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SE g] Les à nes ee is Re es une ne des Eat G € Sciences. l Pdé,la Litiérature’ se SOnt< ae F 1Conpérét in = à Cétle entreprise itile et la collection dés onze angées Fe HS du Magasin Encyeh édiquenest devenue: \présiense, en ES à D ce qu elle présente né réuniol ide Mémoirés intéressans. & Arc qui né se. trouvent, pont | ‘a £urs ete dont es Aüteurs 5 = jouissent d'une grande réputation, ‘On.y trouvésentéffet & rdes Dissertations ,. des Méfioirés , ou des Opusçules dé # MM.ALIBERT , BanBrERs BATÉ DOBoccAGE, BasT, H BIcHAT; ÉAtrrAR DS "CHARDON LA RoCuETre. ;Cuvier, 5 > DELrLIE PDRSGENETÉES DÉSFONTAINES ,* DoMÉriz, ge £ FADREE Le PL HORFROY , PE 2: : LEE TC VAVAUA AA 2 : . # %: $ : J | | Revue générale des changemens| | de, Westphalié, Ibid, | Recherches historiques sur l’em- | progrès des Connaissantes réla- A ! | k è— * er. ” Table des Articles contenus dans ce Numéro. Crrrique. — de Wirtemberg. 16%. ‘im Membre de l’Acadé-|— dé Weimar, Ibid... Lsttre d'ün Membre de 1'Aca@é — de Pologne. Le mie Etrusque, à un autre de la même Académie, sur quelques Scarabées trouvés à Valdichiana. — dé Suède, : 16% — de Denemarck, 165 5} de Rassie, 165. . Téntuyoiocs FH d'Italie. Ibid. 2,1, d'Espagne, 167 Mémoire Sûr Je mécani..e de Ja] de l'Amérique Séptentrionsle. Réspiration dans les Poissons ; 4 Na 6R ‘Par ©. Duméril. 35! Nonvellés de France. 174 : Broërarre. 1 dé Paris, TE 159 Eloge historique de M, Suvée ;|' Tréirrps, + par J Le Breton. ie 485 Be Triomphe de Trajan. 215 Movns £r Usërs. Biueys et Palaprat 217 »+" FL’Amour au régime. ag La Cigale et Ja Fourmi. Ibid, Lé-Fond du Sac, ou la Préface dé Lina. Ü 220 Is arrivent. 22% hésinia ciëns et modernes » extraites Ed ouvrage allemand de M. Frédéric Nicola; 5 par Feu M. inckler, : pr 65 GéocrArnte, Livres DIVERS, Jurisprudence. Traité. des délits, des peines et Æesprocédures en matière d'eaux géographiques qui ont eu lieu| et Forêts; par M. Drafer. 222 pendant l’année 1806, et des Monumens chrétiens” Memorie istoriche delle sacre teste tirés à la géographie, à la s(r 8*ographie, à la sta-|: dé santi Apostoli > Pietro et tistique &ti à l'histoire des peu- ples, 116| Paolo, e della loro solenne ri- É “|="cogruzione nellé Basilica La= L LE Le LA ARIXTES, Novverzes tarenense, con un appendice < ET di décumenti in Romé ar 1806. Connrsronnaners LITTÉRAIRES. 223 Nouvelles étrangères , Archæologie, x > d'Angleterre. FES 144] Monumens français inédits, pour — de Hollaide. + 154| servir à Phistoire des arts, où — de Bavière: is 157] sont. représentés les costumes d'Autriche, 160! civils et militaires, les_inetru- = dé Saxe. Ibid. mevs de musique, les meubles. de toute espèce, et les décors. MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. ANNÉE 1807: . TOME VI. MAGASTFN ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES; DES LETTRES ET DES ARTS ; PÂR À L MILLIN; Membre de J’Instirur et de la Lécron »'Honxeur, Conservateüt des Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bi- bliothéque impériale, Professeur d'Archæologie, Membre de la Société royale des Sciences de Gattingue, de celle du Turin ? de celle des Curieux de la Nature à Erlang, des Sciences phy- siques de Zarich, d'Histoire naturelle et de Minéralogie d’Iéna } de l’Académie royale de Dublin, de la Société Linnéenne de Londres, des Naturalistés de Moscou ; des Sociétés d'Histoire naturelle, Philomathique, Galvanique, de Statistique, Celtique, Médicale d’émulation, de l’Athénée des Arts de Paris; de l’Athé- née de Lyon; des Sociétés des Sciences de Rouen, d’Abbe- ville, de Boulogne, de Poitiers, de Niort , de Nimes, de Mar- seille, d'Alençon, de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Nancy, de Gap, de Strasbourg , de Mayence, de Nantes, de Sois= sons et d'Evreux. ANNÉE 1907. TOME VE PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE J. B. SAJOU, Rue de la Harpe, n.° 11. £ NU Hi À Fa ne AU à Fin We “ ce _—. L'ohsre at re Le ess | nn w PA Ut " ge ET DM AT En aire VA i era de \ Le Ni pe te | et old 1 4 Limeeter est n dE. Date Fig di f ii Fa Fe s: ANRT, » LE GT FM Fe 0 fr Re: PMR AE LS Se Li ‘44 | " 1 s À IL Lt A 4 ins * PTE à. Ç ‘1 AAA D . # + " . 2 Es l \ OT KA ue 7 : hu La (ER Nes uen fr: HN. ORNE ÿ Le + frqu 88 Mœurs et Usages. tenaient qu'avec barberaccourcie eten cheveux longs on ne peut passauver son ame. Les portraits, de SauMaIsE, pl. 2, n.° b, nous le montrent avec la chevelure pendante sur les épaules, une petite moustache et une royale (3r) encore plus petite. Daniel Heinsius est représenté de la même manière. Jean Se/den, anglais de nation, avait à peine une apparence de royale; Jean Meursius au contraire qui avait été professeur à Leyde, une vingtaine d'années auparavant, avait rapporté de ses voyages en France, l’usage de couper ses cheveux et de laisser croître sa barbe , usage qu’en 1644, dans les Provinces-Unies, les gens du monde qui voulaient être à la mode avaient abandonné, et que les ecclésiastiques zélés de Dordrecht et d’Utrecht regardaient comme indispensable pour obtenir le ciel. SAUMAISE publia alors son Æpistola de Co- ma (32), pour faire l'apologie de sa cheve- lure longue et de sa petite barbe (33) ; et sans (31) C’est ainsi qu'on nommait la petite moustache sur le devant du menton. (32) CZ. SAzmasr1, Epistola ad Andr. CoLvium, super cap. XI primæ ad Corinthios Epistolæ, de ca- pillo virorum et mulierum coma; Lugd, Batav., 1644, in-6.”. (33) SAUMAISE donne à la p. 595 de son Æpistola de Coma , une très-bonne raison de la mode de diminuer la longueur de la moustache; «s on le fait, dit-il, afin que Perruques. 89 doute l’autorité d’un savant aussi célèbre de- vait donner un peu d’ombrage aux zélés pré- dicateurs de Dordrecht et d’Utrecht. Son opinion très-modérée et raisonnable est que l'excès seul mérite d’être blâmé, et que la défense de lApôtre ne concerne que les Co- rinihiens (34). Tout cela aurait pu se dire en peu de pages, mais selon l’usage de son temps , il rapporte une quantité de recherches qui ne sont pas toujours très-bien liées aveo son sujet ; il traite non-seulement de la che- velure , mais aussi du vêtement , de sorte que sa lettre forme un volume de 745 pages. Il dit très-peu de choses des faux cheveux chez les anciens, mais il parle des perruques comme d’une coiffure très-usitée, de son temps, dans la Hollande, et il n’en blâme pas l'usage lors- qu'on ne s’en sert que pour l'utilité, et non pas comme d’une parure , car sous ce dernier rapport 1l les condamne (35). Cet ouvrage « la moustache ne plonge point dans le verre, et qu’elle s« n'entre pas dans la bouche lorsqu'on mange. » (34) Sazmasir Epistola, p. 6 et suiv., p. 189, 190. (35) Capillus est nobis pro naturali quodam tegmine. Si natura non dederit, arte supplendum est, capilla- mento adscititio. Ars igitur lex debet esse nutriendi aut tondendi capilli, ut quod nocet dematur ut super- fluum , aut quod non incommodat relinquatur (ici il fait sans doute allusion au changement de sa barbe), aut quod deficit suppleatur, neutrum decoris gratia fa- 90 Moœurs et Usages. contient des détails très-curieux. Il y parle d'une coiffure des femmes mariées et des veuves, en usage alors dans certaines parties de la France ; elle était tellement bizarre, qu'on aurait de la peine à croire la chose véritable, si Saumaise ne l’affirmait pas d’une manière aussi sérieuse (36). La faculté de théologie de l’université de Leyde ne se montra pas si intolérante à l'égard des longs cheveux , que celle d’Utrecht et les synodes des Pays - Bas. Peut - être que la présence de Saumaise influait un peu sur la conduite modérée de cette université, dont le respectable Frédéric Spanheim était membre. Dés le commencement de celte querelle, Jacques Revius(37), docteur et professeur de théologie à Leyde, avait publié sous le voile de l’anonyme, un ouvrage contre les ana- thêmes lancés par Poimenander, c’est-à-dire UpEmanx (38), ce qui lui attira des injures de ciendum, nec ut formosior aliquis videatur. SALM. ÆEpist. de Coma, p.31. (36) « In quibusdum Galliæ locis nuptæ in capitis & cultu supra frontem præferunt, pro insigni quo dis- s tinguantur ab innuptis, virilis membri figuram. « FPiduæ inversam eam habent, maritæ rectam.» Voy. SAzMaAs. de Coma, p. 643. (37) Jac. Revit libertas christiana circa usum ca- pillitii defensa ; Lugd. Bat. 1647. (38) IL sera assez curieux de citer ici quelques Perruques. O1 la part de ses adversaires , surtout de celle de Vozrius. Malgré cela, et quoiqu’en 1644 les sy- exemples pour donner aux lecteurs une idée de la ma- nière de discuter et d’argumenter, des théologiens de ce temps. POoIMENANDER, ainsi qu’il aété dit dans le texte, avait avancé &« qu’il était contraire aux lois de la na- « ture de laisser croitre les cheveux. »5 À cela REvrus, dans son premier ouvrage anonyme, avait répondu en argumentant de la manière suivante: 4 Ce qui est con- « forme à la loi de la nature, devait être surtout ob- « servé par Adam dans le Paradis. Or,on ne peut « pas croire qu’ÆAdam ait coupé ses cheveux pendant « qu'il était au Paradis, car il n'avait ni couteau ni « ciseaux , vu que, suivant la Genèse, chap. 4,v. 24, 4 l'art de travailler Le fer a été inventé bien plus tard: par conséquent il ne peut point être contraire à la « loi de la nature de laisser croître les cheveux.« A cela Van DE MarTs répond dans ses Questiones textuales : « Que Revius ignore les premières lois de « la logique ;que sa proposition majeure ne saurait être « admise dans son universalité. Quelques lois de « la nature, continue-t-il, sont absolues, d’autres pour « ainsi dire hypothétiques, et obligatoires seulement & positis ponendis. Revius aurait donc dû prouver : « 1.” qu'Adam, lorsqu'il était dans le Paradis, avait s« des cheveux semblables à ceux qui font l’objet de ss la discussion actuelle; 2.° que, si Adam avait eu « dans le Paradis des cheveux semblables, il fallait #& aussi qu'il eut des instrumens pour couper les che- &« veux: car si Adam n'en avait pas eu, il n'aurait «# pas été obligé de se conformer à la loi. Car de la « même manière Revius aurait pu dire: c’est une Loi « de la nature de rendre les devoirs conjugaux à sa s femme; par conséquent Adam s’est appliqué à en- 92 Moœurs et Usages. nodes de Zwoll et de Campen eurent décréèé que ceux qui écriraient en faveur de l'usage de porter les cheveux longs, seraient poursuivis devant les tribunaux , Revivs fit, en 1647, pa- raitre sous son nom un ouvrage dans lequel il parle pour l’usage d’avoir les cheveux long; , d’une manière très-subtile à la vérité , et quel- quefois fort ennuyeuse, mais en même temps avec beaucoup de modération et d'équité ; il s’y applique surtout à refuter ce que Charles « gendrer des enfans dans le Paradis. 5 REVIUS ré- pondit à cela (Voy. Libertas christ. p. 57) avec le plus grand sérieux possible : &« Si on voulait adopter l’hy- « pothèse de l'adversaire, la loi de couper les che- # veux (/ex de tondendo) aurait élé obligatoire pour s Adam dans le Paradis, non-seulement semper, mais 4 aussi ad semper, parce que la cause de la loi, c'est- s à-dire l'accroissement des cheveux ne cesse jamais. D'un autre côté, l'expression: fructifiez et multipliez s n'est pas une loi, mais une bénédiction, ainsi qu'il « est dit expressément dans la Genèse, chap, I, v. 26: « et Dieu les bénit et dit. Ces mêmes expressions sont « aussi employées (v. 21, 22), lorsqu'il est question « des Poissons, des Oiseaux, et des autres animaux « que Dieu bénit ésalement en disant: fructifiez et « multipliez. Or, si ces paroles étaient une Loi, Dieu « n'aurait pas pu les adresser aux animaux. On ne « peut pas donner des lois aux animaux, parce qu'ils « ne sont pas susceptibles de sentimens moraux. » Combien il est important de savoir trouver la vérité dans des discussions d’une aussi grande utilité pour le genre humain!!! \ Perruques. 9 Van DE MAETs avait dit, dans ses Quæstiones rextuales , sur l'usage de couper les cheveux. Mais ce qui devait surtout embarrasser ses adversaires, c’est que cet ouvrage parut sous les auspices et avec l'approbation de la fa- culté de théologie de Leyde ; voila donc deux facultés de théologie en guerre ouverte l’une contre l’autre; mais celle d’Uirecht avait pour son opinion plusieurs synodes. Avant cette époque, en 1644, Jean Po- lyander À KERKHOVEN, né en Lorraine, mais qui depuis longtemps occupait la chaire de premier professeur de théologie à Leyde, et qui signa aussi l'approbation de l’ouvrage de Revius, avait publié un traité particulier sur les cheveux et les coiffures (39), traité qu'il dédia aux zélés pasteurs de Dordrecht. Comme KERKHOVEN avait assisté au célèbre synode de Dordrecht, il était plus attaché au système des théologiens orthodoxes; quoi- qu'à l'égard des longs cheveux il se montra plus sévère que Saumaise et Revius , on peut cependant dire que pour un ecclésiastique de cette époque, il juge encore avec assez (39) Judicium et Consilium de Comæ et vestium usu et abusu. Lugd. Bat. 1644, in-8.°. Gisbert Vorrius fit aussi imprimer et soutenir à Utrecht une thèse académique, intitulée : « An præcisitas capillorum sit « modus a pielate inseparabilis?»s Et il se déclara pour l'affirmative, 94 Mœurs et Usages. de modération de la coutume d’orner la che- velure et de la laisser croître, et à cette occa- sion il compare les usages des différens pays; mais quant aux perruques il ne leur fait point de grâce. Sa diatribe dirigée contre cette mode (40), prouve du moins qu’alors l'usage des perruques commencait à devenir commun , dans la Hollande , pour les hommes et pour les femmes. En 1650 et 1657, le grand antagomiste des cheveux longs Charles De Marrz, publia en- core, à Utrecht, une $ya quæstionum , (forêt de questions) principalement dirigées contre Fevius, 11 y tonne contre les longues chevelures et surtout les perruques. Mais il parait qu’on s'est lassé de lui répondre. On ne sait pas si dans l'Allemagne septen- trionale on a fait des perruques, ou si on s’en est servi dans la seconde moitié du sei- zieme siécle, Du moins il paraît qu'on ne les à pas connues à Lunebourg en 157tr, car on (40) « Tanta, proh dolor? est hodie a bonis pris- « corum christianorum moribus defectio, ut hæc cen- « sura qua Paulus et Petrus antiquas tantummodo « taxant mulieres luxuriosas, tam ad viros, quam ad « feminas hujus sæculi dirigi, atque adversus utros- « que propterea aggravari debeat, quod wtrique non « tam propriis quam alienis capillis se exornent. » Voy. Pozyanper À KERKHOVEN, Judicium et Con- silium de Comæ et vestium usu et abusu , p. 64. Perruques. 05 sait par d'anciens comptes de ce temps (41), que lorsque le Sénat y fit jouer l’histoire du pauvre Lazare et du mauvais riche de l'Evangile, on fit aux acteurs une chevelure blonde de lin préparé. Dans la première moitié du dix-septième siécle , 1 n’y a pas de trace de l’usage des per- ruques dans l'électorat de Brandebourg ; au- cun portrait d'hommes d’état ni de savans de ce pays de l’époque dont nous parlons, ne nous les montre coiffés d’une perruque. Les élec- teurs Joachim Frédéric, Jean Sigismond , et Georges Guillaume , avaïent les cheveux courts et sans être frisés; de même que les chanceliers CArétien Distelmaier et Frédéric Pruckmann. Les portraits du jurisconsulte Jean ÆXohl, qui vint à Berlin en 1605, et qui en 1630 fut nommé vice-chancelier de l'Electeur, prouvent que jusqu’à sa mort, arrivée en 1655, il suivait la mode depuis lougtemps abandonnée en France et en Italie de se faire couper les cheveux et de porter une petite royale; il conserva même l’usage des collets espagnols à fraise , qu’alors on ne connaissait presque plus dans le Bran- debourg. Les recherches qu’on a faites à cet (41) Voyez le journal allemand , intitulé: der Allge- meine Litterarische Anzeiger (l'Indicateur littéraire universel), an. 1800, n.° 119, p. 1167. 96 Mars et Usages. égard dans les archives du roi ont fait voir que dans le dix-septième siécle il n’y avait à Berlin ni perruquier mi coiffeur, et que les personnes attachées à la maison de l’Elec- teur n’ont pas fait venir du dehors de fausses chevelures. Vers 1630 , l'électeur Georges Guillaume commenca à faire faire à Paris ses habits de grande cérémonie, et même les beaux plumets qui ornaient ses chapeaux ; on trouve encore dans les archives royales les mémoires de quelques tailleurs de Paris qui, à cause du malheur des temps et de l’épui- sement du trésor royal, avaient bien de la peine à se faire payer , qui ne le furent que très-lentement, et dont quelques - uns peut-être ne furent point payés du tout ; mais nulle part il n’est question de perruques , quoiqu’alors on en fit depuis longtemps à Paris, car Louis XIII employait des faux cheveux au moins depuis 1622. Les por- traits et les médailles de l’électeur Frédéric Guillaume nous le font voir jusqw’à l’an- née 1656 en cheveux longs , naturels et non frisés. Mais vers le milieu du dix-septième siécle, par conséquent une trentaine d’années plus tard que l’époque à laquelle les hommes ont commencé à porter des perruques en France, les jeunes gens à la mode en adopièrent aussi l'usage en Allemagne. C'est ce que prouvent Perruques, 97 plusieurs passages (42) des Visions salyriques de Philander de SirTENwALD , par Jean-Mich. Mosca£eoscn, dont la première édition a paru en 1647. (42) Voy. PHILANDERS VON SITTENWALD Saty+ rishe Gesichte, Krancf. 1647, in-12, t.,1, p. 191. « Ges « longs cheveux, ditil, qui descendent jusques sur s les LE sont une DE chevelure de voleurs; & C’est une invention de voleurs italiens à qui, pour « les punir de quelque méfait, on a coupé une oreille, « mutilation qu’ils cherchent à cacher sous les longues « boucles de la perruque. Pourquoi avez-vous honte,ss ajoule-t-il, en s'adressant, à ses contemporains, « de « votre chevelure naturelle, pour vous assimiler à « des malfaiteurs qui ont besoin d’une pareille coiffure ss pour cacher leur confusion. Celui qui a honte de ses se propres cheveux n’est pas digne d’avoir une tête.ss Faire couper les cheveux à quelqu'un était depuis longtemps , et même dès le temps de Charlemagne, une punition infamaute ; c'est à cela que fait allusion l'expression chevelure de voleurs. Voy. HALTAUSIT. Glossarium germ.medii œævi,t.1,p. 577, au moi Æar- schar: ScHErzir, Glossar. OSERLINI, t. I, p- 613, aux mots, Æaranscara, Harschar, Harenschar; et un Mé- moire sur la peine infligée autrefois de faire couper les cheveux , dans les Notices littéraires hannovriennes (Haunoeversehe gelehrie Anzeigen ),an. 1753, n.° 103 et 104. Dans le dix-septième siécle, c'était l'usage en. France de tondre et de foueiter les FolEUES atxquels on n'infligeait point la peine capitale; encore aujourd'hui on tond ceux qui sont condamnés aux galères ; et nous voyons, par le Voyage de VANCOUVER, que dans les Iles des Amis on coupe les cheveux aux voleurs. Tome WI. Novembre 1807. 7 98: Mœurs et Usages. En France ainsi qu'en Allemagne, l'usage dés cheveux longs donna lieu matarellonitant à celui des perruques qui mettaient en état d’avoir la chevelure toujours bien frisée; et comme c'était alcrs la mode de faire descen- dre les cheveux boucles sur le front, il n'etait pas facile de distinguer les cheveux postiches de ceux qui étaient naturels. En France l’art de faire des perruques fut porté à un plus haut degré de perfection ; lorsqu'on eut imaginé de faire les tresses sur trois soies, qu’on arrangeait en les cousant sur des rubans ou d’autres étoffes qu'on tendait et qu on assemblait sur des têtes de bois (43). On ignore l’époque de celte invention; mais on sait qu’un perruquier de Paris, nommé Er vais, est l'inventeur du crépé, qui suppose qu’on savait déja faire ces tresses. L'observation, que pour donner aux boucles de faux cheveux un air plus naturel, il fallait fixer les cheveux par le bout qui est du côté de la tête, appar- lient aux Anglais (44). Le plus ne temps des perruques est celui. où Louis XIV, qui dans sa jeunesse avait toujours témoigné beaucoup d’aversion contre elles, commenca à en porter ; son exemple (43) Voy. l'Art du Perruguier, p. 4, et ibid. pl. 3. (44) Dictionnaire du Commerce, par SAVARY ,t. 1, P. 1070, édit. de Copenhague, 1750. Perruques. 99 fut suivi par ses courtisans, et bientôt par toute l’Europe. L'usage des grandes per- ruques doit avoir fait en peu de temps de grands progrès. En 1656, le roi créa qua- rante-huit charges de barbiers-perruquiers sui- sant la cour ; et en 1673, il existait déja à Paris une communauté de deux cents per- ruquiers (4b). En 1760, cette communauié était composée de huit cent cinquante mem- bres; mais dix ans après, les coiffeurs des dames ou friseurs-perruquiers se séparèrent de la communauté des barbiers-perruquiers, et par arrêt du conseil-d’état ils furent décla- rés artisans (46), par conséquent placés dans un rang plus élevé. (45) Barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes, tellé était leur qualification complète; car un perruquier français pouvait exercer toutes ces professions. Il était aussi permis aux chirurgiens de faire la barbe, mais ils étaient obligés d'exposer pour enseignes des bassins de cuivre jaune, et de faire peindre en rouge et en noir le côté extérieur des volets de leurs boutiques. Les barbiers-perruquiers, au contraire, avaient pour enseigne des bassins blancs en étain , et pouvaient em- ployer toute autre couleur pour faite peindre les volets de leürs boutiques. On sait qu'à Paris les perruquiers ont assez généralement l'usage de faire peindre en bleu le dehors de leurs boutiques. Celle de Figaro, dans le Barbier de Séville, est également peinte en bleu. (46) En 1768 on présenta au parlement, en faveur 190 Mœurs et Usages. Sous le ministère du grand Colbert, les per- ruques étaient es: menacées d’un grand orage. Voyant que tous les ans des sommes énormes sortaient de France pour des che- veux étrangers, il proposa au roi d'en dé- des coiffeurs des dames et contre les perruquiers, un Mémoire comique à la fois et sérieux qui est fort cu- rieux à lire. Voici encore les titres de deux ouvrages français, pu bliés quelques années auparavant par des Friseurs-per- ruquiers-artistes, Le premier, intitulé: « Nouvelle En- « cyclopédie perruquière, ouvrage assorti à toutes sortes « detètes, par M. BEAUMONT , » à paru à Paris, en 1761. Cet ouvrage n’est au fond qu’une plaisanterie, et l'auteur saisit plusieurs fois l’occasion de faire des allu- sions malignes aux auteurs de la grande Encyclopédie. Il y a joint 44 gravures qui nous présentent autant de variélés de coiffures en vogue alors parmi les jeunes élézans de Paris. L'autre, intitulé:4« Art de la coiffure « des dames, avec le traité en abrégé sur la façon d’en- « tretenir et de conserver les cheveux naturels et les « plans de largeurs des cheveux des faces, qu’il faut « observer pour faire toutes les sortes de coiffures, et « la façon de se coiffer avec les cheveux faux, par le « sieur Lx Gros,» a paru en 1765 à Paris , accom- pagné de 35 gravures, représentant autant de coiffures qui étaient alors de mode. Dans les années sui-, vantes , il y a eu plusieurs continuations de cet au- vrage. Le sieur Le Gros a traité ce sujet d’une manière bien plus sérieuse que le sieur Beaumont. Il fouda même une Académie de frisure, et établit dans son ou- vrage un Système de la frisure des dames, qui a eu lé sort de bien d’autres systèmes. Perruques. 101 fendre l’usage , et d'introduire à leur place, à la cour, une certaine espèce de bonnet, dont on avait déja mis des modèles sous les yeux du monarque (47). Cela a eu lieu pro- bablement bientôt apres le milieu du siécle, peu avant l'établissement du corps ou de la communauté des perruquiers français, et à une époque où selon le témoignage des auteurs contemporains , Louis XIV n’aimait pas les perruques. Il est probable que si Colbert avait réussi à faire adopter son projet, au l'eu de perruques à la française, on aurait adopté dans le reste de l’Europe, des bonnets tels qu’on les aurait portés à la cour de France; mais les perruquiers prouvèrent que l’argent qu'on tirait de l'étranger pour les perruques fabriquées, surpassait de beaucoup ce qu’on payait pour la matière première importée; la mode des perruques fut conservée , et leur ampleur augmenta de jour en jour. Lorsque ou XIV eut adopté la iH0de de se coiffer d’une perruque, voy. pl.2,n.° 8,toutes les personnes attachées à sa cour imitèrent son exemple; il y avait de ces perruques qui pe- saient plusieurs livres et qui coûùtaient jusqu’à mille écus. Les boucles de la chevelure descendaient par-dessus les épaules jusques près des hanches, et sur le front les cheveux. (47) Voy. la Préface de l’4rt du Perruquier. 102 Mœurs et Usages. formaient une élévation très-considérable; ces perruques ne se sont conservées que dans certaines pièces de théâtre pour les rôles de notaire, Un devant de perruque, haut quel- quefois de quatre à cinq pouces, s'appelait alors un £oupet à la Fontange , Au nom d’une maîtresse du roi qui avait mis à la mode une coiffure encore beaucoup plus élevée, et qui ordonna à un de ses parens de donner la même hauteur au toupet de sa grande per- ruque, afin de faire voir à la cour et à la ville, qu’il appartenait à la famille de fa mai- iresse du Souverain. On a conservé le nom du perruquier qui, vers 1600, imagina ces énormes perruques de tout genre, qui ont fait passer en effet beaucoup d'argent en France. Il s'appelait Bixerre. En France, les ecclésiastiques n’ont jamais essavé de se coiffer de ces énormes perru- ques qui étaient devenues la coiffure géne- rale des laïcs. Cependant , depuis l’année 1660, ils faisaient assez fréquemment usage de per- ruques. Selon Tiers , les exemples d’ecclé- siastiques portant perruque avaient été très- rares jusqu'alors. L'abbé Barbier de la Ri- vière (48), fameux par ses intrigues, et dont (48) IL s'était mis dans la faveur de Gaston, duc d'Orléans, parce qu'il savait tout Rabelais par cœur; Perruques. 103 il est souvent question dans les Mémoires du cardinal de Rerz, et dans ceux d’AMELOT DE LA Houssaye, donna, vers 1650, le premier exemple d’un ecclésiastique portant une per- -ruque. il devint son favori , mais il le trompa et le trahit sou- vent, et sacrifia tout à son intérêt; dans les guerres ci- viles qui désolèrent la France pendant et bientôt après la minorité de Louis XIV, il fut tantôt d’un parti, tantôt de l’autre ; il savait se rendre nécessaire à chacun d’eux, mais n’en fut pas moins méprisé de tous. A force de solliciter et d'intriguer (car il était de ces gens qu’au- cun refus , aucune humiliation ne saurait rebuter }, il réussit à se faire nommer évèque de Langres. Voici ce que Boileau en dit dans sa première Satyre : Oh! que le sort burlesque en ce siécle de fer D'un pédant , quand il veut , sait faire un duc et pair; Ainsi de Ja vertu la fortune se joue. Il a joui tranquillement des revenus de son évêché, et de quelques autres bons bénéfices, jusqu'à sa mort, arrivée en 1670. Il légua 100 écus à celui qui ferait la meilleure épitaphe pour être mise sur son tombeau. Voici celle que le public regarda unanimement comme la plus convenable : \ Ci gît un très-grand personnage, Qui fut d’un illustre lignage; Qui posséda mille vertus, Qui ne trompa jamais, qui fut toujours fort sage. Je n’en dirai pas davantage; C’est trop mentir pour cent écus! Pour bien comprendre le second vers, il faut savois que ce’prélat était fils d’un tailleur. 104 Mœurs et Usages. Quoique le clergé français se soit toujours borné à porter de simples caloites auxquelles on altachait des boucles de cheveux, ou des petites perruques d’abbé tresælégantes, cette innovation excita cependant le zèle de diffé- rens ecclésiastiques trop orthodoxes (49). C’est surtout contre les perruques des ecclé- siastiques qu'est dirigée l'Histoire des perru- ques, de Tuiers. 1l observe, dans la préface; que les perruques des laïcs ne sont pas moins condamnables que celles du clergé, quoiqu'il n’en ait point parlé expressément. Il est assez amusant de le voir passer en revue les diffé- rentes espèces de perruques, et employ er toute son érudition pour prouver, surtout par des argumiens canoniques, qu'un ecclésiastique ne peut pas se permettre d’en porter. Il sé- lève surtout contre l'usage des perruques poudrées et parfumées (50), et à cette oc- casion il cite S. Augustin, S. Paulin, et dif- férens conciles (51). Il rapporte avec com- plaisance les décrets de plusieurs synodes, les (49) Le grand Polygraphe André SAUssAY , évêque de Toul , s'exprime à ce sujet de la manière suivante, dans sa Panoplia clericalis : & Capillamenti, adulte- « rinæ , apposititiæ, et alienæ comæ usus semper 2n- famis in Ecclesia habitus est. »s (50) Histoire des Perruques, par THIERS, p. 392 et suivantes. (51) 4bid. p. 431 et suiv. Perruques. 10 ordonnances de plusieurs évêques qui ont condamné l'usage des perruques (52); et il blâme fortement qu’en 1668, le cardinal de Vendôme , légat a latere ,en France, du pape Clement IX , et vers 1684, le cardinal Gri- maldi, archevêque d’Aïx , ayent donné à quelques ecclésiastiquesla permission de porter une perruque. Il est persuadé qu’à cet égard ces prélats ont outrepassé leurs pouvoirs, et il desire dans le dernier chapitre de son ou- vrage, « que le pape publie une bulle qu’on « serait obligé d'adopter dans toute la catho- « licité, par laquelle il serait défendu très- &« expressément ét sous de grandes peines , à « tout ecclésiastique de quelque ordre et de « quelque qualité qu'il fùt, de porter des 4 perruques, ni pelites ni grandes, ni tours, &« ni demi-tours, ou des coins de cheveux & étrangers; » et il veut même # que le roi « défende aux ecclésiastiques de paraitre en perruques, comme il a ordonné en 1684, « aux présidens et conseillers des parlemens, de paraître en longue robe dans l'exercice « de leurs fonctions (53).5s Dans le dix-huitième siécle, on vit publier (52) Entre autres l'évêque de Lavaur, en 1688, et le cardinal Le Camus, évêque de Grenoble, dans ses Statuts synodaux; plusieurs synodes enfin, nommément celui d'Agen en 1666. (53) Tuiers, Hist, des Perruques, p. 432, 433. 106 Moœurs et Usages. en effet des bulles papales conire les perru- ques; mais ces défenses n'étaient pas aussi générales que le fanatique Thiers les avait voulues. Il est assez singulier que les détails qui ont été imprimés sur l’époque et les cir- constances de ces prohibitions varient tant , et qu'on n’en trouve presque rien dans les col- Jections imprimées des bulles et des brefs des papes. :e chancelier LuünwiG (54) dit irès-positi- vement : «qu'en 1703, le pape Clément XI & défendit d’abord à tous les ecclésiastiques, 4 et lorsque beaucoup de réclamations se 4 furent élevées contre cette défense, seule- « ment à ceux qui disaient la messe et aux « moines de porter des perruques, sous peine & d’excommunication. ss Dans le Dictionnaire universel de FürE- TIÈRE, augmenté par BasNAGE et LA RIVIERE (55), on lit à l’article Perruque , que le pape Be- noît XIIT a défendu aux ecclésiastiques de porter des perruques; cependant on ne trouve rien de semblable dans le Bullarium magnum, car dans une ordonnance du 21 avril 1725 (56), (54) Lupwic, Gelehrte Anseigen | Halle, 1743, in-4.°, p. 490. (55) Edit. de la Haye, 1727, fol. t.3, au mot Per- Tuque. (56) Bullarium magnum, édit. Luxemb. t. 15, p. 157. Perruques. 4 «07 la seule qui traite du costume extérieur des ecclésiastiques , il n’y a pas un mot sur les perruques. Mais dans le Bullarium mag- num (57), et dans le Bullarium de Clé- ment XI (58), il y a une bulle en langue italienne, de ce dernier pape, du 4 mai 1701, adressée à tous Les ecclésiastiques à Rome, dans laquelle, d’après les ordres que le pape avait donnés verbalement , l'usage des per- ruques et des barrettes faites avec art, et pour tenir lieu de perruques , est défendu aux ecclésiastiques à Rome, non pas d’une ma- nière générale et absolue , mais seulement pen- dant le service divin et quand ils vont au chœur; dans cette bulle, il n’est pas question des religieux, mais seulement des bénéficiers; enfin, la peine dont sont menaces les con- trevenans n'est pas, comme quelques auteurs Vont dit, l’excommunication, mais la perte du droit de présence. À l'endroit cité du grand Bullarium, p. 252, et dans le Bullarium de Clément XI, p. 3:7, on trouve encore une autre ordonnance datée du 7 décembre 1706, dans laquelle il est dit, au sujet des perruques, qu'aucun prêtre ni clerc ne doit porter une perruque qui (57) Ibid. t. 7, part. 2, p. 451. (58) Bullarium Clementis XI, P. M. Rom. 1723, fol. p. 593. 108 Moœurs et Usages. couvre le front et les oreilles; et il est encore défendu expressément, dans un article par- üculier, de célébrer la messe en perruque. Mais il n’y est pas question d’excommunica- tion lancée contre les contrevenans ; pour chaque contravention , la bulle fixe me amende de ro scudi applicable à des œuvres pieuses, et elle menace les contrevenans d’être privés de tout avancement à des bénéfices. Il paraît qu’à Rome même l'infraction de celte défense des perruques n’a pas été regar- dée comme un cas papal, car l’évêque peut en dispenser le clergé séculier , sous prétexte de maladies, d'âge, d infirmités , etc. L’évêque de Spire (59)se pis payer, pour une pareille dispense , la somme de 14 florins; mais, pour garder la perruque pendant qu'on disait la messe , 1l fallait une dispense spéciale, parce que depuis les temps les plus reculés, il sub- siste une loi de l'église qui ordonne aux pré- tres d’avoir la tête découverte pendant cer- taines parties de la messe. Ceux cependant qui n’ont pas cette dispense, et qui vou- draient garder la perruque pendant qu’ik disent la messe, savent employer une petite ruse ; ils se font faire des perruques ouvertes (59) Voy. Deutsche Encyklopædie (Encyclopédie allemande), t. 13, pag. 643, Francfort-sur-le-Mein , 1768, fol... Perruques. 100 à l'endroit de la tonsure , ou couvertes à cetté place d’une calotte qu'on p: t ôter pendant la célébration de la messe; ils se sont crus autorisés à garder le reste de la per- ruque, parce que la tonsure était décou- verte. Parmi le clergé des églises protestantes , les perruques trouvèrent également beaucoup d’adversaires , et plusieurs prédicateurs par- lérent en chaire conire cette coiffure, dont l'invention fut, par l’un d'eux, attribuée au Diable. Vers là fin du dix-septième siécle ce- pendant , l'usage des perruques commenca à élre recu par plusieurs d’entre eux, sur- tout pas ceux qui occupaient les places les plus éminentes. Cette mode des grandes perruques paraît avoir passé de la France dans l’Allemagne méridionale, et de l’Angleterre dans l’Alle- magne septentrionale; ainsi que le prouvent les portraits de l’évêque Téllotson, de Skil- lengfleet, de Jean-Louis Fabricius, de Frédé- ric Spanheim, d'Herman Barkhaus, pl. 2, n.° 9. Cependant la plupart des ecclésiastiques portaient alors encore leur chevelure natu- relle et très-simple. L'usage des grandes per- ruques, comme il vient d’être dit, ne fut adopté que par les personnages revêtus d’é- minentes dignités, par les évêques en Angle- terre, et par les surintendans généraux en 110 Maœurs et Usages. Allemagne (60). Après le premier quart du dix-huitième siéele , au contraire, l'usage des perruques devint tellement général parmi le clergé protestant de l'Allemagne et de la Hol- lande, qu'on les regardait pour ainsi dire comme un altribut nécessaire de tous ceux qui tenaient au clergé; les maîtres d'école en portaient, les écoliers même qui chantaient quelquefois dans les églises étaient obligés (60) Dans le tome 8 des Observationes selectæ ad rem litterariam spectantes, Halæ, 1704, in-8.°, il y a à la page 18 et suivantes une Observatio de capillas mentis, où l’histoire des perruques est rapportée d'une manière assez confuse et incomplète. L'auteur y prend cependant la défense des ecclésiastiques qui portent perruques; mais il ajoute : « abstineant capillamentis « grandioribus et in morem seculi fabricatis.s Mais il ne dit point pourquoi il leur sera plutôt permis de porter des perruques qui ne sont pas à la mode, que des perruques à la mode. : L'usage de porter de ces énormes perruques n'était pas alors très en vogue parmi les ecclésiastiques du culte protestant. Parmi les portraits de ce temps, on en voit un plus grand nombre en cheveux naturels et coupés, avec ou sans calottes, qu'en perruqués. Ce contraste devait être d’autant plus frappant que ceux qui portaient leurs propres cheveux avaient ordinai= rement de fortes moustaches, et au menton une barbe assez garnie, tandis que ceux qui suivaient la mode des grandes perruques , adoptée alors par la cour de France, n'avaient point de barbe du tout, et qu'une petite moustache. Perruques. III d’en porter , et les dévôts regardaient en quel- que sorte comme s'étant émis de leurs digni- tés ecclésiastiques, ceux des membres du cler- gé qui ayant jugé la perruque inutile, Ini préféraient leur chevelure naturelle. En Allemagne cependant , surtout dans les par“ ties méridionales et dans la Suisse, ce pré- jugé. ne subsista pas très-longtemps , et on en sentit bientôt le ridicule, de sorte qu’on laissa à chacun pleine liberté de se coiffer comme il lui semblait bon, et conforme à la de- cence. En Angleterre, l'autorité des perruques est encore dans toute sa force. En 1799, les journaux: ont trouvé digne d’être remarque, que le docteur Randolf, évèque actuel d’Ox- ford , est le premier prélat anglais dudix- huitième siécle qui ait porté sa chevelure na- turelle. On regardait encore, à cette époque, la perruque comme tellement essentielle à la dignité de prélat, qu’on adressa à cet évêque des remontrances contre cette innovation. Il eut beau répondre qu’au dix-septième siécle, sous le règne de Charles IT, quoique ce roi portât une ample perruque, on avait donné une loi, non encore abolie, par laquelle il est défendu aux ecclésiastiques de porter per- ruque (61), il se vit obligé de céder aux ob- (61) Plusieurs portraits du roi Charles IT nous le 112 Maœurs et Usages. servations. de ses collégues du haut clergé, et de porter une perruque, ce qui, selon lob- servation des papiers publics, causa une joie générale. L'abus des perruques énormes ne se borna pas en Angleterre aux membres. du clergé. Dans les universités anglaises, non-seulement les professeurs, mais même les bédeaux, ne paraissaient. Jamais sans perruque. Le lord major ct les aldermans de Londres ne peu- vent tenir un conseil sans être dans leur cos- tume officiel, dont une énorme perruque fait partie. L’orateur de la chambre des com- munes, lorsqu'il siège dans le parlement, ou s’il se rend à la cour à la tête d’une dépu- tation de sa chambre, ne peut pas se dispen- ser,de, mettre une énorme perruque d’alder- man (62); aucun juge ne saurait prononcer font voir coiffé d'une ample perruque. Lorsqu’après la bataille de Worcester, il fut obligé de prendre la fuite, il se couvrit d’habits de paysan et coupa ses che- veux pour se rendre moins reconnaissable. Lorsque, pour s’embarquer à Bristol, il fut obligé d’ôter son habit de paysan, il se coiffa d’une perruque. Il devait donc sa surelé et peut-être sa vie à une perruque, et cepen-- dant il signa une loi qui proscrivit cette coiffure de la toilette du clergé. (62) En Angleterre, le peuple désigne une grande | perruque par le mot a bull, probablement à cause du volume boursouflé de ces coiffures ; c'est ainsi qu'il appelle a bull-chin, un visage bien plein et rand ; de là Perruques. 113 en Angleterre , une sentence, sans être affublé d’une ample perruque. Hocarra a déja com- paré cette perruque, des juges à la crinière du lion (63), et il a dit, dans son humeur satyrique, qu’elle leur donnait un air non- seulement respectable , mais encore équi- table. C'est pourquoi il a placé au dessus de la perruque de son juge, pl.2,n.° 1o,unelanguede feu (64), comme pour indiquer qu’au moyen de cetie perruque un esprit particulier est des- cendu sur cette tête. Le siége de ce juge est sup- porté par une colonne d’un ordre semblable à celui de Corinthe, mais dont le chapiteau, au lieu de feuilles d’acanthe, est orné de per- rugues à marteaux. Aux pieds du juge est assis le génie de la jurisprudence criminelle anglaise, qui d’une main tient un petit gibet, et de l’autre essuie ses larmes avec la robe du juge. La perruque du grand chancelier de lAn- gleterre, lorsqu'il est en fonction, est d’une encore le peuple anglais, personnifié sous les traits d’un “gros courlaud à grosse tête et à larges épaules, est ap- pelé Joan-Bull. (63) Voyez l'Analyse de la Beauté, par HOGARTH, P- 12. (64) Voyez la première planche de l'Analyse de la Beauté, par HoGarTu. Tome VI. Novembre 1807. 8 ti4 Mœurs et Usages. ampleur énorme. Du reste, on sent que ces différens personnages ôtent leur perruque des qu'ils n’exercent pas les fonctions de leur place. Il en est encore de même dans quel- ques anciennes villes de l'Allemagne; où la grande perruque est regardée comme une par- lie très-essentielle du costume de sénateur où de bourgmestre. Il paraît que ce préjugé n'existe pas seu- lement en Allemagne. Pendant la courte épo- que où l’armée francaise avait évacué Gênes, les membres du goüvernèment provisoire eu: rent grand soin de réprendre lançien cos- tume des magistrats , ét surtout les éncrmes perruques (65). Tout le monde sait qu’en (65) Une anecdote racontée'dans le 7oyage de STE- PHANOPÔLI em Grèce mérité d’être rapportée ici. #1 faut se rappeler que la république de Venise faisait gouverner chacune de ses îles dans la Méditerranée pir un Provéditeur; l'étiquette obligeait ces magis- traits, ainsi que les Sénateurs de Venise, de se coif- fer d’une grande perruque. Lorsqu’en 1798 les ha- ! bitans de Zante plantèrent l'arbre de la liberté, et qu'ils brülèrent tous les signes de la noblesse et de l'aristocratie, ils demandèrent aussi au Provéditeur sa perruque pour la brûler; mais celui-ci refusa de la donner, à moins qu'on ne lui eût remboursé les 30 sequins qu’elle lui avait coùtés. Il insista telle- ment que.lun des habitans lui fit sur le champ un bon de cette somme, payable dans vinst-quatre heures; la perruque fut alors aussitôt apportée et Perruques. 112 France la plupart des conseillers aux parle- mens portaient une énorme perruque pen- dant l’exercice de leurs fonctions. brûlée. Voyez le FPoyage de Dico et Nicolo STEPHA- NOPOLI en Grèce, pendant les années F et VI. Paris, an 6,in-8.°, t. 1, p. 95. { La fin au Numéro prochain ). GÉOGRAPHIE. Revue générale des changemens géographi- ques -qui ont eu lieu pendant l'année 1806, et des progrès des connaissances relatives à la géographie , à la statistique et à lhis- toire des peuples {x ). Tes 1806 forme une époque très-remare quable dans l’histoire géographique et statis- tique de l’Europe, par les changemens con- sidérables qui se sont opérés dans les divi- sions politiques des pays, et par les nouveaux rapports qui se sont établis entre eux. Tant d’événemens importans ont en quelque sorte absorbé tous les esprits, et les connaissances relatives à l’histoire générale des peuples et des differens pays de la terre n’ont guères pu s'étendre, au milieu du tumulte presque universel qui agitait l'Europe. Ce qu’elles ont acquis pendant cette année , est dù principa- lement aux Anglais et aux Français; et, pour les méthodes statistiques et géographiques, aux Allemands. (1) Ce tableau est tiré des Æphémérides géographi- ques qui se publient à Weimar. Au commencement de 1808, nous donnerons de même le tableau des changemens géographiques survenus pendant Le cours de 1807. Année 1805. 217 Parmi les ouvrages généraux, on doit citer la Géographie très: pa de MM. MENTELLE et Macrs-BruN; c’est un recueil,.en 16: vo- lumes, de tout ce qu'on connait aujourd’hui de plus important.et de plus précis. dans cetie science (2). Un auteur anonyme a fait aussi pa- raître à Paris, une Géographie en 5 vol, in-8.. L'Institut géographique de Weimar. publie un ouvrage périodique sous le titre de Neu- ester Laender und Voelkerkunde (3) qui offre un choix extrêmement intéressant de tout ce qui a rapport à l'état physique, politique et moral de tous les pays, et qui contient, pour une plus grande clarté, un nombre considé- rable de planches et de cartes. Les deux pre- miers volumes renferment, outre l’introduc- tion générale, la description dès royaumes de Portugal , d’Espagne et de France. Ce jour- nal est rédigé par M. Eurmann, avantageu- sement connu par ses Conmaissances profondes en statistique. M. GC. À. MuLrer a donné une. nouvelle édition de-sa Géographie. Le baron de LiscHTENSTERN a entrepris la publication. d’un Manuel géographique sous le titre d’AÆbriss der neuesten WF elc-Erd-undStaaten- (2) Voyez les extraits que nous en avons donnés, ann, 1004, !. 3, p: 270; et ann. 1807, t 3, p. 437. (5) De la Connaissance des Pays et des Peuples. 18 Géographie. kunde, qui paraîtra en six volumes avec atlas, Le Manuel descriptif de la Terre, par M. Gaspari, a loujours été continué avec le même succès. Le D. Prayrair a publié en Angleterre un Sys/ème dè Géographie an- cienne et moderne. M. Gasparr a encore donné un ouvrage élémentaire , sous le titre de Zehrbuch für den ersten Cursus des Geographischen Unterrichts (4). Quant aux Dictionnaires généraux de Géo- graphie, on doit faire mention de la conti- nuation des ouvrages de Scuorcn, et de Waixkorr; de la vingtième édition du Dic- tionnaire géographique de L. Ecuaxp qui a paru à Paris, et d’un Dictionnaire calque sur le même plan, par P.C. V. Borsre. Les collections de voyages doivent étre considérées comme formant les recueils de matériaux les plus importans pour la cen- naissance du globe. L'ordre et la méthode de la Bibliothèque de MM. SPRENGEL et Enr- MANN rendent cet ouvrage extrêmement pré- cieux. On doit porter le même jugement du Journal of modern and contemporary Tra- sels (5), publié à Londres, et de la Co/- (4) Ouvrage élémentaire pour servir au premier Cours d’Instruction géographique. (5) Journal des Voyages anciens et modernes. Année 1806. TF9 dction des petits Foyages, par M. Lax- GLES (6). A. Ntmanx a publié une Zntroduction tres- intéressante à la Statistique; M. Mrusez une seconde édition augmentée considérablement de sa Littérature ou Bibliographie de la Sta- tistique}; le professeur Murrer un Manuel général de Statistique. M. Hok a continué ses Exposés. statistiques. M. CROME à cutre- pris des Tableaux des forces des Etats de l'Europe et de leurs limites statistiques. Quant aux Traités spéciaux de Statisique, M. J. Jepson Oppy a présenté des vues très-intéres- santes dans son European Commerce ; M. Du- VILLARD , dans un ‘Yraité de l'influence de la petite VWérole sur la population ; et M. SNELL, dans un Tableau de la population de 630 villes. Les ouvrages qui ont rapport à l’histoire, à la description de chaque pays seront cités aux lieux où 1l en est fait mention. Nous devons actuellement parler des Cartes. L’Ailas manuel, mis au jour par l’Institut géographique de VWVeimar , est un des ou- vrages les plus importans en ce genre. IL remplit parfaitement son but, qui est de ser- vir commodément à l'instruction des écoles et à la lecture des papiers publics. (6) Voy. Mag. Encycl. ann.4,t. 3, p.22;et ann. 1608, & 3, pe 467. 120 Géographie. Le grand Atlas, publié par le même Institut, dans le format des Cartes d'HOMANN, a été continué avec activité, et les dernières caries qui ont paru n’ont cédé en rien, pour l'exactitude et l'élégance, à celles qui avaient été publiees anterieurement. L’assortiment de cartes particulières de diffé- rens pays, quis'executent dans cet établissement est digne de fixer l'attention des negocians, des militaires et en general de tous ceux à qui il importe d’avoir des connaissances très- détaillées de la situation et de la disposition des lieux. Le catalogue systématique de es cartes devient donc d’un grand interèt, pws- qu'il présente l’ordre relatif de toutes Les divi- sions politiques de l’Europe, et celui qu’adepte l'établissement de VVeimar dans l'emission de ses cartes. Il à fait exécuter aussi des globes de huit pouces de diametre dressés par M. Sorzmann et gravés par M. Gorze à Nurem- bers. rt encore le Cube terrestre de M. C. G. ReicuarD qui présente tout le globe dans une projection AE sur un cube de huit pouces, et le Système solaire et pla- nétaire projeté par M. Gorze, sur le modèle du Planetario et Tellurio de M. Purseue. Parmi les voyages qui ont servi à étendre la connaissance de la terre et des peuples, on doit citer particulièrement l'expédition entreprise par les Russes, sous la direction Année 1806. EL de l'amiral ÆXrusenstern, et dont plusieurs savans qui en faisaient partie ont publié des relations (6*). Nous avons extraitet publié, dans le Magasin (7), le Journal d'une personne qui était attachée à l'ambassade russe envoyée en Chine. L’orgueil des habitans ou d’autres causés qui ne sont point connues, n’ont pas permis à cette ambassade de pousser son voyage au delà d'Urga. Le Docteur SEETZEN a continué son J’oyage dans la Palestine. Le celébre voyageur HorNMANN n’a point donné de ses nouvelles, et ce silence a inspiré de justes craintes en Angleterre. Celles qu’on avait conçues au sujet de MuüunGo-Park sont aussi fondées. Le Docteur LiIEcHTENSTERN est revenu heureusement en Europe, de l'extrémité méridionale de l'Afrique qui avait été son point de départ. M. Barrow , dans son Voyage de la Cochinchine (8), nous a donné une relation très - intéressante du pays des Buschwana. Le lord VALENTIA, après un voyage de plusieurs années dans les /ndes orientales , est revenu en Europe par la mer Rouge, et l’on nous fait espérer, comme un des résultats les plus intéressans de cette ex- pédition, la relation d’une Excursion dans (6*) Mag. Encycl. ann. 1806 ,t. 1, p. 164. (7) Ann. 1807, t. 4, p. 340. (8) Dont M. MaLrE-BruN a donné une très-bonne traduction. Voy. Mag. Encycl. ann. 1807, t. 9, p. 19. 122 Géographie. T Abyssinie. Un des savans qui faisait partie de l'expédition du capitaine BauDin, M. PéroN, s’est occupé avee beaucoup d’ardeur de la redaction de son voyage (9). M. de HumsoLpr a publié plusieurs mémoires et d’autres pièces qui, par leur réunion, formeront un des ouvrages les plus intéressans qui aient paru, sur la ce sique et l'histoire naturelle, et rela- tivement aux déterminations géographiques et à la description des lieux qu'il a visi- tes (ro). Passons, après cet exposé des ouvrages ct des iravaux exécutés pour la connaissance générale du globe, aux nouvelles divisions géographiques et politiques qui ont changé la face du monde. E. -L'EQU R:OfP;E: Le système fédéralif coneu par la France embrasse maintenant presque toute la partie: méridionale de cette partie du monde. 1. L'Allemagne. Cette contrée a vu démembrer les Etats dont elle avait été formée pendant rooÛ. ans, (9) Voyez-en l'annonce dans ce Journal, ann. 1807, t. 4, p.221. (10) Voy. Mag. Encycl. ann. 1807, t, 1, p. 226. Année 1896. 123 Les cercles du sud-ouest se sont unis intimeé- ment à la France par l'acte de la confedéra- üon du Rhin, rédigé à Paris le 12 juillet 1826. Peu de temps après (le 6 d'août) l’'Empe- reur d'Allemagne a fait une abdication so- Jennelle de ce titre; et de cette manière, les Etats du nord de l'Allemagne sont restés in- dépendans et isolés en quelque sorte de ceux auxquels ils avaient toujours été unis. L’ar- ticle 39 de Pacte de la confédération du Rhin leur accordait, il est vrai, la faculté d’y en- trer ; mais la guerre entre la France et la Prusse a laissé jusqu’à présent leur sort in- certain. a) Les Etats confédérés du Rhin forment donc une nouvelle alliance, mais chacun jouit d’une souveraineté indépendante ; ils sont sous la protection de l'Empereur des Francais, et contribuent tous à leur défense mutuelle/La reunion des membres de la con- fédération a lieu à Franclort-sur-le-Mein, et elle est sous la direction du Prince Primat. Voici la liste des Souverains d'Allemagne, selon leur ordre dans l’acte de confédéra- tion (11): 1. Le Roi de Bavière; 2. Le Roi de Wirtembers ; (11) Aussitôt après l’institutionde la confédération du Rhin, il a paru deux ouvrages qui y sont relatil:, 124 Géographie. 3. Son Altesse Eminentissime le Prince Primat ; 4. Son Altesse Sérénissime # Grand-Duc de Bade ; b. Son Allesse Impériale le GiariDa de Berg ; G. Son. Altesse Sérénissime le Grand- Dié de Darmstadt ;, 7. Le Duc de Nassau-Usingen, et le Prince de Nassau-Weilburg ;, 8. Les Princes de Hohenzollern-Hechin- gen et. de Hohenzollern.- Siegmarin- gen ; 9. Les Princes de Salm-Salm et de Salm- Kyrburg ; 10. Le Prince de Isenburg-Birstein ; 11. Le Duc d’Ahremberg; 12. Le Prince de Liechtenstein ; 13. Le Prince de Leyen; L'Electeur de Würzburg s’est réuni encore à la confédération le 30 septembre 1806; en sorte que le nombre des Souverains qui la composent s'élève à quator ze , et si l’on compte les individus regnans, à dix-sept. L’assembléé qui a lieu à Fr ancfort, pour l'intérêt général de la confédération, se partage en deux col- Der Rheinische Bund, par P. 4. Winkorpr,et Archiw des Rheinischen Bundes, in-4.°, par Paul OESTREI- CHER. “Année 1806. 125 Iéves, celui des Rois e: celui des Princes. Le Prince Primat les préside Pun et l’autre; mais, s'ils ont à prendre des déterminations sépa- rément , il dirige alors le collége des Rois, et le Prince de Nassau celui des Princes. Tous les princes ci-dessus nommées jouissent d’une pleine souveraineté (12), aussi bien sur les Etats nouvellement acquis par l’acte de confederation, que sur ceux qu'ils possé- daiïent avant cette époque. Par cet acte, plu- sieurs Princes , autrefois entièrement inüépen- dans et qui tenaient un rang égal avec les autres Souverains des Etats d'Allemagne, sont tombés sous leur dépendance; cependant, par l’article 27 de l’acte de confédération , on leur a laissé tous les domaines qu'ils possédaient alors:;‘comme des propriétés particulières et patrimoniales , et tous les droits féodaux qui n'étaient pas essentiellement unis avec la sou- veraineteé. (1) Royaume de Bavière. Ce royaume a été fondé par la paix de Preshourg. Elle lui a valu a) le margraviat de Burgau, 2) la principauté d’Eichstaeüt, (12) D’après l’article 26 de l'acte de confédération, les attributions de la souveraineté sont: la législation, la jurisdiction ‘en première instance, la haute police, le droit de recrutement et celui des impositions. 126 Géographie, c) celle de Passau, 4) la principauté du Ty- rol avec les seigneuries en avant de l’Arl- berg, et les principautés de Trident.et de Brixen, e) le comté de Koenigsegg-Rothen- fels, f) les seigneuries de Tetinang et d’Ar- gen, g) les villes d’Augsbourg, et 2) de Lindau. En échange de ces nouvelles acqui- sitions, le Roi de Bavière a cédé Ja princi- pauté de Wirzburg qui lui avait élé accor- dée par le dernier recès de la Députation de l'Empire. Elle a été donnée à un Prince de la maison d'Autriche, sous le titre d’Electorat, Quelque temps après, la Bavière a cédé le duché de Berg à l'Empereur des Français qui l’a mise en possession de la principauté d’Anspach. Par l'acte de confédération du Rhin, la Bavière a obtenu 1) la propriété et la sou- “veraineté de: la ville impériale de Nurem- berg et son territoire, et les commendes de Tor dre allemand de Rohr et de Waldstetten ; 2 )la souveraineté delaprincipautéde Schwar- zenberg , du comté de Castell, des seigneuries de Speckfeld et Viesentheid, des grands bail- liages de Schillingsfürst et de Kirchberg, de la principauté d’Hohenlohe , du comté de Sternstein, des pays d’Oettingen, des domaines situés au nord de la principauté de Neuburg et appartenant au Prince de Thurn et Taxis, du comté d’Edelstetten appartenant au Prince: Année 1806. 27 de Ligne, des possessions du Prince et Comte de Fugger , du burgraviat de Winterrieden, village qui appartenait autrefois à l’abbaye d'Ochsenhausen, de la seigneurie de Buxhenm, de la seigneurie de Tannhausen, de la grande route de’ Memmingen à Lindau, et de toutes les possessions de la noblesse immédiate de JEmpire , situées dans les Etats ou sur les frontières de Baviere. Ce dernier droit, au reste , ne peut étre déterminé qu'après un accord des Souverains des pays limitrophes, membres de la confédération. Cet accord a déja eu lieu entre la Baviere et le WVirtem- berg ; 3) la Bavière a cédé au Wirtemberg la seigneurie de Wiesenstéig, et a renoncé aux prétentions qu’elle pouvait former sur abbaye de Wieblingen, du côté du margra- viat de Burgau. | C'est ainsi que la Bavière est deveuue un des Etats les plus puissans de la confédération. Cependant l'acte qui y admet la soumet, par l'article 37, à quelques servitudes (15), et, par un arrangement signe à Munich, le 28 mai 1000 , elle renonce à posséder militaire- ment une partie du Tyrol qui borne les fron- uéres d’Italie. (13) De permettre qu’on fortifis' Augsbours et Lin- dau, qu'on forme un établissement d'artillerie et des boulangeries dans la première de ces villes, et dans da dernière un magasin de vivres et d'armes. 126 Géographie. Le contingent que la Bavière doit fournir, en cas de guerre, à la confédération, s'élève à 30,000 hommes (14). Parmi les ouvrages allemands de Statistique et de Géographie qui ont paru sur la Ba- vière, on doit citer la Description du Pala- (x4) D'après le 38.° article de l'acte de la confédéra- tion du Rhin, le contingent militaire est fixé : Pour la France, à 200,000 hommes. la Bavière, 30,000 le Wirtemberg, 2,000 le Pays de Bade, 8,000 le grand Duché de Berg, 5,000 Darmstadt, 4,000 les autres Confédérés, 4,000 263,000 Le contingent des autres Princes confédérés se repar- it de la manière suivante : Pour le Duc et Prince de Nassau, 1680: hommes. le Prince Primat, 968 le Duc d'Ahremberg, 379 les Princes de Salm-Salm etSalm-Kyrburg, 923 le Prince d'Tsenburg-Birstein, 297 le Prince d'Hohenzollern- Siegmaringen, 193 le Prince d’Hohenzollern- Hechingen , 97 le Prince de Liechtenstein, 40 le Prince de Levyen, 29 4000 Armée 1806, 129 tinat le Bavière, par Praenet j les Tableaux séatistiques topographiques du Haut Palati- nat, par DEsroucngs; la Liste alphabétique de tous les Lieux du Tyrol et des Seigneu- ries en avant de l'Arlbere, par: Zoirer; et la cinquième et dermière livraison de l’4/as du Voyage de la Bavière, par ÆAdr. de Ruepz , et les premières du Szromatlais ou «Atlas pour le Cours des Fivières de Bavière du même Auteur. M. Rnenxwazp a donné une très-bonne Carte de ce Royaume , et l’Institut géographique de Weimar a travaillé à la publication d’un travail semblable. Relativement au Tyrol, on doit faire men- tion des F’oyages du Comte de STERNBERG, et des Periodi istorici e topografici delle valli del ‘Tirolo meridionale, par Marrer. Il a paru à’ Inspruck un Dictionnaire : topo - graphique sur le Tyrol et les Seigneuries en avant de l’Arlberg; cet ouvrage est de J. C. Zozrer. | (2) Royaume de Wirtemberg. Ce royaume a été fondé, comme la Bavicre, par la paix de Presbourg. Il a obtenu, par ce même traité, le landgraviat de Nellenburg, les comtés d’Ober et Nieder-Hohenhberg ; le bailliage d’Altorf; les cinq villes du Danube Ebingen, Munder-Kingen, Riedlingen, Mengen: Tome VI, Novembre 1806, 9 t30 Géographie. et Sulgau ; et la partie du Brisgau située à l'est, comprise entre la ligne tirée depuis le Schle- gelberg jusqu’au Molbach, avec les villes de Villingen et de Breunlingen , possessions ap- partenant auparavant à la maison d'Autriche; le comté de Bondorf, qui, par un recès de la Députation de l'Empire, avait été laissé à V’ordre de $S. Jean. Par l'acte de confédération du Rhin, le Wirtemberg 1) a cédé au Grand-Duc de Bade le comté de Bondorf; les villes de Breunlingen et de Villingen avec la partie du territoire de cette dernière ville, située sur la rive droite de la Brigach; la ville de Tuttlingen avec les dé+ pendances du bailliage de ce nom, sur la zive droite du Danube. 2) À obtenu en toute propriété et souve- raineté , la seigneurie de Wiesensteig ; la ville de Biberach avec son territoire, qui avait été accordée au pays de Bade par le recès de la Députation de l’Empire; la ville de Waldsée qui appartenait à l'Autriche, et qui se trouve dans la seigneurie de Truchsess-Wolfeggschen; les commanderies de l’ordre allemand de Kap- fenburg et d’Alschhausen (cette dernière, à l'exception des seigneuries d’Achberg et d'Ho- henfels ; l'abbaye de Wieblingen sur l'Iler, qui était une seigneurie appartenant à l’Au- triche. Année 1806. 