Sjonn- r^'V'*'".-". (N." I.) I." Prairial an 7. M A G A S I N ENCYCLOPEDIQUE, O V JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, R E D I G E Par A. L. Millin. AVIS DES EDITEURS. Le prix de ce Journal est fix^ : li a fiancs pour trois mois, 10 francs pour six mois, . 36 francs pour iin au , ta&t pour Paris que pour les Di?partemeBS , fiauc dc por^ On peut s'adresser au Bureau du Journal pour se procurer lous les Livrcs qui paroissent en France et chez 1 etranger , et p«ur tout ce qui conceriyj' la Librairie aucicnne et mdcjerne. ^E JouTnal, auquel la plupart des honimes qui onfc un nom distingue, une r(?putation justement acqmse dans quelque partie des arts ou des sciences, tels que lescitoyensDAUBEN10N,DOLOMIEU,D£SGENETTES, SilvestredeSact,Fourcroy,Hali,6,Hermann, S'CHWEIGHJEUSER,LAC6PEDE,LANGLi:.S,LALANDE, Lagrange, Lebrun , Marrow, Mente/.le , BarbiiS du Bocage,Morellet,Noel, Oberlin, ChardonlaRochette,Caillard,Saint-L]6ger, "V AN-M0NS,TRAULLE,LtVElLL]e,C0USIN,CVVlER, Tome /. (5.™'' An.) GeOEFROY, VeNTENAT, CaVANILLES, UsTERf, BOKTTIGER , VlSCONTI , ViLLOISON , etc. elC. ont fourni des M^moires, contient I'extrait des prin- cipaux ouvrages nalionaux : on s'aftache surtout a en donner une analyse exacte, et a la faiie paroitre le plus promptement possible apies leur publication. On y donne une notice des meilleurs Merits imprimis chez r^tranger. On y instyre les m^raoires les plus interessans sur toutes les parties des arts et des sciences ; on choisit surtout ceux qui sont propres h en accd^rer les progres. On y publie les d(?couvertes ingenleuses, les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des experiences nouvelles. On y donne un precis de ce que les stances des soci^t^s litt^ralres ont ofFifrt de plus int^ressant; une description de ce que les de- pots d'objets d'arts et des sciences rcnferment de plus curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Litterateurs et des Artistes distingu(?s dont on regrette la perte ; enfin , les nouvelles littc- raires de toute espece. Ce Journal est compost de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Tl paroit le premier de chaque roois. La livraison est divis^e en deux nu- nieros, de chacun 9 feuilles. On s'adresse,povrrabonnement, a Paris, au Bureau du Magasin Encyclop^dique, chez le C. Fuci^S , Libraire, rue des Mathurins, hotel Cluny. . ^ , C cliez la vcuvo Changuion et d'Hcngst. A Amsleidam, ^ ^j^„^y,,^_C^lij. *» A Bruxellcs, chez Lemaue, A Florence, chez Molini. A Fraucfoit-sur-Ic-Meiu, chez Fleischer. . „ . f chez Maiiget. A Genbve , -^ ^j^^^ Paschoud. A Hauihourg , thez Hoffmaun. A Leipsic, chez Wolf. A Leyde , chez les frfercs Murray. A Loiidres, chez de Boiie , Gerard Street. A Strasbourg, chez Lcvrault. A "Vienne, chez Degcn. A VVesel, chez Geisler, Directeur des Postesi ■ /• II faut affranohir les lettres. M AG ASIN ENCYCLOPEDIQUE. V. A N N iS E. TOME PREMIER. S '■^^'0^ M A G A S I N ENCYCLOPEDIQUE, o u JOURNAL DES SCIENCES, PES LETTRES ET DES ARTS; H E D 1 G t PAR A. L. M 1 L L I N, Con SEKVATEUR du Mus(/u?n des Antiques a la Bi- bliotheque nationale , Vrofesseur d^Histoiie et d'Anti^ quites ; des Societes d'Histoive naiurelle et philoniuthique de Paris , d' Emulation de Rouen , d' Abbeville et de "Boulogne ; de VAcaddmie, des Ciirieujc de la Nliture a Erlang ; de V Academie de Dublin , de la Societe Lin- neene de Londres ; de celles de Medecine de Brurel es , des Sciences pliysicjues de Zurich j d^Rii,toire natureUe d^Iena. V. A N N E E. TOME PREMIER. A P A R I S , Cliez F U C H s , Libralre , rue des Mathurins , maison de Cluny, n". 334. AN VII. — 1799. A R. W I LLE M ET, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE A N A N C I, DE PLUSIEURS ACADEMIES; PERK DU PLUS CHER COMPAGNON DE MES PREMIERES ETUDES. P. R. W I L L E M E T, PHILOLOGUE PROFOND, NATURALIST E ARDENT, NE POUR LES GRANDES DECOUVERTES; ENLEVE AUX SCIENCES TAR UNE MORT CRVELLE ET PREMATUREE. M A G A S I N ENCYCLOPEDIQUE. E N T O M O L O G I E. Me MO I RE sur Ics mojcns que les in- sectes emploieut pour Iciir conscivalioii, par C. DUMERIL (i). XyA N s la diversife de moyens dont les insccfes font usage pour conserver une existence contre la- qiielle sont achaines si grand nombre d'animaiix , on peut en consicl(?rer de gen^raux et de partlcullers. Les auteurs qui ont rassembl^ la plupart de ces faits, ne les ont presentes qu'en masse; ou , si I'on trouve dans leurs ouvrages des details pour quelques-uns , ils sont comme perdus et isoles dans beaucoup de volumes : dans ce m^moire je vais faire connoitre les partlcularlt^s les plus remarquables de quelques es- peces, dont plusieurs ont ^16 observ^es , alaveritc, niais non sons leur v(?ritable rapport, et rarement dans leur ensemble. C'est done sous un point de vue nou- (r) Le ciioycn C. Dutn^ril est un des jeunes-gens les plus dis- tingucs parini ccux qui s'adoiineut aux sciences physiques. Nous avous public de lui deux incinoires, I'un d'anatomie, Ann. II, t. II, p, 452.; I'antre de pliysiologie, Ann. Ill, t. II, p. 4 >3. II en a compose plusieurs auUes tres-inleiessans , qu'il a lus a la sotit'te piiiloinalbique dont il est ujcnibre. A. L. M. A 4 8 Enfomologie. veau , plus complet , et avec des details inconniis jusqii'icl, que je rassemble ces particu]arit(?s. Les insec(es aiixquels elles appartlennent sont designt's sous les noms adopters par Fabricius , dans son ^ntomolcgie corrigdc ^ dont je sulvrai la disposition syst^matlque dans I'examen successif que je ferai de leurs moyens de conservation. La connolssance des ruses que les Insecfes metfent en usage pour se soustraire aux dangers qui les me- nacent , est la partie la plus agreable de I'^tude de I*entomologie. La nature, toujours pr^voyante et conservatrice de ses oeuvres , n'abandonne point ces etres faibles : elle ne leur a pas accords la force n^cessaiie pour r^slster a la rapacite de leurs nom- breux ennemis ; mais elle y a suppled par une vari^^t^ de moyens qui attestent la, comme partout , la f^- condite de ses ressouices. La cel^rit^ de la fuite et les elFets de I'illusion ou de I'aversion Instantan^e, ^arantissent centre les attaques ceux qui se trouvent d^pourvus d'armes pour leur defense : c'est ainsi qu'en etablissant un ordre de d^pendance necessaire entre le fort et le foible , la nature a pour toujours assure uu juste rapport dans la propagation de tout ce qui a vie. Le preniier genre que nous observerons, sera celul appeld Opatre(i). Les deux cspeces qu'on nomnie gris et sabloneux ^ ne se trouvent que dans les lieux arides et converts de sable ou de poussiere ; leurs ^l)tres sont dures, se repllent au dessous de Tabdo- (r) TdnSbrion^ Geoffr. Mojens defensifs dcs Insect es, 9 men , I'embrassent et le defendent ; le thorax est ^chancr^ en devant, pour recevoir la t^te; il est en OMtre rebord^ lat^ralement , ce qui lui donne une solidity plus grande. Cette confoimation paroitroit devoir suffire conime mo)en de defense j I'insecte cependant y joint la ruse , et rien ne pourrolt le d^celer que ses mouvemens, mais il les retient au moindve danger. Void Tastuce dont il fait usage : il fixe snr ses ^lytres les particules les plus dell^es du sol qu'il habite; couverte ainsi de poussiere,la masse de son corps se confond et se perd par runlformite de la coloration ; c'est une sorte de deguisement sous le- quel il vit en Surete'. Viennent ensuite les Carabes (2). Parmi le grand jiombre d'especes de ce genre qui nous fournlrolent des particularit^s int^rcssantes, nous en choisissons deux, le crepitant et le sclopete ; ils habitent ordi- nairement les endroits humidcs , vivent sous les pierres , et sont tres-communs : leur nom sp^cifique provient du son qu'ils font entendre, par une pro- pri^fe que j'indique ici. Quand I'insecte est saisi , ou lorsqu'il se croit en danger de Petre, il fait entendre un petit bruit, et I'on voit sortir au meme instant de dessous ses ^ly- tres , une vapeur blancbatre , d'une odeur acide. Souvent cet effet, produit par un seul insecte pen^tr^ d'une crainte salutaire, determine tous les autrcs individus de la famille a en faire autant ; alors toutes (2) Bupresies. Geoffr, lo Entomologie. les crevasses de la teire qui Ics recele, fument e£ representent autant de petits volcans artificiels. Voila rarme d(?fcnsive de ces Carabes. J'ai fait quelques experiences siir cet acide, mais les resultats ne sont pas encore snsceptlbles d'etre publics. II paroit cependant n'exister chez i'insecte que dans un etat de combinaison, et cela devoit etre pour empecher son action sur les parties confenantes. J'ai trouve ce liquide dans I'abdooien ; il ^toit transparent, et contenu dans deux vesicules qui aboutissent a I'anus , oil elles se reunissent : si Ton ouvre ces petits reservoirs , I'humeur qu'ils con- liennent entre en effervescence aussitot qu'elle est mise en contact avec Talr , bouillonne et s'(?vapoie en un instant; appliqu^e sur la langue, la liqueur y produit une sensation vive de causticity, et y laisse une tache jaune , qu'on ne pent mieux comparer qu'a celle qu'y produlrolt une goutte d'acide nitri- que. Tels sont les faits g^n^raux. La nature a singulierement favorls^ fous les Eleut^rates qui vivent dans I'eau. En effet , les Dytisques , les Hydrophiles, les Gyrins , sont doues tout a la fols , des mouvemens propres aux quadrupedes , aux olseaux et aux poissons. Ces la- cult^s sont de v^rltables nioyens de defense, puis- que toutes leur servent a. fair leurs ennenils. Us ^vitent la poursuite des animaux terrestres , en se confiant a Fair, au moyen de lours ailes ; lis se de- robent a la voracity des volatl!es , en s'enfoncant dans I'eau et s'y plongeant , par la dlsposilion des pattes postericures en forme de rames ; eufin lis Mqyens defensifs dcs Insectcs. ii ^cliappent aux habitans des eaux , en sc retlrant sur la terre. Mais ce n'dtoit pas asscz que la conservation de I'insecte fut assur^e sous I'^tat parfait ; la larve nue ^ n'ayant pour defense que de foibles mancllbules , use d'artifice pour se sonslralre a la voracity de ses ennemis : aussitot qu'elle se sent salsie , son corps, dont les anneaux etoient dlstlncts et rapproch^s , s'amolit tout-a-coup , devlent flasque et pendant, et sa peau apre , coriace , et couverte de boue , s*abandonne aux inflexions diverses , cede aux tlraille- mens, et ressemble a celle d'un cadavre dans mx etat de demi-putr^faction. On avolt designe sous le nom de clclndeles a co* carde, le genre Malachie; il renferme de petits insectes extremeir.ent mous dans toutes leurs parties, alnsl que ■ le designe leur nom (3). Us fourni- rolent une nourrlture bien delicate aux anlmaux entoraopliages ; cependant ceux-ci ne les recher- chent point , parce qu'aussitot que I'insecte est saisi, il prodult au dehors, sur les cot^s du corcelet et de I'abdomen , des tentacules semi-lunaires , le plus ordlnairement de couleur jaune, enduits d*ane ma- tiere acre et amere, qui doivent bientot faire perdre au ravi?seur tout app^tit pour une friandlse aussi trompeuse. Le genre Ptine (4)comprend des especes qui, pour la plupart , vivent de depouilles d'aninaaux , (3) MetAflSK©-, moil. (4) Les Bruches- GlotT. 1 ^ Entomologie, niais seulemcnt lorsqu'elles sont dess^ch^es ; elles d^vastent loiites les collections d'hisfoire natuielle, et princlpalement celles quirenferment des insectes. Les larves habltent I'lnterieur, et ne sortent point; mais le ptine parfait se rencontre souvent en hiver, saison dans laquelle il travaille a la g^n^ration , et cherche iin lieu commode pour y d^poser ses. oeufs. Les antennes et les pattes de cet insecte sont tres- along^es , de sorte que lorsqu'il marclie, il occupe iin espace pres de trois fois aussi ^tendu que le corps. S'il se croit apercu.. .. aussltot, par un nioii- vement de paralysie volontaire , il quitte le plan sur lequel il marchoit, il tombe, les antennes et les patles resserrees contre le corps , et ne produit plus aucun mouvement. C'est enyain que vous clierciiez I'insecte que vous aviez vu courir avec agillt^; vous ne retrouvez qu'une petite masse sph^roide , ressem- blant a toute autre chose qu'a un etre vivant. Quel- ques especes se laisseroient plutot mettre en pieces que de donner signe de vie ; telle est, entr'autre&, celle appelee , pour cette raison , ohstine'e (periiiiaxj; Pr^pos^ au maintien de la police g^nerale de la nature , le genre des Sylphes (5) est destln^ a faire disparoitre les tristes restes de ranimal privd de la vie, eta operer un versemeut plus prompt de ses d^mens dans la masse totale. Remplissant des fonctions aussi utiles , sa conservation devoit etre favoris^e d'une maniere sp^ciale, et c'est ce qui a lieu : I'insecte peut au besoin rendre par la bouclie (.">) Bouclhrs. Grori'. Mo yens defensifs des Insectes. i3 et I'aniis en meme temps, une liqueur d'une odeur extr^mement fetide, qui Soigne au m^me moment tout ^tre qui voudroit attenter a son existence. La forme h^mispli^rique des Coccinelles, le poli de toute leur surface , le peu de saillie que fait le corps de ces petits col^opteres sur le plan qui les supporte, paroitroient au premier aspect des moyens suffisans pour les soustraire a la pointe d'un bee qui doit avoir sur eux tres-peu de prise. Cependant la nature, fidelle conservatrice de ses productions, ajoutant encore a ces precautions salutaires , les a organises de maniere qu'au moment m^me oil la coccinelle se sent enlev^e , elle laisse ^cbapper du thorax une liqueur f^tide, de consistance hulleuse et d'une saveur d^sagr^able, qui donne a cette humeur quelqu'analogie avec celle qui lubr^fie le canal au- ditif de plusieurs animaux, et particulierement pour la couleur, avec le cerumen de I'homme. A I'aide du dugout subit qu'elle a su inspirer , la proie est bientot abandonn^e ; mais, comme elle n*a pu etre saisie sans blessure, on rencontre souvent ces jobs petits insectes ^chapp^s a la mort, mutil^s et trainant p^niblement apres eux leurs membres d^chir^s. Nous examinerons les Cassides sous I'dtat d'in- sectes parfaits et de larves , car elles ofFrent dans ces deux periodes dc leur courte existence , des moyens defensifs ^galement int^ressans a connoitre. Le nom de casside (6) yient de la disposition du (6) Cassida , casc^uc. 14 Enfomologle. corcelet et des ^lytres, qui debordent et recouvrent par consequent toutes les parties de cet insect e. Les merabres sont couches parallelement a la surface inf^rieure, et leur etendue n'excede pas celle de I'espece de test corn^ sous lequel I'insecte vit a convert et paisible, comme sont retirees les tortues dans lenr carapace. C'est en raison meme de ce rap- prochement dans la maniere d'etre recouvertes , qu'on a donne aux cassides le nom vulgaire, qui ne pent appartenir qu'aux amphibies dont nous venons de parler. A cette configuration, quelques cassides ajoufent line particularity plus avantageuse encore. Dans plu- sieurs especes indigenes , les dlytres sont d'une cou- leur verte plus ou molns fonc^e, mais tou jours ana- logue a celle de la plante sur laquelle ces in:sectes vivent; de sorte que I'oeil de leur ennemi , tromp^ par la ressemblance , croit voir dans la saillie que ferment les ^lytres bombdes , une espece d'excrois- sance ou de production v^g^tale. C'est ainsi que, sous le rapport des formes , les etres modifies de mille manleres, nous pelgnent la nature produlsant des illusions continuelles , se trompant elle-meme, en se faisant im jeu de ses prodiicfions. Quanta la larve de la casslde, son seul aspect interesse : sa forme est oblongue ; son abdomen co- nique aplati, est termini par une queue redress^e qui se bifurque a son extremite et se couvre d'd- pines : c'est dans I'angle de la division que se trouve I'anus; les excr^mens qu'il produit se portent sur les fourches et s'y fixent contiuuellement j de sorte Moyens dcj'cnsijs dcs Insectes. i5 que, pour rordlnalre , lis foniient, par leiir accu- mulation , line masse aussi consicl(?rable que celle du corps de I'insecte. Voyons maintenaat de quelle utility peut ctre une conformation anssi singullere. La queue qui supporte les ejections est organis^e de maniere qu'elle se leve verticalement et peut se coucher au dessus du corps, parallclement a sa lon- gueur, de maniere a supporter cependant: toujours Je fcudeau dont elle est chargee. Dans I'etat de tran- qulJJite parfaite , la queue redress(^e laisse le corps nu et a d^couvert ; mais au molndre danger elle se reporte stir la larve, et n'ofFre plus qu'un spec- tacle d^goiitant, qui vient tout-acoup occuper la place de I'insecte. Beauconp d'especes du genre Chrysomele, m^- rlteroient de fixer notre attention ; car presque toutes celles qui sont privees d'ailes, vomissent et font exsuder de leurs raembres , lorsqn'on les saisit , une humeur dont la couleur varie , mais qui, dans les especes appelees tcnebneuse , hemoplbre /bordJe , et autres , est rouge comme le sang. Cette liumeur qui est propre a la teinture, ainsi que je I'ai d^- montre ailleurs, paroit etre un moycn de defense, quolqu'elle soit inslpide. Nous nous arreterons sp^cialement a la CiiRYSO-' MLLE du peuplicr : cWe se nourrlt dts feuilles de cet aibre, Icrsqu'il est jeune encore, sous les deux ^tats de larve et d'insecte parfait ; c'est sous le premier qu'elle pre'sente une singularity bien particullere. Kile vit en society ; sa forme est oblongue ; son abdomen conique est recouveit de tubercules char- 1 6 Entomologie, nus, qui, au moindre clanger, exsndent et sup- portent line gouttelette de liqueur blanchatre , va- porisable, manifestement acide, et d'uneodeur tres- d^sagr^able ; mais aussitot que I'lnsecte croit le p^ril cesse , la liqueur est au m^me rnoment resorb(^e , pour etre employee en semblable cuconstance. C'est ainsi que lorsqu'un olseau approche de la branche ou paissent tranquillenient ces inscctes , ceux-ci , avertis par le mouvement ou par I'agitatlon de I'alr , se recouvrent subltement de la liqueur protectrice , au moyen de laquelle leur ennemi , d^gout^ , s'd- loigne et les fuit. Le Criocere, appel^ merdigere , indlque par son nom meme, la particularity que je veux faire connoitre. Le genre auquel il appartlent, comprend de petits coleopteres orn^s de couleurs agr^ables , dispos^es souvent avec sym^trle. Ces insectes viver^t sur une meme espece de plan(e, dans les deux ^tats sous lesquels ils ont besoin> de prendre de la nour- riture. Celui que j'indique, habite le lys ; la couleur de ses elytres et de son thorax, est d'un rouge tres-vif et tres-brillant. Sous cet etat , le criocere n'ofTre d'autres particularit^s , que le bruit qu'il produit par le frottement de son thorax sur ses elytres, que la rapidity de la chute, et I'adresse avec laquelle il se pelotonne au moindre danger. Mais il est curieux de Qonnoitie, sous I'^tat de larve , le criocere du Ijs. En prairial , les tiges de cette belle plante de parterre, ofFrent souvent a leur surface de petits tas de matiere ecumeuse , verdatre , visqueuse et degoutante 5 ce sont les excr^iiens de la Moycns (h'fcnsifs dcs hiscclcs. \j la larve. Mais c'est envaln qii'on la chercherolt elle- m^me aux alentours ; pour la decouvrir , il faut sa- voir d'avance, qu'elle a I'arfifice d'amonccler sur son corps tout ce qu'elle rejctte par I'anus; et ce n'est que lorsqu'elle se sent depouiller de cct(e or- dure de^Iensive, qu'elle manifeste quelque mouve- nient; auparavant elle ^(oit immobile. Fabricius a r(5uni dans son genre nombreux des Gal^ruques, les insectes anxquels GeofFroy avoit donne ce nom , et de plus, tons ceux connus sous le nom d\iltises. Ces derniers, quoique tres-petits, sont, la plupart, orn^s do couleurs riches, tres-^cla- tantes ; ils vivent ordinairement en famille , et plu- sieurs sont priv^s d'ailes. Leurs pattes postdrieures sont longues , toujours fle'chies , et leurs cuisses sont renfl^es. Ils ^chappent a la poursuite des oiseaux , par nn saut aiissi prompt que Teclair , et dispa- roissent.ainsi a volont^ , avaiit mi^me que leur en- nemi se soit doute du chemin qu'ils ont choisi pour ]eur fuite : c'est ainsi que, priv^s de la marche ra- pide, et souvent meme du vol, la nature a com- pense ce defaut, en leur accordant un autre moyen plus assure pour se d(:^piacer subitement , et se sous- traire a la mort. La forme singuliere sous laquelle s'ofFre pour la premiere (oislaTRUiHiEhemipum^j) , le mouvement pour ainsi dire convulsif par lequel elle se trans- porte d'un endroit»a Pautre , son attitude chance- lante , suite de I'aloDgement excessif des paUcs (7) Scarahte a tanicrc. Geoff, Tome I, 3 1 8 Enlomologie, post^riemes , le port vertical de celles-cl , qui, par cetle ^tonnante direction, favorisent la marche que gdneroit toute autre position, le prolongement corn^ de la queue , chez la femelle, exemple unique dans cctle fa mill e ; enfin la bri^vet^ des ^lytres, tout dans cet insecte est digne de I'attention de I'ento- mologistc. Mais ce qui I'lnti^resse davantage, est I'artifice avec lequel I'lnsecte essaie dVchapper a la mort , en la feignant lul-meme. Aussltot qu'ilse sent enlevd, ses membres se roidlssent , I'lmmobilitd est complete; le corps abandonn^ a lui-meme ob^It aux loix de la pesanteur ; mals souvent de quelque cot^ qu'il tombe , il pose a faux , et se trouve sup- porte par les pattes qui ne fl^chissent point. L'ob- servateur desirant porter plus loin sa curlosite et s'assurer de la raort de I'lnsecte, en fldchit les ar- ticulations ; celles-ci cedent et conservent rinllexioii qu'on kur a donn(?e ; rien ne les trahit, et ses de- hors dess^ch^s, tendent encore a faire penser que I'animal qu'on examine est un cadavre. Quel olseau assez vorace serolt tent^ de prendre une nourrlture aussi peu succulente? Nous voici arrives a I'examen du Meloe, vulgal- rement nomm^ le -proscarahe ; c'est un des coleop- teres , dont les parties succulentes sont le molns a I'abri. Les t^lytres molles et flexibles ne rccouvrent qu'en partie le ventre, dont les anneaux sont dis- tendus par la quantity de sues qu'il contient ; les articulations sont laches , I'embonpolnt est excessif , et les membres out peine a tirer apres eux le vo- lume que forme i'abdomen. Cet insecte tardigrade Moyens clvjcjisij^ cits Inaectcs. 