LPC UE MCD DEC OA AE DE LOUE LUE EE CAO LAN VOOR LI A7] lu tt AU À , LAS Dee A VAL RATE . } L MOCHE LAVE LA LA ROCHE DEEE AA D à ALU ROUE EAU AA LA ) | 140 \ CU OUR ñ L (L HUE LOUE x AL) 1 [APCE EUX ESA UNS CCE NE TONER (NRC DEEE AE DA ds DOTE LEE ENT Le CLARA DA EXO DER A OPOPOOE er bee LA 1 1 La VAL ‘ + * Del L U ) (UNI At 0 L L + : ( HAE A DCR dut rh + > at LM (EU tu AA : AUS CLEO JS DRE MERE A RENE XNA Labet tait \ AA (AUTANT CN 1 (RCA) LHOUA \ OA LL ) Lt D DE DE LEO D CIRE DE LA EE CAE LAMULLE UE ER IAUE PAL COPA RAA IPN De ee LOS RUE Sue LA DATENT LU # vt L'ERC OS NOR VER LE LE AA NET \ +! LAPAUPE HEC DAC He LEE LUE EE DO RUE LOST ET 4 VALASAUEE YO NL vtt it FUN Leu es vou VOS \ L L RS * in ete HUEX L HS \ rs CAL) AU VAUT Lee A] 1 é A LE CORDON SUR. LAVE L DRE x k ee Te a A h TRAVEL HUE our se Sr Era. 1 *phroissent em France et. CATLLARD, VAN® Mons, FRARSE) a FL (7e um) sS à. ATIRERT, DESGENRTTES, BaAST; SRE Un Lévercré, Cuvrer, Grorrroy, VENTENAT, CavaniLLes, USTERI, BOETTIGER, VISCONTI, VizLoison, WiiLremMET, WINCKLER, etc. fournis- 17 à TIRÉS GE sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux : , P P - ouvrages nationaux : on s’attache surtout à en donner uné analyse exacte, et à la faire paroître leplus promp- * tement possible après leur publication. On y donneune notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choïsit principalement ceux qui sont proprés à en accélérer les progres. On y publie les découvertes ingénieuses , les inven- tions utiles dans tous les genres, On y rend compte des expériences nouvelles, On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert | de plus intéressant ; une description de ce que les dés pôts d'objets d'arts et des sciences renferment de pis Curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Sayans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles Jitté- raires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroïît le premier de chaque mois. fa livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. " On s’adresse, pour l’abonnement , à Paris, au B* rean du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucxs, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Hengst. A Amsterdam, { chez Van-Gulik. : à A Bruxelles, chez Lemaire. À Florence, chez Molini. h NL M chez Fleischer. L'È chez Manget. A Genève, À chez Paschoud, : A Haämboure, chez Homann. A Leïpsic, chez Wolf. i À Leyde, chez les frères Macray. A Londres, chez de Bofle, Gérard Streets : "A'Strasbourg, chez Bevrault. A Vienne,'chez Degen. À Wesel, chez Geisler/ Directeur des Postes Il faut affranchir les lettres. 4 j 1 M'A CG A SIN ENCYCLOPÉDIQUE. VII ANNÉE. T'OLME VE oo Pr) frite AN ol Lee De inc qu «4e pts nt . à " 4 F LAUES ’ dei Un … = W) ++ và er jan « 42 LA hole au MONET EL fn ve amis À à Ps Fe ne Len & Æ MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ P'ANR CA QI ME FS Ie E NW, CONsERr ATEUR des Antiques , Médailles et Pierres gravées de la Bibliothéque nationale de France, Professeur d'Hi- sioire et d'Antiquités ; des Sociétés d'Histoire naturelle , philomathique , des Observateurs de l’homme , médicale d’émulation de Paris, de Médecine de Bruxelles; des Socié- tés de Rouen, d Abbeville, de Boulogne , de Poïtiers , de Niort , de Marseille, de Nisines, d'Alencon, de Grenoble, de Colmar et de Strasbourg ; des Académies de Gættinque, des Curieux de la Nature à Erlang, de Dublin , de la Société Linnéenne de Londres ; des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minérulogie d'Iéna , etc. etc. NL ANNE Ne 4 TLOLNTE MS'I-NTE M'E: Aya ES AE SS Chez Fucus, Libraire, rue des Mathurins, maison de Cluny, n.° 334. AN IX-—1001, COLE SUG AE 0 TE cut ‘ PRE ru 15 ’} { Hiais ru SEE Le at Ne = hatrn Len: RTL ati 4x PR PAT NE: au f: pt #3 Sr F KT sys RENE &? M A 2 LUE. 4 É OR dense Ly DATE CE A0 ME AR Là TE AUAS 4 Le up lan \asate _ 1 nEkY SEE 3 à PA Éée vis © CASTRES à à d 17 " A 2 On ne F», V0 à de Dust + pu 44 EE TUE MP à +" cu à A PRISES rit és Ce, tn LT : fa à | + L2 LYAYE TS RE “ i SE AREL : s p LE * ñ » Li Sr Ve: ne ns fl SRE EE TEUC 2 ‘ A Ro à » No à KE IE à ( SH ot LUS EN VE A UE fe X è + CR TNT Re pe L hp À LE: nes Re MONS 2 NUS " 3 CELA TT \. mar % its”: LE | Per [ ; at 4. 4 LE de 5 7e AE à 1 LES 3 4 | Pu=.\2e- 41 pay } ” , FES sp 22 k £ * ’ pa t nt À EL. à SF L ‘ : = L : * : bete pins = rte met ie shrttiiqun ce das et rite lien #1 MêRA î ! \ 4 k « SORTE 11, d'a vw x 1] } sh dneithe AE à F ? # LES ACT 4 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LONDRES, = æ HAUT ct AIT ki LU 008 | DA CG AS EN ENCYCLOPÉDIQUE. de : BAL O:GERSAPEILIE RECUEIL des lettres de M."° DE SÉVICNÉ ; nouvelle : édition , augmentée d’un précis de la vie de cette femme célèbre, de:re- Jlexions sur'ses lettres, par S. J. B. DE VAUX CELLES, el ornée de portratls gravés d’après les meilleurs modèles. Paris, chez Bossange, Masson et Besson. An 1x—1801. 10 vol, in-12. | Carre nouvelle édition des lettres inimitables de M."° de Sévigné, étoit annoncée depuis longtemps. Les gens de lettres l’attendoïent avec impatience, surtout à cause des Réflexions dont elle devoit être enrichie. On a reproché à l’auteur. de ces réflexions _de s’être) trop appesanti sur quelques traits de vas nité.,de cette femme, étonnante sous tous les rap-= ports. Peut-être se seroit-il abstenu d’insister sut des-torts aussi légers, en réfléchissant que la per- sonne qui les a eus étoit bien éminemment. ver- tueuse, puisque c’est là tout ce que l’on trouve à blânrer en, elle dans une correspondance de vingt ans, écrite, avec, toute la liberté que permettoient À 4 8 Bibliographie: ! une intime familiarité et la ferme croyance que ces lettres ne deviendroient jamais publiques. Mon dessein n’est pas d’examiner le mérite histo- rique et littéraire, soit des lettres de M."° de Sé- vigné , soit des réflexions du C. Bourlet-Vauxcelles ; je ne considérerai les dix volumes qui viennent d’être réimprimés que sous le rapport bibliographi- que. J’en regarde le C. de Vauxcelles comme l’édi- teur, non-seulement d’après ses Réflexions, qui oc- cupent 110 pages du X,° volume , mais encore d’a- près l'Avertissement des éditeurs , en tête du premier volume, dans lequel je trouve son style et sa ma- nière de voir. Je pourrois d’abord relever le passage de ce dernier morceau, dans lequel le. C. Bourlet- Vauxcelles représente les bibliographes (p. 111), comme ne se lassant pas de recueillir et d’emmaga- siner sans cesse. Cette attention des bibliographes est utile à beaucoup d'auteurs. Il vaudroit mieux chercher à en profiter que la tourner en ridicule, : Je reviens aux lettres de M.°° de Sévigné. Jus- qu’à ce jour, elles avoient été intitulées : Recueil des lettres de M."° la marquise de Sévigné à M."° la comtesse de Grignan. Le C. Bourlet-Vauxcelles ne dit pas pourquoi il a généralisé ce titre. Il faut par- courir tous les volumes de son édition pour con- noître ses motifs. On trouve en effet, au milieu du huitième volume, les lettres de M."° de Sévigné au comte de Bussy-Rabutin ; le neuvième ne contient que vinot-quatre lettres de M."° de Sévigné. Le reste du volume est rempli par des lettres de M."° de Griguan, de Mme de La Fayette, de M. et de Lettres de Sévigné. ) Mme de Coulanges, et de quelques autres personnes de cette brillante société. Le dixième volume con- tient les lettres de Mine de Sévigné au président de Moulceau. On trouve ensuite des lettres de la mar quise de Simiane, petite-fille de M.me de Sévigné, Il est términé par onze lettres de M.me de Sévigné . à M. de Pomponne, sur le ‘procès du malheureux Fouquet. Ces dix volumes pouvoient donc être intitulés: Re- cueil des lettres de Mme de Sévigné, puisqu'ils contien- nent celles qu’elle a écrites à différentes personnes, Pourquoi l'éditeur n’a-t-il pas donné cette explication au public? Il se contente de dire vaguement que l'édition de 1790 a été prise pour modéle. Il veut sans doute parler de celle de Rouen, corposée comme la sienne, de dix volumes in-12. Mais outre que cette édition est très- peu connue à Paris, lPé- diteur de Rouen a eu l'attention de détailler, dans un avis fort simple , la réunion qu’il faisoit de toutes les lettres qui avoient du rapport avec celles écrites à la comtesse de Grignan. Le nouvel éditeur a jugé à propos de supprimer cet avis, ainsi que les diffé- rentes préfaces dans lesquelles ses prédécesseurs ren- doient compte des peines qu’ils s’étoient données pour recueillir les lettres de M.me de Sévigné. Doit- on lui savoir gré de cette suppression ? N’avoit-il pas à rendre justice au zèle infatigable du chevalier Marius de Perrin? Sans lui, nous ne jouirions peut- être pas de la moitié de cette collection. Indigné des fautes de tout genre qui défiguroient les pre- miers recueils, publiés en 1726, à Rouen et à la 10 Bibliograplue. Haye, en deux volumes.in-12, il fit des démarz ches pressantes auprès de la. famille de Mme de Sévigné, pour obtenir la communication des origi- paux de ces précieuses lettres. Ses vœux furent bien- tôt exaucés ; mais:ce ne fut qu’à force de soins qu'il parvint à en déméler les véritables dates, parce que M.me de Sévigné s’étoit contentée de marquer exac-. tement les quantièmes des mois et les différens jours de la semaine. ; L'édition -qu’il fit paroître en 1734, n’avoit que, quatre volumes, Celle de 1754.en a huit, Quelle- reconnoissance ne doivent donc pas les admirateurs de M.me de Sévigné à l’homme patient et laborieux qui a consacré près de trente années de sa vie à éle- ver un aussi beau monument ? Les notes assez nom-. breuses, qu’il a jointes aux lettres de son héroine ;; sont remarquables par leur exactitude et par-leur. élégante simplicité. Un goût sûr l’a donc dirigé dans un genre de travail où l’on se permet ordinairement tant d’écarts , et il n’avoit pas moins de modestie, puisqu'il ne s’est nommé à aucune des époques où il a publié des lettres de Mme de Sévigné. Une préface de Bussy-Rabutin, mise à la suite d’un avertissement de l'éditeur ,- dans l’édition de la Haye 1726, contient une lettre de la marquise de Simiane ; qui ne méritoit -pas l’arrêt de proscrip- tion pronongé contre elle, par-le C. Bourlet-Vaux- celles. La voici : « Ce n’est point ici-une lettre, mon « cher cousin ; ne la lisez pas sur ce pied-là : à Dieu «ne plaise que je m’avise de méler une des miennes « parmi celles que je vous envoie.: regardez plutôt, Lettres de Sévigné. 15 ceci, si vous voulez, comme une préface ; et, comme elles sont rarement bonnes, j'espère que vous aurez quelque indulgence pour celle-ci. « Il n’est pourtant point question d’un auteur à genoux dans une humble préface. Je ne m’attends qu'à des remercîimens. Vous savez, mon cher cou- sin, ou si c’est à un lecteur indifférent à qui je parle , il saura que c’est ici une mère qui écrit à sa fille tout ce qu’elle pense, comme elle l’a pensé, sans avoir jamais pu croire que ses lettres tombas- sent en d’autres mains que les siennes. Son style est négligé et sans liaison, et cependant si agréable et si naturel, que je ne puis croire qu’il ne plaise infiniment aux gens d'esprit et du monde qui en feront la lecture. « Un agrément qui seroit à desirer à ces lettres, c’est la clef de mille choses qui s’étoient dites ou passées entre elles, ou devant elles. Je ne lai point trouvée. Cependant un lecteur intelligent et attentif remédie à tout cela, et y trouve du sens de reste pour s’en contenter. « Comme ces lettres n’étoient écrites que pour ces deux aimables personnes, elles ne déguisoient par aucun chiffre, ni par aucun nom emprunté, ce qu’elles vouloient s’apprendre ; et comme elles ne trouvoient dans toutes les actions du roi que de la grandeur et de la justice, elles en parloient en toute liberté, sans craindre que Îeurs lettres fussent interceptées. « Quoïque le style de ces lettres soit d’un tour aisé, naturel et simple en apparence, il ne laisse \ 12 Bibliographie. pas d’être assez figuré pour exiger du lecteur bien de l'attention. « Ces lettres sont d’ailleurs remplies de préceptes et de raisonnemens si justes et si sensés , avec tant d’art et d’agrémens, que leur lecture ne peut être que très-utile aux jeunes personnes et même à tout le monde. «“ Tout ce qui ne m'est pas permis de vous en- voyer, mon cher cousin, et qui doit rester sous le secret, parce qu’il est trop mélé d’affaires de famille, est, pour le moins, aussi beau que ce que je vous envoie , et j’y ai bien du regret. Ce- pendant voici quelques lettres que je vous ai ti- rées, et dont j’espère que la lecture vous donnera bien du plaisir. En ce cas, je plaindrai si peu les veilles que jy ai employées, que je continuerai à vous en chercher d’autres. Mais si j'étois assez heureuse pour y pouvoir joindre les réponses de ma mère, n’en seriez-vous pas bien content, mon cher cousin, et croyez-vous, après cela, qu'il y eût rien à desirer ? » < Le C. Bourlet-Vauxcelles n’eût-il pas dû mettre cette charmante lettre dans le tome dixième, à la tête de celles de M.me de Simiane ? Qui pourroit ne pas aimer à voir M.me de Simiane parler des lettres de sa mère et de celles de son aïeule, avec une fierté aussi noble et aussi décente ? Je reproche encore au nouvel éditeur de ne pas avoir profité de idée qu’il a eue de généraliser le titre de sa collection, pour placer les lettres de Mme de Sévigné, suivant l’ordre chronologique. Les Lettres de Sévigné. 13 lettres de M. de Pomponne sur le procès de Fou- quet furent écrites sur la fin de 1664, et au com- mencement de 1665. Elles devroient donc ouvrir le recueil. Cela eût donné lieu d’examiner sil est vrai, comme le prétend le C. Bourlet-Vauxcelles (t. X, Réflexions, p. 43 et 44), qu'il y a une grande dis- tance de ces lettres à celles qui, cinq ou six ans après, échappoient chaque jour de sa plume. On ne peut nier au moins que les premières ne fassent le plus grand honneur au cœur de Mme de Sévigné. Ces onze lettres eussent dû être suivies de celles adressées à M.me de Grignan, qui ne datent que de juin 1670. Les lettres écrites au président de Moul- ceau fussent venues ensuite. Elles finissent en février 1696, c’est-à-dire, deux mois avant la mort de Mme de Sévigné. Le recueil de lettres choisies qui contient des lettres de M.me de Grignan et de M.me de Sévigné, et les lettres de M.me de Simiane, qui parurent en 1773, eussent terminé la collection. Il restoit encore un ouvrage de cette intéressante Famille à mettre à la suite : il l’eût dignement cou- ronnée. Je veux parler des agréables opuscules pu- bliés par le marquis de Sévigné fils, contre Dacier, dans une dispute qu’ils eurent ensemble au sujet de Finterprétation du fameux passage de l’art poétique d’'Horace : Difficile est propriè communia dicere. Le C. Bourlet-Vauxcelles dit (t. X, Réflexions, p. 65), que Sévigné fils eut raison, contre un sa- 14 Bibliographie: vant, en disputant sur un passage d’Horace. I] pa- roît ne connoître ni l’ouvrage du marquis de Sévi- gné, ni le jugement qui en a été porté en 1746, par le judicieux Du Marsais. Le volume dans lequel se trouvent les opuscules du marquis de Sévigné est intitulé : Dissertation critique sur l'art poétique d'Horace ; où l’on donne une idéergénérale des pièces de théâtre, et où l’on examine si un poèle doit préférer les caractères con- nus aux caractères inventés. Paris, Barth. Girin, 1698, petit in-12 de 122 pages, sans y comprendre l'avertissement qui en a quatre. Cette dissertation , devenue rare , est composée, 1.* de trois factums écrits par M. de Sévigné, contre la traduction que Dacier avoit publiée du passage cité plus haut ; 2.° de deux réponses de Dacier, intitu— lées, Contredits. Lorsque la querelle fut engagée, M. de Harlai, conseiller d'état, fut pris pour juge. I étoit bien capable de prononcer sur ce différend ÿ mais on ignore quelle fut sa décision, ou s’il voulut en donner une. On a dit pendant longtemps que le marquis de Sévigné avoit mis la raison et les rieurs de son côté. Au mois de janvier 1746, Du Marsais publia dans le Mercure le résultat de examen qu’il avoit fait, et du passage d’Horace en lui-même, et de la dispute engagée entre les deux célèbres ath- Jètes. Son avis fut que ni l’un ni l’autre n’avoient saisi le vrai sens d’Horace. On trouve cette lettre dans le tom. IL des Œuvres complètes de Dw Mar- sais, p. 285 ; elle n’a que huit pages. L'opinion du célèbre grammairien est appuyée sur de si bonnes Léttres dé Sévigné. 15 preuves, qu’on ne peut s’empécher de la partager. On doit donc se contenter de ‘diré aujourd’hui que le marquis de Sévigné mit seulement les rieurs de son côté, dans sa dispute avec Dacier. Examinerai-je maintenant la nouvelle édition des lettres de Mime de Sévigné sous le rapport de la correction? Le C. Bourlet-Vauxcelles déclare dans son avertissement que l’exécution typographique y est meilleure que dans les précédentes. En ce cas, les anciennes éditions sont bien mauvaises ; car voiei les fautes que j’ai remarquées dans différens volu- mes de la nouvelle, en les parcourant très:rapide- ment, Dans le Précis de là vie de Mme de Sévigné, par Lakarpe, tom. 1°", pag. 55, Johnson , auteur des Vies de beaucoup de poètes anglais, est défi- guré sous le nom de Johrston. On lit à la page 98 du même volume : M.me de Sévioné dit à sa fille. « Votre frère est à Saint Germain; ilest entre Ninon “et une comédienne, et Despréaux sur le zour. » Les anciennes éditions portent Despréaux sur le our. On lit à la page 1071 : Vous parlez de péinture; Vraiment vous m’en fuite une... : jil faut certaine- ment vous m’en faites une. Il est question dans le t. VIT du cardinal de Forbin , qui a été compris dans la promotion de cardinaux , faite par Alexandre VIT, vers les premiers jours de février 1790 ; on devoit mettre 1690. On pourroit croire que le C: Bourlet-Vauxcelles a surveillé plus attentivement la correction des épreuves de: ses Réflexions ‘sur M.%-de Sévigncz 16 Bibliographie: Point du tout; on y trouve les fautes les plus gra ves. À la page 9 , on lit y être pour à y être. La page 13 présente cette phrase: Un livre qui fera le charme de tous les lecteurs.et le désespoir d’aucun, N'est-ce pas d’aucuns qu’il faut lire ? Ce mot au plurier signifie quelques-uns, et les principes de la grammaire exigent qu’il ait cette signification à l’en- droit où ilest placé. Le C. Bourlet-Vauxeelles dit, à la page 41, que M."* de Sévigné s’étoit attachée à M. de Pomponne, et en avoit reçu /es conseils utiles à son veuvage et à la tutelle de ses enfans. Son intention a sans doute été de dire des conseils: On voit, à la page 43, y a pour il y a; enfin, àla page 106 site te, pour sine te. Suivant l'Avertissement, le Précis de la vie de M."° de Sévigné , par Laharpe, devroit se trouver dans le X.° volume. Il a été placé dans le [.°", à la suite de l’excellent éloge de M." de Sévigné, par la présidente Brisson. La table des lettres contenues dans le IX.° vo- lume , n’indique pas que la première est du cardinal de Retz. Des négligences de cette nature ne défigurent pas les ouvrages dont l’exécution typographique. a été soignée. Ces fautes sont surtout bien déplacées dans un ouvrage qui doit être continuellement entre les mains de la jeunesse de l’un ét de l’autre sexe. Ne doit-on pas craindre d’en trouver beaucoup. du même genre dans les volumes que je n’ai paseu le temps de parcourir ? On a vu par ce qui précède, qu’il existe des édi- tions Lettres de Sévigné. 14 tions des lettres de Mme de Sévigné , en 8 et en 10 volumes in-12. Comme il y a de la différence, même entre plusieurs des éditions en 8 volumes, je crois faire plaisir aux personnes qui aiment la bibliogra- phie , en leur donnant des détails sur ces éditions et sur quelques autres. Le chevalier de Perrin publia en 1734, à Paris, chez Simart, 4 vol. des lettres de M.me de Sévigné® Il fit paroître deux nouveaux volumes en 1737. Les recherches, auxquelles il ne cessait de se livrer pour augmenter la collection , lui procurèrent de quoi former encore deux volumes. Aussi, publia-t-il en 1754, à Paris , chez Rollin , r.° une nouvelle édition des lettres de M.me de Sévigné, en8 vol. in-12; 2.°un supplément aux éditions précédentes, en 2 vol. in-12. On peut donc regarder comme éditions originales, soit les8 vol. de 1754, soitles 4 vol. qui parurenten 1734, avec les supplémens de 1737 et de 1754. Cette dernière collection est préférée par certains amateurs. Le même Rollin avoit publié en 1751, deux éditions du volume intitulé : Recueil de Lettres chotï- “sies , pour servir de suite aux Lettres de M.me de Sévigné à M.me de Grignan , sa fille. Ce recueil contient cent vingt-trois lettres ; savoir, une lettre du cardinal de Retz, une du duc de la Rochefou- cault, 14 de la marquise de La Fayette , 50 de Mime de Coulanges, 20 de M. de Coulanges , 25 de Mie de Sévigné et 3 de M.me de Grignan. L’une des deux éditions, imprimée par Pierre- Guillaume Simon, finit par une lettre datée de 1696. Il paroïit que c’est la premiere. Dans l’autre, Tome FI, B 18 Bibliographie. qui est sortie des presses de Claude Simon père, la dernière lettre est datée de 1703. Toutes deux sont composées de 499 pages. La seule différence qu’elles présentent , consiste donc dans le placement des let- tres. L'ordre des dates a été suivi un peu plus exacte- ment dans la seconde que dans la première; mais il n’a été pleinement rétabli qu’en 1756, par les éditeurs d'Amsterdam; ce qui fait que, dans leur édition, la derniere lettre du recueil de lettres choisies est de 1704. Les éditeurs de Paris, des années 1774, 1775 et 1795 se sont conformés, dans la réimpression de ce recueil, à la première édition de 171. Les éditeurs de Maëstricht et de Rouen, et, apres eux , le C. Bourlet-Vauxcelles, ont suivi, comme les éditeurs de Hollande, l’ordre des dates qui est le plus naturel. Ils ont eu soin de réunir dans la table tout ce qui est sorti de la même plume, et que l’ordre des temps avoit dispersé. Ce recueil de lettres choisies n'a pas été réim- primé en 1754, avec les lettres de M.me de Sévi- gné à M.me de Grignan , sans doute parce que les deux éditions de 1751, n'étaient pas épuisées à cette époque. Il était cependant le supplément naturel de ces intéressantes lettres ; aussi beaucoup d’exem- plaires de l’édition de 1754, ont-ils ‘pour 9.° volume le recueil de 1751, tantôt de la premicre , tantôt de la seconde édition. Et c’est peut-être pour cela que la France Littéraire de 1769 annonce lédition de 1754, comme étant composée de 9 vol. in-12. En 1756, des éditeurs d'Amsterdam réunirent le recueil des lettres choisies , au recueil des lettres de Lettres de Sévigné. 19 M.ne de Sévigné à Mme de Grignan , sans multiplier le nombre des volumes. C'était faire un joli présent au public. Cet exemple a été suivi par les éditeurs de 1774, de 1775 et de 1765. Ceux de 1763 ne réimprimèrent que les 8 vol. de 1754. En 1788, Me de Keralio repreduisit, en 6 yol. in-8.°, la même édition de 1754. Les Lettres à M. de Pomponne, sur le procès de Fouquet, parurent, pour la première fois , en 1756 ; le libraire Lacombe les réimprima en 1773, à la suite des Lettres nouvelles écrites par M. de Séyigné au président de Moulceau, et de quelques lettres de M.me de Simiane. Ce libraire, homme de lettres, est probablement auteur de l’avertisse- ment, qui, dans son édition, précède les lettres à M. de Pomponne. Il présente des détails connus sur le procès de Fouquet. Celui qui se trouve dans l’édi- tion originale de 1756 , contient l’éloge du zèle avec lequel Mine de Sévigné parle d’un ami qui étoit menacé d’un sort très-rigoureux. On avait réuni, en 1775, en un petit volume in-12, les lettres de Mme de Sévigné qui se trou vent dans le recueil des lettres de Bussy-Rabutin. Dufour , libraire de Maëstricht, fit très- bien de joindre ces deux volumes aux huit qui formaient jusqu'alors le recueil des lettres de M.me de Sévigné. Aussi rechercha-t-on l’édition en ro vol. in-12, qu’il fit paroïître en 1779. Racine, libraire de Rouen, la réimprima en 1784 et en 1790; c’est cette derniere qui a servi de modèle à la réimpression dirigée par le C, Bourlet-Vauxcelles, | B 2 20 Bibliographie. Les époques de 1754, 1756 et 1779 doivent donc être soigneusement distinguées par les bibliographes, relativement aux réimpressions des lettres de M.me de Sévigné, puisque les éditions qui les rappellent, ont si peu de ressemblance les unes avec les autres. Je crains de pousser l’exactitude jusqu’à la minutie, en observant que souvent les libraires vendent des collections de M.me de Sévigné, en 9 vol. , qui ont pour 9.° vol. , tantôt le Recueil de lettres choisies , tantôt les Lettres à M. de Pomponne , tantôt enfin , le volume de 1773, intitulé : Lettres nouvelles de M." de Sévigné. Les reproches que je viens de faire à l'édition dirigée par le C. Bourlet-Vauxcelles n’en empêche- ront probablement pas le prompt débit. J’invite cet écrivain, au nom de la gloire qu’il paroît attacher au titre d’editeur, 1.° à soigner davantage la nou- velle édition qu’il pourra mettre au jour. 2.° À choisir dans les sept préfaces de Pédition de Rouen, ce qui peut intéresser beaucoup de personnes ; à dis- tinguer surtout les préfaces originales de celles qui ne le sont pas ; ce que n’ont point fait les éditeurs de Maëstricht et de Rouen. Par exemple, au lieu de reproduire la préface de l'édition de 1754, ils ont réimprimé celle de 1756. Le chevalier de Perrin étant mort en 1754, les détails qui terminent l'a- vertissement de 1756, et qui concernent le Recueil de lettres choisies | sont d’une autre main. D'un autre côté, la préface de l’édition de Paris, 1774 n'étant qu’un résumé des deux préfaces , composées par le chevalier de Perrin ; en 1734 et en 1754, elle Lettres de Sévigné. 21 pouvoit être omise sans inconvénient, Par une con- tradiction assez singulière , le C. Bourlet-Vauxcelles a supprimé Jes préfaces générales, ainsi que celle du Recueil de lettres choisies, tandis qu’il a con- servé celle des Lettres nouvelles, des Lettres sur Fou- quet ; et de celles à Bussy-Rabutin. 3.° À mettre ses Réflexions à la tête du premier volume, au lieu de les laïsser dans le 10.° Cela lui sera facile à exécuter dans le déplacement qu’il convient de faire des différentes espèces de lettres, dont se compose le recneil de M.me de Sévigné. À. BARBIER, bibliothécaire du conseil d'état, re Le C. Barbier a déja inséré trois lettres dans ce journal : la première sur la bibliographie , et par- ticulierement sur les traductions françaises des Let- 1res d’Aristenete. 1.°* yendémiaire an 8. La seconde sur quelques articles du Magasin En- cyclopédique , notamment sur les deux extraits des Œuvres choisies de Fénélon, en 6 volumes in-12. 1." pluviose an 8. . La troisième sur le véritable auteur du livre, intitulé : Connaissance de la Mythologie. 1.°° prai- rial an 9. [travaille depuis un an à Ja rédaction du catalogue des livres de la bibliothéque du conseil d’état : ce Catalogue s’imprime à PImprimerie de Ja République. La première livraison du tome 1." ; compotée de 2,107 articles et de 196 pages , petit in-folio, a été Présentée aux consuls, il y a quelques mois , par le C. Locré, secrétaire général du conseil d'état ; la seconde est sous presse (Note du rédacteur du Magasin Encyclopédique ). B à + LITTÉRATURE GRECQUE. Au C. CORAF , sur une nouvelle traduction de Pausanias. ” Vous savez, mon cher ami , que je m’occupe depuis quelque temps à traduire en français la description de. la Grèce, par Pausanias ; c’est par vos conseils que je me suis livré à une entreprise aussi difhcile , et j’ai fait tous mes efforts pour prouver que j’avois profité du soin que vous avez bien voulu prendre de me diriger dans l'étude de la langue de vos ancêtres. Je ne sais si l’annonce que j'ai faite de cet ouvrage , dans la préface que j’ai mise à la nouvelle édition du Plutarque d’Amyot, a fait concevoir le même projet à l’auteur de l’Hr- sioire des Courtisanes grecques, ou $il s’étoit in- volontairement rencontré avec moi; mais j’apprends qu’il en a aussi annoncé une nouvelle traduction. Quoique j’aye mis à la mienne tout le soin possible, que j’aye revu le texte sur quatre manuscrits, et que par une étude suivie du style de Pausanias et des auteurs qu’il a imités, je sois parvenu à expliquer un grand nombre de passages qu’on n’avait pas com- pris, et à en corriger beaucoup d’autres qui n’of- fraient aucun sens, je n’oserois me flatter d’avoir mieux réussi que lui; mais quelques talens que je Jui reconnoisse , j'ose annoncer que ma traduction aura un grand avantage sur la sienne, c’est qu’elle Pausanias. | 23 sera accompagnée des notes de mon sayant ami, le €. Visconti, professeur d’antiquités au Musée central des arts, et célebre, dans toute l’Europe , par ses ouvrages sur cette branche de l’érudition. On sait que Pausanias est l’un des auteurs qui présentent le plus de difficultés ; son style , qui est une mauvaise imitation de celui de Thucydide , est si concis , que non-seulement ses traducteurs, mais même des savans du premier ordre lui ont fait dire quelquefois le contraire de ce qu’il vouloit dire. Quant au fonds, il a décrit la Grèce dans la sup- position qu’elle resteroit à peu près dans l’état où elle étoit de son temps; et, en conséquence, il s’est contenté d'indiquer la plupart des objets ; et, quand il les décrit, il le fait d’une manière si succincte et si obscure , que quelques-unes de ses descriptions, telles que celles du coffre de Cypsélus , du trône d’Apollon-Amycléen , du temple et de la statue de Jupiter-Olympien , et des deux tableaux de Poly- gnote , qu’on voyoit à Delphes, ont donné lieu à des dissertations assez étendues. Il faut donc suppléer à son silence et éclaircir ses descriptions, en rassem- blant dans les auteurs anciens et dans les voyageurs les détails qu’il a négligés. Au défaut des livres, il falloit recourir aux inscriptions, aux médailles, aux pierres gravées, et à tout ce qui nous reste de l’an- tiquité figurée ; et c’est de ce dernier travail que le C. Visconti a bien voulu se charger ; ce qui don- nera à ma traduction un tel avantage sur toutes celles qui ont paru, en quelque langue que ce ‘soit, que je me féliciterois de l’avoir entreprise, lors même que B 4 24 | Littérature grecque. son succès ne répondroit pas à mon attente et aux peines que je me suis données. Le C. Babié du Bocage, connu avantageusement par différentes cartes, et surtout par celles du 7oyage d’Anacharsis, s’est chargé des cartes, des plans et de toute la partie géographique , pour laquelle il .a déja rassemblé beaucoup de matériaux. Vous voyez, mon cher ami, que j’ai eu le talent de me procurer d’excellens collaborateurs ; j'ai tâché de me rendre digne d’eux, en apportant tout le soin possible aux parties dont je restois chargé. Il falloit ‘commencer par établir le texte : celui de Pausanias a été très-négligé. La première édition donnée en 1516 par À. Manuce, est remplie de fautes; les deux traducteurs latins Romulus - Amasœus et Abrah.- Lœscherus en ont corrigé quelques-unes , mais en ont laissé un bien plus grand nombre. Le . premier qui ait travaillé sur cet auteur avec succès, a été Frédéric Sylburge qui, dans son édition impri- mée à Francfort en 1583, et réimprimée à Hanaw en 1613, a, sans le secours d’aucun manuscrit, cor- rigé en beaucoup d’endroits, le texte et la traduc- tion de Romulus - Amasœus. Kuhnius, qui a pris soin de l’édition donnée à Leipsick en 1696, s’excuse lui-même, dans sa préface, de ce qu’il a fait si peu de chose pour cet auteur, en nous apprenant que ce n’est que par occasion qu’il s’est chargé de ce travail, et qu'il n’a eu le temps, ni de méditer ses notes, ni de consulter les manuscrits. Ces notes ce- pendant: renferment un très-grand nombre de cor- rections et d’explications ingénieuses, et nous de- Pausanias. 25 vons regretter qu'il n'ait pas eu plus de temps à donner à un travail qu’il étoit si bien en état de faire. Je ne sais si M.J.-Fr. Facius a la même excuse à donner que Kuhnius, mais son travail me paroît fait avec beaucoup de précipitation ; il n’a pas rassemblé avec soin les conjectures quiavaient été faites sur le texte de Pausanias depuis Kuhnius, il n’a pas même extrait fidellement les notes de ce dernier. Cependant, à en juger par quelqus-unes de ces conjectures, il étoit en état de bien faire, ce qui me fait croire qu’il a été pressé par les li- brairés, malheur commun à presque tous les édi- teurs d'Allemagne. Il a fait usage des variantes de deux manuscrits , l’un de Vienne, l’autre de Mos- cow. Son édition a paru à Leipsick en 1794. Vous voyez d’après cela, que nous n’avons pas encore use bonne édition de Pausanias ; j’ai donc été obligé de m'occuper du texte. J’ai fait usage pour cela de quatre manuscrits de la Bibliothéque nationale, cotés : 1399, fol. 1400, 1410 et 1411, 4.° de quel- ques extraits contenus dans le manuscrit 1409, dont Sevin ayoit déja fait connoître l’utilité dans le tome 14, in-4.° , de l'Histoire de l’Académie des inscrip- tions et belles-lettres , et enfin des notes manuscrites d'Henri de Valois, que mon savant ami le C. d’Ansse de Villoison avoit copiées dans la Bibliothéque publique d'Orléans , et qu’il a eu la bonté de me communiquer. Le manuscrit coté 1400 ne contient que la description de l'Attique, les trois autres sont complets; mais ils sont tous les quatre assez modernes , ét on y trouye les mêmes lacunes et les x 26 Littérature grecque. mêmes fautes que dans les imprimés , et dans les deux manuscrits dont M. Facius s’est servi. J’ai donc souvent été forcé de recourir aux conjectures pour rétablir des passages qui n’offroient aucun sens ; et je vais en rapporter quelques-unes, pour que lessayans puisse juger de mon travail. L.’1, ce. 3, édit. de Kuhnius, p. 10, Tobé ds beoobtrus typaÿe Npaloytrns Kabyios" ’OXGiddns dE KaAiTr , ds ‘Abmalous ès Orpuomines Hyule, QuAdkoyqus Tv ës Tuv EMéda laholür icon. Il est évident que ce passage est corrompu'; les traducteurs ont éludé la difficulté, en traduisant : O/biades , fils de ce Callippus , qui com- manda les Athéniens , lorsqu'ils allèrent aux Ther- mopyles, pour s’opposer à l'ivruption des Gaulois dans la Grèce. Mais ce n’est point ce que Pausanias dit : il semble au contraire attribuer ce sommandement à Olbiades , fils de Callippus ; re qui est contraire à Phistoire, comme nous le verrons 1. 10, c, 20, où cette expédition est racontée plus en détail. Je trouve dans les quatre manuscrits que j’ai consultés OaGréd»s dEKaæMraves Abmværus ; dans le manuscrit r417, onain- séré après coup # entre Kæ%wro et os. Il manque abs0- lument dans les autres. Je crois donc qu’il faut lire: roùs dE Deouoléres ypade Ilpaloyévns Kavysos' ’OnGiadys di Kémmo , de, x r. À. 3 C’est - à - dire, Protogènes de Caune y a peint les législateurs , et Olbiades y a peint Callippus , qui command les Athéniens , lorsqu'ils al- lèrent aux Thermopyles , pour s'opposer à l'irruption des Gaulois dans la Grèce. Je w’ai trouvé le nom de ce peintre nulle part; mais il n’est pas le pre- imier qu’on ne trouve nommé que par un seul auteur, Pausanias. 27 L.z,c. 11, p. 26 et 27. éplapos dt diabus ts Ty ’Agiav, Apsioy duvaolebayle ty Tÿ Teubpaviæ leives proyopeu déralé a mepi ras éprñs" ngf Th mé ro dvouu tdont To ir Gn dloÿ, xgj "Avdpouéyns ( nxanouS es yap) dv 4 vÜv ésuv pp@ov à rÿ mon, Tous les éditeurs ont vu que ce pas- sage étoit corrompu ; je ne rapporterai pas leurs conjectures, ni celle de M. Jacobs, qui me paroîé forcée. Je lis, avec très-peu de changement , 70 vs 7m àv}oÙ , dv 44) "Avdpounns ( nnonoëles ap où ) 494 vüy ésuv Apoov à 7% méau , et je traduis le passage ainsi : Per- gaïnus élant passé en Asie, voulut s'établir dans la Teuthranie , et étant convenu avec Arius , qui en étoié roi, de s’en rapporter au sort des armes , il le tu& en combat singulier, Il donna à la ville son nom, -gwelle porte encore maintenant ; et l’on y voit son 1ombeau ainsi que celui d'Andromaqgue , car elle l'avoit SUV, L.r,c.26,p. 63. En parlant de Callimaque, qui avoit fait la lampe qui brüloit devant la statue de Minerve-Poliade, Pausanias dit : o dt Kana payes Toy Adgvoy mouiras émodtoy rüv apérToy às duThy ThY TÉCYIVs Curuw roQiæ mévrar tas purs Gole 44 Nilaus pores irpérict, xui ovoua thé xaxiCoTex vor , à Oepcéyoy d Roy Laésnrey iQ avr. Les «manuscrits varient beaucoup sur le mot xæxbortver. Les manuscrits 1410 et 1411 portent xalely£irsgrer ; le manuscrit 1400 , xelsé6rere; le manuscrit 1399 est le seu] où l’on trouve la lecon ordinaire. Vitruve dit qu’on le surnomma catatechnos ; enfin, Pline ,1.34, c. 8, lui donne le nom de cacizotechnos ; en sui- vant quelques manuscrits , cacotexitechnos, Il paroît difficile , d’après cela, de décider quelle est la véri- 28 Littérature grecque. table lecon, et d'autant plus que ces auteurs ne sont pas d’accord sur la cause pour laquelle on lui donna ce surnom. Vitruve, en effet, dit que ce fut à cause de l’élégance et de la délicatesse avec laquelle il travailloit le marbre: Tunc Callimachus qui propter elegantiam et subiilitatem artis marmoreæ , catale- chnos fuerat nominatus. I] ne faut pas croire que le mot calatechnos, qu’on voit ici, soit une faute de copiste, comme l'ont cru Fr. Junius, dans son ou- vrage sur la peinture, et le dernier éditeur de Pau- sanias. Ce mot se trouve dans Plutarque de Profectw in virtule sentiendo, t. 6, p. 294, édit. de Reiïske, pour exprimer une chose faite avec beaucoup d’art, On le trouve aussi dans la vie de Périclès, t. Tr, p- 288. Ce surnom est donc un éloge suivant Vitruve; et il n’étoit pas le seul à admirer Callimaque, car Denys d’'Halicarnasse , après avoir comparé l'élo- quence d’Isocrate aux ouvrages de. Phidias, com- pare celle de Lysias aux ouvrages de Calamis et de Callimaque, Tûs Aunlerilos twxa nai ris papilos. Ob subtilitatem et elegantiam ; ee qui répond absolument à l’idée de Vitruve. Pline, au contraire , dit qu’on lui donna le surnom de cacizotechnos , mot à mot: qui trouve toujours à redire à son ouvrage ; qui n’en est jamais content, parce qu’il ne mettoit aucun terme à son travail, et gâtoit ses ouvrages, à force de vouloir les perfectionner, Voici ses termes : Ex omnibus autem , maximè cognomine insignis est Cal- limachus semper calumniator sui, nec finem habens diligentiæ , ob id cacizotechnos appellatus , memo- rabili exemplo adhibendi curæ modum. Hujus suné PPS D PNR TS. Se UN NI RIT 0 STI TRE Dur à Pausanias. 29 saltantes Lacæne , emendatum opus , sed in quo gra- tiam omnem diligentia abstulerit. Après avoir parlé de différens sculpteurs , Pline ajoute : De 1ous ceux- là , le plus célèbre , par son surnom , fut Callima- que , qui n’étoit jamais content de ce qu’il Jfaisoit , et qui ne mettoit aucun terme à son travail ; on le sur- nomma, à cause de cela , cacizotechnos; et il estun exemple frappant du danger qu’il y a à mettre trop de soin à ce qu'on fait. On a de lui des Danseuses Lacédemoniennes, ouvrage très-correct, mais à qui il a Ôté toute la grace à force de travail. Xl est évident; par-là , que ce sont deux surnoms absolument diffé rens, donnés tous des deux au même artiste, dont l'un est une louange, et l’autre une espèce de re- proche. Il s’agit maintenant de savoir lequel des deux doit trouver place dans le texte de Pausanias. D’après les leçons que j’ai trouvées dans trois ma- nuscrits, et d’après ce qu’ajoute Pausanias, qu’il se donna lui-même ce surnom , ou qu’il ladopta , ce qu'il n’auroit pas fait, si on avoit pu le prendre en mauvaise part , je crois qu'il faut lire xelélevor. L. 3, c. 18, p. 254. Pausanias, apres avoir parlé d’Ainetus, vainqueur aux jeux olympiques, ajoute: Tourou Te Guy oriy tixy | met Teimodts pans. raùs di éppauolepss d'éna ed mpos Msosmious mohtus Quris éve. Tous les tra- ducteurs ont entendu ce passage comme s'il s’a- gissoit de dix trépieds , plus anciens que la guerre de Messéne. MM. Heyne ct Facius ont bien vu que le texte étoit corrompu , et ils ont proposé di- verses conjectures que , pour abréger , je ne rapporte pas ici; on voit, par la suite du discours, que ces 30 Littérature grecque. trépieds très-anciens n’étoient qu’au nombre de trois, et, par la description qu’il en donne, que ces tré pieds étoient les mêmes que ceux dont il parlel,4, ©. 14, comme ayant été dédiés par les Lacédémo- niens , du produit du butin fait sur les Messéniens, Il faut donc lire ici; Tos dt éprænlépous dexdryy où mpos Mecsmious moXtus Qariy ever ; C’est - à- dire , On y voit une statue ( d’Ainetus ) et des 1répieds de bronze ; les plus anciens avoient été faits, à ce que l’on dit, de la dime du butin fait dans la guerre contre les Mes- Séniens. Liv. 3, c. 16, p. 248. Pausanias parle d’un autel dédié à Lathria et à Anaxandra, épouses des fils d’A- ristodème. Il dit qu’elles étoient sœurs jumelles , filles de Thersandre, fils d'Agamidide, roi des Clées- tonæens , et descendant, à la quatrième génération? de Ctésippus ; fils d’Hercule, Jul aépes dŸ aœuy O:prardrs rod Afaudide , Racinsboÿlos peer KAessavaia, rélépou de émoyoyan Krnoia ou r0% HpæxAtous. I] faut d’abord , avec Sylburge, lire ’Ayeundidu ; mais que ferons-nous de ces Clées- tonæens, peuple inconnu à Kuhnius, à Facius, et à tous les Géographes? Il est évident que ce nom est corrompu ; pour le corriger , il faut que j’entre dans quelques détails. Nous trouvons dans Apollo- dore, l.2,c.7, . 8, deux Ctésippus, tous les deux fils d'Hercule, dont l’un étoit né de Déjanire , et l'autre d'Astydamie, fille d’Amyntor. Cet Amyntor éloit roi d’'Orménium, comme le dit Apollodore, ibidem , $. 7. Je ne sais si cette ville étoit la même qu’Eléones dont Strabon, 1.9, p. 670, dit que Ja situation étoit inconnue de son temps; mais il est Pausanias. 35 certain qu’elle étoit dans les Etats d’Amyntor. En effet, Homère, Iliade, liv. 10, v. 266, parlant, du casque que Mérione préta à Ulysse pour aller, avec Diomède, reconnoître le camp des Troyens , dit qu’Autolycus avoit enlevé ce casque dans la ville d’Eléone , à Amyn- tor , fils d'Orménus. Th fé mel i& "Eatävos *Agaurropes ’Opuerioue Eféaer Aulchuxos. Il n’y a donc pas de doute qu’il ne faille lire dans : le texte de Pausanias : Baosnetoÿlos pty "EAcaraiar. L.10, c. 17, p.837. Pausanias fait une digression sur l’île de Sardaigne , et sur les différentes colonies qui vinrent s’y établir. [1 dit que, quelque temps après Parrivée des Lybiens dans cette île , Aristée re pouvant se consoler du malheureux accident d’Actéon son fils, avoit abandonné la Grèce, et étoit venu s’y établir. Il ajoute : & dE x99 Auidunoy érodpares Imixadra, mo dixs dix ar Emiclpoleiar Tor Kpnloy, xef dmoixius Ës Ty Zapdÿ pileryër ré ‘Apuolege vopigours. Ces deux mots 21 Ze noffrent aucun sens , aussi M. Facius propose- t-il de retrancher le 2; mais je suis surpris qu’il ne lui soit pas venu dans l’idéé de lire Kepizov. Ca- micus étoit, suivant Strabonet Etienne de Bizance, la ville où résidoit Cocalus qui donna une retraite à Dédale lorsqu'il fut obligé de s’enfuir de l’ile de Crète, Minos vint avec une armée de Crélois pour le redemander à Cocalus, comme on peut le voir dans Hérodote, }, 7, $. 170, et dans Diodore de Sicile , 1. 4, $. 79. Ce fut donc de cette ville que 32 Littérature grecque. Dédale s'enfuit , lorsqu'il sut que les Crétois venoient à sa poursuite. Ïl y a si peu de différence entre x#i axe et Kapiro , que je crois cette correction de la dernière évidence. Je pourrois multiplier ces observations ; mais, outre que les bornes de ce journal ne me le per- mettent pas, ce petit nombre suflit, à ce que je crois, pour donner ‘une idée de mon travail à ceux qui veulent bien s’y intéresser. Je ne donne ici que des observations critiques, mais je ne me suis point borné à cela ; je n’ai rien négligé de ce qui pouvoit contribuer à éclaircir Pausanias, et j'ai lu, à cet effet , tous les auteurs dans lesquels j’espérois trou- ver quelque éclaircissement. Enfin, ce qui donnera à mon travail un nouveau prix, c’est que vous m’a- vez promis, si vos oecupations vous le permettent, de l’enrichir des observations que pourroient vous sugoérer l’habitude que vous avez depuis votre en- fance de la langue grecque , et la sagacité avec laquelle vous découvrez les fautes des copistes. CLAVIER. GÉOGRAPHIE. Gui O,GRuASP, HE. TE oriental Geography of Ebn-Haukal, an Arabian Traveller of the tenth century tränslated from a manuscript in his own possession , collated with one preserved in the Library of Eton College, by sir Willia Ous£zEr. Knt. LL. D. London. 1800. 4.° LA GÉOGRAPHIE orientale d’'Ebn-Haukal, voyageur arabe du X siécle, traduite par sir W. OUSELEF, sur un manuscrit à lui appartenant, collationné sur un autre manuscrit de la bibliotheque du Collége d'Eton. Londres. 1800, 1n-4.° IF y a déja longtemps que nous avons pris l’enga- gement de faire connoître aux lecteurs du Magasin Encyclopédique | Va Géographie orientale d'EBN- HauxAL, dont M. Ouseley a enrichi la littérature, il y a environ deux ans : l’importance même de cet ouvrage servira d’excuse au retard que nous avons apporté à la publication de cette notice, pour laquelle nous avons cru dévoir faire quelques recherchés exactes, Lés pérsonnes qui savént combien nous som- mes pauvres en fait d'ouvrages de géographie composés par les Orientaux , ne seront pas étonnées de l'intérêt que celui-ci nous a inspiré. Le savant de Guignes avoit entrepris de remédier, dû moins en partie, à Zome FI. C 34 = Géographie: cette disette , et nous lui devons les extraits des ous vrages de Bakouï et d’Ebn-alwardi, qui se trouvent dans le tome II. des notices et extraits des manus- crits de la Bibliothéque nationale. Il avoit aussi lu dans les séances du comité, chargé de faire connoître les manuscrits de la Bibliothéque nationale , une no- tice fort étendue d’un autre manuscrit arabe , an- noncé dans le catalogue imprimé, quoique à tort, comme le grand ouvrage d’Edrisi, dont le Géographe de Nubie n’est qu'un abrégé ; mais cette notice, qui doit faire partie des manuscrits précieux de notre ancien confrère, n’a point vu le jour. On ne peut s'empêcher de regretter que le public soit privé si longtemps de ce travail, et l’usage que M. J. M. Hartmann a fait des précédentes notices d'ouvrages géographiques données par M. de Guignes, est bien propre à en faire sentir Pimportance et l’utilité. En donnant ce témoignage de notreestime pour lessavans trayaux d’un ancien confrère dont l’amitié nous a honorés , et dont le souvenir est profondément gravé dans notre cœur , nous nous permettrons néanmoins d'observer que ces sortes de notices laissent toujours beaucoup à desirer, et que, par rapport surtout aux ouvrages géographiques des Orientaux, qui sont en petit-nombre et en général fort succincts , et non pas aussi détaillés qu’on pourroit le desirer , il seroit à souhaiter qu’on les publiât en entier , soit en original, ce qui seroit toujours infiniment préférable, soit en traduction (r). C’est ce dernier parti qu’a choisi M. (1) Ontne-me soupconnera pas sans doute de vouloir diminuer, par ces observations , le mérite d'untgenre de-travail auquel j'ai concouru, e& Émtftanbe dictée" mîtr Ebn- Haukal. 35 Ouseley, et l'ouvrage , dont il nous a enrichis, est, avec celui d’Abow’lféda, et l’abrégé d’Edrisi , les seuls ouvrages géographiques des Arabes que l’on ait pu- bliés en entier jusqu’à ce jour (2). L’époque à laquelle appartient l’ouvrage dont nous parlons, et le nom que je n’ai point abandonné sans retour. Mais ma propre expérience m'a appris que ces notices, bonnes pour des manuscrits dont il ne s’agit que de faire connoître l’objet et d'indiquer le plus ou moîns d’u- tilité aux savans qui pourroient avoir intérêt de les consulter, sont ex- trêmement insuflisantes pour des ouvrages de la nature de ceux dont je parle. D'un autre côté, je crois que l’on diminueroit beaucoup l'utilité générale du recueil des notices, si l’on se contentoit d’y insérer un morceau pris au hasard déns un ouvrage manuscrit , sans donner du moins un apercu succinct du contenu de l'ouvrage , du plan de l’auteur, de la manière dont il l’a exécuté, des différentes matières qu'il em- brasse , du degré d'exactitude qu’il annonce, des sources où il a puisé, de la confiance qu'il mérite, etc. En un mot, je voudrois que l’on fit d’abord , autant que possible, une notice générale plus ou moins éten- due , suivant le mérite de l’ouvrage qu’on veut faire connoître , et que les extraits bien choisis servissent à mettre les’savans à portée d’appré- cier le jugement qu’on aurdit cru devoir en porter. Ce but ne me paroit qu'imparfaitement rempli jusqu’à présent, et je regrette moi-même de m'en être quelquefois écarté dans les notices que j’ai publiées. (2) J'aurois presque pu dire Les seuls ouvrages géographiques des Orientaux, dans le sens que l’on donne ordinairement à ce dernier mot : il ne faut pas cependant oublier la Géographie arménienne de Moyse de Chorène, qui se trouve à la suite de son histoire d’Ar- ménie, publiée par les frères Whiston, et la Géographie turque pu- bliée à Constantinople, sous le titre de Gihan-numa, dont on pour- roit tirer grand parti pour la géographie de l'Asie et de la partie de l’Europe soumise aux Turcs, comme le prouve l'usage qu’en ont fait Otter et le savant géographe d’Anville. L'ouvrage du Rabin Abraham Péritsol, publié par Th. Hyde, est plus important par les notes de ce savant éditeur , que par son mérite intrinsèque , et d'ailleurs il ne peut pas être considéré comme appartenant à la classe des traités de géo- graphie des Orientaux, + C 2 \ cé \ 36 _ Géographie. d'Ebn-Haukal , sous lequel il est publié , ne peuvent manquer de le faire rechercher. Nous croyons donc qu’on nous saura gré des détails dans lesquels nous entrerons , et de létendue que nous nous proposons de donner à cet extrait. La préface du traducteur, qui occupe 32 pages, nous fait connoître les manuscrits dont M. Ouseley s’est servi, et les raisons qui l’ont déterminé à at- tribuer cet ouvrage à Ebn-Haukal , dont il ne porte point le nom dans les manuscrits. On y trouve ensuite un résumé de ce que nous savons sur cet écrivain ,un aperçu de la marche générale de l’ou-. vrage , quelques observations sur le plan que le tra- ducteur a suivi daus son travail, et une indication des endroits les plus remarquables , qui peuvent don- ner une idée avantageuse du mérite de cette géo- graphie descriptive. Nous allons parcourir ces diffé- rens objets sans nous astreindre à suivre la marche de M. Ouseley. Nous devrions peut-être commencer par l’examen des motifs qui ont déterminé le traducteur à mettre cetouvrage sous le nom d'Ebn-Haukal ; mais, quoi- que cet examen ait été le premier objet de nos recher- ches, comme il nous a conduits à un résultat peu différent de celui de M. Ouseley, nous supposerons d’abord que cette description géographique est véri- tablement l’ouvrage d’'Ebn-Haukal , et nous commen- cerons par mettre sous les yeux des lecteurs, ce que nous savons de cet écrivain. Abou’lféda qui a faitun usage très-fréquent du tra- vail d'Ebn-Haukal , semble , si l’on ne consulte que NE Nm 1, TT LS. + Ebn-Haukal. 37, s la traduction de Reiïske, regarder notre auteur comme le premier qui ait donné , parmi les Arabes, une description détaillée de la terre, ou du moins des régions dans lesquelles avoit pénétré la religion mu- sulmaüe ; cependant ce n’est assurément pas la pensée de ce savant écrivain. Voici comment il s'exprime en rendant compte des motifs qui l’ont déterminé à entreprendre son Traité de Géographie, ou Kitab takwim alboldan. | « Ayant lu les livres composés jusqu'ici, qui {rai- « tent des diverses contrées de la terre, et de ses « différentes parties, comme sont les montagnes, « les mers, etc., je n’en ai trouvé aucun qui remplit « l’idée que j’avois conçue. Parmi les livres relatifs « à cettescience , que j'ai lus, celui d’Ebn - Haukal « est un ouvrage fort étendu , dans lequel l’auteur « a décrit très-amplement les pays dont il a parlé, « mais il n’a point déterminé l'orthographe et la pro- « nonciation des noms propres, ni indiqué les lon- « gitudes et les latitudes des lieux : delà il est ré- « sulté que l’on ignore le plus souvent le nom des « lieux , et leur position ; ignorance qui détruit en « grande partie Putilité du surplus. L'ouvrage du « schérif Edrisi des Routes et des Provinces, celui « d’Ebn-Khordadbeh, et les autres du même genre, « sont absolument dans le même cas que celui d'Ebn- « Haukal, leurs auteurs n'ayant ni déterminé la vé- « ritable prononciation des noms de lieux, ni indi- « qué les Jlongitudes et les latitudes, » Si l’on fait attention aux paroles d’Abou’lféda , on reconnoitra facilement qu’il ne semble donner ici la ) M | . Ca 38 Géographie: priorité à Ebn-Haukal , qu’à raison de l’étendue de son ouvrage, et non à raison de l’époque à laquelle il a été composé : en eflet , d’autres écrivains avant Ebn-Haukal, avoient donné des descriptions géo- graphiques sous le titre de Mésalik wémémalik, comme nous le verrons plus bas, et l’ouvrage d’Ebn- Khordadbeh, cité par Aboulféda , est vraisembla- blement antérieur à celui d’Ebn-Haukal. Il ne faut donc point se laisser induire en erreur par la traduc- tion de Peiske , où on lit : Zdem esto judicium de libro scharifi Edrisit. .\. item filii Khordadzebah et aliorum, qui omnes filii Haukalipresserunt vestigia (3). C’est cette traduction qui a trompé M. Ouseley, et Jui a fait dire, page 1 de sa préface , que nous ap prenons d’Abou’lféda, que le schérif Edrisi, Ebn- Khordadbeh , et beaucoup d’autres écrivains de grande réputation, n’ont fait dans leurs écrits que suivre les traces d’'Ebn-Haukal. Ebn-Haukal, ou comme on le nomme aussi Haukalr, paroît avoir porté le surnom d’ Abou’ /kasem. Du moins est-ce ainsi qu'il.est nommé dans le catalogue des manuscrits de la célèbre bibliothéque de l’université de Leyde (4). Mais Æbou’lkasem ne peut pas être le véritable nom de notre auteur : c’est un surnom quiindique seulement qu’il eut un fils nommé Kasem, comme celui d’Ebn-Haukal donne à connoître que (3) On sait que la traduction de la géographie d'Abou’lféda, par Reiske, se trouve dans le recueil de Büsching, intitulé Magazin für die neue Historie und Geographie, tom. IV et V. (4) Catalog. Biblioth. publ. Universir. Lugduno-Batavæ, p.478, n.°1704. Ebn - Haukal. 39 son pere ou son éränid père se nommoit Haukal. Son véritable nom nous est donc encore inconnu. Il lui est arrivé la même chose qu’à beaucoup d’autres écri- vains ou personnages célèbres dans l’histoire des Mu- sulmans, que l’on à désignés plus ordinairement par un de leurs surnoms , ou même par le lieu de leur naissance , d’où ilest résulté que leur nom propre est ou peu connu, ou même totalement ignoré. Nous aurions souhaité éclaircir ce point d’histoire littéraire , tant à cause de l'utilité qui résulte de ces recherches , que pour satisfaire au desir de M. Ouseley lui-même; mais nous n’avons pas été assez heureux pour y réussir, et toutes nos recherches à cet égard ont été inutiles. La bibliothéque de Hadji- Khalfa, ouvrage classique pour l’histoirelittéraire des écrivains arabes, persanset turcs, faitmention de l’ou- vrage d’Ebn-Haukal à l’article Mésalik wémémalik, mais d’une manieretres-succincte etnullement satisfai- sante. Ce bibliographe indique un assez grand nombre d'ouvrages écrits en arabe ou en persan', qui portent le même titte. Parmi ces ouvrages il nomme celui d’Ebn- Haukal , et dit quele célèbre Biographe Eba-Khilean a parlé de cet écrivain dans la‘ vie d’un docteur Scha- fé, nommé Carkhi, Il parle aussi d’un autre ouvrage qui porte le même titre, et dont l’auteur, nommé Abou’lobeïd Becri, doit être antérieur à Ebn-Haukal : car Hadji-Khalfa dit qu'Ebn-Haukal en a fait men- tion: On ne me saura pas mauvais gré de donner ici en abrégé cet article de Hadji-Khalfa. « Mésalik wémémalik: Description des routes et «des provinces, en persan, par Abou’lhasan Saïd. C4 49 Géographie. Er « ben-Ali Djordjani; autre par Abou’lkasem Ab- « dallah ben-Mordad Khorasani; autre par Abou- « Zeïid Ahmed ben-Sahel Balkhi : ce dernier a parlé « en détail des climats de la terre, et des contrées « musulmanes : autre, par Abou’labbas Ahmed ben- « Mohammed Sérakhsi, surnommé Tabib, c’est-à- « dire médecin, mort en 286. « Autre par Ali ben-lsa, écrite aussi en persan «_ et abrégée ; autres par Ali ben-Hosain Masoudi et « par Ebn-Haukal. Ebn-Khilcan fait mention de ce «“ dernier dans la vie de Carkhi Schaféi « Autre par Abowlobeïd Becri : Nawawi et Ebn- Haukal en font mention : c’est un ouvrage dans lequel on trouve une description très-détaillée des « pays, mais la prononciatiomet l'orthographe des « noms propres de lieux n’y sont point déterminées. « Autre par Abou-Abdallah Djihani, vizir d’un « émir du Khorasan : cet homme , qui étoit bien ins- « truit dans la philosophie et l’astronomie , rassem- « bla des étrangers et prit d’eux des informations « qui y conduisoient ; son intention en cela étoit w d’en faciliter la conquête. Il divisa la terre en 7 « climats, etattribua un de ces climats à chacune des «“ planètes; mais il ne donne ni la division des can- « tons, ni la description des villes. L’auteur du livre, « Ahsen altaka$im (5) (Schems-eddin Abou-Abdailah Mokaddési) qui parle de cet ouvrage, dit aussi : (5) Le titre entier de cet ouvrage est : Ahsen alrakasim fi mar rifat alakalim. ÿ *# ” « sur les divers paysg leurs revenus, et les routes : D en fs ÉD DR OR haben oc. ot ECTS COR Réal LÉ 2 SC Ebn - Haukal. 4 quant à Ebn-alfakih Hamadani (6) , il n’a parlé que des grandes villes ; il a négligé la description « topographique par cantons, et la partie historique: « il a aussi inséré dans son ouvrage beaucoup de « choses déplacées : tantôt il prêche le renoncement “ au monde, tantôt il en vante les douceurs : iciil « pleure, làil rit. Les ouvrages de Hafedh et d'Ebn- « Khordadbeh sont très-abrégés et de peu d’utilité. « Autre par Abdallah ben-Khordadbeh, Dans cet « ouvrage l’auteur indique la distance qu’il y a de tel « lieu à tel autre: il dit ce que produisent de revenus « au fisc l’Irak et autres provinces : mais C’est-là « une chose sujette à beaucoup de variations, et qui « diminue ou augmente , suivant les circonstances “ plus ou moins favorables. | « Autre par Marakeschi. Ebn-alwardi en fait « mention etc. » . Par ce passage de Hadji-Khalfa, on voit qu'Ebn- Haukal avoit été devancé dans ce genre de travail par Abouw’labbas Ahmed ben-Mohammed Sérakhsi, et par Abou’lobeïd Becri, dont le premier a , sui- vant toute apparence, écrit en persan , et le second en arabe. Ebn - Khordadbeh qui, selon d’Herbe- lot, est mort vers l’an 300, et dont Masoudi fait une mention expresse dans la préface du Moroudj aldhé- heb écrite en 336 étoit, suivant toute apparence, antérieur à Ebn-Haukal. ” (6) Je pense que cet auteur est celui qu'Abou’lféda cite sous le nom d’Abou-Becr Ahmed ben-Mohammed ben-alfakih, Descr. Arab. apud Geogr. vet. script. gr. min. p. 5. 42 Géographie. J’ai cherché dans les vies des hommes illustres d'Ebn-Khilkan, celle de Carkhi dans laquelle , sui- vant Hadji-Khalfa , il doit être fait mention d’'Ebn- Haukal , et pour me guider dans cette recherche, le surnom de Carkhi étant insuffisant, j’ai eu re- cours au 7ubakat alschaféïya, ou Recueil des vies des docteurs de la secte de Schafé. J’ai trouvé, tant dans ce dernier ouvrage que dans Hadji-Khalfa, deux ou trois docteurs qui ont porté le surnom de Carkhi , tels que Æbou’/kasem Mansour ben-Omar ben- Ali Carkhi , mort en 444 et auteur du Kitab algonia Ji forou alschaféïya ; Mobarek ben-Mobarek Abi-Taleb Carkhi, et enfin Æbouw’lhasan Mohammed ben - 4b- dalmélic Carkhi, mort en 532 et auteur du Dhéraïa Ji alschéraïa ; mais cela ne m’a point conduit à trouver l'article que’ je cherchois dans Ebn-Khilcan, soit que Hadji-Khalfa ait eu en vue un autre ouvrage de notre biographe , soit qu’il s’agisse d’un personnage différent de ceux que je viens de nommer. Cette der- nière suppositidn est dssez vraisemblable ; car comme il y avoit beaucoup de Schaféi à Carkh, faubourg de Bagdad, plusieurs docteurs de cette secte ont pu porter ce nom. Quoi qu'il en soit, je n’entre dans ces détails que pour mettre sur la voie d’autrès savans qui pourront suivre les mêmes recherches et peut-être avec plus de succès. J’ai encore consulté un manuscrit de la bibliothéque de l’Arsenal , qui contient le catalogue des livres de Ja grande mosquée du Caire ( Djami alazhar } et qui paroît avoir servi à Hadji-Khalfa pour la com- position de sa bibliographie. L'ouvrage d’Ebn-Haukal \ Ebn-Haukal. 43 y est indiqué ; mais on n’y trouve aucun autre détail que ce titre « Mésalik wémémalik, par Ebn-Haukal.» Abandonnant done ces recherches sur le nom et l’histoire d’Ebn-Haukal, j'ai essayé de fixer, d’une manière précise, le temps auquel il a écrit. La chose ne peut guère être incertaine, si on fait attention aux indications que donne cet écrivain. M. Ouseley observe , avec beaucoup de justesse, qu’il doit avoir écrit avant la fondation du Caire, puisque dans la partie de son ouvrage où il décrit l'Ægypte, il ne dit pas un mot de cette capitale , qui fut bâtie aussitôt après la conquête de l’Ægypte par Djawhar, général des troupes de Moëzz Khalife Fatémi, en l’année 358. Un autre synchronisme observé par M. Ouseley , est l’époque du règne d’Abdarrahman Kha- life d'Espagne, dela maison d'Ommia. L'auteur, par- Jant des Khalifes d’Espagne dit (p. 28. ):« Leurs « rois (il faut sans doute lire au singulier, Ze roi} « est aujourd’hui Abdarrahman Mohammed ben-Ab- « dallah ben-Mohammed Abdarrahman, » Quoiqu'il y ait quelque inexactitude dans ces noms, on ne peut douter qu'il ne soit ici question d’Abdarrahman sur- nommé VNaser-lidin-allah qui occupa le trône des Kha- lifes d’Espagne, depuis l’an de l’hégire 300 jusqu’en 350. Enfin M. Ouseley observe encore que notre au- teur rapporte une conversation qu’il dit avoir eue avec une personne qui avoit servi dans l’armée de Nasr ben- Ahmed, prince de la dynastie des Samani. Nasr, monté sur le trône en 3or, l’occupa jusqu’a sa mort, arrivé en 331. Ces observations prouvent bien, comme le dit M. Ouseley, qu’on ne peut assigner 44 Géographie. à la composition de.cet ouvrage une date plus récente que la premiere moitié du quatrième siécle de l'hégire, entre l’an 902et 968 de J. C. M. Ouseley auroit en- core pu observer que l’auteur, parlant des imposi- tions de la province de Perse, remarque que pré- cédemment jes boutiques, les jardins et les arbres ne payoient aucune contribution; mais qu’en l’an 302 (914 ), Ali, fils d’Isa, chargea ces propriétés d’une imposition ( p. 137 ); mais ces données laissant en- core quelque incertitude sur l'époque à laquelle a écrit Ebn-Haukal, on peut , ce me semble, la fixer d’une manière plus précise. Mabadia, ville d'Afrique , fondée en l’année 303» par Obeïdallah (qu’on nomme souvent, quoique mal-à-propos , 4bdallah) Mahdi, le premier des Khalifes Fatémi, existoit déja à l’époque à la- quelle écrivoit Ebn-Haukal , puisqu'il en parle en ces termes (p. 19): « Mahadïa est une petite ville, « bâtie par Abdallah , lorsqu'il fit la conquête du « Magreb : il la nomma ainsi de son proprenom, etc.» et qu'il ajoute à cela, en parlant de Kaïrowan (p.22) : « Cette ville étoit la capitale de toutes » les tribus du Magreb, jusqu’à l’époque de la chute « de leur empire, temps où elles furent attaquées « et subjuguées par Abou- Abdallah: Depuis ce “ temps, Abdallah (lisez Obeïdallah) demeura à « Kaïrowan jusqu’à ce qu’il bâtit Mahadia, ville « située sur la côte, et y transporta sa résidence. » Ailleurs, notre auteur parlant de Fès, capitale de cette partie du Magreb, que les Arabes nom- ment Sous-alaksa, dit (p. 21) que c’est dans cette Ebn-Haukal, 45 capitale que réside Yahya Fatémi ( c’est ici une faute de copiste , et il faut absolument substituer Edrisià Fatémi), «car, ajoute-t-il, Abdallah (lisez « Obeidalluh) Fatémi n’a point encore conquis cette « place. » Yahya, en qui finit la dynastie des Edri- si, étoit monté sur le trône en 293 (7). En 305, Fès, sa capitale, fut assiégée par le général d’O- beïdallah ; mais Yahya conjura l’orage, en consen- tant à reconnoître la suprématie du Khalife Fatémi. Le répit qu’il obtint par-là ne fut pas de longue durée ; et, en 307, suivant Abou’lféda (3), ou 309, suivant l’auteur du Kartas assaghir (a), le général des troupes d’Obeïdallah mit de nouveau le siége devant Fès, et s’empara de la personne même de Yahya. L'époque à laquelle écrivait Ebn-Haukal , devant être postérieure à la fondation de Mahadia , et an- térieure à la conquête de Fes par les armées du Khalife Fatémi tombe entre les années 303 et 309 de lhégire , 915 et 921 de notre ère. Je ne dois pas dissimuler que j’ai observé dans notre auteur un passage qui semble ne pouvoir s’accorder avec ce que je dis ici, et exiger que l’on avance de quelques années la composition de cet ouvrage. Parlant de Schatif( p.22), il dit que c’est une ville considérable et très- peuplée, entre Ta- bout (lisez Tahort ) et Kaïrowan : qu’elle est habi- (7) Voyez Geschichte der Mauritan. Kæœnige aus dem Arab. äbersetzet von Fr. von Dombay. t 1, p. 75 et suiv. (8) Annal. Mosl. t. IL, p. 556. (9) Geschichte der Maur. Kæn. t. I, p. 78. 46 Géographie. tée par une tribu de Berbers, nommée Kénama (lisez Kétama); et il ajoute: « Abdallah (lisez « Obéïdallah) les a subjugués , et Abou-Abdallah, « qui étoit un des serviteurs d’Abdallah, réside « parmi eux, et les gouverne. » Abou-Abdallah et Abow’labbas son frère, à qui Obéidallah devoit tous ses succès, n’avoient pas tardé à lui devenir suspects, dès qu’il s’étoit vu af- fermi dans sa nouvelle conquête ; et, craignant l’in- fluence très-puissante de ces deux hommes sur les Berbers, et surtout sur ceux de Kétama, il Les fit massacrer en l’année 296, selon Ebn-Athir , et en 208, suivant un autre auteur cité par Abou’lféda (10), avec lequel s’accorde Bibars Mansouri (11). Si l’ex- pression d’Ebn-Haukal étôit juste, il s’ensuivroit qu’il écrivoit avant l’an 298; mais, dans ce cas, il m’auroit pu parler de la fondation de Mahadia , dont on jeta les fondemens, comme le dit expressément Abou’lféda, dans le x1.° mois de l’an 303 (12). Il faut donc supposer , si la traduction est exacte , qu'Ebn- Haukal, qui vraisemblablement écrivoit en Asie, étoit mal informé de ce qui concernoit Abou-Ab- dallah; peut-être aussi Æbn-Haukal a-t-il mis par écrit, à différentes époques , les diverses parties qui composent cet ouvrage. (10) Annal. Mosl. t. IL, p. 520. (:1) Man. arab. de la Bibl. nat. n.° 668. Dans la notice manuscrite qui est jointe à ce volume, et dans le catalogue imprimé, cet écrivain est nommé Jahres au lieu de Bibars. C’est une faute qui a été ob- servée par D. Berthereau. Voy. Caal. cod. manuscr. Bibl, reg. t. A P- 170. _ (2) 4nnal. Mosl. t II, p. 528. ac ! Ebh-Haukal. . 47 Si Ebn-Haukal a écrit entre l’an 303 et l’an 209, il à pu parler du khalife d'Espagne Abdarrahman Naser-lidin-allah , dont l’accession au tfône est de J’an 300, et de Nasr ben: Ahmed , qui entra en pos- session de celui des Samani, en 3or. Mais l’ouvrage publié par M. Ouseley, et dont nous croyons avoir déterminé la date d’une manière assez précise , est-il eFectivement , comme nous l’a- vons supposé jusqu'ici avec M. Ouseley, celui qui a Ebn-Haukal pour auteur ? Ce qui rend la discus- sion de cette question absolument indispensable , c’est qu'Ebn-Haukal a écrit en arabe, et que l’ou- vragetraduit par M. Ouseley est en persan ; et que d’ailleurs ni le manuscrit du savant traducteur, ni celui du collége d’Eton ne portent le nom de l’aus . teur. Le titre de louvrage n’est pas une raison ‘suflisante pour Pattribuer à EBn-Haukal : car il y a, ainsi que l’observe M. Ouseley , un grand nombre de” traités de géographie, qui portent le même titre ; et Hadji-Khalfa , dans le passage que nous avons rapporté , en indique environ une douzaine ; composés par différens.auteurs, tant en arabe qu’en persan. Voyons donc quels sont les motifs qui ont engagé M. Ouseley à attribuer ce traité à Ebn- Haukal , ce qui n’est point indifférent , vu la grande autorité de cet écrivain, qui paroît avoir vu lui- même les lieux dont il parle. Ebn-Haukal a été fréquemment cité, comme nous avons déja observé, par les autres géographes ara- bes , et notamment par Abou’lféda. M. Ouseley, en comparant quelques-unes de ces citations avec le 48 Géographie. texte de son manuscrit, a cru avoir obtenu une preuve complète , que ce manuscrit contenoit effec- tivement l'ouvrage d'Ebn-Haukal , avec de légères différences cependant, qu’il croit devoir attribuer premièrement à ce que son texte n’est lui-même qu’une traduction de l’arabe en persan ; et, en second lieu , à la néoligence des copistes, et à l’extrême liberté que prennent ceux de l'Orient de retrancher ou d’ajouter, en transcrivant , ce que bon leur semble, à l’ouvrage qu'ils copient ( p. xvj ). M. Ouseley a mis sous les yeux de ses lecteurs quelques-unes des citations d’Ebn-Haukal, qui se trou- vent dans la description dela Khorasmie et du Ma- waralnahr d’Abou’lféda (13), afin qu’en les comparant avec les passages correspondans de la Géographie orientale , ils pussent en reconnoître par eux-mêmes l'identité. Nous avons répété cettecomparaison en l'é- tendant sur unbien plus grand nombre de textes de tou- tes le$ parties de la Géographie d’Abou’lféda , et en nous servant du texte manuscrit de cetauteur, etnous avons observé, dans le plus grand nombre, une exacte conformité. Il en est beaucoup néanmoins où le texte de la Géographie orientale de M. Ouseley ne Contient qu’une partie de ce qu’Abou’lféda a tiré d'Ebn-Haukal , d’autres, où les deux textes sont en contradictions, quelques-uns même qui ne se trou- vent point du tout dans la Géographie orientale. Noùs sommes demeurés pleinement convaincus, (13) Voy. Chorasmiæ et Mawaralnahræ descriptio ex cabälis Abuifedæ , publié à Londres en 1650, par J. Greaves. après PR De Ebn-Haukal. 49 après cet examen sérieux et impartial , que le ma- nuscrit persan, traduit par M. Ouseley , est plutôt un abrégé qu’une traduction exacte de l’ouvrage d’Ebn - Haukal ; peut-être, même le traducteur persan a-t-il quelquefois corrigé son texte, soit d’après d’autres écrivains, soit d’après ses connois- sances personnelles. Nous croyons qu’il l'a surtout considérablement abrégé dans ce qui concerne l’Es- pagne , le Magreb , l’Ægypte, la Syrie et l’Asie- Mineure | pays qui offroient moins d’intérét pour le traducteur persan et les lecteurs pour lesquels il tra- vailloit, que tout ce qui appartenoït à l’ancien em- pire d’Iran.. Nous allons développer les preuves de cette opi- nion, et nous citerons pour l’établir un petit nombre d'exemples. Mais avant d’entrer dans l’exposé de nos preuves, nous devons prévenir nos lecteurs que nous serons très-souvent obligés de corriger, par conjecture, les noms propres de lieux de la Géographie orientale. IL est peu de noms , même les plus universellement connus , qui n’y soient altérés au point d’être ab- solument méconnoissables pour les lecteurs qui , n’é- tant pas initiés dans la lecture des manuscrits per- sans, ne peuvent se faire une idée des équivoques auxquelles donne lieu la forme du caractère arabe en général, et particulièrement celle du Taalik. Sans la liberté que nous prenons à cet égard, SL seroit impossible de nous rendre ‘intelligibles. Qui pourroit deviner, par exemple, que Tahout, La- -hout , Zeif, Moakem , Khouf, Kiasa , Tiberthah, Tome FI, D 50 Géographie. Aztarsous , Selmisa, Gherahelm , Shebirz, Menje ; Jéran, doivent être lus et prononcés Tahort , La- houn, Rif, Mokatiam , Hauf, Abbasa, Tabariya, Antarsous, Salamiya, Awasem, Schaizour, Manbedj , Harran ; que Houman est le nom arabe des deux plus grandes pyramides Haramanti ; que Sertaïer, nom d’une constellation , doit étrelu Nesr -1air , etc. ? Nous sommes bien éloignés d’attribuer ces erreurs à M. Ouseley : illes a aperçues comme nous , et il en a même relevé quelques-unes dans une note de sa pré- face ( p. xxix ); mais il s’est fait une loi de conserver exactement , dans les noms propres, l’orthographe de l'original , quelque vicieuse qu’elle fût, et lors même que le même nom se trouvoit écrit différem- ment en divers endroits, et d’une manière évi- demment corrompue. Cette altération des noms pro- pres vient de ce que, comme l'observe Abou’lféda, Ebn-Haukal a négligé d’en fixer l'orthographe et la prononciation ; mais elle est poussée, dans cet ou- vrage, à un point incroyable; et nous pensons que M. Ouseley auroit dû, pour rendre sa traduction vrai- ment utile, rectifier en note ou entre des [ ] les fautes palpables , toutes les fois qu’il n’y avoit pas lieu à craindre de se tromper. Faute de ce secours, bien peu de personnes pourront user, sans danger, de cet ouvrage important. Revenons à notre sujet. En disant que ia Géographie orientale est plutôt un abrégé qu’une traduction exacte de l’ouvrage d’Ebn-Haukal, nous pourrions nous contenter, pour établir la vérité de cette assertion , de la déclara- tion formelle du traducteur persan. Qu'on fasse seu- Ebn-Haukal. 51 lement attention aux premières lignes qui forment l'introduction. « “« Au nom du Dieu clément et miséricordieux. Louange à Dieu, etc. Voici ce que dit l’auteur de cet ouvrage : Mon dessein , en composant ce livre, a été de décrire les différens climats et les diverses contrées de la terre, où s’étend la reli- gion musulmane , et de faire connoître les divi- sions de chacune d’elles , de telle manière que je fisse mention de toutes les places remarquables, qui appartiennent à chaque pays, de ses limites, de-tous les territoires qui y sont compris, de leurs subdivisions, des villes, des montagnes, des ri- vicres, des lacs et des déserts. « Comme tous ces détails particuliers'nous ont paru prolixes et peu nécessaires, on les trouvera resserrés ici dans un plus petit espace... Dans ce volume donc, qui est intitulé Des Routes et des Provinces , notre plan est de représenter sur des cartes, les différentes mers qui environnent le conti- vent , les îles, tant habitées que désertes, chaque climat et chaque contrée de la terre , indiquant cha- que lieu par son nom , afin qu’on puisse le recon- noître sur la carte. Nous nous bornerons aux pays qui sont le siége de l’islamisme, et la demeure des vrais croyans. » Ce début prouve, ce me semble, que l’ouvraïe persan, traduit par M. Ouseley, n’est qu’un abrésé d’un ouvrage plus étendu ; et le traducteur o 1 plutôt l’abréviateur nous paroît établir une distinction pré- cise entre lui et l'auteur original. La même chose Dr 22 Géographie. nous semble résulter non moins clairement d’un grand nombre d'endroits dans lesquels l’abrévia- teur, voulant conserver les propres expressions de son auteur, avertit qu’il ne fait que le copier, en seservant de cette formule: l’auteur de ce livre dit. Ainsi on lit (p. 3) après un espace blanc où doit être une mappemonde : « L'auteur de cet ouvrage nous apprend que telle « est la forme de la terre, et de ses différentes parties , tant habitées qu’inbabitées. Nous l’avons « divisée en royaumes ou états mémalik, mot [arabe] « qui est équivalent au mot persan padischaha , et dont le singulier est mamleket. » P. 24, à l’occasion de la Méditerranée et de l’'ambre gris, on lit: « L'auteur de cet ouvrage “ dit: Dans le temps que j'étois en Syrie, sur la « côte de la mer de Roum, quelque chose fut jeté “ à terre par la mer, etc. » La même formule revient encore aux p. 234 et 235 , où se trouvent rapportés deux faits remar- quables , destinés à faire connoître l’extrême hos- pitalité des habitans du Mawaralnabr', et la popu- lation de cette province : « L'auteur dé cet ouvrage « dit: Un jour que je me trouvois dans le canton « de Sogd.... L'auteur de cet ouvrage ajoute : j'ai a oui dire à une personne qui accompagnoit Naser- « Ahmed ( lisez Nasr-ben- Ahmed ) dans la guerre contre Samarcande , etc. » Enfin , p. 254, dans un passage, dont le texte persan se trouve rapporté p. 287, on lit encore : « L'auteur de cet ouvrage dit : J’ai vu une porte “« à Samarcande, etc, » Ebn - Haukal, 53 Je n’ignore pas que les écrivains arabes emploient quelquefois cette formule en parlant d'eux-mêmes; mais cela n’a lieu ordmairement que quand ils ont compilé des extraits dedivers auteurs , ourapporté les opinions dequelques autres écrivains, et qu’ils veulent annoncer qu’ils vont exposer!leur propre opinion ou ce qu’ils ont reconnu par leur expérience personnelle, Le résultat de ces observations préliminaires est pleinement justifié par la comparaison des textes d’Ebn-Haukal cités par Abou’lféda, et des passages correspondans de la Géographie orientale. Je rappor- terai d’abord quelques-uns des passages en grand nombre où l’identité est parfaite ; et je comprendrai dans cette classe tous ceux où le texte persan est plus étendu que la citation d’Abow’lféda, parce que l’on est en droit de supposer que ce dernier écrivain a abrégé souvent à dessein les descriptions quelque- fois très-circonstanciées d'Ebn-Haukal. Je donnerai ensuite quelques exemplés ; 1.° de ceux où la citation d’Abou’lféda est plus complète que le texte de l’abré- viateur persan ; 2.° de ceux où il ya, entre les deux textes comparés des contradictions formelles. Enfin , j'indiquerai quelques endroits cités par Abou’lféda, qui ne se trouvent point du tout dans le texte persan, traduit par M. Ouseley. Büsching. 17. p. 216. Barka est , ut ait filius Haukali, urbs in solo plano, mediocris : circèm se habet nomum benè cultum : est in medi& Scenitide, The Or. Geogr. p. 19. Barka bis a town of a middling size, neither great D 3 4 Géographie. nor small, with an improved and well-inhabited neighbourhood , all about which, on every side, is the desert wherein the Barbarians reside. B. IF. p. 216. Haukali filius ait Tuhortam esse urbem magnam , opimam , frugibus fertilem. The O..G. p. 19. Tahout ( lisez Tuhort )...is a large town, well- inhabited and supplied : the inhabitans practise agri- culiure , etc. B..1F.-p238, Ad Mesopotainiam quogue pertinet castellum (Hesn) Moslemah , sic dictum , ut ait filius Haukali , ab an- tiguo domino Moslamah filio Abdelmalek ; quod posteà nonnulli tenuerunt Ommiade. The O.,G. p. 60. This placeis called the bysn Moselamah. They say that it belonged to: Moselamah ben Abdalmulk. A branch of the Ommiades is settled there. B:.17..p.. 200. Basijan est urbs Churestanica (vel Chouzestanica ) ut ait Haukali filius, mediocris, ubi fluvius dividitur in duas partes. Abest ab Hesn Mahdiji duas dietas , quas inter ambas urbes commeatur per aquas ; pariter et ab Daurak ad Basijan ; facilior enim ea via quèam per continentem. | Pag. 248. Est inter illas urbes etiam Basijan | quam ait filius Haukali mediocrem esse urbem , quan mediam dirimat Jluvius , undè sint duæ diæetæ ad Hesn Mahdiji , super aquis eundo , uti et ad Basijan ab Daurak, Î Ebn - Haukal. 55 The O. G. p. 73. The places of Khuzistan are..... Hysn Mohdi, Basan (lisez Basiyan)...., Pag. 79. From ( Dourek ) to Sasan ( lisez Basiyan ) a plea- tant town, through which a river flows ; from Sasan (Basiyan) to Hysn Mohdi, is a journey of two merhi- leh ; from these two places one must go by water... and they go from Dourek to Basan ( Basiyan ) by water, it being much easier than going by land. B. 17. p. 254. Inter admirabilia Persiæ , pergit idem filius Hau- Kali , est mons ille in Curah Sabur situs > LL QUO regum cujusque imago dapidi conspicitur incisa | et cujusque Marzapani (seu satrapæ ) quem Persæ meritis noruné illustrem, et æditui cujusque 1gnis famä præclari. In oppido quodam Curæ Arragan , ait idem , cui nomen est Thabarijan , est puteus, quem dicunt tin- colæ se ponderibus demissis explorasse quidem , nun- guam tamen potuisse fundum attingere. Inde effluit quantitas aquæ lanta , queæ circumagat molam agrum- que pagi illius riget. Inter miracula Persiæ recenset filius Haukali , in Curah ( seu nomo ) Rustaki (seu præturcæ majoris ) Hendigan appellatæ , puteum inter duos montes, ex guo prodit fumus tam pestifer, ut nullé quisquam ra- 1ione possit ed accedere ; avis quæœcuinque supervolet, eam delapsam in puteum comburt. In ‘tractu Dadzin , ait idem , est fluvius aquæ dul. . cs, Nahr (seu fluvius) Achschin vulgd dictus, à D 4 36 Géographie. quo bibunt et rigant terram. Sed si vestes in eo las vent, protrahuntur illæ virides, Fides sil penès auto- rem Haukali filium. The 0. G. p. 129. In the territory of Shapour there is a mountain; and in that mountain are the statues of all the kings, and generals, and high priests (moubed) and illus- trious men, who have existed in Pars and in that place are some persons , who have representations of them, and the stories of them written. In the Koureh of Argan at the village called Sail al areb, there is a well, from which proceeds water enough to turn a mill and water the fields. The people here say, that they have made various efforts, to ascertain the depth of this well, but bave not been able to reach the bottom. . In the Koureh of Rostak arrostak, there is a place between two bills, from which smoke constantly issues : and it is saïd', that if a bird should fly near that place, it would drop down. Near Warein ( Dadein}thereis ariver, called Nehr- Cheen , the water of which is pleasant to the taste, and is used for the purposes of agriculture : but when clothes are washed in it, it becomes green. Descrip. Chorasm. p. 52. Osrushnah. Zbn-Haukal : Osrushnah nomen regionis .«quemadmodum et al Sogd : prœcipuu ejus pars mon- tosa est, Osrushnah ab ortu Farganæ, ab occasu li- mitibus Samarcandæ , à septentrione (terris) al Shash, et alié parte Farganæ , ab austro confinibus Kash et / Ebn- Haulal. 57 al Saganiyan terminatur, Multæ Osrushnah civitates commemorantur , quorum nomina , quod barbara sint, nec nobis verè tradita, omisimus, The Or. Geograph. p. 261. Setroushteh (lis. Osrushna) is the name of a tract or country like Soghd : there is not any city or village in this country that bears the name of Setroushteh (Osrushna). It is a mountainous region, bounded at the east by part of Farganab, on the west by the bor- ders of Samagkand , on the nord by Chaje : on the nord , it lies near Kish and Cheghanian, and Sheman and Dileshkird and Rast, The chief town of Setrou- shteh{Osrushna)is calledin thelanguage ofthat coun- try Boumhelket, and the districts of it are Aran, etc. Dans ce petit nombre de passages dont je me con- tenterai, on apercoit bien quelques légères différen- ces, qui peuvent tenir à l’inexactitude des copistes, ou à quelques erreurs dans la traduction. Ainsi, dans un des derniers passages , au lieu de it becomes green, je conjecture que M. Ouseley auroit dû dire they become green ; car l’auteur a certainement voulu faire entendre , comme le dit Abou’lféda , que les habits lavés dans cette eau étoient d’une couleur verte quand on les en retiroit. à Mais ces différences sont trop peu considérables pour faire méconnoître dans la Géographie orientale, l'ouvrage d’Ebn-Haukal, cité par Abow’lféda. Les exemples suivans offriront des différences plus remarquables, qui prouveront que le texte d’Ebn- Häukal, dont Abou’lféda faisoit usagé, étoit plus éten- du ; qu’on ne le trouve dans la Géographie orientale, 58 Géographie: Chorasmiæ et Mawaraln. descrip. p. 52. Esfijab. £bn-Haukal : Esfijab civitas magnitudine æqualis tertiæ parti Benkath arcem habuit , quæ nunc diruta : urbs et suburbia habitantur : illa duplici muro cingilur , hœc ambiuntur muro unius parasangæ : in suburbiis aquæ sunt , et horti in planicie scilicet : inter Rhœc et montes proximè vicinos intervallum est trium Parasangarum. The ©. G. p. 268. Senjat ( lisez Sfjab) is a town with a Kohendiz and citadel, the former now in ruins. The town is in a flourishing state : the inner part of which ex- tends for near a farsang. Near the citadel are gar- dens and running streams : from the town to the foot of the mountain is three farsang. The town bas four gates. There is a bazar both in the town and in the citadel. The mosque and the Governor’s palace, and the prison are situated in the inner town. Il n’est pas étonnant que la Géographie orientale contienne plusieurs détails que l’on ne trouve point dans Abou’lféda , qui les a sans doute omis à dessein ; mais il est à observer qu’on ne lit point ici dans l’abréviateur persan ces mots, oivitas magnitudine œqualis tertiæ parti Bencath, qui sont une manière d indiquer la grandeur relative des villes , fort ordi- paire à Ebn-Haukal. Il y a certainement erreur davs la traduction de M. Ouseley, et ce qu'il a traduit par citadel, et qui est vraisemblablement le mot rabaz dans l’ori- ginal , doit étre rendu par sxbhurbium. Cette faute se retrouve dans plusieurs autres endroits de la traduc- PP Ebn - Haukal. 59 tion de M. Ouseley , et notamment dans la descrip- tion de Bounket , p. 266, où on lit. Bounket..... has a Kohendiz without the city: but the walls of the town and of the Kohendiz are the same. There is a citadel with a wall, and another fortification outside that with gardens and palaces. The Kohendiz has two gates..... The town has a wall and three gates.... The citadel has ten gates on the inside, ....onthe other side , the citadel has seven gates, ”.. In the inner town is a small bazar but there are great bazars in the citadel. Toute cette description devient peu intelligible, et surtout choquante, par ces 17 portes de la ciua- delle , et ces grands bazars placés dans la citadelle, tandis que dans l’intérieur de la ville, il n’y a qu’un petit bazar ; mais on obtient un sens satisfaisant si on traduit Kohendiz par citadelle, comme il convient de le faire, et si aux mots a citadel, et another Jortification on substitue un faubourg entouré d’une muraille avec 17 portes et renfermant de grands bazars , et au-dehors de celui-là an autre faubourg rempli de jardins et de maisons de plaisance, et aussi entouré d’un mur. C’est ce qu’on lit effectivement dans Abou’lféda. Bencath emporium Alshash, cui castellum munitum et civitas ; castellum verd ejus est extrà civilatem , sed idem est murus civitatis et castelli. Civitas pomæ- Tium habet muro incinctum , extrà murum aliud est Pomærium ; horti quoque et œdificiw , et alius murus hœc circumambiens. (14) (14) Choras, er Aarraral, Descr. p. 50. 60 Géographie. B. 17.p. 194. Michael, Descrip. Æg. p. 12: Ebn-Haukal in descriptione Ægypti dicit , Gefar Pharaonum tempore frequentem fuisse urbibus aqu&- que divitem ; et de ea dicere Deum ( in Coran o ):ex- scidimus quod strucbat Pharao , populusque ejus cum e0 , quodque œdificabant , undè vult urbi Elarisch no- men Arisch, idest, œdificationis mansisse. The O..G.:p. 37. The Egyptians say that the land of Khefa or Khe- Fakar (1. Djefur ) was inhabited and cultivated in the time of Pharaoh. . Büsching. 17. p. 242. Propè Nisibin , ait filius Haukali , est mons Mare- dinæ , cujus verticem qui vult assequi, duas prope- modèm parasangas necesse habet scandere. In eo est arx fortissima , quam vi nemo subigat. In eodem sunt celebres serpentes de veneno ,-quod ciliès necare aiunt gum venenum aliorum serpentum. Sunt tandem etiam tbidem gemmaæ vitreæ. The O.G. p. 56. In the vicinity of Nisibin there is a mountain called Mardein, which from the bottom to the saummit, measures {wo farsang , and on it is another impre- gnable castle. This mountain produces crystal. B. 17. p- 263. Frequentes in ill& provinci@(Segestanä) sunt arenæ, ait filius Haukali, et palmæ : solum lene et planum est : nusquam 1bi montes comparent. Lenes ibi quoque et constantes venti, qui molas agitant, lidem venti Ebn-Haulkal. 61 arenas eæ uno loco in allerum transvolvunt. Quando nempè velint purgatum arenis aliquem locum habere , faciunt ibi sepem aut domunculam ex argill&, aut ali quâdam materie, cujus Jundum construunt in modum fornicis ; et instruunt foribus , per quas venti subeuntes alatum quasi pulverem procul disjiciunt. Et antiqua Segestanæ urbs erat Ram Schahrestan , sed ejus devastatæ in locum condita est deinceps Zaranga. Et Segestana est fertilis victu cætero , dactylis , uvis abuhdans : incolæ sunt cultu habituque nitidi. Muliüm laseris ( aut assæ fætidæ ) petitur ex deserta illo , tant& copié , ut plurimam partem victés eorum ho= minum efficiat. The O. G. p. 205. Some land in the vicinity of this city (Zarinje) is barren and sandy : the air is very warm. Here they have dates : there are no hills. In winter there is no snow : in general there is a wind , and they have windmilis accordingly. Between Kirman and Seiestan there are some con- siderable buildings, the remains, it is said, of the antient city called Ram Shehristan..... The city of Zarinje was built by men originally of this Ram Shehr. pag. 207. Segestan is a fertile and fine country : it produces dates in abundance. Most of the inhabitants are wealtby and opulent. \ Dans le passage d’Abou’lféda que je viens de rap- . porter en dernier, on pourroit douLer si la fin de la 62 | Géograplue. | description , depuis ces mots Æ/ antiqua Segestanæ urbs ; font partie de la citation-d’Ebn-Haukal ; néan- moins, en considérant attentivement le texte arabe, il me paroît certain que le tout appartient à Ebn- Haukal. Je dois observer qu’il y a ici dans la traduction de Reiske plusieurs inexactitudes, La première est dans cette phrase, quando nempè volunt , ete., dont le texte signifie à la lettre : « Quand il veulent dé- « placer le sable de quelque endroit, ils y font üne « espèce de muraille de bois ou autre matière, et “ pratiquent dans la partie la plus basse des fenêtres «“ et des portes: le vent entrant alors par ces portes « fait voler le sable et le jette bien loin de là. » La seconde se trouve dans la derniere partie de la des- cription. Si l’on en croit la traduction de Reiske, les habitans du Ségestan font leur principale nourriture de la plante dont la racine fournit cette gomme-résine connue sous le nom d’Assa fœtida. Kæmpfer (15) qui nous a donné une description très-curieuse de cette plante, nommée par les Arabes Andjoudan et Hiliit , et par les Persans Henghiseh , nous ap- prend que les Indiens en font souvent usage pour assaisonner leurs mets. Un voyageur François assure la même chose des Arabes de Moka (16), et ondit même que certains peuples de l’Asie l’appellent le ananger des Dieux. Mais cela ne nous autorise pas à croire qu'aucun peuple puisse faire sa nourriture (5) Kæmpf Acmoen exot. fase. III, obs. V,, p. 555 et suiv. (16) Voyage dans l'Inde et au Bengale, par L. de Grandprè. t, IT, p. 107. Ebn - Haukal. 63 principale et habituelle d’une drogue aussi forte que celle-là. Je crois aussi que ce n’est pas là ce qu’a voulu dire Abow’lféda, ou Ebn-Haukal. Letexte de ce passage me paroît signifier à Ja lettre : « Le Sé- «“ gestan est une province fertile, abondante en fro- «“ ment, en dates et en raisins. Les habitans ont un « extérieur de richesses et d’aisance : on tire des dé- serts du Ségestan une si grande quantité d’assa-fæœ- tida , que les habitans en font un usage presque « général dans tout ce qu’ils mangent (17). Je n’ajoute plus que deux exemples, dans les- quels, comme dans les précédens, le texte de la Géographie orientale est bien plus abrégé que celui d’Ebn-Haukal , cité par Abou’lféda. Büsching: V, p. 327. Tspahan... est, ut ait filius Haukali, extrema 1n montand regione versus austrum. Propriè sunt duæ urbes , ait, quarum una nomen habet Jahudija ( sew Judæorum urbis). Est Ispahan inter fertilissimas urbes et amplissimas. Habet fodinam tutiæ ( vel an- timonit, Jacet in eodem climate cum Fares (aut Persiä). Qui indè contendit ad Rajjum , procedit in orientem , non tamen line& rect@ , præleritque su& än vid primum Kaschan, deindè Kom. (17) On peut consulter sur la plante dont on tire l’asse-fætida com- parée avec le s//phium et le laserpitium des anciens, Saumaise dans £on traité De Homonym. hyles tatricæ, ch. 96, p. 144 et suiv., et ses observations sur la patrie du «Si/phium dansles Exercit. Plin. in Solin. p. 262; Is. Vossius ad Pompon. Mel. liv. 1, ch. 8; d'Her- belot, Bibl. or. aux mots Angiu et Ingiu, et M. Larcher dans ses s- . Vantes notes sur Hérodote, t. II, note (256). 64 Géographie. The. O. G. p. 169. Names of cities and towns in [rak agemi. Hama- dan....Spahan, Jehudistan....Ispahan is the most flourishing of all the cities in Kouhestan, and pos- sessés more riches than all the others places : and it is the pass between Kouhestan, and Pars and Khorassan and Khuzistan. The garments of silk and fine linen of this place are caried to all parts of the empire, as well as the fruits. P.tx78. Antimony is found at Ispahan. Idem ; p. 321. Plurima pars sic dictæ regionis montanæ, ut ait filius Haukali, alias vulgd Trakæ Persice appellaiæ con- sisiit è montibus , exceplo eo spalio , quod Hama- dunam et Rajjam et Kom intercedit : nam 1bi pau- ciores sunt montes. Si à Schahrzur ad limites Gabali velis evadere , procedis indè in orientem ad Hohvan, ab Hobhvan ad Ispahan. Indè ab Ispahan procedis super limite qui dirimit Persiam et Gabal ad Kas- chan et Kom. Tunc flectis ad Kaschan (18) et Schuh- Tewan: P. 172. Koubhistan is all a hilly country, except from Hamadan to Rey, or Kom where the hills are fewer, and less considerable, From Shehrzour to Hulwan, to Semireh , to Sirwan, to Lour, to the vicinity of 1s- pahan and the borders of Saber khast, and from that (18) Dans mon manuscrit on lit Kezwin. Ebn - Haukal. 65 in the direction of Kashan and Hamadan to Shehrzour (Shehraverd) and the borders of Azarbaïjan , it isall a mountainous country, and there is not any spot from which the hills may not be seen. On voit dans ces passages, que le même texte a été diversement abrécé par Abou’lféda et par l’é- crivain persan auquel nous devons Ja Géographie orientale , et qu’Abou’lféda a conservé quelques traits d'Ebn-Haukal , qui ont disparu sous la plume de l’abréviateur persan. La comparaison que j'ai faite d’un grand nombre de textes de ces deux auteurs, m'a aussi fait voir qu’ils se contredisent quelquefois formellement , con- tradictions qu’il ne faut peut-être attribuer qu’aux copistes. En voici quelques exémples : En décrivant la manière dont on recueille certaines vapeurs salives , qui s'élèvent de la terre dans une ca- verhe des montagnes de la Khorasmie, et quidéposent du sel ammoniac, Ebn-Haukal dit, suivant Abou’l- Féda , que cette vapeurtrès-dangereuse , quand elle est condensée artificiellement, ne fait aucun mal à ceux qui s’en approchent , quand on n’a point formé, au dessus du lieu d’où elle s'élève , une espèce de voûte pour lui servir de récipient. Sz rnullus fuerit Jornix , qui dilatationi vaporis impedimento-sit , ac- cedentem non lædit (19). Dans la Géographie orien- tale (p.264) , on lit : Zf4hey did not erect this house , the vapour would burn, and esaporate away ; ce qui est, non pas contraire, mais fort différent de ce (19) Chor. et Mawaral. Descr: p. 20. Tome VI, E 66 Géographie. que dit Abow’lféda, et qu’il cite d’Ebn-Haukal, En parlant de Bab-alabwab ou Derbend, Abou’l- féda dit que cette ville, située sur la mer Cas- pienne, dans le Tabaristan, est plus petite qu’Ar- débil; qu’elle produit beaucoup de grains, mais peu de fruits, et que ses habitans en tirent d’autres pays : et il ajoute qu’il parle en cet endroit d’après le témoignage d’Ebn-Haukal. Sic erat illo 1empore comparatum , quo scribebat hæc filius Haukali (20), Dans la Géographie orientale (p. 158), on retrouve cette description , mais avec cette différence qu’on y lit que cette ville est plus grande qu’Ardébil. This town of Derbend is situated ou the coast of the sea of Taberistan. Il is larger than Ardebil , with meany fields, and meadows , and culiivated lands. It does not produce much fruit : but the people supply that from other quarters. Au sujet des deux parties de la UN à nommées Haufet Rif, Abou’lféda dit que, suivant Ebn-Haukal , au dessous de Fostât, la partie située au nord du Nil se nomme Hauf, et celle qui est au midi du même fleuve, Rif (21). Dans la Géographie orientale (p. 36) on lit : « La partie à gauche du « Nil se nomme Khouf { Hauf). Là , sont Kiassa (Abhassa) Djirdjeir et Kakour (Fakous) (22). Le “ côté opposé, à la droite du fleuve , se nomme Zeïf « (RE). » (20) Pusching's Magagin.t. V, p. 307. (21) Abulf. Descr. AÆEg. ed. Michaelis, p. 4. (22) Lbn-Haukal avoit probablement écrit F'akoug ; mais le Kamoug écrit l'ahous, et dans un lat des territoires de l’AEgypte (Man. ar, Ebn - Haukal. 67 Ou l’auteur de la Géographie orientale a trans- posé mal-à-propos le nom de Hauf à la rive gau- che et celui de Rif à la rive droite , tandis qu'Ebn- Haukal avoit dit le contraire ; ou il faudroit sup- poser, ce qui est invraisemblable , qu'il auroit eu égard non au cours du fleuve, mais à la position d’un homme qui remontroit le Nil. En parlant de Hit, ville de la Mésopotamie, Abou’lféda dit que, suivant Ebn-Haukal , on y voit des restes du palais du khalife Aboulabbas Kaiïm (le premier des Abbasi), qui y faisoit sa de- meure (23). Mais suivant la Géographie orientale (p. 59), c’est d’Anbar qu'Ebn-Haukal a dit cela, Voici ce qu’on y lit: « Hit, sur la rive ouest de « PEuphrate, avec un fort château, est en face « de Tecrit. Tecrit est située sur la rive occiden- » tale du Tigre. Anbar est une ville d’une moyenne « grandeur. C’étoit-là que résidoit Abou’labbas « Kaïim-billah, et on y voit encore des restes de « son palais, » L'erreur est ici du côté d’Abow’lféda , ou peut- être faut-il Pattribuer aux copistes qui ont omis quelque chose : car il est certain que le premier khalife Abbasi demeuroit à Anbar (24). de la Bibl. nat. n.° 257, parmi ceux venus du Vatican ), je trouve entre les lieux de la province de Scharkieh, dont le Hauf fait partie, Fakous , Faran , etc, Fakous est la ville nommée Phacusa par les anciens. Voy. le Mémoire de d’Anville sur l'AEgypte , p. 107, et la position qu’il assigne à Phacusa , sur la carte de l’AEgypte ancienne. Mukrizi joint aussi Djirdjeir à Fakous. (25) Büsch. Mag.t. IV, p. 258. (24) Gol. annot. in Alfragan. p. 124. 68 Géographie: : Abou’lféda prétend qu’Ebn-Haukal a compris la ville de Rakka, dans la partie de la Mésopotamie, nommée Diar-Becr (25) ; et cependant dans la Géo- graphie orientale (p. 58), elle est comprise dans le canton de Diar-Modhar. Il ne me reste plus qu’à indiquer quelques pas- sages d'Ebn-Haukal cités par Abou’lféda, qui ne se trouvent point dans la Géographie orientale. Telle est 1.