131 3) La souveraineté sur les possessions des Princes et Comtes de Truchsess-Waldbursg ; les seigneuries de Baindt, d'Egloff, d'Hego- bach, de Guitenzell, d’ Isny ; le comté de Koenigsego-Aulendorf; les seigneuries d’Och- senhausen , de Roth, de Susenser , de Weissenau , de Mietingen et de Sulmingen, de Tannheim , de Neuravensburg, de Wart- hausen, de Weingarten, à l'exception de Hagenau qui passe sous la demination de Bade ; les possessions du Prince de Thurn et Taxis, à l'exception de celles qui passent à la Bavière et qui se trouvent situées au nord de la principauté de Neuburg, et de la sei- gneurie de Strassberg avec le bailliage d’Os- trach qui passent à la maison d’Hohenzol- lern-Siegmaringen ; la seigneurie libre de Gun- delfingen avec Neufra; les parties du comté de Limpurg-Gaildorf qui n’appartenaient pas encore au Wirtemberg; la principauté d’Ho- henlohe , excepté les bailliages supérieurs de Schillingsfüurst et de Kirchberg, que la Ba- vière doit posséder; et le pays de Salm-Rei- ferscheid-Bedburg situé sur la rive gauche de la Jaxt, et qui faisait une partie du bailliage de Krautheim dépendant de Mayence. Avant cet agrandissement des domaines et du pouvoir du Wirtemberg, il avait paru un règlement royal du 8 mars 1806, d’après lequel la première autorité du royaume ré- +32 Géographie, side dans le ministère d'état qui est formé dès chefs des six départemens , et d’autres membres dont le Roi s’est réservé la nomina- üon. Ces départemens sont 1) le département du cabinet ou le ministère des affaires étran- gères ; 2) le département de l’intérieur qui consiste dans le gouvernement en chef, et le collége économique du pays (15); 3) le mi- lmistère de la justice auquel sont subordonnés le tribunal d'appel supérieur , le collége de justice supérieur, et le conseil des er 4e et des pupiles; 4) le département de la guerre; 5) le département des finances; 6) le dépar- tement ecclésiastique auquel appartiennent le copsisloire supérieur , le conseil ecclésiastique pour le culte catholique, et un directoire supérieur pour les études. L’excellente Carte de Souabe de MM. Aw- MAN ct BouNENBERG se continue avec acli- vité. Une Carte générale du même pays a été publiée par M. Ammax. L'institut géogra- (45) Le royaume est partagé en douze cercles qui prennent les noms de leurs chefs-lieux : ce sont ceux + d'Aeilbronn, 2 de Ludwigsburs, 3 de Stuttgard, 4 de Maulbronn, 5 de Schorndorf, 6 d'Urach, 7 de Rothen- burg, 8 de Calw, 9 de Rothweïl, 10 de Tuttlinger, 11 de Zwiefalten, 12 d'Ewangen. Chaque cercle à un préfet et les biens de la noblesse appartiennent au cercle où ils sont situés, sans avoir aucun rapport poli= iique entre eux. Année 1806. 133 phique de VVeimar s’est occupé d’une Carte de Souabe dans le format de celles de Homann. (3) Le Prince Primat. Il était autrefois archi-chancelier électoral de l’Empire d'Allemagne. Il a obtenu , par Pacte de la confédération du Rhin, outre les possessions (16) qui lui avaient été cédées par le recès de la Députation de l'Empire: 1) En toute propriété et souveraineté la ville impériale de Francfort et son domaine ; 2) La souveraineté des possessions du Prince et Comte de Loewenstein-Wertheinx sur la rive droite du Rhin; la partie du comté de Rieneck appartenant au Prince de Colloredo; les possessions de la noblesse im- médiate de l'Empire, enclavées dans les pays ci-dessus nommés , où qui en sont limitrophes: le bailliage de Burgfinn; celui de Zeitlofs; Hoellerich, Waïitzenbach , VWindheim, Platz, VVolfsmünster , Aschenrod, Neïtzenbrunn , Morlesau , Ochsenthal, Sodenberg et Bon- landen. A l'égard de la ville de Francfort qui a été eédée au Prince Primat en toute souveraineté, (16) L’archevêché de Ratisbonne, la principauté. d'Aschaffenbours et le comté de Wetzlar. 134 Géographie. elle a conservé une organisation calquée sur celle qu’elle avait dans le temps de son indé- pendance. Le souverain qui la possède n s: a pointintroduit le même système monarchique auquel sont soumis ses autres Etats. (4) Le Grand-Duc de. Bade. Il a obtenu, par la paix de Presbourg, le Briseau , exceplé les parties de cette contrée qui ont été cédées au Wirtemberg , mais qui sont depuis revenues au duché L Bade. Il s’est donc accru de l’Ortenau , dé la ville de Constance , de la commanderie de Meinau de l’ordre allemand ; le Grand-Duc a obtenu en outre une pleine souveraineté sur ses nou- veaux et anciens domaines. En vertu de l’acte de la confédération du Rhin, le souverain du pays de Bade a aban- donné le titre d’Flecteur pour prendre celui de Grand-Duc, et 1) À cédé au Wirtemberg la ville de Bi- berach et son territoire qu'il avait acquise par le recès de la Deputation de l'Empire. 2) A obtenu la propriété du comté de Bondorf qui avait été accordée à l’ordre de Malte ; les villes de Breunlingen et de Vil- lingen avec le territoire de cette derniere, situé sur la rive droite de la Brigach; la ville de Tutlingen qui avait appartenu au Wire. Année 1806. 135 temberg; la principauté de Heitersheim avec ses dépendances situées dans les possessions badoises; les commanderies de Beuggen et de Friburg qui appartenaient à l’ordre alle- mand. 3) À obtenu en souveraineté : les pays du Prince de Fürstenberg , à l'exception de la seigneurie de Gundelfingen, Neufra qui ap- partenait au Wirtemberg, Trochtellingen , Jungnau et la partie du bailliage de Moeskirch située sur la rive gauche du Danube; la sei- gneuric d’Hagenau ; le comté de Thengen ; le landgraviat de Klettgau ; les bailliages de Billigheim et de Neidenau; la principauté de Leiningen ; les possessions du Prince et Comte de Loewenstein - Werthheim situées sur læ rive gauche du Rhin, excepté le comté de Loewenstein et la partie de Limpurg et Gail- dorf qui y appartiennent , ainsi que les sei- gneuries d’Heubach, de Breuberg et de Ha- bitsheim; enfin, les possessions du Prince de Salm-Reiferscheid-Krautheim situées au nord de la Jaxt. Les différends qui s'étaient élevés entre le Wirtemberg ct le pays de Bade, sur leurs nouvelles acquisitions, ont été terminés par un traité d'échange et de pacification du 17 octobre de l’année dernière. D'après cet acte : 1) La ville de Tuttlingen et la partie du 136 Géographie. bailliage de même nom, située sur la rive droite du Danube, sont restées au Wirtem- berg. Il a obtenu en outre la principauté de Mühlheim qui ne fui avait point été dispu- iée , et les villages de Weilheim, Wurm- lingen , Seitingen , Oberflacht et Purch- hausen qui forment ensemble la seigneurie de Konzenberg; Unterniebelsbach , Pfauhau- sen et Neuhausen , et la partie du pays de Bade située sur le Gross-Gartach ; 2) En échange, le Wirtemberg a cédé au Grand-Duc de Bade la partie du Brisgau qui Tui était échue par la paix de Presbourg ; la partie du territoire de Villingen située sur la rive gauche de la Brigach ; les communautés de Neuhausen, Ober-Eschach , Thierheim et Oberacker , appartenant à la commende des chevaliers de S. Jean dans le pays de Vil- Hingen; celles d’Alt-et Neu-Lussheim , celle de Waldangenloch dont il a conservé la moi- üé, Unter - Oewischeim, Gochsheim , Bann- brücken, Grünwetteshach , Palmbach, Muüt- schelbach, Nussbaum et Nordweïl dans le Brisgau. Parmi les nouveaux ouvrages relatifs au grand duché de Bade, on ne peut citer que le premier volume de la Description d’Hei- delberg , par M. Wuxor. | Année 1806. 137 (5) Le Grand-Duc de Berg. Ce Prince a obtenu l’année dernière par un décret de l'Empereur Napoléon, du 15 mal , les duchés de Clèves et de Berg cédés par les Rois de Prusse et de Bavière. Il en a été créé Duc Souverain, et cette dignité doit passer à ses descendans. Le décret porte qu’au cas d'extinction des descendans du Duc, ses Ftats doivent re- tourner aux descendans de l'Empereur ; au défaut de ceux-ci aux descendans du Roi de Naples, ou à ceux du Roi d’'Hollande, s'ils sont les seuls de la famille. Mais dans aucun cas ces duchés ne doivent étre réunis à PEmpire francais. La forteresse de Wesel , a été assuiettie à une servitude par un décret de. l'Empereur Napoléon , en date du 29 juillet 1896, et sous le rapport mi- litaire elle doit être considérée comme faisant partie du département de la Roer. Par l’acte de la confédération du Rhin le Duc de Clèves et de Berg qui n'avait eu que le titre de Duc, a recu celui de Grand-Duc, et il a obtenu ; 1) En toute souveraineté et propriété les villes de Deutz et de Koenigswinter et leurs bailliages qui apparienaient au Prince de Nassau Usingen et Le bailliage de Villich; 138 Géographie. 2) En souveraineté les seigneuries de Lim- purg-Styrum , Bruch , Hardenberg, Gimborn et Neustadt, Wildenburg; les comtés d'Hom- burg , Bentheim , Steinfurt et Horstmar ;, les: possessions du Prince de Looz ; les princi- pautés de Siegen, Dillenburg (excepté les bailliages de Wertheim et Burbach } et Ha- damar ; les seigneuries de Westerburg, Scha- deck et Beïlstein ; la partie de la seigneurie de Funkel sur la rive droite de la Lahn; en outre pour la facilité des communications avec ses Etats du nord, l'usage d’une route par les pays du Prince de Salm. Il a paru à Elberfeld des pièces relatives à l’histoire, la géographie et la statistique du duché de Berg et des Etats de Westphalie en général. {6} Le Grand-Due de Darmstadt. Cette nouvelle dignité a été déférée à ce Prince , à son entrée dans la confédération du Rhin, et il a obtenu par le même acte, 1) L’expectative de la souveraineté dw Burgraviat de Friedberg apres la mort du souverain régnant, le comte de Waldbott- Bassenheim. 2) La souveraineté sur les seigneuries de Breuberg et d’Heubach; la seigneurie d’Ha- bitzheim ; le comté d’'Erbach; la seigneurie Année 1806. 139 d'Ibenstadt ; la partie Stollberg-Gederschen du comté de Koemigstein ; les possessions du Baron de Riedesel qui se trouvent enclavées dans les Etats de Darmstadt ou sur les fron- tières, nommement les districts de Lauterbach, Stockhausen, Moos et Freienstein ; les pos- sessions du Prince et Comte de Solms dans la Wettcravie excepté les baïlliages d’'Hohen- solms, Braunfels et Greifenstein ; les comtés de Witgenstein et Berleburg ; enfin les pos- sessions de la maison de Hessen-Hombursg. (7) Le Duc de Nassau- Usingen et le Prince de Nassau - Weilburg. Le premier a obtenu cette nouvelle dignité en vertu de l’acte de confédération du Rhin. Il a cédé au Grand-Duc de Berg la ville de Deutz; la ville et le bailliage de Koenigswinter et le bailliage de Villich, et il a obtenu en même temps que le prince de Nassau-Weil- burg la souveraineté sur les comtés de Neu- wied; Holzapfel , Diez avec ses dépendances; Ja partie du comté de Nieder-Isenburg qui formait la principauté de Wied ; sur la partie de la seigneurie de Runkel à la gauche de la Labn; les seigneuries de Schaumburg et Cransbere ; les baïlliages de Dicrdorf, Alten- wied, Neuerburg, Wehrheïm, Hohensolms, Brauenfels | Greifenstein et Burbach et les 540 Géographie. possessions de la noblesse immédiate de l’Em- pire dans les Etats de Nassau ou qui y touchent. (8) Les Princes de Hohenzollern Sigma- ringen et Hohenzollern-Hechingen. Les premiers ont obtenu, par la confédé- ration du Rhin: 1) Les seigneuries d’Achberg et de Ho- henfels qui appartenaient à la commende d’Alschhausen, et les couvents de Klosterwald d’Habsthal ; _2) La souveraineté sur les seigneuries de Trochtelfingen et de Jungnau, et la partie de la seigneurie de Moeskirch située sur la rive gauche du Danube; la seigneurie de Strassberg et le baïlliage d’Ostrach; enfin les. biens de la noblesse immédiate de l'Empire. enclavés dans ses Etats, et ceux situés au nord du Danube, nommément les seigneuries. de Gamertingen et d’'Hettingen. (9) Les Princes de Salm - Salm et de: Salm - Kyrburg. Le dernier a obtenu par l'acte de la con- fédération la souveraineté sur la seigneurie de Gehmen, formant la baronnie de Boemel-- berg. Tous deux doivent accorder au Grands Année 1806. IAE Duc de Berg l'usage d’une grande route par leur pays (les anciens baïlliages de Bocholt et d’Aahaus). (10) Le Prince d’Isenburg-Birstein. Il a obtenu par le même acte la souverai- neté sur les possessions du comté d’Isenburg- Büdingen , Meerholz et Waæchiersbach. {11) Le Comte d'Ahremberse. T1 a acquis, par l’acte de la confédération, la souveraineté de la partie de l’ancien bail- liage de Dülmen accordé au Duc de Croy, par le reces de la députation de l'Empire. I{12) Le Prince de Liechtenstein. 11 a chtenu la souveraineté sur les posses- sions de la noblesse immediate de l'Empire situces dans ses Etats. {13) Le Prince de Leyen. Il a pris le ütre de souverain n'ayant au- paravant que celui de Comte; ses Etats for- ment lé comté d’Hohengeroldseck dans le pays de Bade. « (14) Le Grand- Duc de Wirzburg. Îl n’a point été compris dans la première 142 Géographie. liste des souverains confédérés du Rhin. Il n’y a occupé une place que par la suite, et a abandonné le titre d’Electeur qu'il avait eu jusqu’à celte époque. Voici un état stalistique de l’étendue dé territoire de la population, et des revenus des Etats confédérés du Rhin. On a séparé ce-qui a rapport aux pays qui sont simplement sous leur souveraineté. MILLES POPULATION REVENUS, Bavière. ter | florins. a. En toute propriété. | 1620 | 3,100,000 | 18,000,00a B. Sous sa souveraineté] 80 | 200,000 | I,200,000 Wirtemberg. a. En toute propriété. 250 | 950,000 | 8,000,000 b. Sous sa souveraineté.| go| 200,000 | 1,400;000 Prince Primat. a. En toute propriété. 30 0,000 | 1,500,000 à. Sous sa souveraineté. 6 14,000 130,000 : Bade. a. En toute propriété. 190 | 790,000 | 4,000,000 à. Sous sa souveraineté.| 70| 200,0c0 | 1,400,009 Berg. a. En toute propriété. 80! 380,000 | 2400,000 D 6. Sous sa souveraineté. 00 | 220,000 t00,00@ Année 1806. MILLES |POPULATION _Darmstadl. «. En toute propriété. b. Sous sa souveraineté. Nassau, a. En toute propriété. D, Sous sa souveraineté. Hohenzollern. a. En toute propriété. +. Sous sa souveraineté. Salm. a. En toute propriété. b. Sous sa souveraineté. Isenburg. æ. En toute propriété. D. Sous sa souveraineté. Aremberg. a. En toute propriété. 3. Sous sa souveraineté. Liechtenstein. Prince dè Leyen. Wirzburg. SOMME -cairés, 150 90 2 2 80 380,000 80,000 200,000 70,000 49,000 18,000 53,000 2,000 260,000 143 REVENUS. florins. 2,400,000 200,000 1,400,000 990,009 200,000 120,000 220,000 9,009 150,000 110,009 200,008 54,000 40,000 34,000 2,500,000 J007 7,398,500 45,717,000 {. La fin dans le N° prochain ),. SEP I EU GUN ms VARIÉTÉS, NOUVELLES ET / CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ANGLETERRE. La dernière exposition de l'Académie de Peinture à Lonpres a été jugée avec beaucoup plus de sévérité que les précédentes , et il paraît que l'époque est arri- vée où les arts ne seront plus abandonnés à une classe de gens qui ne leur assignait d'autre destination, qu’à servir à leurs spéculations mercantiles. Ce n'est plus seulement l'{nstitut britannique qui prend sous ses auspices les artistes de l'Angleterre. Une noble émulation s’est emparée de la plupart des fa- milles riches, et elles rivalisent dans les encouragemens qu’elles donnent à ceux qui cultivent les arts. L'épigraphe qu’on lisait au titre du Catalogue de l'exposition de cette année semble l'expression du sen- timent qui les anime: “Emégepor Ti dE ris; ei d'ouris Duës cap, aylporor. ‘AAN, Gray &iyAu | Auword'oros € Aus Aapxpoy DEyyos TE dydpär Kai plus car. Pindar. Qu'est-ce que l'être et le néant? Nous ne vivons qu'un Nouvelles littéraires. 145 jeur. Le songe d’une ombre, voilà l'homme, Mais si Jupiter le couvre de ses rayons, son front brille et s'é- claire, ses jours coulent dans les plaisirs. M. WeEsr, qui, pour éviter les querelles de l’'Aca- démie, s'était démis de sa dignité de président , avait étésollicité dela reprendre après la mortdeM. Wyarr. Cet artiste célèbre ne le cède à personne pour l’ardeur du travail et la fécondité des productions. II a paru plusieurs tableaux de lui à l'exposition. Celui qui re- présente S. Paul et Barnabas qui accueillent les Gen- tils et repoussent les Juifs (1), était connu depuis quelques années, et décorait l'autel de la chapelle royale de Windsor. M. West en a exposé celle année une répétition. S. Paul, qui est le principal personnage, porte un caractère plein de dignité et d'expression, Il y a quelque chose de plus qu'humain dans toute sa personne. Ses yeux surtout sont pleins de feu et de vivacité. L'étonnement et le déplaisir des Juifs con- trastent fort bien avec la joie et le contentement des Payens. Les attitudes sont variées ‘avec beaucoup d’art. En un mot, la richesse et l'intérêt de la com- position de ce tableau , prouvent que l'artiste a déployé dans son exécution toutes les ressources de son talent, et qu'il a voulu mériter la distinction flatieuse qui a été accordée à son premier tableau. Le coloris a paru meilleur dans l'original que dans la répétition , et plu- sieurs connaisseurs ont trouvé à critiquer dans le clair-obscur. À M. Wesr a aussi exposé une esquisse consacrée à la mémoire du lord Nelson. Elle doit être considérée comme un monument national. Le roi avait engagé l'Académie à prendre des déterminations relatives (:) Act. XIII. 46. Tome VI. Novembre 1807. 10 146 Nouvelles littéraires. à cet objet. Le président a cherché à réunir dans som travail les trois branches des beaux-arts pour les- quelles l'Académie a été fondée. Le tableau repré- sente la Victoire recevant , après le combat de Tra- Jalgar, le corps de Nelson des mains de Neptune, et le présentant à la Grande-Bretagne. Celle-ci, assise et aceablée de douleur, offre une image fidèle du regret général qu'a inspiré à fous ses concitoyens la mort de ce célèbre amiral. Dans les autres parties du tableau on remarque plusieurs scènes de la vie de Nelson , et les fils de la Grande-Bretagne qui se préparent à faire ses funérailles. Les enfans ailés qui entourent son corps expriment allégoriquement l'influence immortellé de son génie. La sculpture trouve peu à déployer son art dans ce monument. Elle ne fournit qu’un piédestal carré, sans ornement, ét qui ne porte d'autre inscri= ption que le nom de Nelson, entouré du serpent , em- blême de l'Eternité. Des matelots et des soldats de marine soutiennent le piédestal. L'architecture a re- tracé, sur la frise, les récompenses que le Parle- ment a accordées à la famille Nelson. Une inscri- ption, placée dans la partie supérieure, rappelle que ce héros s’est trouvé dans cent trente batailles na- vales. Son casque est entouré des attributs de la Vic- toire et de la Vertu , et orné de trophées et des rostres de deux vaisseaux espagnols. Sur les colonnes qui s'é- lèvent de la base on voit des proues de vaisseaux anglais. Cette esquisse a été approuvée par une com- mission spéciale de l’Académie. Après la mort de Nelson, au combat de Trafalgar, il ne restait plus guères de temps aux artistes jusqu'à l'époque de l'exposition, pour exécuter quelque’ ta bleau de cette mémorable action. L'année suivante Nowelles littéraires. 147 leur a présenté plus de ressources à cet égard ; et plu- sieurs notices publiées sur la vie de cet Amiral ont pu leur servir pour la perfection de leur travail. Un grand nombre de tableaux qui y sont relatifs, ont paru cette année à l'exposition. Les quatre, composés par M. WEsTaALL, ont particulièrement attiré l’at- tention des spectateurs après celui dont nous venons de parler. Ils offrent des événemens mémorables de la vie de Nelson. Cependant on a trouvé que la figure du héros était trop froide. Les tableaux de M. WesraLz ont, au reste, un mérite historique, en ce que les lieux, les objets et les personnages sont copiés d’après nature. On peut encore faire mention ici d'un tableau de M. Pococx qui représente l'état de la flotte anglaise et de celle des puissances combinées après le combat de Trafaigar. La position relative des vaisseaux, et l'agitation de la mer font un effet admirable. M. Wap a représenté des chevaux effrayés par la foudre et exposant au plus grand danger une voiture à laquelle ils sont attelés. Ce sujet était très-difficile, et il a été traité habilement. Miss SPILSBURY qui a un parti bien prononcé dans le public, fait voyager les spectateurs dans une con- irée très-éloignée. Elle a représenté un missionnaire dans la terre de Labrador, s’entretenant avec des Es- quimeaux. On aperçoit dans le lointain Nair, où la communauté des Frères de l'Evangile (2) a fondé un établissement. Le Missionnaire semble annoncer à ses prosélytes les plus sublimes vérités. Il porte dans ses traits la douce joie qu’il promet à ceux qui em- (2) Ce sont les frères MorAves qui ont formé cet établisse- ment dans les terres de Labrador , en 1764, A. L. M. 148 Nouvelles littéraires. brasseront la foi. Ses vêtemens et ceux des Esqui- meaux qui sont garnis de poils, l'aspect sombre et désert de ces conirées boréales , forment un spec- tacle nouveau et intéressant. Le marché de Calicut n'a rien de bien particulier dans la composition , mais le coloris est agréable et le tout forme un joli tableau de petites dimensions. Le peintre allemand LAUTHERBURG continue tou- jours à faire le plus grand honneur à sa patrie, et ses tableaux de batailles ont la même perfection que ses paysages. Cet artiste a travaillé avec une ardeur éton- nante. Son séjour, en Jialie, a été très-heureux pour lui. Son imagination s'est nourrie des idées admirables des grands maîtres, et c'est sur ce fond précieux , qu'il a établi des ouvrages dignes de lui assurer une brillante réputation. Tl a paru de lui une marine et un paysage ; la première représente une tempéle, et un vaisseau donnant le signal de la détresse : la scène se passe en Ltalie; le paysage offre wne soirée d'été dans une contrée du midi de la France. Te premier tableau a recu plus d'approbation que le dernier. On a pensé que l'artiste n'avait pas bien saisi la nature; peut-être les Anglais n'ont-ils pu se représenter, d’après la nature de leur climat, un ciel tel qu’on le voit dans les pays méridionaux, absolument dépouillé de vapeurs , et l'astre du jour brillant dans toute sa pureté. 1 M. Lau- therburg ne s’est point écarté de la vérité de la na- ture qu'il a étudiée avec le plus grand soin. M. FREEBAIRN, qui à voyagé PACE en Italie et en Grèce, a rapporté de ces contrées une riche collection d'études, dont il a exposé les principales. C’est un des artistes les plus soigneux dans l'exécution, et il le fait sentir par ses ouvrages. On a de lui la grotte de Neptune près de Tivoli, d'où sort le Te- Nouvelles littéraires. 149 verone. La lumière est distribuée d’une manière ad mirable, et toutes les parties concourent à former un ensemble parfait. Miss SprzsaurY , dont il a déja élé fait mention, a exposé une scène de campagne , à laquelle elle a donné pour titre : le 4 de Juin; c’est le jour de lx naissance du Roi. Quelques jeunes gens en habit uni- forme font une marche militaire, en présence de leurs parens et de leurs amis qui sont assis devant des tentes. De jeunes paysans considèrent ces évolu- tions du haut d’un chêne. Ce groupe est très-heu- reux. La joie et le caractère d'importance qu'on re- marque. dans l'air des jeunes guerriers, les regards piquans des jeunes filles, et la satisfaction des pa= rens, offrent une variété de caractères très-agréable. La beauté du ciel concourt à l'agrément de ce joli tableau qui a été un des mieux accueillis. M. T. DanreLx a placé, selon son ordinaire, la scène de ses tableaux dans les Indes orientales. Ce sont des édifices et des vues. Ces ouvrages ont un mérite reconnu, mais il leur manque le gracieux et l'harmonie qui règnent dans ceux de M. Lautherburg ou de M. Freebairn. Ses tableaux sont cependant très-recherchés, et les gravures qu'on en a faites ce débitent bien. Pour éviter la monotonie qu'ont toujours de simples portraits, M. ALLEN a représenté une grand'mère qui raconte à ses deux petites filles des. événemens dus temps passé. L'expression des figures est très-heu- reuse, et le coloris n’est pas sans délicatesse. Ce ta- blean a paru. un des meilleurs. M. FuessLr n’a exposé qu'un seul tableau. Crem- lild, veuve de Sivrit, montre à Trony, un des as- sassins de son mari, la tête de Günther , qui, a été 150 Nouvelles littéraires. le compagnon de son crime. L’effroi d’un coupable se peint bien dans sa figure et dans toute son attitude, mais le personnage de Cremhild est sans grâce ; sa contenance est forcée , et la teinte générale du tableau n'est pas heureuse. Sans déprécier le mérite et les talens de M. Fuessli , on est forcé cependant de sous- crire au jugement de M. Goethe (3), que c’est un artiste que l’on comprend difficilement, et qu’il n’est donné qu'à un petit nombre de connaisseurs de saisir les beautés de ses ouvrages. Le Baronet M. BraumonrT , un des Mécènes les plus distingués de l'Angleterre pour les arts, et très- bon peintre lui-même, a encore ajouté, cette année, à sa réputation. Il a représenté la mer près de Kes- wick. Les reflets de lumière ont été traités avec beaucoup d'art, et les nuances se fondent d'une ma- nière très-moelleuse. M. Lautherbourg avait encore enrichi l'exposition d’une boutique de vivandière. On voit dans le fond un pelit camp; la scène se passe en Allemagne, comme on en juge par l'habillement et l'arrange- ment de la boutique. Pendant qu’un soldat très- échauffé reçoit une cruche des mains de la vivan- dière , il lui adresse quelques propos un peu lestes, qu’il accompagne d’un sourire malin. Les person- nages sont fort bien grouppés. On a beaucoup estimé un tableau de M. Turer ; c'est un forgeron de campagne , qui dispute avec un homme qui n’a pas de quoi payer l'ouvrage qu’il a commandé. Les caractères sont tracés d’après na- ture ; mais il y a un peu de négligence dans l'exé- cution. (3) WixcxezmAnn und sein Jahrhundert, S. 195. Nouwelles littéraires. 151 M. WEsTALL a représenté Ælore dépouillée par Zéphyre. C'est un tableau très-gracieux , d’une in- vention heureuse et d’un charmant coloris. M. WiLkiE, jeune artiste, n’a exposé qu'un petit tableau, mais qui a excité la plus vive admiration. Plusieurs personnes le regardent comme le chef- d'œuvre de l'exposition. C’est un pauvre aveugle qui égaye, par sa musique, une famille de paysans. La joie de ces bonnes gens se peint sur leurs visages, mais d’une manière très-variée selon l’âge .des indi-. vidus. Le plus jeune enfant danse sur les genoux de sa mère. Le père le regarde en souriant et bat la mesure avec la main. Cette figure naturelle et expres- sive a été regardée comme un chef-d'œuvre. Ce bon père paraît moins touché de la musique que de la joie qu’elle cause à son enfant. Une jeune fille, appuyée derrière la chaise de la mère, semble toute absorbée dans les accords du vieillard qu’elle observe avec beaucoup d'attention. Un jeune garçon près de la cheminée s’est saisi d’un soufflet avec lequel il imite d’une manière plaisante les mouvemens du musicien. Le grand-père se chauffe. IL est difficile d’aperce- voir à travers les rides multipliées de son visage les marques du plaisir qu’il éprouve. Cependant la dou- ceur de la musique captive son attention. Le pauvre aveugle travaille son violon avec un calme et une- indifférence qui n'est particulière qu'à ces êtres mal- heureux toujours concentrés en eux-mêmes. Sa femme ne fait attention à rien de ce qui se passe hors d'elle, et parait occupée à calculer ce qui doit revenir à son mari pour sa peine. Tout dans la cabane est ca- ractéristique. C’est une de ces compositions dont chaque peintre se croit capable, mais auxquelles fort peu. réussissent. Ce tableau a obtenu l'approbation géné- 1bz Nouvelles littéraires. rale; chacun l'a jugé digne du prix, quoique l'auteur soit Ecossais et encore très-jeune, M. Turner a peint le lever du soleil par un ciel nébuleux. Des pêcheurs sont sur le bord de la mer. L'invention de ce tableau est assez bonne; le brouil- lard qui remplit l'atmosphère et qui semble se dis- siper à l'approche du soleil, est d’une vérité parfaite, mais en général l'exécution est négligée. M. Owen a représenté une grande route près de laquelle des paysans se reposent. La composition et le coloris sont de main de maitre. En général, ce peintre est un des plus habiles de l'Angleterre. Le tableau de M. A. W. Dewrs représente la bou tique d’un ferblantier à Patna, dans les Indes orien- tales. La figure du marchand est bonne et très-plai- sante. Sa tête chauve et brunâtre s'élève d’un lieu un peu enfoncé où il est placé. Il regarde une femme qui marchande une pièce, et il semble l'en- gager, par ses complimens et ses protestations, à en faire l’'emplette. Les vases qui garnissent la bou tique sont d'une forme nouvelle pour un Euro- péen. M. H. THowpson a représenté un jeune écolier d'après un célèbre passage de Shakespear où ce poète peint les sept âges de l’homme. Le jeune écolier peut avoir onze ans, il porte ses livres sur son dos et se traine nonchalamment à l’école. On ne saurait se tromper sur le dégoût qu’il éprouve. Ce tableau est un des meilleurs de l'exposition. M. J. GREEN a peint un Hypocondre. C’est une figure pleine de force et d’un caractère tres-propre à émou- voir. Les monstres que l’imagination de cet homme se crée à elle-même, la défiance, la misanthropie se peigoent parfaitement dans les traits pâles et déchar- Nouvelles littéraires. 153 nés de son visage. Celle tête a paru à tout le monde d’une excellente exécution. H. HowaARD a peint une scène agréable : le courrier vient de remettre, sur le soir, à une jeune fille une lettre de son amant. Son impatience ne lui laisse pas le temps d'allumer une chandelle, ou peut-être craint= elle d’être surprise. Elle se rend près de la cheminée, et tâche de lire à lalueur du feu qui éclaire la lettre et le visage de la jeune fille. On voit, dans ses traits, le plaisir et l’impatience qu’elle éprouve. Le clair-obscur est d’un excellent effet. M. B. R. Haypow:ila pris pour sujet de son ta- bleau Joseph et Marie qui se reposent avec l’Enfant Jésus dans leur fuite en Egypte. Le groupe est fort bon ; il y a quelque chose de céleste dans les traits de la Vierge, le coloris est très-beau, mais la figure de Joseph n'est pas très-correcte. M. J. CowsEe a exposé un joli tableau qui repré- sente un savetier, Ce bon homnie, sans se détourner de son travail, apprend à parler à un sansonnet dont la cage est suspendue dans un coin de la boutique, et 1l parait que l’écolier répond assez bien aux soins du maïtre, car celui-ci témoigne la plus vive joie. M. J. GREEN a peint les Grâces qui conduisent les Amours au marché. Ce pelit tableau est le produit d'une imagination féconde, et il y règne un goût très-pur. L’attitude des personnages , l'ensemble de la composilion et le coloris sont d’une grande per- fection. M. F.J. Maxsxrrscx est un peintre allemand ; le tableau qu’il a exposé et qui représente une forét des “environs d’Aix-la-Chapelle , est d’un fort bon genre. M. H. SiNGLETON a représenté Régulus retournant au licu de sa captivité, sans se laisser toucher par 104 Nouvelles littéraires. des sollicitations de sa famille et de ses concitoyens. Ce sujet a été bien souvent traité, et même par plu- sieurs peintres de l’Académie de Londres. Il ne pa- rait pas que M. Singleton ait surpassé ses prédéces- seurs ; cependant son tableau n’est pas sans mérite. Les opinions sont partagées sur le caractère qu’on doit don- ner à Réoeulus. Les uns prétendent que le patriotisme in- flexible du héros doit dominer toutes ses affections. D'autres pensent qu’il est plus dans la nature,eten même temps d’un effet plus dramatique, de le montrer sensible à la séparation de sa femme et de ses enfans, et ému par le spectacle douloureux de leurs larmes. Singleton a adopté ce dernier parti. Son Régulus marche d’un pas courageux vers le vaisseau qui va le transporter au lieu de son supplice ; mais il n’est pas difficile de remarquer dans ses traits l'effort terrible qu'il fait pour vaincre son désespoir et faire triompher l'amour de la patrie sur les sentimens les plus puissans de la nature, On pourrait desirer que la douleur füt un peu mieux exprimée dans les traits de son épouse. Le titre de Romaine ne doit point lui ôter le carac- ière de son sexe. Les têles des sénateurs sont parfaites. Les tableaux qu'on vient de décrire ne sont qu’une faible partie de ceux qui ont paru à l'exposition, et qui se montaient à onze cent treize. Les jugemens que l’auteur de cette notice a portés , sont en quelque sorte le résultat de l'opinion générale des connaisseurs anglais. HOoLLANDE. Le 22 octobre de l’année dernière, la Société des Sciences de Séeland a tenu sa séance publique à Miooecsourc. La Société avait recu l’année dernière Nouvelles littéraires. 155 deux Mémoires sur la question : Quelles sont les causes de l’encombrement du port de Middelbourg ; mais elle ne les avait pas jugé dignes du prix. Elle avait engagé les auteurs à revoir leur travail pour un nouveau concours ; et le Mémoire de M. Th. Spr- LEVELD a élé couronné. La Société a reçu quatre Mémoires sur Apollonius de Tyane. Celui qui a obtenu le prix est de MM. J. A. Lorze et H. W. TyYDEMAN, professeur à Franeker. L'accessit a été accordé à un Mémoire français de M. G.S. Cuaurepiep, prédicateur à Delft. Sur Zes partis d Hoek et de Kabeljaauw, il a été envoyé un Mé- moire, mais qui n'a pas été jugé digne du prix. La Société a retiré les questions qu'elle avait proposées sur la diminution des dunes en Seeland, et sur la déca- dence des fabriques dans le même pays, auxquelles il n’a point été répondu. Outre les questions proposées par la Société, sur l’état géographique de la Séeland, en 1788 , et auxquelles elle n’a point fixé de terme, elle attend, pour le 1.* janvier 1808, une Histoire litté- -raire abrégée de V Histoire naturelle en Hollande. Pour le 1.’ janvier 1809, elle propose les sujets de prix suivans! 1. Une Histoire littéraire abrégée de la logique et s« de la métaphysique en Hollande, depuis les pre- « miers temps où ces sciences ont été cultivées jus- s« qu’à nos jours.» Elle doit faire connaître les écrits publiés en Hollande, et marquer les progrès que les écrivains de ce pays ont faits dans ces sciences, ainsi que leurs rapports successifs et leur décadence, et en général tous les changemens qui y sont survenus. 2. Comme la prédication sur des passages de la Bible est en usage dans toutes les églises réformées de la 156 Nowelles littéraires. Hollande, la Société desirerait savoir, & À quoi on doif s attribuer l'origine de cet usage; dans quel temps sil s'est introduit ; dans quel but on l'a adopté; si s« ce but a été rempli; s’il l'est encore maintenant ? se Si cet usage des prédicateurs est le plus favorable à l'instruction; et si l’on peut, sans inconvénient, se prêcher sur des passages pris indifféremment dans s les Livres saints, sans suivre une marche plus ré- « gulière et plus méthodique? Ne serait-il pas utile s de faire un choix des livres et des textes qui offrent « une source plus riche d'instruction? Comment ce « choix pourrait-il être fait, et de quelle manière y ss adapterait-on les discours? Les réponses doivent être écrites en latin, en fran- ais où en hollandais, et adressées avec une devise au Secrétaire M. J. pe Kawnrer, à Middelbourg. Les Mémoires couronnés ne pourront être imprimés, ni en tout ni en partie, sans le consentement de la So- ciété. — L'administration du less de M. J. MonnikHor a reçu, sur la question des Descentes qui ont lieu dès læ naissance, un Mémoire qui a été jugé digne du prix. Cet ouvrage est de M. F.G. van InGex, chirurgien à Dordrecht. Pour le 1." mars 1808 ; l'administration propose le sujet de prix suivant: « Comme dans les ouvrages de chirurgie où il est «fait mention des descentes qui se manifestent dans s les plis des hanches et près du nombril, on range sssur la même ligne la sortie des intestins dans le s bas-ventre et dans le voisinage du bassin, on de- s mande 1) si ces derniers accidens peuvent porter le ssnom de descentes ? 2) Quelles connaissances anato- ss miqnes des régions où ces cas se manifestent, et «des parties mèmes affectées de la rupture, un chi- Nouvelles littéraires. 107 « rurgien doit posséder , pour distinguer ce genre de « descentes de tous les autres qui peuvent s'opérer « vers les mêmes parties? 3) Quels genres de descentes «exigent pour leur guérison une opération chirurgi- « cale? Quelles sont celles qui ne sont point suscep- «tibles de ces opérations, et qui peuvent seulement « être arrêtées et soutenues ? 4) Quels secours, quels & instrumens et quels bandages sont nécessaires pour « les descentes , selon leurs genres et les circonstances ? s Quels ouvrages et quels symptômes peuvent diriger « les chirurgiens dans le traitement de ces maladies ?4 Le prix est une médaille d’or de la valeur de 300 flo rins. Les réponses peuvent êire écrites en latin, en français, en hollandais ou en allemand, et adressées franc de port à M. A. Bonx, professeur , ou à M. F. E. Wizier, docteur à Amsterdam. —M.van BrAam a publié le second volume des Voyages de Ambassade hollandaise à la Chine, fait en 1794, etc. Ce volume contient la description de plu- sieurs contrées de la Chine encore inconnues aux Eu- topéens. BAVIERE. L'Académie de Muxicu a tenu le 25 septembre une séance publique dans la salle d'histoire de la bibliothéque royale. Cette séance était consacrée par- ticulièrement à la mémoire de F. Presret. Le Prince héréditaire était présent et a pris sa place à droite du président. Après un discours de M. le président Ja- cogt, M.ScaLicuTrEGRroLL a lu l’élogede feu M.Pfestel. M. BRr£yer un autre Discours ; tous les deux seront publiés. 158 Nouvelles littéraires. — L'Université de SALzBoURG a été confirmée, Le rectorat a été déféré à un homme aussi éclairé que zélé, M. Corbinian GAERTNER, bénédictin. Le commis- saire de la cour, comte d’Aichholt, protége puissam- ment cette nouvelle organisation. — M. CREvE a découvert à VISBADEN une manière de rendre potable le vin qui a aigri, au moyen d’une poudre de charbon. Les habitaus du Rhin ont fait frapper une médaille pour lui être offerte en ré- compense de cette heureuse découverte. — Le 13 mai l’Université d'ERLANG a perdu M. George Frédéric SxiLer, docteur et premier pro- fesseur en theologie, âgé de 74 ans. Il a occupé, pen- dant 37 ans, la chaire académique, et a donné, par ses travaux utiles et féconds, autant que par ses ver- tus, un des plus beaux modèles qui puissent être offerts à la postérité. On compte environ 170 ouvrages sortis de sa plunie; on en peut trouver la liste dans ? 4lle- magne savante. Son écrit qui a pour titre: Religion der Unmiündigen (Religion pour les jeunes gens) a été réimprimé 17 fois; son Ællgemeines Lesebuch fir den Bürger und Landmann (Lectures pour l'habitant de la ville et de la campagne) 14 fois. Le nombre d'exemplaires qui en a été tiré, à chaque édition, est très-considérable, et il existe presque un nombre aussi grand de contrefactions que d'éditions originales. Ces écrits ont été traduits dans toutes les langues de l’Eu- rope. Ce savant célèbre, un des premiers prédicateurs de l'Allemagne, a formé plusieurs théologiens excel- lens. Les établissemens de bienfaisance ont fait une grande perte par sa mort. C’est sous sa direction que l'Institut royal de morale et des belles-lettres d'Erlang avait été fondé. : Nouvelles littéraires. 129 — M. Asr, professeur à Lanpsaur, doit publier, à commencer du 1.°° janvier 1808, un ouvrage pé- riodique sur les sciences , qui contiendra 1) des Mé- moires de philosophie, d’art et de philologie, 2) des Poésies , 3) des Analyses des principaux ouvrages qui paraitront en philosophie ou en poésie, 4) des Notices littéraires. — Il a été établi, le 8 mai, par le Roi, plusieurs nouveaux réglemens dont quelques-uns concernent l'instruction générale. 1) La jurisdiction relative à la police déférée jusqu'à présent au recteur et au sénat de l’Académie, sur les membres de cet établissement, doit être réunie à la commission de la police de Landshut. La jurisdic- tion en matières correctionnelles et civiles ne sera point changée. Cependant le recteur et le sénat de l'Académie conservent leur autorité pour l'ordre in- térieur de l’Académie, et la subordination des mem- bres. 2) Les témoignages des instituteurs publics sur des objets relatifs aux sciences qui n'auront point été mis immédiatement sous leur surveillance, ne seront pas moins accueillis. 3) Le temps fixé pour l'étude de chaque science spé- ciale à laquelle on voudra se consacrer après les tra- vaux préparatoires qu'elle exige, est de trois années. 4) Il a été établi une commission pour l’achat des livres de la bibliothéque de l'Université. Elle est com- posée des deux bibliothécaires et de trois professeurs. Plusieurs autres réglemens qui datent de la même époque concernent diverses parties de l’enseignement confiées à de nouveaux professeurs. 160 Nouvelles littéraires. AUTRICHE, Dans le concours ouvert pour la chaire d'histoire à l'Université de Cracov1E, plusieurs aspirans ont paru bien faibles pour obtenir un pareil emploi. Le gou- vernement a demandé aux professeurs de l'Université de Vienne, pourquoi si peu d'hommes de mérite ont paru dans une lice qui paraissait si digne d'eux. Quel- ques professeurs ont pris occasion de cet événement pour présenter au gouvernement, dans leurs réponses, des réflexions relatives aux causes qui arrêtent les progrès des lettres en Autriche. Par un décret du gouvernement , il a été ordonné que dorénavant aucun étudiant ne pourrait choisir, pour sujet de thèse , d’autres propositions que celles qui auront fait l’objet de l’enseignement des profes- seurs,'ou du moins auxquelles ils donneront leur approbation. SAXE. M. MarTser, peintre, a rapporté de l'Italie une copie de la mise au tômbeau par RAPHAEL,qui a excilé l'admiration de tous les connaisseurs.— On voit, chez le sculpteur Urricn, le modèle d’une Psyché qui se blesse la main avec une flèche de l'Amour qu'elle vient de ramasser. VV ESTPHALIE. L'auteur de Martin Luther, M. KLINGEMANN, dont la nouvelle pièce intitulée Cromsvel a été accueillie Nouvelles littéraires. 161 avec applaudissement, se propose de donner dans quelque temps un nouveau drame dont Colomb sera le héros. VVIRTEMBERG. Le célèbre historien J. de Mucrer vient d'être appelé à la chaire d'histoire de l'université de Tu- BINGUE. On connaît déja de cet écrivain une Histoire de la Suisse, et de savantes Dissertations sur TACITE. Il paraît que cette place n’est pas la seule récompense que son mérite éminent est sur le point d'obtenir. {1 est actuellement à Paris. WEIMmaR, Le duc de Weimar a fait don à la bibliothéque pu- blique , de celle de feue la duchesse sa mère, avec sa collection d’antiques, de médailles, statues, bustes, tableaux, gravures et dessins. — On attend du professeur Passow une Traduction de Perse dont il a déja paru des Essais dans le Mercure Allemand. Il travaille en même temps à une Traduc- tion allemande du Fiammetta de Boccace dont il n'existe encore que celle de Sophie BRENTANO. — M. Peuzer doit publier une Traduction d'ANA- CRÉON,et M. RIEMSCHNEIDER une de la Pharsale de Lucarx. PoLocxE, Par un rescript de la commission du gouvernement, tous les membres de la chambre d'instruction ont été Tome VI. Novembre 1807. II 162 Nowelles littérarres. désignés. Le principe adopté par celte commission est de laisser toutes les écoles sur le pied où elles étaient au- paravant. Ce plan, dont la commission travaille à rec- tilier ce qu'il'y avait de defecitueux, a été intimé à tous les professeurs de ces écoles. Eutre autres nouveaux règlemens, il a été ordonné que tous les étudians, au sortir des écoles, seraient munis de certificats de leurs maitres. On est principalement redevable de cette heu- reuse administration, au moyen de laquelle les études n'éprouveront aucune interruption,au come À lexandre Porokxt, actuellement ministre de la police, qui est en même temps membre de la commission pour l’instruc- tion publique. ! Le Tycée de Varsovie a tenu à Pâques un examen privé, auquel ont assisté les membres de la commis- sion. Ils ont témoigné beaucoup de satisfaction du pro- grès des élèves. SUEDE. 1/ Académie des Sciences deSrocxnozm a célébré, le 20 décembre 1806, l'anniversaire de sa fondation, par une séance publique destinée en même temps à la dis- tribution des prix. La séance a été ouverte par un dis- cours de M. le directeur baron de FLEMING. Parmi les écrits adressés à la Société pour le prix d'éloquence , on a compté 7 Eloges du chancelier OxENSTIERx dont au- cuu n’a été jugé digne du prix. L'Académie avait laissé au choix des concurrens, pour le prix de poésie, la traduction de morceaux choisis dans l’Enéide, les Mé- tamorphoses d'Ovide et les Epîtres d'Horace. Parmi les 20 pièces adressées à l’Académie, aucune n’a mérité le premier prix, mais deux ont obtenu le second. La Nouwelles littéraires. 163 première est une traduction du tombeau de Pallas et de la douleur d'Evandre, par M. STEENHAMMER de Stockholm. La seconde est une traduction de la fable d’'Orphée et d'Euridice d'Ovivr, par M. J. TRANER d'Upsal. La Société a proposé, pour un nouveau concours d’éloquence, l'éloge du chancelier Oxensrigrx. Elle laisse la même liberté aux concurrens pour le prix de poésie. Le premier prix est une médaille de 26 ducats. Sur un des côtés de la médaille de cette année, on voit le buste de Christian Polhems, conseiller du com- merce et commandeur de l’ordre de l'Etoile du Nord. Au revers, il y a des instrumens d’arts, avec l’inscrip- tion opera inter talia primus. L'exergue porte ces mots: INVENTIS MECHANICIS DE PATRIA OPTIME MERITUS. DANEMARCK. M. OuzENscHLAEGER vient de publier deux pièces dramatiques; l'une intitulée Æ/ahon Jarl, tragédie, dont le sujet est tité de l’histoire de la Norvège ; l'autre, intitulée Balder-le-Bon , est fondée sur une tradition de l’Edda. — M. Raupex s'occupe d’une édition complète des œuvres D'HorsrrG. Les neuf volumes qui ont paru contiennent les œuvres dramatiques et les ro- mans héroïques. Les huit à neuf volumes restans contiendrent l’histoire du Danemarck. — M. BAGGESEN, connu par son excellent poème Parthenaïs, vient de publier, en langue danoise, des Epitres en vers et un volume de “Nouvelles et Contes comiques. 164. Mélanges littéraires. — Parmi les Mémoires lus à la Société de Mé- decine de CoPENHAGUE, depuis le mois de janvier, il y en a un de M. KLINGBERG , sur la nature de l'Inflammation ; de M. Rarw, sur l'emploi du Nitre carbonisé ; pour la conservation de l’eau ; de M. Wen, sur ce qu'il y a ordinairement de défec- tueux dans la méthode qu'on employe pour don- ner des remèdes aux malades; de M. CASTBERG, sur le traitement de la Goutte, au moyen d’une cure d’eau. / — M. BuGcE a lu à l’Académie royale des Sciences un Mémoire sur Za vue et les illusions optiques en général et sur Les illusions produites par le microscope et le télescope, par lesquelles des figures filiformes et transparentes , semblent traverser le cercle visuel, phénomènequi n'avait point étéobservétrès-exactement. Dans le même mémoire l'Auteur jette des doutes sur la théorie de M. GAzx qui prétend que l’on ne voit jamais qu'avec un œil à la fois. Il a présenté, à. l'Académie, un instrument imaginé par lui, pour: prouver que l'on voit un même objet avec les deux yeux. M. Schmidt Puisezpecx a lu un mémoire sur un projet de dictionnaire des termes de Ja phi- losophie, qui offrirait à ceux qui la cultivent un bon moyen de s'entendre. M. le professeur Vr8orG a lu un mémoire de M. WERLAAF sur la viande de cheval, mise par les anciens habitans du nord au nombre de leurs alimens. M. Wozrmanx a lu la description d’une roue spirale de son inven- tion, destinée à faire monter l’eau et à dessécher les marais. M. SPeNDEnUP a oblenu la médaille d’or, pour deux a/koolomètres de son invention. Nouvelles littéraires. 165 Russie. Le département de l’amirauté impériale avait pro- posé, dès l’année 1804 , une question sur la résistance des liquides, dont le prix devait être, pour la meil- leure réponse, de mille ducats d'Hollande. Le pro- gramme, publié par l’Académie des Sciences, de- mandait comment il serait possible de perfectionner Ja théorie de Don Juan et de Romé, ou d’en trouver un autre qui. pût être applicable à la construction des vaisseaux. Trois Mémoires ont été envoyés au département de l’amirauté, dans le courant de 1806. Deux n'ont pas été jugés dignes du prix. Le troi- sième a satisfait davantage les examinaleurs, mais il ne résolvait pas toute la question. D'ailleurs il n'of- frait rien d’applicable à la marine. L'amirauté a donc résolu de ne décerner à son auteur qu’une médaille de cent ducats. L'auteur est M. Zacharie NORDMARCK, professeur de physique à Upsal. L'ouvrage sera 1m- primé sur le mémoire original. rare. M. Vozpini vient d'exécuter plusieurs belles mo- saiques représentant des monumens et des ruines an- tiques. Le Colisée vu du côté de l'arc de Titus; les ruines du temple de Minerva Medica vues du côté de S. Jean; une vue idéale du tombeau de Néron, d’après Lagruzz1 ; le temple de Vesta, le mausolée de Cæcilia Metella. — M. Joachim RiNALD1 a terminé la belle cheminée qui représente l’éruption du Vésuve en 1794, éruption 166 Nouvelles littéraires. qui a déja été peinte plusieurs fois par T'Aéodore MAT - NErr. Le Colisée, Campo Vecchio, ie Ponte molle ont éié exécutés avec le même soin que les Antiquités de Portici, dont nous avons déja parlé (r). — Il paraît que le célèbre procès sur la maison adossée au Panthéon de Rome, va être arrêté, mal- gré tous les efforts de M. FEA. On a achevé la ré- paration du Colisée. On fouille actuellement autour des gradins ; il n'y en a que deux. Pendant qu’on ré- parait l'église de S. Nicolas ir Carcere, on a découvert l'ancienne muraille qui était de Peperino. Le grand corridor du Vatican est rempli de marbres, mais le muséum Chiaramonte n’est pas achevé; on projette d'y ajouter une autre galerie, et de réparer autant . qu'il est possible , par la multitude des objets, les pertes qu'on a faites. L'édifice destiné à les conserver occupera une élendue de deux milles d’Etalie. On a déja commencé à imprimer le premier volume du Catalogue du Muséum , rédigé par MM. GuATTANt et Visconrtr. — Angelica KAUFFMANN a fait, pour M. le Séna- teur SOMMARIVA, qui est à Paris, un tableau qui re- présente la sisite d Auguste & Cléopâtre après la dé- J'aile d’ Antoine. Ta scène se passe dans une belle salle soutenue par des colonnes de forme égyptienne, et un Sphinx de basalte, placé sur un socle, détermine d’ail- leurs le lieu de la scène. On y voit le lit de la princesse et quelques meubles à l'antique. Cléopâtre s'est jetée à genoux devant le vainqueur qui lui tend la main pour la relever. Dans le fond , on voit les soldats de la suite d'Auguste. Ce tableau , par la beauté de l'exécution , a attiré les plus grands éloges. (1) Année 1806, t. VI. Nouvelles littéraires. 167 Les arts viennent de perdre cette célèbre artiste. Ses funérailles ont été faites à Rome avec la plus grande pompe. L’illustre Canova et le Directeur de l'Acadé- mie de France tenaient le drap mortuaire, et on por- tait près du cercueil quelques-uns des derniers ouvrages d’'Angelica. Par l'élévation de son caractère et sa noble bienfaisance, elle a laissé de vifs regrets à ses amis qui la chérissaient , et aux indigens qu'elle se plaisait à soulager. ESPAGNE. La méthode de Pestalozzi, introduite en Espagne, continue toujours à jouir de la même faveur. Le prince de la Paix a envoyé son portrait à l’Auteur. Il est de grandeur naturelle, et a été peint par un célèbre ar- tiste M. GorA. Le Prince est en costume de Grand- Amiral, avec tous ses ornemens. Il tient dans la main gauche Léonard et Gertrude, et on remarque à côté du titre du livre le portrait de Pestalozzi. Le buste du Roi d’Espagne , en bronze , est figuré sur un pié- destal. Le Prince élève la main droite et indique dans le fond un palais sur lequel on lit l'inscription : A la educacion de los Espagnoles. Des palmiers oa- rantissent le palais des rayons du soleil. À droite, des enfans jouent avec des instrumens, parmi les pierres qui doivent servir à la construction du palais. Une pierre de taille porte l'inscription suivante en espagnol, en français et en allemand. : Ze sérénissime prince de la Paix, Généralissime et Grand- Amiral d’Es- pagne et de l'Inde, fondateur de l’éducation en Es- pagne. 168 Now’elles littéraires. ÂMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Les nouvelles suivantes sont extraites de la cor- respondance du docteur Louis Valentin, résidant à Marseille. M. SomMERVILLE , du comié de WESTCHESTER, aux Etats-Unis, a communiqué à l’un de ses cor- respondans , le docteur E. Mrzzer , de NEw-YoRK, le fait suivant : Un essaim considérable s'étant fixé à la branche d’un rAus vernix, on le recut dans une ruche de bois de pin, en courbant la branche qu’on a coupée en partie et en l'approchant de très-près. Cette opération se fit à trois heures après midi. Six heures après, on porta la ruche au lieu où elle devait rester. Le lendemain matin, vers cinq heures, on trouva toutes les mouches mortes , gonflées de plus du double de leur volume et de couleur noire. Quelques-unes étaient dans un état de torpeur et de faiblesse, mais elles périrent lorsqu'on les exposa à l’air. Les émanations de ce vé- gétal ont produit sur les abeilles le même effet, mais plus lentement, que la vapeur du soufre. On inspecia la ruche; on n’y trouva rien de nuisible, et on l'a employée depuis, sans inconvénient, pour d’autres essaims. On a fréquemment éprouvé les qualités délétères de cet arbre, lorsqu'on en approche sans précaution dans son éiat de croissance , et même, lorsqu'on en brüle, sa fumée est nuisible. Le docteur SERVvANT GRANGER a fait, au jardin de Mont-Vernon, à New-York, un établissement d'eaux minérales artificielles, à l'instar de celles qu'on Nouvelles littéraires. 169 prépare à Genève, à Paris et à Londres. Les médecins de New-York ayant examiné ses appareils et Les pro- cédés chymiques qu’il employe, en ont été si satisfaits qu'ils lui ont donné leur approbation, et qu'ils recom- mandent aujourd’hui ces moyens (nouveaux pour ces pays) dans leur pratique médicale. L'Université de New-York vient d'établir un Co- lége de médecine et de lui accorder une charte,en mème temps qu’elle a nommé des professeurs pour les diffé- rentes branches de l’art de guérir. La législature de l'Etat de New-York a passé un acte pour établir autant de Sociétés médicales qu'il y a de comtés , et une Société centrale à Albany, siége du gouvernement, où chaque Société enverra annuelle- ment un député. On a publié, dans l’année 1807, un Tableau statis- tique de New-York pour l'instruction des étrangers et des voyageurs. Cet ouvrage, formant un volume assez considérable , est dans le genre du tableau de Paris et de ceux qui renferment les descriptions des grandes villes d'Europe. New-York s’est prodigieusement agran- di depuis peu d’années ; sa population est aujourd’hui, comme celle de Philadelphie, d'environ 80,000 habi- ians. Dans une ville aussi commerçante et où il s'est fait plusieurs institutions en un très-court espace de temps, un tableau statistique devenait un guide utile non-seulement aux voyageurs , mais même aux habi- tans de cette cité. SCANDELLA ; né à Venise, avait voyagé, pour son in- struction, en Canada et dans les Etats-Unis. Frappé d’é- tonnement à l'aspect imposant de la double cata- racte de Niagara, la plus fameuse qu’il y ait au monde, = 170 Nowelles littéraires. par l'énorme masse d’eau qui se précipite, son effusion poétique lui avait inspiré ces vers. Prêt à s’embarquer à New-York, pour revenir en Europe, il y fut atteint de la fièvre Jaune et en mourut. La Cascata di Niagara. Giunta al confin dove 1] petroso letto In Voragin si cangia ampia e profonda, Curva a un salto precipita giu l’onda Da non salñ ocean spinta allo stretto. Rotto con fragor cupo, in suso e astretto 11 flutto rimbalzar , che l’aere innonda Disciolta in fumo al ciel par si confonda Sotto i pie trema il suol, l’alma in petto. Conpasso incerto quell abisso immenso Da una rupe a mirar fan-mi è à quell-imi Orror rimane istupidito il senso. Sul nebbioso volume indi a sublimi Voli in ergo; a calcar natura io penso; Tal che in me di mortal, piu nulla stimi. Le Docteur SaEcuT publie à CHARLESTON, par numéros, une {lora Carolinensis ou Exposition histo- rique, médicale et économique du règne végétal selon le système de Linnée. El y réunit toutes les découvertes en botanique faites jusqu’à ce jour, et toutes les espèces et variétés des plantes de la Caroline méridionale qui n'avaient pas été indiquées par ses prédécesseurs. Cinq numéros avaient déja paru vers la fin de l’année 1606. Le Docteur Benjamin Smith BARTON, professeur en l'Université de Pensylvanie, qui a publié, en 1803, des Ælémens de Botanique, et en 1804, un Essai de matière médicale indigène des Etats-Unis, a sous presse Nowelles littéraires. 171 pour être publié dans l’année 1807, un ouvrage inti- tulé: Prodromus of a flora of the states of New-York, New-Jersey , Pennsylvania, Delaware, Maryland and Virginia. Ce Prodrome formera au moins deux forts volumes in-8.°, et renfermera les descriptions d’un beaucoup plus grand nombre de plantes que celles qui sont indiquées dans la Flora Boreali-Americana de Michaux. Il y aura plusieurs espèces entièrement nou- velles et quelques genres nouveaux. Des planches gravées par des artistes d'Europe et d'Amérique accompagneront cet ouvrage. L'auteur donne beaucoup d’éloges à M. Turpin, français, qui a passé quelque temps à Philadelphie, et qui est main- tenant de retour à Paris, pour avoir magnifiquement dessiné la plupart des plantes. Le Docteur Barton a reçu du pays des cinq Nations une espèce de Wicotiana ou tabac qui diffère du tabac ordinaire cultivé, par ses fleurs, qui sont jaunes, et par ses feuilles qui sont moins narcotiques. Les Indiens de cette confédération considèrent cette plante comme une espèce de tabac sacré : ils ne permettent d’en faire brü- ler ou de le fumer qu’à certains jours de fêtes de l'année. Le même Professeur a publié, au mois d'octobre 1805, dans le premier supplément de son Philadelphia medical and physical journal, une lettre qu’il adresse à M. Cuvier à Paris, contenant des faits, des observa- tions et des conjectures relativement à diverses espèces d’os d’éléphant que l’on trouve en différens lieux de l'Amérique du Nord. —Les sciences historiques ont fait des progrès dans l’A- mérique septentrionale, depuis qu’une Société, formée à Boston, les a prises pour unique objet de ses travaux. 172 Nouvelles littéraires, ” Elle publie un ouvrage intitulé: Collections of the Massachusets historical Society où on trouve beaucoup de Diplômes ; elle renferme de même des Descriptions topographiques , statistiques et politiques. Benjamin Sniith BARTON, naturaliste célèbre, a voulu donner des éclaircissemens sur l’origine pri- milive de la population de l'Amérique. Son Essai, in- titulé: New Views of the Origin of the Tribes and Na- tives of America, a eu beaucoup de succès. La ressemblance qui a lieu entre la langue américaine et les langues asiatiques, lui fait croire que tous les habitans de l'Amérique, excepté les Esquimaux , sont originaires de la Sibérie. Le même savant a fait insérer une lettre dans les Z'ransactions of the philos. Soc. at Philad. (v. 4.) du Capitaine Winraorp Sar- GENT , sur différens vases ornés de hiéroglyphes, trou- vés en 1794, dans le Comté de Hamilton; il en con- clut qu'il y avait autrefois, dans cette contrée un peuple civilisé. Nous remarquons, parmi les produc- tions historiques, l'Æistoire des Provinces de Massa- chusets, Newhamshire, Rhodeisland, et Connecticut , publiée par Miss. Zannah Abams, sous le titre: 4 sum- mary History of New-England from the first settle- ment at Plymouth to the acceptance of the federal constitution 1799; ouvrage utile et agréable qui n’est pas surchargé, comme beaucoup d’autres, de détails fatigans. L'auteur a choisi des matériaux intéressans, etil a eu l'art de les présenter sous un point de vue heureux. Les provinces de Massachusets et de Con- necticut ont été décrites séparément; Benj. TRUMBULL publia sa Description de Connecticut, déja commencée avant la révolution, sous le titre: Complet History of Connecticut , civil and eclesiastical from the emigration of its first Planters from England in 1630 to 1713. Nouvelles littéraires. 