'œil est séparé des parties ossenses de l'orbite par ses muscles et par une grande quantité de tissu cel- lulaire graisseux qui l’entoure comme une pelote élastique. $ 229. En avant, l’œil est protégé par les sourcils, par les pau- posée pénètre dans le globe de l'œil; — 4 muscle droit inférieur de l'œil; — e muscle droit supérieur de l'œil; —f portion du muscle droit externe de l’œil ; au fond de l'orbite on voit l’autre extrémité de ce muscle, dont toute la partie moyenne a été enlevée pour montrer le nerf optique situé derrière elle; — g ex- trémité du muscle petit oblique ; — } muscle grand oblique; dontle tendon passe dans une petite poulie avant de se fixer à la sclérotique; —- : muscle relevateur de la paupière supérieure; — À glande lacrymale. 13 \ Parties pro- tectrices. Orbites, Soureils. Paupières. 194 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. pières et par un liquide particulier, les larmes, dont sa surface est toujours baignée. Les sourcils sont des saillies transversales formées par la peau, qui, dans ce point, esi garnie de poils et pourvue d’un muscle spécial destiné à la mouvoir. Ils servent à protéger l'œil contre les violences extérieures, à empêcher que la sueur qui coule du front n'aille irriter la surface de cet organe ; enfin, à le garantir de l'impression d’une lumière trop vive, surtout lorsque celle-ci vient d’un lieu élevé. $ 230. Les paupières, chez l’homme et tous les autres animaux mammifères, sont au nombre de deux, situées l’une au-dessus de l’autre, et distinguées, par cette raison , en supérieure et en inférieure. Ce sont des espèces de voiles mobiles placés au- devant de l'orbite, et dont la forme s’accommode à celle du globe de l'œil, de façon qu’étant rapprochés , ils couvrent complètement la face antérieure de cet organe. Extérieurement, elles sont form‘es par la peau , qui , dans ce point, est très fine, demi transparente, el soutenue par une lame fibro-cartilagi- neuse (cartilage tarse'. Leur face interne est tapissée par une membrane muqueuse nommée conjoncetive, qui se réfléchit sur le globe de Pœæil, recouvre toute la partie antérieure de la sclé- rotique et se confond avec la cornée transparente. Le bord libre des paupières est garni d’une rangée de céls et présente, derrière ces poils, une série de pelits trous en communication. avec les glandes de Meïbomius, follicules logés dans épaisseur des carti- lages tarses , et servant à sécréter une humeur particulière , qui , lorsqu'elle est épaissie et desséchée, comme cela arrive souvent après le sommeil, est connue sous le nom de chussie. Enfin, on trouve encore, dans l'épaisseur des paupières, des muscles des- tinés à les mouvoir; l’un de ceux-ci entoure leur ouverture comme un anneau, et les resserre avec plus ou moins de force (fig. 33 h, p.98); l’autre s'étend de la paupière supérieure jus- qu’au fond de l'orbite , et sert à relever ce voile (fg. 51, #). Les paupières empêchent l'accès de la lumière à l'œil pen- dant le sommeil. Pendant la veille, elles se rapprochent ou s’écartent, de façon à ne laisser passer que la quantité de lumière nécessaire à la vision, mais insuffisante pour blesser la rétine; elles garantissent aussi l'œil du contact des corps étrangers qui voltigent dans Pair, le préservent des chocs par leur occlusion presque instantanée, et s'opposent aux effets du contact pro- longé de lair par des mouvemens continuels, qui reviennent à des intervalles à-peu-près égaux. L’un des usages de la conjonclive est de faciliter ce mouve- ment, nommé clignement. Cette membrane, dont la sensibilité est exquise, sécrèle une humeur qui augmente le poli de sa sur- SENS DE LA VUE. 195 face, et qui adoucit le frottement continuel de la portion pal- pébrale de la conjonctive sur la portion oculaire ; mais ce liquide ne suffit pas à cet effet, el, pour que la conjonctive rem- plisse convenablement ses fonctions, il faut que sa surface soit continuellement lubrifiée par les /armes. $ 231. Cette humeur, qui se compose d’eau , tenant en disso- lution quelques millièmes de matière animale, et des sels qu’on retrouve dans tous les liquides de l’économie animale, se forme dans une glande assez volumineuse , située sous la voûte de lor- bite, derrière la partie externe du bord de cette cavité et au- dessus du globe de l'œil (page 192, fig. 51, 4). Cette glande lacrymale verse des larmes à la surface de la con- Jonctive par six ou sept petits canaux, qui viennent s'ouvrir sur cette membrane, vers la partie supérieure et externe de la pau- pière supérieure. Les larmes se répandent ensuite sur toute la surface de la conjonctive, en empêchent le dessèchement et forment une couche uniforme , qui donne à l’œil son poli et son brillant. Elles doivent aussi servir à empêcher l’évaporation des humeurs du globe de l’æil et celle des liquides, dont la cornée est imbibée ; et en effet, lorsque après la mort, les larmes cessent de se répandre ainsi sur la surface de l'œil, celui-ci ne tarde pas à devenir flasque, et la cornée perd sa transparence. Les larmes, qui ne s’'évaporent point ou qui ne sont pas ab- sorbées par la conjonctive, vont se rendre dans les fosses nasales, en traversant des canaux dont les ouvertures se voient au bord libre de chaque paupière, près de l’angle interne de œil, au point où ces organes quittent le globe de œil, pour se porter sur la caroncule lacrymale, corps saillant et de couleur rosée, qui est formé principalement d’un amas de petits follicules. Ces deux ouvertures, nommées points lacrymanx, sont extrêmement étroites, et communiquent avec des canaux très fins, qui sont logés dans l’épaisseur des paupières, et se dirigent directement en dedans, pour déboucher dans le canal nasal. Ce dernier conduit s'étend depuis l’angle interne de l'œil jusqu’au méat inférieur des fosses nasales, et traverse, pour s’y rendre, un canal osseux pratiqué entre lorbite et le nez. Dans l’état ordinaire , Pabsorption des larmes par les points lacrymaux ne se fait que d’une manière fort lente ; mais, lorsque celles-ci deviennent très abondantes , et qu’elles roulent dans les yeux , leur passage dans les fosses nasales devient si rapide, qu’on éprouve à chaque instant le besoin de se moucher. Quel- quefois , dans certaines émotions vives de Pâme , par exemple, la sécrétion des larmes devient même si abondante , que ce liquide déborde les paupières et tombe sur les joues. Le larmoiement peut dépendre aussi d’une auire cause: 1l 13. Larmes. Yeux des au- tres animaux. Perception des impres- sions. Attention. 196 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. arrive quelquefois une ebstruction du canal nasal, qui empêche les larmes d'arriver dans les fosses nasales. Ce liquide s'écoule alors sur les joues et s’accumule aussi avec tant de force dans la partie supérieure du canal obstrué, qu'il-en résulte une tumeur plus ou moins considérable , ou même la rupture de ses parois et la formation d’une fistule lacrymale. 6232. La structure de l’appareil de la vision et le mécanisme de la vue sont, à peu de chose près , les mêmes chez l’homme et chez tous les mammifères , ainsi que chez les oiseaux, les rep- tiles et Les poissons. L’œil de quelques mollusques , tels que les poulpes, ressemble également un peu au nôtre; mais , chez la plupart des animaux de cette classe , sa structure est très diffé- rente , et chez les arachnides, les crustacés et les insectes, ces organes ont à peine quelques points de ressemblance avec les yeux des animaux supérieurs. Dans la suite de ces leçons , nous ferons connaitre ces particularités. DES FACULTÉS INTELLECTUELLES ET INSTINCTIVES. $ 233. Nous avons déjà vu que, pour que l’homme ait la con- naissance de l'impression produite par les corps qui agissent sur ces organes, il ne suffit pas que ces parties soient douées de la faculté de sentir, et que les sensations dont elles sont le siège parviennent Jusqu'au cerveau par l'intermédiaire des nerfs ; pour que l’impression , ainsi reçue par le cerveau, devienne une sen- sation dont nous ayons la conscience , il faut que cet organe ne reste point passif, mais qu’il laperçoive et nous en avertisse. Et, en effet, dans bien des cas, une foule de ces impressions sont reçues par notre cerveau, sans que nous en ayons la connais- sance. Dans le sommeil, par exemple, c’est à notre insu que le bruit ébranle notre oreille , ou que les odeurs agissent sur l’or- gane de l’odorat; pendant la veille, l'habitude nous rend aussi insensibles à un grand nombre de ces impressions , et , lorsque plusieurs viennent nous frapper en même temps , nous pouvons même quelquefois, par l'effet de la volonté, nous soustraire à quelques-unes d’entre elles, et ne percevoir réellement que celles qui excitent notre intérêL. Cette faculté de perception , qui , lorsqu'elle est excitée et diri- gée par la volonté , prend le nom d'attention, s'exerce par lin- termédiaire du cerveau, et ne se montre que lorsque cet organe est en activité. Les expériences dans lesquelles on a enlevé les FACULTÉS {NTELLECTUELLES ET INSTINCTIVES. 197 deux hémisphères du cerveau sur des animaux vivans nous ont déjà fait voir que la perte de ces parties rendait ces êtres insen- sibles à toutes les impressions reçues par les organes des sens, et , lorsqu'on empêche le cerveau de remplir ses fonctions , soit en le comprimant , soit en administrant à l'animal certains poi- sons , tels que l’opium , on produit le même effet. Diverses mala- dies du cerveau le rendent aussi inapte à sentir, et, lorsqu'il a été , pendant un certain temps, dans un état continuel d'activité, il présente le même phénomène que tous nos autres organes: il se fatigue et ne peut continuer à remplir ses fonctions qu'après être resté dans un état de repos pendant un temps plus ou moins long. Le cerveau ne sert pas seulement d’instrument pour la percep- tion des sensations , et la production des idees que ces sensa- tions font naître ; il lui est donné aussi de reproduire les idées déjà acquises. Cette nouvelle faculté porte le nom de memoire , et elle est indépendante de la perception; car, dans certaines affections cérébrales , on la voit quelquefois se perdre complè- tement sans que le malade soit privé de la faculté de connaitre ce qui l'entoure. On remarque que les impressions les plus vives sont celles dont la mémoire conserve l’idée la plus nette, et que cette faculté , extrêmement développée dans les premiers temps de la vie , s’affaiblit avec les progrès de l’âge. Chez les vieillards, la mémoire se perd quelquefois entièrement , et, chez l'adulte, elle est plus faible que chez l'adolescent et que chez l'enfant : aussi, est-ce dans le jeune âge qu’on acquiert avec le plus de faci- lité les connaissances qui ne demandent pas une réflexion très grande , telles que les langues , l’histoire , les sciences descrip- uves , etc. L’exercice tend aussi à la rendre plus forte. Du reste , la mémoire ne peut guère être considérée comme une faculté unique , et une foule de faits tendent à montrer qu’il y a, pour ainsi dire, autant de mémoires distinctes qu’il y a d'ordres de sensations différentes. Il y a la mémoire des mots, la mémoire des formes, celle des lieux, celle de la musique, etc., et il est bien rare qu’un homme les possède toutes au même degré ; en général, l’une de ces facultés prédomine , et, dans certains cas de maladies mentales, on a vu l’une d’elles se perdre complètement , sans que les autres espèces de mémoire aient été sensiblement affaiblies. Les idées acquises ne restent pas isolées dans notre esprit : nous possédons encore le pouvoir de les comparer, de saisir les rapports qu’elles peuvent avoir entre elles, d'en tirer des con- clusions , et, en un mot, de porter des jugemens sur tout ce que nous sentons. La faculté de former une suite de jugemens qui s’enchainent les uns aux autres ou de former un raisonne- Mémoire. Jugement, Instincts. Rapporten- tre le dévelop- pement des fa- cultés et le vo- lume du cer- veau, Angle fa- cial. 198 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ment est même l’un des attributs les plus précieux de l’homme ; mais ce qui caractérise surtout l'intelligence humaine et lui permet d'acquérir ce développement prodigieux qu’on lui voit chez les nations civilisées , est la faculté de généraliser qui con- siste à créer des signes pour représenter les idées , à penser au moyen de ces signes et à former des idées abstraites. Enfin , il paraitraitque c’est encore de l’action de l’encéphale, que dépendent les penchans ou instincts qui portent l’homme et les animaux à exécuter certaines actions déterminées et à préférer certaines sensations aux idées d’un autre ordre , sujet d'étude sur lequel nous aurons fréquemment loccasion de re- venir dans la suite de ces lecons. 234, On remarque, en général, qu’un organe agit avec dautant plus de puissance, qu’il est plus volumineux. On pour- rait donc supposer qu'il y aurait un certain rapport entre le développement de Fencéphale et le développement des facultés intellectuelles ou instinctives qui paraissent y avoir leur siège, el, en effet, lorsque l’on compare l’homme aux autres animaux, on voit qu’en général son cerveau est proportionnellement plus volumineux que le leur. On remarque aussi que les animaux qui montrent le plus d'intelligence , les singes , par exemple, ont cet organe très gros , tandis que , chez les plus stupides , comme les poissons, il est toujours extrêmement petit. Ces faits ont conduit à penser qu’on pouvait juger du degré d'intelligence des animaux et même des hommes entre eux par le développement plus ou moins considérable de leur cerveau , et, pour apprécier ces différences, on a recours à différentes méthodes, dont la plus célèbre est celle de la mesure de l'angle faciat , proposée par Camper, habile naturaliste hollandais. Fig. 52. Ces mesures sont destinées à faire a connaître le rapportquiexiste entre le volume du crâne (qui est rempli par le cerveau et le cervelet)et celui de la face ,et se prennent de la ma- nière suivante. On tire une ligne horizontale (ed fig. 52 et 53), que l’on fait passer par le trou auditif etpar le plancher des fossesnasales, de fa- con à suivre à-peu-près la direction b de la base du crâne; puis on abaisse sur cette ligne une seconde ligne (a 2), que l’on fait passer sur le point le plus saillant du front et Sur l’extrémité de la mâchoire supérieure. Or , il est évident que cette dernière sera d'autant plus inclinée sur la première et formera avec elle un angle d’au- tant plus aigu , que la face sera plus développée et le front plus FACULTÉS INTELLECTUELLES ET INSTINCTIVES. 199 reculé , et que , par conséquent , la mesure de l'angle facial (car c’est ainsi qu'on nomme l'angle dont nous venons de parler) pourra indiquer avec assez d'exactitude le rapport cherché. Fig. 53. L'homme est de tous les animaux a celui dont l'angle facial est le plus ouvert, et à cet égard il existe parmi les diverses races humaines de gran- des différences ; les tèles européen- nes l’ontordinairement de 80°(/#g.52) et les nègres d'environ 70° (£g. 53); dans les différentes espèces de sin- ges , elle varie de 65° à 30°,et, à me- h sure qu'on s'éloigne davantage de l’homme , et que l’on descend dans la série des mammifères , il devient encore plus aigu ; dans le cheval , par exemple , le front devient si fuyant , qu’il devient impossible de mener une ligne Fig. 54. (1) droite de l'extrémité t 7210 7 m de la mâchoire su- da périeure au crâne, à cause de la saillie du im MEZ, COMME On peut s'en convaincre , en jetant les yeux sur la figure ci- jointe (fig. 54); enfin , chez les oiseaux , les rep- mi mo e tiles et les poissons, l'angle facial, lorsqu'il peut être mesuré , devient encore plus aigu que chez la plupart des mammifères. La coïncidence plus ou moins grande, qui existe en général entre l’inclinaison de la ligne faciale et l'étendue des facultés in- tellectuelles , ne paraît pas avoir échappé aux anciens; non- seulement ils ont très bien remarqué que la ligne faciale relevée était un signe d’une nature plus généreuse et un des caractères de la beauté; mais dans les figures de leurs héros et de leurs dieux , ils l'ont avancée plus qu’elle ne l’est chez aucun homme, et dans quelques statues ‘telles que celle de Jupiter Olympien), ils V’ont fait incliner un peu en avant. (2) (1) Tête de cheval, — oc, t, f,os occipital, temporaux et frontal appartenant au crâne ; — 7x os nasal, 7? maxillaire supérieur ; — 2m» intermaxillaire; — 721 maxillaire inférieur, appartenant à la face; — 0 orbite ; — # dents incisives ; — c canines ; — »7 o molaires. (2) IL serait possible cependaut, que cette manière dereprésenter la Divinité, tint à une autre cause, et füt indépendante de toute notion d’uu rapport entre Système phrénologi- que de Gall. 200 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Le vulgaire même est habitué à attribuer de fa stupidité aux hommes et aux animaux, dont le front est très fuyant ou le museau très allongé; el, lorsque quelque circonstance vient à relever la ligne faciale, même sans augmenter la capacité du crâne , nous trouvons aux animaux qui présentent cette dispo- sition un air particulier d'intelligence , et nous sommes portés à leur attribuer des qualités qu'ils n’ont réellement pas. L’éléphant et la chouette sont dans ce cas. La grande étendue des sinus frontaux donne à leur front une saillie considérable : or, la chouette , comme chacun le sait, était chez les anciens lem- blème de la sagesse , et éléphant porte aux Indes un nom qui indique qu’il a la raison en partage, el cependant ni l'un ni l’autre de ces animaux n’est réellement remarquable par le dé- veloppement de ses facultés intellectuelles. Quoi qu’il en soit, il faut bien se garder dattacher à ces me- sures une grande importance ; elles ne peuvent donner tout au plus qu’une idée approximative du développement du cerveau, et jusqu'ici rien ne prouve que l’étendue des facultés intellec- tuelles soit proportionnelle à ce développement matériel de len- céphale. 6 235. Nous venons de voir que le cerveau est le siège de plu- sieurs fonctions bien distinctes, et, lorsqu'on examine la ma- nière dont les facultés intellectuelles et affectives s’exercent chez les différens hommes, on ne tarde pas à observer que le plus ou moins grand développement de lune d’elles n’est pas toujours accompagné d’un développement égal dans toutes les autres. Tel homme, qui sera remarquable par l'amour instinctif qu’il por- iera à sa progéniture , pourra n’avoir que des facultés intellec- tuelles très faibles, et tel autre, doué des dispositions les plus heureuses pour les sciences de calcul , pourra manquer complè- iement d'imagination ou de talent d'observation. Ces considérations et une foule de faits analogues ont porté quelques philosophes à penser que le cerveau n’était pas un or- le déveivppement de l'intelligence et l'ouverture de l'angle facial. En effet, on voit que tous les peuples attachent des idées de beauté à l’exagération des par- ticularités de structure carastéristique de leur race; les nègres estiment le plus les peaux les plus noires; les Papous de l'Océanie, dont le nez est remarquable- ment épaté, croient augmenter leur beauté, en donnant à cette partie encore plus de largeur, et les Caraïbes, dont le front est extrêmement fuyant, com- priment la tête de leurs enfans, afiu d’exagérer encore cette disposition caracté- ristique. Or, l’une des particularités de la race caucasique , et plus spécialement encore de la nation grecque est le peu d’inclinaison de la ligne faciale, et par conséquent d’après la tendance que nous venons de signaler, les Grecs devaient naturellement regarder cette disposition comme étant une condition de beauté, et penser que, pour représenter des êtres supérieurs à nous , il fallait l’exagérer. FACULTÉS INTELLECTUELLES ET INSTINCTIVES. 201 gane unique dont toutes les parties concourent de la mème ma- nière à la manifestation des phénomènes de l’instinctel de lin- telligence , mais que la nature avait établi dans les fonctions de l’encéphale la même division de travail qu’on remarque dans les autres appareils de l’économie animale, toutes les fois que les fa- cultés de ceux-ci se perfectionnent : ils ont pensé que les facultés affectives avaient leur siège dans une partie déterminée du cer- veau, les facultés intellectuelles dans d’autres, et en un mot que chaque genre de travail exécuté par le cerveau était le résul- iat de l’action d’un instrument ou organe particulier, el que ces organes spéciaux étaient différentes portions de la masse ner- veuse de l’encéphale. C’est sur cette hypothèse de la localisation des diverses fonc- tions de l’encéphale que repose le système pAreénoloyique du docteur Gall. Ce physiologiste pense que chacune de ces fonctions est l’apa- nage d’une partie déterminée du cerveau ou du cervelet, et que l'activité plus ou moins grande de chacune d’elles dépend en majeure partie du développement plus ou moins considérable de la partie qui en est le siège. Or, chez l’homme et la plupart des animaux supérieurs , l’encéphale remplit toute la cavité du crâne , et les parois de cette boite osseuse se moulent en quelque sorte sur cette masse nerveuse, de façon qu’on peut juger de la grosseur proportionnelle des différentes parties du cerveau par la saillie plus ou moins grande des parties correspondantes de la tête. Et, en admettant que les suppositions énoncées plus haut soient exactes, on pourrait par conséquent juger, d’après lin- spection du crâne , des penchans et facultés de chaque individu. Les phrénologistes admettent que les facultés affectives qui donnent aux animaux les penchans qu’on leur remarque et les desirs qu’ils éprouvent, ont leur siège dans les parties posté- rieures et inférieures de l’encéphale ; l'instinct de la propaga- tion résiderait, d’après eux, dans le cervelet; l'amour de la progéniture dépendrait de la partie du troisième lobe cérébral qui se voit immédiatement au-dessus de cel organe ; instinct qui rend les animaux plus ou moins sociables résulterait de l’action d’une partie voisine; le courage dépendrait de la partie du cerveau située au-dessus et en avant de l'oreille; Pamour de la destruction de celle placée immédiatement au-dessus des oreilles; enfin le penchant qui porte à employer la ruse et le desir d'acquérir, occuperait les parties voisines. Les facultés affectives d’où dépendent les sentimens de l’amour-propre, de la vanité , de la circonspection, de la bienveillance, de la fer- melé , de-la justice , etc. , auraient leur siège dans les parties su périeures et antérieures du cerveau ; enfin, les diverses facultés 202 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. intellectuelles seraient lapanage des différentes parties du cerveau correspondantes au front. Ce qui vient le plus à l'appui de ces. hypothèses, ce sont les particularités qu’on a cru remarquer dans la configuration de la tête des hommes les plus remarquables par certaines qualités de l'esprit ou par la force de quelques penchans, et les diffé rences qu’on observe dans la forme du crâne des animaux dont les instincts sont les plus opposés. Ce que nous avons déjà dit de la ligne faciale s'applique surtout au développement plus ou moins considérable de la partie antérieure du cerveau , et Pexis- tence d’un front déprimé et fuyant suffit pour donner à toute tête l'aspect de la stupidité. On remarque aussi que, chez les animaux €arnassiers qui vivent de chasse et qui montrent le plus de courage et de férocité, la largeur du crâne vers les oreilles est beaucoup plus considérable que chez les herbivores dont les mœurs sont douces et timides. Il est aussi vrai de dire que, chez presque tous Les animaux, la partie postérieure de la tête, où les phrénologistes placent l'amour de la progéniture, parait être plus développée chez les femelles que chez les mâles, et chacun sait qu’en effet le tendresse d’une mère pour ses petits est une passion bien plus forte que celle du père. Mais si quelques-unes des suppositions dont l’ensemble forme la base de la phrénologie paraissent réellement assez plausi- bles, d’autres ne sont étayées sur rien de convaincant, et doivent même paraitre absurdes pour toutes les personnes ha- bituées à analyser les phénomènes de l'intelligence. Ainsi, il est des phrénologistes qui admettent une faculté particulière qui ferait apprécier la pesanteur des corps, une autre qui rendrait apte à juger de l’élendue des corps, et ainsi de suite. Du reste, nous le répétons, on ne connait encore aucun fait propre à prouver que cette division du travail existe réellement dans le cerveau, et quelques expériences de M. Flourens ten- draient même à faire penser qu’il en est tout autrement. DES MOUVEMENS. 6 236. Les diverses modifications de la faculté de sentir que nous avons éludiées dans les précédentes leçons , rendent Thomme et les animaux aptes à connaître ce qui les entoure; mais leurs rapports avec le monde extérieur ne consistent pas seulement dans ces phénomènes , en quelque sorte passifs. Ces èlres peuvent aussi agir sur les corps étrangers , leur imprimer MOUVEMENS. 