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L'Orestie d'Eschyle

PAUL MAZON

AtiKii'iii ui;s i.i.iiKhs

A N C I K N li L H V K U H l' U N I V E R S I T D K PARIS

Hi- Dit l'École pkatique des hautes-études

L'Orestie

d Eschyle

TRADUCTION NOUVELLE

PUBLIEE

Avec une Introduction sur la légende, un Commentaire rythmique

et des Notes

PARIS

ANCIENNE LIBRAIRIP: THORIN ET FILS

ALBERT FONTEMOING, ÉDITEUR

4, RUF LE GOFF, 4 1903

A MON MAITRE

mciiMeuiO mAURICE 'eROISET

Honimngc de respectueuse reconnaissance

P. M.

Avertissement

Le texte partout suivi est celui de Weil [Teub- ner^ i8c)i). Lorsque ce texte est manifestement altéré^ on a traduit Les conjectures proposées au bas des pages. Quand V éditeur n\i pas même offert ce remède à un mal qu^ il jugeait trop profond . on a, soit résumé le sens géné- ral qu^on a cru pouvoir deviner sous les mots corrompus, soit emprunté ailleurs des conjec- tures qu'on a toujours eu soin, en ce cas, de citer dans les Notes.

On a surtout recherché V exactitude et, par conséquent , la clarté. Eschyle n\'st point obscur. Seulement sa langue est synthétique et, par suite., impossible à calquer en vrai fran- çais. On ne doit donc pas songe /• à t /'a du ire ses mots., mais ses idées : il faut analyse/'

Vm AVFJîTiSSKMKNT

Oïl il a condensé. C'est une infidélité, sans doute, mais une infidélité nécessaire, et moins choquante, à coup sûr, que de rendre une poésie vigoureuse et rapide par une prose indécise et cahotante. Il y a dans Eschyle des idées qui se suivent^ au moins autant que des images qui ^e heurtent.

Le mouvement n'a été sacrifié qu'à la clarté, dans de rares passages où, véritablement, il fallait choisir entre les deux. Partout ailleurs, on s'est efforcé de rendre quelque chose de l'allure du grec. C'est pourquoi on s est im- posé de rythmer la traduction des sticho- mythies. Ces parties de la tragédie ont déjà, dans le texte, une gaucherie naïve qui sur- prend et amuse; en français, le charme de la naïveté disparaît et la gaucherie reste. On s'excuse donc de la raideur et de la platitude de ces copies : la platitude est du traduc- teur, mais la raideur est souvent de Vori- ginal.

On a cherché aussi à faire saisir à des lec- teurs modernes la variété d'une tragédie grecque. On a, pour la leur rendre plus sensible, imprimé en el^évirs les parties réci- tées, en italiques les parties chantées, en ca- ractères romains les parties débitées sur un accompagnement instrumental, comm^e les mélo- drames de certains de nos opéras.

On a même essayé de dégager le caractère

AVERTISSEMENT IX

des rythmes employés par le poète. Ce n'est pas que ce caractère soit encore saisissable pour des oreilles modernes dans le texte grec. Ce n'est pas davantage qu'on puisse par des raisonnements, si subtils qirUs soient, attri- buer tel caractère à tel rythme : les rythmes n'existent point abstraitement, et nous ne connaissons pas les rythmes d'Eschyle réa- lisés, puisque le texte musical de ses chœurs n'est pas venu jusqu'à nous. Nous savons même par Aristoxène et nous l'aurions con- jecturé aisément que « la réalisation du rythme admettait de multiples changements >^. Seulement, oii nous ne pouvons deviner par nous-mêmes, nous pouvons, du moins, écouter les témoignages autorisés de l'anti- quité. Quand les anciens nous définissent, avec une certaine précision, rinip/'cssio/i qii^un rythme leur faisait éprouver, pourquoi ne les croirions-nous pas? Supposons, en outre., que le caractère d'un rythme isolé reste toujours un peu indécis, cette indécision disparaît en grande partie, dès que ce rythme est opposé à un autre. Enjîn l'intoition musicale du poète musicien peut être parfois soulignée par le texte poétique lui-même : la modulation ryth- mique peut correspondre à un changement dans les idées, et l'adaptation des rythmes aux thèmes poétiques nous apparaître alors par la simple analyse du texte. Et ainsi de

a AVr.IîTISSKMFA'T

ces divers cléments, lêmoignafrcs antiques, opposition ou juxtaposition fréquente de cer- tains rythmes, parallélisme des modulations rythmiques et des mouvements de la pensée, il se forme dans l'esprit du lecteur averti une impression asse^précise, qui na pas, sans doute, une valeur scientifique indiscutable, mais qui éclaire si vivement les textes an- tiques qu'il serait vraiment étrange que ce ne fut qu'une illusion de moderne.

On a accompagné cette traduction de quelques indications scéniques. Elles ont en- core moins de prétention scientifique que les indications musicales. On a considéré comme admis qu'au m, oins à V époque d'Eschyle, les acteurs jouaient dans VOrchestra. On», s'est conformé aux indications des lexicographes anciens sur la signification des entrées et des sorties. On s'est inspiré aussi de quelques peintures de vases relatives à la légende d'Oreste. Les autres remarques qu'on a cru devoir faire pour faciliter la lecture du drame d'Eschyle ne sont même pas des hypo- thèses : ce sont des fantaisies vraisemblables. On a beaucoup comme ailleurs à M. de Wilamowit^-Mœllendorjf.

On a cru devoir ajouter aussi à la traduc- tion quelques notes destinées , soit à la justi- fier, dans les passages l'interprétation adoptée peut paraître le plus contestable., soit

AVERTISSEMENT XI

à la compléter, lorsqu'on s'est vu forcé iVabré- ger on tVafjaihlir un texte intradnlslble. On ny tronvera point cV explications, même ponr les vers les pins difficiles, lorsqn'nn commen- taire clair et définitif de ces passages se tronve déjà dans les éditions conrantes de Wecklein on de Weil .

On a pensé qn'il y anrail qnelqnc intérêt à exposer brièvement ce que nons pouvons sa- voi/' de la légende d'O reste avant Eschyle, afin de montrer qnelle a. été Vinlention du èoète en renouvelant ce sujet. On s\\st appuyé àur des textes précis autant qn\^n fa pu; à ùéfaut de textes, sur des témoignages plas- kques. Il a bien fallu, malheureusement, y (jouter quelques hypothèses : on s'est efforcé Of' n'en présenter que de conformes aux vrai- Â'uiblances historiques.

On sent mieux que personne ne pourra l\ faire les imperfections de ce travail. Une l raducl ion ne peut satisfaire aucune c'asse de lecteurs : elle n\'st jamais asse^ Jïièle pour qui peul la comparer avec le texte ; e le manque de liberté et de saveur pour qui l\ lit comme une œuvre originale. On sera r\connaissant et docile aux critiques qui per- mettront d\iméliorer un peu celle-ci.

On remercie enjln tous ceux qui ont bien vfulu s^ intéresser à ce livre, MM. Foifgè/'es,

'srousseaux, Desjardins, Bodin, Laloy,

XII

.\\i:mtissi:mknt

Biiry, à ijiii ron doil des encouragements, des conseils el douilles corrections ; et surtout MM. Alfred et Maurice Croiset, dont la mé- thode pénétrante et sûre est le înodèle qu'on s'est toujoiLrs proposé.

i"" septembre ic;o2.

INTKODIJCTION

La légende d'Orcsle a été successivement trai- tée par l'épopée ionienne, le lyrisme doi'ien el le drame altique, et chacun de ces genres l'a loca- lisée dans une ville différente, Mycènes, Amy- clées etx\rgos.

Au fond de l'Argolide nourricière de chevaux', se dresse l'acropole de Mycènes. Adossée à des monts abrupts et nus, protégée par une colline allongée qui lui sert de rempart du côté de la plaine, elle commande à tout le pays d'Argos jusqu'à la mer et surveille le délilé qui rattache les rivages de h\ mer Egée à ceux du golfe de Co- rinthe. Son enceinte courte et épaisse n'évoque |)as l'image d'une ville ', mais bien plutôt d'un chàteau-l'orl, de rudes et jHiissants seigneurs guettaient les occasions propices au piUage et entassaient leur l)utin.

1. Cf. Odyssre, HI, 203 : {aj/(o "Apv£o: I--000T010.

2. Cf. Thucydide, I, 10, 1.

\iv i\TiîoniT:Tiox

Mycèiies aviiit (Hé l'ondée par Persoc, el la dv- iiaslio (le Persée y avait r<'î^né jusqu'à KiirNsllMM'. Aux l*erséi(les avaient succédé les fils de lN''loj)S ',

Atrée d'ahord, puis son frère Thvesle^. Tliveste

'I ti t)

mourant avait l'cmis à A^amemnon, lils d'Atrée, le sceptre jadis donné par Zeus à IN'dops. La royauté d'Agannemnon était déjà la plus consi- dérable de la Grèce. Il commandait à lArgolide entière el, par sa flotte, à de nombreuses îles de la mer Egée'\ Les trésors que les Pélopides avaient apportés de l'Asie^ s'accroissaient main- tenant des tributs ou des rançons qu'exigeait de ses vassaux et de ses prisonniers le souverain de Mycènes, et, dans le monde achéen, les aèdes ne cessaient de chanter la gloire du « roi de Mycènes pleine d'or ^ ».

Quand l'outrage fait à Ménélas par Paris unit tous les Grecs contre Troie, Agamemnon, chef de la i)lus nombreuse flotte d'Achaïe, se trouvait tout désigné pour le commandement suprême *". 11 l'accepta et équipa ses nefs et son armée.

1. Cf. Thucydide, I, 0, 2.

2. Cf. Iliade, II, 106.

3. Cf. Iliade, 108, et les réflexions de Thucydide (I, 0, 4) sur ce vers.

4. Thucydide, I, 9, 2 : -Ir'fiv. •/sr,aâ-:a)v a r,AOcV £■/. -r]ç 'A^-a;

5. Cf. Iliade, VII, 180, et XI, 46 : ,3a7iÀf,x -oÀj/ojaoïo Mj/.v/TjÇ.

6. Cf. Thucydide, I, U,l.

INTRODUnTÎON XV

Une inquiétude pourtant l'obsédait : on son absence, que deviendrait Mycènes? Il n'y laissait que sa femme Clytemneslre. Un coup de force n'était guère à craindre contre l'imprenable for- teresse. Mais de la ruse une femme se défend mal : un ennemi ambitieux et adroit pouvait tromper Clytemnestre, se faire ouvrir les portes de Mycènes, s'emparer des trésors des Pélopides. Un sage conseiller saurait seul ouvrir les yeux d'une femme crédule et la préserver des em- bûches. Auî)rès de Clytemnestre, Agamemnon plaça donc un aède ^ un inspiré des dieux, à qui le ciel avait donné de connaître le bien et le mal', et, après l'avoir sup[)lié à maintes reprises"^ de défendre Clytemnestre, il partit.

Or, àArgos'', vivait le fils de ïhyeste, Kgisthe, vassal d'Agamemnon ; il convoitait le sceptre qu'avait porté son père. L'occasion s'olTrait à lui de le conquérir sans violence. Il entreprit de sé- duire Clytemnestre. Il lit de fréqu(;ntes visites à

1. Cf. i)dyssce, III, 267.

2. Cf. (kii/sscc, VIII, 63.

;{. Cf. Odysi^rc, IIF, 267 : tzôXV i::i-i)J.E.

4. Kgistho est un vassal d'AgamemnoM ; il lial)ile un des bourgs de la plaine, Argos. Si Ton n'admet pas rette liypo- tlièse, les mots âzà; ''Apyso; [Od., 111,260) deviennent inintel- ligibles : Kgislln; habite Argos; en Tabsence d'Agamemnon, il séduit Clytemnestre et l'emmène dans sa maison (cf. j». XVII, n. 2) ; si Ménélas était alors revenu en (irèce et avait surpris

X\l l\TI{()l)[;CTir)\

Mycèncs', (il, piii- (\i'< |)îii'()1(;s llatUîUscs, com- meru;a à ^Jign(;r le cœur de la reino. Klle l'ésis- tail ccpendanl; son cjvur était lionnôte ', et elle craignait l'aède, témoin de sa faiblesse.

Mais les dieux, dans leur |)rescience, voyant les maux qu'Egisthe allait attirer sur sa tête par sa propre folie, eurent pitié de lui et lui en- voyèrent Hermès avec ce message : (^ Ne prépare point la mort d'Agamemnon, ne recherche pas son épouse ; car tu payeras ton crime en tom- \ bant sous les coups d'Oreste, petit-fils dWtrée, le jour où, devenu un adolescent, il sentira le désir de sa terre ^ L'avis des dieux était un \ conseil bienveillant'. Égisthe n'y crut pas.

Alors les dieux l'abandonnèrent : son sort fut fixé et sa destinée s'accomplit '\ Il s'empara de l'aède, le lit jeter dans une île déserte, pour qu'il

l'usurpateur, il eût fait jeter son corps dans la plaine, loin d^Ar- gos, sa ville, il aurait être enseveli. Ailleurs flV, 517}, le pays d'Égisthe et de ïhyeste est donné comme placé àypoù" £-'£a/aT''7]v, à V extrémité de la plaine. Or, pour un My- cénien, Argos, adossée au mont Larisa qui ferme TArgolide au sud-ouest, est bien le dernier bourg de la plaine, i. Cf. Odyssée, 111, 264.

2. Cf. Odysfiée, III, 266 : çotaî yào y.iypr,-' àyaO^T'..

3. Cf. Odyssée, I. 37 sqq.

4. Cf. Odyssée, I, 43 ; àyaôà ooo^dMv.

5. Cf. Odyssée, III, 269. Le pronom u-v ne peut se rapporter qu'à Égisthe.

INTHODUCTIOX W II

servît de pâture aux oiseaux', et, ayant vîiiucu les dernières résistances de Clytemnestre, il la conduisit à Argos -^ et l'épousa solennellement. D'innombrables cuisses de bœufs brûlèrent sui' les autels divins; d'innombrables offrandes, riches tissus et bijoux d'or, furent suspendues aux murs des sanctuaires '\ Kgisthc avait obtenu |)lus qu'il n'avait jamais osé espérer', la |)uissance royale, les richesses de Mycènes, et la femme, « doux joyau' de ces trésors ».

Mais il fallait craindre maintenant le retour du roi légitime. Agamemnon pouvait débarquer brusquement au rivage d'Argos et surj)rendre l'usurpateur''. Égisthe sut prévoir et se garder. il conduisit lui-même^ sur une hauteur un de ses esclaves les plus dévoués, lui promit l'énorme salaire de deux talents d'or'^ et l'établit gar- dien du golfe d'Argos. Une année s'écoula ainsi. Un jour, le veilleur aperçut les vaisseaux argiens.

1. Cf. Och/ssce, III, 270 sq.

2. Cf. 0(lyS!^L'Cj III, 272 : ovoî 8o[xovo£. Voyez p. XV, n. 4.

3. Cf. Odyssée, III, 273 sq.

4. Cf. (hh/sscc, III, 275.

;>. Cf. Escliyle, Agamennion , 741 : à/.aaxaïov ayaXaa -àojtoj. G. Cf. Odyssée, IV, 527.

7. Cf. Odyssée, IV, 524 sq. : ô'v ca /.aOîiie | Ai'Y'.aOo; ôoXoar^Ti; aytov.

8. Cf. (klyssée, IV, 525 sq.

XVITI FNTROnrnTTON

Il courut avertir son niaîlrr. A^am(;mnon mettait le pied sur le rivag(; et, vers.ant des pleurs hrfi- lants, adorait la tei're pateinelle \ quand il vil venir à lui le, char (ri']gisthe '. Le saluant au nom de ses vassaux, Kgistlie l'invitait à venir à Argos Ton fêterait par un banquet son heureux retour. Agamemnon suivit Kgisthe et, comme un bœuf qu'on mène à l'étable pour l'assommer devant la crèche-^, il vint tomber devant la table du festin sous les coups de son ennemi. Ses compagnons voulurent le défendre. Mais Kgistbe avait caché vingt de ses meilleurs guerriers près de la salle ; une lutte terrible s'engagea : tous les compagnons d'Agamemnon périrent et tous ceux d'Égisthe^. Égisthe resta seul survivant de cette scène de carnage.

1. Cf. Odyssée, IV, 521 sqq.

2. Cf. Odyssée, IV, 533, Ïk-oicv/ xal o/saçiv.

3. Cf. Odyssée, IV, ri33 : oie -iç te xatr/.Tave [jO\j'^ l'î ç^Tvr;.

4. Cf. Odyssée, IV, 536 sq. Il n'y a pas de raison de sus- pecter le vers 537; il semble môme que cette scène de massacre dût être une des plus saisissantes des épopées com- posées sur le meurtre d'Agamemnon, car les mêmes traits se retrouvent dans les vers 418 et suivants du chant XI, qui se rapportent pourtant à une forme déjà plus avancée de la légende (cf. p. XXIV) :

'AXXâ Xc xîiva [j.âÀ'.c>TX 'orov oXocpucao 6'ju.tp.

xs'.asO' sv ( u.=yào(o, oàzsoov ô à-av a'.'aaTi GO"£v.

INTHODUCTION XIX

Puis il i'<'^iia s('|)l jiiis'. I^e peuple lui obéis- sait sans murmure. Mais, suivant la menace divine, Oresie f^randissail loiri de rAr^oliiie, à Athènes, au milieu des ennemis de sa patrie'^, mais à l'abri des li'aîtrises d'Kgisthe. Un joui-, il levint à Argos, tua Tusurpateui* et, pour honorer les mânes de son père, enseveli jadis en silence, célébra solennellement les funérailles d'Aga- memuon^ Le même jour, iVb'né'Ias, suivi d'une

1. C\\ (hh/ssrr, III, :U):i.

2. Peiulant la proniièie piTiodc ch; l'invasion iloiicnnc, Athi'nps était le poste avancé de Tenvahisseur, celui d'où il guettait riieure propice pour pénétrer dans le Péloponnèse. (]'est peu (Tannées auparavant qu'Eurysthée était mort on Attique, en luttant contre les Héraclides (Thucydide, I, 0, 2). Les rois de iMycènes n'avaient sans doute dans le Pélopon- nèse que des vassaux ou des alliés. Le refuge le plus proche et le plus sûr à la fois du jeune Oreste devait être la ville ennemie la plus voisine d' Argos, Athènes. Le séjour d'Oreste en Phocide ne fut inventé sans doute que plus tard, à ré|)0((ue où, les dieux intervenant dans le drame, il parut nécessaire que le vengeur prrdit par les oraclrs de Pytho, guidé dans son clan par les conseils d'un dieu {Chocph.^ 940 sq.), eût grandi d'ahord à Tombre du sanctuaire deliihique.

3. Aucun passage du texte homérique ne nous laisse deviner comment, dans la vieille épopée, avait lieu le retour d'Oreste et le meurtre d'Rgisthe. Pourtant, comme les vieux aèdes semblent ne pas trop s'écarter, en général, d'une certaine vrai- semblance historique, il est permis de conjecturer qu'Oreste, s'il revenait d'Ailleurs, n'en irven.iit |>as seul : il av.iil du tit>iiv('r parmi b's Doriens des volontaiies |»réts à tenter une aveiituit' dans ce! empire myct-nien jns(|iit'-là fermé' l\ leurs

\\ INTItODICTioN

ll()ll«; chiii'^éc (Tun inirri(;ns(; hulin, aiiiv;iil ;i Argos'. Les rélo|)i(Irs iHMlevcniiifînl les maîtres souveniins cl opulents « de iMycènes pleine cror ».

Telle esl la l'orme aclj(M!nne de la lé'^ende. Kïïii ne contient pas d'autre idée relij^ieuse que celle-ci : Fhomme est lui-même Tartisan de sa perte et ajoute par sa folie aux peines que le destin lui avait réservées ~. Mais nulle malédic- tion ne pèse sur la race des Pélopides ; nulle haine n'a divisé les pères, Atrée el Tliyesle; la transmission du sceptre s'était faite régulièi-e- ment, suivant les volontés deZeus ', jusqu'au jour Tambition d'un homme a voulu devancer l'ordre des destinées et jouir prématurément de la royauté mycénienne.

Mais cet homme devient alors, par son initia- tive même, le vrai héros de l'épopée ; c'est un aventurier hardi qui sait vouloir et prévoir. Après de longues tentatives de séduction, il sait brus- quer les événements, se débarrasser de l'aède qui représente l'époux absent auprès de Clytem-

convoitises, et il était venu alors, à la tête d'une troupe hardie, attaquer Égisthe dans son palais. Égisthe tombait au milieu de ses gardes après une lutte sanglante, comme était tombé Agamemnon (cf. p. XVIII, n. 4).

1. Cf. Odyssée, III, 311 sq.

•2. Cf. Odyssée, I, 33 sq.

3. Cf. Iliade, II, 103 sqq.

INTRODUCTION XXI

neslre, et jeter un défi aux dieux en épousant réponse d'Agamemnon, suivant tons les l'ites, au inilieu d'une soiennitt' insolente. C'est lui- niênie qui eonduil le veilleur à son poste et s'assure à prix d'oi' sa (ich'lilé; c'est lui (jui le premier vient au-devant d'A*;ameiTinon sur le riva«2;e et l'invite à sa table'. Le crime commis, il est un grand roi qu'on respecte et qu'on craint '. Clytemnestre est une femme faible et sans v()lont(''. Kl le cède non à l'amom', mais à une volonté plus forte qui l'obsède et s'impose à elle, i^^llcî ne prend vraisemblabbunent pas de part au meurtre d'Agamemnon, et, quand son fils rentre en vengeur dans sa patrie, il n'a [)as à la frap- per ^ Le seul criminel, c'est l^gistlie, qui a volé

1. Un vers de VOdyssée (IV, 92) seml)I<'rciit pourtant '\nd\- (|U('r que c'est Clyteinnestre (jui a imaginé le ijuet-apens. Mais ceci serait en contradiction formelle avec d'autres pas- sa4,'es de la Tr^Xî^xyv.ji (jui désignent nettement Kgisthe comme IMnventeur de la ruse : Al'YiaÔo; èjxrJaaTo Àjypôv oÀjfjpov m, 194), Al'YtTOo; 8oXîr,v ÈcppâaaaTo T£/v7)v (IV, 529). Si nous (approchons, au contraire, les mots ooXo) ojXofxivr]? àXo/o-o ,1V, 92) de Tépitliète ooàoiatjtu (XI, 422) d(ninée à Clylem- neslre dans la Nixjta, nous serons en droit de nous deman- der si le vers du chant IV n'est pas une interpolation mala- droite, qui se réfère non au récit du meuitre d'Agamemnon (lue connaît l'aède de la Télémavhie, mais bien à celui que résume l'aède de la NÉxuia.

2. Cf. Odyssée, III, .'^04 : ôi8fjLr,T0 Se Àao; -j-'ccÙ-ok

3. Le vers 310 du chant III manquait dans les plus anciennes éditions de Vodyssee, nous apprennent les scho-

XXII INTUonUCTION

la l'eiTinK; d'A^iimemnon. Co qu'a d'odioiix la si- lualion de Clylemnestre, épouse du meurtrier de son mari, disparaît quand succombe le coupable. La moil d'K^istbe justifie (^lytemnestre. Elle rentre dans 1(; gynécée, elle vieillit sans doute respectée, comme sa sœur Hélène dans le [)alais de Ménélas'.

Oresle enfin n'est point un vengeur guidé par les dieux vers l'accomplissement d'une tache sainte. Il est le prince exilé qui vient reconqué- rir son trône et ses richesses. Il tue l'usurpateur, puis il reprend le sceptre saint, d*on deZeus % et, souverain incontesté, il règne dans Mycènes. C'est une histoire banale de séduction, d'usur- pation et de vengeance, qui ne doit sa célébrité qu'à la destinée tragique d'Agamemnon, assas- siné dans un festin le jour même où, après dix ans de guerre, il revoit la terre paternelle, et au

lies. Il a été, sans doute, introduit dans le texte pour expli- quer xacpov. L'interpolateur n'a pas compris qu'il s'agissait des funérailles d'Agamemnon. Oreste est loué sans réserve et par les hommes {Nestor le propose comme modèle à Télé- maque, Odyssée, III, 196sqq.)et par les dieux {Odyssée, I, 30 : xrjXsxXuTÔ: 'Opiatr,;, et surtout 298 sqq.). S'il avait tué samère, une réserve à ces louanges ou, du moins, une justification du parricide serait indiquée d'un mot.

1. Cf. Odyss:ée, IV, passim. Il ne faut pas oublier qu'Hélène tut, après sa mort, élevée au rang des déesses.

2. Cf. Iliade, II, 101 sqq.

INTRODUCTION XXI II

grand nom de Mycènes, à ces trésors prodigieux qui, fascinanl Egislhe, lui font repousser le con- seil des dieux, el qui, dans la scène linahî de la vieille épopée, viennent encore s'accroître de tout Tor troyen que les nefs deMénélas apportiMit aux rives d'Argolide. Le pouvoir et Tor, voilà ce qui ici fait agir les hommes, voilà ce qui cause leur folie et leur perte.

C.etle forme de la légende est assurément la plus ancienne que nous puissions atteindre. Elle s'est formée à une époque les récits épiques lie s'étaient pas encore pénétrés les uns les autres, l'on ne suivait qu'une seule ti'adi- lion, la plus rapprochée de la vérité historique, sans rallércr pour produire un elï'et dramatique nouveau ou pour la mettre en accord avec d'aulres légendes. Mais bientôt les aèdes s'aperçurent des ra|)prochements auxquels se prêtaient les divers ré('its de l'épopée: ils cheichèrent des analogies v\ des conlrastes. ('.eux qui chantaient Ulysse op[)()sèrent la fennne lidèle, Pénélope, à l'épouse adultère, Clytemnestre '. (leu\ (jui chantaient le meurtre d'Agamemnon icinarquèrent ([ue les deux Atrides avaient tous deux été perdus ()ar les (i(Mi\ Mlles (le T\n(lare'. Clytemnestre sort

1. C'csl cerlaiiicincnt iinu ilt'> inlciilions (!<• r.K'dc qui a (•()in[io>«'' la N:y.j'a (cf. (hh/ssrc. M, 4 'i-4 Stjq.).

2. Cr. Odysscc, XI, 't'M\ siitj. I,t' Uièine devait être courant

XXIV l\Tl{nnT'r.TK)\

alors (lo son offacemenl primitif. Kilo devient agissante : on refait jxxir clU* la scène du menrire'. Kf^isllie a frapjx* Aj^ameinnoii, <jiii lomhc sur réjxM} nieurlrière^' ; (llytemnesln* a frappé ilassandre, dont l'appcd gémissant par- vient jusqu'aux oreilles d'A^amennnon : il lève alors vers sa femnrie un bras suppliant, (jui re- tonibe sans force sur la terre. Mais elle se détourne et ne daigne pas même fermer les yeux et la bouche à l'époux de sa jeunesse'*.

Une Clytemnestre nouvelle est née dans la poé- sie, une femme aux passions cruelles et fortes,

dans l'épopée. Il se retrouve encore dans une stro|ihe de VAgamcmnon (1468 sqq.).

1. Ce récit de la Nr/.j'.a ne peut se rapporter à une épo))ée différente de celle que nous avons résumée d'après la Tr|À£[j.a"/£ia. On en a refait une scène, on n'a pas touché à la marche même du récit. Bien des indices nous le prouvent. Le vers 411 du chant XI n'est autre que le vers o35 du chant IV : pourquoi ne serait-ce point un vers du Meurtre d'Agamemnon? Les aèdes se citaient peut-être les uns les autres : l'expression ''^où^ ï-\ ©octvtj avait paru belle, on répé- tait le vers elle se trouvait toutes les fois qu'on rappelait le crime d'Égisthe. Les autres détails du récit s'accordent avec cette hypothèse : Agamemnon tombe dans le palais d'Égisthe qui l'a invité à un festin (cf. XI, 410 : o-xovôe xaÀia^aç); une véritable bataille s'engage autour des cratères et des tables chargées : c'est le tableau de carnage que laissaient entre- voir les vers 536-o37 du chant IV (cf. p. XVIII, n. 4).

2. Cf. Odyssée, XI, 424, à-oÔvr^jxwv -epî cpaoryâvoj.

3. Cf. Odyssée, XI, 421 sqq.

INTRODUCTION XXV

cnpîihlc (le jalousie et de liaine. Mais le iiieiir- Iriei* reste Kf^islluî; le ven^eiii' n'aura donc |)()inL à punir celle (jui n\'i tué qu'une esclave dont elle avait le droit de vouloir la niort. Il n'y a encoi-e dans la légende ni meuih'e (run mai'i ni meurtre d'une inèi'e.

Il nous esl dillicile de suivre» la l(''«;en(le dans les épopées du (.ycle, sur lesquelles il ne nous reste rien que des lextes ol)scurs et parfois con- tradictoires. Pourtant, à comparer les lares lé- moii;iiages relatil's, pour cette époque, au nieurli-e d\\*^arnemnon, il n'est <;uèr(* douteux que des id(Mîs doriennes ont pénéti'é la légende, lui don- nant un caractère tout nouveau transj)araît rimage de moHirs cruelles et d'une th(''olo<;ie à demi baihare.

On lit d'abord -de la lace (rAi;aniemnon une race maudite. Les crimes des fds avaient été pr('M'édés des crimes des pères : Atrée et Thyeste avaient été eux-mêmes des meurtriers ; ils avaient de concert assassine' \ouv frère Cliry- sippe'. Puis on en lit des frères ennemis : un

l. Allée et Thyeste, avec Taiile de leur mère Ilippodamie, Jivaient tiK^ leur frère Clirysippe, que Pélops avait eu de la nymphe Axioché (Sch. Pind., 0/., I, 92). C'est le récit le plus aucien et le plus dii,Mie de foi, juiisqu'il est admis par des historiens comme ll»'ll;mikos ifr. 4-i, MiiMrr el surtout Thucydide (I, 9, 2).

X.W'I INTIîDDrflTION

a^iicaii à la loison d'or, *^'d^(i du [)Oiivoir. avail él(; doniK' par /eus ' à AIic'm;; in;iis Tliyeste avail srdiiiL la IcnurK; do son frère ol s'élail orri|jai«'* (!<; Ta^neau-'. IMus lai-d', le cv'inut de Thyesle |)arul (encore insul'fisaul : on inventa la ven'^eance d'Atrée oITrant à Tli veste un banquet des chairs de ses enfants. On remonta ensuite jusqu'à Pélops. C'(''tait lui le premier criminel : il avait traîtreu- sement fait péril- Myrlile, fils d'Hermès, auquel

J. Cf. Accius, Ahec, fr. 8 (Hibbeck):

Adde hue quod mihi portento caelestum pater Prodighiiii misil, reg-ni stabilimen iiiei, Af^^num inter pecudes aurea clarum coma, Em clam Thyestes clepere ausiim esse e regia, Qua in rc adjutricem conjugem cepit sibi.

Il ne s'agit donc point ici d'une vengeance d'Hermès, irrité de la mort de son fils Myrtile; cette forme de la légende est postérieure : cf. Sch, Eur., Oreste, 997 : *l>£&£xjor,ç o: xaO'

'Ecaoù' iXTiviv cr.'j'. tr.v aova •j-o6Àr,0r'vau

2. Cette légende apparaissait pour la première fois dans le poème cyclique de VAlcmconide (qui semble avoir été une suite des Épigones) : cf. Sch. Eur., Oreste, 997. Euripide y fait plusieurs fois allusion : cf. Oreste, 995sqq.,et Electre, 699 sqq.

3. C'était à ce vol de Thyeste qu'on rapportait le recul miraculeux du soleil indigné (cf. Eurip., Electre, 727 sqq.). Si, à ce moment-là, le festin d'Atrée avait déjà été inventé, il est bien clair qu'on eût rapporté le prodige (comme on le lit idus lard) à ce second crime, plus monstrueux que le pre- niie'i . La légende de l'agneau à la toison d'or est donc anté- rieure é'i celle du festin d'Atrée.

INTRODUCTION XXVII

il devait sa victoire sur OKnoiiiaos '. On alla enfin jusqu'il Tantale, auteur delà race : son impiété, pour éprouver les dieux, avait osé leur offrir à sa table les membres de son (ils '. Toute Tàpreté (les vieilles légendes doriennes a passé dans riiistoire de la race d'Atrée. Le meurtre d'un mari suivi du meurtre d'une mère ne devait être que le dernier ternie d'un long passé semé de haines, d'adultères et d'assassinats ^

Mais ce n'était pas tout : il fallait expliquer religieusement Tinfortune dWgamemnon ; il ne suflisait pas qu'il fût l'héritier d'une race maudite, il fallait que lui-même se fut montré criminel et barbare comme Atrée, afin de susciter à son tour contre lui une vengeance digne de son crime et de sa race. Il fallait enfin, puisque Clytemnestre s'offrait maintenant aux imaginations comme un caractère vivant et agissant, lui donner des pas- sions capables d'inspirer une haine hardie et

1. Cf. Phérécyde, cité |uir le scholiastedeSoplioclo, Electre,

rioo.

2. Cf. Pindare, (H., I, sqq. Il était déjà question de Tiinlalt' dans le Rapatriement des Atrides : cf. Athénée, VII,

3. On cherchait de même à expliquer la violence des pas- sions amoureuses chez les lilles de Tyndare. Les Catalofjucs hêaiodiques Tattrihuaient à la Jalousie d'Aphrodite (fr. 112, Kinkel), Stésichore à l\»uhli du nom d'Aphrodile jiar Tyn- dare dans un sacrifice : oi' o opYiaOeiaa f, Oêo; ôiyâaoj; /.ai

XX vil I INTHOOLCTION

l)i*rilîinl('. l'^l c'nsl ainsi (pu' lui cvr'iU^ la I(''!j:<'ii(Io (lu siicrilico (I1|)liif^éiii(î.

(^'esl dans l\;po|)('H3 do Slasinos, les (yyjn'ifujvcs^ qn^^lle apparaît pour la prorni<''i*<' fois'. Les poètes des Ages suivants en on! un jxui dissimui»'* riiorreur et la dureté priniilives. Le poète de (Chypre avait au contraire fortement insisté sur la barbarie d'Agannemnon et cjioisi les détails les plus propres à l'endre odieux celui quidevail être la victime de Clytemnestre. L'i(b'e de la iXémésis était le point de dé|)art de la nouvelle légende. Agamemnon avait chassé dans un bois d'Artémis, atteint wwq biche sacrée et cri(' inso- lemment qu'Artémis elle-même n'eut pas mieux visé'. La déesse irritée avait déchaîné les vents contraires et immobilisé la flotte grecque dans I les eaux dWulis. Puis, par la bouche de Calchas. \ elle demandait à Agamemnon le sang de saillie, comme victime expiatoire de sa parole orgueil- leuse. Ulysse partait alors pour Mycènes; il pré- . textait un mariage entre Iphigénie et Achille et j emmenait la vierge au camp des Grecs. Clytem- "

Tpivâfj-O'j; xal Àsi'i^avBpo'jç a-jTO') ta: OuyaTSca; ï~o\T^1v^ (Schol. Eur., O/r.s/f, 249). Partout se retrouve la même tendauce à reculer do génération en génération la cause première des crimes de la race.

1. Cf. Proclos, Chrcsiomnthic, livre I (Kinkel, p. IGj.

2. C'est la version que suit Sophocle, É/ec^re, 566 sqq.

INTROnrCTIOV XXIX

iieslrc roslait à Mycèn('s,c(''lrl)ranl|)ai' (h's danses et des chants le glorieux hyménée de sa lille, et le palais des Atrides retentissait du chant de la flûte ', tandis que l'en fan t tonn hait à l'autel d'Ai'- témis, innniolée |)ar son père, qui, lui-même, tenait le couteau '.

Un ci'ime d'une horreur pareille devait èlre puni d'un châtiment égal à lui-môme \ Celui qui avait tué lâchement et traîtreusement sa lille devait |)érir sous les coups de sa femme, ven- geresse du sang de son enfant, il fallait que Clvlemnestre devînt elle-même la meurlrière d'Agamemnon. Il fallait par conséquent que le vengeur la frappât à son tour et que le parricide fût le dernier terme de cette progression inin- t(UM'ompue dans le crime. Ces deux dernières étapes de l'histoire delà légende furent franchies dim seul coup par un poète de génie. La légende telle que l'avait faite l'esprit dorien s'épanouit dans une grande anivre, ï(J)'c\sUe de Stésichore '.

1. Ces détails se trouvent dans Eiiii|>i(l(\ Ip/iin.cu Ttnaidc, 24 sqq. et 359 sqcf. M. Weil, avec i.iisoii, en fait remonter Toiigine à Stasinos.

2. Cf. Eurip., Iphùj.cn Taitridr, 300. Il semble bien, d'après les vers 207 scpj. et 224 de VAi/amcnuiou. que ce soit aussi la tradition suivie par Eschyle.

3. Cf. Eschyle, Aq., 4527 : à^ia Spâaa; a;'.a râa/fov.

4. D'après Athénée (;il3 A), Stésichore naurait l'ait, dans son Orestie, (jue plagier [r.oLpoLr.ouh] un certain Xanlhos, qui

X\X IXTIU (DICTION

Sl,ési('liorc |)lîu;ail liîli'oiic (rA^arncmnon, non plus à MycùiKiS, mais à Arnyr.lres, au cjvaw du pavs (loricFi '. (]lvLemn(;stre Irarnail la ruoil d'Agam(;mnon, meurtrier de sa propre lillf;-'. I^]lle l'immolait elle-même, |)uis essuyait son épée sanglante sur la tête de sa victime pour rejeter sur celle-ci la responsabilité du sang versée Sa colère ne s'en tenait pas là: elle

ne nous est connu que par ce passai,'e et une indication ana- logue d'Klien {llist. Var., IV, 20;. On peut vraiment conser- ver des doutes sur l'existence d'un grand poète grec du vi*^ siècle dont le nom et l'œuvre nous sont révélés pour la première fois par des sophistes du ni'^ siècle après Jésus- Christ.

i. Cf. Schol.Eurip., Oresfe, 46 : "0[JLr]poç âv Muxrlva-îcprjalv elva-. Ta [jaaîXsia 'A^aj^iavovoc, STr|ar/opo; iv Aaxîoa'.ULOvîa. C'est Pindare qui, plus précis encore, nomme Amyclées (Pyth., XI, 32), et Pindare, comme nous le verrons, s'inspire surtout dans cette ode du récit de Stésichore. D'ailleurs nous savons par Pausanias (111,19) qu'on montrait enLaconie le tombeau de Cassandre et d'Agamemnon. Simonide suivait encore la même tradition : cf. Sch. Eurip., Oreste, 46.

2. Nous savons parPhilodème, IIsp- cjasosîa:, p. 24, que, pour Stésichore, « Hécate était aussi un nom d'Iphigénie ». Donc Stésichore parlait du sacrifice d'Iphigénie et, vraisemblable- ment, en faisait le point de départ de son poème.

3. Tout ceci peut se tirer du fragment cité par Plutarque, Moralia, p. 355 A. Si le fantôme d'Agamemnon apparaît à Clytemnestre, c'est qu'elle est elle-même la meurtrière ; s'il a le haut de la tête ensanglanté (xâpa .SsSpotfDaivoç axpov), c'est qu'elle a essuyé sur lui son épée. De même la Clytemneslre d'Eschyle, pour échapper à la vengeance du mort [l-l Ào-j-rpoiai,

INTRODUCTION'

XXXI

voulait sacrifier aussi le fils qu'elle avait conçu de lui et qui pouvait devenir un vengeur. Mais la nourrice d'Oreste, Laodamie', le dérobait à ses mains furieuses'', le confiait à Talthybios'', le fidèle héraut d'Agamemnon, qui Temmenait en Phocide, tandis que Clytemnestre, croyant frapper Oreste, tuait le fils de Laodamie.

Des remords, des pressentiments assaillaient alors Clytemnestre. Un songe piophétique lui montrait un serpent à la tête sanglante, qui, soudain, prenaitles traits d'Agamemnon ' : le ven- geur était proche. 11 [)araissait bientôt en Lacouie ',

dit le sclioliaste «lu Mediceus), le mutile et l'ensevelit en si- lence [Choéph., 43y sq.).

1. C'est le vieil historien Plirrécyde (cité par le scholiaste de Pindare, I*yth., XI, 17) qui nous raconte le dévouement de Laodamie. Or le scholiaste d'Eschyle, Choéph., 731, nous apprend que Stésichore appelait la nourrice d'Oreste Lao- djiniie. Le fait rapporté par Phérécyde devait donc être raconté dans VOrcsIir de Stésichore.

2. CL Pindare, l'ijtfi., XI, 17 sq. : KÀj-:a'.;jLvr|TTpaç /cipcov jro xpaTepav. Phérécyde dit : j-ô AîytaOoj. Mais ici le témoignage du poète doit être préféré à celui de l'historien. Stésichore aimait à peindre des canictères de femmes : Clytemnestre devait Jouer le premier rôle dans le drame tel (ju'il l'avait conçu.

3. Cf. Nicolas do Damas, fi'. 28 (Dindorf ;. i. Cf. Plutarque, Moralin, 555 A.

:». A partir d'ici, les seuls témoignages que nous ayons ne sont plus des textes, mais des monuments (igurés, en parti- culier des vases du commencement du v siècle à ligures

XXXII INTItohl f:TION

suivi (leTiillliNbios '. Il trouvait Klcidroon plours sur le lonibcau (rAj^amernnon avec la \i(Mll(3 Laodamic; : 1(3S deux siirvileurs se recori nais- saient peut-être les | remier's et leui* recon- naissance entraînait celle du frère et de lasoîur. On concertait rapidenrient un plan de vengeance. Oreste, ^uidé par Electre, entrait dans le palais et tuait Egistlie sur son trône. Mais Clytem nestre avait suivi Tétranger et, au moment même il frappait le roi, elle accourait par derrière et levait la hache sur sa tête. Electre, d'un cri tardif, avertissait en vain son frère : la hache allait retomber, quand Talthybios, surgissant à son tour derrière Clytemnestre, arrêtait son bras. Le fils

rouges : les scènes de ÏOrestie représentées sur ces vases se rapportent toutes clairement à la même tradition. Or la célébrité de ÏOrcstic de Stésichore était encore très grande au v^ siècle : Aristophane en glisse deux vers dans sa para- base de la Paix, et un poète comique ne fait de citations de ce genre que lorsqu'il est sûr qu'elles seront saisies et com- prises du public. On lisait donc encore ÏOrestie de Stésichore en 421, après celle d'Eschyle; à plus forte raison devait-elle être populaire cinquante ans auparavant; tous les poètes lyriques y font de fréquentes allusions. C'est donc à elle aussi que doivent se rapporter les peintures de vases de cette époque. Pour cette reconstitution de Tœuvre de Stésichore, nous suivons Cari Robert, Bild und Lied.

1. Le -aiôaywyd: de Sophocle et le r^piio-jç d'Euripide, dans leurs Électres, sont évidemment des souvenirs du Talthybios de Stésichore.

iNTROnrCTION XXXIII

se faisait peut-être reconnaître de sa inèi'e, puis il la tuait'. Les Fiu'ies s'attaeliaient alors à sa poursuite. Mais Apollon lui prêtait son arc et ses flèches'. Un dieu venait au secours du meurtrier : [)Ourquoi? Avait-il donc lui-même poussé Oreste au crime? Quel rôle inattendu ve- nait jouer Apollon dans le vieux n'cit myc('nien?

Apollon est ledieudorien |)ar excellence, c'(^st le dieu de Tordre et de la justice, le dieu prolec- teur et vengeur. A ce titre, il veille, implacable, au maintien de la loi du talion. « Sang pour sang » : quand un homme est tombé, son lils, son IVère, son plus proche parent doit le venger. Au besoin, la voi\ fatidique du dieu saura le lui rappel(M'. Llle menacera le vengeur hésitant de maladies mystérieuses'' qui peu à peu le dévore- ront tout vivant. Klle lancera même sur sa ville^ la |)este ou la famine, jusqu'à ce (jue le cour- rv)ii\ de ses concitoyens force le rebelle à apai- ser le fléau par une obéissance aveugle. Dans cefte société encore barbare, tout homme a pour

1. Nous savons (par \e scholiaslo cilé n. 2) que TOreste de Stésichoi'o étail poursuivi |»ar les Kuiios : donc il avail. coni- mis un parricide.

2. Cf. Sch. lùir., i)n'sU\ 268.

13. Cr. Kscliyle, r//o<7)/i., 279 siiq.

f. cr. Eschyle, Choéph., 278 S(|., cl noire noie sur ce pas- sage.

XXXIV INTHODUCTION \

devoir (h^ s(i l'jiirci jusLi(:e, cl, s'il siiccoml)f3, co devoir retombe aux hommes de son san^. Mais nul lorl ne doit rester impuni; l'ordre du monde est tout entier dans une stricte réparlilion de la vengeance K

Mais il n'est point de lois, si antiques qu'elles soient, si adaptées qu'elles paraissent à la nature d'une race, qui puissent triomplier complètement des instincts communs de l'humanité. Tant que les Doriens vécurent en soldats, conquérant lentement les plaines et les vallées du Pélo- à ponnèse, nulle crainte du sang versé, nul I remords ne les troubla. Mais, quand ils se furent établis en vainqueurs dans le pays conquis, ils éprouvèrent un étonnement craintif devant lesj immenses tombeaux que partout avaient laissés] les vaincus sur le sol achéen. Ces peuplades guer-j rières, errantes depuis de longues années à la

1. Dans la société homérique, le sans versé se rachète à' prix d'or. Ajax, dans VIliadc (IX, 632 sqq.), trouve qu'il est! d'un bel exemple de voir réunis dans la même cité un meur- trier et les parents de sa victime, l'un c vivant tranquille au| milieu de ses concitoyens, puisqu'il a largement payé ce qu'il devait», les autres «contenant leurs nobles cœurs, puis- qu'ils ont reçu le prix du sang». I.a loi dorienne, malgré sa cruauté, marque un progrès sensible de la morale grecque. Elle reconnaît le prix de la vie humaine et la met au-dessus de toute évaluation pécuniaire : les dettes de sang ne se payent point en or.