173 Hartford, 797. L'auteur ne se borne pas seulement à nous donner l’histoire de ce pays, il traite également de l’histoire naturelle et des productions de cette pro- vince. On peut regarder l'ouvrage de M. Minor, intitulé: Z#is- tory of Massachusets bay since the year 1748 (1600), comme une suite de l'ouvrage de Hurcxinson, sur le même sujet. Voici encore un ouvrage très-utile, c'est the History of Pennsylvania in Northamerica , ‘from the original Institution and settlement of that Pro- vince , in 1681, till after in the year 1742, with an Introduction respecting the Life of W. Penn and the Society of Quakers with the rise of the neighbourinz Colonies , etc.; by Rob. Proud , 1799. La Description of the settlement of the Genesee Country in the state of New-York, in a series of Letters from «a gentleman to his friend, est très-in- téressante et instructive pour ceux qui voyagent dans ce pays. On a publié une nouvelle édition des Notes on Virginia de Th. JEFFERSON, avec un Appendix, in which a candid and faithfull statement, of facts isgiven relative to the murder of Logans Jamily. Les Memoirs du Major général HrATH , containing “Anecdotes, Details of skirmiches and other military Events, during the american war written by himself, n'ont pas une grande réputation. L’Historien de Newhampshire, Jer. BELKNAP, est aussi remarquable comme biographe;il a publié 4me- rican Biography or a Historical Account of those Per- sons, who have been distinguished in America as Adventurers, Divines, Wariors, Authors and other remarkable Charakters, comprehendings a recital of the \ 174 Nouvelles littéraires. events connected with their lives and actions. L'auteur est mort avant la publication de son second volume. FRANCE. La Société d'émulation des Hautes-Alpes, propose un prix sur la question : Est-il un moyen de fabriquer des cuirs sans employer le tan ? M. le Préfet des Hautes-Alpes, en qualité de pré- sident de la Société d’émulation, ayant demandé au Conseil d'administration de la Société d’encourage- ment pour Findusirie nationale, des renseignemens sur les moyens de fabriquer les cuirs sans employer le tan (écorce de chêne), nous croyons qu’il im- porte de mettre d’abord sous les yeux le rapport qui a été fait à cette occasion par le comité des arts chy- miques, dans une séance du Conseil d’adminis- {ralion. s Le président de la Société d’émulation du dépar- « tement des Hautes-Alpes a demandé au Conseil de ss lui indiquer un moyen de tanner les cuirs, sans « employer l'écorce de chêne dont la rareté, dans ce « département , est le seul obstacle à l'établissement « des tanneries. Chargés de faire les reclierches né- # cessaires pour répondre à cette demande, nous avons « parcouru les divers ouvrages qui traitent de l'art du tanneur , et nous avons trouvé dans la description « qu’en a faite l'Académie des sciences l'indication, beaucoup trop longue pour être rapportée ici, de « toutes les substances qui sont employées ou qui peu- « vent lêtre pour tanner les cuirs. Nous ajouterons « à cette liste le cachou et les tannins artiliciels de « M. Hatcheit, seulement pour prouver que ces sub Nouvelles littéraires. 175 «s stances ne nous ont pas échappé; car le cachou est « en France d’un prix beaucoup trop élevé, pour qu'on ss puisse en faire usage; et quant aux tannins arlifi- « ciels, il n’a jusqu’à présent été fait aucune expé- « rience qui indiqueque l'emploi puisse en être fait dans 4 les ateliers. ss « Nous croyons devoir remarquer que toutes lés « substances indiquées dans la description du tannage, 4 qui fait partie de la collection des arts et métiers, « exigent des proportions plus où moins faibles, et « que les produits ne sont pas tous semblables à ceux « que donne l'écorce de chêne. Peut-être la nature « des végétaux qui pourront être employés à cet usage s dans le département des Hautes-Alpes exigerait- « elle que les premiers essais fussent faits avec circons- ss pection, de crainte que les cuirs tannés ne pussent « soutenir la concurrence des produits des fabriques où 4 l’on employe l'écorce de chêne. » « Les plantes qui paraissent les plus convenables à 4 employer dans ce département, sont « L’arbutus uva ursi ; 4 Quercus coccifera ; ou chène du kermès (l'écorce des racines ); « Le brou de noix; « L'écorce d’aulne, et quelques autres peut-être, que 4 l'on trouvera indiquées dans l'ouvrage précité (1). » Après avoir pris connaissance du rapport fait par le Comité des arts chymiques, la Société d'Emulation a (1) On peut se servir de l’écorce de pin, de melèze et de sapin. Les Russes employent, dit-on, l’écorce de bouleau et de saule; cette dernière, de préférence. 176 Nouvelles littéraires. arrêté, dans sa séance du 30 août 1807, de publier le programme suivant : « Prix de 500 francs à décerner par la Société d’E- « mulation des Hautes-Alpes, le 1.®° février 1809, au « meilleur Mémoire, écrit en français, ou en langue « étrangère, qui indiquera un nouveau procédé pour « la fabrication des cuirs sans faire usage du tan. »s Il faut, 1.° désigner dans ce mémoire les substances qui doivent servir, en remplacement du tan ; 2." Si ce sont des substances végétales, indigènes ou exotiques, indiquer les lieux où elles croissent , leur culture et exploitation, la différence des qualités, leur prix moyen, les doses nécessaires, et les avantages que k l'on trouverait en les employant de préférence au tan ; 3.” Donner un échantillon du cuir qu'on aura tanné par le nouveau procédé ; 4° Fournir la preuve que le prix du cuir ainsi fa- briqué n’excède pas celui du cuir fabriqué avec le tan. Les mémoires et échantillons seront adressés, francs de port, à M. le Préfet des Hautes-Alpes, avant le 1.°" janvier 1809. La même Société décernera un prix à l’auteur du meilleur ouvrage, en forme de dictionnaire, contenant les locutions ou expressions vicieuses, usitées dans le département des Hautes-Alpes, soit contre la langue francaise, soit contre la prononciation, avec les cor- rections de ces mêmes fautes. La Société d'Emulation desire un ouvrage qui puisse prémunir les jeunes-sens et les personnes peu instruites contre les vices ordinaires du langage. Ces vices de langage sont de deux sortes; les uns semblent être particuliers à ce département, les autres lui être communs avec la plupart des conirées de la France. Nowvelles littéraires. 17 Pour répondre aux vues de la Société, les concur- rens ne devront point relever indisiinctement toutes les fautes contre la langue; mais ils s’attacheront à recueillir, 1.° les mauvaises locutions qui, particu- lières à ce département, se propagent par l'habitude de les entendre, deviennent usuelles ; 2.° les fautes les plus communes dans la conversation, soit qu’elles appartiennent uniquement, ou non, à ce département. Il est évident qu'il serait inutile de remarquer ces locutions vicieuses, si, à chaque article, on n'avait soin d'en présenter la correction. Le concours est ouvert jusqu’au 1.°" janvier 1609, et le prix qui est de 300 livres, sera décerné le 1." février de la même année. Les concurrens mettront à leur ouvrage une sen tence ou devise; ils y joindront un billet cacheté contenant cette même devise, leur nom et leur de- meure. Ce billet ne sera ouvert que dans le cas où l'ouvrage serait jugé digne du prix. La Société fera imprimer à ses frais l'ouvrage cou- ronné , qui sera distribué à tous les instituteurs pri- maires du département. Les manuscrits seront adressés, port franc, à M. le Préfet des Hautes-Alpes. — On a découvert dans les champs de madame VERRAGOR, situés dans le terroire de Puylobier ( Po- dium Lupi) auprès d'Aix, dans le département des Bouches-du-Rhône , un autel antique , avec cette ins- cription. IVNONI EX VISV TREBIA LUCILIA. Tome VI. Novembre 1807. I1Z 8 Nouvelles littéraires. Trebia Lucilia avait consaczé cet autel votif à Juñon qui lui avait apparu en songe ; ces sortes de monu- mens sont très-communs, — Un propriétaire de VerVixs, dans le départe- ment de l'Aisne, faisant créuser un abreuvoir dans un hameau appelé la Denteuse , trouva plusieurs tombes assez rapprochées les unes des autres, et ren- fermant chacune un squelette avec un sabre au côté et une urne aux pieds. ; Le propriétaire du terrein a, dit-il, déja fait ex- humer quarante de ces squelettes. [ls sont dans un sol marneux. Tous ont les pieds tournés vers l’orient. La partie moyenne des os longs est en général con- servée, la partie spongieuse (ou les extrémités ) est en- tièrement détruite. Les urnes ou pots sont en terre cuite, grise ou rouge, ou en verre assez blanc et bien conservés: ils ont assez la forme des pots ordi- naires, à ventre et sans anse; c'est un cylindre creux, renflé vers le milieu. La plus grosse urne a environ 8 pouces de hauteur sur 4 de diamètre dans son ren- flement. Les sabres paraissent modernes ; ils sont gros et courts, et un peu convexes sur le tranchant; le plus long a 16 pouces de longueur, de la garde à la pointe, sur 2 de largeur; ils sont rongés par la rouille. Les plaques et les boucles des baudriers ou ceintu- rons sont en fer argenté, ou en cuivre, et ciselées ; celles en fer sont ciselées en arabesques, quelquefois ou à peu près réguliers ; celles en cuivre sont ciselées en Zzig-zag engrenés les uns dans les autres. Ure X romaine est en relief sur une plaque de cuivre, ou au moins on en voit la forme. Une pique qui paraît avoir été celle d’un étendard, fut trouvée auprès de l'un des squelettes. À côté de, Nouvelles littéraires. 179 cette espèce de cimetière est une fosse assez profonde et large renfermant des os de chevaux. Point de pièces de monnaie; rien qui nous indique à quel siécle ont appartenu les hommes dont nous voyons les restes. Ce sont, sans contredit, des guer- riers. Paris. M. van Huiruem (1) a réuni, comme il l’avait fait l’année dernière, le 8 octobre 1807, les Artistes Belges habitans de Paris, pour remettre en leur pré- sence une marque de satisfaction, au nom de la PATRIE RECONNAISSANTE, à trois de leurs jeunes compatriotes , pour la manière honorable dont ils se sont distingués au concours général de sculpture et de musique (2). Il a prononcé le discours suivant que nous. transcrivons en entier, à cause des détails in- téressans qu'il contient sur l’histoire des arts dans la Belgique (3). _ «À peine, a dit M. Van Hulthem, trois années se sont écoulées depuis qu’un de nos compatriotes (4) a remporté le premier grand prix de peinture au con- (1) Ancien Membre du Tribunat, Membre de la Légion d'Honneur, ancien Bibliothécaire du département de l’Escaut, Membre de l’Académie des Sciences de Zélande , établie à Vlissingue, et celle de la Littérature belgique de Leyde, Administrateur-adjoint de la Société pour l’encouragement de Pindustrie nationale à Paris, et un des Directeurs de l’Aca- démie de dessin, peinture et architecture de Gand. (2) Voyez le compte rendu de la séance de l’Institut, suprà, 2.5, p. 453. (3) Voy. Mag. Encycl. ann. 1806, t.G, p. 455. {:) M. Odevaere, de Bruges. 80 Nouvelles littéraires. cours général; l’année passée nous eûmes le plaisir de remettre à un aulre compatriote (5), à son passage pour Rome, la médaille que l'académie de Gand lui avait décernée ; aujourd’hui trois Belges se présentent de- vant vous ; l'Institut des arts et sciences a décerné à l'un (6) le premier grand prix de sculpture; lesecond (7) a remporté le second grand prix de composition mu- sicale; le troisième (8), déja connu par d'importans travaux , a lutté longtemps avec le premier : quoiqu ’1l füt digne aussi de remporter la palme, la victoire a couronné son heureux rival, Gloire aux trois jeunes compatriotes qui se montrent si dignes de marcher sur les traces de leurs ancêtres, et de soutenir avec honneur le nom et l’ancienne réputa- tion de leur pays! On ne peut prononcer le nom de la Belgique sans se rappeler en même temps cette célèbre école flamande qui, depuis quatre siécles, a produit une suite nom- breuse et non interrompue d'artistes distingués; sang se souvenir de cette école de Rugexs et de tant de peintres renommés ; sans rappeler à la mémoire ek cette multitude de sculpteurs célèbres dont les nom- breux ouvrages décorent les temples et les palais, et ces fameux graveurs auxquels l'art doit sa perfection, les VoRrsTERMAN, les Ponrius, les BOLSWERT, elc. etc. qui, avec du noir et du blanc, ont appris à rendre l'effet et la couleur ; et ces musiciens célèbres qui de- vancèrent les Ttaliens, et qui sont les véritables res- taurateurs de la musique moderne. Heureux pays, où {5) M. Ferdinand-Marie Delvaux , de Bruxelles. (6) M. Caloigne, de Bruges. (7) M. Fetis, de Mons, département de Jemmapes. (8) M. Joseph Rutxiel, de Lierneux, département de l’Ourthes Nowelles littéraires. 18 Pagriculture, l'industrie nationale, les fabriques, les. manufactures et le commerce extérieur, sont égale- ment en honneur, et où les arts, enfants du génie et de l'abondance , viennent charmer le loisir et em- bellir le séjour des habitants ! Tous les arts et toutes les sciences ont été cultivés. avec succès dans la Belgique; mais ce serait abuser du. temps que vous voulez bien nr'accorder que de l'em- ployer à retracer à votre mémoire les noms des hommes célèbres qui s’y sont distingués dans les lettres, la juris-- prudence, la théologie, les mathématiques, l’astrono-- mie, l’histoire, la géographie, la critique, les anti- quités, la peinture et la gravure; nos jeunes vainqueurs sont sculpteurs et musiciens: c’est donc de ceux qui les- ‘ont précédés dans la pratique de ces deux arts que Je: vous demande la permission de vous entretenir un: moment. À une époque où la peinture était peu cultivée dans une grande partie de l’Europe , où de-faibles esquisses. méritaient à peine ce nom, JEAN VAN EycK fit vers l'an 1410 la précieuse découverte de la peinture à l'huile. Il porta certaines parties de l’art à un tel degré de per- fection , celles qui appartiennent surtout au mécanisme de la peinture, qu'il serait difficile de l'y surpasser. Ses ouvrages excilèrent une admiration universelle ; son exemple fit eclore dans la Flandre une foule de peintres, de sculpteurs et de statuaires, et telle fut la réputation de leurs ouvrages , que plusieurs princes les appelèrent à leur cour (9). Cependant, comme ils imitaient souvent une nature sans choix, ils étaient encore loir de la perfection. où (0) Jacobi Mevert flandricarum rerum, tomi X, Brugis, 253%, in-4.°, fol. 43. 162 Nouvelles littéraires. les Grecs et quelques grands maîtres italiens avaient élevé l'art: mais bientôt nos artistes passèrent les Alpes pour former leur goût à la vue des débris de l’anti- quité qu'on venait d'y découvrir, et pour se perfec- tionner à l’école des grands maîtres qui faisaient alors la gloire de l'Italie. Le premier sculpteur flamand qui s’y distingua fut JEAN DE BoroGxe. Né à Douai en 1524, il apprit les élémens de l’art en Flandre sous les yeux de JEAN Beucu, sculpteur et ingénieur. Après deux ans de sé- jour à Rome, voulant retourner dans sa patrie, il s'arrêta à Florence, où ses ouvrages étaient tellement estimés qu’on l’engagea à s’y fixer, et ce fut dans cette ville qu'il passa le reste de ces jours. Un groupe qui orne une des places de Florence, représentant l’enlève- ment d’une Sabine, celui du centaure terrassé par Her- cule, la belle fontaine de Neptune à Bologne, le Mercure, un groupe de Samson qui tient sous lui le Philistin, l'excellent bas-relief en bronze qui repré- sente l’enlèvement des Sabines , les ouvrages qu'il fit à Gênes, et ceux qui passèrent en France, lui firent un grand honneur , et sont généralement connus. Peu de sculpteurs ont égalé la gloire de Francois Framanp (10): aucun n’a porté aussi loin que lui la perfection dans les figures des enfants. Les grâces, l’art, et l'esprit, se font également reconnaître dans ces jeux d'enfants et d'amours qu’on voit dans ses petits bas-re- liefs en bronze, en marbre,'et en ivoire. Ja Sainte Suzanne dans l’église de Notre-Dame de Lorette à Rome, et celle de Saint André, statue colossale qui se voit sous la coupole de Saint-Pierre, renferme tout ce (to) François Duçuessoy, nommé par!les Italiens, :/ Fia- mingo ,ué à Bruxelles en 1594, mort à Livourne en 1644. Nouvelles littéraires. 183 que la sculpture peut offrir de plus parfait. « La statue « de Saint André, dit un amateur éclairé, est sur- « tout au dessus de tout éloge. La dignité et le grand « qui y règnent effrayent par le caractère du dessin « tout artiste qui la considère ; la beauté de l'attitude, « le grand caractère de la tête, si bien faite pour frap- s« per de distance , lui a mérité d’être nommée la pre ss mière statue de Rome.»s Quelque: belles que fussent ses produetions, l’idée du beau qu’il concevait ne put jamais le satisfaire dans l'exécution. Voici ce qu'il répondit à quelqu'un qui l'exhortait à ne plus retoucher une statue qui lui paraissait parfaite, et à s'épargner une peine inutile, « Vous avez raison, dit-il, vous qui n’avez pas l’idée « de l'original; mais moi, je suis mécontent de mon « ouvrage, parce qu’il est encore bien éloigné du ss modèle que j'ai dans la têle. ss JÉRÔME DuquEsnor égale presque en mérite son frère FrRAxcoIs FLAMAND ; le mausolée de l’évêque Triest, dans la cathédrale de Saint-Bavon, à Gand, composé d’une grande mamière , exécuté avec correc- tion et finesse, donne une haute idée des talens de ce sculpteur. Lucas FaAypnEer8e, de Malines , était un statuaire d’un grand mérite. Après avoir étudié les élémens de son art sous de bons maitres, il travailla pendant trois ans sous les yeux de RUBENS , et laissa dans différentes églises des Pays-Bas un grand nombre de monumens. dignes de sa gloire et de sa réputation. ARTUS QUELLIN, célèbre sculpteur d'Anvers, réunit à une grande facilité de conception une facilité encore plus grande dans l'exécution ; le nombre pro- digieux des statues qui sont dans les églises, et surtout les belles cariatides du tribunal criminel, et les autres 184 Nouvelles littéraires. statues en marbre et en bronze qui décorent le superbe hôtel-de-ville d'Amsterdam, donnent une grande idée des talens de ce maitre. Les autres sculpteurs qui ont le plus contribué à or- ner nos églises et nos palais sont: Prerre et HENRr VERBRUGGEN, Henr1 Duquesnot, père de FRANÇOIS et de JÉRÔME, GuiLLAUME KercKs, JEAN VAN Mit- DER, VAN DEELEN, DE VOS, GRIPELLO ,SCHEEMAEC- KERS , J. B. DE WREE, ALEXANDRE STOBBENS, *Micuez VERVOORT, VAN BEVEREN, VAN DEN ÆYNDEN, ALEXANDER VAN PAPENHOVEN, VERS- POEL, JEAN GOETHALS, JEAN DELCOURT, PAULI, le F. Jean, récollet, GErY HEYDELBERG, Louts Wizzemsens, Cosyns, DEzvaux,de Gand, G11- LIS, d'Anvers, BERGER , de Bruxelles, VERsSCHAr- FEL, de Gand (x1). Ce serait abuser de vos momens que de vous retracer les talens et le caractère de chacun de ces artistes, etde vous rappeler leurs principaux ouvrages ; ceux qui ont parcouru la Belgique, ont vu les mausolées, les statues, et les chaires sculptées que l’on doit à ces maïîtres. II faut en convenir , nos temples étaient , avant la révolu- tion et le régne du vandalisme, de véritables musées , décorés avec autant de goût que de magnificence ; nulle part, si on excepte les grandes villes de l'Italie, on ne (11) Une partie des monumens que l’on doit à ces sculpteurs est décrite dans le Voyage pittoresque de la Flandre et du Bra- bant , par Descamwrs; Paris, 1769. Feu M. Baërr, bibliothé- caire de M. Edouard Walkiers, avait fait beaucoup de recher- ches sur les sculpteurs flamands: il se proposait de publier des mémoires sur leur vie et leurs ouvrages. Ïl est mort sans avoir exécuté son projet, et j'ignore ce que ses mérmoires sont devenus depuis sa mort. mm Nouvelles littéraires, 185 voyait plus de monumens, de statues, et de tableaux, plusieurs ont été enlevés, un grand nombre a été détruit ; quelques villes cependant en conservent en- core des restes précieux (12). (12) Les cathédrales de Liége et de Bruges ont été démo- lies. La belle cathédrale d'Anvers, qui, avant la révolution, renfermait tant de chef-d'œuvres de l’art, tant de beaux ta- bleaux, de statues et de monumens, en est actuellement en- tièrement dépouillée ; les plus beaux tableaux ont été enlevés pour le Muséum de Paris, les statues, les monumens et Îles autels ont été brisés par les mains des Vandales et des bri- gands : « Lors de l’arrivée du Préfet, est-il dit dans la Sta- « tistique du département des deux Nèthes, par le C. d'Her- & BOUVILLE, préfet ; Paris, an 10, in 8.°, p. 86; la cathé- « drale d'Anvers présentait le hideux spectacle de la ruine et « de la désolation. Les débris des autels et des statues en- « combraient toute la nef à plusienrs pieds de hauteur; on « marchait en frémissant sur des fragmens de pierre, de bri- « que, de marbre ; confondus avec les ossemens des cadavres « que les dévastateurs avaient été arracher de leurs tombeaux. « L’extérieur de cette belle église n’était guères moins dé- « gradé que l’intérieur; sa couverture était détrüite en partie, « et sa tour , monument singulier d'élégance, de grâce et de a légèreté, menaçait de s’écronler par défaut d’entretien. v Mais le z2élé et vigilant administrateur, M. d'Hensouvizzz, Vami des arts, homme probe et instruit, que la ville d’An- vers et les artistes qu’il encourageait regrettent (1), obtint du (1) La ville d’Anvers a de grandes obligations à son ancien préfet M. d’HER- BOUVILLE, maintenant préfet à Lyon, Elle lui doit tn plan d'amélioration dont la ville est susceptible, la réparation de ses quais, l’établissermrent de sa Société d'émulation, la restauration de son Académie de dessin, & Jaqueile il ajouta une Ecole d’architecture et de perspective, et un Cours de figures peintes d’après nature. Il fit venir de Paris une belle collec- tion de plâtres moulés sur les antiques du Musée; il obtint du gouver- nement le retour du précieux tableau où Rubens a représenté toute sa famille, er qu’on regrette de ne paç voir encore replacé sur l'autel de sa chapelle sépulcrale, dans l’église de S. Jacques. 11 fit un plan pour le bassin de la ville : le gouvernement en ayant adopté un autre, il le mie en exécution avec toute l’activité qu’on lui connaît, Les nonveaux cenmx 186 . Nouvelles littéraires. D'autres sculpteurs flamands ont porté leurs talens hors de leur patrie, et ont embelli par leurs travaux gouvernement que l'extérieur fût réparé sur les fonds du do- euaine; l’intérieur fut restauré par les contributions volon- taires des habitans, et cette église est encore aujourd’hui un des plus beaux monumens de l'architecture gothique. La grande église de Bruxelles a aussi considérablement souf- fert pendant la révolution, et plusieurs de ses monumens ont été détruits. La cathédrale de Gand, une des plus belles églises de la France, a été conservée intacte avec tous ses monu- mens, si on excepte neuf à dix tableaux qui ont été enlevés pour le Muséum de Paris: on en doit la conservation aux soins du Curé et des Administrateurs de cette église, au bon esprit et à l’amour des arts, qui ont toujours régné dans la ville de Gand. Les membres du jury d'instruction publique ont conservé, dans les différentes villes de la Belgique, un grand nombre de tableaux qu’ils ont retirés des couvens et églises suppri- ” més. Les Musées de Gand et de Bruxelles sont organisés; ce elernier est surtout remarquable par les beaux tableaux qu'il renferme et par leur bonne disposition. On en est redevable aux soins éclairés de son directenr M. BosscxaznT, grand amateur des arts, qui les cultive lui-même avec succès, et qui, par l’activité de son zèle, est parvenu à obtenir pour le Musée de Bruxelles plusieurs tableaux précieux de l’adminis- tration de celui de Paris. On doit regretter que le Musée d'Anvers ne soit pas encore organisé; un grand nombre de tableaux s’y trouvent entassés les uns sur les autres, et ris- guent de périr par l’humidité et le peu de soin qu’on en. a. On ne peut assez s'étonner de l'indifférence que montre à cet égard le Préfet actuel, homme juste et honnête d’ailleurs et patriotes des Anversois, des négocians français, poussés par de vaines terreurs, voulant restreindre où même prohiber la faculté de faire des expéditions maritimes, que les Anversois avaient acquise par l'ouverture de l’Escaut, il défendit avec fermeté les droits de la ville d'Anvers, qui, réunie aux autres domaines de l'empire, supportant avec eux les charges de l'état, n’a pas moins de dioits à la protection du gouvernement que les autres ports de la France. nt 0 Nouvelles littéraires.' 187 les pays étrangers ; MARTIN VAN DEN BOGAERT ,nom- mé en France DesJarpins, né à Breda, élève de l'académie d'Anvers et des grands maitres qui en faisaient alors l'ornement, vinfjeune encore se fixer à Paris : l'académie royale le jugea bientôt digne d’occu- per une place dans son sein. Une statue équestre de Touis XIV , en bronze, érigée à Lyon dans la place de Bellecourt; la statue pédestre de ce roi que l'on voit dans l’orangerie de Versailles, le monument en bronze de la Place des Victoires, les évangélistes, les pères de l’église, dont le portail de la chapelle du collége Mazarin était orné; le Soir sous la figure de Diane, dans le parc de Versailles, les statues de Junon, de la nymphe Echo, de Narcisse, de Thétis et de Galatée qui sont sur la façade du château , un bas-relief repré- sentant l'Histoire accompagnée de génies et écrivant la vie du roi, et un grand nombre d’autres ouvrages ré- pandus en France , attestent le génie et les talens de ce maitre. Il avait fait trois fois le portrait de Touis XTV; à l'exemple de Charles-Quint qui avait été peint trois bon administrateur, mais qui ne semble pas assez connaître le prix et la valeur des productions de l’art. Il importe cepen- dant à la conservation de la peinture dans ce pays, et à l’his- toire des artistes de l’école flamande de conserver leurs pro- ductions, décrites dans la Wie des Peintres flamands , dans le Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, et dans plusieurs antres ouvrages. La ville d'Anvers, qui a vu naître dans son sein tant d'artistes célèbres, qui a constamment con- servé le goût des arts, et qui compte encore parmi ses con- citoyens des artistes très-distingués, mérite à tous égards de posséder un beau Muséum, où les productions de ses anciens maîtres se trouvent réunies. Îl faut espérer que les soins de VAdministrateur du département, réunis à ceux du Maire d’An- vers, procurerout bientôt à cette ville un établissement 61 utile aux arts et desiré depuis si longtemps. 188 Nouvelles littéraires. fois par le Titien, ce roi pouvait dire qu'il avait reçw autant de fois l’immortalité des mains de cet artiste. DessaARDINSs avait été nommé recteur de l'académie, et il mourut revêtu de cette dignité à l’âge de 54 ans. Purzippe Buisrer, sculpteur de Bruxelles, avait plus de 50 ans lorsqu'il vint s'établir à Paris; le tom. beau du cardinal de La Rochefoucault,que l’on voyait autrefois dans une chapelle de Sainte- Geneviève, est le plus considérable de ses ouvrages , el est très esti- mé des connaisseurs ; il travailla pour Louis XIV , et on voit de sa main, dans le parc de Versailles, un groupe de deux Satyres, le Joueur du tambour de Basque, le poème satirique et la déesse Flore. On lui reproche d’être un peu maniéré; ses draperies n’ont point cette simplicité , ce goût de la nature qui charme: ei qui séduit ; mais il a d’autres qualités qui rachetent ces défauts. Ryssrack , sculpteur flamand , se fixa à Londres en +720 ; il eut l'honneur de faire le tombeau du grand Newton, plusieurs autres monumens de sa main dé- éorent l'église de Westminster, peu de sculpteurs ont- fait un si grand nombre d'ouvrages. Sa statue équestre en bronze du roi Guillaume, placée à Bristol, et le monument de l'évèque Hough, qu’on voit dans la cathédrale de Worcester, passent pour ses meilleures productions. VERSCHAFFEL, sculpteur de Gand, fit dans sa jeunesse les bustes de Benoît XIV , de Voltaire et de l'impératrice Marie-T'hérèse ; l'ange que l’on voit sur le Castel Sant-Angelo, à Rome, est de lui; nommé sculpteur pensionné du duc Palatin, il exécuta pour les palais de ce prince un grand nombre de statues. On voit de lui le beau mausolée de l’évêque van der Noot, dans la cathédrale de Gand. La statue pédestre, em Nouvelles littéraires. 10q bronze, du prince Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas, qui décorait autrefois la place royale à Bruxelles, a été malheureusement détruite pendant la révolution. TassarT , habile sculpteur , que Frédéric le Grand attira à Berlin , était d'Anvers; il avait appris les prin- MarROoN, MENTELLE 4 MorezLer, Norz, SaAiNTEe-Crorx , Sc ÉRIC A UE 4 EASER, SICARD, SILVESTRE DE SACY , SUAR D, MRAULLE É VAan-Mons , A ENTENAT | Viéconrt, UsTrEm WT QI LEMET, d'äutres Tittératours éstimables , et de* fasioursd M Savans que là mort a moissonnés, dont les pri 24 sont: MM. CAVANILLES; DAUPENTON , DESAGLT, L À .ITIER, HERMANN; LALANDE, MERCIER SAINT: eau DBERLIN, VILLOISON, WANCKLER. @ On y insère les Mémoires les plus importans sûr joues EA les parties des Arts et des. Sciences ; ‘on. choisit pris cip à te PE @ lement.Ceux qui sont-propres den accélérer les progrès? ot @ «On-y publie également les Dissertations ingémieusés ; # d les Inventions utiles dans ‘toûs :lés. ‘ senres QE Le % compte dès Expériences nouvelles Ony. RE éCIs LA déjes que:les Séances: des Sociélés Hitéräires 0 fert de | = -plusfintéressnt ; une descrifliun desde que: les dépôts d’objets-d’'Arts elde Sciences rénfér nrexttidey CUrIeu *: Où y'trouve dés Notices sur la: Là ét less des Savans, des Tittérateurs et: des Artistes#@ 2 dont on resreite la’ perte; enfin les Nouvellélinettres de toute espèce. La correspondance que: le Rédacteur entretient: avèc plusieurs Savans étrangers, et principalementsen. Alle- A maone, lui procure béaucoup de Nolicesfuonsr ne trouve “RE ailleurs. H On s'adresse,-pour-l'abonnement “Paris? à " TOÙR: N£CISEN , fils, libraire, Tue de Seine, m°:12: Entente tnt SL CPC VA AAA A NA AZ AAA AE COCO CE 2 A2. Chez la' Veuve Chaüguion et d'Hanget. 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Spor six mois TT us “ ne dy QU HA fr, ; p 4e “pour ‘un an. ee RM ue At Les Hénin les plus Sd dans chaque. partie des Rs Sciences et de la, Littérature $e: sont plu à coopérer & cetie entreprise utile ,vét la .calieciion dés onze années, fe u Magasin Encyelipéd Ie. est devenue ‘précieuse, ‘en union de Mémoiressintéressans fatleurs , et dont les -Auteurs ion. de trôuxe en effet Irés ; à fdes, ptscules dé & IE, BAST, 2 ne "CUVIER, E. ss Duménre, S À rs Haüuy, quine se trouvent poir jodissent d’une grande répu des, Dissertahions, des Mé ACTA ER, À AA >) ANAL EUX ALORS a Vaniéris, NouveLLEs 4 R'ALATEx 11 ee | . À de PEspagnei| al ENS Coxnzsrowpanezs LITTÉRAIRES. Mes Nouvelles drangères, pes ur Vem- Anar. 38e L veux et des|__ y Autriche. D A PARLE Mes temps an-|_ de Bavière, 394 se , extraites — de;Saxe, "à EE 595 MO and de M.!_ de Westphalie, 596 fx par Feu M.}__ je Prusse, 307 ! ÊT : 270) de Russie. | 399 1! À — de Suède, D MR Tr LE +7 ie — de Suisse. Jbid. — d’Etrurie.s ©. 403 érches asiatiques, où Mé- — Etat Romain. Ibid, res de la Société établie au|__ Royaume de Naples. ‘406 Bengale. D 297/ du Portugal. 4o7 | | de la Turquie, Tbia, Giocrarrs. — de la Chine. 4064 Revue générale sn Eh Nouvelles de France. k Jbid, ° géographiques qui ont eu lieu — de Paris. :. 4og. pendant Vannée 1806, et des ù Le progrès des connaissances rela: Ê L'ERÉATRES è tives à Ja géographie, à la sta- ME tistique et à Phistoire des peu-|La Vestale. lp EC ples. B2o|Le Paravent. NE, 2 VE ‘ ‘ [Les Créanciers. 6 + MÉrances. : Le Nozze di Figaro. . 48 Une Journée chez Bancelin. ‘419 Journal historique des Mémoires Le Retour de Jean os 420 critiques et littéraires; par C.| $ Collé. 346. Lis DIVERS. NomismArique. Se et Arts. Zur Münzkunde Russlands ; par Journal de Physique, de Chymié 4 M Ærug. 558| et d'Histoire naturelle. CES Voyage pittoresque et historiqu Es %y #5) pagne, par ALEXANDRE DE Lino à ér1 Société de gens de lettres et, d'artistes Madrid ; dédié à son Altésse. | Séréniss DE de Prince de la Paix, Généralissime: es les. armées de $. M. C., Grand-Amiral d'És: pagne et des Indes, ete., etc. Tome I. Paris, de l'imprimerie de Pierre Didot l’ainé, avec des caractères de Bodoni, fol: - atlant. 2.°, 3.°, 4.° et 5.° livraisons, compo= sées chacune de six estampes et de deux où de plusieurs feuilles de texte. Prix de la livraison : 21 fr. sur papier fin, 36 fr. sur papier vélin, Go fr. sur papier vélin avant la lettre. D Nists avons déja rendu un compte détaillé de la première livraison de ce superbe ou- vrage (1), et indiqué en même temps, mais d’une manière succincte, le contenu de la deuxième livraison. Nous allons présentement revenir avec plus de détails sur cette livrai- son, et y réunir les trois suivantes qui viennent de paraitre. (1) Mag. Encyel. ann. 1807, t.4, p. 113. Tome F1. Décembre 1807. 16 ET & 242 l’oyage d'Espagne. Ces quatre livraisons coutiennent une pattie de la description de la Catalogne; elle est précé- dée d’une Noücehistorique sur cette province, celte notice se trouve en tête de la deuxième livraison (2): Sans nous arrêter à cette Notice qui, par sa briéveté, n’est pas susceptible d’être extraite, passons de suite à l'explication des Planches, ou à la description pittoresque de la Catalogne. Cette description commence par celle de Barcelone, capitale de toute la Catalogne : l’'Auteur (3) lui consacre, pour représenter les principaux édifices et les autres objets re- marquables qu’elle renferme, onze planches (2) M. pe LABORDE parle, au commencement de cette Notice, d’une carte qui doit précéder la descri- ption de la Catalogne et donner une idée des prin+ cipales villes et des lieux dont il est question dans l'ouvrage; mais cette carte n’est pas jointe aux livrai- sons que nous avons sous les yeux. (3) Nous devons redresser ici une erreur qui s'est glissée dans notre premier Extrait. Nous croyons que le R. P. FERNANDEZ DE Roxas, qui s’est chargé de la rédaction du texte espagnol de cet ouvrage, avait au= tant contribué à sa composition que M. DE LABORDE, etnous avons constamment parlé, dans cet Extrait, des auteurs, au pluriel. Nous avons été instruits depuis que M. pe LABoRDE est seul l’auteur de cet ouvrage, le P. FERNANDEzZ DE Roxas ne fait que le traduire en espagnol ; nous n’employerons donc dorénavant que le singulier, en disant simplement l'auteur, et nous in- vitons à sous-entendre toujours M. DE LABORDE. à Barcelone et Ye Monëi-Serrat. 243 sur sept feuilles dont les six LE Re com- posent la deuxième livraison; la sepuème fait le commencement de la troisième." PI. I. lue générale de la Ville et du Port de Barcelone. Elle est prise au pied du Mont- Joui dont le fort domine la ville et la défend du côté du midi. Le tableau qu'offre cette vue est charmant: la ville, située sur le bord de la mer, dans une plaine fertile, au milieu de jardins et entourée de maisons de cam- pagne, se présente avec majesté; et au nord, elle est bordée de montagnes qui produisent un effet admirable. M. pe LasorDE accom- pagne toujours les explications des Planches de remarques historiques sur les sujets repré- sentés , lorsque ceux-ci en sont susceptibles. C’est ain: qu’il raconte que la fondation, ou du moins la restauration de Barcelone est gé- néralement attribuée à un Carthaginois de la famille Barca , qui lui donna le nom de Zar- cino,plusieurs cro yent que ce carthaginois était Hamilcar, père du grand Annibal;les Romains donnèrent à la ville le titre de Cofonie, en Y ajoutant les surnoms de Faventia, de Pia et Augusta; elle passa successivement sous la domination des Goths, des Maures et des Fran- çais ; elle eut ensuite des souverains par- üculiers, sous le nom de Comtes , qui étant montés sur le trône d'Aragon, la réunirent à leur couronne, et enfin à la monarchie 2h4 Voyage d'Espagne. espagnole , lorsqu'ils en furent devenus pos- sesseurs dans le seizième siécle. PI. Il. Plan de la Fille et du Port de Barcelone. Ce plan fait connaître la forme et l'étendue de la ville; c’est une place irrégulière , entourée de remparts, défendue au ‘midi par le fort du Mont-Joui; mon- tagne dont le nom dérive, selon les uns, de Mons Judaicus, comme ayant été long- temps l'habitation des Juifs; et, selon d’autres, ce qui est plus vraisemblable , de Mons : Jovis, parce que les Romains y avaient bâti un temple dédié à Jupiter. Elle est défendue en outre au nord par une citadelle cons- truite par Philippe V, après qu'il eut réduit les Catalans à son obéissance. Entre la cita- delle et le Mont-Joui est situé le port de la ville, qui a été établi vers le seizième siécle, lorsque l'ancien port, qui était près du Mont-Joui , eut été comblé et son môle détruit par des orages. Près du port on aperçoit une petite ville moderne qui touche Barce- lone et qui est appelée Zarcelonette : elle a été construite, vers le milieu du siécle dernier, par le marquis de la Mina; c’est l’entrepôt du commerce et la demeure des personnes attachées à la navigation. Elle est percée dé vingt-quatre rues allignées, chacune de vingt pieds de large, dont quinze sont directes et paralléles, et les autres transversales, coupant Barcelone et le Mont-Serrat. 245 les premières à angles droits et. à des dis- tances égales; les maisons sont toutes uni- formes, bâties en briques et d’un seul étage. Barcelone, d’abord située sur la hauteur à une, petite distance de la mer et ne s'éten- dant pas au-delà de cette éminence, eut dans la suite différentes enceintes que l’on reconnaît encore: l’Auteur entre ici dans des détails très-intéressans au sujet de ces divers accroissemens. Les rues de Barcelone sont bien éclairées pendant la nuit par des fa- naux suspendus aux murs des maisons ;: elles sont pavées. de pierres longues, qui couvrent des canaux souterrains destinés à recevoir les immondices, ce qui fait qu’en tout temps on peut se promener à pied sec; la ville est assez bien bâtie; les maisons sont en: gé- néral d’une construction simple et agréable, élevées de quatre à cinq étages, percées de grandes fenêtres, et ornées de balcons. de différens genres. Parmi les édifices et les places les plus remarquables qui sont indi- qués sur le plan et que l’Auteur passe en revue, nous nommerons :Ja Cathédrale (4) , située au centre de l'ancienne. ville; le Cou- vent de Sainte Claire, faisant partie de Yan- cien palais des comtes de Barcelone et des (4) La planche VIT offre la vue intérieure de cette église, 246 Voyage d'Espagne. | rois d'Aragon, et n'ayant de remarquable que son ancienneté ; l’/nguisition , autre par- tie du même palais, servant aux séances du tribunal de linquisition, et renfermant les prisons du Saint-Office; la Place Neuve, la Porte ancienne de la’ville et le Palais Épiscopal (5); le Palais deY Audience , ou la Députation, un des plus beaux édifices de Barcelone, où sont déposées les célèbres ar- chives royales d'Aragon, dont les titres ori- ginaux remontent jusqu'au huitième siécle, et où lon voit aussi les portraits des anciens comtes de:Barcelone et des rois d'Aragon; l'Eglise paroissiale de Saint Jacques, pré- cedée ‘d’un beau portique d'architecture gothique dont le plafond contient d’assez bonnes peintures; l’A6tel-de-V'ille, dont la cour est remarquable par l'élégance et le fini des ornemens; l'Eglise de Saint Michel, ancien temple de Neptune, renfermant un pavé en mosaïque (6); l'Eglise de Saint Just, ancien édifice dont quelques-uns attribuent la fondation à Louis-le-Debonnaire, fils de Charlemagne; la’ Place et le Palais du ca- Pitaine genéral, la Douane, et la Lonja, c’est-à-dire Bourse,;ou Maisonde Commerce(7); (5) Voy. la planche IX. (6) Voy. la planche IX où ce pavé est représenté au n.° 4. (7) Voy. les planches V et VI. Barcelone et le Mont-Serrat. 247 la Place de Born, une des plus grandes de Barcelone; Sainte Marie de la mer, vaste temple à trois nefs, bâti dans le quinzième siécle , dans le bon goût de larchitecture gothique, et qui, après la cathédrale, mérite la seconde place ; le Couvent de la Merei dont le cloître est très-beau et d’une parfaite exé- cuiion; /e Couvent de Saint François, le pre- mier de cet ordre qui ait été établi en Es- pagne, fondé par ce patriarche lui-même en 1214, on voit dans le cloître vingt - cinq tableaux représentant la vie de Saint Francois et peints par Antoine Vitla-Domat; la Salle de Spectacle ,Vune des plus belles de l’Espagne; elle est vaste, bien coupée, avec des déga- gemens commodes, et décorée de trois rangs de loges; l’Hopital général, où est le-collège de chirurgie dont le théâtre anatomique est grand , bien dessiné et orné de beaucoup de dorures et d’une galerie qui en fagt cle tour ; le Couvent des PP. de la Mission, fondé par Saint Vincent de Paul, le premier des monastères de cet ordre établis en Espagne; Sainte Catherine, couvent habité par les Do- minicains , un des plus considérables de la ville et le premier de cet ordre fondé en Espagne, renfermant les reliques de son fondateur, Raymond de Pennaflor , le mau- solée de Thomas Ripoll, général des Domini- 248 Voyage d'Espagne. cains, mort a Rome en 1733, et la meilleure bibliothéque publique de la ville. PI. TILL 7e de Barcelone, prise du cou- vent des Capucins de Sarria. Aspect charmant d’où l’ondécouvre un grandnombre de maisons de campagne et de jardins, qui s'étendent depuis Barcelone jusqu’à Sarria; Sarria est un village délicieux par sa situation, et ap- puyé sur une colline qui domine Barcelone. PI. IV. Z’ue d'une partie du Port de Bar- celone , prise de Barcelonette. Elle repré- sente l'entrée du port et une partie de la ville, le quai ou la promenade connue sous le nom de Rempart de mer, la Lonja ou bourse, la Porte de mer, et dans le lointain le Mont-Jour. PI. V. Je de la Lonja ou Maison de commerce, du Palais du capitaine général, de la Douane, et de la Porte de mer. Ce sontiles principaux édifices modernes de Bar- celone , qui sont ici figures. Le Palais du capilaine général a éte construit dans le quinzième siécle, et son extérieur n’a rien de remarquable. La Douane forme une masse isolée et belle, mais elle est défiguree par un amas de stuc de plusieurs couleurs et d’or- nemens qui nuisent à son ensemble. La Porte de mer est celle par où l’on communique au port et au quartier de Barcelonette. La Barcelone et le Mont-Serrat. 249 Lonja a été construite, avec autant de goûts que de magnificence, sous le régne de Char- les IIT, et d’après les dessins de l’architecte Jean Solero; cet édifice est décrit avec plus de détails dans la PI. VI. qui en offre /a coupe et le plan. : PI. VII. Zrtérieur de la .Cathédrale de Barcelone. Cet édifice est un monument go- ihique d’une construclion hardie et majes- tueuse , qui se distingue des autres bâtimens de ce genre par sa noble simplicité. H a été commencé en 1299, et n’est pas encore enli- rement terminé; il a deux tours élevées et un grand cloître dans le même genre que l'église et du même temps. On y conserve, dans une magnifique chapelle souterraine pratiquée sous le maïtre-autel, les reliques de la patrone de Barcelone, Sainte Eulalie, qui souffrit le martyre pendant la cruelle persécution de Diocletien. PI. VII. 7/ve de la Promenade neuve de Barcelone sur l’Esplanade. L'auteur donne ici une description générale des promenades de Barcelone, en renvoyant au plan topogra- phique de la PI. IF. Elles sont belles et nom- breuses , et se composent du Rermnpart de mer, du Rempart de terre, de la Rambla et de V'Esplanade. Cest cette dernière qui est re- présentée sur la PJ. VIIT: mais l’Auteur ne s’est point attaché à en rendre tous les détails, il & 250 Voyage d'Espagne. seulement voulu faire connaître la forme des promenades publiques en général, et quel- ques costumes des gens du peuple et de la bourgeoisie en Catalogne. Pour l’explication de cette planche, il enire dans quelques dé- tails au sujet de ces costumes, en avertissant cependant qu'il en traitera plus spécialement dans la quatrième partie de son ouvrage. Barcelone renferme plusieurs monumens antiques, dont les mieux conservés sont re- présentes dans les planches IX, X et XI. PI. IX. Jue de la Place Newe, et d’une des Portes antiques de Barcelone. Cette porte, ainsi que plusieurs autres semblables, n'a rien de remarquable que son antiquité; elle est construite de larges pierres qui con- trastent avec les autres édifices. Les tours qui Ja défendent, communiquent ensemble par une galerie supérieure. PI. X. Restes du temple d’Hercule et des Bains arabes à Barcelone. Les restes du temple d’Hercule se voient derrière la Cathé- drale et vers le centre de l’aneienne ville, et il est vraisemblable que le portique , dont ces restes faisaient partie, occupait l'empla- cement de la Cathédrale. Ce sont six grosses colonnes cannelées, à chapiteaux corinthiens, et de la pierre de Mont-Joui; cinq sont sur la même ligne vers le midi, et la sixième fait un retour à angle droit vers le levant : il faut en Barcelone et le Mont-Serrat. 2D1 lire la description dans l'ouvrage, et la com- parer avec la planche. L’Auteur fixe l’e- poque de la construction de ce temple vers le troisième siécle, parce que, malgré sa masse imposante, il n’est pas d’une assez bonneexécur- lion pour donner à croire, qu’il'soit du temps des empereurs Trajan et Adrien. Il y avait autrefois des bains publics à Bar- celone : c’est ce que prouve une inscription conservée près de l'église de Saint Just, qui apprend que L. Cœcilius Optatus avait des- üné un fonds pour qu'il füt fait tous les ans une illumination dans les bains de cette ville au mois de juin, et deux rues de la ville en ont même pris leurs noms. Une maison , dans une de ces rues, content les restes d'un édifice qui ne peut avoir servi à d'autre usage qu’à des bains publics. Ce sont ces restes dont on voit, dans la planche, le plan et la coupe. Ils consistent en plusieurs salles contiguës, dont la plus considérable est presque carrée : la planche offre la vue perspective de cette salle. Elle est ornée de douze colonnes de marbre blanc , et les ares qui joignent ces colonnes sont en fer à cheval, comme dans les ouvrages des Maures. En général la voûte tient du goût mauresque, et c’est ce qui porte l’Auteur à attribuer aux Maures la construction de cet édifice. PI. XI. Bas-reliefs antiques à Barcelone, 252 Voyage d'Espagne. Les bas-reliefs ici présentés sont au nombre de deux. Le premier que l’on voit au N° r, forme la face principale et les deux côtés d’un sarcophage antique, et représente l’enlève- ment de Proserpine. Sur la face principale, on voit à droite Pluton sur son char traîné par quatre chevaux et conduit par Mercure; il tient Proserpine entre ses bras, et Minerve cherche à le retenir. A gauche est Cérès tenant le flambeau et parcourant la terre sur son char conduit paï les Heures. Au milieu la même Déesse, aux pieds de Jupiter, l’implore en faveur de sa fille. Les deux côtés du sarcophage représentent, l’un un berger du Mont Æina, l’autre l’arrivée de Proserpine devant Pluton. Ce bas-relief est d’un bon travail et se trouve dans la maison d’un né- gociant. L'autre bas-relief, au N° 3, fait aussi partie d’un sarcophage, et est conservé dans la maison de l’Archidiacre, près de la Cathédrale : il représente une chasse, et sur le côté gauche est la figure du personnage principal. Outre ces deux bas-reliefs, la plan- che offre, au N.° 2, une petite statue de Bacchus, conservée dans une maison où l’on voit aussi plusieurs bustes assez curieux; et au N.° 4, le pavé en mosaïque de l'église de S. Michel de los Reyes. Ce pavé, composé de petites pierres blanches, bleues et noires, re- présente des figures de Tritons, et de dieux ma- Barcelone et le Mont-Serrat. 253 rins; il peut se rapporter au troisième siécle de l’ére vulgaire. A la suite de l'explication de cette planche, l’Auteur parle de quelques autres antiquités qui se voyent à Barcelone; des médailles de cette ville, dont il n’en connaît qu’une qui est une monnoie gothique du régne de Re- carède; enfin des inscriptions qui s’y trou- vent : il rapporte les deux plus intéressantes que l’on trouvera dans le recueil des inscrip- tions, à la fin de la province, aux N° r et 2. Il dit ensuite un mot sur l'etat des arts et des sciences à Barcelone, en nous instruisant que cette ville renferme deux bibliothéques pu- bliques, celle des Ecoles de chirurgie et celle de Sainte Catherine; un cabinet d'histoire naturelle , et quatre académies, de {urispru- dence, de médecine, de physique, et d’his- toire. Il finit par averür que, dans le der- nier article sur la Catalogne, il fera connaître ce qui a rapport au commerce, à l’industrie, au climat de Barcelone, aux usages particu- liers de cette ville, à la langue catalane, et aux principaux personnages qui se sont dis- lingués dans les arts et les lettres. Les planches suivantes sont consacrées aux beautés des environs de Barcelone. Un des sites les plus curieux est l’Hermitage de Saint- Michel del Fay , situé à huit lieues de Bar- celone et placé au milieu de roches escar- 254 Voyage d'Espagne. pées, d’où se précipitent en cascades deux torrens qui viennent se réunir dans le bas de la vallée. La PI XII offre une 7e générale de ces deux Cascades de Saint- Michel, la PI XII une Y’xe particulière de la grande Cascade, et la PI. XIV une Vue de l’intérieur de l'Hermitage. Près de cet hermitage est l’église de Saint-Michel, qui est une grotte et passe pour être du neuvième siécle; elle a une inscription qui sera rap- portée dans le recueil des inscriptions, à la fin de la province, au N° 3. PI. XV. Antiquités de Mataro et d'Olesa. Mataro est une ville située sur la route qui conduit de Barcelone à Gironne, en suivant le bord de la mer. Elle existait sous les Ro- mains, mais plus avant, dans un lieu où l’on trouve encore des vestiges de ses anciens édi- fices. Ce sont les Maures qui l'ont rébâtie sur l'emplacement qu’elle occupe aujourd’hui , et quoiqu’elle ait été longtemps bornce à une enceinte peu étendue, elle passe à présent pour une ville assez considérable. Elle renferme quelques antiquités qui consisient en deux pavés en mosaïques , et en plusieurs tombeaux qui ont été trouvés non loin de la ville. L’un de ces tombeaux contenait une lampe sépul- crale curieuse par le sujet qui y est repré- senté: c’est OEdipe expliquant l'énigme du Sphinx , aux pieds duquel on voit les membres Barcelone et le Mont-Serrat. 255 épars des malheureux qu’il a immolés. Cette lampe est figurée dans la planche au N.° 7, et l’Auteur en donne une description détaillée dans l'explication. Les N.° 2 et 5 présentent un autre monument qui est un des plus curieux de l'antiquité, et qui a été trouvé, il y a quelques années, lorsqu'on découvrit des parties de la voie romaine qui conduisait de la petite ville d’Olesa à Barcelone. C’est une pierre qui représente d’un côté la figure d’un taureau ou d’une vache, de l’autre une tête humaine avec quatre yeux et des cornes en forme de croissant ou de petites ailes, L’Au- teur entre dans une discussion assez longue sur la signification de ce monument, et le résultat en est, qu'il prend la tête humaine représentée avec quatre yeux et deux cornes en forme de croissant, pour le Saturne au- trefois si fameux en Phœnicie et à Carthage, et la tête de vache ou de taureau, pour la déesse Astarté ou la Lune, que Saturne avait épousée selon la Théogonie de Sanchonaton ; il appuye son opinion d'observations irès- judicieuses, qui prouvent ses conuaissances mythologiques. PI. XVI. Z’ue du Pont de Martorel et de la Montagne du Mont-Serrat. PL XVII et XVIII. Z/ze du Pont et de l'Arc de triomphe de Martorel ; leur coupe et leur élévation. a 256 Voyage d'Espagne. La vue de la Planche XVI est prise d'un point sur les bords de la rivière de Llobre- gat, non loin du pont de Molins de Rey, sur lequel on traverse cette rivière, en venant de Barcelone. On découvre à droite le pont antique de Martorel, l'arc de triomphe qui le précède, le vallon arrosé par le Llobregat , et dans le fond à gauche le Mont-Serrat qui domine majestueusement cette belle campagne. Dans la Planche XVII, la vue est prise d’un autre point où l’on voit l'arc de triomphe plus en face et de plus près. Il est probable que cet arc était répété, dans l’origine, de l’autre côté du pont. L'Auteur dit ici un mot des arcs de triomphe en général, de leur destination , de leurs formes, du nombre de portes qu’on y pratiquait. Il pense que celui de Martorel qui n’a qu’une porte, est à peu près de la même époque que ceux de Titus à Rome et de Trajan à Ancone. Cet arc a beaucoup souffert, de sorte qu’on a de la peine à se figurer sa décoration primitive. Le pont a aussi souffert , autant par les in- jures du temps, que par la manière dont on Va réparé. Une inscription qu’on lit sur le milieu du pont, apprend que la dernière ré- paration a eu lieu en 1768, par les ordres du roi Charles III. La planche X VIII pré- sente le plan et l'élévation du pont et de l'arc. Barcelone et le Mont-Serrat. 257 ci se termine la troisième livraison : la quatrième et la majeure parue de la cmaquième sont consacrées au A/ont-Serrat. et à ses curio- sités. Une description de cette montagne, dans laquelle Auteur donne une idée gené- rale de ce qu’elle contient de plus remar- quable, précède l'explication des Planches et elle est placée en tête de la quatrième li- vraison. Nous allons en présenter la substance à nos lecteurs. Le Mont-Serrat, un des lieux les plus extra- ordinaires que l’on puisse voir, présente un as- semblage de cônes cylindriques immenses, un faisceau de pains de sucre semblables à des pyramides de toute espèce, placés sur une assise de rochers isolés dans la campagne, et élevés à plus de trois mile pieds au dessus d'elle. C’est de cette structure singulière qu’il a pris son nom, qui signilie Mont-Scié. Il renferme, dans son intérieur, de longs et vastes souterrains et de fort belles grottes de stalactites; et ordinairement il est entouré de nuages qui cachent son sommet ou s’abaissent à sa base. Il n’est habité que par des moines de l’ordre de Saint Benoit, et par des her- mites qui font vœu de ne jamais le quitter; le couvent est placé à peu près au milieu de la montagne et au dessus des rochers ; et sur les pyramides qui l'entourent, sont les hermitages qui en dépendent. Le couvent est Tome WI. Décembre 1607. 17 258 . l’oyage d'Espagne. un grand bâtiment situé sur un plateau très- resserré, et adossé à la montagne: il est en touré de plusieurs corps-de-logis qui lui ap- partennent, et qui consistent dans l’infirmerie, Yhospice des! étrangers et celui des pelerins ou des pauvres. Ce que l’Auteur dit ici de la manière dont les étrangers , les pauvres et les malades sont reçus et traités, fait l'éloge des charitables habitans de ce monastère. Dans le cloître, on lit deux inscriptions re- marçquables, l’une en mémoire du fondateur de l’ordre de la Merci , Saint Pierre Nolasque, qui visita le Mont-Serrat ; l’autre concerne Saint Ignace de Loyola, qui fit dans un des hermitages sa confession générale, consacra son épée à la Vierge, et passa deux ans, dans les grottes de Manresa, à composer ses exer-- cicesspirituels. L'église du Mont-Serrat est com- posée d’une seule nef: elle fut rebâtieen 1560, et terminée en 1509. Elle renferme une image mi- raculeuse de la Sainte Vierge, qu’on dit avoir été trouvée en 880 dans les cavernes de la mon- tagne, ce qui donne au culte qu’on lui rend, une origine mystérieuse. Les hermites du Mont-Serrat sont au nombre de douze, sous la dépendance du Père Abbé, et sous la di- rection d’un Père du couvent, qui habite le premier hermitage, celui de Saint Benoit. 15 font profession , comme les moines , mais ae sont point ordonnés prêtres; ils font de plus vœu de ne jamais sortir de la montagne, et ne descendent même au monastère que cer- tains jours de l’année, pour de grandes fêtes, où quand ils sont malades. Ils suivent une règle trés-austère. Leurs maisons n’ont qu’un étage et renferment une petite chapelle, une cui- sine, une citerne où ils conservent l’eau, une chambre où est la paillasse sur laquelle ils cou- chent, et près de là un jardin peu étendu, et quelquefois une petite galerie à jour, où ils pla- cent des pots de fleurs. L’hermitage de Saint Jérôme, le plus élevé de tous, est toujours habité par un jeune homme, qui descend dans un autre plus bas à mesure qu'il meurt un de ses confrères : ils se rapprochent ainsi du couvent en vieillissant, à moins qu’ils ne préfèrent de rester dans les hermitages qu’ils occupent. C’est l'Abbé qui choisit les rem- placans parmi les prétendans qui sont tou- jours en grand nombre. Après cette description générale, l’Auteur passe à l'explication des Planches, qui forment la suite de son ouvrage. Dix-huit planches, distribuées sur onze feuilles, sont destinées à représenter les diverses beautés dont on jouit sur le Mont-Serrat : elles composent toute la quatrième et presque toute la cinquième livraison. PI. XIX. J’ue générale de la Montagne et du Couvent du Mont-Serrat. Superbe vue, Barcelone et le Mont-Serrat. 259 260 loyage d'Espagne. prise de l’hermitage de Saint Michel aujour=- d’hui abandonnée. Il faut lire, dans l'ouvrage, la belle description que l’Auteur fait des sites que l’on rencontre en avançant sur la mon- lagne pour arriver à cet hermitage et de là au couvent, PI. XX. Entrée du Couvent par la route des voitures. Dans l'explication de la planche précédente, l’Auteur a parlé de deux che- mins qui de Colbato conduisent au cou- vent, dont l’un sert aux voitures et est bien entretenu , tandis que l’autre n’est pralica- ble qu’à cheval : c’est ce dernier chemin que l'Auteur choisit, lorsqu'il visita le couvent , parce qu’il est beaucoup plus court que l'autre, et qu'il offre des sites plus variés et plus pit- toresques. Ici la vue est prise sur le chemin des voitures, de l’endroit où il fait un coude pour arriver au couvent. Sur le devant du tableau, on voit représentée une scène très- commune dans la montagne : c’est une dame qui arrive nu-pieds, et ayant fait vœu d'aller sur les genoux depuis l'entrée du monastère jusqu’au maître -autel de l'église; les forces lui manquent au moment d'arriver, et les PP. du couvent accourent pour la secourir. PI. XXI. Suuation respective des Hermi- cages et du Couvent de Mont-Serrat. Cette edbe offre le plan du Mont-Serrat : il doit servir à l’intelligence du texte, et donner Barcelone et le Mont-Serrat. 267 une idée de la situation du couvent et des hermitages qui en dépendent. Ces objets sont numérotés sur le plan, et lexplication fait connoître ce que: chaque numéro représente. On y distingue aussi les circuits que décrit la route des voitures, et les différens chemins qui conduisent aux hermitages. PI. XXIE ue de l'entrée du Monastère et de l'Hospice du Mont-Serrat. Cette vue se découvre, dès qu’on est entré dans l’en- ceinte du Monastère; elle présente la ditri- bution des bâtimens du couvent, telle qu’elle a élé indiquée plus haut. La planche représente en même temps une des fêtes de l’année , où le nombre des pélerins est quelquefois de quatre mille. PI. XXII. Cloitre principal di Monastére de Mont-Serrat. Ce cloître forme un péri- stile gothique autour duquel sont suspendus les ex-oto ou tabkaux représentant les événe- mens où l'intercession de la Vierge a été utile. On y conserve des petits navires, des peaux de crocodiles , des chaînes de fer, apportés par les pélerins qui visitent la montagne. On y voit aussi les banderolles prises à la bataille de Lépante sur les Tures , et le fanal du vais- seau d’flali-Pacha, offert par Don Juan- d'Autriche. PI. XXIV. J'ue de l'Eglise de Mont-Serrat: Cette église est composée d’une seule nef, 262 Voyage d'Espagne. grande, et décorée de tous côtés d’arabesques dorés : la lumière n’y pénètre que faiblement, surtout dans la partie du chœur séparée de l'autre par une grille qui a été supprimée dans la planche. Autour de cette grille, et des deux côtés du chœur, sont suspendues soixante- quatorze lampes d’argent, qui brülent sans cesse en l'honneur de l’image de la Vierge placée au dessus du maître-autel. L'église est trèes-riche, le chœur et le sanctuaire sont cou- veris des matières les plus précieuses; mais rien n’égale l'éclat des couronnes et des autres ornemens de la Vicrge. On distingne entre autres un beau camée antique représentant une iête de Meduse. PI. XXV. Vue du Jardin du Mont-Serrat. Ce Jardin est un terrein étroit qui s’eteud à l’est au dessus du chemin par où l’on arrive : on y jouit d’une belle vue qui se prolonge, lorsque le ciel est pur, jusqu'aux îles Baléares. La vue qui est ici représentée, donne une idée du plateau sur lequel est bâti le monas- ière , et de l'aspect des montagnes qui l’en- iourent,. PI. XXVI J’ue de l’Hermitage de Sainte Anne. PI. XXVIL Z’ue du Cowent du Mont- Serrat, prise de la montagne. PI. XXVIIL Hermitage de la Sainte Tri- rilé, Barcelone et le Mont-Serrat. 