203 des changemens matériels, se mouvoir el souvent même expri- mer d’une manière plus ou moins précise leurs sentimens ou leurs idées. Cette nouvelle série de fonctions, dont nous allons mainte- nant nous occuper, dépend essentiellement d’une propriété, qui n’est pas moins générale parmi les animaux que la sensibi- lité, savoir, la contractilite. On donne ce nom à la faculté qu'ont certaines parties de Péco- nomie animale de se raccourcir tout-à-coup et de s'étendre alternativement. Dans quelques animaux, d’une structure extrêmement simple, tels que les hydres, toutes les parties du corps paraissent sus- ceptibles de se contracter ainsi; mais pour peu que lon s'élève dans la série des êtres, on voit cette faculté devenir l'apanage d'organes particuliers , qué Von nomme mwseles. Ces muscles, qui sont les instrumens actifs de tous nos mouvemens, forment la majeure partie de la masse du corps, et constituent ce que l’on nomme vulgairement la viande ou ia chair des animaux. Leur couleur est en général blanchâtre ; chez quélques animaux, ils sont au contraire d’un rouge plus ou moins intense ; mais cette couleur ne leur appartient pas en propre et dépend seulement du sang qu’ils contiennent. $ 237. Chaque muscle est formé par la réunion d’un certain nombre de faisceaux musculaires, qui sont unis par du tissu cellulaire et sont composés de faisceaux plus petits; ceux-ci à leur tour sont formés de faisceaux d’un moindre volume, et de division en division on arrive ainsi à des fibres d’une ténuité extrême, qui sont droites, rangées parallèlement entre elles, el qui, vues avec un microscope puissant, paraissent en géné- ral être formées chacune par une série de petits globules. Après la mort, le tissu musculaire est mou et facile à déchirer ; mais , pendant la vie, il est très élastique et très résistant. Enfin il se compose essentiellement d’une matière que nous avons déjà ren- conirée dans le sang, et que les chimistes appellent fbrine. On y trouve aussi de Palbumine , de losmazome et quelques sels. $ 238. Sous l’influence de cerlaines causes excilantes , les fibres musculaires se raccourcissent brusquement , el on voit en même temps les faisceaux qu’elles forment devenir plus gros et plus durs que dans l’état de relâchement. Chacun peut ob- server sur lui-même ce phénomène : il suffit pour cela d’exécu- ter un mouvement quelconque et d’observer les changemens qui surviennent dans les muscles mis en action pour le produire. Que l’on ploie avec force Pavant-bras sur le hras, par exemple, et l’on verra aussitôt les museles de la partie antérieure du bras se gonfler et se durcir. Contracti- lite Museles, 204 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Fig. 55. (1) A l’aide du microscope, on parvient quel- ha b quefois à distinguer la manière dont cette con- traction s’opère. Lorsque les fibres museulaires sont dans l’état de relâchement, elles sont . étendues en ligne droite (/g.55); mais, lors- qu’elles se contractent, elles se fléchissent tout- à-coup en zigzag, et présentent aussilôl une multitude d’ondulations anguleuses et régu- lHièrement opposées (f{g. 56). En répélant cette expérience, on ne tarde pas à reconnaitre que les flexions de chaque fibre ont lieu dans certains points dé- terminés el jamais ailleurs. Lorsque la contraction est faible, Fig. 56. ces flexions sont peu marquées, et, dans les ha contractions les plus fortes, elles ne vont que ser jusqu'à donner des‘angles de 50 degrés. Ainsi, lors de la contraction, les deux extré- mités de la fibre se rapprochent, sans que, pour cela , la longueur totale de celle-ci change en rien. Or, ces extrémités sont fixées aux parties que le muscle doit mouvoir, el, en se PIN déplaçant, elles les entrainent avec elles. Tendons et b a 6 239. Cette insertion des muscles sur les aponévroses. parties mobiles ne se fait pas directement, mais a lieu par le moyen d’une substance intermédiaire, d’une texture fibreuse, qui pénètre dans la substance de ces organes, de façon à en- voyer un prolongement à chacune des fibres dont ils se com- posent. Tantôt ce tissu fibreux , qui est blanc et nacré, prend la forme d’une membrane, et on l'appelle alors aponevrose; d’au- tres fois, il ressemble à une corde plus ou moins longue, et constituent alors ce que les anatomistes nomment des ten- dons. (2) Influence du (240. Nous avons dit plus haut que la contractilité appartenait sst0ué ner spécialement aux fibres musculaires : ce sont, en effet, les (1) Fig. 55. Portion d’un muscle, dans l’état de repos, vue au microscope pour montrer la disposition des faisceaux de fibres musculaires et la manière dont les filets nerveux s’y distribuent : — a nerf; — & faisceaux de fibres mus- culaires disposés parallèlement entre eux et en ligne droite; —c filets nerveux qui se séparent du nerf a, et traversent perpendiculairement Les faisceaux muscu- laires à des distances égales. Fig. 56. Le même muscle au moment de sa contraction ; — les lettres a, à, indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente. (2) Ce sont les tendons et les ligamens que l’on appelle vuigairement les nerfs, bien qu’ils n'aient avec ces organes rien de commun. MOUVEMENS. 205 seules parties de l’économie qui, chez les animaux supérieurs, possèdent la faculté de se contracter ; mais, cette propriété, ils la doivent au système nerveux. Chaque faisceau musculaire reçoit un ou plusieurs nerfs. Ces nerfs, qui sont entourés par une espèce de gaine, nommée névrileme, se composent, comme nous l’avons déjà dit, d’un grand nombre de filamens longitudinaux, et ces filamens se ré- pandent dans tout le muscle, en marchant à-peu-près parallè- lement entre eux et en passant transversalement sur les fibres musculaires, de façon à correspondre, en général, aux angles formés par les plis en zigzag dont dépend la contraction (voyez fig. 55 et 56). Après avoir continué ainsi leur trajet pendant quelque temps, on voit ces fibres nerveuses se recourber, former des anses et retourner vers le cerveau, de façon qu'ils paraissent former avec cet organe un cercle continu. Or, lorsqu'on coupe le nerf qui se distribue ainsi à un muscle, et qu'on sépare de la sorte celui-ci de la masse centrale du sys- tème nerveux, on empêche ses fibres de se contracter : on les paralyse. Il suffit même de comprimer le cerveau d’un animal vivant pour lui faire perdre aussitôt la faculté d'exécuter des mouvemens. $ 241. On a fait beaucoup de recherches pour découvrir la nature de l’influence que le système nerveux exerce ainsi sur les muscles , lorsqu'il détermine leur contraction. Les plus célèbres sont celles d’un physicien de Bologne, Galvani; car, en même temps qu’elles ont jeté de nouvelles lumières sur cette question délicate, elles ont conduit à l’une des plus grandes découvertes du siècle dernier, celle de Pélectricité galvanique. Les travaux de Galvani, de Volta, et de quelques autres savans, ont montré que toutes les fois que certains corps de nature dif- férente, du cuivre et du fer, par exemple, se touchent, ils dé- veloppent de l’electricite, et que cette électricité passe avec une grande vitesse à travers certains corps, tels que les nerfs et les métaux que l’on nomme, pour cette raison , des corps bons con- ducieurs de l’électricité, tandis qu’elle est arrêtée par d’autres, tels que le verre et la résine. Or, lorsqu'on a paralysé un muscle par la section du nerf qui s’yrend, on peut, pendant quelque temps, suppléer au défaut de l’action nerveuse par de l’électricité, et déterminer , à l’aide de cet agent, des contractions semblables à celles qui, dans les circonstances ordinaires , ont lieu sous l'influence de la volonté. La manière la plus commode de faire ces expériences est de dépouiller une grenouille de sa peau et de la couper au niveau des lombes, puis de saisir les nerfs lombaires et de les enve- lopper dans une petite feuille d’étain repliée; on pose ensuite veux ‘sur les contractions. Analogie en- tre l'influence nerveuseetles phénomènes galvaniqnes. Mouvemens volontaires et involontaires. 206 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. les membres abdominaux sur une plaque de cuivre, el chaque fois que l'étain touche à ce dernier métal, on voit les muscles se contracter ; les jambes se replient et s’agitent, et cette moitié de grenouille semble reprendre vie pour sauter. Ces effets sin- guliers. peuvent se produire encore assez long-temps après la mort de l'animal, et s’observent aussi chez l’homme; car, en faisant passer un courant électrique à travers le corps de quel- ques suppliciés, on a vu ces cadavres agilés de convulsions horribles. Un phénomène analogue a lieu, lorsque, après avoir coupé un nerf sur un animal vivant, on pince ou on brûle la portion restée adhérente aux muscles; ceux-ei se contractent aussitôt ; mais, du reste, cet effet parait dépendre de la même cause que les convulsions produites dans les expériences précédentes, car on a constaté que, dans tous ces cas, il y a production d’é- lectricité. On voit, par ce qui précède, que les courans électriques agissent sur les muscles, de la même manière que l'influence nerveuse, el la connaissance de ce fait a conduit plusieurs phy- siologistes à penser que cette influence nerveuse elle-même devait dépendre du passage de quelque fluide subtil analogue à l'électricité qui s’échapperait de l’encéphale, pour se répandre dans les muscles, et qui y serait conduit par les nerfs. Pendant quelque temps, on a cru même pouvoir expliquer tous les phé- nomènes de la contraction museulaire, d’après les propriétés connues des courans électriques ; mais celte théorie, toute plau- sible qu’elle paraissait, ne s'accorde pas avec divers faits con- statés récemment, et, par conséquent , il nous semble inutile de nous y arrêter ici. Quoi qu'il en soit, nous voyons que la contraction ne peut avoir lieu que dans le tissu musculaire, et que l’action du sys- tème nerveux en est la cause déterminante. Cherchons mainte- nant quels sont les rôles que les diverses parties de ce système jouent dans la production de ce phénomène important. 6242. Les muscles présentent entre eux des différences très grandes, les uns ne se contractent que sous l'influence de la volonté, d’autres sont également soumis à l’empire de cette force, mais leur contraction a lieu aussi indépendamment d’elle ; enfin , il en est d’autres encore sur les mouvemens desquels la volonté n’a aucune influence. Les muscles des membres, etc., appartiennent à la première de ces trois classes; ceux de lap- pareil respiratoire, à la seconde; et le cœur, Pestomac, etc. , à la troisième. (1) (a) I est à noter que les museles soumis à l'influence de la volonté, diffèrent MOUVEMENS. 207 6243. Les muscles dont les mouvemens peuvent être déter- minés par la volonté reçoivent tous des nerfs du système céré- bro-spinal. Mais tous les nerfs dé ce système ne remplissent pas ces fonctions ; quelques-uns, comme nous lPavons déjà vu, ap- partiennent exclusivement à la sensibilité. Les nerfs cérébraux de la troisième, quatrième, sixième, septième, neuvième et onzième paires (y. 40) paraissent, au contraire, être exclusive- ment affectés aux mouvemens; enfin, les nerfs cérébraux de la cinquième et de la dixième paires, et tous les nerfs qui naissent de la moelle épinière, remplissent ces fonctions en même temps qu'ils servent à la sensibilité; leur racine postérieure, comme nous lPavons déjà vu , leur donne la faculté de transporter les sensations au cerveau; et €’est par leur racine antérieure que l'influence nerveuse, nécessaire pour déterminer les mouve- mens volontaires, se propage du cerveau aux muscles. En effet, lorsqu'on coupe, sur un animal vivant, les racines antérieures des nerfs spinaux, on prive les parties auxquelles ces nerfs se distribuent de la faculté de se contracter, tout comme si l’on coupait leurs deux racines. Lorsqu'on divise la moelle épinière, on détruit également les mouvemens de ioutes les parties dont les nerfs naissent au-dessous de la section, tandis que celles dont les nerfs sont encore en communication avec le cerveau , Continuent à se mouvoir. Mais si, au lieu d’expérimenter ainsi sur la moelle épinière, on agit sur le cerveau, qu’on lenlève ou qu’on le comprime de manière à l'empêcher de remplir ses fonctions, on paralyse en même temps tous les muscles des mouvemens volontaires. Il paraitrait aussi que certaines parties du système nerveux exercent sur les mouvemens une influence d’une autre nature. Ainsi, M. Magendie a constaté que, lorsqu'on coupe la portion du cerveau, désignée par les anatomistes sous le nom de corps stries, Vanimal ainsi mutilé ne reste plus maître de ses mouve- mens, mais semble poussé en avant par une puissance inté- rieure à laquelle il ne peut résister : il s’élance en avant, court avec rapidité, et s’arrêle enfin, mais ne paraît pas pouvoir re- culer. Si, au contraire, on blesse les deux côtés du cervelet aussi de la plupart des muscles indépendans de la volonté, par leur structure, aussi bien que par leurs fonctions; chez les animaux supérieurs, les faisceaux de fibres dont les premiers sont composés, offrent toujours des stries transver- sales, tandis que la plupart des derniers n’en présentent pas ; mais cette diffé- rence n’est pas constante, car les fibres du cœnr ressemblent sous ce rapport, à ceux des muscles dont les mouvemens dépendent de la volonté. Rôle des nerfs. Rôle des ra- cines posté rieures des nerfs. Rôle de la moelle épi- uière. Du cerveau. Rôle du cer- velet. Rôle de la moelle allon- gée. Mouvemens involontaires. Alternance des coutrac- tions ct du re- lächement des muscles. 208 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. chez un mammifère ou un oiseau (1;, on le voit aussitôt mar- cher, nager, ou même voler en arrière, sans jamais pouvoir se porter en avant. Lorsqu'on ne pratique ces lésions que d’un seul côté, on ob- serve d’autres phénomènes qui, au premier abord, paraissent être des plus singuliers, mais qui sont des conséquences des effets dont nous venons de parler. Ainsi, lorsqu'on coupe ver- ticalement l’un des côtés du cervelet, ou de la protubérance annulaire, l’animal se met aussitôt à rouler latéralement sur lui-même , en tournant du côté blessé, et quelquefois avec une telle rapidité, qu’il fait plus de soixante révolutions par minute. D’après ces expériences curieuses, et d’après les recherches sur le même sujet, faites par M. Flourens et par quelques autres physiologistes, on voit que le cervelet et les parties voisines de l’encéphale ont, entre autres usages, celui de régler les mou- vemens de la locomotion. Les mouvemens qui, tout en étant soumis à l'empire de la volonté, se font aussi indépendamment de son influence, pa- raissent dépendre alors de laction de la moelle allongée. En effet, lorsque le cerveau ne remplit plus ses fonctions, et que, par conséquent , il n’y a plus de volonté, les muscles de lap- pareil respiratoire continuent à agir comme lorsque leurs mou- vemens pouvaient être réglés par la volonté; mais, lorsqu'on détruit cette portion de la moelle, tout en laissant le cerveau intact, on les arrête aussitôt. $ 244. Quant aux muscles dont les contractions sont entière- ment indépendantes de la volonté, ils reçoivent leurs nerfs du système ganglionaire, et c’est dans ce système que réside leur principe d'action; car, si l’on maintient la respiration par des moyens artificiels, on peut détruire tout l’encéphaïe, ainsi que la moelle épinière, sans arrêter les battemens du cœur ou les contractions péristaltiques des intestins. $ 244. La contraction de la fibre musculaire est un phéno- mène essentiellement intermittent. Les muscles ne peuvent rester dans un état de contraction permanent, et au bout d’un temps plus où moins long, ils se relâchent nécessairement. Ainsi, le cœur, dont l’action ne s'arrête qu'avec la vie, se contracte et se repose alternativement; mais, pour les muscles des mouvemens volontaires, ces mêmes contractions, interrompues par des repos plus ou moins rapprochés, ne peuvent être continuées au-delà d’un certain temps, car elles produisent un sentiment (r) D’après les expériences de M. Mägendie, il paraîtrait que les mêmes ef- fets ne s’observent pas chez les reptiles et les poissons. MOUVEMENS. 209 de lassitude qui augmente jusqu’à ce qu’enfin ces mouvemens deviennent impossibles, et cette sensation ne se dissipe que par linaction. La promplitude avec laquelle la fatigue musculaire se mani- feste varie beaucoup, suivant les individus; mais, toutes choses égales d’ailleurs, elle est en raison de l'intensité des contrac- tions, de la durée de chacune d'elles, et de la rapidité avec la- quelle elles se succèdent. La force déployée par la contraction d’un musele dépend de Force de- la texture de cet organe et de l'énergie nerveuse de l'individu. Plorée- Les muscles les plus gros, les plus fermes et les plus rouges sont susceptibles de se contracter avec plus de force que les muscles grèles , flasques et pâles ; mais c’est seulement lorsque ces condi- tions sont réunies à une puissance de volonté très forte , que ces organes peuvent produire les plus grands effets, et presque toujours elles sont en sens inverse. Par la seule influence de Paction du cerveau , l'énergie des contractions musculaires peut être portée à un degré extraordinaire ; on connait la force d’un homme en colère et celle des maniaques ; et lorsque, dans l’état ordinaire de l’économie, une énergie nerveuse analogue se réunit à un grand développement matériel du système muscu- laire , il en résulte des effets étonnans , dont les anciens nous ont transmis des récits en parlant de leurs athlètes, et dont les bateleurs de nos jours nous rendent aussi quelquefois témoins. 6 246. La contraction musculaire a joué un grand rôle dans plusieurs des fonctions dont nous avons déjà fait l’histoire ; mais le sujet dont nous allons maintenant nous occuper sy rattache d’une manière encore plus directe, car nous allons aborder l’étude des mouveniens généraux et partiels de notre corps , dont dépendent les attitudes , la locomotion, et une foule d’autres phénomènes entièrement mécaniques. Chez les animaux les plus inférieurs, les muscles s’insèrent tous à la membrane tégumentaire qui est molle et flexible; et c’est en agissant sur elle qu'ils modifient la forme du corps, de facon à le faire mouvoir en totalité ou en partie; mais chez les animaux d’une structure plus parfaite, l’appareil moteur se complique davantage et se compose non-seulement de muscles, mais aussi d’un système de pièces solides servant à augmenter la précision , la force et l’étendue des mouvemens, en même temps qu’il détermine la forme générale du corps et protège les viscères contre les violences extérieures. Cette espèce de charpente solide , à laquelle les muscles s’at- tachent, porte le nom de squelette. Dans certains animaux , tels 14 Mouvemens Squelette. Os. Développe- ment des os. 210 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE que les insectes et les écrevisses , elle est située à lextérieur et ne consiste que dans une modification de la peau; mais chez l’homme et tous les animaux qui s’en rapprochent (savoir, les autres mammifères , les oiseaux, les reptiles et les poissons ), le squelette est situé à l’intérieur du corps , et se compose de parties qui lui appartiennent d’une manière spéciale. Chez quelques poissons ( tels que les raies), le squelette est formé d’une substance blanche, opaline , compacte , en appa- rence homogène, très résistante el irès élastique, que lon nomme cartilage. Wen est de même pour le squelette de l’homme et des auires animaux dans les premiers temps de la vie; mais cet état qui est permanent chez les poissons dont nous venons de parler , n’est ici que transitoire , et les cartilages du squelette ne lardent pas à se charger de matières pierreuses de nature calcaire qui les rend raides, cassans et très durs, et qui les fait passer à l’état d'os. 6 247. Pour s'assurer que les os ne sont que des cartilages dureis par le dépôt des sels calcaires dans leur épaisseur , il suf- fit de les faire macérer pendant quelque temps dans un liquide particulier appelé acide muriatique ou chlorhydrique ; ce li- quide a la faculté de dissoudre les matières pierreuses conte- nues dans les os, mais n’attaque pas le cartilage , de façon qu’on sépare ainsi ce dernier des sels qui en masquaient les propriétés. (1) L’ossification du squelette commence par une multitude de points qui s'étendent de plus en plus; il en résulte que le nombre de pièces osseuses est d’abord immense; mais par les progrès de l’ossification, plusieurs d’entre elles se réunis- sent, de sorte que, chez l’animal adulte, on trouve beaucoup moins d'os distincis que chez le jeune, et que, dans la vieil- lesse extrême , on voit souvent plusieurs os se souder entre eux, et des parties, qui jusqu'alors étaient restées cartilagineuses , s’encroûter de matières calcaires. L’utilité de ce mode de déve- loppement est facile à comprendre : pour que la charpente so- lide du corps ne s’oppose pas à ses mouvemens, il faut toujours (x) D’apres l’analyse de M. Berzehus, les os du squelette humain , parfaite- ment dépouillés de graisse sont composés , sur 100,00 : de cartilage 32,15; vais- seaux, 1,13; sous-phosphate de chaux, avec un peu de fluorure de calcium, 53,04; carbonate de chaux 11,30; phosphate de magnésie 1,16 et soude, avec un peu de chlorure de sodium, 1,20. Dans les os de bœuf, ce chimiste à trouvé la même proportion de matières animales, mais beaucoup moins de carbonate de chaux. La partie cartilagineuse des os est composce de gélatine; aussi les emploie-t-on dans les arts pour la fabricatiou de la colle-forte et dans l'économie domestique pour la préparation de bouillons économiques. MOUVEMENS. 211 qu’elle se compose dun grand nombre de pièces mobiles , mais c’est surtout lorsque toutes ses parties doivent se prêter à l’ac- croissement des organes situés dans son intérieur, que cette division est le plus nécessaire. La surface des os est toujours recouverte d’une couche mem- braneuse à laquelle on donne le nom de periostle, et leur sub- stance se compose de fibres ou de lamelles faciles à distinguer. Lorsque ces organes doivent occuper peu de volume et doivent présenter beaucoup de solidité, comme cela a lieu pour les os plats qui recouvrent la plupart des viscères les plus importans et les plus délicats , le tissu osseux est extrêmement compacte ; mais lorsque les os doivent occuper un long espace, et qu'ils nuiraient aux mouvemens si leur poids était considérable, leur tissu n’est dense et serré que vers la surface, et dans leur intérieur il existe de grandes cellules ou même des canaux ap- pelés médullaires, parce qu’ils sont remplis de moelle. Enfin ce Lissu lui-même examiné au microscope parait formé princi- palement par des tubes très déliés, ou par des cellules entou- rées de lamelles concentriques entre lesquelles on distingue des corpuscules opaques et ovoïdes. $ 248. La forme des os varie beaucoup : on les distingue en os longs, os courts et os plats. Les premiers seulement présentent une cavité médullaire ; ils sont toujours à-peu-près cylindriques, et les tubes dont leur tissu est composé sont disposés longitudi- nalement. Dans les os plats ces tubes sont parallèles à la surface de los, et dans les os courts ils sont remplacés par des cellules. On remarque souvent aux uns et aux autres des éminences qui donnent attache aux muscles ou à d’autres parties , et qui, toutes les fois qu’elles font une saillie considérable, sont désignées par les anatomistes sous le nom d’apophyses. Les os présentent aussi à leur surface des dépressions plus ou moins profondes qui servent à loger des parties molles ou à recevoir d’autres os qui doivent se mouvoir dans ces cavités, et dans beaucoup d’en- droits, on leur voit des trous destinés à livrer passage à des vaisseaux sanguins ou à des nerfs. 6 249. On donne le nom d’articulation à l'union des divers os entre eux. Les moyens de jonction que la nature a em- ployés à cet usage varient beaucoup, suivant que les os doivent conserver toujours entre eux les mêmes rapports, et rester fixes, ou bien exécuter des mouvemens plus ou moins étendus. Lorsque l’articulation des os n’est pas destinée à permettre des mouvemens, elle peut avoir lieu de trois manières: par juxta-posilion, Par engrenage Où par èmplantation. Les articu- lations par simple juxta-position des surfaces articulaires ne se voient que dans certaines parties du squelette, où la position 14. Structure des os. Forme des os. Articula- tions. Articula- tions immo- biles. Articula- tions les. mobi- 212 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. des os est telle, qu'ils ne peuvent se déplacer. Dans les articula- tions par engrenage( ou par suture ), les surfaces articulaires offrent une série d’aspérités et d’enfoncemens anguleux , qui se reçoivent réciproquement : aussi ces articulations peuvent-elles avoir beaucoup de solidité sans que leurs surfaces soient très étendues. Enfin les articulations par implantation sont celles où un os est enchâssé dans une cavité creusée dans la substance de l’os qui lui sert de base : ce sont les articulations les plus solides, mais elles sont rares. (1) Dans les articulations mobiles , les os ne sont pas unis direc- tement entre eux , mais sont maintenus en contact par des liens qui s'étendent de l’un des os à l’autre. Tantôt ces surfaces articulaires sont unies par une substance cartilagineuse ou fibro-cartilagineuse intermédiaire , qui adhère fortement à l’une et à l’autre, et ne leur permet de se mouvoir qu'à raison de son élaslicité ( c’est ce qu’on nomme articulation par continuite ); d’autres fois les surfaces articulaires glissent l’une sur l’autre , et ne sont maintenues en rapport que par des ligamens (2), qui les entourent , et qui sont disposés de manière à poser des bornes à leurs mouvemens. Ce mode de jonction constitue ce que les anatomistes appellent articulation par con- tiguïte, etse voit toujours là où les mouvemens doivent étre très étendus. Les surfaces , qui s’articulent ainsi, sont loujours extrè- mement lisses et encroûlées d’une lame cartilagineuse qui en augmente encore le poli; mais ce ne sont point là les seuls moyens employés par la nature pour diminuer le frottement dans ces jointures; car elle y a placé une espèce de poche mem- braneuse , appelée bourse synoviale, qui a de l’analogie avec les membranes séreuses, et qui est remplie d’un liquide visqueux , lequel permet à ces surfaces de glisser facilement l’une sur l’autre. Cette poche qui entoure larticulation de toutes parts contribue aussi, d’une manière efficace, à maintenir les os en contact, car elle exclut les fluides ambians de la cavité que ces corps laissent entre eux, et par conséquent ceux-ci ne peuvent s’é- carter sans y déterminer un vide ; il en résulte que tout le poids de l'atmosphère tend à maintenir ces surfaces articulaires dans leurs rapports naturels, et pour se convaincre de l'influence de celte circonstance , il suffit de s'assurer de la difficulté que ? (1) Les dents, qui ne sont pas de véritables os, sont les seules parties qui S'articulent ainsi. (2) On donne le nom de ligamens à des faisceaux de fibres analogues à ceux des tendons, très résistans, arrondis ou aplat s, et d’un blanc nacré, qui lient entre eux les os. MOUVEMENS. 2 1e) lon éprouve pour déboîïter sur le cadavre un os dont l’articu- lation est intacte , et de voir combien cette opération devient, au contraire , facile dès qu’une ouverture, faite à la membrane synoviale, permet l'entrée de Pair dans la cavité articulaire. 