INTRODUCTION XXXV

conquête de terres nouvelles et qui abandon- naient leurs nnorts en des pays qu'ils ne devaient plus revoir, connurent pour la première fois le respect et la crainte des morts quand ils ou- vrirent ces tombes pi'otondes où, entourés de richesses sans prix, des rois dormaient, masqués d'or. Au contact d'une société vaincue, mais dont le souvenir vivait encore par ses monuments funèbres, une terreur s'éveilla dans l'àme dorienne : cette terre qui garde les corps ne gaiderait-elle pas aussi les âmes, et des divinités redoutables ne seraient-elles point les venge- resses des morts contre les vengeurs tiop sévères qui ont versé le sang iiumain? Et c'est ainsi que naquit le culte des divinités clitoniennes, de la Terre et des Erinyes, filles de la Nuit, qui sortent des tombeaux et poursuivent sans trêve celui qui a fait couler le sang de sa race ^

1. La superstition populaire a restreint le rôle des Érinyes à la vengeance des meurtres commis sur un homme du mi'me sang (çovoioij.ai[xoi, EMmt'n.,2i2). Uienne saurait mieux montrer ce qu'il y a d'étroitesse dans cette théologie dorienne. Les Lrinyos syniholisent une loi de nature, mais une loi hrutale, qui ne connaît que les liens du sang et ne se préoccupe pas des liens sacrés du mariage ni des lois sociales (jue (Uytemnestre a outragés en luanl un mari et un roi. C'est pouniuoi il sera si facile à Eschyle de grandir le rôle d'Apollon. I*rimilivement celui-ci est, comme les Furies, un dieu obstiné el aveugle (jui ni; connait(|ue la loi

W.WI INTUODICTION

lu coiillil, s'ôleviiiL donc loul à coiii) cnlff l;i loi (in san^, qui oi'donne Ic3 meinir<!, cl la loi de nature, qui conchiiniie h; rneniLrier aux r<'mords, aux tcireurs iioclurncs, aux apparitions de^ songes. Et ce conflit se symbolisa alors dau> une lutte entre 1(î dieu des vengeances humaines. Apollon, et les divinités de Tombre, représentées à la fois par le serpent' Pxllion, (jnWpollon tuait et laissait pourrir sur Ut sol', et par la Terre ^, à qui Apollon enlevait de force' son sanctuaire et sa puissance mystérieuse. Il

d(3 vengeance. 11 devient chez Eschyle, en s'opposant aux Érinyes, le représentant d'une Justice vraiment humain<', qui tient compte au meurtrier de ses intentions, de l'indi- gnité de sa victime, et pardonne une faute contre la nature qui châtiait une faute contre la société.

1. Le serpent, fils de la Terre, a la même signification symbolique que les Érinyes. Et c'est pourquoi les Érinyes sont représentées la chevelure entrelacée de serpents. Sur Vompltalos de Delphes était peint un serpent; c'était évi- demment un reste du culte de Gëa, Cf. Jane E. Harrison, Dc/phica, dans le Journal of hcllcnic stiidies, 1899, vol. XIX, part. II.

2. Voyez VHymne homérique à Apollon Pythien.

3. Cf., par exemple, Euripide, Iph. en Tauride, 1233 sqq. Euripide, dans les tragédies il a traité la légende d'Oreste, semble avoir suivi les traditions doriennes de plus près qu'Eschyle, pour se donner ensuite le malin plaisir d'y mon- trer Fétrangeté du rôle des dieux.

4. C'était l'ancienne tradition. Eschyle veut, au contraire, que la transmission du pouvoir prophétique se soit faite sans violence : voyez les premiers vers des Euménidcs.

INTHODUr.TION XXXVII

(Uail (h'sormjiis un lieu sui* lu Ictre nulle divinité souterraine, nulle finie de mort irrité, ne pouvait poursuivre le meurtrier: c'était Ten- ceinte sacrée de Delphes Apollon avait vaincu les divinités des ténèbres. Là, le dieu olï'rait des purifications h celui (jui s'était souillé de sang. Lui-même s'était purifié du sang du serpent: il s'était exil(' pendant huit ans, il avait accom|)li dans la vallée de Tempe tous les rites expiatoires, avanl de remonter couronné de laurier à son temple de Delphes. Il exigeait des autres l'exil auquel lui-même s'était soumis, puis faisait cou- ler le sang d'un jeune porc' sur la tête du cou- pable. Ses concitoyens des lors pouvaient lui parler, le recevoir à leur loyer; sa souillure s'émoussait au contact des hommes'; il rej)re- nait sa place dans la cité, etilétait honoré [)arce qu'il avait fait son (hwoir et soufîert pour ce devoir l'exil expiatoire.

Ce sont les idées que Stésichore avait poéti- quement traduites par le |)rêt des flèches divines. Le dieu était venu au secours (TOreste, et ce secours avait être tout-puissant, car les flèclies qui avaient frappé Python restaient invincibles contre le courroux des divinités souterraines. Le

1. Cf. Es(:liyl(\ Eumènides, 283 et 450.

2. {]{'. Kschvlc, Kaniénides, 2.i<S sij.

XXXVI 11 INTRODUCTION

poème (le Slésic-hore se terminait donc pjii' l;i juslilication d'Oreste. Mais, i'em<ir(jnons-l(î ijien, cette jnstification est uni(}nement théolo^ique. De qnoi délivre-t-ellc Oreste ! Des Furies, c'est-à- dire des morts. Mais rarrache-t-elle aux vivants à qui revient la vengeance du sang versé? Au contraire, elle le désigne à la vengeance. Si Oreste a été protégé par un dieu, c'est qu'il a obéi à la loi d'Apollon : il a payé du sang de sa mère le meurtre d'Agamemnon. Que maintenant le père de Clytemnestre, Tyndare, à qui, par cette même loi, revient le soin de la vengeance, vienne le frapper à son tour, Apollon ne le secourra point, il oflrira au contraire à son meur- trier les mêmes rites purificatoires, car il est le |)rotecteurde tous les vengeurs légitimes. Le sang| continuera à couler, épuisant les cités'. Et nul terme n'apparaît à la série des vengeances tou- jours commandées par la loi, toujours exécutées] par les hommes, toujours purifiées par les dieux. Le lyrismedorien^ a donc profondément trans-J formé la légende épique. Il a modifié les faits]

[.(]{. Eschyle, Eumcnûles, 980 sqq., et surtout Euripide J Oreste, 52^).

2. Pindaie a rapidement traité la légende d'Oreste {Pyth. XI, 17 sqq.). Mais il suit évidemment la tradition de Stési- chore (cf. p. XXXI, n. 2). Ce qui lintéresse, ce sont surtout les motifs qui ont fait agir Clytemnestre : est-ce l'amour mater-

INTRODUCTÎON XXXIX

eux-mêmes, en faisant de Clylemnestre ia meur- trière, et en inventant le meurtre de la mère, seule vengeance digne du meurtre» du mari. Il a surtout modifié les l'aisons d'agir des acteurs du drame et donné un intérêt moral aux passions qui les mènent : robéissanecî à une loi sacrée devient Texcuse du crime; le sang (ri|)lngénie a été payé du sang d'Agamemnon, le sang d'Aga- memnon du san^ de Clvtemnestre. Une réelle grandeur s'attache dès lors à ces criminels : les meurti'es qu'ils ont commis (daient des actes de justice ; |)euvent-ils donc blesser la justice ? T/idée d'un conflit entre deux devoirs également im[)érieux apparaît j)Our la première t'ois à la pensée gi'ecque. L'esprit dorien conclut à la su- pi'ématie d'un de ces deux devoirs, le devoir de vengeance, et il lui sacrifie les lois naturelles d'humanité et de respect fdial. Il y a dans cette solution quelque chose de brutal qui, avec le pro- grès des mœurs, devait choquer la conscience grecque, et c'est pourquoi le drame attique ne reprit la légende qu'en lui cherchant un dénoû- ment nouveau.

iiol? ost-ce l'amour ailulLère? ou n'est-ce pas plutôt la situa- lion laite par radullère, (jui force la femme intidèle à tuer le mari à qui elle n'espère pas pouvoir cacher sa faute? Cette dernière façon de voir est peut-être "aussi celle d'Eschyle (cf. p. XLV).

XK INTlmDI CTIOV

IN)ni(jii()i Msc.hyle an 458' choisil-il Iji l(''^(;n(ln (TOiTsIc poni' mali<''F'o (riino trilogie? I*îii-cn (jikî (*o sujet. Ici (|u il le concovail, iw'pondait à ses ])réoc(ui|)alions politiques : il lui permelhiil en eiï(il (le donner aux partis de sages conseils et, en même temps, de célébrer avec toute la cité une alliance précieuse pour Athènes.

Après les guerres Médicpies, FAi'éopage avait eu, non ])oint officiellement, mais en fait, la direction des affaires de la cité^ Vers 402, le chef du parti démocratique, Kphialtès. lui avait enlevé ses attributions les plus importantes pour les rendre aux Cinq-Cents et aux tribunaux '. |]n 458, Périclès reprenait cette lutte contre l'Aréo- page et cherchait à enlever ses dernières préro- gatives'* à rassemblée qui symbolisait jjour le parti démocratique le gouvernement des aristo- crates. Eschyle appartenait-il au parti attaqué ? La chose est douteuse \ mais il avait sans doute des

1. Cette date, qui nous était déjà donnée par TArizument de VAgamemnon, a été confirmée encore en 1880 par la dé- couverte d'une inscription sur FAcropoîe. Cf. Cli. ^lichel. Recueil (F Inscriptions grecques, 879. A, I.

2. Cf. Aristote, Comt. d'Athènes,W\U. 1.

3. Cf. Aristote, Const. d'Athènes, XXV, 2.

4. Cf. Aristote, Const. dWthèncs, XXVII, 1 . Voyez aussi Weil. Études sur le drame antique., p. 54 sq.

5. Si Eschyle eût été vraiment du parti oligarchique, eût-il célébré cette alliance avec Argos contre Sparte, qui était la négation même de toute la politique extérieure de Cimon?

IXTRODITTION \\A

amis flans ce parli ; il avait souirer-l do voii' siic- coinher sous des accusations politicjues un^rand nombre d'Arcopa^ites'. Au milieu de la lerreui* qui avait dfi réf2;nei' alors dans la société oligar- chie! ne d'Athènes, il avait pu croire que la démo- cratie menait la cité à Tanarcliie (M, poui' sauvei* rAréopage, il voulut en ra|)pelcr à ses conci- toyens les origines divines, en dissimuler le ca- ractèi'e |)()litique et en célébrer au contraire le rôle d'humanité et de justice, symbole du rôle d'Athènes dans le monde grec.

xMais, [)our exalter TAréopagc, quelle légende choisir? Une ancienne ti'adition l'attachait le nom de la colline il siégeait au meurti*e dllalirrhotios par Arès^. Kschyle, sans aucun doute, la connaissait. Mais il savait aussi que, parmi les accusés illustres qui avaient été jugés sur la colline attique, on citait le nom (rOreste ^ : un roi argien avait du son salut à Alhéna. Or, à ce même moment, un rapproche-

I. Ilphiallrs avait commencé par intenter des procès privés à (le ni^mhreux meml)res de l'Aréopage (cf. Aristote, Consl. (rMhcnrs, XXV, 2).

1. Cf. Enripide, Electre^ 1258 sqq.

'.]. Nicolas de Damas, dans le fraijment que j'ai déjà cité (p. XXXI, n. :0, après avoir rappelé Tacquittement d'Oreste, ajoute : Ajtt) r^ ù'.xt^ çovoj TcTap-rr, iv 'AOrjvai; v/.p'.f^T^. Ces motS ne peuvent se rapporter qu'à une tradition ancienne, pro- bablement celle d'après laquelle Ares commettait le pre-

XMI INTMOnUCTIOX

rneiil ;iv;iil \'\vu entre Allièncs cl Ar'^os. La poli- li(|iM' (le (limon, (jui, salisfiiilc dit la puissance d'Athènes, vonlait défendre Sparte contre ses alli('S, était devenue prodi^ieusennent innpopu- laire depuis le jour les Lacédénnoniens avaient dédaigneusenient renvoyt; l'amnée de secours qu'Athènes leur avait prêtée contre leurs révoltés'. Périclès avait inauguré une politique ])lus hardie qui visait à donner à Athènes Thé- génnonie de la Grèce entière par l'écrasement de Sparte. Une alliance avec toutes les villes du Péloponnèse hostiles à Sparte rentrait donc dans les plans du parti démocratique, et c'est pourquoi Athènes se rapprochait d'Argos. Rien ne devait être plus agréable aux Athéniens que d'entendre,

mier meurtre qu'Athènes eût vu juger; on ajouta ensuite au nom d'Ares tous les noms de criminels célèbres, dont celui d'Oreste. Le tribunal était composé, pour Oreste comme pour Ares, des douze grands dieux (cf. Euripide, Oreste, 1650 sq., et Démosthène, Contre Aristocrate^ 66 . Donc, faire juger Oreste à Athènes n'était pas une inven- tion : ce qui était nouveau, c'était de faire fonder l'Aréopage pour Oreste. Les raisons d'Eschyle se devinent. Il ratta- chait ainsi plus étroitement cet Aréopage qu'il voulait défendre à la grande cité dont l'alliance était à ce moment si populaire à Athènes : les Argiens ne devaient-ils pas véné- rer le tribunal fondé pour sauver un de leurs rois et devant lequel Oreste avait, le premier, juré lîdélité éternelle à la ville de Pallas (cf. Ew?7z., 'Î62sqq.)? 1. Cf. Thucydide, I, 102, 4.

I

INTHODLTTION XLUl

dans leur Ihéàtre, Oreslo proiiicllie à Allic'iia la lidMo alliance de mm\ peuple'.

Ainsi ce fut pour des raisons politi(jues qu'Ks- cliyle se décida, en 458, à faire de TOrestie sujet d'une ti'ilo^ie qui rappelb'i'ait le nMe élevé de TAréopa^e et céléhi*erail Talliance argienne. Mais les modidcalions ([u'il lit subir à la légende ne furent pas dictées par des raisons politiques : elles devaient naturellement sortir du contact de la vieille légende avec Tesprit attique.

La légende dorienne laissait la victoire à Apollon : les Krinyes étaient repoussées par les (lèches infaillibles du dieu. Autrement dit, le silence était imposé à la plainle des morts implo- l'anl la vengeance et à la voix de la nalurci r(''- voltée devant le parricide. Cette solutiorj brutale ne pouvait satisfaire res|)i"il d'un Athénien, tou- jours disposé à suivre la nature, à répudier tout excès de volonté, toute loi qui se fonde sur l'écra- sement des premiers sentiments de l'homme. En même temps, les Mystères faisaient naître dans les âmes la préoccupation de la mort et y entretenaient l'idée d'une vie piolongée au-delà du tombeau. Nier la puissance des morts, la faire

I. (VosI aussi pour rdu ({u'Eschyle a localisr la légende à Ai'i^os. I/ancieniie Mycènes avait étédéiruite par les Argiens dix aus avant la représentation de rOreslie.

MJV i\'i"i!«H)i (:Tir>\

iiisullor \iiiv lin pwiiicidc. pour un AHM''ni<'ii du v'' sièclo, c/élail, un hlasphèrnc. .Nulle violoucfî Immaincî, nulle aulorilé divine ne peut imposer silence à la jilainlc impérieuse du nioil. Le (ils parricide n'échappera pas au souvenii* de son crime. Toul dans Eschyle contribue; à mettre cette idée en lumière. Oreste a beau avoir agi avec ra])pui sacré du mort, sur Tordre même d'Apollon, que Pylade lui a rappelé à la minute suprême ; il a beau crier devant le peuple (FArgos que son acte fut juste : les Furies ne s'en dressent pas moins devant lui, au moment même il invoque le dieu qui le poussa au crime. Il fuit jusqu'à Delphes : les Furies violent le sanctuaire du dieu tout-puissant, vainqueur de Géa et de Python; elles dorment dans le temple saint; elles le quittent moins parce qu'Apollon les en chasse que parce que la poursuite de leur victime les appelle ailleurs. Athéna elle-même reconnaît qu'on ne peut sans danger leur refuser une satis- faction; et, même le jugement rendu, elles ne sont pas des vaincues* ; leur vengeance resle pendant un moment suspendue sur Athènes : leur colère ne cède qu'à la douceur, à la Per- suasion saintes quand Pallasleur prometle res-

\ . Cf. Eschyle, Eiiménides, 795.

2. Cf. Eschyle, Euménides, 885 et 970.

à

INTUOnrCTION XF.V

|)or'l (run peiipl<', im culle élcriK'l dans sa rilé. T. es moi'ls iToiil pas été vaincus ; les morts se sont laissé a[)aisor pai* des ollVandes (expiatoires ; les morts ont pardonné.

Oreste n'est donc point justifié; il est gracié. Le jKirricide reste poui* Eschyle un crime sans excuse, et, pour en alténuer l'horreur, il s'ap- pli(jue à aggraver la faute de Clytemnestre et à dimimiei' la i'es|)onsa])ilité d'Oreste. La mcur- Irière donnera bien comme excuses de son crime le sacrilice (riphii;énie, la faiblesse d'A<;amem- noii poui' ses captives; elle couvrira sa haine |M)ur son mari du nom de jalousie' et d'amour maternel' : l'arrivée insolenle d'I^gisthe à la (in de la pièce parlera plus haut (|u'elle el dira la vraie l'aison du crime, la situation créée par l'adultère''. Oreste, au contraire, arrive à Argos en justicier; la voix d'Apollon l'a conduit jusqu'au tombeau de son pèi-e ; maintenant c'est

1. Cf. l'ischylo, Af/tnncmno}i, i't'M) sipj. Cassaiidro a, par avance, ri-futé cette excuse : cf. 1258 s(jij.

2. Cf. Eschyle, Agnmemnon, 141i)sqq. et 1;)23 sqq.

3. 1-e personnage d'Kgisthe diminue et s'efTace à mesure que grandit celui de Clyteninesti'e. Dans Eschyle, il apparaît surtout comme un heau parleur, aussi présomptueux que lAche : sa suflisance naïve est très spirituellement marquée dans les Chovpliorcs (voyez en particulier les vers 847 et 8.')4). Il est, dans toute la force du teiine,ce que M. de Wilamowilz appelle énergiquement un frcliKnict.

Xf.VI l\TIU)hrfT10\

(J<; CM loiiihc.iii (jnc lit V(;ii«^ejinc(; sorliiM : un lon^" tlirènc (îveill<'ia \(\ niorl, lui rendi'ji sîi forer invincible (I(i vi('lirne qni \eul se venger, et c'esl lui qui, par le bras de son (ils, frappera Clytenn- neslre '. Tout eoncourt donc à atténuer Todieux du parricide, et, malgré tout, le parri- cide n'estpointabsous: il reste le crime inexpiable. La pauvreté des arguments d'Apollon ' devant les juges d'Oreste montre combien il <*tait difli- cile, pour un |)oète atlique du v^ siècle, non pas seulement d'admettre, mais même de comprendre et de présenter avec force les idées sur lesquelles reposait la légende dorienne.

Ce n'étaitpas seulement la conscience d'Escbyle qui était, en effet, choquée par ces vieilles idées ; c'était aussi sa conception de la société. La loi du sang conduit les villes à leur perle en les épuisant par des meurtres vengeurs. Elle convient non à des hommes civilisés, mais à des hêtes sauvages '. Elle se fonde sur les plus bas sentiments de l'homme, qui souffre dans son orgueil plus que

1. Cf. Eschyle, Choéph., 927.

2. La faiblesse du plaidoyer d'Apollon n'est pas discutable. Mais il ne faut pas oublier qu'il ne pouvait guère en être autrement chez Eschyle, car Apollon ne sort pas vainqueur du débat : la conscience humaine se partage et ne peut se prononcer; pour correspondre à la vérité (àXr,f)coç, 796), c'est un arrêt indécis qui sort seul de l'urne.

3. Cf. Eurip., Oreste, o24 : Or^ciwScç tojto.

ÎNTHOni^CTION XLVII

dans sesaiïections do ne pas voir vengés ceux qui le louchent de près. Mais, d'autre part, si le crime reste impuni, les meurtres cioîlront aussi, bien que pour des raisons dilîérentes. 11 faut donc que tout meurtre soit vengé. Mais il faut ([ue le ven- gein* soit tel qu'il ne |)uisse à son tour susciter de vengeance contre lui : ce sera la dite. La Cité, autant que la famille, est atteinte par la nioil d'un de ses membres. Elle a donc à la fois le droit et le devoir de la venger. Mais un frère, un fils de celui qu'elle a condamné osera-t-il ensuite se venger d'elle? Il ne le peut sans renoncer |)ar même au\ autres lois de la Cité, dont il accepte le bienfail. L'institution d'un ti'ibunal chargé, au nom de la Cité, de la vengeance du sang versé mettra donc tin à ces meuitres barbares qui se paraient du nom de devoirs et se cachaient sous la protection d'un dieu. Le règne de la pure jus- tice et des lois équitables va commencer.

L'Orestie reconnaît donc et célèbre le progrès; elle est une des premières œuvres poétiques se manifeste un commencement de sens histo- rique. Il ne faut pas s'y tromper pourtant : il n'y avait point, chez Lschyle, d'observation atten- tive, d'étude approfondie et impartiale du |)assé. Mais il y avait une volonté im|)érieuse et rétléchie de concilier le passé et le présent, les Iraditions de l'un et les audaces de l'autre. Deux courants

MA III INTlinhl CTION

(ri(l<''(?s n'^iiait'iil alors à AllH"'Il(^s (îl (livisai(Mil l(;s cspi'ils. liCS uns, r('S|)(!(;Uieux (hi passé jusqu'à la su|)(îi'sliLi()ii, \oulaieut, pour l'cducalioii (ht la j(3U liesse ^rc<'que, (;ons(;rvei* cornrrK* \<''rit(îs (.'l règles (le vie iridiscuLables toutes les tradilioiis léguées pai- Tantique poésie, sans s'ap(ire(*voir (les contradictions de ces légendes anciennes, suc- cessivement transformées suivant les Ages et les pays par le développement de mœurs nouvelles. Le triomphe de la vieille loi du sang, bien qu'elle fut d'origine toute dorienne etnullement ada|)tée au caractère attique, les eût à peine choqués dans un drame athénien. D'autres, au con- traire, élèves des philosophes qui avaient dénoncé l'immoralité des vieilles légendes épiques et la vanité des thèmes familiers au Ivrisme, eussent trouvé dans l'absolution du parricide un outrage à la raison et aux sentiments d'humanité qui font l'homme civilisé. ici comme ailleurs, Eschyle a voulu concilier : il a refait la légende pour lui donner un dénoùment de nature à satisfaire la raison et la conscience ;le parricide d'Oreste sera pardonné, parce que le libre pardon peut, seul, à de certaines heures, arrêter l'enfanlement con- tinu des crimes par les crimes ; mais la loi du sang, la vérilable meurtrière, sera condamnée; elle dis- paraîtra pour faire place à des lois humaines et justes. Ici, comme dans la trilogie de th^ométhée,

1NTI{(II)1 CTloS XLIX

les colères s'apaisent et le règne delà justice naît (le la réconciliation et de Toiibli. Cette concep- tion pent paraître d'nn o|)limisiue naïf; mais, dans le cas de TOrestie, ell(î se justifiait |)ar le clioix du lieu s'accomplissait la réconciliation des JM'inyes et des mortels : la citi' (rKscInle était alors dans tout l'éclat de sa gloire civilisa- trice ; elle se flattait d'être « le joyau de la (irèce », le lempart de l'Europe contre la barl)arie, la ville lihreoù la légalité seule est souveraine, et il était naturel ([ue tout rappel d'un passé à demi bar- bant siî terminât par un bymne à Atbônes et à ses lois.

AGAMEMNON

Au fond du théâtre, le palais des Atridcs à Argos. Au sommet d'une tour, le Veilleur est accroupi sur un lit grossier. C'est la nuit.

LE VEILLEUR

J'implore des dieux la délivrance de mes peines, depuis une longue année de garde qu'étendu sur le toit des Atrides, veillant ainsi qu'un chien, j'ai appris à connaître l'assemblée des astres nocturnes et leurs ])rinces lumineux qui, apportant aux hommes et l'hiver et l'été, régnent dans l'éther. Et me voici encore épiant le signal du flambeau, la lueur enflammée qui de Troie nous portera la nouvelle, le mot victorieux : ainsi l'ordonne en sa virile volonté une femme au cœur impatient. Par- fois, sur ht couche s'agitent mes nuits, pénétré de rosée, abandonné des songes car l'Epou- vante vient au lieu du vSommeil s'asseoir à mes côtés et me défend de joindre en paix mes pau- pières dormantes parfois je veux chanter, fre- donner, par un refrain combattre la torpeur, et ne puis soudain que pleurer sur le sort de cette mai- son où de vrais maîtres ne commandent plus. Ah! puisse donc luire l'heureuse délivrance de mes

I/ORESTIE

peines et le feu, messager de joie, Vjriller enfin dans les ténèbres!

Une flnmme jaillit, lointaine, mais puissante et claire. Le Veilleur se soulève à demi. Avec une émotion religieuse :

vSalut, flambeau qui fais naître "le jour au milieu de la nuit et d'innombrables chœurs se former dans Argos pour fêter la victoire!

Il se lève. Joyeux :

Ah! ah! dans un instant je préviens à voix haute la femme d'Agamemnon ; que, levée en hâte de sa couche, elle fasse, en réponse à ce fanal, s'éle- ver du palais une longue clameur de joie, puisque la cité d'Ilios est prise : le messager de feu l'a proclamé. Et, j'aurai le premier part à la fête : les succès de mes maîtres rejailliront sur moi; grâce à rheureux signal, j'ai gagné la partie. Puissé-je voir du moins le retour de mon roi et, de cette main, porter à mes lèvres sa main chérie I Je n'en dis pas plus : un bœuf énorme est sur ma langue. Si la voix lui était donnée, ce palais, de lui-même, clairement dirait tout. Mais moi, si je parle sans peine à ceux qui savent, pour les autres j'ai tout oublié.

Il sort. Le jour naît. Le Chœur entre : douze vieillards encore vigoureux, un bâton à la main, l'épée au côté. Ils^ défilent lentement au son de la flûte, tandis que le Coryphée s'arrête au milieu de l'orchestre.

AGAMEMNON (40-9r))

LK COMVIMIKI-:

Voici dix uns <l(''jà (juc Priam a vu deux {j^rands Mélodrame adversaires, Mc'nélas el A^amemnon, rois lils d'Atrc^e, couple puissant, lionon» par Zeus (11111 double IroiK» et d'un double sceptre, lever di* ce pays une llotle de mille vaisseaux grecs, pour pièter à huir cause le secours des armes.

Ils sont partis criant la guerre du fond de leur cœur irrite, semblables aux vautours qui, dans un deuil éperdu, tournoient au-dessus de l'aire sans couvée, ramant dans l'espace à grands coups d'ailes, frustrés des soins perdus à veiller leurs petits au nid.

Et, au-dessus d'eux, une divinité, Pan, Apollon ou Zeus, entendant se plaindre en leur langue d'oiseau aiguë et gémissante ces métèques du Ciel, envoie tr)t ou tard aux coupables l'Erinys vengeresse.

C'est ainsi que le puissant Zeus Hospitalier dirige contre Pàiis les lils d'Atrée, afin que, pour une femme qui fut à plus d'un homme, des membres s'engourdissent en des combats sans Iréve, des genoux s'écroulent dans la poussière et des lances se brisent, dans ces hétacombes guer- rières qu'olfriront d'abord aux dieux Trovens et Grecs h la fois !

Dans quelque voie que marche maintenant l'avenir, sou but est fixé par le destin. Ni feux ni libations ni pleurs n'apaiseront Tinllexible colère

I/OMKSTIK

dos oiïrandos dont la flainmo ot les dieux ne veulent pns.

Pause. Des esclaves sortent du palais en courant et «e dirigent vers la ville. D'autres, la figure joyeuse, apprêtent de petits autels devant les statues de dieux qui décorent l'entrée du palais.

Pour nous, dont le vieux corps ne peut payer sa dette et que l'armée partie a laissés derrière (die, nous restons ici, appuyant sur nos bâtons une fai- blesse égale à celle de l'enfance.

Car, si les membres monte une jeune sève sont débiles comme ceux des vieillards, il n'est pas davantage de place pour Ares dans les corps flétris, comme troncs sans verdure, par l'extrême vieillesse. Ils marchent sur trois pieds et, sans plus de force que des enfants, ils vont errant comme des songes égarés à la lumière.

Il se tourne vers le palais.

A toi, fille de Tyndare, reine Glytemnestre, de nous instruire. Qu'y a-t-il? Quelle nouvelle? Qu'as-tu donc appris .^ Sur la foi de quel message les ordres vont-ils de tous côtés provoquer des sacrifices ?

Tous les dieux de la ville, dieux du ciel et des enfers, dieux de la maison et de la place publique, voient leurs autels embrasés d'otfrandes.

Partout la flamme jaillit jusqu'au ciel, avivée par des caresses dont la douceur n'est pas trom- peuse, les caresses de l'huile sainte que la reine,

AGAMEMNOX (96-156)

pour l'olFrir aux dieux, a tirée du fond du palais. Co que tu peux m'apprendre, ce qu'il m'est permis de savoir, dis-le-moi, et guéris mon àme anxieuse, qui tantôt se torture et tantôt voit l'es- pérance jaillir brillante et douce du feu des autels, apaisant mon angoisse insatiable de larmes, mal mortel pour les cœurs.

LE CHŒUR

Cr (juc j<' jnnx, c^csl <lirr l'in/diUih/r pri'S(U/r t/ui Lirge salua le drjKirl dr notre jVNnr artnée. Les diciu: h ont conservé qn^unr forée à la vieillesse : la persuasion qui eoule de ses chants.

Je dirai comment les deu.r jniissantx rois dont 1rs volontés unies conduisent vers le sol tro//en les lances et les bras vengeurs de la jeunesse grecque sont par- tis accompagnés d'un présage guerrier : deux rois des oiseaux qui apparurent aux rois des nefs^ Cun noir, l'autre au dos blanc.

fis apparurent près du p(dais, du côté du brus qui brandit la lance, bien en vue^ dévorant une base pleine et sa portée (Mordant) qui n acheva pas sa course vers la vie.

Dis le chant lugubre, lugubre., mais que triomphe le sort heureux!

Et le sage devin de larnu\e, songeant aux cœurs audacieux des deux fils dAtrée, reconnut dans les aigles dévorants les belliqueux chefs de Ter dit ion. Et il interpréta le prodige :

i;ORKSTIF

<( Avec le fcitips ils s' emparera /il de la r'illr de Priam ceuj (iiii partent à cette heure ^ et ^ par leurs niains^ la heslinre rava(jera^ brutale, les anlû/iies richesses (jae^ derrière ses remparts, tout un peuple amassa. Qtfe seulement la jalousie divine ne vienne pas d abord frapper et anéantir l'armée fiui ra dompter Troie!

Car la pnre Artém,is est indignée contre les chiens ailés de son père qui ont immolé avec sa portée la malheureuse hase encore pleine : (Mordant^ elle a horreur du festin des aigles.

Dis le chant lugubre., lugubre., mais que triomphe le sort heureux!

Puisque tu as pareille bienveillance^ belle déesse, pour les tendres fruits des lions violents et les faibles nourrissons de toutes les bétes qui peuplent les cam- pjagnes, je t'en stipplie, les g eux fixés sur ces signes cF espoir et de deuil : ne réalise de ces présages que ceux qui nous promettent la joie!

Et j'implore Péan qu'on invoque avec des cris aigus pour que tu n arrêtes pas nos vaisseaux immobilisés dans r attente par des souffles contraires, réclamant à ton tour un festin de mort, dont la victiine te restera entière, qui engendrera des luttes dans le sein des familles et ne respectera même pas un époux. Car, prête à se redresser im jour terrible, ime intendante perfide garde la maison : c'est la Haine qui n oublie pas et veut venger une enfant. » Tel fut le sort sinistre, joint à des triomphes sans prix, qu'en face des pré-

AGAMEMNON (157-230)

sa(jps (lu (Irpai't Calckas prédit au palais de nos rois. Et loi^ d'accord avec f oracle, dis le chant luf/uùre, Ifff/uùre, mais que trioniithe le sort heureux î

Pause.

'/jCus, quelque soit ton vrai nom, si celui-ci t'aqrèe, Ferme et

^ , . sonore

cest celui dont je t'invoque. J'ai tout mesuré et n'ai jtu com/jarer Zeus qu'à lui-même. Rejetons de nos cœurs le fardeau d'une recherche vaine : la vérité le veut.

Un dieu fut (jrand jadis, débordant d'une aiulace prête à tous les coinhals : on ne saura plus un jaur qu'il exista. Un autre nint ensuite, qui trouva son vainqueur et sa fin. Mais T homme dont Cdme enthou- siaste (hantera le nom victorieux de Zeus atteindra la sagesse suprthne.

Il a ouvert aux hommes la voie de la science. Il a roulu (jue n souffrir pour savoir y) fut leur loi. .iusijue dans le sommeil l'angoisse du remords s'in- fdlre (tu fnnd des ctrurs ; la sagesse j)énf'tre ?nfhne qui lu rcjurnssc ; Inenfaisante violence des dieux assis au gouvernail sacré du monde !

Cest ainsi (ju'en ces temps-là Vaine des chefs de la flotte achéenne n avait certes que respect pour les devins, docilité pour les arrêts du sort! Mais, devant ses voiles pliées, ses sacs vidés, l'armée grecque s'éner- vait, arrêtée en face de Chalcis, dans les brisants dWulis.

Les vents soujjluienl du Slrgmon, portant avec Plus vif

I/OHKSTIE

vu.r les rr/ards //nirs/t's, lu fanunc^ /es ff/i/tr/crs du iH(null.(i(jr ^ la (hsi)('rsi(in des. hommes^ riiirrorahlc mine drs i:aisseaif./: cl des ( (n-dar/fs, rf . ji/ir des d ri ai s loajoni's i-ciHturrIrs, dcssf'ckaicnf dans ïatlculc la /leur des Aryicns. 11/ <i2iand, se courra ni da nom d'Arlémis^lc devin vint encore procUnncr an rrmcde plus crael pour les chefs que la lenipeLe amère^ à ce coup^ les Atrides frappèrent la Icrre de leurs sceptres et ne continrent phis leurs larmes.

Et rainé des rois parla ainsi : « Cruel est mon sort si je désobéis^ mais cruel est-il aussi, si Jr dois immoler mon enfant, le joya7( de ma maison, et^ près de Pau tel, souiller mes mains paternelles du sang chand d'une vierge égorgée. De tous côtés c'est la souffrance. Puis-je, déserteur de ma flotte, tromper mes alliés assemblés? S'il enchaîne les vents, le sacrifice de ce sang virginal, avec ardeur, ardeur profonde, on peut le désirer sans crime. Qu'il soit donc notre salut! »

Et, sous son front une fois courbé sous le Joug du destin, un revirement se fait, impur, impie, sacri- lège : il a changé, le voilà prêt à tout oser! Car, à la source de tous les crimes, une funeste conseillère de honte, la folie, est pour souffler l'audace aux mortels. Il osa immoler sa fille , pour aider une armée à poursuivre une femme, ouvrir la mer à des vais- seaux !

Suppliante, appelant son père, elle vit sa jeunesse et savirginité comptées pour rien par ces chefs épris de guérite. Et, les dieux invoqués, le père fait un signe

I

A(. A M KM NON' (-m-'lTS)

aux servants de Calehas pour (jne la rie r (je (fé/fn/lan/e promptement soit saisie, sottievée, stn- /\/N/e/ portée COfunte ane elièrre, (/ans les loags plis de ses roiles tanihanls^ et poar (fu'iin haillon sar sa hoaehe (h'Iieale arr(''te, au moins par la force, par ce frein hralal mis () sa vois, toute iniprccation contre les siens.

Sa rohe de safran a couh' sur le sol et ses i/eu.i vont Idesser de piti('' ceu.r nn-me (jui la tuent. Elle senihie une inuKje impuissante (t parler, elle (^ui tant de fois, dans la salle des festins paternels, chan- tait et , de sa eoi.v pare de eierfp' aimante, entonnait pour la troisi/'ine Iduit/on le /oi/eu./ jn-an de s(ni pi're aiiiK'!

Tr (fUi a suiri, p' ne Idi point ru et ne le peur dire. Mais les oracles de Cal chas ne sont pas rai fis et ce nest (luà (cu.r (jui ont souffert (pie la Justice donne la science. Pour rave ni r lui -mione, c'est assez tôt le connaître (juand il rien! au jour. .Ius(jue-I() ne songeons pas () lui : ce serait vouloir (jinnir (T avance . \\l se révélera un jour () mms dans sa pleine lumd're . Puisse seulement, autant (pi' il est possible, se n'-aliser le su CCI' s (j n'appellent de leurs vipux les vigilants {(/ordiens restés seuls () veiller sur la terre (F Apis l

\ A la porte de gaucho du palais, celle du gynécée, Clytcm-

nestre parait, entourée d'esclaves.

LK coryphél:

[I Je suis venu rendre hommage à ton iiutorité, Clytemnestre. Il est juste d'honorer une épouse

i;(Mu:sTiR

royale, quand est vide le trône de l'époux. Mais, dis-moi, as-tu quelque heureuse nouvelle, ou l'Ms- pérance, seule, est-elle la douce messagère qui t'invite à sacrifier? Je t'entendrai avec joie; mais, si tu te tais, je respecte même ton silence.

GLYTEMNESTHE

Douce messagère, si le proverbe dit vrai, puisse Tètre l'Aurore, fille de la Nuit douce! Ta joie va dépasser toutes tes espérances. Les Argiens ont conquis la ville de Priam.

LE CORYPHÉE

Quoi ? J'ai mal entendu l'incroyable nouvelle?

CLYTEMNESTRE

Troie est aux mains des Grecs : parlé-je claire- ment?

LE CORYPJIÉE

La joie pénètre en moi et me tire des larmes.

CLYTEMNESTRE

Tes yeux attestent bien ton amour pour tes rois.

LE CORYPHÉE

As-tu de la nouvelle un indice certain?

CLYTEMNESTRE

Sans doute, à moins qu'un dieu n'ait voulu me jouer.

i

AGAMEMNON r274-316) LE CORYPHÉE

Ton crédule respect se fierait-il aux songes ?

CLYÏEMNESTRK

Je crois mal aux visions de l'esprit endormi.

LE CORYPHÉE

Kst-ce quelque bruit vain qui t'enfle de chimères ?

CLYTEMNESTRE

Tu me crois une enfant pour me railler ainsi.

LE CORYPHÉE

Depuis quand Ilios a-t-elle succombé?

CLYTEMNESTRE

Depuis la nuit cjui vient de nous donner ce jour.

LE CORYPHÉE

Quel messager rapide a donc franchi l'espace?

CLYTEMNESTBE

f Héphaistos, de l'Ida lâchant la flamme claire. JTrâce au courrier de feu, chaque fanal allait dépê- chant un fanal vers Argos. L'Ida envoie au cap THermès à Lemnos, et un signal éclatant, parti i son tour de l'île, a reçu accueil de l'Athos, dont 'eus possède les sommets. Là, le pin enflammé

LOMKSTir-:

élève vers le ciel sa lueur messagère, et, d'un bond puissant (jui franchisse la croupe des mers, le flaml)eau voyageur s'élance à cœur joie, trans- mettant sa lumière d'or, soleil de la nuit, aux rochers du Makistos. Le mont veillait : sans retard il s'est chargé du message, et l'éclat de son fanal part au loin vers l'Euripe rapide porter la nouvelle aux gardiens du Messapios. Ceux-ci, allumant un amas de bruyère sèche, ont fait luire leur réponse et transmis l'ordre au loin. Toujours sans défail- lance, la flamme vigoureuse traversait d'un vol rapide la plaine de l'Asôpos, semblable à la lune brillante, et venait éveiller sur le sommet du Ci- théron un nouveau relai du lumineux coureur. La garde s'empressait alors de faire jaillir, plus haute même que je ne l'ordonnais, une flamme infati- gable, qui bondit par-dessus le lac Gorgôpis et vient sur l'Egiplancte inviter les signaux prescrits à ne pas s'attarder. On allume un brasier fougueux et dévorant, et Ton dépêche une gerbe de flamme assez haute pour que la clarté en aille au loin dépasser le rivage entrevu au delà du golfe Saro- nique. Elle s'élance, s'arrête sur le mont d'Arachné. poste voisin d'Argos. P^t enfin il vient s'abattre sur le toit des Atrides, ce feu descendu du feu de ITda. Telles étaient les lois fixées à mes lampadéphores : pour y satisfaire, ils se sont passé tour à tour le flambeau, laissant la victoire au dernier parti et premier arrivé. Voilà mon sûr indice, le signal que mon époux m'a transmis de Troie.

\(; AMKMXON (3n-36G) LE CORYPHÉE

Je vais tout à l'heure rendre grâces aux dieux, femme ; mais ce que tu me dis là, je voudrais de nouveau l'entendre et l'admirer à loisir.

CLYTEMNESTRE

A cette heure les (frecs possèdent Troie. Je m'imagine entendre la cité retentir de deux cla- meurs (jui jamais ne se fondent. Verse vinaigre et huile dans un même vase : tu les verras rester séparés comme deux ennemis. Ainsi vaincus et vainqueurs ne confondent pas plus leurs voix que leurs destins. Les uns, tombant à terre, étreignent les cadavres d'un frère, d'un mari, ou, vieillards qui furent d'heureux pères, d'un enfant, et, cour- Ibant un front désormais sous le joug, gémissent sur la mort de tout ce qu'ils aimaient. Les autres, la tache vagabonde et sanglante de la nuit les ras- semble affamés autour des mets les meilleurs que icontienne la ville, sans autre signe de ralliement pour les grouper que le sort tiré par chacun dans ll'urne du hasard. Déjà ils s'installent dans les ITiaisons caj)tives de Troie, délivrés enhn des gelées i|?t des rosées du ciel : avec quel bonheur ils dormi- /;ont la nuit entière sans avoir à se garder I Et si reur piété respecte les dieux nationaux de la terre

onquise ot leurs sanctuaires, ils n'auront pas à trraindre la défaite après la victoire. .Maisqu'avant

e retour nulle convoitise ne les pousse à de sacri-

I/ORRSTIK

luges pilhigcs, ne les fasse (:('Mler à la cupidité ! Pour trouver le salut, le retour aux foyers, il faut courir en sens inverse la piste déjà courue. Partiraient-ils même purs d'offense envers les dieux que le courroux des morts peut aussi s'éveil- ler et se trahir par des coups imprévus. Voilà les pensées d'une simple femme. Mais puisse Tespoir heureux triompher sans réserve! Nos suc- cès sont grands : je ne demande plus que le droit d'en jouir.

LE CORYPHÉE

Femme, tu parles en homme sage, et tes souhaits sont bons. J'en crois tes sûrs garants et m'apprête à mon tour à invoquer les dieux. Une joie digne de nos peines enfin nous est donnée.

Clytemnestre et sa suite rentrent dans le palais par la porte centrale.

Mélodrame 0 Zbus souverain, ô Nuit amie qui nous a con- quis tant de gloire!

Vous avez jeté sur les remparts de Troie un filet enveloppant, et ni enfant ni homme fait n'a pu échapper au vaste réseau de servitude le Châti- ment divin les a tous faits prisonniers.

Oui, c'est Zeus Hospitalier que j'adore, car sa volonté a tout conduit et son bras n'a tendu si longtemps son arc contre Paris que pour éviter à un trait prématuré de s'égarer au-delà des astres.

AGAMEMNON (3G7-450)

LE CHŒLK

Troie peut dirv (lUc le antp vicuf dr Va' us; il lui est Animé facile (l'en reconnaître r origine : elle a eu le sari (ja'il avait décrété. Ijs dini.i- oui prn de smici^ disait-on^ des mortels (jui foulent luer pieds Fin- eiolalUe sainteté drs lins, ("est hini/ayc iriinpir. Vn Ares veiujeur finit par uppdnùtrr à ceux iini^ dans Populenie drhordantc de leurs ntaisons^ res- pirent un orejneil insolent . La mesure est Ir hien sf/pré/ne. Soukaitons un honlienr sans doiup'r : il suffit à ([ui est saije . (Un peu retenu) Nul rctnparl ne sauvera celui qtu, dans t orgueil de la richesse^ a renversé f autel sacré de la Justice : il périra.

Elle fait violence à la volonté^ lu funcsti- per- suasion^ affreuse jille dWté. Dès l(U's fout remède est vain. Iji faute n'est pas cachée : lueur à réélut funèbre, elle brille à tous les //eux. Comme une tnuu- 1 vaise monnaie noircie par l'usage et les chocs ^ il est enfin jugé à son prix celui qui., p(mr suirre, ainsi (juun enfant, un oiseau ailé^ a mis sur sa ville une intolérable souillure. Aucun dieu n'écoute ses prières ; s il s'est complu à de tels crimes^ le coupable est 'luéanti. (un peu retenu) C'est ainsi que Paris, dans la denu'ure des Atrides, souilla la table de so/t hôte par un rapt adultère.

I Laissant à son pngs vaisseaux ù armer, bou- cliers et lances à froisser dans les mêlées, ajjportant pour (lof (7 llios la morf . légère, elle a franchi ses

2

I/OIIESTIE

,,„Wrs ,ysnnl <r r<'"" "'"sn jamais. Lrx <l<'>U's ,h, l,ah,i. <,h,>issmr,.l H </,so,r,./ : Ah! />a/'us.' ,>a/a,s vl j,ri„rrs! Lil ni, friioiisr a laissé s,m n„i,rrnilr rhorir! I.r roi smlrrmr ,l<u,s h silence : son reijrrl la sait aa-,ldà des aa-rs, el ,e aes/plas ./aaae „a,hre <,a, .nnUle cowmander dans sa maison. (un peu retenu; La </rdce des helles slatms nés/ plas ,,aodtense a l'éjmu:. Elles n ont pas les yeux d'Hélène : loul leur charme amonrenx a fat.

Dans les sonfjes, de douloureuses a/,panlions im apportent une vaine joie, car ,^ est hien vanité, si da bonheur qu'on croit voir la vision glisse rapalr entre vos bras et s'envole par les roules du sommeil. Telles sont les souffrances qu'enferme ce palais. Il ;/ en a d'autres ailleurs, plus cruelles encore. A tous les foi/ers des guerriers partis de la terre de Grèce rèqne un deuil lourd à porter. Bien des pensées percent le cœur.— {vn peu retenu) On sait qui l'on a vu partir; mais, au lieu de guerriers, c'est une urne et des cendres qui rentrent dans chaque maison.

Ares changeur de mort, dans la mêlée des jave- line, '« dressé ses balances. On lai donne des hommes : il renvoie d'ilios la triste cendre des bûchers et de cette poussière cruelle à des parents emplit des urnes chétives. On gémit en vantant tel guerrier .si habile au combat, tel autre glo- rieusement tombé dans la lutte sanglante... pour une femme qui ne lui était rien; mais cela à voix basse; et la douleur va se mêlant de haine contre les

Ar,AMKM\0\ (if>1-fîin)

Aliidrs^ cluintinoNs de la rciu/caiH r . (Un peu retenu) n\//f//'('s, afftotfr (les murs innnr ils (intu-nt lii/lr, rt'ijosi'nl , corps iiiriolrs, dans le soi I roi/cit : la Icrrr eiua'aùc a cachr ses raua///rars.