263: PI. XXIX. Hermitage de Saint Dimas. PI. XXX. Znéérieur de l' Hermitage de Saint Dimas. PI. XXXI. Hermite en méditation. PI. XXXII Fermitage de Saint Onufre. PI. XXXHI. J’ue de la Grotte de la Vierge du Mont-Serrat. PI. XXXIV. Vue de l'Hermitage de Saint Benoit. Après s’être occupé du Couvent du Mont- Serrat , l'Auteur donne une description dé- taillée des différens hermitages qui en dé- pendent , dans l’ordre où 1l les visita avec ses, compagnons de voyage; il fait connaître en mème temps les chemins qui conduisent du Couvent à ces Hermitages , et les beautés que l'on y rencontre. "Il faut comparer , avec cette descripuon , le plan de la plan- che XXI. Le premier hermitage qu'il vi- sita fut celui de Sainte Anne : il s'y ren- dit accompagné d’un Père du couvent, un dimanche à quatre heures du matin, pour assister à la messe des hermites. C’est en sortant de celte retraite , que l’Auieur dessina la vue de la planche XXVEH, qui représente l’hermitage de Sainte Anne dominé dans le lointain par deux immenses pyramides. Un peu au dessous on déeouvre- le monastère entouré de nuages; et c’est le tableau qu'offre la planche XXVIL On y . 264 Voyage d'Espagne. jouit de l’aspect de la plaine dans le lointain , et à gauche on découvre l'hermitage de Saint Dimas, placé perpendiculairement sur le couw- vent, et qui serait, ainsi que lui , bouleversé, si une roche intermédiaire qui avance et m'est soutenue que d’un côté, venait à s’écrouler , évenement qui a deja eu lieu anciennement , et alors une partie de l’infirmerie du couvent fut écrasée. De l’hermitage de Sainte Anne, nos voyageurs se rendirent à celui de Saint Jérôme, qui est placé sur le point le plus haut de la montagne ; de-là à celui de Saint Antoine, situé entre deux vallées bornées par une enceinte de cônes qui empêchent d’apercevoir la plaine ; puis à celui de Saint Sauveur, placé au milieu de cônes immenses qui s'élèvent des deux côtés. Ils se dirigèrent ensuite sur l’hermitage de la Sainte Trinité, sur ceux de Saënte Croix, de Saint Dimas , de Saint Onufre, de Saint Jean, sur la chapelle de la Sainte Vierge , et enfin sur l'Hermitage de Saint Benoit. L’Hermitage de la Sainte Trinité est représenté dans la planche XX VIE, il est situé au bas d’un coteau et dans un des sites les plus pittoresques. On arrive à celui de Sainte Croix , en descendant vers le levant ; il est peu distant du précédent, bâti sur le sommet d’une roche, et nerpendiculaire comme elle sur le couvent dont on entend les chants et les prières. L’ÆMerrnitage de Saint Dimaæs Barcelone et le Mont-Serrat. 265 est un peu au dessus de celui de Sainte Croix : c'est celui qui est figuré dans la pl. XXIX , et dont la planche XXX offre l’intérieur. On voit ici la salle dans laquelle lhermite se tient ordinairement, où il dine’, travaille et recoit les étrangers : dans le fond sont ses livres et son oratoire. Le dessinateur a représenté dans cette planche une scène dont nos voyageurs furent témoins : l’hermite est assis à sa table; il appelle en sifflant les oiseaux qui viennent prendre dans ses mains des petits morceaux de pain et des amandes; ils accourent ainsi en foule, surtout au printemps, lorsqu'ilsnour- rissent leurs petits, et à peine ceux-ci peuvent- ils voler, qu'ils les mènent avec eux pour leur apprendre où ils peuvent trouver leur nourriture. L’Auteur observe que cette par- ticularité existe sur cette montagne de temps immémorial, et qu’elle est due à ce que les oiseaux, mayant aucun ennemi dans ce lieu tranquille, trouvent dans l’homme leur bien- faiteur naturel , auquel ils se confient sans crainte et sans avoir besoin d’être apprivoisés. es seuls délassemens des hermites , dans les intervalles de leurs exercices religieux , sont les promenades qu’ils font aux environs de leurs demeures , encore sont-elles mélées de méditations et de prières : un hermite en mé- ditation est représenté dans la planche XX XI. La planche XX XII offre l'Hermitage de Saint 260 loyage d'Espagne. Onufre. Cet hermitage semble appliqué am rocher sans que rien le soulienne ; mais , quoique si resserré en apparence , 1l est agréable et orné dans son intérieur, composé de plusieurs pièces très-commodes, et jouit du soleil du midi, et d’une vue magnifique sur la plaine; aussi l'hermite est-il un homme très-gai. L’Hermitage de Saint Jean est atte- nant à celui de Saint Onufre , auquel il était jadis réuni; aujourd’hui la communication est détruite , et quoique les deux religieux qui les habitent puissent se parler par leurs fenêtres, 1l leur faut une demi-heure pour se visiter. Un peu plus haut, dans un inter- stice étroit , est l’Æermitage de Sainte Made- leine , enfoncé au milieu de deux murailles de rochers, et entièrement dominé par une pierre énorme. Non loin des précédens est V'Hermitage de Sainte Catherine , placé sur le'‘revers de la montagne. La Chapelle de la Sainte Vierge est située dans l'endroit même où a été trouvée son image. Cetie habitation que représenie la planche XXXIIE, n’a rien de remarquable que lagrément de la vue ; on y plonge sur les plaines où serpente Île Llobregat , et l’on a près de ses yeux les belles murailles de la montagne , dont les rochers sont couverts d’un tapis de verdure et de fleurs. L’'Hermitage de Saint Benoit, figuré dans la planche XXXIV , est situé au milieu Barcelone et le Mont-Serrat. 267 de tous les autres ; c’est la demeure du vi- caire et directeur des hermites. Il domine le côté droit de la montagne , et devant lui s'élève une enceinte composée de quatre grands cônes réunis à leur base; le premier et le plus considérable présente la forme d’un pain de sucre, dont le sommet est replié comme le haut d’un bonnet; à son flanc absolument nu est appliqué l’'Æermitage de Saint Jacques, dont le petit bâtiment n’est qu’une muraille perpendiculaire colice au pan inclinée du rocher , ainsi que celles des hermitages de Saint Onufre et de Saint Jean. Tels sont les divers hermitages qui se trouvent sur le Mont-Serrat. L’Auteur , en les visitant, ren- contra à chaque pas de nouvelles beautés , des sites et des vues pittoresques et majes- tueuses , dont il peint tres-bien les charmes ; mais 31 est impossible de les rendre dans un extrait, il faut en lire la description dans l'ouvrage même. PL XXXV. Entrée des grottes de stalac- tes du Mont-Serrat. PI XXX VI. Jucintérieure des stalactites. Il à été dit plus haut que le Mont-Serrat renfermait de belles grottes de stalactites : l'Auteur alla les visiter, accompagné de dix habitans du village de Colbäto. L'entrée des grottes est en apparence vis-à-vis du village et à peu près à portée de canon; mais le sen- 268 Voyage d'Espagne. tier est si escarpé et nécessite de si longs dé- tours, qu'on est plus de deux heures à S'y rendre : 1l cesse même d’être frayé à trois quarts de lieue des grottes, et on est alors obligé de se glisser avee une peine extrême et un danger éminent sur la crête de la mon- tagne , et de se retenir aux broussailles pour ne pas tomber dans les précipices que l’on a constamment à sa gauche. Cette entrée, que représente la planche XXXV, est une petite salle d’où partent différens conduits, mais dont un seul pénètre dans l’intérieur. Après avoir allumé plusieurs torches, on descend par un trou vis-à-vis de l’entrée, et à peu près à cent pieds de profondeur. Là se trouve une place ronde dont un bras contient des con- gélations en forme de grappes de raisins, et des rochers de pierres poreuses taillées ex ioute sorte de formes bizarres. A partir de cette seconde salle, on ne peut plus des- cendre qu’en s’entortillant avec des cordes, et en se glissant avec peine à travers deux rochers tres-étroits, et en traversaut un tro trô;-large et très-profond sur un vieil arbre à moitié pourri. Au sortir de ce mauvais pas, on arrive dans une troisième salle, dont les murs sont d’une espèce de crystal jaunâtre ; et delà on passe dans une quatrième qui est celle figurée dans la planche XXXVI. Cette salle , ainsi qu'une autre qui lui est altenante, Barcelone et Le Mont-Serrat. 263 paraît soutenue par d'immenses colonnes, semi- blables à des os d'animaux ou à des arrêtes de poissons. Les pierres de ces cavernes n’ont &’ailleurs rien de particulier , elles res- semblent aux stalactites que l’on voit en gé- néral dans les montagnes calcaires. PI XXXVIL J’we du pont de Monistrol et de la montagne de Mont-Serrat. Cette planche est la dernière de celles qui con- cernent le Mont-Serrat, On y voit le village de Monistrol , situe au pied de la montagne et sur les bords du Elobregat que l’on passe sur un tres-beau pont pour rejoindre la route de Barcelone. La montagne se présente dans toute sa beauté et offre un coup-d’œil ma- jestueux. Ici finit ce que dit l’Auteur sur la montagne de Mont-Serrat , et nous terminerons aussi là notre extrait, quoique la cinquième livraison contienne encore une planche qui représente une vue du pont de Lladoner , à six lieues de Barcelone, près de Villa-Franca. Nous parlerons de cette planche dans notre troisième extrait, en la réunissant à celles des livraisons suivantes, G. J, OBERLIN. DMOOŒ OURS EME UU S A GES, Recherches historiques sur l'emploi des faux Cheveux et des Perruques dans les temps anciens et modernes, extraites d'un ouvrage allemand de M. Frépéric Nicoraï; par Feu M. VWVinckLer (1). Quatrième et dernier Extrait. Lusromr des perruques dans les Etats de Prusse offre des particularités assez curieuses pour que nous nous y arrétions ici, d’au- iant plus qu’elle fera en même temps con- naître quel était en général l’usage qu’on fai- sait de cette coiffure dans les différens pays de l'Allemagne. Jusqu’en 1656 les portraits et les médailles de l’Electeur de Brandebourg , Frédéric -Guil- laume-le-Grand, nous le montrent avec sa chevelure naturelle ; depuis cette année, on le voit avec une grande perruque (2), et (x) Mag. Enc. an. 1807, t. 6, p. 65. (2) Voy. Œzricus, Erlæutertes Kurbrandenbur- gisches Medaillen Kabinet zur Geschichte Friedrich Wilhelms des Grossen. (C'est-à-dire, Médailles de l'électorat de Brandebourg , pour servir à l’histoire de Frédéric Guillaume-le-Grand }), Berlin, 1778, in-4.°, Perruques. [E] go: il parait avoir adopté cette mode pour plaire à son épouse Zouise Henriette, princesse d'Orange ; car en 1646 , époque de son ma- riage avec l’Electeur, les perruques étaient déja connues et de mode dans les Pays-Bas. Plusieurs médailles nous font voir cette prin- cesse avec une coiffure très- élégante et soi- guée (3); sur une piece frappée en 1667 (4), sa coiffure a toute l'apparence de fausses boucles. Dans la guerre de Pologne qui éclata en 1656, et qui fut terminée par la paix d’Oliva en 1660 , l’Électeur prit à son service un perruquier, nommé Philippe Tourneur,pour coiffer ses perruques pendant la guerre. Le 10 juillet 1665 l’Electeur créa pour ce même Tourneur a charge de perruquier de la cour (b). Son brevet est le premier acte qui, n° X et XI. Il est vrai qu'on trouve aussi des mé dailles postérieures à 1656 sur lesquelles l’Electeur est représenté avec ses longs cheveux naturels; mais il faut croire que les coins de ces pièces ont élé gra- vés avant 1656 , ou bien que les artistes qui les ont exécutés ne vivaient pas à Berlin, et travail- laient d’après des portraits faits à une époque anté- rieure. (3) Voy. Œzricus, ibid. n.° V. (4) Voy. Œcrrous, ibid. n° XXI; en 1688, l'Elec- trice Dorothée portait des boucles semblables : voy. rricus, ibid. n° XXX. (©) Douze ans plus tard, en 1677, le perruquier et 272 Nœurs et Usages. dans les archives du Roi, offre un témoignags de l'existence d’un perruquier dans les Etats de Brandebourg ; RANGO cependant; dans son ouvrage imprime en 1663, fait déja mention de perruquiers ( Perrucken-Macher), et met en question s’il faut les compter parmi les opi- fices,c’est-àdire parmi lesartisans.Dansle brevet de Tourneur , 1l est dit: 4 qu'il aura à entre- « tenir avec soin les perruques, non-seulement 4 de son Altesse Electorale, mais aussi celles 4 de LL. AA. le Prince électoral et des Marz- « graves, et d'empêcher qu'il nes’y mette quel- « que chose de malpropre. » Il faut observer ici que le Prince électoral , Charles Emile, né en 1655, n'etait âgé que de dix ans, et que des deux autres fils de lElecteur quidansle brevet sont designes par le titrede Warggraves, l'ainé , Frédéric ,( qui par la suite fut le pre- mier roi de Prusse }, n'avait que huit ans, et que le cadet, Æenri, n’en avait que deux. À -ette époque, on coiffait donc de perruques des enfans tout-à-fait en bas âge , et cela vient à l'appui de la conjecture qui a déja éte émise le maître de danse furent inserits, dans les rôles de la capitation et imposés à 8 reichsthaller, tandis que le médecin et l’imprimeur de la cour n'ei payaient que 6.(Voy. Myzrr, Corp. Const. March. ! V, seci.5, chap. 1, p. 4). D'après cela , il paraît qu'alors on regardait la profession des premiers comme très-lu- crative. Perruques. 273 que ceite mode avait été introduite par la mère. Dans les campagnes de 1672 et années suivantes, l’Electeur se fitsuivre par un perru- quier nommé Guillaume Bridon, lecçuel eut en- core, en 1676, pendant la guerre, peu de temps avant la célèbre marche forcée pour expulser les Suédois de la Prusse, la charge de perru- quier de la cour ; comme il était obligé de suivre partout l’Electeur, on lui accorda le fourrage pour deux chevaux, probablement parce qu’il allait en voiture. Ce prince pendant ses campagnes , se faisait donc suivre par un perruquier pour avoir soin de sa chevelure; le Roi Frédéric-le-Grand avait aussi, dans toutes ses guerres, un musicien avec lui, pour se faire accompagner dela basse de viole, lorsqu'il jouait de la flûte ; mais il n’allouait pas à ce musicien les rations de fourrage pour deux chevaux. 1] existe encore une requête du perruquier de Cary de l’année 1679, par laquelle on voit que deux perruques appar- tenant à des personnes attachées à la cour, coûtérenit l’une 10 reichsihaler, l’autre 6 du- Cats. À la cour du successeur de ce Prince, l'usage des grandes perruques se conserva et s’étendit même chaque année. Sous le Roi Frédéric T, avant l’époque laquelle il prit le titre de Roi, toutes les personnes attachées à Tome VI. Décembre 1807. 18 274 Moœurs et Usages. la cour, et même la plupart des particuliers étaient coiflés de perruques. Les médecins, conime les ministres d'Etat, avaient d'énor- mes toufies de cheveux sur le sommet de la tête. Les laquais portaient d’amples per- ruques allongées , où à la Louis XIV ; la tête des pages même en était affublée; le célebre Leibniz, qui allait souvent à la cour du Roi de Prusse , se coiffait d’une grande Perruque carrée ,; qui descendait jusqu'aux hanches, parce qu'il était petit. Peu de temps avant l’époque où l'Electeur prit la dignité royale, il créa N. Leyenberr, perruquier de la cour. Auparavant il avait eu un laquais français nommé Savigny, qui, sans avoir une charge particulière, fit beaucoup de perruques pour lElecteur et pour sa cour. Il existe encore un mémoire de ce même Savigny, de l’année 1699 (dans le courant de laquelle il s'esquiva secrètement}, par lequel on peut voir les prix de ces perruques et d’autres parücularités qui sy rapportent, Voici quel- ques-uns des articles de ce mémoire : & Une longue perruque ss espagnole, blonde d’ar- $ gent, pour le Zaguais « électoral Roux, faite par « ordre de S. A. EF. 15reichsth. Perruques. t | ST 4 Une perruque brune « pour Butzmann (6). 5 reichsth. 4 Une perruque pour le « timbalier $Seindeker. 6 reichsth. «Une barbe cendrée faite 4 par ordre des. A.E,. pour & le tailleur Zouis. 16 gros. Depuis le mois de mars jusqu’au mois d’août 1699 ; le même Savigny fit encore pour l'usage particulier de l’Electeur cmq perruques de couleur cendrée, chacune à raison de 15 reichsthaler. Il est assez remarquable qu’une perruque pour l’Electeur lui-même ne coûtait pas plus que celle de son laquais francais et qu'elle était de la même couleur que la barbe ou la moustache qui avait été faite, par son ordre spécial, pour son tailleur francais. Les perruques de gala ou de grande céré- monie coûtaient alors bien plus cher, et il paraît qu’on les faisait venir de Paris. Du reste on voit par les portraits de ce temps que les perruques des personnes attachées à la cour étaient beaucoup plus grandes que celles qué l'Electeur portait habituellement. Il aimait (6) À juger d'après le prix de sa perruque , ce Butzmann doit avoir été un homme d’une classe bien au dessous de celle de Roux; cependant l'Electeur payait sa coiffure. 276 Maœurs et Usages. beaucoup Pétiquette, et c'était peut-être à dessein que pour l’asage journalier il se servait d’une petite perruque qui ne coûlait que 15 reichsthaler, tandis qu'il exigeait que tous les seigneurs de sa cour parussent toujours avec une perruque de 5o écus. On voit par la gravure qui représente la procession du couronne- ment , que dans les solennités , lorsque le Roi avait à se montrer en grand gala, il ne négligeait rien quant à la grandeur et au prix de ses perruques. La grande perruque royale était sans doute de couleur #/onde, car c’était celle des perruques de cérémonies à la cour de France. En 1698 les perruques furent à Berlin soumises à un impôt (7); les personnes qui se coiffoient d’une perruque, étaient distin- _ guées en plusieurs classes; la première, jus- qu'aux secrétaires de l’Electeur, payait un reichsthaler par an; la dernière payait douze gros. Par un édit du 3 avril 1700, cette taxe fut renouvelée et mieux déterminée. 4 Per- 4 sonne, y est-il dit, n’en sera exempt que « les cures, les maïtres d'école, les étudians, 4 les“coliers, les enfans au dessous de douze 4 ans, les bas-officiers , et les simples soldats. ss On voit d’après cela qu’en 1700, on coiffait . (7) Voy. Myzir, Corp. Const, March. TV, sect. 5, p. 266. Perruques. 277 de perruques même des enfans au dessous de douze ans, usage dont les deux jeunes princes, fils de l'Electeur, avaient déja donné Pexemple en 1665, ainsi qu'il a été dit plus haut. Il pa- raît que les réfugiés français qui sortaient d’un pays où les perruques étaient très à Ja mode, croyaient avoir le privilège de se coif- fer ainsi sans être soumis à aucune taxe; car, dans le (. 7 du même edit, il est dit d'eux, « qu'ils s’en exemptent, et qu'ils se refusent 4 à coniribuer volontairement, 5% et il leur est enjoint, sous peine de contrainte ou d’exé- eution , de payer la taxe des perruques , ainsi que celle des carrosses, établie en 1698, avec tous les arrérages depuis cette même année 1698. Il paraît cependant que la percep- ton de cetie taxe et des arrérages offrait beaucoup de difficultés; car, dans la même année, un francais nommé Æ/lie Papus de Laverdaugie s'offrit pour a/ffermer la taxe des perruques à Berlin; et dans lédit rendu à ce sujet, le 19. juillet 1707, 1l est dit assez naivement : 4 que $. M. R. ne veut pas laisser # échapper une pareille occasion. #-En vertw de cet édit (8), &« toutes les perruques quë ° seront faites à l’avenir par les perruquiers, & ainsi que celles qui sont déja faites, seront _ + (8) Sur la ferme des perruques. Voy.Myzius, ibid, p: 270. 276 Mœurs et Usages. 4 apportées au bureau du timbre pour y s étre taxées selon leur valeur, après avoir # acquitté le droit de six pour cent, le susdit « Laverdaugie marquera chaque perruque 4 d’un cachet royal particulier en cire d’Es- 4 pagne. »# Les perruques importées à Ber- lin du reste des Etats du Roi devaient payer six pour cent d'octroi, et celles importées de l'étranger devaient en payer 25 (9). Mais l’exé- cution de cette mesure essuya beaucoup (9) Ces taxes étaient très-considérables. Une grande perruque de cérémonie , comme les seigneurs de la cour et les personnes qui occupaient des places dis- iinguées en portaient, se payait alors fort souvent 50 reichsthaler (à peu près 200 francs) et plus. On en fabriquait peu dans le pays; les plus belles c’est-à-dire les plus grandes perruques venaient de Paris, où selon FEncyclopédie ( à l’article PERRUQUE ), une per- ruque de grande cérémonie coûtait jusqu'à mille écus.; c'était alors en Allemagne la mode de faire venir presque tout de France et surlout de Paris. Selon Frédéric-le-Grand, dans ses Mémoires de Brandebourg (Œuvres, t 1, p. 415), la mère de M. de Canitz, poète distingué dans son temps, fitmême venir de Paris un mari appelé M. de Brinboc. En 1713 on fit venir äussi pour la cour et par la poste, plus de 2000 aunes de drap noir de la Hollande, et une quantité proporiionnée de crêpe noir de quelqu'’autre endroit ; pour servir à la pompe funèbre du roi Frédéric I. Quant au drap, ce fut la dernière dépense considérable de ce genre que le ‘roi Frédéric Guillaume J ait per- mise. Car , dès la même année 1713, il établit à Berlin Perruques. 279 d'obstacles et causa même des troubles. Pour ne point gâter l'extérieur des perruques , le cachet y fut. apposé en dedans. Alors les préposés de la ferme prétendirent être autorisés à examiner , dans les maisons et même dans les rues, les perruques de chaque particulier et même à obliger cenx qui en portaient de les ôter pour leur donner la facilité de vérifier l'authenticité du cachet. Cette vexation d’un genre singulier causa une indignation générale , il en résulta de nom- breuses rixes et même des voies de fait. Le Roi se vit obligé de supprimer cette ferme par un APE édit du 4 avril 1702 (ro) : « Vu , dit cet édit, que pour prévenir « et pour punir les nombreuses fraudes et &« intrigues qui en sont résuliées , il fau- la grande manufacture connue sous le nom de ZLager- haus, qui dès 1716 fut en état de fournir assez de draps pour habiller l’armée prussienne , composée ce- pendant de plus de 30,000 hommes. (ro) Il est remarquable que parmi les motifs ui ont décidé l'édit par lequel la ferme de la taxe sur le prix des perruques fut supprimée, on cite aussi: « les nom- « breuses plaintes des perruquiers, que cette taxe em s péchait de débiter leurs perruques chez l'étranger, « aux foires de Francfort et de Leipsic, parce qu'ils « étaient hors d'état de les donner au même prix « que les perruquiers des autres pays , vu qu'ils étaient « obligés de payer à Berlin un impôt de 6 pour cent.»ss Cela montre qu'à Berlin le commerce des perruques 2835 Mœurs et Usages. 4 drait plus d’embarras et de mesures ex- 4 traordinaires que la chose en elle-même ne # vaut, sans parler des desagrémens qu'ont 4 déja causés les visites et les recherches trop « minulieuses.ss On revint donc à l’ancienne mesure, c’est-à-dire, à exiger de tous ceux qui portaient perruque (et alors presque tout le monde en portait) une taxe déter- mince, et qui consistait en un supplément aux impositions ordinaires que payaient eeux qui ne faisaient point usage de celte coiffure. On établit parmi les habitans de Berlin différentes classes. La premiére , composée « de tous les ministres du Roi, etc., jusqu’au 4 major - général inclusivement , payait 2 « reichsih. 12 gros (environ 10 francs ) par an.ss — La seconde offre une singulière ré- union ; elle était composée 4 de tous les con- 4 seillers du tribunal de la chambre, de 4 ceux de la cour, de la guerre et autres, des 4 secrétaires intimes où particuliers, des va- « lets-de-chambre intimes, et dans la milice « des colonels, des lieutenants-colonels , et des « majors; chaque individu de cette classe & payait 2 reichst. (à peu près 8 fr. ).s On voit, d’après cela, que les perruques des valets-de- était déja fort considérable, et qu’on en portait aux foires étrangères où l'on en trouvait un débit avan tageux. un + Perruques. 20L chambre intimes ne le cédaient alors ni en grandeur ni en dignité à celles des colonels et des officiers supérieurs de l’armée. — La com- position de la roisiémne classe est encore bien plus bizarre ; elle comprenait : 4 tous les 4vo- 4 Cats du tribunal de la chambre, tous les « employés à la chancellerie, tous les com- « mis des postes, des contributions et reve- « nus, et de la chambre, ete.; et dans la « milice tous les capitaines, lieutenans et « enseignes ; de même que les personnes de 4 la magistrature, es nmégocians et les ar- « Listes, tels que peintres, sculpteurs, bar- & biers, orfèvres, perruquiers, ete. ss Chacun d’eux était imposé annuellement à 1 reichstha- ler 8 gros (environ 7 livres 6 sous.) — La qua- trième classe qui comprenait tous les autres serviteurs du Roi, soit à la cour, soit dans des emplois civils, les merciers et les gens de métier , payait une taxe annuelle de 20 gros. — La cinquième ,'conienait tous les autres arlisans du commun, etc., dont chacun était imposé à 12 gros ( à peu près 2 fr. ). Les curés, les maitres d'école, ainsi que tous ceux qui précédemment avaient été exempls de cette taxe, et nommément kes enfans au dessous de douze ans , de même que tous les /aquais , sont encore exemptés de cette taxe par le €. 4 de cet édit. Mais dans un autre édit qui établit, en 170 , une nou- 282 Mœurs et Usages. velle taxe sur les perruques , il est dit « que 4 personne autre que ceux qui sont au service 4 deS. M. , et qui portent en effet sa livrée , « de même que tous ceux qui sont en domes- 4 licité et autres domestiques particuliers ne « sera exempt de la taxe. s$ Il est assez sin- gulier que le dernier artisan ait été obligé de payer un impôt pour sa perruque , tandis que le laquais, même d’un particulier , n’en payait point. Ii faut croire qu’alors la per- ruque était regardée comme la coiffure indis- pensable d’un laquais. En 1704, il fut or- donné (11) « que dans toute l'étendue de la « monarchie prussienne, à l'exception de « Berlin, ceux qui portaient des perruques et « des fontanges, de quelque état qu’ils fus- « sent, payeraient par an un reichsthaler 4 (environ 4 fr.) # On voit donc: que hors de Berlin les laquais payaient pour la (x3) Voy. Myrius, ibid. IV, sect. IF, chap. 2, p. 211. Par ce même édit, il fut ordonné « que dans le royaume « de Prusse et dans tous les autres Etats du roi, on s percevrait un droit d'un gros pour chaque paire de s« Souliers , de Bottes, de Pantoufles ef de Bas, ainsi « que pour chaque Chapeau. Tous ces objets devaient « êlre marqués de deux estampilles différentes, dont « lune devait être entre les mains du Receveur de 6 l'octroi, l’autre entre celles du Fermñier ou du Con- « trôleur. » L'intention du gouvernement était alors d'affermer tout l'octroi; mais elle ne fut pas exé- cutée. Perruques. 283 permission de porter perruque la même taxe que leurs maitres. Frédéric Guillaume I, après avoir intro- duit un meilleur système d'octroi dans les villes, supprima en 1717 la taxe des per- ruques , ainsi que plusieurs autres impôts directs assez mal imaginés. Mais auparavant il avait de fait supprimé les perruques; car le jour où il monta sur le trône, il con- gédia quatre - vingt - huit chambellans et beaucoup d’auires personnes attachées à la cour , lesquels portaient tous de grandes perruques. Peu de mois après 1l quitta lui - même la perruque (12) et toute (12) On peut voir, au N.° 48 de la gravure du Convoi funèbre de sa mère la reine Sophie Charlotte, l'énorme perruque que le roi Frédéric Guillaume I fut obligé de porter , lorsqu'il n’était encore que Prince héréditaire , lui qui par la suite se montra si grand partisan de la simplicité. Dans la gravure du Convoi funèbre de son père FrédéricT, 1l paraît encore , au N.° 1o1, coiffé d’une perruque aussi énorme. Ce convoi solennel n'eut lieu qu’au mois de mai 1713 ; il conserva donc cette coiffure mons- irueuse au moins pendant trois mois, après être monté sur le trône. Les gravures de ces convois sont en géné- val remarquables pour l’histoire des usages et du cos- tume d'alors. Toutes les personnes attachées à la cour, sous œuelque titre que ce soit, y sont encore coiffées de grandes perruques; les laquais même (recon- paissables à leurs pleureuses, et en ce qu'ils sont saus 284 Mours et Usages. espèce d’habillement de luxe ; depuis cette époque il porta habituellement un uniforme chapeau )y paraissent en perruques volumineuses avec des toupets à La Fontange très-élevés ; le laquais de l'un des six chambellans que le roi avait conservés à son service et qui l’accompagnaient, porte aussi une très- grande perruque à nœuds, Quant aux chambellans eux-mêmes, ils sont, comme tous les ministres et les grands officiers de la cour, coiffés de très-grandes perruques carrées à la Louis XIV ; la clef de cham- bellan ne se portait pas, comme aujourd'hui, der- rière l'habit, mais au dessus de la poche du côté droit, probablement pour qu’elle füt plus à la portée de la main droite dont on se sert pour ouvrir une porle. Tous les officiers d'infanterie qui bordaient la haie, et ceux des détachemens de cavalerie qui ouvraient et fermaient le convoi avaient des perruques allongées où à nœuds; tous les généraux, au contraire, qui assis- taient à cette solennité avaient des perruques carrées. Quant aux simples dragons et cavaliers, les uns ont les cheveux ronds, d’autres les ont relevés, d’autres encore les ont réunis en petites tresses; mais l'ensem- ble n'offre aucune uniformité ; il paraît que chacun pouvait en cela suivre sa fantaisie. Le régiment de dragons d’Anspach offre encore cela de particulier que dans l'un des deux bataillons chaque dragon porte au flanc gauche une poire à poudre suspendue à une courroie étroite qui passe sur l'épaule droite; ceux de l'autre bataillen portent à la même place une petite gi- berne , attachée de la même manière; l’une et l'autre servent sans doute à porter la poudre nécessaire pour charger les pistolets ; ce qui ne se remarque dans aucun des autres régimens de cavalerie. Le colonel ou chef Perruques. 285 militaire fort simple, et il avait sa chevelure na- turelle rassemblée en une queue entourée d’un ruban noir; ce costume était alors tout-à-fait extraordinaire (13), surtout pour un roi. Ce changement fit la plus grande sensation dans toute l’Europe; mais on peut dire que quelque futile et insignifiant qu'il paroisse, la Prusse de chaque régiment de cavalerie fait conduire, par un cavalier, devant les timbales du régiment, un cheval de parade couvert d’une housse de peau de tigre. L'in- fanterie est placée sur quatre rangs; elle est vêtue de lonss habits et de vestes, les gibernes sont aussi beau- coup plus longues et descendent jusqu’à 8 pouces au dessus du genou. On ne remarque point de bayonnette à côté du sabre. Les officiers de la garde à pied ont des habits longs garnis de deux rangées de galons; les habits des officiers d'infanterie sont boutonnés, et les écharpes forment une ceinture par dessus l’habit. Les grenadiers portent déja ces bonnets pointus qui n’ont été supprimés que depuis quelques années dans l’armée prussienne ; les sapeurs du dernier bataillon de gre- nadiers sont coiffés du turban. La garde Suisse, en habits de deuil, marchait à côté du car funèbre, mais elle n'enitourait point le nouveau roi, comme dans le convoi du roi précédent ; C'était indiquer que son service ne devait maintenant avoir pour objet que le monarque défunt ; aussi la congédia-t-on bientôt après. (13) Les ducats que le roi fit frapper depuis 1718 offrent son portrait avec les cheveux naturels en queue ; la simplicité de cette coiffure fut pour tout le monde un objet d'étonnement, et dans beaucoup de contrées de l'Allemagne on leur donna le nom de ducats à queue, 266 Moœurs et Usages. n'aurait jamais été sans lui ce qu’elle est de- venue depuis ; car avec la grande perruque, Frédéric Guillaume I supprima aussi la pompe et les cérémonies qui coûtaient tant d’argent et occasionnaient une si grande perte de temps, et dont on s’occupait beaucoup plus que des améliorations dans l’administra- tion. On peut dire de même que lesprit du gouvernement de la monarchie autrichienne changea subitement , lorsque l'Empereur Jo- seph IT abolit le costume espagnol de céré- monie , et les grandes perruques qu’on avait regardées à Vienne pendant près d’un siecle comme une chose indispensable, non- seulement à la cour, mais aussi au conseil d'état. Celui qui a prétendu que le Code civil de la Prusse, n'aurait jamais été aussi bon qu’il l'est, si tous les ministres et officiers de la jus- tice avaient encore porté, en Prusse, de ces énormes perruques , n’a pas eu tout- à-fait tort. Du moins l'expérience prouve qu'en Angleterre , pays qui se croit plus dégagé de préjagés que les autres , on n'a pas encore pu réussir à faire les ame- liorations les plus urgentes à la législation ci- vile et criminelle, qui l’une et l’autre en au- raient infiniment besoin ; et comme on l’a vu plus haut , la perruque est encore regardée dans ce pays comme la coiffure nécessaire et indispensable d’un juge. Perruques. 287 Quoique Frédéric Guillaume I ne poria point une perruque , celte coiffure resta cependant en usage dans tous ses Etats pen- dant tout son règne ; parmi les militaires, les vieux généraux et les vieux soldats, se contentaient à la vérité d’avoir tout au plus de petites perruques avec une queue con- forme à l'ordonnance ; mais ceux qui n'étaient - pas m iitaire portaient des perruques rondes ou à circonstances. En examinant les recueils de portraits de cette époque, les différentes espèces de perruques, suivant les différens états, pourraient suggérer des réflexions sur le caractère du temps et sur celui des person- pages. ' Dans les Universités , les professeurs de ju- risprudence tenaient moins opiniätrement aux grandes perruques que ceux de Théologie. Les médecins avaient bien aussi de grandes perruques, mais on ne les regardait point chez eux comme un attribut indispensable, Quant aux professeurs de Philosophie, il pa- rait, que pour se mettre au niveau des théo- logiens , ils ont aussi porté de grandes per- ruques de cérémonies ; aussi /7’olff, le grand antagoniste du zélé théologien Joachim Lange, s’'affublait-1l dans les grandes solennités d’une perruque à trois circonstances , comme pour rappeler les trois propositions du syllogisme. Sous le règne de Frédérie I, quelques artistes 268 Mœurs et Usages, s'étaient attaches à la cour. Les portraits du peintre 'erner, et du sculpteur /acobi , qui a fondu la statue,de l’Electeur, sur le long pont, nous les font voir coiffés de perruques qui sont aussi grandes que celles des chambel- lans ; du temps même de Frédéric Guillaume H, les peintres Pesne et Weidemann, le gra- veur Æolfoang, ainsi que les compositeurs Haændel, Sébastien Bach, Hasse, et les maîtres de chapelle de toute l’Europe , sont re- présentés avec d’énormes perruques à circons- tancés. Graun fut le premier compositeur qui se contenta d’une modeste perruque à bourse ; aussi un musicien célébre, qui, entre 1740 et 1750, passa par Berlin , eut de la peine à se persuader que l’homme à la petite et modeste perruque , assis devant le clavecin au milieu de l'orchestre , füt en effet le maître de chapelle. Pendant la première moitié du règne de Frédéric IE , les perruques étaient encore dans les Etats prussiens la coiffure générale non - seulement des gens âgés, mais même des jeunes gens. Dans la période , depuis 1740 jusqu’en 1750 , il n’y avait guères à l'Université de Halle, de professeur ni d’etu- diant sans perruques. Il est vrai qu'il était défendu à tous les élèves de la maison des Orphelins qui jouissaient du bienfait d’une bourse , de porter une perruque , et de faire Perruques. 289 usage de chemises à manchettes; mais ceux des élèves qui payaient pension, avaient un très: grand soin de se donner un certain air d’#r- dépendance , en se coiffant de perruques blanches de poilde chevre; tous les inspecteurs, les professeurs et les maîtres portaient également une perruque , à l'exception du Dr. Frank, chef de l'établissement. Parmi les militaires prussiens, 1l y en eut encore beaucoup, jusqu’à la guerre de sept ans, qui se coiffaient d’une petite perruque à queue; mais les ministres et les autres grands officiers de l'Etat portèrent encore généralement des perruques à nœuds jusques dans la période de 1760 et les années suivantes. Presque tous les prédicateurs avaient ce qu'on appelait des perruques. allongées espagnoles , ordinaire- ment de couleur blonde. Les professeurs dans les gymnases cherchaïent à ressembler autant qu'il était possible aux ecclésiastiques. Ils s’habillaient en noir , se coiffaient d’une grande perruque semblable à celles des ecclé- siastiques et portaient un manteau et un rabat. Le seul Naudé , professeur de mathématiques au gymnase de Joachimsthal à Berlin, por- tait un habit de couleur et une perruque ronde de la forme de celles en usage parmi les laïcs ; aussi était-il regardé comme un esprit. fort ;, cetie perruque avait par der: Tome TI. Décembre 1807. 19 #90 Maœurs et Usag, CR rière une petite boucle sur laquelle était attachée une cocarde ; selon l4r£ du per- ruguier de GarsAurT , cette petite boucle qui pendait derrière la perruque s'appelait un boudin ou un tire-bouchon : en Alle- magne ; on la désignait par les mots d’étui à aiguilles ou dé queue d'agneau. Dans Dee. cette espèce de perruque, que beaucoup de gens paisibles avaient adop- tée comme coiffure ordinaire, a éte deési- gnée en France , où elle fut imaginée , sous le nom martial de perruque à la briga- dière. Le célèbre joueur de flûte, Quanz, a sou- vent raconté que vers 1720, lorsqu'il n’était encore que compagnon fifre , à Mersebourg ; il portait une belle perruque à nœud; en 1760 , au contraire, lorsqu’ il fut parvenu à la place honorable de premier musicien de Ia chambre du roi de Prusse, il porta ses che- veux gris naturels, avec une belle et grande bourse. Les musiciens que Frédéric If fit venir, en 1742, de la Saxe et de la Bohême pour sa chapelle , apportèrent tous des perru- ques bien boursoufflées, mais ils s’en dé- barrassèrent lorsqu'ils apprirent que le Roi n'aimait pas ce genre de coiffure , surtout aux personnes qui étaient souvent autour de lui. Le père de Mara, dont le nom est Perruques. 29t devenu célèbre, à cause de la femme de som tils, célèbre cantatrice , fut le seul qui ne voulut point quitter sa perruque à nœuds, et qui la garda , lersqu’il se rendaït au con- cert de la chambre du Roi. Après le pre- mier concert , le Roi laccosta et lui dit : « Mon « cher , vous accompagnez supcrieurement « bien, mais j'ai peur de votre perruque! » -Ce mot suffit pour lui faire changer de coif- fure. Nous avons vu que chez les anciens les femmes surtout portaient des perruques ; pendant toute cette période, au contraire, dont il vient d’être question , où les hom- mes se coiffaient d'énormes perruques bour- soufflées, les femmes, du moins en Alle- magne et en France, n’adoptèrent pas cette mode. Sans doute elles n’ont jamais cessé d'ajouter à leurs propres cheveux de faus- ses boucles, de faux chignons et des sup- plements de fausses chevelures , mais on voyait rarement des femmes porter des per- ruques proprement dites. Vers lan 1742, s’introduisit parmi elles la mode de cou- per les cheveux et de les faire boucler en rond tout autour de la tête; ce genre de coiffure portait en français le nom de mirliton , et en allemand celui de téte de caniche. En France et en Allemagne quel- 202 Moœurs et Usages. ques femmes faisaient faire ces coiffures uniquement de faux cheveux ; mais la mode de ces perruques passa bientôt; elle se con- serva cependant bien plus longtemps dans le nord. | A l'exception du roi de Prusse, tous les autres souverains de l’Europe portaient des perruques qui pour Ja plupart étaient, d’un volume fort considérable. Enfin, Joseph 1E fit à cet egard une exception remarquable: Parmi les militaires, ceux de la Prusse ex- ceptés, l'usage des perruques resta encore pendant longtemps assez commun, et les gé- néraux et officiers supérieurs en portaient d’une ampleur fort remarquable. Le prince Eugène et lord Marlborough , ainsi que les généraux français contre lesquels ils se battaient, le roi d'Angleterre George IT, dans la bataille de Dose le prince Char- les de Lorraine dans celle de Czaslau , et le feld - maréchal Darn, dans la guerre de sept ans, se coiffaient, même au milieu des camps, de perruques à la Louis XIF ou à nœuds. Frédéric Guillaume I, roi de Prusse, fut donc celui qui introduisit la coiffure qui consiste à réunir les cheveux en une ‘queue entourée d’un ruban; il la fit aussi adopter dans toute, son armée. Sans le savoir , il exerça Perruques. 293 par là une grande influence sur la forme des perruques , même en France. Jusqu’a- lors celles dont se coiïffaient les hommes, avaient élé une chevelure touffue et élevée qui flottait autour de la tête. Mais peu d’an- nées après l’époque où le roi de Prusse eut séparé-les cheveux de face de ceux de der- rière, qu'il réunit en une queue militaire , le végent de France, Philippe d'Orléans, in- troduisit une innovation semblable dans Var- mée francaise, surtout pour la cavalerie, à cela près qu’au lieu de rassembler les chéveux en une queue, on les fourrait dans une bourse. Ce fut là le premier pas fait en France vers la diminution du volume des perrüques énormes qui avaient été de mode sous lé règne précédent , aussi les perruques à Bourse ont-elles porté longtemps le nom de perru- ques. à la régence ; et ce nom'a été con- servé à celles dont la bourse était accom- pagnée de deux rubans qui floitaient au- tour du col. M. Bailly, maire dé Paris, a été le dernier qui ait porte we régence. 'On voit d’après cela que les bourses ,; qui de- puis sont devennes un objet essentiel ‘du costurne de cérémonie dans les différentes cours de FPEurope, n’ont pas été imventées pour l'usage des gens de la cour, comme beau- coup de personnes l’imaginent sans doute , mais bien pour les so/dats, comme la eoif- 294 Mœurs et Usages. fure en queue l'avait été précédemment par Frédéric Guillaume I pour son armée. Le Régent ui - même, comme on le voit par ses portraits , et tous ceux qui étaient attachés à sa cour , portaient une longue per- ruque espagnole ; et jusqu'à la première guerre de, Silésie, pendant laquelle les trou- pes francaises pénétrerent jusqu’en Bohème pour secourir le roi de Prusse, la cavalerie française portait la bourse. Dans l'ouvrage publié à Paris, en 1761, sous le nom d’Eu- cyclopédie perruguière , dont il a été ques- tion plus haut, et qui contient une collec- tion de gravures des coiffures qui alors ctaient à la, mode parmi les jeunes élégans, on en trouve deux désignées sous les noms de perruque à la dragonne (ibid n° 16) et de perruque à la mousquetaire (ibid. n° 19}, et l’une et l’autre ont une très - grande bourse, Depuis le'temps du Régent, les généraux français ont conservé jusques vers le mi- lieu du dix - huitième siécle , l'usage de la grande perruque espagnole, dont les longs cheveux bouclés descendaient sur le dos, ainsi qu'on peut le voir par les portraits de: maréchaux de Belle-Isle, de Maillebois , de Noailles ; ete. KH n’y a pas cmquante ans que beaucoup d'officiers supérieurs en France et en Allemagne portaient encore cette perru- = ——— Perruques. 295 “ que ronde boursoufflée, qu’on appelait per- ruque à la brigadière, et derrière laquelle peudaient deux boudins, comme on appe- Jait cette appendice en France, où queues d'agneau, nom qu’on lui donnait en Alle- mage. Le feld-maréchal général prussien de- Flans se coiffait encore, en 1746, d’une pa- reille perruque. Depuis cette époque, tout cela a changé, et la queue est devenue in- sensiblement la coiffure de toutes les armées de l'Europe. La révolution francaise a produit dans la coiffure un nouveau changement. Le desir d’imiter le costume des anciens fit adopter aussi la mode de porter les cheveux courts; on ne tarda pas à s’apercevoir combien cette coiffure était commode , surtout dans les camps, ct bientôt presque toute l’armée fran- gaise adopta eette manière simple et natu- relle de se coiffer qui devint aussi une mode générale, planche 2 , n.° 12. I1 parait même que les avantages de cette coiffure la feront adopter peu à peu dans les armées des autres puissances de l'Europe. En Allemagne où le décorum voulait que les curés et diffe- xens autres fonctionnaires publics portassent une perruque, celles-ci du moins diminuent de. plus en plus de volume, et ceux à qui l'âge ou les infirmités ne prescrivent pas de con- server l'usage de cette coiffure, se sont même 206 Mœurs et Usages. affranchis de l’ancien préjugé , et ont repris celle que nous offrent les portraits de Sau- maise , de Bayle, de Boissard, de Scaliger , de Juste Lipse , et d’autres savans du seizième et dix-septième siécle. Re — AS La RECHERCHES ASIATIQUES, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, pour faire des recherches sur l'Histoire et.les A ntiquilés, Les Arts, les Sciences et la Littérature de l'Asie ; traduits de l'anglais, par A. TA BEAUME : revus et augmentés de notes, pour toute la partie orientale, philologique et historique, par Li. LanGres, Membre de l'In- stitut, Conservateur des manuscrits orien- taux de da Bibliothèque impériale , etc. ; et pour la partie des Sciences exactes et naturelles, par MM. Deramsre, CUVIER, Lamarck et Ouivier, Membres de l’'Insti- Lak, etc. NOTICE DE LA PARTIE PHYSIQUE ET MATHÉMATIQUE. N ous avons déja parlé des travaux litté- raires de la Société asiatique ; ses recherches sur les sciences physiques et mathématiques (*), Deux volumes in-4.°, de l'imprimerie impé- riale, avec 44 planches gravées en taille-douce.— A Paris,chez TreurrEL et Wurrz, libraires, rue de Lille, n.° 17. Prix, 72 fr. brochés. ( Second et dernier £Extrait, voyez le numéro précédent). 208 Asie. méritent également d’être connues. Non-seu- lement elles tendent à nous apprendre l’état de ces sciences chez les différens peuples de VAsie et particuliérement chez les Indiens, mais elles nous offrent encore une suite d’ob- sérvations géographiques et météorologiques nouvellement faites par plusieurs membres de la Société; des détails sur le éaractère et les mœurs des habitans de diverses parties de l'Inde ; des descriptions d’animaux et de plantes , et des éclaircissemens sur la manière de traiter différentes maladies , soit par les procédés des Indiens, soit par ceux dont nous faisons nous-mêmes usage. Une analyse suceincte et telle que le pérmet la nature de ces recherches, suffira pour fixer sur chaque objet, l'attention des personnes dont les études peuvent y avoir quelque rapport. ASTRONOMIE. Depuis que l'analyse algébrique à réduit Jcs raisonnemens mathématiques les plus com- pliqués à de simples procédés mécaniques, tous les problèmes qu’on peut proposer sur l'équilibre et le mouvement des corps, ont été renfermés dans quelques lignes de caleul,, et l’on a pu déduire du seul principe de Vattraction planétaire, les phénomènes les plus remarquables comme les moins sensibles. Sciences. 299 du Système du Monde. On ne doit donc pas attendre que l'astronomie indienne puisse rien ajouter à la perfection de nos théories; mais il est des choses que l’on ne peut obtenir que du temps; et s’il est vrai que cette astro- nomie soit aussi ancienne qu'on peut le con- jecturer, d’après les longues périodes qu’elle nous présente , elle devient de la plus haute importance pour la détermination des moyens mouvemens des corps célestes. Le calcul a démontré que ces moyens mou- vemens sont constans, c’est-à-dire que s'ils commencent par s'accélérer , ils diminuent ensuite, de manière que le moyen terme est toujours le même. Or, pour fixer ce moyen terme, 1l faut des observations très-anciennes; et quoique celles des Chaldéens, dont nous pouvons nous servir , remontent a vingt-six ‘ siécles, elles ne sont pas encore assez éloi-: gnées. L'époque astronomique des Hindous date de lan 3102 avant J. C.; ils assurent qu'elle est fondée sur une observation ; ils en indiquent même le jour et l’heure (1); mais la difficulté d'accorder cette observation avec l'état actuel du ciel, a fait douter qu’elle fut réelle, et plusieurs savans astronomes l'ont regardée comme fictive. Cependant M. La- (1) Traité de l’Astronomie indienne el orientale, P: 110. 300 Asie. PLACE (2) ne fait pas difficulté de reconnaître que quelques eélémens de Pastronomie in- diemne paraissent avoir été déterminés même avant cette première époque, et vers Van 4300 avant J! C., comme l'avait pensé M: Barry, et laccord de deux hommes aussi justement célèbres, sur une détermmation qui daterait de plus de six mille ans, permet de croire, malgré la différence de leur opi- nion sur l’époque de 3r02, que tout ce qui appartient à l'astronomie des Indiens mérite un sérieux examen. Le Mémoire de M. Samuel Davis sur leurs Calculs astronomiques, est digne à tous égards d’un aussi important sujet. Extrait en grande partie du Sourya-Siddhanta , il nous présente les élémens de cette astronomie que M. Bailly regardait comme originale et primitive , et à laquelle il avait reconnu que devaient ap- partenir les tables apportées de Siam par M. de Laloubère , et celles de Chrisnabouram, de Narsapur et de Tirvalour qu'il avait exami- nées relativement aux époques:et aux moyens mouvemens. On y reconnait aussi l’analogie des méthodes de ees tables pour le calcul des éclipses, avec celles du Sourya-Siddhanta, d’après lesquelles M. Davis a calculé pour Baglépour, l’éclipse de lune qui a été visible (2) Exposition du Système du Monde, p. 229. Sciences. 30r à Paris dans la nuit du 2 au 3 novembre 1780. Enfin le développement des principes qui ont servi à déterminer les équations du centre du soleil et de la lune, l'ascension des signes du Zodiaque dans une sphère droite ou oblique, et une lable de Sinus que M. Deramere re- garde comme Ja plus ancienne que l’on con- naisse, nous fait voir que si les Brahmes “avaient refusé jusqu'alors de communiquer ces principes à aucun Européen, on ne de- vait pas en conclure, comme l'ont fait le P. Duchamp et M. Legentül, qu'ils ne savaient que la mécanique de leurs calculs, et qu'ils n’entendaient plus leurs anciens traités d’astro- nomie. L'importance du Mémoire de M. Davis a engagé M. Delambre à en refaire presque tous les calculs, et les géomètres trouveront, dans les additions de cet habile astronome, d'excellentes observations et de nouvelles tables plus étendues que celles du Sourya-Siddhanta. M. Delambre pense que les rédacteurs de cet ouvrage ont dù connaître peu l’analyse algé- brique; cependant on pourrait soupconner qu'ils ont eu quelques notions du calcul dif- férentiel; mais on ne dcit pas se hâter de leur accorder cette belle methode de calcul, dent Leibnitz et Newton se sont contesté l'in xenton , et doni l'application à la mécanique 802 Asie. céleste a donné à nos tables une si grande précision. Les Indiens qui supposent les distances des planètes à la terre, proportionnelles au temps des révolutions , pensent que le soleil n’est que douze fois plus loin de nous que la lune, et n’ont , comme l'Ecole d'Alexandrie, qu’une idée fort inexacte de l’immense étendue de notre système planétaire. Ils ont néanmoins déterminé , avec assez de précision, la dis- tance de la lune, qui sert de module à toutes les autres, comme nous l’apprend M. Davis; mais ils la font un peu plus grande qu’elle n’est en effet, et c’est par erreur, quoiqu’on ne lait pas remarqué, que M. Davis à dit qu’elle était d’un quinzieme plus petite que la nôtre. On sait que les Indiens déterminent les la. ütudes au moyen du gnomon, et les longi- tudes par l'observation des éclipses de lune, calcalées d’avance pour leur premier méri- dien. La position de ce méridien n’est pas encore connue ; et si elle peut être fixée par une ancienne observation faite à Benarès et rapportée par M. Davis, il se trouverait placé à un peu plus de cinq degrés à l’ouest de celte ville, et il en résulterait qu’il ne passe ni par le lac de Lanken, comme le conjec- turait M. Bailly, ni par Ougein, comme le Secences. 503 dit le commentaire de Sourya-Siddhanta que M. Davis a consulié, ni enfin par File de Ceylan , comme on le croit communément. Dans leurs calculs astronomiques, les In- diens supposent que la terre est au centre des mouvemens célestes; ils n’ignorent cepen- dant pas que c’est le soleil qu’il faut y pla- cer (3); et cette seule idée que n’ont eue ni les Chaldéens ni les Egyptiens (4), et que vraisemblablement les Grecs avaient puisée dans l’Inde, suffirait pour donner un grand intérêt aux recherches de la Société asiatique sur l’asironomie imdienne. Lorsque Copernic, fatigué des épicycles de Ptolémée, voulut y substituer le mouvement de la terre, il com- mença par lire les ouvrages des philosophes qui en ont parlé, pour trouver des autorités en faveur d’une opinion que la raison lui fai- sait admettre. Il remonta jusqu'à l'Ecole de Pythagore, où elle était professée cinq srécles avant J. C.; mais Pythagore ne l'avait trans- mise à ses disciples que comme une hypo- thèse : les Grecs, à cette époque, n'avaient pas assez de connaissances astronomiques pour établir, sur des faits, un sysième si contraire _ (3) Histoire de l’Astronomie ancienne, depuis son originé jusqu’à la fondation de l'Ecole d'Alexandrie. p- 66. (4) Id. p. 87. 304, sie. au témoignage des sens, et il serait curieux d'apprendre des Indiens d’où leur est venue cette idée remarquable (5) à laquelle se rat- tachent les grandes découvertes de Képler et de Newton, et tous les travaux de l’astrono- mie moderne. La Dissertation de M. William Jones, sur l'antiquité du Zodiaque indien, a pour objet de prouver que les Hindous ne doivent ni aux Arabes, ni aux Grecs la division et les figures des constellations de leur Zodiaque; mais que les Grecs, aussi bien que les Hin- dous, l’ont recue d’une nation plus ancienne, dont M. W. Jones croit qu’ils sont descen- dus, comme paraît le lui démontrer la parité de leur langue et de leur mythologie. Cette dissertation peut faire suite à celle que AT. Legentil a insérée dans la relation du voyage qu'il fit dans l'Inde, à l’occasion des deux passages de Vénus sur le disque du soleil en 1767 et 1760. On doit à MM. Prarse et COLEBROOKE un grand nombre d'observations astronomiques, faites en différens points et principalement au fort William. Elles sont suivies d’une AMé- thode de correction , par M. Deramsre. Ce (5}« Ce système n'était pas leur ouvrage, dit M. BaïLLy, il venait de l'héritage d’un peuple qui a tenu le sceptre des sciences dans l'Asie. 26.» Sciences. 30) savant académicien a aussi revu plusieurs mé- thodes proposées par M. Burow pour abréger différens calculs astronomiques, et dans ses notes il en donne de plus simples, dont une relative aux parallaxes de longitude et de latitude lunaires, avait déja paru dans le tome III des Mémoires de l’Institut. Avant de quitter l’astronomie, nous croyons devoir parler d’une formule de date, où se trouve rapportée une observation d’éclipse de lune, à laquelle personne n’a fait atten- tion, et qui sert à fixer d’une manière pré- cise à l’an 77 de J. C., le commencement de l’ère hindoue du roi Saka, contre le sen- timent de MM. Legentil, W. Jones et Wil- kins qui ne font remonter cette ère qu’à l’an 78. Cette formule de date qui appartient à un acte de donation écrit en langue samscrite et grave sur six planches de cuivre trouvées à Tanna, capitale de l’île de Salcette, est ainsi conçue : 4 Le quinze de la lune brillante 4 de cartica..... lorsque neuf cent quarante 4 ans moins un sont comptés comme écoulés & depuis le temps du roi Saka....., la lune 4 étant alors pleine et éclipsée..... ss Le traducteur qui suit l'opinion des savans que je viens de citer , rapporte l’acte de donation à l’an 1018, mais en l’an 1018 il n’y a point eu d’éclipse de lune dans le mois de cartica, c'est-à-dire du 22 octobre au 22 novembre; Tome WI. Décembre 1807. 20 806 Asie, il n’y en a pas eu nou plus à la même époque, ni en 1019, ni pendant les quinze années suivantes, et c’est à lan 1017, suivant les tables de lA/rt de vérifier les dates, qu'il faut rapporter cette éclipse qui à été visible à Paris, le 6 novembre, à huit heures et demie du soir. Or la formule hindoue, Lors- que 940 ans moins un sont Complés comme écoulés, fait voir qu'on était alors dans la 940. année de l’ère du roi Saka, et une simple soustraction donne lan 77 pour l’é- poque de cette ère, Cette nouvelle détermi- nation nous fait voir aussi d’après les suppu- tations actuelles des Indiens, que M. Wilkins s'est également trompé d’une année sur les ères de Vikramaditya et du Kaliougam (6), et que la première doit dater de lan b7 avant J. C., comme l’a dit M. AnqQuErTIL dans le discours préliminaire de sa traduction du Zendavesta, et la seconde de l’an 3102, ainsi que M. Barzzy l’avait déterminée dans son Jraité de l' Astronomie indienne. GÉOGRAPHIE. La géographie doit à l’Astronomie ses de- terminations les plus précises » et l'on peut dire même que nos connaissances géogra- I 5 (6) Recherches asiatiques, t I, p. 72. Mélanges. 207 phiques ne sont qu’approximatives tant qu’elles ne sont pas appuyées sur des observations astronomiques. Sous ce rapport, la carte de T Inde , malgré les immenses travaux de Dax- VILLE ct du major RENNELL, laisse encore beaucoup de choses à desirer, et les géogra- phes verront sans doute avec plaisir les ob- servations que MM. Prarse, CorEBROoOoKkE et Burnow ont transmises à la Société asiatique, pour fixer la position de plusieurs points de a parte septentrionale du golfe du Bengale, depuis Madras jusqu’au royaume d’Aracan. M. Joux Suore lui a aussi communiqué une description du Népal, faite par un préfet de la mission romaine; et M. VAnsiTrART, celle du royaume d’Acham, extraite d’une zs- toire du grand-mogol Aurengzeb, écrite en persan. Quoique les détails géographiques que contiennent ces descriptions ne soient pas assez précis pour fixer les positions sur la carte, et qu’ils aient déja été donnés par le P. TierrentTHaLErR, dans sa Description générale de l'Inde (7); comme elles nous of- frent un apercu de Pétat civil et politique du pays, elles ne sont pas sans intérêt. On doit observer cependant que quelques parties de la description d’Acham paraissent contra- dictoires ; car l'historien persan, après avoir (7) Tome r, p. 426 et 465 et suiv. 308 Asie. présenté les Achamiens comme un peuple cruel, féroce et sans aucune espèce de police et de morale, laisse apercevoir dans la suite de son récit, que chez cette nation l’agricul- ture est très-florissante; qu’on y a construif des routes pour la facilité des transports et pour la commodité des voyageurs; que dans les endroits marécageux, on a elevé des chaussées bordées par des avenues de bam- bous, et que sur un espace de plus de trente lieues aux environs de la capitale, il n’y à pas un seul terrein inculte; toutes choses qui ne pourraient se rencontrer chez un peuple barbare et privé de toute civilisation. D'un autre côté, la manière dont les Achamiens font la guerre, n’annoncerait pas moins de prudence que d’habileté. Lorsqu'une armée ennemie entre sur leur territoire, ils se re- ürent dans des postes fortifiés et usent de toutes sortes de stratagèmes pour l’incom- moder par des surprises et par des alarmes, et pour intercepter ses provisions. Si ces moyens manquent leur effet, pour ne pas livrer de bataille en rase campagne, ils em- mènent les paysans dans les montagnes, brü- lent les grains et laissent le pays desert; et lorsque la saison des pluies arrête les progres de l'invasion , et que les ennemis sont forcés de se retirer faute de vivres, ils les attaquent de nouveau, et en ralentissant leur marche, Sérences. 