19 serolt contlnuellement e:cpose a la voracity de ses enneniis ; mais il a la faculty de falre cxsuder au besoln de toutes ses articulations, iine humcurlim- pide, jaunatre et onctueuse , dont I'acret^ repousse et ^loigne au m^me instant les oiseaux avertis , par rinsfinct, du danger d'une seniblable nourriture. Nous terminerons les particularll^s des electo- rates, par I'exposition de celle du Staphylin. Ce genre d'insectt- vit dans les endroits humides. Sa forme est bizarre. Son abdomen extremement alongO, n'est reconvert par les ^1) tres , que dans le quart de sa longueur, au plus. Lorsque I'insccle est sur- pris, il se recourbe et fuit ainsi , portant I'ab- donien redress^ ; mais sa retraite est lente , coura- geuse , et paroit manifestement defensive et mena- canfe : si I'on examine rextrOraitd de I'abdomen , on y voit lateralement deux vesicules d'un blauc mat ; et si Ton approohe les doigts , il s'y fixe une liqueur blancbe , laileuse , dont la saveur est caus- tique, et I'odeur tres-dOsagrOable. Voyons I'usage de cette conformation: Dans le cas indiqu^ par I'lnstinct, le sfaphylla fait passer au dehors, les doux tentaculcs qui se trouvent places vers I'anus; il porte cette extrt'niil^ vers la tete , puis, la ramenant en arriere, il fait poser les pelites vessies sur les divisions de son corps , et donne ainsi un libre cours h. I'acide qu'elles contiennent. Get acide expos^ a I'air, se volatilise, et forme une atmosphere dont I'odeur r^pugne. D'une autre part, la queue armee d'une liqueur caus- tique, devientun puissant prOseryatifcontre I'altaque B 2 ^0 Unlomologie. des anlmaux qui voudrolent en faire leur prole: aiissi I'insecte , fort de cette faculty, paroit a peine cialndre ]e danger, et pent etre rcgard(? conime le plus inUeplde des coleoptcrcs. La conservation des ^trcs, est le but auquel il semble que la nature se solt le plus efForce d'at- teindre; partout , dans son ^tude , nous lui voyons manlfester a cet efFt- 1 , la pr^voyance la plus atten- tive; tout est mis en jeu ; tantot Paoimal r^slste par la force J tautot il s'esquive par I'adresse, inspire le dugout, fait naitre I'illusion , et le plus souvent c'est a son instinct qu'il doit sa conservation. Nous ne trouvons pas dans nos climats, de Sau- TERELLES qui, au premier aspect, imitent par la configuration et la couleur de leurs ^lytres , les feullles des arbres et des planfes etiangeres, comme la ci- irifcuiile , la laurifcuillc , la myrtifeuitle , I'olei- feidU.e J, efc. ; et c'est piobablcment parce que nous avons peu de planfes d'un vert et d'un poli ana- logue a ceux des fci illcs qu'elles rcpr^setitent -, mals onretrouvedanstoulerEuropejl'especequi (8), pour ainsi dire, revetue de I'uniforme v^gdlal, porte des aiies d'un verd fonc^ , qui se confond parfaitenient avec celui des gramin^es ct des orlies , plantes parmi lesquelles elle habite sous ses diflerens ^tats. Qui ne connoit la velocity avec Jaquelle se sous- trait au danger, la L^PISME saccharine (9), cet insecle oblong, arg-ent^, au corps ^cailleux, rap- ({)) Locusta viridisshna. (9) Forbicim plate. Geoff. Moycjis clefenslfs dcs Tnscc/cs. 21 povtd autrefois cJu Nouvcau Monde, avec Jc siicre, et qui s'est fixe maintenant clans nos habitations , sous nos nu'ubles, nos JI vies, nos v^temens ? La dis- position de ses pattes raccourcies, compiimees , connivcntes , acc^lcre tellement le mouvcment de son corps , que Tinsectc paroit glisser sur le plan qui le supporle, comme le poisson qu'il iniite, fend I'ondeau travers de laquelle il se meut. Sous le rap- port de la conservation, nous n'admirons ici que la rapidity de la fuite. Mais une autre esptce du m^me genre, nioins brillanteil est vrai, merite une atten- tion toute particuliere. On la rencontre "dans les lieux humides, sous Ics pierres, avec les podures, insectes auxquels elle ressemble beaucoup par le port et les habitudes. Elle ^chappea ses ennemis par un saut tres-raplde, dont elle fait varier a volont^ la direction. De quel- que c6t(? que se montre le danger , il est bientot evit^. Le saut est vertical, ou plus ou moins oblique, et rinstcfe s'^lance en avant ou en arriere. Le nif^canisme organique qui determine ces di- verses directions, est aussi simple qu'admirable ; outre les six pattes arliculees, attach^es a la poi- trine , et qui servcnt a sa marche, chaque segment de I'abdomen est garni en dcssous d'une lausse jjatte mobile, along^e , et d'un seul article qui est propre seulement au saut. Ces pattes surnum^raires , an nombre de huit de chaque cot^, ont fait caracte- riser cette espece par le nom de poljpode (10}; . (10) La FoibJciue c}liudricjue. GkofF. S.1 EnlomoJogie, elles aglssent foutes dans la m^me direct'on : ce sont autant de ressorts qui se tendent ^galtment, et dans le m^me sens , se d^bandent siniultan^ment et concourent a la ni^me operation; celle par la- quelle I'insecte dchappe au danger, et disparoit bientot par les directions varices et r^p^t^es de ses mouvemens saltatoires. Les Phryganes et les Semblides (it ) passent la plus grande partie dt- leur vie dans I'eau, sous r^tat de larveset de nymphes, et ne paroissent dans notre atmosphere , que loisqu'elles sont en ^tat de propager leur espece , et d'en deposer les rudimens dans des lleux convenables a leur d'veloppement; pen de jours suffisent pour les voir s'accoupler , pondre et mourir ; aussi , sous I'etat parfait , ces insectes sont-ils d^nu^s des moyens de defense. Mais en^tudiant lamaniere de vivre parliculiere a chaque espece , on voit que la larve use par instinct des artifices les ^\\x?, propres a prodaire I'illusion. L'une se developpe parmi les roseaux des petites rivieres; elle se file un fourreau , coupe des brius d'herbes fenues, les colle, suivant leur longueur, sur le cyllndre dans lequel elle habite, et res- semble ainsi, par la forme et la couleur de son en- veloppe , a une tige rompue de la plante dont elle se nourrit. Une autre vit de lemna et de callitriche ; elle fixe aussi sur son etui , des feuilles de ces plantes qui ne cesseat point de croitre. En communiquant le (rr) Pede. GeoiFROI* Mojeus dtfenslfs des Inscctcs. ^3 mouvement a ces petlts v^g^taux , Ja larve de la phrygane paroit les doner d'une nouvelle vie qui contraste slngulierement avec rimmobllit^ des eaux dans lesquelles elle s^journe pour I'ordinaire. Quelques-unes se nourrissent A^ ^reles , de carex ^ de joncsj de gramin^es ; elles en contournent di- versement des portions, et s'en font arllstement des demeures dans lesquelles elles vivent parfaite- ment en suret(?. Une autre espece non molus curleuse, se ren- contre dans les eaux vives et rapldes; pour ne point elre entrain^e par le courant , elle colle a son four- leau les petites coquilles qu'elle rencontre , en degorgeant sur elles une humeur visqueuse et te- nace , lors nieme qu'elles en renferment encore leui** liabitans qu'elle semble forcer a servir a sa pro- tection, Telles sont les ruses aux moyens desquelles les larves de ces genres, ^chappent a la voracity des poissons qui en sont tres-friands. Le corps de 1'Hemerobe perle est along^, mou , lisse, rempli de sues, et ses alles sont d'uiie tenuity et d'une delicatesse extreme , de sorte qu'aucune partie de cet insecCe n'est propre h. le d^fendre. II serolt indvitablement la prole des hirondelles et autres oiseaux insectivores , si la nature ne I'avoit dou^ d'une propri^((5 singulierc , au moyen de laquelle il d^goute subitement I'animal qui voudroit en faire sa nourriture. Aussitot qu'il se sentsaisi, il imprime au corps qui le louche une odcur exlremenient fe- tide de matiere stercorale hunialne. C'est par celle B 4 2J[. Entomologie. particnlaill^ que cet insecte blenfalsant conserve line existence extiemement utile dans r^cononile de ]a nature , puisque sous IVtat de larve il ne se nour- rit que de pucerons, fi(?au de I'agriculture, qui yivcnt en famillc, et font sotivent perlr la plante lios- pilaliere qui les a vu -naitre. CetJe particularity de I'h^m^robe est manifestement un moyen de conser- vation, puisque lors de Fabsence de tout danger , et dans r^tat de tranquillity parfaite , I'insecte est abso- lument inodore. La Paw OR? E ou mouche Scorpion . est encore un insecte lavorisd d'une maniere bien singuliere pour sa conservation. C'est une hardiesse t^meraire, qui sou vent la fait ^cbapper a la mort 5 voici comment. Dans cette espece, les males ont I'abdomen termini par une queue alongee, articulee, tres-mobile, gar- nie de deux denJs a son exiremiti;. Cette queue a quclques ressemblances avec celle du scorpion : aussi- I6t que I'insecte se seut saisi , il la darde en tons sens avec une v^locit^ extreme et d'une maniere vraiment menacante, principalement sur le corps qui Tairetej niais cette arme n'est point dangereuse , la crainte qu'elle fait naitre n'est qu'une illusion. Peut-etre cette queue, de forme si singuliere, que I'insecte emploie pour sa defense, est - elle encore destin^e a un autre usage : c'est ce qu'ignorent les entomo- logisles , car ils ne connoissent d'aufre trait de I'hisloire de la Panorpe , que sa maniere de vivre sous r^(at parfait , et ils la regardent comme une espece d'^pervier parmi les insectes. Le plus grand nombre des genres de I'ordre des Moj'ens dcfensifs cles Insecles. ^5 PlEZATES (12), est organist de maniere que ces in- sectes , quolque foibles et lultants toujours a forces inegales avec leurs ennemis, remportent souvent la victoire. La nature a renferm^ dans leur abdomen, tin irritant tout a la fois physique et chymique , a I'aide duquel ils conservent immanquablcment leur existence ; des muscles protracteurs et r(^tracteurs s'inserent a un aiguillon conique, acerd , au travers duquel pt^netre, dans la piqiire qu'il produit, une liqueur caustique, secrdtee par un organe particulier. Les anneaux du ventre sont tres-laches et se pretent aux niouvemens de son extrdmitd, qui se porte oil le danger se manifeste, et dirige dans la partie de Tanimal qui I'arrete , I'aiguillon dont elle est arrade. C'est a I'aide de la douleur extreme, produite par cette piqure , qu'echappcnt souvent a la mort les aheilles , les gucpes , les noiv.ades , les eiiceres , les bcmbdces , les mulilles , les scolies , et beaucoup d'autres insectes du nieme ordre. Cependant les fourmis neutres ont une maniere de faire lacher prise aux animaux qui tenteroient de les ddvorer; aussitot qu'elles se sentent saisies, elles mordent avec leurs machoires salllantes et cor- ndes, et d(?gorgent au meme instant, dans la bles- sure, un acide qui excite une douleur vive et mo- mentanee, dont elles pj-ofitent pour sVchaJIper. Les /EsHNES (i3) dchappent aisc?ment a la pour- suite des oiseaux , par la grande surface que pr(^- (la) Hymenopures. (L.) GeoFF. (i3) Demoiselles. GilOFF. S.6 Entomolos^ie. sentent leurs alles au fluitle atmospli^rique , ait travers duquel elles se raeuvent ; aiissi semblent-elles se jouer de leurs ennemis. Mais sous I'etat de larves elJes n'ont pas cptfe meme vivacity dans le mouvement, elles se trainent au contraire avec peine au fond des eaux dans les- quelles elles habitent, et bicntot elles seroient dd- vorees par Jes poissons, si , par un instinct singulier, elles n'eniployoient un artifice qui leur serttout a la fo.is a se procurer plus facllement les petits animaux aquatiques dont elles se nourrissent, et a troraper leurs ennemis. Cette larve applique sur son abdomen alonge et sur son thorax les particules les plus tenues des plantes d^compos^es par leur s(?jour dans I'eau • ainsi a I'abri sous ce manteau trompeur, elle pour- voit en surety a sa nourriture. Quelquefois cependant , levant le masque , elle ose paroitre a nu ; mals alors, par un mdcanisme bien curieux a connoitre, elle se meut au travers des eaux avec une rapidite extreme ; elle dilate la derniere portion de son canal intestinal , qui forme un sac musculeux ferm^ par une valvule, et en ouvre I'orifice ext^rieur pour y faire parvenir I'eau qu'elle en chasse aussitot par une contraction subite, de maniere a recevoir I'impression de la resistance qu'elle fi eu I'altention d'opposer au sens dans le- quel elle a voulu se diriger (14). (14) Le C. Cuvier fait connoitre cette organisation avec tons ses details, dans un ni(?raoire frbs-sav;mt conipris parmi cenx de ]a Sotield d'HisLoiie Naiurcilc , qui vont paroitre inc\5sani- Uicnl. Mojeiis defensifs clcs Insec/es. lin On retrouve clans la conformation et I'organlsatlon des insectes , des analogies extr^mement singulieres avec celles de quelques quadrupedes. En consld^- rant ici particulierement les Clopoiites , nous en anions un cxeniple bien frappant ; les Tenielles de ce genre portent leurs petlts dans une poche plac^e sous I'abdomen , jusqu'a leur d^veloppement complet. Cette singularity les fait ressembler parfaltement aux didelplies et aux phalangers. Une autre sorte d'analogie rapproche les cloportes des ■pangolins et des tatous : ces genres sont dc'frndus ext^rieurement par des segmens ^cailieux qui les mettent a I'abri comme sous une cuirasse ; mals line particularity commune aux deux especes d^si- gn^es sous le nom ^armadille ^ c'est qu'au moindre danger elles se pelotonnent et Torment une boule im- mobile , solide , qui ne se deroule que lorsqu'elle croit le p^ril ^loignc:^. Dans ces conformations rap- prochees et compar^es , peut-on se cacher le but de la nature, celui de la conservation de I'espece ! Les Crabes sont en general tres-bien d^fendus des attaques ext^rleures , d'abord par leurs forces proportionnelles, et ensuite au moyen du test solide de leur thorax, qui forme en g^n^ral la plusgrande partie du corps de ces insecles; lis sont dou^s en outre d'une organisation singuliere, qui leur donne quelques rapports physiologlques avec celle des ve- g^taux, car ils sont susceptibles de reprodiiire un membre nouveau lorsqu'ils en ont perdu un par accident. Cependant presque toute une famlllc de cet oidre 2.3 Eulomologie. nonibreux ( le genre Pagure, P'abric. )n'a polnila queue recouverle d' auteur de m plusieurs outrages connus. A Paris, chez Moutardier , imprimeur-libraire, quai des Augustins, n.o 28; 3 vol. z/z-8.^ J^ES grandes ^t nombreuses explosions politiques que pr^sente I'histoire d'Angleterre , ne peuvent etre ignorees. Mathieu de Westminster , Clarendon j Bur- net y Rapin Thoyras y Hume , Robertson y Smole/t , Macaulay y Henri y etc. n'ont pu ecrlre cette histoire riatlonale , sans parler des causes et des efFets de ces commotions qui ne s'eteignent que dans le sang des peuples , et par le bouleversement des gouver- nemens. Le -phe d' Orleans y Buport du Tertre ont ^galement fait connoitre ces maladies morales qui ont si souvent aflllg^ cette nation , qui I'ont menac^e , a dlverses ^poques, de sa destruction, et dont elle eprouve encore de temps en temps, des ressentimens et des secousses. L'^quilibre des pouvoirs, qui fait rcgarder aujourd'hui sa constitution comme la cr^a- (i) II nous semble que celLe histoire est celle du tiloycn Chas, qui paiut au toinmencement de la revolution, mais avec son Horn, el que les ^vuiemcns ont einpctli^ alors de debiter. lievolulions d* Au^leterre, 35 tion la plus rapproch^e de la perfection, n'est eu r^alitd qu'un foyer de fermentation , qu'un volcaii tou jours pr^'t a sortir des bornes qui lui sont op- posees. Cette composition mixte, est form^e de prin- cipes divergens qui doivent necessairement agir en sens contraire ; ceux a qui ces trois moyens l^gis- latlfs sont confi^s, ne peuvent etre conduits que par des vues dlfFerentes , parce que les piincipes qui les font mouvoir sont sans cesse en opposition, et produisent des tiraillcmens qui ^branlent la machine politique. La corruption pent seule ralentir leur ac- tion, et paralyser I'int^ret public en faveur de I'in- t^ret particulier. La liberty qui repose sur la reunion de ces trois puissances, n'est plus alors qu'un pr^jugd national auquel un simulacre d'opposltion donne une apparence de reality. Nous jouissons souvent plus de ce que nous croyons poss^der , que de ce que nous poss^dons en effet. Toutes ces causes r^unies me- nacent tellement cette liberty, dont les Anglois sont si vains, que nous croyons pouvoir dire avec Montes- quieu, qu'ellep^rira. "Rome J Carthage et Laced^mon& «« out bien 'p^ri ; elle perira lorsque la puissance Ic" " gislative sera plus corrompue que la puissance exe-^ •• cutwe ".' Nous ajouterons , lorsque celle-ci acquer- ra plus de moyens de corruption. Le titre que I'auteur de cet extrait de I'histoire dc Hume a adopts, est-il rempIiPnous ne le croyons pas : il n'y a qu'un Tacile et un Montesquieu qui aient le droit de s'en d(?corer. On sait que toute bintoire devient p/iilosophi\jue pour celui qui sait lire; mais a I'^poque ou nous sommes parvenus, il C a 36 Ilisfolrc. faut tie la phllosoplile partout (2); c'est un ingr{?- dlent qui entre dans toutes les compositions, clepuls les gvandes conceptions ](?gislatives , jusqu'au ma- diigal. Quoique nous n'ayons apercu , dans ces trois volumes , ni I'^nerglque precision de Tacite , ni la profondeur plillosophique de I'auteur de Xa grandeur ei dc la decadence des Romains j nous avons Irouve Cjue I'ouvrage ^tolt ecrit avec rapidite et avec plus d'impavtialit^ que dans les nombreax historiens an- glois. Kous ne nous proposons pas d*analyser une pro- duction qui n'est elle-menie qu'un extrait par lequel on parcourt d!x-huit siecles en quatorze cents pages, dont un tiers contient les details de la division des colonies avec la mere patrie. Nous ne nous arrete- rons ni sur les premiers habitans des iles qui forment a present le royaume de la grande Bretagne, ni sur la conquete et le gouvernement des Romains, ni sur les rols Anglo-Saxons, ni sur les invasions des Da- iiols et des N'brmands. L'usurpation de Guillaume le batard est une des ^poques les plus remar- quables de cette histoire , parce qu'elle est celle de I'dtablissement de la feodalit(^, de cette creation de pouvoirs subordonnes, mais blentot independans , qui ont ^te, pendant plusieurs siecles, les' sources (2) Tout aujoiird'hui est inlluilc moral et philosophique. On a public des Voyages philosopkiqucs , des Histoires philosophrquesy des Journaux philosophiques ^ des Poesies philosopkiques , entiii jusqiies a uuc Anatotnte philosophique et une Nosologic philoso- phique. La morule et la pliilosopliie doivcnt se rencontrer parlout, ct lie s'afficlier nulle part; et cc (enne, si beaii en apparcnce , He signifie le plus soiivent que partial et diclamatohc. RdvoJ II lions cV Jliis;hlerre. 2y d'oii out coul^ sur la nation tons les attentats, tons les crimes, foutes les gnerrcs clvlles, loutes les con- vulsions polltiques qui ont appioch^ si souvcnt cet etat de sa mine , qui ont injecte clans le caractcre de ce pcuple, ces germes de faction , cet esprit d'in- quietude et d'inconstance , que les influences dii luxe, les bienfaits des sciences et des arts, ct la civilisation perlectionn^e n'ont point encore eiTtie- ren.ent niodific?. De CCS distinctions de superiority ct de ricliesscs naquit une institution qui changea le caractere et r^tat de toute's les nations europ(?enncs. •• Ce fut •• cette chevalcriej qui, par un melange singnlicr, • r^unissoit les charmes des vertus, et les bizarre- « ries des caprices , et se conf^rolt avec beaucoup «« de solennite ; on observoit des c^r^monies reli- • gieuses et politiques qui en rendoient les nceuds «« plus respectables et plus sacr^s ; I'honneur , la ga- « lanterie,la bravoure, dtoient comrae les voeux de «. cetle espece de religion. Cependant cette associa- " tion militafre enfantoit des abus et des crimes; " elle etoit comme un renfbrcement du pouvoir •« f^odal : les seigneurs en profiterent pour affermir " leur autorite, et ^tendre leurs usurpations. Ces " aristocrates factieux prenoient les armes pour " combattre leurs souverains , qui , trop foibles pour " d^truirela chevalerie , s'eflbrcerent d'en diminuer <♦ les elfets, en formant des nillices indf^pendantes '• des grands vassaux , propres a mettre un frein ^ •< I'anibilion et a I'audace dc cette association ... C'est aussi a la conquete de TAngleterre , par le C 3 38 Histoire, due de Normandle , qu'on doit fixer I'origlne de cette haine, que les Francois et les Anglois ont tou- jours eiie les uns pour les autres , que les batailles de Crecy, de Poitiers et d'Azincourt, que les guerres des Edouard et des Henri ont transmise de g^n^ra- tion en generation, avee la meme activity, et qui subsiste encore peut-etre meme avec plus de chaleur, malgr^ les conseils de la raison et de la philosophic, malgr^ cette inconsequence aussi bizarre qu'indefl- nissable , qui fait adopter successivement et a I'envi par ces deux nations, leurs usages, leurs modes , leurs caprices, leurs ridicules. « Ce genre de haine « et de jalousie ne p^rira point, ditl'auteur, parce «« qu'il y aura une diversity et une opposition eter- " nelles dans leurs opinions, dans leurs principes , «' dans leurs caracteres, dans leur g^nie, dans leur " civilisation. Les traites d'alliance et de commerce «' qu*ils pourront former, ne parviendront jamais a ft detruire le principe de cette haine nationale. L'An- « gleterre sera ennemie de la France par systeme, « et la France le sera par jalousie et par int^ret. «« Le caractere d'un peuple tient a des causes phy- .« siques et morales ; les siecles et la philosophic « peuvent bien detruire quelques erreurs et quel- « ques prejug^s , mais ils n'efFaceront jamais le g^- « nie primitif que la nature a grav^ dans chaque •« nation ; il conservera sa forme antique , malgr^ " les varidtds et les nuances que les revolutions et «« le temps peuvent y apporter ». Une autre epoque qu'on doit dgalement observer dans rhistoire d'Angleterre , c'est cclle de la Grande devolutions cVAn^lcterie. 89 Charte , et de la Charte Forestiere que les grands arracherent a ]a loibJesse de Jean SanS' Terre. « En vertu de la premiere lol , la noblesse, " affranchie d^sormais dii pouvoir arbilralre , ne re- «• connoit plus dans la personne du monarque , qu'un " premier magistral subordonn(? a la loi ; elle fixe «« pr^cisement les bornes de la puissance et celles «« de I'ob^issance , I'etendue des droits du prince , « celles des privil(?ges des seigneurs qui deviennent « l^gislateurs, et associ^s a I'autoril^ souveralne. «• Le peuple ne fut point appel^ a cette creation 5 il «. obtint quclques privileges, mais celte concession " illusolre ne changea ni son sort, ni sa misere ; i« il continua a etre vassal et esclave des barons, «' Ce nouveau code de legislation servit a ^tendre " leur autorite, et la puissance des grands vassaux. « L'etablissement de la Grande Charte afFoiblit •« I'autorite monarchique, mais ne changea point le « pouvoir politique; I'ancien gouvcrneraent iut de- «« truit , mais la tyrannic subsista ••. Ce fut a un usurpateur, a un tyran, a Leycestre, que I'un des trois pouvoirs a du son existence. Ce nouveau plan de gouvernement ne lui fut sugger^ que par la n^cessit^ d'avoir, dans le conseil de la nation, des partisans et des complices; cVlolent des hommes sans naissance , sans fortune, sans talens. Leycestre, en. leur accordant ce privilege ex(raor- dinaire , chercholt a affermir sa puissance. << Telle " fut I'orlglne de cette chambre des Communes , au- « jourd'hui si agreable au peuple, qui, balancant « et cimentant a la fois la puissance du prince et C 4 4© Hlstoirc. « des grands , s'incorpore elle-ni^nie a cette masse « brillante, et forme un corps de souveralnete? qui " lie les trols pouvoirs. Elle a d^Iivre quelquelols «« le peuple de la tyrannie, et a con(rlbu^ a la « gloire de^l'Eniplre , a train(5 sur IVchafand un << prince vertueux et foible, s'est rendiie I'tsclave " d'un tyran usurpatenr , a iiiond^ I'Angleterre de «« flots de sang, a pr^par^ par son orgucil et sea •« erreurs politiques, scs revcrs et ses humiliations, « et a forc^ le gouvcrnement a eriger en sysleme, «« cette corruption funeste qui doit n^cessairemcnt .«« changer la constitution de l*^tat , le g^nie , le ca- « ractere et les moeurs de la nation. « Leyceslre n'avoit aucun droit pour introduire un si grand chan- gement dans la constitution , mais Edouard ratifia cette nouvelle forme de gouvernement, et c'est au legne de ce prince qu'on doit fixer 1 introduction des communes dans Tadministration de I'^tat ; mais elles n'y contrlbuerent que par des prieres et des representations. Quoi qu'en discnt les historiens na- tionaux , leurs d^put^s, sous ce menie regne, ne se presenterent jamais au monarque qu'en supplians ; ils lui representoient les griefs de la nation , en le priant de guerir les maux d,e I'^tat, par I'avis de ses seigneurs spirituels ettemporels. Tons les arretes sont concus en ces termes : AccorcU par le roi et ^^^ seigneurs spirituels et iemporels ^ aux pril-res et aux supplications des communes. On voit par la,, que ce pouvoir des communes, devenu si redoutable, n'a- voit dans son origine , d'autre privilege quecelui du tiers-^tat dans les assemblies ndtionales de France. Revolutions d^ Angle terre, 41 Lcs cliangemcns de dynaslie no durcnt point di- minuer I'ardeur des factions, la baibavie des par- ti-, ies monstrueiises atrocitc^s des rival i{<^s heuieuses, des usurptitenrs couronn^s , et Jes malheurs d'lin peuple tour-atour seditieiix et sounjis , tyran et esclave ; il n'y a aucune page de son lii^foire qui ne soI( couverte de sang. Arrive an regno de Charles I, I'auteur paroit ralentir la rapidity de sa course, pour arreler nos regards sur Ies bonnes qiialitt's de ce prince (rop m^cor.nues , sur ses imprudences trop multipliees , pour nous peindre I'inlolerance des sectes, la tyrannic du long .parlement , I'hypo- crife ambition de Cromivel , la tiahison v(?nale et ineffacable des Ecossois qui conduisirent ce prince a la mort, de\ant laquelle il parut sans foiblesse , coninie sans o- tentation. Le despotisme atroce du protecteur, ne pesa pas seuleraent sur I'Angieferre ; il se fit sentir encore sur ]es puissances du Continent, qui eurent la bas- sesse de reconnoi re son auforit^. Get usurpateur parla en maitre aux HoUandois, d^clara la guerre a i'Espagne , intimida le due de Savoie et la cour de Rome; il ordonna nienie a Mazaiin de ne point persecuter Ies protestans ; mais il u'eut pas le meme empire sur sa conscience : livr^ aux craintes, aux alarmes , aux terreurs , ne voyant que des conspi- rateurs , des poignards , des victimes et des bour- reaux , il finit dans Ies dechlremens des remords et dans Ies tourmens du crime. Le gouvernement an- glois, sans guide alors et sans lois, devint militaire, t'est-a-dire, tyrannique, jusqu'a ce que la nation, 42 His toll e. fatigu^e da poids du despotlsme arm^ et des orages de I'anaichie , chercha un appiii et un vengeur. Ces dispositions, second^es de la politique profonde et adioite de Monk, releverent Ic trone. II ne d^pen- doit que de Cliar'es 11 de r^gner avec eclat , s'il avoit su se seivir de ces factions des Torjs et des tVhigs^ qui s'emparerent successivement du pouvoir; s'il avoit employ^ les talens distingu^s qu'il avoit recus de la nature , et qu'une (Education soignee avoient agiandis, a se rendre maitre de sa passion dominante pour les plaisirs des sens , et a, faire servir ses qualif^s heureuses a soigner des devoirs dont d^pendoient sa tranquillity et le bonhenr d'un peuple qui I'avolt accueilli comme un lib^rateur et qui I'aimoit comme un pere. Jacques II son frere, sans caractere , sans prudence , sans moderation , sans pr(^voyance , perdit le trone et I'amour de ses sujets par ses imprudences, par ses foiblesses, son fanatisme et ses erreurs politiques; il abandonna par d^sespoir, a la sombre ambition eta I'astucieuse politique de Guillaume, une couronne qu'il lui etoit aisd de conserver par la moderation et la tolerance. Cette nouvelle dynastie fixa la succession dans la ligne prolestante, au mepris des droits plus rappro- ch^s de la maison de Savoie : ce fut alors que fut jnvariablement consolidee cette legislation qui posa. les bornes de la prerogative royale et des privileges iiationaux. La revolution que cette constitution sin- guliere a produite sur les principes , sur les mceurs , les opinions, le gouvernement, le systeme legislatiC de la nation anglaiac, peut etre une vaste mine de Revolutions d^Anglelene. 