AE LOUE ht de ses} ‘ * (N°8) Thermidor an 10: MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, . JOURNAL DES SCIENCES, + DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDI6Ë Par À, L. Mizzin. AVIS DU LIiBRAIRE. Le prix de ce Journal est fixé: : à g francs pour trois mois, 18 francs pour six andis, 36 francs pour un a, | faut pour Paris que poux les Départemens, franc de port. Ox pent s'adresser au Bureau du Journal pue procurer sous les Livres qui paroïssent en Frante et chez l’étrangec, et pour tout se qui concerne la Librairie ancienue et moderne Cx Journal, auquel la plupart des hommes qui ont sn nom distingué, une réputation Justement acquise dans quelque partie des arts ou des sciences, tels que les CC. ALIBERT,, DESGENETTES, BAST, S1L= VESTRE DE SaAcY, FOuRCROY, HALLÉ, DUMÉRIL, SCHWEIEHÆUSER, LACÉPÈDE, BakpiEk, LAN- éLÈs, LALANDE, LAGRANGE, LÉBRUN, MARROK, MEnNTELLE , BanBlé ou Bocaee , BASSINET, MonecisT, Noëz, OBERLIN, CHARDON-LA» RocazTTe, CAiLtañD, VaN-.Mons, TRAULLÉ, Tome II, (8° "An, ) : LéveiLé, Cuvirr, GxoFFROY, VENTENAT, CAvVANILLES, USTERI, BOETTIGER, VIsCONTI, Vizcoison , WiLLEMET, WINCKLER, etc. fournis- sent des Mémoires, contient l’extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner uye analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- tement possible aprèsleur publication, On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux quisont propres à en accélérer les de she . % n y publie les découvertes ingénieuses, les inven- tions utiles dans tous les genres, On y rend compte , des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; upe description de ce que les dé pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroïît le premier de chaque mois, 1 livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. | On s'adresse, pour l’abonnement , à Paris, au Bu reau du Magasin Encyclopédique , chez le C. Focus, Libraire, rue des Mathurims, hôtel Cluny. chez la veuve Changuïon et d'Heupgat. A Amsterdam, { chez Van- Gulik. 8 è À Bruxelles, chez Lemaire. A Florence, chez Molini. A Dre pe ER , Chez Fleischer. chez Manger, A Genève, chez Paschoud, &\ A Hambourg , chez Hoffmann. | A Leipsic, chez Wolf, A Leyde, chez les frères Murray. & Londres, chez de Boffe, Gerard Streeës À Strasbourg, chez Levrault, A Vienne, chez Degen. à Wesel, chez Geisler, Directeur des Postesÿ A faut affranchir les lettres, MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. NULL TS AN NÉE COM E:.1 L LR Le de) nb rel PR + 29 4: . Tele 2 DES » LT AND , DRAP Pr v É Avr pegt LU LT nl Lo. 14 CRTC mere sn pi PEN PCI taire FAN Ham arr = et ee PEN On € rate 2 =: . DEA 4 PU OL 104 es re |. eut ue LD d > 1 - , ani, dB Sn LA -! p a. D han ire pitt 0 y u r nn UE sf! À abdil AS ps 09, ge À « w.+" +» de - «= sr te eo etre M EP MA M 1 DEtadr d : ‘ : ve LR TLC LE ‘j carré MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS: RÉDIGÉ PAR) A), EM LE LIN, CONsERr ATEUR des Antiques , Médailles et Pierres gravées de la Bibliothéque nationale de France, Professeur d'Hi- stoire et d’Antiquités; membre de la Société royale des sciences de Gœttingue , de celles des Curieux de la Nature a Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minéralogie d’Iéna , de l’Académie royale de Dublin, de la Sderie linnéenne de Londres: des So- ciétés d’'Histoïre naturelle , plulomathique , médicale d’é- mulation , des D afours de l’homme , et de l Athénée des arts de Paris; des Sociélés des sciences de Rouen, d’ Abbeville, de Boulogne , de Poitiers , de Niort, de Nis- mes, de Marseille , d'Aiencon, de Grenoble , de Colmar, de S/rasbourg, etc. etc. NTLITEAUNANÉ "EE; EMOMEÉT DEUXIEME A CTPRAR 1:55, Chez Fucns, Libraire, rue des Mathurins, maison de Cluny, n.° 334. AN X— 1002. É de. Là in fa 2 A ln. Me ( Rrrr AU Can “NE nd: A F3 des es he A JÉAN-BAPTISTE LECHEVALIER, VOYAGEUR HOMERIQUE, RESTAURATEUR DE LA TROADE, ND ADOTA S I N. ENCYCLOPÉDIQUE. \ VO Y AG E. Vorace de la Traade, fai! dans les années 1785 et 1786; par J. B. LECHEVALIER, membre de la Sociélé des sciences et arts de Paris , du Lycée de Caen, des Acade- mies d'Edimbourg, de Gœttingue et de Madrid. Troisième édition, revue, corri- gée et considérablement auementée. 3 vol, in-8.° Paris, chez Dern, impr.-libraire, Palais du Tribunat, galeries de bois, n.° 240. Novs avons rendu compte des premieres éditions et du but principal du voyage du C. LECHEVALIER ; dans celle-ci, il entre dans un détail circonstancié des villes et des îles qu'il a aperçues ou visitées sur les côtes de lIstrie, de la Dalmatie, de l’Epire, de l’Albanie ; il s’arrête dans quelquesiles de la mer Ægée où il ne trouve rien de ce que les anciens poètes et les historiens lui avoient promis. Arrivé dans l'At- tique, il s’empresse, de chercher cette Athènes si célèbre par sa civilisation , ses arts , ses grands-hom- À 4 8 Voyage. | mes et l’instabilité de son gouvernement. Les ruines de sa grandeur sont encore imposantes , les chef- d'œuvres de son architecture ont été décrits par David Le Roi, par Stuart, par Foucherot, Cassas, Fauvel, Choiseul Goufer ; ils exaltent encore l’ima- gination du voyageur et lui montrent Athènes telle qu’elle étoit au temps des Solon , des Miltiades, des Thémistocle, des Aristides , des Thrasybule. « Je me transporte en idée à ces époques brillantes “ où les montagnes et les collines de l’Attique étoient « illustrées par la présence des habitans de PO- : « lympe; je vois les muses et les nymphes danser « avec grâce et léoèreté sur les hords de FTlissus , « et J'y cherche l'endroit où Borée enleva la belle « Orithyie. Euripide me rappelle que Vénus se dé- « saltéra dans les eaux du Céphise, et que cette déesse « toujours reconnoissante, envoya aux Athéniens le « souffle le plus pur des zéphirs, et l’haleine même «“ des amours qui forment son cortége. » L'intérieur d’Athènes étoit aussi irrégulier que les dehors étoïent agréables. Le grand défaut des- maisons de cette ville, dit Aristote , provenoit d’un vice de construction , les escaliers y donnoïent sur la-rae, et les appartemens supérieurs bâtis en saillie, défiguroient les façades , offusquoient la vue et dimi- nuoïent Ja circulation de l'air. On ne sera donc pas surpris de retrouver dans l’Athènes moderne, les défauts de l’ancienne. Le temple de Thésée qui est l'édifice le plus ancien, est encore conservé dans son entier ; le monument qui a résisté au temps et Troade. 9 aux siécles, malgré son apparente fragilité, est cette élégante rotonde ornée de colonnes ‘corinthiennes qu’on nomme la /anterne de Démosthène , dans la- quelle on croit vulgairement que ce célèbre orateur s’enferma pendant trois mois pour s'exercer à l’élo- quence; mais l’inscription qu’on lit sur la frise, nous apprend que ce monument fut élevé à la vic- toire par Îles jeunes gens quisavoient remporté le prix dans les jeux présidés par Evenctus ; sa surpre- pante conservation ne peut être attribuée qu’à la sécheresse et à la pureté de l'air que Cicéron regar- doit, peut-être avec raison , comme le principe créateur du génie subtil qui caractérisoit les habitans de l’Attique. Le temple de Minerve avoit été res- pecté par le temps, par les conquérans , par les Turcs même, les Vénitiens le renversèrent dans le siécle dernier, une mosquée s'élève sur ses ruines; telles qu’elles sont, un François ateugle, rempli d'enthousiasme , avoit depuis peu embrassé, en ver- sant des larmes , les colonnes qui subsistent encore; au portrait que me firent, de ce voyageur, les per- sonnes qui me conduisoient, dit le C. Lechevalier , je reconnus un ami des arts et de l’antiquité, lPabbé Delille qui suivit M. Choiseul-Gouffier à Constan- tinople, et qui, en effet avoit alors perdu la vue. Il ne l’a pas perdu encore totalement, mais elle « s'est affoiblie depuis cette époque. » Les festes du théâtre d'Athènes qui, selon le savant voyageur , contenoit trente mille personnes, c’est-à-dire , plus qu’il n’y avoit d’habitans dans cette 10 Voyage: république, lui font observer que les théâtres an- ciens servoient , non-seulement pour les jeux publics, mais encore pour les assemblées de l’état, et J.-J. Rousseau s'est étrangement trompé quand il a cru qu’il n’y avoit point de théâtre à Sparte, parce qu’il n’y avoit point de spectacles. Les philosophes les plus fameux, les prédicateurs du christianisme eux-mêmes venoient dans leur théâtre expliquer leur doctrine, Les ruines de ce vaste théâtre remuent l'imagination du C. Lechevalier. « Je me transportois « en idée à l’époque des solennités où le peuple « d'Athènes s’y réunissoit. Je le voyois aller , venir, «“ monter, descendre, crier, rire, se presser, se « pousser , et braver les officiers chargés d’y mettre « le bon ordre, Je fixois sur les gradins inférieurs “ la place des premiers magistrats, des cours de “ justice, du sénat , des officiers généraux, et des « sacrificateurs. Au dessus, je voyois les jeunes gens “ qui avoient atteint leur dix-huitième année. Les « femmes étoient distinguées des hommes, les cour- “ tisanes éloient séparées de tout le monde. 1 me « sembloit voir Eschyle exerçant lui-même ses ac- “ teurs et leur apprenant à rendre l’action plus sen- « sible par des gestes nouveaux et expressifs. » On voit que le C. Lechevalier a su jouir de ce quil ne voyoit pas, et que ses souvenirs l’ont mieux servi que ce qu’il cherchoit. Il quitte à regret cette terre de civilisation, cette créatrice des arts, cette pé- pinière de grands-hommes, il s’embarque au Pirée avec Homère , Pausanias, Strabon ses guides ; ar- Troade. 11 rivé à l’ile de Scyros, célèbre par le séjour d'Achille au milieu des filles du roi Lycomede, visite celles de Métalin et de Ténédos, et débarque sur cette côte de l'Asie, le but de son voyage et de ses sa- vantes recherches. D’abord , Alexandiia-Troas se présente à lui ; cette ville, une de celles auxquelles Alexandre donna son nom pour immortaliser ses victoires , attira par la beauté de sa situation , entre le cap Sigée et le cap Lectos, l’attention de César “et d’Auguste qui furent tentés d’y transporter le siége de l’empire. Les fondateurs de cette ville sen- tirent tous les ayantages que son voisinage de l'em- bouchure de l’Hellespont leur permettoit ; les eaux thermales, qui n’en sont pas éloignées , et qui‘sont encore fréquentées , devoient y attirer une nombreuse population , on reconnoît parmi les ruines qui l’en- vironnent , un stade, un théâtre, des temples , un immense édifice dont les navigateurs aperçoivent de très - loin le sommet, et qu’on croit avoir été un gymnase. C’est en sortant d’Alexandria que le C. Lechevalier entra dans cette plaine de Troie qu’il venoit cher- cher; il la parcourt avec son Homère à la main ; et y trouve bientôt ce qu’il desiroit. Dans cette pre- miére tentative, il vit se réaliser tout ce que le premier des poètes et des géographés lui avoit ap- pris ; occupé de sa découverte, il s’empressa d’aller en faire part à tous nos Européens habitans de Cons- tantinople , et il en parla avec un ton de conviction qui fit croire un moment que son esprit étoit aliéné. 13 Voyage, Le peintre Cassas qui venoit de parcourir le désert de Palmyre, et de braver les dangers d’un pareil voyage ; s’offrit à le suivre sur cette terre si célèbre depuis tant de siécles, et à examiner des monu- mens qui la couvrent. La situation topographique de cette plaine , exactement. décrite, les fleuves, le monumens, la ville de Troie, avec leurs noms anciens et modernes placés sur une carte soigneu- sement dessinée , vainquirent l’incrédulité, et l’am- bassadeur Choiseul se décida à aller s'assurer de” la vérité des faits. Il chargea l'ingénieur Kauffer de rectifier quelques erreurs de la carte , qui avoit été une démonstration de l'existence de Troie et d'Homere, que, depuis trente ans, M. Bryant, savant anglois, cherchoit à rendre douteuse. Cet auteur a rassemblé avec une espèce de plaisir, contre l’authenticité des poèmes d'Homère, tous les argu- mens , toutes les fables qu’on a débités contre ce grand poète. Il lui refuse l'invention de ses chants immortels ; à la Grèce, la gloire de lui avoir donné le jour, et à la plaine de Troie, la célébrité que les combats de tant de héros lui ont acquise. Tant la manie du paradoxe, et la vanité de le soutenir se refusent à l'évidence qui lanéantit. M. Morrit, son compatriote a attaqué son système et l’a en- tièrement détruit. M. Lechevalier a cru devoir tra- duire cet ouvrage et le joindre à sa dissertation, comme une nouvelle preuve de ce qu’il avance d’a- près les auteurs anciens et modernes, sur l’état actuel de la prise de Troie, qui est tel qu'Homèére nous Troade. 13 l'a décrit 3 sur les sources et le cours du Simois et du Scamandre, descendans du mont Ida; sur la vraie position de la ville de Troie, sur les tombeaux d'Achille et de Patrocle , sur ceux d’Antiloque ; fils de Nestor, et d’Ajax ; et enfin sur celui d’Aisyetes placé près du cap Lectos. M. de Choiseul-Gouffer voulut savoir ce que contenoient ces élévations de terre qu’on disoit être des tombeaux ; il choisit celle que M. Lechevalier avoit désignée pour être celui d’A- chille, Pour n’être point contrarié dans cette fouille, et pour éviter toute opposition de la part des Turcs qui croyent que lorsqu'un franc remue la terre, il veut enlever leurs trésors , il chargea le juif Gor- mezano, agent françois aux Dardanelles, de s’accor- der avec le turc contre la maison duquel le tombeau étoit adossé, et de lui proposer, moyennant une ‘somme dont on conviendroit, de faire la fouille lui- même , pour ôter aux juifs et aux Turcs la tentation de soustraire les métaux précieux qui, selon le té- moignage d'Homère , pourroient être renfermés dans le tombeau ; il promettoit de donner en or ou en argent le double en pesanteur de l’un ou de Pautre de ces métaux qui y seroit trouvé. Le tombeau fut ouvert , il contenoit des morceaux de vases de terre cuite , de quelques fragmens de charbon de bois, et d’uve substance crétacée qui provenoit d’ossemens calcinés; de la moitié d’un petit vase’ d’ivoire: il étoit impossible , dit le savant dissertateur , d'élever le moindre doute sur la nature de ces objets. Il y avoit eucore une barre informe couverte de vert-de- 14 Voyage. gris qu’on prit d’abord pour une poignée d’épée, c’étoit un morceau de cuivre ; enfin des parcelles irrégulières et une plaque scutiforme d’une sub- stance rougeâtre , que sa pesanteur pouvoit faire croire être l’oxyde d’un métal quelconque; mais quelles formes devoient avoir ces divers objets décomposés ? c’est ce qu’il falloit, pour ainsi dire, deviner. M. Lechevalier, aidé de l'intelligence de M. Fauvel, parvint , en rapprochant et collant ces débris lun après l’autre aux endroits de la correspondance de leurs formes avec le vide qui les appeloit, à recon- noître dans cette réunion , une statue ægyptienne frappée à la grecque ; elle étoit placée sur le plateau scutiforme, et ce plateau étoit soutenu par deux petits chevaux dans Le côté desquels il étoit implantés Cette statue et sou plateau a dix pouces de hauteur; ces chevaux portoient chacun. un guerrier dont: il ne reste plus que la partie inférieure. Le visage de la figure est détruit, une partie du sein est assez distincte, les épaules et la tête sont ‘assez bien con- servées ; deux sphinx placés sur les avant-bras élevent Jeur tête au niveau de la coiffure ornée d’une feuille de lotos. Cette statue est vêtue d’une robe avec un grand nombre de plis perpendiculaires, les pans en sont relevés sur les cuisses, de son bras gauche elle soutient sa robe qu’elle saisit avec le pouce et l’index; on peut croire qu’elle représente une Minerve prin= cipalement révérée à Troie qui avoit dans sa cita- delle un temple magnifique, et dont le culte s’est perpétué longtemps dans cette contrée après la des= FEES 15 truction du royaume de Priam, Quant au nombre de tessons qu’on rapporta de cette fouille , on les adapta à un noyau de plâtre, et on en forma deux vases de style étrusques de dix à douze pouces de haut. Voilà ce qu’on peut dire sur les objets trouvés dans le tombeau d’Achille. On peut dire aussi qu’ils ne peuvent point étre une preuve que le rumulus ou- vert, ait été celui du vainqueur d’Hector. M. Le- chevalier s'efforce de nous persuader que les débris portent en eux-mêmes les signes de la plus haute antiquité, ils sont trop décomposés pour vaincre le doute, et il n’est point certain que les formes étrus- ques aient été connues en Grèce du temps du siége de Troie. Les preuves par lesquelles M. Lechevalier fortifie sa découverte, sont ingénieuses, son érudition est bien digérée et ne fatigue point le lecteur , toujours Homere le seconde à souhait, aussi dit-il, « quand « les anciens et les modernes ne m’auroient pas « guidé dans la recherche de ces monumens, Ho- « mère m'en auroit dit assez pour me les faire recon- « noitre. » ; Cette troisième édition qui présente trois volumes au lieu d’un seul de 264 pages qui formoit la se- conde édition , n’offre rien de plus que ce qui étoit connu de l’objet principal de ce voyage, comme nous l'avons vérifié par la comparaison ; le 1.°° vo- lume contient les détails de la navigation qui con- duisit l’auteur sur le rivage où Homère et la curio- sité le conduisvient. Le 3,° volume est l'ouvrage 16 Voyage. entier de M. Moniitt, détruisant le système para- doxal de M. Bryant, et appuyant par-là les re- cherches de M. Lechevalier. Il est vrai que ceux qui ont acquis les deux éditions précédentes, re- gretteront de n’avoir pas l’atlas qui est joint à cette nouvelle édition. Il contient la carte générale du Golfe adriatique et de l’Archipel, la carte nou- velle de Pile de Corfou, celle du royaume d'Ulysse et du port d’Ithaque, la vue de la fontaine d’Aré- thuse ; la carte nouvelle de l’ile de Zante, la vue du temple de Minerve Suniade ; le plan d'Athènes et de ses environs; la carte du détroit des Darda- nelles, celle de la plaine de Troie, celle du cap Sigée et des tombeaux d'Achille et de Patrocle ; la vue du cap Rhetée et du tombeau d’Ajax; la vue des sources du Scamandre et du village de Bou- nar-Bachi, situé sur les ruines de l’ancienne Troie; la vue des tombeaux d’Hector et d’Aïsyetes, etc. A. J. D.B. LITTÉRATURE LITTÉRATURE GRECQUE. J. B. GAIL, au célèbre M. SCHNEIDER. M ONSIEUR, vous m'’inyitez à insérer dans le Wa- gasin Encyclopédique une partie des variantes que j'ai trouvées dans les six manuscrits des Helléniques; je m’empresse de répondre.à votre invitation, qui est celle de plusieurs de vos compatriotes ; heureux si le foible échantillon que je vous offre , peut vous intéresser ; j'en tirerais , pour le reste de mon travail, \ un favorable augure. Liv. 11, 2,7, de votre édition des Helléniques, on lit Avourdpgs de pere ravla emeurVe mpos Aviv Te 494 ts Asxtheiay Te ug4 ts Auxtdamors, Lysaudre députa vers Agis et à Décelie. Mais en députant à Agis on dé- putoit en même temps à Décelie ; car ce dême de VAttique, éloigné de 120 stades au plus d'Athènes, et situé presqu’à la même distance de la Béotie (1), étoit au pouvoir du général lacédémonien (2). #4 est donc inutile. M. Wolfen a jugé ainsi ;et les manuscrits b,c,d , appuyent son ingénieuse conjecture fondée d’ailleurs sur un fait historique. Liv. LL , 5, 5. Suuw r ah, b, c,d , f. Morus re- jette sr, M. Schneider aimeroïit mieux Svorræ. Hom- mage à M. Schneider ! le man, E confirme la conjec- QG) Tavcro. VII, 19. (2) Voy. Xexor. liv. E, 1, 33. — Tue, VI, 91, 95, et VII, 18, 19: — Cons. N. Vie d'Alcrib. ch. 1V. Tome IT. B 18 Littérature grecque. ture : il porte, très-nettement écrit et aïnsi accen- tué, &s Suerr er. Voyez pag. 50, fol. verso, lig. 27 de ce manuscrit. Liv. IV, 4, 10. Agycor ôparles Ta ciyuäilæ tmt Tor asmidar. Le célebre M. Porson, dans sa Médée d’Eu- ripide , pense que cvyux est indéclinable, et lit en conséquence re oryare em rav aomidav. Malheureu- sement aucun de mes manuscrits ne favorise cette correction. 11s donnent tous ciyxaa ; et ce qui prouve qu’ils l'écrivent d’un seul mot, c’est qu'aucun d’eux ne met d’accent sur rz. M. Porson n’est point em- barrassé de la dernière syllabe de oryuaæ dans le passage que nous discutons; mais qu’en fera-t-i} dans le passage suivant ? Veuve Ta ciypeala ravle ? I} a supprimera ; mais il n’aura encore pour lui lau- torité d'aucun manuscrit. Encore ici ils donnent tous six, ciymale sans accent sur r«, ce qui nous donne cyucle écrit douze fois d’un seul mot. Liv. VI, 3, 2. seoutisids, Leunclave lit ainsi, au lieu de seomGixidns. Morus, M. Weiske et vous, mon- sieur, approuvez cette correction ? Comme elle n’a pour elle l’autorité d’aucun des six manuscrits, je vais m’efforcer de défendre sogi1d%:. Le père d’Autoclès, dites-vous, avoit péri victime des trente tyrans, il ne pouvoit donc faire partie de la députation. Au lieu de DAS ALLO lsons donc seophiride, L’argument seroit sans réplique si sgoæbiysdys ne pouvoit s’enten- dre que du père d’Autoclès ; mais ne pourroit -il pas se regarder comme nom patronymique commun aux descendans de Strombichus, et désigner non le le père d’Autoclès, mais Autoclès lui-même ? Nous Critique, 19 traduisous ‘Hpaxatrdys Héraclide , c’est-à-dire descen- dant d’Hercule, et non fils d’'Hercule. Pourquoi, par la même analogie, ne pas traduire souGiridys, descendant de Strombichus. En adoptant cette leçon, Avlexans spoubiyidns signiliera Autoclès de la famille des Strombichus, surnom que Xénophon aura joint au mot Autoclès, peut-être pour le distinguer d’un autre Autoclès , étranger à la maison des Strom- bichus. Si je n’eusse craint de donner trop d’étendue à cette note, je l’eusse terminée par le tableau généa- Jogique que j’ai tracé d’après Thucydide lui-même, (3) et qui fortifie ma leçon; mais passons à d’autres observations moins conjecturales. Liv. VI, 5, 32. To per pen mpos Ty mon meorbanes. Plusieurs commentateurs suppriment la négation. Pour nous, nous la conserverons avec M. Weiske qui la défend avec raison. Mes six manuscrits auto- risent la leçon de ce savant (4). Liv. VII, 2, 6 et 7. quyn À elamopevey #xo re Taxes «is To su y 0Q9Yl@Y ray mnegoDurar ar > “apQirenrilos éoy oi ayabayles Ty æxporoduy. et de XPŒUY/YS YEVOLEVAS es 7y mew, etc. Je vois dans cette phrase les soldats de la garnison s’élancer du haut de PAcropole dans la ville; mais l’Acropole n’étoit-elle pas à quelque distance de la ville ,et, s’il en étoit ainsi, par quel saut périlleux ont-ils pu passer de l’Acropole 4 (5) Taver. VIII, 15et 50, et liv. I, 45. (4) Je regrette que les bornes du journal ne me permettent pas de faire mention de plusieurs corrections ingénieuses du célebre M. Wyr- tenback, corrections confirmées par les manuscrits, d B 2 20 Littérature grecque. Ja ville. Appelons les manuscrits à notre secours. Le manuscrit D me donne 73 reyss rs is ro usu, et celui E, rurs re sexes vs us ro asu, leçons précienses qui répandent une vive lumière sur tout ce passage, et qui nousapprénnent, non que les soldats sautèrent de l’Acropole dans la ville , mais qu’ils s’élancèrent du haut du mur de l’Acropole qui donuoit du côté de la ville. C’est l'absence de Particle rs qui a rendu inin- telligible agurouens. Si les soldats s’élancent du haut des murs de la garnison dans la ville, leurs cris ne parviennent pas jusqu’à la ville, mais se font entendre dans la ville. Corrigeons donc æpixoperns. se sont dit quelques calligraphes et lisons svogevye. Pour nous, nous adopterons encore avec les manus- crits éQuxouerrs , mot plus nombreux , plus harmonieux, plus juste et qui fait image. Leunclave, embarrassé de us row, passe ces deux mots et traduit 9. yer. Excitato clamore.— Clamore sublato per urbem. Pirk. — Clamore ad urbem delato, eût été, je crois, plus exact. Liv. VIII, 5, 20. emtypagorro de xus roy Aproduy omures jomune exovres | &5 Sneuior oÿles. Bilib. Pirclze- hemer traduit (5) : Nomina verd dabant etiam arcadum quidam gravis armaturæ milites ; gestantes clavas , quasi Thebani essent. Franc. Port. adopte : Nomina dabant. Le savant Morus traduit : Znscri- bebant clypeos suos ila ut si Thebani essent : Ils traçoient sur leurs boucliers la lettre 8, et cite en- (5) Cette version se trouve et dans les deux éditions de Vienne et dans la version latine (édit, in-8.8 Bâle, 1545) de Bit, Pirkemere. LA tesyitee 21 suite ce vers 1095 des Acharn. d’Aristophane ( za Yae ov ea, tmeypaÇs Ty l'ogyova ; [W CIM RAGE Gorgone clypeum insignivisti ), qui, avec un autre tiré d’Eschyle (6) devoit conduire au véritable sens. Vous, monsieur, et M. Weiske vous pensez ou que les Arcadiens marquèrent leurs boucliers de la lettre 4, ou qu’ils tracèrent l’embléme des Thébains. Clypeos suos inscribebant vel symbolo quodam,, vel litiera 8 : mais quel étoit cet embléme? N'étoit-ce pas le jozaro la massue. Le femenor ayant été l'arme palurelle des anciens guerriers , l'Arcadie étant d’ail- Jeurs pleine de forêts, j'ai pensé, pendant quelque temps, que cette arme pouvoit bien être celle des Arcadiens , et qu’ainsi la traduction de Leunclave, £estantes clavas ; étoit exacte. Mais j'ai bientôt changé d’avis en voyant d’abord dans Begere (7) un bouclier thébain représentant un cratère surmonté d’une massue, et ensuite au cabinet des antiques au autre bouclier représentant de même un vase surmonté d’une massue et d’un arc (8). Il m’a paru alors de toute évidence qu’il s’agissoit, non d’une massue , arme du soldat , ainsi que le prétend Morus dans son index, mais d’une massue embiême des Thébains, et que ceux d’Arcadie adoptèrent pour témoigner leur dévouement à la cause de la nation qu’ils défendoient. Voici. donc d’après les médailles du cabinet des (6) Voy.les sept Chefs dévant Thèbes, {7) Ex Thesauro Palat, sel. p. 256. (8) Je fais, dans ce moment, graver cette médaille béotienne, ainsi qu’un specimen des six manuscrits des Helléniques. B. 3 22 Liliérature grecque. antiques et celles de Begere, l'interprétation de cette phrase : cavypaDorlo de x sur Acxadwy 6aMTHY po æ cs exoiles , às Snozsor ovres. Les Arcadiens tracoient des massues sur leurs boucliers, comme s'ils étoient Thé- bains. Ovres déplait à M. Weiske : pour nous, nous le conserverons; car les manuscrits D, E nous le don- nent : mais nous supprimons sgovres qu’ils ne donnent pas et qu’on a gratuitement prêté à Xénophon. Observons en passant que si les Lacédémoniens, comme l’observe Meursins,marquoientleursboucliers de la lettre À, ils adoptoient aussi la massue (9). Vous avez bien voulu, monsieur, me dessiner un cadre : me permettrez-vous d'en sortir et de soumettre à votre jugement (10) mes conjectures sur un passage difficile de la Cyropédie, Jiv. VIIL Je vais parler des Prochoïides ou pots de chambre des anciens. Jadis, à l’occasion de Colin, si ma mémoire est fidelle , le docteur Mathanasius cita du latin, du grec, de lhébreu ; et l'emploi de son érudition ne fut point blâmé. La matiere que je vais discuter étant beau- coup plus grave, on me pardonnera de nombreuses citations, Voici le passage dont il s’agit, | Notre auteur oppose les anciens Perses aux Perses (a) Voy. RrenarD, Payne, KmGur: Essai analytique sur l'al- phabet grec. Nous y voyons une massue au milieu d’un bouclier lacédémonien. Knight l’a pris de Fourmont, lequel est cité par d'Han- tarville dans ses Recherches sur les Arts de la Grèce; tome Il. — Voy. dans Hunren, Numyni antiqui populorum et urbium. (10) Si je ne craignois de me rendre importun, je prierois M Schneider de me dire ce qu’il pense de mes Observations critiques sur le but de Xénophon, dans son Symposion. Ces Observations se trouvent dang la Décade philosophique , aunée x, troisième trimestre, p, 281, Critique. 23 de son temps (11). “ Il étoit défendu de porter des prochoides aux repas; sans doute parce que l’on pensoit que l’excès de la boisson énerve à la fois « le corps et l'esprit. La défense subsiste encore ; mais ils boivent avec si peu de retenue, qu’à la « vérité ils ne portent plus de prochoïdes , mais ils » ont besoin qu’on les emporte eux-mêmes. » Quel sens donner à ce mot prochoides ? Leunclave le traduit par obba, Philelphe par wrceus. Obba se dit d’un vaisseau à boire; urceus , d’un petit pot à l’eau qui n’avoit qu'une anse , tandis que l’amphore en avoit deux. Hic tibi donatur pand& ruber urceus ans& (Martial). Parmi les commentateurs, les uns voyent dans les prochoides de grandes coupes (12); Tes autres des brocs ou de grands barils de vin. Dans cette variété d'opinions, si nous ouvrons Athé- née (13), à l’article vases à boire , nous y trouvons prochoïides , et le passage de Xénophon cité : zpeyoidus rwës eyes xuuxes, Je ne dirai pas que ce soit expli- quer obscurum per obscurius. Maïs si «vu se dit non d’un vase en général, maïs d’une coupe, notre célèbre philologue ne se seroit-il pas mépris sur lé sens du mot qu’il a prétendu commenter? Hésychius (14) me paroit plus pres de la vérité, lorsqu’il explique reoxoidus par aides, pot de chambre. A laide de cettescholie , il est maintenant probable (15) que dans les temps (cr) Xe. Cyr. liv. VIIL, 8, 10. (12) Brieson. p. 218. (15) Liv. XI, p. 496. {14) Au mot 7poyo1s. (15) Je dis probable, ca je ne donne ces observations que comme conjeciurcs, el comme ung Occ:sion de m'instruire, B. 4 Le 24 Litiérature grecque: anciens on portoit aux repas de ces vases que nous appelerôns prochoiïdes ; usage qui existe en partie chezles Anglois, mais modifié, comme il doit l'être, chez un peuple civilisé. Dans les réunions nom- breuses où il s’agit de parler de commerce, ou de discuter des points importans de politique , ils ne ne portent point de prochoides ; chaque maître de maison épargne cette peine à ses convives. Près de la salle à manger, quelquefois dar la salle même, derrière les paravents, on trouve des prochoiïdes (16), par le secours desquelles on ne reste pas un seul ins- tant étranger à la conversation. L'interprétation que je propose paroîtra plausible, par_le rapprochement d’un passage curieux de Sui- das (17). Nous y apprenons que les Rhodiens, tous les jours en liesse, célébrant tous les jours des ban- quets dans le temple de Minerve Lindienne, sop- portoient inpatiemment la défense de porter des prochoiïdes dans le temple. Ils implorent l’oracle, et bientôt la défense est révoquée. Nul doute sur le sens du passage. L’auteur emploie le mot aides donné par Hésychius pour synonyme quelquefois de rpoyerdas. Si cet article n’étoit pas un peu long, je vous adresserois , monsieur, toujours d’après mes ma- puscrits, quelques observations sur les notes pré- cieuses que vous avez bien voulu me faire parvenir. Elles arrivent un peu trop tard pour moi , puisque mes Helléniques sont imprimées, maïs assez tôt (16) Cet usage n’a point lieu dans les dîners de famille. (17) Suidas, au mor podiæy Hencuoss ou Proverbiorum à suida centuria. XII, 55. Critique. 2 pour le public qui en jouira, Elles trouveront leur place dans mes Additamenta , agec le nom de leur célebre auteur. Agréez, monsieur, mon sincère hommage, et l'ex- pression de ma vive reconnoissance. GaIL, professeur de littérature grecque, au collége de France. Nota. J'ai adressé à M: Polvssoi, quatre vers grecsÿ ils ont donné lieu , dans le dernier numéro de ce jour- nal, à des observations faites par un ancien ami. J°y répondrai dans la 2.° partie de mon Anthologie poé- üque, qui paroiïtra incessamment. BORCOPCR ATP IEPE Air C. MILLIN , rédacteur du Magasin Encyclopédique, sur LUNEAU DE Bors- JERMAIN. Vous ne laissez échapper aucune occasion de faire convoître à vos lecteurs, les pertes que fait la répu- blique des lettres. Les savans de toutes les nations, les littérateurs connus par des ouvrages utiles, les artistes estimés, ont également droit d’être placés dans cette nécrologie dont vous tenez le registre. Permettez-moi d'y placer un article sur Luneau de Boïsjermain dont vous vous êtes borné à annoncer Ja mort, sans doute parce que les renseignemens vous ont manqué. Ce Jittérateur, dont tous les tra- vaux ont eu pour objet l’instruction de la jeunesse, ne doit point être oublié ; et l’amitié remplit un acte 26 Biographie. de justice en le montrant tel qu’il doit être apprécié par ceux qui estiffent autant un auteur, dont les veilles se sont dirigées vers l'utilité publique, que celui qui ne travaille que pour la célébrité, Pierre-Joseph L'UNEAU D£ BOISSERMAIN naquit à Issoudun , en 1752, de parens aisés; son père , juge - garde de la monnoie à Bourges , cultiva de bonne heure les dispositions de son fils ; les J6- suites acheverent ce que le devoir paternel avoit commencé, et cette société, qui savoit deviner Îles hommes, desira de se les associer ; il demeura parmi elle et professa les basses classes pendant quelques années , il n’en sortit que pour se livrer tout entier aux belles-lettres ; les connoissances qu’il desiroit d’acquérirnese bornoïent pas à sa propre instruction, elles se dirigoient uniquement à les rendre utiles aux autres. Le premier ouvrage qu'il publia en 1759, fut les Principes de la lecture , de l'orthographe et de la prononciation francoise. M. Viard avoit donné la première idée de cette méthode d'instruction , M. Luneau s’en empara pour la perfectionner, et les quatre parties qui la composent aujourd’hui , forment un cours d’enseignement dont le succès n’a pas été douteux, puisqu'il a eu huit éditions. La 1." partie contient le nouveau plan de l'ouvrage et sa théorie. La 2.° renferme le système complet de tous les sons élémentaires employés par l’art de parler et d'écrire en francois. La 3.° partie est formée d’ob- servations propres à perfectionner la lecture, Elles forment une suite de principes sur lorthographe et da prononciation françoise. La 4.° est une explication Luneau de Boisjermain. 27 des figures particulières employées par l'écriture et impression ; elle renferme aussi une grammaire francoise , une introduction à l’étude dela géographie et de l’histoire , ou une explication des termes pro- pres à ces deux sciences. Cet ouvrage élémentaire abrége beaucoup la première instruction , et facilite par sa simplicité, le travail de l’enseignement soit aux personnes à qui l’éducation des enfans est con- fiée, soit à celles qui sont obligées de les instruire elles-mêmes. Peu de temps après cette premisre production, Luneau s’occupa d’un commen'aire sur les tragéd'es de Racine, qu’il crut devoir accompagner l'édition des œuvres de ce poète immortel ; ce commentaire parut inutile à des onvrages que Plus d’un siécle n’a pu faire vieillir, et dans lesquels ou trouve en- core cette élégance et cette pureté de style qu’on desireroit rencontrer dans les productions de nos tragiques modérnes. Le style dans les ouvrages de littérature peut être comparé aux couleurs dans la peinture. Lorsque Corneille créa, pour ainsi dire, notre tragédie, la langue francoiïse n’étoit pas encore débarrassée de ces expressions triviales, de ces tour- nures forcées que Pascal et Racine firent disparoître, les commentaires qui ont paru et qu’on multiplie sur le fondateur de notre scène tragique peuvent être de quelqu'utilité aux étrangers qui viennent en ad- mirer les chef-d’œuvres ; mais ils sont inutiles à des François instraits dans la langue qu’ils parlent , soit par principe, soit par l’habitude et l'observation. Molière , qui étoit contemporain de Racine , ne 28 Biographie. fut pas exempt des défauts de langage qu’on auroit relevé dans Corneille, et le commen“vire que Bret a ajouté à l'édition des comédies de cet inimitable moraliste, ne parut pas déplacé. On se souvient encore du procès que Luneau de Boisjermain eut avec les libraires de la première encyclopédie ; on sait avec quelle chaleur et quelle suite il défendit les intérêts des souscripteurs. Ce procès, qui dura neuf années, occupa successive- ment tous les tribunaux, fit éprouver à celui qui avoit si bien su démasquer les ruses intéressées des libraires , et l’astucieuse impartialité de Diderot , tout ce que l'intrigue , l'argent et la vengeance purent trouver de moyens de le perdre, et ils y parvinrent; rien ne put l'empêcher de les poursuivre, Linguet le soutint par des mémoires, dans lesquels il dé- ploya toute la puissance de sa dialectique, et toute la force de la raison ; Luneau plaida lui-même cette cause avec courage et avec succès ; la Grand’-Cham- bre fut partagée dans ses voies, et la cause fut ren- voyée à une des enquêtes où quelques sacrifices de Ja part des libraires, persuadèrent qu’ils avoient été fondés à demander aux souscripteurs de l’encyclo- pédie quatre ou cinq cent francs de plus qu'ils ne s’étoient engagés à payer par la souscription. Les libraires avoient voulu empêcher Luneau de vendre chez lui les ouvrages de sa composition, ils avoient saisi tout ce qu’il avoit faitimprimer à grands frais ; ils étoient parvenus à lui enlever la confiance de ceux qui lui avoient remis des fonds nécessaires à ses diverses entreprises littéraires, ils l’avoient Luneau de Boïsjermain. 29 privé enfin , par une persécution animée par la haine , de toute ressource. C’est alors qu’il imagina cette correspondance entre Paris et les Provinces, qui facilitoit à ceux qui vouloient se procurer les ou- vrages soit anciens soit modernes qui s’imprimoient à Paris, les moyens de les recevoir avec exactitude et au prix qu’ils les auroïent achetés chez les libraires, Ce projet eut le succès que son utilité annoncoit ; les littérateurs, les amateurs de nouveautés s’em- pressérent bientôt de jouir d’une circulation qui fa- vorisoit leur goût ou leurs besoins, et qui les mettoit à l’abri des longueurs et de lavidité des libraires de province. En même temps Luneau, toujours oecupé de fa- ciliter l’enseignement , voulut réaliser sur les meil- leurs auteurs anciens et modernes , le plan de Du- marsais , exposé dans son avertissement des Tropes, où il dit: « Je suis persuadé , par des expériences “ réitérées, que la méthode la plus sûre et la plus « facile pour commencer à apprendre le Jatin est “ de se servir d’abord d’une interprétation inter- « liguraire ,où les mots sous-entendus sont suppléés. " Quand les jeunes gens sont devenus capables de réflexion , on doit leur montrer les règles de la grammaire , et faire avec eux les observations “ grammaticales qui sont nécessaires pour lintel- « ligence du texte qu’on explique. » Les commen- taires de César et les œuvres de Virgile furent d’a- bord publiés d’après cette méthode ; des notes ac- compagnoient le texte du poète latin, eiles avoient paru d'autant plus nécessaires qu’il y a peu d’au- 30 Biographie. teurs qui aient été instruits plus que lui de la mytho- logie, de la géographie, de l’histoire. | Ce Cours de langue latine, en 5 vol. in-8.°, fut bien accueilli et même suivi dans plusieurs écoles particulières. On engagea Luneau à répandre ce éravail sui les langues modernes ; il publia succes- sivement un cours de langue italienne et de langue angloise. Dans le premier on trouve une explication interlinéaire en françois des Lettres Péruviennes, traduites en italien par Deodati, et le poème de la Jérusalem délivrée expliqué en francois mot à mot , et traduit en francois au bas de c raqne page. Daus le 2.° cours, on lit les Aventures de Télé- maque traduites du francois en anglois, expliquées interlinéairement de l’anglois en francois, et le Pa- radis perdu de Milton expliqué en françois mot à mot et traduit ensuite en françois; Luneau a cru devoir ajouter un Traité de la prononciation écrite des mots anglois, imprimée au bas de chaque page (x). Ces deux Cours en dix volumes grand in-8.° , de- voient étre suivis d’un pareil travail sur la langue espagnole, lorsque la révolution forca Luneau, comme tant d’autres littérateurs, à se mettre à l’abri deses fureurs. Depuis que le calme a rappelé la confiance et la sécurité , le C. Boulard a exécuté sur les meil- leurs auteurs allemands ce que les langues latines, italiennes et angloise avoient acquis de développe- ment , d'explications, de facilités pour devenir in- digènes parmi nous. QG) Ces différens cours réimprimés, en 1798, se trouvent chez ma- dame d'Fyernors, rue de Conde. Luneau de Boïsjermain. 31 Ce étoit point seulement pour les jeunes gens que cette méthode grammaticale avoit été , pendant plusieurs années , l’objet des réflexions et des travaux de Luneau de Boisjermain, il avoit également en vue d’initier , dans l’étude de ces différentes langues, ceux qui n’avoient pas été à portée, dans leur pre- miere éducation , d’en être instruits, et ceux que des destinations d'état forcoient à en faire une étude particulière ; et il eut la satisfaction d’apprendre que ce but avoit eu le succès qu’il en espéroit. Des bommes que le dégoût des principes avoient éloigné d’une occupation aussi insipide que pénible à un certain âge , avoient fait usage d’une méthode qui faisoit disparoître les aspérités qui environnent les élémens des langues, et étoient parvenus, dans l’es- pace de trois mois, à lire , à comprendre, et à par- ler même l1 langue qu’ils vouloient savoir. C’étoit Ja récompense la plus flatteuse qu’il retiroit journe]- lement des travaux auxquels il s’étoit livré et des dépenses qu’ils avoientoccasionnées. Il desiroitachever de remplir la tâche qu'il s’étoit imposée en appli- quant sa méthode à la plus beile et la moins cul- tivée des langues , et sur le premier et le plus riche des poètes grecs. Il en sollicitoit les moyens lorsque la mort l’a enlevé subitement à des occupations utiles , à l’enseignement public qui avoit été, pen- dant toute sa vie, sa passion dominante, à des amis qu’il avoit su conserver et qui le regrettent. Luneau de Boisjermain avoit un caractère pro- noncé que les difficultés ne rebutoient pas , que les malheurs ne dégradèrent pas , que la tonrmente ré- 32 Biographie. volutionnaire et les compressions de la terreur ne firent point fléchir; il fut toujours le même, dans V'aisance et dans les privations , dans les événemens pénibles de la vie, et dans ceux de l’ordre social; les sentimens nobles , élevés , et analogues à son caractère , l’éloignerent de l'intrigue et des bas- sesses qui servent presque toujours mieux que le mérite. Obligeant jusqu'aux prévenances ; il se li- vroit souvent à des démarches ignorées de ceux qu’il vouloit servir ; et, si le succès ne les favorisoit pas, il pouvoit du moins se rendre témoignage de leur désintéressement. Son imagination, toujours active , étoit sans cesse occupée de plans d'amélioration , de projets d’utilité générale, dont le motif étoit sans . doute louable, si l'exécution n’en étoit pas prati- cable. Son dernier mémoire en faveur du commerce de la librairie démontre cependant que les entraves qui pesent sur lui, nuisent autant à l'intérêt public qu'à l’intérét particulier. Luneau n’a été apprécié ni comme littérateur , ni comme homme vraiment esti- mable sous le rapport des qualités civiques et socia- les; il en a trouvé le dédommagement dans l’atta- chement de ceux qui avoient su le connoître. Salut et amitié. AJ EE ER: BEaux-ARTS. PPT BEAUX-ARTS. DESCRIPTION du cabinet de M. Paul DE PRAUN, à Nuremberg ; par Christophe- Théophile DE Murr. Avec sept planches. Nuremberg, chez Schneider. 1797. Xxx11 et 511 pages in-8.° (*). Pau de PRAUX descend de la famille des B:uns ou de Brunis de Zurich, qui occupoient déja aa XIL:® siécle des places au magistrat de cette ville. Rodolphe Brun y fut le premier bourgmestre en 1350. Un de ses fils, Frédéric, s'établit à Nurem- berg en 1363. Etienre de Praun , père de Paul, eut encore une maisou à Bologne. Paul naquit à Nu- remberg en 1548 ; doué de qualités estimables, il avoit Pesprit vif, cultivé par la lecture. Son goût pour la peinture, la sculpture et la gravure étoit nourri par Je commerce avec les artistes du premier rang, Jean de Bologne, Calvart, Le Guide, Lan- franc , les Carraches , etc. Il divisoit les soins pour ses collections entre Nuremberg et Bologne. En 1589, il avoit déja recueilli, dans la premiere de ces villes, quantité de bustes, de bronzes , de médailles anti- ques , de pierres gravées, de dessins , de tableaux, d’estampes. C’est à Bologne , qu'il fit acquisition des débris du fameux recueil de dessins du célèbre (*) J'ai donné dans le tome I, p. 382, année I11 de ce journal, un extrait de cet ouvrage ; mais celui que m'a adressé mon ami le profes- seur Oberlin, contient des details iutéressäns ‘qui m'ont engagé à l’a dopter. A. L. M. Tome IT. € 34 Beaux-arts. Vasari, que son héritier avoit apporté de Rome: En 1616, il envoya sa précieuse collection à Nu- remberg , et la donna à sa famille en fidei-commis; il alloit s’y rendre lui-même dans l'intention de finir ses jours dans sa patrie, mais la mort le prévint au mois de juillet de cette année. Il fut enterré dans l'église des religieuses de Sainte-Catherine, où son frère et ses neveux lui firent poser un monument , orné de son baste. M. de Murr a fait graver ce monuments il y eut aussi des médailles frappées en son honneur. La description du cabinet offre d'abord des ta- bleaux au nombre de 250. Il s’y trouve des chef- d'œuvres de différentes écoles, nommément de celies de Florence , de Léonard de Vinci, de Michel- Ange , d'André del Särto, etc. — De l’école ro- maine, de Raphaël d’Urbino, de Jules Romain, du Caravaggio. — De l’école de Venise, du Titien , du Tintoret, du Bassano, de Palma. — De l’école de Bologne, de Calyart, de Guido Reni, de Lanfranc. — De l’école allemande, de Michel Wolgemuth, d'Albert Durer, de Hans Hoffmann, de Nic. Ju- venel , de Hans Beham, de Jobst Ammann, de Michel Herr. — De l’école flamande, des Pierre Breughel vieux et jeune , de Jaq. Jordaens, de Pierre Schaubruck et autres. | M. de Murr, en faisant l’énnmération de ces ta- bleaux, en distingue le mérite. 1] fait remarquer entre autres le portrait de Michel Wolgemuth peint par son élève Albert Durer.— Quatre petites têtes de Léo- nard de Vinci.— Le portrait de Martin Schæn, peint sur bois en 1433. Cette peinture porte au dos une Mélanges. 35 inscription qui est d'autant plus intéressante qu’elle paroît décider la question élevée sur la patrie de Martin Schoen. La voici : Mayster Martin Schongawer, Maler, genant Hüpsch Martin, von wegen seiner Kunst, geborn zu Kolmar, aber von seinen Aellern ein Augspurger burgerliches Geschlechts von Haus geborn; Von seinen Erben zu Kolmar ; anno 1499. auf den 25.ten Hornungs. Dem Got genad. Jch sein Jünger Hanns Leykman ; im jar 1483 (1). Au dessus de la tête est écrit: HrPsCH MARTIN SCHONGATER MALEr. 1483 ; avec des armoiries, un croissant rouge dans un écusson blanc. Ce peintre est mort en 1486. Un tableau allégorique de Nic. Juvenel mérite d’être cité. Il représente les sept arts, quelques- uns endormis ,; d’autres s’endormant pendant Ja guerre, qui se voit au fond du tableau. Mercure envoyé des dieux assemblés sur l’'Olympe , pour les éveiller, présente son caducée à Ja poésie. Aux pieds de larithmétique on lit sur une tablette ces vers, dont Je sens l'emporte sur le style : LITERAE REBUS MEMORARE (2) CADUCIS # SUSCITANT VITAM. MONUMENTA FIDA ARTIUM CONDUNT REVOCAS AD AURAS LAPSA SUB UMEBRAS. C'est-à-dire : « Les lettres rendent la vie aux choses ‘« périssables en les transmettant à la postérité. Les (x) Les peintres ne sont pas toujours grands rédacteurs. La contra- diction n’est qu’apparente dans celte inscription. L'année 1485 est celle où la peinture e& faite. Ce n’est qu'en 1499 que Leykmann s’est avisé d'y ajouter la notice. © (2) Mermorare est peut-être mis pour z2e/10rando. Ca 26 Beaux-arts. « monumens des arts ramènent à la lumiere du jour « ce qui a déja passe. dans l'empire des ombres. m. Sur toile de 6 pieds de haut, 7 pieds 9 pouces de large. _ Sur la bordure au haut et au bas , on lit ces vers en letires d’or. En haut (Ce sont les arts libéraux qui parlent ): IN PRETIO MARS EST. NOS SOMNO TURBA PUTAMUR NATA, PATRES PRI CI QUAS ALUERE TAMEN. NOS ALIMUS PACEM. MAVORS FÉRA PRAELIA POSCIT. OPPRIMIMUR MISERAE; SAEVUS AT ILLE PLACET. QUID UM? SPERATUS VENIET FOST NUBILA PHOEBUS, , NAM JUSTO SUPERI LUMINE CUNCTA VIDENT. « C'est Mars quisrègne; pour nous, MONS parois- sons condamnées au sommeil, cependant jadis on « avoit soin de nous nourrir. Et nous, nous nourris- « sons la paix. Mars se plaît à l'horreur des combats. « Malheureuses que nous sommes, On nous opprime. « Le cruel Mars est fêté. Mais quoi ! le soleil, nous « l’espérons ; percera les ténebres. Car enfin la Provi- « dence a les yeux ouverts partout. ” Au bas ( La parole est adressée à la Muse de l’élo- quence ): RHETORICO POLIENS FOECUNDAE FLUMINA LINGUAE, VIRGO, GRAVI JUSTOS PROFER AB ORE SONOS. PRO GLADIO CALAMUM CAPE, QUO TUFEARE SORORES, MARS CADET, ET NOBIS RETRIBUETUR HONOS. IN PROMPTU CAUSA EST : SUPERUM QUIA JUPPITER IPSE VULT GRAVE PRO NOBIS PONDUS HABERE PRECES. « Muse jiqui enseignes V’art de bien parler, et qui « en dounes le talent, pranonce avec dignité une sen- Mélanges. 37 “ tence juste. Au lieu du glaive, prends la plume pour défendre tes sœurs. Mars tombera , et on nous « honorera de nouveau. La raison en est claire. Ju- «“ piter lui-même veut que tes prières pour nous « soient efficaces, » Paul de Praun étoit tellement attaché à sa col- lection, que l’empereur Rodolphe II, l’ayant prié de lui céder quelques tableaux de grands maîtres, il s’en excusa et refusa tout net. Il en fit de même envers le duc de Saxe-Gotha , qui lui avoit offert dix mille florins pour un tableau de Guido-Reni. A la suite des tableaux, M. de Murr fait con- noiître des miniatures précieuses , gardées dans une cassette d’ébene à huit tiroirs. Suit une grande quantité de dessins des plus grands peintres des écoles italiennes , allemandes et flamandes , et nom- bre de gravures exécutées , d’après ces dessins, par J. Théophile Prestel , célebre peintre de Nuremberg, Les estampes du cabinet de Paul de Praun, qui remplissent 24 porte-feuilles , présentent une collec- tion aussi étonnante par leur nombre que par la rareté d’une quantité de pièces. Le porte-feuille A offre l’œuvre d'Albert Durer, la gloire de Nurem- berg, né dans cette ville en 1471, mort en 1528. Les estampes de cet artiste sont au nombre de 350, dont 104 gravées en taille douce, le reste en bois. Toutes ces estampes sont des premieres épreuves. Paul de Praun les avoit achetées des héritiers de Ven- ceslas Jamitzer, qui les tenoit d'Albert Durer lui- même , et d'André, son frère cadet. Avant M. de Murr , G. W. Knorr avoit déja publié un catalogue C à 38 Beaux - arts, de l'œuvre de ce grand maître , inséré dans son 4//- gemeine K ünstler-Historie, in-4.° Nuremberg 1759; et Henri-Seb. Hüsgen avoit donné un catalogue raisonné des gravures en taille-douce du même, in-8.° Franc- fort, 1778. Quant aux gravures en bois d’Albert Durer , il en existe aussi une notice publiée par feu le baron de Heineke dans ses Neue Nachrichten von Kinstlern und Kunsisachen , in-8.° Dresden , 1786. Quiconque sait ce que c’est que le travail xylographi- que, doit être étonné de la quantité prodigieuse de ces ouvrages , admirables pour leur finesse et leur précision. Albert Durer grava Jui - même plusieurs de ces pièces, il fournit les dessins pour d’autres qu'il fit graver par Hans Schæufelein , Albert Alt- doerfer, Jérôme et Wolfgang Resch, Hans Burg- mair, Hans Guldenmund et autres. On distingue dans le nombre, surtout la petite passion, en 37 morceaux, et la grande en douze; l’apocalypse en seize feuilles, des figures de saints, des pièces allé- goriques ; l’une d’elles représente le peuple foulé par Ja tyrannie, vexé par l'usure et l'hypocrisie, mais consolé par la raison, la justice et la parole de Dieu. — Plus une forteresse assiégée, en deux planches, que Papillon, dans son traité sur la gravure en bois, regarde comme le chef-d'œuvre de Durer. _ En 36 feuilles le grand are de triomphe, inventé par Jean Stabius, géographe et historiographe de Maximilien Ÿ , et peint au grand salon. de l’hôtel- de- ville, par Albert Durer, gravé en bois par le même. — Un des plus grands ouvrages xylogra- phiques est celui qui représente l'entrée triom- ES ONE Mélanges. 39 phante de Maximilien I, dont l’ordonnance a été inventée par l’empereur Jui - même, et par Jean Stabius, en 1512. Les planches de bois , gravées par Hans Burgmair, sur les dessins d'Albert Durer, sont au nombre de 135, dont 44 n’ont jamais été tirées ; elles sont conservées à Ja bibliothéque im- périale à Vienne. LL Enfin, le cabinet de Praun conserve des dessins de Durer faits à la plume, où au crayon rouge. Le porte-feuille B contient Fœuvre de Henri Gol- tzius et de Jacques Matham, 462 pièces, Les sujets sont tirés soit de l’histoire sainte, soit de l’histoire ancienne, et de la mythologie. Il s’y trouve aussi des pièces allégoriques. observe en passant, que parmi les Memorabilia aliquot Romanæ Strenuitatis exempla, gravés par Goltz, à limitation d’Alde- grever, on voit Titus Manlius exécuté par la guillo- tine, ce qui montre que Ïa première invention de ce supplice n'appartient pas au C. Guillotin. Dans le porte-feuille C on trouve les œuvres de Raphael, de Michel-Ange, d'André del Sarto , du Corrège, de Marc- Antoine , d'Augustin Venitien, de Mare de Ravenne et d’autres maîtres italiens, au nombre de 357 pièces. Parmi les plus remar- quables sont le cimetière ou le souvenir de Ja mort de Marc de Ravenne , — la Sainte-Famille, d’apres Raphaël, par plusieurs maîtres, — Saint-Jérôme , du Correge , — le massacre des Innocens, d’après le même , et d’autres, — le dernier jugement, d’après Michel-Ange, gravé par Martin Rota, — le jn- gement de Päis, d’apres Raphaël ; gravé par Mare- C 4 40 Beaux-arts. Antoine, — les grimpeurs ou la guerre des Pisans, célèbre cartou de Michel-Ange, gravé par Michael Lucchese, la grande foire de Florence , par Jaq. Callot , — Laocoon avec ses fils en singes, carica- ture satyrique contre Baccio Bandinelli, gravée en bois, d’apres le dessin du Titien, — les amorosi diletti dei Dei, selons l’invention desGiulio Buona- sone , etc. Des statues et des édifices la plupart antiques, gravés par des maîtres italiens, composent le porte- feuille D, au nombre de 360 pièces. Les porte-feuilles suivans contiennent grand nombre d’estampes des maîtres hollandois et allemands , tels que Lucas de Leyde, Michel Wolgemuth, Martin Schœn, Lucas Cranach , Hans Sebald Beham , Jean, Raphael et Gilles Sadeler, Martin de Vos, Martin Hemskerk , Corneille van de Bosch, Michel Herr, et plusieurs autres. — Enfin, il y a quelques plan- chis de cuivre, gravées par Schoen , par Sebald Be- ham et autres. Des estampes M. de Murr passe à la description des statues , bustes et bas-reliefs tant antiques que modernes , qui ornent le cabinet de P. de Praun. Il s’en trouve en bronze, en marbre et albâtre, en terre cuite, en bois, en verre, en ivoire. Les pierres précieuses gravées et autres de ce ca- binet en font une des principales richesses. Elles passent le nombre de 1200, dont M. de Murr donne une descriptiou tres-détaillée dans un ordre systéma- tique. [l y a dans le nombre de ces pierres gravées des pièces extrémement précieuses, et de grands chef- Mélanges. 41 d'œuvres de l’art. Aussi M. Lippert a-t-il inséré les empreintes d’üne cinquantaine au supplément de sa dactyliothéque (3), et M. Goetzinger, à Anspach, en a fait entrer une douzaine dans ses petites col- lections de soufre , offertes au public en 1777, et années suivantes , dans des cassettes contenant cent pièces chacune. Parmi les pierres ægyptiennes, qui sont au nom- bre de 30 , je remarque un onyx, représentant une Isis debout , ayant sur la tête la feuille de Ja perséa, et tenant de la main droite un sceptre et un timon, et de la gauche une corne d’abondance. — Un autre qui offre une Isis. — Canope en profil, du travail le plus fin et le plus délicat avec la tige de lotus sur Ja tête. On sait que les pierres gravées persannes sont de la plus grande rareté. Le cabinet de Praun en contient quatre, dont deux en forme de cylindre, une de celles-ci, en malachite, représente un combat d'animaux, semblable à ceux qu’on voit sur les mo- numens de Persépolis. L'autre, en hématite, paroît offir des prêtres ou quelqu’objet relatif au eulte. Suivent dans ce cabinet 825 pierres étrusques , grecques et romaines, dont 6,2 appartiennent à la mythologie sacrée de ces peuples; les autres à l’histoire ancienne fabuleuse et véritable. Il ne con- vient pas, sans doute , d’entrer ici là dessus dans un grand détail. Je ne peux cependant m’empécher de faire remarquer quelques pièces des plus rares et des plus belles. . (5) Publié & Leipzig en 1776. 42 Beaux - arts. N.° 49. Sur un jaspe rouge ; Saturne de face, voilé , assis , tenant de la main droite la faux tournée vers la terre, et portant la gauche à sa tête comme pour relever son voile. N° 73. Sur une chalcédoine montée en or; Ju- piter assis sur son trône; à ses pieds, l’aigle qui le regarde, 11 tient une patere de la main droite, et de l’autre un long sceptre. C’est Jupiter Philius, Zibs Qiu@+ xx En@, comme Lucien (4) l'appelle. La gravure en est excellente. : N° 104. Sur une cornaline; un aigle, dont la poitrine est formée de la tête d’un jeune homme de face : ce qui représente peut-être l’enlevement de Ganymède (5). N.° 110. Sur une cornaline ; Hébé, fillede Junon, debout ; elle goûte , comme échansonne des dieux, le nectar d’une patère qu’elle porte à la bouche. Une draperie légère lui descend des épaules. Der- rière elle, est un cep. Homère célèbre les chevilles de ses pieds délicats (6). Ne 151. Sur un onyx; Arachné transformée par Minerve en araignée, In latere exiles digiri pro cruribus hærenr> Cætera venter habet, de quo tamen illa remittie Sramen, et antiques exercet aranea telas (7). N.° 203. Sur une chalcédoine; Diane d’Ephèse, (4) In Timone, initio. TaisrAn, Commentaires hist. t. I ,p.418 t. III, p. 54. (5) Desc. des pierres gravées de Stosch par Winckelmann, p. 5g. (6) “H6y Keir@upos, Onxss. À, 602. Hymn. in Herc. 8. (7) Ovro. Metam. NI, 145. Mélanges. 43 debout, en face, avec une espèce de boïsseau sur la tête, sans appui, entre deux bœufs, ayant dans la main gauche deux épis de bled , et dans la droite un fouet (8). Le fouet signifie les coups que les jeunes Lacédémoniens se donnoïent à sa fête. La déesse est entre Vénus, à laquelle Cupidon pré- sente une couronne , et Pallas qui tient de la main droite une petite statue de Mars. C’est Diana Tau- rica , Tavpie , Tawpeméx@*, ou de la Scythie Tau- rique , comme on la voit sur des médailles (9), et sur une pâte antique de feu le baron de Stosch (ro). La gravure de cette pierre est très-belle. N.° 205. Sur un jaspe ; une tête de Mercure avec le caducée , d’excellente gravure. Cette tête ressemble à Alcibiade ; les artistes aimoient à saisir cette res- semblance, Aussi la tête d’une médaille grecque de la ville d’Eucarpe en Phrygie, nous donne la véri- table physionomie de ce célebre athénien. C’est VPopinion de Haym (r1) ; l'abbé Eckhel reconnoït Antinoüs sur cetie médaille (12). Mais il y a dans Lippert une pierre gravée avec le nom même d’Alcibiade (13). C’est avec celle-là qu'il faudra confronter le jaspe dont il s’agit. (8) Le Fouet se rapporte à la fête appelée dapasiyariss c'est- ä-dire, la flagellation. V. Meursit Græcia feriata, p. 85. © (9) Patini Num. Imper. p. 85. (10) WinckezmaAnx. Descr. p. 7e (11) Thes. Britann. $. x1. pl. 24. 8° 1. p. 126 de la traduct. lat de feu le P. Joseph Khell. (12) Doctr. N. N. ver. vol. 5, p. 155. (15) Supplément à sa Dacislioihéqus, 0.9 126, 44 Bcaur- arts. N.° 316. Sur une cornaline; la Victoire dans un char attelé de deux serpens couronnés. M. Lippert les a pris pour des dragons. Sujet rare. | + S'il m'est permis de hasarder une conjecture, je dirois que , comme le serpent a été le symbole du salut , cette allégorie pourroit se rapporter aux effets et suites salutaires de la victoire , qui auroit amené la paix. - N° 357. Sur une topaze, Cupidon sortant de la fleur de Colocasia et tâchant d'attraper un papillon. Allégorie voluptueuse. Lippert l’a expliquée et en a donné l’empreinte (14). On sait que le papillon est le symbole de l’ame. . N° 423. Sur une agate ; Psyché nue et de belle face, porte la boîte du fard de Proserpine dés en- fers, ce qui est signifié par les flammes à ses pieds. Psyche Veneream pertulit legationem , statimque se- creio repletam conclusamque pyxidem suscipit, et longe vegetior ab inferis recurrit (15). Sujet très-rare. C’est l’explication la plus naturelle de cette pierre, N.° 432. Sur un jaspe gravé des deux côtés, Nep- tune couché à terre tient un poisson. Au revers de la pierre on voit Harpocrate avec les mots gnosti- ques à rebours: IAo AAA@AN AZAA. i. e.'IA'o dhabeiær draXtæ, Deus veritatem tranguillam ! comme l’ex- plique M. de Murr, ou peut-être, comme je pense, TAo Anlear xg4 ’Aradter, Deus veritatem et tranquil- litatem ! ce qui est un beau souhait. Que Dieu donne la vérité à connoître et la tranquillité ! (x4) Supplément à sa Dactyliothèque, n.° 458. (15) Aruzzrus Metam. liv. VI, p. 181 de l’édir. d'Elmenhorst, Mélanges. 49 N.° 553. Sur une agate en forme de scarabée, gravure étrusque. Un vieux faune couché tient un vase à deux anses. À ses pieds est un cratère. M. de Murr observe à cette occasion, que le cratère n’étoit pas toujours une coupe ou une tasse, dont on se servoit pour boite ; mais aussi un vase assez grand pour que Rhétus, effrayé du carnage que faisoit Euryale, pût se cacher derrière (16). M. Lippert en a donné l’empreinte (17). £7o. Sur une cornaline; une Mænade , un genou sur un aute], agitée des fureurs bacchiques, la tête renversée, les cheveux épars ; elle tient’une petite figure de femme jouant d’une flute. L’original de cette gravure étoit sans doute fameux dans lPim- tiquité, a en juger par la quantité de copies qu’on en trouve. Une pareille, présentée à Henri IV, par le sieur de Bagarris, se trouve parmi les trésors de l’art, dans le Cabinet des antiques de la Bibliothéque nationale (18). N.° 590. Sur une cornaline montée en anneau d’or, Hercules musagetes ou Hercules musarum. Idée heu- reuse, qui peut être appliquée à des princes où à d’autres personnes qui possédent le pouvoir et l’au- torité , et protègent les muses. M. de Stosch (19) avoit une pâte de verre tirée de cette cornaline. N.° 688. Sur un beryl ou une aigue marine; figure héroïque, le diadéme en tête montée sur (16) Vrrerc. Æ£n.liv. IX, v. 346, Homer. I/iad. À, v. 470 et 63r. {t7) Au suppl. n.° 278. (18) Voyez Marterte ,t, II, n.° 4r. (x9) Descr. des pierres gravées, p. 285. 46 Beaux - arts. un dauphin , avec quatre caractères étrusques ; belle gravure, dont le baron de Stosch avoit une pâte de verre. Winckelmann (20) croyoit y voir Me- licerte ou Palemon , qui fut sauvé par un dauphin, quand sa mère Ino, pour se dérober à la fureur d’Athamas , son mari , se jeta avec lui dans la mer. M. Lippert, qui en a inséré l’empreinte dans son supplément, n.° 16, l’a pris pour Taras, fils de Neptune, fondateur de Tarente. M. de Murr a heureusement déchiffré dans la légende étrusque le nom de Zket ou Icadius, fils d’Apollon et de la pymphe Lycie, qui fut sauvé dans un naufrage par un dauphin, et porté au pied du mont Parnasse, où il consacra un temple à son père Apollon (21). Ne 689. Sur une sardoine; Chiron enseignant à Achille à jouer de la lyre. C’est presque la même gravure, que celle sur la sardoine du baron de Stosch (22) ,comme aussi sur une autre du cabinet de Florence. Elle est encore semblable à la célèbre peinture antique d’Herculanum (23). On litsur cette pierre les lettres M. IEC. N.° 730. Sur une sardoine , grande pierre ovale de presque deux pouces de hauteur, sur un pouce et huit lignes de largeur. Vulcain forgeant un casque pour Ænée, à la prière de Vénus, qui tient une enseigne militaire. Mercure assis et tenant son ca- ducée tourne le dos et regarde la déesse Tacita où (ao) Ibidem, p.855, n° 189. (21) Senvius ad AÆneïid. liv. TITI, v. 532, (22) Descr. des pierres gravées, p. 3604 (5) T. 1,11 3 O0 Mélanges. 47 Siopele. Numay qui introduisit cette divinité (24), est vis-à-vis d'elle, et tient une enseigne militaire avec l’aigle, L'enfant, qui tend ses bras à Mars, est Anteros, Gravure romaine. N° 749 et 750. Sur deux cornalines, un homme ayant un genou à terre présente à un romain, assis dans la chaise curule sur une tribune, la téte d’un jeune homme. M. Lippert, qui a publié l’empreinte de la premiere de ces pierres (25), pense que c’est Marc Antoine, à qui Hérennius présente la tête de Cicéron. M. de Murr croit y voir Théodote , qui ap- porte la tête de Pompée à César. Le cabinet impé- rial à Vienne possède une pierre exactement sem- blable , dont Lippert a publié l’empreinte (26). Une troisième est rapportée par Gori (27) et Licetus (28). N° 791. Sur une cornaline ; une tête d’homme et trois de femmes. M. Lippert (29) donne ces quatre têtes pour celles de Ptolémée I, de sa femme Béré- nice, de Ptolémée Philopator et d’Arsinoë. M. de Murr s’étonne de ce qu’un connoiïsseur aussi éclairé, ait pu prendre ces faces romaines, assez connues, pour celles de rois et de reines d’Ægypte. Pour lui , il reconnoît sur cette pierre Caligula et ses trois sœurs Julie, Agrippine et Drusille. N.° 843. Surun jaspe , le buste de Septime Sévère, (24) PiurarcHUs in vita Numæ, c. xt, (25) N.° 215 de son Supplément. (26) Dans sa Dactylioth. n.e 568. (27) Inscr. entig. post præfaë. LXI, t. VII, n.° 2, (28) Gemnnue p. 248. (29) Daus son Suppl. n.° 94; 48 | Beaux - arts. ouvrage précieux, dont l’empreinte est donnée par Lippert, n° 339. N° 931. Sur une prime d'émeraude; un homme galopant avec quatre chevaux. Il tient de la main droite une couronne, et de l’autre une palme. « Ce sont ici ces equi desultori (30) mentionnés dans les anciens auteurs jusqu’au nombre de six. En tout cas, ila fallu beaucoup d’adriesse pour galoper avec quatre ou six chevaux de frout, et pouvoir sauter de l’un sur l’autre (31). Les Romains poussoient la chose jus qu’à douze chevaux de front. Le cavalier avec vingt chevaux de front sur une cornaline blanche du comte de Caylus(32), ne semble pas être non plus sur un char , mais plutot monté sur un des chevaux. » (Cependant ce ne sont pas là des equi desuliorii), N\° 941. Sur une cornaline, un squelette avec la légende FN@GI CEAYTON , nosce te ipsum. M. Lip- pert (33) en a donné l’empreinte , et il observe que , quoique les anciens ayent représenté ordinai- rement Ja mort sous la forme d’un jeune homme tenant un flambeau renversé, on ne laisse cependant que de la trouver aussi sous celle d’un squelette. I] cite, à l’appui de son opinion deux autres pierres semblables. M. de Murr décrit ensuite 24 pierres gravées basilidiennes, connues sous le nom d’Abraxas. Ces (50) Fronus, liv. III, c. 3. Suer. in Ner. c. 24. Cf. Sazmasius ad FVopisci Carinam , c. 10. (31) Descr. des pierres gravées , p. 468, (52) Rec. d'Antig. t. 1, pl. 1x, n.° 4. (35) Daus son Supplément, n. 473, pierres, Mélanges. 49 pièrres, comme on sait , présentent , pour la plupart, des figures et des légendes bizarres, dont le fond, tiré du culte ægyptien , a été mêlé par les gnostiques, sectaires du IL. siécle, au culte hébreux et chré- tien. Ces Abraxas servoient d’âmulettes à leurs sec- tateurs süperstitieux , qui les employoient contre la sorcellerie et même pour la guérison des maladies, témoin l’Æbracadabra du médecin Serenus Sammo- nicus du IIL.° siécle, qui le prescrit contre la fièvre tierce dans ces termes. Tnscribes chartæ, guod' dicitur AsrAcaparra, , Sæpius et subter repetés, sed detrahe summam Er (lisez Ut) magis atque magis desint elémenta figurie Singula, quæ semper rapies, et cetera figes, Donec in angustum redigatur littera conum. His lino nexis collurmn redimire memento. Talia languenti conducent vincula collo, Letalesque abigent, miranda potentia ! morbos. Après ces pierres basilidiennes, suivent dans la description du cabinet, 13 pierres et sceaux arabes d'écriture kufique ou carrée, que M. de Murr a fait graver, et dont il donne l'explication d’après M. Tychsen , professeur des langues orientales à Rostock, Suivent 75 camées antiques ou pierres gravées en relief. On y remarque les bustes ou les têtes de divi- nités, ainsi que de plusieurs princes de l’antiquité, comme d'Antoine et de Cléopatre, d’Auguste et de Livie, de Néron, de ‘sa mère Agrippine, de sa femme Poppée, de,Vespasien, de son fils Titus, de Marc-Aurele et de son frère Vérus , de Crispine, femme de Commode, etc. des figures d’animaux, ete. Tome TI, D 90 _ Beaux-aris. Les gravures modernes, que le cabinet contient sont au nombre de 13. Il s’y trouve les têtes et les bustes de Jésus-Christ , d'Hippocrate, de Cicéron, de Marc-Antoine et de Cléopatre , de Mahomed , de Pétrarque, etc. Outre ces pierres gravées, ce cabinet en renferme une grande quantité de précieuses et fines, qui ne sont pas gravées. Le médaillier du cabinet est encore bien considé- table pour la collection d’un particulier. Il s’y trouve, 20 pièces en‘or, 1033 en argent, 1224 en cuivre, 1519 en plomb et une en verre , en tout 3797 pièces, Je remarque parmi les médailles de rois grecs, un grand médaillon d’argent de haut relief d’un roi Anti- gonus, comme porte lalégende BAZIAEOZ ANTITONOY. Cet Antigonus surnommé Soter, est le même qui, dans le partage que firent les généraux d'Alexandre après sa mort, eut la grande Phrygie ou l’Asie, proprement dite , pour sa part, et qui , ayant défait Ptolémée et les confédérés près de Citium, prit le premier, avec son fils, le titre de roi. C’est à cette victoire navale, que se rapporte le revers du mé- daillon , où l’on voit Apollon nu, assis sur une moi- tié de vaisseau, tenant un arc dans sa main droite, au dessous du vaisseau on aperçoit un dauphin. Le célèbre Winckelmann, qui a fait graver le médail- lon (34), a pensé qu’il faisoit allusion au surnom de (34) Dans ses Monumenti inediti, n.° 41. Elle se trouve aussi dans la traduction de Huber de l’art de l’Antiq. de Winckelmanu, t, LU, P> 9 Mélanges. 55 Délphinios, donné par Homère (35) à Apollon, parce qu’il s’étoit métamorphosé en cet animal , lorsqu'il conduisit, sur un navire crétois, la première colo nie dans l’île de Délos. Jusque-là point de doute. Mais les antiquaires ne sont point d’accord sur la tête qu'offre l’autre côté du médaillon. Cette tête est celle d’un vieillard couronné de lierre , sa barbe touffue ressemble dans son jet aux poils de chèvre, Les cheveux, qui avancent sur son front, ont la forme de deux cornes. Le P. Froelich (36) et M. d'Ennery (37) prenant les feuilles de lierre pour des roseaux ou des feuilles de jonc, croyoient voir la tête de Neptune, auquel se rapporte sans doute le trident planté sur le vaisseau, lequel cependant ne se trouve pas dans la médaille telle que le P. Froelich la donne, on n’y voit pas non plus le dauphin, Winckelmann reconnoît sur la médaille le dieu Pan, surnommé @eroxmns , c’est-à-dire, au poil hérissé. M. de Murr a adopté cette opinion. L’abbé (38) Eckhel avoit d’abord suivi celle du P. Froelich et pris (39) la tête en question pour celle de Neptune , mais un passage d’Hérodien lui apprit qu’Antigonus , suivant l’usage de son temps, avoit adopté le costume de Bacchus en ceignant sa tête de lierre en place de diadême, et portant {35) 1n Hymno Apollinis, v. 495: (56) Annales regum Syriæ, tab. IL, 0.9 1: (57) Catalogue des médailles. p. 17. (38) Doctrine NN. ver. vol. Il, p. r18, « (59) Liv. I, ec. 6. Sraxuznu, de wsu er præst, NN., avoit déja cité ce passage, €, Z, p. 438, diss, vu. D 2 52 Beaux-arts. le thyrse en main. Il conclut de là qu’il est plus que vraisemblable, que dans sa médaille il a voulu représenser Bacchus, sa divinité favorite. Un autre grand médaillon d’argent de ce cabinet est celui du roi de Syrie, Séleucus VI, surnommé V'illustre vainqueur d’après la légende |, BASIAEQE SEAEYKOY EINIDANOYE NIKATOPOS. Le roi est re- présenté ceint du diadéme, au revers il ÿ a Pallas debout , armée, tenant une victoire dans a main droite. On lit dans le ‘champ AAE AH, c’est-à-dire, "ANtEæydpEæy dinQ. | Les médailles d’argent de 45 villes et peuples sont au nombre de trois ; parmi les pièces rares se trouvent : Une médaille de Ja ville d'Ægium d’A- chaïe de la plus haute antiquité, qui offre d’un côté une tortue ayec l'inscription AT, de l’autre un carré partagé en quatre parties creuses , dont trois ont les lettres IN et un poisson, le quatrième.est partagé diagonalement par une bande transversale, L'abbé Eckhel (40) en représente le type. Une médaille de Dyrrachium de PIliyrie avec le nom du magistrat KAEITOPIOY. Une médaille de la ville de Nagidos de l’ile de Cypre. Elle représente d’un côté Bacchus, l’indien, tenant une grappe de raisin dans la main droite et la pique dans l’autre. Sur le champ on lit NATIAIKON, Cette forme d’adjectif possessif n’est pas fréquente dans les médaillons et suppose le terme de vus ou de quelque espèce de monnoie sous-entendue de facon (40) Dans se5 Num veteres anecdoti, pl. 8, n° 8 Mélanges. 53 que Île sens est, monnoie de Nagidus ; au revers on voit Vénus demi-nue, ayant un boisseau sur la tête, comme Sérapis, et tenant la patère en main; on voit dans les airs Cupidon volant et paroïissant vouloir la couronner ; au bas, un animal qui ressemble à une souris ou à un lièvre. L'abbé Eckhel (41) qui représente la médaille prouve qu’elle appartient à l'ile de Cypre, et qu’elle sert à confirmer la correc- tion d’un passage corrompu dans Strabon (42), où le nom de la ville étoit estropié, puisqu'on y lisoit “AysdG- au lieu de Né19@- (43). Strabon ajoute que, près de là , ily avoit un Aphrodisium, c’est-à-dire un temple de Vénus ; de-là la figure de cette déesse sur la médaille ; la souris s’y trouve jointe à cause de la lubricité de cet animal. On ne demandera pas, j’espère , ce qu’y fait Bacchus, le vin délicieux de Chypre est assez connu. Ainsi cette médaille, pièce unique jusqu'ici dans le cabinet de M. Praun, est en même temps très-savante. Une médaille de Corinthe, qui présente d’un -côté la tête de Pallas, derrière laquelle se voit la chimère , de J’autre le Pegase volant , et dans le champ le © Koph. M. de Murr attribue avec le P. Neumann (44) cette médaille à Syracuse ; mais la chi- mére, qui appartient à la fable de Bellerophon, (41) PL 34, nor. (42) Liv. XIV, p. 670. (43) Casaubon a rétabli le nom de Néyidos dans Strabon , et Berckel a corrigé Etienne de Byzance , qni, avoit Næyis au lieu de Néyid'os, (44) Nurrmi populorum et regurm véterum , Liv. I, p: 54: D à ü4 Beaux-arts. prouve assez qu’elle est due à Corinthe. L’abbé Eckhel (45) est aussi de cet avis. Une médaille de Tylissus , ville de l'ile de Crètes Elle offre d’un côté une tête de femme avec une couronne ornée de fleurs , de l’autre une figure nue tenant de la droite une téte de chèvre sauvage et de la gauche un arc, dans le champ, un arbrisseau et la légende mise à rebours TYAIZIOM. L’abbé Eckhel représente cette médaille (46) et s’en sert pour rétablir le vrai nom de la ville de Tylissus, corrompu de différentes manières dans les anciens auteurs, M. de Murr passe des médailles grecques aux xomaines. La collection des consulaires est assez considérable , elle contient 323 médailles de 92 familles. Il s’y en trouve plusieurs d’intéressantes pour l’histoire et la mythologie. Suivent les médailles romaines impériales , M. de Murr n’a donné le détail que de celles d’argent, qu sont en très-grand nombre; quant au bronze il n’en offre que le simple dénombrement, A la fin de l'ouvrage, il est fait mention de quel ques objets d’histoire naturelle, de même que de quelques livres manuscrits, et d’un assez grand nom- bre de livres imprimés , qui se rapportent la plu- part à l’histoire de l’art du dessin, de la sculpture, de la peinture et de larchitecture, €45) 1 la présente dans ses Numzni veteres anecdobi, tab. 8, 0° 4. (46) Tab. 10, nos 12 et 5% Mélanges: 55 Je viens d'apprendre que ce beau cabinet de Praun a été vendu récemment à M. Frauenholz, graveur, faisant le commerce d'objets d'arts, pour le prix de 37,700 florins d'Empire , et que ce dernier va lere- vendre partiellement. Jér. Jacq. OBERLIN. Le PRE EE LE ne A ÉD NÉ RE VE ES EC DRE Ses VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES: PRUSSE. ” Le eabinet des antiques , médailles et pierres gra. vées du roi de Prusse , dont la garde est confiée à Y’Académie royale des sciences de Berlin, peut, depuis quelque temps, par une permission royale, être montré à tous les savans indigènes, ainsi qu'aux artistes et aux étudians des premieres classes des gymnases de Berlin. Dans cette intention, le ca- binet est ouvert les 1." et 3.° lundis de chaque mois. Chaque société , qui desire voir le cabinet , ne peut être composée que de six personnes. Le sa- medi qui précede chacun de ces lundis, on obtient D 4 56 Nouvelles littéraires. les billets d’entrée dans la salle de lecture de la bibliothéque royale, depuis trois jusqu’à cinq heures de l'après - midi. Ces billets sont distribués contre une carte contenant le nom et l’adresse de celui qui desire voir le cabinet. PÉTERSBOURSG. En 1797, Paul J.‘* avoit fondé une école pour les jeunes gens de la noblesse, Le 10 février dernier, le sénat a publié un ukase de l’empereur, par le- quel, en confirmant cet établissement, ses revenus de 11200 roubles , sont augmentés de 12000 roubles, à compter du mois de janvier 1802. Cette fonda- tion , dont l’organisation doit être incessamment améliorée, a pour but d’y enseigner aux élèves le droit russe, le style pratique et autres connoissan- ces semblables, les langues françoise et allemande, et les sciences qui appartiennent à une éducation classique. L'établissement entretient trente jeunes gens de la noblesse, et quinze élèves dont les pères occupent des places subalternes dans les différens dicastères ; les uns et les autres sont entretenus aux frais de la couronne, qui alloue pour chaque noble 200 roubles , et pour chaque élève 150. Outre ceux- ci, l'établissement peut encore entretenir cinquante jeunes gens nobles aux frais de leurs familles, et qui n’ont gralis que le logement. En sortant de l’é- tablissement, les jeunes gens nobles obtiennent des places d’adjoints de secrétaires, et les autres élèves obtiennent des emplois dans la chancellerie. Cet établissement occupe la maison où se trouvoit au- Nouvelles. littéraires. 57 érefois la banque auxiliaire. Le procureur - général en est le chef-né. 11 y a en outre un directeur. F R A N CE. Société libre d’émulation du département du Var. Cette Société a tenu sa seconde séance publique le 4 germinal dernier. Le secrétaire a rendu compte des divers mémoires adresés à la Société, ainsi que de tous les travaux dont elle s’est occupée pendant le premier trimestre de l’an ro. ‘Il a ensuite fait un rapport sur le mémoire en- voyé au concours, sur la question proposée par la Société, concernant les insectes rongeurs de olivier et les moyens de les détruire , et qui avoit pour de- vise: Naturalem causam quærimus et assiduam , non raram et fortuitam. La Société n’a pas cru devoir lui décerner le prix ; elle propose de nouveau le même programme pour le 1.°* germinal de lan 11 (Ce programme a été inséré dans plusieurs journaux, il y a un an, et se trouve inséré dans le premier volume des Mé- moires de la Société). Pour Ja même époque, la Société a proposé une prime d’encouragement à celui qui, dans le dépar- tement du Var, aura fabriqué, d’ici au 1,‘ ventose, la plus grande quantité d’acétite de cuivre ( vert de gris ou verdet ), 58 Nouvelles littéraires: Elle publiera dans son journal le programme re- latif à cet objet. On a lu un mémoire sur la taille de la vignes L'auteur de cet écrit, qui contient d’excellens pré- ceptes, en gardant l’anonyme , a privé la Société de lui témoigner sa satisfaction, Cet ouvrage sera inséré dans le second volume des Mémoires de la - Société, On à fait lecture d’une notice du C. Gérard, sur une espèce de sainfoin qui croît aux environs d’Aix, dans les terreins incultes et secs , et qui pourroit être utilisé comme pâturage dans les terres arides du département du Var. On à lu la partie d’un mémoire de M. Lacoche, qui contient la découverte d’un ancien aqueduc, des- tiné à conduire à Hyères les eaux de la source du Thon , qui sort d’un rocher derrière les Toucas, près de Solliers. A cette lecture a succédé celle d’un mémoire du C. Fabre, sur les moyens de procurer la navigation à la ville d'Hyeres et de dessécher les marais. Le C. FauCcHET a lu un discours sur l’’nffuence des monumens publics , élevés et à élever aux grands hommes® Il y a proposé d'élever à Hyères un monu- ment à la mémoire de Massillon, le pere de Pélor quence chrétienne ; et un autre à Napoléon Bona- parte, pour consacrer l’heureuse époque de son dé barquement sur la plage de Saint-Rapheau. Nous avons appris que le conseil -général du dé- partement, qui est actuellement assemblé, a ac- Nouvelles littéraires. 99 cueilli cette dernière proposition, et qu'il a accordé la somme de 10,000 fr. pour cet objet. Il semble que la nature prévoyante (comme l’a très-bien re- marqué le C. Fauchet ), ait déposé tout exprès sur cette plage tout ce qu’elle a de plus beau er granits et en porphyres , pour en faciliter l’exécution. Le discours du C. Fauchet sera imprimé dans le second tome des mémoires de la Société. On a lu ensuite une traduction en vers français du début des jardins du P. Rapin , par le C. Pas- TORET , de Callian. Cette traduction, presque tou- jours originale , pourroit le disputer en beauté à l'original. Le C. VILLENEUVE a lu quelques fragmens de son mémoire , sur les avantages que doit procurer au département du Var le nouveau système des poids et mesures. I] a été fait lecture d’un mémoire du C. BERNARD, sur les meilleurs moyens d'extraire l'huile , conte- nant le projet d’un nouveau moulin à huile. ( La Société offre au public de communiquer le plan de ce moulin) La séance a été terminéé par la lecture d’une ode, en vers françois, sur l’inffuence de l'éducation, Cette pièce ; riche d’idées et d’expressions , est du C. Jourrrey , de Draguiguan. 60 Nouvelles littéraires. Société de Colmar. Procès-verbal de la séance publique de La Société libre d'émulation, établie à Colmar, tenue le 6 prairial an x. Pour rendre cette séance plus solennelle , le maire de Colmar avoit mis à la disposition de la Société, sur l'invitation de son président, la grande salle de la maison commune. Un auditoire choisi et nom- breux, parmi lequel on a distingué les membres du conseil-général du département , s’est empressé d’'honorer et d’embellir, par sa présence, cette pré- mière séance publique de la Société. Le C. Noer, préfet, qui préside la Société , a ouvert la séance par un discours vivement applaudi, qui a été suivi de la lecture faite par le secrétaire de la liste générale des membres et correspondans de la Société, et du programme du prix et de la prime que la Société propose pour l’an X1 , et dont voici la teneur : Sujet du prix pour l’an XI. L'état de l’agriculture de ce département devance en plusieurs points celui d’un grand nombre de dé- partemens de l’intérieur ; mais il ne répond pas en- core parfaitement à son heureuse position et aux avantages qu’elle semble promettre. Un des prin- cipaux élémens de l’art agricole, la préparation et l'administration des engrais , y est encore soumis aux influence d’une routine peu éclairée, et des matières fécondantes qui , bien employées, multi- Nouvelles littéraires. Gr plieroient nos récoltes, et donneroïent une vie plus active à la terre, sont abandonnées à une destruc- tion oisive et souvent même délétère. La Societé croit devoir appeler sur cet objet si essentiel l’attention et la sollicitude des cultivateurs éclairés qui sont en grand nombre dans ce dépar- tement ; elle recommande à leur zèle pour la pros- périté agricole des essais et des expériences variés sur les engrais. Sous ce nom il ne faut pas com- prendre seulement les substances putréfiées que four- nit la litiere des animaux, mais en général toutes les matières propres soit à fournir un aliment aux végétaux , ou à rendre d’autres substances capables de le fournir, soit à corriger ce qui dans la terre nuiroit à la végétation, soit à amender le solen augmentant ou en diminuant sa consistance, en re- tenant ou en dissipant son humidité, Ces substances se trouvent abondamment répandués partout ; c’est à l’art à s’en emparer , à les préparer, à les admi- nistrer pour en faire soit un correctif du sol, soit un aliment de végétation. Pour éviter de pénibles tâtonnemens et: d’inutiles expériences aux agriculteurs qui voudront se livrer à des recherches sur cet objet, la Société pense ne pouvoir mieux faire que de leur recommander pour guide le 1raité des engrais publié à Genève, il y'a -deux ans , par le C. Maurice. Ils y trouveront des indications précieuses et des données multipliées qui les éclaireront:sur le plan des expériences qu'ils devront entreprendre. 62 Nouvelles littéraires: Ils 's’attacheront surtout aux engrais composés ; dont l’agriculture angloise tire de si grands avan- fages. Enfin ils répondront par des expériences raison- nées et bien décrites aux questions suivantes qui Font le sujet du prix : 1.° Quelles sont les substances propres à ce dé- partement qui peuvent le plus avantageusement être employées comme engrais ? 2.° Quelles sont les préparations qu’il convient de eur faire subir avant leur emploi ? 3.° Comment , à quelle époque et en quelle quan- tité faut-il les administrer , eu égard à la différence des terreins et des plantes qu’ils doivent produire ? Le prix sera de la valeur de 300 livres. Il sera adjugé dans la séance publique de lan x1; les mé- moires devront être remis avant le 1.‘ germinal de la même année. Prime d'encouragement. La Société persuadée qu’il est, en ce moment , plusieurs cultivateurs dans ce département s’occu- pant d’expériences diverses , tendantes à l’amélio- ration de procédés agricoles , qui peut-être ont déja produit, ou sont près de produire des résultats avantageux ; convaincue qu'il y a des innovations heureuses ou des perfectionnemens importans à in : troduire dans différentes branches d’agriculture , desirant donner l'éveil à une émulation généreuse et éclairée parmi les cultivateurs; encourager tous Nouvelles littéraires, 63 les essais utiles; récompenser les succès de quel genre qu’ils puissent être, pourvu qu’ils tiennent à Pagriculture; annonce qu’elle décernera, dans la séance publique de l’an XI, une prime d’encoura- gement de 200 fr, à celui des cultivateurs du dépar- tement, qui aura fait l’innovation ou l’amélioration, jugée la plus utile par la Société, dans une branche quelconque d’agriculture départementale, Les mémoires destinés au concours peuvent être, avec les formalités d'usage, envoyés sous le couvert du Préfet du département, ou francs de port, au trésorier ou au secrétaire de la Société, ou étre remis immédiatement entre leurs mains, A la proclamation des sujets du prix et de la prime ont succédé diverses lectures faites dans l’or- dre suivant : Le C. KNoLz, membre du conseil -général du département , a lu une fable intitulée: L’Ane voya= geur. Le C. BRICHE, secrétaire - général de la pré- fecture, a développé aux regards de l’assemblée une partie du tableau statistique du département, ouvrage dont les matériaux ont été en très-grande partie recueillis par différens membres de la Société, et qui ont reçu de la plume du C. Briche des for- mes heureuses et élégantes. Le C. PrerFEL, qui tient un rang distingué parmi les fabulistes allemands, a laissé échapper de son inépuisable porte-feuille , deux fables allemandes, ayant pour titre : l’une /a Dorade , et l’autre le Men- diant, 64 Nouvelles littéraires. Le C. MorEez, officier de santé en chef des hôs pitaux de Colmar, a donné lecture d’un mémoire plein d'intérêt sur les succès qu’il a obtenus dans le traitement d’un paralytique par le gaz oxygène. Le malade dont la moitié du corps avoit été privée de toute mobilité, de toute sensibilité même, a senti ses membres paralysés revenir insensiblement à la vie, après avoir respiré pendant quelques-se- maines dés doses successivement plus fortes d’oxy- gène mélé à de l'air atmosphérique. Aujourd’hui il a recouvré la faculté de marcher, Le C. Morel se promet de l'application du même principe vital à d’autres maladies des effets non moins heureux. Dans une allégorie en vers , imitée de l’anglois, le C. DarBas, chef de bureau à Ja préfecture, à représenté La mort, choisissant son premier ministre parmi les plus grands fléaux qui désolent l’humanité. et donnant Ja préférence à lintempérance. Cette pièce d’une touche spirituelle et facile a recu de nombreux applaudissemens. Le C. BUTENSCHOEN , professeur d’histoire à l’école centrale, a tracé une esquisse historique de la guerre des paysans dont Jes rives du Rhin, et surtout ce département, furent le théâtre dans le 16," siécle, à l'époque de la réformation. Les scè- nes de cette guerre offrent des analogies frappantes avec celles qui se sont passées de nos jours au com- mencemérit de la révolution dans une partie de ce département , et les motifs de la guerre offrent des analogies plus frappantes ‘encore, Il étoit extrême- ment Nouvelles littéraires. 65 ment intéressant d'entendre en quelque sorte notre propre histoire dans celle de nos ayeux. Le C. FRANÇAIS , professeur de mathématiques, a lu une notice sur une machine qu’il a présentée à la Société sous le nom de Comparateur logarith- mique du nouveau et de l’ancien systeme métrique, Elle sert'à résoudre, jar un mouvement unique, d’une seule pièce, non-seulement tous les problèmes relatifs aux rapports des deux espèces de mesures, mais encore ceux de la détermination du prix des unes par le prix des autres, de la réduction dés fractions, des règles de trois, de l’extraction des racines, etc, Le C. Lecrerc, secrétaire-adjoint de la préfec- ture , a fait lire deux pièces en vers heureusement imitées de l’allemand du C. Pfeffel , Pune intitulée : Timanthe , Vautre, les deux chiens ; cette lecture a fait une agréable diversion. Le C. BARTHOLDY , professeur de physique, de- voit encore lire un mémoire sur les phénomènes galvaniques qui, dans ces derniers temps , sont venus surprendre les physiciens, et défier leur sagacité; mais l’heure trop avancée ne lui a permis que de donner à l’assemblée le spectacle neuf et curieux des principales expériences galvaniques qui ont ter- miné la séance d’une manière aussi agréable qu’ins- tructive. ° Fr. NOEL, président. FRANÇAIS, secrétaire. Tome II. ; EF 66 Nouvelles littéraires. P'ArRMITS. INSTITUT N'ATIONAL. Notice des travanx de la classe des sciences morales et politiques , pendant le troisième trimestre de l'än 10; par le C. GINGUENÉ, l’un des secrétaires de cette classe. La France délivrée du joug des rois, et fière du titre de République , n’en garde pas moins un sou- venir précieux .de quelques-uns des princes qui la gouvernèrent : les noms de Henri IV, de Louis XIT, de Louis IX, lui sont et lui seront toujours chers. Le C. ANQuUETIL a lu à la classe des observations sur le dernier de ces trois bons rois. Il remarque qu'aucun sujet n’a été traité par tant d'écrivains différens. Historiens, poètes, orateurs, légendaires , se sont occupés, comme à l’envi, des actions de ce prince. La variété, la multiplicité, l'éclat des événemens et le caractère personnel du monarque ont rendu ce règne mémorable. L'opinion particulière des écrivains a influé sur leur manière d'envisager et de présenter les faits. Il a fallu tirer la vérité des nuages dont la louange outrée et la critique trop sévère l’ont souvent enveloppée. 11 résulte ‘des observations du C. Anquetil, que si l’on peut reprocher à Louis IX des fautes et des foiblesses, il a eu toutes les vertus publiques et pri- vées , et n’a été entaché d’aucun vice : « Eloge qui « jusqu’à présent, dit-il, ne convient à aucun des ÎNouvelles littéraires. 67 « personnages que l’histoire propose à l'estime et à « Ja véñération publiques. » Tout le monde sent la nuance qui différencie les mots langue et langage , en apparence synonymes, Le C. MERCIER a entrepris de faire sentir la supé- riorité du langage sur la langue. Il a voulu prouver “ que le Jangage est hardi , expressif, excentrique , « que Ja langue e:t foible et timide; qu'il est sans « bornes comme nos besoins ; qu’il préside à tous « nos arts et nos métiers ; qu’il est aussi riche que nos «“ dictionnaires sont indigens ; qu'il est le véritable «“ ami de l’ordre et de la vie sociale ; et que, fort « de sa puissance et de’ son utilité, il peut dédai- « gner la langue des académies. » Il obseive d’abord que le langage a son accent propre, inhérent au climat; que cet accent ajoute à sa richesse, et lui donne une grace et une variété particulières ; que le geste accompagne encore le Jangage : tandis qu’il ne voit dans la langue qu’un objet. perpétuellement contentieux, un foyer de chicane , un océan de caprices , une arène ouverte à l’orgueil, à l’entétement, au pédantisme. « Le langage, dit-il, est lame de la parole : la “ langue grammaticale n’en est que le corps: Qu’est- “ce que la parole? l’assemblage de tous les sons distincts et articulés, auxquels nous attachons «“ des pensées. Comment imposer des lois à ces signes «rapides? Si nos dictionnaires pouvoient enregis- “ trer nos gestes et nos regards, ils leur défen- « droient bientôt d’avoir telle ou telle significa- “ tion. » E 2 68 Nouvelles littéraires. C’est à ce joug de dictionnaires et de décisions académiques, que le C. Mercier veut absolument soustraire le langage :. il ne convient, selon lui, qu’à ja langue de s’y plier; et ce n’est pas pour la soumettre ainsi à de petits arrêts et à de petites préventions, que nous avons recu l’admirable fa- culté de fixer le passé, de rappracher l’avenir, de ramener à nous le spectacle de la nature et le ta- bleau de l’univers, et de le contenir, pour ainsi dire, en. un point unique. Le génie seroit naturel à l’homme sans les détestables méthodes des pé- dans ; ils ont remplacé nos théologiens. Vouloir , comme ‘ils le font , tout conduire, tout diriger, tout ordonner, c’est méconnoître à la fois le lan- gage et le caractère des François. Le C. Mercier a cru s’apercesotr que le langage. parmi les hommes est la seule et véritable langue ; qu'il n’est point soumis au hasard ni à la fatalité auxquels les langues sont sujettes; qu’il est enfin son propre législateur, et devient intraduisible : ce qui, dit-il, prouve sa dignité. Mais, d’un autre côté , l’usage est l'arbitre suprême des langues; les mots sont presque tous enfans du hasard et de la fantaisie ,: et: fort indifférens d’ailleurs à la gram- maire. L'usage ou le besoin peut les établir, les proscrire, les renouveler, les changer comme il Jui plaira. L'auteur conclut que c’est au langage seul qu'il appartient d’enrichir notre langue, de l’em- bellir, de la rendre plus simple et plus facile. Nous avons bien permis aux artisans, pour, ce qui regarde leurs travaux et Jeurs outils, de créer Nouvelles littéraires. 69 des mots nouveaux ; nous ne devons donc pas nous refuser à emprunter des langues voisines ce que nous n’avons pas, tandis qu’elles déploient de tous côtés un génie de conquête. Consultons seulement analogie dans ces emprunts. « L’analogie et le son «“ gracieux sont aux mots ce que le beau coloris et « les traits réguliers sont au visage. » On ne doit pas craindre que le langage adopte des mots durs ou des inversions embarrassées : 1} sait, quand il le faut, abréger les mots, les réduire à une lon- gueur raisonnable , éviter l’entastement des con- sonnes , les lettres doubles, les gutturales, en un mot, tout ce qui est rude à prononcer et à en- tendre. Dans les langues, la tyrannie de la mode se fait sentir jusque sur les mots ; ils vieillissent , et puis on les rajeunit. Selon le C. Mercier , le langage est le plus invariable : «témoin fidelle du génie des peu- « ples, il s’y prête incessammeat ; il fait circuler « san; gêne les idées familieres à chaque nation. » La perfection des langues n’est qu’une spéculation curieuse et presque chimérique pour Ja plupart des hoïmes ;-elle ne paroît à l’auteur pouvoir convenir qu’à ceux qui ont beaucoup de loisir : tous, au con- traire, ont besoin du langage. Celui-ci doit mar- cher avant les langues mortes, » et l'emporter même « sut le travail des langues vivantes, quand ce tra « vail n’aboutit qu’au luxe des spectacles, et à la “« vaine harmonie des mots. » Nous avons, dans notre ancien langage, des ex- pressions qui touchent le cœur et l'esprit, des toux- le is 70 Nouvelles littéraires. nures polies et galantes qui ont vieilli. » Le lan- « gage a donc le droit de changer les langues vi- « vantes. C’est le vent impétueux qui fait tout « ployer. » C'est au langage seul que le C. Mercier attribue les influences de l’instinct dans les diverses langues de l'univers : c’est lui qui faconne la statue, et qui donne une vie active à des phrases inanimées. Le Jangage bannit rapidement tout ce qui est obscur ou équivoque : il veut un sens toujours clair. « La « clarté du langage vole dans les campagnes, et « monte au sommet des monts sur l’aile des zé- « phyrs; la langue obscure est dans les pensées raf- « finées des savans : c’est au’il y a un esprit de'se- «“ crète vérité qui se répand dans le langage fami- « lier à l’homme, et que le mensonge se glisse dans « les démélés contentieux de la langue. La pompe « qui enfle la bouche, et qui remplit les oreilles “ de termes vastes et résonnans pour nommer les « petites choses, n’a point lieu dans le langage. « Simplicité, naiveté, vivacité : tels sont ses ca- «“ ractères. » L'auteur se demande comment se décider#æ le problème de la prééminence des langues? et il se répond : En donrant le pas au langage. D’une lan- gue faite à une langue parfaite, il y a encore loin: le langage comble lintervalle. A mesure qu’on avancera dans les connoiïssances humaines , la grandeur et l'excellence du langage seront connues, et lemporteront sur la mutabilité des langues, sans même qu’on y travaille à dessein. Nouvelles littéraires. 71 Si nous nous occupons des besoins du peuple, peu Jui importe de savoir comment une langue de- vroit être ; c’est de la parler dans toute son abon- dance et avec toute la souplesse qu’il a besoin à chaque opération manuelle. Si nous nous renfer- mons dans les bornes de la littérature, nous trou- verons, dit le C. Mercier, que la langue est Pins- trument fait pour obéir, et que la puissance natu- relle du langage doit y être considérée comme ce qui éleve ou ce qui abaisse la langue. Que l’on dise avec lui Ja langue de Fénélon et le langage de La Fontaine, la langue de Racine et le langage de Corneille, et l’on sentira de quel côté est le génie créateur. « Le langage de Montaigne, ajoute-t-il, « vaut bien la langue de Malherbe. » Il affirme que l’on devientgéomètre aujourd’hui, comme on devient bon serrutier, et que l’espace qui nous séparoit de l’altière géométiie, Euler l’a com- blé par un pont facile à traverser ; mais il recon- noît qu’il n’en est pas de même de l’art d'écrire, que le langage de La Fontaine ne s’enseigne point, et qu’à la douzième ligne, vous devinez si l’écri- vain est né avec un style à lui, ou s’il écrit de mé- mpoire. a La nature, poursuit-il, ne peut errer : elle a « donné à l’homme un langage , et elle ne lui a «“ point donné une langue. Restituons au langage sa « dignité primitive : tandis que la langue cherche «“ à captiver l’homme , celui-ci aime à se débarras- « ser de toutes ses entraves; c’est que le langage, « qu’il tient de l’auteur de son être, est un et in- E 4 72 Nouvelles litréraires, « dépendant des caprices humains. Le matériel de « la langue pourroit s’oublier, que le langage, par « sa flamme et ses précieuses ressources , feroit en- .« core, d’un style incorrect, un style éloquent. « L’idiome ne fait pas le style; c’est le style qui « fait lPidiome. L’idiome des sauvages , simple et « borné, recoit une grande force par le style, tan- « dis que telle langue riche dégénère par la foiblesse « et la timidité de l'écrivain. Le style est souvent « en divorce avec la grammaire ; mais dans cette « grande lutte le style est toujours absous. » Enfin le langage est le style musical de la lan- gue. Tous les grammairiens sont et seront inhabiles à bien représenter l’accent ; il échappera toujours à nos signes. Le C. Mercier fait remarquer l’expres- sion que plusieurs patois tirent de l’accent ; et il en conclut que, tandis que nos ames sont voilées par la matière , chez les plus ignorans des hommes, les pensées deviennent visibles et nous mettent en état de voir immédiatement celles des étres les plus bornés. “ Par la formation de la voix, continue-t-i1}, « tout devient net et distinct, tandis que-nos pé- « dagogues ont fait de la grammaire un chaos « épouvantable. L'homme des champs tomberoit “ dans une confusion où il ne se reconnoîtroit plus, « s’il ne pouvoit parler qu’en rangeant les parties « de l’oraison dans sa mémoire, suivant la distri- « bution qu’en ont faite les grammairiens : le lan- “ gage vient à son secours, facilite l’émission des a idées, et, reprenant la route que nous a tracée Nouvelles littéraires. 73 “ la philosophie, conduit cet homme par la desti- nation des mots : les mots sont la charpente réelle qui résistera toujours à la bizarrerie des gram- « mairiens. » Si l’on trouve quelque obscurité dans ce passage, le C. Mercier répondra : « Le premier des écrivains « seroit peut-être celui qui diroit : Je fais mon lan- « gage ; c’est à vous de l’adopter, sans quoi vous “ ne jouirez pas de mes pensées. Ktudiez-moi, ou « ne me lisez pas. » Dans la dernière partie de cet écrit, l’auteur in- vite à reprendre plusieurs expressions de notre vieux langage : « Ce seroïit tout à la fois, dit-il, une re- « connoissance et une conquête. » Il s'élève contre ceux qui prétendent que nots éprouvons une disette d’orateurs. Il revarde ce ta- Jent de la parole comme naturel à plusieurs, et il en trouve une foule d’exemples dans notre révolu- tion. Nous ne connoissons pas, dit-il, tous les trésors d’idées, toutes les richesses de style qui ont passé devant nous. C’est une mine à exploiter; et la génération qui va naître saura y recueillir les semences précieuses que nous avons foulées aux pieds. 4 « Dieu n’a pas voulu, continue l’auteur , que l'art « de Ja parole fût d’une si étonnante difficulté. « Comme elle est le lien des hommes, et leur be- soin journalier et universel, l’éloquence nécessaire n’est point rare..,.. » [l semble, selon lui, que les écrivains célèbres craignent toujours que les lar- gesses de l’esprit humain ne soient communes à tous; 74 Nouvelles littéraires, et il compare les écrivains qui semblent placer les talens hors de la portée du commun des hommes, aux moralistes imparfaits qui mettent toujours la vertu trop haut. D'ailleurs, ce ne sont pas les ta- lens extraordinaires qui sont utiles. Un poète sensé a dit : Chacun par son propre caractère se fait sa Fortune ; le C. Mercier veut qu’on dise aussi, 507 talent. Il termine en revenant à la supériorité du lan- gage sur la langue, et en réclamant, au nom du Premier, contre les lois que les tribunaux académi- ques prétendent imposer à la seconde. « On établi- « roit, dit-il, une infinité de telles lois, que le génie « de la composition pulvériseroit toutes. Dix vers «“ de La Fontaine et une page de La Bruyère en « démontreroient le vide et le néant. » L’art de l’imprimerie ne mérite pas moins que celui de la parole d'occuper les méditations des phi- losophes. C’est à eux à se saisir des recherches que les érudits ont faites sur l’histoire de cet art, sur sa naissance peu reculée, et pourtant déja couverte de doutes et d’incertitudes ; et à tirer de leurs conjec- tures, souvent contradictoires, des résultats satis- Faisans pour la curiosité, et, ce qui est plus diffi- cile, pour là raison. Le C. Daunou s’est proposé ce but dans un mé- moire en trois parties. Dans la première, il consi- dère les plus anciennes productions de Vimprimerie, toutes celles qui sont, ou qui ont passé pour être antérieures à 1460, soit qu’elles subsistent encore ; soit qu'il n’en reste que des fragmens, soit enfin Nouvelles littéraires. 7à qu’elles ne soient connues que par la mention qu’en font quelques écrivains. 11 s’applique à rechercher les procédés, employés pour l'exécution de ces pro- ductions diverses, de celles au moins qui ont été décrites et vérifiées. La seconde partie du mémoire est un examen des témoignages relatifs à l’origine de l'imprimerie. Ce nom de témoignages embrasse ici des actes publics, des écrits particuliers , des souscriptions d’éditions, les textes des écrivains contemporains , c’est-à-dire, de ceux qui ont vécu dans le quinzième siécle; les textes même de quelques aufeurs qui n’ont existé que dans le seizième, mais qui s’autorisent de cer- tains récits particuliers que les contemporains leur ont faits. Ces témoignages sont très-discordans. Leur nombre vient d’être augmenté par ceux que le C. Fischer, bibliothécaire de Mayence, a récemment découverts et publiés. Dans la troisième partie, le C. Daunou discute les systèmes soutenus dans le cours des dix-septième et dix-hbuitième siécles, sur l’origine de l'art typo- graphique : systèmes aussi très-nombreux, même en ne tenant compte que de ceux qui placent le berceau de limprimerie, ou dans Harlem, ou à Strasbourg, ou à Mayence. L'auteur analyse ce qui a été écrit pour Harlem par Boxhorn, et surtout par Méer- man ; pour Strasbourg, soit par ceux qui, Comme Schæpflin, pensent que c’est dans cette ville que Guttemberg a exécuté les premières productions de ‘cèt art, soit par ceux qui en attribuent l'invention à Mentellin; pour Mayence enfin, par Salmuth, 76 Nouvelles littéraires. Naudé, Mallinckrot, Lacaille, Maittaire, Palmer, Prosper Marchand , Schwarz, Fournier, Heineken, Mercier de Saint-Léger, Wardthwein, Lambinet, etc. Les écrivains de cette troisième classe, d’accord sur un seul point , c’est-à-dire sur le lieu, ne le sont, ni sur l’époque, ni sur les inventeurs, ni sur les procédés , ni sur les premiers essais. Les résultats du mémoire du C. Daunou sont: 1.° Qu’avant 1440, la gravure en bois avoit été appliquée à l'impression des livres, et surtout des textes qui accompagnoïent les images; 2. Qu’avant 1440 aussi, Guttemberg avoit concu l’idée des types mobiles; mais que cette idée n’a donné lieu qu’à des essais pénibles , dispendieux , improductifs , tant que les lettres mobiles n’ont été que sculptées, soit en bois, soit en métal; 3.° Qu’on ne sauroit désigner aucun livre comme imprimé à Strasbourg par Guttemberg ; et que les. Donars et les autres opuscules qui passent pour être sortis de sa presse à Mayence, avant 1450, sont des productions purement ylographiques ; 4.° Que tout livre imprimé avant 1457, l’a été, ou avec des planches de bois, ou avec des carac- ières de fonte téls que les nôtres; caractères inventés et perfectionnés à Mayence , durant l’association de Faust et de Guttemberg , depuis 1450 jusqu’en 1458 ; perfectionnés sans nul doute par Schæffer , inventés peut-être par Guttemberg ou par Faust ; 5° Qu’enfin les premières productions véritable- ment typographiques, c’est-à-dire, en caractères mobiles , ont été /a Bible, sans date , de 637 feud- Nouvelles littéraires. 77 lets, et une lettre de Nicolas V , fruits de la société de Guttemberg et de Faust; et, après Ja rupture de cette société, le Pseautier de 1457, que Faust et Schæffer ont souscrit. Les François ont témoigné pendant longtemps beaucoup d’indifférence pour la philosophie de Kant qui occupoit et mettoit en fermentation l’Allemagne entière. Quelques ouvrages, en leur reprochant avec dureté cette indifférence , les ont forcés d’en sortir ; et il n’est pas sûr que la doctrine du philosophe de Kœnigsberg gagne beaucoup à l'examen qu’ils com- mencent à en faire. Elle n’a point encore été expliquée en françois avec plus de clarté que par le C. Kinker, profes- seur batave, qui a exposé dans un assez petit vo- lume ce que contient d’essentiel la partie de Ja philosophie de Kant , connue sous le titre de Cri- tique de la raison pure. Cette exposition a été l’ob- jet d’un mémoire lu à la classe par le C. DESTUTT- TRraACY. Dans ce mémoire , en rendant l’hommage le plus complet aux vastes connoissances et aux grands ta- lens du philosophe allemand , et du savant bative qui s'est fait son interprète, il combat leur système d’idéologie. 