30 is les font périr de misère. Tel a été le sort d’une armée qu'Aurengzeb avait envoyée dans le royaume d'Acham, et dont la re- traite malheureuse ,après des succès momen- tanés , ne servit qu’à développer la supériorité militaire des Achamiens sur les Mogols, à une époque où ceux-ci n'étaient pas encore dans une dépendance absolue de la Grande- Bretagne: Nous nous arréterons aussi un moment sur les observations de M. WViLForT, relatives & l'ancienne ville de Tagara dans le Décan, non pas qu'elles aient conduit ce savant an- glais, comme il le pense, jusqu’à prouver que: cette ville est la même que Doltabad, qui a longtemps porté le nom de Déoghir ou Déo- ghar, dont l’analogie avec celui de Tagara paraît avoir donné lieu à ses recherches; mais parce que c’est la première question de géographie ancienne qui ait été traitée par læ Société asiatique, et que cet essai semble annoncer qu’elle a l'intention de comparer avec nos conrraissances actuelles les descrip- üons de linde que nous avons recues des navigateurs et des géographes anciens. On sait aujourd’hui, par les savantes recherches de M. Gossezuin, qu'ils avaient parfaitement décrit et mesuré les côtes de l'Asie depuis V'isthme de Suès jusque bien au-delà du Gange; s'ils nous laissent dans l'incertitude 910 Asie. sur l’intérieur des terres, c’est .qu'ils : Sy avancaient rarement, qu'ils ne mesuraient les distances que par jouruées de marche, et que n'ayant point de boussole, ils ne pou- vaient connaître qu'imparfaitement la di- rechon des routes. Ajoutons que la plupart des noms indiens ont été ou changés ou ex- trêmement défigurés par les Grecs, et l’on ne sera pas surpris que M. Wilfort veuille placer Tagara au 20.° degré de latitude, tandis que Danville, sur la carte qu'il a jointe à son Me- moire sur les antiquités de l'Inde, la met au 17. degre, c’est-à-dire à soixante lieues de là vers le Midi. Cependant tout deux sont partis d’un même point du golfe de Cam- baye, de la position de Barygaza, aujourd’hui Barokia, ancien entrepôt des marchandises de l'Inde, auquel Surate a été préférée lors du rétablissement du commerce des Euro- péens dans cette partie de l'Asie. Tous deux également s'appuient sur le périple de la mer Erythrée, Yun des plus curieux monumens de la navigation des Grecs dans le 2.°siécle, Mais quoique Danville n’ait pas rendu avec sa précision ordinaire (8), le passage sur Tagara (9), la position qu'il donne à cette (8) Antiquité géographique de l'Inde, etc., p. 107. (9) Voy. le texte du Periple, édit. BLancaror, P. 171. Sciences. J17x ville sur sa carte, s’en rapproche beaucoup plus que celle de Doltabad; car l’auteur du périple place Tagara à plus de 140 lieues sud-sud-est de Barygaza, et Doltabad n’en est éloignée que d'environ 85 lieues est-sud-est. Les Tables de Ptolomée que M. Wilfort a consultées ne paraissent pas plus favorables à son opinion, elles semblent même tout à-fait opposées à ce que dit l’auteur du périple, en ce qu'elles placent Tagara au nord de Bary- gaza (10); mais les latitudes de ces tables pour l'intérieur de l'Inde exigent des corrections très - considérables et d'autant plus délicates, que les longitudes y sont soumises à une er- reur constante des deux cinquièmes (11). La difticulté de tirer des géographes grecs au- cun résultat satisfaisant sur l’ancien état de. l'intérieur de l'Inde, nous ferait même croire, qu’on ne peut espérer de le connaitre que par les anciens traités que les Indiens ont conservés en langues samscrile, pourvu toute- fois que les fables et les allégories qui forment la majeure partie de ces ouvrages ne les aient pas rendus trop obscurs et peut-être inex- plicables. La partie géographique des Mémoires de (ro) Tab. X , édit. MERCAT. (T1) Géographie des Grecs analysée, par M. Gos- SELLIN, P. 120. 312 ÆA$ie. Calcutta nous offrent encore quelques Obser- vations sur les Xucys, peuplade qui habite lesimontagnes de ‘Tipérah, à l’est du Bengale; sur /2le de Carnicobar et sur celle d’Hinzouan , l'une des Comores que M. William Jones re- garde comme un excellent point de relâche pour les flottes anglaises. Les deux Mémoires sur le Thibet ayant déja été traduits et publiés, nous rappellerons seulement qu’ils font connaître les relations de ce pays avec la Chine, et les cérémonies de l'installation du Tichou lama. Ces détails quoique étrangers à la géographie proprement dite, en animent les descriptions. On aime à connaître les hommes qui habitent ces con- trées éloignées , à comparer leurs mœurs et leurs usages, à suivre les progrès de leur in- dustrie et de leurs arts, et à y découvrir les premiers élémens de toutes les sciences qui font aujourd’hui la gloire et Fornement des nations européennes. La différence des lan- gues non moins sensible que celles des chimats , est une autre source d'etudes et d’obser- valions, soit qu’on y considère cette admi- rable variété qui présente mille manières d'exprimer la même pensée, soit qu’on aper- çoive, dans les altérations du langage , les effets des grands événemens pohtiques, et qu'on y cherche la trace des révolutions suc- cessives qui ont amené dans une langue, d'a Sciences. 313 bord pure et sans mélange, celte foule de mots étrangers, monumens incontestables d’une longue servitude ou d’une domination trés-étendue. : HISTOIRE NATURELLE, L'histoire naturelle doit aussi fixer nos re- gards : si l’homme y occupe le premier rang, il y est accompagné d’un si grand nombre de familles d'animaux, de plantes et de pro- ductions de tout genre, que le génie le plus vaste, loin de pouvoir les connaître toutes, peut à peine en saisir l’ensemble. Aussi n’est- ce que par une suite de travaux et de re- cherches continuées pendant plusieurs siécles, qu'on pourra parvenir à rassembler dans nos Musées quelques individus de chaque espèce, et présenter à l'observateur, étonne de la profusion de la nature, des modeles de tout ce qu’elle produit. Déja néanmoins ces col- lections sont tres-nombreuses; une methode sage préside à leur ordonnance et permet d’apercevoir les interruptions que de nou- velles découvertes doivent faire disparaître. Sous ce point de vue, les observations de la Société asiatique sur les sciences naturelles, nous paraissent précieuses, quoiqu’elles soient peu considérables, parce qu'étant relatives à des choses tout-à-fait étrangères à l'Europe, 314 Asie. elles peuvent nous faire connaitre denouveaux objets, ou servir à rectifier les notions encore imparfaites que nous avons sur l’état physique de l’Asie (12). ZooLOGIE. La Zoologie a été l’obet de quatre mé- moires, Le premier, de M. Mathieu Lesure, contient la Description extérne du pangolin, du Bélar, dont la forme approche de celle du lézard, et que les naturels du pays ap- pellent badjarkit, où plus exactement vadj- rakita, nom qui fait allusion à la dureté des écailles dont il est revétu. Dans le second Mémoire, M. Ædam Burr donne la Description anatomique du méme animal. Dans le troisième, M. RoxBuRG pré- sente une suite d’Observations microscopiques très-curieuses sur la /zque mäle dont on n’a- vait pas encore de description. Le quatrième est d’un médecin de Delhy, nommé ATHar- ALcy-Kaax: il est relatif au baya déia dé- crit par M. de Burron, comme lobserve M. Cuvirr, sous le nom d’orchef. Cet oiseau est (12) Les Mémoires relatifs aux sciences naturelles ont été revus, selon leur objet, par MM. Cuvier, Lawanrcx et OLIVIER, et on a lieu de regretter que ces savans naturalistes n'aient pas trouvé l’occasion d'y ajouter quelques observations qui en auraient angmemé intérêt. Sciences. 315 remarquable par son étonnante sagacité et par ladresse avec laquelle il construit son nid, qu’il suspend ordinairement à des bran- ches très-faibles au dessus de l’eau, et dont il place l’entrée vers le bas. M. LEGENTIL qui a vu de ces nids dans la baie d’Antongil à Madagascar , en a donné le dessin dans la rela- tion de son voyage (13). Athar-Aly-Khan cite plusieurs exemples de l'intelligence du baya, et il indique la manière dont il se nourrit et ses usages en médecine. BOTANIQUE. Dans un premier Mémoire sur la Zota- nique , M. William Joxes donne la Descrip- tion de plusieurs plantes, et il en consacre un autre à des recherches sur le zard des anciens, qu'il croit retrouver dans une espèce de valérianne, nommée dans l’Inde iatamansti. Cette dissertation , remplie d’érudition , est ac- compagnée de notes philologiques de M. Lan- GLES, qui a particulièrement consulte les Lexi- cographes orientaux et l’&r dkbéry dont il rapporte les différents textes arabe et persan. M. Jones a joint à son mémoire un dessin qui représente une tige de l’iatamansi, à l'instant de la floraison. M. Charles Hamirrox entre dans quelques (13) Voyage dans les mers de l’Inde,etc.,l.2,pLxr., 816 Asie. details sur le mahiwah ou madhouca qu'il te- garde comme un des arbres les plus précieux de l'Inde, 11 regrette que la culture en soit negligée depuis longtemps dans le Behar, et il peuse qu'elle pourrait y être facilement ré- tablie, et qu’elle serait très-productive; err effet, le fruit du mahwah, qui ressemble à lolhive, fournit beaucoup d'huile, et sa fleur dont la substance est très-charnue , peut servir d’alimens et donne à la distillation une liqueur spiritueuse qui, dans beaucoup d'occasions, pourrait remplacer les esprits de grains. MÉDECINE ET CHIMIE. ATuar-ALy-KHan, dans un Mémoire sur lElephantiasis, maladie particulière aux pays chauds, et connue dars l’Indoustan sous le nonr de Akorrah, nous apprend qu’on y traite celte affreuse maladie par larsenic et le poivre noir, et qü'’elle est souvent la suite de l'infection vénérienne pour laquelle on em- ploie le même traitement, mais ‘que l’on guérit aussi par des préparations de cinnabre. Dans un autre Memoire, M: Joux Wizrram rapporte plusieurs exemples de l’heureuse application de l’alkali volatil contre les dan- gereux effets de la r10orsure du serpent capel, et il pense que l’alkali agit ici moins comme spécifique que comme irritant. Screnees. 317 La chimie nous offre quelques observations de M. Macvonazp, sur l’or de Limong, dans J'ile de Sumatra; de M. Ktm, sur Les pro- cédés des Indiens pour la distillation ; e de M. le colonel PoriEr, sur ceux qu'il a suivis pour la préparation de l'essence de roses. Ce parfum parait n'être connu des Indiens que depuis deux siecles, comme l’a fait voir M, LanGLEs, d’après le témoignage de plusieurs écrivains persans , dans une dissertation fort curieuse, publiée en 1804. MÉTÉOROLOGIE. Les observations météorologiques faites à Calcutta, sont de MM. Péarse et Æenri Trait, et se rapportent aux années 1784 et 1785. En les comparant avec celles qui sont faites à Montmorency par M. Corte, correspondant de l’Institut, auquel on doit une suite non interrompue de trente-huit années de travaux et d'observations météorologiques, nous treu- vous que la chaleur moyenne du Bengale n'a surpassé que de deux degrés celle des environs de Paris, et la plus élevée de quatre degrés seulement, et que la différence entre la plus haute et la plus basse température de cette partie de l'Inde, n’a été que de dix-huit degrés, tandis qu’elle s'élève ici à plus de cinquante degrés; qu'il tombe an- 318 .… ASie. nuellement à Calcutta trois fois plus d’eau qu'à Montmorency ; les sept dixièmes à l’'é- poque des vents de mer, c’est-à-dire depuis le commencement de mai jusqu’à la fin d’oc- tobre; et que la hauteur et la densité de l'atmosphère, qui ont une si grande imfluence sur les réfractions astronomiques, éprouvent dans l’Inde des variations beaucoup moins considérables que dans nos climats. Ces ob- servations qui ne sont pas moins utles à Ja médecine et à l’agriculture du pays qu’à la physique en général, peuvent avoir , si elles sont continuées pendant plusieurs années, une grande influence sur les théories meéteo- rologiques, parce qu'elles sont faites entre les tropiques où les phénomènes paraissent sou- mis à des lois plus constantes que dans les au- tres parties du globe. Tels sont les travaux d’une Société nais- sante, dont l'établissement nous paraît devoir faire époque dans l'histoire des sciences. Jus- qu’à présent nous n'avons eu sur l'Inde, et sur les autres parties du continent de l’Asie, que des relations faites par des voyageurs isolés, dont la vue trop courte pour un aussi vaste horison , ne pouvait en apercevoir toute l'étendue, et dont l'attention, distraite par limmensité des détails, n’en devait saisir qu'un très-petit nombre. Il n’en est pas de même d’une Académie : chacun de ses mem- Spiences. 319 bres constamment occupé d’une seule et même parte, acquiert ce coup-d’ocil exercé auquel rien n'échappe, et leur réunion crée, pour ainsi dire, un nouvel.être, dont l'intelligence peut embrasser et approfondir en même temps tous les objets. Ceux qui ont été traités par la Société asiatique, sont déja très-nombreux, et si l’on ne trouve pas encore dans ses Mé- moires toute la méthode et toute la précision qu'on pourrait y desirer , on doit considérer qu'elle se hâte de recueillir et de présenter à l’Europe savante tout ce qui lui paraît digne d’être examiné, et qu'ayant à vaincre la dif- ficulté des langues et l'obscurité des matières, à combatire la réserve mystérieuse des Brab- mes , et quelquefois à lutter contre leur ava- rice et leur. mauvaise foi, elle ne pouvait donner à ses premiers essais Ja perfection qu'on aura droit d’exiger dans ses travaux ultérieurs. SÉpiLLor, secrétaire de l'Ecole spéciale des langues orientales. | CrOCRAPHTE Revue générale des changemens géographi- ques qui ont eu lieu pendant l'année 1806, et des progrès des connaissances relatives à la géographie , à la statistique et à l'his- toire des peuples (1 ?. Second et dernier Article. Etats du Nord de l'Allemagne, à l'exception de la Prusse. E ENDANT la guerre allumée dès le 8 octobre de l’année 1806, entre la France unie aux Etats confédérés du Rhin et la Prusse avec ses alliés, le sort des Puissances du nord de l’'AE lemagne et leur disposition géographique sont restés incertains jusqu’à la conclusion de la paix. Vers le même temps, le Roi de Suede soumit aux lois constitutives du royaume ses Etats de Poméranie et le Holstein, ainsi que les autres Etats d'Allemagne soumis à la mo- narchie danoise ( la seigneurie de Pinne- berg, la comté de Ranzau et la ville d’Al- (1) Mag. Encycl. ann, 1807 ,t. 6, p. 116. A - Année 1806. 32f tona }), ont été déclarés comme relevant immé- diatement de cette puissance. Tous les Etats d'Allemagne , même ceux qui ne sont point entrés dans la confédération du Rhin ,: ont été reconuus par la France, après la suppression du Corps germanique, comme Etats libres et indépendans. Avant l’ouverture des hostilités entre la France et la Prusse, on comptait parmi ces Etats: L’éleciorat de Saxe, celui de Brandebourg (qui comprenait aussi le pays de Brunswick }, la Hesse , les duches de la Saxe , le Duc de Brunswick-Wolfenbüitel, les Ducs de Meck- lenbourg, le Duc d’Holstein-Oldenbourg, les Ducs et les Princes d’Anhalt, le Prince dé Nassau-Orange-Dietz , les Princes de Schwarz- bourg, le Prince de Waïldeck , les Princes et Comtes de Reuss , les Princes et Comtes de Schoenbourg , et les Princes et Comtes de la Lippe, les Comtés de Stollberg, le Prince de Kaunitz pour le comte de R jeteies le Comte de Platen pour le comié d’'Hallermund , la Russie pour la seigneurie de Jever, le Comte de Bentink pour la seigneurie de Kniphusen, le Comte de Bentheim pour la seigneurie de Rheda , le Comte de Nesselrode pour les sei- gneuries de Landskron et de Rhade. La géographie et la statistique des Etats du nord de l'Allemagne se sont peu enrichies pendant l’année 1806. Les ouvrages purement Tome VI, Décembre 1807. 21 322 Géographie. topographiques ont été plus nombreux. M, Kuzewkawe a décrit la ville de Treysa, capi- tale du comité de Ziegenhayn, dans la Hesse, M. DorzauEr a donne une Continuation de la Chronique de Saxe-Cobourg , par Hornw: L’excellente Carte de Westphalie , par 1e Coa, a paru en dix sections. L'Institut géographique de Weimar a publié une très-bonne Carte de la Principauté d'Eichsfeld , avec les pays environnans , par M. LiNGEMANN. 2. Monarchie Prussienne. Elle a cedé à la France le duche de Clèves, Ha principauté d’Anspach et celle de Neuen- bourg, en échange desquels elle a obtenu les Etats électoraux de Bruvswick. La guerre qui a succédé à ces arrangemens y a naturelle- ment apporté des changemens considérables, Les sections qui formaient la continuation de la Carte topographique de la Prusse orien- tale et occidentale, exécutée sous la direction de M. SCHROETTER, ministre d'état, ont paru régulièrement, Les feuilles qui ont paru de la nouvelle Carte de la Prusse orientale de M. de TExTor ont pleinement justifié la confiance qu’on avait eue dans cette entreprise. Il a paru une seconde édition du Dictionnaire topographique des Etats prussiens, par M. Kruc. M. Brucce- ! 4 À | 2 ï " Année 1806. 323 MANN a continué la publication de ses pièces relatives à la description de la Poméranie. M. GAEDIRE a donné un Dictionnaire de Ber- lin et des Curiosités que cette ville renferme. M. Borum un Manuel géographique et sta- tistique de la Silésie. M. Sonirrxer une Des- cription de ses montagnes, avec une carte parfaitement dressée par le D. Hoser, et des Vues exécutées par NATKE. 3, Monarchie Autrichienne. Elle a été forcée, par la paix de Presbourg, à des cessions considérables ; le comté de Ty- rol avec les seigneuries en avant de lArlberg et celles de Hohenem, Trente et Brixen; le comté de Koenigseck-Rothenfels, les seigueu- ries de Tettnang et d’Argen, la ville et le territoire de Lindau, le margraviat de Bur- gau, le landgraviat de Nellenbourg, le comité d’Ober et Nieder - Hohenberg , le bailliage d’Altorf et toutes les possessions enclavées dans la Souabe. Les Etats de Venise, cédés à l'Au- triche par la paix de Lunéville, ont passé au royaume d'Italie. Elle a eu en dédommage- ment le duché de Salzbourg et la principauté de Berchtesgaden, pays qui appartenaient au- paravant à un Prince de la maison d’Autriche. Pour cette cession et la perte d’une partie de Passau et de la principauté d’Eichstaedt, ce 824 Géographie. dernier a recu le duché de Würzburg. D’après le 12. article de la même paix, la grande maitrise de l’ordre Teutonique Mergenthein a été cédee à un Prince de la maison d’Au- triche , à la nomination de l'Empereur. En conformité de l'acte de confédération du Rhin , l'Empereur d'Autriche a renoncé, par une déclaration de la chancellerie de lE- tat, en date du 6 août de l’année derniere, à la souveraineté de l'Allemagne , qui setait soutenue dans sa maison depuis celle d'Habs- bourg Lorraine, et ses Etats ont été entière- ment séparés du reste de l'Allemagne. M. Demian à publié les deux premières parties du quatrième volume de sa Sratistique de la Monarchie autrichienne. M. Krusius le deuxième volume de la seconde partie de son Dictionnaire des Postes. M. Hazz a publié une Sratistique de Maehren. M. le Baron de LiFcHTENSTERN s’est occupé de la publication de douze Cartes in-fol. de la basse Autriche. Le même a fait paraître deux Cartes générales; l’une pour la partie de la basse Autriche, au dessous de l’Ens; l’autre de la Servie et des districts de la Hongrie qui y confinent. M. KINDERMANN a terminé la pu- blication de son 4tlas manuel de la Monar- chie autrichienne. Plusieurs sections ont paru de la Carte de Hongrie, par Larszxy. L’Insti- ut géographique de Weimar s'occupe d’une j Année 1806. 325 Carte de la Monarchie autrichienne dans le format de l'Atlas manuel de M. Gasparr. Tous ces ouvrages sont allemands. 4. ZLa France. La France est devenue plus puissante , moins par de nouvelles acquisitions que par le système d'alliance et de cession concu l’an- née dernière , qui l’a mise à la tête de presque toute la partie du sud de l’Europe. 1. Succession au trône d'Italie reconnue dans la famille de l'Empereur des Français. 2. Etats de Venise réunis au royaume. d’I- talie; érection de douze duchés et grands- fiefs de l'Empire francais fondés sur une par- tie de leurs revenus. 3. Nomination du Prince Joseph à la cou- ronne de Naples, en conservant toutefois pour lui et ses descendans le titre de Grand-Digni- taire de l’Empire francais; création de six duchés et fiefs de l'Empire semblables à ceux qui ont été formés dans les Etats de Venise. 4. Nomination d’un Prince de la famille impériale de France au duché de Clève et de Berg. Succession à la possession de ce duché reconnue dans la famille impériale de France. 9. Cession de la principauté de Guastalla à la Princesse Borghèse, sœur de l'Empereur. 9326 Géographie. Cette principauté retourne à la maison im- périale , au défaut de descendans mâles de la Princesse. G. Cession de la pr incipauté de Neufchâtel faite par la Prusse à l'Empereur des Fr: \NCÇAIS. Celui-ci en dispose en faveur d’un Duc qui promet de le servir en fidèle sujet. Ce duché retourne à la France , au cas d'extinction des descendans mâles du Souverain. 7. Réunion des pays de Massa , Carrera et Garfagnana , séparés du royaume d'Italie, avec la république de Lucques, pour former un duché grand-fief de l'Empire français. 8. Erection des duchés de Parme et de Plaisance en trois duchés et grands-ficfs de l'Empire francais. 9. Erection des duchés de Bénévent et Ponte-Corvo en fiefs immédiats de la France. 10. Convention faite avec la République Batave, en vertu de laquelle un frere de l'Empereur Napoléon est appelé lui et ses héritiers à la couronne de Hollande, sans perdre la dignité de Connétable de l'Empire français. Les membres de la maison royale de Hollande restent soumis à la famille im- périale de France. 11. Convention faite avec les Princes du sud-ouest de l’Allemagne, en vertu de laquelle l'Empereur des Français est nommé Protec- ieur de cette alliance, et jouit du pouvoir ah - Ve cé —- . f _ Année 1806. 327 de nommer les successeurs du Prince Pri- mat. La France est entrée en possession l’année dernière des seules places de Kehl, Cassel et Wesel , sur la rive droite du Rhin. A l'exception de quelques Annuaires des départemens, il a paru peu d'ouvrages de géographie et de statistique; et cette pénurie devient plus remarquable par l'abondance des écrits de ce genre qui ont paru les années précédentes. Le Foyage de Lycoméde en Corse , par M. ArrIGnr, offre une apologie du caractère national des habiians de ectte île. M. Cnevarter a donné quelques Re/a- tions intéressantes de l'ile d'Elbe. Parmi les relations des voyageurs étrangers qui ont écrit sur la France, on doit remarquer le Voyage d'Horsrie , les Lettres de BENZENBERG, l’ou- vrage de Madame DE Hastrer (aujourd’hut Madame Cuëz), sur le genre de vie et les arts & Paris. Ces trois ouvrages sont alle- mands. On a de M. Tuorvrox un ouvrage anglais intitulé: Sporting tour through France. Cet ouvrage est surtout intéressant pour les. amateurs de la chasse; de M. PiINKERTON des Recollections of Paris ; d’Isr. WWorsrEeY 4c- count of the state of France ; et de Jam. Forges Letters from France. Ces deux der- miers élaient prisonniers à Verdun. Ils don- nent des détails intéressans sur leur séjour x FOR 0: PER PNR Géographie. dans cette ville. La nouvelle édition des Cartes de France, par Hérisson, mérite une mention particulière. 5. Le Royaume de Hollande. Par un accord fait à Paris, le 24 mai de l'année 1806 , entre l'Empereur des Fran- ais et la République Batave, il a succédé à cette dernière. En vertu de cet acte, la France garantit aux Hollandais la conservation de leurs droits consütutionuels, leur indépen- dance, le libre exercice religieux. Les pri- viléges relatifs aux impositions sont .abolis et Vintégrité des possessions hollandaises sur les deux Continens réservée. L'Empereur autorise son frère, le Prince Louis, à l'acceptation de la couronne offerte par les représentans du royaume de Hollande. Outre quelques do- maines, le Roi jouit annuellement d’un revenu de deux millions de florins. D’après cet accord, le pouvoir exécutif est confié au Roi, qui jouit aussi du gouverne- ment des Colonies. Le pouvoir législatif est entre les mains des 38 membres qui forment les Hautes Puissances, et celles du Roi. L'assemblée législative a lieu régulièrement deux fois l’an- née, à des époques déterminées , et peut être convoquée extraordinairement par le Roï. Le Conseil d’Etat consiste en treize membres, eë (3 P. >" AE Année 1800. Ÿ | 820 “+ quatre ministres d'Etat (le ministre des affaires étrangères, celui des forces de mer et de terre , celui des finances, et le mimistre de l'intérieur ) y ont) séance et y donnent leurs voix. Du reste, tous les règlemens de la consti- iution de 189, qui n’ont point été abrogés par l’ordre actuel des choses, conservent toute leur autorité. A l'exception du Cap de Bonne-Espérance, pris par les Anglais au commencement de l'année dernière, les Hollandais n’ont éprouvé aucune autre perte dans leurs possessions éloignées. Il n’a point paru de cartes et d'ouvrages géographiques ou topographiques sur la Hol- lande. On peut citer cependant la traduction hollandaise, publiée à Harlem chez Loosies, de l’ouvrage tres-connu qui a pour titre : Mémoire sur la Hollande, sa population, son commerce, etc. La collection des Cos- tumes hollandais, publiée par M. Maasrawp, est terminée. 6. La Susse et le Valais. La principauté de Neufchâtel et Vallengin qui avait été alliée de la Suisse jusqu'aux changemens qui ont eu lieu dans son gou- vernement, a été cédée à l'Empereur des Francais par le Roi de Prusse qui en était. 330 Géographie. souverain. Cette principauté a été cédée par l'Empereur au Grand-Veneur Alexandre Ber- thier , sous le titre de Duché. À l'extinction de la famille du Duc, ses Etats retournent à VEmpereur des Francais. Parmi les nouveaux ouvrages sur la géogra- phie de la Suisse et du Valais, on doit citer la Sratistique élémentaire de M. Duran; l’ou- vrage allemand de M. le Baron de Sazis-Mar- SCHLIN, qui à pour titre: ALpixa; le même Auteur a publié en allemand des Excursions dans les montagnes du Jura. La Société éco- nomique des Grisons continue la publication de sa nouvelle collection en allemand. On peut faire encore mention de Y_4/manach helvétigne , de l'Histoire du Rheinthal , pu- bliée à Saint-Gall chez Huser; des Curiosités du canton de Büäle, par Lurz. Ces ouvrages sont allemands. On a encore une Lettre sur le Valais, par M. Ecrassérraux. 7, L'Italie. Elle est devenue, l’année dermière, le thc- âtre des changemens les plus considérables. a) Le royaume d'Italie a obtenu; par la paix de Presbourg , les Etats de Vemise avec la Dalmatie et les Bouches du Cattaro. 1) Par un décret de l'Empereur , le Vice- Roi d'Italie a été adopté lui et ses descendans Année 1606. 331 mâles comme fils de l'Empereur Napoléon, et appelé au trône d'Italie, sans cependant acquérir aucun droit à cette couronne qui doit toujours appartenir à la famille impériale de France. 2) Le code Napoléon et le système des monnaies de l’Empire francais sont devenus, en vertu du concordat, des lois fondamen- tales du royaume d'Italie. 3) Sur la quinzième partie des revenus des provinces vénitiennes et sur leurs domaine nationaux qui valent une somme de 50 mil- lions de francs, on a créé 12 duchés ou grands- fiefs de l’Empire français; savoir ceux de Dalmatie, d’Istrie, Frioul, Cadore , Belluno, Conegliano, Treviso, Feltre, Bassano, Vicenza, Padoue et Rovigo, dont l'investiture est entre les mains de l'Empereur des Francais. Cette investiture lui revient à l’extinction des des- cendans mâles des Ducs. 4) L’héritier présomptif du royaume dI- talie portera le titre de Prince de Venise. 5) Massa, Carrara et la Garfagnana jus- qu'aux sources du Serchio, ont été séparées du royaume d'Italie et réunies à la République de Lucques. 6) Le duché de Guastalla a été cédé au royaume d'Italie pour une certaine somme qui sera fournie à la maison Borghèse. En- fin , en conséquence d’un traité fait entre 932 Géographie. JEmpereur des Français et le Roi de Ba- vière, | 7) Le Roi d'Italie a le droit de tenir gar- nison dans la partie du sud du Tyrol. La ligne de démarcation n’est pomt encore eon- nue. b) Les duchés de Parme, Plaisance ont eu l'année dernière un sort déterminé, en ce aw'ils ont formé trois nouveaux duchés dont l'investiture appartient à l'Empereur des Fran- eais, et dont les revenus provenant des biens nationaux , feront la récompense de quelque guerrier qui s’est rendu illustre et bien mé- ritant. Le duché de Guastalla avait été accorde à la famille Borghèse, qui l’a résigné comme nous l'avons dit. c) Les principautés de Lucques et Piom- bino ont recu un accroissement par les pro- vinces de Massa, Carrara et Garfagnana jus- qu'aux sources du Serchio, mais aux condi- tions que le code Napoléon et le système monétaire de la France deviendraient des rèslemens fondamentaux de leur constitution, ainsi que le concordat conclu entre te Pape et l'Empereur pour le royaume d’Htalie; que sur le quinzième des revenus de Massa,etc., comme biens nationaux qui forment une somme de 4 millions de francs, et sur la principauté de Lucques, il sera formé un duché et grand- fief de l’Empire français, et Lucques fera une Année 1806. 393 rente annuelle à l'avantage de quelque mili- taire français distingué. Barga, Pontremoli et Pictra-Santa doivent être séparées aussi du royaume d'Italie et réunies à la principauté de Lucques. Si cette réunion n’a pas lieu, d) Le royaume d’Etrurie, e) Et les Etats de l'Eglise n’ont éprouvé aucun changement politique; f) Le royaume des Deux Siciles, par suite de la neutralité qu’il n’a point observée du- rant la dernière guerre entre la France, l’AI- lemagne et la Russie, a été envahi en partie par les Francais; et le royaume de Naples a été donné, par l'Empereur Napoléon, au Prince Joseph son frère et à ses descendans mâles. L'Empereur des Francais se réserve le droit de nommer à celte couronne, à l’ex- tinctüion de la famille du Roi Joseph. Outre cela, six duchés et grands-fiefs de l'Empire francais ont été érigés à l’instar de ceux qui ont été formés dans les Etats de Venise. La rente en est prise sur les revenus du royaume de Naples, et ils sont destinés à récompenser des militaires français. Le Roi de Naples reste toujours Grand-Dignitaire de l'Empire fran- Cais. £ )Quantaux duchés fondés dans le royaume de Naples, il en a été parlé à l’article de la France. 334 Géographie. 2) Le Roi des Deux Siciles s’est retiré dans l'ile de ce nom qu'il a conservée. :) La Sardaigne est restée au pouvoir de son Souverain. £) L'ile de Malte est encore soumise aux Anglais. M. de BorsGeuiN a donné un ouvrage inti- tulé : Æncient and Modern Malta, qui, à la vérité, a paru en 1805 , mais qui n’est pas encore tres-répandu. Les Letters from Italy de Beckrorp sont moins importantes que les Travels through parts of France, Switzer- land, Italy a Germany , de Lemaisrre. Le Voyage en Italie de M. CrEuzé DE LEssEr s'est fait remarquer par son originalité. BEN- KowiTz a publié en allemand un Voyage de Naples dans les contrées environnantes. Les Mesures du duché de Tenise , ordonnées per l'Empereur d'Autriche, et qui furent confiées à M. le Baron de Zac, ont servi à dresser une carte excellente de ce pays. M. le Baron de LrecuTEnsTERN l’a publiée en quatre feuilles. L'Institut géographique de Weimar s’est occupé d’une nouvelle Carte de Fltalie, pour les nouveaux changemens politiques sur- venus dans ce pays. 8. L'Espagne. Elle avait perdu une de ses plus riches pos- Année 1606. 335 sessions , celle de Buenos-Ayres, dans lAme- rique méridionale , qu'elle a reprise sur les Anglais. Fous les journaux ont fait mention de l’ex- pédition philanthropique de D. Bazmis et des succès qu'elle a eus. On trouve , dans le Journal of modern and contemporary travels , un nouveau Voyage en Espagne. 9. Le Portugal. Il a toujours conservé la neutralité. 10, Les Îles Britanniques. Elles ont augmenté leurs possessions par la prise du Cap à Bonne-Esncérance. Parmi les ouvrages descriptifs sur les Iles Britanniques, on doit remarquer les Ænnales du commerce, des manufactures, de la péche, de la navigation dela Grande-Bretagne, publiées par M. Macrnersow; la traduction de l'ouvrage de CAMDEN, intitulé : Britannia, ar M. Gouu; l'ouvrage du D. Lyson inti- tulé: Magna Britannia, qu offrira une to- pographie concise de celte contrée; les nou- veaux l’oyages en Angleterre, publiés en allemand par M. Nemnicu ; la nouvelle édi- gon de l'ouvrage de Gone. M. Suiru s’est 336 Géographie. occupé de la publication d’une Carte du royaume d'Angleterre. Les ouvrages topogra- phiques ont été nombreux. Outre les Canter- bury et le Hereford Guide , et le Guide to the Cathedral Church of Ely, Hay a publié une Histoire de Chichester ; Jones une His- toire du Comté de Brecknock ; Hanwoop une Histoire et une Description des Antiquités de Lichfield; M. Turner une Collection de Pièces pour l'histoire de la ville de Grant- ham. On a publié une Histoire sur un dessin de Liverpool. Dans le Robinsons trip to Margate, ce dernier lieu a été décrit fort au long. M. Srark a publié une 74e d'Edin- burg. I a paru sur Perth des Memorabilia. Plusieurs écrits ont paru sur lIrlande et sur les dernières révoltes qut y ont eu lieu , entre autres les Travels through various parts of Ireland , par M. BeaurorT; $éranger in Ire- land, par M. Carr ; FWüld Irish Girl, par M. OwEnson. 1r. La Monarchie Danoise. Par la suppression de la noblesse immédiate de l'Empire, le duché de Holstein , la seigneu- rie de Pinneberg, le comté de Ranzau et la ville d’Altona, qui étaient sous la dépèndance du Danemarck, ont été réunis à ce royaume par une déclaration royale du g septembre Année 1806. 337 1606. L'administration de ces pays n’a point éprouvé de changemens , à l'exception de la cour de justice supérieure du Holstein qui a passé à la nomination de celle de Glükstadt. M. de Gocowix a publié une bonne Carte du duché de Schleswig. La collection des plans des villes danoises, par Sanper, NyErup ct Lanpe, est terminée. j ! 12, Le Royaume de Suéde. : Il n’y à point eu de changemens dans'ce royaume , à moins qu'on ne veuille compter le changement de constitution, établie en Po- méranie sur le modèle de celle de Suède. MM. Arnor et Eck ont publié des Obser- vations sur la Suède. Celles de ce dernier ont rapport principalement aux établissemens lit- téraires. 13. L'Empire de Russie. Vers la fin de l’année dernière, la Russie s’est mise en possession de la Moldavie et de la Wallachie. Les Russes se sont maintenus dans l’ancienne Albanie vénitienneou les Bouchesdu Cattaro et dans les Iles Ioniennes. La fameuse ambassade, envoyée en Chine, n’a pas eu le succès qu’on espérait (2). (2) Nous avons publié l'extrait du Journal d'une Tome VI. Décembre 1807. 22 338 Géograplie. On sait que les deux vaisseaux envoyés par ordre du Gouvernement russe, sous le com Mandement de l’amiral Xrusenstern, pour faire le tour du monde, ont rempli avec succès leu* mission. Les observations recueillies par M. REINBECk , dans son ’oyage de Saint-Péters- bourg à Moskou et à Grodno et de là en Allemagne ; contiennent plusieurs choses in- téressantes, particulièrement pour ce qui con- cerne le caractère des Russes. Le second vo- lume de la traduction allemande du Voyage de Sanyrsonew, par M. Busse , a paru. M. de ReIMER a continué de même son ouvrage in- ütulé: Saënt-Petersbourg à la fin de son pre- mier siècle. M. de CAMPENHAUSEN son Magasin Livorien. M. de Reuizzy ‘a publié un 7’oyage dans la Crimée, qui contient quelques faits nou- veaux et curieux (3). L’Essai de M. ANTHOINE sur le Commerce de la Mer Noire a été pu- blié dans le 28.° volume de la Bibliothéque des Voyages de MM. SPRENGEL et EHRMANN. Le Mercure russe de M. HeineckE ne paraît plus; mais l’estimable ouvrage périodique de M. Srorcx continue toujours avec le même succes. personne attachée à cette ambassade. Voyez Mag. En cycl. ann. 1807, t. 4, p. 340. (3) Voy. Mag. Encycl. ann. 1806, t. 4, p. 56. Anne 1806. 339 14. L'Empire Turc. Cette vaste monarchie donne, dans le des- sein qu’elle a d'introduire une nouvelle disci- pline militaire , une preuve de sa décadence et de sa faiblesse. Les Serviens ont obtenu une paix qui leur permet de rassembler de nou- velles forces. Les Hospodars de Moldavie et de Wallachie , déposés par la Porte, ont été rétablis par la médiation de la Russie qui a fait marcher des troupes dans ces provinces. Il à paru trés-peu d'ouvrages remarquables sur celte contrée, et on ne peut guères citer que les Fragmens très-intéressans de Bar- THOLDY sur la Grèce, et le splendide oyage pittoresque de Constantinople, par M. Mez- LING. Les Lecteurs de ce Journal savent qu’il s’est formé à Londres une Société littéraire, sous le nom de Palestine Association, qui a pour but spécial de recueillir des connais- sances plus parfaites sur cette contrée. Per- sonne n’ignore le voyage exécuté dans ce pays par M. CHATEAUBRIANT, si avantageusement connu dans la litiérature, Les ZLeftres sur TEgypte, publiées par un Officier anglais sous le titre de : 4 non Military Journal, sont assez curieuses. Elles ont paru traduites en allemand dans le 28.° volume de la Bi- bliothéque de MM. SPRENGEL et EHRMANN. 340 Géographie. C« 15. La République de Raguse. Son voisinage du Caïtaro lui a été funeste sous plusieurs rapports. Les Francais l'ont enfin occupée. 16. La République d'Ionie. Elle est toujours occupée par les Russes. LE ANST FE: * Cette immense partie du monde n’a point “éprouvé de grands changemens politiques. M. BAUMGAERTNER, conjointement avec une Societé de gens de lettres, a entrepris un ou- vrage orné de figures, sous le titre d’/sza- tisches Magazin, Magasin Asiatique; mais il “n’a pas été continue. La Perse occidentale a toujours été sur le pied de guertré avec la Russie, qui n’a pas poussé ses opérations avec beaucoup de vigueur , quoique le commandant en chef russe ait été: ‘massacré Jächement par les Perses. La Perse orientale, le Tibet, la Chine, le ‘Japon, et les Royaumes de Ja presqu’ile au- delà du Gange, ont joui pour la plupart du repos. Ila paru un ouvrage très-intéressant sur la Anrce 1806. 34% On sait que le capitaine américain CroKkER Cochinchine. Le Souverain de ce pays ainsi que celui de la Chine témoignent ,à ce qu’on prétend , beaucoup de bienveillance aux Chré- iens. L'ouvrage dont il s’agit est de M.Barrow, Il à été traduit en francais par M. Marrte- Brun (4). Dans l'Inde occidentale, le Lord LAkE a fait, le 22 novembre 1805, une paix au nom de la Compagnie des Indes occidentales, avec Dowlut-Row-Scimdiah à Mustafahpur. Cette paix n’a été qu’une explication du traité fait avec le Marquis de WVELLESLEY à Serjee-An- jengaum, le 30 décembre 1803, en vertu du- quel la forteresse de Gaulior et le territoire de Gobhud sont laissés àScindiah; etleChumbal sert de limite aux possessions des parties contrac- tantes, depuis la ville de Kottah jusqu’à Gohud, et la Compagnie reste en possession des pays de Dholepoor , Rajah-Kerrah et Barrée. Le 24 décembre suivant, il a été également conclu une paix avec Jeswunt-Row-Holkar à Rai- poor-Ghaut, par laquelle Holkar renonce aux districts dé Tonk , Ramporah, Bonée, Lakhe- rie, Sumeydée, Bhamundgaun , Daée et à ses. autres possessions situées au nord. des mon- tagnes de Bondée, en faveur de la compagnie (4) Voyez l'analyse qui en a été donnée dans le Mag.. ÆEncycl., ann. 1807, t. 3, p. 19. 342 Géographie. qui recoit en outre la forteresse et le territoire de Chandore, Ambar, et Scagham. En échange, elle renonce à toutes ses relations avec les pos- sessions d’Holkar à Mewar, Malwa et Har- rowtée, ainsi qu'avec la partie du sud de Chambul; et si Holkar vit en bonne intelli- gence, elle promet de lui rendre en dix-huit mois ses possessions au sud de Godavery et dans deux ans, Koouch et Bundelcund. D’après des nouvelles plus récentes , Holkar doit s'être mis, par dé nouvelles hostilités, dans le cas d’être privé de tous ces avantages. Les Military Mérmoirs of M. Georges Thomas of de VW. FRANKLIN contiennent des détails très - intéressans et absolüment nou- veaux sur les contrées nord-ouest de l’Inde. Il a paru, dans les nouveaux volumes des ÆAsiatik Researches , des Mémoires extrême- ment intéressans qui répandront beaucoup de jour sur l’Inde. Le Voyage de deux Maho- mnétans dans l'Inde , exécuté dans le neu- vième siècle, et qui a d'abord été traduit par RENAUDOT , a paru dans la Bibliothéque de MM. SPRENGEL et EnRMAnN , ainsi qu’une traduction allemande des Lettere sull’ Indice. IL L’'AFRIQUE. Cette partie du monde n’a point éprouvé de changement qui mérite quelque attention. Année 1806. 343 Les letires ont perdu, vers la fin de 1805, le laborieux CoNTÉ, connu avantageusement comme physicien et chymiste, et à qui le Gouvernement avait confié la rédaction du précieux ouvrage qui doit paraître sur les résultats scientifiques de l'expédition d'Egypte. On a publié une nouvelle édition du 7’oyage de Bruce, dont la véracité a été hautement confirmée par Lord VALENTH , après son re- tour en Angleterre. Le Y’oyage de 'Fruter et SOMERVILLE dans le pays des Buschwana, ‘qui se trouve comme supplément dans l’ou- vrage de Barrow, offre des détails très-cu- ricux sur cette partie connue de l'Afrique méridionale. Daniez à publié à Londres des planches magnifiques sur les pays du sud de l'Afrique. IV. L’'AMÉRIQUE. Les Etats libres du nord de l'Amérique: s’agrandissant toujours sous le rapport de là population et de l’industrie, se sont sentis assez de force pour défendre l'entrée d’une grande partie du produit des manufactures anglaises. Cependant il s’est élevé dans le Kentucky des troubles qui étaient dirigés par le colonel Burr, et qui menaçaient une séparation de cet Etat du reste de ceux du nord de l’Amé- rique, 344 Géographie. MM. Lewis ct CLark ont entrepris une expédition pour la recherche des sources du Missouri. On espère d’en connaître bientôt les résultats. Sur les Indes occidentales, on doit citer les Observations de PixcxarD qui présentent des vues assez originales. On doit aussi faire men- tion de l’Æistoire du Royaume des Nègres à Hayti, par M. Ranxsrorn , et du Z’oyage 4 à la Trinité, par M. Mac Carrum. Sur la parie orientale de la Terra firma , ou l’Intendance générale de Caracas, il a paru an ouvrage très-instrucuf de M. Depoxs. Les Lettres sur le Paraguay de M. Dave con- tiennent des traits assez curieux sur les Mis- sions de l'intérieur de l'Amérique. VV. TER R ES 'uWUS'ERA LES. On ne sait rien de remarquable sur leurs changemens politiques. L’Æistoire chronolo- gique des Découvertes de la mer du Sud, publiée par Jam. BurNey , un des compagnons de Cook, se continue toujours avec succès. Les Savans qui faisaient partie de l’expédi- tion de Amiral Krusenstern ont publié quel- ques Relations sur les Iles Sandwich. On doit espérer qu'ils leur donneront par la suite plus de développement. : ‘Année 1806. 345 découvrit en 1804 une île nouvelle, sous le 180° 37/ de long. O. et le 5° 12/ de lat. N., à laquelle il a donné le nom de Strong. Quant aux ouvrages généraux sur la géo- graphie mathématique, il a paru en Angle- terre une Zrtroduction à la Géographie et à l’Astronomie, par Bruce, et un Traité sur la manière de dresser et de copier toutes sortes de Cartes. On a donné une traduction francaise de l’Introduction à la Levée des Plans militaires, par HAayxe. La géographie historique n’a pas été exploi- tée avec beaucoup d’ardeur. L'Institut géo- graphique de Weimar a entrepris une nou- velle édition de l’_Atlas de l’ancien Monde, par Virrm, éclairci par M. Fuxx. La deu- xième partie des Remarques de M. Lorspacr sur Léon l’Africain a paru; et l'Atlas histo- rique de LESAGE a eu une seconde édition. D MÉLANGES. JOURNAL HISTORIQUE, 04 MÉMOIRES CRITIQUES ET LITTÉRAIRES , sr les Ouvrages drama- tiques, et sur les Evénemens les plus mé- morables , depuis 1748 jusqu'en 1772 in- clusivernent ; par Charles Coiré, auteur de la Partie de Chasse de Henri IV": impri- més sur le Manuscrit de l'Auteur, et précédés d'une Notice sur sa vie et ses écrits. Paris, de l’Zmprimerie Bibliogra-- phique, rue Git-le-Cœur , n.° 7; et chez Delaunay , Palais du Tribunat, deuxième galerie de bois, 1805 et 1807. Trois forts volumes in-8.°; le prix des deux derniers est de 12 fr., et celui du premier de 8 fr. pee la première partie de ces Mémoires Jarut, nous nous étions engagé à eu rendre , 2 Et compte dans ce journal; n'ayant pu alors nous acquitter de notre promesse, nous allons la dé- gager , et nous donnerons en même temps l’ex- trait des deuxième et troisième parties qui vien- nent d’être publiées. CoLré , en recueillant exactement jour par jour ce qu’il avait fait, dit ou entendu dire pendant une longue suite d'années, n’a eu \ Mémoires de Colle. 347 sans doute d'autre motif que celui de pou- voir un jour rappeler à son esprit le souvenir des momens qu’il regardait comme les plus heureux de sa vie. Nous ne dirons donc point si son intention était que ces Mémoires de- vinssent publics, Malgré cela, nous sommes persuadés que personne ne se montrera assez ennemi de son plaisir pour ne point prendre sa part de celui qui lui est offert dans la compagnie des Panard , des Piron, des deux Crébillon, et des Saurin, etc. Il suffit que le Lecteur puisse croire à l’authenticité de ces Memoire; ; nous la lui garantissons, car nous avons vu les volumes tous écrits de la main de Collé , de la même main qui a tracé sur beau- coup de livrés que les amateurs placent eu- core honorablement dans leur bibliothéque, ces deux vers : A Collé ce livre appartint Auparavant qu'il te parvint. Il commence son Journal au mois de Sep- tembre de l’année 1748, par un jugement sur la tragédie de Sémiramis de Voltairé; c'était l'époque des premières représentalions de cette pièce ; il la trouve mauvaise. 4 Mais, ditl, # c’est du mauvais de Voltaire, je n’en ferais 4 pas autant, ni M. l'abbé Le Blanc non plus ss Plus loin il répète encore et toujours au sujet 345 Mélanges. de Sémiramis : 4 Cela est mauvais, du moins « pour moi, comme disait feu l'abbé de Saint- « Pierre, c’est ainsi qu'il faudra entendre mes s décisions dans ce journal. »# Aimsi que Montaigne, il donne son opinion comme sienne, et ne cherche à y attirer personne; il est vrai qu'il serait quelquefois difficile d’y sou- scrire. Cet abbé LE BLANc qui, à coup sûr, n’eût pas fait Sérniramis, a fait en revanche ben Said, empereur des Mogols, tragédie louée par tous les journaux du temps et totalement oubliée aujourd’hui. On sait que la Cour, ou plutôt Madame de Pompadour, mécontente de VorTaIRE, faisait tout ce qu’elle pouvait afin de main- icnir dans les mains de CréBIzLON le scepire tragique dont Voltaire allait s'emparer. Aussi rien ne fut-l négligé pour assurer le succes de Catilina, que Crébillon lui-même ne re- gardait pas comme une tragédie, nais commé un beau tableau de la KR. R. à cette épo- gue. & Madame de Pompadour vint à cette & première représentation, et & continué de 4 donner une protection marquée à celle pièce. 4 En revenant à Versailles, le Roi lui demanda 4 avec empressement: Æ} bien! avons-nous « gagné notre procès? avons-nous réussi? 4 Elle avait engagé lé Roi à donner des ha- 4 bits à tous les acteurs, et c’est une dépense 4. qui n’a pas été médiocre; le Sénat lui seuk Mémoires de Colle. 349 & était de dix-huit personnes, en comptant les deux Consuls; les toges de chaque Sénateur « étaient de toile d'argent, avec des bandes « de pourpre et des vestes de toile Cor, et une autre bande de pourpre formant le « lauclave, le tout festonné et enrichi de 4 diamans faux. On a trouvé ce Sénat là 4 un peu pomponné; mais cela vaut mieux &« que s’il eût été mal vêtu et en vieil ori- 4 peau. »» Lorsque Collé nous fait part de l’impres- sion machinale que la lecture de l'Esprit des Lois a faite sur lui, et qu’il ajoute que « les grands auteurs, les métaphysiciens et « les gens qui ont un peu de philosophie 4 dans la tête, prétendent que c’est un très-mau- 4 vais ouvrage, sans crdre, sans liaison, sans « enchaînement d'idées, sans principes, ete.ss 11 faut croire, au contraire, que ni lui ni ses grands auteurs n'avaient assez de philo- sophie dans la tête pour juger louvrage de MONTESQUIEU. Ses sentimens pour Voltaire et Madame Duchâtelet ne sont pas équivoques. Si quel- quefois il donne des éloges au grand Ecri- vain, ce n’est qu'après les avoir enveloppés de restrictions sous lesquelles 1} a grand soin d’étouffer le peu de bien qu'il dit. La mort de Madame Duchâtelet lui donne occasion de citer des vers que le Marquis de Rocurmore 350 Mélanges. avait faits sur la mort de sa maîtresse; 1]s nous paraissent, comme à l’Auteur des Mémoires, pleins de sentiment ; les voici : Aux autels du tyran des morls D'une tremblante main , je consacre ma lyre; Je ne chantais que pour Thémire, Thémire a vu les sombres bords. Une douleur muette èt sombre, Des larmes qui partent du cœur, N'écouter , ne sentir, ne voir que son malheur, Voilà les seuls tributs que je dois à son ombre. Soyez les garants de ma foi, Lieux redoutés où repose sa cendre! Il n'est plus de plaisir, plus de bonheur pour moi, Que les pleurs, qu’en secret, je viens ici répandre. Rosé, beaucoup moins célèbre par son mé- rite de poète, que par les sujets qu’il a trai- tés, est jugé ici de manière à n’exciler au- cune réclamation de la part de ceux qui con- naissent ses poésies. Nous copierons avec d'autant plus de plaisir ce jugement, qu'il prouvera que lorsque Collé n'est pas équi- table , c’est qu’il ne veut pas l'être. 4 Robé & n’a fait que versifier des contes ou des épi- 4 grammes, dont on lui avait donné le fonds : &« ce qu'on ne peut lui refuser dès à présent, « c’est du talent, et d’être bon versificateur. 4 Il n’a nul goût, comme je l’ai déja dit, 4 ne sait point s’arrêler, et est toujours trop Mémoires de Colle. 51 x long : ses images et ses expressions sont « quelquefois basses, souvent dégoütantes, et « mélées d’une érudition déplacée, beaucoup « de termes de médecine et d'arts, de théolo- « gie, et des passages de l’Ecriture, à propos & de rien quelquefois; il a même, à ce der- & nier égard, une affectation qui n’est pas 4 plus pardonnable que ses rimes.» Il avait commencé un poème sur le sujet de celui que Jérôme FrAcAstTOR a adressé au Car- dinal Bembo. En 1791, il publia des frag- mens d’un autre poème intitulé, /& France libre ; 1 était alors âgé de 77 ans. De tout temps, comme on sait, les grandes villes ont renfermé des gens dont la princi- pale occupation est de débér et même d’in- venter ces contes ridicules qui doivent occu- per de nouveau d’autres désœuvrés; il ne faut souvent qu’un seul de ces contes pour fournir la matière de vingt autres. Tel est cehu-ci:4 On veut qu'il, y ait dans un cou- « vent de Paris, une fille à marier, à laquelle « on donnera 30,000 I. de rente à Paris et 4 40,000 |. en province. Donation sera faite de ses biens à l'époux futur, par le contrat de 4 mariage. On ne demande point que le mari « soit riche, beau, bien fait, ni de condition, 4 pas même d'esprit ; on le veut honnête & homme, et qu’il ait du bon sens; la fille x est bien faite, a de l'esprit et de la raison, 352 Mélanges. & sait beaucoup et a été fort bien élevée; mais « comme il faut qu'il y ait un ais, cette & fille est obligée d’avoir continuellement un « masque d'argent sur le visage, attendu qué 4& sa tête, dn moins sa face, est precisément « celle d’une tête de mort; que de temps en & temps 1] lui prend des râlemens semblables « à ceux de la mort, et que ces acces finissent « par les derniers soupirs d’un mourant; « voyez si vous voulez l’épouser 7? 5 Nous nous rappelons très bien avoir vu annoncer, il y à quelques'années, dans un journal de la capitale, sous la date de Francfort, que ce monstre existait dans cette dernière villes mais il avait un peu changé sur la route, car ce n’était pius d’une tête de mort qu’il était question, mais d’une tte de porc. On se doute bien que Collé, poète, et poëte dramatique , n'aura pas oublié de donner, dans ses souvenirs, une place aux acteurs étaux actrices qui brillaient alors sur la scène fran- caise. Pour nous'qui n'avons pu voir , même à la fin de leur carrière , ceux dont il parle, ct qui ne tenons que de tradition ce que nous savons d'eux, nous nous bornerons à dire que quelques-uns de ses jugemens nous paraissent un peu durs, et que nous croyons queletitre | flatteur d'acteur de Voltaire que l’on avait , donné à Lekain pourrait bien avoir été aussi celui de sa réprobation auprès de notre Mémoires de Colle. 353 Chansonnier. Nous engageons cependant à kre l’article de Baron, de ce comédien à qui ses forfanteries ont valu une place dans le Roman de Gil-Blas , sous le nom de Carlos Alonso ‘de la Ventoleria; et afin de justi- fier LEsaGE, nous allons citer deux traits que nous trouvons parmi plusieurs autres dans un ouvrage (1) de l'abbé D’ALLAIN VAL, assez rare aujourd’hui. Baron disait qu’un comédien était un homme nourri dans le giron des rois : J'ai lu , disaitil encore, £outes les IListoires anciennes et modernes , j'y trowe que la nature prodigue y a vorni dans tous Les temps une foule de héros et de grands hommes dans chaque genre ; elle semble n'avoir élé avare que de grands comédiens , je ne trouve que Roscius et moi. Toutes les fois que ce moderne Roscius par- lait de Racine, il ne s’épargnait pas à en dire du mal, il se vantait même de lui avoir donné de bons conseils, et d’avoir fait plusieurs de ses vers. Mais il trouvait tout le monde si prévenu pour ce grand homme, qu'il se désespérait de ne pouvoir persuader personne. On peut juger de sa poésie par ce vers: Viens et prête à ma voix ton cœur et {on oreille (x) Lettre à Mylord **#* sur Barox et la demoiselle LE CouvrEur, par George Winx ( l'abbé d’Allains val). Paris, 1730, in-12. dome VI. Décembre 1807. 23 3541 Mélanges. qu'il substitua toujours de son autorité privée à cet autre qui est le second de la tragédie d'Iphigénie en Aulide: Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille. Collé dans sa jeunesse Favait connu. C’est en le voyant jouer, dit-il, qu'il avait pris l'idée de la perfection en ce genre; quelques personnes se rappelent encore aujourd’hui lui . avoir entendu réciter les plus beaux morceaux des rôles qu’il avait vu remplir à ce grand Co- médien, de manière à donner effectivement Vidée de la perfection. Des idées saines sur la critique doivent naturellement trouver place dans un journal dont les rédacteurs semblent toujours avoir eu sous les yeux les réflexions de Collé; il est peu de journaux, disons-le franchement, auxquels nous voulussions en demander l’in- sertion , sans craindre de paraître nous-mêmes vouloir faire une critique. & Je pense qu’une « critique éclairée et sévère est utile et neces- 4 saire aux leltres. Je ne voudrais pas en 4 faire le métier; de même que je n’accepte- 4 rais pas la place de lieutenant criminel; 4 mais je serais bien fâché qu'elle ne füt & pas remplie, et par un juge austère et in- 4 tègre. Ainsi, quoique les auteurs ne soient 4 pas de mon avis, je regrette tous les jours < 46 $4 44 4 6 Ce 4 44 4 44 44 44 La 4 4 4< 4 LAS & 44 4 6 2 4 Mémoires de Colle. 35) l'abbé DesronTaines ; il en faudrait un actuellement qui vint redresser les torts du Parnasie. Je souhaiterais qu’il fût plus impartial que ce défunt Satyrique, et qu'il ne fit ou ne dit rien dans ses critiques, par des vues basses et d'intérêt; je desire- rais encore, s'il est possible, que dans ses observations il fit le moins qu'il pour- rait de plaisanenes ou de railieries, et mème qu'il n’en fit point du tout, sil avait assez de force pour prendre cela sur lui, et assez d'esprit pour s’en passer. Des épigrammes et du persifflage ne sont pas des raisons. D'ailleurs, dans l’idée que je me forme de la saine critique, il faut tâchier de ramener à la vérité l’auteur qu'on critique, et ce n’est point en bles- sant son amour propre, mais en portant une lumière douce à son esprit, et en le conduisant à la conviction avec honnêteté et politesse, qu’on peut se flatter d’en ve- nir à bout (si la chose est possible) , et de l’engager à corriger son ouvrage, ou, du moins, à profiter de ses fautes à l’ave- nir. »# M. BarBier, dans son Dictionnaire des Anonymes , supplément, article 8789, parle d’un MARANZAKINIANA, vraie caricature sur les Axa, comme il le dit. Cet ouvrage, ou plu- 856 Mélanges. tôt ce livret de 54 pages d'impression, ef rédigé par l'abbé Grécouar, doit étre fort rare, puisqu'il n’a été tiré qu’au nombre de cinquante exemplaires; mais ce nombre est encore trop grand selon nous, s’il faut juger des bons mots de Maranzac par ceux, rap- portés par Collé. 4 C’est lui qui, au milieu 4 de la plaine de Saint-Denis, menacait son 4 posullon , s'il ne le menait pas plus vite, « de le jeter par les fenêtres. ss Un jour il était mort un cocher à M, le comte de Charollois: un homme de l'écurie vint dire à de Maranzac, qui était écuyer chez le Prince; Monsieur , vous savez bien que Picard est mort hier, et à la Paroisse on demande 6o livres pour l’enterrer. — Diable ! c’est bien cher, interrompit de Maranzac, — Monsieur, répondit l'autre , ëls ont dit qu'ils ne l'enterreraient pas à moins, que c'était à prendre ou à laisser. — C’est bien cher, reprit de Maranzac , cependant, mOIt ami, VOYEZ Si VOUS NC POUVEZ pas AVOir meilleur marché; si non, faites comme pour vous. Nous voudrions bien encore rapporter quelques morceaux de ces Mémoires, entre autres celui sur Madame DupocaGE, qui, sans avoir les titres n1 les qualités nécessaires en. pareil cas, voulait à toute force être pré- Mélanges de Colle. 357 sentée au roi d'Angleterre; et celui sur la mort de la femme de PrroN, mais leur éten- . due ne nous le permet pas. »* Nous ferons connaître, dans un prochain Numero ,les deux derniers volumes de ces Mémoires qui ne méritent pas moins d’être lus que le premier. À Sa NUMISMATIQUE. Zur MuünzkuNDE RussLanps, c’est-à-dire r, Recherches servant à la connoissance des Monnaies et des Médailles de la Russie; publiées par l’Académie impériale des Sciences. Saint-Pétersbourg , 1805; in-8.° de 200 pages. Five de cette intéressanie dissertation, M. KruG, membre de l’Académie des sciences de Pétersbourg , y fait des recherches très- savantes sur les anciennes monnaies et les médailles de la Russie. Ceite matière offre un champ vaste et d'autant plus difficiie à dé- fricher, qu'il w’existe encore que peu de ren- seignemens dont on puisse profiter. Krbgr (1} (1) KEner a traité de quelques médailles russes dans ses Nova litteraria maris Balthiei, Lubecæ, 1701, iu-4.° p. 16-20 ; 1702, p. 112,et dans son ouvrage intiulé: Âunœ in numis vefustis diu quæsitæ , tan- demque feliciter inventæ, s. de numis Runicis com- mentatio, Lips. 1704: in-4.° feuille C, 3, el dans d’autres endroits. É] avait promis, dans le premier de ces deux ouvrages, pour l’année 1700, p. 268, de donner lex- plication d’un grand nombre de médailles et de mon- naies russes , qu'il avait recueillies; mais il n’a pas tenu parole. ScHLOEZER a publié à Goettingue, en 1797, une ÆZistoire des médailles, des monnaies et des mince Russie. 