43 reflexions pour le phllosophe , et une lecon toujours subsistante pour le politique. L'esprit iuquiet, factieux , et meme cruel de I'An- glais , se trouve enchain^ aujourd'hui par les pro- gres du luxe, de I'ambition politique, de I'avidite des richesses, par toutes les sortes de corruptions, L'auteur nous fait le portrait peu flatt^, quoique vrai, des Anglois nos contemporains; il I'emprunte impar- tialement des annales de cette nation. « L*Anglois est u tour-a tour r dupoit les Francois avcc son systeme et les belles esperances qu'ii leur donnoit sui; la Louisiane, un nomna{5 Blount tronipoit ses conipatriotes , en leur pro- iiiettant les tresors de la iiier du sud. Ces deux syst^mes de finance, cr^^s par le besoin, la cupidity, la fraude et I'avarice, produisirent le meme enthou- siasme et les memes mallieurs , la meme folic et la meme rapacite : les promesses de fortune , les avan- tages d'une richesse facile , atteignirent chez Tune et I'autre nation toutes les classes , et les entraine- rent dans le tourbillon de I'int^ret. C'est de cette speculation illusoire que naquit ce monstre ennemi des peuples et des gouvernemens , qu'on nomme agiotage ; chacun s'ompressa, en France comme en Angleterre , de convertir son or et ses propri^tes rC'elles, dans I'espoir de trouver des tresors ou il ne devoit recueillir que sa ruine. Cette fureur d'agio- tage qui tourmente, mine et menace aujourd'hui toutes les nations , enfanta alors en Angleterre , comme elle a produit ailleurs , le luxe effren^ , la corruption des moeurs la plus revoltanlc, et Tinci^-' Bcvolulloji^ iV Angle lcnc» ^.5 diillte. «« L'cTmour lmmo(l(:^rC^ des riclicsses avolt dtclnt " toutes les vertus , et I'exislcnce cle Dieu ^loit rn^- « conn lie et outragee ; on prechoit publiquement M I'ath^isme, et on rejjidsentolt I'homme commeune « victime neccssairement ddvoude aux coups du fa- " tallsrae. » Cette desorganlsatlon de lout ce qui constitue I'essence et la vlgucur de (out gouveine- ment, de ce qui donne de la stabilil<5 et de I'en- scmble a une association politique, est Tavant-cou- reur de leur decomposition , et la d(^mons(ratIon la nioins Equivoque des vices qui ont atteint et qui en corrodent les parties constitutives. Le trolslcine volume de cette histoire est uni- qucment destine a nous rappeler les vraies causes de rinsurreclion des colonies seplentrionales, qu'on met improprenient au nombre des revolutions de I'Angleterre , quolque cette guerre lolntalne, et la separation qui en a ^t^ la suite , n'aient eu aucune influence sur le gouvernement , sur la puissance politique, sur la ricliesse natlonale, sur les bases de la constitution , sur 1? succession her(?dltalre de son premier mngistrat, qui sont les seuls caractcres des revolutions, Au reste, il nous seroit facile, si Ijtrs bornes d'un extrait le permettoient , de prouver que cette scission a €i€ plus avantageuse a TAngle- terre , que le r^^gime precedent n'etpit desastreux pour \Gi colonies. On a tant ecrit sur cede separa- tion, qu'il seroit superflu de s'arretcr sur ce qu'on lit dans ce volume. Toutes les ci ises de cette lutte de la Hhcr((^ contre la tyrannic ont eu lieu sous nos ycux J une Hiussc politique nous a nienie lait actcur 46 Histoire. Revolutions d' Angleterre. dans cette tragddle politique , tandis que nous au- rions dii n'etre que spectateur. Le r^sultat de cette vengeance enfantine, que I'adroit Franklin prdsenta a un ministre insouciant et mal-adroit comme une source de prosp^rit^ commerciale , a ^te une det(e immense, une fatale corruption de principes, des maux r^els et peut-etre irrdparables. A. J. D. B. LITTERATURE ORIENTALS. Trait E des Poids et des Mesures le gales des MiLSulmans p tradiiib de Varabe de Makrizi , par A. L SiLj^ESTRE DE SACr. AVERTISSEMENT. iVl. TrcHSEN de Rostock , en publiant le tex(e arabe du traite des monnoies musulmanes , de Makrizi, avec une traduction latine, y a joint di- vers morceaux , extraits d'un autre traits du meme auteur , sur les poids et les mesures legales. A Texemple de M. Tychsen, j'ai joint ces memes extraits a ma traduction francoise du traits des monnoies musulmanes, ins^r^e dans ce journal, 2/ ann^e tome 6, et 3.^ ann^e tome i. Depuis la publication de cette traduction , M. Tychsen a bien voulu me communiquer le texte arabe du traits des poids et mesures legales , qu'il avoit copi^ pour son usage , Poids et mesure^ musulmans. 47 sur une copie prise par M. Eynck, actuellement professeur en Tuniversitd de Koenigsberg , du maniiscrlt de la bibliotheque de I'univcrsit^ de Leyde. La simple lecture de ce texle, me convain- quit qu'll Le menie ecrivain ajoute : <■ Comme la sunna (i8) .. d(?fend d'acheteravec anticipation depalement (19), " une marcliandise dont la quantity s't'value au poids, <• en ^change d'une autre marchandise, dont la quan- « titd s'evalue pareillement au poids, ou une denr^e «« dont la quanlite s'evalue par une mesure de capa- «« cit^ en ^change d'une autre, dont la quantity s'(?- c. value aussi de la meme maniere ; comme elle per- «« met au contraire , d'aclieter avec anticipation de « paiement une marchandise qui se pese, en ^change « de cclle qui se mesure, et une marchandise qui se " mesure, en echangc de celle qui se pese; et qu'enfih «' elle inlerdit toute vente , meme au comptant , d'une «« marchandise qui se pese , contre une autre mar- «' chandlse qui se pese, ou d'une marchandise qui se M mesure, contre, une autre marchandise qui se me- «« sure, a moins que l'e primitif pour les choses qui s'^valuent au " poids, a du etre le poids dont on se servoit a la "Mecque, et le modele original pour les choses ••qui se raesurent , a dii etre la mesure dont on " faisolt alors usage a M(:^dlne, et on n'a point du " s'eloigner de ces types primitifs ( dans les matieres Poids cl. mesiircs vnisiilnians. 53 « dc religion), quoique les homnics ies aiciit cliaii- « g^s (21). " Le fakih (22) Aboulabbas Ahmed ben-Mohammrd ben-Ahmed alazfi, dans son livie intitule, Trait6 necessaire a qtiiconque veul connoilie la vdritable evaluation dii dinar ^ da diriiem y da saa et du> 7nudd [2^'^ y die : « Tout hommeqiii suit cclte religion, «« et qui fait profession de cetteloi, doit n^ce^sai* ••renient rechercher cc que c'est que la mesure de '•capacite des habifans de Mu*tci , Piodr. ad nf. ale. par- 4, p. 2r. 64 Litlerature orientals L'auieur dii manusciit 571 , cIIl la tnLine chose , et il ajoule : a Le saa, suivant Abou-Huuifa ct Moliainnicd, est do 8 roils dans rirak ; mais Abau-Youssouf dii que le saa est de 5 \ rolls. " Une nolo maiginale nous appreud que ces deux opinions revien- nenl u une seule , paice quo leur coiiliadiclion appareiiie iie tient fju'il la diversite du rotl employe par ces ecrivains. Voy. le voyage de Cliardin, edition dc 1711 , t. VH , p. 341 , Muradgea , Tabliau general de I'empirc Othoman, t. I, p. 276. (i5 j Les aiiuiens diis par un mari a sa femmc, en cas de divorce ou de separation, ou par les heritiers du inari en cas de veuvage, sont EOiumes en arabc nafakat^ ct c'est ainsi qu'il I'aut lire, ct lion nafaaty ^uoiquc les points diacriliques luanquent dans le maauscrit de Leyde. Cet objet forme un litre particulicr dans les recueils de jurisprudence. Voy. Hottinger, Bihl. or. p, i67,ligne dcrniere, p. 178, ligne 14, ou il y a une fajie dans I'arabe, et p. i83, 1. antepenult. Ces alimens sont diis en vcrlu d'une loi qui sc trouve dans I'Alcoran S. a. v. 184. La 65.^ surate ccntient les regies Jl observer h. cet ^gard. Le temps pendant lequel ils sont diis, est celui pendant lequel une femme veuve ou repuCtice ne pent se lemarier, ou , si elle allaitc, tout le temps que dure la nourriture. Ces alimens sont regies sur les facultes du mari ou de ses heritiers. S'ils sont riches, ils doivent donner chaque jour deux mudds de froment,uu seul s'ils sont pauvres, et un et demi s'ils jouissent tl'une fortune moyenne. Ils doivent aussi une certaine quantitc de viande, de fruits, etc. ; le logcuient, le velement , I'entrctien d'uii certain nombre de domestiques, et les uslensiles neccssaires pour entreteuir la proprele du corps. J'ai tire ces details des manuscrits 671 et 5a3. (16) Althahavi, dont le nom est Aboudjafar Ahmed ben-Mo- liammed ben - Selama alazdi althahavi, est un docleur ceJebre, natif de Thaha, ville du Said. II est auteur d'lui traile des traditions, intitule Maani alathar ^ qu'il a commente lui-meme dans un autre ouvrage , et d'un livre iheologique intitule ^A^^ot Alcoran., dont; parle Hottinger dans sa B'tbl. or. p. 162,. Hadji Khalfa , au mot Maani alathar, place sa mort en I'an Sir , mais selou Abulfeda, il n'est mort qu'en 32. t. Voy. Ann. Most. t. II , p. 38o et note 3to. On peut consulter sur la ville de Thaha Abulf. Desc. ^'gypii, p. 4 » et la note dc Michaelis sur cet endroit. Voy. aussi la Bihl. or. aux mois Aihar, Thaha et Thahaoui ; Bibl. ar. hisp. t. I , p. 109 ; t. II, p. a et 4. (X7) Poids et me sure s musulmans. 65 (17) Ceci csr tif(5 cle I'alcoran. Sur. 14. v. 37. ( 18) M. Rynck a cru voir dans le ruanuscrit de Leyde , alsa- kanat , ce qui ne doune aiicim sens. Je lis, par conjecture, atsunnat ,• le sens est clair et exact- (19) Le mot selem ou idam. einploye ici , signifie line ventb dans laquelle un des deux contradans livre sa denree ou sou argent avant de lecevoir la chose qui lui < st vendue. Cclle sorie de veute ja'est perniise qu'^ ccrlaines conditions delaillees dans les trait^s de jurisprudence. Suivaut I'auicur du mauuscrit 071 , celte venle peut avoir lieu pour les inarchandises qui se vendent au boisseau, au poids, ou au tompie, ct qui uecliangent pas de nalur-, coinme des amandes , des oeufs et des grains ; niais on ne peut vendre avec anlitipation ni des auiniaux ou quelques unes dc leurs parties, ni des cuirs , etc. (20) Voici un passage du manuscrit B']x qui a trait a ce qu'on lit ici : « On appelle sarf (change) une veute djns iaquelle les deus ehoscs dont on trafique sont I'une et I'autre de la nature des prix, c'est-it-dirc , fics choses qu'on emploie pour represenier les valeurs. Si Ton vend de I'argent pour de I'argent, ou de I'or pour de Tor, cela u'cst pas permis. 5 nioins qu'on ne donue poids pour poids, qne'que difference qu'il puisse y «voir d'aillcurs dans la bonlc intrinstque el la jnain-d'oeuvre ; mais si Ton \cnd de Tor pour de I'argent , il est permis d'avoir egard a la difference des valeuis. » (ai ) De ce que la Mecque ne |iouvoit I'ournir dans le commerce r^ciproqiie qu'elle faisojt ave • Medine que de Tor ou de I'argent, «t que Medine n'y fournissoit au coutrairc que des grains et des fruits, r^uteur conclui que la mesure de capacity devoit appar- tenir sp^cialement aux ^)edinois, et les poids aux Mecquois. II infere aussi des lois de la Sunna que les Mcdinois ne pouvoienc faire le commerce enir'eux, et eoieut obliges de porter leurs dcur6es a la Mecque, puisqu'ils n'auroicnt pu le faire que par echange de denrees de meme nature, au pair et au compiant , ce qui ne pr^sente ni iuteret , ni utiliie : il falloit done absolumeut que les ^edinois vendissent leurs denrces aux Mecquois , et reciproquemenC les Mecquois etoient obliges de livrer leur argent aux Medinois. (2a) Au lieu cValfjkih^ M Rynck a lu alnkba , et ce mot n'ayant pas de points diacriiiqucs dans le manuscrit de Leyde, on peut le lire de I'une ou de I'auire mauifere. Mais ce qui prouve que M. Ryiuk a mal lu, c'est qu'il donue deux noras propres, Alokba et Ahmed, h. un meuic persouuage, ce tjui est inadmissible. Tome I. E 66 Lilterature orienlale, (23) Hadji Khalfa lie iaif. pas uienlion de cct ouvrage, ct Je n'ai irouve aiiciiii lenscigiiemeut siir raiueur. Le Doni lelalif Azfi ju'cst aussi inconnu. Get aiileiir doil t-ire, au plus lot de la fin du VI.^ siicle de I'hegire ; car je vois qu'il cite les ouvniges du cadhi Eyadh , mort en 644. (24) J'ai lachc d'edaiicii- ce passage qui est un peu louche daus Ic tcxte. (25) J'ai rendu le conimenceruenl de ce paragraphe dans le traitd dcs inonnoies musulmanes, d'une nianiferc peu exacte, parce que dans le texte impriiu^ de cet eudroil, public par M. Tycliscn , sur lequel a ele faitc nia tradiiclion, il y avoit uuc Jacuiie que j'ai resLiuit'e d'apib la collation du manusciil de X,evde , faite par M. Vau-der-Palm. (26) On tiouve ici en marge du maniiscrit de Leyde, les noles suivanles : « Dirhem , mot persan adopi^ par les Arabes : son dimi- uuiif est dora'ihim. Au lieu de dhhcm on dit aussi dirham; le pluiiel est derahim. Eu pocsie , quand il est nucessaire , on dit derahim. (.Te lis ce mot avcc un ya enlre le h6 etle mhn par con- jecture.) Dinar ^ mot persan adople par les Arabes. » (27) L'auteur dit quant a sa valeur, parce qu'il est unanimenient avou^ que le nom de dirhem (koit en usage des ce temps-la. Dans le Uaite dcs inonnoies niusulmanes, j'ai Iradiiit comme un poids diurmini ; cela est moins litleral, mais revient au mcme sens. (28) CVst aiiisi qu'il faut lire confuruiement au manuscrit'de Leyde el comme je I'avois conjecture , au lieu A'Alnamavi qu'oa lit dans le tcxte arabe , donne par M. Tychscn. Dans Hadji Khalfa, cet autcurest nomnse Ahou- Amrou You'touf ben - Abdullah ben- Abdalluh alnamart alkortohi. II J a sans doutc nne faule dans la repetition du mot Ahdallah au lieu d'Abdalbar. Cet ecrivain mourut, suivani Hadji Klialfa, en I'an 468. C'cst aussi ce que dit Abulfcda qui en parle fort au long sous cetle date. Voy. Abulf. Ann. Mosl. \. HI , p. S17 ; BibU ar. hisp. t. II, p. 339 '■> ^''^^' <""• aux mots Ebn- Abdalbar ^Youssouf ben-Ahdalber j ti Namari. (29) Le tilre entier, suivant Hadji Khalf;i est : Istidhkiar limcdhaheh aldimmat alamsar fitna tadhanimanaho almouatta min aLna&ni oualaihar. On voit par ce titre que c'est un commentaire sur I'ouvrage intitule Mouatia^ de Malek ben -Anas. (30) Vo_yez ci - devant note ( 5 ). (3i) Mt Rynck avoit mal lu le texte du manuscrit de Lcyde, ce qui a iaduit eu ericur M. Tycbsea et luoi. Au lieu de {eyyif Poids et mesures musulmans. 6j (alure)y il avoit ^crit ^cii, et dUid ^ au lieu dc djcyyii (ayant cours ).\oy. le trait^ tics naounoies musulraanes. Je soupconne qu'il y a dans le inaniiscrit une lidiisposition , et que c'esC au dirhetn de 4 daiieks que convicnt I'epithete d'aUeri, taudis quo le diibeui dv 8 duucks est celui qu'on noiuuioit de cours. Ou lie ici ea marge du mamisciit , la note suivante: « Le verbe ^a/ii , aa fiitur yaiif^ et a riufiniiif leifun^ se dit dcs diihenis qui out ete altcrts et qui ne sont pas de debit: ou dit aussi {cyytfct ^aifdans Ic nieine sens couiiue adjcclifs, et kad [a/at aleihi aldirahim^ (ses dirheins sont devenus mauvais),* (32.) C'cst raiiteur d'un cominentaire sur raltoian , mort ea I'an 541 , voj. Bibl. ar. hisp. 1. 1 , p, 489 ; t. II , p. 164; Bibl. or. au mot Ath a. Je p.nse qu'il y a uue faute dans le lexte de Makiizi , et qu'au lieu de I'aa 6 to, il faut lire 5io; autremeut it faudroit supposer qu'il s'agit ici d'un. autre juriscousulte. (33) Vojez ci-devant , note (5). (34) Ceci se trouve avcc plus de duveloppemcnt daus le trait£ dcs monnoics musuhnanes. (35) Le noin enticr de ce doctem- est , comme on le vena plus tas , Abou-Djafar Ahmed ben-Nasser aldaoudi , celbbre halcdh ou auicur de tradiiiuns, dout ou irouve I'hisioire dans la Bibl. or. aux iHuts Ahmed ben-Nasser et Vathekbillah. 11 paroit que d'Her- l^elot a lire ce qu'il en dit de Khoiidemir. Ce docteur fut un de ceux qui refuserent de reconnoiue q le ralcoiau fut crcc. Voy. Abulfeda, Ann. Mosl. t. II, p, 678. On pourroit CL-anmoins douter que cet Abou-Djafar soit cclui dout il est ici quesiiou, a cause de la difference des surnoms Khozai et Daoudi (36) On veira uu peu plus loin le developpement de ce qu'oa lit ki. (37) Voy. ci-devant, nole (28). (38) Cctccrivain ceicbre uomnie Aboulfadhl Eyadh ben-M.)USsa hcn-Eyadh etoit de Cfu»a ; il moiuut a Maroc en 544:1! a laisse un grand nombre d'ouv rages en prose ct cu vers. Voy. AbuH. Ann. Mosl. t. Ill, p. 5i3. Bibl. or. au mot Aiadh. Bibl. ar. hisy. t. II, p:ige H2. (39) Mahomet, suivant une tradiiion, lors dc I'insiiuuion de la dime , dctermina les somuics siijtties a ccs impositions , ea monnoics , ou pluiot en poids dc la Mtcque. C'cst ce que dit auss I'imani Ajnavavi, dans Ic Kitab alroudhxt. (Voy. ci-devant, note C II ). Voici coiuine il sVxpriinc ; « Dc la dime dc Tor et dc I'ar- E 2 68 Litlerature orleiitale, • gent. Ces nietaux iie doivent point de dime au dcssous d'une • certaine soiume <]u'on iiouune nisab. Lc iiisab de I'argent est • de aoo diihems, celui del'orest de vingt luitlikals, ]a duDC est « le quaiantitiue. Ce (]ue Voyi possl'de au del^ du nisab doit aussi « la dime ^'proportion de la sonune A laquclle il monte; soil.qiie « la sonime soit grande ou petiic, cb espcces monno^ecs on en • lingers ou en antic nature, cela est egal. Ces pioportions sont .« r^glees par les poids dc la Mctcjue. Le niithkal est connu ; sa « valeur n'a jamais varic, ni du temps du paganisnie, ni depuis « I'islamisme. Pour I'argent , il faut entendre les dirhems uiusul- ,« mans : le poids du dirhcm est de 6 daneks : lo dirhems egaleut « en poids 7 mi hkaJs d'or. On est denieure d'accord de celte • fixation des les premiers temps, sous la djuastie des Omniiades , ■ suivant quelques historicns, et suivaut d'aulres , des le temps « d'Omar bcn-Alkhaltab. ■ (40) J'ai change ici quelque those a la tiaduclion inseree dans le traiie des mounoies musulmanes , d'apres la collation du lua- Jiuscrit de Le^de. (41) Voy. ci-devant les notes (28) et (29). (4a) Voj. ci-devant, note (ta)- (43) Voy. ci-devant, note (3). (44) II senible qu'Alkhattabi, cite ici par MakrizI fasse une difference entre le dirhem fabrique a la laille de ceux d'Abdalmelik, 10 dcsqucls ^galent 7 milhkal>, et le dirhem pesant qui est , dit-il, du nombre des dirhems de rislamisme. Je ue vois pas cependaut que Makrizi parle ailleurs du Alrhcm pcsanr , comme dune mon- noie ou d'un poids particulier. Peut-etre le dirhem pesant ne differoit-il de ceux d'Abdalmelik que par rempreinle.' (45) Barira doit etre le noni d'un esclave , ou peut-etre d'un chameau ; je n'ai irouve aucun renseignement sur tela. (46) On lit ici en marge du manuscrit de Leyde , la note suivanie : <« Oukia , avec un clif pour premiere lettre ; c'est [h. 1* meilleure orlhographe: on irouve aussi ce mot ecrit saiis elif , mais cela est rare; quel;/ires en cue. 76 On peut en relirer lous les visceres Tun apres I'autre, ainsi'queJes parlies dest'mees a I'enfante- menf ; on pent observer le placenta avec le cordon ombilica] , les difFerentes enveloppes, et enfin le foetus dans sa situation nafufelle. Par ce moyen , on comprend infiniment mieux la position de I'enFant et les changeniens que subissent les difTerents or- ganes de la generation , que par les simulacres de verres ou de cuir, dont on se sert comnumeinent dans les cours sur I'art de raccouchement. Pour blen exposer la bituation des visceres , on volt d'abord b s 3 cavitcs entieres, ensuile une q lan- tlt^ de pr(^p irations de cbaque inle tin q i en font connoitre les difFerentes proportions et les coupes. On volt 40 pieces de la plus grand^ exactitude, seu- lement pour le cerveau et la moeHe epiniere, exe- cut^es d'apres les meiilcures figures donn,(^c^s par Vicq-d'Azyr et Soemmering , de sortt- c|noii pent observer d'une maniere tres-exacte, 1 ■; 'U'couverles les plus interessantes des anatouiistes moderues sur ces parties. Les organes des sens sont figures avec tons les details possibles. Les preparations qui exposcnt la structure de I'epidermc , des ongles , des chevcux, des plus petites fibres, du tissu cellulairc , de la graisse, des nerfs , etc. monlrcnt suffijaniment les avantages que Fart de travailler en cite peut pro- curer a I'etude de ranalomie , en imitaut les parties les plus fines du corps humain. Les organes de I'ouie, de la vue, de la gt'nera- tion , et tous les intestins de la poitrine et du bas- 7^ Arts. ventre, sont e\(^cut^s avec le plus grand soln , de sorte que pour la splanclinologie seule, il y a presque 55o pieces. Quafie figures entleres sont destinies a faire voir la forme, la situation et la liaison des muscles, ainsi que leur adhesion aux os ; une autre figure est destinee pour la demonstration de la syndesmo- logie, huit sont faites pour les vaisseaux sanguins , cinq pour les vaisseaux lymphatiques et lact^^s, et cinq autres pour les nerfs. Pour I'osteologie et la myolog'e , il y a 164 petites preparations. Quatre squelettes assis, comme pour la demonstration de la syndesmologie , font voir la liaison des muscles et des os; i5o autres pieces, ail contraire, l^s os et les muscles s^par^s , de sorte gu'on ne sauroit rien imaginer de plus clair et de plus fini. On a suivl pour cette partie , I'ouvrage ^ Albiniis. On pent observer chaque os, avec ses enfonce- TTiens , ses a^^ojpil^^es et ses cavlt^s, la couleur et I'efat naturel de^ cartilages qui ne peuvent jamais ^(re aussi sensibles d'aucune autre maniere , parce que les cartilage-^ se dessechent , et perdent leur fe^rme et leur conslsfance. On a merae represent^ laformatioiTdesos et des cartilages, 'ce qu'on appelle Te centre de I'ossification , et les petites arteres qui y aboutisserit ; le tbiit avec un art qui fait I'eloge de notre siex-le. Les huit figures qui appartienrieht a I'angiologie , sont mobiles ; deux sont destineesa'donner uneideeg^- n^rale des veines et de leurs rapports , avec les muscles Figures en cire. jj ei les Intestins ; trols figures montrent les rapports des veines, injectees , comme a I'ordinaire , en bleu , et des arteres, injectees en rouge ; les trois autres enfin font voir les ramifications les plus fines des veines et des arteres. II y a deplus encore, un grand nombre de preparations pour la demonstration des difTerentes parties. Quant au systeme nerveux , on a suivi la meme mt'thode que pour les vaisseaux sanguins; on a des- tine cinq corps entiers , pour faire voir I'admirable tissu des nerfs , et leur liaison, soit entr'eux, soit avec les muscles, les intestins, et les vaisseaux san- guins et lyraphatiques. Trois cent vingt-sept preparations representent avec le plus grand detail , et la plus grande exac- titude, les nerfs de la tete. La s^rie des preparations qui font voir tous les organes de la generation , est travaill^e avec beau- coup d'art, et est infiniment int^ressante et ins- tructive ; on y voit tous les changemens qui sur- viennent aux organes externes et internes de la ge- neration , par toutes les epoques de la grossesse jus- qu'au moment de Taccouchcment , toutes les nuances de I'existence de Thomme , depuis la matiere gela- tineuse , dans laquelle nagent les premieres traces de I'embryon, jusqu'a I'enfant parfaitement forme (4}. {4) La collection (rerubryons du cabinet de racadcniie des sciences a Pctersbourg , prouve k quel point on peut suivre les dcveloppeiuens de rcxistcnce liuraaiae. On y voit no nuances, dout la pieiuiere a etc tiiee de ruteius d'une fenime surprise eu adukere , et tuce par son uiari ea HagrauC deiit. 78 ^Aris. Ces pi(^parations en clre donnent , en pen d'heures, des notions plus pr(^clses sur I'art de I'accouchement que ne pouiioient faire les descriptions des prepa- rations uaturellcs , ordinairenient defigur^es. Dans les derniers ternps , on a aussi figur^, sous plusieiirs points de vue , des maladies externes , ft les operations chirurgicales qu'elles rendent n^- cessairesj on y voit tous les genres de descenles, et leurs operations, toutes les methodes de Top^ration de la pierre , ct les changernens qui surviennent dans ces parties. L'art de travailier en cire, applique plus souvent a cette partie des connoissancts medicales , contribueroit certainement d'une maniere puis>antc a arracher des victiir.es a I'ignorance de certains char- l^atans , auxquels Tinsouciance de la police dans beaucowp de pays ,^pern)et encore de se jouer de la vie des homnies. L'art de travailier en cire pourroit donner a dif- ferentes dissections pathologiques , une utility reelle et durable, pour l'art de gu^rir (5). «« Pourqiioi , ajoute M. Wichelhauaen , ne devrolt- « on p^s iniiier en cire, aussi exactement que pos- «< sible , les differences et les modifications des pou- " mon-; de personnes mortes de la pulmonic , sur- « tout celles que j'ai le premier fait connoitre d'une (6) C'est cc qii'avoit-pens^ notre illustre ami, le celt'bre chi- mrgien DesRanlt^ dontles appuis dc riiumanite soufFraule legretle- roiu toujonrs la peite , en f'aisant fairc la colleciion de pibccs paiho- ]ogitjiT*s, rjiie lo C. Birvand ex6cuta sous sa direction. Cc cabinet intcressant se voit acUiclleineuandre le Grand. Les Remains , imitafeurs des Grecs, avoient vrai- semblablement aussi des figures en cire. Pline raconte que dans les vestibules de leurs palals, les families romaines avoient plac^ les bustes en cire de leurs ancetres , et qu'on mettoit un certain luxe a les faire porter devant le d^funt lors des funerailles. (8) L'idce de M. WlclielliaLisen n'est pas parfaitemenl juste. 