11 s’est surtout attaché à prouver qu’il ne peut exister dans nos têtes rien de semblable à ce que l’on appelle rarson pure, entendement pur , senstbi- lité pure, locution pure ; et que nous ne saurions avoir aucunes connoissances pures , dans le sens que l’on doune à ces mots. 78 Nouvelles littéraires. Les raisons qu'il allégue ne sont point susceptibles d'extrait : elles sont elles-mêmes un extrait substan- tiel, et de la théorie de Kant sur ces matieres, et des démonstrations plus étendues que l’on pourroit faire des erreurs contenues dans cette théorie. Nous devons seulement remarquer que le C. Tracy ne prétend établir aucun système de philosophie, I] ne veut que faire voir que celui qu'il réfute-w’est pas fondé sur une bonne méthode de raisonrement. Il pense qu’il ne repose que sur l’abus des idées ab- straites et des principes généraux, et sur l’erreur de croire que c’est par les idées générales que nous jugeons des idces particulières. À cette occasion, il observe qu’il n’y a point de système de philosophie généralement reçu en France; que la philosophie n’y fait point secte, comme elle a fait jusqu’à présent dans tous les temps et dans tous les pays. 1] pense que cet état de choses est très-favorable au progrès des lumières, et est un effet de la méthode que nous suivons dans tous Îles genres de recherches et d'enseignement. C’est cette bonne méthode qu’il regarde comme le caractère distinctif de la philosophie francaise. [1 Pattribre aux progrès qu'a faits chez nous la connoissance de nos opérations intellectuelles, et aux travaux de nos idéologistes qui ont marché sur les traces de Con- dillae, et, fidelles à ses principes, l’ont pris pour guide, sans le recevoir pour maitre. Il termine en faisant des vœux pour que cette saine logique , dont la théorie est près d’être complète, Nouvelles littéraires. #9 influe chaque jour davantage sur nos habitudes de tous genres. Tandis que le C. Tracy examine la doctrine de Kant, le C. MERCIER se déclare pour une partie de cette doctrine dans un mémoire qu’il intitule : de l’Acte du moë. I] a resserré lui-même dans l’ex- trait suivant, ce qu'il y a de plus essentiel dans son mémoire. | « On s’épouvante des efforts multipliés qui ne tendent rien moins qu’à transformer l’énstinct mo- ral et la conscience en accident. « La moralité est le point le plus élevé de notre pature , et les sentimens primordiaux, inhérens à la nature de l’homme, existent en vertu de l’u- nité synthétique du mor. « Quellé plus fausse théorie que de rapporter toutes nos affections et toutes nos lois morales au plaisir et à la douleur physiques, de mécon- _noître les lois innées de la conscience , celles de . l'amour de la perfection et du beau, et de regar- der les sensations physiques et les rapports qui en dérivent, eomme l’origine du monde moral ! C’est mon moi qui développe les sentimens moraux par le monde physique; et cela est si vrai, que, maloré le plaisir sensuel ou la douleur physique unie à une sensation , je suis obligé de reconnoitre souvent dans la douleur un bien et dans le plaisir un »al, Et quel rapport y a-t-il entre le jeu de toutes les fibres et fibriles, et l'admiration que j’éprouve au récit d’un grand sacrifice fait à l’au- guste image de la vertu? L’ucte du moi veut que 80 Nouvelles littéraires. je me condamne, si je me refusois à cette ad- miration. « La perception intuitive du beau intellectuel fait cesser l’oscillation du scepticisme, c'est uue lu- mière pure qui amène la conviction ; les habitudes sont matérielles, la décision appartient à l’intel- ligence pure, la hardiesse de la pensée s’élève au dessus de l’expérience , juge à priori : c’est par elle que l’on atteint et que l’on conquiert la vé- rité. Mais ne faut-il pas nécessairement aperce- voir la vérité, avant de la conquérir? Mon doute est mon premier trésor. « On peut tenter des expériences en métaphysi- que. Notre ame est quelquefois si indépendante des sens, qu’elle exerce une pleine autorité sur son associé matériel, en suspendant , en modérant lesyjmpressions douloureuses, et leur commandant même. On ne sauroit nier le pouvoir volontaire que l'esprit peut exercer sur les sensations; mon moi repousse dans tel instant la plus douce har- mouie, et ne jouit réellement que quand il con- sent à jouir. Non, tu n'es pas douleur, disoït un philosophe apostrophant la douleur ; et la terras- sant par l'acte de moi. Pouvoir énergique ! toutè perception lui est soumise : le m0 intérieur s’élève souvent dans toute sa dignité au milieu des hour: reaux ; et souffrir dans la cause de la vertu, ce n’est plus que renforcer ce plaisir intime que donne le calme de la conscience. On a vu le martyr at- taché au pieu fatal , lancer sa pensée dans les cieux, devenir tout céleste, et les flammes le « dévorer « a « Nouvelles littéraires. 81 dévorer sans qu’il participât à la douleur phy- sique. « L’octe du mor suppose la comparaison , l’exer- cice de la force motrice de l’ame dans son propre empire. 1] y a dans cet acte, liaison , association, simultanéité. J’y reconnois une volonté souverai- nement expansive, un rapport que les sens ne peuvent nous apporter, une faculté qui réunit, lie, fond en un tout les impressions partielles : sans quoi elles seroient éparses, errantes, vaga- bondes , et conséquemment nulles, C’est mon moi profond , intellectuel , qui embrasse le temps, l'éternité, Dieu. L'univers m'ergloutit comme, un point; et moi, par ma, pensée, j’engloutis L’'uni- vers : en moi est encore le type inaltérable du juste et du bon, et à priori. Là, sont des lois, attributs immédiats du moi primitif ; elles ont une toute- puissance de réalité qui n’appartient à aucun objet spéculatif ou sensible : voilà un affranchissement de toutes les sensations quelconques. Qui me les fait connoitre ces lois pour-des lois d’un ordre su- périeur ? quel est cet ordre supersensible des yé- rités morales ? “ J'acte du moi équivaut à toutes démonstrations géométriques : la volonté est une puissance pre- mière, une puissance réelle ; elle tient à notre ‘existence cognitive, et, pour vouloir, il faut avoir une foule de notions. 1] ne seroit pas effectivement possible que, dès notre enfance, nous eussions tant de notions si étendues, et qui sont comme imprimées en nous-mémes, si nos ames n’avoient . Tome IT, F 82 Nouvelles littéraires. LL pas des connoissances universelles avant que d’ens trer dans nos corps. Le monde moral est en nous, il ne peut découler des choses physiques ; il n’y a de réel que ce qui est immuable, comme le sont les 2dées. Quant à la conservation des connois- sances, Cicéron se moque {out à son aise de ceux qui donnent au cerveau la faculté de garder, comme en une espèce de réservoir, des paroles et des idées, et de dire que l’on les grave comme sut la cire. Des paroles et des idées peuvent-elles laisser des traces? et quel espace ne faudroit-il pas d’ailleurs pour tant de traces différentes ? « C’est donc une belle découverte de Kant, que l'espace et le temps sont des modes subjectifs de notre cognit on ; et le vulgaire a mieux connu la partie élevée de notre être que les philosophes métaphysiciens. L'acte du moi est une qualité in- tellectuelle, une connoissance certaine de la vé- rité de nos pensées, et immuable , invariable, uniforme ; l’acte du moi emporte la certitude : la certitude est à l’ame un ancre plus ferme que l’é- vidence ne l’est à nos sens. Elle est fondée sur la présence de Ja Divinité qui ne peut se tromper ni nous tromper. Le systématique a beau nier cette certitude , il est lui-même Ja victime de son négatif. « Une loi éternelle, inhérente à nous-mêmes, forme ce cri que nous appelons conscience; cetie hi et son cri est égal dans tous les hommes. Le mot le plus coupable qui pût échapper à un siécle pervers, c’étoit de dire, on se fait sa ron- Nouvelles lir'ératres. 83 # science non, on he se fait point s4 conscience, # comme on n’allume pas un fambeau en plein s0- « leil, La loi Jumineuse ne peut être ni changée ni “ obscurcie. » Le C. DELILLE DE SALES a éontinué le travail qu'il avoit commencé sur l’époque de notre histoire qui suivit le règne de Louis XIV. Le tableau qu’il avoit précédemment tracé de la régence du due d'Orléans, n’étoit qu’une introduction à celui du règne de Louis XV ; il a communiqué te dernier tableau à Ja classe , en le divisant en cinq léctures. Selon Pobservation du C. de Sales lui-même, le règne de ce prince qui perdit sitôt le titre de Bien- Aimé, qu'il avoit eu si peu de peine à acquérir, offre de grands écueils à l’historien qui veut dire la vérité, et la dire avec quelque-énergie. D'abord, la moitié de la vie du monarque présente un tissu d’i- uepties politiques, ou d’unions immorales, qui ap- pellent plus la plume cynique d’un Suétone, que les crayons d’un Tacite, Ensuite les événemens de ce règne qui sont plus dighes de l’histoire se sont pas- sés sous nos yeux; chacun les a jugés à sa manière d’après des opinions ddminantes, des préjugés de secte , un patriotisme de circonstacnes, dont on à toujours tenté, dit l'auteur, de faire une sorté de religion : « Alors l'écrivain sans parti, qui plane de « toute la hauteur de ses principes sur lés événe- « mens qu’il à à décrire , est en guerre avec tons les * hommes trop prononcés. Les drapeaux de Marius « et de Sylla se déploient contre lui, parce qu’il “ n'aime mi Sylla ni Marius ; il allume les haines Re £ 84 .- Nouvelles littéraires, « qu’il voudroit éteindre, et trouve des ennemis « dans presque tous les ordres de ses lecteurs. » Le nouvel historien de Louis XV, placé entre tous ces écueils, n’en a point été découragé; Ja franchise de son pinceau n’a de bornes que la dé- cence ; et il ne respecte les vieux abus de tout genre qu’il s’est condamné à peindre, qu’autant que l'exige le respect qu’il doit au public et à lui- même. Son ouvrage, quoique circonscrit par sa nature dans un espace très-étroit , offre de temps en temps des anecdotes neuves, et qui intéressent la curiosité publique par le sujet même, ou par le nom des per- sonnages. « J1 y avoit longtemps, dit le C. de Sales, que a le général Lally, par la nature même de ses in- « terrogatoires, pressentoit toute l’horreur de sa des- « tinée : il la mérita peut-être parce qu’il n’eut pas « le courage de s’y soustraire. Je tiens de la bouche « même de l’illustre Malesherbes , que peu de jours « avant la sentence du parlement, l’infortuné se « promenant avec un officier de garde, dans le jar- « din de la Bastille, celui-ci, après avoir parlé avec « quelque vigueur du plaisir farouche que goûtent « les hommes de robe à faire tomber la tête d’un « militaire chargé de titres, de cordons et de bles- « sures, mène son prisonnier vers les fossés, qui « avoient à peine cinq pieds d’éau , et lui en laisse « entrevoir le peu de profondeur. Eh! que feroit, « dit Lally, ur homme d'honneur , qui s’apercevroit.…., + Un homme d'honneur, répond l'officier, ze s’aper- a Nouvelles litterarres. 85 cevroit de rien : et, quittant à l'instant , sous quel- que prétexte; le général, il va se promener à l’ex- trémité opposée du jardin. Lally, seul, fixe un moment le fossé, la distance des deux rives, et revient tranquillement auprès de l’officier de garde, qui sourit de dédain sur tant d’ignominie. » Voici comment se termine ce tableau du règne de Louis XV. « Ainsi se dénoua le drame abject et immoral de la seconde moitié du règne de Louis XV ; car la première a quelques droits à un rang honorable dans l’histoire. Il est certain que tant que ce prince put être lui même, 1] opéra en roi le bien qu’il desira toujours en homme, Il eut un titre à l'estime de l’Europe. « Il ne faut pas oublier que les premiers mots qu’il prononca , lorsqu’il s’essaya à régner , furent de ces mots à la Titus, que sanctionne l’idolâtrie des peuples, En général, son ame étoit douce, l’ef- fusion du sang étoit pénible même à sa justice... « I] ne faut pas oublier davantage que jamais la France n’a joui d’une plus grande masse de bon- heur qu'entre la paix d’Aix-la Chapelle, en 1748, et celle de 1756, qui unit les deux trônes de Vienne et de Versailles. L'Europe, pendant ces huit ans , ressembla à une grande famille dont tous les pères sembloient bons et justes, et les enfans gais, opulens et heureux. « C'est aussi vers cette époque mémorable, que les arts , les connoissances utiles et les lumières non perturbatrices (cest lexpression du C. de F 3 86 Nouvelles littéraires. “ Sales) furent le plus encouragés ; c’est alors que « Duhamel donna un nouvel essor à l’agriculture , “ que les manufactures se perfectionnèrent sous le « génie mécanique de Vaucanson, qu’on imagina “ ces voyages savans au pôle et à l'équateur, qui « créerent pour les géographes et les navigateurs «“ une nouvelle astronomie...... :« 11 résulte de ce tableau , que si l’on partageoit «“ en deux le règne de Louis XV, de manière que “ la vice-royauté de la favorite Pompadour en fit “ la ligne intermédiaire , il se trouveroit que le mo- « narque placé en deçà n’auroit jamais dû naître, “ et que, transporté dans l’autre plan, il n’auroit « Jamais dû mourir, » Ouvrages imprimés. Traduction nouvelle de /a Richesse des nations d'Adam Smith , parle C. GARNIER, associé de l’In- stitut , et préfet du département de Seine-et-Oise. Observations sur Le système actuel d'instruction publique , par le C. DESTUTT-TRACY , associé, pré- sentées à la classe pendant le dernier trimestre de Jan 9 , et dont il n’a point été fait mention dans les notices précédentes ( Brochure in-8.°, à Paris, chez la veuve Panckoucke}, Rapport fait à la classe des sciences mathé- maliques et physiques , sur le prix fondé par le premier consul, L'Institut national , qui a pris une part active aux grandes découvertes dont vient de s'enrichir la théo- Nouvelles littéraires: 87 rie de l'électricité, sentira , dans toute son étendue, l'importance du sujet indiqué par le premier consul. De toutes les forces physiques auxquelles Jes corps de la nature sont soumis, l’électricité paroît être celle qui manifeste le plus souvent son influence. Non- seulement elle agit sur les substances inorga- niques , qu’elle modifie ou décompose, mais les corps organisés eux-mêmes en éprouvent les plus étonnans effets. Ce qui n'étoit pour les anciens qu’un simple résultat de quelques propriétés attrac- tives, est devenu , pour les physiciens modernes, la source des plus brillantes découvertes. On peut diviser l’histoire de l’électricité en deux périodes qui se distinguent autant par la nature des résultats, que par celle des appareils employés pour les obtenir. Dans l’une, l'influence électrique est produite par le frottement du verre ou des matières résineuses ; dans l’autre, l’électricité est mise en: mouvement par le simple contact des corps entre eux. On doit rapporter à la première de ces deux époques la distinction des deux espèces d’électricité résineuse et vitrée, l’analyse de la bouteille de Leyde, Y'explication de la foudre , l'invention des paraton- nerres , et la détermination exacte des lois suivant lesquelles la force répulsive de la matiere électrique varie avec Ja distance. La seconde comprend la dé- couverte des contractions musculaires, excitées par le contact des métaux , Pexplication de ces phéno- mènes par le mouvement de l’électricité métallique, enfin, la formation de la colonne électrique, son analyse et ses diverses propriétés, Volta a fait, dans F 4 88 Nouvelles littéraires. cette seconde période, ce que fit Franklin dans Ja premiere. Les sciences sont maintenant tellement liées entre elles, que tout ce qui sert à en perfectionner une, avance en même temps les autres. Sous ce point de vue, le galvanisme fera dans Jeur histoire une épo- que mémorable ; car il est peu de découvertes qui ait donné à la physique et à la chymie autant de faits nouveaux, et éloignés de ce que l’on connois- soit auparavant. Déja l’ensemble de ces faits a été rapporté à une cause générale , qui est le mouve- mens de l'électricité : il reste à déterminer avee# exactitude les circonstances qui les accompagnent , à suivre les nombreuses applications qu’ils présen- tent, et à découvrir les lois générales qui, peut- être , y sont renfermées. La plupart des effets chymiques offerts par les nouveaux appareils ne sont pas completement expli- qués, et ilest d'autant plus important de les bien connoitre, qu’ils fournissent à la chymie des moyens assez puissans pour décomposer les combinaisons les plusintimes. Il est également intéressant d’examiner si les propriétés électriques que certains minéraux acquièrent dans leurs variations de température , ne dépendent pas d’une disposition de leurs élémens, analogue à celle qui constitue la colonne de Volta. Enfn , il est à desirer que la théorie de l’électricité, augmentée de ces nouveaux phénomènes, soit com- pletement soumise au calcul, d’une manière géné- rale, directe et rigoureuse ; et les pas que l’on a déja faits dans cette carrière ont prouvé que ce sujet Nouvelles littéraires. 89 dificile demande la sagacité de la physique ingé- nieuse , et les secours de l’analyse la plus profonde. Mais c’est surtout dans leur application à léco- nomie animale qu'il importe de considérer les ap- pareils galvaniques. On sait déja que les métaux ne sont pas les seules substances dont le contact déter- mine le mouvement de lélectricité. Cette propriété leur est commune avec quelques liquides, et il est probable qu'elle s’étend , avec des modifications di- verses , à tous les corps de la nature. Les phéno- mènes qu'offrent la torpille et les autres poissons électriques ne dépendent-ils pas d’une action analo- gue qui s’exerceroit entre les diverses parties de leur organisation, et cette action n’existe-t-elle pas avec un degré d'intensité moins sensible, mais non moins réel, dans un nombre d’animaux, beaucoup plus considérable qu’on ne l’a cru jusqu’à présent ? L’a- nalyse exacte de ces effets, l'explication complète du mécanisme qui les détermine, et leur rapproche- ment Ge ceux que présente la colonne de Volta, donneroient peut - être la clef des secrets les plus importans de ja physique animale. En considérant ainsi l’ensémble de ces phénomenes, on pressent la possibilité d’une grande découverte qui, en devoilant une nouvelle loi de la nature , les rameneroit à une méme cause, et les lieroit à ceux que nous a offerts dans les minéraux le mouvement de lélectricité. Cesconsidérations avoient sans doute été bien sen- ties par la classe; et si elle n’a pas proposé de prix pour le perfectionnement de cette partie de la phy- sique , c’est que l'étendue du sujet paroissant néces- 90 Nouvelles littéraires: siter plus d’un concours, elle ne pouvoit pas lui con- sacrer les encouragemens qu’elle doit en général à toutes Jes connoissances utiles : cependant chacun de ses membres et tous les savans de l’Europe de- voient vivement desirer que les recherches des phy- siciens se dirigeassent vers ce but important, et ils doivent se féliciter de voir leur yœu rempli de la manière la plus complète. Pour répondre aux intentions du premier consul, et donner à ce concours toute Ja solennité qu’exi- gent l'importance de l’objet, la nature du prix et le caractère de celui qui l’a fondé, la commission vous propose, à l’unanimité, le projet suivant : * La classe des sciences mathématiques et phy- “ siques de l’Institut national ouvre le concours * général demandé par le premier consul. «* Tous les savans de l’Europe, les membres même « et les associés de l’Institut, sont admis à concourir. “ La classe n’exige pas que les’ mémoires lui « soient directement adressés. Elle couronnera cha- ‘ que année l’auteur des meilleures expériences qui « seront venues à sa connoissance , et qui auront " «*avancé la marche de la science. “ Le grand prix sera donné à celui dont les dé- « couvertes formeront, dans l’histoire de l’électricité « et du galvanisme, une époque mémorable. « Le présent rapport, renfermant la lettre du « premier consul, sera imprimé et servira de pro- - gramme. » Fait à l’Institut national, le 11 messidor an 10. Signé, LarLace, HaALLÉé, Couroms, HauYy, et B10T, r:pporteur. Nouvelles littéraires. 95 Ecole de médecine de Paris. NoTiIcE sur la séance publique du 24 vendémiaire an x, par Jacq. I: MOREAU (de la Sarthe]. L'histoire rapide des travaux de l’Ecole de mé- decine pendant le cours de l’an 1x, et un discours du C. SABATIER , sur Île perfectionnement de la médecine opératoire pendant le 18.° siécle, ont, conjointement avec la distribution des prix et le discours adressé aux élèves par le ministre CHAPTAL, rempli cette séance publique, dont la pompe im- posante et majesiueuse a dû tout son éclat à la di- goité même de la science, à la présence du ministre de l’intérieur, et à la réunion des professeurs et des élèves, que le même objet avoit rassemblés. C’étoit pour la troisième fois que l’école de mé- decine de Paris offroit ainsi au gouvernement le té- moignage public du résultat de ses efforts, pour remplir Ja tâche importante et honorable dont elle est chargée. Cet établissement fut fondé, ainsi que les deux autres écoles de médecine de Strasbourg et de Mont- pellier, par la Loi du 74 frimaire an 117, qui fait dans l’histoire de notre art une époque à jamais mé- morable. Les CC. THOURET et FourcroYy firent con- poitre, dans les deux séances de l’an vuIr et de Van 1x, ce que la compagnie savante dont ils étoient l’organe avoit fait alors pour concourir à la fois au 92 _ Nouvelles littéraires. perfectionnement de l'instruction et aux progrès de la science.qui en est l’objet. Le C. Thouret exposa d’abord avec détail la dis- iribution nouvelle des branches de l’enseignement médical , et le complément de cet enseignement par les cours de médecine clinique, d’histoire de la médecine, d’hygiene, de physique médicale , et de chymie appliquée d’une manière spéciale à la mé- decine ; il s’arréta ensuite à l'exposition des motifs de trois cours additionnels, savoir, d’anatomie pa- thologique, de philosophie médicale, et de médecine pratique à domicile. Voici comme il s'exprime at sujet de cette dernière branche d'instruction, dont il est facile de sentir l'importance : “ Par une disposition noùvelle, n’ajouteroit - on « pas à cette institution si utile ( celle de l’enseigne- «“ ment clinique) un dernier complément , en trans- « formant, pour ainsi dire, en une vaste école, cet « arrondissement municipal, qui a un droit parti- « culier à nos secours ; en y conduisant , dans l’hum- « ble asile du pauvre, les élèves empressés de voir « la nature secondée dans le traitement des maux “ physiques par les douces affections de famille; tn « leur montrant dans ces obscures retraites l’art de « dresser au soulagement des malades des mains - inbabiles que guident seulement l’attachement et « Ja pitié, en les formant ainsi au service de santé «“ si touchant et si difficile au sein des RL « délaïssées. » Le C. Thouret s’occupa ensuite de la partie ma- térielle de l’école de médecine; ce qui comprerd, Nouvelles littéraires. 93 dans son discours, plusieurs détails sur la biblio- théque, les cabinets de physique et d'anatomie, les laboratoires anatomiques : grand ensemble de moyens disposé à l’époque présente de manière à servir de modele, et à montrer aux étrangers avec quelle sol- licitude le gouvernement francois environne tous les établissemens scientifiques des secours qui peuvent favoriser leurs travaux. Le discours que nous analysons est terminé par examen d’une question bien importante, celle de savoir jusqu'a quel point les fonctions de professeur et la tâche imposée aux corps enseignans peuvent se concilier avec les travaux nécessaires pour reculer les Jimites de la science. Le C, Thouret se décide pour l’affirmative , et rappelle pour appuyer son opinion les progrès que l’école de médecine de Paris a fait faire à la science objet de ses travaux , depuis le moment de sa fondation. Le discours du C. FourcRoY, prononcé à l’au- verture des cours de l’an 1X, présente, comme celui du C. Thouret, des matériaux bien importans pour Phistoire de la science médicale. Il est divisé en quatre parties; savoir, L."* PARTIE, sur les collec- tions de l’école , et sur l’organisation de quelques cours nouveaux; IL‘ PARTIE, des découvertes faites en anatomie, en chymie, en physique médicale ; TIL° PARTIE, expériences fuites dans l’hospice de perfec- tionnement ; IV. PARTIE, observations communt- quées à l'école, soit par ses membres ; soit par ses correspondans. - 94 Nouvelles littéraires. Nous allons maintenaut chercher à faire contioitré avec quelques détails la dernière séance publique de l'établissement dont nous avons cru nécessaire de rappeler l’origine et les premiers travaux. Persuadé que la véritable éloquence et l'intérêt d'un discours résultent toujours de la connoissance approfondie et longtemps méditée des questions que Yon traite, le C. Sabatier a pris pour sujet de son discours l’histoire des progres de la chirurgie, dans les annales de laquelle son nom et ses propres tra- vaux figurent d’une manière bien remarquable: Ce célèbre professeur partage son discours en quatre parties. Dans la première , il fait connoître les progrès de V'art dans la connoissance des maladies qui n'a- voient point encore été décrites, ét rappelle à ée sujet les observations des Mery, J. L. Petit, Ga- rengeol, etc. : La seconde partie a pour objet le perfectionne- ment des moyens de l'art et des instrumens. Elle offre des détails qui ne sont guère susceptibles d’être connus par un extrait. Dans sa troisième division, l’auteur s’arrête à l’in- dication des procédés opératoires les plus récens, et consacre la quatrième à un examen sommaire du traitement des maladies ramené à des principes généraux et plus faciles à saisir. Le discours da C. LECLERC avoit pour but d'offrir le tableau des travaux de l'an 1x, C’est un ouvelles littéraires. CE) beau chapitre de l’histoire moderne des sciences physiologiques et médicales. Ce discours est divisé en trois parties; savoir, +.° perfectionnement des moyens d'instruction 3 2.° travaux des professeurs de l’école de médeeine pour contribuer aux progrès de la science ; 3, relations de cette même école avec le gouvernement. 1.0 Perfectionnement des moyens d'instruction. Les CC. Thouret et Fourcroy ayant déja fait connoître Jl’orgañisation de l’enseignement médical de Paris, le C. Leclerc s’est occupé d’une manicre plus particulière du matériel de linstruction. Il a fait connoître d’abord les nouvelles acquisitions et les améliorations de toute espèce, de Ja bibliothé- que et des galeries d'histoire naturelle médicale et de physiologie. Apres s'être arrêté longtemps dans ces dernières ; après avoir indiqué plusieurs des monumens dont les artistes, peintre et modeleur, Jes ont récemment enrichies, il passe ainsi de ces ruines instructives dans le jardin de botanique du même établissement. « En sortant de ces galeries , « meublées des débris de l’espèce humaine , de ces « doctes catacombes , où l’art se sert des restes ar- « rachés à la destruction pour la retarder, où l’é- « leve s’instruit, mais où sans doute il s’afflige de “ ne rencontrer que des monumens de notre fragi- a lité, où il s’humilie de ne voir que les limites de « notre art, il peut aller maintenant chercher un « spectacle plus consolant et plus doux dansunliee « destiné au culte de la science, la plus rianteet la 96 Nouvelles littéraires, “ plus aimable. La botanique, en lui offrant des * ressources Contre nos maux, lui démontre la puis< “ sance régénératrice de la nature, le jardin con- “ sacré à cette étude qui délasse des autres études, “ a dû cette année aux soins et même aux travaux * manuels du professeur RICHARD, la plantation de - plus de 800 espèces végétales méthodiquement “ rangées. » De ce séjour de la flore médicale, de ces lieux où l'imagination s’est un momcnt distraite et reposée , le C. Leclerc a conduit ses auditeurs dans Jes hô- pitaux consacrés à l'instruction dite clinique, parce que l’élève la reçoit au lit des malades, et en pré- sence même de l’ennemi qu'il faut avoir lorgtemps observé pour parvenir à l'attaquer et à le combattre avec quelque avantage, Parmi les différentes parties de cet enseignement pratique , celle connue sous le nom de clinique de perfectionnement doit surtout fixer l'attention , parce que, à l'avantage de former des élèves, elle joint celui de concourir aux progrès de la science, et d'étendre la sphère d'activité d’un art contre lim: puissance duquel on est si souvent et si injustement disposé à murmurer. En rendant compte de ce qui a été fait dans cet établissement , dont la fondation et l'entretien sont ‘un témoignage si éclatant des lumières et de la philanthropie du gouvernement françois, le C. Le- clerc fait connoître les grandes et heureuses opéra- tions pratiquées par le professeur Dubois, et s’ac- rête Nouvelles littéraires: 07 rête plus particulierement , 1.° sur les résultats des expériences faites avec l’extrait de Belladone, pour faciliter l'opération de la cataracte ; 2.° sur la con- tinuation des essais de la limonade muriatique, et la solution aqueuse tres-étendue de potasse contre les graviers des reins et de la vessie. Un fait bien important à recueillir, ajoute le C, Leclerc , c’est que la mortalité à l’hospice de per- fectionnement , où les maladies les plus graves sont admises, est dans une proportion qui ne laisse pas le plus léger doute sur les avantages des établisse- mens de ce genre, où l’on ne recoit qu’un petit nom- bre de malades. Persuadé que l'expression de Ia reconnoissance doit aussi se transmettre et devenir publique quand elle est liée aux progres de la science, l’auteur de l'excellent discours ; dont nous présentons l’analyse , en termine la première partie de la maniere sui- vante : 4 « De grands pas ont donc été faits cette année dans la carriere de l’enseignement ; nous le devons « en grande partie au professeur directeur, dont l’es- « prit, aussi juste qu’actif et pénétrant , s’applique «“ aux aflaires comme aux sciences, saisit les détails « comme il embrasse les plans, oppose aux difficultés “ de touteespèce des ressources plus variées encore, et « asu, malgré la dificulté des temps et la modicité a des moyens pécuniaires qui nous ont été accordés, « obtenir par son industrieuse économie, dans l’es- “ pace d’une année, les dispositions de la galerie «“ anatomique, les eaux nécessaires à la propreté des T'ome IT. 16 98 : Nouvelles littéraires. « laboratoires, et à l’irrigation du jardin de botas nique , l'établissement d’une serre provisoire , les « changemens qui ont rendu l’amphithéâtre de l’hos- « pice de perfectionnement propre aux opérations et aux consultations journalières, etc. etc. 2.° Travaux des professeurs de l’école de médecine , pour contribuer aux progrès de la science. La physique animale et ses branches diverses for- mant l’une des bases sur lesquelles doit s'élever l’édi- fice de l’instruction médicale, leC. Leclerc commence par cette partie importante, et ouvre l'exposé his- torique de ce que ses collégues ont fait pour con- courir aux progrès de la physiologie, en faisant connoître les travaux et les résultats des belles ex- périences du C. Chaussier, Ce célèbre physiologiste a continué les recherches qu’il avoit commencées, sur la nature des organes, en les interrogeant par desirritations plus ou moins vives et plus ou moins prolongées ; il a surtout di- rigé ses vues sur les phénomènes de l'absorption et sur la structure des membranes perspiratoires qui sont Je principal organe de cette fonction ; une con- poissance précise du changement organique opéré par l'irritation de ces membranes, et de l’altération des corps irritans, résulte des expériences du pro- fesseur Chaussier (1). Le même physiologiste a dé- (:) Le C. Leclerc expose ainsi le résultat de ces expériences : « Le C. Chaussier a poursuivi ses recherches sur la structure des « organes, en exaltant leur action par des irritations pluÿ ou moins Nouvelles littéraires. 09 voilé par des expériences la marche et les effets de l'irritation daos les os ; il a fait plusieurs recherches sur l’usage de la rate, la structure et l’usage de la « Le # vives et prolongées. Les phénomènes de l'absorption ; la structure des membranes perspiratoires, principal appareil de cette fonction, l'ont surtout occupé , et il fera jouir le public du résultat de ses travaux. « On n'ignoroïit pas qu’une. surface perspirable irritée changeoïit la nature et la quaniité de la sécrétion dent elle est l'organe; que des couches couenneuses ou membraniformes devenoient alors la cause de ses adhèrences entre les viscères, si communes à la suite des ma- ladies. Notre collègue a suivi les altérations qui s’introduisent alors dans l’organisation de'ces membranés ; il 4 vu leurs villosités si fines dans l’état naturel, se développer assez pour qu'on pût saisir leur structure et leur action ; leurs vaisseaux séreux dilatés admettre le liquide sanguin ; s'étendre dans la couche couenneuse dont l'irritation les a recouvertes, et donner ainsi naissance à un appareil vasculaire tiouvéau , dont les branches s'étendent quelquefois à plusieurs cen- üinètres. De son côté, le corps irritant introduit dans une cavité splanchnique, ou dans le tissu cellulaire sous - cutané, est de na- ture à se délayer ou se dissoudre dans des liqueurs animales , comme des portions de calculs urinaires , des concrétions biliaires , osseuses, arthritiques : sensiblement altéré dans ses qualitès natu- elles, il perd de son volume et de son poids, sa surface devient inégale , comme si des insectes rongeurs l'avoient attaquée ; 1} finit par se dissoudreset s’absorber, on n’en trouve plus de vestiges. « Ainsi se résolvent et se fluidifient quelquefois, par l’action nouvelle excitée dans les organes , les tophus arthritiques formés autour des articulations , les concrétions biliaires ; ainsi des calculs urinaires ont perdu de leur dureté, sont devenus molasses et carieux, quand ;l s’est formé des ulcérations, des fungus dans la vessie. « Poriée sur d’autres organes, l'irritation produit d'autres effets: Sur le périoste, elle s'étend de ceite membrane à l’intérieur même de l'os, développe et dilate les vaisseaux qui pénètrent sa substance , les rend capable d'admettre la partie rouge du sang, et bientôt le G 2 100 : Nouvelles littéraires. moelle, la formation des cavités médullaires, l’aez tion de l'air sur les plaies et sur les ulcères. Le C. DuPruyTREN, chef des travaux anatomi= ques, a aussi contribué aux progrès de la zoonomie par de nombreuses recherches et par des observa- tions bien importantes. Le C. LALLEMENT a en- richi l’anatomie pathologique de deux faits très- instructifs; son colléque CABANIS , éclairant la philosophie et les sciences morales par la médecine, se propose de donner suite aux mémoires qu'il a déja publiés dans les actes de la deuxième classe de J'Institut, par de nouveaux mémoires, dans lesquels il examinera successivement l'influence des maladies sur les facultés intellectuelles, celles des climats et des professions, les tempéramens acquis, ete. etc. L’exposé de ce que plusieurs autres professeurs ont fait pour contribuer au perfectionnement de la mé- decine , est également présenté; et le docteur Le- clerc rappelle et mentionne honorablement dans son discours, les noms de MM. Hallé, Le Roy, Four- croy , Pinel, Petit-Radel, Lassus, Pelletan, Boyer, Corvisart, Le Roux, Mahon, Suë, Deyeux ,, etc. ‘ « tissu de l’os devenu vasculaire, se dépouille du phosphate de chaux, « cause de sa consistance ; sa surface devient inégale, sillonnée, vermiculée, « La carie dont le C. Chaussier a ainsi imité les effets , et l’usure des os « qu’on observe auprès des tumeurs anévrismatiques , ne sont donc pas « une simple dissolution de la base salino-terreuse des os, comme celle & qui s'opère par les acides : elles dépendent en outre de l’action et du « degré de mobilité des vaisseaux , élémens organiques de l'os; et « comme chaque os a son tissu propre, il à aussi $a manière d’être & atiéré par la carie. Nouvelles littéraires. IOL 3.° Rapports de l’Ecole de médecine avec le gou- verrnement. Ces rapports ont été nombreux, et le service de l’école non moins actif qu’imposant. Plusieurs cas relatifs à l'édilité médicale et à la médecine légale qui en ont été l’objet, ont donné l’occasion aux pro- fesseurs de l’école de médecine de Paris, de prouver que la science dont ils s’occupent est aussi heureu- sement applicable aux besoins du corps politique qu'à ceux des individus, et que guérir et enseigner ne sont pas leurs seules manières de faire servir leurs lumières et leur expérience aux vues du gouverne- ment et au bonheur de leurs concitoyens. L'école de médecine, dit le C. LECLERC, en terminant cette troisième partie de l’histoire de ses travaux , a donc fait quelque bien. Maïs deux de ses en Btee , éloignés d’elle pour le service des armées, ont eu le bonheur d’être plus utiles encore. Ici , la conduite, les travaux et les services des CC. Percy et DESGENETTES sont rappelés, et inspirent autant de reconnoissance que d’admiration. Le C. Leclerc finit son discours en proclamant le nom des élèves couronnés. Pour les trois premiers prix , ce sont les CC. Jo- seph- Philibert Roux, d'Auxerre, département de PYonne, âgé de 21 ans. Joseph Berrin, de Fouoëre, dose d’Ile- et Vilaine, âgé de 27 ans. François-Mathurin-Régis Bu1ssON , de Lyon, dé- partement du Rhône, âgé de 25 ans. G 3 102 = Nouvelles littéraires: Deux seconds prix sont accordés dans l’ordre suivant : l’un à Gaspard -Laurent BAYLE , de Vernet, département des Basses- Alpes, âgé de 26 ans ; l’autre à François - Augustin PERRIO, de Quentin, département des Côtes-lu-Nord, âgé de 24 ans. L'école a arrêté en outre qu’il serait fait une mention honorable des CC. Pierre-Michel BLONDIN , Pierre-Jean-Baptiste DANIEL, et Joseph JUGLAR. Elle a aussi accordé une des médailles de l’école- pratique à Mile Anne-Marouerite ROBERT , sage- femme, qui s’est distinguée par son zèle et son in- struction. Le ministre de lintérienr a terminé la séance en distribuant les prix aux élèves proclamés, et en prononçant un discours, dans lequel il a présenté avec une éloquence mâle et vraiment philosophique l'importance et la dignité de la médecine, Société d'encouragement pour Pindustrie nalionale. La réunion générale des membres de la Société d'encouragement pour l’industrie nationale, a eu lieu le 9 messidor. L'assemblée étoit très - nom- breuse; elle a vu avec plaisir, dans son sein, M. le comte de Rumpfort, et M. Blagden, de la Société royale de Londres, ses correspondans. Le ministre de l’intérieur présidoit cette séance, et la ouverte par un discours. 1 Le €, DEcÉRANDO, secrétaire, a rendu compte } : Nouvelles littéraires. 103 ensuite, au nom du conseil d'administration, de ses travaux pendant les six derniers mois, des recher- ches qu’il a faites, des encouragemens qu’il a ac- cordés, des accroissemens que la Société a recus. Les EC. PETIT, au nom de la commission des fonds, et CHASSIRON, au nom des censeurs, ont également rendu compte de l’état de la caisse et de Pemploi des fonds. Diverses inventions nouvelles ont été présentées à la Société. Le nouveau développement qu’ont recu les tra- vaux de Ja Société, ont déterminé une augmenta- tion du nombre des membres qui composent le con- seil d'administration. Il a été porté à cinquante- neuf, Les membres qui ont été appelés à ces fonctions, par les suffrages de la Société, sont les citoyens dont les noms suivent. Membres composant le bureau. Chaptak, président; Costaz, tribun, vice-prési- dent; Frochot , vice-président; Degérando, secré- taire ; Costaz jeune, secrétaire - adjoint ; Montmo- rency (Mathieu), secrétaire-adjoint ; Laroche, trésorier. Commission des fonds. Perregaux, sénateur , banquier ; Récamier aîné, banquier ; Sers, sénateur ; Petit, membre du con- seil-cénéral du département ; Laville-Leroux , séna- teur; Savoye-Rollin, tribun ; Brillat-Savarin, mem- bre du tribunal de cassation ; Rouillé de l’'Etang, G 4 104 Nouvelles littéraires. membre du conseil-général du département; Flory; administrateur de la caisse-d’escompte du commerce. ) Comité des arts mécaniques. Baillet, professeur et inspecteur des mines; Bar- del, membre du conseil- général d'agriculture, arts et commerce du ministère de l’intérieur; Conté, démonstrateur au conservatoire des arts et métiers; Costaz, tribun ; Molard, démonstrateur au conser- vatoire des arts et métiers ; Pernon (Camille), tribun; Périer, membre de lInstitut; Prony, membre de l'Institut; Ternaux aîné, manufacturier. Commission des arts chymigues. Berthollet, sénateur, membre de l’Institut ; Bose, tribun ; Collet-Descotils, ingénieur des mines; Des- croisilles , chymiste ; Fourcroy, conseiller d'état, membre de l’fnstitut ; Guyton - Morveau, membre de l'Institut, directeur de l’école polytechnique ; Mérimé, peintre; Périer (Scipion), membre du conseil-général d’agriculture, arts et commerce du ministère de l’intérieur; Vauquelin, membre de J'Institut. Comité des arts économiques. Bourriat, pharmacien ; Cadet-Devaux, membre du conseil- général d’agriculture, arts et commerce du ministère de l’intérieur ; Decandolle, membre de la société philomatique ; Delessert ( Benjanin), banquier; Lasteyrie, membre de la société d’agri- çulture de la Seine; Mongolfier, démonstrateur au ÎWVauvelles littéraïres. 10 conservaloire des arts; Pastoret, membre du conseil d’administration des hospices ; Pictet, tribun; Par- mentier, membre de l’Institut. Comité d'agriculture. Cels, membre de l’Institut; Chassiron, tribun; Francois ( de Neufchâteau), sénateur ; Huzard, membre de l’Institut; Tessier, membre de l’Insti- tut; Richard........3; Sylvestre, secrétaire de la société d’agriculture de la Seine; Vilmorin, membre du conseil-général d'agriculture , arts et commerce du ministère de l’intérieur; Yvart, de la société d’agriculture de la Seine. Comité de commerce. Arnould aîné, tribun; Arnould jeune, chef du bureau de commerce au ministere de l’intérieur; Bertrand , membre da conseil-général d’agriculture , arts et commerce du ministère de l’intérieur ; Costaz jeune, chef du bureau des arts au ministere de l’in- térieur ; Fréville, tribun ; Journu-Aubert, sénateur; Magnien, administrateur des douanes ; Regnault (de Saint-Jean-d’Angely}), conseiller d'état; Swe- diaur , médecin, membre de la société d'agriculture de la Seine. N. B. Les différens comptes rendus seront impri- més dans le bulletin que la Société distribue à ses membres, 106 Nouvelles littéraires. Astronomie et Navigation. Extrait du rapport fait au bureau des longitudes ; par les CC. LAGRANGE, LAPLACE, MÉCHAIN et DELAMBRE, sur les tables lunaires , envoyées au concours ouvert er Messidor an 8. . On se rappelle avéc quel intérêt l’Institut national accueillit, 1] y a deux ans, les mémoires des astro- nomes Bürg et Bouvart, sur quelques-uns des élé- mens des tables lunaires. Frappée de l’importance et de l’immensité de leur travail, la classe des sciences mathématiques et physiques, présidée ce Jour-là par celui de tous ses membres qui pouvoit le mieux assurer l'éclat et le succès de sa délibé- ration , arrêta de doubler le prix qu’elle devoit par- dager. En faisant beaucoup plus qu’on n’avoit exigé d’eux, les concurrens avoient donné naissante à une question beaucoup plus difficile que celle qu'ils avoient résolue. Un même mouvement moyen ne Pouvoit satisfaire aux époques qu’ils avoient éta- blies pour le commencement , la fin et le milieu du XVIIL siécle. Cette irrégularifé si alarmante pour la précision future des tables, ne pouvoit s’expliquer qu’en sup- . posant , ou que les inégalités déja comprises dans les tables n’étoient pas suffisamment bien connues, ou qu’il y manquoit encore quelques équations qui avoient jusqu'alors échappé aux recherches de tous les géomètres. Le travail effrayant que demandoient ces nou- Nouvelles littéraires. 107 velles considérations, ne permettoit pas d’espérer une solution aussi prochaine qu’il le falloit pour les besoins de l'astronomie et de la navigation. C’étoit le cas de faire un appel à tous les astronomes, dans l’espoir que l’un d’eux auroit peut-être 'amassé de longue main tous les matériaux nécessaires. Le bureau des longitudes s’adressa avec confiance à un gouvernement composé de manière à sentir mieux qu'aucun autre qui ait jamais existé, le prix des sciences et l'utilité de leurs applications. Avec son agrément, les ministres de l’intérieur et de la ma- rine firent, par égales portions, les fonds d’un prix extraordinaire de 6000 fr. qu’on se hâta de proposer à l'émulation des astronomes de tous pays. Vingt mois après cette annonce , le bureau des longitudes recut les nouvelles tables dont nous allons rendre compte. Pour vérifier des tables construites sur la totalité des bonnes observations publiées jusqu'alors, il fal- loit d’autres observations également bonnes, mais plus nouvelles. On en choisit cent cinquante, tant dans les registres de l'Observatoire nationai de Pa- ris, que dans lés derniers cahiers publiés par Pas- tronome royal d'Angleterre, et dans la correspon- dance du directeur de l'Observatoire de Gotha. C’est dire assez qu’il éloit impossible d’en trouver qui méritassent plus de confiance, soit par l'excellence des instrumens, soit parle merite reconnu des ob: servateurs. Nous allons en peu dé mots exposer les difficultés 108 Nouvelles littéraires, que l’auteur des tables avoit à surmonter, et la pré- cision à laquelle il est parvenu. Par des milliers de comparaisons, il a prouvé d’abord que des inégalités périodiques précédem- ment déterminées , n’étoient susceptibles que d’amé- liorations tres-légères. Il introduisit quelques équa- tions indiquées imparfaitement, puis négligées par Mayer et Mason, et quelques autres beaucoup'plus importantes indiquées dans les derniers volumes de la Connoïissance des temps, par le C. Laplace : elles rendoient Îles tables beaucoup meilleures, mais ne corrigeoient pas l’inégalité du mouvement moyen. Il restoit à essayer les équations à longue période: la théorie n’en ayant encore fourni aucune, notre auteur tenta de déterminer empiriquement la loi des anomalies observées ; il se perdoit dans un la- byrinthe inextricable ; mais au temps même où fa- tigué de tant de vains efforts , il renoncçoit à tout espoir , il apprit que le C. Laplace venoit de dé- couvrir la forme et les argumens de deux équations nouvelles dont il renvoyoit la détermination plus précise à l’observation. Avec ce secours presque ines- péré , notre auteur entreprit un nouveau travail, et parvint à fixer la valeur de deux équations, qui expliquoient tout .de la maniere la plus heureuse. 11 en résulta une connoissance plus exacte du mou- vement moyen, un accord plus parfait entre les cal- culs et les observations , et, par-dessus tout, l’es- poir très - fondé que cet accord se soutiendra , et qu'on ne verra plus, comme dans les années der- * IVouvelles littéraires. 109 nières, lesserreurs s’accroître d’une maniere rapide et effrayante. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans des détails numériques ; on les trouvera dans un écrit et dans des tableaux mis, par les commissaires, sous les yeux du bureau. Pour donner une idée de la pré- cision des nouvelles tables, il suffira de dire que les erreurs qu’on peut leur attribuer, vont très- ‘rarement à 12”; d’où il suit que l’astronome qui . observera la lune, trouvera rarement entre le lieu réel et le lieu calculé, une différence plus forte que l'épaisseur du fil très-délié qui est au foyer de sa lunette ; et pour faire sentir de quelle importance cette exactitude est pour la navigation, nous di- rons que ces 12’ de mouvement ne demandant pas une demi-minute de temps , le navigateur ne se trompera pas de 8 minutes sur sa longitude, du moins par la faute destables ; en sorte que s’il par- vient à mettre la même exactitude dans ses obser- vations, 1l pourra regarder le problême des longi- tudes comme résolu suffisamment pour la pratique. Les commissaires concluent que les tables nou- velles, par l’immensité du travail qu’elles suppo- sent , par l'intelligence, qui a dirigé ce travail, par la grande supériorité qu’elles ont sur les autres tables , enfin par l’utilité dont elles seront jour- . mellement aux astronomes et aux navigateurs , sont tout-à-fait dignes du prix annoncé, Signé, LAGRANGE, LAPLACE , MÉCHAIN, et DELAMBRE, rapporteur. 1:10 Nouvelles littéraires. . Ce rapport ayant été adopté par lesbureau, le secrétaire fournit la preuve que les nouvelles tables sont de M. Bürg, astronome-adjoint de l’observa- toire impérial de Vienne , déja si avantageusement connu par le prix qu'il partagea en lan 8 avec le C. Bouvart. En conséquence, le président , au, nom du bureau les longitudes, adjugea le prix à M. Bürg, et l'on arrêta qu’une députation seroit nommée pour présenter le rapport ci-dessus aux consuls de la République françoise. Cette députa- tion, composée de quatre commissaires et des CC. Lalande, Bougainviile, Fleurieu et Chabert, fut admise, le vendredi 6 messidor , à l'audience du premier consul, qui , après avoir écouté le rapport ci-dessus et demandé divers renseignemens, tant sur le travail en lui-même que sur la personne de l'auteur, voulut bien exprimer sa satisfaction en déclarant qu'il doubloit la somme promise. M. Maskelyne , astronome royal d'Angleterre ; informé de l’exactitude des nouvelles tables, vient de les demander pour les faire servir aux calculs de l’almanach nautique anglais. Le bureau des lon- gitude se félicite de pouvoir, en cette occasion, donner à ce savant distingué, l’un des associés étrangers de l’Institut national, une marque de sa haute considération et de la reconnoissance qu'on lui doit pour'le recueil d'excellentes observations . dont il n’a cessé, depuis 36 ans, d'enrichir Pastro- nomie, + \ d l + » . Nouvelles littéraires. T1 Notice sur l’état actuel de l’enseignement et de l'administration de la partie des m1111eS en France. Les consuls de la République ont ordonné, par arrêté du 23 pluviose an 10, sur le rapport du mi- nistre de l’intérieur , l’établissement de deux écoles- pratiques pour l’exploitation des mines, et le trai- tement des substances minérales, L'une est placée, departement du Mont-Blanc, arrondissement des Moutiers , sur les mines de plomb de Pezay; l’autre, département de la Sarre, aux forges de Geislautern , près Sarrebruck. La première de ces écoles offrira des moyens d'instruction étendus et variés, notamment pour la métallurgie : elle est placée sur une mine de plomb abondante, voisine de celle d’argent d’Allemont ; des mines de fer spathiques, de lPfsère et du Mont- Blanc ; des usines dans lesquelles on traite ces pré- cieux minerais pour en obtenir des aciers analogues à ceux de Carinthieet de Styrie, et à-très-peu de distance des salines de Conflans et de Moutiers. Les élèves y seront à portée d'observer les grands phé- nomènes géologiques que présente Ja chaîne des Alpes : ils auront sous les yeux les circonstances di- verses qui accompagnent les nombreux gissemens des minerais qu’elle présente daus ces masses imposantes, hérissées des aspérités et des déchiremens profonds que d’antiques révolutions du globe y ont produits, . Les fourneaux, forges, platineries, ferblanterie de Geislautern et les aciertes de Goffontaine, met- L 112 Nouvelles littéraires, tront Jes élèves de l’école placée dans le départe- ment de la Sarre, à même de suivre les opérations relatives aux fondages des minerais de fer, et aux diverses modifications de ce métal. On fixera leur attention sur l’économie et les perfectionnemens qui peuvent être portés dans ces travaux. La con- servation des bois, le bas prix des combustibles, la diversité et l'abondance des substances minérales qu’on y trouve, ont rendu ce département le plus propre aux fabrications qui ont ces matières pour objet : ces fabrications y sont déja en grand nombre, et ne pourront que s’accroître. Les abondantes mines de houille des environs de Sarrebruck offriront aux éleves des exploitations régulières aux travaux desquelles ils seront exercés. Ils pourront visiter fréquemment les mines de mer- cure, de plomb et de cuivre du Mont - Tonnerre, ainsi que les belles salines de Kreustnack. On les enverra , sans de grands frais, aux houilleres d’'Esch- weiller , aux mines de Calamina, ou ci - devant duché de Limbourg ; ils suivront les manipulations relatives à l’alliage de cette substance au cuivre dans les fabriques de laiton de Stolberg ; enfin, les dé- partemens de l’Ourthe, de Jemmappes et du Nord « leur offriront , indépendamment de plusieurs prépa- rations salines , de grands travaux d’extraction pour la houille, où ils verront l’application des moyens puissans de l’art, vaincre les plus grands obstacles. Ces deux écoles - pratiques réuniront donc tout ce. qu’on pourroit desirer pour former des mineurs et des métallureistes, 2 Cel!en b l Nouveiles littéraires. 11% Celle de Pezay est déja organisée. Les lumières, l'expérience et le zèle des hommes qui y ont été attachés , font augurer tous les succès desirables de cet établissement. . Le premier consul a nommé, sur la proposition du ministre de l’intérieur et la présentation du con- seil des mines, le C. Schreiber, ingénieur en chef, directeur-général de l’établissement de Pezay. Les CC. Hassenfratz et Baillet , aussi ingénieurs en chef des mines, professeurs, l’un de métaliurgie, l'autre d’exploitation. Le C. Brochant , ingénieur, professeur de géologie et de minéralogie. La réunion du directeur - général et des profes- seurs , forme un comité d'administration, tant pour la conduite de la mine de Pezay, que pour l’ins- truction des élèves : ce comité réfère au conseil des mines , à Paris, près le ministre de l’intérieur, le- quel décide , ou propose aux consuls des mesures qu'il convient d’adopter. L’école-pratique de Geislautern sera successive- ment organisée et d’une manière analogue ; mais elle aura plus particulièrement pour objet le trai- tement du fer, les travaux d’extraction, quelques préparations de substances salines , celle des oxydes métalliques et des terres propres à la peinture, aux verreiies et poteries, et à la coloration des émaux, Ces deux établissemens amèneront promptement des améliorations sensibles dans l’art d'extraire ct de préparer les minérais : ils vont incessamment Tome II. H 114 Nouvelles littéraires. donner lieu à une activité plus prospère des fabri- cations multipliées qui en dépendent. Mais d’autres mesures importantes ont encore fixé l'attention du gouvernement à l'égard de cette branche de l'administration générale. Depuis plusieurs années on réclamoit avec instance, dans un grand nombre de départemens, la présence d'hommes en état de reconnoître les substances minérales utiles, d’en diriger la recherche et l’ex- ploitation avec succès et économie ; de faire pro- fiter les établissemens en activité des lumieres ac- quises. On en sentoit également le besoin pour don- ner au gouvernement les renseignemens au moyen desquels il pût terminer des discussions extrême- ment nuisibles à ces entreprises , accélérer la marche administrative trop lente et incertaine, et prendre des déterminations définitives sur une multitude de demandes qui étoient restées en suspens. Les ingénieurs des mines institués pour remplit ces fonctions , n’avoient pu étre répartis qu’en très- petit nombre dans les départemens , parce que les circonstances ne permettoient pas de fournir aux frais de leurs voyages. Le ministre de l’intérieur, le C. Chaptal, a re- connu combien il pouvoit être avantageux de satis- faire , à cet égard, aux demandes des départemens, en donnant aux ingénieùrs des mines toute lacti- vité dont ils sont susceptibles, et en les mettant à portée de faire, dans les contrées les plus riches en mines, l’application des lumières qu’ils ont ac- quises. Ce ministre a arrêté une organisation telle Nouvelles littéraires. 115 que tous les ingénieurs en chef et ordinaires des mines sont répartis sur les différens points du ter- titoire françois où leur présence étoit la plus urgente. D’après cet{e mesure, indépendamment de l'arron- dissement de Pezay, qui sera surveillé par les in- génieurs attachés à l'école - pratique, soixante dé- partemens vont profiter de la présence des ingé- nieurs des mines. Ils ne parcourreront pas ces con- trées rapidement ; ils résideront , tous les ans , dans chacun des départemens qui composent leur arron- dissement ; ils en observeront soigneusement les ri- chesses minérales , indiqueront les moyens de re- cherche et d’extraction qui doivent être employés, et les préparations applicables aux diverses substan- ces : ils soumettront aux préfets leurs vues sur les améliorations qui peuvent être produites dans les établissemens déja en activité, et ils feront à ces magistrats des rapports sur toutes les affaires qui sont du ressort de l'administration des mines, afin, d’aplanir les difficultés ; d’accélérer et d’assurer les déterminations du gouvernement , et d’anéantir toutes les entraves qui pourroient gêner ce genre d'industrie jusqu’ici trop peu éclairé et encouragé. Les renseignemens généraux relatifs à la statis- tique, tout ce qui peut concourir à la formation de la carte minéralogique de la France et au com- plément de la collection de ses minéraux ( ainsi que les observations et mémoires qui ont pour objet les progrès de l’art des mines ou des différentes bran- ches de la métallurgie ) sont adressés par les ingé- pieurs au conseil des mines , établi près du ministre H 2 116 Nouvelles litléraires. à Paris, lequel s'occupe de la vérification , du clas- sement et de la publication de ces objets. | Ils transmettent également à ce conseil tous les rapports nécessaires sur les affaires administratives à l'égard desquelles il donne au ministre des avis motivés. La création des deux écoles-pratiques , le statien- nement des ingénieurs qui va donner lieu à la re- connoissance et à l’exploration de nos richesses mi- nérales, au traitement plus économique de celles déja connues, et la concentration de ces moyens au conseil des mines, établi près du ministre , don- neront sans doute une vive impulsion à cette bran- che importante de l'industrie nationale. Un objet qui auroit la plus grande influence sur la prospérité des exploitations des mines, comme _sur celle de toute l’industrie et du commerce en France , ce seroit la multiplication de nos moyens de circulation intérieure par eau, et la restaura- tion des communications déja existantes : ces grands travaux exigent des bras, des moÿens pécuniaires et du temps. Il falloit une paix stable pour étre à portée d’opérer ce grand bien; la paix est faite, et déja les routes se réparent partout , des ponts sont construits, on creuse des canaux, et bientôt nos transports seront aussi faciles qu’économiques ; alors nos mines de charbon fourniront avec abondance à nos ateliers, les forêts épuisées se répareront , et les découvertes de nos richesses souterraines ne res- teront plus stériles par la difficulté des communi- cations. LIVRES DIVERS (i) NÉPESUmMIONT RUEUNRPA TU RE L L'E FRANZOESISCHE Annalen fitr die allgemeine Natur- geschichte, Physik, Chemie , Physiologie und ihre £gemeinnüutzigen Anwendungen ; herausgegeben von Dr. C. H PFAFF, in Kiel, und Dr. FRIED- LAENDER, in Paris. C'est-à-dire, ANNALES Jfrancoises de l'Histoire naturelle générale , de la Physique, de lu Chymie, de la Physiologie , et des applications utiles de ces sciences ; publiées par le Dr. C. H. PrArr, à Kiel, et le Dr. FRIED- LAENDER, à Paris. L.®* cahier. Hambourg , chez Frédéric Perihes, 1002. In-8,° de 218 pages. Le but des éditeurs de ces annales est de faire connoître en Allemagne, d’une maniere étendue et . satisfaisante, et avec autant de promptitude qu’il sera possible, les travaux des savans francois , rela- tivement aux branches des sciences naturelles indi- quées sur le titre. La réanion des.deux savans qui se sont chargés de la rédaction de ces Annales est de l’augure le plus favorable pour le succès de cet ouvrage périodique, et l’intérêt qu’il présentera aux amateurs des sciences naturelles. Les deux rédac- teurs s'occupent avec succès, depuis longtemps , de cette partie des connoissances humaines ; M. Friedlænder se trouve à Paris à la source qui doit alimenter ces Annales, et M. Pfaff, professeur à Puniversité de Kiel, est à même de connoiître les progrès que les savans de l'Allemagne ont fait dans chacune de ces sciences, ét de rendre les détails donnés par M. Friedlænder , sur les travaux des (1) Les erticles marques d'une * sont ceux dont mous donnerons un extrait, Ha 7 : 118 Livres divers. f savaus de Ja France, plus intéressans encore et plus utiles à la fois pour PAllemagne , en les comparant avec l’état où la science se trouve dans ce dernier pays. Le plan de ces Annales contient cinq grandes divisions. La premièré offrira des traductions de mémoires originaux francois ; la deuxieme des ex- traits étendus d'ouvrages importans françois, sur les sciences qui font l’objet de ces Annales ; la troi- sième, des annonces moins étendues de mémoires où d'ouvrages moins importans sur ces mêmes sciences ; la quatrième, des nouvelles littéraires, des détails sur les découvertes et les inventions nouvelles, des no- tices sur les travaux des sociétés savantesget autres , qui ont un but d'utilité publique, sur les établis- semens d'instruction , autant qu’ils ont quelque rap- port aux sciences en question ; la cinquième enfin , est consacrée à la biographie. La simple indication de quelques-uns des articles de ce premier cahier, suffira pour faire voir à nos lecteurs combien ces Annales méritent d’avoir le succès le plus complet parmi les compatriotes des éditeurs, Dans la 1. division, on trouve la traduc- tion du rapport fait par le C. BrOT à Ja classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut national, sur les expériences du C. VOLTA ; — expé- riences et observations du C. BERTHOLLET ,surle carbone , le gaz acide carhoneux, et le gaz oxyde de carbone , lues à l’Institut national, le 26 mes- sidor an 1X, ettraduites en entier sur le manuscrit de l’auteur ; — sur les Thermolampes du C. LEBON ; — traduetion du mémoire du C.Vauquelin sur le phos- phate nauif de fer mélangé de manganèse; — analyse d’un minéral envoyé d'Angleterre par M. Bournon , sous le nom d’Arséniate de cuivre; par le C. Vau- QUELIN , traduit sur le manuscrit de l’auteur, etc, Dans la 2. division de ce 1." cahier, M. Friedlæn- der donne un extrait étendu de l'ouvrage du C. Haüy sur Ja minéralogie, Dans la 3.° division, on jrouve entre autres un extrait du mémoire du C. Do- lomieu sur les espèces en minéralogie; un extrait d'un Livres divers. 119 mémoire du C. Biot, sur le mouvement du fluide galvanique ; des annonces et des indications du con- tenu de la seconde édition duManuel d’un cours de Chymie , par le C. BOUILLON LA GRANGE ; l’extrait de l'Eloge historique de Louis GAL ANT, par le C. ALIBERT ; celui du 3.° volume des mémoires de VIns- titut; du 4° des mémoires de la société médicale d'émulation ; des cahiers de vendémiaire et brumaire de l’an x du Journal de physique. La 4.° division con- tient des nouvelles tirées d la correspondance de M. PfafF et de M. Friedlænder , et des notices succinctes sur différentes observations relatives aux sciences naturelles. La dernière division offre une notice bio- graphique sur le C. Haüy, par M. Friedlænder. W. B,O0,T A. N. I QU E. LE BOTANISTE Cultivateur , ou Description, culture et usages de la plus grande partie des plantes étran- gères , naturalisées et indigènes , cultivées en France et en Anglelerre , rangées suivant la méthode de Jussieu: par DUMONT-COURSET. An X. 4 vol. in-8.° formant environ 2600 pages. Prix 30 et 36 fr. francs de port, À Paris, chez J.-J. Fuchs, libraire rue des Mathurins Saint-Jacques, n.° 334 Le C. Dumont-Courset dont on a lu dans ce Journal quelques articles intéressans, est distingué par ses connoïssances en botanique comme par ses qualités personnelles. Il cultive, depuis longtemps, un jardin renommé par le nombre et la beauté des plantes qu'il y élève, et ilsuit le noble but qu’il s’est proposé d’être utile à ses concitoyens en leur com- wuniquant Îles fruits d’une longue expérience. Le premier volume de cet important ouvrage est com- posé de 730 pages. L’auteur, dans un discours prélimi- naire, fait sentir combien la réunion des trois parties. dela botanique, la nomenclature, la culture et Ja connotssance des propriétés est nécessaire à celui qui veut posséder cette science à fond, [traite ensuite des hi 4 120 Livres divers. avantages de la méthode de Jussieu , qu’il a adoptée sur toutes les autres; il explique comment il n’a pas, à l'exemple de Miller, choisi la forme de diction- paire, pour ne pas entrer à chaque article dans le’ détail de culture; enfin, il rend hommage au zèle du C. Deu, qui l’a vivement secondé pour quelques parties de cet ouvrage. L’auteur traite ensuite des connoissances sénérales en culture, et cette partie de son travail ne sera pas jugée comme la moins utile, Il y trace d’excellens preceptes pour la culture des plantes en pleine terre et dans les serres chaudes. Il donne en trois sections une liste des plantes de pleine terre qui peuvent orner les bosqueis d'hiver, de printemps, d’été et d’automne. Une liste des plantes dont les propriétés sont le mieux reconnues dans la médecine et dans les arts. À ces listes succède un lexique où il définit les termes de culture et de botanique. Il donne en- suite une idée de la méthode de Jussieu. Puis il expose les genres et les espèces selon la même méthode, en indiquant leur eulture et leur pro- priété. Cette exposition occupe le reste du premier volume, et les deux suivans qui ont 800 pages; le quatrieme composé de 278 pages contient un appen- dice des plantes qui ne peuvent entrer dans la mé- thode, des additions et des corrections, et une suite de tables très-commodes pour l’usage de l’ouvrage. 1.° Une de ja série des ordres et des genres. 2.° Un exposé succinct du systeme de Linnæus. 3.° Tableau comparatif des méthodes de Linné et de Jussieu. 4° Une table des noms françois. 5° Une des noms latins. 6.° Une des synonymes francois et des noms vulgaires. 7.° Une des noms anglois les plus usités. Cette notice suffit pour faire connoître lutilité de cet ouvrage dont le succes est assuré. A, L. M. Zerrres de M."° de C.***, sur la Botanique, et sur quelques sujets de physique et d'histoire natu- relle, suivies d’une méthode élémentaire de bota- nique ; par L, B. D, M. 2 vol. ia-12 broch: Chez Livres divers. 121 © Levrault frères, libraires, quai Malaquais. Prix 7 fr.et 8 fr. 25 centimes francs de port. 1802. : Ces lettres ontété écrites en 1791 , l’auteur étoit encore fort jeune, illes a revues avec soin. On, voit qu'il s’est proposé Dumoustier , dans ses lettres à Emilie sur la mythologie pour modèle ; mais l’ou- vrage de Dumoustier ne sera jamais, malgré le succes éphémère dont il a joui, qu’un modèle d’inexac- titude dans les faits et de fadeur dans la manière. L'ouvrage du C. L. B. D. M. est également mélé de prose et de vers plus ou moins bien tournés ; la pre- mière lettre rend compte d’une herborisation dans le Palatinat ; l’auteur cherche à être sentimental , et on n’y trouve rien sur l’herborisation qui est le sujet de la lettre. Cependant cette lettre décide M."° de C. à étudier la botanique. Alors le C. L. B. D. M. commence par lui expliquer le système de Linnæus qui, dit-il, étoit un auteur galant et agréable. Assu- rément l’imitateur de Dumoustier croit qu’on n’est rien si on n’est pas galant; pour prouver ce qu'il avance , il ajoute à ses lettres un tableau du sys- tème sexuel qu’il expose en suivant toute l’allé- gorie de Linnæus. Mais cette allégorie qui, sous la plume du C. L. B. D.M., devient une espèce de roman licentieux, fait un peu douter de la pudeur de M."° de C.***, à qui il adresse ces lettres; et les vers badins dont il accompagne l'exposition du systeme du ga/ant Linnæus , feront cacher avec soin ses lettres par toutes lés meres qui ne voudront pas que leurs filles comprennent si minutieusement les rap- ports divers de Punion des plantes avec l’uniou phy- sique et sociale des animaux. L'auteur , après avoir si profondément analysé le système de Linné , termine par une exposition des genres des plantes, d’après Ja méthode de Tournefort. Nous avons à regret critiqué librement cet ouvrage, dont l'anteur n’a,sans doute pas senti le danger; mais l'étude des fleurs doit être amusement innocent des jeunes personnes qui ont du goût et de la sensibilité, et nous ne pouvons 122 Livres divers. voir sans douleur qu’on ait fait d’un ouvrage élé- mentaire sur la plus aimable des sciences, celle qui convient le mieux aux ames pures, douces et hon- nêtes, des élémens de libertinage et de prostitution. Nous conseillons à toutes les mères de bannir les lettres du C. I. B. D. de leur bibliothéqué, mais de donner à leurs filles les lettres curieuses , instruc- tives et charmantes de M."° de Chastenay , intitu- lées le Calendrier de Flore, dont nous avons rendu compte. A. L. M. AG R:1I CAU.L. TU RLE. Cours complet d'agriculture théorique | pratique , économique et de médecine rurale et vétérinaire , ou Dictionnaire universel d'agriculture , par une société d’agriculieurs, et rédigé par Roz1ER. Tome X.f rédigé par les CC. CHAPTAL , conseiller d'état et membre de l’Institut national; DUssr1EUX, LAs- TEYRIE, CADET DE VAUX, GILBERT, ROUGIER ZA BERGERIE, et CHAMBON, de l’Institut natio- ral. Nouvelle édition. Chez Moutardier, imprim.- libraire , quai des Augustins, n.° 28. C’est au C. Moutardier, seul propriétaire des tomes 9 et 10, qu’il faut s’adresser pour les avoir. Prix de chaque volume 12 fr. N. B. Ce volume renferme le traité le plus com- plet sur la culture de la vigne, l’art de faire les vins, esprits de vin, eau-de-vie et vinaigre. MÉMOIRE sur l'utilité qu’on peut tirer des maraïs en général, et particulièrement de ceux du Laonnoïs ; ouvrage qui a remporté le prix de l’agriculture de Laon, en 1787; par CRETTÉ-PALLUEL. Réim= primé par arrété de la Société d'agriculture du dé- ‘partement de la Seiné, avec des notes et des addi- ions, par le C. CHASSIRON , tribun, membre de celte Société, de celle de Seine et Oise, des Deux- Sèvres, de Bourges , de la Rochelle et autres So- ciéiés, Paris, de l’impmimerie et dans la librairie LA L] (i Livres divers. 123 de M.7* Huzard, imprimeur-libraire de la Société d'agriculture du département de la Seine, rue de PEperon Saint-André -des- Arcs, n° 11, an 10. Prix x fr. 8o cent. , et franc de port 2 f. 45 cent. L'ouvrage du C. Cretté-Palluel fait la suite, et “pour ainsi dire la deuxième partie du mémoire sur 5 desséchements, imprimé dans le premier volume des mémoires de la Société d'agriculture du dépar- tement de la Seine, et publié séparément sous le titre de Lettre aux cultivateurs francois. L’auteur traite dans ce mémoire des moyens d'opérer de grands desséchemens ; Cretté-Palluel a traité des moyens d’en tirer utilité, ceux qui voudront mieux connoitre _ Cretté-Palluel peuvent lire son éloge ou plutôt l’his- toire de sa vie et de ses services, imprimé dans le "même volume des mémoires de la Société, ” MÉDECINE. 6 DIsSSERTATION sur l’érysipèle ; par L. J. RE- NAULDIN , médecin , membre de la Société médi- cale de Paris. À Paris, chez Gabon, libraire, rue de l'Ecole de Santé. An X. 1802. in-8.° Cette dissertation est dédiée au C. Desgenette; son auteur, après une étymologie du nom de la ma- ladie, en donne la définition. Le C. Pinel a indiqué cinq espèces de ce genre de maladie. Le C. Re- nauldin en désigne six. Il décrit chacune de ces espèces et en rapporte différens cas, il en indique, les symptômes et les marques correctifs. A. L.M. NMEUT AP H T9 LI Q UE. PENSÉES sur Dieu, sur l’immortalité de l’ame, et sur la religion. Paris, Belin, imprimeur-libraire, rue Saint-Jacques, n.° 22, et Moreau, libraire, rue des Grands: Augustins, n.° 21, quartier Saint- 124 Livres divers: André-des-Arcs. An x. 1802. In-8.° de 56 pages. 60 centimes et 75 franc de port. « Une collection de pensées sur Dieu, sur l’im- « mortalité de l'ame, sur l’ame , extraites , » dit le C. Cordier, « de plusieurs écrivains françois et étrangers, « pourra vraisemblablement procurer aux lecteurs “ des souvenirs agréables, Ayant l'esprit dénué de toute prévention, qui ne se plaira à fixer ses opi- « nions sur les sentimens que manifestèrent des hommes qui consumèrent leurs veilles à chercher à se distinguer par leurs lumieres ? » La lecture de ce petit recueil rappelle non-seu- lement des souvenirs agréables, mais elle conduit à des réflexions utiles, celui qui desire sincèrement de se rappeler par quiil existe, ce qu’il doit espérer et croire. «+L’oubh de toute religion conduit à “ lPoubli de tous les devoirs. Les lois et la morale « ne sauroient suflire ; les lois ne reg'ent que cer- « taines actions, la religion les embrasse toutes. “ Les lois n’arrétent que le bras , Ja religion regle « Je cœur, les lois ne sont relatives qu’au citoyen, « la religion s'empare de l’homme. » Tous les lé- gislateurs des nations ont senti le besoia de cet appui de leur conception politique, on a éprouvé ce que les peuples avoient à craindre de l’oubli de cette base indispensable au soutien de toute créa- tion sociale. On ne peut que savoir gré au C. Cordier d’avoir fait, dans des intentions Jouables, un choix des pas- sages les plus instructifs sur les objets les plus essen- tiels au bonheur de l’homme , maïs on pourroit se plaindre de ce qu’il s’est borné à des notions trop succinctes sur des matières du plusgrand intérêt dans la circonstance actuelle. Un extrait des meilleurs ouvrages qui ont traité de l’exrstence de Dieu, de la religion, de l’immortalité de l'ame , fait avec soin et mis à portée de toutes les classes de lecteurs, seroit accueilli avec reconnoissance , et pourroit pro- duire d’heureux effets. Clarke, Jaquelot , Hautevitle, * Livres divers. h, ES Le François , et quelques auteurs anglois ne sont pas écrits pour être lus par ceux qui n’ont pas déja des principes bien établis sur de pareilles matières. On pourroit désigner à celui qui se Jivreroit à ce travail, un ouvrage intitulé de la sprrituulité et de limmortalité de l'arie, qui parut il y a un demi- siécle, en 1 vol. in-12, et qui est entièrement ou- blié. Il contient cependant tout ee qu’on a écrit de plus clair et de plus solide sur à question mé= taphysique. 11 fut attribué, dans le temps, à un medecin célèbre. A. J. D. B. DE l'immortalité de lame ; par Maximin ISN ARD , avec celte épigraphe : Dortem quid ultra est? vita. ... SENEC. Au - delà de la mort, que trouvons -nous ? la vie. Brochure in-8.° d'environ 100 pages. Prix, 1 fr. 20 centimes, et franc de port 1 fr. 5o centimes. Idem , papier fin d'Angoulême, 1 fr. 50 centimes, et frane de port, 1 fr. 8o centimes. Paris, Charles Pougens ,imprimeur-libraire, quai Voltaire, n.° 10. C’est ici une de ces conversions que les atrocités révolutionnaires ont opéré. Maximin Isnard , désigné pour être une des victimes, caché pendant seize mois sous un plancher sur lequel il entendoit s’agiter les satellites des assassinats, chargés de le conduire à l'échafaud , profita de quelques heures de tranquil- lité dont il jouissoit pendant la nuit , en se prome- pant dans un jardin, pour réfléchir sur Dieu , sur son ame, sur la religion; et ses méditations sur ces objets religieux et métaphysiques Pont conduit à croire qu’il r’étoit pas la production du hasard, Pont rappelé aux principes que l'éducation avoit veisé dans son ame, et’que le malheur ranimoit. Ce sont ses réflexions longtemps müries qui doivent produire un grand ouvrage, dont cette brochure » n’est qu’un aperçu. L'auteur y\démontre lPimmorta- 126 Livres divers. lité de l’ame par la nature de cette même ame , par instinct moral de l’homme, par l’examen de nos facultés intellectuelles, par Ja suprématie de l’homme dans l’ordre de la création , par la gradation constante que suit le créateur dans ses œuvres; la réunion* de toutes ces preuves mélaphysiques est encore fortifiée par l’assentiment de la conscience, et pour ainsi dirésanctionnée par la conviction des anciens sages de l'Inde , de la Perse, de l’Ægypte, de la Scythie, de Ja Chine et de toute l’Asie, des philosophes de la Grèce et de Rome, par Bacon, Descartes , Newton , Clarke, Euler, Pascal , Racine. “ Douteroit-on de ce qu’en éet instant la vérité « m'inspire ,s’écrie Maximin Isnard? Qu'on interroge « Je soleil visible, il répond : Je te représente sur « Ja terre ce qu'est le soleil divin dans les cieux... “ Je lance des feux, il étincelle la vie.... Je suis « le soleil périssable des corps destructibles , il est «“ le soleil éternel des intelligences immortelles. Il a m'a créé l’époux de la nature sur laquelle j'agis « et que lui seul féconde. Celle-ci n’est que le der- « nier des ateliers du grand architecte où sa main sculpte et anime jusqu’à la plus vile matière , où « la vie lutte sans cesse, enveloppée des bras de « Ja mort....; où le mal et le bien combattent « ensemble. —— Cet univers est un symbole... « cette terre, un séjour intermédiaire....; tout ce « qu'ils offrent de bon à tes yeux est le bas-relief, « le paysage représentatif du monde céleste, vrai « séjour de la vie.... Dieu s’est peint dans ses « œuvres.... , Je n’existe que comme son image. « Soleil ! inextinguible flambeau qui, sans jamais « te consumer ou l’accroitre, bruleras à la gloire de « l’éternel dans tout le cours des siécies; lustre « étincelant suspendu sans point d’appui dans le « vaste temple de la création, et qui seul l’éclaire « toutentier, hiéroglyphe mystérieux gravé de maiu « divine sur la colonne de l'univers pour laisser en- « trevoir à la terre, ce qu'est la divinité dans les « cienx ; miroir resplendissant qui nous réfléchis son Livres divers. y “ image, et qui, par l’immensité de tes prodiges « régénérateurs , me découvres l’action et la [é- «“ condité créatrice du soleil intellectuel, non, jamais «“ mes yeux ne se lasseront de t’admirer. » Nous n’avons pu qu'indiquer quelle est la série de preuves dont le C. Isnard fait usage pour nous persuader de l’immortalité de notre ame ; nous ve- nons de transcrire une tirade que l’enthousiasme Jui à inspirée à la vue du soleil, de cet astre qui procède de Dieu même... « Sa chaleur est amour, “ principe des affections ; sa lumiere zntelligence , “ principe des pensées ; ses rayons sont cet esprif « qui donne aux ames justes, amour sans bornes, « intelligence et félicité suprêmes.... » Les métaphores hasardées , les expressions néolo- giques dont fait usage l’auteur de cet écrit estima- ble , étoient déja connues par d’autres écrits poli- tiques et polémiques qui parurent pendant la révo- lution ; il semble que dans celui-ci il ait affecté de mépriser les reproches que la critique en avoit fait; dans des notes explicatives de sa métaphysique pieuse, 3l s’est livré à une recherche de mots , à une singu- Jarité d’élocution, à une création | même d’expres- sion , qu’on peut croire que l’académie francoise n’eût pas admises dans son dictionnaire. Au reste, cet auteur a cru devoir mettre son imagination de moi- ‘tié dans ses raisonnemens, et a appelé l’éloquence à l’appui de ses assertions; et il convient modeste- ment que s’il n’avoit parlé qu’à des métaphysiciens, il n’auroit emplové que le langage de la discussion. « Mais je n'ai pas dû négliger dans le discours, « continue-t-il, les moyens oratoires, parce que la plu- « partdes hommes ne‘permettent qu’on les instruise, - « qu’autant qu’on les intéresse par le charme du style; « ils n’ont d’ailleurs confiance qu'aux assertions de n ceux qui font preuve à leurs yeux de quelque 1a- « lent. Lorsque la vérité veut parler aux hommes «“ avec succes, il faut que l’éloquence fasse faire # Silence autour d'elle. » D'après cette conviction, Maximin Isnard a donné l’essor à son imagination, 128 Livres divers. s’est livré à toute l’influence du climat qu’il habite, et a orné sa dialectique de tout ce qui pouvoit l’em- bellir. On lui reprochera peut-être qu'il y a trop d’images répandues dans son écrit; mais les images tiensent à sa maniere, comme 1l nous l’assure ; pardonnons-lui si nous trouvons qu'il en ait abusé, et surtout s’ils ne nuisent point à la force de ses raison- nemens et à la solidité deses preuves. A.J.D.B,. HD) UICLA) TUINONEN. LA RÉPUBLIQUE de l'an bo, partie morale, ou plan d'éducation populaire ; par le C. DURAN, professeur d'un cours de théories nouvelles. À Foix, de limprimerie de Pomies l'aîné, imprimeur- libraire , pluviose an X. In-8.° de 22 pages. L’auteur interrompt son grand ouvrage de la con- stitution de l’an bo , pour donner quelques avis au gouvernement sur l’éducation du peuple. Les cir- constances actuelles l’engagent, par civisme , à en détacher cette partie qui ne pouvoit y être étrangere. « On y verra, dit-il, que j'ai aussi mon plan d’in- « struction et mon plan de concordat, plans qui, “ toutefois, ne sauroient contrarier en rien les pro- « jets de lois officiels que je dois respecter. Fidellé © « à ma mission ( c’est-à-dire à celle qu’il s’est don- née ) - j'ai coordonné entièrement mon concordat, « mon plan d'instruction et toutes les parties de “ cette éducation, à ma constitution de Jan bo, « c’est-à-dire à la forme future et infiniment desi- « rable de la république parfaite. ... Je crois aussi « que tous les législateurs devroient en partie y coor- « donner leurs lois. « « L'éducation appelée dans louvrage constitution « persuasive, est cette partie.qui doit communiquer « au peuple la sagesse , pour qu'il sache et qu'il « veuille exercer dignement sa souveraineté, » maïs le peuple pourra-t-1l acquérir cette sagesse ? Nous ne le croyons pas, et le professeur semble en douter, cetie Livres divers. 129 æelte classe d'hommes au milieu de ses travaux, eut-elle acquérir l'instruction, l’esprit de justice ; ie goûts nobles et élevés qu’exige cette grande fonc- tion, par les formes d'éducation pratiquées jusqu’à ce jour ? L’auteur conçoit une forme qui lui paroît possible quoiqu’elle soit extraordinaire relativement à nos mœurs et à tous les usages établis, et qu’elle soit raisonnable, considérée en elle-même. Il en présente l’esquisse ; « maïs une esquisse qui ne doit « pas être jugée par les lecteurs d’après les usages “ et ce que les hommes sont , mais d’après la na- « ture des choses , et ce que les hommes pourroient « et devroient devenir. » Si, pour parvenir à perfectionner l’éducation po- pulaire, il faut que les hommes changent de carac- rére , se débarrassent de leurs passions , abandonnent leurs préjugés , l’auteur ne doit pas espérer que son plan de perfectibilité se réalise jamais; il peut se dispenser de douner le développement dont son es- quisse a besoin, et qu’il a la bonté de nous pro- mettre. L’inexécution de sos modèle idéal nous dis- pense d’en dire davantage sur un écrit qui demande, pour que le système qu’il contient puisse s’exécuter, des mœurs nouvelles parvenues au plus haut degré de perfection. Pourquoi nous parier de chimères, lors- que nous ayons besoin de réalités? À, J. D. B. COMMERCE. SIXIÈME Cahier de la Bibliothéque commerciale , ouvrage destiné & répandre ls connoissances re- latives au commerce , à la navigution, etc. ; par J.PEUCHET, membre du conseil de commerce aw ministère de l’intérieur, etc. Ce sixième cahier de 64 pagesaän-8.° , contient : Con- sidérations sur les causes de la stagnation du com= merce, — Du commerce de Burbarie avant la guerre. — Compagnie d'Afriques— Loi relative à la sup- pression définitipe de la compagnie d'Afrique et à Tome II, I 1 130 Livres divers. l'établissement d'une nouvelle compagnie. — Cotons de Salonique ; leur culiure et qualités, vente et con- sommation du coton.—Mémotre sur l’£le d'Anjouan; par M. de Court , commissaire de la marine.—Un commissaire des relations commerciales peut-il être pris à partie sans aucune autorisation préalable de son gouvernement ? — Question de droit très-impor- tante sur un accusé de faillite frauduleuse. Ce sixième cahier complète le premier volume in-8.° *de 420 pages. Le prix de la souscription est de 21 fr., pour recevoir, franches de port, 24 li- vraisons, et 12 fr. pour 12 livraisons. La lettre et l'argent doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la souscription en un mandat sur Paris. On souserit à Paris, chez F. Buisson, imprimeur- libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, et chez tous les libraires et directeurs des postes. JURISPRUDENCE. JourNAL de Jurisprudence , publié par l'institut de Jurisprudence et w’économie politique ; première li- sraison. Les cours de l’institut de jurisprudence sont ouverts et finiront le 30 fructidor. L'abonnement à la totalité des cours comme à un seul , est de cent Jrancs pour leur durée qui est de dix mois. Cette somme est payable par cinquième de deux mois en ‘deux mois est d'avance. Le bulletin de l'institut et le journal de jurisprudence sont chacuns de 10 à 12 feuilles, suivant l'abondance des matières, for- mat in-8.°, caractère de cicero ; le bulletin paroît le 1°", et le journal le 15 de chaque mois, Le prix de l’abonnement soit au bulletin, soit au journal, est de 30 fr. par an, 15 fr. pour 6 mois, et 7 fr. 5o cent. pour trois mois; ils sont rendus francs de port dans tous les départemens de la république ; l'abonnement aux deux ouvrages n’est que de 54 fr. Les citoyens domiciliés ont la fa- culté, pour le premier trimestre, de ne payer qu’à son expiration le prix de leur abonnement. Livres divers. . 131 Ces deux livraisons contiennent un procés-verbal de la première séance publique da conseil-général de l’institut de jurisprudence et d’éconamie politique, tenu le 5 pluviose au X. Un discours du C. Lamou- QUE. Analyse du cours de législation natureile et ‘d'économie politique jasqu’au 5 pluviose an X, par le C. Dessaix ; celie du cours de légisiation histo- rique de chaque peuple ; par le C. CoLreMrT'; celle du cours de droit romain et francois par le C. Em- PEREUR ; celle du cours de droit criminel ; par le C. GAUTHIER ; celle du coursde jurisprudence pratique, par le C. Morey-Ronez; de logique et d’éloquence; par le C. GauTreR. Un procès-verbal du 2r ventose an X , de la deuxième séance publique du conseil= général de l'institut de jurisprudence et d’économie politique ; un discours prononcé par le C. P£RIGNON, président provisoire du conseil-général à la même séance; le rapport fait, par le C. TARGET, au conseil-général de l’in$titut de jurisprudence et d’éco- nomie politique, au nom de la commission char- gée de proposer le projet de règlement , reglement du conseil , et liste de ses membres ; cours du droit romain et françois, par le professeur BERNARDY, de lévislation criminelle , par le professeur M ND, et de jurisprudence pratique , par le professeur Pi: RAULT-DESCHAUMES. HISTOIRE, DE lPimportance de l'étude de l'Histoire, et de la vraie manière de l’enseïgner , d’après un nouveau plan présenté par tableuur, qui contiennent les notions qu’il faut acquérir avant de se livrer à: cette étude , et la méthode & suivre lorsqu'on s’y livre ; ouvrage aussi utile à ceux qui ont su qu’à ceux qui veulent savoir, et dont le développement est mis sous les yeur du public et di gouvernement ; pur le C. CHANTREAU , auteur de la grammtaire qui, en Espagne, sert prur l'étude de la langue françcoise, traducteur des tables de John, Blair, et professeur I 2 132 Livres divers. d'histoire près l’école centrale du département du Gers, À Paris, chez Deterville, libraire, rue du Bat- toir, n.° 16, à Auch , chez Pauteur , et Lacaze , hi braire , rue d’Essole. An x, 1802. In - 8.° de 62 pag. Depuis douze ans on s'occupe de l'éducation pu- blique : les essais se sont multipliés sans succès ; les plans, les conseils, les projets de toute espèce ont été prodigués sans avantage pour l'objet sur lequel on écrivoit ; ce qui démontre la difficulté d’adopter un plan général d’instruction qui en embrasse toutes les parties, et qui convienne à toutes les classes de citoyens. Dans les ouvrages sans nombre qui ont paru sur cette matiere intéressante sous tant de rapports, les uns renfermoïent quelques vues utiles ; le plus grand nombre n’offroit que des projets impraticables, ou des systèmes absurdes, Plusieurs ont voulu, ont osé embrasser l’ensemble de cette organisation; le C. Chantreau s’est borné à cé qu’il savoit, à ce qu’il a dû approfondir par devoir et par état. C’est en ‘s’en occupant qu’il s’est persuadé que , jusqu’à lui, les professeurs d’histoire n’ont suivi qu’une routine qui n’apprend rien de certain, et ne donne que des notiôfis vagues sur une « branche d'instruction qu'il « reSarde comme de La plus huute importance, et la” « seulé qui, au sortir des écoles, peut mettre un « jeune homme en état de jouer un rôle dans la « société , et de lui être utile sous une infinité de « rapports; en effet, elle lui donne les moyens d'ac- « quérir les notions qui tiennent à la morale, à la « politique et à la philosophie, aux convenances « sociales , aux lois, aux mœurs et usages des na- « tions, ainsi qu'à leurs préjugés, opinions et er- « reurs, etc. ;» de sorte que l'élève qui auroit ap- pris l’histoire, d’après les lecons du professeur Chan- treau, seroit un homme parfait, propre à toutes Îles places, enrichi de toutes les connoissances qui sont nécessaires au législateur, au diplomate, N'a nistrateur, à l’homme public, enfin à l’homme uni- versel. Livres divers. 133 «“ Il est constant ; dit le professeur, que si l’étude « de Phistoire n’a point fait de progrès ; que si elle « n’a pas occupé, et n’occupe point le premier rang « dans nos écoles, c’est que, de fous temps, les = hommes chargés de l’enseigner, à l'exception d’un « petit nombre, ont toüjours été loin de leur tâche, « ou plutôt ne Pont jamais connue." Avis à ceux qui sont ou seront destinés à enseigner cette science ; ils n'instruiront véritablement ceux qui écouteront leurs lecons qu’autant qu’ils feront usage des ta- bleaux du premier, du second , du troisieme ordre, inventés par le C. Chantreau. « Ce: n’est point par “ l’histoire qu'il faut commencer, mais par l'étude « des notions qui nous mettent à portée de l’en- « tendre; et la véritable tâche du professeur est « moins d'apprendre l’histoire à ses éleves que de “ les mettre en état de la lire eux-mêmes. C’est aux u professeurs , ses confrères, à juger si la méthode « qu'il a adoptée, et qu’il croit la meilleure, est “ préférable à celle qu'ils suivent. » Le C. Chantreau est persuadé qu’on n’a commencé de savoir écigre l’histoire que depuis Voltaire, qui en a donné le modèle; « c’est lui qui a formé une « école d'historiens , dont les sujets se sont montrés « dignes de transmettre à la postérité d’utiles Je- «“ cons, dégagées des préjugés qui les rendent pué- « riles ou mensongères. » Où sont donc ces grands historiens ? et croit-on que les Saint-Réal, les Ver- tot, les d'Orléans, les Berruyer, etc. , avoient laissé Part d’écrire l’histoire, dans lenfunce, avant Vol- taire? À, J. D. B.* VEersucx einer Geschichte der Religion, Staats- Verfassung , und Cultur der alien Scandinavier ; von D. Friederich RyHs. 1801. C'est-à-dire, £ss4r d’une Histoire de la Religion, de La Constitution ét de la Civilisation des anciens Scandinaves ; par le doc- teur £ rédéric RuHS. 1801. Gættingue, chez Rower. On a parlé très-favorablement dans plusieurs ga- 1 3 154 Livres divers. zettes littéraires de cet ouvrage , qui offre plusieurs détails nouveaux et intéressans sur l’histoire ancienne du nord. Kunrze Geschichte und Beschreibung der Stadt Gæt- tingen und der umliegenden Gegenden : von C. MEINERS, ordentlichem Lehrer der Weltweisheié zu Gæœttingen. C'est-à-dire, HISTOIRE et descrip- tion abrégée de Gæœttingue et de ses environs; par C. MEINERS , professeur ordinaire de philosophie à l'université de cette ville. À Berlin, chez Haude et Spener. Cet ouvrage, qui forme le troisieme volume des Kleine Lændkr-und Reise-Beschreibungen du même auteur , est extrémement intéressant pour tous ceux qui connoissent Gæœttingue, et même pour ceux qui ne le connoissent que de réputation. L'auteur a été à même de consulter les archives de la ville, et il y a trouvé des détails historiques et statistiques qui étoient ignorés. Il a peint avec impartialité les mœurs et les manières des habitans de la ville, soit profes- seurs, soit bourgeois. Il rend compte des sensations qu’il a éprouvées en parcourant les environs de cette ville; et on reconnoît aisément dans ses descriptions de la papeterie, près de Gæœttingue, des ruines de la Plesse , du vieux Hanstein, etc., la plume qui a peint les beautés de la Suisse, avec autant de vérité que d’éloquence. TBE ancient history of Ireland, proved from the sanscrit books ofthe Bramins of India ; by C. Var- LANCEY. Dublin , printed by Graisberry et Cump-, bell. 10. Back-lane. 1797. In-8.° de 30 pages. — L'HISTOIRE ancienne de l'Irlande, prouvée par Les livres sacrés des Brumines de l'Inde ; par Charles VazzANcEr. À Dublin. 1797. In 8.° J’ai annoncé dans le tom. III de la VI. an- née de çe journal, pag. 520, la découverte faite Livres divers. 135 par M. Wilford , de plusieurs alphabets qui servent à rectifier les plus anciens manuscrits samskrits, et que l’on traduisoit à Benares un ouvrage qui conte- noit des faits relatifs à l’histoire de la Grande- Bretagne, longtemps avant l’invasion de Cæsar. J’ai dit que cela confirmeroit l’hypothèse du colonel Vallancey. Ce savant, qui depuis longtemps m’ho- nore de son amitié, et avec lequel les événemens politiques avoient longtemps interrompu ma cor- respondance , m’a adressé ce petit écrit qui contient l'histoire de cette curieuse découverte. Le colonel Vallancey avoit avancé, en 1786, dans ses Indica- tions of the ancient history of Ireland, que les Ir- landois étoient connus dans l’histoire orientale sous Je nom de Cuthi. Il avoit trouvé une grande ressem- blance entre l’irlandois et l’Indou ou samskrit. En 1789, le célèbre William Jones, à qui ces observa- tions avoient été communiquées, avoit observé que le mot ogham, par lequel on désigne l’ancien ca- ractère sacré des Druides irlandois, signifioit aussi caractere mystérieux dans les livres samskrits, et il avoit été également frappé de l’analogie du sams- krit avec l’ancien irlandois. En 1796, M. Wilford fit connoître les passages curieux sur l'Irlande, dont je viens de parier. M. le général Vallancey en pu- ‘blie un extrait. Ils sont tirés de deux livres sams- krits. Il y est question du purgatoire de saint Pa- trick, de l'or qui se trouvoit dans le comté de Wicklow , pres de la rivière Liffey , de la péninsule d’'Eye, pres de Houtti, de la montagne de Bredon. Sans doute la traduction entière de ces livres sacrés sera un jour communiquée et discutée par les sa- vans qui s'occupent de l’histoire des nations dans Ja haute antiquité. M. le général Vallancey a joint à ce programme un specimen d’un de ces livres, le Brahmandah purana , afin d'en faire connoître lécri- ture. A. L M. +36 Livres divers. HISTOIRE LITTÉRAIRE. REGLEMENT de la Société libre des sciences et arts , établie à Strasbourg le 29 prairial de l'an Vi1. À Strasbourg, de l’imprimerie de Levrault, frères. An x. 1802. In-8.° de 15 pages. MÉMOIRES pour les CC. Bossange, Masson et Besson, libraires , contre les libraires Moutardier et Lecl-re, contrefacteurs de la cinquième édition du Diction= naire de l’Académie francaise An X. 18002. In-8.° Il ne nous appartient pas de prononcer sur cette question portée devant les tribunaux; mais nous recommandons la lecture de ces mémoires, qui of- frent des modeles de pureté de style, et de forcé dans le raisonnement. GRAMMAIRE. MÉTHODE analytique pour Pétude de langue fran- goise ,| contenant un précis où l’on à réuni tout ce qu’il n'est pas permis d'ignorer sur la langue , soit parlée, soit écrite ; une bibliographie gram- maticale pour mettre le lecteur à portée d’appro- Jcndir l'étude de la grammaire , tant générale que particulière , des observations critiques relatives aux moyens de simplifier les principes de la langue ; par N.B.REMESY , ancien professeur. Seconde édition , revue et considérablement ‘augmentée. À Paris, Lo- card fils, imprimeurdibraire , palais du Tribuvat,, passage du Péron , n.° 15. An x. 1802. In-12 de 180 pages. 1 fr. 5o cent., pour Paris, et 2 fr. pour les départemens. L'auteur se plaint, et on devoit s’y attendre, d’être comme inondé de livres de grammaire. » En « réfléchissant sur cette matière, j’ai souvent de- « siré que les gens qui, sans avoir jamais connu de # langues ransposilives, ont mis dans leur tête la Livres divers. 197 « série des cas francois, pussent me dire quelle idée « ils s’en sont faite; et il me semble qu'il seroit « curieux de les entendre s'expliquer là-dessus. J’ose « croire qu’il en seroit de cecz, comme de ces vains n fantômes que chacun se peint, à sa maniere, dans « le délire de son imagination. C’est cependant sur « cet usage et sur d’autres non moins vicieux que « sont calquées presque toutes les grammaires; ce « qui fait que les personnes éclairées qui veulent « étadier ces langues, sont obligées d’en refaire les . « principes. » C’est ce qui fait aussi , selon le C. Remesy, que les Restaut , les Girard, les IFailly , les Dumursais , les Condillac , sont des grammairiens de routine. Tout auteur qui adopte un système d’en- seignement , qui se persuade que le latin est abso- lument indispensable pour l'étude de notre langue , ne fait que donner sur celle-ci des notions aussi Jausses que confuses. S’il est difficile d’être du même sentiment que ce moderne grammairien, on le sera bien moins encore, lorsqu'il reproche à nos gram- mairiens äurannés de s’être occupé à éplucher des phrases à {out propos , à ne songer qu’à faire l’ana- tomie du discours; et on est même révolté de lire dans ses Considérations générales , qu’il est rare de voir figurer parmi les grammairiens un Dumarsais, un Duclos , un Condillac, un Gebelin. L’abus de la science rest pas la science elle-méme. I est d’autres abus , et l’ouvrage du C. Remezy en est bien une preuve. Quel a été le but de son travail? quel en est le résultat? d’extraire et d’abréger ce que les éplu- cheurs de mots Jui ont appris. Est-ce un service qu’il a rendu ? C’est à ceux qui s’instruiront de notre langue dans sa méthode à nous le dire. Nous pensons comme cet analyste sur les locutions vicieuses qui s’introduisent journellement parmi nous, et qui font de tous nos idiômes provinciaux un jar- gon défectueux qui corrompt la langue des Pascal, -.des Fénélon, des Boileau, des Racine. Cette cor- ruption devoit nécessairement avoir lieu par le nom- bre de François et d'étrangers que les législatures, 138 Livres divers, les affaires d’intérét et les crises de la révolution avoient attiré dans un foyer où fermentoient les ger- mes des passions les plus actives et les plus dange-= reuses. À. J. D. B. POÉSIE, EP1TRE à Napoléon Bonaparte , premier consul; par un soldat de l’armée d’Lialie. De l’imprimerie de Chaigneau aîné. Paris, chez Benard, libraire , rue Caumartin, n.° 750. Prairial an x. {n-8.° ODE sur la mort de Dolomieu ; précédée d’une notice sur ce naturaliste, et suivie d’une lettre du secré- taire de la classe de littérature et beaux-arts de L’In- slitut national de France à Pauteur ; par Fortunée BRIQUET , de la société des belles-lettres de Paris. Ju-8.° de 24 p.petit-romain, beau papier, caractère Didot. Prix, 75 cent. ; franc de port , t fr. Paris, Charles Pougens , quai Voltaire, n.° 10. Le titre annonce suffisamment ce que renferme eette petite brochure. M."° Fortunée Briquet avance une erreur , en disant que Dolomieu fut en Ægypte pour se consoler de la mort du respectable. La Ro- chefoucauld. Dolomieu ressentit en effet vivement cette perte cruelle ; mais il y avoit dix ans que La Rochefoucauld étoit mort quand Dolomieu partit pour l’Ægypte , où il fut attiré par le desir seul des découvertes minéralogiques. M."° Briquet dit encore qu'il a rendu de grands services comme négocia- teur ; et jamais Dolomieu, uniquement occupé de minéralogie , n’a prétendu à ce titre. Elle dit encore qu’il eut bientôt connu les minéraux que renferme l'Ægypte, Bientôt ; cela est aisé à dire. Dolomieu n’a point été dans la Haute - Ægypte. Elle ajoute encore qu'il est le seul savant qui ait eu la gloire que les Francois se soient battus pour briser ses chaînes. Toute la France s’est en effet intéressé au sort du malheureux" Dolomieu ; mais sa détention n’a Livres divers. 139 point été le sujet de la guerre, M."° Briquet fait du chevalier Bancks un résident d'Angleterre, à Mes- sine ; et on sait qu'il préside à Londres la Société royale. De retour, dit-elle, Dolomieu:ft son cours. Elle veut sans doute dire donna son cours : ce qui est bien différent. Après cette notice, qui renferme encore d’autres inexactitudes , on trouve l’ode. En voici une strophe : Et vous, dont il connut les secrets, les abîmes, - Montagnes et volcans , vous surtout, Ô Simplon ; Il ne gravira plus vos orgueilleuses cimes Le successeur de Daubenton. La brochure est terminée par une lettre très-polie du secrétaire de la classe de littérature de l’Institut national, sur la communication qui lui a été faite de l’ode de M."° Fortunée Briquet. Poèmes et Poésies ; par VERLAC. Nouvelle édition , revue et corrigée par l’auteur, O Melibæe, Deus nobis hæc oria.... Paris, Charles Pougens, quai Voltaire, n.°.10. 1 vol. in-8,° de 182 pag. Prix, 1 fr. 80 cent. ; franc de port , 2 fr. 25 cent.; idem, papier vélin, 3 fr. franc de port, 3 fr. 5o cent. Les principales pièces de ce recueil sont la mort de Jeanne Gray , les funérailles d’Arabert ; c’est lhis- toire du comte de Comminge en récit; Les grisètes. L'auteur ajoute à ce titre: poème original. Nous ignorons s’il entend qu’il y en ait eu des copies. an. aroît plutôt avoir voulu dire qui a de Perigina- Vite. Le lecteur décidera. Le reste. est une suite de vers pour des fêtes, des mariages, etc. etc. 140 Livres divers. BEAUXx-AR TS, Dr l’élact actuel des arts , à Genève; par T. C: Bruun NEERGAARD. Paris, Mwriinet , libraire, rue du Coq - Honoré, n.° 1243 Desenne, libraire, palais du Tribunat, n° 203 Lebour , libraire, palais du Tribunat , galerie de bois. n.° 229. An X. 1802. TIn-8.° de 39 pag. M. Bruun Neergaard est un jeune Danois, ami des lettres et des arts, dont nous avons déja an- aoncé un ouvrage intitulé : Lettre d'un Danois sur la situation des beaux-arts en France. WU traite dans ce dernier opuscule des beaux-arts à Geneve. Non- seulement il y traite des beaux-arts, mais aussi un peu des manufactures. Il fait connoître particulière- ment chaque artiste génevois , et indique les collec- tions de tableau et de dessins qui sont dans Genève ; ce qui rendra cette brochure importante et essen- tielle pour tous les voyageurs. A'RCHITE CT U RE, VorscnrxGE zur Verbesserung der Schauspielhœu- ser; von Louis CATEz, Architect. C'est-à-dire, PRo- JETS pour l'amélioration des salles de spectacles ; par Louis CATEL , architecte : avec une gravure. Berlin, chez Lange. 1802. In-4.° VIIL et 46 pag. L'auteur est un jeune architecte très- habile, qui a fait un séjour assez prolongé à Paris, où nos dif- férentes salles de spectacle paroissent avoir attiré son attention d’une manière particulière. Le petit ouvrage qu’il publie aujourd’hui prouve ses connois- sances solides ‘et l’excellence de ses vues en archi- tecture, ét mérite la plus grande attention de ta part de ceux qui s'occupent de cet art. Le C. Bi- taubé a bien voulu se charger de faire connoître ce travail en françois, et il se propose de le commu- PERS Livres divers. 141 niquer à l’Institut ; ce qui mettra les lecteurs fran- cois en état d'examiner et d'approfondir les idées de l’auteur, et nous dispense pour le moment d’une analyse. MÉLANGES. LETTRES inédites d'Henri IV et de plusieurs person= nages célèbres, tels que Fléchier, La Rochcfou- cault, Voltaire, comte de Caylus; ouvrage dans lequel se trouvent éclaircis plusieurs points d’his- toire très-curieux , et devant faire suile aux œuvres de ces hommes illustres, imprimées sur les origi- naux, avec des notes et une introduction; par A. SÉRFES, bibliotheécuire du Prytanée. 1 vol. in-8.° chez Henri Tardieu, libraire, rue et maison ‘des Mathurins, n.° 335, Ne cessera-t-on pas de nous promettre dans des titres emphatiques ce qu’on ne trouve pas lorsqu'on parcourt le volume qu’on s’est empressé de se pro- curer. Dans ces Lettres inédites , ouvrage dans lequel plusieurs points d'histoire doivent étre éclaircis, on cherche ces éclaircissemens curieux, et on n’y lit que des lettres insignifiantes, qui étoient connues de plu- sieurs littérateurs, des éditeurs des œuvres des auteurs qu'on cite , et qui avoient sagement rejeté des pièces qui ne pouvoient rien ajouter à leur célébrité, On cher- che à présent à ramasser d’un côté et d’autre , à com- piler tous ces prétendus originaux pour en faire une entreprise de librairie. C’est une espèce de piraterie litteraire dont on est la dupe ; et pour quelques mor- ‘ceaux qu’on est bien aise de trouver dans ces re- cueils , on y voit réunies des lettres de compliment, des correspondances de vanité ou d’intérêt; enfin un mélange disparate de matières entièrement étran- gères les unes aux autres. On est étonné de retrouver des lettres d’amour d'Henri IV, déja connues, et {" des lettres du médecin Calvet d'Avignon au comte de Caylus, sur quelques antiquités des proyinces du F 142 Livres divexg. Midi(r}. On sait que ce comte mettoit à contribution tous ceux qui, ou par leur place ou par leur goût, par vanité où par ambition, desiroient correspondre avec lui, et augmenter ses richesses en antiquités de tout genre. Mais de quekintérét peuvent étre pour Jes saÿans, pour les initiés dans cette science, et pour toutes les classes de lecteurs , les conjectures des uns, les recherches des autres, et toutes les lettres de Fléchier, et les mauyais vers de La Ro- chefoucauld, qui nous disent que le premier étoit homme avant que d’être évêque, comme l'éditeur l’observe judicieusement, et le second un mauvais versificateur? Un libraire, toujours empressé à se procurer ces sortes de compilations, consulta, avant de se char ger de celle-ci, deux hommes de lettres connus par un jugement sûr, et un tact longtemps exercé, qui ne Pengagèrent pas à en faire l'acquisition. Les lec- teurs, apres avoir cherché dans ce volume tout ce qu’on leur avoit promis qu’ils y trouveroient , ont été du même sentiment que ces littérateurs. A.J.D.B. HANSEATISCHES Magasin herausgegeben ; von J. SMIDT , Senator der freien Reichsstadt Bremen. C'est-à-dire, MAGASIN hanséatique, publié par T. SMIDT, sénateur de la ville libre impériale de Bremen. Cinquième volume ; premier et second cu- hier, 352 pag. in-12. Bremen, chez Frédéric If1l- mans. 1801. Avec l'épigraphe : « Quæ bona sunt, fier meliora possunt doctrina et quæ « non optima, acui tamen aliquo modo er corrigi possunt. »n (1) Un reproche plus grave à faire de pareilles entreprises, c’est de publier , sans l’aveu des auteurs, souvent encore vivans, des lettres confidentielles, et qu'ils n'ont jamais destinées à l'impression. Le C. Cävet, qui nous honore de son amitié, et qui mérite à tous égards l'intérèt et l'estime, et même le respect, a été très -chagrin de la pu- blication de ses lettres, et s’en est plaint vivement dans une lettre qu'il m'a adressée, A, L. (M. "ee Livres divers. 143 Les villes hanséatiques, et tout ce qui a rapport à leur histoire , à leur prospérité, etc. , est l’objet spécial de cet ouvrage périodique, depuis plusieurs années avec un succès mérité. Les mémoires qu’on y trouve ne se rapportent d’abord et immédia- tement qu’à ces républiques intéressantes qui n’ont pas tout-à-fait perdu l’éclat des beaux jours de la Hansa ; ils présentent cependant aussi de l’intérêt aux lecteurs étrangers à ces villes. Tel est le discours sur l’influence que le commerce à sur les poprès des lumières de ceux qui s’en occupent , inséré dans le second des deux numéros que nous annoncons ; telles sont encore les observations de M, le professeur RuMP, sur les éta- blissemens d'instruction publique à Bremen, et sur les améliorations dont ils seroient susceptibles. Quoique ce mémoire ne soit écrit immédiatement que pour la ville de Bremen, on y trouve cependant d’excel- lentes réflexions , applicables à plus d’une école dans pee tous les pays. Nous regrettons de n’avoir sous es yeux que les deux cahiers indiqués en tête de cet article, et d’être par-là privés du plaisir de lire les réflexions que M. Rumpavoit déja insérées sur le même objet dans les numéros précédens. Un des buts que le rédacteur du Magasin hanséa- tique se propose , est de rappeler à ses compatriotes le souvenir des hommes qui ont illustré Jeur patrie. C’est ainsi que, de la page 119 jusqu’à la page 168, on trouve uu catalogue chronologique des habitans d’Hambourg qui ont illustré cette ville dans la car- rière des lettres, de la magistrature, etc. , avec une indication concise des principales époques de leur vie, et de ce qu’ils ont fait d’utile pour leur pays. Le premier cahier commence par une notice biographi- que de M. Busch et du sénateur Kirchhoff, deux hommes infiniment respectabies, par leur patrio- tisme éclairé et leur philanthropie, et à qui la ville de Hambourg a les plus grandes obligations. Cette notice, lue à la Société pour l'avancement des aris et des professions utiles , fondée par M. Büsch, et dont M. Kirchhoff étoit membre , a poux auteur 144 Livres divers, ï M. le docteur Meyer, dont nous avons annoncé der- nierement le voyage intéressant en Italie. Le mênre y a joint la description du monument que la So- ciété, que nous venons de nommer , a arrêté d'élever à M. Büsch. M. KirchhofF avoit été possesseur d’un très-beau cabinet de physique, dont M. le docteur Meyer et M. le professeur Brodhagen donnent dans ce même cahier la description. Le sénat de Ham- bourg n’aura pas manqué d’en faire acquisition, comme il a fait celle de l’excellent cabinet de M. Büsch , à l’usage des établissemens d'instruction pu- blique de cette ville. Des notices biographiques de cette nature ne peuvent qu'inspirer une émulation louable et salutaire aux jeunes concitoyens du ré- dacteur; et il paroît que tel étoit le but principal de M. Smidt ,en publiant ces différens morceaux. Le second cahier contient encore, sur les villes han- séatiques, différentes nouvelles qu’on lit avec intérêt, comme nos lecteurs s’en convaincront par la simple indication suivante. On y trouve des details sur-lés écoles communes de Ja ville de Francfort-sur-le- Mein, sur l'école latine de Breme, sur l’école de navigation de la même ville ; une notice succincte des auteurs vivans actuellement à Brème, ou qui sont originaires de cette ville ; un rapport sur les travaux de la Société pour l'avancement d'une activité utile, établie à Lubeck, depuis le mois d’octobre 1799, a Et mois de janvier 1801 ; sur l’inoculation de a vaccine à Brème; une notice sur les médailles sé- culaires frappées à différentes occasions à Ham- bourg , etc. etc. Cet ouvrage périodique , auquel nous souhaitons une longue durée, paroit chaque foire de Pâques et de Saint-Michel, par livraisons de deux cahiers sent- blables à ceux que nous venons d'annoncer. VW. Tuble des Articles contenus dans ce Numéro. À Vovacs. Voyage de la Troade , fait dans les añnées 1785 et 1786; par J:B. . Lechevalier, 3° édit, : 7 LiTTéRATynRE CHRCQUE. J: B. Gaïl, au célèbre M. Schnei- dér, sur nue partie des variantes trouvéés dans les six manuscrits des Hélléniques. 