° la description détaillée du Sihoun ou fleuve de Schasch, qui se trouve dans les Prolé- gomènes d’Abou’lféda (26), et que je ne trouve point dans la Géographie orientale , quoique le cours des autres rivières de la Khorasmie et du Mawaral- nahr y soit décrit avec beaucoup de détails. 2.9 La courte description du fleuve Thab tirée d’Ebn-Haukal, qu’Abou’lféda rapporte aussi dans ses Prolégomènes (27). Dans la Géographie orientale, je ne trouve que le nom de ce fleuve ( p. 84). 3.9 Abou’lféda parlant de Ja partie du Magreb; qui porte le nom d’Ædwa , dit que Afrique propre- ment dite, doit aussi être comprise sous ce nom; si, comme le dit Ebn- Haukal, on passe aussi de Tunis en Espagne (28). Le nom de Tunis se trouve bien, quoique défiguré, dans la Géographie orien- tale (p.17), mais on y chercheroit inutilement cette observation. 4° Dans la description dela Mésopotamie, Abou’li (25) Büsch. Mag. t. IN, p. 240, (26) Ib. p. 170. (27) Ib. p. 171. (28) 46. p. 204. Ebn - Haukal. 69 Féda dit : « Daliya est, suivant Ebn- Haukal , une « petite ville sur la rive occidentale de PEuphrate, « où fut pris Abou-schama le chef des Karmates, “ qui avoit excité tant de troubles en Syrie. Elle est « située entre Rahaba et Ana. Il paroît par-là qu’elle « appartient au canton nommé Diar-Modhar (29). » Rien de tout cela , pas même le nom de Daliya ne se trouve dans la Géographie orientale. L’événe- ment dont il s’agit, arrivé en 29r, du temps d’Ebn- Haukal, est cependant assez important , pour croire qu’il n’a pas négligé d’en faire mention. 5.° Après avoir donné la description générale du Ségestan , Abou’lféda nomme, en premier lieu dans cette province, Rokkhadj ou Arrokkhad. Reiske a traduit ainsi cet endroit :« Rochchug, ut ait filius « Haukali, est provincia cum Segestan& cohærens , « multarum urbium , quas inter est Bangawan et « Rochchag (urbs). Admodüm est fertilis et dives , « et largitèr instructa rebus necessariis (30). » Mais c’est à tort que Reiske fait dire à Abou’lféda que, dans le canton d’Arrokkhad;, il y avoit une ville du même nom. Le texte de cet auteur doit être traduit ainsi : « Ebn-Haukal dit : « Au nombre des lieux « qui dépendent du Ségestan (ou qui sont limitro- « phes du Ségestan ) est Arrokkhad) : c’est un can- « ton où il y a plusieurs villes, et de ce nombreest « Nakhdjivan'( c’est ainsi qu’on lit dans mon ma- « nuscrit). Arrokkhadj est un canton extrêmement (29) Bäsch. Aag. t. IV, p. 246. (30) Zè. p. 263. E 3 70 Géographie, » fertile et abondant en toutes sortes de choses. » Ce passage d’Ebn-Haukal ne se trouve point dans la Géographie orientale , on y lit seulement ce qui suit ( p.207): « In the district ( of Sejestan ) called « Reheje (/isez Rokkhadj) they apply themselves ,« very much to farmin® and husbandry. In this dis- “ trict are the towns of Tel and Darghes, on the « banks of the Heirmend ; and Toghahiand Khilje, «and Kabul and Ghaur are of the colder climats, » . Je me reprocherois d’insister plus longtemps sur Ja comparaison que je viens de faire de la Géogra- phie orientale , avec les textes d'Ebn-Haukal, cités par Abou’lféda, Je crois que j’en aï mis”*assez sous Jes yeux des lecteurs , pour démontrer l'opinion que j'ai avancée par rapport à l’ouvrage publié par M. Ouseley , et qui sera encore confirmée dans la suite de cetextrait. Je terminerai donc cette discussion par un long passage d’Ebn-Haukal, cité par Makrizi, et qui ne se trouve point dans la Géographie orientale. Makrizi, dans le chapitre de sa description his- torique et topographique de lÆgypte, où il parle des pyramides, dit : « Voici ce que dit Ebn-Haukal, en décrivant « l’Ægpyte : Dans ce pays sont les deux pyramides : « iln’y a rien sur Ja terre, dans les contrées musul- « manes ni dans les pays infidelles, qu’on puisse « leur comparer : jamais on n’a rien fait et onne « fera jamais rien de semblable. Un des princes de « Ja maison d’Abbas ayant lu sur une de ces pyra- « mides cette inscription : Jar bâti ces édifices, si « quelque roi croit pouvoir se glorifier d'une grande Eën- Haukal. 7T “« puissance, qu’il les détruise : détruire est plus aisé gwédifier ; songea aux moyens de faire cela ( je pense que ce prince étoit Motasem ou Mamoun }; et il reconnut que le produit des impôts de l'Æ- gypte ne suffiroit pas à cette dépense, À cette époque, les impôts de ce pays, quoique établis et percus avec la plus exacte équité, et sans être le moins du monde à charge aux contribuables , produisoient 4,257,000 pieces d’or, quand Ja crue du Nil atteignoit 17 coudées 10 doigts, et cha- que faddan payoit deux pièces d’or. Ce prince renonca donc à son projet, et n’y songea plus. Dans le voisinage de Fostât, au couchant du. Nil, il y a un nombre considérable de grands édifices , répandus dans tout le Saïd, qu’on nomme pyramides ; maïs celles-ci ne ressemblent point aux deux qui sont en face de Fostât et à deux para- sanges de cette ville. Chacune de ces deux a 400 coudées de hauteur , et une largeur égale : elles sont bâties en pierres de caddhan (31) :1a longueur, la largeur et l’épaisseur de chaque pierre est de 8 à 10 coudées, plus ou moins, suivant que la construction et les règles de la géométrie l’ont exigé ; car, à mesure que ces pyramides s’élè- vent, elles vont en se rétrécissant ; en sorte que dans leur partie supérieure , elles n’offrent plus Gr) Ce mot signifie, suivant Diewhari et Firouzabadi, une espèce de pierre tendre qui ressemble presque à une motte de terre argileuse desséchée. La racine est caddha écrit par un double dhal, ce que je remarque, parce que ce mot, écrit souvent par un dal, a quelquefois arrêté les traducteurs. E 4 72 Géographie. « qu’une superficie suffisante pour placer un cha « meau agenouillé : les parois extérieures sont cou- “ vertes d'écriture grecque. Quelques gens ont di « que ce sont deux tombeaux; mais cela est faux : «“ ce qui a donné lieu à ceux qui les ont construi- « tes, de le faire, c’est qu’ils avoient prévu que le « déluge arriveroit, et qu’il feroit périr tout ce qui « se trouveroit sur Ja surface de la terre, à l’ex- « ception de ce qui seroit mis en sureté dans de « pareils bâtimens. Ils renfermèrent donc dans ces . pyramides leurs trésors et leurs richesses : ensuite “ arriva le déluge. Quand les eaux furent desséchées, « tout ce qui étoit dans les deux pyramides passa à « Bansar, fils de Misraïm, fils de Cham, fils de Noë. « Quelques rois, des siécles plus récens , en firent « Jeurs greniers (32). Au reste, Dieu seul est par- « faitement savant (33). » (52) Voyez ma dissertation sur le nom des pyramides , ‘ñsérée dans le Magasin Encyclop. VI.‘ année ,t, VI, p. 446. (55) J'ai dit, dans ma dissertation sur l'érymologie du nom des py+ ramides (p. 460), en parlant du passage de Josephe, relatif aux stèles ou colonnes érigées par Seth, qu’il me sembloit avoir lu dans un auteur arabe, qu’on avoit construit les pyramides les unes en pierres et les autres en briques, parce que l’on ignoroit si le déluge que l’on avoit prévu devoir arriver, seroit un déluge d'eau, on un déluge de Feu , et que l’on avoit pensé que les premières résisteroient mieux à l’action du feu , et les autres à la violence des eaux. Depuis l'impression de cette dissertation , j'ai retrouvé ce passage dans le Moroud;-atdhé- heb de Masoudi, et il a été cité par Makrizi, dans lequel je l’avois lu. Masoudi, parlant de la construction des Berba, et racontant les visions et les songes par lesquels les habitans de l’APgypte avoient été avertis du déluge, ou du moins d’un fléau qui devoit ravager la terre , ce qui les avoit engagés à construire les Berba pour sauver le souvenir ten Ebn-Haukal, 73 J'observe , en passant , sur ce texte d'Ebn-Haukal, que , suivant toute apparence , on n’avoit point en core découvert, à l’époque où il écrivoit, la chambre intérieure de la grande pyramide, dans laquelle se trouve le sarcophage. Autrement, il n’auroit pas, je pense, assuré aussi positivement que ces pyra= mides n’avoient jamais été destinées à servir de tom- beaux; ce qui est d'autant plus vraisemblable , qu’il rapporte ailleurs , sans doute d’après une tradition des gens du pays, que dans ces deux grandes pyra- mides il y a une excavation qu’on suppose avoir été destinée à la sépulture des anciens rois d’Ægypte. Ce témoignage, postérieur de quatre-vingts ans à celui de Denys de Telmahr, patriarche d’Antio- che, que j'ai rapporté ailleurs (34), semble fixer cette découverte à une époque plus récente que le commencement du 1V.° siécle de l’hégire. Je reviens à la préface de M. Ouseley : Ce sa- vant éditeur, après avoir fait observer les difficul- de leurs arts et de leurs sciences, dit: « Tls construisirent donc les ñ . Berba , etils y gravérent toutes leurs sciences , soit par des figures, « des simulacres, où de l'écriture : ils en construisirent de deux es- « pèces , les uns en argile et les autres en pierres ; et ils séparèrent « ceux qui étoient bâtis en argile de ceux qui étoient construits en « pierres, disant : Si ce déluge dont nous sommes menacés, est UE « déluge de feu, il convertira en pierres les édifices d'argile et de « terre , et ainsi les sciences se conserveront ; si c’est un déluge d’eau, « il détruira les édifices d'argile, et conservera ceux de pierre : enfin, n À si c’est un déluge d'épées, (une invasion ennemie) , ces deux sortes æ d’édifices, tant ceux de pierres qué ceux d’argile, seront conservés. « (Man. arab. de la Bibl. nat. n.° 598). » (34) Voyez ma dissertation sur le nom des pyramides, p. 497« vA Géographie. tés que présente 1 traduction des livres arabes et persans, quand les copistes omettent ou placent au hasard et sans discernement les points diacriti- ques dont l’usage est de distinguer l’une de l’autre diverses lettres qui ont d’ailleurs la même con- figuration , ajoute avec raison que cette diffi- culté est encore bien plus grande, quand l’omission ou la confusion de ces points tombent sur des noms propres. Un autre obstacle à vaincre dans l’usage des traités de géographie des Orientaux, c’est celui qui résulte de la manière, souvent un peu vague , dont ces écrivains évaluent les distances, et l’incertitude de la valeur des mesures , qui, sous le mémenom, équivalent , suivant Ja diversité des provinces, à une étendue plus ou moins grande. A cette occasion, M. Ouseley a réuni quelques renseignemens sur cet objet, tirés de divers auteurs, et notamment du Nozhat-alkoloub , ouvrage du Persan Hamdallah- Moustewfi, et du dictionnaire Burhan-katé. M. Ouseley a bien senti qu’un ouvrage tel que celui qu’il publioit pouvoit donner lieu à des re- cherches de plus d’un genre ; et il nous apprend qu’il s’'étoit proposé de joindre à sa traduction diffé- rentes dissertations sur les antiquités d’Istakhar (Persépolis ) , les diverses langues qu’on a parlées à différentes époques, dans la Perse ; le culte du feu , l'établissement des Juifs dans le pays de Khozar ; ’ les traditions orientales , relatives à Gog et Magog (Fadjoudÿ we Madjoudj ) , les pyramides d’Ægypte, et plusieurs objets d’histoire naturelle, Mais la ré- Ebn-17 aukal, 7à daction et l’impression de tous ces travaux, devant nécessairement doubler la dépense et retarder la pu- blication de l’ouvrage , il s’est déterminé à aban- donner cette partie de son plan , et à donner sa tra- duction telle qu’elle paroît ici. « J’ai cru, dit:l, “ devoir me contenter d'offrir au public la traduc- tion de l’ouvrage d’Ebn-Haukal, ne retenant du “ texte original que ce qui, aux yeux du géogra- «“ phe et du critique en est assurément le plus es- « sentiel, les noms propres de lieux , que j’ai donnés « dans leur propre caractère. J’ai suivi en cela lor- “ thographe de mon manuscrit avec une exactitude st « scrupuleuse, que l’on trouvera le même nom écrit « de différentes manières dans diverses pages , eË “= même avec une orthographe évidemment fautive. # J'ai observé dans de courtes notes quelques-uns des “_ passages les plus obscurs, et dont le sens est le plus « incertain, et j’ai essayé de les éclaircir dans l’ap- pendice, où on en trouvera plusieurs en original. » Onnepeut qu’applaudir à l'exactitude avec laquelle M. Ouseley s’est assujetti à suivre l’orthographe de son manuscrit ; mais comme nous l’ayons déja ob- servé, il auroit rendu un service important au plus grand nombre des lecteurs , si, Abou’lféda ou Edrisi à la main, il eût rectifié en note cette multitude de noms propres, le plus souvent absolument mécon- noissables, Quant à ces recherches sur les divers objets d’ar- chæologie, d'histoire et de sciences naturelles, dont l’auteur de cet ouvrage fait mention, nous obser- verons que l’on auroit tort d’exiger de quiconque 1. SR, Géographie: publie un traité de géographie, qu'il l’accompa= gnât de tout cet appareil d’érudition. De pareils ouvrages doivent être livrés, soit dans des traduc- tions fidelles , soit, s’il est possible , en original , aux gens de lettres, comme des matériaux, et non comme des recueils de dissertations ou des collec- tions académiques. M. Ouseley rend compte, en finissant sa préface ; des manuscrits sur lesquels il a fait sa traduction, Outre celui qui lui appartient , il aobtenu des mem- bres du collége d’Eton, toutes facilités pour faire usage d’un autre manuscrit qui appartient à ce collége. Un troisième manuscrit auroit peut-être levé quelques doutes, et rendu service au traduc- teur : Il paroît que M. Ouseley suppose que la capitale d'Angleterre pouvoit lui fournir encore cé secours ; mais que les propriétaires de ce manuscrit n’ont pas jugé à propos de se prêter à ses vues. IL ne nous dit pas si ce troisième manuscrit contient le texte arabe d'Ebn-Haukal, ou la même version persane abrégée, que luiont offert les deux autres sur lesquels il a travaillé. Je m’arrête ici : dans la continuation de cet ex- trait, je ferai connoître en détail l’ouvrage d’Ebn- Haukal. {La suite au prochain numéro ). S. DE S. VARIETÉS, NOUVELLES ET CORRESPON DANCE LITTÉRAIRES: NOUVELLES ÉTRANGÈRES, ILE-DE-FRANCE. Artistes. Quelques-uns des dessinateurs partis avec l’expédi- tion du capitaine Baudin , ont trouvé si agréable le séjour de Ile-de-France , où l'expédition a relâché, qu'ils y ont borné le voyage autour du Monde qu’ils avoient d’abord entrepris. ’état florissant de la Colonie, les richesses dont jouissent en général les habitans , ont mis ces artistes dans le cas d’y exercer avec fruits leurs talens, et avec d'autant plus d'avantages, que éloignement de l'Europe, privant cette île de la présence des hommes qui cultivent les arts, ils n’ont point eu de Concurrence à craindre. Il paroît que ces diverses considérations se sont réunies pour leur faire gagner beaucoup d’argent en peu de temps. L’un dieu a déja , du fruit de son travail, acquis une maison, des terres, des nègres , etc. 78 Nouvelles littéraires. CONSTANTINOPLE. Imprimerie turque. Dans l'imprimerie turque à Constantinople, qui y a existé depuis les deux dernières années, sous la protection du Sultan Selim, on imprime maintenant un Dictionnaire des langues turque , grecque , latine, française et persanne, en trois vol. in-folio. Déja on en a imprimé une centaine de feuilles. Il y a à Constantinople en outre deux imprimeries grecques sous l'inspection du patriarche Néophylus, mais on n’y imprime que des livres d'église. Ru: SW E: Géographie. Vingt officiers de l’état major, se rendent avec le colonel La Harpe de Pétersbourg en Esthonie, et un plus grand nombre avec le colonel Mestitzy en Volhinie , pour lever la carte de ces deux provinces. On croit qué cette opération durera trois ans. Economie. L'empereur de Russie a fait présent de six mille roubles au président de Ja Société d'économie de Pé= tersbourg, et conféré l’ordre de Sainte-Anne aux deux secrétaires permanens ; et à deux autres membres de cette Société.— Il a fait remettre à M. Heyman, officier de la poste impériale à Trieste, une bague enrichie de diamans , pour lui témoigner sa satis- faction, au sujet des cartes des postés d'Italie et IVouvelles littéraires: =. à d'Allemagne qu'il a publiées, et dont il a envoyé à S. M. des exemplaires imprimés sur soie, Académie de musique. L’académie de musique de Pétersbourg doit don- ner une médaille à M. Haydn, méritée par son cé- Jèbre Oratorio. Le graveur de la cour , le conseiller du collége Lebrecht, est chargé de l’exécuter. DANEMARCK. Publication de deux ouvrages. M. MunTER, professeur de théologie à l’uni- versité de Copenhague, vient de publier deux ou- vrages ; l’un renferme l’Historre des dogmes chrétiens pendant les trois premiers siécles. 1] y a prodigué beaucoup d’érudition; ce n’est pas de sa faute si les Saints-Pères ont eu des idées si confuses et des opi- nions si déraisonnables. L'autre ouvrage est plus intéressant, et contient PHistoire de la réformation en Danemark écrite avec autant de goût que de soin. M. MuztER, profes- seur en théologie à la même université, travaiile à la troisième partie de son Genius ævi T'heodosiani(1) qui paroîtra comme dissertation ; pour obtenir le grade de Docteur en théologie. Nouvelles écoles. Il vient d’être créé, à Copenhague , quatre nou- (1) Voyez l’article que nous avons inséré dans le Magasin Encycl. (Aunée IV, &, V, p. 230) sur la première partie de cet intéressant ouvrages Bo Nouvelles littéraires. velles écoles pour linstruction des élèves de la ma: rine. On y enseignera la construction des vaisseaux, l'artillerie de la marine, lamécaniqueetl’hydraulique, Littérature indienne. M. Fulsang , prédicateur danois à Tranquebar, et qui a passé nombre d’années dans l'Inde, a pris, pendant son séjour dans ce pays-là, une parfaite con- noissance de la littérature indienne et de la langue du Malabar ; ce savant est de retour depuis peu en Danemarck ; il y a apporté avec lui une grande quan- tité d'ouvrages très - importans, tels que différens ouvrages orientaux , imprimés à Calcutta, plusieurs manuscrits indiens , des dessins, portraits et statues. On a lieu d’espérer, en effet, que les recherches de Fulsang ne seront point infructueuses, et jette- ront un nouveau jour, principalement sur la mytho- logie. S U\E,D.E. Bibliothèque de ROSENSTEIN. Le roi de Suède a acheté la superbe bibliothéque du feu amiral Rosenstein, en a fait présent à l'aca- démie militaire. Elle a été payée 3000 rixdalers. Lectures. Un Français, nommé SIGNORET DE VILLIERS, . à ouvert, à Stockholm , un Lycée dramatique pour la lecture et la déclamation des meilleures pièces du théâtre français ; ce qu’il a déja exécuté à Londres et à Copenhague ; et, à cet effet, on lui a accordé la salle de l'opéra de la cour. PRUSSE, Nouvelles littéraires. &t PRrRUusSsSE. Académie de Berlin. — Galvanisme. Dans la derniere séance de l’Académie royale des sciences de Berlin, on s’est (comme à celle de l’In- stitut national de France, et presque le même jour } beaucoup occupé de galvanisme. M. le conseiller Herhard à fait l’épreuve que le nickel, en contact avec le zënck, produit le même effet que l’argent et Je cuivre: M. le conseiller Klaproth a donné quel- ques détails sur les essais galvaniques faits en grand par M. Van Marum, à Harlem, et sur ses contre- épreuves avec la grande machine à électriser de Teyler. Ces essais confirment la théorie de Volta , sur l’identité du galvanisme ayec la matière électri- guee Quatre Saisons d’'HAY DN. Le dimanche, 14 février, la chapelle royale de Berlin, sous la direction de M. Guilich, musicien de la chambre de S, M., a donné, au bénéfice des veuves et de la maison des orphelins, une pre- mière représentation des quatre Saisons de Thom- pson , mises en musique par le maître de chapelle Joseph HAYDN. Le public, qui s’étoit porté en foule à la salle de l'Opéra , pour entendre cette musique , a témoigné, par de vifs applaudissemens, combien il en avoit été satisfait. Voyages. La reconnoïissance et l'intérêt que nous prenons à la gloire de notre pays se joignent à la curio- Tome TL. F êz Nouvelles littéraires. sité pour nous engager à suivre dans leur course périlleuse ceux de nos compatriotes qui se sont dé- voués aux dangers et aux ennuis des voyages loin- tains, pour étendre la sphère des connoissances hu- maines. Dans ce nombre , se distingue surtout le conseiller supérieur des mines, 4/exandre de Hum- BOLDT , qui, avec une fortune médiocre et sans le secours d’aucun gouvernement , mais avec des con- noissances rares, avec un zele ardent pour les scien- ces, et avec un Courage à toute épreuve, s’est pro- posé de: faire le tour du globe pour recveillir des observations nouvelles sur la nature, et sur les hom- mes, sur la théèrie de la terre , sur l’astronomie, sur les positions géographiques, et sur les animaux, les plantes et les pierres. Après avoir parcouru déja une grande partie des déserts de l'Amérique méridio- nale , il vient de se mettre en route pour le Pérou, par terre, avec le dessein de revenir en Europe par les Indes orientales. Ses dernières lettres sont de Carthagène. Le trajet qu’il fit pour y arriver a été extrêmement dangereux. À près avoir débarqué sur les rives de Rio-Sinu, où il trouva une foule de crocodiles, et des Indiens de Darixa, qui se distinguent des Ca- xaibes qui les entourent , et par leur petitesse, et par leur embonpoint , et leur force, il essuya une tempête où son petit bâtiment fut surle point d’être renversé, et ne fut sauvé que parce qu’on parvint à couper à la hâte une voile , au moment où déja le pilote crioit que le gouvernail ne prenoit plus. On se re- tira derriere le cap Gigante, où , à peine échappé” à la mort, M. de Humboldt se fit débarquer pour » Nouvelles littéraires. 83 observer l’éclipse de lune qui a eu lieu du 29 au 30 mars, et qui a été totale dans ces contrées; mais quand il fut à une certaine distance de ses compa- gnons , il vit quelques nègres fugitifs se précipiter sur lui avec des poignards, et ce ne fut qu’avec beaucoup de peine qu’il paivint à leur échapper et à atteindre la chaloupe avant eux. Ce fut le di- manche des Rameaux , et precisément le même jour où, l’année passée, il avoit échappé à un danger non moins imminent, sur l'Orénoque , où, entouré de crocodiles, il voyoit le moment où sa petite bar- que alloit chavirer et le livrer à ces animaux vo- races. Un autre voyageur allemand, M. HORNEMANN, du pays d’Hanovre, parcourt l’Afrique, aux frais de l’association anglaise, pour la découverte de l’in- térieur de ce pays. Cette association vient de rece- voir la relation de son voyage, depuis le Caire jus- qu’à Siwa , au temple de Jupiter-Ammon et à Fezzan. On la traduit en ce moment en anglais, et elle doit _paroitre au printemps dans les memoires de l’asso- ciation. Un voyageur anglais, qui vient d’aller dans l’In- dostan , a vu sur les bords de la rivière Soviera le mausolée du fameux musicien mogol Tansein. IL est ombragé par un arbre d’une circonférence pro- digieuse ; les habitans des environs viennent en pé- lerinage sur sa tombe, et croient qu’en mâchant les feuilles de cet arbre , ils rendront leur voix plus sonore et plus flexible. On attend aussi le journal du voyage du colonek Fa 84 Nouvelles littéraires. MaLCOLMS, envoyé par le gouvernement anglais; auprès du Schach actuel de la Perse, Le nombre des voyageurs, dans les Indes orientales s’'augmente tous les jours. Déja les directeurs de la compagnie des Indes orientales ont spéculé sur cette curiosité, et ont haussé sur le prix du transport. En même temps Îles théologiens anglais ont cherché à tirer parti, pour leur science , des voyages de leurs com- patriotes dans le Levant ; et l’université de Cam- bridge a proposé un prix, pour faire éclaircir PEcriture sainte, par les relations les plus mo- dernes de la Palestine et des pays adjacens. AUTRICHE. Système du professeur GALL. Le docteur Gall, à qui il a été défendu à Vienne d'enseigner publiquement, prend pour base de ses observations , ou de ses conjectures , la conformation du crâne : plus le crâne est convexe et arqué , plus il prétend qu’il y a de capacité dans lindividu, et il cite , à appui , les crânes de plusieurs hommes cé- lebres. Cette.convexité se remarque en général chez tous les grands hommes; mais les beaux hommes dont la tête est ronde et d’une forme plus gracieuse, ont ordinairement peu d'esprit. Il croit pouvoir assi- gner aussi dans le cerveau la place de chacune des facultés de notre ame : c’est ainsi, par exemple, que Ja faculté d’observer se trouve établie dans le cerveau immédiatement derrière le front. Cet'endroit est très-arqué dans les enfans qui , comme on sait , \ Nouvelles littéraires. 85 se distinguent surtout par cette qualité. Tnsensible- ment cette convexité diminue et se change même en concavité, excepté chez les grands observateurs, et le docteur Gall en conclut que la liberté et l’usage peuvent faire subir beaucoup de changemens à cette Faculté de l’homme. 11 possède chez lui les crânes de personnages célèbres, entre autres ceux de Blumauer, d’Alxinger et de Wurmser. Dans le cerveau de celui- ci , il prétend avoir découvert l'organe du courage, qui a sa place à la distance d’un pouce , et au des- sus de Poreille. Les crânes des animaux lui ont aussi fourni d'importantes découvertes. Il à trouvé dans les crânes des oiseaux qui chantent, dans ceux des musiciens cèlèbres, et dans celui de Mozart surtout, l'organe musical. Enfin les renards et les chats lui ont offert, dans leurs cerveaux madrés , l’organe de la ruse, ainsi que les hommes qu’il avoit connus pour très - rusés.. La doctrine du docteur Gall est singulière et curieuse ; il ne s’agit pas d'examiner ici si elle est fondée, Académie Josephine. L'Académie Josephine impériale a conféré le titre d’associé étranger au C. PerCY, chirurgien major des armées de France ; et Sa Majesté l'Empereur ayant bien voulu confirmer cette nomination , le diplome, honoré de la signature deS, À. R. l’Archiduc Charles, doit incessamment être remis à la Légation fran- caise, Ce n’est pas le seul témoignage d’estime et de. cousidération que l'Allemagne ait donné au C. Percy F3 86 IVouvelles littéraires. depuis la guerre en ce pays, où il a déployé autant de talent que d'humanité. Déja S. A. l’Electeur de Bavière, lui avoit fait don, il y a quelques mois, d’une superbe boite d’or ornée de chiffres en diamans de leurs Altesies Electorales. Censure des livres à Vienne. On vient d’adopter à Vienne une nouvelle mesure relativement à la censure des Livres ; il sera placé dans les bureaux des Douanes, des comuissaires qui examineront les livres qui viendront de l’étranger, et feront transporter sur le champ au-delà des fron- tières Ceux qui sont prohibés. Ouvrages français défendus par la censure de Vienne, pendant les mois d’aoit et de septembre 1801. Adélaïde , petit ouvrage philosophique , politique et sentimental. Germinal an 1X ; ; Paris, in-8.° L’ Angleterre en 1800: 2 parties; Cologne et Paris, an IX, ABor AB-De Antipathies des go nombres ; par le C. GARDON ; Paris an 1X, 1801, in-8.° Aventures du chevalier d'Alvincourt ou Reiour du vice à la vertu; 2 tomes. Paris, 1801 , in-0.° Les Capucins ,ou le Secret du cabinet noir; par M. FAVEROLLE, 2 tom. Paris, 1601, in-6.° Boni: ou Recueil facélieux, par MARTAIN- VILLE. Paris, an 1x ,.in-12 Histoire politique et BhiloSophique de la Révolution de l'Amérique Septentrionale ; par les CC. 3. CHas et LE BRUüN. Paris, gr. in-8.° Œuvres badines de Robbé de Beauveset. 2 tomes; Londres, 1801, in-12. Voyage en Orient où Tableau fidelle des mœurs, INVouvelles littéraires. 85 4 ‘du commerce de toute espèce , des intrigues, des filou- teries , des amours particulières , des productions gé- nérales de différens peuples du Levant ; par M. 4. B.D.***, ; Paris, an 1X, in-8.° Alala ou les Habitans du désert ; parodie d’Atala, 2.° édition, au grand village, an 1X, in-72. La belle Alsacienne ou Telle mère, telle fille, 2 tom. Paris, 1801, in-r2. Les Amans du faubourg Saint-Marceau ; pax Dor- VIGNY , 4 tom. Paris, 18071, in-12. Fêtes et Courtisanes de la Grèce, supplément aux Voyages d’Anacharsis et d’Antenor, 4 tom. Paris, 1801, an 1X, in-8.° . Filosofia nata della necessita ; memorie curiose d'un Cortigiana. Genova, 1798, in-8.° Les Forces mystérieuses ou l’ Amour alchymiste ; par M. GuENARD de FAVEROLLE, 4 tom. Paris, an 1X, in-8.° Histoire de France depuis la révolution de 1789, écrite d’après les mémoires et manuscrits contem- porains ; par F. E. ToULONGEON, 2tom.an 1X, in-8.° Le petit Sancho , roman marotique ; par l’auteur du Manuel des Fous ; 2 tom. Paris, 1807 , in-12. Souvenirs du Roi d'Angleterre pendant.sa maladie , traduit sur la 13.° édition ; ouvrage dans lequel sont tracés les principaux événemens de son règne ; Paris, an IX, in-8.° Vie d'un Patriote de cœur et d’ame , exploits d'un vrai républicain guerrier. Pavis , añ 1X, in-8.° l'oyage moral et sentimental de Parist& Berne ; par P. GALLET, 2 tom. Paris, an IX, in-6.° Les ouvrages suivans sont défendus erga schedam , ou ne sont délivrés qué moyennant'une permission spéciale. Aneries révolutionnaires, ou Balourdisiäna behisiina, anecdotes de nos jours rec. et publiées par Cap... Paris , an 1X , in-12. Histoire élémentaire philosophique et politique de F4 88 Nouvelles littéraires. l'ancienne Grèce , depuis l’établissement des colonies ; par N.FouLON, 2 tom. Paris , an 1X, in-8.° Précis historique de La Révolution francaise, as- semblée législative ; par LACRETELLE jeune ; Paris, an IX , 10017, in-12. Santoliana, ou Recueil des aventures, anecdotes , bons mots , et plaisanteries de Santeuil, avec des notes et remarques ; par le C. C. D’AvaL; Paris, an1ix, in-72. Mon Siécle,ou Trois Satyres, suivi de notes his- toriques , critiques et littéraires; par Louis DAMIN ; Paris, an 1X, in-8.° Tableau historique, topographique et moral des peuples des quatre parties du monde ; par À. M. SANÉ, 2 tom. Paris, an 1x, in-8.° Théâtre de Marie-Joseph CHENIER , 2 tom. Paris, an 1X, 1001, in-12. Du Traité de Westphalie , et de celui de Campo- Formio , et de leur rapport avec le système politique des Puissances européennes et particulièrement de la France ; par l’auteur de la Théorie du pouvoir po- lirique ; Paris, an 1X, in-68.° : Vie privée , politique et militaire des Romains sous Augusteet sous Tibère , dans une suite de lettres d'un patricien à son ami, traduit de l’anglais ; Paris, an 1X, in-8.° Antoinette et Valmont ; par Mat. Car. ***, tra- ducteur des deux Erniles , 2 tom. Paris, 1801 , in-12. Encyclopediana, ou l’ Abeille de Montmartre; Paris, an IX, in-12.! Epitre à Jacques Delille ; par Pierre DARU; Paris, an1x, in-8.° Le Péruvien à Paris, ouvrage critique , historique et moral , 4 parties ; par Jos. Rosny ; Paris,an1ix, 1807 , in-8.° Poésies Fugitives ; par Armand CHARLEMAGNE; Paris, an 1X, in-12, | Le Spectateur du Nord; Juillet 1801, en Basse- Saxe, in-8.° Voyage en Espagne aux années 1797 et 1798 ; trad. C, F, CRAMER, 2 tom. Paris, an 1x, in-ÿ.° Nouvelles littéraires. 89 Académie des arts à Prague. On vient de fonder à Prague une nouvelle Académie des arts. La plupart des membres ont fourni d’ex- cellens tableaux et d’autres objets précieux et inté- ressans pour l’ornement des salles destinées à ses travaux. Le célèbre FUGER de Vienne va y envoyer un tableau qui représente Achille méditant la ven- geance de la mort de son ami Patrocle. AE LE MIA G NE. Invention relative au plain -chant. Le conseiller du consistoire à Minden , M. Hor- STIG , a fait une invention ingénieuse pour marquer Vair d’un plain-chant, ou autre cantique simple, sans y employer les notes ordinaires , méthode qui est surtout excellente pour les livres de cantiques ,etc.: au lieu de notes, il se sert de chiffres qui expriment aussi bien Pair que les notes ; savoir : 1 signifie tou- jours Le ton de la pièce , quel qu’il soit ; 2 la seconde, 3 la tierce, 4 la quarte, etc. : or, si la piece se joue en fa, le chiffre 1 signifie fu , 3 la , etc. J’en donnerai un exemple sur un air connu: Cœurs sensibles , cœurs fidelles, Qui blâmez l'amour léger, En voici la musique : NOT T St 4 #0 AN ES OTTEN MMA 745, 4):3r3 2 Si donc, par exemple , cette pièce se joue en so7, yous avez : Te SEE SO LS Ja Quél'ur. Set, 90 Nouvelles littéraires. Vous pouvez prendre tout autre ton, et il vous présentera toujours le même air. Les Adelphes de Térence e! le Ion d’Euripide, joués au théâtre de Weimar. Nous avons annoncé, en quelques mots, dans un de nos derniers numéros, que les Adelphes de Té- rence, traduits et arrangés pour le théâtre alle- _mand par M. Einsi£DEL ont été représentés sur celui de Weimar avec beaucoup de succès. Depuis ce temps , on y a aussi représenté le Zon d’'Euripide, traduit et arrangé par M. SCHLEGEL. Il étoit juste de réserver la première représenta- tion des Adelphes pour une fête particulière. Elle a eu lieu le 24 octobre , en l'honneur de la princesse, généralement aimée et estimée, à laquelle M Gœthe avoit consacré une scène de caractère , à l’occasion du commencement du siécle (1). Pour cette représenta- tion, on avoit peint une nouvelle décoration, dont l’habile disposition fit aisément reconnoître le maître auquel on la devoit. Les dessins avoient été faits par M. Gœthe lui-même, et la peinture exécutée par M. Heidloff. Le théâtre représentoit une rue de l’ancienne Athènes , avec quelques maisons qui avançoient. : On avoit surtout soigné les masques et le costume en général. Chacun de ces masques mériteroit bien une description détaillée , et peut-être qu’on en parlera aussi en temps et lieu, Nous nous bornerons ici à quelques généralités. (1) Voy. Magasin Encycl. Année VII, t, 11, p. 533. IVouvelles littéraires. CL On avoit établi avec raison, pour leur composition, le principe que , non-seulement la manière d'éclairer nos théâtres au moyen de lampes, tandis que les anciens jouoient en plein air et à la clarté du jour, mais aussi la proximité plus grande dans nos théâtres beaucoup plus étroits, ne permettoit pas d'adopter des masques entiers, tels qu’on les voit dans quel- ques manuscrits de Térence et sur plusieurs autres monumens. On décida donc de ne masquer que le front et le nez; selon que l’âge des acteurs l’exi- geoit, on leur appliquoit une barbe, ou bien un menton postiche et plus grand , tel étoit entre autres le masque de Syrus; les autres parties de la figure restoient à découvert. C’étoit aussi tout ce qu’il falloit pour rendre aux personnages ce caractère déterminé que leur avoit donné le poëte. Comme le reste du vêtement y étoit tout-à-fait conforme, et que l’érudition d’antiquaire y avoit été subor- donnée aux lois de ce qui est convenable, lPim- pression que les acteurs, costumés ainsi, produi- sirent sur le public, ne fut ni grotesque ni étrange. On étoit généralement persuadé qu’il falloit que cela füt ainsi; et , des la premiere scène, on con- cevoit , d’une manière plus claire qu’on ne l’au- roit fait à la suite de la plus savante discussion, que les anciens, en employant des masques , se proposoient et atteignoient un but beaucoup plus élevé que celui qu’on croit trouver communément dans la disposition de leurs théâtres. Micion , que M. Fohs joua d’une maniere vrai- ment noble , étoit vêtu d’un ample pallium , ce qui, 92 Nouvelles littéraires. joint à la noble physionomie de son masque, lui donnoié Vair d'un véritable Athénien. Les sourcils élevés et le teint basané du masque de Déméa, produisoient pour ce caractère rustique une vérité que tous les artifices de la toilette n’auroient pu lui donner. Un vieux pétase ou chapeau de voyageur propre à garantir des rayons: du soleil], étoit suspendu sur ses épaules, et indiquoit parfaitement bien qu’il arrivoit de la campagne. Les masques de Sannion et de Syrus étoient co- piés d’après des reliefs encore existans de la villa Albani, et les peintures d'Herculanum (1), d’une manière si frappante , qu’en les voyant , on se croyoit absolument transplanté dans l’antiquité. Sannion , comme entremetteur de prostitution, avoit le vête- ment rayé pour désigner son origine. Le rôle de Syrus fut joué par M. Becker avec le talent comique qui lui est tout-à-fait propre , et avec une vérité et une aisance au dessus de tout éloge. L’attitude de son corps penché en avant, sa démarche à petits pas, l’habitude de caresser son ventre bien nourri, et sur- tout la mine rusée et l’ouverture satyrique de la bouche , qui, dans les anciens masques nous paroît si semblable à une caricature , y formerent un ensemble singulier et parfait, et tous ceux à qui Syrus fit échap- per un sourire par ses nombreux lazzis, convinrent que son masque , qui donnoit à la partie inférieure de son visage une certaine rondeur et de l’embonpoint, contribuoit infiniment à donner plus de tenue et de vérité à ce rôle. Sa vue seule répandoit une cer- @) Peintures d'Herculanum, t. IV, pl. 55 et suiv. Nouvelles littéraires. CE taine gaieté et le.sentiment comique parmi les spec- tateurs, et toutes ses sorties étoient accompagnées de nombreux applaudissemens. Tel est le résultat du premier essai de la représen- tation d’une pièce de Térence avec des masques. L'auteur de la pièce, animé de l’amour le plus pur de Part, offre non-seulement à la communiquer, de Ja manière la plus désintéressée , aux entrepreneurs qui voudront s’adresser à lui; mais il s'engage même à Jeur faire exécuter des dessins coloriés des costumes de théâtre , parce que, sans de pareils dessins, 1l est à présumer que Ja pièce ne sauroit être représentée ailleurs. Il se pourroit même qu’il en donnât une édi- tion ornée de gravures coloriées, En tous cas, cette tentative prouve au moins la possibilité de la chose , et un commencement aussi heureux doit engager à faire de nouveaux essais. Que d’heureux résultats ne pro- mettent pas, à cet égard, les pièces de Plaute. Et pourquoi ne s’éleveroit-on pas jusqu’à Euripide et à Sophocle (2) pour faire voir, même dans le do- maine de Melpomène, Ja vérité de cette ancienne sentence : Multa renascentur quæ nunc cecidere , cadentque quæ nunc sunt in honore. Edition de Pliade. L'édition de }’Z/iade, par M. HEYNE, en 6 vol. paroîtra à la prochaine foire de Leipsick, Le 4.°° cahier des Monumens Homériques , publiés par M. TiscHBEIN , avec un texte rédigé par M. (2) On a vu, par le commencement de cet article, qu’un pareil essai a déja été fait sur l’Zon d'Euripide. 94 Nouvelles litiéraires. Heyne, a paru. On regrette que la traduction frans caise ne soit pas plus avancée. On n’en connoît , à Paris, que le premier cahier. Bibliothèque de Gotha. On avoit fait à M. Jacogs, savant helleniste, éditeur de Anthologie grecque , accompagnée d’un excellent commentaire, des propositions très-avan- tageuses pour passer à Kiel, université du Holstein, en qualité de professeur de littérature grecque. Le duc de Saxe-Gotha, pour l’engager à rester à Gotha, lui a conféré la place de bibliothécaire, et un sup- plément de traitement d’environ 2,400 fr. P'orw'p rRhErS Diverses publications. : On annonce à Londres une traduction anglaise du Voyage de l'abbé Bar:hélemy en Italie. Une tra- duction allemande est aussi sur le point de paroître. Le grand ouvrage contenant des figures d’ani- maux, dédié à S. M. le roi d'Angleterre, sur lequel on souscrit chez MM. Boydell, est attendu avec empressement. Il contiendra plus de deux cents por- traits peints d’après nature, des espèces les plus distinguées de bestiaux , de moutons, de chevaux, de cochons, de daims, etc. qui se trouvent main- tenant en Angleterre; avec des descriptions carac- téristiques de leur genre et des espèces, de leur usage, avantages, défauts, etc. La maison Boydell n’a rien épargné pour donner à cet ouvrage toute la perfection dont il est susceptible. Lord SOMERVILLE Nouvelles littéraires. où s’est chargé de la direction de l’ouvrage; M, Warp et les plus grands maîtres ont été chargés de faire les peintures ; M. LAWRENCE, dont on a plusieurs ouvrages sur l’Art vétérinaire et l’Agriculture, entre autres, le nouveau Calendrier des fermiers, rédigeræ les descriptions des bestiaux ; M. MooRckOFT, chi- rurgien-vétérinaire , celle des chevaux, etc. Le docteur D AR WIN s'occupe d’un nouveau poème intitulé le Temple de la nature. 1] sera divisé en deux parties , ainsi que son poème précédent , The Botanic Garden. La première partie est annoncée pour le printemps de cette année. Le professeur PORSON a publié à Cambridge la seconde édition de l’Hécube d’Euripide , avec un supplément à la préface et aux notes. L'auteur se propose de publier séparément ce supplément de la préface et les notes en faveur des possesseurs de la 1. édition. M. PINKERTON doit publier incessamment sa Géo- graphie moderne , avec une introduction astronomi- que du révérend S. Fincent. Elle sera accompagnée de quarante à cinquante cartes nouvellement dessi- nées , revues et corrigées par M. Arrowsmith. Sous le titre d’Ami des parens, on va publier sous peu un recueil des passages les plus importans sur éducation, tirés des ouvrages les plus estimes, depuis Montaigne jusqu'a présent, rangés sous dif- férens chapitres et par ordre chronologique. Ce recueil formera 2 vol in-8.° M. BEARDMAN , chirurgien- vétérinaire du 3.° régiment de dragons, va publier un Dictionnaire 95 Nouvelles Tittéraires. de Art vétérinaire , en deux volumes in-4.° , avec des gravures, sur l’astronomie. Misère splendide, par M.T.S. Sure , va paroître incessamment. La seconde partie de l’élégant ouvrage topogra- phique intitulé The Itinerant (V’Ambulant , le Voya- geur), va paroître incessamment. Lorsque cet ou- vrage sera achevé, il formera la collection la plus élégante et la plus complète de vues des royaumes unis. Elle fait honneur aux talens et à la persévé- rance de M. Walker, et renferme, dans un ouvrage portatif, une quantité de notices topographiques, et un recueil intéressant de gravures. M. EARNSHAW se propose de publier un volume de poésies , intitulé a Guirlande , ou Mélanges de poésies originales de sources respectables. On annonce |’ A4mi des femmes, traduit du fran- çais de BOUDIER DE VILLEMERT. LB dEuDeE, Le C. CAGNOLI, président de la Société ttalienne des sciences, au C. DELAMBRE É secrélaire de l’Institut national à Paris. Lyon, ce 35 pluviose an 10. Parmi les Sociétés savantes qui ont joui ou jouis- sent d’une renommée distinguée, il n’est peut-être personne qui puisse refuser une place à la Société italienne des sciences; mais sa naissance, sa com- position, sa manière d’agir, sont si singulières, qu'il se peut bien que peu de monde en ait une connoissante Nouvelles littéraires. 07 4 vonnoiïssance intime. C’est pourquot, me trouvant dans cette ville comme un des députés à la consulte extraordinaire cisalpine, je desire profiter de cette occasion pour donner à la France une idée succincte de l’origine , des procédés et des travaux de cette société. C’est à vous, mon très-cher et digne ami, que je crois devoir l’adresser particulièrement, par égard pour la place que vous occupez, en atten- dant aussi de votre ancienne amitié pour moi, qu’il vous plaise de la faire imprimer dans quelque jour- nal des plus répandus parmi les savans français. Il n’est pas difficile d’instituer une Société sa- vante dans une ville particulière, surtout si elle est” grande et bien peuplée. Ces sortes de Sociétés ne sont peut-être que trop multipliées. Mais il est ex- trémement difficile de faire, à cet égard, dans un vaste Etat, ce qui se feroit aisément dans chaque ville principale. Considérons toute l’Italie comme une ville; considérons quarante des savans italiens les plus distingués, épars dans l'étendue de cette péninsule ; considérons ces savans en action, de telle manière, qu’à l’exception de s’assembler, ils fassent par lettres, par mémoires, par publication de volumes, toutes les fonctions les plus essen- tielles que font les Sociétés savantes des villes par- ticulières : nous aurons une première idée de la composition de la Soci été italienne. Jamais une ville ne pourra fournir les travaux que cent villes, faisant un ensemble , peuvent fournir. Voilà, par ce moyeu, qui a singulièrement frappé Condorcet (de linstruction publique) , réunies dans un seul Tome FI G 08 Nouvelles littéraires: : corps les forces scientifiques de toute l'Italie. Et ; lorsque les différens Etats qui la composent sem- blent opposer mille obstacles à cette réunion, que ce soit un seul homme, un particulier, qui en conçoive le projet, et qui, malgré les rivalités et les jalousies qui agitent quelquefois les gens de lettres, rassemble sous ses étendards, pour ainsi dire , les savans dispersés dans la péninsule, voilà un prodige qui n’a peut-être jamais eu d'exemple. C’est ce qui a fait dire au C. Palcani, secrétaire actuel de l’Institut de Bologne, dans l’éloge élo- quent ( tome VIII de la Société) qu’il a fait d’An- toine Marius Lorgna, auteur de quantité d’ou- vrages profonds en mathématiques, que s’il n’avoit fait autre chose en sa vie que de fonder la Société italienne, il auroit assez de droits à l’immortalité: car il faut observer aussi que les correspondans, les associés étrangers , par lesquels toute Société Littéraire est dans l’usage d’agrandir le nombre de ses coopérateurs, sont des moyens bien imparfaits, bien stériles, pour multiplier les travaux d’une Société. ? J'en appelle à l’expérience générale. Tous ces adjoints éloignés ne sont pas, à beaucoup près, semblables en zèle, en activité, aux membres rési- dans où est le siége de la Société. Les premiers n'ayant point de voix, point de part aux assem- blées , se trouvent nécessairement inférieurs de beaucoup aux seconds : dès- lors ils prennent un très - foible intérêt à la gloire du corps auquel ils sont attachés par de foibles liens. D'ailleurs , ces Nouvelles littéraires. 99 coopérateurs étrangers sont agrégés de la même | manière à plusieurs Sociétés, et par conséquent ne sont passionnés pour aucune, Au contraire, chacun des quarante de la Société italienne a les mêmes droits , la même voix dans toute détermination de la Société, dans la confection et dans la réforme de ses statuts. Il est vrai que la nécessité de tout arrêter par lettres, atteudu la demeure des mem- bres en différens pays , apporte une certaine lon- gueur dans les délibérations : mais ce tempset les suffrages par écrit ne font que rendre plus müûresles résolutions. Leur multitude peut être la même que si elles se discutoient de vive voix : on n’a qu’à multiplier la coriéspondance. Maintenant je vais retracer en peu de mots la substance des règlemens de cette Société. Eile a un président qui la dirige ; un secrétaire qui est chargé de tout, de la correspondance , de l'administration, de la, correction des mémoires qui s’impriment ; mais il ne peut rien faire sans l’aveu du président, Celui ci le nomme, et peut le destituer, si le bon service de la Société l’exige. Ce système , ainsi con- certé, a eu jusqu'ici le meilleur succes possible, Le président est nommé pour six ans; mais il peut être réélu. Toutes les élections se font à la plura- lité relative; tout reglement à la pluralité absolue, Les mémoires dont on publie maintenant un vo- lume tous les ans, sont de physique ou de mathé- matiques. On admet aussi des mémoires faits par des sujets hors du corps, pourvu qu’un associé en garantisse le mérite. Dernièrement on a institué G 2 00 Vouvelles littérarres: deux prix de 60 sequins chacun, pour les deux mé- moires, l’un de physique , Fautre de mathématiques, dans chaque volume, qui obtiendroient la pluralité relative des suffrages. Venturi et Paoli ont reçu les premiers cette couronne, dans le tome VIII. Je viens de proposer aux associés d’exposer les pro- grammes au concours public. Nous sommes en train de concerter les moyens de procéder pour le choix des sujets, et pour le jugement des mé- moires. Il me reste à dire quelques mots relativement à l'histoire de cette Société. Son fondateur Lorgna, mort en 1796, lui laissa un legs annuel de deux cents ducats de Venise. Les suffrages des associés m'ont nommé président vers la fin de 1796. Ensuite le général Bonaparte me donna dix mille francs pour augmenter le fonds de la Société, Il fit bien plus , aussitôt que, par le traité de Campo-Formio, il eut cédé Verone aux Autrichiens ; il voulut que le siége de la Société honorât le sol cisalpin. Il le transporta de Verone à Milan, et moi aussi, et assigna à la Société la rente annuelle de neuf mille livres de Milan. Enfin le directoire exécutif cisalpin m’ayant destiné.à remplir la place de pro- fesseur de mathématiques à l’école militaire qui s’ouvroit à Modene , il a jugé à propos de trans- férer le siége de la Société auprès de moi, dans une même ville, où j’ai mis au jour le tome VIIT de ses Mémoires, et où actuellement le 1X.° est à demi-imprimé. . Nouvelles littéraires. 101 RomE…. SUTTER-BERNINI. On mande de Rome que Marguerite SUTTER- BERNINI, native de Colmar en Alsace , connue et estimée dans toute l'Italie par son talent pour la restauration des peintures à l’huile, y est morte à ‘âge de 55 ans. | Persée de CANOF 4. Le célèbre sculpteur CANOVA vient d’achever, à Rome, une statue de Persée, que les connoisseurs estiment un de ses plus beaux ouvrages et digne de figurer dans les plus beaux Musées : on ajoute que le saint père en a fait l’acquisition pour celui du Vatican, moyennant la somme de 1500 sequins (16000 fr. ), M 51 AN. Méduille. Le Comité du gouvernement de la république cisalpine, a fait frapper une médaille pour éterni- ser la mémoire de la consulta de Lyon. On y voit la République italienne couronnée d’épis, appuyée sur une charrue , dans ane attitude qui indique l’at- tention et l'espérance. Un petit génie qui se trouve auprès, est occupé à débarrasser un des plateaux de la balance de la justice, pour indiquer la né- cessité d'établir des réformes dans l’ordre judiciaire et l’administration; un autre génie ailé tient dans sa main gauche un caducée, symbole de Mercure, vivificateur du commerce et de l'industrie ; et, dans sa droite, un volume qu'il présente à la républi- G 3 102 Nouvelles littéraires. - que, sur lequel on lit: Constitution cisalpine. Der= rière le génie on voit la ville de Lyon représentée, par une tour de forme carrée, par deux fleuves, le Rhône et la Saône ; et par une chaine de monta- gnes. La légende, prise du Carmen sæculare d'Ho- race, est celle-ci : Spem bonam certamque domum reporto. Sur l'exergue on voit : Comizi cisalpini in Lyone. An X. Le revers porte l’inscription suivante: Voti publici per la prosperita eterna della republic@ cisalpina assicurata colla constitutione , auspice Bo- ziupartes Turix. Société d'Agriculture. À Turin, dans la séance du 27 pluviose, de la Société d’agriculture , le C. DecaRoLt a lu à la Société un mémoire fort intéressant sur l'utilité qu’il y auroit pour les six départemens de la 27.° divi- sion, 1.° à étendre dans tous les endroits qui en sont le plus susceptibles, la culture des pins, qu’on appelle melezes [Pinus larix), qui croissent dans les montagnes du Piémont , et à étendre l'usage de son bois dans plusieurs branches qu'il a dévelop- pées, 2.° à en faire voiturer dans les plaines les troncs ou les planches, sur les différens fleuves ou torrens qui coulent de ces montagnes, comme on le pratique déja dans quelques endroits. On a ensuite présenté un long mémoire , dans lequel on propose d’établir et d’étendre les manu- Factures pour le filage du coton, et de les établir surtout dans les différens hospices qui en sont sus- ceptibles. Ce projet a amené une assez Jpngue dis- ÎVouvelles littéraires. 103 cussion sur les manufactures qui doivent mériter de préférence l’attention et l’encouragement du gou- vernement dans la 27.° division militaire. On a ob- servé qu'avant de penser aux manufactures des pro- ductions étrangères, on doit penser à faire manu- facturer, autant que cela est possible, dans le pays, ses productions les plus précieuses, la soie, le chan- vre et la laine, surtout la laine superfine, dont la production augmente successivement. La Société a nommé une commission chargée d'examiner le grand objet des manufactures qui conviennent le plus au Piémont, le moyen de les encourager , et les endroits les plus propres à les . y placer. Observations météorologiques. Le supérieur du couvent établi, par le premier consul, sur le Mont-Cénis, le C. GABET, a fait, sur cette montagne , des observations météorolo- giques , avec les instrumens qui lui ont été envoyés ‘ par le Conseil de santé de Turin. Le chanoine AvocADpro en fait autant sur Îa montagne de Superga. Dans la 27.° division mili- taire , il se trouve actuellement de ces observatoires placés à différentes hauteurs , depuis le Mont-Cénis jusqu’au bord de la Méditerranée. L’un de ces der- niers est confié aux soins du C. VAY, naturaliste fort instruit; tous les autres, au nombre de trente- un, sont placés dans les communes où se trouvent établis les’ conseillers correspondans avec le conseil supérieur de santé, G 4 104 IVouvelles litiéraires. Fi R:AmNaGuE: DÉPARTEMENS. Extraction de l'Huile de hareng par ébul- lition. On vient de faire à Dieppe, sous la direction du C, Cartier’, sous-préfet de. cet arrondissement, une expérience très-bien conduite sur la manière d’ex- traire de l’huile du hareng par ébullition. La quan- tité d’huile obtenue n’a pas compensé les frais de Vopération; mais il convient d’observer, qu’à cette époque de l’année , le hareng est dépourvu de la plus grande partie de son huile animale , et qu’on ne peut tirer du résultat de cet essai aucune consé- quence défavorable à un genre d'industrie qu’il sera possible de naturaliser en France. On a suivi très- exactement les procédés usités à Gothembourg en Suède , et communiqués par le C.Noel ; mais il n’est pas douteux , selon lui, qu'ils not encore être perfectionnés. Le préfet , qui apprécie dans tous ses rapports le succès possible qu’on peut s’en promettre, fera continuer l’expérience sur le halbourg , halex burgensis où hareng d'été, que les pêcheurs de ma- quereaux prennent dans les eaux de la côte d’Angle- terre. Ce poisson est si gras, qu’il ne sauroit être salé, on doit donc en obtenir beaucoup d'huile, ainsi que des foies et des ouies des gros poissons , dont on n’a tiré jusqu’à présent que peu ou point de parti. L'huile de hareng fabriquée à Dieppe, passée au filtre est très-claire ; sa couleur approche de celle RE FOR. TE Nouvelles littéraires. 105 de l’huile d’olive. On sait qu’on l’emploie dans les arts, mais particulièrement pour les illuminations. Société d'agriculture des Deux-Sèvres. La Société d’agriculture des Deux-Sèvres distri- buera en floréal de lan 15, un prix de 150 fr. au cultivateur qui aura élevé le plus grand nombre de baudets ; un autre prix de 100 fr. au cultivateur qui en aura le plus approché. Un troisième prix est des- tiné au cultivateur qui aura planté en bois une plus grande quantité de terrein. Société d'agriculture de Strasbourg. La Société d'agriculture de Strasbourg a tenu le 10 ventôse sa séance ordinaire; il a été rendu un compte satisfaisant de ses travaux et surtout du bon état dans lequel se trouve le troupeau espagnol que le général Moreau avoit emmené du duché de Wür- temberg , et dont il a fait présent à cette Société. On à annoncé qu’un des membres faisoit don de 25 liv. de graines de lin de Riga ; on connoît la su- périorité de cette plante sur celle du pays. La So- ciété en a ordonné la répartition dans les communes qui se sont le plus adonnées à ce genre de culture. PAR, IS. Lettre sur le prix proposé par l’Académie de Lyon, sur la Fièvre puerpérale. Quelques journaux avoient annoncé que la Société de médecine de Lyon a proposé pour sujet d’un prix de trois cents francs donnés par un anonyme , la ques- 106 Nouvelles littérarres. tion de savoir au juste : Quel est Le genre de fièvres gui surviennent aux femmes en couche, et connues sous le nom de fièvres puerpérales ; et en même temps, guel en est le véritable traitement ? 11 y a plus de vingt ans que feu M. Doulcet, docteur-r'gent de la faculié de Paris, et l’un des médecins de l’Hôtel- Dieu, découvrit au juste la nature de ces fiévres , et en assigna le véritable traitement. Permeitez à ses fils de profiter de cette occasion pour rendre hommage à la mémoire de leur père ; et pour rappeler au pu- blic et à la société de médecine de Lyon, cette utile découverte qui signala, à cette époque , l’at- tention du gouvernement. La preuve et les détails de cette découverte exis= tent dans un rapport fait en 1782 , en vertu «un ordre du gouvernement , par la Sociéié royale de médecine, imprimé et envoyé par le même ordre dans toutes les provinces. Ces fievres puerpérales avoient régné à différentes époques à l’Hôtel-Dieu de Paris, et plus fréquem- ment que jamais , depuis 1774. Elles enlevoient tous les ans plus de 300 femmes en couche dans cet hos- pice et se montroient également rebelles aux efforts de l’art et aux ressources de la nature. On avoit tout tenté, fout avoit échoué. Enfin, M. Doulcet , pré- sent au moment où cette maladie se déclaroit dans une femme nouvellement accouchée , guidé par un tact sûr, s’empara des symptômes, saisit l'indication, et ordonna sur le champ des remèdes qui sauvèrent la malade, Eclairé par ces résultats, il prescrivit sa méthode aux autres femmes en couche ; partout le po ii Nouvelles littéraires. 107 succes fut le même , et en quatre mois pendant les- quels l'épidémie régna avec fureur , plus de 200 Femmes furent rendues à la vie. Depuis ce temps, on a suivi cette méthode à l’Hôtel-Dieu , et le succès ne s’en est pas encore démenti. 11 paroït que cette maladie règne en ce moment dans les hospices de Lyon , et qu’on n’y connoît point ou qu’on y a oublié la méthode de M. Doulcet. Ses fils vont s’empresser d’envoyer à la Société de mé- decine de Lyon, copie de cette méthode laissée par leur pere. Ils termineront cette lettre par le dernier paragraphe du rapport de la Société royale. « Il est sûr qu’une maladie aussi prompte, aussi « généralement funeste que celle de P'Hôtel-Dieu, « guérie par une méthode aussi simple que celle em- “ ployée par M. Doulcet , et dont les succes sont « sûrs et constans , est un de ces phénomènes qui « font époque en médecine, et ce service rendu à « l’humanité souffrante , doit honorer à jamais la mémoire d’un citoyen modeste et vertueux, qu’une mort prématurée vient d'enlever aux justes témoi- « gnages de la reconnoïissance publique. » Veuillez, Citoyens, insérer cette lettre dans un de vos plus prochains numéros, elle pourra étre utile à ceux qui veulent concourir au prix de la société de médecine de Lyon. | Salut et considération : DouLceT l'aîné, DOULCET jeune. = = = 108 Nouvelles littéraires: Institut national. L'Institut national , dans sa séance du à ventose ; a nommé membre résident de la classe des sciences mathématiques et physiques, section de minéralogie , le C. Ramond, qui a obtenu 233 votes ; le C. Patrin en a obtenu 230, et le C. J’almont de Bomare 197. L'Institut avoit aussi à nommer trois associés étran- gers, un pour chacune des classes. Les trois candidats de la classe de littérature et beaux-arts étoient MM. Heyne, Klopstocket Shéridan; ceux de la classe des sciences morales et politiques, MM. Masklyne, Herschell et Priestley ; enfin, ceux de la classe des sciences mathématiques et physiques, MM. Rennell, de Rumpford et Muller, L'ordre du scrutin général a été le même que celui des classes , et MM. HEYNE ; MASKLYNE et RENNELL ont été nommés associés étrangers. Les consuls de la république , sur le rapport du ministre de l’intérieur , le conseil d’état entendu, ont pris, le 13 ventôse , l'arrêté suivant : ART. 1° L'Institut national de France formera un tableau général de l’état et des progrès dessciences, des lettres et des arts, depuis 1789 jusqu’au re vendémiaire an To. Ce tableau, divisé en trois parties correspondantes à chacune des classes de l’Institut , sera présenté au gouvernement dans le mois de fructidor an 11. Il en sera formé et présenté un semblable tous les, cinq ans. IVouvelles littéraires. 109 IT. Ce tableau sera porté au gouvernement par une députation de chaque classe de l’Institut. La députation sera reçue par les consuls , en con- seil d'état. AIT. A la même époque, l’Institut national pro- posera au gouvernement ses vues concernant les dé- couvertes dontMil croira l'application utile aux ser- vices publics, les secours et encouragemens dont les sciences , les arts et les lettres auront besoin, et le perfectionnement des méthodes employées dans les diverses branches de l’enseignement public, Ecoles centrales. Le préfet du département de la Seine, vu l’ar- rêté des consuls, du 19 nivose dernier , les articles IT , titre I et V, titre II de la loi du 3 brumaire an 4, arrête ce qui suit : ART. 1. À compter du 1." ventose prochain, deux jurys seront chargés de l’élection des profes- seurs des Ecoles centrales de Paris, et de la direc- tion du concours général de ces écoles. IT. L’un de ces jurys remplira les fonctions énon- cées dans l’article précédent , pour les classes de langues anciennes, de belles-lettres, d’histoire et de législation, et sera désigné sous le nom de Jury de belles-lettres ; Vautre, pour les classes de mathé- matique , de physique et chymie, d'histoire natu- relle et de dessin , et sera conqu sous le nom de Jury des sciences el arts. Sont nommés pour composer le Jury de belles- lettres, les CC. André MORELLET , DUREAU DE ë [S] 10 Nouvelles littéraires: LA MALLE et DuTHEIL; et pour composer le jury des sciences et arts, les CC, L&FevRE-GINEAU, PRONY et VIEN. Fait à Paris, le 23 pluviose an ro. Le secrétaire général de La préfecture , signé MEJEANe Collége de pharmacie. On mêle tous les jours des sels avec des bouillons ; des apozèmes, des tisannes , etc. , sans bien savoir si ces substances salines sont altérées ou décompo- sées, Le Collége de pharmacie de Paris , pour sujet du prix fondé par le préfet du département de la Seine , propose la question suivante : Déterminer , par des expériences exactes , ce qui arrive aux sels les plus fréquemment employés , et surtout aux sulfates de soude et de magnésie, ow tartride de potasse et de soude , au muriate suroæy- géné de mercure, et au tartride de potasse et d'an- timoine ; lorsqu'on les mêle aux boissons usuelles , telles que tisannes , apozèmes , décoction ; bouillons , pelit lait, jus d'herbes et potions. Les personnes de tous les pays , les membres et associés exceptés, sont admises à concourir. Le prix sera une médaille d’or, de 6co fr. ; il sera distribué dans la séance publique de brumaire de l'an 11. Les mémoires seront écrits en français ou en latin , et remis avant le 1. yendémiaire de l’an tr. Ce terme est de rigueur. Îls seront envoyés france de port, au C. BouiLLoN-LAGRANGE , l’un des pré- vôts du collége, et secrétaire général de la Société de pharmacie, ‘ Nouvelles littéraires. I1É Le prix ne sera délivré qu'à l’auteur, ou à son Fondé de procuration. Société philotechnique. La Société philotechnique a tenu une séance pu blique au Louvre , le 20 pluviose, La séance s’est ouverte par la lecture de l’analyse des travaux de la Société pendant le trimestre pré- cédent ; cette notice, écrite avec simplicité, prouve combien celle-ci est modeste, Le C, HEQUET, se- crétaire général , n’a pu qu’indiquer rapidement les ouvrages de ses confrères ; il a été forcé d’être con- cis, parce qu'ils ont été laborieux. On a entendu ensuite un conte en vers, par le C. BarourLLeT; le sujet est tiré des mémoires du comte de Grammont; le style de ces mémoires n'est point un modèle, parce qu’il est inimitable: tout le monde en admire la grace sans pouvoir en deviner le secret , ‘et c’est une entreprise hardie que de répéter une anecdote après l’amant de Mlle Hamilton. Les vers du C. Barouillet ont cette facilité , cette pureté, qui est le premier mérite de ce genre ; mais peut-être la naïveté de la prose convient-elle mieux à ces contes, dont un mot piquant ne fait pas le prix; le C. Barouillet l’a senti, et il a ajouté à sa narration des détails ingénieux. Le C. LEGRAND a lu un fragment de l’Imitation du Songe de Pholiphile, de cet ouvrage singulier, qui est dû à un moine du XV. siécle , et auquel on attribue la renaissance du goût de l'architecture 112 Nouvelles littéraires: en France, et même en Italie ; ouvrage qui à fourni des sujets à La Fontaine , et dans lequel un -grand nombre d’alchymistes ont vainement cherché le grand œuvre. Le traducteur a rajeuni cet ouvrage curieux par le style élégant dont il l’a décoré, et il offre aux amateurs de la littérature et aux archi- tectes des sujets nouveaux de plaisir et d'étude. Après le C. Legrand, le C. CoLLiN-D’HARLE- VILLE a lu un dialogue entre la prose et la poésie ; c’est un badinage sur les défauts qui résultent de la confusion des deux genres ; c’est une jolie scène, qu’on avoit droit Patdadre d’un auteur qui a tour jours su allier la grace à la vérité. Le C. Joseph LAVALLÉE a lu une épiître à un en- fant nouveau né; il lui retrace successivement les jeux, les plaisirs, les passions et l’emploi de toute la vie; cet important ouvrage présente une grande variété de tableaux , beaucoup de vers remarquables par une expression neuve et énergique ,ctune morale excellente qni , dans la bouche d’un père, s’em- bellit de l’éloquence du sentiment. Une comédie allégorique du C. DE BOUFFLERS a été lue par le C. DEsrRés ; c’est l'éloge d’un prince, mais d’un prince qui aime la vérité : ces scènes pétillent de mots heureux , que le lecteur a marqués avec beaucoup d’art. C’est un privilége du C. de Boufflers, de savoir se faire écouter même en conseillant les grands et en louant les sages. Le C. SicaRD a excité l'intérêt et l’admiration de l’assemblée, pour l’art utile à l'humanité, dont ila si fort étendu les limites, Dans cette séance, il a donné Nouvelles littéraires. ï 13 donné une nouvelle preuve de la sagacité de sa mé- thode pour l'instruction des sourds-muets , en mon- trant que ses élèves pouvoient comprendre et em- ployer l’art d'écrire aussi vite que la parole, suivant le procédé de Taylor , introduit en France par le C. BERTIN : on sait que dans cette méthode, les voyelles sont supprimées , et que lécrivain , sans s’attacher à l'orthographe, néglige les lettres qui ne sont pas absolument nécessaires, et celles qui, à l'oreille | présentent un son analogue à quelques autres de laiphabet. On a été vivement surpris de voir les élèves de Sicard , qui semblent ne pouvoir se faire l’idée d’au- cun son, saisir avec facilité ces remplacemens et ces abréviations, et l’intelligent Massieu lire et écrire rapidement. dans cet idiome nouveau, qui ordinairement est l’objet d’une étude assez difficile pour les hommes doués de tous leurs sens. Le maître et les élèves ont été couverts d’applaudissemens prolongés et unanimes , qui ont terminé la séance, et ont été, pour la Société philotechnique, un té- moignage de l'intérêt que le publie prenoit à ses utiles travaux. Institut de jurisprudence. La commission nommée pour l’organisation de l’Institut de jurisprudence et d'économie politique qui se forme à Paris, et qui déja marche avec éclat à est composée des CC. TARGET , SIMÉON , BLAQUE : FavarT et CAILLE. Ces jurisconsultes se sont réu- nis le 28 pluviose pour arrêter les bases de cette Tome FL. H TTA Nouvelles littéraires. organisation ; l’un d’eux est chargé d’en préparer la rédaction définitive le 8 ventose. Le conseil général sera de suite convoqué pour prononcer sur ce travail. Sourds et Muets. L’ambassadeur de la cour de Vienne, M. le baron de Cobenzel, a assisté le 30 pluviose, à la séance de l'abbé Sicard, séance qui a été d’un intérêt par+ ticulier. Un sourd et muet de naissance a distinc- tement articulé une phrase ( r ) d’une très - longue tenue , et qui faisoit l’éloge du C. Lorthior, graveur en médailles. Cette expérience a été suivie d’un essai fait sur un enfant pour obtenir des sons syllabaires , et dans lequel ce célèbre instituteur a démontré que l’exercice de l’organe vocal, chez les sourds et muets, exigeoit une patience infinie, et qu’il enlevoit un temps précieux à la culture de leur intelligence. Le C. Beyer a ensuite éprouvé leffet de plusieurs in- strumens de verre sur la fibre acoustique des sourds et muets. La plupart y a été insensible, plusieurs cependant en ont été agréablement affectés, et en- #re autres un jeune enfant qui a, en quelque sorte, battu la mesure de différens airs joués par ce phy- sicien , sur un clavichorde, et par un de ses élèves sur un forté-piano de verre de sa composition. Le public a admiré le dessin d’un vase fait par un sourd (x) Dans notre derfier numéro (année VII, t. V, p. 510), à l’oc- casion de l’établissement des sourds et muets à Berlin, et des essais qu'on y fait pour faire articuler des sens aux sourds et muets, nous avons déja observé que de pareils essais sont faite depuis plusieurs années dans l'établissement de Paris. Nouvelles littéraires, 115 et muet, élève de Tardieu. La séance a été terminée par une démonstration du procédé sténographique : le C. Massieu a prouvé par sa transcription de plu- sieurs phrases tracées dans ce nouveau type , toute l'étendue de son intelligence , et a triomphé de plu- sieurs difficultés de l’art, que les trois quarts de l'assemblée regardoient comme insurmontables pour un sourd et muet. Prytanée. On fait au Prytanée un essai sur la manière em- ployée en Ægypte pour blanchir les murs. Ce pro- cédé simple consiste à répandre sur un quintal de chaux en détrempe, quelques poignées de sel marin. 11 a l’avantage d’être peu dispendieux, de faire périr Jes insectes, et de détruire les miasmes qui pénètrent les murs , souvent à une srande profondeur. Ce pro- cédé a été communiqué par le C. Saint-Bernard qui s’en étoit occupé en Æzgypte. Antiquités, — Sciences et Arts. Copie d'une lettre du C. S. B., membre de la com- mission des sciences et arts d'Ægypte, au C. MoRrAND, membre du Corps législatif, Marseille, le.,.. nivose an 10. Vous m’avez témoigné plusieurs fois, mon respec- table ami, le desir de connoître les principaux ré- sultats des recherches de nos voyageurs en Ægypte, Il a déja paru d’eux plusieurs mémoires sur diffé- rens sujets, et le C. Denon a annoncé un ouvrage H 2 116 ÎVouvelles littéraires: considérable dont il a recueilli lui-même les maté- riaux, Les aütres membres de la commission des scien- ces et arts , nouvellement de retour d’Ægypte, ont rapporté de très-beaux et de très-nombreux dessins, des notes et des collections qui sont faites pour ex- citer le plus grand intérêt. Il n’y a jamais eu, et il ne se présentera peut- être jamais d'occasion de recueillir, sur cette con- trée célèbre , des renseignemens plus curieux et plus complets, et l’on peut affirmer que désormais l’Æ- gypte nous sera aussi bien connue , sous tous ses rap- ports , que le pays le plus voisin de la France, Les voyageurs qui jusque-là avoient parcouru | Æ- gypte (x) avoient éprouvé des obstacles de tous les genres. La défiance et la mauvaise volonté des ha- bitans, la difficulté de porter avec soi les livres et! les instrumens nécessaires, et impossibilité de pé- nétrer dans plusieurs endroits sans escorte, ne leur avoient permis de visiter qu’une partie des monu- mens : ils ne les avoient vus qu’en passant, ne les avoient dessinés que de mémoire, et ne les avoient décrits souvent que sur les rapports infidelles des interprètes et des gens du pays. Quelque instruit d’ailleurs que soit un voyageur, il est rare qu’il réu- nisse assez de connoissances et qu’il ait assez de constance et de temps pour traiter seul et avec le méme succès toutes les parties nécessaires pour ren- (x) Quoiqu'il s'agisse ici. principalement de la Haute-AEgypte , je me Fais un devoir et un plaisir d'observer que tout ce qu’a écrit le C. Volney sur l’AEgypte et la Syrie, a paru à tous nos voyageurs de la plus grande exactitude. S, B. Nouvelles littéraires. 117 dre un voyage complet. Aussi les ouvrages de cette pature sont-ils en général consacrés à un genre par- ticulier de recherches. L'un a pour objet spécial la botanique , l'autre l’architecture , un troisième l’his- toire et les mœurs; et ce n’est que par hasard et comme accessoires que d’autres remarques sur diffe- rens objets y trouvent leur place. Enfin, comme leurs auteurs ont ordinairement voyagé seuls, que l’exactitude de leurs récits n’est point garantie par plusieurs témoins, et qu’ils se contredisent souvent entre eux dans la description des mêmes objets, leurs écrits n’inspirent qu’une confiance médiocre et n’ont qu'un foible degré d’authenticité. Ici, c’est toute autre chose. Il s’agit de plus de trente personnes instruites dans différens genres, voyageant dans un pays soumis, protégées par nos troupes qui en occupoient les points les plus impor- tans, et par des escortes particulières qui les sui- voient jusque dans les déserts, séjournant autant qu’il étoit nécessaire dans chaque endroit, pour ne rien omettre d’intéressant ; se distribuant le travail de la manière la plus convenable ; s’éclairant mu- tuellement , en se faisant part de leurs découvertes et de leurs réflexions , et rédigeant souvent sur le lieu même des notes qui n’eussent été ni si com- plètes ni si exactes, si on s’en fût uniquement rap- porté à la fidélité de sa mémoire. Presque tous étant exercés dans le dessin, un même monument a été dessiné sous tous les aspects à la fois, et un même aspect l’a souvent été par plusieurs per- sonnes. H 3 118 Nouvelles littéraires. Quelle confiance ne doivent pas inspirer des ré- cits et des descriptions dont la vérité sera certifiée par trente témoins oculaires! Ces descriptions, pu- bliées séparément , perdroient une partie de cette authenticité qui fait leur prix, et tout l'intérêt qu’elles pourroient tirer de leur ensemble. Le desir de tous les gens de lettres doit être de les voir réunies. C’est aussi l’intention du gouvernement qui a appelé à Paris les membres de la commission des sciences et des arts. Les travaux publiés sous ses auspices, avec la magnificence qui convient à une grande nation, formeront le plus bel ouvrage qui ait encore paru sur aucun pays, et ce sera le plus beau trophée de la conquête de l’Ægypte par Bonaparte. Je pourrai vous donner par la suite, si vous le desirez, quelques détails sur les richesses de diffé- rens genres que nos voyageurs ont rapportées. Je me contenterai de vous dire ici en passant, pour ce qui regarde la Haute - Ægypte , que les hiéro- glyphes ont été copiés avec le plus grand soin; et que si la magnificence, la grandeur et la soli- dité de leurs édifices , avoient déja donné une haute idée de la puissance des Æzsyptiens, leurs pierres gravées, la dorure et les couleurs qui ornent les cercueils des momies, les tissus précieux dont ces momies sont enveloppées, les papyrus que l’on a trouvés dans plusieurs tombeaux, les instrumens, les vases, les chars et les meubles qui sont sculptés dans les grottes et sur les temples , donneront sur leurs arts et leurs usages, des renseignemens curieux et tout-à-fait nouveaux. | Nouvelles littéraires. 119 Une des découvertes les plus remarquables que Jon ait faites est celle des zodiaques. Rien n’indique que leur existence n’ait été connue d’Hipparque, de Ptolemée et des astronomes d'Alexandrie, et ils n’ont été vus d’aucun des voyageurs modernes qui ont parcouru lPÆgypte. Le général Desaix, qui fut envoyé par Bonaparte pour soumettre la Haute- Ægypte, aperçut le premier de ces tableaux astro- nomiques. L’on a découvert ensuite successivement, et dans différens lieux, jusqu’à six monumens de Ja même nature. Les CC. Jollois et Devilliers, qui en sentirent toute l'importance , en ont fait les des- sins avec la plus grande exactitude; ils ont été aussi modelés en cire par un habile sculpteur, et le C. Fourrier a fait sur ce sujet un travail qui sera du plus haut intérêt pour la chronologie et lhistoire, Pour vous en donner une idée , je me bornerai aux tésultats les plus frappans de ses recherches sur cette matière. « Jusqu'ici l’histoire des hommes et celle des «“ sciences et des arts n’avoient eu de certaines et « d’authentiques que des époques très-récentes , et « il étoit difficile de se décider entre les chroniques « des différens peuples; celles même de lÆgypte « offroient une grande incertitude. Diogènes Laërce « les fait remonter 4000 ans ayant le siécle d’Au- «“ guste, et Newtongeulement à 1000 ans avant Jésus- Christ, La discussion des monumens astronomi- " ques qui viennent d’être découverts, sert à fixer « les idées sur ces différentes opinions ; elle justifie * la chronologie d’Hérodote , et il demeure cons- H 4 , 120. Nouvelles littéraires. « tant que la division actuelle du zodiaque, telle que nous la connoiïssons, a été établie chez les Ægyptiens environ 15,000 ans avant l’ere chré- tienne, s’est conservée sans altération, et a été transmise à tous les autres peuples. « Ce zodiaque n’est évidemment que le calen- drier primitif de lÆgypte. Lorsqu'il a été éta- bli, Péquinoxe du printemps occupoit le signe de la balance; les terres étoient ensemencées sous le signe ‘du taureau, et la récolte avoit lieu dans celui de la vierge. On ne peut s'empêcher de re- connoître ,; à l'inspection des zodiaques qui se trouvent dans les temples, que la figure du ver- seau, couronnée de lotus, ne fût-pour les Ægyp- tiens le signe astronomique de l’inondation. Il est done naturel de replacer le solstice d'été dans cette constellation, et l’on détermine ainsi une position de la sphère, telle que le nom de chaque signe devient, pour ainsi dire , l’attribut naturel des parties correspondantes de l’année. Cela con- firme parfaitement la conjecture du C. Dupuis; qui avoit cru apercevoir il y a longtemps, dans les constellations du zodiaque, des rapports na- turels, propres au-climat de l’Ægypte (2). “ Tout annonce que les édifices qui subsistent encore ont été construits dans le temps où lE- tat du. ciel étoit tel qu'ont a représenté. Les motifs de cette opinion sont si multipliés et si (2) Mon savant ami, le célèbre antiquaire Visconti, va publier, sur ces zodiaques, une belle dissertation, dans laquelle il prouvera qu'il gaut beaucoup rabattre de celte antiquité qu'on leur assigne ici. A. L. M. Nouvelles littéraires. 121 « conformes entre eux, qu’ils sont de nature à ex- « clure tous les doutes. On peut déterminer ainsi « l’âge de ces monumens. Celui qui est indiqué « sur le temple d’Esné en fait remonter la fondation “ à 6,000 ans avant Jésus-Christ ; et le beau temple « de Denderah, le plus récent peut-être de ceux qui « ont été consacrés, a été vraisemblablement cons- « truit plus de 1000 ans avant le siége de Troie. » (Extrait d'une letire du C. Fourrier au C. Bertholet): L'époque où Thèbes étoit florissante , est anté- rieure aux siécles fabuleux de la Grèce. Homère parle de sa splendeur avant le siége d’Ilion, et elle tomboit déja en ruines lorsque Memphis s'élevoit, Memphis dont les rois firent sans doute construire les pyramides pour leur servir de sépulture. Si on observe maintenant que ces temples, dont la plu- part sont très-bien conservés, sont construits de débris d’autres morumens (car on remarque que plusieurs des pierres qui font partie de ces tem- ples, et qui sont couvertes d’hiéroglyphes et de peintures, ont été retaillées, et conservent encore des traces de figures et de sculptures plus ancien- nes), à quelle antiquité ne doit-on pas faire re- monter les sciences et les arts chez les Ægyptiens? et quel intérêt cette antiquité ne jette-t-elle pas sar des ruines qui sont: déja par elles-mêmes les plus vastes et les plus remarquables qui se trouvent ‘accumulées sur aucun point de la surface de la terre? S. B. 122 Nouvelles littéraires, Société des Amis des Arts. : La Société des amis des arts, originairement fondée par les CC. Dewailly , Foubert et Pajou , séante au Louvre, passage du jardin de l’Infante, desirant augmenter le nombre de ses fondateurs et action- naires, pour avoir plus de secours à offrir aux artistes, croit devoir exposer son but et ses moyens. Elle ne donne ancun secours gratuit , mais elle achète avec discernement des ouvrages de peinture, sculpture et dessins des artistes modernes français. Un quart de ses fonds est réservé pour la gravure. Ses fonds ainsi employés, après avoir fourni aux artistes les secours les plus réels, et en même temps les plus honorables , restent cependant tout entiers K au profit des fondateurs et actionnaires, par le par- tage qui se fait entre eux, et au sort, de tous les objets d’art acquis par la Société. Tous les ans, le 30 prairial , ces objets d’arts sont répartis entre tous les actionnaires sur la base d’un lot par 10 actions. Chaque action a de plus, et indé- pendamment du tirage, droit à une gravure. Chaque fondateur a droit à une ou deux épreuves avant la lettre, et à un nombre d’épreuves avec la lettre, relatif au nombre de ses actions. On peut, chaque jour, voir l’empoi des fonds et les objets d’arts acquis, en s’adressant au C. Coulon, concierge de la Société. Chaque fondation complète est du prix de 305 fr.; elle est composée de cinq actions sous cinq numéros Nouvelles littéraires. 129 différens ; elle donne droit à deux épreuves avant la lettre, et trois après la lettre. Chaque fondation du second ordre est de 125 fr.; elle est composée de deux actions sous deux différens numéros ; elle donne droit à une épreuve avant la lettre , et une après la lettre. Chaque action simple d’un seul numéro est de 60 fr. ; elle donne droit à une épreuve après la lettre. Chacune de ces manières de s'intéresser dans la Société, donne droit, lors du tirage , à autant de chances qu’on a de numéros différens. Les fondations et actions se délivrent chez le C. Le Barbier, peintre, trésorier de la Société, au Louvre, pavillon de Beauvais, et chez le C. Coulon, passage du jardin de lPInfante. Mécanique. Le C. FrizarD, de Bienne, député du Mont- Terrible ,a présenté dernièrement au premier Consul, un vase de forme antique qui , quoique d’une moyenne grosseur, renferme la mécanique la plus extraordinaire et la plus ingénieuse qu’on connoisse ; ce vase, d’or massif , est enrichi de ciselures , de perles fines et de différens émaux ; il est très-propre à figurer sur une cheminée, Voici en quoi consiste la mécanique : En . touchant unressort , le couvercle, qui forme un demi- rond , s’éleve et s’ouvre en forme de palmier, au bruit d’un tres-joli carillon; sous le palmier on voit une bergère qui file; tous ses mouvemens sont par- faits, et aucun de ceux ordinaires à une fileuse n’est oublié ; sur ses genoux est un petit chien qui aboie, 124 Nouvelles littéraires. et qui remue la queue , quand il a cessé d’aboyer > on voit ensuite un bouc qui rumine, et dont les mouvemens sont très-naturels: deux chèvres paissent sur les côtés, et deux oiseaux très-petits, en se pro- menant sur les anses du vase , font entendre des airs très-jolis ; leurs ailes et leurs becs sont en harmonie parfaite avec la musique; il y a sept airs qui jouent successivement au moyen d’un ressort ; tous les mou- vemens simultanées sont extraordinaires pour une ma- chine aussi petite ; lorsque tout est fini , les oiseaux rentrent , le palmier redescend au bruit du même carillon , et referme le vase; elle a coûté dix ans de travaux à son auteur. Le même artiste a fait, pour le général Lecourbe, une tabatiere dont le double fond renferme un petit oiseau qu’un ressort fait sortir de dessous un émail, chante quatre airs, et rentre ensuite seul dans la place d’où il est sorti; l'émail se referme sous lui ; ce qu'il y a de plus joli , c’est que le bec et les ailes de cet oiseausuivent parfaitement toutes les inflexions des airs, et rendent l'illusion complète. Carte de la Méditerranée. Le vieil amiral Chabert , âgé de 78 ans, dont. les grands travaux en astronomie ont très-afloibli la vue , et qui avoit levé la carte de la Méditerranée, ou- vrage que la révolution l’empécha d’achever , a été présenté au premier Consul, qui préalablement lui avoit fait expédier son arrêté de radiation. Ï1 lui a recommandé de se remettre au travail de sa carte; amiral Chabert lui a fait espérer qu’elle seroit en- IVouvelles littéraires, an tièrement gravée dans le courant de l’année pro- chaine, Mort de SÉLTSs. Nicolas-Joseph SÉLIS, membre de l’Institut na- tional, professeur adjoint à l’abbé Delille pour la poésie latine, et professeur des belles-lettres à l'E- cole centrale du Panthéon , vient de terminer sa Carrière. La ville d'Amiens fut le premier théâtre où les talens de Sélis apprirent à se développer. Jeune encore, il se distingua par des productions hono- rables pour l’âge mûr, et mérita, non de simples encouragemens , mais les éloges de l’aimable au- teur de Ververt. Les louanges sont des ailes de feu pour l’imagination d’un débutant dans la carrière Littéraire, Sélis fit son Epître aux pédans de société, composition pleine de détails charmans et d’oppo- sitions bien senties. Appelé à Paris par les ins- tances de son ami Delille, il y publia sa traduc- tion de Perse. Le C. Laharpe, dans sa Correspon- dance littéraire (t. III, p. 367), a donné de justes éloges à cette excellente traduction, et les suffrages du public ont confirmé le jugement du Quintilien moderne. Quinze ans auparavant , il avoit publié une satyre fort ingénieuse. Il osoit , littérateur jeune encore, attaquer le premier de nos écrivains , ce génie | unique que ses enthousiastes ne permettoient pas de Jouer avec mesure. L’élève et l’ami de Voltaire avoit plus de droit que personne de crier au blas- phème. Mais l’admiration pour un grand -homme en 126 IVouvelles lillérairer, n'empêche pas de rendre justice à ceux qui ont des reproches fondés à lui faire, ou qui exercent sur ses ouvrages une juste critique. Dans cette bro- chure , intitulée Relation de la mort et de la con- fession de M. de Voltaire , et qu’on peut appeler une imitation ou contr'épreuve de la relation de la mort du P. Berthier par Voltaire, Laharpe vit de la finesse, de l’esprit, une foule de traits heu- reux, et aucune de ces personnalités odieuses qui en déshonorent les auteurs ; il ne craignit pas de le dire dans sa Correspondance littéraire. Cet ouvrage, presque le seul qui mérite d'échapper à l’oubli dans cette foule innombrable de pamflets contre l’au- teur de /a Henriade , eut trois éditions dans une seule année. Il est aujourd’hui peu connu, parce que tel a été et tel sera toujours le sort des ou- vrages polémiques , même les plus estimés. Les bornes de votre journal ne me permettent que de citer les titres de ses autres compositions littéraires. ÿ Ses Lettres sur la Trappe , ouvrage dont le fonds, sans être heureux, attache pourtant par des détails agréables. — Petite Guerre entre M. Lemonnier ef Sélis. Une guerre entre de vrais amis de lettres doit être pure rivalité de gloire ; et aussi, quoique bien supérieur, ce me semble, à Lemonnier, Sélis se montre équitable, combat avec urbanité, et peut être cité comme un modèle à ceux qui embrassent la partie si utile de la critique. — Une conversation entre un marquis pelit - maître et lui. Je n’en con- nois que le titre. — Une Epiître où se trouvent quel- ue Nouvelles litiéraires. 12% ques vers qu’on a retenus. — Epitre à Gresset, dont l’objet étoit de l’engager à rentrer dans la carrière Littéraire. — Dissertations grammaticales, et Epigram= mes , insérées dans les Mémoires de l’Institut. — Une Æpêtre à Laharpe , sur le Collége de France. Ces compositions et d’autres encore jouissent d’une réputation méritée. Mais, ce qui valoit mieux encore , c’étoit lame droite , bienfaisante et pure de l’écrivain. Aussi, emporte -t-il avec lui les re- grets d’une vertueuse compagne , qui embellissoit ses beaux jours et consoloit ses peines ; des pauvres dont il soulageoit la misère; de ses nombreux au- diteurs qui trouvoient en lui un guide éclairé et sûr; de ses amis et des gens de lettres, qui tous, ren- dent justice à son talent, à son goût exquis, à sa franchise, à sa bonté, je dirai presque à sa bon- hommie. Le 30 pluviose, à trois heures du matin, après six mois d’une mélancolie habituelle et six jours d’agonie , Sélis a payé le tribut que chacun de nous doit payer à son tour. Multis ille flebilis occidit. GAIL, professeur de littérature grecque au collége de France. Mort de LESCOT. Charles LESCOT , ingénieur en chef des ponts et chaussées , est mort à Brigg, le premier pluviose an 10. Avant d'obtenir ce grade , il avoit été suc- cessivement attaché comme ingénieur ordinaire au desséchement des marais de Rochefort, aux travaux de Pont-Saint-Maxence, et à ceux du pont de la 128 ” Nouvelles littéraires: Concorde à Paris. Dans ces différens postes , il a donné des preuves de talens qui le firent juger digne en l'an 8 d’occuper aux travaux du Simplon une place d'ingénieur en chef. Il a justifié ce nouveau témoi- guage de confiance par la manière distinguée avec laquelle il a rempli sa mission. En affiontant les périls et surmontant les difficultés qui l’environ- noient , il est parvenu , à force de soins et de fati- gues, à déterminer une direction avantageuse à la partie de la route du Simplon qu’il dirigeoit ; et les travaux qu’il y a fait exécuter jusqu’à ce jour, ont mérité l’approbation des personnes éclairées qui ont été chargées de les visiter. C’est à la suite d’une nouvelle reconnoissance , faite au sommet des Alpes en nivse an 10; c’est dans un temps où les naturels les plus intrépides et les plus exercés osent à peine traverserrapidement ces montagnes périlleuses que lingénieur Lescot, pro- fondément occupé des moyens d'amélioration dont son travail étoit encore susceptible , a suécombé vic- time de l’excès de son zèle et de son activité. Ses talens et ses vertus morales lui méritent les regrets de ses chefs et de ses camarades, qui en consignent l'expression avec celle du souvenir dis- tingué qu’ils conservent pour sa mémoire. Mort de DELAHAFE. Les arts viennent de faire une perte dans la per- sonne de Guillaume - Nicolas D£ELAHAYE, graveur en géographie et en topographie, qui est mort aux carrières de Charenton, le 6 ventose. Il étoitné, en 1725 , Nouvelles liticraires. 129 *725, d'en père graveur en géographie; il avoit été tenu sur les fonds de baptéme par le célèbre géo- graphe Delille. Il a gravé toutes les œuvres de Danville, qui Pestimoit beaucoup ; une graude partie de celles de Robert de Vaugondy, latlas de Dapres de Man- nevillette; et, en topographie , il a exécuté, entre autres objets, les campagnes de Maïlleboïis en Ita- lie; la carte des Alpes, de Bourcet ; celle des limites de France et de Piémont ; celle du diocèse de Cam- bray; celles du pays de Vaud et du territoire de Genève, de Mallet; celles des forêts de Fontaine- bleau et de Saint-Hubert, et il avoit commencé la grande carte des chasses du roi aux environs de Versailles, qui est le 7ec plus u/trà de la gravure dans ce genre, et que l’on continue aujourd’hui. Son burin étoit pur, et il assignoit à chaque chose le ton qui lui convenoit. Il a gravé plus de 1200 cartes ou plaus, qui tous se distinguent par la pro- preté d’exéeution., la précision et l’effet. Plusieurs des plus habiles artistes qui existent aujourd’hui dans ce genre de gravure, sont ses élèves, ou les élèves de ses éleves. Le C. Delahaye n’a jamais songé à sa fortune, en sorte qu’il n’étoit point dans l’aisance: néan- moins, avec de l’ordre, il avoit élevé une nom- breuse famille. Il est mort âgé de 77 ans, tour- menté depuis longtemps par une gravelle que lui avoit occasionnée son assiduité au travail. 11 laisse une veuve et plusieurs enfans, Tome VI. Ï 30 Nouvelles littéraires: Mort de LEPAUTE. L’horlogerie vient de perdre l’un des hommes qui ont acquis le plus de réputation dans cet art; le célèbre LEPAUTE a terminé sa carrière à Paris, dans un âge assez avancé. Les horloges de la Maison commune, du Palais du gouvernement, du Fribu- nat, du Jardin des plantes, et celle qui tout ré- cemment vient d’êlre placée au Palais du Sénat conservateur, dans le corps de bâtiment en face la rue de Tournon, ont mis le sceau à sa renom- mée. L'une des deux du Palais des Tuileries, ef décimale, jusqu’à ce jour n’a éprouvé aucune va- riation. :Un mérite particulier de ses. ouvrages, c’est que quelles que soient Jes saisons, quelles qu’en soient les rigueurs, jamais elles n’influené sur eux. LIVRES DIVERS (1). MiINÉRALOGIE. Cours de Minéralogie, rapporté au tableau métho- dique des minéraux, donné par DAUBENTON , de l'Institut national de France, ou Démonstrations élémentaires et naturelles de Minéralogie ; per N. JoLFYCLERC , professeur d'histoire naturelle à l’'E- cole centrale du département de la Corrèze, mem- bre de la Société d'agriculture de ce département, * (x) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons. un gxlrait, où une notice plus détaillée. Eivres. divers. 131 associé de la Société libre d'ugricullure, arts ct commerce du département des Ardennes ; et de plusieurs autres Sociétés littéraires où agronomes. 1 vol. in-8.° de 450 pages , imprimé sur beau pa- pier. Prix, 7 fr. et 8 fr. bo cent. franc de port. A Paris, chez la veuve Panckoucke ; imprimeur- libraire, rue de Grenelle, faubourg Germain , n.° 321, en face de la rue des Pères. An x (1802). LC T'EAUMOMLTO CHINE: * HISTOIRE naturelle des Poissons , par le ©. LACÉ- PÈDE, membre du Sénat, de l'Institut national de France , professeur au Muséum d'lustoire natu- relle ; et membre de plusieurs autres Sociétés sa- vantes. Tome III. In-4.° de 553 pages. A Pari, chez Plassan, imprimeut-libraire , rue de Vaugi- rard , n.° 1195. An x. MÉDECINE. MÉMOIRES physiologiques et pratiques sur l’Ané- vrisme ct lu Ligature des'Arières ; par J, P. MA&- NOIR , membre de la Sociélé de médecine de Paris, de la Société pour l'avancement des arts, et de celle histoire naturelle de Genève. À Geneve, chez Paschoud, libraire. An x (1802). 8.° de 130 pages, avec figures. Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins-Saint- Jacques. Prix , 1 fr, 8o cent. et 2 fr. 30 cent. franc de port, DISSERTATION sur la Fièvre lente, nerveuse , pré- sentée et soutenue à l’école de médecine de Paris, par P. SCUDERI , médecin, membre de la Société médicale de Paris. À Paris, de limprimerie de Crapelet. An 16#Chez Gaton, libraire, place de l'Ecole de médecine. 8.° de 34 pages. TRAITÉ PRATIQUE des Maladies des Yeux , ou Ex- périences et Observations sur les Maladies qui af- Jectent ces organes; par A. ScAnpA, professeur Ir2 132 Livres divers. d'anatomie et de chirurgie-pratique à PUniversité de Pavie ; premier chirurgien de la Lombardie au- trichienne ; des Académies de Vienne, de Berlin } de la ci-devant Société royale de médecine de Paris, de celle de Londres, etc. etc. ; traduit de l'italien sur le manuscrit, sous les yeux de lauteur; et augmenté de notes, par J. B. F: LÉVEILLÉ , médecin-chirurgien de l'École de Paris ; membre des Sociétés de médecine ; médicale d'émulation , d'histoire naturelle , philomatique de la même ville; chirurgien de première classe à l'armée française en Italie ; correspondant de la Société de médecine, de chirurgie el pharmacie de Bruxelles, etc. etc. 2 vol. in-8.° de 740 pages, imprimés sur carré fin et caractères neufs de cicéro ; avec trois plan- ches en taille-douce, supérieurement gravées à Pavie, sous les yeux de l’auteur. Prix, 8 fr. bro- ché, et 10 fr. par la poste, franc de port. Paris, chez FE. Buisson , impr.-libraire, rue Hautefeuille, n.° 20. Le nom de l’auteur, le mérite du traducteur, doivent faire rechercher cet ouvrage par tous ceux qui s'occupent de la physiologie, et particulière- ment de Ja médecine des yeux. DE 14 PARALYSIE de l’Iris , occasionnée par une application locale de la Belladona, et de son uti- lité dans le traitement de diverses maladies des yeux; par M. K. HIMmLr, docteur en médecine , professeur de la clinique , à Braunschuveig , el mem bre d’un grand nombre de Sociétés savantes ; traduit par Emile-Auguste ÊHLERS , d’Altona en Holsteïn, docteur en chirurgie et en médecine , membre associé étranger de la Société de médeêue de Paris; avec des netes et des observations du@ducteur. À Paris, chez Méquignon , libraire ,rue de lEcole-de-Santé, n.° 3. An 10. 1802, in-8.° de 32 pages. Apr is aux Femmes enceintes , et éducation plhysi- gue des enfans ; propre à les garantir des maladies Livres divers. 133 auxquelles ils sont exposés , à leur assurer un bon tempérament , à les accoutumer à ne point être incommodés du froid et de lx chaleur des diffé- rentes saisons , propre enfin à développer plus proptement leurs facultés physiques et morales; extrait des ouvrages de MM. TISsOT , NICOLAS, FOURCROF et SALMADE , s’accordant avec le systèmie d'éducation proposé par M. de Buffon , dans son Histoirenaturelle. In-12 de 60 pages. Prix, 5o cent. À Strasbourg, de l’imprimerie de Leyrauli. An X. MANUEL-de l’Officier de santé , rédigé et publié - par Jean-Jacques MARTIN , médecin , professeur à l’hôpital militaire d'instruction de Strasbourg. À Paris, chez Amand Kænig, libraire, quai des Augustns, n.° 18 ; et à Strasbourg , même maison de commerce , rue du Dôme, n.° 26. An IX. 18or. 3 vol. in-8.° de 302, 5oo et 449 pag. Prix, 13 fr. 50 cent., et 18 fr. par la potse. ISTRUZIONE sui vantaggi , e sul metodo d’innes- ture in vajuolo vaccino pablicuta par ordine det comilulo governativo dell# repubblica Cisalpina, da Luisi SACCO, dottore in medecina e chirurgia , e direttore della yaccinazione. In-4.°. OssERrAZIONT Pratiche sull uso del vajuolo vac- cino come preservativo del vajuolo umano , di Luigi SACCO dottore in medecina e chirurgie À con Jigure. Milano , nella stamperta italiana e francese a S. Xeno , n.° 534. Anno IX repubblicano. In-8.° de 216 pages. ECO: N°O:1M/T ER UR! ANEVE, TRAITÉ des Constructions rurales, dans lequel on apprend la manière de construire , d'ordonner et distribuer les habitations des champs , les chau- mières, les logemens pour Les bestiaux , les gran- ges, étables , écuries, laiteries , et autres bâtimens I 3 134 Livres divers. névessaires à l’eæploilation des terres et à une basse-cour : ouvrage publié par le bureau d'agricul- ture de Londres , et traduit de l'anglais avec des notes et des additions, par C. P. LASTEFRIE , membre des Sociétés philomalique, d'encourage- ment pour l'industrie nationale , d'agriculture du département de la Seine ; de la Société royale pa- triotique de Stockholm , etc. x vol. in-8.