359 et d’autres écrivains ont, dans leurs ouvrages, fait mention de quelques médailles où mon- naics russes, mais aucun auteur n’en a en- core donné une histoire complète et satisfai- sante. M. KruG mérite donc, à juste ütre, toute la reconnaissance du public, et sur- tout de ses compatriotes, pour avoir entre- pris ce travail. Ce n’est cependant encore qu'une esquisse , dans laquelle il se borne à faire part de ses recherches sur les anciennes monnaies de la Russie et de ses vues sur différens points de l’histoire ancienne de cet de l'Empire russe (Munz-Geld-und Bergwercksge- schichte des Russischen Kaiserthums) , depuis 1700 jusqu’en 1789; mais, ainsi que l'annonce le titre, cette histoire ne comprend que des médailles et des monnaies modernes. Il a promis, dans la préface de cet ouvrage, de publier aussi une Æistoire des anciennes médailles et monnaies russes, mais elle n'a pas encore paru. En 1760 et 781 , un auteur russe, Xniaz' SCZER- BATOVO , a Composé dans sa propre langue, un Traité sur les anciennes monnaies et médailles russes, et ce traité a été traduit en allemand par Jean BACMEISTER, dans le nouveau Journal de Saint- Pétersbourg , année 1781, sous ie titre: Essai sur les anciennes monnaies ef médailles russes ( Versuch über die alten russischen Munzen ). Mais, dans ce traité, l’auteur a avancé beaucoup de choses, qui sont absolument insoute- nables , et le traducteur a émis , dans les notes, tant de doutes contre ces propositions, que ce traité n'est plus d'aucune utilité pour celui qui cherche une vé- ritable instruction, 9360 Numismatique. empire , points qui n’ont pas encore été suffisamment éclaircis et sur lesquels il à lui-même des doutes. H se propose de la faire suivre de deux ou de trois autres essais semblables avant de s'occuper d’une histoire métallique complète et proprement dite. Ces esquisses ou dissertations détachées ont pour but d’engager les savans nationaux et étrangers à lui communiquer leurs obser- vations et leurs idées sur les propositions et les explications qu'il avance, et à redresser les erreurs qu'il aurait pu commettre, afin de le mettre en état de donner plus de per- fection au grand travail qu'il projette. Ce doute est l'effet d’une grande modestie de la part de l’auteur, car, à en juger par la dis- sertation, que nous avons sous les yeux, il est très-versé dans la connaissance des mé- daiïlles et des monnaies cle son pays; ses recher- ches sont pleines de sagacité et d'intelligence, et il est bien capable de donner lui-même à l'ouvrage qu'il projette toute la perfection dont il est susceptible. Les recherches que contient cette premiére dissertation, sont destinées à prouver, par le rapprochement d’un grand nombre de faits tirés de plusieurs écrivains dignes de foi, que l’idée défavorable que l’on se fait communément de l’état où était la Russie dans le neuvième et le dixième siécles, n’est poiat Russie. 301 conforme à la vérité. Les Annales de la Russie rapportent, que le grand-duc Sviatoslav (2) ne se servait, dans ses campagnes, ni de cuisiniers, ni de: batteries de cuisine; qu’il ne prenait pour nourriture que de la viande de cheval et de bœuf, où du gibier, qu'il faisait rôtir sur la braise; que sa couche ne consistait qu’en une mauvaise couverture , et qu’une selle lui servait d’oreiller; enfin que ce genre de vie était eclui de toute son ar- mée: et delà on prétend conclure que telle était en général, à cette époque, la manière de vivre des Russes. M. KruG est d’un avis contraire : il pense que Nestor, auteur des Annales, n'aurait pas donné une description aussi détaillée du genre de vie de Sviatoslav, si ce genre de vie avait été commun à tous les habitans de la Russie. Ce prince, abso- ‘Jument livré à la guerre ï négligeait toutes les aisances qu’on se procure dans la paix. M. KruG cherche à faire voir que même long- temps avant le neuvième siécle, l'empire de Russie jouissait d’un bien plus haut degré de civilisation , de splendeur et de prospé- rité, qu’on ne le croit communément. Voyons les principaux faits qu’il cite en faveur de son opinion , et les inductions qu’il en tire. Depuis plusieurs années , les Slaves (2) Il régnait vers le milieu du dixième siécke. 3062 Numismatique. avaient ravagé l'empire grec, et étaient re- tournés chez eux, chargés de butin, em payant aux Gépides, pour passer le Danube, une pièce d'or (aureum staterem urum) par tête (3). Ils étaient restés assez longtemps en pos- session des trésors qu'ils avaient conquis, lors- que les Abares, qui s'étaient déja rendus si ter- ribles à une grande parie de l'Europe, vinrent les attaquer: ils ne purent leur résister et plusieurs d’entre eux furent obligés de se soumettre aux vainqueurs, Opprimés par les Valaques, ils se retirèrent des bords du Da- nube, et quelques-unes de leurs peuplades passerent dans le pays qui forme aujourd’hui la Russie. Ils s’éloignèrent plus ou moins de leurs premières habitations; ceux qui s’en écarièrent le plus, s’établirent près du lac d'Ilme et y bâtirent Novgorod : ce sont les Slaves proprement dits, qui ont joué le plus grand rôle parmi eux. L'auteur pense que ceux-ci étaient peut-être les plus riches, et que c’est parce qu'ils avaient le plus à perdre qu'ils s’éloignèrent tant des contrées qu'habitaient leurs oppresseurs: Les Slaves vécurent quelque temps en paix dans le pays qu’ils venaient d'occuper , mais cette paix ne fut pas de longue durée. (3) Procopit ist, sui temp. |. 4, de bello gothico, C. 29. Russie. 263 Les Chazares vinrent imposer une contribu- tion aux Slaves de Kiev, que Nestor appele des Polonais. Les Annales disent : 4 qu'après avoir réfléchi sur cette demande, 4 ils donnèrent un sabre par cheminée, et que 4 les Chazares le montreérent à leur souverain, 4 en ajoutant: c’est une mauvaise contribution & que ces gens nous donnent; leur sabre a « deux tranchans, les nôtres n’en ont qu’un; 4 ce sont eux qui nous 1imposeront un 4 tribut. :; L'auteur conclut de ces paroles des Chazares et de l’invraisemblance de la contribution que les Polonais doivent leur avoir donnée, que les mots par cheminée sont de trop dans le texte et qu'ils ont été ajoutés par les copistes accoutumés à rencontrer tou- jours cette expression , lorsqu'il s'agissait de contributions; et en effet, une autre copie des mêmes Annales, celle d’Archangel, ne contient point cette addition: il y est dit seulement , que « les Polonais, après y avoir « réfléchi, donnèrent pour toute contribution 4 un sabre, etc. etc. »; Ils voulaient faire sentir par-là, à ce que pense l’auteur , qu'ils étaient décidés à ne payer aucune contribu- tion et qu'ils sauraient bien résister-à ceux qui voudraient les y forcer, ce qui s'accorde très-bien avec les paroles que les Chazares stadressèrent à leur souverain , en lui présentant le sabre, C'est ainsi que l'auteur cherche sou- 364. Numismatique. vent à expliquer , dans les Annales, des passages qui jusqu’à présent ont paru con- tenir des faits invraisemblables ou supposés. Les Slaves, après avoir quitté les bords du Danube, ne cessèrent pas cependant de rester en relation avec la Grèce, où ils avaient tant de fois porté leurs armes; ils y voyagèrent souvent pour chercher des den- rées qui, après les fréquens séjours qu'ils avaient faits autrefois dans ce pays, étaient devenues pour eux un besoin. Nesror dit cela expressément des Slaves de Kiev;et, quoiqu'il ne parle pas, sous ce rapport, de ceux de Novgored , il semble cependant résulter d’un passage, où il est question de l’expulsion des Variages par ces derniers, qu’ils continuèrent aussi leurs relations avec les Grecs. Dans les Æ/nnales Francorum BERTINIANT, recueil fait par DüucnesnE, on trouve um passage, où 1l est parlé d’un voyage à Con- stantinople que firent en 838 les envoyes d’un roi de Suède à travers la Russie. Ils rencon- trérent sur leur passage des peuplades qu'ils représentent comme des gens barbares et cruels, et qui les reçurent si mal, qu’ils se décidèrent à prendre un autre chemin pour leur retour, L'auteur croit que ces peuplades étaient des Slaves , et que les Suédois ont eux - mêmes pü donner lieu au mauvVaIs iailement qu'ils eurent à essuyer de leux ES Bussie. 30b part, voulant peut-être les traiter en sujets ct leur imposer des contributions. Une cir- constance semble pourtant s'opposer à cette conjecture : on peut objecter, dit l'auteur, qu'au rapport des chroniques les Variages ne passèrent la mer qu’en 859, pour lever des contributions chez les Slaves et les au- tres peuples de la Russie; et en effet Nesror nous apprend gwen 8b9 les lariages ren- dirent tributaires les Cziudes , Les Sla- ves, etc., etc. Mais, en supposant même que la date soit juste, l’auteur ne croit pas que Nestor ait voulu dire par là, que cela ait eu lieu pour la première fois en 859, puis- que non-seulement 1l ne s'exprime pas ainsi, mais qu'il ajoute encore que /es Chazares rendirent tributaires les Polonais, etc. etc. ; ce qui était cependant déja arrivé long- temps auparavant. Au surplus, l’auteur ne croit pas mème la date authentique, parce que la copie des Annales de Nestor , dite- d’Archangel, raconte les mêmes faits, sans aucune indication de date; et en outre parce que entre les deux passages qni traitent de la contribution payée aux Chazares par les Polonais, et de celle payée aux Variages par les Cziudes et les Slaves de Novgorod, il s'en trouve un qui y est évidemment dé- placé. 11 s’agit, dans ce passage, du baptême que recurent l’empereur Micner et. les Bul- 366 Nurmismatique. gares. Cet événement remarquable, dit M.Krug, ayant été oublié par l’auteur des Annales, et le copiste voulant l’insérer dans le texte, sans savoir trop bien où, en aura placé sim- plement la narration entre les deux passages eu question; il aura ajouté l’année où ce bap- tême eut lieu, croyant la connaître, et ayant une fois fait un si beau commencement, il n'aura pas voulu continuer, sans assigner aussi une date à la contribution payée aux Variages , et c’est-là ce qui aura donné lieu à la fausse opinion que les Variages n’ont passé la mer qu’en 659. Aussi résulte-t-1il d’un passage d’'EcixmarT, de vita et gestis Caroli Magni,que dès le huitième siécle, les Variages, ou comme on les appele aussi, les Normans, visitèrent les côtes méridionales de la mer Baltique. Bientôt apres le voyage des ambassadeurs suédois, les Variages s'étant déja établis dans la Ru:sie, Oskozp et Dir, meécontens de leur sort, demanderent la permission de se rendre à Constantinople, pour y chercher fortune; ils furent accompagnés par beaucoup d’autres Normans. Cela prouve clairement, qu'alors ces voyages n’avaient encore rien d’extraordi- maire et que les Normans savaient qu'on pouvait faire fortune en Grèce. Dans la suite, lors de l’expédition de Léon le Sage contre la Crète, les historiens parlent de 700 Nor- a Russie. 367 mans ou Russes, comme ils les appelent déja, qui étaient sur la flotte grecque et dont le traitement était trèes-considérable:; ils recevaient ensemble un centénaire, c'est-à-dire, 100 livres d’or. La livre (Zbra) d’or contenait alors , et même depuis VALENTINIEN L , 72 20- mismala, où comme on les appele com- munément, depuis ces temps, so/idi, soli- di aurei, qui étaient des monnaies d’or fin, dont le titre et le poids restèrent les mêmes au moins jusqu'au onzième siécle. Ces monnaies d’or, qui paraissent à l’auteur trés-importantes pour la numismatique russe, étaient connues sous différentes dénomina- tions : on les appelait Rormanati, Constan- tinati, Michalati, Manuelati, eic., suivant les Empereurs, dont elles portaient l'effigie; mais le plus communément elles étaient ap- pelées Byzantii ou Byzantini. Xl en est fait mention dans beaucoup de livres et de do- cumens du moyen âge, et 1l paraît qu’elles ont eu cours dans presque toute l'Europe. Dans divers pays, on frappait des monnaies qui portaient ce nom , ou on en imitait l’em- preinte. fl est donc très - probable qu’en Russie il devait y en avoir encore une plus grande quantité qu'ailleurs » Puisque ce pays avait plus de NES avec la Grèce que les contrées plus éloignées. Les 700 Russes sur Ja flotte grecque rece- 368 Nurmismatigue. vant donc pour salaire un centénaire ou 7208 solidi aurei, 1 en revenait à chacun d’eux 10 solidi, en supposant que leurs chefs aient eu quelque chose de plus que les au- tres. L'auteur pense que ces 10 so/idi étaient un traitement de quatre mois, de sorte que chaque Russe avait 30 solidi par an; il ap- puie ces conjectures sur des motifs tres-vrai- semblables. Encore aujourd’hui, ajoute-t:l , c'est l’usage en Russie de payer par guadri- mestre , el il est très-possible que cet usage vienne des Grecs, puisqu'il est très-ancien , et qu’on en trouve déja des traces dans le onzième siecle. En 881, dit un Historien, OLEG, parent et successeur de Rrurix, alla avec une armée considérable, composée de Variages, Cziudes, Slaves, etc, etc., par eau. de Novgorod à Kiev , en descendant le Dniepr sur un grand nombre de navires, et en faisant dire à Oskozp et à Dir , que c’étaient des mé- gociants qui se rendaient en Grèce, em- portant avec eux beaucoup de pierres pré- cieuses et de bijoux. Cela prouve les rela- tions commerciales que les Russes entrete- tenaient avec les Grecs. CONSTANTIN PorPHy- ROGENETE, de administrando imperio (4), fait aussi mention de ces voyages commerciaux (4) Dans Ans, Baxpurr, Imperium Orientale. FE Russie. 369 des Russes à Constantinople; mais il ne dé- signe pas leurs marchandises, et il parle en general de ballots qu’ils emportaient; il fait cependant mention d'esclaves enchaînés qui, à l'approche des chutes d’eau, quittaient les navires et étaient conduits par terre à la dis- tance de 6000 pas. Dans les traités de paix il est aussi parlé d'esclaves, et en outre de pel- leterie, de cire et de miel, comme de pro- ductions de la Russie, qui étaient importées dans la Grece. A l’occasion du voyage que fit OLrc à Constantinople, les chroniques rapportent, au’étant arrivé près de Constantinople, il fit mettre ses navires à terre; on les posa sur des cylindres ,on déploya les voiles, et, profitant d’un vent favorable, on les rapprocha ainsi de la ville. Ce fait est encore un de ceux qui ont été souvent altaques et révoqués en doute, comme étant invraisemblables , et l’au- teur entre dans beaucoup de détails pour en démontrer la possibilité, soit en parlant de la matière dont les navires des Russes étaient alors construits , de la maniere de les faire et de leur forme , soit en citant d’autres exemples de navires qui ont été aussi traînés par terre. Tout ce qu'il dit, à ce sujet est irès-intéressant , mais nous ne pouvons nous y arrêter, sans risquer de trop nous étendre. On lit, dans les Annales de Nestor, que Tome VI. Décembre 1807. 24. Sy | Numismratique. lorsqu'OrrG revint de Constantinople , il ap- porta à Kiev une grande quantité d’or et de pavoloki. L'auteur observe, que dans les chroniques le mot parvo/oki se trouve très- souvent joint à deux autres mots russes, qui signifient or et argent ; que d’un autre côté les auteurs latins du moyen âge réunissent très-souvent les mots aurum, argentum et pallia , et que les anciens poètes francais ont souvent employé ensemble les mots or , argent et pailles (5) : et il conclut de là que les avoloki w’ont pu être autre chose qu’une espèce d’étoffe précieuse. Il paraît qu’en Grèce elles tenaient souvent lieu d'argent. C'est ainsi que EprpHanius ProrospaTHanius , lors- qu'il fut envoyé en italie , pour secourir le roi Hucues , recut différentes espèces d'étoffes , pour subvenir aux frais de Ja guerre; des prisonniers furent rachetés avec des étoffes de soie; et un article du traité de paix de l’année 945 contient cette disposition, 4 que si un esclave échappe aux Russes, les 4 Grecs leur payeront le prix convenu pour « un esclave, celui de deux pavoloki, # Les pavoloki, dont il s’agit ici, étaient sans doute des pièces d’une longueur et d’an titre dé- terminés , dont la valeur n’était pas sujette (5) Voy. le Glossaire de Du CANGE, au mot pa» liosus. Fussie. 371 à des changemens considérables. La disposi- tion du traité de paix, dont nous venons de parler, fournit même à l’auteur le moyen de fixer assez exactement le rapport de ces pavoloki à l'or. En effet, dans les lois des Grecs modernes et dans la convention que les Russes firent avec les Grecs en 911, le prix légal d’un esclave est fixé à 20 solidi aurei, d’où il résulte clairement qu'une pa- voloka devait valoir ro solidi. Ces pavo- loli qui servaient à l’échange, n'étaient ce- pendant que des étoffes communes; les Grecs en possédaient de bien plus précieuses, dont i} semble qu'ils ne permettaient pas lexporta- tion. On ne sait pas trop, s'ils ont été portés à cette défense par leur amour pour le luxe et par le desir de surpasser sous ce rapport les autres peuples, ou si cela vient de ce que les plus précieuses de ces étoffes n’étaient point fabriquées chez eux et qu'ils les tiraient eux-mêmes de Asie ou de l'Egypte, de sorte qu’ils ne les possédaient pas en abondance. Toujours est-1l certain, que, malgre le grand commerce qui existait entre la Grece et les autres pays, ces étoffes de soie précieuses étaient constamment très-rares hors de la Grèce; et on a une preuve évidente de la défense, dont nous parlons, dans la relation du voyage de Lurrpranp , évêque de Cré- mone, qui avait été deux fois en ambassade: 372 Numismatique. à Constantinople , dans les années 946 et 968, I se plaint amèrement qu'ayant acheté à Constantinople des étoffes précieuses et entre autres quelques pallia pour l'ornement des églises, on s'est opposé à ce qu'il les em- portàt toutes , et -qu'on a retenu les plus précieuses, dont on lui a remboursé la va- leur (6). De plus, dans les traités de l'année 945, il est dit expressément, qu'il est dé- fendu aux Russes d'acheter des paroloki, qui valent plus de bo pièces d’or, sans la permission du commissaire impérial chargé de les timbrer. L'auteur en tre la conse- quence que les Russes ont dit posséder alors bien des richesses, pour avoir pu provoquer uve pareille défense. Il fait ensuite des -re- cherches assez curieuses sur l’étymologie du mot pavoloka. Si les Grecs employaient des étoffes de soie en guise de monnaie, les Russes se ser- vaient pour le même objet de peaux d'animaux. C’est ainsi que les Chazares se firent payer la contribution imposée aux Esclavons du sud, et les Variages celle imposée aux Esclavons du nord, en peaux d’Lermines. Du moins c’est-là l'interprétation que lauteur croit devoir donner au mot Z’zeveritza ou Fi. (6) Legatio LurrrranDt. . . ad Niceph. Phocam dans Murarori, Rerum tal. Scriptores, |. 2. Li a bg Russie. 373 eksza où V’iehszitza , accompagné de l’ad- jéclif Aiela ou bielaja, qui se trouve dans les historiens russes qui en parlent: Le mot gornostaj, qui sert aujourd’hui pour désigner ces animaux, ne se rencontre pas encore à celle époque, et l'auteur pense qu'il serait surprenant que les Chazares et les Variages n'eussent pas préféré de demander pour contribution des peaux d’hermines, plutôt que des peaux d’écureuils qui étaient beau- Coup moins estimées que les premières. La pelleterie était en général une source abon- dante de richesses pour les Russes, et ceux- c1 le savaient très-bien. Elle était surtout es- timée et très-bien payée par les habitans des pays de l'Oceident. On employait des peaux de zibelines, de martes, de castors, de lou- tres , nou-seulement pour les vêtemens ; maïs encore pour les couches et les couvertures. Les Grecs paraissent ne pas avoir attaché un si grand prix aux belles pelleteries que les peuples de l'Occident; plusieurs faits cepen- dant, que l’auteur rapporte, prouvent qu'ils ne les dédaignaient pas etque les Russes leur em fournissaient une grande quantité, En g11, OÔrEG, pour maintenir et conso- Hder les relations amicales qui existaient de- puis beaucoup d'années entre la: Russie ‘et'la Grèce, envoya des ambassadeurs à Cons- tantinople. Dans un article du traité qui. fut 374 Numismatique. alors conclu, il est dit, qu'un prisonnier sera racheté pour le prix de 20 zolota., zlata où zlatnik. En 945, 1Gor renouvela ce traité et 1l contint alors entre autres les dispositions suivantes : que les. Russes n’a- cheteront pas de pavoloki, qui soient plus chères que bo zolotnik; que si un esclave grec s’évade et se retire en Russie, les Russes le délivreront et en recevront 2 zolotnik; que si les Russes rendent aux Grecs un prison- nier de cette nation, ul leur sera payé, pour un, jeune homme où une jeune fille 10, pour un homme d’un âge plus avancé, 8, et pour un vicillard ou un enfant 5 zolobnik;. enfiu que les Grecs rendront aux Russes les prisonniers qu'ils leur auront faits, sans distinction pour le prix de 10 zolotnik. Les auteurs ne sont pas d'accord sur le sens que doiventavoir ici les expressions zo/ota, zlata, zlatnik, zolotnik, dont la dernière désigne en- core aujourd’hui un poids. Après avoir rap- porté leurs différentes opinions, l’auteur fait aussi, part de la sienne. Ayant eu occasion d'examiner un assez grand nombre de ces monnaies grecques en or, appelées solide, dont ila été question, el ayant trouvé le poids de celles qui étaient bien conservées, entre Gg et 71 grains, poids de Nuremberg (7), (7) L'auteur choisit le poids de Nuremberg pour Russie. 375 ii observe que le zolotnik d'aujourd'hui pèse aussi exactement 7o grains. Ïl en conclut, qu'il est très- possible que le mot zo/otnik soit pris de ces monnaies mêmes , et que con- séquemment , dans l’origine , il ait signifie la même chose que zolotoj, c’est-à-dire, au- reus, une pièce d'or. Cela lui paraît d’autant plus probable, que dans les chroniques les mots zolota et zolofnik sont employés comme parfaitement synonymes. D’après cette expli- cation, le zolotnik était donc la même chose que le solidus grec, et l’auteur observe que ce cas n’est pas le seul où le nom du poids d’une monnaie et celui de fa monnaie même. étaient employés l’un pour l’autre, comme synonymes. Il trouve qu'indépendamment , des avantages que son explication présente pour la numismatique russe, elle sert en- core à déterminer avec exactitude le poids. de la livre grecque, sur lequel on n’a pas été jusqu’à présent d'accord, et voici com- ment. La livre russe d'aujourd'hui contient 96 zolotrik ; le zolotmik actuel, comme: celui du neuvième et du dixième siécles, est exactement le poids du solidus aureus des Grecs de ce temps ; 72 solidi faisaient terme de comparaison, parce qu'il est connu tant en Russie que dans les autres pays. Il observe que la livre russe contient 6720 grains de ce poids. 376 Numismatique. leur livre d'or: donc cette livre pesait 72 zolotnik , c’est-à-dire les trois quarts de la Hvre russe d'aujourd'hui. Le solidüus ctait, chez les Grecs la mou- naie qui servait à l’estimalion de toutes les autres. Presque toutes les lois qui nous res- tent concernant le monnoyage , ne parlent que de lui, et les impositions et les peines étaient toutes déterminées en cette espèce de monnaie: luniformité de poids dans ces piéces était done de la plus grande impor- tance. Pour obtenir cette uniformite , Cow- STANTIN /e Grand ordonna de punir de mort celui qui oserait diminuer , en les rognant , le poids de ses pièces d’or (8), et en outre 1l fut fait des étalons, exagia, du poids d’un solidus , dont gultiués ans nous restent encore. Plusieurs lois en font mention: ils étaient ordinairement de cuivre, et portaient Peffigie de lempereur, avec l'inscription : exagium solidi (Q). Les négociants russes, qui faisaient un si grand commerce avec les Grecs, ne tardèrent pas à reconnaître les avantages de ces étalons pour la prompte dé, termination de la valeur des monnaies; ils (8) Cod. Theod. 1. IX, t. 22, 1. 7, (9) Il y avait cependant aussi des exagia qui pesaient plusieurs so/idi, Au Cabinet impérial de Vienne, on en conserve un qui en pèse 6. Russie. 377 cherchèrent donc à en introduire de sem- blables chez eux, et ilsen obtinrent en effet la permission par la grande considération dont ils jouissaient auprès des Princes russes. L’au- teur possède un pareil étalon russe, qui lui a été donné par l’ingénieur général van SUCHTE- LEN; c’est le seul qu’il connaisse, et il croit que c’est le seul qui ait été conserve. Il a été trouvé sous les ruines des catacombes qui se sont écroulées, il y a quelques années , à Kiev; et on ignorait alors ce que c'était. Il est de cuivre; son épaisseur est double de celle de la pièce de cuivre de 5 copak , et sa grandeur est celle d’une grivna d'argent. D’un côté on lit, en caractères russes, le nom G1LiEB, disposé sur deux lignes et en- iouré d’un double cercle , de l’autre on voit, dans un petit cercle, le caractère russe qui désigne le chiffre 7 ; et au- tour de ce cercle sont 7 poinis également entourés d’un double cercle. I1 pèse 369 grains et il est bien conservé. Les caractères qui se lisent des deux côtés, y sont empreints de la même manière que sur Vexagium con- servé au Cabinet impérial de Vienne. La manière dont cet étalon a été trouvé et la forme des caractères, qui s'accorde parfai- tement avec celle que l’auteur a observée dans les plus anciens manuscrits, font qu'il ne doute nullement de son authenticité. Il ne 378 Numismatique. sait à quel prince Guirs 1l doit l’atiribuer; mais il pense qu'il pourrait bien appartenir à Giies JURJEVICZ, qui régna depuis 1170 jus- qu'en 1172. Le caractère qui désigne le chiffre 7, et les sept points qui l'entourent, prouvent que c'était un étalon de 7 pièces de monnoie. C’est un heureux hasard qui a voulu que 1 l’auteur découvrit celle-ci. Une no- tice insérée par M. VoEzxner dans l’/rdicateur général de Littérature (Allgemeiner littera- rischer Anzeiger) de l'année 1797, fait men- lion d’une ancienne monnaie d’argent du grand duc Jaroscav, pesant b3 grains, qui a été pendant longtemps suspendue au cou de l’image d’un Saint à Kiev, et qui appartient maintenant au comte Mussin-Puscurix. On & voulu contester l'existence de cette monnaie, mais l’auteur l’a vuelui-même chez ceScigneur, ainsi cette existence est hors de doute, et l’au- teur ne doute non plus de son authenticité. Son poids étant tel que sept de ces monnaies péseraient 371 grains, tandis que l’étalon de l’auteur en pèse 369 , il croit pouvoir en conclure , que cette monmaie était préci- sement celle , dont sept étaient représentées par son étalon. Il ne se dissimule pas, que ce qu'il vient d'avancer, est en contradic- tion avec l'opinion généralement recue, que les premières monnaies de Russie n’ont été frappées que du temps où ce pays élai Russie, 979 sous la domination des Mongols. Il”invite en conséquence les savans à l’éclairer de leurs lumières, afin qu'il puisse s'assurer , st son opinion est soutenable ou non, d'autant qu’elle n’est fondée que sur lexistence d’un seul étalon et d’une seule pièce de monnaie. Après avoir fait connaître, dans ce qui précède , les monnaies d’or grecques , qui présentaient quelqu’intérêt pour son objet, l’auteur s'occupe aussi d’une monnaie d’ar- gent des Grecs, qui n’est pas moins im- portante. C’est la monnaie connue sous le nom de yniliaresium. Sa valeur était, depuis VALENTINIEN 1, la douzième partie de celle d’un so/idus aureus ; et comme d’après une loi des empereurs Arcanius et Hono- RIUS (10), on devait payer, pour une livre d'argent, 5 solidi, et que conséquemittent 5 zolotnik d'or équivalaient à une livre ou à 72 zolotnik d'argent, il s'ensuit que le miliaresium pesait la soixantième partie de 72 zolotnik, c’est-à-dire un demi-solidus ou 84 grains, en supposant toutefois que le poids de la livre d'argent était le même que celui de la livre d’or. Les écrivains ont donné diffe- rentes étymologies du mot aueman; l'auteur croit, avec MonTraucon ( Palæogr. græc. (e) p. 360), que ce nom vient de ce que cette (10) Cod, Justin. lib. X, tit. 76. 380 Nurnismatique. monnaie valait autrefois la millième partie de la livre d’or. Plusieurs auteurs étrangers en ont fait mention, et dans les contrées de l'Occident on frappa même des monnaies sous celte dénomination; ce qui prouve que ces mniliaresiæ étaient fort répandus hors de Ja Grèce, quoique moims cependant que les byzantins d'or, dont il a été question plus haut. Mais aucun auteur ne les à tant ciles que CONSTANTIN dans son livre 4e Cerimonüs aulæe Byzantinæ , où 1 évalue presque toutes les sommes en so/idi et en mniliaresia. Indépendamment de ces miliaresia , il existait encore en Grèce une autre espèce de monnaie d'argent, plus petite, qui por- tit le même nom, et qui paraît m'avoir pas eude cours, et n’avoir été destinée qu'à des présens. Car CoxsranTIN dit expressément qu'il y avait des »iliaresia doubles, que l'empereur distribuait lui-même au nombre de 165, 140, 120 pièces; et c'est à cela, sans doute, que se rapporte la loi du Coûe Théodosien (11), qui porte qu'aucun offi- cier, s’il n’est consul, ne doit distribuer en présens des pièces d'argent plus grandes que celles de Go à la livre, mais qu'il peut bien, s'il veut, en donner de plus petites. Le nou (tr) Lib. XV, tit 951 ET —— - Russie. O8 de miliaresia, donné aussi à ces monnaies plus petites, fait que cette matière est encore très-obscure, et l’auteur n’est pas lui-même satisfait du résultat des recherches qu'il a faites à ce sujet. L'usage de faire ainsi des présens, surtout en monnaies étrangères , élait aussi en vogue en Russie. L'auteur rapporte, entre autres exemples, qu’en 1478 les habitans de Nov- gorod firent au Grand - Duc un présent de 200, et bientôt après un autre de 100 kora- blenniki ; et qu’en 1591 Féonor Ivanovicz gratifia les chefs Msriscavskos et Gopunow de portugaloises , et les autres chefs de kora- blenniki. A croit que les Aorablenniki étaient des rzobles, c’est-à-dire, de ces monnaies d’or qui furent frappées pour la première fois em Angleterre sous Enouarp LIL, vers le milieu du XIV. siécle; Henri VI en fit aussi frapper de semblables en France en 1426. On y voyait le roi armé de toutes pièces, monté sur un vaisseau, et le revers représentait une rose avec la légende : Jesus autem transiens per medium illorun ibat. Dans la suite le type a été un peu changé, et l'on n’y voyait plus la rose. Cette rose leur a aussi fait donner le nom de #obles à la rose ( nobiles rosati). Elles furent en vogue jus- qu'aux temps.de la reine ErisaBetH , qui fit frapper les dernières. On en rencontrait - .: 362 : Numismatique. fréquemment en Danemarck, en Prusse, en Livonie. Quant aux portugaloises , Vauteur' ne sait pas, si c'étaient réellement des mon- naies d’or des rois de Portugal, ou si c’é- taient les monnaies que fit frapper, sous ce nom , le gouverneur ( Herr-Meister } VV ALTER DE PLETTENBERG, et dont parle Balthasar Rüssouwen dans sa CAronique de la Province de Livonie ( Chronick der Provintz Lyff- land). Ces dernières n'étaient pas rares en Russie , et elles valaient 10 ducats. Elles portaient l'effigie de la Sainte Vierge, et sur le revers celle du gouverneur. L'auteur revient actuellement aux Normans. Pour faire juger de ce qu'ils ont pu exiger des empereurs grecs dans le dixième siécle, il donne un apercu succinct de quelques sommes qu'ils avaient extorquées, depuis environ un siécle, dans d’autres pays et principalement en France. Il en résulte que les sommes qu’ils se sont fait payer à diffé- rentes époques, sont immenses, et l’auteur en conclut que les Normans n'auront pas été plus modérés dans leurs prétentions à l'égard des empereurs grecs. Il examine ensuite, quel a dù être l’état de l'empire grec au dixième siécle, après avoir tant souffert des invasions fréquentes des Bar- bares, et après avoir perdu des sommes énormes qui élaient sorties du pays sous le Russie. 383 nom de subsides. Les faits qu'il cite, prouvent que, malgré ces exactions et ses pertes, la Grèce possédait encore bien des richesses, et peut-être plus que tout le reste de l'Europe. Voici quelques-unes des preuves de M. Krug. Lors de l'expédition contre la Crête, sous Léon le Sage, en go2, la solde seule des troupes se monta, d’après le rapport de Cox- STANTIN ; à 270,000 solidi aurer. Sous. le même empereur, il fallait, pour être recu parmi les Chazares ou les Variages de la garde, payer 7 livres d’or ou 504 solidi, et on en recevait alors 12 d’appointemens. CONSTANTIN ne dit pas, si ces appointemens étaient d’un an, de quatre mois ou d’un mois. M. SrriTTER, dans un ouvrage imprimé en russe, ne croit pas que ce puisse être une solde annuelle, parce qu'il aurait fallu 42 ans de service pour recouvrer le capital placé en y entrant; - il est donc porté à regarder ces 12 soripr comme des appointemens de quatre mois, ou même d’un mois. L'auteur, sans examiner celte question, ne croit pas cependant, que ces appointemens dussent servir à rembour- ser au Chazare la somme qu'il avait payée; il croit plutôt que cette somme était un simple dépôt, qui était remboursé en entier à la fin du service, indépendamment des appointemens; et il pense qu’en exigeant ce dépôt, on voulait s'assurer de la fidélité des 3604 Numismatique. gardes qui, étant la plupart des étrangers, auraient facilement pu déserter et passer au- prés des ennemis, d'autant qu'ils avaient quelquefois à combattre leurs propres com- patriotes, lorsque ceux -ei1 attaquaient l’em- pire grec. Il avoue néanmoins, que cette opinion qu'il avance, n’est qu'une conjecture qui lui paraît très-probable, sans qu'il puisse la changer en certitude. Les empereurs grecs, dit ConsTaAnNTIN, quand ils entraient en campagne, emportaient des centenaria et des 7riliaresia en sac, pour fournir aux frais de la guerre et pour faire des cadeaux. Reise ( Comment. in Constant. ) parait croire que ces centenaria élaient des pièces de monnaie de la valeur de 7200 solidi aurei : 11 abandonne cependant bientôt son opinion, et pense qu'il se peut aussi que c’ait été des bourses contenant ce nombre de solidi, d'autant que l’usage de compter par bourses existe encore aujourd'hui chez les Turcs. L'auteur est de ce dernier avis, parce qu'il lui semble que les so/idi devaient étre bien plus commodes pour les payemens à faire, que des pièces ou des masses d’or du poids de 100 livres. CONSTANTIN rapporte encore, que trois fois dans l’année les empe- reurs grecs faisaient des offrandes dans l’e- glise de Sainte-Sophie,et que ces offrandes con- sistaient en 100 livres d’or à Paques, et en ns Russie. 385 ïo livres à la Pentecôte et à Noël. Enfin, lors de l’expédition contre la Crête, sous GConSTANTIN, en 949, il y avait dans la flotte grecque 9 vaisseaux russes portant 629 hommes. Les frais de l'équipement de cette flotte étaient très-considérables, mais l’auteur n’a- joute pas de foi à ce que dit CONSTANTIN des voiles des 9 vaisseaux russes, dont cha- cune était de 30 aunes, et qui devaient avoir coûté 1154 numismata; 1] est porté à croire qu’il y a là-dessous une erreur provenant de quelque copiste qui, à la place de miliaresia, aura substitué zumismata, d'autant que, suivant le même auteur, le prix de la pièce de toile pour ces voiles a été de 6 7niliaresia. De ce qui a été dit plus haut, il résulte que les anciens Russes se servaient de l'or dans leur commerce avec la Grèce. L'auteur s'attache maintenant À faire voir, qu'ils ne manquaient pas non plus d'argent, et qu’en général ces deux métaux existaient chez eux en abondance dans le neuvième et le dixième siécles. C’est parce que les Grecs estimaient Vargent beaucoup moins que l'or, qu'il n’est parlé que de ce dernier métal, lorsqu'il s'agit du commerce des Russes avec les Grecs. L'auteur trouve aussi très-vraisem- blable, que ces deux métaux, même après avoir été convertis en monnaies, n’ont éte employés dans l'interieur de la Russie que Tome VI. Décembre 1607. 29 386 Numismatique. comme des marchandises qu’on échangeait au poids. De là, à ce qu'il croit, les ex- pressions Zzolotmik et grivna , qui dési- gnent des poids. Cet usage d’ailleurs était alors commun à beaucoup de peuples, et il est très- possible que même du temps des premiers grands-ducs quelques races slaves de lintérieur du pays ne fissent encore d’autre commerce entre eux que des échan- ges. Dans ce cas, on pourrait appliquer aux Russes ce que dit SrraBon, dans le troisième livre de sa Géographie, des habitans de l'Espagne de son temps. Ceux qui demeu- raient dans l’intérieur du pays, échangeaient des marchandises contre d’autres, ou les payaient en morceaux de lames d’argent. Ces morceaux, si réellement ils étaient en usage chez les Russes, pouvaient bien être dans le commencement, ce que ces peuples appelaient riezan , mot qui dérive d’un verbe russe qui signifie découper. Dans la suite , lorsqu'ils commencérent à frapper des monnaies, ce nom fut donné à une de leurs pièces. Il ne se rencontre pourtant pas sitôt dans les Annales qu’un autre nom de monnaie, celui sz/iag. À l’année 885, il est dit dans les Annales, que les Radimicz étaient obligés de donner à OLEG un szliag pour contribution, mais il n’est pas dit de quoi; et à l’année 962, cette monnaie est de Russie. 387 appelée szeliag , et elle est citéé comme la contribution d’une charrue, peut-être de la portion de terre, pour la culture de laquelle une charrue suffisait dans l’année. Un auteur russe, qui l'appelle sze/eg , dit qu’elle était le tiers d’une po/uszka ou d’un gros polonais. Bacmeister , dans l’Æistoire ancienne de la Russie (alte Russische Geschichte ), aduite de Lomonossow, rend le mot szlag en alle- mand par schilling (schelling }, qui lui pa- raît, ainsi qu’à l’auteur, avoir la même origine et la même signification , d’autant que ce mot allemand est déja très-ancien. Voici l’origine que l’auteur attribue à ces mots. Ceux des Saxons, qui demeuraient plus vers l'Orient que les autres, sont appelés Osterlingi, Ester- lingi, par les auteurs du temps de CHARLE- MAGNE; et on sait qu'ils dominaient en An- gleterre. Les Normans qui trouvèrent dans ce pays les monnaies des rois de ce peuple, apprirent à les connaître sous le nom de monnaies des easterlings ou de sterlings. Or il est très-possible, à ce que croit l’auteur, que les Russes, en rencontrant chez ces races slaves des monnaies d’argent grecques , qui circulaient chez eux et qui ressem- blaient à peu près, par leur forme et leur grandeur , à ces sterlings que plusieurs d’en- tre eux avaient appris à connaître dans leurs excursions en Angleterre, leur aient 388 Nurnismatigue. donne le mêmé nom. Ce qui ajoute quelque poids à cette opinion , c’est que dans uné copie des Annales de Nesror, celle dite d’Ar- changel , on lit en effet le mot séerliag, où d’autres employent lexpression szeliag , de sorte que ces deux mots paraissent avoir été synonymes. L'auteur ne donne d’ailleurs ceci que comme une conjecture à laquelle il est prêt à renoncer, comme à tant d’autres qu'il a avancées, si on lui fait voir qu’elle est insoutenable. Telles sont les savantes recherches conte- nues dans ce premier traité. L'intérêt qu’elles nous ont paru présenter, mous à engagés à+ en faire un extrait assez étendu , en faveur de ceux de nos lecteurs, qui n’ont pas assez de connaissances dans la langue alle- mande, pour lire l’ouvrage lui-même. On doit desirer que M. KruG accomplisse la grande entreprise qu'il projette, et nous es- pérons pouvoir bientôt l’annoncer. G. J. OBErRLN. re neo oo mm VARIÉTÉS, NOUVELLES ET À CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ANGLETERRE. Le docteur Howison a découvert un nouveau procédé pour le tannage des cuirs. Il se sert de l'écorce du manglier qu’il fait infuser d’abord dans de l’eau qu'on laisse évaporer au soleil jusqu’à ce que l'infusion ait pris de la consistance; après quoi on la fait bouillir. — M.T. A. Kwnrcur a obtenu de la Société royale de Londres la médaille d’or de Copley, pour ses nombreuses découvertes dans la physiologie des plantes. Sir Joseph Banks , en lui remettant cette médaille, a prononcé un discours éloquent sur les mérites et le zèle de ce savant naturaliste. — M. HornsrowxErs a inventé une nouvelle pompe à incendie dont l'usage est extrêmement commode. Tout son appareil n’occupe qu’un espace de qualorze pouces en carré et une hauteur de deux pieds, de sorte qu’on peut le transporter facilement d'une chambre à l’autre. — Le major-vénéral GRANT, vicomte de Vaux, an- _nonce qu'il a découvert une nouvelle solution complète z 390 Nouvelles littéraires. du probléme des longitudes, fondée sur les lois de la gravitation, sur les mathématiques et l’astronomie. I] a inventé, pour y parvenir, un nouvel instrument qui mesurera exactement et sans interruption la vitesse du vaisseau. D’autres instrumens , en rapport avec le pre- mier, tiendront un compte exact des changemens du vaisseau en latitude et en longitude. — Un membre de l'Université d'Oxfort va publier, en trois volumes, sous le titre d'Oxoniana , un recueil d’anecdotes et de faits intéressans relatifs à cette Uni- versité, à ses colléges, à ses bibliothéques et à ses autres élablissemens ; il y joindra des notices sur les manu- scrits inédits qu’elle possède et des extraits de quelques- uns. D’autres notices sur les professeurs qui l'ont illustrée complèteront cet ouvrage qui formera, en quelque sorte, une histoire complète de cette ancienne Univer- sité. ! — On annonce un ouvrage très-intéressant du doc+ teur Charles FornrrGizz. Ce savant naturaliste ayant fait un voyage aux Orcades, dans l’intention d’éclaircir quelque point douteux de la zoologie britannique , s'est arrêté assez longtemps dans ces îles pour y étudier non- seulement l’histoire naturelle, mais encore les antiqui- tés, l’agriculture, les pêcheries, les mœurs, etc. Il va publier incessamment la relation de son voyage et ses observations. L'ouvrage sera orné de cartes et de gra- vures, et formera la description la plus complète de ces îles intéressantes et peu connues. — M.Srower a mis sous presse une nouvelle édi- tion de la Grammaire de l’imprimeur qui contient les améliorations qu'on a faites depuis un demi-siécle dans la théorie et la pratique de eet art. —— _ —— — Nouvelles littéraires. 391 —MM.Girrrorpet York publieront une histoire de l'administration de feu M. W. Prrr. en 4 vol. in-8.°. — M. W. VINCENT a préparé pour la presse un ouvrage sur le commerce et la navigation des anciens dans l'Océan indien, en 2 vol. in-4.°. — M. CLarke va publier des Voyages en Russie, par les districts des Cosaques du Don, le Kuban, la Crimée, etc. 3 vol. in-4.°. — M. W. Coxe s'occupe d'une Aistoire de la mai- son d’ Autriche, depuis la fondation de cette monarchie jusqu’à la mort de l’empereur Léopold IT, 2 vol. in-4.. — M. Joseph BANxs a lu à la Société d’agricultureun mémoire sur. la culture du froment d'été ( spring- wheat, érilicum æstivum ) dans le Lincolnshire. — M. Benner de Pythouse va publier, sous peu, un certain nombre de lettres originales du roi Charles I et de ses amis, dont les originaux ont été eonservés jusqu'ici dans la famille de M. BENNET. — M. J. Joyce, auteur des Entretiens scientifiques, publiera encore, dans le cours de cette année , les Prin- cipes de la Chymie ,en forme de dialogues. — M. Rogers RupixG se propose de publier, en 2 volume in-4.° , une Histoire monétaire de la Grande- Bretagne, depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'an 1807. —M. RussEL, connu par ses travaux sur le globe lu- naire, a laissé à sa mort deux planisphères représen- tant la face de cette planète, et construits d’après un grand nombre d’observations télescopiques, faites avec une grande précision. Un de ces dessins montre le disque de la lune dans 392 Nouvelles littéraires. l'état” d'opposition directe au soleil. L'autre, fait exac- tement dans les mêmes proportions, représente les sail- lies et les dépressions de la surface lunaire, déterminé:s de la manière la plus exacte, et projetant latéralement leurs ombres, lorsque le soleil n’est élevé que d’un petitnombre de degrés au dessus de l’horison de chaque montagne ou colline. M. Russel avait gravé le premier de ces planisphères de la manière la plus correcte et la plus élégante, mais la mort l’a empêché de le terminer. Ce planisphère va être terminé par son fils, M. W. RusseL, qui se propose de publier par souscription cette sélénographie , promise depuis si longtemps aux amateurs de Fastronomie. La gravure du premier pla- misphère est déja terminée: et l'ensemble sera, sans contredit, l'ouvrage de ce genre le plus complet qui ait jamais paru. Le prix de la souscription du premier planisphère est de cinq guinées, dont la moitié payable en sou- scrivant , et l’autre en recevant l’exemplaire. Lé second planisphère sera accompagné de la des- cription détaillée de toutes les apparences que présente la surface de la lune. — Sion en croit les journaux , l'Amirauté doit avoir recu des dépêches de la côte d'Afrique, d’après les- quelles on peut concevoir quelque espérance de revoir M. Mungo-Park. Ce voyageur, dit-on, n’a point péri, et si l'on n’a pas reçu de ses nouvelles, c’est qu’il s’est enfoncé dans des contrées trop lointaines, où xl est privé de tout moyen de communication. Nowelles littéraires. 393 AUTRICHE. M. le chevalier HwGELmMuLLen a différé lé voyage qu’il doit faire dans l'Orient, par ordre de l'Archiduc Charles, avec une Sociéte de savans et d’artistes. IL ne partira qu’au printemps prochain, et recevra en- core, jusqu’à la fin de février 1808, les œuestions qui lui seront adressées sur les pays qu'il doit par- courir. Il en a déja reçu cinq cents dont les plus iraportantes lui ont été envoyées par le Prince-Primat de la confédération du Rhin, par le Prince de la paix, premier ministre d'Espagne, par le conseiller d° État M. Moscati de Milan. Parmi les Sociétés savantes qui lui ont aussi adressé des questions, on distingue les Académies de Péters- bourg, de Copenhague et de Turin, et plusieurs Uni- versités de Russie, d'Allemagne , de Hollande et d'Italie. — M. Rauz, habile graveur de VIENN&, vient d'achever une planche très-intéressante, d’après une esqüisse de M. CarsTENs, artiste allemand, mort à Rome dans la force de l’âge. M. Carstens s’étoit pro- posé Michel-Ange pour modèle, ce qui l’avoit con- duit assez naturellement à prendre dans les poèmes du Danre les sujeis qu’il vouloit traiter. Celui dont nous parlons est l’Ærrivée du poète en enfer, telle qu'il la raconte dans le chant cinquième du poème qui porte ce nom. La composition ne Carstens en a tirée, offre plus de cent figures ; il n’en avait achevé que le trait, et c’est ainsi que M. Rahl les a reproduites dans son estampe, qui est de la même grandeur que l’ori- ginal ; elle a trente-six pouces sur vingt-huit, et sa vend trois fiorins, à Vienne. 394 Nouwvelles littéraires. — On assure que la statue de Joseph IT, qui s'éxé- cute à Vienne, sera exposée encore cette année aux yeux du public. — Antoine Dorz publie à Vienne, par livraisons, une Science générale du Globe, pour les gens instruits. Elle paraitra en 12 vol., avec 50 planches et 6 cartes. BAVIERE. Il a paru nouvellement à Munica des tableaux de la vie claustrale (Gemaehlde ans dem Nonnenleben)}, tirés des Archives des couvens de filles, supprimés en Bavière. L'auteur est M. Linpowsxy. — On a représenté sur le théâtre de cette ville, l'opéra de Sargines, qui a été accueilli avec les plus vifs applaudissemens. On a donné depuis quelque temps une pièce qui a pour titre Téniers. Les décorations. sont copiées des plus beanx paysages de ce peintre célèbre. — L'habile paysagiste KoBELL vient d'exécuter deux nouveaux tableaux. On admire surtout celui qui représente un clair de lune. Le même artiste a terminé depuis peu, pour M. le marécha! Berthier, huit batailles, qui lui ont mérité les plus grands éloges. Elles représentent les scènes les plus intéressantes de la campagne de 1805. — M. WiNnTER a mis en musique un opéra tiré des poèmes d'Ossian, qui a pour titre Co/mal. Les pa- roles sont de M. Collin ; le compositeur s’est attaché par- ticulièrement à conserver dans sa musique le caractère du pcème, par la simplicité et la majesté imposante de la mélodie, Il a traité son sujet d’une manière ori- Nowelles littéraires. 595 ginale, sans nuire à la beauté de l'effet, et sans tomber dans l'excès assez ordinaire à ceux qui se frayent des routes nouvelles. M. Winrer a composé pour la chapelle du roi de Bavière, un Requiem qui a été exécuté à la Toussaint, à la satisfaction unanime des assistans. Ce célèbre com- positeur s’est écarté des traces qu'ont suivi la plupart des grands maîtres, et il a développé un fonds d’idées neuves, et absolument originales ; il s’attache particu- lièrement à la déclamation et à l'esprit du texte. Un de ses derniers opéras a pour titre Ca/ypso. — L'ouvrage périodique intitulé der Sammler von Tirol , continue à paraître avec beaucoup d’exactitude ; on y tient ce que promet le titre, en publiant, sur le Tyrol, des dissertations historiques, qui sont le fruit des recherches les plus judicieuses et les plus savantes. — On vient de mettre en vente le 5.° volume de l'Architecture hydraulique, de M. WIicHEKING; parmi les plans que renferme cet ouvrage important, on re- marque celui de la jonction du Danube et du Mein; moyennant un canal, qui serait également avantageux à la France et à l'Allemagne. SAXE. Le 25 avril la Société Jablonowski des Sciences de Lerrsi6, s'est rassemblée pour porter son jugement sur les écrits qui ont concouru pour les prix proposés l'année dernière. M. WEwcx a ouvert sa séance par un Discours sur les mérites du fondateur de la société, le prince Joseph- Alexandre Jablonowski. Le secrétaire, M. le professeur Küxw, a engagé une seconde fois les membres de la Société à prononcer leur jugement sur 396 Nouvelles littéraires. les écrits qui avaient été fournis à leur examen. Parmi les mémoires relatifs à la question historique, où la Société demandait une Explication des anciens rapports ‘ qui existaient entre la T'huringe et la Franconie, un seul a paru digne de quelqu'’attention ; mais l’auteur ayant négligé, dans une partie essentielle de la question, sa- voir l'origine des rapports dont il s’agit, de donner tous les éclaircissemens dont elle est susceptible, ayant d'ailleurs fait un usage trop superficiel des écrits qui pouvaient jeter quelque jour sur cette matière, son mémoire n'a pas obtenu le prix. Cependant la Société a jugé à propos d'exposer la même question à un nou- veau concours pour l’année 1808, et elle permet à l’au- teur du mémoire ci-dessus mentionné de concourir une seconde fois, en donnant plus de perfection à son trae vail- Sur la seconde question où la société demandait aux concurrens une Théorie du bélier hydraulique, fondée sur des expériences, il a été adressé, entre autres mé- moires, un du professeur F. G. Busse , qui a obtenu la médaille. La Société n’a reçu aucun mémoire sur la troisième question : c'était de faire voir si la Théorie de VOoLTA explique tous les phénomènes du galvanisme, attendu qu'il ne fait point entrer en ligne de compte Foxydation des conducteurs. La question est prorogée au concours jusqu’à la fin de février 1808, où les mé- moires doivent avoir été envoyés au secrétaire M. Hin- denburs. VVESTPHALIE. MM. Fuarmanx et BrcxHAus, ministres protestans, se sont réunis pour publier une Æestphalie littéraire, TI ——— Nouvelles littéraires. 397 — M. Jean-Etienne Pürrer, le doyen des profes- seurs du Droit public de l'Allemagne, à Goeltingue, est mort dans eette ville, le 12 août dernier, à l’âge de 63 ans. — Le célèbre historien Jean MULLER a été nommé secrétaire-d’état de S. M. le roi de Westphalie, et dé- coré du grand cordon de l’ordre de mérite de Hollande. — On s'attendait que dans la nouvelle organisation qui devait s’opérer en Westphalie, le pays de Brun- swick serait privé de l'Université d'Helmstaedt. Or présumait avec raison que le gouvernement trouverait hors de proportion qu'il y ait cinq Universités protes- tantes pour une population de trois millions d’habitans, D'après les arrangemens pris par le conseil d’organisa- tion de Cassel, l'Université d’Helimstaedt subsistera, et les leçons seront suivies sans interruption, On a cons- truit depuis peu dans cette ville un nouveau théâtre d'Anatomie, et, depuis un an, l’Institut œconomique, qui est sous la direction de M. GERICKE , a été réuni à l'Université. | M. de Doux, célèbre publiciste, vient d’être nommé ministre des Culies et de l'Tustruction publique. PRUSSE. M. Christ. de MECHEL a publié récemment à Berlin deux tableaux fort curieux. L'un présente les hauteurs des points les plus élevés de la Terre; il a été dressé d’après les observations de MM. de Humboldt, de Saussure, Ramond, de Buch et Trafles; M. de Humboldi en rédige le texte explicatif. L'autre tableau est celui des hauteurs de la Lune, de Vénus et de Mer- 398 Nouvelles littéraires. cure. Les ouvrages de MM. de Schroetter et Bode en ont fourni la base; M. Bode en a écrit l'explication: On y remarque avec étonnement que la hauteur d’une des montagnes de Vénus est estiniée à 22 mille toises, et que par conséquent le Chimboraco , ce géant de notre planète, n'ést plus qu'un nain auprès du géant de Vénus. — M. de GREVENITZ, conseiller de la chambre de justice, connu par plusieurs ouvrages de jurisprudence , travaille actuellément à une comparaison du Code Na- poléon avec le Droit prussien et polonais. Cet ouvrage sera d’une très-grande utilité pour les Etats d’Alle+ magne qui participent au nouveau système politique. Comme l’auteur a déja publié un parallële du Droit prussien et polonais, lors de l'agrandissement de la Prusse méridionale, c’est avec compétence qu'il pou- vait entreprendre ce nouveau travail. — M. le professeur ScHLEIERMACHER à donné le second volume de sa Traduction de Platon ; il con- tient trois dialogues : Cratyle ou le Sopiste, le Poli- tique , et le Banquet. — M. de REcx, qui avait été jusqu’à présent direc* teur des spectacles à Berlin, vient de recevoir sa dé- mission. Il a été remplacé par le célèbre IrFLAND. — M. LomsaAnp, secrétaire du cabinet, a été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, à la place de M. Merian, mort depuis quelques mois. L'Académie des Sciences doit éprouver de grands changemens dans son organisation. Le roi l’a engagée à tirer, du sein de ses membres, une commission spé- c'aie, destinee à dresser ce nouveau plan. Elle est com- posée de sept académiciens, et des deux directeurs ac- Nouvelles littéraires. 399 tuels, le professeur CasrizLon, et le conseiller intime des finances, M. GERHARD. On ne connaît point encore le résultat des travaux de cette commission. — Jean BERNONILLI, directeur de la classe des ma= thématiques de l’Académie des Sciences de Berlin, est mort à Kœpeuick, le 13 juillet dernier, des suites d’un réfroidissement. Ses précieux ouvrages de mathéma- tiques et de géographie lui ont mérité une juste répu- tation. Il était membre de l’Académie de Berlin, dès l'année 1770, et avait été nommé directeur de la classe des mathématiques en 1790. e — Il paraît que la Gazette de Halle continuera à être publiée jusqu’à Pâques, dans cette ville. Russie. Le programme de la dernière distribution des prix, faite par l'Académie des sciences de Pétersbourg , fait connaître les auteurs de deux mémoires qui ont été jugés dignes du prix que l'Académie avait proposé sur les propriétés chymiques de la lumière. Ce sont MM. Æ. F. Lrnx, professeur à Rostock,et Placidus Hrinrica, professeur à Ratisbonne. Voici le nouveau sujet de prix proposé par l'Acadé- mie, et dont le concours sera ouvert jusqu’au premier juillet 1808 : « Exposer une méthode facile, propre à « faire connaître en peu de temps, et sans beaucoup « de frais, à ceux qui ne sont point versés dans l'é- « tude de la chymie, les plantes vénéneuses. »; — Le cabinet d’histoire naturelle de l’Université de Rostock s’est enrichi de plusieurs minéraux rares et curieux, que M. Nemxicn a rapportés de l'Angleterre, et desquels il a fait don à l'Université. 400 Nouvelles littérarres. SUEDE. Ledocteur KrkurM£yER afaitimprimer à Stockholm, ie journal du comte Pierre BRAHÉ, maréchal du royaume de Suède. Ce journal embrasse une période de trente-six ans, de 1618 à 1655. L'auteur vécut sous Gustave Adolphe et sous la reine Christine, et eut partaux principaux événemens politiques de son temps; mais il n'en a parlé que d'une manière très-succincte. Il a terminé son journal à l’abdication de Christine, événement dout il raconte les cérémonies dans le plus grand détail. Le comte Brahé mourut le 12 septem- bre 1680. , — M. Burow, connu par un ouvrage qui a pour titre: Æsprit du nouveau système militaire, vient de mourir à Riga. Il fut incarcéré pour un ouvrage sur la cam- pagne de 1805. A l’arrivée des Français en Prusse, il fut conduit à Colbers, et de là à Riga. Ses ouvrages annoncent un esprit réfléchi et profond, quoiqu'ils soient souvent déparés par des déclamations. SUISSE. Pour encourager les artistes de la Suisse à faire pa- raître leurs productions à l'exposition annuelle de Zurich, une Sociéié d'amateurs a rassemblé, sur des actions , une somme considérable avec laquelle elle a fait emplette de cinq objets de l'exposition de l’année dernière. Le choix des objets a été confié à une com- mission de cinq amateurs, qui u’élaient point eux- mêmes artistes. Les objets achetés ont été remis à ceux des actionnaires que le sort avait désignés. La Société fera la même chose à l'exposition de cette année, Nowelles littéraires. 4ot Le bas-relief du monument fondé en l'honneur du cé- jèbre Gessner, avait éprouvé un dommage considérable: un sculpleur de Lucques l'avait assez mal restauré ; on vient de charger M. CarisrrAn, élève de Trippez, de réparer cet ouvrage de son maître. On a trouvé, en enlevant le bas-relief que, quoique le monument soit couvert tous les hivers, il a considérablement souf- fert du froid , et que le marbre s’est tellement amolli, qu'on peut sans effort en enlever des morceaux. Pour conserver le bas-relief de Trippel, on a résolu de le placer dans un pavillon voisin du monument, et d'en faire exécuter une copie en terre cuite pour le monument même. — Le buste de LAVATER, exécuté par DANNERKER, n'a point encore été exposé publiquement, faute de local. Il est placé sur un piedestal en bois dans une chambre de la bibliothéque de Zurich. —M. Jean Rodolphe Meyer publie à AraAu un grand ouvrage physico-chymique. Peu de particuliers ont formé d'aussi vastes entreprises. M. Meyer ne se propose rien moins que de rassembler et de classer systématiquement toutes les expériences de la phy- sique et de la chymie, sciences qui selon lui ne doivent plus être séparées. L'ouvrage se parlage en huit grandes sections. Il a déja paru des volumes de ka première et de la troisième, M. Meyer a pris pour collaborateurs des savans très - versés dans les diffé renies parlies qui leur sont confiées, et il fait seul les frais de cet immense travail. On cite, parmi ces sa- vans, le docteur Schmidt Puisernecx et le docteur KIELMANN, nouvellement décoré de l’ordre du mé- rite de Wirtembers. — Les établissemens d'agriculture de M. FELLEN- Tome FI. Décembre 1807. 26 402 Nouvelles littéraires. BERG à WiLuor, près de Berne, acquièrent de jour en jour un plus haut degré de perfection. Les not- veaux instrumens araloires qu “L a fait construire pour son usage particulier et pour celui du public, doivent ètre supérieurs à ceux que l’on doit à l’ingénieuse sagacité de quelques agronomes anglais. Il sollicite, pour la vente de ces instrumens, un privilége ex- clusif; mais on doute qu'il l'obtienne. Il desire encore former des élèves qui puissent répandre partout le bienfait de ses soins et de ses découvertes. Son vaste domaine offre l’aspect de la plus belle et de la plus riche culture. Il a fait construire, au milieu de sa terre, une petite tour du haut de laquelle il peut surveiller et diriger continuellement tous les travaux de ses nombreux ouvriers. — La quatrième livraison des Tableaux à la gouache, et Dessins lavés du célèbre GEssNER, gravés par Kor8E , a paru nouvellement à Zuricu, chez Fuessli. Elle contient quatre sujets, la récolte des pommes, la grotte, le bosquet et la cascade. On peut souscrire jusqu’à Pâques pour la cinquième livraison. Le prix est de 5 rixdales (20 fr.) pour les souscrip- teurs; il sera de 24 fr. pour ceux qui n'auront pas souscrit. Chaque livraison contient comme celle-ci, quatre planches in-folio. La même maison de Zurich vient de donner Îla première, livraison des ouvrages du peintre VUESSLI, qui exerce son art à Londres. Cette livraison est com- posée de huit gravures au simple trait, et offre le commencement d’une vie de l’auteur écrite par un de ses amis. —]! s'est formé en Suisse une Société de musiciens, Nouvelles littéraires. 