6 250. Tous les muscles destinés à produire les grands mou- vemens du corps sont fixés au squelette par leurs deux extré- mités. Il en résulte que, lors de leur contraction, ils doivent déplacer los qui leur présente le moins de résistance, et len- trainer vers celui qui reste immobile et qui leur sert de point d'appui, pour mouvoir le premier. Or, dans la plupart des cas, les os sont d'autant plus mobiles, qu’ils sont placés plus loin de la partie centrale du corps : aussi, les muscles qui se fixent à deux d’entre eux agissent-ils, en général, sur celüi qui est le plus éloigné , et voit-on toujours les muscles destinés à mouvoir un os s'étendre de cet organe vers le tronc: ainsi, les muscles servant à remuer les doigts occupent la paume de la main et Pavant-bras ; ceux qui fléchissent l’avant-bras sur le bras occu- pent le bras, et ceux qui meuvent le bras sur lépaule sont placés dans l'épaule. Dans certaines circonstances, cependant, ces muscles dépla- cent les os qui, dans les cas ordinaires, leur servent de point d'appui. Lorsque le corps est suspendu par les mains et que Pon cherche à s'élever, les muscles fléchisseurs de lavant-bras ne pouvant déplacer celui-ci, en rapprochent le bras et entrainent ainsi tout le corps. En général le genre de mouvement déterminé par la contrac- tion d’un musele dépend , d’une part, de la nature de Particu- lation de los qu’il déplace, et de l’autre , de sa position par rap- port à cet os : il l’entraine toujours de son côté et le rapproche du point auquel son extrémité opposée se trouve fixée. Ainsi, les muscles qui font fléchir les doigts occupent la face palmaire de la main et de Pavant-bras, tandis que ceux destinés à les étendre sont situés du côté opposé du membre. Souvent plusieurs muscles sont disposés de façon à pouvoir concourir à la production d’un même mouvement : on les ap- pelle alors congencres, et on appelle l’éntagoniste d'un musele celui qui détermine un mouvement contraire. On désigne aussi les muscles, d’après leurs usages sous les noms de fléchisseurs et d’extenseurs, d’adducteurs et d’abduc- teurs, de rotateurs, etc. 6 251. La force avec laquelle un muscle se contracte dépend Action des muscles sur les os. Circoustan- de son volume , de la puissance de la volonté et de quelques fes qui in- autres circonstances, dont il a élé déjà fait mention ; mais l'effet fluentsur l’ac- 214 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. tion des mus- produit par celte contraction dépend aussi en grande partie de LE la manière dont il se fixe à l’os qu’il doit mouvoir. Ainsi, toutes choses égales d’ailleurs, le mouvement déter- miné par la contraction d’un muscle sera d'autant plus puissant, que ce muscle s’insérera moins obliquement sur los mobile : lorsqu'il s’y insère à angle droit, toute sa force est employée à déplacer celui-ci; mais, dans le cas contraire, une partie plus ou moins considérable de cette force est perdue. Fig. 58. En effet, si le muscle #7, dont | RE nous supposons la force égale à 10, est fixé perpendiculairement à l’os /, dont Pextrémité à est r mobile sur le point d'appui r, il n'aura à vaincre que le poids de cet os, el le portera de la posi- tion & b dans la direction de la 7 Pr ligne à ç, en faisant parcourir au point auquel il s’insère un espace que nous représentons encore par 10; mais, si ce muscle agit obliquement sur l'os, dans la direction de la ligne » b, par exemple, il en sera tout autrement; car alors il tendra à le porter dans la direction bn, et, par conséquent, à le rappro- cher de la surface articulaire r, sur laquelle Pextrémité de Pos repose; mais, celui-ci étant une tige inflexible, ce déplacement ne peut avoir lieu; los ne peut que tourner sur ce point r, comme sur un pivot, el la contraction du muscle », sans rien perdre de l’énergie que nous lui avons supposée, ne pourra porter cet os que dans la direction « d; les trois quarts de la force qu’il a déployée sera perdue, eL il ne produira , par con- séquent, qu'un déplacement pour lequel le quart de sa force suflirait, s’il élait appliqué comme le muscle », perpendi- culairement à l'os. Or, dans l’économie animale, les muscles ne s’insèrent, pour la plupart, que d’une manière très oblique, et, par conséquent, d’une manière très peu favorable à l'intensité du résultat de leur contraction. Souvent il existe cependant une disposition Fig. 59. Fig. 60. qui tend à diminuer lobliquité de ces insertions : c’est le renflement qui se trouve à l'extrémité de la plupart des os longs, el qui sert principalement à donner à leurs articulations plus de so- lidité. Les tendons (+) des muscles (7), silués au-dessus de Particulation, s’in- sèrent, en général, immédiatement au- de: sous de ce renflement, et arrivent ainsi sur los mobile (0), LL eu, 21 --- A] MOUVEMENS. 215 eu suivant une direction qui se rapproche davantage de la per- pendiculaire, comme on peut s’en convaincre, en comparant la disposition du muscle #7, dans la fig. 59, où ces renflemens existent, et dans la fig. 60, où on a représenté les extrémités articulaires sans renflement semblable. $ 252. La distance qui sépare le point d'attache du muscle du point d'appui sur lequel los se meut, et de l’extrémité opposée du lévier que cet organe représente , influe aussi de la manière la plus puissante sur les eflets produits par sa contraction. Pour expliquer ce fait, il est nécessaire d’avoir recours à la mécanique. Les os, disons-nous, représentent des Zeviers, nom que l’on donne en physique à toute verge inflexible qui se meut sur un point fixe, que l’on appelle le point d'appui. La force qui met le lévier en mouvement se nomme la puissance, et celui qui s’op- pose à son déplacement se nomme la resis'ance. Enfin, on appelle bras de levier de la puissance , et bras de levier de la ré- sistance, la distance qui sépare le point d'appui de celui où sont appliquées l’une ou l'autre de ces forces. Or, la longueur de ces bras de lévier influe extrèmement sur la force nécessaire pour faire équilibre à une résistance donnée. Pour s’en convaincre, il suffit d'observer le mécanisme de la balance, connue sous le nom de romaine (fig. 61). Le fléau est Fig. 61. partagé en deux parties, de longueur « inégale, par le point d'appui 4. A Pex- trémité de l’une des branches (r), qui est très courte, se trouve la résistance “ l_ (ou l’objet que l'on veut peser), et sur l’autre (p) glisse un poids quelconque, 9 ” qui fait équilibre à une résistance d’au- tant plus considérable , qu’on Péloigne davantage du point d'appui, et qu'on allonge, par conséquent, le bras de lévier de la puissance, celui de la résistance restant toujours le même. Chacun sait aussi combien est grande la différence dans la force qu’un homme peut déployer , lorsqu'il cherche à soulever un fardeau avec le bras fléchi ou tendu. Or, dans ces mouve- mens, ce sont les mêmes muscles qui agissent, et le bras de lévier de la puissance reste le même, c’est seulement le bras de lévier de la résistance , représenté par la distance qui sépare l'épaule de la main, qui s’allonge. La mécanique nous apprend aussi que, pour qu’il y aitéquilibre dans un lévier quelconque, il faut que la résistance et la puis- sance soient réciproquement proportionnelles aux longueurs de leurs bras de lévier, c’est-à-dire que , multipliées par leurs Influence des léviers. 216 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. bras de léviers respectifs, elles donnent toutes deux le même produit. Fig. 62. Ainsi, pour faire équi- libre à une résistance (r) égale à 10, qui serait appliquée à lPextrémité d'un lévier (a b) d’une longueur de 20, il faudrait que la puissance (p), si elle était appliquée au même point (b),et, par conséquent, également éloignée du point d'appui (a), füt aussi égale à 10; mais, si elle était appliquée au point c, elle devrait être, pour produire le même effet, égale à 20 , car la résistance que nous avons supposée égale à 10, étant multipliée par la longueur de son bras de lévier (20), donnera pour produit 200; et, d’un autre côté, le bras de lévier de la puissance {e a) n’élant égale qu’à dix, celui-ci devra être multi- plié par une force égale à 20, pour donner ce même produit de 200. Enfin , en plaçant la puissance encore plus près du point d'appui , au point à, il faudra lui donner une force égale à 100; car son bras de lévier ne sera plus que de 2, et 2 X 100 — 200. La disposition des léviers influe autant sur la rapidité des mouvemens produits, que sur leur force; et si, en employant une puissance comparativement faible, on peut vaincre ainsi une résistance beaucoup plus forte, on peut aussi, en employant une force motrice d’une vitesse quelconque , obtenir , à l’aide de ces instrumens, un mouvement plus lent ou plus rapide. Fig. 65. Ainsi, supposons que la puis- L r sance p agisse sur le lévier a r, NA ‘de facon à faire parcourir au TX ‘$ point d'insertion c un espace { de 5 dans une seconde, il dé- ne “ placera en même temps l’ex- < ; trémité r du lévier et le fera KR 46 arriver en 2, avec une vitesse È Ve qui sera égale à 25, car la dis- & tance, parcourue dans des temps égaux par ce point, sera cinq fois plus considérable que celle parcourue par le point ». Avec une force dont la vitesse West que de 5, on produit donc, en s'appliquant au point e, le même résultat que si on appliquait directement au point r une force dont la vitesse serail égale à 25. Mais, d’après ce que nous avons dit plus haut, on voit que tout ce que l’on gagne ainsi en vitesse se perd en force ; car , c’est surtout en rendant le bras de lévier de la résistance MOUVEMENS. 217 plus long que celui de la puissance, qu’on arrive à ce résultat. Or, dans l'économie animale, presque tous les léviers repré- sentés par les os sont disposés de façon à favoriser de la sorte la rapidité des mouvemens aux dépens de la force nécessaire pour les produire. Ainsi , lorsque l’on abaisse le bras tendu , si la vitesse avec laquelle ses muscles se contractent est telle que leur insertion soit déplacée de trois pouces dans une seconde, lextrémilé du membre s’éloignera de sa position primitive avec une vitesse de près de trois pieds par seconde. Ces notions préliminaires sur la mécanique animale étant acquises , nous pouvons maintenant nous livrer à l’étude des diverses parties de l'appareil du mouvement, que nous exami- nerons de préférence chez l'homme. 6 253. Le SQUELETTE, ainsi que nous l’avons déjà dit, se com- pose d’un grand nombre d’os unis entre eux ; il se divise , comme le corps, en trois parties, la tête, le tronc et les membres. La partie la plus importante du squelette, celle qui sert de soutien à toutes les autres et qui diffère le moins chez les divers animaux , est la COLONNE VERTÉBRALE Ou colonne epiniere. On donne ce nom à une espèce de tige osseuse qui règne dans toute la longueur du corps et qui se compose d’un grand nom- bre de petits os appelés vertèbres, qui sont placés bout à bout et solidement unis entre eux. Fig. 64. Cette colonne ( fig. 64), que l’on appelle aussi l’épine du dos, occupe la ligne médiane et posté- ke rieure du corps, et supporte à son extrémité supé- 4 rieure la tête qu’on peut considérer comme en étant la continuation. Dans l’homme , on y compte trente-trois vertèbres , et on y distingue cinq por- lions ; savoir : une portion cervicale composée de d Sept vertèbres (c), une portion dorsale composée de douze de ces os d une portion lombaire , formée de cinq vertèbres (), une portion sacrée qui en pré- / sente également cinq (s), et une portion coccygien- ne , où l’on en voit quatre (e 4). Elle présente plu- sieurs courbures et augmente de grosseur depuis son extrémité antérieure ou supérieure jusqu’au s commencement de la portion sacrée. de le mo- ment de la naissance , toutes les vertèbres sont parfaitement distinctes et sont simplement arti- culées entre eux; mais bientôt après, les cinq vertèbres sacrées se soudent entre elles et ne forme plus qu’un seul os nommé sacrum (s). Squelette. Colonne ver- tébrale. Fig. 65. Squelette de l’homme. 218 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Os frontal. Os pariétal. OT Ha 2 Osttempora MAéhoireunfér...JORRRRRe Vertebres cer-) = 28NE* Clavicule, vicales. . . . | Fr Omoplate:. .. Humerus. 600. Vertebres lom-} baïres. 5... (0 LA : Os’ iliaque/tv.4246 —-Os iliaque. Cabitus tem Radios een Os du carpe. . L Os du métacarpe. ---. Phalanges. . . . .- Fémur. Rotule, HAina At pre 5e Péroné. . . . . . SL Tarse. Métatarse. Phalanges. SQUELETTE. 219 Le caractère essentiel des vertèbres est d’être traversées par un trouqui, en seréunissant à ceux des autres vertèbres, forme un canal qui s’étend, comme nous l’avons déjà dit, depuis le crâne jusque vers l’extrémilé du corps et qui loge la moelle épinière; dans l’homme, les vertèbres b coccygiennes ne présentent cependant point de canal semblable, car elles sont réduites à un état rudimentaire , el ne consisient qu’en autant de petits noyaux solides. Sur les côtes, ce canal vertébral communique au-dehors par une série de trous appelés trous de conjugaison, parce qu’ils résultent de la réunion de deux échancrures pratiquées sur les bords supé- rieur et inférieur de chaque vertèbre , de façon à se correspon- dre lorsque ces os sont unis. Ces trous, comme nous l’avons déjà vu, livrent le passage aux divers nerfs qui naissent de la moelle épinière et qui vont se distribuer aux différentes parties du corps. On distingue dans chaque vertèbre un corps el diverses apo- physes. Le corps de Lu vertébre{( fig. 66, a) est un disque épais situé au-devant du canal vertébral ( ou au-dessous, si la co- lonne est dans une position horizontale, comme chez la plu- part des animaux ), et servant à donner de la solidité à l’articu- lation de ces os entre eux. Les deux faces de ce disque sont à-peu-près parallèles, et chacune d’elles est unie à la surface correspondante de la vertèbre voisine par une couche épaisse de fibro-cartilage qui adhère à l’une et à l’autre dans toute l’éten- due de ces surfaces articulaires , et ne leur permet de s'éloigner entre elles qu'à raison de Pélasticité dont son tissu est doué. L’articulation des vertèbres entre elles est encore fortifiée par l'existence de quatre petites apophyses qui sont situées sur les côtés du canal vertébral et qui s’engrènent avec celles des ver- ièbres voisines. Enfin , en arrière de ce canal , il existe une apo- physe appelée épineuse (b), qui concourt au même but, en limi- tant la flexion de la colonne en arrière, et des faisceaux de fibres ligamenteuses s'étendant encore d’un os à lautre de facon à les lier entre eux. L’articulation des vertèbres entre elles est, comme on le voit, extrémement solide : aussi les mouvemens que chacun de ces os peut exécuter sont-ils, en général, très bornés ; mais ces petits mouvemens, s’ajoulant les uns aux autres, donnent à l’ensemble de la colonne assez de flexibilité sans nuire à sa force. Du reste, cette mobilité varie beaucoup dans les différentes parties de Pépine du dos ; au bas elle est presque nulle, aux lombes eile est, au contraire , assez marquée, mais c’est dans la portion cervicale de la colonne qu’elle est la plus Museles dela colonne ver- tébrale. Articula- tions des deux premières ver- tebres. 220 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. prononcée : aussi , dans ces parties , la couche fibro-cartilagi- neuse qui doit se prêter à ces déplacemens est-elle plus épaisse qu’au dos, et les apophyses épineuses sont-elles plus écartées Vune de l’autre, de facon à permettre une courbure plus considérable de la colonne avant qu’elles viennent à se ren- contrer. Le poids du corps tend continuellement à courber la colonne vertébrale en avant; aussi y at-il, pour résister à cette flexion et pour redresser la colonne , des muscles puissans qui s’in- sèrent le long de sa face postérieure; et, afin de rendre leur action plus puissante, la nature a disposé leur point d'attache de facon à les faire tirer pependiculairement sur un bras de lévier assez long. En effet, la plupart d’entre eux se fixent à l'extrémité des apophyses dites épineuses , qui forment une crête saillante dans toute la longueur de l’épine ; et d’autres prennent leur point d'attache sur deux autres apophyses (c), qui sont également très saillantes et que l’on nomme, à cause de leur direction , apophyses transverses. Il est à remarquer aussi que , dans les portions de la colonne où ces muscles doivent déployer le plus de force, comme aux lombes , ces apophyses sont bien plus longues , et, par consé- quent , forment un lévier bien plus puissant que dans les par- lies où toute cette force n’est pas nécessaire, au cou, par exemple. Par la suite nous aurons aussi l’occasion de voir que, chez les animaux dont la tête est pesante et se trouve à l’extré- mité d’un cou long et horizontal, ces apophyses prennent un accroissement extrême au dos où elles servent à l’altache des ligamens et des muscles destinés à soutenir ces parties et à relever le cou. Les mouvemens de flexion de la colonne en avant ne néces- sitent presque aucun déploiement de force, et les muscles em- ployés à les produire, et situés au-devant du corps des vertèbres, sont, par conséquent, gréles et en petit nombre. La première vertèbre du cou, nommée atlus, est beaucoup plus mobile que toutes les autres : elle a la forme d’un simple anneau et tourne autour d’une espèce de pivot formé par une apophyse qui s'élève du corps de la vertèbre suivante (ou uris). C’est même dans cette articulation que s’effectuent presque en- tièrement les mouvemens de rotation exécutés par la tête. Les liens qui unissent ces deux vertèbres sont incomparablement moins forts que ceux des autres vertèbres ; el en effet, dans la position ordinaire du corps, le poids de la tête pressant sur Vatlas tend plutôt à les maintenir en contact qu’à les séparer ; mais lorsque c’est la tête qui supporte tout le poids du corps, comme cela a lieu chez les personnes pendues, il en est tout SQUELETTE. 221 autrement ; ces deux vertèbres se séparent alors facilement, et leur luxation produit une mort presque instantanée par suite de la compression de la moelle épinière, précisément dans le point où naissent les principaux nerfs de l'appareil respiratoire. C'était dans la vue de déterminer cette dislocation du cou, et, par conséquent, d’abréger les souffrances des criminels con- damnés à périr sur la potence , que les bourreaux avaient autre- fois l'habitude d'appuyer, avec les pieds, sur l’épaule des sup- pliciés, au moment où ils les lançaient de leur échelle la corde ‘au cou; et, c’est par la même cause qu’on a vu quelquefois une mort subite arriver au milieu des jeux imprudens dans lesquels on soulève les enfans en les tenant, avec les deux mains, sus- pendus par la tête. La colonne vertébrale, comme nous l'avons déjà dit, sup- porte en quelque sorte toutes les autres parties du corps. Par son extrémité supérieure, elle s’articule avec là tête, chacune des vertèbres dorsales s'articule avec une paire de côtes, et le sacrum est enclavé comme un coin entre les deux os des hanches. 6254. La TÊTE se compose de deux portions principales, le crâne et la face. Le crâne est une espèce de boîte p osseuse de forme ovalaire qui oc- cupe toute la partie postérieure et t comme nous l’avons déjà vu (6171), le cerveau et le cervelet. Huit os se a réunissent pour en former les pa- rois, savoir : le frontal ou coronal (?) 9 en avant, les deux pariétaux (y) ta en haut, les deux temporaux (f) sur les côtés, l’occipital (o) en ar- rière, et le sphénoïde (s) et l’ethmoïde en bas; tous ces os, à l'exception du dernier, ont la forme de grandes lames minces et d’une texture très compacte, et tous s’articulent entre eux de manière à être complètement immobiles, et à donner au crâne une grande solidité. Ces articulations sont même très re- marquables, en ce qu’elles varient de forme dans les différentes parties du crâne, afin de mieux résister aux violences exté- BAERET 2 C (1) J'Os frontal ou coronal; — p pariétal; — £ temporal; — o occipital; — s sphénoïde; —n os nasal; — 72 s maxillaire supérieur ; — 7 os jugal ou os de la pommette ; — 7m à maxillaire inférieur ; — #7 & ouverture antérieure des fosses nasales; — 4 a trou auditif; —a z arcade zygomatique formée par une portion des os temporal et jngal; — a, b, ce, d ligne indiquant l’angle facial. | supérieure de la tête, et qui loge ,: Tête. Face 322 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. rieures qui pourraient tendre à désunir ces os, et qui doivent produire des effets différens , suivant le point sur lequel elles agissent. Ainsi, lorsqu'un coup porte sur le sommet de la tête, le mouvement se propage dans tous les sens et tend à écarter les os pariétaux et à chasser en avant ou en arrière les os frontal ou occipital: aussi, tous ces os sont-ils unis entre eux par des sutures engrenées des plus solides. Mais, quand le crâne recoit un choc sur le côté, l’effort agissant sur le temporal tend à enfoncer ces os, et, pour empêcher cet accident, la nature a uni le temporal aux os voisins, non pas à l’aide d’engrenures propres seulement à empêcher leur disjonction, mais à l’aide d’un bord articulaire taillé très obliquement, de façon à rendre cet os extérieurement beaucoup plus grand que l’espace dans lequel il se trouve comme enchàssé. La voùüte du crâne ne présente rien de remarquable; maïs, à sa base, on voit une multitude de trous qui servent au passage des vaisseaux sanguins du cerveau et des nerfs qui naissent de lencéphale ; un de ces trous, creusé dans l’os occipital et beau- coup plus grand que tous les autres, est traversé par la moelle épinière, et il existe près de son bord et de chaque côté une apophyse large et convexe appelée condyle, qui sert à larti- culation de la tête sur la colonne vertébrale. La tête est presque en équilibre sur cette espèce de pivot; mais, cependant, la por- tion située au-devant de l'articulation est plus volumineuse que celle qui est située en arrière, et qui tend à faire contre-poids à la première; aussi, les muscles qui se portent de la colonne vertébrale à la partie postérieure de la tête, et qui servent à redresser celle-ci, sont-ils bien plus nombreux et plus puissans que les muscles fléchisseurs placés de la même manière au- devant de la colonne; et, lorsque les premiers se relächent, comme cela arrive dans le sommeil , la tête tend-elle ordinai- remeni à retomber en avant et à s'appuyer sur la poitrine. Sur les côtés de la base du crâne, on remarque encore deux apophyses très grosses, appelées masloïdes, auxquelles s’insè- rent deux muscles qui descendent obliquement vers la poitrine à la partie antérieure du cou, et qui servent à faire tourner la tête sur la colonne vertébrale (1). Enfin, immédiatement en avant de ces apophyses, se trouve l’ouverture du conduit au- diuf externe, qui, de même que les diverses parties de l’oreille moyenne et de l’oreille interne, est creusée dans une portion de los temporal appelé rocher, à cause de sa grande dureté. La fare est formée par la réunion de quatorze os de formes (1) On les nomme, à raison de leurs attaches, muscles sterno-mastoïdiens. SQUELETTE. 293 irès diverses , et présente cinq grandes cavités destinées à loger les organes de la vue , de l’odorat et du goùt. Tous ces os, ex- cepté celui de la mâchoire inférieure, sont complètement im- mobiles et s’articulent entre eux ou avec les os du crâne. Les deux principaux sont les os mazxillaires supérieurs (ms), qui constituent la presque totalité de la mâchoire supérieure, et qui s’articulent avec le frontal, de façon à concourir aussi à la formation des orbites et des fosses nasales ; en dehors, ils s’ar- ticulent avec les os jugaux Ou os des pommettes (j), et en arrière avec les os palatins, qui, à leur tour, se joignent au sphénoïde. Les orbites, comme nous l'avons déjà vu ailleurs, sont deux fosses coniques, dont la base est dirigée en avant; la voûte de ces cavités est formée par une portion de l’os frontal, et leur plancher par les maxillaires supérieurs ; en dedans, c’est lethmoïde et un petit os appelé {acrymal, qui complètent leurs parois; et en dehors, elles sont formées par l'os jugal et le sphénoïde, qui en occupe aussi le fond où se trouvent les ou- vertures servant au passage du nerf optique et des autres bran- ches nerveuses appartenant à l’appareil de la vision. A la voûte de l'orbite, on remarque une dépression qui loge la glande lacrymale , et à sa paroi externe se trouve un canal qui descend verticalement dans les fosses nasales, et livre passage aux larmes. ; Le nez est formé, en majeure partie, de cartilages : aussi, dans le squelette, l'ouverture antérieure des fosses nasales (n à) est-elle très grande , et la portion osseuse du nez, formée par les deux petits os appelés nasaux (n), est-elle peu saillante. Les fosses nasales sont très étendues; supérieurement, elles sont creusées dans l'os ethmoïde , dont tout l’intérieur est rempli de cellules; inférieurement, elles sont séparées de la bouche par la voûte du palais , qui est formé par les os maxillaires supérieurs et par les deux os palatins ; enfin , elles sont séparées entre elles sur la ligne médiane par une cloison verticale, formée supérieurement par une lame de lethmoïde , et inférieurement par un os par- ticulier, nommé vomer. On trouve encore, dans l’intérieur de ces fosses, deux os distincts qui forment les cornets inférieurs, et on y remarque l’ouveriure des sinus frontaux, sphénoïdaux et maxillaires, cavités plus ou moins vastes creusées dans l’épais- seur des os dont elles portent les noms (Fig. 42, p. 164). C’est dans l’os maxillaire supérieur que sont implantées toutes les dents de la mâchoire sûüpérieure : dans le jeune âge, il est formé de plusieurs pièces ; et, chez la plupart des animaux, on en distingue toujours une portion antérieure, qu'on appelle los intermaxillaire. La mâchoire inférieure de l'homme ne se compose que d’un Muscles de ia face. Os hyoïde. 