° imprimé sur carré fin et caractères de cicéro neuf; avec un vol. grand in-4.° renfermant 33 planches gra- vées en taille-douce par SELLIER , et imprimées sur beau Jésus superfin d'Auvergne. Prix, 12 fr. broché, et 14 fr. par la poste, port franc. A Paris, chez F. Buisson , imprimeur-libraire, rue Hautefeuille, n.° 20. Il est en France certaines branches de l’économie rurale qui ont atteint un grand degré de perfection, tandis que d’autres parties de cette science sont restées dans l’enfance , quoique cependant elles mé- ritent, par leur importance, une attention particu- lière de la part des propriétaires intéressés à aug- menter la valeur de leurs terres. L'art des construc- tions doit être rangé au nombre des parties les plus négligées et les moins entendues de notre économie rurale. Pour être convaincu de cette vérité , il suffit de porter ses regards sur les bâtimens de nos Fermes, où l’on remarque presque toujours un mauvais choix dans l’emplacement et dans les matériaux , des vices de construction et de distribution ; le désordre, la mal-propreté, et enfin une ignorance de Part, non moins funeste à la santé des hommes et à celle des animaux , que nuisible à une exploitation facile eë lucrative. La Société d’agriculture du département de la Seine, a sans doute été dans ces mêmes sentimens; elle a compris que lPamélioration de l'agriculture dépendoit, en grande partie, du perfectionnement ‘ des constructions rurales, lorsqu’eile a proposé un prix sur cette matière, Mais c’est en vain qu’on Livres divers. 139 chercheroït à obtenir un bon ouvrage en ce genre, dans un pays où l’agriculteur ne fut jamais archi- tecte, et où l’architecte ne réunit pas deux con- noissances de son art, l'expérience et la pratique du cultivateur. Les personnes qui ont voyagé en Angleterre savent que l’art des. constructions rurales y est parvenu à un degré de perfection inconnu partout ailleurs. L'art a dû nécessairement faire des progrès dans un pays où il existe un grand nombre de proprié- taires riches, et où les proprittaires se livrent à la culture de leurs héritages. Le bureau d’agriculture de Londres, cette institution utile, que le traduc- teur faitconnoître au commencement de l’ouvrage que nous annonçons, informé que les bonnes méthodes de constructions étoient encore inconnues dans plu- sieurs parties de Angleterre, a cru qu’il importoit de répandre les connoïissances acquises sur cette partie. C’est dans cette vue qu’il à fait recueillir ce qui existoit en Angleterre de plus parfait en ce genre, et qu’il en a composé l’ouvrage sur les con- structions rurales, traduit par le C. Lasteÿrie, Ce citoyen, connu par plusieurs Mémoires sur J’éconcmie rurale, insérés dans différens journaux périodiques, et par les ouvrages qu’il a publiés sur Ja même matiere (1), a non-seulemeut enrichi sa traduction de notes relatives à l’agriculture fran- çaise, mais {l l'a encore augmentée de plusieurs cha- pitres relauifs à des objets essentiels qui avoient été omis dans l'original anglais. Ami zélé de l’agricul- ture, le C. Lasteyrie, après avoir dirigé ses. études vers le plus utile des arts, à cherché à augmenter ses connoissances par l'examen des méthodes usitées chez différens peuples. C’est dans cette vue qu’il a voyagé en France, en Suede , en Danemarck , en Angleterre, en Hollande, sur divers points de l'Al- lemagne , en Italie, en Sicile et en Espagne, Muni de profondes connoissances sur lPagriculture-prati= (1) Magasin Encycl, An, NT, t HI, p. 455, note (2). T 4 136 Livres divers. tique et l’économie des champs, le C, Zasteyrie, par la publication de ee nouvel ouvrage, obtient en- core de nouveaux droits à la reconnoissance du pu- blic. Ce livre devient la suite indispensable , le com- plément du Cours complet d'agriculture de Vabbé Rozier , qui sembloit n’avoir rien omis dans son on- vrage , et qui n’y a point traite des Constructions ru- rales , objet siimportant pour les propriétaires et ha- bitans des campagoes. Aucun auteur français même n’a écrit sur ces matières. COMMERCE. Drscussron politique sur l'usure et le prêt surgagess adressée aux consuls de la république , parJ. T.BRU- 4 + *“ . \ x GÜILRE ( du Gard ). Se trouve à Paris, à l’im- primerie de la veuve Ga/etti, maison des ci-devant Capuçines, et chez tous les marchands de nou- veautés. Pluviôse, an X, in-8.° de 46 pages. MÉMOIRE sur le commerce de l'Inde, couronné à l& Société des siences et belles-lettres de Bordeaux. De l'imprimerie de Pinard, à Bordeaux. An IX, in-8.° de 34 pages. P. 0:21: Sri 3Q UE: PrAFFENSINN und Despotismus , die Mæchtigsten Hindernisse im Gange der Menschheït zur Auf klæ- rung von C. G. JAEHNE; c’est-à-dire, ESPRIT säcerdotal et despotisme | les deux obstacles les plus puissans des progrès du genre humain vers l& perfection et les lumières ; par C.G.JÆHNE , séna- eur et avocat du grand bailliage de Goerliz , et membre de la Société des siences de la haute Lusace, Leipsick , chez Sommer, 1802, in-8.° de 132 pag. avec une gravure , faite par Daniel Chodowiecky , et cette épigraphe tirée des ouvrages de Fréderic IT, roi de Prusse : | « Un dévot à la tête d’un état, un ambitieux “ qui unit son intérêt avec celui de l’église, reu- 4 E: W : (t 4 | Y Livres divers. 137 « verse dans un seul jour le travail de vingt années. « La seule passion qui lui soit permise est celle du « bien public ; c’est ainsi que pensoit Mare- Aurèle, “ et c’est ainsi que doit penser tout chef d’état qui «“ veut remplir son devoir. » TARÉ, OL O'GYL'E. ECLAIRCISSEMENS sur La nouvelle exegèse, par G. A. TELLER , pour servir de réponses aux lettres qui lui ont été adressées par M. J. A4. DE Luc, lecteur de S. M. la Reine de la Grunde Bretagne , des Sociétés royales de Londres et de Dublin , de la Société des scrutateurs de la nature de Berlin, de celle de minéralogie à Jena , professeur de phi- losophie et geo!cgie à Gottingue , traduit de l’alle- mand. À Berlin, chez F. De la Garde, libraire, 1601, in-12, de 100 pages. E;. D' U*C'A: T I'0 N: PLAN d'éducation publique , où Essai sur lu néces- sité et les moyens de reunir l'éducation à l’instrue- lion publique ; présenté au gouvernement par le C. J. TOUSSAINT, ci-devant licencié en théologie de la faculté de Paris, agrégé à lPurriversité pour les chaires de philosophie , etc. in-8.° de 46 pages, Prix 75 cent, et go cent. franc de port. Dijon. A Paris ,chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. N,0 Y'A G Es. VorAGE en ltalie de M. l'abbé BARTHÉLEMY , de l'Académie française, de celle des inscriptions et belles-leitres , et auteur du Voyage d’Anacharsis; imprimé sur ses lettres originales écrites au comte de Caylus : avec un appendice où se trouvent des morceaux inédits de Winckelmann, du P. Jacquier, et de Pabbé Zarillo , etc. publié par À. SÉRIES , bibliothécaire du Prytanée ; et communiqué pendant l'impression au Sénateur ; neveu de cet académicien, NX 138 Livres divers. el au directeur de la Monnoïe des médailles, son | compagnon de voyage en Ltalie ; seconde édition, augmentée dune notice sur madame de Choiseul ; 1 vol. in-8,° de 450 pages, imprimé sur carré fin et caractères neufs ,. avec une planche : 5 fr, broché, 6 fr. 5o centimes franc de port par la poste ; en papier vélin ro fr. À Paris, chez Æ. Buisson, imprimeur-libraire, rue Hautefeuille, n.° 20. Nous avons déja rendu compte de cet ouvrage in- téressant. Une seconde édition donnee si prompte- ment est la preuve de son succes. L'éditeur promet de lui faire succéder une correspondance entre le P. Paciaudi, habile antiquaire et le comte de Caylus. La publication de ce nouvel ouvrage ne peut qu'in- téresser les amis des arts et des lettres. * VorAcx du Bengale à Suint-Pétershourg , à travers les provinces septentrionales de P Inde, le Kachmyr, la Perse, sur la mer Casmenne , et suivi de l’his- loire des Rohillahs et de celle des Seykes, par feu Georges F'ORSTER , (raduit de l'anglois avec des additions considérables , et une notice chronologique des Khans de Crimée , d’après les écrivains turcs, persans , etc. ; par L. L'ANGLÈS, membre de P Institut national des sciences et des arts , Conser- vateur des manuscrits ortenlaux de la Bibliothéque nationale de France , professeur we persan à l’école spéciale des langues orientales vivantes, de la Société phülotechnique, du Lycée d’ Alencon. Paris, de Pim- primerie de Delunce. An X, 1802,3 vol. in-8.° de 319 , 472 et 498 pages. JOURNAL du dernier Voyuge dw ©. DorOoMIEU, dans les Alpes ; par T, €. BRUUN NEERGAARD ; Paris, Solvet, libraire, rue du Coq, n.° 123; Desenne et Surosne , palais Egalité. An x, 1802, in-8.° de 149 pages. L'auteur a accompagné le C. Dolomieu pendant son dernier voyage dans les Alpes. Il indique avec \ Livres divers, 139 sein les substances minérales qu’ils ont observées dans les différentes contrées dans lesquelles ils ont passé. On y lira également, avec intérêt , quelques détails biographiques sur le C. Dolomieu. ÉHÉTIS LE) OUVRE: * HrsTOTRE critique de l’établissement des Français duns les Gaules ; ouvrage inédit de M. le Président Hénault, de l’Académie francaise , et de celle des inscriptions et belles-lettres ; imprime sur le ma- nuscrit original écrit de sa main. 2° vol. in-8.° Prix 6 fr: et 7 fr. 5o cent. franc de port. A Paris, chez F. Buisson, imprimeur-libraire , rue Haute- feuille , n.° 20. VTE PRIFÉE , politique et militaire des Romaïns , sous Auguste et sous Tibère, duns une suïle de Lettres d'un praticien & son ami; traduile de l’an- glais, avec cette épigraplhe : Justum et tenacem propositi virum Non civium ardor prava jubentium, Non vultus instantis £yranui Mente quatit solide. Honacs, liv. 111, ode 5. 1 vol. in-8.° de 450 pages , imprimé sur carré fin, et Caractères de cicéro neuf. Prix 4 fr. 5o cent. et 5 fr. 50 cent. franc de port par la poste. À Paris, chez PF. Buisson, rue Hautefeuille, n.° 20. SUPERUEN SUMIL QUE. STATISTIQUE du département des Basses-Pyrénées ; par le général SERr 122, préfet. À Pau, chez Alexandre Diumon, imprimeur de la préfecture. An X, 1802, ANNUATRE stalistique | Où ALMANACH général du département de l'Isère, pour lan x de la répub!i- que francaise ; par le C. BERRIAT ( Suint-Prix) , 140 Livres divers. professeur à V École centrale ; se vend à Grenoble, chez J. Allier. An x de la république , in-12 de 189 pages. A RCA TE D LUONG) ILE: LEs FURIES, d’après les poètes et les artistes anciens , par M. BOETTIGER , traduction de l'Allemand, par T, F. IINCKLER, employé au cabinet des An- tiques de la Bibliothéque nationale, avec quatre gravures dont deux enlumrinées. À Paris, chez Au- guste Delalain jeune, libraire, rue Hautefeuille, n.° 14. Ân X, 1802,in-8.° de 126 pag. Prix 3 fr. 50 cent. et 4 fr. pour les départemens par la poste. C’est la dissertation insérée dans le Magasin En- cyclopédique | année FIL, tom. 1F7, pag. 433, ct tom. PF, pag. 33 et 175, que le C. Delalain a fait tirer séparément. Dans une petite preface que le tra- ducteur a mise en tête, il parle de l’utilité des mo- nographies pour les progres des sciences, particu- Jiérement de PArchæologie et de la Mythologie, et il en cite plusieurs publiées en France et en Allemagne; il fait connoitre ce qui a engagé M. Boettiger à se livrer aux recherches dont cette dissertation contient Jes résultats. « Ces recherches, dit le traducteur, « m'ont semblé devoir intéresser non-seulement les « antiquaires , mais aussi les artistes et les gens de « lettres; j'ai pensé aussi que , dans un moment où « l’on tâche de ramener le costume théatral à la vé- «_rité de antique, ce petit ouvrage ne seroit point « dépourvu d’intérét pour les personnes qui s’occu- “ pent de l’art théatral, en ce qu’il leur fera con- “ noiître la manière dont les Furies ont éte repré- « sentées dans l’antiquité , à différentes époques. » GRAMMAIRE, GRAMMAIRE italienne , réduite à cinq articles , suivie d'une Table générale des trois différentes conjugai- sons , par laquelle on peut , d’un coup- d'œil , ap- \ ; Livres divers. 141 prendre aus les verbes réguliers en axe ,ere ,ire, etc. Brochure in-12 oblongue , prix 75 cent., et r fr. franc de port. Paris, An X, chez Auguste Delalain jeune, Mbraire , vue Hautefeuille , n.° 14, au coin de celle des deux Portes. L'auteur de cette Grammaire a professé avec succès la langue italienne ( sa langue maternelle } avant et pendant les premières annees de la révo- Jution, dans un collége distingué d’une des grandes villes de la France. Une expérience de plusieurs an- nées a dû lui faire connoitre ce que les principes de la langue italienne offrent de plus essentiel à sa- voir, En effet, cette petite brochure , quoigu’elle ne soit que de 35 pages, contient les observations né- cessaires sur la prononc'ation et la formation d’un grand nombre de mots italiens, au tant qu’ils ont quelque rapport à ceux de la langue francaise; ce qu’il y a de plus essentiel à savoir sur les articles et les noms ; on y trouve des tableaux qui s’y rap portent, la déclinaison des pronoms, les observations convenables sur les pronoms, les conjonctions, les adverbes, et surtout la particule on ;.erfin la décli- naison des verbes auxiliaires et irréguliers, et un mot sur la syntaxe , et les retranchemens usités souvent ce italien. Quant à la conjugaison des verbes régu- liers , auteur l’a rédigée en tableau, au moyen du- quel on peut apprendre tres-facilement , par la com- paraison qu'on peut faire d’une conjugaison avec les autres. Cette petite Grammaire sera de la plus grande utilité à ceux qui veulent apprendre la langue ita- lienne, ainsi qu'aux commencçans qui la savent un peu , mais qui ont quelquetois besoin de recourir aux paradigmes. Son tas volume la rend très-propre à être mise en poche, et la méthode de l’auteur qui a réduit en tableaux les déclinaisons et les conju- gaisons , est d’un grand secours à la mémoire, pour se les rendre familières. THE titte-page Reviewed , the characteristic merits ef the chinese language illustrated by an investiga- 142 Livres divers. tion of its singular mechanism and pect:liar progier- Liescoutainaing analytical strictures on D,'HAGER, explanution of the elementury characters of the chi- nese. By. Antonio Montucei LL. 1). occasional chi- nese transcriber to his majesty and 10 the honou- rable the east-india company. London printed.for the author by W. anc ce. Spilsbury Snowhill ; and sold by Messrs. Cadell and Davies , Booksellers , Strand 1801, in-4.° de 8 pages. C’est letitre d’un ouvrage annoncé par M. Montucci à Londres, contre l’Z2/roduction aux caractères élé- mentaires des Chinois , publiée par le D." Hager. Nous n’en citerons qu’un exemple. M. Montucci critique le D* Hager d’avoir donné Fu pour exemple du cinquième ton, Fu, dit-il, n’a point de cinquième ton. Or, dans tous.les dictionnaires manuscrits que nous avons en Europe, et entres autres dans celuide la Propagande, qui se trouve maintenant à Paris, Fo, marqué d’un accent bref avec un point, est le même que Fu au cinquième ton. C’est pourquoi on prononce Fo-Kien ( province de la Chine, ) ou Fox- Kien : Fo-hi( empereur de la Chine ) ou Fou-hr, etc. Au reste, M. Montucci ne peut pas prévenir en sa faveur ; lorsqu'il se permet , dans son annonce, des expressions qui montrent de lhumeur, et qui n’ont rien à faire dans une discussion purement littéraire. C. Cours de larigue allemande ; à l'usage des personnes gui desirent apprendre cette langue d’elles-mêmes et entrès-peu de temps. 1. partie, à Paris, chez Baudelot et Eberhart, imprimeurs du Collége de SE rue Saint-Jacques, n.° 30. An1X, 1801, in-8.° EP r-T AS UMONMU PO RUE L AT L'N'E L’AcnizLéiDne et les Sylves de Stace, traduites en français, par P. L. CORMILIOLE, de la Société libre des sciences , lettres et. arts de Paris, et tru- Livres divers. 143 ducteur de la Thébaïde’ du méme auteur ; avec cette épigraphe : Maroneique sedens in margine templi, Sumo animurmn, et magni tumulis adcanto magistri. Lib. 4, Sylv. 4, v. 54. 2 vol. in-12, br. Prix, 4 fr., et 5 fr. 75 cent., france de port. Paris, Demoraine, imprimeur - li- - braire , rue du Petit-Pont, n.° 99. : Cet ouvrage, qui manquoit à notre littérature , étoit desiré depuis longtemps. Réuni à la Thébaïde, imprimée en 1783, i] complète la collection des œu- vres de Stace , et celle des traductions des anciens poètes latins, Le C. Cormiliolle n’a rien négligé pour rendre son travail digne des regards du public, et de l’accueil favorable que les gens de lettres ont fait. à sa Thébaide. P'OÉSTE FRANCOIS É, Vor4GE de l Avocat MIGNON , de Noyers & Paris , lors de la dernière fête du 14 Juillet ; poème héroë- comique , en 4 chants. Paris, Desenné | palais du Tribunat, n° 2, et Tardieu, rue et maison des Mathurins, in-8.°, 44 pages. An x , 1802: Prix 75 cent. pour Paris,.et'1 fr. pour les départemens. J'ai peur qu'on ne trouve guère dans ce poème héroi-comique , de comique que lintention, et d’hé- roïque que le mètre dans Jequel.il est écrit. L’a- vocat Mignon et sa femme Miguonne sont deux es- pèces de caricatures provinciales, dont Jes aven- tures, au reste assez Communes , eussent pu, je crois, être, racontées d’une manière plus gaie, et surtout plus poëétiqne. Mais il est des ouvrages, essais d’auteurs atmables et sans ambition, qu'il seroit injuste et déraisonnable de critiquer avec trop de sévérité B.—E. 144 Livrès divers: er MÉLANGES. CATALOGUE systématique et raisonné de l& nouvelle … Littérature fräncoise, ou Résumé général des Livres “nouveaux en fous genres, Cartes géographiques , Gravures et Œuvres de musique qui ont élé-publiés en France , dans le'cours de l'an 1801 , ou depuis nivose an IX , jusqu'en frimaire an x. Prix, 75 c. franc de port, Paris, chez Treuttel et ürtz, libr. quai Voltaire, n.° 2 ; à Strasbourg, chez les mêmes, Grand’rue, n.°15, et dans toutes les bonnes librai- ries de France et de l'Etranger. Un pareil catalogue a 6té publié à la fin des an- nées 1798, 1799 et 1800 ( v.st.). Celui des produc- tions de l’an 1801, forme le quatrieme de la collec- tion. Ces catalogues servent en même temps de table pour chaque année du Journal général de la Litté- rature de France , dont ils forment le 12.° cahier. Les ouvrages sont distribués en cinq classes géné- rales : là première est consacrée aux sciences phy- siques et mathématiques ; /& seconde , aux sciences économiques et aux arts utiles ; la troisième, aux sciences morales et politiques; la quatrième ; aux beaux-arts; la cinquième, à l'histoire générale de Ja littérature. : su La récapitulation que fait.ce catalogne, des pro- ductions de 1801, offre : Pour Ja première classe“... 171 articles. Pour la (seconde classe ..........: 90 *x\ Pour la troisième classe.....:..., 354 Pour la quatrième classe......:... 453 Pour la cinquième classe.......... 117 Tofatp. 0/0 rr85 atticles: O0 R 08) AuriD ri à Dans la planche insérée p. 494 du volame précédent, ligne 5 dutexte copte , le graveur a oublié la lettre N dans le mot Ærdgen. Dans la traduction, ligne 2 de la mème planche , le mot Aæc, qui ne se trouve pas dans le copie, doit être enfermé entre deux parenthèses. H , 7 + ? ne > à Table des articles contenus dans ce numéro. BisciocnAPHrx. Recueil des leitres de madame 42 - Éévigné; nonvelle édition , au- . gmentée d'ün précis de la vie de | . cetre femme célebre, de réfle- xions sur-ses lettres, par S. J. B. de Väauxelles. : : LITTERATURE GRRÉQUE. Au C. Coray, sur une nouvelle t'aduction de Pauüsanias ; par le C. Clavier. 22 GÉOGRAPHIE. La ARR. orientale d'Ebn- Haukal, voyageur arabe du X.° X À ley, ‘Sur un manuscrit 4 Jui ap- qe partenant ,/ collationné sur un au- tre manuscrit de la bibliothèque da Collège d'Eton; par le C. Silvestre de Sacy. 53 VARIÉTÉS, NOU V ELLES ETCOR- RESPONDANCELITTÉRAIRES. NouveLLrs ÉTRANGÈRES. : Ile-de-France. — Artistes. 77 > Constantinople. — Imprimerie tur- que 78 Russie. se Géographie. Ibid Economie. Ibid. Académie de musique. € "Davemarck: — Püblication de deux ouvrages, . Zbid. Kouvelles écoles, Ibid. Littérature indienne. : 186 Suède. — Bibliothèque de ARosen- srein. Zbid. Lectures. 1bid: Prusse. — Académie de Berlin. 81 Et Saisons d'Haydn. Ibid, | Voyages, JIbid, Autriche. —Sysième du professeur Da. 84 Académie Josephine. 85 Cen$uré des livres à Vienne. 86 Ouvrages français défendus par la censure de Vienne, pendant les mois d'août et de sépien- bre 1801. Jbid, siecle } tradaite par sir W. Ouse-' Académie des arts à Prague. 89 Allemagne, — Invention relative au plain-chant. Ibid," Les Adelphés de Térence et le Jon d'Euripide, joués au théä- tre de Weimar. go + Edition de l'Iliade. 93 ‘Bibliothéque de Gotha. 94 Londres, Diverses publications. 4 Ibid. Italis, — Le C; Cagnoli, présidenr de Ia Société italienne des sciences, au C. Delamibre, secrétaire. de l'{nstitut national de Paris. 96 Rome.— Mort de Marguerite Sut- ter-Bernini. 1o1 Persée de Canovar- Ibid. Milan, — Médaille. Ibid. Türin.+ Saciété d'agriculture. r0a Observations météorologiques. 103 Frances. Extraction de l’Huile de hareng par “ébullition, à Dieppe. 10$ Société d'agriculture des Deux Sèvres. 105 Société d'agriculture de Strasbourg. Ibid, Panzs. 9 {Leure sur le prix proposé par l'A. cadémie de Lyon ; sur la Fièvre puerpérale 105 Tostitut natioual, »108 Ecoles centrales. 109 Collége de pharmacie. 110 Société: philotechnique. 11L Institut de jurisprudence. 113 Sourds et Muets. 114 Essai fait au Prytanée , sur le Blan- chiment des murs. 115 Antiquités. — Sciences et Arts, 18: Sacièté des Amis des arts. 322 Mécanique. 128 Carte de la Méditerranée, 124 Mout de Séiis, 123 Mort de Lescor. 127 Mort de Delahaye, 128 Mort de Lepause. 45e 4 k À es Livrares Drvuns de Lars 5 LÀ © éducation physique des enfans ;: ® X 4 M M... Minime ! 2 Cours. dé Minétilogie ;, par N, Jolyatercs M» x30. :* _Ichfhyologie. | Histoite naturelle des Poissons ; par.}ÿ5; le CLacépède. x 24 PE: Médecine, Mémoires sur l'Anévrisme et-Jé Li- * paure des Aitères ; parle C4 faunotr. “x Mid, Dissertation sur la Fiévrelenté, mer: veuse; par le C. Sernidert. To \1 Traité pratique des Maladies des yeux ; par À. Sonipa. {brd. De la Paralysie de l'Inis,occasionnée ar une. sppliaüon locale dé la. elladopa ,2ét de sou mihté dans le traitement des yeux; pale. RPC 070 V4 CNRS NN FRE PS Avis aux Femmes éneemites, et|+ l'extrait des ouvrages de 27ss6t; Aicolas, Fourcroy eSa/made. Je Ibid. Manu de l'Officier de santé , par Acrtir. 193 Œstruzione sui yantaÿ Bi je sul mes todo d'innestare. 1] vajnolo vat- cino ;: da Luigi S'écéo. Ibid. Osserreziont Pratiche sul” uso-del DNS vajuolo vaceino comé preserva- | Gremmai vs da1 aile ame Br MEL: ee 0 +. did: l'ppetine-page Rene i * ractenstic. merits Of th * language illustrated By tigabion of its singulärs Grammaire, ialienre , réduit Saëco. SE Economie rurale. fT'iaité ‘des ‘Consirücuons rurales ; par le C. Zasteyrie. ibid, + 177 Commerce: couainaing añalyucal st Discussion politique -sur l'Usure et} Dr-Hager, explanation le Pret UP ee ; par le C.F'-mentary characters of Bruguière (du Gad)»: 190] By'Antonio Moneuecr. Blémoie surle counrerse de l'In-| Cours de langue allemande; ? de couronné à4la Sétieré des |‘ 2. Eirtérature Jatine, ériences er belles-Jertres de Bor-} L'Achillèdeer les Sylves de ù deaux 5. “Ibid. \ twaduitessen français par M ‘ Politique. Cormiliole. ORNE Æsprit sacerdotal et déspotisme ; les Poésie françor + deux obstacles des pins puissans| Voyage dé l'avocat “des progrès du genre liuain | Noyers a Paris, lor vers la perfection et les fumiéres:} fére du 14 suilfet.s pa C:G. Jæhne (enallème) Mb f 2 Métn ÿ 4237104 Catalol system Thor re hireissemenssur la nouvellg exe-3" Tue; pu Ge Ar dulérs 197 1: un “JOURNAL. DES SCIENCES, L'HMADES LETTRES ET DES ARTS, Par A. NA & 12, Mn Avis. DES ÉDITEURS. Étepée de te e Journal est Prés es à. 9. : Fanes pour | trois. mois, Fe he ci 2# 78 francs pour six mois. ; s Fe ir FO Rat EE in an, JE F. Ar tant boue Paris que Fpour les Départemens franc de porte ‘4 ox peut s'adresser an Bureau da Journal pour se procurét ous les Livres qui paroissent en Franceet chez l'étranger et ? ue ce. qu concerne la Librairie ancienne et moderne, * E J MAO à auquel la phüpété des hommes qui ont nom distingué , > une réputation justement ac- quise dans quelque partie des arts ou dés sciences, tels que les citoyens DoLomiEu, DESGENETTES, SiLVESTRE DE Sacy, FourcroY, HArLÉé, HeëR- (MANN, SCEWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE, LANGLÈS, ÉLALANDE , LAGRANGE ;. LEBRUN, MARRON, sÙ ENTELLE, BARBTÉ pu Bocage, MORELLET,NoEt, (OBERLIN, CHARDON LA ROGHETTE, CAILLARD : Max-Moxs,Traurcé, LÉVEILLÉ COUSIN ,CUYIER, 0 PI. (5e An.) 4 Gzorrroy, VENTENAT, CAVANILLES, USTERI, BoETTIGER , VISCONTI, VILLOISON, WILLEMET, . 4 WinckLer, ete. ont fourni des Mémoires, contient . J’extrait des principaux ouvrages nationaux : on s’at-. tache surtout à en donner une analyse exacte,et à la faire paroître le plus promptement possible après : leur publication. Cn y donne une notice des meil- Leurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur : toutes les parties des arts et des sciences ; on choisit principalement ceux quisont propres à en accélérer les : progrès. On y publie les découvertes ingénieuses , les inven= | tions utiles dans tous les genres. On y rend compte : des expériences nouvelles. On y donne un précis de ! ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d’objets d’arts et des sciences renferment de plus curBUXs" he CN PERS PE On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. ; Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. I] paroît le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. On s’adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bureau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucus, Libraire , rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Hengst. * 4 Rec > { chèz Van-Gulik. à LE À Bruxelles, chez Lemaire. À Florence, chez Mohini. EE AF A ap ir ni ET chez Fleischer. g chez Manget. A Genève, { chez Paschoud. A Hamboure , chez Hoffmann, A Leipsic, chez Wolf, A Leyde, chez les frères Murray: . À Londres, chez de Bofle, Gerard Streer: À Strasbourg, chez Devrault. A Vienne, chez Regen. Hé Alge) À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postess Il faut affranchir les lettres, CHI Y.M LE: EssAr sur le perfectionnement des Arts chy- miques en France ; par J. 4. CHAPTAL, de l'Institut national , et conserller d'Etat. À Paris, chez Deterville , libraire , rue du Battoir , n.° 16. Novs nous empressons de faire connoïitre un ou- vrage qui , sous le rapport des progrès des’arts utiles, de Pagrandissement du commerce , et des vastes connoissances de l’auteur dans ces matières, doit attirer l’attention du gouyernement. « Les Francois n’ont occupé jusqu'ici, dit le C. « CHAPTAL, que le second rang parmi les peuples « manufacturiers de l’Europe ; cependant notre po- « sition géographique, nos richesses territoriales , « notre caractere national paroissent nous avoir des- « tinés à occuper le premier.» Quelles sont donc les causes qui nous empêchent de prendre la place que la nature nous avoit destinée ? c’est ce que l’au- teur examine. Il s’en présente trois ; 1.° les préjugés qui classoient les fabriques parmi les métiers abjects, et en écartoient les capitaux; 2.° un mauvais sys- tême d’administration, qui ne voyoit, dans les fa- briques, qu’une source d'impôt , et jamais la base de la prospérité publique; 3.° le manque absolu de tout esprit national, et le plus scandaleux engoue- ment pour toutes les productions étrangères. Ces Tome FT, K 146 Chymie. trois obstacles , surtout le dernier, subsistent en- core , malgré la liberté dont les talens et l’industrie ont pu jouir, malgré les lois prohibitives et coër- citives qui ont été employées. IL faut donc croire que le gouvernement n’a pas fait, jusqu'ici, tout ce qu'il pouvoit, pour donner aux arts d’utilité gé- nérale , tous les secours et toute l’activité qu’ils de- voient en attendre, Le C. Chaptal est très-persuadé qu’il n’y parviendra qu’en adoptant un systême d’en- couragement , bien approfondi, qui mineroit les préjugés enracinés, qui paralyseroit l'intérêt de l’é- tranger, qui éloigneroit Ja malveillance. Ce sys- tême administratif pourroit avoir pour base trois moyens également faciles. Le premier de tous con- sisteroit à former des fabricans éclairés ; le second se borneroit à rendre la fabrication plus économique ; le troisiéme devroit avoir pour but d'indiquer aux fabricans , sur le sol de la république , les empla- cemens les plus convenables aux divers genres de fabrication. Ces trois moyens sont développés dans trois sections, qui demanderoient non d’être ana- lysées, mais d’être connues en totalité. Les idées de l’auteur y sont présentées avec clarté, ses vues patriotiques avec intérêt, les établissemens qu’il propose avec utilité. « Toutes les institutions an- « ciennes ont disparu avec le régime qui les avoient “ produites; mais nous sommes Join de penser que « toutes fussent vicieuses. Il est permis aujourd'hui « de proposer et d’espérer le rétablissement de celles « qu'on n’eût jamais dû proscrire. » L'auteur veut donc qu’on fasse revivre cet usagé ,-propagateur de Ars chymiques: 147 l’industrie , qui ‘permettoit aux parens d’un jeune homme de le mettre, pendant un certain nombre d’années, à la disposition. d’un chef d’atelier qui, à son tour, étoit obligé de linstruire_ dans tous les détails de sa profession. Cette réciprocité d’engage- ment étoit assurée par un acte public. Ces contrats d'apprentissage ont été anéantis dans.cette subver- sion de tous les principes qui a dissous ce qui pou- voit encourager et favoriser les arts. Ici l’auteur dé- signe au gouvernement ce qu'il doit faire pour ré- tablir cette garantie, sans la gêner; ce qui doit en protéger l'exécution , sans l’influencer. 1] montre ensuite quels étoient les avantages et les inconvé- niens des corporations, et les différences qui exis- toient entre ces associations et le compagnonage , cette espèce de franc-maconnerie; qui étoit non- seulement utile aux progrès de certainsarts,, mais qui préservoit l'artiste de la privation du travail et des horreurs de la misère. Combien ces. arts ont perdu par le relâchement et la destruction de tous ces liens fraternels! L'artiste , livré dès-lors à lui-méme, à ses propres ressources , s’est trouvé circonscrit dans sa propre routine; il n’a eu d'idées que celles que l'instinct du talent a pu lui donner , et les secours de l’émulation ont été anéantis. L'auteur reproche, avec fondement, à l’organisation de l’enseignement public, d’avoir oublié la classe la plus nombreuse, comme la plus précieuse. Les écoles primaires , les écoles centrales , ( sion en excepte.le dessin), n’of- frent aucune ressource, pour celui qui se destine à une profession mécanique ; il frouye même que les K 2 148 : Chyrmie. écoles de chymie ne remplissent pas le but qu’on s’est proposé , parce que la variété et la rapidité des ob- jets qu'on présente à l'élève, lui permettent à peine de saisir quelques principes , mais qui, étant privé des développemens , ne peut devenir un artiste, Il desireroit que le gouvernement formât pour eux des écoles d’instruction-pratique, et il croit que quatre établisséemens de ce genre embrasseroïent la presque totalité des opérations qui appartiennent aux fa- briques. | Le premier auroit pour objet les travaux de la teinture , impression sur la toile, et préparations animales, Le second traiteroïit des métaux et de leurs pré- parations. Le troisième feroit connoître les terres et leurs usages pour Ja fabrication des poteries; il s’'occupe- roit en même temps des travaux de la verrerie. Le quatrième apprendroit à former les sels, à ex- traire les’ acides et les alkalis, à distiller les vins, les plantes aromatiques, et à combiner les parfums, Le C. Chaptal entre ensuite dans le détail des dis- positions , soit générales, soit particulières, qu’exi- geroient ces établissemens. On pensera , comme lui, que ces écoles ne peuvent et ne doivent pas être réunies dans un même lieu. Il y a de ces arts qui dépendent des localités, du climat, qui ne prospè- rent que là où les hommes, Pair, Peau, les terres, leur conviennent, D’après ces convenances à obser- ver , il place l’école des teintures et des préparations animales à Lyon, qui lui paroît le lieu le plus fa- Arts chymiques. 149 vorable aux manipulations des soies , des laines , des fils et cotons. C’est dans Paris qu’il Jaisse subsister tout ce qui tient à l’enseignement des travaux mé- talliques ; il voudroit cependant que, pour étendre Ja pratique et pour parvenir au perfectionnement de cette belle partie des arts, on en multipliât les écoles dans les lieux qui en fournissent les matières, comme le comté de Foix, le Berry. L'école de poterie et de verrerie seroit placée à Sevres ; le bel établissement de porcelaine qu’on y trouve, et qui a été le ber- .ceau de toutes les découvertes comme de tous les talens en ce genre, peut de nouveau servir d’école, et acquérir à la poterie grossière la supériorité qu’ont acquise nos porcelaines. L’instruction pourroit y être établie avec d'autant plus de facilité, qu’on y est au centre des terres les plus propres à ces travaux. La verrerie n’y trouveroit pas le même avantage; mais comme ces deux objets ne peuvent être désunis, la verrerie qui est déja eu activité à Sèvres, demande qu’on y fixe un établissement du même genre. L'école d’halotechnie et de distillation ne peut être bien placée qu’à Montpellier. Tous les avan- tages y sont réunis. Les vins, liqueurs ou parfums sont des productions du terroir; la proximité de l’I- talie et de la mer y rend le soufre et le salpêtre très-abondans ; le voisinage des salines, la fabrica- tion du verd-de-gris , du sel de saturne , des crêmes de tartre et de la soude, l'exploitation peu éloi- goée de plusieurs mines d’alun et de couperose, sont un ensemble de facilité qui appelle naturellement l'établissement proposé. K à 150 Chymie: :«. A laide de pareilles institutions , dit le C. Chap- « tal ,/mon-seulement nos fabriques s’enrichiront de -« leurs propres découvertes, mais rien de ce qui se « feroit d’intéressant chez l'étranger ne leur seroit “inconnu ; tandis que par le long et pénible séjour «que fait Papprentif dans un atelier , il n’acquiert «jamais qu’une: partie des connoïissances de son « maître. » 27 Dans la: seconde:section, qui traite des moyens de dimipuer le prix des produits de fabrique, l’au- teur ne voit dans l’instruction qu’une partie des de- -voirs du gouvernement ; celui-ci doit encore s’em- ‘presser d'effacer ce qu'il y a d’irréfléchi dans les lois ‘sur l’exportation et sur l'importation des matières premières ou .des produits de nos fabriques. Quel- ques mauvaises lois sur les douanes ont plus nui à nos manufactures, que le défaut de crédit et d’en- couragement: Les règles de conduite dont un bon gouvernement ne peut s’écarter, sont 1.° que le fabri- quant soit libre de s’approvisionner de toutes les ma- tières premières de son industrié, partout où l’ac- quisition de ces maticres lui présente plus d’avan- tage soit par le prix , soit par la qualité; 2.° que le gouvernement doit rendre libres l’entrée et la cir- culation de toutes les matières premières de nos fabriques 5.3.° que les produits manufacturés doivent jouir destmêmes avantages pour l'exportation; 4.° que le gouvernement doit imposer le fabricant , et affran- chir presque:de toute redevance les matériaux et Îles produits de son industrie; car, la loi qui surtaxe les marchandises , en détruit la consommation. C'est Arts chymiques. 151 par la concurrence avec les produits étrangers que les fabriques nationales peuvent prospérer, mais ce ne sera jamais en prohibant l’entrée de ces produits qu'on parviendra à les favoriser. Cette prohibition entraîne trois grands inconvéniens ; elle frustre l’é- tat d’un revenu de douane , elle présente un appât à la contrebande, elle gêne l'émulation de nos fa- bricans. Pour que cette rivalité d'industrie puisse balancer , dans tous les marchés de l'Europe , la con- currence avec les autres nations, il faut faire aussi bien, et à aussi bas prix. Nous ne sommes pas dé- pourvus d'artistes d’un talent supérieur, mais la masse entière est dans l’inertie de la routine, par /e défaut d'instruction , par le manque de goût dans le consommateur. Cependant la grande différence des produits entre les artistes françois et les artistes an- glois vient moins de la disproportion des talens, que du peu de connoiïissances du consommateur. A Lon- dres, l’artiste ne parvient à vendre que ce qu’il a perfectionné. À Paris, la moindre différence dans le prix élève l'ouvrage imparfait au niveau de Pou- vrage le mieux fini, et alors l’artiste ne cherche point à mieux faire. Ce n’est certainement pas le défaut de goût chez le Français qui arrête les progrès des arts, mais bien, selon nous, les moyens bornés d'acquisition. On ne peut refuser au Français untact bien au dessus et bien plus sûr que celui des autres nations : car , qui est-ce qui a conduit à une perfec- tion qu'aucun peuple n’a pu atteindre, notre bijou- terie, notre quincaillerie , notre broderie , si ce n’est le goût qui règne en France pour tous les arts d’a- K 4 152 Chymie. grément? On pourroit donc faire aussi bien que les Anglois ; mais pourroit- on fournir au même prix qu'eux, les marchés de l’Europe ? non assurément ; la perfection de leur mécanique leur donnera tou- jours l’avantage du bas prix, par la simplicité de la main-d'œuvre, qui fait que le travail d’un seul homme équivaut à celui de quatre-vingts ou cent ; ajoutons que ces mécaniques ont encore le mérite de perfectionner le travail. L’ouvrage du cylindre pour l'impression des toiles, rend l’opération plus prompte et plus correcte ; cette même mécanique adoptée en France seroit ruineuse , attendu que le gain qu’on feroit sur le peu d'exemplaires qu’on ver- droit du même dessin, ne couvriroit pas les frais de la confection de cette machine. En Angleterre, le fabricant a déja placé dix mille pièces de toile im- primée , avant que le dessin soit terminé. Les ra- soirs fabriqués à Paris sont aussi parfaits que ceux de Londres ; mais un bon rasoir coûte à Paris quatre fois plus qu’à Londres , parce que le fabriquant an- glois divise et simplifie son travail par des machines, et débite dix mille rasoirs par an, tandis que celui de Paris en vend à peine quelques douzaines. Un fabricant parviendroit en vain à établir l’éco- nomie dans son atelier, si le gouvernement ne lui garantissoit pas l'exécution des traités qu’il peut con- clure avec ses ouvriers. Cette garantie tient à l’in- térêt du commerce , au maintien des bonnes mœurs , à la sureté publique : il est donc essentiel qu'il pro- tège les conditions de ces contrats qui lient le chef d'atelier et ceux qu’il emploie, Arts chymiques. 193 Lesemplacemens qui conviennent aux divers genres de fabrication , font l’objet de la troisième section, « C’est une grande erreur , dit le C. Chaptal, de « croire que toute terre est propre à toute culture, « que tout sol convient à toute fabrique. C’est pour « n'avoir pas bien calculé la possibilité des appro= « visionnemens , la facilité des débouchés, la res- «“ source des bras, le prix de la main - d’œuvre, le « génie particulier des habitans , que tant de fa- « briques ont péri, que tant de branches d'industrie” “ se sont éteintes. » Le choix du sol est donc le pre- mier objet vers lequel se doit diriger l’attention du manufacturier ; la facilité des approvisionnemens et la certitude de la consommation, sont les ressorts principaux qui donnent le mouvement et la vie à un établissement de fabrique; la nature de l'air et de l’eau entre encore dans cette création; les teintures , les papeteries , savonneries, blanchisseries, ont be- soin de l'influence du premier agent. Il est des arts qui sont essentiellement liés aux lumières et au goût, et qui , par conséquent , ne peuvent être placés que dans les grandes villes, où les connoissances , les modèies et les ressources les animent et les alimentent. Ce- pendant l'accumulation d’un grand nombre d’artistes fabricans a de grands inconvéniens; Lyon , Rouen, Nismes, les ont fait connoître pendant la révolution, parce qu’à cette époque la privation forcée d’appro- visionnement, et la nullité de vente, ont ôté toute ressource à l’industrie , et la vie même aux indi- vidus. Pour avoir des idées plus fixes sur le pouvoir de 94: : Chymie. localités, l’auteur les divise en trois classes; celles qui ont pour objet les travaux sur les substances ani- males et végétales ; celles qui travaillent les métaux ou les terres ; celles qui sont destinées à la fabrica- tion des sels, Les teintures et la confection des tissus d’étoffes ont des rapports si intimes, qu’il n’est pas possible de les séparer sans nuire à Ja perfection de Vouvrage. Les fabriques de soie, de drap, decoton, de laine et de fil, ont besoin de cette réunion ; Lyon, Rouen, Avignon, Sedan, Abbeville ,‘etc., en sont la preuve; l'observation vient à l'appui des prin- cipes. En effet , la fabrication des étoffes grossières est généralement établie dans les lieux mêmes qui produisent les matières premières , tandis que la confection des tissus fins qui exigent du choix et de la variété dans les matières, plus de main-d'œuvre et plus d’habileté, s’est répandue sur tous les points de la France indistinctement. Dans le premier cas, la matière fait tout; dans le second, la facon en fait presque toute la valeur. Ces draperies fines ne pouvant être fabriquées jusqu'ici qu'avec des laines étrangeres, et les transports de ces matières se fai- sant également partout , ilest facile d'expliquer pour- quoi le prix ne varie point. Cette considération ex- plique aussi pourquoi les fabriques de coton se sont établies avec un égal succès aux deux extrémités de la France , à Rouen et à Montpellier. Celle-ci avoit un avantage de localité qui devoit lui donner une supériorité «sur la première, la garance , la soude, l’huile d'olive , le savon, qui sont les ingrédiens qui entrent dans cette teinture ; mais Rouen avoit l’é- * Arts chymiques. 199 -conomie introduite dans la filature par l’usage des mécaniques , économie qui est constamment de ro et 15 pour cent, de plus une grande perfection dans l’exéeution. Le bienfait des localités est encore bien sensible dans les opérations préparatoires des étoffes. Un sol humide et une atmosphère chargée de va- peurs sont nécessaires aux blanchisseries. Les toiles peintes ne réussissent pas dans les climats trop chauds et sur des terreins arides. Les couleurs y sont ternes et sèches. Celles de la fabrique d'Orange ne perdoient cependant point de leur éclat. Ce n’est pas aussi ce qui a détruit cet établissement , ce sont les grandes dépenses auxquelles on s’est d’abord livré, et l’in- conduite de quelques actionnaires et de leurs agens. L’influence des localités est encore bien marquée dans -divers genres de fabrication , tels que l’aciération , la cloutaison , le laminage, etc. Par exemple, l’a- ciération trouve des avantages non contestés auprès des bonnes mines de fer; aussi voit-on avec peine que le premier établissement fait en France pour convertir le fer en acier , ait été placé à Amboise , qui n'offre aocune ressource locale. Les pays de Foix et de Berry, par la nature de leurs mines de fer, et par l’abondance du charbon, ont des facilités qui ne peuvent se rencontrer dans aucune autre partie de là France. On m’objectera , dit le C. Chaptal, que les Anglois, pour qui ces sortes d’établissemens forment une ressource prépondérante , acierent des fers étrangers ; c’est à la supériorité de ces fers, pro- venant de la province de Roslagie en Suède, qu’on : doit la perfection de leurs ouvrages. Si la France, 156 Chymie. ou toute autre nation, parvenoit à être en possses- sion de ces fers, cette branche d'industrie échappe- roit indubitablement des mains qui la possèdent. Tous les arts sur lesquels la mode exerce son des- potisme, ne doivent point s'éloigner du centre de son empire ; le caprice, la fantaisie, et souvent le mauvais goût qui ordonnent et dirigent ses variations , forcent l'artiste à épier toutes ses inconstances ; il doit être léger, fantasque, ridicule même comme elle. Une branche d'industrie nouvellement créée en France, c’est celle des préparations salines. Les An- glois et les Hollandois étoient seuls en possession de nous fournir tous les objets de cette nature; mais nos ateliers se multiplient, et les connoissances chy- miques , plus disséminées , les perfectionneront. L’ex- traction des acides et des alkalis, et leurs combinai- sons avec diverses bases, sont l’occupation de ces fabriques, Les acides les plus employés dans les arts, sont le sulphurique, le nitrique, le muriatique et l’acéteux. Le premier nous est fourni presqu’en to- talité par la Sicile, ce qui en fixe les établissemens dans le Midi. La distillation des eaux fortes a été contrariée par une loi qui feroit la honte de la France si elle n’étoit promptement rapportée. Cette loi dé- fend l'importation et la vente du salpêtre dans l’in- térieur , et force le commerce à s’adresser à la régie nationale des salpêtres pour s’en fournir. Cette régie les vend à un prix quadruple de celui de l’Inde, dont les fabricans étrangers s’approvisionnent ; ce qui dé- truira infailliblement les établissemens nationaux, si Arts chymiques. 197 on continue de mettre l’existence et la fortune de tous les ouvriers à la merci de cette régie et de ses délégués. La formation de l’acide acéteux est nécessaire- ment spontanée , car tous les soins des propriétaires de vignoble et des négocians en vin, tendent à em- pêcher la dégénération de cette marchandise. La con- sommation de cet acide est si considérable, qu’il im- porte essentiellement de pouvoir le fabriquer. En Angleterre, en Hollande, on obtient du vinaigre par la fermentation des grains. Dans le nord de la France , on peut employer les mêmes procédés, et s’approprier les céruses, les blancs de plomb, les sels de saturne, que nous sommes obligés de rece- voir de ces nations. Les sels les plus employés dans les fabriques , sont la couperose, l’alun , le sel de sa- turne , les muriates de mercure ; et nous sommes à portée de nous les procurer , si nous le voulons. La nature a tout préparé pour faire de la France la pa- trie adoptive des arts. Sa position géographique, le sol , les hommes, tout se réunit à l’enrichir des ob- jets qui lui manquent, et à perfectionner ceux qu’elle possède ; mais c’est à une administration éclairée à encourager d’abord les essais, et ensuite à conserver ce qu’elle aura jugé utile, non par des distinctions partielles qui ne font qu’alimenter l’intrigue , mais par des récompenses répandues avec équité qui enflam- ment le talent. La protection est la plus grande er- nemie des succès en tout genre. Nos lecteurs pourront facilement apprécier l’essai du C. Chaptal. Nous l'avons exactement suivi dans 108 _ Chymie. le développement de ses vues patriotiques ; nous nous sommes servi de ses propres expressions. On pourra juger , par cet extrait, du mérite de l’ouvrage, et du desir qu’a l’auteur de répandre sur les arts qu’il aime et qu’il éclaire, cette influence de l'autorité qui peut seule leur assurer une existence solide et des progrès non douteux; mais ce ne peut être que par un plan bien conçu et fidélement exécuté qu’on y parviendra. Son ouvrage doit incontestablement y contribuer, A+J.:D:B: ; CRITIQUE. FR1D. JACOBS Exercitationum Criticarum Tomus secundus , sive Animadversiones criticæ in Callistrati Statuas et Philos- tratorum Imagines , quibus accedit des- criptio nondum edita Anaglyphorum in templo Apolloniadis. Lipsiæ, Dicke, 1797; in-8.° xiy et 206 pages (1). Carre seconde partie des Exercitationes Criticæ de M. Jacobs est surtout remarquable par la publica- tion des épigrammes grecques dont j’ai parlé, IV.®® (x) Frédéric Jacobs est nè à Gotha, le 6 octobre 1764. Ses princi= paux ouvrages de critique sont: 1. Specimen emendationum in auc« tores weteres, cum græcos, turn larinos. Gothæ, 1786 ; ën-8.4 2.0 Theocriti idyllia, cum Scholiis selectis, ex recensione Va- Ickenarii. Ibid. 1789; in-8.® 5.2 Animadversiones in Euripidis tragædias. Ibid. 1790; in-8.0 4.0 Ermendationes in Epigrammata Anthologiæ. Lipsiæ, 1793; in-8,° 5. Jo. Tzetzæ Antehomerica, Homerica et Posthomerica. Ibid. 1705 ; in-8® Anthologia græca, etc. Ibid. 1794 et seqq. in-8.°, 5 vol. 6. Curæ secundæ in Euripidis Tragædias , sive Exercitationes Criticæ in scriptores veteres. Ibid. 1795; in-8.° 7. Bionis et Moschi reliquiæ, ex recensione Valckenarïi cum warietate lectionis : accedunt ani- madversiones à ps carmina Theocriti. Gothæ , 1795; ën-8.° 8.0 Exer- citationum Criticarum pars secunda. Lipsiæ , 1797 ; én-8.® 9.° Animadversiones in Epigrammata Anthologiæ græcæ. Vol.1, Pars I. Ibid. 1798.— Vol, I, Pars II. Zbid. 1798, — Vol. 11, Pars I. Ibid. 1799; in-8.8 160 Critique année, tome [, page g1 de ce journal ; j'ignorois alors, comme je lai dit ensuite (2), qu’elles avoient été publiées dans ce volume que son auteur a eu la complaisance de m'envoyer. C’est donc prinei- palement de ces épigrammes que je m’occuperai dans le compte que je me propose d’en rendre, parce que leur nouveauté doit naturellement éveiller la curiosité du lecteur. Parmi les temples dont la ville de Cyzique étoit embellie, on distinguoit celui qui étoit consacré à Apollonis(3), femme d’Attale I, et mère d’Attale IT, rois de Pergame, ou plutôt à la Piété filiale; en effet, les colonnes de ce temple étoient ornées de bas-reliefs (4), sur lesquels les traits les plus tou- chans de l’histoire et de la mythologie, relatifs à l'amour filial, étoient retracés. Ces bas-reliefs, au nombre de XIX, avoient été décrits, en autant d’épigrammes et en vers élégiaques, par un poète inconnu, dont la poésie est très-médiocre , pour ne pas dire mauvaise, mais qui présente, sous une face nouvelle, plusieurs points mythologiques, et qui, par conséquent, n’est pas sans utilité. Ces épi- grammes, à une près, dont il ne reste que le titre et les trois premiers mots, nous ont été conservées par le MS. Pal. pag. 76-8r. C’est. par elles aussi (2) Année V ,t. II, p. 37. (3) Polybe, suivi par Suidas, la nomme Apollonias. J'ai suivi Strabon, Plutarque et l’auteur de ces épigranmes. (4) Voyez, sur ces bas-reliefs, une note fort instructive du savant antiquaire £. Q. Pisconri, dans ses Iscriziont Triopee. Rome, 1794; in-fol. pag. 122. que Critique corrective. 161 que nous connoissons l’existence du temple d’Apol- lonis, à Cyzique ; car aucun autre auteur, venu jusqu'à nous, n’en a fait mention, Suidas (b) dit seulement qu’Attale fit déposer le corps de sa mère, après sa mort, dans le temple le plus considérable de Pergame, Ps Jui; et qu’il donna son nom à un Jac voisin. M. J, soupçonne qu'il y a érreur dans cet endroit de Suidas, et qu’il faut lire Per- game au lieu de Cyzique. Cependant il me semble plus naturel de croire que ce roi fit déposer le corps de sa mère dans Je lieu même de sa résidence. | _ Polybe (6) et Plutarque (7) ont fait un éloge tou- chant d’Apollonis. Selon le premier, copié par Suidas (8), « elle est digne de vivre dans la mé- « moire des hommes, d’abord parce que née à Cy- «“ zique, et sortie des rangs obscurs de la société, «.elle fut élevée sur le trône, et sut s’y maintenir “ jusqu’à sa mort , non à l’aide de ces caressés viles « qui n'appartiennent qu'aux Courtisanes , mais par « sa modestie, ses manières tout à la fois nobles « et affables, et son goût pour tout cé qui 'étoit « bon et beau ; ensuite, parce que devenue mere’ « de quatre enfans, elle eut pour eux une ten- « dresse sans égale , qui ne se démentit jamais, (5) V. Amoñonus Aus, Ne faudroit-il pas lire ici, comme dans Strabon , Amowi@TIS Aipeyn ? | (6) In Ezxcerptis Peïresc. Pag. 112, Poly. Tom. IV , pag. 280. Ed. Schweigh. (7) De Frat. Amor. Tom, VII, pag. 875. (8) V. Amoñons, Tome VI, L 162 Critique. « quoiqu’elle eût longtemps survécu à son mari. De « leur côté, Attale et ses frères, dans le voyage qu’elle fit à Cyzique, se couvrirent de gloire, en lui donnant un témoignage public de la reconnois- sance et du respect qu’ils lui devoient ; car , Payant placée au milieu d’eux , et ayant entrelacé leurs deux bras autour d’elle, ils la conduisirent dans les temples et la promenèrent dans la ville, en- tourés d’un nombreux cortège. Aussi les specta- teurs louèrent-ils hautement ces jeunes princes, qu’ils comparoient à Cléobis et Biton dont ils se rappeloient l’histoire; et si le tendre empresse- ment de ceux-ci commandoit leur admiration, l’action touchante des premiers étoit relevée à leurs yeux par tout l'éclat qui £ccompagne la royauté. » Selon Plutarque, « cette mère sensible vantoit sans cesse son bonheur, et remercioit les Dieux, non des richesses et du souverain pouvoir; mais de te qu’elle voyoit l’aîné de ses enfans, vivre avec sécurité au milieu de ses trois frères, qui lui tenoient lieu de gardes , et vei!loient sur ses jours, » | Sur le premier bas-relief, on voyoit Bacchus, ra- menant des bords de lAchéron, et conduisant au ciel Semelé, sa mère, précédé de Mercure, et ayant pour cortége les Satyres et les Silènes, armés de flambeaux. / \ ” ” Térde Aros Ouabäray cv ddieost xepgurS , Kainouor Kadus raid no ‘Aguorins | | Critique corrective. 163 Marles Jueroyapns évéye yo@* CE ‘Axées © , Ty Wbcor Neybeds Gex dpabomer@. , « Le Dieu du thyrse, pour réparer l’aftentat im « pie de Penthée, ramène des bords de PAchéron « sa mère, fille de Cadmus et d’Hermione, que .« la foudre de Jupiter avoit consumée au milieu des douleurs de l’enfantement. » Dans le MS. on lit ainsi le second vers : Kaixouoy raide Kddys , 94 Agporons. Le mètre et la fable indiquoient la transposition et la correction. M.J. veut qu’on lise au quatrième vers NerdéG-, mais puisque le dialecte dorique pré- domine dans cette épigramme , il me semble que la lecon du MS. doit être conservée. Le même critique propose aussi, sans pourtant l’appuyer beaucoup, duwous@ au lieu d'éxaboues)@. Le second bas-relief représentoit Télèphe, re- connu par sa mère. Toy Baby ‘Agxadiys FRQMADY TAÉTOy évex a maTegs Aufns, Türd atom yas Téülparriud © Thx:DO, ‘Hograiss Dia@ yo@- dures dTégxur ; OPeg pi aŸ dydya ts aédor Apradirs. « Fils chéri d’Hercule , j’avois quitté la montueuse « Arcadie, pour courir sur les traces de ma mère; « je la retrouve enfin dans ce pays où règne Teu- « thras , et me dispose à la ramener dans sa patrie.» M. Jacobs laisse au second vers Tiufsaiad@, et re 164 Critique. ajoute : Spondeus in posteriore pentametri parle nos in hoc poeta non offendit. En déliant, comme je l'ai fait, la première syllabe, le mètre reste sauf, Au troisième vers il adopte la correction du célèbre Heyne ‘HegxAtss ye Qix@ yo, parce que, selon lui, la première syllabe de g\@- est toujours brève; mais lun ni l’autre ne s’est peut-être rappelé ce vers de l'Iliade (9), @ixe xasiyvile, où cette syllabe est longue, ainsi que dans @ouy y Quilns i009@. Dans le même vers, durs oméga déplaît à l’éditeur , nihil jejunius verbis àvros vmégxar, sinceris tamen nec ulla ratione sollicitandis. On lit eependant dans le XX." fragment de l’'Eole d’Euripide : Daésn yue àgern TOYO’ YIIAPXON cv Bis \ ! LA ” \ ms Ty loc ray nanüy ro (ou Eye. L'expression üzéexar me semble avoir une certaine gravité qui convient au sujet. Hécube, dans la tra- gédie de ce nom, dit aussi à Agamemnon (10): Orravpes y (or maïs YIIHPX oùmos piyes. La lecon vicieuse du MS. dans le quatrième vers, n’est pas exactement rapportée. La voici: OQex pu &Y éryayo ture der Agxadns, Sur le troisième bas-relief, on voyoit Amyntor, approchant une lampe des yeux de Phœnix, son fils, (o) A. 155. . (xo) Eurip. Hec. v. 1229 et 1215 de l'édit. de Brunck. Critique corrective. 169 pour les brûler; et sa femme, Alcimède , cherchant à appaiser la colère du père et du fils. M. Jacobs a tiré de cette troisième épigramme tout le parti qu’on pouvoit en tirer ; mais tout son art n’a pu et ne pouvoit la rendre bonne. Le quatrieme bas-relief représentoit Polymède et Clytius, enfans de Phinée, égorgeant Phrygia , que leur père avoit épousée, après avoir répudié Cléopâtre, leur mère, Myleuiuy Kauri@* #94 xdvrevo@ Iloaund ns Krésct Devyin , mareos date (Qerieue. Kaaozären 2 Eh roiow éyañéley y Fe Em a dey \ / \ [4 Le Ta Dutas yaueruy d'apres ocias. u Clytius et Polymède immolent Phrygia, pour “ venger leur mère. Cléopâtre applaudit, en voyant « la nouvelle femme de Phinée subir le châtiment «“ qu’elle mérite. » M.Heyne propose de lire au premier vers za4r0@>, parce que Ja première syllabe de xavra0@- est tou- jours breve. Je crois cependant qu’il ne faut pas toucher à cette leçon. Le poète joue ici sur les mots KAYTI06, KAYTovoos3; et comme les quatre syl- labes de ce dernier sont brèves, il a cru pouvoir faire longue la première, douteuse de sa nature. Au second vers, on lit dans le MS. #alg@s, et il n’y a point de correction marginale, comme l’annonce M. Jacobs, p. 157 : dubrtari non potest , quin vera sit lectio in margine codicis notata , pales ; mais elle n’est pas moins commandée par le sens et par L 3 166 Critique. le Cocrtexs. Les deux derniers vers ne paroissent pas intelligibles à l’éditeur , et il les corrige ainsi : Kamérer A icid8e 10) dy, hv mpiv Pdture, Ta Dies yaueras d'auvautym crus. Ecce lætatur Cleopatra, cum Phinei conjugem , quam olim timuerat , interemtam vidit. Le premier de ces vers, ainsi corrigé , présente sans doute un sens plus net; mais il s’éloigne trop de la leçon du MS. Je crois qu’il ne faut rien chan- ger au texte, C/eopatra vero supra tllis (mas ) lœtatur quæ prius vidit, etc.; et s’il falloit absolu- ment faire quelque changement , j'aimerois mieux substituer, à la fin du vers, #ris à # sp, ut pote quæ vidit. Le cinquième bas-relief représentoit Chresphonte poignardant Polyphonte, le meurtrier de son père, et Mérope , armée d’un bâton, prêtant la main à son fils pour assommer son mari. L’épigramme n’est pas assez bonne pour occuper ici une place. Je me contenterai d’applaudir aux corrections ingénieuses de l’éditeur et de son illustre maître. Je crois seu- lement que, dans le titre, le mot ixdyiay n’est point corrompu, et qu'il signifie ici , comme dans Grégoire de Nazianze et autres auteurs ecclésiastiques, Ze dé- part de la vie, la mort. VI. O ZT Eye Nubüve dm Amcnay@” #9) "Aerqud@ : , \ DEL ” évargépivor, x@Ü0TI Ty AnTw, FOPEVORLEVNY ES As@ës , Eh To 7 Des y 22 » \ à ARE à XOIGTEY HayTE 0) , ENIParne dIExWAUTEY, Critique corrective. 167 Vyyevte Tlubdve pepiypéroy EemeToy 0 AxOÏS Envies Aurb , méyyu péurarloptyn. Exhay yae EféAe mivuray Jeov éMdrys Toboy Oipa ralæmmaoses DoisO àmo (uomins Ac A & ire rpimor tleoy, x oÙe d'euxorlar e = 1 Ilixgoy amomvEUTEs poiev 20 vpopeev@”. Voilà la lecon exacte du MS. Il n’y a aucune note marginale ; ainsi l’izigweis que M. Jacobs annonce, page 161, comme se trouvant à la marge , appar- tient à celui qui lui a fourni la copie de ces épi- grammes. Voyons à présent les changemens que l’é- diteur propose. Dans le lemme , il voudroit qu’on Jût mopevogéyms cis Acndès On ro puiléoy, imiparcis diexéavaty xalarxäy (ävro), quando Latonam , Delphos ad ora- culum euntem, prohibuit quominus illud occuparet. Il me semble qu’il n’est pas besoin ici de transpo- sition , et que la construction doit être: Kaire émiQaveis exdauriy Tv Anrh mopiuogérn es AexQès Eh vo xaraoxäv payréoy, S’étant montré tout à coup, il em- pécha Latone d'aller à Delphes faire taire l’oracle. Selon Hygin. Fab. CXL, cité par M. Jacobs, cet oracle de Python devoit cesser à la naissance du fils de Latone, Voilà probablement ce qui motivoit le voyage de cette déesse à Delphes. J'aime donc mieux donner à xeraryär la signification de..cohtbere, que celle d’occupare. Dans un fragment de lÆgée d’Eu- ripide, on lit dans le même sens : Ei pi abi£ns yAbosay Est (oi rara. Cependant rien n'empêche qu’on n’adopte l’autre siguification , s'emparer de l’oracle. L'4 168 Critique: Dans le premier vers, l'éditeur substitue éafwéver à pepufuéror, parce qu’il prend caxoïs dans le sens des lignes spirales que tracent les reptiles, Bellua spiris sese yolvens. Je prends au contraire ce mot dans le sens de sz/lons, pepelgeévoy onxoïs, caché dans les sil- lons , sulcis implicitum. L’ésiees du lemme favorise ce dernier sens, ainsi que l’éxwe du vers suivant. Le serpent caché dans les sillons, (littéralement mélé avec les sillons ) se montre tout à coup ; Latone se détourne, et Apollon , qui le guettoit , le perce , etc. Au deuxième vers, on avoit d’abord écrit pura[ouém, mais ensuite on a tiré une ligne perpendiculaire sous le premier jämbage du y. Au troisième vers, l’éditeur remplace (réa par (ximew, poursuivre , ‘tourmenter, parce qu’il trouve qu’en se contentant de mettre, comme je le fais, (xoaä, on ne sait trop ce dont Python vouloit dépouiller Latone, desideratur rei, qua Python Latonam spoliare vo- luerit , Significatio. Je crois que (Cxuaà peut s'appli- quer indistinctement à l’action de tout ennemi qui en attend un autre, dans une embuscade, pour le dévaliser, le tuer, ou même en faire son prisonnier. On lit dans Hesychius Snonbtés | aipparalorss , et les verbes (zurto et (xvxcvo ont la même significa- tion et la même origine. Méme vers, M. Jacobs corrige réév, comme le sens l’exige, et il propose de lire ainsi le cinquième : Aeagi à (unes reimov tyêcey ex A ée édoylar. D'abord il fait rapporter Ada à %%ey, Apollo vulnerabit Delphina cujus tripodem in posterum tenebit. Ensuite le dérnier vers lui fait soupconner .que l’auteur de l’épigramme a eu en Géo À ons Un ne dE Critique corrective. 169 vue l’odontisme , qui faisoit partie du mode Pythi- que, adapté à la flûte, pour célébrer le combat d’Apollon avec le serpent Python (11). L’odontisme exprimoit, par des sons, le frottement des dents du dragon , les unes contre les autres, pendant le combat. Ces corrections et cette explication sont extrêmement ingénieuses ; mais, d’après le principe, constant que je me suis fait, de ne rejeter un texte que quand il devient impossible d’en tirer un sens raisonnable, je crois qu’en changeant Asagerd” en Acagois dj, tout le reste peut être conservé. L’oracle que Python tenoit à Delphes finissoit avec lui, et les cris de douleur que poussoit ce serpent, en expirant, ne pouvoient être que des sifflemens. Voici donc comme j'expliquerois cette épigramme : L'yfevée Tobäve | prpulpévoy temeroy éAwoïs , ’Exvéves Aarw , mé pucurlopéry. ExvA& ae tbe mivray Jecy éMdrye Tobu Oieg robaruuose DoieQ dm (roms. AcA@oïis A & Jécir reimoy tyleoy , x dle doxnoila \ € Tluxpoy émomyeurts poiGor adupersey ©. « Latone, remplie d'horreur, évite en se détournant « leserpent Python, caché dans les sillons. Ce reptile, «“ enfant de la terre , comptoit sur les dépouilles de la « prudente déesse; mais Apollon, qui guettoit le mons- « tre, le perce de ses flèches. Il n’occupera donc plus “ à Delphes le trépied prophétique ; mais il pous- “sera ( en expirant ) des sifflemens lamentables. » (1x1) Poll. Onom. IV, 84, 170 Critique. Je joins, comme on voit, la préposition x aw verbe suivant, t£æmomvtue dt édupouey@* poiloy mixpor dexcilar. L'éditeur n’oublie pas de faire remarquer que le ye du troisième vers, bref de sa nature devant une voyelle, est long ici, parce qu’il se pro- nonçoit yxçe. Le septième bas-relief représentoit Amphion et Zéthès , attachant Dircé aux cornes d’un taureau in- dompté. Ce trait mythologique a fourni le sujet du beau grouppe, connu sous le nom du Taureau Farnèse , qui a été transporté, il y a quelques années, de Rome à Naples. O Z'iyu, ati ru dexrbu pipn, "AuQla@ 4 Zis isopiay , TeocumToiluy raipo rhy Aipxyv, T4 Ty pnTéeg dur "Ava , dix rh Qboegv, Aluw Tü évdph durñs mo Nuxrias TS malpos duris , opy} Cnaorüme , énylGca | auélpus éripat piulo. ApQiov 494 Lite, de Cuonuwala Ages , Kreiyale rad éxeri maréegs AYTIOTUS 3 Aécpuioy Ÿv CITE ue dix Cnnipove pv , Nôr dl'ixiris dur Aioser 6dvpguirr" AYE 494 Can Tupgio nerémlile dzhana (epsr, Opez dinus (üpn Tasde rar Evroye. « Sur le septième, du côté du Septentrion , on « voit Amphion et Zéthès attacher Dircé à un tau- « reau, parce qu’excitée par Nyctée, père d'An- M « tiope leur mere , et enflammée de jalousie contre M « Lycus, son mari, qui en étoit devenu amoureux ;, « elle s’étoit vengée outre mesure de celle-ci. Critique corrective. 171 u Amphion et Zéthès, double proie arrachée à “ Dircé, immolez cette femme qui a fait périr An- « tiope. Sa colère jalouse tenoit naguères votre mère « dans les fers; maintenant , suppliante, elle cher- “ che à vous fléchir par ses gémissemens. Soyez “.inexorables ; attachez aux cornes de ce taureau « un double lien, afin qu’il traîne son corps à tra- “ vers ces fourrés épais.» MM. Heyne et Jacobs ont cru que le titre étoit mutilé, à lemmate plura desiderantur ad sensus in- tegritatem , et ils l'ont suppléé; je croirois pourtant qu'il est bien entier , et qu’il suffit de changer, comme je l'ai fait, regcémloiles en regramroiler. Il est vrai que la construction est très- bizarre ; mais cette bizarrerie , ou plutôt cette barbarie , se fait remar- quer dans la plus grande partie des titres de ces épigrammes. La phrase, selon moi, seroit ainsi construite : 71 épETpos érimaparalo Thy pyrieg dur "Aviomm , ao Nuxrtus Tè malegs durs tvexbäou, üeyn QnoTüTe | ra avopt duris Abxw, dix Tnv logar. Dans le premier vers, l’éditeur substitue (uvrersiale à Cruxuuee , et il cite l’épigramme de Tymnes (r2) que Plutarque rapporte dans ses Institutions Lacé- démoniennes (13), et dont quelques vers sont épars dans Suidas (14). C’est, si je ne me trompe, le seul auteur connu qui ait fait usage de cette expres- sion. Elle est dérivée du verbe (xuaaxsiu, lequel, (12) Cod. Pal. p. 274. Anal. I, p. 505. Plan. Liv. III, chap. V, 55. (15) Tom. VI, p. 894. (14) V V. Beixsou. Epét. Onxrér, Y72 Critique. entr’autres significations, a celle de nourrir , élever de jeunes chiens , et ensuite simplement nourrir , élever ; maïs cette signification qui, dans l’épigramme de Tymnes, donne un très-bon sens, ne me paroît en avoir aucun satisfaisant, dans celle qui nous occupe. Amphion et Zéthès n’étoient ni les fils, ni les nourrissons de Dircé. H faut done, je crois, con- server la lecon du MS. do (uurbuale Aigexns signifiera double trophée remporté sur Dircé, comme dans lon d’Euripide, v. 1145, les voiles , séæxu, pris par Her- cule sur les Amazones , sont appelés ‘Amabover Crureiuaqu, T1 est naturel de penser que Dircé vouoit à sa vengeance les deux enfans de sa rivale, et qu’en se soustrayant à sa colère , ils étoient véritablement une dépouille remportée sur elle. Cependant, comme cette explication est un peu forcée, on peut ad- mettre, si l’on veut, le (xvnaxcimulæ proposé par Jacobs; mais il faut, ce me semble, le faire suivre d’une virgule, et substituer ensuite Alexm à Aigxys. ApQier 94 Zhfe, duo (rurureimale, Afexmv Kreivole révd 0. pe. À, « Amphion et Zéthès, jeunes nourrissons, faites « mourir cette Dircé qui a été la meurtrière d’An- « tiope votre mère.» La signification de (rvauxeimale se bornera alors à exprimer la tendre jeunesse des deux fils d’Antiope. Au troisième vers, le MS. porte % #2g9s, que l’é- diteur change, avec raison, en } mépgs, mais je l’avertis que dans le même MS. on lit bien nette- ment dadyimors et non d' éfnripove. A 2 SEE à “d Critique corrective. 173 Au quatrième, le MS. porte ixtrss, qui doit être changé, comme l’a très-bien vu l’éditeur, en iXETISe Au cinquième vers, ces mots &y: «y déplaisent à M. Jacobs. Certe hæc verba, &yt ny tam jejuna sunt ut nec in nostro poeta ferri posse videantur. Fortasse scribendum est : "Alets cu raiggie ralamlily danant (Cepñ Certainement on doit reprocher au poète d’avoir fait longue la première syllabe d’äye; mais, à cela près, et en changeant xafamly en xaféslele, il me semble qu’on peut conserver tout le reste. « Allons, «“ attachez aux cornes du taureau une double corde, « afin qu’il traîne son corps à travers ces fourrés. « Le vatéxTeqy pour xat&ae est né de la prononciation des deux finales qui, chez les Grecs modernes , est la même. Les bornes de ce journal ne me permettent pas de pousser plus loin une discussion , qui trouvera naturellement sa place ailleurs; je la terminerai donc par le seizième bas-relief Il représentoit Æolus et Bæotus, fils de Neptune, délivrant Mélanippe, leur mère, des fers dont son pere l’avoit chargée, pour la punir de leur avoir donné le jour. Ajone #04 BotoTt, Copoy Quouiroeg peèber TTeéoile : mie £hY AVOeE vor Jayars. Ténxa yue no4 mieQuvale dhxipor vds, L3 \ » » ! « » ,» \ {4 Os piy am Aioys, 05 e| &mo Boiwriys. « Æolus et Bæotus , en venant au secours de a yotre mère, vous avez rempli une page intéres- 174 Critique. « sante, dans les fastes de l’amour filial ; aussi-étes « vous célébrés , pour votre courage, l’un dans « l'Æolie , et l’autre dans Ja Bæotie, » Le sens de cette épigramme est très-clair et très- beau ; cependant l’éditeur veut qu’on change , au premier vers, gülor en poxler, et au second Aves en fposuevos, mais (oQor piéale moy signifie littérale- ment vous avez fourni matière à un beau récit. I ne faut donc pas changer cette expressior. La seconde correction est très-heureuse, mais inutile. Au second vers, on lit dans le MS, xyrépw , ce qui détruit le mètre. M. Jacobs ne trouve aucune correction plau- sible. Zn pyrépw nemo non hærebit; sed probabilem emendationem non invenio. Celle que je donne se présente naturellement , et je l’avois déja insérée dans ce journal (15). Dans Apollonius de Rhodes (16), Phinée dit aux Argonautes : [a "AM eù xæerUveyTes EAIZ èn XEeTiy épée ; Tépeved à0S s'ésamor. M. Heyne refait ainsi le troisième vers. Tévex de es aide meQhvaloy dames dydees et.M, J. Tévex” de du@oreegi ve mEP. %. 7. À Cela est fort ingénieux ; mais je crois qu’il faut laisser le texte tel qu’il est, puisqu'on l’entend très-bien. (15) IVe Année, t. I, p. 92. (16) Liv. 11, 332-3. Critique corrective. 179 Dans les parties précédentes du livre, c’est-à-dire, dans les remarques sur les Statues de Callistrate, et sur les Portraits de Philostrate, on trouve un grand nombre de corrections et d’éclaircissemens sur plusieurs passages corrompus ou difficiles, Toutes ces corrections ne me semblent pas nécessaires ; mais toutes annoncent de ja sagacité , une grande lecture et beaucoup de réflexion. Par exemple, dans lPépigramme d’Antipater que M. Jacobs a publiée, pour la première fois, à la page 8r, et que jai donnée dans ce journal (17), l’éditeur, au lieu de ce vers: Méuvro , mugbéos por imipho@. x. T À « Je suis recouverte , souviens-t’en bien, d’une peaw « viroinale. » Propose de lire, Migres mogltrnés por tre QI, x. Tr. À.) « Il me reste encore une écorce virginale. « Cette correction est sans doute ingénieuse ; mais elle ne me paroît point nécessaire. La lecon du MS. est plus touchante, et même plus élégante; et si l’izipx@ ne se trouve pas dans nos lexiques, com- bien de milliers de composés ne rencontre-t-on pas dans la seule Anthologie inédite, qui n’y ont eu jusqu’ici aucune place ? Ce composé est dans les règles de lanalogie de la langue; il désigne cette © (7) V.e Année ,t IV, p. 33r. 176 Critique, pellicule tendre qui recouvre l'écorce, c’est-à-dire ; l’épiderme. Ensuite, pourquoi ne pas conserver magbin@, bien plus doux à l'oreille que ræpberms ? Au quatrième vers, la lecon du MS. n’est pas rap- portée exactement; on y lit: Ei dt miendpüdns pe magplenninate iërus. L'éditeur change avec raison rtesdeins en mes- devdus, mais pourquoi changer aussi ragzlegain en rap élegmir», et ne pas enrichir nos lexiques de ce nouveau composé qui ne viole pas non plus les règles de l’analogie ? Dans la même page 475 du MS. on trouve une autre épigramme que je crois inédite. Elle est attri- buée à Philippe, et mérite, par son élégance, de sortir de son obscurité; mais elle est corrompue en plus d’un endroit. Le lecteur jugera si j'ai réussi à la rétablir. -Elle étoit faite, sans doute, sur une statue en bronze de l’Eurotas, dont tous les mem- bres sembloient dégoutter d’eau. 3 /P ll / Eësorur às pla diaceoger, ty Te peélegiss el, 9% ©< 1 : \ 4 s. EïrAxuT O0 TEXVITAS CN TULA ASTOHEVOY 27 \ : / Ls » Tac: yop cy xaehois vdalspes@ dueQivéveuxcr » = ss e 2 of Ex xopuQns eis dxeës UYE9EXYAY OUXaS. ‘A djé réyve molaun (urimiganes &ris Emeirt Xanxoy xauabuy D]@ vycerepgr. « L’Eurotas, traîné par l'artiste dans un bain « de feu, semble encore baigné de ses eaux, et « n'avoir pas quitté son lit. Il/est courbé sous « les Critique corrective: 19777 « les flots qui inondent toutes les parties de son « corps, depuis le sommet de la tête, jusqu’à l’ex- « trémité des ongles. Ici l’art a lutté avantageuse- « ment contre le fleuve, en rendant l’airain encore « plus agile et plus capricieux que l’eau. » Au second vers le manuscrit porte : réywrys et Ascäuever , et au quatrième , dyegexrar. dypoppayto , dé= goutter d'eau, est encore un verbe dont il faut en- richir nos lexiques. Le second g a été supprimé par Philippe, à cause du mètre, comme il l’a été par Homère, dans éxgipur@-, etc. Au cinquième, on lit dans le MS. äris à meious, j'en ai fait &ris éme. C’est ainsi que dans une épigramme d’Addée (18), Tryphon détermine un bérylle oriental à représenter la nymphe Galené. Prdy Bipuer pe Toidauy ANEIEIZE laar# à Eñwy ; x. Te À. A la page 85, M. Jacobs revient sur une épi- gramme de Callimaque (19), qui a déja exercé de célèbres critiques modernes, Ernesti, Ruhnken, Reiske , Brunck , etc. La voici d’abord telle qu’on Ja lit dans le MS. Pal. Eis Mevexpgrm obobéle #4 TeAivrnoulo An 4j (Cv yae dde, Mertrgdles, Sxêri made He ri (e bear üse ralereyarule (x8) Cod. Pal. pag. 449. Anal. IT, 242. (19) Callim. I, pag. 329, éd. Ernesti. An, I, 471. Cod. Pal. 3ar. Tome VI M 178 Critique. Hegla 494 nilavpgy 5 por memeautyG av@» Hafer 6 dt rAyuar oi@e Ex megparir. M. Jacobs la refait de cette manière, en profitant des conjectures de M. Zedel (20). æ. Afne xoj Eurüpar (e, Mevéregiles, ëx Gh ms nd Hosoæ, ri, beivoy Ads: , xalupyärale" H pa 70 #9 Kélavegv s Bo por mempaouty@* #0e Uzr@ à dt rAuur UnvO- (21) ges mpopari Ensuite, dans la seconde partie de son commen- taire sur l’Anthologie grecque, page 299, au lieu d’Aue il a écrit sw. Ainsi, selon cette refonte de l'épigramme , un passant adresse la parole à Mene- crate, et lui dit : « Certes, tu ne le cédois pas de « beaucoup aux Satyres, dans l’art de boire; dis- « moi quelle est la cause de ta mort ; est-ce la « même que celle du Centaure ? — « Le sommeil « fatal, répond Menecrate, m’a surpris, et c’est le « malheareux vin qui sert aujourd’hui de prétexte.» On pensera, peut-être , que refaire ainsi une épi- gramme ce n’est point la corriger, et que quand même on feroit mieux que l’auteur original , le lec- teur auroit toujours le droit de demander compte au critique de la leçon primitive; et cette demande paroîtroit ici d'autant plus raisonnable qu’on peut, ce me semble, en adoptant la correction de Sau- (20) Bibliorh. Criic. Part. V , p.112. (a1) C'est probablement une erreur typographique, au lieu d'on@. Critique corrective. 179 maïse, c’est-à-dire, en changeant seulement deux lettres , tirer un très-bon sens de la lecon du MS. à \ À ee / w ! ù æ. Alue, ag4 (ù yap ùde) Mevéxogles 3 Sxéri maXvs He, ris dE over ds (Ce nolerpyécuro ; 4 € - ! Heglo #94 Kélavegv. Ro us mirconty@ ÜmyG « { : 7. CL Haber, à dr rames o©* Eyes mpéqurir. « Et toi aussi, Menecrate , te voilà dans la tombe; « tu n’as plus été le plus fort. Quel vin ta ainsi « privé de la vie ? c’est le même , sans doute, qui « a tué le Centaure. — Mon heure fatale étoit arri- “ vée , et c’est injustement qu’on accuse de ma « mort ce malheureux vin.» | Au lieu d'A, les MSS. de Guyet, de Philaras et d'Huet , portent 4, a. Ruhnken a très-bien vu qu’AnG- est le nom générique des habitans d’Ænos, ville de Thrace; et l’on sait que les Thraces étoient réputés grands buveurs. Je prends le #sxè de la fin du vers, dans le sens de (@odpés., robuste, vaillané, C’est ainsi que dans une épigramme de Philippe de Thessalonique (22) Léonidas est appelé Ze vail- lant héros de Sparte, à rüs Eréjlas TOAYE pus. I] est vrai que quelque glossateur , voulant sans doute expliquer ce mens, avoit écrit en.marge xéyas, et que cette glose s’est ensuite glissée dans le texte de Planude ; mais le MS. Pal. nous a conservé la vé- ritable leçon , sans aucune trace de la glose. Dans la même épigramme, le corps de Léonidas est aussi (22) Cod. Pal. pag. 405. An. II. 228. Plan. L, I, ch: V, 19. M 2 180 Critique. appelé m#nù déuus. Dans les trois manuscrits dont je viens de parler, on lit au second vers ris cx ever &s Ce x. et sur la marge €Æ of. Au troisième vers, Guyet et Huet mettent un point après xélævesr, mais Philaras y a placé un 8, pour indiquer que là commence la réponse du second interlocuteur. Alcée a dit aussi dans une épigramme (23): Où x94 Kélavegr, Emixçgles | Sxire pie S2A6c er. « Tu n’es pas le seul, Epicrate, que le vin ait “tué; il a aussi fait périr le Centaure.» On voit qu’Alcée et Callimaque ont voulu parodier ces vers de l'Odyssée (24) : Où 94 Kalavgg , éyaxhurey Eüpuriavæ Aurer y msyape pryalius Ilesgabooso. « Le vin perdit aussi le vaillant Centaure Eury- « tion, dans la maison du magnanime Pirithoüs. » Tous les deux ont donné au brave, qu’ils compa- rojent au Centaure, un nom qui désignât la force, Mevexçgrns | Emixegrus, distingué par le courage et la force. On sait que le célèbre Ruhnken, dans la pre- mière édition de son Epistola Critica (25), pag. 78» avoit essayé de rétablir cette épigramme ; et qu’en- (23) Cod. Pal. pag. 508. Anal. I. 490. Plan. 1, ch. LIX, 5. (24) Liv. XXL. 295-6. (25) Lugd. Bat. 1749. in-8.° a ———— 2 — Critique corrective. 181 suite, peucontent sans doute de cette partie de son travail, il le supprima dans la nouvelle édition de 1782; mais je ne dois pas laisser ignorer au lecteur qu’il s’en occupa de nouveau yers 1790, et que notre commun ami, Van Santen, me transmit , de sa part, le billet suivant : Hemsterhusius hunc poetam ( Calli- machum) discipulis enarrans judicabat non Calli- machi illud epigramma esse sed recentioris cujusdam græculi. Omnibus 1terum perpensis , sic legendum puto : æ. Are 494 Cù yap Gde, Mevénpgles, cicére msXs Ha, Ti (e, Geivay Abse , xalupyéoule ; 6. "Heglo #94 Kélæupoy 6 por mempauéy@ Uay@* HAber. x, 7. À Tu quoque , Menecrates , in hunc usque diem fre- quens nobiscum eras. Quid tibi, hospitum optimé , mortis causa fuit ? — Idem somnus qui Centaurum , me etiam oppressit , etc. En mettant sous les yeux du lecteur les explica- tions, nouvelles pour lui, de cette épigramme, je p’ai point dû rappeler celles de Reiske (26), d'Er- nesti (27), de Brunck (28), qu’il connoît depuis longtemps ; mais je dois remarquer, je crois, une singularité assez piquante; c’est qu'aucun des cri- tiques, qui se sont occupés de cette épigramme, pas (26) Anth. pag. 163-252. (27) Callim. I, pag. 329. (28) Anal. I, 475. IIL, 110, , M3 182 Critique. mêmé M. Jacobs, n’a su que Prospero-Petroni, ignorant en 1743 que Jensius l’avoit publiée à Rot- terdam l’année précédente, la donna, à Rome, comme inédite, d’après le MS. Pal., dans les Notizie Letierarie Oltramontane (29). Mais il se permit, contre la foi du manuscrit, de placer un 8 au devant du second vers, comme il avoit placé un # au devant du premier; ce qui pouvoit d'autant plus facilement induire en erreur, qu'il semble publier purement et simplement , avec toutes leurs incorrections, cette épigramme et la suivante du même poète, Etdærpeav o7i %. 7. À, qui à été aussi un vaste champ de ba- taille pour les critiques, et qui, pourtant, réclame encore tous leurs soins, car ii lui reste de profondes blessures. = Dans l'extrait que je viens de donner de cet ‘ouvrage de M. Jacobs, je me suis attaché aux épigrammes grecques, parce que chacune d’elles forme-un petit poème, qui peut être mis tout entier sous les yeux du lecteur, et qui, par consé- -quent , fixe plus agréablement son attention que des corrections isolées sur de longs ouvrages ; mais Je regrette sincèrement de ne pouvoir pas rendre un compte détaillé de ces dernières , qui sont très-nom- breuses. Quelques-unes sont, je crois , plus spécieuses que vraies; quelques autres sont peu nécessaires , mais toutes annoncent, comme je lai déja dit, une grande sagacité et une grande lecture. Heu- reux celui qui n’a besoin que d’émonder les branches 20) ‘Fom.'Il, part. 11; pag. 559. Critique corrective. 183 parasites d’un arbre trop fécond ! les stériles sont en si grand nombre ! J’ai encore voulu montrer à M. Jacobs, que si je prends souvent la liberté de le combattre , dans la longue carrière que nous parcourons ensemble, je le ferai toujours avec toute Ja loyauté et les égards que mérite un jeune critique, auquel on peut appli- quer ces vers du Tasse : L’età precorse, e la speranza, € presti Pareano i fior quando n’usciro 1 frutti. L CHARDON-LA-ROCHETTE. M 4 LR, PE TO, 0,6 LE. ESsAI d’une classification naturelle des | reptiles ; par Alexandre BRONGNIART , | professeur d'histoire naturelle , à l’école centrale des Quatre-Nations. | PREMIÈRE PARTIE. Des règles à suivre dans cette classification ; forma- tion des ordres. Tovres les dispositions méthodiques présentées par les naturalistes ne sont point arbitraires et va- riables à l'infini, comme peuvent le croire, au pre- mier moment, les personnes qui n’ont point encore porté leur attention sur cet objet. # Une classification ne devant point être le résultat d’un systéme particulier à celui qui Ja présente, elle doit avoir toujours pour objet, ou de faciliter la recherche, la détermination, et par conséquent l'étude des corps de la nature, au moyen des mé- thodes artificielles ; ou de rapprocher les uns des autres, et de réunir en groupe ou en série, par une méthode naturelle , ceux qui nous semblent se con- venir par le plus grand nombre et les plus impor- tantes de leurs parties , de leurs fonctions vitales et de leurs habitudes. Le principal objet d’une méthode artificielle LI Elémens. : 185 étant de faciliter la détermination précise des corps de la nature, les règles de la commodité et dela cons- tance des caractères paroissent devoir diriger seules le naturaliste dans le choix de ces caracteres ; et c’est dans l’établissement de cette méthode qu’il est possible de présenter les mêmes corps classés d’un grand nombre de manières, en partant de principes qui n’ont entre eux aucune analogie. Mais il n’en est point ainsi de la méthode natu- relle : elle n’admet aucune sorte d’arbitraire. Cette série , cette réunion par groupes ou par familles des êtres, paroît réellement exister dans la nature ; il s’agit seulement de la découvrir. Il n’est pas au pouvoir du naturaliste de créer les rapports qui établissent cette classification. Son unique travail est de chercher à les apercevoir. C’est un grand tout dont les parties sont dispersées : il n’est plus question ici de les distribuer dans diffé- rentes cases, pour les retrouver au besoin ; mais plutôt de déterminer la place qu’elles occupent dans l’ensemble auquel elles appartiennent. La méthode naturelle paroît donc étre une, quant à ses parties principales, et on ne doit pas craindre de voir ces sortes de classifications se multiplier à l'infini, comme les méthodes artificielles. Elle peut varier un peu dans ses détails ; mais les changemens partiels qu’elle éprouvera seront une suite nécessaire de la perfection que les travaux des observateurs per- mettront d’y apporter. Les premières bases établies , et leur solidité confirmée par l’assentiment de la plu- part des naturalistes, elles resteront immuables. 186 Erpetologie. Quoique cette méthode n’ait point encore été recherchée avec le soin qu’on y mettra dans la suite, nous pourrions déja donner un très - grand nombre d’exemples de l’immuabilité de ces réunions, lorsque les rapports qui lient entre eux les êtres qni les forment, sont tellement visibles et multipliés, qu’il étoit impossible de ne pas les apercevoir. Aussi les familles si naturelles des ruminans et des ron- geurs, parmi Îles quadrupèdes ; des gallinacées et des palmipèdes, parmi les oiseaux ; des lépidoptères et des coléoptères, parmi les insectes; des crucifor- mes et des labiées, parmi les végétaux, n’ont point été divisés par les naturalistes qui paroissent avoir eu le moins d’égard pour les rapports naturels. Mais, de quelque manière que l’on rapproche en groupes ou en séries les corps de la nature , il reste toujours des espaces vides, et par conséquent des espèces , ou même des genres, pour ainsi dire, iso- lés, qu’on ne sait précisément où placer. s Cet isolemeni de quelques espèces, et les lacunes qui en résultent , sont une espèce d’imperfection dans la méthode naturelle, qui paroît avoir deux causes. Dans quelques cas, les espèces isolées ne sont point encore suffisamment connues pour qu'on puisse apercevoir tous les rapports qu’elles ont avec lesautres ét dire exactement laplacequelanature leur a assignée. Dans d’autrescirconstances, elles sont aussi complé- tement connues qu'il est possible, et leur isolement est réel pour nous ; mais alors les espèces qui de- vroient jes lier avec la chaîne générale des êtres, ou les faire toucher à quelques groupes , ne sont Elémens. 187 point encore trouvées , où n'existent réellement pas. Ainsi, avant la découverte du tapir, et avant les observations du C. Cuvier sur les animaux qu’il nomme pachidermes, l'éléphant, le rhinocéros étoient des espèces isolées; sans les didelphes, les phalan- gers, les kanguroux et les gerboises, et sans les da- mans , animaux presque tous nouvellement décou- verts, l’ordre naturel des rongeurs seroit entière- ment isolé. On peut dire que celui des ruminans forme ün groupe qui n’est encore lié avec aucun autre par des rapports importans 6u nombreux. C’est donc étudier réellement la nature, que de chercher à connoître les rapports qui existent entre toutes ses parties ; c’est contribuer efficacement aux progres de l’histoire naturelle : car une science approche d’autant plus de sa perfection, qu’on par- vient à généraliser davantage les lois qui doivent rassembler les faits dont elle se compose. C’est en même temps ajouter un degré d’intérét de plus aux matériaux recueillis par les observa- -teurs ; c’est les engager à en rassembler de nouveaux, en leur montrant l'utilité dont sont au systéme gé- néral de la nature les faits qu’ils nous ont appris, et qui, semblables à des évènemens isolés, mais déja intéressans , acquièrent un degré d’intérêt bien plus vi£, lorsqu'on découvre les rapports qu’ils ont entre eux , et les liens qui à réunissent en un.corps :d’histoire. Cependant peu de naturalistes se sont encore occupés à appliquer aux différentes classes des êtres, 188 Erpetologie. les règles que l’on doit suivre dans la recherche des rapports naturels : aussi ayons-nous sur toutes ces classes une multitude de méthodes artificielles, et très-peu de tentatives de distributions naturelles ; par cette raison qu’il est bien plus facile de saisir un seul caractère extérieur, que d’apercevoir des rapports d'organisation qui, pour être bons, doivent être multipliés, et pris de parties essentielles. Linné avoit bien énoncé déja l'importance de la méthode naturelle , pour l’avancement de la science de la nature ; mais il n’avoit point établi, d’une maniere aussi précise qu’on l’a fait ensuite, les règles que Von doit suivre dans le choix des caractères. Ce n’est que depuis peu d’années, que des naturalistes, parmi lesquels nous comptons surtout les citoyens Jussieu , Cuvier , etc., ont fait sentir tout l’in- térét de la science des rapports , ont discuté la subordination des caractères, et, joignant l’exemple au précepte , ont appliqué les loix qu’ils avoient Fait remarquer ; les premiers, aux végétaux, et les seconds , à quelques classes du règne animal. J’ai cherché à rapprocher dans une série natu- relle les animaux qui composent la classe des reptiles et celle des oiseaux. Je commencerai par offrir le résultat de mes ten- tatives sur la classe des animaux nommés amphi- bies par Linné , et reptiles par d’autres natura- listes. Lu Lorsque les animaux qui composent une classe se ressemblent entièrement par les principaux organes, par ceux qui fournissent des caractères très-impor- , Elémens. 189 fans, tels que les organes de la circulation, ceux de la respiration , et ceux de la génération, ainsi qu’on le voit dans la classe des oiseaux ; on doit alors , pour établir les ordres et leurs subdivisions » avoir recours immédiatement aux caracteres de moins d’inportance, tels que ceux de la nutrition, du mouvement, du toucher, ete. En suivant ces principes , que quelques circonstances peuvent mo- difier, on ne doit pas craindre de s’écarter beaucoup de la marche de la nature, dans la disposition des groupes que l’on formera. Mais s’il existe encore dans les principaux organes des animaux d’une même classe des différences no- tables, on auroit tort de ne point y avoir d’égards, et de s’empresser de passer tout de suite aux consi- dérations qu’offrent les organes d’une moindre im- portance dont nous venons de parler. D’après ces principes, examinons en quoi les reptiles peuvent différer entre eux, et s’ils ne pré- sentent point dans leur cœur , leur génération et leur développement , des différences plus impor- tantes que celles que nous pourrions tirer de la pré- sence ou de l’absence de la queue, ou même de celle des pattes. Je serai forcé de rappeler ici plu- sieurs choses très-connues. * Linnæus a dit, et beaucoup de naturalistes ont répété d’après lui, que le cœur des reptiles n’a qu’un ventricule et qu’une oreillette. Cet énoncé est vrai pour la famille des ogrenouilles , pour les salamandres, et peut-être pour tout l’ordre des serpens 3 mais il paroît faux pour l’ordre qui ren- 100 Erpetologie. ferme les lézards , les crocodiles , les tortues, etc. Nous nous sommes assurés, le C: Cuvier et moi, par des observations nombreuses faites sur des lézards pris dans différens genres, que ces animaux avoient deux oreillettes distinctes au cœur, ainsi que les tortues et les crocodiles. Au premier moment, j’avois regardé cette diffé- rence comme très-essentielle-, et comme devant in- fluer sur le reste de l’organisation de l’animal ; mais, en y réfléchissant davantage , je me suis facilement convaincu qu’elle ne devoit être considérée que comme une modification très-peu importante dans un organe principal. En effet, que les veines caves et pulmonaires, se réunissent dans un sinus commun qui est loreillette, et versent le sang par une seule ouverture dans le ventricule ; ou que ces veines for- ment chacune un sinus particulier, et versent ‘le sang dans le ventricule par deux ouvertures ; le systéme de circulation n’est point changé, il n’y en a toujours qu’un seul, qui est le même pour le corps et pour les poumons. Les organes de la génération , et la manière dont cette fonction s’accomplit dans ces animaux, pré- sentent des différences bien plus essentielles. Dans les uns, et ce sont encore les serpens, les lézards, les crocodiles , l'organe mâle existe, il peut sortir à l'extérieur, l’accouplement est réel , et méme dure assez longtemps ; les œufs sont fécondés dans le corps de l’animal ; ces œufs, assez semblables à ceux ” des oiseaux, sont enveloppés dans une coque cal- caire solide ou molle, + Elèmens. 191 Dans les autres reptiles, les grenouilles, sala- mandres , etc., il n’y a plus rien de semblable. Les mâles n’ont point d’organe extérieur , et iln’y a par conséquent point d’accouplement réel. La féconda- tion des œufs se fait méme souvent hors du corps de l’animal, ou bien elle n’agit que sur ceux de ses œufs qui sont voisins de l’anus. Les œufs très-multipliés sont composés d’un point noir qui paroît être le germe et qui se développe entièrement, et d’une matière mucilagineuse qui l'environne. D'ailleurs, aucune coquille calcaire , même molle , n’entoure ces parties. En suivant actuellement le développement des germes renfermés dans ces œufs, nous allons trouver de nouvelles et importantes différences entre ces mêmes reptiles, qui se ressemblent déja si peu par le mode de leur génération. Les petits qui sortent des œufs à coquille cal- caire, sont conformés comme ils le seront toujours ; ceux , au contraire , qui paroissent dus aux dévrelop- pemens des points noirs des œufs de grenouilles, - de salamaudres, etc., abandonnent bientôt le muci- lage qui les environnoit, et en sortent sous une for- me souvent très-différente de celle des animaux qui leur ont donné la vie. On sait que ce sont des espèces de larves qui respirent par des branchies à la manière des poissons, et que ce mode de respi- ration est encore commun aux grenouilles et aux sa-. lamandres (r). (1) On ne peut encore l’aflirmer pour la salamandre terrestre dont om 192 Erpetologie. I] est inutile de porter plus loin l’exposition des différences qui existent entre les lézards et les sala- mandres, et des analogies frappantes que l’on trouve au contraire entre ces derniers animaux et les grenouilles; nous verrons bientôt que ces ana- logies et ces différences se retrouvent dans des par- ties bien moins essentielles. Plusieurs naturalistes avoient même déja entrevu et énoncé les plus visi- bles de ces différences qui ne sont pas pour cela les plus importantes. Perrault avoit fait remarquer cette ressemblance dans la forme de la tête, de la langue, le défaut d'ongles, etc. Le C. Lacépède a indiqué ces rapports, en disant que les salamandres faisoient le passage des lézards aux grenouilles. Zinnius, dans son anatomie des lézards , avoit aussi reconnu cette ressemblance dans les organes de Ja génération du mâle et de la femelle , et dans ceux de la respiration. Le C. Cuvier l’a également indiquée dans son ta- bleau élémentaire de zoologie. Hermann, dans sa table des affinités des animaux, le dit expressément dans plusieurs endroits, et l’appuie principalement sur la ressemblance des organes et du mode de gé- nération ( page 255 ). On doit donc être étonné, d’après cette espèce d’unanimité entre ces anatomistes et quelques natu- ne connoît pas bien toutes les habitudes. Cependant Blumenbach a dit que les petits de la salamandre terrestre avoient des branchies. ralistes, Elémens. 193 ralistes , qu'aucun de ceux-ci n'ait cherché à dé- cider complétement la question, et que les métho- distes aient laissé constamment les: salamandres dans l’ordre des lézards. Il paroît cependant évident que la nature a for- mé les salamandres et les grenouilles surun même modèle , très-différent de celui qu’elle a suivi dans l’organisation des lézards et, des serpens , et que c’est obéir aux loix qu’elle a établies , que: de ‘sépa- rer, sans aucun égard.pour la présence .de.la queue ou des pattes, les reptiles en deux divisions, dont la première renfermera les tortues; les crocodiles, les lézards et les serpens ; et la seconde , les sala- mandres, les grenouilles , les crapauds, ete. En plaçant ces derniers animaux à la fin des rep- tiles, un établira entre cette classe: et-celle: des poissons une transition bien plus naturellé)que celle que plusieurs naturalistes ont cru apercevoir entre les reptiles et les poissons , au moyen des'serpens, d’une part , et des poissons apodes, de l’autre. Ce der- nier passage est vrai, en ne considérant encoreque.des parties peu importantes comme les pattes. Mais c'est ici n’apercevoir que le fil qui réunit ces deux das- ses, et ne pas voir les liens plus forts et plus mul- tipliés qui attachent les grenouilles et-les salaman- dres aux poissons ; car, dans les premiers momens de leur, vie, ces reptiles sont presque -des poissons ; la circulation du sang et le mode de respiration sont les mêmes. Les uns et les autres séparent l'air contenu dans l’eau, au moyen de leurs branchies ; quand ces reptiles perdent par l’âge cette étonnante Tome VI, N 194 Erpetologie. analogie , ils conservent encore le méme mode de génération ; car dans les uns et les autres il n’y à point d’organes extérieurs de génération, et souvent la fécondation se fait dans l’eau et hors du corps de l'animal. Enfin, ils n’ont point de trou auditif externe; et la langue est immobile comme dans les poissons. Hermann à fait voir clairement l’analogie qui existe entre les reptiles et les poissons , dans la cir” eulation , la nature des os sans moelle, le mode de générationet le développement de l'embryon, Mais ce savant paturaliste a encore eu trop d'égards pour des, caractères extérieurs et de peu d’impor- tance. H'n’a pas assez fait sentir que l’affinité réelle existoit: beaucoup plus entre les salamandres, les grenouilles et les poissons , qu'entre ceux-ci et les serpens. Cette analogie est si frappante qu'elle n’a pu échapper aux anciens naturalistes : plusieurs , en voyant des 'têtards si semblables à des potssons de: venir grenouilles ; ont cru et annoncé que des poissons se changeotent en grenouilles. Elleest telle enfin que l’ôn ‘hésiteroit encore; sans Je secours de l'anatomie, dans laquelle’de ces deux classes on ‘devroit placer un aniral de la Caroline, qui vit dans Veau, à lé'corps cylindrique et" alon- gé, terminé par une queue’/Comprimée en forme de nageoire, qui a des branchés très-distinctes, dus. yeux, ui añus et une langue cartiliganeuse dé pois- son ; mais qui, semblable aux larves dés Salamandres, a deux pattes antérieures bien formées ; un larynx, des poumons vésiculaires fort longs, etc. Ce singulier ‘ Elémens. 