17 « À Brocnarurs. Au C. JZillin, rédaeteur du Ma- gasin Encyclopedique, sur Lu- néau de Boisjérmain. 25 Braux-Atrs Description du cabinet de M. Paul ‘ de Praun, à Nuremberg ; par *, Christophe-Théophile de Murr. 53 : VARIÉTÉS, NOUVELLES ETCOR- * RESPONDANCELITIÉRAIRES. € Novuvecres ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Prusse. » Nouvelles de Pétershourg. 55 56 Francs. Société libre d'émulation du dépar- tement de Var, ” 57 Société de Colmar. 60 Panxs. Institut national. — Notice des travaux de la classe des sciences morales et politiques, pendant le troisième trimestre de. l’an 10: par le C. Ginguené. 66 Rapport fait à la classe des sciences mathématiques et physiques, sur 77 w le prix fondé par le premier eon- sul. 8 Société de médecine. Séance publi= que du 24 vendémiaire. gi Astronomie et Navigation. 106 LIVRES DIVERS. Histoire naturelle. Annales françoises de l'Histoire na- turelle générale , dela Physique, de la Chymie, de la Physiologie, et des applications utiles de ces sciences; publiéesj ac MM.P/2/f etFrjedlaender («mallem.), 117, Botanique, Le Botaniste Cultivateur ; par Du mont-Courset. 119 Lettres de madame de C.**°, sur [a _ Botanique , et sur quelques sujets “d'histoire naturelle , etc. par L. D. UM 120 Agriculture. Cours complet d'agriculture théo- rique , pratique, économique et de. médecine rurale et vétéri- naire ; rédigé par Aozier.. 122 + . Mémoire sur l’utilité qu’on peuttirer des marais én général ; et particu- lièrement de ceux du Laonnois; par Cretté-Palluel. Ibid. Médecine. | Dissertation sur l’érysipèle, par le : 128 C. Renauidin. Métaphysique. Pensées sur Dieu, sur l'immorts- lité de l'ame, et sur la religion. De l'Immortalité de l'ame; par Maximin Zsnard, * xai Éducatioi. La République de l'an 50, partie morale ; par le C. Duran. 125 Conuuerce. Sixième Cahier de la Bibliothéque | Méthode analyiique pour l'étoês commerciale; par le €. Peucher. 29 Jutisprudence. Journel de Jurisprudence , publié { ar L'Institut de jurisprudence et : d'économie poliique, 150 Histoire. De l'importance de l'étude de l'hi- stoire , ét de la vraïe manière de _ l'ensergners par lé C. Chan- |. treaw. 391 Histoire de la Religion, de la Con- stitution et de la Civilisation des: anciens Scandioaves; par le Dr Frédèrig Bus (en allem.), 135 Histoire et Description abrégée de Gœttingue er de ses environs ; par C. Zeiners (en allem.). 134 L'Histoire ancienne de l'Irlande, rouvée par les livres sacrés des Lies de l'Inde; par Charles Faellancey (en auglois), Ibid. Histoire litéraire. Règlement de la Société libre des #ciences et arts, établie à Stras- bourg le 27 prairial de l'an 7. 156 Mémoire ponr les CC. Bossang®, Masson et Besson, contre ss libraires Mouwiardier et Lecisre, édition du Dictionnaire de F'Aca- démie françoise, Ibid! es . Grammaire, de a lsngue françoise; parle G. FA à ? dé, Poésie. Epitre à Napoléon Bonaparte , pre< . miér consul ; par. un Soldat de : l'armée d'Italie. » + | Ode sur la mort de Dolomieu ; paë Fortuñèe Briquet. Ibid. Poèmes et Poésies ; par Verlac. Beaux-Arts. | De l’état attuel des arts à Génève : par T.-C. Pruun-Neergaard. Architecture. ie Projets pourl'amélioration des alles (en allemand). Mélanges. plusieurs par le C. Séryés. 144: Magasin hanséatique : publié par J. - Énide. LA ri A V,1 S. à | x Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrz dans quelques-uns des meilleurs journaux de l’Alle magne, peuvent en remettre un exemplaire au bureze, de ce jonrual.. : contrefacteurs de la cinyème : à Pb Letires inédites d'Henri IV et de Re À Foot ga célèbres 5: de spectacles ; par Louis Case? Biegs (N*6,) Thermidor an 10: MAGASIN - ENCYCLOPÉDIQUE, JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDPDIGÉ "Er A. L. Miczix. AVIS DU LIBRAIREH. Le prix de ce Journal est fixé : à 9 francs pour trois mois, 18 francs pour six mois, à 36 francs pour on an, ‘ taut pour Paris que pour les Départemens , franc de port, ON peut s'adresser au Bureau du Journal pour se procurer tous les Livres qui paroissent en Franceet chez l'étranger, et ” pour tout se qui concerne la Librairie ancienne et moderne. Ce Journal, auquel lä plupart des hommes qui ont |! un nom distingué, une réputation justement acquise À dans quelque partie des arts ou des sciences, tels ue les CC. AL1BERT , DESGENETTES , BAST, SiL- VESTRE DE SACY, FOURCROY, HALLÉ, DUMÉRIL, _ SCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE, BARBIER, LAN- @Lès, LALANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MEenTELLE , BARBIÉ DU BOCAGE , BASSINET, MoreLLet, NoOELz, OBERLIN, CHARDON-LA- RocaeTTe, CaAILLARD, VAN-Mons, TRAULLÉ, Tome II. (8.An.) LÉVEILLÉ, Cuviér, GrorrROY, VENTENAT, CAVANILLES; USTERI, BOETTIGER, VISCONTI, VizLoison, WiLLzeMET, WiNCKLER, etc. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouviages nationaux : on s’attache surtout à en donner uneanalyse exacte; et à la faire paroître le plus promp- tement possible après leur publication. On y donneune notice des méilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur ' toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux qui sont propres à en accélérer les progrès. On y publie les découvertes ingénieuses , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la: perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 66c pages chacun. I] paroit le premier de chaque mois. F méros, chacun de 9 feuilles, On s'adresse, pour Pabonnement , à Paris, au Bu- reau du Magasin Encyclopédique , chez le C. Fucas, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. ‘à s chez la veuve Changuion et d'Hengst. À Amsterdam, chez Van: Gulik. E À Bruxelles, chez Lerñaire, À Florence, chez Mohmi. | A EE tp parte ti , chez Fleischer, chez Manget. A Genève, { chez Pachaul. À Hambourg , chez Hoffmann. A Leïipsic, chez Wolf. A Leyde, chez les frères Marray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Streer, À Strasbourg, chez Levrault, A Vicnne, chez Degen. A Wesel , chez Geisler, Directeur des Postéay Il faut afranchir les lettres. a livraison est divisée en deux nu # 2 De dm be D 2e RÉ SO RÉ ie | à nn LITTÉRATURE GRECQUE. IMIOKPADOMZUITEPI AEPON, MAAT ON, TOITQN. TRAITÉ Dr dadre DES AIRS;, DES EAUX ET DES LIEUX. Traduction nou- velle, avec le texte grec, collalionné sur deux manuscrits, des notes critiques, his- toriques et médicales ; un discours préli- minaire, un tableau comparatif des vents anciens et modernes , une carle géogra- phique , et les index nécessaires ; par le docteur CORAF. À Paris, chez Fuchs , rue des Mathurins , n.° 334; Croullebois, rue des Mathurins, n.° 308; Théophile Barrois, rue Hautefeuille, n.° 22; Desenne , Palais du Tribunat, n° 2; Æmand Kœnig, quai des Augustins, n.°18, et à Strasbourg, rue du Dôme; Treurrelet Wirtz, à Paris, quai Voltaire,n.° 2, et à Strasbourg, Grand’rue ; à Londres, chez Murray, Fleet-Street. De Jimprim. de Baudelot et Eberhart. An 1x (1800). 2 vol. in-8.° ; le premier, de clxxx et 170 pages; le second, de 482. Prix, 15fr. E N donnant, dans ce journal (1), l'extrait de l'ouvrage de BLACK, sur la médecine, traduit de {1) Année IV, t. I, p. 270 Tone II. K 146 Littérature grecque, l’anglois par le Docteur CORAY, j’annonçai qu’il ÿ avoit dans le porte-feuille du dernier une traduction des caractères de Théophraste et du traité d’'Hip- pocrate, de l’Air, des Eaux et des Lieux, La pre- mière de ces traductions parut en lan vIr (1799), et j'en rendis compte dans le Magasin (2). La se- conde a été publiée en l’an 1x ( 1800 ), Ce traité , l’un des plus importans d’Hippocrate, avoit exercé la critique de beaucoup de savans. Da- cier l’avoit traduit (3) à la fin du 17.° siécle; mais il y restoit encore beaucoup de passages corrompus, et il avoit surtout besoin d’un ample commentaire. Le D. Coray a d’abord corrigé le texte, soit à l’aide des MSS. et des anciennes versions latines qui sou- vent en tiennent lieu, parce qu’elles ont été faites sur des MSS. que nous n’avons plus, soit d’après ses propres conjectures. On sait que ce fut dans ce traité d’Hippocrate que Montesquieu puisa son système sur l'influence ‘des climats; et le traducteur observe, avec raison, que ce grand homme « n’auroit rien « retranché de sa propre gloire, s’il avoit eu le noble « courage de faire honneur an médecin grec du principe fécond qui lui fournit l’idée de son tra- = o vail, et qui en fut la base. » Le discours préliminaire du traducteur, qui rem plit cLxxX pages, est divisé en trois parties. Dans la premiere, on examine l’influence du climat sur l’homme ; les changemens que les variations des sai- (2) Année V,t. I, p. 352. (5) OEuvres d'Hippocrate, Paris, 1697. à vol. in-12; Notre traité ter- mine le second volume. ‘ Iippocrate. 14? sons, celles des vents, la diverse exposition et la diverse composition du sol que nous habitons, enfin les substances, ou animales ou végétales dont nous nous nourrissons , opèrent sur notre physique et sur notre moral. Le traducteur examine toutes ces ques- tions sous leurs différens points de vue, et il les traite savamment. La seconde partie nous offre l’a- nalyse très-bien faite du traité d’'Hippocrate; et dans la troisième le traducteur nous donne Ja notice dés MSS. et des éditions, soit grecques, soit latines, qui ‘ont précédé la sienne. _ Le texte grec du traité d’Hippocrate, et la tra- duction françoise, mise en regard, remplissent 119 pages. Le reste de ce premier volume renferme les variantes et les corrections. Il n’est guère possible de rien détacher dans cet ouvrage , dont toutes les parties sont liées entre elles , et s’appuyent récipro- quement ; cependant, pour donner une idée de la manière de lauteur et de celle du traducteur, j'en citerai un ou deux paragraphes: « Si les Asiatiques (4) sont pusillanimes, sans “ courage, moins belliqueux et d’un caractère plus « doux que les Européens, c’est encore dans Îa na- « ture des saisons qu’il faut en chercher la véritable « cause. Chez les premiers , loin d’éprouver de # grandes vicissitudes, elles se ressemblent pres- a que, et passent du chaud au froid d’une maniere « insensible, Or, dans une telle température, l’ame " n’éprouve point ces secousses viyes , ni le corps ces 0 (4) Page 79 et sui: K 2 148 Littérature grecque. « changermens violens, qui impriment naturellement à l’homme un caractère plus farouche, plus indocile et plus fougueux , que s’il vivoit dansune tempéra- ture toujours égale ; car ce sont les passages rapides d’un extrême à l’autre, qui éveillent les esprits de l’homme, et l’arrachent à son état d'inertie et d’insouciance. « Je pense que c’est au défaut de pareils change- mens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asia tiques, et ensuite à la nature des lois, auxquelles ils sont soumis, La plus grande partie de l’Asie est gouvernée par des rois, et partout où les hommes ne sont ni maîtres de leurs personnes, ni gouvernés par leurs propres lois, mais soumis à des despotes , bien loin de s’occuper du métier des armes, ils ont grand soin de ne pas passer pour des guerriers ; et cela, par la raison que les dangers ne sont pas également partagés. Les sujets sont contraints d'aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, ef de mourir même pour leurs maîtres , loin de leurs enfans, de leurs femmes, de Jeurs amis. Leurs exploits ne servent qu’à aug- menter et à propager la puissance de leurs des- potes ; les dangers et la mort sont le seul fruit qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela, qu'ils sont nécessairement exposés à voir leurs champs se changer en déserts, soit par les dé- vastations des ennemis, soit par la cessation des travaux ; de manière que, quand même il se trou= veroit parmi eux des gens braves et courageux; la nature de leurs lois doit les détourner de l’idée « d'employer leur courage. Hippocrate. 149 “ Une grande preuve de ce que j’avance, c’est « qu’en Asie même tous ceux des Grecs et des Bar- « bares qui se gouvernent par leurs propres lois, « sans être soumis à des despotes , et qui par consé- « quent travaillent pour eux-mêmes, sont les hom- « mes les plus belliqueux de tous. C’est qu’ils ne « s’exposenf que pour eux - mêmes, et que ce sont « eux qui reçoiveut le prix de leur courage, ou qui 4 portent la peine de leur lâcheté. » Le second volume renferme les notes du tra- ducteur, C’est un excellent commentaire du traité d’Hippocrate. Les historiens, les voyageurs , les ou- vrages de médecine les plus estimés, y sont mis à contribution. On n’a rien oublié de ce qui pouvoit jeter quelque jour sur ce traité du père de la mé- decine ; et, chemin faisant, on discute des sujets très - importans , et plusieurs passages des auteurs anciens y sont ou expliqués ou corrigés. Le volume est terminé par une table synoptique , une table des matières tres - bien faite, et une table des auteurs expliqués ou corrigés. Le premier volume est orné, 1.” d’un Tableau compuratif des Roses de Vents des anciens et des modernes. Ce tableau, de format at- las , est le meilleur ouvrage en ce genre qui ait encore paru. L’auteur a comparé tous les systèmes, profité des lumières déja répandues sur cette ma- tière , en y ajoutant les siennes. Ce travail long et fastidieux a dû lui coûter beaucoup de temps; mais il l'épargne à ceux qui lisent les anciens, et qui n'avoient jusqu'ici qu’une idée confuse de la nature des vents dont il est fait mention dans leurs ou- K 3 150 Littérature grecque. vrages. Le D. Coray, dans son discours préliminaire ; nous donne une notion claire et préeise de chacun de ces vents, depuis le paragraphe 59, pag. Ixvj, jusqu’au paragraphe 79, pag. Ixxxv. 2.° D'une carte de la Scythie, de l'Ægypte et des pays intermédiaires. Cette carte a été dressée par Barbié du Bocage, et gravée par Tardieu, c’est dire qu’elle réunit l'exactitude à l'élégance, L’exécution typographique a été très- soignée; c’est l'imprimeur lui-méme , Eberhart, homme fort instruit, qui a compose le texte grec, la langue grecque lui étant familière. 11 avoit également com- posé celui des caracteres de Théophraste, dont j’ai parlé plus haut (5). Je ne ferai ici l’éloge , ni du traité d'Hippocrate, ni de son traducteur. La réputation de l’un et de l’autre est faite depuis longtemps. Le style, commé on a pu en juger par le long morceau que Jai cité, est simpk et tel qu’il convient à des sujets de ce genre. Le traducteur dit modes- tement, pag. clxxiüi} de son discours préliminaire : « Pour ce qui est de la version francoise, que J'ai « mise à côté de mon texte , le lecteur s’apercevra « facilement que c’est un étranger qui traduit dans (5) Les CaracrÈrts DE THÉOPHRASTE, d’après un manuscrit du Vatican, contenant des additions qui n'ont pas encore paru en France. Traduction nouvelle, avec le texte grec, des notes cri riques, et un discours préliminaire sur la wie et les écrits de Théophraste ; par CorAx, docteur en médecine de la Faculté de Montpellier. Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins, n.° 554. In-8.8 Pix, 6 fre Hippocrate. 151 « une langue qu’il ne possède pas à fond. Cet aveu « suffit pour désarmer sa critique, et le disposer à « l’indulgence. » Nous ne croyons pas que le tra- ducteur ait besoin d’indulgence. Nous souhaiterions même, comme nous l’avens dit ailleurs, en rendant compte d’une autre traduction du D. Coray , que plus d’un françois imitât le naturel de son style, et ne fût ni guindé ni amphatique. Il nous reste un premier vœu à former ; c’est que Je D. Coray termine son beau tavail sur Hippocrate, et que le gouvernement le fasse imprimer. Nos presses nationales furent brillantes sous Louis XIV; elles répandirent dans l’Europe des ouvrages excel- lens et des recueils précieux qui les honoroïent et qui annoncoient la magnificence d’une grande na- tion. Espérons que sous la république elles ne dégé- néreront pas de leur antique gloire, et que nous au- rons enfin une bonne édition grecque et latine des ouvrages d’Hippocrate. Le second vœu que nous formons, c’est que le D. Coray nous donne le plutôt possible sa traduc- tion d’Arétée, attendue avec impatience, par tous les gens de Part. CHARDON-La-ROCHETTE. s ch V'OYY AGE ÊRAGMENS d'un voyage en Afrique, fait pendant les années 1785, 1786 et 1787, dans les contrées occidentales de ce con- tinent , comprises entre le Cap-Blanc de Barbarie par 20 degrés 47 minutes , et le Cap de Palmes par 4 degrés 30 minutes , latitude boréale ; avec une carte générale d'Afrique, rédigée d’après les observations les plus authentiques et les découvertes les plus récentes , et des plans et dessins gra- vés en taille-douce ; par Silvain- Meinard- Xavier GOLBERRY. 2 vol. in-8.° A Paris et à Strasbourg, chez Treuttel et Wirtz, libraires, quai Voltaire, n.° 2. FE Continent africain est aussi inconnu aux mo- dernes qu’il étoit connu des anciens, nous en som- mes, pour cette partie du globe, au point où en étoient , pour l’Amérique, les navigateurs qui sui virent Îles traces de Christophe Colomb. Nous ne pouvons douter cependant que ce pays, aujourd’hui presque désert , n’ait été occupé par une population nombreuse , par des royaumes étendus, par cette colonie commercante qui se répandit dans toutes les contrées où son intérêt lui montra quelque avantage. Afrique. 193 Dans des temps plus rapprochés de nous, la religion chrétienne y fit des progrès rapides qui supposent une grande population , et le concile de Carthage, com- posé de trois cents évêques , ne permet pas de douter que l’Afrique n’ait eu une civilisation et une con- sistance sociale égale au moins à celle de l’Europe à la même époque. Comment se fait-il que cette vaste région, à qui la nature n’a rien refusé, ne soit plus habitée que par quelques hordes barbares , errantes et ennemies les unes des autres. Il y a quelques an- nées qu’il se forma en Angleterre une société dont le but étoit de pénétier dans ce continent, et d’y faire des découvertes ; les premiers essais ne furent pas heureux , Mungo Parck, dont on a traduit l'iti- néraire dans l’intérieur de ces déserts, n’a pas en- couragé ceux qui voudroient le suivre. Dés Francois qui ont aperçu quelques coins de cette région, nous ont raconté , depuis peu , ce qu’ils avoient été à portée d'observer. Le C. Golberry, sous l'annonce modeste de fragmens, nous en apprend plus que tous ceux qui l’avoient précédé. Il est vrai qu’il trouva plus de facilité pour remplir sa mission. Char- gé, après la paix de 1783, qui nous rendit le Sé- négal, d'accompagner M. le chevalier de Bouflers qui en étoit nommé gouverneur, en qualité de son premier aide-de-camp , et d’exercer les fonctions d'ingénieur en chef de ce gouvernement , pour faire Ja reconnoissance des contrées occidentales et ma- ritimes situées au nord de la ligne , il put se con- vaincre des difficultés qui s’opposoient , depuis tant de siécles, à la connoïssance de l'intérieur de ce 104 Voyage. continent, sa curiosité et son instruction ne furent que l’objet secondaire de sa destination. « L'objet « principal étoit de prendre des renseignemens sur « tout ce qui pouvyoit intéresser le commerce de « France, en concurrence avec celui des Anglois «et des Portugais ; de négocier avec plusieurs rois « nègres pour l'établissement de nouveaux comptoirs, « s'ils lui sembloient utiles; de réformer ceux qui u lui paroîtroient superflus ; d’examiner tous les «“ points suscéptibles d’une force militaire; de déter- « miner ce qui pouvoit assurer et augmenter leurs « moyens de résistance; de prendre enfin sur les « contrées , soumises au gouvernement du Sénégal “ ou à son influence, tous les genseignemens pos- « sibles. » C’est au gouvernement actuel à juger si ces vues politiques ont été remplies; nous ne nous arréterons que sur ce qui nous paroïtra intéressant et neuf dans Je récit des voyages du C. Golberry pendant ses séjours au milieu des diverses peupla- des qui habitent sur les bords des fleuves Sénégal, Gambie, Rio grande et Sierra Leone; enfin, dans cette partie de l’Afrique comprise entre le Cap-Blane et le Cap- des-Palmes, Après avoir fixé l'étendue et les limites de ce qu’on entend par gouvernement du Sénégal, et avoir dé- montré que toutes les parties qui le composent quel- qu’éloignées qu’elles soient, doivent être soumises à l’influence et à la direction suprême de ce gou- vernement, après avoir fait connoître les nombreuses rivières qui favorisent notre entrée dans les terres du continent , et qui peuvent nous donner occasion re Afrique. 155 de diriger des opérations vers le centre de Afrique; l'ingénieur en chef désigne les peuples qui sont plus particulièrement placés pour favoriser nos relations intérieuses. « Par les Maures, dit-il, on formera des « rapports avec toutes les parties du Zaarba avec « Maroc, Alger ; Tunis, Tripoli, même avec le « Nil, avec le Caire et Alexandrie. Les Kassons, « les Serrawallis, les Foulhas, les Bamboukains , «“ les Jolofs , les nègres Bambaras , les Mandings et “ vingt autres nations sont encore à la disposition «“ du gouvernement du Sénégal ; l’abolition si pré- « cipitée , si impolitique de l'esclavage et de la « traite” des noirs, a réduit presque à rien nos « affaires en Afrique. Il faudra donc y découvrir » de nouvelles sources de richesses commerciales, «“_ et en diriger l'écoulement vers les côtes ; il faudra “ ouvrir de noufeaux chemirs à notre industrie, et « trouver de nouveaux débouchés à nos productions.» Pour y parvenir , les peuples qu’on vient de nommer peuvent seuls y concourir ; aussi le C. Golberry en fait-il connoître les mœurs, les coutumes, les habi- tudes, surtout les caractères divers et les formes physiques, il distingue entre autres les Jolofs comme étant nos anciens alliés, nos voisins immédiats, et voulant être crûs françois. « Cette race de nègres « la plus noire, la plus belle de toutes celles « des contrées qui ressortissent au gouvernement du « Sénégal, » prouve que la couleur la plus noire n’est pas due aux latitudes les plus chaudes et les plus longtemps soumises aux rayons perpendiculaires du soleil, mais qu’elle tient à d’autres causes ; car L] 106 Voyage. les Jolofs sont au nord de la Nigritie, et plus ent s’éloignant d'eux, 6n remonte vers la ligne , moins le noir des races nègres est-il pur et foncé. Ce peuple autrefois réuni en corps de nation étoit gouverné par. un seul prince sous le nom de Burh-j-Jolof, ce qui équivaut à celui d’empereur. Des démembremens en ont formé plusieurs principautés particulières, sou- mises , les unes à des princes Jolofs, les autres usurs pées par des nations étrangères ; maïs l’empire du Burh-j-Jolof subsiste toujours, à la vérité obscuré- ment, mais conservant encore une espece de con- sidération plus attachée à ce titre qu’à sa personne. Ils professent la religion mahométane, mais mélée de superstitions et d’idolâtrie ; il y a des différences si marquées parmi ces nations , même parmi celles qui sont les plus voisines, qu’on pourroit croire que l'Afrique doit une partie de sa population à VÆthiopie , et Paatre partie à des colonies d’indiens débarqués sur les rivages orientaux de ce continent, et qui, de proche en proche , se sont répandus jus- qu'aux bords de l'océan Atlantique. Quelques hordes entre le Cap-Verga et le Cap-Sainte-Anne élèvent des temples au Diable. Ces idolâtres professent la croyance des deux principes, en reconnoissant ce- pendant un Dieu unique et suprême qui habite le ciel, qui a tout créé, qui peut tout détruire, mais qui laisse le gouvernement de la terre à deux divi- nités du second ordre dont l’une fait tout le bien et l’autre tout le mal. Ils n’adressent ni offrandes, ni prières au bon principe dont ils ne craignent rien, e’est le mauvais principe qu’ils cherchent à se rendre Afrique. 157 favorable. On peut croire que le fétichisme a été et est encore la religion dominante des peuples qui habitent le centre de l’Afrique , et qu’il ne s’y est introduit quelque mélange que depuis que les Arabes et les Maures y sont venus pratiquer le mahomé- tisme. On sera surpris de trouver près de la rivière de Sierra Leona, une association secrète qui a bien de la ressemblance avec ce tribunal secret qui régna sur toute l’Allemagne avec un despotisme de sang. Cinq peuplades de Foulhas Sousous forment entre elles une république fédérative. Chaque peuplade a ées magistrats et son gouvernement particulier , mais elles sont toutes soumises à une confédération de guerriers qui, sous le nom de Purrah, et par ses mystères et ses épreuves , a quelque rapport avec initiation ægyptienne. Chacune des cinq peuplades a son Purrah particulier , chaque Purrah a ses chefs et son tribunal; de ces cinq Purrah se forme le grand Purrah , le Purrah souverain ; pour être admis au Purrah particulier, il faut avoir trente ans, et cinquante pour être membre du Purrah général, Pourétre admis aux épreuves d’un Purrah de canton, Ja responsabilité de ses parens déja associés est né- cessaire ; ils doivent jurer sa mort s’il fléchit daus Jes épreuves, ou s’il trahit les mystères de l’asso- ciation, Ces épreuves sont de plusieurs mois ; le can- didat habite pendant ce temps un asyle solitaire au fond d’un bois sacré dont il ne doit point s’éloigner, et où des hommes masqués lui portent sa nourriture. On dit que les dernières épreuves sont terribles ; le 158 Voyage. candidat admis doit jurer qu’il gardera {ous les sé crets de l’association, et qu’il exécutera, sans dé- libérer , les jugemens du Purrah de sa peuplade, et les arrêts du Purrah souverain ; s'il trahit ses ser- mens ou devient rebelle, il est dévoué à la mort qui vient le frapper au sein même de sa famille. Le Purrah de chaque peuplade est composé de 25 membres , dont cinq sont destinés à former le Purrah souverain. Le Purrah particulier connoît des crimes qui se commettent dans son arrondissement, les juge , et fait exécuter ses sentences ; il apaise Îles querelles et calme les dissentions domestiques entre les familles puissantes. Le Purrah souverain ne s’as* semble que dans des circonstances extraordinaires, et juge ceux qui trahissent les mystères de l’association ou qui sont rebelles à ses jugemens; c’est lui aussi qui fait cesser les guerres qui s’allument entre deux peuplades soumises à cette confédération, qui ré- pand ja terreur et leffroi, non seulement sur Îles peuples qui y sont soumis, mais encore sur ceux qui les environnent. Les nègres de la baie de Sierra Leone croyent que tout les membres de cette con- fédération sont sorciers , qu’ils ont des intelligences avec le Diable , qu'ils peuvent en exiger tout ce qu’ils veulent, sans qu’il puisse leur faire aucun mal. « En « observant les religions anciennes, les institutions, « Jes coutumes, les superstitions des nations occi- « dentales, on ne peut guère douter de l'influence que la Haute-Æthiopie et l’Ægypte ont dû avoir « sur l’occident de l’Afrique au nord de Ja ligne, « et même de la correspondance qui doit avoir eu Afrique. 199 « lieu entre les nations orientales et celles de cette « partie du continent, » L’ile Saint-Louis est le centre de notre établis- sement sur le Sénégal ; elle est située à trois heues de l'embouchure de ce fleuve dont l'entrée est dan- pereuse par une barre qui y multiplie les naufrages. De ce point jusqu’à la cataracte du rocher Felow, terme de Ja navigation des Français vers l’intérieur de l'Afrique, on parcourt 280 lieues, quoique la distance, en ligne directe, ne soit que de 160; mais aucun fleuve ne forme autant de sinuosités ; c’est sur les bords de ce fleuve que se fait le com- merce de la gomme, et de la poudre d’or, deux objets principaux qui doivent attirer l'attention du gouvernement et des spéculations commerciales. La gomme du Sénégal est un végétal concret qui suinte par les gerçures de l’écorce de certains arbres, soit naturellement , soit par incision, et qui s’endurcit ensuite. Cette matière est si nécessaire à nos ma- nufactures , à la médecine, à la peinture et à la dorure qu’on ne sauroit trop la multiplier ; elle est encore une nourriture saine et substantielle qui peut être opposée avec succès à cette maladie de poitrine devenue parmi nous trop fréquente et trop funeste ; ce sont les Hollandois qui, dans le commencement du XVIL siécle la firent connoître ; nos commerçans de Bordeaux et de Nantes firent des essais sur ce végétal qui fut trouvé plus mucila- gineux et plus gommant, et par conséquent supérieur aux gommes de J’Orient et même à celles d'Arabie. Le Sénégal peut verser en Europg, la quantité de \160 Voyage. près de deux millions de livres de cetté marchan- dise qui, au prix moyen de 35 sols la livre, produi- roient une vente de trois millions cinq cent mille livres, et un bénéfice de trois millions. L’excédent de la consommation en France pourroit fournir tous les marchés de l’Europe. L'arbre qui donne cette somme est du genre des acacias ; il y a deux espèces d’acaeia - gommiers, dont l’un produit la gomme blanche que les Maures momment V’ereck, et l’autre la gomme nommée né- bueb , qui est rouge, trois grandes forêts uniquement composées de cet acacia , situées vers les extrémités méridionales du grand desert de Zaarha à une dis- tance presque égale des bords du Sénégal et de la mer , produisent cette quantité de marchandise précieuse. C’est aux hordes mauresques , répandues sur le grand désert de Barbarie qu’appartiennent ces forêts ; elles forment trois tribus distinctes, nommées Truvshaz, Brachknaz et Darmanko; elles fréquentent les bords occidentaux du fleuve et nous vendent chaque année le produit de la récolte qu’ils en font ; mais ce n’est pas sans ruses, sans fourberie, sans menaces de la part de ces barbares féroces et menteurs, que les préposés à la traite de la gomme, et les marchands qui ont remonté ie fleuve jusqu’au désert ét à Podhor, pour l'acheter, parviennent à terminer leur marché, il faut que pendant plusieurs semaines, ils opposent la prévoyance à l’imposture, Ja modération à la fourberie , la patience , aux sub- tilités de l'intérêt. Tous les dégoûts , toutes les im- patiences , toutes Jes incommodités dont il faut payer Ja | | | Afrique. 161 la gomme sont innombrables. Les trois forêts de Sahe/, d'Alfatack et d’Elhiébar assurent une recette cons- tante de douze cent milliers dé gomme , et elle peut s’augmenter encore. Le C. Golberry entre dans des détails sur la manière de récolter cette gomme, sur les procédés des Maures pour la conserver et pour l'échanger, qu'on ne peut pas trouver ici. Le cha- pitre VI ne laisse rien à desirer sur cet objet. Ces propriétaires de la gomme habitent ou fré- quentent toutes les parties méridionales du Zaarha, voisines du Sénégal depuis son embouchure jusque bien au-delà de la cataracte de Felow, et sont désignés sous le nom de Manres; des colonies de ces sauvages sont répandues dans les Oasis ou habi- tations du désert, ou ont fondé des royaumes au nord du Sénégal ou du Niger; on trouve de leurs peuplades et de leurs établissemens jusque près de Bournon, sous le 40.° cegré de longitude orientale de lile-de-Fer. Ces Maures dispersés et expatriés occupent donc aux extrémités du Zaarha, et à peu près entre le 26 et le 16." degré de latitude septen- trionale, une étendue de 875 lieues du couchant au levant. D’où sont venus ces habitans du grand désert de barbarie, est la première question qui se présente? Elle est du domaine de l’histoire, elle est digne des recherches’des savans. Le C. Golberry hasarde quelques conjectures que nous allons indi- quer. Il suppose l'existence du peuple atlantique, et la submersion de l’atlantique occasionnée par une de ces conflagrations qui, dans les temps pri- mitifs , ébranlèrent le globe et séparèrent l'Espagne Tome IL. L 162 Voyage. de l'Afrique , sans doute le grand désert s’est res- senti de cette secousse , et les restes des atlantes durent se réfugier dans les parties les plus élevées de l’atlas, voisines du Zaarha, et se sont établies ensuite dans les Oasis du désert. Salluste dit qu'Her- cule mourut en Espagne, que son armée se dispersa, qu'elle étoit composée de nations différentes qui passérent en Afrique, se mélerent aux Gétules, et formèrent une nation nouvelle sous le nom de Numides ; 1926 ans avant l’ère chrétienne , Améno- phis qui régnoit à Thèbes, chassa d'Ægypte les Berberes qui avoient usurpé les dynasties de Tanis, de Memphis et de This; ces sauvages se répandirent alors vers le couchant de l’Afrique , et, suivant Léon l'africain, ils établirent une nouvelle domination au midi du mont Atlas; ce sont eux qui ont donné le nom de Barbarie à cette partie de l'Afrique ; quel- ques familles de ces pasteurs ont pu s’établir dans le Zaarha. Depuis l'établissement des Berberes, les régions septentrionales de PAfrique ont été pendant 35 siécles , le théâtre des guerres les plus sanglantes; des colonies phéniciennes, grecques, romaines ont successivement habité cette Afrique , aujourd’hui dépeuplée et barbare; les Arabes, sous le nom de Sarrazins et de Maures, s’en emparèrent, envahirent l'Espagne, menacèrent l’Europe , et furent p usieurs fois repoussés en Afrique. Dans le milieu du on- zième siécle , Abu-Tessifin , de la tribu des Ma- rabouths , fonda l’empire de Maroc qui s'étend jus, qu’à Tombuctou , sur le Niger; enfin, Philippe Iy força en 1610, neuf cent mille Maures de sortic Afrique. 103 de l'Espagne. Tous ces diffrens peuples ont pu, à des époques éloignées, se répandre dans les vastes solitudes du Zaarha. En examinant avec attention les hommes qui l’habitent, on aperçoit un mélange et une diversité de mœurs, de caractere et de phy- sionomie qui donnent quelque valeur à ces conjec- tures. Leur religion est l’islamisme; ils sont maho- métaos fort zélés et encore plus superstitieux ; leurs prêtres, qu’ils nomment Marabouths entretiennent cette maladie religieuse. Ces hommes qui sont es- sentiellement vicieux , corrompus , inhumains, cruels et féroces sont cependant couverts d’amulettes , de talismans qu’ils nomment Grisgris, que ces prêtres fa- briquent et leur vendent fort chers. Le commerce des Maures a pour objet tout ce qui offre quelque in- térét ; ils possedent la gomme, ils ont des mines de sel, ils élevent des bœufs, des chameaux, des chevaux en grande quantité, et vont les vendre à de grandes distances de leurs habitations, Le-second objet du commerce des Européens avec l'Afrique est la poudre d’or, dont les mines se trou- vent dans le pays de Bambouk, divisé en trois royaumes; le Syrratik ou roi de Bambouk a une supériorité sur les deux autres qu’il doit à l’impor- tance de la contrée où il règne, importance que Jui donne la riche mine d’or de Natakou. Le pays de Bambouk est au sud du fleuve Sénégal à la di- stance de dix lieues de Ja rive gauche. Ses habitans sont d’origine Manding. Une colonie de ce peuple, si connu dans toute j’Afrique occidentale, fit la conquête de cette riche contrée à une époque fort Er2 164 Voyage. ancienne et antérieure à la découverte moderne de Afrique par les Portugais. On ne peut douter que les mines de cette contrée ne soient très-abondantes, l'or s’ÿ montre partout ou en sable ou en paillettes, ou en grains, où en particules sou en pyrites ferru- gineuses , ou en morceaux d’émeril plus ou moins mélés d'or; mais ces mines n’ont encore été tra- vaillées qu’à leur superficie ; lindolence naturelle et l'ignorance profonde de ces nègres établis sur une terre riche et fertile, ne leur ont point permis de perfectionner l'exploitation des richesses que la na- ture leur.a prodigué; ils se contentent de creuser des puits, d’où ils tirent une terre mélée d’or qu’ils soumettent au lavage. Le préjusé des Bamboukains attribue au Diable, la fabrique de l'or; ces imbé- cilles croyent qu’il fait travailler ce métal par des esclaves dans de grandes cavernes souterraines, que le nombre de ces esclaves est considérable, et que c’est pour s’en procurer qu’il permet les éboulemens que le défaut de précaution et d'intelligence occa- sionne, pour remplacer ceux qu’il a perdus. Aussi n’osent-ils secourir les malheureux surpris par les éboulemens. Ils craindroïent de déplaire au Diable, qu’il n’emportât tout l’or du pays, et n’allât établir son laboratoire dans quelqu’autre contrée. Il n’y a pas d'années qu'il ne périsse dix à douze victimes dans les quatre mines ; alors la famille de ceux qui ont été engloutis, offre au Diable une vache noire, ou quelqu’autre pièce de bétail, pour obtenir que le nègre enlevé par lui, obtienne dans les ateliers de la manufacture souterraine, une place avanta- geuse et agréable. Afriqre. 165 Les mines d’or du Bambouk sont une propriété nationale sur laquelle les rois et les chefs des vil- lages n’ont que le droit de police et de surveillance. Les habitants exploitent les mines situées sur leur territoire, C’est pendant les huit mois de la saison de sécheresse que se fait le travail des mines. Les noirs les plus habiles dans la lotion, sont ceux qui retirent le plus d’or ; car ils ne savent en obtenir que par le Javage ; ils ignorent l’art du mineur, ils se contentent de l'or qui se présente à la surface du sol ; ils ne soupconnent même pas les foyers prin- cipaux qui le contiennent. Les quatre mines de Bam- bouk oude Natakou, celles de Sémayla , de Nambia, de Rombadyrié sont les plus importantes et les seules connues , il peut en exister d’autres, On ne conçoit pas que la France, qui possède le Sénégal depuis plus d’un siécle , ait été indifférente aux connois- sances qu’elle auroit pu acquérir sur l’Afrique occi- dentalé au nord de la ligne. Le C. Golberry propose trois projets , dont le but est de profiter de notre position pour nous ap- proprier exclusivement les richesses de cette terre aurifère. Le premier seroit la conquête des trois royaumes qui partagent ce pays ; cette conquête , qui offre une grande facilité vis-à-vis de ces peuples indolens, lâches et imprévoyans, comme expédition de guerre, trouveroit des obstacles dans son exé- cution par les difficultés de transport, par les dan- gers du climat, par la longueur du trajet, par la difficulté de conserver cette possession, et plus en- core ‘par l'injustice qu’il y auroit à l’entreprendre. L 3 166 Voyage. Le second projet plus praticable et moins impoli- tique seroit d'obtenir, par des négociations, la li- berté d'exploiter, à notre profit, ces mines d’or; mais, si on v’avoit pas les obstacles que présente le premier projet, on auroit à combattre l’attaches ment des Bamboukains pour leur-or , leur méfiance des blancs, et leur superstition ; toutes ces rési- stances ne pourroient disparoître qu'avec l’adresse, la franchise des bons procédés , le bénéfice du temps, et une suite de liaisons bien formées. Ce n’est qu'avec ces moyens qu’on peut parvenir à vaincre les pré- ventions ombrageuses deices nègres; c’est par des échanges des marchandises et des objets qui leur sont indispensables, à des conditions démontrées avantageuses, qu’on pourroit insensiblement atteindre à ces mines, en leur laissant entre lesimains Ja quantité d’or employée chaque année à orner leurs femmes. Le succès de ce projet est subardonné à l'exécution du troisième qui consiste à établir un commerce actif, suivi et bien conçu avec les trois royaumes, à en tirer tout l’or que produisent les mines ,.que roulent leurs rivières et leurs ruisseaux, à en fixer la direction exclusive par des négociations directes, par des échanges propres à remuerd’intérét. Le pays de Bambouk n’a pas seulement de l'or à mous donuer ; il produitencore de Ja cire, des peaux crues de bœufs, de vaches, de cabris, de l’émeril , et de ce beurre de kharité que donne une espèce.de palmier, et dont les onctions sont si favorables pour la guérison des rhumatismes ; il produiroit un avantage plus précieux encore, si on pouvoit en: Afrique. 167 gager ces indolens Bamboukains à répandre, sur ce sol rempli d’or, la première des richesses que Pagri- culture procure , et qui vaut bien celle dont la pos- session a fait naître tant de divisions, tant de cupi- dité, tant de guerres, et qui fait commettre tous les jours tant de crimes. Le C. Golberry croit que le gouvernement doit s'arrêter à ce dernier projet, et faire même quelques sacrifices pour sa réussite. Pour remplir avec exactitude et avec succès la mission dont le ministre de la marine l’avoit chargé, pour donner une idée générale de la partie de l’Afri- que comprise sous la dénomination de gouverne- ment du Sénégal , le C. Golberry s’attache à faire connoître la nature et les fonctions de ce gouverne- ment, son importance actuelle, celle qu’il peut ac- quérir, et la grande influence qne son administra- tion peut exercer sur une partie très - considérable de PAfrique. Ce gouvernement est à portée d’exercer avec facilité, et d’une manière immédiate, son ac- tion administrative et de protection sur un dévelop- pement de sept cents lieues de côte. Cette étendue maritime borne au couchant Ja partie la plus vaste de l'Afrique, et la plus curieuse à convoître. Elle s'arrête vers le nord au cap Blane, ét vers le sud au cap de Palmes, L’océan Atlantique reçoit, dans cet espace , les eaux de plus de soixaute fleuves et rivières, dont plusieurs peuvent être remontés fort avant dans l’intérieur, et sont bordés de terres très-fertiles et d’une population nombreuse. Par nos comptoirs de Podhor et de Galam, situés sur le Sénégal , il est facile de communiquer avec Marce, L 4 168 Voyage. Alcer, Tunis, Tripoli et le Caire , avec Tombouctou, le pays de Houssa-Toccrur-Kafina , et de cette der- nière ville par Agades avec Bournon, Sennaar et PAbyssinie, La contrée intérieure de Darfour , con- nue par le voyage de Brown, conduit, par. des re- Jations habituelles, au royaume de Darkulla , situé au centre de l’Afiique, entre.le sixième et le sep tième parailèle nord, à peu près à égale distance du cap Vert et du cap Guardafu. Ces deux caps forment les extrémités du plus grand diamétre en largeur du continent de l'Afrique ; on.est fondé à croire que la haute masse des monts de la lune n’est pas éloignée de Darkulla , que les sources du grand Galbar doivent s'approcher: de très-près de cette région centrale ; qu’on pourroit tenter d’arriver au Darkulla d’une part par le Galbar , de l’autre par le pays Mandiug, par Téembou, par Kong, par Kassala, par Kottokoli, par Malel parce que cette communication est pratiquée , et que Malel n’est sé- parée du Darkulla que de deux cent cinquante lieues. D’après ces indications approximatives, il seroit possible aux nations européennes qui fréquentent les côtes de l'Afrique occidentale , au nord de la ligne, de se procurer l’ancienne connoïissance de ce vaste continent, si elles s’accordoient dans l’exécution, par un plan bien concu et utilement distiibué, Ces notions générales que:la paix peut réaliser leur pro= cureroient plusieurs branches de commerce , jusqu'ici inconnues ou foiblement exploitées. On pourroit pré- sumer, par ce que le commerce françois sur le seul fleuve du Sénégal , pourroit donner à la métropole, Afrique. 169 de ce que les nations française, angloise et por- tugaise pourroient en obtenir, si leurs spéculations commerciales , bien combinées, embrassoiïent la to- talité de l'Afrique. Le C. Golberrÿ nous fait con- noître Jes produits que ce commerce du premier district du gouvernement du Sénégal pourroit pro- curer, débarrassé des entraves des priviléges , et organisé par l'intérêt particulier ; il porte ces pro- duits à quatorze millions quatre cent mille livres, au lieu de trois millions huit cent soixante mille livres où ils étoient bornés en 1786. Passant ensuite à V’ile de Gorée où les devoirs de sa mission le con- duisoient , il trouva cette possession dans le plus mauvais état, et cependant de la plus haute impor- tance. Nous ne parlerons pas des réparations , et des dispositions militaires et défensives qu’il croit né- cessaires à cet établissement ; nous nous. arréterons aux avantages qu’il peut procurer, par sa position à tous les comptoirs ou postes qu'on voudroit for- mer sur les côtes et dans l’intérieur ; la nation Jolef est amie des François, et ils peuvent aisément éta- blir des liaisons très-avantageuses avec les princes qui la gouvernent. Le royaume de Cayor, dont le souverain a le nom de Damel, ressortit immédia- tement à l’administration de l’ile de Gorée. Tout le territoire compris entre l’océan et le cours de la rivière Félémé, qui forme la limite du pays de Bambouk , est occupé par les Jolofs, et les dispo- sitions du Damel en faveur de la France, nous offrent des facilités de commerce, et d’entreprises étendues vers les régions intérieures de cette partie 170 Voyage. du monde. « Nous ne resterons pas, sans doute , « indifférens au partage de l’exploitation du com- “ merce de l’Afrique , sur lequel des projets secrets « sont peut-être déja très-habilement concertés, et « nous ne céderons pas à nos rivaux la part que “ notre force politique, notre activité et notre in- « dustrie nous donnent droit d’y prétendre. » Un des principaux voisins des Jolofs, nommé le Bur Salum, dont les possessions se répandent sur la côte, mécontent des Anglois, fit un traité avec M. de Répentigny , prédécesseur de M. de Bouflers, par lequel la France retrouva tous les avantages commerciaux que le traité de paix de 1763 lui avoit fait perdre. Les trois conditions principales de ce traité d’alliance étoient la cession de l’ile de Kas- thiambée en toute propriété , l'admission des seuls François dans les états de Salum , et la liberté d'établir un comptoir à Kiawer. On n’a point en- core pu profiter des avantages que ces conditions promettoient, en nous donnant la facilité de com- merce sur les parties supérieures du cours de la Gambra ; commerce qui étoit si lucratif pour la compagnie des Indes avant la guerre de sept ans, ét qui consistoit en-captifs, en or , en morfl, en cire, en peaux crues. En quittant le royaume de Bur Salum ; M. le chevalier de Brack, qui com- mandoit la corvette le Rossignol, et le C. Golberry qui y étoit embarqué, entrèrent dans la baie qui précéde l'embouchure du fleuve Gambra, que nous nommons la rivière de Gambie. La largeur du fleuve est de six lieues; vers le village d’Albreda, et près Afrique. 171 du fort angloïs James, elle n’est plus que d’une lieue ; il conserve la même largeur et une grande profondeur jusqu’à Pisania, qui est un des princi- paux établissemens anglois, à 80 lieues de Ja mer. Entre les sources de ce beau fleuve et les montagnes de Kong, est situé le pays Manding , dont l'étendue n'est pas-connne ; mais on peut conjecturer qu’il est très-considérable, si on en juge par les conquêtes que les Mandings ont faites sur le Bambouk , sur les bords de la Gambie, par les relations qu’ils ont établies dans les contrées orientales et occidentales de l’Afrique, par les nombreux royaumes qu’ils ont créés sur les rives de la Gambie. « C’est dans ces con- “ trées que des essais de civilisation bien concertés et « bien conduits par la France et par l’Angleterre pour- “ roient avoir bientôt de tres-heureux succes. » Les chroniques de Normandie attribuent aux marchands de Dieppe la découverte de la Gambie en 1990, et d’y avoir établi la premiere loge de commerce ; les Portugais s’emparerent ensuite de ce.fleuve, d’où les Anglais les chasserent. La paix de 1783 a fixé avec désavantage les droits des François sur ce fleuve, en restreignant la liberté d’y naviguer à la bauteur du fort James , tandis qu’autrefois il leur étoit libre d’en parcourir toutes les parties. Albréda resserré dans cet espace, se présente naturellement pour y établir un comptoir francois principal, Ce. grand village avoit, de tout temps, été une école fran- çoise; l’ancienne, compagnie des. Indes y avoit un établissement , et les Mandings du royaume de Barra s’étoient toujours moutiés nos amis. 1] falloit ranimes 172 Voyage. ces anciens sentimens. Pour y parvenir, le C. Gol- berry s'établit à Albréda, et desdhé à se lier avec le régent du royaume Ali Sonko; homme que sa prudence , sa capacité, son caractère faisoient esti- mer de sa nation qui lui avoit déféré l’administra- tion, le roi, son neveu, ayant l’esprit aliéné; les affaires relatives aux intérêts du commerce et un rétablissement du comptoir français, étant le prin- cipal objet du voyage de l’ingénieur Golberry, il falloit qu'il obtint la confiance de ce régent, et il y parvint; alors les conférences commencèrent , et tout étant convenu, on demanda d’être présenté au roi qui assembla les états-généraux. Il faut lire dans le chapitre XIX les détails de cette entrevue royale et de cette assemblée nationale. Ali Sonko avoit tout préparé pour le succès. On obtint que le comptoir seroit de nouveau reconstruit , et qu’il oécu- -peroit un terrein isolé et éloigné de près de deux cents toises du village, dans une situation bien plus commode ; bien plus sûre, et plus favorable que celle qui avoit été occupée auparavant. Il fut stipulé que le ‘éommerce françois seroït libre dans tout le royaume de Barra, qu’il ÿ seroit aidé, favorisé, protégé; qu’on pourroit entretenir dans le comptoir un résident et tous les employés nécessaires, le faire entourer de fossés, de palissades ou retran- cherneris ‘en terre, y construire des batteries et ÿ avoir une garnison. C’est ainsi que fut rétabli, en x786, le comptoir francais d’Albréda. Des détails géographiques sur les rivières comprises entre le cap Verga et le cap de Palmes, sur l’are Afrique, 173 chipel des îles Bissagos , et sur les îles de los Idolos, prouvent que toutes nos cartes, sur cette partie de PAfrique , sont défectueuses, et qu’un travail très- soigné sur le relèvement de ces côtes, seroit neces- saire pour les connoître parfaitement. Le C. Gol- berry avoit à parcourir le troisieme district du gou- vernement du Sénégal ; il se rend dans la baie de Sierra Leone formée par la réunion de deux grandes ri- vières; l’une, venant du nord, est nommée Mitombo; l’autre, venant du sud-est, portant le nom de Bunck, qui, parcourant ensemble un espace de huit lieues jusqu’à la mer, sont nommées par les Européens ri- vière de Sierra Leone ; par les naturels du pays, Mitombo , parce que ce fleuve est le plus considé- rable, En remontant le Bunck , on trouve la petite île de Gambia sur laquelle, en 1784, M. Delajaille jeta les fondemens d’un établissement francois. La position de ce poste est des plus désavantageuses, et réunit tous les inconvéniensg aussi l'ingénieur francois le trouva dans le plus grand dénuement : autorisé à l’abandonner ou à le conserver , il jugea cependant comme M. Delajaille qu’il valoit mieux avoir un établissement dans Ja rivière de Sierra Leone que de n’en point avoir ; il chercha à se procurer une autre île plus saine, mieux située, plus favorable à un comptoir qui pût être à la fois militaire, agricole et marchand ; il trouva dans Panabouré l'orbava, roi de la contrée et de la baie de Sierra Leone, ami des François, toutes les facilités qu’il pouvoit desirer. C’est un homme bon, sage, juste , et fort aimé des Timancys ses sujetæ 174 Voyage. Son attachement à la France étoit connu ; le che- valier de Brach et l’ingénieur Golberry étoient char- gés de lui présenter les coutumes, c’est-à-dire, les présens accoutumés qui furent augmentés à cette occasion, et qui furent par conséquent reçus avec une vive reconnoissance. Pour donner à nos commercans une idée des avan- tages et des profits qu’ils pourroient trouver dans Ja rivière de Sierra Leone , le C. Golberry fait con- noître dans le chapitre XXIV ce que les deux comp- toirs anglois de Sierra Leone et de Bence produi- soient en 1786. Les captifs, le morfil, l’indigo, le coton, les peaux crues, le tamarin, les drogues, les bois de teivture, de construction, etc., don- nerent une somme de dix-huit millions quatre cent quarante mille livres , tandis que nos négocians n’ob- tinrent en traite que six cent mille livres. Une com- pagnie du Hâvre avoit fait un marché avec les An- glois, qui étoit #nfiniment onéreux, en ce qu’il faisoit passer chaque année dans leurs mains pour Pachat des captifs, à raison de six cents livres par tête, des sommes considérables ; tandis que nous aurions pu nous-mêmes faire ce commerce, et nous approprier des bénéfices assurés à la faveur d’éta- blissemens solides que nous étions autorisés à former. Les bénéfices anglais sur nos négocians étoient de cent pour cent, puisqu'ils leur achetoïent les escla- ves à six cents livres, ce qui ne coutoit, dans le même temps à deux de nos françois qui se présen- térent dans cette riviere, que 250 à 300 livres. Notre part dans ce commerce étoit donc nulle en compa- , Afrique. 179 raison de celle des Anglois, et notre industrie, sans énergie et sans encouragement ; est encore à se montrer sur un développement de deux cent cin- quante lieues qui lui offre des régions fertiles, in- téressantes, et des produits assurés sur tous les rapports. « N’avons-nous pas les mêmes moyens que “ les Anglois, se demande l’auteur ? Oui sans doute, « et il faut espérer que nous aurons enfin le sen- « timent de nos foices, que nous aurons l’ambition « de donner à notre industrie tout l’essor dont elle « est capable. » Le C, Golberry ne s’est pas borné à remplir avec exactitude la mission qu’il avoit reçue , il s’est occupé à connoître les diverses nations qui sont répandues sur ce continent , du moins celles qu’il a rencontrées dans ses courses ; à étudier le climat et ses influen- ces, la nature et ses productions ; plusieurs chapi- tres de ces fragmens sont remplis d’observations aussi curieuses qu'instructives. Celui qui traite des dangers du climat et des principales maladies aux- quelles sont exposés les Européens dans les contrées occidentales de l'Afrique , située entre le 20 et le 4.° parallèle nord doit être lu par ceux qui seroient destinés à habiter ou même séjourner momentané- ment dans la saison des pluies, sous ces parallèles, Celui de l’insecte Termite, dont à peine l’existence est connue et qui paroit appartenir particulièrement a PAfrique , est curieux. Linné parle de cet insecte destructeur sous le nom latin de Termes, le C. Cuvier sous celui de Termite. Le vulgaire le connoît sous celuide Fourmi vagueyague et de Fourmi blanche. 176 Voyage. Le C. Golberry l’a observé de si près qu’il le montre dans toutes ses métamorphoses , et il n’en est pas moins étonné, qu’un insecte de deux lignes de lon- gueur puisse opérer , en un instant, des destructions inconcevables , élever des monumens si prodigieux, si solidement construits que , comparés a l’extréme petitesse de l’insecte , ils paroissent plus merveilleux que les monumens les plus considérables de l’in- dustrie humaine. Le chapitre XX renferme les ob- servations de l'auteur sur l’existence de cet insecte, sur ses opérations, ses destructions, et sur cette force et cet instinct qu’il a recu du créateur. Les François ont donné le nom de Callebassier à un arbre é:onnant par sa grosseur et parsa durée, que les nègres Jolofs nomment Baobad. Sa monstrueuse végétation est un de ces prodiges que la nature a placé dans certains climats pour faire accuser les voyageurs qui les décrivent, d’exagération et de mensonge. Cet arbre parvient par la vigueur de sa constitution , à la grosseur la plus démesurée, par son organisation , il peut braver l'influence du temps pendant un grand nombre de siécles , et cependant sa moelle occupe une partie considérable de son in- térieur, quoique son bois soit extrêmement dur. Une moisissure qui attaque cette moelle permet de for- mer dans ce colosse végétal, des cavernes de vingt pieds de hauteur, et de vingt pieds de diamêétre. Cette surprenante production semble appartenir prin- cipalement aux contrées occidentales de l’Afrique renfermées entre le cap Blanc et le cap des Palmes, Le célebre naturaliste Adanson a observé avec soin cette « “Afrique. 197 cette monstruosité naturelle sur les îles de la Ma- delaine, près de Gorée , où ces arbres sont en grand nombre; il s’est convaincu qu'ils y existent depuis bien des siécles, quoiqu'ils ne soient encore parvenus qu’à une grosseur médiocre. [Il paroît que les con- trées renfermées entre les fleuves du Sénégal et de la Gambra, sont celles qui conviennent le mieux à cette énorme végétation, parce que c’est-là qu’on Ja vue dans ses dimensions les plus démesurées et les plus étonnantes ; c’est-là aussi qu’on croit lavoir trouvée dans l’âge le plus avancé; la plus grande chaleur semble étre aussi nécessaire au développe- ment de ses forces. Une autre production monstrueuse de ces régions africaines , est le serpent Tenuuy de l'espèce du Boa constricior qui a jusqu’à trente et quarante pieds de longueur , sur vingt et trente pouces de tour, Cet animal éffroyable avale en entier un bœuf ou un bufile. La manière dont il parvient à s'emparer de sa proie et de la dévorer est curieuse; il se cache à portée de’‘quelque source ou maie d’eau , entor- tillé sur trois spirales ; lorsque l’animal boit, il s’é- lance sur lui, il l'embrasse, l’entortille, lé serre avec violence et l’étouffe , ce qui l’a fait nommer constrictor ou l’étouffeur. Après cette première’ opé= ration, et assuré que sa proie ne vit plus, il lat- taque avec ses dents qu’il enfonce dans les chairs le plus profondément qu’il peut; ensuite il l’entor- tille de nouvéau, et la serrant avec force, et la secouant par des mouvemens brusques et des con- tractions mültipliées , il parvient à lui briser tous + Tome II, M 178 Voyage. les os même ceux de la tête ; cette seconde opé- ration très-longne et très-fatigante étant terminée , le Tennuy enduit de sa bave gluante tout le corps de sa proie, pour pouvoir l’ayaler avec plus de faci- Jité, ensuite il s’étend sur elle dans tous les sens pour l’alonger; tout étant disposé pour l’avaler, il prend la précaution d’examiner.autour de lui , à une cer- taine distance, s’il n’y a pas quelques ennemis et surtout des Termites dont il a la plus grande peur. Il se place ensuite vis-à-vis la bête tuée, et , s’alon- geant lui-même de toute sa longueur, il happe le museau ou Ja gueule qu'il amollit encore avec ses dents et sa salive, et il l'avale en l’attirant peu-à- peu ; sans la déchirer ; insensiblement la bête est engloutie en entier. Après cet immense repas le Tennuy tombe dans un état d’immobilité, dans une sorte de léthargie d’où il ne sort que lorsque la diges- tion est faite. C’est dans cette situalion d’impuissance absolue que les nègres qui avoicnt épié sa retraite, l’attaquent , le tuent et se régalent à la fois de l’ani- mal avalé et de l’étouffeur. Les Termites en font autant et peut-être avec plus de promptitude ; elles entrent dans son corps par le nez, par la bouche, par les oreilles ; elles s'y établissent par millions , et, dans moins de 24 heures, on ne trouve plus que Ja peau de la victime et du serpent. Ce n’est point sur les côtes que le C. Golberry a parcouru l’espace de cinq cents lieues , qu’on pour- roit croire la traite des nègres facile et productive; le nombre de ces malheureux vient de l'intérieur, et est produit par les guerres que les rois et les Afrique. 79 princes se font continuellement entre eux; les pri- sonniers qui en résultent sont conduits sur les rives des fleuves, où les Européens ont des escales , et y sont vendus. Ce débouché qui avoit donné aux vain- queurs une branche de commerce qui produisoit plus que le massacre des vaincus, étant. fermé, forcera les premiers de se défaire, comme anparavant , de leurs. prisonniers ; et c’est ainsi que ces grands phi- Jlanthropes, ces amis de l'humanité, auront organisé le meurtre et l’assassinat sur les deux continens de l'Amérique et de l'Afrique ; j'ai connu ces fonda- teurs de la liberté des noirs, je me suis opposé de toute la force de la raison et de l’évidence à l’exé- cution de leurs projets ; tout ce que je leur avois prédit est arrivé ; le massacre des propriétaires , la guerre civile entre les gens de couleur, la perte d’un commerce d’exportation , d'importation et de circulation de deux cent cinquante millions, l’inac- tion de sept millions de Francois qui avoient des rapports directs ou indirects avec ce commerce , et la destruction entière de nos colonies, produisant des denrées devenues de premier besoin. Comment rappeler des richesses si nécessaires à la métropole, après la terrible secousse dont elle se ressent encore? Dans le dernier chapitre de son ouvrage on trouve les diverses observations que l’auteur a été à portée de faire sur les mœurs, les coutumes, la religion et la moralité des nations qui ont passé sous ses yeux, sur les animaux indigènes de cette partie de VAfrique, sur les richesses du sol, sur la culture et l’industrie des habitans des côtes et des bords M 2 180 Voyage. des fleuves, sur le degré de leur civilisation, sur leurs vices et leurs bonnes qualités, sur leurs jeux et leurs amusemens. En résumant tout ce qu’on a observé sur Afrique par la lecture de ces volumes, on peut croire que le commerce de cette partie du globe , pourroit ouvrir aux François une source de richesses, que le C. Golberry évalue à soixante millions; mais il veut que ce commerce soit libre, et il est, sur l’article des priviléges, du même avis que les chambres du commerce et que tous les hom- mes instruits sur cette matière par la réflexion ou par Pexpérience, Il cite, à l'appui de son opinion, l’exemple de deux négocians établis sur le Sénégal, qui, après la destruction de la compagnie des Indes, continuèrent leurs spéculations, et augmentèrent prodigieusement leur fortune. Le C. Golberry qui, en sortant de Saint-Louis du Sénégal, se rendit à Cayenne et de là à Saint-Domingue, regarde comme une des grandes erreurs de la philosophie moderne, cet enthousiasme de liberté qu’elle a fait circuler parmi des hommes qui ne pouvoient qu’en abuser. « Je ne pense pas que l’homme noir soit moins homme «_ que moi; que la nature , en le créant, n’ait voulu « qu’en faire un être abject destiné à l’avilissement “ et à l'esclavage, et mes vœux , pour l’abolition « de la traite sont bien sincères ; mais je n’ai jamais « cru que tout devoit être sacrifié à son accom- « plissement. Je crois même que c’est, en continuant « encore quelque temps la traite, soumise à de « meilleurs règlemens , qu’on parviendra plus sû- « rément à l’abolir , et qu’elle nous offre les seuls Afrique. 181 moyens efficaces , de parvenir à la connoissance complète et à un mode raisonnable de civilisation de lAfrique; parce que dans Ja traite, nos rela- tions avec les côtes occidentales et orientales de ce continent , se réduiroit tout-à-coup dans la proportion de quaramte à un, et que si nous y préchions l’aboktion de l’esclavage ; nous soulève- rions contre nous l’Afrique libre et propriétaire qui se trouve , à l’égard de l'Afrique esclave, dans la proportion de deux contre trois; mais aussi presque tous les esclaves des cases, qui sont attachés à leurs maîtres, qui sont contens de leur sort, et qui sont fort souvent eux-mêmes pro- priétaires de quelques captifs. » Ces fragmens, dans lesquels on trouve quelques répétitions et quelques négligences de style, amu- sent les lecteurs, même indifférens sur l’intérét pu- blic, instruisent les commerçans de nos villes ma- ritimes , et présentent au gouvernement des vues utiles sur des établissemens que des encouragemens bien dirigés , et une protection éclairée doivent né- cessairement conduire à des résultats avantageux. Ces deux volumes sont l’ouvrage d’un vrai ami de sa patrie, et d'un homme qui a des connoissances très-étendues. A. J. D. B. PET BETETE ETUIS RTE TE ON LOS PISE SAME EE PU CRE PPT NE PESTE) MÉLANGES. LETTRES sur Constantinople , de M. l’abbé SET IN, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; au éomte de CA4Y LUS ; sui- vies de plusieurs lettres de M. PEYSSENET, de la même Académie, et d’autres savans, écrilé au méme ; contenant des détails cu- rieux sur l’Empire Otitoman: on y a joint la Relation du consulat de M. ANQUETIL à SURATE , adressée à M. DE VERGEN- NES ; un mémoire du savant BESCHI, Sur le calendrier de lintérieur de l'Inde; revu par Jérôme DE LALANDE, de l’Institut nalioral, elc.; le tout imprimé sur les ouvrages tnédits , et revu par M. lPabbé BOURLET DE V'AUXCELLES. 1 vol. in-8.° Paris, chez Obré , rue Mignon, n°1, et Buisson, imprim.-libr., rue Hautefeuille. Os» a cru donner un peu plus de crédit à cette nouvelle compilation , eh lannonçant comme ayant été revue par M. de Vauxcelles. Sans doute que l'éditeur a craint qu’on lui fit le même reproche qu’on lui a déja fait sur les recueils qu'il a publiés, et qu'il a voulu s’étayer de l’approbation et du goût de cet homme aimable , et parfaitement instruit des particularités littéraires du dernier siécle. Mais, en Mélanges. 183 lui mettant sous les yeux les pièces dont on se pro- posoit de composer ce volume, il n’a pu donner que des conseils; et certainement il n’a pas approuvé qu’en y insérât une relation historique et apologé- tique du consul Surate, qui ne pouvoit être d’aucun intérêt pour le leeteur, et qui occupe la. moitié du volume. Le voyage en Afrique est également indif- férent , parce qu’il n’apprend rien, si ce n’est les dangers qu’on court à parcourir un pays saurage , et les fatigues qu'on éprouve dans ces excursions vagabondes. ; On sait que M. Sevin fut envoyé dans le Levant par leroi, Louis XV , à la recherche des manuscrits grecs, arméniens , arabes et persans , destinés à en- richir la Bibliothéque. La relation de ce voyage, qu’on lit dans le tome VIT de l’Académie des in- scriptions et belles-leitres , en apprend plus sur les acquisitions que les quatre lettres de l’académicien à M. de Caylus. Une lettre de M. Lirencourt , con- sul au Caire, est curieuse par les’indicätions qu'il donne sur Îles antiquités de la Haute- Ægypte, et par le desir qu’il témoignoit d’en faire le voyage. Ce qu’il se proposoit d’exécuter, vient de Pêtre par les savans qui avoient suivi l’armée francoise, et par les ordres de celui qui la commandoit. J - Ce qu’on trouve de plus intéressant dans ce re- cueil, c’est précisément ce que son titre énumératif n’annonce pas. Après la conquête de Venise; le gé- néral Bonaparte envoya dans la Morée deux hom- mes observateurs pour connoître les mœurs et les usages des vrais Maïnottes, descendans des Spar- M 4 104 Mélanges. tiates. Une lettre de M. Julien le Roi, qui avoit parcouru ce pays pour y découvrir les restes des anciens monumens qui y avoient existés , avoit donné quelque détail sur l’ancienne et nouvelle Sparte. Les voyageurs ont examiné ce peuple sous le rapport de la civilisation actuelle, et nous font connoître le Mainotte, depuis le moment de sa naissance jusqu’à sa mort. Nous allons nous transporter parmi eux. « À Maina, la naissance d'un garçon est annon- « cée par un coup de fusil que tire le père. À ce « signal, tous ses parens et ses amis témoignent « leur joie en déchargeant leurs armes à feu. Du- « rant les huit jours qui succèdent à l’accouche- « ment, ces mêmes parens rendent une visite à la “ mere, en lui portant un présent en comestible « analogue à la nourriture qui lui convient. Pendant « tout le temps qu’elle reste dans son lit, elle ne « boit que du vin ; l’eau lui est expressément défen- « due, Chaque mère allaite son enfant; et, si elle « vient à mourir, chacune de ses voisines s’empresse « de lui servir de nourrice, et même de mère. L’en- « fant mâle reste jusqu'à l’âge de sept ans sous la « direction de, sa mère; c’est elle qui lui inspire « l'amour de son pays, le respect qu’on doit aux « vieillards , la fidélité pour ses amis , et surtout « l'hospitalité en faveur des pauvres et des étran- « gers. Après ce temps, le père se charge de l’édu- « cation de son fils, et lui enseigne à lire et à « écrire ; il l’accoutume aux travaux champêtres, « afin de fortilier ses membres, l’exerce au manie- « ment des armes, jusqu’à ce qu’il puisse prendre Mélanges. 185 part aux exercices de la jeunesse, qui consistent à lutter, à soulever un poids et à le mettre sur ses épaules, et à lancer des pierres d’une certaine grosseur , à faire différens sauts , et enfin à nager. « Les filles sont abandonnées à la vigilance de la mère pour les travaux domestiques ; leur princi- pale instruction consiste à savoir filer le coton, et à élever des vers à soie. Chaque femme a son métier dans sa maison, sait fabriquer la toile de coton et la soie, qui servent à l’habillement des deux sexes. Une fille, constamment occupée au- près de sa mère, ne songe point aux jeux de son enfance ; ce n’est que les jours de fêtes qu’elle peut sortir pour aller à l’église et aux danses, qui n’ont lieu que sur des places publiques, et pendant le jour. “ Les Mainottes ont conservé l’austérité des mœurs de leurs ancêtres. Dès ie berceau ils respirent lair pur de la vertu; leur jeunesse n’est point flétrie par le libertinage. En donnant un être à la so- ciété, les parens savent qu’ils n’ont fait que s’ac- quitter d’une dette envers elle; qu’ils ont une tâche plus importante à remplir ; celle de diriger leurs premières affections, et, pour ainsi dire, les premieres palpitations de leur cœur, jusqu’à ce qu'ils aient pris leur essor par le mariage, « À Maina, l’on ne connoît point les intrigues qui, presque toujours, favorisent l’amour aux dépens du mariage. Lorsqu'un jeune homme a fait le choix de la compagne qui lui convient , il le communique à ses parens qui la demandent en 186 Mélanges. « mariage aux parens de la fille; ceux- ci la leur «“ accordent si le jeune homme leur convient. On « annonce à la fille le choix de son époux, qu’elle « agrée par son silence. N’ayant pas encore ouvert «“ son cœur à l’amour, ce premier objet qu’on lui « présente est le seul qui s’empare de son entière « affection pour toute sa vie. Cette affection s’ac- «“ croît à raison d’un obstacle inconnu dans tout « autre pays. Dès le moment qu’on a conclu le ma- « riage, il est expressément défendu au jeune homme « d'entrer dans la maison de la future, ni de lui « parler jusqu’à sa consommation. » Les voyageurs font ici un récit très- détaillé des cérémonies qui précèdent et suivent la célébration du mariage. Cé- rémonies que la cordialité, la franchise et Panion des familles caractérisent. « Le jour des nôces, le “ jeune homme se présente à la porte du père de sa « prétendue : on l’arrête, en lui demandant ce qu’il “ cherche : Ma future, répond-il, pour aller me « marier avec elle, suivant les formes prescrites. « Le père se présente alors, le salue, et lui dit: « Sois le bien venu; mon gendre; Dieu te donne « des jours heureux; paix et concorde avec ta com- «“ pagne , et tout ce que ton cœur desire, et il lem- « brasse. Au retour de l’église, pendant que les «“ deux époux traversent les rues, des femmes, du « haut des fenêtres, jettent sur leurs pas du blé et du millet , symbole de la fécondité. Arrivés à la mai- «“ son, la mère du jeune homme se met à la fenêtre, jette des fruits et même de l’argent aux personnes qui ont suivi les mariés sans être invités ; ensuite 2 Mélanges. 187 on dîne, on danse, on chante. Après le diner, l'époux reçoit de son beau-père la dot de sa femme, consistant en hardes et en meubles; on en dresse un état signé de part et d’autre. Si l’épouse vient à mourir sans héritier, la dot est ponctuellement rendue à la famille; si c’est le mari qui meurt, la femme a la jouissance des biens pendant son veuvage. Il n'existe jamais de procès à cet égard; toute espèce de difficulté est sur le champ levée par deux arbitres, dont le jugement ne souffre” point d'appel. Le divorce est permis à Maina; mais il est rare; deux motifs seulement peuvent y donner lieu. L’incompatibilité d'humeur entre les deux époux , bien connue, et l’absence du mari pendant sept aus, sans donner de ses nouvelles à sa femme. Le divorce n’exise aucune procédure , aucun frais. Les époux se présentent devant l’é- vêque. Après qu’ils ont motivé leur demande, il prononce leur séparation, et leur permet de for- mer d’autres engagemens. S'ils ont des enfans, c’est le père qui en est chargé. Les Mainottes ré- fugiés en Corse, y ont conservé, pour le mariage, les usages de leurs ancêtres. « À Maina,ilo’y a ni médecin, ni chirurgien, ni apothicaire; c’est à la pureté de l’air, surtout à la tempérance , qu’on doit la conservation de la santé. Le sang de ce peuple n’est point infecté de maladies étrangères. Sur les frontières, où il y a des marais et des lieux marécageux, on y con- - noit les fièvres putrides et intermittentes. On donne alors au malade les secours que l’expérience a in< 188 Mélanges. « diqués, mais aucun remède interne, de peur de contrarier la nature dans ses crises. La maladie est abandonnée à son cours naturel, et le malade n’en est que plutôt guéri ; dans les maladies vio- lentes, on emploie les remèdes internes et ex- ternes propres à faciliter une crise. Les médecins des ames ont aussi l'avantage d’être médecins des corps. Tous les Maïinottes pratiquent dans leurs foyers la médecine ; ils savent, par routine, ap- pliquer le premier appareil, faire usage des de- tersifs et des cicatrisans. Quant aux fractures et aux Jluxations, il y a des hommes qui sont connus par leur adresse à les traiter. Quoique tous les Mainottes sachent saigner, on ne fait usage de ce secours que lorsque les parens et les vieillards, rassemblés, ont consulté le grand livre de l’expé- rience, ont examiné si dans une maladie sem- blable , la saignée a été utile ou funeste. Chaque Mainotte a chez soi, ou, pour mieux dire, dans sa tête , son apothicairerie : il connoïît quantité de remèdes généralement adoptés comme spécifiques pour Certaines maladies, et c’est la nature qui les lui fournit. Les Mainottes trouvent dans les plantes qui les environnent, les remèdes les plus simples et les plus salutaires, Si le gouvernement francais envoyoit des hommes éclairés chez dif- férens peuples, et surtout chez ceux de la Grèce, ils y découvriroient , contre les maladies les plus communes, des ressources que la providence n’a fait naître que dans ces contrées privilégiées. Ce- pendant, au milieu de ces bienfaits, le Mainotte < 2 & Mélanges. 189 meurt; sa mort est annoncée par les cris de tous ceux qui l’environnent. Les proches parens sont autour du cadavre, les yeux en pleurs, les che- veux épars, chantant des hymnes lugubres ; aus- sitôt accourent les voisins , qui, du seuil de leur porte, suivant une coutume tres-ancienne , pous= sent , par trois fois, ces cris douloureux : Frère ! frère ! notre doux frère ! « Maina tire son nom, selon la tradition, du mot grec mania , fureur pour exprimer la rage avec laquelle ce peuple se batioit contre les Turcs de- puis la chute de l’empire grec. Les Mainottes ont regardé Je courage comme la vertu la plus néces- saire pour conserver un reste d'indépendance. Les exercices du corps les rendent agiles, et la so- briété, robustes. N’ayant ni tribunaux, ni juges, ils se sont faits une habitude de se respecter entre eux, ou de se venger par eux-mêmes de toute es- pèce d’injures. Pardonner un outrage, c’est passer pour un lâche ; le punir, c’est souvent ailumer la guerre entre les familles, « L'économie fait la richesse des Mainottes; avares du temps et de l’argent , ils comptent assez sur leur parole pour n'avoir pas besoin de se lier par écrit ; aussi ont-ils le bonheur de n’avoir parmi eux ni hommes de loi, ni notaires; tous leurs engagemens se font verbälement , et n’en sont que plus inviolables. « Rien de plus sacré à Maina que l'honneur du sexe ; manquer à une femme est une Jlâcheté ; l’outrager est, pour sa famille, uné tache qui ne 190 Mélanges. peut se laver que dans le sang; les femmes sa. vent, il est vrai, se respecter les premières. La conduite des mères est la meilleure leçon pour les ! filles ; elles ne sortent que rarement de leurs mai- sons. Accoutumées au travail, elles ne connois- sent ni l’ennui de nos cercles, ni les dangers des lieux publics, ni les bals où tout est masqué, à! l'exception de la débauche. Cette réserve paroîtra sans doute ridicule à nos jeunes personnes qui ne croyent être remarquées qu’autant qu’elles sont plus libres et moins décentes,. « Les habitans d’un même village vivent heureux comme des enfans d’une même famille ; ils se prêtent réciproquement les choses qui leur sont nécesaires, et se font un plaisir de s’aider dans leurs besoins. Nulle part on ne voit régner , entre les parens, tant d'affection et d'unité qu’à Maina. C’est sur tous que rejaillit la gloire d’une action d'éclat, où la honte d’une bassesse; chaque fa- mille regarde ses vieillards comme ses guides. « L’hospitalité est la vertu favorite des Mainottes. Une victime de la tyrannie des Turcs vient-elle se réfugier auprès d'eux, elle est reçue avec tous les égards dus au malheur. Logement, mourri- ture, habits, rien ne lui manque ; mais un étranger n’est pas traité avec autant de cordialité, parce qu’ils craignent d'introduire la cortuption parmi eux. Il faut la recommandation d’une personne connue, ou bien une conduite qui puisse inspirer: la confiance, avant que d’être accueili; mais la moralité de l’étranger reconnue, il est traité comme « s’il fût né dans le pays. « « Mélanges. 191 « Les Mainottes suivent la religion chrétienne, catholique de l’église orientale , qui reconnoît pour chef le patriarche de Constantinople. Ils obser- vent scrupuleusement les commandemens de leur église, qui sont parvenus jusqu’à eux sans inno- vations. Un évêque réside à Vitulo, capitale de cette contrée ; il vit dans un petit couvent avec quelques moines, du fruit de ses sueurs, et du pro- duit de ses messes ; elles lui sont payées quarante sols, tandis que les autres prêtres n’en reçoivent que dix; aussi le travail est leur principal moyen de subsistance. L’usage de la dixme ou de toute autre rétribution est ignoré chez les Mainoites comme chez les autres Grecs. « S'il faut en croire les deax envoyés, les fem- mes de Maina sont les dignes rivales des anciennes Spartiates ; elles ne connoissent ni la coquetterie, ni l’oisiveté. En temps de paix, elles s'occupent des soins domestiques; mais, à la guerre, elles partagent les fatigues de leurs maris, tandis que ceux - ci se battent; elles ne quittent jamais leur poste ; non seulement elles leur apportent les pro- visions de guerre et de bouche , mais encore elles s’associént à leurs dangers. Une femme voit-elle tomber auprès d’elle son mari, elle saisit ses armes, et ne les quitte point qu’elle n’ait elle- même succombé ou vengé son mari. Chez un peuple qui est toujours sous les armes, il n’est presque point de lâches ; s’il s’en trouve quelqu’an, les femmes sont les premières à lui faire, pour ainsi dire, son procès, même après sa mort. 192 Mélanges. « La population de cette contrée est de quarante= « cinq mille ames. Quoique couverte de rochers et « de montagnes, elle contient trois cent soixante « villages, dont Vitulo est le plus considérable, Ses « principales productions sont le bled, l’orge et les « lupins ; ils les sèment alternativement , d’année « en année, et la térre produit toujours. L’agricul- « ture est là, comme partout ailleurs, la mere des « principales ressources domestiques ; elle n’est point « pénible à Maina, vu sa grande population et la “ proximité de ses villages. On y laboure avec des « bœufs; les moissons n’y sont pas abondantes ; elles « suffisent à la Consommation des habitans; elles « ne sont point susceptibles d’exportation ; mais « la prodigieuse quantité d’huile et de soie en dé- « dommage. Il n’y a point de vignes ; quoique cer- « taines portions de terrein y fussent propres ; mais les autres parties de la Morée abondent en raisin « éten vin, et il est facile de s’en procurer. » Nous avons cru devoir faire connoître avec quel- que détail, un peuple qui ressemble si peu aux au- tres peuples, d’un peuple qui a su conserver sa li- berté au milieu des vexations d’un despotisme bar- bare, chez lequel on trouve quelques restes des mœurs et des usages de ces Spartiates, dont il des- cend. C’est à peu pres tout ce qui mérite d’être lu dans le volume que nous parcourons. AUIE D'iE VARIÉTÉS, m . VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES, NOUVELLES' ÉTRANGÈRES. PÉTERSBOUR SG. L'empereur de Russie a fait don à M. le profes- seur STRAKOF, à Moscow, de la somme de 6000 roubles pour être employés à l'impression de sa tra- duction russe du ’oyage du jeune Anacharsis, PO, COR H, OE M. Académie d'histoire. _ L'Académie de l’histoire des inscriptions, à Stoc- kholm , a décerné à M. MoNLYoON, ci-devant chan- celier du comte d’Artois, le premier prix pour son mémoire écrit en françois, dans lequel il compare les avantages et les désavantages du XVIL.e et XVIII. siécle ; comparaison qui avoit été proposée pour sujet de prix par cette compagnie. ANGLETERRE. Université de Cambridge. Deux riches Anglois qui ayoient fait leurs études Tome IL, N 194 Nouvelles litiéraïres. à l’université de Cambridge , et qui maintenant font un voyage en Grece , ont envoyé à ‘cette université Ja statue colossale de Cérès, faite par Phidias et que Périclès avoit fait placer dans le temple de cette déesse à Eleusis. Cette statue est endommagée ; on présumefque quelque statnaire anglais sera chargé de la restaurer. L'HHEL IS. ‘1x4 messidor an 10, ( 5ljuillet,1802). Le professeur Vassazr-Æanpi,.à Turin, offre tous les ans des inventions nouvelles , et On sait qu’il sacrifie journellement tous ses moyens aux progtes de la physique expérimentale, Le cabinet sde-phy= sique de Ÿ’Athénée posséde plusieurs: machines nou- velles de cet estimable professeur. AL a: inventé. eë fait exécuter une machine pneumatique, avec laquelle on peut faire tontes Jesexpériences, sur Ja dilatation et la compressioncde: air; d’un gaz quelconque, ou d’un mélange aériforme, dans les proportions : desirées , par le moyen de pistons et de robinets, aussi faciles à manier, que simples dans leur distri- bution. Cette machine est’ déposée au. cabinet de physique de l’athénée de Turin. Le C. Jean-Baptiste CazzOLA , président de l'Acar démie d'agriculture des arts et du commérce , connw depuis longtemps dans la république des lettres par les productions les plus éstimables , vient de donner un témoignage bien éclatant de son zèle pour lins- truction publique, et de son dévouement à la patrie, Ha fait don au' Lycée de Véronne de toutes les. Nouvelles littéraires. 199 machines et instrumens de physique, qui compo- soient. son cabinet. Ce don est considérable par le prix de ce qui le compose , et par le sentiment de «philanshropie qui anime celui qui l’a fait. Es r 4 G N°E. 18 4 Société économique. Valence, le 25 prairial an 10 ( 12 juin). 2.4. Je nepuis vous offrir un tableau plus ‘agréable pour uu philanthrope éclairé, quecelui des efforts que fait notre Sociélé économique, des amis ‘ du pays de Valence, pour développer parmi nous -Vinstruction théorique et pratique sous toutes les “Formes. B st. à Son dernier programme est des plus intéressans : il promet des récompenses pour des. objets qui pa- roîtroient chez vous d’une obligation rigoureuse , - mais dont ii faut dansçce pays faire.adopter l’usage à force d’encouragemens positifs. : 2? Cest ainsi qu'on-voit des prix décernés à.six en- Fans de l’un et de: l’autre sexe des écoles de notre ville, et qu’on-en offre d’autres poux les, écoles de Segorbe, de San-Felippe et de Gandia. On ne peut qu’applaudir aussi à l'offre que fait la Société de donner une médaille d'argent et le titre d’associé de mérite, à l’auteurdu meilleur. mémoire sur les moyens les plus conyenables pour faire. de nos cam- pagnards des hommes robustes et des laboureurs instruits. " C'est dans le même dessein que la Société à aç- N,.2 ï 06 Nouvelles littéraires. cordé un prix pour Je meilleur mémoire sur Paug- mebtation des plants d’oliviers et sur leur culture, én offrant 400 réaux à celui qui donnera l’instruc- tion Ja plus eomplète sur les moyens de faire la meilleure huile : on exige qu’il fasse une compa- raison de ses procédés avec eeux qu’on emploie dans Ja ville d'Aix, pour faire l'huile dont on avoue la éupériorité, Cette Société offre encore des prix pour Ja plan- tation des pôrnmes de terre et dn cacahonté qu’il a suffi de faire connoître à votre département des Landes pour l’y multiplier. Elle demande des mé- moires sur les mines de charbon de terre.qui son dans le royaume de Valence , sur les moyens de les exploiter, de les purifier, et de les appliquer à l’u- sage du commerce , des arts et des fabriques. Enfin, mn de ses membres les plus zélés, D. Manuel de Velasco, offre trois cents réaux à l'auteur du meil- leur mémoire sur les moyens de rendre utile les ter- freins incultes, Je ne ferai que vous indiquer les prix destinés à "eelui qui présentera des bas de soie, égaux en beauté & ceux de l'étranger , ainsi que ceux qui doivent étre “listribués aux ouvriers qui se seront le plus distingués dans un examen qui aura lieu entre le: différens corps de métiers. Mais je vous ferai remarquer ce- lui que le même associé D. Manuel Velasco, qui segarde lPétude de la chymie comme essentielle à la perfection des fabriques , offre à tout ouvrier ow fabricant qui justifiera avoir suivi le cours de cetie science à l’université, et en avoir fait l'application dans ses opérations. Nouvelles littéraires. 197 Enfin nous avons des prix offerts à l’auteur d'une balance de notre commerce, à celui qui aura donné des renseignemens sur les moyens d'améliorer la pe- che, et à celui qui aura fait une notice complète des auteurs qui ont traité de l’économie politique dans ce pays. Vous voyes que {outes les sciences sont stimulées par des encouragemens Gardez-vous de croire que la morale ait été oubliée, mais notre société pense qu’elle doit étre dans la pratique, et en consé- quence, elle a offert trois prix à ceux de ses con- citoyens qui auront retiré chez eux un plus grand nombre d’enfans trouvés. Les mémoires peuvent être écrits en français, ea italien ou en latin. C'est D. Francisco Peyrolon, se- crétaire de la Société , qui est chargé de les rece- voir, La distribution des prix aura lieu dans la séance d'hiver de cette année. J'aurai soin de vous instruire du succès qu'auront obtenu les efforts vrai- ment civiques de cette estimable réunion. FR AUN CE: CAEN. Société d'agriculture et de commerce. Une Société d'agriculture et de commerce s’est formée à Caen, sous les auspices de la paix, et a réuni dans son sein des cultivateurs éclairés, des commerçans habiles et des savans très-estimts. On sait que cette ville fut le siége d’une université cé- Jebre, Parmi ces hommes recommandables, on d# N 8 108 Nouvelles littéraires. tingue le C. Delarue , ancien professeur d'histoire dans celte université, et membre de la Société des antiquaires dé Londres. Ce’ sävant, aussi modeste qu'il est profond , s’ occupe depuis longtemps à dé- brôuiller le chäos de notre histoire littéraire da moyen âge. Possesseur de matériaux immenses qu’il a recueillis dans les archives de l’ancienne Nor- mandie , de la Tour de Londres et de notre biblio- théque nationale , 1 en a tiré des notions sur l’ancien commerce de la ville de Caen , et en a composé un mémoire historique qui, partant du XL° siécle, conduit cette histoire intéressante jusqu’à la révoca- tion de lPédit de Nantes. Une multitude de faits historiques du plus grand intérét , $e rattachent à cette histoire du com- Inerce,, On Y trouve un grand nombre de remarques et d'observations qui éclairent la statistique de la ci- devant Normandie, et les sciences économiques. La première partie de ce mémoire a été lue le 12 prairial, à la Société d’agriculture et de commerce dont nous venons de parler, et y a produit une vive. sensation, Ce manuscrit est entre nos mains; nous allons en extraire quelques-uns des passages qui sont d’un intérétigénéral. Cette premiere,partie embrasse l’histoire du com- merce de Caen, depuis le XI.* siécle jusqu’à la prise de cette ville, par les Anglois, en 1417. Ds L'histoire , dit l’auteur, ne nous fournit presque « viensur le commerce de Caen dans le XF. siécle ; “en çé énéral les écrivains de cet âge ont négligé tout « ce qui a rapport à l’économie politique, et Panti- Nouvelles littéraires. 199 « quaire s’estime très-heureux quand, d’après leur « récit, il peut raisonner au moins par induction. .« Les anciennes chartes ne nous donnent pas plus « de détails; elles nous ont seulement conservé des + renseignemens généraux, et ils sont d’antant plus « précieux que nous n’avons pas d’autres guides dans « ces siécles de ténèbres. » L'historien commence ici à rapporter des faits. Hl a trouvé dans ces anciennes chartes, qu’en l’année 1024, il y avoit une foire à Caen, sur laquelle le ‘duc de Normandie , Richard IT, percevoit une dixme ‘quil céda à une abbaye. Il observe qu’un établisse- ment aussi considérable déja subsistant à une épo- que aussi reculée, prouve que , beaucoup plus an- ciennement encore, cette ville avoit commencé à marquer par son commerce Après avoir cité quelques autres faits, le C. De- larue ajoute : « On se tromperoit beaucoup cepen- « dant, si l’on croyoit que je veux donner du com- « merce de ces temps anciens , l’idée que nous « présente celui de nos jours. Concentré presque à « cette époque dans l'Italie, il étoit très-foible dans « le reste de PEurope. La chevalerie occupoit alors « toutes les nations, et surtout les François; des « guerres continuelles entre le roi et ses vassaux eux- “ mêmes désoloient le commercant ; souvent sa pro- « priété n’étoit pas respectée, son état même étoit « réputé abject aux yeux de ces chevaliers qui ne « respiroïent que pour les tournois et la guerre. « Consterné de ces désordres, mais trop prudent « pour oser entreprendre de les réprimer seul, le N 4 200 Nouvelles littéraires. .« Li € = « duc Guillaume appela la religion à son secours, et ce fut dans nos murs, ce fut dans l’église de Sainte - Paix que le concile de Caen , en 1061, porta surtout en faveur de l’agriculture et du commerce, la fameuse Joi appelée la 1rève de Dieu; et encore la religion elle-même fut-elle obligée, par prudence , de composer en quelque sorte avec Ja barbarie, en n’ordonnant le respect des per- sonnes et des propriétés que depuis le mercredi , soleil couchant ; jusqu’au lundi, soleil levant. «Mais peu de temps apres, fort des décrets du concile de Clermont , l’évêque de Bayeux fit or- donner que le Jaboureur à sa charrue et le comi- merçant en voyage seroient respectés en tout temps , et sous la sauve-garde perpétuelle de la religion. « Portées par les soins de Guillaume-le-Conqué- rant, ces lois attestent son zele pour hâter les progrès du commerce. Ses eHorts ne furent pas inutiles, ou plutôt ils furent amplement récom- pensés par la conquête de l'Angleterre. 1] n’y avoit en effet qu’une nation commercçante qui püût lui fournir assez de vaisseaux pour transporter une armée de soixante mille hommes, dont plus de trente mille de cavalerie; et quand on songe que le conquérant les trouva dans les ports de notre province , on admire dans une marine aussi con- sidérable pour le temps, et le génie du prince qui la fit servir à une si glorieuse entreprise, et le zèle actif de ses sujets pour la seconder. Couron- née par Ja victoire, cette célèbre expédition do- \ ÜWouvelles littéraires: 20€ voit ouvrir de nouvelles routes au commerce : aussi les Caennoïs s’empressèrent.ils d'y concourir. L'histoire remarque que tous les jeunes gens de la ville s’embarquérent avec le duc Guillaume ; elle montre à leur suite ceux ce Falaïse (1) , ceux même des communes d’Anisy et de Mathan, au- jourd’hui Mathieu ; et lorsque le vainqueur revient triomphant avec eux dans notre ville, c’est pour donner de nouveaux soins à l'agrandissement de son commerce. » L'auteur du mémoire en présente la preuve dans une multitude de faits. On y voit que la duchesse Mathilde, épouse de Guillaume, l’aidoit elle-même x a exécuter ces grands desseins. « C’est à la même époque du XII.° siécle, con- tinue le C. Delarue, qu’il faut reporter l’établis- sement de ces haras qui ont rendu si fameuse la race des chevaux normands; et c’est dans les plaines de Caen que nous trouvons les premières traces de ces précieuses institutions. » Nos pères, suivant le lord Perey, avoient ap- porté du Nord l'esprit de la chevalerie, et ils en étoient animés plusieurs siécles avant qu’elle fût un ordre particulier pour le reste de l’Europe; de-là leur empressement à se procurer la plus belle espèce de ees superbes coursiers qui partageoient en quelque sorte leurs dangers comme leur gloire dans les combats. Ils voulurent avoir ces fiers dex- triers qui triomphoient avec eux dans les tournois, et ces palefrois élégans qui y portoient la dame de (1) On sait que Guillaume étoit natif de cette ville: 202 Nouvelles littéraires. « leur cœur. De-là ces belles races de chevaux espa- « gnols et arabes qui vinrent anoblir celle déja exis- « tante dans nos contrées. C’est sur un de ces che- « vaux qu’étoit monté le duc Guillaume. à la bataille « d’'Hastings, suivant le témoignage de Robert Wace, « et ce furent des chevaux navarins que firent ensuite « venir ses enfans, suivant les rôles de l’échiquier de « Caen.» Non moins amateurs, les barons normands s’en procurèrent également , et parmi les haras qu'ils établirent, l’auteur en remarque deux principaux dans les campagnes de Caen, fertiles en herbages. Il falloit de tres-grands propriétaires pour suffire à ces dépenses. « Plusieurs riches abbayes formèrent “ aussi de pareils établissemens, dit-il, et elles su- « rent tirer de cette branche de commerce un parti « d’autant plus avantageux que souvent les plus beaux « chevaux de race ne leur coûtoient rien. En effet, “ les moines d’alors r’étoient pour la plupart que « de preux chevaliers qui, las de couïir le monde, « venoient finir leur vie dans les monastères, et qui “ y venoient avec des chevaux, armes et bagages. « Aussi l’homme riche qui faïsoit une donation aux « moines, obtenoit souvent de leur reconnoissance « des chevaux, ou pour lui-même ou pour son « épouse, quelquefois même pour ses enfans. » L'auteur cite plusieurs faits de ce geure , et ob- serve qu’à cette époque, et dans tout le siécle sui- vant , on trouve peu d’actes où le don d’un cheval re soit une des conventions stipulées dans les tran- sactions avec les abbayes des environs de Caen. a im ge 5 5 Nouvelles littéraires. 203 « Ce fut à la fin de ce siécle, ajoute-t-il, que « fut entreprise la première croisade. Quelques mo- “ dernes l’ont considérée du côté de la religion, « d’autres sous le rapport de la politique , et pres- « qu'aucun n’a observé les effets qu’elle dut pro- “ duire sur le commerce. Cependant on ne peut « disconvenir que cette expédition n’ait familiarisé « avec l’idée des voyages de long-cours , ouvert pour « nous les Echelles du Levant , frayé la route à de « plus grandes découvertes, en un mot, fait prendre « à notre marine un nouvel essor. Déja depuis long- « temps nos compatriotes s’étoient rendus maîtres de « la Sicile , et les ports de cette île devenoient un « lieu de relâche, un entrepôt pour nos pères. IL ‘« n’est donc pas étonnant s'ils s'empressèrent de se- « conder le duc Robert dans l’expédition de la pre- « mière croisade , et la ville de Caen peut se glorifier ‘“« d’avoir donné à Jérusalem un patriarche dans « Arnoul Mal-couronne, aux croisés leur premier ‘« historien dans Raoul de Caen, et à l’armée nor- “« mande tant de chevaliers dort Phistoire nous a “ conservé les noms, dont les familles subsistent en- t« core parmi nous, et qui ne partagèrent la gloire « de expédition que parceque les vaisseaux de nos « marchands les transportérent dans ces mers loin- « faines. » L'auteur du mémoire passe au XIL® siécle, où l’histoire lui fournit plus de détails sur le commerce de Caen. « Le duc Guillaume-le-Conquérant, dit-il, avoit «* quelquefois habité dans nos murs: maig ses. suc- 204 Nouvelles littéraires. « cesseurs y résidant plus constamment , leur cour « y appela tous les barons d'Angleterre et de Nor- “ mandie, et la ville fut alors dans l’état le plus « florissant. Les poètes de ce siécle font un éloge « pompeux des fêtes et des spectacles que donnoient « alors ces princes; et les dépenses d’une cour bril- « Jante et nombreuse, multipliant les consommations “_ en tout genre, durent activer toutes les branches « du commerce de cet âge. + Une autre circonstance dut contribuer à le faire fleurir de plus en plus : l’échiquier étoit fixé « à Caen, parce qu’alors cn consultoit l'utilité gé- nérale, et elle vouloit que ce tribunal suprême fût « placé au centre de la province. Comme il étoit « chargé tout-à-la-fois de l'administration de la jus- « tice et de celle des finances, l’échiquier des comptes « où les Normands régissoient eux-mêmes les revenus « de nos ducs, appela chez nous la comptabilité gé- « nérale de la Normandie , et l’échiquier des causes y « évoqua toutes les affaires majeures. De-là unie ample « circulation de numéraire, qui est toujours une des « prineipales sources de l'abondance. « La comptabilité fut encore plus importante, « et les affaires plus étendues, lorsque nos ducs de- « vinrent maîtres de l’Anjou, du Poitou et de l’Aqui- « taine. Alors Ja ville de Caen devint le centre « d’où l’autorité gouverna, non-seulement ces pro- “ vinces, mais encore toute la Grande - Bretagne. « C'éoit pour remplir les coffres de l’échiquier de « Caen que l’échiquier d'Angleterre épuisoit annuel- « lement les siens; et calculant dans les rôles de la £/ Nouvelles liliéraires» 20) Tour de Londres la masse de ces subventions an- nuelles, on trouve que la trésorerie de Caen, pour C1 une seule année, porte en recette 23,730 marcs d’argent envoyés par la trésorerie de Londres , 408 + marcs d’argent, et 200 onces d’or envoyés par celle de l'Irlande; ce qui donne une somme énorme pour pour ce temps-là. » Le C. Delarue revenant toujours à son sujet prin- eipal, tire de ces faits historiques qu'il rapporte avec tant d'intérêt, des conjectures très - probables sur Ja situation du commerce à ces époques reculées. Pendant que la ville de Caen étoit le théâtre des grandes affaires , on présume facilement, dit-il, que le séjour des barons et l’affluence des étrangers for- cerent nos commergans de diriger d’abord leurs spé- culations vers les objets de première nécessité. L'auteur prouve en effet qu'ils faisoient un grand commerce des vins de nos provinces méridionales , du bled, dont la ville de Caen étoit une espèce de marché général, de l’orge pour la confection de la -bière , et de beaucoup d’autres objets de première nécessité. Il porte aussi ses recherches ‘sur les arts cultivés à cette époque, et tire de plusieurs remar- ques des inductions très -lumineuses. Par exemple, les anciens noms des rues et des quartiers lui font conjecturer, avec beaucoup de vraisemblance, qu’il y avoit en grand nombre, à Caen, des fabriques d'armes, des tanneries, des teintureries, et autres arts et métiers de cette espèce. Ne trouvant pas plus de détails sur le commerce de Caen dans le XIL. siécle, il termine celte époque D: DA 06 Nouvelles littéraires. par deux faits historiques qui peuvent convaincre de plus en plus combien il dut être florissant. Nous ne citerons que le dernier; il donnera ‘une idée de la barbarie qui régnoit encore dans ce siécle. « L'historien Mathieu Pâris réproche au roi Jean- sans-Terre, d’avoir mieux aimé passer agréable ment son temps à Caen, que d’allér combattre Philippe-Auguste qui s’emparoit de la Haute-Nor- mandie. D’autres historiens ajoutent que les bour- geoïis de Caen donnoïent à ce prince et à son épouse des bals et des fêtes splendides; et pour que des bourgeois fêtent un monarque d’une ma- nière assez brillante pour lui faire oublier le salut de la patrie et sa propre gloire, il faut que le commerce Jeur ait produit les capitaux les plus considérables et les mieux assurés. ? , “ Mais tandis que, comme une autre Cäpoue, la ville de Caen énérve lé dernier de os ducs, Philippe-Auguste, profitant de la foiblesse de son rival, avance hardiment sur Ja province, et s’em- pare.de nos prineipales villes; le roi Jean se sauve en Angleterre; l'ennemi est à nos portes : on ne lui donne pas le temps de faire un siége ; la ville se-rend sans coup-férir; elle ne capitula même pas’: où pourparla seulement, et encore quand Île notveau imaître fut entré dans la ville. Mais on ne peut douter que l’adroit Philippe-Auguste n’aît facilement accédé aux demandes de ses habitans. « 1] faut pourtant savoir gré à ceux-ci de avoir pourpailé que pour Ja défense de leur Hiberté ci- vile, et surtout pour Payantage particulier du commerce, LL Nouvelles litiérarres. 207 * Nos ducs, depuis longtemps , avoit affranchi les communes; mais on avoit établidans nos villes un usage barbare, reste honteux de l’ancienne ser- vitude féodale. L’avidité fiscale avoit usurpé le droit de marier les enfans mineurs des bourgeois, comme si notre ville eût été,un fief ; et les habi- tans des vassaux relevant nuement du duché, Ainsi, quand un riche commerçant laissoit une ample succession à un ou à plusieurs enfans mi- “ neurs, il étoit libre à un homme d’aller à l’échi- L°3 quier offiir une somme au duc, sil vouloit lu donner un tel héritier pour sa fille, ou telle hé- ritière pour lui - même ou pour son fils. L'offre étoit.inscrite. dans un rôle, particulier, qu’on ap- loit rotulus oblatarum. Des rivaux pouvoient mettre à l’enchère qu’on laïssoit ouverte assez longtemps pour le bénéfice du,fise. À Ja fn, l’échiquier don: moit ce.mineur au plus offrant; et si-l’adjudica- « taire répugnoit à l’adjugé , celui-ci: n’avoit d’autre moyen d'éviter le mariage qu’en augmentant l’en- -chère , et en acquérant parilà le droit dese marier «lui-même et à volonté. RTE « Îlexistoit encore un autre abus, aussi révoltant, et non moins fatal au commerce. Si un citoyen mort étoit accusé d’avoir.prêté à usure pendant sa vie, on faisoit son procès, comme s’il eût vécu ; et, s’il étoit trouvé coupable, toute sa fortune étoit confisquée au profit du domaine :{ainsi ,-on .con- damnoit.souvent un homme qui eùt pu prouver son innocence , s’il eût encore existé. «Les Caennois réclamèrent fortement contre ces 208 Nouvelles littéraires. abus; le diplôme de Philippe-Auguste accuse Ri- « chard-Cœur-de-Lyon et Jean-sans-Terre, de les « avoir introduits dans notre ville, et le nouveau “ monarque les abolit. » L’auteur prouve ensuite, par d’autres faits, que 1a conquête de la Normandie, par Philippe-Auguste, ne tarda pas à porter au commerce de Caen le coup le plus funeste, Pour soumettre les Rouennois , il leur accorda des priviléges exclusifs. Les Bas-Nor= mands bravèrent les défenses de ce prince, aidèrent les Anglois, et firent commerce avec eux. Mais un des faits les plus remarquables, rapportés ici par le C. Delarue, intéresse particuliérement l’économie rurale, 11 remarque que dès cette époque on tenta de pèrfectionner la draperie de Caen, en cherchant à propager dans les plaines qui environnent cette ville la race des brebis d'Espagne. “ Ce furent, dit-il, les seigneurs normands qui « se mirent à la tête de ces utiles entreprises; et «parmi eux on doit distinguer Henri de Tilly, sei- “ gneur de Fontaine- Henri, qui donfia par testa- « tament à l’abbaye d'Ardenne les brebisetles chèvres « qû'il avoit fait venir de Séville, wves et Capras « de Sesilla. Ainsi, déja nos pères avoient voulu “ exécuter ce projet que la sagesse du gouvernement « réalise aujourd’hui, et c’est sans doute à leurs - « premiers essais que nous devons la supériorité re+ « connue des Jaines des campagnes de Caen et « de Falaise, sur toutes celles de notre ci-devant “ province. » Ne pouvant suivre l’auteur dens l'exposition d’une multitude EU Nouvelles litiéraires. 209 multitude d’autres faits historiques ‘des XIIL® et XIV.* siécles, dont il tire des inductions et des preu- ves avec sa sagacité accoutumée , nous finirons cette analyse de la premiere partie de son mémoire per les deux traits qui la terminent. Enfin, dit ce savant antiquaire, notre ville étoit « alors si renommée par son commerce, qu'Edouard « ÏIT, dictant au roi Jean les conditions de la paix, « voulut que notre ville fût, comme Rouen et Paris, “ garante des promessés du roi de France, et qu'elle « envoyât à Londres des ôtages jusqu’à l'entière exé- “ cution du traité de Calais. “ Ce traité épuisa la France, et par conséquent « le commerce. Pendant tout le reste de ce siécle « et les premières années du XV.*, nos marchands “ avoient à peine réparé leurs pertes, lorsque Henri V “ s’empara de notre ville en 1417. » L'auteur annonce que la seconde partie de ce mémoire comprendra l’histoire du commerce de Caen, depuis cette époque jusqu'à la révocation de l’édit de Nantes: On ne peut qu’inviter, de la manière Ja plus pres- sante; le C. Delarue, à terminer un ouviage aussi intéressant et à le publier. Îl nous reste peu ide sa- vans qui puissent enrichir l’histoire et les, sciences écouomiques de tant de faits et d'observations i im portantes ; car il en est peu qui aient pénétré, comme lui, dans les ténèbres du moyen âge, avec le flambeau de la critique et un esprit aussi judi- COR AIO. Tome IT, O 210 Nouvelles littéraires. SUT RASBOQURE Ce 1 messidor an ro, Notice de deux corps conservés dans un ca- veau de l’église de Saint-Thomas à Stras- bourg, et par occasion du ci-devant couvent de Saint-Nicolas-aux-Ondes (x). On vient d’ouvrir quelques anciens cereueils dé- posés dans un caveau de Saint - Thomas. Deux de ces cercueils contiennent des corps embaumés au- trefois et desséchés depuis de la même maniere, que cela se fait dans certains caveaux. Tout le monde sait, que la terre de l’église des ci-devant Cordeliers à Toulouse a la propriété de consumer la chair des cadavres qu'on y dépose, sans en endommager le reste. La belle Paulle, ainsi desséchée, a été long- temps un objet de curiosité pour les voyageurs. On ne la montre plus depuis que le feu, qui prit dans le caveau ; l’a consumée en partie. On visite encore aujourd’hui , par dévotion , les saints Pères de Kiovie dans l'Ukraine, conservés de même dans deux grandes Catacombes, dont Jean Herbin a publié, en 1675, à Jena la description accompagnée de planches. Quant aux deux corps conservés à Saint-Thomas, Pun est celui d’un homme de moyen âge, l’autre d’une jeune fille de 10 ans environ. (1) On n’a parlé, dans les journaux , de ce tombeau que d’une ma- nière imparfaite. Nous attendions, pour en donner les détails, la notice plus circonstanciée que le C. Oberlin nous adresse, A. L. M, t ÎVouvelles littéraires. oi L'homme, issu d’une famille illustre , est habillé de bure , veste boutonnée , juste au corps et cu- lottes tout est du même drap, il a des bas de lin, ceux de laine qu’it avoit par-dessus sont tombés en poussière, Ses souliers sont carrés par-devant. Cette mode date de la fin du XV.° siécle ; le célèbre prédica- teur de la cathédrale, Geiler de Kaisersberg, mort en 1510, dont les sermons sont imprimés, en par- lant des souliers à la poulaine, dont l’usage étoit interdit par les papes et par les rois, dit formelle- ment , que cette folie étoit remplacée par une autre, puisqu’au lieu de ces souliers à long bec crochu, on en portoit qui ressembloient à des bouches de veau, (wie Kalbsmüler ). Nous avons vu reparoître depuis peu ces souliers à la poulaine. Voilà comme on se tourne continuellement dans un cercle. Le gentil= homme a des gants larges et grands de peau de daim. Sa tête couverte d’un bonnet de drap d’argent garni de dentelles, repose sur un chevet fourré de mélisses , il porte encore une fraise blanche. Des armoiries peintes sur le cercueil derrière la tête prouvent qu'il étoit de la famille des comtes de Nassau. Je trouve que le comte Louis de cette maison, chanoine de la cathédrale; est mort ici en 1542. IL reste à savoir si c’est le même. Au moins ne peut- il étre guère plus ancien, puisque lesdites armoiriés offrent les huit quartiers de la maison de Nassau- Sarwerden , dont quaire se rapportent aux seivneu- ries de Sarwerden, Mrs, Mahlberg et Lahr, qui ne sout parvenues à ladite maison qu’en 1527. O 2 212 Nouvelles littéraires. La jeune demoiselle paroît avoir appartenu à une famille riche et distinguée, ce qui appert par son habillement, et par les bijoux dont elle est dé- corée. Sa robe de taffetas vert et bleu changeant est ornée de rubans et de flots, Sa tête est parée d’une couronne de fleurs , ses souliers sont de la même forme susdite. Deux rangées de chaînes lui pendent sur les épaules. Ces chaïinettes sont d’un travail fin et délicat, elles sont formées très-artis- tement de petits anneaux de bronze teints en noir, entremélées d'étoiles blanches et noires ajourées d’une matière vitrifiée. Au collier pend une main blanche émaitlée, tenant une couronne ÿerte de lau- rier, ayant au milieu un rubis enchassé. Cette main repose sur un avant-bras noir couvert d’un vé- tement bordé d’or, auquel est suspendue une croix d’or couronnée et formée de deux roses émaillées, de trois grenats et de deux flèches d’or. À cette croix il en pend une autre hexagone d’un émail blanc. Les bracelets de la fille sont composés alternative- ment de perles et de coraux. À chaque main se trouve un bague d’or : celle de la main droite est ornée d’un diamant ; dans celle de la gauche on voit en haut sur fond noir les lettres d’or 1HS, signifiant Jésus, au bas un rubis. La tradition porte , que les deux cercueils en ques- tion ont été transportés autrefois avec quelques au- tres à l’église de Saint - Thomas du couvent de Saint-Nicolas aux ondes ( z7 undis). Il faut savoir qu’il existoit au quartier dit encore de Saint-Nicolas, Nouvelles littéraires: 213 entre Saint-Guillaume et la citadelle , deux couvens de femmes bâtis en 1252 et appelés l’un Saint-Ma- thieu et Saint-Nicolas in undis ( aux ondes ), l’autre de Saint-Jean in undis. Cette dénomination les dis- tinguoit de Saint-Nicolas sur le quai et de Saint- Jean im griünen Wærdt, où au marais vert. Elle dési- gnoit eu même temps leur situation dans un quar- “tier sujet aux inondations. Par une singulière mé- prise, on a travesti autrefois en allemand le terme 2n undis en celui zu den Hunden ( aux chiens) et dans nos vieux titres latins on lit souvent ad S.