224 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. seul os, car les deux moitiés dont elle est formée chez un grand nombre d'animaux, se soudent entre elles de très bonne heure et se confondent complètement. Cet os, appelé mazillaire infe- rieur, à une ressemblance grossière avec un fer à cheval, dont les extrémités coudées s’éleveraient beaucoup. Il s'articule avec les os temporaux par un condyle saillant situé à chacune de ses extrémités, et reçu dans une cavité nommée glenoïdale (ce); enfin, au-devant de ces condyles s'élève, de chaque côté, une apophyse nommée coronoïde, qui sert à l'insertion de lun des muscles releveurs de la mâchoire (le musele temporal); ces mus- cles se fixent tous vers l’angle de la mâchoire et à peu de dis- tance du point d'appui sur lequel ce lévier se meut. Dansla plupart des cas, c’est, au contraire, vers la partie antérieure des mâchoi- res qu'est appliquée la résistance que ce même lévier doitvaincre pendant la mastication; aussi ces muscles, quoique très puis- sans, ne peuvent-ils alors produire que des effets très faibles, et, pour écraser entre les dents les corps les plus durs, est-on Fig. 68. (1) obligé de porter ceux-ci aussi loin que z t possible vers le fond de la bouche, de manière à raccourcir le bras de lévier g de la résistance, et à le rendre égal ou même plus court que celui de la puis- D: sance. Ces muscles se fixent à la face sde interne aussi bien qu’à la face externe Eh at a de la mâchoire, et vont prendre leur ime point d'appui sur les côtés de la tête jusqu’au haut des tempes, en passant entre les parois latérales du crâne et une arcade osseuse, nommée zygomatique (z), qui s'étend de la pommette jusqu’à l'oreille’, et qui sert aussi à lin- sertion de ces organes. La tête, comme on a pu le voir, se compose essentiellement de vingt-deux os; mais leur nombre est réellement plus considéra- ble ; car , dans l’intérieur de chaque os temporal, il existe, ainsi que nous avons dit ailleurs (p. 169), quatre osselets appartenant à l'appareil de louiïe, et on peut aussi considérer comme une dépendance de la tête l'os Ayoïde (d, fig. 34), qui est suspendu aux os temporaux par des ligamens, et qui est placé en travers de (1) Principaux muscles de la tête: — o muscle orbiculaire des paupières ser- vant à fermer les .yeux ; — » b muscle orbiculaire des lèvres, servant à rappro- cher ces organes; — 7 muscles des joues; — »7 muscle masseter servant à élever la mâchoire inférieure; — # muscle temporal servant au même usage; —z arcade zygomatique ; — c articulation de la mâchoire inférieure; — à trou auditif et apophyse mastoiïde, SQUELETTE. 995 la partie supérieure du cou, où il sert à porter la langue et à soutenir le larynx. 6 255. Les vertèbres cervicales ne s’articulent qu'entre elles ou côtes, avec la tête et la première vertèbre du dos; mais chacune des douze vertèbres dorsales porte une paire d’arceaux très longs et aplatis, qui se recourbent autour du tronc, de façon à former une sorte de cage osseuse destinée à loger le cœur et les pou- mons. Ces arceaux ( fig. 69, e) sont les côtes, dont le nombre est, par conséquent, de douze de chaque côté du corps; leur extrémité postérieure est articulée avec le corps de la vertëbre correspondante et avec Fune des apophyses transverses ; lPau- tre extrémité se continue avec une tige cartilagineuse, qui, chez certains animaux (les oiseaux, par exemple), est tou- jours ossifiée et porte alors le nom de côte sternale. Les carti- lages des sept premières paires de côtes, que l’on appelle les vraies côtes, viennent se joindre au sternum (b), os impair qui Sternum Fig. 69. (1) occupe en avant la ligne ä a ( médiane du corps et sert à compléter les parois de la cavité thoracique; les cinq dernières paires de côtes n'arrivent pas au sternum, mais se joignent aux cartilages des côtes précédentes : on les dis- tingue sous le nom de fausses côtes. 6 256. C’est sur la cage Membres su- osseuse dont nous venons périeurs, de parler, que se fixent les MEMBRES SUPÉRIEURS. On distingue, dans cha- cun de ces appendices, une portion hasilaire, qui peut être comparée à un socle, sur lequel s’insère la portion essentielle- ment mobile du membre, celle qui représente un fl CA k lévier, auquel la première sert de point d'appui. Cette portion basilaire se compose de deux os, l’omoplate et Épaule. la clavicule. (1) Voyez l'explication de cette figure , page 8 :. 15 Omoplate. Clavicule. Muscles de l'épaule. Humérus, Museles du bras, 226 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. L’omoplate est un grand os plat, qui occupe la partie supé- rieure et externe du dos : sa forme est à-peu-près triangulaire, et il présente en haut et en dehors une cavité articulaire assez large, mais peu profonde, destinée à recevoir l'extrémité de Pos du bras (fosse glenoïdale de lomoplate). À son bord supérieur, on remarque une apophyse saillante, appelée coracvïde, et sur sa face externe se trouve une crête horizontale très saillante, qui vient se terminer au-dessus de articulation de l’épaule, en formant une apophyse, nommée acromion, à Vextrémité de la- quelle s'articule la clavieule (fig. 65, p. 218). Ce dernier os est grêle et cylindrique : il est placé en travers à la partie supérieure dela poitrine, et s’élend, comme un arc-boutent, du sternum à lomoplate. Son principal usage est de maintenir les épaules écartées : aussi se brise-t-il très souvent, lorsque, dans les chutes sur le côté, cette partie est poussée avec violence vers le sternum , et, chez les animaux qui doivent porter avec force le bras vers la poitrine (comme les oiseaux le font pendant le vol), cet os est-il très développé, tandis qu’il manque complètement chez ceux qui n’exécutent jamais de mouvemens semblables et qui ne meuvent leurs membres que longitudinalement , comme les chevaux, etc. Des muscles nombreux fixent l’omoplate contre les côtes. L’un des principaux d’entre eux est le grand dentele, qui se porte de la partie antérieure du thorax au bord postérieur de cet os, en passant entre lui et les côtes. Chez l’homme, il est peu développé; mais, chez les animaux qui marchent à quatre pattes, il est extrêmement fort, et constitue avec celui du côté opposé une espèce de sangle qui supporte tout le poids du tronc, et qui empèche les omoplates de remonter vers la colonne verté- brale. Dans l'homme, le muscle trapèze, qui s'étend de la partie cervicale de la colonne vertébrale à lomoplate, a aussi des fonc- tions très importantes; Car 1l sert à relever l'épaule et à soutenir le poids de toutle membre thoracique : aussi est-il très développé. La portion du membre thoracique, qui constitué te lévier auquel l’omoplate sert de point d'appui, se compose du bras, de l’avant-bras et de la main. Le bras est formé par un seul os, long et cylindrique, nommé humerus. Son extrémité supérieure (ou téte) est grosse, arrondie et articulée avec la cavité glénoïde de lomoplate, dans laquelle elle peut rouler dans tous les sens. Les muscles destinés à mou- voir l’humérus s’insèrent au tiers supérieur de cet os et s’atta- chent, par leur extrémité opposée, à l’omoplaie ou au thorax. Les trois principaux sont le grand pectorat, qui porte le bras en dedans , en même temps qu’il l'abaisse ; le grand dorsal, qui le porte en arrière el en bas: et le deltoïde, qui le relève. SQUELETTE. 227 L’extrémité inférieure de l’humérus est élargie et a la forme d’une poulie, sur laquelle lPavant-bras se meut comme sur une charnière. Deux os longs, placés parallèlement, forment cette portion du membre thoracique : c’est le cubitus en dedans, et le radius en dehors. Ils sont unis entre eux par des ligamens et par une cloison aponévrotique , qui s'étend de lun à T autre dans toute leur longueur ; mais » cependant, ils sont mobiles, et le radius, qui porte à son extrémité la main, peut tourner sur le cubitus, qui lui sert de soutien. D’après les usages différens de ces deux os, on peut prévoir quelles doivent être les principales diffé- rences de leur forme générale. Le eubitus, pour s’articuler d’une manière solide avec lhumérus, doit présenter à son extrémité supérieure une certaine grosseur et une surface articulaire étendue , tandis qu’à son extrémité inférieure, où il doit servir de pivot au radius, il doit étre grêle et arrondi. Le radius au contraire doit être, pour la même raison, grêle à son extrémité supérieure et très large à son extrémité inférieure, à laquelle est suspendue la main : c’est effectivement ce qui a lieu, eton remarque aussi que ces deux os ne se touchent que par leurs deux extrémités, ce qui rend plus faciles les mouvemens de rotation du radius sur le cubitus. Le cubitus , qui entraine avec lui le radius, ne peut se mou- voir sur l’humérus que dans un sens : il exécute que des mou- vemens de flexion et d'extension, et, dans ces derniers, il ne peut former avec l’humérus qu’une ligne droite, car il présente au-delà de sa surface articulaire une apophyse, nommée o4e- crane, qui s'appuie alors sur l’humérus, et oppose ainsi un obstacle invincible à toute extension ultérieure. Les muscles extenseurs et fléchisseurs de Pavant-bras s'étendent de l’épaule ou de la partie supérieure de l'humérus à la partie supérieure du cubitus : il en résulte qu'ils sont disposés d’une manière fa- vorable à la rapidité des mouvemens de Pavant-bras, mais très défavorable au déploiement d'une grande force; car le bras de lévier de la puissance, représenté par l’espace compris entre l'articulation du coude et leur insertion, est très court, tandis que le bras de lévier de la résistance, qui est égal à toute la longueur du membre, à partir de la même articulation, est au contraire très considérable. Les mouvemens de rotation du radius et de la main sur le cubilus sont effectués par des muscles qui sont situés à l’avant- bras, el qui se portent obliquement de l'extrémité de l’'humérus ou du cubitus à l’une et à l’autre de ces parties. La main se divise en trois portions : le carpe, le métacarpe et les doigis. 15. Articulation du coude, Avant-bras. Cubitus. Radius. Muscles de l'avant-bras, Main, Carpe. Métacurpe. Phalanges. Muscles des doigts. Mouvemens du bras. 228 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Le carpe ou poignet est formé par deux rangées de petits os courts , unis très intimement entre eux, de façon que l’ensemble de cette partie jouit de quelque mobilité , quoique chacun des os dont elle se compose ne se déplace qu’à peine, disposition qui est de nature à donner à leurs articulations une solidité très grande. On en compte huit. Quatre de ces os, savoir: le scaphoïde, le semi-lunaire, e pyramidulet le pisiforme, composent la pre- mière rangée ; les quatre autres , que l’on nomme frapeze, trape- zoïde , grand os et os crorhu, en forment la seconde. Il est à re- marquer que ces divers os sont disposés de façon à protéger les vaisseaux et les nerfs qui se rendent de l’avant-bras à la main ; ils forment à cet effet avec des ligamens un canal qui est tra- versé par ces organes et qui peut supporter, sans s’aplatir, la pression la plus forte. Le metacarpe se compose d’une rangée de petits es longs, placés parallèlement entre eux et en nombre égal à celui des doigts, avec lesquels ils s’articulent par leur extrémité. Quatre de ces os sont aussi unis entre eux par leurs deux bouts, et sont à peine mobiles; mais le cinquième , qui porte le pouce, est dé- taché du reste du métacarpe à son extrémité antérieure et se meut librement sur le carpe. Enfin les doigts sont formés chacun par une série de petits os longs, joints bout à bout et appelés pAalanges. Le pouce n’en présente que deux ; mais tous les autres doigts en ont trois. La dernière phalange, que l’on appelle aussi phulangette, porte l’ongle. Les doigts sont tous très mobiles et peuvent se mouvoir indépendamment les uns des autres. Leurs muscles fléchisseurs el extenseurs forment la majeure partie de la masse charnue de Pavant-bras, et se terminent par des tendons extrêmement longs et grèles, dont les uns se fixent aux premières phalanges, les autres aux phalangettes. Lorsqu'on considère l'ensemble des membres thoraciques , on remarque que les divers léviers, Joints bout à bout pour les former , diminuent progressivement de longueur. Ainsi le bras est plus long que lavant-bras; celui-ci est plus long que le poignet, et chacune des phalanges est plus courte que celle qui la précède. Or, Pulilité de cette disposition est facile à com- prendre. Les articulations nombreuses et rapprochées , que l’on voit vers l'extrémité du membre, permettent à celui-ci de va- rier sa forme de mille manières et de l’accommoder à celle du corps qu'il doit saisir; tandis que les léviers allongés , formés par le bras et l’avant-bras, nous permettent de porter rapide- ment la main à d'assez grandes distances. Ce sont principale- ment les mouvemens de lPhumérus sur lomoplate, qui déter- minent la direction générale du membre et Particulation du SQUELETTE. 229 coude a surtout pour usage de permeltre à celui-ci de s’allonger ou de se raccourcir. $ 257. La structure des MEMBRES INFÉRIEURS a la plus grande analogie avec celle des membres thoraciques, et les principales différences qu’on y remarque sont celles nécessaires pour leur donner plus de solidité, aux dépens de leur mobilité, et pour en faire , au lieu d'organes de préhension , des organes de loco- motion. On y distingue aussi une portion basilaire, qui est le représentant de l'épaule, et qu’on nomme Aanche, et un lévier articulé formé de trois parties principales, la cuisse, la jambe et le pied, lesquelles répondent au bras , à Pavant-bras et à la main. La hanche, ou portion basilaire du membre abdominal, est formée par un grand os plat, nommé os laque ( du mot latin ilie , flanc) ou os coxal (du mot cora , qui en grec signifie hanche). Cet os résulte de la soudure de trois pièces principales , toujours distinctes dans le jeune âge , que Pon peut comparer au corps de l’omoplate , à Papophyse coracoïde de cet os, et à la clavicule. Les os iliaques ne trouvent point , comme les os de épaule, des côtes et un sternum, pour s’y appuyer ; étant destinés à soutenir tout le poids du corps, ils doivent cependant être fixés de la manière la plus solide au tronc : aussi les voit-on s’articuler en arrière avec la portion de la colonne vertébrale, appelée le sa- crum, et en avant se réunir entre eux, en formant une arcade, nommée pubis. Ils sont complètement immobiles , et il résulte de l’union de ces deux os entre eux et avec le sacrum, une large ceinture osseuse, qui termine inférieurement lPabdomen, et qui, à cause de sa forme évasée , est appelée bassèn ( fig. 65, pag. 218). Cette espèce d’anneau est bouché imférieurement par des muscles. Sur les côtes et en dehors, on remarque sur cha- que os itiaque une cavité articulaire , à-peu-près hémisphé- rique, qui sert à loger la tête de los de la cuisse. Enfin la plupart des muscles servant à mouvoir la cuisse et la jambe prennent insertion sur le bassin , et les muscles, qui cloisonnent, comme nous l'avons vu ailleurs, la cavité abdominale , s’y fixent pour s'étendre de là au thorax. La cuisse , comme le bras , ne se compose que d’un seul os, que l’on nomine fémur (voyez fig. 65, pag. 218). Son extrémité supérieure est coudée en dedans, et sa tête, qui est arrondie, est séparée du corps de l’os par un rétr écissement, appelé D du femur. Au bas de ce col et dans le point où il se joint au corps de l'os, en formant un angle ouvert, on remarque plu- sieurs grosses tubérosités, qui peuvent être senties à travers la peau , et qui servent à l'insertion des principaux muscles mo- teurs de la cuisse; enfin son extrémité inférieure est renflée et présente deux condyles comprimés Jatéralement et arrondis Membres in- férieurs. Hanche. Os iliaque, Bassin. Muscles du bassin. Cuisse. Fémur. Jambe, Rotule. Tibia et pé- roné. Pied. Tarse. Métatarse, Orteils. 230 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. d'avant en arrière, qui glissent sur la surface articulaire du principal os de la jambe et permettent à celui-ci de se ployer en arrière ou de s'étendre, tandis que le fémur lui - même peut se mouvoir sur le bassin dans tous les sens. La jambe diffère davantage de l’avant-bras. Outre le pérene et le tibia, qui sont les deux os principaux dont cette partie du membre inférieur se compose, comme l’avant-bras se compose du cubitus et du radius, on trouve au-devant du genou un troisième os appelé rotule, qui peut être considéré comme lanalogue de Papophyse olécrane du cubitus, et qui sert principalement à éloigner du genou le tendon des muscles extenseurs de la jambe et à rendre son insertion au tibia plus oblique, disposition qui, ainsi que nous l’avons déjà vu (6250) , doit tendre à augmenter la puissance de son action. Le pied ne devant pas exécuter des mouvemens de rotation comme la main, et devant, pour sou- tenir tout le poids du corps, présenter dans son articulalion beaucoup de solidité, les deux os de la jambe ne sont pas mo- biles l’un sur l’autre, el celui d’entre eux qui s'articule avec le fémur (le tibia), est aussi celui qui porte le pied à son extré- mité opposée. Le péroné, qui est grêle et situé du côté externe du tibia, ne sert, pour ainsi dire, qu'à maintenir le pied dans sa posilion naturelle et à l'empêcher de tourner en dedans. Son extrémité supérieure est appliquée contre la tête du tibia, et son extrémité inférieure constitue la malléole externe. Le pied se compose, ainsi que la main, de trois parties prin- cipales , savoir : le tarse , le métatarse et les doigts. IL y a sept os au tarse, et son articulation avec la jambe ne se fait que par lun d’entre eux, lastragale, qui s'élève au-dessus des autres et présente une tête en forme de poulie , destinée à s’emboiter dans la cavité formée par la surface articulaire du tibia et les deux malléoles (1). L’astragale repose sur le calca-- neum ; qui se prolonge beaucoup plus loin en arrière, et consti- tue le talon ; enfin un troisième os, appelé scaphoïde, termine la première rangée des os du tarse, et la seconde rangée se compose, comme à la main, de quatre petits os, dont trois ont reçu le nom d'os cuneiformes , et le quatrième , placé en dedans, est appelé os cuboïde. Les os du métatarse, au nombre de cinq, ressemblent exac- tement à ceux du métacarpe : seulement ils sont plus forts et moins mobiles, surtout l’interne, qui est disposé comme les autres. Il en est de même pour les orteils ; on y compte le même (1) La malléole interne est une apophyse du tibia; l’externe est formée par le péroné,. SQUELETTE. 231 nombre de phalanges qu'aux doigts de la main : mais ces os sont plus courts et beaucoup moins mobiles. Le gros orteil n’est pas détaché des autres , et ne peut leur être opposé , comme le pouce s'oppose aux autres doigts. Du côté interne du pied, les os du tarse et du métatarse forment une espèce de voûte, destinée à loger et à protéger les nerfs et les vaisseaux qui descendent de la jambe vers les orteils. Lorsque cette disposition n’existe pas, et que la plante du pied est plate, comme cela arrive quelquefois, ces nerfs sont com- primés par le poids du corps , et la marche ne peut étre conti- nuée long-temps sans douleur. Du reste, le pied pose sur le sol dans toute son étendue , et forme une base de sustentation large Muscles du et solide; il ne peut se mouvoir sur la jambe que dans le sens de Pied sa longueur , et les muscles, servant à cet usage, entourent le tibia et le péroné. Les extenseurs du pied, qui forment la saillie du mollet, se fixent au calcaneum par un gros tendon, appelé tendon & Achille, et sont disposés d’une manière favorable à leur action ; car leur insertion a lieu presque à angle droit, et se trouve plus éloignée du point d'appui que ne l’est la résistance qu'ils doivent vaincre lorsque le poids du corps, pressant sur lastragale , est soulevé par le pied. $ 258. Tous les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les poissons ont un squelette intérieur plus ou moins semblable à celui de l’homme, composé à-peu-près des mêmes os, et mu sgalement par des muscles placés entre cette charpente solide et l'enveloppe tégumentaire. C’est ce squelette qui donne à leur corps sa forme générale , et c’est de sa disposition et de Paction des muscles fixés à ses diverses parties que dépendent les atti- tudes, aussi bien que les mouvemens de ces animaux. Un pelit nombre de ces êtres (les serpens, par exemple) posent habituellement sur le sol par toute la longueur de leur corps, et ne se déplacent que par les ondulations de leur tronc ; mais les autres sont ordinairement soutenus sur leurs mem- bres, et on donne le nom de station à cet état dans lequel un animal se tient de la sorte sur le sol, dressé sur ses jambes. Pour que les membres puissent rester fermes et soutenir ainsi le corps, il faut que leurs muscles extenseurs se main- tiennent contiraciés , car, sans cela, ces organes fléchiraient sous le poids qu’ils supportent et en détermineraient la chute. Nous avons déjà vu que les muscles se fatiguent d'autant plus vite que chacune de leurs contractions dure plus long- temps: aussi chez ja plupart des animaux, la station est-elle à la longue plus fatigante que la marche, car pendant celle-ci Atttudeset mouyemeus. Station. 232 ANATOMIE ET PHYSIiOLOGIE. les muscles extenseurs et fléchisseurs se relaient mutuellement. $ 259. Cette condition n’est pas la seule qui soit indispensable à la station; pour que le corps reste debout sur ses membres ainsi raidis , il faut qu’il soit en équilibre. L'équilibre s'établit non-seulement lorsqu'un corps pesani appuie sur un objet résistant par toute l’étendue de sa surface la plus large ; mais aussi , lorsqu'il est placé de telle façon que, .si une partie de sa masse s’abaissait vers la terre, une partie opposée, également pesante, s’éleverait d'autant; le poids d'une partie sert alors à contrebalancer celle de l’autre, et on appelle centre de gravité le point autour duquel toutes ces par- ües se font réciproquement équilibre, et qu’il suffit de soute- nir, pour maintenir en place la masse entière. Or, pour sou- tenir le centre de gravité, il suflit que la base de sustentation (c’est-à-dire l’espace occupé par les points par lesquels la masse s'appuie sur un objetrésistant ou celui compris entre ces points), soit située verticalement au-dessous de lui. Pour que le corps d’un animal reste en équilibre sur ces pattes , il faut par conséquent que la verticale, passant par son centre de gravité, tombe dans les limites de l’espace que les pieds laissent entre eux ou recouvrent eux-mêmes, et plus cette base de sustentation sera large par rapport à la hauteur à laquelle se trouve le centre de gravité, plus son équilibre sera stable ; car plus aussi il pourra être déplacé sans que la ligne de gravité dont nous venons de parler , cesse de tomber dans les limites de cette base. Il est aussi à noter que plus l'équilibre sera difficile à conserver, plus la contraction musculaire, nécessaire pour la maintenir, devra êlre intense, et plus la posiion de Vanimal sera fatigante. D’après cela, on peut voir que, lorsqu'un animal pose à-la- fois sur ses quatre membres , la station devra être en général plus ferme, plus solide et moins fatigante que lorsqu'il ne pose que sur deux , et que, dans ce dernier cas, il sera encore dans un état d'équilibre plus stable que lorsqu'il ne pose que sur une seule jambe ; car l'étendue de la base de sustentation deviendra ainsi de plus en plus étroite. Quand un animal se Uent sur ses quatre pieds, l’espace compris entre eux est très considérable et ne peul être que peu modifié par Pétendue plus ou moins grande de la surface de ces organes. Les rendre irès larges aurait donc augmenté leur poids, sans ajouter véritablement à la solidité de la base de sustentation : aussi, chez la plupart des quadrupèdes , les membres ne touchent-ils le sol que par une extrémité à peine dilatée, et voit-on le nombre des doigts diminuer de plus en plus, sans nuire à ces organes comme instrumens de locomotion: le pied du cerf et celui du che- LOCOMOTION. 233 val nous en offrent la preuve (fig. 69 et 70) ; mais, lorsque l'animal ne pose que sur deux de ses pieds , quel que soit Fig. 70. Fig. 71. leur écartement, la base de su- stentalion ne peut avoir de soli- dité d'avant en arrière qu’autant que ces organes touchent le sol dans une étendue considérable , comme cela a lieu pour le pied de l’homme ; et, lorsqu'un ani- mal se tient facilement sur une seule patte, ainsi que le font les oiseaux , il faut que la nature ait donné à ses pieds encore plus de largeur aussi bien que de longueur. Pour qu’un animal puisse se mettre en équilibre sur une seule de ses jambes , il faut aussi que le pied sur lequel il pose se place verticalement au-dessous du cen- tre de gravité de son corps et que ses muscles soient disposés de fa- con à lui permettre de maintenir alors ce membre inflexible et immobile. L'homme y parvient; car le centre de gravité de son corps se trouve vers le milieu de son bassin, et, en se plaçant dans la position verticale , il lui suffit de se courber un peu du côté qui ne pose pas, pour que la ligne de gravité tombe sur la plante du pied du côté opposé ; mais pour la plupart des quadrupèdes, la chose est impraticable. La plupart de ses derniers animaux ne peuvent même se tenir dressés sur leurs pattes postérieures, à cause de la direction de ces membres, relativement au tronc; et, s'ils y parviennent pour un instant, il leur est impossible de maintenir l'équilibre, parce que leur base de sustentation est très étroite, le centre de gravité de leur corps est placé très haut ( vers la poitrine), et les muscles qui servent à leur faire prendre cette attitude sont obligés de se contracter avec une violence qui nécessite un prompt repos. Pour l’homme et un petitnombre d’autres mam- mifères , la station verticale sur les deux membres abdominaux est au contraire plus ou moins facile; car ces membres peuvent aisément se placer dans la direction de l’axe du corps, le cen- tre de gravité est situé très bas, et la base de sustentation, formée par les pieds, est assez large. Chez l’homme surtout, cette attitude est rendue solide par la largeur du bassin, la forrie des pieds et d’autres particularités d'organisation dont nous aurons à parler par la suite. Action des muscles pen- dant Ja sta- tion. Positions assise et cou- chée. Progres- $i0NS. 234 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. $ 260. Dans la station verticale , les muscles de la partie pos- térieure du cou se contractent pour maintenir la tête en équi- libre sur la colonne vertébrale et les muscles extenseurs de cette colonne entrent aussi en action pour l’empécher de céder sous le poids des membres thoraciques et des viscères du tronc, qui tendent à les courber en avant. Tout le poids du corps se trans- met ainsi par la colonne vertébrale au bassin et du bassin au fémur. Abandonnés à eux-mêmes, ces derniers os se ploie- raient sur le bassin, el le tronc tomberait en avant ; mais la contraction de leurs muscles extenseurs les maintiennent éten- dus. Les muscles extenseurs de la jambe empêchent en même temps les genoux de fléchir, et les muscles extenseurs du pied maintiennent la jambe dans la position verticale , de façon que le poids du corps se transmet de la cuisse à la jambe, de la jambe au pied et du pied au sol. 6261. La position assise esi moins fatigante que la station, parce que le poids du corps se transmettant alors direciement du bassin à la base de sustentation, il n’est pas nécessaire que les muscles extenseurs des membres abdominaux se contractent pour main- tenir l'équilibre. Enfin, lorsque l’homme est couché sur le dos ou le ventre, le poids de chaque portion mobile de son corps se transmet directement au sol, et par conséquent, pour se mainte- nir de la sorte, il n’a besoin de contracter aucun de ses muscles. 