'Voici les expressions mt-mes de Pline, cjui se troiivcnt, 11011 pas au livic XXXIV, chap. VlII, comme il rindique , niais au livie XXXV, tliap. XII ; Hominis aiitem gyp so e fucie ipsa primus omnium exprcssit , ceraquc in earn formam fypsi infusa emendare instituit Zysistratus Sicyonius , f rater lyr.ippi de quo diximtis. Hie et sitnilitudinem rcddere instituit ante eum quam pujcherrimas facere studebant. Par ces derniers mots, Pjine vent dire seujenient que par cette invention Lysistraie reussit a faire parfaitemenl ressemblantes ^ Acs figures <]u'on rt'avoit songe avant qu'd embellir. Mais ce n'est pas la employer la ceroplastique a I'histoire naturelle: cette application est beaucoup plus nioderne. Lysistratc faisoit Sfulement des portraits coules dans des monies pris eux-niemes sur la nature, et ces portraits etoient scmblablcs ;\ ceux que i'on voit; 4ans ces collections des foires, appelees cabinets de figures. A. L, M. C'e'tolt Figures en cire. 8i C'^foit encore line coutume des cliens, de rechercher les bonnes graces de Jeurs patrons , en placant chez eux les busfes en cire de leurs profectenrs , accom- pagn(^s soiivent d'inscriptions flaCteuses. II est (le m^me vraiaemblable que les lares et les Penates des pauvres etolent faits en cire; c'est ainsi peiit-etre qd'on doit expHquer ce passage de Ju- venal , sat. XII , vers 87. Inde domum repetam , graciles ubi parva coronas Accipiunt fragili simulacra nitentia cera , Hic nostrum placabo Jovem , laribusque paternis Tliura dabo. Cependant on peut aussi entendre par ces mots un end 'lit de cire destine a donner un certain lustre aujc lares et aux p^nates. (9) Les Grecs et les Romains se servoient aussl de la (9) II est certain que ks anciens savoii-nt donner aux statues une espi'te de vernis avcc des haiousdf cire qu'i's frotioicnt dessus pour ea tendie la surlace plus polie. Pline , livre XXXV, chap. XL, appelle cc proccde circumlhiitio. Viiruve, Jivrc VI, cliap. IX,eii falf mention, niais il ne I'applicjue qu'aux statues uues. Visconti Musjtfo Pio-Cleiu. tome II , p. 6, note*, croit qu'on ne doit pas penscr pour cela que les siaines veiues ne fussfni pas enduites de cire, uiais qu'on se servoil alors d'un autre proctdc que pour les stauies nucs. 11 decrit, iiienie volume, p. 5, pi. V, uuc statue vetuc , e de 366 jours , comnie Its bissextiles du calciidiier gr^goilen ; mals cela s'ap- pelle sextile dans le nouveau calendrier , et vient de c€ que notre ann^e est assujettiea commencer le jour de I'equlnoxe vrai, par une erreur de Romme , ^ui Be r^digea pas le decret du 5 octobre 179.3 , -conform^nient a rinstruction que jelul avols laiss^e*, il levint bientot la dessus, et il fit lui-meme un rap- port le 28 juin 1795, qui est imprim^ et qui auroit etd sanctionne, si la revolution du i.*' prairial n'a- voit caus^ sa mort. J'ai deja r^clam^ contre <::^iiQ forme , et j'espere ^u on la cliangera. Le comity d'instruction publlque tie la convention avoit admls ma reclamation, pour ^a regularity du calendrier re'publicain 5 le bureau des longitudes la refiisa, mals il ne d^pendoit que de moi (t'y iTm). II a traite sp^cialement de la Laconle, et s'est ap- pHqu^ a d^crire la ville d'Hdlos , si malheureuse- ment c^lebre par Tesclavage de ses habitans. Un fl(?au que I'esclavage amene , qui regne sur les frontieres de la Turquie , mais auquel le mouve- ment g^n^ral qui agite I'Europe peut ofFrlr trop d'occasions de sortir de ses limites, la peste doit (r) Mag. Ann. IV, tome A', p. 416. A. L. M. (2) Nous rcndrons coiupte de cet iiupoitaDl ouvrage. A, L. M. (3) Mag. Ann. IV , t. VI , p. 9. Nouvelles U/Itraires. tti exciter plus que jamais I'atlention ties plillosoplies et la vigilance des gouvernemens. Quels soul les moyens de coinbattre ou de cont nir jce Jlcau P Telle est surtout la question tlont le citoyen Papon s'oc- cupe dans un ouvrage dont il a ofFert une esq lisse a la classe. En remontant a I'origine de la pt'Ste, I'auteur fait observer que I'^gyptene la connut point dans ces temps dc gloire et de bonheur, ou les arts et les sciences faisoient des bords du Nil le pays le plus fertile et le plus peupl^ de la terre. C'est en Europe, surtout en Italic, que ce fl^au ^toit alors indigene et endt'mique. On le voit ravager vingt- cinq fois le territoire romaln durant les cinq premiers siecles de la r^pubJique ; devenir plus rare duranfc les deux autres , a mesure que la civilisation se per- fectionne ; reparoitre sous les derniers empereurs ; recommcncer avec eiix les siecles de. barbaric , et d^vaster longtemps les plus belles con trees euro- pecnnes , jusqu'a I'epoque ou les arts renaissans viennent eteindre une seconde fois les germcs de la contagion , ou les rel^guer sur les cotes de I'inculte Afrique. II sufKra sans doute a TiEgypte dene pas repousser les lumieres qu'on lui reporte, pour se delivrer a son tour de cette horrible calamite; et ce sera aux yeux des peuples un grand et consolant spectacle, de voir les guerriers et les philosophes de la France parcourir des contrees lointaines, en cliassant ainsi devant eux I'ignorance, la tyrannic, et toutes les ])estes. Le citoyen Toulongeon a lu le discours prell- minaire d'un ouvrage ayant pour titre : hes ^po^^uei ji2i Nouvelles I literal res, de la rdi'olulion. Ecrire I'histolre de son temps , et surtout d*un temps de revolution , c*est , dit I'auteur ]ui-m^me, une entreprise hasardeuse, et d'une ex- treme difficult^. Mais apres avoir consid^re combien cette histoire, ^crite avec une impartiality scrupu- leuse , peut offrir de lecons utiles, m^me aux con- tempor^ins et aux acteurs des scenes qu'elle doit exposer , le citoyen Toulongeon conclnt que les i^ vantages d'une telle entreprise ctant publics, et les inconv^niens seulement personnels, il n'y a pas a hdsiter. Dans un mernoire sur la vie et les ouvrages de Platon^ le citoyen Dehsle Des ales se plaint de voir I'histoire de ce philosophe d^figur^e dans Apu- ke , Diogene-Laerce et d'autres anciens , par des fables peu ingenieuses. II pense que I'auteur des Voyages du jeune Anacharsis est le seul , parmi les, raodernes , qui ait parle dignement de Platon , et qui alt evite de transcrire sans choix et sans critique , des anecdotes sou vent invraisemblables , des juge- mens souvent calomnieux (3). Platon , a la cour de Syracuse, fut appel^ par ses ennemis le pliilosophe des princes, le citoyen Desales lui restitue le nom de prince des philosophes. Le citoyen Desales a lu aussi un m^moire sur la Souveraineie nalionale , et il a pens^ que pour traiter convenablement ce sujet, il devoit se reporter encore a I'epoque ou Platon , dans les jardins d'A- (3) II paioit que rexxdlent ouvrage tic M. Meiners ii'avoit jnas encore ^ic liaduit cfuand Ic C. Desales a portc cc jugc- lucnt. A. L. M. cacU'mus , Nom'elles Utleraires. i f3 cad^mus, raisoniiolt sur Toriginecle la soclete civile. Ce m^moire contient une definition de la souverai- nct^, et un exaiuen de ses caracteres, de ses actes, de ses garanties. Le C Mercier a lu trois m^moires ; le pre- mier , intitule : Vues sur la morale ; le second : Vues politico-morales ; et le troisieme : Fragment liisto- rique sur Caton le censeur. L'un des r^sullatsdu premier m^moire , est que, pour decider, pour entrainer les ^v^nemens, riiomrae pent davantage par son caractere, par I'^nergie de sa volont^, que par ses lumieres ou ses talens, et meme que par ses vertus. En coHimcncant le second m^moire , le C. Mercier ^tablit que la politique, comme toutes les sciences , doit reposer sur la connoissance des faits. II veut que rhomme apprenne a lire, dans les revo- lutions anterieures , la succession des (^v^nemens fu- turs, et a reconnoitre les phenomenes moraux dont I'iramutabilite gouverne les chances politiques. Or, I'hisloire des peuples manifeste en eux deux pen- chans qu'il faut met(re an nombre de ces lois cons- tantes , Tamour de la liberty et i'amour du repos. D'une part , le C. Mercier voit rhomme tou- jours entrain^ vers les formes r^publicaines , les appelant oii elles ne sont pas , s'efforcant de les retenir, queiqucfois de les exagerer oil elles sont, et les pr^fiirant par instinct a tout autre espece de gouvernemcnt. De I'autre , il considere le genre humain comme un grand animal paisible qui a re- pose* durant des siecles sous la loi d'inertie, et qui, Tome T, H 1 T4 Nuiivellcs liltciaires, agit^ tie temps en temps par les passions actives dc quelques inclividus , relombe de lui-meuie dans le calme habidiel qui lui tonvlent. II seroit consolant de cioiie avec I'auteur que I'histoiie ofFie plus de jours de paix que de jours de guerre , et que la nature m^me des hommes met un terme inevitable a leurs projets perturbateurs. L'amour du repos , conclut le C. Mercier , fait et maintient les gou- verneniens. Le fragment sur Caton le censeur , est un por- trait qui ne peut paroitre flat Id. On a coutume de dire : Sage comme Caton ; le C. Mercier s'eleve contre cette reputation proverblale. S'il accorde a Caton de I'^qnite, de la fermetd, du gdnie meme, il accuse avec rigueur ses moeurs privies, et surtout ij lui reproche ceduret vain pedantismCLqui, dans les t'coles et les academies, n'est qu'un ridicule, mais qui, dans les magistratures , est un vice capable de laire a la vertu plus de tort que ne lui en ferolent de mauvais exeraples. La vertu que le C. Mer- cier voudroit choisir , n'cst point cette apre et misantliropique vertu qu'on pratique ou qu'on dtale beaucoup nioins pour ^Ire content de soi-meme que pouracquerlr le droit de se montrer mecontent des autres. L'auteur a jet^ dans ce m(5moire quelques id^es sur la censure , consideree comme Institution politique : il ne la croit point utile a etablir parmi nous j mais, ajoute-t-il , alors m^me que cette cen- sure paroitroit n^cessaire, oil trouverions - nous le censeur ? Dans le cours des trimestres prt'cedens, le citoyen Noiu>elles litteraires. ii5 GRifGOlHE avoit lu ^ la classe les premieres parties trim ouvrage ou il expose la Conduite des divers peuples modern es d Vegard des esc laves , depuis l*o^ jigiiie de la Traite juscjud nos jours. En continuant cette lecture dans les stances du mois dernier , Fau- teur a trac^ I'histoire des Negres et de la Traite dans les Etats-Unis d'Am^rlque. Cetie histoire est telle des efforts g^n^renx de plusieurs soci^t^s , et particulierement de celle des Quakers, de plusieurs philosophes et sp^cialement de Franklin , pour res- tituer aux noirs la libert(?, et surtout pour leur ap- prendre a en faire un digne usage. Apres tant de travaux , et meme apres diverses lois rendues en faveur des negres, soit par le congres, soit par les legislatures particuHeres , il est douloureux de savoir que le rtombre des esclaves est encore de 5o,ooo dans les dtats du nord , et de 65o,ooo dans ceux du sud. L'auteur deplore amerenient cette luile de ]a tyrannic conlre les lumieres , de la cupidity contre la justice. Les qualites intellectuelles et morales des Negres ont ^i€ Tobjet d'un autre m^molre du m^meauteur. Ce morceau contient de nombreux et importans de- tails sur I'industrie des Noirs , sur leur dexterity dans les arts m(?caniques, sur les succes de quelques- uns d'entr'eux dans la carriere des letlres. On dis- tingue I armi ces litterateurs, una femme nommee Phillis IKedthley , transportee en 1761 , d'Afrique en Am^rique, a I'age de 7 ans ; amende depuis en An- gleterre, ou ayant appris fort rapidement le latin et I'anglols, eJlc publla dans cette dcrniere langue , H 2 ii6 Noin'cllcs Utieralres. el a Page do 19 ans, un recueil de poesies estlrrK-esv A I'egard des qualit^s morales des Negres , le C. Gregoire accumule un grand nombre d'exemples et de tdmoignages desquels 11 r^sulte qu'au sein mfuiie de Tcsclavage qui degrade ou corrompt les ames , les Noirs ont sii cultlver et pratlquer avec ^clat les vertus douces comme les vertus h^roiques , la pl(?t^ fillale, la phllanthropie , lareconnoissance aussi blen quelabravoureguerriere etl'inlr^pldit^ dans les dan- gers. Tels sont les falts que le C. Gregoire oppose a cer(aines theories peu favorables, comme on sait, a cette partie du genre humaln. Les vices des Nolrs , conclut I'auteur, sont I'ouvrage de la tyrannic 3 leurs vertus leur appartiennent. Le C. L^VEQUE a lu un premier m^molre sur la constitiilion de la r^publique d'Atlienes. Le r^- sultat de ce m^molre est que les Atlienlens , avec leurs Archontes, leur Ar^opage et leur Conseil des Cinq-Ccnts, n'avoient pourtant aucune idt'e de la division et de IVqullibre des pouvolrs. Cliez eux le pouvoir ex^cutif , diss^mine partout, n'avolt de con- sistance nulle part. Toutes les autorit^s se rdsol- voient en autorites judiciaires , sans qu'aucune pos- s^dat en efFet une force mod^ratrice , constamment capable d'arreter ou de suspendre les resolutions prd- cipit^es des autres. L'assembl^e du peuple, exer- cant, abdiquant, reprenant au hasard tousles genres de fonctions, celles de juger et d'administrer , aussi bien que celles de faire des Sections et des lois , n'ofFroit d'autre caractere permanent que son incons- tance m^me , ses agitations meurtrieres , et sa do- Noiivelles llilti aires. 1 1 7 cllitc funcsle aux impulsions de tout d(5magogue. C'e.st a ct'S vices profonds de la constitution d'A- thenes, que le C. Leveque altribue les fautes et les nialheurs de cette republlqiie; comrne c'est aussi a la sagesse , a la puissance de ses institutions mo- rales , qu'elle dut ses grandes actions, ses grands liommes , ses courtes prosp^rit^s et sa gloire im- mortelle. Des peuples snbjugu^s par Rome, avoient obtenu d'elle le main(ien*'de lenrs anciennes lois : les Ro- roalns conquia a leur tour, conserverenl de meme Icur l(^gislation civile. Alaric II , I'nn des vainqueurs qui dcmenibrercnt I'Empire en Occident , fit r^diger, en 5o6, en faveur de ses noiiveaux sujets remains , un code de lois puremcnt romaines. Cette collec- tion , qui porle le nom dp Code Alaric ^ est le sujet d'un memoire que le C. Bouchaud a lu a la classe , et qui pent se diviser en deux parties. La question discut^e dans la premiere , est de savoir par quels Jurisconsultes ce code fut r(?dig^. La seconde traite des divers textes dont le Code Alaric se compose , et des interpretations que Ton y a jointes. La bibliotlieque nationale possede du Code Alaric, deux manuscrits fort d^fectueux , dont le C. Bou- cbaud a remis des notices a la commission des ma- nuscrits. Le C. AnQuetil a lu la seconde partie .d'un Mdmoire suT les mceurs et les lois f ran coises , dermis le cinijuieme siecle , jiis(ju*au dixieme. Au milieu des usages et de la legislation de ces temps, on rcmarque une loi p^nale port^e conlre les conjurations, ct H 3 ii8 Nouvelles litferaires. frequemment renouvell^e ou appliqu^e dans le pas- sage de la premiere race des rois a la seconde. Ce qui concerne cette loi, dans Touvrage dii C. An- quetil, est termine par des considerations sur les revolutions politlques, et sur la dur^e des ebranle- leniens qii'eJles occasionnent. Si une partie de la premiere generation resiste , la seconde mollit, la troisieme cede, et le thangementest consolide quand la quatrieme commence. Un memoire lu par le C. L^grand-d'Aussi , offre VHistoire de Vetablissement du droit coutinnier en France , et contient un examen des quatre pre- miers ouvrages en langue francoise, qui, dans le cours du treizieme siecle, ont traite de ce droit. Ces ouvrages sont : i.° les Conseils y par Pierre DesfontaINES J 2.° les Assises de Jeiusalem ^ at- tribuees a Godefroi de Bouillon ^ mais redigees en cfFet en Chypre , par Jean d'Ibelin ; 3." les tta- ilissemens de Saint Louis ^ ouvrage dont I'auteur est inconnu ; 4.** enfin les Coulumes de Beauvoisis , par Philippe Beaumanoir. S'il ne faut pas chercher dans de tels monuraens les principes d'une saine jurispi'udence , on y peut du moins etudier I'impor- tante histoire de ce syst^me feodal qui a regi a-la- fois et la France et plusieurs autres etats de I'Eu- rope , et les provinces asiatiqiies que possederent les croises latins. Ce memoire du C. Legrand-d'Aussi , est le complement de celui qu'il ayoit lu dans le precedent trimestre , sur I'ancienne legislation des Fran<^oIs , laquelle comprend la loi salique , la loi des Visigoths, et la loi des Bourguignons. JVoineJles li I lei aires. 119 Dans un autre memoire qui traite des nncienncs sepultures, le C Legrand lenionte aux opinions primitives des peuples sur la mart et sur ses suites. En Europe autant qu'en Asie , la niort f'ut regard^e comnie un passage dans un autre nionde ou I'on de- voit retrouver les besoins et les jouissances dc ce- luici. C'est d'apres cette id(?e qu'on d^posolt, sous les tombes, les objets les plus chers a ceux qu'on y conduisoit, leursarmes, leurs habits, leurs pajures, ou que Qi^me on bruloit pres d'eux , leurs chevaux , leurs esclaves , et quelquefols aussi leurs fenimes. Les Gaulois alltrent jusqu'a jeter, dans le bucher fun^alre, les litres de cr^ances du d^funt, afin qu'il put, a la premiere rencontre, contralndre ses d^biteurs au paieraent. Le C. Legrand prouve enfin que la fuble de Caron n'^toit pas moins accreditee dans les Gaules que dans I'iEgypte, puisqu'en beau- coup de monumens gaulois, on a d^couvert , sous la langue des morts , la piece de nionnole destin^e a payer le fatal passage. Tant de richesses enfouics avec les defunts, ne pouvoient manquer d'excitcr la cupidity de plusieurs vivans. Mais, a peine ex- traite des s(?pultures , ^lles y ^tolent bientot raj)- pelees comme par une force invincible ; clir presque toiijours les ravisseurs de ces tresors souterraius, les fesoient en mourant d^poser avec eux dans Icuis propres tombes. De la vient qu'en Tartaric sur-touJ , et dans les pays du Nord , on ne peut creuser aucune sepulture, sans y trouver un assez riche butin. A pres ces observations g^n^rales , I'auteur fait connoiiie en delail lr$ diff^rens genres de tombeaux usitC^s en n 4 I20 Nouvelles lltteraires^ France depnis I'origine de la nation jusqu'a nos jours. D'abord , caveaux en pierres brutes , ornes a I'exte- rieur d'un pilier de m^me nature , plant edeboul ; en- suite, tombeaux a enceinte, {"orm^s par d'^normes pi- liers , et ayant pour plafond , une pierre d'un volume immense; puis tombeaux en collines , faits de terres lapport^eR (4)5 plus , caveaux en maconnerie , cer- cueils en pierre, en terre cuite , en plomb ; enfin , mausolees en marbre et en bronze. Cette derniere espece de monumens , qui date du treizieme siecle , a ^prouve dans chacun des siecles suivans des mo- difications quel'auteur expose. De la, passant al'exa- men des diverses matieres d^pos^es dans les sepulcres francois , il ne trouve dans les plus anciens , que des armes faites avec des os polntus ou avec des cailloux aiguis^s ; dans les temps postdrieurs, on voit des ornemens et des instrumens en cuivre ; plus tard , des armes en fer , des parures en or et en argent. Mais c'est dans les tombeaux des rois francs, qu'on rencontre le plus d'objets pr^cieux : tel ^toit celui de Childdric(5), d^couvert pres deTournai, dans le dernierj siecle. Depuis, en 1704, des fouilles faites (4) Voyez I'excellent memoire du C. TrauLIE sur les Tumuli du depariement de la Soinme. Magasin Encyclop^d. Ann. I, torn,. IV, p. 329. A. L. M. (5) J'observcrai, d'aptbs les remarques judicieuses de I'aiiteur des JVceni^ Britannicce ^ qu'il est iiJ;s-doutcux que ee tonibeau soit cclui de Childeric. L'auneau d'or avec son nom, sur lequel on etablit ceite conjecture, est tres-suspcct. On trouve fiequemment dans les tombeaux eleves ou Barrows de I'Angleterrc , des orne- ujcns seuiblables a ceux que renfenne cc toiubcau. A. L. M. Noiwelles lllleraircs. lai clanslVglisedeS.GermaindesPres, nilrent en eviden- ce i7n monument qui s'annon(^oit comma fre>-iiclie, mais qu'on ne voulut point ouvrlr. Le C. Legrand propose au gouvernement de le faiie fouiller de nou- veau , et d'ajouter alnsl presque sans frals , a nos antiqultes nationalcs , celles que ce monument ren- ferme. Notre confrere propose encore de demander aux divcrses administrations d(:^p3r(ementales , des rensei|',nemens surles tombeaux antiques, et sp<^clale- ment sur les monticules fun^ralrcsqui peuvenl exisler dans leurs territolres respcctifs. Analyse des malicres Incendices dans /'Odcon. Le C. Lesage, c^lebre chymlste, a analyst les matieres qu'on peut regarder comme le r(?sidu de I'jncendie de \()deoii.Qei\.Q: analyse a demon- tr^ que I'odeur de soufre , et meme les parties sulfureuses qui sc sont manifestoes pendant et a la suite de j'incendie, ont (5t^ le produit nOcessaire de la calcination des platres; ce qui rOpond a des expe- riences analogues d^ja faites par le meme chymiste. II a ^galement prouvO cjjie dans la combustion des decorations, il a du se dOgager une grande quantity de gaz inflammable, lequel , se repandant dans toute la salle , aura port(? Tembrasemcnt a la fois dans tous les points 5 ce qui sembleroit d^truire I'opinion I2S Noiwelles litleraires. qui a (I'abord attribii^ ce triste dv^nement aux efforts deJa malveillance. Quol qu'il en soit, et en suppo- sant mf>me que le feu y ait dt^ mis par I'effet d'un crime , Topinion publique ne I'attribue point aux actionnalres de ce theatre, depuis qu'on sait que cct accident a €i€ aussi funeste a leurs int^refs qu'aux plaisirs du public et a la gloire des beaux- arts. En effet, ces actionnaires dtoient en instance aupres du gouvernement pour en obtenir le rem- boursement des reparations qui avoient rendu cede salle la plus belle de la re'publique ; I'incendie a d(?fruit U'urs litres, et les mine completement. Noiivelles d'Autriche. Le savant orientaliste , le frere PauUinusa S. Bar- tkolomceo J en quittant Rome, a pass^ au commen- cement de riiiv^er dernier, par I'Autriche , sa patrie , pour se rend re a Padoue , oii il doit occuper la place de bibllothe'caire , et celle de secretaire de la Pro- pagande; il regrette surtoat , que la translation de l*iu)primerie de la Propagande a Paris, lui 6te les moyens de communiquer un jour au monde litt(?raire, les tr^sors de la langue sartiscrite , dont il a ^te le premier a nous donner une clef raisonnable. Parmi les ouvrages manuscrits qu'il a fait voir a ses amis , a Vienne , on a reniarque la gr/mmaire , dont il n'a public qu'un extrait, et trois inanuscrils du grand Nouvelles Ultcraiics. iz3 dictionnalre samsciit , intitul(5 AmarasinJui ^ et le drame de Sacontala (i). Le dernier ouvrage qu'Il a public , est la premiere section de V Amara.^inha , qii'il a donn(?e pour falre voir combien l*ouvrage entier exigeroit de travail et de d^penses. 11 en finit la preface par cette phrase: Dabam fervente marie Gallico y ce qui d^signe Tdpo- que oil il I'a ecrit. Ses amis tachent de I'engager a faire imprimer a Padoue , la grammaire entlere , avec des caracteres latins , au lieu de caracteres in.- diens. Nous regrettons que le F. Paullin ne s'a- dresse pas a la nation qui a conquis les tresors ty- pographiques dont il sait faire un si excellent usage ; reinpress^ment du gouvernement a favoriscr la pu- blication d'ouvrages savans et utiles , nous r^pond que ceux dont il s'agit serolent tres-bien accucillis. Les Meprises espagnoles, C*est le titre d'un op^ra en un acte , joue au thddtre Fejdeau , pour la premiere fois , le 29 ger- minal. (i) On la Bague enchantie ; ce polme a t\.i Irafluit en angloi? pai Ic savant W. JoNES, iniprim^ 'I'ubord a Caltulta, et leiin- primu h Loiidres, chcz Edwards^ en un vul. /fj-4.c grand papier. 11 n'esl pas inutile d'obscirei- que les ancicns Hindnux cultivoicnl bcaucoup I'art draraatique , ct que Icur repertoire iheatral n'ctoit pas nioins noinbreux que le utue. On trouve d'inlcressans dcfaii? sur octte branche dc Icur liu^rature dans la prtSface que M. ^^ JONIS a uiisc a la 'fie de sa traduction angloi^c iK- Saconrjh- »24 Nowelles Uiieraires. Ces m^prisesne sont pas toujou.s vraisemb)ables et cette piece est une espece d'imbroglio , A )a .„a' mere „al,e„„e. U„e jeune fc™,„e , latse d-,,,e " . ^^-.