- Nicolaum ad canes. Le couvent de Saint-Jean a été démoli en 1525 pour faire place à un bastion. Quant à Saint-Nicolas, fondé par Burcard Jud, voilà ce que des recherches, que je viens de faire dans nos chroniques manuscrites de Jean Wencker, de Seb. Bühler et autres m'ont appris. La guerre ayant fait de grands ravages dans le pays vers la fin du seizièeme siécle , le magistrat re- cueillit en 1592 un grand nombre de pauvres gens des bailliages de la ville, chassés de leurs foyers, et leur donna asyle dans ce couvent , dont les reli- gieuses furent transférées à Sainte-Marguerite. Pen- dant la guerre de trente ans, et souvent depuis, Île couvent fut converti en hôpital pour les militaires malades ou blessés, et on fit en 1633, pour eux, une collecte dans les églises, qui se monta à la somme de 1610 florins. On déposa dans l’église de Saint-Nicolas les corps de plusieurs personnes de distinction , mortes pendant ou après la guerre, O 3 214 Nouvelles littéraires: parmi lesquelles on nomme Otton Louis, comte de Salm , seigneur de Finstingen, général de cavalerie au service de la Suede, décédé à Spire en 1634. Lorsque la ville passa sous la domination de la France en 1681, on construisit des casernes pour la garnison francoise dans le couvent et ses jardins, et l’église servit de magasin à foin. Un scélérat , nommé Jean Murbach, y mit le feu en 1691, et fut rompu vif sur la place d’armes. On se rappelle à cette occasion un impromptu de feu Jean Va- lentin Scheid , docteur et professeur en médecine à l’université, qui voyant les flammes, s’écria : En vnirum mediis ardet Nicolaus in undis! « Voilà bien un grand miracle, S. Nicolas brûle « au sein des ondes! Le local des bâtimens dudit couvent , dont il resta des masures jusqu’à nos jours, se trouve désigné dans les belles planches de la description topogra- phique de Strasbourg, publiée par André Silber- mann. L’enceinte de ces bâtimens et des jardins y appartenans a été vaste ; elle comprenoit tout le terrein du jardin des plantes, des fours de la mu- nitionnaire et une partie de la place occupée depuis par la maison des Enfans-Trouvés , aujourd’hui les écoles de travail, C’est lors de l’incendie, dont je viens de parler, que les cercueils déposés dans les chapelles de Péglise Saint-Nicolas furent transportés à Saint - Thomas. La preuve de cela est que parmi les cercueils, spo- liés de la maniere la plus honteuse en 1793 du temps Nouvelles littéraires. 215 de la terreur, il s’est trouvé dans le second caveau de Saint - Thomas celui du susdit Otton Louis, comte de Salm. Ce cercueil étoit d’étain de même que ceux de deux autres comtes de Salm aussi gé- néraux au service de Suède , Otton et Jean Philippe; dont le dernier fut tué dans une bataille en 1638. Une personne digne de foi m’a assuré, que l’on aper- cevoit à quelques cercueils l'effet du feu, qui les avoit entamés, et des crocs, avec lesquels on les avoit tirés hors des flammes, D’après tont cela il est bien probable, que les corps desséchés dont il s’agit viennent également de Saint-Nicolas, comme portoit Ja tradition , d’antant qu’on y avoit trouvé autrefois auprès d’eux des ossemens à demi - brülés. Il y avoit au reste dans le second caveau de Saint-Tho- mas encore d’autres cercueils de personnes illustres, qui y ont été déposés originairement , tels que ceux d’un comte de Linange, d’un seigneur de Ribeauvillé et de son épouse, sur laquelle on trouva encore un collier ; plus d’un comte de Dhaun, et d’un M. de Baer, courlandois, qui ont été maltraités comme les autres. Ce qui a porté malheur à leurs cendres, v’est qu’elles reposoient dans des cercueils d’étain, quelques-unes même dans des cerceuils de bronze; au lieu que notre comte de Nassau et la jeune de- moiselle ne sont renfermés que dans de modestes cercueils de bois, que les mains rapaces des mé- chans ont dédaignés. Tant il est vrai que la pau- vreté garantit quelquefois des insultes des voleurs! OBERLIN. O 4 516 ÎVouvelles littéraires: L VAE: RSA II LL IEES, Soctété d'agriculture. La Société d’agriculture de Seine et Oise pro- pose, pour la séance publique de prairial an 11, un prix d’une médaille d'argent à l’auteur du meil- leur mémoire sur les procédés du lavage et du dé- graissage des laines. Ce mémoire doit réunir la théorie chymique et les détails de manutention, qui seront nécessaires aux commissaires de la So- ciété pour en constater le mérite. Il doit aussi con- tenir Je poids exact des laines soumises à expérience, et de ce qu’elles éprouvent de déchet. Les mémoires et les échantillons des laïines, tant en suint que lavées, et prêtes à étre employées, doivent être en- voyés, franes de port, au secrétariat de la Société, avant le 15 ventose prochain. BESANCON. Ce 20 messidor an 10. LETTRE au C. MILLEN, rédacleur du Magasin Encyclopédique. Au moment où j’allois répondre à votre derniere lettre obligeante , on est venu m’annoncer que dans une de nos ci-devans églises on avoit trouvé, en creusant la terre, un homme inhumé avec une ar- mure entière. Je me suis aussitôt transporté sur les lieux ; et, malgré les détériorations que le temps, la rouille et Phumidité ont apporté sur cette armure, Nouvelles littéraires. 217 j'ai eru devoir en faire l’acquisition. J’ai rassemblé, aussi bien qu’il a été possible, les morceaux que l'ignorance des ouvriers avoit déja dispersés; de sorte que je possède la mentonniere, le hausse col , Ja cuirasse en deux parties, les bandes de fer ou étassètes, les cuissards et une partie des jambes, les éperons à longues molettes et l'épée longue, avec la chaîne qui l’attachoit à la cuirasse. Les éperons, en cuivre jaune, sont de la plus belle conservation, couverts du beau vernis des médailles antiques; toute V’armure est en fer. 11 paroït que le personnage ainsi inhumé étoit un militaire ou chevalier distingué ; mais nulle inscription , nulle tombe n’ont pu encore nous apprendre son nom, ses qualités. Les recher- ches que j'ai faites sont jusqu’à présent sans succès. Mais, quoi qu'il en soit , notre armure est de plus de 400 ans. Ceite petite découverte qui a fait ici quel- que bruit, par les propos de l’exagération, a retardé ma réponse. COSTE. PACE FS: IN S TI TS UT IN LA TXT ON AE. Notice des travaux de la Classe de littéra- ture et beaux-arts, pendant le trorsièrre trimestre de l’an x0; par le C. VILLAR, secrétaire de la classe. Depuis près de vingt siécles, Ja Somme a formé des atterrissemens qui recelent des monumens an- 18 Nouvelles littéraires: tiques. Plusieurs de ces monumens précieux ; envoyés par le C. Traullé d’Abbeville, ont donné matière aux utiles recherches du C. Mongez. Une épée de fer, trouvée à Long ( village situé sur la Somme, à un myriamètre et demi d’Abbeville) dans le carbonate calcaire ou tüuf, a été reconnue par notre collégue pour l’épée gauloise que Polybe a décrite, et dont la substance, la forme et les pro- portions sont indiquées dans quelques passages de Plutarque, de Dion-Cassius et de Strabon. Sa longueur totale est de o, * 91 (33 p. 10 lig.); elle est donc plus longue d’un tiers que l'épée ro- maine. On y remarque deux tranchans. Elle n’a ja- mais eu de pointe, et n’a pu servir qu’à tailler. La lame est fabriquée d’un mauvais acier ; ce qui la rend molle, à telle point qu’elle se fausseroit si on en frappoit un coup violent sur un corps dur. La lame et la poignée sont de même substance , et ne font qu’un tout. Sur la lame prolongée , en guise de soie , sont fixées, avec des clous rivés, la traverse et la boule qui termine. On doit la conservation de ce monument au tuf qui l’a enveloppé et garanti des attaques de l’eau; aussi la lame est-elle recouverte d’une légère couche d'oxyde de fer, carbonaté de place en place. La poi- gnée est chargée de même, en quelques endroits, d’une croûte produite par divers oxydes de fer , et par un peu de silice, d’alumine et de chaux car- bonatée. C’est la seule épée antique de cette forme dont le C. Mongez ait eu connoissance. Nouvelles littéraires. 219 En 1788, il avoit montré à l'académie des belles- lettres dont il étoit membre, deux lames d’épée de fer que l’on venoit de déterrer à Vélu, près de Bapaume, dans le ci-devant Artois, non loin des bords de la Somme. Elles avoient un seul tranchant et une pointe très-prononcée ; elles égaloient à peine en longueur Ja moitié de l’épée trouvée à Long. Ce n’étoit pas là l’épée gauloise décrite par les historiens romains. Cependant on ne pouvoit douter que ces armes n’eussent appartenu à des Gaulois ; car on les avoit déterrées avec une centaine de squé- lettes , étendus sans cercueil sur plusieurs lignes pa- rallèles, avec des plaques de bronze et plusieurs boucles de fer, dont le goût de travail est abso- lument conforme à celui des médailles gauloises. Notre collégue a joint à son mémoire le dessin de l’une des plaques ; celui d’un style de bronze trouvé auprès de trois des mêmes squélettes , qui n’avoient point d’armes à leur côté; et qui proba- blement étoient ceux des greffiers ou des écrivains de la troupe. Il y a joint aussi le dessin d’un bau- drier , découvert , en 1786, à Avrolle, près de Saint-Florentin, non loin de Sens. C’est une chaîne de bronze de 1," 6 (environ 5 p.) de longueur, terminée , d’un coté, par uu crochet, et, de lPautre, par une sorte d’ornement qui ressemble à nos porte- mousquetons. Les deux épées, trouvées à Vélu, quoique cou- vertes de 0," 002 d’oxyde brun (rouille), coupoient encore, après avoir été repassées , même le fer trem- 2:0 Nouvelles littéraires: pé : l’acier étoit donc d’une bonne qualité. Quel- ques personnes ont paru étonnées de voir de l’acier antique. Il est vrai que les connoïissances des an ciens sur ce changement que l’art fait subir au fer, étoient inexactes et même fausses. Deux passages , lun d’Aristote, l’autre de Pline le naturaliste, nous donnent lieu de croire que, de leurs temps, l’acier étoit regardé comme le fer le mieux épuré. Cette erreur , transmise aux peuples modernes, a subsisté chez eux jusqu'au moment où les CC. Monge, Van- dermonde et Berthollet ont démontré que l’addi- tion du carbone au fer opere seule la formation de V'acier. Les ouvriers faisoient de bon acier, malgré Ja fausse théorie que l’on avoit adoptée. Ils se bor- noient dans leur travail à suivre des pratiques dont Ja découverte étoit due au hasard, et qui se pro- pageoient mystérieusement d'âge en âge. Le C. Ameiïlhon les a recherchées, à la prière du C. Mongez, dans le recueil manuscrit des chymis- tes grecs, où se trouve un petit traité sur la trempe du fer de l’Inde. Ce traité contient deux procédés: le premier est analogue à la cémentation, et le se- cond à la trempe -au- paquet. On obtient , par le dernier, ces lames d'Orient, si connues depuis les Croisades sous le nom de Damas, parce qu’alors on les fabriquoit à Damas, en Syrie. La masufacture n'existe plus aujourd’hui dans la même ville. On l'a reportée en Perse, à Constantinople, et dans les contrées de l’Abyssinie. A la lecture du mémoire de notre collégue Mon- Nouvelles Liltéraires. g2t gez, sur l'épée gauloise , a succédé celle d’une note du C. Ameiïlhon, sur quelques médailles im- périales. / Un habitant de Taumery, près Fontainebleau, découvrit, en travaillant sa terre, sur le penchant du coteau, un vase de terre rempli de médailles d’argent , de potin et de bronze, toutes de module moyen, Ces médailles ne formoient ensemble qu’une masse où un bloc. L’humidité ayant pénétré dans l'intérieur du vase, les parties cuivreuses étoient oxydées et même dissoutes. Il en étoit résulté une espèce de ciment qui avoit fortement lié les diffé- rentes pièces les unes aux autres : ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu’on vint à bout d’en détacher quelques-unes. L’eau-forte elle-même étoit presque d’un secours insuffisant. Les médailles dont nous parlons sont au nombre dé vingt-trois. Dix appartiennent au règne de l’em- pereur Gordien le jeune, qui mourut en 224, as- sassiné par l’ordre de Philippe, son successeur. Sept "ont été frappées sous le regne de Philippe, avec trois autres de Ja princesse Otacilia, sa femme. Philippe fut égorgé à son tour en 249, près de “Vérone, par ses propres soldats. Il laissa l'empire à Trajan Dace, mort en 251. Le règne de Trajan est marqué par les trois dernières médailles. Elles sont toutes, comme on le voit, de trois empereurs qui se suivent. Parmi celles de Gordien Pie, ou le jeune, il en est qui sont d’une assez belle conservation. La mé- 222 Nouvelles littéraires. daille du n° 1 présente au revers une figure de femme, avec une corne d’abondance, et cette lé- gende : Liberalitas Aug. Celle du n.° a sur le revers un Jupiter debout , appuyé sur une lance, avec cette Jégende : Jevi statori. Enfin, celle du n.° 3 porte au revers une figure de femme, tenant de la main droite une balance, et de la gauche une corne d’a- bondance , avec ces mots: Æquitas Aug. Gordien, malgré son extrême jeunesse, fit de grandes choses, 11 remporta plusieurs victoires signalées sur les en nemis de l'Etat, | Parmi les médailles de Philippe, le C. Ameilhon -en a distingué cinq en argent. La mieux conservée «présente au revers une colonne où sont tracés ces caractères : Coss. III (ce qui désigne le troisième consulat de Philippe); et autour cette légende : Sæculares ludi. On sait que le même empereur mit le plus ma- gnifique appareil dans la célébration des jeux sécu- laires, à l’occasion de l’an mil de la fondation de Rome. C’étoit la neuvième fois que ces jeux avoient consacré la naissance de Ja reine des cités, et ce fut aussi Ja dernière. Une autre médaille, moins bien conservée, et qui paroit même avoir souffert des moyens qu’on;a pris pour Ja nettoyer, porte au revers un lion qui marche, et autour , ces mots : Sæculares Aug. Ce qui fait voir que les jeux séculaires avoient été si agréables au peuple romain, que Philippe avoit cru devoir en immortaliser le souvenir par deux pièces d'argent. Nouvelles littéraires. 223 Otacilia Severa étoit femme de l’empereur Phi- lippe, comme nous l’avons dit plus haut, et fille de Sévérien , à qui son gendre donna le gouvernement de la Pannonie et de la Mésie. Les trois médailles de l’impératrice sont en argent. Elles la représen- tent avec une physionomie modeste et des traits réguliers. Cette princesse étoit chrétienne, et ce fut elle qui inspira à son mari des sentimens favo- rables au christianisme. Sous son règne, ce culte jouit d’une sorte de tranquillité. L’une des trois médailles porte au revers la figure d’une femme assise, avec ces mots autour : Pudicitia Aug. Les deux autres ont au revers une figure pa-" reillement assise , avec cette légende : Concordia Aug. Les trois médailles de Trajan Dace sont en ar- gent. Le temps ne les a presque point altérées. L’une porte au revers un cavalier, avec cette légende au- tour: Adventus Aug. Les deux autres présentent au revers deux figures de femme assez grossierement exécutées , avec cette légende : Pannoniæ. Le lecteur n'ignore pas que Trajan Dace naquit ‘dans le bourg de Bubalie, près de la ville de Sir- ‘mich, en Pannonie. Ces deux médailles ont sans doute rapport à cette circonstance. Malgré la res- semblance apparente qui existe entre les deux re- vers, on s'aperçoit aisément, quand on les examine de pres, qu’elles n’ont pas été frappées du même coin. Elles ne sont pas rares, et n’ont rien par elles- 224 Nouvelles littéraires. inêmes de bien remarquable. Mais le lieu où elles ont été découvertes, leur donne un certain prix aux yeux des savans. Elles constatent un fait histoz rique ; c’est que des troupes romaines ont fréquen+ té, sous le règne de Trajan Dace , ou peu de temps après cette époque, le canton où est aujourd’hui situé Taumery. On a trouvé, avec les vingt-trois médailles, deux bagues montées en argent et garnies d’une pierre gravée. On ne peut rien voir de plus brut ni de plus grossier que le travail de Porfévre ; celui du graveur ne vaut pas mieux. La pierre de l’une de ces bagues s’est mieux con- servée que l’autre. C’est une vraie cornaline sur laz quelle on a représenté une fictoire. La pierre de l’autre bague porte la figure d’un oiseau (peut-être d’une cigogne ou d’un ibis), gra- vée aussi en creux. Elle paroît étre factice, et ne présenter qu’une matière vitrifiée. Mais on y re- marque une singularité qui est due à qu:lque pro cédé qu'employoient alors les artistes. Une couleur d’ardoise forme le fond sur lequel porte l’objet gravre « J’ignore, dit le C. Ameilhon, par quel moyen on « a pu donner cette couleur à.la pierre dont Ja « substance est noire. » Les hommes de l’art ne dédaiïgneront pas de s’en occuper. En attendant, nous inviterons les savans à passer avec nous aux recherches du C. Baraiïlon, associé, sur Les premiers ouvrages de tuilerie , pendant le séjour des Romains dans les Gaules; sur leur emploi et leur dégéné- ration. Avant Nouvelles littéraires. 525 . Avant la conquête de César , les Gaulois n’avoient aucune connoissance de plusieurs arts très-utiles, quoique ce peuple ne fût pas aussi barbare que les Germains dont parle Tacite. Au nombre des arts dont les Romains l’enri- chirent, on doit compter l'art du tuilier. Les Gau- lois ne connoïssoient auparavant , ainsi que l’attes- tent César et Diodore de Sicile, que les couvertures en chaume. C’est une vérité confirmée par les ruines de Jeurs anciennes cités. On ne trouve pas un seul débris de tuile, de brique ou de carreau, à Ger- goie, à Alise, à Toull, lou peuch dessolou Uxel- lodunum , Arve , etc.; dans toutes les parties qui sont vraiment de construction celtique. Notre collégue insiste sur ces mots de construction celtique , et ce n’est pas sans motif ; car il faut avoir grand soin de distinguer ce genre de construction d’avec celui du peuple-roi. Il est constaté par les fouilles (et ceci doit être remarqué, si l’on veut se prémunir contre des erreurs) , que presque partout, après la prise des villes, les Romains construisoient «les édifices , soit pour Jes commandans de Ja gar- nison , soit pour les magistrats chargés de la justice æt de la police. De-là ces pavés en marqueterie, ces Pterris, ces peintures à fresque , ces tessons d’une poterie connue sous le nom de terra campana, ces restes de pièces de briqueterie, qui se rencontrent dans quelques parties des villes que Pauteur a déja nommées. Les écrits des anciens ne donnent que de très- Tome IT. P 226 Nouvelles littéraires. foibles renseignemens sur leurs ouvrages de tuilerie en général. La nomenclature latine augmente encore la confusion. Sous les noms de /ater et de /aterculus, comme sous celui de /egula, Von a compris toutes les espèces sans exception. Vitruve lui-même en fournit plusieurs exemples. À l’imitation des Romains, les Gaulois fabri- quèrent dans la suite des tuiles, des carreaux, des briquèés, etc. Mais ces différentes pièces se dis- tinguent des pieces de fabrique romaine, par leur pesanteur, leur difformité, leur irrégularité , leurs bavures. L’ouvrier, sans s’en douter, leur a imprimé son génie, ou plutôt celui de sa nation, qui ne se sionaloit naguère que par le transport de pierres énormes, par de monstrueux entassemens de rochers , par des montagnes factices, enfin , par des monu- mens gigantesques. Des fouilles, faites en divers lieux, ont procuré au C. Barailon une grande quan- tité de ces masses. Il a observé qu’ordinairement elles provenoient des tuileries isolées au milieu des campagnes, et éloignées des villes les plus peuplées. Tout porte en elles l'empreinte de l’art, encore dans son enfance. Les ruines offrent ausssi des époques très - dis+ tinctes ; et ces époques ne peuvent rappeler que le souvenir de grands événemens , d’événemens publics et communs à une vaite étendue de territoire. On sent qu’elles méritent d’être connues , étudiées , re- æherchées , puisqu'elles reposent sur des faits. Le C. Barailon entre ici dans quelques détails. ÂNouvelles littéraires. 229 s On trouve , dit-il, r.° à des distances souvent con- « sidérables, dans des pays fort éloïgnés les uns des « autres, dans plusieurs départemens de la répu- « blique francoise, des ouvrages de tuilerie absolu « ment identiques ; “ 2.° Dans les fondemens des édifices, des bri- “ ques qui n’ont point de rapport à celles des dé- « combres de la surface ; dans le même appartement, « des carrelages successifs, et des carreaux beau- «“ coup plus forts les uns que les autres ; « 3° Deux et même trois sortes de tuiles à rebords «“ dans une seule cité, ou provenantes du même bâ« æ timent; « 4° Des médailles et des monnoies avec tous ces « matériaux. » Notre collégue établit le premier fait sur les di- vers ouvrages que ses fouilles lui ont procurés dans plusieurs départemens ; sur ceux qui ont été trouvés dans les environs d'Agen et à Jublains, par les CC. Lagrange et Maupetit, membres du corps législatifs sur les tuiles à rebords, découvertes dans un tom- beau, à Strasbourg, et décrites par Scheflin; sux les plus anciennes tuiles qui se trouvent à Rome, en France, en Europe, au rapport de Grutter, de Cuper, de Rusconi, etc. Il suffit d'ajouter que toutes les pièces de la même sorte, quoique déterrées à de très-grandes distances, sont cependant uniformes, et semblent être sorties , pour ainsi dire, du même moule. CC 11 faut en conclure avec l’auteur que les fabriques P 3 228 Nouvelles littérarres. romaines étoient régies par des lois générales; qu& ces lois prescrivoient les formes, les dimensions , et jusqu’au degré de cuisson ; en un mot, qu’elles étoient soumises à une police commune et à des magistrats particuliers, quoique tout cela soit très= ‘ peu connu. La seule inspection des ruines constate la dégéné- ration des premiers ouvrages de tuilerie. Dans les villes-bâties , soit par les Romains, soit par les Gau= lois, et qui ont existé longtemps sur le sol françois, tous ces ouvrages présentent à l’œil observateurjus- qu’à trois différences frappantes. Il est tres-aisé de s’en convaincre à Néris, département de l’Allier; à Alichamp et à Bruère, département du Cher; à Chambon, capitale des Cumpio-vicenses | départe- ment de la Creuse. Quant aux médailles et aux monnoies trouvées dans les fondemens, dans les murs, dans les dé- combres, sur le terrein environnant ; non-seulement elles retracent les constructions, les rédifications ou réparations successives des bâtimens | mais encore elles accompagnent la dégénération des pièces de tuilerie, et en déterminent l’époque. | Une médaille atteste que Gratien a restauré leg - bains de Bourbon -Lancy. Les trois cents pièces d’argent trouvées au mont Frialoux, prouvent, con- curemment avec les ruines, qu’il y existoit un tens- ple, et même un collége de prêtres romains. La, monnoie de billon du pere de Clovis sert tout à la fois à démontrer que ces monumens ont survécu à Nouvelles littéraires: 229 Vempire , et à fixer le temps où les ouvrages de éuilerie ont dégénéré. Les ruines , très-insignifiantes au premier aspect, ne laissent pas d’étonner l’esprit humain, et de lui fäire naître des réflexions profondes , par la maniere sensible dont elles se correspondent sur tant de points différens. Elles sont toutes l’ouvrage de la force ; mais , selon notre collégue, on ne sauroit en accuser Îles barbares que Julien eut à combattre, puisque jamais ils ne pénétrèrent fort avant dans les Gaules. On ne sauroit non plus imputer les ruines aux dissentions domestiques, aux révoltes partielles, aux usurpations si fréquentes du pouvoir suprême, à l’apparition subite de quelques hordes du Nord. L'Empire se soutint, du moins en quelques-unes de ses parties , jusque sous Childéric, qui, au rapport de Grégoire de Tours, s’empara de la ville d’An- gers , où il fit mourir le comte Paul, qui comman- doit dans cette place pour les Romains. Ce fut vers la fin du quatrième siécie que les Gaules devinrent la proie d’une foule de peuples sau- vages , dont l’espece et le nombre s’accrurent avec. &ne extrême rapidité. Fous ces torrens dévastateurs engloutirent , et les artistes , et les arts, et les mo- mumens des arts, De son côté., le christianisme , dont le baptême de Clovis fit un culte dominant , servit de prétexte à bien des dégâts, pendant le cours du cinquième et du sixième siécles. Partout on renversoit alors les temples romains, qui ne pouvoient rester debout P 3 230 Nouvelles littéraires, sans danger pour les non-convertis, et qu’il étoit défendu de transformer en églises pour les Néo- phytes. Le neuvième siéele vit renaître en France les hor- reurs du cinquième , qui , avec l’image du chao$ , offroit le singulier spectacle d’une nation composée de cent autres nations diverses. L'expédition de Thiéri contre l'Auvergne ; la désolation de l’Aquitaine par Pépin, qui brüla Li- moges et Clermont, en 762; plusieurs guerres ou expéditions particulières n’ont rien de comparables aux ravages causés par les Sarrasins, que certaine chronique nommé Wandales, ‘epuis 725 jusqu’à 732. Une partie de ceux qui échappèrent à Charles Martel, vint fondre sur cette portion de l’état qui forme aujourd’hui le département de la Creuse , et y conlinua ses horribles excès jusqu’au dernier nio- ment de son existence. Les Normands succédèrent aux Sarrazins. Ce regne de Charles-le - Chauve fut, selon l’expression de quelques chroniques , celui de la douleur et des gémissemens. Le pilage , le meurtre et l’incendie signalèrent le passage de ces aventuriers : leur rage me respecta pas même les asyles champétres. Les conquêtes des Romains dans les Gaules; la révolution qui anéantit leur empire dans ces belles contrées ; le nouveau culte adopté par toute la na- tion ; l'invasion des Sarrazins dans le huitième siécle, et celle des Normands dans le neuvième, « sont, « sans doute, dit le C. Baraïilon , des événemens JVouvelles littéraires, 231 « {rès-marquans, qui ont dû laisser des traces après «“ eux, je ne dis pas par des monumens sur pied, “ mais par les ruines qui les ont suivis. 11 faut done « en distinguer les époques , qui d’ailleurs y sont “ empreintes de toutes parts. On peut en juger par « les pièces de tnilerie que présentent les décombres, « et par les différences que j'ai moi-même observées « dans leurs dimensions, leurs formes, leur épaisseur, « leur cuisson. » L’auteur indique ces différences avec tant de précision , qu’il les rend faciles à saisir, Les ruines celtiques ne montrent aucune piece de tuilerie, aucun débris de cette espèce , puisque l’art du tuilier étoit inconnu aux Celtes et aux Gaulois, comme nous l'avons dit plus haut , d’apres l’auteur. Les ruines des ouvrages romains se distinguent d’une maniere toute opposée. Leurs tuiles ont or- dipairement 27 à 33 millimètres d'épaisseur, 487 à 54t millimètres de longueur, sur 351 à 379 de lar- geur. Elles ont la dureté du caillou, et demeurent . intactes depuis quinze ou dix-huit siécles. Il en est de même des carreaux, dont les plus communs ont 14656 millimètres en carré, sur 106 à 135 milli- mètres d'épaisseur. Les briques ont partout la même forme que celles dont parle Vitruve. Elles sont lon- gues de 298 millimètres , sur 135 de largeur, et 8x d'épaisseur. Les demi-briques sont moins épaisses que les premières, et ne diffèrent d’elles qu’en cela. Das le cinquième et le sixième siécles, les Goths substituèrent leur architecture , que Félibien appelle Jourde et grossière, à l’architecture des Romains. P 4 4 233 Nouvelles littéraires: Is donnèrent moins d'épaisseur aux ouvrages de tui- lerie. Ils ajoutèrent aux faîtières, des bosses, des mamelons, des pyramides. Mais ils conservèrent la Jongueur, la largeur des moules, et le même degré de cuisson. Les ouvrages de tuileries à la romaine se dégra- dérent successivement, depuis le septième siécle jus- qu’au d'xieme. Sous Pépin, ils étoient déja réduits aux trois cinquièmes dé leur longueur et largeur, et au tiers de leur épaisseur. À peine étoient - ils reconnoissables sous Charles-te-Chauve. Ces faits sont attestés par les ruines des anciennes églises et des aneiens monastères, que les Sarrazins et les Normands avoient saceagés tour-à-tour ( car ces barbares avoient äussi leur fanatisme }). Ils le sont encore par les débris du palais de Pépin, situé à Néris; ils le sont enfin par des monumens quefle temps a respectés jusqu’ici. Quatre époques très-sûres et très-aisées à remar- quer dans les fouilles que l’on entreprend , sont un résultat nécessaire des observations de notre collégue. TI les désigne sous les noms de celtique , de romaine, de gothique et de rormande. On reconnoît les trois dernières dans les lieux qui ont existé longtemps; et cette connoissance jette un grand jour sur quel- ques traits historiques, et sur des diplômes dont on ignoroit le point de départ. , Le C. Baraiïlon attribue la dégénération des ou- vrages de tuilerie, 1.° au renchérissement des bois et à celui des combustibles; 2.° à des inconvé- Nouvelles littéraires, 233 hiens résultans de la toiture et de la charpenterie 3 3.° à la dépravation totale du goût. Il nous est im- possible de le suivre dans tous les détails qui con- firment son opinion. Il y a donc bien des mesures à prendre, quand on se-propose , pour ainsi dire , d'analyser des ruines. « C’est un métier, dit l’auteur; mais ce n’est pas « celui de tout je monde, » On conçoit que l'on a des distinctions à faire, des différences à saisir, lorsqu'on rencontre, par exemple, une tuile à re- bords : ce seroit une grande erreur que de les con- sidérer toutes comme très-antiques. C’est celle de Bergier , de Pajonnet, d’une infinité d'hommes cé- Jebres ; les autres sont fort excusables. Les tuiles creuses, les briques, les carreaux , lesfaîtières , etc., doivent être examinés avec la même attention. Les anciennes manufactures ne se bornoiïent pas à ces objets. On y fabriquoit des tombeaux d’une seule pièce, dont quelques-uns ont été trouvés à Néoux, Neum , pays des Cambiovicences, pres d'Agen, au rapport du C. Lagrange, et pres de Rheims selon Bergier. Il en sortoit aussi de grands vases carrés pour divers usages domestiques; des réchauds pour Ja cuisine ( l’auteur vient d’en trouver dans les ruines de Drevant , cité romaine , département du Cher }) ; des füts de colonne ; des écoinsons, etc. Après avoir décrit les pieces de tuilerie , be C. Ba- railon en expose l'emploi. « Les toits des anciens, x dit-il, étoient bas et presque plats : ils n’avoient # que quaran{e-sept mille millimètres de pente, sur 234 Nouvelles littéraires: deux mètres neuf cent quarante-trois millimètres de notre mesure ; c’est ce qui résulte desécrits de Vitruve et des explications de Bergier. On plaçoit les tuiles par rangs, bords contre-bords, en com- mençant pas le bas et continuant jusqu’au faite. La tuile supérieure portoit sur l’inférieure jusqu’à la rencontre de ses bordures, et la recouvroit de cinquante-quatte millimètres; ce qui offroit un pureau de quatre cent trente-trois à quatre cent quatre-vingt-sept millimètres. On fixoit ensemble, par un bon mortier, les rebords qui déja se tou- choient , et l’on couvroit le tout de longues tuiles creuses , dont le gros bout recevoit le petit bout de l’inférieure ; ainsi de suite. De fortes faitieres, appliquées sur une couche très-épaisse de mortier terminoient le comble. Des 1783, j’avois donné cette espèce de toiture daus des mémoires impri- més. Les découvertes et les réflexions du C. La- grange sont venues, depuis cette époque à l’appui des miennes. « L'ignorance et le besoin firent adopter, vers le dixième siécle, les toits à pente droite. Les tuiles à crochets dégénérerent à leur tour, et leur dégénération fut telle en 1400, qu'Edouard IV, environ l'an 1470, se vit forcé de rendre une or- donnance pour en fixer la longueur , la largeur et l'épaisseur. » L'auteur détaille les espèces de carrelages qu’il a rencontrés dans ses recherches. Les 1erris surtout méritent d'autant plus d’attention, qu’ils peuvent Nouvelles littéraires: 235 remplacer les parquets , et qu’ils les surpassent en ‘beauté, On en voit en Italie, dans le Brescian, jusqu'aux étages les plus élevés. En France, ils étoient encore en usage dans le sixième siécle , ainsi que le prouvent ceux que l’on a découverts dans les premiers monastères. Les châteaux à la saxonne, tels ceux dont parle Srrutt, qui ne sont pas rares dans les départemens du centre, quoique bâtis dans les dixiéme , onzième et douzième siécles , n’en offrent pas moins quelques briques. On y trouve même, de temps en temps, des carreaux de l’époque romaine, plus souvent encore de l’époque gothique. Ce sont les restes d’édifices beaucoup plus anciens, comme Strutt J’a tres-bien remarqué. Il en est ainsi des églises et des autres édifices qui furent construits dans les mêmes siécles. Il faut le dire : l’état de la France fut très - dif- férent de celui de la Gaule conquise. En parcourant les départemens du centre ; les cantons les plus in- fertiles ; à la vue de tant de monumens dont l’exis- tence et la somptuosité sont constatées à la fois par de vastes ruines, en se demande en quel temps et sous quel régime on a joui de tant d'opulence ? On ne sauroit en douter; ce fut sous le gouvernement romain. Les barbares n’apportèrent avec eux que la ® désolation et la mort, la féodalité, et la misère qui Vaccompagne toujours. « Maintenant, dit l’auteur, si l’on m’interrogeoit « sur les avantages que l’on retire en général de «“ l’examen des ruines et du travail des fouilles, je « répondrois : 236 Nouvelles littéraires « 1.° On acquiert une connoisspnce positive du « savoir des artistes et du degré de perfection où « Jes arts étoient parvenus; “ 2° On apprend à distinguer les époques ; “ 3.° On découvre ce qui étoit ignoré. » Les fouilles du C. Lagrange ont éclairé le C. Baraïlon sur la véritable situation du château de Clérac , où Clovis faisoit battre monnoie. Ce Clérac est très-distinct de la ville de Clérae , dans le ci- devant Agénois, et du bourg de Cléri, dans le ci- devant Orléanois, où il plait à Bouteroue de læ fixer, tandis que Leblanc range la pièce d’or, où on lit ces mots C/aruccum castrum, parmi celles dont le lieu de fabrication est inconnu. Ce sont des fouilles qui ont démontré, par des monuoies de billon de Childéric, père de Clovis, et par des monnoies d’or de Mérovée , que ces rois s’étoient établis au centre des Gaules avant 458, quoique cette opinion svit contraire à celle de plu sieurs historiens, et à celle de Bouteroue lui-même, qui prononce sa propre condamnation. Enfin , c’est à des fouilles que l’on doit la dé- couverte du château de Pépin, à Néris. Elles ont validé, s’il est permis de s’exprimer ainsi , le diplome de ce roi, rapporté par Besly, et inséré dans le Recueil des historiens des Gaules. Les recherches de nctre collégue lui ont coûté trente années de travail. Il a rendu compte à la classe de plusieurs fouilles faites en 1783 , 84, 85, 86, par ordre et sous l’autorité du Gouvernements Nouvelles littéraires. 237 ÆEn terminant son mémoire, il assure que tous les savans ont à desirer que les différentes ruines qui existent en France, ne soient pas négligées. Si l’on suivoit le cours des âges, quelles lumieres ne tireroit on pas des matériaux de construction, du verre, des diverses espèces de poterie , des outils, des us- tensiles, des monnoies de cuivre, de potin et de billon de nos premiers rois, que l’on ne connoît pas! C’est une immense carrière à parcourir, un vaste champ à défricher pour l'intérêt de l’histoire ; pour celui de toutes les sciences et de tous les arts. Le zèle du C. Baraïlon doit plaire à tous les hommes éclairés qui aiment leurs pays. Mais le C. Fauvel, associé, ne mérite pas moins leur suffrage, par son application constante à un autre genre de dé- couvertes. Il a communiqué à la elasse le précis de tous ses J’oyages dans le continent de la Grèce , dans les îles de l Archipel et dans la Basse-Ægypte. L’objet de ses premieres recherches étoit la véri- fication du cours du Pénée. Il part pour la Grèce avec le C. Foucherot , associé, comme lui, à l’Ins- titut national. Il franchit les Alpes au Mont-Simplon, si célèbre , dit-il, par le passage d’'Annibal et dw gainqueur de Maringo ; traverse le Lac majeur; visite la maison de Boromée sur une île appelée Tsola-Bella ; aperçoit le colosse du saint sur la rive du lac ; passe à Milan, à Vérone, à Vicence 3 remarque partout le goût de la bonne architecture, que le génie de Palladio avoit fait renaitre ; descend la Brenta depuis Padoue, et arrive à Venise au mo- 238 Nouvelles littéraires, ment où la conspiration de Pisani et de Contarini venoit d’être dévoilée. Après s'être embarqué à Venise, pour Corfou, sur un bâtiment destiné pour Londres , il relâche à Ro- vigno , ville d’Istrie, dont il donne quelques détails; voit de loin Pala et Raguse; décrit en peu de mots Corfou, où il découvre des traces d’antiquités, l’em- p'acement de l’ancienne ville, des jardins d’Alci- poùüs. De-là il part pour Zanthe, où il quitte le vaisseau vénitien ; parcourt l'ile en naturaliste , n’y ét uve rien d’antique ; s’embarque pour Céphalonie, en décrit le golfe, et aborde à Argostoli, patrie de illustre et malheureux comte Carbury , qui depuis y fut assassiné, pour avoir voulu enrichir sa patrie de plantations de sucre et d’indigo. Les ruines de l’ancienne Samé n’avoient rien de curieux à offrir au C, Fauvel. Il suit la route d’Ithaque sur un autre bâtiment bien armé; court quelques dangers dans les parages qu'infestent les pirates, et observe le caractère du peuple qui habite le royaume d'Ulysse ; de ce peuple courageux , bon marin, mais trop enclin à la pyraterie, dont il parle, comme en certains pays on parle d’une campagne sur un corsaires. Ithaque n’a presque rien conservé de ses monumens antiques. Notre coélloue s'arrête à Sainte-Maure, ancienvement Leucade , sur ce rocher fameux par le saut qu'y faisoient les amans infortunés. Il s’em- barque pour Prévésa avec un provéditeur, sur un monoxilo, espèce de bateau fait d’un tronc d'arbre; observe le misérable état de la forteresse de Prévésa, Nouvelles litiérasres. 230 qui sert de limite à Venise et à la Turquie, médite souvent sur les ruines de Nicopolis, bâtie par Au- guste , après la bataille d’Actium , et considère dans cette ville deux théâtres, un cirque, etc. Chacun de ses pas est marqué par des réflexions sages et utiles. Il traverse le lac d’Ambracie; se rend dans lé Péloponese par l’Acharnanie et l’Ktolie; décrit les mœurs de ces pays à demi-sauvages, et les difficultés qu’y rencontrent les voyageurs; arrive dans l’Achaïe ; passe à la vue de Lépante, et débarque au port de Cirra qui étoit celui de Delphes, ct qui a porté aussi le nom de Crissa. Selon notre collégue, une soixantaine de maisons ; trois petites églises, ornées de peintures à fresque du plus mauvais goût, ont remplacé la ville de Delphes. Ses temples , ses richesses , ses tableaux , ses statues ont totalement disparu. Mais les rochers escarpés qui forment l’antre Corycius; la double cime, la fontaine Castalienne; le stade qu'Hérode Atticus avoit fait revêtir de marbre pentelique; et plus encore un sentiment religieux et profond dont on ne peut se defendre en approchant de ces lieux ; tout vous dit assez , sans le secours des inscriptions qui couvrent des murs entiers : C’est ici l’oracle d'Apol- Zon. Le C. Fauvel fut mal reçu par les habitanss On le jeta dans une prison. Au bout de trois jours il obtint sa liberté, mais avec bien de la peine. Il pe la dut qu'aux touchantes prieres d’un hermite, qui a remplacé la pitié sur le parnasse, Oh ne lui 249 Nouvelles littéraires, permit pi de lever des plans, ni de copier les inscrip+ tions. De retour à Delphes quelques années après , il découvrit des monumens qui avoient échappé à tous les voyageurs. Un temple surtout frappa ses regards. Ce temple reçoit le jour par une ouverture triangulaire. C’est-là qu’étoit placé :e fameux tré- pied. Mais quelque plaisir que nous fasse goûter læ première notice des voyages de notre collégue , nous sommes contraints d’en supprimer ici bien des détails pleins d'intérêt, et de passer à la seconde, En 1987, le C. Fauvel retourna seul dans l’At- tique. Ce fut alors qu’il moula toutes les sculptures d'Athènes. Il regardoit l’art du mouleur comme le seul qui pût reproduire les chef-d’œuvres des grands maitres, avec une justesse mathématique. Mais il étoit étranger à ce bel art, et il brûloit de faire connoître , le premier, les ouvrages immortels que Von attribue à Phidias, avec assez de fondement. L’amour de la gloire lui donna la force de surmonter tous les obstacles, et de braver tous les périls. IE parvint à mouler la frise du temple de Minerve; les métopes de son entablement ; deux caryatides du temple de Pandrose qui existe dans la citadelle ; les bas-reliefs du temple de Thésée, et ceux du temple de la Victoire. Son ardeur l’entraïna plus Join : il crut qu’il ne devoit pas négliger des por- tions d’architecture et d’ornemens. Il ft des fouilles pour mesurer exactement tous les monumens d’Athè- nes. Plusieurs ; tels que les propylées, n’avoient pu l'être Nouvelles littéraires. 241: l'étreencore. Personne , ayant notre colléoue , n’avoit découvert les bases des colonnes intérieures. On les supposoit élevées sur des piédestaux ; ce qui ne s’ac- cordoit point avec l’époque où ces véstibules furent bâtis. 3 Le C. Fauvel ayant appris que le premier envoi de ses plâtres avoit beaucoup souffert dans la tra- versée, prit le parti de les mouler de nouveau, dans un autre voyage. Îl saisit aussi l'occasion de lever une carte topographique , non-seulement d’Athè- nes et de ses ports, mais de l’Attique entière. Il travailloit. à y joindre la Béotie et la Phocide, lors- qu’il perdit en un instant, le fruit de toutes ses courses non méins pénibles que savantes. Les Turcs l'arrétèrent à l’époque de l’expédition d’Ægypte. Détenu pendant trois années, il eut le chagrin de voir briser sous ses yeux des objets qui lui étoient chers à tant de titres. Les arts ont surtout à regretter le modèle Le plus exact de l’Acropolis d'Athènes, qu’il avoit exécuté en relief. Sa carte déja commen- cée , s’étendoit jusqu’au Parnasse; et, tandis qu’il poursuivoit son utile entreprise, il fouilloit à Ma- rathon dans les tombeaux des Athéniens, dont la découverte n'appartient qu’à lui. On lui doit la des- cription des restes du piédestal qui a porté la statue de Miltiade. Il a reconnu la vallée où les Athéniens s'étoient rassemblés avant la bataille ; le camp re- tranché de ces guerriers généreux ; l’endroit où l’ac- tion s’engagea ; les ruines d’un arc de triomphe, élevé par Hérodes Atticus, et des statues brisées dont la gue l’a pénétré d’une juste douleur. Tome IT, Q 242: Nouvelles littéraires. De l’Attique il passe dans la Béotie ; visite les’ tombeaux des Platéens , les sources de l’Asope, les. restes de Thespie , la fontaine Aganippé. 11 con- temple dans Orchomene les ruines de l’édifice où le roi Minyas avoit enfermé ses immenses trésors. Pausanias regardoit cet antique monument comme une des merveilles du monde. C’est une espèce de, rotonde dont la voûte se termine insensiblement en pointe. La plus haute pierre de l’édifice en règle, dit-on , toute la symétrie et la proportion. Mycènes, Lessa, Pallantium, Mantinée, Nau- plia, le fleuve Erasinus, le fleuve Ophis, le marais de Lerne, le bois Pélagus où périt Epaminondas , le mont Arachnée et le port d’Epidaure, tout le continent de la Grèce, toutes les îles de l’Archipel fournissent à notre collégue le sujet d'une discussion géographique ou littéraire, Il part et va rechercher Olympie. Les riantes val« lées et les plaines fécondes qu'il traverse, lui font oublier l’aspect sauvage que lui avoient offert les hautes montagnes de lArcadie. 11] commence à dé- couvrir au Join les grandes sinuosités de l’Alphée, IH arrive à l’embouchure de ce fleuve, et se fait con- duire à l’endroit où il supposoit que les ruines d’O- lympie devoient étre situées. Là, ses yeux rencon- trent dans la plaine les restes du temple de Jupiter, dont il se hâte de mesurer les différentes parties. 11 reconnoît l’Hippodrome et la fameuse barriere d’où s’élançoient les chars, 11 voit l’Alphée entraînant avec lui des arbres, des sarcophages qu’il arrache au sol olympique. On yenoit d’y trouver un casque, Nouvelles littéraires. 243 semblable à celui de la statue de Phocion. Le C. Fauvel s'empresse de l’acheter. « Que de richesses, dit-il, ne doit pas renfermet “ cette mine d’antiquitésencore toute vierge ! Qu'il « seroit avantageux pour les arts d'exécuter le grand “ projet conçu par le génie de Winckelmann! » No- tre collégue alloit l’entreprendre. Il y étoit même. encouragé par le gouvernement , lorsque le change- mént du pacha de la Morée suspendit les efforts de son zèle. La guerre vint ensuite lui opposer des obstacles invincibles. Au moment où, Pausanias à la main, il se pré- paroïit à étudier les ruines de Mégalopolis, on lui apporte des médailles de la Messénie et de la Ligue des Achéens, avec une pierre gravée agate-onyx. Quelle est sa surprise, quand il voit que cette pierre représente le temple de Jupiter sauveur, dont ik s’occupoit à lire la description ! Il reconnoît parfai- tement le roi de l’Olympe assis entre deux femmes, doñt une est Diane et l’autre la ville de Mégalopolis. Pausanias lui apprend le nom des sculpteurs qui avoient fait les statues ; Céphisidore et Xénophon, nés lun et l’autre à Athènes. Nous ne parlerons point de ses voyages à Sparte, à Corinthe, à Sicyone , à Egialée, à Salamine,, à Delos, à Paros, aux sources du Simoïs et du Sca- mandre, etc. Le temps ne nous permet pas de nous arréter ayec lui dans ces coutrées. Les gens de lettres l’y suivront ayec plaisir, quand il aura publié s ses notices, Q 2 244 Nouvelles littéraires. Nous dirons aussi en très-peu de mots ce qu’il 4 fait en Ægypte. Il y a mesuré la colonne de Pom- pée, et moulé, auprès des pyramides , des portions de bas-reliefs. Il étoit sur le point de faire le voyage d’Ammon. Les rapports contradictoires des Arabes J'en ont détourné. [1 quitte l'Ægypte et regagne Athènes, où il s’occupoit d’antiquités, de géographie et de numismatique, quand tout-à-coup il a par- tagé le sort de tant de François précipités dans les cachots de la Turquie. « Le récit de mes malheurs, « dit-il, ne seroit propre qu’à rappeler des souvenirs « que la paix nous commande d’éteindre. Je devais à a l’Institut national l'exposé succinct de mes travaux. « S'il daigne les approuver, j'aurai obtenu la récom- « pense flatteuse pour laquelle je les ai entrepris. » L'Institut a rempli le vœu de notré collégue. Ouvrages imprimés. De l'Etat de la Société d’émulation et d'agriculture du département de l'Ain en l'an 9, par le C. Ri1- BOUD , associé. Premier numéro de la Bibliothéque francoise , txoi- sième année , par le C. POUGENS , rédacteur. Des navires employés par les anciens, pour servir de complément à deux autres ouvrages sur le même sujet, par le C. Davip Le Roy. Voyage du Bengale à Pétersbourg , à travers les provinces septentrioneles de l'Inde, le Kachmyr, le Perse , sur la mer Caspienne , etc., suivi de l’histoire des Rohillahs et de celle des Seykes ; par feu Geor- Nouvelles littéraires. 245 ges FORSTER ; traduit de l’Anglois, avec des ad- ditions considérables et une notice chronologique des Khans de la Crimée, d’après les écrivains turcs, persans , etc., par le C. LANGLÈS , 3 vol. in-8.° An x (1802). | Helvétius, où la Pengeance d'un sage ; comédie en un acte et en vers, par le C. ANDRIEUX. Musée des Arts. On vient de placer dans le grand salon du Mu- sée , le tableau allégorique de Rubens, représentant Mars partant pour la guerre. Cette composition poé- tique est une de ces idées heureuses qui assurent à leurs auteurs une réputation d’artistes penseurs, qui, au jugement des hommes de goût , l’emportera toujours sur celle des peintres de métier. Quel sujet en effet mieux rendu! et quelle plus belle lecon contre les fureurs de la guerre ! Mars, armé, s’ar- rache des bras de Vénus; il est entraîné par la Dis- corde, dont la tête est ceinte de serpens; elle est précédée des Furies poussant dans les airs des bur- lemens affreux. Mars n’a fait qu’un pas, un meurtre est déja commis. Il foule les arts et les sciences. A ses pieds sont renversés une jeune femme dont le luth est brisé, un homme tenant un compas. La nature , représentée par une femme serrant son en- fant dans ses bras, fuit épouvantée. Cybèle, éplorée, sort du temple de Janus , et le poursuit invoquant la clémence des dieux pour faire cesser les maux qui vont se répandre sur la terre, Q 3 246 Nouvelles littéraires. Le musée central des arts va être très-incessam- ment enrichi de la belle figure antique, connue sous le nom de la Pallas de VPélletri, On la place, pour la perfection du travail, auprès de l’Apollon du Belvédère. La restitution de cette statue à la France, n’a eu lieu qu'après d’assez longues difficultés. Mais enfin, le gouvernement hapolitain, qui lavoit fait transporter de Rome à Naples, comme une pro- priété françcoise | a reconnu qu'aux termes du traité de paix elle devoit nous étre rendue. Le gouvernement françois, pour témoigner à son tour sa satisfaction à la cour de Naples, a fait re- mettre à son ambassadeur à Paris, un assez grand nombre de planches gravées , qui faisoient partie de la collection des planches de l’ouyrage sur les antiqui- tés d'Herculanum , publié par le gouvernement na- politain. Elles avoient été vendues aux François par les Napolitains réfugiés; mais elles n’auroient pu être en France, qu’un objet de curiosité, tandis qu’elles seront utilement employées à Naples, où Yon continue le grand ouvrage que nous venons de citer. Le convoi des objets d’arts venus de Naples, et destiné pour Paris, est arrivé ces jours derniers à Lyon: Ce convoi, composé de divers bateaux, et renfermant des objets du plus grand prix, est con- fié à la direction des CC. Grégoire et Bochine, Nouvelles littéraires. 247 commissaires du gouvernement. Le conseiller d'état, : préfet , informé de son arrivée , avoit donné, à toutes les communes riveraines du Rhône , les ordres néces- saires pour qu’elles portassent au convai les secours -dont quelque circonstance imprévue ponvoit lui faire éprouver le besoin. La cargaison est arrivée en bon état à Lyon, où elle: séjournera quelques jours, attendu les basses eaux de la Saône , et la néces- sité d’alléger les divers bateaux composant le convoi, à l'effet de les mettre à même de pouvoir nayiguer sur cette-rivière jusqu’à Châlons. Quelques objets -venant d’Ægypte ont été embarqués à Marseille , et réunis! à l'expédition de Naples. On remarque une civetté,, deux chats musqués , et. un jeune lion. Une très-grande partie des objets de sculpture qui étoient tombés au pouvoir des Napolitains lors de leur entrée dans Rome, au moment où les Fran- çois alloient les faire passer tout encaissés à Paris, ont été remis, d’après un article du traité de paix fait avec S. M. sicilienne, aux commissaires du gou- vernement, depuis Jongtemps partis pour recouvrer ces chef-d’œuvres. Trois, vaisseaux les ont débar- -qués. à Marseille. Déja plusieurs caisses sont en route pour Paris. Sur le Crocodile. Lorsqu’en Europe il est question de l'Ægypte et du Nil, il arrive souvent que l’on parle du danger Q 4 248 Nouvelles littéraires. «qu’il y a d’être dévoré par le crocodile. I] n’est pas assez généralement connu que cet animal amphibie ne se voit jamais dans le Nil qui traverse la Basse- ‘Ægypte, et qu’il faut même remonter considéra- blement dans la Thébaïde pour le voir. Je n’ai ren- contré des crocodiles qu'après: avoir outre - passé ‘Gyrgéh. Cet animal sort volontiers du fond de l’eau dans les journées chaudes et lorsque le Nil est bas, ‘pour se placer sur les banes de sable que l’on ren- contre fréquemment alors. C’est en avril et mai que ‘j'ai voyagé dans le Saïd. Le crocodile se place ra- ‘rement sur une des rives du fleuve, excepté lors- ‘qu’elle est peu accessible ef peu fréquentée. I} paroît qu'il éonnoit le danger auquel il s’exposeroit sans cette précaution, Ordinairement il ne s’eloigne pas plus d’environ six pas de l’eau. Le moindre bruit J'éveïlle ; il ne m’a jamais été possible de J'appro- cher à portée du coup de fusil. Au reste, comme cet animal a une écaille très-dure, il est presque impossible de le tuer, à moins qu'on ne le blesse précisément sous une épaule. J'ai troavé à Dendhéra un kachef qui s ’amusoit singulièrement à la chasse (au crocodile ; il en avoit tué successivement sept que j'ai vus placés sur la terrasse de sa maison, de maniere qu’à quelque distance on Îles auroït crus autant de canons. Si les gens du pays en tuent quel- qu'un à coup de fusil, ou Pattrapert au moyen d’un piége , ils ne sont pas moins satisfaits que lorsqu’em Europe on tue un loup. Dans Ja quantité de croco- dites que j'ai rencontrés, soit eu montant; soit en AVouvelles litiéraires: 249 ‘descendant le Nil , je n’en ai pas vu de plus de huiïf à dix pieds. Prosper Alpin parle d’un crocodile de trente aunes de longueur ; mais il est bon de remar- quer que cet auteur n’a pas été dans la Haute- “Ægypte, et qu'il a été probablement trompé par des faux rapports. Le célebre Norden dit en avoir vu de’ cinquante: pieds de longueur : je pense qu'il s’est trompé également ; car je n’ai trouvé personne dans le pays qui en ait vu d’aussi grands. à Quant au danger d’être dévoré par cet animal , il est infiniment moindre qu’on ne le croit ordinaire- ment. Il paroît en général redouter l’homme, car il n'aime pas les lieux habités : aussi , plus on re- monte vers les cataractes , plus il arrive d’en ren- contrer. L’indifférence avec laquelle les habitans et leurs enfans s'amusent dans l’eau , et se promènent sur la rive du Nil, m'ont prouvé qu'ils ne redou- tent pas le crocodile. Si toutefois l’occasion favorable se présente, cet animal astucieux s’empare par surprise d’un mouton, d’une chèvre, d’un âne , et quelquefois d’un enfant qu’il tire vers le milieu et le fond du fleuve. Dans un seul endroit où-les femmes ont coutume de rem- plir leurs vases d’eau, j'ai vu une palissade semi- circulaire de jonc, destinée à empêcher le croco- dile de faire du mal; il avoit , dans cet endroit , saisi et arraché la mamelle d’une femme, dans le : moment qu’elle se baissoit pour emplir sa cruche d’eau. Lves * Il est une dernière-et assez singulière observa- tion à faire sur le crocodile; c'est que cet animal, 250 Nouvelles littéraires: . Jorsqu’il reste hors de l’eau, est presque foujours entouré de différens grands oiseaux , entre lesquels j'ai constamment distingué le pélican. Quelle étrange rapport entre ces animaux si différens ! C’est un fait connu que le héron blanc, ou le garde-bœuf sympathisent singulièrement avec les buffles, les va- ches et les bœufs. Existeroit-il une égale sympathie entre ces oiseaux, mais particulièrement entre le pélican et le crocodile ? FRANK , ex-médecin de l'armée d'Orient, Bureau des longitudes.— Prix d'astronomie. . Nous avons annoncé que le bureau des longitudes avoit adjugé un prix de 6000 fr. à M. Burg, astro- nome de Vienne en Autriche, pour ses tables des mouvemens de la lune. Nous nous faisons un plaisir d’ajouter que le premier consul , après avoir entendu notre rapport, a doublé le prix; et que le ministre de l’intérieur nous a chargés d'écrire à l’auteur que s’il vouloit venir en France, il auroit un traitement avan- tageux. LaLAnNDe. | Plantes atlantiques , recueillies et observées dans les Iles Madères , de l Ascension, de Saint-Jago et de Sainte-Hélène ; par George FORSTER. T'étrandrie. ; Convolvus alhaeoides. Spermacoce verticillata. —— — — mucronatus: Pentandrie. * us — hrasileerisis. Borrago tristis. : Nouvelles littéraires. 5% ÆEnneandrie. . Diadelphie. Laurus indica. Psoralea americana. Polyandrie. Syngénésie. Argemone mexicana. Spilanthus arboreus. Solidago sparia: ——— lencodendrou. Didynamie. Teucrium canescens. Mentba rotundifolia. Origanum creticum. Antirrhinum elegaus. Mondoecte: Epibaterium pendulum. Jatropha curcas. Monadelp/iie. « Pentapetes erythroxylon. Eryptogame, Sida Rhombitolia. , +]. Lonchitis ascensionis. —'pannosa, Aîtonia rupestris. “George FORSTER a publié, dans le douzième volume des commentaires de la Société royale des sciences de Gættingue , ‘une fascicule de ‘plantes magéllaniqués peu connues, dont voici l’énuméra- tion :-1) 1. Muiarum biflorum, + A17: —-— amicrophylla. 2. Pinguicula’ alpina. L. ‘* ‘f18. Oxalis magellanica. 3. Ixia pumita. “ks 19. Wintera aromatica. L. 4. Dactylis cœspitosa. 20. Ranunculus lapouicus. L. 5. Polycarpon magellanicum. |21. Chelone ruelloides. L. 6. Embothrium coccineum. 22. Sisymbrium glaciale. 7. Galium-aparine. L. 23. Perdicium mageilanicum. L, 8. Plantago barbata. 24. Tussilago trifurcata. 9. Slatice armeria. L. 25. Amellus difusus. 10. Crassula moschata. 26. Calenduca pumila.… 11. Juneus grandifiorus. L. 27. Viola magellanica. 32. Berberis ilici folia. 28. Fagus antarctica. 43. ———, microphylla. 29. PhyHachne uliginosa. 14. Melanthium pumilum. : . |30. Lichen berberinus. 35. Arbutus mucronata. L. 31. Ancistrum decumbens. 16, —-— pumila. L, 293 Nouvelles listéraires. Biographie. François-Xavier B1icxAT , éleve du célèbre Dus- sault , et l’un des médecins expectans de l’Hôtel-Dieu de Paris, est mort le 3 thermidor, à l’âge de 28 ans; il a été enterré le 4 avec beaucoup de pompe ; quinze voitures , couvertes de noir et suivies d’un nombre égal de voitures de remises, pleines d’élèves du même hôpital ; formoient le cortége. Plus de six cents étudians à pied ont accompagné leur digne et inté- # ressant professeur jusqu’à sa dernière demeure. Le : C. Bichat est généralement regretté des savans; le succès de ses ouvrages sur l’anatomie faisoit, beau- coup espérer de ses travaux, dans une science dont 1l auroit infailliblement reculé les limites. . . Nous donnerons une notice sur ce jeune savant dont nous avons plusieurs fois annoncé les travaux. CORRESPONDANCE.. Dax, le 30 messidor an 10. THORÉ au C. A. L. MILLIN. Citoyen, en lisant mon mémoire relatif à l’appa- rition récente des productions volcaniques sur les côtes du golfe de Gascogne , que vous avez eu la, bonté d'insérer dans le Magasin encyclopédique , tome 1.°", VIIL.® année, pag. 229, j'ai été on ne peut pas plus étonné d’y trouver une note, dans laquelle je taxe d’inexactitude Ja partie du Traité Nouvelles littéraires. 253 général des pêches, par Duhamel, pour laquelle le C. Borda d’Oro a fourni des observations : cette note devoit se trouver biffée, ou croisée dans mon mémoire, Cependant , comme 1l paroît que j’ai fait cet oubli, puisqu'elle a été insérée, il est de mon devoir d’apprendre au public , que mieux instruit depuis l'avoir écrite , j’avois reconnu qu’elle ne de- voit pas voir le jour. C’est pourquoi je vous serai infiniment obligé de publier dans votre prochain numéro ; ma lettre , comme un témoignagé de mes intentions, J’ai l’honneur d’étre avec l'estime la mieux sentie, votre dévoué , THORÉ, docteur-médecin. THÉATRES. THÉATRE FRANCAIS DE LA REPUBLIQUE. Début de Mlle DUCHESNOIS. Depuis longtemps on n’avoit pas vu de début aussi brillant. Une taille svelte, un organe flexible, et surtout une grande sensibilité, tels sont les avan- tages qu’a déployés la débutante. Elle n’est pas , comme toutes celles qui ont paru dernièrement, élève d’un acteur du théâtre français; c’est au C. Legowé qu’elle doit les leçons dont elle a si bien profité. Au milieu de quelques défauts, qu’elle perdra sans 254 Nouvelles littéraires. douté en acquérant l’habitude.de la scène, on à re marqué sa diction juste, la manière brillante doné elle fait sentir les beaux vers, et surtout beaucoup d’ame et de chaleur. Sous ce dernier rapport, on ne sauroit lui, donner trop d’éloges, , 1 Elle a été parfaitement secondée par Suint-Prix , qui Jouoit le rôle de Thésée, et par Saïnt - Phal qui a joué celui d’Hippolyte avec un talent supé- rieur. : Le public l’a demandée après la pièce, et elle a paru au milieu des plus vifs applaudissemens. THÉATRE LOUFOIS. Le Billet de Logement, où la Rencontre. Cette petite comédie en un acte, jouée au com- mencement de ce mois, n’aura pas, sans doute, une : seconde représentation. On n’a pas sifflé; mais on « a bâillé. à 0 THÉATRE FEFDEAU. Le Trésor supposé, ou le Danger d’écouler \ aux porles. Cette piece a été jouée le 10 thermidor an x. Géronte, tuteur, comme ils le sont tous au“ théâtre, c’est-à-dire, amoureux, jaloux et avare aime, comme c’est encore l’usage, sa pupille, dont … il voudroit s’approprier le bien : mais un amoureux, » Crispin, son valet, une soubrette et la pupille elle- Nouvelles littéraires: 299. même, conspirent contre le-tuteur : comment ne le tromperoit-on pas. L’amoureux et le tuteur sont en marché pour une maison; mais le prix effraye le vieillard , qui rompt l’accord. On connoît son goût pour l'observation ; et Crispin, qui le sait caché dans un cabinet, dit, tout haut, qu'il y a dans la cave de cette maison vingt-quatre mille francs ca- chés sous une pierre. Géronte se presse d’achever’ Je marché; mais quand il voit qu'il a été dupé, il se trouve trop heureux de consentir au mariage de sa pupille avec le jeune homme, qui lui rend le contrat de vente de la maison. De la gaieté, qui dégénère quelquefois en bouf- fonnerie , mais quelques détails heureux, ont valu à cette pièce son succès, La musique est du C. Mé- HUL ; elle a contribué au succès de l'ouvrage, qui est du C. HOFFMAN. THÉATRE DU VAUDEFPILLE,. L'heureux Choix , ou les Epoux dotés. « Grâce à Ja circonstance, ce petit ouvrage a été applaudi le 7 thermidor. Il est bien froid, bien traî- nant ; les idées des couplets sont loin d’être neuves ; cependant il a été jusqu’à la fin; et on a nommé, comme auteurs, les CC. FONTENY et BouTARD, qui ont fait au Vaudeville leur entrée par Pannard, clerc de procureur. Raymond aime Rose, et desire l’épouser, Il se met 256 Nouvelles litléraires. sur les rangs pour obtenir les 1000 francs de dot qué le gouvernement accorde à celui qui est choisi par le maire, pour figurer à la tête des mariages. Son rival est un gascon très-fat et très-ennuyeux. Après beaucoup de scènes fort peu utiles, et qui ne sont rien moins que gaies, on nomme celui qui a été choisi ; c'est Duvivier. Mais Raymond est ce Duvi- vier; il a caché son véritable nom pour faire du bien plus à son aïse, et pour être inconnu du père de Rose, qui a des motifs de haine contre sa fa- mille. Cependant il est choisi; on ne sait trop ni com- ment ,ni pourquoi; et la pièce finit par des couplets sur un air très-burogue , et dont le refrain est alter- nativement : Ah la triste fête! Ah la bonne fête! mais le public n’en avoit retenu qu’un seul ; et cha- eun sortoit en répétant: AA la triste fête! Livres ‘# LIVRES DLVERS.(a). PHYSIOLOGIE. Nour Es Aux Elémens de Physiologie ; par Anthelme RICHERAND , chirurgien en chef de l’hôpital Saint- Louis, à Paris, professeur d'anatomie et de phy- siologie | et membre de plusieurs sociétés savantes. Seconde édition, revue, corrigée et augrnentée. 2 vol. in 8.° Prix, 10 fr. broch. et 13 fr. francs de port pour les départemens. Nota. On a tiré bo exem- plaires de cet ouvrage sur papier velin. Prix, 20 fr. et 23 fr. francs de port. À Paris, chez Crapart, Caille et Rayier, libraires, rue Saint-André-des- Arcs, n.° 12, Parmi les sciences qui peuvent offrir quelqu’intérét à l'étude et aux méditations de l’homme instruit, la physiologie a droit de réclamer un rang hono- rable. En effet, quoi de plus attrayant et de plus instructif à la fois que d'étudier notre organisation, d'observer l’admirable mécanisme qui préside à nos fonctions, de suivre, en quelque sorte de l'œil, ces mêmes fonctions différentes les unes des autres, jouissant d’une existence individuelle, et formant, par leur concours, la vie générale qui n’est que le résultat | l’ensemble de toutes ces existences parti- culières, Ces considérations , belles en elles-mêmes, et dont tout homme doit avoir, quelques notions, deviennent d’un intérêt bien plus grand, d’une uti- ité bien plus immédiate pour le médecin , pour ‘homme, en un mot, dont tous les soins, toutes es vues ont pour but de ramener nos fonctions à eur type primitif et de faire cesser les désordres (1) Les articles marqués d'une * sont ceux dont mous dounerons an Tome Il. R 258 Fr Livres divers. ve L que les maladies y ont causés. Longtemps cette science utile fut comme toutes celles qui ne sont pas assez riches de faits, obscurcie par des erreurs sans nombre, À différentes époques, quelques hommes de génie posèrent des bases qui ont servi de: point de ralliement à leurs successeurs ; maïs c’est surtout dans ces derniers temps que, riches de l'expérience des siécles passés , plusieurs bons esprits ont cherché à y ajouter la leur, et ont dirigé de ce côté tous leurs travaux et leurs efforts; de ce concours ; de cette espèce d’émulation , sont sortis plusieurs bons ouyrages parmi lesquels, celui dont nous allons par- ler , occupe un rang distingué, Des prolégomènes placés à Ja tête de l’ouvrage lui servent , en quelque sorte, d’introduetion. L’an- teur y présente des aperçus généraux sur les êtres naturels, les élémens qui les composent, les diffé- rences qui existent entre les deux grandes classes qui se partagent le domaine de la nature , sur celles qui distinguent les animaux des végétaux, sur le mode d’existence des uns et des autres, dé- signées par le nom de vie , sur la vie considérée plus particulièrement dans les animaux et spécialement dans l’homme, sur les deux principales lois de l’or- ganisation , Ja sensibilité et la contractilité, sur les influences réciproques des organes les uns sur les autres, connues sous le nom de sympathies, sur l’ha- bitude et ses effets, tantsau physique qu'au moral, sur ce qu’on doit entendre par principe vital, c’est- à-dire, cette propriété par laquelle les êtres orga- nisés résistent à leur destruction. Examiné dans l’homme, il ne paroit pas que ce principe ait un centre unique; quoique disséminé dans toutes les parties de l'individu vivant, il paroit cependant: être plas particulièrement concentré dans certains foyérs tels que le cerveau , son prolongement ver- tébral , le cœur, etc. L'auteur expose ensuite di- verses considérations sur les nerfs grands sympa- thiques ; il examine comment ces nerfs deviennent moyens d'union entre tous les organes des fonctions « Livres divers. 259 assimilatrices, de même que les nerfs cérébraux font communiquer entre elles toutes les fonctions de la vie extérieure. Viennent ensuite des réflexions sur les rapports de Ja médecine avec les autres scien- ces ; on y discute, avec une sage critique, quels secours elle a droit d’en attendre, et les limites de ses espérances à ce sujet. Les prolégomènes sont terminés par une classification des fonctions vitales; dans cette classification , toutes les fonctions sont partagées en deux séries ; 1.” celle des fonctions pro- pres à l'individu, 2.° celles des fonctions propres à lespèce. F Fonctions propres à l'individu. Kes se composent de deux ordres; celles par lesquelles l’individu assi- mile à sa propre substance les alimens susceptibles de servir à la nourriture; celles par lesquelles l’in- dividu entretient des rapports avec les individus qui l’environnent ; or , ces rapports s’établissent par trois moyens, 1.° par les sensations qui lavertissent de l'existence des corps; 2.° par les mouvemens qui en rapprochent ou l'en éloignent; 3° par la voix qui le met à même de communiquer avec ses semblables ou tout autre être susceptible de l’entendre. Fonctions propres à l'espèce. La voix forme Je pas- sage très-naturel de la première à la seconde classe. Celle-ci renferme les fonctions propres à la géné- ration ; le concours des deux sexes devenant ici nécessaire , il en résulte deux divisions , dont l’une comprend les fonctions propres à l’homme , l’autre les fonctions propres à la femme. Les phénomènes des âges dans les deux sexes, ainsi que tout ce qui concerne les tempérämens, les différentes espèces d'hommes ne pouvant êire rangés dans l’une des divisions précédentes, l’auteur . en a fait un appendice séparé. 1v 1196 Cette classification présente un tableau métho- dique et assez naturel des fonctions ; aussi plusieurs physiologistes modernes s’en sont-ils plus ou moins rapprochés. Cette espèce de direction es que t a 260 Livres divers, , suivent aujourd’hui ceux qui cultivent la physiologie; cette analogie de vues et de principes prouve, jus- qu'à un certain point, que cette classification offre le moins de côtés défectueux, quoiqu'il faille ce- pendant ne jamais perdre de vue les sages conseils que Grimaud donnoit à ses disciples, conseils que Je C. Richerand rappelle dans son ouvrage , et que nous nous plaisons à citer : « La division que j’établis ne doit point être prise « à ia rigueur, et comme étant d’une vérité ab- « solue; c’est une simple hypothèse à laquelle il ne « faut se prêter qu’en ce qu’elle va vous servir à « distribuer vos idées avec plus d'ordre; car tout « ordre , même arbitraire , est utile en ce qu’il sou- « met à notre réflexion une grande quantité d'idées, “et, qu’en conséquence , il facilite la comparaison « que nous devons en faire, Tous les actes de la “ pature sont si rapprochés, ils sont liés entre eux « d’une manière si intime et si nécessaire, et la na- « ture passe de l’un à l’autre par des mouvemeñs « si uniformes, par des gradations si insensibles et « si ménagées ; qu'il n’y a point d’espace pour « tracer les lignes de séparation où de démarcation « qu’il nous plaît de marquer, Toutes nos méthodes « qui distribuent , qui classent les productions na- ‘« turelles, ne sont que des abstractions de lesprit « qui ne considère point les choses telles qu’elles « sont réellement, mais qui s'attache à certaines « qualités et néglive les autres. » GRIMAUD, Le- gons manuscrites de physiologie. Il est aisé de voir, d’après ce que nous venons de citer, que le C. Richerand, tout en présentant l’or- dre de classification qui-lui a paru préférable , sait apprécier ; à leur juste valeur, ces sortes de divisions qui peuvent varier et changer selon les côtés sur lesquels notre attention se porte, et qui he doivent étre regardées que comme des méthodes d’étude plus ou moins faciles. Nous ayons rendu compte dans le temps, de la Livres divers. 261 première édition de cet ouvrage (1), nous en expo- sâmes alors la distribution ; nous fimes remarquer que ces élémens , composés d’après les mêmes vues. que l’illustre Haller avoit composé les siens, étoient également éloignés et de la sécheresse de ces abrégés qui n’apprennent rien à ceux qui commencent l’étude de la science , et des développemens trop étendus de plusieurs autres ouvrages de même genre, d’ailleurs très-estimables , mais composés d’après un plan plus vaste; nous jugeâmes que ces élémens étoient recom- mandables sous un grand nombre de rapports, et. que Îe succes en étoit en quelque sorte assuré; nos vues n’ont point été trompées, et le prompt débit de la première édition est venu à l’appui de notre opinion. Dans celle-ci l’auteur a fait un assez grand ombre de changemens notables ; quelques articles étoient trop resserrés, il les a étendus ;.quelques incorrections Jui étoient échappées , il les a fait dis- paroître ; les prolégomènes ont été refaits presqu’en entier ; en un mot , il nous a paru que l’auteur n’avoit rien négligé pour donner à son ouvrage toute la per- fection qu’il peut comporter. CE Gr BH: Y1S02 Qu x. BETRACHTUNG eines merkwürdigen Geselzes der Farbenænderung organischer K ærper durch den Ein- Jluss des Lichtes. Im Naimen der Linneischen So- cietæt zu Leipzig herausgegeben von Christian Samuel WE£1ss, Doktor der Philosophie. C’est-à- dire , Considérations sur une loi remarquable de l’allération de la couleur des corps organiques par Pinfluence de la lumière ; publiées au nom de la Société Linnéenne de Léipsic, par Chrétien-Samuel IVE1ss , docieur en philosophie. Leïpsic, chez Charles Tauchnitz. 1081. In-12 de 136 pages. C’est une verité connue depuis longtemps par les (). Magasin Encyclop. Brumaire. An ©0, p. 338. R3 262 . Livres divers. physiciens que l'influence de la lumière sur les corps organiques de la nature , ne se borne pas à l’œil ; mais ce ne n’est que depuis quelques années qu'on a examiné ce phénomene avec plus d'attention ; on recueillit les observations faites antérieurement par Ray , Dodurt , Hales , Duhumel, Bonnet et beaucoup d’autres naturalistes ; elles furent enrichies par celles de Scheele, de Berthollet, de Priestley, mais sur- tout par les travaux de Sennebier et d’Ingenhouss: Les secours que fournissoient la chymie moderne, : et la physiologie épurée et philosophique mirent les naturalistes en état de considérer les effets de la lumiere sous des rapports nouveaux, et dé tirer des conséquences importantes des expériences qu’on avoit faites à ce sujet. Eu 1797, la faculté de médecine de:l’université de Goettingue proposaà ses étudians cette question pour sujet de prix. Les deux ouvrages couronnés étoient de M. Ehermaier ( 1 ) et de M. Horn (2). On y trouve réunies les observations les plus importantes présentées sous des points de vues généraux. L’un et l’autre de ces ouvrages sont d’une lecture agréable ; le premier se distingue par la manière avantageuse de l'auteur de présenter son sujet ; le second par quelques vues nouvelles qui in- téressent les sciences. 1 « ï (x) Cet ouvrage a éié,depuis étendu par l’auteur, et publié en alle- mand sous le titre de Wersuch einer Geschichte des Lichts ir Rüksiche seines Einflusses auf die gesammte Natur , und auf der menschlichen Kærper, auser dem Gesicht, besonders, von D. J. €. Esermarsr. C'est-à-dire, Essai d’une Histoire de la Lumière par rapport à son influence sur toute la nature, et sur le corps » de l'homme , à l'excèption des yeux; par lesdocteur J. C. Esen- mAIER, Osnabrük. 1799. 8.0 $ (2) La dissertation de M. Horn avoit obtenu l’accessit. Il en publia ja traduction sous le titre de Ueber die WFirkungen des Lichtes auf den menschlichen Kaærper, mit Ausnahme des Sehens. C'est-à- dire, Sur les effets de la Lumière sur Le corps de d'homme, à ‘exception de la vue. Kœnigsberg. 1799, 8.9 | M y Ee MR SO SR "Ti Co Livres divers. 263 L'auteur du traité, dont nous nous occupons a eu un but beaucoup plus circonscrit ; c’est ce qu'indique déja le titre. Il ne s’occupe pas de l’influence de la lumière sur la santé et le bien-être des corps organisés en général, ni de celle qu’elle a sur les différentes actions de leurs organes, où cette action se manifeste. Il s’est borné à des con- sidérations sur la loi la plus générale, d’après laquelle la lumière altère les couleurs des végétaux et des animaux yivans. Son travail est divisé en trois chapitres. Dans le premier , il commence par établir la loi elle-mêwe, et il rapporte les expériences qui servent à l’appuyeri dans le second chapitre, il examine cette loi avec plus de détail, ainsi que ses causes, et il recherche quelles sont les forces par lesquelles elle agit sur les corps organiques vivans. Dans le troisième chapitre, il s'occupe dn but de Ja tendance de cette loi dans Péconomie des corps organisés. Quant au premier chapitre, on ne doit pas s’at- tendre à y trouver des données nouvelles ; il étoit suffisant pour lebut de Pauteur de recueillir ce qu’on connoiît de plus essentiel à ce sujet et de ne rien omettre d'important. Le travail le plus particulier à lanteur est contenu dans le second et le troi- sième chapitres ; ils contiennent des vues nouvelles, et des développemens de quelques idées émises par d’autres ; ils méritent l’attention des naturalistes. Dans l'introduction qui précede ce petit ouvrage, l’auteur développe, en peu de mots, ses idées sur la nature des couleurs, 11 promet, sur cette matière, un ouvrage dans lequel il la traitera avec plus d’étendue. Er ST 0 TR LUN A TU RE ELLE ELÉMENS d'histoire naturellz, ouvrage couronné par le jury des livres élémentaires et adopté par le Corps-législatif pour les écoles nationales ; pur À. “L. MILLIN , conservateur des antiques , médailles KR 4 264 ‘ Livres divers. et pierres gravées de la bibliothéque nationale de France , professeur d'histoire et d'antiguité, mem- bre de la Société royale des sciences de Goettingue, etc., troisième édition revue et corrigée d’après les meilleures méthodes qui ont paru depuis la pre- mière publication de l’ouvrage ,'et considérablement augmentée ; enrichie de 22 planches contenant plus de 600 figures. Paris, Leger , libraire, quai des Augustins , n.° 44. An X. 1802. in-8.° Prix, 8 fr. Depuis la première publication de cet ouvrage qui a remporté, en 1797 , le prix proposé pour les livres élémentaires, deux éditions ont été épuisées ; il se distingue particulièrement par l’ordre , la pré- cision et la clarté, ses avantages ont été reconnus ; il a eté traduit dans plusieurs langues, et lPauteur a fait à cette troisième édition des additions con- sidérables, que les progrès de l’histoire naturelle rendent nécessaires. Îl a refondu absolument quelques parties d’après des méthodes plus parfaites, il y a joint 22 planches qui contiennent plus de 600 figures dessinées avec justesse et avec soin, et qui sont très- utiles pour soutenir et captiver l’atténtion, et pour aider la mémoire. Des tables méthodique et alpha- bétique y facilitent les recherches ; enfin, rien n’a été négligé pour rendre cet ouvrage commode,, agréable et utile, et assurer son succes, ., Bi: RP LÉ MOMTMNO (GATE: HrrrN Dr LacepzDr’s Naturseschichte der Am- phibien oder der eyerlegenden vierfussigen Thiere un@ der Schlangen. Eine Fortsetzung von Buffon’s Naitur2eschichte aus dem franzæsischen übersezt und mit Anmerhkungen und Zusætzen versehen von Jo- hann Matthœus BECHSTEIN ;"Dritier Band, mit Kupfern. C'est-à-dire, Histoire naturelle des Am- phibies et des quadrupèdes ovipares et des serpens ; par M. de LACÉPÈDE. Continuation de l’Hrstoire naturelle de Buffon, Traduction du françois avec Livres divers. 265 des notes et des addilions ; par Jean - Matthieu BECHSTEIN , troisième vauiume avec des gravures. . Weimar, au comptoir d'industrie. 1801. 454 pages. Nous annonçons avec plaisir la continuation de Putile travail de M. Bechsiein , sur l'important ouvrage du C. Lacépède. Nous avons annoncé pré- cédemment les deux premiers volumes de cette tra- duction. Ce troisième joint , comme les autres, au mérite d’une traduction bien faite celui de contenir des observations et des additions importantes ; telles sont surtout les additions bibliographiques dont M. Bechstein a enrichi chaque article, et dans lesquelles il donne en même temps la synonymie. Le troisième volume de la traduction que nous annonçons contient les 239 premières pages du volume des serpens, de l'édition originale in-4.° Le reste de ce volume for- mera sans doute le quatrième de la traduction. Ou- tre les additions bibliographiques dont nous avons parlé, et qui augmentent beaucoup lutilité de l’ou- vrage , M. Bechstein a intercallé à leur place un nomibre considérable d’especes qui manquent dans : Voriginal. Les gravures, au nombre de 30 pour ce volume (1), sont faités avec soin,'et très-souvent coloriées. | ENcErHALO-CRANIOSCOPIE. DARSTELLUNGE der neuen auf Untersuchungen der Verrichtungen des Gehirns gegründeten Theorte der Physiognomik des Hn. Dr. Gall in Wien. Zweyte sehr vermehrte Auflage mit einem Kupfer. C'est-à-dire, Exposition de la nouvelle Théorie de physiognomie basée sur l'examen des fonctions du cerveau ; par M. le docteur Gall, à Vienne. Seconde édition très-augmentée , avec une grayure. (x) On y trouve éncore deux gravures qui appartiennent au volume précédent. 266 Livres divers, Weimar, au comptoir d’industie. 18o1. In - 8.° de 70 pages. M. Froriep, professeur de médecine à l’université de Jena, avoit inséré dans le Journal des sciences na- turelles, rédigé par M. Voigt, un mémoire sur Le sys- tème du Dr. Gall, dont il avoit écouté une suite de leçons dans lesquelles ce physicien avoit développé ses idées. Comme à l’époque où ce mémoire fut im- primé, M. Froriep, sur la prière de, plusieurs de ses auditeurs, leur avoit donné d’abord dans ses leçons, d'ostéologie, et par la suite dans quelques lecons particulières, un aperçu rapide de ce#même systèmet; on fit tirer séparément le mémoire en question. La vente rapide qui s’en fit, engagea M. Froriep à le faire réimprimer avec quelques additions, Nous venons de publier dans ce jour- nal (1) un mémoire de M: BosaNus, qui, pendant son séjour à Vienne, suivit aussi les démonstrations du Dr. Gall. M. Bojanus n’avoit pas vu le mémoire de M. Froriep quand il composa le sien ; nous le lui avons communiqué depuis, et ilest résulté de læ comparaison des deux mémoires que M. Bojanus indique quelques organes de plus que M. Froriep, et qu’au surplus, sur son dessin dont la dimension est plus grande, il a aussi déterminé l’espace qu’oc- cupe chaque organe et ses limites, tandis que M. Froriep ne les indique que par un numéro placé sur Ja figure du crâne. Au reste, comme M. Froriep J’observe dâns une lettre insérée dans le Mercure allemand, ni lui ni M. Bojatius ne peuvent avoir eu l'intention de développer complétement le sys- tome de Gall; leur but étoit d’en donner un aperçu. L'ensemble ne doit et ne peut être développé que par Gall lui-même, dans un grand ouvrage auquel il travaille depuis longtemps et qui, sans les scru- pules de la censure de Vienne, auroit déja vu le jour, L ' : (1) Année VIII, t. 1, p. 445 - 472. hi) NL RS PES Livres divers. 207 EC ON OMR) 8 0)C IA LE. HARMONIE hydro-végélale et météorologique , ou Recherches sur les moyens de recréer, avec nos forêts ; la force des températures et la régularité des saisons , par des plantations raisonnées, dédiée au premier consul; par RAUCH , iwgénieur des ponts et chaussées. 2 vol. in -8.° broch. Chez Le- vraut , frères, libraires, quai Malaguais. Prix, 9 fr., et 11 fr. 25 cent. francs de port. 1802. T’assemblée nationale de 1702, fidelle au plan qu’avoit déja adopté la constituante, agita la ques- tion de Paliénation des forêts au moment où la na- tion souveraine s’en étoit emparée et les dévastoit. Le C. Rauch s’empressa d’adresser au président des réflexions sur cette matière importante, et principa’ Jement sous le rapport intime que les forêts ont avec l’économie animale, et leur influence visible sur l'hâtmonie des élémens. Ce sont les premières idées qu’il s’est occupé à développer, et qui oft produit les deux volumes qu’il publie; elles sont établies sur des recherches , sur des observations, sur des expé- rieuces qui en prouvent la solidité, et qui, daus plu- sieurs chapitres, parviennent jusqu’à la démonstra- tion. Cet ouvrage, vraiment patriotique, mérite de fixer | avec des modifications, l’attention du gouver- nement sur l'aménagement des forêts, sur Ja plan- tation des arbres, soit d'utilité, soit d’agrément, des grandes routes et desschemins vicinaux; sur la pêche, sur la chasse, sur les étangs, sur les canaux mavigables, sur les*pépinières. L'auteur, rempli de son objet, se livre à l’exagération, lorsqu'il veut que les plantations soient multipliées de manière, qu’on pourroit craindre que la France ne fût, dans trente ans, plus couverté d'arbres et de bois qu’elle l’étoit lorsque les enfans de Benoit et de Bernard se char- gerent de la fertiliser, en défrichant ses vastes fo- réts, en desséchant ses immenses marais, en assé- 268 Livres divers. nissant sa température. L'auteur prétend que les vents de l’ouest qui regnent presque toute l’année en France, nous viennent de sa position géographi- que, dont la face occidentale est vis-à-vis du grand continent de l'Amérique, et par conséquent de deux mille lieues de mer. « Les innombrables nuages qui « s'élèvent de ce vaste réservoir produisent des vents « d'autant plus impétueux , qu'après avoir charrié « et accumulé sans obstacle ces énormes masses « aqueuses, et trouvant nos bassins ouverts par le « déboissement des montagnes qui, autrefois, les « protégeoient, ils se déchaînent en tous sens avec « une fureur si orageuse, qu’annuellement et dans « tous nos départemens ils causent les ravages les « plus désastreux. » C’est au déboissement de l'Asie et de l'Afrique, que l’auteur attribue la sécheresse et l’infertilité de ces parties du globe, autrefois st florissantes ; il menace l’Europe du même sort. « Si « les nouveaux déserts de l'Asie et de l'Afrique sont «“ aujourd’hui desséchés, brülés par un soleil inexo- « rable, cehx qui se formeront successivement en « Europe seront au contraire desséchés et glacés par « le départ des bois, des eaux, de la population et «“ de la chaleur de la terre. » Pour prévenir cette catastrophe, le C. Rauch propose de couvrir promp- tement les sommités de nos trois mille lieues de chaines de montagnes, d'arbres convenables au sol et à la température, comme le cèdre, le mélèze, Je cyprès, le pin , le sapin, qui arréteroïent et mo- difieroient les vents les plus violens et les plus éle- vés. Le chapitre quatrième est destiné à nous faire connoître les qualités, Putilité et les vertus même des arbres qu'il propose d’employer à cette grande régénération. Les plantations des grandes routes sont un agré- ment, une richesse et une ressource; plusieurs en étoient ornées; elles ont souffert par le défaut d’en- tretien et de remplacement, ou ont disparu par les suites du système destructeur. Vingt millions de pieds d'arbres qui équivalent à une forêt de cent Livres divers. 269 — mille arpens ou de cinq cents hectares par dépar- tement, restent à planter le long de leurs bords. Le tilleul , le marronier, l'orme, le saule , le noyer, Île peuplier, le mürier, semblent devoir étre pré- férés ; ce sont les arbres fruitiers qui sont destinés aux communications rurales, et à couvrir la nudité de nos campagnes. Ici l’auteur regrette fort que ce soit aux dépens de tant d’Africains, qu'un fragile roseau soit devenu nécessaire à notre existence; il croit qu’on pourroit trouver dans l’érable et le bou- leau , dans la carotte, le turneps, la betterave, dans nos fruits sucriers , comme les poiriers, les pommiers, les pruniers, etc., un remplacement moins inhu- main et aussi abondant. Il n’a donc pas réfléchi jus- qu’où s'élève en France ‘la consommation d’une denrée que les produits de la totalité de son sol ne Pourroit remplacer, fut-il couvert des arbres et des plantes qui devoient la suppléer. On franchit tou- jours ornée du possible, lorsqu’on veut soumettre toutes les vraisemblances à ses systemes , qui ne sont plus alors que des chimères. ° L Le C. Rauch a une telle passion pour les arbres, qu'il s'élève avec humeur contre les progrès de la culture, « Le, laboureur aveugle, dit-il, qui s’ima- « gine remplir les vues de la nature, en étendant Mu ses funestes défrichemens pour élever ses #10n0- « ones sillons sur les ruines des fructrifiantes foréts « qui, sur le même espace, ont su faire vivre dans « lenchantement du bonheur , cent fois plus d’êtres , “ détruit, au contraire, de jour en jour davantage; «“ il ne voit point que les récoltes de son blé seu, « si peu de chose dans la balance de nos besoins et « des autres produits de la nature, seront d’autant «“ plus sabordonnées aux désordres des élemens, qu’il « en multipliera les causes. » Entraîné par son pen- chant irrésistible , il veut que les monumens Aéroë- gues , les monumens religieux, les églises, les tom- beaux soient entourés d'arbres odoriférans , ‘qui y répandroient cette majesté religieuse qui fait micux gcutir là présence du père des mortels. 11 couvre 270 Livres divers. vingt millions d’arpens de friches, de bruyères et de landes , de quatre cent quatre - vingts millions d’arbres de toute espèce; il environne nos étangs de trente millions d’arbres précoces. Cinq cent mille lieues de ruisseaux qui se cherchent et s'unissent par mille cadences agréables, seront décorés par neuf millions six cent mille arpens de forêts d'ormes , de peupliers, de marsaults, de trembles, de saules et d’osiers , destinées à rappeler dans leur sein, les amours , les plaisirs et la fécondité. Ce n’est pas tout ; « douze mille lieues de fleuves « et de rivières viviñés reprenant leur original et « brillant vêtement dans deux cent millions d’arbres « qui, däns leur ascension graduée, proclameront « Jeur grandeur et leur caractere d'utilité; rehaussés s au lointain de huit cent mille lieues de lizières de «“ prés plantés en colonnades, par trois millions deux “ cent mille arpens d'arbres variés dans leur port, « leurs fleurs , leurs fruits, leurs feuillages et leurs « ombres , avoisinés. d'anciens marais métamorpho- « sés en forêts productives et odoriférantes......:3 « enfin soixante mille écoles végétales (c’est-à-dire « pépinières }, destinées à étendre , à généraliser la « perfection du premier, du plus utile des arts, à: « peupler, à couvrir la France‘de charmes, de ma- « jesté et de riches trésors. » ; Nous avons transcrit ce paragraphe de l’ouvrage , soit pour faire connoître: toute l’etendue du système de végétation de l’auteur, soit pour donner une idée de son style; par l’une , on voit la France devenue dans peu d’années une forêt impénétrable ; par l’au- tre, on ne peut douter que le séjour qu’il a fait ; par état , dans les diverses parties de la France, et celui de Ja haute Lorraine, où il est fixé ,:ne lui aient fait adopter, sans s’en apercevoir, des façons, de s'exprimer qui s'éloignent plus où moins de dla pureté de notre langue ; on pent dire même que son: style n’est pas exempt de néologisme, Au restericeti auteur craignant que le lecteur ne fût rebuté para stérilité de ses immenses calculs, a cru devoir em- Livres divers. 271 ployer une' manière poétique de rendre ses idées, qui fait de chaque chapitre autant de chants d’un oème, La fable, l'histoire, l’érudition sont em- ployées à embellir ces deux volumes, sans compter une immense profusion d’épithètes souvent déplacées ou inutiles. La publication d’un pareil ouvrage est louable pout le fond, tout exagéré qu'il est; mais le mode d’exécution ne l’est pas. A. J. D. B. DérEnNsz des considérations sur le célibat, relati- vement à la population , aux mœurs et à la poli- ‘tique ; par PONCET DE LA GRAVE, en réponse à la critique du Célibataire anonyme , insérée dans le journal de Paris, du 24 brumaire an 10, N° LIF, pag. 350 et 321. Paris, Moutardier, im- primeur - libraire, quai des Augustins, n° 28. An 10. 1802. C’est en vain que le C. Poncet de la Grave ré- ondra aux critiques faites de son ouvrage sur le célibat. Les cocses jaunes dont il veut affubler les célibataires ; la privation d’une partie de leurs biens qu'il conseille de leur faire essuyer, mais sur- tout la proposition singulière de noyer ious ceux qui persisteroient dans leur résolution , doivent empêcher de lui répondre sérieusement. Nous renverrons le lecteur à l’article sur son ouvrage, inséré précédem- ment dans le Magasin encyclopédique. ‘T. D. . SUPPLÉMENT au Mémoire de la libre navigation due Rhin : contenant quelques observations sur le mé- motre imprimé par ordre du comité consultatif du commerce de Slrasbourg , et intitulé : De la Navi- gation du Rhin; par P. F. PARAVET , négociant à Coblentz. In-8.° de 32 pages. Prix, 40 cent., franc de port, 5o cent. Coblentz.— Paris, Charles Pougens ; quai Voltaire, n.° 10. 272 Livres divers. É S a RENDU: CHA TALONS BrBLIOTHÉQUE géographique et instructive des jeunes gens, ou Recueil de voyages intéressans , dans toutes les parties du rnonde , pour l'instruction et l'amusement de la jeunesse; par CAMPE , traduit _* de l'allemand, et orné de cartes et de figures. 2 vol. in-18. Chez J. E. Gabriel Dufour , libraire, rue de Tournon, n.° 1126 ; et à Amsterdam, chez le mêrve, La génération qui commence doit valoir mieux que celle qui l’a précédée, si elle sait profiter de tous les moyens d'instruction qu’on lui prodigue. On voit paroître tous les jours des ouvrages uniquement destinés à l’initier dans toutes les sciences, à favo- riser toutes les dispositions, abrégés, essuis , élé- mens , Introductions, nolions élémentaires, etc. ; tout est dirigé vers ce but; et ce sera un reproche à faire aux instituteurs , une gran uégligence de la part des élèves, s’ils n’emploient pas, les uns et les autres, les provisions qu’on accumule autour d’eux, les facilités qu'on leur offre. Berquin, Jauffret, M." de Genlis, en France ; Campe, en Allemagne, se sont occupés à mettre à la portée des jeunes gens lee premières instructions qui conviennent à leur âge. Ce dernier a, pour ainsi dire , rempli la tâche qu’il s’étoit imposée , en abrégeant pour eux les voyages les plus connus et les plus véridiques, en suppri= mant les détails cela et en semant sa nar- ration de réflexions, tantôt religieuses et morales, tantôt instructives et enjouées. L'auteur allemand, voulant éloigner ses enfans de toute lecture futile et quelquefois dangereuse, comme celle des romans, a imaginé ce recueil de voyages qu’on se propose de publier successivement , en en faisant paroître deux volumes tous les deux mois, ce qui formera douze volumes par an. On le publiera par souscription, pour le prix de 18 francs , payables par sixièmes à chaque Livres divers. 273 chaque livraison, ou seulement 15 francs en payant la totalité avec la première livraison. Le port , pour les départemens, est de 4 francs. Les deux premiers volumes contiennent le Foyage au Spitsberg et à la Nouvelle-Zemble, par les Hol- landais; les Aventures surprenantes de quatre mate- lots russes sur les côtes de Spützberg , le Voyage de Vasco de Gama aux Indes orientales ; celui de Bou- tekou, hollandois , aux mêmes indes, et le malheu- reux voyage de M."° Godin de Riobamba, près de Quito, au Perou, jusqu’à Cayenne, à travers le pays et sur le fleuve des Amazones. Ces abrégés, écrits d’un style simple, tel qu’il convenoit à l’instruction des jeunes élèves à qui ils étoient destinés, sont ac- compagnés de cartes, sans lesquelles ces récits au- roient été sans intérêt, et en général l’étude de la géographie sans succès. u On doit savoir gré au traducteur du projet qu’il a eu de faire connoître, en France, un recutil qui est estimé en Allemagne. Br ONG R'A PH TIE. VIiTAM Johannis HERMANN scripsit Thomas LAUTH.Argentorait, typis fratrum Levrault. An x. 1802. In-8,° de 64 pages. La mémoire d’Hermann est trop chère à tous ceux qui cultivent l’intéressante science, dite de préfé- rence celle de lanature, pour que nous puissions passer sous silence l’esquisse de la vie de ce savant distin- gué, que le C. Lauth, professeur d'anatomie à l’u- niversité de Strasbourg, vient de présenter au public. Nous nous empressons d’en communiquer à nos lec- teurs l'extrait suivant : Jean Hermann naquit le dernier jour de l’an 1738, dans le bourg de Barr , à six lieues de Strasbourg, au pied des Vosges. Son père, ministre protestant au même lieu, employa ses loisirs à des expériences de physique , et excita dans l'ame d’Hérmann, dès son Tome II, 274 Livres divers: enfance, une passion ardente pour l’élude des sciences naturelles. Hermann, après avoir fait les progrès les plus signalés, tant dans le gymnase que dans les cours des professeurs de l’université de Strasbourg , dans l’artoratoire, dans la science des langues ke l’histoire , des antiquités, de la philosophie, des mathématiques et de la physique, progres attestés par différens écrits et les dissertations qu’il a fait suc- cessivement paroître, entra dans la carrière de la médecine , à laquelle il s’étoit proposé de se vouer particulièrement. En 1763 , il fat créé docteur en médecine. À cette époque, il entreprit son voyage à Paris. Il employa son séjour dans la capitale à se concilier amitié des savans les plus distingués d'alors, à étendre le domaine de ses connoissances, et à enrichir son ca- binet d’histoire naturelle. A l’âge de 26 ans, Hermann donna le premier de ses cours d'histoire naturelle , dont une chaine non- interrompue se prolongea jusqu’au moment de sa mort : en même temps il enseigna différentes bran- ches de la médecine. En 1768, l’université de Stras- bourg le nomma professeur extraordinaire de méde- cine. Dix ans après, on lui accorda la chaire philo- sophique. En 1782, on lui confia l’enseignement de la ‘pathologie ; mais après la mort de Spielmavon, survenue en 17684, il fut nommé gen successeur pour la botanique, la chymie et la matière médicale. A plusieurs reprises, des universités d'Allemagne offrirent à Hermann des chaires lucratives ; il s’y re- fusoit constamment ; il étoit trop sincerement atta- ché à sa patrie. ÉA En l’an 3, à l'ouverture des trois écoles spéciales de médecine, Hermann fut nommé professeur de bofanique et de matière médicale auprès de celle de Strasbourg; et, en l’an 4; professeur d’histoire na- turelle à l’école centrale du département du Bas- Rhin. Le mérite d’Hermann fut apprécié, tant au sein de sa patrie qu’au dehors, Les sociétés littéraires les Livres divers, 275 plus célèbres s’empressoient de porter son nom sur la liste de leurs membres; nous n’en citons que la Société royale de Suède; celle de physique, à Ber- lin ; celle de Linné, à Londres; la Société miné- ralogique, à Léna; la Société d'histoire naturelle, à Paris ; l’Institut national de France. Parmi le grand nombre de ses correspondans , M. Lauth cite, entre autres, Buffon, Cuvier, Albert, Fortis, Hauy, La- cépede, Millin, La Peyrouse, Bloch, Zimmermann, Esper, Schreber, Beckmann, Leske, Humboldt, etc. Une maladie de poitrine termina la vie d’'Her- mann, le 12 vendémiaire an 1x. Sa mort fut.digne d’un sage qui avoit consacré ses jours à l'étude de la nature, Hermann, pendant le cours de sa vie, toujours active , toujours utile, a formé un grand nombre d'élèves; on lui doit un des plus beaux cabinets d’histoire naturelle , auquel il a généreusement sa- “ crifié la plus grande partie de sa fortune ; et, sans avoir publié un ouvrage étendu sur l’ensemble de sa science, il sut l’enrichir par des découvertes in- téressantes, par des observations neuves et judi- cieuses qui sont consignées dans ses nombreuses dis- sertations, dans des journaux littéraires et dans des ouvrages d’autres auteurs. La mort d'Hermann enleva à la fois, à la répu- blique des lettres et à l’état, un citoyen précieux. STOEBER. ANTIQUITÉS. Cuorx de Costumes civils et militaires des peuples de l'antiquité, leurs instrumens de musique, leurs meubles , et les décorations intérieures de leurs maisons , d’après les monumens antiques , avee un texte tiré des anciens auteurs, dessiné, gravé et rédigé par N. X, WTLLEMIN. Onzième li- raison. Il paroît , tous les deux mois, une livraison de six planches , imprimées sur papier grand- raisin 2 Q > 2 276 Livres divers. vélin de Buges, caractère de Didot , dont le prix est de 9 fr. Il en a été tiré un petit nombre d’exem- plaires avant la lettre, sur papier grand-lys superfin vélin. Cet ouvrage, petit in-fol. , composé de 150 planches environ , est divisé en trois parties. Il traite des habitans de l'Afrique, de l’Asie et de l'Europe , en commencant par les Ægyptiens et finissant par les François. On souscrit, à Paris, chez l’auteur, seul propriétaire de l’ouvrage, au Musée des monumens francois, rue des Petits-Au- gustins, faubourg Saint-Germain. . Cette onzième livraison contient des armures an- tiques , telles qu’une épée , des cnémides, différens casques avec leurs ornemens, des chars, des bou- cliers , quelques agrafes, etc. DrssERTATION sur le Vase d’or trouvé à Rennes, Le 26 mars 1774, lue à l’Institut national, classe de littérature et beaux-arts, en ses séances des 13, 18 et 25 fructidor an 1X ; par A. L. COINTREAU , auteur de l’Histoire du cabinet des médailles. 1n- 4.° de 70 pages avec deux planches. Prix, 3 fr.; franc de port , 3 fr. 5o cent. Paris, Charles Pou- gens, quai Voltaire, n.° 10. | B'er v Ets LETTRES. PRINCIPES généraux des bèlles-lettres ; par Louis DoMAIRON , ancien professeur de belles-lettres à l’école militaire. Nouvelle édition, revue ; corrigée et considérablement augmentée, 3 vol. in-r2. Prix, fr. o cent, et 10 fr. franc de port. À Paris, chez Moutardier , imprimeur- libraire, quai des Augustins, n.° 28. Ce sont encore ici trois volumes pour linstruction de la jeunesse. Ils contiénnent une grammaire et une rhétorique, dont Restaut, Waiïlly, Rollin, Le Batteux, Marmontel, ont fourni les matériaux. Le Livres divers. 247 professeur y a ajouté des exemples bien choisis, des observations utiles à ceux à qui elles sont adressées, et une notice plus ou moins longue sur les célebres écrivains qu'il a cités. Il y a de l’ordre, de la mé- thode dans la division de ces instructions classiques ; l’auteur n’a point négligé d’y joindre des notes his- loriques , mythologiques, géographiques, qui con- courent à l’enseignement de ses éleves. Plusieurs instituteurs s’étoient servi avec succès de la première édition de cet ouvrage ; ce qui a engagé l’auteur à le perfectionner, et à publier cette seconde édition, augmentée d’un troisieme volume. ' e MANN TL, ROUE DUR E VOIRIT'E NN T'A LE. ASTATISCOUES Magazin. Verfusst von einer Ge- sellschaft Gelehrien und heruuwsgegeben , von Ju- lius KLAProrH. C'est-à-dire, M4GASIN asiatique , rédigé par une société de :avans, et publié par Jules KLAPROTH. Première année ; premier cahier. Her au Comptoir d'industrie. 1802. 100 pag, in-8.° L’Asie, le berceau du genre humain, offre un mélange étonnant de nations et de langues diverses, dont l’étude présente insensiblement à l’observateur attentif des résultats importans ; et, d’un autre côté, les relatrons commerciales de quelques nations de l'Europe avec cette partie du globe, contribuent à nous Ja faire mieux connoître de jour en jour. De notre temps, des événemens de différente nature ont fait porter sur les peuples de l'Asie attention par- ! ticulière du public. Un journal, de la nature de celui que nous annoncons, ne peut pas manquer d’intéresser une classe assez nombreuse de lecteurs ; et la forme d’un journal paroit en effet le moyen le plus convenable de populariser , pour ainsi dire, la connoissance de ces contrées et des nations éloignées. « La poésie , la mythologie ; larchæologie ; la phi- « losophie, la philologie , l'histoire, la géographie ; S 3 278 Livres divers. « l’histoire naturelle (dit M. Klaproth, dans l’in- « troduction), seront les principaux objets de nos « travaux. Nous donnerons aussi à nos lecteurs des : « détails et des observations sur le caractere, les « mœurs et les usages des peuples de l’Asie. Nous « espérons ne pas nous borner à ce qui est connu « déja, mais donner des détails nouveaux et inconnus « ju$qu’à présent. « Les sources dans lesquelles nous puisons nos « connoissances sur l’Asie sont, ou les monumens « Jittéraires, ou écrits des peuples qui habitent « l'Asie, ou bien, à leur défaut, des récits des « Voyageurs. . « L'étude des langues orientales, qui n’a con- « stamment trouvé qu’un petit rombre d'amateurs, « a été cultivée par eux sous des rapports trop bor- « nés; il en est résulté qu’on est bien loin d’avoir « retiré des ouvrages des Orientaux tout le fruit qu’ils « auroient pu nous présenter. La langue arabe à été : « cultivée plus que les autres langues de POrient, « mais presque uniquement par de savans théolo- «“ giens , et sous Je rapport de la critique et de lin- « terprétation de la bible, Ce ne fut que dans les “ temps modernes qu'on vit aussi d’autres savans + cultiver cette langne sous des rapports d’une uti- « té plus étendue. » De nos jours, les relations des Européens avec la Perse, ont aussi engagé à l’étude de la langue de ce pays. M. Klaproth fait à cette occasion un eloge mérité des travaux de sir William Jones, qui, non- seulement par ses ouvrages, mais aussi par la fon- dation de la Société de Calcutta, a fait connoître aux Européens la littérature persanne , et leur en a facilité lPétude. Les autres langues de l’Orient ont été jusqu’à présent moins connues chez nous , que celles dont nous venons de parler; mais il est à présumer que plus les relations de l’Europe, suftout de PAngie- terre avec l’Asie s’étendront, plus elles deviendron£ j'objet de l’étude des Européens. Livres divers. ” 270 Les mémoires que contiendra le Magasin asiatique seront, ou des extraits et des traductions d’auteurs arabes, persans, turcs et chinois, ou bien des ou- vrages originaux des collaborateurs, ainsi que des traductions et des extraits d’ouvrages importans et précieux qui paroîtront sur l’Asie. A Un des plus importans articles de ce premier cahier est le II.° : sur les parties de l’Asie du milieu , au-delà du Mus-Tag (Ymaus ), antant qu’elles étoient connues des anciens, L'intérêt de cet article est aug- menté par la petite carte, comprenant depuis le 135° — 180° de latitude, qui s’y trouve jointe, et sur laquelle on peut suivre les recherches de lau- teur, dont le but est de réconcilier les notions que Ptolémée nous donne sur ces contrées, avec celles que nous ont fourni les voyageurs modernes. Les soins que M. Bertuch met à enrichir cet ouvrage de tout ce qui peut contribuer à le rendre plus utile, mérite des doses (x). Son établissement, connu d’une manière avanta- geuse , sous Île nom de Comptoir d'Industrie de Heimar ( qu'il ne faut pas confondre avec d’autres comptoirs d'industrie établis dans d’autres villes, depuis l'existence du sien), est en état, plus que beaucoup d’autres, de donner aux ouvrages qu’il publie ce degré de perfection, en y joignant les gravures, les cartes géographiques et les airs de musique qui peuvent servir à l’explication du sujet. C’est ainsi que , dans ce premier cahier , à occasion d’une lettre sur la musique des Chinois, par un Da- nois, qui à fait quelque séjour à la Chine, on trouve la musique gravée d’un air chinois. Un autre mémoire intéressant de ce premier cahier G) Nous avons déja eu occasion de rendre justice au zèle éclairé que M. Bertuch montre pour le progrès des sciences utiles, en rendant compte de son Prospectus des Tables générales d'Histoire naturelle (Mag. Encyel. Année VI,t. I, p.72). Nous aurons occasion de reveni. incessamment sur ce sujet, dans ce journal, à l’occasion de quelque ; autres ouvrages publiés aux frais et par les soins de M. Bertuch. S 4 280 Livres divers. du Magasin asiatique contient un abrégé des recher- ches du C. LANGLÈS, sur les notices que les auteurs indigènes, c’est-à-dire arabes et persans, donnent sur Persépolis ou Istachar. Ces recherches du C. Langlès se trouvent dans son élégante collection de Voyages dans l'Orient , dont la continuation est généralement desirée. Le cinquième mémoire donne l'explication de l'inscription cufique de lonyx, que le fameux im- posteur littéraire , P'Abate Fela, avoit persuadé au roi de Naples être, l’anneau de nôce de Roger , fon- dateur du royaume de Naples, et pour lequel le roi avoit pris depuis ce temps tant de prédilection qu’il ne le quittoit jamais. Le frontispice de ce premier cahier est orné d’une copie de l'inscription de cet onyx , faite avec soin, d’après la gravure que M. HAGER en avoit publiée dans sa Relation d'une in- signe imposiure littéraire, etc. (Erlangen, 1799, in-4°), dont le C. Silvestre de Sacy a donné une analyse dans ce journal (1). Dans cet ouvrage, M. Hager s’étoit contenté de pubiier linscription, en déclarant qu’elle ne contenoit rien de ce que l'Abate Vela prétendoit y trouver; au reste, il n’entra dans aucun détail sur l'explication méme de cette inserip- tion. Depuis ce temps, le journal de Berlin f Berli- nische Monatschrift ) avoit publié uue explication de cette pierre ; et M. le professeur ADLER en donna une seconde dans les Orzental Collections de M Ou- sELEY ( vol. IT, p. 425). L’exactitude de cette der- nière est garantie , et par le nom de ce célèbre orientaliste, et par la forme extérieure et la rime de l'inscription; c’est celle que l'éditeur du Magasin asiatique communique à ses lecteurs. Voici comment M. Adler lit cette inscription : Jesir elhek man akkader ® Kol min vai fela gader. Ce qu'il traduit par : « La verité et la justice vien- (2) Voy. Magasin Encycl, Annèe V, t. VI, p. 5304 - Livres divers. 287 « nent de Dieu. Celui qui observe cela est sûr de u 716 pas se {TOmmpeT. » Le VL.