199 animal, dont le développement n’est pas encore bien connu , a tantôt été regardé comme une larve de salamandre | tantôt on en a fait un genre particu- lier, nommé séren par Linné, proteus par Laurenti; enfin, Camper et Gmelin Font regardé comme un poisson, et ce dernier l’a décrit, dans son édition du Syst nat. de Linné , sous le nom de muræna siren. D'’apres des rapprochemens si évidens, nous de- vons donc placer dans l’ordre naturel des animaux, les. grenouilles et les salamandres à la fin de la classe des reptiles , et immédiatement avant:celle des poissons. Mais les animaux qui forment ce que nous avons appelé la première division des reptiles, parce qu’ils ont plus d’analogie entre eux qu’ils n’en ont avec ceux de la seconde division , sont cependant assez nombreux et assez différens les uns des autres pour être partagés en trois ordres. D'ailleurs, les carac- tères qui distinguent deux de ces ordres sont telle- ment sensibles, qu’ils n’ont échappé à aucun na- turaliste, Ils ont tous divisé ces reptiles en quadrupèdes ovipares et en serpens ; et s’ils ont quelqueloïs blessé l’ordre naturel, ee n’est point en laissant réunies ‘ces deux grandes familles ; c’est au contraire en les séparant beaucoup trop , en les regardant comme deux classes distinctes, en les éloigrant pour pla- cer entre elles l’ordre des grenouilles qui leur res- semble si peu. Conséquemment à ces premières et princi- N 2 196 Erpetologie. pales considérations , j’établirai dans la classe des reptiles quatre ordres bien caractérisés par leur organisation, et même par leurs parties extérieures. Cette dernière condition , que les circonstances me permettent de remplir ici, n’est point de rigueur, comme on le sait dans les méthodes naturelles ; il seroit trop long et inutile d’en déduire toutes les raisons. Il me suffira de rappeler d’abord , que le but d’une méthode naturelle n’étant pas de servir à la détermination , les caractères de ses divisions ne demaudent pas à être apparens et précis; en second lieu, que les caractères extérieurs étant tou- jours pris sur des parties peu importantes, sont par cela même les plus sujets à varier dans une méthode natarelle , et par conséquent rarement susceptibles d’être employés. PREMIER ORDRE. , Les CHELONIENS. Caractère distinctif extérieur. — Point de dents en- chässées , corps couvert d’une carapace. Observations. — Je place dans cet ordre la famille des tortues, qu’on peut diviser en trois genres. Les espèces qu’il renferme se ressemblent par la forme de leur corps court , ovale et bombé, par leur tête petite, leur mâchoire armée de gencives cornées et coupantes, leur estomac plus volumineux, leur canal intestinal plus grand , garni d’un cæcum. SE onde = “te de Elémens. 197. Ils ont deux oreillettes au cœur; ils pondent des œufs à coquille calcaire solide. La plupart mangent des végétaux. Une différence aussi importante que l’absence des dents, suffit pour établir entre ces animaux et les autres reptiles, cette ligne de séparation à laquelle les naturalistes donnent le nom d’ordre. La plupart des ordres formés dans les autres classes de la zco- logie, sont également fondés sur les différences re- marquables qui existent dans le nombre ou la dispo- sition des organes de la digestion. DEUXIÈME ORDRE. LES SAURIENS. Caractère distinctif extérieur. — Des pattes , des dents enchässées | corps couvert decailles. Observ. — Les genres renfermés dans cet ordre, sont les crocodiles , iguanes, dragons, stellions, gecko , caméléon, lézards , senique et chalcide. Ces animaux se conviennent par presque tous les caractères suivans, pris dans leur organisation et leurs habitudes. Ils ont , la plupart, les pattes assez hautes et assez fortes pour que leur ventre soit élevé au dessus de la terre dans la marche ; leurs doigts sont presque toujours garnis d’ongles; ils ont tous une queue, souvent fort longue. Leurs os sont plus solides, et leur squelette se rapproche davantage de celui des mammifères. N3 108 Erpetologie. Les branches de la mâchoire inférieure sont os- seuses et soudées antérieurement. | Leurs dents sont droites et sortent beaucoup hors des gencites. ù Ils, ont un larynx, un os hyoïde, une trachée artère, à anneaux Cartilagineux , des côtes nom- breuses , longues et arquées, qui viennent se joindre en avant de la poitrine sur un sternum. Leur cœur a deux oieillettes. Ils s’accouplent réellement. La verge du mâle est simple ; leurs œufs pondus à terre sont enveloppés d’une coquille, ordinairement solide. Les petits sortent de l’œuf, organisés comme leurs parens. Ces reptiles paroissent plus actifs que les autres ; ils n’habitent guère que les pays chauds ou très- tempérés, et vivent plutôt à terre que dans l’eau, Ils ne se nourrissent que de matières animales. TROISIÈME ORDRE. REPTILES OPHIDIENS. Caractère distinctif extérieur. — Point de pattes, corps alongé, cylindrique. Observ.— Les orvets, amphisbenes , crotales , de- vins, cæcilies, acrochorde , composent cet ordre. Ces animaux ont presque tous une peau couverte d’écailles ; leur col n’est point distinct, leur tête est Elémens- | 199 petite en comparaison du corps ; leurs os sont moins solides que ceux des reptiles des premiers ordres ; leurs vertèbres nombreuses portent des côtes, également nombreuses, longues, eee , qui se recourbent sur la Pur: Il n’y a point de sternum. Les deux mâchoires sont souvent mobiles ; mais J'inférieure , plus mobile, est fréquemment composée de deux branches qui ne sont point soudées anté- rieurement. 4 AA Ces mâchoires sont armées de dents nombreuses, aiguës, assez longues , dont la pointe est dirigée et en arrière. 2 11 n’y a point de vessie. dd La trachée-artère est composée d'anneaux caftilaz gineux. Le cœur n’a qu’une seule oreillette. Is s’accouplent ; la verge du mâle est double. La femelle pond à terre des œufs enveloppés dans une coque calcaire molle! Ils vivent à terre ; dans les lieux exposés au soleil. QUATRIEME ORDRK E. REPTILES BATRACIENS. Curactère distinctif eætérieur.— Des pattes ; pra rue, nmrmtre + 1 œ : " F £ Obsers. = Je placé dans éét “ordre les! genres crar pauds; raines, Der salämandrés? Tons ces N 4 L4 200 Erpetologie. animaux se conviennent par les caractères suivans; presque toujours opposés à ceux des ordres précédens : Une tête applatie assez grande en comparaison du corps, des doigts réunis par une membrane, sou- vent point d'ongles , une peau fine et enduite d’une humeur visqueuse. Leurs os ont presque la consistance cartilagineuse des arêtes de poissons. Leur mâchoire inférieure est composée de deux branches réunies antérieurement par une partie liga= menteuse,, mes Leur bouche est très-large; ils n’ont quelquefois point de dents; quand elles existent , elles sont à peine visibles ; leur langue est charnue , enduite de mucosité; ils se nourrissent de matières animales ; Ils n’ont point de côtes, ou seulement de simples rudimens de ces os qui sont droits. Ils n’ont point de trachée-artère ; leurs bronches membraneuses sortent immédiatement du larynx. Le cœur a une seule oreillette. Le mâle n'offre aucun organe extérieur de la gé- nération ; il n’y a point d’accouplement réel; les œufs sont fécondés hors de l’animal. Ces œufs sont nombreux, pondus dans l’eau , et composés d’un point coloré , entouré d’une matière visqueuse, sans coquille qui les enveloppe. Les petits qui en sortent sont d’abord différens par leur forme, et plusieurs de leurs fonctions vi- tales, des animaux qui les ont produits. Ils respirent par des branchies ,,se nourrissent de matières végé- tales, et ont un canal intestinal. plus étendu. vi Eleémens. 201 Ces reptiles vivent dans l’eau ou dans les lieux hu- mides et ombragés. On voit par les caractères tranchés de ce dernier ordre que je n’ai pas voulu étendre davantage , pour ne point répéter des choses trop connues, que les quatre genres qui le composent se conviennent au- tant entr’eux qu'ils différent des autres, et que ces différences sont telles, qu’il est impossible de se re- fuser à la division que je viens d'établir parmi les reptiles. Il me reste maintenant, pour compléter le travail que j'ai entrepris, à déterminer avec précision les genres qui doivent entrer dans ces ordres , à faire connoître les espèces qui composent ces genres, à en publier quelques-unes qui m’ont paru inédites, et indiquer quelques corrections à faire dans la sy- nonymie de plusieurs des espèces déja décrites. Ce sera l’objet d’un second mémoire, er mm Te POÉSIE. OBERON , poème en qualorze chants , tra- duit de lallëmand de WIELAND , par F. D. PERNAY , éditeur de Pietro d’Alby et Gianetta, et de Wilhelmine. À Paris, chez Desenne , Palais-Egalité, n.° 2, et Fuchs , vue des Mathurins, bôtel Cluny ; 460 pages in-12. Prix, 2 fr. 26 cent. et 3 fr. 25 cent. par la poste. Les romances et les romans de chevalerie dont les auteurs françois et espagnols des XII.®, XIII" et XIV. siècles, ont si amplement pourvu l’Europe entière , peuvent, comme la mythologie et l’histoire héroïque de Ja Grèce et des peuples de l'Orient , fournir encore longtemps une riche moisson de su- jets poétiques ; quoique lArioste, le Tasse , et beaucoup d’autres poètes en aient fait un grand usage. Les matériaux du poème dont nous parlons, sur- tout ce qu’on appelle /a fable , sont pris d’un an- cien roman de chevalerie intitulé Huon de Bor- deaux , connu par l’excellent extrait que le comte de TRESSAN en a d’abord donné dans la Bibl. univ. des Romans , avril 1778, et qu'il a ensuite inséré dans la collection de ses œuvres, connues sous le nom de Corps d’extraits de romans de chevalerie (1); (x) Dans l'édition des OEuvres choïsies du comte de Tressan, quia paru en 1787 à 89, à Paris, en dix volumes, dont les quatre ‘Oberon. 203 mais l’Oberon de M. Wieland , comme on verra encore par la suite, diffère infiniment de celui du roman de Huon de Bordeaux. Notre poëte ne suit la marche que celui-ci lui a tracée, que dans les premiers chaats ; il abandonne bientôt son modele, pour se livrer à son imagination , toujours riche, toujours aimable ; et son ouvrage offre une suite de tableaux charmans, dont les principaux personnages sont revétus des couleurs les plus séduisantes. Ce poème jouit en Allemagne d’une grande célébrité. Nous allons en donner l'analyse , qui sera d’autant moins superflue, que ce poème n’est pas du tout connu en France ; car les traductions ( prétendues en vers ) qui en ont paru, surtout celle de 1798 (2), sont non-seulement très-infidelles, maïs surtout si mal écrites, qu’elles devoient rebuter les lecteurs les moins difficiles. derniers sont intitulés : Corps d'extraits de romans de chevalerie, l'extrait de Huon de Pordeaux se trouve tome VIII, p- 158 à 268. (2) Voici le titre de cette traduction : Oserox, poème en douze chants . par D. Wrerax» , écrit en allemand , et traduït en fran- çois par M. le comte de Boca, membre de plusieurs académies. Basle, chez Decker, et à Leipsic, dans toutes les librairies; 1798, in-8.° , 517 pages. Pour justifier ce que nous avons dit sur cette tra- duction , il nous sufüra de mettre ici la première octave ou strophe : « Muses ! je veux seller votre Hippogriffe éncor, . « Au pays des Romans faire un nouveau vovage. « Qu’ mes sens détrompés ce fol ; mais noble essor, =, À de puissans attraits ! Qui, du divin bandage, Viendra ceindre mon front, dissoudre les vapeurs Qui dérobent aux yeux le temps qui se délabre? Dans un tout bigarré, je vois vaincus, vainqueurs, Le bon fer du Chrétien, du Turc le brillant sabre. » 204 Poeste. Huon, fils de Sein , duc de Bordeaux, ayant tué Charlot, fils favori de Charlemagne, est obligé, Pour appaiser la colère de l’empereur, d'accepter les conditions que ce prince lui impose. Ces condi- tions ne sont pas faciles à remplir : « Pars pour “ Bagdad, lui dit le fils de Pepin, et dans ces jours de pompe où le calife sera assis à table, en- touré des grands de son empire, entre hardiment “ dans la salle, coupe la tête de celui qui est assis “ à sa gauche, embrasse trois fois sa fille unique “ placée à sa droite, en Jui disant : je te prends “ pour ma fiancée. Approche-toi ensuite du calife, « et demandes-lui de ma part quatre de ses grosses « dents machelières et une poignée de sa barbe grise. « Pars, et si tu reparois dans mon empire sans « avoir exécuté mes ordres, tu seras condamné «“ au plus cruel supplice. » Huon voit bien que Charlemagne veut l’envoyer à la mort ; mais il a donné sa parole, et la parole d’un chevalier est sacrée. Il part, débarque à Joppé, visite le saint sépul- chre, et prend le chemin de Bagdad. En traver- sant les forêts du mont Liban, il rencontre le vieux Schérasmin , écuyer de son père, mort dans une croisade. Cet ancien serviteur s’étoit réfugié dans une caverne, pour échapper aux cruautés des Sar- razins. Le paladin lui apprend le sujet de son voyage ; La traduction de ce poème, qui a paru à Berlin, chez Spener, en 1784, est un peu moins mauvaise; elle est intitulée : OsEnoN ,poéme en qua- torze chants, de M. WrezanD. Traduction libre en vers ; in-8.° de 319 pages. L'épitre à M. Wieland, que le traducteur a mise en tête du volume , est signée; Le Car.ne DE B.... Oberon. 20 et Schérasmin, qu’un long séjour dans la terre sainte a familiarisé avec la langue et les usages de ces peuples, offre de le servir avec autant de fidélité qu'il a servi son pere, Le chevalier accepte avec reconnoissance , et ils s’acheminent vers la Perse. Oberon , roi de féerie, connu par sa bienfaisance dans le roman d’Isaïe le triste, et dans ceux des chevaliers de la table ronde, s'intéresse au paladin, et lui remet un cor d'ivoire qui a la vertu de faire danser , jusqu’à perdre haleine, tous ceux qui lui seroient contraires , dès l’instant qu'il en tirera quelques sons ; il y joint une coupe d’or, cette coupe se remplit d’un vin généreux pour l’homme dont le cœur est pur; elle brûle dans la main du méchant qui la porte à ses levres. Muni de ces marques de la protection du génie, Huon met fin à plusieurs aventures, et délivre en chemin grand nombre de femmes qu’un géant, nommé Angoulafre, retenoit prisonnieres dans une tour de fer ; il tue le géant, s'empare de la bague magique qu’Angoulafre avoit dérobée à Oberon, et la met à son doigt sans con- noître la vertu de ce talisman précieux. Bientôt Oberon lui présente en songe la beauté qui doit faire le destin de sa vie; il se réveille, fâché de voir que son rêve est fini; mais un secret pressen- timent lui dit qu’il trouvera à Bagdad la belle dont le génie lui a présenté l’image. En traversant une forêt située à peu de distance de cette ville, 1l aperçoit un Sarrazin aux prises avec un énorme lion qui va le mettre en pièces. Le paladin , n’écoutant que sa générosité, met pied à 206 Poésie. terre , vole au secours de l'inconnu, tue le lion, et présente au payen la coupe d’or, pour remettre ses forces ; mais cette coupe brûle dans la main du méchant , qui la jette bien loin de lui, regarde Huon d’un air furieux, et sautant sur le cheval du paladin , il fuit avec la rapidité de Péclair. Huon et Schérasmin, apres s'être procuré une autre monture, arrivent enfin à Bagdad. Une bonne femme, mère de Fatmé, nourrice de la princesse Rézia, fille du calife, les recoit dans sa maison , et leur raconte qu’on célebre le lendemain les noces de la princesse avec Barbekan, prince des Druses; mais que Rézia abhorre son prétendu depuis qu’un génie lui a fait voir en songe un chevalier beau conime l’amour, qui doit être son époux ; que Bar- bekan, désespéré de ne pouvoir plaire à la prin- cesse, avoit vouiu faire une action d'éclat, et qu'il étoit parti le matin pour combattre un lion redou- table qui désoloit toute la contrée ; maïs qu’il étoit revenu sans Ja peau du lion, et sur un cheval étranger. « Quelle conformité, quelle: étonnante aventuret « s’écrient nos paladins.» Cette 'exelamation engage la vieille à regarder le chevalier avec plus d’atten- tion; c’est:le mêmé que la princesse a va en songe! La bonne femme, qui ne se sent pas d’aise, cou apprendre cette nouvelle à Fatmé. Tandis qu'Huow cherche à prendre quelque repos pour se préparer à la journée du lendemain, Rézia voit approcher avec effroi le moment où lle sera la femme de Barbekan ; mais à peine le jour com- Oberon. 207 mence-t-il à paroître, que la mere de la nourrice arrive, et lui apprend que le bel étranger du songe est à Bagdad. Cependant la cérémonie est commencée; on se met à table , le calife ayant le prince des Druses à sa gauche, et sa fille unique à sa droite ; déja Je plai- sir brilloit dans les yeux des convives, lorsque Huon, à qui le génie avoit procuré l’habillement d’un émir, entre dans la salle , s'approche du calife , aperçoit lingratauquelil asauvé la vie, et, tirant son sabre, fait tomber sur la table la tête du prince dés Druses. Rézia lève les yeux, reconnoit son chevalier, qui la reconnoît à son tour ; il s’approche d’elle , l’ém- brasse trois, en lui disant : je te prends pour ma fiancée , et lui met au doigt la bague enchantée d’Angoulafre , dont il ne connoit pas la vertu. Les Sarrazins se précipitent sur le téméraire qui porte le cor d'ivoire à sa bouche; aussitôt les sabres tom- bent ; le calife, les émirs, les odalisques et les es- claves se prennent par la main, et se mettent à dan- ser jusqu'à ce qu’ils tombent épuisés de fatigue. Huon profite de ce moment de calme; s'approche respectueusement du calife, et lui demande, de la part de Charlemagne, quatre de ses dents mache- lières et une poignée de sa barbe grise. Le sultan ordonne à ses gardes de le saisir : mais Schérasmin, attentif à leurs mouvemens ; souffle avec tant de force dans le cor, que les fondemens du ‘palais sont ébranlés. Oberon paroïît sur une nue, ordonne aux deux amants de profiter de ja stupeur où les Sarra- zius sont plongés , pour fuir dans son char, et les 208 Poésie. transporte au rivage d’Ascalon, où un vaisseau les attend pour faire voile. Le génie remet à Huon une cassette garnie de pierreries , dans laquelle sont les dents et la barbe du calife, qu’il lui a fait enlever pendant son som- meil. « Partez, leur dit-il, vous trouverez à Lépante « un bâtiment prêt à faire voile pour l’Italie : lors- « que vous aurez pris terre , rendez-vous sur le champ « à Rome : mais souvenez-vous de vous traiter comme « frère et sœur, jusqu’au moment où le pape Silves- «ire vous aura donné la bénédiction nuptiale ; st « vous méprisez cet avis, les plus grands malheurs « vous altendent, et Oberon se sépare de vous pour “ {ouJours, » Huon a la témérité de proférer ce serment ; il s’empresse d’instruire la princesse , et la fait baptiser sous le nom d’Amanda. Elle lui semble plus belle depuis qu’il lui a ouvert les portes du ciel ; toujours ensemble sur un vaisseau, où rien ne peut les dis- traire , ni les arracher au danger qui les menace! comment résisteront-ils à la tentation ? Fatmé et Schérasmin ont recours à tous les expédiens que leur fournit leur zele. Enfin, ce dernier leur raconte une histoire qu’il a apprise en Syrie: cette histoire, qui ressembie beaucoup au conte de janvier et mai de Pope , forme le nœud de l'ouvrage, et explique l'intérêt qu’Oberon prend à nos amans. L’écuyer ra- conte qu’un vieil aveugle avoit épousé une jeune file nommée Rosette ; on imagine sans peine que l’aveugle est jaloux de sa femme ; il la tient enfer- Oberor. 209 mée dans un vieux château où il ne recoit personne ; il faut qu’elle serve dé garde à son mari, qui ne Jui laisse pas un moment de repos : tous ses plaisirs sont d’aller s'asseoir dans un jardin entouré de murs, avec son vieux Gangolph , qui ne la quitte jamais. Malheureusement pour le vieillard, il avoit mis à la tête de son écurie, un page élevé dans la maison. Le jeune homme n’ose parler à Rosette; car si Gan- golph est aveugle, il n’est pas sourd ; mais les re- gards du page expriment sa tendresse : Rosette en- tend leur langage ; elle résiste longtemps , mais à la fin l’amour s’en méle, et elle lui écrit de monter sur un poirier, situé en face de l’endroit où l’a- veugle a coutume de venir s’asseoir. L’heure sonne, ils se rendent au jardin ; Rosette témoigne l’envie de monter sur le poirier, pour cueillir quelques poires : le vieux fou se rend au désir de sa femme, s’accroupit au pied de l'arbre, et l’élève sur son dos jusqu’à l’endroit où son amant l’attend sous le feuil- lage. Tandis que ceci se passoit, Oberon , roi des génies, et Titania, reine des fées, éloient venus prendre le frais dans les jolis bosquets du jardinede Gangolph. Oberon fut choqué de la trahison de Ro- sette : « Elle ne jouira pas du fruit de sa perfidie, dit-il à Titania ; « je vais ouvrir les yeux du bon « aveugle, et il la prendra sur le fait. — J’y con- « sens, répond Titania, mais une femme ne manque « jamais de moyens pour faire croire à son mari « qu'il s’est trompé; et si Rosette en manquoit , je « lui en fournirois moi-même. » — Le génie touche Gangolph, ses yeux s’ouvrent à la lumière ; il re- Tome VI. O 210 ; Poésie. garde , et voit sa fidèle compagne dans les bras d’un autre. Grande colère, que Rosette appaise bientôt par ses caresses et par ses larmes, en persuadant à Gangolph qu'il a mal vu.— « Eh bien ! dit ''itaniaæ, « une larme efface le tableau que le vieillard avoit sous les yeux. — Tu triomphes , répond Oberon; £ « mais écoute le serment sacré que je vais pronon- « cer : Nous ne nous reverrons plus , jusqu’à ce que « 71ous ayons trouvé deux amans assez fidèles pour « que le temps et l'absence ne puissent changer leurs « CŒUTS , CL ASSEZ COUTASEUT POUT préférer la mort « à une couronne , Si les grandeurs doivent étre le « prix dun pariure. » Il dit, et se sépare de Tita- nia, qui regrette, mais trop tard, son imprudence ; çar il n'est plus au pouvoir du génie de changer la loi qu'il s’est imposée. Cependant nos amans arrivent à Lépante, où ils trouvent deux pina:ses prêtes à faire voile, l’une pour Marseille, l’autre pour lItalie. Le chevalier , enchanté de trouver une occasion de se débarrasser de son mentor, ordonne à Schérasmin de prendre le bâtiment destiné pour Marseille , et de porter à Charlemagne la cassette qui renferme les dents du calife. Le vieil écuyer obéit, et part les larmes aux yeux. Huon s'embarque avec Amanda sur l’autre vais- seau ; mais bientôt ils oublient leur promesse , Obe- ronet sa menace. À peine achevoient-ils de se ren- dre coupables , qu’il s’élève un orage affreux ; ils sont forcés dese jeter à la mer:la bague enchantée que Huon mit au doigt d’Amanda dans le palais du ca- Oberon. 211 life, les garantit de la Fureur des flots, et les fait aborder dans une ile déserte; cette île est hérissée de rochers, couverte de laves et de scories, restes des ravages d’un volcan. On n’y voit ni fruits, ni verdure ; et, hélas ! depuis leur désobéissanee, le cor et la coupe bienfaisante ont disparu. Ils trouvent plusieurs palmiers chargés de dattes ; ce secours les soutient pendant quelques jours; mais l’hiver ap- proche, les provisions sont épuisées. Le besoin et l'image de la destruction les entourent ; et, pour comble d’inquiètude, Amanda porte dans son sein le fruit de leurs amours. Dans cette extrémité, Huon prend la résolution de visiter une partie de Vile qu’il ne connoît pas encore. Après bien des dangers et des fatigues, il aperçoit un nouvel élysée, qui sert de retraite à un vieillard nommé Alphonse, qui a choisi ce désert pour se soustraire aux injus- tices des hommes. L’hermite l’engage à lui ameaer Amanda, et les met en possession de sa cabave, de son jardin, et de tous les biens que la providence Jui a donnés. Touché de lintérêt que le vieillard lui témoigne, Huon lui fait part de ses aventures : l’hermite le console , l’engage à se livrer au travail pour pro- curer à Amanda la subsistance qui lui est nécessaire, et lui dit que sa constance et son courage peuvent seuls lui rendre les bonnes graces du génie qui le protégeoit. Amanda approche de son terme; ce mo- ment l’inquiète, et elle regrette Fatmé qu’elle a laissée sur le vaisseau , et dont la présence lui seroit si nécessaire; mais Titania, qui s’est retirée dans O2 \ 212 Poésie. cette île depuis le serment qu’'Oberon a prononcé, prend intérêt à nos amans , et espère qu’ils pourront Ja réconcilier avec le roi des génies : elle ordonne aux sylphides qui la servent de délivrer Amanda ; et, prévoyant les malheurs qui vont l’accabler , elle enlève l’enfant que la fille du calife a mis au monde, et le fait élever dans son palais. Amanda cherche son fils quelle croit égaré parmi les rochers ; elle descend jusques sur le rivage , lorsque tout-à-coup elle est entourée par une troupe de corsaires qui étoient descendus dans l'ile pour faire de l’eau: elle veut fuir; mais, en se débattant, elle perd la bague magique qui la protégeoit. Aux cris redou- blés d’Amanda , Huon accourt, arrache une branche d'arbre , et s’en sert comme d’ure mas:ue; accablé ‘par le nombre, il est désarmé, saisi, attaché à un arbre loin du rivage, et les pirates font voile avec leur proie pour Tunis. Le capitaine du vaisseau sur lequel se trouvoit Fatmé, avoit été forcé d’y relâcher. Pour tirer parti de ce contre-temps , ilavoit vendu la nourrice comme esclave, à Ibrahim , chef des jardiniers du sérail. Schérasmin étoit arrivé heureusement à Marseille, et s’étoit mis en route pour Paris. En apercevant les murs de cette ville , il fait la réflexion qu’on pourroit bien le prendre pour un imposteur s’il pré- sentoit la barbe et les dents du calife , sans étre ac- compagné de son maître. 1] rebrousse chemin, et se rend à Rome, dans le lateran où le paladin lui avoit donné rendez-vous. Après l’avoir attendu inu- tilement pendant six semaines, il prend l’habit d'un Oberon. 213 pélerin , résolu de chercher le chevalier dans tous les lieux que le soleil éclaire. Il arrive à Tunis , où le hasard lui fait rencontrer Fatmé, qui lui raconte qu’elle a vu nos amans se précipiter dans les flots. Ces fidèles serviteurs s’affligent ensemble, et Sché- rasmin entre au service d’Ibrahim , décidé à ne plus quitter Fatmé. Cependant l’infortuné Huon est au moment d’ex- pirer dans le plus affreux des supplices , lorsqu'O- beron prenant pitié de son malheur envoie un génie secondaire, qui délie le paladin et le transporte à Tunis , devant la maison d’Ibrahim. Là, il retrouve Schérasmin et Fatmé. Celle - ci lui apprend qu’un bâtiment monté par des corsaires vient de faire nau- frage à la vue du port, et que tout l’équipage a péri , à l’exception d’une femme d’une grande beauté, dont le sultan Almansor paroît très-épris, et qu’elle a tout lieu de croire que cette femme est Amanda: Cette nouvelle remplit le cœur du chevalier de plaisir et d’effroi. Schérasmin lui conseille d’entrer dans le sérail en qualité de garçon jardinier. On se sert des pierreries de la cassette d’Oberon pour gagner Ibra- him, qui consent à la métamorphose. Huon espéroit trouver lemoyen de parler à Amanda à la faveur de ce déguisement. Un soir qu’il étoit resté dans les jardins apres l’heure défendue par la loi, il rencontre la sultane Almansaris. Le paiadin se croit perdu; mais sa jeunesse , sa beauté parlent en sa faveur : non-seulement la sultane lui pardonne son audace ,émais encore elle brûle pour lui d’un feu que rien ne peut éteindre, Quelques jours après , un O0 3 214 Poëste. esclave fidèle vient Iui annoncer qu’on l'introduira à aninuit dans le harem; il voit arriver avec impa- tience l’heure du rendez-vous, ne doutant pas que c’est Amanda qu’il va voir: mais quelle est sa sur- prise, lorsqu'il trouve Almansaris! Les charmes de la sultane ne font point d’impression sur son ame, et il la quitte en lui disant que son cœur ne Jui ap- partent plus. Tandis qu'Almansaris cherche à se faire aimer d'Huon, Almansor ne néglige rien pour obtenir la tendresse d’Amanda : il n'est pas plus heu- reux que la sultane. Dans son désespoir, il erre à Vaventure dans les jardins du sérail, lorsqu’en ap- prochant d’une grotte sombre , qu’entoure un bos- quet de myrtes, il croit reconnoître la voix d’Al- mansaris. C’étoit elle, en effet, qui avoit attiré le beau jardinier dans cet endroit solitaire, où elle ‘es- péroit Pattendrir, En appercevant le sultan, Alman- saris change de rôle ; elle accuse Huon d’avoir voulu lui faire violence. Aussitôt on le charge de chaînes, et il est condamné à périr le lendemain sur un bûcher. Maïs Almansaris, que le danger a forcé d’ac- cuser ce qu’elle aime, pénètre pendant la nuit dans la prison , et offre au chevalier de le faire monter sur le trône à la place du sultan, s’il veut consentir à lui donner la main. Huon, inébranlable dans la fidélité qu’il doit à son amante, préfère la mort à une couronne, et la sultane ne peut vehir à bout de vaincre sa résistance. Cependant Amanda, instruite du soft qu’on pré- pare à sou amant ,. pénètre dans l'appartement du Oberon. 215 sultan , et lui demande la grâce du jardinier. Le sultan veut savoir d’où vient l'intérêt qu’elle prend à cet esclave : elle se trouble, et finit par avouer qu’il est son époux. Almansor , furieux de voir qu’on Jui préfère un jardinier, ordonne qu’elle périsse avec lui. Déja ils sont attachés äu même poteau; déja les noirs mettent le feu aux quatre coins du bûcher, lorsqu'Huon voit à son cou le cor enchanté, signe certain de sa réconciliation avec le génie ; il le porte à sa bouche, et à l'instant le sultan, Almansaris, les noirs, toute la ville de Tunis , sans en excepter les goutteux, se prennent par la main et commen- cent à danser. Le char d’Oberon paroïît , enleve nos amans , ainsi que Schérasmin et Fatmé, et les trans- porte dans le palais enchanté d’Oberon, qui les re- mercie de l’avoir réconcilié avec Titania. Le bon- heur sera le prix de votre constance , ajoute- t-il. Alors la reine des fées remet dans les bras de sa mere l’enfant qu’elle avoit enlevé dans l'ile déserte, et les transporte tous sur les bords de la Seine. Ils arrivent au moment où Charlemagne prépare un grand tournois , et où il annonce que le vainqueur aura Vlinvestiture des états d'Huon. Le paladin entre dans Ja lice, la visière baissée, et remporte la victoire sur tous ses concurrens. On le conduit à l'empereur auquel il présente Amanda , en lui remet- tantla cassette qui renferme la barbe et les dents du calife. Charlemagne sent expirer sa colère ; il em- brasse Je :valeureux fils de Sévin , et lui rend son amitiéret ses états. Ceux de nos lecteurs qui connoissent l’extrait de 0 4 216 Poëste. Huon de Bordeaux par le comte de Tressan , verront facilement que l’Oberon qui, dans ce roman de che- valerie n’est qu’un Deus ex machina , fils de Jules- César et d’une fée, qui par un enchantement assez bizarre a été changé en nain, est entièrement diffé- rent de l’Oberon qui a donné le nom au poème de M. Wieland, Ce dernier ressemble plutôt à celui qui, dans le Merchant’s - Tale de CHAUCER et dans le Midsummer-Night-Dream de SHAKESPEAR,est repré- senté comme roi de féerie. Au reste, la maniere dont M. Wieland a su lier l’histoire de la dispute d’Oberon et de son épouse Tania, avec l’histoire de Huon et de Rezia , est sans contredit une grande beauté du plan et de la composition de ce poème. Au fond, VOberon de M. Wieland est composé de trois actions principales, qui sont 1.° l'aventure que Huon a pro- mis de soutenir par ordre de l'empereur ; 2° lhis- toire de son union avec Rezia ; et 3.° celle de la réconciliation de Titania et d'Oberon ; mais ces trois actions ou fables sont tellement réunies dans un seul et même nœud, que l’une sans l’autre ne pourroit subsister ou avoir une issue heureuse. Sans le secours d'Oberon, Huon n’auroit jamais pu remplir les conditions que Charlemagne lui avoit imposées : sans son amour pour Rezia, et sans l’espérance que la fidélité et la constance des deux. amans don- noient à Oberon, pour produire enfin sa réunion avec Titania, ce roi de féerie n’auroit point eu de motif pour prendre un intérêt aussi vif à leur sort. C’est de la liaison, de l’intérêt de chacun de ces personnages, fondé sur l'utilité et les secours réciproques , que ré- ’ Oberon. 217 sulte une wnité qui , non-seulement a le mérite de la nouveauté, mais qui répand encore infiniment d’intérét sur l’ouvrage. Après avoir parlé du poème, nous ajouterons quel- ques mots de la traduction du C. Pernay. Nous en avons comparé beaucoup de passages avec l’original , et nous avons trouvé que non-seulement elle rend avec fidélité le plan et les idées du poète , mais que dans plusieurs endroits elle offre même les grâces et l'intérêt de Poriginal. Des personnes, qui sans doute ne connoiïssent pas la langue allemande , ont blâmé le traducteur d’avoir conservé de l'original la coupe par octaves ; et c’est précisément ce qui , se- lon nous, doit lui mériter un éloge de plus: il nous semble que c’est le moyen le plus sûr de rendre avec exactitude la manière de l’auteur. Au reste, le lec- teur qui voudroit quelquefois recourir à l'original, est par là mis à même de le faire toutes les fois que bon lui semble , sans perdre un temps précieux aux recherches qu’exigeroit une traduction où l'indication des octaves de l'original ne seroit pas conservée (3). -C’est par cette disposition que cette traduction pourra être en même temps utile aux personnes qui se (5) 11 seroit à souhaiter que tous les traducteurs , surtout d'ouvrages classiques , et ceux qui en donnent de nouvelles éditions, eussent cette attention en faveur de ceux qui se servent de leurs livres, et pour leur épargner des pertes de temps, de faciliter toujours la comparaison de la traduction avec l'original, ou de la nouvelle édition avec une autre qui est très-répandué , par des renvois, soit sur la marge, soit dans, les notes , comme dans l’Anthologie de M. Jacobs, dans le Cicéron d'Ernesti , etc. Au reste , le C. Panckoucke a publié de mème la traduc- tion de l’Arioste , par octaves, 218 Poésie. livrent à l'étude de la langue allemande : ceci nous conduit à une autre observation. Dans les pre- mieres éditions d’'Oberon, M. Wieland Pavoit di- visé en quatorze chants ; nous avons lieu de croire que la plupart des éditions répandues à Paris sont celles qui ont encore cette division. Dans les édi- tions suivantes, l’auteur, sans rien changer ni au plan du poème, ni même au nombre ou à la suite des octaves, a divisé son Oberon en douze chants. Comme il seroit possible que quelques lecteurs eus- sent une des éditions en XII chants, nous croyons leur rendre service en donnant ici les rapports de lune et de l’autre édition. Les quatre premiers chants sont partout les mêmes. Le V."® chant et les 23 premières octares du VI."° des éditions en XIV chants, ou des anciennes, forment le V.”° chant de celles en XII chants, ou des nouvelles. Le VI."* chant de celles - ci commence à l’octave suivante , ou à la 24.°° ( pag. 178 de la traduction du C. Pernay});, et comprend le reste de ce chant , et le VIL®* en entier, Le VIII." ensentier, et les 38 premières octaves du IX.” chant des anciennes édi- tions, sont le VII.”* chant dans les nouvelles. Le reste du IX."* et le X."° chant des anciennes éditions forment le VIII." dans les nouvelles. Les quatre derniers restent comme les 4 premiers, sans autre changement que celui de leur numéro, de sorte que le XI.®* chant est devenu le IX."°, le XII."° est maintenant le X."°, le XIII." est le XI."", et le XIV." est le XII." Cette nouvélle division, comme nous l'avons déja dit , n’a influé en rien ni Oberon. 219 sur le plan du poème, ni sur le nombre et la dispo- sition des octaves qui, dans les nouvelles éditions, se suivent dans le même ordre que dans les an- ciennes. On a voulu reprocher à la traduction du C. Per- nay quelques fautes qui appartiennent évidemment à limprimeur, et qu’il seroit peut-être bon , pour cette raison même , d'indiquer dans un petit errata. Si au reste cet ouvrage, comme il le mérite, a en- core d’autres éditions, il sera facile au C. Pernay de faire disparoitre les petites incorrections qui pourront encore s’y trouver. Les amateurs de la littérature doivent sans doute savoir gré au C. Per- nay d’avoir publié cette traduction d’Oberon à ses frais, malgré les circonstances défavorables à de pa- reilles entreprises ; et nous verrons avec plaisir, la justice que nous rendons à cet ouvrage réparer lin- justice des critiques qu’on en a faites, LE PE X;L O S:4O:8,LILE: EpITECTI Manuale et CEBETIS Tabula græce et latine. Græca ad fidem veterum librorum denuo recensuit , et collata omnt lectionis varietate vindicavit illustravit- que ; lalinam versionem , ENCHIRIDIT Præsertim , ad græci exempli præscriptum diligenter recognovit et emendavit JOH AN- NES SCHWEIGHÆUSER pPriscarum litlerarum in schola Argentor. Profes- sor, etc... Lipsiæ, 27 librarie Weidmannia, MDCCXCVIN. in-8,° 412 pages, et les pré- liminaires cLx. ŒEPICTETI Dissertationum ab ARRIANO digestarum ejusdem Enchiridion et ex deperditis sermonibus fragmenta , post Jo. UPTONI aliorumque curas , denuo ad co- dicum manuscriptorum fidem recensuit , latina versione , adnotationibus , indi- cihus rillustravit JOHANNES SCHWEIG- HÆUSER, etc... 1799; dans la même li- brairie : trois volumes, le premier de 684 pages ; le second de 970 p.; et le troisième de 502. On trouve, chez Barrois l'aîné, Epictète. 22: rue de Savoye, quelques exemplaires de cette édition , à 48 fr. le papier ordinaire, et à 96 fr. le grand papier fin. Ls savant Schweighæuser , après nous avoir enrichi d'excellentes éditions de Polybe et d’Appien, et ré- tabli surtout la réputation de ce dernier historien, entreprend de publier tous les écrits grecs qui sont sortis de la plume des philosophes stoiciens de l’é- cole de Rome. Celle-ci differe en bien des points des écoles d'Athènes et de Syrie; mais ce n’est pas ici le lieu d'établir ces distinctions qui échappent quel- quefois aux savans, malgré l’évidence qui les accom- pagne. Il nous suffit à présent d’en faire mention, pour éviter les méprises dans lesquelles on tombe trop souvent en parlant de cette secte philosophique. A la vérité, il auroit falla commencer par donner une édition des fragmens d# Zénon, de Cléanthe et de Chrysippe , que Stobée nous a conservés , afin de remonter à l’origine des idées, de juger des disciples par les maîtres, et de savoir en quoi la doctrine des uns et des autres diffère ; vraisemblablement l’ha- bile et laborieux éditeur remplira cette tâche avant de finir sa collection. 1] en a exclu Marc - Aurèle, dont on prépare également en Allemagne une nou- velle édition. La sienne comprend déja le manuel d’E- pictète et ses discours. Le précieux commentaire de Simplicius est sous presse, et paroïîtra vraisembla- blement dans le cours de l’année prochaine. Il est difficile de satisfaire avec plus d'activité l’impatience 222 Philosophie. des gens de lettres et des amateurs de la philosophie ancienne. La préface du premier ouvrage est une histoire critique des nombreuses éditions du manuel d’Epic- tete. On ne la lira point sans intérêt ; l’auteur y montre autant d’impartialité que de critique. Il rend toute la justice qui est due aux deux éditions du sa- vant M. Heyne, et parle de cet habile homme avec tous les égards qu’on ne sauroit lui refuser. I] ap- précie fort bien les trois éditions du C, le Febvre de Villebrune ; mais peut-être en parle-t-1l trop sou- vent dans ses notes. Le texte d’Epictète, ou plutôt celui d’Arrien, qui a tiré ce manuel des ouvrages de son maître, est exa- miné avec le plus grand soin, et paroît étre rétabli danstgute son intégrité. Le C.Schweighæuser ne laisse échapper aucune difficulté, et n’oublie aucune des lecons que les éditeurs s’étoient permis d’adopter ou de rejeter. On avouera qu’il a raison, même à l'égard de M. Heyne. Les notes du savant éditeur sont purement grammaticales, et renferment peu de discussions relatives à la doctrine d’Epictète : par conséquent , elles ne sont pas susceptibles d'analyse. Nous dirons seulement qu'on y trouve uw trop grand” nombre de diverses lecons ou variantes. N’auroit-il pas mieux valu ne conserver que les plus importantes au bas des pages, et renvoyer toutes les autres à la fin du volume ? Une pareille méthode, suivie par plusieurs savans, fdit lire en entier les notes ; autre- ment on ne les parcourt qu’avec rapidité, et quelque- fois ce qu'il y a de plus intéressant échappe. D’ail- ol nt ct mine ons AE Lt e: ééinnthaié CRT y eds Diabetes Dos de SU de QE Ce , Epictète. 2238 leurs, la vue de ce grand échafFaudage repousse bien des acquéreurs, ou du moins tous ceux qui ne font pas de la philologie l’objet principal de leurs études. Le C. Schweighæuser a conservé la version latine de Politien , en la corrigeant dans plusieurs endroits im- portans, Le Tableau de Cébès, que nous ne croyons pas être du philosophe de ce nom, disciple de Socrate, reparoîit, suivant l’usage, à la suite du Manuel d’'E- pictète. Le dialogue que renferme ce premier opus- cule est corrigé avec soin, et les noms des interlocu- teurs se trouvent rapportés à leur véritable place; ce qui avoit été auparavant fort négligé. Mais, quoi- que cette édition soit beaucoup plus correcte que les précédentes , il reste néanmoins deux ou trois pas- sages évidemment altérés. Le fils aîné de l'éditeur, qui marche dans la même carrière, et y fera certai- nement de grands progres , a collationné un manus- crit de la bibliothèque nationale qui rétablit ces pas- sages, et ne laisse plus aucune tache sur ce char- mant écrit dont lidée a été prise dans l’allégorie d’'Hercule, attribuée, par Xénophon, au sojhiste Prodicus. Les dissertations, dont Epictete est le véritable auteur, avoient été faussement attribuées par Dacier à Arrien, qui n’en étoit que le simple éditeur. Trois articles, N.05 1417, 1958 et 1959 , du catalogue des manuscrits de la bibliothèque nationale, quoique très-fautifs, avoient accrédité cette erreur que le C. Schweighæuser a su éviter. Ces dissertations avoient 224 Philosophie. déja eu deux habiles éditeurs, Jérôme Wolf et Jean Upton. Mais le travail de ce dernier n’étoit pas aussi complet qu’il auroit pu l’étre ; d’ailleurs, sa belle édition devenoit chaque jour plus rare. Le C. Schweighæuser a collationné avec exactitude les trois manuscrits de la bibliothèque nationale que nous ve- nons de citer , et qu'Upton paroit n’avoir examinés que superficiellement. Il en a discuté les variantes, et a ajouté beaucoup de notes à celles de ce savant anglais. Les fragmens des quatre livres perdus de ces dis- sertations sont rangés par le nouvel éditeur dans un meilleur ordre, et augmentés de quelques articles ; il indique même les sources des manuscrits de la bibliothèque de Florence , où il est probable qu’on en découvrira d’autres. On admire sa profonde philologie et sa rare sagacité daus les additions aux notes. Il a encore perfectionné beaucoup lindex qu’'Upton avoit mis à la fin de son édition. Dans les mains du C. Schweighæuser , ilest presque devenu un dictionnaire de l’idiôme des Stoïciens, ou du moins il sera très-utile au savant qui voudra entreprendre un pareil ouvrage, si nécessaire à l’intelligence des écrits de cette secte de philosophes. L On n’apercoit guère de quelle utilité peut être la réimpression du manuel d’Epictète , dans le troisième volume de ses dissertations. Le libraire a sans doute exigé cela de l’éditeur , et c’est en vérité abuser de sa complaisance. On veut toujours que les nouvelles éditions renferment tout ce qui est dans les anciennes; et Epictète. 225 et il en arrive que le nombre et la grosseur des vo- lumes s’accroissent sans mesure ou sans nécessité. Les libraires, avides et peu intelligens, finiront par nuire aux lettres et à eux-mêmes ; le débit diminuera; ils n'oseront plus rien entreprendre, et les savans cesse” ront de se livrer à ce genre de travail, faute d en- couragement. Quand le goût présidera à ces entre- prises, elles seront économiques pour les acquéreurs, et lucratives pour les vendeurs. Nous n’avons vu qu’a- vec peine, dans le catalogue des livres de la der- niére foire de Leipsic, un tres-petit nombre d’articles relatifs à l’érudition. Commenceroit-elle à décheoir en Allemagne ; et les libraires concourroient-ils à sa perte, en forçant les gens de lettres à adopter toutes leurs vues mercantiles? Le plus n’est pas tou- jours le mieux. On ne perfectionne rien par des su- perfétations ; il en résulte , au contraire, un encom- brement qui tôt ou tard ramènera les ténèbres de l'ignorance. Ces réflexions, dictées par l’amour désintéressé de la littérature, ne peuvent toutefois nuire à l'édition dont nous parlons, ni faire attendre avec moins d'em- pressement celle du Commentaire de Simplicius, qui enest une suite nécessaire, Le savant Schweighæuser en a rempli une grande lacune par une découverte faite dans les manuscrits de la bibliothèque na- tionale , ce qui rendra toutes les éditions précédentes presqu’inutiles. La note suivante que nous a communiquée ce la- borieux écrivain , sur un léger oubli daus son édition Tome FL. P 226 Philologie. du Manuel d’Epictète, est une nouvelle preuve de sa scrupuleuse exactitude. « « 11 observe que depuis l’impression de cet ou- vrage il lui est parvenu un exemplaire de l'Enchi- ridion et du Tableau de Cébes avec la traduction et les notes de Wolf, laquelle porte sur le titre Basileæ , per Joannem Oporinum, 1561 ; que par là il pourroit paroître que ce qu’il a dit (à la page 3r etsuivantes de l’avant-propos, et en difFérens en- droits deses notes ) au sujet de l'édition de Wolf dont il s’étoit servi, et qu’il nomme Ed. Bus.3 , n’est pas fort exact. Maïs en comparant soigneusement cette édition de 1561 avec celles qu’il a cotées Ed, Bas. 2 et Ed. Bas. 3, il trouve que dans l’édi- tion qui porte sur le titre lan 1561, le texte grec n’est pas celui corrigé par Wolf, mais simplement la répétition de celui que donnoit la seconde édi- tion de Bâle de 1554; et que le texte grec, tel qu’il a été corrigé et publié par Wolf, ne se trouve effectivement que dans la même édition dont le C. Schweighæuser a donné une description détaillée dans l’avant-propos de son édition, à la pag. 3x et suiv. Tout ce qu’il peut y avoir d’inexact en ce qu’il a dit au sujet de cette même édition , c’est que, vu que le premier tome ne présente pas d’autre date, si ce n’est. que la préface de Wolf y est datée d’Augsbourg , l’an 1450, il avoit cru que ce premier tome (qui est celui qui contient le manuel d’Epictète et le tableau de Cébes ) avoit été publié dans la même année , tandis que main- Epictète. 227 « tenant il lui parôit constant que les trois volumes “ de cette édition ont été publiés ensemble en « 1563 (1).» Su GC, (1) Nous croyons devoir ajouter à ce que dit le C. Sainte-Croix , que le savant Schweighæuser a été aide, dans son travail, par son jeune fils, Geoffroy Schweighæuser, jeune homme aimable et lettré , dont on a lu plusieurs morceaux dans le Magasin , et qui a collationné , pour son père , plusieurs manuscrits importans. Son père a rendu justice à ses talens et à son zèle, dans sa préface. A. L. M. MÉDECINE. RÉFLEXIONS du C. BOSQUILLON ,medecin du grand hospice de Paris, sur la jeune personne , morte , le 4 pluviôse, avec des symplômes d'hydrophobie. Jar prouvé dans mes commentaires sur les élémens de médecine pratique de Cullen (1), que la terreur seule pouvoit déterminer les symptômes d’hydro- phobie ou de la rage, chez ceux qui avoient été mordus par un animal soupconné d'être attaqué de cette maladie. On a vu quantité de personnes éprou- vér des symptômes de ce genre, et guérir en appre- nant que le chien qui les avoit mordues n’étoit pas (x) Ce livre a été imprimé en 1785, et se trouve chez Barrois le jeune , rue Hautefeuille. P 3 228 Médecine. enragé; d’autres sont , au contraire, devenues touté à-coup hydrophobes en apprenant, au bout d’un temps considérable , que des personnes blessées , à la même époque qu’elles, par le même chien, étoient mortes avec des symptômes d’hydrophobie. Les in- formations que j’ai prises au sujet de la jeune per- sonne dont il s’agit, m’ont convaincu que la ter- reur seule avoit déterminé les accidens terribles qu’elle avoit éprouvés. Elle fut mordue, le 11 fri- maire, par une petite chienne de six mois, natu- rellement hargneuse et aimant à mordre ; elle n’a- voit pas cessé d’obéir à ses maîtres ni de les recon- noître ; ses yeux n’étoient pas menaçans, ni sa gueule écumante. On entendit parler d’une personne récemment morte de la rage; on s’imagina que la chienne en étoit attaquée , on la jeta à l’eau, sans s'assurer du fait. Quelle impression cela ne dut-il pas faire sur un enfant de 14 ans et demi, extrêmement sensible, et d’une imagination très-vive! Depuis ce moment elle parut rêveuse; quarante jours après environ, elle se blessa le doigt mordu, en voulant fendre du bois ; la plaie se r’ouvrit, et ses inquiétudes aug- mentèrent : dans le temps que l'écoulement périodi- que, particulier à son sexe, paroissoit , elle mit les mains dans l’eau froide ; elle eut une suppression qui fut suivie, le 30 nivôse, 5r jours après la mor- sure, d’un mal de tête violent, accompagné de fièvre, d’un resserrement de la gorge , d’éternue- mens fréquens, et d’une grande altération. On lui fit des fumigations pour modérer le mal de tête; Rage. 229 il s’ensuivit un tremblement et des convulsions, Elle but avec assez de facilité jusqu’au 2 pluviôse, qu’elle laissa tomber un verre d’eau que sa mere lui pré- sentoit; sa main et tout son corps, le visage sur- tout, furent à l’instant agités de mouvemens con- vulsifs. Ceux qui l’environnoient , saisis de frayeur, la firent transporter , le soir même, au grand hos- pice ; elle fut fort affectée de voir qu’on la lioit dans son lit, comme il est d’usage de lier les hy- drophobes. La nuit , elle fut fort agité; le lende- main matin elle repoussa un verre d’eau qu’on lui offrit, et entra en convulsions : elle étoit fort alté- rée. On la fit boire dans un biberon; elle avala avec précipitation le liquide ; et se plaignit même de ce qu'on ne le lui versoit pas assez vite. Elle préféroit l’eau rougie, ou mélée avec un peu d’eau de fleurs d’orange sucrée ; mais, à chaque fois qu’elle l’avaloit , les mouvemens convulsifs reparoissoient ; cependant elle a vu apporter un grand vaisseau plein d’eau pour la saigner du pied ; on lui a laissé les pieds dedans pendant longtemps, et elle n’est pas tombée en convulsions. Elle avoit l'imagination extrêmement exaltée ; elle parloït avec beaucoup de volubilité, et se plaignoit amèrement de ce que, depuis qu’elle avoit été mordue, on ne Jui parloit que de la rage. Je la vis, le 4 pluviôse, une heure avant sa mort ; elle étoit afFaissée; elle avoit le visage pâle et défait ; tout annoncçoit qu’elle étoit sans res- source : les hydrophobes , au contraire , meurent généralement dans les convulsions, qui surviennent même souvent dans l'instant qu’on les croit le P,5 , 230 | Médecine. mieux. Leur teint est peu altéré ; ce qui, sans doute, a fait imaginer au peuple qu'on les étouf- foit : d’ailleurs, les convulsions n’ont paru que le troisième jour de la maladie; elles ont été précé- dées de la fièvre et du resserrement de la gorge; il paroît qu’elles étoient l'effet de Pinflammation de Pœsophige et de la trachée-artère ; on ne peut même gueres en douter d’après la quantité extraor- dinaire de salive et de mucosité dont on a trouvé ces parties remplies après la mort, et la rougeur qu'on y à observée. Enfin, la vraie hydrophobie, de même que les autres maladies convulsives idiopa- thiques, n’est jamais précédée de fièvre; elle sur- vient tout-à-coup. Tout prouve done que la terreur écule a jeté la jeune malade dans l’état affreux qui Pa fait périr. 11 auroit fallu, pour la préserver, que ceux qui lenvironnoient chez elle, eussent fait tout le con- traire de ce qu’ils ont fait; la rassurer, lui persuader que l'animal n’étoit pas enragé. La tranquillité seule de l'esprit peut préserver de cette cruelle maladie. Il seroit done essentiel, tant pour ceux qui ont été mordus , que pour les progrès de l’art, de tenir les chiens soupconnés de rage, renfermés pendant cinq à six semaines; la rage se manifeste toujours au bout de ce temps, ils périssent au bout de peu de jours , quand ils sont déja hydrophobes ; quand ils sont attaqués d’une autre maladie, on en a bientôt la preuve : alors on pourroit éviter bien des tour- mens et des inquiétudes aux hommes qui ont été mordus par ces animaux; on ne seroit pas obligé Rage. 231 de les tenir, pendant une couple de mois, garottés dans leur lit, comme cela se pratique, et de les assujettir à un traitement qui peut augmenter les craintes et déterminer la maladie que l’on se pro- pose de prévenir. 1] est bon aussi que le public sache - qu'il est démontré qu’entre ceux qui ont été mordus par des animaux hydrophobes, un vingtieme tout au plus éprouve les symptômes d’hydrophobie , et ce sont communément les personnes les plus sen- sibles. Je ne sache pas que des enfans , qui n’ont pas encore atteint l’âge de raison, aient jamais éprouvé ces symptômes. BOSQUILLON. _ À Paris, ce 20 pluviôse an 8. PERRET VIN PA SMART MEET CAEN EEE CO PAST EP NS APP RCIP NNPEN PEER VARIÉTÉS, NOUVELLES ON CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES. Lycée des sciences , des lettres et des arts, à Alcncon. Le lycée d'Alençon a tenu le 20 nivôse an 8, une séance publique. Le C. HÉBERT-HAUTECLAIR, correspondant du gouvernement pour l’agriculture ,a présenté le compte rendu des travaux de la section des sciences. Le premier ouvrage dans cette partie est du C. Hébert-Hauteclair. C’est un mémoire, dans lequel il propose de s’occuper des moyens propres à accé- lérer les progrès de l’agriculture , des arts et du com- merce ; dans le département de l’Orne. Il y fait sentir qu’il faut d’abord connoître l’état actuel du départe- ment sous ces trois rapports. Dans le mémoire sur la pêche , que leC.RENAULT, professeur d’histoire naturelle à l’école centrale, a communiqué , il desire que le gouvernement s’occupe des moyens propres à réprimer la dévastation à la- quelle elle est en proie. Nouvelles littéraires. . 233 Le C. M16N0N, professeur de physique et de chy- mie expérimentales, a présenté un précis d’expé- riences et d’observations sur le galyanisme , qu’il a faites avec le C. DuvaL,et dont ce dernier a donné lecture à la séance publique, Ce travail est suivi d’un autre plus important, dû aux Connoissances du C. LaTour, pharmacien. C’est un précis sur l’emploi de l'acide nitrique dans les maladies syphilitiques et psoriques, et sur le moyen de l'obtenir dans le degré de pureté néces- saire. Ce qui ajoute à l’intérét de ce travail , c’est l'emploi que le C. Latour a fait avec succès de ce procédé. : Le C. BERTHELMY a lu un mémoire sur toutes les rivières qui arrosent le département de l'Orne. Après les avoir prises à leur source, il les a suivies dans leur cours ; il a parlé des usines et des moulins qu’elles alimentent ; il a discuté les raisons pour et contre la navigabilité de celles que l’on a crues propres à for- mer des canaux de navigation ; il a démontré qu’il étoit possible d'ouvrir d'importantes communications de l'Orne avec la Mayenne, de l’Orne avec la Sarthe, et de la Sarthe avec l'Eure et la Seine. Le C. Hébert-Hauteclair a communiqué des ob= servations météorologiques faites par lui, avec le plus grand soïn , pendant les huit premiers mois de Pan 7. Le dernier travail de la section des sciences est un mémoire du €, BOESNIER , ingénieux en chef du dé- païtement , sur les chemins en général, et spéciale- ment sur les grandes routes actuelles du département, 234 Nouvelles littéraires. sur celles qu’il importe de finir, et sur d’autres à ouvrir qui ne seroient pas moins nécessaires, L’au- teur à joint a son mémoire une carte topographique contenant, dans le plus grand détail , le développe- ment et application de son travail. Le C. DUMESNIL, commissaire des guerres, a lu le compte rendu des travaux de Ja section des LETTRES. Des recherches historiques sur Inès de Castro et sur don Pèdre, roi de Portugal , sont le premier ou- vrage donné au lycée. I] est du C. Louis DuBois, bibliothécaïre de l’école centrale. | Le même C. Louis Dubois a lu un voyage fait à Mortain ; des fragmens d’un poème sur Va félicité ; un discours sur la vieillesse : et un autre discours sur la mort du C. Malassis, fils du jeune, imprimeur, enlevé au lycée, dont il étoit membre ,le 5 brumaire dernier. T1 a lu aussi une é/égie à son ami, sur la mort de sa maîtresse, trouvée brûlée dans sa chambre au milieu de beaucoup d’eau avec Jaquelle elle avoit inutilement essayé d’éteindre le feu qui l’étouffa. Le même auteur a donné encore quatre notices. La premiere, sur un portrait le Rancé ; la deuxième, sur un tableau représentant un so/dat macédonien violant le tombeau d'Alexandre , tableau que lPau- teur attribue à Simon Vouet ; la troisième, sur Jean Bertaut ;, évêque de Seès ; la quatrième, sur Pierre le Nain , sous-prieur de la Trappe. Le C. Louis Dubois a encore communriquéune dis- sertation étymologique et philolosique sur la signifi- he, - — À | Nouvelles littéraires, 235 cationet les acceptions du mot F ASTE , chez les dif- férens peuples qui l’ont employé. L'auteur s’est à ce sujet livré à des recherches étendues ; il a rapporté la discussion engagée entre l'académie française et Saint-Evremont , et il a suivi la filiation des accep- tions de ce mot chez les premiers'auteurs latins, les auteurs du siècle d’Auguste , les écrivains du Bas- Empire, les Italiens, les Allemands et les Fran- çais , etc. * Une autre noticé , du même auteur, est celle qu’il a lue sur Marie-Elisabeth Joly, actrice du théâtre français, sur le mont où elle repose auprès de Fa- Jaise, et sur un livre dédié à ses mânes par le C. Du- lomboy, son mari. Le dernier ouvrage du C. Louis Dubois est une notice biographique et littéraire sur Ordérie Vital, moine de Saint- Evroult. Cette notice importante prouve que nous avons à l’auteur l’obligation d’avor retrouvé le manuscrit autographe de cet arcien his- torien de Normandie (1). Le C. Donieu, professeur de belles-lettres à l’é- cole centrale, a lu une /ettre qu'il a écrite au ci- toyen Millin, relativement à des incorrections ty- pographiques qui se trouvent dans une pièce de poésie espagnole , imprimée dans le Magasin Ency- clopédique (2). Le C. Dodieu a encore fait part au lycée d’une histoire de l’origine et des progres des mathématiques, / (x) Elle sera insérée dans un des prochains numéro, AT: M. (2) Année V,t: V, p. 108. 236 Nouvelles littéraires. traduite d’une préface anglaise d'André Taquet, à la tête de ses Elémens d’Euclide. Deux ouvrages du C. DuroNCERAY , défenseur officieux, et membre du jury central d'instruction publique, intéressent la morale. Le premier est un discours dans lequel il proposoit de décerner, au sein du lycée, des honneurs funéraires à la mémoire des grands hommes ; le second, qui a été lu à la séance publique, a pour titre : Coup-d'œil sur les honneurs Junèbres, en usage chez les différens peuples. Le compte des travaux de la société des ARTS, a été rendu par le C. FRAINAIS jeune, professeur de dessin à l’école centrale, et offre l'analyse d’un mé- moire sur le commerce des toiles de lu fubrique d'A- lençon , la culture du chanvre, la main-d'œuvre de fabrication , et les moyens d'amélioration. Les comptes rendus ont été suivis des morceaux choisis dans les trois sections. Société d'Emulation de Rouen. Le C. AssELIN , agriculteur à Villequier, a adressé au C. Noel de Rouen un mémoire, en forme de lettres, sur un éboulement qui a eu lieu dans la falaise de Ja commune d’Octeville, à peu de dis- tance du Hâvre, et sur une élévation subite, à 10 ou 12 mètres de hauteur, de la partie correspondante du sol rocailleux que la basse mer laisse à découvert le long de la côte, Ce mémoire a été lu à la Société Nouvelles littéraires. 237 d'émulation de Rouen, qui en a fait insérer l’extrait suivant dans le rapport de ses travaux, pendant le mois de brumaire an 8. « C’est, dit le C. Asselin, en s'adressant au C. « Noël, vers la moitié du mois de frimaire an 7, « « qu'après une saison que vous pouvez vous rappeler n'avoir été remarquable ni par l’abondance des pluies, ni par des gelées (elles n’ont commencé qu’aux premiers jours de nivôse ).... « C’est en plein jour, après midi, que les faction- naires du corps-de-garde d’Octeville , les ouvriers .qui travailloient à dégrader les sentiers qui rendent accessible à l’ennemi cette partie de notre terri- toire, se sont aperçus d’un bruit sourd dans les basses-faluises ; les gens du pays nomment ainsi une chaine de falaises de beaucoup inférieures aux autres dont elles couvrent le pied : elles sont en- core de 10 à 15 mètres plus élevées que le rivage. “ Îls ont vu cette chaîne inférieure se déplacer, descendre sensiblement , se rompre, se crevasser, et ce sur un espace de plus de deux kilomètres, depuis et un peu au sud du corps-de-garde d’Oc- teville, jusques assez avant sur la commune de Cauville. « Les basses-falaises, en coulant et s’échappant, ont Jaissé sans appui la chaîne plus élevée ; des portions très-considérables se sont alors précipitées avec fracas de toute leur hauteur, spécialement les mondrains saillans : cet éboulement a été con- tinuel pendant 24 à 30 heures. « Dans cela rien qui nes’explique par l’expérience 238 Nouvelles litteraires. de ce que l’on a vu partout à la suite de grands dégels, de pluies extraordinaires. « }1 faut observer même que les basses-falaises ne sont pas pour cela aujourd’hui descendues au ni- veau du rivage que couvre la haute-mer ; elles le dominent encore de 7 mètres et plus : et si l’af- faissement de leur surface est très-considérable, c’est surtout au pied des hautes-falaises. ... Il s’ÿ est formé un bassin, un vallon, entre la base des hautes-falaises et la chaîne des basses-falaises » qui reste le long et au dessus du rivage. « Ces basses-falaises, au moment du travail de l’affaissement, se sont crevassées de toutes parts; et (comme cela doit être) toutes les crevasses sont , ou à peu près, parallèles à la chaîne des montagnes qui s’ébouloient. « Ces ouvertures étoient d’abord de 1,2,3 mètres de profondeur, sur 3 décimètres, 6 décimètres de largeur; mais les pluies, les gelées ont bientôt altéré ce premier état : le haut des crevasses s est évasé , et ce qui s’en est détaché, comble et di- minue d’autant la profondeur. « Mais voici ce que je soumets à vos observations; et dont je m’abstiens d’assigner les causes : « Presqu'au même instant que les basses-falaises se sont fendues et déplacées, le sol de la mer, cet espace rocailleux qu’elle découvre deux fois par jour, et qui, tout le long de nos côtes, a deux cents, trois cents pas de largeur, ce sol, dis-je , s’est exsurgé de 13 mètres de hauteur, « Nouvelles littérarres. 239 par degrés , daus le même espace de 24 à 30 heures. « Cette nouvelle monticule n’est pas adhérente au pied de la côte, elle est au moins à 150 pas loin du rivage ; elle forme une chaine parallèle à la côte , et se continue aussi loin, et pas plus , que l’éboulement des falaises dont elle semble être une conséquence , un résultat, d'autant plus qu’elie participe de la nature des terres éboulées. « En effet, ce qui s’est ainsi élancé du sol de la mer n’est pas toute roche; on y voyoit et des terres glaises, argileuses, semblables à celles des hautes-falaises, et quelque peu de sable. : -« Îl en reste peu de chose aujourd’hui ; la mer ayant facilement limé les terres et le sable, les roches sont retombées , et ce qui subsiste ne se voit que lorsque la mer a découvert la plage ; en core cela est-il peu visible, et avant peu il n’en subsisterasrien, : « J’omettois de vous dire que déja, il y a dix à douze ans, dit-on, il y avoit eu , dans cette même portion de nos côtes, un éboulement de falaises, et que la plage s’étoit élevée dans le même tra- vail; mais il n’avoit pas été, à beaucoup près, aussi remarquable que celui dont je vous rends compte. » 240 Nouvelles littéraires. Cours donnés à l’université de Goettingue ; Là ee + à pendant l'hiver de 1799 à 1800. TuÉOLOGIE. M.PLANCK, comparaison des principaux systèmes de la théologie chrétienne ; — Encyclopédie théologique, ou principes, sources , méthode et histoire des dif- férentes sciences qui appartiennent à la théologie ; — Histoire ecclésiastique du XVII et XVIII siècle, M. STÆUDLIN , Théologie dogmatique, ou ex- position exégétique , philosophique , historique et symbolique des dogmes de la religion chrétienne ; — Exégèse des quatre évangiles. M.AmmMmon , Théologie dogmatique, avec l’expli- cation des passages classiques de la Bible, et l’his- toire des dogmes ; — Morale religieuse"du christia- nisme.— C’est sous sa direction que se tiennent les exercices homilétiques des étudians. JURISPRUDENCE. M. PuTTER, droit public ; — Pratique de la ju- risprudence. M. CLAPROTH, pratique des procès ; — L’art du rapporteur. M. RUNDE, droit germanique ; — Droit féodal. M. SPANGENBERG , pandectes ; — Premiers élé- mens du droit civil. M. WALDEUK, Nouvelles littéraires. 241 M, Warneckx, Digestes; — Institution du droit civil. M. BoEHMER , sur l'appel d’après les digestes 3 — Droit canonique ; — Institution du droit civil. M. MEiISTER, Pandectes; — Droit criminel. M.DEMARTENS, Droit public des principaux états de PEurope ; — Droit des gens positif des Européens; — Cours politique et diplomatique ; — le Droit de change et le Droit maritime ; — Droit des gens pra- tique ; — Cours pratique sur l’art du rapporteur dans les affaires maritimes et de change. M. Huco, Droit de la nature ; — Pandectes ; — Histoire littéraire du droit civil ; — Encyclopédie de la jurisprudence. M. DE BERG , Droit public territorial ; — Procès de l’empire, avec des exercices pratiques ; — Histoire de l’empire germanique. M. Leisr, Droit ecclésiastique ; -— Droit univer- sel des états de l'électeur de Brunswic-Lunebourg ; — Histoire de l’Empire germanique , ainsi que celle du Droit public et privé de l'Allemagne. MÉDECINE. M. WRis8EerG, Cours théorique et pratique d’a- natomie ; — Angiologie ; — Sur les vaisseaux absor- bans ; — Médecine du barreau, et police médicale ; — Cours itinéraire sur l’Allemagne méridionale, la Suisse et l’Italie. M. RicutTEer , Thérapie spéciale , la partie qui traite des maladies aiguües ; — Chirurgie médicale. M. GMEezin , Elémens de la chymie pneumati< Tome VI, Q 242 Nouvelles litiéraires. que ; — Chymie universelle, avec les dernières dé- couvertes ; — Chymie appliquée aux arts et métiers ; — Matière médicale. M. Brumengacx, Minéralogie ; — Anatomie et Physiologie comparée ; — Histoire naturelle. STROMEYER , Exercices cliniques dans l’hôpital public ;— Thérapie spéciale, la partie qui traite des maladies chroniques. M. ARNEMANN, Matière médicale , et l’art d’é- crire des ordonnances de médecine ; — La première partie de la chirurgie; — Pathologie et Thérapie spéciale des maladies aiguës et chroniques ; — Cli- nique chirurgicale. M. HOFFMANN , Sur quelques points de la Diæ- tétique ; — Sur la Cryptogamie de Linné ; — An- thropologie ; — Herborisations. « M. OsiANDER, Pathologie et Thérapie des ma- ladies des femmes ; — L’art des accouchemens : 1] di- rige les exercices pratiques des élèves dans l’hôpital royal ; — Cours clinique. PuicLosoPrHIE, BELLES-LETTRES, etc. M. KæsTNER, Géographie, Chronologie, Gno- monique ; — Mathématiques pures. M.HEYNE, Antiquités romaines ; — I] expliquera les Eyye d’'Hésiode ; — Il offre un Cours sur Sopho- cle, ou Apollonius Rhodius. M. ScazœzERr , Droit public universel, avec une introduction sur la politique ; — Histoire universelle, première partie jusqu’à Clovis; — Un aperçu syn- Nouvelles littéraires. 243 chronistique de la partie du moyen âge depuis Clo- vis jusqu’à Charlemagne; — Sur l’art de voyager avec fruit. M. BECKMANN, Police et Economie politique ; — Science du négociant ; — Cours pratique sur ce qui appartient à l’économie politique. M. Meixers, Psychologie; — Histoire du genre humain. M.EicHHoRrn, Sur les trois premiers évangiles ; — Sur Job, et quelques-uns des petits prophètes ; — Histoire universelle moderne. M. EyrinG, Cours de la langue hébraïque ; — Sur la Genèse ; — Histoire littéraire. M. Reuss, Histoire littéraire universelle ; — Vie des savans morts dans ce siècle. M. TYcusen, Sur les Proverbes et les autres ou- vrages qui portent le nom de Salomon ; — Palæo- graphie des Grecs, des Romains et des Orientaux ; — Elémens de la langue arabe ; — Histoire littéraire de l'Orient. M. MiTsCHERLICH , Sur les Sermones et Epistolæ d’Horace ; — Quelques tragédies d’Æschyle et de So- phocle. M. GRELLMANN, Histoire des principaux états de Europe ; — Statistique de l’Allemagne, surtout de ses principaux états. M. Buxre, Logique et Métaphysique ; — Psy- chologie empirique , à l’usage de ceux qui se desti- nent à l’art de guérir ; — Histoire et littérature de la philosophie depuis le XIV. siècle jusqu’à nos jours. Q 2 244 Nouvelles littéraires. M. HEEREN, Histoire universelle ancienne ; Histoire moderne depuis le 16°. siècle. M. Mayer, Physique. SEYFFER, Mathématiques pures ; — Mathémati- ques appliquées ; — Météorologie ; — Astronomie. M. Muccer, Mathématiques pures, et les prin- cipes de la Géométrie pratique , ainsi que sur lPu- sage des instrumens ; — Architecture civile, — Il offre des Cours ras sciences militaires, et d’autres parties des mathématiques. M. WiLoT, Astronomie et Géographie physique, Météorologie et Théorie de la terre ; — Les parties des Mathématiques pures qui sont nécessaires aux jurisconsultes ; — Les parties principales de la phi- losophie, c’est-à-dire l’essentiel de la Psychologie et de la Logique, et l'Encyclopédie, la Didactique et la Méthodologie universelle des sciences, M. SarTORIUS, Politique ; — Histoire et statis- tique des principaux états de l’Europe. M. BouTERWEK, Logique universelle et prolé- gomènes critiques de la métaphysique ; — Droit de la nature et éthique ; — Æsthétique ; — Elémens du style. M. FioriLLo , Sur l'Architecture des Grecs et des Romains ; — Histoire de la peinture , de la sculp- ture, de la gravure en pierres fixes, etc., depuis la restauration des arts ; — L’Art de dessiner et de peindre, avec les principes de l'optique pittoresque: M. SCHŒNEMANN , la Diplômatique ; — Encyclo- pédie des sciences historiques ; — Droit ecclésiasti- que ;— Procès civil. à Nouvelles littéraires. 245 M. Ayrer donne des leçons sur l’art Vétérinaire, et tient un manège, I y a en outre, des professeurs des différentes langues modernes de l’Europe , des maîtres de danse , d’armes, etc. . NÉCROLOGTE. Hugue-Adrien JOLF. Hugues Adrien JOLY , né a Paris le ro avril 1718, vient d’y terminer sa carrière, le 7 ventôse an 8, âgé de près de 82 ans. Issu de parens honnêtes , maïs sans fortune, il s’é- leva sous les auspices de la marquise de Prie , et sur- tout de Charles Nicolas COYPEL , premier peintre du roi , qui le dirigea dans ses études, et développa ses heureuses dispositions pour les arts et la littérature, Des sa jeunesse, Hugues Adrien Joly eut les bontés, l'estime et l'amitié du duc d'Orléans, mort à Sainte- Geneviève , de l’abbé de Rothelin, du cardinal de Polignac, du comte de Caylus, du baron de Her- necken , de Pierre Muriette, et de beaucoup d’autres hommes célèbres. Il a été sécrétaire des académies de sculpture , pein- ture et architecture pendant plus de trente ans. Les travaux du cabinet des estampes et pierres gra- vées de la bibliothèque du roi, dont il a été garde pendant un demi-siècle, absorboïent son temps, ses facultés, presque ses affections. Il avoit surtout une extrême obligeance, Combien Q 3 246 Nouvelles littéraires. d'artistes , aujourd’hui célebres , dont il avoit connu ou deviné le talent, auroïent abandonné la carrière, ou scroient tombés dans le découragement , s’il n’a- voit appelé sur eux les bienfaits du gouvernement, ou l'attention des hommes précieux qui sacrifioient aux arts une partie de leur fortune? Que de sollici- tations utiles n’a-t-il pas faites pour des personnes qu’il connoissoit à peine ? Il suffisoit d’être malheu- reux, et d’être appuyé auprès de lui par un ami des arts, pour échauffer son ame ardente à faire le bien, et mettre en activité les relations que sa place et Ja manière de la remplir lui donuoient aupres des mi- nistres et auprès des grands. Ce qu’il faisoit volon- tiers pour les autres, il ne l’auroit pas fait pour lui ni pour sa famille, Il avoit d’abord été destiné à l’état ecclésiastique; on lui aioit donné un canonicat de Saint-Louis du Louvre; mais il avoit quitté un état pour lequel il n’avoit pas de vocation. Il n’a eu qu’un fils, né du premier mariage. Ce fils étoit déja adjoint à son pere, lorsqu'ils perdirent leurs places sous le régime affreux de 1792. Un gouvernement plus juste et pluséclairé les a rap- pelés ; mais le père; accablé d’années, laissa son fils reprendre seul ces fonctions. Sa santé et ses forces physiques et morales s’étoient altérées, et ses infir- mités le retenoient au lit. I] emporte les regrets de sa famille, de ses amis, de tous les artistes dont il a été le guide et appui, et qui l’appeloient leur père, des savans et ama- teurs français et étrangers, et de tous ceux qui J’ont Nouvelles littéraires. 247 connu au cabinet des estampes, par sa corres- pondance, par des services reçus, ou dans son in- timité. Sa fin a été marquée par une circonstance singu- lière. Il étoit lié d’amitié depuis 30 ans avec le C. Costel, membre du collége de pharmacie. Ils sont morts à 8 heures de distance ; les deux billets d’an- nonce se sont croisés, les deux convois se sont ren- contrés. Le premier rayon de soleil qui a paru de la journée , a éclairé le moment de cette réuion. Les enfans et les deux cortèges ont mélé leurs larmes et leurs regrets, et les deux amis reposent à côté l’un de l’autre dans le tombeau. D Frédéric-Louis EHRMANN. Le C. Frédéric-Louis EBRMANN vient de mourir à Strasbourg, à l’âge de 58 ans. Depuis longtemps il faisoit dans cette ville des cours de physique très- suivis et fort intéressans. Lors de l'établissement des écoles centrales il fut nommé professeur de physique et de chymie à celle du départemeut du Bas-Rhin. Il étoit membre de la société libre des sciences , arts et belles-lettres de cette ville, et de plusieurs autres sociétés savantes, L'administration centrale de ce département ne manquera pas sans doute de faire l’acquisition de son beau cabinet de physique à l'usage de l’école centrale de Strasbourg , celui de feu le C.ScnurER, Q 4 248 Nouvelles littéraires. professeur de physique à l’université , ayant déja passé à Cologne. Le C. Ehrmannest l’inventeur des lampes à airin- flammable , qu’il a décrites dans un ouvrage intitulé: Description et usage de quelques lampes à air inflam- mable , avec une planche gravée en taille-douce ; Stras- bourg, 1780 , iu-8.° Il a publié le même ouvrage en allemand , avec des observations et un supplément. Parmises autres ouvrages , nous remarquerons celui écrit en allemand, sur les Montgolfières , ou ballons aérostatiques ; sur l’art de les fuire, les expériences gui ont déja été faites , et l’histoire des deux premiers voyages aériens ; Strasbourg , 1784 , in-6.° Il y publia encore , en 1787, une traduction allemande des mné- moires de Lavoisier , sur l’action du feu augmentée par le gaz oxygène, avec des additions. Dans les dernières années, il a publié en français des é/émens de phy- sique , très-utiles, non-seulement par leur méthode & le contenu, mais aussi surtout en ce qu'il cite les ouvrages que les élèves doivent consulter , et que de cette manière il leur donne en même temps les con- noissances bibliographiques si nécessaires dans cha- que science pour quiconque veut y faire des pro- grès, et cependant si souvent négligées. Georges-Cadogan MORGAN. George-Cadogan MORGAN , né en 1754, à Bridge- end en Glamorganshire , un des comtés du sud-Wales, est mort le 17 novemb, 1798, à Southgate dans le Mid- ÎTouvelles littéraires. 249 à ëlesex. Son père, chirurgien et apothicaire, l’avoit destiné à l’étude de la théologie. A peine avoit-il quitté Oxford , qu’il eut des serupules sur le dogme de la trinité et les 39 articles symboliques de église anglicane; il se proposa donc de renoncer à l’état ecclésiastique. Les rapports dans lesquels il se tronva, lobligèrent cependant à recourir à un des établisse- mens de Dissenters , et il continua de se former dans celui de Hoxton sous Savage, Kippis et Rees. Il s’y occupa surtout des classiques et des mathématiques. En 1776, il fut nommé prédicateur d’une église de dissenters à Norwich. En 1785, il alla à Yarmouth “dans la même qualité; mais l’année suivante , il se retira à Hackney, où il fit dans un établissement littéraire dés cours de philologie, de mathématiques et d'histoire naturelle, sous la direction de son oncle, le docteur Price. Ces derniers lui donnèrent occasion de publier dans la suite ses Lectures on electricity , ( lecons sur lélectricité ) , en 2 vol. in-8.° de plus de 600 pages ; Norwich, chez Marsh; et Londres, chez Johnson. Peu avant la révolution française, il passa en France et assista à la prise de la Bastille. Âprès la mort de Price, il devoit lui succéder dans sa place de prédicateur ; mais il avoit pris en aver- sion cet état, et se consacra avec beaucoup de succès à l’éducation de quelques jeunes gens. En 1785, il composa ses Observations and Experi- ments on the lizht of bodies in a state of combustion, { Observations et Expériences sur la lumière des corps en état de combustion ) , insérées dans les Philosc= phical transactions , vol. LXXV, P. I, p. 190-212. 250 Nouvelles littéraires. Ces expériences lui firent penser que la Zmière étoit un corps particulier, composé de différens principes. Il regardoit la flamme comme un phénomène de la combustion, dont la couleur étoit déterminée par le degré de décomposition qui s’en suivoit. Si la décomposition est incomplète, on ne voit que les rayons les plus réflexibles ; si elle est tout-à-fait in- «complète, tous les rayons sont réfléchis. En même temps il fait quelques considefations sur la lumière électrique ét phosphorique. Dans les derniers temps, il a vécu à Southgate, à dix milles de Londres, où il se livroit à l’éduca- tion-pratique et à des recherches d'histoire naturelle. Il a fourni le journal, météorologique aux 12 pre- miers numéros du Monthly Magazine. Y a laissé plu- sieurs mémoires sur la chymie, et l’on assure qu’il étoit occupé d’un ouvrage étendu sur la même science. Il étoit zélé sectateur de Stahl, et antagoniste dé- cidé du nouveau systéme. Il prétendoit être en état de démontrer le phlogistique de la manière la plus évidente. MEL TAUTURSE.S: THEATRE. .FEFYDEAU, Le Petit Page. Un accident arrivé à Mlle Rolandeau , à la pre- mière représentation de cet opéra, joué le 25 plu= viôse, a fait craindre un instant que le spectacle ne fût interrompu; elle jouoit le rôle de petit page, et, en s’élançant des marches d’une terrasse, elle est tombée jusqu’à «mi-corps dans une trappe mal fermée. Quoique fort incommodée d’une chüte aussi grave , elle a voulu continuer son rôle, pendant le- quel elle a recu les plus vifs applaudissemens. Le jeune baron de Felsheim, page du roi de Prusse, ayant perdu au jeu une somme assez forte, Fréde- _ric Pa envoyé aux arrêts dans un château-fort. Aga- tine ; fille du gouverneur , malgré la sévérité de sa vieille gouvernante, parvient à voir de temps en temps le jeune page, qui devient amoureux d’elle- Brandz , officier prussien , a pris chaudement les intérêts du jeune page son ami; le roi lui a imposé silence et l’a envoyé au château-fort , avec une lettre pour le gouverneur. Brandz croit que c’est un ordre pour le retenir en prison; il arrive, et par la lettre . il apprend qu’il est nommé concierge du château, _ Le petit page lime pendant la nuit un barreau de sa fenêtre ; il est prêt à fuir, lorsqu’une sentinelle 2b2 INouvelles littéraires: donne l'alerte : le gouverneur arrive, le petit page avoue, sa faute, tout est pardonné ; il épouse Aga- tine. On voit que le dénouement n’est pas fort heureux; cette pièce est froide , et n’a que bien peu d'intérêt ; elle a été supérieurement jouée. Les au- teurs ont été demandés, ce sont les CC. Guilbert Pinerecourt , et pour la musique, le C. Kreulzer , connu par Lodoiska , et Paul et Virginie. La musi- que de cette pièce est douce et harmonieuse; on y a remarqué deux duos très-jolis, THÉATRE FAFART. Le Rocher de Leucade. Cet opéra, représenté le 25 pluviôse, a excité la plus violente rumeur; les uns sifoient , les autres applaudissoient , et chacun a fini par soutenir son opinion à coups de poings ; en un mot, on s’est battu jusqu’à trois fois dans le parterre. Le sujet de cette pièce ne pouvyoit réussir : ce sont des amans brouillés qui viennent pour se pré- cipiter dans la mer , de dessus le rocher de Leucade, célèbre par la mort de Sapho , et qui se réconcilient au lieu de se donner la mort. Une longueur et une monotonie fatiguante, n’ont pu être rachetés par la pompe du spectacle, par une musique très-savante, et par le jeu des acteurs, Nouvelles littéraires. 253 Les auteurs, les CC. Marsollier et Daleyrac, ont de quoi se consoler de la chûte de cet ouvrage, par leurs productions passées et à venir. Le Fruit défendu. Cet opéra, représenté le 16 ventôse, étant tombé et ne devant probablement pas étre rejoué, nous nous dispenserons de l’analyser. THÉATRE DU VAUDEVILLE, Dans quel Szècle sommes-nous ? La dispute qui s’est élevée au commencement de l’année 1800 , a fourni le sujet de cette comédie, jouée le 25 pluviôie, et dont les PAPE spirituels et piquants ont assuré le succes. M, Précis ne veut marier sa fille que le premier jour du siècle nouveau. Surville et Elisa, fille de M. Précis, brûlent d’être unis, et assurent que le siècle est fini. Be/val , oncle de Surville, qui doit à M. Précis une somme de 35000 francs, et Mlle 4n- tivieux qui ne veut pas être plus vieille d’une année, assurent le contraire. L'Etoile , astroncme, doit dé- cider la question : Mlle Antivieux lui propose son cœur et sa main s’il veut prononcer en sa faveur; mais, de son côté, Suryille lui propose un duel. 254 Nouvelles litiéraires. Surville cède à la crainte, et déclare que le siècle est fini. Le père signe le contrat , mais Belval arrive avec la preuve clairement démontrée que le 19.° siècle ne commencera qu’en 18o1. M. Précis ne peut revenir sur ce qu’il a fait, et les amans sont unis. Cette pièce est des CC. Dieulafoi et Longchamps. Flle a été jouée avec beaucoup d'ensemble : le C. Carpentier a lé très-comique dans le rôle de las- tronome l'Etoile. Voici deux couplets qui ont été redemandés : BELVAL. Voilà ce que prédit l’almanach de Liége. Air du vaudeville d'Honorine. En France , au siècle dix-neuvième, Plaisirs naissent de toutes parts; On boit, on chante, on rit ,on aime; Le luxe ramène les arts : L'Etat, par un bras tutélaire , Au premier rang est replacé. Pré. czs. Vraiment, il pourroit bien se faire Que le siècle fût commencé. BELvVAL. Avec le siècle doivent naître Les grands talens, les bonnes mœurs ; L'intrigue n'ose plus paraître, La franchise est dans tous les cœurs. Dans ce siècle, point de libelles, Oubli généreux du passé ; Tendres époux, femmes fdelles. Mile ANTIVIEU x. Le siècle n’est pas commencé. Nouvelles littéraires. 255 Arlequin Débiteur. Le sujet de cette pièce représentée et tombée le 4 ventôse , avoit déja été traité aux théâtres de Molière et Montansier, et n’avoit pas eu plus de succés. La ruse d’Arlequin , qui, afin de payer ses dettes, se fait passer pour mort , est tout le fonds de l'ouvrage. Gilles Ventriloque. Encore une méchanceté, encore un succès. Le Vaudeville s'empare de tout , et sa malice se fait toujours applaudir. La petite piece, jouée le 14 ven- tôse, n’a point d’intrigue, mais des couplets char- mans. Voici un de ceux qui ont été redemandés : Gizzres. Air: Eh allons donc, jouez violons! Dans cette heureuse circonstance , Annoncez mon expérience, Et vous sortirez d’embarras, Du spectacle j'ai vu la liste; Elle est partout maussade et triste. D'abord , Reléche à l'Opéra, Ainsi donc personne n'ira : La République, fatiguée, Suspend son Abbé de l'Epée. J'ai, le spectacle étant trop beau, Levé l’afliche de Feydeau : 256 Nouvelles littéraires: Pourceaugnac chez Brunet sommeille , Et pour endormir Poulot veille. L'Opéra comique , à grands frais, Reprend sa maison du Marais. Je ne dis rien du Faudeville, Je n’en pourrois parler qu'en Grille. À Louvois répétition, Et même indisposition. A la Cité, la troupe entiere Est aujourd’hui sur la litière, Et se repose jusqu’au neuf, Attendant qu’on la ferre à neuf. Les auteurs sont les CC. Aimée-Gersain et Vieil- lard, j Le jeu des CC. Carpentier , Laporte , et de M.le Aubert, a réuni tous les suffrages. THEATRE DES TROUBADOURS-: Garrik double. Cette pièce, des CC. Duval et Armand-Goufé , a été représentée avec succès le 26 pluviôse. Garrik arrive à Dublin , fuyant les poursuites du directeur du spectacle de Drurylane, avec lequel il est lié par un dédit de 5oo guinées. Ayant eu soin de taire son nom pendant la route, il est tout éton- né de s'entendre nommer : il croit qu’il va être ar- rêté; mais bientôt il voit que le Garrik qu’il a en- tendu nommer n’est pas lui, et qu’on donne ce nom à un jeune homme qui, d’un air de protection, lui propose Nouvelles littéraires. 251 propose de le recevoir dans sa troupe. Ce jeune homme est Chalmers , acteur qui n’ayant pu réussir à Londres, est venu à Dublin, où il s’enrichit sous le nom de Garrik. Celui-ci, pour lui faire quitter le nom qu’il a emprunté, le fait arrêter comme Île vé- ritable Garrik : Chalmers avoue alors sa friponnerie, et Garrik est prêt à aller lui-même en prison, lors- que son ami arrive , et Jui apporte 5oo guinées pour payer le dédit. Cet ouvrage est généralement trop froid, et offre peu de couplets saillans ; il n’est cependant pas sans mérite: le C. Sarnt-Legé, dans le rôle de Garrik , et le C Frederic, dans celui de Chalmers , ont con- tribué au succes de la pièce. LOVE. DIVERS. GÉOMÉTRIE. MÉMOIRE sur Les Puissances des nombres. et sur leurs racines, dans lequel on prouve qu’il ny a . dans lequel on prouve: qu'il.n . pouu de quantités imaginaires: par Ein. DErELEr, professeur de mathématiques à Lausanne. Lausanne et Paris, 1799 ; brochure in-8.° de 16 pages , avec cette épigraphe, tirée du systéme du monde , de Laplace : Les idées les plus simples sont presque toujours celles ui s'offrent les dernières à l'esprit humain. q P À Paris, chez Fuchs , libraire , rue des Mathurins, maison de Cluni. L'auteur, comme dans son Zarroduction à lalgè- bre , appelle ici quantités directes , les quautités po- Tome VI. R : 258 Livres divers. t sitives , et quantités inverses, les quantités néga tives, | Il essaie de prouver que tout nombre direct a deux carrés, un direct et un inverse, et que tout nom- bre inverse a aussi deux carrés, un inverse et un direct. | Il en résulteroit ; que tout carré direct auroit deux racines, une directe et une inverse , et que tout carré inverse auroit deux racines, une inverse et une directe. Il pourroit donc toujours y avoir des incommen- surables , mais il n’y auroit plus d’imaginaires. D'ailleurs, on auroit: |/—aXV/—a—=+a ; tandis qu’on auroit : (L/—a)'=%a. On auroit aussi: L/—axV”/—-b=V/ ab; ce qui ôteroit Vembarras qu’offroient ces cas-là. D'après ces principes , x*—=—a*, ne seroit pas une équation impossible , dans le sens ordinaire ; mais ce seroit une équation fausse , dont les racines, ou, comme le dit le C. Develey., les soluteurs, ne. seroient point imaginaires, mais faux; ce qui s’ap- pliqueroit aux équations des degrés supérieurs , et à la construction des équations. uant aux résultats vrais, auxquels peut conduire le calcul des imaginaires, l’auteur dit que ces résul- tats s’obtiennent ou par des compensations d’erreurs, où par des comparaisons d'équations sembiablement fausses, et il en donne des exemples, Il observe enfin , que les quantités imaginaires n’existant paint , elles ne sauroient servir de loga- rithmes à aucuns nombres , ni avoir les leurs. C’est- à-dire que, dans ce systême, chaque nombre direct n’auroit qu’un seul logarithme, et que les logarith- mes des nombres inverses seroïent nécessañrement les mêmes que ceux des nombres directs. Î Livres divers. 259 MÉDECINE. HrsTorRE de la fièvre qui a régné épidémiquement à Grenoble pendant les mots vendémiaire, brumaire, fri- maire elnivôse de la présente année; par LeC. TRoUs- s£T, docteur en médecine de Lx faculté de Mont- pellier , professeur de physique et de chymie à l’école centrale du département de l'Isère ; inspec- teur des eaux minérales de ce département , mé- decin de l’hospice civil de la commune de Greno- ble , et membre ow correspondant de plusieurs so- ciétés de sciences et arts. À Grenoble, chez J. L. A. Giroud , imprimeur-libraire , place aux Herbes; an 8, in-8.° de 91 pages. .. Une fièvre épidémique et contagieuse à exercé ses ravages à Grenoble, pendant plusieurs mois; elle a attaqué les hommes de tous les âges et de tous les états, et un grand nombre de malades en ont été les victimes. La société de santé de Grenoble, dès l'invasion de cette maladie, a multiplié ses assem- blées; elle y a invité les officiers de sauté attachés à l’armée, et a engagé ses membres à lui communi- quer leurs observations et leurs vues pour combattre ce fléau. C’est de cette communication des lumières des gens de l’art qu'est résultée la méthode'de trai- tement adoptée dans l’auvrage que nous annoncons. La société a chargé celui de ses membres qui a donné ses soins aux malades de l’hospice civil de Grenoble , de rédiger ce mémoire , et d'y traiter de Vorigine de cette fievre épidémique , de ses progrès, des ravages qu’elle a faits dans cette cité, dés trai- temens employés pour la combattre, et des moyens de s’en garantir. Cette maladie est depuis longtemps connue, et a éié décrite par PRINGLE, Mowro, Baume, ROUCHER, etc. , sous le nom de fièvre d'hôpital, des prisons , putride , malicne, etc. il se- roit à souhaiter qu’à l’occasion de chaque maladie R 2 260 Livres divers. : importante, les gens de Part voulussent en donner une histoire aussi bien faite que celle que le C. Trous- set vient de donner de la fièvre qui a ravagé Gre- noble (1), et par laquelle il a sans doute bien mérité de l’art de guérir. TRAITÉ sur le sang, l’inflammation et les plaies d'armes à feu , traduit de l’anglois de J, HuNTER, par J. DUBAR , officier de santé à l'hôpital mili- taire d'Ostende ; 3 vol. in-8.° de plus de 300 pages chucun ; prix, broché pour Paris , 12 fr., et franc de port dans les départemens , 16 fr. À Ostende, chez l'auteur; et à Paris, chez Méquignon l'aîné, libraire, rue des Cordeliers, près les Ecoles de chirurgie. Cet ouvrage étoit avidement recherché des prati- ciens, et l’on doit savoir gré au C. DuBar, d’en avoir enrichi notre langue. Il est divisé en trois parties. La premiere contient deux chapitres: auteur y traite successivement du sang et de ses principes, de la coagulation et de ses effets, du serum, des globules rouges; de la quantité du sang , du mode de sa circulation , et de quelques autres phènomenes inhérens à la nature de ce liquide. Le deuxieme chapitré , consacré à l’histoire du systéme vasculaire, contient des observations générales sur la contrac- tion et l’élasticité musculaire; sur l’alongement des muscles relâchés, sur la structure du cœur, des ar- tères et des veines. La deuxième partie a pour objet la théorie de J'inflammation ; elle est divisée en neuf chapitres. Le 1." traite de lunion des plaies, par première intention ; le: 2.°, des causes prochaines de l’inflamma- (x) Nous avons des modèles de traités semblables dans celles de M. Luzunraca , sur La colique de Madrid; Magas. Encycl. Année 1V t, IT, p. 302; et celui de M. Polidori sur Les fièvres de Florence (Tifo contagioso). Id. Tom. IV, p. 29. A. L. M. Livres divers. 261 tion; le 3°, de l’inflammation adhésive ; le 4.°, de l’inflammation suppurative ; le 5.°, du pus; le 6.°, de lPulcération ulcérative ; le 7.°, des granulations; le 8°, de la cicatrisation, et le 9°, des effets de l’inflammation sur les divers tempéramens. La troisième partie contient deux chapitres; daus le premier , l’auteur traite, 1.°, de la difference qu'il y a entre Jes plaies d’armes à feu , et les plaies ordinaires ; 2.°, des différens effets provenans des différentes vites- sesde la balle ; 3.°, des différens genres des plaies d’ar- mes à feu. Le deuxieme chapitre traite, 1.°, de l’utilité de dilater les plaies d’armes à feu ; 2.°, du trajet de certaines balles ; 5.°, des plaies pénétranies de Fab- domen ; 4°, des plaies pénétrantes de la poitrine ; 5.°, des concussions et des fractures du crâüe ; 6°, des plaies accompagnées de fractures , où conte- nant des corps étrangers ; 7.°, du temps le plus propre pour séparer les parties incurables; 8°, en- fin du traitement à administrer suivant la diversité des tempéramens. À DUT AN TS IE OU ME: TABzeAU du Commerce de la Grèce, Jormé d'après une. ahnée moyenne , depuis 1787 jusqu'en 1707, par Félix BEAUJOUR , ex- consul en Grèce. À Paris, de l’inprimerie de Crapelet ; an 8, 2 vol. in-8.° de 330 pages chacun. Cet ouvrage intéressant est le résultat des con- versations de l’auteur avec les négocians les plus instruits de Salonique, et des observations que la place qu'il occupoït lui donnoit la facilité de faire. C'est dans ces communications utiles qu'il s’est ins- truit de ce que le commerce de la Grece, présente d'objets essentiels à connoitre. Tout ceique, Pagri- culture, le commerce et les manufactures de, France peuvent trouver d’aÿantages dans leurs relatious R 3 262 Livres divers. avec cette partie de l’Archipel, étoit mis sous les yeux du ministre, chaque année, dans des tableaux raisonnés , qui ont été communiqués à l'institut : ce sont les extraits de plusieurs de ces lettres dont le C. BauJouR fait part au public. «Je sens, dit- «il, combien ces détails sont fastidieux ; mais je » pense qu’ils doivent étre connus pour ne pas per- « pétuer le scandale de lignorance sur un point « qui touche de si pres à la richesse nationale ; ils «“ sont propres , d’ailleurs, à faire conuoître au gou- « vernement l’importance du commerce grec au « négociant , et la meilleure manière de l’exploiter ; à « l’agriculteur , de nouvelles cultures, et de nou- « velles fabrications à Partisan. » Dans le premier volume on trouve quinze lettres qui renferment le tableau des exportations grecques; dans le second volume, celui des importations des peuples commerçans de l’Europe; mais les Anglois et les François étoient les nations qui dominoient dans ces relations d’intérét ; on sait que Marseille étoit seule en possession de rivaliser avec les An- glois, et les François depuis quelques années étoient arvenus à l'emporter sur leurs concurrens. Un HR que Jes places qu’il avoit occupées mettoient à portée d'évaluer les produits de ce commerce, a ayancé qu’il étoit en profit pour la France, de 30 à 36 millions. Par les’ détails qu’on lit dans ces lettres, on peut croire que cette assértion n’est pas exagérée , et que la paix avec la Turquie redonne- roit aux négocians françois la prépondérance à la- quelle ils étoient parvenus.= Ayons enfin un systé- « ne politique bien lié à notre systéme commercial , « et dans vingt ans nous aurons supplanté nos ri- « vaux. » Sans avoir vu de si près que l’auteur les ressources que le commerce du Levant offre à l'in- * dustrie , et aux spéculations d’unintérétbien entendu, on peut croire qu’il ne faudroit pas un espace de temps si long pour ressaïsir la supériorité. Ce tableau doit être le guide des négocians méri- À 5 LE - dionaux, et mérite de fixer l'attention de l’homme Livres divers. 263 d'état. Il doit être connu de tous ceux qui s’occu- pent d’économie politique, et c’est dans cette vue que nous en donnerons un extrait plus étendu. HS SU TNIONRRINES DE Juprcrorum VEMICORUM origine dissertatie quam ex auctoritate ampliss. philosoph. ordinis die 11 octobr. 1797 defendet Johannes Georgius Ec- CIUS, Lipsiensis, Philos. D. et Ill. Artium Mag. res- pondente Mauricio Sigismundo ZLrNGx10 , Tor- gaviensi. Lipsiæ, ex officina Klavbarthia, in-4.° de 27 pages. + Les nombreux romans de chevalerie qui dans les dernières années ont paru en Allemagne, ont porté l’attention sur les tribunaux secrets ( Judicia Fehmicu où Vehmica, en allemand V’ehmgerichte ), qui existoient surtout dans la Westphalie, pendant une partie du moyen âge ; chacun des auteurs de ces romans s’étoit plu à méler ses fictions avec ce qu’on en sait de positif; et à les peindre de cou- leurs plus ou moins sombres : il en est résulté que peu à peu les idées que les lecteurs s’en faisoient sont devenues peu conformes à la vérité. M. ECK ne recherche dans cette dissertation que Porigine de ces tribunaux monstrueux qui s’étoient ré- pandus peu à peu, de la Westphalie, dans Allemagne entière, jusques dans le Tyrol, et qui se distin- guoient des tribunaux ordinaires , en ce que l'accusé y étoit condamné sans être entendu , et qu’on le mettoit à exécution partout où le condamné se trouvoit, sans lui faire connoître son jugement, Quant à l’étymologie du nom et à ce que le tribu- nal étoit en lui-même, M. Eck renvoye aux auteurs qui en ont traité plus au loug, et qu'il cite avee beaucoup d’exactitude dans les notes, R 4 264 . Livres divers. On a été long'emps dans l’opinion que l’origine de ces tribunaux secrets remontoit à Charlemagne; on croyoit qu’il les avoit établis pour mieux contenir les Saxons. Cette opinion, rejetée par LEIBNITZ, BorHMERr , et plusieurs savans historiens , a cependant trouvé entore de nos jonrs quelques sec- tateurs. M. Eck montre d’abord qu’un passage de Wirpo, chapelain de l’empereur Conrad If, qu’on a regardé comme Île plus ancien témoignage en faveur de celte opinion, ne prouve rien. I] examine ensuite les passages de HENRICUS DE HERVORDIA, contemporain de Pempereur Charles TV ; du cardinal ZENEAS SYLVIUS, depuis pape sous le nom de Pie IT; d’un écrivain du XV." siècle , appelé WERNER RoO- LEVINCIUS, contemporain de l’empereur Frédéric III ; et enfin de CONRAD BOTHO, dans sa chronique de Brunswick , sa ville natale. C’est sur l’autorité de ces quatre auteurs , que dans l’espace du XIV. au XVIIe siècle tous ks écrivains ont attribué à Charlemagne la fondation des triburaux secrets. M. Eck fait voir la fausseté de cette opinion qui n’est fondée sur aucun des auteurs contemporains de Char- Jemague , et, ce qui est une des plus fortes preuves, dont surtout EGINHARD dans la vie de cet empe- reur ne fait aucune mention. M. Eck fait encore voir combien cette institution est en opposition avec tout ce que nous savons de la législation de Charle- magne. [| examine ensuite les opinions de plusieurs autres écrivains, dont les uns prétendent que Char- Jemagne, en effet, avoit établi ces tribunaux, mais que par la suite ils avoient dégénéré de leur institu- tion primitive ; d'autres en ont attribué l’origine aux envoyés qui, au nom des empereurs, parCouroient les cercles de l'Allemagne; d’autres enfin à Engel- bert , nommé en 1216 evêque de Cologne, et chargé du gouvernement de l’empire et de la tutèle de Henri, fils de l'empereur Frédéric IT, pendant que ce dernier étoit absent en Sicile. Selon M. Eck, l’origine de ces tribunaux secrets remonte-au règne de Panbbris Henri V, fils du Livres. divers 265 malheureux Heari IV, qui, l’un et l’autre , avoient toujours à combattre contre les prétentions des papes, surtout de Grégoire VIT, et contre les Saxons que les papes avoient mis dans leurs intérêts. C'est un fait constant que ces tribunaux secrets se trouvoient alors surtout parmi les Saxons de la Westphalie. C’est ce qui conduit M. Eck à la conjecture tres- vraisemblable que c’est le clergé qui les établit dans la seconde moitié du XI."siècle, poursoutenir la puis- sance des papes, qui alors commençoient à asseoir leur siége sur les débris des trônes. Cette conjecture acquiert un degré de solidité de plus, lorsqu'on ob- serve que ces tribunaux, établis parmi les Saxons, (c'est-à-dire, celle des nations geimaniques qui s’opposoient toujours avec le plus d’opiniâtreté aux empereurs franconiens , alors sur le trône de Pem- pire), étoient présidés par des princes ecclésiasti- ques , tels que l’archevéque de Cologne , les évêques de Munster, de Paderborn , de Minden, et l’abbé de Corvey, et qu'ils connoissoient de tous les délits, surtout de ceux commis contre l’église. On sent bien quel appui formidable et puissant le pouvoir de la cour de Rome devoit trouver dans des tribunaux tels que ceux dont nous parlons. Il ne leur restoit qu’à parer le reproche de la nouveauté; et c’est pourquoi eux-mêmes et les historiens d’alors, qui en général appartenoient au clergé , accréditoient l’opinion que cette institution datoit de Charlemagne. Ils réussi- rent aussi si bien, qu'aucun empereur n’osa porter atteinte aux prétentions de ces tribunaux ; tout le monde croyoit devoir respecter en eux une antique institution; et dans les XII.