6262. Les mouvemens progressifs par lesquels l’homme et les animaux se transportent d’un lieu à un autre, exigent qu’une vitesse déterminée soit imprimée, dans une certaine direction, au centre de gravité de leur corps. Cette impulsion lui est donnée par le déploiement d’un certain nombre d’articulations plus ou moins fléchies, et dont la position est telle, que, du côté du centre de gravité, leur déploiement est libre, tandis que, du côté opposé, il est gèné ou même impossible, de façon que la totalité ou la plus grande partie du mouvement produit a lieu dans la première de ces directions. Il se passe alors la même chose que dans un ressort à deux branches, dont l’une des ex- trémités est appuyée contre un obstacle résistant, et dont les deux branches, après avoir été rapprochées par une force exté- rieure , sont rendues à leur liberté primitive : à raison de leur élasticité, elles tendront à s’écarter également jusqu’à ce qu’elles soient revenues dans la position qu’elles avaient avant que d’être comprimées; mais, celle appuyée contre l’obstacle ne pouvant le forcer, le mouvement se fera en entier dans le sens opposé, et le centre de gravité du ressort s’écartera de cet op- stacle avec une vitesse plus ou moins grande. Dans le corps des animaux, les muscles fléchisseurs de la partie employée dans chaque sorte de mouvemens représentent la force qui comprime LOCOMOTION. 235 _ le ressort, les muscles extenseurs représentent l’élasticité qui tend à le redresser, et la résistance du sol ou celle du fluide, dans lequel ces êtres se meuvent, représente l'obstacle qui s'oppose au déplacement de l’une de ses extrémités. 6263. La marche est un mouvement sur un sol fixe, dans le- quel le centre de gravité de animal est mu alternativement par une partie des organes locomoteurs et soutenu par les autres, sans que jamais le corps cesse complètement de reposer sur le sol. Cette dernière circonstance la distingue du saut et de la course, mouvemens dans lequel tout le corps quitte momenta- nément le sol, et s’élance en Pair. Dans la marche sur deux pieds, chez l’homme et les autres animaux à qui ce mode de locomotion est possible, lun des pieds est porté en avant, tandis que l’autre s’étend sur la jambe ; et, comme ce dernier membre appuie sur un sol résistant, son allongement déplace le bassin et projette en avant tout le corps; le bassin tourne en même temps sur le fémur du côté opposé qui le soutient , et la jambe qui était d’abord restée en arrière, se fléchit, se porte en avant de l’autre, puis se redresse et sert à son tour à soutenir le corps, pendant que l’autre membre, en s'étendant, donne une nouvelle impulsion au centre de gravité. À l’aide de ces mouvemens alternatifs d'extension et de flexion, chaque jambe porte à son tour le poids du corps, comme elle le ferait dans la station sur un seul pied , et à chaque pas le centre de gravité est poussé en avant; mais on voit qu’il doit se porter en même temps alternativement un peu à droite et à gauche pour se trouver directement au-dessus de chacune de ses bases de sus- tentation, et ce déplacement devient d'autant plus considérable que le bassin est plus large, car les membres, destinés à soutenir alternativement le tronc, sont alors plus écartés entre eux. La plupart des quadrupèdes , lorsqu'ils marchent, se servent principalement des pattes de derrière pour pousser leur corps en avant, et des pattes antérieures pour se soutenir dans la nouvelle position que chaque pas leur donne. Quand ces mou- vemens se font à-la-fois par les deux pieds de chaque paire, Panimal se trouve, pendant un instant , suspendu en entier au- dessus du sol, et on donne à ce mode de locomotion le nom de galop. Dans la marche, deux pieds seulement contribuent à la formation de chaque pas, un de devant et un de derrière; en général, ce sont ceux des deux côtés opposés qui se lèvent si- multanément; d’autres fois ceux du même côté: cette dernière allure est connue sous le nom d’amble. 6 264. Le saut se fait par un déploiement subit des diverses articulations des membres servant à la locomotion qui, aupa- ravant, avaient été fléchis plus que de coutume. L’étendue de Marche. Galop. Amble, Saut. Natation et vol. 236 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. l’espace que l'animal parcourt ainsi dans l'air, dépend princi- palement de la vitesse qui est imprimée à son corps au moment du départ, et cette vitesse, à son tour, dépend de la longueur proportionnelle des os de ces membres, et de la force de leurs muscles ; aussi, les animaux qui sautent le mieux sont-ils ceux qui ont les cuisses et les jambes de derrière les plus longues et les plus musculeuses. 6 265. La natation et le vol sont des mouvemens analogues à ceux du saut, mais qui ont lieu dans des fluides dont la résis- tance remplace, jusqu’à un certain point, celle du sol dans les phénomènes dont nous venons d'exposer le mécanisme. Les membres qui, en s'étendant et en se reployant en arrière, doivent pousser le corps en avant, s'appuient dans ce cas sur Peau ou sur l'air, et tendent à refouler ces fluides avec une vitesse plus ou moins grande; mais, si la résistance que l’air ou que l’eau présente dans ce sens est supérieure à celle qui s'op- pose au mouvement de l'animal lui-même en sens contraire, ces fluides fourniront au membre un point d'appui, et le mou- vement produit sera le même que si ce ressort touchait, par son extrémité postérieure, un obstacle invincible, mais ne se dé- bandait qu'avec une force égale à la différence existante entre la vitesse qu’il déploie et celle qu'il imprime au fluide ambiant, en le refoulant en arrière. Or, moins le fluide dans lequel l'animal se meut est dense, moins le point d'appui qu’il lui fournira ainsi sera résistant, et plus la force nécessaire pour dépasser de vitesse le déplacement de ce point d'appui et pour pousser le corps eh avant sera considérable ; aussi, le vol nécessite-t-1il une puissance motrice bien plus grande que la natation, et l’un et l’autre de ces mouvemens ne pourraient être effectués avec la force qui, toutes choses égales d’ailleurs , suffit pour déterminer le saut sur une surface solide. Mais ce grand déploiement de force motrice n’est pas la seule condition nécessaire à la loco- motion aérienne ou aquatique; comme l'animal, qui est plongé dans un fluide, trouve de toutes parts une résistance égale, la vitesse qu'il aurait acquise en frappant en arrière ce fluide, serait bientôt détruite par la résistance du fluide qu’il serait obligé de déplacer en avant, s’il ne pouvait diminuer considéra- blement la surface des organes locomoteurs, immédiatement après s’en être servi pour donner le coup. C’est effectivement ce qui à lieu , et l’un des caractères de tout organe de vol ou même de natation est de pouvoir changer de forme et de présenter, dans la direction perpendiculaire à celle du mouvement qu’il produit, une surface alternativement très large et fort étroite. $ 266. Quant à la structure des organes de locomotion aérienne ou aquatique, nous aurons l’occasion d’en parler dans la suite DE LA VOIX. 337 de ces leçons; aussi, ne nous y arrêlerons-nous pas dans ce moment : nous dirons seulement que chez les animaux supé- rieurs ce sont presque toujours les membres thoraciques qui servent uniquement au vol, et que leur transformation en ailes Fig. 72. a lieu, soit par l’allongement extrême des doigts et l’existence d’une membrane qui s'étend entre ces appendices, et se fixe aussi aux flancs (comme chez les chauve- souris, fi. 71), ou bien par l'implantation de plumes longues et raides sur toute l’é- tendue du membre, qui devient alors long el étroit (comme chez les oiseaux). Les membres abdominaux el thoraciques peuvent également servir à la natation, et lors- Fig. 73. qu'ils sont complètement transformés en nageoires, On remarque, en général, que leur partie terminale devient très large, et que la portion qui représente le bras et Vavant-bras se raccoureit, de façon que l’analogue de la main parait naïtre im- médialement du tronc : cela est surtout facile à constater chez les phoques (fig. 72) et chez les cétacés. DE LA VOIX. 6 267. Pour terminer l’histoire des fonctions de relation, il nous reste encore à traiter de la production des sons, faculté qui, chez l’homme, est d’une importance extrême, car c’est d'elle que dépend la voix et la parole. Chez les animaux les plus inférieurs, il n’y à aucune trace de cette faculté; et chez les insectes, le bruit monotone que lon nomme le chant de ces petits êtres, ne résulte que du frotte- ment de leurs ailes ou de quelques autres parties de leur enve- loppe tégumentaire les unes contre les autres; mais les animaux supérieurs peuvent presque tous faire entendre des sons plus ou moins variés, et la production de ceux-ci dépend du passage de Pair dans. une partie déterminée du conduit respiratoire, dis- posée de facon à faire vibrer ce fluide. Chez l’homme et chez les autres mammifères, ce phénomène a lieu dans la portion du conduit aérifère, qui est située au haut du cou, entre le pharynx et la trachée-artère, et appelée Zarygnx (voyez fig. 27, a, p. 80; fig. 34, e, p. 100; et fig. 35, g, p. 101). En effet, une ouverture faite à la trachée, au-dessous de cet organe, en permettant à l'air expiré de s'échapper au dehors sans le traverser, empêche complètement la production des sons; on Production des sons. Appareil vocal. Laryux. 238 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. cite des exemples de personnes qui, ayant au cou une ouverture semblable, produite, soit par une blessure, soit par une ma- ladie, perdirent aussitôt la voix, mais recouvraient la faculté de parler, en mettant autour de leur cou une cravale serrée, de façon à boucher cette plaie, et à forcer, par conséquent, l'air à suivre sa route ordinaire. D’un autre côté, une ouverture analogue ne détruit pas la voix lorsqu'elle est située au-dessus du larynx; d’où on peut conclure avec certitude que c’est dans cet organe qu'a lieu la production des sons. Fig. 74. (1) Le Z1rynx est un tube large et court, qui l est suspendu à los hyoïde (4), et qui se con- tinue inférieurement avec la trachée-artère. Ses parois sont formées par diverses lames cartilagineuses, désignées sous les noms de cartilage thyroïde (t), de cartilage cricoïde (c) et de cartilages arythenoïdes ; en avant, on y remarque la saillie connue sous le nom vulgaire de pomme d'Adam (a); et à linté- rieur , la membrane muqueuse qui le tapisse forme, vers son milieu, deux grands replis latéraux, dirigés d'avant en arrière, et disposés à-peu-près comme les lèvres d’une boutonnière. Ces replis (22, fig. 75) sont Fig. 75. (2) appelés les cordes vocales où Ligamens ïnfe- rieurs de La glotte; ils sont assez épais : leur longueur est d'autant plus considérable, que la partie antérieure du cartilage thyroïde (ou pomme d'Adam) est plus saillante ; et, à Paide des contractions d’un petit muscle logé dans leur épaisseur, et des mouvemens des car- tilages arythénoïdes auxquels ils sont fixés en arrière, ils peuvent se tendre et se rap- procher plus ou moins, de façon à agrandir ou à diminuer l'espèce de fente (louverture tr de la glotte) qui les sépare. Un peu au-dessus (1) Larynx de l’homme vu de profil: — x 065 hyoïde ; — / corps de l'os hyoïde qui donne attache à la base de la langue ; — + cartilage thyroïde;— a saillie for- mée en avant par le cartilage thyroïde, et connue sous lenom vulgaire de pomme d'Adam : le cartilage thyroïde est uni à los hyoïde par une membrane; — € car- tilage cricoïde; — tr trachée-artère; — o paroi postérieure du larynx en rapport avec l'æsopbage. (2) Coupe verticale du larynx: — k os hyoïde ; — # cartilage thyroïde; — ce, cartilage cricoïde ;— a cartilage arythénoïde ;— » ventricule de la glotte, formé par l’espace que laissent entre eux les cordes vocales et les ligamens supérieurs de la glotte; — e épiglotte; — tr trachce. DE LA VOIX. 238 des cordes vocales se trouvent deux autres replis analogues de la membrane muqueuse du larynx; on les nomme Zigamens Fig: 76. (1) superteurs de la glotte, et on appelle ventri- cules du larynx les deux enfoncemens laté- A vaux qui les séparent des ligamens infé- rieurs (VOy. fy. 74 et 75.) L’espace compris entre ces quaire replis constitue ce que l’on nomme la glotte ; enfin , on remarque encore, © au-dessus de cette ouverture, une espèce de _ 7 languette fibro-cartilagineuse, appelée epi- Mo glotte, qui est fixée, par sa base, au-dessous b h de la racine de la langue , et qui s’élève obli- quement dans le pharynx, mais qui peut cependant s’abaisser et couvrir la glotte, comme nous Pavons déjà dit, en traitant de la déglutition. Dans l’état ordinaire, Pair, expulsé des poumons, traverse librement le larynx, et n’y produit aucun son; mais, lorsque les muscles de cet organe se contractent et que le passage de l'air devient plus rapide, la voix se fait entendre. Une expérience, faite par Gallien , montre la nécessité de ces contractions pour la formation des sons. Il coupa, sur des animaux vivans, les nerfs qui se rendent aux muscles du larynx (2); et cette opération, qui détermina la paralysie de ces organes, entraïna en même temps la perte de la voix. D’autres expériences prouvent, en outre, que c’est spé- cialement de l’action des ligamens de la glotte, que dépend la production des sons. Lorsqu'on coupe les replis supérieurs, on affaiblit considérablement la voix, et lorsqu'on coupe les replis inférieurs, ou cordes vocales, on la détruit. 6 268. La plupart des physiologistes regardent le larynx comme agissant dans la production de la voix, de la même manière qu'un instrument à anche : ils pensent que Pair, ex- pulsé des poumons, écarte les lèvres de la glotte jusqu’à ce que (1) Larynx vu de face : le contour de la paroi intérieure est indiquée par les lignes a, a, b, b; — li lhgamens inférieurs de la glotte ou cordes vocales ; — ls ligamenus supérieurs. Les autres parties sont indiquées par les mêmes lettres que dans les figures précédentes. (2) Les nerfs pneumogastriques qui naissent de la partie latérale de la moslie allongée et sortent du crâne pour descendre de chaque côté du cou, et pénètrent dans le thorax et dans l’abdomen , donnent naïssance immédiatement après leur entrée dans la première de ces cavités à une branche qui remonte de chaque côté le long du cou et va se ramifier dans le larynx; on la nomme nerf récurrent à cause de la direction qu’elle suit. Action des cordes voen- les. Th£orie de la voix. 240 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. ces cordes élastiques reviennent sur elles-mêmes et ferment momentanément le conduit respiratoire, pour s’écarter ensuite de nouveau, de façon à produire des mouvemens de vibration assez rapides pour donner naissance à des sons, à-peu-près de la même manière que les choses se passent, lorsqu'on souffle dans l’anche d’un hautbois. Mais, d’après les recherches de M. Savart, il paraïtrait que la production des sons vocaux ordinaires ne dépend pas d’un mécanisme semblable à celui des instrumens à anche, et a lieu de la même manière que dans les petits instrumens, dont les chasseurs se servent pour imiter le chant des oiseaux. Ces instrumens, nommés appaux, Sont ordinairement con- struits en bois ou en métal, et consistent en un petit tuyau cylindrique très court, et fermé à chacune de ses bases par une lame mince, percé à son centre d’un trou. Pour en tirer des sons , le chasseur place l’appau entre ses dents, et aspire Pair à travers les deux ouvertures dont celui-ci est percé. Le courant, qui traverse ainsi l'instrument, entraine avec lui une partie de l'air contenu dans sa cavité, et celle-ci, étant raréfiée, cesse bientôt de faire équilibre à la pression de l'atmosphère, qui, en réagissant sur elle, la refoule et la comprime jusqu’à ce que, par sa propre élasticité et par l'influence du courant, elle su- bisse une nouvelle raréfaction , suivie d’une seconde condensa- tion, et ainsi de suite. La petite masse d'air renfermée dans l’appareiïl entre ainsi en vibration, et donne naissance à des ondes sonores, qui se répandent dans l'atmosphère. En modé- rant ou en accélérant la rapidité du courant, on produit des sons plus graves ou plus aigus, et on les varie encore davantage en agrandissant ou en resserrant les ouvertures de l'instrument, en variant sa forme, en rendant ses parois plus ou moins élasti- ques, et en y adaptant des tubes de diverses longueurs. Il paraïtrait que c’est aussi au moyen de modifications sem- blables du larynx , que les sons produits par cet organe de\ien- nent graves Ou aigus. À mesure que la voix monte les lèvres de la glotte se tendent et se resserrent davantage, de façon à diminuer de plus en plus étendue de l'ouverture qu’elles lais- sent entre elles. La contraction des fibres musculaires répandues autour des parois des ventricules du larynx et celle des muscles de l’arrière-bouche , donnent en même temps à loutes ces par- lues un degré de tension favorabie au développement du son produit , et on observe que le larynx lui-même s'élève à mesure que les sons deviennent plus aigus, circonstance qui s'explique d’après les lois de l’acoustique, car elle détermine le raccour- cissement du conduit que les sons iraversent pour arriver au dehors, et l'on sail parfaitement bien que, dans nos instrumens DE LA VOIX. 241 de musique ordinaires, la longueur de ce conduit a la plus grande influence sur la rapidité des vibrations sonores. Quand on veut tirer d’une trombone une suite de sons, on allonge ou on rac- courcit le tube formé par le corps de l’instrument. L'intensité ou le volume de la voix dépend en partie de la force avec laquelle l’air est expulsé des poumons, en partie de la facilité avec laquelle les différentes parties du larynx entrent en vibration, et de l’étendue de la cavité dans laquelle les sons se produisent. La même personne ne peut pas faire entendre, avec une égale force , tous les sons que son larynx produit, parce que les diffé- rentes parties de son appareil vocal ne sont pas disposées d’une manière également favorable à leur production. Lorsqu'un homme est affaibli par la fatigue ou par la maladie, sa voix perd de son intensité, parce que les muscles qui chassent l'air des poumons ne peuvent plus l’expulser avec leur force or- dinaire. Enfin, c’est au volume plus considérable du larynx, chez l’homme, qu’on doit attribuer en partie la différence qui se re- marque dans la force de sa voix et celle de la voix d’une femme ; et c’est à l’existence de grandes cavités, en communication avec cet organe, que les singes hurleurs, et quelques autres animaux doivent la faculté de faire entendre, à une distance immense , leurs cris assourdissans. ‘Le timbre de la voix parait tenir, en partie, aux propriétés physiques des ligamens de la glotte et des parois du larynx, et en partie à celle de la portion suivante du tuyau vocal. On sait, par expérience, que le timbre des instrumens de musique varie beaucoup, suivant qu’ils sont construits en bois, en métal, etc.; et on a remarqué une coïncidence entre certaines modifications de la voix humaine et l’endurcissement plus ou moins grand des cartilages du larynx. Chez les femmes et les enfans, dont la voix à un timbre particulier , les cartilages du larynx sont flexi- bles et n’ont que peu de dureté, tandis que chez les hommes, et chez les femmes dont la voix est masculine, le cartilage thyroïde est remarquable par sa force et par son ossification plus on moins complète. La forme de ouverture extérieure de l'appareil vocal influe aussi sur le timbre des sons produits. Lorsque les sons traversent les fosses nasales seulement, ils deviennent désagréables et na- sillards ; quand la bouche est largement ouverte, la voix acquiert au contraire de la force et de l'éclat, et il paraîtrait que le degré de tension du voile du palais et des autres parties de l’arrière- bouche exerce une influence non moins grande sur la manière dont les sons se modulent. 16 Voix ac- quise. Chant. Pronencia- tion. 242 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE, D’après ce que nous avons dit sur le mécanisme de la produc- tion des sons, on doit prévoir que le diapason de la voix doit dépendre en majeuré partie de la longueur et de l'épaisseur des cordes vocales. La voix de l’homme , comme chacun le sait, est beaucoup plus grave que celle de la femme ; aussi, chez l’homme. où le larynx fait à la partie supérieure du cou une saillie con- sidérable , connue sous le nom vulgaire de pomme d'Adam, ces replis sont-ils beaucoup plus longs que chez la femme, où le diamètre antéro-postérieur de cet organe est si petit, que l’émi- nence dont nous venons de parler se distingue à peine. 6269. Les sons produits par appareil vocal n’ont pas tou- Jours le même caractère et se distinguent en cris, chant et voix ordinaire. Le eri est un son ordinairement aigu et désagréable, qui n’est que peu ou point modulé, et qui diffère principalement des autres sons vocaux par son timbre : c’est le seul que puissent former la plupart des animaux, et sous ce rapport, l’homme ne diffère de ces derniers que par l'effet de l'éducation. L’enfant qui vient de naître ne sait pousser que des cris; et, quand il est privé du sens de l’ouiïe, sa voix ne change pas; mais, lorsqu'il entend ce qui se passe autour de lui, il apprend de ses sem- blables à la moduler et à produire des sons d’une nature parti- culière. S Cette voix acquise diffère du cri par son intensité et par son timbre; mais elle n’est formée de même que de sons dont lo- reille ne distingue pas nettement les intervalles et les rapports harmoniques. Le chunt, au contraire , se compose de sons ap- préciables ou musicaux dont loreille compte, pour ainsi dire, le nombre relatif de vibrations. 6 270. L'homme possède aussi la faculté de modifier d’une manière particulière les divers sons de sa voix, il peut articuler ces sons , et on donne à cet acte le nom de prononciation. Les organes de la prononciation sont le pharynx, les fosses nasales et les différentes parties de la bouche; et, suivant qu’ils agissent de telle ou de telle manière, le son produit par le larynx prend tel ou tel caractère, et constitue un son articulé parti- culier. On divise les sons articulés en deux grandes classes, les voyelles et les consonnes; les premières sont des sons permanens et sim- ples qui ne peuvent se confondre en s’alliant à d'autres, et pen- dant la production desquels appareil de la prononciation con- serve la même disposition; les consonnes sont, au contraire, des sons articulés qu’il est impossible de prolonger comme des voyelles, et qui nécessitent, pour leur production , des mouve- mens particuliers de Pappareil de la prononciation ;, mouvemens DE LA VOIX. 243 à la suite desquels cet appareil prend nécessairement la dispo- sition à l’aide de laquelle il forme une voyelles aussi, les con- sonnes ne peuvent-elles être articulées qu’en y joignant un son de voyelle. On les distingue en consonnes labiales, dentales, nasales , etc., suivant que les mouvemens des lèvres, de la lan- gue , etc., jouent le principal rôle dans le mécanisme de leur prononciation. L'homme n’est pas le seul animal ayant la faculté d’articuler les sons, et de prononcer ainsi des mots; mais il est le seul qui attache un sens aux mots qu’il prononce et à l’arrangement qu’il leur donne; lui seul est doué de la parole. ARR SAR SAS LUB LR LUS LUS ARLES LES R LES RAR VUE LENS LE NÉE EUR LES LUE TABLE DES MATIÈRES NOTIONS PRÉLIMINAIRES, Caractères généraux des êtres vivans. Mouvement dotritif, Mort et reproduction, . : - . Structure des êtres vivans. Composition chimique. , . . . Caractères - des ani- MmAUT,: .: + » . + Des fonctions des animaux et de leurs organes. . . . . .. Classification des fonctions. . . Division du travail physiologi- QUE Er Tissus organiques. . FONCTIONS DE NUTRITION... . Du liquide nourricier OÙ Sang. Globules du sang, . , . . . Composition chimique du sang. Coagulation du sang. . . . . . Usages du sang. . . Sang artériel el sang veineux. . De la circulation dusang, . . . Description de l’appareil de la circulation. . . . Cœur. Artères et veines, . . . . « « « Mécanisme de la circulation. . . eseoilente à ee Pouls. M stete CPOERUES Cours du sang chez Ls on ani- LUTTE A Re cdgst Le De Danton EMPIDIIONS ENT ENEINRENE" Endosmose "111 vero Absorption veineuse. . . . . Vaisseaux lymphatiques. DER ET Ralatron RENE De la L'ESDIFOLION, D NUE Phénomènes chimiques de la res- p'ration. Théorie de la respiration. Appareil de la respirati on. Branchies. Trachées. POUMONS NE TPS RER Mécanisme de la respiration. . . Influence de la respiration sur la circulation. x — l'absorption et l Maire De la digestion. Alimens. Appareil digestif. CRC TETE eriefletiettante Mastication. . . . . Insalivation. Déglutition. se) lol ph Sen e lents 246 ESOPME REA EU 0. Che Eee. . 