° article de ce premier cahier contient un fragment d’une comédie, ou plutôt d’une parade on farce chinoise, intitulée le Pu-Käng, ou le Racom- modeur de pots, dont une Tan, ou demoiselle , a fort besoin pour racommoder son petit pot endom- magé. Dans la Chine, il y a un grand nombre de ces raccommodeurs ambulans de vases de porce- laine , qui (à peu près comme ceux qu’on voit faire le même métier à Paris) savent percer les vases de porcelaine endommagés de petits trous très-fins, dans lesquels ils passent du fil d’archal, bien mince. Te numéro est terminé par des sentences tirées de différens auteurs orientaux. Il est à desirer que ce recueil intéressant trouve de la part du publie Paccueil favorable qu’il mé- rite; et que, continué pendant un nombre consi- dérable d’années, il devienne ce que ce premier cahier promet, un magasin des richesses les plus exquises de ce que l'Orient nous offre de plus beau et de plus remarquable, W. MONUMENT de Yu, ou la plus ancienne Inscription de la Chine, suivie de trente-deux formes d'an- ciens caractères chinois , avec. quelques remarques sur cetie inscriplion et ces caractères ; par J. H4- GER. Prix, 26 fr. , cartonné. A Paris , chez Treuttel et riz. Impression de P. Didot l'ainé. M. Hager, en publiant à Londres, il y a un an, son introduction à l’étude des caractères chi- pois, sous ce titre : #1 explanation of the elemen- tary characters of the chinese, avoit cru devoir consacrer une grande partie de cette introduction à offrir une idée des élémens primitifs qui ont donné vaissance aux caractères chinois, et des diverses formes sous lesquelles ces earactères ont paru à dif- férentes époques. Parmi ces anciens systèmes d’écri- 282 Livres divers ture, dont plusieurs ne sont peut-être dus qu’à l'imagination des antiquaires chinois, il en est dont la certitude repose, si nous en croyons les mission- naires européens, sur des monumens authentiques. Du nombre de ces monumens est l'inscription de Yu, destinée , suivant la tradition du pays, à con- server et transmettre à la postérité le souvenir des services rendus sous le règne de l’empereur Yao, par son ministre Yu, qui devint ensuite lui-même le fondateur d’une nouvelle dynastie , celle des Hia, plus de deux mille deux cents ans avant J. C. Ce fut Yu qui ouvrit un libre cours aux eaux de plu- sieurs fleuves, et surtout à celles du Hoang-ho, ou rivière jaune qui, auparavant, inondoient la plus grande partie des terres, et menacoient la Chine d’une submersion totale. Pour éterniser la reconnois- sance due à de si grands bienfaits, dont Yu lui- même a, dit-on, conservé le souvenir dans un cha- pitre particulier du Chou- King, une inscription fut gravée sur une montagne peu éloignée des sour- ces du Hoang-lro, et qui avoit été témoin des tra- vaux de Yu. Cette inscription , dont l’original existe à Sigan- Fou, et placée à la tête de tous les monumens an- ciens réunis dans cette ville, n’avoit point encore été publiée. M. Hager , l'ayant trouvée dans un ouvrage imprimé au Japon, l’a fait graver, et l’a dounée dans son introduction aux caractères chi- nois. Îl pouvoit rester des doutes sur l’exactitude de cette copie ; et d’ailleurs ce monument, dont les caracteres n'ont point d’analogie avec les au- tres caractères chinois connus , seroit devenu une énigme impénétrable aux Européens même les plus familiarisés avec la littérature chinoise. C’est au P. Amiot, à qui cette littérature a déja tant d'obligations, que le public doit et la copie du monument , tel qu’il existe aujourd’hui, et le développement des caracteres qui le composent ; et, ce qui est encore plus important, la valeur de ces mêmes caractères, traduits par des antiquaires chi- à” Livres divers. 283 nois en caractères modernes, et expliqués en fran- cois par ce savant missionnaire. M. Hager, en fai- sant jouir le public de ce trésor ; partagera, à juste titre , la reconnoissance due au P. Amiot. 11 peut, ilest vrai, s'élever des doutes sur la valeur assignée aux caractères de cette inscription , par des antiquaires qui semblent n'avoir eu pour les expliquer, d’autres secours que l’histoire même de Yu; et d’autant plus que cette histoire elle- même, comme l’a fait voir M. de Guignes dans un mémoire inséré dans le recueil de l’Académie des belles - lettres, est loin de ne donner aucune prise à la critique. Mais il suffit que ce monument passe parmi les Chinois pour le plus ancien titre écrit de leur histoire, pour que l’on mette un in- térét réel à le connoître, et qu’on recoive avec em- pressement tout ce qui peut fournir des moyens de l'apprécier. Afin que l’on puisse comparer les caracteres du monument de Yu avec les autres systèmes de ca- ractères anciens qui ont êté eu usage à la Chine, M. Hager y a joint, 1.° d'anciens caractères attri- bués pareillement à Vu, et gravés sur des pierres antiques que l’on conserve au collége impérial de Pékin; 2.° un specimen des trente-deux sortes d’écri- tures chinoises, dans lesquelles a été publié, par ordre de l’empereur Kien- Long, son poeme sur Moukden, et sur lesquelles on peut consulter le traité sur l’origine des différentes sortes de caractères chinois, qui se trouve à la suite de l'éloge de là ville de Moukden, traduit par le père Amiot, et publié par M. de Guignes, en 1780; 3.° divers vases tirés d'ouvrages publiés à la Chine. Tous ces morceaux curieux sont tirés des trésors de la Bibliothéque nationale, qui possède en ce genre des richesses qu’on chercheroit en vain dans les autres dépôts littéraires de l'Europe. L’exécution de ce recueil précieux ne laisse rien à desirer. C’est dans des ouvrages de la nature de celui-ci qu'il est permis de déployer tout le luxe de la typographie, 284 Livres divers. et de faire usage de toutes les ressources de l’art» parce qu'ils sont naturellement destinés à l’orne- ment des bibliothéques , plutôt qu’à l’instruction d’une classe nombreuse de lecteurs. Sans doute toutes les grandes bibliothéques s’empresseront d’ac- quérir celui-ci ; et les amateurs, qui le regarderont comme un oruement précieux de leurs cabinets, sauront gré aux éditeurs d’avoir secondé les vues de M. Hager, et de n’avoir rien épargné pour la beauté et l’exactitude de l’exécution. P'OPÉNSETUE: EPITRE au premier Consul ; par A. G. LETOURNEUR, À Paris, chez Obré , libraire , rue Mignon, n° 1, quartier de l’Odéon, et chéz les marchands de nouveautés. An X. 1802. in-8.° de 18 pages, 75 centimes. La BouCLE de cheveux enlevée ,poème héroï-comique, en cinq Chants ; par POPE : traduction en vers par E. T. M. OurRTr.{n-8.° de 64 pages. Prix, x fr. zo cent., franc de port, 1 fr. 5o cent. Paris, chez Charles Pougens, libraire, quai Voltaire , p.° 10. Une aventure de société donna naissance à ce joli poème. Milord Peter coupa un jour une boucle de cheveux à M."° Fermor, l’une des plus belles fem- mes de l’Angleterre. Ce badinage fut trouvé fort mauvais ; les deux familles se divisèrent. M. Cary£, ami de Pope , lui proposa de terminer cette dissen- tion par une pièce de vers qui, en flattant M.° Fermor, pût apaiser son ressentiment. Pope n’avoit alors que 23 ans; il fit Za Boucle de cheveux enle- vée , qui parut, pour la premiere fois, en 1711. Ce poeme n’étoit d’abord composé que de deux chants. L'auteur, encouragé par l’accueil que recut son ou- vrage, le publia , l’année suivante , en cinq chants, tel qu’il est aujourd’hui. Les sylphes et les gnômes, Livres divers. 285 qui y répandent tant d'agrément, produisirent cette augmentation, Pope le fit précéder d’une épitre dé- dicatoire tres-respectueuse à M.me de Fermor , qui n'eut pas de peine à oublier une ofense , source pour elle de l’hommage le plus flatteur que puisse recevoir une jolie femme. Marmontel avoit déja donné une traduction de ce charmant poème de Pope. L’auteur de la nouvelle traduction n’a pas cru que ce fût une raison pour lui de ne pas oser l’entreprendre, Cependant, quoiqu'il assure que Marmontel ait afloibli l’auteur en beau- coup d’endroits, qu’il en ait interverti le sens et rendu dans des vers lâches, des vers brillans, au moins Marmontel connoissoit les élémens de la poésie, son style étoit celui d’un écrivain exercé, Il n’auroit pas rempli son poème d’inversions , de constructions vicieuses , ses vers n’auroient point enjambé l’un sur l’autre , et il n’auroit pas laissé une faute aussi forte que celle-ci : : Treffles et cœurs, l’un sur l’autre entassés, Tombent vaincus ou furent dispersés. La sévérite du nouveau traducteur à l'égard de Marmontel, autorise la nôtre envers lui-même. Au reste , nous conviendrons aussi, qu’on trouve dans son poème quelques vers heureux, d’autres assez brillans, et qu’à quelques fautes près, sa poésie est agréable. T. D. RoMaANnNs. RosEzzA, ou les Effets des romans sur lesprit des femmes ; par M. "** 4 vol in-12 , figures. Prix " fr. 20 cent., et 9 fr. 75 cent. francs de port. Paris, l’an 1X. Chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins Saint-Jacques, hôtel Cluny. Ce roman, supposé traduit de l’anglais, n’est mal- heureusement pas assez rapproché de nos mœurs fran- r { . \ 286 Livres divers: , { çoises. Cependant le but en est utile, les situations sont bien choisies et bien amenées, et sous le rapport de la morale , il ne peut qu’étre utile aux jeunes per- sonnes, dans les mains desquelles on peut le mettre sans crainte, LD LA ROULETTE , ou Histoire d’un joueur ; nouvelle édition, t vol. in-12, x liv. 10 s. et 2 liv. franc de port. À Paris, chez Moutardier, libraire, quai des Augustins, n.° 26. , Les amateurs de la roulette trouveront dans cet ouvrage quelques détails qui pourront les intéresser entre autre l’histoire d’une martingale , qui, sans doute , aura beaucoup d’attraits pour eux; mais pour les amateurs de bons romans, ils ne trouveront dans celui-ci, ni morale , ni caractères, ni situations, ni style. T. D. MoN HABIT MoRDORÉ , ou Joseph et son maître ; par l'auteur du Voyuge de vingt-quatre heures , A. H. KERATRF , 2 vol. in-12. Prix, 3 fr. 60 cent., et 4 fr. 60 cent. francs de port par la poste. A Paris, chez Muradan, libraire , rue Pavée Saint-André-des-Arcs , n.° 16. L'auteur paroît avoir pris Sterne pour modèle. Son ouvrage n'offre ni plan, ni liaison, ni sujet déterminé, On pourroit presque l’appeler uu romex à tiroirs. C’est une galerie dans laquelle passent des portraits, en général bien tracés, mais dans lesquels l’auteur se laisse quelquefois emporter par trop d'originalité. Au milieu d’un grand nombre de redites et de répétitions oiseuses, on rencontre ce- pendant des pensées neuves et des tableaux tres- piquans. Le style annonce une plume exercée ; enfin, cet ouvrage peut être distingué de Ja foule ; mais je crois qu’on pourroit placer son auteur au quatrième rang, selon la classification qu’il établit lui - même ainsi: « Tout homme qui fait gémir la presse doit : Livres divers, 287 « être désigné par une ou plusieurs des dénomina- « tions suivantes : 1.° d’auteur par ennui; 2.° d’au- teur par famine ( on pourroit mettre dans cette «“ classe tous les auteurs de satyres et de pamflets) à 3.° d’auteur par force, 4.° d’auteur par caprice ; « 5.° d’auteur par contradiction ; et tous enfin d’au- teurs par amour-propre. » LD: 2 BAPAr IST TIONL A TRES: NourEAU Manuel épistolaire, francois et allemand, renfermant, 1.° les principales règles de l’art épis- tolaire; 2° des modèles de lettres sur les différens sujets qui se présentent dans la vie sociale; 3.° des lettres choisies de P/ine , de Cicéron, de M."*° de Maintenon et de M."° de Sévigné. À Paris, chez Amand Kœnig, quai des Augustins, n.° 18 ; Stras- bourg, même maison de commerce, rue du Dôme, n.° 26. An X. 1802. Francois et allemand. In- 12 de 435 pages. Les recueils dialogués sont utiles pour se rendre le langage d’un pays familier ; les recueils des lettres le sont pour se former au style et à ses usages. Ce- Jui-ci se distingue des autres recueils de ce genre, en ce qu’elles sont plus conformes au ton et aux mœurs du jour. B 'ELAUUIX = À R TIS: TRAITÉ élémentaire des règles du dessin ; par Bosro (élève de David) , peintre d'histoire et professeur de dessin à l’école de polytechnique. Seconde édition. 1 vol. in-12 avec beaucoup de figures. Prix, 1 liv. 16 s., et 2 liv. 5 s. franc de port. À Paris, chez Moutardier , imprimeur-libraire, quai des Augus- tins, n.° 28. Ce petit traité élémentaire ne peut qu’être très- utile aux Jeunes artistes. Le prompt débit de la pre- mière édition fait voir qu’il a trouvé l’accueil favo- rable qu’il méritoit. , 288 Livres divers. MÉLANGE:Ss. ARCHIVES générales du nord, C’est sous ce titre que paroîtra, le 18 janvier 1003, un journal rédigé par l’auteur du nord littéraire, physique, politique et moral ( le professeur Olivarius) qui s’engage à publier un cahier toutes les six se- maines, ou huit cahiers par an, moyennant le prix d'abonnement de 20 fr. pour le midi de PEurope, et de quatre écus, argent courant de Hambourg, pour le nord. Dans le dessein de remplir toute l’étendue du titre qu'il a adopté, le rédacteur mettra à contri- bution non-seulemént toute l'Allemagne , le Dan- nemarck , la Suede et l'empire de Russie, mais en- core la Hollande et la Grande-Bretagne. Le plan des Archives , ete., est le même que celui du Nord littéraire, ete., plan qui a obtenu le suffrage des littérateurs éclairés, comme: celui des simples amis des sciences et des arts. Le nouveau journal réuniras ainsi que le Nord littéraire , etc. , l’a tou- jours fait, au mérite de l’universalité des objets, celui d’une extrême exactitude dans les choses, et de la plus scrupuleuse impartialité dans les juge- mens. Un apercu général de la situation politique des différens pays du nord terminera chaque numéro. Cet ouvrage doit être considéré comme faisant suite au Nord littéraire, etc., qu'on continuera ré+ gulièrement jusqu’à ladite époque du premier jan- vier prochain, où il sera remplacé par Les Archives générales du nord. On peut s'abonner chez l’auteur , à Kiel, ainsi que chez les principaux libraires des grandes villes de l’Europe et de l'Amérique. Tuble des Articles contenus dans ce Numéro. LiTTÉRATURE GRECQUE. Panrxs. Traité d'Hippocrate des airs, des ! Insritut national. — Notice deé eaux et des lieux ; par le docteur Coray. 145 Vozracs. Fragmens d’un voyage en Afrique ‘ fait pendant lés années 1785 , 1786 et:1787 , dans les contrées occidentales de ce nom; par Sil- vain-Meinard-Xäxier Go/berry. 454 MÉLANGE:Ss. Letrres sur Constantinople, de M. l'abbé Sevin, au comte de Caylus, etc. elc.; le tout imprimé sur les ouvrages inédits, et revu par M. l'abbé Bourlet de Vauxcelles. 182 VARIÉTÉS, NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. NouveLLes ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Pétersbourg. 193 _Nouvelles de Stockholm. Zbrd. Nouvelles d'Angleterre. Jbrd. Nouvelles de Turin. _ 194 Nouvelles d'Espagne 395 Erances. Societé d'agriculture et de commer- - ce, formée à Caën. 197 Notice de deux corps conservés dans un caveau de l’église de Saint-Thomas à Strasbourg, et par occasion du ci-devant cou- vent de Saint-Nicolas-aux-Ondes, S* LL RS NDTO Societé d'agriculture de Séiné et … Oise. ; 3 215 Besancon. — Lettre du C. Coste au * C: Mülin, relative # un homme inkumé avec une armuré entière. Tbid, travaux de la classe de littérature et beaux -arts, pendant le troi- sième trimestre de l’an 10; par le G. Filler. 217 Musées des arts. 245 Arrivée d'objets d'arts à Lyon. 246 Objets de sculpture remis aux com- missaires du gouvernement. 247 Sur le Crocodile. Tbia. Bureau des longitudes. 250 Plantes atlantiques, recueillies et observées dans les 1les Madères, de l’Ascension , de Saint-Jago et de Sainte - Hélène; par George Forster. 250 BIOGRAPHIE. Mort du C. Francois-Xav. Bichat. 252 CoRsRESPONDANCE. Lettre du C. Thoré au C. Millir, sur le Traité général des pêches, par Duhamel. Ibid. TuÉATRES. Début de mademoiselle Duches- noïs. 253 Ee Billet de Logement, ox Ja Ren- contre. 254 Le Trésor supposé, ow le Danger d'écouter aux portes. Ibid. L'heureux Choix, 04 les Epoux dotés. 255 LIVRES DIVERS. Physiologie. Nouveaux Elémens de Physiologie, par Autbelme Richerand.. 267 Physique, Considérations sur uné loi remär: quable de l’altération de la çou- Antiquités. vie ; Choix de Costnmes civils et mills taires, ces péuples de l'antiquiré; par NX. Millemin.. , 275 Dissertation sur le Vase d’or trousë à Rennes le 26 mars 1774; 1 he le C. Coinreau. -276 Belles - Lettres. + 2 Principes généraux des belles - Jet tres; par le C. Domairon: Ibid. teur des eorps. Grganiques par Yinfluence de la lumiere; pu- bliées, au nom de la Société lin- néènne de Ltipsic, par Chrétien- Samuel #7/eiss (eu allem.). 261 k “Histoite naturelle. Elbmens d'histoire naturelle ; par le C. Afillin. 3e. édition. 208, Erpétologie. | Histoire naturelle des Amphibies et des Quadrupèdes ovipares . et des Serpeus; par M. Lacépède. a64 Encéphalo - Cranioscopie. Littérature. orientale: ” . Se a) Magasin asiatique, rédigé par une Sac de savans, dec Jules Xlaproth (en allem.}, 277 Monument de Yu; par le C:Ha- gr. | ‘28r - Poésie. Epitre ‘eu premier Consul ; par le Exposition de Ia nouvelle Théorie e physiognomie basée sur l'exa- men . fonctions du cerveau; ar M. le docteur Gai/ ( en al- md. 265 C. Lerourneur. a La Boucle de cheveux enleyte : par : Pope. Es Ibid: Romans. à: Economie sociale. Harmonie hyüro-végérale et mè- téorologique ; par le C. RaucA. ? ; 267 Défense des considérations sur le \ Célibat ; par le GC. Porces de la Grave. 271 Supplément au Mémoire de la libre navigation du Kbio;, par P. F. Féravey. Ibid. Education. Rosella, ou les Effets des romans | sur l'esprit des femmes. 285 La Roulette, ox Histoire : d'un joueur. : 286: Mon Habit mordoré, ou Pb à is et son maitre, par À. H: Xe TAFRY:): re Ibid, … Epistolaïres. , : + Nouveat Manuel épistolaire, fran: çois et allemand. ‘287 Beaux-Arts, Traité élémentaire des règles du dessin; par le C. Bosio, Ibid. Mélanges. À Archives générales du Nord. 288 Bibliothtque géographique et in- structive des jeunes gens; par «Cerñpe. 273 Biographie. F'itom Johannis Hermann scrip- sit Themas Lauth. 273 Be D OR DU I TNT RTE À V Ï S; Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrages daus quelques-uns des meilleurs journaux de l’Alle- magne, peuventeh remettre un exemplaire au bureag de ce journal. | (N° 7.) Fructidor a Lo. MAGASIN ENCYCLOPE D #4 : RS, ; rite mad JOURNAL DES SCIENCES, ° : DES LETTRES ET DES ARTS, Le | (RÉDrcÉ Par A, ï. PR ik FES: DU LIBRATRE 4 Le prix de ce Journal est fixé: | à 9 Robes pour | trois MOIS; 18 francs’ pour: six mois, 1786 francs podr un an, Paris, que ‘pour les” Départemens, franc de port. ri - ON poué Salréssei au Bureau du Journal gun se procuree : Mous des Livres ‘qui paroissent en France et chez Pétranger, € > iv tout ge qui concerne la Librairie ancienne ‘et moderne, LS ZE Liens: auquel la plupart des hommes qui ont tn nom distingué, ue réputation Justement acquise n dins quelque partie des arts ou des sciences, tels. que les CC. ALIBERT | DESGENETTES, BAST, SIL- MESTRE DE SACY, FoURCROY, HaLLé, DoumÉRr£ , SCHWEIGHÆUSER , LacÉPèDE, BARBIER, LAN- LÈS, LALANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, (ENTELLE , BARBIÉ Du BOCAGE » BASSINET, . ORELLET, NOEL, OBERLIN, CHARDON-LA- Rocuerre, CAILLARD, VAN» RUE TRAULLÉ, LTome IL. SES An. HE Léveicré, Cuvier, GEOFFROY, VENTENAT, À CAVANILLES, USTERI, BOfTTiGER, ViscoNTI, 4 VizLoison , WiLLEMET, WinokLeRr, ete. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- 4 tement possible après leur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger. 1 On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit # principalenrent ceux qui sont propresàen accélérer les 4 progrès. : ï : On y publie les découvertes iñgénienses , les inven M tions utiles dans tous les genres. On y rend compte 4 des experiences nouvelles. On y donne un précis de A ce que les séances des sociétés littéraires ont offert * de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus # curieux, 4 On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages à des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués 4 dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté-# raires de toute espèce. { Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 6oo pages chacun. TI paroît le premier de, chaque mois, La livraison est divisée en deux nu-# méros, chacun de 9 feuilles. L. On s'adresse, | Yabonnement, à Paris, au Bu-# reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucxs,# Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez Van: Gulik. À Bruxelles, chez Lemaire, A Florence, chez Molini. À Francfort-sur-le-Mein , chez Fleischer. chez Manget. 1 A; Genève, { chez Paschoud. : ” fx , + À Aimstétde { chez Ja verve Changuion et d'Hengst. A Hambourg , chez Hoffinann. A Leipsic, chez Wolf. ; A Leyde, chez les frères Murray. ; # A Londres, chez de Boffe, Gerard Streer. % A Strasbourg, chez Leévrault. à A Vienne, chez Degen. F A Wesel, chez Geïsler, Directeur des Postes | Î : I faut affranchir les lettres. NUMISMATIQUE. OBSERPATIONS lies à la Sociélé d'ému- lation d’'Abbéville, sur la lettre du €. TRAULLÉ , substitut du commissaire du gouvernement, at €. MILLIN , cOnserva- teur du Museum des antiques, à Paris ; a l’occasion di trésor romain trouvé près Hornoy, au département de la Somme. | A découverte du trésor romain pres Hoarnoy , ces années dernières , a mérité de fixer l’attention. pu- blique , et votre Journal, citoyen, a rendu compte des observations de M. Traullé , mon compatriote , à ce sujet. Il a voulu enlever, surtout aux Beau- vaisiens , lhonneur , en quelque sorte , d’avoir pos- sédé ce trésor. Il a fait remarquer que c’étoit au département de la Somme, et non pas à celui de POise , que ce canton d’Hornoy appartenoit. Quelles que soient aujourd’hui nos divisions géographiques et politiques, j’ai pensé que les remarques de M. Traullé pouvoient être attaquées avec succès, et, qu’à ses conjectures, on pouvoit en substituer d’au- tres plus vraisemblables, mieux fondées, Permettez- moi de vous les communiquer. Que des colonies romaines se soient établies dans la Picardie , des les premiers temps de la conquête, ou pour le dire avec M, Traullé, dans nos contrées, Tome IT, d 290 Numismatique. c’est ce qu’atteste l’histoire de cette province (1). Que les conquérans des Gaules y aient eu des fermes et des mnaisons de plaisance, comme M. Traullé croit l’avoir découvert le premier ; puisqu’ils y avoient des grands chemins, cela ne méritoit guères l’hon- neur d’une remarque particulière, et n’est pas plus étonnant que de voir aujourd’hui les François mai- tres de la Belgique et des départemens sur la rive gauche du Rhin, y bâtir des châteaux, et y former des établissemens publics de gouvernement , ou d’in- dustrie particulière. « Mais le Vimeux, ajoute le C. Traullé, portoit « le nom de V’iminacensis ; et ce nom est analogue. « à celui d’une colonie qui, selon Tristan, a fleuri « dans la Moésie supérieure , et qui s’appeloit Colonia « Piminacensis ; dont on a des médailles. Cette der- « nière nourrissoit une légion chargée de la distri- « bution des blés dans la province , victrix frumen- « aria. Qui peut répondre, ajoute M. Traullé, « qu'on n’ait pas établi, daus un pays qui portoit « le même nom, et qui étoit plus fertile que la « Moésie, une légion chargée du même emploi? » Voilà une conjecture arrivée de bien loin, sur un Qui peut répondre que..... Car les peuples de la Moëésie sont, d’après le géographe Danville, ceux de la contrée qui s’étendoit depuis le confluent de la Save et du Danube, jusqu’au Pont-Euxin ; et Pi- minacium, sa Capitale , près laquelle l’empereur Trajan fit jeter le fameux pont du Danube, pour @) Voyez l'essai sur l’histoire de Picardie que j'ai publié en 3772 Trésor d'Hornoy. 20 conquérir la Dace , et en faire une province romaine, étoit sur la droite du Danube, à peu de distance du lieu où est aujourd’hui ZW ERIN , dans la basse- Hongrie (2). Or, il y a un peu loin des rives de Ja Save et du Danube , à celles du petit ruisseau de Vismes , qui traverse le canton du Vimeux, près du port Saint-Valery-sur-Somme, et qui lui a donné plus vraisemblablement son nom , par analogie , que la ville de J’iminacium , en Basse-Hongrie. Le 7:- macensispagus , nom da Vimeux, dans les glossaires latins, n’est pas tout-à-fait le J’iminacensis pagus. Le bourg d’Oisemont, Esi-mons, capitale du Vi- meux , n’a pas non plus grande analogie avec Vimi- nacium, en Basse - Hongrie, capitale d’une petite contrée sur le Danube, dans l’ancienne Moésie, Il n’est pas encore bien certain que les plaines du Vi- meux fussent plus fertiles, que celles de la Basse- Hongrie. Ainsi, de ce que les Romains eurent une sixième légion, appelée victrix frumentaria | près de Zvérin; de ce que la province de la Moésie nour- rissoit cette légion ; de ce qu’il y avoit une colonie dans ces quartiers, qui s’appeloit Colonia Fimina- censis ; je ne vois pas encore comment, même par avalogie, on peut insérer que le Vimeux, qui n’a que des blés, et point de vins, comme la Hongrie, pouvoit nourrir {out aussi-bien une lézion romaine, campée ou baraquée dans le Vimeux , sur les bords ou non Join du petit torrent qui tire sa source du petit village de Vismes. (2) Crérier, Histoire des Empereurs, iome I, p. 428 et t9me VII, p. 458, 1 2 202 Nurnismatique. Cependant si le C. Traullé insiste à nous dire : Qu peut répondre que, « Von n’ait pas établi aussi une “ légion romaine dans le Vimeux, pour la charger « de protéger la distribution des blés, leur passage “ même en Angleterre, suivant les besoins de l’ar- . « mée conquérante? » Nous répliquerons aussi par un autre Qui peut répondre que le C. Traullé, donnarit trop à son ima- gination, ne voye, quelque jour, la tour de Babel dans l’une des tours de Saint-Wulfran, et les murs de l’ancienne Babylonne, dans les ruines de ceux d’Abbeville, sa patrie? Ne lit-on pas dans le P. Ignace de Jésus - Maria, que quelques antiquaires de son temps conjecturoient , à peu près comme le C. Traullé, que Brutus de Troie, contemporain d'Enée, vint fonder Abbeville, avec sa colonie; ce que le bon religieux n’eut garde d’adopter, « en- “« tr’autres raisons, parce que ce n’eût pas été un “ honneur aux Abbevillois, de descendre d’une na- « tion adonnée à lu volupté, » Encore semble-t-il , dans le sens où le C. Traullé nous présente ses idées analogiques , que ce soient les anciens habitans du Vimeux, qui sont émigrés sur les bords du Danube ; et que cette colonia Fi- minacensis, qu'il dit avoir fleuri dans la Moésie, ou Basse-Hongrie, transportée là, dans un climat étranger, se soit plu à conserver le souvenir de son émisration ; à le perpétuer par des médailles, et en gardant fidellement et avec attachement, son nom originaire. Je sais bien que ce n’est pas ce qu’a voulu dire le C. Traullé qui parle d’une colo- Trésor d'Hornoy. 293 nie romaine lransporlée ; maïs c’est vraiment ce qu’il fait penser ici. À l’appui de ses recherches conjecturales, le C. Traullé donne l’usage qu’avoient les Romains de stationner quelques troupes près des grandes voies militaires , à l’effet de protéger les magasins de blés, qu'ils y faisoient pour la nourriture des troupes : et parce que ces établissemens s’appeloient Mansio- nes, et qu'il y a, à la distance de 8 à 10 lieues d’Hornoy , deux villages appelés Maison - Ponthieu et Maison-Rolland ; il transforme Mansio en Maison, et Rolland en Roman : il croit sitôt apercevoir dans ces deux noms de Maison , deux stations agrai- res, sur la voie romaine de Rome à Boulogne-sur- Mer. On peut encore dire ici : Qui peut répondre que... Mais aussi combien de villages, de hameaux, de sites champêtres , qui ont formé leur nom de ce premier mot, Maison, et néanmoins se refusent à l'honneur que leur veut faire M. Traullé d'être des positions romaines ? Cependant, M. 'Traullé veut absolument conclure de l’existence de ces maisons , mansiones. « Que lagriculture, dont les Romains, dit - il, « avoient tant de besoin dans notre pays, @ fleuri « dès leur arrivée dans les Gaules ; qu’elle y a donné « naissance à de grands établissemens , et par suite « à de grandes fortunes. Il fait venir de-là , en con- séquence, celle du particulier du Tronchoy. 11 rap- pelle en même temps au public, « avoir soutenu cette « opinion à la séance précédente, de la société d'ému- “ lation , du 15 thermidor, ne prévoyant pas qu’elle TG ; 294 Numismatique. « dût être sitôt confirmée par la découverte près « d’Hornoy. » Eh! qu'est-ce donc que cette opinion si extraor= dinaire , si neuve , si importante aux regards de M. Traullé , qu’il doive s’estimer si heureux aujourd’hui de la voir si étrangement confirmée par une fouille, par une découverte de monnoies antiques ; et qu’il ait crut devoir , pour l'intérêt de sa gloire littéraire, en prendre date ? Quoi! Vagriculture ne fleurit dans. les Gaules, que lors de leur conquét# par les Ro- mains! Mais qui nourrissoit donc, précédemment à la conquête, ces essaims d'hommes si nombreux ; qui sous Sigorèse et Bellorèse, rois ou chefs du Soissonnois, du Beauvoisis, trop resserrés dans leur territoire , allèrent envahir le territoire étranger , et porter le fer et la désolation au centre de l'Italie ? Qui nourrissoit donc ces braves Beauvaisiens, les plus belliqueux de tous les Belges, selon César, qui vouloient seuls se précipiter au devant de ce conquérant, au nombre de plus de cent mille? Et toutes ces peuplades, les Æimbiani , les Morini, etc., qui lui présentent des contingents si nombreux à combattre, qu'ils ont par cela même le droit de nous étonner. Si l'agriculture n’eût fleuti chez les Gaulois nos ancêtres, César lui-même en auroit-il pu obtenir des provisions si considérables , pour ali- menter son armée et sa flotte, en les faisant passer dans la Grande-Bretagne ? Qui croira, avec le C. Traullé, qu'un peuple est d'autant moins agricul- teur que sa population est d’autant moins forte, qu’il manque le plus de nos vices et de nos aïts, Trésor d'Hornoy. 299 dans un état de société moins avancée; qu’en un seul mot , une nation a moins de citoyens robustes pour ouvrir des sillons, et ensemencer ses terres, parce qu’elle a aussi, moins que nous, d’Académi- ciens , de joailliers, d’antiqnaires et de danseurs. Pour donner l’idée d’un grand établissement d’agri- culture pres d’'Hornoy, et par suite, d’une grande fortune acquise par les travaux agricoles d’un par- ticulier ; il n’étoit donc pas nécessaire à M. Traullé, de supposer que l’agriculture, en décadence chez les Gaulois, ne pût être relevée que par les Ro- mains. Malheureusement pour l’hypothèse de M, Traullé, les cultivateurs anciens ou modernes , ont été rare- ment connoïisseurs en médailles historiques. Quand ils enfouissent leur trésor, ils n’en séparent pas les louis, les écus par ordre curonolosique ; ils ne dis- tinguent guères , comme faisoit certain personnage à moustaches et bonnet rouge , Les faces des 1yrans d’avec celles des bons rois; et l’écu de Louis XI, le compère du bourreau, n’est pas écarté de celui du bon Henri IV , le Béarnoïs. Les cultivateurs ne commencent point par mettre à part, par admettre dans leur trésor, beaucoup plus de monnotie d’or des Empereurs sages el vertueux, des Marc-Aurèle, des Antonins, délices de, l’huma- nié, que d’Empereurs méchans. etjcruels., tels que les Néron, Vitellius, Tibèere, Caligula, dont M. Traullé assure que les monnoiïes se sont trouvées peu communes au Tronchoy. Il est cependant fächeux que ce connoisseur agricole, qui avoit fait des dis- T4 296 Numismaiique. tinctions si belles entre le crime et la vertu, dont les choix étoient si bien raisonniés , ait commencé sa collection par les monnoies du monstre Néron , et l'ait terminée par celle d’un autre monstre, Cara- calla, comme l’a tres-bien observé M. Traullé. Quel commencement ? Quelle fin ? On dit aussi que Néron commença son regne par la bienfaisance et le termina par la tyrannie. Maïs peut-être ce particulier , qu’on croit z7 Gaulois où Romain, n’étoit-il qu'un bar- bare de Germain , ou un Visigot. Ce qu’il y a d’à peu pres certain , selon M. Traullé, « c’est qu’il aura été à La tête d'un grand établis- «sement chargé de distribuer les blés à une légion * Romaine, campée ou cantonnée dans te Vimeux, « à peu pres comme l’étoit Ja VL.° légion dans la «+ Moésie supérieure , et pour la même fin. » Mais, comme une légion romaine n’étoit compo- sée que de cinq à six mille soldats, parmi lesquels ont comptoit seulement quatre à cinq cents cavaliers montés , et qu’il'étoit, ce semble, difficile de faire de grands bénéfices, et d'acquérir une grande for- tune, en se trouvant chargé d’une distribution de blés pour si peu de troupes ; j'ai peur que le Gaulois ou le Romain, si plein de discernement , d'humanité, comblé de l’éstime de M. Traullé, qui séparoit si soigneusement , ses Vitellins, ses Néron, des bons Antonin et des Trajan , mais'en les accumulant les uns sur les-autres, ou les placant de champ sous des tuiles; out j'ai peur, n’en déplaise à M. Traullé, que ce ne fût quelque fripon de fournisseur, qui aura spéculé rapidement, non sur la paille des che: Trésor d’'Hornoy. 207 vaux, mais sur le pain des lécionaires ; car enfin, qui peut répondre que ?..,... Il est vrai que ces légionaires romains , qui rece- voient un denier d’argent par jour , suivant l’abbé Dubos, touchoient done une solde trois fois aussi forte que l’est celle des fantassins, conscrits ou réquisi- tionhaires, enrôlés aujourd’hui dans la chrétienté, qui recoivent la paye Ja plus haute. Il est vrai en- core que leur service était aussi bien moins dur, paree que les armées romaines se divisèrent long- temps en citoyens et en esclaves, et que ces der- niers faisoient toute cette partie du service qu’on appelle , dans nos brigades, les corvées; mais encore voler à ces légionaires, vers Hornoy, quelques-uns de leurs deniers d’argent, pour les transformer, même par choix raisonné, en pièces d'or, faisant suite en quelque sorte, en Vitellius, en Faustines, ou en Domitien ; il n’y auroit pas lieu à excuser plus facilement notre antiquaire du Tronchoy , sur le but et la composition de sa collection. Sous ce rapport de cultivateur en grande ferme, à la maniere chérie des économistes, ou de distri- buteur de blés, de garde - magasin ou fournisseur , ayant acquis de grandes richesses; on ne s'éton- neroit pas , sans doute, qu'il eût pu le perdre dans les proscriptions des cruels empereurs ou dans les invasions des Barbares. Mais nous pré- sumerons tout aussi facilement, que cette grande fortune de go à 100 mille francs en or, put étre celle d’un de ces chefs de manufactures, que les em- pereurs enfretenoient dans les Gaules, sous le nom 298 Numismatique. de gynæcées , où le prince faisoit travailler, à son profit , un grand nombre de femmes, qu’il nourris- soit. Quel pays plus propre à ce travail des femmes, plus accommodé à leur sexe, que la filature des laines près d'Hornoy , canton où elle est encore si fort en vigueur ? On me demandera , sans doute, sur quoi je veux donc reposer l'imagination des curieux ?.... S'il est démontré, malgré l’analogie la plus forte, que le village de Campsart , près du champ du trésor trouvé, ne veut pas dire un camp de César, mais le camp de Lessart, ainsi désigné d’un défrichement fait par Lessart , dans le dixième siécle ; s’il en résulte que ce trésor n'étoit pas celui d’une légion romaine, qu'on ne payoit pas d’ailleurs en pièces d’or ; il faut bien attribuer cet amas de pièces d’or à quelque riche particulier. Veut-on me forcer enfin de substituer mes conjectures à celles du C. Traullé? Je le ferai en peu de mots, avec toute la circonspection, tout le doute qu’on doit à toutes les espèces d’analogies, et de recherches conjecturales. Eh bien, la maison romaine du Tronchoy, c’étoit celle d’un receveur quelconque des tributs publics. C’étoit la blanche - maison de ce receveur, qui a donné naissance peut-être au hameau de ce nom, composé de huit où neuf chaumières, qui entourent le Jieu où s’est trouvé le trésor, divisé en deux par- ties, par un ancien mur; de sorte qu’il y avoit un dépôt enfoui au pied de ce mur, d’un et d’autre côté. Comment le C. Traullé n’a-t-il pas observé, étant sur les lieux , que ces neuf chaumières du ha- Trésor d’Hornoy. 209 meau de blanche-maison , sont bien plus voisines du trésor que le village de Tronchoy? La plaine au dessus du ravin , où étoit assise Ja blanche-maison, la maison romaine, s’appelle encore, dans le lan- gage du pays, la fausse buquette. Que veut dire ce nom? En vieux style gaulois ou picard, buguer c’est frapper. La buguette sembleroit être le marteau d’une porte. En prenant, comme il arrive souvent, la par- tie pour le tout, c’étoit donc une porte que cette buguette, et cette. porte indique lexistence d’une maison dans cette plaine. Quoi qu'il en puiste avoir été, ce qui est fort peu important , il est toujours vrai de dire , que l’ama- teur, le connoïsseur qui eût fait une collection de pièces d’or, de différens règnes, n’en auroit pas ras- semblées par 10 , 20 , 30, et plus, de la même sorte. Il faut donc trouver à ce rassemblement un autre motif que la curiosité et le simple goût des anti- ques : il faut y voir un lucre particulier. Or, l’his- toire nous apprend qu'il n’y avoit point, dans ces temps malheureux, de sortes de vexations, que les officiers publics du gouvernement , chargés de la re- cette des impôts, n’exercassent sur les citoyens. Tous les auteurs des cinquième et sixième siécles, sont d'accord sur la misère et le désespoir où les collec- teurs des impôts avoient réduit le peuple. Un obser- vateur philosophe remarque que, si les barbares trou* vèrent tant de facilités à se cantonner dans les Gaules, après leur invasion, cela vient principalement du mécontentement général des sujets de l’empire, de a dureté du gouvernement et des concussions, des 300 Numismatique. vexations , des mandats insolens et arbitraires de ses officiers, tant judiciaires qu’administratifs, Une de leurs vexations, une de ces tyrannies étoit de refuser, dans les payemens qui se faisoient en de- niers , les espèces d’or les plus communes, ou sous un prétexte, ou sous un autre; et de vouloir être payés en espèces d’or, uniquement frappées au coin de quelque empereur mort depuis longtemps , et desquelles il ne pouvoit pas rester un grand nombre dans le com- merce ; de maniere, disent les historiens, que le pauvre débiteur, faute de pouvoir recouvrer la quan- tité de ces monnoies, dont il avoit besoin, étoit ré- duit à composer. I] falloit qu’il payât en d’autres espèces l’exacteur, qui ne manquoit pas d'évaluer chaque espèce d’or qu’il avoit demandée, à une somme plus forte que ce qu’elle valoit, suivant le prix des matières, et conformément à la proportion qui étoit alors entre l’or et l’argent. L'empereur Ma- jorien fit un édit contre cet abus intolérable: « Quant au poids, dit-il, dont doivent être les « espèces d’or, et sur lesquelles les exacteurs com- « mettent, tous les jours, des malversations, lors- « qu’en abusant des noms en usage autrefois, ils “ demandent aux contribuables des /uustines , ou « d’autres princesses et princes morts depuis long- « temps , et dont les contribuables z’out jamais ouë « parler; nous ordonnons, etc. » Si le C. Trauilé veut bien se rappeler qu’il y avoit dans les pièces d’or du Tronchoy beaucoup de ces Jaustines, et d’autres pièces de princes et princesses morts depuis longtemps, je crois qu’on aura, d’une Trésor d'Hornoy. KOY: manière assez probable, l’explication de la monnore courante qui fut trouvée, où se méloient cependant quelques pièces d’or, au dire du C. Traullé; et de ces pièces rares aussi entassées, sans doute pour le profit particulier de l’exacteur de blanche < maison près Hornoy, et à la place desquelles il remettoit vraisemblablement au trésor public des pièces mo- dernes, ou de la monnoie courante, après avoir fait son odieux triage. Mais nous présumons aussi que, surpris sans doute par quelque invasion, soit des barbares ou des sa- tellites de la tyrannie, toutes ces monnoies d’or furent enfouies , avant qu’il eût eu le temps de sé- parer quelques pièces rares de sa monnoie courante. C’étoit donc un avide connoiïsseur du poids de lor, de sa plus haute valeur, que cet exacieur, plutôt qu’un grave antiquaire curieux de médailles antiques des empereurs, délices de l'humanité, C’étoit donc un maltôtier enfin, et non pas un homme à vastes con- jectures en l'air; non pas un savant d'un discernement habile, entre les bons et méchans princes, entre les farouches proscripteurs, et les sages amis des lois. Le C. Traullé a cru pouvoir assurer que le riche particulier dont il est quetion, gaulois ou romain, a vécu sous les règnes de Caracalla ou de Géta, parce que les pièces de ces règnes étoient les plus nouvelles du trésor, et qu’il suppose , sans doute, qu’il n’a pu amasser celles des règnes postérieurs où il ne vivoit pas. I] a cru devoir fixer sa mort à cette époque, où Çaracalla , l’un des empereurs qui 302 Numismalique. se sont joué de l'espèce humaine, dit le C. Traulié, faisoit périr jusqu’à vingt mille hommes en un seul jour, et finit par tomber Jui - même sous les poi- gnards, frappé de la peine la plus juste et la mieux méritée. Il auroit été fâcheux de terminer un discours académique par un si triste tableau : aussi M. Traul- lé, à propos des monnoies nombreuses, où se trou- voit la tête de Trajan, a-t-il amené adroitement son éloge, copié dans Montesquieu : Grand homme d’é- tat, grand capilaine, ayant un cœur bon qui le por- loit au bien, ect. etc. L. A. DEVÉRITÉ, ex-législateur de la convens tion et du conseil des anciens, PT OC GRAS PET TUE V1E de LAURENT DE MÉDICIS, sur- -nommé LE MA GNIFIQ UE; {raduite de l’anglois de William KoOsCOE , sur la se- conde édition ; par Francois THUROT. À Paris, chez Baudouin. An vi. 2 vol. in-8.° ; le premier, de xlviüj et 487 pages; le second, de 578. Prix, 9 fr. | L E succès mérité, qu’avoit eu en Angleterre l’ou- vrage que nous annonçons, faisoit desirer qu’un littérateur exercé le fit passer dans notre langue. Une tâche aussi importante ne pouvoit être mieux remplie que par celui qui nous avoit donné, en Pan 1V, la traduction de l’Hermès de J, Harris, traduction qui lui assure une place distinguée parmi nos meilleurs grammairiens, parce qu’il falloit pour la faïre beaucoup de goût, de talent et de sagacité. On voit, par une lettre mise à la tête du premier volume, qu’il fut invité à traduire la Vie de Lau- rent de Médicis , par le sénateur Lecouteulx-de-Can- teleu, citoyen recommandable par ses lumieres, sa probité sévère, et qui, pour le salut de la républi- que , auroit dû être placé de bonne heure au timon de nos finances pour ne le plus quitter. Le nom de Laurent le Magnifique rappelle de grands souvenirs; il se rattache à cette époque à jamais célèbre, où l’Europe vit enfin se dissiper les 304 Biographie. ténèbres épaisses qui la couvroient depuis tant de siécles. Laurent mérita le surnom de Magnifique , par la profondeur et la sagesse de ses vues politi- ques, et par les nobles encouragemens qu’il accorda aux arts et aux lettres; on sait qu’il cultivoit ces dernières avec beaucoup de distinction. « Florence, dit W. R., s’est fait remarquer, dans l’histoire moderne , par la fréquence et la violence de ses dissentions intérieures, et par le goût dé- cidé de ses habitans pour les sciences de toute espèce , et pour les productions des arts en tout genre. Quelques contradictions apparentes que ce caractère présente , il n’est cependant pas difficile de les concilier; le même esprit d’activité, qui tend à déveloper les talens des individus pour la conservation de Jeur liberté, et qui les porte à résister avec une opiniâtreté indomptable à tout ce qui paroît la menacer, cherche avidement à s'appliquer à d’autres objets, dans les momens de paix et de sécuriré domestique. Dans tous les temps on a pu observer que la défense de la li- berté donne du ressort et de l'énergie aux ames ; et quoique les facultés de l’homme puissent rester pendant des générations entières dans une sorte d’engourdissement ; une fois réveillées de ce som- meil léthargique et rendues à laction, il n’est pas aisé de les forcer au repos, et de les replon- ger dans l’inactive indolence où elles étoient aus paravant. » Florence fut longtemps en proie aux factions; celles des Guelfes et des Gibelins, c'est-à-dire , de ceux A TS Laurent de Médicis. 305 ceux qui vouloient la démocratie et de ceux qui vouloient l’aristocratie, y nourrissoient un foyer de discorde qui s’'éteignit fort tard ; « un nombre con- « sidérable de citoyens, sous le nom de Fuoruscitti , « ou émigrés, faisoient des efforts continuels pour a rentrer dans leur pays. Pour parvenir à ce but, «“ aucun moyen ne Jeur répugnoit ; et ils ne crai- « gnirent pas d’armer les autres puissances contre - Jeur patrie. » Cependant, au milieu de ces fac- tions , de ces guerre; intestines et étrangères, « on « se délassoit des fatigues de la vie civile et du soin des affaires de commerce par l'étude de la littéra- « ture, ou par les spéculations de la philosophie ; “ on consacroit à élever son ame, à cultiver sa rai= « son, les momens de loisir que ne réclamoient pas « des intérêts d’une plus haute importance , et les « ressorts de l’esprit se relâchoient sans s’affoiblir ; « on s’amusoit sans se dépraver. La supériorité, « que les Florentins acquirent par ce moyen, étoit « universellement reconnue, et ils devinrent les his- toriens , les poètes, les orateurs et les instituteurs de l’Europe, » Cette activité du génie florentin s’est toujours maintenue ; elle contraste singulièrement avec l’in- dolence de quelques autres peuples de Pftalie ; aussi trouve-t-on le Florentin partout , dans les comptoirs, dans les bureaux et dans (outesles places qui deman- dent de l'adresse pour monter la machine, et de la célérité pour en faire mouvoir les ressorts. La famille des Médicis avoit été regardée pen- dant plusieurs siécles, comme une des plus consi- Tome IT, A 306 Biographie. dérables de Ja république. Lorsqu’elle fut parvenue au pouvoir suprême, les bas flatteurs, ces hommes toujours prêts à se prosterner devant l’idole, tant qu’elle reste debout ; maïs également prêts à la ren- verser si elle dal et même à la fouler aux pieds si elle tombe; ces hommes, dis-je, Ini cher- chérent une origine plus reculée. Is Ja firent des- cendre d’un général de Charlemagne, nommé Ave- rardo de’ Medici, qui, ayant eu le bonheur de ter- rasser le géant Mugello , la terreur du pays, obtint le privilége de porter dans ses armoiries, six balles, en mémoire des six balles de fer qui pendoient à la massue de ce brigand, et dont le bouclier d’Ave- rardo avoit conservé l’empreinte. Mais la plus cu- sieuse des étymologies du nom de Médicis, est celle que lui donne Ferini, dans un poème latin, en trois chants, que l’éditeur Audebert dédia à à Catherine ” Médicis (1)- Ex Apennino, celsaque,ez arce Mugelli Nobilitas Bledicum Thuscam descendit in urbem; Romulæis postquam Carlus recidiva colonis . Mænia restituit. Longe Sr A Ta 4 ornnes Diviriis, populique diu tractavit habenes. Est qui Bebryaca Medices testetur ab urbe x) Ucozint Vennt, poetæ Florentini de illustratione urbis Zlorentiæ Libri tres. Nune primum in lucem edit éæ biblio? theca GEnMANI AUDESERT Aurelii, cujus labore.atqiie industria multæ lacunæ, quæ erant in zRanuscripto, replelæ; ac multi doci partim corrupti, partim vetustate exesi, restituti et restau rati sunt. Lutetiæ, apud Mamertum Parissonium, 1585. Tu-4,° dé &% feuillers. : LUS ee Te Laurent de Médicis. 30 Y'enisse et Toscam.sobolem, dèlesse superbam dsserat; hinc Medicis meruit cognomen habere, Quod rredicus tosci fuerit; sie ore venenum Dixerunt patrio ; Jpeque insignia portet Senis in globulis flaventem PEUT peltaem (2). « Il faut, ajoute, sans doute en plaisantant, R. après avoir cité ces vers, il faut quelque talent pour détruire uné présomption aussi forte, de l’an- cienne profession de cette famille, que celle qui est tirée de son nom ‘Medici, et des six pilules qu’elle porte sur ses armes (3). ; « Celui qu” ’on peut regarder véritablement comme V'auteur de la puissance, dont sa postérité à jout pendant plusieurs siécles , c’est Jean de Médicis, ayeul de Laurent. Sa grande application au com- merce Jui procura des richesses immenses, et il sut gagner par son affabilité, sa modération et sa libéralité, la confiance et l’estime de ses conci- toyens. 11 fut appelé à remplir toutes les charges de la république, sans faire aucune ‘démarche pour les obtenir, Les maximes , dont la pratique constante éleva la maison de Médicis au degré de splendeur dont elle jouit dans la suite, se trou- vent’ dans les avis que ce vieillard vénérable ‘donna, sur son Jit de mort, à ses deux fils, Côme et Laurent, Je sens, leur dit-il, que je (2) Liv. IIT, v. 14 et suir, | (3) It required some ingenuity Lo invalidate sa strong.a presump- tion of the ancient family profession , as arises from she name of Mes dci, and the six pills borne as their device. Tome I, p. 7. Note, V'a 808 Biographie. LU touche au terme de ma carrière ; je meurs con tent, mes enfans ; puisque je vous laisse avec les richesses et la santé, un état tel que, si vous sui- vez mon exemple , vous pouvez vivre honorés et respectés dans le lieu qui vous @ vu naître. L'idée la plus consolante pour moi, en ce moment ; c’est que ma conduite n’a porté préjudice à personne , et qu'au contraire j'ai ché de rendre service à tous par tous les moyens qui ont:étéen mon pou- voir. Je vous en conjure ; que ce sentiment soit la règle constante de votre conduite. Quant aux hon- neurs de la république , si vous voulez vivre tran- quilles , n'acceptez que ceux auxquels vous serez appelés par les lois et par la bienveillance de »0s concitoyens; car c’est l'exercice d'un pouvoir ob- tenu par la violence ,;et non pas celui qui nous est confié volontatremens,; qui fait naître Les haïnes eb les divisions. » Il mourut en 1428, et laissa deux fils, Côme et Laurent. Vers la fin du siéele précédent, Boccace, que les gens du monde ne regardent ordinairement que comme un agréable conteur, mais qui étoit Jun des hommes les plus savans de son temps,, avoit introduit en Italie l’étude de la langue grecque (4), mais elle-avoit été négligée après sa mort ; elle fut (4) C’est à lui qu'on doit Jes écrits d'Homère, Voici comme il s’en explique lui-même dans sa Genealogia Deorum, liv, XV, ch. vir: Fui equidem ipse insuper, qui primus meis sumptibus Homer Libros, et alios quosdam græcos in Hetruriam revocayi; et qu@ miultis ante:sæculis abierant, non redituri; neç in Hetruriam tantum, sed in patriam deduæi, Laurent de Médicis. 309 reprise, d’abord à Florence, sous Côme , par les soins d’'Emmanuel Chrysoloras , et se répandit bientôt apiès dans toutes les autres villes de l'Italie, deve- nue l’asile des savans grecs, que la chüûte de l'empire d'Orient avoit chassés de Constantinople. Côme ac- cueillit et protégea ces illustres étrangers. Ils firent des éleves dignes d’eux , et le feu sacré qu'ils rallu- mèrent ne s’est plus éteint. Poggio Lracciolini, que nous appelons Le Pogge , futunde cesélèves , et un des plus actifs à rechercher les écrits des anciens, et à les tirer de la poussière des bibliothéques où ils pour- rissoient. Il découvrit successivement une copié en- tiere de Quintilien, dont on n’avoit eu jusqu’alors que quelques fragmens ; les trois premiers livres et une partie du quatrieme de Valérius Flaccus. — Ce deux ouvrages étoient ensevelis sous les ruines d’une tour obscure et abandonnée. — Plusieurs oraisons de Cicéron ; le poème de Lucrèce ; celui de Silius [ta- licus; les poèmes de Stäce et l’ouvrage de Colu- melle. Trois autres éleves de Chrysoloras faisoient éga- lement des recherches. Guarino, Aurispa, et Filelfa visitèrent Constantinople et d’autres parties de O- rient, et firent l'acquisition d’un grand nombre d’ou- vrages précieux. Guarino, à son retour en Italie, fit naufrage et perdit tous ses trésors. La douleur qu'il en ressentit fut si vive, qu’au rapport de Ti- raboschi , ses cheveux blanchirent tout-à-coup. Aurispa fut plus heureux ; il arriva à Venise ayee 228 manuscrits , parmi lesquels étoient Platon, Pro- clus, Plotin, Lucien, Xénophon, Arrien:, Diodore V5 310 Biographie. de Sicile, Strabon, Callimaque, Pindare, Oppica et le Psend-Orphée. Filelfo rapporta aussi de Con- stantinople , où il épousa la fille de Jean Chrysoloras, un grand nombre de manuscrits. Côme avoit encore envoyé en Orient d’autres savans pour acheter des MSS. hébreux, grecs, chaldéens , arabes et indiens ; Ils revivrent chargés de dépouilles : de son côté il achetoit des héritières de Niccolo Nicvoli les 800 MSS.;que ce citoyen de Florence avoit rassemblés, et il, les faisoit déposer dans le monastère des B€- pédictins de Saint-Marc de Florence, pour l’usage du publie. Telle fut Porigine de la Bibliotheca Mur ciana , qui depuis trois siécles est ouverte aux re- cherches et à la curiosité des savans. Cette biblio- théque fut mise en ordre par Tomaso Calandrino, fils ‘d’un pauvre médecin de Sarzane, et qui fut ensuite un grand pape, ami des lettres et de ceux qui les cultivoient, sous le nom de Nicolas V (5). Les MSS..que Côme fit chercher et: aeheter en Orient furent les premiers fondemens de la biblio théque célèbre, que Laurent accrut ensuite, et qui porte.encore le nom de Laurenziana. Son bibliothé- caire actuel, le savant Bandini, a donné un excel- lent catalogue raisonné de ses MSS, Côme avoit eu deux fils, Pierre et Jean. Le pre- ‘ mier,, d’une constitution foible , eut. de Lucreziæ (5) Sa vie, élégamment écrite, fut publiée à Rome eu 1742, chez les frères Pagliarini. Vite Nicolai Quinti. P. M. ad fidem veterum monumentorum e Dominico Georgio. Accedit ejusdem disqui- sflio de Nicolai erga litteras er litteratos viros patrocinie, In-4. déxxxvr et 251 pages. Laurent de Médicis. 911 Tornabuoni, Laurent, né le x.°" janvier 1448 , et Julien, né en 1453. Jean, le second fils de Côme, sur lequel son père fondoit de grandes espérances, mourut en 1461, à l’âge de 42 ans. Côme fut vive- ment affligé de cette perte; ileraignoit que l'édifice qu’il avoit élevé ne s’écrou'ât après Jui, et un Jour , qu’on le promenoit dans les appartemens de son palais, il s’écria douloureusement : Quelle grande maison pour une aussi petite famille! | ne se dou- toit pas alors que Laurent, son petit-fils, porte- roit un jour cette famille à un degré de splendeur auquel lui-méme, peut-être, n’auroit pas osé pré- tendre. I] mourut le 1.°" août 1464, âgé de,79 ans, Laurent en avoit à peine 16 lorsque Côme mourut ; il avoit montré dès ses premières années les dispo- sitions les plus heureuses, de la pénétration dans l'esprit, de la fermeté dans le caractère, et ce goût pour la magnificence, qui lui fit donner dans la suite le surnom de Maguifique. 11 cultiva de bonne heure la poésie italienne, dans laquelle Lucrezia , sa mère, s’étoit déja distinguée ; et devenu amou- reux de Lucrezia Donati, il ft pour elle des sonnets que Pétrarque n’auroit point désavoués. Le 24 juin 1:69 , i/épousa Clarice Orsini, ou plutôt on la lui don- na ; car c’est ainsi qu’il s'exprime lui-même dans ses Souvenirs : [o Lorenzo tolsi donna Clarice , fisliuola del sisnore Orsino , osvero mi fu dutu. Ainsi l'amour n’eut d’abord aucune part à cette union , que les con- venances seules formérent ; cependant il lui fut fort attaché davs la suite, comme on peut en juger par la. lettre suivantequ’il lui écrivit de Milan: “Jesuis arrivé V4 312. Biographie. ici sans accident et en bonne santé; ce qui, je croîs, te fera plus de plaisir que toute autre chose , ex- cepté mon retour ; au moins j’en juge ainsi par le « desir que j'ai de me retrouver auprès de toi. Fais société, le plus qu'il te sera possible, avec mon « père et mes sœurs. Je ferai toute la diligence « imaginable pour revenir bientôt; car il me semble qu'il doit se passer des siécles avant que je te re- voie. Prie Dieu pour moi. Si tu desires quelque « chose d'ici, écris-moi à temps. » Pierre de Médicis mourut le 3 décembre 1469. Pendant sa maladie, Laurent avoit souvent pris part à l'administration des affaires de la république ; à la mort de son père, ils’en trouva chargé seul. Des le lendemain de cette mort, « il fut accompagné jusqu’à son palais par un « nombre considérable des principaux habitans de « Florence, qui le prièrent de prendre sur lui le « soin et ladministration de la république , ainsi « que Pavoient fait son père et son aïeul. » Lau- rent se rendit à leurs vœux ; mais pour donner moins « de prise à l’envie, il prit pour ses principaux con- seillers les citoyens les plus recommandables par leur prudence et leur intégrité, et il les consultoit dans toutes les occasions importantes. Cependant les af- faires publiques ne lempéchoient pas de s'occuper de ses affaires domestiques, et de continuer tous les genres de commerce qui avoient enrichi ses an- cêtres. On n’a pas des renseignemens bien positifs sur ces genres de commerce; mais il est probable que celui des épiceries, qui se faisoit par Alexandrie et Livourne, en formoit une des principales brau- Laurent de Médicis. 313 ches. « Les Médicis envoyèrent aux sultans et reçu- « rent d’eux des présens rares et Curieux; Ce qui 3 prouve évidemment qu’il exista des relations ami- “ cales entre eux et ces monarques. « Outre les gains immenses que leur procurèrent « ces spéculations de commerce , il y avoit encore plusieurs établissemens dont les Médicis tiroient leurs richesses. Côme et ses descendans se firent “ un revenu très-considérable des terres et des fer- « mes qu’ils possédoient à Poggio Cajano , à Caffa- « giolo et dans d’autres endroits ; ils les faisoient « exploiter avec le plus grand soin, et ils en ti- «“ roient un produit toujours sûr. Ils possédoient en “ toute propriété les mines d’alun des divers can- « tons de l'Italie, ou bien ils les tenoient à bail de « leurs propriétaires particuliers, en sorte qu'ils « étoient à même de faire seuls le commerce de cet « article, et de le rendre entièrement lucratif; car « il paroît qu'ils payoiënt au saint-siége, pour une « mine de cette espèce, cent mille florins par an (6). « Mais peut-être la principale source des richesses « de cette famille fut-elle dans les établissemens de « banque qu’ils avoient faits dans presque toutes les « villes commerçantes de l'Europe, et qui étoient « digés par des agens en qui ils avoient une grande « confiance. Dans un temps où le taux de l'intérêt « se régloit presque toujours sur les besoins de Pem- “ prunteur, de pareils établissemens durent pro- * duire des profits incaleulables , offrant quelquefois (6) Roscoe évalue le florin d'or de ce temps-là à deux schellings six sous, à peu près 3 liv. 2 sous tournois. 314 Biographie. « des ressources aux plus puissams souverains de «* l'Europe, lorsqu'ils se trouvoient dans quelque “ embarres de finance. » Au milieu des affaires publiques et des affaires domestiques, Laurent cultivoit sa raison, et se plaisoit à converser avec les hommes de mérite qui se rassembloient dans son palais à Florence, ou qui laccompagnoient à ses différentes maisons de cam- pagne. De ce nombre étoit Marsilio Ficino , l’un des Platoniciens les plus zélés de nos temps modernes, les trois frères Pulci, et Matteo Franco , mais sur- tout Agnolo Poliziano ( Ange Politien). Ce dernier ; lPun des hommes les plus savans et les plus polis de son siécle, étoit né le 14 juillet 1454, à Monte Pul- ciano , en latin Mons Politianus , petite ville du ter- ritoire de Fiorence, de laquelle il emprunta son nom. 1] étoit fils d’un docteur en droit civil; il étudia la langue latine sous Cristoforo Landino, et la grec- que sous Andronicus de Thessalonique. Ficino et le grec Argyropule linstruisirent dans les divers sys- icmes de philosophie de Platon et d’Aristote. Lau- rent pourvut à tous ses besoins, lui confia l’éduca- tion de ses enfans , la garde de sa magnique collec- tion de MSS. et d’antiques, et en fit le compagnon assidu de ses études. La conjuration de” Pazzi, si elle avoit eu tous le succès que les conjurés se promettoient, auroit éteint la famille entière des Médicis. Conçue par le pape Sixte IV, et son neveu, Girolamo Riario ; dirigée par Francesco Salviati, axchevéque de Pise, et confiée pour l’exécution à Francesco de? Pazzi, Laurent de Médicis. 318 deyoit-avoir son plein effet dans l’église dla Repa- rata de Florence, aujourd’hui Santa Maria del Fiore, au moment où le prêtre éleveroit l’hostie, et par- conséquent celui où tout le monde seroit prosterné. Les autres conspirateurs étoient Giacopo Poggio , Pun des fils du célèbre Poggio Bracciolini, et cul- tivant, comme lui, les lettres; Bernardo Bandini, libertin déhonté, dont Jes affaires étoient dans un état désespéré ; Giovan Battista Montesicco, qui s’é- doit attiré quelque considération par ses talens mi- litaires, comme condottiere des armées du pape; Antonio Maffei, prêtre de Folierra; Slefano da: Bagnone, l'un des secrétaires apostoliques, et plu- sieurs autres personnes d’un rang inférieur. Le jeune neveu de G. Riario, élevé au cardinalat, étoit au nombre des conjurés : aussi Roscoe observe-t-il « que “ dans cette conjuration on voit un pape, un Car- « dinal, un archevêque , et plusieurs autres eccclé- “ siastiques, s’associer à une bande de scélérats “ pour assassiner deux hommes qui faisoient Ja gloire « de Jeur siécle et de leur patrie, et choisir , pour “ consommer lenr crime, dans un temps où Laurent « remplissoit envers eux tous les devoirs de l’hos- “ pitalité, le sanctuaire d’une église chrétienne, et “ le moment même de élévation de l’hostie , lors- “ que tous les assistans étoient prosternés, et que “ les assassins éloient censés être en la présence im- “« médiate de leur Dieu, » … Les rôles avoient été ainsi distribués: F. de’ Pazzi et B. Bandint devoient assassiner Julien; Monte- sicco étoit chargé seul de poiguarder Laurent, mais 316 Biographie: le choix qu’on avoit fait d’un lieu saint le découra+ gea ; ilne voulut point joindre la trahison au sacri- lége. On choisit donc, selon l’expression énergique de Roscoe, deux ecclésiastiques pour commettre un crime qui avoit répugné à la conscience d’un sol- dat (7). « Le jeune cardinal Rafaele Riario ayant ex- « primé Île desir d’entendre le service divin dans «“ l’église dela Reparata, le dimanche, 26 avril 1478, « Laurent linvita avec toute sa suite à se rendre « à sa maison de Florence. En conséquence , il y “ vint avec un cortége nombreux, réunissant dans « sa personne les caractères de cardinal et de légat «“ apostolique; et Laurent le reçut avec cette ma- « gnilicence éclatante, et cet empressement qu’il avoit coutume de témoigner aux personnes d’un « rang élevé et d’une grande importance. » Julien ne paroïissant pas, F. Pazzi et Bandini al- lérent le chercher, et en marchant ils lui passoient familièrement la main autour des reins, pour s’as- surer s’il n’étoit point cuirassé. Arrivés à l’église , chaque conjuré prit son poste auprès de la victime qu'il devoit frapper ; et au signal convenu , c’est- à-dire , lorsque le prêtre, qui officioit, élevoit l’hos- tie, Bandini enfonca un poignard dans le sein de Julien, qui alla tomber à quelques pas de là : alors Pazzi se jette sur le cadavre , et lui porte plusieurs coups en différens endroits. Les deux prêtres, char-. (7) Two ecclesiastics were therefore selected for the commission of #. deed , from which the soldier was deterred by conscientious motivés: as E p. 184 de l'original anglois. Laurent de Médicis. 317 gés d’assassiner Laurent , furent heureusement mal- adroits ; le coup que Mäffei dirigeoit contre la gorge ne fit qu’eflleurer le derrière du cou. Laurent eut donc le temps de se mettre en garde, de s’envelop- per de son manteau, qu’il tenoit de la main gauche, tandis que la droite, armée de son épée, repoussoit les assaillans. Bandini voloit à leur secours; mais ayant trouvé sur son passace, François Norr, atta- ché aux Médicis, et leur homme de confiance, il Je renversa d’un coup de poignard ; ce qui donna le temps aux amis de Laurent de se rassembler autour de Jui, et de le pousser dans la sacristie avec Po- litien et quelques autres, qui fermèrent sur lui ses portes d’airain. Comme on craignoit que le poignard qu'on avoit dirigé sur sa gorge ne fût empoisonné, un jeune homme suça la plaie.’ Cependant un tu- multe affreux régnoit dans l’église ; on en ignoroit d’abord la cause; mais lorsqu'on fut informé du danger qu’avoit couru Laurent, et du meurtre de son frère, plusieurs jeunes gens de Florence for- mérent un peloton, et ayant pris Laurent au milieu d’eux , ils le conduisirent à sa maison, après avoir fait un long détour dans Péglise, afin qu’il ne ren- contrât pas le cadavre de Julien, Pendant que ceci se passoit à l’église, l’archevé- que , avec trente complices, s’étoit porté au palais, pour s’assurer de la personne des magistrats, et s’em- parer du siége du gouvernement. Les complices fu- rent laissés dans les premiers appartemens, et l’ar- chevéque s’avanca seul vers la salle où le Gonfulo- niere ; Cesare Petrucei,et quelques autres magistrats 318 Biographie. se tenoient assemblés. Le prélat , déconcerté, ne it que balbutier ; il changea plusieurs fois de couleur, et regarda souvent du côté de la porte, comme pour voir si quelqu’un ne venoit pas à son secours. Petrueci s’en étant aperçu sortit brusquement de la salle, et appela les gardes et les domestiques ; l'archevéqué voulut s'enfuir; mais les portes du palais étoient déja fermées. Petrucci, en le poursuivant, trouva sur son passage Giacopo Poggio, ét le fit arrêter. On tomba ensuite sur les autres complices , et on Jes massacra. Cependant des cris tumultueux se fai soient entendre au dehors. Giacopo Pazzi, entouré d’une centaine de soldats, excitoit le peuple à la révolte, en lui préchant la liberté; ils avoient déja forcé les portes , lorsqu'un renfort vint au secours des magistrats; ce fut de lui que Petrucci apprit l'assassinat de Julien, et l’attentat commis sur la personne de Laurent. Aussitôt il fait pendre Poggio à l’une des fenêtres du palais ; fait arrêter l'arche: vêque et son frère, et les autres chefs de la cons- piration. Ceux qui les avoient accompagnés furent ou mas$acrés sur Ja place, ou jetés par les fenêtres à demi-morts; il n’en échappa qu’un seul qui s’étoit caché derrière les lambris. On le découvrit quelques jours’ après, mourant de faim, et on lui fit grace de la vie en considération de ce qu’il avoit souffert. Le jeune cardinal s’étoit réfugié près de l’autel, et ik ne dut son salut qu’à la magnanimité de Laurent, qui fit semblant de croire à ses protestations, lors- qu'il jura que les intentions des conjurés lui étoient inconnues. Mais sa frayeur fut si vive, qu'iben con- Laurent de Médicis. 319 serva toute la vie une pâ'eur extrême. Les personnes de sa suite furent toutes immolées à la fureur du peuple. Les rues étoient jonchées de cadavres et de membres mutilés. La populace, portant au bout d’une lance là tête d’un prêtre, crioit : Fa le palle, mMmüuojano à traditort, Vivent les balles d'or! (C'e- tôient, comme nous l’avons déja vu, les armes de Médicis), Périssent les traftres! François Pazzi, trouvé à la maison de son oncle Giacopo, fut arraché de son lit, et traîné au palais; il y subit le sort de ses complices: L’archevéque fut pendu à la même fenêtre ; et Politien raconte que, soit que ce fût un effet du hasard ou celui dé la rage, le prélat, lors- qu'il fut lancé, tombant sur le cadavre de F. Pazzi, enfonça les dents dans une dé ses mamelles, et, les yeux ouverts et remplis de fureur, ne lâcha point prise ; quoique le fatal lacet l’eût déja suffoqué (8). Le lendemain Giacopo Pazzi, qui s’étoit enfui, fut découvert par des paysans, dans la Romagne, amené au palais, interrogé et pendu’à la même fenêtre. Son neveu Renato , fut exécuté en méme temps; mais il excita jusqu’à un certain point la commisé- ration publique, Détestant les troubles populaires, entièrement livré à l'étude, il avoit refusé de pren- dre part à la conspiration, et tout son crime étoit > {8) Cum: dejiceretur (id :quod mirum omnibus visum ÿri arbi- ‘Hror, nemini tamen ignotumn eo itempore extitit) sive id casds aliquis, seu rabies dederit, ipsum illud Francisci cadaver inva- dit, alteramque ejus marnillam, vel cum laqueo suffvcatus, apertis Surialiter oculis, mordieus renebat. Appendix XVII, t I, pP: 435. 320 Biographie. de ne l’avoir pas dénoncée, Le corps de son oncle avoit été enterré dans l’église de Santa Croce; mais, quelques jours après, une pluie abondante et extra- ordinaire tombant sans discontinuer, le peuple des campagnes, toujours superstitieux, accourut à la ville, accusa le cadavre de F, Pazzi de ce fléau, l’arracha de sa fosse, et lPenterra dans un verger, d’où il fut déterré le lendemain par une troupe d’en- fans qui après lavoir promené dans les rues, et lui avoir fait mille outrages, le jeterent dans lArro. Les deux prêtres, qui avoient attenté à la vie de Laurent , furent découverts, trois jouts apres l’évé- nement , dans le couvent des Bénédictins, arrachés de leur asile, et massacrés par le peuple, qui vou- lait: encore immoler les moines à sa vengeance, Montesicco , quoiqu'il eût refusé de prendre une part active à la conspiration, fut arrêté quelques jours après, au moment où il tentoit de sortir de Flo- rence ; et après avoir appris de lui tous les détails, on Jui trancha la tête dans le palais du Podestà. Au milieu de ces terribles exécutions, Laurent mit tout en œuvre pour calmer la fureur populaire, et arrêter l’effusion du sang. Il avoit déja péri plus de cent personnes , ou par le glaive de la justice ou par les mains de la populace, Laurent se montra magnanime envers ceux des conjurés qui avoient échappé à la vengeance populaire. H apprit que Averardo Salviati, proche parent de l'archevêque, s’étoit sequestré dans sa maison ; il lui fit demander une entrevue, et le reçut avec tant de politesse et de bienveillance, qu’il s'établit entre eux une liai- son Laurent de. Médicis. 3a1 son sincère , et que, peu d’années après, Giacopo Salviati, neveu d’Averardo, épousa l’une des filles de Laurent. On mit aussi en liberté, lorsque les troubles furent apaisés, le jeune cardinal Riario, qui eut la permission de retourner à Rome. Le pape cependant ne renoncoit point à ses projets contre Laurent. Il avoit mis dans ses intérêts le roi de Naples et le duc de Calabre. De son côté Lau- rent s'étoit adressé à la république de Venise, au duc de Milan, au roi de France, à celui de Bo- hême et à l’empereur, pour obtenir d’eux quelques secours, ou du moins leur médiation. Les troupes florentines en vinrent souvent aux mains avec celles des alliés, et furent tantôt victorieuses et tantôt repoussées. Laurent , que le succès incertain de cette guerre alarmoit, prit une de ces résolutions fortes qui ne conviennent qu’à des ames grandes. Il sortit de Florence au commencement de décembre 1479 , et, sans communiquer son dessein à personne, il s’achemina vers Naples, pour se livrer entre les mains de Ferdinand et se sacrifier , ou pour essayer de le détacher des intérêts du pape. Arrivé sur la frontière des états de la république, il écrivit aux magistrats pour leur faire part des motifs de son voyage, et il continua sa route. Il fut tres-bien ac cueilli par Ferdinand, eut avec lui de longues con- férences, et apres trois mois de négociations, il conclut avec lui un traité offensif et défensif. Le pape fit tous ses efforts pour faire rompre ce traité; mais la descente qu’avoit fait Mahomet IL dans la Tome II, x 322 Biographie. Calabre , où il s’étoit déja emparé d’Otrante, obli- gea le duc de Calabre à voler au secours de ses états menacés , et força le pape de mettre un terme à sa colère, et de se rapprocher des Florentins, dont il reçut enfin les soumissions , et qu’il releva de Pin- terdit qu'il avoit auparavant jeté sur eux. La paix, ainsi rétablie, laissa à Laurent le loisir de cultiver son goût pour les lettres, et surtout pour Ja poésie italienne , dans laquelle il excelloit. On a de lui des p'èces charmantes, plusieurs fois réimprimées, parmi Jesquelles on distingue ses BEONH, ou Ivrognes , en IX Capitoli. C’est une eri- tique ingénieuse de l’ivrognerie. On les trouve , mais avec quelques lacunes, dans les Opere burlesche del Berni, del Casa (9) ,ete. Sur la fin de sa vie, Lau- rent avoit formé le projet de se retirer à la cam- pagne, et d’y consacrer le reste de ses jours à l’étude et à la société de ses doctes amis; mais sa mort, arrivée le 8 avril 1492, l’empécha d’exécuter ce projet. | Les bornes de ce journal nous forcent à renvoyer le lecteur à lPouvrage même pour y suivre Laurent dans sa vie publique et privée ; il y trouvera l’his- 1oire littéraire de cette époque brillante; des anec- dotes intéressantes sur les grands hommes qui pa- rurent alors, et des notes curieuses sur le siécle de Léon X, second fils de Laurent , né en 1475, et décoré de la tiare le 11 mars 1513. (9) In Usecht al Reno (Venise). 1760. 3 vol. in-8.°, p. 145 eë sui. du 3.° PE ET Laurent de Médicrs. 323 Le traducteur a rendu un véritable service aux personnes qui ne savent pas l’anglois, en les met- tant à portée de lire l’ouvrage de W. Roscoe, Cet ouvrage, comme beaucoup de livres dé ce genre, manque , ilest vrai, de méthode ; l’auteur méle la politique avec la littérature, et l’on a de la peine à le suivre à travers ses courses errantes et ses digres- sions ; mais il fournit en abondance des matériaux pour l’histoire, preprement dite, et pour l’histoire littéraire, que l’on néglige trop parmi nous, parce qu'on n’en sent pas assez l’importance, et pourtant sans Jaquelle on est exposé à remplir ses ouvrages de notions fausses qui les dénaturent, où au moins les déparent, L'appendix , qui termine chaque volume, contient les pièces justificatives et des morceaux de littéra- ture précieux, tirés des MSS. de la Laurenziana , et publiés ici pour la première fois. Le style de la traduction est puret élégant, comme le lecteur a pu en juger par les passages que nous avons cités. Avant de terminer cet article, nous devons avertir l’auteur et le traducteur que l’Hermaphroditus d’ An- zonio Beccatelli, connu sous le nom d’Antonio Pa- normita, parce qu'il étoit né à Palerme , a été publié en entier en 1791, dans un recueil intitulé : Quin- que illustrium poetarum, Ant. Panormitæ ; Ramusii, Ariminensis; Pacifici Maximi, Asculant ; Joun, Se- cundt, Hagiensis Lusus in Venerem, pariim ex co- dicibus MSS, nunc primum editi, Parisiis, prostat a& X 2 324 Biographie. pistrinum in vico suavi (10), in-8.° de VIII et 242 pages, très-élégamment imprimé. L’Hermaphroditus a été tiré de la Laurenziana, par une main savante. Ainsi il faut redresser Ja fin de la note, relative à cet ouvrage célèbre, dont on desiroit depuis long- temps la publication, pag. 51, tom. I du texte an- glois, et 63, tom. I, de la traduction francoise. CHARDON-LA-ROCHETTE. (10) Cette adresse : Aa Pistrinum in vico suavi, seroit une énigme pour les étrangers, et même pour beauconp de Francois; il faut leur en donner le mot. Le libraire Molini (Ad Pistrinum), logé rue Mignon (in vico suavi), a Fait les frais de l'impression , et c’est «hez lui qu’om trouye ce recueil. ER Digi PRE RE EP ve RS USERS SA RE RE 1 SE LITTÉRATURE GRECQUE. Ava Navpari]s Aerrvosogis a ATAENAÆI Naucratitæ dipnosophistæ..… erzendavit ac edidit Johannes SCHW EIG- HŒUSER. Tom. I. Argentorati. Anno 1x (1801). Animadversiones in Athenæœum , etc. etc. Tom, I. | Vorcr un ouvrage attendu et demandé depuis longtemps. Athenée est un auteur que ceux qui cul- tivent la littérature ancienne ont sans cesse entre les mains; et les éditions en usage, qu’on peut ré- duire toutes à une seule, étoient tellement incor- rectes et défectueuses, qu’il falloit la plupart du temps deviner plutôt que lire le texte qu’elles pré- sentoient; ce qui, joint aux difficultés particulières à cet auteur, en rendoit la lecture pénible aux hommes même les plus versés dans l’étude de sa langue et de l’antiquité grecque. Cependant, depuis plus de deux siécles, personne n’avoit voulu se charger d’en donner au public une nouvelle édition purgée de toutes les fautes qui défigurent celle dont ou se sert, et accompagnée des éclaircissemens né- cessaires pour faciliter aux lecteurs l’intelligence du texte, Ce n’est pas qu’après Casaubon , l’Europe n’ait eu d’habiles gens, capables de suivre ses traces, et de suppléer, autant que faire se pouvoit, tout ce X 3 326" Litiéraire grecque: ® qui manque au commentaire de ce savant sur Athe- née ; mais il est à croire que Ce travail a effraÿé jusqu’à présent ceux qui auroient pu l’entreprendre ; et ilétoit tel, en effet, qu’on peut dire qu’il ne s’en offre point de plus grand ni de plus difficile dans Ja carrière de l’érudition : car cette science ( quelque nom qu'on veuille, lui donner), qui a pour objet d’expliqueret de rétablir les textes anciens, se par- tage , comme toutes les autres, en différentes bran- ches, dont chacung veut une étude toute particu- lière. L’explication d’un poète demande d’autres connoissances que celle d’un historien; et les re- cherches nécessaires pour bien entendre celui-ci se- roieut de peu d'utilité poux l'intelligence du premier. Les philosophes, les:orateurs, les rhéteurs ; les grammairiens , Ceux qui-ont, écrit des: sciences et des arts, forment des classes séparées;ret l’expé- rience a démontré qu'il n’étoit donné! à personne de les connoître tous à fonds, ni d’éxceller également dans toutes les parties de la critique-<:c'étoit pour- tant ce qu'il eût failu pour interpréter Athenée ; qui n’est pas un seul auteur, maïs un composé de mille auteurs; aussi différens pour le style que pour le fonds de leurs ouvrages, dont il a extrait tout Je sien. Mais si l’on ne devoit pas s’attendre qu'il parût jamais un critique en’ état de satisfaire à tout ce que les lecteurs peuvent exiger rigoureusement d’un éditeur d’Athenée ; cependant le publie connoissoit parmi ceux qui ont cultivé avec le plus de succès ce genre de littérature, des hommes dont l’érudition laissoit peu de chose à desirer pour cette grande en- Athénée. 327 treprise, et souhaitoit que. quelqu'un d’eux eût Ja hardiesse de s’en charger. C'est ce que fait aujour- d’hui le C. Schweighœuser. Son nom est assez connu pour n'avoir pas besoin d’éloge ; et ce qui paroît de son ouvrage est digne de la réputation dont il jouit : parmi les savans. Dans une préface, remplie de recherches intéres- santes, il instruit le, lecteur de tout ce que les an- ciens nous apprennent sur son auteur, des secours qu’il a eus pour son propre travail, et de celui des éditeurs qui l’ont précédé. On sait peu de chose d’Athenée. Il paroît que de son temps même ses écrits furent plus connus que lui, puisque les plus anciens auteurs qui aient fait mention de son ou- vrage, ne nous disent rien de sa vie. On ne peut méme fixer que d’une manière assez vague le temps où1l a écrit; et ce n’est que sur une conjecture un peu hasardée que le C. Schweighœæœuser se croit fondé à nous dire qu’Athenée a fini son livre vers l’an 228 de l’ère vulgaire. Au reste, dans le jugement qu’il porte de son auteur , le C. Schweighœuser est fort éloigné, de la partialité ordinaire aux commenta- teurs. Il avoue de bonne foi que l’ouvrage d’Athenée Jui paroït en soi assez mal conçu, et que cette im- mense compilation , où tant de matières hétérogènes se tiouvent entassées sans ordre ni mesure, tire au- jourd’hui tout son prix de la perte des auteurs dont on y retrouve les débris. Du reste, peu d’anciens ont parlé d’Athenée, Quelques-uns, comme Ællien et Macrobe , l'ont pillé sans le nommer. Le plus an- cien qui l'ait cité paroît être Harpocration ou bien X 4 328 Littérature grecque. Etienne de Bysance. Hésychius, et tous les autres glossateurs ou lexicograpges, s’en sont servis néces- sairement ; mais tous n’ont pas eu sous Îles yeux Youvrage même d’Athenée. Quelques - uns , et entre autres Eustathe , n’en ont connu que l’abrégé. On ne sait qui est l’auteur de cet abrégé , ni en quel temps il a vécu; et c’est sans aucun fondement que quelques-uns Pont attribué à Hermolaus de Bysance. Mais, quel qu’ait été cet auteur, le nouvel éditeur en pense assez favorablement. Il lui trouve du ju- gement ( tout en le blâmant d’avoir supprimé le plus souvent les titres des ouvrages, et les noms des écri- vains allégués par Athenée), et ne découvre rien dans son style qui ne lui paroïsse convenir aux temps où la langue grecque s’écrivoit encore pure- ment. Ensuite venant au temps où le texte même d’A- thenée parut imprimé, il parle de l’édition d’Alde, la première de toutes, donnée à Venise, en 1414. Tlen rapporte le titre, accompagné d’une espece de didascalie fort curieuse, où l’éditeur Musurus se vante d’avoir corrigé plusieurs milliers de fautes dans le texte, et réduit, à la mesure qui leur con- venoit, les vers qu’il a trouvés écrits sous la même forme que la prose. Nouvelle preuve ajoutée à toutes celles qu’on a déja de l’audace des premiers éditeurs, qui, plus ils étoient savans, plus ils doivent être suspects. Quant au mérite de cette édition , le C. Schweighœuser, d'accord avee Casaubon, dont il emphoye les expressions , la trouve inexacte et indi- gne de ceux qui en ont pris soin. Cependant il rend Athénée. 329 justice à l’érudition de Musurus, qui a rétabli heu- reusement plusieurs passages altérés dans les manu- scrits. La seconde édition se fit à Bâle, en 1535, par les soins de Jean Bedrot et de Christian Herlin. * Ce ne seroît qu’une réimpression de celle de Venise, avec de nouvelles fautes, comme il arrive toujours, “si les éditeurs n’avoient corrigé assez mal-adroite- ment le texte d’Athenée , toutes les fois qu’ils Vont pu faire, en recourant aux auteurs qu’il cite. Cependant le C. Schweighœuser ne fait pas de cette édition aussi peu de cas que Casaubon, qu’il accuse de l'avoir en même temps trop méprisée et trop suivie en beaucoup d’endroits, dont il eût trouvé de meilleures lecons dans Alde ou dans les manu- scrits, Après ces deux éditions, Athenée se trouvant dëès- Jors entre les mains de fous les savans, on ne tarda pas à le traduire. Le premier qui s’en occupa fut Noel le Comte (comme nous l’appelons) dont tout le travail, dit Casaubon, est de nulle ou de peu d'utilité, quoiqu'il ait eu l'avantage de remplir, à l’aide des manuscrits, une grande lacune qui se trouvoit avant lui dans le quinzième livre. A cette occasion , le C. Sehweighœuser entre dans des détails curieux sur les fragmens et les variantes du texte d’Athenée, recueillis vers ce temps-là par des hom- mes très-savans, tels que Piétro Vettori, Muret, Henry Etienne, et publiés depuis ou seulement cités dans divers ouvrages, et cachés aujourd’hui dans les bibliothéques. Casaubon fait mention quel- que part d’une édition d’Athenée, entreprise par 22 330 Littérature grecque. Turnèbe, et dont il a vu le premier livre. C’est tout ce que l’on en sait. En 1583 x on imprima à Lyon Ja version de, Dalechamp ,.le premier travail considérable qui se soit fait sur Athenée, Pour peu qu’on connoisse Dalechamp, comme interprète d’A- thenée, on souscrira sans peine au jugement qu’en porte le C. Schweighæuser, lorsqu'il dit qu’encore que ce traducteur ait manqué en mille endroits le vrai sens de son auteur , il ne laisse pas néanmoins de mériter beaucoup d’ éloges, pour avoir surmonté le premier, dénué des secours que nous avons, de grandes difficultés, et montré presque. partout une sagacité admirable. Casaubon ne lui a pas rendu assez de justice ; et c’est de quoi le C: Schweighœuser le reprend modérément. Enfin, parut en 1597 l’é- dition de Casaubon ,la seule imprimée sous ses yeux, et l'original de celles, dont on se sert aujourd'hui , qui fut suivie trois ans après de son grand.commen- taire. Il n’y a guère d'ouvrage plus connu ni plus fréquemment cité parmi les savans; ét on ne peut lire. sans intérêt les détails que donne le C. Schwei- ghœuser sur cet admirable livre. Par exemple, ce qu'il nous apprend des manuscrits dont, Casaubon s’est servi, et des variantes qu’il a eues, au moyen .de divers extraits, montre à merveille l’usage qu’en faisoient alors les sayans, moins minutieux, si lon veut, mais aussi beaucoup moins exacts qu’on ne l'est aujourd’hui sur ce.point. Voilà en raccourci le tableau que trace M. Schwei- ghœuser du petit nombre d'éditions qui ont précédé la sienve, I] parle.ensuite des secours qu'il a dû tirer Athénée. 331 des ouvrages de plusieurs savans qui, sans avoir tra- vaillé ex professo sur son auteur , en ont traité quel- que partie dans des recueils de fragmens, corrigé ou éclairci par occasion divers passages ; car on sent que c’étoit un point des plus.importans, et le pre- mier devoir,, sans contredit, d’un éditeur d’Athenée, de mettre sous:les yeux des, lecteurs toutes les con- jectures ou explications éparses dans une infinité de livres de critique‘ou de.philologie qui ont paru de- ‘puis; Casaubon , et il n’y,en avoit presque point qui m'offrit quelques observations à. citer on à réfuter. Ce seul travail, bien exécaté,; étoit un grand ser- vice à rendre à la littérature antique. Le C. Schwei- ghœuser n’a rien négligé pour s’en acquitter autant que le Jui ont permis les ressources qu'il avoit à sa disposition ; et, comme il. n’a point cherché (ainsi qu’on le fait trop souvent:), à éblouir ses lecteurs par des promesses fastueuses ses lecteurs lui sau- ront gré. d’avoir tenu plus qu’il n’avoit promis: Mais un. mérite inappréciable. de cette nouvelle édition, ce sera d’avoir été revue sur deux excellens manuscrits, dont l’un étoit presqu'oublié ; l’autre paroît n’avoir été connu de personne jusqu'a pré- sent. Le premier contient en entier l’abrégé d’Athé- née , et l’on y retrouve non-seulement les paisages que. divers savans.ont publiés séparément. comme manquant, dans les imprimés, mais encore quelques autres entierement inédits. Quoiqu'il ne soit. pas plus ancien que le milieu du XIV siécle, selon la con- jecture de M.Schweighœuser, il ne laisse pas d’être d’une grande utilité, d’abord pour la correction de 332 Littérature grecque. tous les endroits où l’abrégé nous tient lieu du texte perdu, et ensuite pour rétablir beaucoup de pas- sages du texte même. Ce manuscrit est passé de la bibliothéque de Sédan dans celle de Paris , d’où il a ‘étéenvoyé à M. Schweighœuser , par ordre du minis- tre de l’intérieur. Le second et le plus important est “venu de Venise à Paris. On le croit du X.° siécle, ‘et par conséquent plus ancien qu'aucun des manus- crits connus du même auteur. Maïs ce qui le rend plus précieux , c’est qu’il est évidemment l'original ‘de tous ceux qui existent aujourd’hui. Aux preuves “qu’on en apporte , il n’est pas permis d’en douter ; ‘et ces preuves sont les mêmes auxquelles on a re- “connu également pour original un manuscrit de Lon- gin de la méme bibliothéque ; c’est-à-dire, que toutes les lacunes qu’on trouve dans les exemplaires ma- nuscrits ou imprimés, répondent exactement à des ‘feuilles ou portions de feuilles qui manquent à celui- ci, Les avantages qui'doivent résulter pour la nou- velle édition d’une pareille découverte se conçoivent ‘aisément, On regrette seulement que l'éditeur n'ait pu avoir sous les!yeux, dans le cours de son travail, ce manuscrit qui devoit en être Ja base. Car quoique “cétte collation ait été confiée aux soins d’un jeune homme des plus instruits (1) et qui a donné des preuves de son habileté en ce genre; cependant ‘ou sait ( et M: Schweighœuser en fait laveu “quelque part } que les yeux d’un éditeur décou- vrent en pareil cas , mille choses qui échappent aux plus clairvoyans , ‘et ce regret est d'autant plus (x) M. Schweighœuser le Bls. Athénée. 338 grand, qu’on connoît M. Schweighœuser por un des hommes les plus capables de tirer des manuscrits tout Je parti possible, lui qui n’en a presque point touché, où il n’ait fait des découvertes curieuses et utiles. Mais une réflexion qu’on ne peut s'empêcher de faire sur le sort de ce manuscrit, venu d'Italie en France depuis peu d'années, c’est que la graude ré- volution qui a transporté chez nous tant de monu- mens des sciences et des arts, tourne promptement au profit des unes et des autres. Ces chef-d’œuvres de la sculpture antique et du pinceau moderne, attiroient , de-là les monts, nos artistes obligés de les étudier à la hâte et de les quitter à regret. Dé- sormais les modèles de l’art ne seront plus séparés de, ceux qui savent les reproduire; et, dans Paris, Raphaël a maintenant plus d'élèves, Apollon plus: d’adorateurs , qu’à Rome même au temps des Césars et des Médicis. Mais ces premiers exemplaires des auteurs anciens , les seuls où l’on retrouve encore, après tant de siécles , les paroles méme des maîtres de l’éloquence et du goût, étoient perdus pour le public, partout ailleurs que dans le lieu où se réu- nissent les lumieres et tous les secours nécessaires pour en faire usage. Depuis la renaissance des lettres, le charmant recueil de Anthologie et les débris de l’ancienne poésie conservés par Athénée , étoient dans les mains des sayans et de tous les amateurs de la belle antiquité ; mais défigurés par mille taches que: la critique s’efforçoit inutilement d’effacer ; tandis que Saint-Marc et le Vatican renfermoient ces textes! précieux daps l’état le plus approchant de leur pu- | 394 Littérature grecque. reté primitive, On ne connoissoit qu'imparfaitement le fameux manuscrit dont M. De Ja Rochette va se servir pour nous donner l’Anthologie en son entier; celui-ci , plus important peut - étre, étoit encore plus ignoré, Maïs à peine entre nos mains, ces tré- sors de J’ltalie sont aussitôt répandus dans tout le monde savant, et l’Italie elle- même jouit des dons qu’elle nous a faits. Au reste, l'éditeur prévient qu'il na pas eu, comme beaucoup d’autres, l’avantage de se pré- parer pendant longtemps à un travail aussi diffcile que le sien, et de rassembler à son aise tous les nia- tériaux qui lui eussent été nécessaires , s’étant trouvé engagé à cette entreprise par une suite de circon stances , au refus d’un homme de lettres, qui ne veut pas être nommé, et qui avoit auparavant pro- mis de s’en charger. Des secours importans sur les- quels il avoit compté , lui ont manqué au moment même d’en faire usage. Par exemple, le célebre Brunck devoit l’aider de ses lumières et de sa biblio- théque. Mais ayant renoncé tout-à-coup aux lettres qu’il a cultivées avec tant de succès , et résolu même de se défaire des livres qui lui restoient , il n’a pu contribuer en rien à cette édition, si Ce n’est par quelques notes écrites, il y a longtemps, sur les marges de deux exemplaites , l’un desquels conte- noit ses propres conjectures > ED assez grand nombre, mais faites, à ce qu’il paroît, dans le courant dela lecture et sans aucune méditation. Sur l’autre étoient les variantes d’un des manuscrits de Paris. Tout cela à été communiqué à M. Schweighœuser qui en Alhéenée. 339 a enrichi ses notes. Deux savans des plus distingués, les CC. Dutheïl et Coray lui ont envoyé leurs obser- vations insérées dans son commentaire. Les notes du premier, malheureusement peu nombreuses , ré- pondent aux preuves qu’on a déjà de son érudition. Céfles du second se rencontrent plus fréquemment et paroïissent toujours dignes de cette rare sagacité que Îles savans lui connoissent. Venons à l’ouvrige même et à l’examen de son exécution ; il est imprimé par la société typogra- phique de Deux-Ponts, établie maintenant à Stras- bourg, et l’on peut dire que cette célèbre impri- merie n’a point encore produit d'ouvrage aussi im- portant ni aussi bien exécuté. Le texte et la version latine se trouvent sur la même page, accompagnés des variantes les plus considérables; forme qui ne plaît pas, comme on sait , à tous les savans, mais qui a pour elle Pusage et le suffrage d’un homme dont l’autorité est d’un grand poids en ces matières. C’est cette même forme que M. Vyttembach a adoptée pour son Plutarque, apres en avoir montré les ayan- tages dans sa bibliothéque critique. Le volume qui paroît d’Athénée contient les trois premiers livres du texte, partie de l’abréviateur , partie d’Athénée lui-même. Les commentaires , sur les deux premiers livres seulement, forment un volume séparé. Des chiffres placés aux marges indiquent les pages et les chapitres de l’édition de Casaubon ; et l’on n’a rien négligé de tout ce qui pouvoit être commode aux lecteurs dans l'usage de cette édition, tellement qu’il est plus facile d'y retrouver les citations de 336 : Littérature grecque. celle de Casaubon que dans Casaubon méme, La version latine étoit un article des plus impor taus, devant être comme une espèce de commen taire perpétuel , et épargner en même temps beau coup de commentaires. Aussi voit-on que M. Sch- weighœuser s’y est appliqué singulièrement. I] l’a refaite en entier, et comme il écrit en latin avec beaucoup de facilité, il a des ressources toutes particulières pour rendre le texte avec précision et faire entrer ses lecteurs dans le sens intime de l’au- teur. Il n’y a que ceux qui connoïssent le prix et la difficulté d’un pareil travail qui puissent lui en savoir le gré qu'il mérite. Les vers de Grotius Jui ont servi pour ses fragmens des différens poètes. Mais on sent qu’il lui a fallu les retoucher en beau- coup d’endroits, où les changemens faits au texte, produisoient un nouveau sens. Ces changemens sont fréquens et considérables. Cela ne pouvoit être au- trement ; car , outre une infinité de passages qu’on a corrigés à l’aide des conjectures et des manuscrits, les grammairiens anciens ( Suidas surtout qui ne s’est pas servi, comme Eustathe, de l’abrégé seu- lement, mais du texte même }, ont fourni à M. Sch- weighœuser de quoi suppléer en plusieurs endroits les noms des auteurs.ou les titres des ouvrages omis par l'abréviateur. Il a tiré du même Suidas des phrases entières dont on ne trouve aucune trace dans l’abrégé, et les a insérées dans le texte. S'il étoit en droit de le faire, c’est de quoi les savans jugeront ; mais sûrement il l’a fait avec la critique judicieuse et le discernement qu'on devyoit attendre d’un Athénée. 337 d’un homme comme lui, exercé à découvrir et à remplir heureusement les lacunes dans les anciens textes. Il n’adopte ordinairement , qu'avec beaucoup de circonspection , les conjectures de Casaubon et des autres critiques, quelques probables qu’elles pa- roissent , laissant dans le texte la lecon que donnent les manuscrits toutes les fois qu’on peut en tirer un sens supportable, du moins dans tout ce qui est écrit en prose ; car dans les vers il se montre bien moins difficile; et pour rétablir le mètre, on le trouvera peut-être en quelques endroits trop prompt à recevoir les conjectures de plusieurs savans, dont les assertions , sur cette matière , ne sont pas toujours démontrées. Dailleurs on sait en général que ceux qui citent dés vers dans un ouvrage en prose, les tronquent et les altèrent souvent , faute de mémoire, ou à dessein. C’est ce que Casaubon lui-même a re- ‘connu dans Athénée ( page 13. E, et ailleurs ). Brunck sur Aristophane (fragm. pag. 232 ) a fait la même remarque , et c’est cette remarque qui doit nous tenir en garde contre l’audace des critiques, qui tous ont eu cette manie de reiaire, sur un mètre quelconque, les fragmens des anciens poètes cités par les grammairiens ; à quoi ils réussissent toujours, m’étant embarrassés de rien, et ayant même trouvé moyen de mettre en beaux vers la prose de divers auteurs qu'ils ont pris pour des poëtes. C’est ainsi qu'un fragment de lhistorien Ménandre se lit en vers de six pieds; de la façon d’un savant (Schur- fleiz sur Longin ) qui a cru que ce Ménandre étoit Tome IL. Y 338 Littérature grecque. le poète comique. Turnèbe ( Voyez Casaubon sur Athénée pag. 8. D. ) avoit versifié non moins heu- reusement les paroles d’Athénée lui-même, pensant que ce fussent celles d’un poète ; et Casaubon , qui l'en reprend, est tombé plus d’une fois dans la même erreur , comme nous le verrons bientôt. On pourroit appuyer ceci de beaucoup d’autres exemples, mais il suffit de voir dans le volume que nous examinons les peines que se donne l’éditeur pour remplir ou établir la mesure des vers, ajoutant par-ci par-là des hémistiches entiers , et recevant sans facon toutes les particules oiseuses que lui offrent les critiques, ‘5 To vareperd'eiy To avaler TS HETES LA) &YATTANE GUY TO KEY, 1YOS 73 juteu , comme dit Lucien, au lieu d’avouer le plus souvent que l’auteur et plus encore son abréviateur, ont pu retrancher des mots , des hémistiches, des vers entiers, les transposer et les couper en mille manières différentes , comme on reconnoît qu'il l’a fait dans beaucoup de citations dont les originaux existent. Aureste, en cela même, M. Schweighæœuser paroitra fort modéré à ceux qui connoissent la furie de certains critiques de ce temps, lorsqu'il leur tombe entre les mains un poète tragique ou comi- que. Il en est même peu avec qui ceux-ci en eussent été quittes à si bon marché, et qui n’eussent pas fait main-basse sur tout ce qu’il y a de vers dans Athénée, Menando ad ambe man con molta Jfretta. Mais le nouvel éditeur est de si bonne composition, qu’il a été jusqu’à souffrir , sous la forme de la prose, les fragmens dont il n’a pu régler ou découvrir le mètre. D'ailleurs, il a soin de n’admettre aucune Athénée. 339 Conjecture dans le texte sans en avertir, et donne scrupuleusement, dans les notes ou dans les va- riantes, la leçon des éditions et des manuscrits, sincérité plus rare qu’on ne croit, Les variantes, comme on l’a dit, se trouvent entre le texte et la version latine, non toutes, mais seu- lement les plus intéressantes. Les autres seront ras- semblées à la fin de l'ouvrage. La plus grânde partié du commentaire est employée à la discussion de ces variantes , qu’on examine fort en détail; si cette méthode a des longueurs, elle a aussi ses avantages. M. Schweighœuser auroit pu réimprimer séparément les commentaires de Casaubon , à la suite de son ouvrage, ou les omettre tout-à-fait, et il se seroit épargné tout le travail qu’il a fait sur ces mêmes commentaires, pour la commodité et l’utilité des lecteurs; mais il a mieux aimé les insérer dans les siens morceaux par morceaux, et se charger d’éclair- cir ce qui s’y trouve d’obscur ou d'embarrassé, soit en joignant aux passages, dont Casaubon s’est servi, indication exacte des lieux où il les a pris, soit en fortifiant lui-même ou mettant dans un plus grand jour les idées de ce savant homme par de nouvelles autorités. On se doute bien néanmoins qu’il n’est pas toujours de son avis. Mais s’il le combat quel- quefois, c’est toujours avec de bonnes raisons, et le plus souvent avec succès; et ce parti qu'il a Pris, d’unir ses commentaires avec ceux de Casau- bon, de manière à n’en faire qu’un seul tout, a, pour le lecteur et pour lui, ce grand avantage, qu’à l’aide de quelques mots, on méme d’un simple Y 2 340 Littérature grecque. renvoi , il confirme ou détruit le dire de Casaubor, sans étre obligé d’en faire une discussion séparée , comme cela eût été nécessaire, s’il eût fallu le citer et développer au lecteur la suite de son raisonne- ment. Quelquefois il se contente de faire méntion par extrait des observations de Casaubon ; mais le plus souvent il les rapporte tout au long , et n’en retranche que ce qui lui paroit entièrement étran- ger au texte de l’auteur. Enfin, les savans trouveront dans ces deux vo- lumes uue infinité de choses intéressantes et nou- velles qui jettent un grand jour sur toutes les par- ties de lérudition. Mais, pour mettre nos lecteurs à portée d’en juger eux-mêmes, nous fixerons jeur attention sur quelques endroiïts pris au hasard, qui donneront une idée du tout, et dans cette espèce de revues de différens passages traités plus ou moins heureusement, nous donnerons +» mapepy» , quelques idées qui nous sont venues dans le courant de la lecture sur la correction où le sens de quelques-uns de ces passages. Car encore que tout ce texte aït été traité comme on voit par les gens les plus ha- biles, il n’est presque pas possible que la lecture un peu attentive d’un auteur tel qu'Athénée, ne produise quelques réflexions qui ont échappé à ces sayvans hommes. Commencons par deux corrections qui serviront d’échantillon pour toutes les autres. La 1.°"* se lit dans la préface et se rapporte à la page 700 À. de Casaubon. Avabusd'eidns ev üGeas no6v naGwr Toy Paroy éÿois (codd. aus) Toy AY YOY: Casaubon Athénée. 341 a marqué ce passage comme corrompu, et propose : ey Yégu # Koydone ; mais M. Schweighœuser corrige Avzkadeidrs €y "Yéga #2 œxu haGoy Toy Dayor ; dus pos Auxyoy. La 2.° est dans le 3.° livre, p. 89 D. de Casaubon. Ayunyreros Des EvPavss Pur verso ey TÉS [4H CUX2Y co10y- Tas* ‘Hyscrayaxla ysr Toy Axcbardpte , TOY Ta Isoptes ypæ- Vale , rar aexvus ovre mevile, nas Tparyadar Quos yevecdc xui Umou£ilixoy Hal EUXYOY, AP des élay cuxar pen yiu- gop2eyoy. L'éditeur corrige oÿlæ Tamévmyor, el il ne se peut-rien de mieux. Mais peut-être faut-il encore, au lieu de TEayo00y Teaywd mor. Cette forme est sou- vent altérée de la sorte. On trouvera dans le courant de l’onvrage une foule de ces corrections propostes par M. Schweighœuser. Par exemple, p. 6. C. & reaapo , au lieu de e Sea ; p. 9. E. ces exculepier > p. 13. D. sas" ‘Oumpe, el passim. Voici cependant un endroit où il semble que le savant interprète opriéos 720 œuæple , HEYIpE Yae ot Toy AT0o&V,. Athénée (page 20. C.) ayant remarqué que des chanteurs, des baladins , et autres gens de cette espèce, avoient été plus honoiés que quelques grands hommes dans différentes villes de la Grèce, paroît vouloir faire indirectement le même reproche à Ro- me, dont il parle d’ailleurs en termes tres-pompeux (et tirés des poètes, pour le dire en passant), l’ap- pelant la patrie de toutes les nations, l’abrégé de J’univers, la capitale du monde. Après quoi il s’ex- prime ainsi: gro # (ummæles (c’est-à-dire les Ro- mains, et avec eux tous les peuples réunis dans 6 342 Liliérature grecque. Rome) roy 59° muovy Quai Quroropos, opynrm , Mecque sXŒhEC EY" amupyaloles rm dix Ts copaos æÿls entr Th ray Toncoy apyæxortpe, ex ns Baxguudns noi — Tu ayeipaæyToy. TE MeuQuiy a douxadte Néihoy — &ras Tyr mube-opetor PiAocoQiev emidixVuaiy 4TIS Est > METU CIO NS rev seu uDerida ca@esipgy # oi TOUS TOY ÀsYaY TEXVAS Emay= fEeAoeevor d'id'uoxes, Tue de sure Tao OCXUTEWS y TAS TEUYIXMS xahsuerne, mpaos ciomyrlns yifove BalvR@ à Anckævdpeus, _ Hi igitur cuncii saltatorem , qui nostra ætate ex= 1itit, tnquit philosophus, Memphin appellarunt ; mo- tibus corporis , quos ille peragere noverat , honorem tribuentes antiquitate nominis ; ab urbe antiqgwissimaæ maximèque regia repeliti. Qua de urbe Bacchylides ait : Nullis tempestatibus agitatam Memphin Ni- lumque arundinosum. Ostendit nobis Athenœus, Py- 1hagorica Philosophia qualis sit ; per silentium om- nia mantifestius nobis declarans , quam qui scientias artesque se docere profitentur, Tragicam quam vocant saltationem , quæ Athenœi ætate 1n usu fuit, primus introduverat Bathyllus Alexandrinus. Toute cette phrase 8ros ru mubayopeser. . . embar- rasse l’interprète qui, ne sachant à quoi la rap- porter, suppose que labréviateur a mutilé tout cet endroit. Remarquez d’abord que les manuscrits portent, comme les imprimés, ro «Q° mov, Quri, Qiaooger oexnsw. Cela posé, ne pourroit-on pas traduire ainsi tout ce passage? Les Romains donc, dit Athénée, ont appelé Mem- phis le danseur philosophe, le sage danseur de notre temps , honorant son talent du nom de la plus au- Athénee. 343 guste des villes, de laquelle Bacchylide a dit... Ce danseur nous montre ce que c’est que la philo- sophie de Pythagore, lorsque gardant le silence (à l’aide du geste seul ), il nous explique les choses avec plus de clarté que ceux qui se donnent pour maîtres dans l’art de la parole, que ceux qui font profession d'enseigner à parler, (c'est-à-dire les rhé- teurs). Bathylle d'Alexandrie à introduit le premier ce genre de danse dans lequel excelle aujourd’hui (ou a excellé) Memphis. Cet endroit, ainsi expliqué, paroît fort clair et fort simple. Pour entrer parfaitement dans le sens de ces mots, Tor «@° muy Qinoro@oy OEXATUY y il seroit bon d’a- voir lu tout le traité de Lucien sur cette matière. Mais qu'on voye seulement l'endroit {t. V, p.145) où il dit que /& danse tragique ( dont il s’agit ici) exige une grande connoissance de la philosophie tant morale que naturelle, et on n’aura aucune peine à passer à notre auteur cette expression un peu s0- phistique, sans doute, mais conforme aux idées du temps. Quant à la correction @nai Quaorages , intro- duite par l'éditeur, plusieurs raisons se réunissent pour la rejeter. 1.° Il faudroit absolument @uew & Quorages; ce qui s'éloigne fort des manuscrits. 2.° que signifie : Les Romains ont appelé Memphis le danseur de notre temps (car c’est le sens de la phrase ainsi corrigée), comme s’il n’y avoit eu qu’un danseur du temps d’Athénée. 3.° L'abréviateur ne donne , nulle part que je sache à Athénée, le titre de philosophe. Et M. Schweighœuser, qui avance Y4 344 Littérature grecque. le contraire, ne cite que cet endroit da 2.° livre; P: 50. D. «x T#]oy eor doxsi Quoi à DiAocoPos ro Vuy xepurio xonsperey euparibes , où il est clair que la virgule doit se mettre après @#et (non après Qromges, comme dans la nouvelle édition }, et que qraasigos doit s’en- tendre non d’Athénée, mais de Théophraste, comme P: 77. F. £y de T& C'evrepo Ty Qu'ixns isopias o QihoroQos press et p. 83, D. ques yap à Quaocados er ro rilagro ns Er Quiav iropras. Ne quittons pas ce chapitre sans faire quelques réBlexions sur la phrase du commencement: 571 oxs- ons dyor ryv ‘Pom Qui. duos signifie proprement le chef-lieu. duos, ÿ AO œuy Ty BsAn. Timée. Voyez de plus Walckenær Herodot p. 224. Je ne sais si la version orbis terrarum populum présente ce sens. Quelques manuscrits, au lieu d’ére, donne pos. L'éditeur propose égy 071 On liroit peut-être en- core mieux éôre Qpos Pres. C’est la phrase ordinaire de labréviateur. P, 35. A. ôrs Nixærdeos Quet P. 44. B. 671 Doraeyos Quai. Orus où Horus, est un nom que plusieurs écrivains ont porté, et que nous allons, par occasion, rétablir en un autre endroit, où notre abréviateur l’a omis, comme il fait souvent. C’est ‘dans le 3.° livre, p. 40. E. Tailus ‘re XOASUEY TS GE piles xobl pile TIVOS HLUSIXAS Tapadocios ÉopTuS , TuY £lS œUTas dar avaler ÉVEMA, TEAEI yee To dumayes. On lit dans l’étymologique, rx67», Suis Rvsngiodns. ô de Qpos 0 nous Reyes 07e TiAilos 4a- Asoi Tus eaiuui@ss nai pile Tivos prusixns mapadortas topluss Sylburge propose , 72e em pridons. Je crois qu'il faut lite, rés naiss, togln Énoios , n mur 706 ayojetin, Jéte Aihénée. 345 solennelle, expression fort usitée. On dit tout ausst bien emavnss toplas. Mais je ne sais si srécar amugyer Que Toup (Ep. critica, p. 67, edit. Leipsig.) veut re- mettre dans Plutarque, est aussi bon grec, et s’il ne faudroit point comme ici errrian. Cette erreur des copistes qui ont mis es pour pos, est des plus fréquentes dans les manuscrits, comme on sait. Par exemple, en cet endroit du livre 3, p. 101. F., Owvuader A es bio y ras xaA0s dmolyxas mapadidovros fuir ApyeoTus, 05... Met cuxea- Aves, .., Lisez &s DAT CouSsneus. C’est la phrase d’'Ho- mère : Java & exes ds 87 muy Trade Qapuax TAVALTE Athénée, sans étre-lui-même un bon écrivain, suit cependant les anciens, comme font tous ses pareils, allant toujours tant qu’ils peuvent , dietro all’orme delle sacre piante, Au reste, Sawpabew &s et mes, sont des expressions communes. P, se F. KAcapyos de Quoi Draobevor , EY TN mueidi ei RES MORE à MPOAEASHLEVO , COTHA SLT TOUS OILIUS j UAO= Asbwlov œuvre maiduy #4 epoyray £Aœioy, ouoy, 0Ë05% yapor, mat we noucuala. entire ticioÿle ei Tus æoTpias oxies, Tæ edapevæ vous mois @pruty, :EmeuorTé @V E56 Mtie. ur $ros avaxeuVarre, evaytiQr. Au lieu d’avaxauÿavra que donnent les manus- crits et les éditions, Casaubon approuve avax2Ÿar T4, et condamne même ayexeuVayre, sans qu’on puisse deviner pourquoi. M. Schweighœuser à mis dans le texte, d’après Suidas, avaxvŸarræ, qu’il traduit, eo labore defuncium. On ne voit rien dans ce passage, tel qu'il est dans les manuscrits, qui puisse faire la moindre 946 Littérahfre grecque. difficulté quant au sens. Philoxène partoit de chez lui, après s’être baïigné (comme on faisoit avant le repas), et allant de maison en maison, accompagné de domestiques qui portoient de l'huile, du vinai- gre, du garum, etc. ; il ajoutoit, dans chaque cui- sine aux méêts que l’on préparoit, les assaisonne= mens convenables ; après quoi, revenant sur ses pas, il parcouroit de nouveau ces mêmes maisons, Pour manger avec les maîtres ce qu’il avoit ainsi préparé. Telle est la force d’avuxewÿer, qui signifie pro- prement refourner sur ses pas pour parcourir une seconde fois le chemin que l’on vient de faire, et c'est en ce sens que l’emploie souvent Aristote , le plus grand maître de la langue pour la propriété des termes. Par exemple, en parlant de l’enfance et des inconvéniens de cet âge, il dit : xer yæg em Tarov (Tor Bios) avaxaudus manu #dus av daopevtres ev ?povar. Cette expression et d’autres semblables sont tirées des courses de chars. 2oun4p, Mel. La7M , OÙ xeumos, imwodpouos. Vyltembach sur Plutarque de Serû N. PV, p. 133. Tout cela est trop vulgaire pour avoir pu étre ignoré de Casaubon. C’est donc par pure inadvertance qu'il a condamné ici la lecon des manuscrits, distraction fort excusable dans un ou- vrage aussi grand et aussi admirable que le sien. P. 37, B, depuis ces mots Tac de, jusqu’à Dio- pos de ; c'est le chap. 5 du 2.° livre dans la nouvelle édition. Le sens en général est assez clair partout, et il semble ,.à la premiere vue, que ce chapitre, sur lequel on trouve peu de notes, n’offre aucune “Athénée. 347 difficulté. Cependant on desireroit des éclaircisse- mens sur quelques endroits. Timée raconte, dit notre auteur, que dans une maison d’Agrigente, des jeunes gens s'étant eni- vrés, s’imaginèrent être sur un vaisseau battu de la tempête, xes rocsror exQpores yereQær, às To umo TYs suxias mavre cneun nos spopale pra, ds emt Tyy aAzoTey , Tyy vauy dia Toy yemavæ &mo@opriedey dobay œuTois Aïr/E1r Tor xoGepryrm. T'untumque de potestate mentis decide- runt, ut vasa domus omnia et siragula , quasi int mare , foras ejicerent. C’est la version de M. Schweighœuser. S'il a voulu construire jezew ds emt ray Janæorav, Jeter comme s’ils eussent jelé dans la mer ; il faudroit és us rm Sa- Aaesay, S'il a entendu in mare dans le sens absolu, comme nous disons en mer, il faudroit alors às & Saraosn. On dit & Jaacern, sur mer, e yn, KEpe sur terre, e nzupo , dans les fameux vers de Timo- créon. — Ensuite : AapayEVOUEY@Y Ta spalyyar ext Ts aixiay | eyxuybeyres oi yeavimxos Ts vauriules amexpivæy]o.... au lieu d’syxauterres M. Coray propose , avæxpsbevres. M. Schweighœuser, syxandevres; J’aimerois autant eyxacto- devres, enfermés dans la maison.