^epruntuteurvieuxetialoux, ...,,4, de Chez 1,„ et se .et.re chez u„ de ses parens , com- pndantd'uneville.ettuteurd'unedesesaU" le parent est absent lorsqu'clle y arrive. Son ainant,' qui a eu le malheur de blesser dans un duel ie t„- teurjaloux, vient par hasard dans le mSme endroit et est cach<^ par la sonbrettc qni le reconnoit, dan^ une voliere dent les oisea,. sV.oient ^chappJs. I.a jeune pup.ile d„ con,„andant veut arroser ^s fleurs et donner a ,„a„ger 4 ses oiseaux ; n,ais quelle est sa surprise, lorsqu'elle ouvre sa voiiere , dV trouver un jeune officier endormi ! elle le prend pour son cousin qui devoit arrlver le m^nie jour pour U- pouser Pendant cette scene qui est une des meil- leurs, le commandant qui a re^u I'ordre d'artfter le Kune officer et son amantc, arrive avee sa tToupe- Ja jeune personne, craignant que son tuteur „e la gionde en la surprenant avec ,m jeune homme, met son voile; et le commandant, la prenant pour I'a- "an,e de I'officier, les fait enfermer s<:pareme„t l^ependant on ne sait pas trop comment il se fait que la jeune pupille sort de I'endroit ou on I'avoit enferm^e, elle vient demander grace a son tu.eur pour son amic, et pour I'amant decelle-ci; le t„- eurapprenant qu'iU s-aimeut , leur pardonne le„r mpruden.c d-marche , et les unit. On voit par e'^e , auteurs ^ Arlequin decorateur. Tous leurs couplets etoient remplis d'allusions tres* piquantes plusieurs; ont ^i^ redemand(^s, entr'au- tves, celui en parlant du gout actuel pour la nou- vcaut^. L'amant dit : A pt csent c'est la m^thodc ; Aussi nos gens ^ la mode Oiit-ils tous un air bien ncuf. Celui oil I'on dlt que le meilleur moyen pour faire bonne chasse , est de prendre au poL Celui qui finissoit ainsi : Nous voyoiis Dans les bas-fonds force ptongeons^ Et sue les hauteurs quelques buses. Et enfin celui ou , faisant allusion aux diff^renfes cliasses , on disoit que pour quelques-unes , il falloit I'adresse de certain caissier ; mais que pour attendre a la pip^e , il est n^cessaire d' avoir la patience d'un rentier. Montano et Stephanie. C'est le titre d*une piece donn^e au theatre Italien, dans les derniers jours de germinal. Montano est pret de s'unir a Stdphanie , fiHe d'un noble Sicilien, lorsqu*^//«mo«f, ami de Montano, lui apprend que Stephanie le trahlt , que tous les soirs elle introduit un Homme dans son appartcraent ; Nouvelles litltraires. 127 il s'offre a lui en donner la preiive le soir m^me : en efFet, aux approches de la nuit , Montano ac- conipagn^ de t^moins , volt un homrae monter, k I'aide d'une dchelle de corde , sur un balcon , ou il est recu par une femme habillee comnie StC^phanle, mais il ignore que ces gens ont ^t^ apost^s pour le tromper , par Altamont , qui brule en secret pour Stephanie. Le lendemain , au lever de I'aurore, tout est pret pour la calibration de I'hymen; le peuple est assemble, Stephanie parde est au pied de I'autel , on n'attend plus que Montano : il arrive, mais pale, abattu ; et , au moment ou r(?veque lul demande s'il consent h. s'unir a Stephanie , il repond d'une voix terrible, iioii f Alors il declare haute- ment ce qu'il a vu la veille; Stephanie s'evanouit , son pere la maudit, Altamont triomphe , le peuple sort en rumeur, et la c^r^monie est interrompue. L'eveque reste seal avec Stephanie qui lui atteste son innocence ; ce pr^lat lui promet de la faire con- noitre , et de faire voir la faussete de ses accusa- (curs. II annonce que Stephanie n'ayant pu rc^slster a sa cruelle situation, vient d'expirer. Montano est au desespoir d'avoir caus^ la mort d'une personne qu'il aime encore, quoiqu'il la crole perf;de ; mais Altamont qui voit ses esp^rances d^truites, cede au remord, s'avoue coupable, se poignarde , et se pre- cipite dans la mer : au moment m^me , l'eveque ramene Stephanie qui se jette dans les bras de son amant et de son pere, et dont Tinnocence triomphe. Cette piece est du plus grand effet , cependant elle a du une parlie de son succcs au Jeu des acteurs. Le 1^8 Nouvelles littei aires. C. Gavaudan a joii^ sup6lenrement le role cle Mon~ tano , qui est tres-clifficlle dans le second acte surtout ; le C. Jndrieux a aussi parfaitement jou^ le role d'Altamont ; celui de I'^v^que a H€ rendu avec di- gnity par le C. Solid , et la C."^ Jenni Bon\U a ^i€ vivement applaudle dans le role de Stephanie, duns lequel elle a nils beaucoup de naturel et de sensib litt^. On a trouv6 I'arrlv^e d'Altamont un pen brusque, et on est surprls de Tentendre accuser Stephanie , avant de savoir qu'il I'aime , et quel est son motif. Le second acte ofFre un spectacle fiouveau ; la de- coration qui reprdsente I'int^rieur d'une chapelle ornee suivant les rites catlioliques, et les apprets de la celebration du mariage, ne s'etoient point encore vus sur le theatre. Les auteurs sont les CC. Rojer et LebretoJi. Le poeme est foiblement ecrit, a I'exception de quel- ques morceaux du second et du troisleme acte, et on a trouve la musique un peu trop bruyante ; en effet, le compositeur a fait un grand usage des tim- bales , et ses choeurs sont tellement converts par le bruit de I'orcliestre , qu'il est impossible d'en distinguer un seul mot ; il en est de meme de la plupart des morceaux d'ensemble. Chardqn Jltu Rochet te a A. L, Mill in, Paris, 1 5 germinal an 7. Mon cher Millin, en annoncant dans le n.° 22 cle ce mois , la pension accord^e au plus savant de Nouvelles litteralres. 129 Mos bibliographer, MercIerSt.-L^ger, vousavezcopi^ les feuilles publiques, qui ont mis, en g^n(?ral , peu de ci^cence dans cetfe ahnonce. L'une d'elles, cepen- dant, et c'est je crois celle que vous avez copi^e, a ^te' longtemps enrichie par ]ui , de Jetfres lou- jours instructives et tonjours piquantes (i): vous vous empresserez, je n'en doule pas, dc rC^parer cette faute involontaire , en publianl Ja Icttre ^m ministre de I'int^rleur ; vous verrez que le ton de cette let(re est blen different de celui des feuilles publiques. Paris , le i5 vcmCse an 7. " Citoyen , legouvernement se faltiin devoir d'en- « courager les travaux utiles dans tous les genres , et " ceux des bons (?crivains I'^prouvent chaque jo'ur. « A ce titre , vous avez des drolls a sa bienveil- '■ lance , et je me plais k vous la t^moigner , en vous « pre'venant q i'inform^ que vous vous occupiez de- •' puis longtemps a la composition d'un recueil et " notices des poetes latins du moyen age, je vous " ai accords , a titre d'encouragement , 200 francs par " mois, pour la continuation d'un ouvrage aussl in^ - teressant pour I'bistoire litf^raire. Ces encoinage^ '« mens dateront du i.«r ventose. » Salut et fraternity. Sign^ Francois (de Neufchateau ). fr)LcC. Saint-Ugcr.colbborateur de ce Journal, auqiie] il a fouini un grand noinbre d'cxcellciis aitides , sail bien aue n„i,s Hc ponvons avoir en aucnne intcui.ni de J'offcnser , ct c/ue uotfs faisons iirofession d'nne tsiime r.::uitnlicic pour Jui. A. L. M Tame I . j i3o Nuuvellcs Utteraires. Je piofite, mon cher Millin , de celte occasion, pour redresser une erreur grave de M. Ersch dans sa France litteraire ; il fait de notre savant biblio- graphe , iin cure const itutlonnel de Ham en Picardle , et il lui attribue un discoiirs -prononce en ceite qua- lite , a Ham, en 1792 ; vous savez comme moi, mon cher Millin , qu'il n'a point €te cure constitutionnel , et que par consequent il n'a pu prononcer en cette qualile le discours qu'on lui attribue. M. Erscli aura sans doute et^ tromp^ par la ressemblance des noms, mals il est toujours utile de relever les erreurs qui se glissent dans des ouvrages aussi es- timables que celui de M. Ersch. Salut et amitie. Chardon la Rochette. Concours general des Ecoles centrales. Le minlstre de I'interieur \lent d'adresser aux ar- tistes I'avls suivant : Uti nouveau mode de concours pour la distribu- tion des travaux d'encouragement a cte adopte et couronn^parle succes: I'exposilion solennelle dans Ic salon du museum a tenu lieu de concours , et le jugement du jury a decernti les palmes et les prIx. Ce mode sera adopts pour la distribution des tra- vaux d'encouragement a accorder en I'an 8. -En consequence, les artistes sont invites, par i'ad- mi nisi ration du mus^e, a faire porter dans la salJe Noih'clles Hi It I aires. i3i eoiisaci(/o a cetfe exposition, ctlli's de Iturs pro- tluctions qu'ils jugeront les plus tlignes de concou- rir. Lc salon sera ouvert depuis lo i.^' IVuctidor de la pr^scnte annee jusqn'au i/' brumaire. Un jury qui se rasseniblcra vers le milieu du inois fructidor, prononcera sur le m^iite et le ta- lent des ouvrages expos2-8.° de 384 pages. M. Munter avolt publld tlifFercns rn^molres relatifs a riiistoire ecch'siastique dans quelques journaux de rAllemagne , tels que Ja BibUotheque universelle de la lilteraiure de la bible de M. EiCHHORN, le Ma- gasin hisloriqiie de GoettifiguejparMM. MeIners ct Spittle R , les Archii^es pour I'histoire eccUsiastiqiie moderne de M. HeNCKE , la Minerve danoise j etc. II a pensd avec raison qu'Il seroit int^ressant de r(?unlr en uii seul volume ces difT^rens m^inoiies ; o'est ce qui a donne lieu au recueil que nous an- iioncons. M. Munter compte le faire suivre, d'ici a quelques ann^cs , d'un second volume , qui sera prin- cipalement consacr^ a des mdmoires sur I'histoire eccldsiastique du Nord. Ce volume contient douze m<5moires. T. sur I'An- CiENNETE de la traductton copiitique du nomcau tes- tament , il la croit faite du iv.' au vi.^ siecle. —II. HiSTOIRE du nonce papain JEROME Aleander , qui assista ^ la diete de Worms , en iS 2./ , et sur- tout sur sa mission a cette diete. — III. INSTRUCTION adressde en tSSq , a Jean Ricci de Montepulciano suT les affaires de V Empire Germanique , et at- is de sa saintete sur la maniere donl l^empereur doit s'y prendre, Cette instruction , comme on voit par la date , 66 rapporte aux discussions politiques et religieuses qui furent la suite de la reformation. Dans une in- troduction mise a la t^te de cette instruction , M. tiivres divers, i3j Munter rappelle les circonstanccs clans lesquclles elle a (?(,ls- lateurs et les demagogues des peuplcs de la Grece, et que les mysteres ne lui ^toient point nuislbies. Apres avoir Fait voir que les arts en Grece etolent subordonn^s aux lois et a la religion du pays, il passe a I'objet principal de sa dissertation, c'est-a- dire, aux ex^getes ou mystagogues, dont I'occupa- tion conslstoit a expliquer les diflPc^rens monumens. ]l recherche d'ou Tamour du merveilleux , qui a donne lieu a tant de fictions singulieres et agrC^abies , peut avoir pris nalsers. destines a discufei" quelque point relatif aux lefhes oil aux sciences. Les deux programmes que nous annoncons ont t'(e composers pour inviter aux discours qui ont etd pro- nonces en 1796 et 1798, en m(5moire de la rdforma- tiou rp/igieuse de I Allemagne du XVI.'^ siecle. Le programme de 1796 est de M. J ean-Fredcric-Guil- laiunti ScHi.KGEL, profcsseur en droit a I'universife de Coppenliague : il y traite de ^etat civil dcs femmes chez les.-peuples barbares ^ qui lie se nour- risseut qw d-:' la chasse et de la peche. La feninie n'etant pas assez robuste pour concourir a ces tra- vaux, est m(^prisee chez ces peuples , maltrailee, et son mari a le droit de vie et de mort sur elle ; sa famille, en la mariant, exige de celui qui la prend un paiemeiit pour la dddornniager des frais que sa nourrifure et son education lui ont occasionne. A mesure que les nations sont devenues plus civl- lis^es, la conuilion des femmes s'est amelior^e, les maris les ont regardees alors comme leurs compa- gnes, comme dcvant leur fire utiles dans I'education des enf'ans ; on leur a assijr^ un sort apres la mort de leurs maris , tandis que chez les peuples chas- seurs et pecheurs, elles deviennent nialheureuses. Apres la mort de leurs ^poux , la f'amiile de ceux-ci les chasse de leur domicile si elles n'ont point de ills; s'ils sont dans un age un pea avanc^, elles peuvent s'esfimer heureuses que ceux-ci veulent bienleur ac- corder un asyle dans leur maison ,ou elles sont ordi- nairement r^duitesa un dtat de domesticity. C'est une observation confirmee par I'histoire de tons les peuples ,que chezceux oil la religion etles lois ont ^tabli la monogamie , les femmes sont plus ve,;- pectees et jouissent d'une plus grandc libert(5 que chez ceux chez h squels la polygamic est autoris^e par la religion et les lois. Chez les nations les plus civilis(?es s'est conserve un des usages des anciens temps de barbaric *, c'est celui appeld par les jurisconsultes du Nord, 3/o7;i?-<^/z-- donum vuiditini/m . C€&l-i\-i\\\v . Ic dor^ Livres dk'crs. 141 que le tnarl a coutume de fiilre a aa femme Ic leri' tlc'inaln cle la noce. L'histoire du Morgengaha fait le sujet du pro- gramme de M. Schlegel, princlpalement relatif aux lois du Danemarck. Ccpendant il fait aiissri des re- cherches sur Thistoire du Morgengaha , chez ies autres nations, ct surtout chez Ies peuples septen- trionaux, dont il discute et cite Ies lois. On sail combien Ies peuples du >sord ont ^t^ guerrlers ; ce penchant au metier des armes et a des incursions continuelles dans le tenitoire de leurs voisins, et quelquefois des peuples elolgnes, devoit n^cessairement avoir une grande influence sur leur legislation d'alors,il est dgalement naturel que dans jes temps modernes ces lois ont du tomber en d^- su^tude. Le programme de 1798 , dont I'auteur est M. <7an- tages de ceiix qui seroient construits a petites di- mensions^ sans le secours des sas d^ecluses ; par R. Fulton J ingdnieur am^ricain, trad, de Vanglqis, A Paris, chez Dupain'Triel, ing^nieur-g^ographe, cloitre de la Cit^, n.° i 'j Bernard, libraiie, quai des Augustins , n." 37 ; VEditeur^ rue Dominique, faub. Germ, n.® iS33; Et tous les Marchands de Nouveaute's. Prix, 6 fr.; et7 fr. 5o c. franc de port. On y a joint des observations sur I'importance des communications navigables, une description d^taill^e de machines k la faveur desquelles on ^tabllroit ces >ommunication8 a travers les pays les plus montueux sans le secours des sas d'ecliises et des ponts-aque- ducs , avec des dessins de constructions nouvelles d'aqueducs et de ponts en bois et en fer. On a pens^ que ces recherches seroient accueillies lorsqu'un systeme de navigation int^rieure se pre- pare, pour ^tendre et activer la .circulation des richesses sur le sol de la Republique iran^oise. Des objets d'art et d'^conomie publique , d*un grand inter^t par eux-m^mes, sont traifes dans ccft ouvrage avec une clart^ qui les rend faciles a saislr. flls attacheront spdcialement les ing^nieurs., et pour- ront encore donner lieu a des perfectionnemens , de leur part, pr^cieux h. une branche des grands travaux qui s'ouvriront en France a la paix. AVIS. On pent s'adrcsicr au Bureau du Magasin Encyclopcdique , pour se procurer tous les Livres qui paroissent en Fiance et chcs I'Etrarger , et g^n<5ralenient pour tout ce qui conceme la LiLrairie ancienne ei moderne. On. s*y charge aussi de toutes sortes d'impressionsJ Les Livres nouveaux sout annonce's dans ce Journal aussitofc apvfes yu'ils ont etc remis au Bureau ; c'est-a-dire, daus Je Su« mero qui sp public aprks celte remise. Le Magasin paroit rcgulifercnjeiit Ic premier de chaque niojs. On prie les Zibraires qui envoient des Livres pour les annonasr d*cn indiquer toujours /e prix. Table des arli<;lcs coMenus dans ce numtr'}. E NT o M O I* q GI E. Dumirll. Memoire surlcs inoyens Jue les insectes eraploicnt pour cur Gonservatiotk, • pa^c 7 H I s T o : B j;. Histoire philosoplnqnc et .poli- tique des il^vplmions d'An- gleterve, etc. ; pat le C. ***. 34 LiTtf IlATUHi; oklENTALE. A. I. Silvestre dt Sacy. Traill des Poids ct dcs Mesures l^gales des Musulinans , traduit de I'arahe dc ^fa^'ify* 46 Arts. Engelic^t^ PP'Ickelhausen. Ideen iibcu" djc beste Auwenduaig dci- Wachsbildneiej , etc. .71 VARIETJES.NOirVEtLESETCOR- BESPONUANCE LITTERAIRES. Tableaux de Tufin. 88 Allele duDirectoire pour la con- servatiou de tai Bibhoth^que pa- tionalc. ■ ■ itid. Amphitheatre de Nunes. 90 Concoursentretouties les classes. /i. l^ouvelles d'jEgypte. at l>\c6e dcs Etrangers. ihtJ^ ODservaloirc de Carlstadr. 98 Travaux de la societ«5 phJloma- thique. iiiij. Opposition de Mars, 10& Socidr4 d'Eiuulatioiii jot Lettre indclile de Frf^d^ric IT., roi de Prusse. 102, Couleurs des ailes de Papillocf ■> ^ur Je Cfilcnflrier 10-7 Tnsiilutnational.ScieDceS"inorales ei politiques, nwilce pir Ic'C. Daunon, ■ . v ito Sur raualyse des niatievcs incen- diecs dans TOd^on, i2t Nuuvellcs d'Autriche- i^a Les Mcprises espagnolcs. 15-5 Ne pas croire ce qu'on voit. x'xtt Montano ei Stephanie. ixfi Chaid«a La Rochette ii A. L^ Millin. mt Mer, avec six planches de figures et de musique. A Saint-Petersboiirg , de I'imprlmerie dii corps imperial des cadets nobles, 1790. i^ORSQu'uN antiqualre veut etudler les mceurs et les usages anciens d'une nation, ce n'est jioint parmi les gen«» du beau monde, ou laeme parmi les habi- Tome V. Ee 33^4 Tllstoire, tans des grandes villes , dans lesquelles les moeurs et les usages changent plus ou moins, selon que la communication avec les nations ^trangeres est plus ou moins active, qu'il va chercher ses preuves ; c'est parmi les paysans , surtout lorsqu'lls ont ^te longtemps dans IVtat de vasselage, et par conse- quent attaches au meme sol pendant phisieurs siecles. C'c^t en suivant cetfe marche dans I'histoire des Russes , que M. GuTHRiE a ^t^ amen^ a soupcon- ner qu'eux ou leurs ancetres devoient beaucoup auX anciens Grecs, si meme les deux peuples n'ont pas line oiigine commune ; c'est ce qu'il a tach^ d'^- tablir dans son ouvragc. Plusieurs savans , dans ce siecle , ont avanc^ que toutes ies nations europ^ennes liroient leur origine deTOiient. Les preuves sur lesquelles ilsontappuye leurs systemes , sont devenues classiques pour I'his- toiie. William JoNES , president de la society aslatique du Bengale , si fameux pour ses connoissances dans la litt^rature orientale, meme avant qu'il fut en- voye dans les Indes, a tout recemment trouv^ dans le Ze)id des Perses , et dans le Sanscrit des In- diens , les deux plus anclennes langues du monde , qu'il etoit fait mention d'un ancien peuple qui ha- bitoit I'empire d'Iran ou de la Perse, bien ant^- rieur aux Assyriens , la premiere nation qui ait ^\.€ connue de I'Europe ; et que les Indous ou Indiens, Jes iEgyptiens, les Cliinois, qui ont ^l^ regarded longtemps comme les nations les plus anciennes , Russie, 335 nVtoient que des colonies de ce people prlmiiif d'Iran. Ces d^couvertes viennent se ranger d'elles-memes dans les preuves htstoriques et physiques des Bailly, BufTon et Mairan , sur cetle ineiiie origine. Get empire d'fran , d'apres les dernieres recher- ches, paroit ^tre le berceau de toutes les nations europeennes, ignore si longtenips par les savans , dont les travaux relat fs a leur oiigine aboulIs>oient toujours a I'Orient, dans quelqu'endroit qu'on les commencat , et quelque rnelhode qu'on employat pour remonter a sa source. Mais ce fait senjble ^tre a I'abri de toute espece de doute , depuis que Je chevalier Jones a (rouv^ la plus grande partie des mots racines qui coniposent les langues de I'Europe, dans les deux plus anciennes Jangues de I'Orient ,dont Tune, le Sanscrit , quoique de la plus haute antiquite, u'est cependant qu'un dialecle de I'autre. Ce sont ces nouvelles lumieres sur Toriglne com- mune des nations europ^ennes , qui ont enhardi M. Guthrie a donner aussi une origine commune aux Crecs et aux Russes , entre lesquels il a trouve des rapports si sensibles dans les difTt^rens objets qu'ii a examines. En adoptant cet(e opinion, le ph^no- mene curieux qui fait le fond de ses dissertations s*explique beaucoup plus facilement qu'en ^upposant que les Russes ont pris des Grecs leurmytholygie, etc. £'"n efFet , le chevalier Jones a retrouv^ toutes les di- viniles payennes, et mtme les principale? fables dts E e a 436 Hlstoire. Grecs , dans les li'vres conserves par les bramines , et Merits dans la langue du Sanscrit , mille ans avant la fondation des etats de la Grece. Si Ton suppose d(j)nc que les Russes, ainsi que les autres nations de I'^urope, soni venus de I'Orient , on doit penser qu'ils auront apport^ avec eux la inythologie de leur patrie : ce qui est beaucoup plus probable, que de dire qu'ils I'ont ensuite empruntee d'une colonie sortie de la meme origine, et ^tablie dans la Grece. ]V1. Guthrie fait hommage de ce tr^sor des connols- sances primitives, aux soins du gouverneur M. Has- tings, dont la conduite engagea les bramines a lui d^couvrir volontairement ce que les menaces et les moyens de seduction employes par un longue suite de souverains dans le Mogol , n'avoient jamais pu obtenir. Voici, au surplus, Pld^e de I'ouvrage de M. Gu- thrie, qui consiste en cinq dissertations. Dans la premiere, les instrumens de musique des paysans russes , sont compares avec ceux des anciens Grecs J et on d^montre que trois d'enlr'eux sont ^vi- demment les memes que ceux que les Grecs poss^- doient. Dans la seconde , la musique rationale russe est comparee avec ceiie des Grecs. Ce sujet est traits plus en antiquaire qu'en musicien. Dans latroisieme, I'ancienne mythologie, les cere- monies payennes , les f^les , les jeux sacr^s , les Biissie. 487 oracles, les modes de divination des Russes, sont compares avec ceux de la Grece, et une partie de leur ciiite meme avec I'ancienne religion des draides dans la Grande Bretagn-e. Dans la qiiatrieme , les danses en clioeurs circulalres, les jeux, dlvertlssemens, mariages, fiinerailles , ha- billemens, usages des paysans riisses, sont compares avec les memes objets chez les Grecs. Dans la cinquieme, Tauteur sortant du village, et considerant les Russes en general , traite des moeurs hospltalieres , de leurs repas natlonaiix, de leurs iTSages, coutumes , etc., etc. qu'"Il compare avec ceux des Grecs. L'ouvrage est termlne par un supplement, conte- nant des notes et la traduction de quelques chansons anclennes, qu'il a cru propres a jeter du jour sur ces dissertations. L*auteur observe que les memes coutumes , les memes usages, les memes c^r^monies dont 11 parle,^ existent encore aiijourd'hiil parmi les paysans russes, a I'excepiion de la mythologie payenne, qui a ^te insenslblement d(?triiite par la religion chr^tlenne ;. et encore en peut-on reconnoitre les traces dans plu- fiieurs fet^s vilKigeoiscs. Enfin, M. Guthiiepoite la lumlere jnsq^u'a deter- miner, d'apres la myihologle et les chansons ancienne* qu'II rapporte,la position geographique des ancctrcs- des Russes avant leur arriv^e u Kiew, et le degre de civilisation auquel lis dtolcnt parvenus. Les savans qui s'occupent de rhistoire et des traces. Ee 3 438 Bistoire. que nous laissept la mythologie et ses antiqulfes, pour arriver jusqu'a son origine , doivent regretter que Touvrage de M. Guthrie scit aussi rare et si peu connu ; il seroit a desi.rer qu*on en fit une edi- tion en France. BRACK. HELMINTHOLOGIE. Eeflexions siir les vers intesdns Irouvcs dans le corps des animaux. J'ai lu a la scci^t^ pbilomatique , il y a environ deux ans et demi , les reflexions que je vous adresse. Elles combattent les principes avances par M. Bloch , dans un ouvrage qui a pour titre: Trait e de la gene- falion des vers intestins. Je les ai comnuinlqu^es a ce c^lebre ichtyologiste, qui ne les a pas ddsapprou- v(?es. Cependant, comnie les ralsonnemens dont il appuie son opinion lui ont fait beaucoup de parti- sans, et qu'ils servent m^me maintenant d'autorile, je vous prie de vouloir bien inserer mes objections dans I'un des num^ros de votre journal. C. D. Parce qu'on ne trouve les vers intestins que dans rinl(«sleur des animaux, doit- on Inf^rer de la qu'ils spnt inndo , et qu'ils ne peu vent y entrer , par que] que Vers intestlns. 4^9 moyen , pour s'y d^velopper ensulte ? M. Block $e declare pour l*affirnia(ivc. Cette opinion paroissant porter atfeinte aux lois connues de la generation, j'ai cru d'abord que ce m^decin avoit eu seulement I'intention de prouver que les vers intestlns ne pouvoient exlster on naifre que dans les animaux , ce qui paroit assez demontr^ par les observations. Mais, en continuant la lecture ' de I'ouvrage , j'ai reconnu que I'opinion de I'autcur ^toit que les vers n'existoient que dans les animaux avec lesquels ils ^toient nes. En effet , a' la suite de plusieurs raisonncinens qu'il appelle -preuves ^W lire deux consequences ; dans I'une , il etahlit qtie les ceufs des vers ne peuvent parvenir par la voie indirecte de I'air, de la boisson et de la nourriture , niais qu'ils ont ^te places dans le corps animal meaie, comuie dans I'endroit le plus sur et le plus propre a leur d^veloppement ; la seconde cons^qjjence est que les ceufs des vers ne peuvent entrer dans les aulmaux jiar Ja voie de I'alr ou des alimens. J*essale , par les objeoi ions suivantes , de repondi e a chacuue des preuves qu'il apporte a i'appui de son opinion. I/' preuve. — On ne rencontre pas les vers inteslins hors (ill corps de V animal. Je conviens du fait ; mals je suis loin d'en conclure que, pour queces vers puissententrer dans un ani- mal , il ait fallu que les vers qui les ont produits aient exists hors de cet anirtal. Je crois que le vet intes- tinal pond des (leufa qui , apres avoir ^l^ Iransportes en UQ lieu proj)re a leur d^veloppement , produirou-T E e 4 44^ Helminthologie. d'autres oeufs , d'autres vers. Cette transposition du germe f^conde, peut se faire de diverses manieres; on bien dlrecfcment et imm^diafement par ie sys- tenie ciiculaloire de la mere au foetus, ou bien en- core d*une maniere mediate et ^loignee, parce que res memes oeufs , expuls^s avec les excr^mens, peu- vent etre, a I'aide de diverses circonslances , sou- lev^s dans I'air ou suspendus dans les eaux, et par- venir ainsi dans I'int^rieur de I'animal , soit par la digestion, soit par la respiration. La t^nuitd extreme de I'oeuf du ver, s*accorde parfaitcment avec cette opinion (i). 