1.1) IDTESENS ED Luc 0 ROIS ete Ce DANERÉAS M te pee nette Chyle. . . Gros intestins Me EF Absorption du chyle. . , . . . Sécrétions. . , Glandes, . . Sécrétion urinaire. sul iriie), a) es e solar le \bhrereire De l'assimilation et de la décom- position nutritive, De la chaleur animale. . . . . FONCTIONS DE RELATION, Système nerveux, . . .. Cerveau, . Cervelet er ae Moelle épinière, Nerfs ee Système ganglionaire, . De la sensibilité. Rôle des nerfs, du, cervéeaue 4 Pie Différentes espèces de sensibi- lite. AE TE USER Fonctions des racines des nerfs, Fonctions du système ganglio— naire. She Les We a. Me. noie (teite erl» CC ee ie) tyorateuipegijerprel Sens du toucher, : Structure de Ja peau. Organes du toucher, Sens du goût. Saveurs. , . e Lette een le ea as dotentre War Vel lat el (ren ta Organe du goût. Sens de l'odorat. FIN DE LA TABLE DES 103 10 108 107 TIIt 1b. 112 180 96 116 117 122 126 132 137 139 143 144 145 147 148 150 1h 152 154 155 156 155 128 160 161 1b. 162 163 MATIÈRES. Mdeurs VER RUE Organe de l'odorat. . . . . . Serside:l'oute Mn. Le 5. ie Appareil auditif. . . . . Mécanisme de l'audition. . . Appareil auditif des animaux in- CO UT OR TX SE Sens de la vue. Srueturedé l'œil... . "1": Mécanisme de la vision, Acromatisme de. l'œil, Myopie et presbytüisme, , , . . Usages de la rétine, des lobes Optiques CIC PNR Appréciation des distances, ete. Illusions d'optique. . . . . Organes moteurs de l'œil, Parties protectrices, Larmes. . e! e\je Le loi. ._ ele: ee. + yel,re Des facultés intellectuelles et in- stinctives, . .. Angle facial, , Breton ie ïe = eee Système phrénologique, . . . . Des mouveméns, . . . . Muscles, se Le sL eee toile te “a Influence du système nerveux sur la contraction musculaire, Squelette. Articulations. . dé cam ae lee Action des muscles sur les os. Description du squelette, Station... . Progression, , De la voix. ©, les, CFO OMC 2 CET OMC TIME CO URC LCarynx 2.0 0e Théorie, dela voix te TABLE DES MATIÈRES. 163 16. 167 1b. 170 174 175 Ib. 177 183 154 185 188 190 192 193 195 196 198 200 202 203 205 209 212 213 217 231 234 237 238 239 5 FÉVRIER 4S46 LIBRAIRIE MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE Ancienne maison Crochard CATALOGUE LIVRES DE FONDS DE VICTOR MASSON LIBRAIRE DES SOCIÉTÉS SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE PLACE DE L'ÉCOLLR DE WMÉDECUNE, HW, 1 MÈME MAISON , CHEZ L, MICHELSEN , À LFIPZ:G IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIÈRE, NO 3. D'écio: Vassaos se Charge de ps'ocurer, dans un bref delai, ious Les ouvrages publies en Angleterre. DIVISION DU CATALOGUE. T. Médecmereh Chinngie er i E.à .. 40 1: Chimie; Physique, Pharmagie. ." : 0012 TL "Histoire raturelle Agriculture. . 7... 15 IV. Exploration scientifique de l'Algérie. . . . 25 V. Ouvrages classiques et pour le baccalauréat. 27 VI: Hournau me pee PEUR ENT 2000) VIT. Bibliothèque de philosophie médicale. : . . 32 Nora. MM. les libraires pour lesquels les relations avec Leipzig sont plus faciles que celles avec Paris, trouveront tous les articles de mon fonds au dépôt général que J'ai établi chez M. Léoporo MICHELSEN.—TIs devront s'adresser directement à ce libraire, qui leur fera connaitre mes conditions de vente et leur remettra mon catalogue avec prix en thalers. CATALOGUE DES LIVRES DE FONDS VICTOR MASSON Libraire des Sociétés savantes près le Ministère de: l'instruction: publique ANNUAIRE DES. SOCIETES SCIENTIFIQUES: ET LITTERAIRES DE LA FRANCE, publié sousles auspices du département de lInstrnctionpublique. Année 1846. nfort-volume-grand ip=$.. + 2 6222 sctriet 019 fr. E. MÉDECINE, CHIRURGIE. ANDRAL. Clinique médicale, ou choix d'observations recueillies à l'hôpital de la Charité, 4° édition, revue, corrigée et augmentée, Parès, 1840, 5 volumes, IN OR cd lo alta ee et state le Seth Si M eReerdlellelar où HO E —— Essai d’hématologie pathologique. Paris, 1843, in-8.. . . . . .. Afr. Et GAVARRET. Recherches sur les modifications de proportion de quel- ques principes du sang (fibrine, globules, matériaux solides du sérum et eau), dans les maladies, Paris, 1841,in-8.. . .. ... .. renier AIT OÙ Réponse aux principales objections dirigées contre les procédés suivis dans les analyses du sang et contre l'exactitude de leurs résultats. Paris, 15%, DOCHA DES 0 0, er 2e, 0 ee Se no AU ÎLe 0 —— Recherches sur la quantité d’acide carbonique exhalé par te poumon dans l'espèce humaine. Paris, 1843, br, in-8, avec une planchein-4. .. 1 fr. 25 er DELAFOND. Recherches sur la composition du sang de quelques ani- maux domestiques, dans l’état de santé et de maladie. Paris, 1842, bro- CHUTEUNE SEM AN ES SPORT te UE LA NS EEE ECS 55 ANNALES m£nico-PsxcnoLociques, journal de l’Anatomie, de la Physiologie et de la Pathologie du système nerveux. Voyez page 30, à l’article Journaux. 4 Livres de fonds de Vicror Masson, EEE ES ou 5 Médecine et Chirurgie. BAILLARGER (J.). Des hallucinations, envisagées sous le triple rapport de la psychologie, de la médecine et de la médecine légale, avec un complément historique comprenant les biographies des hallucinés les plus célèbres, ou- vrage qui a obtenu le prix Civrieux , à l'Académie royale de médecine. 1 vol. in-8. Sous presse. » ce mob #- ee Cd... UM Me -65e% 9 fr. 50 BARRIER (J.). Traité pratique des maladies de l'enfance, fondé sur de nom- breuses observations cliniques , 2° édit. Paris, 1845, 2 forts vol. in-8. 16 fr. BAUDELOCQUE (A.-C.). Trait é de la péritonite puerpérale. Paris, 1830, IN-O. os celle teie his . = PS TER ë Me nie «0.1: 00 BECQUEREL (A.). Séméiotique des urines, ou Traité des altérations de l'urine dans les maladies, suivi d’un traité de la maladie de Bright aux divers âges de la vie. Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences dans sa séance du 19 décembre 1842. Paris, 1841, 1 vol. in-8, avec 17 tableaux . . .. 7 fr. 5u BERNARDEAU. Histoire de la phthisie pulmonaire, nouvelles recherches sur l’é- tiologie et sur le traitement de cette maladie. Paris, 1845, 1 vol. in-8. 5 fr. BERTRAND (L.). L’art de soigner les malades, ou traité des connaissances néces- saires aux personnes qui veulent donner des soins aux malades. Paris, 1844, TYOlUMEIN- 10 Me. FU 1e CON RONT. BICHAT. Recherches physiologiques sur la vie et la mort; nouvelle édition, ornée d’une vignette sur acier, précédée d’une Notice sur la vie et sur les travaux de Bicar, et suivie de Notes, par M. le docteur Cerise. Paris, 1844, 1 vol. grand inst; 47e eee aie des, eee: eee le ee ONIDN BILLARD (C.). De la membrane muqueuse gastro-intestinale, dans l’état sain et dans l’état inflammatoire, ou recherches d'anatomie pathologique sur les di- vers aspects sains et morbides que peuvent présenter l’estomac et les intes- tins; ouvrage couronné par l’Athénée de médecine. 1 vol. in-8. ue 1920, ete 0e De lee n-tolele selle st ss, ee 1 °c 107 0e BLONDLOT. Traité analytique de la digestion, considérée particulièrement dans l’homme et dans les animaux vertébrés. Paris, 1843, in-8. Tir. 00 BOIVIN (Mme). Mémorial de l’art des accouchemens , ou principes fondés sur la pratique de lhospice de la Maternité de Paris, et sur celle des plus célè- bres praticiens de Paris; ouvrage adopté eomme classique pour les élèves de la Maison d’accouchemens de Paris, 4° édition, augmentée. Paris, 1836, a vol. in-8 avec 143/gravures. +. + su 2 0. 004 fr BONAMY er BEAU, Atlas d'anatomie descriptive du corps humain, ouvrage pou- vant servir d’atlas à tous les traités d'anatomie, dédié à M. le professeur CRUVYEILHIER. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. L’ArLas d’Anatomie descriptive du corps humain comprendra 220 planches format gr. in-8 Jésus, toutes dessinées d’après nature et lithographiées. Il est publié par livraisons de 4 pl. avec un texte explicatif et raisonné en regard de chaque planche. L'Atlas sera divisé en 4 parties qui se vendront séparément et sans augmen- tation de prix; savoir : | Os. | Ostéologie. 4° Appareil de la locomotion. { Articulations. Syndesmologie. ! Muscles et aponévroses, | Myologie et aponévrol. Libraire des Societés savantes près le Minist. de l’'Instr. publ. 5 Médecine et Chirurgie. Cœur. | 2° Appareils de la circulation. Angéiologie. \ Vaisseaux lymphatiques. | 4° Appareil de la digestion. | — de la respiration. ! . . . . . . . . . . . Splanchnologie. — génito-urinaire. Organes des sens. 4° Appareils de sensation et) Moelle épinière. at Cerveau. Nerfs. Névrologie. ., Les souscripteurs à l'ouvrage complet , qui auront retiré leurs suites régu- lièrement , recevront gratuitement avec la dernière livraison de l'ouvrage un Traité des préparations anatomiques. Prix de chaque livraison : Avec planches noires. + 2. +, ‘ete, »! 7 eo) 0e 10e. ce 7e) +) ere 0e) 0e) ee 2 fr. SUP papier de Chine, ne, - che oo eos sie .s che» e ctte) ee 4 IC. Avec planches coloriées, « » + « + + + o + + oo oo à + +. + + 4 fr. En vente la première partie, comprenant l’appareil de locomotion et ren- fermant 84 planches, dont deux sont doubles, Prix de l’atlas, avec cartonnage élégant, fig. noires. . . . . .« « .« .. 45fr. Le même, figures coloriées . + . . + + + + + + + + + + + + + + +. 00 fr. ,, L’Angéiologie comprendra 66 planches et sera terminée au mois de juillet 1846. BOURDON. Guide aux eaux minérales de la France, de l’Allemagne, de la Suisse et de l'Italie, 2° édition: Paris, 11837; in-18.2.001 + Mt A4 -n.0032fr.- 50 BOURGERY Er JACOB. Anatomie élémentaire en 20 planches, format grand colombier, représentant chacune un sujet dans son entier à la proportion de demi-nature, avec un texte explicatif à part, format in-8, formant un Manue complet d'anatomie physiologique ; ouvrage utile aux médecins, étudians er. médecine, peintres, statuaires et à toutes les personnes qui désirent acquérir avec promptitude la connaissance précise de l’organisation du corps humain. Chaque planche se vend séparément : noire. . . . . . . . . « . . .. Gfr. COlOTIÉée eee eee een oe 12,102 * ; : ARS *, L'ouvrage est terminé. BRACHET. Traité des convulsions dans l’enfance, 2° éd.Paris, 1837, 1 vol.in-8.7 fr. —— Traité complet de l’hypocondrie (ouvrage couronné par l’Académie de mé- decine). 1 vol. in-8 de 760 pages, 1844. . . . . . . . . . . . .. Ofr. CABANIS (P.G.). Rapports du physique et du moral de l’homme, nouvelle édit. contenant l’extrait raisonné de Desrurr-Tracy, la table alphabétique et analyÿ- tique de Sue, une notice biographique sur Cagaxts et un essai sur les principes et les limites de la science des rapports du physique et du moral, par lefdoctenr Cerise. Paris, 1843, : volume in-18 anglais . . . . . . . . « .. 3fr.50 6 Livres de fonds de Vicror Masson, Médecine et Chirurgie. CAPURON. Traité complet desaccouchemens ; Maladies des femmes et des enfans, et Médecine légale relative aux accoUchemels Paris, 1523-1828, 4 volumes TL À eee RE. QU à Chaque volume se vend séparément. . . + . . . . . . + . . . . . fr. CHENU. Essai pratique sur l’action thérapeutique des eaux minérales, suivi d’un Dictionnaire des sources minéro-thermales. Paris, 1841, 3 vol.in-8. 24 fr. CHEREAU (A.). Mémoire se servir à l’étude des maladies des ovaires. Premier mémoire contenant: 1° les considérations anatomiques et physiologiques; 2° l’agénésie et les vices de conformation des ovaires ; 3° l inflammation aiguë des ovaires (ovarite aiguë). 1 volume in-8. Paris, 1844. PIX CR if CHOMEL (A.-F.). Elémens de Pathologie senériles 3° édit. considérablement augmeñtée. Paris, 1841,in-8.. . «+ + «4 . . . ee + + e ie. 08 fr. — Des Fièvres et des maladies AOL ee, Paris, 1821,-in-84.. 4...5.-74fr, CIVIALE. Traité de lP’affection calculeuse, ou Recherches sur la formation, les caractères physiques et chimiques, les causes, les signes et les effets patholo- giques de la pierre et de la gravelle, suivies d’un Essai de statistique sur cette maladie, avec cinq planches. Paris, 1938,in-8.. . . . . . . . .. 10 fr. —— Traité pratique sur les maladies des organes génilo-urinaires. 3 volumes 108. UT OUT SUR SE NO RE CU RE ANS AE bia de (he PARTIES Chaque partie se vend séparément, savoir : Première partie, maladies de lPurèthre; 1 vol. in-8, avec 8 fig. 2° édition, Paris, H84B.Ne de ee 2e ne dede ee note à met le eifeitelee 21e s AU RONETe Deuxième partie, maladies du col de ka vessie et de la prostate; 1 vol. in-8, avec 10 figures dessinées d’après nature. Paris, 1841... . . . . 7 fr. Troisième partie, maladies du corps dela vessie. Paris, 1841, 1 vol., in-8.7îr —— Traitement médical et préservatif de la pierre et de la gravelle, avec un mé- moire sur les calculs de cystine. Paris, 1840,in-8.. . . . . . .. Gfr. 5o —— Lettres sur la lithotritie, ou broiement de la Pen Ve Lettre. De la lithotritie urétrale et des calculs. Paris, DÉS AE rhn de tente tn tn de per LES ER, JO CLOQUET (H.). Traité d’Anatomie descriptive, rédigé d’après Pordre adopté à la Faculté de médecine de Paris, 6° édiuon, Paris, 1835, 2 vol.in-8... 10 fr. CLOQUET (H). Planches d'anatomie, in-4, gravées en taille douce, pour servir de complément à l'ouvrage ci-dessus : Parties. planches. fig. eoloriées, fig. noires. 1° Ostéologie et Syndesmologie. . . . . 66 Daft, 9 fr. DENMyOIGpIe. on. + à + ele Lu. 36 18 5 3°: Néwrôlogie.s le. ce 4 7 ne ni ue 0 086 18 5 4 Angéiologie. ei 0 0700 30 9 5° Splanchnologie et Embryologie. due) 11045 22 7 Prix de l’ouvrage complet. . . . . . ‘241 110 35 7, Chaque partie est accompagnée de son texte explicatif, du même format que les planches, et se vend séparénient aux prix indiqués ci-dessus. CLOT BEY. De la peste, observée en Egypte. Parie, 1840, in-8, fig... .. 6 fr. Libraire des Sociètes savantes pres le Minist. de l’Instr. publ. 7 Fe Médecine et Chirurgie, CURY. Tableaux synoptiques des artères, exposant avec la plus grande clarté la disposition générale de ce système de vaisseaux et les rapports de ses parties entre elles et avec les troncs pulmonaire & aortique. in-4 oblong. Paris, 2030 .pennse al are lgelle the Hoi to ele pote RME. nnbe. ? DEBOUT (Euise). Tableau phrénologique exposant la classification des facultés morales et intellectuelles,et orné de nombreuses fig., feuille gr. in-fol. . . 2fr. 50 — Tableau phrénologique du crâne. 1 feuille in-fol, jésus . + . . ., 2fr. Tableau phrénologique du cerveau. r feuille in-folio jésus . + . ., fr. 50 DEZEIMERIS. Résumé de la médecine hippocratique, ou Aphorismes d’Hippo- crate classés dans un ordre systématique et précédés d’une introduction his- torique. Paris, 1841,1 vol. in-32 de 320 pages, relié. . . . ,. .. 2 fr. 5o DONNE. Tableau des différens dépôts de matières salines et de substances organi- sces qui se font dans les urines ; présentant les caractères propres à les distin- guer entre eux et à reconnaître leur nature. Dédié aux professeurs de clinique et aux praticiens, Paris, 1535, un tableau sur grand-raisin, avec figures HTAVEeS eee eee eee mie eee cie de tee ee NI. 00) DOUBLE."Séméiologie générale, ou Traité des signes et de leur valeur dans les maladies 2Paris, 18911-10223 0l:in-87: 2.1.0 UN SU T8 fr. 9 FertOtRe) 2 SÉDATOIMENES ee) 2 ee. ee (e let, à ea «1. ets fa pire DUGES. Manuel d’obstétrique, ou Traité de la science et de l’art des accouche- mens, 3° édition corrigée par l’auteur , et revue par Lallemand et Franc, pro- fesseurs à Montpellier, in-8, avec 48 figures gravées. Paris, 1840.. 8 fr. — Traité de physiologie comparée de l’homme et des animaux. 1839, 3 vol. da BMD Dee NAN ON QIPARE RMS ED ES TE EN SA fe EDW ARDS er VAVASSEUR. Nouveau formulaire pratique des hôpitaux, ou choix de formules des hôpitaux civils et militaires de France, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, etc.; contenant l’indication des doses auxquelles on ad- ministre lessubstances simples, et les préparations magistrales et officinales du Codex, l'emploi des médicamens nouveaux et des notions sur l’art de for- muler. 4*édit., entièrement refondue, avec les formules exprimées en mesures décimales, etaugmentée d’une notice statistique sur les hôpitaux de Paris; par Miatue, professeur agrégé de la faculté de médecine de Paris. 1 vol. in-32. Dans, AB En de voue 2: oies ren ce vi TE RAS ES: LU. 'MDHENDE — Le méme, avec un cartonnage élégant. . . . . 3 + . . But. *, lL’exécution typographique de ce formulaire, imprimé sur papier collé et avec encadremens, a permis d'en faire un petit volume des plus portatifs, quoiqu’ilrenferme beaucoup plus de formulesqu'aucunautreouvragede ce genre. MB le. Mo r-00. sb D: à EDWARDS (W. #.). De l'influence des agens physiques surla vie. Paris, 1824, . . …... r. 8 Livres de fonds de Nicror MAssow, Médecine et Chirurgie. FOVILLE. Traité complet de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie du système nerveux cérébro-spinal. 3 vol. in-8 et atlas cartonné de 23 pl. petit in-folio, dessinées d’après nature et lithograpliiées par MM. E. Beau et BroN, sur les préparations de M. Fovicce, médecin en chef de la Maison royale de Charenton. Chaque volume se vendra séparément. En vente la première partie , comprenant l’Anatomie , avec l’atlas de 25 pl. in-4. LA . L LL L L L . LL LA . L] - ° LL LL L L L L L2 . e . L2 . 28 fr. GALIJIEN. OEuvres médico-philosophiques, traduites pour la première fois en francais sur les textes grecs manuscrits el imprimés, avec des introductions et des notes, par le docteur Cu.-V. Daremserc, bibliothécaire de l’Académie royale de mé- decine {Sous presse). GARDIEN. Traité complet d’accouchemens, et des maladies des filles, des femmes et des enfans, 3° édit. augmentée. Paris, 1824 à 1826, 4 vol. in-8, fig. 25 fr. GERDY. Physiologie médicale, didactique et critique. Paris, 1832, 4 vol. in-8, publiés en 8 parties; prix de chacune. . - . . . . . . . . . .. 3 fr. 75 ,", Les deux premières parties sont en vente. GRISOLLE. Traité élémentaire et pratique de pathologie interne. 2° edit. 2 forts VOl in -8 Paris, 10100 de Je ie fee die © ec LME RNTONNT: HATIN (J.). Cours complet d’accouchemens, et de maladies des femmes et des en- fans, avec huit tableaux synoptiques, 2° édit. augmentée , et accompagnée d’un atlas de 17 planches in-4 dessinées et lithographiées par Emile Beau. Paris, 1835218791 vol. in-6 et atlas. . -1- 40e) vis © 0e 2 DIT. —— La Manœuvre de tous les accouchemens contre nature, réduite à sa plus grande simplicité, et précédée du mécanisme de l’accouchement, 2° édit., 1832, AVOIR TO SU CRM RO AP ER MOIS HIPPOCRATE. Le serment; la loi; de l’art; du médecin ; prorrhétiques ; le pro- nostic; prénotions de Cos; des airs, des eaux et des lieux ; épidémies; livres I et 111; du régime dans les maladies aiguës; aphorismes ; fragmens de plu- sieurs autres traités ; traduits du grec sur les textes manuscrits et imprimés ; accompagnés d’introductions et de notes; par le docteur Cn.-V, DAREMBERG, bibliothécaire de l'Académie royale de médecine. Paris, 1844... .. 4 fr. HUBERT-VALLEROUX. Essai théorique et pratique des maladies de l'oreille. Parts, 826,7 vol. in-8: . Ne Re + Lens se IT LEFOULON (J.). Nouveau Traité théorique et pratique de l’art du dentiste. 1 beau volume in-3 de plus de 500 pages, avec 130 fig. intercalées dans le texte, Parts, 284105 SRI De Verioita le 0 10 NET UN Te Le PPT. LÉLUT (F.). Rejet de l’organologie phrénologique de Gall et de ses successeurs. Paris, 1843, 1 vol. in-8, avec 2 planches. . . , . + . . + + + + .. 7 fr. Libraire des Societes savantes près le Minist. de l'Instr. publ. 9 mm Médecine et Chirurgie. LENOIR (A.). Atlas complémentaire de tous les traités d'accouchement, contenant 8o planches dessinées d’après nature et lithographiées par M. E. Beau, avec le texte en regard. Ces planches représentent le bassin et les organes génitaux de la femme adulte, le développement de l’œuf humain, les diverses présentations et positions du fœtus, les opérations obstétricales, etc. Un beau volume grand IN: 6 JESUS, CARLODNÉ ee ee je! ape eee Note lle iais 1e. M A0 fre —— Précis de médecine opératoire basée sur l'anatomie et sur la pathologie chirurgicale. Un vol. grand in-8 jésus, imprimé sur deux colonnes et accom- pagné d’un atlas de 100 pl., du même format que le texte, toutes dessinées d’après nature et lithogräphiées par M. E. Beau. Sous presse. : L'ouvrage sera publié en 30 livraisons qui paraïîtront de mois en mois, et qui contiendront chacune 2 feuilles de texte et 3 planches ou 4 planches sans texte. Prix de la livraison, avec figures noires. . + . . . . . . . . . . .,. fr, fiaures colorées SR ls Ne PES fre LEURET. Fragmens psychologiques sur la folie. Paris, 1834, in-8.. ., G fr. 50 LIEBIG {J.). Chimie organique appliqaée à la Physiologie animale et à la Patko- logie , traduction faite sur les manuscrits de l’auteur par Charles Gerhardt, professeur de chimie à la faculté des sciences de Montpellier. Paris, 1842. Unabeauivolumennes TRE Ci DIR 7 fr. 50 LONGET. Anatomie et physiologie du système nerveux de l’homine et des ani- maux vertébrés, ouvrage contenant des observations pathologiques relatives au système nerveux, et des expériences sur les animaux des classes supé- rieures. Ouvragecouronné par l’Institut de France. Paris, 1842. 2 forts vol. in-8, avec planches lithosraphiées par E. Beau, . . . . . . . . 1-fr. —— Recherches expérimentales sur les fonctions de l’Epiglotte et sur les agens de locclusion de la glotte, dans la déglutition, le vomissement et la rumi- Dalton Ve ins Are COMENT RE EN ET fee a -— Recherches expérimentales sur les conditions nécessaires à l’entretien et à la manifestation de l’irritabilité musculaire, avec application à la pathologie ; fig. in $, 1541. . APS SIMS ADN PRRPE SANT PPS QUE DEC RÉ. 50 er MATTEUCCI. Sur la relation qui existe entre le sens du courant électrique et les contractions musculaires dues à ce courant. Premier mémoire. Paris, 1844 Piqiains Sn tee ffih-00- Sn NES SIOMEN NÉE LM fr; LOUIS. Mémoires de la Société médicale d’observation, 2 vol. in-8. Le tome 1°", contenant: Avertissement, par Louis, président perpétuel ; — de l’Examen des maladies et de la recherche des faits généraux , par le même ; — Essai sur quelques points de l’histoire de la cataracte, par Th. Mau - Noir ; — Recherches sur l'Emphysème des poumons, par Louis; — Recher- ches sur le cœur et le système artériel chez l’homme, par Bizor ; — Mémoire analytique sur l’orchite blennorrhagique, par Manc-d’'Esrixe, 1 beau vol. in-8. Paris 1030 Rte CE Te ec een e ee 2 OT Le tome IT contenant : 1° de la fièvre jaune observée à Gibraltar par Louis; — 2° sur le pouls des enfans, par VazLeix ; — 3° recherches sur une production osseuse à la surface du crane chez les femmes mortes en couches, par Ducresr — 4° sur la bronchite capillaire, par FauveL, ete. . . . . . . . . .. 8fr. 10 Livres de fonds de Vicror MAssoN, mp CO Médecime-et Chirurgie. LUGOL. Recherches et observations sur les causes des maladies scrofuleuses. Paris, 1844, zx wol. in-5.. . . . HOUR. LA L'OMROEHIOHO EM OM Dre UE MANEC. Traité théorique et pratique de la ligature des artères. Ouvrage couronné par l’Institut de France (Concours Montyon). 1 vol. in-folio, cartonné avec 14planches coloriées, 2*-édit. Paris, 1835... . . . . . . . . . .. 15fr. MANUEL complet des aspirans au doctorat en médecine, etc., par des agrégés et docteurs en médecine, publié sous la direction de M. P. Vavasseur, 1534 et 1841.2 volumes in-18, avec fix. intercalées dans le texte. . . .. 8 fr Chaque volume, contenant les matières indiquées ci-après, se vend sépa- TOC HE ROUE OUR PRE PR LT Er M ne an le Dee EN ee Re 4 fr. Examen. Examen. r. Botanique , zoologie , minéralo- 3. Pathologie générale, pathologie gie, physique et chimie médicales et spéciale, pathologie interne et pharmacologie , deuxième édition, pathologie externe , deuxième 1837. édition 184r. MARC. Nouvelles recherches sur les seco 1rs à donner aux noyés et aux asphyxiés, 1 vol. in-8, accompagné de 16 planches. Paris, 1835. . . . . . . .. Gfr. ATATTEUCCI (Cn.). Traité des Phénomènes électro-physiologiques des animaux, suivi d’études anatomiques sur le sy-tème nerveux et sur l’organe électrique de la torpille, par M. Paul Savi. Paris, 1834, 1 vol. in-6, avec G planches RL RE Mie 0e de Peut. ess ont EME PRO E. MOREAU (J.) (de Tours). Du Hachisch et de Valiénation mentale, études psycho- losiques. arcs, 18495, LVOlL. Net tl canshsot ed l TifT: 514 DT D / MOREAU-BOUTARD (L.M.A.). Précis de chirurgie élémentaire, lecons pro- fessées à l'hôpital militaire de perfectionnement du Val-de-Grace en 1543 et 1844, avec 05 figures intercalées dans le texte. Paris, 1845, 1 volume grand AND 0. De im eL einemme ie ee a et ce HUE ee ne oi 2 T0 MONTALLEGRI. Hypocondrie, spleen ou névroses trisplanchniques ; observa- tons relatives à ces malailies et leur traitement radical, Paris , 1841, in-8 « « : AS Ne ie eo ee ee CD OT MOURE (A.) et H. MARTIN. Vade mecum du médecin praticien: Précis de thérapeutique spéciale, de pharmaceutique et de pharmacologie. 1 beau vol. grand in-15 compacte, contenant la matière de 2 forts volumes in-8. Parts, 284555 fre tn ee DE DEAR RARE EME RER SEEN ET Le mémessreliure(pleinesisocl sim; + steneteerss ce A RTTMIUR TT, , SN ouf, ROCHE. Réflexions critiques sur quelques points de Porganisation actuelle de la médecine et de la pharmacie en France. Paris, 1846, br.in-8°, . 1 fr, 25 MUTEL(D.-Pu.). Élémens d'hygiène militaire. Paris,1843, 1 vol. gr.in-18. 3 fr. 50 SREILA. Traité de toxicologie, 4° édition, entièrement refondue. Paris, 1843. ROAD 0 PRE RARES QAR EL RP Te M ue see CSTO FE RICORD, Traité pratique des maladies vénériennes. Paris, 1838 ,in-8... ofr. Libraire des Societes savantes près le Minis. de l'Instr. publ. 11 Médecine et Chirurgie. ROQUES (Joscra). Histoire des Champignons comestibles et vénéneux, où l’on expose leurs caractères distinctifs, leurs propriétés alimentaires et économi- ques, leurs eflets nuisibles et les moyens de s’en garantir ou d’y remédier ; ouvrage utile aux amateurs de champignons, aux médecins, aux naturalistes, aux propriétaires ruraux, aux maires, aux Curés de campagne ; 2° édit. revue et considérablement augmentée. Paris, 1841, 1 vol. in-8, avec un atlas grand in-4 de 24 planches représentant dans leurs dimensions et leurs couleurs natu- relles cent espèces ou variétés de champignons. . . . .« . . . . .. 27fr. On vend séparément le volume du texte, . . . . . . . . . + . . . 7 fr.5o ROUSSEL. Système physique et moral de la femme ; nouvelle édition, contenant une notice biographique sur RousseL et des notes, par le docteur CERisE. Paris, 1845,41veligrandiin=s85t 3 qiutu le. Leur) m0 leelierene M IBifre 50 SEDILLOT. Manuel complet de médecine légale, considérée dans ses rapports avec la législation actuelle, Seconde édit., revue et augmentée. Paris, 1836, DAC NE PM RENE SERA ONU SEEN OT RRENtr 50 —— Traité de médecine opératoire, bandages et appareils , Paris, 1846, 1 fort yol. in-6, avec 330 figures dans le texte. . + . . . .). . . . © 14fr. Campagne de Constantine de 1837, Paris, 1838, in-8. . . . . . .. Sfr. SIGAUD. Du climat et des maladies du Brésil, ou Statistique médicale de cet em- pire, par J.