— Saupagsluy de rav sparwyar Thy exmAnëty ray aydpav. M. Schweighæœuser tra- duit, mnirantibus prætoribus attonitum hominum stu- porem ; et il ne pouvoit guère mieux faire avec cette leçon. exrankis qui signifie, selon Aristote ( rex. p. 333, edit. Sylburg.), üzregéoan Savaciories , ne convient point ici. Lisez zasËs , et conférez Toup, sur Lon- gin, ch. 15., et Periz. sur Elien. Var. Hist. liv. IT, chap. 19. — (oyfoles &r oi cparmyer tn œvlur ensartt, smiripuoarles pen mAtiovos ve suopuidey ; «Drxur. Ne pos- 348 Liliérature grecque. tea vino se ingurgitarent ,; dit la version, et c’est bien là le sens qu'il faut; mais ce n’est pas celui du texte tel qu’il est. Suivant cette lecon, les ma- gistrats leur défendroient de boire plus de vin qu’ils n'en ont bu, de se remettre à boire. Lisez : gen mAtror os éQopuider, qui fait le sens de la version. g1 mur est pour pwxert, et doit se joindre ayec su@opes eu 3 comme en cet endroit de Démosthène, corrigé mal- à-propos : ausoy À nas maparxeuubeder Boules æulois à VEYpaQe pur be pen mAMOY EvoUANE GÉA TETUY. Au reste, il est fort vraisemblable que cette faute ne vient pas des copistes. C’est sans doute une correc- tion de l’abréviateur, qui aretouché avec cette adresse une infinité d’endroits de son auteur. Par exemple, liv.3, p.78, D ,ev ro yuao ray cuxar tt diarecpoilo, Dans ce passage , l’abréviateur supprime la proposition, en quoi Je savant éditeur a grand tort de l’approu- ver. Ni l’un ni l’autre n’a senti la grace de ce pléo- nasme , qui se retrouve dans Sophocle (Philoct. 1160. Brunk. #15 &d" ey œvpais recge]e) et partout chez les Attiques. P. 109. E. 6 aplos egapirys ‘Podiax@ ro simpa vois pay/uaot nat TA puñaxornli, ai roiaÿlyy eybeumloury@ exe meos Toy yavxuy (urauaar , @st ous mparbiampives Jau= HoToy TL CUYTEASI. Les manuscrits donnent ouvertes ose mporGiel opeevor. L’abréviateur a changé ses en se , qu'il a cru néces- saire ici. D’après lui, Casaubon et M. Schweighænser (qui a imprimé comme on voit), ont adopté és: dans le texte. Cependant on s’en passe fort bien en lisant : X@l TolduTHy evbpurloeey © EXEÉ MPOS TOY YAUXU) TUYAUAIEY à de magxortyaboperey Jeumesor ri (Cuyrenew. Sous-entendu Aihénée. 349 #se, Comme p.40, C. ov peluw rar Pegvaciy ex Torslor paoyoy , & diopbeQ a BsGarus To culs ru yexguale. Hit dans “Euripid. Hippolyt. V. 499 Toyap Thod 8 FRQTIMNT® LARGY (c’est ainsi qu’il faut lire) ro pen s mapacyu, pour age pen reggexew. Philemon le grammairien, cité par Brunck sur Soph. æd. t, 1803, ea de ove o rs àse AIT oYTOS, gdev D$g rslo 4 Cuvraë@ Bar réleu. On voit qu’en ces deux endroits labréviateur s'est permis d’omettre la préposition, et d’ajouter l’ad- verbe mal-à-propos, surtout dans Île premier pas- sage. Îl est aisé de s’apercevoir qu’une grande par- tie des fautes qu’on attribue aux copistes, viennent de son ignorance ou de la précipitation avec laquelle il travailloit. Ceci demanderoit un développement que les bornes de ces extraits ne permettent pas. Mais voyez p: 14, D. Depuis #5 7nr évpeo, jusqu’à yuparte mporos, une aracolouthie horrible, C’est en- core pis, p.16, D. xs re têns,.. , où le peu d’attention de l’abréviateur paroïît clairement, quoi qu’en dise M.Schweighœuser.— P, 20, E, réror roy Bafuañor Qnour Apisouxos..., 1] débute par le discours indirect , et poursuit de même jusqu’à ce de Quoi ors Kpns,...3 la il passe, sans y penser, au discours direct : #v de # Tlvrads ogynris... , puis tout-à-coup il.reprend comme il avoit commencé indirectement : xd yae ümopynue ri ralor diuribecôy. — Voyez ce que dit M. Schweig- hœuser, p. 177 de ses notes, où, tout porté qu'il est à l’indulgence envers l’auteur de l’Abrégé, il le soupçonne pourtant d’avoir brouillé tout eet endroit. — 1] supprime presque toutes les transitions, de sorte que le sujet qu’il traite, est souvent inter- 350 Liliéralure grecque. rompu par une ou plusieurs phrases qui n’ont au» cune liaison avec le reste. — P. 30, B. tale de... venoit dans l’auteur à propos de Lampsaque, nom- mée au commencement du chapitre. P. 33, & yawasa.. Ces vers n’ont aucun rapport avec ce qui suit ou précède. P. 32, B. rai Egurs. Voyez les notes. — Il intervertit l’ordre des mots et les change à sa ma- nière. Ce que M. Schweighœuser a reconnu, en le comparant au texte même d’'Athénée, dans les notes sur le 3.° livre, p. 114, À. cnragirmr. — Liv. 2, p.65, F. eyriqunoi spoipuor. Dêns la phrase suivante , on re= trouve l’incohérence ordinaire de ses constructions, qui fait le tourment des interpretes.— Mais dans tous ces passages, le texte paroît assez sain, Le désordre et l'obscurité viennent de l’abréviateur plutôt que des copistes, et nulle critique ne peut y remédier. P. 69, C. Voici de jolis vers d’Amphis, que les savans ont mal compris, faute de s’être aperçus qu’ils ne renferment autre chose qu’une impréca- tion que fait Vénus elle-même contre les laitues, dans la douleur que lui cause la mort d’Adonis. # ne peut avoir lieu ici, quoi qu'en dise M. Corai. Voyez Brunck sur Aristoph. ir, 400, — +1 yes Te1Gay TAY daÿraiær TU MY. Cette expression a du Tap- port avec celle de Théoponpe , ayayxoPay1auy Tæ Tegymare , qui est familière et commune, selon la remarque de Longin. P.43,C. A. ‘On À n ape qepei diaepoyre murs y ‘ImoNIXE, TS OUXBHEVAS , To pin, vus apres, 7m (one, ‘III, (uxe per mm roy Ai Iery Pepsr, Aihénée. JOLI Lisez: A. ‘Ore dy ape qe: ( comme le MSS.) detiole 0 Tæ Cvua. ‘Ia. Evxa pe; A. yy Tor Aie. — x 4 #. Correction inutile. La phrase est tron- quée du commencement. — Eva mir; des figues ! Aristophane est tout plein d’interrogations ou ex- clamations de cette forme. . Dans le dernier vers; ds xey yvoiys av euêus Arlixov ddwp mwa. Lisez, àse #4 roms av. Dans Homère, Todudyr À’ £x er yours. P. 49, C. Les deux vers d'Eubulus sont la suite de ceux qu’on lit plus haut. P. 47, F. Il est éton- nant que personne n’en ait fait la remarque. Il faut, je crois les lire ainsi: A. rpimodes &ror meile cor. B. xey mets, merryxoson, x, 7. à, ]] y aura toujours une petite lacune entre ce fragment et le premier. De même, p. 67, D. Ce fragment d’Aristophane : € de Kacavais obvridts uit, se rapporte sûrement aux vers qu’on lit, p. 27, E, sous le nom d’Antiphane. Ces deux noms sont perpétuellement confondus ( Voyez Casaubon sur Athénée, p. 287, lig. 18) (2). Peut - être même ces vers sont-ils tirés de la Co= médie des Villes (mous), attribuée communément à Aristophane, aussi bien que ceux qu’on lit, p. 86, E, lesquels paroissent appartenir au même endroit que les précédens. Pag. 51 E. x propens n maioi med pelMyuæ veoii. On explique cela comme s’il y avait æfvpuæ veoics; et je vois même que Runkhein (Hymne à Cérès, v. 16) ne l’a pas entendu autrement. Cependant je _traduiroiïs : Cet arbre dont le fruit apaise les petits (2) Cogmo Agtimaque et Callimaque , et autres semblables. 352 Litiérature grecque. enfans , les empéche de pleirer. C’est dans le même sens qu’Hésiode appelle la moisson radar euxranrape, parce qu’on apaise les enfans en leur donnant du pain (3): on connoît le mot des nourrices , auquel les philosophes font souvent allusion : pen ans mas tEvis. Pag. 112, F. Tor de eixiuy agro Egrrmos te Are pur pyeporeues Sras. Uag Anbardps d' ex Serlanas Koñuxe Qaryay xpi@vos GET@Y. Ce passage a confondu tous les interprètes, sans en excepter Casaubon. Ponctuez après græs; el Fes ensuite : Tab Mivard po A € @erlaan ou Oerqæaais ; car les manuscrits varient sur le titre de cette pièce souvent citée chez ies anciens (4) = Tor AW I@Y GOT EÇrrmos € Agrezud pevéporeves éras. Ephippus, dans la Diane, nomme en propres termes les pains Colliciens, en fait mention sous ce même nom. Athénée se sert quelquefois de cette phrase qui a frompé les inter- prètes. Par exemple, P. 129 à 1 ovoptaQss dE x ‘Epauirmos £y Kepxas PécaTiuoy dd ep éras. On pourrait croire qu’a- près £ras, il manque le passage d’Hermippus ; mais le texte est entier. Dans les textes pleins de citations, tels que celui d’Athénée , il n’y a rien de plus commun que de voir les critiques confondre les paroles de l’auteur même avec Celles des auteurs qu’il cite. On en voit un bel exemple dans Lucien, tome 4, p. 177, édit. Bip. ds xau aures ay Gains, où Gronovius et Grævius, (3) Et je crois même que Nicander a eu cet endroit en vue. (4) xoAixa Payar y # Te As est le vers de Menaudre, cité par Athénée. 2 après Athénée. 353 après avoir corrigé les fautes énormes des premiers interprètes ,, ne se sont pas aperçus que cés mots, KOKEIYX 0}1YS deu Maps eo, ne sOut point de Thucy- dide, mais de Lucien même, et selient avec ce qui suit, Ponctuez apiès »9 Aie, xansive oxye dus magerumon. 2 Ya autos $ros (vy[cæQrus.…. . ) Pag. 33, F. ñ de tx roy Naor œumehos mhusy puis AUTH, dos x à moTaeas. Lisez : xa%usn per eu, 070) x à MOTOS, La lecon vulgaire ne signifie rien. Athénée de Naucratis aime fort à louer son pays, et fait volon- tiers l'éloge du Nil. Voyez p. 203, C. Ibid. trois lignes plus haut: ram ossi exigenens atx TH5 MUTES TORSS A 5 04 YINOHMENOL VOL EUC4Y HpEpe ÜTO— EAUTTTE Il vient de nommer tout-à-l’heure rawrainos ous, Quoique rawæ s'emploie. chez les géographes dans un sens approchant de celui qu’il pourrait avoirici, cependant on est tenté de croire que cette phrase est tronquée , et qu’il devrait y avoir: Temæ 4 es ŒxpQpEIX TIS EMIMAXAS" MEGA TES AUTÉS TOMSS Taœmiæ est ur nom de lieu, comme Cingulum en Italie, et £a» dans la Thrace, Con est opevos romos rw xansue@, dit Je scholiaste d’Apollonius. Tous, roæroy opos goxes (uian, Etienne de Bysance ; et ainsi de beau- coup d’autres. Pag. 281 du texte de Schweighœuser : oderar romor maj Aaprmpay yiVousvaY xaTe Ty Ailiomiar. Lisez x Aaôsar, cemme dans Hérodote; ow6pos Aubpos reg peumele 1qvcx. On sait que Aax et a46 se sont écrits de même, et voilà pourquoi ces deux mots Tome IT. Z 304 Littérature grecque: naËpos et Aawmps se trouvent si souvent confondus, Poy. Dorville, sur Chariton, pag. 114. Pag. 53, À. amoners Hé vor Lu Try æpuydæ nn. Peut-être faut-il distinguer A. æmonus pe. 1. res pa ryr euvyduxm. On cite du même Eupolis: var po nr xpaubn. Voy. Athénée, pag. 370 , B. Socrate aurait dit: vas pa Ty mAalaver. Pag. 41, C. ex ye Il n’y a point ici d’interroga- tion. Joy. Valckenær, ad Hippol. 1315. Pag. 42,Æ, ronays 2 cos nenvar àt fev moipsorepey vu obadestsg, às n dx DlaQhayorias , megs hv Durs Tus eyxweASS Umomiver Fpgoioiles. Lisez : ToRXYS CA CRETE CT 772 méliteaTtpoy x o1Y&= desepoy. ds à mega TlaQhwyonar, TR9S mr Qari TÈS EYLAEAES Umomapoivtiy MporioY las. Horm@- se dit particulièrement du vin. Foy. Toup, Addenda in Theocritum, pag. 106. Pag. 44, D. cvs de aus Tav amor ruvras aatipte many DO alor. Lisez: xat Tor añwr Toras. Pag. 15, À. amo rys aQrotus rar c@uieaor rar. Casaubon et Corai corrigent éQertus, mot qui, en matière de jeux et d’exercices, n’a aucun sens que je sache ; mais on connoît dans le stade 7 ageois rai imray (iatäqiais dans l'épigramme), où il ÿ avoit une corde tendue en forme de barrière , xænudioy art vonaryles, dit Pausanias; et ceci s'applique fort bien au jeu de paume fermé, où une pareille corde est indispensable. Voyez dans les notes de Schweig- hœuser , p.249, comme on s’est trompé sur ce mot. Pag. 19, F. ’Pyysvois. M. Schweighœuser ne s’est pas sonyenu du pro- ÀAthénée. 358 verbe "Pryws dunorepos : on lui donne communément une autre ofigine. Voyez les Paramiographes. Pag. 69, À. cpurlogevey mod | culuesdiuy paxgox:prar, HOPES EAMOTS TOY Je crois qu’il n’y a rien à changer ici ( si ce n’est peut-être paxpoxeprar au lieu de pixgoxtpmar ). Vous qui attachez aux pieds des satyres, dansez avec eux. Xopor eos Où EAtast@æ, phrase poétique. Dans ce vers d’Apollonius, rræipoy]es BETaepoy eyom A0Y aexnrales Lisez ssaosoylo avec l'étymologique. wexurerle est une glose.. L’étymologique nous a conservé plus d’une ancienne Jlecon, particulièrement d’Apollonius. Par exemple, liv. 1, 967, ibid. Brun. Si les chenilles dansent ici, autant en font les poissons dans Ar- chias, ArAQIS wpos EUTPATOIO pEAOS xAAWOIO opEUay, Pag. 58, (8 Eat Eevse x@hETUS. Dites en grec exe Eevcuy xähius. Au contraire dans Lucien, t. 4, pag. 244, éd. Bip. au lieu de *e € rocoïle males Pouaixar, da= tisme des plus affreux , lisez Pouuïxe. Pag. 113, E. Yaupanoiws. Lisez |, comme dans Eupolis ét Aristophane , Yammorosiss. Zbid. trois lignes plus bas. à res uafilus «la mupx- Cud'ovres. | Lisez: ô& dures pulyras alu mapgodidoÿhss , comme le prouve ce qui suit : TOIAuTas diibeus Toy didurxahay F0IS- guevor. &vrss pour élss, Foy. Dorville, sur Chariton, pag. 328. mapadsreg iailor ris, expression usitée en pareil cas. Ces pronoms ont été souvent altérés par les copistes. Dans Lucien , tom. 3, p. 259, éd. Bip. Jisez : gen de xur coQss xœ: ATOS ElV@I GUTES MY fi TI gonuxirærles Tuxçari, wvgo Téle (il y a dans les éditions Z 2 356 Liliéralture grecque: ailo ro) rys Asixys mes Tu ‘Yuyrls pesss d'oxeiy rés hoyue, Pensez qu’il ne leur manque rien (aux grands) ex fait de science ni de langage. S'ils lachent quelque solécisme, c’est cela même qui sent le miel du mont hymeite et la fine fleur de latlicisme. avro r#0, supple , xaæ. Pour cela même ; à raison de La faute méme qu’ils ont faite , leur expression paroît exquise. Voyez Valckenær (sur Hérodote, liv. IIT, p.233), où il rapporte des exemples de la même erreur dans les manuscrits. Revenons à Athénée, Au même endroit, pag. 113, lign. antipénult. au lieu de Domadayyva, on propose nemadouyros. J’aime- rais autant Aoradoyvaves, qui s’éloisne moins des ma- nuscrits. Mais quelque lecon qu’on suive, il faut Joindre Aevxwy dmo/aspiiny, AVEC érépois OU 7apæy aps %s , gloutons qui ne cédez pas aux autres votre part des bons mets. Ci-dessus, p. 74, D. sdèn ray àoyar rarayopnrægu, ùmeyaæsez, C'était, selon Pollux, un mets délicat. Pag. 84, F. os emabey xola ro auilo téaxtpæis To xurpior. Kalæ ro avlo, veut dire ez même temps, ensemble (Poy. Toup, sur Longin, sect, 10), et ne peut avoir lieuici. Lisez :@s epeaer avlo nuû° œulo ro nurezoy OXdogever. Quand il apprit qu'on ne leur avoit donné autre chose que du citron, que le citron susdit (ro). Ce qui a trompé les copistes, c’est l'espèce de confu- sion de tant de syllabes semblables, ave xw° ävroïe Xénophon plus attique et wsowalipos les a séparées : ao Ode oÿoy æuro xu8” äulo Eciav, Mangeant sa viande sans pain, preuant, comme on dit, #ovoualæ pout tdoudlu, # axes est évidemment une glose. Pag. 97, F. mpocïalairs Dufe xai Ty nymunr rt. “Athénée. 357 Lisez : eur: , c’est-à-dire, mevée. Il se fit une égra- éiontire à la jambe. Pas, 53, C. mAcrovas rpoQus mass uopeyns eV Ty xotlie. Lisez : mapeuluopevns. Pag. 34, Fe ciomvpror al paQguvar iŸnrouty Banaveor. 11 semble entrevoir dans ce passage (qui a paru incurable aux plus savans interprètes ) quelque chose approchant de ceci : ticuvpréy aulis paayer édncogey £Euxavor, où bien ali pagaver..…… Bouxavov. Baxavoy, 1 TUEHVY TE paquys, Cœur de Chou. Beyxdsor qui est peut-être le même, se trouve dans Lucien et dans Phérécrate, ap. Athen. pag. 316, F. œoronois y Begravois «er seabinois av. Pag. 86, C. »mpuË Sanuosns TepQinos dos mopquexs. On traduit, Maris alumnus , filius purpuræ. Ce qui embarrasse dans les notes. J’ôte la virgule et traduis, Ponté filius purpurei mop@uses pour moegurtes ; il me semble que cela est commun. Ceux qui ont des livres, peuvent s'en assurer. Au resté, c’est'ici une bouffonnerie. ThoQicos yo ; OU simplement TeoOQiptos , étoit à Athenes'le fils cadet d’une bonne maïson ; ëhez nous, M. le Chevalier.” Pag. 40 CoQorxas ue re euaimranuives aybzares : auenrs yat, vaomer de ravi Phoilisines, AvriQavns Quoi. Où xelva Tÿ Ppoymety #@ To Toisro Eeoyoy To d'inde Bebaius To NE Tu YEAULATE, Dyrir AXES. Corrigez d’abord ürozevar , mot familier aux comi- ques. zéivays et we sont souvent confondus. Voyez Brunck.&d Aristophe Lysist: 277. Ensuite, soit qu'on adopte ou non la conjecture:ingénieuse de l’éditeer qui propose! # nn RE ilsfaut lire dans l’autre D! iUe QUO 1 ! Lxt:19 OYA 3-. 358 Littérature grecque. vers rosveo, avec Casaubon. roiloy pe n’est pag méme grec. rose over , est commun. Voy. Valcke- 1 nær , sur l’Hippolyte , 804. Corrigeons ; en passant, la même faute dans Lucien, t. 3, p.279. Bip. raie per ever Jones dris ev ds &y Toile amodoynez y ty. Je ve saurois dire s’il y a des variantes sur ce passage, n'ayant pas le livre à ma portée; maïs à coup sûr dsez, avec ou sans les manuscrits : ey roa#l. Voilà ce qu'on pourrait dire d'abord pour se justifier. ds e ruslà, ne signifie rien; @s e recula, est commun, et s’accorde parfaitement avec le reste de la phrase. x FEU EU ROTWT OV ExSY ala , EnCOTE qu'aucune de ces rai- sons ne fut en elle-même fort concluante, fort à propos. Pag. 116, C. xuden mon. Lisez avec Runkhein, ép. crit, pag. 83. xvdu. Pag. LES C. UmormasElo Ta L2745 7474 xovdpos TI5 3 XcY role emilibéley, à agros, xey Aus! ppp xausoy. Peut-être faut-il xovdpilus.. ... x eyes xpaua, Val- ckenær ad Hippol. 1002, et sur Théocrite Adoniazus, p.290,a remarqué que sem et exe SOnt {res-souvent confondus. Dorville sur Chariton a fait la méme observation. — xordeils, cpuiduns side Fop#s. Pag. 117, C. apolegagor de rive xexapner Anis. Omotarichon , salsamentum aliguod DOMINAVIÉ Alexis. “à Plus bas, Pp- 125, B. Anis »oy Caperaprger Tiy& xp On traduit mieux : Alexis Zomotarichon non neminem appellavit. apolapiyes, quoiqu’on sache d’ail- leurs que c’est le nom d’on mets, peut-être aussi un sobriquet, et la phrase même l'indique: Ibid. quelques lignes plus bas, sur le mot xro0- doses , Voyez la remarque de Toup. sur Suidas, au Athenée. 359 mot aides, Le même Toup. sur Théocrite a forgé un peu hardiment, d’après xuroruyos , le mot dyconuxos, qu'il fourre dans Lycophron apud Athenam , p. 400, à la place de dyxovmos. Pag,. 3LS F. ras de VUVAIMAS TEXVE US TOLE + Voyez, sur cet endroit, la note et la correction de Brunck sur Sophocl. Trach. 308 , et id. Aristoph. Nub. bo. Pag. 52, B. ox, xapux, œuvydarer , et pag. 56, E. wrgaæryuy wa. Lisez avec Valckenær , 04. Foy. Runhk, sur Timée. Voc. 04. Pag. 124, B. rewros per adty es giov es ave, Peut-être y avait-il, poor peën der” € jun es au. Voyez d'abord si l’on trouve à acheter de la neige ; et ainsi ce seroient les paroles même de la lettre qu’un de ces débauchés écrit à ses amis. Pag.37, F. œvdhos dl omos sdtuËe voor. On traduit nudavit. W falloit mudare solet , ou simplement nudat, comme Grotius a bien rendu plus haut, p. 36, F, eruañe voor, recludit excutiens. Pour mieux dire, il n’y a point de tournure, en Jatin ni en francois, que je sache, par laquelle on puisse rendre la valeur de ces aoristes. Voyez-en un bel exemple dans le fragment d’Apollodore, ci- dessus, p.3, D. Du reste, comme il n’y a point de phrase plus commune, il est étonnant qu’on s’y soit trompé si souvent , et que tant de savans aient été obligés d’en faire le sujet de leurs remarques. Toup sur Longin, sect. 1; Giævius Lect. Hesjod. sect. 5; Hemsterh, sur Lucien, en plusieurs endroits; Va)- ckenær, Diatribe, p.163, et tous ceux qu’il cite. Z 4 360 Liliérature grecque. Pag. 47; C. rs Ris rev sis. On dit plus commu nément ro #gurv rs Bis. On trouve cependant dans Démosthène, 27 Lept. sect. 7, éd. WVolf. roy yecrour Ts xeows. Voyez la note de ce, savant homme, et ajoutez-y. Hérodote ; liv. I, 24 2nit. roy mo%oy r# ygors : et Brunk ad Aristoph. Acharn. 350. Pag. 56, D. Evlæ TE xæuS0s moros avOpæri voiles ons, Es TIS jMé miVOt x &mOTOYM0S ouxad" wmexlot AuiTos amo yAUXIPHS, HX WY MOTE mproili XUPTHS, Corrigez d’abord ea y: , ou «taxe ; et ensuite lisez avec les manuscrits up. Remarquez Ja Jiaison® de ceci avec ce qui suit: Sè un homme boit et s’en revient chez lui, c’est-à- dire , s’1/ ne boit que les deux parts'ow rasades sus- dites, de manière à pouvoir relourirer*saris enconibre Wa maison , il ne lui arrivera jamais de mal; mais s’il pousse jusqu’à la troisième ; alors ; ‘ete: Eyde #: avec le présent indicatif, bon grec. Il yen a force exemples dans tous les poëtes. Ce'vers doit se’joindre aux précédens, en mettant une virgule après YAïsures. Part occasion , corrigeéz de même ce vers de Nicander h inf. ‘P: Gr ; À. x Ke muxyras aoviles Tor aftuous (et mon xäi rt). Alors lu feras griller des champignons. Cette phrase équivautau futur, et s’emploie, non pas seulément avec le présent (comme l'a cru Brunck sur Sophocl. Aj: 88), mais aussi avec les aoristes de l’optatif. = xvpous à l’optatif, comme iv. 3, p.78, E. ave »#areipbey. Cette: forme est usitée chez les Ioniens, etmême chez les vieux Attiques. Valckenær en a fait la remarque sur Hérodote, liv.E, . ‘Athénée. 36€ p. 783 et le même Valckenær, sur Hippolyte, V, 220, a fait voir que la forme commune doxoyæi se trou- voit aussi chez les Attiques pour doxor. Tout cela v’a pas empêché Brunck de condamner dans Aris- tophane (Ecclesiaz. 807), tous les aoristes de cette forme yrrumi, MECUIS y XETUL. On vient de voir xvpras mis mal-à-propos pour svp ; au contraire, pag.7, E, au lieu d’amobius | emo, saiyeas, 1] faut lire axaleous, thaov, Emi xtus, avec Suidas , quoiqu’en dise Casaubon, qui a eu tort de condamner #xoo:s en ce sens. Inf. p. 132, D, &roicus cispoy. Dans Apollonius , rot de Aotrey nues Geov. Ceux-là fuistient chauffer Les bats. Ces verbes neutres employés dans le sens actif ne sont pas aussi rares que l’a cru Valckenær sur P'Hyppolyte, 1339. Cu, en cet endroit; æyrude rw zou, Cité d’Isée, par Harpocration. few et ses com- posés Voy. Wolf. in Leplin. pag. 275, aiorew dans Apollonius , 12b4, Yupvoy emaiorar Tan Z10C ; æaisw dans Théocr. Adoniaz. 42. kavtew, passim , et dans Sophocle, Aj. 40 , në ques , où Brunck rapporte des exemples de aaumren, amasogmleir et Bamsareir pris activement. De même , chez nos poètes. Soupirer les malheurs de Sion; amour dicta les vers que sou- piroit Tibulle. Couler des jours heureux ; mauvaise expression employée par de bons auteurs. On trouve encore plus d'exemples de ‘vers actifs dans le sens neutre ou réciproque. Voy. Brunck ad Sophocl. Elect. 1194, et ad Arisioph. Ran. 538. Pag. 438, D. meules de Tepouy Tss Aryopéevss seules Épéupor. On entend ceci des domestiques-ou esclaves char- gés d’arranger les tapis , à cause de ce qui suit :* 262 Litiérature grecque: roy Umospurole; mais le mot t@cvegr et le reste de la phrase, ire xoouoy eos n sewris x tuaQuiay , semblent indiquer qu’il s’agit de quelque invention propre à donner aux tapis du lustre et du moelleux. Je vois cependant que Suidas Z’oce Tuaæropes , l’a entendu des esclaves. 5705 (Tiweyopes) mperGevrns meules zrços BariAta j ou peovoy xpeucioy -EAuGE mag ŒUTH :xœs œgr/upio, AE HAE XAIVYY FOAUTEAY XI spatiales déparoyaas. Lisez, xat Spalas Tivas Jrpamores. Pag.17,E. puce Aaxanben, raymides de moy meiæigenr. Peut-être fait-il comme s’il se trompait en di- sant Aax wi Get > au lieu de ETAT car, selon Phi- loxène, #de 2omas xuxor est, alae ro reymrer amener. Les comiques sont pleins de pareils /azzi. Dans Aristoph. ‘Ir, 78, owmpoxlos cou avloypme € Xeæomi, Ta xte tv Autadois, 00e vas 1e, Kawmidar. Allusion aux mots, LATETTE ŒITEL + PNTAUTE Peut-être roynvibeu fait-il allu- sion à quelque nom de ville ou de nation. Pag 99, D. 7e à reuyos eQnle œns moxcws. Comme dans Hérodote, rugca, xifaves ; expressions imitées de Tgoums xgendeuva, dans Homère (5). Pag. 21, F. Xdideyney@ pscixm D$g Aepapa. On traduit & Lampro. En ce sens il faudrait o%y Awe- #8, qui sans doute est la vraie leçon ; car on dit en grec, ediyas, anse, mubeder, pales mg rives. Pag. 22, C. queruly" EM EIPEOTIY EX OV ACABAEY xubo0a QE Lisez avec Runbkein, Ep. critica, pag. 26 , ayalor 24304 Cuv. Pag. 29, F, 0 «ou œsro souales Voy. Runhkein, Hymne à Cérès, 12. (5) Comme Demades appelle la jeunesse £4 74 das, Chæremon fapud Athen, p. 608, E,) appelle les fleurs Tixix 54095. "dihénée. 363 Pag. 8, B. 0 Quoi TapgmAnley Tee Si ce sont là des vers, il faut avouer qu’il n’y en eut jamais de plus languissans ni de plus prosaiques ; et je ne m'étonne pas que Grotius n’ait pas voulu les recevoir pour tels dans son recueil, où il n’a fait entrer que les quatre premiers. Il se pourroit qu'Athénée, voulant abréger le récit de quelque poète comique , soit d'Eubulus ou de quelque autre , eût employé cette tournure familière aux faiseurs d’extraits, mais insupportable en poésie : ‘y Pari raggxAnleure, . . HETEEUVe o «le EDEITE Parcs. Dans le reste on recounoîtroit les membres mutilés du poète. On trouve partout de ces passages attérés ou tronqués par ceux qui n’en veulent présenter que le sens. — ragaxanter sas duumvoy eos QuAs , eumovros evrw +8 Qu. I] n’y a personne qui ne soit choqué de cette répétition du mot gs. Les manuscrits portent, maggxanleyd" eme déimvor mpoñ Que œûls Tuvos s umoÿlos avlo ru qua. Je crois que le premier qu. est de trop, et je: remarquerai, en passant, qu'il y a une infinité de ces répétitions vicieuses à corriger dans Athénée.’ Par exemple ,..p« 364, B. ex rar us Hardy ava@epouévoyl ptyaAoY yaiar «y HEYAAGY epfar s il faut retrancher le dernier #ryaaoi, comme Runh- kein l’a fort bien vu dans, sa seconde lettre cri- tique. Pag. 38, A. le premier pxeos est de trop, comme l'éditeur l’a remarqué. Pag. 41, D. Epæroderne Pro idapés Quai. Mais c’est bien pis. Pag. 20. C, exhermot | «y ye 8x muieg pu céappbuzuevor ev tn Popeziau #payozo es Poen aenômseuevas mots, a HUTAI au xalaroy enavlor aesdpeueres die ro mantos. Effacez au moins ce dernier agséuse , et ‘Pan après Begamo Et 364 Littérature grecque. Pag. 160. A. x dé ra Tiuavos Ts Iluppavis rav Ein Dov. gros yae E51 6 mai Te Koyxs pymuoveue € Ta devrepas ray Zimoy. Effacez ray ZiAa dans le premier membre. Dans Lucien, t.5, pag. 135 , dois d|''ay my hurys meos Tor Muroy xoipoy wuEus OluNarlowEvss xu1 ŒUTON LIMSEVOE Toy Tporee, Lisez : dois day wy avrss AP0S X%i1POY dimmarlo- ssvss. Fous les verriéz (les danseurs) setransformer en un clin-dœil, axtas est une glose de 7gos #œusor. Vid. ind. Polyb. et Dorville, char. pag. 150; ct Lucien même ,t.5, pag. 15. eos næipos opyiderrs. Dans le même Lucien , €. 8, pag. 197, eos rex ev dtbur- HN TASyceS em 0AIYOY, Ümmvepetor Ti mRSTOY, œvlabyves mer ontyos, Vian ri mubay edia, loié ris mtirede pr eryors Otez per oùryoy après œvxlmaer] R Por revenir au ‘passage dont'il s’agit, effaçant qrag apres pos ; il reste ropsgeanterr emi dtimvoÿ mr05 évTs Tios , corruption ordinaire de 'mpos sg TIOS Voy:Reiske sur Isée, p. 358 ;Bronck ad Aristoph.; Thesmoph. 54r, et Valckenær sur Hérodote, p.737. Pag. 29, D. cwidud emcqer Mettez la’virgule après euwiaxoy ; car il faut joindre Merd'uroy omirxoi3 et non ciotor Emerdi qui n'est pas grec. l Voy: : Vyttenb: de ser&, N. V pag. #8, liv: 4: Dalechämp paroît avoir mieux senti 6e passage que: Casdubon. osxess estun tressaillement amoureux. Car cmexor est ici comme radins, et toutes ces lexpressionss kxe0y) axoében, HGavr apres , baiados, xv da; s6ht du Jan gage d'amour. Peutiêtre même y aît-it quelqu’équi+ foque sons ces mÔtSs, æp ‘oiaei Tpiu.N - Strashourg, le 10 prairial an 10. | : 22 € } 2. à : “ su à 34 3% 1x COURIER , capitaine d'arlillerte. 21 i ss PEL QAR PET [l VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ETATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE-SEPTENTRIONALES La première foire de livres de New-Yorck, créée dernièrement, et tenue à l’instar des fameuses foires de Leipsick et de Francfort, a dépassé toutes les espérances qu’on avoit conçues de son succes, Il s’y est vendu 520,000 volumes. Il va être établi à Philadelphie une seconde foire de la même espece, qui sera ouverte tous les premiers mardis de septem- bre. Une autre aura lieu à New - Yorck au mois d'octobre. | Extrait d'un manuscrit de Robert PAUL- LAMANON , déposé à la Bibliothèque na- tionale (1). Jean-Baptiste-Christophe FUsÉE - AUBLET, bo- taniste du roi , est né à Salon, le 4 novembre 1723, et mort à Paris, le 6 mai 1778. Il fait honneur à (1) J'ai déja donné une notice de: ce manugcrit, et j'en aë cité quel- ques morceauxe À. L. M. 366 Nouvelles littéraires. son pays. On trouve dans la préface de son ouvragé; qui a pour titre , Histoire des plantes de la Guiane Jfrançoise, un abrégé de sa vie. Je vais mettre ici quelques traits qui le concernent, et que j'ai appris en causant avec lui ou avec sa femme. En 1760 , il devint amoureux d’une néoresse bien faite, qui étoit' veuve, et qui appartenoit, ainsi que sa mere, à la compagnie des Indes. Il l’acheta, mais inutilement lui adressa-t-il ses vœux. Armelle, devenue son esclave, travailloit pour l’intérét de son maître, maï refusa de partager son lit; il trou- voit en elle un caractère sensible, de la vivacité, de l'intelligence , mais point d’amour et encore moins de cette complaisance qui en tient lieu chez lés femmes corrompues. Armelle résista plusieurs années aux pressantes sollicitations de M. Aublet. Le cha- grin qu’elle avoit d’être constamment avec un homme qui ne cessoit de Ja presser, lui donna la jaunisse, et M. Aublet eut pour elle des soins si empressés, qu’elle sortit de sa maladie ; elle se laissa attendrir et devint enceinte d’un fils auquel on donna le nom de Charles. Elle ne vouloit pas quitter son pays et venir en France, elle ne s’y décida qu’à cause de ses enfans qu’elle ne put se résoudre de laisser entre les mains de son mari. Cette femmé a toutes sortes de bonnes qualités. La mère de M." Aublet étoit née libre, près du Sénégal. Elle a eu de M. Au: blet trois enfans dont deux garçons, Charles et Alexandre et une petite-fille. Deux sont morts en bas âge, et il ne reste que Charles. M. Aublet, étant jeune , fit tapage à la comédie; Nouvelles littéraires. 36% il fut mis au Fort - l’Evêque où il ne resta qu’un jour, et il fut la cause qu’on a mis des gardes à tous les spectacles pour empêcher qu’on fasse du bruit, M. Aublet étoit celui qui faisoit la weilleure essence de rose. Louis XV reconnoissoit tout de suite celle qui sortoit de ses mains. Pour lui donner cette supériorité, à ne se servoit que des feuilles de la fleur, tandis que les autres y mettoient le calyce. L’herbier de M. Aublet a été vendu à Banks, Fameux anglois , qui l’a acheté 60 louis. M. le Bègue- de-Presle , ami de M. Aublet, en demanda 5o louis et M. Bancks voulut en donner 60. On assure qu’à mille écus il n’auroit pas été cher. Il contenoit les plantes de Cayenne et de l'Ile - de - France qui n’avoient pas été décrites. M. Aublet se plaignoit de ce que M. Adanson se proposoit de publier les plantes du Sénégal en s’appropriant et donnant , sous le nom de Sénégal, ce que lui, M. Aublet, avoit découvert dans ses voyages, et dont M. Adanson aÿoit eu connoissance par le moyen de M. Bombarde, auquel M. Aublet envoyoit tout ce qu'il découvroit d’intéressant. Il se proposoit de donïer um ouvrage à ce sujet , dès que celui de M. Adanson auroit paru. J’ai remar- qué que M. Adansonu ne parle pas volontiers de M. Aublet. 268 Nouvelles littéraires; À L LE M A G NE. Œuvres de SPINOZA. Il vient de paroître dans la librairie de l’académie à Jéna, le L.°" volume d’une Collection des œuvres de Spinoza ; le IL”"® et dernier volume suivra inces- samment. Cette édition est absolument compiète et très-correcte. L'éditeur est M. Paulus, professeur en théologie, connu par ses connoissauces des lan- gues orientales, et par son commentaire sur le nou- veau testament. Comme il n'existoit pas jusqu'ici une collection complète des œuvres de ce grand philo- sophe, et que quelques-unes étoient assez rares, cette nouvelle doit être également intéressante pour les littérateurs et pour tous ceux qui aiment la philo- sophie, HAMBOURG. Johanneur. M. GURLITT , jusqu’à présent directeur de l’école de Klosterbergen , pres de Magdebourg , a été ap- pelé à Hambourg comme directeur du Johanneum, établissement d'instruction littéraire, qui aura do- rénavant une nouvelle organisation, confirmée déja par le magistrat de cette ville. R'o mm 5#. } Fouilles. a Le pape vient d’ordonner qu’il soit fait des fouilles à Netuno, pour excaver les antiquités qu’on pré- sume Nouvelles littéraires. 369 sume y être ensevelies. Déja on a trouvé la main d’une statue colossale, puis la queue d’un cheval en bronze , et une partie de draperie du même mé- tal. On vient aussi de découvrir des salles pavées de mosaïques, et décorées de peintures qui sont très-endommagées , à l’exception d’une tête parfai- tement conservée. Ces fouilles se font aux frais du Saint-Père. Il vient de défendre , sous les peines les plus rigoureuses, l’exportation hors le territoire de Rome, des antiquités qui seroient excavées. PR A N-CuE. NME ON TP EL E/TIE Société medicale. Citoyen , il s’est glissé dans le n.° IT, prairial, de votre journal, une erreur qui a besoin d’être répa- rée. En parlant du prix proposé par la Société mé- dicale de Montpellier, vous avez oublié d'annoncer quelle est sa dénomination et le lieu de ses séances ; ce qui a pu la faire confondre avec la Société de médecine-pratique de Ja même ville. L’intérét des sciences se trouvant compromis par cette méprise, la Société attend de celui que vous ne cessez de prendre à elles, que vous voudrez bien la réparer dans votre prochain numéro. Agréez l’assurance particulière de l’estime et de la considération la plus parfaite. G. PINOT , MM. , secrétaire-adjoint. Tome Il. Aa 370 Nouvelles littéraires. BOoRrRDE AU x. Notice sur deux Monumens anciens, récem- ment trouvés à Bordeaux , par E. BERN 4- DAU, homme de loi , auteur des Antiquités bordelaises, du Panthéon d'Aquitaine, de la Continuation de la Chronique de Bor- deaux, etc. Le grand nombre de pierres sépulcrales qu’on trouve dans les lieux consacrés aux inhumations des anciens, fait présumer qu'on en élevoit beaucoup plus dans l’antiquité que dans les (temps modernes. Il ne paraît pas même qu’elles fussent exclusivement réservées aux personnes distinguées par leurs dignités ou par un mérite éminent; car peu de ces monu- mens portent la désignation des titres du défant, ou une mention spéciale de la cause qui les fit éri- ger. Toute famille pouvait donner à ses membres ce témoignage de son souvenir. L’inscription était or- dinairement aussi simple que la pierre qui la rece- vait; et toujours la modestie de celle-ci étoit unie au laconisme de l’autre. En floréal dernier, en creusant les fondemens d’une maison à bâtir sur le local où siégeoit ci-de- vant le parlement , à Bordeaux (où fut autrefois le palais des ducs d'Aquitaine, nommé chdteau de l'Ombrière dans les vieux titres), on a découvert deux pierres dures , l’une ayant 3 pieds 4 pouces de hauteur , sur 2 pieds 3 pouces de largeur , et l’autre ayant demi-pied de moins en tout sens. Le côté tra- Nouvelles littéraires. 371 vaillé de ces pierres offre une surface plane , bordée d’une moulure et couronnée d’une sorte de chapi- teau, qui se termine en angle aigu ; le bas forme une espèce de socle produit par plusieurs moulures plates et saillantes. Sur l’une de ces pierres on lit une inscription ainsi figurée : D M VAL +FELICIS C+AQ+DEF+ANN XXXXÆVICTORE | NA+CONIVNX PCHET+SVB+ASC DEDICAVT «“ Aux mânes de Valérius Félix, citoyen d’Aqui- “« taire, mort à l’âge de quarante ans. « Victorine, son épouse, fui a élevé ce monument “ au sortir des mains de l’ouvrier. » La forme de l’autre pierre ne différe de celle-ci que par un croissant en relief sculpté dans la partie supérieure, et par les points triangulaires qui sépa- rent les mots de l'inscription au lieu de lignes croi- ses, Cette inscription est ainsi conçue : D & M ET #y M VAE eV TS CTI O'R'I NAE CIVvAQV DEFyANNvyLX PILE LAS CM ET SV D LA SOEUR DER Aa 2 372 Nouvelles littéraires. « Aux mânes et à la mémoire de Valérie Vieto- « rine, citoyenue d'Aquitaine, morte âgée de soi- “ xante ans. «, Son fils lui a consacré ce monument, sortant de « dessous le ciseau de l’ouvrier. » Ces deux inscriptions, encore bien conservées, sont gravées en belles lettres onciales romaines de 20 lignes de hauteur. Elles annoncent un double monument de tendresse conjugale et de piété filiale, appartenant à une même famiile, Ce qu’elles offrent de plus remarquable, c’est le litre de citoyen d A- guitaine ( civis Aquitanus), donné à Valérius Félix et à Valérie Victorine, son épouse, qui ne sont d’ailleurs désignés par aucune autre qualification. On ne connoît qu’une inscription de Gruther , où ce titre soit donné d’une ménière aussi peu équi- voque. : Comme on juge de l’âge des monumens par le style de l'inscription et par la forme dont elle est écrite, nous sommes portés à croire que ceux-ci ont été élevés en l’honneur de personnes d’origine romaine, mais naturalisées en Aquitaine du temps des An- tonins. La preuve résulte des noms de Valérius et de Victorina, qui ne sont point gaulois, et qui, étant accompagnés du titre de citoyen d'Aquitaine , mar- quent que ceux à qui il est donné, avaient droit de cité dans cette province romaine, qui avait obtenu des empereurs le priviléwe de se gouverner par ses propres lois; car Strabon , Pline et Aurélius- Victor nous apprennent que l’Aquitaine étoit Autonôme. La manière dont les mots de ces deux inscriptions ÎVouvelles littéraires. 379 sont séparés , autrement que par des points ronds, l'orthographe du mot comjuæ de la première, et la lettre liée 1T qui la termine; tout cela annonce le style lapidaire du deuxième déte STE Ensuite, ce qui nous porte à pe pas ranger ces inscriptions avec les chrétiennes, c’est, entre autres leur vote, particulier dés manibus et je ascit, Un sculpteur chrétien ne.se fût pas ainsi exprimé, J} ail- Jeurs, ces deux derniers mots Étoient une formule tt ée dans les monumens, sépulcraux des Gaules, Les savans ont beaucoup disputé. ‘Pour en fixer le sens. Nous estimons que l’ascia étoit un VIRLSREAERÉ qui servoit à équarrir les pierres. On en voit de re- présentés sur des cyppes découverts en Guyenre, et gravés dans un recueil intitulé : Dissertations: sur d'änciens monumens trouvés à Bordeaux, publié en 1754, par le savant abbé Vénuti, Cet auteur prouve invinciblement que la phrase, sub asciâ dedicavit , signifie que le tombeau a été consacré au sortir des mains de l’ouvrier qui l’avoit fait. Cette consécra- {ion étoit un acte de la religion payense, accom- pagné de plusieurs cérémonies qui rangeoient les tombeaux parmi les choses sacrées, et qui les met- toit hors du commerce ordinaire , suivant Je. droit romaiu, Ayant leur dédicace, ces Oyyrages n ’étoient Pas réputés religieux, d’après Quintilien, Déclam,., 322. On ne pouvoit que trop se hâter d'en faire la soiennité; et l’empressement que l’on mettoit à s’ac- quitier ce devoir étoit louable , et mériloil qu’on en avertit le public, par'Ja formule subascié dedic. Les pierres sépulcrales que nous décrivons ont été Aa ë 374 Nouvelles littéraires. trouvées renversées l’une sur l’autre. Le croissant ;, sculpté sur l’une d’elles (ce qui étoit das ces der- niers temps lécusson de Bordeaux), en même temps qu'il n’étoit pas mis sans conséquence , né paroît dé- signer vien de relatif à cette ville. Borddaux n’avoit pas d’armoiries , lorsque les Romains y dominoïent ; et le symbole qui distinguoit' alors cettel cité, étoit un lion, suivant Gibelin, ou un belier, suivant Al- ciat. Ce croissant nous ‘#émble indiquer que le mo- nument qui en est chargé avoit été consacré à Diane, comme étant le tombeau d’une femme. Si c’eût été Jemblème de la famille Valérie ou du lieu de son origine, n’auroit-il pas été plutôt sculpté sur lé tom beau du mari, qui en étoit le chef? 1] est à présumer que ces deux cyppes apparte- noient au temple de Diane qui a subsist6 sur la place Sémape, tout auprès du liéu où ils ont été trouvés, ainsi que nous l’indiquons dans nos Antiquités bor- delaïses. Lors des irruptions des Goths ,'des Sarrazins ou des Northmans, à Bordeaux, ce temple dût être détruit. Ses débris roulerent dans les anciens fossés de cette ville qui séparent le terrein où étoit élevé cet édifice, du palais ou château de l'Ombrière. Les dues d'Aquitaine, lorsqu'ils firent construire ce château, en 910, profiterent vraisemblablement des matériaux qui se trouvèrent de ce côté, pour servir aux murailles des fondemens. Ce n’est donc qu’en les démolissant qu’on a pu découvrir ces pierres sé- pulerales. Leur enfouissement les aura seul préservé des outrages que la faux du temps ou la main des hommes ont fait à tant d’autres monumens qui dé- Nouvelles littéraires. 375 eoroient cette ville, qu'Ausonne, le plus ancien de ses citoyens et Je plus illustre de ses panégyristes, aäppeoit : Nitentem insignemque viris et turribus altis. BouLrzroGnEe-suR-MER: Procès-verbal de la troisième séance publique de la Société d'agriculture et des arts. Le 8 floréal an 10, la Société d’agriculture et des arts de Boulogne-sur-Mer, a tenu sa troisième séance publique. Après l’exécution d’un morceau de musique, par les artistes de cette ville, le président de la Société (le C. WissocQ) a ouvert la sésnce par un discours sur l’utilité et les bienfaits de l’agriculture. Le secrétaire (le C. PICHON ) a ensuite présenté le rapport des travaux de la Société depuis sa der- nière séance publique. Il les divise en quatre par- ties, d’après la nouvelle division adoptée par la Société dans son dernier règlement, PREMIERE SECTION. Agriculture. 1. Essais sur l'Agriculture de tous les peup'es de la terre, liés au système politique du monde, par le C. DELAISTRE (de Saint-Omer), associé. 2. Observations sur le travail du C. Delaistre; par le C. Vorsin. 3. Causes du dépérissement des bois , et des moyens Aa 4 376 Nouvelles littéraires. d'y remédier; par le C. Ba1LLoN ( d’Abbeville), asa socié, 4. Rapport sur les dégâts causés par les mulots dans les terres de la ferme de Dommartin, près Hesdin , et sur les moyens employés pour la destruc- tion de ces animaux ; par les CC. DucarNoy et PicEON , rapporteur. 5. Rapport sur la tonte du troupeau des bêtes à laine des CC. Delporte, en Pan 8; parles CC. HENRY, PICHON et LIÉGEARD , rapporteur. 6. Questions adressées par le sous-préfet de Bou- logne, sur la culture et l'usage du T'urneps : Réponses à ces questions ; par le C. DELPORTE, 7. Rapport de la commission chargée de vérifier Vemploi du Turneps donné en pâture aux moutons pendant l'hiver, la terre étant couverte de neige ; par les CC. Ducarnoy, MaAsELrEeT, PICHON et LEBAS, rapporteur, 8. Analyse de la quatorzième Lettre du Cultiva- teur anglois, d'Arthur Young ; par le C. LEBAS. g. Premier Tableau statistique de Parrondissement de Boulosne en Pan 9; parles CC. DELPORTE, Mar- MIN, DOLET et HENRY. 10. Tableaux comparatifs de Ja statistique de l’ar- rondissement de Boulogne en 1789, en l’an 2 et en J'an 10, rédigés par le°C. HENRY, d’après la de- mande du C. MASCLET, sous-préfet. 11, Observations sur les Organes de la fructifica- tion des Mousses; par le C. WazLoT ( de Dijon), associé. 12. Hortus Boloniensis, ou Catalogue des Plantes Nouvelles littéraires. 377 cultivées dans le Jardin de botanique de l'Ecole centrale du département du Pas-de-Calais; par le C. Prcuo. 13. Mémoire sur cétte question : Ÿ a-t-il de l’a- vantage à mettre ou Jaisser en culture un terrein dé médiocre qualité, ou àle planter en bois de haute futaie? La solution est à l’avantage de la Planta- tion ; par le C. MalziÈre. 14. Mémoire sur la formation , l’amélioration: et l'entretien des prairies naturelles, selon la variété des terreins, et sur les meilleurs moyens à employer pour Ja récolte des foïns; par le C. MAIZIÈRE, 15. Descriptions élémentaires des Graminées qu'il importe d'admettre dans les prairies naturelles, et des Plantes inutiles où mauvaises qui doivent eu être extirpées ; par le: C.'DEu. 16. Herbiers destinés à aire conroître aux culti- vateurs les plantes désignées dans le précédent me- moire; par le C. PICHON. 17. Sur Porigine, la nature, emploi et le com- merce des chevaux du Boulosnois; des moyens p:o- p'es à en améliorer lauace,. etc..ete.; par les CC. DeLcrorTé, MëNNEViLLEe, DUCARNOY, DUBLAI- #iL et LEBAS, rapporteur. S E C'O'N D'E: SE C T'TI,0 N: Commerce , Péche et Nuvigation. 1. Ktat de la Péche du Maquereau en l’an 9, par les pêcheurs de Boulogne; par le C. CAVILLIER. 2. Etat de la Pêche du Hareng par les pécheurs de Boulogne en l’an 9 et en l’an 10; par le C. Ca- VILLIER, 3738 Nouvelles litiéraires. 3. Article Boulogne pour l’Almanach du dépar- tement du Pas-de-Calais et le Dictionnaire de Com- merce; par le C. CorLL1o7T. 4. Avantage que présente la non-limitation de la Péche du Hareng ; par une commission composée des CC: DerrorTe, Ducarnoy, BuTor, DRrON et DOLET , rapporteur. 5. Mémoire sur la Soude extraite des plantes ma- rines; par Je C. MAIZIÈRE. THOTS IE MEVSECTTON. Sciences , Mathématiques ; Physiques , etc. 1. Observations météorologiques faites à Carpen- tras en l’an 9 ; par le C. WATTON (de Carpentras), associé. 2. Observations météorologiques faites à Boulogne, par les CC. HENRY et LIÉGEARD ; suivies de l'indi- cation des maladies régnantes ; par le C. BuToR. 3. Sur les affections sympathiques de l’œil dans les maladies aigues ; par le C.'FRANNOY (d'Amiens), associé. 4. Introduction à la Minéralagie du Boulonnois ; par le C. PicHon. 5. Sur les Mines et Minieres de l’arrondissement- de Boulogne ; par le C. LiÉGEARD. | 6. Essais historiques , topographiques et statis- tiques sur larrondissement de Boulogne , servant d'introduction à l’Histoire naturelle de ce pays; par le C. HENRY. 7. Rapport de la commission chargée de suivre les travaux relatifs à la préparation et l'emploi da Nouvelles litiérarres. 79 Plâtre-Ciment ; par les CC. ANCELIN, LIiÉGEARD, HENRY, BLANCHARD et LESAGE, rapporteur. : 8. Constructions d’échelles graphiques, servant à l'évaluation des anciennes mesures en nouvelles uni- tés, et réciproquement ; par le C. Ma1ZziÈRE. QUATRIÈME SECTION. Philosophie, Littérature, Beaux-Arts, ete. 1. Projet d'établissement de Sociétés de bienfai- sance , destinées à venir aux secours des citoyens atteints de calamités imprévues ; parle C. Enprop- GUILLOT. 2. Le retour de la paix en France, vaudeville; par le C. BurcauD (de Calais), associé. 3. Epître en vers au Sauvage de l'Aveyron ; par Je C. WyaANT. 4. Notice sur le C. Dublaisel ; parle C. CARMïER. 5, Notice sur le C. Marmin - Dupont ; par le C. M ASCLET. Le secrétaire indique ensuite des ouvrages qui oût été adressés à la Société, par: des citoyens qui ‘ne sont pas associés. 1. Un Mémoire sur la Limitation et la non-Li- ‘mitation de la Péche du Hareng ; par le C. Qui- GNON l’aîné (de Boulogne ). 2. Observations sur un moyen propre à ralentir la marche des voitures ; par le C. CRuNwALD (de Mezieres ). 3. Dessin d’un buste de Jupiter, trouvé dans les environs de Saint-Josse ; par le C.'TRAULLÉ ( d’Ab- beville }, 380 Nouvelles liliéraires. 4. Enfin une élégante Corbeille de fleurs, exé- cutée par M.le Foissey (de Boulogne). Les Sociétés savantes de la république, qui but honoré la Société de Boulogne de leur correspon- dance, recoivent dans cette occasion le tribut de reconnoissance qui leur est dû : la Société d’agri- culture de la Seine , la Société philomathique, celle d'encouragement pour l'industiie nationale, le Lycée de Toulouse, celui de Rouen, la Société d'émulation de la même ville, celle des sciences, arts et agri- culture de Bordeaux ; celle du département des Ar- dennes, de Seine et Marne , se distinguent parmi celles qui ont adressé les Mémoires qu’elles ont pu- bliés. Après avoir exprimé Îles regrets de la Société sur la perte du C. Dublaisel, ancien militaire, et du C. Baïllon (d’Abbeville), associé, le secrétaire rappelle celle qu’elle vient de faire récemment en- core du C. Marmin, son trésorier, et l’un de ses fondateurs, Le C. CarMIER a fait lecture de sa notice sur le €. Dublaisel, que la Société a eu la douleur de perdre: 1] rappelle ses débuts dans la carrière mi- litaire, et cette suite continuelle de combats et de batailles de la guerre de Hanovre, où le C, Du- blaisel n’a cessé de se distinguer. De retour dans sa ville natale , il y fut à la fois commandant et president de administration provinciale, Vingt ans passés honorablement dans l’exercice de ces Ffonce- tivos , ont dû atiacher les Boulonnoïis à la mémoire du C. Dublaisel , et le leur faire universeilèment Nouvelles litterarres, 381 regretter. L'auteur de la notice, apres avoir indi- qué la plupart des opérations administratives du C. Dublaisel, se fait un devoir de citer un des plus signalés services rendus à la ville Ge Boulogne en 1709, lorsque le C. Dublaisel, par sa sagesse et sa fermeté, arrêta l’effusion du sang prêt à couler dans une lutte entre les soldats du régiment de Berwick et les habitans de la ville, qui réclamoient la distribution des armes renfermées au château, pour organiser la garde nationale. Le C. Carmier acquitte aussi dans cette circonstance le juste tri- but de reconnoissance du pauvre , du malheureux et de Porphelin, dont le C. Dublaisel se montra toujours le bienfaiteur , l’ami et le père. Le C. LESAGE a présenté l’analyse du rapport de la commission chargée de suivre les travaux re latifs à la préparation, l'emploi, les usages et les propriétés du plâtre-ciment, La Société a profité de cette occasion pour mettre sous les yeux du public des échantillons de cette matière, et lui faire con- ncîûre, par l’organe du rapporteur de la commis- sion, les différens usages auxquels on peut utile- ment l’employer (1). Le C. MASCLET a lu ensuite sa notice sur le C. Marmin-Dupont. « Cet hommage de vénération et « de regrets que la Société devoit à la mémoire « d’un excellent citoyen, d’un de ses membres les “« plus distingués par son zèle et par ses lumières, “ ne pouvoit être exprimé d’une manière plus sen- (1) Le rapport a été imprimé et envoyé aux Autorités constituées, aux Sociétés savantes , et aux membres non-résidans de la Société. 382 Nouvelles littéraires. 2 sible que par l'organe du C. Masclet. Apres avoir rappelé les prémières années de la vie active du C. Marmin , l’auteur de la notice le suit dans la carrière administrative et politique, où notre col- légue a trouvé dans tous les exploits tant d’occa- sions de servir sa patrie, ses concitoyens et ses amis. La passion du bien public, l'attacha spé- cialement à tous les établissemens où il trouvoit quelque bien à faire, à l’hospice dont il fut et alloit redevenir le père, aux bureaux de bienfai- sance auxquels il étoit si digne d’appartenir, au tribunal de commerce où il fit siéger avec Jui la bonne foi antique, la conciliation impartiale, l'équité sévère et éclairée; à la Société d’agri- culture, où il se plaisoit tant à apporter le tribut de ses travaux, de ses observations, de son ex- périence. Ce collégue si laborieux et si exact, ce fonctionnaire public, ce père, cet époux, cet amt si tendre, ce modèle enfin de toutes les vertus publiques et privées, vient d’être ravi à la piété filiale et conjugale, à nos affections , à notre re- connoiïssance , à la république, pour qui de pa- reilles pertes sont si douloureuses, et si difficiles à réparer ; enfin à la génération qui s'élève, et qui a tant besoin d’avoir sous les yeux des hommes faits pour servir d’exemples, des hommes qui sa- vent remplir leur vie, marquer leur passage sur la terre, par des vertus et des services, et trou- vent la récompense de ceux qu'ils ont rendus à la patrie, dans les larmes qui coulent sur leur tombe, et les regrets dont leur mémoirg est ho- norée, » Nouvelles littéraires. 383 - Le C. WyaANT a fait lecture d’une piècé de vers, intitulée : Epitre au Sauvage de l Aveyron. - La séance a été terminée par l'annonce des ques- tions proposées pour sujets de prix à décerner dans la prochaine séance publique du 8 floréal an 11. Agriculture et Economie rurale. La Société, frappée des inconvéniens auxquels sont exposés, dans les grandes sécheresses ; les pays élevés, et notamment le Haut-Boulonnois, demande: Quels sont Les moyens de procurer aux vilages eb aux fermes situés dans des lieux élevés, Peau néces- saire aux bestiaux ? Les concurrens observeront que le Haut-Boulon- nois est un pays crayeux, qui n’est dominé par au- cune montagne voisine; qu’il renferme peu de bois, et que les puits qui y ont été creusés, ont jusqu’à cent metres de profondeur. Il est généralement reconnu que le marnage est une amélioration des plus importantes en agr.culture. La Société accordera un prix au mémoire qui développera le mieux la nature des marnes, leurs diverses espèces , et leur emploi le plus avantageux , selon la différence des terres. L'auteur s’attachera principalement à indiquer aux cultivateurs, des caractères extérieurs, qui leur fas- sent distinguer, par des moyens faciles, chaque es- pèce de marne. Prix d’Encouragement pour lan 11. La Société délivrera un prix d'encouragement à celui qui aura ensemencé un quart d’hectare ( demi- ? 384 Nouvelles littéraires. mesure ancienne dénomination) en aubépines, Cratæ- gus oxyacantha , L., nommée: vulgairement Epines blanches, propres à former des enclos, et qui seront d’une belle venue en l’an 11. Les prix consisteront en médailles, que la Société délivrera dans sa séance publique du 8 floréal an 11. Conditions à remplir. Les membres résidans ne sont point admis à concourir. Les mémoires seront envoyés, avec les conditions requises, avant le premier germinal prochain, et les certificats avant le 15 ventose an 11, au secrétaire de la Société de Boulogne -sur- mer. Signé, Wi1ssoCQ, président ; PICHON, secrét. L''O' UT EN: Société «’émulation. La Société d’émulation a tenu, le 7 thermidor, une séance publique. | Elle a été ouveite par un discours de M. Not, président. M. AUBERT, professeur de ecole cen- trale et secrétaire de correspondance, a fait ensuite l'analyse des travaux de Ja Société. Après lui, M. GUERSANT, ancien professeur de Pécole centrale, pour lhistoire naturelle, a prononcé, sur la bcta- nique, un discours, dans lequel, remontant à Pori- gine du jardin des Plantes de Rouen , il a démontré, d’une manière précise, son accroissement , en faisant connaîtie tous les sujets dont ce jardin s’est nouvel- lement enrichi. M. IVouvelles littéraires. 385 M. Gervais, fabricant, a succédé à M. Guer- sant. Son but étoit de prouver , sous les rapports politiques, moraux et religieux, l’utilité des fila- tures particulières de coton. Un membre de la Société (M, THrÉMÉ) étant mort de l'intervalle de la dernière séance à celle- ci, M. CaRPENTIER, professeur de dessin à l’école centrale , en a fait l’éloge funèbre. Il a rappelé les talens de M:Thiémé dans l’art de la musique et ses qualités sociales. M. PRÉVOST , officier de santé, s’est efforcé de démontrer une vérité depuis longtemps reconnue; c'est que le défaut d’air, ou le mauvais air, est fu- neste à la santé. Il a terminé son discours long et érudit par une invitation philanthrepique aux auto- rités constituées, de veiller principalement à ce que les maisone de détention, de correction , enfin, tout ce qui est compris sous le nom de prison, soient salubrement aérées, M. No a fait un discours, dans lequel il a prouvé, d'apres l'exemple de tous les peuples et de tous les siécles, que les femmes jouissoient en France d’une condition plus douce, plus agréable, plus di- gre d’elles que partout ailleurs. Ce discours, fait pour intéresser les deux sexes » à été Fort applaudi. M. ROBERT, membre de la Societe et pharmacien en chef de l’hospice d'Humanité, a fait un discours sur la chymie, La séance a eté terminée par un rapport de M. BREMONTIER , membre de la commission chargée de Tome Il. | Bb 386 Nouvelles littéraires. prononcer sur le mérite des discours ayant pour ob- jet cette question : « Examiner jusqu’à quel degré il convient aux « Françaises de se servir de costumes à la grecque. » Quatre mémoires avoient été envoyés à la Société, sur cette question qu’il falloit traiter sous les rap- ports de l’hygiene et de la morale. Le mémoire, n.° 2, a réuni les suffrages, et le prix de 300 francs lui a été décerné. L'auteur est le C. Amaury Du- vAL, chef du bureau des sciences et arts (troisième division du ministre de l’intérieur), à Paris. Il a été fait mention honorable du mémoire ,n.°3, ayant pour épigraphe : Incedo per ignes. Un auditoire choisi distinguoit cette séance, en grande partie consacrée aux intérêts du beau sexe, puisqu'on s’y est particulièrement occupé de ses droits civils et des moyens de conserver sa santé, sans qu’il ait rien à perdre des graces et des charmes qui lui sont si naturels. Société des sciences. La Societé des sciences, lettres et arts de Rouen, propose, pour le prix de sa séance publique de lan x1 de la république, le sujet suivant : {ndiquer les moyens et les procédés propres à porter l’agriculture dans le département de la Seine-Inférieure , et spé- cialement dans la partie de ce dépurtement , connu et désigné sous le nom de Pays de Caux, au degré de perfection dont cette partie peut être susceptible. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. Il sera donné dans la séance publique de lan x1. Nouvelles littéraires. 387 Les ouvrages ne seront admis que jusqu’au 30 ger- minal an x1; ils seront adressés au C. Robert Saint- Victor, secrétaire de correspondance de la Société, au Petit-Bouvreuil, n.° 16. PA RAS: PINS TR VFAU 1 NA TL ON AL: Extrait des registres de la classe des sciences physiques et mathématiques.— Séance du 9 thermidor an 10. Le C. Ventenat lit en son nom, et au nom des CC. Jussieu et Desfontaines, le rapport suivant : Rapport des CC. JUSSIEU |; DESFONTAINES et VENTENAT, sur différens travaux en botanique du C. Poiteau. Les commissaires désignés par la classe pour prendre connoissance des collections, des dessins et des manuscrits du C. Poiteau, croyent devoir faire précéder leur rapport d’une notice succincte sur ce voyageur. L'Institut qui , chaque jour, encourage et ac- cueille les efforts de ceux qui cultivent les sciences, applaudira sans doute aux succès qu’a obtenus, dans une des branches les plus étendues et les plus dif- ficiles de l’histoire naturelle, un homme privé jus- qu’à l’âge de 25 ans des premiers principes de l’ins- truction. Son étonnement s’accroîtra en apprenant que ce même homme, obligé de lutter sans cesse coûtre des obstacles de tout genre, mais soutenu Bb 2 À 388 Nouvelles littéraires. par un zèle infatigable, a mérité d'obtenir une place distinguée parmi lei naturalistes qui, dans des voyages pénibles entrepris pour l’avancement de Ja science , ont le plus contribué à ses progres. Le C. Poiteau étoit, en 1792, garçon jardinier au muséum d’histoire naturelle, En suivant les cours de botanique , il reconnut qu’il y avoit pour nom- mer les plantes un moyen plus sûr que celui de les considérer attentivement , de saisir leur image, et de Ja graver dans son esprit. Convaincu que la mémoire la plus heureuse ne pouvoit eu:biasser les carac- tères d’un nombre de végétaux aussi consid'rable qui est démontré au Jardin des Plantes, il résolut d'apprendre la langue latine, afin de pouvoir com- prendre et consulter au besoin les auteurs qui ont écrit en cette langue sur la bôtanique, Il se procura un dictionnaire françois et latin, et l'ouvrage élé- mentaire connu sous le nom de Rudiment. Ses heures de récréations furent entièrement consacrées à l’étude: le temps même qu'il employoit aux travaux manuels, n’étoit pas perdu pour son instruction. En labourant la terre, en portant ses arrosoits , il déclinoit des noms, conjuguoit des verbes, et s’eflurçcoit de cons- truire des phrases. Enfin, après avoir cultivé lui seul, pendant sept à huit mois les dispositions heu- reuses qu’il avoit reçues de la nature, il obtint des succès proportionnés à ses efforts soutenus , et il fut en état d’entendrele Systema vegetabilium de Murray. Les dessins des premiers artistes exposés, pendant les séances des cours de botanigne , pour servir a la démonstration des genres et des espèces que l’on Nouvelles littéraires. 389 ne Cultive pas au jardin du Muséum, prouverent à Poiteau Putilté dé cet art > qui rend les objets sensibles, et dont la pratique n’est malheureusement Pas assez familière à ceux qui se consacrent À l'étude de Phistoire natureile. Convaineu de son importance, Poiteau y porte toute lapplication dont il est sus- ceptible ; il n'aura point à regretter la perte d’un temps précieux employé à faire de mauvaises copies d’excellens originaux. La nature seule fut son maître, Il commença d’abord par dessiner des parties dis- tinctes, des feuilles, des rameaux, des tiges, des flevrs , et il chercha ensuite à représenter l’ensemble de loutes ces parties en dessinant des plantes entières, Ses progrès furent rapides ; et les dessins nombreux qu'il a rapsortés de Saint-Domingue, obtiendront lapprobaiion des botanistes et l’encouragement des artistes consommés, Les voyages dans les pays éloignés pour y récolter les objets qui manquent à la collection du Muséum, sont depuis longtemps Ja récompense que les pro- fesseurs de cet établissement accordent aux garçons jardiniers qui se sont distingués par leur zèle et par leurs progrès. Poiteau ambitionnoit cette marque flatteuse de Ja satisfaction de ses chefs ,et elle lui fut déférée. Désigné pour aller à Saint - Domivgue en l’an 4, à la suite des agfos particuliers de cette colonie, la joie qu’il Éprouva en apprenant qu'il Parcourrait bientôt cette ile où les Plumier, les Jacquin, les Swartz, ete. ont fait des moissons si abondantes, lui fit négliger de s'assurer avant son départ quel étoit le salaire que lui accordoit Bb 3 390 Nouvelles littéraires. Je gouvernement. Arrivé à Saint - Domingue , il s’aperçut , mais trop tard, qu’un voyageur ne doit point quitter sa patrie , sans connoître les ressources qu’il peut avoir dans le pays qu’il se propose de visiter. Les agens particuliers différérent d'opinion entre eux sur J’utilité de sa mission , ne purent s’ac- corder sur les moyens à lui procurer pour faire ses recherches , et ils lui refusèrent toute espèce de traitement. Poiteau , sans lettres de recommanda- tion , ne connoissant personne à Saint - Domingue, dénué de ressources , ne perdit point courage. Il consacra au travail une partie de la journée, pour se procurer son existence, et il employoit l’autre partie à visiter les environs de la ville du Cap, et à récolter des plantes. Il fit à cette époque trois en- vois de graines au Muséum d’histoire naturelle , dont deux parvinrent heureusement à leur destina- tion, Un travail aussi pénible que constant abattit ses forces. Sa santé altérée par des privations mul- tipliées, le força d’interrompre ses travaux, et il fut obligé, pour se rétablir, de passer plusieurs mois dans les hôpitaux. La situation politique de Saint-Domingue ayant inspiré des inquiétudes au gouvernement françois, ses agéns particuliers furent révoqués et remplacés par un seul. Celui-ci (1) plus zélé pour l'avance ment de la science, accorda quelques secours au C. Poiteau, qui.le mirent à même de reprendre et de continuer ses travaux, et de s'occuper de {1) Le C. Roume. Nouvelles littéraires. 391 l’objet de sa mission; mais ce digne représentant de la république ayant progressivement perdu son pou- voir , ayant été même privé de sa liberté, le C. Poiteau fut encore forcé de suspendre ses recherches. Ce fut dans cette circonstance pénible que notre zélé voyageur reçut d’un savant étranger des preuves sensibles de l'intérêt que devoit inspirer son zèle et son dévouement, M, Edouard Stevens, consul gé- néral des Etats-Unis, tres-versé dans la connois- sance des plantes, appréciait depuis longtemps le mérite de Poiteau. Convaincu des services impor- tans que ce naturaliste pouvait rendre à la science, il eut recours aux procédés les plus délicats pour lui être utile, Poitezu s’adonra alors entièrement à la botani- ane. Ïl parcourut les différens quartiers du nord de Siint-Domingue ; mais particulierement l’ile de la Fortue, Il ne se bornoiït pas à faire des collections ; il étudioit les caractères des plantes, il en décrivoit tous les organes, et il y joignoit presque toujours des dessins coloriés qui, soignés dans leur ensemble, présentent une image fidelle du port de la plante, et intéressent, surtout, par les détails exacts des parties de la fructification. La collection que le C. Poiïteau a rapportée en France, est composée de 6co paquets de graines et de fruits, dont une partie a déja été livrée par lui au jardinier du Muséum d'histoire naturelle, pour y être semée sur le champ ; et d’environ 1200 espèces de plantes, dont les échantillons nombreux, cueillis dans les différens âges de l'individu et pré- Bb 4 392 Nouvelles littéraires. parés avec soin, offrent à l'étude toutes les res- sources que doit présenter une collection de cette nature, Ces espèces ont été toutes nommées ; et quoique la bibliothéque du C. Poiteau ne fût com- posée que du Phï/osophia botanica de Linnæus , du Genera de Jussieu, et du Systema vegetabilium de Murray, il est néatimoins parvenu à reconnoître celles qui étoient mentionnées dans les ouvrages qu'il possédoit. Il a regardé comme nouvelles, celles qu'il n’a pa déterminer. A la vérité, plusieurs de eës dérnières sont consignées dans des ouvrages ré- ceus, que notre voyageur n’éloit pas à portée de consülter : mais d’autres , et en assez grand nombre, sont véritablement inédites. Il en est de même des genres qu'il a établis. On en trouve plusieurs dans “le Prodromus de M. Swaïtz ; mais il en est quel- ques-uvs qui sont réellement nouveaux , et dont la publication contribuera aux progres de la bota- nique. Si le C. Poiteau a été devancé dans ses recherches, le travail qu'il présente à la classe, n’en sera pas moins utile à la science. Les botanistes qui ont écrit sur les productions végétaies des Antilles, n'étant pas assez pénétrés des principes et des avantages de laméthode naturelle, se sont bornés dans leurs descriptions aux seuls caractères de la fleur et du fruit, et ils ont négligé presque toujours ceux qui résultent de la structure de la semence, Le C. Poitean, comme on Je verra dans la suite de notre rapport, a suppléé à ces omissions; et en insistant sur Îles caractères que fournissent les organes les plus im- Nouvelles littéraires. 303 porfans, il a dissipé les doutes que les botanistes devoient avoir sur l’ordre qu’il falloit assigner à des plantes incomplètement décrite . L'examen que ce voyageur a fait des plantes an= ciennement connues, lui a fait ceconnotre quel- ques erreurs qui se perpétuoient dans les ecrits des botauistes, et l’a mis à portée de déterminer d’ure manière plus précise et plus exacte les caractères de plusieurs genres. La classe a pu juger de la sa- gacité du C. Poiteau, par les observations qu’il lui a communiquées sur l’Aruchis hÿpogæa. Quoi- que cette plante ait été décrite par plusieurs célè- bres botanistes ; quoiq’elle soit cultivée depuis long- temps dans les jardins consacrés à l’étide de la science , néanmoins la forme du calyce, la position de Povaire situé à la base du tube du calyce , et le stipes qui porte lPovaire , qui l’alonge considérable- ment apres la.floraison , sont autant de faits que les naturalistes ignoroient entièrement. Vos commis- saires ont vérifié cette observation qui fait le plus grand honneur à la sagacité du C. Poiteau, et ils ont reconnu qu’elle étoit de la plus grande exacti- tude, et qu’elle est exactement représentée sur le dessin fait par l’auteur en présence de l’un d’eux. Nous desirerions pouvoir faire connoître à la classe toutes les observations neuves que présente le tra- vail du C. Poiteau ; mais les bornes dans lesquelles doit être renfermé un rapport, ne nous permettent pas de présenter l'ensemble de ses découvertes ; nous citerons quelques-uns des genres qu’il a établis, ou dont il a réformé les caractères. Nous croyons devoir 394 * Nouvelles littéraires. avertir la classe que nous allons copier , dans cette partie de notre rapport , le manuscrit du C. Poiteau. STEVENSIA, famille des Rubiacées. Calyx bast bracteis 4 cinctus, limbo 2 partitus. Corolla tubulosa; limbo patente, 6-7 partito. Sta- mina 6 7 apice tubi inserta , sessilia inclusa. Stylus téres , longitudine tubi; stigma 2 lamellatum. Cap- sula subrotunda, limbo calycino coronata, bivalvis, valvis apice 2 partitis, Dipyrena, pyrenis apice de- hiscentibus. Semina numerosa scobiformia , recepta- culo centrali afixa. Corculum perispermo corneo involutum. STEVENSIA buxifolia. Frutex 12 pedalis. Folia opposita, subtüs tomen- tosa. Stipulæ vaginantes. Bracteæ 2 sæpe productæ in folia. Flores albidi, solitarii , axillares , sub- sessiles. En dédiant ce genre à M. Edouard Stevens , dit le C. Poiteau, je lui donne une foible marque de la reconnoissance que je conserverai toute ma vie des services importans qu’il n’a rendus. THouiInrA, famille des Savoniers. Calyx campanulatus 4 fidus. Petala 4 disco, hypo- gyno inserta, iniùs medio barbata. Stamina 8, disco hypogyno inserta; filamentis distinctis, lon- gitudine corollæ. Germen triquetrum ; stylus uni- cus ; stigmata tria. Samaræ 3, basi coalitæ 1, sper- mæ. Corculum absque perispermo, THouINIA dentata. Arbuscula. Folia alterna , simplicia , spinoso- dentata , subtus nervis parallellis insignata. Flores spicati. Les genres qui ont été dédiés au C. Thouin ayant été détruits successivement , je m’empresse de prouver à ce savant estimable, combien je suis re- connoissant des bontés qu’il a toujours eu pour moi. ELEUTHERANTHERA, famille des composées, VL* $ de Ja division des corymbiseres. Nouvelles littéraires. 395 Flores flosculosi hermaphroditi. Calyx 5. phyllus, æqualis, pauciflorus. Flosculi 4-9 , limbo ciliati. Antheræ distinctæ tubo inclusæ. Semina glandulis asperata, coronata. Receptaculum paleaceum , pa- leis apice ciliatis. ELEUTHERANTHERA, ovata. Herba diffusa. Folia opposita, ovata. Flores ges mini , pedunculati, axillares et terminales. ELEUTHERANTHERA , e vocibus græcis quæidem sonant ac antheiæ distinctæ. Quoique l’exposition des caractères de ces trois ss suffise pour donner à la elasse une idée de ’importance des travaux du C. Poiteau, je crois néanmoins devoir encore citer quelques-unes de ses observations sur des genres anciennement établis. CriToria. Le C. Poiteau pense que ce genre doit être divisé. Il rapporte au Clioria de Linnæus les espèces dont le calyce est en cloche, dont Péten- dard très-ouvert est muni d’un éperon à sa base extérieure, et dont le style est glabre ;.et il désigne, sous le nom de Gulacti les espèces dont le calyce est tubulé, dont l’étendard roulé en cornet n’a au- cune protubérance à sa base, dont le style est cilié en dessus , et dont le stygmate est en tête, ALEBORNIA , Solender. Ce genre est du nombre de ceux que le C. Poiteau regardoit comme nou- veaux. M. Swartz en a tracé le caractère dans son Prodomus , et il a donné dans le troisième volume de sa Flora Indiæ occidentalis , uue description étendue de la même espèce , qui a été ensuite trou- vée par Poiteau; mais le botaniste suédois a passé sous silence ce qui concerne la structure de la se- mence. Le voyageur françois, en ajoutant Peris- permum carnosum , Embric planus, Radicula supera, a démontré que l’alehornea devoit étre rapporté à la famille des Euphorbes. OvrenA, Linné , ou VALDIA , Plumier. Plumier avoit représenté la corolle de son Faldia avec un limbe à trois divisions, Cette erreur s’est glissée dans 396 Nouvelles litiératres. tous les ouvrages de botanique. Poiteau a vu que le même limbe étoit réellement à 5 divisions; et les échantillons qu’il nous a présentés confirment son observation parfaitement conforme d’ailleurs au ca- ractère que doit avoir la fleur d’une plante voisine, dans l’ordre naturel, du Clerodendrum et du Tol- kameria. TaEropuRaAsTA. Le caractère de la fleur du 7'heo- phrasta n’étoit point exposé avec exactitude dans les écrits des botanistes, et quoiqu'il ait été depuis réformé, par M. Swartz, néanmoins les additions du C. Poiteau méritent d’être citées. — Tubus co- rollæ membranä vestitus. Stamina basi membranæ inserta , tubo inclusa; filamentis basi dilatatis, et in annulum conferruiminatis, apice acuminatis an- theris medio filamentorum adnatis conniventibus. Comocranra. Le C. Poiteau croit que l'espèce nommée C. irtegrifolia appartenoit à la dicéeis; que l'embryon étoit dépourvu de périsperne; que ses lobes étoient planes, et que la radicule étoit in- férieure. L'étude de la structure de la semence da BURSERA gummiferu, Jui a aussi fourni une observation im- portante. Il a reconnu qu’il n'y existoit point de perisperme , et que les lobes de lembryon roulés en dedans, étoient divisés chacun en trois parties. La germination a confirmé cette observation du C. Poiteau , et les jeunes individus qu’il a con- seivés dans son herbier ne permettent pas de la révoquer en doute. Une espèce nouvelle d’Z//ecebrum , dont la cap- sule étoit en cœur et évolve , lui a fait soupconuer que le genre seroit probablement divisé lorsque les espèces qui le composent auroient été examinées avec plus de soin. FLACURTIA, Poiteau avoit trouvé une espèce de ce genre sur Jes mornes secondaires de Saint-Do- mingue, Les caractère qu’il observoit dans la fleur et dans les fruits, différant beaucoup de ceux de Nouvelles littéraires. 307 tout genre connu , il avoit conclu que son espèce devait former un genre nouveau. C’est le C. Jussieu qui, en lui montrant le Flacurlia rimonthei, lui a fait observer Paffinité qui existoit entre cette plante et celle qu’il avoit découverie; afhnité qu’il étoit difficile de soupconner d’apres l’exposition du ca- ractère générique du Flacurtia : on en sera convaincu si lon compare la description du Flacurtia domin- gensis avec celle du Ælacurtia ramonthei FLACURTIA domingensis. Dicica polyandra , ca- racer genericus. Mas. Calyx campanulatus , limbo 4 lobo. Corolla o. Stamina disco glanduloso extùs cineta ; filamentis erectis, inæqualibus.. Calyce longioribus. Antheris. didymis. Fæm. Calyx et corolla ut in mare. Germen disco glan- daloso cinetum. S:yli 4-6 patentes; stigmata ob- tusa. Bacca mmatura unilocularis 6 8 sperma. Se- mina angulosa parieti baccæ affixa. Perispermum carnosum, Embrio planus. Radicula infera. Frutex 10—15 pedalis, spinis ramosis armatus. Folia al- terna stipulacea, stipulis minimis caducis. Flores maseuli et feminei congesti, pedunculati, subum- bellati. OrcHipeÆ Poiteau a commencé un beau tra- vail sur les plantes de cette famille, Il a dessiné les détails de la fruciification d’une vingtaine d’es- peces. Les différences qu'il a observées dans Îles organes dé la fleur de quelques orchis et de plu- sieurs £pidendrum ; lui ont prouvé qu’il avoit be- soin d’en étudier un plus graud nombre , avant de présenter le résultat de ses observations. PLANTÆ CRYPTOGAMIÆ. Il n’est aucune partie de la botanique dont le C. Poiteau ne se soit oc- cupé avec succès. Les voyageurs négligent ordinai- rement les plantes cryptogames , et les naturalistes out cru longtemps que l’Europe étoit la seule con- 398 Nouvelles littéraires, trée du globe où crussent avec profusion les cham- pignons dont l'existence est d’une si courte durée, et les mousses qui, par leur petitesse, semblent se dérober aux recherches les plus assidues. Poiteau en a découvert un grand nombre; il a décrit et figuré @7 especes de champignons, une trentaine de mousses, 3 marchantia, 5 jungermannia et deux anthoceros. Les productions fungoides qui existent sur les feuilles des végétaux, ont aussi attiré son attention ; 1l avoit observé que ces plantes devoient former un genre distinct , et nous avons été tres- surpris en voyant qu’il leur avoit assigné, dans son manuscrit, le même caractère que celui qui a été donné par les botanistes allemands au genre accidium. Un dernier travail du C. Poiteau , que nous ferons connoître à la classe , consiste dans une suite de ré- flexions et d’observations sur le PAilosophia Bota- nica de Linoæus. Le manuscrit de ce voyageur est rempli de faits additionnels, confirmatifs des axiô- mes contenus dans l’ouvrage du célèbre professeur d'Upsal , et parsemé aussi de quelques faits et ob- servations contraires. Ce genre de recherches annoncé une disposition à voir la science en grand, et l’on doit souhaiter que l’auteur puisse être dans le cas de les multiplier. L’apercu des travaux du C. Poiteau que nous venons de présenter à la classe, doit lui prouver combien le retour de ce voyageur à Saint-Domingue sera utile à la science. Son projet est de donner l’histoire complète des végétaux qui croissent dans toute l’étendue de cette île, dont Ja partie cédée à la République française par le gouvernement es- pagnol n’a pas encore été visitée avec assez de soin. Si ce botaniste a obtenu des succès aussi étonnans, Nouvelles" littéraires. 399 malgré le dénuement où il s’est trouvé, que ne doit-on pas espérer de son zèle, lorsqu’un traitement honnête ne lui donnera plus d'inquiétude sur son existence , et lorsqu'il pourra consulter les ouvrages des naturalistes qui , après avoir voyagé dans les An- tilles, ont décrit les productions végétales qu'ils avo'ent observées. Vos commissaires pensent que les observations communiquées à la classe par le C. Poiteau sur V'érachis hypogæa , méritent d’être imprimées dans les mémoires des savans étrangers, et que le ré- sultat de ses travaux doit étre communiqué au mi- nistre de l’intérieur , dont le zèle éclairé pour le progrès des sciences sait apprécier ceux qui les cul- tivent avec ardeur et avec succès, La classe approuve le rapport et en adopte les conclusions. Signé, H. LACÉPÈDE, secrétaire. Ecole de médecine de Paris. Copie de lextrait des registres des délibérations de l'Ecole de médecine de Paris. — Séances des Jeudis 3 et 17 thermidor an 10. L’assemblée des professeurs ayant entendu, dans ses séances des jeudis 3 et 17 thermidor, le rap- port des commissaires qu’elle avoit nommés pour répondre à la lettre du conseiller-d’état, préfet de police, en date du 13 floréal dernier, arrête que le détail des expériences nombreuses et importantes auxquelles ils se sont livrés pour constater les effets des bains de gaz hydrogène sulfuré, sera consigné dans ses registres et rendu public par la voie des 400 Nouvelles littéraires. journaux relatifs aux sciences ; elle arrête de plus que les conclusions. du rapport seront adressées ,saus délai, au conseiller-d’état, préfet de police. Conclusions du rapport. 1.° Que l'application du gaz hydrogène sulfuré sur la peau en forme de bain , borné même à l’é- tendue d’un membre ou d’une partie quelconque , est extrêmement dangereuse , et peut causer la mort eu très-peu de temps, et qu’ainsi son usage doit être absolument interdit dans tous les établissemens où où administre des bains ; 2.° Que les autres gaz, tels que l'oxygène, l’azote, l'hydrogène, le carbonique, etc., dont quelques personnes ont proposé l'usage, soit sous forme de bains, soit comme substance propre à respirer dans quelques cas de maladie, étant les uns inefficaces, les autres suspects, dangereux ou même très-perni- cieux, il doit être défendu, dans tous les établis- semens publics des bains , d'employer aucune espèce de gaz, sous forme de bain général ou partiel, à moins que leur administration soit dirigée et pré- sidée par le médecin qui les auroit prescrits ; 3. Que les diverses especes de bains préparés par la vaporisation du vin, de l’alcool, de l’eau bouil- Jante seule ou chargée de quelques plantes aroma- matiques , sont très-utiles dans plusieurs cas de rha- ladies; que les appareils employés pour cet objet par le C. Guietand , sont maintenant bien disposés , et ne peuvent occasionner aucun accident, attendu que les fourneaux destinés pour la combustion et la vaporisation Nouvelles littératres. 40ï Vaporisation sont placés dans une pièce séparée de la chambre des bains, et qu’ainsi il peut être auto- risé à eh continuer l’administration. Mais, quoique utiles dans plusieurs cas, ces sortes de bains ne conviennent pas également dans tous ; leur composition , leur durée doit varier suivant les circonstances ; et, pour être efficaces, leur usage exige des soins, des attentions, des préparations particulières : ainsi, en permettant au C. Guietand l’administration des bains de vapeur, fumigations autres que les bains gazeux, il ne doit lès employer, ainsi que toute autre préparation médicinale, que d’après l’avis du médecin, qui en prescrira Fheure, la durée et la formule. Pour copie conforme , Signé , THOURET, directeur de l’école de médecine de Paris. Pour copie conforme, Le conseiller d'état , préfet de police , Dusois. Académie de Législation. L'Académie de législation a tenu une séance pu- blique le 1.°* thermidor an x. Après avoir fait la lecture du procès-verbal, on a annoncé les ouvrages présentés à l’Académie. Le C. BoucHAUD , membre de l’Institut national : professeur au collége de France , a lu ensuite la Suite de ses recherches sur la loi Foconia, dont le pre- anier objet fut d’exclure des successions les personnes du sexe, Tome IT, Ce 402 Wouvelles litiéraires. LA Une discussion a eu lieu après entre deux élèves de l’Académie (les CC. REGNIER et GAULTIER ); sur les questions suivantes : 1.° Quelle est l'origine. de la puissance paternelle ? 2° Quelles doivent étre ses bornes. La lecture suivante offroit la première partie de l'Histoire abrégée du droit romain, depuis Romulus jusqu’à Charlemagne; par le C. SALIVET , docteur en droit de la faculté de Paris, chef adjoint au ministère de la justice. Les autres parties de cette histoire seront lues. dans les séances suivantes. Le C. Recni&R, élève de l’Académie, a donné lecture des principes et règles de la méthode ana)y- tique, considérée comme le moyen le plus propre à diriger l’esprit dans l’étude des sciences , et spé- cialement dans l’étude de la législation. La séance a été terminée par la présentation de “plusieurs membres du conseil - général et membres afhliés à l’Académie. C'H'É APRES: THÉATRE FRANCOIS DE LA RÉPUBLIQUE. Mie Duchesnois continue ses débuts avec le plus brillant succès. On l’a vu tour-à-tour dans Phèdre, dans Sémiramis , dans Hermione , et elle s’est mon- trée supérieure dans tous ces rôles si diférens de caractère. Elle a suspendu ses débuts, pour laisser pa- roître deux nouvelles débutantes, Nouvelles littéraires, 408 TEL É A TIR EL OUIFR 0.16: Le Protecteur à la mode. Cette comédie , en trois actes et en vers, n’a eu qu’une seule représentation. Malgré beaucoup de marques d’improbation de la part des spectateurs, l'auteur a été nommé; c’est le C. ETIENNE. Il a senti toute la foiblesse de son ouvrage, et la retiré le lendemain. Le caractere du Protecteur à la mode étoit manqué tout-à-fait. L'auteur n’en avoit fait qu’un vil intrigant sans caractère, et cela par suite de cette manie que l’on a maintenant de peindre des vices au lieu de tracer des ridicules. Le Pro- tecteur à la mode prétoit pourtant bien à la comé- die, et il n’étoit pas besoin de l’entourer de per- sonnages aussi ennuyeux que deux marchands de vin qui disputent éternellement sur l’excellence du _ Bourgogne et du Champagne, et sur la préférence qu’on doit accorder à l’un sur l’autre, L’intrigue la moins neuve étoit jointe à ce fonds bizarre , et pour cette fois ce n’est pas injustement que la pièce a été sifflée. Faute de bonnes pièces nouvelles , le théâtre Louvois, comme le théâtre François ne vit plus que de reprises. Les Bourgeoises à la mode de DancourT, ont eu beaucoup de succes. Il n’en a pas été de même de l’Obstacle imprévu, une des comédies les plus gaies de DESTOUCHES, dont la première représentation a été à peine écoutée jus- qu'à la fin, On peut attribuer cependant cette défa- Ce 2 404 Nouvelles littéraires. veur à la maniere dont le rôle de Léandre éloit rempli par le C. Ærmant, qui ne joue ordinairement que les niais. Le C. Dorsan l’a joué à la seconde représentation , et la pièce, montée avec ensemble, a fait le plus grand plaisir, THÉATRE DU VAUDEVILLE, Carlin débutant à Bergame. La contexture de cette pièce, jouée le 17 ther- midor, donne lieu de croire qu’elle n’a été faite que pour faire briller le C. Zaporte, qui a joué avec beaucoup de talent le rôle de Carlin. En effet, quoi de plus ridicule que de voir une jeune per- sonne bien ingénue, bien vertueuse , éprise d’un homme qu’elle n’a jamais vu qu’au théâtre, et sous le masque d’Arlequin. Est-ce là un exemple bien édifiant ; et l'amant auquel on donne un pareil ri val, doit-il ensuite être charmé de n’avoir été pré- Féré qu’à lui-même. Passons sur ce défaut qui fait pourtant le fonds de la pièce, et ne nous arrêtons qu'aux détails qui sont plus heureux. Carlin Berti- nazzi joue depuis quelque temps les Arlequins au théâtre de Bergame, à l’insu de son pere, de sa mère, de sa maîtresse. Ces trois personnes viennent à la répétition d’une pièce dans laquelle le nouvel Arlequin joue un rôle. Comme il est sous le masque, on ne le reconnoît pas; la principale actrice man- que, on prie la demoiselle de prendre le rôle à la main, ce qu’elle fait aussitôt : on concoit aisément que la scène est analogue à la situation de Carlins. Nouvelles littéraires. 405 il y a un père irrité qu’il faut fléchir; M. Bertinazzi assure que le père devroit pardonner, et c’est ce qu'il fait lui-même, quand son fils s’est fait recon- noître pour Arlequin. Ce dénouement ressemble beaucoup à celui d’A/lez voir Dominique. Les di- verses scènes où Carlin s’exerce, danse et répète ses rôles, sont jouées par le C. Laporte , avec une grande gaieté, Les auteurs ont été demandés, et l’un d’eux a été nommé, c’est le C. PxiLiPrON- LAMADELAINE ; lautre a gardé l’anonyme. Marmontel. Une anecdote , insérée dans plusieurs journaux, a fait penser aux auteurs du Vaudeville à mettre en scène Marmontel, Comme la première représen= tation de cette pièce, jouée le 5 fructidor, n’a pas eu de succès, et que les auteurs y font quelques corrections, nous remettrons après la seconde re- présentation à rendre compte de cet ouvrage. GPS RIT IA TIEDETIETERE EE LITE A CERPEIENE ENCORE TION ER PURE AE SR TE TEEN) LIVRES DIVERS (1). ARITHMÉTIQUE. TRAITÉ élémentaire d Arithmétique décimale , spé- ciulement destiné, par la nature de ses applications et par la forme de ses tables, aux Orfevres, Bi- joutiers, Joailliers, Horlogers, Agens-de-Change, et autres personnes qui font le commerce des ma tières d’or et argent; par le C. GUILLARD, maîlre de mathématiques. Paris , chez Crapart , Caille et Ravier, libraires, rue Saint-André-des- Ares, n.° 12, et chez l’Auteur, rue Hautefeuille, n.° 32, pres de la rue du Battoir. An x (1802). vr et 120 pages petit in-12. Prix, 1 fr. 20 cent. pour Paris, et I fr. 5o cent. par la poste. 1] a paru jusqu’à ce jour plusieurs excellens traités sur les nouveaux poids et sur les nouvelles mesures, Les principes généraux de réduction des nouvelles unités aux anciennes, et réciproquement, y sont exposés avec clarté et précision. Mais parce que ces différens ouvrages embrassent à la fois toutes les parties du nouyeau système métrique, on conçoit qu'ils ne peuvent être ni assez développés pour lever toutes les difficultés qu’on rencontre dans la pra- tique, ni assez élémentaires pour être à la portée du plus grand nombre , et particulièrement des per- sonnes qui ne connoissent que les premieres regles de l’arithmétique. De-là vient peut-étre qu’à l’ex- ception de ceux qui ont deja quelques notions des mathématiques, la majorité du peuple français paroît encore étrangere aux principes et aux applications du calcul décimal, Le C. Guilla:d a pensé avec raison que pour ac- célérer la propagation du système des nouveaux poids (1) Les articles marqués d'une * sont ceux dont mous donmerons un œxlrail. Livres divers. 407 et pour en faciliter l'usage , il seroit utile et même nécessaire d'offrir à certaines classes de citoyens une instruction extrêmement élémentaire , qui ne contint que la partie du système métrique relative à leurs besoins, et dans laquelle on pât prévoir et résoudre toutes les questions que peuvent faire naître les di- verses circonstances de leur art ou de leur profes- sion. Tel est le but qu’il s’est proposé dans l’ouvrage que nous annonçons, destiné en particulier aux per- sonnes qui font le commerce des matières d’or et d'argent. Ce petit ouvrage mérite d’être bien ac- cueilli; et le public saura gré au C. Guillard de publier incessamment , comme il le promet, un traité semblable , à l’usage des épiciers et des apo- thicaires. Dans cet écrit, le C. Guillard ne suppose au lec- teur , d’autres connoissances que celle des quatre règles ; il à même évité de parler des proportions, et encore moins de la règle de trois, soit directe, soit inverse; en un mot, il n’a rien négligé, pour que Je lecteur puisse facilement entendre et mettre en pratique les différentes formules qu’il donne , pourvu que de son côté, il ait l’attention d’exécuter les opérations qu'il verra effectuées dans l’ouvrage et celles qui n’y seront qu’'indiquées. L’habitude du C. Guillard à démontrer les mathématiques depuis bien des années , et la clarté qu’il sait mettre dans ses démonstrations , devoient surtout le mettre en état de composer un ouvrage élémentaire de la pature de celui que nous annoncons, et à la portée de tout le monde. La diversité des prix de l’or et de l’argent, et le défaut d’uniformité dans l’expression du titre an- c'en de ces deux métaux, ont déterminé lauteur à diviser cette instruction en deux parties. La pre- micre traite du Kilogramme; outre les règles du calcul décimal , la conversion des anciens poids, et la ré- duction du prix et du titre dans les matières d’ar- gent , elle contient encore les regles d’alliage, d’af- nage et d'échange, La deuxième partie traite de Cc 4 408 Livres divers. V’'Hectogramme , et sera particulièrement utile aux personnes qui font le commerce des matières d’or ; on y trouve pareillement résolues toutes les questions qu'on peut proposer sur l’or. omme l’auteur s’est trouvé depuis quelque temps, plusieurs fois dans le cas d’enseigner les nouveaux poids, il a profité des conseils et de l’expérience de plusieurs hommes instruits dans la vente et la fabrication des matières d’or et d’argent. C’est un titre deplus en faveur de l'utilité de ce petit manuel, qui réunit les connoissances théoriques et pratiques, W. P'H #/S/r QU’ Ek. DrssERTATIONS sur quelques points de physique, ou nouvel exposé des causes de plusieurs phéno- mènes dont la solution est encore problématique ; par le C. LENDY , membre de plusieurs sociétés littéraires. Paris, de l'imprimerie de M."° Huzard, rue de lEperon Saint- André- des- Arcs, n.° 11. An x. 1802. In-8.° de 96 pages, 1 fr. 20 cent. Malgré les découvertes importantes faites de nos jours dans le domaine de la chymie et de la phy- sique , il en reste cependant encore bien d’autres que la nature tient toujours en réserve. Dans les parties même les plus connues de la physique, il y a beaucoup de points importans qui ont échappé aux yeux des observateurs, ou qui ont été mal saisis ; comme on le voit par leur silence sur ces objets, ou par leurs contradictions quand ils en parlent. Le petit ouvrage que nous annoncons contient deux discours que l’auteur a lus dans la société des sciences, lettres et arts, séante au Louvre. Comme chacune de ces lectures étoit bornée à 20 minules au plus, il lui étoit impossible de donner à ses idées autant de développement qu’il auroit desiré. C’est ce qui l’a mis dans la nécessité de revenir sur quel- ques détails , et de placer la plupart des expériences Livres divers. 409 dans des notes à la fin de chaque essai, notes dont Ja lecture devient par-là indispensable avant de porter un jugement sur les opinions de l’auteur. ans le premier des deux essais contenus dans ce volume , l’auteur recherche les causes de l'ascen- sion des ligucurs dans les tuyaux capillaires ; dans : Je second , il traite de /a manière dont le soleil nous échauffe. Nous sommes obligés de renvoyer le lecteur à l'ouvrage même pour ce qui regarde les dévelop- pemens , que l’auteur donne de ses opinions. Nous nous bornons à donner ici les résultats de ses re- cherches. Quant à la question des tuyaux capillaires, le C. Lendy pense que « la pesanteur et la fluidité « sont des causes uniques de l’élévation des liqueurs «“ dans les tubes capillaires; que ces deux pro- « priétés ne peuvent élever les liqueurs que sur les “ substances qui les égalent ou qui les surpassent “ en pesanteur absolue ; que la hauteur à laquelle “ un fluide s'élève dans les tubes capillaires , est “ en raison de son aptitude à les mouiller, c’est- “ à-dire, de son adhérence avec la matiere qui les « constitue; enfin , que cette adhérence est toujours “ proportionnelle à la pesanteur absolue des solides « et des liquides qu’on met en contact. Quant au résultat du second essai, le C. Lendy pense “ que la chaleur et la lumière sont le produit “ d’une seule et même substance ; que cette sub- - stance est, dans tous les temps, fort abondante “ autour de nous; qu’elle est toujours ébranlée par « Ja présence d’un corps lumineux, et qu’elle pro- « page avec beaucoup de liberté les vibrations qu’elle «“ en reçoit dans l’atmosphere ; mais qu’elle ne peut “ pas y circuler elle-même, si ce n’est avec lenteur “ et comme en se criblant dans ses pores. D’où l’au- “ teur conclut, que la chaleur ne sauroit être le « produit d’un fluide émanant perpétuellement du « soleil, et qu’une infinité de considérations nous “ prouvent qu’il faut attribuer celle que nous éprou- « vons à son aspect, uniquement aux’ trois causes « suivantes , savoir : Aux vibrations imprimées par 410 Livres divers. « Pastre au fluide lumineux ; à la résistance de lat- “ mosphère, et à la réaction des corps dilatés. Aussi- « tôt ( ajoute le C. Lendy } que l’une de ces trois «“« conditions s’afoiblit, la chaleur diminue dans les “ mêmes proportions ; et je soutiens que si l’une « d’elles venoit à manquer, il n’y auroit plus de « chaleur. » MÉDECINE, RECHERCHES sur la médecine, où l’Application de la chymie à la médecine ; par Francois BLANCRET. A New-Yorck, de l'imprimerie de Parisot Cha- tham Street. 1801. Se trouve à Paris, chez les Jrères Levrault, quai Malaquais. Prix, 6 fr. 246 pages in-6.° Cet ouvrage peut , sous plusieurs rapports , exciter l'attention des curieux ; d’abord, par le lieu de l'im- pression ; les ouvrages imprimés en Amérique ne sont, pas en très-grand nombre, et n'arrivent pas fréquemment jusque-dans nos contrées; sous de rap- port de l’histoire des sciences , cet ouvrage pré- sente encore Pintérêt de faire voir les progrès que la médecine et la la chymie ont fait dans les Etats- Unis de l'Amérique. Mais, abstractions faites de ces, considérations secondaires, l’ouvrage, par la matiere même que M. Blanchet y traite, et par Ja manière dont il en parle , méritera l’attention des médecins. Il est incontestable que l'état actuel de la chymie exige que chaque médecin en sache assez pour en faire les applications nécessaires à sa science principale ; entreprise de M. Blanchet d'ap- pins cerlains principes de chyœie à l’étude de a médecine, ne sauroit donc étre que.tres - utile. L'ouvrage est divisé en 12 chapitres dans lesquels l’auteur traite.successivement de leffit de l'oxygene et du calorique dans le système animal, de la trans- piration insensible des acides, des poisons , de l’élec- tricité, de l’effet du froid sur l’économie animale (et à cette occasion l’auteur fait l'examen de l’ex- Livres divers. At citabilité de Brown, et du pouvoir sensitif de Dar- win) de la cause physique des menstrues, de la cause et des effets du sommeil sur l’économie ani- male ; des cathartiques, des émétiques:, etc. Le der- nier chapitre est consacré à des recherches météo- rologiques et sur la lumière, suivies d’une lettre adressée par l’auteur au docteur Fisher de Quebec, et dans laquelle M. Blanchet lui communique des considérations sur la cause et le 1ruitement de l@ Jièvre jaune. Cette lettre mérite une attention d’au- tant plus particulière de la part des gens de Part, que les observations sur cette maladie si commune dans les Etats-Unis, ne sont pas encore assez nom- breuses. Tw. f ÉOLP ANT OQU LE RFECHERCHES chymiques et microscopiques sur les conferves , bisses , trmelles , etc. , avec trente-six pages enluminées ; par GTROD CHANTRANS , an- cien officier du génie et membre de plusieurs so- ciétés savantes. À Paris, chez Bernard, libraire pour les mathématiques, sciences et arts, quai des Augustins, n.° 91. An X. 1802, In-4.° de 254 pages , 19 fr. pour Paris et 46 fr. pour les dépar- temens. Les exemplaires des figures enluminées É a : sur du papier d'Hollande, 25 fr. pour Paris. La plupart des plantes, appelées Cryptogames , appartiennent-elles au regne animal, doivent-elles être classées parmi les végétaux ? Tel est le probléme dont les naturalistes cherchent , depuis longtemps, la solution. Le C. Girod Chantrans s’est occupé spé- cialement , depuis plusieurs années ; de cette ques- tion importante, il a suivi, pour ainsi dire pas à pas, la production et l'accroissement d’un grand nombre de conferves , bisses, tremelles, dont la plupart sont inédites et les autres mal connues. L’œil armé du microscope , il a observé, dessiné et dé- crit tous les phénomènes dont il a été témoin. Il Ar2 Livres divers: ne s’est point borné aux recherches microscopiques, il a comparé l’analyse chymique de ces petits êtres organisés à celle des végétaux phanerogames. Il résulte des observations microscopiques que les conferva fluviatilis , glomerata, gelatinosa, etc., que les Byssus velutina, flos aguæ , etc., que plu- sieurs tremelles sont de véritables polypiers. Ces polypiers n’ont pas tous la même configuration. L'auteur a observé que les uns avoient des tubes, et que les autres en étoient privés. Les polypiers avec tubes sont simples ou rameux, avec cloisons ou sans cloisons ; garnis de corpuscules ou entière- ment vides. Les corpuscules s’y trouvent confusé- ment entassés ou disposés régulièrement. Les tubes se composent d'animalcules élémentaires, qui s’unis- sent les uns aux autres ou naissent de l’extension rcélle de ces mêmes élémens , dont chacun peut devenir un tube. Le mouvement vital n'est accordé qu'aux seuls animalcules élémentaires ou aux tubes, et quelquefois les uns et les autres en jouissent. L'analyse chymique et les réactifs paroïssent aussi indiquer par leurs produits, que ces prétendus végé- taux doivent être classés parmi les substances ani- males. Les conferves , soumises à l’action de la com- bustion, répandent une odeur animale empyreuma- tique. Elles ne donnent pas un seul atome de po- tasse, et les cendres qu’elles fournissent égalent le tiers du poids total. L’acide nitrique attaque les conferves avec effervescence , il amincit les corpus- cules qu’elles renferment , et il se charge d’une grande quantité de chaux. Les bisses et les tremelles ont présenté un résultat à peu près semblable à celui des conferves. L'auteur a étendu ses observations sur plusieurs autres produetions naturelles, telles que les Vorti- celles (Forticella, Lin.) dont il a donné la figure, et décrit les mœurs; il a aussi examiné au micros- cope, et soumis à l’analyse chymique , la nielle des fruits et des graminées, le charbon du froment , la rouille des blés. Livres divers, 413 Ïl a reconnu que ces substances n’étoient que des animalcules, Le vinaigre et l’acide nitrique, ne les ont point fait périr. Îls se remnoient et tournoient sur leur axe dans ces liquides avec plus de vivacité que dans l’eau. La chaux vive et éteinte les a pri- vés presque subitement de la faculté de se mouvoir, ce qui confirme l’eficacité de la pratique du chau- lage employé lors du semis. Le C. Girod Chantrans a joint à ses descriptions de très-bonnes figures qui représentent les substan- ces qu'il a examinées, d’abord telles qu’elles se montrent à la vue simple, et ensuite dans leurs dé- tails microscopiques les plus remarquables. L'ouvrage sur les conferves ne doit pas être com- paré à cette multitude d’écrits qui paroïssent chaque Jour sur différentes branches de l’histoire naturelle que l’on annonce avec tant d’emphase, et qui ne sont la plupart que des compilations rédigées avec plus ou moins de soin. L'ouvrage du C. Girod Chan- trans est un ouvrage original. L'auteur, dont la modestie égale le savoir, nous apprend dans sa préface , que son but a été de con- tribuer à dissiper l'obscurité qui l’avoit frappé de bonne heure dans l’étude des plantes cryptogames, nous sommes convaincus que les naturalistes qui, d’après la lecture de l’ouvrage que nous annoncons, refuseroient aux conferves, etc., la place que le C. Girod Chantrans leur assigne dans l’échelle gra- duelle des corps vivans, rendront volontiers à l’au- teur le tribut d'estime que semblent commander ses travaux immenses, sa sagacité dans les obser- vations, et son zèle pour la recherche de la vérité. E. P. VENTENAT, de l’Institut national. Cr R'UVR GLE THÉoORtrE et Pratique de l’art du Dentiste, ou Ma- nuel des opérations de chirurete , qui se pratiquent sur les dents, et de tout ce que Les dentistes font en dents artificielles , obturateurs et palais artifi- àr4 Livres divers. ciels. Ouvrage dans lequel on a exposé la seméios logie buccale, et le bien quelle procure dans lu pratique de l’art de guérir ; lu sortie des dents, ét Les motifs qui empéchent de croire qu’elle cause des maladies ; la transplantation des dents d’une bou- che à une autre, et les causes qui s’opposent à cé gu’elle réussisse ; rassemblé et décrit tout ce qui est Le plus avantageux pour conserver les dents, Les nettoyer, les limer, les plomber , les cuutériser, et pour arracher les dents et les racines de tous les dges; le traitement qui convient & leurs maladies’; les plaques et autres moyens pour dresser les dents mal rangées ; les matières qui servent à faire les dents artifitelles, dentiers entiers et doubles den- tiers; les obturateurs , palais obturateurs , simples et compliqués ; lu manière de les faire avec di- verses malières ,; et les moyens de Les tenir en place , elc.; avec seize planches de gravures, re- présentant cinguante-trois objets, en instruments , dents, dentiers et obturateurs 3 le tout précédé et accompagné de la théorie fondée sur les principes de chirurgie reconnus les plus avantageux jusqu’à pré- sent ; par L. LAFORGUE, expert dentiste, recu aw collége de chirurgie de Paris. Prix, 6f., et 7 fr. 2 décim. , franc de port. À Paris, chez l’auteur, rue des Fossés-Germain-des-Prés, n.° 7, près le carrefour Bussy. Ce long titre nous dispense d’une notice ; il fait suffisamment sentir importance de l'ouvrage du C. Laforgue , qui embrasse toutes les parties de l’art du dentiste, et peut en donner une counoissance complète. ENcEPHALO-CRANFOSCO'PI'E. LEerrre de Charles VILLERS à Georges CUVTER, de l’Institut national de France, sur une nouvelle théorie du cerveau; par le docteur GALT; ce viscère étant considéré comme l'organe immédiat desfacultés Livres divers. 419 morales, À Metz, chez Collignon, impr.-libr.; et se trouve, à Paris, chez Levrault, frères, quai Malaquais; Henrichs, rue de la Loi, n.° 1237; et Lenormant, rue des Prêtres - Saint - Germain- l’Auxerrois. An x. 1802. {n-8.° de 82 pages. Charles Villers est doué d’une ame ardente et d’un esprit vif et pénétrant (1) Lorsqu'il eut pro- duit son analyse du système de Kant, il espéroit en France le plus grand succès de cet ouvrage , qui a été au contraire recu avec une extrême froideur. On a mieux aimé le critiquer que le lire, parce qu’on a cru qu’il étoit difficile à entendre, quoiqu'il ait mis cette matiere abstraite et obscure à la por- tée de tous les lecteurs. Charles Villers a conçu con- tre les Httérateurs français, et principalement contre nos idéologues, une humeur qu’on doit aisément lui pardonner. Cette humeur se manifeste souvent d’une maniere assez piquante dans cette lettre; qu’iladresse à Georges Cuvier, notre ami commun. Elle com- mence par un petit précis des travaux intéressans , des découvertes faites par les Allemands depuis quei- que temps. Cette petite digression d’histoire litté- raire est intéressante , surtout pour nos littérateurs et nos savans françois, qui sont souvent trop peu instruits de ce qui se fait hors de chez eux. Charles Viilers donne ensuite l’analyse du système de Gall. Celle de M. Boyanus , que nous avons insérée, nous dispense de revenir sur ce sujet ; il suflit de dire que celle: donnée par Charles Villers est, comme tout ce qu'il fait, lumineuse et claire. Il débute par une histoire des différentes opinions sur le siége de l’ame, depuis Descartes jusqu’à Sœmmering ; il assaisonve chaque description de traits souvent satyriques ou plaisans; quelquefois ce sont Ges éloges adroits et ingénieux, en parlant de l’organe du courage placé (x) C’est lui qui s’est chargé de traduire la description que M. Heyne a donnée des peintures homèériques de M. Tischbein, Supræ, an. VIE, t. AI, p. 557. 4r6 Livres divers. derrière l'oreille ; il prie Cuvier de tâcher d’obtenit de notre premier consul de le palper derriere l'oreille pour vérifier l'observation, et rendre la nouvelle théo- rie décisive. L'ouvrage est terminé par une planche qui repré- sente un crâne vu de profil et en dessus, avec des numéros correspondans aux observations. A. L. M. G'É10LcNR AP HI E. ALLGEMEINE Geographische Ephemeriden. Verfasst von einer Gesellschaft Gelehrten , und herausgege- ben von A. C. GASPART und F. J. BERTUCH, C'est-à-dire, EPHÉMÉRIDES géographiques uni- sersels ; rédigés par une société de savuns, et publiés par A. C. GAsPARI et F. J. BERTUCH. Weimar, au Bureau d'industrie, Ce journal commenca à paroître en 1789. M. le major de ZACcH en éioit alors le rédacteur. Comme ce savant s'occupe surtout d'astronomie , il étoit na- turel qu’il füt souvent question de cette science dans les Ephémérides géographiques, quoique le titre pa- rût ne pas la comprendre dans le domaine de ce journal. De ce mélange d’astronomie et de géogra- phie, il résulta pour les lecteurs l'inconvénient que ceux qui s’occupoient d’astronomie trouvoient qu’on n’y traitoit pas assez de leur science favorite ; tan- dis que ceux qui n'étoient pas initiés dans les mys- tères d'Uranie, se plaignoient de ce que les mé- moires et les nouvelles astronomiques occupoient dans ce journal une place qu’ils auroient mieux aimé voir consacrer à des mémoires, à des extraits d’ou- vrages et des nouvelles d’un rapport direct à la géographie. C’est ce qui engagea M. Zach à consa- crer, depuis le commencement de l’année 1800, un journal particulier à tout ce qui est relatif à l’astro- vomie, et à le publier, à Gotha, sous le titre de Monatliche Correspondenz (Correspondance de cha- que À Livres divers. 417 que mois }. M. Bertuch, propriétaire du Comptoir d'industrie de Weimar, et connu par difléiers ou- vrages et plusieurs entreprises littérairès utiles, se chargea alors de continuer, soûs l’ancien titre, Îles Ephémérides géographiques, qui, depuis ce mo- ment, ont été consacrés exclusivement à la géogra- phie, c’est-à-dire, à la connoissance des pays, des peuples et des états. Il s’est adjoint, pour la rédac- tion, M. GasbaRi, savant auquel le public doit plusieurs ouvrages de géographie justement estimés. Ce jourual s’est depiis soutenu «’une manière avan- tageuse, et jouit d’une réputation très-méritée. Chaqne mois il paroit de cet ouvrage périodique un cahier d'environ 100 pages in-8°, imprimé avec soin en caractères latins. Chaque cahier est'orné du portrait d’un géographe ou d’un voyageur célèbre, ou de quelque gravure intéressante et relative à Ja connoissänce de la géographie. Lorsque les cartes, jointes aux voyages nouvellement pabliés, présen- tent des détails inconnus jusqu'a présent, les Hphé- mérides géographiques en fournissent régulierement une copie réduite très-exacte. Chaque cahier con- tient ordinairement quatre divisions : 1.° des mé- moires originaux ou traduits de langues étrangeres ‘et relatifs à la géographie ; 2.° des analyses ét ju- gemens d'ouvrages nouveaux relatifs à Ja même scien- ce ; 3.° des annonces et jugemens des nouvelle: cartes géographiques qui paroissent; 4.9 des nouvelles lit- téraires relatives à la connoissance des pays, des na- tions et des états. On peut dire que l'éditeur n’épargne rien pour rendre , sous ce dernier rapport autant que sous les trois précédens, son journal aussi intéres- sant qu’il est possible. Il a, dans plusieurs grandes capitales, mais surtout à Londreset à Paris, des cor- respondans instruits et exacts qui lui communiquent promptement toutes les nouvelles qui peuvent inté- resser les amateurs de Ja géographie. L’indication sommaire de ce que les deux années 1800 et 1801 de ce journal, que nous avons sous les yeux, contiennent de plus intéressant dans chacune Tome IT. DE 418 Livres divers. de ces divisions, sera plus que suffisante pour don- ner à nos lecteurs une idée de l'intérêt et de lim- portance de ce journal. Parmi les portraits, nous indiquerons celui du voyageur MuNGo-Parr ; celui de M. SOTZMANN , géographe de l’Académie des sciences, à Berlin ; celui de M. EBELING, professeur à Hambourg , et auteur de plusieurs ouvrages esti- més sur la géographie ; celui de Cristophe CoLome ; ceux de M. PALLAS , de Largyrouse, de CooK, d'ALBUQUERQUE , de VAsCO DE GAMA , du capi- taine BAUDIN , du major RENNELL, de l’Esq. DAL- RYMPLE, de Jean - Dominique Cassivt, de César Francois Cassini DE THURY, du C. Jean-Domi- nique CASSINI, qui, au commencement de la ré- volution, étoit directeur de l'Observatoire, et qui maintenant vit retiré à la campagne ; celui de Ho- MANN, à qui l’étude de la géographie doit beaucoup, par les nombreuses cartes géographiques que lui et ses héritiers ont publiées, et qui souvent étoient assez bonnes, du moins pour ie temps où elles ont paru; celui de LowITZ , à qui l’on doit l'invention des fil- tres , que l’irlandois Smith et le C. Cnchet viennent d'adapter aux fontaines domestiques, ceux enfin du C. MENTELLE, du C. L£evVAILLANT, etc. etc. Parmi les cartes qui entichissent les deux années du journal dont il est question, nous citerons une carte double de l'isiande, telle que cette île se voit sur les anciennes cartes, et telle qu’elle est en eÆet d’apres les observations les plus récentes ; une petite carte du détroit de Basse, entre la Nouvelle-Galle du Sud et le pays de Van-Diemen; la carte des pays siturs entre les fleuves de Terek et de Kur, dressée d’après la description du maréchal de B1E- BERSTEIN ; le plan de la ville et forteresse de la Valette, dans l’ile de Malte ; la carte de tous les établissemens nouveaux dans le Canada supérieur, réduite d’après la carte de Smyth; la carte de la côte nord-ouest de l'Amérique, d’après Vancouver, celle du Cap-de-Bonne-Espérance , d’après Barrow, celle du canal creusé par ordre de empereur Fran- , Livres divers. ; 419 cois IT, dans le comitat de Bacs, pour joindre le Danube et la Théis (1), celle des anciennes posses- sions de Tipoo-Saib , et du partage qui en a éte fait entre les puissances alliées et le Rayah de Mysore, conformément au traité du partage de Mysore du 22 juin 1790; le plan du bassin et canal qu’on va creuser à Londres dans l’Zs/e of dogs , pour abréger le chemin aux vaisseaux qui remontent la Tamise , celle du Darfur, d’après Brown; la carte donnée par le général Andréossy, des lacs de Natron et de J’ancien lit du Nil, celie du lac Menzaleh , par le méme , etc. Parmi les mémoires originaux ou traductions de mémoires écrites en lavaues étrangères, sur des ob- jets relatifs à la géographie, et insérés dans les an- nées 1800 et 1801 des Ephémérides géographiques, nous citerons, entre autres, l’histoire de la destruc- tion de lempire de Mysore, par M. Sprengel; la description du jeu gymnoique persan appelé Wardisch, par M, de Hablitz'l, conséiller-d’état de l’empereur des Russie, à Pétershoure, qui a vécu pendant quelque temps à Astracan ; ce mémoire est accompagné d’une gravure ; quelques détails communiqués par un voya- geur, à Londres, sur la nouvelle colonie fondée par le capitaine Williamson, sur le lac Ontario, dans l'Amérique septentrionale; quelques observations sur les Calmouks, leurs mœurs et usages, extraites d’une lettre de M. Geyssler, qui accompagna M. Pallas dans son dernier voyage dans les provinces méri- dionales de la Russie; un mémoire sur la /afa Mor- gana, sur Ja mer, pres de Reggio, avec deux gra- vures pour l'explication de ce phenomène; une lettre de feu le professeur BUSCH, à Hambourg, sur le même phénomène; la traduction du mémoire du C. MONGE, sur le mirage, avec quelques observations du traducteur; quelques éclaircissemens sur la géo- graphie de la Palestine, extraits du rapport du gé- (x) Cette carte est copiée d’après celle qui se trouve dans l’Atlas de Hongrie, par Goræg. b ra fine 420 Livres divers, néral Berthier , par M. BruNS ; la description du vol- can de l’île de Sainte-Lucie, par CASSAN, traduite de l'original anglois inséré dans le JI.