11.™* preuve. — heiir -presence dans des enfant s , des animaux nouvellement n^s , et meme dans des ai'ortons. L'auteur s'appule ici d'un mode possible de pro- pagation dans les vers, et veut le g^n^raliser. J*ac- corde que I'cEuf , parvenu dans le corps de I'enfant par la circulation dela mere, se soit d^velopp^ dans la partie propre au prolongement de sa vie; mais dois-je en inf^rer que tous les vers trouves dans les animaux existoient chez eux depuis le moment oil lis (•toient renfermc^s dans la matrice ? que ce germe n'a fait que se d^vclopper dans des temps plus ou moins VJ CHILL E I DE y i mi I all on en vers dii potme de St ACE ^ par le C, CouRNAND. A Paris, cliez Biiisson , Bernard (^i l,ouis , libraircs, ct au (olltri^e de France', chez Vauteurj in- 12 de 58 pages. Stage vivolt a Rome , du temps de Domltlen. On lui reproche d'a\oir piodigue a cet euipereur uri vil encens. Yj'AchUleide W\ est d^diee ; mais le C. Coiirnand en a supprimd le d(r'but , souill^ par Tome T\ F F 45 o Poesie, cette dc'dicace. On pourrolt att^nuer la faute cfe Staee ^ en observa^^, i.° qu'il avolt de tres-grandes obligations a Domltien ; 2.** que I'^Joge en question etoit assez raesur^. Slace j d'allleurs ^ a en juger par ce qui nous resle de ses ecrlts, rdunlssoit des quallt^s morales tres-essentielles. II se montre ^ga- lement bon fils , bon epoux et bon peie. L'auteur de ses jours avolt lionorablement profess^ I'dlo- quence a Pvome , et compt^ Domltien au nombre de ses disciples. Dans le 5.^ llvre de ses melanges {^Sjh'CE^^SlaceWi a ^rig<^ un monument de sa pi^t^ fillale. Le 3.* llvre dcs memes melanges ofire une piece adressee a Claudia, epouse de Suice : elle regrettoit I'absence prolong^e du poete , et il I'en- gage a le venir joindre a Naples. Celte piece est remplie de sentiment. 5/£iC(? dit aussi, dans un mor- ceau de/prose , ces touchantes paroles : Uxorem vivain aniarc voluntas est ; defunctam j religio, ( De- dicace du 4.^ liv. de ses mC^langes a Abascautius.) Dans les vers a son dpouse , dont nous venons de parler, il fait menJion de la (ille qu'elle avolt eue d'un premier lit. Plus que nubile, et joignant a. la beauts les talens , elle ^tolt en ve(ard pour se. raa- rier; mais Stace ne doute pas que bientot son nit- rite ne la fasse recbercher pour le lien conjugal : Sed venient, plenis venient connuhia tcedii. Sic certe fortncefjue bonis animique meretur : £ive chelyn complexa ferit ; sen voce patenia (i) ^i) Le pere de cette interessante fille avoit ete musicien ( tibicen ) ; cutis il noui parolt plus vraisemblable que Stace parle ici de sa propro jichilleide, 46 1 Ik'scendum Jilusis sonat , et mea carmina flectit I Candida seu molli diducit biachia niotu : Ingeniurn probitas , arternque modestia vincit. II paroit que Slace , n'ayant point eii d'enfans, avolt adopts un fils. II eut encore a pleurer sa perte. C*est le sujet de la dernlere piece de ses melanges. Aveliitur infans , Kon de stirpe {juidiin , nee c/ui mea notnina ferret, Oiaque; nonfueram genitor , sed cernite flettis Liventescjue geiias , ec credite planctibus orbi : Orbus ego. II I'avoit recueilli, U I'avolt afTranclii des la nals- sance. Mens ille , mens : tellure cadentem Except, et vinctum genitali carmine fovi ; Vulsantemcjue novas tremulis ululnti'nis auras , InseriH vitm. Quid plus tribuere parentes? Quin alios ortus libcrtatemqne sub ipsis Vberibus tibi , parve, dedi Juvenal , dans la 7.* de ses safyres, parle de la panvret^de Siace : « II meurt de falm , dil-11 , s'il ne Irouve pas a vendreses productions ». Esurit , intactam, Paritll nisi vendat Agavcn (3). Tolx. II I'avoit fort belle, temoin ce qu'eii a ilit Jus'^nal ^ sat. vit , T. 82-87. (j) Agave , nile iernee. Ainsi lorsque , djnsThebe, au palais mafernel , Bacchus, las des honneurs d'un culte solennel , A depose ses fleurs, son thvrse , sa tiare , L'Inde tremble deja des coups qu'il lui prepare. 4^6 Potsle, Nous nous absfenons de quelques crillques vetil- louses. Mais nous permeitia t on de revcnir ici a une ohservafion que nous avons dt'ja fai(e une autre fols dans le Magusvi. Encjcl. , et sur laquelle il nous semble tju on n'auroif pas du nous contredire ? C'est que dtins la mythologle payenne c'^toient deux divi- nitesessectlellement distinc(es que The/is el Teilijs, et qu'il Taut se garder c!e les confondre, solt pour leurs attributions respectIves,soit pour I'orthographe et pour Ja quantity me'trique de leurs noms. Nous avions fait ce reproche an C. Didot , relativf ment a son Virgile stereotype, oii il a imprlme pag. 36, V. II , Tecfue sibi genet um Thetis emat omnibus undis. Autant nous convenons de nous etre meprls dans une autre observftlou que nous avions faite au C. Didot , autant il auroit du fiaticlienient convenir de son tort reladvement a ccJle-cI. Le nom de la nerelde Thetis ( au genit. TJietidis ) , compose de deux breves, forme ce qu'en prosodie ladne on appelle un pjrriche : le nom de Telhys , ( au genltif Tcthyos) , son aieule, compost de deux longues , forme un spondee, Le passage que nous avons ail^- gue de Calulle y dans son epithalame de Pelce et llie- tis ( V. 28 ct 29 ) , est decisif : l^ene Thetis genuit, pulcherrima Neptunine? 2'ene suam Ttiliys concessit ducere neptim ? La note de Corr^diai en cet en droit est : Tethys, y^chilleule, 467 mia Tlxetldls yno\(E, jntptcp : ilia enim exOceano Do- ridem y Doris ex Ncreo Thelidem siisiulil. Slace nous foiiniit craudcs preuves. Thetis, mere de son h(5ios, conjure Jupiler clans le v. 5o du 1." chant, Per Tethyoi annos. DIomede dit v. 541 : Licet ille sonantibus anirit Tetltyos aiiverste. La, Tf/Z/ys sign 1 fie la mer; mais voiis ohserveiez toujours la menie difFi^icnce de d^clinaison et de iwelre,et 11 ne nous seroit pas difficile dVobllr par plusleurs autres antorites, que cette difference est constante. Le C. Cournand auroit done aussi du ^crlre : C'est envain que Tetliys I'entoure de ses ondes, au lieu de Thetis. Nous observons a nos Ic ctcurs , que nous nous somrnes circonscrits dans le i/' cliant cle W-ichil- Icide , poenie que Slace a laisse incomplet. Le C. Cour- nand nous promet succetsi\^^ement des imi/utions en vers de Jnorceauv choisis de ions Ics poctes epiijues anciens et modernes. C'est un veritable service qu'il rendra a la lilt(?ialure ; si toutefois les traductions n'achevent pas de nous fdlre perdre le gout et J'hablfude des origlnaux. Nous ci.'erons a ce su- jet un autre passage de Marnesia : « Fschlne , ." apres avoir lu a ses elevcs uue harangue de DCi- 458 Poesie, •« mosthene , s'ecria ; Eh ! que seroit-ce done si " vous I'avlez enfendu lui-meme ? Ce mot s*appli- •« que a presque toiifes les versions: Que serolt-ce, •• si vous entendiez I'original ? n P. H. M, G R A M M A I R E. Diction IS AIRE ctjmoJogicjue de la langiie J^rancoise ^ d V usage de la jennesse j par Z. F, Jauffret. Si vol. 7/7-16. A Paris, cliez A. J. Dugoiir et Dumnd , an 7. JLe C. Jauffret s'est vou^ a une fachebien utile, celle de nous procurer des livres ^lementaires pour le premier age de la vie : Berquin a trouv^ en lui son successeur au doux litre dt'Ami des enfans. Ce dic- ilonnaire eiymologique fait lui-nieme partle de la collection de nouveaux livres elementaires 3 deuxihne livraison. Nous I'ouvrons au hasard , et parmi un grand nombre d'^tymologies vraies et heureuses , Eous en rencontrons aussi plusieurs, sur lesquelles nous ne pouvons pas ^tre d'aceord avec I'auteur. En void une bien simple, que nous croyons, par exem- ple , avoir ^fe trop alambiqu^e. Habit j ce mot a la meme origiue que celui d'Aa- Etymologic. 4,')9 •i litation. U est compost dii veibe habere , avoir, " posseder, ct de vest is ^ en provencal , viesti ; du " languedoclen , biesti , v^fement; habiesti , mot a « mot, vehement qu'c/n a. On ^crivolt autrefois ha- •• hist. " Babit a la meme orlgine c^w^ habitation : d'accord ; JTiais ce n'est pas un mot compose, c'est un mot simple. Habitus, habit, ne sont que des deriva- tions du verbe habere , comme transitus , transit , de transire ; jirurifus , prurit , de prurire , etc. Habitus , chez les Romafns, de'signolt la fenue , la represen- tation exterieure, les dehors quelconques d'un objet. Infelix habitum temporis hujus tiahe. Ovid. Trisr. I, r , 5. Incedunt victce longo ordine gentes , Quam varice Unguis ^\id[)\\a tarn vestis , et armis. ViRG. AEn, VIII , 725. alio, udo , aculum , nc sont ^galement que des termlnalsons dans habitatio , habitudo, halntaculum ; et le C. Jaujfret a tort, dans les deux etymologies sulvantes, d'y trouver aussi ^e?> comyios^s. Habitation ne vient point d'habi/acu/um , comme il le dit , mais d habitatio : (Thabitaculuni viendroit habit acle , (qui n'est pas uslt^ ) , comme de receptaculiun , receptacle ; detabernuca/urn , tabernacle. C'est un defaut que nous avons reraarque dans beaucoup d'etymologlstes n.o- dernes, de chercher une etyraologle a de simples terminaisons. «• Haro , cri , clameur ; de Tallemand Jiarcn , ap- «• peler, crier. Ce mot ticnt k/ari, parler, haran- » gucr. » 4^0 Grammaire, Nous ne connoissons pas I'allemand liaren y crier, et nous ignorons oil !e C. JaufFiet I'a tionv^. Nous avons rencontre clans le Repertoire miiversel dc juris- 'prudence ,^?ix Guy at , IVymologle siiivante qui nous a sembl^ specleuse : ■< On appelle , en Norniaiulle, •« clameur de haro , un usage en vertu duqucl on •• peut , sans aucun mandement nl permission de « justice, faire comparoitre , sur le champ , dcvant « le juge, la partie dont on pretend avoir a se « plaindre. Suivant I'opinion la plus ralsonn-able sur •• I'orfgine de cette clameur, le lerme haro est une ••invocation du nom de Raoul. ou Rollon , premier • ducde Normandie, qui vivoif du tenip^^ de Charles M le simple, vers I'an 912 , et qui se rendit aussi c^- " lebre par s'-s tonqu^tcs que par son amour pour •• la justice. Cornme de son vivant on Imploroit sa « protection par une clameur publique, eu proferant " son nom,et qu'apres la mort de ce prince sa m^- " moire fut en v^n^ration a ses sujels, on conlinua " d'user de la mf*rae climeur et du mot de liaro , « par corruption pour ha Raoul I ■ HiSTOiRF, en latin liisloria , en grec istoria ; ce «' motvientdu mot a/ct ^ h^breu , qui signifie .srr/i6^. » Le grec /><»£/'<«, qui est le ni^me que le latin Jiisioria , et le Francois histoire j vient de ifyifct , scio , je suis , d'ouderivent iVa-f, en gcnitif, (Vj^? , scicns , perilus , celui qui salt ; 'ifo^uv , voir , ou phitot savoir pour avoir VU. Paul. Galat. I , v. 18, av.-A^oy eig'lt^xjhv^.u 'i^siKO-cf^ v'lr^v , asccJidi Bierosoiymam ut vibcrem Vttrurn ^ (je suis mont^ a Jerusalem pour avoir, par mes propres yeux, connoissance de IVtat et des occupa- Efjmologie* 461 tlons de Pierre). On connolt le compost voXvUu^y celui qui sait beaucoup. Ainsi, hislolrc est propre- nient ]a connoissance qu'on a pour avoir vu , el qui lie se fonde point sur des bruits populaires, sur des conjectures vagues. Combien il seroit a souhaiter que I'histoire n'eut jamais ^te autre chose ! — Scribe , en h^breu, n'est pas ster ^ mais"^50 fso-pherj les scribes dD'"^5 D fsnplierimj ; ce qui met en pure perte tout le reste de cet aiticle. HuiTRE. L'auteur le fait venir d'huis tire ^ porte fern. 5e ; il vieut tout bonnement d'line prononcia- tion corrompue d'oslreum ; tn allemand, aiisler ; en hollandois , cester^ qui se prononcent aiistre , ousirc, De la lettre H je tombe sur I'M, et jfc trouve " M^LODIE, musiqiie e\cellente, qui a la douceur " du Jtiiel. » 11 falloit dire que c'est un mot grec compose? de deux autres, //e'ac^ , modus , modidatio , carmen y et a^vi , oda , cantiis , qui vient de a,^u^ caiio ; melodic^ cliant module. P. PuERJLE vlent du lalin piier. On pouvoitajou- terque/)wer est le mcme mot que Ic grec -tsoTh ^ que les Laccd^moniens prononcoient w«7g, 'roig ; les Do- riens wog. La racine est %uu ^ nutrio , d'oii viennent aussi jyasco , vuth^ , yater ^ pere j etc. , et qui , reuni a I'adverbe «'/«» , ( valde , beaucoup ) , a fait ayuTietUj amo J ]uime; proprenient, }e soigne, je nourris bien , premier devoir de la tendresse maternelle. Q- QuAi. "On a beaucoup cherche Tetymologie « de ce mot, qui est Tort obscure. Court de Gebelin « le tirede Q , d(?signant la force , la puissance ; j'ai- ■ merois micux le fuiie venir de co'ercere , rctenlr, ^62 Grammaire^ « repi Imer. » — Quai est ie mf^me mot que le liol- landois/u/f/e on hiede , que vulgairement on prononce par confractiun kuej : J'anglois dlt key, R. Refrein , " retour des niemes paroles a la fin «« de chaque couplet, du mot f rein , d^signant ]a «' pause , la suspension , etc. » Nous croyons que re- frein vient du verbe Jatin rtferre. On dit en hollan- dois rcferein. T. Taire, se /i///-*?, ne dire mot. — Le T ayant, •« dansleslangues primitives, d^signe rimmobilit^, «♦ on a du I'employer pour exprimer Taction de se «' taire, de rester rauet. Si y cht sont les vraies ra- .- cines du latin tacco. n L'auteur du Dictionnaire a oublie le mot SHeiice : W auroit pu y observer qu'il est mImologiqne.il rapporte au mimologisme beau- coup de ses ^.'ymologies , et en cela nous sommcs bien de son avis. Le sifflement de la lettre 5 indique le silence dans beaucoup de langues, comme dans I'h^breu H ^' H (chascha ) ; le grec Qtyuco , le latin sileo , I'allemand et le liollandois scluveigen , swygen ou zivygcn, J'ai entendu soutenir a un etymologiste Francois que tons les mots, dans les difFerentes lan- gues, oil il se (rouve un / , designent du brulf , parce que le T n'est autre choje que le marleau , dont le propie est de faire du bruit; il ne manquoit pas d'exemples, tels que rlj-z^la ^ tundo , ioniiTu y tam- bour, tympanon , tnnhalc , etc. ; je lui opposai le t dans taceo , qui signifie I'absence du bruit; il me dit que c'etoit la le marteau da silence , et me rappela I'usage du maillet dans les logos de IVanc-maconne- rie. J 'admiral le bene tro\-ato. Etjmologle, 463 7^. ViN, u du latin vininn J mot compost de rim , - force, et de Jium pour gnu t7i j terminaison ^quiva- " lante a gignens j et signlfiant c]ui ])roduit. » Cetie ^tymologle nous paroit passableraent ridicule. II ^tolt bien plus simple de dire que viniis (ou viiium , qui a pr^valu), est le meme mot qu'or»(^ avec le di- gamma CBoliciim F , qui , dans les mots latins d^- rlv^s du giec , se placoit tantot au commence- ment, tantot au milieu :au commencement, comma dans o^A®-, qui, avec la transposition d'une lettre et le digamma y a fait viilgus ; et^a^ video j etc. ; au milieu, comme dans e*/, ovis ; vx>i^ sjha ; I'aspira- tion se cliangeolt en s , comme dans Is ^ sus ; 'l^rra y serpo. « Dans 'ie,Too , I'aiiteur du Dictionnaire , au mot •• reptile , a eu tort de voir un mot compost dupri- « mitif cr, her y terre , et po , peto , marcher. » Par ]a transposition dies lettres , V^Tra a fait re/jo. Comme de oi»(^ on a fait vinus , de a P avarice est la -passion d'lin homuie qui chev^ eke a senrichir aux ddpens de la gloire. En dt'sap- prouvant la maniere dont j'ai rendu cette deh'ui- tion , il auroit dii faire remarquer que dans mes , notes je n'y avols pas attache moi-mcme \\\^^ giande importance. Car, quo! que je paroisse dcsapprouver la correction de Casaubon , et m'ecarter du sens qu'll donne au mot wsg^Sij-ict, ma traduction exprime cependant a peu pres celui de sa version latine, iUibevalilas est nirnius quidein , prce studio parcendi. sump/ibus , gloria; conleviptus. Quoi qu'il en soit de cette conjecture de Casaubon, ainsl que de cellc de Fischer , confirmee en quelque maniere par le manu.scrit du Vatican, il est aise de voir, par la maniere dont je m'exprime dans ks notes , que c'^toit plutot la crainte de touclier a un texJeobscur, que I'envie de contredire ces deux critiques, qui ju'a d(?cid(? a adapter a te tcx(e, ttl qu'il est, la Tome V. G g 466 Critique, verslou qui m'a paru s'en eloigner le rooins. Mais , Join tie la regarder comrae infailllble, je persiste a ciolreque Ic texte,s'il n*est pas altdr^, est du moins ties-obscur ; et j'avois toujours deslr^ que quelque litterateur plus eclair^ ou plus heureux que moi nous I'expliquat. Voyons maintenant si le C. Bois- sonade a rempli nion attente. 11 rend ainsi le pas- sage en question , la lesincrie consiste ii depenser sa fovtmie sans noblesse. Il veut ensuite justifier cette version , en disant : « Je traduis par Usinerie plulot " que par avarice , uviXiv6tg/.(t , qui signifie pr^cis^- «' ment I'absence des manieres dignes d'un hoiume «• libre, des manieres liberales. iu.'sruytiv t^aa-a, sump/us « habens J c'est ■ a - dire , depensant. Peut-^lre , au u lieu d'«zro (piXo'^.if^lxs f'audroit-il lire unyo ^ en reti- « rant I'accent. » Je deniande au C. Boissonade si, dans une traduction , Ics regies de la saine critique n'exigent pas qu'on rende les idees de Tauteur par des lermes equivalens , plutot que par des mots ^Xy- moiogiquement les memes, lorsque ces mots n'exis- tent point dans la langue dans laquelle on traduit, ou que leurs s} nonymes peuvent donner lieu a quel- qu'^quivoque. Je m'expjique : uviXivheJoc est litt^ra- lement le mot latin illiberalitas pour I't'tymologle comme pour le sens 5 et Casaubon a trcs-bien fait de rentiployer dans sa version latine , de pr^f^^rence a avarilia. Le C. Boissonade auroit de meme tres- blen traduit illibcralitd ^ si ce mot existoit en Fran- cois. Pour ^viter le n^ologisrae , il a ete forc^ de le remplacer par lesincrie ; et malheureusement ce •mot , qui n'est pas moins n^ologique, du moins par Theophraste et Aristophane, 467 ceux qui sont censes devoir ^crlre leur langye. avec puret^, exprime non. point ce que les Grecsenten« doient par acEAtuflEg/'a, ct que j al rendu par avarice; luais plutot une espece partlcullere A\n'aiice dont Th^phraste parle an X."^^ chapitre, sous le nom de fAiK^Xtylu. Ainsi il m'^toit impossible, ,a. moins que de confondre nies id^es et denaturer celles de Theophraste , de rendre r«yaEo^£(2/« par lesinej non- seuleraent parce que ce mot. ne r^pr^soote pas fidele- iBcnt Tid^e altach^eau mot grec , mais encore parce qu'll avoit ^l6 deja employ^ au chapitre X, pour expriraer ce que lesGrecs entendolent par f^iK^^oylx. Je suis persuade que Thdophraple ne pouvoit avoir d'autres id^es sur ces deux vices , que celles qui eloient autorisees par I'usage recu de la langue, et fix^es par les definitions qu'en avoit donn^es son maitre. Or , Aristole , xipres avoir d^fini la libera- lity iXiv6iQ*0Tf!s , et les deux vices ses opposes, I'ua d'exces , qui est la prodigulite a<7-mritc ^ et raut,re d^ defaut , qui est Vavarice avEAsy^Eg^'a, ajoute que ce dernier se divise en plusieurs especes : ^iuthv^ 4^ «>«/ (2} , et il donne dcs noms parliculiers a chacune de ces especes, en les de .nissant avec son exacti- tude ordinaire (3). Suivant lui , (petiaxU est le vice d'un homrae parcimoiiieiix , ou plutot de ce qu'on appelle un homme cluche ; c* ri fiys -Tci^'ittBoj , ou (j) Aristot. Eth. Nicom. 1. II, cap. VII, et 1. IV, cap. III. C^y) Idem , ibid, et Magn. moral. 1, I , cap. XXV. Gg a ^58 ^^^^^^, : C>7/%/^/'- . x.ci6* "i.v" »^u-irkjs 'Zsk-t 7ir?Mov(^ ttoi'^vIc/^ (5). Ensuite , dans cette langue, si rtche eri expression , il y avoit des hiots qui, outre crs especes , exprlmoient dif- terentes autres nuances de I'avarice. Tels etoient le puzroi^iu\ litt^ralcment mal-propT-ete pur aiarice ^ et qu'on- pourrolt rendre par e'pargne sordide. C'est peut-etre le nieme vice dont parle Theopliraste , au chapitre IX, sous le nom d'tivcii^;^;''^'^'* ? c[uoiqu'il y ait aussi dans le chapitre intitule de la lesine , quelques traits qui sont une vt^ritable /jW.oyia du cliapitre X par le'sine , qui , siiivant Arlstofe, n'est qu'une espece du genre auquel il donne le nom d'«v£A£oe£p'<« , ne pent plus rendre eelui- ci que par un (erme analogue ; et ce terme ne pent eUe que celul A^ii^arice , e'est-a-dire, I'oppose de la -prod igalite OM de la dissipation , et de ]a lihcra- Hid ; de nieme que V xnXitxh^iA est I'oppose de Vua-aiia et de Y;Mvhfiol>!s^ Quant a I'asro (pi?ieltfc'ccs on xts-o ^iXo']tfctaf que le C Boissonade rend par sans iwhfesse , il me semble que c'est encore accuser Th^ophraste , uu des ^crl- vains les plus corrects et les plus cbati^s de la Grece , d'avoir Ignor^ la propriety des termes , que de supposer que dans une langue aussi riclie que la langue grecque, il ait pr^cis(?ment choisi un leruie impropre pour rendre la locution adverbiale sans noblesse , tandis qu'il lui dtoit facile de I'expriiuec par les termes ^ctidvms ou ixet^KuX^ , ou si Ton Veut f<.iTa ^uyavTiccs OU fAir et.zs'ei^x.axUi (6). ^tXojiiua u'avoit cliez les Grecs , comme I'obscrve encore Aris- tote, que deux acceptions oppos^es ; ce mot signl- fioit non-seulement Vambition , ce qui est un vice, mais encore ce qu'on appelle une ambition ipnable .* (6) Voyez Aristole , Eth. Nicom. 1. IV , cap, IV , p. 47- G- 3 470 Critique, « e^« , r^f T/^fl? i(ptiiu,tvov Wl ^' ort rav (piXirtfceit eiv^^a^o^,{ii^iei5 ^ en relirant Taccent de la pr(?position.. Le C. Boissonade nous renvole aux Idiotismes^e "Vigerns; cependant il s*i!git de savoir non point si cette transposition d'accent a quelquefois lieu , ce que tout le nionde sail (8) , mais quand elle doit avoir lieu, et quels sont les ^crivains qui I'emploient ordinairement. Le C Boissonade ne doit pas igno- rer qu'k l*exception d'un tres pel it nombre dVcri- vains en prose, les autres ne transposent I'accent des prepositions que dans certaines expressions Coa- sacr^es. Venons a present a I'examen de la derniere par- tie de la critique du C. Boissonade ; il sera plus court. ■< Je suis encore ( dit-il ) opposd aux traduc- M teurs dans cet autre passage du nieme chapitre : « que le D. Coray traduit ainsi : et il lone , pour le «« service des noces , des domestiques , a condition « quails J apporleroiU de quoi se nourrir, Je crois «• que le sens est : // loue , pour le service des noces , " des esclaves a qui il ne donne que la simple nour^ « riiure. » Mais le C. Boissonade ne s'est poi»t apercu que la nouvelle explication qu'il nous donne (7) Idem, ibid. cap. X> p. 52. (S) Ciler Vigerus pour nous assurer que Vkitc s'icrit queTquefois ajra , n'est-ce pas la nieme cliose que ciler la grammaire du Port-Royal , pour nous apprendre que Aoy®-* fait au genitif Aaf^Sf, et quelquefois Aoyow? TJieophraste et ylrislopliane. 471 clu mot viK,otril^ est oppos^e non-seulement a celle des traductoiirs, vna'is encore a celle d'Hesychlus, de Phoiius, de Suidas, d'Eustalhe, etc. II est vrai Cjue leiir autorit^ n'est pas toujours Infalliible ; niais quand \m litterateur instriiit et judicieux , comme ie C. Boissonade paroit I'^tre, fait une pareille levee de boucller contre une opinion qui a pr^valu dcpnis 'plusieurs siecles, il doit au moins, ce me semble, nioMver la sicnne par des raisons et des exemples pulsus dans les auleurs classiques , et appuyes du parallellsme de piusieurs passages qui s^^claircissent mutuellement. En attendant qu'il le fasse , il me permettra de croiie qu' oiu-o'i!