°et XFIL."* siècles ils se répaudirent dans toute l’Allemagne , et contribuerent puissamment aux troubles qui désoloient l'Allemagne sous les empereurs de la'maison de Hohen-Staufen ou de Souabe, et qui ne finirent que par la destruc- tion de cette maison, et l'anarchie connue dans l’his: toire d'Allemagne, sous le nom du grand interrègne, qui se termina par l'élection de Rodolphe d'Habs- bourg au trône de l’empire. 266 Livres divers. TESTAMENT de PrE VT, pape, mort à Vulence le 5 fructidor an 7. À Paris, chez Pigoreau, li- braire , place St.-Germain-l’Auxerrois ; et les mar- chands de nouveautés ; an 8, in-12 de 72 pages, avec un portrait de Pie VI. La partialité qui règne dans cet ouvrage , nous empêche d’en donner une analyse. .... Ninus est mort, laissons en paix sa cendre. Nous l’annonçons cependant pour ceux qui veulent recueillir tout ce qui a été écrit sur un pontife qui a pu commettre des fautes comme homme d'état, mais qui avoit certainement d'éminentes qualités. Le are mis à la tête de la brochure, ne ressem- le nullement à celui qui décore les beaux volumes du Museo Pio-Clementino. TABLEAU de la Frince , depuis le 18 brumaire ; ventôse an 8. Paris, de limprimerie de J. A. Revol; 72 pages in-12. Cet ouvrage paroîtra, par livraison, de décade en décade. On souscrit à Paris, chez le C. MÉNAGER, rue St-Thomas-du-Louvre, n.° 270 ; et chez les principaux libraires. Le prix de Pabonnement, pour neuf livraisons, faisant trois volumes, est de 6 fr.; Fabonnement commencera toujours de la premiere livraison d’un mois. La premiere livraison, qui a paru au commencement du mojs de ventôse, con- tient un discours préliminaire , et 7 lettres : 1.1°, sur le 18 brumaire ; 2.°, coup-d’'œi! général sur les dé- partemens ; 3.°, sur les déportés du 18 fructidor ; 4.°, quand aurons-nous la paix ? 5°, sur les procès en matière criminelle ; 6°, du corps législatif ; 7°, des plaisirs de lu capitale. Livres divers. 267 PAE”"C HN OL OCT E. ANNALES des arts et manufactures, ou Mémoires technologiques sur les découvertes modernes con- cernant les arts , les manufactures , l'agriculture et Le commerce. Nec aranearum sane textus ideo melior , quia ex se Sd . pe « “ . fila gignunt; néc noster vilior, quia ex alienis libamus ut apes. : Just. Lrrs. Monit. Polit. Lib. I, cap. I. Plusieurs productions du mérite le plus distingué, telles que le journal de physique, les annales de chy- mie , le journal des mines, etc. ete. etc. , honorent la France depuis quelques années, et, en répandant par toute l’Europe le goût des sciences , elles en ont puissamment secondé les progres. Mais il n’existe actuellement en France aucun journal uniquement destiné à faire connoître les découvertes modernes qui intéressent imméaiatement les arts, les manu- factures et le commerce. Malgré l’agitation terrible qui tourmente l’Europe depuis dix ans, et les obstacles que Ja guerre ap- porte à la culture des arts et aux progrès des sciences, plusieurs ouvrages périodiques ont paru tant en An- gleterre que sur le continent. La foule immense de brevets d'invention qui restoient enfouis dans Ja chancellerie de Londres , a été exhumée et livrée aux regards curieux du public. NicHoLson et TiLLocH ont publié successivement deux journaux du plus grand intérêt. Le Nord a été également éclairé par les travaux périodiques des CRELL, des SCHERER, des WESTRUMB ,des GREEN, et de plusieurs autres savans estimables , indépen- damment de quelques journaux destinés à étendre le domaine de Ja technologie ; cependant cesouvrages sont tres-peu connus en France. 268 Livres divers. Le but des ANNALES DES ARTS ET MANUPAC TURES est de répandre sur tous les points de la ré- publique la connoissance de ces découvertes qui ont enrichi nos voisins, qui ont fait fleurir leur com- merce , et qui ont donné à lPAngleterre cette in- fluence étonnante qu’elle a acquise en Europe. Les ANNALES contiendront L’extrait de tous les mémoires, essais, brevets d'invention, ete., (avec l’exposition exacte et dé- taillée des motifs pour lesquels ces brevets ont été délivrés), qui ont paru jusqu’à ce moment sur LES ARTS ET SURLES MANUFACTURES. Plusieùrs de ces mémoires contenant des faits iso- lés, et d’autres ayaüt traité les mêmes objets, l’é- diteur a refondu ces divers essais, de maniere à en faire autant de mémoires originaux , sans cependant dénaturer en aucune maniere les faits qu'ils con- tiennent. La connoissance parfaite des localités, et une vie consacrée à l’étude des sciences , des arts et des ma- nufactures , ont donné lés moyens de traiter à fond la plupart des objets dont il sera question dans les ANNALES. FA Il paroîtra chaque année douze numéros de ces annales , de sept à huit feuilles d'impression , format in-8.° , caractère cicéro Didot , papier carré fin , avec trois ou quatre gravures en taille-douce, exécutées par d’habiles artistes. Le premier numéro paroîtra le premier germinal prochain , et ainsi de suite le premier de chaque mois. Le prix de fa souscription est de 24 francs par an pour Paris, et de 29 francs franc de port pour les départemens, 15 francs pour six mois, et 17 francs 5o centimes franc de port. On ne souscrit pas pour un moindre terme. On s’abonne au bureau des ANNALES, rue J.J. Rousseau , n° 11 ,en Jace de la grande-poste , où Les l Livres divers. 269 lettres , avis et tout ce qui concerne ce journal, doi- vent étre adressés. Les lettres qui ne seront pas af- Jranchies resteront au rebut. On souscrit également chez TREUTTEL et WURTZ, quai Vollaire. NC 'ÉMCA N PT UD) E. DESCRIPTION d'un télégraphe très - simple et à la AT P portée de tout le monde , avec une planche. À Paris, chez l’auteur, rue de la Liberté, n.° 83. Piuviôse an 8. De Pimprimerie de l'institut des aveugles- travailleurs. 16 pages in-8.° Prix, 8 sols. Le télégraphe proposé par l’auteur est notre propre corps; ses ailes sont les bras qui, dit-il, l’un avec l'autre, et avec la ligne perpendiculaire du trone, peuvent former un grand nombre de figures, assez distinctes pour êire aperçues facilement à ,des dis- tances considérables, par la vue simple ou à Paide d’un télescope. L'auteur développe dans la suite sa méthode et les moyens d'exécution ; 1l pense qu’on pourroit aussi former des lignes télégrashiques mo- biles jet, pour ainsi dire ; une télégraphie volante, qui pourroit devenir très-ntile à la guerre, en entre- tenant une, communication, promipte et perpétuelle entre les differens corps, et,avec les lignes télégra- phiques, fixes et ordinaires, ele Ce mémoire est tiré d’un ouvrage plus étendu sur cette matière et sur quelques autres qui y ont quel- ques rapports, que l'auteur va publier , et.dont nous parlerons dans le temps. MÉTAPHYSIQUE. DES SIGNES et de l’art de pener, considérés dans leurs rapports mutuels ; par J. M. DEGERANDO. Paris, Goujon fils, imprimeur-libraire , grande rue Taranne, n.° 7355 Fuchs , libraire, rue des Ma- 270 Livres divers. thurins ;et Henrichs , à l’ancienne librairie de Du- pont ,rue de la Loi, n.° 1231. An 8 , 2 vol. in-8.° de 3or et 550 pages. Prix, 7 fr. 5o cent. . Un mémoire sur cette question proposée par l’Ins- titut national , déterminer quelle a été l'influence des signes sur la formation des idées , présenté au con- cours et couronné , a été le germe de cet ouvrage. Des développemens nécessaires , des réflexions nou- velles, des entretiens avec des hommes éclairés, l’ont agrandi et ont produit quatre volumes ; les deux pre- Miers viennent de paroître , les deux derniers paroî- tront en prairial. « Quoique ce travail ait été refait « trois fois, dit l’auteur, avant d’être livré au pu- « blic, et que jy aie apporté tous les soins dont je « suis capable, je suis loin de le produire avéc une « certaine confiance; j'y trouve, en le relisant , de « grands vides et de nombreuses imperfections.» Nous pouvons rassurer le C. DEGERANDO , sur cette timide confiance ; en le lisant aussi, nous en avons pris une idée bien différente de celle que sa modestie voudroit qu’on en eût. Aussi nous nous bornerons pour le moment à une simple annonce , parce qué nous avons besoin de l’ensemble de cette production pour l’analyser comme elle mérite de l’être. Pour le moment nous vous Contenterons de développer , aveë l'auteur, le plan de cette histoire de esprit humain: « C’est un grand et intéressant probléme que celui « des moyens qui peuvent condinre l'esprit humain « à son plus grand perfectionnement ; mais celui-là « seul peut espérer de le résoudre qui aura deja bien « compris comment nous nous sommes élevés jus- « qu’au point que nous occupons. J’ai dome pensé « qu’il falloit d’abord recueillir toutes les lumicres « que l’observation nous fournitsur riotre état passé , «“ avant de hasarder des hypotheses sur nos progrès « à venir. J’ai cherché à me bien définir les secours «que nous tirons des signes, avant de prononcer sur “. ceux que nous pouvons encore en recevoir ; cette « marche m’étoit tracée par la nature. Cet ouvrage Livres divers. 7 « sera donc divisé en deux parties. Je ferai d’abord « l’histoire de ce que nous avons été; je présenterai « le tableau de ce que nous sommes; j’examinerai « comment notre esprit s’est aidé des signes, en quoi « ils ont influé ou sur les progrès ou sur les défauts « de nos connoiïssances. Dans F2 seconde partie , fon- « dant une théorie, je chercherai à estimer ce que “ nous deviendrons encore , à connoître de quelle “ perfection les signes sont susceptibles, et quels «“ effets on pourroit attendre des réformes auxquelles « ils seroient soumis. Ainsi, dans la première partie, - “ je consulterai l’expérience ; dans la seconde , je « prescrirai des règles : l’une sera consacrée aux prin- « Cipes, Fautre anx déductions. Dans l'une je dirai «“ ce que je sais, et dans l’autre plutôt ce que j’es- “ père.» En effet, le C. Degerando traite d’abord la ques- tion proposée par l’Institut, ensuite il répond aux questions de détail qui étoient jointes au programme. ‘La premiére partie est toute historique ; c’est la créa- tion des idées et des signes; c’est l'usage qu’on en fait lorsqu'ils sont créés ; c’est l'explication de toutes les opérations que l'esprit exécute sur ces idées par le moyen de ces signes , et ces opérations deviennent Îe principe de nos connoissances. Dans la seconde partie , l’auteur suit l’ordre tracé par la classification de nos connoissances, alin de montrer les progrès qu'il nous reste encore à faire dans leurs diverses es- pèces, quels sont les moyens d’obtenir:ces progrès, et ce que les signes peuvent y contribuer, Ces quatre sections renfermeront tout ce que lart des signes, en se perfectionnant , a fait pour le progrès de nos con- noissances, ce que l’art de penser lui doit.« Je le « sens, dit l’auteur, un ouvrage qui joint à la sé « cheresse naturelle aux matières abstraites, le mal- “ heur de ne pouvoir étonner, de:prendre le milieu « entre les opinions extrêmes , d'apporter des res- « trictions aux maximes universelles, de revenir quel- « quefois à d’anciennes vérités, de prouver que nos « pères ont pu quelquefois avoir raison, de ne point 272 Livres divers. / «_flatter l’amour-propre ni satisfaire l'imagination; “un Ouvrage qui, étranger par sa nature , à tous les “ partis, à toutes les sectes, ne s'empare de l’auto- « rité d’aucune passion , ne s’associe à aucun des «intérêts du moment ; un ouvrage enfin qui n’a d’au- «_tres droits à la curiosité que d’entretenir les hommes « de lachose du monde qu’ils sont le moins empressés « de connoître, je veux dire l’homme lui - même, « ne sauroit espérer de trouver beaucoup de lecteurs: « La plupart de ceux entre les mains desquels ïl « pourra tomber, diront, en fixant son titre, Ah! « 1] ne s’agit ici que d'apprendre à penser et à de- « venir plus sage ! et ils fermeront le livre. » Que le C. Degerando se rassure, il sera Ju et apprécié par les bons esprits. Et c’est tout ce qu’il doit aussi am- bitionner. DE L'Homme. Chapitre détaché d’un ouvrage sur les divers modes d'organisation sociale. ) Paris, de limprimerie d’Emmanuel: Brosselurd , rue André-des-Arcs, n.° 73; 32 pages in-8.°, avec l’épigraphe : Dieu fit les hommes, et livra le monde à leurs débats. Jos. Trente-deux pages sur l’homme, sont un bien pe- tit article sur un vaste sujet ! L'histoire de l’homme est celle des passions, des vices ; des erreurs qui, amalgamés dans:fa composition de: Phomme en so- eiété, entrent dans la formation. de Porganisation sociale, quelque mode qu'on adopte. Ce chapitre dé- taché d’un ouvrage sur les divers” modes de cette organisation, demandoit peut-être des développe mens plus étendus sur celui qui doit obéir à un de ces modes , dans lequel il doit trouver sa sûreté, ses jouissances et son bonheur. dauteur compare d’abord l’homme aux animaux, et trouve qu'il ne peut, avec toute sa puissance , s'élever jusqu’à la hauteur à rfi Livres divers. 273 hauteur de l'instinct de ceux-ci ; les animaux sont parfaits , l’homme. n’est que perfectible : « 11 n’y a « point pour lui d'état de nature, sa vie est natu- « rellement artificielle. « L’auteurse sert, pour sou- tenir cette assertion, de quelques raisonnemens qui pourroient servir à prouyer au Contraire que cet ctat a existé pour lui ; les premiers hommes qui ont erré sur la terre, les sauvages qui errent encore dans les bois, le jeune homme trouvé dans les montagnes, Ja jeune fille trouvée en Champagne , prouvent qw’on peut vivre dans l’état de nature. L’auieur ajoute que cet état le priveroit de la Jiberté d’action : nous croirions , au contraire, que n’étant arrêté par aucun lien, que n’étant circonscrit par aucune en- trave, il a pu s’élancer vers toutes les créations que Ja nécessité et son instinct lui ont fait imaginer et exécuter ; s’il a eu à souffrir du froid, il a construit des vêétemens et un abri; s’il a eu à redouter les animaux , il s’est donné des moyens de defense ; s’il a eu enfiu besoin de secours, il a cherché à se réu- nir à son semblable, de là l’origine des premiéres sociétés :‘ pour se faire entendre il a trouvé des si- ges , ensuite des expressions. On peut comparer l’homme de la nature à Penfant qui vient de naitre; en observant les développeinens de son existence, les progrès de ses idées, de son intelligence, on a l’abrégé de l’histoire physique et morale de l’espèce humaine. On convient que tout force l’homme à sortir de l’état de nature; mais, avant de parvenir à sa réunion avec son semblable , il a été longtemps livré à son instinct, à ses propres forces ; il a su exister par le seul pouvoir de la nécessité qui lui a fait trouver tout ce qui devoit servir à sa conser- vation, et satisfaire à ses besoins. De la réunion de plusieurs sociétés d'hommes sont sortis les lois, les mœurs, les passions et les crimes. 24 Tome l'I. S 274 Livres divers: MORALE. L Drscours sur le Pardon , par le C. MAGOUET- MAGOUÈRIE, ex-premier juge du tribunal de Sa- venay , près Nantes; 13 pages 11-8.° Ce discours est divisé en six articles : 1.°, du ter- rorisme vaincu ; 2.°, du refus de pardonner; 3.°, de l'étendue du pardon; 4°, des obstacles au pardon ; 5.° , du pardon des gouvernans ; 6°, de la paix pro- curée par le pardon. : ECONOMIE POLITIQUE. OzB1E, ou Essai sur les moyens de réformer les mœurs dune nation , par Jean-Baptiste SA4r, + membre du tribunat. À Paris, chez Déterville, Ni- braire , rue du Battoir, n.° 16; T'reuttel et IPurtz, libraires, quai Voltaire, n.° 2; an 8 de la répu- blique ; in-8.° de 132 pages. L'institut natiohal avoit proposé pour sujet d’un des prix qu’il distribue ,.-d’abord, quels sont les moyens de fonder la morale chez un peuple; ensuite, quelles sont-les institutions propres à fonder la mo- pale , etc. Aucuns des ouvrages parvenus au Concours pe satisfit lacommission nommée pour les apprécier ; enfin ,.on-prescrivit aux concurrens un plan à suivre ui, bien Join de faciliter le travail, le rendit plus pH 0 et institut fut obligé d'abandonner ce su- jet intéressant, puisque le bonheur social en dépend. L'ouvrage du C. Say fut rejetté comme les autres, par la raison qu’il ne présentoit, au lieu de raison- nemens, « que des tableaux, et mettoit en action “ ce que d’autres ont mis en théorie et en systême ; « et c'étoit précisément une théorie et un systême « qu'on demandoit.» Ce fut le jugement qu’en por- se ce Ro à pente 17 DC TT DE 7 Livres divers. 279 tèrent les commissaires. Le C. Say croit au con- traire , que ce n’est pas avec des abstractions qu’on parvient à répandre des vérités utiles, à détruire des erreurs dangereuses , à influer sur l’opinion gé- nérale. Il a dont voulu que le lecteur fût juge en- tre ses censeurs et lui; il a fait imprimer son ou- vrage. À près avoir établi quelques princizes , il passe aux exemples; il suppose un peuple qu'il nomme Olbien , qui, après une révolution dans son gouver- nement , doit se conduire suivant les conseils de la raison , et ses gouvernans doivent agir d’après la vo- Jouté constante de régénérer ses mœurs. I] trouve d’abord que la grande inégalité des fortunes est le plus grand obstacle à cette réforme ; il veut que le premier livre de morale soit un bon traité d’é- coromie politique : de cet ouvrage seul doivent, selon lui, sortir tous les encouragemens, toutes les vertus, toutés les qualités publiques et particulières, qui feront de ses Olbiens une société parfaite : le peuple y sera heureux, les magistrats seront inte- gres, la probité y sera-indigène , toates les institu- tions. y deviendront utiles, tous les vices des an- ciennes associations politiques disparoîtront. C’est une autre Utopie, mais sans les défauts de celle de Thomas Morus ; c’est la fiction d’un bon citoyen, mais non,un plan de régénération propre à un pen- ple courbé sous ses vieilles habitudes, esclave de ses usages, dominé par ses passions, obéissant à ses goûts de caractere, de prédilection, de caprice, chez lequel l'or fait tout, donne tout , même la considération, et tient lieu de mérite, de ‘probité et d’estime. On lira l’ouvrage du C. Say avec plaisir, parce que tout ce qui a rapport à un meilleur état de choses est toujours senti par ceux même qui seroient les plus éloignés de le voir adopté: mais on verra aussi, l'impossibilité qu’il y auroit de faire ressem- bler les François aux Olbiens. Cette brochure est terminée par des notes qui seroient susceptibles ‘de discussions , comme les So 4 276 . Livres divers. notes C., F., V.3 mais elles ne sont point de nature à être admises dans notre journal, toujours é.ranger aux matières religieuses et politiques ; nous ne nous écarterons jamais du plan que nous avons suivi Jusqu'à ce jour. NUMISMATIQUE. CATALOGUE d'une collection d'empreintes en soufre, de méduilles grecques et romaines. Paris, de l’im- primerie de Crupelet. An 8. 5e vend à Paris, chez Mionnet ,rue des Blancs-Manteaux ,n.° 37 ; Fuchs, libraire , rue des Mathurins , hôtel de Cluny ; Xæ- nig ; libraire , quai des Augustins , n.° 18; Treuttel et ZPuriz, quai Voltaire; le portier de la biblio- thèque nationale , arcade Colbert , n.° 280. Prix, 1 fr. 5o cent., in-8.° de 79 pages. On s'occupe depuis longtemps, en Italie, de former des collections d’empreintes de pierres gravées : le nombre en est tellement considérable , qu’elies con- tiennent tous les chefs-d’œuvres conservés dans les plus célèbres cabinets de l’Europe, et qu’elles lais- sent fort peu de choses à desirer. Ces collections sont d’un grand intérêt pour les amateurs de l'antiquité, et de la plus grande utilité pour Pinstruction. C’est ce qu’on a bien senti en Allemagne , où celle d’em- preintes de pierres gravées que Lippert fit depuis 1752, et dont on se sert dans toutes les écoles littéraires de l’Allemagne (1), a eu le plus grand suecès. L'étude des médailles est, sans contredit, plus étendue et plus intéressante que celle des pierres gravées, et peut-être plus imposante par ses rap- ports avec la géographie, l’histoire et l’archæologie, Les amateurs de cette science ne sont pas cependant (1) Le C. Oberlin en a donné une notice étendue dans le Magasin “Encycl. Année II, t. IV, p. 62 et suiv. Livres divers. 297 en état de se procurer des collections un peu consi- dérables de médailles ; c’est ce qui a fait naïtre à plusieurs personnes l’idée de fabriquer des empretuies de ne. mais elies n’ont pas été à portée de donner à ces collections l'étendue nécessaire pour être à la fois utiles et agréables. L'auteur de celle que nous annonçons aujourd’hui lui a donné celle qu’elle doit avoir pour en faire la base d’une étude suivie, et les avantages qu’on en peut retirer sont t'es-nombreux. Elle s’élève déja à p es de 1500 médailles, mais le C. MIONNET se pro- pose de l’augmenter au point qu’elle sera de 19 à 12 mille. Les empreintes sont faites de manière à imiter parfaitement la médaille elle-même ; elles se- ront donc du plus grand intérêt pour tous ceux qui s’occupent de la numismatique. Cette collection les mettra à portée de juger par eux - mêmes , comme s’ 1. étoient en possesion des originaux , et de ne plus être obligés de s: fier à des gravures trop souvent infideles. . Le but que le C. MIONNET s’est proposé en of- frant au public cette collection, est de la rendre assez nombreuse pour qu’on puisse acquérir en peu de temps l'habitude des légendes et de tous lestypes, et d’y faire entrer tous les types et les lévendes con- nus sans de trop fréquentes répétitions , qui ne por- teroient que sur des différences légères de mono- grammes, de symboles, etc. C:tte collection peut se subdiviser de diverses ma- nières, et selon le genre d’étude que chacun se pro- pose de suivre. Le choix des médailles a été fait de facon qu’on y peut trouver des suites fort étendues, de divinités, de héros, de personnages illustres et de fondateurs de villes ; des jeux et des médailies qui font mention des divers titres que ces villes ont pris, de leur situation, des fleuves qui les avoisinent , de leurs diverses magistratures et de leurs alliances, et enfin de quantité d’autres objets qui ne sont pas moins susceptibles de piquer la curiosité. On pént également extraire de cette suite une quantité assez S 3 278 Livres divers. considérable d'animaux ; de végétaux, etc. ; et comme chaque amateur peut choisir les empreintes nt lui conviennent, d’après le genre d'étude auquél il se livre, chacun sera en état de se former une collec- tion selon son goût particulier. Cette collection sera donc de la plus grande uti- lité dans les musées, les bibliothèques publiques des départemens, et surtout dans les diverses écoles’ où se professent l'histoire et les antiquités ; elle ne sera pas moins utile aux artistes par la belle exécution des sujets qui y sont représentés, et pour la con- noissance de la mythologie et du costume qui leur est absolument indispensable. Le catalogue est dressé d’après le systéme d’Eckhe/, établi dans sa Doc/rina numorum veterum , e’est-à- dire, qu’on a suivi l’ordre géographique des pro- vinces , et que les villes de chaque province sont dé- crites par ordre alphabétique. Chaque médaille est numérotée, de sorte que les personnes auront la facilité de désigner, sans équi- voque, les objets dont elles auront fait choix. A la suite de la description de chaque médaille sont les signes accoutumés AV, AR, Æ, qui signifient or, argent, bronze , et des numéros qui correspondent avec l'échelle qui est en tête du catalogue, pour donner le diamètre des médailles. Les personnes qui desireront acquérir cette collec- tion, soit en totalité soit en partie, adresseront leurs lettres, franches de port, au C. Mionnet , rue des Blancs-Manteaux , n.° 37. On pourra la voir les dé- cadis matin, depuis huit heures jusqu’à deux. Le prix de cent empreintes, choisies à volonté dans la ‘collection entière, est de 30 francs pour Paris. Les personnes qui prendront la collection complète, joui- ront d’une remige. Livres divers. 279 | i Hi1STOIRE LITTÉRAITRE. Drcours prononcé au conseil des Cing-Cents , dans la séance du 18 vendémiaire an 8, par Charles VAN HuLTHEM , député du département de V'Es- caut , en présentant au conseil l'Histoire des Ma- thématiques, par le C. MoNTUCrA, avec cette épigraphe : « Nous la voyons celte science; aujourd’hui si sublime, « naître, comme un ver, des fanges du Nil, tracer, æ en rampant, les bornes des possessions ,se fortifier « peuàpeu, pygndre des ailes, s'élever au sommet des « montagnes, mesurer , d’un vol‘hardi ; les plaines cé-: » lestes, percer enfin dans la région de l'infini. » Charles Boxnsr, Essai de Psychologie. Dans une note étendue et bien faite que le C. Van HULTHEM a jointe à ce discours , il rappelle quelques autres ouvrages qui contiennent l’histoire de plusieurs autres sciences , et quelques - uns cts 1 conviendroit de naturaliser en France ; par: une traduction. Les rapports du C: Van Hulthem se distinguent par une. profonde connoissance de l’histoire littéraire et de la bibliographie , dont il est amateur passionné. | GRAMM AIRE, GRAMMAIRE francoise , par Emm. POLONCEAV. Rheims, chez Bricot , imprimeur-libraire, rue de Ù SQË Sy 10 TLG:£ Vesle , n.° 192; et à Paris, chez Laran, libraire, palais Egalité; 200 pages in-12:, 75 cent., et 90 cent. relié en parchemin. Cette grammaire , moins diffuse que celle de RESTAUT , et plus étendue que celle de L’'HoMoxT, S 4 280 Livres divers. est mise à Ja portée de la jeunesse de l’un et de l’autre sexe, et pourra sans doute. être utile à bien des gens d’un âge mur. * POÉSIE. ELrGr in mortem Annæ Ludovicæe Karschiæ; Crea- tioni X PL magistrorum phr'os. et L. L. À. A. rec- tore Carola Friderico Hindenburgio, Procancel- lario Georgio Henrico Borzio, Decano Christiano Thevphilo Seydlitio. Dicati ab Jo. Georgio Ec- c10 , pretices professore, die 23 fébr. A. C, N. 1792. Lipsiæ, ex officina K/aubarthia ; in-4° de 23 pages. ELzZG1r in mortem Sam. Fri. Nathan Mori; Crea- tioni X magistrorum philos. et L, L. A. À. rectore magnifico Jo. Friderico Burschero, Procuncellario Christiano Theophilo Seydlitio, Decano Augusto Guilielmo Krnestio, dicuti ab Jo. Georgio Eccro, poetices professore, die 14 febr A. C. N. 179. Li- psiæ , ex officina K/aubarthia ; in-4° de 20 pages. LEororznus BRUNSVICENSIS , curmen solemne creationt XT plulos. doctorum et L. L. A. A. mag. rectore Godofredo Augnsto Arndtio , procunceila- rio Guilielmo Ernesti, decuno Christiano Daniele Bellio, dicatum ab Jo. Georgio Eccro , portices professore , die 39 febr. 17095. Lipsiæ, ex officina Klaubarthia ; in-4.° de 20 pages. DIGNITAS POESEOS , carmen solemne creationt XIII philos. doctorum et L. L. 4. A. magistr. rec- tore Johanne Friderico Burschero , decuno Au- gusto Guilielmo Ernesti, dicatum a procancellu- rio hoc tempore Joh. Georgio ECCIO , poetices professore, die 2 martii 1797. Lipsiæ, ex officina Klaubarthia ; in-4.° de 23 pages. C’est un usage établi dans les universités de AI: Livres divers. 281 + Jemagne , d’annoncer les solemnités académiques, telles que les promotions, etc., par un programme de la rédaction duquel ordinairement le professeur d’éloquence ou celui de poésie est chargé. Nous réu- nissons dans cet article les quatre programmes de M. ECK, tous écrits pour annoncer des promotions de maitres-ès-arts. Chaque programme contient en tête nn morceau de poésie latine de la composition de M. Eck , et ensuite de courtes notices biogra- phiques sur chacun des jeunes littérateurs qui seront promus au grade de docteurs en philosophie, ou de maîtres ês-arts. Madame KARsCH, à laquelle est consacrée l’élé- gie du premier programme, s’est distinguée par des poésies justement estimées en Allemagne ; elle peut être regardée comme un véritabie phénomène poé- tique, en ce qu’elle devoit tout à la nature, et rien à l’art. Née dans une métairie pres de Zaullichau, de parens d’une fortune très-méediocre, et qui ne pouvoient point lui donner une éducation soignée , elle se fit connoitre par plusieurs excellentes poésies. Le baron de Zedlitz, en ia faisant venir à Berlin, la tira de lobscurité, mais non de l’indigence. Quis melius , dit M. Eck à ce sujet dans son élégie : Quis melius poterat fando suspendere mentes? Re gravis, eloquii flumine dulcis erat dde, quod hoc tantum solius fonte profectum Naturæ ingenium crevit, et auxit opes. Qui primo nascens studiose fingeret ævo, Haud pater, haud florens arte magister, erat ; Et tamen attonitos Musæ perlecta recentis, Summos reddebant carmina prima viros ; Donec magnificam Friderici Regis in urber Delata, in medios Aonidumque choros, Addidit ingenio cultum , mirasque benignæ Naturæ dotes artis adauxit ope. 282 Livres divers. Heic multot sese sollers exercuit annos Atque hoc in studio nocte dieque fuit. À Berlin, elle a joui de la considération de plu- sieurs gens de lettres distingués, entr'autres de M. Engel et de M. Ramler. C’est le roi Frédéric Guil- laume IT, qui a amélioré son sort , et qui lui a fait bâtir une maison à Berlin. Le portrait de M." Karsch se trouve entr'autres dans le 3.° vol. de la Physio- gnomique de LAVATER. | M. Morus, en mémoire duquel est écrite l’élégie du n.° 2, a été un des professeurs distingués de Pu- niversité de Leipsic; il a donné entr’autres plusieurs bonnes éditions de classiques grecs et latins, une vie de Reiske, et plusieurs petits écrits estimés. Le généreux dévouement du prince Léopold de Brunswick, qui périt dans une inondation de POder,. en voulant sauver quelques habitans des bords de ce fleuve , fait le sujet du poème qui est en tête du 3.° programme. Dans le dernier, M. Eck fait l’éloge de la poésie, et il rappelle à ses lecteurs les noms des poètes les plus chéris de sa nation, RoMaANSs. ConNTEs MorAUx de ma Grand’Tante , à l'usage des enfans du second âge , faisant suite aux Veil- lées de ma Grand’Mère. par le C. DucrAr-Du- MINIZ. Deux vol. in-18 d'environ 200 pages cha- cun , avec fig. ; 2 fr. pour Paris, et 2 fr: 65 cent. Jranc de port pour les départemens. À Paris, chez Le Prieur, rue St. Jacques, n.° 278. Ces contes sont la suite de ceux de ma Grand’ Mère, que le C. Ducray-Duminil avoit annoncés. Depuis les ouvrages de Berquin, peu d’auteurs avoient son- 26 à travailler pour les enfans ; le C. Ducray-Dumi- Livres divers. 283 nil s’est imposé cette tâche, et l’a toujours remplie avec succès. Les Soirées de la chaumière , les Cin= quante francs de Jeanette , sont des ouvrages moraux €t qu’on peut mettre sans crainte dans les mains des Jeunes gens. L'ouvrage que nous annonçons est des- tiné aux enfans de 7 à 8 ans, et ne peut manquer de leur inspirer le goût de la vertu, parles exemples que Îear offre chacune des petites histoires. Cet ou- vrage sera suivi des contes de Mon Oncle que nous proinet l’auteur. APOLLOGHI , immaginati,e sol estemporaneamente in voce espositi agli antici suoi da Carlo LODOLT Jacilmente utili all onesta Gioventt , ed ora ris- tampati e corretti, Parigi, presso Gio: Claudio Molini , librajo nella strada detta Mignon , n.° 2, quartier de l'Odéon. Anno vI11 ( 1800), in-12 de 215 pages. Nous avons annoncé dans un des derniers volumes de ce journal (1), les Poésies de L. PIGNOTTI d'Arezzo , qui ont paru chez le C. Molini. Le même libraire vient de publier cette collection de fables de LonoLi; elles sont au nombre de cinquante. Ce recueil, qui est bien imprimé, sera un livre utile à ceux qui se livrent à l’étude de la langue italienne. Ces fables sont suffisamment connues , pour que nous 4 pas besoin d’en donner une notice plus éten- ue. BFFRIALUEX + A ,RET S: CAICOGRAPHIE de PIRANESI, L’immense collection des Œuvres de PIRANESI sur PArchitecture et les Antiquités grecques et ro- maines, est assez connue en Europe, pour nous (x) Année V , t. IV, p. 183. 284 Livres divers. dispenser d’en faire l’éloge. 1] suffira d'annoncer ici, aux amis des arts, que les deux frères Piranesi , fils du célèbre artiste de ce nom, et ses coopéra- teurs dans la plupart de ses ouvrages , viennent de faire transporter à Paris tous les cuivres qui forment ce recueil actuellement compose de vingt-trois vo- lumes. J1 a joint un catalogue à son Prospectus, pour en donner une idée complète et détaillée. Les planches qui forment cette collection, sont'de deux espèces. Celles composées par JB. PrRAN=sI, mort à Rome en 1778, et que les amateurs de l’art avoient surnommé le Rembrant de larchitecture ; les FH aux celles de Francois PIRANESI, l’un de ses fils. Les ouvrages de J. B. Piranesi sont remarquables par leur effet, et par le grand caractère que les restes majestueux de Parchitecture antique conser- vent sur les planches, où l’eau forte et le burin ont travaillé avec cette habileté qui caractérise par- ticulierement le talent de l'artiste. François Piranesi a suivi la même manière; mais il s’est efforcé de donner à ses gravures plus de fini, et il a ajouté à sa collection plusieurs monumens non publiés en- core, ou récemment découverts. Voulant aussi faire connoître l’excellence de la sculpture antique , il a dessiné avec la plus grande exactitude, et gravé, d’un seul trait, les chef-d’œuvres de l’art des Grecs. Le trésor d’antiquités que nous annonçons va re- cevoir, en France , une forme nouvelle; et, par Varrangement que nous avons conçu, formera un cours complet d’architecture , dont tous les exemples seront puisés dans les plus célebres édifices de Rome antique et de ses environs, aivsi que dans les dé- tails et les ornemens superbes dont ils sont enri- chiss On y joindra une explication théorique, où l’on analysera les principes des anciens architectes, tant sur la composition des édifices, que sur les moyens employés ponr arriver à cette solidité qui les a fait triompher de tant de siècles. Livres divers. -285 À ce genre d'instruction se trouvera jointe encore Papplication du style antique aux meubles et autres objets de décoration, par une suite d’études com- posées pour des cheminées, vases, cippes, lampes, trépieds, candelabres , etc., etc , avec ce caractère et cette originalité qui décèlent le génie riche et fécond du célebre Piranesi. Les Temples de Pæstum, les Ruines d’'Herculanum et de Pompeia, dessinés avec soin et dans le plus grand détail, font partie de cette collection où l’on a conservé avec- soin la restauration des anciens monumers qui Couvroient le Champ de Mars , Le: Capitole et le Forum Romanum , ouvrages auxquels la critique n’a pu reprocher que trop de magnifi- cence et de grandeur. Une addition, qui ne peut manquer d’inspirer le plus grand intérêt, parce qu’elle fait une suite na- turelle aux Antiquités romaines, est la réunion à tant de chef-d’œuvres des Antiquités de la Franee, extraite des porte-feuilles du C.Clerisseau. La pre- miere partie des monumens de Nimes, que cet ar- tiste célèbre a publiée, n’avoit pu recevoir encore son complément; et l’on espère que ce retard tour- nera au profit de l’ouvrage, par l'effet piquant qre le genre de gravure ajoutera à l’exactitude et au fini de ces dessins precieux. La suite de ces antiquités, qui comprend celles d'Orange, d’Arles, d’Autun, etc., etc., y sera successivement réunie avec son texte explicatif. Les Fraucois que leur zèle conduit en Æzgypte, en Grece, en Italie, pour y découvrir les monumens de l’antiquité, jouiront donc aussi de leurs propres richesses en ce genre. - Les innombrables chef-c’œuvres que renferment les Musées françois, tant en sculpture qu’en pein- ture des différentes écoles, faisant suite à FEcole italienne , pourroïent encore se joindre à tant de travaux ; et c’est par leur publication que nous croyons pouvoir témuigner au gouvernement francois 286 Livres divers. notre reconnoissance pour la générosité avec laquelle il est venu au secours de notre établissement, soit en nous facil'tant le transport de nos cuivres, soit en nous procurant, à notre arrivée à Paris, un local ‘rue de PUniversité, au dépôt des machines confiées à la surveillance du C. Molard. Ces bienfaits nous imposent l’obligation de ne rien négliger pour rendre notre collection digne de notre nouveau séjour. Un savant, distingué par ses profondes connois- sances dans l’antiquité et les arts, veut bien se char- ger de revoirle texte italien, d’en retiancher ce qui est superflu, et d’y joindre des notes d’érudition, de le faire participer enfin aux découvertes nouvellement faites dans cette matiere. Hd l La traduction françoise en sera faite par un écri- vain qui possede également la connoissance de l'art, et dont les travaux actuels ont tant de rapports avec les nôtres (1); ce qui doit ajouter à l’intérét de l’ouvrage, toutes les nations étant accoutumées depuis longtemps à regarder la langne françoise comme le plus vaste dépôt des connoissances hu- maines. Enfin l'éditeur ose espérer que les artistes’ fran- cois, si distingués par leurs talens et leur urbanité, voudront bien se réunir à lui pour l’aider de leurs lumieres, et lui procurer les secours en tout genre qu'il ose attendre de leur zèle et de leur savoir. IL s’estimera heureux, s’il peut de son côté répondre à cette bienveillance en multipliant , par la gravure, les études et les productions du génie qui enrichis- sent leurs porte-feuilles (2). (x) Le Citoyen J. G. Legrand, architecte des travaux publics, etc., qui doit metre incessamment au jour l'Histoire générale de l’Architec- ture, dont lé prospectus vient de paroître, Voyez le Magasin Encyclo- pédique, année V, t. V, p.427 et 519. Li (2) L'éditeur n'ignore point quelles immenses ressources il trouveroit dans ceux du C. Lion Dufourny, architecte, membre de l’Institut na- Livres divers. 287 Comme il faut un certain temps pour tirer les épreuves avec soin, le public est averti qu’on com- mencera par former des livraisons de six planches chacune, qui paroîtront à commencer du 12 germi- nal prochain, et qui continueront tous les dix jours dans l’ordre suivant ; SAV ONTER 1. Les Vues de Rome, par livraison de six, au PAT A CRE NT AUS D LE fr, 2.° Les Statues antiques (3) zdem , au DRE RO ee. Er nl 22 3.° Les Vases et Candelabres en pareil TUE EMEA CORRE CNRS PERTE à à 4° Les Estambes des tableaux de l’école italienne, au même nombre, au prix de... 18 Lorsque le tirage de ces quatre suites sera com- plet, le public sera averti de celles qui leur succé- deront. Pour faciliter aux artistes l'acquisition de ces vo lumes , les éditeurs leur détailleront les planches ; ce qui procurera les moyens de compléter des suites imparfaites. Lorsqu'on prendra nne suite complète, on fera une remise à l’acquéreur. tional, pour mettre au jour les Antiquités de la Sicile. Le C. Du- fourny ne s’est pas contenté de les dessiner avec la plus grande exactitude ; il les a décrites avec autant de précision que de discer- nement. Les yues du même pays, pittoresquement et savamment des- sintes par le C.Cassas, avant les voyages de Syrie, Phénicie, Pales- tine, Istrie et Dalmatie, qu'il publie en ce momert, pourroient former un riche supplément à ces collections, et augmenter de plus en plus le domaine des arts et de l’antiquié. C'est au temps et à nos efforts constans à réaliser, par une telle réunion , ce qu’on pourroit nommer à juste titre l'Encyclopédie de l'Architecture. (5) Dans cette première livraison , il y en a deux des grandes , papier grand aigle, à 5 fr. chacune. “ NE Re" æ T 288 Livres divers, Cette remise sera plus considérable, lorsqu'on prens. dra l'ouvrage entier; et agux qui se feront inscrire. pour plusieurs suites , avant la fin de l’an 8; jouiront du bénéfice de cette remise, MÉLANGES. NourrAux Dialogues des Morts , entre les plus fa- * meux personnages de la révolution française e£ plusieurs hommes célèbres , anciens et modernes , morts avant la révolution : le tout suivi dé plusieurs autres dialogues entre de grands personnagès vivans, restés ent. Frarce où émigrés , et d’autres in terlocuteurs de différentes nations jusqu'au moment actuel ; par F. PAGËSs. À Paris, chez Laurens jeune, imprimeur-libraire, rue St. Jacques, n.° 32. An 8, 232 pages in-8.° ; prix, 2 fr. 5o cent. ( Prix * de l’édition in-12, 1 fr. 5o cent.) Ce volume contient 18 d'alogues entre des per- sonnes mortes, et 8 entre des personnes vivantes. Les interlocuteurs des premiers, sont : Démosthène æt Mirubeauw , Charles 1°" et Louis xr1, Catilina et Robespierre, Danton et Cowhon , Bailly et Ma- lesherbes ; Rucine et Roucher, Burnare et Brissot , etc. Lesinterlocuteurs des derniers, sont entre autres: Pitt et Fox, le cardinal Maurt et le grand-muêtre de l'ordre de Malthe ; Lafayette, Dumouriez , Piche- | gru et Suwarow ; un ex-conslituant , un président du parlement , un ex-ministre, un ex-noblé et un ci- ‘desant évégue , émigrés, ect. 2 o El | uote des. arreté. f' # CuHrmr =. À ne À de Goer- Essai sûr le perfectionnement de ts chymiqués en France; par fe 24% ar J, A. Chaptal. 145 |: NÉcroLO GIE ” Hugue-Adrien Joly. 245 % CarTreues. Frédétic-Louis Ehrmann.: : 247 Geouges-Cadogan Morgan. 48 éfst de 0H É A TR Ée Le Petit Page. ? 251 ‘Le Rochér.dé Leucade. 252 Le Fruit défendu. . 253 Dans quel. Siècle sommes-nous ? Fr id Jacobs Exercitarionum Criticarum Tomus secundus, Sive animadversiones criticæ vin Callistrati Statuas et Phi-- Zostratorum Imagines , quibus laccedit descriptio nordum édi- ta Anaglyphorum in templo Ibid. Apolloniadis. 159 Arlequin Dibitetr. à . + 255 He ÉERPETOLOCIE Garrik double. 1 Re 256 Essai d’une classification naturelle des LIvRr E s: D L: Y ÊR Se Dates par Alexandre Brong- 24 niart. 184 PERS # sances! des Porstre. 2 Oberon, poème en qüatorze chants , Ytraduit de l'allemand de 77/re- \land, par F. D. Pernay. ‘202 lequel on prouve. Develey. Médecines * Histoire de la fèvre qui ar démiquement à; "Grenob dant les mois’ vendémiaité, maire, frimaire*et nivôse-X présente année; Re le. C8 sel. 1 Traité sur le sang, V'inflan et les plaies d’armés À feü, de duit de Yanglois de J. Hunter, par J. Dubar. Fe -260 Staristique. 4 Tableau da commerce de la Grece; Pairosorure, picteri Manuale et Ceberis Tabula r. et lat. ; edidit Jo. Schweig- æuser. 220) pictéri Dissertatiobum ab Arriano | digestarum , ejusdem Enchiridion et fragment, edidit Jo, Schweig- % à hœuser. Ibid. ii MÉDEcins. éflexions du C. Bosquillon, mé- cin du grand hospice de Paris , ‘sur la jeune personne , morte, le. “h pluviôse, avec des symptômes d'hydrophobie. 227 n3 ARIÉTÉS, NO UVELLES ETCOR: SPONDANCE LITTÉRATRES. | Sacriris LITTÉNAIRES. par "Félix Beaujour. Histoire. De Judiciorum Vemicorurn orie gine dissertatio quam ex ac ce des sciences, des lettres et des arts, à Alencon. : +252 fendet Johannes Gedrgius Ec- iété d'émulation de Rouen. 236 cèus, Lipsiensis, Philos, D, es tingue, pendant ai de:1799 nombres et sur. leurs nes, dans de quantités image par Em, : formé d’après une auhée moyen: ne, depuis 1787 jusqu'en 17975 RE ab: toritate ampliss. philosoph\ ordinis die 1x octobr. 1797de* . a FRE rappo - anutuels ; par J. M. a : pe Y'Homme. (Chapitre Fr ÿ d'un ouvrage sun es e L In "yôce esposit 1? amici suoi da Carlo Lo. xcilmente utili-all onesta Gio . ed ora nu de re correlt Morales: | Biçours sur le Pardon, par. FE ae Ouveaux Dialogues di Mor ‘entre les plus fameux personna, de latrévolution francoise et 4. sieurs hommes célebres, ancien ét modernes, morts avant la ré: volution:; a ÈS Cave dar désirent Fire annoncer Jeurs ra : ‘dans quelques-uns des meilleurs journaux de PAÏle ‘magne, peuvent en remetire un dre buré: cal “de ce journal. | À PS AE DS 4 Là 4 1 A Fe Po ©) } à f rit PÉDIQUE, * ‘ou NE ere . . L DES SCIENCES, ee. Journal est: fé: & S pour trois mois, ur six MOIS, | FGEe CET MES : TA pour un 11 SAR FR SERRE jé pour | les Départemens, franc de pare ro Mr SOU : ÿ OA AUS esser au Bureau du be UE se. procurer. EU PO PTE ae fi paraissent en France et. chez l'étranger, 2% 7 2, res cop dl Libraiie ‘anciénne et moderne: : * 3 NET nd CRE vd ES Pna TEN OE x + Léteirré, Cuvirer, GrorrRoy, NE be à CAVANILLES USTERI, BOETTIGER, ViScoN Vazroison, WiLLeMET, WINCKLER, etc. fournis- sent des Mémoires, contient l’extrait des principaux 4 ouvrages nationaux : On‘s’attache surtout à en donner \ une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- * tement possible aprèsleur publication. On y donneun notice des meilleurs écrits imprimés îqe ’étranger. On y insère les mémoires les plus Antéressans su toutes les parties des arts et des sciences; on choisit 4 principalement ceux qui sont propres à en accélérerles progrès. ) KES £ . On y publie les’ découvertes ingénieuses, les inven- | ‘tions utiles dans tous les genres. On y rend compte A des expériences nouvelles. On y donne un précis de % ee que les séances des sociétés littéraires ont offert A de plus intéressant ; une description de ce que les dé- 4 pôts d'objets d’arts et des sciences renfermentde plus 4 curieux. 4 + On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages % * des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués: dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles hitté- raires de toute espèce. | PP AE Ce Journal est composé de six volumes He 4 an, de 600 pages chacun. II paroît le prelnier de 4 chaque mois. La livraison est divisée en dénxu-l méros, chacun de 9 feuilles. rs | €: 4 On s’adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu | reau du Magasin Encyclopédique, chezle C. Fucus Libraire, rue des Mathurins, hôte} Cluny. PP 4 : chez la veuve Changuion et d'Hengst 3 Arnsterdam ; { chez Van: Gulik. à At À Bruxelles, chez Lemaire, A Florence, chez Molini. A ee Rae chez Fleischer, chez Manget, 8 Genève, { chez Déhona) À Hambourg , choz Hoffinann, ‘A Leipsic, chez Wolf À Leyde, chez les frètes Marray: - A Londres, chez de Bofle, Gerard Street; A Strasbourg, chez Leyrault, A Vienne, chez Degen. À Wescl, chez Geisler, Directeur des Posiceg A faut affranchir les lettres, A ROGUE LT.E C:TU RE. DES POINTS D’APPUIS INDIRECTS dans * la consriuction des bätimens , par Charles- Francois W1ERLZ, architecte de l'Hôpital général , de la Société libre des sciences , lettres et arts de Paris. Brochure in-4.° de 19 pag. Chez l’auteur, rue du Faubourg Saint-Jacques , n.° 123, et chez Perronneau, imprimeur, rue du Battoir, n.°8. Prix, 1 fr. 80 cent. L'arcui TECTE habile possède sans doute l’art et la science de sa profession ; mais il ést assez dif- ficile de décider s’il est plus recommandable par la ‘juste application de toutes lés richesses de l’ordon- madce et des parties qui donnent le caractère pro- pre à l'édifice qu’il construit, que par les connois- ‘sances immenses qui en assurent la solidité. Par Ja première , il. se montre homme de génie, home de goût; il entraine après lui notre admiration, et il nous offre tout à la fois de pures et d’utiles jouis- sances : par la sciënce de la construction , il la rend durable pour nous'et pour les siécles. C’est par elle qu’il sert les intérêts dès particuliers’, dés gouver- nemens, et qu'il sème sur le globe ces points fixes où la postérité réconnoît ensuite les lieux habités par les amis des arts. Le. Magasin: encyclopédique. a ‘offert successive- Tome FT. 4 290 Architecture. ment à ses lecteurs ces différentes branches de l’ar- chitecture, dans l’analyse des ouvrages publiés par le C. Viel. Son Traité de l’ordonnance et de la con- struction des bâtimens semble être l'introduction d’un Cours sur l’art de bâtir, très-étendu, dont les détails exigeront les connoïssances les plus profon- des. Il y a exposé l’origine de l’architecture, la marche naturelle de cet art, et par quels moyens les Grecs l’ont porté au plus haut degré, ne laissant à leurs descendans que la ressource de les imiter et de les suivre pour obtenir quelques succès. En effet, par quel effort de génie, par quelle su- blime perspicacité, ces étonnans mortels ont-ils pu concevoir des ensembles qui réunissent les propor- tions, la symétrie, le grand , la grace et la force, par l'emploi des seules parties nécessaires à leur but, sans mélange et sans altération? Sans doute ils en ont puisé les principes dans la nature; mais eux seuls ont su les y découvrir, puisque nul depuis eux n’a rien imaginé de nouveau dans cet art, et que le ré- sultat de leur goût si subtil est notre ne et notre - plus sûr modèle. Tel est la conséquence de l’ouvrage que nous ana- lysons. Le C. Viel a démontré précédemment, dans l'écrit intitulé de la Décadence de l'Architecture à la fin du 18° siécle, que toute innovation dans l’art, depuis les Grecs, produit la barbarie dans l’ordon- nance et la décoration , et, dans celui-ci, qu’elle ne peut faire construire que des édifices peu du- rables. Il établit d’abord , par de grands exemples, « que LL Points d’appuis indirects. 291 la construction des édifices est intimement liée à léur ordonnance, et que la perfection dans l’art de bâtir est subordonnée à celle de cette première « partie de l’architecture. », D’où il suit que les sié- cles de barbarie n’ont vu créer aucuns principes , dans la construction ni dans l’ordonnance. « Les architectes de lantiquité savante, dit-il ensuite , jusqu'aux premiers siécles de l’ère chré- tienne, marcherent progressivement vers la per- fection dans lordonnance et dans la science de la construction. Pour ne citer que quelques exem- ples à l’appui de cette proposition, je dirai que les théâtres et les amphithéâtres de la Grèce, ceux de l'Italie, élevés par les anciens à des temps très -éloignés l’un de: l’autre , offrent dans leur ordonnance une gradation vers la plus heureuse harmonie, et dans leur construction une perfec- tion réelle. Les masses puissantes qui les com- posent en points d’appui directs, forment dans ces édifices une seule espèce d’architecture, quoi- qu'avec des variétés qui distinguent le caractère propre à chacun d’eux. Mais, à compter du deu- xieme au quinzième siécle, les peuples s’abandon- nèrent à leurs caprices dans l’invention des édi- fices, et ne les construisirent plus que.d’une main incertaine. Les moñumens dont il réste encore des vestiges , et ceux qui subsistent entiers, tous éri- gés pendant quatorze cents ans, font la preuve de cette marche rétrograde de l’architecture, » De ces assertions , notre auteur passe aux exem- ples les plus frappans sur les vices des constructions V2 292 Architectüre. des temps , de l'architecture gothique , et illes prouve ainsi jusqu’à la conviction. C’est à l’ouvrage même que nous renvoyons les lecteurs sur ces détails. Voyons maintenant comme il divise les erreurs de ces temps d’ignorance autant que de mauvais goût. « L'architecture gothique , considérée sous le « « rapport de la construction , consiste dans des plans dont la surface des parties sont trop foibles , rela- tivement à leur espace et à leur élévation ; d’où il résulte que ces parties constitutives de la con- struction manquent de la solidité naturelle, L’exé- cution de pareils plans exigea des moyens diffé- rens de ceux employés par les anciens. « Au milieu des difficultés que rencontrèrent les architectes dans la construction de leurs dessins, la géométrie leur indiqua d’abord l’usage des arcs ogifs, dont la propriété est de n’avoir qu’une très- foible poussée , et de procurer tout à la fois un nerf puissant aux murailles où ils sont mis en œuvres. À ces premiers moyens ils furent obli- gés de faire concourir les ares-boutans, sans lesquels les murs qui recoivent les voûtes des grands édifices ne se soutiendroient pas sur les bases qui les portent. « Les ares-boutans ‘exigèrent une force complete dans les culées; et les architectes en gothique, qui ne donnoient qu’une faible épaisseur aux murs d'enceinte de leurs bâtimens, furent obligés de les renforcer dans l'axe de ces arcs, ou par des éperons...., ou par des murs de refends. » A la suite de ces principes , le C. Viel cite les temples de con- Points d'appuis indirects. 293 struction gothique de Francei d'Italie, les plus renommés. Observons que , sans admettre aucune grace dans la forme des voûtes en ogives, le C. Viel les envi- sage cependant comme des moyens de rendre pos- sibles les constructions gothiques élevées avec exa- gération; mais il pense sans doute qu’elles doivent être bannies de toute ordonnance régulière. Nous allons voir dans le paragraphe suivant, l'emploi que cet habile architecte en a fait lui-même. « Je ne crains point que l’on oppose à mes prin- “ cipes, contre l’emploi des formes gothiques , ce- “ lui que j'ai fait dans les aqueducs souterrains du « grand égoût de Bicètre, dont les voûtes sont de « figures ogives. Je suis au contraire d’accord avec “ eux, puisque ces voûtes, comme je l’ai annoncé , “ ont une force supérieure à toutes les autres es- “ pèces, et que leur appareil est aussi le plus sim- « ple.... J’ai pu, à l’aide de cette espece de voûte , “ à son assertion avec le cône où se fait la chute “ des eaux, employer des voussoires en pierre de « roche, de 80 pieds cubes, sans tas de charge qui «en auroit affoibli le volume. De plus, les voûtes «“ intérieures construites en grès, soumises aux mé- “.mes coupes , ont acquis dans leurs reins la force « nécessaire pour soutenir le poids énorme de 60 « pieds de bancs de pierre rompus et de terres mas- «_sives qui existent au dessus jusqu’au sol des champs. Dans une note correspondante à cet article, le C. Viel annonce qu'il traitera de ce monument dans un chapitre particulier, et que les plans, les coupes T:3 294 Architecture. et élévations en seront gravés. Mais écontons-le sur les cas où l’on peut employer les voûtes en ogi- ves. « J’ai encore fait usage de l’arc ogif, comme « lespèce de décharge la plus puissante dans la con- « struction du pavillon nord-est du grand bâtiment « de l’hôpital de la Pitié, sur la rue du jardin des « Plantes. L’an des murs qui le composent a "72 «“ pieds de hauteur, 3 pieds d'épaisseur, et auquel « sont adhérens des pied-droits de voûtes d’arrêtes « dans les caves. Le terrein mobile nécessitoit cet « arc, qui est fondu, pour ainsi dire, dans le corps « du mur. » La planche des fondations de cet édi- fice est publiée. « Ces explications font connoître que les arcs ogifs « sont précieux pour la solidité des bâtimens ; mais « qu’il ne faut les mettre en œuvre que dans les « parties qui les exige absolument....., et ne les « faire jamais entrer comme élémens dans l’ordon- « nance des édifices. » Depuis les circonstances où l’architecte, qui parle de son art avec tant de profondeur, a usé des arcs en ogives, il a eu lieu de se convaincre de la soli- dité qu’elles sont capables de procurer , lors de Îa démolition de l’église des Jacobins de la rue Saint- Jacques. Les arcs soutenoient seuls les murs con- truits au dessus, quoiqu’ils fussent , étant détruits la plupart, privés du secours d’aucunes butées. Ces détails sont une précieuse leçon pour les architectes qui veulent devenir constructeurs, et le C. Viel Joindra ce fragment à la collection de ses planches publiées, # Points d’appuis indirects. 299 Quant aux arcs-boutans, ce savant artiste les proscrit de toute bonne architecture, même comme moyen de force , et recommande essentiellement de faire résider la solidité dans la proportion des bases de tout édifice, en imitant en cela les anciens. Voici l’exemple qu’il apporte en preuve: « Le tem- ple de Sainte-Marie , del Fiore , à Florence, très= célebre dans l’architecture gothique , resta long- temps sans être terminé, par les obstacles que présentoit la construction de la voûte qui devoit réunir les quatre branches de la croix. « Le plan tracé par le premier architecte, ne lui permit pas d’ériger dans la partie où devoit être le dôme, les arcs-boutans nécessaires pour con- treventer une voûte d’un diamètre de 130 pieds dans œuvre , d’une manière semblable dans sa construction à celles des autres parties de l’édi- fice, qui toutes sont appuyées par des arcs-bou- tans; car c’étoit-là où se bornoit la science des constructeurs, aux temps de la barbarie. C’est pourquoi les travaux de ce temple restèrent im- parfaits. « Il étoit réservé à l'architecture antique, cou- tinue son plus zélé sectateur, de donner des moyens efficaces pôur son achèvement, sans le concours des points d’appuis indirects. Brunel- leschi, ce grand homme, né à la fin du XIV.* siécle, inspiré par son génie, reconnoît que le plan existant de Sainte - Marie des Fleurs, offre des ressources pour Ja construction d’un dôme, le désespoir de tous ceux qui , jusqu'alors , avoient / T4 296 Architecture. « tenté de l’ériger. Brunelleschi, pour y parvenir, “se rend à Rome, et s’y livre à l’étude la plus ap- “ profondie du mécanisme de la construction des « monumens de l'antiquité. De retour dans sa pa- « trie , il médite la composition de ce dôme. Les “ formes d’un soubassement et de deux voûtes ins- « crites s'offrent à sa pensée; il fait ce soubasse- « ment peu élevé pour lui donner plus de force, et “ le mettre en proportion avec le reste de l’édifice. « Il donne dans le même esprit la forme elliptique « à la coupole..... C’est ainsi que les deux voûtes « inscrites unies entre elles par les moyens les plus « ingénieux, eurent des ‘points d’appuis directs, « selon les procédés des anciens. » Voilà donc ces maîtres de l’art, démontrés par cet exemple seuls capables d’achever ce qui étoit devenu impossible par les dispositions des archi- tectes, du temps de la dégradation des arts. En opposant à ce trait victorieux lancé contre l'architecture gothique et contre tous les moyens qu’elle emploie, linsuffisance de ces moyens, par les faciles démolitions de beaucoup de nos églises construites dans ce style repoussant, et par les dan- gers auxquels elles exposoient ceux qui les fréquen- toient , on doit espérer que nos artistes modernes renonceront au système de construction gothique comme à leurs formes, et tout bon esprit adoptera cette conclusion du C. Viel. « La supériorité appartient aux Grecs et aux « Romains, dans l’art d’ordonner et de construire «+ les édifices ; il faut n’étudier que leurs auvrages Points dappuis indirects. 297 sous ce double rapport , et non pas ceux de toutes les nations. Il faut , à l’exemple de ces deux peu- « ples, ingénieux et savans, n’employer que des « points d’appuis directs dans tout bâtiment que «“ lon érige pour la postérité la plus reculée ; il “ faut enfin se pénétrer de cette importante vérité : « l'association de diverses espèces d’architecture “ dans un monument , nécessite celle des divers em- « plois de construction, ce qui en compromet la « beauté et la solidité. Les exemples les plus re- “ marquables en ce genre d’édifices, sont les ponts * modernes et le Panthéon français. » HISTOIRE. DESCRIPTION des Repas d'Humbert IT, dauphin de Viennois ; lue au Lycée de Grenoble, le 17 nivose an 10, par BEK- RIAT-SAINT-PRIX. V'irsonnors (Hist. de Dauphiné, t. 1, p. 365) a donné la description générale du service de table du dauphin Humbert II. Il a fait observer qu'on servoit quatre tables dans le palais de ce prince. Le dauphin mangeoit à la premiere, avec les comtes , barons et baronnets ; à la seconde, étoient admis les chevaliers et les principaux officiers de 208 Histoire. sa cour; à la troisième, les aumôniers et écuyers; à la quatrième, les officiers de l’ordre le plus bas. Ces trois dernières tables étoient dressées dans le tinel ou salle du commun , où l’on distribuoit aussi, soir et matin, aux commensaux, le pain et le vin du déjeñné et de la collation qui se faisoit à la suite du sommeil de l’après-diner (1). On distribuoit aussi, le soir, du vin pour les cham- bres, pour les besoifis de la nuit. Le même ordre s’observoit pour la table de la dauphine. Les valets vivoient hors de l’hôtel, On leur four- nit d’abord leur subsistance en denrées (2); quatre ans après, ce fut en argent. Valbonnois s’est contenté de donner une idée gé- pérale des mets qu’on servoit à ces tables; il a sans doute craint de s’appesantir sur des détails qui lui paroïssoient blesser la majesté de l’histoire. Je vais vous exposer ces mêmes détails, d'apres l’ordon- nance où notre illustre compatriote a puisé sa des- cription. Les mœurs du moyen âge sont si curieuses à connoître, par le contraste qu’elles offrent avec les nôtres, que cette notice m’a paru ne devoir pas être sans intérêt (3). Peut-être aussi pensera-t-on (x) Les gens des maisons du dauphin et de la dauphine étoient entretenus , ainsi que leurs chevaux , dans son palais (Valbonnois. t. 11, P. 308. Ordonnance de 1556). (2) Nous en donnerons la notice à la fin de ce mémoire. (5) Le contraste des mœurs du moyen âge avec celles des Ro- mains, depuis les derniers temps de la république , est encore plus frappant. Il suffit, pour s'en former une idée, de comparer le repas des prêtres et prètresses de Rome (Voy. Mogasin Encycl. an. V1, Histoire. 209 que la simplicité ancienne , qu’on se plaît souvent à célébrer, n’est pas toujours digne d’exciter nos regrets ; et du moins les Sybarites modernes ne por- teront-ils pas envie à la cuisine du dauphin. L’ordonnance de Humbert IL, sur le service de ses tables, paroît avoir été faite vers 1336 ou 1337. Le 1.°" feuillet, qui indiquoit une partie des mets à servir dans le dîner du dimanche et du jeudi, a été déchiré. Souper du dimanche. 1." service. — Pour le dauphin : deux pâtés, dans chacun desquels doit étre une grosse poule, ou, si l’on n’en a point , deux poulets, Pour chacun des barons et officiers du haut rang : un seul pâté. : Pour les chevaliers : un pâté entre deux. Pour les écuyers, chapelains , etc, : un pâté aussi entre deux; mais, dans ce pâté, il ne doit y avoir que la quatrième partie d’une grosse poule, la moitié d’un poulet, et la huitième partie d’une portion ou rotulum (4) de viande fraîche de porc. Pour les autres commensaux : un pâté également entre deux ; mais il re doit contenir que la dou- t. VI, p. 435) avec ceux d'Humbert 11, prince qui possédoit un état considérable, qui avoit beaucoup de goût pour le faste, et qui s'ef- forçoit de monter sa maison sur le modèle de celle du roi opulent de Naples, son oncle par alliance, auprès de qui il venoit de passer plusieurs années. (4) Valbonnois, d’après un passage de la même ordonnance , évalue la portion désignée par le mot rosulum , à environ six livres et demie, 300 Histoire. zieme partie du rotulum , sans poule ni poulet (5). Dessert. Des fruits (6) et du fromage à tout le monde, à raison d’un rofulum ( six livres et demie) pour vingt-quatre personnes ; le dauphin doit avoir ‘une portion double. L'on voit, par la description de ce premier repas, que toutes les personnes nourries dans le palais, étoient servies des mêmes mets, et qu’on n’avoit égard à leur rang, que dans la quantité, et non dans la qualité des rations distribuées. Il faut en excepter un plat d’entremets, qui étoit affecté au dauphin, qu'on portoit devant lui (coram nobis), et dont il faisoit part à ses voisins, lorsqu'il le ju- geoit à propos. On verra tout-à-l’heure si ce mets étoit assez précieux pour mériter une disposition par- ticulière dans une ordonnance. Remarquez encore que si la portion du dauphin (7) étoit très-considérable, celle des derniers valets n°ex- cédoït point ce qui étoit nécessaire pour leur subsi- stance. Dôêners du lundi et du mercredi. 1,®® service. — Au dauphin : un potage de pois blancs ou chiches, ou féves concassées , bien pré- parées , avec deux livres de viande salée, (5) Si les portions de chacun sont ainsi distinguées , c’est qu’on ser- voit les convives séparément, ou deux à deux, ou quatre à quatre ( Voy. V'albonnoïs 1. I). (6) On n'indique point dans l’ordonnance la quantité ni la nature des Fruits. (7) Celle de Ja dauphine étoit en tout point semblable à celle du dauphin. Histoire. 3o1 Aux barons : le même potage, avec une livre de même viande. Aux chevaliers : le même potage, avec une livre de viande entre deux, et ainsi de suite en dimi- nuant. Les valets n’ont que quatre onces de viande salée, chacun. Entreméts pour le dauphin seulement : de bonnes tripes bien purifiées et cuites à l’eau (8). Second service: — Au dauphin : deux portions de viande de bœuf et une de mouton, cuites à l’eau, avec un assaisonnement de poivre blanc ou d’autres épiceries (9). — Aux autres personnes, même plat, dans la proportion déja exposée (10). On recommande , à la fin de cet article, de ne pas réserver les épaules de mouton pour le souper; mais de les servir avec d’autres viandes, suivant Vordre qu’on vient de prescrire. Souper des lundis et mercredis. Au dauphin : une demi-poitrine de bœuf rôti et salé. | ub (8) C’est,deicet.entremets qu'il se réserve de faire partä ses convives: Serviatur nobis de uno intromeysio de tripis bonis ; benë puraris, coctis in aqué, in bonä quantitate, et in tant quûd ex hoc pos- sit transmitts aliis juxtà nostrum benè placitum. . . .. (a) D'après! l'évaluation faite de la portion (rosulum) , on'auroit servi au dauphin: dix-neuf livres et demie de viande ;: ce qui paroi prodigieux; mais il faut faire attention, que , comme les portions vont toujours en décroissant, le même article de l’ordonnance n’accorde , aux dernier$ commensaux , qu'environ trois quarts de livre de la même viande. ‘ (xo) Cette proportion, étant la même dans tous les repas, il suf- Gca d'indiquer les portions du dauphiw 302 Histoire. Un entremets de six chapons ou pôles, grandes et grosses, où de douze petits poulets rôtis. Dîner du mardi. 1<* service. Un; potage bien préparé de riz, de racines ou de raves, selon ce’ que l’on-pourra se procurer, ou même de porreaux, avec une Jivre de viande salée , et une demi -portion de viande de bœuf, cuite à l’eau, accompagnée de moutarde et de roquette, au lieu de sel. Entremets. Six grosses poules divisées chacune en deux parties, ou douze petits poulets entiers, pré- parés en civier, et placés dans ‘un grand plat où dans deux petits. 2.° service. Une portion de porc-frais rôti. Souper du mardi. Une demi-portion de bœuf rôti. Un entremets 1.° de langues de bœufs préparées én rôt, avec une sauce cemeline ; 2.° de pieds de bœufs préparés dans le vinaigre , avec du persil. Dessert, Du fromage et des fruits, en même quan- tité qu’au lundi. Les repas du mercredi sont semblables à ceux du lundi, à l'exception qu’on donne à diner aux barons, qui font maigre ce jour-là, des poissons, si l’on peut s’en procurer, sinon huit œufs à chacun ; et aux der- niers commensaux ou valets, trois seulement. Les repas du jeudi sont les mêmes que ceux du dimanche. Histoire. 303 Dîner du vendredi. Ce jour-là, ainsi que les autres jours de jeûne, extrà quadragesimam tamen , on ne servoit qu’un repas dans le palais. 1." service. 1.° Deux potages, l’un de pois blancs et de purée; l’autre, de pois chiches et de racines ou de raves; 2.° des poissons en quantité suffisante, et si l’on n’en a point, vingt-quatre œufs frits, avec un bon assaisonnement (quatre œufs aux valets). Entremets. De petits pâtés de Lorraine, avec quel- ques autres fritures. Dessert. Du fromage, comme ci-devant. Dôêner du mardi. 1.‘ service. 1° Deux potages d'amandes et féves concassées, préparées avec du jus d'oignons et de l'huile d’olive; 2.° des poissons frais en quantité suffisante; et si l’on n’en peut trouver, seize œufs pochés, cuits à l’eau, avec quelque bonne sauce. Enitremets. Des tartes ou des tartelettes d’herbes. Souper du samedi. 1.° Huit œufs cuits à la braise ou à l’eau (deux aux valets). Dessert, Du fromage et des fruits. 4 PAIN. Portion du dauphin à chaque repas : quatre pains blancs de bouche (de bocka), pesant chacun environ une livre et demie { ponderis unius libræ cum dimidia vel circà) , et huit petits pains pesant chacun une 304 Histoire. livre (r1), destinés à être trempés ( pro incisorio Jfaciendo). Valbonnois présume qu’on les trempoit dans le potage. Portion des barons : sept livres ; des simples mi- litaires : trois livres et demie. Déjeüner du matin dans le tinel, pour tous les écuyers ét autres servans : douze livres de pain, six mesures de vin pur du tinel , et une portion de viande de bœuf bien cuite. is Pour ceux dé ces servans qu? ne mangent point äw palais : même quantité de pain et de vin, et vingt- quatre œufs. Après le dîner, on se livroit au sommeil; et après le sommeil, on donnoit à boire: aux écuyers et ser- vans, dans le tinel : on leur servoit douze mesures de vin du tinel. L’on portoit aussi dans Ja chambre du dauphin et dans celle de la dauphine (12), deux mesures dé vin de bouche. NV IN. Il y avoit itiois éspèces de vin. La premiere, ap- pelée vin de la bouche, étoit tirée des côtes du Rhône , et réservée à la table du dauphin (Voyez Falbonnois ; t: 4, p: 367) ; la seconde étoit appelée vin du tinel ou de l'ordinaire , elle étoit pour les au- (x1) Si l’on donnoit au dauphin quatorze livres de pain à chaque re- pas, il n'est point étonnant qu'on lui servit jusqu’à vingt livres de viande. Au reste, la desserte considérable de ses. tables étoit disuybute aux pauvres, comme nous l’apprenons par une erdonnance citée dans Falbonnoïis, UT}, p.561, ett. IT, p. 406. (12) On en portoit également dans la chambre des dames de la daui- phine, mais en moindre quantité. tres FR 2, Histoire. 305 tres tables ; enfin, les valets qui vivoient hors da palais, usoient de la troisième ou de la moindre espèce. On en servoit au dauphin, à chaque repas, huit mesures; nous n’en connoissons pas la capacité ; mais on peut l’évaluer par approximation, en faisant attention à la portion destinée aux valets, qui étoit de trois quarts de mesure, par tête, et l’on est fondé à penser que cette mesure étoit la même que celle qui est encore en usage dans ce pays, et qui vaut à peu près une pinte de Paris. Le soir, avant le coucher, on portoit dans la chambre du dauphin, deux mesures de vin de bou- che, et quatre de vin du tinel, et dans celle de toutes les autres personnes à proportion. C’est ce qu’on nommoit le vin du sommeil. Repas des valeis servis hors du palais Dîner du dimanche , lundi et mardi : un huitième de rotulum de viande de bœuf, cuite à l’eau, et un potage de racines. Lundi et mercredi : une demi-livre de viande sa- lée et une écuelle de féves. Souper de chaque jour : du fromage seulement ; savoir, un rotulum pour vingt-huit. Dîner des jours maigres : un potage de racines ou de raves, et un rotulum de fromage entre quatorze. Souper : le fromage seulement. Pain, chaque jour : quatre pains blancs, dont neuf font un rotulum. On sera peut-être surpris qu’un souverain aitcon _ sacré, par de grayes ordonnances, des règles aussi Tome FI. \ 306 Histoire. minutieuses; mais il paroît qu'Humbert étoit trèss jaloux de ne rien laisser, dans ce genre, à l’arbi- traire de ses officiers. Trois ans après, il détermina, avec autant de soin, les fonctions de ses panetiers, bouteillers , cuisiniers, etc. ; le chef de la cuisine, par exemple , devoit s'informer avec soin de l’heure où le dauphin vouloit manger; être présent, lors- qu’on coupoit les viandes crues, de crainte de frau- de, ete. — Ses sous-ordres devoient lui obéir, et ne pouvoient s’absenter sans sa permission. — Les mar- mitons devoient tenir la vaisselle bien propre, etc. — Ordonnance de 1340, rapportée au tome Il, (p. 293) de F’albonnais. On trouve dans le même ou- vrage, t. I, p. 368, d’autres détails sur les vêtemens de toutes les personnes qui composoient la maison du dauphin , et celle de la dauphine. — GE O'G'R'A:P'H:L E. THE oriental Geography of Ebn- Haulal, an Arabian Traveller of the tenth century translated from. a. manuscript in his own possession ; collated wirh one preserved in the Library of Eton College, by sir William Ous£zEer. Knt. LL. D. London. 1800. 4.° La GÉOGRAPHIE orientale d’Ebn-Haukal, voyageur arabe du X siécle, traduite par sir W. OUSELEF, sur un manuscrit à lui appartenant, collationné sur un autre manuscrit de la bibliothèque du Collège d'Éton. Londres. 1800. In-4.° Troisieme et dernier Extrait. Passons maintenant à la description des pays qui avoisinent la Mer Caspienne , et qui méritent singu- lierement notre attention à cause des différens éta- blissemens que les Juifs possédoïent dans ces contrées, à l’égoque d’Ebn - Hauka], et sur lesquels on n’avoit eu jusqu'à cette heure que des traditions rabbiniques qui paroissoient mériter peu de confiance. Nous allons laisser parler Ebn-Haukal ( p. 185 et suiv.). « Quand on a passé lé Moukan (ou plutôt Mow- “ gan), pour gagner Derbend , on trouve le Schir- « wan qui a deux journées d’étendue, de là en qua- « torze journées on arrive à Sémender (le même V'a er ) , , 308 Géographie. « lieu vraisemblablement qui est nommé ailleurs Su « 1emder, p: 191), de-là on va à 44e (5r), L'Atel « est une rivière qui vient de Rous et de Bulgar. La moitié de ce fleuve appartient à la contrée oc- «. cidentale, et l’autre moitié à la contrée orientale. » [Peut-être Ebn- Haukal veut -il dire que la pro- priété du fleuve est partagée entre les peuples-qui (51) Atel, Atol, Etel, etc. suivant la diversité des prononciatious, est le nom que, les Orientaux donnent au Volga. Moyse de Choiène, auteur du V.° siècle, fait usage de ce nom qu'il écrit Ezhel (Voy. Mos: Chor. Hist. Arm. p. 355). Parmi les peuples ‘qui habitént la Sarmalie orientale, entre la Sarmatie occidentale et la Mer Caspienne , ce même écrivain nomme (rbid.) les Khazir et les Boulkh qui sont indubitablement les Khozars et les Bulgars des géographes arabes et persans. M. Wabl, contre le sentiment commun des écrivains tant orientaux qu'occidentaux, qui regardent les Khozars comme une nation turque ou tartare, croit qu’ils sont originaires de la Géorgie, et que s'étant peu à peu étendus dans tout le pays qui sépare la Mer Noire de la Mer Caspienne, ils commencèrent à former un établis- sement fixe à l'est du Volga et au nord de la Mer Caspienne. De-là, ils s’érendirent à l’ouest, et au commencement du IX.° siécle, le nom de pays des Khozars XaQugia comprenoit, à commencer du Volga et de la Mer Caspienne , tout l’isthme du Caucase, toute la presqu'ile de Crimée, et ce qu'on nomme aujourd'hui la Russie méridionäle, jusqu’à la Moldavie et la Valachie. Sans doute ceite étendue de pays étoit divisée en un grand nombre de tribus qui formoient des états distincts, et pouvoient avoir quelquefois des intérèts opposés: M. ‘Wahl observe que présentement le nom des Khozars subsiste sur les bords de la Mer Caspienne, dans les environs du territoire d’Asté- rabad. Suivant Hanway, on regarde dans le pays ces Khozars comnre des descendans des Bactriens (Voy. Z7/ahl's altes und neues Mirtel und Vorder-Asien, p. 445 et suiv.). Moyse de Chorène nous fait connoîïtre une irruption des Khazirs ou Xhozars dans l'Arménie, vers Ja lin du IL.° siécle de l’ère chrétienne , ou plutôr vers le com- mencement du IIL°, en la seconde année d’Artaban, dernier roi dea Parthes on Arsacides ( Aos, Chor, Uist. Arm. p. 184). Ebn- Haukal. 309 habitent les deux rives. Voyez sur l’4te! Abou’lféda dans ses Prolégomènes ]. « Le souverain d’Atel ré- LOS side sur la rive occidentale : il porte le titre de roi, et est surnommé Bé/. On trouve dans ce pays uu grand nombre de tentes; et il n’y a dans toute cette contrée qu'un très-petit nombre d’édifices construits de terre, tels que les bazars et les bains. Cette contrée renferme environ 10,600 Musulmans. L’habitation du roi est à quelque distance du ri- vage : elle est construite en briques cuites , et c’est le seul bâtiment construit de cette sorte de ma- tériaux qu’on trouve dans ce pays : on ne permet à aucun autre qu’au roi de se faire élever une semblable demeure. « La ville d’Atel a quatre portes, dont il y en a une qui fait face au fleuve, et l’autre à l'Iran » [n?y auroit-il point là une faute? et ne seroit - ce pas plutôt Arran ?], du côté du désert. Le ee « Le roi de ce pays est juif : il a à son service 1200 soldats. Aussitôt que l’un d’eux meurt, on en choisit un autre pour le remplacer, et le roi seul commande ses troupes. Ce prince a sous lui neuf kadhis : les uns sont Musulmans, les autres Juifs, Chrétiens ou Idolâtres. Les Juifs forment le plus petit nombre des habitans de ce pays : la plupart sont Musulmans ou Chrétiens ; mais le roi et les principaux officiers sont Juifs. H y a, parmi les magistrats , des personnes de toutes les religions : quand ils sont dans l’exer- cice des fonctions judiciaires , ils sont obligés de rendre compte au roi de toutes les affaires qui se V 3 910 Géographie. “ présentent à leur tribunal, et de rapporter en- suite sa décision, dont l'exécution est aussi con- fiée à leurs soins. « Cette ville n’a point de faubourgs; mais les terres en culture qui en dépendent forment un territoire d’environ 20 parasanges d’étendue. L’a- griculture y est fort en vigueur; et les cultiva- teurs conduisent leurs denrées à la ville sur des chariots ou dans des barques. Le poisson et le riz forment la principale nourriture de ce peuple : on apporte aussi du miel et de la cire des fron- tières des Russes. Les hommes les plus considé- rables d’Atel sont des négocians musulmans : leur langage ressemble à celui des Turcs, et n’est en- tendu d’aucune autre nation. | « Le fleuve d’Atel vient des frontières de Djird- jeir, de-là arrose le Kaïimak , puis le Gozz, vient à Bulgar, et se jette dans la mer pres de Bertas. On dit que ce fleuve, dans la saison où ses eaux sont le plus fortes , surpasse le Djihoun, et qu’il verse dans la Mer Caspienne un si grand volume d’eaux, qu’il semble vouloir l’occuper à lui seul. On distingue le courant du fleuve, séparé des eaux de la mer, pendant une journée ou deux. « Dans le pays de Khozar, il y a une ville nom- mée Asmid, de laquelle dépendent tant de vergers et de jardins, qu’ils couvrent toute l’étendue du pays qui sépare Derbend de Sérir. On en compte, dit-on, plus de 40,000, et il y en a plusieurs qui produisent des raisins. Cette ville renferme un Ebn - Haukal, 311 grand nombre de Musulmans, qui y ont des mos- quées ; leurs maisons sont construites en bois. Le roi, qui est juif, est lié d'amitié avec celui de Khozar, et vit en bonne intelligence avec celui de Sérir. On compte deux parasanges de cette ville aux frontières de Sérir. « Les habitans de Sérir sont chrétiens. Il y avoit, dit-on, à Sérir, un trône » [ peut - être l’auteur avoit -il ajouté d’or; car il en parle peu après ; et on sait que c’est l’origine que les historiens orien- taux donnent au nom de cette ville, qui est pro- prement Serir-aldhéheb, le Trône d'Or]. « On dit « « « que ce fut un roi de Perse qui, en donnant une souveraineté pour apanage à l’un de ses fils, l’en- voya en ce lieu avec un trône d’or : Cette souve- raineté s’est conservée jusqu’à nos jours. Ce fut, dit-on , un fils de Bahram-Tchoubin quila posséda le premier. Les habitans de Sérir vivent en bonne intelligence avec les Musulmans. Dans cette par- tie du pays de Khozar , je ne connois pas d’autre ville que S'émid. « Bertas est le nom d’une nation voisine du pays de Khozar , surles bords du fleuve Atel. On lap- pelle Bertas ; mais le pays se nomme aussi, d’un nom générique, Khozar, Rous ou Sérir. “ Les Khozars sont voisins des T'ures, auxquels ils ressemblent. Il y en a de deux espèces; les uns ont le teint d’un brun si foncé, et les cheveux si noirs, qu'on les croiroit descendus des Indiens; les autres ont un beau teint : ceux-ci vendent leurs enfans ; mais, parmi les Juifs et les Chrétiens, il V4 312 Géographie. “ n’est point permis de vendre ou de faire aucun d’entre eux respectivement esclaves. «, Ces peuples tirent des pays étrangers les objets de consommation que leur pays ne fournit pas, comme tapisseries, tentures, miel, chandelles et autres articles semblables, » [ Iei et en plusieurs autres endroits, je suis exactement le traducteur anglois, quoique je soupçonne quelquefois qu’il w’a pas parfaitement saisi le sens de l'original, ou qu’il n’a pas choisi l’expression la plus convenable ]. « « Les Khozarÿ-n’ont point de matières propres à fabriquer des étoffes pour vêtemens : ils en tirent de la Georgie, de l’Arménie, de l'Aderbidjan, et du pays de Roum. Leur roi porte le titre de Khakan des Khozars. « Lorsqu’un prince doit être promu à la dignité de khakan, on le fait paroître en public, et on lui lie autour du cou un morceau d’étoffe de soie, que l’on serre si violemment qu’il puisse à peine respirer, À cet instant, on lui demande combien d'années il veut occuper le trône. Il répond, un tel nombre d'années. Alors on le délie, et il est reconnu pour khakan; mais si la mort ne ter- mine point ses jours avant l’expiration du terme qu’il a lui-même fixé, on le fait mourir. «“ Le khakan doit nécessairement être pris dans la famille impériale. Personne n’a permission de approcher, si ce n’est pour affaires d’une grande importance. Ceux qui se trouvent dans ce cas se prosternent devant lui, et frottent leur visage contre terre, jusqu'a ce qu'il leur ordonne de w Ebn - Haukal. 313 s’approcher pour lui parler. Quand un khakan des Khozars est mort, toute personne qui passe près du lieu de sa sépulture , doit mettre pied à terre, et rendre ses hommages à sa tombe ; en se re- tirant, on ne peut point remonter à cheval qu’on ait entièrement perdu la tombe de vue. « L'autorité de ce souverain est si absolue, et ses ordres exécutés avec une obéissance si aveugle, que s’il jugeoit à propos de se défaire d’un des seigneurs de sa cour, et qu'il lui dit, retirez- vous, et donnez-vous la mort, cet homme se re- tireroit aussitôt dans sa maison, et se tueroit Jui- même. La succession à la dignité de khakan étant, comme nous l’avons dit, attachée immuablement à la même famille, lorsqu'un individu de cette famille se trouve appelé par son rang à la souve- raineté, n’eût-il pas à Jui une seule pièce d’ar- gent , il n’en est pas moins reconnu pour khakan. J'ai oui dire, à des personnes dignes de foi, qu'il y avoit un jeune homme qui se tenoit habitueille- ment dans une petite boutique, sur le marché, vendant des objets de. peu de valeur, et que le peuple disoit toujours en le voyant : Quand le khakan actuel sera mort, ce sera cet homme-ci qui montera sur le trône. Ce jeune homme cepen- dant étoit Musulman ; et la dignité de khakan ne se donne point à d’autres qu’à des Juifs. « Le khakan a un trône et une tente d’or: aucun autre que lui ne peut en avoir de semblables : son palais est aussi plus élevé que tous les autres édifices. d14 Géographie. “ Dans le canton de Bertas, les maisons sont con- « struites en bois. Les habitans de ce pays sont de « deux différentes classes ou tribus ; les uns, qui ha- « bitent près les frontières des Gozzes, dans le voi- « sinage de Bulgar, et qui forment environ 2000 « hommes, sont compris sous la dénomination de « Bulgares ; les autres sont voisins des Turcs. La « langue des Bulgares et des Khozars est la même. « Bulgar est le nom d’une ville où l’on trouve des « Musulmans et des mosquées. Près de cette ville il “ y en a une autre nommée Sou, où il y a pareille- « ment des Musulmans et des mosquées. « Ces deux villes contiennent environ 10,000 ha- « bitans. Dans ce pays, la durée des nuits d’été est « si courte, qu’on ne peut faire tout au plus qu’une “ parasange de marche pendant une nuit. Dans l’hi- « ver, les jours sont aussi courts que les nuits le sont « en été. » Le chapitre que je viens d'extraire contient bien des choses déja connues, et recevroit beaucoup de jour de la comparaison qu'on en feroit avec ce que les historiens de la Byzantine nous apprennent des Chazares et de leur Chagan, et dont M. Degui- gnes a fait usage dans son Histoire des Huns, t. IT, p. 407 et suiv. On sait que Justinien , chassé du trône par Apsimare, se réfugia chez le chagan des Chazares , et qu’il épousa même la sœur de ce prince, nommée T'heodora ; que dans la suite l’empereur Léon maria son fls Constantin à une fille du chagan des Chazares, et que de ce mariage de Constantin Copronyme avec Irène, naquit Léon, surnommé Ebn-Haukal. 315 Chazare , à cause de la patrie de sa mère. Ce qui oon- cerne la partie géographique , peut aussi être comparé avec ce qu’en disent Abou’lféda et Edrisi , les extraits de Bacouï, publiés par M. Deguignes, et surtout un grand nombre d’articles de la Bibliothéque orien- tale de d’Herbelot. Mais on trouve ici beaucoup de choses neuves et d’antant plus importantes, que si lon fait attention au ton qui règne dans tout l’ou- vrage, on demeurera convaincu que Fauteur ne rapporte que ce qu’il a vu lui-même, ou oui dire à des personnes qui lui ont paru dignes de foi. Ce récit mériteroit d’être comparé avec ce que les Juifs racontent du pays de Cozar, et ce seroit le sujet d’une discussion qui ne seroït pas sans intérêt. On voit du moins du premier coup-d’œil qui a le plus raison ou des Rabbins , qui entendent par le roi Coezri, que l’on suppose avoir embrassé la religion des Juifs, le souverain d’un pays nommé Cozar, qu’ils placent dans les contrées voisines de la mer Caspienne, au-delà de la Georgie, du Dilem et du Tabarestan, ou de Buxtorf, qui croyoit que ce nom n’étoit qu’ane altération du nom de Cosroës. Il y à tout lieu de croire que les pays situés à l’ouest et au nord-ouest de la mer Caspienne, ainsi que ceux qui sont à l’est de cette mer, ont été dans les pre- miers siécles de l’hégire le siége de plusieurs états qui florissoient par le commerce , et dans lesquels la religion musulmane avoit fait de grandes con- quêtes. Les sciences qui, à cette époque, étoient honorées et cultivées parmi les Musulmans, avoient aussi étendu leur domaine jusque dans ces pays, 316 Géographie. devenus depuis plusieurs siécles le séjour de l’igno- rance et de la barbarie; et nous connoïissons di- vers savans qui étoient sortis de ces contrées. Quant aux Khozars, les alliances de leurs khakans avec les empereurs de Constantinople prouvent que ces prin- ces alors étoient chrétiens : leur pays dépendoit sans doute de l’évêque de la Chersonèse Taurique : peut- être Ja substitution de la religion juive au christia- nisme fut-elle la suite d’une révolution politique qui fit sortir la couronne de l’ancienne famille des khakans. Il faudroit joindre à la description que nous donne Ebn-Haukal , des pays situés aux environs de la Mer Caspienne , ce qu’en dit Masoudi, son contempo- rain. Ce dernier nous fait connoître un grand nom- bre de royaumes qui subsistoïent de son temps, soit dans le mont Caucase, soit à l’ouest et au nord- ouest de Ja Mer Caspienne, et dont plusieurs étoient gouvernés par des princes originaires de Perse, et descendans de Bahram-Gour (on, suivant d'autres mauwserits, de Bahram-Tchoubin), qui avoient em- brassé l’islamisme. Plusieurs peuples de ces contrées étoient ou chrétiens , ou livrés au culte des idoles. M. Deguignes a donné un extrait de cet endroit de Masoudi, dans la notice du Moroudÿ - aldhéheb de cet écrivain, qui se trouve dans le premier vo- lume des Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothéque nationale ; mais ce morceau, quoique méle de détails incertains, et peut-être fabuleux , mériteroit d’être donné en entier, Je remarquera seulement que dans ce chapitre, Masoudi dit que ! Ebn- Haukal. 917 dans la capitale du royaume de Khozar il y a une très - nombreuse population, composée de Musul- mans , de Chrétiens , de Juifs et de Payens, que le roi, tous ceux qui sont à son service, et les Kho- zars, qui sont de la même nation que le roi, font profession de Ja religion juive , qu'ils ont embrassée du temps du khalife Haroun Arraschid (vers la fin du 2.° siécle de Phégire, et du 8.° de J. C.}), et que cela a attiré dans ses états un grand nombre de Juifs de tous les pays musulmans et grecs. Mas- oudi nomme la capitale du royaume de Khozar Amol, et parle d’une autre ville nommée Sémen- der, qui, plus anciennement , en étoit la capitale. Sémender est à huit journées de Derbend, et Amol à sept journées de Sémender. Il décrit les mœurs des payens qui habitent parmi les Khozars; et plu- sieurs de leurs pratiques, notamment celle de brû- ler vives les veuves avec le corps deleur mari défunt, les rapprochent des Indiens. Masoudi remarque que le khakan est un personnage différent du roi, et qui jouit de grands priviléges sans se méler de lad- ministration : il doute que cette distinction ait eu lieu plus anciennement , et soupconne que les kha- kans sont les descendans des anciens roïs du pays. Les Musulmans qui habitent ce pays forment une partie des troupes du roi : on les nomme A/larsia. Ce sont des familles émigrées du Khowarezm, à cause d’une famine et d’une mortalité survenues postérieu- rement à l’Islamisme. « C’est principalement sur eux, dit-il, que compte « Je roi des Khozars dans ses guerres. Ils se sont établis 318 Géographie. “ dans cette ville à certaines conditions, l’une des- « quelles est la liberté d’y faire une profession pu- « blique de la religion musulmane, d'y avoir des “ mosquées, et d’exercer toujours la dignité de vizir + du roi. Celui qui remplit aujourd’hui la place de « vizir, est un d’eux nommé Ahmed ben-Kouya. « Quand le roi des Khozars est en guerre avec les « Musulmans, ils se tiennent dans son armée, mais “ sans combattre, parce qu'ils ne combattent point « contre les gens de leur religion; du reste, ils com- « battent avec lui contre tous les autres peuples. » Masoudi décrit leur armure, et observe que de son temps il y en avoit sept milles qui servoient dans l’armée du roi de Khozar. Il ajoute une multitude de détails infiniment curieux , et tres-circonstanciés, dont je suis surpris que d’Herbelot n’ait pas fait usage pour compléter l’article Khozar, dans sa Bibliothé- que orientale. Je me propose de donner tout ce cha- pitre de Masoudi dans le recueil des Notices et Ex- traits des manuscrits de la Bibliothéque nationale. Quant à la ville d’#mol, je soupçonne qu'il faut lire dans Masoudi comme dans Ebn-Haukal, te/, et que cette ville portoit le même nom que le fleuve Volga sur lequel elle étoit située. Masoudi remarque ailleurs que dans un autre royaume de ces contrées, qu’il nomme le royaume des Zerdenghan, c’est-à-dire, des fuiseurs de cui- rasses , la population es tcomposée de Chrétiens , de Juifs et de Musulmans. Mais revenons à Ebn-Haukal. La description du Khorasan et celle du Mawa- ralnahr sont extrémement détaillées , soit qu'Ebn- Ebn - Haukal. 319 Haukal se soit effectivement plus étendu sur ces deux grandes provinces que sur les autres, soit que son traducteur persan ait jugé à propos de le moins abréger ici. La première supposition paroîtra plus vraisemblable, si on fait attention à l’usage très- fréquent qu’Abou’lféda fait d'Ebn-Haukal dans la description du Khowarezm et du Mawaralnabr. Le tableau que notre auteur nous offre du Mawa- ralnabr est celui d’un état florissant , rempli d’une immense population , enrichi par l’agriculture et par le commerce , servant d’entrepôt et de communica- tion au commerce de l’Inde , et des extrémités orien- tales de l’Asie avec le nord de l'Europe. Les relations de commerce qui existoient du temps d'Ebn-Haukal et au commencement du IV. siécle de lhégire, entre le nord de l’Europe et la Mawaralnahr par le moyen des fleuves qui se jettent dans la mer Cas- pienne, sont bien prouvées par le grand nombre de monnoies des Samani, frappées à Samarcande , à Balkh, à Bokhara et autres villes du Mawaralnabr, que l’on a trouvées, dans le siécle dernier, dans la Poméranie, aux environs du lac Ladoga, et sur les bords de la Baltique. On verra sans doute avec plaisir une partie des traits généraux par lesquels ÆEbn-Haukal peint l’état florissant du Mawaralnahr. « La province de Mawaralnahr est une des pro- « vinces les plus florissantes et les plus riches de “ toutes les contrées musulmanes. Les habitans sont « distingués par leur probité et leur vertu ; ils sont « ennemis de toute mauvaise action , et entretien -« nent la paix avec grand soin. La fertilité et la 320 Géographie. “_ richesse de cette province est telle, que si toutes « les autres étoient afiligées d'une disette ou d’une « famine , elles trouveroient des provisions suflisan- « tes, dans les grains mis en réserve l’année pré- « cédente dans le Mawaralnakir. Toutes sortes de « denrées et de fruits s'y trouvent en abondance, « et les eaux y sont délicieuses. Le bétail y est ex- « cellent, et partout on fait le, plus grand cas du « mouton du Turkestan, de Gaznin et de Samar- « cande. « Le Mawaralnahr fournit des soies écrues , des « Jaines, et des crins en grande quantité. Les mines « de ce pays donnent de l’argent et-de l’étain en « abondance , et ces mines sont meilleures que toutes « les autres mines, excepté celles de Pendjhir; « mais les mines du Mawaralnahr , donnent le meil- « leur cuivre et le meilleur vif-argent; elles pro- “ duisent d’autres’ substances minérales, et c’est » dans le Mawaralnahr que l’on recueille tout le «“ sel ammoniac qui se consomme dans le Khorasan. « Nulle part on ne trouve de papier pareil à celui « qui se fabrique à Samarcande. » [ On savoit déja que la fabrication du papier de chiffon étoit venue de Samarcande à la Mecque, et que l’Europe devoit cette sorte d'industrie à ses communications avec les Arabes ].. « Les fruits sont si abondans à Sogd , “ Asterschineh (lisez Osrouschna ) iFergana , et Schasch , qu’on en nourrit les -bestiaux. Le muse, « importé du Tibet dans le Mawaralnahr, est ex- « porté de-là dans tous les pays de la terre. Les ‘ peaux de renards, de martres et d’hermines, se « trouvent a Fos Ebn-Houkel. 821 trouvent dans les bazars du Mawaralnahr (p. 233). « Telle est la générosité et la libéralité des habi- tans du Mawaralnahr, qu'aucun d'eux ne manque à exercer l’hospitalité : en les envisageant sous ce point de vue, on croiroit que toutes ces pro- vinces ne font qu’une seule maison. Quand un voyageur arrive dans ce pays, chacun tâche de l’attirer chez-soi, afin d’avoir occasion .d’exercer l'hospitalité envers un étranger; et la meilleure preuve de leurs dispositions à obliger, est qu’un paysan qui,.ne possède que le plus étroit néces- saire, réserve une portion de sa chaumière ‘pour loger un -hôte..... L'auteur de cet ouvrage dit en propres termes à ce sujet : Un jour que je me trouvois à Sogd, je remarquai.un grand édifice , dont les portes ouvertes éioient attachées sur la muraille ayec des clous. J’en demandai la raison, et on me dit, que depuis plus de cent ans, ces portes n’avoient jamais été fermées, et que jour et nuit:.elles étoient toujours demeurées ouvertes ; que les étrangers pouvoient y entrer à toute heure, et en quelque nombre qu’ils fussent , le maître de cette maison ayant eu soin de la pourvoir de tout ce qui pouvoit, être nécessaire pour eux et pour leurs montures ; qu'il ne paroissoit jamais plus satisfait -et de meilleure humeur, que quand ses hôtes faisoient chez lui quelque séjour. Dans aucun autre pays je n’ai jamais oui dire rien de semblable. Les riches et les grands seigneurs des autres pays employent volontiers leurs richesses à combler de bienfaits quelques favoris, ou à se procurer Tome FI, X 322 Géographie. « des jouissances sensuelles, et à satisfaire leurs passions. Les habitans du Mawaralnahr au con- traire emploient leurs facultés d’une manière plus utile et plus raisonnable, et se servent de leurs richesses pour construire des caravansérais , des ponts et autres édifices de ce genre. Vous ne voyez dans tout le Mawaralnahr , aucune ville, aucune station de voyageur, aucun lieu désert même, où il ne se trouve, pour la commodité des voyageurs , une auberge fournie de toutes les choses nécessaires. On m’a assuré qu’il y a dans le Mawa- ralnahr plus de deux mille auberges de ce genre, où les voyageurs, en quelque nombre qu’ils arri- vent, sont assurés de trouver à manger pour eux, et du fourrage pour leurs bêtes. Le même auteur ajoute : une personne digne de foi qui accompa- gnoit Naser Ahmed (1. /£/s d’ Ahmed) dans la guerre de Samarcande, m’a assuré que son armée étoit, en plus grande partie, composée d'hommes du Mawaralnahr : jai oui dire que [ le khalife ] Mo- tasem ayant écrit à Abd-allah fils de Taher, et à Nouh, fils d’Asek [il semble y avoir ici quelque omission ], la réponse d’Abd -allah fut que l’on comptoit dans le Mawaralnahr 300,000 Kulab, qui fournissoient chacun un cavalier et un fantassin, et que, quand ces soldats étoient absens pour une expédition , leur absence ne se faisoit pas sentir dans la province. On m’a assuré que les habitans de Fergana et de Schasch sont en si grand nom- bre, si bien disciplinés et équipés, qu'aucun pays musulman ne sauroit rivaliser avec eux. Dans Ja Lu Ebn- Haukal. 