403 arüstes et amateurs, qui se proposent de se réunir uue fois par an à LUCERNE. ETRURIE. L'Académie royale de FLORENCE a inscrit au nom bre de ses membres, M. Decurenes fils, corres- pondant de l’Institut, et consul-général de France à Canton, et M. Barsi£ pu BocAGE , membre de J'Institut, et géographe du ministère des relations extérieures. Etat Romain. Parmi les plus célèbres lithoglyphes ou graveurs en pierres dures, qui exercent aujourd’hui leur art en Jtalie, on estime principalement M. Nicolas MorELLi ; il vient d'exécuter deux très-beaux ca- mées, l’un pour M. de Demrpor, c’est une belle sardonyx orientale dont M. Morelli a su tirer un grand parti; il a représenté Bacchus assis sur un cippe; la peau de panthère dont il est couvert cache naturellement la nudité du Dieu de Nysa, et la tête du terrible animal pend d’une manière pit- toresque sur la pierre qui lui sert de siége. A ses pieds est un canthare. Il présente à boire à l'Amour dans une tasse élégante, qu'il remplit en pressant avec son autre main une grappe de raisin. Ce petit Dieu a déposé ses armes et boit avec avidité; il est om- bragé par un platane. Les détails sont exécutés avec le plus grand soin, et toute la composition est pleine de grâce. L'autre camée, exécuté sur une pierre d'Allemagne pour un marchand, represente une danse d’un Faune et d'une Mænade qui tient un thyrse et une guirlande, pendant qu’il fait résonner le tympanon où tambourin. 404 Nowelles littéraires. L'habile artiste a su donner de la nouveauté à un sujet qui a été traité tant de fois. Ce beau grouppe est des- tiné à servir de médaillon à un collier dont chaque pierre représente une danseuse. M. Morellÿ a exécuté, pour l’auguste mère de Sa Majesté l'Empereur Napoléon, un collier composé de dix pierres qui offrent les portraits des Fes de la famille impériale. À l’exemple de Natter, de Pickler et d'autres cé- lèbres graveuts modernes, M. Morelli met son nom en lettres grecques sur ses ouvrages; dans l’exergue de ceux dont je viens de parler, on lit MOPEAAOY. — Le célèbre Can o va a fait une répétition de sa belle statue d'Hébé (1) et y a encore ajouté de nouveaux charmes; elle est de grandeur naturelle; sa tête est ceinte d'un diadème; sa tunique flotte au gré du vent; ses cheveux ont une extrême légereté; ses plis sont paturels; le nu a de la morbidesse. Le siyle est le style gracieux introduit par Liysippe, et perfectionné par Praxitèle; il a été imité à Rome jusqu'au temps d'Hadrien, où il a élé renouvellé après le quinzième siécle, dans quelques enfans sculptés par le Fiamingo (2); l'illustre Canova l’a porté au plus haut degré (3). M. Borcur, sculpteur romain, a coulé en bronze une copie de cette belle statue, et une autre du Mercure de Jean de BoLoGxE, qui lui ont élé demandées par un riche amateur. (1) Voy. Mag. Encycl. ann. 1807, t. 1, p. 106. (2) François Flamant. (5) Voy. dans ce Journal, ann, 1806 ,t. 5, p.436; 1807,t-.x, p. 86 et suiv. , la notice sur ce grand artiste. Nouvelles littéraires. 405 — M. Gaspard Lanor a fait un beau tableau qui représente la scène du troisième acte de l'Œdipe à Colone de So pnocze. L'artiste a suivi exactement le récit de ce grand poète; mais il a fait enlever Zsmène au lieu d’Antigone. Il a pu aussi se débarrasser du chœur des vieillards thébains, et mettre en opposition ces deux sœurs, distinguées l'une par la fierté de son caracière, l'autre par sa douceur et sa patience. Dans le fond est le temple des Euménides, et sur un des côtés le bois sacré; de l’autre côté, la vue s'étend sur le bourg de Colone. Les figures , toute de grandeur naturelle, sont au nombre de quatre. La figure de Créon exprime la rage et le dépit. Un soldat thé- bain s’est déja emparé d’Ismène; Antigone s'oppose, autant qu'elle le peut, à son action. Œdipe cherche la main de sa fille: plus loin sont les soldats de Créon, — Frédéric ReuBEerG a fait un tableau représentant l'enlèvement de Psyché, selon le récit de Proclus. Le fond du tableau présente un ciel un peu nébuleux. Les deux amans, balancés sur leurs ailes, se tiennent étroitement embrassés. Les ailes de l'Amour sont tres - grandes; c’est lui qui fait le plus grand effet. Psyché est seulement soutenue par ses ailes de pa- Pillon. Ce tableau a paru plein de grâce et de charmes. _ —Le comte Roberto RoBERTI, né à Bassano, dans les états de Venise, copie avec une grande perfection les tableaux de ÇCanalelto. T1 a imité, avec la plus exacte vérité, la vue du grand canal et celle de l’tle de Saint- George, On attend de lui des ouvrages origi- waux qui seront sans doute recherchés de tous ceux 406 Nouvelles littéraires. qui aiment à se rappeler les aspects pittoresques de Venise. — M. Carlo LaABRuzzI a aussi copié à Rome, avec un grand succès, deux superbes paysages de Salvator- Rosa. —M. Tuéopores, dit le Calmuck, vient de dessiner et de graver les célèbres portes de Lorenzo GHIBERTT que Michel-Ange disait être dignes d’être appelées les portes du Paradis. L'ouvrage consiste en douze planches dont dix représentent les bas-reliefs: une en igure l’ensemble, et la douxième contient un court éloge de l'artiste qui les a faites. RovaumEe DE Napzrs. On sait que le fombeau d'Innocent IF, mort en 1254, se trouve à NapLes, dans l’église cathé- drale. Il y a-quelque temps que le hasard fit qu'on ouvrit ce tombeau. On trouva les restes de ce Pontife dans une situation assez curieuse. Il ne manquait de tout ce squelette que deux dents. La tête, les mains et les jambes étaient détachées du tronc. Les habits de soie dont il était revêtu, avaient encore tout leur éclat. Il avait des gants de soie brodés en or. En 1550 chacun fut surpris de voir François I, à son mariage avec la duchesse d'Angoulême, paraître en bas de soie. — Le célèbre sculpteur CaAnovA a été accueilli de la manière la plus distinguée par la cour de Naples. On croit que son projet est de s'occuper dans cette ville de la statue équestre de l'Empereur Napoléon qui a été ordonnée par le Roi, Nouvelles littéraires. 407 PORTUGAL. M. de Mrzuo, professeur de mathématiques à Cormere, a obtenu le prix proposé par l’Académie des sciences de Copenhague, sur la théorie du parallé- logramme des forces. "TURQUIE. On a publié, dans une gazette allemande, un extrait d’une lettre de Constantinople, dont l’auteur donne les plus grands éloges au malheureux sultan Sezim. Ce prince très-éclairé sentait tous le prix des arts de l'Europe, et il desirait de les propager dans ses Etats, comme le plus sûr moyen d'empêcher la disso- lution de son empire. Il avait même beaucoup de goût pour la poésie ; et, depuis son malheur , il a com- posé sur son abdication mn poème quees connaisseurs de Constantinople regardent comme une très-belle production. C’est à lui qu’est dû le rétablissement de l'imprimerie de Scutari, fondée par Achmet IIT; et l’on remarque, à cette occasion , que ces deux princes, amis des lumières, ont été également victimes de deux séditions. L’imprimerie dont nous parlons était placée dans le bâtiment qui servait de caserne aux troupes du Nijam-Gedid, qui furent d’abord prises d'assaut par les janissaires conjurés. La destruction du nou- veau corps entraîna la clôture de l'imprimerie. Ce qu’il y a de plus affligeant, c’est que le directeur Abdoz- zahman ne s'était point formé de successeur; ce vieillard est mort; et quand mème le nouveau sultan voudrait remettre l’imprimerie en activité, on ne 408 Nouvelles littéraires. sait qui pourrait la conduire. Le dernier ouvrage sorti des presses de Scutari , vers le commencement de ceite année, ne sera pas le moins utile. Il contient, en cinq cent soixante-quatre articles, les solécismes qui ont le plus de cours dans la langue turque vulgaire qui se parle à Constantinople. L'auteur de cet ouvrage ABUR- NariD, mufti de la Porte Ottomane, l’a décoré du titre assez oriental de perles bien choisies et bien arran- gées. Avant de le publier, il l'avait communiqué aux plus savans Ulemas. La préface est écrite en arabe, et le texte est turc. Ce n’est pas tant la partie grammati- cale qui donne de l'intérêt à cet ouvrage , queles digres- sions de géographie et d'histoire naturelle que l’auteur a su y mêler. On croit qu’elle fournirait des supplé- mens curieux à la Bibliothéque orientale de D'HERBE- LOT et aux autres ouvrages de ce genre. Cine. — Sir George STAUNTON, fils du secrétaire d'ambas- sade de Lord Macartney, a traduit en cluinois un ouvrage sur la vaccine. Il réside alternativement à Canton et à Macao. FRANCE, M. Vincent CHALVET, conservateur de ja biblio- théque publique de GRENOBLE , est mort le 23 décem- bre à la fleur de son âge. Il est l'éditeur des poésies de Charles d'Orléans, et auteur d'une bibliothéque du Dauphiné(1). (1) Voy. Mag. Encycl. ann. 1798, t. 1, p. 339. Nouvelles littéraires. 409 — L'ancienne Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse vient d’être rétablie en vertu d’une décision du gouvernement. Elle sera cons- tituée suivant les anciens réglemens, sauf quelques modifications et additions qui ont paru indispensables. Cette Académie a fait, le 22 de novembre, son ouver- iure dans une des salles du Capitole ; toutes les autorités avaient été invitées à assister à cette cérémonie (rt). Paris. 20 décembre 1807. Mon cer CoNFRÈRE, Comme il a été plusieurs fois question, dans le Magasin Encyclopédique, de la nouvelle édition des œuvres de M. D'ANvVILLE, que M. DEMANxE vient de faire annoncer de nouveau, comme devant paraître incessamment, permettez-moi d'y insérer également un fait relatif à cette édition. « M. Demanne annonce que le premier volume de « cette édition est sous presse, et paraîtra incessam- « ment. Cet ouvrage, est-il dit dans cette annonce, « sera un monument digne de la mémoire de d’An- « ville, digne aussi des savans qui ont étendu et per- ss fectionné son travail. » Je dois, à ce sujet, mon cher Confrére, faire remar- quer au public que cetie édition devait être dirigée et revue par moi, comme le seul élève qu'ait formé (1) L'Académie de Toulouse était une des plus actives, Nous lui devons cinq volumes de Mémoires in-4.°, À. EL. M, 410 Nouvelles littéraires. M. d'Anville, et selon l’annonce qui en avait été faite dans la notice des ouvrages de M. d’Anville, ouvrage que: j'ai publiéen l'an 10 (1802) en un vol. in-8.°, sans nom d'auteur, et que j'ai composé gratuitement pour rendre service à M. Demanne. A la vérité, M. Demanne ayant jugé à propos de faire réimprimer celte annonce etde substituer la réimpression aux feuilles qui se trou- vaient dans le volume, a également, dans cette réim= pression, substitué son nom au mien,et n'a admis le mien qu'en deuxième ligne; néanmoins, comme les premières souscriptions pour celte édition des œuvres de M. d’Anville, tant de ce pays-ci que des pays étran- gers, ont été faites entre mes mains, d’après les premiers exemplaires de la notice que j'avais distribuée, et ap- paremiment par la confiance dans laquelle on était que je reverrais cet ouvrage, permettez que je profite de la voie de voire journal, pour prévenir ces personnes , ainsi que le public, que je suis fâché de voir leur espérance trompée, mais que je n’ai aucune connais- sance de l'édition que propose M. Demanne, que je ne l'ai point revue et qu’en conséquence je n’en réponds en aucune façon. Je vous serai donc très-obligé, mon cher Confrère, de vouloir bien insérer cette petite lettre dans le Maga- sin Encyclopédique , si bien répandu dans ce pays et dans les pays étrangers. BaRrsié pu BocaAcEe, membre de l’Institut. — M. Michel Lancrer, ingénieur des ponts-et- chaussées, membre de l'Institut d’ Ægypte, de la Société philomathique et de la Société d'encouragement, com missaire de son Excellence le Ministre de l’{ntérieur près la commission chargée de diriger l'exécution de Nouvelles littéraires. 4tt l'ouvrage sur l'Ægypte, est mort à Paris à l'âge de trente-trois ans. [1 a été enlevé par une phthisie pul- monaire. Ses premières études furent consacrées à l'archi- tecture. Ilse livra ensuite aux sciences mathématiques, et il obtint, dès les premiers pas, des succès brillans dans une circonstance qui leur donne encore plus de prix, c'est-à-dire à l’époque de la création de l'Ecole polytechnique. Le célèbre fondateur de cet établis- sement avait rassemblé autour de lui une élite de jeunes hommes qu'il voulut placer à la tête des études de la nouvelle école. M. Lancret fut de ce nombre, et occupa un des premiers rangs par la sagacité qu'il montra pour résoudre les questions qui leur étaient soumises. Lorsqu'on organisa l'expédition d'Ægypte, beaucoup d'élèves de cette école y furent appelés, et firent partie de la compagnie savante associée à cette entreprise, en apparence purement militaire. M. Lan- cret y prit une part distinguée, et fut nommé membre de l’Institut d’'Ægypte. A l'époque de l'entrée de l’ar- mée au Kaire, il avait été chargé d’une mission ho- norable mais délicate, et qui ne pouvait être confiée qu'aux hommes les plus éprouvés; il s’en acquitta avec un désintéressement et une intégrité si rares, que sa conduite fut l’objet des plus grands éloges. Dans le cours de l'expédition , il s’est livré à des observations importantes et à l'étude des objets qui pouvaient, dans un tel voyage, présenter le plus d’in- térêt. : On sait qu’au retour de l’armée, le Chef de l'État voulut élever un monument de souvenir à l'expédi- tion d'Orient, et ordonna qu'on recueillit, dans un ouvrage commun, les résultats scientifiques et litté= 412 Nouvelles litéraires. raires du voyage. M. Lancret fut d’abord choisi pour être secrétaire de la Société. Il fut ensuite nommé commissaire du Ministre, et chargé de la direction des travaux, à la mort de M. Conté, que les sciences et les arts pleurent encore. Dans ce nouvel emploi, il a montré autant d'habileté, de zèle et de dévouement que d'intégrité, de droiture et d'exactitude. Aussi comme son prédécesseur , s'est-il concilié la confiance et l'estime de tous les artistes qui s'occupent de l'entreprise. L'ouvrage sur l’Ægypte lui sera redevable de résultats précieux, et par l’ensemble d’un recueil aussi étendu, et par l'exécution de ses parties. CEE MAUR ES $CADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE, La lestale. La foule assiége encore l'Opéra, et à la quatrième représentation de la Festale , la salle était pleine. Voici le sujet du poème. Julia était promise à Licinius (1). Pendant que ce (1) La famille Zicinia était la plus considérable des Plé- béiennes à Rome. Plusieurs de ses membres eurent la dignité de tribun militaire; en 389 de Rome, un Licinius fut genéral de Ja cavalerie : c'était le premier Plébéien honoré de cette charge. Il fut consul en 390 , et fit avec Sextius son collégue tne loi, par laquelle ils voulaient que l’on ne créât plus à Nouvelles littéraires. 413 consul est allé combattre les ennemis de l’état, des parens superstitieux forcent Julia d'entrer dans le corps respecté des Vestales. Après cinq ans, Licinius revient triomphant, et trouve sa maîtresse cloitrée, il forme le projet de l’enlever. En vain Cinna son ami lui donne des conseils excellens; on sait que les conseils ne sont pas faits pour ceux qui en ont besoin. Cinna , ne pouvant rendre Licinius à la raison, consent à partager son erreur. Les Vestales paraissent, la cérémonie du triomphe s'apprête, et c'est des mains de Julia que Licinius triomphant reçoit la couronne de lauriers. On danse, et le premier acte finit. Le théâtre représente, au second acte, l’intérieur du temple de Vesta. Julia doit veiller toute la nuit. Après un lécer combat entre l'honneur et le devoir, elle ouvre la porte du temple, et Licinius y est introduit. La conversation s'anime, les deux amans jurent d’être époux, et quand ils veulent en prendre à témoin l'autel de Vesta, le feu sacré s'éteint. Aussitôt toute la ville en est informée. Les Prêtres :accourent ; * Licinius n'a que le temps de se sauver. Le procès de Julia est bientôt fait. Tout le monde connaît l’affreux supplice que la superstition romaine infligeait aux Vestales coupables. Au troisième acte, le théâtre représente le lieu où les malheureuses victimes étaient sacrifiées : on y voit les tombeaux des Vestales qui ont péri avant Julia; le sien est déja élevé, et l'inscription y est Y'avenir de consuls, qu’il n’y en eût un de famille plébéienne. Le Sénat fut contraint d'y consentir. Un autre Licinius fut consat en 649. Il défit les Lusitaniens, et obtint les honneurs du triomphe. C’est sans doute celui-là dont l’auteur de la Festale a fait le héros de sa pièce, 414 Nouvelles littéraires. placée. Licinins vient dans ce triste lieu. L'amour l'emporte dans son cœur sur les menaces du grand- prêtre avec lequel il a une discussion fort vive. Ce consul, voyant qu’il n’y a rieu à gagner avec ces gens-là par des raisons les menace du courroux de l'armée, et sort. Un Aruspice fait part au grand- prêtre de ses craintes. Enfin la victime approche; déja le pain et l’eau sont descendus dans la fosse ; on met à la main de Julia une lampe, seule lumière qu'elle doive voir jusqu'à ce que les horreurs de la faim l'aient consumée lentement. La pierre fatale couvre sa tête; alors arrivent Licinius et Cinna qui croyent, à la tête de leurs soldats, faire fuir les prêtres et les Vestales timides et sauver Julia: mais l’Aruspice a de son côté prévenu des soldats qui se battent pour les prêtres. Tout cela finirait mal, si Vesta elle-même ne s’en mélait. Une grande flamme paraît dans le ciel, le voile de la Vesiale, qui avait été posé sur l'autel, est embrasé par la foudre, et le feu sacré rallumé , apaise les Romains superstitieux. Julia est tirée de sa tombe, et conduite par Licinius au temple de Vénus où on les marie sur le champ. Un ballet termine la pièce. . Madame Branchu , Messieurs ZLainez et Adrien ont très-bien joué les rôles de la Vestale, de Licinius et de Cinna. Saint-Amant,mesdames Clotilde, Vestris et Chevigny ont paru dans les ballets, dont la moitié est due à Gardel et l'autre à Wilon. Ils sont gracieux et bien dessinés. Le pas des tympanons (2) est charmant. Les décorations sont très-belles, entre autres la première qui représente une place de Rome, sur le (2) Tympanum, petit tambour que l’on voit sur plusieurs monumens relatifs à Cybèle ou à Bacchus, Il ressemble à nos tambours de basques. Nouvelles littéraires. 415 bord du Tibre, d’où l’on découvre une partie de la ville, et celle du troisième acte qui offre un superbe effet de clair de lune: mais, dans la décoration du premier acte, il m'a semblé reconnaître les colonnes Trajane et Antonine, qui ne devaient pas exister l'an 549 de Rome, non plus que le moles Hadriani. T1 faut supposer que ce sont d’autres colonnes et un autre bâtiment que le décorateur a voulu représenter. La musique est de M. Sronrinr. Elle a été très- applaudie. Le poème, en passant sur les anachronismes et les fautes historiques , est bien coupé et produit beau- coup d'effet; il est de M. DE Jouy. THÉATRE FRANCAIS. Le Paravent. 4 Le Page d’un Grand d’Espagne,amoureux commeun page, c'est-à-dire étourdiment, malgré toute la sensibi- lité possible, obtient un rendez-vous de celle qu'il aime. L'amour d’un page peut compromettre une femme; un rendez-vous la compromet toujours, malgré la présence d’une confidente. On entend quelqu'un ; il faut donc cacher la Dame, et un paravent qui se trouve là, lui devient très-utile. Les paravents ont déja joué de grands rôles au théâtre, entre autres dans le Zovelace français, au même théâtre. Le Duc, qui connait la Dame, est assez étonné de la trouver derrière un paravent; il la fait passer dans un appartement; puis, pour donner au Page une leçon, il lui fait confi- dence qu’il est amoureux, et veut lui montrer sa maîtresse. Que devient le Page, quand il voit paraitre la sienne. Tout s'explique et le Duc punit son page en 410 Nouvelles littéraires. le mariant. Armand joue le rôle du page amoureux. Mademoiselle Mars celui d’un autre page espiégle, qui ressemble un peu à celui de la pièce des Deux Pages. Lafond joue le Prince, et mademoicelle o/nais et Zmilie Contat, les deux autres rôles, Cette petite pièce, agréablement versifiée, n’a point éprouvé de défaveur ; elle est de M. PLANARD , jeune homme qui annonce du talent, et qui a déja donné un petit acte au théätre de l’Impératrice. — M. Thénard a continué ses débuts dans le CAheva- lier du Joueur, l'Intimé des Plaideurs, Crispin des Folies amourvuses et beaucoup d’autres rôles de l'em- ploi des premiers comiques. Le dernier et l'écueil était le Figaro du Mariage. Il s’en est tiré avec succès ; il est reçu. M. SaBATIER, dont les débuts ont suivi, donne aussi des espérances. Il a surtout brillé dans le rôle difficile du Scapin des Fourberies. ‘ THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE, Les Créanciers, ou le Remède à la Goutte. IL est assez singulier que pour guérir son oncle de la goutte, et faire payer ses dettes, un neveu vienne assiéger le château de ce bon homme, et que celui- ci soit assez bon pour payer de son bien une telle extravagance, et donner au jeune fou ce qu’il des- tinait au médecin, et la main de sa jeune cousine. C'est pourtant là l’idée principale de l’opéra en trois actes, qui a été rejeté avec assez de justice. Te spec- Nouvelles littéraires. 419 tacle de l'armée de créanciers, les plaisanteries du valet, le jeu de Martin et d'Elleviou, n'ont pu conjurer l'orage. La musique assez jolie de M. Wicolo, et l’ou- verture d’un genre neuf et singulier , sont seules à re: gretter. THÉATRE DE L’'IMPÉRATRICE. M. Prcarp obligé de quitter la direction du théâtre de l'Impératrice , n'a cependant pas renoncé à lui con- sacrer les fruits de sa plume; ses anciens camarades y auraient trop perdu. Z’Æmi de tout le monde dont les répétitions avaient été interrompues, vient de paraître enfin , et tout le monde l'a traité en ami. Il n’est pas d’auteur plus aimé que Picard , et cette amitié qu'on lui porte, a un peu influé sur l’accueil que l’on a fait à son enfant. Les uns s’attendaient à voir, dans J’A mi de tout le monde, un philanthrope, prêchant d'exemple toutes les vertus, réunissant les partis, aimant ceux même dont il blime les opinions et cherchant à corriger les erreurs, au lieu de punir ceux qui se trompent. D'au- tres croyaient que l’Ami de tout le monde pouvait être un insouciant assez riche ou assez aimable pour être recherché, et qui aurait pris pour de l'amitié les marques souvent trompeuses d’une prévenance intéressée. Enfin l'A mi de tout le monde pouvait être un cœur bannal, qui croit réellement aimer, qui flatte, caresse, s'attache et dans le fond est incapable d’un attachement solide: car , au fait, qui aime fout le monde, n'aime personne. On a été assez surpris de voir que ce titre cachait un de ces fripons hypocrites, de ces parasites flatieurs , que Picard a placé dans toutes ses pièces : dans 7 Entrée dans le monde, dans Médiocre et Rampant, dans Les Marion- Tome VI. Décembre 1807. 27 418 Nouvelles littéraires. nettes, et plus anciennement encore, dans le Cousin de tout le monde, Ce n’est plus un caractère , c’est un vice qu'il a peint dans sa nouvelle pièce. Son Mondoux est un tartufe d'amitié, égoiste, vil, laissant sa sœur dans le besoin, tandis qu'il jouit de l'aisance que lui pro- curent ses amiliés universelles. Sa sœur, qui travaille _ pour vivre, est aimée du jeune homme chez lequel mange notre parasite; sa présence le confond, et découvre ses ruses et son mauvais cœur. Il est chassé, et la sœur épouse son amant. Le premier acte est joli ; le second est un roman : la touche de Picard s'y retrouve pourtant, et les détails annoncent cet esprit d'observation qui perce dans tous ses ouvrages. Le rôle de Mondoux est bien tracé On connaît le talent de Vigny pour les rôles de ce genre , c’est lui qui joue l’Ami de tout Le monde. OPERA BUFFA. Le Nozzi di Figaro. ( Le Mariage de Figaro |. Le succès soutenu de cette pièce, qui attire encore, après plus de cinq cents représentations ; la réputation de Mozanr, tout justifiait l'empressement du public; la salle était pleine. Jamais peut-être les Bouffons n'ont paru plus foibles que ce jour-là. Barilli, qui joue assez bien les caricatures, n’avait ni la gaieté , ni la finesse de ce rusé Figaro. Bianchi était le comte le plus roide et le plus dégingandé que l’on puisse voir. Madame Capra, dans le Page, pouvait-elle lutter de grâces avec mademoiselle Wars, le vrai Chérubin ! Quelle Suzanne que Madame Crespi auprès de Mademoiselle Desienne qu d’Emilie Contat. Madame Barilli a porté seule tout Nouvelles littéraires. 4i9 le poids de l'ouvrage ; elle seule l'a soutenu. Elle a chanté avec une fraicheur, une pureté enchanteresse. Si on retourne-aux Vozze di Figaro, ce sera pour ‘elle seule. Cette pièce perd tout à être traduite, j'allais dire traves- tie. Son succès extraordinaire vint surtout de la har- diesse des mois, des lardons satiriques contre les grands, les magistrats et les gens en place; l’inffigue même de cette pièce qui faisait d'un grand seigneur la dupe de son valet, et qui laissait voir une gr Sade dame descen- dant jnsqu’à aimer son page; l’espèce de licence d’ac- tion déguisée par la sévérité des phrases, tout cela dut éveiller la curiosité, exciter l'enthousiasme. Les criti- ques amères et bruyantes firent l'effet que desirait l'auteur; elles publièrent le succès, l'apprirent à ceux qui Pi ignoraient , et pr ocurèrent cent cinquante repré- sentations de suite à la pièce. Figaro vit encore avec gloire. Il remplit même de temps en temps la caisse du théâtre Français. S'il produit le mêmeeffet à / Opera Buffa, ce sera grâce à la délicieuse musique de MozarrT qui est parfaitement exécutée, THÉATRE DU YVAUDEVILLE, Une Journée chez Bancelin. Ce Traiteur du boulevart où on ne fait maintenant que des noces bourgeoises, recevait jadis la meilleure compagnie. Mais cette bonne compagnie y allait inco- gnilo, faire ce qu’on appelle des parties fines. Les bateliers et les garde-françaises n'ÿ entraient point, les écaillères n'ÿ prenaient point, en plein jardin, le menion à l'abbé de Latteignant ; Sainte-Foi n'y faisait pas le coup de poing, parce qu’il était brave, un peu bretailleur, mais non spadassin et boxeur. C'est pour- 420 Nouvelles littéraires. tant là le tableau qu’on voit au Vaudeville, sous le titre d'une Journée chez Bancelin. La seule intrigue roule sur un quiproquo entre Sainte-Foi et Poinsinet qui ne se connaissent point, et que le premier a provoqué pour un duel, tandis que l’autre croit qu’il s’agit d’un diner. Jls s'émbrassent quand ils se sont expliqués, parce que Latteignant dit qu'il faut vider la querelle en sidant des bouteilles. Il y a dans cette bluette de la gaieté, de l'esprit, des couplets bien tournés , c'est tout ce qu'il faut pour un vaudeville. Duchaume, qui a créé dans Fanchon le rôle de l'abbé de Latteignant, y met la rondeur convenable. Les auteurs sont MM. Francis et Moreau. Le Retour de Jean Bart. Le titre dit le sujet de la pièce. Elle avait été faite pour le camp de Boulogne, et n’a pas eu ici beaucoup de succès. Ce n’est qu'un tableau qui a paru froid et sans couleur. MM. BarRré, RADET et DESFONTAINES ont fait mieux très-souvent, et sans doute le feront encore. EU OR LIVRES DIVERS (. SCIENCES ET ARTS. Journaz de Physique, de Chymie et d'Histoire natu- relle par S. C. De LaméruErte. Septembre 1807. Les articles contenus dans ce numéro sont : — Ta- bleau chronologique des principaux phénomènes météorologiques , observés depuis 1774 à 1806, par M. Corte. — Hauteurs barométriques des points les plus remarquables du département de l'Isère , par 1 D Hericarrt DE Taury.— Mémoire sur les trachées du bananier, par M. HAaPEL-LA-CHENAGE.— Mémoire sur la bile, par M. THÉNARD. — Sur la minéralisation du gypse parisien, par M. Coupé.— Observation d’un arc-en-ciel lunaire, par M. Corprer. — Description d’un effet singulier de la foudre, par M. LE SAGE.—Re- cherches sur la chaleur produite par le frottement, par le D. HALDAT.— L'art de faire le vin, par M. CaaprTaL. — Extrait de l'influence de l'électricité sur la flamme, par M. Vacca. — Tableau météorolo- gique, par M. Bouvarp.— Sur des grès artificiels, par M. ALLNAu. BOTANIQUE. DisserTATIONS sur plusieurs espèces de Fucus peu connues et nouvelles, avec leur description en latin (”) Les articles marqués d’une * sont ceux dont on donnera uu extrait. 422 Livres divers. et en français par Lamouroux. Premier fascicule, avec 36 planches. Format grand in-4.°.— A Agen, et se trouve à Paris, chez Treuttel et Mürtz, rue de Lille. Sur papier fin d'Angoulême, 24 fr. — 26 fr. Sur papier vélin , 32 fr. — 34 fr. Quelques auteurs anglais et allemands s'étaient occupés des fucus; mais aucun naturaliste n'avait encore déterminé leurs espèces, et fixé leur nomen- clature d’une manière eertaine. . M. Lamouroux, qui avait déja communiqué au public, par la voie du Bulletin de la Société philoma- tique, la découverte qu'il avait faite de quelques nou- velles espèces de fucus , jugea bientôt que cette intéres- sante famille de plantes marines méritait un examen etun traité particulier. Il était d’ailleurs excité par les vœux souvent exprimés des amateurs de la botanique qui réclamaient depuis longtemps un travail sur cette partie trop négligée de l’histoire naturelle. Déterminé par ces puissans molifs, 1l s’est décidé à livrer à l’im- pression l'ouvrage que nous annonçons. Cet ouvrage est le résultat de plusieurs voyages sur les côtes des mers d'Europe, d'un examen scrupuleux des nombreux envois de fucus que l’auteur avait obte- nu de ses correspondans , et d’une comparaison exacte des innombrables échantillons qu'il avait sous les yeux avec les fucus déja connus, et avec ceux qu'on avait cru connaitre: aussi lé seul premier fascicule qu'il publie préseute 19 espèces nouvelles sur 20, dont il contient la description. L'introduction de l'ouvrage dé M. Lamouroux est remarquable parles faits curieux et les généralités im- portantes qu’elle contient. Les dissertations sont rédigées avec méthode et Livres divers. 423 clarté. Une phrase latine exprime le caractère exclusif de chaque espèce. La synonymie est rapportée avec exactitude, et la description traite de la racine, de la lise, des rameaux , de la fructification , de la substance, de la couleur , de la hauteur, etenfin de son habitation. L'auteur répète et commente les mêmes choses en français. 36 planches, gravées par SELLIER, offrent le port individuel, les caractères de chaque espèce, et ne laissent par conséquent rien à desirer. Il ne sera pas inutile d'ajouter que la beauté du pa- pier et celle de l'impression de l'ouvrage ne le cèdent à aucun de ceux qui ont été publiés sur l’histoire natu= relle. Nous sommes donc fondés à croire que l'accueil mérité qui sera fait, sans doute, au premier fascicule de M. Lamouroux l’encouragera à publier ceux qu'il a dans son porte-feuille. MUSIQUE. . PuiLoDeM, von der Musik , etc. C'est-à-dire, PaiLo- DEME , de la musique. Un extrait de son quatrième livre. Traduit, par Christoph Gotilieb de Mure, d’un rouleau grec de papyrus trouvé à Herculanum, et suivi d’un échantillon du style hymnique dans le goût de l'ancienne musique grecque, avec deux planches. Berlin , 1806. in-4.° de 64 pages. Le 3 novembre 1753 on découvrit, dans une villa d'Herculanum , qui, l'an 79 de notre ère, fut couverte de la lave du Vésuve, près de 1700 rouleaux de papyrus, dont une grande partie fut brisée et jetée, parce que les ouvriers les prirent d’abord pour du bois brülé et des charbons. Ils étaient disposés, par à24, Livres divers. couches, sur un support placé au milieu d'une petite chambre; ce support, entièrement charbonné, s’é- croula , lorsqu'on le toucha, et les rouleaux tombèrent pêle-mêle par terre. Dès qu’on sut ce que c'était, le P. Antonio PrAGG10 , natif de Gênes, et de l’ordre des pieuses écoles ( piarum :scholarum ), homme de beaucoup de talens, fut chargé du soin de les dérouler ; il avait imaginé à Rome une méthode de procéder à cette opération, méthode qui a été beaucoup perfec- tionnée, depuis quelques années, par M. Harrer. M. Praccro fut aidé dans son travail par Vincenzio Mer. Le premier rouleau qui fut déroulé, est celui dont il est ici question; c'est le quatrième livre de PuiLoDEME , qui traite, en 40 colonnes, dela musique. Ces colonnes ont été publiées , en 1793, à Naples , dans le premier volume des Æerculanensia volumina quæ supersunt, sur 39 planches, et accompagnées de 18a pages in-folio d'explications de M. Rosxwr. Ce sont le P. Antonio Pracero et Gianbattista MALEscr qui les ont copiées, et c’est le dernier qui les a gravées. M. DE Mure a fait graver les quatrième, cinquième, trente-seplième et trente-huitième colonnes, pour son ouvrage qui a paru en F605, à Strasbourg, sous le titre: Commentatio de papyris, seu voluminibus græcis her. culanensibus. Ce sont ces mêmes colonnes qui forment les deux planches dont la présente brochure est ornée. Dans le texte, M. DE Mur, après avoir dit un mot de Paironeme et des auteurs qui en ont parlé, fait con- naïtre le contenu des différentes colonnes qui com- posent son livre sur la musique, et donne spécialement la traduction allemande des quatre colonnes repré- sentées dans les deux gravures , et en outre celle de la trentre-sixième colonne, en ajoutant les explications de M, Rosrxi. Livres divers. 425 £a préface de cet intéressant traité contient l'histo- rique de la découverte des rouleaux d’Herculanum , du soin qu’on a pris à les dérouler , et du sort qu'ils ont eu dans la suite; M. pe Mure y donne aussi la des- cription de ces rouleaux, en parlant de la matière dont ils étaient formés, de la manière de les faire, de leur forme, de l'encre, de l’encrier et des plumes dont on se servait pour y écrire, etc. L’échantillon de la musique grecque, qui termine la brochure, est une mélodie sur les huit premiers vers de la première ode pythique de Pindare. Ce fragment fut trouvé par le P. Krrcuer, dans la fameuse bibliothéque du couvent S. Sauveur, près du port de Messine en Sicile, et publié par lui dans le premier tome de sa Musurgia, mais avec une foule de fautes que corrigea ensuite Pierre - Jean BURETTE , dans sa Dissertation sur la Mélopée de lancienne musique (Mémoires de l'Académie des inscriptions, tome 5, pag. 185 et suivantes). M. DE Mure l'a tiré du premier vo- lume de l'Histoire générale de la musique, par FoRKEL. TECHNOLOGIE. BozreriN de la Société d'encouragement pour l'in- dustrie nationale. Octobre 1807. A Paris, chez Madame Æuzard, rue de l’Eperon, n.° 7. Les articles contenus dans ce numéro , sont : Extrait dcs séances et de la correspondance du conseil d'administration. — Rapport fait par M. Mo- lard , sur un moyen de tailler les peignes propres à fabriquer les vis. — Rapport sur les roues à larges jantes, par M. Molard. — Rapport sur des cuire 426 Livres divers. imperméables de M, Crépus ; par M. d’Arcet, — Note. sur les plumes métalliques de JM. Bouvier, par M. Lasteyrie. VOYAGE, Voxace de Sorèze à Anet, par M. C. A. Craupnre. 1807, in-8,°. L'établissement que des religieux firent vers l’an 1760 à 1770 à Sorèze, dans la ci-devant province de Languedoc, aujourd’hui département du Tarn, éiait peu de chose à son aurore ; il obtint bientôt une brillante réputation. Les Jésuites venaient d’être supprimés (en 1763): l’éducation se négligeait ; mais la congrégation de Saint-Maur hérita de leurs talens dans l’art d’instruire la jeunesse ; et, lorsque Dom Despoula fut placé à la tête de ce collége, on le vit atteindre le plus haut degré de perfec- tion. La culture des arts et des lettres y fut très- florissante ; et les plus illustres familles de l’Eu- rope se firent un devoir d’envoyer leurs enfans à celte école du goût et des sciences, La révolution arriva : Sorèze fut désert; mais la constance de M. Ferlus aîné, à lutter avec cou- rage contre le malheur des circonstances, soutint cet établissement prêt à s’anéantir. Un choix heu- reux de bons maîtres, et son association avec M. R. D. Ferlus son frère, très-avantageusement connu dans la littérature, lui rendirent son lustre et son éclat. C’est de cette école célèbre que M. C. A. Chau- druc est sorti, il y a quelques années; et c’est une visite à ses anciens camarades et à ses maîtres Livres divers. 427 qu’il décrit dans une lettre adressée à M. R. D. Ferlus. On sait que Chapelle et Bachaumont don- nèrent l’exemple de ce genre agréable et facile, qui permet de peindre tour-à-tour et les émotions du cœur et les descriptions de la nature. La prose de M. Chaudruc est élégante, et ses vers ont de la grâce. La fiction, dit-il, est pardonnable dans un semblable badinage, puisque même les Taver- nier et les Paul Lucas se sont permis quelques petits mensonges. Cependant il ajoute: Pour moi, je tiens que d’un ouvrage Le vrai fait toute la beauté; Vous le verrez par mon ouvrage, Car c’est lui seul qui l’a dicté. Or, l’amour de la vérité Faut-il ma seule qualité.... C’est encore un rare avantage. Pent-être les vers sont-ils un peu trop prosaïques, mais le trait est joli. En voici qui sont supérieurs. En partant, les voyagéurs furent admirer de nou- veau le grand bassin de Saint-Féréol , et ses voûtes énormes. Après avoir tout su, tout vu, Après avoir tout parcouru, Surtont avoir bien discouru, Et tout cela pour un écu, Reprenant enfin notre allure, Nous remontons tous en voiture, Et nous courons couci, couci Jusqu'à Revel où nous voici. N'est-ce pas là tout-à-fait la manière de cet original Chapelle, que beaucoup de personnes 120 Livres divers. confondent, je ne sais pourquoi, avec ce La Cha- pelle contre qui Chaulieu a fait une excellente épigramme? Voici encore un portrait qui lui res- semble. Quelqu'un demande à l’auteur des nou- velles d’un habitant de Sorèze : N’auriez-vous pas vu par hasard, Bit-il, en me prenant à part, Certain jeune homme, petit, mince, Qui toujours chante, saute, pince, Ayant de l’esprit comme un Dieu, De la malice comme un Diable, etc. Tout cela est très-gai et très-joli, mais l’auteur sait changer de ton et s'élever quand le sujet l'exige : voici une tirade dictée par l’admiration, à laspect de ce canal du Languedoc, entreprise grande et hardie, qui combla de gloire et des dons de la fortune M. de Riquet, baron de Bon Repos. Mais laissons parler le Poète. Rome, n’exalte plus tes superbes travaux, Ægypte, vante moins tes antiques canaux; Vous ne m'’étonnez plus par vos rares merveilles, Le siécle de Louis en produit de pareilles. Riquer parle, et les monts s’abaissent à sa voix, Les rochers ébranlés s’affaissent sous leurs poids; Par l’effort de son bras les profondes vallées À la hauteur des monts se trouvent élevées. Soumises à ses lois, on voit deux vastes mers Pour féconder la France unir leurs flots amers. A Toulouse l’auteur parcourt quelques livres et entre autres les Elégies de l’amant d’Eléonore. Pour célébrer tous ses attraits En vers qui fussent dignes d’elle, Livres divers. 429 Amour lui donua tout exprès Une des plumes de son aile. Ce madrigal n’est-il pas emprunté? Je crois que Pabbé de Latteignant s’en est servi dans quelque chanson. — Plus bas, il déplore la perte de Ma- dame Ferlus, enlevée si jeune à ses amis, et il dit : Sorèze qu’as-tu fait de ta jeune maîtresse ? O champs silencieux, séjour de la tristesse, Pour vous l’année a perdu son printemps ! Ce dernier vers n’a-t-il pas été consacré par M. Delille, dans son poème de /a Pitié, à la mé- moire des trente jeunes filles de Verdun qui pé- rirent sur l’échafaud en 1793? On pourroit aussi relever quelques négligences ; mais la négligence est-elle un défaut dans une épiître familière? D’ail- leurs comme a dit M. Bourgueuil : Un censeur que rien n’attache Sitôt qu’il voit une tache, Vite à l’agrandir s’attache ; 11 vaudrait mieux la laver. J’y consens volontiers, d’autant que l’auteur nous en fait à tous la prière. Grave lecteur, de la critique épris, Pour mon récit je te demande grâce. Lorsqu’au public on offre ses écrits, L'esprit seul brille et le cœur est de glace; Mais, quand on parle à ses amis, L'esprit se tait et le cœur prend sa place. 430 Livres divers. L’excuse est bonne, et elle doit s’étendre à une lettre du même genre, écrite de Bagnères de Luchon, par M: Chaudruc à sa sœur. Ces deux opuscules forment ensemble un petit volume qui, sans pré- tention, se glissera sur la tablette des voyageurs chéris des Muses. AuG. DE L... Cariers I, II, III, formant le Tome I des Anw- NALES DES VOYAGES, DE LA GÉOGRAPHIE ET DE L'Histoire ; où Collection des Voyages nou- veaux les plus estimés , traduits de toutes les Langues Européennes; des Relations Originales, inédites , communiquées par des Voyageurs Français et Etrangers; et des Mémoires Histo- riques sur lOrigine, la Langue, les Mœurs et les Arts des Peuples, ainsi que sur le Climat, les Productions et le Commerce des Pays jus- qu’ici peu ou mal connus. Accompagnées d’un Bulletin où l’on annonce toutes les Découvertes, Recherches et Entreprises qui tendent à accélérer les Progrès des Scienses Historiques, spéciale- ment de la Géographie, et où l’on donne des Nouvelles des Voyageurs et des extraits de leur Correspondance. Publiées par M. Marre-Brun. Chaque mois, depuis le 1.° septembre, il paroît au moins un Cahier de cet Ouvrage. Il est composé de 8 à 9 feuilles in-8.°, ou 128 à 144 pages impri- mées sur beau carré fin d'Auvergne, et sur carac- tères de Cicéro interlignés, grande justification. Chaque Cabier est, en outre, accompagné d’une Livres divers. 43 Estampe, ou d’une Carte géographique, coloriée. Ces Planches et Cartes sont gravées, avec soin, par MM. Tardieu l'aîné, Blondeau et autres Ar- tistes (1). Le prospectus de cette intéressante collecfion, que nous avons inséré dans ce Journal (2), a pu faire connaître sou utilité particulièrement pour la France, où aucun ouvrage périodique de ce genre n’a paru jusqu’à présent. Ces premières livraisons justifient la confiance que pouvait inspirer l’entreprise du savant Rédac- teur pour le choix des articles, l’intérêt et l’exac- titude des faits. Les grandes connaissances qu’il possède dans les langues vivantes lui facilitent la revue de tous les journaux qui se publient dans les différens pays de l’Europe, et le mettent à même de puiser à la source tout ce qui paraît de plus nouveau dans le genre de littérature auquel ces Annales sont consacrées. C’est par l’estime qu’inspirent son zèle pour cette étude et les succès avec lesquels il la cultive, (1) Le prix de la Souscription est de 24 fr. pour Paris, pour 12 Cahiers, que l’on recevra francs de port; et de 14 fr. pour 6 Cahiers. On ne peut souscrire pour moins de 6. Le prix de la Souscription, pour les Départemens, est de 30 fr. pour 12 Cahiers, rendus francs de port par la poste, et de 17 fr. pour 6 Cahiers. ; L’Argent et la Lettre d’avis doivent étre affranchis et adres- sés à M. Buisson, libraire, rue Git-le-Cœur, n.° 10, à Paris. C’est aussi à la même adresse qu’on doit envoyer , francs de port, tous Mémoires, Traductions de Voyages, Notes, Lettres, et autres Matériaux qu’on desirera faire imprimer dans ces Annales. A Paris, chez F. Buisson, Libraire, rue Gît-le-Cœur, (2) Supra, ann. 1807, t.4, p. 457. 432 Livres divers. que les savans les plus distingués de la France et des pays étrangers se sont plus à henorer de leur bienveillance cette entreprise naissante, et à lui assurer une pleine réussite. Les cahiers que nous annonçons contiennent plusieurs articles communiqués par des écrivains célèbres. On y trouve les Mémoires ou les Extraits suivans. Premier Cahier: Voyage de Pétersbourg à Moscou, fait en 1805. Ce voyage est extrait d’un ouvrage allemand qui a pour titre: F/àchtige Bemerkungen auf einer Reise von Sanct-Petersburg, über Moskaw, Grodno, Warschau, Breslau, nach Deutschland, ir Jahre 1805 ; c’est-à-dire, Observations rapides, faites en 1805, pendant un voyage de Saint-Pétersboug en Allemagne, par Moscou, Grodno, Varsovie et Bres- lau, 2 vol. in-18. Il contient des observations inté- ressantes sur la manière de voyager en Russie, et la description des villes de Novogorod, Waldaï, Wichney-Wolotchok, Torchok, Twer, Moscou, ainsi que celles d’autres objets remarquables que l’on rencontre en allant de Pétersbourg à Moscou. Il y est aussi parlé des mœurs et usages des ha- bitans de ces contrées, et particulièrement des mœurs des Moscovites. La relation de ce voyage n’est point terminée, et le rédacteur en promet la suite dans un prochain Cabier.— Notice sur le Pohon upas ou arbre à poison : extrait d’un voyage inédit dans l’intérieur de l’île de Java, par L. A. Drs- cHames, D. M. P., l’un des compagnons du Voyage du cénéral d'Enrrecasreaux. Le polon upas ou pohon antjar croît dans la partie orientale de l’île de Java; il s'élève à trente ou quarante pieds, AE lo Livres divers. 433 et a le port et le feuillage de l’orme. Upas ou oupas est le nom que les habitans donnent au suc épaissi qu’on retire de cet arbre par incision de son écorce; c’est un poison tellement actif qu’in- troduit dans le corps par la plus légère blessure, il donne la mort sur le champ. Les Malais le mêlent avec quelques autres drogues et y trempent la pointe de leurs flèches. On réfute dans cet ex- trait les contes fabuleux qni ont été débités sur cet arbre, et les relations exagérées que les voya- geurs out faites de sa propriété délétère et des dangers que couroient les malheureux condamnés à recueillir son poison. Il est aussi parlé des moyens qu’on a employés pour se garantir de ce poison, ou pour en arrêter les funestes eflets. Le Ré- dacteur annonce, qu’il publiera, dans ces Annales, un autre Extrait du même voyage, qui sera rela- tif aux mœurs, aux amusemens et aux spectacles des Javanais. — Mémoire sur l'étendue de l’isthme de l’Asie-Mineure , tiré des papiers inédits de feu M. d’ANvILLE, ci-devant membre de l’Académie des inscriptions, ete. « Ce mémoire, dit le Ré- « dacteur, est un des plus savans et des plus cu- rieux qu’ait composés son auteur. La question qui en fait l’objet, était l’une des plus impor- tantes et des plus obscures de la géographie; «elle a été décidée par les observations astrono- « miques du voyageur Beauchamp, contre le sen- « timent de d’Anville, en faveur d’Hérodote et d’Eratosthène. La première indication générale de Strabon, liv. II, est également conforme à « la vérité, et il faut qu’il y ait une lacune dans « les mesures partielles de ce géographe, si labo- Fome F1. Décembre 1807. 28 ñ f C3 = = ” ES = 434 Livres divers. « rieusement combinées par M. d’Anville. Ce « mémoire peut encore donnez lieu à des discus- « sions intéressantes; il nous montre d’ailleurs « d’Anville tout entier, avec les avantages et Îles « défauts de sa méthode de travail. Nous l'avons « inséré dans ces Annales, comme un échantil- « lon des ouvrages inédits de ce grand géographe, « ouvrages qui se trouvent entre les mains d’un « célèbre membre de la troisième classe de l’In- « stitut, et qui vont être publiés dans lPédition « complète des œuvres de d’Anville, par M. Dr- « MANNE£E. » — Tableau de l’état actuel du Pérou; tiré du Mercurio Peruviano. Le Mercure péruvien est un journal qui se publie, depuis 1791, à Lima, capitale du Pérou, en langue espagnole ; il est rédigé par Don Jacinto Carrero Y Morrtro, et les membres de l’Académie de Lima en sont ‘les principaux coopérateurs. Seize numéros de cet ouvrage tombèrent entre Îles mains d’un anglais, M. Srinner, qui les tradnisit, en distribuant les différens articles par ordre de matières, et les publia en 1805, sous le titre: The present state of Perou, etc. rvolsin-4.°, M. WiELAND, qui a eu vingt-six numéros de ce Mercure, vient d’en entreprendre, à! Wei- mar, une édition allemande beaucoup plus com- plète, dont le premier volume a déja paru; et c’est de cette édition allemande qu'est tiré le présent article qui à pour but de faire connaître aux lecteurs l’état moderne du Pérou. Ce premier cahier n’en contient que le commencement ; c’est le tableau de la ville de Lima; la suite est pro- mise pour uu cahier prochain. — ÆRelation sur les iles Pogghy, près de Sumatra, par M. John Livres divers. 435 Crisp , traduite de langlais, par M. E:..., tra ducteur du voyage de Broughton. Cette relation est tirée des Asiatic Researches, vol. VI, p. 77 et suiv., recueil qui se traduit en ce moment en français, mais dont il n’a encore paru que les deux premiers volumes. On y trouve des détails très-intéressans sur les mœurs, les usages et la religion des habitans des îles Pogshy, appelées aussi îles de Nassau; et à la fin du mémoire est ajouté un petit vocabulaire des îles Pogghy, pour servir d’échantillon du langage des naturels. Deuxième Cahier: mœurs, amusemens et spec- tacles des Javanais; extraits d’un voyage inédit dans lintérieur de l’île de Java, fait par M. L. A. Descamps. C’est l’extrait que le Rédac- teur avait promis dans le premier Cahier, à l’oc- casion de la notice sur Île pohon upas, Il y est parlé du physique des Javanais, de leur manière de vivre et de se vêtir, de leurs habitations, de leurs spectacles, de leurs danses et de leurs autres amusemens qui consistent principalement dans la chasse et la pêche. On y trouve entre autres une relation assez curieuse sur la chasse du tigre. — Sur une forét sous-marine , découverte près Les côtes d'Angleterre; par M. CorR£A DE SERRA, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Lisbonne, membre de la Société royale de Londres et cor- respondant de l’Institut de France. « Ce morceau « précieux pour la connaissance physique du « globe, » dit le Rédacteur, « a été lu à la Société « royale de Londres, et publié dans les PAiloso- « phical Transactions. La traduction a été faite « sous les yeux de l’auteur, qui a bien voulu 436 Livres divers. « nous en donner communication.» Il y ést question de petites îles marécageuses, situées le long de la côte du comté de Lincoln, qui sont marquées dans la carte de la côte donnée par Mzrromezz, sous le nom de clay huts, et qu’on ne peut apercevoir que dans les plus basses ma- rées ; elles s'étendent au moins à douze milles en longueur, et l’on était généralement persuadé, dans le comté de Lincoln, qu’elles n’étaient presque composées que de débris d’arbres. C’est au mois de septembre 1796 que l’auteur , accompagné du président de la Société royale, sir Joseph Bauks, se rendit à Sutton, sur la côte dudit comté, pour examiuer la nature de ces ilots qu’ils reconnurent en effet être composés entièrement de racines, de troncs, de branches et de feuilles d’arbres et d’ar- brisseaux entremêlés de quelques feuilles de plantes aquatiques. L’auteur donne d’abord la description de ces débris d’arbres, dont on trouve aussi des couches souterraines très-élendues à Sution, dans l’ile d’Axholme et dans la forêt d’'Hatfeld, et ensuite il présente les hypothèses que l’observation lui a suggérées pour rendre raison de ce phéno- mène. — Sur les Grecs où Albanois de la Calabre ; extrait du Voyage dans la Calabre et la Sicile, par BarreLs. Traduction manuscrite de feu M. Wixc- XLER , communiquée par M. Mrczin (3). C’est la traduction d’une partie de la septième lettre de M. BartTELs.— Recherches sur l’origine des Albanais et des Grecs de la Calabre, par le Rédacteur. Dans la relation de l’extrait précédent, M. BarTeLs établit deux faits principaux: :1.° que les Albanais (3) Voyez ci-dessus, p. Livres divers. 437 et les Grecs de la Calabre, entre lesquels, selon Jui, il ny a plus de différence, descendent des réfugiés venus d’Albanie et de Morée dans les quinzième et seizième siécles, et nullement des anciens colons grecs, établis en Italie dès le hui- tième siécle avant Jésus-Christ; 2.° que ces peu- plades n’ont , ni dans leurs mœurs, ni dans leur langage, aucune des particularités rapportées par MarariorrTi, qui dit les avoir observées à la fin du seizième siécle, et qui, selon M. BanTELs, n'aurait vu qu’une troupe de Ziegeunes, ou,comme on les nomme vulgairement de Bohémiens Le Rédacteur cherche, dans le présent article, à faire voir que ces deux assertions de M. Banrecs ont besoin de modifi- cation. Pour cela , il commence par rapporter la relation de Manartorri ( Chroniche ed antichità di Calabria. gen. 1601, in-8.°, p. 274), qui se réduit à deux points: r.° qu’il y avait en 1600 des Grecs dans la Calabre ultérieure et des Albayaïs dans la Calabre citérieure, très-distinets les uns des autres; 2.° que ces Albanais avaient, dans leur langage et leurs usages, des rapports marqués avec les Maures et les Arabes. Il fait voir ensuite que ces assertions de MararioTrTx sont très-soutenables, et qu’en général son récit ne renferme rien d’ab- surde, quoiqu’en dise M. Barrecs.— Aperçu des agrandissemens ct des pertes de la monarchie prus- sienne, par le Rédacteur. Il est parlé dans cet aperçu, qui est accompagné d’une très-belle carte du théâtre de la guerre, en Saxe, en Prusse et en Pologne, pendant les campagnes de 1806 et 1807, des agrandissemens successifs de la monarchie prus- sienne, des forces militaires de la Prusse, des 436 Livres divers. frontières militaires, des revenus de l’ancienne #no- narchie prussienne, de la position politique de la Prusse, des forces morales de la Prusse, enfin des pertes de la Prusse par la paix de Tülstit, — Re- cherches sur les progrès de la population en [rlande, par M. Thomas NEWENHAM. ( Extrait par M. Mo- REAU }. L'ouvrage original a pour titre: Æ statisti- cal and historical inquiry into the progress and ma- gnitude of the population of Irland. Lond. 1805; et c’est une analyse de cet ouvrage intéressant qui nous est ici présenté, Troisième Cahier: Voyage dans la Calabre, etc., par M. Barres ; traduit de l’allemand par feu M. WinckLer, et communiqué par M. Mr, membre de l’Institut et de la légion d'honneur , ee. Le voyage de M. BarTecs embrasse la Sicile, la Calabre, une partie de la Basilicata et la principauté de Salerne. Il est extrêmement intéressant, contient uue foule de faits peu connus, et mérite d’être publié en français ; aussi le dépositaire de la traduc- tion manuscrite faite par M. WiNCkLER, se pro- pose-t-il de la publier. En attendant, il a permis au Rédacteur d’en tirer quelques renseignemens sur la Calabre, pour en faire usage dans ses Annales. Cet extrait contient les articles suivans: Entrée de la Calabre; Murano ; de La récolte de manne ; Castro-Villari ; Voyage de Castro-Villari à Celso ; Celso ; sur les eaux du Crathis ; Route de Celso à Cosenza ; Cosenza ; Commerce des soies; Minéralogie de le Calabre; suite du tableau de Cosensa ; Bigoterie, Moines ; Casali de Cosenza; Ritozzo où Arctozzo; sur le peuple Calabrois; Voyage par les montagnes ; Frou- peaux de bêles à laine ; sur la douane de Foggia ; conti- Livres divers. 439 nualion du voyage; Forét de Sila. Le Rédacteur en promet la suite dans un cahier prochain. — Dis- sertation sur la carte géographique de Peutinger, par M. Conrad MannerT , professeur d'histoire à PUniversité de Wurtzbourg; traduite sous les yeux de l’auteur, par M. BerBIER, ancien princi- pal du collége de Bellelay en Suisse (avec une planche.) La carte de Peutinger est ainsi appelée du nom du plus ancien professeur que nous connaissions, et qui était un savant d’Augsbourg, qui vivait à la fin du quinzième siécle. Elle a passé successivement par plusieurs mains, et existe aujourd’hui dans la bibliothéque impériale de Vienne en Autriche: c’est le seul exemplaire ma- nuscrit qui nous reste. L’auteur de la disserta- tion a pour but de prouver d’abord , par la forme des caractères, que cette carte a été dessinée et écrite par un moine inconnu du treizième siécle, et de faire voir ensuite qu’elle n’est qu’une copie d’un original qui ne peut appartenir qu’aux der- niers ternps du siécle de Sévère, c’est-à-dire aux années 202 à 211 de notre ère. — Sur quelques circonstances relatives à la vie et à la mort de Ni- colas Copernic; extrait d’une lettre d’un militaire français. Ces détails historiques, relatifs à lim- mortel Copernic sont on ne peut plus intéressans , surtout ceux qui concernent son tombeau décou- vert, il y a quatre ou cinq ans, par M. de Czapsxr, membre de la Société littéraire de Varsovie, à Frauenbourg en Prusse, où Copernic avait été chanoine dignitaire et chancelier du chapitre de Péglise cathédrale. Ce dignitaire a un autel à lui dans cette église, et c’est sous cet autel que fut 440 Livres divers. trouvé le tombeau. Jusques-là il n’existait rien dans les archives du grand - chapitre, qui pût faire déterminer le lieu de la mort et de la sépul- ture de Copernic. — Description des Etats des Rajepoutes et des Djates, dans le nord-ouest de l’Indoustan; tirée de l’ouvrage anglais intitulé, Mémoires militaires du général Georges Tomas, publiés par le capitaine Æilliam FWRrANKLIN, au- teur du Ÿoyage du Bengale à Chyraz, et de l’His- toire du Chah Allum ; Calcutta et Londres, 1805. Les Djates et les Rajepoutes sont deux nations très-remarquables, qui habitent la partie de l’In- doustan, comprise entre les Etats des Marattes et des Séikes, et dont les relations ordinaires ne donnent qu’une idée vague et même inexacte. « C’est à un homme extraordinaire, dit le Ré- dacteur , que nous devons quelques notions plus positives sur l’état de ces deux nations. « M. Georges Tomas, natif de Tipérary en Ir- « lande, s’embarqua comme simple matelot sur « un vaisseau anglais de l’Inde: arrivé à Madras, «il quitte le service de mer et s'engage dans « les troupes d’un prince indien; en peu de « temps, il parvient au grade de général; il ac- « quiert en propriété des territoires considérables, « et méditait probablement des plans pour fon- « der un royaume , lorsque la mort l’arrêta au « milieu de sa carrière. Ses papiers ont été recueil- « lis, mis en ordre, et publiés par un Anglais, « déja avantageusement connu du monde savant. « Nous en avons extrait les détails suivans que « nous avons rangés dans un ordre historique et « géographique.» Ces détails sont distribués dans A 2 Livres divers. 441 les articles suivans: Zdée générale des Etats des Djates et des Rajepoutes; le Hurrianah ou Ballo- gistan et le Thanessar; le Pays des Batniens ; Etat de Jypare ; — Sur les mœurs des Rajepoutes ; pays de Peykaneer ; Chevaux de Lacky-Jangle; Description de Jondpore ou Marwat. — Mæurs des Rajepoutes-Rhatary ; Alwar Burtpare, Karoly , Kise- hengour, Kota et Boundi; PEtat d'Oudpare ou Mewar. Indépendamment de ces Mémoires, chaque Cahier des Annales contient un Bulletin dont le but est de faire promptement connaître les décou- vertes et les changemens qui regardent les sciences, aux progrès desquelles les Annales sont consacrées de conserver le souvenir d’une foule de petits faits, souvent très-intéressans, mais qui ne four- nissent pas matière à un article dans le corps même de ce recueil; enfin d’annoncer les livres et les cartes géographiques, les plus dignes de remarques, qui paraissent, soit dans l’étranger, soit en France. Trois Cahiers de ces Annales forment un vo- lume, terminé par une table des matières, qui facilite la recherche des objets. G. * 1: O0. HISTOIRE GRECQUE. THucyDIDE, accompagnée de la version latine, des variantes des 13 manuscrits de la Bibliothéque impériale, de cartes géographiques et d’estampes, et précédée d’un Mémoire historique , littéraire 442 Livres divers. et critique; par 3. B. Gatr. Premier volume, Mémoire sur Thucydide. À Paris, chez CL. Fr. GaiL, neveu, au Collége de France. Prix, 4 fr. 1n-8,%; 6 fr. papier vélin. Zdem in-4. 6 fr., et 9 fr. papier vélin. Il y a plus de deux cents ans que le TaucypinE grec n’avait été imprimé en France, et M. Gail succède à Henri ErTienne. Ce nom sans doute est fort imposant, mais il ne faut pourtant pas accor- der à l’autorilé des noms plus qu’elle ne mérite, M. Gaiz, entouré de secours multipliés et nouveaux, a pu être encouragé plutôt qu’intimidé par cette concurrence. Le Thucydide de M, Gail, dont il ne paraît encore qu’un volume , en aura dix qui seront incessamment publiés. Une partie de ce premier volume est remplie par une notice oratoire sur la vie et les écrits de Thucydide. M. Gail rend compte ensuite de son tra- vail pour l'établissement et l'interprétation du texte, et donne, accompagnée de notes, la traduction fran- caise du Siége de Platée, du chapitre sur les factions de la Grèce et de l’Oraison funèbre de Périclès. Ce dernier morceau,imprimé déjail ya quelques années, reparait avec quelques corrections importantes. Tout ce que M. Gail dit du style de Thucydide nous a paru, si non toujours exact, au moins in- génieux et bien écrit. Il répond de son mieux au reproche que les anciens et beaucoup de modernes out fait à cet écrivain d’être dur, entortillé , obs- eur, et d’avoir recherché ces défauts avec autant d'étude que d’autres recherchent l’aisance de la phrase et sa clarté. Quoi qu’en dise M. Gail, jai ii ti Livres divers. 