^ \eut dire f^iSaros lavTo* T^i;rSc-«f , -vf/yipyiy (0^¥ 'AQ/ifo(pti»iis (lo). (lo) J'iii copii cede charmanre epifrramme telle que nous la donne Kuster, d'apres Thomas Majesrcr. Olymplodore la rapporte avec les vaiiantes Tisn^ ^ti pour cwf^ iip^) ^ et ^t?.i(rcij (qui est une errewr 474 Critique, Poiinolt-on, en effet, s'imaglncr que PJafon , qui dtoit la d^cence nieme par la puret^ de ses moeuis et de ses discours , le religieux , le divin Platon, se fut permis de donner un ^loge si flatteur a Aristo- pliane, si celui-ci n'eiit ^U qu'un vil histrion ? II est done manifeste que ce philosophe, qui devoit connoitre mieux que personne et ]es moeurs de son pays, et I'esprit dans iequel ce poete contemporain avoit fait ces comedies, ne legardoit sa conduite que comme celle d'un honmie qui, sVtant impost la noble tache de reformer les nxrurs de sa patrie, ^toit forc^ d'cniployer un style aigre-doux , si je puis ni'exprimer ainsi, en placant a cote de la mo- rale la plus sublime, les bouflbntieries les plus in- d^centes (n). La corruption avoit d^ja jete des /acmes trop profondcs dans le coeur des Ath^niens, manifeste ) pour ^vt^to^. Dans la vie rle Platon , inseree parmi hs epuscules inedits de I'ouvrage penodi.jne intitule : Bibliothek der alten litteratur und Kunst ^ V.me parlie , page i i , on trouve »W£§ vthXo^ tvftciv hl^ofAivc^ J pour o?ireg i^'i Ttea-HTcoi i,{iii:arA;/(7-«v J des manuscrits portolent aM^tt ( ou ^i^oi) avM^Ms-uv dans le sens de o , n fi'txt^u f^oXvvHv. Cette lecon existe dans les Scholies memes de ce poete ; mais la distraction ou Tigno- rance des copistes a fait que personne que je sache nes'en est encore apercu. Un des SchcJfastes ,aprcs avoir eommente d'aprts une lecon differente, le vers qui precede imm^diatement : ^i 'i^y. t)<, Qiuvr^ «,Ti T8,^H /2^: y^ay,t,v Tu, Quy yoviay ^ il ajoute : "O H E F (•5) De Price, t. II, p. 234, edit- Auger. (14) L, II, cap. LI. 478 Critique* Mj^AAEI MOATNEIN th'n V.lAf?. Or,cet(e dernlere phrase n'appartlent qu'a cequi est dit dans le vers suivant : «t/ W? ai^Hs? k, t. ;». Voil^ , citoyen r^dacteur , ce que j'avois a dire siir Arislophane. Si j'al ^t^ assez heureux pour reta- bllr et expllquer le passage en question , et surtout pour justifier ce favori des muses des reproches qu'on lui fait ordinairement , j'en aurai I'obligation au C. Boissonade , qui in'en a fourni I'occasion , et a vous, Citoyen , qui aurez eu la complaisance de me preter le ministere de votre estimable journal. CORAY. P. S. Au moment ou j'allois, Citoyen , vous eti- voyer ma lettre, j'ai eu roccaslon de voir cliez un ami , pour la premiere fols , I'excellente edition des A'i/e'csd'Aristopliane quele pvofesseur Hermann vient de publier a Leipsick. Je n'ai eu rien de plus prtss^ que de consulter le passage qui fait en partie le sujet de ma leltre. La scliolie que je viens de citer n'a point ^cliappe a la sagacit(^ du savant ^diteurj et il I'a retablie dans la place qu'elle devoit occu- per. Mais il persiste a conserver la lecon or< iu,(»,us uyetzy^ctTliiy ^ et desapprouvc celle qu'indique le Scbo- iiaste , et que j'ai adoptee de pr^f^rence, par la raison ( dit-il dans ses notes ) que dans tous les exem- ples de Platon que Ruhnkenius cite dans ses notes sur Tim^e, le verbe uvu-zr^Kruv est toujours accom- pagne d'un regime cxprime. S'il est vrai que Platon n'ait jamais employe ceite expression elliptique,du moins Texemple que j'ai cil^ de Tliucydide est ^vi- Tlidoph taste el Aristophane. 479 demraent une ellipse; et , comme dans ce dernier auteur on sous-entend au participe uv(fai^-sr>.ufitvoi le mot voais ou voTii'^ctl(^ qui a pr^c^de, de meme dnns Aristophane, on pent et on doit sous-enfendre »iT;iCuv>!i oil »t par ;i;?v««r«Vaf , /tf4A(/\«f, et cette ellipse a pass^ dans \lnficere des Latins, lequel signifie au propre teindie , et au figure infecicr. II est nieme remarquable c^ue les mots qui repr(?sentent naturellcment une ide'e dVr:- fcclion ou de soiiUiure ^ comme par exemple le fitiecmi'v J ^toient employes ancienueraent dans le sens de ieiiidre : Hi el[ 'oTt ris r iXf^x/Jx yuvif ^oi'yix.i <4vSf? (puA«|o^ev. Aristophane a dit ailleurs ( Concisuat. 14 ) : Sro«? TE x«gwa , BuKxia TE \ u^iccil(^ ', et j'ai cru apercevoir la mOnie idee exprimee par ces ^eiw vers. I^e mot vignes a^:^£A»f du premier est remplace dans le second par I'expvession liqueur de Bacchus Bukx^Ih vxf/,cC\(^ ; et dans tons les deux le mot x«§wW est emplo}^, non dans le sens gen^- rique de fruit , raais dans Tacception speciale de bid ou de -phintes cdreales que Jes Latins expri- raoient }^Tix friiges. An reste , ceci n'est qu'une con- jecture que je me fais un plaisir de soumeUre aux lumieres du professeur Hermann. PHILOSOPHIE. P II I L O S O P H I E. Verstjnd vnd Erfahrung, Eine Me- tahrltih zur Krltik der reinen Vtrnunft, Eisier TheiL — Fern UN ft und Sprj- CHE. Eine Mctahri till znrKritih dcr rcincn Vcrnimft. Ziiejtcr Theil ; nut einer Z.u^ gale , betrejfcnd ein krilisches Tribunal alter Facnltccten , Rcgierungen und Ge- schcejie. Von J. G. Herder. — C'est-a- dire: Entendement et Experience. Unc Metacritique de la Critique de la raison pure. //" Volume.-^ Raison et Lang AGE. Une Metacritique de la Cri- tique de la raison pure. II."''' Volume , avec une addition sur an tribunal cri~ tique de tons les gou Yemeni en s ^ emplois publics , et sciences. Par J G. Herder. A Lelj3sick , chez Jean-Frederic ^^////v/orA^ 1799. Le I/' volume de xxxiiet 479^ et le IL'"' vol. de ^o'2 pag. in-8.'^ JL^EPUis environ une douzalne d'ann(^es, \e systc-me philosophique de Kant fait beaucoup de bruit en Alleniagne ; 11 y a trouve un t^rand nombre de sec- tateurs, niais aussi des advcrsaires parmiles homnies Tome V, II h 482 Philosophle, les plus distlngues dans les sciences ct dans les let- tres. Ufi des principaux reproches qu'on Jui a fait^ non-seulement en Allemagne, mais aussi en Angle- terre et en France (i), c'est de ressembler beau- coup a la philosophle scholastique, par le langage ininteliigible et inutileraent latinis^ (2) dont Kant et ses disciples se sent servi. On pouvoit prevoir que ce syst^me serolt attaque , surtout depuis que les seclateurs de Kant , sembloient vouloir sVriger en philosophes excluslfs, et poser en principe, ex- tra scholmii nulla sa/i/s. M. NicOLAi , libraiie a Berlin, qui , en 177^ , (i) Voyez , entr'autres , la Icttre sur unc question d'Ideologle; Mag, tnc. Annee V, t. Ill, p. 53. (2) Leibnitz , qui doit ccrtainpment etre regarde comme juge compe- tent, s'est vivenient oppose a ce langage pretendu pliilosopliiqiie , he- risse de termc-s barbares et latinises , et a montre , d'une maniere claira et precise, c^ que c'est que le langage philosophique , dans sa preface pour I'edition de Nizollus , inseree dans le quntrieme Tolume , p. 47 de la Collection des OEuvres de Leibnitz , donnee par Dutens. Ce philo- sopbe pense que la veritable pierre de touche des principes philosophi- ques est de les traiter dans la langue du peuple, et non pas en latin, parce que , dans cette langue , les termes de la philosophic scholastique sont trop usites ; il pense qu'il en est de meme des langues deiivecs du latin , lelles que la francoise, I'italienne, etc., parce qu'en adaptant un peu an genie de ces langues les termes les plus barbares de lecole , on leur ute ce (ju'ils ont de choquant II n'en est pas de meme , coniinue-t-il, de la langue allemande et de ses Giles , qui n'ont rien de commun avec le latin ; nn philosophe , s cju'un mauvais om r.ige d\in autcur cclcbre , « puree qu'avanl dinstruue il faut dt'trompcr. » Nous avons cru (jii'avant m^me de parler de j'ou- vrage qui fait le sujet de cet article, II seroit intc'- ressant pour nos lecleurs, meme sous le rapport de riiislolre Iltf^ralre, de leur communiquer cet extrait deja preface, parce qu'il fait connoilre I'opinioa qi''a de cc uouveau systeme phllosophique , uu homme aussi eslim^, en A]lemagne,par sesconnois- sauces solldes'et varices, que par son caracteie aimable , que I'est M. Herder; d'autant plus que nous savons qu'elleest partag^epar beaucoup d'autres liommes d'un grand merite- A la m^ de son ouvrage, M. Herder a plac^ Pal- legorle suivante : .. Un jeune honime alloit au vai- « Ion de la sagesse academique , il sVudormit accabl^ " de lassitude a son entree. Hugo (i), ( c'est ainsi •• que le dit la chroulque du Nord ) se presenta a «• ses regards dans un songe : jcune homwe ! \vx'U\t^ - 11 avec une bienveillance paternelle , /« ra^ r/es- -« cendre dans un vallon ou iu troiaeras c\ cCle de - beaucoup de charmes el d' illusions , le mcilleur et - leplus dangereux dcs dons des dicux , c'esl tarbie C4) - }Jug, Hugo, A/.^r,5fgnme, tiens , que sera-ce de les affaires , lorsque lu /'jpr^- « st'uteras re^elu dhm semhlahle liabillement , accom- «• pagne de ces masques ? Penses que tu dois quitter «< un jour ce valient que tu dois apprendfe pour toi" « meme , pour I'emploi qui doit t'eire confie , enfin , " pour le monde. Ce monde ^ mon fils ^ tu ne Vas «« point cr^e , et tu ne peur ni ne dois le'crcer. Ap- «« prends a le connoitre et a lui etre utile. Apres avoir " dlt ces mots , il mil son doigt siir le front du jeune •« homme , le regarda avec honte , el le quitta, " Au meme instant se prescnta devant le jeune m homme Hcegsa , cette fameuse magicienne, qui •• s'appelle la fenime de Hugo j, quoiqu'ellt? soil sa « plus ciuelle ennemie.Elle le mai qua de trois sigues, •« en lui adressant ces paroles allies : Voild pour le «« monde sensible ! voild pour fentendement ! voild M pour la ruison f Ensuite elle continua : " Gardes-foi de suivre le conseil de ce vieillavd , «« surtout celui qu'il t'a donne en dernier lieu. Cela •« exige de la peine et de I'attention ; je n'exige •• rien , je t''apporte , au contraire , des prescns : » prends ce petit chalumeau ; il te seirira a produire " d^s formes ; des formes de la sensation et de toute «• pensee possible , ai ant toute pcnsce. Fais attention ! m je soujfle : espace de temps , categories de la ne- *' ccssiie absolue j posiulais de toute pcnse'e. p''ois-tu 49^ Philosophic, «• a quelle hauteur ils s* element ! Us sont tranr.ceii" » dans. Voiciune armoire remplie de belles images , " le veritable I'deHlisme crilique : tu nas qu'd y pla~ « cer ta Lumiere ^ et tons les objets du monde t'appa- « roitront selon ta vo'onte : alors , hdies-toi de leur " dpnner des noms. Foici an autre beau present , " c'esl un fouet de discipline pour la r ah on pure ; " c''est lui qui te rendra redoutable. Enfin, void le « plus beau de mcs prcsens ^ le plan et le dessin de «« IVdifice de toules les connnisr-ances et les sciences « possibles, dont toutesles faculles Intellectuelies de »• rhomme seront jamais susrepdblcs (i). V et endue y « le fondenieni , la hauteur^ tautest dessine ; ils ne •• peuvent pas ^tendre au-dtla meme d'un pouce. « Fais attention I et le jeune hoinme vlt avec ^lon- »• nement des colonnes renvers^es et bris^es, des «• malsons, des palais et des valsseaux detruits, des • ponts cnleves et siispendus. Voild ^ dit Hspgsa , • les anciens systemes philosophiques , tels cju'on les " repre'sente dans Cecole critique y et comme tu dois « les represent er aussi ; cela fait impression. Voici « enfin, un petit souvenir; ce scalpel ^ doue d'une • force magique , ie senira a fendre, divi&er, et " couper tout ce que jamais une plume a ^crit, non • seulement des mots , mals des syllabes, des leltres, " le tissu le plus imperceptible despens^es possiblj^s " et impossibles; il est meme de ton devoir de te " seryir de ce scalpel. Une chose lorsqu'elle est entiere (5) Allusion ail line d'uu des ouvrages de M. Kant, concu a peu pies en ces inemes teiniea. Philosophie de Kant. 491 '«« n'est quo pour I'enfendenient dn vulgalrc ; il faut " que d'abord le scalpel phllosophique fasse son ou- " vrage a -prion , pour qu'on Juge par les idees « seules (i) , pour que- I'ideallste critique puisse " apercevoir ce qui cxlste et ce qui nVxisle pas. « Mais tu ne comprends pas encore ces mysteres 5 " je te quiite, sans t'abandonner ; nies compagnes " resteront avec toi ; elles te condulront dans une «■ nialson , d'ou ta glolre et celle de tcs enfans , " meme avant qu'ils solent nes, se repandra dans «< toutes les parties dumonde.On I'appelle la mat- « sonclela lettre et des syllabes ; tous nies favoris « y log^'nt. Lorsqu'elle cut dit ccs mots, ellc dlspa- « rut. '• Pour qu'on nc puisse point reprocher a M. Herder d'avoir mal saisi, d'avoir d^figurd le sens de I'ou- vrage dont 11 s'agit, 11 a pris le parti d'inscrer dans la mdtacrltique les passages essentiels et entlers de ]a critique de la raison -pure , qui font le sujet de sa diccusslon ; ces passages sont imprimis ni^nie d ua caractcre different de ce qui appartient a M. Herder. On concoit facllement que c'est la meilleure nietliode qu'il pouvoit sulvre , mais aussl une analyse seroit beaucoup trop longue. II suit I'ouvrage de M. Kant pas a pas, en commencant m^me par le litre : Cri- tique de la raison pure. «« Ce litre doit parottre dtran- « ge y dit-il : on ne fail pas la critique d'une facultS <• de la nature humaine ; mais on en fait I'objet de (6) Presque foutes ces expiesslons bizarres sont cmpruntces du Ian- gage des Kaniiens. 49^ PhilosopJiie. " ses recherches , on la ddtermlne, on lul asslgnc •• scs Hmites, on monde son veritable usage et I'a- « bus qu'on pent en faire. Les arts, les sciences, * consid(^ri^s comme ouvrages de riiomme , sont " I'objet de la critique, soil qu'on les considere en « eux-memes, on qu'on en considere les productions; « mais jamais les facult^s natarelles ne I'ont ^f^. « Locke, heibnilz , Hume , Reid , etc. ont suivi I'u- " sage ordinaire de la langue , en intitulant leurs « ouvrages : Essaj concerning human understanding; • Nouveau.v es^ais sur fejitcndernent humain ; Trea- " tisc of liunuin nature J etc. ; dans d'autre^sJangues .« plus dcterininees , le titre : Criticu inttllecliis hit- «• mani ; Critique de la raison pure ; Critic on human " w//<^t'r5/i7;?c7/V/^' ,, excileroient sur le champ une id^e « desagr^able , parce que ce n'est que d'un cri liqueur «« qu'on dit,: il critique la raison humaine. Cepen- '« dant ce nom est devenu si cher aux disciples du n grand homme qui a eciit une critique de la raison « pure , du jugement f etc. que non-seulement ils . " ont ^crit des critiques des facult^s naturelles et " suruaf ureiles , mais qu'ils se sont meme donne le V nora distinctif de pliilosoplies critiques , et qu'ils " ont tnis toute la philosophie , du moins la philo- « phie la plus elev^^e, dans une critique de ces fa- " cult^s. Cette philosophie . critique , nous dit-on « continuellement , est la seule possible , la seule «« veritable. Mais ce nom extraordinaire impose un " devoir d'autant plus grand , celui de la clarl^ et «. de la certitude. •> M. Herder montre alnsl comment cela tiicme donne Philo Sophie cle Kant, 493 lieu a une metacrilique; il ^tablit Jcs condlflons c|u*on peut et dolt en exiger , et il indlque les opi- nions de Leibnitz, de Locke , d'Aristote , de Pla- ten, des stoiclens et de Scaliger , sur la liaison qui existe entre la raison et la langue. II cite le passage de M. Kant , ou il traite des connolssances piires et empiriques, un de Leibniz sur le m^me sujet, et il discute la question s'il exis(e des connolssances absolument independantes de toute impression des sens. 11 insere ensui(e, pag. 27- 4^, un passage, pr^- tendu classlque, de I'ouvrage de Kant, ou ce der- nier traite de la difference des jugemens ayia'ytUjues f/ sjniheUijues. — .. Avant d'entrer dans ce salon « propgedeutique, dit M. Herder, il sera necessalre " de nous orienter d'abord ( selon le langage - de la philosophie critique ) pour savoir coni- " inent nous cii soriirons. •• 11 examine pour cet efFet cinq questions: 1.° Qu'esl-ce que la connoissance u "prior i P Comme cette expression a priori est tres-souvent r^p«^tt% par Kant et ses disciples, il ^toit essentiel decommencer par blen en etablir le sens. Void com- ment Leibnitz ( i ) , dans sou excellent ouvrage sur Locke , s'exprlme sur ce qui , dans Kant , est ap- pel^ la difference de la connoissance pure et empirique. « La question est de savoir si I'ame est une tabuU « rasa , une table sur laquelle rien n'est ^trlt , et si (7) Nouveaux Essals sur rEntendement humain , p, 4 , d^ns les 0£u- Tres philosopUiques dej^cibnitz, publics par Raspe. 494 Philosophies n ce qui y est inscrit vient uniqueinent cles sens et »- de Texp^rience ? ou si elle contient memo orlgl- « nairement les principes pu Clemens de beaucoup t« de notions et de v^rlf^s qui ne sont qu'exclt^s par « les objfts du dehors? si toufes les v^rit(?s depen- « dent de {'experience , ou s'il y en a qui reposent " sur un autre fondement ? Car, s'il y a des eve- " nemens qu'on peut prdvoir avant les exji^riences «< qu'on fait a ce sujet ,' il est Evident que nous- «« niemes y contribuons jusqu'a un certain point. Les " sens, quelque n^cessaires qu'ils solent pour toutes i< nos connoissances reelles, ne suffisent cependant « point pour nous donner toutes les nolions ; ils ne « nous fournissent jamais que des exeniples, c'cst- cc a-dire , des v^rltes pnrliculleres et individuelles, M Mais tousles excmpjesqui vienncnt a I'appui d'une « veril^ generale , quelque nonibreux qu'ils soient , «• ne suffisent point pour etablir I'unlversalite ne- «' cessaire d'une verlte, etc. » Leibnitz examine en- suite avec une grande patience toutes \q?, idees pre- sentees a ce sujet par Locke. Kant va bien plus loin que Leibnitz , il (^tablit la question en ces termes : T a-t-ildes connoissances ind^pendantes de Vexperience _, et mcme des imjirei^ sLons des sens P Ce sont ces connoissances que Kant norame a ■priori , et il ajoute quelles ant lieu tout' a-fait independamment de tpute espece d^ experience , et qiiil ne s'j troiive rien d'empirique ( 2 ). On volt bien que Kant donne a cetle question un sens biea (8) CiJtique de la laison pure, p. xi. Philosophie de Kant. 495 plus ^tendu cjue cclu'i que Leibnllz avoit adopK?. Cekii-cl supposoit que les impressions des sens oc^ casionnent des connoissances et des notions; que les objets ext^rieurs les d'^cv'/f///. Ces connoissances, ces notions , elev(^es mfme jusqu'a la dixleme puissance ( qu'on nous passe cette expression), ne sout ja- mais absolument indcpcndantes de (oute experience pr^c^dente ; mais , selon Kant, elles doivent I'^tre, ct ce n*est qu'alors qu'ellcs le sont , que Kant veut qu'on les appelle a ]>riori. "II y a lieu de penser, •• dlt M. Herder, qu'il n'y a pas une scule notion u semblable dans notreanie ; du raoins il est certain « que I'expresslon a -priori n'est prise dans cette ac- « ception rigoureuse dans aucune science , pas m^me u dans les math^matlques. Tou jours on a appele con" « noisnance a priori , celle qui s'acquiert par le se- •« cours d'idees et de notions qu'on avoit ^6]h. , et avant •« une experience qu'on veut faire; cette expression " ne dit nullemeut d'o« vient la connoissance,et si elle " est venue dans i'anae sans et at ani toute exp^- « rience. — Si I'espace et les corps qu'il contlent «« n'etolent pas doniie's au mathematicien, commepos- " sibles ou existans , c'est-a-dlre, par son experience m int^rieure et ext^rleure , il ne pourroit pour les corps «< faire abstraction de la surface , pour les surfaces •« faire abstraction des lignes , ni les construire dans « I'espace connu. Les regies , d'apres lesquelles il « les construit, lul sont c/o////r>5 par I'essence meme « de la ralson ; done , pour C'v'iter les nu'prlses , il «• faut absolument s'abstenirde I'expression a priori, •• et appeler /j//;y5 les id(jes purcs ou abstraites ; z/n/- ^9^ Philosophle, «« verselles et nc^cessaires celles qui le sont, sans y " nu'ler I'id^e etrangere a la question d'une pr^ten- «• due priority ^ aidant toute espece cVexpericnce ; car , « une Id^e qui n'est pas universelle et n^cessaire par « sa nature, ne le sera pasparcet(e supposition. Le « raatliematicien appelle a priori la conclusion qu*il « tire d'une notion, d'une idee m^nie , sans exami- «» ner d'ou cette notion lul est venue; 11 s'avlse en- «« core moins de d^river la faculty demonstrative «• qu'il trouve en sol, d'une notion accessoire, n^- •« gatlve, rt('«/z/ f/ sans toiitc espece cT experience yQfi\A «• I'engageroit dans des questions oiseuses et inu- «. tiles." Nous allons seulement Indlquer les quatre autres questions que M. Herder examine: 2.,° Qu'appelle-t- on synthciie et sjnthetupie ? 3.° Y a-t-il dans toiites les sciences iheorapies des propositions oil Cobjct dise plus que le sujente degr^s. Notre collegue a de'termin^ les (^le'mens de cette orbite, et les rectifiera sur I'ensemble de ses observations. C'est la dixieme comete qu'il a d^- couverte,et la quatre-vingt-dixieme que I'on ait calcul^e. II a fait aussi, dans le dernier triinestre de Tan -, quinze cents observations de IVtoile polaire et de la premiere ^toile du quarrc de la petite ourse, tant au dessus qu'au dessous du pole , pour d^terxiiiner exactement la latitude de I'observatoire national , element fondaniental sur lequel il restoit encore quelqu'incertitude. Son resultat ne diflere pas d'un dixieme de seconde de celui que le C. Delambie LI 2 532 Nouvelles Utteraires. avolt obtenii I'hlver dernier par de semblables obser- vations et aussi nombreuses, faites dans son obser- v^toire, situ^ a I'autre extremity de Paris. Le C. CovLOMB a pr^sent^ , dans un m^moire , un noiiveau moyen de determiner I'inclinaison des aiguilles ainaantees, sans recourir a tous les soins delicals qii'exigent , dans leur construction , les boussoles ordlnaires d'tnclinaison. On salt que dans ces boussoles, pour que la pesanteur n'influe en rien sur la direction de I'ai- guille , il faut que cette aiguille solt suspendue de maniere que dans toutes ses positions le centre de gravlte soit toujours au centre de mouvement ; mais cette exactitude dans la position du centre de gra- vity presente les plus grandes difHcult^s dans la pratique. Les causes en sont detaillees dans le m^- moire dont nous rendons compte ; et, si on veut consulter sur ce meme sujet Muscbenibroek , on trouvera que ce pbysicien avoue que difF^rentes boussoles d'inclinaison , construiles sous ses yeux avec le plus grand soin , ont donn^ entr'elles de* differences de six a sept degres. C'est done a lendre I'exactitude de la determi- nation de I'inclinaison de I'aiguille ind^pendante de la position de son centre de gravite , et consequem- nient independante des soins et de Thabilete de I'artiste, qu'est destlnd le memoire dont nous rendons compte. Void les princlpes qui en sont la base. Si Ton equiiibre une aiguille en la suspendanfe horizontalement , ayant de i'aimanter^ on sail qu'ar Noiwelles lliferaires. 533 pres tire aimant^e , non-seulement elle prend urre direction fixe dans le plan horizontal, niais que le cot^ qui se dirige a pen pres vers le nord s'indine a I'liorizon ; en sorte que, pour r(JtablIr iVqnilibre tlans le sens horizontal, il faut ajouter un petit contre-poids a la partie sud. D'un autre cote , si cette aiguille peut se mouvoir librement dans le plan horizontal , elle oscillera dans ce plan en vertu de la force magn^tlque de la m^^'me manicre que le pendule ordinaire. Ainsi, quelles que soient la direction et I'incli- naison naturelles de I'aiguille ainiant^e,on peut la d£;composer en deux forces , Tune horizontale , d^- termin^e par le lemps d'un certain nombre d'oscilla- tions , et I'autre verticale, donnee parle petit contre- poids. D'apres les regies de la decomposition des forces, on conclura la r^sultante , c'est-a-dire , la direction naturelle de I'aiguille almantee, et I'ln- tensite de la force qui la ramene a cette direction ; c'est sur cette decomi)OsitIon de forces qu'cst fondt-e la m^thode du C. Coulomb. II ne s'agit plus , pour savoir si cette operation peut 6tre employee, que d'apprecier, par I'exp^- rience, I'erreur que Ton peut commettre dans les deux premieres t'valuations. La force horizontale de I'aiguille se determine avec la plus grande exactitude , lorsque ses dimen- sions sont donnees; car, en la stispendant par un fil de soie tres-fin, elle fait cinq ou six cents oscil- lations avant de s'arr^ter. Quant a la force verti- cale, le C. Coulomb a trouv(? qu'en se servant d'unc LI 3. 534 N 01 we lies lilleraires. aiguille parall^lograramatique rectangle de qualrc cent trente millimetres de longueur, de quatorze de largeur , et de deux d'epaisseur , port^e sur un couteau comme le fl^an d'une balance, I'erreur que I'on pouvolt comraettre dans IVvalualion du m( - jinent du petit contre-poids n'exc^doit pas une neuf centierae partie de ce moment ; et que , d'apres le calcul , cette erreur n'en pouvoit occasionner qu'une de deux ou trois minutes dans la determination de la direction de I'aiguille. Pour falre disparoitre , dans cette operation , toutes les erreurs qui pourrolent 6tre occasionnees par des causes etrangeres au magndtisme , et pour suppleer a toute espece de verification , I'auteur fait deux op^ations: il aimante d'abord son aiguille dans un sens, et il r^pcle la merae operation dans le sens oppos^ , en sorfe que le coJe qui se tournoit a la jremiere operation vers le nord , tourne a la deii- xieme vers le sud. II prend ensuite la sorome du moment ^,ei^ forces vertlcales dans les deux o\)('\'a^ tions , et Ton conceit qu'il ne doit resler,dans C€tte sommc, aucune action ^trangeie au magn^tisme • car, si dans la premiere operation la pesanteur agit par le d^placement du centre de gravll^ sur un des cot^s de I'aiguille pour relever ce cote contre Pac- tion de la force magn^tlque, elle agira d'apres la deuxieme operation , exactement de la m^-me quan- tity dans le sens oppose; ainsi , en prenant la somme des forces verlicales, on fait n^cessairement dis- paroitre tout ce qui pent altever I'actlon du magne- tiame. Noiivelles Utleraires. 