° n.° du PAi- losophical Magazine de 1799 ; la traduction du dis- cours du C. DENON, pour être Ju à i’Institut du Caire , à son retour de la Haute-Ægypte , et qui sert de préface au Voyage du C. DENON ; ja traduction des recherches du général ANDRÉOSSY , sur la vallée des lacs de Natron et le fleuve sans eau , insérées daus les mémoires sur lÆgypte; les recherches du même au- teur sur le lac Meuzaleh ; les mémoires du C. Fou- RIER sur les Oasis ; un fragment d’un voyage dans le Portugal, par M. LiNCK, professeur à Rostock; la traduction du rapport du C. NouEeT, sur les ob- servations pour déterminer la position géographique d'Alexandrie, et l’aberration de l’aiguille aimantée ; celle de la description de la route du Caire à Salehie, par Shulkousky, et celle du mémoire du C. Norky, sur la colonne de Porapée ; la description du Canada supérieur, extrait de l’anglois de M. Smyth; les ob- servations de M. FRANKLIN sur la plaine de Troie ; un mémoire sur les chaines de montagnes de l’Espagne et du Portugal, etsur les voyages en Afrique de Léon surnommé Africain, par M. BRUNS ; un extrait de l’histoire des découvertes faites sur la côte nord- ouest de l'Amérique, depuis 1537 jusqu’à la fin du XVIIL: siécle, que le C. Claret-Fleurieu a donnée en tête du Voyage du capitaine Marchand , rédigé par lui; une comparaison des ports de mer anglois et francois, situés sur la Manche et sur la mer Ge:- manique; des détails statistiques sur les seize Hiaï:- Unis de l'Amérique septentrionale , extrait d’une brochure peu répandue, qui a paru dans la ville fédérative Washington, etc. ; enfin M. Gaspari à donné, dans le cahier du mois de janvier 18ot, un aperçu des changemens les plus remarquables que la géographie a éprouvés dans les années 1799 et 1800 , par les changemens politiques qui ont eu lieu sur la surface de notre globe, et il ÿ à joint un tablean statistique qui, sur une page in-4.°, offre d'un seul Livres divers. 421 coup-d’œil l'indication de l’étendue du territoire, la population , les revenus, les dettes, les forces de terre et de mer de la France , de la Grande-Breta- gne , de Ja Russie, de la Prusse, de l'Espagne, du Portugal, de l’Autriche, de Ja république batave , de l'électorat d’Hanovre, du Danemarck, de la Suede, de Ja Bavière, de la Saxe, de la Sardaione , des Deux-Siciles et de la Turquie. Parmi les ouvrages dont les deux années indiquées dés Ephéméiides offrent des extraits étendus, nous nommerons le dernier Voyage de Pallas, en 1793 et 1794 ; le Voyage de Brown en Afrique, en Ægypte et en Syrie; la Géographie et l'Histoire de l’Ameé- rique, par, M. Ebeling ; le Voyage de Mission dans Ja mer du Sud, par Wilson; le Voyage dans la Haute et Basse- Aoypte, par le C. Sonnini; Île Voyage de M. Bugge à Paris, celui de Mungo-Park dans L'intérieur de PAfrique ; les mémoires sur l’Æ- gypte, dont plusieurs morceaux ont été traduits en eutier ou par extrait, comme on a pu voir par ce que nous avons dit plus haut ; le Système géogra- ‘pique d'Hervdoie, par Rennell ; le cinquieme vo- Jume des Transactions de la Société du Bengale, autant qu'il a rapport à la géographie; le Voyage d’Anbassade de Sÿmes; le Voyage de Labillardière; le Tableau du commerce de la Grèce, par Beau- jour ; le Dictionnaire universel de la Géographie uni- verselle, par Peuchet ; le Voyage en Syrie et en Ægypte, par Volney;le Tableau des Indes orientales, par Hermann, le Voyage dans la Froade, par le U. Lechevelier; le Voyage dans les contrées occi- dentales de l'Angleterre, par Warner; la Géographie systématique de PAfrique, par Bruns; le Voyage autour du Monde, par le earitaine Marchand, ré- digé par le C, Ciaret-Fleurieu ; la Description des pyramides de Ghizé, par le C. Grobert ; le Voyage d’ambassade au Thibet, par le capitaine Turner ; le Voyage de Barrow dans l'intérieur de PAfrique; les Lettres sur Flnde, par Taylor ; lEssai de statis= tique, par le C. Mourgues; le Fables nee Grande 422 Livres divers. Bretagne ; les deux Voyages du capitaine de Grand- pré; le Voyage dans l’empire Ottoman, par le C. Olivier; le premier Voyage autour du Monde, par le chevalier Pixafetta; l'Histoire des pêches, des découvertes et des établissemens des Hollandois dans les mers du Nord, par Bernard de Reste ; le Voyage au Mont-Perdu, par le C. Ramond; le Voyage pit- toresque en Suisse, par le C. Cambry ; les Trois Ages des Colonies, par M. de Pradt, etc. ete. etc. Outre les extraits étendus de ces ouvrages, on trouve en- core dans ces deux années des annonces plus courtes des autres ouvrages qui ont paru dans cette période, et qui se rapportent à la géographie, ainsi que des cartes géographiques publiées dans les différens pays de l’Europe. Dans la partie de ce journal, consacrée auxnouvelles relatives à la géographie, on trouve encore plusieurs morceaux d’un intérêt indépendant du moment; tels sont les détails sur le commerce des cartes de géogra- phie, à Londres, extraits d’une lettre écrite de cette ville ; les détails sur l'état des missions anglaises dans Pile d'Otahiti; les détails sur la famille Cassini, et la caïte connue sous son nom; ceux sur le géographe Howann et l’établissement fondé par lui, ete. etc. Cette indication doit suffire pour faire connoître à nos lecteurs l'intérêt et l'utilité de cet ouvrage pério- dique, et combien le succès dont il jouit en Allema- gue est mérité. ‘T. W...... GÉOGRAPHIE. ProsPECTUS d'un Atlas historique, calculé pour l'intelligence , l'étude ou le ressouvenir de l'histoire de chague pays de l'Europe; par A. LE SAGE , traduit de l’angleis par lui-méme. Cet ouvrage , exécuté sur un plan nouveau’, réduit l'étude compliquée de la chronologie , de la généa- logie , de l'histoire et de la géographie, aux élémens les plus simples ; il a été imprimé il y a deux ans en Angleterre, et Son grand succès détermine au- Livres divers. 423 jourd’hui l’auteur à en donner une édition francoise considérablement augmentée. Ce plan réunit le triple avantage d'offrir le tableau le plus complet à celui qui suit, d’être le guide le plus sûr pour celui gui montre, et la méthode la plus facile et la plus prompte pour celui qui apprend; de sorte que c’est tout à la fois un lire de cabinet pour les savans, et un owvrage d'éducation pour les écoles. 1.° Cet atlas sera composé de cartes gravées ou imprimées sur du papier grand-Jésus, coloriées et passées à la presse chaude; il se publiera par li- vraisons. 2.9 Chaque livraison sera de quatre cartes, et se payera 15, 12 ou 9 fr., à la volonté de l’acheteur, suivant les qualités du papier dont il fera choix. 3.° Chaque livraison sera indépendante l’une de Pautre, et celui qui en aura pris une ne sera pas tenu à prendre les suivantes. 4° La premiere livraison, qui sera publiée le 1.°" vendémiare jiochain, sera composée des cartes sui- vantes : 1.0 Carte chronologique , généalogique et histori- que, présentant l'Histoire de France, depuis la fon- dation de la monarchie jusqu’en 2.° Deux ca:tes géographiques de la France, sur la même feuille, une présentant sa géographie phy- sique et politique, les lieux de bataille, etc. ; l’au- tre, montrant par une combinaison simple et neuve, son accroissement graduel par conquête , mariages ou traités depuis Hugues Capet jusqu’à ce jour. 3.° Carte chronologique , généalogique , etc., d’An- gleterre comme ceile de France. 4° Carte géographique d'Angleterre | montrant les lieux de bataille, les débarquement célebre, la campagne de Charles I, l'invasion de Charles IT, celle du prétendant , etc. IL 1aVRA:S., qui paroîrra trois mois après la première. 1.° Tableau sénéral de l’Histoire universelle an- cienne , depuis la création du moude jusqu’à J.-C. Dd 4 424 Livres divers. 2.° Tableau général de l'Histoire universelle mo- derne , depyis J.-C. Jusqu'à nos jours. 3.° Carte historique d’Italie, avec ses divisions po- litiques, sa formation actuelle, et la généalogie des maisons de Sardaigne et de Naples. Carte géographique d'Italie, avec les lieux de ba- tailles, ete. , et les célèbres campagnes de Bonaparte en 1797, et de Suwarow en 1799, avec une liste des plus fameux peintres , de leur caractère et de leurs chef-d’œuvres , ete. etc. ete. NES LIVRAIS., qui parottra six mois après la première. 1.° Géographie de l’Allemagne , deux cartes sur la même feuille. La première donnant ses divisions politiques, les lieux de batailles et les dernières cam- pagnes de France, etc. etc. ; la seconde montrant, par une combinaison simple et nouvelle, les pro- priétés de l’Autriche, la Prusse , la Saxe et la Ba- vière, quant et comment ces propriétés leur sont arrivées. H'UrS 2.° Carte généalogique et historique de la maison de Prusse. | 3.° Carte généalogique et historique de la maison Habsbourg ou ancienne Autrithe. 4.° Carte généaïogique et historique de Ja maison de Lorraine ou moderne Autriche, Les livraisons suivantes seront annoncées à temps; il y aura en tout einq ou six livraisons. On souscrit, rue de Joubert, n.° 5123 et chez Cussac, imprimeur-libraire, rue Croix-des-Petits- Champs, n.° 53. Ceux qui voudroïent avoir plus de détails sur cet ouvrage, sa disposition et son utilité, peuvent s’a- dresser en personne ou par lettres, port franc, rue de Joubert, n.° Biz, où l’on trouve des maîtres en- scigrant avec le plus grand succes, d’après cette méthode, qui convient non-seulement atx exfuns , mais encore aux personnes fuites, lesquelles ont l’a- grément de faire, en très-peu de temps, des pro- gres aussi rapides qu’agréables dans la connoissance de l’histoire ancienne et moderne. Livres divers. 425 : L N. B. Ces feuilles , pliées en deux et insérées dan$ un porte-feuille disposé pour les recevoir, présen- teront un atlas d’une forme agréable. On trouvera, à l'adresse ci-dessus , de ces porte-feuilles tous faits , et chaque acheteur de l’ouvrage pourra se procurer ses cartes collées et préparées en faisant connoître son intention. HPIISAROUR RCE ET TT ÉVRI A T REF. SUPPLÉMENT à la France littéraire de 1771-96, contenant, outre les additions et corrections, les nouveaux arlicles jusqu’en 1800, avec une table générale des matières ; par Jean Samuel ERSCH , docteur en philosophie, bibliothécaire de luniver- sué de Jena , membre honoraire de plusieurs so- ciétés savantes ct littéraires. Hambourg , chez B. G. Hoffmann. 1802. In-8.° de 600 pages. Ce Supplément à la France littéraire est dédié au C. Millin et à M. Schutz, le célebre éditeur d’Æs- chyle. Il peut étre regardé comme un ouvrage im- pértant par son éfentue et par le grand nombre d'articles qu’il contient. Dans un court avant-pro- pos ; l’auteur répete les reproches qu’il a déja fait dans le Magasin encyclopédique , au C. Desessart, pour ses Siécles littéraires, Dans le grand nombre d'articles, plusieurs rectifient où amplifient ceux des trois premiers volumes; et, en général, ce vo- Jume est fait avec le plus grand soin, et offrira peu d'inexactitudes à relever, quoiqu’elles soient inévi- tables dans un travail aussi pénible et aussi étendu. L'ouvrage est terminé par une ample table, qui a dû causer une peine infinie. Elle fait de cet ouvrage alphabétique par nom d’auteurs , un ouvrage sys- tématique par matière. À chaque met on trouve J'indication des auteurs qui ont travaillé sur le sujet qu’il indique. On ne souroit trop s'étonner qu'un étranger ait pu concevoir l’idée d’une si grande entre- prise sur la littérature françoise; et nous devons à 426 Livres divers. M. Ersch béaucoup de reconnoissance pour l’avoir exécutée, | A NAT: IL QUU: X Ti ÉbS: * DESCRIPTION d'un pavé en mosaïque, découvert dans l’ancienne ville d’Italica , aujourdhui Le vil- lage de Suntiponce , près de Séville ; suivie de re- cherches sur la peintureen mosaïque chez lesanciens, et Les monumens en ce genre qui n'ont point en- core élé publiés ; par Alexandre LABORDE. Cet ouvrage in-folio, format d’atlas, sur demi- feuille de vélin grand aigle satiné, comprend 18 planches en couleur imitant la mosaïque ancienne, avec 4 planches au burin, et 9 vignettes tant en mosaique qu’au burin, et 103 pages de textes; il doane de nouvelles notions sur la ville d’Italica, patrie des empereurs Trajan, Hadrien, et Théo- dose , sur les cirques des Romains, les représenta- tions des muses, et principalement la peinture en mosaique , que l’on n’avoit pas essayé jusqu’à pré- sent d’imiter sur le papier. Afin que tous les exemplaires de cet ouvrage soient également beaux , il n’en a été tiré que 160, tous sur le même papier, et retouchés de la même ma- nière. Ils sont numérotés, et du prix de 200 livres Cet ouvrage, intéressant et remarquable par son exécution magnifique, se vend chez Didot l'aîné, imprimeur , aux galeries du Louvre , et Debure, libraire , rue Serpente, Nous en rendrons incessam- ment un compte détaillé. Il sert de préliminaire à un ouvrage plus consi- dérable du même auteur, qui paroîtra incessaimment, ét dont on a joint ici ie prospectus. VorAGE pittoresque, historique , et géographique du royaume d'Espagne. Les différens ouvrages publiés sur l'Espagne ont assez fait connoître son commerce, ses finances, ses Livres divers, 427 Joïis, et son administration intérieure ; 1l étoit à de- sirer qu’un ouvrage fût uniquement consacré à re- tracer fidellement les sites pittoresques de la nature, et les monumens des arts qui ornent ce beau pays. Habitée tour-à-tour par les Carthaginois, les Ro- mains , les Goths, les Maures, et depuis gouvernée par des souverains puissans et éclairés, Espagne renferme dans les monumens de plusieurs âges la glone de plusieurs peuples ; elle conserve les traces de toutes les époques brillantes de son histoire dans les lieux mémes où elles se sont passées Qui ne se plairoit à parcourir les ruines de Ja fidelle Sagonte, de Ja malheureuse Numance , à errer dans ces pa-« lais de Grenade et de Cordoue, jadis le séjour des sciences et de Ja civilisation , lorsque l’Europe étoit. _encore baxbare ; à retrouver enfin dans les monta- gnes des Asturies l’asile de ces guerriers généreux, débris d’un grand empire , et fondateurs eux-mémes d’un empire plus grand encore? Ce mélange de gloie et de malheurs qui caractérise Phistoire de PEspagne eu rend le Voyage plus intéressant; et Vidée de ne point séparer les faits historiques de la parte descriptive et pittoresquea fait adopter à Pauteur la marche et la distribution qui suivent. L'ouvrage entier, tant pour le texte que pour les à gravures, formera quatre volumes in-folio. Le premier volume comprendra : l’entrée en Es- pagne par les environs de Barrèges, et les parties les plus remarquables des Pyrénées espagnoles, les sites pittoresques du mont Serrat, les vues de Bar- ‘celone, les antiquités de Tarragone , de Sagonte, aujourd’hui Murviédro , les environs de Valence, Alicante, Carthagène, et le royaume de Murcie. Cette premiere partie, remarquable surtout par les guerres des Carthaginois et des Romains, les cam- pagnes de Jules-César, et le grand nombre de mo- :numens d’antiquité qu’on y trouve encore, sera pré- cédé d’un tableau de l'Espagne ancienne, depuis ses premiers habitans jusqu’à la conquête des Goths, et d’une carte de la Tarragonnoise et la Bétique, 1 428 Livres divers. rédigée d’après les auteurs anciens et lesnouvelles re- cherches faites dans le pays, et comparée avec une carte soignée de l'Espagne moderne. Le second volume comprendra les royaumes de Grenade, Cordoue, Séville, et tout Ÿe reste de l'Andalousie , et sera précédé d’un abrégé de l’his- toire des Maures d'Espagne, d’obiervations sur leurs sciences , leurs arts , leur architecture comparée avec larchitecture gothique, et les traces que l’on retrouve encore de leur séjour en Espagne das les coutumes et le langage. Cette partie sera terminée par les antiquités de Mérida et de ’Estramaroure. Le troisième volume renfermera tout le nord de l'Espagne, l’Aqueduc'de Ségovie, les ruines d'Oxama, de Clunia, de Nuinance; les édifices gothiques de Burgos , de Léon, Valiadoïid ; les sites p'itoresques des Asturies, de lArrason, d’une partie de la Ga- lice et de la Biscaye. Ceite partie sera précédée d’un examen de l’empire des Goths en Espagne et de la renaissance de Ja monarchie espagnoie sous le roi don Péilage, avec un tableau comparatif des différens princes qui régnèrent après lui, et des dif- férens états qui se formérent depuis, ct se confon- dirent successivement, Le quatrième volume sera consacré aux vues de Madrid, et des maisons royales des environs ; 6n y trouvera les jardins et les marbres de Saint-Iidefonse, les vues. pittoresque d’Arranjuez, les richesses de PEscurizl, et des détails sur les principales céré- monies religieuses ou coutumes pationales, telles que les courses de taureaux , de tournois, de danses du pays, enfin tout ce qui a rapport à l'Espagne moderne. Cette partie sera terminée par une histoire de Jart en Espagne , depuis Ferdinand et Isabelle, tant en peinture qu'en sculpture ef architecture ; un examen abrégé de la littératnre espagnoie , et les portraits et la vie des principaux personnages qui s’y sont distingués. s | Par la distribution de cet ouvrage, on voit que Livres divers. 429 le lecteur suivra l’histoire de l'Espagne en en sui- vant la description ; ce qui rendra letude de l’une moins aride, et l’autre plus intéressante : il passera du pays jadis habité par les Phéniciens, les Car- thaginois et les Romains, à celui si longtemps ra- vagé et en même temps illustré par les Maures. Quoique l’histoire des Goths dût se trouver avant cette dernière époque, on a préféré de la réunir à la troisième partie, avec laqueile elle formera le corps d'histoire de la monarchie espagnole. Les trois premiers volumes ayant fait connoître ce que fut l'Espagne , le quatrieme apprendra ce dutle est, ce qu’elle pourra devenir : dans les pre- mers, les Espaoenols retrouveront les :ouvenirs de rar ancienne gloire ; dans celui-ci, les moyens d’en acquérir tue nouvelle , les ressources et les richesses qu'ils possèdent ; et ce dernier ouvrage servira au- tant de défense pour eux contre les étrangers qui les ont cälomniés, que d'encouragement à surpasser ces méines étrangers, dont ils ont été si longtemps les maitres. Chaque volume contiendra quinze livraisons, parmi lesquelles ilfy en aura trois de texte, chacune de soxante-dix pages au moins, Chaque livraison de gravures comprendra six plan- ches, dont les grandeurs seront de trois especes ; Les plus grandes de 24 à 25 pouces sur 18 ; les moyennes , de 16 sur 123 les peites de 12-sur 8, et ro sur 7. Toutes ces planches étant proportionnées à la grandeur du format, aucune ne sera pliée, ce qui æontribue beaucoup à leur conservation, et à la beauté de l’ouvrage entier. L'auteur a choisi ce grand for- wat, pareil à celui de la mosaique d’'Italica , afin de donner plus de développement aux beaux détails d'architecture , et aux vues générales des villes et des ports. Les plans d’édifices , coupes de bâtimens, cartes D Ni ou fragmens d'architecture de peu importance, qui paroitront Gas presque toutes 430 Livres divers. les livraisons, ne seront jamais comptés comme des planches, dont le nombre sera toujours de six par chaque livraison. Ainsi chaque volume sera de 240 pages de texte à peu pres, et de 80 à 84 planches. Chaque livraison est du prix de 21 livres sur pa- pier fin, et 33 livres sur papier vélin, parmi les- quelles il en sera tiré un petit nombre d'exemplaires avant Ja lettre. La première paroîtra dans le cours de l’an XE ( 1803 ), et les autres suivront sans interruption de mois en mois. Il sera tenu une liste exacte de la date de la souscription de chaque personne pour le numéro de son exemplaire, et là liste totale des souscripteurs sera imprimée dans le même format que l’ouvrage à la fin du quatrième volume. On souscrit à Paris, chez Auteur, rue Cérutti, .° 20 , où l’on verra une partie des objets qui con- cernent cet Ouvrage ; Debure Painé, libraire, rue Serpente, n.° 6; Didot l’ufné, imprimeur , aux ga- leries du Louvre; Née, graveur, et éditeur du Foyage de l’Istrie et de la Dalmatie, rue des Francs- Bourgeois-Saint-Michel , n.° 1273 Tilliard, graveur, cloitre Notre-Dame, n.° 2 ; Bericult, graveur , place des Vosges, n.° 299. À Londres ,.J. Paine et Mac- kinlay , libraires, Strand; Evans, suceesseur d’'Ed- wards, Pall-Mall; Taylor, architectural library , Holborn. À Madrid , en la libreria de Sacha, Advava vieja. À Leipsick, Poss, et compagnie. À Vienve, Artaria , et compagrie, et chez les principaux li- braires de l’Europe. P£&INTURE. MANUEL du Muséum français , avec une description analytique et raisonnée de chaque tableau, figuré au trait par une gravure à l’eau-forte ; tous clussés par écoles et par œuvre des grands maîtres ; par F, E. T, M. D. L, I. N, Paris, chez Treuttel et Livres divers. 431 Vürtz, libraires ,quai Voltaire, n.° 2; et à Stras- bourg, grand’rue, n.° 15. Cet ouvrage embrassera tous les chef - d'œuvres dont se compose te Muséum national , et sera divisé par livraisons de plus ou moins d’étendue , qui se suivront à peu près de mois en mois ; chaque li- vraison comprendra l’œuvre d’un grand maître, avec une notice sur sa vie, et une copie au trait de chaque tableau; le tout, format in-8.°, comme le plus portatif. 1] est bon d’observer que la gravure ne rend ja- mais la peinture ; si quelquefois la gravure a fait mieux que son modèle, ce n’est pas comme imita- tion : alors la gravure n’a plus que le tableau, le plus souvent elie dit moins; mais dans tous les cas, elle ne peut donner l’idée d’un tableau; tout au plus elle peut en donner des réminiscences à celui qui l’a déja vu, La copie gravée d'un tableau ne peut rendre que la composition ; et pour cela, un trait nettement esquissé suffit. Aussi toutes ls entreprises de galeries gravées, ont été faites à grands frais, et peu ont réussi. Cet essai étant une analyse, plutôt raisonnée que critique, des tableaux du Muséum, le trait gravé qui est Joint au texte, ne doit être vu que comme une indication plus sûre , qui désigne le sujet dont il est question. Chaque sujet est imprimé isolément , et les feuilles ne portent point de pagination ; ce qui laisse la fa- culté de les réunir et de les brocher dans toutautre ordre que celui adopté, et préféré ici à cause de la suite des remarques et des idées qui se lient mieux , et ont un rapport plus direct en suivant l’ordre par œuvre. La premiere livraison de l’école Françoise, œuvre du Poussin, sera suivie de la première de l’école Italienne, œuvre du Dom'nicain, et ensuite de la première de l’école Flamande, œuvre de Rubens ; et ainsi successivement , en réunissant les sujets par œuvres et les alternant par écoles. 432 Livres divers. LA Le prix de la premiére livraison in-8.° ( texte et planches au nombre de r9), est de 3 fr. pour Paris, et de 4 fr. franc de fort; il sera le même pour la seconde. Le prix des livraisons suivantes, sera tou- jours proportionné à leur étendue, et au nombre dè planches qu’elles renfermeront. Chaque livraison, comprenant l'œuvre complète d’un grand maître, se vend séparément. Les per- sonnes qui desirerout recevoir la suite des livraisons à mesure qu’elles paroïissent, sont invitées à se faire inscrire & Paris, chez Treuttel et Iürtz, hibraires, quai Voltaire, n.° 2; à Strasbourg, même maison de commerce, grand’rue, n° 153; et dans toutes les bonnes librairies de la France et Ce l’étranger. On ne paye rien d’avance. Nous avons déja plusieurs descriptions du Muséum françois; celle du C. Landon, que nous avons plu- sieurs fois citée avec éioge, celle du €. Carafe, celle de M." Cuuseniy , toutes présentent des gravures plus où moins bien faites, des tableaux et des statues. Le Manuel que nous annoncons n’est pas remarquable par la beauté des planches, ce que la modicité du prix rend impossible ; mais fl se distingue par le charme du style, la parfaite con- noissance de l’art, et on peut le regarder comme un excellent guide pour apprendre à se former le goût en peinture ; ses jigemens sont d’un connois- seur habile , et ses descriptions parfaites; nous de- sirerions seulement qu'à Paesthétique , qu’il possède parfaitement bien, il ajoutät quelques détails re- jatifs à l’histoire de Part, proprement dite, c’est- à-dire, qu'il donnât les traits relati s à l’histoire dé chaque tableau , et qu’il indiquât surtout les gravures quiont été faites de chaque tabléau, et leur mérite respectif. Nous aurions aussi desiré que pour complé- ter l'œuvre du Poussin, l'auteur eût ajouté à ses ta- bicaux les dessins qui sont dans la galerie d’A polton. A; L. M. ER KR A TU M. Page 56 , ligne 15, au nombre de trois ; lisez au nombre de centonse, - : Notice sur deux monumens anciens Table des Articles contenus dans ce Numéro. NumMIsSMATIQUE. Panis. Observations lues à la Société d'é- mulation d'Abbeville, sur la lettre du C. Traullé au C. Millin, à l’occasion dn trésor romain trouvé es Hornoy, au département de Somme. 289 Institut national. — Extrait des registres de la classe des scien- ces physiques et mathématiques. Séance du 9 thérmidor an 10. 387 Ecole de médecine, 599 à Académie de législation. Séance pu BroGRArHI:E. blique du : thermidor an 10, 401 Vie de Laurent de Médicis, sur- TukaTass nommé le Magnifique ; traduite de l’anglois de William Roscoe, sur la seconde édition ; par Fran- gois Thurot. 503 Continuation des débuts de made- moiselle Duchesnoïs. 402 Le Protecteur à la mode. 403 Carlin débutant à Bergame, 404 Maärmontel. 405 LITTÉRATURE GRECQUE. Athenæi Naucratitæ dipnoso- phistæ... emendavit ac edidit Johannes Schweighœuser. 325 SR nn DE HETE Arithmétique, VARIÉTÉS ,NOUVELLESETCOR- £ RESPONDANCE LITTÉRAIRES, | Traité élémentaire d'Arithmétique : décimale; par le C. Guillard. NoUvELLES ÉTRANGÈRES. ; 406 Physique. Nouvelles des Etats-Unis de l’Amé- rique-Septentrionale. 565 Nouvelles d'Allèmagne. . 368 Nouvelles de Hambourg, Ibid, Dissertations sur quelques points de physique; par le CG. Lendy. 408 Médecine. en Se T4: la ccherches suc la Médecine ; par, Ù RCE Francois Blanches. 410 | Société médicale de Montpellier. 369 Botanique. Recherclies chymiques et micros- récemment trouvés à Bordeaux, | copiques sur les conferves, bis- par le C. Bernadau. 570! ses, tremelles, etc.; par Girod + Procès-verbal de la troisième séance} Chentrens. 411 publique de la Socièté d’agricul- Mae ture et des arts de Boulogne-sur- Chirurgie, Mer. 375 Société d’émulation de Rouen. 384 Bocièté des sciences de Rouen. 386 Théorie et Pratique de Vart du Dentiste ; par le C. vers PL # à # | Encèphalo - Cranioscopie. Lettre de Charles Fi/l'ers à Geor- ges Cuvier , Sur une nouvelle théorie du cerveau ; par le doc- teur Gall. 414 Géographie. Kphémèérides géographiques uni- xérsels: par une socièté de sa- vans; ges par À: C: Gespart et F. J. Dertuch (en allemand }- : 416 Prospectus d’un, Adas hisiorique’, calculé ‘pour Fimellisenee, Vé- tude on le ressouvenir de lhis- toire dé chaque pays de FEurope; par A. Le Sage ; traduitide l'an- glois par lui-même. "42 Histoire littéraire. Supplément à la France littéraire de 1771-96 ,.contenant, outée les additions et corrections, les nouveaux articles jusqu'en 1800, : avec une tablé générale des ma tières ; par Jean-Samuel Ærsch. Fu RE MT VE LES Antiquités. Description d’un pavé én mosaique, décotvert dans l’anciense ville d'Halica, aujourd’hui” le village de Santiponce, près de Sérille, par Alexandre Laborde, %a6 Prospectüs du Voyage plaresqbe historique et géographique da royaume d'Espagne ; parleimême, Feihture. Manuel du Muséüm françois; À wi FLE, T. M. D. L.I.N, AY IS. On peut s'adresser au Boreau du Magasin Encyclopédique, à N x - " Y « pour se procurer tous les Livres qui paroissenr en France et chez Etranger, et généralement pour tout ce qui concerne la Librairie ancienne et moderne. On s’y charge aussi de toutes sortes d'impressions, - Les Livres nouveaux sont annoncés dans ce Journal aussitôs après qu'ils ant été reinis an Bureau ; c’esi-d.dire, dans le Nu méro qui se publie après ceite remise. C4 Ibid. 2 ati. à Le Mugasin paroît régulièrement le premier de chaque mois. HAT On priè les Libraires qui envoient des Livres pour les annoncer, d'en indiquer toujours le prise 1 + > #$ À FR 0 GARDE een ET LENS HS EP Ê r | re ù 1 LE TAN LE 2 4 (NB) Fructidoranio. | ENCYCLOPÉDIQUE, . : JOURNAL DES SCIENCES, : DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGE L À Par. A; L'MiILvIN. AVIS DU LIBRAIRE. 4 Le Érit dé ce Journal est fixé : 4 . *X 9 franes pour Frois”muiss 6 frants pour Six mois, 1) :36 francs poui-un an, F. Haut pour Paris que pour les’ Départemens, franc de port. ON peut s'adresser au Burean da Journal pour se procurer ous les Livres qui paroissent en Frince et chez l'étranger, et pour Lout ce qui concerne la Libraivie añcienne.et moderne, SE Journal, auquel la plupart des hommes qui ont : n nom distingué, une réputation justement acquise hdins quelque -partie des arts ou des sciences, tels que les CC. ALIBERT , DEesGENETTES, BAST, S1L- Déorue DE Sacy,FourcrOY, HALzLÉ, DuMÉRIL, : PISCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE, BARBIER, LAN- : cLÈès, Laranne, LaGRaANcE, LEBRUN, MARRON, : MesTerre, BARBIÉ pu Bocace , BASSINET, | forecrer, Noëc, OBERLIN, CHARBON - LA- RoCHETTE, CaAILLARD, VAN- MONS, TRAULLÉ, Tome II. (8% An.) k LÉVEILLÉ, Cuvrer, GEOFFROY, VENTEKAT, CAVANILLES, USsTERI, BOETTIGER, VISCONTI, Vicroison, WiLLEMET, WINCKLER, ete. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner * une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- tement possible aprèsleur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux qui sont propres à en accélérer les progrès. >” On y publie les découvertes ingénienses , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- - pôts d’objets d’arts et des séiences renferment de plus curieux. | On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. I paroit le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. On s'adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu- reau du Magasin Encyclopédique, chez le C, Fucus, ” Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veive Changuüion et d'Hengst: 4 .Amsterdam , { chez Van- Gulik. ê À A Bruxelles, chez Lemaire, A Florence, chiez Molini. À Francfort-sur-le-Mein , chez Fleischer, n « » chez Manget, A Genève, { chez Paschoud, À Hambourg , chez Hoffinann. A Leïpsic, chez Wolf. A Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Bofle, Gerard Street, A Strasbourg, chez Levrault. A, Vienne, chez Degen. A Wescl, chez Geisler, Directeur des Postes, E faut affranchir les lettres. MÉDECINE. TRAITÉ des Maladies goutteuses ; par © P.J. BarrHEez, médecin du gouverne- ment francois , professeur honoraire de l'Ecole de médecine de Montpellier, et ci- devant chancelier de l’Université de médecine de Montpellier ; de l'Institut na- tzonal de France , etc. etc. 2 volumes in-8.° très-bien imprimés. Prix, brochés, 10 fr., et francs de port, 13 fr. A Paris, chez De- Lerville , hbraire, rue du Battoir, n.° 16. L'ous les auteurs qui, depuis bien des siécles, ont -donné soit des traités généraux de médecine-prati- que, soit des traités particuliers sur une maladie, n’ont fait qu’ajouter aux travaux de leurs prédéces- seurs, quelques faits ou quelques remedes de plus, mais sans faire avancer la science d’un pas. La rai- son de cela se trouve dans une manière vicieuse d’en- visager ces faits. Quelques-uns imbus de théories trop resserrées ou vicieuses, ont tout soumis à des opinions préconçues, et n’ont cherché les moyens curatifs que dans des principes hypothétiques , quel- quefois étrangers à la science de l’homme: d’autres, pour éviter ce vice, sont tombés dans un excès con- traire, qui consiste à accumuler une multitude in- nombrable d'observations, sans les classer, sans faire Tome II. Ee 434 Médecine. apercevoir les différences qui les distinguent, êt à présenter tous les moyens qu’on a mis en usage pour le traitement d’une maladie, sans rechercher les cii- constances qui ont fait obtenir les mêmes effets, lorsqu'on employoit des remèdes fort différens ou même opposés. Il arrive de là que les médecins qui, dans leur pratique, prennent ces auteurs pour gui- des, se trouvent arrêtés dans les cas tant soit peu éloignés des plus communs , à cause de la doctrine bornée des uns, et de la confusion des moyens thé- rapeutiques offerts par les autres, M. Barthez, dans l’ouvrage qu’il publie aujour- d’hui, nous présente enfin le seul moyen propre à faire cesser l'état de stagnation où les divers systè- mes connus tiennent la médecine-pratique. Ce moyen consiste, 1.° à considérer un genre na- turel de maladie dans toutes les circonstances où il peut se trouver, avec toutes les modifications qui peuvent l'accompagner , au milieu de toutes les com- plications qui peuvent y survenir, afin de former les espèces de ce genre ; 2.° À s'élever, par les développemens et les com- binaisons d’un grand nombre de faits, à la connois- sance des phénomènes élémentaires qui constituent cette maladie; \ 3.° A grouper et à coordonner les moyens curatifs d’après un but qu’on se propose, selon le change- ment qu’on veut produire , pour former des méthodes thérapeutiques différentes, dont le choix sera déter- miné par la nature de chaque espèce. Dans l’Introduction ou Préface qui précède le Maladies goutteuses. 435 Livre, l’auteur établit les principes touchant la for- mation des méthodes et leur utilité, ou plutôt leur nécessité pour l’exercice éclairé de la médecine. Il observe que, quoiqu'il existe un rapport entre cha- que méthode et les cas déterminés de chaque ma- ladie dans lesquels elle doit être préférée , néanmoins on peut parvenir quelquefois à la guérison d’une méme espèce d’affection, par des méthodes diffé- rentes (qui ne sont pas pourtant également parfai- tes); « c’est ainsi, ajoute-t.il, que dans la science « de la médecine, comme. dans les sciences mathé- « matiques , le même problème peut avoir plusieurs « solutions qui différent par leur élégance et leur « briéveté. » M. Barthez (suivant ce qu’il a publié en 1774, et toujours enseigné depuis) rapporte toutes les mé- thodes thérapeutiques à trois classes. La premiere comprend les Méthodes naturelles ; la seconde , les Analytiques ; la troisieme, les Empiriques. « Les premieres ont pour objet direct de préparer, « de faciliter et de foriifier les mouvemens sponta- « nées de la nature qui tendent à opérer la guérison « de cette maladie. « Ces méthodes sont généralement indiquées dans « les maladies où la nature a une tendance mani- « feste à affecter une marche réglée et salutaire. « Les méthodes analytiques de traitement d’une « maladie sont celles où, après lavoir décomposée « dans les affections essentielles dont elle est le pro- «duit, ou dans les maladies plus simples qui s’y « compliquent ; on attaque directement ces élémens E e 2 436 Médecine. « de la maladie par des moyens proportionnés à leurs « rapports de force et d’influence. « Ces méthodes sont d'autant plus indiquées qu’il « existe une plus grande complication des élémens « d’une maladie, » Ces élémens sont non-seulement les actes sympathiques et synergiques qui constituent une maladie, mais encore les maladies de genres distincts qui peuvent se joindre ensemble ( L'auteur combat victorieusement dans le $. LXV du 1.‘ Li- vre, l’opinion de Hunter, qui nie la possibilité de la complication réelle de ces maladies différentes dans un même sujet ), Il prescrit les regles qu’il faut suivre dans la for- mation des méthodes analytiques, par rapport à l’im- portance relative des élémens de la maladie, et à l'ordre des temps de l’exécution des parties de ces méthodes. Les méthodes empiriques ont pour objet de chan- ger la forme entière d’une maladie , par des remèdes qu'indique le raisonnement d’après l'observation de cas analogues. Il y en a de trois genres: les pertur- batrices qui, en déterminant des commotions vio- lentes, font évanouir la maladie; les imitatives, par lesquelles on imite les procédés de la nature, et les spécifiques, où l’on combat l’afFection par des moyens directs dont l'efficacité est connue seulement par l’expérience. L’auteur donne la préférence aux mé- thodes empiriques dans les cas où les mouvemens salutaires-de la nature, sont nuls ou trop foibles ; et lorsque les éléimens de la maladie n’ont pas une do- minance qui puisse faire compter sur les méthodes analytiques, Maladies goutteuses. 437 Outre les principes relatifs à la formation et à emploi des méthodes, l’Introduction renferme un abrégé des principaux résultats des observations par- ticulières à l’auteur, contenues dans ce Traité. L'ouvrage est divisé en trois Livres. Le premier traite de la goutte et d:s articulations; le second du rhumatisme et d’autres maladies analogues à la goutte ; et le troisième de Ja goutte interne, consé- cutive de celle des articulations. Le premier renferme d’abord l’histoire de la goutte des articulations , soit fixe, soit vague , soit impar= faite, À cette histoire succède l'exposition des idées de l’auteur sur la nature de la goutte. M. Barthez pose comme un principe général, que Ja formation de toute maladie goutteuse nécessite Vaction de deux causes, dont la première est une disposition des solides et des humeurs à acquérir une modification qui constitue un état goutteux spéci- - figue ; la seconde est une infirmité relative des or- ganes qui doivent être Je siége de la maladie. Il insiste sur la nécessité d’admettre cet état gout teux sut generis, dont l'existence est prouvée par des faits ; afin de ne pas borner le traitement à des methodes analytiques, et de ne pas méconnoître l’ef- ficacité de plusieurs moyens empyriques bien éprouvés. Il n’ose pas déterminer formellement la nature de cet éiat; mais il soupconne qu’il n’est qu’une modification de cette force de situation Jive dont il a le premier démontré l'existence dans les muscles, et dont il a rendu la présence vraisemblable dans les autres parties molles, E e 3 438 Médecine. Il pense donc que l’état goutteux des solides est un effort vicieux de la force de situation fixe, qui s'exerce dans des organes attaqués ou de cons- triction spasmodique ou de relâchement atonique , et qui donne à l’une et à l’autre de ces affections une permanence singulière, L'auteur donne ici l'exemple d’un: manière de voir exacte et modérée qu'on trouve trop rarement chez les auteurs des théories nouvelles , qui ne distinguent point et soutiennent également ce qu’elles ont de certain , et ce qui y est seulement probable. 11 ne présente sa manière de voir sur la nature de l’état goutteux des solides que comme une conjecture ; mais il insiste avec force sur lexistence de cet état qui est démontrée par les faits. 11 pense encore que « l’état goutieux du san est « un vice de sa mixtion , quiintercepte, à des degrés « différens, la formation naturelle de ses humeurs. « excrémentitielles ; de sorte que ces humeurs , étant «_plusou moins attérées, subissent une décomposition «spontanée , qui y fait prédominer la substance « terreuse, » [| rapporte un grand nombre de faits à l'appui de ce sentiment. Avant d’en venir au traitement de la goutte ré- gulière , l’auteur explique, d’une manière ingénieuse et infiniment probable, la plupart des symptômes qui précèdent et qui accompagnent lattaque, et plusieurs autres phénoméèmes qui ont mérité l’atten- tion des médecins. Il a formé les conjectures les plus vraisemblables sur la prédilection de la goutte pour les organes qui Maladies goutieuses. 439 avoisinent les os ; prédilection causée par l’analogie de la matière goutteuse avec la substance osseuse, et par la fréquence des causes qui donnent une in- firmité relative au périoste et aux ligamens de cer- taines articulations, sur la production de la goutte interne, par la suite d’une foiblesse radicale qui s'oppose à ce que Ja secrétion de la matière gout- teuse se fasse aussi complètement qu'auparavant : sur la cause de la liberté des fonctions qui précède Pattaque , cause qui consiste dans le dégagement des organes internes par la détermination de la ma- tière vers les articulations : sur les variétés que pré- sente la douleur dans les divers cas, etc. L’auteur passe ensuite au traitement. Pour qu’on ne concoive pas des espérances exagérées , il ne croit pas qu’on ouérisse la disposition constitutionnelle à la goutte; mais il dit qu’on peut accélérer la ter- minaison des attaques, et prévenir leur nouvelle formation. Je me contente d’énoncer les dogmes qu'il établit sur des raisons solides. Dans une attaque régulière de goutte, on ne peut méconnoître un mouvement salutaire de la nature tendant à expulser une matière , produit de la con- stitution goutteuse. Il faut alors employer les métho- des naturelles. Cependant, il est des cas où les divers 4l£mens d’une attaque, qui sont la fluxion , la douleur, la fièvre, ont des degrés de dominance qui rendent difficile la solution naturelle. Il faut alors recourir a des méthodes analytiques, L’auteur a soin de présenter les règles dont il ne Ee 4 440 Médecine. faut pas s’écaiter dans la prescription des saignées révulsives et dérivatives ; et, dans le choix des éva- cuations révulsives qu’on doit s’attacher à provoquer, ‘il borne l'usage des purgatifs, méme doux , aux cas où l'attaque est compliquée avec une fièvre dont ces moyens sont les remèdes, Il s'occupe beaucoup de Pemploi des sédatifs pour calmer les douleurs, et, en précisant bien les indications, il juge Îles disputes, jusqu'ici interminables, des médecins sur l'usage du froid dans ce cas, sur celui des calmans, ete. Quand l'attaque de goutte régulière est accom- pagnée de fièvre, il faut distinguer deux cas : 1.° Celui où la fievre est ou inflammatoire, ou pu- tride des premières voies : 2.° Celui où elle n’a aucun de ces caractères , et où elle doit être re- gardée comme dépuratoire. Daus le premier cas, il faut décomposer Ja ma- ladie , en traitant la fievre par les saignées et les boissons convenabies ; ou par les évacuans purgatifs, selon sa nature. L’émétique ne doit être administré que dans le ças où l'estomac n’est affecté, ni de spasme , pi d'inflammation. Si la fièvre est dépuratoire, il ne faut pas la combattre ; et, si elle est trop foible ou insuffi- saute, on emploie une méthode naturelle pour Ja seconder. Si elle est suivie de la fièvre hectique et de foiblesse, il faut avoir recours aux toniques. Dans les attaques de la goutte articulaire, irré- gulières et prolongées, qui ( comme lauteur s’en plaint ) n’ont point été assez soigneusement distin- guées des régulières, et dont la connoissance est “ Maladies goutteuses. 441 cependant d’une nécessité indispensable , la nature ne fait que des efforts trop imparfaits, et les élé- mens de la maladie n’ont aucune dominance sensible. Il faut donc y exclure les méthodes naturelles et analytiques ; et y employer les méthodes empyriques. Ceiles-ci sont composées de remèdes anti-goutteux : spécifiques, et de moyens perturbateurs. L'auteur donne des préceptes importans et nouveaux sur l'ad- ministration des purgatifs dans ces cas. Ceux qu’il donne touchant l’usage des sudorifiques, des diurétiques , des évacuans qui agissent par diverses voies d’excrétion à Ja fois, et de ceux de diverses sortes combinées entre eux, sont d’un égal intérêt. 1.9 Lcs purgatifs sont d'autant plus indiqués, qu’il y a plus de fixité du dépôt de la goutte sur les articulations ; et d’autant plus contre-indiqués, que la constitution du malade est plus affoiblie, 2.° El est utile d’administrer un calmant après l’action des purgatifs, dans les cas où leur utilité est équi- yoque. 3.° La combinaison des aromatiques avec les purgatifs est avantageuse dans les attaques de cette espece de goutte. Les diaphorétiques actifs sont utiles, 1.° dans je cas où il y a une acrimonie manifeste dans les humeurs; 2.° quand l'habitude du corps est cachectique , ete. Il est ensuite question des attérans spécifiques ; des topiques irritans, du régime, et des moyens à diriger contre l’état goutteux chronique et habituel. Comme la disposition à la goutte est ordinaire- ment agoravée par d’autres affections, la méthode préservatrice doit être analytique. M. Barthez pense 442 Médecine. e qu’on doit prévenir les attaques de goutte par des. moyens préservatifs, excepté dans les cas où l’at- taque est instante, et où l’on prévoit qu’elle doit étre salutaire. Les moyens préservatifs sont tirés du régime, et de ceux qui peuvent détruire les diverses diathèses dont la présence renfonce la constitution goutteuse. Les moyens de la seconde sorte doivent être pro pres à combattre les affections qui sont les plus familières aux goutteux, et que M. Barthez rap- porte à trois chefs principaux ; « 1.° la surabondance “ du sang ou des humeurs causée par l’imperfection “ des excrétions ; 2.° une altération générale dans Ja “ mixtion des humeurs, qui est de différentes espèces “ marquées par des caractères manifestes ; 3.° un af- “ foiblissement nerveux général des solides qui , le « plus souvent, porte sur les organes digestifs. » M. Barthez nomme consécutive d’une autre ma- Jadie , la goutte appelée symptomatique, par Mus- grave. Il veut que l’on s'attache à reconnoître, si elle est seule, ou si elle est compliquée avec la maladie primitive. Jl combat un principe erroné de Musgrave , sur Je traitement de la goutte dans ce dernier cas. Ce principe général est que ce traitement devant être formé de ceux qui conviennent à la goutte et à la maladie primitive , les parties de ce traitement mixte doivent êire disposées de maniere que, dans l'attaque même , les remedes préservatifs soient surtout dirigés contre la maladie primitive. À ce principe, M. Barthez oppose les suivans : Maladies goutteses. 443 1.9 On doit toujours dans les attaques d’uné goutte consécutive et compliquée , suivre une méthode de traitement analytique , où l’on combine les indica- tions que présentent les deux maladies qui forment chacune de ces compilations. 2.° Dans les inter- valles des attaques, il faut aussi toujours suivre une méthode analytique, qui embrasse les indica- tions que présentent la maladie primitive et lha- bitude introduite d’une disposition aux mouvemens de la goutte. 3° Ces méthodes doivent être déter- minées relativement à l’ordre d’importance des in- dications, et à l’ordre Je plus avantageux de simul- tanéité ou de succession des moyens. L'auteur applique ces règles au traitement de la goutte consécutive de la mélancolie hypochondriaque, des ulcères desséchés à la surface du corps, d’une fievre autre que celle qui est propre aux accès de goutte ,; de la suppression des hémorragies habi- tuelles , de la colique, de l'asthme, du scorbut, et de la vérole. Le second livre contient d'abord l’histoire du rhumatisme aigu et chronique, avec l’exposition des raisons qui doivent le faire regarder comme une maladie congénère avec Ja goutte des articulations. L'auteur présente ensuite ses idées sur la nature -du rhumatisme ,.en suivant toujours la même mé- thode de raisonnement qu’il a employée pour la goutte. Selon lui , « le caractère particulier de l’in- “ flammation dans le rhumatisme qui la distingue « des autres espèces, consiste en ce que les fibres « musculaires :y sont affectées d’une maniere plus “ forte et plus ‘durable que dans l'état naturel, e 444 Médecine. « dans les autres sortes d’inflammation; de l’action « de cette force vivante qu’il a déja appelée force de « situation fixe des molécules des fibres douées de « mouvemens toniques. » Cet effort ne doit point être confondu avec ce que l’on désigne par le mot spasme. Quant au siége du rhumatisme, il est principa- lement dans les muscles et spécialement dans leurs tendons; et les expansions aponévrotiques en sont fréquemment attaquées, La douleur est préparée par Paction vicieuse de la force de situation fixe dans ces parties; et elle est déterminée par toutes les causes qui y tiraillent les fibres , comme par leur contraction volontaire, par l’inflammation ; par la congestion des humeurs , ou par une forte impression extérieure. « Cet état des fibres affectées de rhumatisme éta- « blit dans leur tissu , comme un nombre infini de « ligatures, » M. Barthez pense que c’est à cela que tient l’état coenneux du sang. [Il assimile ce phé- nomène à celui que praduisoit Siinson en faisant au bras une Jigature très-serrée ; mais il donne de ce fait, une explication très-différente , et bien plus proba- ble que celle de l’auteur que nous venons de nommer, L’altération que le sang recoit dans le muscle affecté de rhumatisme, introduit un vice semblabie dans toute la masse de ce fluide, par une commu- nication comme sympathique. « 1] paroît que l'état du sang dans le rhumatisme, « est un vice de sa mixtion, qui fait que ses par- « ties sympathiques sont trop liées entre elles, et « trop séparées de ses autres parlies constitutives. “ On voit en quoi l’état rhumatique du sang dif- Maladies goutteuses. 449 fère de son état goutteux, L'un et l’autre inter ceptent la formation naturelle des humeurs excré- mentitielles ; mais dans le rhumatisme, s’il ne par- ticipe de la goutte, ces humeurs ne subissent point, au même degré que dans l’état gouttenx, une décomposition terreuse. » « Dans le rhumatisme chronique , il y a une in- flammation lente , qui paroît être , ainsi que l’in- flammation du rhumatisme aigu, accompagnée d’un effort de situation fixe de molécules des fibres affectées : effort qui peut exister avec un état de cohésion physique dans ces fibres, ou plus ou moins yrand que le naturel ; c’est-à-dire, avec un état sensible ou de contracture ou de relâchement. “ Le rhumatisme chronique est moins inflamma- toire , plus borné que laigu ; Paffection y est plus isolée des communications sympathiques ou sy- nergiques avec d’autres parties éloignées, » De cette différence l’auteur déduit l'explication de celle qui existe entre les effets de l’application du chaud et de celle du froid dans ces deux affections. « Dans le rhumatisme aigu , les parties voisines sont di- latées par l'effet de la fluxion ; la chaleur qui les dilate davantage favorise la fluxion. Dans le chro- uigue , ces parties sont dans un état de contrac- tion tonique; l’application du froid , en augmen- tant ce ton, aggrave la fluxion rhumatique. » Nous allons inciquer les méthodes que M. Barthez juge être les pius convenable: pour les traitemens du rhumatisme aigu et du rhumatisme chronique. Dans les premuers temps et dans l’état du rhu- 446 Médecine. matisme aigu, lorsque la fièvre n’y est que sympto: matique , il faut employer des méthodes de traite- ment analytiques. On doit combattre l'élément principal, qui est la fluxion inflammatoire , par des saignées révulsives, dérivatives, locales, pratiquées suivant les lois du traitement des fluxions. Les autres révulsifs sont les purgatifs et les diaphorétiques , dont emploi et la succession doivent être réglés suivant la constitu- tion de chaque malade, le siége de la maladie, et le rapport de dominance de ses élémens. On doit travailler ensuite à dissiper l’engorgement par des résolutifs, soit internes, soit externes épis- pastiques. La douleur excessive est un second élément qui exige les narcotiques. Quant à la fievre, si elle est inflammatoire, elle est dépendante de la fluxion, et n’exige qu’un régime convenable, Dans les temps avancés et dans le déclin du rhu- matisme aigu, on doit suivre une méthode de trai- tement naturelle ; les méthodes empyriques étant souvent dangereuses. Le quinquina et les diapho- rétiques aident les mouvemens salutaires de la na- ture. Quand ces mouvemens se dirigent vers les in- testins, on doit employer les purgatifs. Lorsque la fièvre, jointe à un rhumatisme aïgu, a un caractère essentiel , par lequel ellé forme une véritable complication , on doit suivre une méthode analytique , où l’on combine les traitemens propres à l’une et à l’autre maladie. Si cetté ficvre présente des indications domi- LE Maladies goutieuses. 447 hantes , on doit suivre une méthode de traitement qui satisfasse aux indications de cette fievre, par des moyens choisis de telle sorte qu’ils conviennent en même-temps à l’aflection rhumatlique compli- quée. L’auteur applique cette règle au traitement d’une fièvre éminemment catarrhale, d’une fièvre biliense- putride des premières voies, et d’une fièvre éphé- mère gangreneuse, compliquées avec le rhumatisme aigu. Dans cette dernière, il faut distinguer deux temps, dont chacun exige une méthode analytique diffé- rente. La premiere doit avoir pour but de combattre les fluxions rhumatiques par des évacuans et des révulsifs ; de manière à rendre plus complète la déclinaison de l’accès, et à affoiblir les douleurs : et l’on doit ensuite , par le moyen de fortifians appropriés, prévenir l’exacerbation de la fièvre. Dans l’autre méthode qu’il faut employer lorsque la dis- position gangreneuse est établie, on doit s’attacher à combattre les élémens suivans, les variations de la fièvre, la perte des forces vitales, la putridité ou l’acrimonie sensible des humeurs , et la douleur ou autres lésions graves du genre nerveux. Dans le rhumatisme chronique , les méthodes na- turelles et analytiques ne conviennent point; et l’on doit employer une méthode empyrique , ou pertur- batrice , où spécifique. Les topiques qu'on y emploie sont administrés , ou dans la vue de corriger l’excès, ou le défaut de contraction tonique, ou bien, selon une méthode 448 Médecine. empyrique, où l'on cherche à changer la manière d’être de la partie afFectée. Apres avoir assigné au lumbago et à la sciatique rhumatiques, soit aigus, soit chroniques , le trai- tement qui convient aux deux espèces de rhuma- fisme , Pauteur prescrit la méthode curative de la sciatique nerveuse , à laqueile il trouve une grande analogie avee le mal vertébral. M. Barthez s'occupe de la théorie et du traite- ment du mal vertébral, et propose des moyens cu- ratifs pour des cas où ceux proposés par Pott sont insufisans. », I] pense que dans le mal vertébral, « 1.° les «“_ troncs des nerfs qui partent de la moelle épinière , «“ au dessous de l’endroit où la colonne vertébrale est « affectée, par effet d’une violence externe ,ou d'un “ vice intérieur ; sont perpétuellement irrités, par les « compressions ou tiraillemens, qu’y causent dans “ leursdiverses agitations, les vertébres voisines, qui «“ sont engorgées, qui se meuvent difficilement, et qui « sont enfin poussées hors de leurs places. 2.° Cette «_irritation continuelle des nerfs entretient pour tou « jours, à un haut degré, un effort de fixation « tonique du tissu des fibres ; dans les muscles aux- « quels les branches. de ces nerfs se distribuent. » M. Barthez déduit très - heureusement de cette théorie, l’explication des principaux phénomènes qu’on a observés dans le mal vertébral. L'auteur passe ensuite aux inflammations rhuma- tiques qui ont leurs siéges dans les viscères. Il les considère dans l’état aigu, et dans Pétat chronique. Quand Maladies goutteuses. 449 Quand l'état rhumatique se porte brusquement de l'extérieur à l’intérieur , il fant mettre en usage les méthodes analytiques, et chercher à rappeler le , xhumatisme à l'extérieur. Lorsque la nature est dis- posée à des évacuations salutaires, on fait succéder les méthodes naturelles aux analytiques. On a ap- pliqué ces règles au traitement de la pleuro-pneu- monie-rhumatique. Dans les rhumatismes chroniques des viscères, il faut suivre des méthodes empiriques , et employer les évacuans, les moyens perturbateurs et les spé- cifiques. L’auteur range parmi les rhumatismes chro- niques intérieurs, ce que l’on désigne vulgairement sous le nom d'efforts. Le huitième et dernier chapitre de ce livre est consacré à exposer les signes et le traitement , «_1.° de la cachexie goutteuse générale; effet de la « disposition prochaine de toute la constitution à « l’état goutteux : 2.° des.inflammations aigues des « viscères qui sont de nature gontteuse : 3° des « inflammations, des douleurs et des autres maux “ des viscères, qui sont chroniques et de même “ nature. » .. La méthode de traitement qui convient au pre- mier cas, est. analytique et semblable à celle qui est préservatiye des attaques de goutte. Celle du second est aussi analytique, et analogue à celle {dont il est parlé dans le livre suivant) qui con- vient aux inflammations internes, quand elles sont consécutives de la goutte des articulations. Enfin, Tome IL. F£ 459 Médecine. celle du froicième est empirique, soit spécifique, soit imitative. DEEE Le livre troisième contacré à la goutte des vis- cères, est doublement important sous lé rapport de son objet, et sous celui des vues grandes’ et utiles qui y-sont proposées. Les méthodes prescrites par M. Barïthez , sont presque toujours en opposition avec celles qui sont «communément rêcues :? mais elles sont: si bien dé- duites des connoïissances les plus positives sur Ja science de l’homme }; et'si bien sanctionnées par l'expérience de l'auteur, qu'on ne peut s'empêcher de les adopter. | « L’affection gontteuse conséeutive-qai occupe un “viscère est de deux sortes : 1.° cellé quiest sans “ complication dans ce vistère , et qui est produite “ lorsque lanplication dé divers agens extérieurs sur « les articulations, interceptent les moñnvemens dela « goutte qui les affectoit ; 2.° celle que complique une « autre maladie qui affecte ce même viscère , et qui peut aussi avoir déterminé cette goutte interne. » La goutte peut être répercutée partouïtes les causes extérieures qui, agissant sur les articulations , ten- “dent à réprimer la fluxion goutteuse qui les affectoit. Quand cette fluxion se porte sur un viscére, elle donne quelquefois une mort prompte, dont on ne peut rendre raison par l'importance de l'organe af- fecté/ M. Barthez l'explique par la distraction su- bite, en divers sens, des forces des organes néces- saires à la vie, qui , tandis qu’elles doivent conserver Maladies goutteuses. 4ô1 des fonctions propres de ces organes, font en méme temps deux efforts contraires, l’un relatif à la fluxion très-vive qui porte la goutte sur un viscère, l’autre qui tend à soutenir le mouvement de la goutte sur les articulations. | On trouve ensuite des préceples importans sur la manière de connoître les maladies goutteuses internes qui n’ont pas été immédiatement précédées d’une attaque. de goutte aux articulations, et de distinguer des affections différentes qui, survenant chez des -goutteux , pourroient étre prises mal-à- propos pour des maladies goutteuses, Le second chapitie de ce livre contient des obeer- .vations généralessur le traitement de la goutte des vis- .cères consécutive de celle des articulations. L'auteur fait voir d’abord l'inntilité et même le danger des _moyens employés communément en pareil cas. Il dé- À truit surtout un principe uviverse}l , auquel Musgrave _rapporte tout le traitement de la goutte interne. Ce Principe est que, devant débarrasser l'organe in- terne, le plus tôt et le plus surement possible, de _la matière goutteuse, il faut la chasser én partie hors _du corps par, des évacuations convenables, et aider, .par des remèdes internes et externes, la nature, à en porter une partie sur le; articulations: ; È M. Barthez apporte des raisons incontestables con- tre la pratique échauffante , excitante et évacuative qu’on a fondée sur ce principe, tout en convenant , que la fièvre qu'on se propose d’exciter peut étre utile . dans quelque cas de langueur générale. FF 2 452 Médecine. Il faut exclure du traitement de Ta goutte aïguë des viscères, les méthodes naturelles, à cause du peu de constance et de détermination des mouve- mens salutaires de la nature, et les méthodes empi- riques, à cause du peu d'efficacité des spécifiques connus jusqu'ici. Les méthodes analytiques sont les seu'es auxquelles on puisse avoir recours dans cés cas. | Ces méthodes analytiques sont de deux sortes : 1.° celles qui conviennent à la goutte interne causée par répereuss'on 3 2.° celles qui embrassent, outre les indications que présentent les élémens de l'affection de la goutte interne simple, celles des élémens de la maladie d’un autre genre, soit générale , soit par- ticulière, qui se complique avec l’état goutteux dans le viscère affecté, | « Les éléimens de la goutte interne non compli- “ quée auxquels se rapportent ces méthodes analy- « tiques sont : la fluxion qui porte la goutte des ar- “_ ticulations sur le viscère affecté ; la fluxion qui «“ fixoit Ja goutte dans ces articulations, et qui peut « subsister quoique étant plus ou moins affoiblie ; la «“ perte des forces dans les organes les plus nécessaires « à la vie, qui est particulièrement déterminée par les « efForts que fait la nature, pour soutenir ces deux « fluxions dont les directions sont contraires; l’état « goutteux qui est fixé dans le viscère affecté, et « l’affoiblissement général de tout Le système. - Les moyens par lesquels ces indications peuven£ « être remplies, et qu’on doit combiner convenab'e- Maladies goutteuses. 453 « ment, sont les évacuans révulsifs, les cordiaux, “ les anti-goutteux, les topiques attractifs sur les “ articulations qu'occupoit la goutte (attractifs qu’on « doit choisir relâchans ou irritans, suivant des re- « gles que l’auteur donne), enfin des remèdes sto- « machiques et martiaux (qui fortifient tous les or- “ ganes en augmentant les forces constantes des « organes digestifs, et du système des vaisseaux “ sanguins ). » L’auteur applique ensuite ces principes à la goutte aigue de l'estomac et des intestins. Il y distingue deux cas différens, celui où l’état goutteux de ces viscères est avec la dominance de leur affoiblissement, et celui où cet état est compliqué avec la domi- nance de leur irritation. Dans le premier cas, les cordiaux et les autres excitans forts sont nécessaires. Si des mouyemens spasmodiques surviennent et se joignent à la foiblesse dominante, il faut aussi re- courir aux narcotiques. On trouve ici l’histoire de Ja syncope ; maladie que l’auteur distingue en deux espsces, dont l’une est déterminée par la concentration des forces sur Ja région ép'gastrique ; et l’autre ( qui est une sorte de maladie cardiaque ) est produite par une foiblesse extrême de l’estomac. Cette distinction est essentielle; et M. Barthez _donne les moyens de la faire dans la pratique. Elle sert à poser les règles, d’après lesquelles il faut employer les réfrigérans. Il pense que luulité de l'eau à la glace piise à l'interieur, est équivoque FF3 454 Médecine. dans les deux cas; mais il dit que l’antipéristase À qui suit son application à l'extérieur, doit étre in- finiment avantageuse dans la syncope qui provient de A UILANT extrême de l’estomac, Dans le cas de goutte de l’estomac avec domi- nance d'irritation dans ce viscère ; les narcotiques , : et quelquefois les évacuations sanguines, sont les moÿens qu’il faut mettre en usage, Dans l’une et dans l’autre sorte de goutte de l’es- tomac , il faut avoir soin de combattre l’état gout- teux de ce viscere par Jes spécifiques sagement eom- binés avec d’autres moyens. Le vomissement, la diarrhée, et la dyssenterie qui compliquent les) diverses espèces de goutte dé Vestomac et des intestins, sont traitées par l’auteur avec beaucoup de détails, et d’une manière aussi neuve. Il passe ensuite à la goutte chrouique des niêmes viscères. Nous ne le suivrons point dans Papplication de ses règles pratiques à la goutte des reins, à lPhé- morragie utérine causée par la goutte, aux fleurs blanches et à la gonorrhée de la même nature ,au atharre goutteux de la membrane pituitaire et du poumon, à la péripneumonie et à la phthysie pulmonaire 9 soutteuse ; à lPæcème goutteux du pour mon; à lasthme humide et à l'asthme convulsif gontteux, à l'augine goutteuse, à la goutte qui à son siége dans le cervean et dans les nerfs, et qui produit le vertige et Îe trismus goutteux, Papo- piexie, la paralysie, es convulsions , la’ danse de Maladies goutteuses. 458 Saint-Guy, et autres maladies convulsives ooutteuses, enfin aux complications de plusieurs maladies gout-, tenses produites à la fois par la goutte qui affecte differens viscères. Ce que nous pourrions en dire seroit trop incomplet pour faire connoître la pra- tique de l’auteur. Nous indiquerons seulement quelle est sa con- duite dans le cas de catharre suffoquant goutteux. Les auteurs y ont conseilié la saignée, les émé- tiques , etc. M. Barthez reconnoit dans cette ma- Jadie, trois élémens qui sont ; l’abord d’une matière muqueuse , extrémement abondante sur ie poumon; un état convulsif de ce viscère qui menace de suf- focaiion; et une affection goutteuse spécifique. 11 faut employer iei une méthode analytique ; et il observe que l'indication que p:ésenie le second élé- mient , exige les anti-spasmodiques les plus puissans, et les révulsifs les plus eflieaces ; qu’on doiït souvent combiner avec les spécifiques anti-voutteux. Lors- qu'on a dissipé ou du moins fort affoibli l’affection convulsive , on doit tächer de remédier à Ja con- gestion par les incisifs et Îles expectorans , toujours combinés avec les syécifiques. Je n’espère pas avoir donné une idée assez exacte du Traité des maladies Soutleuses, par cel extrait qui n’en présente, pour ainsi dire, que la table des chapitres. Mais il étoit presqu’impossible de faire autrement. Le livre de M. Barthez n’est pas de ces ouvrages où l’on trouve ,au milieu de beaucoup de remplissage et de liéux communs ; quelqu cs p: incipes utiles , Fi 4 456 h Médecine. quelques faits curieux, faciles à extraire, C’est une suite de solutions des problèmes médicaux les plus diffciles , et de dogmes- pratiques, presque tous entièrement neufs, solidement appuyés sur des faits incontestables |, énoncés avec une concision telle, qu’il est impossible de retrancher une phrase sans produire une lacune. Puisqu’il est si difficile d’ana- lyser cet ouvrage, je me contenterai de faire une réflexion sur son importance. On a vu que l’auteur, après avoir présenté, avec beaucoup d’érudition, tous les faits qui constituent l’histoire des maladies dont il traite , établit l’exis- tence de deux états goutteux et rhumatiques spéci- fiques ; et que dans les diverses espèces de maladies goutteuses ; il s'attache à reconnoître les affections élémentaires, dont le concours , avec l’état goutteux ou rhumatique, donne une telle forme à chacune de ces maladies, à l’aide d’une combinaison des faits bien prouvés ; et qui ne ressemble en rien à ces théories vagues et arbitraires , d’où partent tant de médecins ; il parvient aisément à déterminer, dans chaque cas, la méthode thérapeutique qu’il faut préférer. Si, dans les affections élémentaires , il reconnoit un effort salutaire et puissant de la nature ; il la seconde par les méthodes naturelles. Si les élémens qui s'unissent avec l’état goutteux ou rhumatique sont dominans, et rendent peu probable la termi- mivaison naturelle ; il combat ces élémens par des méthodes analytiques, dont il dispose les parties Maladies goutteuses. 497 relativement à leur importance , et au temps dans lequel chaque moyen doit être employé. Si l’état goutteux ou rhumatique reste seul , il cherche à le détruire par les méthodes empiriques , pertur- batrices ou spécifiques. On doit convenir que cette doctrine conne une forme nouvellé à la science et à la pratique de la médecine ; qu’elles acquierent par-là un degré de certitude qu’elles ne pouvoient attendre ni de l’ob- servation seule, ni des théories ordinaires, les mé- thodes recues jusqu'ici étant trop générales et trop vagues ; trop circonscrites par conséquent daos leur application à la pratique, et n’indiquant que des vues beaucoup trop bornées pour le médecin qui a le génie de son art. On voit done l'importance pénérale de cet ou- vrage, sous le rapport de la doctrine nouvelle qu’il renferme sur la thérapeutique. Celie qu'il a sous le rapport du sujet west pas moindre; et lon doit bien s’y attendre , quaud on songe que c’est une application continuelle de la docirine des méthodes au traitement d’une classe des maladies les plus communes, les plus douloureuses et souvent des plus graves qui attaquent l'espèce humaine. Non -seulement M. Barthez dirige notre esprit dans l’emploi des moyens connus, qu’il cocrdonne d’après ces méthodes, mais 1! nous fait connoître encore des traitemens nouveaux , suggcrés par sa doctrine , et confirmés par son expérience, Ses mé- thodes nouvelles de traitement sont dirigées contre 458 Médecine. 1.11 k les espèces les plus dangereuses de ces maladies, ct particuliérement contre les divers cas de goutte in-! terne ou des viscères, qui sont. ceux où les auteurs laissent le praticien dans le plus grand .embarras. Le traité des maladies goutteusesest encore un mo- dèle de l’art de faire servir l’érudition aux progrès de la science. L'’érudition y est immense ; maiselle est toute employée à rendre plus parfaite l’histoire des maladies, à construire des bases solides pour asseoir des règles de pratique ,'ou,des dogmes phy- siologiques et pathologiques ; à renverser des opi- nions trop légèrement adoptées par quelques ‘au- teurs, d'apres un nombre de faits bien inférieur à celui qui est nécessaire pour fonder des principes généraux. Quand Pauteur n’auroit pas déja fait les é/émens de la science de l’homme , et la nouvelle mécanique des mouvemens des animaux, cetronviage Jui assu- reroit et lui assigneroit , parmi les medecins, un rang Où, malheureusement pour la science , il trou- veroit bien peu d’egaux. LorpaT, Med. BIOGRAPHIE. “ NoTircE historique sur la vie et les ouvrages de DoromrEU, lue à la séance pu“ lique de l’Institut national des sciences et des ‘arts , le 17 messidor an 10, par le C. La- CÉPEDE. Psy de temps s'est écoulé depuis qu’une voix éloquente annonça dans cette enceinte, au milieu d’une solennité littéraire semblable à celle qui nous rassemble , que les. malheurs de Dolomieu étoient terminés ; que le gouvernement francois avoit brisé ses fers, et qu’il alloit être rendu aux sciences et à l'amitié. Nous nous livrâmes sans inquiétude à Ja douce satisfaction que nos cœurs éprouvèrent. Nous n’apercevions pas de terme au plaisir de le voir parmi nous, Nous calculions avec autant de sécnrité que de joie, les nouveaux ouvrages dont il alloit enrichir l’histoire naturelle; et le bras in- visible de la mort étoit déja étentiu sur sa tête : encore. quelques jours, et il ne devoit plus rester de iui que,ses œuvres et sa gloire. Des: verius modestes, mais capables de s’élever jusqu'à l’héreisme des mœurs simples, une loyauté antique; ne tendre bienfaisance, de vastes connois- sances , un esprit supérieur, de grands travaux, des malheurs extraordinaires, une contenance au dessus de) ses malheurs; tels sont les objets prin- 460 Biographie. cipaux que devroit présenter le tableau de Ja vie de Dolomieu. Mais l’amitié éplorée ne peut qu’es- quisser quelques traits, et laisser échapper l’accent de sa douleur profonde. Déodat - Guy -Silvain- Tancrède (Gratet) DE Do- LOMIEU naquit, le 24 juin 1750, de François (de Gratet) de Dolomieu, et de Françoise de Bé- renger, Dès Je berceau, il fut admis dans l'Ordre de Malte. Son nom fut ajouté à cette liste sur laquelle on compte tant de noms fameux par de hauts faits et par d’honorables chaînes. On diroit que des son en- trée dans la vie, il fut voué à la gloire et au malheur. Embarqué à l’âge de dix-huit ans, sur une des galères de son Ordre, il ne put éviter une de ces c'rconstances que la philosophie a si souvent dé- plorées, et où, malgré les progrès de la civilisa+ üÜon, la raison, l'humanité, et la religion même, luttoient en vain contre l’honneur , l’habitude et le préjugé. Oblisé de repousser une offense grave, il se battit contre un de ses confrères. Son adver- saire succomba. Cependant, lorsqu'il fat de retour a Malte, l'estime et laffection des chevaliers ne purent le sauver de la rigueur des dois. Des statuts révéiés prononçoient Îles peines les plus sévères contre les membres de l'Ordre qui, pendant Île temps de leur service militaire, tournoient leurs armes contre d’autres ennemis que ceux de la chré- tient£. Ii fut condamné à perdre la vie: Le grand- maitre lui fit grace ; ‘mais cette grace dévoit être confirmee par le pape, Ce pontife, que d’anciennes préventions rendotent peu favorable à FOrdre, ne Dolomieu. . AG voulant rien faire pour un chevalier, la confirma- tion fut refusée. Plusieurs puissances de l’Europe s’intéressèrent en vain pour Dolomieu , auprès de Clément XIII; le pape resta inflexible : et Dolo- mieu lauguissoit, depuis plus de neuf mois, dans une triste captivité, lorsqu’une lettre qu’il adressa au cardinal Torrégiani, premier ministre de Rome, obtint ce qu’on avoit refusé aux têtes les plus il- lustres. Ses fers tombèrent, et il fut rétabli dans tous ses droits. Cependant Dolomieu étoit, pour ainsi dire, de- venu un homme nouveau. La solitude de sa retraite, le silence qui l’entouroit, le besoin d’échapper à inquiétude, au chagrin, à l'ennui, lui avoient inspiré le goût des méditations profondes. Il avoit rappelé ses premières études; il avoit acquis des connoissances nouvelles : des pensées élevées, des comparaisons attentives, des conceptions étendues, en avoient été le fruit. Elles auroient seules pro- duit une grande détermination; mais, d’ailleurs, Dolomieu étoit dans Malte, et cette île, que le vulgaire des voyageurs ne voit que comme un ro- cher élevé au milieu des flots de la Méditerranée, qu’est-elle aux yeux du philosophe? et que parut- elle à ceux de Dolomieu ? Le centre de l’habitation de cette race si distin- guée de l’espèce humaine, qui, répandue en Eu- rope, dans la partie septentrionale de l'Afrique, dans l’occident de l'Asie, occupe toutes les côtes de la Méditerranée, et les rives de tous les fleuvés qui y portent leurs eaux. 462 Biographie. C’est sur les bords de ces fleuves et de cette imer intérieure que les sciences et les arts ont répandu une lumière si vive, et que la civi ilisation s’est éle- vée à un si haut deoré. C'est dans ces heureuses contréesique l’histoire découvre les théâtrés fameux de ces prodiges qui, à tant d’époques diverses; oût illastré | Ægypte, Ja Syrie , l’Aste mineure, la Grèce , lftalie:, la France , l'Espagne et là Mauritanie. C'est là qu’elle montre les hautes pyramides des rives du Nil, les tombeaux de la Thèbes -æsyp- tienne , les ruines de’Palmyre , la place où fut Troie | les colonnes gissäntes sur laterre: sacrée d'Athènes, les admirables restes des antiques: mo- numens de Roine, les temples de Cordoue , et les sables au milieu desquels on:cherche les débris de Carthage, ) Là véeurent , et le Mercure des Ægyptiens ,.et l'Homère des Grées ; là Aristote recevait les tributs - qu'adréssoit à la science: le vainqueur de ‘la terres là Pline. trouva une mort glorieuse au/milieu d’une atmosphère enflammée y là fleurirent tant de grands hommes qui ont fait l’éternelle renommée des beaux siééles de la Grèce, de ceux de Rome; et des trois qui. viennent de s’écouler. Le génie du’ commerce se plaît à voiricette Mé- diterranée lier trois parties du Monde-par les com- munications les plus promptes. Le génie des sciences naturelles scontemple ce ‘bassin placé à une-distance presqu'’égale de l’équa- teur et du cercie polaire, Il le voit recevoir les flots Dolomier. 463 pressés du Don, du Borysthène, du Danube, du Rhône, de lEbre, du Nil, et de tant d’aûtres fleuves. 11 mesure la hauteur du Liban, de l’Ida, des Monts -Rhymphées, de l’Athos, de l’'Olympe, des-Apernins, des Alpes, des Pyrénées , de l'Atlas, dont les longues chaînes élèvent leurs cimes sour- cilleuses autour de cette Méditerranée. Sur les rivages de cette même mer, au milieu de Javes awcncelées, de cratères détruits, et de débris fumans , les volcans de lArchipel, le Vésuve et l’Etna vomissent leurs torrens de feux. Quels objets! quels souvenirs! quelles impressions profondes dut éprouver Dolom'eu! quelles réflexions durent se présenter en foule à son esprit étonné! Son imagination devint plus vive; ses idées s’agran- dirent ; sa tête ne conçut plus que de vastes’ pro- Jets; son génie le domina : il s'abandonna àses élans généreux ; il résolut de tenter de grands et dé n6- bles travaux. Devoit-1l cependant ambitionner la’ palme des arts, où le laurer de la scierce? chercher:à mar- ‘cher sur les traces d'Homère et de Virgile, où sur celles d’Aristote et de Pline? L'étude de la Nature l’emporta. Mais de ce combat, qui décida de sa destinée , il conserva pendant toute sa vie un'goût très- vif pour les beaux-arts. A l’âge de virgt-deux ans il suivit à Metz le régi- ment des carabiniers, dans lequebil avoit été nommé officier vers l’âge de quiuze ans, Un événement ter- rible lui donna lieu d'exercer sa courageuse bienfai- sance. Pendant un hiver si rigoureux que Je ther- 464 Biographie. momètre étoit descendu au dessous de douze degrés, un: violent incendie se manifesta tout-à-coup, au milieu de la nuit, à l'hôpital militaire. Le feu fai- soit des progrès rapides : il menaçoit de tout dé- vorer; et la riviere, profondément gelée, refusoit l'eau nécessaire pour éteindre les £ammes. On lut- toit en vain contre [e danger qui devenoit à chaque instant plus redoutable. Combien de malades al- loient périr, lorsque Dolomieu, suivi de trois de ses camarades enhardis par son intrépidité, saisis- sant les haches devenues inutilés entre les mains des travailleurs découragés, s’élança au milieu des tourbillons de fümée, pénétra jusqu’au fond des salles embrasées, monta sur le faîte des toits ébran- lés , et parvint à couper des communications funestes. Ce dévouement généreux le rendit encore plus cher à un savant, recommandable par sa bonté ct par ses connoissances, l'Airion, pharmacien de Metz, dont il recevoit des leçons de chymie et d’histoire näturelle. Ce fut dans le commencement de ses liaisons avec ce physicien, que Dolomieu traduisit en italien l’ouvrage de Bergmann sur les substances volcaniques. Il ajouta des notes à cet ouvrage, ainsi qu’à une traduction italienne de la Minéralogie de Cronstedt, À peu près vers ce. même temps, il vit arriver à Metz un de ces hommes vénérés que le génie qui veille aux destinées humaines , semble avoir placés dans les siécles corrompus , pour que l’image de l'antique probité n’y soit pas violée ; dans un rang élevé, pour que le malheur puisse découvrir de plus loin Dolomieu. 465 loin son asile ; dans le sanctuaire des sciences, poùr donner un exemple éclatant du respect qui leur est dû; au milieu des mouvemens généreux d’un peuple qui veut conquérir sa liberté, pour seconder ses efforts par un dévouement sans bor- nes, et les tempérer par une sagesse prévoyante; au milieu des proscriptions , pour montrer la vertu recevant les hommages des mortels, lors même qu'elle tombe sous le fer sacrilége d’horribles as- sassins. Cet homme, dont chacun de nous rappelle le nom avec attendrissement, étoit La Rochefou- cauld. Dolomieu et lui furent bientôt unis par les liens d’une amitié qui ne devoit finir qu’avec leur vie. Indépendamment des recherches sur la pesanteur des corps, à différentes distances du centre de la terre, que Dolomieu publia des 1775, il avoit déja préparé plusieurs travaux. La Rochefoucauld les vit, y reconnut la main d’un naturaliste destiné à une grande renommée, en entretint, à son retour à Paris, l’académie des sciences; et cette illustre compagnie envoya à son ami des lettres de cor- gespondant. Hn recevant ce titre, qui le flatta d’autant plus qu’il ne s’y attendoit pas, Dolomieu crut contrac- ter une obligation nouvelle envers les sciences na turelles : il desira de les servir sans partage. 11 se démit du grade qu’il avoit dans les carabiniers. Il quitta la carriere militaire. Libre alors de céder à ses penchans secrets, il commença ses voyages minéralogiques. Il entreprit Tome Il. Gg 166 Biographie. de visiter les contrées fameuses distribuées autous de la Méditerranée, et de cette île de Malte, où il avoit commencé sa noble vocation, Il alla d’abord “en Sicile. N'ayant encore que vingt-six ans, doué de toute ja force de l’âge, animé par toute l’ardeur que peuvent inspirer le bonheur de l’étude, et l’espé- rance des succès, il parcourut les environs de l’Etna; il en rechercha les bases primitives ; il en examina les laves entassées ; il en contempla les ruines; îl en médita les vicissitudes; il en gravit les sommets; et parvenu au plus haut de ce mont terrible et do- minateur , debout sur le bord de son immense cra- tère, portant au loin ses regards avides, au moment où le soleil élevé dans les airs découvroit à ses yeux le plus vaste horizon; ravi par la magnificence du spectacle admirable qui se déployoit devant lui, ému jusqu’au fond de l’ame, transporté par le sen- timent secret des triomphes qui l’attendoient, sa- luant la Nature dont il alloit découvrir les mer- “veilles, il mesura, pour ainsi dire, la terre qu’il vouloit décrire, et prit possession du domaine que son génie vouloit conquérir. Descendu de l’Etna, il porta plusieurs fois ses pas vers le Vésuve, vers la chaîne des Apennins, vers ces lacs et ces montagnes de l’ancien Latium, qui sont des restes ou des produits de volcans éteints; vers les hautes Alpes, dont il parcourut les diffé- rentes directions, aborda les différens glaciers, af- fronta les pics élancés dans les nues, suivit les tor- rens, en étudia la substance, la structure, et les dégradations. Dolomiu. 407 Les îles de Lipari n’échappèrent pas à ses recher- ches. Il en publia la description en 1783. Mais cette année fut marquée par un événement qui répandit la désolation en Italie, et la conster- uation dans le reste de l’Europe. La Calabre fut agitée par un violent tremblement. Un grand nom- bre d’infortunés en furent les victimes. Des phéno- mènes extraordinaires accompagnèrent cétte grande secousse. Dolomieu se hâta d’aller visiter cette terre bouleversée, et de rechercher au milieu de ses dé- «ombres, la cause de ces funestes événemens, liée de si pres à la composition du globe, qu'il brüloit du desir de dévoiler un jour. En 1784, il soumit au public ses idées, non- seulement sur cette catastrophe , mais encore sur les effets généraux des tremblemens de terre, dans une dissertation d’autant plus curieuse, qu’il prouva, par des faits incontestables, que, dans la partie de la Calabre où la commotion avoit fait le plus de ravages , toutes les montagnes étoient calcaires , sans aucune apparence de matières volcaniques; et; en 3788, 1] mit au jour un Mémoire sur les îles Ponces, ainsi qu’un Catalogue raisonné des produits de cet Etna qu'il avoit observé avec tant de con- stance. Cependant Dolomieu étoit de retour dans sa pa- trie après cette époque à jamais fameuse du 14 juil- let, où les lumières, la raison, le sentiment de la dignité de l’homme, et l’amour d’une noble indé= pendance, se montrèrent avec tant d'éclat. Digne ami de La Rochefoucauld, il se rangea sous les ad: Gg 2 468 Biographie. drapeaux de la Liberté. Mais comme aucune fonc- tion publique ne réclamoit l’emploi de son temps, il publia plusieurs ouvrages pendant les premières années de la révolution françoise : l’un sur l’origine du basalte ; un second sur un genre de pierres cal- caires qu’on n’avoit pas distingué avant lui, et au- quel la reconnoissance des naturalistes a donné le nom de Dolomie ; deux autres sur les roches, ainsi que sur les pierres composées; et un cinquième sur l’huile de pétrole, et sur les fluides élastiques tirés du quartz. On voit dans ces divers travaux les élé- mens de ces idées générales, dont la réunion devoit former une vaste théorie. Pendant que Dolomieu se livroit à ses médita- tions, la révolution prenoit une face nouvelle. Le torrent, qui renversoit les anciennes institutions, entraînoit, malgré leur résistance, la modération et la prévoyance, qui vouloient en créer de nou- selles. Tout étoit emporté par un mouvement ra- pide. Lés têtes se troublerent ; le sentiment exalté prit la place de Ja pensée réfléchie; des espérances chimériques, ou des craintes exagérées, achevèrent d’égarer les esprits ; les notions fausses , les idées ab- surdes, dénaturèrent tous les objets aux yeux d’une multitude sans expérience , et menacée dans ses droits les plus chers; la confusion devint univer- selle; la vertu fut méconnue; l’ambition du pou- voir et l’avidité des richesses, soutenues par la main invisible des ennemis de la France, et cachées sous le voile d’une hypocrisie perfide, firent lever sur la fidélité la plus pure, le fer dont on croyoit punir les traîtres à la patrie. Dolomieu. 469 Dans cette nuit profonde, au milieu de cet orage £pouvantable, La Rochefoucauld fut frappé. Dolo- mieu, qui ne le quittoit plus depuis que le danger planoit sur sa tête, le soutint expirant dans ses bras, et, bravant les satellites du crime, recut les derniers vœux de son ami, ces vœux qu’il formoit pour les objets les plus chers à son cœur, sa mère et sa femme , infortunés témoins de cette scène horrible. | Proscrit à son tour, errant de retraite en retraite, il eut peu de momens à donner aux progrès des sciences. Il publia néanmoins deux mémoires, l’un sur les pierres figurées de Florence, et l’autre sur la cosstitution physique de l’Ægypte. C'est dans ce dernier ouvrage qu’il eut le courage d’exprimer ses regrets sur la mort de son ami, et de dénoncer à la postérité des assassins dont le pouvoir répandoit eucore la terreur. Mais, vers l’an 3 de la fondation de la répu- blique, les jours de gloire et de tranquillité com- mençoient de succéder aux tempêtes révolntion- paires. Appelé dans cette importante école des mines, que l’on venoit de créer, et que recommandent si fortement le mérite de ses membres et les services qu’elle a déja rendus à notre patie, il y professa sa géologie, et fit imprimer plus d’un mémoire sur la distribution méthodique de toutes les matières dont l’accumulation forme les montagnes volca- niques. | Vers la même époque, la loi constitutionnelle Gg3 470 Biographie. ke de l'Etat établit l’Institut national des sciences ef des arts; et, des le premier jour de notre réunion, nons eûmes le plaisir de le compter parmi nos con- fières. : En moins de trois ans, nous le vimes faire suc- céder dix-sept nouveaux mémoires à ceux que je viens d'indiquer; et voici les principaux sujels de ces travaux si multipliés. La nature de la /ezcite, son origine, et les cir- constances dans lesquelles on la trouve ; le péridot , dont notre célebre confrère Vauquelin avoit donné V'analyse, comparé avec la chrysolite de Werner ; l'anthracite, combustible qu’il venoit de faire con- noître; le schor! volcanique ; nommé pyroxère par un des plus grands minéralogistes de l’Europe; la géologie des montagnes des Vosges; la nécessité d’unir les connoïissances chymiques à celles du mi- néralogiste ; la couleur regardée, à tort, comme caractère des pierres; la chaleur ‘es laves; les prin- cipes qui doivent régler la distribu ion et la nomen- clature des roches ; la fixation des limites de la minéralogie , de la chymie minérale, de la géolo- gie , et de l’art du miveur. Bientôt il entreprit un nouveau voyage dans la France méridionale et dans les hautes Alpes. Il parcourut à pied, et le marteau à la main, les con- trées :arrosées par l'Allier, par la Loire et par le Rhône. Il suivit la grande chaîne des Alpes, qui s'étend depuis l'Isère jusqu'à la Valtéline; visita cette vallée si connue sous le nom d’4//ée Blanche , et dont les escarpemens remarquables sont de trois =] Dolomieïi. 471 mille mêtres >; examina le Mont - Rose, ce rival gi- gantesque du Mont-Blanc, auquel il cède à peine par sa hauteur, et qu’il égale ou surpasse par sa masse, ses montagnes subalternes , ses glaciers; et la variété des substances qu’il renferme. Il revit le Lac-Majeur, le Saint-Gothard, le Valais, l’énorme suite des bancs verticaux de cette vallée du Rhône, et se retrouva , pour la, cinquième fois, auprès des glaces du Mont - Blanc, illustrées par le séjour de son respectable ami, le célèbre Saussure. Après six mois, ik revint à Paris, avec une im- mense collection de roches et de pierres; maïs il apporta des richesses plus précieuses encore, qu’il se hâta de communiquer au public, I fit imprigner le compte qu’il.en rendit à l’Institut; et c’est dans cet ouvrage, qui seul auroit fait la réputation d’un naturaliste , que, s’élevant graduellement des faits particuliers aux résultats généraux , il expose ses principales idées sur le plateau granitique de l'Au- vergne , sillonné , par tant de vallées , et rehaussé par tant de monts yolcaniques; sur ceux de ces vol- cans dont l’action a précédé la dernière catastrophe de Ja terre, et sur ceux qui n’ont existé qu’après ce terrible événement; sur la place des véritables foyers des volcans; sur la nature des matières qui produisent les phénomènes volcaniques, au dessous même des granits, que l’on a regardés comme pri- mordiaux, et qui font partie de ce qu’il appelle la croûte consolidée du globe; sur la fluidité pâteuse , qu’il attribue, à cette source intarissable des vol- cans, dont les oscillations propagent, selon lui, les Gg4 17 Biographie. secousses des tremblemens de terre , et que les fluides élastiques peuvent soulever avec violence ; sur cette même fluidité particulière qu’ont dû présenter, lors de leur éruption, les laves compactes, lesquelles ne lui paroissent pas avoir éprouvé de vitrification pro- pr'ement dite ; sur la cause de Ja configuration ré- gulière de plusieurs de ces laves; sur la construction des grandes élévations de l’intérieur de la France, qui , composées de couches presque horizontales, sont arrondies dans leur contour, et sur celle des Alpes hérissées de pics, et formées par la réunion de feuillets verticaux de près de trois mille mètres ; sur l'existence de véritables bancs dans tous les gra- nits; sur un immense amas de matières calcaires secondaires, qui, charriées du nord et du levant, ont été arrêtées par les Alpes, se sont étendues contre leurs revers septentrionaux et orientaux, dont elles ont adouci les pentes générales , et les ont recouverts comme un vaste manteau, jusqu’à une hauteur de trois mille quatre cents mètres ; sur les observations qu’exige maintenant la géologie, et dont il termine l’éenumération par ces paroles : Diew sait si m@ vie suffira pour toutes les recherches que je médite. Quelque temps après, Dolomieu vénoit de com- mencer sur la minéralogie un ouvrage très-étendu, qui devoit faire partie de Encyclopédie méthodique, lorsque le vainqueur de Lodi et d’Arcole entreprit cette mémorable expédition d'Ægypte, dont la po- litique , le commerce et la philosophie avoient ins- piré le bardi projet. Les sciences et les arts devoient Dolomieu, 473 répandre tous les bienfaits de la civilisation moderne sur cette contrée fameuse, à laquelle l’Europe et l'Afrique ont dû une si grande partie de leurs pre- miers progrès vers les lumieres. Une cohorte sacrée de savans et d'artistes accompagne l’armée. Dolo- mieu est nommé pour partir avec eux. La flotte françoise arrive devant Malte. Dolomieu, qui avoit ignoré que l’expédition commenceroit par la prise de cette île, se renferme profondément affligé dans le bâtiment qui l’avoit amené. Le grand - maître s’empresse de le demander pour un des pacifica- teurs, Le général en chef le choisit. Il va porter à ses anciens confrères les propositions du chef de l’armée. Malte cède aux François. Dolomieu, atten- tif envers tous les chevaliers, et surtout à l’égard de ceux qui, dans le temps où des dissentions in- testines avoient agité l'Ordre, lui avoient été le plus vivement opposés, se conduit avec tant de gé- nérosité et de délicatesse, qu’un grand-officier mal- tois qui s’étoit montré son plus ardent antagoniste (le bailli de Loras), lui déclara avec une loyauté digne de tous les deux, qu’il se reprocheroit toute sa vie d’avoir été injuste envers lui. Cependant on arrive sur les côtes d'Ægypte. Tout se soumet ou se disperse devant le génie de Ja vic- toire. Dolomieu visite Alexandrie, le Delta, le Cai- re, les Pyramides, une partie des montagnes qui bordent la longue vallée du Nil. Il voudroit par- courir toutes les chaînes qu’elles forment , examiner toute cette partie du bassin de la Méditerranée qu'il voit, pour la première fois, pénétrer jusqu'aux rives 474 … Biographie: de la mer d'Arabie, remonter au dessus des cata= ractes, s’enfoncer dans les sables de la Lybie. Les circonstances s'y opposent. Sa santé se dérange. IL est obligé de repasser en Europe. . Dès le lendemain de son départ d'Alexandrie , le vent devint impétueux ; l’eau entra dans le bâtiment avec violence ; on jeta à la mer tout ce dont on put débarrasser le vaisseau ; on fit des efforts extraordi- paires : Dolomieu ne cessa de donner à ses compa- gnons l’exemple de l’intrépidité ; maïs l'épuisement des forces, et un découragement absolu, firent ces- ser le travail. On alloit abattre les mâts, et s’aban- donner à l'orage, lorsqu'un vieux patron napolitain proposa de répandre autour du bâtiment du biscuit pilé et de la paille hachée. Cet expédient, qui pa- rut d’abord ridicule, réussit néanmoins. Les voies d’eau furent fermées par ces fétus qu’entrainèrent les filets du fluide qui se précipitoit dans le bâti- ment. On renouvela cette ressource inattendue aussi souvent qu’on put l’employer. Le vaisseau échappa à la submersion; et après avoir été agité par des vents affreux pendant près de huit. jours, il fut poussé par la tempête dans le golfe de Tarente, ef entra dans le port au moment où il alloit s’en= tr'ouvrir. | Le lendemain, un matelot mourut de la peste. Mais un danger plus grand menaçoit les François. Depuis trois jours, la sanglante contre-révolution de la Calabre avoit commencé. Les François furent faits prisonniers, mis à terre, et conduits, au mi- lieu des cris de mort d’une multitude féroce, dans Dolomieu. _ 475 æn cachot, où Dolomieu , le jeune minéralogiste Cordier, son compagnon fidelle , le général Dumas et le général Manscour , furent entassés avec cin- quante-trois de leurs compatriotes. Plusieurs fois la populace de Tarente se rassem- bla pour immoler les Francois naufragés : toujours elle fut contenue par,un émigré corse, nommé Buca Campo , qui, digne , par son héroïsme , d’uce meil- leure cause, ne cessa de risquer sa vie pour sauver celle des François. Dix-huît jours après, on annonça l’arrivée des lépions républicaines triomphantes. Les prisonniers françois furent transférés dans une maison spaciepse 3 où on chercha à leur faire oublier les mauvais trai- temens qu’ils avoient éprouvés. Mais nos troupes ayant été rappelées du royaume de Naples, le dan- ger des prisonniers fut plus grand que jamais. Do- Jomieu cependant faisoit des extraits de Pline, pour un ouvrage qu’il préparoit sur les pierres des mo- pumens antiques, s’entretenoit d’ histoire naturelle avec ses compagnons d’infortune , rappeloit le sou- venir des amis qu’il avoit laissés dans sa patrie, lorsque les prisonniers furent embarqués pour la Sicile, d’où on devoit les renvoyer en France. On les dépouilla de ce qu'ils possédoient : Dolomieu perdit ses collections et ses manuscrits; et, trois jours après l’arrivée des François à Messine, il ap- prit qu’il venoit d’être dénoncé, Le souvenir des anciennes divisions qui avoient régné dans Ordre de Malte, n’étoit pas éteint dans tous les cœurs. De profonds ressentimens, qu= 476. Biograplie: ces troubles avoient fait naître, venoient d’éfre ré: veillés par tout ce que peuvent produire de pré- vention , d’aversion ét de haine, les événemens d’une grande révolution, les opinions froissées, les pré- jugés blessés, l'amour - propre irrité, les fortunes détruites, la puissance renversée, et le délire poli- tique porté au plus haut degré. Par un aveuglement déplorable, Dolomieu de- voit être la victime de ces passions ardentes, insen- sées et terribles. Il pressentit aisément tout ce qui l’attendoit. Le péril devenoit à chaque instant plus pressant. Un petit vaisseau maltais étoit aupres de celui dans lequel les François étoient encore retenus. Dolomieu pouvoit, par le moyen de ce bâtiment , espérer de se sauver; mais si la sentinelle résistoit, il falloit lui ôter la vie. Dolomieu ne voulut pas de son salut à ce prix. I! confia à son courageux élève, des lettres pour ses amis, lui remit pour eux des observations pré- cieuses sur le niveau de la Méditerranée, qu’il ré- digea avec autant de tranquillité, que si ses jours avotent été les plus prospères, lui recommanda sa mémoire , serra dans ses bras les François dont il alloit étre séparé, s’efforça d’adoucir leur peine, et, sans ostentation ni foiblesse, se livii aux satellites envoyés pour l’arracher à ses compatriotes , qui fré- missoient de rage de ne pouvoir le délivrer. On le précipita dans un cachot éclairé par une seule ouverture, que, par une précaution barbare, on fermoit toutes les nuits. Là, il fut privé de toute Dolomieu. 477 consolation; là , un geolier inflexible cherchoit, en Jui annonçant les nouvelles les plus absurdes sur Vétat de la république, à lui enlever même l’espé- rance, Là, il étoit forcé de passer une grande partie de ses longs jours et de ses longues nuits, à s’agiter en tout sens, et à secouer avec violence les hail- Jons qui lui restoient encore, pour donner à l'air un mouvement qui l’empéchât de cesser d'entretenir sa respiration. Cependant le jeune Cordier avoit revu la France avec les lettres de Dolomieu. À l'instant, la nou- velle de ses malheurs se répand dans la république, et retentit dans toute l’Europe, L'Institut national le réclame avec force. Le gouvernement francais re- demande un citoyen qui honore son pays. La So- ciété royale de Londres, et son célèbre président , devenu maintenant notre confrère, joignent à nos vœux l’intervention la plus pressante. Les savans de l’Europe invoquent en sa faveur, et la justice, et l’humanité , et la gloire des lettres. Des Danois écrivent à leurs correspondans de tenir des fonds à sa disposition. Un Anglois établi à Messine (M. Pred- bend }, lui voue les soins les plus généreux. M. d’A- æara, cet illustre ami des sciences et des arts, que Vattachement le plus tendre unissoit à lui depuis un tres- grand nombre d’années , seconde par tous les efforts de son zèle, ceux que ne cessent de renou- veler les parens de Dolomieu. Le roi d’Espagne écrit deux fois pour Jui. Ses fers cependant ne ssont pas brisés ; il ignore même si son affreuse destinée est connue de ceux qu’il aime le plus, 478 Biographie. Pendant ces vaines tentatives, le vénérable Dau- benton termine sa carriere, La place qu’il occupoit dans le Muséum d'histoire naturelle, devoit étre donnée au plus digne. Deux noms étoient prononcés par la voix publique; celui de Haüy et celui de Dolomieu. Dans toute autre circonstance, les pro- fesseurs du Muséum auroient hésité dans leur choix: Mais Dolomieu étoit captif. Il fut nommé par les professeurs. Peu de jours après éclata un de ces événemens qui décident du sort des empires. L’admirable et rapide campagne terminée par la victoire de Ma- rengo , affermit la république sur sa base, et régla , les destins de l’Europe. Bonaparte donne la paix à Naples; etla premiere obligation imposée parcetraité, dont la philosophie conservera le souvenir, fut la délivrance de Dolomieu. Son retour au milieu de ses proches, de ses confrères, de ses amis, fut une sorte dé triomphe littéraire. A peine arrivé dans le Muséum d'histoire natu- relle , il y donna un cours de Philosophie minéra- logique. Sa voix se fit entendre du haut de la chaire de Daubenton. Maïs bientôt il nous quitta pour aller de nouveau visiter ces Hautes on qu'il LOmMORe ses chères montagnes. Il fit ce dernier voyage accompagné d’un savant Danois, M. Néergaard , qui en a publié l’intéres- sante relation , et de l’estimable préfet du Léman, le C. d’Eymar. Il vit les plus hauts sommets des environs du Saint - Bernard, l'endroit fameux par le passage Dolomieu. 479 d’un second Annibal, les monts Gemmi, la belle route que le gouvernement francois a fait fracer au travers du Simplon , la vallée du Tessin, les gorges de Dissentis, celles d'Urseren, le val de la Reuss,, et les glaciers des monts Geisner. Non loin de là parurent à ses yeux les montagnes secondaires. En abandonnant les monts primitifs, Dolomieu, comme frappé d’un pressentiment secret, les considéra longtemps, se retourna plusieurs foïs, -et leur dit un long et triste adieu. Il revint à Lyon par Lucerne, les glaciers de Grindelwald , Genève, les terres de ses pères, où il reçut un accueil si touchant de ceux avec lesquels il avoit passé son enfance; et il se hâta de partir pour Châteauneuf, où l’attendoient une sœur ché- rie, et un beau-frère digne de seconder ses travaux par ses connoissances en minéralogie, ainsi que par la formation d’une des plus belles collections de sub- stances minérales. Là , il roula de nouveau dans sa pensée, le vaste dessein qu’il avoit formé. Il vouloit ajouter à toutes ses recherches deux grands voyages, l’un en Alle- magne, pour lequel le célebre Werner et d’autres minéralogistes habiles devoient venir au-devant de lui, et l’autre en Danemarck , en Norwège et en Suede. 11 auroit ensuite publié l’ouvrage qu'il avoit médité sur la Philosophie minéralogique, dans sa ‘ prison de Messine, et dont il venoit de faire im- primer un fragment , intitulé : De l'espèce minéra= logique. s Ce fragment est un monument précieux de 508 480 Biographie. génie et de ses malheurs. Il a été écrit dans son cà- chot de Sicile, sur les marges de quelques livres qu’on lui avoit laissés. Le noir de fumée de sa lampe; délayé dans de l’eau, lui avoit servi dencre. Sa plume avoit été un os péniblement usé contre une pierre. C’est dans ce fragment qu’il montre combien le défaut de règle constante dans la fixation des es- pèces minérales, a nui aux progrès de la minéralo- gie; qu’il propose de regarder la molécule inté- grante du minéral, comme le principe auquel il faut rapporter la détermination de l’espece; qu’il admet comme seuls caractères spécifiques, ceux qui résul- tent de la composition ou de Ja forme de cette mo- lécule intégrante ; qu’il distingue dans les différens états sous lesquels l'espèce peut se présenter, les variétés de modification qui naissent de la crystal- lisation régulière , et qui seules constituent les 2:- dividus , les variétés d'imperfection ; qui se rappor- tent aux produits de la crystallisation confuse, et qui ne constituent que des masses, les variations qui proviennent de la présence de principes hété- rogenes , lorsqu'ils ne modifient que la transparence, Ja couleur et l'éclat, et les variations qu’il appelle souillures, lorsque €ees principes étrangers altèrent la dureté, la densité, et d’autres propriétés remar- quables. Il auroit publié une méthode où cette théorie auroit dirigé la distribution et la description des es- pèces minérales. Il auroit élevé à un très-haut degré la science géologique. Il alloit acquérir une nouvelle gloire, Vain Dolormieu. 481 Vaius projets! triste condition humaine ! Une ma- ladie imprévue labat; et, le 7 frimaire de l’an 10, il meurt dans les bras de sa sœur, de son frere Al- phonse Dolomieu , de son beau-frère de Drée, et du législateur Lamétherie, le frère de son ami in- time, le savant naturaliste de ce nom. Cette nouvelle funeste répand la consternation parmi tous Ceux.qui vénerent la vertu et le savoir. Et quel éloge de Dolomieu, que les regrets que sa perte a fait naître! Mais s’il a trop peu vécu pour la science, il a assez fait pour sa renommée. Quelle partie de l’Europe méridionale ne rappelle pas ses travaux? Les Alpes et l’Etna attesteront son zele aux siécles à venir : ils seront , pour ainsi dire, ses monumens funéraires ; et jamais le voyageur éclairé et sensible ne s’élevera sur leurs cimes, sans prononcer avec attendrisse- ment le nom de Dolomieu. Tome IT, Hb P'OUES:E EL AURI ON À DE AMORIBUS PANCHARI FR A 3 Poema erotico - didacticon sen umbralica lucubratio de cultu Veneris Mileti olim peracto, ut À mathunieo sacello myslasub- duxit et variis de gencralione cuir vege- tatium, lurn animantlinm exemplis auc- tum vulgavit Athenis. Secunda editio plane relormala et tabulis æneis illustrata, cui accedit vita auctoris. Excudebat Parisis Didot junior, anno reïpublicæ gallicæ nono, Où trouve daus cet ouvrage un plan topogra- phique des environs du volcan de l’ile de la Réunion, une vue de ce volcan et le portrait de l’auteur. À Paris, chez Didot jeune , quai des Augus- tins, n° 22; Fuchs, rue des Mathurins; Levrault, quai Malaquais. 1 vol.in-8.° Prix, broché, 6 fr. Fes Discorde aux yeux hagards, à la bouche écu- maute, planoit sur toute la France, laissant à découvert dans son sein livide le poignard dont elle s’apprétoit à percer le sein de tous ceux qui lui auroient refusé un asile. Déja de vaillans généraux conduisoient leurs ardentes phalanges vers les con- fins d’un empire qui cherchoit à reprendre une vigueur première à la faveur des lois nouvelles que leurs armes Poësie latine. 483 soutenoient au dedans comme au dehors, Fatiguées de ces secousses répétées qui dérivent du choc des opinions anciennes avec celles que suscite lintérét de la nouveauté, les Muses fuyoient vers les sages contrées qui se maintenoient dans les douceurs de la paix pour y trouver une tranquillité nécessaire à leurs travaux, Ce fut dans ces circonstances si alarmantes que l’auteur de l’ouvrage que nous aïlons analyser, le docteur Petit-Radel, si avantageusement connu par de nombreux ouvrages, porta dans l’hémisphère austral les connoiïssances infiniment appréciables de son art. L'ile de la Réunion fut le lieu qu’il choisit pour son domicile. Là, éloigné de cette mer orageuse que soulevoit en nos climats la variété des opinions qui, continueilement, s’entre-chogquoïent violemment, le docteur vaquoit aux devoirs que lui imposoient sa profession , et occupoit ses loisirs à tracer à la stu- dieuse jeunesse la route qu’elle devoit tenir poar ar- river au sanctuaire où la déesse Hygie dicte sesoracles. On dit communément que le génie de la poésie pré- side à la naissance de ceux qui doivent se désaltérer à la fontaine d’'Hippocrene : si cela est , il faut avouer que la verve qui Jui fut inspirée resta longtemps à contre-balancer , sinon surmonter le dieu de la mé- décine, C’est ce dont semble se reprocher l’auteur, quand , dans le charmant morceau intitulé Figiliæ, il dit: Ah satis obticuit torpenti vena quiete Û Obruta segnitie, carpit Apollo reum. Me per iniqua recens Parnassi culmina duxit, Castdiisque pium me madefecit aquis, Hh 2 484 Poésie latine. Erato fut la muse qui répandii le plus ses largesses sur notre auteur. Eh! comment auroit:il été insen- sible à ses charmes , daus un clinat où elle sourioit aussi agréablement à Parny, le fidelle interprète de ses sentimens ? Le hasard, qui est le père de tant d’événemens, fit tomber entre les mains du docteur ce code de Cythère qu’il ne connoissoït pas, dans un moment où son ame oisive attendoit un trava:l qui püt l’occuper agréablement. A peine en avoit-il com- mencé Ja lecture, que le génie des vers se réveille en lui de son long assoupissement. La lanpue latine, si familière à l’auteur , vint s'offrir avec tout son luxe pour obtenir sur tout autie moyen d’expression une préférence d'autant plus méritée , qu’elle lui avoit accordé Ja première ses plus grandes faveurs, La muse d’Ovide, étonnée de ses premiers succès sur une lyre qui étoit restée muette depuis si longtemps, vint à lui pour l’encourager à suivre une route qui le menoit au mont sacré, C’est alors que parcourant les diverses zônes du globe où le menoit son étoile, le docteur employoit ses loisirs à former divers mor- ceaux de son ouvrage, incertain encore du plan sous lequel il pourroit en donner connoiïssance. Son retour en France l’ayant mis à même de terminer et publier plusieurs ouvrages sur son art, il a repris ses mor- ceaux , les a Cousus par des pièces de rapports, et les a disposés de manière à en faire une histoire au- tant suivie que peut le comporter le genre de la poésie qu’il avoit adopté. C’est ce travail qui fait la base de la première édition que donna l’auteur , il y a envirou trois ans. La circonstance pour la pu- Poésie latine. 