La (jloirc est loardr tja ai cotniiai/nc la launc da pai/s ; rllr itair so/i hihat à la aialnliclinn d' an l^'aplc. Mon (UK/oissc incssrnl narlijar roap trnv- hrra.i . i'ca.i- (jai rrrsr/-r/i/ drs //o/s de sanij ici icnncnt les rci/ards des dirii.i\ cl 1rs noires /'^rini/cs, arec le cin/rs des cluinf/eanles années, ancani issrni an /'nir le inorlid dmil le hiadicar ojjcnsail la.laslice ; cl (jac deeienl la fia'cc d an iiiori? Tro// //randc (jliarc csl nèrilleasc : la foadre de Zens f rajijie les soinnicls. ( Un peu retenu) ,/^' cca.r (jac nnai Inaihear nc.iiilc pas Fcncic : paissé-je nèlri\ nan, ni dcslna leur de cilles, ni csclacc sminiis aa.r caïuK es iliialrai.

l.' Iiearease nttacellc ajijiialcc par h' coarrier de fca se répand rapide à travers la cite. Mais est-elle ce rite on nicnsiaiyc dicin, i/in le sait?

Qai serait assez cn/a/il. assez fou, pour s'en- /laniiiier d espoir aa.r nics^aip's da /ca, iiaillc à soii/frir deçà, (^iia/id clia/a/e/onl les choses?

Satis attendre la pleine lainii're, faire chanter I hi/nine (factions de ijrdces est hien an ordre de jcninic : crédule par nain ri', la jeninic prompt e- nienl ca aa-delà des /ails; mais promplcnn ni aussi périssent les noacelles prix lamées par sa coi.r.

Le Coryphée regarde .lu loin, vers l.i droite.

i,<»iu;s'riK

m: COKVI'IIKK

Nous saurons bientôt si ces flambeaux éclatants, ces signaux enflammés aux relais de feu ontditla vérité ou si ( 'est une lumière de songe (jui est venue éblouir n(js esprits charmés. Je vois du rivage s'avancer un héraut le front ombragé de rameaux d'olivier, l.a poussière, sœur altérée de la boue, m'atteste qu'une voix humaine, et non ])lus un feu de bois allumé sur les monts et sans autre langage que sa flamme enfumée, va nous dire en termes clairs s'il nous faut réjouir encore ou si au con- traire... l'idée m'en fait horreur! Que des succès continuent les succès qui nous luisent déjàl Si quelqu'un fait ici d'autres vœux pour la ville, qu'il recueille le fruit du crime de son cœuri

Talthybios, le héraut, entre par la droite, puis s'arrête et fait le geste des adorants, étendant le bras droit et s'inclinant légèrement.

LE HÉUALT

Ah! terre maternelle du pays argien, après dix ans elle a donc lui, l'heure je te revois ! De tant d'espoirs brisés un seul se réalise. Je ne me flattais plus de trouver, à ma mort, une place chérie dans un tombeau creusé au sol d'Argos. Salut donc enfin, patrie; salut, lumière du soleil ; et toi, Zeus, dont la pensée plane sur cette terre; et toi qui règnes à Pytho, archer dont les traits ne sont plus

1

ACA.MK.MNO.N f.;ii-n4«;)

pour nous ; assez long"temps, près du Scaniandro, tu lis notre détresse : aujourd'hui sois pour nous salutetguérison, Apollon souverain. (ii taitquelqucs

pas, puis s'arrête devant le p.ilMis.") Je X'OUS in\'0(jUe aUSsi.

\ous tous, dieux de nos places, et toi, di\in ])atron, I lermès, héraut chéri, orgueil des hérauts ; et vous, (l(Mni-dieux ([ui jadis avez accompagné les guer- riers (jui partaient, accueillez ceux qui rentrent épargnés ])ar la lance. ^Vh ! palais de mes rois, demeure chérie ; sièges augustes ; statues (mso- leilléesde nos dieux; si toujours xous avez eu ])our nous des regards favorables, accueillez comme il sied le roi longtemps absent. Tl vient en ])leine nuit faire briller le jour ])our xous, ])()ur tous ceux-ci, Agamemnon, mon maître. ( )uvrez-lui donc \-os])ras ; il le mérite, le destructeur de Troie à (pii /eus a prêté son hoyau vengeur })our retourner le sol, détruire autels et temples, anéantir la race entière du pays. Ainsi fut domptée Uios par le roi cjui revient, aîné des fils d'Atrée, héros fortuné et de tous les vivants le plus digne de respect. Paris et sa ville, avec lui condamnée, ne pourront dire que le châtiment est resté au-dessous de la faute. Con- vaincu de rapt et de vol, il a vu sa proie lui échapper et a entraîné sous la faux destructrice la maison paternelle et sa patrie entière. Les IViamides ont deux fois payé leurs fautes.

LE CORYPHÉE

Sois heureux, cher héraut de l'armée achéenne.

i;(»nr.sTir:

Je suis licLircux ; niix dieux j'al)an(lonnc ma \'ie.

LK rOI'.Yl'UKE

Le regret du pays a tra\aillé ton âme?

Crois-en les pleurs de joie qui remplissent mes yeux.

LE COIIVPIIÉE

Vous avez donc connu le doux mal de nos cœurs?

\a: héraut

Que dis-tu? instruis-moi, et je comprendrai^ mieux.

LE coiapnÉE Vous brûliez du désir de qui vous désirait.

LE HÉKAUT

Cette terre pleurait ses fils qui la pleuraient ?

LE CORYPHÉE

Et de mon sombre cœur jaillissaient les san- glots.

ACÎAMEMNON (547-r)8r.) LE HÉRAUT

Ouello amôre soiiffranrp envahissait \()s âmes?

LK CORYPHÉE

Le silence à ma peine était le seul remède. Voyant tes rois absents tu redoutais quelqu'un ?

LE CORYPHÉE

Comme à toi, la mort même mVùt été un ])ienfait

LK Fn:i{ m:t

Oui, car mes vœux sont comblés. Mais, comme tout ce qui dure, la guerre a joint à ses succès d'inévitables revers : les dieux seuls voient sans souffrance s'écouler leur vie éternelle. Si je vous contais toutes nos peines sur mer, veillées sous le ciel, relâches rares et sans abri ! Axons-nous passé sans gémir une heure, marquée par quelque joie? Kt sur terre la peine était autre, mais ])lus cruelle encore. Nous campions sous les murs même de l'ennemi, et du ciel et de la terre la rosée venait couvrir la ])laine; le sol humide per- dait nos vêtements; nos l^arbes incultes nous donnaient un aspect sauvage, lu si Ton vous peignait l'hiver, tueur d'oiseaux, que rend insup-

I/f)nKSTIK

portable la nci^o de l'Ida, ou la chaleur de l'été, quand la nier à midi, dans le calme des vents, laisse retomber sur sa couche ses flots endormis! Mais à quoi bon s'en attrister encore? J.a peine est passée et bien passée; les morts ne songent j)lus à se lever de terre ; les vivants n'ont pas à renouveler leur souffrance en comptant les absents. Il reste, en somme, bien des sujets de joie dans notre aventure, et, pour les survivants de Tarmée argienne, le bonheur l'emporte encore et compense largement la peine passée. Nous pouvons à la face du soleil nous rendre gloire, nous dont le nom vole par-dessus la terre et les mers : 'r Con- quérante de Troie, une armée argienne a cloué dans leur temple ces dépouilles vouées aux dieux de la Grèce, antique et brillant trophée. >/ De tels souvenirs feront célébrer Argos et ses capi- taines et rendre hommage à la faveur de Zeus à qui ces exploits sont dus. J'ai tout dit.

LE CORYPHÉE

Je me rends à tes récits, je Tavoue : on n'est jamais trop vieux pour aller à l'école de la vérité. Mais c'est surtout cette maison, c'est Clytemnestre que touchent ces nouvelles : je n'ai droit qu'à ma part du trésor de leur joie.

Clytemnestre parait à la porte centrale, entourée de femmes.

AdAMEMNON (r]81-r)21]

CLYTEMNKSTRF

11 y a longtemps déjà ([uc j'ai poussé une longue daineur (le joie, c[uan(l, le premier, arri\a dans la nuit le messager de feu, annonçant la prise et la destru(^ti()n irilios. Et, plein de re- proches, chacun, me disait : '^ Des signaux en- flammés suffisent à te convaincre (pie Troie est aujourd'hui dcHruite! Tl est bien d'une femme de s'exalter ainsi!// 1 )e tels projios me peignaient folle, .^\algré tout, je sa(Tifiais ; sur mon ordre de femme, Argos entière n^tentissait de longs cris de triomphe et, dans les temples divins, les prêtres s'efforçaient d'endormir la dévorante ardeur des flammes jxarfumées. maintenant qu'ai-je besoin que tu m'en dises plus? J'ajiprendrai tout du roi lui-même. Je nc^ v(hix plus songer qu'à recevoir (le mon mieux r(q^oux respecté qui me re\ient enfin. Ouel soleil luit plus doux à une femme que celui qui l'éclairé ()u\ rant ses p(^rtes au mari ([ue les dieux ont sauvé de la guerre? Tout cela, dis-le à mon é])oux, et (pi'il \ienne en hâte ré- pondre aux désirs de sa ville; (|u'il vienne retrou- ver dans sa maison, telle qu'il l'y a lais.sée, une épouse fidèle, chienne de garde à lui dévouée, farouche à ses ennemis, toujours la même en tout, et qui n'a point violé, durant sa longue absence, les dépôts confiés. Teindre le fer ne m'est pas chose plus inconnue que le plaisir coupable et l'infamant renom que vous fait l'adultère. Tel

I/OHESTIR

élo^c (le soi, (|iian(l il est j)l(Mn de vérité, ne dis- coin iciU j)oint aux lè\ res (Tune noble femme.

Elle entre dnns le gynécée. Le Corypliéc la suit des yeux, d'un regard sévère et triste.

LK CORYPHÉK

Pour toi qui n'entends que le.s mots, ils te semblent sans doute clairs interprètes de pensées qui conviennent! Mais parle, héraut : que je sache si Ménélas a trouvé avec vous le salut et le retour, lui, le roi cher à ce pays.

LE HÉRAUT

Je ne puis inventer de séduisants mensonges, dont le profit pour vous, amis, soit bien durable.

LE CORYPHÉE

Ah ! puisse joie pour nous être aussi vérité! La joie qui n'est pas vraie vite est désabusée.

LE HÉRAUT

Le roi et son vaisseau ont tous deux disparu de Tarmée achéenne : voilà la vérité.

LE CORYPHÉE

Était-il parti seul d'Ilios devant vous? ou un même fléau vous frappa-t-il ensemble ?

i

ACAMK.MNO.N r.-2s-(;7r

LK IIKRALT

Cominc un liabilc arrher tu as touché le l)Ut, et •ésunié d'un mot un ininicnse désastre.

LE COHYPIIKK

Parnii nos (M)nîpai4n<)ns, dans la flotte deslirecs, le croyait-on \ivant ou à jamais perdu?

I.i: IIKIIAIT

Personne n'en a })lus de nouvelles certaines, si ce n'est le Soleil, nourricier de la terre.

M-: (.OHVl'HKK

Dis-moi donc le fléau que le (^ourroux des dieux déchaîna sur la flotte, et quelle en fut l'issue.

\A-: IlÉRALT

11 nc^ (H)n\ient pas de souiller un jour de joie d'un rc'uit de deuil : chaqut* di\inité \('ut être ado- rée à son heure. Quand un messag'er, la tristesse au front, \'ient apporter à la c\lr l'horrible douleur d'une armée anéantie, la blessure est commune à tous ; c'est la blessure du pays, autant ([ue des foyers oîi la mort a choisi les nombreuses victimes vouées au double fouet ([ue })artout })()rte Ares, comme un guerrier sa double lan( e, couple san- glant de fléaux. C'est alors c[u'il (^onxient au héraut chargé de ces douleurs d'entonner, comme

i;(ii;i>riF.

tu le (Icmandcs, le péan des l''rinyes. iMais, entrant, messaj^er de salut, dans une \ille tDul à la jf)ic(le son tri()m])he, dois-je mêler la tristesse au bonheur, en vous contant une tempête qui trahit cU^s dieux irrités contre nous? Xous a\'ons vu en effet deux ennemis jusqu'ici irréconciliables, la mer et le feu, se conjurer et montrer leur alliance en détrui- sant la malheureuse armée des Argiens. C'est dans la nuit qu'en tourbillons cruels la mort se leva contre nous. Les vents de Thrace choquaient nos vaisseaux les uns contre les autres : eux, se heur- tant de front avec violence sous le déchaînement de la tourmente, sous le fouet de grêle de l'oura- gan, berger de malheur, tournoyaient et dispa- raissaient aux regards. Quand se leva la radieuse lumière du matin, la mer Egée était toute fleurie de cadavres grecs, de débris de vaisseaux. Pour nous, sur notre nef intacte, un brusque élan de la carène guidée par une main divine qui prit le gou- vernail nous déroba à la mort. La Fortune libé- ratrice s'assit à la place du pilote, et nous ne sentîmes ni, au mouillage, l'assaut furieux de vague, ni, en marche, le heurt d'un écueil rocheux. ! Mais, échappés aux portes qu'Hadès s'ouvre sur la mer, nous ne pûmes, même à la clarté du jour, jouir de notre bonheur, car nos cœurs anxieux nourrissaient une nouvelle souffrance : notre armée perdue et détruite ! A cette heure même, s'il en reste sur terre un survivant, sans doute il parle de nous comme de morts, tandis qu'ici nous lui

AGAMFMNoN ^Ji-Ji-Tie)

prêtons le même destin. Qu'il en soit jxmr le iiieux! l'A |)()iir Ménélas surtout, attends-toi à ce [iTil reparaisse ici le premier. Si ciueU^ue rayon du ^oKil li; voit t[uekiue ])arl \i\anl et les yeux Il verts à sa lumière par l'etticace volonté de Zeus |ui se refuse à anéantir la ra("e d'Atrée, un espoir MOUS reste de le xoir rentrer en son palais. Vu \ iens l'entendre, sac"he-le, l'entière \érité.

Il rciiUc J.iiis le palais par la purlc de droite.

Li: CIKKUU

Utn f/<Ht(\, st/in/t f/Kf'/tiffr r//r inrisihlc «/m, ihiiis Animô

^(1 prcscicni (% fait /mrh'r à nos li-rrcs lu Innijm' ilu

h'stm^ (hmiKl rr nom si à ri'jnuisrr (juCsi tnh'uf

Vs l(in(i's rt 1(1 (j lierre, a llr/rnr? Elle rsl née, rn

Iji'l^ ptnir perdre 1rs niissmiir, les honn/irs el les

llvs^ celle iiui, souleriuit ses molles leiiliires, s rn-

<iit sur lu mer au sou //le du zèpluir ardent , tandis

/lie, sur la trace éranouie de son ruisseau, détrani/es

liasseiirs armés de hoin liers et sairis dune meute

/uerrièrr venairnt ahorder aux rires le Sinn/is

it croître les feuillaycs urrn<rs du sanij des Im-

dles.

l ne \ enyeance aii.i desseins in/aillihles jHu/ssa

/■s llios celle dont l alliance allie à la mmt , u/in le /aire un jimr imi/er la laide hospitalière et Zeus irotecteur du /oijer méprisés par Pdris ù tous ccff.r lai^à pleine roix, avaient répété le chant dluiniénée

' en llionneiir des jeunes épou.r entiuinîrent alors

I

i;nia:sTiE

les jils (II' l^nani . Aprrs riii/nuic dr jfnc ri h- njnirrud riiijnmr ilr dciiil, la ririllc cild tr<H/riinf\ cl. fhins ses loNffls sdiuflols^ niiindissanl l*àns au.i /Kurhre» (iiHDurs^ cl II' lail celai cr un jican de (htidenr stir^ le saiH/ldnl di'slni de ses ijnerricrs aunes!

C'est ainsi nu' an lannnic a dans sa maison naarri an luniccaa. lai a /ail parlafjcr le lait de sei\ agneaux, r/, dans les premiers j(nirs^ l'a ru^ fjlein de douceur^ caresser les enfants^ amuser les ricillards.\ SaueenI il la jjris en ses aras comme un /ifiureau-né] quand celui-ci venait^ hril brillant, flatter la main\ à laquelle sa faini le fait ohèir.

Mais^ avec le temps ^ il révèle Came epi'il doit à sa naissance . Pour paijer les soins de ceux qui Poni\ nourri^ il se donne an milieu des brebis éyorgées un\ festin imprévu ; la demeure est trempée de sang,\ pour tous ceux qui f habitent incurable fléau, nias-\ sacre ruineux. Cest un prêtre d'Até envot/ê par les\ dieux qu'a nourri la maison. '

De même, puis- je dire, entra dans llios une fenune\ sereine comme une mer sans brise, joyau charmani de la richesse, douce flèche qui vise aux yeux, fleur d'amour qui mord les cœurs. '^ soutenu j Mais bientéi elle change, et son hymen donne des fruits amer- c'est pour perdre qui la reçoit, c'est pour jjerû' qui rapproche quelle est venue aux Priamides Zeus Hospitalier conduit cette Érinys dotée ' jjleurs.

I

AGAMFMNON (ir.O-s! \)

Ilh'itiùs l(ni(/trni]i:< l /mninir rrjH'lr im rtcii i Jk Inn : le honhciir hnnuiui^ s'il s'r/i-rr asst'z /kiiiI, iw fururt \iias s/rrl/f^ il (tcric/U /rcoml : ih' lu prasprritr (imnr \tinr uisdt Kihir mtsri'c. (Soutenu .1 I rnivt (1rs tiiilirs, je jH'usr srui (u/tsi : r'rs/ Idrtr inifin' (jui m ru j an le iCdiifrrs, scmhifihirs dii jK-rr dnnl ils sauf nrs. Mais, \fHW /nf/r/s (Ir jtist K r, la praspriifr nd cy///.' de hcaUJC ïenf(inls tinij(nirs.

1 Ij hisolrnrr an/ucillrKsr /ai I inillir ihiii^ 1rs in-urs injnslrs UNI' insitIriHc n(nirrlh\ hll nu hird, tiuiind

\est rcini Ir jnur /i.rr à s/i naissdnrr, r/. urrr rlh\ mw dirim/r nulnm jifahlc^ iinturddr. .\h\ fimrslr

\(U(.i' UHUsoiis, (indtK irttsr ri inijur, srnddah/r à sd

\mrrc.

j La Jusln r hnllr satts 1rs faits rnjuairs ri hnnin'r

s les rirs pttrrs. Mats des i>al<us parsrinrs di\i\ lui aiir aann snai/lrr a hussr su/i riiifirriHlr, rl/r

tdvtonnw srs rrtjards ri sdlltu hr à la inirrir sainlr, sans rijard paar la /jtnssancc dr l'ar ri sa i nnlrc- fartm dr ijlnirr. l'f/r r/lr laal niarrhr à son rral

\lci itir.

A^.micmnon entre p.ir la ».lruiic. 11 est debout sur son char. Derrière lui, cortège de guerriers et de captifs. Sur un autre char, queliiues pas en arrière, Cassandre iiuniubile et les yeux obstinément fixés sur la statue d'Apollon, prolecteur des routes, qui est à côté de la porte centrale du palais des Atrides.

i.i: couvpiiÉfc:

Ah! loi ileslrucleur irilio^. lil^ J'Atn'o, conimoiit Mélodrame II' saluer? CoimiUMil t'ex|nim«M-, sans allrr au drlà,

I/OHKSTIE

sans r(»stor en deçà, la sincc'îrilé de ma joir*? Tant do mortels joueiil l'iiircelion aux dépens de la vé- rité!

L'homme malliciirciix trouve chacun prêt à te- rnir avec lui, sans (jue le chaj^rin pénètre et morde les cœurs.

D'autres senibieiit pai'la^er vos joies dmit le visa|^e contraint est hieii loin du lire.

Mais celui qui connaît son troupean sait lire dans les yeux qui sem'hlent parler d'allection sincère et dont la llatteuse amitié est noyée d'envie.

Pour moi, quand, pour Hélène, tu levas une ar- mée, je ne puis le cacher,

J'inscrivis en mon cœur : « L'insensé laisse donc sa raison aller à la dérive! »

Mais maintenant mon âme dévouée ne respire plus que sympathie profonde pour ceux qui ont su vaincre.

Tu sauras plus tard, si tu veux t* informer, qui des citoyens restés dans la cité a suivi la justice et qui l'a transgressée.

Agamemnon, comme Talthybios, étend le bras et salue la terre paternelle.

AGAMEMNON

Je dois d'abord saluer Argos et ses dieux, aide^ puissants de mon retour et du châtiment que j"ai tiré de la ville de Priam. Juges insensibles aux mensonges des mots, tous les dieux ont été, d'un

\(;ami:m\<>.\ 8i:i-s6u)

nirnic iiiouwmcin, d('*i)()S('r dans rurnc sanglante un suffraj^v de ruine et de mort pour Iroic; de riinic de rU'nienct* seul l'espoir s'ap])ro(diait, mais l'urne restait \'ide. I .a t'uuK'e indicpie maintenant oi'i fut la \ille (|ue nous a\()nscon(|uis('. l/ourag'an (lu destin reste seul \i\ant, tandis (pT I lios s'éteint dans la ("endre mourante d'où montent des \a- ])eurs lourdes de sa riehessc. C'est aux dieux (pi'une lidèle reconnaissiMK^e est due, si nous avons dress('* d'in t ranehissahles ])anneau\, et si, ])()ur une renMn(\ une \ ille a p(''ri sous le monstre ari^ien, issu des lianes d'un cliexal, )»eu|)le armé du houelier, (pli. à l'heure se couclient les riéiades, a bondi sur Troie, a franchi ses rem- ])arts, et, lion eruel, s'est désaltéré de sanj^ ro}ai. ("est ])()ur(pioi j'ai prolonj^^f* d'abord mon salut aux dieux. Pour tes ri'flexions. j'y ai prêté une oreille attentixc, et je t"aj)pr()U\ c, etjele rép('te avee toi : nui,]UMi d'hommes sa\"ent sansenxie rendre liom- m a j^'e à l'a un (pii r(''Ussit. (Juand le trait de haine a touelu' un e(ear, c'est double soufifranee ]')our ccdui qui en est blessé : il sent le ])()i(ls {\c ses ])r()]ircs malheurs et jL^émit au spe(Haele du bonheur d'au- trui. J'en j)arle par expiVience, car je ("onnais à tond le miroir tromjx'ur de l'anntié, ce t"ant(")me d'une ond)re (pie tut l'affection de ceux (pie je ' l'us nies amis. .Sciil. ri\sse, (pii ])artit a\'ec tant (le regrets, une lois atteh' à mes C(*)tés. me jirêta toujours une aitle fidèle. Ou'il soit mort ou vi\ant, je lui rends témoignage. Pour ce ([ui regarde la

3

i;(H{i:sTii-:

ville et les dieux, nous on \ rirons dans rassemblée des débats ])ul)li(:s et nous en délibérerons. I.r bien, il fiiiidra xcillcr à le rendre durableet jjernianent. iMais, l>e.soiii sera de salutaires remèdes, ]>rû- lant et taillant j)our le bien de l'Iûat, n(jus essaye- rons de détourner Todieuse contaj^ion. Pour l'ins- tant, j'entrerai dans le palais et, devant le foyer, je saluerai d'abord les dieux qui, après m'avoir accompagné au loin, m'ont ramené ici. lu ([ue la Victoires, qui m'\' a sui\i, \' fixe sa demeure!

Clytcinnestre, depuis un moment, est apparue à la porte du gynécée. Des esclaves la suivent chargées d'étoffes et de tapis précieux.

CLVTE.MiNESTRK

Citoyens qu'on respecte entre les Argiens, j'ex- primerai sans rougir devant vous mon conjugal amour: le temps étouffe la timidité dans les cœurs. C'est ma propre vie que je vous conterai, ma vie de misère, tant que cet homme fut sous Ilios. Pour une femme, rester au foyer, délaissée, sans époux, c'est déjà un mal affolant. .Mais sans cesse venait encore un messager^ puis un autre, annonçant à grands cris .des maux toujours plus cruels pour cette maiseA. Oui, si cet homme avait reçu autant de blessures que mille canaux divers en portaient ici la nouvelle, son corps aurait plus de plaies qu'un filet de mailles ; et, s'il était mort aussi souvent que le récit nous en arrivait, il pourrait

AGAMEMNOX (870-928)

se vanter, nouveau (réryon, d'avoir eu trois corps et d'avoir, succombant sous chacun d'eux, donné à tous trois le manteau de la tombe. Voilà cjuelles rumeurs, exaspérant ma peine, me tirent suspendre ])lus d'une fois mon corj)s à un lacet mortel, tlont la violence seule sa\ ait me détacher, ( 'est aussi poun^uoi ton fils n'est ])as ici, comme il eût con- venu, ( )reste, j^arant de notre foi. Xe t'en étonne point : un hôte ami l'élèxc, Strophios de Phocide, ])ar (|ui je sus entre\()ir un double danger: ta mort sous Uios, ici l'émeute ([ui j)ouvait renverser le Sénat ; piétiner l'homme à terre étant un désir inné aux mortels. La ruse n'a pas ])lace en dépareilles raisons, l'our moi, j'ai \ u se tarir les sources jail- lissantes de mes pleurs et n'ai ]>his une larme. J'ai brùh' mes \(>ii\ dans les lons^iu's xcilh'es je pleurais sur toi, dans l'obstiné silence des signaux enflammés, lu, dans mes songes, le vol léger et bourdonnant du mi^ucheron m'éveillait, les yeux encore pleins des maux ([iie j'a\ais \ us t'envelopper plus nombreux ([ue les minutes de mon rêve. Après tous ces maux soufferts, l'àme aujourd'hui libre d'angoisses, je puis bien appeler cet homme le chien lie l'étable, le (\\ble saux'eur du na\ ire, la colonne soutien de la haute toiture, l'enfant unic[ue chéri lie sou père; ou mieux encore, la terre inespérée apparue au matelot, la lumière si douce après la tempête, la sour«H* \ ive ([ui (aime la soif du voya- geur. Oui, \()ilà de cpiels uoms il faut le saluer : ([ui triomphe du sort goûte joie sans mélange. Et que

i;(M{i:sTiK

1 cn\'ie ne s'atUi({ue j)as à notre bonheur : il fut ])rr- cédé d'assez de maux. Kt maintenant, tête clière, descends de ee char, sans poser à terre, ô maître, ce pied ([ui a renversé Troie. Que tardez-vous, cap- tives à qui j'avais confié le soin de couvrir de tapis le sol qu'il doit fouler? Que sur ses pas naisse un chemin de pourpre, et que la Justice le conduise dans une demeure inespérée ! L'avenir, une jjensée que le sommeil ne dompte pas, en disposera suivant la justice avec l'aide des dieux.

Elle sest peu à peu avancée jusqu'à la porte ceatrale, et. en prononçant ces derniers mots, elle l'ouvre brusquement. Elle est maintenant debout sur le seuil.

AGAMEMXON

Fille de Léda, gardienne démon foyer, ton dis- cours s'est mesuré sur mon absence : tous deux ont été longs. La seule louange qui convienne, c'est l'hommage que nous rend autrui. Xe m'entoure pas d'ailleurs, comme une femme, de luxe amollis- sant ; ne m'accompagne pas, ain.si qu'un roi bar- bare, de cris et de génuflexions. Ne me fais pas un chemin d'étoffes précieuses qui puisse éveiller l'en- vie. Ce sont les dieux qu'il faut honorer ainsi. 3iais, mortel, je ne puis sans crainte marcher sur ces merveilles aux mille couleurs. Je veux être honoré en homme, non en dieu. Sans ces tapis ni ces riches tissus, la gloire saura parler de nous. La sagesse est le premier don des dieux. Il ne faut

A(. \mi:mn(>.\ ('J2i>-*jn,

estimer heureux ([uc celui doiithi \ ic s'est achevée dans la douce j)r()spérité. Ainsi ai-je dit, ainsi ferai-je : la j)ru<lcnc(' le veut.

clvti:.mm:siiu: Xe ])arle pas ainsi contre tous nies désirs.

Ac; A M KM. NON

Sache ([u'aux miens non plus je ne \'eu.\ rien chanLi'er.

CLYTEMNKSTRi:

Ce pourrait être un V(eu (jue t'eut di(Ué la crainte.

A (1 A. an:. M NON

Je sais ce (pie je \eux ; mon refus est formel.

CLVTEMNESTRK

(Ju'eùt t'ait IViam, dis-moi, s'il eût été \ain- queur?

AC, \ M KM. NON

Sans doute il eût marché sur de riches tissus.

CLYTEMMISTia:

Cesse de craindre alors le blâme des mortels.

L'ORESTIE

AGAMEMNON

Je crains la voix du jjcuple, et grande est sa puissance.

CLYTEMNESTRE

Qui n'est pas envié n'est pas digne de l'être.

AGAMEMiNON

La femme ne doit pas se complaire au combat.

CLYTEMNESTRE

Même aux heureux il sied parfois d'être vaincus.

AGAMEMNON

Tu tiens à vaincre aussi, toi, dans cette querelle.

CLYTEMNESTRE

Tu restes le vainqueur en cédant de plein gré.

AGAMEMNON

Eh bien, puisque tu le veux, que l'on me délie

en hâte ces sandales, servantes de mes pas. (Une es- clave lui délace ses sandales.) iMais qu'au moment je mets le pied sur ces tissus de pourpre, un regard en- vieux d'en haut ne tombe pas sur moi ! C'est grande

AGAMK.MNON ;'J4S-1000)

honte que de piétiner et de ])erdr(» un tel luxe d'étoffes achetées à prix d'or. Mais assez là-dessus. (Il montre Cassandrc.) Tu vois cette étranj4"ère, accueillc- la a\('c bienveillance, l.e maître doux, les dieux ont ])our lui des rej^'ards complaisants, car nul ne ))()ri(' sans douleur le jou^ de l'esclavage. Celle-ci, tleur clioisie entre mille richesses, présent démon armée, a sui\re mes pas. maintenant (jue je me suis laissé xaiiure ])ar tes ])ar()les, je rentre au fond tle mon palais sur un clicmin de ])ourj)re.

Il rentre lentement d;insle palais, tandis que Clytemnestrc répond avec emphase :

nr.YTEMNKSTRi:

11 y a la mer, et (pli réj)uisera? làle <pii nour- rit l'inépuisable et précieuse sève d'une ]:)ourpre intini(» ]^our teindre nos tissus, (iràces aux dieux, maître, la maison peut en axoir à elle : notre foyer ne connaît pas la ])au\reté. J'eusse offert dans mes vœux bien d(\s tissus de ])ourpre à tes pieds \ainqueurs, si des oracles fussent venus en ce palais révéler à mon anj^oisse le ])rix du retour d'une tète si chère. ()ui, a\"ec la racine \i\ace, c'est le feuilkii^'e (pii revient étendre sur a.^ toit son ombre protectrice de la canicule. Ton retour au foyer domestique, c'est pour nous un retour de r/'lé au milieu de l'hiver; une fraîcheur, douce comme celle des mois /eus ])our le \in mûrit la gTa])pe verte, pénètre la maison (|uand le

i;()i;i>Tii-:

iiiaîtrc, r(''})()iix, l'cniplil de sa j)résenc(*. Zeus, Zcus, ])iir (|ui tout s'accomplit, accom])lis mes souhaits, et scjiiî^'e l)icn à ro'inre (jue tu dois accomplir.

lille rentre d;iiis le p;il:iis derrière Ag.'imciiinon. I.i j)oii(j reste ouverte.

Bien marqué

LE CHŒUR

Pourquoi celle rpouvan/c (luiobstinéïnent se dresse ilercuU ))ion cœur prophète et vole autour de hil? Sans avoir reçu ordre ni salaire^ mon chant veut prédire. Et pourquoi ne puis-je même pas cracher^ comme oii fait pour nn songe obscur^ et sentir s'asseoir en mon dnie la persuasive confiance ? Il y a longtemps que du sable de nos rivages nos nefs se sont détachées^ le jour vers Ilios s élancèrent nos ?narins en armes.

Et, de mes ptropres geux, je rois leur retour^ moi- même j'y assiste ; et, malgré fout, le thrène sans lyre de VErinys s^ élève de mon cœur, à qui nul ne l'ap- prit au fond de mon être, mais en qui est morte à jamais la douce confiance de l'espoir. Non, le cœur ne se trompe pas, et, dans les poitrines justes, les mouvements qui F agitent toujours ont dit vrai. Dieux! jniissent cette fois ses pressentiments être mensongers et, de ma pensée anxieuse, aller se perdre hors du monde réel!

\(; \MIM\(t\ Hiiil-Hi.VJ)

Oui, Imii flurfo^diilr , in sanh' i'//i'<i!/'\ < 'H' f'i nnihi- dir, stt roisinc, tinninr sur elle 1rs innrs f/c sa /Hfusn/i. La lirosjH'ritr liiini(nm\ si i/milrs m sninit les roirs, rti liriirlrr un ri uni inrisihlr. Mais tlii ninins, SI iiiir munir siufr siiil jrtri\ roiiinir un Irsl snii- rriir, un fini i/rs ru lirssvs (irijitisrs^ iii/isi ijur siir- n'it/r 1(1 Imri/iir <ill(<jri\ hi niai^^nn nr s(uiihrr fiii^ linifr, /nul 1/ II' su rlian/r ilr nin/liriii s ; '/.rus ri 1rs sillons (Ir I itnnrr , jnir dr inniihiriii ri luniilcs tln/is^ rliui//ir/il hi fiiniinr.

Mfiis Ir s/in<i unir il un linninir iinr jms ri'iiuni/ii sur Ir ><>/, nul rni liunlni r ne Ir nijiiirllrruil iluns 1rs ti'inrs nuuirs, pus mrnir irlui ijui ruinrnail 1rs Diuris (lu rm/dunir des anihrrs ri dnnl Zriis urr(Uu 1rs hirnfuils. A/i! si 1rs diriir nuruirni l'Inntr- nvnl hurni' Ir Inl dr ( Ikk un, nuni rd'iir ju-i^rirn- dniil ni'i lunijur ri drlmrdrriil , Iu/k^is t^u'il nr pcul (jiir i/rniir dans l^tnilwr ri lu doiilrur, sans tnr/nr rsjirrrr (iiiiin orui Ir suurrur se dcruiilr juniais de nui jtoilrinr rn feu.

Clytcmncstre rcpar;iit sur le seuil du palais. Elle cherche des yeux dans l'orchestre et appelle Cassaïuire toujours iiuinobile sur son char.

( i.vi i:m.m:sii;i:

RcMilre, toi aussi, Cassandre, j)uis([uc /.vus xcut que, déposaiU la haine, tu purirtes tes mains dans notre eau lustrale, debout au ir.ilieu de nos n(Mn- breux esclaves, près de l'autel (jui ])r()tège nos biens. Descends de ce char (H ne fais ])lus la fière.

LOHESTIE

Le fils d'Alcmône lui-même, dit-on, fut un jour vendu et connut la rudesse du fouet de Tescla- vage. En tout cas, celui sur qui tel destin s'abat doit rendre greices aux dieux de tomber chez des maîtres dont vieille est la richesse. Ceux qui contre tout espoir ont fait riche moisson sont cruels à l'esclave et en tout rigoureux. Tu trou- veras chez nous tradition de douceur.

LE CORYPHÉE

C'est à toi qu'elle vient de parler clairement : tu n'es pas hors des filets du sort pour pouvoir n'obéir qu'à ton heure, désobéir même.

CLYTEMNESTRE

A moins qu'elle n'ait langage inconnu et bar- bare comme l'hirondelle, elle serait folle de déso- béir à ma voix.

LE CORYPHÉE

Suis-la : elle te donne le conseil aujourd'hui le meilleur. Obéis, quitte ton siège sur ce char.

CLYTEMNESTRE

Je n'ai pas le loisir de perdre mon temps à la porte. Déjà, au cœur de la maison, devant le foyer, les victimes sont prêtes, attendant le cou- teau : car nous n'espérions plus goûter pareille joie. Pour toi, si tu veux m'écouter, hâte-toi. Si,

AGAMEMNON MOGO-1087)

fermée à notre lan^a^e, tu n'entends pas mon ordre, à défaut de la voix, i)arle ainsi, par gestes barbares.

I.E CORYPIIÉK

C'est un elair int('r]')rèt(" dont r(''trant;rre aurait besoin, je crois. ( )n cbrait une l)ète cpi'on \ient de capturer.

CLYIK.M.NESTHK

\\\\c est folle à cou]) sûr et obéit au délire, si, arrachée d'hier à sa \ ille conquise, elle ne sait se résigner au frein sans exhaler sa fougue en écume sanglante. Je ne sul)irai ])as l'afFront de parler ])lus longtemps en \ain.

l'Ile rentre dans le pahiis. La porte reste ouverte. LE COKYPniî:E

Pour moi car j"ai ])itié je ne m'irriterai pas. Va, malheureuse, abandonne Ion char, et, cédant au destin, fais l'épreuve du joug.

C.issanJre est restée immobile, les yeux toujours fixes sur la statue d'Apollon, protecteur des routes. Tout à coup, sans un geste, toujours immobile sur son char :

CASSANnKE

Il ('/as! Ah! Tcnr ri Cirl! Apollon ! Apollon !

Agité

i;oi',i:s'rii:

liî; cor. vi'ncr:

Pounjuoi i^'émir ainsi au nom de Loxias? son culte ne veut pas du thrène funéraire.

CASSANDRE

Agité Ile las! A h! Terre et Ciel! A p 0 lia 1 1 ! A p 0 lia 1 1 !

LE CORYPHÉE

Sa lugubre clameur invoque encore le dieu dont la place n'est point dans les chants de douleur.

CASSANDRE

Agité Apollon! Apollon^ dieu des routes!

Apollon qui m appelles! i

Accentué Tu ni appelles à ma perte une seconde fois! .

LE CORYPHÉE |

a

Elle semble prévoir sa propre destinée. Le souffle du dieu vit encore dans Tâme esclave.

CASSANDRE

Agité Apollon! Apollon^ dieu des routes! Apollon qui m'appelles! Accentué ^^^ donc ni us-tu condiiite? Ah! dans quelle de-

meure !

1

.\(iA.Mi:.MN()N lU8.S-ll.i(»

LE r.ORVPHÉi:

Dans celle des Alridcs; si xraiincntUi Tii^-norcs, saclu'-le maint(M"ianl ; \a, je lu* le niriis ))()int.

C;iss;inJrc Icvc les deux hras comme pour maudire. Avec force:

r.ASSANDIU:

Paldis hui des (ln'U.i\ cuniii/n r dr rrn/ifs sf/ns Agité

Hi>//////'f\ //r nn'Hihrrs niiil ilrs jHir un / ri-rc ( Accentuô) h' sdiHj IniiiKim (diilr inniitlnitf le fuirr,

i.i: convi'iiKi-:

L'étrangère, je erois, a le ne/ d'une chienne : elle \a dé("()u\rir le sani;' (luClle a flairé.

CASSANDRR

Oui, l'en crnis i/'s frninn/nai/cs, ers cnjUnls (juc Agité

jv rnts idrnrcrsiïiO' Ir ^ nuira u ( Accentué) /7 rv^ uirntlirrs rù/ts (/rf'iurs jKir un nrrc.

Li: conYPin'iF

Va. nous (N)nnaiss()ns tous ion renom ]n-o))lié- li«iui'. .^\ais du passé éleint nul ne chiTche un prophète.

Cissandre étend les hr.is en nv.int. CASSANDHE

.1//.' y///' ju'vpnvr-t-fu\ là? (Jurllr nourrlh- daulrur Agrité

^mvc-t-nn ù ((' jKilui^, nnunn^r , iliilnru nh\ inlu-

I/OHKSTIF-:

Ivrahlr jioirr les siens ^ inrjucrissah/c? Et le secours est loin.

LE COIIVPIIEE

Ce qu'elle prédit là, je ne puis le saisir; le resle m'est connu : Argos entière le crie.

CASSANDRE

Agité ^lA/ misérable^ tu oses cela: tu baignes ton époux, puis... comment achever? Bientôt sera ce qui doit être : l'un après l'autre^ deux bras avidement se tendent pour frapper.

LE CORYPHÉE

Je comprends moins encore : aux énigmes suc- cèdent des oracles obscurs, et je reste interdit.

CASSANDRE

Agité Ah! horreur! horreur! que vois-je? JS'est-ce point un filet cVUadès? Le vrai filet, cest la femme com- plice d'adultère et de meurtre. Insatiable Discorde atta- chée à la race, salue donc du cri rituel le sacrifice d'infamie!

LE CORYPHÉE

Ah ! de quelle Érinys provoques-tu le cri sur ce palais? Ta voix maintenant m'épouvante.

I

AliAMEMNON ^llJl-llIJl)

m: (IKiail

O///, m tin sf/nf/ rcrs m nu (wnr rcflur en o/if/rs ufilfs^ at/tst ijN un sdiKf ijnmirr n''p(unlu jkw la 1(1 me au.i nufons cuncliaiits d une ne . Hupulcs sanl /(•s pas (lAlr.

CASSANDKE

Ali! rois! rois! rcarlr le hinrc(in dr hi nujidlji ht'tr (ni.r cornes noires (Tune fimiijiir <i jdif tiit pirife \ elle j rnppe ^ il toniheaN fond de hi hai^/noire jdctne . lUim de m se et de s<uk/ : tu eonn(U'< indintenant Idrtifiee.

Âg-ité

Affité

\.v: coiui'iiÉi-:

Je ne suis certes pas grand connaisseur d'oracles ; mais, sous des mots pareils, je prt'xois un malheur.

Li; ciKiau

Que/le jKiride de joie /(unnisest sortie des oracles? C'est jKir des nuiH.r (jur fort otnhitjn drs il crins vert fie lu trrrenr (fifil inspire.

Agité

CASSAM)HK

Hélas! hélas! hnnentahie tnisrre dune infortunée! C'est ma propre sofi /jrance (jur jr proclame ici : le caheedéhorde. ( Accentué) d(nt( m os-t// ( nndnite en m (iini'nanf /m, mulhrnrense? o/V, sinnn ù hi ninrf comme lai ?

Agité

LOIU-STIE

m: ciKiaii

lH (Ir/irrs, j(Hi('l des d'ti'u.r^ cnlonixtnl sur loi-iiiniic un chant (jni ncnchdntc (jiù'rc ; ainsi l oiseau an hrnn plnntarje^ la rossifjnal ^ fiàlasl insaliahle de cris^ appelle : Il fjsl lljjsl pleurant en son eanir do ni oa- reu.r sa vie trop riche de misères.

CASSANDRE

Hélas! hélas l heureux le sort du rossignol mélo- dieux ! les dieux l'ont revêt u d'un corps ailé; ^ Accentué) sa vie s'écoule tout en la douceur des plaintes : moi ^ je suis réservée à la hache tranchante.

LE CHŒUR

Qui te révèle ainsi les inévitables douleurs par lek dieux entassées sur ta tête? Qui te fait chanter te^ terrifiants oracles cela, fois en clameurs obscures et et pénétrantes paroles? Qui te guide éi travers l ambi- guïté obscure des chemins prophéticjues?

CASSANDRE

Agité Hélas! Jnjmenjiymen de Paris, r/ui perdit tous 1rs siens! Scamandre dont s'abreuve le sol de ma patrie! C'est sur tes rives que j'ai grcuuli, formée par tes soins. (Accentué) Maintenant le Cét^tc , les bords de FA cher on i}i}0%teJMr&M'^iihjyrophél\ser bien tôt . ^ 0. .«.^■^'.s..„^

AC AMTMNON Tl |(;2-Iiîn2^

LK ciKian

Ali! (jurl rsl ce trop chiir (wnc/r? MnHc un m [(tuf vcllr li)is ri'ùl rainiu't^c . .i(U srnfi (munir nnr snn- fjldnh' nnii-sH/f (jinind j di ((n/tjnts le iltnihniri'tij: 'l''<tin liant tmjrniis et il(uit jr in^i'iKniriinfr .

CASSANDIU:

llr/iis! c/j'nrts, cjjin'ts ilcvnii'vs, de Traira /nninls ihsjniriir! Ilnntnnihrs nnui i>rri\ pnur snnvrr /nix rvniiKtrtsjniinnhiit fuir nn/hrrs 1rs /)(ru/s ijni jinisscnt riirrhr ! Et tout rrnirilc d rfr rain . (Accentué Iji rillr dr Vriiini a siiln son destin ^ rt nmi , ( limidr tf nn dicit^ je r/ns droit an fdrl.

LE CIIŒLR

ïrs arntirs nr se drnirntrntjxis. In d u'ii Jinnimr .sV>7 de tant son poids ahaltii sur ta trie et te jdit vhiinter tes f/énussantes et niorte//rs (hni/riirs. lit ItHon (inqoissr ni n are le trrnir dr ces niaii.v.

I Cassandrc ilesccnd de son char.

CASSANDIIK

Oui, l'oracle bientôt brillera devant vous, et ion plus à travers un voile, ainsi ((u'une jeune îpousée : tel un \ (mU éclatant (\\\\ bondit vers 'Orient, il fera déborder vers la lumière (jui se ève comme une mer de maux toujours, toujours )lus grands. Mes avis alors ne s'en\ elopperont ])lus l'éni|4'mcs. Du moins rendez-moi témoignage ((ue,

4

I/OMKSTIK

le nez sur la piste, j'ai sui\i sans érarl la trace (les forfaits anciens. C'est (|ue cette maiscjn ja- mais n'est désertée par un chd'ur dont les voix ne s'unissent qu'en un unisson d'horreur; car son chant n'est point une aubade. Non, pour se donner plus d'audace, c'est du sang humain qu'elle a bu, l'étrange troupe de fête qui s'est établie en ce palais et que nul n'en chassera; car elle est composée des Furies de la race. Attachées à ces murailles, elles chantent l'égarement qui com- mença vos maux : tour à tour, chacune flétrit la couche adultère funeste au frère qui la souilla. Ai-je dit vrai Pou mon arc a-t-il mal visé? Suis-je une radoteuse qui va mendier de porte en porte avec de fausses prophéties? Veux-tu me réfuter? Jure-moi d'abord que mes oracles ignorent les anciens crimes de ce palais.

LE CORYPHÉE

Plût au ciel que la fermeté d'un serment fer- mement juré suffît à guérir nos maux! ^lais j'admire comment, élevée sur des rives lointaines, étrangère à notre langage, tu rencontres partout la vérité, comme si tes yeux l'avaient vue.

CASSANDRE

Apollon, le devin, m'a fixé cette tâche.

LE CORYPHÉE

AGAMRMNON (1203-122!)) CASSANDIŒ

J'avais honte autrefois tic parler du ces choses.

LR CfUniMIÉK

Tout (lieu (ju'il est, fut-il atteint du trait d'anio.ir?

CASSA.NDlii:

LE coiu l'iiia: Trop de bonheur toujours inspire de l'orgueil.

CASSANDIU:

Il luttait pour m'axoir, tout embrasé d'amour.

[.E CORYPHÉE

l'-t fîtes-\()us pas oeuvre de père et mère en- sem])le?