323 classe inférieure, il y a des fermiers qui possèdent depuis cent jusqu’à cinq cents têtes de bétail. Aueune nation n’est plus obéissante à ses souverainss les soldats turcs ont toujours eu la préférence sur tous les autres, et les khalifes les choisissent tou- jours, à cause de la supériorité de leur service , de leur caractère docile , de leur bravoure et de leur fidélité, ( p. 234 et suiv. ). De ces notions générales, passons à quelques cir- constances particalières dignes d’observation. « La contrée montagneuse qui forme la lisière du Mawaralnahr du côté du Tibet, est très-peuplée, bien cultivée , abondante en fruits, et en bétail excellent. L'air y est extrémement pur et très- sain (pag. 239 ). Khowarezm est le nom d’une contrée qu’il ne faut pas confondre avec le Kho- rasan. Elle est entourée de déserts de toutes parts, D'un côtéelle confine à Gaznin, c’est la partie occi- dentale [ Je soupconne ici quelque faute ]. A l’ouest et au midi, elle est bornée par le Khorasan et le Mawaralnahr. Après Khowarezm et le Djihoun on ne trouve plus aucune ville jusqu’au lac [le lac Aral]. Khowarezm est au nord du Djihoun : au sud est Corcandje; c’est une ville plus petite que Khowarezm ; mais elle sert de passage pour plu- sieurs autres contrées. Il part de Corcandje des caravanes pour le Khorasan , le Djordjan, Gaz- na et le pays de Khozar. Le Khowarezm de- vroit donc se trouver moitié sur la carte du Kho- rasan et moitié sur celle du Mawaralnahr ( page 240 €t 241 ). X 2 324 Géographie. © « Surles bords de la mer ou du lac de Khowarezm «* est une montagne nommée Tchagagher : il y a « de la glace dans ces lieux presque ‘jusqu’à la‘fin « de l'été. Ce lac a cent parasanges de circonférence. « Les eaux en sont salées où amères Le Djihoun, la rivière de Schasch et beaucoup d’autres ÿ dé- « chargent leurs eaux, sans que celles du Jaé'en « reçoivent un accroissement sensible. On suppose « généralement qu’il y a une communication entre « ce lac et la Mer Caspienne, qui en est éloignée « de vingt journées de marche ( p. 244 ). © « Khowarezm est une ville abôndamméent poürvue « de fruits et de toutes sortes de denrées. On n’ÿ « trouve cependant aucuns noyers. On y fabrique « des toiles de fil, des étoffes de laines et des bro- « cards, Les-habitans ont une très-bonne renommée “ et des manieres tres-polies; les gens de ce pays “ sont grands voyageurs : il n’y a point de ville « dans le Khorasan où on°ne trouve une colonie «“ de Khowarezmiens.. . La'‘ville de Khowäarezm tire “ ses richesses de son Commerce ; on y trouve des « tapis de Siklab (le pays des Slavons ) et de Khozar, « et on y apporte, de cette dernière contrée, les “ peaux de renards, de martres, de zibelines et e d’hermines ( p. 244). « On trouve à Fergana des mines de sel ammo- «“ niac, de vitriol, de fer, de cuivre et de vif- « argent, d’or et de turquoise, Dans les montagnes « de ce district il y a des sources de naphte , de « bitume et de résine [ peut-être faudroit-il traduire de petrole ; les résines ou gommes résines appar- _Ebn-Haukal. 325 tiennent au regne végétal ]. On y trouve aussi « C1 - « une pierre qui prend feu et se consume. On y voit des eaux qui sont gelées en été, et chaudes au, fort'de l'hiver ( p. 250). « Dans le territoire de Samarcande et au nord de cette ville, sur une montagne nommée Sarouan et dont les environs forment un district de dix parasanges d’étendue , étoit un édifice nommé Zé- rougherd que les chrétiens avoient bâti pour l’exer- cice de leur religion (p.257). L'auteur avoit fait . pareillement mention ( p. 218), d’une église chré- tienue dans un lieu nommé Sicca, sur une monta- gne à deux parasanges de Hérat dans le Khorasan, L'auteur remarque ( p. 228 ), que toutes les affaires commerciales se font à Samarcande avec de l’or et:avec des monnoies d'argent qu’il nomme Direm Ismaïli schikesteh , c’est-à-dire monnotes 7 F1] .. Cv it" . . d'argent d'Ismaël brisées : il y a aussi une autre monnoie nommée Mohammédi, qui n’a cours dans aucune autre place que dans le territoire de Samar- cande. Ce passage est remarquable , 1.° parce qu’il sem- ble , si la traduction est fidelle , indiquer qu'on n’employoit point dans le commerce de monnoie d’or, mais l’or en barres, et en effet, quoique lon connoisse beaucoup de monnoies des Sama- ni, on nen a trouvé jusqu'à présent aucune en or ni en cuivre. 2.9 À cause du mot schikesteh (rompu) : cela veut-il dire qu’on ee que les monnoies d'argent d’Ismael | premi rince Sa- mani , mais qu’on les employoit seulement brisées , X 3 326 Géographie. et comme matière à un certain titre en Îles prenant au poids , ou bien ces monnoiïes auroient-elles été ainsi nommées, comme Je caractère persan usité aujourd’hui dans l'Inde , à Mascate , etc. , parce que la gravure en étoit d'un travail inférieur à celui des monnoies des khalifes. C’est ce que je ne sau- rois décider; cependant, comme le caractère arabe des monnoies d'argent des premiers princes Samani est d’une forme régulière et très- lisible , la pre- mière explication me paroît plus vraisemblable. Qu'il me soit permis, pour compléter cet extrait, de joindre ici plusieurs particularités détachées qui pourront intéresser le lecteur, maïs que je n’ai pu faire entrer dans le corps de cette notice. Päg. 68. Ebn-Haukal ayant dit que Kerbéla est située à l’ouest de l’Eufrate , ajoute, suivant M. Ouseley : Samirrah est aussi située à l’est : mais le texte, rapporté au bas de la page, signifie, Sa- mirrah toute entière est sur la rive orientale du fleuve, Pag. 78. Ebn-Haukal parlant d’un lieu du Khou- zistan qu’il nomme 4se/, dit qu’en ce lieu se donna une bataille où 40,000 Schérah défirent l’armée de Bagdad qui étoit de 100,000 hommes, Le mot Sckérah ou plutôt Schorët , est un des noms sous lesquels on désigne les Kharedji ou sectes hérétiques et rebelles qui, à des opinions outrées sur les droits d’Ali et des Imams, joignoient des dogmes impies et la ré- volte contre les souverains. Voici ce que Makrizi dit sur l’originggt la signification de ce nom. “ On a. à les Kharedji ScAorät, mot dont le « singulier est schari, et qui vient de la racine schara : Ebn - Haukal. 327 « ce mot se dit proprement d’un homme qui fait des «“ instances importunes, et qui s’acharne à vouloir - vendre quelque chose. Les Kharedji disoient : nous «“ avons vendu nos ames [ c’est-à-dire nous nous som- «“ mes vendus nous-mêmes scharaïna anfousane ] à = la religion de Dieu, et c’est pour cela qu’on nous « appelle Schorät. Mais d’autres prétendent que ce « nom Jeur fut donné à cause de cette expression « vulgaire scharaïlohou qui signifie, j'ai eu que- « relle avec quelqu'un , j’ai disputé contre lui : enfin « d’autres observent qu’on dit aussi schara dans le « sens de s’emporter de colère , et assurent que ce « nom leur fut donné à cause de leur emportement « contre les bons musulmans. » (P. 94.) Ebn-Haukal, parlant d’une place nom- mée Said-abad , dit qu’elle fut la résidence de Ziad ben-Ommiah. C’est ainsi qu’on lit dans l’ou- vrage que nous avons sous les yeux ; mais c’est une faute, et il faut lire Ziad ben-abihi, c’est-à-dire , Ziad fils de son père. Ce Ziad, qui fut gouverneur de Basra et de Cufa da temps du khalife Moawia, étoit ainsi nommé, parce qu'il étoit fils d’un pere incertain. (P. 78.) Suipant l'édition et la traduction de M. Ouseley, Haï est une ville du Khouzistan , de laquelle dépend un territoire en culture et de grandes plantations de palmiers. Elle avoit donné la nais- sance à Abou - Ali imam, ou chef de la secte des Motazales. Cette circonstance prouve que le nom de cette ville ne doit pas être lu Haë, mais Djobka ; car il s’agit ici d'Abou-Ali Mohammed, fils d’Abd- X 4 328 Géographie. alwahhab, surnommé Djoblaï , du lieu de sa nais- sance, comme on peut le voir dans le Specimen his- toriæ Arabum de Pococke, dans la description du Khourestan où Khouzistan d’Abowlféda, et dans les Annales du même auteur , à l’an 303. Ebn-Haukal, comme nous l'avons vu précédem- ment, n’a pas manqué de nous instruire que trois langues étaient en usage dans Je Farsistan. Il est rare qu'il ne fasse quelque observation de ce genre sur chacune des provinces dont il parle. Parlart de Ja montagne voisine de Derbend, qu’il nomme Æ4dib (si son texte est exact), et qui ne peut élire autre que le Caucase, il dit (p. 159. ) qu’elle renferme plus de soixante-dix tribus ou nations différentes , qui ont chacune un langage particulier, et ne s'entendent point les unes les autres ; observation qui se trouve aussi dans Masoudi. Dans le Khouzistan, on parle tointntinétéetié l'arabe et le persan; mais il y a aussi un dialecte particulier à cette province ( p. 76), Le persan est le langage commun des habitans du Kirman ; mais la nation nommée Koutche a une langue particulière, ainsi que les Boloutches( p.145). Dans le Mécran, outre le persan, on parle une langue particulière à cette province ( p.142). Les langues arabe et persane sont entendues dans les provinces d’Arran, d’Aderbidjan et d'Arménie, À Ardébil, on parle aussi l’arménien. Il y a une langue particulière dans la contrée montagneuse de Berdaa ( p. 163). Les habitans du Tabarestan ont un langage parti- Ebn-Haukal. 329 culier, qui n’est ni larabe, ni le persan; et dans plusieurs parties du Deilman (Duëlem ou Daïlom), Jeur langage n’est pas compris (p.174). Je traduis à la Jettre ce passäge, qui me paroît susceptible de deux sens. Dans la province de Gaur on parle le même langage que dans le Khofäsan'( p. 227 ). Sans doute Ebn- Haukal avoit fait , sur le langage des peuples du Kho- rasan , quelques observations qui ne se trouvent point dans sa traddction persane, ou que j’ai perdues de vue. Les poids, les mesures et les monnoies sont aussi le sujet de diverses observations de notre voyageur ; qui méritent d’être recueillies avec attention. En parlant du mont Bisatoun , Ebn-Haukal n’ou- blie pas de faire mention d’une caverne ou grotte qui se voit sur la ronte au revers de la montagne, et de laquelle sort une source. « On y a seuloté, dit-il, Ja « figure d’un cheval, et celle d'un Guebre [ c’est- à-dire, sans doute, d’un Persan antérieur à Pisla- misme , comme l'observe M. Ouseley], « assis sur « le dos du cheval » (p.172. ). À propos de la capitale de Arménie, qu’il nomme Deinel, où il y a, dit-il, beaucoup de chrétiens ou de juifs, et où l’on voit les églises mélées avec les mosquées,"il observe qu’on fait en ce lieu de belles tapisseries et de beaux tapis, et qu’on y fait la belle couleur nommée Kermez. « J’ai oui dire; ajonte-t:i}, « que le Kermez est une espèce de ver.» C’est la cochenille (p: 160. ). Les moulins à vent du Sédjestan (p. 205), l’éduca- tion des vers à soie à Mérou, sont encore des objets 330 Géographie. digues de remarque.» On travaille la soie à Mérou, « dit notre auteur ( p. 216 ). J'ai même oui dire que « l’art de travailler la soie a passé originairement de « Mérou dans le Tabarestan , et que l’on envoie « encore des autres villes chercher des œufs de vers « à soie à Mérou ( p. 216). » Finissons par dire un mot des Koutches et des Boloutches, peuples qui nous sont peu connus. «“ Au sud du Kirman, près de Ja mer, sont les « montagnes nommées Ké/fes... À l’est de la même « province, est Je désert qui s'étend vers les mon- « tagnes de Kéfes et la province de Mecran : au sud « sont les Bolontches... Dans les montagnes voisines « d’'Ormuz, il y a, dit-on, beaucoup de terres en « culture , de bétail et de places fortes. Chaque mon- “ tagne a son chef particulier , qui reçoit une sorte « d’investiture du sultan ou souverain. Ces gens-là «“ infestent les routes du Kirman jusqu’à la province « de Perse et au Sédjestan ; ils sont à pied et atta- - quent ainsi les passans. On dit qu’ils sont arabes « d’origine , et qu’ils ont amassé de grandes richesses. « Les Boloutches habitent le désert des monts Kéfes ; « Kéfes signifie Kouiche en persan [ c’est-à-dire « brigands ]: on appelle ces deux peuyles Koutch « et Boloutch. Les Boloutches sont un peuple qui « habite les déserts; [ il faut traduire : on appelle... Boloutch, ce qui signifie habitans des déserts, et c’est certainement le sens du texte rapporté dans l’ap- peudice p.287]: «ils infestent les routes, et ne res- “ pectent persoune (pag. 140 et I4ï }. p M. Ouseley a fort à propos congé une légère er- Ebn - Hankal. 59? reur de son texte manuscrit, qui contre l’autorité de tous les écrivains qui ont parlé des Boloutches en feroit un peuple honnête au lieu d’une nation de brigands. Il cite, à l'appui de cette correction, qui ne pou- voit souffrir aucun doute, les autorités des diction- naires persans Borhan-haté et Ferheng-sorouri. « Le Borhan-katé en parle ainsi : Koutch et « Boloutch. C’est le nom d’une certaine nation du « nombre de celles qui habitent les déserts : ceux- « ci habitent les montagnes qui sont sur la fron- + tière du Kirman. Ondit qu’ils descendent des Ara- « bes du Hedjaz : leur métier n’est autre que de se « battre , de verser le sang , de voler et de détrousser « les passans. Si par hasard ils ne trouvent point … d'étrangers à piller , ils se tuent les unsles autres, « et se volent réciproquement. Les frères , les pro- « ches, les parens , les amis se battent les uns contre « les autres, et ils font grand cas de cette manière « de vivre (p. 289 ).» M. Ouseley croit que la tradition qui fait descendre ces hordes de brigands des Arabes du Hedjaz , peut avoir quelque fondement ; mais il faudroit, pour appuyer cette assertion,. d’autres preuves que les mœurs féroces des anciens Arabes et leur goût pour le sang et le brigandage. Il seroit injuste de croire que tous les peuples féroces et brigands dussent l’o- rigine de ces mœurs aux Arabes , et une émigration des peuples du Hedjaz, c’est-à-dire de l’Arabie oc- cidentale dans ces contrées orientales, me paroît peu vraisemblable, J’aimerois bien mieux croire que 303 Géograplies ces, peuples descendroient des Arabitæ de Néarque, dont le pays répondoit. à une portion des provinces de Kidj et Mecran. Je crois avoir fait connoître , avec impartialité, Jouyrage dont nous devons la traduction à M. Ou- seley ,tet avoir donné une juste idée de son mérite, et des défauts qui en rendent l’usage susceptible de difficultés et même de dangers. Je suis bien Join de vouloir, par cet exposé fidelle de mon opinion nuire au succès de: l'ouvrage ; ou diminuer en rien Ja re- connoissance justement due au savant dont le zèle promet d'enrichir la littérature orientale jusqu’à pré- sent si négligée. Je crois qu’il eût été à: souhaiter que le recueil de notes critiques et historiques, de recherches, de dissertations que M. Ouseley des- Une à éclaircir , rectifier et suppléer l’ouyrage d’Ebn- Haukal, eût paru en même temps. Peut-être en s’oc- cupant de cc travail, et surtout en comparant tou- jours Abou’lféda et l'Edrisi avec san texte persan, M. Ouseley auroit-il trouvé le moyen de faire dis- paroître les taches qui déparent cet ouvrage. De courtes notes mises au bas de chaque page auroiéent servi de guide au lecteur, et lui auroient facilité lusage des descriptions Ebn - Haukal. Quant aux dissertations et aux recherches savantes sur les an- tiquités religieuses et historiques, sur les sciences, lessarts, les mœurs, la littérature, la chronologie, les monumens , la bibliographie, etc., ou M.Ouseley en;auroit fait la matière d’un volume séparé, ou il auroit attendu que ses lectures, et les voyages qu’il médite l’eussent mis à portée de traiter ces sujets im- Lbn-Hauftal. 333 portans ayeG plus d’étendue, et sans être géné par les bornes d’un commentaire. Je finis, en observant que, je n’ai pas prétendu donner i ici un travail complet sur Ebn-Haukal ; que j'ai recueilli seulement une partie des observations que n’a sugsérées une simple lecture faite avec at- tentions et avec le secours de la géographie d’A- bou'lféda ; que plusieurs, noms propres, et divers faits « qui m'ont paru suspects sont restés tels que je les ai trouvés, et n'ont été ni vérifiés, ni discutés, parce que je ne devois donner à cet extrait, ni le temps ni les recherches que je me croirois obligé de consacrer à un ouvrage dont je serois l'éditeur ou le traducteur: J'aurai suffisamment remplile but que jé me suis proposé, si j'ai donné unerjuste idée de celui quitest Je sujet de cette notice. | 18. DES. | NB. Dans Ja première partie de cet extrait, p. "35 de ce volume, note (2), suppfimez ces MOIS : et de la partie de l'Europe soumise aux Turcs. BIOGRAPHIE. EXTRAIT de l’Eloge de Charles- Louis L'HÉRITIER ,. lu à la séance publique de l'Institut national, le 15 germinal an 5, par G.CUVIER, l’un des secrétaires de la Classe des sciences mathématiques et phy- siques. | L ES hommes dont la classe de physique vous a récemment entretenus dans cette enceinte. avoient vu couronner par une vieillesse. longue. et hono- rée , des jours consacrés à J’étude de la nature et à l'instruction de leurs semblables. Les regrets de leur perte étoient en quelque sorte tempérés par le souvenir de leur vie, et l’observateur conser- voit toute Ja tranquillité nécessaire, pour tracer l'histoire de leurs efforts et de leurs succes. Aujourd’hui nous avons à remplir un plus dou- Joureux ministère, il faut vous parler d’un homme qui sacrifia aux sciences sa fortune et son repos, qui lutta pendant longtemps avec la force d’une ame brûlante contre des obstacles de tout genre, et qu’un crime plus inconcevable encore qu’il n’est atroce, a enlevé dans la force de l’âge, et au moment où il entrevoyoit enfin la possibilité de mettre à exécution , les vastes projets qu’il avoit conçus. Charles-Louis L'IDÉRITIER naquit à Paris en 1746. L'Héritier. 335 Sa famille tenoit un rang distingué parmi les né- gocians, et jouissoit d’une fortune assez considé- rable. C’est à peu près dans cette condition moyenne que se trouve, dit-on, le bonheur ; et cela est vrai si le bonheur consiste dans le repos; maïs ce n’est pas celle qui excite le plus à cultiver les sciences : trop élevée pour qu'on y sente l’aiguil- Jon du besoin, elle ne l’est pas assez pour qu’on y soit tourmenté par l’ambition ; la passion de la gloire peut seule y porter à de grands trayaux. C'est déja un mérite à l’Héritier, d’avoir senti qu'il pouvoit faire mieux que de végéter dans des charges obscures, ou de distraire, par une ostentation vauiteuse , le besoin de se distin- guer , qui fit toujours la base de son caractère ; mérite d'autant plus grand qu’il fut presque toute sa vie dans la nécessité de résister aux préjugés, aux sarcasmes , aux persécutions même de gens qui ne concevoient pas qu’un sécrétaire » du roi, membre de cour souveraine, püût desirer une autre illustration. Il est probable qu'avec de telles dispositions, quelque science qu’il eût embrassée , il y auroit obtenu des succès. La place par laquelle il débuta dans la magistrature , détermina son choix pour la botanique. Reçu en 1772 procureur du roi à la maitrise des eaux et forêts de la généralité de Paris, il ne voulut point se borner à connoître les formalités de sa juridiction ; tout ce qui étoit relatif à l’amé- 336 Biographie, lioration. des_bois, excità ses recherches. Une-fois livré à à l'étude de la culture et de la physique VÉgÉz tale, il voulut examiner en détail les différentes espèces d’axbres , et 1] parvint, en peu, de: temps à les connoître.si bien, qu'il distinguoit, ceux.de noire pays à toutes les distances, par la forme générales par la distribution. des branches. par J’écorce,,.et par une foule d’autres caractères auxquels les bota: nistes de profession ne s’attachent peut-être pas assez. Dans lesicourses qu’il étoit, obligé, de, faire avec ses collègues, il les défioit à cette sorte d’exex- cice; et, à force de renchérir Jesus sur lessautres, on arrivoit . ordinairement, à à des, questions que Jui seul pouvait. résoudre ; le moindre. fragment , de branche, le Plus, Jéger brin d'écorce Jui sufisoient pour prononcer l'espèce d'arbre, dont ils étoicné Drorcaue FOIRE LS ” : 3 _ Ce n’étoit. pas là. encore, tout-à- fait AA la bota- nique ; un événement Peu, important. par lui- -même lui fit franchir le court intervalle qui.len.séparoit, Un jour qa il, se promenoit : au Jardm des Plantes avec ses confières, ils s’amuserent de nouveau à nommer les arbres qu’ils -rencontroient. Ce jeu réussit assez bien pour les premiers , ils étoient du pays; mais quand on fut, au quatrième, qui étoit un micocoulier ” personne, ne Je reconnut;, quoique de "pleine terre , et on fut obligé, d’en demander le nom à un garçon jardinier. Cette espèce d’affront , essuyé par le tribunal des eaux.et forêts en corps, piqua au vif l’amour- propre de l’Héritier ; il sentit qu’il étoit honteux pour L’Hériier. 337 pour lui de me pas connoître au moins ceux des arbres ét: angers qui pourroient être naturalisés chez nous avec avantage, et il suivit un cours de bota- nique ; ce fut alors qu’il se lia d’amité avec plu- sieurs botanistes célebres, dont il est devenu depuis le confrère à l’Académie et à l’Institut. Il ne pouvoit, par caractère , ,s’occuper d’une science sans avoir aussitôt le desir de s'asseoir au rang des maîtres. Îl se hâta donc de jetersun coup-d’æœil sur Ja botanique en général , et, de cher- cher la partie de cette science où il pourroit le plus aisément réparer le temps qu'il avoit pds et arriver à des découvertes. Dans l’histoire de Lemonnier, je, vous.ai peint une botanique qu'on peut appeler celle de. l’homme sensible ; elle contemple, dans les végétaux, l’é- légance et la symétrie de leurs formes, la frai- cheur et l'éclat de leur couleurs; elle y étudie cet accord de toutes les parties, cette marche régulière de leur développement qui la: ramènent sans cesse vers l’idée d’une intelligence ordon- natrice. ]l en est une autre moins livrée à l’ima- gination, plus froide dans ses vues, plus sévère dans ses travaux, plus sèche dans son style; elle distingue, elle dénombre toutes les plantes, elle assigne à chacune d’elles son nom et son rang elle détermine les caractères auxquels on doit les reconnoître ; elle tient en quelque façon le re- gistre du règne végétal , et son principal soin est de J’enrichir de tous les objets nouveaux que fournis- Tome FI. si 338 Biographie. sent les divers climats ; c’est la botanique du nomert= clateur, celle que lHéritier adopta de préférence. Il en est bien encore une troisième, qui prend un vol plus élevé, qui cherche à fixer les rapports des nombreuses familles des plantes, et à réduire sous des lois générales , la variété si bizarre en ap- parence de leur structure : on pourroit l’appeler la botanique du philosophe. Mais cette dernière facon de considérer la science occupa peu l’Héritier; rigoureux sectateur d’une partie seulement, des idées de Linnæus, il écarta toujours de ses ouvrages ce qui étoit étranger aux méthodes artificielles du maître qu’il s’étoit choisi, et soit qu’il estimât peu les vues des botanistes modernes; soit qu'il se défiât de ses propres for- ces et n’osât s'engager à leur suite, il n’a jamais voulu participer aux efforts qu'ils ont faits pour perfectionner les familles naturelles. Cependant, il faut avouer que sil se concentra dans un genre un peu borné, il fit du moins les plus grands efforts pour y arriver à la perfection, et qu’il en a fort approché. Ses ouvrages de botanique sont estimés dans toute l’Europe , pour l’exactitude des descriptions , la minutieuse recherche des caracte- res, la grandeur et le fini des planches. Je parle à dessein de ce dernier article, parce qu'il est très-important en histoire naturelle, où nulle description ne peut suppléer aux figures, et où les plus grands talens ne suffisent pas pour faire de bonnes figures, s’ils ne sont dirigés par la L'Héritier. 339 science ; il seroit donc injuste de refuser aux au- teurs leur part de ce mérite, surtout il le seroit de l'enlever à lHéritier, qui sut, non-seulement bien choisir , encourager à propos, et diriger avec habileté les artistes qu’il employa, mais qui sut même en former. Redouté et Sellier reconnoissent qu’ils lui doivent en grande partie le développe- ment de leur talent. On lui a reproché d’avoir changé une partie des noms donnés aux plantes par ses prédécesseurs. Linnæus, qui a changé presque tous ceux de la bo- tanique, est seul parvenu à vaincre, à cet égard, l'inertie qui s’oppose toujours aux améliorations, parce que les améliorations sont des nouveautés ; tant qu'il a vécu il a été l’arbitre souverain de la science, et l’Europe entière a suivi aveuglément sa nomenclature ; mais depuis sa mort nul n’a pu ou n'a osé se placer sur ce trône vacant, l’histoire naturelle semble être tombée dans une espèce d’a- narchie, et la seule loi qui ait été un peu généra- lement reconnue, c’est qu’on doit adopter le nom imposé par le premier deseripteur. L’Héritier n’é- toit point de cet avis, 1l vouloit que même, pour la nomenclature, le premier venu cédât au meil- leur, et que celui qui décrivoit et nommoit mieux, eût le droit incontestable de déposséder l’ancien. Nous ne déciderons pas jusqu’à quel point son principe étoit fondé, mais nous assurerons qu’il ne l’appliquoit à son avantage qu’avec le plus grand scrupule , et qu'il faisoit tout pour acquérir lui- Y'a 340 Biographie. même ces titres qu'il exigeoit de quiconque veut imposer des noms. Les descriptions n’étoient jamais faites que sur des plantes vivantes, et dans le plus parfait état de développement ; il rejetoit les échantillons des- séchés et souvent mutilés, qui n’ont que trop été employés par ses prédécesseurs : lorsqu'il apprenoit qu’une plante rare étoit en fleur dans quelque jar- din, il s’y transportoit aussitôt ; il récompensoit généreusement de jeunes botanistes qui visitoient sans cesse pour lui les jardins de Paris et des en- Yirons , dans un rayon de plusieurs lieues , et qui notoient toutes les circonstances de la végétation des espèces nouvelles, ou mal décrites auparavant. Son premier ouvrage a pour titre S$/irpes noæ . (Plantes nouvelles). 11 commenca à le publier en 1784. Il en a fait paroître sept cahiers , contenant quatre-vingt-seize planches avec les descriptions. Il publia, en 1787, quarante-quatre autres planches qui devoient faire suite aux premières, et qui repré- sentoient des Geranium; mais leur texte, quoique imprimé depuis longtemps , n’a point été mis en vente. En 1788 parut , toujours dans le même for- mat, une histoire particulière des cornouillers , ac- compagnée de six planches. Malgré la rapidité avec laquelle ces ouvrages se succédèrent, l’impatiente ardeur de l’Héritier n’en étoit point satisfaite. Ces plantes étrangères, arri- vées une à une dans nos jardins, n’étoient que quel- ques gouttes d’eau pour une soif brülante; il ne L'Héritier. S4t pensoit qu'avec une espèce d’envie au sort de ces botanistes, qui moissonnoient à leur aise des ri- chesses nouvelles dans des contrées lointaines ; puisse au moins quelque voyageur, s'écrie- t-il à ce sujet, dans la préface de ses Sétirpes novæ , con- Jier à nos sains La publication de ses découvertes , ce seroit un dépôt commis à notre foi; sa gloire et ses irésors seroient en sûreté, et oubliant nos pro- pres {rüvaux , nous nous honorerions d’être les sim- ples éditeurs des siens. Son vœu ne tarda point à être exaucé ; Dombey étoit revenu, en 1786, du Pérou et du Chili, avec une grande collection d'objets d’histoire naturelle en tout genre, qu’il avoit recueillie pour le gou- vernement français, de concert avec d’autres sayans envoyés par le gouvernement espagnol. L’Héritier apprenant que ce voyageur sollicitoit en vain depuis longtemps du ministre de Calonne les avances nécessaires pour la publication de ses découvertes, s’offrit de publier, à ses propres frais, toute la partie botanique, et obtint que Dombey lui remettroit ses herbiers , et recevroit en dédom- magement une pension annuelle. Cet, arrangement le transportoit en quelque sorte dans ces climats étrangers qu’il brûloit de visiter, et lui donnoit la disposition absolue d’une immense quantité des seules richesses qu’il enviât. Aussi son zèle sembla-t-il redoubler; en peu de jours tout fut mis en ordre, peintres, graveurs furent man- dés ; et déja l’ouvrage étoit fort avancé, lorsqu’une nouvelle inattendue vint troubler sa jouissance. Y 3 342 Biographie. Les Espagnols voulant publier eux-mêmes l’his- toire naturelle des contrées qu’ils avoient fait exa- miner , desirèrent que les recherches de Dombey ne parussent point avant les leurs; et la cour de France, qui se gardoit bien, et avec raison, de comparer la publication d’un livre de plus ou de moins sur la botanique avec l’amitié d’une grande puissance, ne fit aucune difficulté d’accéder à la demande de celle d'Espagne. L’Héritier étant un jour par hasard à Versailles, apprend que l’ordre vient d’être donné à M. de Buffon de se faire remettre l’herbier de Dombey, et que cet ordre lui sera signifié le lendemain. Frappé de terreur, il revient en hâte à Paris, il ne consulte que son ami Broussonnet ; bientôt son parti est pris, vingt ou trente layetiers sont appe- lés; on passe toute la nuit à faire des caisses. L'Héritier, sa femme, Broussonnet et Redouté emballent l’herbier, et des le grand matin il part en poste avec son trésor pour Calais; il n’est tran- quille que lorsqu’il a touché le sol de l’Angleterre. Il passa quinze mois à Londres, vivant dans la retraite la plus absolue, et ne s’occupant que de la collection précieuse qu’il y avoit portée. Les se- cours de toute espèce lui furent prodigués par son travail ; la bibliothéque de M. Banks lui fut tou- jours ouverte ; l’herbier de Linnæus, acheté par le docteur Smith ; ceux de tous les botanistes anglais Furent à sa disposition, et il réussit à terminer cet ouvrage qu’il devoit publier sous le titre de Flore du Pérou; on m'a assuré du moins qu’il en rapporta L’Héritier. 343 le manuscrit complet. Il avoit fait venir Redouté à Londres pour en dessiner les figures ; soixante ont été absolument finies, et plusieurs sont gravées. Dans ses momens de relâche, il visitoit les jar- dins des environs de Londres, et faisoit peindre les plus magnifiques des plantes qui en font l’orne- ment. Ces figures, superbement gravées , furent publiées à son retour sous le titre de Bouquet an- glais (Sertum anglicum ). Le livre fut dédié aux Anglais, et tous les nouveaux genres qui y sont décrits, reçurent les noms de botanistes anglais, manière ingénieuse et délicate de témoigner sa re- connoiïssance de l’accueil qu’ils lui avoient fait. C’est le plus beau et le dernier des ouvrages qu’il a mis au jour; ce n’est pas, à beaucoup près, le dernier qu’il ait composé, mais plusieurs causes que Je vais développer l’empéchèrent de rien faire paroître depuis. Il n’étoit revenu d'Angleterre que lorsque la ré- volution l’eut rendu certain qu’on ne lui enleveroit plus arbitrairement l’objet d’un travail chéri; dès- lors il fut presque constamment dans des fonctions publiques très-actives , qu’il prit d’abord seulement par zele,, et que la diminution de sa fortune l’obli- gea ensuite de desirer comme ressource ; il n'eut done pendant longtemps ni le loisir ni le moyen de continuer ses grands ouvrages. Cependant l’a- mour des plantes le possédoit toujours; ayant été employé pendant quelque temps au ministere de la justice, il ne pouvoit s'empêcher de recueillir, en entrant ou en sortant de son bureau, les mous- Y 4 344 Biographie. ses, les Jichens, les byssus. et les petites herbes qui se présentoient sur les murs ou entre les pavés, et c’est un fait assez remarquable d'histoire natu- relle, qu’en une année il en observa seulement dans les environs de la maison du ministre , plusieurs centaines d’espèces dont il se proposoit de publier le catalogue, sous le titre qui auroit semblé un peu singulier en botanique, de Flore de la place Ven- dôme. D'ailleurs les soins qu’il se donna depuis son re- tour d'Angleterre , pour se former une bibliothéque, prirent tous les instans que ses emplois lui laissoient, et absorbèrent tout ce dont il auroit pu disposer pour des publications. 11 avoit vu à Londres le no- ble emploi que M. Banks fait de la sienne où il reçoit journellement les savans, et leur accorde le libre usage des livres qu’il contient ; le principal trait du caractere de l’Héritier étoit l’ambition d’égaler , de surpasser même tout ce qui se faisoit de bon et de généreux. Ce qui lui restoit de superflu fut donc désormais employé à rendre sa collection de livres digne d’être offerte aux botanistes , et elle devint en peu d’années la plus complète qui existe dans son genre en Europe ; elle embrasse tous les ouvrages dans quelque langue que ce soit qui trai- tent en tout ou en partie de quelque matière rela- tive aux plantes. Son ardeur pour acquérir des livres étoit dégé- nérée en passion, et il avoit fini par les estimer comme font tous les bibliomanes seulement, d’après leur rareté ; mais ce qu’il eut de plus singulier, eë L'Héritier. 349 peut-être d’unique, c’est qu’il voulut aussi donner ce prétendu mérite à quelques-uns des siens ; il y a de lui des dissertations qu'il n’a fait imprimer qu’à cinq exemplaires , et qu’il a distribuées à des per- sonnes différentes, de manière que nul n’en pût pos- séder la collection complète. Lorsque des financiers à vues étroites propo- sèrent , il] y a quelques mois, de faire payer aux citoyens l’entrée des bibliothéques et des autres monumens d'instruction publique, l’'Héritier résolut d’accorder sur le champ à tout le monde le libre usage de la sienne, Il étoit digne de donner une pareille lecon, mais les chefs du gouvernement étoient trop éclairés pour en avoir besoin; le projet fut rejeté, et l’'Héritier dispensé de donner trop d’éclat à sa munificence. C’étoit à force de privations qu’il se ménageoit les moyens d’instruire et de servir le public. Ses ouvrages étoient superbes, mais sa table étoit fru- gale et ses habits simples ; il dépensoit 20,000 fr. par au pour la botanique, et il alloit à pied. Cette distribution de son revenu étoit nommée par les gens du monde, folle prodigalité; s’il l’eût dépensé _avec de faux amis ou des bas flatteurs, ou seule- ment dans de vains plaisirs, tous l’eussent appelé un homme aimable, peut-être même ne lui eussent- ils pas refusé le titre de sage père de famille. Je vous ai peint jusqu'ici le savant, je voudrois bien peindre aussi le magistrat; mais aecoutumés que nous sommes aux habitudes des gens de lettres , hommes pour qui le fond des choses est tout, et 346 Biographie. qui ne s'occupent peut-être point assez de ces for- mes extérieures si influentes sur le vulgaire, ce n’est qu’avec un respect timide que nous approchons des augustes sanctuaires où se décident les intérêts des citoyens , de ces lieux où la gravité et le recueille- ment sont un devoir rigoureux, où la plus sublime vertu consiste à imposer silence aux vertus mêmes, pour peu qu’elles semblent s’opposer à l’ordre qu’on doit maintenir, où la générosité , l'humanité même deviendroient foiblesses si elles tentoient de résister à l’inflexible justice. Ce sont les sentimens mêmes de l’Héritier que j'exprime, et presque ses paroles que j’emploie. IL régla toujours son langage et ses actions sur ces maximes conservatrices de l’ordre social, et il obtint ce qui en est la suite ordinaire , le respect et la con- fiance de tous ceux qui le connoissent, et beaucoup d'autorité dans tous les corps dont il fut membre. La cour des Aides surtout, où il étoit entré en 1775, et qui l’eut longtemps pour doyen, ne déli- béroit dans aucune occasion importante sans recou- rir à ses avis; ayant d’y être admis, il jouissoit déja de l'intimité du chef de cette compagnie, ce grand et malheureux Malsherbes, dont il partagea la phi- Janthropie, l’austère vertu , l'oubli de soi-même, et jusqu’au genre favori d'occupation scientifique, et qui perdit comme lui la vie par un crime; mais plus solennel et proportionné, si on peut le dire, au rang qu’il avoit tenu et à l'éclat des services qu'il avoit rendus à son pays, à la philosophie et à ja liberté, AAFRERITIEN. +. 347 L’Héritier a été nommé deux fois, depuis la ré- volution, juge dans les tribunaux civils du dépar- tement de la Seine. Ses collégues ne parlent encore qu'avec un sentiment presque religieux de la manière dont il en a rempli les fonctions ; jamais, a dit l’un d’eux qui est en même temps un magistrat respec- table et un homme de lettres distingué, jamais le moindre nuage ne vint obscurcir la pureté de sa belle ame, jamais la moindre idée un peu douteuse n’altéra son imperturbable droiture! Il fit arrêter par le tribunal du deuxième arrondissement , qu’au- cun de ses membres ne recevroit de solliciteurs. Selon lui, cet usage d’entretenir son juge hors de l’audience est une insulte, et suppose ou qu'il ne prête pas aux parties l’attention qu’il leur doit, ou qu’il peut céder à des motifs qu’on n’oseroit pas lui alléguer en public. Cette rigueur des principes de sa profession in- fluoit comme :l est assez ordinaire méme sur ses habitudes privées; il eut des querelles littéraires qu’il soutint avec une chaleur que ses adversaires pommèrent âcreté; c’est que la justice étoit si sa- crée pour lui, qu’il ne se permettoit pas même de la violer contre lui ; quelquefois il ne mettoit dans ses rapports de société que de Ja stricte justice ; et quand même cette justice se seroit bornée à ne point Jouer ce qui ne le méritoit point, et ne seroit jamais allée jusqu’à blâmer ce qui pouvoit l’étre, on sent que le plus grand nombre des hommes auroient en- core trop à perdre à une pareille méthode, pour qu’elle puisse leur plaire. Q 348 Biographie. Cependant la seule vengeance qu'il se soit jamais permise, a été de choisir une plante de mauvaise odeur, pour lui donner le nom d’un botaniste dont il avoit à se plaindre. Au reste, ces dehors austères , que quelques per- sonnes affectoient de blämer , cachoient l’ame la plus humaine, Jes penchans les plus généreux. Ses l'béralités étoient immenses, et par une recherche dél'cate, son épouse , qu'une piété douce animoit, en fut, tant qu’elle vécut, la seule dispensatrice. Il sentoit que même dans sa bienfaisance , son carac- tère l’auroit encore exposé à ne vouloir être que juste ; et parmi tant d'hommes que l'imprudence et quelquefois le vice ont conduits au malheur, com= bien n’en repousseroit-on pas si le cœur ne l’empor- toit sur la raison ? Un magistrat de ses amis, qui occupoit une place supérieure à la sienne , étoit mort peu de jours avant lui, et laissoit une femme et des enfans sans for- tune ; l'Héritier, à peu près certain de lui succéder, avoit promis de donner à cette veuve tout ce que sa promotion lui apporteroit d'augmentation de re- venu ; ainsi son meurtrier a privé d’un seul coup deux familles de leur soutien. Il avoit perdu son épouse , Thérèse-Valère Doré, en 1794, après dix-neuf ans d’une union heureuse; elle lui laissa cinq enfans. Quoiqu'il fut encore dans la force de l’âge, son amour pour eux l’empêcha de se remarier : il se proposoit de surveiller par lui- même l’éducation de ceux qui étoient encore en bas-âge , d’assurer le sort de tous en rétablissant sa L'Heéritier, 349 fortune , et de mettre le sceau à sa gloire en termi- nant ses ouvrages. C’est ainsi qu’il espéroit partager le reste de sa vie entre ses devoirs de père, de ci- toyen et de savant. Sa vigueur et sa tempérance lui promettoient encore de longues années de bonheur , lorsqu'il fut arraché à toutes ces flatteuses espérances, de la ma- nière la plus funeste et la plus inattendue. Etant sorti, le 27 thermidor, fort tard de l’Institut, il fut trouvé le lendemain à quelques pas de sa mai- son, égorgé de plusieurs coups de sabre. Cette ville entiere a retenti du coup qui l’a frap- pé ; chaque citoyen a tremblé pour lui-même, en réfléchissant à un assassinat dont les motifs et les auteurs sont restés couverts d’un voile également impénétrable ; la police n’a rien publié, la justice n’a rien prononcé sur cet attentat, Je ne chercherai donc point à recueillir les conjectures vagues ou contradictoires qui ont cireulé un instant dans un. public également prompt à s’agiter sur tous les évé- nemens, et à les oublier tous. Mais réussirai-je à peindre les différens états où passa sa famiile pendant l’horrible nuit où il lui fut enlevé ? w | Et cette attente si pleine d’angoisses durant les premières heures d’une absence inusitée; et cette terreur sombre et silencieuse, lorsque quelques pa- roles farouches, échappées à l'assassin , ue laisserent plus douter que cette absence ne fût causée par un crime ; et cet affreux desespoir, quand les premiers rayons du jour vinrent éclairer le cadavre sanglant 350 Biographie. d’un père immolé ; à l'instant où déja 1l touchoit le seuil protecteur , à l'instant où le moindre cri au- roit pu amener à son aide , ses enfans , ses domes- tiques, ses voisins. C’est assez sans doute vous arrêter sur une scene aussi lugubre , ‘peut-être même aurois-je dû vous épargner ces tristes images, et me borner à tracer le tableau des vertus et des talens de l’Héritier, sans vous rappeler l'attentat qui en a détruit l’écla- tant assemblage. ; Mais le confrère et ami ne pouvoient-ils prendre un moment la place du froid historien ; et celui qui n’a eu à interroger sur les détails de la vie de l’'Hé- ritier que des parens ou des amis en larmes, auroit- il été assez maître de lui pour rendre leurs récits sans émotion! MÉLANGES. NourEzAUux MÉLANGES extraits des ma- nuscrits de M." NECKER. 2 vol. in-8° À Paris, chez Charles Pougens , imprimeur- libraire, quai Voltaire, n° 10, et Genets, hbraire, rue Thionville, n° 5. Ce supplément aux trois volumes qui parurent il y a quatre ans, nous avoit été annoncé ; l'éditeur nous dif qu’il a été sollicité par un homme de lettres d’un grand talent ; en lui disant : « Je ne me rap- « pelle pas avoir lu un livre qui m’ait si fortement « attaché que celui-là. Jamais on n’a réuni tant de finesse d'observation à un style si piquant , et une littérature si haute et si étendue ,à un goût si pur, « à un tact si délicat. Partont M." Necker observe « avec profondeur , et s'exprime avec rapidité; dou- « ble mérite qui place la richesse dans l’économie et « qui devient ainsi le véritable luxe de la pensée. » L'opinion de l’homme de lettres se trouvant par- faitement d’accord avec celle de l'éditeur, comme elle devoit être ; le journal de M." Necker a été de nouveau consulté, et on y a trouvé des matériaux propres à former ces deux volumes, qui ne sont pas inférieurs aux premiers, « J’aurois pu, sans doute, « dit M.e Necker:, retrancher de l'édition les traits « et les souvenirs de société ; maisil m’a semblé qu’ils « coupoient d'une manière agréable , la suite tou- 4 902 Mélanges. « jours fatisante des réflexions détachées ; leur mé- « Jange rappelle l’ancienne conversation des gens de « lettres du premier rang.» Ici on trouve une note qui contient le nom de tous les gens de lettres et. beaux esprits, soit nationaux, soit étrangers, soit académiciens, soit prétendans à ce grade littéraire, qui étoient admis au lycée de M.*kte Necker. « Il est « encore un rapport sous lequel le livre des Mélanges « de M." Necker se rapproche d’une conversation « animée, c’est qu’il a été écrit sans songer au pu- «“ blic, circonstance rare et précieuse ;:et qui prête « un degré de plus à toutes les idées, à tous les « _sentimens,. » Nous allons faire un choix de ces pensées , comme nous fimes en parlant des premiers volumes de cere- cueil ; nous distinguerons ce'qui appartient à l’auteur, de ce qu'il a ramassé autour de lui ; les pensées qui Jui appartiennent , des traits: et bons mots qu'il a recueillis; c’ést Ja seule: manière de rendre compte d’un mélange de la nature de celui-ci. « Pour être heureux , il! faat se. convaincre de « l’existence d’un être suprême, d’un être, témoin «+ inséparable de nos pensées , et qui tient un compte « exact de nos desirs et de nos sacrifices. « Un des apanages de la grandeur où de, lPinfini « dans l'être suprême, est la connoïissance parfaite « de l’ensemble et des détails , tandis que notre pe- « titesse nous fait juger que les détails sont au dessous « de lui , car nous le comparons aux hommes dont « l’esprit ne peut embrasser deux choses à la fois, « et qui se rapétissent selon les objets dont ils s’oc- « cupent \ Mélanges. 353 cupent. Mais vien n’est grand ni petit aux yeux de celui qui est partout , maître de tout et.en tout , qui a travaillé l’aile de la mouche avec le même soin que la trompe de léléphant. « Il faut mettre l'infini entre l’amour qu’on a pour soi et son adoration pour le premier de tous les êtres ; et l’on peut s’assurer d’étre parvenu à cette justice distributive de tous nos sentimens , lorsqu’on ne balanceroit pas à préférer le néant , au crime ou à l’impiété. « L'être qui a créé le monde a certainement le goût de l’ordre dans les petites comme dans les grandes choses , car rien ne se perd dans la nature; et Ja puissance infinie qui peut sans cesse faire sortir la matière du néant, n’en laisse pas égarer un seul atôme, et en multiplie même les effets par la diversité des formes. « On trouve un tribunal entier dans le cœur de l’homme , un juge , deux avocats et un supplice, mais de plus, une récompense qu’on ne donne pas dans les tribunaux, « ]1 n’y a de grandeur réelle que dans l’ensemble de l’univers. Dans cette grande machine, il faut que toutes les parties soient à leur place pour qu’on en connoisse l’usage et la beauté; si l’homme qui est une de ces parties veut s’allier à limmensité du tout, qu’il s’y réunisse en se conformant à Por- dre des choses ; car il ressemble au grain de sable, portion d’un superbe édifice ; s’il s’en détache, il tombe et se perd dans la poussière; c’est par la Tome FI. Z 854 Mélanges. «vertu seule que l’homme peut âtteindre à la di- e gnité de son être. » - Législateur, mot collectifet abstrait qui ne signifie autre chose que le résultat des réflexions de tous les hommes pour le bonheur de tous. « I] a été bien peu « compris ce mot par cette foule d'individus qui en ont usurpé le nom, et qui, pendant dix ans, en ont abusé pour le malheur de tant de millions de « leurs semblables. « Un législateur doit pourvoir à la conservation « de la société, comme la nature pourvoit à celle de l'individu; 1l doit faire maître des passions + pour la conservation des hommes assemblés , « comme la nature en a fait naître pour la con- « servation. d’un homme en particulier, » On peut croire que nos prétendus législateurs n’ont jamais su ce qu'ils étoient, nice qu’ils devoient étre; ils ont excité des passions, mais des passions qui n’a- voient que la destruction de l’ordre social pour ob- jet, ils ressembloient bien peu à la nature. o p L 1 « Ce ne sont pas des seuls représentans de la « nation, que nous ayions besoin, il nous falloit « encore ceux de la morale, de la religion et de « l'expérience ; car lorsqu'on veut tout détruire et « tout reconstruire, on doit appeler au conseil ; “ tout ce que les hommes estiment et desirent. » Le contraire a eu lieu, on n’a vu que destruc- tion, et point d’architecte. « Quand l’homme veut mépriser la nature, il s’é- « loigne de la route qu’elle lui a prescrite, et c’est « ainsi que l'amour de la patrie a rendu les Ro- Mélanges. 355 = mains féroces , mauvais maris et mauvais pères, « Amour de la patrie, humanité , termes vagues et « vides de sens, que les hommes ont inventés pour « cacher Jeur insensibilité sous le voile même du sentiment. « Le bonheur est l'accord de nos facultés avee “ nos besoins et de nos opinions avee nos mœurs, a aussi pour être heureux, puisqu'on ne peut se «“ donner des facultés, il faut borner ses besoins, « et modérer ses opinions. «, La vérité d’un sentiment , tient souvent à son « excès ; celle d’une, idée, tant en morale qu’en « administration, tient toujours à sa modération. « Toutes les fois que nos actions et nos pensées « doivent être proportionnées et mesurées à celles « des autres, il faut qu’elles soient modérées ; les « vertus d'un solitaire peuvent être excessives , celles « dun homme du monde, ne doivent rien exa- « gérer. « Le cœur est à la conscience, ce que la con- « cieuce est aux lois ; il nous fait des devoirs et « des crimes, qui échappent aux ames inseusibles. « Les plus beaux systèmes sont toujours ceux « qui partent d’une idée simple et qui s'appliquent «“ ensuite à tous les phénomènes ; comme les plus “ beaux principes en morale eten religion sont ceux, « qui, malgré. leur simplicité , peuvent -s’appli- « quer à toute la conduite de la vie. « ['argent.et le temps se ressemblent dans leur “ emploi ; tous les -deuxrdeviengent plus. précieux « par le bon emploi qu’on en: fait. Le-paresseux Z 2 856 Mélanges. « et l’avare ont aussi des rapports ; le paresseux ne peut souffrir d’user d’un temps dont il ne sait que faire, ni l’avare, de l'argent qui lui est inutile et qui se perd de même dans l’inaction, « L'amour des lettres nous livre sans cesse à une occupation où l’on ne hasarde rien de soi que la vanité ; mais l’homme du monde exerce continuellement son ame , elle est pour quelque chose dans tout ce qu’il entreprend ; l’homme de lettres n’exerce jamais que sa tête et n’exalte que son amour-propre, Si, pour faire une pièce aussi belle que Zaïre, il falloit exposer ses jours ou même sa fortune, l’auteur seroit plus estima- ble, plus intéressant et peut être plus sublime en- core. Quand on emploie sa vie entière à peindre des idées abstraites , on circonscrit nécessaire- ment ses facultés , et je dirois presque son être ; car on n’en recule les bornes que par cette mul- titude de sentimens qui naissent dans le trou- ble et dans le danger , et qui ne peuvent s’expri- mer par des paroles. L'homme jeté au milieu des événemens , a besoin d’une décision prompte , d’une pensée rapide : sa tête, son ame, tout est en mouvement , ét c’est-là l'exercice nécessaire au-développement de nos facultés. « Les gens de lettres et les artistes sont les seules classes d'hommes qui, par élat, puissent mettre la louange avant l'estime: « Pour peindre la nature avec chaleur dans ses écrits , il faut la considérer attentivement et dans le dessein de la représenter ensuite, Il faut = Mélanges. 357 choisir les momens les plus agréables, comme auroit fait Greuze ou Raphael ; ee n’est qu'après tous ces préliminaires qu’on peut prendre la plu- me qui devient alors un pinceau : c’est la pensée qui fait le style; et, par cette raison, il est plus difficile de peindre les objets moraux que les objets physiques. On n’acquiert , disoit M. de Buffon, aucune connoissance réelle et transmis- sible qu'en voyant soi-même , les livres font une foible impression. M: de Buffon n’a peint qu’un petit nombre d'objets sans les avoir vus ; il questionnoit sans cesse les voyageurs. L’un des plus beaux -morceaux qu'il ait écrit, c’est la peinture de la nature brute. Un malheureux, abandonné pendant quinze mois dans les déserts de l'Amérique , lui en avoit donné la première idée. «. Le système de quelques philosophes tend à éteindre tout les sentimens; religion, piété, res- pect filial, amour conjugal, amour de la patrie, tous les intérêts de la vie se trouvent détruits dans leur livre, excepté celui de boire froid et de manger thaud, qui ne peut pas produire beau- coup de grands-hommes ; auss! notre génération se ressent-elle de cette noble origine morale. « Si les femmes, même celles qui sont célèbres, ont toujours été médiocres, c’est qu’elles ont usé leurs forces à vaincre les obstacles. Nous pourriois multiplier les citations; ces mé- Janges nous fourniroient nombre dé réflexions aussi justes et aussi profondes, Quelques journalistes en Z 3 358 Mélanges. annonçant qu’ils allaient rendre compte de ces deux volumes, se sont arrêtés sur l'avertissement de l’éditeur pour parler de l'amowr-propre de M. Necker, de sa manie d'occuper: le public de lui.et de ce qui lui est cher; mais quel rapport a cette maladie’ d'auteurs avec les mélanges qu’il publie ? Quel tort peut-elle faire au mérite de l’ouvrage, si en effet il y en a; et on ne peut pas dire qu’il n'y en ait pas dans ce recueil de pensées souvent fines , toujours exactes. Pour égayer cetextrait, et faire disparoître l'espèce de sécheresse inséparable d’un fnélange de réflexions isolées ; nous trouverons dans les reminiscences de Mme Necker, des anecdotes piquantes, des réparties qui ont du trait, des bons mots qui en sont véritablement. « La comtesse Diane de Polignac disoit au « roi Louis XVI: Je voudroiïs avoir un sylphe pour « Je consulter dans certaines circonstances très-déli- “ cates. Le roi lui répondit : Vous l’avez ; la con- « science n’en n’est-elle pas un. » Quel mot, dit l’é- diteur ! c’est une vie entière. Préville fut flatté « d’avoir joué le médecin du cercle, de manière « que chaque femme disoit, ah! voila mon doc- « teur, quoiqu’elles eussent toutes un docteur dif- « férent. Un acteur, comme un auteur, se trompe- « roit d’imiter tel où tel trait, telle grimace qu'il « aura aperçue dans un homme; cela ne feroit « aucun effet au théâtre ; il faut des traits qui fas- « sent un ensemble, un tout bien proportionné et « qui ressemble à tout le monde de cette espèce. Mélanges. 359 « Bolimbroke qui n’avoit jamais entendu Ja messe, “ fut tellement transporté de la ‘beauté de cette “ cérémonie, qu'au moment où larchevéque éleva « l’hostie , et où tout le peuple tomba à genout, «sil dit tout bas à son voisin : Si j’étois roÿ, je: ne “ remettrois jamais cette fonction à un autre. “ On disoit d’une femme qui revenoit cent fois %« sur la niême idée, quand elle la croyoït ingé- « nieuse : Cette femme ne quitte jamais une jolie chose qu’elle n’en ait fait une bêtise. Mime du Châtelet devoit souper chez le prési- dent Haïinault : « Vous verrez, dit-il, qu’elle nous « fera attendre jusqu’à onze heures et qu’elle vien- as E «“ -dra. » Il disoit aussi d’une mauvaise cuisinière de «Maneiïdu Defant : « Entre elle et la Brinvilliers , « il n’y a de différence que lintention. a Un fermier général tenoit une grande maison «à la foire de Beaucaire, la chaleur étoit excessive; « il reçut ‘toutes les’ dames qui dinoïent chez lui, “en corps de chemise, en bonnet de toile ; et s’ex- « cusant un peu auprès de M.me dé Brancas, il lui « dit : Meme de Môntegnard me l’a permis. J'y «“ consens , répondit-elle, pourvu que vous ne -«quittiez rien de plus. Tout le monde fit un éclat “ de rire, et le fermier alla s'habiller, « M. de Charolois et M, de Brissacr, ‘fai- «, soïent leur cour à la même actrice zils se ren- « contrèrent chez elles: M de Charoloïis dit à “ M. de Brissac, Sortez. Vos ancêtres ; répondit « M; de Brissac;auroient dit, Sorions. D vou hs Û rr9l' eifes »! °1Z4 RE. 3 id 360 Mélanges. “ L'ancien dauphin étoit persifleur , il se moquoit «“ de Mme de Luxembourg, et de son admiration « pour les Montmorenci ;un: jour cherchant à la « plaisanter : Savez - vous , Madame, les belles « actions des Montmorenci? — Monseigneur je sais « l’histoire de France. « Fontenelle étoit à l’opéra, il avoit cent ans; « un Anglais entra dans sa loge : Je suis venu « exprès de Londres , pour voir l’auteur de Thétis e et Pélée.— Monsieur, dit Fontenelle en se re- « tournant, je vous en ai donné le temps. » On disoit de lui, que c’étoit le seul bomme qui eût fait une secte sans en étre. « Les petits esprits, disoit M. de Buffon , pren- nent toujours le bizarre pour le grand. N’étoit-ce point une prédiction? « M. Duclos disoit à Crebillon: Tu es bête com- “ me un génie. Ce mot est vrai à plusieurs égards; « le génie ne voit qu’à vol d’oiseau ; mais les ré- -« flexions qui font ce qu’on nomme dans la vie “ habituelle, l'esprit ou la bêtise, exigent lexa- « mwen constant des plus petits objets qui sont au- « tour de. nous. e = « “ On parloit à une dame du sacrifice d’Abra- « ham : Dieu, dit-elle, ne Pauroit jamais exigé «“ d’une mère. « Un grand courage , dit l'abbé Gagliani, est « l’efet d’une grande ‘crainte de l’opiuion : que de r gens auroient peur s'ils l’osoient ! « M.me de Luynes écrivoit au président Hainault ; la reine mit au bas de cette lettre : On veut vous « « Mélanges. 361 donner une marque de souvenir ; derinez. Le président Hainault, répondit : Ces mots tracés par une muüin divine, Ne m'ont causé que trouble et qu'embarras; C’est trop oser , si mon cœur la devine; C'est être ingrat , s'il ne devine pas. « Le mogol ayant appris le quadrille, et vou- Jant s’amuser à la française, disoit à ses courti- sans : Jouez cœur, ou je vous coupe la tête. « On disoit à quelqu'un, vous prétez de l’esprit à ceux qui vous parlent; vous êtes comme ces grands seigneurs qui donnent de l'argent pour jouer avec eux. “ Mme de Pompadour regrettoit sa fille : Je le crois bien, dit M.me du Defant, elle a perdu son avenir. | « Mlle Clairon tourne en ridicule cette distinc- tion que l’on fait sans cesse dans les grands ac- teurs entre l'art et la nature. En effet la nature peut-elle changer avec le caractère de la nation et les personnes qu’on veut représenter ? La na- ture , dans un grande actrice, n’est que l’art de se rapprocher le ‘plus possible de toutes les natu- res qu’on veut imiter ; et plus elle a ce tort, plus l’on trouve son jeu naturel. ».Cette obser- vation de l'expérience n’est point placée ici sans dessein, elle peut-être utile à certains'artistes. A, 4: D. B. VARIÉTÉS, NOUVELLES LT CORRESPONDANCE.LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ©" TLEDE-FRANCE. Ile-de-France, 19 vendémiaireran 104 Extrait d'une feitre écrile par EC, NICHAUX , "du C. VENTENAT. « Je me propose d'établir une correspondance qui puisse devénirtrès-utile à la science, et qui con- tribue à éclairer l’histoire dés plantes que je dé- couvrirai Comme il entre dans mes projets de parcourir les possessions espagnoles; je desire que cette correépondancesoit liée entre vons et M. Ca- vanilles.- Vous lui ferez part des graines et des collections que je vous adresserai des Iles-détFrance, de la Réunion, de Madagasear, et il vous com- muniquera , deson'côté ;icelles que je lui enverrai de Manille, du Pérou, etc. “ Je w’applique, et je le ferai plus que jamais, à étudier les plantes, non-seulement d'apres leurs caractères botaniques, mais sous les rapports de Ja culture, du climat, de leurs propriétés, etc. Je Nouvelles littéraires. 363 « compte adresser à l’Institut quelques observations «“ sur les plantes exotiques introduites à J[le-de- « France. Il est fâcheux que la plupart de celles qu? «y ont été introduites, n’y.existent plus. » C'orr' EN HAE GlÉ! Il a été formé, à Copenhague, une commission chargée d'établir un muséum pour les sciences qui appartiennent à l’étude de la nature. M. RAFFN, auteur dela Flora Danica | ouvrage estimé, est nommé. membre. de, cette commission. D'un autre côté, il a été adressé une circulaire à tous les physi- ciens habiles qui se trouvent dans les deux duchés , pour les inviter à envoyer tous les éclaircissemens qui dépendront d’eux, relativement à,la vaccine. S VE DE YA ES — Astronomie. EXTRAIT de deux lettres de M. MELANDERHIELM, secrétaire perpétuel de l Académieroyale dessciences de Stockholm , au C. Delambre , de l’Institut na- tional ; en date des 9 octobre.et 22 décembre 1807, et relative "à une nouvelle mesure.du degré du Nord. Les trois ballots sont enfin arrivés heureurément depuis trois jours. J’ai le cercle , le doùble mètre, avec Ja toise et les livres. Tout se tronvoit dans un bon état , et sans le moindre dommage causé par le transport. Depuis ce moment, nous nous sommes occupés MM. Svanberg , Ofverbom et moi, à examiner toutes les parties du cercle, en le comparant à la descrip- 364 Nouvelles littéraires. tion complète que vous avez eu la bonté dé me com- muniquer. Nous avons ainsi obtenu une parfaite con- naissance , tant de la mécanique de l’instrument, que de l’usagé de toutes ses patties, et de la ma- nière de faire les observations... Comme la vue de la maison que j'habite est bornée , je ferai trans- porter le cercle à l'observatoire de l’académie, où j'espère qu’on pourra faire toutes les observations nécessaires pour le vérifier, et! acquérir l'habitude de s’en servir avant de le transporter à Tornéas 15 - Le double-mètre , Ja toise et les volumes dont linstitut a fait présent à notre académie étoient aussi en très-bon état; et je vous prie de présenter, tant de la part de l’Académie des sciences que de la mienne, les plus respectueux remercimens à l’Ins- titut. Pour revenir à la mesure de Laponie, je vous dois le compte de tout ce qui la regarde. MM. Svan- berg et Ofverbom n’avoient aucun besoin d’aïdes dans le premier voyage qu’ils ont fait cette année pour reconnoître le pays ; mais à présent qu'il s’agit de mesurer la base et les angles, ils ont besoin de deux adjoints instruits et exercés. J’ai trouvé:à cet égard tout ce que je pouvois sou- haiter. Le premier est M. Holmquist , adjoint dans les mathématiques à Upsal où il a travaillé pendant plusieurs années à l'Observatoire ; l’autre est M. Pa- lander, maître de mathématiques à l’université d’Abo en Finlande ; ils sont tous deux très-versés dans les mathématiques et dans l'astronomie ,#et animés du zèle le plus vrai pour cette expédition. Nouvelles littéraires. 365 MM. Svanberg et Ofverbom étaient de retour ici au commencement d'octobre; leur premier voyage a réussi complètement. La seule chose qui manque à mon contentement, c’est qu’ils n’ont pu, malgré les recherches les plus exactes , retrouver le point septentrional de la base de 1736. L’incertitude sur ce point est de deux toises environ. Je compte cette différence pour un grand dommage , puisque je voulois | avant tout, avoir exactement la même base pour rendre la vérification plus sûre et plus concluante. D'ailleurs ils ont retrouvé toutes les mêmes stations et tous les points de la mesure de 1736. Ce qu'ils ont fait en outre se réduit aux arti- cles suivans : ils ont basé et érigé tous les signaux nécessaires pour Ja continuation de l’arc qui s’étendra jusqu’à 6708’ 36" de latitude, presque 30’ au-delà de celui de 1737. Ils ont aussi donné une construc- tion particulière aux signaux pour étre exactement sûrs du point observé. Je vous enverrai la figure et la description de ces deux signaux. Ils ont fait bâtir deux observatoires aux extrémités de l’arc, avec des huttes, pour y être logés pendant le temps des ob- servations. Mais toutes leurs recherches pour trouver un terrein plus convenable à une seconde base, ont été ‘infructueuses. Il faudra se contenter de mesurer deux fois la base unique comme en 1736. Quant au degré de longitude , on a trouvé trois ou quatre stations convenables de chaque côté de la base; il n’a pas été possible de s’étendre-davan- tage. On n’aura donc qu’un degré tout au plus, qui à cette latitude ne fait qu’à peu près cinq ou six lieues françaises, 366 Nouvelles littéraires. M. Ofverbom a fait des tentatives inutiles pour trouver des stations intermédiaires qui partageassent en deux, quelques triangles un peu trop obliques, et qui sont précisément les mêmes que vous indiquez dans votre lettre. J’imagine aussi que les astrono- mes de 1736 ont: fait tout ce qui étoit possible pour la meilleure condition de leurs triangles. Ils auront , comme M. Ofverbom , trouvé des obstacles insur- montables dans les montagnes et les forêts. Si quelqu’incident inattendu ne vient pas retarder leur voyage , MM. Svanberg et Ofverbom avec leurs adjoints comptent partir pour la Laponie vers le mi- lieu de janvier prochain. Ainsi ils pourront employer les mois de février , mars , avril et même une partie de mai, pour mesurer la base sur Ja rivière de Tor+ néa, puisque la fonte des glaces arrive rarement en ces contrées avant la fin de mai. D'après ces dernières lignes, il est à présumer que les astronomes suédois sont maintenant en route. Pour se faire une juste idée de leur zèle et du courage que demande leur entreprise , on peut consulter l’ou- vrage publié en 1738 par Maupertuis ; sous le titre : Figure de la terre déterminée par les observations fui- tes au cercle polaire ; et particulièrement la page 5r, où il est question de la mesure de la base commencée le 21 décembre 1536 et finie le 27 du même mois. On voit que MM. Svanberg et Ofverbom se propo- sent d’y consacrer un temps beancoup plus considé- rable, afin de ne laisser aucun doute sur l’exactitude de la nouvelle opération. Les angles qu’ils obser- Veront aux deux extrémités de leur base, entre des Wouvelles liltéraires. 367 signaux placés exactement aux mêmes points qu’en 1736 , aideront peut-être à retrouver plus exacte- ment le terme nord de l’ancienne base. En tout cas, ce qui doit diminuer les regrets de M. Melander- hielm.et les nôtres, c’est que le triangle sur cette base a été conditionné de la manière la plus favo- rable , pour que la distance entre Avasaka et le terme sud fût indépendante des petites erreurs inévitables dans la mesure des angles. Il en est de même à pen près du second triangle , et la distance d’Avasaka à Cuituper, pourra, comme celle d’Avasaka au sud, donner des résultats aussi certains et aussi concluans que la comparaison directe des bases de 1736 et de 1801. WoLFEnNBüTT EL. Christophe 2e. SCHMIDT, surnommé Phi- seldeck , conseiller aulique du duc de Brunswic, et archiviste à Wolfenbüttel. Ce savant qui, sous plusieurs rapports, avoitrendu des services importans à la science de l’histoire , na- quit, le 11 mai 1740, à Nordheim , où son père étoit chambellan. Il étudia à Gocttingue la juris- prudence, entra ensuite, comme instituteur, dans la maison du conseiller intime de l'Empereur des Russies, le comte de Münnich, exilé alors à Wo- logda ; il revint. en 1762 avec lui à Saint-Péters- bourg , il retourna dans sa patrie, apres avoir fait un séjour de peu durée. Il fréquenta alors quelques cours à Goettingue , prit le degré de docteur en jurispru- 368. ÎVouvelles littéraires. dence , et se rendit ensuite à Helmstadt, où il donna, pendant quelque temps, des cours, à dater de la Saint- Michel 1764. Bientôt après il fut appelé comme pro- fesseur au Collegium Carolinum à Brunswick. 1 y en- seigna l’histoire , le droit public et la statistique, jusqu’à la Saint-Michel 1779 , où il reçut la place de conseiller.et d’archiviste des grandes archives du prince, à Wolfenbüttel. En 1784 , il recut le titre de conseiller aulique du prince ;et , en cette qualité, il conserva la direction des archives de Wolfenbüttel jusqu’à sa mort , emploi qu’il a rempli constamment avec un zèle infatigable, Le-contenu de ses ouvrages désigne en quelque sorte les différentes grandes périodes de sa vie. Il avoit passé dans la Russie une partie des années de sa jeu« nesse, et, par la suite , il les appeloit encore souvent les plus agréables de sa vie ; de-là vint la prédilection qu’il conserva pour ce pays pendant toute la vie, et pour la langue russe ; de-là vint aussi le projet qu’il avoit formé dans les premières années de sa carrière littéraire, de consacrer entièrement ses travaux à l’histoire de cet empire. Versé dans la langue du pays, ayant appris à connoître dans le pays même les ou- vrages nationaux de la Russie, trop peu connus dans l'étranger, mieux instruit sur plusieurs objets, par ses liaisons personnelles avec plusieurs person- nages distingués de la Russie, que n’avoient pu l'être d’autres , il fut en état de surpasser de beaucoup ceux qui, avant lui, ayoient travaillé sur le même sujet. Son Nouvelles littéraires, 369 Son style étoit simple, clair et précis; guidé par un jugement juste , il sut formér de ses maté- riaux variés un ensemble bien ordouné et agréable, C’est ainsi qu’il a publié successivement deux recueils de Lettres sur la Russie ( Briefe über Russland ), en 17970 ; — des Matériaux pour servir à la connoissance de la constitution et du gouvernement de la Russie ( Beytræge zur Kenntniss der Staatsverfassung von Russland), 1772 ; un Essai d’une nouvelle introduc- tion à Phistoire de la Russie ( Wersuch einer neuen Einleitung in die Russische Geschichte ) , 1787 3 — des Matériaux pour servir à l’histoire de la Russie (Materialien zur Russischen Geschichte }, 1777, etc. Comme professeur d'histoire au Carolinum de Brunswick, il ne pouvoit plus se borner uniquement à l’histoire de la Russie, il lui falloit aussi cultiver les autres parties de cette science; c'est ce qui le mit en état de fournir à différens journaux litté- raires, En 1782, il publia un Manuel des sciences histo- riques , qui prouva qu'aucune des parties de l’histoire ne lui étoit étrangère. Vers cette époque, il fut ap- pelé à Wolfenbüttel, et c’est ainsi que ce Manuel peut être regardé comme le passage qu’il fit à la diplomatique , branche spéciale des sciences histo- riques. Dès qu’il fut à Wolfenbüttel, il se livra avec le plus grand zèle à J’étude de la partie pra- tique de cette science, dans les riches archives dont la garde Jui étoit confiée. Ses Mélanges historiques { Historische Miscellaneen ), publiée en 1783 et 84, et ses Hermæa , publiés en 1786 , font voir les con- noissances qu’il s’étoit acquises dans celte partie. Tome VI. A a 370 Nouvelles littéraires. Des travaux trop multipliés avoient cependant miné de bonne heure sa santé, et bientôt on en vit les suites. L’hypochondrié, maladie si terrible pour les savans, s’annonça chez lui par la perte de son humeur gaie , et par une indifférencé marquée à l'égard de tout ce qui n’étoit pas en rapport immé- diat avec les fonctions de sa place. C’est la cause pour laquelle il ne publia presque plus rien depuis cette époque. Ce ne fut qu’à cause de la conformité des travaux ordinaires de sa place, qu’on put l’engager à se charger, depuis 1789 jusqu’en 1794, de rédiger son Réperioire de l’histoire et de la constitution de lAlle- magne ( Repertorium der Geschichte und Staatsver- fassung von Deutschland ). Ce travail fit en même temps connoître sa manière de distribuer les divi- sions particulières des archives confiées à ses soins, et de combien celles-ci lui étoient redevables. Outre cela, il publia encore quelques morceaux et quelques traductions dans différens journaux historiques , et des critiques insérées dans les journaux littéraires et critiques , connus sous le nom de Brbliothéque de Lemso , Bibliothéque de Berlin , Journal général de littérature qui paroît à Iena. - Dans le monde, M. de Schmidt étoit un homme d’une humeur gaie , sans prétention, et qui s’é- noncçoit parfaitement bien. Quoiqu'il ait mené dars les derniers temps une vie fort retirée, et que son humeur mélancolique lait obsédé presque toujours, il avoit cependant des momens où l’on voyoit ce qu’il avoit été pour la société , et ce qu’il pouvoit être sans cette maladie, Nouvelles liliéraires, St Dans sa famille , il étoit bon père ; pat son exem- ple et ses leçons , il contribua beaucoup à élever et à former ses enfans. Sa demande d’être anobli n’étoit au fond qu’un sacrifice qu'il avoit fait, contre son inclination , à l’un de ses fils qui avoit choisi la Carrière militaire , et qui, comme roturier, h’auroit pu sy avancer. Ses enfans, qui Jui doivent infini- ment , béniront toujours sa cendre, et sa mémoire sera constamment chère à tous ceux qui ont connu. LonNDRres. William CAUIKSHANKX , chirurgien el pro- Jesseur d'anatomie à Londres. Cet anatomiste célèbre naquit à Edimbourg en 1745 , où son père étoit employé à l'octroi. Dans les premières añnées de sa vie, il fréquenta quelques écoles de VEcosse. À l’âge de 14 ans, il passa à l’université d'Edimbourg pour y étudier la théolo- gie. Mais un penchant décidé pour l'anatomie et la médecine lui fit bientôt quitter la carrière pour laquelle il S’'étoit destiné , et entrer dans cette nou- velle, plus conforme à son goût. Pendant huit an- nées, il se livra , avéc la plus grande application, à l'étude de la médecine. En 1771 il alla à Lon- dres, où Hunter lui confia le soin de sa bibliothé- que, sur la recommandation d’un des professeurs d'Edimbourg, dont CRUIKSHANK avoit été l’élève. Sa liaison avec ce célèbre anatomiste influa avan- tageusement sur sôn sort. {1 en fut d’abord le dis- ciple, et par la suite, son aide, Après la mort de Aa 2 372 Nouvelles littéraires. Hunter , une grande partie de ses auditeurs enxoye- rent à Cruikshank et au docteur BAILLIE (auteur de l’ouvrage intitulé Morbid anatomy ) une adresse , dans Haquelle ils les prièrent de prendre soin de l'Ecole d'anatomie qui venoit de perdre son maître. C’est ce qu'ils firent, en se chargeant de la fonc- tion difficile de succéder à un anatomiste aussi di- stingué que Hunter. Cruikshank remplissoit ses devoirs de professeur avec la plus grande assiduité. En 1786, il se fit connoître au monde savant comme anatomiste et physiologiste, par un ouvrage intitulé Anatomy of the absorbent Vessels, traduit en français par le C. PerTiT-RADEL, et en allemand par le docteur LuD- wiG, à Leipsic. Il n’a pas donné d’autre grand ou- vrage , et ses travaux postérieurs ne tendoient qu’à perfectionner celui-ci, dont il donna en 1791 une édition augmentée. En 1795 , il publia séparément les expériences sur la transpiration insensible , qu'il avoit insérées dans la première édition. M. MICHAE- Lis, à Leipsic, en donna une traduction allemande en 1708. Parmi ses petits ouvrages, on distingue surtout un mémoire contenant des expériences faites sur Jes nerfs d'animaux vivans, Il y prouva le phé- nomène remarquable de la régénération des nerfs, après en avoir coupé des parties, Il avoit donné lecture de ce mémoire dans ses premières années, à la Société des sciences de Londres ; il ne fut im- primé qu’en 1794, parce que, dans les premiers temps , le baronnet PRINGLE , président de la Société, qui la maîtrisoit à sa fantaisie, l’avoit Nouvelles littéraires. 373 sûpprimé, à cause de quelques opinions contraires à celles de Haller ; dans la suite , ce mémoire avoit été perdu de vue et, pour ainsi dire, oublié. À Londres il avoit une très-grande réputation comme chirurgien ; dans lexercice de son art , il montroit autant d’habileté que de sang froid. Il avoit le cœur sensible , et se montroit très-bienfaisant. ( Voy. Gentl, Mag. 1800. juill. et août. — Monthly Mag. 1800. août.— Allg. Litt. Zeit. [| Journal litté- raire de Jéna } 18or. Intell. blatt. oct. p. 1685.) Pour le 1.** juin, on annonce à Londres le premier cahier d’un ouvrage élégant , intitulé : Hiberniæ depicta , ou les Antiquités, édifices | villes, sites pittoresques d'Irlande , d’apres les dessins de Jean- Claude NATTES, esq. gravées par M. FITTLER, MM. Pyxe et NATTES ont commencé un ouvrage qui paroîtra par moiset par livraisons, et qui offrira des représentations pittoresques relatives aux manu- factures , aux arts et métiers, aux usages du peuple de la Grande-Bretagne, copiés d’après nature. , M. HaszaM, au Bethlem-Hôpital, a sous presse une suite de réflexions sur la construction, l'économie intérieure , et le traitement moral d’un hospice des insensés. Il a paru maintenant trois volumes du magnifique ouùvrage sur la Zoologie, parle D." SHaAw. La suite, qui contiendra les poissons et les autres animaux , paroîtra avec toute la célérité possible. * M. FAIRBURN a terminé une carte nouvelle des A a 3 374 Nouvelles littéraires. trois royaumes unis qui comprennent toute laGrandei Bretagne et les îles adjacentes qui sont sous Ja do- mination du roi actuel, M. le D," TuRKNER, à Yarmouth, va publier une Synopsis des Fucus de la Grande-Bretagne , dans laquelle il donnera Ja description et l’histoire. de chaque espece connue. FRANCE. ViE.R SA EL*L.E0s. On voit au jardin botanique de l'école centrale de Versailles, une carte gravée et dessinée sur.marbre, par le:C. ROoNDELET ; cette carte de l'Europe est dessinée sur la projection d’un cadran solaire, de manière que l’ombre du gnomon indique, en même temps que l'heure, les positions dans lesquelles il est alors midi. pre Sociélé d'émulalion de Rouen, pour les pro-, grès -des sciences, des lettres et des: arts. Séance du 7 pluviase an vo. LE C, Nort ; président , a onyert la séance par un Discours , dans lequel il a tracé rapidement l’his- torique de Ja fondation de la Société ,.et a indiqué le but vers lequel elle doit tendre, le perfectionne- ment de toutes les connoissances utiles et agréables. _Le C. AuUBEeR, secrétaire de correspondance , et professeur de belles-lettres à l’école centrale, a donné, un Précis des travaux. de lu Société pendant lan 93 el. des quetre premiers mois de l’an 10. On y: a re- ‘ Nouvelles littéraires. 379 marqué , 1.° un Rapport sur les fourneaux nouvelle- ment construits à l’hospice général de Rouen, objet important qui procure, pour ce seul établissement , unñe-économie annuelle de vingt mille francs, quoi- que la-réforme n’ait pas eu lieu pour tous les four- neaux; 2.° un Mémoire du C. Noel, sur la natu- ralisation des Poissons ; 3.° un Procédé du C. Pucx, pour reconnoître la quantité de matières colorantes , contenues dans les diverses espèces d'indigo du com- merce;. 4° plusieurs Mémoires sur les plantations , par les CC. RonpEaux et VILLEQUIER ; 5° un Ouvrage du C. THIÉMÉ, professeur de musique, intitulé : Théorie. du -mouvement des airs ; 6° un Mémoire, du C. DoBson, sur Les paratonnerres ; un Rapport du C. PLuviner , sur le même objet; 7° un Mémoire du C. BEUGNOT, sur le Commerce du Havre ; comparé à celui d'Anvers; 8° des Tables nouvelles pour servir à l'évaluation des surfaces du globe terrestre, parle C. LENORMAND , etc. etc. La Société a entendu ensuite la lecture d’une Description du bucentaure de Venise, par le C. For FAIT, conseiller d'état, On appeloit bucentaure le bâtiment qui, tous les ans, le jour de l’Ascension, étoit monté par le doge de Venise, pour la céré- monie où ce chef du gouvernement jetoit un an- neau d’or dans la mer, en signe d'alliance, Il étoit conservé à sec, sous des angars, comme tous les autres bâtimens vénitiens , méthode qu’il seroit bien avantageux d'introduire en France. L'auteur en a fait une description très-détaillée ; il regrette que le général Bonaparte n'ait pas tenu au projet de faire Aa 4 376 Nouvelles littéraires. venir le Pucentaure à Paris ; en l’amenant d'abord à Toulon, puis au Havre, d’où il eût remonté la Seine, Ce bâtiment, ainsi que les autres vaisseaux de la marine vénitienne, fut démoli , avant que les troupes de l'Empereur eussent occupé Dana on distribua ses débris aux indigens. Le C. GourDin, bibliothécaire à l'Ecole cen- trale, a lu une Dissertation sur cette question : De la conformité entre les hiéroglyphes des Ægyptiens ct les anciens caractères chinois , doit-on conclure , ou que les Chinois soient une colonie ægyptienne , ou que les Ægyptiens aient commercé en Chine ? Après avoir prouvé que ces:deux opinions sont éga- lement fausses, il a fait voir qu’une conformité sem- blable se trouvant chez les Mexicains et chez plu- sieurs, peuplades de sauvages d'Amérique , on devoit en tirer cette seule conséquence, que la marche de l'esprit humain est partout la même, et qu’il em- ploie toujours les mêmes moyens pour parvenir aux mêmes fins, Le C. Beugnot, préfet de ce département , a lu un Discours sur l'influence des sciences et des arts , à la fin des révolutions. L'auteur compare avec rapidité les résultats de différentes révolutions : il examine la marche de l'esprit humain à chacune de leurs périodes, et il explique pourquoi c’est ordinairement à leur suite que les lettres et les arts jettent un plus grand éclat. Il l’attribue surtout au soin que prend le gouverne- ment qui succède, de détourner vers l'étude des lettres et le goût des arts, les restes de l’activité Nouvelles littéraires. 77 des esprits et de la chaleur des ames, et de rem- placer dés ambitions turbulentes par une gloire et des jouissances nouvelles. L'auteur indique comme un bon moyen de juger des intentions du gouverne- ment, l'espèce de direction qu'il essaie d'imprimer alors à l’esprit humain, et il trouve uneroccasion de plus de faire sentir combien celui que nous possé- dons , mérite de confiance et d’admiration. Le C. Pluvinet, professeur de physique et de chymie à l’Ecole centrale, a lû un Rapport sur un procédé, employé par le C. HELLOT, mécanicien , membre de la Société, pour souder l'acier fondu aw fer. Le rapporteur à annoncé que cet artiste avoit parfaitement réussi. | Dans un Mémoire sur la fécondité des poissons , Je C. Noël à présenté des idées neuves sur les moyens ‘que la nature emploie pour là reproduction et la multiplication prodigieuse des espèces, dans cette partie du règne animal. Il a cité à cette occasion une fable de fécondité comparée, et a prouvé, con- tre l’opinion de Bonnet, que plusieurs des grandes especes étoient aussi fécondes que les petites! L’äau- teur a insisté ensuite sur le charme et l’intérêt qui accompagnent l'étude de l’histoire des poissons ; il a fait observer que l’ichtyologie avoit cela d’attrayant, qu’elle réanissoit l’agréable à l’utile, et serattachoit d’elle-même à amélioration si importante des pêches nationales. Le C. GuERSENT , professeur d'histoire naturelle à l'Ecole centrale , a lu l’Æloge de Charles Bacheley : membre résident de l’ancienne Académie de Rouen 378 Nouvelles littéraires. et de celle des sciences de Paris. Il a suivi ce na- tiraliste aussi. zélé que modeste dans ses travaux toujours utiles, dans sa vie toujours simple, dans ses Correspondances avec plusieurs sayans, Bufon, Tressan , Hermann de Strasbourg, et dans ses res - cherches. sur Ja formation du silex et sur plusieurs fossiles-intéressans. Il a semé cet éloge de réflexions sur l'esprit; de systemeique M, Bacheley eut le cou- rage.de combattre, dans M..de Buffon,et où il se laissa ensuite entraîner, luiméme. ru co Les lectures ont été terminées par une. pièce de Vers Sur les débordemens ; par le C. FORMAGE , pro- fesseur de langues anciennes à l’Ecole:centrale. Après avoir peint les nombreux ravages: que causent en ce moment les principaux fleuves de l'Europe, sa muse s’est arrêtée sur les rives du Mincio, fameuses par les chants, de l'immortel auteur des Géorgiques. L'auteur nous a ramené ensuite à des idées: conso- Jantes, en célébrant le héros qui ravimoit de sa pré- sence et de son génie cette antique cité, où l’indus- trie et lestarts verront à sa voix. leurs autels se rer lever pour un culte nouveau. La Société a vivement regretté que.les bornes de la séance aient empêché d'entendre la lecture de plusieurs. mémoires ; | 1. D'un. Fragment sur l’histoire de Russie , par Je C. Leror-De-FLacis , professeur de législation à l'Ecole centrale, dans lequel il recherche com- ment les ancêtres des Russes obtinrent et méritèrent le surnom de Slaves ou Slavons (grands, glorieux) ; 11 explique les causes de la grandeur effrayante et es PT ET PEN SO TE | | | Nouvelles littéraires. 979 colossale de ce peuple, et indique ce qu’il auroit pu devenir avec sa langue et sa religion qui le te- noient séparé-du reste de l’Europe, si ses maîtres avoient eu Ja patience de le laisser mûrir, ct ce qu’il peut se promettre encore de cette double res- source contre ses voisins. ° D'une Notice historique et abrégée sur l’ori- gine des monnoies des anciens peuples, contenant aussi quelques détails sur celles en usage aujour- d’hui dans les quatre parties du monde, parle C. LAMBERT, ex-directeur de la monnoie. RE 3° D’un Morceau du C. GERVAIS, relatif à la construction des fourneaux économiques propres à chauffer des chaudières beaucoup plus-petites que celles dont les mémoires déja: publiés par la société font mention. Cet article contient aussi l'annonce d'une Instruction sur les sécheries des teinturiers. 4° Enfin, d’un Mémoire du C. PLUVINET, sur les cidres , dans lequel il observe qu’ils sont en dé- néral mal préparés , mal fermentés, qu’il en résulte des inconvéniens pour la santé, et qu'ils ne peu- vent être que de très-peu d’utilité pour la distil- lation. et la fabrication des vinaigres. Il pose :eñ-: suite des règles à suivre dans Ja fabrication et la conservation des cidres. Ces règles sont puisées dans la théorie.de la conservation vineuse , exposée avec autant de profondeur que de clarté daus l'ouvrage du C.,CiaPpTAL, Après l’annonce des ouvrages dont la lécture n’a- voit pu, être entendue , le président a proclamé les deux programmes de prix suivans, 380 Nouvelles littéraires: PROGRAMME. PRIX D'ÉCONOMIE CIVILE. Déterminer jusqu'à quel point il convient aux Fran- caises de se servir de costumes à la Grecque. La question sera traitée sous le double rapport de la morale et de l'hygiène : il faudra donc avoir égard aux opinions religieuses des peuples moder- nes , au climat de la France, à l'éducation et aux mœurs de ses habitans. Ce prix consistera en une médaille d’or de la va- leur de trois cents fr. : il sera décerné dans Ja séance publique de la Société, du 7 thermidor an 10. PRIX DE CHY MIE APPLIQUÉE AUX ARTS. Tndiquer pour teindre le coton filé en un rouge, com. parable en tout à celui dit des Indes ; un procédé ® Be: ’ - . . . qui n'exige que six secs. ou dessications, Les cotons teints par les concurrens , seront soumis aux mêmes épreuves que ceux teints dans les meilleures teintureries de Rouen; ils devront résister; comme ces derniers, à l’action du savon et à celle de l'acide nitrique, Ce prix consistera en une médailie d’or de la va- leur de six cents francs : il sera décerné dans la séance publique du 7 thermidor an 17. Les mémoires en français ou en latin, seront adressés, francs de port, au C. AUBER, secrétaire de correspondance , à V Ecole centrale, avant le 25 messidor des années 10 et 17. | | v Nouvelles littéraires. 381 Les auteurs auront l’attention d’écrire leurs noms davs un billet cacheté, sur lequel ils répéteront l’é- pigraphe inscrite en tête du mémoire qu’ils auront envoyé. Les membres de la Société sont exclus du concours. Extrait du procès-verbal de la séance du 15 pluviose an 10. La Société délibère que le procès-verbai de sa séance publique du 7 pluviose an 10, sera impri= mé, adressé au Ministre de l’intérieur , envoyé à ses correspondans et aux Sociétés savantes et étrangères. ' NOEL, président. GUERSENE, secrétaire, PA RES. INSTITUT NATIONAL. Suite de la notice des travaux de la classe des sciences morales et politiques , durant les mois de nivose ; pluviose et ventose an 10, par le C. DAUNoOU. ” Une quession qui appartient au droit des gens, soit naturel, soit positif, a été discutée par le C. MERrLIN. Cette question est de savoir si les ambas- sadeurs et autres ministres publics dépendent des autorités établies dans l’état où ils exercent leurs fonctions. Pour soutenir qu’ils en dépendent, on allègue certaines lois romaines. Le C. Merlin commence sa dissertation par l'examen de ces lois ; il prouve qu’elles sont étrangères à la question : que les /egati dont elles parlent n’étoient que des agens entretenus à Rome par les provinces sujettes de l'empire. Quant 382 Nouvelles litiératres. aux envoyés d'un état véritablement étranger, les principes du droit des gens et le consentement gé- néral des nations ont depuis longtemps consacré leur indépendance. C’est ce qui résulte d’une mul- titude d’actes émanés de l'autorité, soit législative, soit exécutive, en France, en Espagne, en Angle- terre, en Prusse, en Hollande, en Turquie. Après avoir montré par tant de faits que les mi- nistres publics ne sont point soumis à l’action des autorités établies dans l’état où ils exercent leurs fonctions , le C, Merlin s’applique à déterminer l’é- tendue qu’il convient de donner à cette maxime gé- nérale , et il prouve d’abord qu’on ne doit pas la restreindre aux ministres du premier ordre, qu’elle est applicable anx simples envoyés aussi-bien qu’aux ambassadeurs proprement dits. Mais leur indépendance se communique-t-elle aux biens qu’ils possèdent dans l’état où ils résident en ces qualités ? Pour résoudre cette question, l’auteur distingue entre les immeubles et les meubles; il fait même plusieurs sous-distinctions qui entraine- roient ici trop de détails, mais qui sont toutes jus- tifiées par un grand nombre d’actes émanés des di- vers gouvernemens et des tribunaux établis près de chacun d’eux. Il réfute l'opinion de Wicquefort (8), qui prétend qu’un contrat passé devant notaire, dans le lieu de la résidence d’un ministre publie, soumet ce ministre à la juridiction des juges du pays. ‘,(8) Voy. l'Ambassadeur er ses fonctions, liv. 1, sect, 27, 28, 29. Notvelles littéraires. 323 Ce même Wicquefort, et avec lui Vattel (9) et Bynkershoek (ro), pensent qé’un ministre public ne peut renoncer à son indépendance qu'avec le consentement du gouvernement par lequel il est en- voyé. Le C. Merlin embrasse cette opinion; mais il indique plusieurs cas où un ministre public se rend , par.son propre fait, justiciable des tribunaux de l’état dans lequel il réside. Vattel dit que Le made public est indépendant 5 mais qu'il wa pas le droit de faire tout ce qu’il lui plaît. Le C. Merlin donne à cette maxime les ex- plications et les développemens dont elle a besoin. Sur la question de savoir si un ministre public peut être poursuivi dans le lieu de sa résidence , à raisdn des crimes ou des délits dont il s’y seroit rendu coupable, l’auteur du mémoire, après avoir rap- pelé les diverses opinions des publicistes, se décide pour la négative, qui a été consacrée en France par la loi du 13 ventose an 2: Il observe cependant et prouve par des exemples que les dépositaires supré- mes du pouvoir exécutif peuvent interdire leur ap- proche à un ambassadeur coupable d’un crime; qu’ils peuvent, si.le crime est grave , lui ordonner de sortir de l’état, ox: même, suivant les circon- stances , le faire arrêter provisoirement. Les délits attentatoires à la sureté générale de- mandent ici une attention particulière. L'auteur de # »1(9) Voy. Le Droit des gens; par ne Varrez, liv, IV, cap. 7. (10) Cornelii van-Lynkersheek de Jfero legarorum liber, cap. 25, etc. 384 Nouvelles littéraires. la dissertation pèse et discute toutes les raisons, toutes les autorités, tous les exemples qui sur ce point peuvent étre allégués pour et contre; et il conclut que régulierement un ambassadeur, même en cette matière, doit être considéré comme indé- peudant ; qu’on n’a point le droit de le traiter en ennemi, tant qu’il n’en vient pas à la violence et aux voies de fait, mais qu’on peut contre lui tout ce qu’exige raisonnablement le besoin de se garantir de ses complots, Quant aux impositions, elles sont personnelles ou réelles. Un ministre public est toujours exempt des premières : mais lorsque les secondes sont établies sut les immeubles, il y est soumis comme tout autre propriétaire. S'il s’agit d'impôts indirects qui se lè- vent sur les consommations, ou qui se perçoivent à l’entrée et à la sortie des objets qu’on importe et qu’on exporte , l’exemption ou la non exemption des ambassadeurs dépend absolument des lois et des conventions positives, qui, à cet égard, sont fort variables. Le mémoire est terminé par l’examen de la fran- chise de l’hôtel d’un ministre public ; franchise que plusieurs actes des gouvernemens français, espa- gnol , britannique et russe, reconnoissent comme une çonséquence directe de l’indépendance des en- voyés. Mais le C. Merlin ne pense pas que cette franchise puisse s'étendre à d’autres qu’à l’envoyé lui-même, et aux ‘personnes de sa suite. Il croit, qu'un malfaiteur peut être arrêté dans ces hôtéls priviléciés comme tout ailleurs. L’auteur ne se dis= simule Nouvelles littéraires. 3895 simule pas que son opinion sur ce point n’est pas universellement adoptée, et il rappelle plusieurs circonstances où elle a été débattue entre les puis- sances de l’Europe. Mais il a fait voir qu’elle a été reconnue et proclamée en Hollande par une ordon- nance des états-généraux du 25 juin 1661; en Por- tugal, par un édit de Pierre IT, de 1681; et en Espagne (relativement aux criminels d'état), par une décision du conseil de Castille, du mois de mai 1726. La République française n’a point de loi qui ait été spécialement faite pour cet objet. Il en est bien une qui, par sa rédaction vague et générale, peut y sembler applicable ; c’est l’article 166 de l’ordon- nance du moïs d’août 1639, article qui abolit in- distinctement tout droit d’asyle, et déclare qu'il n’y aura plus à l’avenir aucun liew d’immunité contre l'exécution des ordres judiciaires. Maïs comme on sait par l’histoire que cette disposition n’a eu pour but que l'abolition des franchises dont les temples et les cimetières avoient joui jusqu'alors, il seroit à desirer, dit le C. Merlin en terminant son mé- moire , qu’une loi plus formelle et plus spéciale dis- sipât tous les doutes qui peuvent subsister sur cette matière. Appréciation de l’histoire ancienne : teest le titre d’un mémoire lu par le C. MERCIER. Après le roman, dit lPauteur, ce que j’aime le mieux c’est l’histoire. Mais cette histoire est un océan immense qui s’accroit chaque jour , et qui déconcerte l’érudition la plus intrépide, Vue philosophiquement, Tome PT, Bb 386 Nouvelles littéraires: ajoute-t-il, elle n’est qu’un triste miroir d'erreurs, de sottises et de crimes irréparables. De quelles fautes a-t-elle su nous préserver ? Quelle influence a-t-elle sur le présent et sur l’avenir? Vous dites que les mêmes faits se reproduisent. Mais , répond l’auteur , il faudrait pour cela que les corps politiques reprissent la même situation, les mêmes relations. Alors seulement vons pourriez voir reparoître dans les hommes les mêmes caractères, dans les événemens des modifications semblables. Or rien ne s’ajuste ainsi; c’est toujours une nouvelle serrure : l’ancienne clef ne peut ouvrir. D'ailleurs le C. Mercier nous invite à réfléchir sur la prodigieuse variété de vues, d’habitudes , de sys- tèmes, qu’on remarque entre les historiens. Leurs divers esprits sont autant de verres qui donnent dil- férentes couleurs aux objets. On interrogeait jadis des oracles; ils étoient ou muets , ou obscurs, ou menteurs. Si vous consultez l’histoire, attendez ou le même silence, ou les mêmes ambiguités , ou les mêmes impestures. Voyez, poursuit l’auteur, comme vos écrivains vous parlent diversement du même personnage ou du même événement. Comparez, sur Ja conjuration de Catilina, Cicéron et Saluste. Au surplus, com- ment pouvez-vous prétendre à une connoissance si précise de l’histoire des Grecs et des Romains, comment voulez-vous poser de si loin les limites de la croyance et du doute, vous qui débattez l’his= toire de vos propres jours ? C’est une fable, selon le C, Mercier, que ce tribunal d'histoire placé à la Nouvelles littéraires. 387 Chine à côté de l’empereur, Les narrations antiques ne peuvent passer que pour des apologues plus ou moins ingénieux. L’auteur pense que, pour s’en for< mer une idée, il suffit de supposer qu’on écrivoit alors l’histoire comme on l’a écrite dans notre siécle. « Quand « nous voulions, dit-il, timides ou contraints, parler «“ aux rois de l’Europe , nous mettions en scene les « républicains de la Grèce ou les monarques de PAsie, “ c'étoit une facon détournée de satyriser décemment « les rois. Ecrire l’histoire n’est qu’une maniere de faire des pétitions. » 3 Ainsi, dans les temps les plus reculés , des poèmes, des allégories, des apologues, des discours de héros composés par des rhéteurs, des récits dictés par mille intérêts de faction ou de secte; en un mot, des fa- bles convenues, comme disoit Fontenelle : dans le moyen âge, des chroniqües , des légendes, des vies miraculeuses : dans les quatre derniers siécles, des compilations et des imitations de tout ce qui pré- cède ; des portraits aussi fidelles, des parallèles aussi justes, que les harangues de Tite-Live sont véritables ; des mémoires sans autorité, des témoignages dont l’un contredit l'autre, des systemes de morale ou de politique mis en récits, des flatteries, enfin, et des satyres : voilà, suivant le C. Mercier, l’histoire. Admettons pourtant la vérité, la certitude de tant d'histoires , l’auteur demande encore quelle en sera l'influence ? Les historiens d'Alexandre, dit-il, ont fait plus de rois brigands que la vie de Cartouche n’a fait de voleurs de montres. Suétone semble ab- soudre fout ce qui n’est pas Caligula ou Néron; et Bb 2 388 Nouvelles littéraires, quant à Tacite, est-1! bon, s’écrie le C. Mercier, qu'il y ait ew un Tacite ? I] reproche à cet historien d’avoir prêté sa sagacité et son esprit aux tyrans et aux lâches qu’il a dépeints ; il l’accuse d’avoir eu le génie et, pour ainsi dire, l'intention de tant de cri- mes. Je vois, dit-il, je devine ce qu’eñt fait Tacite , s’il eût été empereur !..... On a dit de l’histoire, qu’elle étoit le dépôt dé toutes les expériences morales ; mais le C. Mercier pense que le cœur humain est bien plus vaste que cé dépôt n’est encombré. Combien d’ailleurs ces expé- riences ne sont-elles pas variables dans leurs élémens, dans leurs combinaisons , dans leurs résultats! Tan+ dis que vous songez aux premières , les secondes et les troisièmes vous échappent : vous tirez des unes des conséquences que les autres auroient démenties. L'auteur trouve, dans les lecons historiques, un mélange dangereux de faits et de-raisonnemens : tantôt les raisonnemens prennent la place des faits, et ne donnent que des théories hasardées ; tantôt les faits prennent la place des räisonnemens, et n’of- frent que des vérités sèches et stériles, quand'ce sont des vérités. Comment saisir, dans ce tableau confus , ces ressorts secrets qui seuls étoient bons à comnoître ? Quoi! pour n’acquérir au fond qu’une connoïissance assez vague des chances journalières qu'amènent les grands jeux de la fortune ; pour sa- voir qu’en somme elleabaisse ce qu’elle avoit exhaussé, élève ce qu’elle avoit abattu , étoit-il besoin de com- pulser tant d'archives, de fouiller de si antiques mo- uurnens ? Nouvelles liltéraires: 389 Quels sont les remèdes, les préservatifs que vous cherchez là? L'histoire, dit le C, Mercier , est une pharmacopée :souvent inutile et souvent empoison- neuse. 