-F. X. Sicaun, médecin de S. M. l’empereur don Pédro 11. Paris, 18444, Voligrand-inhushogye spores al hpnietes nee mere et OT: VIREY. Histoire naturelle du genre humain, 2° édit. augmentée. Paris, 1824, Dre in 0 eco. APN ANR OPA RATIO ERBRUS CPE) TONT. —— De la femme, sous ses rapports physiologiques , moraux et littéraires. Seconde édition, augmentée et complétée par une dissertation sur un sujet IMpOrANE Parts, 1029 IR ONE. NU. NU PRET, —— Hygiène philosophique, ou de la santé dans le régime physique, moral et politique de la civilisation moderne. Paris, 1531, 2 vol. in-8.. . .. Ofr. — Petitmanuel d'hygiène prophylactique contre les épidémies, ou de leurs meil- feurs-préservatifs, in-189, Paris, 118932 19 + tourelles use 29e contre LIT. 00 — De Ia puissance vitale, considérée dans ses fonctions physiologiques chez l'homme et tous les êtres organisés. Paris, 1823, in-8 . « ... . . .. fr. 19 Livres de fonds de Vicror MASssON, IT PHYSIQUE, CHIMIE, PHARMACIE. ANNALES pe cuite ET DE PuysiQue. Voyez page 30 à l’article Journaux. BARRESWIL Er SOBRERO. Appendice à tous les traités d'analyse chimique, recueil des observations publiées depuis dix ans sur l’analyse qualitative et quantitative, x vol. in-8, avec une planche et figures dans le texte. Paris, ROAD de bee etele Ciel ect cle eee ENCEINTE: BERZELIUS. Rapport annuel sur les progrès de la chimie, présenté le 31 mars 1840 , à l'Académie des sciences de Stockholm, traduit du suédois, sous les yeux de M. Berzezivs, par PLanramour. Paris, 1841, 1 vol. in-8. Prix: 5 fr. —— Deuxième année. Rapport présenté le 31 mars 1841. Paris, 1842, 1 voi. 1-8. Pier ee 078 eee eee de ete OUR ES SR MNT Troisième année , contenant le rapport présenté le 3r mars 1842. 1 vol. K 1 Dir. ANSE s derte Men res Re io De —— Quatrième année, contenant le rapport présenté le 31 mars 1843, 1 vol. IN ONS Meelr-e ltele cles Men eo culoeie) le he De te CO LIT. Cinquième année, contenant le rapport présenté le 31 mars 1844. 1 vol. IN ML Mr laut LeR cu Meier re Mie eu ccm ele eue EERRELTA 7 Sixième année, contenant le rapport présenté le 31 mars 1845,1 vol. NEO eme ol cile silence metcit else lesdiloule el choose DESCHAMPS (d’Avallon). Traité des saccharolés liquides et des méliolés, suivi de quelques formules officinales et magistrales modifiées. 1 vol. grand in-18, avec tableaux. Paris, 1842... . ee se se. 3 fr. 5e DUMAS Er BOUSSINGAULT. Essai de statique chimique des êtres organisés, lecon professée par M. Duwas à l'Ecole de médecine, le 21 août 1841 pour la clôture de son cours. 3° édition, augmentée de documens nouveaux. Parts, Fee MANN: . : AM CON MR S eee SIL DUMAS. Mémoires de chimie. Paris, 184, 1 volumein-8 . (Rare). V'XE. Cours d’histoire naturelle pharmaceutique, ou Histoire des substances usi - tées dans la thérapeutique, les arts et l’économie domestique. Paris, 1835, 2vol. 1n-8 7 à : ‘ et és SR RS cn ce RAT OT FRESENIUS et SACC. Traité d'analyse qualitative, édition francaise , publiée par M. Fresenius , avec la collaboration de M. Sacc, sur la 3° édition allemande, Libraire des Societes savantes près le Minist. de l'Instr. publ. 13 a CU Physique, Chimie, Pharmacie. et augmentée de plusieurs chapitres inédits. Paris, 1845, 1 vol. grand in-18, avec figures dans le texte. . + : + + + + + + + + + + + + + .. 3 fr. 50 FRESENIUS et SACC. Analyse quantitative, 1 vol. grand in-18 {Sous presse). GAY-LUSSAC. Traité d’Alcalimétrie. 1 volume avec figures dans le texte. (Sous presse.) —— zxr THENARD. Recherches physico-chimiques faites sur la pile; sur la préparation chimique et les propriétés du potassium et du sodium, sur la décomposition de Vacide boracique ; sur les acides fluorique, muriatique oxi- géné ; sur l’action chimique de la lumière; sur l’analyse végétale et animale, etc., etc. Paris, 18x1, 2 vol. in-8, avec 6 planches. . , . . . . .. 8fr. GERHARDT. Précis de chimie organique. Paris, 1844-1845, 2 vol.in-8. 16 fr. —— Annuaire des travaux de chimie, année 1845. — Paris, 1846, 1 vol. IN Lite le Rolle he cie ele ce ME. m7 00 GIRARDIN. Lecons de Chimie élémentaire appliquées aux arts industriels, faites le dimanche à l'Ecole municipale de Rouen, 3° édition, 1 vol. in-8, divisé en deux parties avec 200 figures et échantillons d’indienne intercalés dans le texte Puris, 1040. + amer e Url. cr ar TA ir —— Des fumiers considérés comme engrais. Paris, 184%, 1 vol. in-18,, 1fr.25 HOEFER. Histoire de la Chimie depuis les temps les plus reculés jusqu’à notre époque, comprenant une analyse détaillée des manuscrits alchimiques de Ja bibliothèque royale de Paris; un exposé des doctrines cabalistiques sur la pierre philosophale ; l’histoire de la pharmacologie, de la métallurgie, et en général des sciences et des arts qui se rattachent à la chimie , etc. Paris, 18,2, VOIRE 5 RENTE SAR NSTSNNR ARTE RE RE Te JOURNAL de pharmacie et de chimie, rédigé par MM. Boiron - LAGRANGE , BouLcay, J.-P. Bouner, Virey, Bussy, SouprirAN, Henry, F. Bouner, Car, Bourrox-CnarLArD, FRÉuY ; tro sième série, ayant commencé en janvier 1842; contenant le bulleüin des travaux de la société de pharmacie et de la société d’émulation pour les sciences pharmaceutiques, suivi d’un compte rendu des travaux de chimie, par Cu. GErnARDT. Le Journal de pharmacie et de chimie paraît tous les mois par cahier, de 4 à G feuilles, Il forme chaque année deux volumes in-8; des planches sont jointes au texte toutes les fois qu’elles sont nécessaires. Prix de l'abonnement : Pour Paris et les départemens .... 4 4, ,:, ., r5fr. Pourl'étrancer RSR CR ce 0. LOIS LATERRADE. Code expliqué des pharmaciens, ou Commentaire sur les lois et la jurisprudence en matière pharmaceutique. Paris, 1833, gr. in-18, 3 fr. 50 LIEBIG (J.). Traité de Chimie organique; édit. française, revue et considérable ment augmentée par l’auteur, et publiée par Cn. Geruarpr, professeur de chimie à la faculté des sciences de Montpellier. 3 vol. in-8. Paris, 1841- ARE role et ce cache ARR eos eve ui JS MINUTE — La Chimie appliquée à la physiologie végétale et à l'agriculture. Paris, 1844, 2° édition considérablement augmentée ; traduction faite sur la 4€ édition alle- mande par Ch. Gernanpr et revue par M. J. Lisic. 1 vol.in-8. .. 7 fr. 50 14 Livres de fonds de Vicror Masson, Physique , Chimie, Pharmacie. LIEBIG (J.). La Chimie organique appliquée à la physiologie animale et à la pathologie, traduction faite sur les mauuscrits de Pauteur par Cu. GEennaRDT, professeur à la faculté des sciences de Montpellier et revue par M. J. Liebig. Parts, OGtobre 1042, 2 Vol. in-8. 08e Me cs … » - - ete 7 fe 10 —— Lettres sur la chimie, et sur ses applications à l’industrie, à la physiologie et à l'agriculture, traduites par le docteur G.W. Bicnox, Paris, 1845, 1 vol. grand- in-18, avec un portrait de M. Lieric, dessiné d’aprèsnature . . . . 3 fr. 50 MAISSIAT (Jacques). Etudes de physique animale, Paris, 1843, 1 vol. in-4, avec DIN LP RSR AU PONS RS 2, APRES fr, MATTEUCCI (Cn.). Traité des Phénomènes électro-physiologiques des animaux, suivi d’études anatomiques sur le système nerveux et sur l’organe électrique dela torpille, par M. Paul Savi, Paris, 1844, 1 vol.in-8, avec 6 planches in-4. PE Pre trerbere lotenee DA lens der eus OM DE 20 Te MONTS —Lecons sur les phénomènes physiques et chimiques des corps vivans, professées à Pise, en 1844, par M. C. Marreuccr. Edition francaise publiée sous les yeux de l'auteur, avec des additions considérables, par M. LegLanc. Paris, 1845, 1 OLA ETS UMP MANN TR LR NA es 5 TORRES ER 50 MIALHE. Traité de l’art de formuler, ou notions de pharmacologie appliquée à la médecine. Paris, 1845, 1 vol. grand in-18.. . . . . . . . . . 4 fr.5o ORFILA. Elémens de Chimie médicale, 7° édit. entièrement refondue. Paris, 18/43, e vol; fes sde suslisvesrenre clete calin? rafale esta fr Toxicologie générale, 4° éd. entièrement refondue, Paris, 18/44, 2 volumes HDCP et mc une pote stb Lot EL vie te ele sonic Aire PELOUZE et FREMY. Traité de Chimie générale, 2 forts vol. in-8 compactes, avec fig. dans le texte. Sous presse. PERSOZ. Traité théorique et pratique de l’impression des tissus. 4 beaux volumes in-8, avec 160 figures et 420 échantillons d’étoffes, intercalés dans le texte, et accompagnés d’un atlas de 20 planches in-4 gravées en taille-douce et dont 5 sont Coloriées. Paris; 1846 0eme nd. te) ess ele à che = DOM PLATTNER (C.-J.). Tableaux des caractères que présentent au chalumeau , les alcalis, les terres et les oxydes métalliques, soit seuls, soit avec des réactifs, extraits du traité des essais au chalumeau et traduit de lPallemand, par A. Sobrero D. M. Paris, 1843. 4 tableaux in-folio, brochés in-4. . . .. 2fr. REGNAULT!. Cours Elémentaire de Chimie, 2{vol. i n-18 anglais, avec fig. dans le LEXÉE ape got et retser Ler1-e . . ._. + sua. aan k CE 14 fr. —— Cours Elémentaire de Physique, 2 vol. in-18 anglais, avec fig. dans le OR TE NOMEMERR NE Me LUE OS CRE RS Rte. SOUBEIRAN. Nouveau traité de pharmacie théorique et pratique, 2° édition dans laquelle les formules sont exprimées en mesures décimales. Paris, 1840, 2 forts vol, in-8, avec figures imprimées dans le texte. . : . . : .«. 16 fr. — Manuel théorique et pratique de pharmacie, avec planches. Paris, 185: PAOLDA Lau GAL EMEA ER TMENTA EE ASSET PRO Libraire des Societès savantes pres le Ménist. de lInstr. publ. 16 RE Histoire naturelle, Agriculture. SOUBEIRAN. Précis élémentaire de physique, 2° édition augmentée, Parts, 1541, 1 volume in-8, avec 13 planches m4. «+ . + . + + + . ... 6 fr. oo Notice sur la fabrication des eaux minérales. Paris, 154°. Un vol. in-19, avec figures intercalées dans le texte. . + . « « . . + + + 4 + . .. Afr. III. HISTOIRE NATURELLE , AGRICULTURE. ADANSON (M.) Cours d’histoire naturelle fait en 1:72, publié sous les auspices de M. Adanson, son neveu, avec une introduction et desnotes par M.E P. Payer, agrégé de la Faculté des sciences. Paris, 1845. 2 vol. grand im-18. PRES nn a Er EL semer latte 12 fr. AGARDEH (J.). Alsæ Maris Mediterranei et Adriatici, observationes in diagnosin specierum et dispositionem generum. Parisiis, 1841, grand in-8. .. 3fr. 5o ANNALES pes sciences NATURELLES. Voyez page 30 à l’article Journaux. AUDOUIN (Victor). Histoire des insectes nuisibles à la vigne et particulièrement de la pyrale qui dévaste les vignobles des départemens de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, du Rhône, de l'Hérault, des Pyrénées-Orientales, de la Haute- Garonne, de la Charente-!nférieure et de Seine-et-Oise; avec l'indication des moyens à l’aide desquels on peut espérer de la détruire. Ouvrage publié sous les auspices du Ministre des travaux publics, de l’agriculture et du commerce, et de MM. les membres des conseils généraux des départemens ravagés. Un volume grand in-4 imprimé avec luxe, accompagné d’un atlas de 23 plan- ches gravées et coloriées d’après nature, représentant l’insecte à toutes les épo- ques de sa vie, et la vigne dans ses états de dévastation. Paris, 1842. . 72 fr. Le mêmeavec une reliure élégante, « « « « ù « o à sun os « 0 sn DO fr. —— ET MILNE EDWARDS. Recherches pour servir à l'Histoire naturelle du littoral de la France, ou Recueil de Mémoires sur lanatomie, la physio- logie, la classification et les mœurs des animaux de nos côtes. Voyage à Grand- ville, aux îles Chaussey et à Saint-Male; 2 vol. grand in-5, ornés de planches gravées et coloriées avec le plus grand soin. @Eame 1% lntroduEtiqns + 4.400 ie rente ou S-mniian fe wolf iedDit7 fr. Tome 2°. Annélides. Première partie. « . . . . . . . . +. + . +. 17 fr. # 16 Livres de fonds de Vicror Masson, oo Histoire naturelle, Agriculture. BEUDANT (F.-S.). Cours élémentaire de minéralogie et de géulogie. 1 fort vol. in-12, imprimé avec luxe, fig. intercalées dans le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal de l'instruction publique, pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens de l’université + . . « . . . . . .. Gfr. ., Ce volume fait partie du cours élémentaire d'histoire naturelle, par MM. Evwanps, pe Jussieu et Beupanr. 3 vol. On vend séparément : La Minéralogie, r vol. . =... , sels ele ect ONle En GCO loge OR TE EE ES 00 BOUCHARD-CHANTEREAUX. Catalogue des mollusques terrestres et fluviatiles observés jusqu’à ce jour à l’état vivant, dans le département du Pas-de-Calais. Boulogne 1838; 4brein-8, pl.%s ES RENE CURTIS. BRÈME (Le marquis de). Essai monographique et iconographique de la tribu des Cossyphides, 1°° partie. Paris, 1842, 1 vol. grand in-8, avec 7 planches colo- MCE Prix CATTONMES eee st eh de eee ele So Un —— Monographie de quelques genres coléoptères, hétéromères, appartenant à la tribu des Blapsides. Paris, 1842, br. in-12, pl. . . . . . . . . . .. fr. BRONGNIART (Ad.). Histoire des végétaux fossiles, ou recherches botaniques et géologiques sur les végétaux renfermés dans les diverses couches du globe. Paris, 1828-1839 ; ouvrage publié en 2 vol. grand in-4 et 300 planches, pa- raissant par livraisons de 6 à 8 feuilles de texte et de 15 pl. Prix de chaque Ko nrence nel di ctcelolteiclacte CORRE x, Les livraisons 1 à 12 formant le premier volume, et les trois premières (13° à 15°) du tome 2° sont en vente, les livraisons 16 et 17 paraïtront en même temps en 1846. —— Enumération des genres de plantes cultivés au Muséum d’histoire naturelle de Paris, suivant l’ordre établi dans l'Ecole de botanique, en 1843. Paris, 18493 vol an=r2 Prix ts Ne Le tee mine nr mem Efr 50 BUEK (H.-W.). Genera, species et synonyma CaxpozLranA, alphabetico ordine disposita, seu Index generalis et specialis ad A.-P. DecanpoiLe Prodromum Systematis naturalis reoni vegetabitis. Partes I et II continentes tomos operis Candolleani sex etsectionem priorem septimi. Berlin, 1842,1 vol. in-8. 20 fr. BUCKLAND. De la géologie et de la minéralogie, considérées dans leurs rapports avec la théologie naturelle, traduit de Panglais par M. Dovëre, professeur au collège de Henri 1V; ouvrage adopté par le Conseil royal de l'instruction publique et couronné par l’Institut de France, dans la séance du 31 mai 1839; 2 beaux volumes in-8,cartonnés, ornés de plus de 80 planches et d’une carte géologique coloriée. Paris, 1838. 1. . . . . . . + . + +. 28 fr. CATLOW (Agnes). The Conchologist’s nomenclator, a catalogue of all the recent species of Shells, included under the subkingdom ‘ Mollusca, with their au- thorities, synonymes, and references to works where figured or described. By Agnes Catlow, Authoress of‘ Popular Conchology.” Assisted by Lovel Reevé, A.L.S., F.Z.S., Erc., Author of the‘ Conchologia Systematica,” and the ‘ Con- chologia Iconica.” Londres, 1845, 1 beau vol. cartonné + . . . + . + Sofr. Libraire des Societes savantes pres le Minist. de l’Instr. publ. 17 Histoire naturelle, Agriculture. CLATER (Francis). Médecine vétérinaire appliquée au traitement des maladies des bêtes à cornes, des moutons, des pores, de la volaille et des lapins, mise à * la portée de tous les propriétaires de bestiaux ; traduit de Panglais par Dcu- vERNE et publié sous les auspices de la Société d’agriculture de la Nièvre. PARIS TO AD AEN OI UN OST ce ee CE ce is -i =: Ole COMTE (A.). Règne animal de Cuvier, disposé en tableaux méthodiques , ouvrage adopté par le Conseil reyal de l'instruction publique pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les colléges. Chacun des soixante-dix-huit ordres du règne animal se trouve représenté et décrit dans un ou plusieurs tableaux. La collection comprend quatre-vingt- onze tableaux , sur grand colombier, représentant environ cinq mille PATIO TNIOMEL CODE TT OR OR TC D PET Lo ULOWLO Demi-reliure en 2 tomes, avec dos en maroquin. . . + . .. . + . «. 25fr. Chaque tableau se vend séparément. . + + . + + « + + + + + + +. 1 fr. 25 Les diverses classes du règne animal sont résumées en quelques tableaux et peuvent former des atlas séparés, ainsi qu’il suit : Tableaux Titre orné d’un beau portrait de Cuvier, et suivi d’un rapport fait NO PA Fe NO EN GMT COM EN RACE RES SR TE I Introduction à l’étude du règne animal. . . . . . . . . 1 1° division. — Verté- | Races humaines et Mammifères. . . . 8 brés. 33 tableaux. [OISEAUX PME ACER SANS EEE ES 9 2° «division. Reptiles et Poissons. . . . . . .*. 16 3° division.— Articulés. | Mollusques. . ER Mt Crustacés, Annélides et Arachnides. . . r2 Insectes:a lan nrae al echo: 0 Noa 20 4° division. Rayons ah ed te mire eut 8 91 *, Le titre et le tableau général d'introduction pourront être placés en tête de chaque atlas, si cet atlas est pris séparément. — On recevrait CARTONNÉ l’atlas de l’une des divisions ou des sous-divisions , en ajoutant 15 centimes au prix de chacun des tableaux qui la composent, 37 tableaux. COMTE (A.). Introduction au Règne véoétal de A.-L,. ne Jussieu, disposée en tableau méthodique, une feuille grand colombier. . + . . . . .. rfr. 25 —— ET M. EDWARDS. Cahiers d'histoire naturelle, à l’usage des colléges. Voyez M. Epwanos. COSSON (E.) er GERMAIN (E.). Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris. Paris, 1840, 1 vol. in-8, deux planches . . .. 2 fr. ET WEDDELL (A.). Introduction à une Flore analytique et descriptive des environs de Paris, suivie d’un Catalogue raisonné des plantes vasculaires de cette région. Paris, 1842, x vol. grand-in=181: .... . . . : . . 3. Les oiseaux, reptiles et poissons, 2° édit, 181022 cie-. ce AUTO 4. Les mollusques, les articulés et les zoophytes, 2° édit. 1843. . .. 4 fr. 50 Cours élémentaire de zoologie. Paris, 1 fort volume in-12, imprimé avec luxe, 425 figures intercalées dans le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal ‘üe Pinstruction publique pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens .de l’université. . +. + + . + 2 + + ee» + 1 6 fr. >, Ce volume fait partie du cours élémentaire d’histoire naturelle par MM. Er- wanps, À. DE Jussieu et Beupaxr, 5 vol. —— Observations sur les Ascidies composées des côtes de la Manche, r vol. in-{ cartonné, accompagné de 8 pl. grav. et magnifiquement color, Paris, A BUAL où of de: oran oi lEt Pt ec PTE RENE bac X de culs ti CR O0 IT, Recherches anatomiques, physiologiques et zoologiques sur les polypes. 1 vol. grand in-8, avec 28 planches reliées.. .+ «+ ; . . + + . . . .. 24fr. — CATIERS n’nisroire NATURELLE à l’usage des collèges et des écoles normales primaires ; ouvrage adopté par le Conseil royal de l'instruction publique, pour servir à l’enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens de P'Uni- “versité ; nouvelle édition, refaite d’après le programme du 14 septembre 18/40, et réduite en 3 forts cahiers in-12, avec planches gravées ; par M. Maire Evwarps, membre de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, et M. Achille Coure, professeur d’histoire naturelle au collége Charlemagne. Les 3 cahiers, formant le cours entier d'histoire naturelle, se divisent ainsi : 1° Zoologie. — 2° Botanique. — 3° Minéralogie et Géologie. Chaque cahier se vend séparément , . . + . . + . + + « + + . « .. fr. GAUDICHAUD (Cn.). Recherches générales sur lorganographie, la physiologie et l'organogénie des végétaux. Paris, 1841,1 vol. grand in-4, papier vélin cartonné, avec 18 planches gravéeset color. . + + + . . . . . . .. 24. e éditonsit8goss.s sis 2 8 fhfr, La même, broché avec figures noires . .°. . . . . . . . . . . . . . 12fr. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Principes de philosophie zoologique discutés au sein de l’Académie des sciences. Paris, 1830, in-8.. . . . + . .. 4 fr. 50 GIRARDIN. Considérations générales sur les volcans, et examen critique des diverses théories qui ont été successivement proposées pour expliquer les phé- nomènes volcaniques, 1 vol. in-8. Paris, 1831. . . . . . . . - .. 5 fr. 50 Des fumiers considérés comme engrais. Paris, 1844, 1 vol.in-18.. 1fr. 25 —— et DUBREUIL. Traité élémentaire d'agriculture, 2 vol. gr. in-18 avec vignettes en taille-douce et figures intercalées dans le texte. Prix. . < 12fr. —— zr JUILLET. Nouveau manuel de botanique, ou Principes élémen- taires de physique végétale, orné de 12 pl. color. Paris, 1551, in-18, car- tonnes ERP, mu chondeteale ton Dos Eire ICT. GUILLEMIN, PERROTET et A. RICHARD. Flore de Sénégambie, ou descrip- tion, histoire et propriétés des plantes qui croissent dans les diverses contrées de la Sénégambie, in-4, avec planches gravées. Les livraisons 1 à 8 sont en vente. Prix dedadivraisonste) UE Shine pit aéftis ere Een) AE 2 re Libraire des Societes savantes pres le Minist. de l’'Instr. publ, 93 Histoire naturelle, Agriculture, , I sera publié, en tête du volume, une liste des botanistes qui auront souscrit à l’ouvrage avant sa mise en vente. HOOKER (J.-D.). The botany of the Antarctic Voyage of H.-M. Discovery ships Erebus and Terror in the years 1559-1845, under the command of captain sir James Clarck Ross. La Botanique du voyage Antarctique sera divisée en trois flores, savoir : Flora antarctica, avec 160 planches; — Flora Novæ-Zelandiæ, avec 140 planches; et Flora Tasmanica, avec 200 planches. Le FLona ANTARGTICA paraîtra en 20 livraisons mensuelles, format grand in-' ; chaque livraison contiendra 16 pages de texte et 8 belles planches lithogra- phiées, représentant des espèces nouvelles ou imparfaitement connues, Prix de chaque livraison, avec planches coloriées. . . . . . . . .. 12fr — -- — avec planche en noix. Li ne» lnrenheyes SONT 79 Le 15 novembre, 6 livraisons sont en vente. {IGOKER (W.-J.). Species filicum being descriptions of all known ferns. Lilus- trated with plates. On sale : part 1, in-8. P. r to 64'and pl. I'to XX.. : . . . . . . . 15 fr. part [1,in-8. P. 65 to 128 and pl XXI to XL. Price. . . .. 12fr. 50 part IL, in-8. P. 129 to 192 and pl. XLI to LIX. Price. . .-r2 fr. 5o * JUSSIEU (A. pe). Cours élémentaire de botanique. Paris, 1 fort vol, in-r2 de 540 pages, imprimé avec luxe, 936 figures intercalées dans le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal de l'instruction publique pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens de Puniversité. . . + . . . .: . . , Gfr, , Ce volume maintenant complet fait partie du cours élémentaire d’his- toire naturelle, par MM. Enwanps, Beupanr, De Jussieu. 3 vol. LASEGUE (A.). Musée botanique de M. Benjamin Delessert. — Notices sur les collections de plantes et la bibliothèque qui le composent; contenant, en outre, des documens sur les principaux herbiers d'Europe et l'exposé du voyage, en- trepris dans lintérêt de la botanique. Paris, décembre 1844, x vol. in-8. 7 fr. LATREILLE. Les Crustacés, les Arachnides et les Insectes distribués en familles naturelles. Ouvrage formant les tomes 4 et 5 de celui de G. Cuvier, sur le rè- gne animal, 2° édit. 2 vol. in-8, avec fig. Paris, 1829... . . . . ., 15 fr. LE MAOUT (Ë.). Lecons élémentaires de botanique fondées sur l’analyse de 50 plantes vulgaires et formant un traité complet d’organograpbie et de physio- logie végétale. Paris, 1844. Un magnifique volume in-5, avec Patlas des 5o plantes vulgaires et plus de 500 figures dessinées par J. Decaisne et gravées par les meilleurs artistes. Prix, avec l’atlas colorié. . . . . . . . ., 925fr. _— — MOUV ee CC Toit. —— Atlas élémentaire de botanique avec le texte en regard, comprenant lorga- nogiaphie, l’anatonie et liconographie des familles d'Europe, à l'usage des étudians et des gens du monde. Ouvrage contenant 2,340 fig. dessinées par Steinbeil et Decaisne. Paris, 1846, r beau vol. in-4. Prix. . - . . 15 fr. LIEBIG (J.). Chimie organique appliquée aa physiologie végétale et à l’agricul- ture. 2° édition, revue et considérablement augmentée, traduction faite sur la 4° édition allemande par Ch. Geruanpr et revue par M. J. Lismic. Paris, 1 vol. nn on OL ON 2 1 MOMIE ROME ES Le NAT MELLEVILLE. Mémoire sur les sables tertiaires inférieurs du bassin de Paris, Puris, 1843, grand'in-8 cartonné... h nhebige te cube 3-10 paf, 15 fr. MASSON-FOUR. Catéchisme d’agriculture ou premiers élémens d’agriculture, mis à la portée des enfans qui fréquentent les écoles primaires des campa- ones, avec gravures. Paris, 1836,in-19. . : ; + + + + + + + +. » 30c. MENEGHINI (Prof. G.). Alghe italiene e dalmatiche, Padova, 1842. 1 vol. in-8, avec planches coloriées , 3 fascicules contenant les feuilles 1 à ro et les planches 1 à 4 sont en vente. Prix de chaque fascicule. . . . . .. Sfr. 24 Livres de fonds de Victor MASSON, —————…—…—…—…—"— —"—" —"— —……—————.—…———— Histoire naturelle, Agriculture, MERAT. Nouveaux Elémens de Botanique, à l’usage des cours du Jardin du Roi, Geédit. lansete20, an-12 . 2 Ce: cle ra.- et 00 MICHAUD. Complément de l'histoire naturelle des coquilles terrestres et fluvia- tiles de la France, de DraPparNauD, 1831. 1 vol. in-4,avec gpl. . . .. 12fr. MIQUEL (Gui). Systema pipacearum. Rotterdam. 1844. Fascic.T.. .. 11 fr. Fascic. AIME voir. POTIEZ et MICHAUD. Galerie des mollusques, ou catalogue méthodique, des- criptif et raisonné des mollusques et coquilles du Muséum de Douai. 2 vol. in-8, et atlas de 74 planches. Paris, 1838-1845. . . . . . . . . . 3ofr. RAOUL. Choix de plantes de la Nouvelle-Zélande, recueillies et décrites par E. RaouL , chirurgien de 1"° classe de la marine royale. Ouvrage publié sous les auspices du département de la marine et des colonies. Paris, 1846, x vol. gr. in-4 cartonné avec 30 planches dessinées d’après nature par M, Riocreux, et gravées en taille-douce par Mlle Taillant. . «+ + «+ + + + + « 36 fr. REEVE (Lovell), Conchologia systematica, or complete system of conchology, in which the lepades and mollusca are described and classifie.l according to their natural organization and habits ; illustrated with 310 Highly-Finished Copper-Plate Engravings, by Messrs. Sowerby; containing above 1500 fisures of Shells, many of which are entirely new to science. Deux volumes grand in-4, cartonnés en toile anglaise, contenant : Volumes, Planches. 1" Les Mollusques bivalves. 130 2° Les Mollusques univalves, avec un appendice important. 170 Prix tavecifigures!colôrigesst.00 tm PMR TEE ES SES Go Er. Figures noires. . . . . . PS PRE MR EL D OITe —— CONCHOLOGIA ICONICA a complete repertory of species, pictorial and des- criptive. Bx Lovecr Reeve, A. L.S., F.Z.8., author of the conchologia sys- tematica. Les figures sont gravées sur pierre par l’auteur , d’après les dessins originaux de G.-B. Soverby jeune. Le CoxcnoLocra IconicA est publié parlivraisons mensuelles. Chaque livraison se compose de huit planches in-4, dont chacune contient de huit à dix figures, et est accompagnée dune feuille de texte descriptif. Chaque espèce est décrite en latin et en anglais. Chaque livraison de huit planches coloriées se vend à Paris. . 32 livraisons sont en vente le i*'" novembre 1545. ROLLAND DU ROQUAN (0O.). Description des Coquilles fossiles de la famille des Rudistes, qui se trouvent dans le terrain crétacé de Corbières (Aude). 