CASSANDRK

Je promis à Loxias et trahis mon serment.

LE c.oHvrnKi:

Possédais-tu déjà l'art (pii t'hispire ici?

CASS ANDRE

je prédisais déjà les maux de ma patrie.

I

L'ORESTIE LE CORYPHÉE

Et le courroux du dieu ne te punit-il pas ?

CASSANDRE

Du jour j'eus menti, personne ne me crut.

LE CORYPHÉE

Trop croyables pour nous sont ici tes oracles.

CASSANDRE

Ah! ah! de nouveau le travail prophétique me^ pénètre et me fait tournoyer d'horreur, prélude qui déjà m'épouvante! Ah! douleurs! douleurs! Voyez ces formes jeunes assises dans le palais, pareilles aux apparitions des songes. Oui, ce sont des enfants tués par leurs parents : leurs mains, pleines de lambeaux sanglants, offrent à manger de leur propre chair, entrailles et viscères, fes- tin lamentable auquel un père a goûté. Mais de ces crimes, je vous le dis, quelqu'un médite la vengeance, un lion, mais un lion lâche, qui reste au foyer et, vautré dans le lit, attend que du com- bat revienne le maître... mon maître : car il faut maintenant porter un joug d'esclave. Et celui qui a guidé les nefs de la Grèce et détruit Ilios ne voit pas que la misérable dont la langue lèche et flatte comme celle d'un chien joyeux, lui pré-

A(;AMEMN0.\ {1230-12o5)

pare traîtreusement la mort, complice d'un destin jaloux. Oui, telle est son audace : par elle, la femelle meurtrière du mâle existe maintenant. De cjuel monstre odieux em])runterai-je le nom ])our lui donner celui i{u elle mérite? Dragon à deux têtes? Scylla, gîtée dans les rochers, fléau des marins, furieuse prétresse d'iladès, contre tous les siens res])iraHt guerre sans trêve? Quelle clameur de triom])he elle a poussé, l'audacieuse, comme un guerrier \ain(iueur devant la déroute ennemie! Kt vous n'avez vu ([ue sa joie pour l'heureux retour d'un époux! lu (|ue \()us me royiez ou non, (pie m'importe? C'e ([ui sera, sera; et toi, (|ui bientôt en dois être témoin, ])lein de ])itié, lu reconnaîtras alors ([ue j'étais trop véri- dii[ue prophétesse.

\a: (;ni;vi'iii:i:

Tu as parlé du festin offert à Thyeste des chairs de ses enfants : j'ai compris et j'ai frissonné, et la terreur m'enxahil ([uand j'entends la vérité nue et sans images, .^lais au reste de tes oracles, mon esprit court égaré hors de la carrière.

CASSANDRE

Agamemnon mourra, te dis-je, sous tes yeux.

LE COHYPFIKE

Ail! tais-toi, malheureuse; endors ta voix : si- lence!

L'OHESTIE

CASSANDRE

Nul remède n'existe aux maux que je prédis,

LE CORYPHÉE

S'ils doivent voir le jour; mais les dieux nous

en gardent!

CASSAKDRE

Faites vœux et prières : eux préparent le meurtre.

LE CORYPHÉE

Quel homme apprête donc ce sacrilège infâme ?

CASSANDRE

Tu t'égares, je vois, loin du sens des oracles.

LE CORYPHÉE

Nomme le criminel : je doute et ne comprends.

CASSANDRE

Pourtant je sais parler la langue de l'Hellade,

LE CORYPHÉE

Loxias aussi : obscurs pourtant sont ses oracles.

a<.a.\ii:mn(>\ (i2:;(i-i:ioi)

CASSANDUK

Ah ! ah ! (jucl t'en s'axancc, ? h.l il marche sur moiî Ilrlas ! Apollon L\(i(Mi, ])iti(''. pitié pour moi! C'est clic, hi lionne à deux ])icils. clic (|ui (lorl a\('c le louj) en rabscnec du noMc lion, (|ui me luc?*a, in tortuni'c ! I)an.s la eoujx* de mort (|u"clle lui prc'jiarc, elle veut mcllrc aussi mon sa- laire cl. tandis (ju'idlc aiguise le ])oiL;*nard contre son (''poux, (die ])rt''lend lui faire ])a\'er de son sanj4" une temme anuMU'c ici ! l*our«iuoi donc ])or- ter en("ore la (h'rision de cette ]:)arure sacrée, sceptre, banchdettes ])ro])h(''ti<jues retond)ant sur mes é])aules ? Je hvs ])erdrai axant de me ])erdre moi-même. Aile/, roulez à la mort : j"\' marcherai avec \()us, l'.nrichissez désormais de douleur une

I autre ((ue moi. \'ois, A])ollon lui-même me dr-

I pouille du manteau proj)héti([ue, mais (|u'il s'est l)lu longtemps d'abord à me voir (M-U(dlcment rail-

I lée dans c(*s vêtements mêmes par ceux cpii eussent m'aimer et cpii me haïssaient ! railleries bien

1 vaines, nul n'en doute à cette heure. Je me suis vu trail(*r de xas^'abonde, comme une diseuse de pro})héties, une mendiante folle et affamée. Kt maintenant encore le ])roj)hête (jui m'a fait ])ro- phétesse me conduit lui-même à ce destin san- glant. Au lieu de l'autid oii tomba mon ])ère, un

jl billot m'attend, (pie rougira le sang (diaud de mon 'irorgement. -^\ais du moins les dicnix ne laisse- ront ]ias notre mort im]ninie : un autre \i(^ndra.

i;oHi:sTiE

un justicier, dont le l^ras immolera sa mère et vengera son père. Exilé, errant, banni de cette terre, il rev^iendra porter à son comble les dou- | leurs de sa race. Car un grand serment a uni les | dieux: il fera pa3^er aux coupeibles le cadavre pa- ternel étendu sur la terre. Pourquoi donc ainsi | gémissante m'apitoyer sur moi-même? Si j'ai \u la ville d'Ilios traitée comme elle le fut, je vois au- jourd'hui ses vainqueurs finir à leur tour condam- nés par les dieux. Résignée dès lors à mon destin, je subirai la mort. Oui, je s^ilue ici les portes d'IIa- dès, et je ne souhaite plus qu'un coup bien porté qui, sans convulsion, dans les flots d'un sang qui tue doucement, vienne fermer mes yeux,

LE COKYPHÉE

O femme trop infortunée, trop clairvoyante aussi, longue a été ta prophétie. .Mais si vraiment tu connais ton destin, pourquoi, comme une génisse poussée par les dieux, marcher ainsi, audacieuse, à l'autel ?

CASSANDRE

Je n'éviterai rien par le délai d'une heure.

LE CORYPHÉE

Mais de l'heure dernière le prix est infini.

CASSANDRE

Non, le jour est venu: que gagnerais-je à fuir?

A(iAMK.MNO\ (1302-1323) LE CORVPIIKi:

Sache (iue ton courage aura seul fait ta perte.

CASSANDRE

Mourir glorieusement est un bienfait des dieux.

LK r.oiîM'UKI-:

Xiil heureux de ce monde ne l'entend comme

toi.

CASSANIHU;

Père, je \ais \-ers loi et \'ers tes nobles fils.

Elle s'enveloppe la tète et marche vers le palais, puis, brusquement, recule.

LE COllYIMIÉE

Ou'y a-t-il ? Ouelle crainte a ramené tes })as ?

CASSANDRE

Ah : Ah !

Elle se détourne ivii IioiiLiir. LE CORVIMIÉE

Pourquoi ces cris? (.(uel monstre a})])arait à ton âme?

CASSANDRE

Ce palais sent le meurtre et le sang répandu.

I/ORESTIK LE COR VI' Il ÉK

Non, il sent les parfums consumés à Tautel.

CASSANDRE

C'est une odeur semblable à celle des tombeaux.

LE CORYPHÉE

Ah! ce n'est pas Tencens dont tu nous veux parler.

Cassandre recule encore. CASSANDRE

Ah! étrangers! Je ne suis pas un oiseau qui crie effra3^é devant un buisson ; je veux seulement que vous puissiez me rendre témoignage au jour où, pour pa3xr mon sang, le sang d'une femme, une femme aussi versera le sien, et où, perdu par son épouse, un homme tombera pour Thomme qu'il tua. C'est le présent d'hospitalité que de vous une mourante implore.

LE CORYPHÉE

Infortunée ! j'ai pitié du sort que te font les dieux.

CASSANDRE

Un souhait encore : car mon thrène est fini. En face de ce soleil, le dernier qui luira pour moi, je

1

\(i\MKMN()N (13-21-1353)

fais Icvd'u ([lie les vendeurs (run ])i'r(' fasscMit aussi j)a\('r à mes mciirlricrs la morl de l'csrlaN'e (\m leur fut une ])r()ie si facile, lu maintenant je des- rends chez les morts continuer à gémir sur le sort de Cassandre et d'Ai^'amemnon. Ou'ici s'arrêtent mes jours î

l'Ile Liilrc d.ms le pal.iis. Le; portes se referment derrière elle. 1.1 nuit tombe peu ."i peu.

Li: (OI'.VIMIKK

Ah! triste sort de l'homme; son boiilnnir n'est (|u'inie peintureijue le malheur, comme une éponj^e humide, noie et efface en un moment : revers ])lus diî^'ne de ])iti('' ([u'un malheur<iui toujours dura.

I.c honheur ne sauiiiil salisfaiic riioninie : dos (Icmcui-es même qu(î Iciii' |)ros[)t''rili'' lait monlicr au I lioi^l, |)cr>()un(» jamais n'a su l^'ciilci* d un mot I iinpi'i'ienx .• « N'enli'c plu^ ici. »

(Test ainsi (Ui'à Aiiamcmnon la màcc fui doimt'e p'ir les dieux hicidicnrcux (h' compici'ii- la \ iljc de Priam. VA \o voici (jui icidrc en sa pairie honoré H à l'éj^al d'un dieu. Mais, s'il doil niiiintcnanl i;iclic- ler le sani;' (|u il a d'ahord viu's»' cl ^i, en pavant de sa vie les vies (pi'il a saciilitu^^. il sn^cilc à son lour de nouveaux nunirlres j)our \eiii:er le sien, (Jihd moi'l(d jxmira déformai"'- «m' vanlei- (Trli'c pnnr un sort sans orai;*'?

On catenJ tout à ci^up, derrière l;i porte, l'-ippcl dWg.t-

lUL-innon.

J.OJIESTIE AG A M KM NON

Hélas! un coup mortel a déchiré mon flanc!

PREMIER CIIOÏŒUTE

Silence ! Qui donc crie, atteint d'un coup mortel ?

AGAMEMNON

Hélas ! encore hélas ! un second coup m'abat.

PREMIER CHOREUTE

Le crime est accompli : ces gémissements sont de notre roi. Songeons à réunir ici de sûrs avis.

DEUXIÈME CHOREUTE

Mon avis, le voici : allons et courons par la ville : « Au secours ! Dans le palais royal ! »

TROISIÈME CHOREUTE

Non, nous-mêmes, en toute hâte, bondissons au palais et saisissons le crime Tépée encore san- glante.

QUATRIÈME CHOREUTE

Oui, je partagerai tout avis de ce genre; agis- sons : l'heure n'est plus aux vains délais.

AGAMKMNON (1351-1386)

C I N 0 U 1 1. ME C II 0 H !•: l T E

Klle permet de réfléchir j)ourlarn : c'est à la tyrannie (juils ])réludent, nous en avons it i de sûrs indices.

SIXIÈMK cnoiu:[ TE

(.)ui, ])arce que nous hésitons; mais eux fouk'uL aux pieds hi ji^h)ire d'hésiter et ne laissent point s'endormir leurs bras.

SEPTIlhir: CIIOREUTE

Je ne sais ([uel cons(»il donner : même à ([ui veut agir, il api)arlient de réfléchir (ral)()rtl.

miTiKMr: ciiorkiti:

Cet a\is est le mien : je (hnite ([ue nos eris res- suscitent le mort.

NEUVlf-ME CnoUEUTE

l Doit-on, ])our allonger sa vie, obéir à des 1 maîtres qui souillent ce palais?

DIXll^ME CMORKUTE

Intolérable honte! certes, mourir vaut mieux; la mort est plus douce que la tyrannie.

ONZIÈME CIIOREITE

.Mais avons-nous des preuves? pourquoi, sur un f gémissement, prophétiser la mort de notre roi ?

i

LOIŒSTIE

dolzie.ml: ciiouELii':

Ce n'est que lorsqu'on sait que Ton doit s'indi- gner : conjecturer n'est pas savoir.

PREMIER CnOREETE

Ma voix donne du moins le nombre à cet avis: sachons d'abord ce qu'il en est du roi.

La porte centrale s'ouvre. On aperçoit Aganieninon, nu, étendu sur un large voile ensanglanté. Cassanure est couchée à ses côtés, le front ouvert. Clytemnestre est debout derrière les deux cadavres, la hache à la main.

CLYTE.MjNESTRE

La nécessité tout à l'heure m'a dicté bien des mots : je ne rougirai pas ici de les démentir. Quand on veut sur ceux qu'on hait, mais qu'on semble aimer, satisfaire sa haine, comment, sans le men- songe, tendre le panneau du malheur assez haut pour que nul ne puisse le franchir? Cette heure décisive d'une vieille querelle, longtemps je l'avais préparée : elle est venue, enfin! Et je me dresse sur ma victime, mon œuvre accomplie. Je ne le nierai pas, j'ai tout fait pour qu'il ne pût ni fuir, ni écarter la mort. C'est un filet sans issue, vrai filet à poissons, que je tends autour de lui, un voile à l'ampleur funeste. Et je frappe, deux fois; et, en deux gémissements, il a laissé aller ses membres ; et, comme il s'affaisse, je lui donne encore un troisième coup, offrande votive au Zeus

ACAMKMVO.N (IMS'-l i:i(l)

Sau\'L'ur (les morts, ((ui rr^nc sons la terre, Tomlx', il erache alors son âme, et, tandis (niavce vio- lence le sanj^ jaillit de ses blessures, la rosée du meurtre m'inonde de ses noires gouttes aussi douées à mon (Meur (|ue la jtluie bienfaisante de Zeus à la i^raine dans le sein du bouton. \'oilà les faits, citoyens respectés dans Argos ; (ju'ils vous plaisent ou non, moi, je me glorifie de ce (jue j'ai fait. Si même les dieux jjerniettaient de ver- ser des libations sur une \ictinie humaine, ce serait justice sur cet homme, plus cpie justice même : tant il a ])ris plaisir, dans sa maison, à remj)lir de crimes exécrables le cratère (pià son

retour il a lui-même vicier il'un seid trait.

I

LE COUYlMIKi:

J'admire ta langue impudente, toi ([ui te glo- rifies aux dépens d'un époux.

CLYTEM.NKSTHl':

\'ous voulez m'effra\"er comme si j'étais une femme sans résolution, moi, je vous dis, d'un pœur (|ui ne tremble pas, vous le savez bien : (uant à \()s louanges ou à vos blâmes, j)eu m'im- )orte celui-ci est Agamemnon mon é])oux; ma iroite en a fait un cadavre, ouvrière ifunc oHivre le justice. Voilà.

I Quelle lier/H'e/N/ioiso/iftéc nnurrie dessiics terrestres^ Agitô luel hretiriujr jdiUi du ynii/fre marin as-tu donc

L'ORESTIE

absorbé., pour t'cfre chargée cinri Ud meurtre? I)an!i des malédictions oii gronde la voix d'un peuple^ la haine vigoureuse de tes concitoyens déjà Va rejetée, retranchée d'Argos : désormais lu es sans patrie.

CLYTEMNESTRE

Ainsi maintenant tu me voues à l'exil loin d'Argos, à la haine de la cité, aux malédictions populaires, alors que, pour lui, tu n'eus pas un mot de blâme, lorsque insouciant comme un homme qui prend une victime dans les brebis sans nombre de ses troupeaux laineux, il immola sa propre fille, douloureux fruit de mes entrailles, pour en- chanter les vents de Thrace! N'était-ce pas lui qu'il fallait jeter hors de sa ville pour lui faire payer ses souillures? Et pour moi, rien qu'à en- tendre ce que j'ai fait, tu deviens un juge sévère! Mais voici les seules menaces que je te permette, car je suis prête à y répondre : combattons; vain- queur, tu seras mon maître. Mais, si les dieux en décident autrement, de tardives leçons t'appren- dront la sagesse.

LE CHŒUR

Agité Ta pensée est hautaine^ ta parole orgueilleuse. Ainsi, tout souillé de son m,eurtre, le criminel se ptersuade, en son délire^ que sa sanglante tache est parure sur son front. Mais tout n'est pas fini : je jure qii aban- donnée, méprisée de tous, tu paieras coup pour coup.

AGAMEMNUN (ii:n-in5)

CLYTEMNKSTRE

Kt voici l'arrêt de mes serments ii moi. Non, par la Jiisti(^(* ([ui aujoiinrimi a su veng'er ma fille, par Aie, par Tlvrinys, à <|iii j\ii imnioh'' cet homme; mon, n'esprrcz ])as (jue la (TaiiUc \)()>r un pied l;dans ma maison, tant ([uc sur mon toscr brillera fjmon feu sacrt'', I^i^isthc, dont l'amour est tou- jours à moi. X'oilà le lar^'e bouclier au([uel je me >lfie. 11 est doue à terre, riiommf* cpii fit mon mal- ^iheur, ilélices des Chryséis sous llios. lu elle aussi, la ca])tive, la devineresse, la pro])luHesse (pii par- lai^ea son lit, elle est donc revenue, tîdèle, j)rendre jdace sur cette couche, comme elle avait ]iris place sur sa nef marine. Ils ont eu le sort (ju'ils client mérité. Lui, est tombé comme j'ai dit. l'-lle, linsi (ju'un C3'}^ne, a chantt' ])our la (U^rnière fois Il phiintif chant de mort, axant de s'étendre irès de lui à sa place d'amante, et r'est ])our l■^^aisonner mon festin de \eng"eance ([uil s'esi rouvé avoir conduit i(M celle (pu fait encore la lupté du lit il repose.

I

LE CllŒL'U

1/// ijKrllc ninri idindr rinnl/d. s(ii(s hiiujiir aii- Anime '/N^v lu rourhr (IHyanir, njtiuirh'r à nus i wurs Ir >/Hi/iri/ t/fff nr s inh'rnmijit ni iir sr lrnmm\ iittiiii- naul (juil a suciotnbc, celui dunl Faniour rci/laii

L'ORESTII^

Sff?' JtOlls^ qui huit souffriL j)t)ur une fruinic ri. par une femme pcrdi/ la rie!

LI-: convi'iii::!-:

Mélodrame Ail! uli I lléloiiG, follc qui, sculc, immolas sons Troie des ccnlaines cl des milliers de vies...

LE CHŒUR

Un peu Pfff iqI s\hjanoirissent nos malheurs en un inou-

retenu ^

hllable et ineffaçable crime ^ pulssan/e Discorde, /Irau d'un ênoux.

CLYTEMNESTRE

Mélodrame N'appcllc pas la iiiort parce que ceci t'accable. Et ne tourne pas ton courroux contre Hélène; ne crois pas qu'elle ait, seule homicide, seule meur- trière de guerriers innombrables, ouvert aux lianes de la Grèce la blessure qui ne se peut fer- mer.

LE CHŒUR

Animé Génie fjul f cduits sur les pcdais et les têtes des deux Tantalides^ tu te sers de fenwies aux cimes pareilles pour triompher en déchirant nos ccmirs. Debout sui le cadavre, semblcd)le à un corbeau de mort, elle se flatte d'entonner en règle un chant de victoire.

CLYÏE3I^'ESTRE ^

Mélodrame Ah! maintenant ta bouche rectifie ton erreur :| tu as su nommer le Génie qui trois fois déjà s'eslj

ii

i

AliAMKMNON {14ir)-l.j2";)

«'M^n'aissr (Jii san^ de celle race, (l'est lui (|iii,<lans nos ciili-ailles, iioiinit celle soif de iiieiiiii-e (jiii, avaiil la lin de raiicieinie douleur, veut iléjà verser

lin siiii;^ nouveau

II

LK CFitian

Oui, jims^finf l'st-il , Inul-itutssanl iri^ le (irnic (tii.r pius vif Iniinlrs r/Ntrtf/irs t^/fc In r/r/ts naiis rappeler. .\li! rapjH'l i/i)nl()Hrei( r d'un destin msdtifihle d horreurs ! HriasI hèlds! Et eehi, pdv Zens, pur <ini tant est eitnlu et réalisé ! (\n\ sfins /eas, riea s^ierof/f/d/t- // jif(/-//u les hoitunt's? Tant ici-has est I n-arre des dieux.

u: coin PU KR

Ail! mou roi! luon roi î comuieul le pleurer? Du Mélodrame lond de mon C(enr ([ni raimail. (|iiels uiols sauront iiiler vers loi ?

Ton corps esl 1;» i^isanl dans ces lils daraiguée el Ion àme s'exhale sons un coup sacrilège!

LK c.inia K

llélas! ta f/is sa/' cette enaehe laduine, dntanté Un peu ./ .1^1 retenu

fine a/te ///nrt trait ressv s(/as I /i///ie é/ dea.r Ira/a lai/its Y'/'" ce hras tient e/tenre !

CLVTKMNESTIŒ

Tn oses dire (jue c e>l mon oii\i;i,i:e. N<>n, In Méiodramt n as mémo plus devant loi r»'j)oii-e d Au;imcmnou.

L'OUESTIE

Sous la forme de l'épouse de ce mort, c'est l'an- tique, l'âpre Génie vengeur d'Atrée, du cruel am- phitryon, qui s'est payé sur ce cadavre, s'immo- lant un guerrier pour venger des enfants.

LE CHŒUR

Vif Toi, innocente de ce meurtre ! qui oserait en témoi- gner? qui donc? qui donc? Mais le Génie vengeur de la race a pu te porter aide : car sa colère va se trahissant par des ruisseaux de sang fraternel. Par- tout ou ce noir Ares portera ses pas, le sang coulera^ 'ançon du sang des enfants dévorés.

LE CORYPHÉE

Mélodrame Ah! mon roi ! mon roi! comment te pleurer? Du fond de mon cœur qui t'aimait, quels mots sauront aller vers toi?

Ton corps est gisant dans ces fils d'araignée et ton âme s'exhale sous un coup sacrilège!

LE CHŒUR

Retenu Hélas! tu gis sur cette couche indigne, dompté par une 7nort traîtresse sous Varme à deux tranchants que ce bras tient encore.

CLYTEMNESTRE

Mélodrame IMais la moi't traîtresse, n'est-ce pas lui qui l'a fait entrer dans ce palais? 11 avait à l'enfant née de notre sang, à notre Iphigénie tant pleurée, fait un sort qui méritait le sort suhi par lui. Qu'il n'aille

AGAMEMNON (1528-lo76)

|)iis «lans rilluirs (''lalcr son ()i'j;ii('il : sa mort sons la liaclic traiiclianlc n'a l'ail ((ne payor ses crimes.

LK r.H(i:rR

Iji nrftsrr nirt lia jtpr ri tirrc l'/lr hnifr f/rrisiotl Plus vif sitrt'. .le ne sais pins lu) inr tonnirr : la j/tf/tson il croiilr <nil(Uir dr moi . .le trfnihir dU hruissrnicut de I Parcrsr satu/lft/i/r (/(//ts /uijdcllr (jlissc rr pahii^i. Dt'jà I cV'.s/ tut (h'iugf. L<i Justiir (hins le sant/ (1rs fin'/nils '' anrir/is /ave son rprc pnur «/rs /(U'/(ii/s ndurraur.

LK COUVI'IM'IE

I Ah! hTr(\ terre, (\\w ne in';i<-tn inmmi dan^ hm Mélodrame -(MM, avant (jne j'eusse vu ce Ih'tos ^isanl an Ininl le ^;i liai^noirc d'arj^ent î

(Jni l'ensevelira? ([ni ciiaFilc^ra son tlirrno? L'oseras-ln donc, loi? Oseras-Ui, a[)irN avoii* hn'» Ion éponx, l'accompagner des lanicnlaliuns ri- tnclh's el, contre toute justice, payer srs exploits

1 t

l'un honneur déshononml '

Li; ciinau

I

Oui (h)nr^ sur Ir htnihran du hrrns ilirin, prrndra retenu soin dr rrrsrr lar/nrs rt h)nan<ir fintrhrr (Tim (irur Offi ne nimfr juis?

CI.VTEMNESTRK

C(» n'f'st pas à loi (jn«* rcvicMit ce soin. C'(»st Mélodrame par nous (lu'il est lomhé, (|u'il est morl, «d ([n'il

I/ORESTIK

sera onsevcli sans los gémissements des siens. Mais Iplii^énie, pleine de tendresse puisqu'elle fut sa lille, ira, comme il sied, au-devant de son père, aux bords du fleuve rapide des douleurs et, jetant ses bras autour de son cou, l'accueillera de son baiser.

LE cnaaPi

Fiévreux JJoulvcKjc vf'pond il l-outrcige : impossible déjuger. Le violent souffre violence^ le meurtrier paie sa dette. Une loi doit régner tant que Zeus régnera : « Au coupable^ le châtiment », car c'est décret divin. Ah! gui pourra de cette maison rejeter la semence des malédictions? La race est liée à A té.

CLYTEMNESTRE

Mélodrame Oui, tu vicus ccttc fois de proclamer la vérit»'. Pour moi, je veux, du moins, échanger des ser- ments avec le génie des Plisthénides et me rési- gner au présent, si dur qu'il puisse être, pourvu que désormais, sortant de cette maison, il aille épuiser une autre race par ces meurtres domes- tiques. La moindre part des biens de ce palais saura me suffire, si je chasse enfin dici celte fu- reur de mutuels homicides.

Elle jette la hache loin d'elle. Egisthe apparaît à rentrée de droite. Il est suivi de guerriers en armes. Il s'arrête à la vue du cadavre d'Agamemnon.

\<. \Mi:\i\(>N ,i;;77 i(i.>2)

ÉdisTiii:

Ah! la t)ienfaisante luiniiTc (11111 soleil justi- cier! Désormais je ])iiis dire (lu'il est, j)()iir ven- ger les mortels, des dieux (|ui delà-haut attachent leurs rej4'ards aux tnrtaits de la terre, puiscjuc en- fin je \()is, dans des xoiles tramés par les l\rin\'es, ce cadavre étendu, ])our ma joie à moi et j)our ]c paiement des crimes paternels. C'est Atrée, en effet, roi d'Ar^os et ])ère de cet homme, cjui vovant Th N'este, son tVrre et mon j^ère à moi, pour parler (dairement, lui disj)uter le tnSne, le chassa de sa eité el dt" sa demeure. Ke\'(MUi en suj)- pliant au fo\-er d'Atrc'e, le malheureux Thyeste y trou\a un refuse, sans doute, car son ])ropre san}4' ne eoula pas sur le sol des ancêtres, .Mais le père impie de ce mort, sous ])r('texte d'offrir au mien un préscmt d'hospitaliti'', le (N)n\-ia à «célé- brer joyi'usement un jour de saerifu^' et lui fit un festin des chairs de ses enfants. 11 avait dé- coupé les mains et les pieds seul, à l'écart, pouf que les (M)n\i\es assis chacun à sa table ne pussent les reconnaître. Kt Thyeste aussitôt, sans défiance', étend la main et f>*oùte ce mets, ([ui a coûté cher, tu le \'ois, à la race entière. Soudain il (M)mprend le crime exécrable et, jioussant un gémissement, il tondx^ en arrièr(\ crachant la chair de ses fils éj^i^ort^és. 11 apj^elle alors sur les Pélopides un destin d'horreur et, j)our accompa- gner son imj)récation, renversant la table du pied :

L'ORESTIE

« Ainsi périsse, dit-il, toute la race de Plisthène. » C'est sous cette malédiction que cet homme 'est tombé. Le soin me revenait de droit de tramer sa mort : j'étais le troisième enfant de Thyeste, épar- gné par Atrée et chassé avec mon père, encore dans les langes. Mais j'ai grandi et la Justice m'a ramené dans ma patrie, et, sans franchir ses portes, j'ai fait sentir à cet homme la force de mon bras, en formant contre lui les nœuds de ce complot. Et maintenant la mort même m'apparaît douce, puisque enfin je l'ai vu dans les filets de la Justice.

LE CORYPHÉE

Égisthe, l'insolence des lâches ne m'en impose pas. Tu dis que, sans avoir frappé cet homme en son palais, tu as, seul, du dehors, préparé le meurtre. Je te dis, moi, que ta tête n'échappera pas aux bras vengeurs du peuple chargés de pierres et d'imprécations.

ÉGESTIIE

C'est toi qui, du dernier banc des rameurs, oses ainsi élever la voix ? Tu oublies que les ordres ne viennent que du pont du vaisseau. Tu vas apprendre, malgré ton âge, combien il est dur pour un vieillard de recevoir bon gré mal gré des leçons de sagesse. Les chaînes, la vieillesse, les douleurs de la faim sont, pour guérir l'ignorance, d'excellents médecins. Tes 3^eux ne s'ouvrent pas

AHAMEMNON (1623-1G:)3)

à voir ce que tu xois ? Ne reg'imbo plus contre iraij^uillon : un faux pas te coûterait cher.

LK conypiiKK

i Quoi! c'est toi, une femme! toi ([ui attendais au foyer le retour des j^uerriers, toi (jui souillais la couche d'un héros, c[uoi ! c'est toi (jui tramas !la mort d'un chef ti'armée!

ÉGISTHK

Voilà encore des mots ([ui feront naître bien des pleurs. Ta voix est le contraire de hi xoix d'Orphée. Lui, par son cliant, enchaînait hi nature ( liarini'c. lOi, pour nous ])rovo(iuer par de sots hurlements, tu seras enchaîné. D()mj)té, tu te montreras ])lus traitable.

h

LK CORYPHÉE

Il Quoi! tu serais mon roi, tu serais roi d'Argo.s, loi qui, après avoir machiné le meurtre d'un héros, n'osas pas même agir et frapper de ton bras.

Ér.ISTIlE

La ruse clairement revenait à la femme. Ln- nemi héréditaire, moi, j'eusse été suspect. Maître des biens de cet homme, mon dessein est mainte- nant de commander à la cité. (Jui n'obéira pas, ^era lié à un joug' pesant, au lieu d'être nourri

I/OIIKSTIK

d'orge comme un poulain de volée*, rA la faim méchante associée aux ténèbres le \erra dexenir plus doux.

LE COUYiniÉIO

Pourquoi, dans ta lâcheté, n'as-tu pas toi-même frappé ce guerrier? Pourquoi est-ce une femme, souillure du pays et des dieux du pays, cjui a porté les coups? Oreste, du moins, voit le jour pour revenir ici, guidé par un destin propice, et vous frapper tous deux de son bras vainqueur.

Dans un mouvement plus vif qui doit être conservé jusqu'à la fin de la pièce :

ÉGISTIIE

Tu le veux : eh bien ! tu vas voir si je sépare la pa- role et Tacte... Allons, gardes, voici Theure d'agir.

Il tire répce. LE CORYPHÉE

Allons, l'épée au poing: tous en garde!

Les vieillards tirent l'épée. ÉGISTHE

Soit ! Je consens à mourir aussi l'épée au poing.

LE CORYPHÉE

Tu parles de mourir : fort bien! j'en accepte l'augure.

Clytemnestre descend vivement les marches du seuil et se place devant Égisthe.

ACAMIIMNON 'ir.r»4-i(u:j)

r.LVTKMNKSTHi:

Arrête, n le plus cher des hoiniiu's, n'ajoutons pas aux maux ])résents. Nous a\'ons (l('*jà li('' une riche gerbe de douleurs ; e'est assez de souffrances : ne réj)an(lons ])lus le sa ni;". Rentre/ tous, toi comme les xieillards, (^hacun dans la maison <jue le sort lui .1 donnée, sans inflis^'er ni suhir d'inutiles outrajL^'es. < 'e (|U(^ nous axons tait, nous Taxons faire. l'uisse la mesure de nos maux ])araitre suffisante .lUX dieux! ("est notre seul souhait ; car leur lourde tolère nous a durement frappc's. X'oilà ce ipic pense une femme, si l'on xcut l'écouter.

VAWSIWI. L'cpcc toujours niLMi.i<,Miito.

Quoi! (M*ux-là d(''ploieront ainsi contre moi leurs

lanj^'ues insolentes, ])ro\o(|uer()nt le sort })ar de

^"lles menaces et manipieront au sai^'e res])ect

.i qui tM)mmande !

I .. .

Los vieillards ont remis 1 épee ;iu fourreau; mais ils se montrent du doigt Kgisthe avec colère.

LK CORYPIlÉi:

Non, non, jamais Arg"os ne flattera un làcdie.

Egisthc, déjà sur les marches du seuil, se retourne brusque- njciit.

ÉGISriIE

Va, je saurai l'atteindre dans les jours (jui vien- dront.

L'OllESTlK LE CORYPHÉE

A moins qu'un dieu ne guide Oreste jusqu'à nous.

ÉGISTHE

Ironique.

On sait que l'exilé se repaît d'espérances !

LE CORYPHÉE

Courage ! l'heure est bonne : gave-toi d'injustices!

ÉGISTHE

Ah ! tu me paieras cher ta folie de ce jour.

LE CORYPHÉE

Hardi donc ! fais le beau , coq, auprès de ta poule !

CLYTEMNESTRE

Dédaigne ces vains aboiements : nous saurons bien tous deux rétablir l'ordre dans un palais nous régnons.

Ils rentrent tous deux dans le palais. Le Chœur sort lente- ment, en regardant avec colère les gardes d'Égisthe, qui, l'épée nue, se sont rangés devant la porte.

LKS CHOÉPHOIIRS

Au fond du thc.'itrc. le p.il.iis des Atrulcs. Devant ce palais, un peu de côté, s'élève un tertre : le tombeau d'Agamcninon.

L'.iube se lève. Par la gauche entrent deux jeunes gens. L'un a dix-huit ans à peine; sa longue chevelure tombe sur ses épaules; il porte une épée au coté. C'est Orcste. Pylade le suit. Il parait un peu plus âgé. I! tient deux javelines dans sa main droite.

Pylade rote immobile à l'entrée de l'orchestre. Oreste va droit au tombeau, et s'arrête à iiuclquo pas de lui.

OIIKSTE

(irave cl religieux :

llcrniès inft'rnal. doiil l'cril reste attaché au iri'me de mon père, je t ini])l()re, sois mon saiixcur, mon allié dans le e()inl)iil. .^\e xoici en ma jjiilrie, me \()iei dr retour...

11 monte sur le tertre.

Sur le tertre de ee tombeau, je lance rai)pfl Misacré : l'ère. ])réle roreille. ('(^oute...

Avec son épee, il coupe une boucle de sa chevelure.

J ai d(''jà, ])rès des .sources de 1' I naclios. offert au

'1''uve i[ui nourrit ma jeunesse nue boucle de ma

icvelure : j'en Kire inu' s(H;t>*tth2^1t^»^'t^^Ç4^^<^iue

pleure... 1" v!^^^ ot Med/ae^T^

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L'OHESTIE

Je n'ai pas été là, mon père, pour déplorer ta mort! Je n'ai pas étendu le bras, quand ton ca- davre a quitté la maison !...

Il regarde vers la droite.

Que vois-je ? quel cortège de femmes s'avance ainsi en longs voiles noirs ? Quel malheur dois-je donc supposer encore ? Une douleur nouvelle est-elle entrée dans ce palais? Ou dois-je com- prendre plutôt que ces femmes apportent à mon père les offrandes qui apaisent les morts ? Oui, c'est bien cela : car voici, je crois, Electre qui s'avance, Electre, ma sœur, que trahit sa douleur amère. Ah ! Zeus, permets-moi de venger le meurtre de mon père et de toi-même viens aider mon bras ! Pylade, tenons-nous à l'écart : je saurai clairement ce que veulent ces suppliantes.

Il se cache près de Tentrée de gauche avec Pylade.

Par la porte de droite, le Chœur sort du palais. Il est composé de femmes vêtues de noir, les voiles en lambeaux et les che- veux coupés en signe de deuil. Les unes portent des vases funéraires, les autres se frappent la poitrine, toutes ont le visage ensanglanté. Au milieu d'elles est Electre, que rien ne distingue de ses compagnes.

LE CHŒUR

Animé Euvoyêe du palais^ je viens^ chargée cF offrandes funéraires. Ma main rapide bat mon sein et sur ma joue fraîchement labourée mes ongles ont laissé d< sanglants sillons car les sanglots., cest chaque jour que s'en nourrit mon cœur! et^ faisant crier

I

LES CIlOKIMIOUFvS (29-î);;)

A' //// ilt's /tssif^, ma thtuhur d nii^ en lniiihrdii.r Ir^ / ni/rs (li'djK's sur nul juuiruu' : hmlr jtur ni u f iiii' à jUiiKii^ .voz/s les ((nijts tjiii m nnl jnijijnf.

Ihuix II' < Idir hiiKjinji' tl un snni/t\ I l'.jumrnnfr gifl hi'nssr /rs r/irr/'ii./\ rriii t/mn dr tel h- ni<ii'<iui, son/ /huit 1(1 rrni/c'incr du /nml i/ii soniniril, n /nit atl ( n'iir lie hi niiil l'i'hnlir dun^ h' jin/nis jun/inu/ UIU' /rni/ifin/f r/niiirii/\ s^ihal hiii t htiin/t'nirnl sur les cll(nnhri's dr^ /rninirs. l'J les ml rrpri'lcs des so/if/i's'y dont lu juirnir u lr< dieu r jnuir ifiirunls, inil dnlurr (iiic sinis Irrrc /rs nuwls i/rniissr/i/ rt s in- dujiivnl ( nn/rr /riir- niruri rirrs.

Kf crsl dun< un urih'nl drsir d rrjiirr linr.rjnuhlr

rf <lr difniirnrr Ir nuilhriir, <'i ï rrrr nu'rr , (fii ni ni m-

I nir lu /rninir inijnr je Irrnddr au nml iiui rnnl

dr ni rrhunjwr . Muis (jiirl rurluil jwul-il r.risirr du

inif rrpundii ù Irrri'? .\li'. /ni/rr rulir dr inisrrrs!

\li! jiuluis uliullu! Ininrnrt ruhirs un sidril, lulirusrs

uiir rirunH, 1rs trni'hrrs rnri'lnjijirnl lu niuisini dr-

<rniuis suns niuilrr

Cr rrsnri t d <i ul rr/ois, Irmnijdiunl , ini' im ildr ^

imittiuiuiihlr , ijiii rrniplissiùl 1rs nrnllrs ri Ir rwiir

du iirujdr, srsl rruuoiii . ri lu ( ruinir rr</nr srulr. /j'

w/rr/'.v, rnilù rr diuil 1rs niurhds /mil un dnii. plus

'/uiin diru. Muis lu Jiislirr rrill/\ st/tirrruinr : rllr

/rujuw les ////s lu'inu jilrnirnl m leur midi ; nmir

d (lut rrs /tilt (irrnirr drs duiilriirs plus lurdirrs nuund

'•jù rri/nr Ir i rrjjiisculr ; r/i lutssr d'uiilrrs rn/in

iltrindrr lu jdrinr nuit.

i;ORESTIE

Afais le sang hu jxir Ut terre, nourricière devient garant de la vengeance et se fige sans pouvoir s' écou- ler. Le ckdtiment peut être retardé : un douloureux remords fait germer dans le cœur coupable une souffrance qui suffit à r expiation.

Pour qui osa violer la chambre d'une vierge, il 71 est point de remède au mal qu^il a fait. JJe même., pour laver le Meurtre aux mains souillées., vaine- ment tous les fleuves ensemble déborderaient vers lui.

Pour moi, que les dieux ont avec ma patrie enve- loppée de malheurs et conduite en esclavage loin des foyers paternels, ma loi est de me résigner aux volon- tés justes ou injustes des maîtres de ma vie, en contenant ma haine amère. Et je pjleure sous mes voiles le coup aveugle du sort qui frappa mon maître, glacée par la douleur que je cache.

Electre s'est arrêtée devant le tombeau, puis a semblé hésiter longtemps. Enfin elle se tourne vers le chœur.

ELECTRE

Captives, par qui Tordre règne dans ce palais, puisque vous êtes mes compagnes dans cette pompe suppliante, soyez aussi mes conseillères. En versant sur la tombe ces libations de deuil, quels mots qui lui plaisent adresser à mon père ? Comment formuler ma prière ? Puis-je dire que c'est TofFrande d'une épouse aimante à Tépoux aimé?... alors qu'elle vient de ma mère! Ou lui

J

LES CIIOKPIIOHES (9i-117)

demander, selon Tusage consacré, d'accorder à ceux cjui l'implorent une ^ràceéj^ale à leurs dons ?... un présent di^ne alors du mal (nfiN lui ont fait!

I Je n'ose et ne sais ([uels mots prononcer en réj)an- (lant cette offrande sur le tombeau j)aternel. A

,i moins qu'en silence, dernier outraj^e di^ne de sa tnort, je ne verse bruscpuMiicnt ces libations sur le sol (jui les boira, puis, rejetant la coupe, comme une souillure (ju'on lance loin de soi, je ne m'en revienne au loi^is .sans (hHourner les yeux. (Juelle décision ])rendre ? amies, secourez-moi, j)uisque <lans ce ])alais nous sommes unies par la haine. \e me cachez pas le fond de vos conirs : (pi'avez- >>)us à (Taindre ? La mort attend Tliomme libre >iussi bien (jue l'esclave au pou\oir d'un maître. \h ' parlez, si vous avez mieux à me dire.

LE CORYPHÉE

|| Le tombeau de ton père i)our moi est un autel : devant lui, l'àme enij^lie de respect, je te dirai, puisque tu le veux, ce que pense mon conir.

ELECTRE

Parle (^omme t'ins])ire le respect de la tombe.

LE CORYPHÉE

Verse la coupe et jirie le mort ])our ceux qui l'aiment.

LORESTIE

ELECTRE

Qui donc parmi les siens puis-je ainsi désigner?

LE COKYPIIÉE

Toi d'abord et quiconque aussi déteste Kgisthe.

ÉLECTHE

C'est pour moi et pour toi alors que je prierai ?

LE CORYPHÉE

Réfléchis : c'est à toi d'achever ma pensée.

ELECTRE

Oui donc pourrais-je ici nous associer encore?

LE CORYPHÉE

Rappelle-toi Oreste, tout exilé qu'il soit.

ELECTRE

Ah ! bien dit ! cette fois, tu m'as ouvert les yeux.

LE CORYPHÉE

Maintenant souviens-toi, et contre les cou- pables...

î

LKS ciior:iMi()in:s iis-i:;^)

Ki.Ecrm: Ouc tlois-je clcmandcr ? instruis mon ignorance.

LE roiiviMiÉi:

I)(Miian(l(' ([uc sur^isso enfin, diru nu mortel...

Ér.rr.TRi: (Ju'ajoutiTiii-jt' ? un juge ou bien un justicier ?

LE CORYPHÉE

Ah ! (lis-le sans détour : un meurtrier comme •ux.

ÉLKCTIU:

là. pour les dieux, ce vohi ne serait point impie ?

LE COIIYPIIÉE

C'est ])iêté de ])ayer le crime ])ar le crime.

ÉLECTHi:

Puissant messager di's \i\ants et des morts, viens à moi, Hermès infernal, et charge-toi de mon message : (juClles écoutent mes ])rières les divinités souterraines, gardiennes du sang de mon père, et la Tt^rre elle-même, qui seule enfante tous

L'OHKSTIE les êtres, les nourrit, ])uis en reçoit à nouveau le

g"erme fécond. (Deux chorcutes font couler l'eau lustrale sur ses

mains.) Et moi, en purifiant mes mains pour ])arler aux morts, je crie au père c[ue j'invoque : Aie pitié de moi et de ton Oreste, ramène-nous dans ta maison. Car, à cette heure, nous errons sans asile, vendus par celle même qui nous a enfantés, et, en échange, elle a pris un amant, Kgisthe, lui, le complice de ta mort. Moi, je suis traitée en esclave, Oreste est exilé de ses biens, et eux, inso- lemment, triomphent dans le faste conquis par tes fatigues. Ah ! qu'Oreste ici revienne, guidé par le destin, je t'en supplie, père, entends ma voix. Et à ta fille accorde un cœur plus chaste que sa mère et des mains plus pieuses. Voilà mes vœux pour nous. Mais, pour nos ennemis, que surgisse enfin ton vengeur, père, et qu'il tue ceux qui ont tué : c'est justice. Telle est la prière que je t'adresse aussi, réservant aux seuls criminels m.es souhaits de mort. A tes enfants, au contraire, envoie la joie du fond de l'ombre, avec l'aide des dieux, de la Terre et de la Justice triomphante. Et, pour accompagner mes vœux, je verse ces libations. A vous, selon le rite, de les couronner de gémissements, en chantant le péan du mort.

Elle verse les libations tout autour du tombeau. LE CHŒUR

Agité Laissez éclater vos sanglots et que vos pleurs viennent mourir dans la terre dorment nos morts^

LES GIIOKIMIMIIKS (i:J4-n8)

il fin que co t OUI lira II nous ^troli'iji' ri sdclir (Irfoiiriirr ilr nous 1(1 sDiiiUuiw iilinniindhlr (1rs. IiIkiIiow^ dr riininrh'. I\( inilr-naiis, nn n'/uhr; rcmi/r-nons^ //Kii/rr, (lu IoikI ilrs /(''nr/wrs Ion dinr ^'rnrrloiipr . Las! lus! lus! (Jnc cicnnr (loin m fin (h'/nrcr irflr in(iis(ni lin lirros t) hi firtc l(inri\ ijiii, voninir un Ai'i'^ s( i/llir, nijitr (i hi /<n^ liirr qu (ni frnd jKnir Iv c(nnl)(il cl le ijhiirc hidndi pur In jiini/nrr qui ne Sdit frnpjwr ijur de jn-rs!

hlcctrc, qui a t.iil le loiir du loinheau, redescend du tertre, tenant en main la boucle d'Oreste. HUe jette la coupe loin d'elle.

ÉI.ECTRE

La terre a bu nos libations, et mon père les a reçues. .Mais ])artag'ez maintenant ma surprise.

Li: COUVl'HÉE

Ali! parle donc : uKjn ccjeur palpite d'épou- vante.

ÉLECTRK

Je vois sur le tombeau cette boucle coupée.

LE CORYPHÉE

D'un homme ou d'une \ierg'e à la taille élancée?

ELECTRE

La chose est bien facile à deviner, pourtant.

LOHESTIE LE COIiVlMlKE

De j)lus jeunes ici auront donc à m'inslruire.

i':ij:cTr,r: Personne autre que moi n'aurait-il pu l'offrir?

LE CORYPHÉE

La haine et non le deuil remplit ici les cœurs.

ELECTRE

Oui, oui, pour la couleur, cette boucle est pa- reille...