11 ajoute que le temps dévore l’histoise, ou n’en fait qu’un spectre , inanimé, qu’un fantôme. Que me veux-tu, spectre ? s'écrie l’auteur : m’apprendras- tu.qui. arrivera demain? On a eu quelquefois cette prétention : mais cette manie de vouloir retrouver »os propres avantures dans celles des anciens peu- ples est , selon le C.: Mercier, ce qu’il y a de plus dangereux dans l’usage de l’histoire. Gardons-nous, dit-il, de nous jouer avec ces fantômes historiques. Au lieu de ces rapprochemens toujours si-fautifs ; au lieu de cette laborieuse et conjecturale recherche des causes morales et. politiques qui ont influé: sur la destinée des empires qui ne sont plus, voyons mieux ce que nous sommes encore. Connoissons d’une manière absolue notre propre situation. Ne répétens pas ce qu'ont tant dit tous nos devanciers , que les mœurs dégénerent , que les lumières rétrogradent ; interrompons, s’il se peut, des traditions si niaises, Certains peuples ont en:leur gloire , nous avons la nôtre; fortifions-la, non de ce qui est écrit, mais de tout .ce que nous avous vu, de tout ce que nous pourrons voir. Ce.que nous faisons est aussi de l’his- toire : faisons cette histoire-là sans modele il y aura plus de chances pour qu’elle soit bonne. Le C. Mercier nous invite enfin à laisser les souvenirs de ce qui s’est fait, comme on abandonne les viti les paperasses d’un procès malheureux. Rien, dit 1}, Bb 3 390 Nouvelles littéraires. de si favorable pour toucher au grand , que de ne rien savoir de ce qui est passé. Le mémoire que nous venons d'analyser n’a point empéché la classe de s’occuper, durant ce trimestre, de recherches historiques : tous les mémoires dont il nous reste à rendre compte appartiennent surtout à Phistoire. | Une époque peu reculée, de laquelle deux géné- rations nous séparent à peine , époqué trop fameuse par la dissolution des mœurs, par le bouleversement des fortunes, mais dans laquelle on vit au moins la puissance des factions s’affoiblir, et la liberté de Ja pensée naître ou s’accroître ; la régence de Philippe, duc d'Orléans , a été l’objet d’un mémoire du C. de Isle De Sales. | Il a présenté à la classe un de ces tableaux qui tiennent le milieu entre laride précision de Pabrégé chronologique et l’abondance quelquefois stérile de l’histoire. Ce genre permet, suivant la nature et lin- térêt des matières, de parcourir, de s'arrêter, de s'élever, de peindre en masse ( ce que ne fait point le président Hénault, selon l’auteur du mémoire ) : il permet, dans les questions problématiques, de substituer des traits de critique, aux discussions ap- profondies des David Hume et des Robertson. Le C. De Sales pense que Millot et Méhégan ont offert, dans leurs ingénieux ouvrages, d’heureux essais de cette mañière d'écrire. Il ajoute que l’histoire de la régence , quoique si voisine de notre âge, n’est point aussi connue qu’elle devroit l'être, et que la philosophie peut crayonner Nouvelles littéraires. 391 encore l'ensemble des opérations du duc d'Orléans’ 21 ’auteur choisit, dans cette époque, les seuls faits qui peuvent avoir une grande influence sur les des- tinées des peuples : il les peint à grands traits et les juge avec franchise. œ £ Voici Je portrait qu’il fait de Louis XV. « Ce prince avoit atteint ses sept ans, et com- mençoit à jouer avec quelque distinction le rôle de roi. On lavoit transféré de Vincennes au châ- teau des Tuileries , comme pour le mettre sous la surveillance de la nation entière. La foiblesse de sa constitution physique faisoit négliger son édu- cation morale, et on s’en apercut assez quand il commenca à vouloir régner par lui-même. Il se montra bon, mais inactif, insouciant et sans ca- ractère. Ïl auroit puü gouverner avec succès une province de Lorraine, comme Stanislas ; mais le sceptre languissoit dans ses mains inhabiles, quand il s’agissoit d'organiser pour le bonheur une po- pulation de vingt-cmq millions d'hommes. » Le mémoire est terminé par le morceau suivant: « À ne voir la régence qu’en grand, on peut dire que, pendant huit ans de administration Ja plus orageuse , la France jouit d’une assez grande masse, sinon de gloire , du moins de prospérité. « Philippe réprima une noblesse fière , indocile, pleine encore des souvenirs de la ligue et de Ja fronde , et qui cherchoit des triomplies faciles sur le trône dans les orages d’une minorité. « Les querelles de la religion entretenoient des fermens de discorde entre tous les ordres de l’é- Bb 4 392 Nouvelles littéraires. « tat. Ce prince, en ne protégeant aucun des par- «_.tis, neutralisa leur action , en se jouant des pas- « sions saintes, les rendit moins haineuses, et tendit «à supprimer le fanatisme des délits, en supprimant « le fanatisme des peines. Le régent eut sans doute à rougir de la licence « de sa vie privée; mais cette licence influa, rare- “ ment sur sa vie publique : il joignit l’immoralité « d’Alcibiade au talent de Périclès; et s’il ne fut « pas un grand homme, il a du :moins un rang «_ parmi les princes qui ont bien mérité des hommes. » _ Le C. ANQUETIL a fixé x D PATES de la sie sur une époque plus éloignée, sur les règnes, de Charles VIII et de Louis XIT, mais Lu abat déré, dans cette partie de notre histoire, que l’état et le progrès des sciences & des arts en France. La France n’a point encore unejhistoire complète de sa littérature ; eile ne possède, en ce genre, que _de longs essais, des abrégés insuffisans ,-des frag- mens et des recherches partielles. C’étoit sans: doute pour rassembler les matériaux de ce vaste et impor- tant travail, que l’Académie des inscriptions et belles-lettres proposoit souvent des questions rela- tives à l’état des lettres en France, sous des règnes déterminés: Ceux de Charles VIII et:de Louis, XIT avoient été désignés. pour le concours de:1792,; et l'analyse critique des ouvrages envoyés à ce concours est l’objet du mémoire que le C: Anquetil nous a lu. Quel que soit le mérite de:plusieurs de ces ou- vrages, quelle que soit l'estime qu'ils inspirent poux * Nouvelles liltérarres. 893 leurs auteurs, l’Institut s’abstient de connoître Îles noms des concurrens qui n’ont point été couronnés: il respecte, après un demi-siécle, les secrets dont l’Académie des inscriptions a promis linviolabilité. Il résulte des recherches contenues dans ces mé- moires, et de celles du C. Anquetil, qu’à la fin du quinzième siécle, toutes les parties des sciences alors connues étoient cultivées en France, que l’on commençoit même à écrire sur des matières que les Français n’avoient point encore abordées, comme la politique, la marine , la tactique et le blason. La langue tendoit à se perfectionner : la peinture et la sculpture acquéroient de la grace, la poésie dela correction, et la prose de la méthode. Mais en louant les efforts des littérateurs de ce temps , on est forcé de conclure avec le C. Anquetil « que les « fruits de leurs travaux étoient moins une vraie « science, que des excursions hors. de l'ignorance. » Parmi les connoissances cultivées , mais peu avan- cées au quinzième siécle, il faut compter la géogra- phie : il en existe une preuve. dans leswbservations que le C. BuACHE a communiquées à Ja classe, sur les notions que, l’on avoit de l'Afrique à, l’époque où les Portugais ont doublé le cap Bojador. . Son mémoire est fondé sut l’examen, des cartes dressées vers cette époque , ét spécialement de deux cartes générales du monde, dont l’une fut faite par Marin Sanut en 1321, et l’autre par André Bianco en 1436. On trouve la première dans l'ouvrage in- titulé: Gesta dei per francos ; et la seconde dans le saggig sulla nautica dei veneziani, de Formaleone. 304 Nouvelles lit/éraires. Le C. Buache a réuni sur une même planche qu’il a fait graver les parties de ces cartes qui concernent l'Afrique. C’est en 1432 que le pilote portugais Gilianez par- vint le premier à doubler le cap Bojador, et les historiens ajoutent que l’étonnement et l’enthou- siasme que cet exploit excita, le firent placer au dessus des travaux d’Hercule (11). Cependant , avant cette découverte, on avoit quelque connoissance des côtes de l'Afrique : la carte de Marin Sanut, dres- sée en 1321, en offre la preuve ; et d’ailleurs il existe à la Bibliothéque nationale une grande carte des- sinée sur vélin et collée sur bois, qui représente la côte occidentale d'Afrique, avec ses détails, jus- qu’au-delà du cap Bojador. On remarque sur cette carte, au sud du même cap, la figure d’un vaisseau, avec cette note: « Parti de Lucar don Jacq. Ferer , « pour aller à la rivière de l'Or, le jour de Saint- “ Laurent , qui étoit le 10 août de l'an 1346. » La carte de Marin Sanut est beaucoup plus exacte que celle d'André Bianco, faite cent quinze ans plus tard. Mais une circonstance commune à ces deux cartes, et qui a dû les décréditer, c’est Ja di- rection qu’elles donnent à la côte orientale d’Afri- que qu’elles éténdent est et ouest, et qu’elles pro- longent jusque vis-à-vis l'extrémité de l’Inde. On sait que la côte orientale d'Afrique se dirige du nord au sud, en déclinant vers l’ouest, à mesure qu’elle s'approche du Cap - de- Bonne - Espérance, G+) Voy. l'Histoire générale des Voyages, par Prévor, liv. I, chap. 2. Nouvelles littéraires. 395 Comment se peut-il donc que dans un temps où cette côte étoit connue, à en juger par les détails que ces cartes présentent, on ait pu lui supposer un tel gissement ? « On ne peut résoudre cette difficulté, répond le « C. Buache, qu'en admettant que cette côte n’a été figurée que d’après des rapports vagues et con- formément à l'opinion adoptée chez les anciens, « que la zone torride étoit inhabitable. Si on l’a « prolongée jusqu'aux extrémités de l’Inde, c’est «“ une suite naturelle de la grande étendue qu’em- « brassoit la partie connue de cette côte : on lui a donné en longitude l'étendue qu’elle comprenoit * en latitude. » = = e D'ailleurs ce n’est pas dans les cartes seulement que l’on remarque cette direction ét ce prolonge- ment de l’Afrique du côté de l’est : on les retrouve dans les descriptions des séographes arabes , de ceux même qui nous ont donné le plus de connoissances sur l'Afrique. L’Edrisi dit, en parlant de la côte de Sofala, qu’elle est le côté sud de la mer des Indes. Le docteur Vincent a inséré à la fin de la première partie du Périple de la mer Erythrée qu’il vient de publier, la copie d’une carte générale du monde, tirée d’un exemplaire manuscrit de la géo- graphie d’Edrisi ; et cette carte représente, comme celles de Sanut et de Bianco, la côte orientale d’A- frique, dirigée de l’est à l’ouest , et prolongée jus- qu'aux extrémités de l’Inde. Ici le C. Buache observe que la plupart des au- teurs, tant anciens que modernes, qui nous ont 396 Monvelles littéraires. donné des descriptions générales du monde, les ont composées d’après les cartes qu'ils avoient sous les yeux : qu’ainsi ce qu’ils rapportent de l'étendue et de la forme des continens , ne doit pas être considéré comme le résultat de connoissancespositives et vé- rifiées, mais comme l'exposé de ce que représen- toient les cartes dont ils ont fait usage. D'après les détails: que donnentles deux cartes de Sanut et de! Bianco, le C. Buache conclut que la côte orientale d'Afrique étoit connue, avant les dé- couvertes des Portugais, jusqu’au-delà du cap des Courans ;.que la, côte occidentale étoit également connue jusqu’au-delà du cap Lopez ou de l’Equa- teur, et que l’on avoit une idée vague du reste. On savoit: du moins que l'Afrique étoit bornée de ces côtés par la mer, et que l'Océan atlantique com- muniquoit avec la mer des Indes. Le C. LÉVESQUE a commencé la lecture d’une histoire de l'ancienne Æxypte, d’après Hérodote , Diodore de Sicile et Strabon. L'auteur croit que Phistoire de l Ægypte ancienne doit servir d'introduction à celle de la civilisation de tous Jes peuples de l’Europe. En effet, à qui tous ces peuples doivent-ils leurs idées philosophiques et théologiques , les élémens de leurs sciences , de leurs arts, et même de leur Jégislation ? c’est aux Grecs sans doute. Or les Grecs avoient reçu des Ægyp- tiens tous ces élémens, et même le système entier de certaines sciences. Instruits et souvent égarés par les Ægyptiens, les Grecs ont à leur tour instruit et égaré d’abord les Romains , puis les élèves des Ros Nouvelles littéraires. : 307: mains eux-mêmes. Ainsi la Grèce et Rome nous ont transmis des connoïissances et des erreurs, dont le germe vient d’Ægypte. On peut assurer que si les sages ou philosophes de la Grece n’avoient point cultivé ou gâté Jeur raison chez les prêtres de cette Ægypte, s'ils n’avoient dû le progrès de leurs con= noissances qu’à l’activité naturelle et: aux propres forces de leur pensée ; aujourd’hui Pesprit humain seroit autrement modifié sur toute la face de l’E:- rope moderne. Depuis Pythagore, et même depuis Orphée, on n’a fait, dans les études purement in- tellectuelles , que se fatiguer à tirer les conséquences des opinions puisées par les Grecs chez les Ægyp- tiens, et vraisemblablement apportées de l’Inde en Æsgypte. Notre plus grand travail, ajoute le C. Lé- vesque, et tout l'effort de la philosophie, consistent maintenant. à rejeter ces antiques dépouilles. C’est de l’Æthiopie, suivant l’auteur , que l’Æ- gypte a recu sa première population. Il pense que Ja Haute-Ægypte a été la première habitée; que des peuplades foibles et sauvages l’oceupoient déja, quand la Basse - Ægypte n’existoit point encore. Hérodote, ‘qui avoit recueilli dans le pays les an- ciennes traditions, disoit que, jusqu’au territoire de Thèbes, toute la contrée n’avoit été qu’un ma- rais, et que tout le sol qu’on voyoit de son temps au dessous du lac Mœris étoit un présent du Nil. Ce récit s'accorde avec la loi générale, suivant la- quelle les grands fleuves portent sans cesse à la mer un limon qui s’entasse à leur embouchure. Le C. Lévesque s'attache à montrer comment une grande 3098 Nouvelles liticraires;: étendue de l’Ægypte a pu être formée des détri- mens du sol et des montagnes de l’Æthiopie. L'histoire de l’ancienne Ægypte consiste surtout dans la description des lieux, des usages et des mœurs : presque tout le reste est incertain ou fabu- leux. On voit les Ægyptiens, dans l’antiquité la plus haute, connoître et pratiquer habilement les plus difficiles procédés des arts : pourquoi w’ont-ils pas eu , autant que les Grecs, le sentiment du beau? Pourquoi sont-ils restés à une si grande distance de ces Grecs leurs disciples , dans tout ce qui constitue la beauté? Le C. Lévesque indique les obstacles physiques qui ont empêché les Ægyptiens de faire ce genre de progres. C’est Thèbes, dit-il, qu'il faut visiter; c’est le sol de Thèbes qu’il faut fouiller pour y trouver les ouvrages les plus anciens peut-être qui existent sur tout le globe. Cambyse détruisit cette ville dans le sixième siécle avant l’ère vulgaire ; et les anciens qui en ont fait la description n’en ont vu que les ruines. Mais Cambyse n’a pu réduire en poudre des ouvrages colossaux de granit et de basalte, il n’a fait que les renverser ; ils existent encore : un sable profond les couvre et les conserve depuis deux mille quatre cents ans. Le C. Lévesque fait observer que les Grecs qui, depuis le règne de Cambyse, allèrent prendre les leçons des prêtres de l’Ægypte, n’eurent pour mai- tres que des ignorans présomptueux , héritiers de quelques fonctions et non de la science des prêtres immolés par ce tyran. Ces précepteurs des Grecs ne - salt Nouvelles littéraires. 399 connoïssoient pas les caracteres hiéroglyphiques ; les colonnes sur lesquelles éloit gravée la doctrine an- tique restoient muettes pour eux. Ils n’étoient, selon Strabon, que des faiseurs de sacrifices, qui inter- prétoient des textes qu’ils ne savoient pas lire, igno- roient et expliquoient le sens des cérémonies, et gagnoient enfin quelque argent à montrer les cu- riosités de Jeurs temples. Jablonski a fait voir l'ignorance de Manéthon, le plus savant de ces pontifes, La publication des mémoires de l’Institut du Caire doit jeter un grand jour sur les antiquités de l’Æ- gypte. Le C. GIRARD a donné une haute idée de l'importance des travaux de cette Société dont il est membre, lorsqu'il a communiqué à la classe des sciences morales et politiques de l’Institut national, des recherches sur le nilomètre d'Eléphantine et sur l’ancienne coudée des Ægyptiens. Le recueil des mémoires de la classe contiendra une analyse raisonnée de cet ouvrage : nous devons nous borner ici à quelques résultats. L'ile d'Eléphantine est le plus considérable des atterrissemens formés , à la hauteur de Sÿène, par le sable et le limon que le. Nil charrie, Le C. Girard a retrouvé sur la rive orientale de cette île, le nilomètre, dont Strabon et quelques autres ont parlé. A la description de cet édifice, l’auteur joint plu- sieurs observations qui tendent à prouver que l’an- cienne coudée ægyptienne etoit de 527 millimètres, et que l’exhaussement du lit du Nil dans cette pai= 400 Nouvelles littéraires. tie de son cours a été, depuis environ seize cents ans, 27, 0715. , Il établit ensuite que les diverses mesures données par les anciens du côté de la base de la grande py- ramide, doivent se traduire, comme il suit, en me- sures françaises : Les 800 pieds d'Hérodote.............. 210",3 Les 909 de Philon de Bysance, et les 600 GE D Ci CRT ete screens BOT Les 700 de Diodore de Sicile.........,. 230, 3 Des OBS FIMEN TE NS MENT 2920 Cette dernière mesure , donnée par Pline, diffère extrêmement peu de celle que les membres de l’In- stitut du Caïre ont prise; savoir, 232", 6678 (716 pieds 6 pouces). Quant aux mesures qui avoient été données par des voyageurs modernes, elles ne s’accordent ni entre elles ni avec celles des anciens. Ces voya- geurs, en prenant, pour le côté de la pyramide, l'intervalle compris entre les angles apparens de son assise inférieure , ont mesuré une ligne plus courte que celle dont les anciens s’occupoient; car autre- fois ce monument étoit recouvert d’un revêtement qui n'existe plus. Les membres de l’Institut du Caire ont recherché sur le sol l’emplacement occupé par les pierres angulaires de cette espèce d’enveloppe ; pierres qui formoient les extrémités de la ligne dont il s’agissoit de retrouver la longueur. Snellius, Riccioli et la plupart des modernes ont supposé qu'Eratosthène , en mesurant le degré du méridien terrestre , avoit employé, ou le stade grec olympique; Nouvelles littéraires, 401 olympique, ou un autre stade particulier. Egarés par leurs propres conjectures , ils ont attribué à Hratosthène des erreurs grossières. Le C. Girard lui restitue son ancienne réputation, en faisant une supposition plus vraisemblable, et que toutes les circonstances confirment ; savoir , que ce cosmogra- phe a exprimé sa mesure en stades ægyptiens. L'ancien pied de la coudée ægyptienne étant de 6,2635 , comme il résulte des recherches du C. Gi- rard , le stade de 600 pieds employé par Eratosthène est de 158,1 , et les 700 stades qu’il donne au degré du méridien terrestre égalent 110670 mètres. Or Bou- guer, sous l'équateur, trouva ce degré de 110577 mètres , et les CC. Méchain et Delambre viennent de le trouver de 111074 au milieu de la zone tem- pérée. Qu'Eratosthène , sous le tropique , ait 93 mètres de plus que Bouguer, et 404 de moins que les CC. Méchain et Delambre, cette différence, dit le C. Girard, « s'accorde à la fois avec l’irrégu- « Jlarité remarquée entre la longueur des degrés-ter- « restres, et la loi de leur décroissement. » , Ouvrages imprimés. De l'esprit publie , par le C. ToULONGEON. In-8.° Mémoire en faveur de Dieu, par le C.J. DE L’Isce De SaLes. Paris, chez Fuchs. An 10, In-8.° La classe des sciences mathématiques de l’Insti- tut, dans son assemblée du 1. germinal, a choisi trois astronomes, pour être présentés à l’assemblée Tome FI. Ce 402 Nouvelles littéraires, générale , à l’occasion de la place vacante dans a section d’astronomie. Ce sont les CC. Vinaz, HENRY et CaaAsroz-Muroz. La section avoit encore pré- senté les CC. Duvaucez et Kramp. Ecoles centrales. Le C. BINET, professeur de belles-lettres à l’6- cole militaire, dès 1767, recteur de l’université de 1779 à 1793, etc. , exerce à l’école centrale du Pan- théon francais, la place de professeur, de belles- lettres, place à laquelle il a été nommé, dès Îles premiers jours du mois de ventose, place de feu Sélis. Tableau de CALLET. — On vient de placer dans l’église des Invalides à Paris, le tableau du C. CALLET, dont le sujet est une allégorie du 18 brumaire. Ecole des taupes. — Le préfet de Seine et Oise, d’après une let- tre du C. CaDeT-bpE-Vaux, sur le projet d'une école destinée à la destruction des taupes, et le rapport de la société d’agriculture de ce départe- ment , a pris un arrêté, par lequel il charge cha- que sous-préfet de désigner, dans son arrondisse- ment, un Citoyen intelligent, qui se rendra auprès du C. LecourT, à Pontoise, pour s’instruire dans les procédés d’une utilité reconnue , qu’il met en usage pour détruire les taupes ; le nombre des élèves . ne pourra étre au-delà de cinq; le temps de la durée de l'instruction ne pourra excéder quatre dé« Nouvelles littéraires. 403 tades ; chacun des élèves recevra, à titre d’indem- nité, 1 fr. bo cent. par jour ; les élèves se succéderont de cinq en cinq, jusqu’à ce que le nombre de ceux qui auront participé à l’instruction , soit jugé suf- fisant pour propager dans tout le département les connoissances du €. LecourT, lequel recevra aussi une @ratification arbitrée sur les soins qu’il aura donnés aux élèves , et les progrès de ceux-ci, d’a- près l'attestation des maires et l’avis des sous-préfets. Sono-rmèlre de MONTU. Une commission nommée par le ministre de l’in- térieur, et composée des CC. Lacépède , Prony, Charles, Gossec et Martini, fut chargée de faire uu rapport sur deux nouveaux instrnmens inventés par le C. Montu. Cette commission rassemblée au conservatoire de musique , fit donner , il y a un an, une somme de 3000 fr. pour aider l’inventeur à per- fectionner son travail. Elle a vu, le 4 fructidor dernier, chez le C. Montu, les deux instrumens en- tierement terminés, et son rapport, en date du 14 niyose, porte ce qui suit: L’un de‘tes instrumens, qu’on peut appeler So= ë . . ? no-mètre , est composé d’un corps en forme de pa- I raléllipipède , avec table sonore de 2 mètres + de longueur. La table sonore, qui est horizontale, porte 8 cordes métalliques, et l'appareil est muni de tout ce qui est nécessaire pour monter ces cordes à lPunisson parfait, assurer l’égalité de leur Jlon- gueur; les sous-diviser, en telle proportion qu’on veut , par le moyen d’échelles placées le long de la table , et de chevalets d’une construction fort ingé- nieuse , etc, etc. Ce 2 404 IVouvelles littéraires: L'autre instrument est un système de six s070= mètres , dont les axes convergent en un centre comM- mun, et dont les tables sonores sont dans un même plan vertical. Ce sono-mètre composé a une foule de articularités qui le distinguent du précédent, parmi esquelles on peut remarquer le mécanisme pour tirer simultanément le son de plusieurs cordes à Ja fois, moyen ingénieux d'assurer l’unisson des deux parties d’une même corde qui passe sur une poulie, etc. La commission, en persistant dans ses avis pré- cédens sur lutilité des expériences qu’on peut faire avec les deux so10-mètres sus-mentionnés , observe que la beanté et la perfection du travail, dont elle avoit auguré tres-favorablement , lorsque ces instru- mens n’étoient qu'ébauchés, a surpassé son attente lorsqu'elle les a vus achevés. Elle a examiné, avec beaucoup d’attention et de détail, toutes les par- ties de la construction, et il n’en est aucune où elle n’ait reconnu les caractères d’une habileté de main-d'œuvre consommée , et d’un esprit d'invention peu comraun,. Considérant ensuite le temps que le C. Monitu a consacié à l’exécution de cet ouvrage, et les dé- penses qu'il y a faites, tant pour l’achat des matières que pour les salaires des ouvriers qui ont travaillé sous sa direction, la commission a estimé que l’éva- Juation du prix des deux soz0-mètres , n’étoit rien moins qu'exagérée en portant ce prix à douze mille francs. En conséquence , la commission pense que, tant pour l'intérêt de Part musical que pour celui des arts en général, qui exige qu’on soutienne et qu’on en- courage un homme d’un talent distingué, tel que le C, Montu, il est convenable que le gouvernement français fasse l’acquisition de ces deux sono-mètres au prix de douze mille francs , dans laquelle somme sont comprises celles qu’il a déja touchées. Nouvelles litléraires. 405 Vaccine. On vient, dit le journal de Manheim, du 6 mars, de découvrir que la vaccine étoit connue en Alle- magne il y a plus de 30 ans. On cite en preuve un ouvrage périodique qui a paru en 1769, à Gottin- gen , chez Fred. Andr. Rosenbusch, sous le titre : D’Entretiens généraux ; avec l’épigraphe : Au peu- ple. Là , se trouve un article sur les maladies épi- léiniques parmi les bêtes à cornes, dont l’auteur a gardé l’anonyme, et s’est simplement qualifié d’an- cien économe. Dans cet article on remarque le pas- sage suivant : Ce qui fixe toute mon attention, c’est l’observa- tion que d’après Tite-Live une pareille peste étoit très-commune parmi les bêtes et les hommes, ce qui n’a plus lieu de nos jours. J’ai déja dit, que ce qu’on Prenoit pour la peste , n’étoit peut-être souvent qu’une fièvre chaude accompagnée d’une espèce d’ébulli- tion , et comme elle doit avoir été très commune parmi les bêtes et les hommes, et que Tite-Live Pappelle une fois expressément scabies, je penserois à la vaccine qui n’est pas inconnue dans ce pays f cet ouvrage ayant élé imprimé à Gottingen, ël paroît que l’auteur à voulu parler de cette ville ou de ses envi- rons } , et qui se communique encore aujourd’hui aux filles qui traient les vaches et aux autres, personnes qui les soignent. Il est vrai que ni les hommes ni les animaux ne meurent de cette maladie ; mais ils doivent devenir assez malades, et peut-être notre climat froid est-il cause que ce poison n’est pas plus violent, Je remarquerai en passant que dans ce pays les hommes qui ont eu la vaccine se croyent à labri de toute contagion de la petite-vérole, ce qui n’a été confirmé par plusieurs personnes estimables, auxquelles je m’étois adressé pour avoir des infor- mations exactes, Ce 3 406 Nouvelles littéraires, DH É'ANTRES THEATRE FAFART. La Statue, ou la Femme avare., Le plus habile homme peut se tromper quelque- fois. C’est ce qui vient d’arriver au C. HOFFMANN, Jun des plus féconds auteurs d’opéras tragiques et comiques. Cette fois il n’a pas imaginé lui-même son sujet ; il s’est contenté d’ouvrir le quatrieme yo- lume du Théâtre de la Foire, de LEsAcE et Dor- NEVAL, et d'imiter le vaudeville en trois actes, intitulé : Za Statue merveilleuse. Depuis longtemps la féerie n’est plus de mode chez nous : on n’a pas dû s’étonrer du peu de succès de la Statue, jouée le 6 floréal, et dont le mérite consiste en une belle décoration. La musique, du C. Nicozo Isoarb, a paru plus bizarre qu’agréable. Elle est peu chan- tante , et fait beaucoup de bruit. THÉATRE LOUFOIS. Un Tour de jeune homme. Le théâtre Louvois veut rivaliser le Vaudeville et la Montansier, puisqu'il s'empare aussi des pièces de circonstances. Une mauvaise anecdote, insérée dans tous les journaux , forme le fonds léger de la bluette en un acte et en prose, jouée le 4 floréal sur ce théâtre, et traitée par les CC. LÉGER €t CHAZET, qui enrichissoient autrefois, de ce genre de pièces , le répertoire des Troubadours. Nouvelles littéraires. 407 Ua jeune homme veut aller à Longchamps, à che- val, et n’a pas le moyen d’en acheter un. Il le prend à crédit; son oncle gronde et s’emporte ; mais notre fou revient de la promenade, la tête empaquetée, et dans un état pitoyable. L’oncle désolé paye, et le jeune étourdi est guéri sur le champ. Une intri- gue d’amour est bien ou mal cousue à cette belle comédie, qui n’a pas même le mérite d’un dénoue- ment un peu neuf, puisque, dans les Fourberies de Scapin, c’est par le même moyen que le rusé valet se fait accorder son pardon. Il faut espérer que Pr- CARD, un peu plus sévère, laissera désormais de semblables ouvrages briller aux théâtres du Boule. vart, auxquels ils conviennent parfaitement. THÉATRE DU VAUDEFILLE. Pannard. On s’attendoit, en voyant le titre de cette pièce, jouée le 8 floréal , à voir le père du Vaudeville; fêté par ses enfans chéris, les héritiers de sa plume et de ses succes. Cette attente a été bien trompée! Des écoliers ( on nous pardonnera le terme ) ont fait paroître Pännard novice et-timide, n’osant pas se Jivrer à la poésie, et envisageant les dangers de la carrière du théâtre et la honte d’une chute. Les auteurs auroient bien dû profiter eux-mémes des réflexions qu’ils font faire à leur Pannard, et ils se seroient évités le petit désagrément d’entendre le public siffler et bâïller tour-à-tour. Pour qu’un personnage puisse plaire, il faut qu'il soit amusant ou intéressant, Un clerc de procureur, Cc 4 408 IVouvelles littéraires. faisant des romances, entraîné chez une actrice qui l’engage à se faire auteur, et s’y décidant , lorsque par un déguisement , aussi inattendu que peu vrai- semblable , on a fait prononcer à son procureur Parrét qui lui permet de se livrer à son goût do- minant ; voilà le fonds de la pièce, et cela ne fait pas une intrigue bien faite pour flatter le cœur ou Vesprit."Joignez à cela une scène où la soubrette passant pour sa maîtresse, se moque, on ne sait pourquoi, du procureur qui vient chez elle pour affaires. Une autre scène où ce même procureur s’éprend subitement des charmes de l’actrice qui feint de l’aimer aussi; des entrées et sorties sans motif, et on aura l’idée de cet ouvrage informe. Je ne crois pas qu'il puisse jamais avoir du succès, malgré les changemens qu’on y annonce, et le titre plus modeste de Pannard, clerc de procureur. Parmi le grand nombre de couplets qui sont tant bien que mal entassés dans cette pièce, on en remarque au moins une douzaine de Pannard. Ceux qui les ont reconnus les ont applaudis; la plupart des specta- teurs les ont écouté froidement. Cela n’est pas éton- nant : le genre de Pannard a passé ; et, quoique le bon ne puisse vieillir, le goût est tellement changé, qu’on ne l’applaudit plus que par ton, et souvent par habitude. Au reste, la chute de Pannard doit servir de lecon aux gens qui croient que le nom d’un grand homme suffit pour faire réussir un ou- vrage , et qui ne savent pas que plus on estime le personnage , moins on sera indulgent, si son portrait est mal tracé ou peu ressemblant. T, D, LIVRES DIVERS (i) BoTaANIQuez. FLorE des jeunes Personnes , ou Lettres élémentaires sur la Botanique, écrites par une Anglaise à son amie , et traduites de l'anglais , par Octave SÉGUR, élève de l'Ecole Polytechnique. x vol. in-12 de 250 pages. Seconde édition imprimée sur carré fin de Buges, et caractère neuf; avec douze planches gravées en taille-douce par Se/lier, Prix, 3 francs 60 cent. broché, avec les planches en noir; avec les planches très-bien enluminées, 7 fr. 5o cent. En papier vélin 7 fr.; idem avec les planches enlu- minéés, 10 fr. Pour recevoir ce vol. frané par la poste , on ajoutera ôo centimes. À Paris, chez F. Buisson, imprimeur-libraire, rue Hautefeuille , n.° 20 ; et chez Donnier , au Jardin des Plantes. Cette réimpression atteste le succès de l'ouvrage. Le: Yo L'ONQT:E, * HISTOIRE naturelle des poissons , par le C. LA4- CEPÈDE , contituateur de Buffon, in-4.° ,1ome IF, avec 16 planches représentant, 48 espèces d'animaux. Prix 15 fr. do cent. broché en carion. À Paris, chez Plassan , imprimeur-libraire, rue de Vau- girard, n.° 1109 , entre celle des Francs - Bour- geoiïs et l’Odéon. On trouvera dans ce quatrième volume de l’his- toire des poissons, la description de cinq cent quatre espèces , dont quatre-vingt-dix sont encore incon- nues des amis des sciences naturelles. Elles com- posent quarante-trois genres, dont trente-deux n’ont encore été établis par aucun naturaliste. (x) Les articles marquês d'une * sont ceux dont nous donnerons Wa exlrail, ou une notice plus détaillée. 410 Livres divers. Les quatre premiers volumes de l’histoire des pois- sons renferment donc la description de onze cent quatorze espèces , dont deux cent quarante-quatre avoient échappé aux observations des naturalistes, avant la publication de nos recherches. Ces on7e cent quatorze espèces ont été réparties dans soixante genres adoptés depuis longtemps, et dass quatre- vingt-douze autres genres que nous avons cru devoir former. Les tomes VII et VIIT in-12, paroîtront à Ja fin de floréal. C'a.xR'U,R 6 UE. ARCHIrES de l'art des accouchemens, considéré sous ses rapports anatomique, physyologique et patholo- gique, recueillies dans La littérature étrangère , par Jacques-Frédérie ScH7 EIGH ÆUSER , docteur en médecine ; ouwrage périodique, LIL livraison. Strasbourg , chez Eck. Paris, chez les CC. Fuchs et Koenig. An X. 1802. Le C. Schweighæuser annonce que la quatrième livraison sera probablement la dernière, parce que les circonstances ne permettent pas un semblable travail avant d’en être suffisamment indemnisé. Pour rendre l’atilité de cet ouvrage plus générale, sous Je rapport de la bibliographie, le IV.° numéro con- tiendra le Catalogue systématique des ouvrages re- Jatifs à l’art des accouchemens qui ont paru dans les quinze dernières années du XVIII. siécle. Les Mémoires contenus dans cette IIE.° livraison sont : — 1,° La réponse à la question : Quels sont les rapports entre l’opération césarienne, la perforation du crâne, et la dissection de l’enfant dans la ma- trice , ct comment peut-on substituer ces opérations l'une à l’autre?—2.° Les observations sur lesopérations relatives aux accouchemens en général, et l’hysté- rotomie abdominale, la perforation du crâne et la dissection du fœtus dans la matrice en particulier , par l'éditeur. — 3.° L’extrait de deux dissertations lar Livres divers. 4x1 tines de M. ScHLEGEL, qui offrent le tableau histo- rique très-intéressant des établissemens publics con- sacrés aujourd’hui dans l’Europe à assurer des se- cours à la maternité, aux enfans abandonnés, ainsi qu’à l’enseignement de la pratique des accouche- mens. M. Schlegel , désigné par son souverain , VElecteur de Saxe , pour diriger une école pratique des accouchemens , fit, d’après ses ordres et à ses frais, un voyage littéraire dont le principal but étoit de recueillir des notions sur cette partie. M. Schlegel visita en effet, avec un soin digne d’éloges, un grand nombre d’hospices d’accouchées et d’enfans- trouvés de l'Europe, pour se familiariser avec l’é- conomie et les règlemens particuliers à chacun. Jus- qu’à présent l’auteur a publié la description des éta- blissemens de ce genre qu’on trouve en France, en Espagne , en Portugal , en Italie , en Suisse et en Allemagne. 11 a promis de décrire aussi ceux des Pays-Bas, de l’Angleterre, de Danemarck, de la Suéde et de la Russie ; mais cette partie de son fra- vail n’a pas encore paru. Les gens de Part doivent l’attendre avec impatience , ainsi que le plan qui doit terminer l’ouvrage , et qui renfermera les bases d’après lesquelles un hospice de femmes enceintes et d’accouchées doit étre construit, disposé et ac- ministré. Ce plan sera, pour ainsi dire, le résumé des notions que l’auteur a recueillies dans ses Gif- férens voyages. — 4.° Des règles sur l’estraction de V’arrière-faix, par M. SaxTorPa, professeur de me- decine ét accoucheur en chef à Pinstitut royal des accouchemens à Copenhague. — 5.° Premiers essais de l’inocuiation de la vaccine, faits à Sträsbourg par l'éditeur. — 6.° Résultats des observations que M. Osiander a été à même de faire au sujet de la pre- Miere apparition des règles chez les filles, de l’époque de la conception, et des affections maladives qui accompagnent la grossesse.—7.° Notice sur Lisbonne, concernant le sexe, les accouchemens et leur pra- tique en Portugal. — 8.° Observations sur les accou- chemens des femmes européennes et indiennes, à 412 Livres divers. Batayia. — 9.° Opérations césariennes faites récem- ment.— 10.° Observations sur l'indifférence des au- torités constituées , ete. — 11.° Bibliographie. W. MoRALE. ZA PHILOSOPHIE chrélienne, ou Extraïts tirés des ouvrages de Mm° DE GENLIS , terminés par plu- sieurs chapitres nouveaux. Paris, chez Maradan , libraire , rue Payée Saint-André-des-Ares, n.° 16, Prix 2 fr. et 2 fr. 5a cent., franc de port. Cet ouvrage, imprimé en 1786, sous ce titre: La Religion considérée comme l'unique base du bon- heur et de la véritable philosophie, est suffisamment connu ; il étoit destiné et adressé à l’aîné de ses éleves. Voltaire, Helvétius, Raynal, Boulanger, Fréret, Diderot, ete., sont les écrivains qui occu- pent la ‘critique de Mime de Genlis. Dans les cha- pitres ajoutés à cette nouvelle édition , l’auteur se rencontre avec celui du Gérzie du Christianisme , comme on pourra s’en apercevoir ; mais on ne peut accuser, pi l'an ni Pautre de ces écrivains, de plagiat. Le but est le même, la manière est diférente. E CON 0 MTE POLTTI QU E. RECHERCHES sur la nature et les causes de la ri- chesse des nations ; par Adam SMITH. Traduc- tion nouvelle, avec des notes et des observations ; par Germain GARNIER , de l’Institut national, avec le portrait de Smith, 5 vol. in-8.°. À Paris, chez H. Ac4ssg, imprimeur - libraire, rue des Poitevins , n.° 18 Cet ouvrage qui nous a appris que l’économie politique étoit une science , qui est devenue le guide de l’homme d'état, et le bréviaire de l’administra- teur, a eu cinq éditions en Angleterre, et trois traductions en France; celle qui paroît en ce mo- ment, a sur les deux autres, le mérite d’une plus Livres divers. 4138 grande exactitude ; et surtout l’avantage d’avoir trouvé dans le traducteur, des connoissances très- étendues sur les matières économiques qui sont dé- velopées dans l’ouvrage orisinal. L’évidence des prin- cipes et l’enchaînement des conséquences donnent, à la doctrine de Smith , un caractere de simplicité et de vérité qu’on trouve difficilement dans les ou- vrages de ce genre Cette simplicité ne s’apercoit que par la méditation , comme l’ensemble de l'Esprit des lois. Ce n’est que par la méditation qu’on par- vient à triompher de ce défaut de méthode, de cette néglisence de formes didactiques qu’on reproche , avec fondement , aux auteurs anglais, et dont Smith n’est pas exempt. Pour y remédier, pour rendre Pé- tude de cette science plus facile, le C. Garnier a déplacé quelques traits particuliers qui interrom- poient la marche des lecons par des digressions qui en embarrassoient le fil. T'elles sont celles sur /es variations de la valeur des métaux précieux pendant les quatre derniers siécles ; celles sur les banques de circulation et les papiers monnoties ; celles sur des banques de dépôt, et, en particulier, sur celle d Ams- terdam ; celles sur le commérce des grains et sur la législation de ce commerce ; celles sur les avantages d'un droit de seigneuriage à la fabriaction des mon- noies. Ces déplacemens font, des deux premiers li- vres de la Richesse des nations , un ouvrage complet que le traducteur divise en trois parties. Les autres livres peuvent être lus tels qu'ils ont été composés, et être regardés comme des traités séparés qui servent cependant à confirmer , à développer la doctrine de l'auteur, Dans un parallèle entre la richesse de la France et celle de l'Angleterre , d’après les principes de Smith, le C. Garnier trouve que PAngleterre, par sa situation physique, par l’étendue de son com- merce, par l’énormité de son capital , doit paroître jouir d’une supériorité de richesse qui en impose , malgré l’énormité de sa dette nationale ; mais il craint que cette opulence apparente n’entraîne Pactivité in- dustrielle des Français à suivre une route qui peut At4 Livics divers. l'égarer. « Le plus grand écueil que la France ait « à redouter ;'c’est l'exemple en matière économique. « L’orgueil national, la rivalité si ancienne entre « les deux peuples, de vieux préjugés profondément « enracinés , de fausses idées de puissance et de « gloire, enfin ce desir ambitieux qui entraîne vers « les entreprises les plus difficiles, et qui donne un at- « traitaux succès les moins probables, porteront peut- « être le gouvèrnement, et même les particuliers, « à diriger l’industrie et les capitaux vers le com- « merce étranger, tandis que l’ordre bien entendu « et l'intérêt réel, les appellent si puissamment à « l’intérieur. » Le traducteur de Smith a ajouté’à son travail un volume d’observations et de notes, qu’on peut regarder comme le complément de l’ou- vrage anglais A:J.D.B. COMMERCE. % DEUXIÈME Cahier de la Bibliothéque Commerciale , ouvrage destiné répandre les connoissances relatives au Commerce , à la Navigation , et aux divers éta- blissemens qui ont l'un et l'autre pour objet; par J: PEUCHET , membre du conseil de Commerce au ministère de l’Intérieur , et de celui du département de la Seine. Ce deuxième cahier de 64 pages in-8°, avec un tableau , contient: — Du hange et de la ma- nière de l'indiquer, — Du commerce des soies: Ta- dleaucomparatif des soies à Lyon, en 1789 et l’anr x: — Sur la compagnie de l'Ile-de-France. Règlemens de association de P Ile-de-France. — Mémoire hrs- torique et politique sur la Compagnie des Indes: — Des ünportations à Saint-Domingue pendant l'an r111. Comparaison des exportations faites de Saint-Domingue ; er 1789 , avec.celles qui ont eu lieu en lan rr1r. — Encouragement pour la pêche de la Morue. Arrété du 17 ventose an X (8 mars 1802 ) sur la péche de la Morue. — Extrait de l'acte de navigation française , du 21 septembre 1703. — Rapport fait aw conseil de Commerce du dépar- tement de la Seine, par le C. PEUCHET, dans Livres divers. 415 la séance du 3 germinal an x , sur la nécessité d'établir des tribunaux particuliers pour le commerce maritime, — Notices des livres nouveaux sur le Com- merce. Le prix de la souscription pour Paris, les Départemens et l'Etranger , est de 21 fr.; pour recevoir , franches de port, 24 livraisons, dont 2 chaque mois. On souscrit aussi pour 12 livraisons que l’on recevra franches , à raison de 2 livraisons chaque mois, pour 12 fr. La lettre et l'argent doivent être affranchis. On peut aussi envoyer le prix de Ja souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez F. Buisson, imprimeur- libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, et chez tous les libraires et. directeurs des postes de France .et de l’Etranger. L'ÉLESZE Ar NO N: DE LA LÉGISLATION sur le Mariage et sur le Diworce ; par André NouUGAREDE. Paris, Lenor- mant ,imprimeur-libraire , rue des Prêtres Saint- Germain-l’Auxerrois, n° 42; Rondonneau , au dépôt des lois , place du Carrouzel. An x. 1802. in-8.° , de 191 pages. GÉOGRAPHIE. DICTIONNAIRE de poche, géographique , ou Des- cription des républiques , royaumes ; provinces, villes , évéchés , duchés , comtés , forts , forteresses, et autres lieux considérables des quatre parties duw monde, dans lequel on indique en quelles républiques, royaumes; provinces et contrées ces lieux se 1rou- vent ; les rivières, baies, mers, montagnes elc., sur lesquelles ils sont situés ; leur distance en lièues francaises , des places remarquables des environs avec leur longilude et leur latitude selon les meil- leures observations ; La date des siéges que les villes oné soutenus , et des batailles qui en portent le nom, les grands-hommes qu'elles ont produits , eic. tra- duit de l'anglais , sur la treizième édition de Laurent 416 Livres divers. $ '. ESCHARD, par VosGrEN; nouvelle édition , revue corrigée, augmentée d’un grand nombre d'articles et de découvertes des voyageurs les plus modernes , avec la nouvelle division administrative et judiciaire de la France, le placement des préfectures , sous- préfectures el tribunaux | un vocabulaire de la géo- graphie ancienne , une explication des termes de marine et de navigation , et un tabléaw général des monnoies de tous les pays, réduites valeur argent de France. Orné de trois cartes géographiques. A Paris, chez Genets jeune, libraire, rue de Thion- ville, n.° 1846, près le Pont-Neuf. De l’impri- merie de Léguëllez frères, tue de la Harpe, an X./1802. in-12 de 730 pages. 6 fr. et 7 fr. 5o c. franc de port, et 6 fr. 79 cent. relié, MO %'4 6 EE. Mon Voyage au Mont-d'Or; par auteur du Voyage & Constantinople, par l Allemagne et la Hongrie , r vol. in-8.° , chez Maradan, libraire, rue Pavée Saint-André-des-Ares, n.° 16. Prix 3 fr. et 4 fr. par la poste. | Nous avons beaucoup de voyages en Italie, en Angleterre, dans le Levant, enPerse, en Æcypte, dans l’Inde, et nous connoissons à peine le pays même que nous habitons. Ilsemble que la nature et les arts n’aient répandu leur bienfaits que sur des con- trées éloignées | et que la France ait été traïtée en marâtre. On diroit que ce que nous possédons ne vaut pas ce que nous allons chercher au loin. Ce- pendant un voyageur philosophe trouveroït en par- courant nos départemens ; les mchesses naturelles, les beautés pittoresques , les monumens de l'art qu’on néglige d'y apercevoir, parce qu’ils sont peut-être trop près de nous. Aucun ouvrage ne le prouve mieux que le Voyage au Mont-d’Or qu’on vient de publier. L'auteur, déjà connu par un autre voyage rempli d'observations neuves, et écrit d’un style attachant, a su rendre sa course dans nos départemens les moins t Livres” divers: 417 moins favorisés de la nature, aussi amusante qu’ins- tructive ; il a fait disparoître toute Pinsipidité de ces itinéraires par des tableaux pittoresques , par une érudition agréable , par des réflexions philosophiques que les objets qui se présentent à sa vue, font naître. On ira ce voyage avec d’autant plus de plaisir que l’auteur a su méler dans ses récits, des anecdotes intéressantes , une gaieté décente , et quelques pièces de vers d’un faire facile , quoique négligé. | A. J. D. B. ET SCT OCT RE * Précis de l'Histoire universelle ; ou Tabieau his- lorique, présentant les yicissitudes des nations , leur agrandissement , leur décadence et léurs ca- tastrophes , depuis le témps où elles ont commencé à étre connues jusqu'au moment actuel; par le C. ANQUETIL, membre de l’Institut national de France, correspondant de l'Académie des inscrip- tions er belles - lettres, auteur de VEsprit de la Tigue, l’Intrigue du cabinet, et autres ouvrages. Seconde édition revue, corrigée et augmentée. À Paris. An 10. 1801. 12 tomes in-12. ie Le , : * Cet ouvrage du C. Anquetil est le précis de P'His- teire imiverselle / composée par plusieurs gens de lettres ; en 126 vol.'in-8.° L'analyse exacte de cetté grande collection peut satisfaire les personhes qui m’auroïent pas le- temps d'étudier l’histoire: dans cette’ foule de volumes auxquels il suffit d’avoir re= cours pour les détails, quand les: circonstances Pexigent. Nous nous proposons de rendre compte de cét ouvrage du C: Anquetil. Cetté seconde édi- tion le rend encore plus intéressant. 3| Par mutation de commerce , la propriété de cette édition appartient au C, Barilliot fils ; libraire ; rué du Foin-Saint-Jacques. Prix, les r2: vol. brochés, 30 fr., et reliés, 36 fr. Les libraires qui voudroïent traiter pour un nomi- bre d’exempiaires'} soit quant aux prix, soit quant Tome FT, D 418 Livres divers: aux termes du payement, s’adresseront au C. Batilliot ils, vue du Foin-Saint-Jacques, et pour le détail, au C. Batilliot jeune, libraire, rue Hautefeuille, u.°, 24 HrsTorRE de la Campagne du maréchal de Suwa- row, prince ttaliski en Italie, pour servir de suile aux deux volumes qui contiennent l'histoire de ses campagnes précédentes ; avec portrait. Tome De Paris, chez Giguet et Michaud, imprimeurs-libr., rue des Bons-Enfans, n.°.6. Les faits militaires qu’on raconté dans ce volume, sont extraits d’un journal italien très-exact , des dé- pêches des généraux , et des observations d’un mili- taire français qui a écrit avec impartialité sur la guerre qu’une paix glorieuse vient de terminer. La campagne de 1793, aussi surprenante par ses suC- ces, qu'extraordinaire par ses résultats , est circon- stanciée de manière à transporter le lecteur sur la scène, à le rendre témoin de la marche des diver- ses armées qui y représentoient, des combinaisons qu’elles occasionnoient , des avantages ou des revers qu’elles éprouvoient ; chaque général est en action sur ce théâtre de destruction et de gloire, de fautes et de prévoyance, d’intrépidité et de sang -froid, La conquête de l'Italie permettant. à Suwarow de! suivre le projet adopté par la coalition, il chercha à entrer en Suisse par le Saint-Gothard, et, rien ne l’arrêta dans sa marche; il subjugua toutes.les résistances, et poursuivit ses triomphes,, espérant, trouver sur le nouveau théâtre où il venoit agir, les Russes qui l’attendoient et l’armée autrichienne qui devoit le seconder. C’est en arrivant qu’il apprit la défaite des premiers et l'éloignement du, prince Charles. Cette perte, cet abandon, lirritèrent, mais ne le découragèrent pas; il ne s’occupa plus que de la fâcheuse position où il se trouvoit ; il fit des dispositions en conséquence, et après s'être adressé à son armée et à ceux qui commandoïient sous ses = Livres divers: 419 ordres, en leur disant : « Messieurs, vous êtes res- « ponsables sur vos têtes du moindre pas rétro- « grade que vous ferez : j'arrive et suis sur le point « de réparer vos fautes; je ne ferai point de grace, « tenez ferme comme des murailles. » Alors diri- geant l'abandon de ses soldats, abandon qui tenoit du désespoir, il surmonte tous les obstacles, il ren- verse toutes les forces; et, malgré des difficultés re- naissantes et des combats partiels, voyant qu'il ne pouvoit plus longtemps résister à des-forces supé- rieures, toujours renouvelées, il se détermina à opé- rer sa retraité dans le pays des Grisons par le Klin- thal. Cette retraite peut être comparée à celle des dix mille, à celle de Prague, à celle du général Moreau. L'éloignement de l’armée autrichienne lui dévoila les motifs de l'isolement où il s’étoit trouvé, et il en témoigna son indignation dans sa dépêche officielle, Les deux empereurs voulurent, adoucir l’amertume des dégoûts qu'éprouvoit Suwarow. par des décorations et des titrès qui le flattoient peu. L’archidue Charles lui demanda en vain de confé- rer avec lui sur un plan de défense ; il répondit : « Je ne connoïis pas la défensive, je ne sais qu’at- “ taquer; j'irai en avant quand bon me semblera, « et alors je ne m’arréterai pas en Suisse. Dites à « monseigneur l’archiduc qu’à Vienne je serai à ses «pieds, mais qu'ici je suis au moins son écal. Il “ est feld-maréchal., je le suis aussi; il est au ser- «vice d’un grand empereur, et moi aussi ; il com- « mande une armée, et moi aussi; il est jeune et “je suis vieux ; jai acquis de l’expérience à force « de victoires, et je n’ai ni conseils ni avis à « prendre de qui que ce soit, je n’en prends, que « de Dieu et de mon épée. » On connoît les dégoüts qu’il éprouva en arrivant en Russie. Ce volume con- tient des matériaux intéressans pour l’histoire de cette guerre mémorable. À. J, D, B, D d 2 420 Livres divers, BroOoGRAPHIE 13 UNE Année mémorable de là wie d’ Auguste de Kotz- bue, publiée par lui-même. 2 vol. in-8.° À Paris; chez les frères Levrault ; Treuttel et IPitrlz , quai Voltaire ; Henrichs., rue de la loij n° 1237r.: Rien ne prouve davantage l'abus qu’on peut faire des plus belles et des plus utiles inventions que ces deux volumes. Rien ne montre mieux J’amour-propre d’un auteur, que de vouloir'oceuperes lecteurs de quelques particularités de,sa vie. Ath ! si tons ceux qui de nos jours ont éprouvées: plus grandes in justices ont été les victimes des! plus, indignes trai- temens s’avisoient d'en: faire partau publie, qüe de volumes on verroit ciréulér ; que de faits: r6vo)- tant et dégradant l’espèce humaine on auroit à dé- vorér. Quoi! parce qu’un: souverain trompé fait con duîré M. Kotzbue en Sibérie, il faut que l’Europe sache quel traitement il a éprouvé, le nombre :de mauvais gîtes qu’il a habités , les désagrémens qu’il a ‘eu à supporter de ses conducteurs, .de,ses hôtes, de ses postillons ; les peines de son ame , les inquie: tüudes de sa vraie destination ; toutes les angoisses d’un homme qui est sous la main d’une autorité des- potique, et qui en craint les rigueurs;.en vérité , c’est abuser de la liberté de se faire imprimer. Tous ces détails, aussi peu intéressans qu’ils sont longue- ment racontés, sont à. peine rachetés par ceux de la réparation de Pinjustice dont M. Kotzbue avoit à se plaindre. Paul [.°*, en avouant ses, torts, et en voulant les faire oublier par des dons réels, et par des preuves de confiance qui efFacent tout l’o- dieux de cette vexation impériale, nous paroît de- voir faire cesser tout ressentiment dans l’ame de M. Kotzbue. On voit que ces traits, qu’on peut re- procher à cet empereur, partoient plus de l’impé- tuosité de son caractère que des dispostions de son ame ; il étoit juste, puisqu'il réparoit avec tant de franchise et de générosité, lorsqu'il s’apercevoit Livres divers. 421 qu'il ne Pavoit pas été. M. Kotzbue auroit pu se contenter de nous faire connoître la satisfaction écla- tante qu'il avoit obtenue, sans, pour y parvenir; écrire deux volumes. C’est ‘bien -ici qu’on peut ap- plaudir au reproche que lui font ses compatriotes , d’être plus abondant que correct, plus imitateur quoriginal, plus empréssé de répandre ses fécondes productions, que de les rendre dignes du public. 6 | OLA J. D. B. 1: AN TI QU LTÉS. CHOIX de costumes civils et militaires des peuples de l'antiquité , leurs instrumens de musique, leurs meubles , et les décorations intérieurés de leurs . nasons, d'après les monumens antiques , Avec Ur _ dexle liré des anciens auteurs; dessiné, gravé et rédigé par N. X. VILLEMIN ; neuvième livraison. On souscrit, à Paris, chez l’auleur, seul pro- priélaire de l’ouvrage, au Musée dés monumens français, rue des Petits- Augustins , faubourg Germain. Il paroît tous les deux mois une livrai- sou de six planches , imprimées sur papier grand- . raisin yélin de Buges, caractères de Didot, dont le prix est dé 9 fr. chaque livraison; on souscrit pour les départeméns et l’étranger. Chez Treuitel et IPürtz., libraires, quai de Voltaire, n.° 2. * Les planches de. cétte livraison représéntént des Fémmes ÿrecqués vétues du Peplos et de la Xystis, differentes coiffures de feimes grecques | quelques figures supplémentäirés qui offrent des habits, des ornermens et des bijoux de femmiès greeques ; quel- ques figures dé héros en habit de voyageur et de CARE + 2-8" FE) (024 aux ARCHPOLOGTSCHES Museum zur Erlœuterung der abbildungen aus dem Classischen Alierthume für StudiFende urid Kunsifreunde ; yon C. A: B6ET - TIGER: Ersterf Hésti Arièdne ; c’est-à-dire, ‘ Muse archeologique; pour servir à l'explication Dd 5 422 Livres divers: des monumens figurés de l'antiquité classique , à l'usage des amateurs de l'art et de la littérature ; par C. A; BoËTTIGER ; premier cuhier; Ariadne. Weimar, au comptoir d'industrie, 1801. [n-8.° de 102 pages. 103 sul Depuis un certain nombre d'années l'étude de l’an- tique s’est étendue, et est devenue la science de l’archæologie. Nous la voyons tous les jours appli- quée aux ornemens d'architecture dans nos maisons et nos jardins, sur nos théâtres, dans nos meubles et même dans l’habillement et la coiffure des fem- mes. Il en résulte que, même dans les classes de la société qui ne s'occupent pas spécialement de lé- tude de l’antiquité, les notions sur Jes objets jai ont rapport aux arts et à l’archæologie sont plus répandues. Les personnes de ces classes de la société out ordinairement, par leur fortune où par leur rang, ou par la situation dans laquelle elles se trou- vent, beaucoup d’influence sur le goût dominant ; il est, donc important qu'on leur présenté à eiles- mêmes des objets en état de former le leur. M. Boettiger a pensé qu’un recueil de ceque les monu- mens antiques de l’art offrent de plus beau et de plus élégant, un recueil qui puisse plaire aux gens du monde, et servir en même temps à former le goût des jeunes gens, seroit favorablement accueilli. 11 observe très-bien que le succes d’un ouvrage pa- reil exige d’éviter également la trop grande mono- tonie des objets et la trop grande variété ; la pre- miere fatigue, et celle-ci nuit à l’instruction. Mais J’antiquité est.si riche qu'il est facile de trouver un milieu entre ces deux écueils ; c’est la méthode que M. Boettiger a adoptée, c’est-à-dire, de traiter, dans un même cahier, un seul cycle mythique em- ploxé par les artistes anciens comme objet de art. \? Dans le premier cahier. de l’auvrage que nous -annonçons, M. Boeitiger a fait un essai de ce genre en traitant le mythe d’Ariadne , qui a souvent fourui Livres divers. 423 aux artistes’et aux poètes anciens et modernes des sujets de compositions. Chaque livraison de cet ou- vrage aura deux cahiers; l’un, in-4.°, contien- dra les planches dont l’exécution sera dirigée par M. Meyer; elles ne seront accompagnées que d’une explication succincte par M. Boettiger , et porteront le titre Cahiers archæologiques (1). Avec chaque li- vraison de ces Cahiers archæologiques, M. Boetti- ger se propose de publier un texte étendu, daus le- uel il entrera dans tous les détails nécessaires. Célte partie de l’ouvrage sera imprimée en format in-8.°, et portera le titre qui se trouve en tête de cet article. Chaque numéro des Cahiers archæolo- giques contenant cinq gravures, sera du prix d’à peu près 3 fr. 60 cent. ; chaque numéro du Musée archæologique coûtera la moitié de ce prix. Cette première livraison offre le mythe d’Ariadne, La première gravure représente la peinture d’Hercu- lanum (2), sur laquelle on voit Ariadne s’éveillant à Naxos, après le départ de Thésée , dont on aper- coit le vaisseau dans le lointain. Cette gravure est colorée d’après la peinture originale. On sait que les exemplaires enluminés des Pitture d'Erculano sont extrêmement rares; cette gravure aura donc, même pour ceux des lecteurs qui connoiïssent cet ouvrage non enluminé, le charme de la nouveauté. — La deuxième planche offre la statue d’Ariadne endor- mie, autrefois au Musée Pio-Clémentin , aujour- (r) Le titre complet de cette portion des livraisons, est : Æ4rchæologische Hefte oder Abbildunsen zur Erlæuterung des classischen alterthums aus alten zum Theil'noch unbekann- ten Denkmæbhlern, für studirende und Kunse freunde , Heraus - gegeben, von C. A. Bosrricer und H. Meven. C'est-à-dire, Ca- hiers/archæologique , où Gravures pour expliquer l'antiquité classique, d'après des monumens antiques ‘en partie inédits , à l'usage des amateurs de l'art er de la littérature; par €. A. Porrnicer et H. Maexer. Veymar, au Comptoir d'industrie. 1801 In-4° (2) Pitrure d’Ercolano, Fom. II ; tev. XV. Dd 4 424 Livres divers. d’hui dans la salle des Saisons du Musée central des arts, au Louvre. Elle est copiée d’après la gravure que le C. Visconti a publiée dans le Museo Pio- Clementino (.t. 11, pl. 44), avec. quelques correc- tions que M. Meyer y a faites d’après l’original.— La troisième planche offre, à l’occasion de la pre- mière planche, un vaisseau ancien, et à ce sujet M. Boettiger. entre dans des détails fort intéressans sur cette matière, — La quatrieme planche, qui est double et compte pour deux, offre quelques pierres gravées qui se rapportent aux nôces de Bacchus et d’Ariadne, et une copie du bas-relief du prélat Casali, à Rome, que le C. Visconti regarde comme représentant (3) Bacchus ramenant Sémélé de l'enfer, mais que M. Boettiger regarde comme la pompe nuptiale de Bacchus et d’Ariadne. Cette planche offre encore trois monumens iné- dits, 1.° une frise en terre cuite, sur laquelle on voit deux génies montés à cheval sur deux panthères qu'ils conduisent par des guirlandes de fleurs, et au milieu desquels se trouve un diota ; 2.° une herme de Silène avec les attributs bachiques, le thyrse et le scyphus, d’après une belle pierre gravée de M. Goëthe; 3.° un masque bachique avec le thyrse, d’après une pâte antique. Les explications étendues que M. Boettiger donne de ces différens monumens dans le cahier du Musée archæologique , se distinguent, autant que ses au- tres productions , par une érudition rendue intéres- sante par des détails curieux, des vues ingénieuses qu’il sait mêler à ses discussions archæologiques et philologiques. , W... MYTHOLOGTE, MyTROLOGIE comparée avec l'Histoire nouvelle ; nouvelle édition corrigée, et augmentée de plu- sieurs chapitres sur les Druides , et ornée de seize planches en tuille-douce, dans le genre antique , (3) Museo Pio-Clementino. Tome IV, p. 15 et 66. d'en” D Livres divers. 429 représentant 95 sujets, ouvrage destiné à Péduca- tion de la jeunesse ;. par M. l'abbé de TRESSAN. Paris, chez J. E: G. Dufour, libraire, rue de Tournon, n° 11263; et à Amsterdam, chez.le méme. An X. 1802. 2 vol. in-12 de 08 pages. Prix , 5 fr. , et 6 fr. 50 cent. _ Voyez ce que nous avons déja dit de cet ouvrage dans ‘un de nos précédens Numéros. FABULA de Psyche et Cupidine. Disquisitio mytho- logica autore Birgero THorzACIO, lectore lin- £u& græcæ in universitate Havniensi et linguarumi velérum in seminario Pædagogico. Hayniæ. 1801. 7° pages in-8.° L’utilité des monographies mythologiques est in- contestablement reconnue; on pourra ensuite les combiner et les réunir pour former un corps d’ou- vrage plus complet que ceux qui existent aujour- d'hui, M. Thorlacius, dont nous avons déja fait connoître quelques productions littéraires, et qui se vone spécialement à l’étude de la philologie et des antiquités, vient de s'exercer sur un sujet dif- ficile, la fable de Psyché. Il présente d’abord un aperçu de la mythologie, de ses avantages pour l’é- tude de l’histoire et celle des arts ; il entre ensuite en matière ; d’abord il expose le mythe de Psyché, d’après Fulgentius Planciades et Apulée, qui sont , avec les monumens des arts, la seule source où on puisse trouver des notions sur ce mythe singulier ; il pense que le fond de la fable est grec, et que les ornemens sont d’Apulée ; leur époque plus mo- derne se décele par des allusions aux usages romains, Quant au seus de la fable, on a voulu y voir Pame aux prises avec la volupté. M. Thorlacius pense qu'Apulée a voulu représenter , par les malheurs auxquels Psyché se. trouve exposée, les dangers qui sont attachés à l'union conjugale, et les suites fu- nestes de Ja curiosité. 426 Livres divers. M.Thorlacius passe aux monumens. Ce sont eux qui assignent à cette fable une antiquité plus reculée que l’époque à laquelle a vécu À pulée. pt -uns sont des-plus beaux temps des arts dans la Grèce. Le mot Psyché signifie en grec ame , et papillon. D'abord l’ame ne s’exprimoit sur les monumens que par une figure humaine voilée, ensuite on l’a représentée par un papillon, et enfin par une figure avec des ailes de papillon. Mais ce n’est pas une raison pour reconnoître Psyché, l’épouse de Cupidon, partout où on voit une Sas avec des ailes, même quand “elle est couverte d’un voile, car ce voile est le sym- bole de l’état nuptial de Psyché, L'auteur passe ensuite à l'examen de tous les mo- numens qui peuvent représenter Psyché elle-même, devenue le symbole de l'ame; ce sont principalement des pierres sue On y trouve les différentes épreuves Ge l'épouse de Cupidon, et M. Thorla- Cus les classe selon la série de ces épreuves. Cette Suite de monumens se termine au mariage de Psy- ché et de Cupidon. II fait voir en quoi les monu- Mens diffèrent du récit d’Apulée ; il indique Pallé- gorie que Fulsentius Planciades a trouvée dans ce mythe, M. Thorlacius y reconnoît un très- ancien mythe moral, emprunté des mystères. Ce mythe ser- voit à instruire les initiés des périls innombrables que doit occasionner la beauté; à leur enseigner le devoir d’une épouse, et à leur faire voir la récom- pense qui attend toujours la fidélité conjugale. C’est à cette idée que ces nombreux monumens de Cupidon embrassant Psyché doivent leur origine. La fable de Psyché se méla ensuite à celle des Bacchanales, et c’est une preuve encore qu’elle étoit émpruntée des mysteres; elle fut même mélée aux Priapées , sans doute parce que Cupidon en étoit le héros. Tel est le précis de cette agréable dissertation de M. Thorlacius ; elle fait desirer celle qu’il promet sur les Bacchanales. ! Livres divers. 427 BEAUX-ARTS. \ ANNALES du Musée et de l'école moderne des beaux- arts ; recueil de gravures au trait, d'après les prin- cipauxr ouvrages de peinture, sculpture, ou projel d'architecture qui. chaque année , ont remporté le prix ;, soit aux écoles spéciales , soit aux concours nationaut; les productions des artistes en tousgenres qui , aux différentes expositions , ont été citées avec éloge ; les morceaux les plus estimés ou inédits de la galerie de peinture ; la suite complète de celle des antiques ; édifices anciens et modernes ; rédigé par le C. LANDON , peintre, ancien pensionnaire de la république , à l'école’ française des beuux- arts, membre du Lycée des arts, de la société phi- lotechnique ; de celle libre des sciences, lettres ct arts de Paris , et associé correspondant du Lycée d'Alencon. Seconde année , première livraison. À dater du 1.‘ germinal an 10, il paroît dé ce recueil intéressant neuf livraisons par trimestre ; chaque livraison est composée de quatre gravures, de huit pages in-8.° de texte pour l’explication des sujets. Le prix de l’abonnement est de 6 fr. pour trois mois, 12 fr. pour six mois, et 24 fr. pour un an, franç de port, pour Paris et les départemens. On souscrit, à Paris, chez le C. Landon, peintre, quai d'Orsay, n:° 23. An 10, 1802. Les quatre gravures contenues dans cette première livraison, offrent le trait des tableaux suivans : planche I.‘"°, PAssomption de la vierge, tableau de Rubens ; pl. I°, Androclus et le Lion dans le désert , par Harriet; pl. IIL.°, 2 Testament d’Eudamidas, par Le Poussin ; pl. 1V.°, Hercule et Alceste, par Ré- goault. RomMaANs. BÉLINDE, conte moral de M." ÉDpcewonrT , tra- duit de l'angliis pur L. S. et par F. S. 4 parties, Paris, chez Muradan, libraire, fue Pavee-Saint- 428 Livres divers. André-des-Arcs, n.° 16. Prix, 6 fr., et 8 fr. par la poste. fn A #8 On doit croire que cette traduction et celle d’E- thelwine ne sont que les délassemens des. jeunes traducteurs , occupés sans doute à des travaux plus substantiels et plus convenables à leur destination. Les encouragemens qu’ils ont sous les yeux , et les modèles qu’ils trouveront dans ce qui leur est plus personnel , les détourneront sans doute d’occupa- tions qui ne peuvent Jeur obtenir aucun de ces suc- ces qui flattent ; comme les ouvrages qu’ils publient ne peuvent être de quelque atilité à ceux qui les lisent, on doit seulement leur savoir gré d’avoir choisi parmi la stérile abondance d'ouvrages futiles qui paroissent en Angleterre, des productions d’une morale pure et d’une composition sage. 4484 , où le Triomphe de l'innocence , suivi de la Vallée de Tempé. À Paris, chez Gueffer jeune, pes Cérutti; n.° 2r..1n +12 de 164: pages: rix, 2 fr., et 2 fr. 50 cent., franc de port. Il y a quelques exemplaires en papier vélin ; prix, 4 fr., et 5 fr., broché à la Bradedle, dos de, mar- roquin, LA SoiRéE D'ÉTÉ; par M. Lryyis, auteur di Moine , traduit de, l'anglais sur da deuxième édi- tion, par D; L: M***, À Paris, chez Gueffiér jeune, au cabinet et salon de lecture, boulevart Cérutti, n.° 21, An x. 1802. 2 vol. än-12 de 196 et 170 pages. us Hr$TorRE d'un Perroquet écrite Sous sa dictée, et publiée par H. 4. CHA1SE, auteur de Dix litres pour un et membre de la Société libré des sciences et arts , séante au Louvre. Paris, Sombert , libraire, boulevart Martin , n° 11; Levrault, quai Mala- quais ; Fuchs ;rue des Mathurins; Lebour, libraire, palais du Tribunat , galeries de bois; et chez les marchands de nouveautés. An x, 1802. I[n-8.° de x mit ttes + Livres divers. 429 : 262'pages d'impression. Prix , 1 fr. bo cent., et 2 fr., par Ja poste, :. ÆsoPr au bal de l'Opéra , où Tout Paris en mi- ‘ niature, dédié & ceux qui sé réconnoïssent. Paris, Gueffier , libraire ; et au cabinet de lecture , bou- Jevart Cerutti, n°21, vis-à-vis la rue de Choi- * seul. De l'imprimerie de Gratiot. An X. 1802: 2 © vol. in-12 de 275 et 305 pages. °‘MÉLANGES. Œuvres de Plutarque, traduites par J. AMFOT , - avec. les observations de- MM. ,BROTIER et VAU- VILLIERS; seconde édition, revue , corrigée et augmentée d'un.volume de divers Traités et Frag- } mens:inédits , par E, CLAMIER , et de deux »o- lumes de T'able ; proposée par souscription, en 25 vol. in-8.°, ornés de figures en taille-douce, de portraits des grands-hommes, et desimonumerts qu ont rapport à leurs: vies. À Paris, chez Cussac, imprimeur-libraire-éditeur, rue Croix-des- Petits Champs , n.°:33,, chez lequeb on souscrit ,; à raison de 6#r: par vol. in-8.° sur carré fins 22 fr. 5ocent: carré vélin; 8 fr: 50, cent. grand-raisin fin set 16 fr. bo cent. grand-raisin vélin : les exemplaires, sur ces deux derniers papiers, sont à plus EN dr marges: Tomes WII et VIII, formant la qua- trieme livraison: Cette livraison non moins bien exécutée querles: précédentes, est.ornée des mé: ‘daillons d’Æ/eæandre - le - Grand, de Jule - César, d'un temple de Clémence, de Caius Gracchus:, ide © Démosthènes, de Cicéron ,de Démétrius Poliorcète, de Marc-Antoine et de Cléopäire. Le tome IX des Hommes [llustres, et le tome XIILet premier des œuvres morales ; sont sous presse. P. 8. Comme la somme de 60 fr. à laquelle se montent, les 8, volumes, imprimés, Ja souscription comprise, peut paroître considérable aux personnes qui n’ont pas encore souscrit , et les empêcher de 430 Livres divers. faire l'acquisition de cet intéressant ouvrage, le C, Cussac croit devoir les prévenir qu’elles ne’ seront pas obligées de prendre tous les volumes à la fois, que la souscription seulement est de rigueur, que, quant aux livraisons, elles pourront les retirer à leurs volontés, MÉMOIRES des Sociétés savantes et liltéraires de Lx -_ république francaise , recueillis et rédigés, par, les CC. PRoNFr , de l’Institut ; PARMENTIER , de l'Institut ; DUHAMEL, inspecteërdes mines ; GAR- NIER, professeur à l’école polytechnique; LANSETZ , chef de division aw ministère de l’intérieur, MAR- CHATS, DOUSSIN-DUBREUTL, TOURLET , mem- bres de plusieurs Sociétés savantes. À Pañis ; chez Fuchs , libraire, rue des Mathurins St.-Jacques, hôtel de Cluny, an 1x. 1801. in-4.° de 484 pag. "Tome 1.°° | JD ess ‘Lé titre que porte cette collection , dit l'éditeur , daus l'avis placé à la tête de ce volume ; la-rend la propriété des Sociétés savantes qui y déposeront leurs pensées ; on y inséréra gratuitement les mémoires qu’elles lui feront parvenir. Cette collection est des- tinée à établir entre les différentes Sociétés savantes un point central de correspondance, qui les mettra toujours au courant-des découvertes nouvelles; aussi, quelles que soient les distauces qui séparent ces so- ciétés ; elles se toucheront pour ainsi dire ;! dans leurs travaux et leurs succés. Agriculture ,: commerce, arts, sciences, tout sera mis à contribution pour enrichir ces mémoires: Pour compléter ce planet remplir la lacune qui. existe entre la collection des Mémoires de l’Académie et celle-ci , les rédacteurs invitent de nouveau les savans, dont les mémoires sont inédits ou peu répandus, à les leur adresser directement ; ils les classeront , autant qu’il sera pos- sible, par ordre de dates, et les présenteront ; par ordre de matières, dans un tableau général placé à la fin de chaque volume. Ce premier volume est Livres divers. 43: terminé par une pareille table méthodique. Les ré- dacteurs espèrent que les Sociétés leur communi- queront les matériaux nécessaires pour donner l’his- torique de leur fondation et les noms de leurs fon- dateurs. Cet ouvrage sera composé de deux volumes par an ; chaque volume renferme six cahiers de 9 à 10 feuilles chacun, Le prix de l'abonnement est de 30 fr. pour un an, et de 16 fr. pour 6 mois , pour Paris; de 36 fr. pour un an, et 19 fr. pour 6 mois, frane de port, pour les départemens. ‘On s’abonne chez le C. Fuchs, libraire, rue des Mathurins St.-Jacques, hôtel Cluny. Les ouvrages, mémoires , annonces , notices, doivent être adressés, francs de port ,‘ au Comité de rédaction , rue Pavée St-André-des-Ares , n.° 17. ForAcx Sentimental de Sterne , suivi des lettres d’Forick à Elisa; traduction nouvelle ; par PAULIN CRAssOUS; accompagnée de notes ‘historiques et critiques. Paris, chez P. Didot, au Louvre, n.°3; et chez F. Didot, rue de Thionville, n.° 1830. III parties in-168. Le nouveau traducteur de Sterne s’est attaché à rendre l’ouvrage original avec une exactitüde qui lui a permis, de faire connoître les inexactitudes, et pour ainsi dire les infidélités des traducteurs qui l’ont pré- cédé , d’avoir dénaturé une composition dont Je principal mérite est l'originalité. 1] a dû craindre , cependant, que sa scrupuleuse précision ne fût pas appréciée par les lecteurs français ; comme elle doit l'être ;. cependant, on peut estimer le travail du C. Crassous, pour avoir conservé la physionomie de son auteur , et développé le caractère, qui lui est propre bien mieux que tous ceux qui auroient voulu nous le peindre. MÉMOIRES publiés par la Société libre d'émulation du département du Var. À Draguignan, chez LR Li Livres divers: Fabre, imprimeut-libraire, An X. 1802. T'ome‘l!°® in-8.° de 270 pages. b Ce:premier volume contient ,entr'autres , l’arrété: du préfet du département du Var, portant création de la société, son règlement; la liste de sesmembres, le programme des prix qu’elle arproposés, le mémoire: du C. Ladeveze , médecin à Touloüse, qui a rem! porté le prix sur la question des engrais non-fer+ rentés,; un mémoire .du C. Gérard sur les moyens d'obtenir, dans les’ contrées méridionales de: kw Françe,, un produit plus: eonsidérable et moins coûteux d'alkali fixe (potasse ) pour Ja confectiot" du salpêtre jun rapport du C; Fabre, ingénieur.en chef du département du Var, sur les moyens. de: procurer des fontaines à la commune de .Fréjus:; dés observations et remarques sur le Tœnia, par le C. Perolle, ancien professeur de médeciñe à l'Uni= verstté deToulouse, et observations sur, la vaccine par le même; une dissertation du C. Suzanne, pro- fesseur de mathématiques à lEcole centrale de Tou- louse,, sur la Question suivante : Pur gels moyens peut-on faire fleurir l'agriculture densun-Dtat À Un tableau raisonné et comparatif de la fabrication de la soie dans lé département du Var depuis r789( vsst. ) Jusqu’enlPan 9 de la république; un mémoire du C. Fabre; sur les moyens de créer des sources artifi+ cielles, ét de suppléer aux sourées naturelles et aux rivières pour l'irrigation, la navigation intérieure et l'établissement des usines et des fontaines, éte. L'OrRACLzz parfait ; où Nouvelle manière de tirer les Cartes ;' au moyen dé laquelle, thacun peut tirer son horoscope ; \avet figures ( On à placé à la fin du traité, des marques naturelles Idu. corps, par Mélampus ; ancien auteur grée-). A Paris, chez Blanchon , libraire, rue du Battoïir ;:m205 x et 3% 1802. In-12, Prix, 1 fr. 8o c., et 2 fr, 25 c. franc de port, : > LRU SAT es «Table des articles contenus dans ce numéro. s i É TE DL" 2 WMnrcurTscrures, RAC CRT TE ‘tophe de Smidr, surnommé . Des points d’appuis indirects dans Phiseldeck. 367; Ë Iaconstiuetion des bâtimens ; par f Londres. — Notice sur VW'illianr Là Gharles-Francois Prez. 289 Cruiksliank.. k, 571 TARA LIU “LE NUE ANSE Diverses publications. 373 HISTOIRE, RON Ve "FRANCE + Description des repas d'Humber PTÉTE a de Viennois ; lue au : Lycée de Grenoble, le 17mivose an 10, par Berriet-Saint-Prit, É 297 Versailles, — Carte gravée et dessi- née sur marbre, parle C. Ron= delet. 7 374 Géo er Sam TE; Société og des à Rouen,pour 4 La Géographie orientale d'Ebn. Ë ? Haukal, voyageur arabe du X. les progrès des » ences et des ArTSe.. 4? Ibide Ne P arks. + ssiécle ;'tradtite par sir W. Ouse- L ; ley, sur un manuscrit à lui ap- partenant , collationné sur umau- tre manuscrit de la bibliotheque du Collège d’Eton; par le C. Silyestre de Sacy. 307 classe des sciénce: ‘orales-etpo+ litiques , pendañt leSymois de ni- BrocGrArxrzx. * FAN d $ section d'astronomie. HOT ‘Extrait de l’Eloge de Charles-Louis RP De | Aa l'Héritier, lu à la séance pu- Tableau de Caller, Ibid. blique .de l’Institut national, le Pcôle des taupés: . Ibid. 25 gexminal an 9, par le GC: ne mètre de Montzs … 405 : DRE & < os ‘Vaccine connue en Allemagne de- } MÉLA ” CES. :. puis plus de trente ans, 405 Nouveaux. Mélanges extraits des THÉATRES. À) manuscrits de madame’ Necker. BAR DERNIER D 5 fs V'ARLÉTÉS,NOUVELLES ETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. NovyELLrs ÉPRANGÈRES. La Statue , ox la Femme ävare, 405 Un Tour de jeune homme. Z2:4, Pannard. 3 , 407 LIVRES DIVERS. le-de-France. — Extrait d’une let- Botanique. » tre-écrie parle C. Michaux Délambre, relative à une nou: xeile mesure du degré duNord. REA Te PASSANTE Histoire naturelle des Poissons, par le CG, Lacépéde. 1 FT Wolfenbättel. — Notice sur Chris- à 3 Suite de la Notice ©: _ travaux de la vose , pluviose et veñhose an 103: » : ? par le C. Daunou.… : | 58: Trois: astronomes choisis äÿlLocca. : sion de. Ja place vacante das Ja, # aù G: Venrenñat. 562|Flore des jeunes! personnes; par - Copenhagde. 5631 Octave Ségur. |: 309 Suede. — Extrait de: deux lettres de M: Melouderhielm au ©. Ichthyologie. are Archives de Ra né mnt considéré sous ses rapport romique ; physiologique thologique , recueillies ! dans Ja Littérature étrangère, pat Jacques- Frédéric Re sé era 4 10 La Phitosophi Fe shréégan où Ex B1:080p 1e tienne ;. LE traits tirés des ouvr: de comp avec VHis=. 2 dame de Genlis. va Cu 5 par M. l'abbé de 2". ‘Economie politi mie à Tressans à # Ÿ:y 424": Recherches eue À a et les | Fabula de Psyche et Cap * | “causes de {a richesse dés nationss Di: Ë par AdrraSmiche. (TA à pumnerce: in Me l Bbioiäque Ann pritoité , : h Véécis de l'Htire uuiversell Mois! Fo SPF TES r7 |. littéraires ue ire de la Campa naré= |. caise, récuei di ta ere es 418} :CC. 2. S pe 5 27/1 We Anis mémorable de LE Auguste de Korzbues : ER Antiquités. RE Cox de Costumes civils et ie laires des peuples de 1 “antiquité, leurs inftrumens, dé Huñique ; LE. Le À HU Le, € FR qui desirent . faire ‘annoncer let he que ues-uns desimeilleurs journauxde tnägne, 0 en xçx re un FÉERIES )-b ve :Se de ie LL . gr (Na a # , È Ye = É DE . Par. À. L. Muaix e | .Le prix de ce rest ést” x finnés pour trois indie, Nine cn francs tree fl Mnois, 7: ee FR) francs pour un an ;: si AA ant pour Paris que pour les Département, \ fran FA ut s'adresser au Bureau. du: “ouinal pol | NS ira tr Livres qui parvissent Æn “France et us ue, Rise. S r'tont ce me concérüe la: Ms ancienné: st abdèe (2 Do nait la ne des Labbe ‘qui ont | dm. distingué, ‘uné réputation justement acquise dans quelque partie: des arts On des sciences, tels | guetles CC. ALBERT, DÉSGENRTTES, BAST, 5:08 or ) VESTRE DE SACY, FOURGROY, Hazcés DemÉrie, FE , SCHWEIGHAUSER, LaAcéPèvE, BARBIER, DAN= f éLès, LALANDE, LAGRANG Lesxux, MARRON, : ; "MENTELLE ; : BARBTÉ | pu ÉobLes 7 BASSINET , Monezzer, Noër,. LR CHa R DO: Roc CAIELAI HNVAN - Mons VX AN Ps : Fe R En EUR 2 CU ANR LÉVEILLÉE, Cuyier, GrorrrOY, VENTENAT, CavaNizres, Usrekhi, BO£LTIGER, VISCONTI, : | 4 VazLoïson ; WiccemEeT, WinCkLER, etc. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ." oufrages nationaux : on s'attache surtont à en donner : * une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- ; tement possible aprèsleur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chezl’étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux quisont propres àen accélérer les” progrès. On y publie les découvertes ingénienses , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d’objets d’arts et des sciences renferment de plus cürieux, On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. : Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroït le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. < 1 | On s’adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu- reau du Meces crtlon tique, chezleC. Fucus, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. | de chez Van: Gulik. À Bruxelles, chez Lemaire. A Florence, chez Molini. ir A: Fandieres ne tie , chez Fleischer, chez Manget. TA A Genève, { chez Paschoud, y A Hambourg , chez, Hoffmann. h A Leipsic, chez Wolf. A Leyde, chez les frères Murray, A Londres, chez de Botfe , Gerard Streer, A Strasbourg, chez Levrault, A Vicnne, chez Degen. sr 4 Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes; AE vs Il faut affcanchir les lettres, A Amsterdam, { chez la veuve Changuion et d'Hengst. CRE RU RICE. PARALLELE des diverses méthodes proposées pour Pextraction des Calculs vésicauæ par d'appareil latéral , et Description d'un nou- veau procédé préférable à tous ceux usilés jusqu’à ce jour ; par TREYERAN le jeune, ‘ancien chirurgien du grand Hôtel- Dieu- Saint-André de Bordeaux , membre de la Sociélé clinique de médecine de la même ville, médecin opérant de première classe dans les hôpitaux militaires des armées , membre de la Société académique d’ins- truction médicale de Paris, et correspon- dant de la Société médicale d’émulation de la même ville , etc. etc. ; avec une plan- che représentant l'instrument de l’inver- teur (1). Lor S QU’ AU commencement du siécle dernier, le frère Jacques proposa d’extraire la pierre de la vessie par lappareil latéral, les partisans des préjugés et de la routine cherchèrent à décrier cette nouvelle méthode , et abreuvèrent de dégoûts son inventeur. Mais les succès éclatans qu’elle eut entre les mains de cet homme extraordinaire, fixèrent l'attention des praticiens de son temps; et Mery, chargé par le parlement de lui rendre compte du nouveau procédé opératoire de frère Jacques, en fit un grand éloge, () À Paris, chez Gabon, libraire , place de l'Ecole de médecine, Tome FI, E e 434 Chirurgie. L'instrument du frère Cosme eut le méme sort 3 mais enfin la vérité triompha de l'ignorance et des préjugés , et il fut adopté de la grande majorité des chirurgiens de l’Europe. Le nouvel instrument imaginé par le C. Guérin, de Bordeaux, pour faire l’opération de la taille, n’a pas eu le même sort ; à peine a-t-il été connu, que les chirurgiens les plus distingués de la capitale, tels que les citoyens Sabatier , Lassus , Pelletan, Dubois , Bichat ; Richerand, etc., loin d’imiter ces hommes jaloux de Ja gloire d’autrui, qui s'opposent continuellement aux progrès des sciences, et qui décident qu’une méthode est mauvaise sans la con- noître ; Join, dis-je, de les imiter, ils se sont empressés de faire des essais cadavériques, et, après s'être convaincus des avantages que présente ce procédé opératoire , ils l’ont adopté, démontré publiquement dans leurs lecons, et payé, au C. Guérin, le juste tribut d’éloge qui lui est dû, Le C. Treyeran, auteur de la dissertation que nous annonCons au public , a eu principalement pour but de démontrer les avantages de l'instrument du C. Guérin, sur tous ceux imaginés jusqu’à ce jour, pour faire l'opération de la taille par Pappareil la- téral , mais desirant établir , sur des preuves solides, les avantages de ce procédé opératoire, il a cru de- voir faire précéder cet exposé d’une description courte, mais précise, de l’anatomie des voies urinaires , et de leur physiologie considérée sous les rapports de opération de la taille ; il donne ensuite un précis -de ce que renferme d’essentiel le beau travail des Caleuis. 435 CC. Fourcroy et Vauquelin sur l'urine; ce qui le conduit à rechercher les causes de la formation des calculs urinaires, et leurs différences relatives à leurs qualités physiques ou à leur structure intérieure. IL expose , à ce sujet, ce que l’analyse chymique a pré- senté aux deux savans que nous avons déja cités , et les causes accidentelles qui peuvent donner lieu aux calculs. Il rapporte à ce sujet un grand nombre de faits très-intéressans. t Le diagnostique des caleuls vesicaux fait le sujet de la troisième section de la dissertation du C. Treyeran. Il distingue les signes de cette maladie en commémoratifs rationnels et sensibles, Il trace le tableau exact des accidens que présente cette maladie, depuis sa formation jusqu’à son terme le plus reculé, il traite du cathérisme , indique les précautions à prendre dans l'introduction de la sonde, pour ne pas s’en laisser imposer en vou- lant s'assurer, par ce moyen, de l'existence de la pierre. Après tous ces détails, qu’il nous est impos- sible de rapporter dans leur entier , l’auteur expose le pronostic de cette maladie, et enfin le traitement qui lui convient ; ce traitement comprend, suivant le C. Treyeran , quatre indications principales : 1. de dissoudre les calculs dans la vessie par l’action des lithontriptiques et des dissolvans nouvellement proposés. 2.° De faciliter la sortie de ceux dont le volume est peu considérable. 3.° D’extraire ceux dont la grosseur est telle qu’ils ne peuvent sortir par les voies naturelles, 4.° De rendre supportable la présence de la pierre dout on ne peut faire l’extraction sans Ee 2 t 436 Chirurgie. exposer les malades à une mort certaine, En traitant des lithontriptiques, le C. Treyeran examine le degré de confiance qu’ils méritent, et prouve que ce sont des moyens illusoires sur lesquels on ne doit jamais compter. Examinant ensuite les cas où la nature se débarrasse seule des calculs , il rapporte plusieurs ob- servations , desquelles il résulte que, par ses seuls efforts et sans aucun secours de l’art, des malades ont rendu des pierres tres-volumineuses. Lorsque cette disposition heureuse a lieu , l’auteur conseille de la favoriser par usage des diurétiques , des bains, etc. Avant de passer à la manière de faire l’opération de la taille, le C. Treyeran indique les conditions favorables au succès de cette opération , et les cir- constances qui doivent déterminer le chirurgien à ne pas la pratiquer ou à la différer. Dans le pre- mier cas, il examine si, lorsque la pierre n’incom- mode pas, on doit tenter l'opération ; sans se décider pour ni contre , 1l rapporte diverses observations de Morand et Sabatier, qui prouvent combien, dans ce cas, il est difficile de porter un jugement solide, Quant au second cas, il croit que les affections ar- thritiques , rhumatismales et vermineuses , ainsi que l’état maladif de la vessie et des parties environ- nantes, sont autant de circonstances qui s’opposent à l'opération de la taille. Il conseille aussi à ceux qui veulent la pratiquer , de faire attention aux affec- tions de l’ame et aux saisons ; et il indique Ja manière de préparer les malades , pour les disposer à cette opération. IL passe ensuite à la description des divers modes Calculs. 437 d'opérer, et il entre dans des détails très-étendus sur l’appareil latéral, dont il expose l’histoire suc- cincte ; il décrit ensuite les procédés opératoires du frère Jacques, l'inventeur de cette méthode, puissceux de Raw, de Cheselden, de Lecat | de Nanoni, de Paluci, de Bromfield , de Foubert, de Haukins, et du frère Cosme. Le procédé de ce der- nier étant celui qui est le plus généralement adopté en France , et le but du C. Treyeran étant de dé- montrer les avantages de l’instrument du C. Guérin, sur celui du frèrè Cosme. Il entre dans des détails très - circonstandiés sur Ja manière d’agir de cet instrument, et il discute d’une manière très - judi- cieuse, les avantages et les inconvéniens qu’il pré- sente; il indique d’abord la manière de faire l’opé- ration, et les parties que l’on divise par ce pro- cédé. L'opération de la taille, par la méthode du frère Cosme présente , suivant l’auteur, des incon- véniens très-graves. 1.° C’est qu’il est possible que le litotome abandonne la crenelure du cathéter, et se fourvoie entre la vessie et l’intestin rectum. 2.° Lorsque Fon retire l’instrument pour inciser les par- ties , elles fuyent au-devant de lui, et de-là l’in- convénient de ne faire qu’une petite incision, lors- que l’on a intention d’en faire une grande. 3.° L’in- convénient de ne pouvoir jamais déterminer l’éten- due de l'incision par l’écartement de la lame, à tel ou tel numéro. 4.° En ouvrant l’instrument aux nu- méros 13 ou 15, comme on Je conseille dans le cas où lon présume que le calcul est très-considérable, n’a-t-on pas à craindre d’inciser Ja totalité de la. Ee 3 438 Chirurgie. ‘ prostate , le col de la vessie ou une partie de son corps, la vésicule séminale, le repli du péritoine , qui attache la vessie au rectum ou le rectum lui- même. 5.° L’incision du col de Ja vessie peut va- rier si le manche de l'instrument est tenu plushaut ou plus bas. 6.° Il expose souvent à des hémorragies vésicules qu’on ne peut arrêter , parce qu’elles ne sont point accessibles aux moyens de l’art. 7.° On ne peut s’en servir dans le cas où la vessie se trouve racornie sur la pierre. Après avoir exposé les inconvéniens de linstru- ment du frère Cosme, l’auteur indique les diverses corrections que l’on y a faites, dans les vues de ren- dre son usage moins dangereux. Enfin , il arrive à l’objet principal de son mémoire, qui est de faire connoître l'instrument et le procédé opératoire du C. Guérin. Cet instrument consiste en un ca- théter , portant un anneau , dans lequel l'opérateur passe le petit doigt, comme dans la méthode de Pouteau, de la partie supérieure de l’anneau par une tige d'acier carrée, appelée porte-conducteur. Entre cette tige et le cathéter se trouve un inter- valle d’environ o,o4® , et suffisent pour loger Ja verge et le serotum. Cette tige descend verticale- ment jusque vis-à-vis la courbure du cathéter, où elle se termine par une olive creuse dont le plus grand diametre correspond à la courbure du cathéter; elle est percée dans cette direction d’une ouverture ronde qui a o,cob" de diamètre, cette ouverture est destinée à recevoir un trois-quart d’une grosseur qui lui est proportionnée ; sur la partie latérale droite RS Be é Lol Calculs. 439 de l’olive, est placée une vis de pression destinée à fixer le trois-quart , lorsqu'il est en place, L’olive est fendue dans sa partie inférieure et suivant son plus grand diamètre. nb Le trois-quart long de 0,081m est cannelé dans toute son étendue , terminé à l’une de ses extrémités par une pointe triangulaire, destinée à entrer dans la cannelure du cathéter. Lorsque le trois-quart est en place, il forme avec le cathéter une ligne droite. Le seul instrument tranchant dont on fasse usage dans ce procédé , est un couteau dont la longueur et la largeur varient suivant les circonstances. La lon- gueur de cette lame ( pour opérer un adulte) doit étre de 0,16", et la largeur de la lame tranchante de 0,018"; mais on peut porter cette largeur 0,020" ou 0,024m. Pour les enfans cette largeur ne doit guere excéder 0,009, À cette description de l’ins- trument l’auteur a joint une planche qui le repré- sente. Après avoir décrit l'instrument, il indique la ma- nière de s’en servir. On introduit le cathéter dans Ja vessie que l’on relève sous la symphise des os pubis, en inclinant légèrement l'instrument en de- vant et du côté de l’aine droite du malade, alors on introduit le trois-quart dans l’olive , en tournant sa crénelure en bas et parallèlement à celle de l’olive, on le pousse contre le périné à côté du raphé à 0,016" au-devant de l’anus, jusqu’à ce qu’il soit parvenu dans la crénelure du cathéter, on en est averti par la résistance que le trois-quart éprouve contre le ca- ihéter, et par quelques gouttes d'urine qui s’écoulent Ee 4 440 Chirurgie. par la crénélure ; le trois-quart en place, on l’assu- jettit au moyen de la vis de pression ; l'opérateur passe ‘ensuite le petit doigt de la main gauche dans l'anneau du cathéter pour le soutenir, et il soulève les bourses avec les trois doigts qui suivent , tandis que le pouce est étendu le long de la tige jusqu’à VPolive. On prend ensuite de la main droite Ja lame du lithotome que l’on tient entre les trois premiers doigts, de façon que le pouce soit appliqué sur le côté de la face droite de la lame , le doigt du milieu sur la face gauche, tandis que le doigt indicateur est étendu le long du bord qui répond au tranchant; de cette manière, la partie postérieure du couteau répond à la paume de la main, et la partie qui doit glisser dans la crénelure du trois-quart et du cathéter se trouve libre dans toute son étendue. La lame ainsi assujettie, on engage sa pointe dans le commencement de la canule du trois-quart, on la fait glisser dans toute l'étendue de la ligne droite que forme le trois-quart avec le cathéter, et l’on est averti qu’elle est arrivée jusqu’à la partie la plus reculée , par la résistance que l’on éprouve ; lorsque la lame est parvenue dans le cul - de - sac qui ter- mine le cathéter, alors on retire le couteau en lui faisant suivre la même direction qu’en Pintrodui- sant dans une étendue d'environ 0,027", puis, écartant le dos de la lame de la crénelure du trois- quart, on agrandit la partie inférieure de la plaie, et on lui donne parl- là inclinaison nécessaire. On détourne la vis qui assujettissoit le trois-quart , et on l’enlève, Le cathéter reste en places on s’en sert , si St ED ét REX 7-2 Calculs. 441 on le juge à propos, pour porter un gorgeret dans la vessie. Après avoir décrit l'instrument du C. Guérin et la manière de s’en servir , le C. Treyeran expose les avantages de ce procédé opératoire : ils consis- tent, 1.° en ce que la forme et la grosseur que le C. Guérin a donnée à son cathéter, facilite son introduction; 2.° en ce que toutes les parties sont divisées d’un seul trait dans un tres-court intervalle, et forment une plaie égale et uniforme dans toute son étendue; ce qui facilite beaucoup la cicatrice; 3 ce que l’on est toujours sûr de rencontrer la cré- nelure du cathéter, sans exposer à des tâtonnemens et à l’inconvénient de faire plusieurs piqûres au ca- ral de l’urètre; 4° au moyen du trois-quart, de maintenir d’une manière fixe et invariable le col de la vessie et la glande prostate, et par conséquent de pouvoir y faire une incision de la grandeur que. lon veut, avantage qui ne présente aucune autre méthode; 5.° en commencant d'inciser très-bas, et à la partie la plus large du pubis, les malades sont moins exposés aux hémorragies, l'extraction des cal- culs est plus facile, la sortie des urines et des gra- viers plus libre ; 6.° « de deux chirurgiens qui n’au- “ ront jamais pratiqué l’opération de la taille, celui qui adoptera le procédé du C. Guérin pourra bien plutôt opérer, et avec beaucoup plus de sûreté et de précision ; que celui qui aura adopté tout autre « procédé. » Quoique nous soyons bien convaincus de cette vérité , l'ayant éprouvé nous-mêmes sous la direction du C. Guérin, cependant on ne doit pas croire que cet instrument n’exige aucune dextérité, 442 Chirurgie. et que, pour en retirer tous les avantages que le C. Treyeran lui attribue, il suffit de suivre les règles qu’il indique, Sans doute, en suivant ces règles, on parviendra à s’en servir avantageusement ; mais, au- paravant , il faut avoir souvent manœuvré sur les cadavres , et avoir acquis l'habitude de s’en servir. Sans doute, par cette méthode, on diminue les dif- ficultés de l’opération ; mais elle ne dispense ni de l'adresse de la main, ni du jugement; et, entre les mains d’un mal-adroit ou d’un ignorant , elle pour- roit devenir très-dangereuse : et, comme l’a très- judicieusement observé le C. Treyeran , lorsque l’on a fait l’incision , et que l’on s'aperçoit qu’elle est trop-petite, croit-on que la manœuvre qu’il indique pour lagrandir puisse se faire saus inconvénient, si l’on n’a l’habitude de manier cet instrument. Après avoir exposé très en détail les avantages de l’instru- ment du C. Guérin, le C. Treyeran rapporte plu- sieurs observations de malades taillés par ce procédé, à Bordeaux, par les CC. Guérin et Treyeran , oncle; à Lyon, par les CC. Petit et Martin ; à Paris, par les CC. Pelletan et Dubois , qui tous ont parfaitement guéri, sans incommodités, et dans un très-court es- pace de temps. Enfin il indique quelques légeres corrections que le C. Guérin de Lyon, frère de l’au- teur, a proposé à faire au trois-quart, mais que l’auteur n’a pas adopté, par les raisons que le C. Treyeran expose. Il passe ensuite à l’extraction des calculs vésicaux, et indique les règles générales à suivre dans cette extraction , et l'introduction des tenettes, On a sou- Calculs. 443 vent agité la question de savoir si l’on devoit faire l'extraction des calculs immédiatement après l’opé- ration ou quelque temps après. Le C. Treyeran croit qu’elle doit être faite sur le champ, à moins que des circonstances particulières ne s'y opposent; il passe successivement en revue ces diverses circon- stances, et rapporte plusieurs observations intéres- ‘ santes à l’appui de son opinion. Lorsque les calculs sont enkystes , les dangers de l'extraction sont encore bien plus grands, et par conséquent les précautions à prendre plus multi- pliées. C’est pourquoi l’auteur a cru devoir examiner en détail les divers moyens employés pour faire cette extraction , et discuter leurs avantages et leurs in- convéniens. Les accidens graves qu’entraîne l'introduction des tentes, des bourdonets et des canules, dont les anciens se servoient à la suite de cette opération, sont rejetés par l’auteur comme des moyens inutiles et dangereux. : I] indique la manière de panser les malades , et les règles diéthétiques à suivre après l'opération, les accidens primitifs et consécutifs qui la sui- vent, ainsi que les moyens de les prévenir ou d’y remédier lorsqu'ils sont déja manifestés. De tous ces accidens l’hémouragie étant un des plus à craindre, il s’attache à indiquer les moyens d’y remédier ; il discute les avantages et les inconvéniens de la com- pression et de la ligature , et prouve que si ce der- nier n’est pas celui qui doit être employé dans Îe plus grand nombre des cas, il en est au moins quel- 444 Chirurgie. ques-uns où elle peut être tres-utile et même indis- pensable. Il traite ensuite des suites de l’opération de la taille , tels que de l’impuissance des fistules urinai- res, etc.etc. et termine son ouvrage, en indiquant les règles à suivre dans le traitement des calculs qu’il est impossible d'extraire, ou de la cure palliative de cette maladie. L'ouvrage dont nous offrons l’analyse au public, présente , comme l’on voit, tout ce qu’il est essen- tiel de connoître sur l'opération de la taille par lPap- pareil latéral, et, avec lui, on peut se passer d’une foule d'ouvrages qui deviennent indispensables lors- que l’on veut se livrer au traitement de cette ma- ladie; mais ce n’est pas le seul avantage qu’il pré- sente ; il a encore celui de faire connoître au pu- blic une découverte des plus intéressantes qui ait été faite en chirurgie depuis bien des années. DuTRrOUILH , chirurgien. GE — LITTÉRATURE ORIENTALE. NoTIcE sur un exemplaire de la Biblio- thèque orientale de D'HERBELOT. Edit. fol, 1707. Aux premières années du 17.