443 ioujours cru et je crois encore que Thucydide est obscur avec affectation, entortillé avec art et re- cherche, qu’il s’étudie sans cesse à embarrasser ses constructions au hasard de violer la langue; enfin que son style éminemment vigoureux et hardi, manque tout à la fois de naturel et de clarté, et quel- quefois peut-être de correction. Au reste, ces dé- fauts n’empêchent pas du tout qu’il ne soit d’ail- leurs grand historien, habile observateur et pen- seur très-profond. Je transcrirai ici en faveur de cetie opinion, que Jai commune avec beaucoup d’habiles hommes , quelques phrases d’un savant anglais , dont le livre mériterait d’être traduit en français. « Thucydide a quelques beautés de diction qui « lui sont particulières. Il vise à la grandeur du « style, et souvent il sait l’atteindre ; mais pas tou- jours , si je ne me trompe , au degré qu’il le souhaite. Tl tâche à ce que ses paroles soient en- semble sublimes et agréables , et quelquefois elles le sont; mais elles sont aussi très - fréquemment rudes, raboteuses, et placées d’une façon qui n’est point naturelle; de là il arrive qu’il est souvent obscur et confus dans la struciure de ses phrases. Il met du soin et du travail dans ses ornemens ; et, par ses efforts curieux pour leur donner de la grandeur et de la magnificence, il tombe dans les innovations excessives, et s’entoure plus que jamais de ténèbres et de difficultés. Néanmoins la justesse et la dignité de ses sentimens sont telles que, quand après de nombreuses lectures on est parvenu à les comprendre , on se trouve en sénéral dédommagé de la peive qu’ils ont donnée. Son style est concis, brusque, et trop sou- RS CEMMR Rp Ra R CHER RAR. R-R OR NE HR A 444 Livres divers. « vent iuintelligible à la première vue. Il est aussi « trop sec el trop roide dans la narration des faits ; « mais quelquefois une certaine netteté, une certaine « lumière vient à apparaître au milieu du récit, et « vous frappe comme un éclair dans une nuit obs- « cure. Dans ses harangues il introduit des personnes « de caractères diflérens, mais elles parlent toutes, « comme le ferait l'historien, avec rudesse et sévé- « rité. La douceur est fort étrangere à sa manière, » Il est une question sur laquelle M. Gail n’est pas non plus de Popinion générale, c’est de savoir si les harangues de Thucydide sont authentiques et composées par lui. Toute lantiquité a cru que Thucydide en était Pauteur; mais M. Gail s'élève contre tous les témoignages, et il appuie son opi- nion sur un passage de Thucydide , que jerapporterai d’après sa traduction : « Consigner dans ma mémoire « la teneur bien précise des discours qui furent « prononcés lorsqu'on se préparait à la guerre et « pendant sa durée, c'était un travail difficile pour « moi-même quand je les avais entendus , et pour « ceux qui m'en rendaient compte, quelle que fût « la source où ils avaient puisé. Mais j'ai écrit les « discours dans la forme que chacun des orateurs « me semblait avoir dû employer pour se mettre en « harmonie avec les circonstances , et en me tenant « toujours, et pour le fond et pour l’ensemble des « pensées, le plus près possible des discours pro- « noncés. » fe ne crois pas qu’il y ait moyen de trouver contre Popinion de M. Gail un passage plus formel que celui-là. Fhucydice y avoue ingénument ses infidélités. Il a conservé autant qu’il a pu le fond des idées qui forment le sujet; mais il a disposé à son gré les ornemens et les détails ; et de là cette L] Livres divers. 449 uniformité de style dans les harangues. C’est ainsi que dans le siécle dernier, le célèbre docteur Joux- son, chargé de rendre compte, dans un journal, des débats du parlement, composait sur quelques notes recueillies de mémoire , des discours admi- rables dont le sujet ne lui appartenait pas, mais qu’il ornait de tout l’éclat de son siyleet des ri- chesses de son éloquence : les personnages de Thu- cydide ne sont pas plus les auteurs des harangues qu’il leur fait prononcer, que les orateurs du par- lement anglais de ces beaux discours où le decteur Jonhson a mis un talent digne des antiques tri- bunes d'Athènes et de Rome; mais voici une au- torité que M. Gail ne recusera pas ; c’est la sienne. Comparant Thucydide et Xénophon, il s'exprime en ces termes : « Dans ses portrails et ses harangues, « Thucydide plus varié donne à chacun de ses per- « sonnages la couleur de son caractère : on dirait « qu’il a l’ame et léloquence de tous les grands hommes qu’il fait parler; il se montre tour-à-tour grave cowme ÂArchidamus, temporiseur comme « Nicias , brillant et léger comme Alcibiade, ma- « jestueux comine Jupiter Olympien, lorsqu'il fait « parler Périclès. Le disciple de Socrate, toujours « abondant et fleuri, semble un peu plus uniforme ; « et d’ailleurs manquant quelquefois aux conve- « nances, il prête des discours philosophiques à des « hommes iguorans et barbares. » M. Gail paraît encore en opposition avec lui-même lorsque, dans un autre endroit, il cherche à faire sentir la beauté du style de Thucydide par une harangue de Pé- riclès qui, selon son système, doit prouver Pélo- quence de l’homme d’état , et uon celle de l’his- torien. = 5 & 446 Livres divers. Dans les éditions des anciens, le premier de- voir de léditeur est d'établir le texte d’après les principes et avec les secours de la critique, Ce travail, bien exécuté, suffit seul pour donner un grand prix à une édition. M. Gail n’a rien négligé pour que le texte de Thucydide fût représenté avec une extrême exatictude; il s’est associé, à fort grands frais, quelques personnes instruites, à l’aide des- quelles il a collationné les treize manuscrits de Thucydide, que possède la Bibliothéque impé- riale. Assurément, il ne pouvait pas rendre à Phistorien qu’il aime de service plus signalé; et il mérite, pour un travail si pénible et si impor- tant, la reconnaissance des vrais amis de la lit- térature ancienne , et des vrais juges en ces ma- tières. J’insiste d’autant plus sur les éloges dûs à M. Gail pour cette partie de son travail, que ce genre de recherches est en général fort mal apprécié, quoiqu'il n’y en ait point, dans cette classe d’études, qui soient à la fois plus labo- rieuses et plus utiles. M. Gail a donné, dans ce volume, quelques échantillons (si je puis employer ce terme) de ses corrections et des observations littéraires et criti- ques qu’il joindra à chaque livre, pour en expli- quer les passages obscurs et difficiles, ou pour en développer la beauté. J’ai presque toujours applaudi à la sagacité du savant professeur : il interprête avec habileté plus d’un endroit embarrassant ; et si, dans quelques autres , il a peut-être été moins heureux, qui n’excuserait un petit nombre de fautes dans un moderne expliquant Thucydide, lorsque Cicéron lui-même a déclaré ne pas pouvoir le comprendre toujours. Au reste, les erreurs même que j'ai cru Livres divers. 447 remarquer , n’appartiennent peut-être qu’à moi : J’en fais juge ici le savant professeur, à qui je vais soumettre quelques-uns de mes doutes. Thucydide (I, 22) dit que son Histoire est composée evyxa pour les siécles à venir. M. Gail voulant agrandir celte idée, traduit oyxeay par in medio posita, est exposé à tous les regards comme un monument éternel. J’avoue que ce sens a plus de noblesse; mais il fallait prouver que evyxte peut avoir celte sivnification, pour laquelle il eût fallu, je crois x Où avaxeey. Il ne seroit pas difficile de citer des phrases de plusieurs bons écrivains , Où cvyxee a le sens condamné par M. Gail. Mais j'aurai peut-être bientôt occasion de revenir là-dessus en place plus commode. Il m'a semblé encore que M. Gail, voulant rendre à son auteur un coioris dont le dépouille la version reçue, qui est froide et sans couleurs, avait donné ( page 73) une explication un peu forcée d’un pas- sage difficile, mais qui me semble bien interprété par Henri-Etieune. sv oa per est une locution poétique, comme il y en a beaucoup dans Thucy- dide. M. Gail devait au moins justifier, par des exemples , la construction qu’il fait de opyn poor me maris ey oupary. En général, je me permetirai de foire un reproche à la méthode de M. Gail ; c’est de n’être trop souvent appuyée que sur le raisonnement, Quand il s’agit de déterminer, dans une phrase difficile, le sens douteux ou la construction des mots d’une langue morie, les meilleurs raisonne- mens, les idées les plus ingénieuses ne suffisent pas toujours. Il faut des preuves, et ces preuves se tirent des écrivains qui , seuls aujourd’hui, peu- 448 _ Livres divers: vent faire autorité. C’est ainsi qu’ont toujours tra- vaillé les plus savans et les plus estimés d’entre les philologues. La simple aflirmation n’est admissible que dans les choses parfaitement évidentes. L’enthousiasme, si louable et si naturel de M. Gail, pour son auteur, l’a, si je ne me trompe, mené un peu loin, quand il écrivit la remarque sui- vante : ( « de peur que le nouveau mur venant à s’éle- (ver, vYyaey yryroueve ne fût trop foible. Comme la « voix s'élève en prononçant im yryrotey! Comme «ces deux mots, habilement placés à la suite de « deux monosyllabes +5 #y, peignent la hauteur de & la construction! Et que d’art dans cet hiatus + « gey dŸyae , qui peint une construction embarrassée «el pénible ! » [l ne faut point disputer des choses de goût; mais, en vérilé, je ne puis me figurer que Thucydide, écrivant cette ligne , une des plus simples de tout son livre, et pour les termes et pour Ja pensée, ait eu les subtiles intentions que M. Gail lui suppose. Ces remarques extatiques sur des beau- tés imaginaires feraient grand tort à un livre où elles seraient nombreuses, ef inspireraient nécessaire ment quelques doutes sur le goût d’un auteur qui verrait souvent des choses si extraordinaires. Dide- rot a quelque part analysé de la sorte une compa- raison de Virgile ; mais il a eu la bonne foi de con- venir lui-même qu’il pouvait bien être un peu cou- pable d’exagération. D’aussi légères erreurs ne peuvent, en aucune façon , diminuer le mérite d’un ouvrage de ce genre; et, malgré quelques fautes inévitables, ce volume est exécuté de manière à faire desirer la publication des autres. Je me plais à croire que celte utile entreprise sera encouragée ; quoique la | : Livres divers. 449 Jltératüre ancienne paraisse maintenant tombée dans une grande défaveur!, une édition si impor- tante, et qui, en France, mauque totalement aux études aura sans doute assez de succès pour dé- domniager M. Gail de ses nombreux sacrifices. Il serait vraiment triste qu’un livre qui prouve tant de zèle, et dont l’ntilité est si manifeste, restât né- gligé et dans Poubli (1). D. DIPLOMATIQUE. Pavrirr diplomatici descritti ed illustrati d’all abb. Gaetano MaARINI, primo Custode della Biblioteca Vaticana, e Prefetto degl Archivi secreti della S, Se de. Roma, Stampa, della Propaganda. — Papyri diplomatiques décrits etillustrés par l’abbé Gaetano Marin, premier Garde de la Bibliothéque du Vatican, et Préfet des Archives secrètes du S. Siége. A Rome; de l’Imprimerie de la Propagande , 1805. T1 y avait longtemps que le public desirait un ou- vrage qui l’instruisît sur cette branche de l’antiquité ; il ne trouvait pas que les recherches de ceux qui jus- qu'ici l'avaient cultivée, eussent rempli tous les de- sirs et satisfait à tous les besoins des savans. Les manuscrits sur Papyrus font partie de la Diplo- matique sur laquelle nous avons tant de traités : mais les écrivains qui se sont occupés de cette science, se sont bornés à rechercher particulière- ment les parchemins desquels dépendent les pri- / % } (1) Thucydide et Xénophon, son continuateur , allant en- semble , on prévient ceux qui voudraient se procurer-l’un et l’autre de même format, que Xénophon n’est br que format in-4.° Tome WI, Décembre 1807. 29 &o Livres divers. viléges et les propriétés, et ne se sont point em- barrassés de résoudre les difficultés des Fons qui n’intéressent guères que l’érudition. Le marquis Maffei vivait dans un temps où la Diplomatique, commencée par les Bollandistes , continuée et approfondie par les PP. Montfaucon et Mabillon, était encore dans l’enfance et rem- plie de préjugés. Il commença à lélever, au moyen de l’histoire, dans les deux premiers livres de l’Arte critica diplomatica (1), qu’il donna en 1787, et que devaient suivre d’autres livres qui ne parurent point. Mais, pour les Papyri, par lesquels commence la Diplomatique ; il est très-loin d’avoir dit tout ce qu’il en savait; il en publia quelques-uns d’iné- ‘dits, en expliqua d’autres qu’on m'avait pas bien entendus, et posa des fondemens au moyen des- quels les caractères purent être lus et interprêtés plus sûrement. Les ouvrages donnés depuis par les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, par les savans Milanais et par quelques autres, ont beaucoup servi les projets de Maffei et les desirs des gens de lettres. On manquait cependant, sur les Papyri, d’un ouvrage vraiment classique , et tous les souhaits que l’on pouvait former à cet égard, viennent d’être accomplis par M. l’abbé Marinr, dans l’ou- vrage que nous annonçons. Il est certain que per- sonne ne pouvait mieux que lui réussir dans cette en- treprise, Ses correspondances étendues lui ont-pro- curé les moyens d’avoir lés Papyri diplomatiques de tous les pays, transcrits avec la plus grande exacti- tude. Ses voyagesilui ont permis d'observer presque (1) Arte critica diplomalica. Livres divers. 451 tous ceux de l'Italie: sa place l’a mis à même d'étudier ceux du Vatican, qui, avant l’établisse- ment du Cabinet Clémentin, était beaucoup plus riche; en eflet, c’est là qu’on possède la plus grande partie de ce trésor littéraire ; et, pour trou- ver la véritable signification d’un Papyrus, on a souvent besoin de l’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse, et d’y revenir plusieurs fois avec beaucoup de réflexion, ce que n’ont pu faire ni Maffei , ni les autres qui en ont publiés. Il a eu ‘ les mêmes facilités pour ceux qui se trouvaient dans d’autres endroits, au moyen de calques très= exacts ; et ce qui était le plus essentiel, il a apporté à cette étude un esprit ardent, une connaissance profonde des temps et des lieux indiqués dans chaque manuscrit, et l’avantage de s’être occupé pendant plusieurs années de l’étude de monumens semblables; aussi est-il parvenu à rétablir les véritables leçons, et à éclaircir par des notes toutes les difficultés. Son ouvrage a réussi comme vraiment classique , parce qu’il n’est pas borné à seize chartes comme celui de Maffei, mais qu’il en renferme autant qu’il en existe de connues en Italie et ailleurs. Il y en a de transcrites en caractères modernes ; mais vingt- deux planches en représentent les caractères tels qu’ils sont. On a réuni à part les chartes qui étaient écrites sur des parchemins ou dans des livres, et dont l’original n’existe plus, de sorte qu’elles peu- vent contribuer à la correction des Papyri existans, que l’on peut , en les confrontant, corriger et éclair- cir. Tout ouvrage est composé de cent cinquante-sept Papyri diplomatiques , tels que des bulles des papes, 452 Livres divers. des diplômes des souverains; des acquisitions, des ventes, des tutelles des particuliers; l’auteur y a joint des notes curieuses sur les noms, les cou- tumes , les lois et l’écriture de chaque temps. Il parle en abrégé, dans sa préface qui est très- savante et très-bien faite, des Papyri grecs et des manuscrits sur Papyrus ; tout son [ouvrage répond parfaitement au titre de Codici diplomatici (ma- nuscrits diplomatiques) , tandis que jusqu’à présent on en avait eu à peine quelques essais. Son érudition s'étend aussi aux inscriptions lapidaires ; il y a puisé des notices et des anecdotes sans lesquelles différens passages des Papyri seraient restés tout- à- fait obscurs. L'un des Papyri qu’il produit à la fin de la pré- face , contient un fragment grec inédit d’une komé- lie sacrée. L'auteur est inconnu : l’écrit est opisto- graphe (écrit des deux côtés); la tranche annonce que c'était un livre et non un rouleau diploma- tique, c’est pourquoi ce morceau a été exclus du re- cueil, quoiqu'il soit très-précieux : 1l a été trouvé en dix pièces dans le garde-meuble royal de Flo- rence , parmi les raretés qui composaient le Cabinet de physique de l’Académie del cimento, qui le gar- dait sans doute comme échantillon de cette plante exotique dont la membrane intérieure servait de papier. Les pièces furent réunies et placées entre deux verres dans les archives. ‘ Dans la même préface, il en cite un autre qui vient de la famille Fabroni de Marradi, et qui existe chez M. Pavocat Raphaël Fabrini, vicaire royal à Florence, c’est une fin d’acte de donation que fait une certaine Viliana , peut-être de la na+ Livres divers. 453 tion des Goths, on ne sait à qui, ni de quoi; mais on sait que l’acte a été passé à Ravenne, et que l’année était notée dans la partie de la feuille qui manque. Au numéro 117 est rapporté un acte qui se con- serve à ÂArezzo chez M. J. B. Forti. On y voit qu’en 541, après J. C., un terrein de deux onces ( due once ) fut vendu par un certain Minulus, clerc, de la loi des Goths ( legis Gothorum), c’est-à-dire de la religion arienne que professaient alors les Goths en Italie, où ils avaient plusieurs églises qui étaient souffertes par l’empereur Justinien. L'acheteur était Isaac Savonnier à Ravenne, où a été passé l'acte qui appartient à ladite année. Un autre acte du même temps est rapporté dans le numéro suivant; c’est un contrat entre deux diacres, pour quatre onces d’un terrein qui vrai- semblablement devait être placé aux environs de Ravenne: Ce titre avait été transcrit par Donr ; mais, lors- qu’on voulut ensuite le confronter et le publier de nouveau , on trouva l’étui dans lequel le Papyrus avait été placé dans les archives de la cathédrale; mais le Papyrus même n’y était plus. Au numéro 134, est une fin d’acte de pétition qui peut être du dixième siécle, dans laquelle est faite instance pour une.amphithéose de deux fonds appartenant à S. Pierre Majeur de Ravenne, à son ‘archiprêtre, à un prêtre et à un diacre de cette église , et aux autres qui la desservaient,, par un cer- tain Platon, sergent ou huissier ; on y voit son nom et celui des témoins. Notre-auteur en donne une copie beaucoup meilleure que celle que Maffei ex ‘ 454 Livres. divers. avait publiée, et il fait d'excellentes remarques sur les desservans de ces temps, c’est-à-dire ceux qui étaient attachés au service des prêtres, sur le nom de Platon et sur le pape Jean VII dont il est ques- üon (ce qu’il n’assure pourtant pas) dans deux épi- taphes en, vers, inédites jusqu’à présent. IL donne aussi des conjectures qui expliquent d’une manière très-probable pourquoi il les lui attribue. Le manu- scrit est à Sienne, dans la Bibliothéque des. Augu- stins, Les deux derniers Papyri sont dans les archives royales diplomatiques de Florence: celui du n.° 98 a été publié par M. Proposto Fosst, en 1781. Dans un ouvrage ayant pour titre : Conjectures d’un membre de la Société Étrusque , relatives à un manuscrit sur Pa= Pyrus (5), et il Pattribue au quinzième siécle. Mais les caractères et l’identité des personnes nommées et rappelées dans d’autres actes, font évidemment voir qu’ils ont été écrits, l’un vers 809, l’autre vers goo , à Ravenne; ils appartiennent à la classe des dona- tions. Celui du numéro 138 n’est qu’un catalogue des reçus, papiers de süreté faits la plupart en face d’un certain Pierre, et de cette manière : « Cautio Macedoni facta ad n. (nomen) Petri de « sol. (solidis) mccz. PAC. Paulini v. c. » « Cautio Macedoni alia græca facta ad n. Petri « sol. mille cento. » (3) Congetture di Socio Etrusco sopra una éarka Papi- racea. Livres divers. 455 « Cautio Verissimi Adj. N. ( Adjutoris Numera= « riorum ) facta ad n. Petri sol... P. C. (Paulini). » « Cautio alia Verissimi facta ad nomen Andreæ « sol. sex Cethego v. c. Consule. » D’après ces consulats et quelques autres, notre au- teur conjecture que ces Papyri out été écrits vers l’année 500 de J. C., et gardés dans les archives de Théodoric, ou de quelques empereurs d’un temps peu éloigné du sien. Ces archives pouvaient être dans la maison de l'agent des largesses sacrées ou particulières, qui est nommé dans la Notice de l’Empire d’occident, Pri- miscrinius securitatumn. Il devait garder ces sortes de papiers ; il y en avait de conçus en forme de lettres, et nous en possédons la formule dans les digestes , par une qui commence ainsi: L. Titius scripsi me accepisse a P. Mevio, et celle-ci aura été écrite par Pierre, ou plutôt André qui était peut-être dans le département du Comte des largesses, où il rem- plissait l’office de Chambellan. M. V'arini fait aussi d’excellentes observations sur un Papyrus qu’il croit être un autre morceau de celui du marquis Capilupi, de manière qu’il le donne avec beaucoup d’améliorations, et qu’il l’explique mieux que ne l’avait fait Maffei. 11 sera dans peu re produit par M. Philippe Brunetti, employé aux archives diplomatiques, qui, avant d’avoir con- naissance des observations de M. l’abbé Marini, s’élait déja aperçu de l'erreur de Fossi, et qui avait déja corrigé cette lettre pour la date et pour d’autres détails. Cela doit lui confirmer l’estime que font de lui, pour sa pénétration et son acti- 456 Livres divers. vité, les gens de lettres qui le connaissent, es- time qu’il ne peut qu’augmenter par les ouvrages qu’il prépare. Avant de terminer, nous dirons que ouvrage de M. l’abbé Marini est dû aussi à M. le comte Warco Fanruzzi, auteur des six volumes des Monumenti Ravennati (4), publiés à Venise, et loués avec jus- tice dans le journal de Padoue et dans celui de Z’ise. Cet ouvrage est le fruit des recherches et des travaux de plusieurs années qu’il a passées à copier dans les archives de Ravenne les documens qui illustrent cette ville et beaucoup d’autres. Il à soumis aussi, à M. l’abbé Marini, beaucoup de notices qui lui ont servi à commenter les Papyri qui, en grande partie, proviennent de Ravenne , ville qui s’est montrée extrêmement soigneuse de conserver ses Mémoires ; dans les temps de siéges , ils ont été trans- portés en différens endroits. L'amour de son pays a porté M. le comte Fantuzzi à desirer que tous ces Mémoires fussent réunis dans un livre , et qu’on publiât enfin des pièces aussi an- tiques et aussi curieuses. C’est pourquoi ce généreux citoyen a consacré une somme considérable pour la publication de ce bel ouvrage : aussi M. Marini l’ap- ‘ pelle-t-il un homme rare et même unique, dont la réputation comme tel est généralement répandue. Nous ne pouvons que confirmer un tel éloge, et le féliciter d’avoir eu une idée aussi belle et aussi avan- tageuse à ce genre de littérature, et lui donner le témoignage d’une admiration que partagera sans doute le public. Il ne séparera pas, dans sa recon- (4) Monument: Ravennati. Livres divers. 457 naissance, l’homme qui a fait, des biens qu’il a reçus de la fortune , un si noble emploi , et le savant d’un ordre supérieur qui a exécuté un si bel ou- vrage. T. D. | La HISTOIRE LITTERAIRE. SÉANCxs publiques de la Societé d'amateurs des sciences et ar!s de la ville de Lille. — Deuxième Cahier. Août 1£07. Nous avons déja rendu compte du premier Cahier de ces séances (1). Le précis que nous avons donné des travaux de la Société, n’aura point été sans intérêt pour les amis des sciences et des lettres. Rien ne doit leur être plus agréable que d’apprendre à connaître ceux qui les cultivent avec tant de succès, et c’est ce qui nous engage à donner l’analyse de ce second Cahier. L’exposé des travaux de la Société de Lille , fait avec beaucoup de clarté et de méthode par M. DraPrez, secrétaire-général, prouve que ces membres ne ralentissent point de zèle, et qu’ils sa- vent toujours ajouter à l'estime qu’inspire à juste titre leurs utiles travaux. M. D£ezenne s’est occupé de la Gnomonique, et il est parvenu à ramener la science du cadran à la ré- solution: d’un problème de géométrie descriptive qu’il énonce ainsi : « Déterminer sur un plan donné « les intersections de douze plans donnés, dont l’un « est le méridien du lieu, qui ont une intersection. « commune, et qui font entre eux des angles égaux. » (1).Voy. Mag. Enc;cl. aun. 1807, t.2, p. 207. 458 Livres divers. Il entre ensuite dans le développement de la mé- thode à suivre pour le tracé des cadrans, avec tous les détails nécessaires pour cet objet, la mesure du temps, l’inclinaison de la surface, la position da style, etc. M. DeLgzexxe a développé, dans une exposition du système métrique et du calcul décimal, qu’il a publiée, les moyens de connaître sans peine les mesures nou- velles. L'auteur donne plusieurs applications égale- ment claires et précises de ses principes. Son ou- vrage est accompagné de tables de comparaison en- tre les anciennes et les nouvelles mesures. La Société a nommé une commission tirée de son sein pour continuer les observations météorologi- ques qu’elle avait commencées. , M. Dumonr ne Courser a su rendre cesobservations utiles et familières aux cultivateurs, en leur facili- tant l’usage des instrumens employés pour cet objet. M. WarTEL a exposé des réflexions nouvelles sur la lumière et le calorique, où il fait voir que si ces deux fluides ont une grande analogie dans leurs principes , ils ont des actions lout-à-fait différentes. Il appuie cette assertion par plusieurs faits. Des tableaux méthodiques de chymie ont été rédigés par M. LamBerr, dans l’iutention de procurer aux élèves plus de facilité pour se rappeler les principes de cette science. L’auteur avait offert à la Société, en’ 1806, la première partie de cet ouvrage. Il a pré- senté , cette année , la seconde qui consiste en douze tableaux. M, Drapiez a recherché d’où naît la différence d'action qu’exerce sur l’économie animale le artrite antimonié de potasse où émétique. C’était une recher- che singulièrement importante ; il a trouvé ; en ana- Livres divers. 459 lysant plusieurs émétiques du commerce , que les proportions de leurs principes éprouvaient des va- riations très-considérables qu’il attribue aux oxydes d’antimoine employés à leur préparation, dont le degré d’oxydation est différent; c’est ce qu’il a prouvé par plusieurs expériences , et il a fait voir que plus l’acidule tartareux contenait de potasse, moins il fallait d’oxyde d’antimoine pour la satura- tion, et moins l’émétique qui résultait de cette satu- ration devait avoir de propriétés vomitives. Il s’est assuré aussi que, pour obtenir un émétique inva- riable dans ses effets, il fallait le préparer absolu- ment de toutes pièces, et une foule d’expériences lui ont procuré un procédé (2) qui remplit les condi- lions. d Le même chymiste s’est occupé aussi de l’analyse de la rhubarbe. Il a comparé celles de la Chine et du Sénégal, et examiné leurs principes constitutifs. Il trouve que ces deux espèces n’ont aucune ressem- blance pour leurs caractères physiques; que Paction de la rhubarbe du Sénégal est à peu près nulle en médecine, mais qu’au moyen des mordans appro- priés, on peut l’employer utilement dans la teinture pour obtenir une belle couleur nankin. Pour rendre plus familiers aux teinturiers les chan- gemens utiles qui se sont opérés dans leur art depuis (2) On dissout, dans une quantité d’eau distillée, cent soixante-six parties d’acide tartareux crystallisé , bien pür et bien sec; on les combine avec quarante-deux parties de car- bonate de potasse obtenu par la combustion complète de la crème de tartre, puis on y mêle cent parties de verre d’anti- moine. On fait bouillir le tout dans une capsule de porce= laine placée sur un bain de sable l’espace d’environ une heure; on filtre et on laisse crystalliser. 460. Livres divers. le perfeclionnement de la chymie, M. LAMBEnT a rédigé des Tableaux synoptiques qui présentent le résumé des connaissances acquises jusqu’à ce jour dans l’art de la teinture. Dans des Xéflexions sur lame, M. DEcrorx observe ses facultés dès l’âge de l’enlance, et les suit dans leurs développemens successifs, et il montre l’in- fluence variée qu’elles exercent sur l’économie phy- sique , selon la direction qu’elles ont prise. Le département du Nord a accueilli la vaccine avec:toute l’ardeur que doit inspirer une découverte si salutaire. M. Borrin, en faisant le relevé des vac- cinalions faites depuis l’an 9, époque à laquelle cette pratique fut introduite dans ce département, a aussi élabli une différence entre le nombre d’enfans morts pendant ces six dernières années et celui que com- portait l’état civil des six années précédentes. Le résultat a été très-favorable au nouveau procédé. M.ScurpPers a présenté un T'ableau analytique des insectes décrits par M. Grorrroy. Dans ce tableau, J’auteur a adopté la méthode suivie par M. LAMARCK dans sa Flore française. M. Draptez a entrepris un semblable travail dont il ä terminé la première partie qui consiste en quatre tableaux , et comprend tous les co/éoptères. Il a suivi la marche de l'Histoire des crustacées et des insectes de M. L'ATREILLE. M, Hécarr, dans ses l’romenades autour de Valen- eiennes , a recueilli plus de onze mille plantes parmi lesquelles il se trouve une assez grande quantité d’es- pèces rares, ou qui n’ont point encore été décrites. L'auteur a ajoulé à ce travail plusieurs. réflexions irès-intéressantes de géologie et de minéralogie. On a été très-longlemps incertain sur la place Livres divers. 40t qu’on doit donner à la Zépidolithe, les minéralogistes l’avaient en quelque sorte abandonnée par l’incerti- tude où les mettait l’analogie de cette substance. M. Drapriez, après une nouvelle analyse faire avec tout le soin possible, a trouvé que la lépidolithe n’est pas une substance terreuse particulière , qu’elle est composée de quatre substances bien distinctes, et qu’elle pourrait être rangée parmi les aggrégats dn premier ordre de la Méthode de M. Hauy, sous le nom de roche talqueuse , avec mica; tourmaline apyre, et quelquefois feldspath. M. Hécarr travaille à un ouvrage qui a pour titre: Indicateur minéralogique : c’est un dictionnaire de gissemens des minéraux : il en est au troisième vo- lume, Il a adopté la nomenclature de M. Hauy, et y a peint la synonymie des auteurs les plus suivis. Il existe , près de la commune de Leuze, dépar- tement de Aisne , une fontaine intermittente con- nue sous le nom de Fosse-Broyon. M. FERON en a fait l’objet d’une notice très-intéressante; il développe, en savant naturaliste, les causes des phénomènes qu’elle présente, et réfute les idées fabuleuses qu’elle avait fait naître. L’intention qu'avait le premier magistrat du dé- partement du Nord d'apporter quelques modifica- tions dans le mode de rouissage, et surtout dans le placement des routoirs, a donné lieu à un mémoire de M. LiÉG£aRD , où, après avoir examiné en chy- miste et eu agronome habile, les mauvais effets des procédés ordinaires, montre la supériorité de celui de M. Bralle d'Amiens , qui se fait au moyen de fourneaux économiques. Dans un mémoire de M. Draprez, sur l’amélio- ration des laines dans Le département du Nord, ce 462 Livres divers. savant indique les moyens les plus efficaces pour cet objet, dans la réforme de l’éducation des trou- peaux, dans le choix des béliers, le temps de la fécondation des brebis , le sevrage des agneaux, etc. Et, pour détruire la fausse opinion de plusieurs per- sonnes sur la supériorité du climat et du sol de l'Angleterre , il prouve, par le parallèle qu’it eu fait avec le département du Nord, que celui-ci n’aura rien à céder à l’Angleterre, si on sait en tirer les mêmes avantages. [l propose aussi le plan d’une nouvelle bergerie à claire-voie , qui procurerait aux troupeaux un air plus pur sans les exposer aux effets pernicieux des intempéries. L'éducation des abeilles a toujours été une bran- che de l’économie rurale assez négligée dans-le dé- partement du Nord. M. Borrin, sur des instruc- tions qui lui ont été communiquées par M. Fon- taine, a rédigé un mémoire dans lequel il tâche de détruire les motifs de cet abandon , et indique les moyens les plus propres à faire prospérer les abeilles dans le département. M. Borrin a présenté également à sa Société un Rapport sur La culture des arbres dans le département , et les progrès qu’elle fait tous les jours. Les essais nombreux qui ont été faits , prouvent que le sol dece département n’est point lavorable à la culture des arbres résineux. La culture du co/sat forme une des principales richesses du département du Nord, et occupe à peu près un vingtième des terres labourables. Cependant ses précieuses récoltes sont souvent exposées aux ‘ravages d’un insecte qui détruit en un instant le fruit d’une année de travaux. M. DrArisz essaie, dans Livres divers. 465 une notice; de faire connaîlre exactement cet in- secte, ses mœurs, et les moyens de le détruire. Cet insecte est, selon cet habile naturaliste, la nitidube bronzée. Il pense, d’après plusieurs faits qu’il rap- porte, que cet animal cause beaucoup plus de ra- vages dans l’état de larve que d’insecte parfait. Le moyen de destruction qu’il propose est d’arroser d’eau chargée de deux centièmes de potasse , le col- sat en pépinière un mois avant la plantation, et en- suite à l’instant de la floraison. M, Taraneer s’est occupé des maladies des plantes ceréales connues tous le nom d’ergots, et des effets pernicieux que l’usage de ces plantes exerce sur l’économie animale. Ces effets forment ce qu’on ap- pelle la gangrène sèche , necrosis ustilaginea. 1] décrit cette maladie qui n’est encore connue qu’imparfaite- ment, et fait connaître le traitement qu’il juge le plus convenable. Tel est le précis des travaux de la première Classe de la Société; ceux de la Classe des arts et de la lit- térature n’offrent pas moins d'intérêt, M. Scrive a fait hommage à la Société d’une carde qui a mérité une médaille à exposition des produits de lindustrie française en 1806. M. Marescaux lui a présenté le modèle d’une pelle à cylindre | propre à enlever la tourbe des ca- paux. M. WarrTec lui a communiqué des Réflexions sur limitation, et particulièremeut sur La manière dont elle a été pratiquée par La FONTAINE. M. CLavery a traité historiquement, dans un dis- cours , de l’influence des arts, des scienees, et spécia= lzment des Sociétés savantes sur la gloire d'une nation. Dans un discours prononcé à l’ouverture d’un 464. Livres divers. cours de physique expérimentale, M. LréGEARD ca- det a exposé à ses élèves les principes généraux de conduite nécessaires pendant le cours des SRE et même pendant toute la vie. Quelques idées sur la manière Décriré 4 plusieurs auteurs modernes, et particulièrement sur l’élocution, ont été soumises à la Société par M. Tracnez. Ces idées ne sont qu’un précis d’un ouvrage plus étendu que l’auteur se propose de publier. M. BorrTiIN a donné plusieurs notices sur les monumens antiques du pays. Le premier qui a fixé son attention est celui auquel on donne le nom de Pierre Brunehaut.Ce monument se trouve près de l’ancienne chaussée romaine qui conduit de Saint-Amant à Tournay. M. Bottin pense que c’est un ancien mo- nument celtique, et il le regarde comme un de ceux que M.Cambry a décrits sous le nomd e peul- van ou pierre de bout. M. Srcvy a lu plusieurs mémoires qui doivent ser- vir de complément à l’ Histoire de Lille, par Monrzr- nor. L’un de ces mémoires renferme le Tableau des sciences et des arts sous Philippe-le- Bon, duc de Bour- gogne, et dans le quinzième siécle. Un autre traite de l’origine , des progrès, de la police et des abus du commerce de Lille. M. BorriN, entre autres rapports sur la statistique du département du Nord, en a présenté un à la Société sur le mouvement de sa population pen- dant l’année 1806; le résuitat de ce rapport offre un accroissement de 3,219 individus sur les trois années précédentes ; mais il offre aussi un excédent de 28 enfans naturels. L’éloge historique de Ch. Jos. Leclereg de Mont- Livres divers. 465 linot a été prononcé par M. Sizyx, continuateur de l'Histoire de Lille. | Plusieurs membres de la Société se sont plu à ajouter à l’agrément de ses séances par des pièces de vers de leur composition. La notice des ouvrages qui ont été adressés à la Société par ses membres correspondans est très-con- sidérable , et il serait trop long de la rapporter ici. Il nous suffit d’avoir mis nos lecteurs à même de juger , par une analyse, de l’utilité des travaux de la Société des sciences et arts de la ville de Lille , et de l'intérêt que des membres aussi zélés pour les pro- grès des sciences doivent inspirer. Ce cahier est terminé par des réflexions critiques sur l’Histoire de Lille de REGNauLT-W4RIN, par M. Porer, D. HISTOIRE LITTÉRAIRE. Nortcrs historiques, lues à la Société d’Agricul- ture et de Commerce de Caen, par Pierre- Aimé Lam, secrétaire, eéc. À Caen, chez F. Poisson, imprimeur. Un vol. in-8.° papier vélin. Un auteur moderne, M. RENAUD DE LA GRELAYE, a dit : le commerce élargit la bourse et retrécit le génie. Ce mot est heureux, cependant il ne paraît pas devoir être appliqué à l’Académie de Caen, si l’on juge des talens de tous ses membres d’après ceux de son secrétaire. Sa devise est: Musis et Amicitiæ (aux Muses et à l'Amitié ); et nous dirons, avec cette franchise dont nous sommes obligés de faire profession, que lÆmitié et les Muses ont dû sou- Tome VI. Décembre 1807. 30 466 Livres divers. rire à celte offrande, Le genre de léloge acadé- mique présente plusieurs bons modèles; le meil- Jeur est FoNrENELLE: mais, pour ceux qui w’out pas sa concision et sa finesse ; pour ceux qui craignent lemphase de Tromas, la froideur de d’ALEMBERT et la roideur de CoNporcCET, il reste à imiter la verbeuse éloquence de Vicon’Azyr, où la touche élégante de M. AzrBErT. Je ne sais si je me trompe, mais c’est ce que M. L'AIR a tenté de faire. Il instruit, il amuse sur des matières intéressantes, et son style est digne des sujets qu’il traite. Nous ne parlerons pas de ses articles sur les pierres à faux de Litri; sur la culture et prépara- tion du chanvre ; sur la refonte des monnoies; sur les pommiers à cidre et autres mémoires qu’il ana- lyse avec clarté et précision. Mais arrêtons-nous à ses Notices historiques. La première est consacrée à M. Moisson Devaux, fils de M. d’Urville : il fut tour-à-tour employé dans toutes les places de son département, et nommé ensuite membre du Corps législatif, « Redevenu simple citoyen, il reprit avec « plaisir les habitudes de la vie privée. Depuis « longtemps il desirait visiter les riantes contrées « du midi de la France; il entreprit le voyage de « Provence. Il traversa d’abord cette ville, située « au confluent du Rhône et de la Saône, où Pin- « dustrie met en activité deux cent mille bras. Il « S’arrêta dans cette autre cité bâtie par les Pho- « céens, déja fameuse du temps des Romains, qui sert aujourd’hui d’entrepôt à toutes les marchan- « dises du Levant. Il parcourut ces îles où, sous « le plus beau ciel, on respire le parfum des « plantes aromatiques. Il w’oublia pas de visiter ñ Livres divers. . 407 « la fontaine devenue célèbre par les vers de P6- « trarque. » N'est-ce pas avoir fait connaître , sans « les rommer, dans une heureuse périphrase, Lyon, Marseille, Hières et Vaucluse, lieux célèbres, si sou- vent parcourus et décrits, que M. A. L. Mrczin vient naguères de parcourir et de décrire en an- tiquaire et en homme du monde ? — Mais conti- nuons de transcrire M. Lair; cette annonce ne peut qu'y gaguer, et ces citations justifieront nos éloges: « M. Devaux, après avoir suivi les bords de l'Isère, « herborisa sur les montagnes du Dauphiné, dont « M. Viscars a si bien décrit les plantes, Plus un « homme est instruit, plus il recueille du fruit de ses « voyages. Rien n’échappait aux regards curieux « et observateurs de notre collégue; il s’attachait « particulièrement aux procédés utiles en agricul- « ture. Il portait ses pas vers l’ftalie, cette patrie « des beaux-arts, théâtre de nos succès guerriers; « déja il allait traverser les Alpes, que nos armées « triomphantes ont tant de fois franchies, lorsqu’il « fut obligé de revenir dans ses foyers. Mais alors « parut un de ces génies extraordinaires, envoyés « par la Providence pour faire oublier de grands « malheurs, BoNarARTE voulant améliorer en France « toutes les parties de l'administration , etc. » Ne passons pas sous silence que c’est en grande partie à M. Devaux que nous devons la conservation de la belle tapisserie tissue par la reine Matilde. Cet ouvrage, si étonnant pour l’époque où il fut fait, non-seulement a le mérite de conserver fidèlement le souvenir des costumes d’alors, mais encore de nous rappeler un titre de gloire, puisqu'il est le tableau complet des faits relatifs à la conquête 468 Livres divers. d’Anglelerre, par le duc Guillaume. Il offre en- core un nouvel intérêt aux amis des mœurs, «en « nous reportant vers ces siécles heureux de Pan- « tiquité et du moyen âge, où les princesses fai- « saient leur plus douce occupation de travailler, « avec les femmes de leur cour, à consacrer sur « la toile les belles actions des guerriers. » Il me semble que si cet usage s'était conservé de nos jours, il faudrait que nos dames fussent bien la- borieuses pour y suflire! | Voici la péroraison de ce beau discours sur M. Devaux : « Doué d’une mémoire prodigieuse, « la méthode venait encore à son secours, pour « l’aider à classer ses idées. Il connaissait parfai- « tement la géographie et l’histoire. Il avait fait une étude particulière de la science numisma- « tique. Les langues de Virgile, du Tasse et de « Milton ne lui étaient pas moins familières que le Zangage de Linné. Particulièrement livré aux sciences naturelles, il cultiva aussi les sciences agréables. Il reçut des leçons de harpe de Krum- pholt; l’aimable compositeur de l’opéra d’Ana- ‘créon, Grétry, avait plus d’une fois souri à son exécution harmonieuse. 11 faisait, dans ses mo- æ mens de délassement, des vers pleins de goût, mais toujours sans préienlion ; ses amis seuls ‘les connaissent. Son esprit actif et pénétrant le rendait capable de toute espèce de travail. Na- turaliste et homme de lettres, il se distingua également à la Société d’agriculture et à l'Aca- démie: S’occupait-il d’affaires administratives, on «eût dit qu’il avait vieilli dans la connaissance « des lois. Le bibliographe croyait qu’il avait passé 8 & KR À Livres divers. 469 « fout son lemps au milieu des livres; et l’homme «“ du monde, qu’il avoit toujours vécu dans les « cercles.» — Certainement voilà, en peu de mots, un beau portrait et un éloge achevé. M. Lair écrit bien; mais n’a-til pas mérité un peu le reproche qu’on adressail naguères aux académiciens de pro- vince, de vouloir faire des grands hommes de cha- cun de leurs collégues ? Je suis loin de vouloir con- tester les talens de M. Devaux. Je crois qu’il mé- rite une grande partie des louanges qu’on vient de lire; mais il ne fut pas un Voltaire, et c’est presque d'un Voltaire dont M. Lair vient de parler. Dans la notice sur M. Gagnerot, médecin vété- rinaire , l’auteur fait cette remarque : « Né en Cham- «“ pagne, il était doué de cette bonhomie que l’on « attribue plus particulièrement, et par un ridicule « bien déplacé, aux habitans de cette partie de la « France. » — Nous avions noté beaucoup d’autres observations importantes; mais /e moyen d’ennuyer c’est de tout dire, Nous passerons donc sous silence Panalyse d’un Mémoire sur Pagriculture de lArdéche, par M. de Carr4rezrr; préfet du département, où cet habile magistrat prouve que la culture en grand est plus profitable que la petite culture. Ceci est contraire à linscription que l’abbé Rozter avait fait placer à Lyon, sur le seuil de sa porte: Zau- date ingentia rura, exiguum colito. Maïs je ne suis pas de cet avis. Il y a plus à perdre à afèrmer les grandes possessions, qw’il n’y a à gagner à cul- tiver des petits champs. On n’a ni les mêmes moyens, ni les mêmes ressources, ni le même ensemble, toutes choses importantes et très-avantageuses. C’est ce qui m’a engagé à supprimer quelques pe- 470 . Livres divers. tites métairies , croyant que je gagnerais à la dimi- nution du nombre de mes domaines par leur aus- mentalion de prés et leur agrandissement. Il en résulte que les réparatious se font plus à propos, et qu’elles procurent plus de jouissances ; il en ré- sulte en outre qne j’ai pu sans crainte multiplier mes plantations et semer plus de pacages pour mes trou- peaux mérinos. Ces plantations, qui prendraient trop d’espace sur un petit terrein, se perdent dans la masse, confondues avec les champs de bled , de sei- gle et de millet, avec les prairies et avec les vigno- bles. C’est un fonds perdu, j’en conviens ; mais ne travaille-t-on que pour soi, surtout lorsqu’on est père? Ecoutons , sur ce point, la sage remarque de M. Lai : « Dans ce siécle, où l’on rapporte tout « aux, jouissances présentes, les propriétaires sont « d’autant plus portés à défricher, qu’au produit du « bois est ajouté le revenu de la terre.» Et quel revenu ! cela est vrai. « Mais, ajoute-t-il, plus le mal « en ce genre semble s’aggraver, plus les personnes « qui s’efforcent d’en arrêter les progrès sont esti- « mables. » — Je demande pardon au lecteur d’avoir mélé mon exemple à celui de beaucoup d’autres, sacrifiant leur intérêt personnel au bonheur d’être utiles après eux : je ne l'ai point fait par amour pro- pre, mais seulement pour appuyer de mon expé- rience les conseils de M. Lair. Depuis quelque temps, on ne cesse de répéter ce mot d’un grand ministre : /a France périra faute de hois. Qu’on se rassure ; aujourd’hui ce désastre commence à ne plus être à craindre: La cupidité est venue, sur ce point, au secours du bien public. La cherté du bois de chauffage a donné l’éveil à beaucoup d’avares, On Livres divers. 471 4 créé des pépinières, on a planté des terreins in- cultes, et abrité plusieurs grandes routes. D’autres propriétaires ont fait des massils, des bosquets et des bois; mais, pour être à la mode, et ne pas oublier la divinité du jour, l’EcoisME, ils ont pré- féré le rapide accacias au chêne forestier. Ont-ils tort ? je le crois. Le robinier, en vieillissant, n’aura jamais le mérite du chêne à haute-futaie : il en faut sans doute pour la variété du coup-d’œil , comme on plante des tilleuls, des érables , des frênes, des sor- biers , des platanes , etc.; il en faut, dis-je, quelques milliers , mais je ne pense pas qu’il faille en faire des forêts ; et, parce qu’on est pressé de jouir, je ne crois pas qu’il soit bien de sacrifier à cet empresse- ment l’aisance et le bonheur des générations à venir. Soyons plus prudens et plus généreux ; et, en nous souvenant de ce joli vers de Lachaussée , On s’enrichit du bien qu’on fait à ce qu’on aime; travaillons avec plaisir et sans relâche pour ceux qui doivent nous suivre dans la vie. D’ailleurs , comme disait Cicéron : agricultura proxima sapientiæ , l’agri- culiure est une sorte de philosophie qui nous rap- proche beaucoup de la sagesse. AuG. DE L.... MUSIQUE, ÎL Est Trop TÔT, romance. Paroles de Cousin d’ Avallon ; musique et accompagnemens de piano ou harpe, par P. J. Benrrann. Prix, 1 LL 105. 472 Livres divers. À Paris, chez Vignerie, marchand de musique; rue Feydeau, n.° 75. A VIS. Le succès du Magasin encyclopédique, rédigé par M. Mic, est assuré aujourd’hui ; il ne lui manquait que de paraître avec plus de régularité, et, jusqu'ici, attente des Souscripteurs a toujours été trompée sur ce point. On n'aura plus à l'avenir de pareilles craintes à former. M. Tourneisen fils, libraire, s’est chargé de cette entreprise (1). Son commerce aclif, des relations étendues, des mesures prises lui promettent et garan- tissent l'exactitude des livraisons. Les exemplaires seront remis exactement à la poste, du 15 au 20 de chaque mois. CONDITIONS DU JOURNAI. Pour six mois, franc de port, tant pour Paris que POP ODERIENDENS. NE à à de one à DANS PORTA IUE" ANNÉE: ee à tee ie niv l A: rAE (:} A dater du premier janvier 1808, le Bureau du Magasin encyclopédique sera chez M. Tournerse fils, libraire, rue de Seine, n.° 12, à Paris. — Lettres et paquets francs. DCE I 1 TABLE DES MATIÈRES. SCIENCES ET ARTS. Entretiens scientifiques, par M. Joyce. 391 Journal de Physique, de Chymie et d'Histoire naturelle. 421 ASTRONOMIE. Selution du problème des longitudes, etc., trouvée par le major-général Grant. 389 Planisphères de M. Russel. 391 Science du globe, publiée par M. Doll. 394 PHYSIQUE. Mémoire sur la résistance des liquides; par M. Nordmarck. 165 HISTOIRE NATURELLE. Nouvelles acquisitions du cabinet d’histoire naturelle de Ros- tock. 399 ICHTYOLOGIE. Mémoire sur le mécanisme de la Respiration dans les Poissons; par C. Duméril. 35 BOTANIQUE. Effet du Rhus vernix sur les abeilles, | 168 Elémens de botanique ; par M. B.S. Barton. 170 Flora Carolinensis. 170 Flora of New-Yorck, New-Jersey, etc.; par M. B.S. Barton. Ibid. Nouvelle espèce de Nicotiana décrite par M. Barton. 171, Dissertations sur plusieurs espèces de Fucus; var M. Lamouroux. 421 CHYMIE. Ouvrage physico-chymique, publié par M. J.J. Meyer. 4ox Etablissemens d’eaux minérales artificielles, par M. Servant Granger. 168 474 Table des matières. Manière de rendre potable le vin qui a aigri, trouvée par M. Crève. | 158 ANATOMIE. Cours d'anatomie du cerveau , donnés par M. Gall. 214 VACCINE, Ouvrage sur la Vaccine, traduit en chinois par M. Staunton. 408 MATIÈRE MÉDICALE. Matière médicale des Etats-Unis, par M. B.S. Barton. 170 JURISPRUDENCE. Traité des délits , des peines et des procédures en matière d'eaux et Forêts; par M. Dralet. 222 Comparaison du Code Napoléon avec le droit prussien; par M. Grevenitz. 38 AGRICULTURE. Sur le froment d’été ; mémoire de M. Banks. 391 Etablissement pour l’agriculture de M. Fellenberg. 402 TECHNOLOGIE. Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie na- tionale. 425 Nouve:m procédé pour le tannage des cuirs, découvert par le docteur Howison. 389 Nouvelle pompe à incendie, inventée par M. Hornblowery. Ibid. Grammaire de l’Imprimeur; par M. Stower. 390 BEAUX-ARTS, Réunion des artistes belges, faite à Paris, par M. van Ilulthem. 179 PEINTURE, Exposition des tableaux en Angleterre. 144 Fonds pour l’achat de tableaux , établi par une Société d’ama- teurs de la Suisse. 4oo Nouveaux tableaux de M. Kobell. 394 Tableaux exécutés par M. de Mechel. 397 Tableaux de Canaletto copiës par M. Roberti. 405 Table des matières. 475 Paysages de Salvator Rosa, copiés par M. Labruzzi. 406 Œdipe à Colone, tableau de M. Zandi. 405 L’Enlèvement de Psyché , tableau de M. Rehberg. Ibid. Copie de la mise au tombeau de Raphaël ; ; par M. Mattheï. 160 Visite d’Auguste à Cléopâtre, tableau par Angelika K auf]mann. 166 L’Eruption du Vésuve, peinture par M. Rinaldi. 165 Portrait du Prince de la Paix, envoyé à M. Pestalozzi. 167 Dessins de Gessner, gravés par Kobe. 402 SCULPTURE, Portes de Lorenzo Ghiberti, dessinées et gravées par M. Théo- dore. 406 Répétition de la statue d'Hébé, par M. Canova. 404% Statue de l'Empereur Napoléon, exécutée par M. Canova. 406 Buste de Lavater, par Danneker. &o1 Monument de Gessner restauré. Ibid. ARCHITECTURE. Architecture hydraulique. 395 GLYPTIQUE. Camées exécutés par M. Morelli. 403 MOSAÏQUE. Mosaïques exécutées par M. Volpini. 165 GRAVURE, Arrivée aux enfers, gravure de M. Rahl. 395 MUSIQUE. Philodem von den Musik ; extrait traduit par M. de Murr. 425 Il est trop tôt: Romance; par M. Davallon. L72 VOYAGES. | Voyages de l’ambassade hollandoise à la Chine, publiés par M. van Braam. 157 Voyage pittoresque de l’Espagne ; par M. de Laborde. 241 Voyages en Russie, par M. Clarke. 391 Voyage dans les Orcades, par M. Fothergill. 390 Voyage dans l'Orient de M. Hægelmüller , différé. 593 Nouvelles sur M. Yungo-Park. 392 \ \ 470 Table des matières. GÉOGRAPHIE. Revue générale des changemens géographiques qui ont eu lieu pendant l’année 1806. 116, 320 Annales des Voyages, de la Géographie et de l'Histoire; par M. Malte- Brun. 450 Lettre de M. Barbié Dubocage, .sur la nouvelle édition des œuvres de d’Anville, 409 Nouvelle édition des Notes on Virginia de M. Jefferson. 173 Description de Connecticut, par B. Trumbull. 172 History of Massachusets, par M. Minot. 175 STATISTIQUE. Tableau statistique de New-Yorck. 169 HISTOIRE, Questiones criticas sobre varios puntos de historia economica, politica y militar. Su autor D. Antonio de Capmany. 252 Thucydide, accompagné de la version latine, etc. ; par M. Gal. 44a Sur le commerce et la navigation des anciens dans l'Océan In= dien; par M. Vincent. 391 Histoire de la maison d'Autriche; par M. Coxe. 592 Recherches sur l'emploi des faux cheveux, par M. Nicolai; extrait par Feu M. Æinckler. 270 Histoire de l’administration de W. Pitt; par MM. Giford et Fork. 391 Hisiory of New-England; par M. Adams. 172 + ANTIQUITÉS ET ARCHÆOLOGIE. Lettre d’un Membre de l’Académie Etrusque, sur quelques Scarabées trouvés à Valdichiana. & Monumens français inédits, par N. X. Willemin. 229 Autiquités de Grenoble; par J.J. Champollion-Figeac. 233 Memorie istoriche delle sacre teste de senti Apostoli, Pietro eë Paolo, etc. 223 Tombes découvertesà Vervins. 178 Autel antique découvert près d'Aix en Provence. 177 Fouilles et réparations de monumens exécutés à Rome. 166 Recherches d’antiquité, par M. Barton. 172 Kestes d’Innocent IV trouvés dans son tombeau. 406, Table des matières. 477 li NUMISMATIQUE. Médailles antiques trouvées près de la Villette. 212 Histoire monétaire de la Grande-Bretagne ; par M. Ruding. 503 Zur Münzkunde Russlands ; par M. Xrug. 558 PALÆOGRAPHIE, Papyri diplomatici ; publiés par M. Marini. 449 NECROLOGIE ET BIOGRAPHIE. Galerie historique des Hommes les plus célèbres; par C. P. Landon. 232 Eloge historique de M. Suvée ; par J. Le Breton. 55 Amesican Biography. 179 Mort de M. Dotteville. 214 Mort de M. Guillaumot. 213 Mort de M. P. L. C. Gin. 214 Mort de M. V. Chalvet. 408 Mort de M. M. Lancret. 410 Mort d’Angelika K auffmann. 167 Mort de M. G. F. Seiler. 158 Mort de M. J. E. Purter. 397 Mort de M. J. Bernouilli. 399 Mort de M. Bulow. 4co Détails sur Selzm , sultan de Constantinople. 407 HISTOIRE LITTÉRAIRE. Séance publique de la Société d'amateurs de Lille. 457 Rétablissement de l’Académie des sciences de Toulouse. 409 Sujet de prix proposé par la Société d’émulation des Hautes- Alpes. 174 Cours du Collége de France. 210 Séance publique de la Société philotechnique. 210 Médaille d’or décernée à M. Knight, par la Société royale de Londres. 389 Séance publique de la Société des sciences de Séeland. 154 Nomination de M. J. Müller au secrétariat d’état de Westphalie. 397 Nomination de MM. Deguignes et Barbié du Bocage à l'Aca- démie de Florence. 403 478 Tuble des matières. Vocation de M.J. Müller, à une chaire d’histoire à l’'Univer- sité de Tubingue. 161 Séance publique de la Société Jablonowski à Leipsick. 395 Réglemens publiés en Bavière relativement à l’enseignement public. 159 Séance publique de l’Académie de Munich. 157 Prix proposé par l’administration du legs de M. Monnikhof. 156 Confirmätion de l’Université d’'Helmstaedt, 397 Confirmatron de l’Université de Salzbourg. 158 Nomination de M. Lombard au secrétariat perpétuel de l’Aca- démie des beaux-arts de Berlin. 398 Réglement de la chambre d'instruction de Pologne qui main- tient sur l’ancien pied l’enseignement public de ce pays. 161 Chaire d'histoire vacante à l’Université de Cracovie, 160 Séance publique de l’Académie des sciences de Stockholm. 162 Mémoires lus à l’Académie des sciences de Copenhague. 164 Mémoires lus à la Société de médecine de Copenhague. Ibid. Sujets de prix proposés par l’Académie de Pétersbourg. 399 Collége de médecine établi à New-Yorck. 169 Notices sur la Société de Caen. 465 BIBLIOGRAPHIE, Catalogue des livres manuscrits et imprimés, des peintures, des- sins et estampes du cabinet de M. L.*** 233 LITTÉRATURE GRECQUE. Traduction de Platon; par M. Schleiermacher. 398 LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE. Tableaux de la vie claustrale; par M. Zinpowsky. 394 Edition des œuvres d'Holberg; par M. Rahbek. 168 POESIE GRECQUE ET LATINE. Traduction d’Anacréon; par M. Peuzer. 161 Traduction allemande de Perse; par M. Passow. Ibid. POÉSIE FRANÇAISE. Voyage de Sorèze à Anet; par M. Chaudruc. 426 Fablier lyrique. 237 Table des matières. 479 POÉSIE ÉTRANGÈRE, Poésies de M. Baggesen. 168 Sonnet italien sur la Cascade de Niagara ; par M. Scandella. 169 THÉATRES. * ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE. Le Triomphe de Trajan. 215 La Vestale. h1z THÉATRE FRANCAIS. Le Paravent. 415 Brueys et Palaprat, 217 Pébuts de MM. Thénard et Sabatier. 218 THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE. Les Créanciers. 416 THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE. L'Amour au régime. 218 La Cigale et la Fourmi. Ibid. L’Ami de tout le monde. Li7 Le Nozze di Figaro. 418 THÉATRE DU VAUDEVILLE. Une Journée chez Bancelin. &19 Ils arrivent. 221 Le Retour de Jean Bart, 420 Le Fond du Sac, ou la Préface de Lina. 220 THÉATRE ÉTRANGER. Hahon Jarl, Balder le Bon, drames de M. Ohlenschlaeger. 168 Cromwel, drame de M. Xlingemann. 160 480 Table des Matières. Calypso, opéra, musique de M. Winter. 395 Colmal, opéra mis-en musique par M. inter. Ibid. Sargines et autres pièces représentées à Munich 394 ROMANS. Voyages d’Antenor en Grèce eten Asie ; par E. F. Lantier. 237 MÉLANGES. Mélangés littéraires de la Société d'émulation des Hautes-Alpes. 257 Journal historique des Mémoires critiques et littéraires; par €. Collé. 316 Oxoniana , ou Recueil d’anecdotes sur F’Université d'Oxford. 390 Westphalie littéraire, journal. 396 Lettres originales du roi Charles I. | 391 Der Sammler von Tyrol. 395 Journal du Comte S. Brahé. 400 Collections of the Massachusets historical Scciety. 172 Mémoires du major-général Heath. 175 Recherches asiatiques , 04 Mémoires de la Société établie au Bengale. F 297 AT : Fr És - © Suite de la Table du Numéro. Annales des Voyages, de la Géo<, Botanique. graphie et de l’Histoire; par M. Malte-Brun. » . - 430 Dissertations sur plusieurs espèces ee de Fucus; par M. Lamouroux. Histoire grecque. . AP Ibid. Thucydide, accompagné de la ver- ._ sion latine, efc.; par M. Gaili , RL Musique. Philodem von den Musik ; extrait| : re traduit par M. de Murr. 425 Diplomatique. Il est trop tot: Rome. 472 Papyri diplomatici ; publié par Technologie. LR ati ss Bulletin de la Société d’enourage- Histoire litérairo. et Ë D HN cms LE Séance publique de la Société ù d'amateurs de Lille. 457 Voyage. Notices historiques lues à la So. A ne : ciété d'agriculture et de com- Voyage de Sorèze à Anet; par merce de Caen; par Pierre. M. Chaudruc. 426} Aimé Lair. 465 A V I S. * Tous les Ouvrages annoncés dans le Haas Encyclopédique se trouvent au Bureau dudit Journal, chez Tourneisen fils, Libraire, rue de Seine, n.° r2, CAUSE RARE AULEA UrsSE, MACÉPEDE, LAGRANGE M LamaR or , 4 GLES, LEBRUN, LéveicLé , MarRON ; MENT MorerxE®, Norz, SAINrE-Croix, SOHWEREC »: FF 401 n és Frs 3 - WT A SER, SICARD , SILVESTRE DE SACY ,SUARD, TRAU «< RQ VAN-MONS, VENTENAT, VisconTI, Usrent ,W LE üfres Littérateurs. estimables ,. et üe la mort a moissonnés, dont les: sont MM, CAVANILLES | D'AUBENTON , DESAULT, B°ERE: RIDIER, HERMANN, LATANDE, MERCIER SAINT-LÉGER, E OBERLIN ; VILLOISON MW INCKLER, SUR RUN re les Mémoires les plus importans sur toutes f ss parties. A ris et°des Sciences; on chaisit prinçipa-, fe inent ceux qui.sont propres à en accélérer les progrès. ."Æ ‘On y püblie également les Dissertations ingénieusés, 5} les Inventions utiles dans tous les genres On y» rend££ 3 4 compte des Lxpériences nouvelles. On y donneunprécis 3 . ÿ _ , < < ; û + + ÿ RE Side ce que les Séances des Sociétés litiéraires ont offert de FAR plus intéressant; une description de cé que les dépols ES p2 < .. À : < Le œ Pi ag n] oh » ABruxelles, chez Lemaire. “A Florence ; chez Molini. 8 jA Prancfort-surile-Mein,-Fleischer. + :AGenève, c V0 "10 TIC ENTER ONE 560 ANR UE PIRE REP RE VAT CTI AA A. UN UN ANE MUC EEE A MOMENT AU n st [VO AA + SUR EN NUNNEEURS à