LE CORYPHÉE

A quels cheveux? C'est ce que je veux savoir.

ELECTRE

Aux miens! Ce sont les miens que sa teinte rappelle.

LE CORYPHÉE

Serait-ce donc d'Oreste une offrande furtive?

ELECTRE

Oui, c'est à ceux d'Oreste que ces cheveux res-j semblent.

LKS i:iii)i;i'ii()iiKs (nu-2iG,

m: coiivi'Im:!: Comment a-t-il osé vi'iiir jus(jirà la lonihc?

iCLEcini:

Il a pu (MUONcr (U'itc boucle en offrande.

ij<: (:ni;vi>ui:K

Ah! (|u'as-iu (lit? mes larmes redou])lent, si son ])i(Ml ne (loil plus loucher le sol d'Ar^os!

ÉLECTRi:

Moi aussi, j'ai sru{\ un tlol (ramcrluiuc monter mou coHir et un trait (U'chiranl p(''nétrer eu moi. lu de mes yeux les larmes jaillissent, brûlantes, irrésistibles comnu' un débordement d'orag'e, à la \ ue de celte l)oucle. Puis-je croire (pTelle vienne de (|ueK|ue aulre Ar^ien? l'.ncore moins est-ce la meurtrière (jui a pu la c()uj)er, ma mère, il est vrai, mais (jui dément ce nom ])ar une haine im- pie pour ses enfants. I)"aulre ])ari, affirmer sans ri'serve (pie vviir offrantle \ient du ])lus (dier des mortels, d'Oreste... je ne puis. \\i ])ourtant je ^cus la caresse de l'espoir! Ah! si elle avait la \oi\ d'un messag'er vivant, je cesserais du moins d'être ballottée entre deux pensées, et je ])ourrais ms hésiter ou la rejeter avec horreur, si le fer l a coupée sur un front ennemi, ou, si elle \ient

L'OHICSTIE

de mon frère, Tassocier au deuil dont j'orne cette tombe ])our honorer un père. Mais v(jici un second indice : des empreintes semblables entre elles et dont la forme rappelle mes pas. CJui, ces traces trahissent deux hommes : lui-même sans doute et son compagnon!... Talons, dessin des muscles du pied, quand on les compare, sont ana- logues à mes propres empreintes. Ah ! l'angoisse saisit mon cœur bouleversé! Mais les dieux que nous invoquons savent bien quels orages nous emportent en leur tourbillon comme des marins en détresse, et, s'ils veulent que nous échappions au naufrage, du plus petit germe va peut-être jaillir, immense, l'arbre du salut!

Oieste parait. Pylade reste à quelques pas derrière lui. ORESTE

Fais des souhaits pour l'avenir, si tu veux que les dieux puissent réaliser tes prières.

ELECTRE

Quelle grâce viennent donc de m'accorder les dieux?

ORESTE

Te voilà devant ceux qu'invoquait ton désir.

ELECTRE

Quel mortel sais-tu donc que mon âme appelait?

Il

LES CIIOLIMIOIIES (217-245) OR ESTE

C'est Oreste, je le sais, que désirait ton cœur.

ELECTRE

\\n (jU(3i mes V(iiux ici sont-ils donc satisfaits?

ORESTE

C'est moi : ne cherche pas un mortel ])lus chéri.

ÉLPXTRE

Etranger, contre moi est-ce une ruse ourdie?

OHESTE

Contre moi-même alors j'en serais l'artisan.

ELECTRE

C'est donc que tu te veux rire de mes misères?

ORESTE

Des miennes donc aussi, si je riais des tiennes.

ELECTRE

Est-ce vraiment Oreste qui parle par ta voix?

ORESTE

Ainsi, quand tu me vois, tu refuses de me recon- naître, et tout à l'heure, rien t[u'en apercevant

l.ni!i;sTli:

cette ])()U(;1(' (le deuil, en cherchant cUins leurs em- preintes la trace de mes pas, ton co'ur s'en\f)la d'allégresse, et tu croyais alors me voir. Regarde; rapproche de la ])lace elle fut coupée cette boucle empruntée aux cheveux de ton frère si semblables aux tiens; vois ce tissu, ouvrage de tes mains; contemple les figures de chasse qu'y tra- cèrent jadis les coups de la navette.

Electre se jette dans ses hras. ÉLECTUE

O doux objet qui retiens quatre parts de m; tendresse : je dois en toi saluer un père; à t'^ aussi revient l'amour que je dois à ma mère elle, je la hais sans remords et à ma soiur égorgée sans pitié; enfin, tu es donc le frère fidèle qui me rendra le respect des hommes !

OR ESTE

Contiens-toi : ne te laisse pas égarer par la joie; car ceux qui nous doivent ici leur amour ne nous paient que de haine.

ELECTRE

O cher souci du fo\'er de ton père, espoir tant pleuré qui vas sauver ta race, fie-toi à ton bras vigoureux, et tu recouvreras le palais de ton père. Que seulement la Force et le Droit, et Zeus enfin, le plus grand des dieux, nous prêtent leur secours!

LES CIIOKPIIOIIES (•24G->tn)

OIIKSIE

/('US, /eus, viens r()ntcMnj)ler notre misère. \'ois: es petits (le l'aigle ont jjerdii leur j)(^re dans les ilacements et les nd^utls (.l'une \i})('re intïinic, et .1 t'aini (hAoTiinte presselesorplielins. ear ils n'ont Ms la force de rai)porter au nid la proie de leur

re. ("est ainsi, tu le \'ois, (pie nous xcnons à toi, uoi et (die, l'deelre, enfants sans j){'re, tous deux •\il(''s de notre fo\"er. Si tu fais ])(''rir la eou\ée de ('lui (pn longt(.Mn|)s t'honora de riches sacrifiées, |ii(dle main (h'sorinais t'offrira, aussi libérale, de tunj)tueux festins? La race de l'aigle an(*antie, u n'enverras ])lus aux ni()ri( Is de signes ])r()phé- itiues; cette race royale une fois séchée jusqu'en es racines, (pii prendra soin de tes autels dans f^ jours d'iu'catonibes ? l'rotège-nous; tu ])eux à loiro maison relevée rendre sa grandeur, toute lechue ([u'(dle semble aujourd'hui.

LE COHYPin':E

Enfants d'Agamemnon, sauveursdu foyer pater- lel, faites silence, d(* ]ieur que (jueUprun ne \-ous întende. enfants, et, j)()ur le ])laisir de ])arler. n'aille :out révélera nos maîtres. Ah! ceux-là, ])uissé-je /oir fondre leur chair dans la flamme tourbillon- lante du bûcher résineux!

L'ORESTIE

ORESTE

Non, il ne me trahira pas, l'oracle tout-puis- santde Loxias, qui m'ordonne d'allerjusqu'au bout du péril, et, de ses clameurs pressantes, menace mon cœur en fièvre d'orageuses souffrances, si je ne poursuis pas les meurtriers d'un père, pour les tuer comme ils ont tué, dans l'élan d'une colère qui n'admet pas l'or pour rançon du sang. Il Ta dit : je paierai une désobéissance de ma vie au milieu d'effrayants supplices. Car les vengeances infernales font naître, pour qui les provoque, d'odieuses maladies. La lèpre rongeuse montera à Tassaut de ma chair et de ses dents sauvages dévo- rera mon jeune corps, tandis que, pour achever mes maux, des poils blancs envahiront tous mes membres. Et sa voix me prédisait encore d'innom- brables attaques des Furies provoquées par le sang paternel : je verrai dans mes songes l'œil de mon père briller dans Tombre. Délire, vaines frayeurs naissant du sein des nuits, tous ces traits ténébreux des morts de la race, qui du fond des enfers im- plorent la vengeance, viennent troubler le coupable, l'agiter, le chasser enfin de sa ville avec un fouet d'airain , le corps ravagé. Dès lors, plus de part pour lui aux cratères ni aux libations: la colère invisible du père Técarte des autels ; personne ne peut le recevoir ni partager son gîte : rejeté de la cité, sans ami, il meurt enfin, desséché, consumé par son mal. A de tels oracles il faut donc obéir, et, ne fût-ce

LES C!IOf:PIIOFlES (298-347)

lêiiK* i)a.s j)ar obéissance, IdniNre toujours (lc\rail tre accomplie. Car toutes mes raisons d'aj^ir iennent sur un j)oinl s'accorder avec l'ordre du ieu, mon ardent rej^ret de mon père et le dénù- lenl (jui m'accable : c'est ma volonté de ne pas iisser mes concitoyens, les ])lus nobles des ommes, dont la prouesse j^lorieuse a renversé Toie, être ainsi les serfs de deux femmes. Car on cœur est d'une femme; s'il ne le sait, il va apprendre.

Tous se tournent vers le loinbc.iu. I.e Coryphée se place entre Orcste et Electre.

LE CORYPHÉE

0 grandes Parques, (|u'au nom de Zens nuire îuvre marche vers son bul, par le Droit va sa )uto.

« Ou'à l'outrago répondt» l'oulrap^ », voilà ce u'à voix liaiile proclame la Justice, ([ni de loul DUpalde exii^e sa dfdlo.

« Et ([u'un «onp niiMiiliier soit pav«'' d'un coup leiirlrier. Au cou|)al)le, le cliàlinieid », c'est ■nltMice trois lois vieille.

OR ESTE

<> mon prrc^ )nallu'Nr«'i(.r firrr! ptir (pirh nints^

ii'llvs ()/fra/i(ies^ utleindrai-jr uni rires Inintaincs

. / t enserre ta couche (fonihre? Les ténèbres et la

Modéré

4

I/OHKSTIK

luniuTC son/ dru.r mondes rinu'niis: cl Ton ramlrni (jiif rinumufujc de /h/s f/r/jfissfit7ir/i/s //f/ièfj/rs un encore loucher les Airides. jadis nuillres en (e jjfi/a'is

■1

f

7*'//.s', f(L deni sduratje du feu ne donijile pas / fiini du niori : il r rie un jour ses colères, (lifinle su, lui le chant de deuil^ et voici (ju' un rc/ujcur se levé La lamentation rituelle sur le tondicuu oii (hnt urllf 'perc le po^irsuit au f{)}id de Finnhrc de son irrési tible jilainte. V'^

ELECTRE

Ecoute donc aussi ^ père, mes souffrances lamen- tables. Tes deux enfants sur ce tertre font cjéntir h tlirène funèbre^ et ta tombe accueille en eux do supplicmts^ des exilés tout ensemble! donc trou- ver une espérance? De tous côtés^ cest la douleur, Invincible est le Destin.

LE CORYPHEE fa i

Mélodrame Mais, de cottft détressG môme, un dieu, s'il veut, peut faire naître de plus joyeuses clameurs. Au lieu du thrène sur une tombe, le péan peal encore, au palais de nos rois, ramener la douceui nouvelle des libations de la victoire.

OR ESTE

Ah! si devant Troie, ô père, tu étais tondié en guerrier sous une lance lycienne, laissant dans tiH

ïi:

LES CIIOKPIIOHKS (34S-401)

maison un nom tuhin-r et^ sur les routes de tes enfants, l'ini posant édifiée dr ta firosprrt/r, /// donn trais au- dehi des mers sous un tertre dont le renom du moins consolerait 1rs tiens!

LE CUCKLR

Mais, (limé de eeux y//'/7 aima, eotnme lui morts fjfiorieusemeut, il rèf/ue encore uu milieu d\'ux, Xirinee entouré de leurs respects, et ministre choisi des dieur ijui comfnauden/ uu.r enfers. Vur il fut roi tant (jiéil reçut , roi de ceux mêmes éi (jui un décret du Ih'stin confia le jtouciur des urmes et le sceptre des co/iseils.

ELECTRE

Non, ce n'était pas éi toi, père, éi tomt)er sous les Wirs de Troie, fruppé arec les tiens d'une lance nor telle, ni éi reposer du us le subie sur les rices du ^camandre, mais c était éi les meurtriers éi périr 1rs premiers léi-hus, lundis (^éit i ce puluis, informé de ettr mort lointaine, ei'il njnoré ces aiujoisses !

LE COIIVPIIKE

Tes souhaits, eni'anl, veulent plus (juo l'or, plus Môiodrame ue la félicité suprcnie dos peuples hyperboréens : out est possible à des vœux!

Mais songe plutôt (jih' le doiibb' biiiil de vos poi- rines frappées déjà pénètre sous la terre, éveillant os défenseurs.

i;OHKSTIE

Soiii^c à ceux (|iii jriiHCMl iri, au saii;^ (jiii

souille leurs mains, à la haine (Ju moi I pour* eux,

à la haine ciicoi'e plus ar(J(;nl(; (jui doit aninuT ses enfants.

ÉLECTHE

Ta parole^ comme mt trait ^ a travor^v mon oreille. Zf ?/.s, par qui tôt ou tard sort des enfers le (^Jultiment vengeur^ permets quhin bras humain accomplisse ici ton œarre^ par l'audace et la perfidie : mais il le faut^ pour un père!

LE CIIŒLR

Ahlpuissé-jedonccnfui saluer d'un loiuj (ri de joie la chute des deux cictimes^ hommr^ fennnc, immolés ensemble! Pourquoi donc cacher ma pensée? ly elle-même, elle échappe à mon cœur : mon eisafje dit assez l'ardeur de ma haine.

ORESTE

Et quand donc le bras de Zeu s tont-pniissant frap- perait-il plus justement? Ah! que les têtes qu'il abattra soient pour Argos des gages d'espérance ! Je réclame justice contre l'injustice , Terre, écoute-moi et cous, puissances infernales!

LE CORYPHÉE

Mélodrame C'est unc loi que les sanglantes gouttes, une foi répandues à terre, provoquent un sang nouveau. L

î

m:s (:ii()i:imi()iu:s (402-i50)

niourtrc appelle l'Iù'inys pour qu'an nom des premières vielimcs elle entasse meurtre sur nunirli(\

ÉI.KCTIU'l

lli'las! hrlas! sourrrains t/rs enfers! puissantes hnpn'rations des niarts! Voi/cz cr (fUi reste des Atrides, en ijiifUr iudieihle inisrrc ! en ijiirl lunni- liant f'.ril! On dnnc se fntirncr. <l '/rus?

m: CHiKUR

Mon etviir lïonWhtnnf de ndrre (jutiud j'entends génnr (unsi . Et jr iicrds a/ors t(nit rsjunr rt nian dtne Siissondnit à ses mots d/u oitntfjés. Mats^ ntf.r sons (Tune roi.i- rinh\ toutes /)u's eraintrs disparaissent et jr rer/rn^ à /'rspf'rf//He,

ou EST K

Pourt/uoi rujj/je/rr nossou/frunces'/ \ous/es drroiis à une /nèrr : des caresses peut-rtrr /rs apuiseruirnt . Mais il m rst d autres (jur nulle nukiic jununs fie charmera. Mu /urrr fflr-mrnu' a fuit dr /non Cipur un loup ( urnussier (^ur drs nw'sses ndpuisrnt plus.

Pause. Le Chœur gcmit et se frnppe la poitrine. LE CMŒUK

J'ui battu sur ma poitrinr Ir ri/t/une du tlirène pj^g .^ arien ct^ suivant Ir ritr des pirurrusrs eissiennes^

i;OHESTIE

saîis l'cldcke ma main errante a hondi^ redoublant les coups, frajtpant de haut et de loin, faisant (jémir sous ses chocs mon front meurtri et douloureux.

ELECTRE

Ah! mhre impudente et cruelle, tu as ose cruelles funérailles ! ensevelir en silence un roi sans deuil de sa cité, un mari sans larmes pieuses!

ORESTE

Ah! tu viens de l'appeler toute Tin f amie du passé. Hélas! Mais r outrage fait à mon père, il faudra qu'elle le paye, immolée par les dieux, immolée par mon bras. Que je frappe, puis que je meure!

LE CHŒUR

Elle l'a mutilé, si tu veux tout savoir; puis, dans cet état, Va enseveli, voulant mettre sur ta vie une intolérable souillure. Telle fut Pignominie du sort fait à ton père.

ELECTRE

Tu sais le sort de ton père : écoute maintenant le mien. Solitaire, dédaignée, humiliée, j'étais rejetée du fot/er ainsi qiCun chien malfaisant, et, les larmes dans les yeux, le sourire banni des lèvres, je mêlais à mes pleurs un sanglot étouffé. Entends ma plainte .^ inscris-la dans ton cœur.

LES CHOI^PnORES (451-483)

LE CHŒLR

Que ht roluntè (/nirr et ((ilnir se priirlrc <lr /nrs avis. L(i (/insrrs/ trilr (jtir fai d'il. Le r('^tt\ il sera tetnjts (le F n (tutcr plus ianl. Crsf nrrr un cœur de fer qu il fuut (Irsccjidrc duns Hirhn'.

OH ESTE

/V'/v% cvsl loi que fapiicllc'y pnUp secours à tes Très vif enfants.

ÉLECTR

.le t'invoque aussi tout m pleurs.

\.V. CMŒIR

Et nos rtu.r unies fuil relia à leur prirrr. Viens au Jtnir : prrtr-noiis F incilli' . Sois arrc nous contre nos ennemis.

OR ESTE

Iji Force luttera co/itrc lu Force et le hruit contre le lirait.

ELECTRE

Dieux! que votre Justice achève F œuvre de jus- tice !

LE CHŒUR

Je tressaille à ces accents. Le prstin u lonfjtanps tardé : nos prières hâteront ses pas.

L'ORESTIE

TOUS ENSRMHLE

Plus soutenu Ak! inisrrc de la raccl coup hujuhre cl incurlr'wr du destin. If ('/as! in/o/rra/jlrs^ drc/iiranles doii/cKrs! Hélas! soif/fra/ice .sans frère!

Mais le remède à sa hlessure^ ce [jalais Ir porte en hn-mênte : il agira par la lutte ^ l horreur et le saïKj. Va voilà V hymne qui convient aux dieux infernriu r !

LE CORYPHÉE

Mélodrame j^t VOUS, mâncs bienhcureux, écoutez notre prière, et que votre bonté envoie à ces enfants votre se- cours victorieux !

Oreste et Electre montent sur le tertre, s'agenouillent et frappent la terre des mains.

ORESTE

Père, tombé d'une mort indigne d'un roi, je t'implore, fais-moi régner en ta maison.

ELECTRE

Et moi, père, voici ma prière : permets-moi de frapper Egisthe et d'échapper à ses coups.

ORESTE

Alors en ton honneur s'établiront les festins consacrés. Sinon, au milieu des morts honorés de

LKS CIIOKI'IIOUKS (iSi-:iU'.))

l)aii(|U('ts funrhrcs, tu st'ras seul ()ul)lié, aux jours fumeront les autels d'Arj^-os.

KIJXTHE

l'.l la fille t'apportera son liéritaj^e entier en offrande d'hymen, (juand elle (juiilera la maison |Mternelle. Vx ta tombe lui sera sacrée par-dessus

t< »ute chose.

OIIKSTE

rerr(\ ouxrc-toi : mon pèrc" veut \"(^iller aurom-

iMt.

ÉLECTRK

Perséphone, envoie-nous la Ijrillante victoire.

ORi:STK

S()u\iens-toi du bain, jx're, tu fus immolé.

KLKrTHK

Sou\iens-toi du hlet de leurs ruses nouvelles.

onnsTi:

Le jour oii ils te ])rirent dans des chaînes de

lin.

Ér.KCTRE

Oansles voiles pertides d'un infâme complot.

ORESTE

l*ère, t'éveilles-tu enfin à ces outrages ?

LORESTIF. ÉLECTRK

wSoulèves-tu enfin ta tête bien-aimée ?

ORESTE

Envoie donc la justice combattre avec les tiens; ou toi-même, plutôt, permets-leur de prendre ta revanche, si, jadis vaincu, tu veux vaincre à ton tour.

ELECTRE

Kcoute aussi, père, mon dernier appel de dé- tresse. Vois ta couvée blottie sur ce tombeau. Prends pitié de la plainte du fils et de la fille.

ORESTE

N'efface pas du sol les derniers fils de Pélops : par eux tu te survis jusque dans la mort.

ELECTRE

Les enfants d'un héros sont de vivants souvenirs qui sauvent son nom de Toubli, ainsi que le liège sauve des eaux profondes le filet de lin.

ORESTE

Entends-moi, c'est pour toi que je t'implore. Tu te sauves toi-même en exauçant notre prière.

Ils redescendent du tertre.

LES CHOKPlInRES (.110-^35)

LE CORYPHÉE

Vous avez, selon \c rite, en prolongeant votre prière, racheté la j)lainte funèbre oubliée sur ce :onibeau. lu maintenant, puisque ta volonté s'est .evée pour aj4"ir, à l'ieuvre ! tente la fortune.

OR ESTE

Oui. Mais est-il hors cU» propos de savoir d'abord pourquoi elle a voulu ces lil)ati()ns? Quelle idée a pousse à apaiser trop lard une in^"uérissable souffrance? Pour h' mort insensible à sa ] trière, :*est une pauvre expiation (ju'elle ose offrir à son Dmbre. J'ai i)eine à ni'explic[uer ces offrandes; mais je sais (ju'elles restent au-dessous de hi faute. Pour payer une goutte de sant;', lu peux i*un seul coup verser tous tes biens : \ain sera :on effort. C'est ainsi. .Mais, je t'en ])rie, si tu le peux, réponds à ma demande.

LE CORYPHÉE

Je le puis, enfant, car j'étais là. Ce sont des songes, des terreurs ([ui, troui)hint ses nuits, l'ont fait b(mdir hors <U' sa couche, pour envoyer ces libations, malgré son audace impie.

ORESTE

Mais le songe lui-même, peux-tu me le conter?

i;(»i(i;sTiK

Li: COP.VIMIKE

Elle crut enfanter un serpent, disait-elle.

OFŒSTE

Dis-moi la fin, dis-moi ce rêve aijoulitî

LE convpnÉF: Elle, comme un enfant, l'abritait au l;erceau.

ORESTE

Mais de quoi vivait-il, le monstre nouveau-né-

LE CORYPHÉE

Elle-même, en son rêve, lui présentait le sein.

ORESTE

Et le sein ne fut pas blessé par un tel monstre?

LE CORYPHÉE

La bête avec le lait tira un flot de sang.

ORESTE

Il ne sera pas vain ce songe prophétique !

LE CORYPHÉE

i

Du fond du sommeil elle pousse un cri d'épou- vante. Aussitôt les lumières, dont l'éclat s'était

LES CflO^:i>IIOKES (.",36-583)

iteint dans r()inl)re, se rcillunicnt en toiiU' dans a maison ù la voix de la maîtresse. Mlle envoie ilors ces offrandes funèbres, espérant y trouxcr ,e remède à ses maux.

OH ESTE

V.h l)ien ! je \)r'\c la IV'rrc <|iii nous ])()rl(' et ce :oml)cau de mon ])ère de nie laisser rc'aliscr ri* iOnge. l'A vois coninient je rinterprètc en le scr- *ant de près. Si, sorti du même sein c^ue moi, ce »erpent, comme un enfant, s'est enveloppé de .anj^es, a sucé la mamelle ([ui jadis me nourrit ît a mêlé de sang le doux lait d'une mèri', tandis qu'elle, effrayée, jetait un eri douloureux, il faut ionc, (M)mnie elle Ta donné au monstre ([ui Tépou- /anta, cprelle me donne aussi son sang, et c'est Tîoi, transformé en serpent, ([ui la tuerai, ainsi [ue le prédit son rêve.

LE conviMii^:i:

Ah ! je t'agrée aujourd'hui pour devin. I^uisse-t-il don(" en être ainsi ! maintenant dis à tes amis ce qu'ils doivent, selon les cas, faire ou é\iter.

OUKSTK

Simple est mon dessein. (A Electre, qui se dirige alors

i> le palais, puis, déjà sur les marches, s'arrête et se retourne

ir entendre les derniers ordres de son frère.) QuC celle-Cl

L'ORESïlE

rentre au palais. Vous, couvrez iri mes projets afin qu'après avoir tué par la ruse un guerrier glo- rieux, ils soient à leur tour victimes de la ruse et périssent dans le même filet, ainsi que Loxias Ta proclamé lui-même, Apollon souverain, le devdn qui jamais ne mentit. Semblable à un étranger, chargé d'un bagage complet de voyageur, je me présenterai avec Pylade, aux portes de la cour, apportant des nouvelles d'une maison amie. Tous deux nous emploierons la langue du Parnasse en imitant l'accent du parler phocidien. Et personne, sans doute, ne nous ouvrira en souriant la porte d'une maison que les dieux déjà bouleversent de sinistres présages. Nous attendrons alors, sans bouger, afin que chaque passant s'interroge et se dise : « Pourquoi Égisthe écarte-t-il de son seuil le suppliant, puisqu'il est à Argos et doit être averti ? » Mais, que je franchisse la porte pour le trouver, lui, sur le trône de mon père, ou que je le laisse venir jusqu'à moi et me jeter un regard, en tout cas, sache-le, avant qu'il ait dit : « De quel pays est l'étranger?» j'en fais un mort, l'enveloppant de l'airain rapide. Et l'Erinys sa- tisfaite boira du sang pur pour troisième liba- tion. (A Electre qui, cette fois, entre dans le palais, par la porte

du gynécée.) Ainsi donc, toi, surveille l'intérieur du palais, pour que tout marche avec ensemble. Vous ici, je ne vous demande qu'une langue prudente qui sache à propos se taire et tenir le langage qui convienne. Le reste, le dieu y

LES CIK^KPIIOHES {im-G"»2) 'illcra, puisqu'il m'a lui-même mis dans la route l:o combats brille Tépée.

Orestu et Pyladc sortent par la gauche. LE CHŒUR

Innombrables sont les /léniix de douleur et d'effroi Vijfouroux ue nourrit la terre ^ et les monstres cruels à r homme u enferme le sein des mers. Entre terre et ciel iétne vole/il jusquà nous des relaies sublimes, ionstres ailés ou rainpants^ vents courroucés de la

mpéte^ tout lionnne peut rnus décrire.

Mais quels mots sdurainif donr pcuulrt' l audace ms bornes de t homme ^ hi /tussla/t >>///> frrin de la miine impudique^ et lacajuplcmenl (jni 1rs lir^ avec m corti'(je de crimes ? U amour sfins anutur y ui dompte l fenune surjjasse eu horreur ministres rt tour- lifons.

Que tous ceux qui n'a/tt point laissé s'envoler de Irur

moire les histoires qu on leur conta., se souviennent K feu perfide qu(\ pour perdre son enfant, osa ■lumrr Althéa, abandonnant ô la jlumme le tison

'rnt auquel étairnt attachés 1rs Jours de so/i fils

uis son premier cri au sortir du srin malrrnrl

' qui 'levait le suivre à travers la vie justpntu jour

rquv par le destin .

Les vieux récits flétrissaient encore la sani/lante cijlla qui^ pour plaire à un ennemi^ sacrifia son

qjre père, et^ séduite par les bracelets dor crétois,

L'OHKSTIi:

présents de Minos, coupa la hoiiclc diiiunoiUdiU snr le front dr. Nisos endormi sans défiance rhnpu dente chienne! et Hermès se saisit de lui.

Plus vif Et puisque j\ii rappelé ces passions affreuses n est-ce pas V heure de maudire enfin T union haie di ce palais^ la perfidie d\m cœur de femme eontr, un guerrier^ un roi respjecté de ses ennemis même et de réserver nos respects au foyer paisible 01 réponse exerce douce royauté?

Entre tous les crimes^ le langaye des hommes a Si mettre à part celui des Lemniennes. Il est partou flétri avec horreur^ et le malheur même maintenan est du, « lemnien ». i.a créature qui se souille de c crime haï des dieux doit périr dans r ignominie : nu ne soutient ce que les dieux ont condamné. Ai-je tor de rappeler ces vérités?

Le glaive aigu et pénétrant vient frapper les cou pahles au cœur. La Justice veut quils soient foulé aux pieds ^ même au prix d'un crime., ceux dont l crime osa violer les lois que respecte Zeus.

Inébranlable reste la Justice : le Destin d'avance « forgé ses épées ; et F enfant des meurtres anciens e:^ enfui conduit au foyer dont il doit laver les soini lures par un guide aux vues profondes^ la glorieus Erinys.

Orestc et Pylade reparaissent dans un accoutrement compl< de voyageurs. Leurs armes sont cachées sous leurs manteauî Oreste frappe à la porte centrale.

LES Cil OÉIMK MIES (G53-6l)0)

ORESTE

l'"s(^la\e, esclave, entemls frapper aux ])orLe.s de

( our. X'ya-t-il personne dans ce j)alais? Ksclavo,

lav(\ eiuore un coup ! \^)ilà trois fois c[uc j aj)-

M'ile : ([ue quel([u'un sorte enfin, si le ]uiissant

jisthe est homme hospitalier.

I..1 |>C)I le s UUVIC.

i.E PO HT n; Il

Eh bien! J'écoute. De ciuel pays est l'étranger? Voù \ient-il ?

OllKSTE

\'a dire à ceux (|ui (•oiiniiandciU ici ([uc j'arri\e

leur dun niessajj^e mais hâte-toi, car lechar

M'brcux dr la nuit m' hàtc aussi, et l'heure est

iiuc j)our \r voyageur de laisser tond)er l'ancre

ans (h*s diMncurcs hospitalières fais sortir un

is n:aitrcs de la maison, soit une femme a\'ant

Utorité ici. soit ])lut('>t un homme. (Le portier rcntrcdans

l.iis cl en rd'enne la porte, l.iiulis qu'Orcstc achève avec vivacité.)

vir, d(^vant une femme, notre ji^ènc s'exprime en loN emliarras.sés : l'homme avec l'homme parle iiis crainte et tient un clair lan£;"aLCe.

Clytemncstre apparaît h li porte du gynécée, entourée d'esclaves. l'ioclro e^t derrière elle.

I

L'OHESTIE

CLYTEMNESTRE

Etrangers, dites ce qu'il vous faut. Vous trou- verez dans ce palais ce que vous êtes en droit d'3 attendre, des bains chauds et, pour endormir vo: fatigues, un lit, sur lequel veillera un regan bienveillant. Si vous venez pour chose plus se rieuse, c'est l'affaire des hommes, à qui nous ei référerons.

ORESTE

Etranger à ce pays, je viens de Daulis en Pho cide. Comme je cheminais vers Argos, portant moi même mon propre bagage, dans l'état même j'arrive ici, sans me connaître et sans m'être connu un homme m'a abordé, et, après m'avoir parlé d( son voyage, questionné sur le mien, voici ce qu( m'a dit Strophios de Phocide j'appris son non en causant : « Puisque aussi bien tu vas à Argos étranger, songe à dire aux parents d'Oreste qu'i est mort. Ne l'oublie pas, de grâce. Veulent-ils L voir ramener auprès d'eux ? préfèrent-ils qu'i soit enseveli ici, étranger devenu notre hôte tout jamais ? rapporte-moi leurs ordres. Pour Tins tant, les flancs d'une urne d'airain enferment se cendres pleurées selon les rites. » Je t'ai répét tout ce qu'il m'a dit. Parlé-je à des parents quali fiés pour m'entendre? je l'ignore: mais il sied qu( le père au moins soit averti.

LKs (:ii(»i:iMi(»m:s .oDi-iiiî»)

ÉLKCTHE

Malheur sur moi ! Ton message anéantit cette

maison. Ah I ([u'il est difficile de lutter contre toi.

Imprécation lomliée sur ce palais! C(jmme ui sais

porter partout les yeux et, même de loin, (lomj)ler

le ton arc infaillible ce ([ue nous cro\ i(jns avoir

mis à ral)ri ! Tu me ch'pouilles donc de tous les

miens, infortunée (h'sormiiis sans esi)oir! ( )reste

i\ ait gagné la j)remière ])artie et retiré son })ieddu

»()url)ier sanglant, et maintenant lui-même, le

Icrnier espoir (pli nous restât de gu(''rir le délire

rivresse de cette niais(jn, il te faut aussi manpier

>n échec !

Orcslc regarde fixement Clyteninestre. qui est restée froide et muette.

OHESTi:

J'aurais xoulu (pie de meilleures nouvelles me

issent connaître et accueillir d"li(')tes aussi nobles.

^ersonne est-il mieu.x: disposé (|u"un h(")te ])our ses

ôtes ? Mais mon cd^ur eût jugé inipi(» de dissimuler

P des amis (pieUpie chose d'un j)areil message,

près promesse là-l)as faite et accueil ici re(,'u.

CLYTE.MNESTRL:

' Tu n'en seras ]^as m^nns traité selon ton mérite t re(,Hi en ami ])ar cette maison. Un autre tôt ou cird nous eût porté même message. 3lais Iheure

I

I/OHESTIF

est venue, pour le voyageur qui n fait sa journée de rencontrer des soins en rapport avec sa longue route. (A Kiectrc.) Conduis-lc dans les chambres réser- vées à nos hôtes avec ses serviteurs et ses compa- gnons. Kt qu'ils y trouvent tout ce cjui convieni à leurs membres lassés. Je t'avertis : songe en m'obéissant que tu m'en rendras compte. (Cjrestc

et Pyladc suivent Electre et entrent dans le palais parla porte cen- trale.) PoumOUS, nous allons tout rapporter au maître du palais, et, comme nous ne sommes pas, nous, à court d'amis, nous délibérerons avec eux sut l'événement.

Clytemnestre rentre dans le gynécée.

LE CORYPHEE

Mélodrame Eh bien ! captives du palais, quand donc déploie- rons-nous, en faveur d'Oreste, la force amie de nos prières?

LE CHŒUR

0 terre sacrée, et toi, dernier rivage de la lu- mière, tombeau sacré élevé sur le corps du roi qui guida les nefs de la Grèce, l'heure est venue,! écoute-nous, secours-nous. Oui, Theure est venue pour la Persuasion traîtresse de descendre avec eux dans la lice, et pour Hermès infernal, pour le mort du fond de sa nuit, de guider leurs épées aux combats meurtriers.

La nourrice sort du palais parla porte de droite.

I

LES CIIOKPIIORES (lIO-Tin)

LE CORYPIIÉr:

L'étranger, je pense, prépare le meurtre. Je vois à, tout en pleurs, la nourrice d'Oreste. vas- u, Cilissa, hors du palais clos? Le chagrin, je crois, 'accompagne, sans que tu l'aies payé pour cela.

LA NOURRICE

La maîtresse veut que j'appelle l^gisthe bien vite our qu'il voie les étrangers etque plus nettement, homme à homme, il vienne écouter leur message. )evant les serviteurs, elle a feint de le trouver iste; mais son œil cachait un sourire, car, pour le, tout se termine à souhait, tandis que, pour ette maison, c'est le malheur complet que trop airement nous apportent ces étrangers. Ah! lui, en ([u'à entendre la chose, va sentir son cœur tout )yeuxî Las! chétive ! comme les vieux souvenirs 1 moi gravés des maux si lourds de la maison 'Atrée déjà pesaient à mon cœur! Mais jamais icore je n'avais eu à porter un i)areil chagrin. es autres, je les épuisais patiemment. >Mais mon reste, pour qui j'ai usé ma vie, que j'ai reçu sor- tit de sa mère et nourri jusqu'au bout! Ah ! ces is impérieux ([ui me faisaient courir des nuits itières! J'aurais donc supporté pour rien toutes s misères de l'enfance ! Car ce qui ne connaît is, comment faire ? il faut bien lélever comme petit chien, deviner ses envies : encore dans les

i;()Hi:sTii:

langes, l'enfant ne jjarle pas, qu'il ait faim, soif ou besoin plus pressant; mais son petit ventre se soui lage seul. J'avais à tout prévoir, et comme, ma foi! souvent j'y étais trompée, je devenais hueuse de langes : blanchisseuse et nourrice confondaient leurs besognes. Mais, en acceptant cette doubh peine, j'avais élevé Oreste pour son père î lu i est mort! Voilà ce que j'apprends, malheureuse Mais je vais vers l'homme qui a perdu ce palais c'est sans peine, lui, qu'il va entendre la nouvelle

LE CORYPHÉE

Mais en quel appareil veut-elle qu'il se montre

LA NOURRICE

Quel appareil? répète et je comprendrai mieux

LE CORYPHÉE

Avec toute sa garde ou bien seul, sans escorte

LA NOURRICE

Elle veut qu'il amène tous ses porteurs de lances

LE CORYPHÉE

Ne transmets pas l'avis au maître que tu haisL Pour ne pas l'effrayer, dis-lui, d'un cœur joyeux de venir seul, en hâte. Bon messager redress message tortueux.

LES r,II(U':i»FI()HES (77i-SH) LA NOURRICE

Mais ))('ux-tii espérer, après cette nouvelle ?

î.i: cou y PII ÉK

Alais Zeiis ]KHit bien changer tous nos malheurs Il joies,

LA .NOLUIUCI-:

Comment? Oreste est mort, l'cvspoir de ce palais.

LE CORYPHÉE

l*as encore : qui le croit sera mauvais devin.

LA NOURRICE

(hic (lis-tu? As-tu donc reçu d'autres nouvelles?

LE ronvpiiKF:

\'a t'acquitter de ton messat,^e et remplis les ■«1res reçus : aux dieux de veiller à ([uoi ils >i\(Mit \(Mller.

LA NOURRICE

I irai donc et suivrai ton conseil. Ouc la faveur

ine tourne tout ])our le mieux!

La nourrice sort pjr Li droite.

I

L'OHESTIE

LE CHŒUR

Animé Maînfenant ^ jc t'en conjure, ZeiiH^ phc des du;ux\ de L'Olympe^ accorde-nous la victoire^ une drcinivA victoire^ car c^esl pour un sage liéros^ dou/ l'ardenti désir n^ est que justice et piété ^ (jue Péa/i a élevé UA voix. Et toi^ Zeus, veille sur lui. Plus soutenu Oui, fuis triompher de ses ennemis^ Zeus^ celui] qui est dans ce palais^ car., si tu rélèves au trône del son père, il t'en paiera, joyeux, un double et triple] prix.

Animé Vois le jcwie coursier, orphelin d'un roi qui le\ fut cher, attelé à un char de douleurs. Fais que. saii^ s'égarer loin du but, sans briser son timon, il atteigne enfin le sol de cette terre tendaient avidement les pas qu'il a faits. |

Plus soutenu Oui, fais triompher de ses ennemis, Zeus, celui qui\ est dans ce palais, car, si tu f élèves au trône de som père, il t'en paiera, joyeux, un double et triple prix.)

: Animé Et VOUS qui, dans le sanctuaire domestique, aimez^\

l'éclat joyeux de l'or, dieux bienveillants, prêtez-moi s Voreille. Allons, que le sang de nouveaux meurtres^ vengeurs lave les taches du passé! Que le vieitay meurtre n' enfante plus dans la maison! r.

Plus soutenu Toi qui habites aux flancs profonds de DelphesA fais qu'un meurtre légitime relève enfin la maison'] d'un héros et quelle puisse voir de ses yeux attendriiS' le soleil de la liberté percer la nuit qui l enveloppe \

LKs cii()Ï!:phohks (812-806)

l']t jnd^sr lltrinrs^ jUs dr Maùij /loits prrfer aide Animé // s7/ jii^hcr! Prrsonnr niiriir (jtir lui iw jx'lit, jUiind il /crriil, ijindcr mirni' au port, il saura à i/fjjjos, stnt rcpandrr dr hrustjurs luniirrrs^ soit, par h's fiaro/rs obscures, vtvndrr sur Irs yeux coiipahles les truf'hrrs ijue le jour luriue ne dissiperait pas.

Toi (jui hahitrs au.r //ti/K s profonds de \)rlphes^ Plus soutenu fais (lu'uu meurtre lêi/ftinie relrre enfin la nuii'<on fini héros et (jiùlh' puisse et/ir de ses ijeux attendris

soleil de la lihertr jtereer la nuit qui Cenecloppe.

Alors, p(nir crlrhrer la maison dèlirrre , nous irons p^^g y^f OOUssff/it /Kts vhnneurs an/ui-s à trarers la rille... Le niallieur s'êlon/ne donc enfin de ceu.i (juc /lous %itnons.

Toi y liardi/nent , ijumul rwndra llieurr diKjir, Plus soutenu épiuids en mroijuant Ir cadavre d un pl-re à la roi.r maternel le criant eers toi : '^ nuui fils! y, puis achève fwiierr dr nuu't, sans craindre d^'n jamais répondre.

Portant rn ta poitrine f inflexilde ca'ur de Versée , Toujours vif "ésolu à satisfaire daino'd i ru i\ morts ou rirunts, à fUi tu te dois^ aclirre le sani/lant chdliment dr la ^orijone infâme (/lée/i ferment ces murailles et immole 'e meurtrier.

Oiùy hardiment^ Huaml viendra Vheure iTuf/ir, Plus soutenu ""éponds en i/iroquant le cadavre d'un père à la voix *}iaternelle criant vers toi : *f mon fils! >/ puis achève l*cei(vre de mort , sans craindre (Ten jamais répimdre.

Hgisthe arrive par la droite, suivi de la nourrice.

i/onrsTiF

Kfiismi:

J'arrive ici mande })ar un message : cm me dit que des étrangers nous apportent une nouvelle qui certes n'a rien de désirable, puisqu'il s'agit de la mort d'Oreste. Ah! puisse la maison se ré- signer à cette nouvelle douleur, toute meurtrie qu'elle soit encore de la terreur sanglante dont elle a senti, cette nuit, la morsure! .Mais faut-il juger ce qu'on nous raconte comme véridique et réel? Ne serait-ce point des mots effrayés de femmes qui volent dans l'air, puis périssent sans réalité? Que peux-tu m'en dire qui s'impose à mon esprit?

LE CORYPHÉE

Nous avons entendu la nouvelle; mais entre, informe-toi auprès des étrangers : nul rapport n'a l'autorité d'un entretien direct d'homme à homme.

ÉGISTIIE

Je veux à mon tour voir et interrog'er le messa- ger. Était-il lui-même auprès du mourant ? ou ré- pète-t-il une rumeur confuse ? Il ne saurait trom- per mon esprit clairvoyant.

Il entre dans le palais par la porte centrale. La nuit commence à tomber.

LE CORYPHEE

Mélodrame Zous ! Zciis ! qiiG dois-je dire ? Comment com- mencer ma prière et invoquer les dieux contre

LES CIIOKIMIOHKS (8rn-801)

It'^ coupahles? (^omniciil l'aclicvci" ri «liic loiis les

(lar cCsl inainlcnaiit (jiic 1rs j^laivcs à la poiiil»' inciirlrirrc voiil, m so sonilhml d»' sanJ^^ achcvrr

iamais la niinr du lovci" (r.\L:;mn'iiiiinu,

On (jiriillumanl IViix de iVlc cl llaiiiInMii de lilicrli', Ihi'slc v;i iccoiini'i'I' ('iiliii le |M»ii\nir (|iii dniiiit' d(»s lois aux cih's cl I immense ri( In'ssc de

s pèr(»s.

(i'esl la Inlle <|ne le divin Oroslo. I(d nii allilèle de i't''sei"ve. \,\ seni enj;a^ei' conh'e i\r\\\ adversaires : ah! ([m' ce soit poni' la vicloire!

On ciiteiul tout à coup derrière la porte les cris d'Kgisthc.

Ail! hélas :

ÉGlSTMi:

IJ-: conviMiKE

Ah! ah! Ou'cst-re? Comment lont s'es'.-il ter- miné dans le palais? Mloi^nons-nous : rentrcj)rise - u^hè\(';ne paraissons pas complices du meurtre. AT voie i décidée l'issue du combat.

Le Chœur se retire dans un coin de l'orchestre. La nuit est venue. L^n serviteur affolé sort de la porto centrale et se pré- cipite vers la porte du gynécée qu'il heurte bruyamment.

TN SERVITEIR

Hélas! ah! oui, hélas! le maître est frappé à mort! Hélas! encore hélas! une troisième fois.

LOIJKSTIE

]\i^i.sthe n'est plus. Allons, ouvrez bien vite, et lâchez les verrous (\its portes des femmes. Nous a\()ns Ijien besoin d'un h(jmme xi^oureux. Mais non : peut-on porter secours à un mort? Ah ! ah! je crie à des sourds ; ils dorment, c'est jjour rien que je pousse ces vains appels. est allée Clytemnestre? Que fait-elle? Ah! sans doute, à son tour, maintenant sa tête va tomber près de son amant, justement frappée.

Clytemnestre sort seule du gynécée. CLYTEMNESTRE

Qu'est-ce ? De quelles clameurs remplis-tu la maison?

LE SERVITEUR

Je dis que les morts frappent le vivant.

CLYTEMNESTRE

Ah! je comprends le mot de Ténigme. Xous allons périr par la ruse, ainsi que nous avons tué. Personne ne me tendra donc, vite, la hache meurtrière! Sachons si nous sommes ici des vain- queurs ou des vaincus, puisque j'en suis de mon sanglant destin !

Elle court vers la porte centrale qui s'ouvre brusquement. Oreste paraît, l'épée à la main. Pylade est derrière lui. Dans le fond on aperçoit le cadavre d'Egisthe. Le serviteur, épouvanté, disparait par la porte du gynécée.

LES CHOÉPIIORES (892-1)13) ORESTE

Toi ! torl bien : je te cherche. Celui-ci a son

- ' )ni])te.

CLVlEMiNESTRE

llélas! tu es donc mort, ô mon vailhmt I\g'isthe?

UULSIK

Vu l'aimes? Eh bien, va donc t'étendre près de lui ! .Même mort, tu ne le trahiras pasl

Il s'élance sur elle, l'cpée levée. Clytemnestrc tombe h ses genoux, déchire sa robe et lui montre son sein.

clvti;m.m:sire

Arrête, ô mon fils, respecte, enfant, ce sein sur Icijuel souvent, tout endormi, tu suçais de tes Irvres le lait nourricier.

Oreste laisse retomber son épée et se tourne vers Pylade. ORESTE

Pylade, que ferai-je? Puis-je tuer une mère?

PYLADE

Oublies-tu donc les clairs oracles d'Apollon, rendus à Pytho même ? les serments garants de notre foi? Crois-moi : mieux vaut contre soi avoir tous les hommes plutôt que les dieux.

i;oi!i:sTii;

ORFSTE

C'est toi (jui as raison, je le reconnais, et ton conseil est juste. (A ciytemnestrc ) Suis-moi. je veux t'égorger près de lui. Déjà, vivant, tu l'as préféré à mon père : dans la tombe dors donc avec lui, puisqu'il est l'époux que tu aimes et que tu hais celui qu'il te fallait aimer.

CLYTEMNESTRE

Je t'ai nourri, je veux vieillir à tes côtés.

ORESTE

Meurtrière d'un père, tu vivrais avec moi!

CLYTEMNESTRE

C'est le Destin, mon fils, qui m'a poussée au crime.

ORESTE

Et c'est donc le Destin qui prépara ta mort.

CLYTEMNESTRE

Ah ! crains d'être maudit, mon enfant, par ta mère.

ORESTE

Une mère qui jette son fils à la misère!