° siécle, qui done auroit pu le proclamer le siécle du génie? Sans la naissance de Louis XIV, cette époque qu'illustra tant de merveilles, eût êté peut-être une de ces lueurs passageres qui s'offrent à l'observateur dans la suc- cession des âges. L’influence de ce prince survécut à son pouvoir. La tombe couvroit ses cendres, lors- que son génie sembloit encore dominer un empire dont il avoit fondé les institutions les plus glorieuses. On dira qu'avant son règne , les vers de Corneille retentissoient sur nos théâtres , que des découvertes dans les sytèmes scientifiques indiquoient une nou- velle marche à l’esprit humain ; mais les contem- porains de Descartes et de Corneille ne peuvent méler leurs applaudissemens aux suffrages de la postérité, Richelieu fit un affaire d’état de la critique du Cid. Pour Descartes, poursuivi d’asile en asile par le fa- natisme des sectes et des écoles , il chercha vaine- ment une patrie, qui , le repoussant de son sein, ne vouloit recevoir de lui que ses restes inanimés. Protecteur des lettres, des sciences et des arts, Louis XIV sut encourager leur progrès , flatter leur espoir, et récompenser leur succes. Un observatoire s'élève pour le laborieux Cassini, Des académies réu- nissent Fénélon , Racine et La Fontaine; il appelle 446 Latieralure orientale. à sa cour l'architecte Bernin, et veut soulever les tombes d'Athènes et de Rome. Des artistes parcou- rent l’Italie; des naturalistes visitent les royaumes da Levant, les merveilles dela nature se réunissent au chef-d'œuvre des arts dans les tributs que l’univers paroît alors offrir à la nation française, qui, de jour en jour , justifie son empire par cette apparition nombreuse d’hommes célèbres, dont la naissance se lie à une époque si glorieuse pour Pesprit humain. Il est heureux pour un Français d’être rappelé par des souvenirs à ce période de notre histoire ; surtout lorsqu’ils Jui sont inspirés par ces hommes vraiment utiles , qui , tels que l’orientaliste d’Herbelot , aspi- rerent moins aux faveurs de la renommée qu'aux té- moignages de la gratitude publique, et de l'estime générale, Ayant acquis un exemplaire de sa Bibliothéque orientale, avec des notes et des additions manuscrites de M. Petis de La Croix, connu par ses traductions d'ouvrages arabes et turcs, j’ai cra intéresser en rap- pelant la mémoire de d’Herbelot, de ce savant qui, quoique estimé de ceux de son âge , fut condamné par eux à un oubli si profond , que les nomenclatu- res les plus. nombreuses ne contiennent aucune notice ni sur son.existence, ni sur ses ouvrages ; c’est .ce qu’il est possible de vérifier dans les diverses éditions de Moréri (1). (1) Le Journal des Sayans (janvier 1696), le quatrième volume du Recueil du Père Niceron, le second volume des Hommes illustres , da Perrault, donnent seuls la courte notice que le président Cousin a insérée au commencement de la Bibliothèque orientale, Bibliothèque de d'Herbelot. 447 D'HERBELOT naquit à Paris, en 1625 ; il fit ses premières études dans cette ville , et se prépara ; sous les professeurs les plus habiles pour l’ensei- gnement des langues orientales, au voyage d'Italie qu’il entreprit peu de temps après, uniquement afin de se rendre familier les divers idiomes. L’archevêque d'Aix, à son retour en France, le chargea de com- plimenterlareine Christine, Cetté commission prouva de plus en plus ses connoïssances et son esprit. Fou- queten entendit parler, le fit connoître à Louis XIV, et lui obtint différentes graces de ce prince. Cepen- dant une place honorable dont il fut pourvu dans la suite, ne l’émpécha pas de songer à un nouveau voyage d'Italie. Il recueillit dans cette contrée les tributs d'estime que méritoient et son caractere etses talens. Ferdinand II eut pour lui les égards les plus distingués. Ce prince le reçut avec autant de magni- ficence que de délicatesse. Une bibliothéque nom- brease se trouvant , pour lors, en vente à Florence, le grand-duc chargea d’Herbelot d’y choisir les ma- nuscrits rares et précieux, Il les acheta et força le savant français à les recevoir. Des procédés aussi généreux attachèrent d’Herbelot à ce prince, et il ne fallut rien moins que les desirs de Louis XIV, et toute l’autorité de Colbert, pour l’arracher d’un séjour que la reconnoissance lui rendoit chaque jour plus aimable, Le Roi voulut le voir à son retour, il prit plaisir à l’entretenir, et encouragea son projet d’une notice encyclopédique orientale. Elle fat com- posée en arabe ; c’étoit ayec des caractères de cette 448 Littérature orientale. langue qu’elle devoit être imprimée. Des raisons d’é- conomie en-empéchèrent. D'Herbelot fut donc obligé de la traduire; mais la mort le surprit dans ce tra- vail qui , laissé imparfait , fut ensuite confié aux soins de Galland. . | +: S’étant toute sa vie occupé de traductions, d'Her- belot a laissé les manuscrits les plusutiles et les plus curieux; leur dispersion, disons, peut - être leur anéantissement , inspire de justes regrets aux gens de lettres. L’auteur des remarques manuscrites, qui se trouvent sur l’exemplaire de la Bibliothéque orien- tale dont il s’agit ici , indique une Anthologie orien- tale. J’ai fait quelques recherches à la Bibliothéque nationale, elles ont été infructueuses. Onne con- noît que par leurs titres , divers traités manuscrits de d’Herbelot , dont son Authologie étoit sans doute un des plus précieux. Pourquoi les soïns de Galland ne les ont - ils pas réunis; et d’ailleurs, son successeur au cellége de France ; M. Petis de La Croix, ne devoit-il pas res garder comme un: devoir le précieux avantage de restituer, à un {savant célèbre tous les titres qu’il possédoit à l’estime de ses contemporains. Loin de- là, si cetécrivain donne quelqu’attention à l'ouvrage de d’Herbelot , c’est pour armer contre cet orienta- liste la critique la plus amère. Je me serois épargné de recueillir les expressions qu’elle paroît lui dicter, si la plupart de ces reproches , portant sur des omis- sions ou des dates transposées , ne pouvoient un jour offrir quelques utiles comparaisons au futur éditeur de Bibliothéque de d'Herbelot. 449 de la Bibliothéque orientale, ouvrage que je suis bien loin de regärdér comme étant à l'abri de toutes er- reurs , surtout en matière de chronologie. Page 121 , article 4rabr. Texte de M. D'HERBELOT. Nous avons aussi de lui Kimia al Saadat , la Chymie heureuse, qui est un Traité sur la profession de foi qui regarde l'unité de Dieu, et un autre livre in- titulé a/ Ahadit al Codsiah. Les Tradiyions saintes, ou celles qui regardent la Cité sainte qui est Jéru- salem et toute la Palestine. Il y a aussi un traité de Jui qui ne paroît pas digne de la gravité d’un tel docteur; car il a pour titre Ossous al Zairagiah de Ja Zaïragie ; c’est-à-dire de Ja signification mysté- riease des lettre, et de la divination qui se fait par leur moyen. Texte manuscrit de PeTis DE La CRorx. Faute, Traditions saintes signifient celles qui ont été dic- tées à Mahomet, par l’ange Gabriel, de la part de Dieu , au lieu que les autres ont été du cru de Ma- bomet. Hadiis Goudsy. Hadits Habaouy. Page 122, omission indiquée après le mot Ærag fil Jarag ; livre qui traite des divertissemens permis ou défendus par la loi musulmane. 1] manque ici, dit La Croix, le nom d’A4rba can ; fils de Buy Doucan, successeur d’Abousuid. Mogol, l’an 1335, Page 148 , apres le nom d’Andagart, ville de Ja Mauritanie, située à l'extrémité du continent, qui regarde océan Atlantique, omis article d’Avyerpace, philosophe. Page 185. D'HERBELOT. Art. Barcakan, I] y a eu -plusieurs princes de la famille de Genghiskan qui Tome FT, 108 à 450 Litérature orientale. ont porté ce ‘nom, mais ils n’ont point régné, La Croix. Cela est faux. Ils ont régné en 1266. Le fils de Touchican, frère de Batu. Page 197. D'HERBELOT. Beheki, surnom d’A4hmed ben Assan , auteur du livre intitulé Æthbat Adab Alkeber , où il est traité des peines que Dieu fait souffrir aux hommes après leur mort dans le sépulcre; c’est une espèce de purgatoire. La Croix. Il faut lire au lieu de Be Beki, Byagy ; il y a six auteurs de ce nom, que M. d’'Herbelot a omis; ce sont des historieus célèbres. Page 213. D'HERBELOT. Carac’Usch, en turc l'Oi- seau noir. C’est proprement un merle , et non pas un corbeau. Ce nom fut donné par sobriquet à Ba- haeddin , visit et gouverreur du grand Caire, sons Saladin, à cause de sa simplicité. Soihrthi a fait un petit livre qui traite des actions de ce visir, il se trouve à la Bibliothéque du roi. La Croix. Ce n’est pas Soiywthi, mais Asad ben Mamaty qui en est l’auteur. Page 265. D'HERBELOT. Cazan , empereur des Mogols, voyez Gazan. Add, De La Croix. Roi de Turquestan 21.° suc- cesseur de Zagacey. À la marge. Faute. Cazan n’est point Je même que Gazan , car Gazan est le 2r.° suc- cesseur de Za Gatai Can, mort en 1346, au lieu que Gazan est le 6.° successeur de Hala Can, mort en 1303. Le premier étoit roi de Turquestan, le dernier étoit roi de Perse. Page :67. Article Cobsa, empereur des Mogols, deuxième colonne, quatrième alinéa. Bibliothèque de d’Herbelot. 4ôt D'Hergesor. Des le commencement de son règne, il eut à soutenir u: e grande guerre contre Arik ou Arig Buge un de ses autres frères, lequel faisoit son séjour à Ke/aran et à Curacoram, où étoit l’ordre natif de Genghiskan:; ce lieu est le même que l’on appelle aussi ordre Baliz, où Arig Buga se maintint pendant 27 ans, au bout desquels, il fut enfin contraint d’avoir recours à la clémence de Coblai, son frère. La Croix. Coblai fut proclamé empereur, l’an 1260 , Arigbuga implora sa clémence à la 3.° lune de l’an 1264. Plus bas. D’HERBELOT. Coblai ayant Arigbuga entre ses mains, assembla un grand conseil des prin- cipaux seigreurs de la nation, pour délibérer sur ce qu’il en devoit faire ; et il fut résolu qu'il seroit en- fermé entre quatre murailles faites d’un bois noueux et épineux où il vécut pendant un an. LA Croix. Faux. Il lui pardonna. Plus bas. D’HErBeLoT. Le règne de Coblai fut de 25 ans..... 11 mourut l’an de l’hégire 680 , de J. C: 12814 | La Croix. De J.C. 1294 à la première lune. Page 283. D'HERBELOT. À l’article du prophète Daniel , rapporte les divers ouvrages que les docteurs musulmans ont publiés sous son nom. M. De la Croix insère à la marge la note suivante. M. D'Herbelot ne parle point ici du livre de l'Histoire de Daniel , appelé Malhhumat Danyal, marqué dans la bibliothéque de Hadoy Calfa , art. 11903. , Ff2 452 Littérature orientale. Page 287. D'HERBELOT. Dararioun, secte d’impies et d’hérétiques qui ont pris leur nom et leur origine d’un imposteur nommé Darari, lequel étant venu de Perse en Ægypte, sous le kalifat d’'Hakim , vouloit persuader que Hakim étoit Dieu. La Croix. Ce sont les Druses. Page 291. D'HERBELOT. Milieu de la 1."° colonne. Quoique Pon ait déja parlé de la ville de Damas dans le titre de ce Damaschk, onne laisse pas d’ajouter ici que cette ville fut prise sur les Turcs par les Arabes, sous le Kalifat d’Omar , l’an 14 de l'hégire. La Croix. Lisez sur les Grecs. Page 303. D'HERBELOT. Durzi les Druzes, nation de Syrie mélée avec les Maronites, qui prétend tirer son origine des premiers Français que Godefroy de Bouillon mena avec lui à la conquête de la Terre- Sainte. Les plus nobles d’entre eux, comme l’Emir Fakhreddin que l’on appelle par corruption l’Armi- facardin et qui a vécu de nos jours, se disent pa- rents de la maison de Lorraine. La Croix. Les Druzes tirent leur origine et l’éty- mologie de leurs noms de Druzy , natif de Perse, qui vint en Ægypte, et fit accroire au calife Fari- mik Hakim by Allamaak qu'il étoit Dieu, et Je fit reconnoître pour tel, et a établi cette secte. M. d’Herbelot en parle sans le savoir; mais c’est sous le nom de Davary et d’Avaryour, qu’il n’a pas bien su lire, à cause qu’il faut un point sur le re, ce qui fait ry. Page 343. D'HERBELOT. Fek et Fekehat, l'étude et la seience de la loi, jurisprudence, Fakih un doc- Bibliothéque de d'IHerbeloi. 453 teur de la loi, ou si vous voulez un jurisconsulte ; c’est d’où vient le mot espagnol.... Il faut remar- quer que l’alcoran étoit chez les Mahométans le seul livre de la loi, etc. La Croix.(Figih droit) M. d'Herbelot se trompe, carnon-$eulement le droit des Mahométans est fondé sur l’alcoran , mais il Pest aussi sur les Hadits, c’est à-dire sur les traditions des paroles de la bouche de Mahomet , et sur les conciles ou gogamaa , et sur la conjecture , raisonnemens ou bon sens qui y sup pléent. Giai, ce sont les quatre fondemens du droit Alfigih. Page 344. Feraidh. D'HERBELOT. Les comman- demens et les obligations de la religion musulmane ; Seragiah, auteur célèbre, en a fait un livre fort es- timé des gens de sa secte, qui se trouve dans la bi- bliothéque du roi, n.° 714. La Croix. M. d’Herbelot omet ici entièrement Ja seconde signification de ce mot Faraïdh. Ce seroit la partie de la science du droit qui regarde le par- tage des successions , et sur laquelle espèce de science y a dans la bibliothéque de Zadgy Kalfu un tres- grand nombre d’ouvrages. Page 416. D'HERBELOT. Hadith. Histoire, nar- ration. Maoutha , Daractant sont les principaux au- teurs qui ont compilé de ces Hadits que l’on recon- noît être pour la plupart tirés du Talmud , d'où l’on peut juger qu’il y a beaucoup de Juifs qui ont em- brassé le mahométisme. “La Croix, Mouatia et non pas Maoutha n'est AE ET 454 Littérature orientale. pas le nom d’un auteur, mais Je nom d’un livre composé par Malek bin Ansy. Page 477. D'HERBELOT. Article Suman ou Semen, seconde colonne. Les Aïoubites, princes de la pos- térité de Saladin, ont possédé l’Yemen longtemps après que les Mamelucs se furent rendus maîtres del’ Ægypte, et les en eurent dépouillés. Cette grande province eut depuis ce temps-là, plusieurs petits princes , lesquels ne portent plus maintenant que le titre de Bacha, quoiqu'ils soient la plupart pet- pétuels et absolus. : La Croix. Il n’est pas vrai que les Pachas aient jamais commandé absolument dans tout l’Yemen, qui a toujours appartenu , depuis Mahomet, à ba maison de T'ebuteba , plus ancienne que le mahomé- tisme. Page 585. D’'HERBELOT. Moaggem. C’est le titre d’un livre de Hadits ou traditions musulmaves, coma posé par Thabrani. La Croix. Mouddyam signifie alphabet. Il y a 27 titres d'ouvrages sur diverses sciences qui portent le nom d’alphabet, que M. d'Herbelot omet entière- ment. Voyez Hadgy Calfa, art. 11388. Pages 736 et 787. D'HErBELO®%. Ïl y a eu autre- fois des schérifs à la Mecque et à Médine qui se sont même quelquefois fait la guerre les uns aux autres, et le sultan des Turcs, qui est maitre de toute l’Arabie , leur laisse quelqu’espèce de souve- raineté, se contentant seulement du titre de Harmnë Alharmein | protreteur des deux villes-sacrées , æ’est-à dire de Médine et de la Mecque. \ Bibliothèque de d’Herbelot. * 455 La Croix. Il n’est pas vrai que le sultan des Turcs soit le maître de toute l'Arabie, car toute l’Arabie Heureuse a toujours reconnu les rois d’Yemen pour leurs seuls souverains. ù Il est faux que les sultans des Turcs, ni aucun prince musulman, se soit jamais donné Île titre de Ham Alharamein , mais bien le Grand-Seïgneur et les autres , prennent le titre de Khadim Alharamyan , c’est-à-dire serviteurs des deux villes sacrées; il est vrai qu’il prend le titre de Humi Elcods Elscherif , c'est-à-dire, protecteur de Ja Sainte-Jérusalem. Page 816. D'HerzELOT. Les ancêtres de la race qui règne aujourd’hui en Perse , tels que sont Scheikh Haïdar, ont porté le surnom de Sofi , et Schah. Ismael, fils de ce dernier qui est sorti de la vie privée ; et qui a le premier jeté les fondemens de cette dynastie ou monarchie, retint le surnom et se faisoit appeler Ismael Sofi. C’est de-là que plusieurs de nas voya- geurs et de nos historiens donnent le surnom de Sophi et de Grand-Sophi aux rois de Perse. La Croix. M. D’Herbelot se trompe ici, toto cælo ÿ caï Schah Ismael, fils de Haydar, n’a point pris le surnom de $9#, mais bien celui de Seferri qui signifie de la postérité de Se/y ; et le surnom du grand Sophi de Perse est une erreur en Europe, et une dérision des Turcs contre les rois de Perse. Les Sophis sont des théologiens mystiques. Ce nom est porté également par certains religieux. Il meseroit facile d'augmenter cette notice, en y insérant Îles diverses annotations que M. Petis de La Croix a prodigué à une multitude d’articies, notes Ff 4 456 Littérature orientale. qui la plupart relèvent des erreurs chronologiques , tels que toutes les dates des règnes des successeurs de Genghiskan , qui avertissent des omissions, ou qui font apercevoir des changemens dans les noms et pré- noms des personnages célèbres. Mais un plus loug détail paroîtroit sans doute fastidieux ; d’ailleurs, les remarques que j'ai transcrites font assez connoître le genre d’attention qu'a mérité de M. Petis de La Croix, le travail de son prédécesseur au Collége royal. Quelques citations marginales indiquent plusieurs ouvrages ou mémoires de cet écrivain. Leur décou- verte a été pour moi un objet de vaines recherches; mais j’ai bientôt formé de nouveaux regrets, en ayant encore à déplorer la disparition des mémoires et ma- nuscrits d’un auteur non moins savant (2) dont le nom se trouve sur l’exemplaire de la Bibliothéque orientale , d’où les remarques, qui composent cette notice , ont été extraites. C’est avec peine qu'on voit s’anéantir , à la mort des hommes justement célèbres, les monumens dépositaires de leurs longs travaux, ces titres de gloire qu’ils se proposoient un jour d'offrir aux regards de leurs contemporains. Les gens de lettres, ceux qui s’adonnent aux sciences ne de- vroient-ils done pas veiller avec plus de soin à ce que l'obscurité, où même l'indifférence n’enlèvent encore des sources à l’instruction, et des lueurs pré- cieuses à l’historien , au politique, ou à l’obser- vateur. (2) M. Leroux - Deslrauterayes. Bibliothèque de d'Herbelot. 457 Le démembrement des bibliothéques célèbres est un événement aussi déplorable pour l'ami des lettres que le seroit pour un artiste l’éloignement, ou la dégradation des chef-d’œuvres qui enflammoient son génie. E. L. GRAMMATRE. Au C. MILZIN, rédacteur du Magasin Encyclopédique, sur la nouvelle édition des Elémens de Granrmaire de M.SICARD. 23 ventose an 10. Ciroxrs N,je viens de lire rapidement et avec ‘beaucoup d'intérêt , les deux volumes des Æ/émens de la grammaire générale, appliquée à la langue fran- caise , seconde édition, par le célebre instituteur pational, SICARD; et, d'apres cette première lecture, je crois pouvoir assurer que cette nouvelle édition est infiniment supérieure à la précédente. J’ai vu avec satisfaction, que Jes suffrages du public, par une réimpression aussi prompte, ont confirmé tout le bien que je m’étois plu à en dire dans l'extrait de la première édition. Dès que cette nouvelle grammaire générale parut, je pensai qu’elle devoit être distinguée entre les autres, et qu’on devoit la regarder comme Ja meilleure et la plus com- plète, par un nombre de créations nouvelles, qui appartiennent à l’instituteur national, et par beau- Là 458 Grammaire. coup d’autres avantages, développés dams cet ex- trait (x). J'y observois surtout, que le savant professeur, profond métaphysicien , et depuis des années ins- truit à l’école de lexpérience, loin de se traîner lourdement sur les traces des autres grammairiens; loin de se laisser éblouir par de grands talens, par un grand nom , par la célébrité d'un écrivain accrédité, analyse dans ses leçons, examine, discute, crée , invente ou rejette tels et tels procédés de la science grammaticale ; et le plus souvent combat son illustre adversaire, quelquefois son collégue, son ami. Combattre en effet l’homme de génie, n’est point lui faire injure; et ce n’est point man- quer à un homme savant d'oser le réfuter. Une critique honnête, est un éloge à la fois tacite et Public, du mérite de l’écrivain qu’on a le courage de contredire. C’est une conviction, un aveu que ses écrits ont acquis de la confiance et de l’autorité au- près de ses lecteurs, et qu'il est digne d’être réfuté. D'après ces mêmes principes, et comme je ne suis pas du sentiment du savant auteur de la grammaire, par rapport à quelques assertions avancées dans l'introduction de.cette réimpression , j’oserai expo- ser le mien; et je le ferai avec cette noble fran- chise qu’on se duif à soi-même, à son lecteur, et à un homme justement célebre, que l’on ose combattre avec d'autant plus de liberté, qu’on l’es- (:) Magasin Encyclopéd, Année V,t. IV, p. 489, t- V1,p.8r;et année VI, t.1, p.340. Grammaire. 499 time d'avantage : de pareilles luttes sont un hommage rendu à la vérité, et qui honorent à la foisles deux opposaus. Je ne sais si les notions du savant et respecta- ble ami de M. Sicard , exposées dans l’introduc- tion du tome I, concernant les Chinois et la pau- vreté de leur langue, etc., sont de la dernière exactitude (2); mais d’après la simple lecture des cinq volumes, qui ont été le fruit de la dernière ambassade à la Chine, de lord Macarteney (3), et des trois volumes du 7’oyage en Chine , du capi- 1aine J. Meares (4) , ouvrages imprimés récem- ment en Angleterre , et traduits ici, il paroît évi- derit , car ce sont des faits détaillés, circonstanciés ; 1] paroit que les Chinois ne sont pas si ignorans qu’on les fait ; que ce peuple laborieux, spuituel, vif, ardent et instruit, est tres-avancé dans les sciences et les arts les plus utiles ; dans linvention, la cons- truction, et le perfectionnement d’un nombre de ma- chines les plus ingénieuses et les plus hardies, pour (2) « Que ce peuple n’a une conjugaison si pauvre, et n’a que les « trois temps de la nature, que parce qu’il n'a fait encore aucun « pas dans les sciences ; qu’il a généralement des vues étroites ; « qu'il combine fort peu; qu'il ne voit les objets et leurs rapports « que d’une manière lente et successive... » Intrropucriox, tome I, page xv et suiv. * Et-page xvij : « Pauvre dans sa nomenclature, plus pauvre encore « danstses formes accidentelles (la langue hébraïque), a une marché « tellement uniforme dans sa construction, qué rien n’est plus court « que sa syntaxe , rien n'est moins varié que ses constiuctions. » + (3) Seconde édition, Paris, Buisson. An 7. (4) Paris, chez le même, An 3. - 460 Grammaïre. simplifier et faciliter les entreprises hydrauliques ct continentales, les travaux de l’agricluture, des fabriques et métiers, ete. (a). Et si les Chinois nous sont inférieurs dans la chirurgie et dans quel- ques autres sciences, il ne faut point en accuser la pauvreté de leur langue et de leur nomenclature : en voici les raisons. La première est une routine aveugle et supersticieuse dans quelques parties, et qui tient à leur religion. Mais la cause la plus commune et la plus générale, est leur incommuni- cation avec les autres nations rigoureusement im= posée par la loi. On sait qu’il est défendu à tout indigène , de jamais sortir de la Chine, sous quel- que prétexte que ce soit; pendant que Jes autres peuples se civilisent et se policent, s’instruisent, s’éclairent et se perfectionnent dans les sciences et les arts, par leurs rapports continuels et réciproques, dans toutes les parties du monde, Au reste, les Grecs et les Romains dont l'existence a été si bril- lante et si courie, en comparaison de la nation chinoise, à laquelle on attribue une longévité, une élernité pour ainsi-dire , ( maïs qui peut leur être très-fort contestée ); ces Grecs ces Romains, si étonnans, par le dégré de perfection à laquelle ils étoient parvenus dans la poésie, l’éloquence, (a) Cette lettrine renvoie à une note nécessairement fort étendue: ce sont mes preuves qui couperoient trop ici le fil du discours. Cette “ote se trouve à Ja fin de cet article, page 464 On a eu soin de joindre ä chacun des articles cités, la quote des pages et volumes des auteurs, d’après lesquels on pourra se procurer à l'instant de plus grands détails sur l'objet mentionné. Grammatre. 461 la médecine, la législation, ete. ; dans architecture, la sculpture, la peinture, etc. , et dont il nous reste aujourd’hui tant de chef-d’œnvres ; eh bien, ces Grecs, ces Romains n’avoient point inventé comme cette nation séparée du reste du monde, les armes à feu, le cadran solaire , la boussole, ni Pimpri- merie , cette science sublime, qui éternise et multi- plie à Pinfini toutes les autres. L’inoculation con- nue en Chine dès le dixième siécle, cette prati- que bienfaisante , qui a conservé des milliers d'hommes partout où elle a été administrée avec connaissance de l’art, étoit également ignorée des anciens. Quant à la langue de Moyse , de Job, d’Isaie et de l’immortel Orphée des Hébreux; quant à cette langue, la première peut-être et la mère de toutes les autres, qui a produit une poésie si riche, si abondante et si variée ; dans laquelle on remar- que tous les tons, toutes les nuances d’une poésie tantôt éclatante, relevée, sublime; tantôt simple, douce, gracieuse , et partout ornée d’une foule d’images alternativement effrayantes et consolantes ; terribles, riantes et les plus aimables ; une poésie, en un mot, à laquelle , suivant le sentiment de M. de la Harpe , les chef-d’œuvres de l'antiquité profane , n’ont rien à opposer; une telle langue assu- rément , ve doit pas être tant dépourvue de moyens qu’on Île dit, et peut-on l’accuser d’être à la Fois pauvre dans sa nomenclature, dans ses formes ac- cidentelles , et de w’avoir qu’une marche uniforme dans ses constructions ? = 462 Grammatre. ‘Par cette même raison, qu’une infinité de ter- mes devoient nécessairement manquer à la langue hébraïque , par l'absence des choses mêmes, il s’en- suivrait donc une égale inculpation contre la lan- gue d’Homère , cette langue toute divine, pour n’a- voir pas eu dans le temps où il vivoit (il y a près de trente siécles )}, cette nomenclature im- mense d’une multitude de choses, de sciences et d'arts inventés depuis? Cette langue de la Grece, cependant, était déja et sera éternellement la Jan- gue la plus belle, la plus mélodieuse , et Ja plus riche qui puisse jamais exister. Aussi l’auteur qui Ja distingue , lui accorde-t-il ailleurs (5) uve richesse et une fécondité de ressources infinies, une précision, une justesse et une perfection, qui man- quent à la nôtre. Voilà en quoi mon sentiment diffère de celui de l’auteur, et je ne dis point que j'aie raison , je puis me tromper. J’avoue de plus, que ces assertions que je combats, sont extraites d’une savante intro- duction à l'ouvrage , d’un morceau d'élite (l’histoire philosophique de la parole ) qu’on peut regarder comme un modele de raison , de vérité et de style. Quant à l'ouvrage même, j'aime à répéter ici tout le bien que j'en ai déja dit; et ce que j'aurai du plaisir à développer dans un prochain extrait * que nous pouvons nous vanter @avoir aujourd’hui une véritable grammaire-logique, restitute à sa pureté sublime, par la rectitude des idées ; une grammaire générale aussi lumineuse que piefondes {5) Tome IT, p. 241, Grammaire. 463 aussi facile que savante; là plus riche, la plus abondante que l’on connoïsse dans aucune langue qui offre un nombre de paradigmes absolument neufs , d’une simplicité, d’une clarté et d’une vé- rité la plus probante ; plusieurs nouvelles théories qui appartiennent au directeur de l'institution na- tionale , et puisées par lui au sein de ceite école et au milieu de ses éleves. Cest-là, c’est au milieu de cette surprenante école qu’on a vu pour la pre- miêre fois, des enfans raisonner les difficultés. les plus abstraites d’une science qui jusqu'alors, avoit paru la plus obscure et la plus abstraite de toutes : et qu’on. voit tous les jours ces jeunes en- fans étonner , éustruire, enchanter, une foule de spectateurs instruits, et de vrais savans, attirés des quatre parties du monde par les charmes d’un spectacle aussi ravissant. L'auteur a su éloigner cette multitude de règles et de distinctions qui hérissoient d’obstacles l’en- trée de la carñère, et qui surchargeoient pénible- ment Ja mémoire des enfans. À ces épines inutiles et embarrassantes, il a substitué des conceptions à la fois profondes et faciles, un enchaînement suc- cessif et gradué de vérités qui naissent les unes des autres, qui se tiennent, se lient et s’éclairent réciproquement. Enfin , à l’exemple du sage et savant Fleuri , dans son livre élémentaire de l'histoire du premier peu- ple du monde, de ce philosophe religieux, qui joignait aux plus belles et aux plus nombreuses connoiïssances , l'esprit le plus méthodique ; le . 0 464 Grammaire. grammairien Sicard fait suivre tous les chapitres de sa grammaire générale, d’un court résumé, par demandes et réponses, où le profond institutuer sait descendre et se mettre à la portée de la plus ten- dre enfance ; sait changer de ton, et présenter une seconde lecon proportionnée à cet âge. Par-là cette grammaire générale, absolument nouvelle, offre encore ce double avantage , de réunir dans un même ouvrage, et la science du maître, et celle du di- sciple , dans les différentes époques de l’instruction. On pourrait appeler ce livre, le fruit d’une méditation profonde et de vingt années de travail, fondé sur une longue expérience , une sorte de mé- taphysique et de grammaire expérimentale et vrai- ment classique; ce livre mériteroit d’être adopté dans nos écoles nationales , et principalement dans les écoles des départemens. J’en donnerai ailleurs de solides raisons. E. B,. N OT E Concernant les Sciences et les Arts cultivés par Les Chinoïs. L'ouvrage qu'on va citer, doit faire autorité an- près des lecteurs les moins crédules. L’an:bassadenr britannique n’est pas un de nos badauts sortis pour Ja premiere fois de la capitale, et qui ; dans la route de Saint-Cloud par terre et par mer , s’extasie à cha- que objet qu’il rencontre. Le lord Macarteney, qui avoit: recu une éducation proportionnée à sa nais- sance , instruit de bonne heure dans les sciences et les lettres , épris de Pamour des beaux-arts, et pourvu des _— . Grammaire. 465 des connoissances les plus nécessaires concernant les arts et métiers ; ce lord opulent , et qui , comme font les Anglais les moins fortunés, avoit déja voyagé, avoit sans doute, dans ses voyages , beaucoup vu et, beaucoup appris. Or quand un tel homme, quand un anglais, en un mot, naturellement jaloux d’a- voir partout la suprématie, avoue, reconnoît et ad- mire chez le peuple qu'il visite, une supériorité marquée , on peut l’en croire. Mais ce qui doit ajou- ter à la confiance -des lecteurs de l'Ambassade à la Chine , c’est que le commodore Gower , c’est que sir Georges Staunton, de la société royale de Londres, ministre plénipotentiaire auprès de l’empereur, avec un nombre d'artistes distingués , étoient de lam- bassade, et qu’ils ont contribué à sa rédaction. Voilà, sans doute, ce qui doit donner toute la prépondé- rance et l’autorité exigibles à un pareil ouvrage. On“peut dire que la note est plus longue que le texte : cela est vrai ; mais toutes mes armes sont là, et il me faut bien les employer toutes contre l’ad- versaire que j'ai à Combattre. Au reste, malgré tout son étendue, j'espère que cette note n’ennuiera pas. H n’y a rien de imoi : et qu'offre-t-elle ? un tableau intéressant , très-précis et fait avec beaucoup d’or- dre, des sciences et des arts en vigueur dans la partie du Levant la moins fréquentée, et commu- nément inaccessible aux étrangers. OuTILS, eic., de première nécessité. On assure dans Ja relation.anglaise, que les Chinois ont l’hon- neur de ne devoir qu'à eux-mêmes l'invention des instrumens nécessaires dans les premiers arts et les plus utiles de la société. Ce qu’on voit à leur forme particulière et toujours différente de la. forme ordi- paire de ces mêmes instrumens chez toutes les autres nations. Tom. FIL, pag. 364. Le Van leur fut connu de tout temps. Tom. TI, 125. Ils excellent dans l’art de couler le fer. IV, 308. Leur soufflet de forge a un avantage visible sur les nôtres, ill, 365. ARCHITECTURE, Leurs progrès dans l’architec- Tome VI. Gg - 466 Grammaire: ture sont prouvés par une quantité prodigieuse de temples, de palais, et de beaucoup d’autres édi- fices somptueux qu’on rencontre à chaque pas, et surtout par un grand nombre de travaux Îles plus étounans. On vante leur supériorité dans la con- struction des chaussées; le chemin impérial, le plus beau que l’on connoisse ; la grande muraille, qu’on doit mettre au rang des plus grands monumens des entreprises humaines pour la hardiesse et l’intelli- gence dans l'exécution, par la solidité et la durée qu’elle promet. Seulement pour létrausport des ma- tériaux, cette muraille dut être d’une difficulté in- croyable, parce qu’elle est bâtie dans des endroits ivaccessibles. L'une des montagnes sur laquelle cette muraille éternelle se prolonge, a cinq mille deux cent vingt-cinq pieds de hauteur. IL, 223, et IV, 108. ARCHITECTURE HYDRAULIQUE. Elle n’est pas moins surprenante chez cette nation. On peut citer, entre plusieurs autres, le canal de cinq cent milles de longueur , le plus grand que l’on connoïsse dans ce genre; le canal impérial, un des plus beaux qu’on puisse voir, et plusieurs autres canaux remarqua- bles, mentionnés dans l’ouvrage , IV , 89, 90, 100- 109-116; le pont de go arches ; des ponts à colonnes, au lieu d’arches ceintrées; et enfin le beau pont de marbre, digne de la matière , par la beauté de la construction. III, 1313 IV, 155 et 181. AGRICULTURE. Dans ses différentes courses, l'ambassadeur anglais admire l’agriculture floris- sante dans toute l'étendue de l'empire; leurs procé- dés ingénieux et prospères pour préparer le sol, pour faciliter et doubler la végétation , pour ense- mencer , pour construire des terrasses, pour prali- quer des écluses dans Jes plaines, sur les canaux, our élever et diriger l’eau sur des hauteurs, etc. Is ont inventé pour ladossement des terres, une machine aussi ingénieuse qu’utile, peu chère et fa- cile à employer. Leur sémotr , dit le spéculateur bri- annique , est si supérieur à notre manière anglaise , Grammaire. 467 que, de calcul fait, le profit que les cultivateurs chinois en retirent, swfäroit, par an, pour nourrir toute la Grande-Bretagne. IV, 81,82 ,02, 219, 220, 223 et 249. On loue leur charrue de labour pour la simplicité de sa structure. IV, 64. NAVIGATION , etc. Nos argonautes européens , dans une promenade sur l’eau, aimoient à voir plu- sieurs grands bateaux conduits par un seul homme. Ils admiroient son adresse ; l’aisance et Pagilité avec la- quelle un batelier seul, tout en fumant sa pipe, ramoit, alloit à la voile, et à la fois gouvernoit, s’aidant du pied dans le mouvement de Faviron, IV , 189. L’usage de la boussole, en Chine, date ‘de la plus haute antiquité; et les premiers marins de l’Europe, les Anglais, avouent l’avantage de la petite aiguille de la boussole chinoise, sur celles dont on se sert en Europe. If, 277. Les cadrans solaires, ignorés des Romains, étoient connus, en Chine, trois ans ayant l’ère chrétienne. IV, 330. ART DE SE CONSERVER ET DE SE DÉFENDRE, etc. L’inoculation , pratiquée en Chine dès le X.° siécle. IV , 299. La poudre à canon, connue et employée de temps immémorial pour faire sauter des rochers, pour miner et contre-miner en guerre, ete., et, dans leurs fêtes, pour des feux d’artifice. Ces feux de joie, : singuliers et merveilleux, produisent des effets ab- solument neufs pour des yeux anglais. IIT, 329, 369. ADMINISTRATION. La police est tenue dans la plus grande exactitude. Le régime des prisons est parfaitement bien entendu. III, 189, IV, 240. On vante leur supériorité en finances par rapport aux contributions; leurs impôts sont moins onéreux qu’en Europe. IV, 416. ARTS D'AGRÉMENT. Leurs instrumens de musique sont ingénieux. III, 197. Dans le palais impérial , on admire une agate d’une grandeur ( de 4 pieds) et d’une beauté extraordinaires, sculptée en pay- sage; le travail de cette agate est au dessus de 1out l'art européen, et plusieurs Euss sculptures en g 2 468 Grammaire. bois , exécutées avec vérité, et même avec délicatesse, 1IT , 208. Les voyageurs anglais voient partout la plus laborieuse industrie ; ils y admirent les ouvriers, singulièrement habiles et intelligens, et une adresse particulière à saisir et imiter les ouvrages d'Eu- rope, IV , 310. Le capitaine J. MEARES donne les mêmes ren- seignemens concernant les Chinois; et il confirme mon sentiment à leur égard, dans son Voyage de la Chine. Ce navigateur anglais vante leurs grandes connoissances en navigation ; il estime les cartes to- pographiques, marines, etc. , dressées par eux. Tom. 1, p. 116 et 118. sk “ Les armuriers chinois étoient fort industrieux ; « ils travailloient avec tant d’adresse et de facilité, « que nous les préférions aux armuriers d'Europe. « Les instrumens dont ils se servent pour leur ou- vrage, sont extrêmement simples, et ils ne met-- « tent jamais beaucoup de temps à remplir la tâche « qu’on leur donne. 1, 10. « Quant aux charpentiers chinois, notre manière « de construire nos vaisseaux leur étoit totalement « inconoue, Ceux sur lesquels ils naviguent dans les « mers de la Chine et les autres mers voisines, sont « d’une construction particulière. Dans des navires s de mille tonneaux, ils n'emploient pas un seul « morceau de fer...., Ils font leurs ancres avec du -« bois, et leurs voiles, qui sont énormes, avec des « nattes. Ces bâtimens flottans peuvent cependant « résister aux plus violentes tempêtes; ils conservent « longtemps le vent favorable, et ont un très-bon « mouvement; ils sont travaillés avec un soin et une u adresse qui excite læ surprise de tous les marins de l’Europe. IE, 11. » Ïls ont un chariot à voiles, machine curieuse et fort utile sur les terres basses et marécageuses par où l’on se rend à la mer. I, 188. Les harpons pour frapper les baleines et tous les Grammaire. 469 autres animaux marins, sont fabriqués avec une ha- bileté merveilleuse. IIT, 22. : Le voyageur anglais parle d’un vêtement fait d’écorce intérieure du pin, et des filamens de l’or- tie, trempés dans l’urine.... Les femmes sont très- adroites à cette sorte d'ouvrage : il a beaucoup d’é- Jégance, quand les bords en sont garnis d’une frange étroite de peau de loutre. III, 6 et 7. Ils fabriquent de très-beaux ouvrages en soie et damas. [, 188. Voyez encore dans l'Encyclopédie, un grand nom- bre d’articles concernant les sciences et les arts en Chine, par le savant missionnaire à Pékin, Amiot, « Les Chinois, dit-il , connoissent la poudre à ca- “ non de la plus haute antiquité. Leurs livres les «“ plus anciens parlent de bombes, de tubes à feu, « de mines, et d’une sorte de feu grégeois, qu’ils ap- « pellent feu du ciel , dont l'invention se perd dans « Ja nuit des temps. » De l’Art militaire des Chi- NOIS. Voyez enfin l'Histoire générale de la Chine, 13 vol. in-4.°, par le P. Maillu , célebre missionnaire, domicilié durant 45 ans en Chine ; qui, par ses con- noissances “acquises dans leur pays, étonnoit les lettrés eux-mêmes, et qui, par son mérite, devenu le favori de l’empereur, fut plus que personne à portée de s’instruire de bien des choses que l’on cache aux étrangers, et même à plusieurs castes du pays méme. J’ajouterai à toutes ces autorités un seul mot, mais qui dira beaucoup. Je veux parler de la fameuse eloche de Pékin. Cette cloche, du volume le plus considérable que l’on connoisse , et qui ne sert que tres-rarement , dans Îles circonstances extrêmement solennelles , occasionneroit , si l’on n’en étoit pas prévenu, les accidens les plus fâcheux, comme de briser les vitres, les glaces, les porcelaines, d’é- branler et de renverser des cheminées, des pans de murailles qui ne résistent point à la violence des vibrations qu’elle produit dans l’air, de hâter la dé- livrance des femmes enceintes, et de faire mourir ‘) xs à 470 Grammaire. les nouveaux-nés de l’espèce humaine et même des animaux. Notre fameuse George-d’Amboise, à Rouen, qui passoit pour être la cloche la plus considérable en France, n’étoit que de trente-six milliers ; celle de Nankin en pèse cinquante, et celle de Pékin plus de cent vingt milliers. Cette cloche étonnante ne peut être mise en branle qu’à l’aide de cent hom- mes extrêmement forts. Or ce fait prouve chez ce peuple, de grands progrès dans les sciences et les arts ; je ne dis pas seulement pour avoir su mettre en fonte et façonner à leur gré cette masse énorme , mais encore pour avoir su, pour avoir pu venir à bout de l’élever, de la suspendre, et enfin pour être parvenu à la mettre en jeu, et établir un ser- vice permanent , sûr et solide. Ce seul fait connu, quand les autres seroient ignorés , suffiroit seul pour prouver chez cette nation, séparée du reste du monde, beaucoup de connoissances acquises et les plus grands progrès déja faits, il y a un nombre de siecles, dans les sciences et les arts. Je viens d’ouvrir les Outlines of the globe, etc. (Coup-d’œil, sur l’Inde, au- delà du Gange, la Chine, etc.), de Thomas Pennant, London, 1800, t. III, in-4®, et j'y lis : « la fabrication de la por- « celaine en Chine est d’une antiquité inconnue. Le « P. Dentrecolle n’a pu, malgré des travaux extré- « mement soutenus, remonter à l’origine de cette “ industrie......» N. B. J'oubliois d'indiquer le libraire de l'excellente Grarrmaïre générale de M. Sicarn. Ces Elémens, etc., seconde édition, re- vue, corrigée, et considérablement augmentée, se trouvent à Paris, chez Deterville, rue du Battoir, n.° 16; 2 vol. in-8.°, d'environ 600 pages chacun, Les 2 vol. brochés, 12 fr., et, francs de port, 16 fr, a aEaEaZaZaZaZaZaZZ AOC R AP HT E. NoricE historique sur la vie et les ouvrages de Noel-Francois DE VAILLF, membre de PInstitut national, et de la Société libre d'institution ; lue à la séance publique de cette Société ‘le 26 nivose an 10, par Au- guste-Savinien LEBLOND, président. Si trop souvent la reconnoïissance des hommes, leur admiration , leur estime même , ne s’accordent qu’au basard, se refusent au mérite solide et modeste, et se prostituent au faux éclats, à de brillans dehors, le sage s’en console en trouvant en dedans de lui- même la douce conscience de ses utiles travaux : et lors même qu’une sorte de pudeur ne lui permet pas d’étendre ses pensées au-delà de son existence, il se félicite du bon emploi qu’il fait de tous ses instans, et des Jumieres qu’il peut se flatter de laisser sur divers points de sa route. C’est à la postérité à lui donner sa véritable place: elle comparera ce qu’il fit avec ce que firent ses pré- déceseurs, ses contemporains, ses rivaux, ses élèves ; elle jugera ses facultés, ses moyens par ce qui en sera résulté ; et, profitant de tous les renseiznemens, elle recomposera, pour ainsi dire, le nouvel être qui doit figurer au temple de mémoire. Un homme d’un mérite particulier vécut au milieu de nous : il se plut au sein de cette Société, et son bucher funéraire fume encore dans ce palais. Dépo- Gs 4 472 Bivgraphie. sons donc avec un religieux respect autour de sa dépouille mortelle, tout ce qui reste en nous de sou- venirs : ne souffrons pas que rien périsse ou s’al- tère de ce qui forma son existence morale et litté- raire. Mais surtout et avant tout il fut instituteur, il semble n’avoir vécu que pour rendre de grands ser- vices à la première et à la plus indispensable des études. C’est donc principalement à la Société libre d’Institution qu’il appartient de consacrer son nom; et lorsqu'elle m’a chargé de cette honorable mission , elle a moins consulté mes moyens, que la solennité qu’elle youloit y mettre , en chargeant son prési- dent d’honorer la mémoire de Noel - Francois DE WaAILLY, membre de l’Ipstitut national , de la So- ciété libre d’Institution; profond grammairien , et littérateur infatigable, Il naquit à Amiens , le 31 juillet 1724, de Noel de Wailly et de Marie Mille. Depuis 500 ans sa fa- mille étoit connue et estimée dans la même ville, où elle avoit rempli les différentes places mrunici- pales. Il y suivit le premier degré de ses humanités, et eut pour maître le célèbre abbé, J'alart , auteur de tant de grammaires, de rudimens, de méthodes; de commentaires, et de traductions profanes et sa- crées ; d’éditions soignées d’anciens auteurs : enfin, de livres classiques de tout genre. On se plait quelquefois à chercher dans les pre- mières années de Ja vie des traits qui puissent em- bellir un éloge ; mais il doit être difficile d'en trouver, De Wailly. 473 même en parcourant la vie entière de celui qui s’a- donna spécialement à la grammaire. Cette partie si essentielle à l’écrivain , si peu ap- profondie cependant par la plupart, ne présente au- cun côté saillant : à peine donne-t-elle lieu à quelques courtes controverses ; et tandis que dans les autres branches des connoïissances humaines , le moindre objet se rattachant par des fils plus ou moins serrés à la masse totale, permet au génie de laisser aper- ceyoir Pélan qu’il doit prendre un jour , il n’y a pour le grammairien que des points isolés à traiter, ou plutôt à observer, puisqu’il ne faut pas se dissimuler que la plupart des règles de la grammaire ne sont que des résultats de l’observation : sic voluit usus est le plus irréfragable de ses préceptes. Laissons donc le jeune de JFuilly scruter avec un zèle opiniâfre toutes les modifications de la pa- role, et préparer en silence, le digeste raisonné des lois et des coutumes du langage. Destiné par ses parens à l’état ecclésiastique , il y trouve des moyens de plus de cultiver les langues anciennes, et de constater ce qu’elles ont légué à nos langues vivantes : mais de son temps encore, on ne se hâtoit pas de jeter au milieu de la société les premiers fruits de ses travaux. Ce n’étoit pas au sortir des bans de l’école, que l’on croyoit possible de publier des ouvrages , et l’on supposoit encore qu’il falloit méditer longtemps avant de se présenter au tibunal de l'opinion publique. "Notre laborieux confrère vint chercher à Paris le complément de forces dont il sentoit le besoin. Ce 474 Biographie. fut à un grammairien qu’il s’adressa, Phrlippe de Prétot, père, homme estimable , dont la vie fut aussi vouée à l’enseignement. L’élève partageoit avec le fils du maître des lecons bien précieuses , puisque l’un et l’autre leur durent, cet art si rare, quoique si mal apprécié, de parler à la jeunesse le langage qui lui convient ; et de proportionner à sa foiblesse les élémens des connoissances les plus abstraites. Que la modicité de sa fortune réduise donc de Wailly à donner des leçons de langue, il aura pour élèves tous ceux dont les parens savent distinguer le véritable instituteur de cette tourbe routinière qui se précipite d’écolier èn écolier, comme si le moindre délai menacoit de quelque altération l’in- sipide protocole qui doit être répété ssns distinction d'âge , de sexe et d'intelligence. Ce ne seront pas seulement des jeunes gens qui profiteront de ses lecons , ce seront d’estimables mères de famillés ; ce seront des militaires qui ont à réparer les vices d’uue première éducation; ce se- ront aussi les étrangers : et il en est peu parmi les plus illustres voyageurs qui ne se soient fait un de- voir d'entendre , de la bouche de notre célèbre gram- mairien, les solides préceptes du langage Je plus pur. On en à vu arriver à Paris sans autre motif, y rester sans autre occupation , fixer leur résidence dans sa propre maison , et vouloir acquérir à sa table l’heureuse habitude d’une diction soignée. Pou- voit-il dans la simplicité de ses mœurs, dans l’a- mour constant de son étude unique, ne pas trou- ver des jouissances bien vraies au milieu de telles De Wailly. 479 occupations? Permettez , que moi-même, destiné dès mon enfance à la noble profession d’instituteur, je félicite tous ceux qui savent en goûter le prix. Si daws tous les états, dans tous les arts, dans tous les métiers , une juste prédilection nous attache toujours à ce que nous avons produit , perfectionné, secondé , cet attachement est d’autant plus intime, que nos soins ont été plus assidus ou que les résultats en ont été plus importans : ne sera-ce pas le plus auguste de ces rapports qui attachera linstituteur à ses élèves? Ce n’est pas un servile instrument , un insensible tableau, un ouvrage muet, c’est une intelligence que nous perfectionnons , que nous dé- veloppôns ; que nous créons peut-êlre. Avec quel empressement l’œil philosophe suit-il tousles progrès, observe-t-il toutes les incertitudes , calcule-t-il tous les secours ; et pour de Iaïlly, quel vaste champ d’observations? Conibien aura-t-il d'occasions variées d'étudier la logique du langage, de mettre en rap- port les analogies du grand art de la parole et les bizarreries de l’usage, de rechercher , pour l’honneur de la raison humaine, à quoi tient Poubli de cer- tains principes » de balancer avec sagacité le mo- ment où Ja licence même doit se changer en loi, d'élever enfin des digues salutaïres qui préviennent des écarts trop fâcheux. Ainsi, la plupart de ses heures données à l’en- seignement , auront été plus utiles à la science elle- même qu'aux étudians ; ainsi de /Pailly , dans la diversité des esprits et des nations, qu’il aura pour ainsi dire passés en revue, a dû trouver autant de A76 Biographie. sujets de méditations, autant de démonstrations ou d'indices, des véritables bases du discours. C’est de ces nombreux matériaux que se compo- sent les principes généraux et particuliers de la langue francaise , etc., retouchés, améliorés, perfectionnés par dix éditions avouées, indépendamment de celles qui ont paru à l’insçu de l’auteur. La première est de 1754: On n’y trouve pas le zèle aveugle d’un novateur , brisant tout ce qui existe avant lui, et ne connoissant de préceptes que ceux qu’il avance ; c’est, je crois pouvoir le répéter, la sage concordance de ce qu’il y avoit de plus soli- dement établi dans le code du langage. Je me reprocherois de donner, même en esquisse, le plan de cet ouvrage , devenu classique ; il est entre les mains de tous les instituteurs, il est leur prin- cipal guide ; et les abrégés même en ont été réim- primés avec une profusion qui est le plus beau té- moignage de la bonté d’un livre, et surtout d’un livre élémentaire, L'université, si chatouil'euse quel- quefois pour tout ce qui n’étoit pas du pur latin, en accueillit non-seulement la dédicace, mais la dis- tribution et l’usage classique. Ce fut aussi l’un des livres adoptés pour l’Ecole militaire. Quelques personnes lui ont reproché de n'offrir trop souvent que le simple énoncé d’une regle ou d’une exception, sans raisonner les développemens. Est-il donc vrai que tout puisse être expliqué, et de même qu'un premier degré d'instruction suffit à l’échafaudage d’un système d'explication , un degré plus approfondi n'en fera-t-l pas rejeter le plus De Wailly. 477 grand nombre, Le grammairien est moins oracle ou législateur, qu'historien et témoin; et on doit savoir gré à de [Vailly , du soin avec lequel il a recueilli ce quiétoit dispersé dans les Faugelas , les Bouhours, les Buffier , et même ce qui dans Duclos et Girard, avoit besoin d’acquérir plus de force, en étant rap- proché de sa véritable place. Restaut surtout , lui présentoit sans cesse des points d'appui, et s’il ne le suivit pas dans sa théorie fa- vorite du pronom conjonctif, c’est qu’il se contenta d'établir partiellement les règles des différentes ap- plications. Il eut aussi le bon esprit d’affranchir les _mots françois de cet appareil de déclinaisons, ridi- culement emprunté du latin; l’espèce de confusion qui en est résultée dans ses explications des pronoms, justifie le soin que Beauzée a eu de rétablir pour eux seuls des cus. Mais il s’accorde avec Restaut pour le système des conjugaisons : on voit même qu’en n’admettant avec _Pabbé Girard que des gérondifs, il a moins cherché à altérer les idées philosophiques du premier gram- mairien, qu’à diminuer l'embarras et la confusion que peut causer aux éludians la distinction de gé- ‘rondif et de participe actif, appliqué au même mot, Beauzée ne s’est pas contenté de rétablir cette dis- tinction, il l’a presque rendu nécessaire par celle du supin et du participe passif, qui , s’il m’est permis de citer le Porte- feuille des Enfans , ne sont qu'un même nom verbal substantif ou adjectif, suivant qu’il est employé pour représenter le supin ou le participe passif de la langue latine, À 478 Biographie. , Lorsque de FPailly s'éloigna de son prédécesseur dans la désignation des verbes préonominaux, intro- duite par Dangeau , il préparoit de même Beauzée à remarquer que c’est dans le pronom seul que se trouve le sens réfléchi ; de même qu’en contestant à certains verbes la désignation de neutres, il lui lais- soit à prévenir cette qualification pour n’admettie . plus, soit à l’actif, soit au passif , que des verbes relatifs ou absolus. De Wailly et Beauzée furent amis : C’est en un mot prononcer l’éloge de l’un et de l’autre : deux hommes, deux hommes de lettres, deux grammai- riens enfin, courant au même but, sans cesse ex- posés à se disputer ou à se reprocher une idée neuve, conservèrent cependant sans altération et sansnuage, l'intimité, l’estime et la confiance mutuelle ; ce ne peut être que l'effet d’une moralité pure et d’un ca- ractère égal. Aussi Beauzée n’hésita-t-il pas à revenir généreu- sement sur quelques principes qu'il avoit avancés dans la partie grammaire de l'Encyclopédie, et à: convenir que de Hailly lui en avoit fait reconnoître le foible. Avantage bien rare, victoire non moins importante dans une telle carrière, que celles dont plus d’une fois le hasard fut dispensateur dans les champs de Mars. Notre confrere ne suivit pas son ami à l’école militaire, il ne s’assit pas à côté de lui sur les bancs académiques, il ne fut pas appelé à mettre son nom à la nouvelle Encyclopédie, il ne se livra même pas x à la foible ambition de donner la forrae de cours! De IVaïlly. 479 aux lecons élémentaires qui occupérent toutes ses journées. Cette sphère modeste étoit la seule qui convint à son caractère , et toutes les fois que, dans ses derniers temps, il reportoit sur le cours de sa vie un regard observateur, il s’étonnoit lui- même du peu de confiance qu’il avoit eu dans ses propres forces. Il publia des principes de langue latine dans un ordre plus clair, qui eurent sept éditions ; et il fit jouir la France d’un Introduction à l& syntaxe lu- tine , formée en Angleterre par Clarke, au moyen de phrases toutes préparées pour les applications progressives des règles. L'art de peindre à l'esprit , par Je prédicateur Dom Sensaric, étoit une sorte de rhétorique francaise qui rassembloit à la fois, comme exemples et comme règles , les passages des meilleurs orateurs et poètes français. De IWailly jugea cet ouvrage digne de son attention ; il y fit des améliorations et quelques chan- gemens, et publia en 1770, une nouvelle édition, qui fut suivie d’une deuxième , en 1783. 11 se borna de même au rôle d’améliorateur d’une traduction des Commentaires de César , publiée chez Barbou , en 1776. Il eût certainement rendu plus de services aux lettres , si d’un seul jet il eût donné une traduction qui ne se fût pas senti comme celle-ci de la gêne d’un tel travail. On auroit moins de re- proches à faire à l’Orateur de Quintilien, xevu par lui sur l'édition de labbé de Gédoyn, et aux Epütres familières de Cicéron, dont il a, presque à toutes les pages, rectifié la traduction de Fil/efort. 480 Biographie. : TI] donna encore, pour Barbou, Fean dans l'électorat de Brandebourg ; Jle°:5, M. KiarroTH lut une notice sur l'analyse chymique du Klingstein. Le 28 janvier Bas) : PAcadémie des sciences à use a tenu une séance publique. M. le directeur MERIAN l’ouvrit par un discours français ; il lut ensuite l’éloge du directeur précédent de la classe philosophique, feu M. Serre, et il indiqua que le conseiller intime , M. GERHARD , a fait la décou- verte que, dans les expériences galvaniques, le nikel uni au zinc produit le même effet que l’ar- gent et le cuivre, Il indiqua de plus que le phar- Tome PT. Ii 498 Nouvelles littéraires. macien SCHRADER , à Berlin, qui remporta, il y a deux ans, le prix doubie sur la question de savoir quelle étoit la véritable nature des parties terreuses, qui se trouvent dans les différentes espèces de bled cultivées dans les états de la Prusse, et de quelle manière ces parties terreuses sont produites, a ré- pété en grand les expériences indiquées dans, son mémoire ; et qu'il a trouvé les mémes résultats. Les autres mémoires, lus dans cette séance, étoient écrits en allemand. M. TELLER lut un mémoire sur feu M. De WŒLLINER , ministre d'état de S. M. le roi de Prusse, M. le professeur BOopE lut l’histoire de la découverte de la nouvelle planète Cérès , ob- servée par luiles 15,23, 25 et 26 janvier. M. KLaAP- ROTH donna; dans un mémoire sur le galvanisme, quelques détails sur les dernières expériences que M. vAN MARUM a fait à ce sujet en grand à Harlem, en les comparant avec des éxpériences analogues faites avec l'appareil électrique:téylérien. Le méme fit aussi quelques expériences avec Ja. pile électrique .con- struite, selon les données de M. van MaruM, de 52 plaques de zinc et de cuivre de 5 pouces en carré, en deux divisions , où l’on observa surtout une Com- bustion de métaux, sesis U BOHÈME. Sur l'abbé VocLEr. Le célèbre musicien, l'abbé VOGLER , connu par l'art avec lequel il touche l’orgue, vit depuis à peu q gue, P E près un an à Prague, capitale de la Bohême, et paroît vouloir s’y fixer, sinon pour toujours , du Nouvelles littéraires. 499 moins pour longtemps. Dans une salle du séminaire des Jésuites , que le gouvernement lui, a accordée, il établit, non-seulement un grand: orchestrion parti= culier, mais , sur sa demande , on lui a conféré une chaire extraordinaire des sciences musicales à l’uni- versité de Prague , et ; le 9 novémbre dernier, il y a commencé ses cours. Dans l’annonce de ses le- cons, il a pris les titres de protonotaire apostolique , ancien conseiller du consistoire de l'électeur Bavaro- Palatin , premier maître de chapelle, et professeur publie dé la science musicale, pensionnaire actuel de S. M. le roi de Suède, et actuellement professeur ex: iraordinaire e rusique à Prague. S:T:0 C'K H O L M, Xe Académie des sciences. Le roi de Suède a donné dernièrement à l’Aca- démie des sciences.de! Stockholm , les précieuses col- Jections d’histoire naturelle, conservées jusqu’alors au château royal de Drottningholm, et qui compo- soient autrefois les cabinets d’histoire naturelle du roi Adolphe Frédéric, et de la reine Louise Ulrica. La réunion de ces collections à celles que l’Acadé- mie avoit déja, la met en possession d’un cabinet d'autant plus précieux, que Linné lui-même en a donné la description dans les deux ouvrages intitu- lés : Museum Regis Adolphi Friderici, et Museum Ludovicæ Ulricæ , de manière qu’au moyen de cette collection on pourra déterminer , dans des cas dou- teux ; quels sont les objets que Linné a voulu dési- Ii 2 500 IVouvelles littéraires. gner par ses descriptions, qui pourroient paroïtre: incomplètes aujourd’hui que le nombre des espèces a si prodigieusement augmenté. On a lieu d’espérer que l’Académie royale fera derces collections un usage qui contribuera aux progrès des sciences natu- relles, et qu’on n’en pouvoit guère attendre jusqu’à présent, à cause de l’éloignement dans lequel ces collections étoient de la capitale. Académie de peinture. L'Académie de peinture et de sculpture, dans sa dernière assemblée, a nommé comme membres de ladite Académie , l'envoyé de la république fran- çaise, le C, BourcOING, le comte PHirtPPe de Cobentzl, président de l’Académie des arts, de Vienne, et le baron de HEGAIX, ministre d'état, directeur des mines, et président de l’Académie des arts de Berlin. vil KR ‘us:s45\ 1,6. Voyages. Le comte de MussiN PuscHKiN, conseiller in- time de S. M. l'Empereur de Russie, connu par ses voyages littéraires et ses expériences sur le galva- nisme, fera incessamment un voyage dans les pays situés entre la mer Noire et la mer Caspienne, dont le but est entr’autres l’examen des mines de la Géor- gie dont son monarque l’a chargé. H:0 L L. A _N.D E. Société batave. La Société batayve des sciences à Rotterdam avoit Nouvelles litiérarrés. 5ot proposé, pour sujet d’un prix;la question de savoir, -Quelle ‘étoit l'influence qu'ont.ew sur la.médecine les découvertes faites sur la putréfachion, par les Chy- mistes modernes. Comme aucun des mémoires envoyés n’a été jugé digne du prix, elle adjugea, dans sa séance du 16 août dernier, à l’auteur du meilleur mémoire , la médaille d'argent , et arrêta que son mémoire seroit inséré dans le recueil des travaux de la Société. M. A, VAN STIPRIAAN LuIscIus, docteur en médecine à Delft , s’est fait connoître depuis comme auteur de ce mémoire. Société teylérienne. Dans la dernière séance de l’Institut teylérien, la médaille d'or a été adjugée à un mémoire sur l’in- fluence de la poésie sur l@ culture de lesprit , dont l'auteur étoit M. le professeur TIEDEMANN , à Marbourg. L’accessit a été donné à un mémoire hollandais, dont l’auteur étoit M. Jérôme de Bosc, curateur de l’université de Leyde. é Tableaux. Dans la maison Zn’ Bosch, près de la Haye, on a établi une galerie uationale de l’art. L’agent des finances GoGEL, et l’inspecteur des bâtimens, M. TEMMINCK, y ont fait rassembler et exposer tous les tableaux qui se trouvoient dans les hôtels du stathouder. L’inspecteur de cette galerie est le pein- tre Corn. Sehille Roos. Cette galerie est composée de sept chambres. Les principaux tableaux sont : Première chambre. L’amiral de Ruyter, par F: : 11 3 502 Nouvelles lil'éraires. Bo; Kortenaar ; par van der H&LST ; Jan Van Nes, par L. de JonG; la bataille maritime de. Li- vourne , par M. ZEEMAN; le christ crucifié, que Pamiral Pict Herx fit enlever de la cajute de l’ami- ral espagnol, en s’emparant de la flotte d’argent ; enfin des portraits de plusieurs autres héros de la Hollande. | Seconde chambre. Des portraits de différentes per- sonnes du pays, par MIENEVELD, RAVESTYS , HonDorsT, etc., et quelques tableaux dont les sujets sont pris de l’histoire du pays. La troisième chambre contient des tableaux his- toriques de l’école italienne, par TiTIEN , LE Gui- DE, MARATTE, COxr et SPAGNOLET ; et de l’école flamande, par C. VAN HAARLEM , G. DE CRAYER, G. FLiINK , A. BLACMART , etc. La quatrième chambre , des tableaux, par M. De HonDEKOESTER, À VAN Dyr,Zorc,J.STEIN, etc. La cinquième chambre , des tableaux, par G. DE LAIRESSE et F. Bor. La sixième chambre contient des curiosités histo- riques , telles qu’un fragment d’un canon orné d’or et de pierreries ; l'épée et le bâton de commandes ment de l’amiral Ruyter, le roi de Prusse Frédéric IT, a cheval, en bronze. La dernière chambre contient les tableaux de RUBENS, VAN Dyxk , LANGE, JAN JORDANS. Les galeries qui conduisent à chacune de ces chambres sont aussi garhies de tableaux , et le ves- tibule est orné de bustes et d’autres ouvrages de ‘sculpture, Nouvelles littéraires. 503 Sociélé medico-chirurgicale. À Oostzaandam , une société médico-chirurgicale , sous le nom de 7{yt bouwt kunst, montre beaucoup de zèle pour les progrès de l’art de guérir dans la république batave. Elle distribue tous les ans des prix parmi les élèves. Le 29 septembre 18ot, elle fit une distribution solennelle des prix dans l’église des anabaptistes. M. VAN REE prononcça un dis- cours analogue av commencement de cette cérémo- nie solennelle; après quoi le président de la Société, FR. Le Maire, docteur en médecine, fit la dis- tribution des prix. Georges COOPHANS , docteur en médecine et directeur de l’Université de Franecker. Georges Coopmans étoit fils d’an négociant à Mak- kum en Frisie ; ily naquit le 27 juin 1717. Il perdit son père dans sa première Jeunesse; c’est ce qui en- gagea sa mère à s'établir à Franecker , où le jeune Coopmans fut en état de suivre de bonne heure les écoles, et de faire ses études à l’université de cette viile. Quoique déterminé à s’adonner à la médecine, il ne négligea point les cours de philosophie et de philologie donnés par Hemsterhuys, Wesseling et Burman ; en même-temps, il s’'appliqua à la physique ‘et aux mathématiques. Après avoir terminé à Fra- necker son cours d’étude médicale, 1l y priten 7748 les degrés académiques, et alla ensuite à Leyde où i! continua encore une année ses études sous Van Swieten et Boerhave le jeune, ÉL S 504 Nouvelles littéraires. Apres son retour à Franecker , il ne tarda pas à avoir une grande pratique en médecine et en chi- rurgie, surtout dans la paracentesis, l’inoculation de la petite vérole qu’il pratiqua plus de mille fois, sans qu'aucun enfant inoculé en soit mort, et enfin dans l’art de l’accouchement. Malgré ses nombreuses occupations , il sut encore trouver le temps néces- saire à la lecture, et surtout pour s'occuper de son étude favorite, l'anatomie, principalement de la né- vrologie. En 1754, il publia une traduction latine d’un ou- vrage anglais de Monro, sur cette matière ; celte première édition est intitulée : De nervorum anatome contraci&. Huit ans , après il en donna une seconde édition , enrichie d’un chapitre De cerebri et nervo- Tum administratione anatomicé. La continuation de cette étude , et surtout la comparaison suivies du corps dans l’état de santé et de maladie, lui four- nirent beaucoup d’observations ; ce qui l’engagea à publier, en 1789 , sa Neprologia , accueillie aussi avec distinction dans les pays étrangers. Cinq années après il en publia une édition avec des corrections et des additions considérables. Dans les Nova acta eruditorum pour l’année 1749, on trouve de lui une histoire de l'épidémie qui avoit régné à Franecker l’année au- paravant. Outre cela, il donna des cours d’accouche- ment pour des hommes et des femmes, et des cours de médecine à l’usage des jeunes chirurgiens, il étoit toujours prêt à assister les étudians de ses conseils; et, à l’âge de 80 ans, il se laissa encore engager à se charger de la place de curateur de l’université Nouvelles littéraires. 505 de Franecker qui, à cette époque, ne se trouva pas dans une situation tres-favorable. A cette occasion, il Jui fit présent de ses manuscrits de Tibulle, d'O- vide et de Juvénal, ainsi que des lettres imprimées et et non imprimées de M. Heinsius et d’autres savans. Cette étonnante activité ne l'empécha point d’être aimé et estimé à Franecker et dans l'étranger. Les Sociétés des sciences à Harlem et à Utrecht lui prou- vèrent leur estime en le recevant au nombre de leurs membres. Il est mort , généralement regretté , à l’âge de 83 ans. Outre ses mérites comme médecin , il étoit recom- mandable par son caractère aimable , par sa droiture, par ses procédés prévenans envers les personnes de tous les états , et par sa conversation vive et spiri- tuelle , même dans sa vieillesse. Dans ses recherches scientifiques , il se montra toujours comme un homme profond. Quant à son système religieux, ilappartenoit à la secte des anabaptistes ; sous le rapport politique , il étoit sectateur du système actuel ; cependant avec beaucoup de tolérance envers les autres. Il se brouiila cependant pour ses opinions politiques avec Camper, qui avoit élé son ami pendant 40 ans. COOPMANS avoit été marié deux fois. De son premier mariage il eut Gadso Coopmans. Après avoir éLé pendant quelque temps professeur de chymie à Franecker , celui - ci quitta sa patrie lors des troubles qui y avoient écla- té; il se rendit d’abord à Copenhague , remplit en- suite, pendant quelque temps, une chaire de pro- fesseur à Kiel, et vit maintenant comme particulier à la campagne dans le Holstein. [ Voyez J. Mulderi, 506 Nouvelles littéraires. ; Laudatio fun.G. CoopmAN.Franeq. dicta 22 Septemb, 1800. Leuwerden , 1800 , in-4.°, et Journal littéraire de Iéna, feuille d'annonce ( Intelligenz blatt ), n.° 208 , du 31 oct. 18or ]. À N.G.L:E T ER RE. THOMAS, baron de DIMSDALE, conseiller délat, et médecin de Catherine IF, impé- ratrice de La Russte. DIMSDALE est un des médecins qui ont contribué le plus à répandre et à perfectionner l’inoculation de la petite vérole, et ses travaux lui ont valu des honneurs et des récompenses. Sous ce rapport, sa biographie peut être regardée comme un pendant de celle d’'INGENHOUSS (r), qui, comme inocula- teur, a trouvé à la cour de Vienne les mêmes ré- compenses que Dimsdale trouva à celle de Péters- bourg. Dimsdale naquit, le 29 mai 1712, à Thoydon- Garnon, près d'Epping dans Jecomté d’Essex,, où son pérepratiquoit la médecine. Après avoir fait son cours d'études élémentaires, son père lui fit connoître les premiers principes de l’art de guérir. Il envoya ensuite à l’hôpital de Saint-Thomas, dans le Souht- wark, pour y étudier à fond la chirurgie et se former à la pratique de cet art , qu’il commenca à exercer en 1734, à Hertford, En 1739 , 1] épousa la fille de Nath-Brassey , banquier à Londres , originaire de Roxford , près de Hertford , et fut nommé quatre fois @) Voy. Magasin Encycl. Année VII, t. I, p.46. Nouvelles litiéraires. 5o% de suite député aù parlement pour ce bourg. Il ne cessa cependant. point d’exercer son art, et d’a- grandir sa réputation. Sa femme étant morte , il eut, en 1744, l’idée de servir, à ses frais, comme aide , dans le département de médecine, dans le corps de Cumberland ; employé contre les rebelles du nord. La campagne terminée, il s’établit de nou- veau à Hertford, et épousa , en 1746 , une parente de sa premiere femme. Ce second mariage aug- menta tellement sa fortune, déja assez considérable , qu’il cessa pendant quelque temps d’exercer l’art de guérir. Sa famille cependant étant devenue très- nombreuse, il recommenca l'exercice de son art, et prit, en 1761 , le grade de docteur. Quelques années après, Sutton publia une nou- velle méthode d’invculer , qui consistoit à exposer le malade au grand air, plus qu’on ne l’avoit fait jus- qu’alors, pendant la fièvre d’éruption. Comme cette méthode fit beaucoup de bruit, Dimsdale fut un des premiers qui fit des expériences à ce sujet, et qui la recommanda lorsqu'il se fut assuré de ses effets salutaires. C’est ce qu’il fit dans un ouvrage publié en 1766, sous le titre : The present method of ino- culating for the small pox, dans lequel il recom- manda aussi la précaution de se servir pour l’ino- culation de matière variolique fraîche et liquide. Cet écrit fit la plus grande sensation ; et il fut bientôt traduit en français, en allemand , en italien et même en russe. La réputation de Dimsdale s’accrut consi- dérablement par ce traité, et elle attira sur son au- teur l’attention de Catherine 11. En 1768 , elle l’ap- 508 Nouvelles littéraires. pela à Pétersbourg , et se fit inoouler par lui la petite vérole, ainsi qu’à son fils aîné, depuis em- pereur, sous le nom de Paul E*‘° Ces deux inocu- lations réussirent parfaitement bien; Dinsdale ea rendit compte,-en 1781 , dans un ouvrage intitulé : Tracts on Inoculation ; et l’'impératrice le récom- pensa en lé nommant eccnseiller d’état et médecin de la cour ; avec un traitement de 60o livres sterling; elle l’éleva à la dignité de baron russe ; reversible à son héritier aîné , et lui fit payer 103000 liv. sterling pour linocalation, et 2,000 liv. sterling pour les frais de voyage ; elle lui fit encore présent de son portrait en miniature et de celui du grand-due. Le second fils de Dimsdale, Nathanael, qui avoit ac- compagné son pére et l’avoit assisté dans le traite- ment de limpératrice et du grand-duc , eut les mêmes titres avec la même étendue; et ce dernier prince lui fit présent d’une tabatière d’or richement garnie de diamans. Après le rétablissement de l’impératrice et du grand-duc, il inocula encore beaucoup de person- nes de la premiere noblesse à Pétersbourg, et sur la demande de l’impératrice, il se rendit à Moscou, où il inocula les enfans de beaucoup de familles nobles et roturières. Catherine auroit bien desiré le retenir dans son empire ; mais le desir de retourner dans son pays lui fit refuser toutes les offres qu’on lui fit à cet égard. En passant par Postdam, pour retourner en Angleterre , il eut une audience parli- culiére de Frédéric II. De retour dans sa patrie, il s'établit de nouveau Nouvelles litiéraires. 509 à Hertford ; où il continua d’exercer l’art de guérir jusqu’en 1780, époque à laquelle il fut réélu membre du parlement. En 178r , il se rendit à Pétersbourg, sur l'invitation de :Catherine IL, pour inoculer la petite vérole aux deux princes, Alexandre (lempe- reur actuel ) et Constantin. A Berlin, il eut une audience de l’empereur Joseph LU, qui s’y trouya à cette époque, et qui le chargea d’une lettre pour Catherine. Cette souveraine et le grand-duc lui firent le meilleur accueil, Ses deux inoculations réussirent à merveille, et Dimsdale en fut récompensé comme il le méritoit. Son épouse , qui l’avoit accompagné dans ce voyage , recut une tabatière d’or garpie de diamans.: ñ En ist. il fut encore élu au parlement , et il y resta jusqu’en 1790 , époque à ne son fils Na- thanae] l'y remplaca. Depuis cette époque , il passa l'hiver à Bath; dans les derniers temps cependant il ne quitta presque plus sa famille à Hertford , où il mourut le 30 dé- cembre 1800, après une maladie d’environ trois semaines ; âgé de 89 ans ; il fut enterré dans le cimetière des quakers à Bishop-Stortfort. Il y a environ dix-sept ans qu’il fut attaqué de la cataracte sur un œil, et bientôt après aussi sur Vautre, Le baron Wenzel lui fit l’opération avec tant de succès , qu’il a depuis conservé sa vue jus- qu'à sa mort. Par ce qui vient d'être dit, on voit combien il avoit d’activité; il étoit d’un tempérament doux et 10 paisible, et se montra toujours prêt à contribuer à ce qui'pouvoit augmenter le bonheur public. Il étoit membre de la Société royale de Londres, et vice - président de la Société d'agriculture à Bath (2). sis | Nouvelles littéraires. Libratrie,: Dans le mois d'août du Monthly Magazin, de l’année 1801, on trouve l'évaluation shivante de tous les ouvrages qui ont paru en Angleterre dans le courant de l'année 1800, et de, leurs prix. s'hove t'Tup Ouxages lv. sterl. : schell. Sur les rare Ra seareik ES sr e SATA 28 À Sur les Afetstinedoin, .Nartatagtis qéragalacs Biographie. Es sent une M éiilt de bee 07 Ghymié sas tte as dau met Ouvrages dramatiques.... 42,4.., 6.:.:.12 - Géographieus rue a naeeise e Ones MO 4 STORE an ste ca at Rand) 2 Quiris a ET Jurisprudence. mess ce ca 4 6 ED 2 ef) 4 Mathématiques. he dois té de sen) Gabe TE : Médecine et Chirurgie. MENT ANNEE RER à | Morale: ul asser iue 21 ind of So Histoire naturelle... .... Os rse Aiée ne V9 Œcpnomies opibin né CE à PEUT] Philologie. usages « Ross 8 Aehd a fe 2 Philosophie "fc capes tt 8 Roésierre. auch nn rt Be re def (2) Voy. Monthly Magazin 1801 Jul. et Allgemeine Jenaicthe DK Vératur-Zeitung , Intelligeuzblatt ; n.° 208, Nouvelles littéraires. Six Politiques tn «re Fur. HÉAAUE di te Romont us ne DUO RER ne o Ouvrages pour les Ecoles... 38... 7.....14 Mhéologie norte Queue «4 MOTS ur seu 5445 La ondéodatiBu- sie ToTag. 4: 603.11 230. 5 LIVOURNE. Extrait d’une lettre de Livourne , Le 22 mars 1802, J’ai trouvé ici un gros paquet de lettres, venu de Ceylan, quiim’a été adressé par lord Glenbervie. Les lettres de M. de J... m’apprennent qu’il vient d'envoyer à Londres un ouvrage sur cette île. M. North, gouverneur de Ceylan, a eu une assez bonne opinion de cet ouvrage pour se donner la peine d’en corriger lui-même la traduction anglaise. Il contient des notions de tous les genres sur.cette île fameuse. M. de J... ayant appris le portugais et le cingulais, langues du pays, à pu acquérir des connoissances sur l’histoire ancienne et les autres branches de antiquité tout-à-fait nouvelles : aussi cette partie de l’ouvrage a-t-elle été envoyée à Ja société de Calcutta , pour y être insérée dans.les Astatic Re- searches. Elle fait connoïître que Ceylan a eu pour législateur. Boudhon, dont les lois sont plus an- ciennes peut - être que celles de Brahma, dans la presqu’ile de PInde, et en diffèrent par des points importans ; entre autres, celui de la mortalité de lame, que Boudhoo admet après une infinité de 5re IVouvelles littéraires. transmigrations, au lieu que les Brachmanes ad- mettent les mêmes transmigrations et finissent par établir l’immortalité de l’ame épurée. — Suivent en- suite dans l'ouvrage, des notions sur les mœurs, usages et gouvernement de l’ile ; une relation à l’oc- casion d’une ambassade à Kandy, capitale du royaume de l’intérieur de l’île, où M. de J... a servi d’interprète ; une lettre au gouverneur, au su- jet de l’ambassade à Ava par M. Symes; un ou- vrage particulier sur la culture, l’histoire naturelle, la minéralogie, la botanique , ete., avec.un envoi à la compagnie de 3000 insectes et autres animaux préparés où desséchés ; une collection de 5oo dessins de plantes, animaux et autres. J,'ouvrage contient aussi différens mémoires sur les opérations da gou- verneur qui ont rapport aux travaux dont M. de J... a été chargé : celui sur la culture de la cannelle ex- pose qu'un bois de 15 milles de tour est devenu un jardin en 18 mois : il produisoit 800 balles de can- nelle; il peut en produire aujourd’hui 3,000, qui valent net à la compagnie des Indes 69,000 li. sterl. — Mémoire sur la pêche des perles à la côte du golfe de Mannar, où M. de J... a inspécté l’ex- traction de ces coquilles l’année passée , au mois de mars : il y a eu 250 balles de perles pesant. 100,000 huitres donnent à peu près 5 balles de perles. 250 bateaux pêchent chacun avec des plongeurs : ces bateaux apportent tous les jours ces huitres sur le rivage, où on les laisse pourrir pendant une semaine ; ensuite on Jes lave, et on recueille la chair en bouillie que l’on met à sécher ; après, des femmes vannent Nouvelles littéraires. 513 vannent cette ordure, et on en retire les perles. Au milieu de cet air empesté par linfection, tout le monde se porte aussi bien que dans l’air le plus pur. — Mémoire sur la chasse aux éléphans, qui dé- montre que sur 200 de ces animaux que l’on prend dans uve de ces chasses, 160 périssent par les in- cidens fâcheux que la mauvaise méthode qu’on em- ploie occasionne ; il n’en reste que 40 à apprivoiser, et l'on pourroit , par des moyens plus simples, n’en perdre que 8 ou 10, c’est-à-dire, en avoir 190 par chasse. — Voyage dans les provinces du sud de l’île, pour observer les marais salans qu’elles renferment, et connoître les meilleurs moyens d’y perfectionner le produit du sel. — Les observations topographiques que M. de J... a faites dans cette route, l’ont fait nommer arpenteur-genéral de Vile ; et, aujourd’hui, 15 arpenteurs en 5 bandes travaillent à lever des plans et aux détails nécessaires au terrier , c’est-à-dire, à la carte générale qui doit être finie dans deux ans. BALBo. FRANCE. DÉPARTEMENT DES DEUX-SÈVRES. Société libre. La Société libre des sciences et des arts du dé- partement des Deux-Sèvres, a tenu sa séance pu- blique le 29 floréal. PREMIÈRE PARTIE. (SYMPHONIE servant d'ouverture au mélodrame de Numa Pompilius du C. PEUX, composée par le C. LANGLET ), Tome VI, Kk S14 Nouvelles litiéraires. 1.° Discours du C. Dupin, préfet, président de Ja Société. Trois Notices des travaux de la Société, depuis le 5 vendémiaire dernier ; par le C. HERBAUT, secrétaiie de la Classe des sciences morales et politiques; per ae C. Louis MAZURE, secrétaire de la Classe de lit- térature et beaux-arts ; par le C. GUILLEMEAU jeune, secrétaire de la Classe des sciences physiques et ma- thématiques. 2. Essai sur la Vieillesse, parle C. LADOUCETTE (depuis peu nommé préfet des Hautes-Alpes). 3 Des Oiseaux voyageurs et sédentaires. Extrait de lPAbrégé élémentaire d’Ornithologie qui précède l'Histoire naturelle des Oiseaux de la France ; ou- vrage inédit du C. GUILLEMEAU jeune. 4° Fragment d’un poème intitulé : f’oltaire aux Champs-Elysées, par le C. Samuel BERNARD, mem- bre de la commission des sciences et arts d’Ægypte. 59° La Rose et le Buisson, fable en vers, imitée de l'italien dePignotti, par le C. GUILLEMEAU jeune. 62° Stances d’une Femme de lettres du 13.° siécle, traduites de la Langue romance , par le C. François MAZURE. 1 7.° Eloge historique du C. MzNou, décédé mem- bre de la Société; par le C. RiIcHOU, maire de Thouars. 8° Epêtre à mon Ami, par le C. VALADE. SECONDE PARTIE. (CONCERTO.) 1 Recherches sur l'Agriculture des Gaulois , par le C. Durix, préfet. Nouvelles littéraires. 519 2,°-Ode latine au preipien consu]., par ke C. VIN- CENTS cb oig ns , 1e olida 18° \ Métioiré, sur AP PENEEN et, ja Mendicité., Le le C: François MAZURE. | 7 Fragmens id’une Dissertation. do ‘ le !Lavateraæ. arborea , où Arbre mauve, par ls C. GUILLEMEAU,. jeune. a ."5.° .Foyaägeien verset en prose’; par le C. AE - 6.2. Notice.sur. Corneille-Bonavent, BERTRAM,, de Thouars, savañt, du 16° siécle; par le C. P. V. J, BERTHE-BOURNIZEAUX: !: : 7." :Traduction de la .26,° Ode ea Pétrarque, par le C. Krançois MAZURE, 8.9. Observations sur les moyens d'établir ve be taines publiques à Niort ; par le C. BRISSON, maire. 9°, Fragment d’un Mémoire sur l'Histoire littéraire du Poitouÿ.parle C. DORFEUILLE. (SF MPHONIE.) Niort, le,6 floréal an 10. . -Dupux, président; F. MAZURE, secrét. perpétuel: À R I S. INSTITUT (NATIONAL, Notice des travaux de la Classe de littéra- ture et beaux-arts , pendant le second srimestre de l’an 10; par le C. VILrAR, secrétaire de la classe. Séance publique du 19 germinal an 10. ‘Une noble émulation a déja conduit plusieurs de nos sayans dans.les climats célèbres où le génie de Kk'2 516 Nouvelles littéraires. l'antiquité respire encore. Le zèle de ces voyageurs philosophes a tourné , sans doute, au profit des léttres et des arts. Les ruines augustes qu’ils alloïent étu- dier méritoient de fixer toute leur attention: Mais la nature avoit mis d’abord sous leur yéuxdes contrées qui ne sont peut-être pas moins dignes des recherches de tous les savans français. Nous ignéfonis une grandé partie de ce que l’intérieur de la république offre à la méditation des hommes instruits. Cependant notre premier devoir ‘est d’apprendre à bien con- noître la terre que nous habitons; et, sous ce rap+ port, le public ne peut lire qu’avec'intérétile mé- moire du C. Baraïilon, associé, sur les’ ruines 64 les monümens ‘d’une ville très -‘anciénne âppelée Toull. fiduq eg Dans le deuxième arrondissement de Ja Creuse, on apercoit de loin üne montagne qui domine une vaste étendue de pays , et dont l'élévation au dessus du niveau de la mer est, d’apres notre collégue Delambre , d'environ 670 mètres. L’œil.du voyageur aime à se reposer sur les pierres dont le sommet est couvert. En les examinant de près, on voit qu’elles suivent le contour de la montagne; qu’elles ont été lancées du dedans au dehors, et qu’on s’en étoit servi pour construire des murailles. Toutes présentent un parement très-uni,. | Sous cette immense quantité de pierres, on dé- couvre les restes des édifices dont elles faisoient par- tie. En général, ces restes ont une forme , les uns ronde, les autres carrée, et tous sont fort étroits. Ce qu'il y a de particulier dans les murs, e’est qu'ils lé” Nouvelles littérarres. Br7 ônt été bâtis de terre végétale, He: tufou de NA non gâchés. : b RO: 4 Les édifices n’étorent éclairés que par sl ouverture de la’porte ; dont‘on voit encore le seuil; les mon- tans , le linteau; ‘sans trace dé gond ni de crapau- dine. On ne trôuve aweun'vestige ni de cheminée ni de’toit. Selon toute apparenée ; on!allumoit le feu au milieu des habitations; chacune d’elles étoit couveite ‘en chaume , "comme Fétoient celles: des Gaulois!, au rapport de César , ‘et celles des Bret tons , s’il faut én croire Diodore de Sicile. Ces cases ( c’est le nom que leur donne le C. Ba+ railon } étoientrentassées sansiordre et très:serrées, Les rues, ‘dont'il reste à peine/quelrues traces, avoient au plus trois ou quatre mètres de large. :: Onrencontre ; ‘au nord ; tés débris d'un'bâtiment très-remarquable; c'étoit um carré élevé au mibieu d’un &utre: Son ‘enceinte extérieure avoit soixante neuf mètres et démi de: contour’: dix-huit mètres seulement cotposoient son ‘enceinte intérieure: Il paroît n’avoir jamais été couvert. L’autear le com- pare , à la forme pres, au vestibule où porche de Lantef, dont parle le savant Caylus :'il pense que c’étoit un de ces temples ouverts parle haut, assez communs chez les Gaulois. A quel dieu Pavoit-on consacré? Notre collégue l’isgnore ; maïs ileroit avec quelque fondement que’, sr Foull eniétatt sous l’em- pire des Romains , il avoit , comme tant d’autres cités, son dieu tutélaire , sa dea Tulle; qu’il avoit même divinisé quelques-uns deses magistrats oul de ses bicnfaiteurs ; ainsi que l’annoñce le nom celtique Kk 3 518 Nouvelles littéraires. de Bedd-joun quelporte un village voisin! oi l’on distingue , parmi beaucoup d’autres ruines,seelles qui paroiséent appartenir à une chapelle, sacellum. -= Trois enéeintesien amphithéâtre :formoient la ville de Toull:i élles étoient respectivement à la portée du trait et de là fronde.. La premiere avoit 1200 métres de cirçonférence etsix. metres d'épaisseur, La-troi- sièmeh'étoit épaisse que de deux mètres, Les rem: parts de Gergoie, Gergovia Avernorum,, et ceux. d’A- lise, nous dénnent une; juste ‘idée de l’une et de l’autre. La dernière y, cobstruite en pierres sèches, n’avoit que tres-peu de hauteur. Les descriptions les plus exactes nous apprennent que Toull étoit plus grand que: les deux cités dont Pi -vient . de Faut mention, : l p 1 j +: Ce n’étoit pas: à $a iple PRE que sa idionüla tioù se bornoit. Le, contour de la montagne, les vallons ; les coteaux, des bois, les champs d’alen, tour , étoient couverts de maisons. Les villages vois sins ; dont, plusieurs portent des noms ceeliques, offrent une: grañde quantité de ruines... 75" à » Une couche épaisse, de.terre végétale dans un sk: natureHement aides les quatre rangs de'tombeaux quiremplissent.successivement.le lieu des-inhuma- tivus ; prouvent encore une! population aneienne-et norabreusé, On remarqué , parmi ces tombeaux an: tiques, ceux des ängiëns Gaulois, ceux, du temps des Romains, eeux.enfin des premiers chrétiens, Les derniers sont décorés d’une croix entre deux ascin. Le GC: Baraïlon-observe à cesujet qu'il fälloit de pujssans motifs pour-attirer et fixer:tant :dé colons Nouvelles littéraires. 919 dans un climat infertile, froid et brumeux. Il les trouve dans la religion et dans la sûreté individuelle ; mobiles précieux dont les effets sont tres - connus. Foull, ainsi que Gergoie et Alise , pouvoit passer pour une des plus fortes villes des Gaules. IL avoit six portes, dont quatre répondoient à autant de chemins bien pavés, de quatre mètres de large. Ces chemins menoient à des villes fort anciennes , à Abun , à Arsenton , à Château-Meillant, ét à Chambon, cité des Cumbiovicenses. Ici l'auteur se demande à lui-même à quelle époque on peut rapporter le saccagement de Toull. I] pense que cette ville fut détruite avant qu’on eût employé, ou peut - êtré même avant qu’on eûtinventé les verres à vitre, puisqu'on n’en trouve point dans les fouilles : elle n’existoit même plus quand on vit naitre Part du tuilier, puisqu'on ne rencontie des débiis de carreaux et de tuiles romaines qu’en deux seuls en- droits, où éloient placés autrefois deux bätimens beaucoup moins anciens que les habitations dont on a parlé plus haut. Toall et son territoire fasoient-ils partie de celui des peuples connus sous le nom de Lemovices ? Sur cetie question, notre collégue ne s'accorde point avec Danville. Il prouve , contre l’assertion du géo- graphe , que, quoique Toull aït été du diocèse dé Limoges, les peuples nommés Lemovices n’ont pu le comprendre dans leur arrondissement. En effet, la ci-devant province de la Marche est partout entre deux , vers le couchant, et le pays des Combiovicenses bornait [a ville de Toull au midi. Ce n’est pas tout : Kk 4 520 Nouvelles littéraires, nous devons ajouter que l'itinéraire d’Antonin, la : carte de Peutinger, Diodore de Sicile, Appien, P'utarque, et l’abbé Belley lui-même, contrarient formellement le système de Danville. Faut-il être surpris que le C. Baraïlon l’ait combattu avec succès ? « La résidence d’un prince à Toull, et la dignité des monumens religieux que cette ville renfermoit dans son sein , nous porteroient à croire, avec notre collégue , qu’elle étoit un chef-lieu, une capitale où le peuple exercoit les droits de la souveraineté. Les fortifications et les souterrains qu’on y a dé- couverts; la nombreuse population qui la distinguoit ; son assiette avantageuse, ses chemins bien entretenus, et que l’on pratique encore à plus d’une lieue ; tout semble se réunir pour appuyer letitre que lui donre l’auteur de ce mémoire. Quant à ses monumens religieux, les uns ont été construits dans un vallon ; on les nomme les pierres d'epnell : les autres, appelés pierres j0o-mathr, sé- lèvent sur une montagne connue sous Je nom de Burlot, Ce sont des masses énormes , que la main de l’homme a dégrossies et travaillées à grands frais. On en remarque de trois sortes. Les plus hautes étoient probablement l'asile des Druides et celui de leur chef. Les Bardes occupoient, sans doute, celles qui suivent. Les plus basses, où l’on trouve un ou deux bassins destinés à recevoir le sang des victimes, étoient autant d’autels où les augures consommoient le sacrifice. Outre ces pierres, il en est une qui paroît être un embléme véritable, comme la balance entre les | | | À | Nouvelles litléraires. b2T Mains de la justice. Elle est longue , étroite , et po- sée en équilibre sur une autre. On sait que les sanc- tuaires des Celtes étoient aussi les lieux où se ren- doient les jugemens civils et les jugemens criminels. Auprès des masses, et sur le plateau du mont Barlot, on voit une pierre élevée perpendiculaire ment, de forme ronde ,et d'environ un metre et un quart de hauteur. Elle présente à l'observateur éclairé un de ces simulacres affreux que les Gaulois adoroient, et contre lesquels plusieurs conciles ont tonné dans les premiers siécles de l’ere vulgaire. Ainsi Toul] avoit deux sanctuaires, dont l’un étoit placé sur le sommet d’une montagne, et l’autre dans un vallon, au milieu d'une forêt et sur le bord d’un ruisseau, Chacun d'eux avoit un objet distinct. Les noms celtiques d’épuell, de jo-mathr, de ‘Barlot ; servent à nous expliquer les cérémonies religieuses qui étoient en usage chez ce peuple. Strabon désigne clairement les victimes humaines que Toull immo- loit en l’honneur de sa divinité. Une bulle de l’an 1120, et une autre de 1158, font mention d’une forteresse | sous le nom de Cas- 1ctlum Tulli, L'emplacement en a été reconnu. On y à trouvé d’anciennes armes rongées par la rouille , et un ancien gond de fer, du poids de deux myria- grammes et demi. Ce château fort paroît avoir été- détruit par les Anglais, sous le règne malheureux de Charles: VI. C’est au moins ce que me font présumer trois lions en pierre, qui nous rappellent encore le souvenir de ces temps désastreux, | 822 Nouvelles littéraires. Le séjour des Romains dans les Gaules est marqué à Toull par les amu/æ qu’on rencontre dans le lieu des inhumations ; par-un aguiminarium récemment découvert ; par les tuiles à rebord et les carreaux que l’auteur a déja pris sotnde nous annoncer ; enfin par trois médailles de la même nation.Du reste, rien ne prouve que les Romains l’aient habité, Non loin des pierres Jo-mathr, dans urvillage appelé Gou-by, sur les bords escarpés de Ja petite Creuse, on voit les ruines de deux tourelles, à la distance de trente-deux mètres, avec une grotte au dessous de l’une-d’elles. Si l’on en juge d'après leur nomet. leur architecture vraiment celtiques , c'étoit la demeure dequelques prophétesses druïdes, de quelques prétresses ou d’un oracle de Spitert e moñument est appelé la maïson des fées. Il existoit encore d’autres fées dans le voisinage de Toull ; ce _ qui prouve-un culte très-suivi , une religion conçue en grand , un concours de forces, de puissance et de moyens, qui ne peut se rencontrer que dans une capitale. D'ailleurs , par sa position , Toull auroit transmis fort aisément les nouvelles politiques de Bourges à Gergoie ; car de Bourges, on aperçoit Toull, de Toull le Pay-de-Dôme , et du Puy-de- Dôme Gergoie. : : EE Sur la foi d’Hirtius, le C. Baraïlon avoit d’abord pensé que c’étoit le lieu où César avoit posté des lé- gions : 2 Lemowicum fines , non longè ab arvernis ; mais des recherches plus exactes l'ont fait revenir de son erreur. 11 a pareïllement reconnu que l’on ne sauroit y fixer le prætorium , que l’on cherche Nouvelles. littéraires. 528 en-vain à,4Ayènes ; sur les rives du Thorion.. et que la table-sthéodosienne place entre Ahanset!Li- moges. On ne.yait à Toullaucun vestige, d'édifiee romaiu } quoique la positien de cette vilie fût très- avantageuse. APN " { yen e Les. détails où Je citoyen Barailon _est «entré; faliGcns Je système des auteurs anciens, touchant les Celtes. Notre collégue nous a promis des fouil- les et des recherches nouvelles: Nous. lui devrous la description d’une grande ville ensevelie sous. ses ruines, et l’histoire d’an peuple .qu’il.nous importe de connoïtse:, puisqu'il .a, veeu, sur de territoire français, ; | La ciasse s’éloit occupée .du monument:que; ren ferme notre patrie, lorsqu'un savant, le C. Fañs vel, associé. l’a ramenée dans la Grece,: L'auteur rend hommage aux lumières des voyageurs, qui. ont répandu un grand intéréti sur.Jes tombeaux antiques de. la; {Troade. Mais, il 4, fait Jui-méimne des fouilles dans plusieurs, ‘tumulus d’une, aitiquité non moiñs respectable:, Quelques ‘notions nouvelles sur les cé- rémonies funèbres .des temps héroiques, ont été le fruit de ses travaux. , Sur le chemin du Pirée. à Athènes, à une demi- Jieue de cette ville, on, aperçoit, entre les longues murailles ,, ur, dumulus: qui; d’après un, passage de, Pausanias:, pourroit être celui. de l’amazone Añtiope, épouse de Thésée ; et mère du-malheu- reux Hippolyte, selon quelques auteurs. . Antiope mourut de la maip.de Molpadie, dans le combat famieui que-livra Thésée aux Amazones' qui. ve 024 Nouvelles litréraires. voient réclamer leur reitie, Le vainqueur fil ériger, en l’honneur de {son épouse, le tonibéa dont parle le citoyen Fauvel. Cette ‘conjecture estiau moins fondée sur la tradition du pays, Eneffét , l'endroit où se trouve le tumulus est nommé, par les eulti= vateurs des ‘vignobles voisins ,: Basiliki ÿ mot qui ’ en langue grecque vulgaire, signifie (royales Ce tumulus est de la même forme que ceéu* du. rivage de Troie ; il leur ressemble encore par les divers objets qu’il recéloit. Notre collégué"y à rémarqué des poleries brisées , des ossemens, des fragmens de bronze, etc... Son élévation est de huit mètres au dessus du sol antique, sur lequel l'auteur a trouvé les restes du bucher, dans l’état où il fut éteint. ‘Le diamètre de ce bucher étoit a environ trois mètres et demi. Après avoir été découvert en en- tier par Je C. Fauvel, il a offert à celui-ci une couche de très-gros charbons de bois d’olivier, d’ossemens à demi-brûlés , ou totalement réduits en cendres , et entre-niélés de quantité de fragmens de vases, de plats, d'ämphores, etc. Les plats sont de cette terre antique, enduite de ce même vernis noir que l’on voit sur les vases étrusques. [ls ne sont ornés d’aucune peinture; mais ils portent à leur centre et au dedans, des empreintes de cet ornement connu aujourd’hui et émployé par- tout sous le nom de palmettes. Au miheu des restes du bucher, étoient deux espèces de pla- teaux, ou masses .Cylindriques et aplaties, qui pa- roïssent avoir été formés en terre crue sur le bu- f Nouvelles Titéraires. 525 Jnteiienes: ë . Architecture. 3 AFEStdete de l’Architecturd des ; :Grecs etdes Romains ;-par C L... ir ess (en allem.) 363. . Manuel des nouvelles: Jostices. dé 2 Paix ; “ge le C. Levasstur. Ibid, “Litté ne Le Dilaissibens de FAIT ttérature orientale. À sr 587 Oupneck'hat » etc. ; px Anqüuëtil- < Histoire, * “Duperron, : ‘466 Histoire de Sicile, traduite del! rarsbe \ } Rob. da Auraires ÿ par le C. Caussin. | Les, Abdérites. de Wietand , 8 Ibid, . par le G. Laboume. -. Ibid. AVIS. s < 7 + Où péut s'adresser. äu RER du Migasin Esoyclopédique | | - pour’se procurer lous les Livres qui paruissent en France et chez "l'Exanger, et généralement pour Lout ce sh concerne la Librairie à ancienne el modérne, TX - On s’y charge aussi de loùtes sortés d'impressions, _ Les Livres noureaux. sont annoncés dos ce Journal, aussfi de 4 après MS ont été rerbis au Bureau ; ; C'est-à-dire, dans le Nue #4 méroqui se publie après cette remise. Û Le Magasin paroit régulièrement le premier de chaque mois. On prie Les Libraires qui enyoïent des Livres pour us mt 0 | d'en indiquer toujours le priz, : 7 F : LUE t AE FEES” Eine PME, | / + St À i ki AAA USE MAANS EC) À LATIN LA DEAR EUR Ÿ « 1: ÿ \, Lo] t ut Lun Vus + ANAL NAT ALAN EN EAN RS \ al AUS LAN MELA UN L! » ARTE LASENC OA LA LA LEE VE EU EME IEHICN AAA) ASC AA OUEN N A MAS ANA (VEN CHA EC Aut LENS tt | ht ANA HAN (AURA T CON SNA PAC QE CREUEOEUP ON (DELA DELTHEU DANONE + «à k{ N : | à OA 1 AN PARU 0 4 EU Cd dtatat + Lu x K i t 1 1" SEE U + ) UE VOUS CACNCE EU Ù AU DES OC DE A \ ÿ