535 L'on peut observer, d'apres le C. Coulomb, que le r^sullat de ce(te double op(?ralion pr^sente ub des meilleurs moyens de verification dont on puisse se servir dans toutes les especes de boussoles. No T I c E des trauaiix de la classe des Sciences mathematiques et phjsuiues de Vlnstitut national , pendant le premier I rime st re de Van 8 } par le C. LefetrE' GiNEAU, Partie math]6matique. Le C. Darquier , assocle, a imprlm^ les obser- vations as(ronomicjues qu'il a failes a Toulouse, de- puis 1791 jusqu'tn I'an 7 , et le C. Brisson a pu- blic uue instruction sur Its nouvelles uiesures. Ce dernier ouvrage coniprend, sous un petit vo- lume , autant de tables iju'il en f'aut pour reduire toutes nos mesures et nos polds anciens en mesures nouvelles , d'apres la vaieur du metre et du kilo- gramme dcfinitifs,ct les tables sout accompagnees d'exemples qui en rendent la pratique clalre et fa- cile dans tons les eas. Le C. Lkgendre a aussi public une nouvelle edi- tion de ses Element de Gcomelrle. I^^ous avions,avant ceux-ci , un grand nombre dVlemens oii chaque au- teur avoit suivi la marche qui convenoit le mieux a son esprit. IVIais les g^ouietres s'etoient toujours ac- cordes neanniolns a penser que la methode et I'ordie 536 Nouvelles lltleraires. employees par Euclfde ^toient pr^f6ables a (out cc qui avoif ^(^ fait depuls. lis desiroient seuleraent que des mains habiles , en conservant le fonds d'Eudide, se chargeassent de remplir quelques lacunes , d'^clairer plusieurs principes, et de rapprocher quelques propositions, afin de mettre plus d'ensenible , et de faciliter la memoire. La premiere edition des Elemens du C. Legendre paroissoit avoir parfaitement rempli ce voeu \ les g^ometres le pensoient. Cependant la nouv<^lle edi- tion offre encore des changemens avanfageux dans la theorie des paralleles, qui est un des points les plus difEciles de la g^om^trie ^lementaire. Le C. Le- gendre a de plus ajout^ a cette edition, un traite de trigonometrie rectillgne et spherique, qui manquoit a la premiere. Le C. Lamarck. s*est occupy de la matiere du son. II a rassembl^, dans un memoire, une s^rie de faits dont il r^sulte que le fluide gdn^rateur du son on du bruit, a la faculte de propager ses fre^misse- mens a travers des corps solider. ou liquides imper- m^ables a !'air. Il en tire eette conclusion : que I'air n'est pas le fluide propagateur du son, et qu'ainsi il exisle un autre fluide tres-^Ia?tique et tres-sublil, qui est r^pandu dans I'aJmosphere et dans tous les corps. Ce nouveau fluide, ajoute le C. Lamarck, est la cause du ressort de I'air, comme le calorique est celle de I'elasticite des matieres gazeuses. Iltermine son memoire en exposant plusieurs con- siderations relatives a la repercussion de la matiere Nouvelles lltteraires, 687 du son, et aux circonstanccs qui donnent lieu aux ^chos. La conjonction inf^rleure de V^nus , observ(?e cette annee, a fourni au C. Lalande la malleie d'un m('moire sur le rnouvemcnt dc cette planete. II n'a point trouv^' de corrections a faire dans ses tables , ni pour le mouvement moyen , ni pour I'^qua- tion de l'orbitc,ni pour I'inclinaison. Cette conjonc- tion v^rifioit a la fols ces trols ^l^mens , ce qui n'arrive que tous les huit ans. Aussi avoit-on donne une grande attention aux observations. Le C. FoRFAiT, associ^, a lu un m^moire tres- ^tendu sur VOrigiue , les progres et I'etat actuel de la Marine de Vcuise. Get ouvrage , plein de faits curleux, observes ou recueillis sur les lieux par Tau- teur , a occupc la classe avec int^r^t pendant plu- sieurs seances. II conlient une fou!e d'observations qui prouvent de grandes connoissances adminlstra- tives dans cette partie. Nous n'en ferons pas I'analyse ; cclle que nous pourrions donner ici seroit ou trop longue ou trop courte. A I'occasion d'une machine hydraullque, pour I'exa- men de laquelle le C. Prony etolt commissaire , il a fait un m^moire d'analyse matlu'inaJique , appli- cable a tous les cas ou on veut asplrer Peau en rera- plissant et vidant tour-a-tour une partie de la capa- city inf^rieure d'un appareil fermd. Meunier, de I'acaddmie des sciences, s'^ioit occupd du meme objet ; mais le C. Prony est parvenu , par une autre route, a des forniules extrC^mement sim- 538 Nouvelles Utteraires, pies, sans n^gllger aiicune quantity. Double avarr- tage dont ^toient prives les forniules trouv^es par Meiinier. Ccs th(:^orles ont servi ei juger avec connoissance de cause la machine qui etoitsoumisc a Texamen de ITnstKut. Depuis longtemps on a employ^ la pompe a feu , 4U lieu de chevaux, pour ^puiser les eaux des mines de charbon de terre , et cet usage est tres-econo- mique. Le C. Perkier a pens^ qu'on devoit trou- ver le m^me avantage a monter le charbon par le m^me precede?. II a done recherche les moyens d'ap- pliquer les pompes a feu a ce dernier usage, et il a donn^ , dans un m^moire , la description des chnngemens qu'il a faits a ces pompes , pour les rendre propres au service qu'il se proposoit. D'a- pres ses calcnls , la depense de la nouvelle machine sera d*un centieme du poids du charbon, roontd d'un puits de deux cents metres de profondeur. Celle qu'il d^crit est destin^e a I'exploitation des mines de Litry , departement du Calvados; elle est actuel- lement montee a Chaillot , oil elle a dtd soumise a des experiences qui ont parfaitement r^ussi. Si die a le meme succes sur la mine,, ce qui est probable, il serolt a desirer qu'on I'employat dans les autres exploitations de ce genre; elle y porteroit une ^co- nomie considerable qui opereroit sans doute unc diminution sur le prix de ce combustible si n'he du but. « L'auteur annonce dans Tavertissement de son on- vrage , que loin de cdder a \m premier mouvement de regret , et d'abandonner cet ^crit , il s'bonore , au contraire , d'un jugcment qui Jul a^^sure la se- conde place parmi ceux qui out concouru , et qu'il se fait un devoir de publier ce memoire sans y faire aucun changement. L'auteur divisc son inemoire en deux parties ; dans la PRKMIERK , il examine comment Ics signes influent sur la formation dc nos idces. (rette partie est encore 558 Litres divers, divis^e en deux sections; t.° de I'irJIuence des sigires sur nos idees a /*epocjiie de leiir premiere formation ^ oil I'auteur traitc sncce^sivement de leur influence sur nos idt-es indlvidiielles , sur nos iddes generates et I'instruction commune ; %° de V iiifluence des signcs surnos ide'es , a I'epocjue ou les sciences onl pris nais- sance , et soiit dit^tribuees en diverses classes. Dans cette seconde section, I'auteur niontre d'abord leur influence sur la science en p;<:^n^ral ; il entre ensuite dans des details ^tendus sur les deux classes de scien- ces , celle des sciences de raisonnement pur j et celle des sciences dcfml et d^ experience. Quant a la pre- miere , I'auteur s'altache a faire voir i\\xe la perfec- tion a laquelle les sciences peuvent atteindre , de- pend de celle des ^ignes ; a I'^gard des sciences de fait et d^erpdrience , W ^tablit que toutes les opera- tions par lesquelles elles se d(^perfectionnent, ne d(*- pendent pas ^galeinent de la perfection des sigiies. II termine la premiere partie de son m^nioiie par quelques consequences grn^rales , et queiques autre* relatives, en particulier, aux disputes des savans. Comment peiit-on retirer de finfhience des signes , tons les avantages dout elle est susceptible P telle est la question que I'auteur examine dans la seconde partie de sou m^moire, qu'il a paitage en quatre sections; dans la premiere , il dlabllt les caracteres des signes par fails ; dans la seconde , il traite du /rt/z- gage articuU ; dans la troisieme , de Vecriture; et dans la quatrieme , de quelques sjslemes de signes par tichi Hers, tels que les signes mathdmatiques , des symboles uslt^s dans la chymie, la m^decine, etc. Les notes que I'auteur a jointesa la fin de son m^- moire , en font partie essentieile ; il y a rejel^ les digressions et les citations qui ne doivent point in- terrompre la lecture du m^moire , mais qui, lues apres le texte, y ajouteront des explications utiles. Lh'ies diners. 55q LEGISLATION. liEFLEXioNs sur Pelade de la Ugislation , et sur La ^iciUeure man, ere d'enseigner telle science p ir J- M. Pascal Buhan , membre de la sociel/p/u~ lotechmque , de celLc des hclles-lellres , et du lycee de Pans , arec celte (^pigiaphe : Repetam stirpem juris a natura. Cic. De leoib. lib. I. A Paris, chez Maradan , rue Pavee-Andr(?-des- Arts , n.' i6. Le but de cet excellent ouvrage est de tracer la nieilleure m(?(hode a sulvre dans renseignement et iHudedela legislation. 11 estdiviseen deux parties tres-d.sf.nctrs Dans la premiere, Pauteur , apns avoir d(«hni hi legislation, et examine' ce que I'on doit entendre par droit et devoir, se borne a consi- derer 1 honime comme individu; 11 Jette un coup, d c£il sur ses facultes physiques qui d(^rivent de son organicjation, et sur ses fdCuites morales qui fiennent a son intelligen-e et a sa raison : suivenl des r(^[}exious 8ur J obligation de faire un bon emploi de ses lacuU t^s , et surlesmoyt ns de les perfcctionncr. La seconde parhe traiie des rapports de I'homme avec ses sem- blables. Nous exiiortons les professeu.s des deparie- mens a m^diter comme il convient , les articles qui out pour objet la souabII;te , I'efat de famille, les " droits et Jes devoirs rigoureux , I'e'galii,? Ja liberty, a propriety, la surete, I'etat de nation , I'o.igine et Je but du gouvernement , les lois positives, const i- tul.onelles, civiK-s et crimlnelles. Knfin les vues du C. Buhan ne sont pas mo'ns profondcs , lorsqiil parle des leglcm^ns d'cconomie politicpie, de I'agr'- culture, de I'indusfrie, du commerce, des couiii- 56o Livres divers. butlons; il termine par des observations surlesrap- ports des nations entr elles. a Ai-JK touchy, ( cli(-il en finissant), le but que " je niVtois propose? Si quelqu'un a chercbe clans «» cet t'ciit un couis coniplet de legislation; fatigu^ «« de la rapidity de ma marciie , et l"o:ct^ c!e mesuier «« par la ptns(?e les iulervaljes que j'ai laiss^s entre « une id^e et celiequi lui succe(ie, des les premieres " pages son esprit a cesse de me suivre : mais si, " meme en fianchissant avec moi ces espaces im- «« menses, il avoit apercu tout ce qui doit les rern- «■ lir j s'il avoit vu le sysieme de ren(enden)ent lui- « main dans toule sa majeste , la morale dans tout <« ce qu'elle a de sublime, s'unissant pour poser les « bases in^bianlabk^s de la plus belle et de la plus «< utile des sciences, et la nature elle-m^me ^levant « sur les principes de ses immuables lois IVdifice de «« la legislation ; s'il avoit senti qu'il n'est pas une Tt jonissance, un plaisir, une antipatbie , une afFec- « tion qiielconque dans le coeur de rhomme , quels «« que soient I'^fat oil ii se Uouve et les objets dont « il est environn^, qui ne forme un des anneaux de « la chaine indissoluble de ses devoirs et de ses droits; .« s'il avoit suitKJut reconnu cette v^rit^, qu'il n'est « aucune de ses obligations qui ne prenne sa source «< dans les lois de la nature, et qui ne le conduise « vers le butde sa conservation par la route ou bon- « heur, je lui aurois peut-^lre inspite le desir d ap- •« proiondir ce que je n'ai pn qu'efiiemer ; de re- « cheicber ce que je n'ai pu dire, et de faire mieux « que moi. » Tel est, a peu pres, le sommaire de cet ouvrage qui pourra servir de guide aux proft'sseur> des (^coles cenirales. Le C. Buban a dedie son ouvrage a son ami et maitre, le C. Perreau, profe^seur de legisla^ lion, auteur du Roi voyugeur , et de plusieurs au- tres ouyrages aussi estimables qu'ils sent esiimes. ESSAT Li^^es divers, 55 j SSAI sur le droit des gens. A Parme de I'i., • du petit ouvrage que nous annoncons a ;rn T ' faire la m^me chose a J'tord dn f.'.;,/^ ^r^'""'^ dcs gens de celui ci. ^^ ^'^^'^^ ^" ^^^'^ La plus giande partie de cet Essal est rer.F.M-»./ dansles deux ni^moires qui ont ^((^ lus d ,n7 ^ ^ sembl^es partieulieres de I'acadLie de R f' "" les passages du Lit! dl i.^,, ^/^IT^: irZ VAlTi.!,, auxquelies sent relatives les a,S!f\ 3;;;. et -r: r"^ ^ '^''T^' ^^"^ *-" '' n! one, et 11 a tIonn(^ a ses ob^pn-in, ,„ i- • ^^" d< K s. Sur les Tupirs fossiles de France , par le C. Cuvier. aS/ E N T (J M O L O G I K. Sur le Monocle Castor , par le C. Jurine de Geneve. a/iti .Recreations tiroes de IHistoire naturelle , traduites de rallomand de M. J'J^ilheliny niinisire de la parole de Dieu, ^ Augsbour|T, par le traiUicteur du Socrat* rusti(jue. Troisieme et quairleme caliiers du tome I. 277, ICKTHtOLOGiE. Systema Ichthyologitv de feu M. le D. Block. . 279 Medecine. Dissertation sur les Fievres pernicieuses ou ataxiques , intermittentes,' par J. L. Alihert ,medecin. 28 J), loannis Steph. Bernard^ Medici Arnhemiensis Reliquiae me- dico-cciticae : edidit D. Christianus Gothfr, Gruner., 5i i Table des articles, 56g Rapport fait a I'l^cole de mecTecine de Paris , sur la Clinltjue d'lnocu- latioa. 556 TECHNOLOGIE. Sur les manufactures tie coton francoises. g5 EcONOMIE RX7RALE ET COMMERCIALE. Sur I'introductlon des moutons k laine superfine dans les pays froids , pr: le C. Lasceyrie. a^g E C O N O M I E. Creation , a Geneve , d'un nouvel etablissemcnt de charit^ , le moins dispendieiix et le plus secourable ", et sur quelques autres etablisse- mens de bienfaisance et d'economie. 533 Notice sur les soupes a la Rumford, etablies a Fails , rue du Mail, n." 1 6. 562 EcONOMIE POLITIQUE. Du Retablissenient de I'ordre dans les finances, par une organisa- tion nourelle de la trc-sorerie et de la comptabilite , par Paulin Crassous. aSi Plan de la Constitution francoise ; par Jules Gautier , de Marseille. 4i8 Piojet d'un etablissemcnt patriotique , sous le litre de bureau cen- tral d'encouragement et d emulation; par le C. Collet-Messine. 4^5 Administbation. Compte rendu des operations du bureau ^tabli k Pan's pour la liquf- dation des detles des emigres du departeraent de la Seine , par le C. Bergerot. 4i« Legislation. Reflexions sur I'etude de la legislation , et sur la meilleure nianiere d'en- seigner cetie science, par le C. Buhan. 559 Jurisprudence. Rapport du proces Solar, fait a I'audience publique du second tribu- nal criminel , etabli par la loi du i4 mars 1791 , et seant i Pans; par Francois Eude. ^^* 570 Table des arlicles. Geo graphie. Geographic elemcutalre , par le C. Sirane. 563 Voyages. Voyages ur ordinaire de pliilosopliie a luniversite de Coeilingue, par J. CIi. Laveaux. jr,^ tiouce i]e U Grammatica /igurata de Philesiiis. 4. Deodati iSog. .Supplement aux Annales typojjraphicjues de Faiizcr , par Jciemie- _ Jacques Oherlin. 521 Institut national. /.^^ {foniinaiions. ^j, §eance publirpie du i5 nivose an 8. 241 Programme des prix propo.ses dans cetre seance. 243 Notice des Iravaux de la classe des Sciences matliem.itiques et pliy- siques, pendant le qiiatrieme irimest.e de I'an 7, park C Leftvie- Gineaii. Partie matlienialique. 55o Noiice des fravaiix de la rlnsse des sciences niallu'raatiquc-.s et phy- siques, pendant le piemier trimestre de I'an 8 ; par Xe C. Le/^vre- Gineau. Parlie mathenialiqne. , 555 Notice des Jravaux de la classe ^\e& Sciences pliysiqnes et inaih.'niatiques, pariie pliysique, pendant le premier ti inicstre de I'an S , par ic C. . C'-^'^r. . 2/,4 Notice des travaiix de la classe des sciences morales et poliiLpcs , pendant le piemler iiime.srre de I'an 8; ^ar \e C Ch,impogne. 643 Compte rendu dts travaux de la classe de liiterature et beaux-arls , pen- pendant le trimestre de vendemiaire an 8 ; par le C. Francois ( de Neufchateau ). 3Su Rappoit fait par le C Ginguenv , sur le prix de morale qui devoir etre distribne dans la %l'3nce publiqtie du i5 nivi'ise. 5^8 BiWiotheqiie nationale Medaiile en ihonneur de Sulim , donnee au ca- binet des medaillcs , par M. 7'/;or/c/r/w.s , litterateur daiu.is. aga MiKcum d'HistoIre Naturelle. Nomination du C Dolomieu ii la place de professeur de mi.ieralogie. 26 1 II est sur.plAe, jusqu'a sa delivrance , par le C. IIhuy- 614 Miisee central des Ails. Moulage des statues , clicvaux dt Vtuise, sutnn ^ bronze. , , , Sys Table des articles. Nomination du C. Visconti. \ii Societe philomatliiqiie a56-52t Lycee de Paris, seance du i4 pluviose. 5,5 Portiqtie repubJicain , seance dii 16 nivoSe. 262 Translation de la bibliotheque de I'Arsenal au Luxembourg. 5i4 Les Gls du graveur Piranesi , arrives a Paris. no Societe d'Emiilation de Rouen. Rapport sur ses travaux , pendant le moi« de frnctidor an 7. 5 18 Societe d'Agricultiire , ^sciences et arts, i Meaux. 5i5 Societe litteraire a Bruxelles. a6a Ouvrages noiiveaux de MM. J^ieland ^ Goethe, Herder^ Schiller^ Kotzehue. x 258 Academie de peinture de Stockholm. 5oS Monument eleve a Linni , a Upsal. 5o6 Prix adjuge a Coppenhague a M. Villautne. Soj Societe litteraire de I'lslande. 5o8 Nouvelles iitteraires de la Russie. 5o6 Livres Francois et latins defendus ^ VIenne , dans les mois d'avril , de mai et de juin 1799. 499 BiBLlOGRAPHII. Observations bibliographiques sur quelques articles du Magasin En- cyclopedique ; i .S sur les OEuvres de F^nelon ; 2.° sur la Telenia- comanie de I'abbe Faydit ; 5." sur les memoires de Pellisson pour Fouquet. 7g L'histoire du college de France, par Goujet ^ enrichi des notes de I'abbe de Saint-Leger, depose I la bibliotheque du college de France. 23 g BlOGRAPHIE. Preville. 112 M. Munnoz. 114, Horacp-Say. j iS Vie de Laurent de Medicis, sumomme le Magnilique , trad, de I'an- glois de ff^illiant Roscoe^ par F. Thurot. i5i Daubenton. a65 P.- A. Guys. 268, Marmontel. ajtig Tahle fles articles, 5jZ Montucla. 270-406 Extraic d'un manuscrlt de Lamanon ^ depose par sa famille i la biblio- tUeque nationale , qui conticnt ses voyages jusqn'en 1779. ogJ Leroy. 6).^ Phi losophie. Meracritique de la Critique de la Raison pure de M. iil«n/^,par M. /Terser. ( en alleniand ) 481 MiTAPHYSIQUE. Questions de Physiologic et de Meraphjsique. L'Instinct depend-il de la sensibilite vitale et de I'organisaiion ? et Jes philosophea doivent-ils nier ^ rhomme, I'instinct qu'ont les animaux? Par J. J. ?^//-ej, du Val-de-Giace. 541 De la nature de I'liomme, et des moyens de le reudre plus heu- reux; par P. J. Bachelier-d'Agks, 417 Des signes, envisages relativement ^ leur influence sur la foimaiion des idees ; par le C. Prevost. 557 Morale. Essai sur le genre d'instruction qui paiojt le plus analogue i la desti- nation des lemmas , par Antoinette Legroirig la Maison- Neuve. a8 x Avis d'une mere a sa fille , par M.me de Lamh&rt ^ en all-^mand et en francois , avec une traduction interlineaire de ralltmand , par le C. Boulard. aSJ Education. Les Voyages de Rolando et de ses compagnons de fortune , autour du monde ; par L. F. Jauffrtic. 139 G R A M M A I R E. Resume general de ce qu'on a fait on Allemagne dans les dernier* temps, pour la philosophic dn langage , consistant en introduc* tlons , e.\trails et critiques ; par Jean Seva/in Fatal. ( en alie- niand ) i55 Dictionnaiie etymologique de la lan^ue francoi«« , par le C- Jauf- fret. ' 458 574 Table dcs articles, Princij>es de la lan^ue latine , par lo C. S4rane. 565 Fables de Lessing , en allemand et en fiancois , avec une traduction inlerlineaire. Ibid. Critique. Siir qnolques passages des Caracteres de Theoplirasre, expllques par le C. Boissonade y er sur le sens de qiielques endioits d'Aiisto- phane , par le C. Coray. 464 Stenographie. Alphabet universel , ou Slenographle niethodiqiie, mise a la portee de tont Je-teur , et appliqiioe a I'art typographique ; par le C. Mon- tigny. 421 AE STHETIQUE. Essais sesthellques de M. Gulllaume de 7/w/«/;o/Jf; premiere partie , sur I'Hermann et Dorothee de M. Goethe. ( en allemand) 14-214 POESIE LATIJNE. Poesies de M. Aurelius Olympius Nem^sien , traduiter par le C. Delatour. ^ 1 08 LiTTERATURE FRANcOISE. Eloge de MoiUoigne , par Henriette Bourdic Viot. i55 POESIE FRAN9OISE, L'Ete , poenie ; par le C. Be\>ineau. i5S L'Aclillli-ide , imitation en vers du po^me de Stace , pr.r le C. Cour' nand. i,5g-449 Imitation en vers Francois des odes d'Anacreon , suivies de poesies di verses ; par S. P. Mir aid Saint- Just. 139 PoisiE ITALIENNE. Jupiter et Leda , chant improvise, de F. Gianni, traduit par J. F. C. Blanviliain. 4^4 LiTTERATURE ANOLAISE. TheBatavians; trad, angloise dcs Eaiaves , du C. Bitauhi. a84 Tahle des articles. 5/5 7' Xe Paradls perJu , de Milton; Iraduciioii nouvclle avtc des notes. 285 POESIB £SPACNOI.I>. Sur Ie$ poesies d'lincio de I.iizan. loS THilATRES. Theatre des Arts, Conservatoire de musique. Distribution des prix , le 19 nivose an 8. 271 Armide. 2^2 Theatre Francois dk la Republique. Et^ocle et Polynice , liagcdie en 5 actes ; second extralt , par le C. Buhan. G6 Le Busiede Preville. 410 Le Lord Impromptu. 4 1 1 Theatre Faydeau. Scene lyrique ifallenne de Pygmalion, cliantee par il s\^nor Babini. 120 Lcs deux Journecs. 412 Theatre de l'Opera comique national. Dom Carlos , opera. 3^5 Theatre dv Vaudeville. Le Proces des Srudery. tir Adele , oti les Metamorphoses. i^S Le Cairosse Espagnol. 27 5 La Guingueite , ow Plus lieureux que sage. ' 4i3 Theatre des T r o u r. a d o u r s. L'Armoire, ou les trois Mariages. 122 Laniotlie Houdart i la Trappe. ibid. Deux et deux font quaiie. 414 Theatre Allemand. Don Carlos, infant d'l'spagne ; j-ar FriiUric Schillc- , tiaduit de i'allemand , par Adricn Lezcj. iSg 5^6 Table des arlicles, R O M A N S. Fr^d^ric ; par I'auteur de la dot de Suzette. i45 Le Chateau d'Alvarino, ou les Effets de la vengeance , par le C. ia- grave. 426 Arts. Observations sur la manufacture des Gobelins, par C. Guillaiimot. 285 Architec ture. Prospectus d'une Histoire gen^rale de I'Architecture J par J. G. Le- grand. 4^7 Lettre du C. Legrond , architecte , sur le parallele des edifices de tout genre ^ par le C. Durand. 5i3 M U S I Q U E. Theorie de la Musiqne vocale , ou ^e» dix regies qu'il faut connoitre et observer pour bien chanter, ou pour apprendre a juger par soi- meme du degre de perfecliou de ceux que Ton entend • par Flo- rida TomSoni. 555 Edition des OEuvres de Mozart. 499 Histoire de la niusique, par MM. Sonnenleither , Abbrechtsberger , Haydn et Salieri. 5o5 Melanges. R^ponse a la lettre relative aa plagiat reproche au professeur La- peyroiise. 89 Annales philosophiques , morales et litteraires. 144 Magasin hans^atique , Journal publie a Bremen , par M. J'wiV//. 498 Table des articles contenus dans ce iium6ro. H I s T o I R E. Dissertation »ur les antlquir^s de la Russie, par Malhieu Guthrie. 533 Hblmiktholocxs. Reflpxlons iiir lf»s vers intestins trou- ves dans I9 corps des animaux, par le C DunUril. 438 BOTAlftQUI. Exfrair d'une Monographic dii genre Tillcut, par le C. Ventenac 446 F O E • I E. L'Acliilleidc de Stace^ imitee par le C. Cournand. 449 Gbammaikb. Dictionnaire etyraologique de la langue fran^oite, par le C. iauf- fret. 453 Cbitiqub. Su^f quelquei passages des Caracteres de Theophrastr , expliques par le C Boiisonade , et sur le sens de quelques endroits d'Aristo- pliaue , par le C. Coray. 464 PHZI.OSOPHIE. Metacriliqiie de la Critique de la liaison pure de M. Kapt , par M. " ' 481 r Herder, Variktes.nouvellesetcor- rlsponuance litter aires. corrbsponoamce. Magasin bans^atique,par M. Smith. 498 OF.MTrei de Mozart- 499 ).ivres deftndut * Vieone. Ibid. Histoire de la musique , par M. Sort' nenldither ^ etc. jo5 Nouvelles de Suede. 5o6 de Russie et du Danemarck. 5oG de I'lsland*. 5o3 de Paris. 5o^ Traduction latine d« Jeux inscrip- tions grecques , par le C. Mar- ron. 5ia Sur la Coniete decouverte par le Cf Mechain, 5ia Lettre du C. Legrand , architecte, »ur le parallele des idificei d* tout genre, par le C. Durand. 61S Soctixis X-XTXiBAlBBS. Lyc^e de Paris. 5i5 Societe d'Agriculturo de Mejux. Ibid, Socict^ d'EmuIaiion de Rouen. 5i8 Societe Pbilomalhique. Sat Sur Tinjection des raisseaux lym- phaiiques , par le C. Dum'iril. 526 Insiitul national : nourdles- 638 Notice des tiavjux de la classe des Sciences molhcmntiques et pliy- Siques , pendant le quatrieme tri^ niestre de I'au 7, par le C. !.«• fevre-Gineau. Parti e maih^ma' lique. 53o Notice des travaux de la classe des sciences raaihematiqucs et phy- siques , pendant le premier tn- tnestre de I'an 8 ; par le C. Le- fevre-Gineau. Partie matbema- tlque. 555 Notice d«» traraux de la classe des sciences morales el poliiiques , pendant le piemier tiimestre de I'un 8 ; par 1« C. Champagnt, 5Aa Rapport du C. Gingutni lur le prix dt morale , etc. i','^ •ti t V H E 6 D I V E R S. Mecaniuue. iSysieme lelegraphique decimal, 554 .P -1» ^ >v ? Mnrint?. *' • .-; Bife^Ja Marine fi*nr.oise, 556 ,., ,-.*«jWi(sw"' '■•■- . ,' ; ■ r . Medecine. Jlapport sur la Clinitiue d'lnocula- tion. •, ^ji .. .- Ibick Melapliysique. t)es signes, envisages relatlvement 3. leiir influence sur la formation ■ des idees ; par le C. Prevost. 55y 1-egirfation. Sur I'elucle -d^ la legislatjon , ©or 1g (f. Buhart. ' " ' ' '559 Essai sur le droit des gens. 56 1 Ecrtno'raie.' ' " Notice sur les soupes ilallumrord, c'lablies h Paris. • ' 56a Geographic , . Geographic elementaire , par le C. ■S^rane. 563 Principes de la langue latine , par Ic . C. St:mTke<, ; >^ i, 565 Tables de Lessins;. Ibid,. A N N O N C E. , ^ ^ ^ is CoNSERVATEUR j pi\ Recueil-.^ ^piorceaux ine- dits , d'Hisloire, de Politique , de Litteraiure et de ■ pJnlosophie , tires des ■porte-feitilles de N. Fran- cois f de Neuf-CMlsau J de VInstiint vatioiwK 2 vol.in-^." de 416 et 448 pages. Prix , io/r. et ' is."/r. 5o centimes par la jiosie. Paris , cliez Cra-* ■pelet; Theo-pliile Barrois ; rue Hautefeuille ; Ma* radan,Yiie Pav^e St.-Andr^-des-arcs ; Detenille , rue du Battolr ; Desray , rue Hautefeuille ; i?e- 7zo«^r