LES CIIOKPIIOUKS (Î)14-'J30) CLVTEM.NESTHi:

Jo ne t'ai ('iu'en\c)\'('' dans la maison d'iiii liôlc.

oni:sTE Je fus deux fois \'endu, moi, fils d'un père libre!

CLYTEMNESTHE

donc est le salaire ([ue, moi, j'en ai reçu?

on ESTE

J'ai honte à le nommer, ce salaire infamant.

CLYTEMiNESTUE

Dis tout, mais dis aussi les fautes de ton père.

OR ESTE

Accuser le soldat, toi, assise au foyer!

CLYTEMNESTHE

l'^ils, il est dur aux femmes d'être loin du mari.

ORESTE

Le la])eur du mari nourrit la femme oisive.

CLYTEMNESTRE

Voudrais-tu donc tuer ta mère, ô mon enfant?

i;()Hi:r^Tii:

ORESTE

Ce n'est pas moi, c'est toi qui te tueras toi-même.

CLYTEMNESTRE

Prends garde, songe bien aux chiennes de ta mère.

ORESTE

Et celles de mon père, les fuir si j'hésite?

CLYTEMNESTRE

Ah! je suis là, vivante, à prier un tombeau!

ORESTE

Le destin de mon père vers toi pousse la mort,

CLYTEMNESTRE

J'aurai donc enfanté et nourri ce serpent !

ORESTE

La terreur de tes songes fut un devin sincère.

CLYTEMNESTRE ORESTE

Tu tuas ton époux, meurs sous le fer d'un fils!

Il saisit sa mère par les cheveux et l'entraîne dans le palais. Les portes se referment. Le Chœur revient au milieu de l'orchestre.

LES CIIOf.PHORES ^931-973^

LE CORYPHÉE

J'aurais encore des pleurs sur leur sort à tous deux. Mais, à cette heure le triste Oreste a mis le comble aux meurtres san^ tin de la race, mieux vaut pourtant que \\v\\ de la maison ne se soit pas du moins éteint à tout jamais !

ij: ciiiiaR

K//r rsf ri'nur ritfmjd .hisin r (jiu crut/c /rs. Pria- Agritô mitres, (irrr son hnird t liflfiinrul . l'J/r rsf rrnnr dans le paldis (lA(/(inirnuiini , ihnihlr lion, dniihlr Ari's. Il a poussr jus(j(i\iN Inil , /'r.ri/t' jirrilil jtnr Pt/llu», ijmdr dans sn/i rlan jtnr 1rs conseils dirins. P Ah! jrirz ros rns (lal/rr/rrssr sur Ir jxdais dr /tos niai/rrs rnftn drhrrr de srs man.r ri drs dru.v sarri- ijrs (jui^ toal m dévorant srs n( hrsscs^ sachrini- iKiirnl rrrs la nual !

i

Il est venu le die a f^at, en comhattant dans FoniUrr^ -dit jxir la nisr arhrrrr le rhdliinenf . Et elle n fjiiidé -'I niai/f dans la lattr, la jiUr dr 'Arus (pie nous nom- mons dr son vrai nom Jasfirr rf rjai resijirr an rourroa.r dr mort ronirr (jai I <)/frnse.

Ali.'jr/rz vos cris ddllrrirrssr sur Ir palais île nos litres enfin dr/ivrr dr ses maa.r rt drs drux sacri- /cs (jui^ toat m drvorant ses ricliesses, s^clienii- ient vers la mort!

i/()iu:sTii-:

L'oraih' (jW la nu./ jmissdiilr de Lfj./ids l^arufis- sien (i procliiiitr au fond dr Idnlrc dcIpliKiiU' (itlfKpie à s(Hf t(nii\ jKir lr(utns,(' iiicurl ruTC, la IrdUrisr nicnr trihrc dont ht clidliincnl arail trop laïujh'nift^ lardi'. On peut cn/ui ne plus srrctr Ir ( riinc cl rnin-rr coniDie il convient la piiissancf (jai rl'tjnf a a ( ud.

On pcal enfin rair la hunlrrc. Cidlf niais(ni est délivrée dujmuj <iiii l'oppr'una. Allons, (hdioal . palais! trop lon(j temps lu restas ahatta.

Bientôt le temps ((ai tout achève transfama'ra l'as- pect de ce jjalais^ quand enfin auront été lavées les souillures du foyer ^ quand les prières qui parifent auront chassé les sanglants délires. La Fortune n'a plus pour nous que regards souriants. Les génies étran- gers qui se sont établis en ce palais en seront bannis à leur tour. j

On peut enfin voir la lumière. Cette maison est délivrée du joug qui l'opprima. Allons, debout^ palais! trop longtemps tu restas abattu! M

La porte centrale s'ouvre. On apporte les deux cadavres dEgisthe et de Clytemnestre étendus côte à côte. Oreste se place derrière eux. Il a l'épée nue à la main. Autour de lui, des esclaves du palais élèvent des torches; d'autres tiennent un voile ensanglanté. Parla droite, le peuple d'Argos accourt à cC spectacle.

ORESTE

Contemplez les deux tyrans de la patrie I Ils avaient tué mon père, ravagée mon foyer, et ils sié-

LES CIIOÉPIIORES (976-1020)

geaient tous deux, augustes, sur son trône! Main- tenant encore ils se restent fidèles leur mort au moins invite à le penser! et le serment qui les liait n'est toujours j)()int trahi. Ils s'étaient juré td'immoler ensemble mon malheureux père et de mourir ensemble : voilà une parole désormais tenue. [Voyez, vous dont les oreilles seules ont connu nos misères, voyez enfin le i)ièK'e (jui lia mon mal- heureux père, enchaîna ses ])ras, entrava ses

pieds. (Aux esclaves qui portent le voile.) J)éployeZ-le et,

en cercle près de moi, montrez à tous le voile le

héros fut enveloppé, afin que le sacrilège commis

par ma mère soit mis sous les yeux, non de mon

Jpère, mais du père (jui voit toutes choses, du

Soleil, cjui viendra un jour témoigner pour moi

len justice que j'ai justement poursuivi le crime

jusqu'au meurtre d'une mère. Je ne i)arle pas de

celui d'I^'t^isthe : adultère, il a subi la peine que

porte la loi. .Mais celle qui conçut pareille infa-

"Me contre un homme dont elle avait porté les fils

us sa ceinture fardeau d'amour jadis, de haine

uaintenant, nous dit ce cadavre que te semble-

-rlle? Une murène sans doute, un serpent ca-

ahle d'empoisonner ])ar simjîle contact, sans

nrme une morsure, ce ([ui est près de lui : tant

n âme est pleine d'audace et de crime! (Ju'une

(lie compagne n'entre jamais dans ma maison :

s dieux me fassent plutôt mourir sans pos-

rité!

I

louestif:

Li: CIKIX'K

Modéré Jlr/ds! Iii'his! trislr for/ dit! Tu as sn(((nnln'' à viir mort cm cl le! Il cl as! hclas! Mais plus tarde vlall imcnt ^ plas il s'cpanoait terrible l

OIŒSTE

L'a-t-elle ou non commis? J'en prends ce voile à témoin, qui atteste que l'épée d'Kgisthe l'a trempé de sang. Vois, la tache du meurtre s'unit au temps pour détruire les teintes variées de la broderie. De quel nom l'appeler pour rencontrer celui qui lui convient? Piège de chasse? Draperie de cercueil pour envelopper le mort tout entier? Ah! c'est filet qu'il faut dire, panneau, entrave pour les pieds. C'est un filet pareil que, pour tromper ses hôtes, aimerait un bandit vivant de rapines : tel engin de traîtrise, sans cesse facili- tant ses crimes, sans cesse remplirait son cœur d'ardente joie. Assassin de mon père, c'est le nom que je lui donne, moi, et, pleurant les crimes commis, les douleurs souffertes et ma race en- tière, tantôt je m'applaudis et tantôt je gémis d'une victoire dont, pour triste trophée, je n'ai qu'une souillure.

LE CHŒUR

Modéré AuciDi iiiortel 1X6 traversera sans souffrance une\ vie toujours heureuse. Hclas! hélas! Telle peine^ aiijoîird'hin, telle autre demain !

I

i

I

LES GII()1':PII()RES (lÛ2i-105r,)

ou EST K

.^\ais, sachez-le car je ne sais comment tout finira : il me semble conduire un char emporté hors (le la carrière; mes es])rits indociles m'en- 1 rainent malj^'ré moi, cl ri'.j)()u\'ante, (U'\anl mon eur, se tient prête à chanter, et lui à bondir, bruyant, à sa voix mais, encore maître de ma liiison, je le déclare à (X'ux (jui nTaimcnt : ()ui, j'ai tué ma mère justement : meurtrière d'un père, l'Ui.' étaiî. une souillure en horreur aux dieux; et je proclame que le plus j^Tand aig"uillon de mon ciudace fut le pro])hète de l'ylho, Loxias, (pii me j)rédisait (|u'en faisant ce (jue j"ai fait je n'aurais jioint à en répondre*, tandis ({u'en n(\L;iie»*eant ses ordres je ne vous dirai pas le châtiment : l'arc^ de votre pensée n'atteindrait ])as si loin. (Avec son

pce, il détache un rameau d'olivier qui est suspendu à la porte du

pilais.) Kt maintenant voyez comment, avec ce ra- meau entouré de laine, je vais me diriger vers le sanctuaire, cœur du monde, sol sacré de Loxias, brille la lueur du feu imj)érissable, j)our fuir le ^an^' tlune mère : Loxias m'a défendu de chercher un autre refuge. Kt à tous les Argiens je demande de me prêter un jour leur témoignage... tandis que je vais loin d'ici errer comme un banni, vivant ou mort, laissant à jamais ces tristes souvenirs.

Il se dirige vers la sortie de gauche.

M

L'ORESTIE

LE CORYPHKE

Tu as triomphé : ne mets pas sur tes lèvres des paroles de mauvais augure; ne t'accable pas toi- même d'imprécations. Tu as délivré tout le pays d'Argos en abattant heureusement les têtes de ces deux vipères.

Oreste recule brusquement, épouvanté, et tourne sur lui- même,

ORESTE

Ah ! ah ! quelles sont ces femmes pareilles à des Gorgones, vêtues de noir, enlacées de serpents sans nombre? Je ne puis plus rester.

LE CORYPHÉE

Quels vains fantômes te font tournoyer d'hor- reur, ô de tous les mortels le plus cher à son père? Reprends tes sens : que peut craindre un vainqueur tel que toi ?

ORESTE

Ils ne sont pas vains les fantômes qui me tor- turent. Ah ! ce ne sont que trop clairement les chiennes furieuses de ma mère.

LE CORYPHÉE

Le sang est encore tiède sur tes mains : de le trouble qui s'abat sur ton âme.

ORESTE

Apollon souverain, les voilà (|iii fourmillent : (le leurs yeux goutte à goutte coule un sang odieux.

LE COHYPHÉE

Dans le palais tu te purifieras. Va toucher Loxias, il te délivrera de ton supplice.

G RESTE

\'ous ne les voyez pas, xous, mais, moi, je les vois. Elles me pourchassent : je ne puis rester.

Il sort, éperdu, parla ^.luclic. LE COUVPIIÉE

Adieu donc, et qu'un dieu, te suivant de ses regards propices, te garde pour des jours meilleurs!

Tandis que le Chœur lentement rentre dans le palais :

Voici donc le Iroisième oiage «iont le souille ar- Méiodrai dont vient de s'ahaltre soudain sur le palais de nos rois.

I)(\s «'nfanls dt'vorés commencèrent ci^s trisles douliHirs. Puis vinrent dos douleurs de f^uorrier et de roi : celui (|ui guida les armées de la (irèce périt égorgé dans son bain. El maintenant encore, pour la troisième fois, vient d'entrer ici, dirai-je la mort ou le salut? donc, enfin satisfait, doit s'ar- rôter, s'endormir le courroux d'Até?

i

V?'

LES EUMÉNIDES

A Delphes, devant le temple d'Apollon. Le jour nait. Une vieille femme monte lentement les marches du temple. Sa tête est ceinte de laurier; la lourde clef du sanctuaire est suspen- due à son cou : c'est la Pythie. Avant de gravir la dernière marche, elle s'arrête, et, tournée vers la porte encore fermée, fait le geste des adorants, le buste incliné, le bras droit tendu en avant.

LA PVTIIIK

Ma prière parmi les dieux distinguera d'abord la

I (Tre, la j^reniière des prophêtesses; ])uis Thémi.s

[ui s'assit après sa mère sur le trône j)n)phétique,

MOUS affirme un \ieux récit; a])rès Thémis, et de

son j)lein consentement, sans aucune violence, une

lutre so'ur des Titans, fille de la Terre, y prit place

^on tour, Phœbé, et c'est elle qui le transmet,

n don de joyeuse naissance, à Phœbosqui tire son

iioiii du nom de son aïeule. Délaissant lac et mon-

-^ne de Délos, Phœbos vient donc aborder aux

i I \ (^s de Pallas aimées des vaisseaux, afin de gagner

t'tte terre et le Parnasse, son nouveau séjour. Le

rtège pieux des enfants d'IIéj)haistos lui ouvre

n chemin, apprivoisant le sol sauvage. Arrivé n ces lieux, il y reçoit l'hommage du peuple et lu roi Delphes, pilote du pays. Et Zeus, lui rem- plissant le cœur de sa prescience, l'assied enfin

L'OHFSTIK

sur rr' trône, (juatrième prophète. Loxias est main tenant l'interprète de Zeus, son père. C'est done à ces divinités qu'iront d'abord mes prières.

Elle se retourne et porte ses reg.irds du côté opposé, cUe est censée apercevoir, plus basdans la vallée, l'entrée du sanc tunire, le temple d'Athéna Pronaia et le cours du Pleistos.

J'adresserai ensuite un hommage particulier à Pallas, gardienne de ce sanctuaire, et je saluerai les Nymphes de l'antre Corycien, cher aux oiseaux, retraite divine, règne Bromios, que je n'ai garde d'oublier: car c'est delà que sa divinité conduisit au combat ses troupes de Bacchantes, le jour où, comme un lièvre, Penthée périt dans ses trames. J'invoque encore les sources du Pleistos, la puis- sance de Poséidon, et Zeus enfin, le plus haut desj dieux, qui tout achève. Puis, je m'assieds, prophé-j tesse, sur mon trône. Puissent les dieux bénir, aujourd'hui plus encore que jamais, mon entrée au sanctuaire! Si quelques Grecs sont là, qu'ils tirent- au sort, suivant l'usage, qui viendra le premier à moi: je vais prophétiser, guidée parle dieu.

Elle gravit la dernière marche, ouvre la porte du temple et entre. Elle ressort presque aussitôt, épouvantée, défaillante, s'appuyant à la porte, au mur, aux colonnes.

Ah ! horrible à dire, horrible à voir de ses yeux, le spectacle qui me chasse du temple de Loxias, si horrible que je n'ai plus même assez de force pour marcher droite, et que mes mains, dans ma course, suppléent mes jambes alourdies. Une vieille femme

I

LES FJ'Mf'MDFS (38-84)

\u\ prend ])eur n'est plus rien et devient telle qu'un 3nfant. J'allais vers lesanctuairc riche d'offrandes, ijuandje vois, contre la pierre qui nianiuc le ccrur du monde, un homme couxcrt d'une souillure en ■horreur aux dieux, dans la ])()sture des suppliants, les mains dég^outtantes de sang, portant une épée nue et un rameau d'olivier des montagnes entouré du lénos rituel, d'une blaiK he toison, pour parler plus clairement encore. l'"n face de lui, sur les stalles du tem])le, des femmes dorment, troupe terrifiante. Mais non, ce ne sont j)()int des femmes, mais des (îorgones. lu encore non, ce n'est pas Taspect des (iorgones qu'elles me rappellent. J'ai bien \u un jour, en peinture, des llarpyivs ravis- sant le repas de Phiné(» : mais à celles-ci on ne voit pas d'ailes; leur aspect est sombre et repous- sant; bruyamment elles exhalent un souffle em- pesté, et leurs yeux ])leurent dhorribles laniK^s. Leurs \ètem(Mits ne sont point de ceux (ju'il con- vient de porter ni devant les statues des dieux ni dans les maisons des hommes. J'ignore à (|uelle race leur troupe appartient et quelle terre l'a pu nourrir sans regretter amèrement sa peine. Que doit-il en arriver? C'est affaire au maître de cette demeure, à Loxias tout-puissant. 11 sait guérir par ses oracles, interprétt^r les prodiges, purifier même les maisons d'autrui.

Elle s'cloignc en se vciil.mt la f.ice. I..« porte du temple s'ouvre toute gr.ind«. On aperçoit une haute pierre blanche, de ft)rnie conique, sur laquelle est peint un serpent. Elle est tout entière recouverte dun filet s'attachent din-

L'OHKSTIE

nonibrahlcs handeleltes de laine. Contre cette pierre, un homme est accroupi, dans la posture des suppliants. Sa main droite tient un rameau d'olivier, sa main gauche une épée sanglante. Debout derrière lui, appuyé sur son arc, Apollon a posé la main droite sur la tète de son suppliant. Tout autour d'eux lef Erinyes, en longs voiles noirs, dorment sur des stalles de pierre.

APOLLON

Non, je ne te trahirai pas: jus(4u'au bout, sur toi je veille ; loin de toi, comme debout à tes côtés, ne crains pas que je sois tendre à tes ennemis. Déjà tu vois ici domptées ces folles furieuses. Le som- meil les enchaîne, les vierges maudites, antiques filles de la Nuit, dont ni dieu ni bête sauvage ne partage le lit. Leur naissance même eut lieu pour le mal, puisque leur séjour est l'ombre, séjour du mal, et le Tartare souterrain elles vivent en horreur aux mortels comme aux dieux de TOlympe. Fuis pourtant, ne te relâche pas : elles vont te poursuivre à travers le vaste continent et, chaque fois que ton pas errant cessera de fouler la terre^ par-dessus les flots et les cités des îles. Mais ne te lasse pas de promener ta peine, avant d'avoir atteint la ville de Pallas. Alors, tombant à genoux, étreins, l'antique statue de bois; et là, pour elles, j'aurai, des juges, des mots apaisants, et je trouverai le moA^en de te délivrer à jamais de tes peines, puisque ' c'est moi qui t'ai persuadé de percer le sein d'une mère. j

Oreste se lève.

LES EUMÉNIDES (s:;-12'J)

OKESTE

Apollon souverain, tu sais être juste : apprends lonc aussi à être vigilant, et ta puissance garantit e succès.

APOLLON

Songes-y donc toujours ot riuola crainte n'abatte

lAS ton anie. (llcrmcs ;ippar;iil hru>«quciuciU aux cotés d'Apol-

m.) Kt toi, mon frère, en (|ui coule le sang de mon ^re, Hermès, \ cille sur lui ; jusiiHe ton nom et sois

on conducteur. Celui c^ue tu guides est mon su])- iant, et /eus même respecte le respect cju'on

lontre aux j)roscrits en volant à leur aide i)our

uider leurs pas.

Apollon disparait. Oreste, guide par Henucs, sort rapidement du temple et de l'orchestre. Pause. Soudain, au milieu du temple, en avant de la pierre sacrée, surgit l'ombre de Clylem- nestre.

CLYTEMNESTRE

Dormez donc à loisir, là! qu'avons-nous besoin e dormeuses ? C'est donc ainsi que vous me dédai. nez, seule d'entre les morts, et que l'opprobre U sang par moi versé vit encore dans les enfers, ù honteusement j'erre iKirmi les ombres : oui, ous dis-j(% on me fait durement payer mes actes

moi, tandis qu'ajirès l'outrage que j'ai subi d'un Is, nul courroux divin ne se lève en faveur de i mère égorgée par la main d'un enfant. (Elle dé-

lirt sa robe et montre son sein.) Regarde : CjUe ton âme

I/OMKSTin

voie mes plaies, puisque, dans le sommeil, Tâme s'éclaire de reg"ards qui s'éteignent au jour. Xavez- vous pas à plaisir souvent léché de mes offrandes, libations sans vin, sobres breuvages apaisants} N'ai-je point immolé des victimes à vos repa^ sacrés, la nuit, sur un foyer bas, à des heures ignorées des autres divinités? Et tout cela, main- tenant, vous le foulez aux pieds, je vois. Lui. s'évade, disparaît comme un faon et, du milieu d filet, léger, bondit au dehors, en vous adressai railleuse grimace. Entendez-vous ce que veut moi âme ? Reprenez vos sens, déesses des enfers ; 1 fantôme de vos songes, c'est moi, Clytemnestrej qui vous appelle.

Mugissement du Chœur.

Mugissez, l'homme a disparu et court au loin il a, lui, des amis bien différents des miens.

Mugissement du Chœur.

Tu dors trop, insensible à ma souffrance : mor meurtrier, le parricide Oreste, a disparu.

Grognement du Chœur.

Tu grognes et tu dors : qu'attends-tu pour t( lever vite ? As-tu donc autre office qued'enfantei des maux ?

Grognement du Chœur.

Le sommeil, la fatigue se sont donc conjurés pou' épuiser la fougue du terrible dragon?

Double mugissement aigu du Chœur.

LES EL'MKMDES (130-1*3) LK CIKIJ.U

Prends! Prends! Prends! Prends! (îare!

C[.ytemm:stre

Tu j)()ursiiis ton j^ihier en son^e, el al:)()ies !Onim(' un chien liante pendant son somme par le iouci de sa besogne. Allons! debout ! (Jue la fatij^ue l'ait pas raison de toi! Xe \a j)as, amollie ])ar le iommeil, méconnaître lOutraj^e c[ui t'est fait. Sois înfin sensible à de justes rej)ro(^hes : ce sont les

liguillons du sage. (Le Coryphée, qui est la lùiric l.i plus voi- incdc Clytcniiicstrc, s'éveille et écoute ces derniers mots.) Dirige

rontre lui ton lialeine sanglante, dessèche-le du iouffle enrtaninH' de ton sein: suis-le, épuise-le ans une nouxelle ])oursuite.

I. 'ombre de Clytcmnestrc disparaît. Le Coryphée réveille la Furie la plus proche.

LE COKVIMIKE

Allons, toi, réveille celle-{ i eomme je fais pour oi. Tu dors : debout ! repousse le sommeil; et 'Oyons si l'avis est bon.

Toutes les Erynics se réveillent et s'agitent bruyamment. LE CIKKUll

Ail! (ih! tnal/icur! nouvelle jieine, amies!

Jai iiourlant (lêjf) assez pemè en ruin !

A^tô

L'ORESTIE

Nouvelle peine lamentable^ ô dieicr! insitppor- lahle misère! La bêle hovy du filet Ixmdit et s'en- fuit.

J'ai cédé au sommed et fai perdu ma proie.

Ahl fils de Zeus^ tu n'es <fu un larron !

r?Y écrases., jeune cavalier, d'antiques diri/ntis.

Et tu fjardes ton respect pour le suppliai lI^ l'impie qui s est armé contre une mère! Ta divinité s'emploie avions voler un parricide!

Qui donc trouverait une ombre de justice ?

Du fond des rêves ^ un reproche est venu me frapper., ainsi qiiun aiguillon manié., du haut d'un char, par un bras vigoureux.

Au cœur, au foie, le fouet du bourreau brutal fait passer en moi un douloureux, trop douloureux frisson.

Voilà donc comme agissent les jeunes dieux, qui veulent régner sur le monde, sans songer à. la justice, du haut d'un trône ensanglanté ! \s.

Au pied, à la cime, voyez, le sang dégoutte du rocher, cœur du inonde. Le voilà chargé à jamais d'une repoussante souillure!

Il a sali le foyer même du prophétique sanc- tuaire, sans que nul l'y eût invité, stimidé. Il a violé la loi des dieux pour honorer un niortel et déchiré l'antique traité de. partage.

LES ELMKMDKS (171-208)

- Mfiis il peut ni\)u/ l'fn/rr ; son stf/tp/tn/t/ ne sr/fi jKis smivi' : mr.mr stu/s la trrrr, il n r^t jHUnf jinnr hn (Ir salnl . i'linr<n'' tir san rrniii\ il ra ilroil niir Unir (Ui un iiiifrr à so/i huir sr smiillrru ilr snii s/i/i/j.

Ap'illoii ;ippar«it soudain au fond du temple, l'arc tendu.

APOLLON

I )('li()rs ! je l'ordonne : sors à riiistanl d'ici. I )(''l)ar-

iMssc le i)ro])li(''li(|U(' sanctuaire, si tu ne veux ([ue

le serj)LMU à l'aile l)lanehe, s'élançantde l'arc d'or,

ne te fassecraeher de douleur ta noire é(Hiine teinte

le nuHirtre et \-oniir tout U? sanj;' ])ar toi tiré des

hommes. Il ur \'ous sied point de touler le solde

c temple. X'otre place est aux lii'ux oii la justice

il)at des tètes, arrache tlesyeux, ou\re des gorges,

)ii. ])onr tarir leur tV'(^ondit('\ la fleur de la jeunesse

'st ra\ ie aux entants, gémit la longue ])lainte

le \ietimes mutilées, lapidées, plantées sur le

'a\. \'oilà, entendez-vous? monstres en horreur

lux dieux, les fêtes xous xous complaisez. VA

ut \()tre asj:)e(H y réi)ond. (''est au re])aire d'un

ion l)u\(nir de sang (pfil vous convient tle vivre,

lu lieu d'infliger xotre souillure à ce palais fati-

liijue. A liez paitre sans IxM'ger : un trou]-)(Mu pareil ,

\u\ dieu n'en a cure.

LE CORVPIIEC

Apollon souverain, entends-moi à mon tour, lu s toi-même, non complice, mais .seul auteur du rime et vrai ( ()uj)al)le.

10

L'OHESTIE

APOLLON

Et comment? Ne réponds qu'à ma seule ques- tion.

LE CORYPHÉE

Ton oracle à ton hôte dicta le parricide.

APOLLON

Mon oracle lui dit: '< Venge ton père. /^ Kh bien

LE CORYPHÉE

Tu promis d'accueillir sa sanglante souillure.

APOLLON

Et lui dis de chercher ici son seul refuge.

LE CORYPHÉE 7

Et son cortège alors, pourquoi le chasses-tu ?

APOLLON

C'est qu'en cette demeure on ne peut Taccueillir.

LE CORYPHÉE

Je ne fais rien pourtant que de remplir ma charge.

LES El'MflNinrS '2Û'.)-2:U) ATOLLON

Quelle est donc ta mission ? Va, chante-m'en la gloire.

Li: CORYPHÉE

C'est nous (|ui ])oursuivons le parricide errant.

APOLLON

Et la femme qui tue son époux, celle-là...?

LE CORYPIILE

Son crime n'a pas tait couler son propre sang.

APOLLO.N

Ah ! tu mets donc bien bas et tu rcduis à rien un pacte dont les garants sontZcus et liera, déesse de l'hymen. Kt Cypris, ton raisonnement l'écarté avec dédain, elle à ([ui les mortels doivent leurs plus douces joies. La couche nujniale ])our l'homme et pour la femme est un lien ])his fort (pie le serment, et sur clh* la Justice veille. Si ta fai- blesse est telle pour les époux (pii s'entre-tuent qu(î tu ne leur accordes ni pensée ni regard de courroux, je déclare injuste ta poursuite d'Oreste, puisqu'il est des crimes pour lesquels on te voit sans colère et d'autres dont tu veux éclatante vengeance. L'œil divin de Pallas saura voir et juger.

LOHKSTIf':

LK CORYPHÉr:

1

Ne crois pas ([ue jamais je renonce à ma proie.

APOLLON

Poursuis-la donc ; ajoute encore à tes fatigues.

LE COUYPIIÉE

Pourquoi rabaisses-tu mon glorieux ministère ?

APOLLON

Je ne voudrais pas, moi, d'une gloire pareille.

LE CORVPFIÉE i|

Tu jouis bien de ta puissance, assis auprès de Zeus. Moi, le sang d'une mère me pousse, je pour- suivrai cet homme comme un chien à la piste.

APOLLON w

Moi, je défendrai, je sauverai mon suppliant. Terrible pour les dieux comme pour les mortels est le courroux du suppliant contre qui l'a trahi sans y être forcé. ^

Le Chœur sort en désordre du temple, et, traversant 1 orchestre, disparait du même côté qu Hermès et Oreste. La porte du temple se referme. Pause.

La porte se rouvre. On aperçoit nu fond du temple la vieille image de bois d'Athéna: le décor représente donc rErechtéion d'Athènes. Oreste entre avec Hermès par la droite. Hermès lui montre le temple, puis disparaît. Oreste traverse l'orchestre en courant et s'agenouille devant l'antique statue qu'il entoure de ses bras.

LKS el.mi:mi)i:s (2:i:j-m]

ORKSTi:

Souveraine Atlirna, c'est sur l'ordre de Loxias ([ue je suis \t'nu à toi : accueille le maudit axcc bienveillance. Ce n'est ))lus un suppliant aux mains impures: ma souillure s'est émoussée, effa- (■('(' au contact des liommes (pii m'ont re'çu à leur foNcr ou rencontré sur les chemins, l'idèle aux .i\is fatidi(|ues du dieu, j'ai franelii terres et mers: me \()ici dans ton sanctuaire ; j'y attendrai, déesse, les bras ainsi jetés autour de ton imag'e, l'arrêt de la justice.

Le Chœur entre p.tr la droite.

I.K ConVIMIKE

Bien! voici un clair indice. Sois docile à l'axis de ce J4"uide muet. Comme un chien un faon blessé, nous suivons l'homme à la i)iste du sang ([u'il ])erd j^outte à goutte. Mais je sens sous tant de fatigues mes membres brisés, mon sein hale- tant. Il n'est point de lieu sur la terre n'ait pass('' mon troupeau : attachée à sa ])oursuit(\ j'ai, sans ailes, volé par-dessus les flots, aussi rapide iiu'un naxire. Il est ici l)lotti sans doute : l'odeur du sang humain me sourit.

i.t: c.iid.ni

Hf'f/ a /•///', (i//ons, rrijardr de nouveau^ portif Ag-ité l>(n'f()f(f 1rs ij('ii.i\ SI hi )u' rru.i- rolr Ir parriciHe

L'ORESTIE

t'ccîinppnr encore et, fnrtif^ s'enfuir^ laissant sa dr/fc impayée.

Une Furie nperçoit Oreste.

Ali ! il a donc frourr un nourcaii rcj (Kjr : les bras enroulés aulonr de la statue^ déesse imniortellr^ il implore un jugenienl de son aclc

Mais il n'en est pas pour lui : le sanfj (Tune mère^ une fois tombé à terre^ est difficile à rappe- ler. Ah! ah! rajnde^ il a coulé sur le sol : il est pjerdn à jamais.

Mais il faut en revanche que ton corps tout vivant fournisse à ma soif une rouge offrande jniisée à tes veines. Qu'à longs traits je me désaltère de ce sanglant breuvage !

Desséché tout vivant, je t'entraîne enfin sous la terre ^ tu paieras ton crime du châtiment des pjarricides.

Là., tu verras les sacrilèges qui ont offensé divinité.^ hôte ou parent; tous, par des souffrances égales à leurs fautes, satisfont enfin à la Justice.

Car Rades sous la terre est juge suprême des Iiommes, et, de tout ce qu'a vu son dme, rempreinte en elle demeure.

Sans tourner la tête vers le chœur qui s'est rapproché et l'entoure :

ORESTE

Instruit dans le malheur, je sais partout ce qui convient, l'on a droit de parler comme aussi

LES FX'Mf:NFDES (218-331)

Ton doit se taire. Pour l'heure présente, j'ai rcrii (l'un saj^'e maître l'ordre d'élever la voix. Le sanj4' sur ma main s'endort et s'efface, la souillure du parricide est la\(''e : encore noux'elle, sanj^ d'un pourceau immolé à l'autcd de IMio'hos l'a chassée loin de moi. l'A le compte entier serait loujn* de tous ceux cpie j'ai approchés sans cpie mon contact leur ail nui. Je peux donc mainte- nant, dune bouche ])ure, in\'o(jucr sans sacrilèjLi["e cell(» (jui rè^ne en ce j)ays : (pi'Athéna vienne à lUon aide, et elle conc^uerra, sans effort de sa hmie, Oreste et sa terre et le ])eui)le d'Argos ([ui lui restera à jamais alli('' loyal et fidèle. Soit donc (ju'aux (diamps de Libye, près du tleu\e Triton, dont les bords l'ont \ ue naître, elle aille, \isil)le ou ceinte de nuées, au secours des siens ; soit ([u'elle inspecte, ainsi c[u'un hardi chef de guerre, la plaine de Phlégra la divinité entend * les plus lointains appels ah 1 (|u'elle vienne à moi et me déli\re d'elles enfin!

LF CORYPHÉE

Non, ni Apollon, ni la force d'Athéna ne te sauveront : tu périras, délaissé de tous, l'âme à jamais désertée par la joie, ombre des.séchée par des déesses avides. Tu ne réponds pas et re- I jettes, en crachant, mes oracles, toi, victime en- ;;raissée pour mes sacrifices, cjui. toute vivante, sans égorgement à l'autel, vas me fournir mon

L'OHESTIK

festin, iù, pour renchiiîncîr d'aljord, entends l'hymne des Furies.

Môiodramo Alloos, nouons la cluiîiie (]ansant(; : nous voulons au grand jour crier noire cliant d'horreur,

Et dire suivant ([uelles lois notre troupe va dis- tribuant leurs lots aux mortels.

Nous nous flattons d'être droites justieières, et quand, l'àme pure, l'homme étale des mains pures.

Jamais notre colère ne marche contre lui ; il tra- verse la vie sans souffrance.

Mais, quand un criminel, pareil à cet homme, cache ses mains ensanglanlées.

Incorruptibles témoins, nous venons au secours des morts et, sans merci, la sanglante créance en main, nous surgissons devant lui.

Les Furies entourent Oreste et, à chaque refrain, l'enve- loppent d'une danse sauvage.

LE CHŒUR

Vigoureux 0 ma 77ière, Nuit, ma im've, toi qui m'as enfan- tée pou?' qu'aux ténèbres de la mort, comme au so- leil des vivants, la vengeance imt suivre son cours, entends-moi donc. Car le fils de Latone s'attaque à mes honneurs en m' arrachant ce lièvre, offrande expiatoire du meurtre dune mère. Fiévreux Mais,pour iiotrc victime, voici le chant-délire , ver- tige, égarement, voici Vlujmne des Érinyes, Vhijmne

" Li:S KLMKMDKS x\2-:m\)

sr//is /f/rr, rurluilnrur (/a//irs, ijui src/ir lr< f/tarfr/s (/r/froi.

Lr lui (jNc juMir jdiiuns m'a fi i v la Pdrtjnr vigrourouj mfh'.nhit'. i'rst tir Inirr rst or/r dur mortels (jin I nul osr fnifirr dur jnr<h (ldif< du drlirr iKiniridr , Jds- ijdd (r (jdils (Irsri'idii'nl dd.r rnjrrs: ri, uiruir dans 1(1 idnri , ils ne InmrrronI hi drl nrdurr .

Md/s, pour iinirr rirlnur, ron t lr rhdnl -drl i rr , Fiévreux rrrli(/r, ('(/drrtnrnl , rnn i llufiudr des Eriui/rs. I lu/ldnr stins h/rr, riirhdinrdr dilmrs, (jin <rrli/' 1rs dddifds iFrlJ'roi.

l'rllr rsl la part (jil d nntrr udissfUK c iinds jil un Lar^'o dri rrl (la Ifrstm. Xaus drrans^ en rrlotir, r(''(/iirr hnn des intutnrlrls , ri i\dl d Cnlrr rui ne jidrhKir m>s /rs- tms. Le lot , lr sari pour hujurl je stus urr nircdrtr drs j(''lrs dur roi 1rs Ida/tes. J'ai pris pour moi

La runir drs joip'rs o/V, ru plriiir pai.i\ Arl-s Fiévreux frappr un frrrr ; sur lui alors^ ah! nous hondissons rt, SI puissant (jif d soit ^ Irtou jfmis dans un sanij

ntnirrau .

\olrr zrir s Cinploir (i rnlrrrr a d autres tris sou- Largo r/s, // (h'charqrr 1rs dirii.r drs ( (lusrs à nioi n'srrrrrs rt , pui\(pir /rus rrartr dr sim aadirnrr I infdmr vrraliirr «jUi sr souillr de san(p à arlirrrr sans dis- rassio/i .

La ruine des foi/rrs où, m pirnir pair, .I/vn Fiévreux Irappr un /rrrr ; sur lui alors ^ ait! ?ious lionf/issoîts

I/OnESTIE

^/, si pîfissff/t/ t/f/'il soif^ Irhinf/nns dans nu sniK/ noiivcdH .

Large Lcs (jloirrs hinnainrs (jtii sêlrvcnt h/ijtosfinlL's jusqu'à ti'lhcr fondent et disparaissent linmiliées sons la teirc,^ (jnand contre elles s élancent nos voiles noirs et les maléfices de nos pas dansants. Fiévreux Oi/z, 771011 jAcd hondit et ^ si loin ([ue soit le c(m- pable^ lourdement sur lui retombe ; et ses pas fur/i tifs vacillent sous le lourd fardeau de vengeance.

Large // cst déjà tombé et ne s'en doute pas dans le délire qui le perd : sa souillure vole autour de lui et met la nuit sur ses yeux. Mais la rumeur gémissante conte qu'une brume sombre enveloppe la maison. Fiévreux Oui, mon pied bondit et^ si loin que soit le cou- pable, lourdement sur lui retombe ; et ses pas fugitifs vacillent sous le lourd fardeau de vengeance.

Plus vif Le courroux adroit et tenace, la mémoire fidèle aux crimes., terrible, inexorable aux mortels, sans que nid m'en rende hommage, je fais honneur au rôle sans honneur ciue je remplis loin des dieux, dans un désert sans soleil, inaccessible aux pas des vivants et des morts.

Quel mortel peut donc entendre sans tremblement ni respect les lois à moi fixées par laParque et rati- fiées par les dieux? Je garde un apanage antique et ne suis pas de celles qu'on dédaigne, bien que ma place soit sous terre, dans une nuit close au soleil.

LES El'MriNIDKS (391-426)

ATllÉNA

App;ir;iiss.int suiid.iin, ilcbout ;iuprés de s.i statue.

j'ai (le loin entendu l'appel dune v(jix : sur les liords du Scaniandre, je ])renais possession du pa\s (pie les rois et ehefs de la (frèce nTont allri- bu('' (N)nnne une riehe part du butin de leur lance, et dont le sol désormais est à moi, j:)résent ré- ser\é aux lils de Thésée. C'est de ([ue j'ai porté ici mes pas infatigables, laissant l'és^ide, à défaut d'ailes, frémir au vent sur ma ])oitrine, ra])ide comme un ehar attelé de fortes cavales, lu main- tenant, en voyant cette troupe nouvelle en ce pavs, mon e(eur ne tremble pas, mais mon rei^'ard s'étonne. Oui donc êtes-xous? je m'adresse à tous également ; à toi, l'étranger ])rosterné aux ])ieds de mon image; à \()us aussi, ear xous ne ressem- blez à nulle créature : les dieux jamais ne vous ont \ lies au milieu des déesses et vous n'avez rien de l'aspect des mortelles. Mais, parce qu'on est soi-même sans défaut, insulter son prochain est acte d'injustice, éloigné d'écpiité.

LE COnvi'UKE

Tu sauras tout en peu de mots, fille de Zeus. Nous sommes les tristes enfants de la Xuit. Dans les demeures souterraines, on nous nomme les Imprécations.

i;()i{i:sTii-:

atiii^:na

P>icn ! je sais Aotre race et le ddhi (ju'on \'ous donne.

LE COUYPIIÉE

Apprends donc maintenant ma no];le missir)n.

ATIIÉNA

Soit, si tu veux du moins parler un clair lan- gage.

LE CORYPHÉE

C'est nous qui de son toit chassons le meurtrier.

ATHÉNA

Et, pour lui, s'arrête votre longue poursuite?

LE CORYPHÉE

Au royaume la joie n'a jamais habité. '

ATHÉiNA

Ainsi cet homme fuit devant tes cris sauvages ?

LE CORYPUÉE

Oui, car il a osé immoler une mère.

ATHÉNA

Sans y être contraint par quelque loi terrible?

LES EUMKNIDKS (427-401)

LE CUUVIMIÉL

Oucl aijuj'uillon puissant excuse un parricide?

ATIIKNA

Je vois deux ])artics, mais n'entends ([u'une voix.

m: coini'iiKE

Ni ])()ur nous ni ])our lui, il ne veut de serment.

ATIIÉ.NA

'i'u \-eux ]iasser ])our juste cl non l'être en cff(4.

LL coiiYriiÉi:

Comment donc? Tnstruis-moi : tu es riche en sagesse.

ATIIÉN A

L(*s serments n(^ font pas triom])her Tinjustiee.

m: Cor.MMIKK

l*'ais ton empiète alors ci juge sans délais.

ATHLiNA

\'ous me remette/ dom^ hi décision suprême?

LE CORVl'HÉE

(^ui, i^our te rendre ainsi l'hommaiife (pii t'est

L'OHESTIE

ATHÉNA

(Jue peux-tu à cela répondre, étranger ? Ois-ni' ton pays, ta race, tes malheurs; puis réfute t' accusatrices, si vraiment tu as eu foi dans la jus- tice quand tu es tombé à genoux près de mou foyer, embrassant mon image, suppliant respecté comme fut Ixion. A tous ces points d'abord, donne réponse claire.

ORESTE

Souveraine Athéna, je t'allégerai d'abord du lourd souci qu'ont trahi tes derniers mots. Je ne suis point un être impur; ce ne sont point de- mains souillées qui embrassent ton image. Je t'en fournirai l'irréfutable preuve. La loi ne défend au meurtrier d'élever la voix que jusqu'au jour où. par les soins d'un purificateur du sang répandu, le sang d'une jeune bête égorgée a coulé sur lui; et il y a longtemps déjà que j'ai usé ma souilluri au contact d'autres foyers et sur tous les chemin- de la terre et des mers. Écarte ce souci, te dis-je. Pour ma naissance, connais-la sans tarder. Je suis Argien, et mon père t'est bien connu, Aga- memnon, qui arma la flotte des Grecs et t'aid toi-même à faire une cité de ruines de la cite troyenne. Il a péri, ce roi, et d'une mort indigne, quand il revint à son fo3'er. ^la mère aux noir^ desseins Ta tué, l'enserrant dans un riche filet qui reste garant du crime accompli dans le bain. Et

LES FX'MKMDKS (402-519)

moi, lonjT^tenips cxilù, rentrant enfin dans ma j)a- irie, j'ai tué ma mère je ne le nierai j)as j)our qu'un meurtre payât le meurtre de mon père adoré. Mais, de ma conduite, Loxias est respon- sable aussi, dont les oracdes, aiguillons de mon âme, ne me prédisaient (jue douleurs, si je n'exé- cutais tous SCS ordres eontre les roupal^les. Ai-je eu tort ou raison? A toi d'en décider : je suis en ta puissance; quoi ([u'il tasse de moi, j'accepte ton arrêt .

ATHKNA

Si l'on troiix'c la (\'uise trop i^Tav'e pour ([uc des mortels en décident, il n'est ])as da\aiitag'c i)ermis à la déesse de juger les colères trop jiromptes qui se font justice dans le sang. Je dois surtout me souvenir cpie tu es venu à moi en su]i])liant, puri- fié selon les rites, sans souillure ])(''ri lieuse pour ce sanctuaire, et, ma cité n'aviint i)as davantage de reproches à te faire, je n'ai ])our toi (pie respect. ^\ais ces déesses aussi gardent un ])rivilège cjui ne M' peut dédaigneusement écarter, et, si elles n'obtiennent pas une triomphante» victoire, sur le sol de ce pays s'abattra le trait tle leur colère, une intolérable et douloureuse épidémie. J'en suis onc : (|ue je les accueille ou les repousse, les eux me réservent d'indicibles dangers. Mais, uisque ce destin est tombé sur Athènes, j'établi- rai ici des juges criminels, respectueux des ser- ments, et leur tribunal restera fondé pour l'éter-

i;OMKSTlK

nih'. Pour \()us, faites appel aux lémoij^'naj^cs c aux ])reuve.s, ainsi qu'aux serments, auxiliaires (K la justice. Je reviendrai lorsfjue j'aurai rhoisi le- meilleurs de ma ville, p(jur qu'ils jugent selon la justice, sans transgresser leurs serments dun cœur oublieux d'équité.

Elle sort par la droite. Orestese relève, et debout. ininiol-'ilL rcgarde fièrement les Furies.

LE CHŒUR

Décide De nouvelles lois von/ honlcverscr le monde. >/ un jugement fait tviomplwr la cause de ee parricide. Ce bel arrêt va désormais faciliter le crime au.r hommes et, par la main des fils, dislrihner aux jti-res de véritables et multiples blessures, dans les jours <p>i viendront.

Mon courroux furieux qui surveillait les hommes ne poursuivra donc plus les auteurs de ces crimes, .h laisserai tout meurtre impuni. Chacun alors, sr lamentant sur le mal que lui fait un fils, ira deman- dant un remède, un soulagement incertain à sa peine, (i (r au très malheureux impuissants à le conseiller.

Que personne n'aille maintenant, fapjpé par le malheur, nous invoquer en s'écriant : « 0 Justice ! 0 trafics des Erinqcs .' )) Ces mots gémissants, biento vont les gémir un père ou une mère dans ch douleurs nouvelles^ car la Justice voit crouler sa demeure.

Il est des cas la crainte est utile et doit, vigi-

I. Ks K i: M i: M I ) p: s ( :;-20-:;7î>)

lnnl(\ tvnnn' <m /nn<l des nriiis. Il rsf hnn (Tdjï- jnriulrc l(L s(i(/rssr m (/rNiissa/if. (Jin dniic, ninriri iiu cili', s il nr rrdouldit ijuchinr hu ih/iiih\ rrsiict - h'i'dil nu (H'c 1(1 .hi'i/n r?

Nf consens, à rirrc ni sn/is liti< iti sv/y/v lihrrfr. Ld Pl^s soutenu I ï)iriinh'\ (iillrnrs clunu/ranlc m srs (h'sscins^ n miilii

(lu mnins ij lie iKirtimt f nnniiihdf In iiic^nrc . Le t'icn.r

dulnii est d' (i(( i)rd arec moi : « S/ dr r///>/u(''f('\ I finsole/icc es/ la /illc, de lu samc r(us(ui luil/ le Ixut-

hcnr (UiiK' (in'dppvllcnl /ufs jirn'rrs. »

Je h' le dis, et sans /'('scrrr ; ri'sjx'C/c Fdiifcl de la I Jusliir ri ne cd jids, jtoiir nd(dn((r (/din. F (U(lrd(/('i\

Ir ri'nfcrsrr sons tes jiu'(U inijncs. Le rlidl nncnl lod- [ jours nrndi'd : fiK'hn hddc rcsic le (h'nni'inii'nl . Suis

fidl'lr dd rcsjH'ct dt/ d /rs iiurcnls. (dtsrrrc à htit

fof/rr les lois hospilaln-rcs.