1 vol. grand in-4 cartonné, accompagné de 8 planches. Carcassonne, 1841. 9 fr. ROQUES ( Josern). Histoire des Champignons comestibles et vénéneux, où l’on expose leurs caractères distinctifs, leurs propriétés alimentaires et économi- ques, leurs effets nuisibles et les moyens de s’en garantir ou d’y remédier; ouvrage utile aux amateurs de champignons , aux médecins, aux naturalistes, aux propriétaires ruraux, aux maires, aux curés des campagnes ; 2° édit. revue et considérablement augmentée. Paris, 1841, 1 vol. in-8, avec un atlas grand in-4 de 24 planches représentant dans leurs dimensions et leurs couleurs natu- relles cent espèces ou variétés de champignons. . . . . . . . . . . ontr. On vend séparément le volume de texte. . - . . . « + +: . + . . :. 9 fr. 5o WALPERS (G.-G.). Repertorium Botanices systematicæ, in-8. L’ouvrace est publié par fascicules, chacun da prix de : . . . . . . 4fr. En vente : Tom. (fasc/ TV) Prix PORN aus & Me MES Te Libraire des Societes savantes pres le Minist. de l’Instr. publ. 95 Fom. IE (fasc EVISIBeE Ur... PNR NS = . . M oAifre Tom TERME IM) Bree + 0 ou. .« . . . . "17fr78 ROM SV SC E) ARR SEEN NEC - - 0 Co ANtr. one Ve (EisC. CIEMDREREE: CE PONT. . 5. L tof: IV. PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES SUR L'ALGÉRIE. EXPLORATION SCIENTIFIQUE DE L'ALGÉRIE. Pendant les années 1840, 1841, 1842, PUBLIÉE PAR ORDRE DU GOUVERNEMENT ET AVEC LE CONCOURS D'UNE COMMISSION ACCADÉMIQUE, SCIENCES HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES. La section des sciences historiques et géographiques de VExploration scienti- fique de l’Algérie est publiée dans le format grand in-8, jésus. Le travail typographique a été exécuté par les presses de l’Imprimerie royale. Le papier est choisi parmi les plus beaux échantillons des fabriques du Marais; les cartes, gravées par les plus habiles artistes attachés au Dépôt de la guerre, sont toutes tirées sur papier de Chine et coloriées avec le plus grand soin ; rien, en un mot, n’a été négligé pour que l'exécution répondit à l'importance de l’œuvre. Chaque volume se vend séparément au prix de r2 francs. Les volumes ci-après sont en vente : . ETUDE des routes suivies par les Arabes dans Ja partie méridionale de Algérie et de la Régence de Tunis, pour servir à l’établissement du réseau géographique de ces contrées; par E. Carerre, capitaine du génie, membre et secrétaire de la commission. 1 vol. grand in-8, avec 1 carte. 12 fr. IT. RECHERCHES sur la géographie et le commerce de l'Algérie méridionale ; par M. E. Canerre, accompagnées d’une Notice sur la géographie de l'Afrique sep- tentrionale, et d’une carte, par M. Rexou, membre de la commission. 1 vol. in-8, avec 3 cartes. 12 fr. VI. MEMOIRES historiques et géographiques, par M. Pezuissier, membre de la commission, consul de France à Souca. 1 vol. in-8, contenant: Mémoires historiques sur les expéditions et les établissemens des Européens en Barbarie. Mémoire sur les mœurs et les institutions sociales des Arabes et des Kabyles du nord de l’Afrique. Mémoire sur la géographie ancienne et sarrazine de l’Algérie. Prix du volume. 12 fr. VII. HISTOIRE de l'Afrique, par Mohammed-El-Keirodni; traduite par MM. Per- Lissier et Remusar. 1 vol. grand in-8. 22 fr VIII. VOYAGES dans le sud de l'Algérie et des Etats barbaresques de l'Ouest et de V’Est, par £/-Aidchi-Moula- Ahmed; traduits par M. Adrien BeRBRUGGER, membre de la commission. 1 vol. in-8. 12 fr. Chaque volume se vend séparément. IX. RECHERCHES géographiques sur le Maroc , par M. Renou, membre de la commission scientifique, suivies du traité avec le Maroc, d’itinéraires et de ren- seignemens sur le pays de Sous, et de renseignemens sur les forces de terre et de mer et sur les revenus territoriaux du Maroc. 1 vol. in-8, avec une carte du Maroc. 12 fr.» D’autres volumes sont sous presse et paraîtront successivement. nl 26 Livres de fonds de VicTror MAssON, SCIENCES PHYSIQUES, — ZOOLOGIE. Cette section est aussi imprimée par l’Imprimerie royale, dans le format grand in-/4 jésus ; les atJas sont dans le même format. — Le luxe déployé dans l’exécu- tion du texte et dans celle des planches surpasse tout ce qui a été fait jusqu’à ce jour. HISTOIRE naturelle des Moliusques, par M. Dssmayes. 1_ vol. in-4, avec un atlas de 117 planches. HISTOIRE naturelle des Annélides, par M. Desnaxes. 1 vol. in-4, avec un atlas de 49 planches, L'histoire naturelle des MOLLUSQUES esten cours de publication. HISTOIRE naturelle des Zoophytes, par M. Desuayes. 1 vol. in-4, avec un atlas de 81 planches. La publication se fait par livraisons mensuelles de 6 planches et 5 feuilles de texte. Elle a commencé par les MOLLUSQUES. Depuis novembre 1844, il paraît une livraison chaque mois. Chaque livraison est du prix de 16 fr. PHYSIQUE GÉNÉRALE Par M. AIMÉ, Membre de la commission scientifique de l’Algéric, Cette section comprendra 4 volumes imprimés dans le même format, avec les mêmes caractères, la même justification et le mème papier que ceux employés pour les sciences physiques. 1. RECHERCHES de physique sur la Méditerranée. 1 vol. in-4, aved$6 planches gravées en taille- douce. 30 fr. 11. MAGNETISME TERRESTRE. 1 vol. in-4, avec26 planches. 36 fr. III. METEOROLOGIE. — Côtes. r vol. in-4 (Sous presse). IV. METEOROLOGIE. — Intérieur du Sahara. 1 vol. in-4 (Sous presse). LE SAHARA ALGÉRIEN. ETUDES géographiques, statistiques et historiques sur la région au sud desétablisse- mens francais en Algérie, ouvrage rédigé sur les documens recueillis par les soins de M. le lieatenant-colonel Daumas, directeur central des affaires arabes à Alger, et publié avec l'autorisation de M. le maréchal duc de Dalmatie, président du conseil, ministre de la guerre. 1 fort vol. in-8 gr. raisin. Prix, broché, 6 fr. 5o c. Pour servir de complément au Sahara algérien : CARTE DU SAHARA ALGERIEN, dédiée à M. le Marécnaz puc »’Iscy, gouver- neur-général de l'Algérie, par la direction des affaires arabes, 1845. Cette carte a été dressée, d’après les renseignemens pris et fournis parle lieu- tenant-colonel Daumas, directeur céntral des affaires arabes à Alger, par M. Ga- BORLAUD, Capitaine d'état-major, attaché à direction centrale des affaires arabes, 2 feuilles grand aigle. Prix. 8 fr. CARTE D'UNE PARTIE SEPTENTRIONALE DE L’AFRIQUE, dressée d’après les renseignemens pris et fournis par le lieutenant-colonel Daumas, directeur cen- tral des affaires arabes à Alger, par M. Ganomaun, capitaine d'état-major, attaché à la direction des affairesarabes. 1 feuille colombier. Prix. 3 fr. Nora. Lesdeux cartes ont été gravées sous la direction du Dépôt de la guerre; la première est coloriée. Chacune se vend séparément. On peut aussi se les pro- curer : Collées sur toile et réunies dans un étui. 18 fr. Montées avec gorge et rouleau. . + . 22fr. Libraire des Soctetés savantes pres le Minist. de l'Instr. publ. 27 OUVRAGES ET POUR LE V. CLASSIQUES BACCALAURÉAT. DELAVIGNE. Manuel completdes aspirans au baccalauréat ès-lettres, 8fédition, rédigée d’après le nouveau programme de 1840. 2 forts volumes in-r2, avec figures intercalées dans le texte. Paris, 1842. On vend séparément : LA PHILOSOPHIE. 1 vol. r fr. 5o LA LITTERATURE. : vol. 1 fr. 50 gures. « » Tir L'HISTOIRE. 1 très fort volu- ME. - Or figures, . . . . + +. + .. LA GEOGRAPHIE. 1 nt 2fr. » LA PHYSIQUE et la ‘CHIMIE, avec 2 fr. FN LES MATHEMATIQUES , avec fi- 50 DELAVIGNE. Manuel de l’histoire du moyen âge, 1 vol.in-18. Paris, 1837.3 fr. 50 CLASSIQUES FRANÇAIS, édition stéréoty] pe de Firmin Didot frères, format in-18, chaque volume broché. Ouvrages dont se compose la Collection : Vol, J RACINE, Théâtre 20-04 L. RACINE. La Religion. . .. 1 BOILEAU. Bo RME AUS FENELON. Télémaque. - à 2 P.et Tr. CORNEILLE. 5 CREBILLON. . À 3 MODDEREM AT. HAINE T'et U 8 REGNARDr TO. 7 LA FONTAINE. Fables. . 2 RON IES ne de un oies, sie 2 — Les Amours de Psyché. SAME J.-B. ROUSSEAU. : se NS BOSSUET. Oraisons neue AA — Histoire universelle. . . Se MASSILLON. Peut éme: JU FLECHIER. Orais.funébres,etc. 2 MONTESQUIEU. Esprit des lois. 6 — Grandeur des Romains. . . . 1 MONTESQUIEU. Lettres ne ANS 27 2 Dei MP PEL QTrEz 2 VOLTAIRE. Henriade. . 1 MB pires 1. nie le ee I — Contesen vers. . . 1 — Théâtre. ... 12 me de ous XIV. ét Luis ed Melle) * ec, rellehtle), Le) ‘22 «1, es — Charles XIE, — Histoire de Russie. . . . — Romans. . . 4 — Essai sur les mœurs. . Fe — Dictionnaire philosophique... ROUSSEAU. Nouvelle Héloïse, es — Emile. . .. rt — Les Corte one te LABRUYERE. Caractères. PASCAL. Les provinciales. + . LA ROCHEFOUCAULT. Maxime, NICOLE. Pensées. LESAGE: Gil Bla. eme eo — Diable Boîteux. = Théâtre. FLORIAN. Guinée doi - VERTOT. Révolutionsromaines . — Révolutions de Suède. . — Révolutions du Portugal. . .. SAINT-REAL. Conjuration contre Venise. . . PREVOST. Mason Hescait ME MALHERBE. sr asie REGNIER. . . OEuvres EhbiSRes de: LA HARPE . — GRESSET. : te 50 c. < C2 RER AN One À DORE OR OR D » 7 I 1 C9 4 D D M M 28 Livres de fonds de Vicror Masson, Ouvrages classiques. Suite des ouvrages dont se compose la collection des classiques français. — LAFOSSE, DUCHE, etc... .. 1 | — BEAUMARCHAIS.. RS — DEMIERRE.. . .. . tel — PIRON Reste. 2 —YDEBEDLOY... . : NS RFA CHAUSSEES 0. Ge =ISAURIN:. : 2: 2 MN CRT 1 | — DUFRESNY. . . . SROISSON 10 CN EE 1 | — LAGRANGE- CHANCEL. So ABOISSY SN EE ES 2° VS DANCOURT. 7 ©..." + se :9 SRAVART: ES en cr 3 BARTHE RC 1 = CHAMPFORT.. ... . à. . 2) x "| BOURSAUDE . - 2 — COLLE. : 1 | GRAFIGNY Gr} Lettres d'une — GUIMOND DE AS TOUCHE 1 Péruvienne. . . TOR | BOILEAU. OEuvres poétiques choisies, 1 vol. Prix. . . . . . . . . .. Go c. VOLTAIRE. Le Siècle de Louis XIV seul. 4 tomes en 1 fort vol. Prix. 1 fr. 60 c. Les tomes ci-après de la collection se vendent séparément; savoir : Tomes. 1. La Thébaïde, Alexandre, Andromaque. 2. Les Plaideurs, Britannicus, Bérénice. . Bajazet, Mithridate, Iphigéme. . Phèdre, Esther, Athalie. . Le Cid, Horace. . Cinna, Polyeucte, le Menteur. . Le Misantrope, le Médecin malgré lui. e n. Tartufe, Amphitryon. L’Avare, Monsieur de Pourceaugnac. Brutus, Eriphile, Zaïre. . Zulime, Pandore, le Fanatisme et Mérope. J. RACINE. Théâtre. ! CORNEILLE. Théâtre. VOLTAIRE. Théatre. DV ONE © = HE | | MOLIERE. Théâtre. | | CLASSIQUES LATINS, ANGLAIS ET ITALIENS. FABLES, by John Gay, in two parts, to which are added Fables by Edw. Moore. 1 vol. in-10AbFOChE 000. RENE DCE RE CU CEE EE 70 c. LETTERS of Ras Mary Wortley Montague, to which are added Poems by the same authôr, 1 "ol. än-18/'broché, 90 €. . 2.04 MEANS 7OÂC- THE SENTIMENTAL JOURNEY , by Sterne. 1 vol.in-18,broché, 90 c. 7o c. THE VICAR OF WAKEFIELD. 1 vol. in-18, broché, go c.. . .. Yo c. BYRON'S Select poetical Works. 1 vol. in-18, broché . . . . . . .. 1 fr. LA GERUSALEMME LIBERATA, di Torquato Tasso. 2 ‘volumes in-18, br. L'TSODIC EME RENE AE OR OT RC NN ER RE 1 fr. 4o CORNELII NEPOTIS Opera, quæ supersunt. In-18, broché, 95 c.. .. 5oc. HORATII (Q.) FLACCI Opera. In-18, broché, go c. . : . . . . . .. 70 c. PHÆDRI Fabulæin=18, broché 60€. + : ».-.-4-.7 47,7... ASC. SALLUSTII (C.) CRISPI Conjuratio Catilinæ et Jugurthæ. In-18,br.,75c. 50 c. VIRGILII MARONIS Opera. 1 vol. in-18, broché, 1 fr. . . . . . .. 75 c. A Librarre des Societes savantes pres le Minist. de lInstr. puhl. 29 vVTr JOURNAUX. ANNALES de Chimie, ou Recueil de mémoires concernant la chimie et les arts qui en dépendent; par MM. Guoyrox ne Monveau, Lavoisier, Moxce, Berruo- LET, Fourcroy, etc. Puris, 1789 à 1815 inclusivement, 96 volumes, in-8, fipuress 7.2. 0.7 0. NA.) UNS CENTER So) fr , Les collections complètes sont devenues très rares, mais on peut se procu- rer la plupart des années séparément . ss 4i20ffr. — Table générale raisonnée des matières contenues dans les 96 vol. Paris, SAVOIR 0 SP RE M SE ter sen cure get AU ETS ANNALES de Chimie et de Physique, 2° série; par MM. Gay-Lussac et Araco. Paris, 1816 à 1840 inclusivement 25 années, formant 75 vol. in-8, accompa- gnés d’un grand nombre de planches gravées. . « + . . . . . .. 3oofr, , La plupart des années de 1816 à 1840 peuvent se vendre séparément, 12 fr. — Table générale raisonnée des matières comprises dans les tomes 1 à 75 (1816 221040) DNOlAINE-OS SN NS TR ON EE RE NET SR TES : ne, ,, Chaque volume se vend séparément. ANNALES de Chimie et de Physique, 3° série commencée en 18/41, rédigée par MM. Gay-Lussac, Araco, Cuevreuz, Dumas, PeLouze, Boussixcaurr et Recxauzr. IÎl paraît chaque année 12 cahiers qui forment 3 volumes et sont ac- compagnés de planches en taille-douce et de figures intercalées dans le texte. Prix : POUR PBATISSS 27. à) à © 2 DO ROPO NORD MO NID NES No Go do beau Pourles: départemens. +). 1014 8er ttt er se SENS °01,1134 fr. Pour quelques pays de l'étranger. + . . . « « . + . . + . . + + -. 38fr. ANNALES des Sciences naturelles, 1'* série, 1824 à 1833 inciusivement, publiée par MM. Aurouix, Ad. Broncnianr et Duwas. 30 vol. in-8, Goo planches en- viron la plupart colorées. 20.1 CM ER. . . . < Ke. 10otir. “, On peut se procurer la plupart des années séparément, . . . .. 16 fr. — Table générale des matières des 30 volumes qui composent cette série. Paris, 1841, 1 vols in Se 22 00e TU ee ne! 7 dou e don UE OT: On vend séparément tous les mémoires contenus dans cette 1"* série. 30 Livres de fonds de VicrOR MAssoONw, oo Journaux. ANNALES des Sciences naturelles, deuxieme série, comprenant la zoologie, la botanique , l'anatomie et la physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés fossiles, rédigées pour la zoologie par MM. Aupouix et Mairxe Eowamps, et pour la botanique par MM, Adolphe Broxextart, Guic- LEMIN et Decaisxe. Cette deuxième série, publiée de 1834 à 1843 inclusivement, forme deux parties avec une pagination distincte, et comprend, avec Îles tables générales des matières et celles des auteurs, 40 volumes, format grand in-8 sur raisin, accompagnés d'environ 700 planches gravées en taille -douce et souvent coloriées. Prix des 4o volumes cartonnés . . . . . . 4 + + à + + + + + + +. 380 fr, Chaque année séparément, 4 volumes cartonnés « . . + « + + + +. 38 fr, On peut avoir séparément : La zoologie, 20 volumes avec la table. . . . . . . . . , « . . .. 25ofr. Et chaque année à part. . + . ... « + + + «+ + + + + + à Dm 25fr. La botanique, 20 volumes avec la table, . . . . . . . + « . . . .. 25ofr. Chaque année à part … +. » + 0 un en fes es où de 10 een ess 00 ste" n25ifr. La table se vend aussi à part : fr. Prix pour les deux parties réunies, . . . . + + + + . + .. 5 Une des parties séparément . + + + + + ee» + + + + +: 3 fr. ANNALES des Sciences naturelles, troisième série, commencant le 1°” janvier 1814, comprenant la zoologie, la botanique, l'anatomie et la physiologie comparées des deux règnes, et l’histoire des corps organisés fossiles, rédigées pour La Zoologie, par M. Mine Evwanos ; pour la Botanique, par MM. Broxcxiarr (Ad.) et Decaisxe. Ces deux parties ont une pagination distincte, et forment, chaque année, deux volumes de botanique et deux volumes de zoologie ; elles sont accompa- gnées chacune de 33 planches gravées avec soin, et coloriées toutes les fois que le sujet l'exige. Prix : Pour Paris, les départemens, l'étranzer, Pour les deux parties réunies : 38,fx. 4o fr. 44 fr. Pour une partie séparément : 25 27 30 ANNALES MEDICO-PSYCHOLOGIQUES, journal de l’Anatomie, de la Phy- siologie et de la Pathologie du système nerveux destiné particulièrement à recueillir tous les documens relaufs à la science des rapports du physique et du moral, à l’aliénation mentale, et à la médecine légale des aliénés ; publié par MM. les docteurs Baïllarger, médecin des aliénés à l’hospice de la Salpé- trière ; Cerise et Longet. Les Annales médico-psychologiques paraissent tous les deux mois, à partir du 1°° janvier 1843. Chaque livraison contient 10 feuilles d'impression (160 pages), de manière àformer à la fin de chaque année deux beaux volumes in-8. Des planches seront ajoutées lorsqu'elles seront nécessaires. Prix de l'abonnement par année : Pour-Paris : ln RE ce ml ee cos es Cie ce Poar-lesdépantemens0,; tué" 70 NT EM GENRE. ee cerune 29 ÎTe Pour l'étranger. © le le 1e : ee ere é Re . ee ee 26 fr. Libraire des Societes savantes près le Minist. de l'Instr. publ. 31 Journaux. JOURNAL DE PHARMACIE ET DE CHIMIE, par MM. Bourzay J.-B, Bou- per, Virey, Bussx, Sousetrax, Henry, F. Bouper, Car, Bourron-Cuartann , Fréxy; contenant le bulletin des travaux de la Société de Pharmacie de Paris et de la Société d’émulation , et suivi d’un compte-rendu des travaux de chi- mie, par Ch. Gernarpr; 3° série, ayant commencé en janvier 1842. Le Journal de Pharmacie et de Chimie paraît tous les mois, par cahiers de À à feuilles. [1 forme chaque année deux volumes in-8; des planches sont jointes au _ texte toutes les fois qu’elles sont nécessaires. : : ÿ Pour Paris et les départemens, .°. . > : .… 15 fr. Prix de l'abonnement À Pour l'éRaseae d : L. . of. Collections du Bulletin et du Journal de Pharmacie. La collection complète du Journal de Pharmacie se compose de six volumes, sous le titre de Bulletin de Pharmacie, et de vingt-sept volumes, sous le titre de Journal de Pharmacte et des Sciences accessoires. La série du Bulletin de Pharmacie, de 1809 à 1814, n'offre qu’un très petit nombre d'exemplaires. La 2° série, de 1815 à 184r, est réduite au prix de 8 fr. le volume, Chaque volume peut être vendu séparément, La première table analytique du Bulletin et du Journal de Pharmacie, de 1815 à 1831, 1 vol. in-8, imprimé sur 2 colonnes, en petittexte, sè vend. . 6 fr. La deuxième table du Journal de Pharmacie (1831 à 1841). 1 broch.in-8. 3 fr. THE LONDON AND EDINBURGH Monthly journal of medical science. Jour- nal mensuel des sc'ences médicales de Londres et d’Edimbourg, rédigé par le docteur Coruacr, d'Edimbourg. Prix des 12 cahiers, formant un volume compacte , accompagné de planches et tableaux statistiques. . . . .. o2fr. Ce journal, le plus varié, le plus étendu, et le moins couteux de tous les recueils périodiques de médecine qui se publient dans la Grande-Bretagne, paraît à Londres et à Edimbourg, le premier de chaque mois, et se trouve le 15 à Paris. Il offre de grands avantages aux auteurs du Continent qui désirent faire connaître leurs ouvrages aux médecins anglais. Les exemplaires des livres et des journaux que l’on voudrait adresser au rédacteur , devront être déposés à Paris, chez Victor Masson; et à Leipzig, chez son correspondant, M. L. Michelsen. Les lettres devront être adressées franco à M. le docteur Cormack, 131, Princes-Street, à Edimbourg. 32 Livres de fonds de Vicror MAssoOn», | VII. BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE MÉDICALE, FORMAT CHARPENTIER. BICHAT. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LA VIE ET SUR LA MORT, nouvelle édition, ornée d’une vignette sur acier, précédée d’une Notice sur la vieetsur les travaux de Bicuar, et suivie de Notes, par M. le docteur Cerise. Paris, 1844, 1 vol. grand in-18. . . . . . . . . PNR 8 es SE CABANIS. RAPPORTS DU PHYSIQUE ET DU MORAL DE L'HOMME, nouvelle édition contenant : l’extrait raisonné de Destutt Tracy, la table alphabétique et analy- tique de Sue, une notice biographique sur Cabanis, et un Essai je principes et les limites de la science des rapports du physique et du moral, par le doc- leur CERISE. LVUI. 00 Le celine lle. -histe Dole ete MONT 00 GALIEN, OEuvres médico-philosophiques, taduites pour la première fois en francais sur les textes grecs manuscrits et imprimés, avec des introductions et des notes, par le docteur Cn.- V. Daremgerc, bibliothécaire de l’Académie royale de médecine (Sous presse). HIPPOCRATE, OEuvres (Ze Serment, la loi, de l’Art, du Médecin, des Prorrhétiques, le Prouns- tic, des Eaux, des Airs et des Lieux, Prénotions de Cos ; Epidèmies du Ré- gime dans les Maladies aiguës, les Aphorismes, etc.), traduites sur les anciens textesimprimés et manuscrits, par le docteur Cu.-V. Dareuserc, bibliothécane de l’Académie de médecine de Paris, 1 vol. grand in-18 . . . . . . . 4fr. ROUSSEL. SYSTEME physique et moral de la femme ; nouvelle edition, contenant une notice biographique sur Rousse et des notes, par le docteur Cerise. ’aris, 1845. 1 vol. grand in-18 + .. en en. ee 2. ee ct 05 Tr. 50 ZIMMERMANN. DE LA SOLITUDE, traduction nouvelle par M. X. Manuier. Paris, 1845, 1 vol. BLARAUNELS. + + + ol 21: 0 Cle eee ere AUOT O0 Le T YL'A7"T: RABAIS DE 60 POUR CENT QUE SERA MALNTENU DU 1: JUILLET 1846 AU 31 DÉCEMBRE 1847. LECONS D'ANATOMIE COMPARÉE. GEORGES CUVIER, (l &E RAR À n ta Seconde édition, comigée et augmenté: PAR MM. GEORGES ET FRÉDÉRIC CUVIER, LAURILLARD ET DUVERNOY#Y. 8 TOMES EN 9 VOLUMES IN-5°. DCE DIR Le Late OS (LAN. PEberéduipe Mo." OS francs. Geïe -hnporante publicaïon vient dire lendinée par da mie en vente du lomé huitième. L'ouvrage complet sera vendu , jusqu’au 31 décembre 1847, AU PRIX RÉDUIT DE ®@ FRANCS. A PARTIR du 1‘: janvier 1848, ; Fe , it 65 _e 4 il sera reporté à L'ANCIEN prix de francs. Chaque volume continuera à être vendu séparément à l'ancien prix. —— “rm MATIÈRES CONTENCES DANS CHAQUE VOLUME, TOME LE, re\u par @. Cuvier. contient : Les généralités et les organes du mouvement des Animaux vertebrés. DOME HE, ro par F6. Cusier et Laurillard Orsanes du mouvement des Animaux sans vertèbres et lOsiéologie de la tête. TOME HEL, revu par F.-@. Cuvier et Laurillard. Sysleme nerveux et organes des sens. TOME IV. 2 ol. in-8°, revu pur @&.-l, Duvernoy. 17 Panne : Organes de mastication. d'insahivation et de déglutition des Animaux vertébrés, 1 vol. in-8°. 2° Parnie : Suite de l'appareil de ehylitication des Animaux vertébres, { vol. in-8°. TOME V. revu par Duvernoy. Organes d'alimentation des Mollusques, des Animaux articulés et des Zoophytes. VOME VE, revu par Duvernoy. Description du fluide nourricier, de ses réservoirs, et des organes qui le mettent en mouvement, dans les quatre tvpes du règne animal. : ÆOME VIE. revu et entierement refondu par Duvernoy. Description des organes d'élaboration et de dépuration du fluide nourri- cier par la respiration et la sécrétion urinaire. TOME VILLE, par @G. Cuvier et Duvernoy. Organes de la gérération et des sécrétions. — Leçon complémentaire des organes de relation. À Jaris, CHEZ VICTOR MASSON, LIBRAIRE DES SOCIÉTÉS SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, Piace de l'Ecoic-de-Médecine , 1. Paurs, — Pnprnetie de BourGoëxe et MARTINET, rue Javch, 20. INJEUTIS "JOUIA -h0 | juesoduwuo) mb SoULi/04 [hou Sd] (oouvaz) n$oa quan f ouh svademb 2jqibiio Dios ou SUUOS 97797) *SONVHA XIS-LONIA 99 OUUUOS JUN ‘ 2J{LU0p UOUW D a)up}jinb D} 9p UO1}Dju2sa44 2 ‘u4ohod p alnhuo uw 72 * HAIAN) SHDUOM) 40 *sgaudurod SAUOJUUY D SUOHIE LAID SLUISNOS ‘I ) e3sod ej 8 40/30 ‘oud ‘yduros ésn3oodsos x NP 242839p 9139 U149p ura[[N ff 29 juautaj4ndop D JUDARIUIP auDissnos 2f" “HO 128N0$S 9h UI)oNNE OUNUIA UT 21NO0) SURP OPUDI] npuoy SOUL] 93 REC MO M OL OL T0 do 0 V0 JO S HHP94 Xu14 FSJUPIT co eo ML EM 7007 SANS OT AVANT UODUV AULVSSAOAN SFd LISA N ‘a NE SARJIOA SHIAN NA SINOL $s a VON LS ŒUV TIENNE MIA) DIMAGHUA LA SHDAOMD RW V4 7 UDUANE 10 QSBLNCO "UONUA EDUIIN 2 "MOIAND SHMDMOAMD UV 5 “AAUVAKOD HIKOLVN VA SNO9AN Li LFSE 2AQU999€ 1€ nu DFSE 96 LB nŒ ANAHLNIVK VIS JAÙ LNAS UNO4X ALNVXIOS AG SIVAVU "2SS1PD UOS JUOUI]QS1] 1499 D 79 SUD]Q So] Sn07 jduot op o1ud 750 Ana)ut)SnoS vf A Monsieur VICTOR MASSON, LIRRAIRE, Place de l'Ecole-de-Médecine, 1. PARIS. RABAIS DE 60 POUR CENT QUI SERA MATNTENU DU 1: JUILLET 1846 AU 31 DÉCEMBRE 1847. LECONS D'ANATOMI COMPARÉE, GEORGES CUVIER, Seconde édibon, cornée et augmenté: PAR MM. GEORGES ET FRÉDÉRIC CUVIER, LAURILLARD ET DUVERNOY. S TOMES EN 9 VOLUMES IN-8°. Ancien prit doutes: t SOS ÉTanEs; Prix réduit ire di Gratis: Gele imgoranie publicaïon vien) déve tecminée par la mise en venie du tone huïiène. L'ouvrage complet sera vendu , jusqu'au 31 décembre 1847, AU PRIX RÉDUIT DE ®@ FRANCS. A PARTIR du 1°: janvier 184$, . rs , . 65 il sera reporté à L'ANCIEN prix de francs. Chaque volume continuera à étre vendu séparément à l'ancien prix. MATIÈRES CGONTENUES DANS CHAQUE VOLUME, TOME EL, re\u par G@. Cuvier. contient : Les généralités et les organes du mouvement des Animaux vertebrés. POME LL, ro\0 par K.-6. Cuvier e{ Laurillard Organes du mouvement des Animaux sans vertébres et lOstéologie de la tête. TOME LEE, revu par F,-@. Cuvier et Laurilard. Système nerveux et organes des sens. TOME IV. 2 \01. i2-$9, revu par @.-l, Duvernoy. °° Panne : Organes de mastication d'insalivation et de déglutition des Animaux vertébrés, 1 vol. in-8°. 2° Parrie : Suite de l'appareil de chylïication des Animaux vertébrés, 1 vol. in-#°. TOME V. revu par Duvernoy. Organes d'alimentation des Mollusques. des Animaux articulés et des Zoophvtes. FOME VE, revu par Duvernoy, Description du fluide nourricier, de ses réservoirs, et des organes qui le mettent en mouvement, dans les quatre types du règne animal. TOME VIE, revu et entierement refondu par Duvernoy. Description des organes d'élaboration et de dépuration du fluide nourri- cier par la respiration et la sécrétion urinaire. TOME VIRE, par @. Cuvier et Duyernoy. Organes de la get ération et des sécrétions. — Leçon complementaire des organes de relation. À Darts, CHEZ VICTOR MASSON, LIBRAIRE DES SOCIÉTÉS SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L'INSTRLCTION PUBLIQUE, Piace de l'Ecoie-de-Médecine , 4, Parts, — Fnpranerie de BourGogxE et Maxriner, rue Jacob, 0, “LHHJÈUSIS "JOLIA -h0 | juasodiuo) mb SoULIij0. {nou Sd] (oouxag) mhou quan. onxb sJade nb 3/qibixo Dis Du SULUUOS 27797) *SOXNUA XIS-LONIA 99 QUUUOS OUR ‘9JID0U0p) UOW D aJuDyinb D} 2p UO1JD}uaSaud » ‘uolind p olnbua ut 12 HAIAN') SHOUO41) 4D0/ ‘ogaudwuos opmopeuy p SUOS9Y LAND SUISNOS Juawt24nd2p D JUDANIUIP aUPISSROS à ‘UOIIAI42SNOS 9h UI)9NNIH DOURI UE) 2160) SUP oouDA{ nproy HUUPOQR ES MORE COS INDHIENIL SAUEIPEQN L'URL EX TTNOINV “aB-NL SHRYIOA HAN NA SINOL $ LONMAANOE USE ŒUVTTEMOQVE MMA) DIMAGUUA LA SHDAOUTD UN HVd n a] > TAUBNE 10 988 * “AHAUVAKOD AHIKOËLVNV.A SNODAA LFSE A9 DE NU 9FSI LE LELLY QRES OL | ANALNIVIN VAHS I1Nnd LNA9 HNO4 ALNVXIOS AG SIVAVU 11) AA AUIVSSAOAN SFd LISA N , UIHOLVUAAT (: e3sod ej e »30[ 49 ‘oud ‘duos ésnyoodsosg np 24o839p one ea Aop utJe[IN ff 29 ‘"OSS21PD UOS JUOULI]QIS1] HI D 1 SJUN]Q Sop Sn07 dut op ad 750 anaydiwsnos v'J À Monsieur VICTOR MASSON, LIBRAIRE, Place de l'École-de-Médecine, 1. PARIS. nur OL: br +1 ( D'UN ’ HOT h MO Lx en ME ‘ÿ or ‘ î À NA ï ji fa il : [ai a 1 KILRT if MD fra en SONIAN INSTITUTION LIBRARIES LUE 3 9088 01506