Vrst dinst t^dc Ihindnic ijdty sdiis cnntrdinlr , d sa Plus animé être jdsf(\ ne peut Kjnuvrr le Innihcdr : jdiudis il nr doit /KTi/' tndi rnlirr. Mdis Ir ( odjKtldc (i Iduthu r r(d)rU(\ (jin srst rhanjr dKn hiif m jtrir-nn'lc dnidss('- par ld vnjlrncr et cmi/rr la jdstnr, snnihrcrd un jour, j en rrjionds, (jinutd lu rmldrr en r/iud srniird fanfcnnc bris(''r.

\l diqirllr rt nul itr r('(nii(r dans rirr(''sis/ildr Inn- pêlr : ld Ihrinilf rt/ dr T insolent , (jni a dr^ndiillr sa fierti'\ itnr fins rn nr(dc () dindn ihirs donlriirs et dvj(i recouvert des flots. Sa haujur j/msj/rriié

il

i;(»i;i,-rii. ^

vsl venue enjin lieurh'r I éeneil de la Jnsliee cl, sans (jiie nul 1(1 il file lire, le roi niori . nnénnfi .

Athéna rentre par la droite. Derrière elle un héraut introduit douze juges. La foule se presse autour d'eux. Les juges vont s'asseoir. Athéna reste debout au milieu deux.jLe Chœur se retire sur un des côtés de l'orchestre ; Oreste se place en face de lui.

ATHÉNA

Héraut, fais ton office : écarte la foule, et (jue la trompette perçante d'Étrurie, sous le souffle humain qui Vemplit, fasse aux oreilles du peuple éclater sa voix aiguë. Il convient, tandis que ce Conseil s'assemble, que le silence règne et que toute la ville sache quel tribunal j'établis ici pour l'éternité... afin de clore ce débat par un juste arrêt.

Apollon se montre soudain à côté d'Oreste. LE CORYPHÉE

Apollon souverain, règne en ton royaume. Qu'as- tu à voir dans cette cause ?

APOLLON

Je viens pour témoigner en faveur de cet homme car, suppliant de ma demeure, il vint; au fond de mon sanctuaire, s'agenouiller à mon foyer, moi-même je purifiai ses mains sanglantes et pour plaider notre cause. Je suis responsable

LES EUMÉMHES (580-600)

(lu sanj^' (le sa mère. (A Athéna.) Toi, introduis la cause, et, sui\ani ta sagesse, décide en ce débat.

Athciui se tourne vers les Furies. ATIIKNA

l.a j)ar()le est à vous : c'est ainsi (juc jintro- (luis la cause. C'est l'accusateur (jui, ])arlant le premier et a\anl tout débat, peut sans doute le mieux nous instruire des faits.

PRKMIEH CHOUELTE

vSi nous sommes nombreuses, nous saurons ])ar- ler bref : à chacune à son tour réponds donc ])oint pour ])oint.

DEUXIÈME CHOREl TE

Kt d'abord, dis-le-moi, n'as-tu pas tué ta mère?

OR ESTE

Je l'ai tuée, cela, je ne le nierai point.

TROISIÈME CHOREL'TE

vSur trois manches, en voici une déjà gagnée.

ORESTE

Je ne suis pas à terre : ne te vante donc pas !

QUATRIÈME CHOREUTE

11 te faut dire aussi comment tu Tas tuée.

L'ORESTIE OIIKSTE

Mon Ijras, armé du fer, lui a tranché la ^orge.

CINQUIÈMr-: CHOREUTE

Mais qui donc te guidait? Quels conseils sui- vais-tu ?

ORKSTE

Les oracles du dieu qui témoigne pour moi.

SIXIÈME CHOREUTE

C'est le devin qui t'a dicté le parricide ?

ORESTE

Je n'ai point encore eu à regretter mes actes.

SEPTIÈME CHOREUTE

Frappé d'un juste arrêt, tu changeras d'avis.

ORESTE

Mon père, en qui j"ai foi, m'enverra son secours.

HUITIÈME CHOREUTE

Mets ta foi dans les morts : par toi mourut ta mère !

ORESTE

Elle s'était souillée de deux crimes ensemble.

LFS FUMÉNIDFS (001-633) NEUVIKMK CIIOUEL IK

Et comment ? Instruis ceux qui te doivent ju^er.

OHKSTK

Kn tuant un époux elle tuait mon père.

DIXIÈ.MK (UIORKrTK

Oui, mais tu vis : la mort, elle, Ta libérée.

OKESTK

Mais, tant ([u'cUe vécut, Tas-iu donc ])()ursuivie?

O^ZIÏ^.Ml: CIIOIIELTK

Non, (\ir cll(^ n'était pas du san^' de sa victime.

ORESTK

I"li ((uoi? serais-je donc, moi, du sang de ma mère ?

DOLZlIvME CHOHEITE

Et comment donc t'a-t-elle nourri sous sa ceinture, meurtrier? Renies-tu le doux sang* d'une mère?

OKESTF

A toi de témoigner. Dis-le-moi, Apollon : l'ai-je

tuée justement? L'acte accompli, je ne le nie

jpas. Mais fut-il juste ou criminel ? qu'en semble à

I/DHFSTIF

ton esprit? Prononce ta sentence, pour (inc jo leur ! réponde.

APOLLON

!

Devant vous, puissant tribunal fondé par Athéna, i me voici prêt à parler. Je suis prophète et ne sau- i rais mentir. Du haut du trône fatidique, je n'ai j jamais rendu d'oracle sur homme ou femme ou cité ; que ne m'eût dicté Zeus lui-même, père des dieux Olympiens. Je vous le dis: songez au poids de l'argument suivez les ordres de mon père; plus que la foi jurée même oblige la volonté de Zeus.

LE CORYPHÉE

Zeus, à t'entendre, t'a fait transmettre à Oreste l'ordre prophétique, pour venger un père, de ne rien accorder au respect d'une mère?

APOLLON

Oui, car plus grave encore est le meurtre d'un homme qu'entourent les respects dus au sceptre, don de Zeus; et cela, quand la meurtrière est une femme, qui n'a pas lancé de loin sur lui la flèche guerrière de l'Amazone, mais l'a frappé de la façon que vous allez apprendre, Pallas, et vous tous qui siégez ici pour décider en ce débat. Il ren- trait de la guerre, ayant presque partout rencontré le succès ; elle l'accueillit avec des mots d'amour, le conduisit au bain, puis, comme il sortait de la

I

tLKS Kl'MKMDKS r,:i4-(n:i) ai^noire, déployant sur lui un \()ile. elle frapp(* l'époux pris au filet sans issue du r'whc vêtement. Telle fut la mort du Ik'tos jxirtout respecté, du roi des flottes j^recques. Je l'ai rappelée pour (|u'un forfait pareil indignât les hommes d(»vant nous assis pour juj^'er cette cause.

Lt: COKVIMIÉK

Zeus, si l'on t'écoute, a grand souci des ])èr(vs. Mais lui-même enchaîna son vieux père Kronos. «Omment accordes-tu ceci avec cela? Vous, je \()us en prie, ])rêtez-nous bien l'oreille.

M'OI.I.ON

O monstres haïs de la nature entière, abominables

i aux dieux, des entraves se peuvent délier ; il y a

remède à leur violence, et mille expédients savent

ien dégager. Mais, (piand la poussière une foisa bu le sang d'un homme, il n'est plus })ourlui de résur- rection. .Mon j)ère n'a ])oint à ce mal cré('' de '■emèdes magiques, bien (ju'il puisse, sans efforts haletants, tout régler selon son caprice.

LE CORYPHÉE

\'ois donc comme tu soutiens son innocence! l)u

I sang, n'en a-t-il pas répandu sur le sol, et le sang

d'une mère, celui (|ui loule dans ses veines? Va il

habiterait ensuite à Argos, au ])alais paternel! A

c[uels autels publics sacrihera-t-il donc ? Ouelle

I/OIJFSTIE

})liralriL' lui i)ermettra de purifier ses mains à son eau lustrale?

AI'OLLON

A cela encore je saurai répondre, et vois la jus- tesse de mon raisonnement. Ce n'est point la mère qui enfante celui qu'on nomme son enfant. Elle n'est que la nourrice du germe en elle semé. Celui qui enfante, c'est l'homme qui la féconde. Elle, comme une étrangère, garde la jeune pousse étran- gère — quand les dieux, du moins, le lui per- mettent. Et de cela, je te donnerai pour preuve qu'on peut être père sans l'aide d'une mère. En voici près de nous un garant, l'enfant de Zeus Olym- pien, qui n'a point été nourrie dans la nuit du sein maternel, vigoureux arbuste pourtant, tel que nul dieu n'en saurait enfanter de plus beau. Pour moi, Pallas, ma sagesse saura d'ailleurs faire grands ton peuple et ta ville. Mais j'ai dès cette heure guidé ce suppliant au foyer de ton temple pour qu'éter- nellement il te fût fidèle et que tu eusses des alliés, déesse, en lui et en ses fils, et qu'à tout jamais même fidélité te fût gardée encore par les fils de ses fils.

Athéna se tourne vers les Furies. ATHÉNA

Puis-je inviter maintenant chacun de ces juges à porter dans l'urne, docile à sa conscience, un suffrage équitable ? Avez-vous tout dit ?

LKS Kl.MKMlJKS (6Ui-114;

LE COHVFHÊK

Notre carquois à nous maintenant est xidr. J'attends l'arrêt (jui va terminer \r drbat.

Alhcna se tourne du côté d'Apollon cl JOrcstc. ATHÉNA

Kt vous? Que dois-je faire })()ur r\iter v(js blâmes ?

Apollon repond avec vivacité en s'adrcssant au tribunal : APOLLON

Vous avez entendu ce que vous avez en- tendre : en portant vos suffrages, gardez bien dans vos cœurs le respect du serment, étrangers.

ATIIKNA

Kcoutez maintenant mes décrets, citoyens d'Athènes, premiers juges du sang \ersé. Ce tri- bunal restera fontlé à jamais. Conseil éternel du peuple d'Kgée. Il siégera sur ce rocher jadis les Amazones s'établirent et })lantèrent leurs tentes, (juand elles vinrent, en haine de Thésée, coml)attre contre Athènes et dresser, en face de sa citadelle, les remparts élevés d'une autre cita- delle. KUes y sacrifièrent à Ares, et le rocher, le mont tout entier ont conser\('' le nom du dieu. C'est que désormais le Respect et la Crainte,

I/ORKSTIE

sa sdMir, jour cl nuit rclicndronl les citoyens loin de riniquité, pourvu qu'eux-mêmes ne corromy)ent point la loi : qui trouble une source claire d'af- fluents impurs et de fang'e, n'y doit plus trouver de breuvage. Ni anarchie ni despotisme, c'est la règle que je conseille à ma ville d'observer, de respecter toujours. Que surtout elle ne bannisse point la Crainte loin de ses murailles : s'il n'a rien à redouter, quel mortel sait être juste? Si vous révérez ainsi qu'il convient ce tribunal sacré, vous aurez en lui un rempart tutélaire de \'Otre pays et de votre ville, tel que nul autre peuple n'en possède, ni en Scythie ni sur le sol de Pélops. Incorruptible, vénérable, inflexible, telle sera l'assemblée que j'établis ici pour garder, toujours en éveil, la cité endormie. Voilà les conseils que j'ai voulu, pour l'avenir, expressément donner à mes citoyens. Maintenant, vous devez vous lever, porter vos suffrages et rendre votre arrêt en res- pectant votre serment. J'ai dit.

Les juges se lèvent et, lentement, se dirigent vers les urnes. LE CORYPHÉE

Suivez mon conseil : songez avec crainte à la lourde présence des Furies sur ce sol.

APOLLON

A mon tour, je vous dis : respectez les oracles d'Apollon et de Zeus ; craignez de les rendre stériles.

LES EUMÉNIDES (715-144)

LE CORYPHÉK

T.es causes de sanj^ sont-elles de ton lot, ])oiir ([uc tu en aies t(d souci? Tu ne rendras plus (Toracdes d'une boucdic |)ur('.

APOLLON

Mon père même se serait donc lroni])('' en ses desseins, en accueillant la j)ri('r(' (flxion, le pre- mier meurtrier ?

LE CORYPHÉE

Des motsl wSi je n'obtiens pas s^ain de cause, ce pays, en retour, sentira le ])oids de ma pré- sence ici.

APOLLON

Dieux noux'eaux ou dieux anciens, nul n».' t'ho- nore; c'est moi ((ui triompherai.

* LE CORYPHÉE

C'est ainsi que tu en agis au foyer de Phérès. Tu persuatlas le;; Parcpies de rendn^ d(^s humains immortels.

APOLLON

Ne doit-cm pas des bienfaits à qui xous h(>nore, surtout à l'heure de sa détresse?

i;(M{KSTIE

Li: CDRYPHÉK

C'est toi qui déchiras ainsi les antiques partages, en trompant par Tivresse d'anciennes divinités!

APOLLON

C'est toi qui bientôt, frustrée de ta victoire, ne cracheras plus qu'un venin impuissant contre tes ennemis

c »

LE CORYPHEE

Tu foules aux pieds, jeune dieu, notre vieillesse. Soit ! J'attends encore la sentence et retiens j usque- mon courroux contre Athènes.

ATllÉNA

C'est à moi qu'il appartient de me prononcer la dernière. Je joindrai mon suffrage à ceux qui absolvent Oreste. Je n'ai point eu de mère pour me mettre au monde. Mon cœur toujours jus- qu'à l'hymen du moins est tout acquis à l'homme : certes, je suis ici du côté du père. Peu doit me toucher dès lors la mort d'une femme qui avait tué l'époux, gardien de son foyer. Oreste est donc vainqueur si les voix se partagent. Jetez promptement les suffrages hors des urnes, juges à qui est confié ce soin.

ORESTE

O Phœbos Apollon, que sera la sentence?

LES EUMÉNIDES (74ri-781. LK COHVI'IIKK

O sombre Niiil. ma mère, vois-tu ce qui se Il passe ?

ORFSTE

y\v faudra-t-il me pendre ou \()ir encore le jour ?

L1-: COHVPMKK

Devrons-nous disj)araitre ou i^arder nos lion- i neurs ?

APOLLON

Comptez bien les suffraj^es (jui tombent de l'urne, étrangers. Respectez la justice en dépouil- lant les votes. Une voix de moins fait naître une profonde infortune, une voix de plus relève une maison qui croule.

ATHKNA

Cet homme est absous du crime de meurtre : le nombre des \-oix des deux j)arts est éj^'al.

OKESTE

O Pallas, qui viens de sauver ma maison : j'avais perdu la terre paternelle et tu me l'as rendue. Kt l'on dira dans la (îrèce : Le voici de nouveau ( itoyen d'Ari^os, maître des biens de ses ancêtres, grâce à Pallas, à Loxias, à l'arbitre suprême enfin,

i;nnr>TiK

au (lien Saux'ciir, (|ni a eu ri^ard au irifurtrc dun père et, voyant celles-ci plaider pt^ur ma mère, me sauve de la mort, lu moi, rentrant à mon foyer, j'en fais serment à cette terre et à ton peupht, ])()ur Tavcnir, ])our la durée sans fin des jours : jamais un roi placé au gouvernail d'Argos ne portera contre ce pays des armes réservées au triomphe. Car moi-même alors, du fond de mon tombeau, à ce transgresseur de la foi que je t'ai jurée, je susciterai d'inextricables revers, découra- geant sa marche, plaçant sur son chemin des pré- sages de deuil, afin qu'il se repente de son entre- prise. Mais à ceux qui, gardant le respect de mes serments, ne cesseront de rendre à la ville de Pallas l'hommage d'une lance alliée, à ceux-là je réserverai ma bienveillance. Adieu donc, déesse, adieu, peuple d'Athènes, puissent tes combats, fermant toute retraite à tes ennemis, sauver ta cité et glorifier tes armes !

Il sort. Apollon a disparu dès que la sentence a été proclamée. La nuit tombe, Le Chœur, qui est resté immobile et comme accablé, se réveille tout à coup.

LE CHŒUR

Animé Ah! jcunes dieiix^ su?' vos coio'siers triomphaiits vous piétinez les lois antiques par vous arrachées à mes mains. Soit! ^infortunée qu'on humilie fera sentir à cette terre son pesant courroux. Ah! je vous paierai en douleurs, en répandant sur ce sol le

LES F.rMl^NinF.S ris-2-8:i6)

rr/i/N. le rcnin dr iimn «n'iir ihmf ( lm<iin' </niitlr nn/(r lu nnn't . Ai/isf /r iiinl rtmtjt'ur tjm snlir la flrni' cl rrn/anf ah! \r/n/r/in(r! \ r/t- i/ra/Hc! s^r lancera s///- cr imi/s rt laissera an soi atliiini' jilus «l'a ne jilair incnrlrirrr. [Kgité) Pnar(/ai>i se lamenter? i^amnienl 'l'/fi' jilnh'tl? Sof/iuts l(n/rflrs à celle et Ile. Ah l elles mil, helas ! snhi un cruel a/friuil, les Irisles filli's ilc la A////, iliUihnireusenH'nl hunithres.

ATIIKN \

lM"()Ut('/.-ni()i : moins lourde xoiis soil xolrr jH'iiu*. Vous n'a\('/ pas r{.('' xaincucs : un arrrl inilceis seul est sorti de l'urne, ])our satisfaire la \(''rité, non ])our xous outrager. D'écdatants ténioii»na|n'es étaient \enus tle /eus. et (^olui-là même nous les apportait cjui avait lui-même }:)rédit à Oreste que de tels actes ne seraient point punis. Et vous voulez déjà cracher sur ce pays votre lourde colère. Réfléchissez, ne xous emj)ortez ])as, ne rendez pas ce sol stérile en ri'pandant sur lui. de xos lèvres dixines, une baxe rongeuse, sauvage dévoratrice des germes. Je xous promets sans réserve un séjour, un asile dans un sol consacré où, sur des trônes datants, vous siégerez devant des foyers bas, I environnées du respect de ce peuple.

m: ciKian

Ah ! jeunes (heur, stn- eus rntfrsiers trn>nijtlianls Animé vvus piélinez les lots anlnjues jtar cous arrachées à

i;(Hu:sTiK

me^ iiKinis. Saill F m/ orlnurr (jn^oii liimiHic fera sentira celle terre son pesant courroiu:. A/i ! je vous jHiierai en donneurs en répandant sur ee sol le venin, le venin de mon cœur, dont chaque (jovtle porte la mort. Ainsi le mal ronr/enr qui sèche la fleur et T enfant ah! Venr/eance! Venqeanee! s'élancera snr ce pays et laissera au sol at- tique plus d'une plaie meurtrière. ( Agité j Pour- quoi se lamenter? Comment agir plutôt? Soyons lourdes à cette ville. Ah! elles ont, hélas! suhi un cruel affront, les tristes filles de la Nuit douloureu- sement humiliées.

ATHÉiNA

Vous n'êtes point humiliées: dans l'excès de votre colère, ne vous en prenez pas, déesses, à des hommes, ne rendez point la terre sourde aux appels de leur travail. Moi aussi je suis forte, forte par Zeus en qui j'ai foi, et faut-il le dire? seule dans le ciel, je puis ouvrir la chambre la foudre dort scellée. jMais ici, point n'en est besoin. Sois docile à ma prière et que tes lèvres en vain cour- roux ne lancent pas sur ce sol une semence de sté- rilité. Endors la fougue amère de ce noir flot de haine, reçois ta part d'honneurs et viens vivre avec moi. Sur ce sol populeux, désormais les prémices de toutes les offrandes de naissance et d'h3^men te seront réservées, et tu ne cesseras de louer mon conseil.

LES ki:.mi:nii)Ks («:n-«y-i)

I

I

u: r.fHKCH

Moi, s(Ut//'rir cela, ah ! nkh , Funluinv (tresse, rirrr sfttts 1(1 trrrc (iinsi <jt(im rire impur rt (Irthm/nr , ah! Je nr rrsptrrtjtir ra/èrc, uhfutniiiihle rriufrunrr . llrhts! Trrrr ri ciel! Ah! (jurllr dmilrnr, (iiirllr (hm/riir jH'rrr mon flanc l Entends rapprl de innn ( (turroii.r^ iXa//, ') uni mère! Mes nnhtjurs haniinirs, des dtrnx (nrr ruses //trrhanfrs me les oui rnris^ el tne r(H( i rêduitr à rien !

ATIIKNA

Je te pardonnerai tes eolères, car tu as l'a^e

])()ur toi et, sur bien des ])()ints, plus tjue moi tu

es sage. Mais à moi aussi Zeus a donné de penser

sensément. Si vous allez vers d'autres terres, vous

regretterez cette cité, je vous le prédis; car le

temps, dans son cours rapide, accroîtra le renom

de ma \ille, et toi, éta])lie sur son sol glorieux,

iprès de la demeure dl^rechtée, tu recevras de

es chœurs d'hommes et de femmes un ( ulte que

e t'accorderait nul autre pays. Voilà doncce (juil

'est permis de tenir de ma main : bienfaits à

'épandre, bienfaits à recevoir, entourée du resj)ect

une terre j^ieuse entrt^ toutes.

Agité

LE CIKKl R

Moi, souffrir relu, uh! mm. lUnliijUe déesse ,virre was la terre ainsi iju' un ètr*' impur et dêdaiyntK

12

Agité

I/OMF.STIE

(ih ! Jr fie rcsiiirr (juv r(tli'r(\ ini julnt/dhh' ri'iuicdiK c . Ilr/as! Trrrc ri, (ici! A/t ! (jurllc (hmiciir. tjurllc ilotilcur jK'rat mon jlaiicl Enlcmls rdjipi'l de mon courroux^ Niiif, 6 ma mère ! Mt!s anlKjncs honm-ms^ (les (Il fier aux rasrs mrf /lanfrs //te les (t/if rm is. cl me Vi/ici /-é du lie à /'le/il

AT H EN A

Je ne me lasserai point de te dire ton intérêt, pour que tu ne puisses prétendre que ma jeune divinité et les hommes de ma ville ont chassé sans honneur et banni de ce sol une antique déesse. Si tu sais respecter la Persuasion sainte qui donne à ma parole sa magique douceur, tu resteras ici. Mais, si tu t'y refuses, tu serais injuste en laissant tomber sur cette terre ton courroux vengeur qui blesserait mon peuple, alors qu'il t'est loisible de jouir sans conteste de cette cité, éternellement honorée d'elle.

LE CORYPHÉE

Souveraine Athéna, que sera mon asile ?

ATHÉNA

Exempt de toute peine : accepte-le. crois-moi.

LE CORYPHÉE

wSoit, je l'accepte donc : lors, quels honneurs m'attendent?

il

\

LES EUMÉNIDES (89S.92fi) ATllKiNA

Sans toi nulle maison ne pourra pnjspérer.

LR CDIIYIMIÉR

lu sauras m'assurcr un<* telle puissance ?

ATMKNA

Oui, en ne protégeant que ([ui l'honorera

l,E COHVIMIÉK

lu cet engagement vaut ])our réternité?

ATHÉNA

Ce qu'Athéna ])n)inet, elle sait le tenir.

LE CORYPHKK

Tu charmes mon courroux, je renonce à ma haine.

ATHÉNA

Viens donc en ce pays te faire des fidèles.

r.E corvpuki:

Quels vœux m"ordonnes-iu de chanter sur ta ville ?

ATHÉNA

Ceux qui appelleront un triomphe sans tache. Qu'ils le demandent au ciel, à la terre, à l'onde marine, et que les brises, sœurs des soleils pro-

II

i;oitKSTIK

pices, vi('nn(MU soufilcr sur ce jjays! (Jue la fécron- dité du sol et des brebis ne se lasse pas d'enrichir ma ville! Veille à la semence humaine, mais ar- rache de terre la race des impies; car j'aime à voir, comme un ])on jardinier, les justes croître à Tabri de ri\ raie. Xe lance pas dans la cité que j'aime ces aiguillons sanglants qui ravagent les jeunes poitrines, et, sans vin, les affolent à Tégal de l'ivresse. Ne t'empare pas des cœurs de ces citoyens pour y installer la rage meurtrière qui les anime, ainsi que des coqs, contre leur propre sang et leur souffle une mutuelle audace. Que seule éclate la guerre étrangère, déjà proche de nous, se révéleront de nobles ardeurs de gloire, tandis que se tairont nos luttes d'oiseaux de volière! Voilà les vœux qui te regardent. Car, pour les combats sanglants se conquiert un vrai renom, moi-même veillerai à ce qu'ils élèvent Athènes triomphante au-dessus des cités des hommes.

LE CHŒUR

Décidé Oui, je veiix vivre avec Pallas et ne point dédai- gner la ville dont Ares et Zeus totit-puissant font, par leur 'présence , la citadelle des dieux, éclatant rernpart des autels sacrés dans la Grèce. Sur elle fépands mes vœux, mes oracles propices. Puissent les moissons, noiaricières de vie, jaillir à flots du sol à la lumière a\in soleil resplendissant !

I

LES KUMÉMDES 927-987) ATHKNA

.r()l)t''is à rainoiir (pic j«» porte co peuple en lixiint ici <l«* ^Pinidcs cl Icrribles déesses dnnl le loi esl de (ont l'éj^ler elle/ les hommes, (^cliii (|iii les l'eiicoiilre lioslilcs ;i s;i ruée esl soiidiiiii IVappé sans savoir d on le coup esl venu.

C(^ sont les crimes des pères (|ui Iraîiictil le lils devant les Mrinyos, cl uii trépas muet limuiole, malui»' ses ci'is ailiers, à leur «oui-ioux rmieux.

\.K Clhl.l II

Q/tc /(tninis sixijjlr cinjh'slr ne ricimr jlrinr ros (ir/trrs ! milà Ir rwn de nnm ( wtir. I\( (juc Idnlcnr dim stth'il (irriK/hinl sr ri'SH/nr n ne fias jrtuu hir ras f l'iiuhrn'sl Uur janims ne pcni'trr thms, I Aflniuc Ir NHil ( riirl dnnl mrurrnt 1rs nims^nns ! Ij <jHr lu trrrr /nz/jo/trs noiirrissr dr Ircondrs hrrhis, nirrrs dr drti.r (K/ncdU.r an Irnijis jl.rr l (Jiir Iti rir/irssr m- fanlrr jKir Ir s(d ri rrrr/rr jKir llrriiirs fdssr Inumrnr Il lu ifriirrosilr dirnir!

Dôcidô

ATHIO.NA

Va\\

eud(V-vous, j;ardieu> dAtliènes, c«' qu'elji

décide pour vous? (irande esl la puissance de l'au- guste Krinys près des dieux qui rèirnenl sous la terre; et, chez les hommes, c'est elle encore «pii, ouvertement et sans contrôle, donne aux nn^ les

L'ORESTIE

chants joyeux, aux autres une vie ternie par les larm(»s.

LE CIKKLR

Plus soutenu X HaiifiU' (h- nui^ les inoris faKc/ieuscs ilr j ru h es hommes. Accordez aux cicrgoi ciimahlcs de rinr aux côtés (Vnn époux, soiwcratas arbitres, et cous, déesses, filles de ma mère, Parcjues, saintes disfri- butrices d'équité, (jni, dans toute maison et à toute heure, savez faire sentir aux coupables le poids de cotre commerce vengeur, 6 de toutes les divinités les plus entourées de respect!

ATHÉNA

Mélodrame A entendre leurs vœux souverains si propices

à ma cité, j'ai la joie au cœur et je bénis la Per- suasion dont les regards guidaient mes lèvres et ma langue en face de leurs sauvages refus. Zeus, dieu de la parole, a triomphé. Cette victoire rouvre la lutte, une lutte éternelle de bienfaits entre nous.

Toujours ass^ez large

LE CHŒUR

Et que jamais, dans cette ville, la Discorde insa- tiable de crimes ne frémisse! Que la poussière abreu- vée du sang noir des citoyens ne se paye pas, en sa colère, du sang des meurtres vengeurs qui épuisent les cités! Que tous entre eux n échangent que de bons offices, remplis cVun mutuel amour et haïssant d'un même cœur ! A bien des maux humains, V union est le remède.

LES KUMKMDES (:i88-103:i]

ATHÉNA

Dira-t-on qu'elles se refusent à trouver la voie «les souhaits propices? De ces visages etlrayauts, je vois sortir [)our ce peuple (rininienses prospérités. Si à leur aniour votre ainour répond par «Ir pieux et éternels hommages, vous monlrere/ au monde lin [xMiple, une cité vivant sans trouble dans la droite justice.

Les prêtresses J'Athciia sortent du temple, hlles sont suivies de porteurs de flambeaux et de victimes de sacrifices.

Li: ciukur

Afhru. nrrz hrurrux ail ))n/i('n des doux hrnis (Ir la ric/i('ss(\ rt/rz hrnn'N.r, ( ihti/cns dWfhrnrs , rt^ assis aii.r ciUrs dr la Vii'itjr dr Znis^ mulrz-lin son aniitiir^ iniifcz sa saijrssc. C/'/i./- f/iir Pallas ahritr sous soH aile sont resjK'ctrs de /ras hu-iarnir .

ATIIÉNA

Adieu, vivez heureuses aussi, .le dois marcher devant vous et vous moiilrer votre asile aux lueurs sacrées de ce cortège. Aile/, avec ces victimes saintes, descendez sous la terre : retenez ce (|ui perdrait notre cité; envoyez-nous ce qui doit aider à sa gloire.

lit vous, enfants d'Athènes, (ils de (Iranaos, gui- dez les étrangères qui se fixent chez nous. Et que

i;(>Mi:sTir:

commenco, pour c(^ll(î ville, le rè^ne hioni'aisant d'une volonl(; bienraisanle !

LI-: CIKKUR

Toujours vif AcHetf, vivcz keureux^ jft rrpète mon vœu^ vous loîis qui jouissez d Athhias^ divinilés ou raorlcAs : votre cité est celle de Pallas. Soyez fidèles à Nios- pitalité que vous m avez offerte^ et vous ii aurez jkis à vous plaindre de ce que vous apportera la vie.

ATHÉNA

J'applaudis au langage de vos vœux, et c'est moi qui vous guiderai, à la clarté des torches lumineuses, jusqu'aux grottes profondes vous allez descendre, avec ces prêtresses attachées à mon image. Tel cortège est bien à la troupe glorieuse qui va devenir l'œil vigilant du pays de Thésée... Enfants avec leurs mères, vieilles femmes formées en chœur, pour honorer les déesses, enveloppez-vous de voiles empourprés tandis que jaillit la clarté du feu afin que leur séjour propice en cette terre se manifeste désormais par des floraisons de héros.

Le cortège s'organise et, lentement, se met en marche. LE CORTÈGE

Large Allez à votre demeure^ puissantes^ vénérées déesses, enfants infécondes de la féconde Nuit. Un cortège ami vous guide. Que tous dans la cité se recueillent.

LES EUMKNIOFS (1030-1041)

Pi'iH'frrz xnns la ti'irr, (hins les (jV()l tes nul Ujucs au cous tnmcvrcz im mlfr (riunnttKK/cs cl d' (i/fraiulrs. Onr Ions dans la ci h' >>' riu Hcillmf .

Iln'iircilhmlcs cl pntpucs à rrllr Icrvc, rcncz,

aïKjUstcs (Iccsses, ri (/in\ sur roi ce couh\ F h lai tics

torches f/crorccs jmr le jeu réjouisse cos i/ri(.c. i Au

peuple) Moinlrunut , (/nr rtts (C/s rcj>oii(lriil // nos

chnnis !

Clameur.

Les lilniliofts, dans cos (Ic/ncffrcs, janntis ne cpsse- ronl (lèlce ccrsrcs par Ir pciijtlr de l*<dlas. Zens tjni Coil loiil el In Varijur en tnil autst décidé i Au peuple] MauilciHinl , (juc C(ts rr/s réjiondrnl à nos rhnnis!

Clameur.

i

COMMENTAlliK IIYTIIMIUUE

I

AdAMKM.XO.N

Parodos, W)-257 :

Les ini(i})fstt's (\0-\0']) sont divisrs on ilcux |);u-tios rii^'ou- rt'u>t'in<Mit r^'ules, Irailaiif tliacuno un tlirnic dlUV-roiit, rarriitM' ou les vieillards.

lOt-l.'JO. Dacli/lcs. J'ai t'tabii mes divisions d'après Taiipa- lilioii i\i^s (liiiimlx's, ijui seiiililriil iiitrndiiirc chaciue fois une période nouvelle. J'ai, en outre, détach»' lu rlausnlr i(iiiilii(jn(' (If la sirophe et de l'anlistroplie avant l'içjav.ov).

h)0-l".)l. Trorhrcs.

l'.)2-2r»7. hnnht's. [)ans les i^rands »'nsenil>les lyiit|ues de la tragédie, les idinlu's suce«'d«'nt souvent aux tiorhrrs, tanilis que les trochccs ne succèdent jamais aux inmhrs. l/ap|)arition des iambi'fi me s«'ml)le, dans ces cas-là, lorres- pondr»' à une ar(r|»'rali(Ui du mouvem»Mil.

1 ' stasimon, ;i(')7-4«7 :

l'iinlirs. Je n'ai pas juétr d'attention à l'apjiarition d'élé- iU(Mits cliiniiiinhiijnt's et (jlj/coHii^nes : leur ryllime était eer- tainein<Mit i<mil)i<im'. J'ai sim|ilement détaché la lirriodc nh/- ronniin' (jui teiinine toutt-s les strophes et fait l'unité rythmi(iue du morceau, il rst à remanjuer (jue, pour 1»' sens même, elle se détache toujours d»'s membres pré- cédents.

Il

COMMENTAI RE RYTHMIQUE

2' stasimon, OSI-^Hl :

'rroc/irfs, f/h/coiiiijui's^ ion/i/ucs, lot/ncdrs, idmhrs : lY;If*ment rylhiiiiquc csl. toujours à trois t^^mps. J'ai sfMilement souli- gna, clans la strophe et clans Tantistroplie 3, rapf)arition des ioniques (jui sernMent df'îlacliés forloinonf, iriêrne jiar le sens, des vers précédents.

3' stasimon, OTIJ-lOMi :

L(; ryLliine est nettement tror/ifiique, mêl«'; seulement de quelcjues anapcstcfi et dactyles. Dans la strophe et dans Tan- tistrophe 2, la réapparition des trochéea purs après des membres anapestiques, daclyliqiics et lofjaédique.s, semble marquer un commencement de période, que le texte poétique souligne aussi par une forte ponctuation. J'ai donc détaché cette seconde partie de la strophe de la première.

Commos, 1072-1177 :

Les dochmiaques sont mélangés de tri mètres iambiquefi, probablement chantés, mais qui, au moins à la fin d'une strophe dochmiaqiie, semblent vouloir souligner par un rythme plus net l'effrayante précision des prophéties de Cassandre. Je les ai donc détachés et rythmés.

Commos, 1448-1570 :

Lofjaèdes, ïambes, trochées : le rythme dans son ensemble paraît être à trois temps. Mais il se précise à mesure que la pensée s'éclaircit, et il est purement iambique dans la der- nière strophe, le chœur résume avec une implacable logique la situation faite par un premier crime à la race entière des Atrides. Le rythme va donc, dans tout le commos, s' accélérant et se précisant peu à peu.

Les strophes a et 6 (1459 sqq.; 1494 sqq.) sont profondé- ment altérées. Le rythme semble logaédique. En tout cas, les dactyles qui commencent la strophe a, les longues qui com- mencent la strophe b, suffisent à nous faire supposer un ralentissement du mouvement, une sorte de réponse lasse et assourdie des choreutes aux anapestes de leur Coryphée.

AdAMKMNON

.Ir liai pas fait |»ii'M-t''»l<i- la di-i iiirif sct'-nc HiVH-lfiT.'l, tétramùtres trochaiques) de l'iiulication de Mélodrame, cominf je l'ai fait pour les |)arties aiiapestiiiues. II n'est pas prouv»'' (juc la 7■.^oxv.^.''x\(rr/^ fût employ»';»' pour de longues scènes en tctranu'trcs connue il y en a chez Eschyle rt dans les d«M'- nières |)ièces d'F]uri[)ide. Ces scènes sont souvent les plus vives, les plus dramatiques de la tragédie. Dès lors, (juand in^^rne elles auraient été jouées avec un accompagnement ins- liunn'ntal, il serait hien inviaiseinhlahle de leur attrihu» r ieuir'ine débit qu'aux systèmes aitd/testiques dont le caractère est ti)ut dinérent.

LES CIIOEPFIOHES

Parodos, 22-83 :

Hylhme iambique presque pur.

Thrène, 152-162 :

DochmtaqueH mêlés de quelques iamhea.

Commos, 306-475 :

Dans la première partie {mésodiquc), l'élément le plus fré- quent est le (jlyconiquc; les autres éléments sont iamhujnca, logacdiques et ioniques (la strophe 2 est en grande partie ionique). L'ensemble n'a pas en soi un rfioc très caractérisé, mais il en prend un, en s'opposant aux iambea purs des deux autres parties du commos ( 423-455 et 456-475 i ; il est évident que le lythme va s'accélérant et s'enfiévrant peu à peu (comme dans le commos de VAgamemnon, 1448-1576). Pourtant il semble qu'il y ait un léger ralentissement pour Tunisson tlnal (466-475, logaèdcs).

1*^' stasimon, 585-652 :

Les deux premières strophes sont de rythme trochaïque peu près pur). Les deux dernières sont des iambes ])urs. Le rythme suit la même progression que dans la parodos de VAgamemnon (160-257).

LES rJIOÉPIIORES

Anapestes, 722-72U :

Les vrrs 71'.)-721 iii(li«|iniil chiirtMiient »jue I<"S suivants sont |»rononcés par le Clwi'ur entier. Le système 722-729 est donc, une prière psalrnodii'c à l'unisson par tous h*s clioreutes et, en raist)n nuMur de la laicté de ce mode de récitation, l'eiïet devait en ôtre particulièrement saisissant.

2' stasimon, 1H:\-KM :

Le texte est très altér»'. l'ouï tant les sli()|)lit's sont nrllc- ini'Ut trorhniqucs (la dernière est en Iroclurfi purs). Les èç'j{ivia commencent Inus pai- des inniijin's (aux vers 800 et S()7, \niv a probablement la nit'iiie valeni- rytlnniiiue (|iie uu ).

3 stasimon, 9:LS-972 :

Durfimiaqttas mt^lés de (juebjues inmhr^;.

Anapestes, I(H)7-1U09 et 1018-1020 :

Il est im|»ossible d'y voir des si/stèmca anapesitiques oïdi- niires récités pai" le seul (ioiypliée. Ce sont des anapestes li/rùiucs.

i3

LES EUMÉNIDES

Parodos, 14;M77 : îambo-dochmlaques.

Epiparodos, 255-275 : lambo-dochmiaqiies,

1" stasimon, 321-396 :

La première strophe est trochaïque ; mais le mouvement est retardé par de nombreuses tenues qui donnent ici au rythme un caractère violent et heurté. La seconde et la troisième sont dactyliques; la quatrième iambique. Tous les içjtxvia sont péoniques. Le rythme v'ujoureiix et arjresfiif au début, alors que les Furies, invoquant la Nuit, reven- diquent leurs droits sur Oreste, s élargit, quand elles rap- pellent les décrets divins qui leur ont, de toute éternité, fixé leur rôle de justicières, se précipite enfin quand, s'ani- mant elles-mêmes au souvenir de leur puissance redoutée, elles chantent Teffroi qui les isole des hommes et des dieux. A chaque refrain, elles enveloppent leur victime d'une danse sauvage.

stasimon, 490-565 :

La progression est à peu près la même que dans le stasi- mon précédent. Les deux premières strophes sont trochaïques (plaintes et menaces). Quelques dactyles se mêlent aux

LES EUMfiNIDKS

traclift's dans la lroisi«'iu(; (graves Icrons iiioraI«;.s). La <jua- lii«'me sliopho est iambitiue (<'XtMnj)le «le litniuc frappr par les dieux).

1" commos, 778-891 :

l.;i pieinièie .sli()|)li«' est d'abord iaïuhitiur : à la lin iiilci- vitMincnt des él»'*rnents hacc/iiatiues t-l dochiiiitujues. Dans la secoudi' strojdie, les dovlnnuuiucs domiiiciit. Allit'iia, Irrs caliiir, rôpond en trimètrcs.

2 commos, '.M0-l(i2() :

(l'est un»' .sn''ne i1«î l'iM-oncilialion : rt)pj»osilion du fliant «*t de la jtarole s'atténue. AtluMia réelle au son de la llùte; les Krinyes chantent (strophes trorhah^ites ; quelques éléments (l(i(l!/ti<iucs dans les deuxième et liciisième strophes).

Exodos, lo;{2-i047 :

hitrdjics (sauf le deiiiitr î^juv.ov, (|ui est formé d'un /mniiiiuijue).

I

NOTKS

AGAMi:\L\ON

l. Mêv s'opposo à Ka* vJv du vors 8 ' j(ii hrnu implorer len (licu.r... vir roici tniiJDins...

;». Kai, et noldiiniiriit , <.>^ns l'r«''(juonl du iii"l ; cf. Tnurnicr, nrrtir dr nhiloloi/ir, [HH'A, p. I.'IO.

6. 'ICazpsnovTa:, ii-'inuiit : cl". Choi'p/i., '.\Y^('t.

12. NuxTÎTîXaYxto;, gia* /a/f errer la nuit: cf. 330 et Chorpli., î)2r), 751. I.o mot ost pxpliqin'' par les doux «''pitliMos (|ui suivent: le Veilleur ne peut rester sur sa couche parce qu'ello est svopoTo; et oveîpon; oùx in'.jzorouaivrj.

I i. 'lOarjv. Ainsi plac^ en rejet, le mot pourrait peul-tHre sliinilier : couche qui n est iju'à moi^ dont fni le triste privilri/e. Mais il est très probable (jue lar/; n'est, en réalit»', ijuune l'aulr (lu copiste, entraînée par ejvrîv du vers précédent.

22. Nj/.to; est à dessein raj^proclir dr f.aésr.a'.ov. Cf. !i22.

6îi. Les batailles t|iii pii'ludent à la prise de Troie sont tomparées aux sacrifices qu'on offre aux dieux avant une grande entreprise pour en obtenir le succès (npoT£/.£'.ai : la victoire s'achète des dieux |>ar des hécatombes humaines.

NOTES

lOi. Ln U'.xUt ne .s<;iiil»l«' p.is all«''ré : cf. Arislopliano, firm.y 1270. KpocTo; aVaiov sigiiilie \)(mi-HiG la puissance prophctùjw, c'est-à-dire les présat/cs puissants, inf'aiUihlcs. (Veal une figure (le style familière à Eschyle.

105. Le mot èxteÀj'ov doit s'entendre non au sen.^ moial, mais au sens |)liysi(|U(: : i/nh-, viyoureux. Le Chœur pense à lui-même ; il n'est plus è/.TcÀr;; et ne peut payer sa dette à la patrie (cf. 72, àTÎtai), mais il peut du moins et c'est le rôle qui lui convient le mieux (xjpio; e-ai) chanter les pré- sages qui accompagnèrent le départ des guerriers. Sa force à lui (àXxâ), c'est l'autorité que son âge (tjijl^'jto; atoW) donne à sa parole. Les mots [j.0A7:ày àX/.âv supposent une antithèse dont le second membre n'est pas exprimé : force de mes chants, qui a remplacé la force de mes membres.

120. Litt. : arrêtés dans leur dernière course. J'ai suivi l'inter- prétation du scholiaste.

132. Litt. : le grand frein de Troie. Les mots aToaT'oOîv olV.ro n'ont pas de sens, la conjecture ;ïapoi9ey olV.o^v n'est guère satis- faisante, et la correction généralement admise oIV.to) ne suf- fit pas à guérir le passage.

151. "ABaiTov, un sacrifice après lequel les restes de la victime ne serviront pas à un banquet.

152. Ssiarjvopa. Le Sacrifice d'Iphigénie est personnifié par le poète et devient le Vengeur : c'est lui qui frappe Aga- memnon par la main de Glylemnestre.

163. J'ai pris quelque liberté avec un texte obscur. Le mot rpoaE'xâaai semble amené par la formule Zsj; ojti; -ot' èaTÎv. Si Zeus pouvait se comparer, s identifier avec d'autres divinités, on pourrait l'invoquer sous des noms divers, il serait -oÀj(Ôvj|j.oç comme d'autres divinités. Mais il n'en est pas ainsi de Zeus, et, si tout vain souci doit être rejeté de f es- prit, le poète affirme que celui-ci est vain entre tous qui

A(iAMKMNC)\

j'attacho à chorchor d'autres noms à Zens, car Zens n'a l'autre é^al que lui-même. Il estasse/ picjuaiit de rap|iroclier le ce passage un curieux fragment (lité par CJément [d'Alexandrie, Stromates,\,l[S) dans leifuel Kschyle identifie, LU contraire, Zeus avec l'Klher, la Terre, le (]iel et le Tout :

Zsû; £7Tiv a'Or,&, Zcj; yf;, ZeJ; ô' ojpivo;, Ztj; TOI Ta navra yt!i':\. twvo' OrspTepov.

lt)G. 'l'jTrjTjixf.); me semMe signili<'r iri : /tour se conforincr ta vêritéy exactement comme àXr/Jo);, Eumcn., 796.

18.")-i86. L'accent du Clneur est sarcaslitiue. La phrase est interrompue parla proj)osition eut' àrXoîa z.t.a. (|ui, apr«''s untî longue parenthèse Tzvoa- o' (^ 102-1 '.)6;, est encore repiise au vers \\)1 par èret x.t.X., si hien (jue l'ajxnlose que l'on atlcnd : alors pourtnnt il sr révolta, est remplacée [)ar la j»io- position llnale (202) : «oaTe /Oova /.. t. X.

220. Litt. : Un rcvirrmctit par suitr (hninct il n nnon nuiinlc- nmit ((JL£-:£Y^''0 '^*' sentiments (Tune (Uidace prrte a Initt .

'l'.V). Il ne |)rut s'agif ici du siinn *!'' l'i j'Uiif lillr. Nous n'en son) mes pas encore au moment on Iphigénie est frappi'-e, mais à celui elle va l'être, et cette strophe n'est pas un rt'cit, mais un tahleau ; la vierge tout k l'henie était portée ;\ l'autel e/<rt7o/);j<'e de ses voiles; maintenant ve.s voiles smit tondfcs et l'armée voit alors ses yeux (jui implorent la pitié et sa bouche impuissante à parler.

2VI. Le texte giec dit seulement : .se j)rrsenlant comme dans les peintures^ (c'est-à-dire^ voulant parler, sous-entendez : (7 ne le pouraiit pas. La haduiljoii : « helle comme dans les peintures », admise par tous les trailurlenrs, semide faire de -^Ar.o-jix un é(]uivalent de su rrpinojii, ce qui n'e^t guère vrai- semblable. L'idée de heauté est d'ailleurs étrangère an pas- sage : la situation n'est pas la même qur dans lireuhe, Polyxène déchire sa robe et montre " sa beauté de statue >».

NorKS

Escliylf; no voit (mi l|)tii^'('*nie que des Icvrcs et des yeux <'*pou- vaiit('!S et suppliants.

242. 'Enîî <i parfois en grec le môme sens emphaliquo rjue le français alors que, après que. Cï. Pindare, Pijffi.., XI, .'{.3 :

l'/.fov /po'vf» xÀuTaï; Iv 'A(Ajy.Xai;,

(jLocvriv t' oXeaîE xôpav, ersî àrxjp' 'F^Xsva r-jp'jiOÉvt'ov

TpHKov eX-JTS oo'xo'j; a^poTatoc.

E^ cVs^ /mi, /e héros, /ils cVAtrée, qui, après avoir ruine pour Hélène les maisons de Troie incendiée, vint ensuite périr dans l'illustre Amyclées et entraîner dans sa perte la vierye prophé- tcsit.c ! Le mot, dans ce cas-là, implique une antithèse : dans les vers de Pindare, entre la gloire guerrière d'Aga- memnon et sa mort, indigne d'un soldat, à son propre foyer; dans les vers d'Eschyle, entre les jours les lèvres d"Iphi- génie s'ouvraient pour chanter joyeusement son père et la minute cruelle oii ces mêmes lèvres, fermées par un haillon, ne peuvent même plus supplier.

251. Je n'ai pas pu rendre la familiarité du texte grec: jusque-là, bonsoir!

254. Ajyaiç, la lumière de la réalité à venir : cf. 1182.

264. 'H -apo'.[j.'!a. Ce proverbe équivaut à notre dicton : « Tel père, tel fils. » Nous n'en connaissons point la formule grecque, mais l'idée s'en retrouve ailleurs chez Eschyle : voyez, par exemple, 760 et 771. Le jour doit être sjavvcÀoç j parce qu'il naît d'une mère eù^po'vr,. '

276. "A;:xepoç, mot obscur que le scholiaste interprète par

[(jôr.'zpoç, y.o-j^r\.

304. 0£a[xàv... -upôç, litt. : la loi du feu, c'est-à-dire le signal de feu convenu.

i

Ai.AMKMNON

314. \a' vjiirujucui', aux l^aiiipadodroiiiics, riait natiiicl- lemont 1»* fn-finin- aiiivô ; mais il «Hait Iiii-rn«Mii»,' le (Irmirr |o sa tribu à porter la toiclu' : il arrivait donc au but à la ft»is Vrinirv ri (Icrnirr. (i'csl la plus satisfaisautt' (1rs ««xplica- licMis proposées pour ce vrrs obscur. CA'. l'oucirt, lin ur dr V/iilolixfir, [H\)\}.

3i:'».Tix|iap. Clyteuiuestre repieml le nn»! du Cory|)bée, 272.

A'.W . \a' texte des uiauuscrits parle du rr/ttis du utufin des lerriers (àptatoi'j'.v, avec a lon^l. Mjiis le luid Te-, ajout»' |tar eil, fait de àpiaioiaiv (avec a bref) un adjectif. La coriection pend d'ailleurs [)lus coinprébensible le grnitif ^)v.

347. Le texte d«'s manuscrits est \i^M6 : la conjecture zr, iTeû/oi pour (xf, Tvi/oi nr l'améliore guère.

3;iO. Le vers est à double rulriitc. J'ai cber» hr- àjustilier [par ma traduclicui le tt|v des manuscrits. La coriection Trjvoe fausse et alTaiblil le sens.

356. Wilamowil/ rnt»'nd /.Teârsipa, (jiti /h>ssi'd<\ et ixcyâXfDV Ixôajxfov, les s/)/ntdciirs dr lu nuit rtoUrc. Mais ce sont des lidées étrangères au thrmc h/ri(jur du passage. Il fmtt donnei-

x'ii'i'.yr le sens de cnuifucninfr.

307. Lin. : Us (lesTroyens)/v//'7';j/ rf/;r ç«r c'rs/ hi un roup Ir Zens : il Irur est rritcs facile d'rii suirrc la pisir Jusi/u'aii ioint dr départ: ils ont ètv traites ronnnc [Zctts] en avait dc- *idc.

374-37!). Les mots n'ont au< un >>t'ns. mais l'idée uénérale se laisse entrevoir.

383. Le texte des manuscrits est très obscur et certaine- lent altéré. J'ai cru voir dans le texte une alliance d»» lots, comme Escbyle les aime, entre |3'.àTa'. et ri'.Oc». Le )ropre de cette pcr.s»/^.s/o/j étrange, c'est d'agir parla îio/rwc/*, î'est-à-dire par le contraire même df la persuasion. Lu-

NOTES

tondez (|uo IV;^,irornont envoy»* par les dieux, Al*'*, se pré- sente sous des defiors peisuasifs '^ici eeux de lamoui) et, en réalité, s'empaie de vive foice du co'ur de l'homme, (pielle dirige ensuite à son gré comme un tyran. J'.ii fnten'ln |»ar suite le mot7:po^>rjÀo:, malgré Tusage, mais d'après l'étymolo- gie : .se Hiibsliluant à la volonti'. Mais je reconnais (jue ce sens est fort incertain, et le mot lui-même est d'ailleurs conjec- tural : les manuscrits ont roooojÀona-ç, qui n"a point de sens connu et qui fausse le mètre.

390-395. Il s'agit de Paris qui, pour satisfaire un caprice amour^eux, a perdu sa cité.

412-413. Le sens de ces deux vers altérés ne se laisse même pas deviner avec quelque vraisemblance.

416. E'j[j.op©ojv xoÀoaaôJv. Il s'agit des statues d'Hélène. Klles ont bien la beauté du modèle, mais leurs yeux de pierre n'ont pas le charme amoureux des rer/ards vivants.

437. Le texte dit, littéralement : Ares, chan'jcnr d'or de cadavres, c'est-à-dire : changeur d'or d'un nouveau genre, qui est, en réalité, un changeur de cadavres. C'est une figure de style dont Eschyle use et abuse. Citer ici, comme le fait Blaydes, Priam rachetant le corps d'Hector suppose un con- tre-sens : Ares qui rend les cadavres contre une ramon d'or.

444. EjÔétou;, sch. : vjoxi-xy.-oj;. Cf. Corneille, /a Mort (!<■ Pompée, II, 2 : « Dans quelque urne chétive en ramasser la cendre. »

454. Eschyle oppose les guerriers enterrés qui dans la terre conservent forme humaine (£j;a.opço'.) à ceux qui ont été brûlés sur le bûcher funèbre.

409. ''Ocjcro'.ç est un mot altéré, mais le sens général n'est pas douteux.

i

AGAMEMNON

iS.{, Tuvotixô; l'./iii, un i/nuirrneinrut ilr frimnr : cf. Ch(,r/ili., iVM).

\H','t. Ilt'i iiiaiiii tr;i(iuisail ô OtjXj; ô'oo; \)iii- <h'<rrhait inidii-lnc : mais cft sons va mal avec ;:iOavo; et surtout avec èîrtvéfjieTai ta/ûropoç. Si les mots o Of^Xu; opo; ne sont pas altérés, ils ne [H'uvcnl signifier (|Ut' In ilèfinidon fémininCj c'ost-à-diro la femiiic, /)(ir (trfinition ; l'inslinct nulurcf de la frniinr. Quant au verl)e £;:iv£ji670xi, il se dit étymologiquemeut d'un troujicau «jui TV/ paitro au-dclmle son cliam|> : d'où le sens liiîuré qu'il semble avoir ici, dépasser les limites, exaijèrer.

.'li-2. Lilt. : A ce que je vois (;n .jut,'er |)ar la joitî que lu r|>rouves à revoir Ari^'os), vous sentiez les atteintes de notre (lou.r mal (celui dont nous souffrions aussi).

M'rl. Le texte est plus iiu'iiiceilain.

wk. 572. Le datif Tjaçopai; ne permet pas d'autre sens que celui que j'ai donné. Mais la conjecture Tj|x^ooâ; est à peu jnès ceiiaine.

.'iUi. rjva'.Xî'».) vo|i.t.). Ces mots sont ironi«jues; sous-enten- (jez : pour parler comme vous (cf. 483). C'est l'explication de \\eil,la seule possible avec son texte, qui est aussi celui des manuscrits. Mais il y a évidemnieiit une altération, car Yjvaiy.ïto; vojxo; ne peut évidemment désit^ner que le cri rituel (les femmes dont le Veilleur a déjà parlé iv. 28). C'est dansée Mis (ju'il faut cbercber une correction. Celle de Wpcklein, ^jjx'.y.zloi voaoi, est séduisante; mais la lin de la jibrase reste difficile à construire.

tlDT. K'>'.;i.(ôv:£;. Sous la caresse de l'huile pieuse, la llamme jaillit avec violence (cf. 92 sqtj.) : les piètres (èv Oéôjv

;.ai;) s'appliquent à endormir, à rèi/ler sa fougue. Ce vers ne me semble pas corrompu, mais une altération n'est pas douteuse dans ce qui précède : la «onstruclituj générale de la phrase est indécise.

NOTKS

01 I. l/(''|tiLln';l<î ir.>.'\>(r(()^ se rappoitf; à Tiv}tv aussi hifMi '|u'<i| çocTiv, le plaisir et h' renom mf'amntits (jui viennrnt /mr le fait\ (Vun anunit. Mais \(-. tf^\l(; doit ôtro alt(';ré. Le mot ojoi faitl plutôt attondro : ja n'ai jdiii'ils eu de commerce coitfKihh; ni\ môme de conversation avec un autre homme que mon cpou.r. En l'étatactuol du texto,les motsgrecsne se prêtent pas à ce sens. |

012. Ces mots semblent une expression proverbiale, pourj désigner quelque cliose d'invraisemblable ou d'impossible on teint des étoiles, non de Fairain.

615. On peut traduire littéralement : Cette femme, pour toi qui prend son discours tel quel (out'o;), s'est exprimée au moyen de clairs interprètes et comme il convenait. Mais le texte est bien douteux.

642. Ce double fouet d'Ares, c'est la guerre et la peste.

714-715. J'ai lu avec Wilamowitz : Àaarpôj; r.o/.jOoT,vov zaïtova, «pîÀojv TûoXttav x. t. À. L'adverbe Xau-pw; se Jusiilie par Sophocle, (Ed. Roi, 186 : Ila'.àv o; Àaa-c'., Les mots zatoiva -oXuôprjVov forment une alliance de mots : cf. 64'j et Choéph., 151. La construction de la phrase reste d'ailleurs embarras- sée et la répétition de roÀjOprjvov, à cette place, assez éton- nante ; mais les images et les idées sont bien dans le goût d'Eschyle, et c'est ce qui j)eut suffire à un traducteur.

719. 'AyccXa/CTov (ou mieux àYaÀa/.Taj doit être entendu au sens de ô;xoTit8oç D'où l'excellente conjecture oiXopLâTtoiv pour

Ç'.ÀO{JLacJTOV.

742. '0[J.jjLâTojv [iiÀo;, trait qui vise aux yeux, plutôt que trait qui part des yeux : c'est la beauté d'Hélène tout entière qui blesse du trait d'amour ceux qui la voient, mais c'est par les yeux que la blessure pénètre en eux. Le poète accumule | selon son habitude les épithètes ou compléments qui doivent définir ce trait d'un nouveau genre (voyez la note au vers 437 : c'est un trait de volupté et non de douleur, un trait qui vise aux yeux et non aux cœurs.

ACAMK.MNON

7V8. Ilo'xrà doit se pri'iulio au s<'MS tit'S |>r»''ti«; dr ((ntduilr ih' 1(1 fitincrc parle père, le frère ou uu [umxIp' |)arenl.

SL);{-HU4. (•^ooL'30;... xoa'^fDv. Clt'S hidIs uonl uui luio l'Sprrt' de sons.

Ki;{. ijll. : les dicud' qui rntrndent les causes, non dupres Ifs lanijues^ sous-enlendez : mais (Caprès les ca-urs.

H lu. l!jvOvf,7y.o'J7a jrooo;, la ceudr»' (jui meurt arec la cilr,

.9311. On lit généralement la jdirase eoinnie un»' interrotîa- lion. Mais le text»' dr Weil v«Mit ilirc : C'est si j/eu un erinte que cest uu'ine un riru ifue tu aurais pu faire aux dieu.r dans un moment de terreur.

i02V. I.cs mots ir' ioÀacitia sont ininlt'lli^ili|t'> pour moi.

102G. Litt. : Si la <lestinée que m'ont fixée les dieu.v n écartait pas de ntoi une autre destinée comportant darantaije ic'asl-ii- dire au-(h'ssus de la mienne), ou, plus littéralement encore : n'empêchait pas une autre destinée de comporter darantaqe. Le verbe eîpYe est construit à la fois avec un accusatif, ;xoi!pav, et un infinitif, txr; rXÉov çipeiv. Cette autre destinée est celle du devin, tjui peu! traduire les pressentiments dont il soulTi»'; tandis (jue, dans l'Ame du clio'ur, ils sagitent confusément et la torturent sans tiouver d'issue.

I

il 17. (Ml peut aussi enl<'ndre par Ttâ?-.; la troupe (cf. Eumcn.,',i[{) iles Furies alLacliées à la race d'Atrée (jui s'est établie dans le palais : cf. 1180-1190.

lii>3. J'ai traduit suivant le sens pro[»osé par Weil pour conserver le texte des manuscrits. Mais, en réalité, le pas- sage ilemande une correction. Les motsopOto-. voaoi ne jieuvent s'entendre iiue de cris ait/us (voyez la note du vers "lO'f) : le sens iiuuré de pénétrant, clair, est inusili'.

1182. AÙYacç. Entendez : »» la lumière de l'avenir ». Pour ce sens métaphorii[ue île a-JY^i, cf. iWk.

NOTES

1187. l'iio lioupc (l«î fAto (/.(^iaoç; rliaiiLf <l<'s niihudas, hoit du rin pour se donuLT de l'audace et traicrse les maisons sans s'y arrêter. Celle-ci chante des imprécatiotiH, s'enivre de saïuj vA 'Ai'tdhlil dans la maison qu'elle a choisie.

1202 6/.S. « [.e Chœur demandait sans doute le motif de cette faveur. .; (Weil.)

1204 bis,. <( Cassandre disait peut-être qu'elle avait «Hé in- sensihle à la recherche de plusi(;urs prétendants. » (Weil.j

12G:j. Elle est adultère cl tue par Jalousie : voilà le sens général de cette longue période un peu surchargée.

1319. J'ai vu en ouaoâaapTo; un nominatifà cause de l'ana- logie avec des mots comme /a/y.âpij.aTo; (Pind., l'yth., IV, 87). Le mot àvBpo; n'appelle d'ailleurs aucune épithète, tandis que àvTÎp peut en avoir une qui explique T.ior,.

1324. J'ai lu avec Weil : toI»; -ol-oô; T'.;j.aopoj: /p^'^; yovcù?'. TOtç è[j.or; TÎveiv ojjlou... x. t. À.

1330. J'ai interprète un texte vague et peut-être altéré.

1340. J'ai, après Hermann, entendu £-'.x.paîv£' au sens de causer, provoquer, qui convient au contexte, mais qui est contraire à l'usage et fort douteux.

1470. Kpato; '!aO'}j/ov èx yjva-.xojv équivaut à xpâto; ix yjva'.xàiv îaot|;u/(ov. Il s'agit de Clyteranestre et d'Hélène.

1496. ï^e texte est obscur et peut-être mutilé. J"ai inter- prété les mots £x /epoç.

1511. Le texte est sans doute altéré. On entend générale- ment (jT.oi 8s xai -pooaîvfov comme s'il y avait : -pooa'vojv ôè o-oi av xa-. -po6^, et l'on compare le vers 1371, la construc- tion est, en réalité, toute différente.

1527. Le premier a^.a est pris activement, le second passi- vement : cf. Euménides, 435.

A(.AMKM\(»N

1î)3"». I.e texte grec semble pouvoir se traduiii; litlt'rale- ment : La Justice, pour un initrr crinu' (Tipàyfxa jîlXatÇr);), aùfilisa son épt'c sur (raulics pierres a nujuiser (c'est-à-dire les rrimes nnriens). Ce qui signifie pout-êtir ; Lu Justice pur les meitrtres anciens se prépare à de nouveaux meurtres. Nous avons Irans- post- rirnag»' diflicile h faire passeï fn lianrais.

1601. Zjvôixw; a le iiK^iue sens que ;jv (ÇuvT'.Oeî; àpâ). L)f même ;:avôix<ij; équivaut liim Sduvcul à t.x^ko;, cf. Clioi'ph.,i)Hi.

1620. EipTi[x£vov, iitt. : lors(iu\l leur est coinnKindé [d'être sage).

lliilH. I.(! mot r.i'.r>xio[x7.'. .sii^nilic siinjjlciiiciil : jr cuis nic mettreà,i*l n'implique pas la nuance de d»''liancedu français: f essaye rai de.

1657. IlerptojXÊvou;. Elle songe surloul au palais d'Aga- memnon Égisthe va rentrer en niaitir.

14

K

LUS CIIOÉÏMIGHES

1. Aristophane, dans les Grenouilles (1126 sqq.), donne doux explications de ce vers. I.a première, proposée ji.ir Euripide : la cictoirc remportée sur mon pure, est évidemment fausse : on attendrait alors ir.oK'fjioL; plutôt que è-o-teÛ'ov. La seconde, proposée par Eschyle : le poucoir (pir ton père Va confié, n'est qu'une plaisanterie d'Aristophane : Eschyle ne comprend plus son propre texte. (Comment entendre, en eflet, -aipoia, que tu tiens de ton père ?Ce sens ne serait possihle que s'il s'agissait d'un /)<7/////<o</tr légué tout entier par un père à son fils. Mais, pour désigner une mis- sion particulière confiée par Zeus à Hermès, l'expression serait étrangement concise et obscure. Il est d'ailleurs évident que, dans la bouche d'Oreste, le Vengeur, le mot Tûatptoa, au premier vers du drame, ne peut se rapporter qu'à son père, à Agamemnon, seule pensée du (ils voué à l'o'uvif de vengeance. Or, dans ce cas, l'expression ne peut signifier : le royaume infernal est maintenant mon pjère, à moins qu'Agamemnon ne fût roi des enfers, ce qui n'est pas (cf. 3')8). Elle ne peut davantage s'appliquer, comme le voudrait Wilamowitz, à la personne même d'Agamemnon, roi ton (-puissant; car Agamemnon n'est qu'une ombre san- force et sans pouvoir, lant qu'on n'a pas chanté le thrène sur la tombe (cf. 326, note). Il ne resie donc de possible que le sens que J'ai adopté. Hermès infernal, messager des vivants et des morts (cf. 165j, est le gardien naturel des

r.Fs r.Hor^.pFîoRKs

liKiies laissés vitlt's par la m<»il. Il est, en outre, le dieu des vengeances traîtresses, i|ui guidera le l>ras d'Oreste (cf. 728, 812 sq.|. el ilVri sipi.^.

'.i. Il est probablt' i\w la pliras»' est iiilurioiapue et ijue le verbe xaTÊp/oaa-., ijui, tlaiis Aristophane {Grcn.^ 11^*), ne semble à Euripide «ju'mji^ irpétition ridicule de f,xfi), était suivi d'un prédicat, par exemple : A7 /'// rmlrr him drridé (àf6/v(T);... naoccrxEja^jAivo;) à rrcoiiifiirrir }Kir In forer le trônr de iinni fX'rc.

32. *l>o6oç est une correction nécessitée par le mètre et choisie à cause de l'épilhète ôpOo'Ov.;. Mais la présence d«'S mots r.ici'. çoÇ».> dans la même phiase reiul cette conjecture bien impr(d>al)l«'.

01 sqij. Le porte semble distinguer les cou|tables ijui sont atteints par le châtiment en pleine prospérité et ilans la force de l'àiie, ceux <|ui ne sont frappés qu'au déclin de la vie, et ceux enlln «jui entrent dans la mort sans qu'on ail vn la vengeance divine s'aballre sur eux. Mais, pour ceux-là, le ch.Uiment existe pourtant, c'est le r«Mnords (jui les torture sans Irévi^ : cf. r>U et la note, i.a même idée se retrouve au vers lOO'.i.

03. Litt. : l'our d autres, des clidtinicnis (/tii se font attendre Qerment dans le rni/ainne cn-pasculnire. On ne peut, même lit- téralement, traduire les héllénismes de celle phrase : -à. oè, litt. : (rautres choses, cesi-ii-iWiepotir d'antres, des choses, etc.. ; £v {XéTai/[iî«»> axoToy |Aive'., litt. : dans le ponntir roisin de l'nnilne, c'est-à-dire le rréjnisrtile : |jL£Ta'./;A'».> ixotoj ::=i jjLÊTai/ »/.{(.» axoToy y.x: fotoj;, ellipse c«)uiante en giec avec les mots cjui désiunent ce qui est intermédiaire entre ileux choses. Le texte de tout ce passage est extrêmement douteux. Le Mediceiis ter- mine le vers 64 par 0L/r^ |3&J£' L'un des (b'ii.x mots est de trop |iour le mètre. Or, [îpJr. semble venir du vers 70 a|)rès le(juel les mots ToJ; ô' axpavTo; ï/n vjÇ sont répétés dans notre ma-

NOTFS

niisciil, d'où la correction (1<' l)iii(iorl : ;AÉvti /povi'CovTa: a/r, f)Our ceux qui tardent être chfilirs), dca souffrancea leur nont rc'Hervces nu crépuscule. Elle a TavanUige de faire de (aévê-. un verbe, et non un substantif difficile à expliquer ici.

GO. I.itt. : Un mal Irés douloureux remet le conjtahle a un autre temps, {mai< de telle façon) quil abonde eu une souffrance qui suffit complètement. Il s'agit évidemment du remords, châtiment de ceux qui meurent (litt. : arrivent à laplcine nuit, V. 05) sans avoir subi de cliàtiment matériel. Il convient de lire avec Schiitz : ÔiaÀYTjç oara. L'absence de liaison ne s'expliquerait pas ici.

75. 'AaœîrxoÀtv, qui a enieloppé ma cite. L'explication d'Hermann, généralement adoptée : qui me donne deux cités, est bien alambiquée.

105. Ce vers plat, inutile et qui commence comme le vers 108, est probablement à éliminer du texte.

144. A'/.r,v est une apposition à toute la phrase précédente. Il est inutile de supposer une lacune.

153. Entendez ainsi l'aoriste 6Xo[j.6vov : nos larmes, qui, à peine tombées, sont déjà mortes (se sont déjà perdues dans le sol). On trouve souvent le parfait employé de même : cf. Aristophane, Chev., 54; Plut., 569.

lot. Sans prétendre donner un sens au texte lui-même, nous avons entrevu sous les mots grecs l'idée d'un tombeau rempart contre les maux (d'après les scholies), capable de détourner des âmes pures (xcôvwv : le Chœur pense à lui- même) la souillure abominable des libations versées , enten- dez : celles de Glytemnestre qui sont sacrilèges et pourraient provoquer la colère des dieux contre le Chœur, qui s'en est chargé. Mais tout cela est plus qu'incertain.

*206. "0[j.ûioi, (( semblables entre elles » i,Mdurice Croiset^.

LES CHOKIMIORES

212. TsXsTçopoj:, au sons du lu lin : < 1", 1»M.

238. "OijLfxat signifie proprement ce qtnm ro/7, J»- n'ai liouv»' pour !•■ traduiir (|ue le mol 067V/, si fréquent dans la langue iunoureuse au x\ii" et au \viii" siècle.

2r43. ^W'jH est un imparfait de dérouverte 'comme s'il y avait Ti-jO' àpai : /// rlnis (Imic iinui frciw «'l jr ne !<• siirtiis /)ns] !

275. 'Aro/pT,{X!XTOii'. x. t. à., lill. : miporlr /xir ht f'nvrnr jnutv des chdtinu-'nts qui ue veulent pas iranjcnt^ c'est-à-dire qui n'adnu'ftnit pas (h' comjx'nsdtions prruniaircs. lin aulre sjmis est possible. Il a étr proposé par Weil {Hecuc ilr l*liilolo- tji(\ IHO'f, p. 218) : ru rcpnussiint nrrr iudif/udtinn (litt.r// n'ijar- diinl d un ni/ funuufu'] des peines qui consish-ruirut siuiplemrul à prirer les cnujuihles de leurs biens. Pour 1«' dalif !^r,;x'X'.;, cf. Euiipitle, Médée, 1>2. Lr sens du i)assage resie d'aillrurs le même : la divergence ne |)orl<' (jue sur re.\f)li(ation de lépi- tliéte àro/crijxâTO'.Tt.

278-27U. J'ai liaduit les conieclun'S de LidiccU. Urimxelli et Weil, en repoilant d'ailleurs, pour la «ommodité dr l.i traduction, Tépitliète éc-ê-:à; à la phrase suivanli'. Le texte altéré des manuscrits semble distinguer des maux 7/// nni- hitient de In terre (la famine sans doute) et dont souIVrirait t»)ut le peuple d'Argos, tandis que les ntnladies seraient rései- vées à Electre et à Oreste (en lisant au vers 270 : tâ70£ vo)v .

281. 'Ap/aiav çjt'.v, litt. lu nature antérieure ^a la maladie). Le corps d'Orest^*, quoique Jeune et sain, n'en sera pas moins dévoré tout vivant par cette l^pre divine. L'épithète àp/aio; ti.iduit une intention analogue (soulignée encore par /.=•: dans ce passage de Platon Gonjias, r»IS D) : rzpoaa-oXoyjiv aJTwv xal Ta; àp/ata; ixzxi;.

2S2. Kop^a:. seliol. : Tpi/a:.

300. Les mots Oeoji t' ÈçeTixal x. t. À. ne peuvent être des apj)ositions à Taspoi, puisque Oreste vient justement d'écar- ter de ses raisons d'aizir la nécessité d'obéir /.£•! uf, ;;£::ûiOa),

NOTKS

320. F.ilt. : Et cc/tciKhml (ôjjo*'»:, huit de nn^iin'j mit- lniiiciit(i~ lion en tcur honneur 'pourrait fltre appelée des joies pour les Atriilea! c'est-à-dire pourra, (lit-on, plaire uu.r Atrides .' l/opla- tif avec av traduit iri une nuauc<' de doute et d'inquif'îtude. I.e texte, il est vrai, est conjectural. La forme /.i/.'/.f-rj se jus- litie par y.szXfjo, Soph., /V///., 111).

32») sq. Le vengeur ne peut se lever (àva^a'vêiOa'.j et agir que s'il a l'af)pui du mort, qui le guide alors au combat; et le mort, de son côté, ne peut lui prêter son aide que si un long tlirèm; chanté sur son tombeau lui a rendu sa force; car la mutilation qu'il a subie (439) et les funérailles silen- cieuses qui lui furent faites (430 sqq.) lui ont enlevé toute action sur les vivants.

331. Le mot àaçiÀaçrîç, ample, abondant, se rattache sans doute à l'idée qu'exprimera plus loin le Chœur (v. 510) : le mort n'ayant j^as été pleuré au moment des funérailles, le thrène doit être long et pressant qui rachètera cet oubli. Mais Je crois que to -àv (malgré les exemples de construc- tions analogues avec des adjectifs) doit se joindre à [xx-t-jt'.. Quant à l'expression Tapâ<ja£'.v yoov (z= Tapa/oiôr^ Yoav yoov), suspectée à tort par quelques critiques, elle n'est pas plus étrange que celle de Sophocle, Electre, 123, Tâzsiv ol'xr<rri', (= Taxspàv oîuoiÇeiv oitjLtoyàv). Cf. Ac/., 247, -aiàva Tiaàv, et 706, [xiXoç tîeiv.

349 Entendez : les routes de la vie, sur lesquelles ils trou- veront déjà bâti par leur père un édifice de richesse et de gloire ils n'auront qu'à entrer.

375. Le texte est à peu près désespéré. Weil voit dans (jLapàyvTj une allusion aux outrages (oveioetiv, v. 495) dont ils cherchent à fouetter la. iov])eur du mort. Mais ces ovsi^r, ne se trouveront que dans la partie iambique (en particulier dans 492-95) : jusqu'ici Oreste et sa sœur n'ont exprimé que des souhaits vagues. En outre, le mot ^o-jtzoc serait alors étrange.

I,ES niIORPIFOHES

384. ToxeCÎTi est un |>liMit'l il'allusiiMi. 11 int s'agit ijue (rAgamemnon.

:{!)0-3l)2. \.o texte est désesp.'ré.

.11)6. I.e participe oa-Ça; iloil se rapporter à Zeus. Il y a une anaeoluthe semblable à r»'lle du vers T'.H. Voir la noir sur ce vers.

U"»-il7. I,t' tf'xle est iîAté. Mais Titb^e se devine : les tît'inissenieiils ill^leetre iirilent le Clueur ; il ne i-eliouve de lonlianee (jue (juaiid il entend la voix inAle d'iMeste, (jui vient en elTet de |)ailei- de tiUrs nhaftiirs.

418 S(pj. Kilt. : (juahliciidroiis-nous en rnpjx-liint, telles iju elles sont, les douleurs (jne nous avons souffertes, puisfjne nous les avons souffertes par le fait d'une mère fT6y.o;jLivfi>v, plu- riel (rallusiiini : // est possible [par conséquent )dc les apaifvr. Mais les aulres ne s'apaisent pas. ('.es autres soullVanees, ce sont celles dWiîameinnon. Oreste peut panlonner le mal (|u'()n lui a fait, non ctdui (|u*t)n a fait à son père. Ma nicir a fait de mon ctiur, snus-»'ntende/, : par sa conduifr enrers mon père.

441. L'explication dt' ces mois est l\ut bien ilunnée parle scboliaste : le mort ayant et»'' mutilé n'a plus aucune force sous la terre; or, son lils ne peut guère le venger sans son secours; il subit donc la honte d'être le fils «jui ne sait pas venger son père ».

4t):{. I.e texte est conjectural. Le rhuMir trouve déplacées et inutiles les plaintes d'Electre sur «dle-mème. Ces lamen- lati(tns vaines ne peuvent (ju'amoHir le cœur du guerri«M'. (ju'il songe seulement à son |)ère et descende dans l'arènr av«'C un co'ur impitoyable cf. 827 sqq.\

ril7. < >j çoovojvTi. J ai v\r obligé de donner à ces mots un sens précis et malheureusement assez improbable. Mais le

NOTKS

sens, plus conforiiK; à Tusa^j^ du privé de sentimrut, sf;rait en conticidictidii fonrifllc avoc tout le dramo d'Eschyle.

58.{. Toù-t». Orcste ii»onlre sans doute une statue (ou une représentation symbolique; d'Apollon placée devant le palais. Le mot ne peut s'appliquer à Agamemnon, si Ton conserve l'aoriste ôpOoWavTi : le mort vient seulement d'être réveillé par le thrène funèbre; ce n'est pas lui, c'est Apollon qui a mifi Oreste dans la rouir des combats qui portent Vcpée.

028. J'ai suivi rinterf)rétalion Iradilionnelle j)0ur ce vers corrompu.

641. Cette antithèse (conjecturale d'ailleurs) se retrouve plus loin, V. 930: r/.avîç ov /ov; /.a- to \i.\ /oîfov -âOs.

(191. Ces vers sont généralement attribués à Clytemnestre, probablement avoc raison.

722. Le texte dit simplement : rivage de ce tombeau, c'est-à-dire : tombeau l'on s'embarque pour les enfers. Plusieurs peintures de vases nous montrent, en efTet, la barque de Charon se détachant du tombeau même.

728. Dans létat du texte, le mot vj/iov ne peut être une épithè.te d'Hermès coordonnée à /Oo'v.ov. Je l'entends donc du mort: cf. 157, àtxajoaç ©psvo'ç (du moins avec le sens que j'attribue à ces mots).

793. Le mot GiXcov fqui ne se comprend bien qu'appliqué à Oreste) indique clairement que à^zî-Ui est une forme active. Mais le participe àpa? se rapporte à Zeus. 11 va anacoluthe, comme au vers 396.

819-826. Le texte est désespéré : j'ai résumé l'idée qu'il laisse entrevoir.

833. Entendez: ses proches {^Cm'.;), A^amemnon qu'il doit venger, Electre qu'il doit protéger.

LES CH(»1^:PII()HES

842. Aîii.aTO'jTaYïï ^'>'^';>. H s'auit du soiii^r do (^dvlrmucsli-o.

899. Mt)t6p* aioeaôû xTaveîv ; lilt. j'iuit-il , paire qurllr est ma \mèn'y que II' respect (aiSc.);) m'einpî^i/te de la tuer y Mais un tra- ducteur no jn'ut souvent (Hro lidMo aux mois iju'on «Hant infidMe au mouvement. Traduire trois mots par deux lignes est rinddéiitti supn*^m<'. J'ai alTaildir le text<' j»our con- server l'allure vive de la scène.

DUl. Ivjopxoiaara. Je suis rinler|)rétation du scholiaste.

915. A'./co; est |>robaldenieiit alt«''ré.

931). Les mots BmXoOç Xétov, o'.rXoj; "Apr^; sont des apposi- tions î\ Aixa : la Justice est venue sous la forme d'un double meurtre rem/riir.

94)). AuaoifjLOj ne peut vouloir dire (|ue nu.r roirs pérUIrnsrs (sch. : ojaroo£j-rou) et doit par cons/uiuent s'appliquer à Vexis- tence criminelle^ et par même dangereuse , qu'ont choisie Égisthe et sa com[)lice. Malheureusement j-o est alors difli- cile c\ expli(|uer : c'est pouiquoi beaucoup d'é»liteurs rat- tachent 'jrJi ôjoïv {itaTTopo'.v à xTeâv^Dv Toioâ;. En tout cas, je ne crois pas (ju'on puisse ap|)liquei- les mots oj-joîaoj TJ/a; à la destint'e du paWiis ohliu»' d'obéir à deux sacrilèges ; à moins que, comme le voulait Hlomfield, on ne fasse venir le mot ôuaoiixou de oï{jLo;, chant ^ et qu'on ne l'entende au sens de lamentable (comme 8'j76â'JxTo;, Perses, 10G9). Mais l'idée est alors plate et s'accorde mal avec le thème lyrique de cette strophe, la Justice renyeresse (Aixa .

957. Le texte est mutilé et inintelligible.

970. Les mots grecs n'ont aucun sens, mais le vers sui- vant fait clairement allusion au xôiao; d'Érinyes (cf. Agam.y 1 189) qui est venu s'installer dans le palais d'Ai;amem- non (iiÉToixo'. Ôôjxtov).

975. 'û; Irstxdiaai x. -. À. ><■ Litt. : comme leur mort est la pour

NDTES

Ir cniijcrl tirer, ccsl-'d-divQ qui jurincl de le ronjrclnrcr. WcWi't nisriio. » (Weil.)

1008. Aitr.rA/Or^i;. Le Cliœur s'adresse à Againemnon, dont le souvenir c:s,lé\()(\n6 par la vue du voile ensan^Ianl*'*.

1017. Miâ^aa-ra est un(* sorte de -ap' j;:ovo'.av pour Tooraîx que font attendre les mots ^^iy.r,; tt^toc,

d041-i043. Le texte est mutilé.

1067. Fo/ia:. Le scholiaste nous apprend que le mot se dit d'un « vent violent qui succède au calme ». C'est pourquoi J'ai le traduire par deux mots à la fois : ardent et soiidnin.

1078. 'Avôpôç... r,(xOr, s'oppose à -a-ooCopo-... |jo-/0o'., comme T£A£ov à vcapoi:, Agam., 1;J04.

Li:S KUMKNIhKS

' 2\. Los mots £v "kù-^o:; sonildtMlt (l«'sii,'n(M' dt'S mniflons rapith's (lu nom (l»»s (livinit»''s auxt|uellrs la Pylliif in' lail

; pas (lo v»''ritabl»'s /iiières (ej/ai . Mais le texte soiillre |>eut-

I être d'une laeune.

M. I.a i^ytliift s'appuis peiil-r-tre sur un bâton, »»u mi» iix , encore s'atlaclie aux eolcunifs r[ aux murs du t»'mpl»'.

't't. i.e nioi Xt^vo; seniltle rtie uii niol dr la laMiiut' sacrée, j^eut-èlre nir-njc un mol projtie au culte delphiipie, assez peu connu, en tout cas, pour«jue la Pythie rexpliijue aussitôt |»ar une métaphore. Je n'ai pas traduit yz-y.i-o}, (jui n'a p«»int di^ ^•'11^ iei,

t'S. J'ai lu nïOfovTi'. au lieu de ziio-joa.'..

10.;. l,e texte grec iconjecluia! d'ailleurs) signilie littéia- lement : ninis, (hiiis Ir Jom-y le lot de /'/ime est de ne jms roir derant elle. La nuit, l'Ame veille et voit; mais, le jour, les yeux de chair voient seuls et l'àme est fenin'e au mo?ide.

l'.Ki. Je n'ai pas traduit rÀr.^to'.:.

21 S. Voyez la note du vers 021.

NOTKS

-^^-i. .In n ai pas liadiiil f^cru/atiépav q„i ,,'a point de spn« dans le texte de Weil et qui, dans le texte des manusrrits es insoutenable à côté de sa-.av,r,: moins daflaildi, iK-au^our lo sens de ce dernier mot).

24:3. TiXo; oUr,;. U mot français arrêt n'exprime-t-il pas une métaphore analogue à celle du mot grec -élo; (fu,j}

255 sqq. J'ai suivi Wecklein pour la répartition de ces vers entre les choreutes.

324. 'Afxaupoîa-. xai oeooo.oacv ;:o.vâv. Ces mots reprennent 1 Idée exprimée dans les derniers vers du Coryphée | es vivants se vengent eux-mêmes : les morts ont besoin du se- cours des Furies (318-320). Par elles tombe la barrière qui sépare les morts des vivants et les vengeances infernales peuvent suivre leur cours sur la terre. C'est en ce sens que les Erinyes sont le Châtiment à la fois pour les morts et pour les vivants, c'est-à-dire /. Châtiment qui joint le monde des morts à celui des vivants.

375-376. Je n'ai pu rendre la vivacité du texte, qui, en deux appositions libres à la phrase principale, nous montre de. jambes vacillantes, bien que cherchant à allonger un pas prcci- pdé et un châtiment divin lourd à porter. Mais tout cela est dit en six mots.

404. Le rapprochement des mots -tcoûv àtco oo..6oo:^a sui- vant une tournure familière à Eschyle, prouve nettement que la déesse arrive en volant à travers les airs, portée par Tegide qui flotte sur ses épaules. Mais il est assez difficile d'autre part, d'entendre métaphoriquement, comme je l'ai fait après Wecklein, les mots r.^lo:; i.aaîou' Tovô-i;:.-:^aa' o/.ov. Je préférerais, bien que son intrusion dans le "texte s'expliquât mal, considérer, avec Wilamowitz, le vers 405 comme interpolé.

iT.s l^|•^tl^\lr)l:s

\i,i. AvtM' Wclcket", jr l(l|»|miir a;jo;jv''V '>/Ta .Itl Mljrl t|f

i'.v. (Test une manière détourm'e, mais bien grecMiuc, de lie allusioi) à la laideur des Furies.

'tl2. Le mot ôÇu;xriv'TOj; doit s'entendre des meurtres par ltsi|ue!s, dans une cnltrc trop i)n)ni})fe, Thomin»' a voulu se r.iire Justic»! lui-niùme, au lieu d'attendre la justice divine. I institution de l'Aréopage fera disparaître la raison d'être

s crimes de ce genre.

*n

î)Or>. TXâ[X(ov : c'est celui quon cuiisullt; et (jui est lui-même, omme les autres, une victime de ses enfants. Le texte de eut ce passage est très obscur, et les explications (ju'on en onne peu satisfaisantes.

521. J ai traduit: Ti; [xXfOi'é' èv ypaalv /.acoia; xavova cpéijL'Dv... ;

;i31. Litl. : El je te dis une parole en rapport i^avec les id«''es que je viens d'exprimer). Les expressions (jui suivent sont roverbiales : d'où les mots w; Itûixojç, on h- dil^el c'est en efj'et vérité.

540. On |>(>urrail être tenté d'entendre Çsvoriaoj; : qui rcs- )ectent Vhôtc qui vaux reçoit (au lieu de : llwtc quon reçoit) )i de voir une allusion au crime de Pdris qui a déshonoré le foyer qui l'avait accueilli [cï.Agam.y :V.)9-402). Ce serait une rreui-. Il n'y a ici que le rappel des deux lois les plus \it'ilies de la morale antiijue, le respect des j)arents et le l'Spect de l'étranger qui demande un asile. Le supjdiant repoussé du foyer invoque les Krinyes, qui se chargent de sa vengeance comme de celle il'une mère tuée par son lils.

1572. En raison de l'état de ce texte altéré et mutilé, j'ai nodifié, en traduisant, la < onstiuclion df* la phrase greciiue.

îi(>7. Il inani|ue un pied à ce triniètre.

\OTKS

!iS:{. Los mots èÇ àp/f,; pourraient aussi signifier : en reprc liant Cc.Tjwsr des faits depuis la cotnmcjircment . Mais, rappro- ch^îs de -f-oTEç-o:, ils rno semblent plulot destin»''S à insistci sur le sens de cet adjectif. Les redoublem^Mits de ce genre sont fréquents en grec : comparez en particulier r»'Xpr«'S- sion £jOj: èÇ àp/7Jç.

612. '\f^ if^ fovA ooxeïv. Ce n'est point ici une foirnule ba nale : rintelligenc(î d'Apollon sait tout et son jut/miifHt est infaillible: cf. Pindare, Pijth., III, 28; zo'.vàv. rap'êJOjTz-:».) YV(.)[iav -lOfov, -âvTa l-'îaavT'. voro, rt l\, 44 S(pj.

621. "Op/.oç. Le mot ne dt'signe pas le serment des juges : Apollon invite, au contraire, les juges à lespecter le serment d'impartialité qu'ils ont juré: cf. 680. « Apollon <i déclar» plus haut que l'union de l'homme et de la femme est plus forte que le serment (ooxou 'aTÎ [xc-ÎToiv, 218), c'est-à-dire qu( les liens du mariage sont plus étroits que l'obligation con tractée par serment. De même, la volonté de Zeus oblige les hommes autant que la foi jurée. » (Weil, Études sur le drame antique, p. 51.)

633. rispwv:'.. Le mot peut également vouloir dire (ju'il entrait au bain ou qu'il en sortait. Le texte est mutilé.

651. Ojôèv àjO[jia(vfov [i.£Vci, sa)is jamais haleta' de f effort ( litl. de félan, sens propre du mot u-v/o;).

678. Le texte souffre d'une interpolation, d'une altération ou d'une lacune. L'explication traditionnelle (que j'ai suivie, faute de mieux) veut qu'Athéna s'adresse maintenant à Oreste et Apollon, après s'être adressée à leurs accusatrices. Mais, dans le Mediceus, les vers 619-680 sont attribués aux Furies et non à Apollon. En outre, si Athéna change vrai- ment d'interlocuteur, on attend plutôt -pôq ô'ûfjLoiv que -:( vâp; Tzpôç jjjLôiv... Quant au mot TiOclcya, s'il est authentique, il ne peut avoir qu'un sens : la façon dont Athéna dirige les débats restera un modèle pour tous les juges à venir ; elle pose ici

LKS KUMKMDKS

los r^gIos, ollr» institue les formes dZ-sormais invariablos de la Justice huinaiiie : avant la délibératioi», il sera une iler- nièic fctis (Joinamlé à l'accusa' <• s'il n'a rien à ajouter pour sa (l(''f(Mis«' >. AjM»||on dans notre lext«»} r«''nond, ««n s'adii's- sant directement aux juf^es, « iju'il atout dit et s'«'n rapporte à l'éfiuit»' du tribunal >».

682. J'ai accentué dess(;in la traduction dun texte con- jectural. Les mots ôuaaiwv et po'jXejTr^p'.ov, rapprochés dans le même vers, « désignent ou uf peu! niinix les doubles fonctions politiiiues et judiciaires de l'Aréopage » (Weil).

(iS!>. .l'ai lu éSoiïvTai pour "Apeiov.

7;. I. La conjecture napoCiaa est très vraisemblable. Le texte du Mi'din'iis (îaXoO'ja... ^{*f;^o;... (jita ne peut guère s'inter- préter, comme le voidait llemiann, par [5aÀ(ov Tr.v pfôiiTîv si; (|(r,9i^oa£vo:. Une voix qui vote n'est pas une expression plus satisfaisante en grec (|u'en fiançais.

772. '< )&OojjAivfi)v, sous-entendez to)v ôpx'oiiatTfov.

8!M. Kï;>-ôv x.t.à. Lilt. : un fruit (jui comporte l'insucccs de tout.

900. lvjr,X'(o: nviovTa, souf'/luut sous un sofcH pro/)i<c. Pour rid(''e, cf. Vl"^ si|.

".)I2. Lilt. : .Viiime à ce (juc la race des justes ne souffre pas de ceux-ci (des impies).

8r)G. Lilt. : ,/e ne parle pas du combat de Voiseau domesti<iue. Knleiide/. : (Juand je dis sarfo roÀciio:, je ne j)arle tjue dr la uuerre étrangère : je vie 'jarde fncn fie parler de nos luttes civiles, de nos comhats île coqs. »

\H\ s(pj. Lilt. : (•///• des luttes ijlorieuscs dWrùs, c'est moi-

mnne qui ne supporterai pas qu'elles ne farnrisent pas cette ville

lie façon à en faire) une cite triomphante au milieu des fnortels.

Si la transposition de Weil est bonne, Albéna demanderait

NOTKS

donc aux Furies de ne pas susciter de guerres civiles et de Taire éclater la guerre étrangère se conquiert la vraie gloiic : cile-mrîmc se charge ensuite dassurer la victoire à Athènes.

933. J'ai traduit le supplément proposé par llennann : rpoaénat'jay.

047. 'l\o[j.aîav. Hermès est le dieu dos heureuses IroaraUlrs^ des bonites aubaines. C'est donc à lui qu'on doit attribuer les découvertes heureuses qu'on a faites et qu'on pourra faire dans les mines du Laurium.

974. Nixà 8"épic est une alliance de mots : ce n'est pas la paix qui triomphe, c'est une lutte encore, mais une lutte de bienfaits.

i027. J'ai pris une certaine liberté avec ce texte mutilé.

1044. J'ai lu, après Weil {Revue de Philologie, 1894, p. 219j :

(iTZOv^a. 8'è? -poTûav 'sixtcôSoç olV.cov.

TOrnS. IMPHIMKHIK UESLIS Î"RÈRES, fi. HLK GAMBrîTAi

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