485 -blication d’un pareil ouvrage n’étoit pas fort favo- rable. Les Muses latines, effrayées des coups que leur avoit porté le Vandalisme, étoient loin de prendre quelque confiance aux prieres que leur adressoient plusieurs partisans de leurs faveurs. Néanmoins, à l’étonnement de ceux qui soupiroient après leur retour, l’édition n’en fut pas moins épui- sée en peu de temps. L'auteur, peu satisfait de ses premières idées, revint alors sur son travail, en retou- cha plusieurs, en refondit d’autres, et en ajouta de nouveaux qui, avec une préface très-étendue et une narration de tous les faits qui lui sont particuliers, sont un ouvrage auquel on peut accorder le mérite de la nouveauté. C’est celui dont nous allons nous occuper daus les considérations suivantes; et, pour mieux en mettre les matériaux en Cvidence, nous commencerons à dire quelque chose des personnages qui jouent le plus grand rôle dans cette histoire. Le lieu de la seène est à Milet, que l’urbanité et la gaieté de ses habitans rendoient recommandable aux Epicuriens de profession. Le héros, Zoroas, muni des connaissances qu'il avoit puisees dans les écoles de la célèbre Athènes, y aborde à l’époque où se célèbroient les fêtes de Cérès Il voit la belle Pan- charis au moment où elle alloit faire son offrande à la déesse ; il la voit, et brûle aussitôt du plus vio- lent amour. Il s’en ouvre à Ménippe , son confident, se décidant à invoquer la reine de Cythère, pour qu’elle favorise sa flamme. La réputation de notre jeune philosophe se répand dans la ville; bientôk il est appelé par la mère de sa belle qui l’engage à Hh5 486 Poësie latine. orner le cœur d’une fille qu’elle chérit, des plus sublimes principes des sciences qu'il possède. L’a- mant, comme on s’y attend , acquiesce à ses desirs ; il est même aëmis à tous les avantages de la com- mensalité. Insensiblement il développe ses sentimens ; il trouve des obstacles; il emploie tous les moyens que lui fournit son éloquence pour les vaincre. Il touche savamment la corde si facile à vibrer chez le sexe : qu’il faut profiter de la jeunesse avant que l’âge ne vienne semer ses frimas sur nos ans; et de- là la comparaison reçue en tout pays, de la rose avec la vie, qui n’est guere de plus longue dorée que cette fleur, quand on la considère d’un œil philosophique. Les raisons ont beau être pressantes, la belle n’en est pas moins cruelle, Dans ces promenades solitaires , ja nuit surtout, où, privé de toute distraction, un cœur blessé est tout à l’objet de sa passion, le héros en fait part aux bois, aux échos d’alentour , pour en obtenir quelques consolations ; maïs les bois , les échos ne sauroïent lui adoucir les peines d’amour. Est mollis flamma medullas. Interea tacitum vivit sub pectore vulnus. Peu favorisé dans ses premieres tentatives, il in- voque Sélénon, dette source si renommée four gué- rir les maux d'amour, « Oui, dit-il, j'irai vers tes « ondes plaintives; je me désaltérerai sur tes bords, « pour reverir sain et sauf de ma blessure. O Sélé- « non , accorde-mot fes plus grandes faveurs, pour « que je recouvre une liberté dont je sens aujour- « d’hui tout le prix !'Si tu les refuses à ma prière, F Poésie latine. 487 # je descends vers le Styx, chargé du poids de ma « peine. » La fontaine est aussi inefficace à cet égard que sont sur sa belle les douces insinuations par les- quelles il lui donne à entendre quelles sont les armes dont il a été frappé. L’expression simple du senti- ment n'ayant aucun effet sur ce cœur cruel, il a recours à sa flûte, à laquelle il adresse sa prière : « Si jamais, assis sous l’ombrage, j'ai, dans mes loi- “ sirs, tiré de toi quelques sons agréables; si, par « leur douceur, je méritai lattention des frênes «“ Sauvages qui sembloient me témoigner quelque « sensibilité, fournis - moi les méme: accens que tu « m'inspiras nagueres ; 1ecrée la belle Pancharis par « eux, et que les agiémens de te: nouveaux sons «“. soient un charme puissant sur elle. » Maissa flûte n’est pas plus heureuse que la dou: persuasion qui distilloit de ses levres. I! a recours à ce petit Dieu, au brillant carquois, qui lui avoit décoché une flèche si cruelle. « Souverain deminateur de lunivers , « s’écrie-t-il, auteur de bien des maux ; mais con- «“ solateur si puissant dans un grand nombre d’au- “ tress divin Amour, qui soufile sur adolescence “ ce poison qu’elle hume avec plaisir à la coupe de « la volupte; toi, qui nouriis chez le vieillard une « flamme qui met tous ses ressorts en action, et chez « les dieux des desirs qui les foicent à quitter les «brillantes jouissances de l'Olyuje pour venir sa- vourer un plus grand bonheur dans les bras des « mortelles! quel crime ai-je commis, dis-le moi, “ pour me prendre ainsi comme un objet le plus pro- “ pre à épuiser ton Carquois?» La prière est vive; H h 4 488 Poésie latine. les offrandes, car il en faut quand on veut faire va- loir la prière, sont telles qu’elles peuvent plaire. L’amant s’en croit en droit de faire une déclaration pathétique , où se développe toute la chaleur de la passion la plus vive. Enfin amour frappe la belle; et c'est alors qu’elle s’écrie : « Tu l’emportes sur moi, « puissant Dieu de Cythere; tu as vaincu; je suc- “ combe. Va; monte à présent sur ton char d'ivoire, « en déployant ces ailes où brilloit Por et le rubis : « dirige ton vol vers l’Olympe, pour cacher ta four- « berie dans le sein de ta mère : la déesse, en te «“ souriant, te félicitera de ton triomphe , pendant “ que ses mains légères te couvriront de roses, » Enfin la belle se rend. On capituie ; car en pareilcas il faut toujours tirer parti de son ennemi ; de-là, les élans du vainqueur , envisageant le bonheur qui lui dérive de sa victoire, les douces communications de deux cœurs réunis sous la tutelle de PAmour, les effusions entre deux ames qui sympathisent par le genre de leur affection. La doctrine, au milieu de ces douces conférences, ne perd pas ses droits : Pamant y a recours pour y puiser des moyens de retenir sa belle dans les agréables chaines dont elle vient de se lier. [ei sont des vues générales sur ces forces d'attraction qui dirigent tous les êtres vers Junion nécessaire à leur reproduction. L’amoureux philosophe presd ses preuves chez tous les êtres cr- ganisés , chez les végétaux qui ornent la surface de la terre, sur les quadrupèdes des forêts, les peuples aïlés ces airs, les muets habitans des ondes; tout ce qui a vie lui est un sujet dans ses applications. Poésie latine. 489 Là, viennent des considérations sur l’origine des substances que la vie anime, la manière dont celle-ci commence, ce qu’elle est dans les êtres dont l’exis- tence est passagère. L'esprit se promène sur les plus petits individus qui forment la longue chaîne des végétaux , et vient enfin se reposer sur ces grands anneaux qui, s’alongeant en troncs et en bras vi- -goureux , viennent affronter la colère des cieux. Plus loin, le précepteur faitune incursion dans les champs de Flore; et en s’arrétant sur les fleurs qui , par leur parure, fixent le plus l’attention, comme sur celles de moindre apparence, il en prend occasion de faire voir comme la déesse de Cythère a étendu son pou- voir jusqu’à elles. Après avoir bien établi ses prin- c'pes , il en vient à ce qui le regarde dans divers morceaux qui offrent une suite de tableaux bien propres à intéresser en sa faveur. Enfin le sanctuaire de Vénus est ouvert à l'amant qui y ayant goûté tous Jes plaisirs d’un amour satisfait, se répand bientôt en actions de grâces sur la faveur qui luia été accordée. Viennent ensuite les plus agréables jouissances avec leur cortége ; les craintes sur les événemens ; la jalousie, qui est la maladie de lPa- mour ; les imprécations contre ceux qui pourroient troubler une flamme si pure que celle dont brüûlent les personnages du poème; les sermens sur sa longue durée ; les conseils d’aller chercher nne plus grande sécurité dans une terre étrangère ; ceux relatifs à la conduite à tenir pour cacher le bonheur qui r’excite que trop lPenvie chez d’autres; les chagrins, les re- proches que suscite léloignement de l’héroine à ac- 490 Poésie latine. quiescer à ce dernier parti. Au milieu de tout ce tracas qui anime la scène d'amour, le héros, tou- jours actif, moissonne des lauriers sur un champ dont il est en pleine possession; il ne laisse aucune occasion favorable sans se signaler par quelques nou- velles victoires , quoique mettant ses moyens à cou- vert. Il se regarde comme heureux ; mais son bon- heur disparoît bientôt pour faire place aux plus vives inquiétudes. Lucine est venu visiter l'héroïne au moment cù elle s’en soucioit le moins, et lui ayant fait sentir qu’il étoit temps qu’elle lui portât hommage, Pancharis est effrayée des accens de la déesse ; elle s’en ouvre à Iphie, qui est sur le point de partir pour Samos, la priant de consulter la Si- bylle, pour savoir d’elle qu’elle fin auront des feux qui, jusqu'ici, avoient brûlé d’une manière si réci- proque. La réponse n’est pas favorable : le froid se glisse dans les entretiens; le héros en forme des soupcons ; ilmanifeste ses plaintes : l’héroïne en prend occasion de rompre avec lui, quoiqu’elle conserve toujours le même amour qui lui fut juré, Kofin, bientôt les remords, les inquiétudes qui s'accumulent sur elle, allun:ent en ses veines une fièvre cruelle ; elle en est la victime; elle meurt. Zoroas est aux abois. En proie à la plus poignante douleur, il a recours à la philosophie, de laquelle il attend la plus prompte cousolation. Sa demande est vaine. Son bonheur passé se retraçant à sa mémoire, est pour lui une cause continuelie de chagrins. À peine peut- il suflire à trainer sa malheureuse existence. Il est averti, dans une apparition , de faire ie voyage de Poésie latine. 491 Leucate pour finir son iliade de misère; il suit ce conseil : mais avant de chercher dans les ondes ‘amères un alléoement à ses maux, il raisonne sur Je suicide, et se précipite pour ne jamais plus repa- roitre sur la scene du monde. Tel est le cadre dans lequel l’auteur à enchassé toutes les pièces de rapport qui constituent son poè- me; ainsi on peut le regarder comme une galerie -de tableaux , où se voient la plupart des usages de l’ancienne Grèce, et divers groupes de personnages qui, par leur discours et la passion dont ils sont souvent les intermetes, animent une scène qui se renouvelle à chaque page sous le pinceau savant qui distribue les couleurs. Chacun ici trouyera un aliment propre à satisfaire ses soûts. Le romancier y verra un écha- faudage qui, avec quelques pieces de rapport, pour- -roit l'aider à composer une histoire dans le genre grec, aujourd’hui si à Ja mode dans nos vétemens et nos ameublemens. Le troubadour y rencontrera quelques morceaux sur lesquels il pourra former une complainte propre à manifester, à l’aide de sa guitare, ses doux tourmens d’amour. L’amant en- core novice dans jes lois qu’on suit à Cythère, y trouvera le code écrit de l'ile, auquel la reine soumet ceux qui se rangent sous son empire. L?a- mante, qui na aucune connoissance du langage de tendresse, y puisera les expressions propres à ma- nifester la pureté de sa flamme. Le philosophe y lira les opérations les plus secrètes de la nature dans la sublimité du style que comporte la grandeur de ses travaux. Mais pour mettre plus en évidence ce que 492 Poésie latine. nous avons rapporté jusqu'ici, nous choisirons quel- ques échantillons du savoir faire de l’auteur, afin que les amateurs de Ja poésie latine puissent le juger par eux-mêmes. La verve de l’auteur, comme il est d’usage , s’es- saye dans le prologue , où il développe les circon- stances qui l’ont amené sur le mont sacré, Là, les choses qui lui furent inspirées sont d’une nature si peu propre à être manifestées au vulgaire, qu’il ne se décide qu’à les publier dans un langage qui l’en écarte pour toujours. Hac secreta cano nunquam retegenda profanis : Sacra sacris, esto lex veneranda piis. Jla sonis ideo promam quos prima juventus Non capiet, quamvis ingeniosa velit. L'auteur ambitionne les suffrages de l’homme in- struit ; et, à dire vrai, il a beaucoup travaillé pour les obtenir. Non carmen meditor cedro fragrante linendaum , Quod nec derosam bibliopola gemet. EHæc scio , sed quædam nibilominus otia docti Illud opus fallat, me manet indè decus. Mais, tout en travaillant pour ceux qui peuvent concourir à sa gloire, il n'oublie pas les agrémens dont pourra être son ouvrage à la jeune fille chérie d’Apollon, au moment où elle pourroit être impa- tiente sur lParrivée de son amant. Vel legat in sponda cui nuper Apollo renidet Virgo sub adventum jan resupina phili ; Non moror inierea cingat modo bacare frontem Blanda Erato, nutum Cypride dante suum, Poésie latine, . 493 L'auteur s’attend bien à trouver quelque zoïle qui noicira son travail; mais il s’en rappoïte, pour le rétablissement de sa gloire, au témoignage véridique de nos neveux. Palleat hinc operis quisquis foret illins osor, Quod mihi forsan erit post mea fata decus. Longa dies etenim rebus dat robur ademptis Exoriturque suo sic nova fama rogo. Il eipère cependant trouver quelques défenseurs dans l1 bonne ville qui lui donna naissance; la croyance où il est à cet égard lui fait envisager sa fin avec plus de sécurité. Si tamen ipsa memor regina Lutetia vatis, Serius aut cilius gratus adibo styga. Il termine par cette espérance, qui soutient dans leur pénible carrière les moindres nourrissons d’A- pollon. j Si me non ludit mentis temerarius error, Non erit ut moriar vel cinis omnis eam: Seu favor hoc voluit, vel habet vis carminis, æque Debita Lectoris præmia laudis erunt. Après ce début , le héros du poème entre en ma- tière. par une interpellation à ses amis, dans la- quelle, convenablement aux principes qu’il dévelop- pera par la suite , il les invite à jouir du bienfait de la vie, et à peu compter sur les protestations de constance que donne une belle. .......... Namque bilinguis Quæ spondet fluvio scribere virgo solet. V0 VE Poésie latine. L'auteur décrit -il les charmes qui l'ont lié à sa belle , il prend le genre descriptif, comme il suit : Verna genæ rubeo referunt suffusa colore Lilia, jucundus quas gelasinus arat. Uda colorato prælucent labra corallo , Queis nivei dentes dantque foventque decus. Quinetiam cirris resp'endet amabilis error, Lacteolis humeris unde sit alter honos. Sic coma Jaxa fluit Charitum spirantibus auris , Dum pede concordi pulsa resultat humus. Brachia candidiora recens florente ligustro In teneras abeunt, ut decetilla, manus. Sub tenui lino latitantes pectoris orbes Indociles etiam vique jocoque trahunt. Voilà certainement des coups de pinceaux intéres- sans, Cette blancheur de lis des joues, relevée par une rougeur pudique ; ces lèvres vermeilles, qu’une douce rosée humecte légèrement, et dont la cou- leur est tranchée par les perles qu’elles laissent pa- roître dans leur écartement , le tout relevé par le charme d’un doux sourire, gelasinus; Pagréable aban- don, amabilis error, des bougles de sa chevelure sur ses épaules d’albâtre, abandon qu'on trouve chez les Graces, quand elles frappent la terre selon les regles de la mesure; ces bras, comparés par leur blancheur à celle du troene, le niveum ligustrum d’Ovide, qui se terminent en mains délicates, 1ene- ras manus ; le contour de son sein paroissant à tra- vers le fin lin, quoique artistement placé pour le cacher, latilantes pectoris orbes ; à tous ces traits, pourroit-on méconnoitre une touche délicate et sa- Poésie latine. * 499 vante? Le philosophe est blessé; il sent que Vénus est la seule qui puisse subvenir à sa peine. Hélas ! dit-il, dans un de ces momens où il sent toute la cruauté de sa blessure : Heï mihi ! quot vacuum curæ luctusque manebunt, Si votis perstet dura puella meis. En tacite serpit virus stillatque per artus Corporis, et vires exitiale necar. Nil solitæ recreant artes, non carmina prosunt; Moilia sunt vacui carmina cordis opus. Ua morceau qui piquera tout auteur du bou genre, est celui intitulé ZYbia , dont le refrain commence par un vers emprunté de la huitième églosue de Virgile. C’est une invocation que le héros fait à sa flûte pour qu’elle Jui donne des sons propres à flé- chir sa helle; car, quand on veut réussir en amour, il ne faut mépriser aucun moyen. Eile commence ainsi : Incipe Mœnalios mecum nra tibia canctus, Incipe et argntis perge jocosa modis. Ce morceau est plein de douceur. Amphion, Arion et le sensible Orphée y sont cités à propos. Le poète saisit cette occasion pour appeler Apollon à son aide. On voit que c’est de lui dont il parle, quand il fait dire à son héros: Tu mihi quæ virtus herbis morbisque medela Aptior edideras, nunc meminisse juvat. Dein me per Pindi fontes collesque vocasti, Quo me invitabat lucidus alter honos. Auribus haud vilis nec adhuc mea tibia sordet, Ipseque si teneri-carminis aucior eram, 496 Poésie latine. Hæc tua sunt cumulumque tuo superadde favori Hos afflans modulos queis mea virgo flagret. Le morceau finit d’une manière spirituelle: In me tota ruit Cypris memeque Cupido Totus habet, paci me locus ullus erit. Garrula nunc fer opem, flammis da mollibus eseam, Qua saltem pondus nunc relevare queam. Ah si forte canor necquicquam verberet aures Ipsius, et pereant qui valuere soni, Desine M:enalios jamjam , mea tibia, cantus; Desine et argutis non, cedo , perge modis. . Un charmant morceau qui fxa l’attention de l’au- teur, c’est celui qu’on trouve dans Métastase, sous le ütre de Tempestà. Quoique la mesure élégiaque soit moins favorable au genre descriptif que Phexa- métrique complet, on y voit cependant toutes les couleurs primitives de l'original italien , si éloquent sous la plume de son auteur. Aspice quam late nimbis nigrescit horizon, Ut procul inversit, æstuat æquor aquis. Ingeminant austri, jamjam magis aridus altis Montibus auditur , spe fugiente, fragor. Pulver:s exsurgit nubes , turboque revolvit Decussas frondes silva sonora gemit. Huc illuc spumas radendo littus hirundo Tinnitu querulo damna futura canit. Verberat imber humum , tumidis furit unda sub undis; Instat, prævideo, proxima causa mali. Quand on a affronté les tempêtes, et qu’on a vu le ciel au loin se noircir par l’accumulation des nuages qui bornent lhorizon; qu’on a vu la mer s'élever Poésie latine. 497 s'élever en vagues menacantes, qu’on s’est enfin trouvé au milieu de la plus violente tempête, on sent toute la valeur de ce late nimbris nigrescit horizon, et de cet æguor æstuat inversit aquis, enfin de ce tumidis Jfurit unda sub undis, qui font autant d'images dont ceux qui n’ont point voyagé en mer peuvent prendre quelques idées dans les tableaux de Vernet. La vérité du reste de la description est sentie par ceux qui, en pareil cas, se sont trouvés sur le rivage. La partie scientifique se trouve dans les articles monocromum , rmiscellanea, sponsalia , paralipo= mena et auciarium. C’est dans ces morceaux séparés où l’auteur touche en grand les phénomènes de la nature vivante dans les corps organisés. Il donne, dans le premier , une idée du pouvoir qui porte les êtres créés vers leur reproduction ; il yrevient dans les miscellanea , où il établit ses preuves d’après les exemples qu’il prend de divers ordres de corps or- ganisés; il retouche cette matière dans celui des sponsalia, où tout ce qui a rapport à la vie végé- tale est traité d’une manière étendue. Tous les faits qu'il a cités, en traitant ces différens sujets, sont autant de fiis destinés à conduire derrière eux ceux qui se sentent assez courageux pour entrer dans le labyrinthe, au fond duquel se trouvent désourdis les fréles ressorts de notre organisme. Le langage de l’auteur est monté dans cet article, comme dans le suivant, au degré de sublimité que comporte sa matière. Les vers y marchent rondement, sans se sentir de la gêne si ordinaire qu’on trouve lo:squ’on cherche à.-rendre sur le ton métrique dés objets de Tome II. Ii 408 Puésie latine. doctrine, On verra, en eu prenant connoiïssance, comme sous sa plume le technique se revêt de sa plus belle parure pour entrer dignement dans le sanctuaire des Grâces, sans rien offrir qui choque sous des habits qu’il endosse rarement. Un autre morceau, qui est encore d’un bon goût, est celui intitulé Compuratio. Nous pouvons assurer qu’il est du plus beau genre descriptif. On voit dans tout son coloris cette touche de maître à qui l’objet qu'il peint, est encore présent. Il s’agit encore de la mer, de son calme, de ses fureurs, que l’auteur a tant et tant observés dans ses nombreux voyages sur l'océan. La belle Pancharis se promène pres du ri- vage, sur le soir d’une belle journée d'été. Ses ré- flexions se portent sur les charmes que lui offre le crystal de l’onde tranquille ; elle communiquoit ses pensées à son amant, en lui faisant partager les douces affections qui nourrissoient son ame. Tout change aussitôt. La tempête met l’océan en convul- sion : Zoroas en prend occasion pour comparer ce double état du liquide élément avec ceux que lui offre sa bien-aimée, lorsqu’eile lui sourit, ou qu’elle lui témoigne quelque indignation. Le cadre est on ne peut mieux rempli. Il semble qu’on a les pieds mouillés en côtoyant le rivage, quand on lit les vers suivans : Unda super ripam lente revoluta vehebat, Algam,, tum fucos quisquiliasque freti : Quantum oculis lustrare licet, Thetis alta silebat. Zustar et illimis plana paludis erat, Poésie latine. 499 Les petits zéphirs, pour rider la surface de l’eau , viennent ici fort à propos. Hac illac zephyri stringebant æquora pennis, Et sua miscebant fwta jocosque leves. Veut-on des images fortement rendues, dans un ton harmonieux, la tempête vient les offrir. At subito Hippotadæ proles fremebunda furentis Irruit huc illuc dimicuitque freto. Assiliunt fluctus mugitque sub æquore gurges; Imis avulsum sentit arena vadis. Fitque ingens undis surgentibus agger aquarum ; Tsque dehiscendo cogit utrinque parem. Insonar ora feris assulüibus , inque minaces Insurgit scopulos ira solutà fret. Le reste du morceau est de la même touche. Zo- roas tient à sa belle le langage des reproches , et il le termine en lui disant : Te procul infelix doleo vicinus et angor ; Absens vel prætens sic mibi damna paras. Le morceau qui suit, intitulé Figiliæ, est du plus grand intérêt, tant pour le fond que pour la forme; il est imité de celui connu sous le nom de Pervigi- lium Veneris, qu’on attribue à Catulle ; hymne que des jeunes filles et des jeunes garcons chantoient en l’honneur de Véaus, au commencement du prin- temps et pendant la nuit. L'auteur a élagué et ajouté tant de ekoses pour l’encadrer dans son plan , qu'on peut le regarder comme neuf, produit comme il l’est dans la mesure élégiaque qui a nécessité un Frs “ 500 Poësie latirré. tout autre ordre dans les matériaux. Ilest avant celui qui est relatif à la fête de l’héroïne ; il, commence par le refrain suivaut: , Cras amet omnis inops animi qui nescit amorein Crasque magis sapiens si quis amayit amet. La première strophe , qui contient la naissance de Vénus, offre les plus belles images , rendues avec une facilité de mesure qui feront plaisir aux con- noisseurs ; la seconde continue dans le genre des- criptif. Vénus sort de l’onde; toute l'ile où elle aborde éprouve ses influences. Sentit ager, sensere deam vallesque nemusque. Les habitans ne sont pas insensibles à ses char- mes , et dans leur ivresse : O numen , dixere , novum quo gandia fervent; Si placeat sedes, otia ruris habe. Alma, fave tenuesque casas ne sperne tuorum; ’ P n Mox et erant aris queis celebretur honos. Dans la seconde , ce sont des jeunes filles qui vont dans les bois faire leur récolte de fleurs pour Ja fête ; l'Amour les accompagne; une invocation à Diane pour qu’elle se dispense de verser le sang en ce jour; on parsème la terre de fleurs. Dans la troi- sième, on en prend occasion de supplier la rose de briller le lendemain avec toute la vivacité de ses couleurs. L’éloge des champs vient dans une des suivantes. L'auteur en profite pour dire quelque chose de la naïssance de PAmour. Il en vient dans lu dernière aux chants, dont la modulation doit Poësie latine. bot exciter chez tous la plus vive alégresse ; et il la ter- mine en disant : Mitis amor jamjam prôperéa nec ab igne calentem Nunc sine pro mugis me tetigisse lyram. Ce morceau est riche en images et en beauté de détail, En parlant du souverain pouvoir de Vénus, relativement à la reproduction , quelle grandeur ! quelle vérité dans les vers suivans : » Diva suis auris venas mentemque gubernat ; 4 Intus et occulta ya, fovet omne genns. Per freta, per-terras, per inane regitque premitque : Cuncta sub imperio mox animanda suo. Sie viva imbuitur virtute feracior orbis, ç Os dur pandit, quæ latuere , vias. On Hits E par l’analyse quenousvesons d faire de ce travail du docteur Petit-Radel, combien l’auteur asu tirer parti de son imagination dans les climats chauds, où les matériaux de son ouvrage furent formés. Non- seulement chacun des morceaux ont un fini dansleur genre, mais encore leur ensemble offre un tont assez bien. lié pour lui donner le caractere romantique, Chacun présente un genre, qui, lui, est particulier ; ce sont des images dont les couleurs, tantôt se nuan- cent et tantôt sont brusquement tranchées par, les sentimens de la plus vive passion. Les narrations.y sont simples, par fois pathétiques ; et chaque mor- ceau se lient tellement, qu’on passe naturellement, de l’un à Pautre. La lyre de l’auteur est majestueuse dans toutes les invocations ; elle est tellement triste dans les articles mon0logium , œstus ; ululatus , epi.. 113 5o2 Poésie latine, cedium et augustale , qu'il semble qu'on entende des sanglots. Elle est légère et enjouée dans ceux intitulés : hortatio , mnemosynum , chytrinda , re- moramen et colludium ; elle est montée sur la di- gnité de Ja science, lorsqu’il entreprend Ge déve- lopper les points de quelque sublime doctrine ; élle suit tout le moelleux du sentiment dans les ar- ticles où la tendresse joue le plus grand rôle. Ce- pendant, on pourroit dans ceux-ci trouver à redire de ce que l’anteur a été trop brillant dans ses des- criptions. Ila beaucoup trop employé les comparaisons ingénieuses , et tous ces ornemens superflux qui sont loin d’entrer dans le langage d’un cœur qui soupire, au moment d’être récompensé. On pourroit ici faire le reproche que Quintilien adressoit à Ovide, d’être trop amoureux de son bel esprit, nimiüm amator sui ingenii, d'où suivroit Ja conséquence naturelle que son imagination tient souvent la place de son cœur. En général , les vers vont rondement ; sont peu brisés ; ils ont un coulant naturel, et rarement sont arrêtés par des élisions trop rapprochées ; si, par fois, la métaphore y vient ajouter un brillant, elle est si bien amenée qu’elle ne fait que leur ajouter un nou- veau prix. Plusieurs ont la touche vraiment lyrique , d’autres semblent ne devoir être chantés qu’au luth des amours ; il en est beaucoup qu'on auroit écouté avec plaisir dans les soupers de Mécene, quoique composés dix-huit siécles après celui où la langue du Latium étoit la plus épurée. Quelques éplucheurs se sont récriés sur les vers où sé trouvent plusieurs adverbes de suite ; mais si lou étoit aussi scrupu- Poésie latine. 5o3 leux sur Virgile, il faudroit laisser ce divin poète en pâture aux vers, dans les coins poudreux de nos bibliothéques : d’ailleurs, nous pourrions leur ré- pondre par le non ego paucis offendar maculis d’'Ho- race , qui ne leur Jaisseroit aucune réplique. La lecture de ce poème, par la multitude d’ob- jets qu’il offre, pourra pleinement convaincre que l’on parle d'autant mieux le langage des dieux, qu’on est familiarisé avec celui de la belle nature , an phy- sique comme au moral. Quand ont s’est nourri , comme l'auteur, par les phénomènes que l'univers offie en grand et en petit ; qu’on a étudié le lan- gage du cœur dans le tortueux labyrinthe des pas- sions où il se forme, du moment qu’on sent, guid valeant humert, il faut ne point refuser un fardeau que l’imagination allége alors; mais il faut se gar- der de se l’imposer trop tôt ; car, dans des circon- stances contraires , les forces se refuseroïient à le soutenir. P H. MarroN. ‘ PALÆOGRAPHIE. INSCRIPTION DE ROSETTE. LL: partie grecque de l'inscription à trois langnes de Rosette (1) vient d’être publiée à Londres, par les soins de. M. Granville Penn, savant auquel on doit déja plusieurs dissertations intéressantes sur différens sujets d’archæologie. Elle a paru sous le titre : Tux GREEX Version of the Decree of the Egyptian Priests, in honor of Piolemy the Fifth, surnamed Epiphanes. From the Stone, inscribed in the sacred and vulgar egyptian, an the greek charac- ters, taken fromthe french at the surrénder of Alexan- dris. London, printed by Jon Nichols and son, red Lion Passage, Flett Street. 1802. C'est-à-dire, LA VERSION grecque du décret des Prélres @gyp- 7, surnommé Epi- tiens, en l'honneur de Piolemée phanes ; d’après la pierre, contenant l'inscription en caractères sacrés et vulgaires ægypliens, et en ca- ractères grecs, prise sur les Francois lors de lu red- dition d’ Alexandrie. Londres; imprimé chez Nichols et fils. 1802. Une feuille d'impression in-8.° Nous venons de recevoir cette publication, et nous nous empressons de l'insérer dans ce Journal, afin de lui donner la plus grande publicité, et de mettre les savans à méme de s'occuper de cette partie de l’inscription. Il est à soubaiter que le beau (x) Nous en avons parlé plusieurs fois dans ce journal. Inscription de Rosette. 5o5 travail du C. Visconti, sur cette version grecque, x ne tarde pas à être publie (2). INR BAZEINETONTOZ TOY. NEOY, x mapañaaGoylos Tu Bari\car Tara Te MAT(os, Xups BariAgeor, peyarodoËs, Ts ray Aruzrloy taraçnrages, tu Ta mroc Tac (2 Gesc eurebsc, ayhæanor dæeTeps, Te Toy (io Toy pare emavoplowralos | xupx Toiixoylaerpidoy xale- rep 6 ‘Hqcusos Ô meyac, faciemc, xallamrep 0 “HAuos (5 pmeyas Baie, Toy TE a@ cu Tey XATO YXopor, exyors Ocoy DiomaTopor, OV 0 “Hpeusoc ed'oxuarer, & 0 Hauos ed'ewxey Ty? vXWy, exovoc (ons Tu: Auoc, Vis Te ‘HAue TITO- AEMAIOTY re CG cerobis, names Um Ts Da, élec evars ep lepews acls Ts de Ts Aneardos, xa Ocoy Zorro, xau @emws Ad'er- Por , ze Oecor Euspyélor, xx Occy DiAoæaloper, x ® Oeg Ecigerse euyænss, afhopors Bepe- sys Eucpyelid'os Tluffas Ta Qiwe xarnpope , Apouonc Qinaderqs Apaas Tue diyerss iepelas, Apowons DomarTopos Fspmns (6 runs ÎTroncueous, pos Eds Trélpadi , Anvælor de Meyeap oxlexeud'exarn, YHOIZMA oi apyiepes, xeu apoQulou ; xau où es To ado aË Topeugueros pos Toy joMouor Toy (8 Yecwy, xeu mlepopopeu , xou iepoypaumeales , xeu oi ao pas Gaves oi amraynoavles 6x Toy xaT4 TA Xaopay lepoy ec (2) Les chiffres indiquent le nombre des lignes dans l'inscription. 505 Palæographie. Meupy ro Baoine , mpos vw Tavryupy mis ma- pañnlens rns S Basinaac rue IlcAeuoux œuc- voGis manmuers Uno Ts Da, Des Emiqayes EYariçs, Ny Haperaber Tapa T& Malros auTs, Cuayxbees 6 To ev Meugn io Ty iuefa Tauln, EITIAN- (S ETETAH, Barieue IITOAEMAIOË iavoBos , myammuevos ro Te Da, OEOS ETTIDANHE, evyansos, 0 ey Barinewc [o- Aeucug xu fariucone Apswon QEQN ©l- AOITATOPON, xal4 monAa evepyémter Ta 'iépa, xeu (0 T&c ep avlois olas, xu Tec Ua Ty éavle PaciAser Tarcouess amaylas, uæa- Xeov Seos ex Ses ro Veaç, xafamep Qpos à The Toios xou Ocipid'os dios, © emcuvas T® TaTpi auls Ocipe, Ta mpos ess (1 espere d'ou XeLevos | avalebexey es Ta ip GpyUpIdé TE x oiuas mposod'as, xu d'amaras moas Uoue- pernxer, évexa Te Ty Aryv@lor ac eudiay aya- JE» Xi Ta iepa xalaçurar deu , (3 Tous Te éavls d'uaeriy mepiAu perte Haras XAi AO Toy ÜTapysroy e ArunTo œporodtoy 241 Popono- Vio@Y TINAS JLEV EG TEAOS CLDYXEY | AÂANÇ TE KEXS- Qixey, Ones ÔTE Aaoç xeu où ao mayres ep (3 vid œoiv ec Tac éauls BariAaas rule Pari- Alta cqanmuala d æporopaños oi e Aruxlo® x €) TH ACINTY Barineia als, oyTa Hot, TO RANE nes Xi Tes Ep Tais QUAaxaic (4 œ7ryy- Hérss, Xi Tac eviqTius oplus ex mo KpOVS , Inscription de Rosette. 507 LOÉNUTE Toy exex)nuuerer mpooélafe d'e xou Tas mporod'es Toy epov , x Tac d'idoevas es aura xarevicu Toy Curra£ac ouri (5 ya Te Xi apyupixos, duos d'e xau Tas xabrxscas œwouoi- pas Trois Seois amo Tr aumeMlid'os Ji, ka Toy. Rapad ere, :X4- TOY. CAAGY TOY UE» XOTeN Tous Deus es Te alpes aure , US yue- very ex Xopas" mporelaËey d'e xou meps TOY iepewy, dames under mAcoy d'id'eriw. ac: To Tenegixor élacconro, éws Te mpols, éles ei Ts AWarpos ele amenuser d'e xeu Tec ex Toy (17 jepcoy ébyov Ts adlemauroy as AAcEaydpaay xalaT As , mpos- EaËer dexau rw cuAAnduw ic Tv vaulaay jun Roaobeu Toy Te ec To Basiuxoy (uvlengueres e Tor iepois. Bugey CS ooner amenure ra d'uo pEph, TANTE EyAGUErX HayTae ep Tois mpolepoy POIs ADOXATEGNGE) ES Ty Xaixscay TaËw, gelilav.cros ra alioueva (uyleniles rois eos xala ToC'9 rpocnror Ouais d'e x To-d'ixeuor maciw .ameveuer, xabarep ‘Epuns Oo peyas 40 meéyas" mpoñelaËe d'e xo4 Tss xaracropeucuess EX TE TOY MAY ILOY XI TOY AD Toy a oÎpie Go @pomnsarTer ev Fois kAÎ TH Tapayy XaAUIpOIs xaenlov las, pevew em Tor do nrurew poe- vonOn d'e, xou ones éamosañoni d'uvauas ix- Dix TE Lou ME Louve Em Tec eme oylas GE'emi rw Aruwloy xala re Ty Sanarcay x TA ATEIPOY, UTOUENXS d'aTavas AprUpIXAS TE XU cilxag perañas, Onœs Ta À int, vu où ev dun Bo8 Palæographie. RTE ei arpaect vis Taparivopue (22 vos d'e ko es Auxwymonv rw e Ty Bevipln, À m ko Téuuuein xeu OXUPHILEMN TOOS H'OAMOPXIAY TA Te mapablere d'adines-epe ka Ty aA?n Vopnyie HOTY; os ay ex moNAS (5 pos (luvéçneuas Te aNolprolos rois emiourey bars ec dur œre- Ceow, of nray ue re Ta iepa x Tac € Aryunls xATomS as ToANL a Cuvlélenes uevos , XXI cty= Gérixalioas youari Te x Tappois koi TEÇE- Gi aun afionor ci m'ebEñaGer re re Nes Try avaÉasiv LeraAn monraueg € TO oyd'ow la, xu abioues xaraxAu(en Ta (5 æeSias xaVeo y ev Et HoO)A®) TOTEY, OXUPOTAS TE SOUATA TOY Holoper , opnrnoas es aura Ypmualos æAnos 8x ouiyor, ka Xalag nas it Téxeu Ress pos Ty QuAaxy 6 aulor e oùy® Wporw Ti TE mou xÂa xpalos EE, xas Tac evauln arebag Ravlas J'iepheper, 2: Bacrep l'Epulrs"xu ‘Opos drng Toro xs Ovipios ÿos exaporaÿlo Tss ev rois avais (7 roms \amecarlus æpolepor ; rec aÉmATanerse Tor roger enr Te él Tre pos, %ou Ta Voopéy LT E25 dla sax CT fepee afnrarlas, muparivoueros ac Meupi: terauu- por GS re man x Ty'eaule BasiAaig, mawlag exo} ice kan los, «29 0 xoupor w'apeyembn wpoc To ulererbfcesen ra] mpoontoyrra voue mapañmle rre Barinaas apneer d'exc ro ey (29 TOis epors oDéouerx es To Bariiuoy ec Te ôrd'o# élus, ovla es oise Te xou açyupe, æA00s Inscription de Roseite. 909 ax ou, doufroc dé x]eu Trac ritas roy pus Curléleneoperer as ro: Bariuxoy Buooiver bon] Goo, x Tor Cuvlelenes eve Ta ‘pos roy J'ayualispor d'iaipopa éws Tor ave» porcs ameñuoer. d'e Ta jepet KA TNS .. ..... JLEMÇ Gp- TaËns TA pepe Tue eus AS, Xi TAG AMMEAU- Uid'os ons] 61 ro xepouoy Ty apsra To Te Aa xes ro Mreva moe ed'opnralo, x Tois &AAOIG iepoig Cœus TOIG Ey AruTlo TROY KÇEIT- Coy Ty æpo aus Baoinger, pporlil eo Up Ty aynxo . ...., 2 aura dit m'aylos, To T'es Tac Tapas auler table didus d'adiloc x ev- d'os, x Ta TEMOxoueER ag Ta dia iépa péla Ovcecwv x arr upeær x Toy aAA&Y Tuwy voui- [éouever], 65 ra Te ryua Toy iepor xeu Tue Arvale dualénpnxer es Xopas, axsAgws Tois YopoIS" KA, To Âmiéior eprois moAvleneow xale- CXEVATE , XOPATHTAS ES AUTO HpuTis TE x[cu ap- run] Gé x Joy molerwr œAnes sx oùu- roy, xs iepaxou vass xa1 Baouss idpuoalo, Ta Te mposd'emert eœicxeuns mpordiopbosalo, sy Des eucpyélixs € Trois comeslor Tu] GS Sero diavoias mpocaruwbavomecs TE Ta Tor iepæv Ti- puolalo ) ayayesto em Treo éauls facinaas os xafnxer AN O' ‘ON , d'éd'exaoiw œule oi eos dre ysxmr Xpalos, ke - rañnara[Üx ayle,] Gé Tr Barineas diauersons aulo xeu rois Trex- Vois els Toy away 7 poyoy" ÿ10 Palæographie. ATAOM TYXH EAOËZEN ro iepeusi Toy xaTa Ty Yopaiy icpoy raley Ta VaapyoyrTa T..... .. 67 To cuavoGio Bacine TiloAeucuic , myacrmuere do T£ Da, OEQ: ETIDANEI, wyapso, éuolws d'e x Ta Toy yovewy auls Ocoy Diomaloper , x Ta Toy Mpoyovwy Oo Evcpy[élor, ze ra] G8 Toy Ocwr AdQ, ua Ta Toy Orwy Zon- for, enaurer meyañws çuocu de Ts cuwvobis Barixcws TITOAEMAIOTY, @EOY ETIA- NOTZ, evYapiss, exoye ev exaço ipo €) TO EDIQA sr... ..., 69 ÿ æpororouarbnserau, IITOAEMAIOY TOY ETAMYNANTO® TH AIT YIITQ:, n mapeçn£élu 0 xvpiwlalos Des Te ies d'id'eç avle dœnoy mxnlixor, d eçou xaerxevacue|a ..... 10.720000 Frpoto," dei TS HEPEIS D'EPATELE TAG EIXOVAS TRIS TAS NEO, x mapaliBeras aulue iepor xocpoi, tou Tr aAXX ra voufouerx (ulekay xala xx rois &AXoS beoig ey[d'e éoplaus xex ma] muperu id'pucaclos d'e face TITOAEMAIQ:, @EQ: ETII- DANET, evyance, ro € fasmews Tiroae- pois x Barimoons Apowons, Oewy Dinorolosær, Éoavoy Te x yaoy Fpuoior ........ (42 jepooy } x xabid'puras ev vois ad'ulois péla Troy anne POV, KOU EV TOUS MEGA MEAVM)UPECI €) ic od'eids Toy var nuvoyles xou Toy ra es ETII- PANOTE, efyapos vaor œuve](45 Sod'eue Oo d°evormues n vuy Te xeu as Toy exela Ypa- Inscription de Rosette. Gi vor , EmIXAIC DU To va tas Te (aires xpuras Baçinaag d'exa, ais mpooxacelu ais, ..... ............ O4 roy ac midosid'ey BariAecæy TOY EI Toy GAY vawy ego d’auloy € To mere À xangpem Basiaa YXENT, ÿr œeu- Ceevos aonnfey as To € Meug[n.....,... .... ou] renecôn Ta vqu(ousa Ty œapa- Abe Ts Baciñaas emilereu d'e xs es Ts ep Tas Barineaas Télpaywvs , xala To mpoepn- pero GBasinaor, QuAaxmpa yplusie ........ ....... 0] G6 reçu re Éaoineuc Te emiqayn RomTaylos Ty TE ao Yawnay xu Ty kAT' Ka eme Ty Tpurada Tale Mecoen € n Ta yeredluæ Ta farines ayélou, cac sent aire ...... (7 ep # wapelaGer Ty acier rapa T# Maroc, ETYUMES vEoXATIY Ep TOIS ÉEpOIG, di On now are apynro Mai aTI, are Tag huepas Tavlas éopr{n de x rampupi er Tois xxla rw Ai] 45 quæor iepois xala jme, x Cuers ey aulois Juoiac Te xouû omoyd'ac XL T&AÂL TA vopifonera xcûe veu ev TG ŒÀ- Aus Tamruseci, Tag de ywoueras mpobleres RME line at en ele manne ide td | Apt pevois er Toi iepouis, arav d'e éopiny x @avn- up To ovoCie , xou marc Üaro Te Dôa, Bariña IITOAEMAIQ: OEQ: EIIIDA- NET evyance xareiauloy ............... ss... Goyopay aro Tre veumias Te Ou, ép muepas mel, ey ais ka Geparngopec soi, 512 Palæographie. Cuwlersle Suoias xas caond'es x r'anka ra xabnxoyla æporaroge.......,.43,. IEEE a Tears . QEOT. ETME DANOTZ, evyapios, iepeus pos Tois œAAoIG OoUaTIy Toy Jeoy ov iepaleuscs, xcu xA11ey pioou ac mavlas Tec Ypnualiousc, x ac Tag SEE OT EUR ANR Me, 40006 Sex St ETES G2 fepalerctr aule eÉevcu d'e xeu Toi aAnoic 1de- Tous ayeay Ty éoplu, xas Toy apoupyzeror voor idpuecôas , xou exar map avais œuylen. 7. .... OPEL HT MON, M is CRE 63, us xaTe- mauTor. Oxo yropuoy y do oi er Airvæo au£soi x TiuwTi TON OEON EITI®ANH, evxapigoy farine, xalamep vouuuor ec, ..... OR NAN LORS NS PTE C4, ,.. cepes Aile, rois re TEPOIZ, xu EFXOPIOIZ, xs EAAHNIKOIZ TPAMMAËEIN, ka SUOU EP EXASO TOY TE Mpoloy x d'evleper. .. nent ..... VARIÉTÉS, VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES, NOUVELLES ÉTRANGÈRES. LoNDRESs. Antiquités d'Ægypte. La première cargaison des antiquités ægyptiennes prises aux François par l’occupation d’Alexandrie est arrivée depuis peu au musée britannique. Elle consiste en une immense baignoire en pierre, cou- verte d’hiéroglyphes en dehors et en dedans; un grand sarcophage en pierre également couvert d’hié- roglyphes; une main de grandeur prodigieuse en pierre qui, selon Île journaliste anglais dont nous empruntons cet article , doit avoir appartenu à une statue d’au moins 150 pieds de hauteur ( mais qui vraisemblablement n’est qu’une main votive, ainsi qu’on en voit une au cabinet des antiques de la Bi- bliothéque nationale ) deux statues de marbre fin en costume romain, et beaucoup d’autres morceaux curieux de sculpture ægyptienne. Tome IT. Kk Ôt4 Norvelles littératres. Diverses publications. M. Gopwin va publier, dans le courant de l'hiver prochain, une vie de Chaucir. M. HeNLY va publier une nouvelle traduction en vers des L/égies de Tibulle, à laquelle il joindra un commentaire et une vie de l’auteur. M. LesLiE, le fidelle et élégant traducteur de l’Ornithologie de Buffon , fait imprimer un ouvrage dans lequel il combat, à ce qu’on dit, d’une ma- nière fort habile, les opinions sur la chaleur du soleil, avancées par M. Herschel dans quelques mémoires aussi ingénieux que bien écrits, qu'il a insérés dans les Transactions philosophiques. Le Dr. BisseT, à Chelsea , fait imprimer une histoire du règne de Georve ill. M. FALCONER, à Bath, propose, par souscrip- tion , la Géographie de Strabon, en XVII livres, expliquée par des cartes, des médailles, des ins- criptions, etc., et accompagnée de notes de Tomas FALCONER , de SIEBENKEES , de TSZCHUCKE , et de ceiles du traducteur. ESPAGNE, Vaccine. Le zèle peu commun de M. Carballeiro, dans la pratique de la vaccine, son ardeur soutenue, malgré tous les préjugés qu’il avoit à combattre, ont été couronnés du plus grand succès. L’habitant du pays, d’abord étonné de cette innovation, a vu, par I “ - Nouvelles littéraires. 15 lui-même , l’heureux effet de ce procédé ; il s’aban- . donne aujourd’hui, avec la plus entière confiance, aux lumières de ce médecin. JTRMEET Vaccire. La vaccine s'étend dans la république italienne d’une manière étonnante. C’est par son moyer.que dans le département du Mella , dont Brescia est le chef-lieu , l'on a.arrêté les ravages d’une épidémie variolique fatale. On compte plus de douze mille vaccinations faites dans ce département, pendant les trois derniers mois. C’e:t'aux lumières de notre gou- vernement actuel , .à la vigilance et au zèle du ministre. de l’intérieur que, l’on doit ce. bienfait. L'habile médecin Sacco, qui a Je mérite d’avoir uouvé , il,y.a plus de deux ans, dans les troupeaux du pays ;ola matière indigène de la vaccine, est le directeur de, la vaccination , et répond, de.la ma- nière Ja plus distinguée, aux, soihs: bienfaisans du gourernement, VTEN NE. Comptoir des arts et de l’indisirie. Depuis longtemps on desiroit voir s’élévér dans cette capitale un établissement destiné à faciliter’ léchange réciproque des productions des arts de Ja monarchie autrichienne contre celles des pays étrangers, un établissement enfin, dont les spécu- lations et les entreprises ne fussent point BériUeS à Kk 2 516 Nouvelles littéraires. la seule ville de Vienne et aux Etats autrichiens, 11 y a déja plusieurs années qu’une société d'hommes animés par le goût et l’amour des arts, s'occupe en silence à réaliser le projet d’un établissement bâsé sur de pareils principes. L’un d'eux M.SCHREY- VO:EL, s’est depuis longtemps distingué comme littérateur et poète, par son goût et par un zèle éclairé pour les progrès des arts. Les fonds consi- dérables qui sont à la disposition de cet établisse- ment , et les connoissances variées des personnes dont l'association est composée , garantissent la réus- site des projets qu’elle va exécuter. Le goût et la pratique des arts paroïssent étre en Autriche à un point où il est possible et même nécessaire de contribuer à leur perfection par un étab issemert dirigé d’après de sages principes. IL faut qu'un établissement de cette nature , soit bâsé sur le débit et le commerce des objets d’art. Les écrits seuls ne suffisent pas ; nos riches et nos grands n’ont pas toujours le temps et la volonté de lire; mais ils aiment à jouir, à voir, à entendre. Ils payent l'ouvrage, non pas l'artiste qu'ils connoissent rarement. Je croirois volontiers que, dans les cir- constances actuelles, le gouvernement lui - même ne peut pas faire, en faveur des arts et du goût , autant qu’un entrepreneur qui réunit les qualités d’un habile négociant à des principes libéraux. Secondé par des amis actifs , zélés pour les arts et opulens, M. Schreyvogel a pensé avec raison qu’il seroit bon de donner dès le commencement une certaine étendue à son plan , pour pouvoir plus Nouvelles littéraires. 917 -facilement étendre par la suite ses entreprises et ses spéculations. Le nom de Comptoir des arts et de l’in- dustrie à Vienne , que porte ce nouvel établissement, indique assez bien la nature des entreprises dont il va se charger, et qui embrasse les arts du dessin et de la mécanique relevée, la musique et en partie la littérature. Il y a déja plus d’un an qu’on est occupé à le pré- parer et à y travailler, et dans ce moment même, on est occupé à faire jouir le public des premiers résultats de cette industrie artistique. Les plus ha- biles graveurs de Vienne, à l’exception de quelques- uns , sont , depuis une année , continuellement oc- cupés pour cette entreprise. [is ont su mettre dans leurs intérêts M.FucER, sans con'redit un des pre- miers artistes vivans. M. KINNINGER est occupé à graver son Achille dans la maison de M. Schreyvogel. La société à fait l’acquisition de Sémiramis , autre tableau très - bien exécuté du même artiste, et M. PICHLER est occupé à le graver. Le comte de FRIES, connu par son amour pour Jes arts; et par ses précieuses collections , leur a communiqué deux des plus agréables compositions du même maitre , Brutus et Virginie, pour être gravées en manière noire. On va s'occuper ensuite de deux autres tableaux du méme artiste, et qui ne sont en rien inférieur aux précédens ; savoir , Socrate devant ses Juges, et Jupiter qui paroît à Phidias. L'année passée ils ont envoyé deux paysagistes , MM.MoziToret GAUERMANN, dansle Tirol , pour dessiner des vues de ce pays encore trop peu connu, KL 3 518 Nouvelles littéraires. qu’ils se proposent de publier en deux suites. M. Mo- litor s’est fait connoître comme un paysagiste, de beaucoup de goût et d’esprit. Le comptoir d’in- dustrie et des arts publie maintenant une suite de vues coloïiées dans la manière d’Aberli, et une autre en Aquatinta. M. IALDENWANG et-M. SCHLOT- TERBECK travaillent à cette dernière. M. Sxée , l’imprimeur de la société chalcogra- phique de Dessau , est actuellement à Vienne. La sociéié a fait construire pour Jui la première presse parfaite qu’on ait eu à Vienne; et M. Snée assure qu'il n’y en à pas de pareille dans toute PAllemasne. La société se propose de donner beaucoup de gra- vures en manière noire , et déja dans ce moment elle a 10 à 12 grandes feuilles de ce genre prêtes à être publiées. Pour mieux réussir dans ce genre, on a cherché à perfectionner une invention dont les pre- miers essais sont dûs à Unterberver, et qu’un jeune mécanicien-ingénieur, nommé GiVARDONI , a amé- liorée avec beaucoup de sueces, Cette invention con- St siste en une machine propre à préparer le fonds de la planche ; la société l’a achetée à l'inventeur. Outre cela on travail'e contiauellement à beaucoup d’autres feuilles, la plupart d’une sassez grande di- mension , et qui vont paroître successivement, Parmi les premieres gravures qui paroîtront-incéssamment, on distingue Jupiter et Junon sur le mont Ida , gravé au pointillé par Pfeiffer, d’après un tableau d’Anton Lens. i A cecomptoir des aris et de l’industrie ; M. Schrey- vogel a joint un bureau de Géographie; dout la di- Nouvelles littéraires. 919 rection a été confiée à M. Kirdermann, dont la mort prématurée est une gra:de perte pour cet éta- -blissement ; c’est encore la mort de Kindermaon qui , pendant l’année passée, à un peu nui à l’ac- tivité des travaux géographiques de cet établisse- ment. Le premier grand ouvrage qu'en se proposoit de faire, étoit un atlas de la monarchie autrichienne en 45 feuilles, avec des tableaux statistiques en allemand et en français. Ce travail cependant est déja assez avancé pour que les 10 à 12 feuilles puis- sent être publiées d’ici à peu de temps , et on n’aura jamais à craindre que jl’entreprise ne soit pas continnée, La société pos:ede de plus cinq vo- lumes d’un ouvrage analogue, contenant la descrip- tion des peuples qui habitent les états de la mo- parchie autrichienne ; mais la censure en a jusqu’à présent empêché la publication. Cet établissement publieia aus.i les onvrages de musique. Îl en a déja 50 à 60 en partie imprimés, en partie gravés, prêts à être mis au jour; plu- sieurs autres sont encore en porte-feuille, et seront publics succes:ivement. On distingue surtout dans ce nombre un mélodrame de feu George BENDA qui jusqu’à présent n'a pas été connu, et dont la musique , selon le jugement des connoisseurs, est une des meiileures productions de ce compositeur. Tel'es sont les parties auxquelles les chefs de cet éiablissement se sont appliqués jusqu’à présent. Par Ja suite ils comprendront aussi daus leurs entreprises la construction de machines, la confection et..de commerce des instrumens de musique et autres. Enin Kk 4 520 Nouvelles littéraires. ils n’ont pas exclu de leur plan les cartes de géo- graphie , les ouvrages de musique, les gravures de date antérieure. Ils en ont toujours un assortiment considérable. Le local de l’établissement est au centre de Vienne, et consiste, outre le magasin, en un étage entier composé de sept pièces. Pour des entreprises aussi vastes , il faut naturel- lement des fonds considérables; près de 5o mille florins de Vienne ( à peu près 130 à 140 mille francs) y ont déja été employés, et une somme pareille y sera encore consacrée par la suite. L. Gr Nous avons sous les yeux le catalogue des ouvrages de gravure, de géographie et de musique que le bureau d’art et d'industrie à Vienne , s’est proposé de mettre en vente successivement pendant les mois de juillet, d'août et de septembre de cette année. Plusieurs de nos lecteurs seront peut-être bien-aises de savoir quelles sont les cartes géographiques et les plans topographiques qui y sont indiqués. Le bureau géographique des éditeurs s’occupe à rédiger une collection des cartes géographiques de la mo- narchie autrichienne, dressées d’après les observa- tions les plus récentes et les plus exactes. Les cartes particulières de cette collection sont toutes calquées sur la même échelle. La première livraison qui a paru contient douze feuilles, savoir : 1.° La carte générale de la monarchie autrichienne, d’après les observations les plus récentes et tirées des meilleures sources, avec une table statistique , rédigée en alle- mand et en françois. 2.° Cartes des côtes des pays æ TE € SES SE Dm Mn es Nouvelles littéraires. 52r d'Autriche. 3.° Cartes de poste et de commerce des pays héréditaires de la Hongrie. Elle sera suivie de celles des provinces héréditaires d”’4/lemagne et des deux Galicies ; 4° La partie nord-ouest de la Bohème, avec une table statistique ; 5.° La partie nord-est du même pays. 6.° La partie méridionale. 7. L’Autriche au dessous de l’'Enns ; avec un table statistique ; 8° l’Autriche au dessus de l'£nns; de même ; 9.° la Styrie, de même; 10.° la Moravie et la Silésie, de même ; 11.° et 12.° la Galicie orien- tale, 2 feuilles avec des tableaux ; 13.° carte d’Es- pagne et du Portugal, selon la paix de Badajoz; cette carte fait partie d’un nouvel atlas manuel de l'Europe, qui sera publié successivement par le bu- reau ; 14.° et 15.° Græciaet Italia antiqua ; ces deux feuilles font partie d’un petit atlas du monde an- tique ; 16.° plan de la ville de Gratz, en Styrie ; 17.° plan de la ville et du port de Trieste, faisant partie de la collection de nouveaux plans des villes principales de l'Autriche, qui paroîtront à la suite de l’atlas autrichien. PAIN, Soctété philomathique. Recherches sur les diverses espèces d’ipecacuanha , par le C. DECANDOLLE. Les noms d’épecacuanha, ipecacuan, picacuanha , picacuan , tpecuca , ipeca , se retrouvent dans toute l'Amérique méridionale, et ne signifient autre chose qu’une racine émétique ; les piantes que nous con- 922 Nouvelles littéraires. fondons sous le nom d’ipecacuanha sont tirées de diverses familles. Il est certain que l’ipecacuanha le plus usité pro- vient de la famille des rubiacées : cette racine est ligneuse, rameuse, chargée d’anneaux ou de tuber- cules transversaux plus où moins prononcés; on la reconnoît toujours, parce que son axe ligneux est plus mince que l’écorce. Le C. Decandolle a trouvé des tiges de cette plante dans les tonneaux des mar- Chands ; il y a remarqué les rameaux opposés et les traces des stipules qui caractérisent la famille des rubiacées. Il n’est pas si facile de déterminer l’espece à laquelle cette racine appartient. Mutis as- sure que dans le Pérou on récolte la racine de la psychotria emetica ; M. Brotero vieat de publier à Londres un mémoire, où il assure que l’ipecacuanha du Brésil est un genre nouveau de la famille des rubiacées : il le nomme caliicocca. Il est probable en . effet que l’ipecacuanha du Brésil et celui du Pérou sont différeus : le premier est brun, le second est gris. Parmi les violettes, on trouve plusieurs espèces émétiques: 1.° viola parviflora, Lin. Suppl. 396. Ceite plante croit au Brésil et au Pérou; sa racine est ligneuse, perpendiculaire, peu rameuse, grise ou brunâtre, quelquefois crevassée en long ; son axe higneux est toujours plus épais que l’écorce. Cette racine se trouve mélangée dans le commerce avec Vipecacuanha des rubiacées; 2.° viola ipecacuanha , Lin. Mant 484; Murr. App. médic, 1, p. 768 ; Excl. syn. Despoites, Aublet et Barrère. Pombalia 1peca- Nouvelles littéraires. 523 cuanha, Vandelli. Fasc. p. 7, tom. 1, icon. Cette plante croît au Brésil ; sa racine est blanche , à peu près cylindrique, très peu fibreuse , striée en long ; son axe ligneux est plus épais que l’écorce. On ne la trouve pas dans le commerce ; mais elle est con- servée dans les collections sous le nom d’ipecacua- nha blanc ; 3.° viola calceolaria, Lin, Sp. 1327; viola itoubou, Aubl. Guyan. 2 , p. 808, t.318. Cette plante croit à la Guiane et aux Antilles ; sa racine est d’un blanc-gris, un peu jaure à l’intérieur, irrégulière- ment crevassée ou tuberculée, à peu près! cylindri- que, peu rameuse; cette racine a l’axe ligneux plus épais que l'écorce : elle est conservée dans les col- lections sous le nom d’ipecacuanha blanc; 4.° la viola diendra , Lin. est trop mal connue pour qu’on puisse la citer avec quelques détails. Les racines de quelques apocinées sont aussi douces de propriétés vomitives : 1.° cynanchum vomilorium, Lam. Enc. 2, p. 235; cynanchum ipecacuanha, Wild, Pharm. 1795, p.169, t. [[; asclépias asthmetica, Lio. F. suppl. 171. Cette plante croit aux iles de France, de Java et de Ceylan. La comparaison des échantillons décrits par Burman et par Lamarck a prouvé l'identité de lasclepias asthmatica ;, Linn. F,avec le cynanchum vomitorum , Law. On n’y re- marque point les cornets des asclepiades ; ce qui montre qu’il faut Jaisser cette espèce parmi les cy- nanchum. Ses racines sont. nombreuses, simples, cylindriques, dures, ligneuses, blanches , dépour- vues d’anneaux et de tubercules , traversées par un axe ligneux extrémement mince. Cette racine est 924 Nouvelles littéraires. employée dans l’Inde comme émétique et aussi comme cathartique et expectorante : on la connoît sous le nom d’ipecacuanha blanc de Pile de France; 2.° cynanchum tomentosum, Lam. Enc. 2, p. 235. Cette plante croît dans les îles de France et de Ceylan ; elle est employée dans les hôpitaux de Ceylan à la place d’ipecacuanha ; 3.° periploca eme- zica, Retz. obs. 2 ,p. 13, n. 34. Wild. Phyt. 1, p. 6, n.21,t: V,f. 2. Sa racine est employée comme émétique dans lInde ; 4° asclepias curassavica , L. Cette plante croît dans les Antilles; sa racine est employée comme vomitive à Tabago, et elle y est même nommée faux ipecacuanha, Cette racine est rameuse , brune , marquée de fissures assez sensibles; elle ne se trouve plus dans nos pharmacies; mais il paroit qu’elle y a été autrefois mélangée avec le vrai ipecacuanha, car Dougias (Phil. Trans. 1729) la distingue sous le nom de faux ipecacuanha brun. On a cru quelque temps que l’ipecacuanha étoit produit par un Euphorbe, à laquelle on a en con- séquence donné le nom d’euphorbia ipecacuanhu ; sa racine est à peu pres cylindrique, grêle, peu ra- meuse , d’un gris un peu jaunâtre; le bois est beau- coup plus épais que l’écorce. Cette racine est em- ployée comme émétique en Virginie et en Caroline, mais n’est point apportée en Europe. On a quelquefois pris pour l’ipecacuanha le caapia du Brésil. Il y a deux espèces de caapias : l’un, appelé caapia des champs, est le dorstenia brasi- liensis, Lam. Enc. 2, p. 317; l’autre, appelé caapia des bois, est le dorsienia arifolia, Lam. Ene. 2, Nouvelles littéraires. 525 p- 317. L'un et l’autre sont réputés dansle B réil pour émétiques cordiaques et fébrifuges. Les doses auxquelles ces diverses racines excitent le vomissement sont très-différentes : le cynarchum vomitorium s'emploie à 22 grains, la psychotriæ emeticu à 24, la viola calceolaria de 60 à 72, la viola ipecacuanha de 1 à 3 gros. Ces différences montrent l’importance de la distinction plus exacte des diverses espèces d’ipecacuanha, Note sur un enfant monstrueux qui a vécu deux mots e£ demi sans aucun membre ; pur le C. DUPUYTREN, chef des travaux anatomiques de l’école de médecine, On a présenté, à l’école de médecine , une petite fille vivante, âgée de deux mois et dix jours, qui étoit née seulement avec le tronc. Ses membies ab- dominaux étoient indiqués par deux petites protu- bérances situfes dans un enfoncement de la peau. Du côté droit, il n’y avoit des membres thoraciques qu'un bras très-court, et du côté gauche qu’un ap- peudice de moitié plus court encore. Sur la peau qui recouvroit ces deux rudimens de bras , on observoit une cicatrice enfoncée très-apparente. Toutes les autres parties du tronc étoient bien conformées. Le mère ne se rappeloit pas d’avoir éprouvé d’ac- cidens pendant sa grossesse, et on n’avoit observé dans ses lochies aucun indice de la séparation des membres. Cette petite fille mourut trois jours après avoir été présentée à la Société de l’école. Le C. Dupuytren, qui l’a disséquée, a observé que les muscles se terminoient tous à une certaine 526 ” Nouvelles littéraires. distance du moignon. L’humérus du bras droit étoit entier, terminé comme à l'ordinaire , par des facettes articulaires. Du côté gauche, il n’y avoit de los du bias que sa moitié seapulaire : il se terminoit par une sorte de cône intimement uni à la cicatrice de la peau par un tissu cellulaire très-serré. On ne voyoit dans les appendices mamelonés du bassin que des tissus cellulaires ; cependant vers la base on retronva une petite portion osseuse, sur Ja- quelle on reconnut une ébauche informe du fémur. Les extrémités de ces portions osseuses des mem- bres étoient enveloppées d’un tissu tres-serré, dans lequel on suivoit , quoique avec peine, les princi- paux troncs des nerfs et des vaisseaux. Académie de Législation. L'Académie de lésislation a tenu une séance pu- blique le 1." fructidor an x, Apres avoir Fait la lecture du procès-verbal, on a présénté les membres et les affiliés à PAcadémie. Annonce dé Gifférens ouvrages présentés. Le C. MoraND, professeur de législation criminelle à l'Académie, donnera une notice sur l'ouvrage du C. Canard, intitulé : Moyens de perfectionner le jury : ouvrage qui a élé couronné par l'Institut na- tional , dans sa séance du 15 germinal an x. Principes et regles de la méthode analytique, con- sidérée comme le moyen le plus propre à diriger Pes. prit daus lPétude des sciences , et spécialement dans celle de Ja législation ; par un élève. Eloge du C. Moutardier, ancien magistrat, mem Nouvelles littéraires. 527 bre du corps-lésislatif, par le C. CHALLAN , prési- deat du tribunat, et membre de l’Académie. Discussion entre deux élèves (les CC. EMPEREUR et Dessaix), sur les testamens. Suite de l’histoire abrégée du droit romain, de- puis Romulus jusqu’à Charlemagne ; par le C. Sa- LiV£T, docteur en droit de %a facuité de Paris, chef adjoint au ministère de la justice, membre de PAca- démie. Correspondance maritime. Le C. Bernardin de Saint - Pierre a fait insérer dans le Moniteur un avis important pour les navi&a- teurs. On y apprend qu’un billet ou des dépêches enfermées dans une bouteille bien bouchée et jetée à la mer, parviennent tôt ou tard à quelqre rivage où ils sont recueiliis. Le C. Lescallier, préfet colo- nial à la Guadeloupe, a envoyé au C. Bernardin de Saint-Pierre, copie d’un billet ainsi parvenu , le 29 ventose, à la Guadeloupe, après avoir mis au plus deux mois sept jours à faire 200 lieues. C’est la qua- trieme preuve de ce fait. Le premier billet embouteillé fut jeté à l'entrée de la baie de Biscaye, le 17 août 1786, et recueilli le 9 mai 1587, sur les côtes de Normandie. La seconde bouteille fut abandonnée aux flots le 15 juin 1797, versie 42.° deg. 22 min. de latitude, à l’est du méridien du Tenériffe. Un soldat la trouva, le 6 juillet de la même année, sur les greves du Cap - Prior. Elle avoit fait plus de 120 lieues en moins de trois semaines, Elie contenoit une lettre 6528 Nouvelles littéraires. à l'adresse du C. Bernardin de Saint-Pierre, qui lui fut renvoyée par le vice-consul français au Ferrol. La troisième bouteille parcourut plus de 900 lieues en ligne directe ; elle fut jetée en mer à 200 lieues au nord de lPIle-de-France, par un capitaine françois qui alloit aux Indes. Elle vint attérer au Cap-de-Bonne-Espérance : elle contenoit un billet huilé que le gouverneur du Cap renvoya à celui de l’ile-de-France. Il importe de faire connoître ces , expériences, dont le succes peut donner quelque espoir de salut aux navigateurs naufragés sur des côtes désertes. Voyages de HORNEM ANN. Au moment où des savans espagnols se disposent à parcourir les déserts encore inconnus de l’Afrique, les Anglois publient la relation d’un voyageur en- voyé par eux, et errant encore aujourd’hui dans ces mêmes déserts. M. Hornemann, que nos François ont rencontré en Ægygte au moment de leur arrivée, et qui a reçu du général Bonaparte les témoignages du plus vif intérêt, a envoyé la relation d’une partie de ses voyages en Afrique jusqu’au Fezzan. Il a visité Syouàh, qui est incontestablement l’Oasis d’Am- mon , et paroît même avoir retrouvé les ruines du temple visité autrefois par Alexandre. Cette intéressante relation, publiée tout récem- ment à Londres, ne tardera pas à paroître en fran- çois (chez les frères Levrault, libraires). La tra- duction faite par le C. Labeaume, sera revue par le Nouvelles littéraires. 529 le C. Langlès, qui se propose d’y ajouter beaucoup de notes, d’après les auteurs arabes, tant sur les Oasis que sur les sources du Nil. En outre , ses re- cherches sur la géographie de cette portion de l’A- frique, nous donnent leu d’espérer qu’il pourra rec- tifier une partie des incorrections qui se sont glissées dans l’orthographe des noms propres , l'ouvrage an- glois ayant été imprimé loin des yeux de l’auteur. NÉCLOLUOUGIE LARRIVÉE. . Les arts viennent de perdre un homme qui 2 long- temps fait les délices de Ia capitale, Henri LARRt- VÉE, né à Lyon, le 8 septembre 1733, et decédé dans le château de Vincennes , des suites d’une pa- ralysie, le 19 thermidor an 10 (7 août 1802). Henri Larrivée fut reçu au théâtre de l'Opéra dans l’année 1554, et les 32 ans qu’il y a passés ont été une suite, non interrompue, de succès et d’agré- mens. Ceux qui ont joui de,ses talens n’oublieront jamais la maniere sublime avec laquelle il jouoit et chan- toit le rôle d’Agamemnon. Il avoit créé ce rôle sous les yeux et aidé des conseils de Gluck; et le carac- tère qu’il y avoit imprimé n’a pu étre perfectionné depuis lui. Noblesse, dignité, énergie, voix sonore et brillante, déclamation juste et animée , telles fu- rent les qualités qu’il posséda dans ua degré éminent, et qui le rendirent longtemps cher aux amateurs du théâtre de Opéra. Tome ET, L.1 33e Nouvelles littéraires. Aux talens du grand artiste, Larrivée joignit les qualités, plus précieuses encore, de l'homme privé. 11 fut bon père, bon ami, citoyen irréprochable. TT laïsse après lui une fille inconsolable de la perte d’un père ché, et à éducation de laquelle il avoit donné tous ses soins. M."* Delaval, sa fille, est une des premières virtuoses connues pour la harpe. fnformée } en Angleterre, de la maladié grâve de son père, elle n’a pas hésité à quitter ce. pays; où ses talens lui assuroïent une brillante fortune, pour venir à son secours, et consacrer à son rétablissement les soins les plus tendres. L'époque de Ja mort de Henri pen offre une particularité assez remarquable. T1 avoit un frère, plus âgé que lui, et retiré à Meudon depuis 27 ans, ‘Ce frère fut attaqué, il y a cinq mois, de là même maladie que Henri Larrivée, et y a également suc- combé. Tous les deux sont morts le même jour, à une heure de différence, et ont été ARE à la même époque. Le premier consul , à qui la bienfaisance est aussi peu étrangère que Ja gloire , chassant ce même jour dans le parc de Meudon, et informé que le frère de Larrivée laissoit une femme âgée et dé petits en- fans, à accordé à Ja veuve la survivance de la place de contierge du parc de Meudon qu’occupoit son mari, CORNELIE DE WASSE. Les lettres viennent de perdre CORNÉLIE WouT- TERS , plus connue sous le nom de M.%° de Wassr. Nouvelles lilléraires. | 531 Née à Bruxelles en 1739, elle fut mariée fort jeune au baron de Wasse, qui ayant un goût dé- terminé pour les voyages, lui fit parcourir une par- tie de l’Europe, et développa en elle cet esprit juste et observateur, dont elie a donné la preuve dans les ouvrages qu’elle a publiés, Réduite à la plus cruelle détresse, par l'effet de la guerre, qui lui étoit les moyens de communiquer avec l'Angleterre et l’Allemagne , où étoient situés ses biens, elle a supporté son sort avec courage, et est morte le 13 germinal an x. P. S. Elle laisse quelques manuscrits qui sônt en- tre les mains de madame sa sœur, entre autres: La Nature dévoilée , ou Précis d'Histoire naturelle à l'usage des dames , ouvrage élémentaire ; et Essai sur l’oxygène et les progrès de la Chymie, traduit de Panglois du docteur Watson, évêque de Landorf. Ses ouvrages imprimés les plus connus , sont: Vie des Hommes illustres d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande. 12 vol. in-8.° Nouvelle édition. Paris, an 8.— Prix, 36 fr., et 48 fr. franc de port. Œuvres choisies des meilleurs auteurs dramatiques englais:, pour faire suite au théâtre de Shckespeare. 11 vol. in-8.°, portrait. — Prix, 30 fr. et 36 £. — Et plusieurs romans traduits ou imités de l’anglois. Ces deux ouvrages se trouvent chez F. Morgie, libraire, cour des Fontaines, n.° MF LOT, M." Marie - Anne - Henriette PAYAN De l’Es- TANG, connue d’abord sous le nom de M." d'Ex- L'2 ZI: 532 Nouvelles littéraires. TREMONT , ensuite sous celui de M."°D£ BourDic, en dernier lieu sous celui de M "* Vior, est morte le 19 thermidor, âgée d’environ 55 ans, d’une fièvre inflammatoire qui a duré quatre jours, à la maisor de campagne d’une de ses parentes, près Bagnols , département du Gard: Son mari venoit de la quit- ter pour se rendre à Barcelonne, où il est nommé commissaire des relations commerciales. Un heureux accord de sentimens et de vertus la lui faisoit chéri; et cette perte, surtout dans un moment oùil s’éloi- gne de sa patrie, doit le rendre inconsolable. M.7° Viot est l’auteur d’un Eloge de Montaigne , Paris, Pougens , an VI ; de beaucoup de pièces fu- gitives dans le genre érotique, de poésies Jégeres ; de quelques romans, épîtres, idylles, etc. etc. Elle étoit membre de l’Académie des arcades de Rome, de celle de Nismes, des Musées de Bor- deaux et de Toulouse, de la Soctété patriotique de Bretagne, et des Lycées littéraires de Paris. DDPLANI.L. L’estimable traducteur de la Médecine domestique , est mort le 16 du mois dernier , à sa maison d’Ar- genteuil, dans sa soixante-deux ème année. Sa vie entiere a été consacrée à des travaux utiles, Outre la Médecine domestique , traduit de l’anglois de Bu- chau, dont on a annoncé la cinquième édition qui est devenue à moitié son ouyrage par la foule d’excel- lentes observations dont il l’a enrichie, on Jui doit encore la Médecine du Foyageur, 3 vol. in 8°,.et une méthode de guérir la maladie vénérienne , tra- duite de l’anglois de M. Clare. Nouvelles littéraires. 533 CORRESPONDANCE. Le C. GaArz au C. À.L. MILLIN. Dans ma dernière dissertation insérée dans votre Magasin, pag. 22, à la note 9, l’imprimeur a mis, après Richard et Payne, deux virgules qui sont fautes, et qui feroient croire qu’il s’agit de trois per- sonnages lorsque je n’en cite qu’un. Voulez-vous bien indiquer , à l’article Errata , ces deux virgules comme nulles et devant être effacées. Pag. 20. Autre faute, que j'ai corrigée dans les exemplaires que j'ai fait tirer pour moi; ligne avant- dernière : au lieu de éditions de Vienne , lisez, édi- tions d’'H. Etienne (1). GaAiL. LIVRES DIVERS (2). PHYSIQUE. TRoIs heures d’amusement , ou le nouveau Comus, contenant les tours de curtes, les problémes d’arith- métique, de géométrie et de physique les plus fa- ciles , les plus utiles et les plus agréables ; seconde édition revue et augmentée par le C. Du..rr, De l'imprimerie de Guillemanet. À Paris, chez Debruy, (x) La plupart des auteurs qui inserent des articles dans ce journal , corrigent eux-mêmes leurs épreuves ; les fautes qui s’y touvent souvent ne peuvent être attribuées au rédacteur. (2) Les articles marqués d'une * sont ceux dont nous dovnerons wa estraif, Ou ume notice plus détaillée, ER 934 LidAS der. libraire, plaee du Muséum, n.° 9. An x. 1802. In-12 de 330 pages. 2 fr. et 2 fr. 75 cent. franc de port. Ce petit recueil mérite d’être distingué dans le grand nombre d’ouvrages sur les récréations phy- siques et mathématiques, pour la clarté des défini- tions et le choix des récréations et des tours qui y sont indiqués. DE l'usage des Lampes chez les anciens, expériences comporalives pour juger des effits de plusieurs guinguets à courans d'air et qui diffèrent entre eux par leur construction; par E. P. 4. DERGNF, membre de lAthénée des arts. De l’imprimerie de Stoupe , rue de La Harpe. Paris, an x. 1802. In-4.° L'auteur commence par quelques recherches peu profondes sur l'usage des lampes ; il trace ensuite Phistoire de la decouverte des lampes à courant d'air, et il fait sentir l'avantage de celle du C. Joey, qui a obtenu une médaille de l’Athénee des arts. U=BER die Sage; dass Archimedes die Ræmische Flotte vor Syrukus durch Brennspiegel in Brand gestext habe; eine Einladungsschrift zur Feier des Stifiungstuges des Casimirianischen Acade- mischen Gymnasiums am 3 Jul 1801 ; von Johann. Friedrich FACIUS or. Lehrer der griech. Sprache, und Aufseher der Bibliothek. C’est à-dire, Disser- tation sur la tradition qu’ Archimède a incendié la flotte romaine devant Syracuse, au moyen de miroirs de réverbération ; pour servir décrit d’invi- tation @ la célébration du jour de fondation du Gym- uase Académique Casimirien ; le 3 juillet 180 ; ar Jean Frédéric FACIUS , professeur ordinaire de littérature grecque et bibliothécaire. Coburg, de J'imprimerie d’Ah! , 16 pages in-4.° Dans ce discours inaugural, M. Facius, qui est Livres divers: 535 déja bien connu par son édition de Pausanias , son histoire des automates et quelques dissertations sur des sujets mythologiques, discute cette question ; si il est vrai qu’Archimède ait incendié la flotte des Romains avec des miroirs. Il raconte d’abord le fait, selon l’opinion commune, ensuite il pose cette ques- tion: Les anciens ont-ils connu les miroirs ardens , est-il possible d'en consiruire qui produisent de sem- blables effets. Le témoignage de Pline atteste l’exis- tence des miroirs ardens , différens passages de Plu- tarque et de Pausanias attestent qu’on en faisoit usage dans le temple de Delphes , dans celui de Vesta, pour allumer le feu perpétuel, et que Numa s’en étoit servi. La possibilité de donner à un verre un foyer assez grand pour qu’il puisse brûler à une grande distance, n’est pas contestée ; d’ailleurs les vaisseaux romains s’approchoient de tres- près des murs, puisque Archimede les faisoit saisir et élever en l'air avec des crochets ou mains de fer. Il reste une autre question à décider : Ce récit est-il eract ? sur quelle autorité est-il fondé ? Les auteurs qui ont traité avec le plus de détails du siége de Syracuse, Tite- Live, Plutarque et Polybe n’en parlent pas. Ce Fait n'est raconté que par des écrivains des bas temps, tels que Galenus et Lucien qui vivoient dans le second siécle de l’ère vulgaire, Anthémius qui vivoit dans le sixieme, et par deux grammairiens du dou- zième siécle, Tzetzes | commentateur de Lyco- phron et Eustathe, commentateur d’Homère; Ga- lien même ne parle que de la poix qui a mis le feu aux vaisseaux, et ne dit rien des miroirs. Lucien v’en parle pas non plus ; c’est donc Anthémius qui, dans un ouvrage de mathématique compesé sous Justinien, dit le premier comment il pense qu’Ar- chimede à pu brûler les vaisseaux ennemis. Selon Tzetzesilse servit d’un miroir hexagoneet de plusieurs miroirs carrés placés à différentes distances. Toutes ces autorités sont peu certaines , on voit, qu'ayant ÂAnthémius , on peusoit seulement qu’Archimedg avoit brülé mécaniquement une flotte ennemie avec LI 4 536 Livres divers. des combustibles, mais sans parler de miroirs; il paroît même que ce ne fut pas dans Île siége de Syracuse par les Romains qu’il brûla ainsi des vais- seaux , puisque les historiens de ce siége n’en disent rien. Zonaras raconte que le mathématicien Proclus brüla du haut des murs de Constantinople, à Paide de miroirs ardens, la flotte de Vitallianus qui assié- geoit la ville sous le règne d’Anastase au douzieme siécle. 11 n’en faut pas davantage pour faire penser à Anthémius, que les moyens mécaniques d’Archi- mède cités par Galien et Lucien, sans aucune in- dication , étoient les mêmes. Archimede, plus grand mécanicien que Proclus , ne devoit pas avoir ignoré ce que celuiei avoit fait; c’est ainsi que l’histoire de ses miroirs ardens se répandit et fut accréditée. Telle est l'opinion de M. Faccius, et cette opinion paroît très- vraisemblable, A. 1. M. CoNsrDÉRATIONS sur le danger des lumières trep vives pour l’orgune de la vue, et sur les moyens 5 , 2 de s’en garantir ; par P. N. FAMIN , membre de L’Athénée des arts de Paris, de la société libre des sciences et arts de Strasbourg. An X. 1802. 1 vol. in-8.°. A Paris, chez Desenne , palais du T'ribunat, n.°2, et chez les marchands de nouveautés. Le danger de Pimpression funeste que produit sur la vue une lumiere trop vive , n’avoit pas besoin d’être retracé, il est suffisamment connu. MÉMOIRE sur la Direction des Aréostuts, lu le 30 thermidor an 10 à la société académique des sciences de Paris $Séante au Louvre ; par Félix HÉNIN, chef d'escadron au 15.°° régiment de dragons , et membre non-résident de la même sotiété, À Paris, chez Moreau , libraire , rue des Grands-Augustins, JE , quartier Saïnt-André-des-Arcs. An x. 1802. in-8.° Ce mémoire est peut-être excellent , mais sur cette Livres divers. 537 question on ne doit croire que l'expérience, car ce n’est pas sur le papier qu’il importe de diriger les aérostats, c'est au milieu des airs. MiINÉRALOGI1:E. TATELN. der allgemeinem Naturgeschichte nach ihrendrey Reichen nebst vollstaendiger Enumeration aller bis jetzt bekannten Natur-Cærper und syn- optischer Uebersicht ihrer Kennzeichen ;- heraus- gegeben von F. J. BERTUCH, Mineral - Reich : erster Heft. C’est-à-dire, T'ABzEs de l’histoire naturelle générale universelle, d’après les trois règnes , auxquelles on a joint l’énumération com- plète de tous Les corps de la nature , connus jus- . qu’à présent , et la table synoptique de leurs ca- ractères, publiées par F. J. BERTUCH. Règne Minéral, premier cahier ; Weimar, au comptoir d'Industrie, 1807. In-4.° En 1779, M. Bertuch publia un petit ouvrage intitulé : Sur les moyens de rendre plus utile l’histoire naturelle, et de Pintroduire dans l'instruction com- munée et parmi les différentes classes de la société. Ce livre devoit en même temps faire connoître le projet qu'il avoit de publier une suite d’ouvrages propres à faciliter, à toutes les classes de la société, Pétude de l’histoire naturelle. L’utilité et l’impor- tance de cétte entreprise nous à engagé alors à donner un éxtrait étendu de ce prospectus (r). Au- ‘Jourd’hui nous avons sur les yeux le commencement de cet ouvrage, préparé par de longs travaux et de- puis plusieurs années. La division de la nature en trois règnes détermine celle de l'ouvrage dont nous ‘parlons. M. Bertuch s’est décidé à faire paroître , toujours à la fois, un cahier de chacune des trois divisions de louvrage, ainsi que le commentaire dont M. Batscha promis de l’accompaguer. En tête de la première livraison du règne minéral, dont ie (2) Voy. Jagasin Encycl. Annte V1, t.T,1p. 72-85. 538 .Lavres diverr, titre entier précède cet article, M. Bertuch # fait réimprimer le prospectus dont nous venons de parler , parce qu’il contient le plan de toute cette entreprise , et qu'il sert naturellement d’introduc- tion à l'ouvrage. Nous renvoyons, à cet égard, nos lecteurs à l’extrait que nous en avons donné il y a deux ans. Apres cette introduction on trouve le ta- bleau de la division générale et systématique du règne minéral entier en quatre classes, et les prin- cipales sous-divisions de À HT d’elles. M. Bertuch désigne la premiere classe du règne minéral sous le nom de fossiles terreux { fossi'ia terrea ) ; il la Partage en cinq ordres , dont le premier comprend les fossiles terreux calcaires ; celui-ci comprend en- core cinq sous- ordres, et la première livraison que nous annonçons, n’est consacrée qu’au premier de ces cinq sous-ordres , qué M. Bertuch désigne sous le nom de calcaires carbonatés [ calcarea curbonatu }. Après ce tableau général des grandes divisions du règne minéral, M. Bertuch entre dans les détails, et il donne dans cette premiere livraison l’énumé- ration de toutes les espèces et variétés des fossiles calcaires carbonatés qui, dans la classification adop- tée par lui, forment , ainsi que nous venons de le dire, le premier sous-ordre du premier ordre de la premiere classe des minéraux. Ce tableau spé- cial contient cinq colonnes. Dans la premiere, on trouye le nom allemand; dans la seconde, le nom latin; dans la troisième, le nom françois; dans la quatrième, le nom anglois; dans la cinquieme enfin, se trouve l'indication de la planche et du numéro de la figure, lorsque M. Bertuch les à fait représenter dans les gravures qui suivent immédiatement le ta- bleau dont nous venons de parler. Celles qui accom- pagnent cette livraison sont au nombre de cinq plan- ches, et sont parfaitement bien exécutées ; ce qui mé- rite d’autant plus d’être remarqué, qu’on n’a encore fait que peu d'essais, d’imiter par des gravures en- luminées , les fossiles avec leurs couleurs natureiles. Comme les échantillons des minéraux n’ont pas Livres divers. 539 une forme constante et déterminée, et qu'ils ne peuvent point, d’après cela, se ressembler aussi- bien que les individus du règne animal et du règne végétal, M. Bertuch a cu , avec raison, qu’il seroit essentiel de faire accompagner les gravures du règne minéral d'explications particulières, qui seroient su- perflues pour les gravures des deux autres règnes, pour l'explication desquels les tableaux et l'énumé- ration des noms avec le renvoi aux gravures doit suffre, sauf à ceux qui desirent de plus amples ren- seignemens derecourir au commentaire de M. Batsch, La première gravure, qui sert en même temps dé frontispice à la partie du règne minéral, représente une vue de l’ile de Boo-Shaala qui, sous la mer, tient à la célèbre île baltique de Sruf/a, près de YEcosse, et de l’une desquelles on peut passer à Vautre lorsque la mer est basse. Il étoit difficile de faire un meilleur choix. Rien de plus majestueux et de plus frappant, dans toutes ses parties, que ces énormes rochers de Basaite. C’est un ensemble pittoresque qui se distingue autant par sa beauté, que par sa grandeur, et surtout par sa légèreté. La nature paroïît avoir entassé ces masses de crys- tallisations gigantesques, avec autant de facilité, qu’elle forme les cristallisations salines d’une seule goutte. Il nous semble, que la meilleure maniere de faire juger nos lecteurs de l’utilité de cet ouvrage de M. Bertuch, est de leur indiquer les objets figurés sur les autres planches. On y trouve à la planche If, 1.° un morceau de craie blanche dont la surface est occupée par des échinites ; 2.° la même substance avec des coquilles; 3.° de la craïe servant d’enve- loppe à un bloc de pierre à fusil; 4.° du tuf marin granulé avec une pince d’écrevisse ; 5.° du tufmaäiin argillaire avec différentes empreintes de corps plus ou moins distincts; 6.° du tuf marin calcaire avec des coquilles ; 7°, 8°, 9°, 10.°et 11.° du tuf ma- rin corallique de différentes formes.—La 111.° plan- che offre des pierres calcaires ; r.* des pétrifications 540 Livres divers: de poissons sur une pierre calcaire jaunâtre : 2.° une pierre pareille avec des pétrifications de dents de poissons ; 3.° un insecte très - distinctement figuré sur un fragment de pierre caleaire. Par les carac- teres qu’offre cet insecte, il paroît que c’est un Tenthredo ; 4.° la même substance avec une écre= visse tres-reconnoissable. Quelques portions de l’ani- mal ont même conservé leur luisant qui est imité avec soin dans les planches; 5.° de la pierre calcaire avec des coquillages pétrifiés ; 6.° des dentrites sur une pierre calcaire ; 7.° et 8.° pierre calcaire en forme de vers et de langues ; 9.° et 10.° la même substance en forme de bois.—La IV.® et V.® plan- che offrent différentes variétés de marbre avec des - ammonites, des belemnites, des entrochites, des orthocératites, du marbre irisé, ruiniforme, vei- veux, du marbre brèche, du marbre corallique, nuageux , bitumineux, mêlé de stéatites et de horn- blende , etc. La livraison est terminée par un tableau synop- tique des caractères de ces différentes fossiles. Nous avons déja observé que M. Batsch publie en même temps un ouvrage qui pourra servir de commentaire à l'ouvrage de M. Bertuch ;.il paroîtra également par livraison ; la première du règne minéral vient de paroître sous le titre suivant. ‘T. W. GRUNDzZüGE der Naturgeschichte des Mineral-Reichs ein Handbuch fur Lehrer auf Gymnasien und für Nuturfreunde zum eignen Unterricht von A4. J.G, C. BATsCH , Professor zu Jena;.Erster Theil, Allgemeine Geschichte der Mineralien und besondre der Erden und Steine, C'est-à-dire, ELÉMENS de l’histoire naturelle du règne minéral ; pour servir de manuel aux professeurs des Gymnases , et aux amateurs d'histoire naturellz qui desireni s’instruire par eux-mêmes; par. À. J. G. C. BATSCH, pro- Jesseur à Jena, première partie , histoire générale des minéraux et histoire particulière. des terres et des pierres. Weimar ; au comptoir. d'Industrie. Livres divers. 541 1801. 112 pages in-8.°, sans compiler xxx pages de préface , de table des matières, etc. Cet ouvrage de M. Batsch doit tenir le milieu entre les livres élémentaires destinés aux jeunesgens, et les ouvrages dans lesquels on ne s'occupe que de la science dans toutes ses profondeurs, et qui, par cela même ,; ne peuvent convenir qu'aux savans qui se livrent entièrement à l’étude de la minéralogie. Celui-ci sera destiné aux personnes instruites qui s'intéressent vivement à tout ce qui est utile, et qui desirent connoître ce que histoire naturelle présente d’intéressant. Sous ce rapport, l'ouvrage pourra être un manuel, commode pour ceux qui sont appelés à enseigner aux jeunes gens les premiers élé- mens de la science , en leur tenant lieu de beaucoup d’autres livres coûteux qu'ils seroient obligés de consulter. Cet ouvrage offre en méme temps uné lecture aussi agréable qu’utile, et, sous ee rapport, il convient aux gens du monde , et à cette classe nombreuse de lecteurs , qui s’intéressent aux progres des sciences, mais dont les occupations sont de na: ture à ne pas leur permettre de sé livrer trop à l'étude approfondie de la science dé l’histoire na- turelle , mais qui cependant desirent être au courant des faits les plus importans qu’elle offre , et des vues les plus intéressantes qu’elle peut présenter. Cette première livraison ne contient que des géné ralités sur la minéralogie. M, Batsch Ja divise en six chapitres dans lesquels il traite successivement des substances élémentaires, de leurs combinaisons na= turelles, des phénomenes extérieurs qu'offre cetté combinaison, des ateliers de la nature, si on peut S’exprimer ainsi, ou des endroits où ‘elle prépare ces substances ; enfin , de la manière de distinguet les minéraux , et des systèmes en minéralogie. Dans un appendix M, Batsch donne des conseils utiles pour ceux qui veulent recueillir , ‘examiner et eon- server des minéraux ; deux gravures au simple trait servent utilement à l'explication de ce que M, Batsch 342 Livres divers. dit sur les principales formes des fossiles, sur les révolutions de la terre, etc, T.. W. MÉMOIRE sur les Forges du département de la Côte- d'Or; par le C: GUIRAUDET ; préfet de ce dépar- tement, utilité. des forges en France, réfutation du préjugé qui leur: attribue dx cherté du bois, moyen de rendre le produit des forges plus avan- tageux, énumération des causes qui s'opposent à ses progrès ; proposition d'un: établissement qui propageroit les‘ lumières sur l'exploitation des mines et lu fubrication des fers. Extrait du n° IV des Annales statistiques. À Paris, au bureau des an- uales quai de l'horloge du Palais, n.° 42. An 10: 1802. [n-8.° de 32. pages. : Nos lecteurssavent que, par une circulaire géné tale, le ministre de l’intérieur avoit demandé à chaque préfet des: renseignemens. statistiques sur le département dont l'administration lui est confiée, Outre cette circulaire générale, le ministre adressa encore à chaque préfet une lettre: particulière dans laquelle il Jui indiqua les objets, sur lesquels il de- siroit spécialement des renseignemens. Le départe: ment de la. Cote-d’Or est un des plus riches en mines.et en forges ; tout ce qui regarde cette partie de l’administration devoit, donc-être disigné par.le ministre Comme particulierementdigne de l’attention du préfet. Le C.. Guiraadet a pensé, que pour ne pas donner trop d’étendue à ses rappoits , et pour traiter d’une manière satisfaisante chacun des objets aur lesquels le gouvernement desire des renseigne mens ,_il_ étoit., convenable. de. ne traiter qu’une question à la fois.1l a commencé par recueillir dés notions exactes sur.les forges ;. c’est ce qui fait.le sujet d’une lettre, intéressante, qui d'abord a été in sérée. dans les Annales. de statistique , et qu’on a en même temps imprimée séparément,comme un mor: ceau d’un intérêt général et .qui pourra faire suite à-la. colleciion. des, statistiques pa dépariemens Livres divers. 543 imprimées par ordre du goüvernement, Îl fait voir dans cette leitre que les forges'sont de la plus grande importance pour la France en général et pour le dé- artement de la Côte - d'Or en particulier, dont és parties montueuses ne peuvent se livrer à l’agri- culture, et n’ont d’autres ressources que l’exploita- Lion des mines et les travaux des mines d’autant plus importans, que cette branche de l’industrie délivre , en grande partie ;, la France de la dépen- dance des pays étrangers pour une partie essentielle à ses besoins, et que les matériaux sont tous tirés du: sol même dela France. ‘T.:W. BOTANIQUE. Æss Ar d'une Chloris du département des Landes ; par: J. THORE , docteur-médecin., membre de plusieurs sociétés savantes. L'auteur présentera sous ce. titre le catalogue des plantes qui.sont, ou spontanées dans le départe- ment , ou qui , quoique étrangéres à son,sol, brayent les rigueurs des hivers, et n’exigent que peu ou point de culture. Les premières ne. seront accom-} pagnées-d’aucun signe ; les secondes en auront un convenu : les unes et les autres y seront arrangées d’apres le système sexuel, comme le plus générale- ment adopté. L Outre la nomenclature des plantes, cet ouvrage , écrit en françois, et fruit de plusieurs années d’é- tude, contiendra ; 1.° les caractères essentiels des genres; 2.° la phrase descriptive de Linné, poux les espèces le plus généralement employées ; 3.° les qualités et propriétés de chacune de ces dernières 5° 4.° les maladies auxquelles elles sont propres ; 5.° la dose à laquelle on les prescrit ; 6.° le mode de leur prescription ; 7.° l’étymologie comme de tous les noms génériques compris dans cet essai ; mais COMME parmi ceux-ci il s’en trouve qui portent le nom de quelques botanistes célèbres dont on a voulu éter- 7 Livres divers: niser la mémoire, nous donnons sur cliacun d'eux: une notice abrégée qui fait connoître,, autant que possible, l’homme dont il «st question, sa patuies la science qu'il cultiva avec le plus de distinction ; l’époque de sa naissance , celle de sa mort ; les prin- cipaux ouvrages sortis de sa plume, Ja ville où ils, ont. été imprimés, et la date de leur publication. Le titre de l’ouvrage ne promet pas, dit l’auteur, des. choses nouvelles ; cependant, comme ilest impossible: de cultiver aveë quelque soin une sciènce quelconque: sans y faire de découvettes, le lecteur se convaincra que nous publions;-pour la première fois, des plan- tes qui n’ont pas été connues avant nous, et que nous donnons sur plusieurs: autres:des notes curieuses ou des observations critiques , soit en relevant des er- reurs commises, soiten confirmant le jugement qu’en ont porté des botanistes qui nous ont précédés dans la même carrière. Le nom générique latin accompagnera constam- ment le nom francois, tel qu'il a été! traduit par l’auteur de la Flore françoise ,-L'AMARCK , quand” Ja nomenclature de’ celui-ci concordera avec celle du botaniste suédois; dans le cas ‘contraire, nous Jà' franciserons à notre manière. A), pes : Cet ouvrage, qui formera un volume in-8.° d’en- viron 200 pages, plus que moins , paroilra par sou= scription. 1! ne peut manquer d’être utile à tous les amateurs en général ,.et aux médecins, chirurgiens et pharmaciens en particulier. Les uns et les autres, occupés de la recherche de quelque plante, verront ‘un coup-d’æil, si celle qu’ils desirent se trouve ou ne se trouve pas dans le. département. Dans le: premier cas, is sauront où Ja cueillir; et dans le second , ils ne se donceront pas une peine inutile à la chercher. SOL Les souscripteurs, n’auront rien à. débouiser en, s'inscrivant ; ils s’obligeront seulement de retirer louvrage à l’époque où il paroîtra, et d'en payer le montant. Le prix ést.de 3 fr., pris:chez ceux qui “sont Q7z Livres divers _ 24 sont chargés de la souscription qui sera ouverte jus- qu’au premier vendémiaire de l’an 11. On souscrit, à Dax, chez l’auteur, chez P. Mey- rac , pharmacien, et chez E. Serze , imprimeur ; à Mont-de-Marsan, chez Lacaze , libraire; à Saint- Sever , chez Dufour, docteur-médecin ; à Tartas, chez Desbordes, pharmacien; à Bayonne, chez Gosse , libraire , et Bernain , relieur; à Pau, chez Tonet , libraire, grand’rue, vis-à-vis la poste aux lettres ; à Orthez, chez Parage , docteur-médecin ; à Toulouse, chez Tournon , docteur-médecin, se crétaire-général de la Société de médecine ; à Bor- deaux, chez Lartigue et Guimard, pharmaciens, porte Salinière; à Paris, chez Léon Dufour, natu- raliste, rue du Théâtre françois, n.° 8. F CRT HR. O0: OC TE HISTOIRE nalurelle des Poissons ; par Le C. LACÉ- PÈDE.— Tome IV,— 1 vol. in-4.° de 728 pag. et 16 planches. 427 pages de ce volume sont occupées par l’his- toire détaillée de genres dont nous avons déja in- diqué l’origine et les caractères dans ce journal: le reste comprend principalement les poissons que Linnæus range dans ses genres chætodon, zeus et pleuronerte. Voici comment le C. Lacépède divise ces trois genres. Les cherodons de Linné ont ou des dents en forme, de soies, ou dés dents plates et crénelées ; les pre- miers se divisent selon l'armure des opercules et le nombre des nageoires dorsales : ceux qui n’ont à leurs opercules ni dentelures ni piquarns, et sur le dos qu’une nageoiïire sans piquans libres, restent des chetodons ; s’il y a des aiguillons libres au dos, ce sont des acanthinions; et s’il y a deux nageoires , des chétodiptères. Ceux qui ont aux opercules des dentelures sans piquavs, sont des pomacentres quand ils n’ont qu’une rageoire au dos , et des poredasis Tome IL Mm 546 Livres divers. quand ils en ont deux. N'y a-1-il aux opercules que des piquans sans dentelures, c’est un pomavanthe. Y a-t-1l à la fois des dentelures et des piquans , et une seule nageoire , c’est un Ao/ucanthe ; enfin deux nageoires se joignent-elles à cette double armure, c'est un e:oplose. Viernent les chetodons de Lin- næus, dont les dents sont crénelées : si leur queue n’a point d'arme particuliere, on les nommera g/y- phisodons ; si elle porte de chaque côté des bou- cliers, aspésures ; si ce sont des épines, acanthures. On sait que ce dernier genre avoit déja été établi par Bloch, et qu’il eomprend les theuties, mal-à- propos rangés par Linnæus dans les abdominaux. Îl y a quelques chetodons qui ont des aiguillons au lieu de nageoires ventrales : le C. Lacépède Îles nomme acunihopodes. Il est probable qu’ils re rap- prochent beaucoup des stromatées, qu’on range parmi les apodes, parce qu’ils n’ont que des ves- tiges de nageoires ventrales. On peut remarquer qu’il y a d’autres chetodons absolument apodes, dont aotre auteur fait son genre rhombe. I fait aussi men- tion à la fin de ce volume d’un genre nouveau, qu’iF nomme chrysostrome, et qui n’est qu’un s/romalée à nageoires ventrales jugulaires : c’est la fiatote de Bondelet. Plus on approfendit Phistoire des poissons , plus on voit que Jeur division, d’après les nageoires ventrales , rompt leurs rapports naturels. Les zeus de Linné, différens en général des che- todous, parce qu’ils n’ont ni des dents en cheveu, ni des dents crénelées, se divisent eux-mêmes selon qu’ils ont des dents on q'’ils n’en ont point : ces derniers ont une ou deux nageoires dorsales. Dans le premier cas ils se nomment crysosioses : tel est le z. luna ; duvs le second capros : le z. aper en est _ un, S'ils ont des dents, ils ont ou non la petite raembrane transverse de la mâchoire supérieure : ceux qui l'ont s’appellent argyrétoses quand ils n’ent qu'une nageoire dorsale avec des aiguillons libres devant, tel est z. vomer; zeus quand ces aiguillons libres leur manquent , tel est x, fber; et ga/ quand Livres divers. 947 ils ont deux nageoires, comme z. gallus. Enfin les sélènes n’ont point la petite membrane , leur nageoire anale et la seconde dorsale sont d’ailleurs en forme de longue faux : le z. guadratus en est une. Les pleuronectes n’ont fourni qu’un genre nou- veau, les achires, qui manquent de nageoires pec- torales. Avant de s'occuper de ces trois grands genres, l’auteur avoit traité de quelques petits qui sont plus ou moins rapprochés de ceux dont nous avons parlé dans notre dernier extrait. Par exemple, les poma- tomes ne diffèrent des centropomes ou des lutjans à deux nageoires dorsales, que parce que leurs oper- cules sont lobés vers le haut au lieu d’être dentelés. Les leiostomes ont Jes lèvres charnues des labres, mais point de dents, et des opercules nus et cise- lés ; leurs nageoires dorsales sont au nombre de deux. y en a encore deux ou trois autres, dont il nous seroit difficile de faire saisir les caractères sans figure, La fin du volame contient divers articles qui doi- vent compléter les volumes précédens : on doit y remarquer surtout le nouveau genre makaira : c’est un poisson très - semblable au æiphias , mais qui a deux nageoires dorsales, et dont la queue est armée de chaque côté de deux petits boucliers osseux ; son museau se termine aussi en épée, mais plus courte que celle des xiphias. On en a pris à la Rochelle un individu de 10 pieds de long. En tout ce volume comprend l’histoire de 504 es- pèces, dont go nouvelles rangées sous 43 genres, dont 32 nouveaux. Il est fâcheux que les bornes de notre feuille nous restreignent à exposer seulement la partie aride de la nomenclature; mais tous les amis de l’histoire naturelle se dédommageront en lisant l’ouvrage de Ja sécheresse de notre notice. Il nous suffira de leur avoir indiqué sommairement les principales acqui- sitions dont la science sera redevable à ce volume. Ci V. Mm 2 248 Livres divers. CHIRURGIE. NoOUPELLE méthode pour manœuvrer les accouthes. mens; par J. P. MAFGRIER, médecin de l’école de Paris , professeur d’'accouchemens , d'anatomie. et de physiologie, membre de la Société médicale d'émulation, À Paris, chez Gabon , place de lE- cole de médecine ; Méguignon , rue de l'Ecole de: médecine ; Allut , même rue. An X. 1802. In-8.° de 140 pages. 1 fr. bo cent., 2 fr. par la poste. Malgré les progrès éclatans qu'ont fait les diverses branches de la médecine, les accouchemens semblent, jusqu’à ce jour être restés en arrière, et les ouvrages Justement recommandables de quelques hommes céie- bres en ont fait à peine disparoitre les ténèbres qui les enveloppèrent trop longtemps. La partie de la ma- nœuvre surtout est encore abandonnée à tout ce que les préjugés et l’impéritie ont de plus condamnables. L'ouvrage du C. Maygrier, modele de précision et de clarté, doit être médité par tous les accoucheurs, par ceux surtout qui, privés des secours que donne. une grande expérience, ne peuvent que se trouver très embarrassés, lorsqu'un cas un peu épineux vient s'oF:ir à leur pratique. L'ouvrage du C. Maygrier offre un guicle sûr et profondément versé dans Ja. pratique des accouchemens contre nature. Le temps est enfin venu , où la science ne sera plus hérissee de préceptes aussi longs qu’inintelligibles. Une doc- trine épurée remplacera les vains sophismes de lPi- magination. C’est sous ce point de vue surtout que l'ouvrage du C. Maygrier nous paroit mériter les plus grands éloges. Il 'traite, dans la première par- tie, de toutes les positions dans lesquelles l'enfant peut se présenter, et de ce qu'il faut faire ; la se- conde partie est consacrée à la manœuvre compli- quée ou instrumentale, à l'usage et à l'application du forceps, du levier et du crochet. Livres divers. 549 AGRICULTURE. TRAITÉ de la grande Culture des terres; ouvrage utile à tous les cultivateurs et aux personnes qui voudroient faire valoir de grandes exploitations ; par ISORÉ , culiivateur-propriétaire à Louveaucourf, avec celte épigraphe : Le gouvernement doit sa protection. aux campagnes plutôt qu'aux villes.’ Les ‘unes sont des mères et des nourrices tou- jours fécondes ; les autres ne sont que des filles souvent ingrates et stériles. Raynaz, Histoire philosophique. Prix , 3 fr. les deux volumes, brochés. A Senlis, de l'imprimerie de Tremblay ; à Paris, chez M.me Huzard, imprimeur - libraire, rue de l’Eperon- Saint-André-des-Arcs, n.°.1F5. An x. 1802. Cet. ouvrage est rempli d’excellentes vues sur la culture des terres et l’education des bestiaux. L’au- teur mérite d’autant plus de confiance qu’ils’attache principalement aux théories et aux procédés les plus - simples. 11 mérite toute l'attention des cultivateurs. INSTRUCTION pour les Bergers et pour les Proprié- taires de troupeauz , avec d’auires ouvrages sur les moutons et sur les laines ; par DAUBENTON ; troi- sième édition , publiée par ordre du gouvernement , avec des notes; par J. B. HCZARD , de l’Institut national. À Paris, de l'imprimerie de la républi- que. An x. Volume in-8. de 600 pages et 22 planches. Chez Mme Huzard, rue de PEperon- Saint - André-des-Arcs, n.° 11. Prix, broché en carton et étiqueté. sur le dos, 6 fr., et pour la poste, broché en papier, franc de port, 8.fr., la poste ne recevant pas autrement. Cette troisième édition, d’un ouvrage dont la ré- pulation est faite, se recommande par la beauté de Mm à d80 Livres divers. l'impression due aux.soins du C. Dubois-Laverene’, directeur de l'imprimerie nationale , et par la fidélité des planches. Elle est précédée d’une notice sur Dau- benton, par le sénateur Lacépède, d’une notice bi- bliographique de l’ouvrage même, par le C. Huzard, qui y fait connoître les traductions , les critiques et les élages qu’on en a fait. I] y a joint des notes qui ne peuvent qu’ajouter au mérite de l’ouvrage, puis- qu’on sait que le C. Huzard est un des premiers vé- térinaires de l’Europe. A, L. M. ST A TE ST VOTE RECHERCHES sur le nombre des habitans de la Grande - Bretagne et de l'Irlande; par sir Wrédérie MorTON EDEN. Londres, 1800. Paris, de l’im- primerie des sourds et muets, rue du faubourg Saint-Jacques, n.° 115. An x. In-4.° de 60 pages. A Paris, chez Henrichs, libraire, rue de la Loi, n.° 1231. 2 fr., et 2 fr. 5o cent. par la poste. Le C. Duquesnoy ne cesse de se monñtrer philan- thrope par des établissémens et des publications utiles. On lui doit déja plusieurs tableaux statisti- ques ; celui-ci n’est pas le moins important. A. L. M. JURISPRUDENCE. : Du Juri en France; par J. L. BON NET. Brochure in-8.° Prix, x fr. 5o cent., et r fr. 80 cent. franc de port. À Paris, chez Maradan , braire, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, n.° 16. « Le juri, considéré comme faisant un Juge d’un juré, dit l’auteur, a été traité par des juriscon- « sultes qui n’ont rien laissé à desirer. Je présente « le juri sous un point de vue tout différent : je me propose d'examiner si le juri ne doit pas être, _« au contraire , entièrement passif et matériel. Cette opposition, dans laquelle je me trouve avec les Et > Livres divers. 551 vw écrivains francois , est le fruit de mon séjour dans « les pays où cette procédure répand son incalcu- « Jable bienfaisance ; j’ai appris à connoitre le juri « dans la conversation des jurisconsultes anglois et “ américains , et parmi ces individus qui ont Je. bon- « heur de savoir être jurés, sans qu’on ait eu besoin « de leur faire étudier le juri ; privilége qui est pro- « mis aux François des générations futures , si ceux « qui existent veulent bien faire adopter le vrai juri « à la place d’une procédure de nouvelle invention à qui ils ont donné le nom. L'édifice péche par y la base. On doit le refiire de fond en comble. « Jamais les François n'auront de juri, si, pour le «“ réformer , on continue d’en chercher la base dans «“ leur procédure actuelle, » _ Cette institution judiciaire est une de ces produc- tions révolutionnaires qui ont dénaturé ou détruit tout ce qui existoit en France : l’ancienne jurispru- dence criminelle étoit sans doute défectueuse, in- complète, inhamaine même ; ce qu’on a mis à la place a presque les mêmes vices. C’est ce qu’établit le C. Bonnet dans cette brochure, où il traite du juri primitif, du juri anglois, du juri francois. Le juri, comme cri de la nature, fut l'apanage de tous les peuples libres ; ïls en jouirent jusqu’au moment où les chaînes de la féodalité se répandirent sur toute Ja France. Les Romains en connurent tous les avantages ; et les peuples modernes ont senti que c’étoit un frein contre la tyrannie, et le vrai palla- dium de la liberté individuelle; voilà pourquoi les Bretons l’ont recu ; voilà pourquoi les François ont voulu Padopter. L’auteur fait un grand éloge du juri anglois ; il le fait connoître dans son principe, dans ses formes, dans ses effets; il lui oppose ce qu’on a cru être un juri en France;et, par ce rap- prochement, il démontre jusqu’à l’évidence que le juri n’est point celui qu’on a voulu adopter, mais une procedure qui a tous les inconvéniens attachés aux procédures criminelles en temps de révolution, et ne fait jouir d’aucun des avantages du juri primitif, . Mm 4 £ 52 Livres divers. méme en espérance pour les temps de franquillité et de paix. Nous avons décomposé tout ce que nous avons touché. Notre juri n’est point le juri en soi; mous l'avons dépouillé de ses attributs inaliénables. Le peu d’importance qu’on a mis à la formation du jen d'accusation , fait qu’on manque de la garantie a plus essentielle de la liberté. En appelant à ce juri les mêmes hommes qu’on destine à celui d’évi- dence , de fait, on s’est exposé à tous les dangers de la corruption et de ignorance. Les jurés d’accu- sation n'étant point passifs, mais obligés de juger , sont soumis à l’influence et à la perversité desjuges.Il falloit donc composer le juri d’après une règle qui éloi- gnât ce double danger: le plus sûr étoit la propriété, L’unanimité du vœu des jurés prouve que c’est l’in- nocence que l’on cherche. En éloignant du juri fran- çais cet accord de sentimens , il est évident qu’on ne s’occupe que de la recherche du coupable. Cette brochure interessante appelle l'attention des juris- consultes, occupés en ce moment de la confection du code criminel, et dait être l'objet de leurs mé- ditations. A. J, D. B. EDUCATION. MÉTHODE facile pour apprendre à lire et à écrire en peu de temps ; par le C. Alevandre Cnoron.1 vol. in 12, avec deux cahiers pour l'écriture conforme à la méthode. Chez le C. Bernard, libraire de l’é- cole polytechnique, quai des Augustins, n.° 31. Prix, 2 fr. bo cent. pour Paris. On trouve chez le même libraire quelques exem- plaires du Tubleau analytique et fondumental du sys- tème grammatical, utile aux instituteurs pour les diriger dans l’enseignement des principes élémen- taires de la langue françoise, par le C. Choron, papier grand aigle , in-folio. Prix, 2 fr. | Livres divers. | _ 653 COMMERCE. VIIL.e et IX.e caurIERs de la Bibliothéque com- merciale , ouvrage destiné & répandre les connois- sances relatives au commerce , à la navigation , etc. 3 par J. PEUCHET, membre du conseil de commerce at ministère de l’intérieur , ete. Ces deux cahiers, de 96 pages in-8.°, contiennent: Système de la navigation angloise 3 — Suite et fin du mémoire sur le commerce du Levant, par le commerce de Marseille ; — Description , productions , commerce de Saint-Domingue , parties francoise et espagnole; — Du commerce de la gomme du Sénégal, quantité gu'on en tire , usages de ce commerce ;— Expéditions des Hollandois , de Vancouver, de Cook , et du com- modore Billings , faites par ordre de Catherine T1. Le prix de la souscription est de 21 fr., pour re- cevoir, franches de port, 24 livraisons, et 12 fr. pour 12 livraisons. La lettre et Y’argent doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la souscrip- tion en un mandat sur Paris. On souscrit , à Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, et chez tous les libraires et directeurs des postes. MORALE. AD loeum Cicer. de off. 11, 13, de modestia disser- tatiuncula creationt XIII, Phïlos. doctorum et LL. AA. Mag., recitore magnifico D. Johanne Got- lobe Haasio , anatomiæ et chirurgiæ professore publico; procancellario splendidissimo Carolo À dolt- pho Cæsare Logices, professore puëlico ordinario Decano spectabrli Golfrido Augusto Arndlio pauns dorfii Domino Herediüario dicata ub Johanne Georgio Eccro poetices professore. Lipsiæ , 1796; in-4.° de 24 pages. M. Fck fait savamment , par des exemples anciens O04 Livres divers. tt modernes, l’éloge de la modestie. Nousavons cité, pag. 361, un des plus rares exemples de cette vertu, en donnant l'extrait de la réponse du C. Sylvestre de Sacy à M. Akerblad, A. L. M. Vo vx GR 's: VorAGE à Saint-Domingue, pendant les années 1788 , 1789 et 1790; pur le baron de WIMPFEN. À Paris , chez Cocheris ,imprimeur-libraire, cloître Saint- Benoit , n.° 352. 2 vol. in-8.° de 308 et 264 pages. 6 fr. pour Paris, et 8 fr. pour les dépar- temens. Quoique ce Voyage ait paru il y a plusieurs an- nées, il peut être utile dans les circonstances pré- sentes ; ce qui engage le libraire à le faire an- noncer de nouveau. HA ST OL RIE, GESCHICHATE der Deutchen mit besonderer Rüchsicht auf die Preussischen Staaten, tabellarisch bear- beitet fiir Schulenz; von Friedrich STrAss, Pro= Jessor am Kænigl. Kadetten-Corps, C'est-à-dire, HISTOIRE des Allemands, suriout sous le rapport des élats de Prusse , présentée en forme de tables à l'usage des écoles; par Fréderic STRASs , pro- fesseur du corps royal des Cadets. Berlin, chez F, L. Delaparde. 1802. In-8.° Des tables chronologiques qui renferment les prin- cipaux événemens de la patie de l’histoire qu’un professeur doit enseigner , sont sans contredit de la plus grande utilité au professeur aussi bien qu'aux élèves ; elles soulagent et aident l'attention de ceux- ci, et les mettent en état de saisir d’un seul coup- d’œil la série de tous les événemens qui ont eu lieu pendant un certain espace de temps. Une table alpha- bétique des noms et des principaux événemens , tels que les batailles, les traités de paix et autres , les con- Livres divers. 555 £iles ; ete..etc. , avec l'indication de l’année, facilite beaucoup les recherches, et donne à ce petit livie élémentaire un grand degré d'utilité. T.F.W.... LEs illustres Victimes vengées des injustices de leurs contemporains , et Réfutation des paraioves de M. Soulavie, auteur des mémoires historiques ct politiques du règne de Louis XVI, etc. 1 vol, in-8.° de 416 pag. À Paris, chez Perlet, libraire, rue de Tournon , n.° 1133. … Les hommes instruits, les hommes honnêtes n’ont .pu lire qu'avec indignation cet immense recueil. de rapsodies, de faussetés, d’inepties, à qui on donne ampudemment l’épithète d’historigues. L'auteur de. cette compilation de faits inexacts, controuvés , apo- criphes, a la prétention de vouloir nous persuader qu’il n’y a rien eu de caché pour lui, qu’il a fouillé dans les porte-feuilles des rois , des ministres, des hommes en place ; que les reines, les favorites, les intrigantes lui ont confié leurs secrets les plus invio- Jables ; qu'il a pénétré dans tous les cabinets de Europe, et qu’enfin les six volumes qu’il a publiés peur l'instruction de ses contemporains, et même dé la postérité, contiennent autant de vérités que de pages. On est étonné qu'un petit vicaire de vil- ‘lage , arrivé à Paris par Je coche, en 1780, ait pu parvenir à savoir ce qui s’est passé dans l’intérieur des cours de Louis XV et de Louis XVI, à con- _noître les causes, et à déméler les fils des intrigues qui ont agité les deux 1ègnes. Toute son intimité avec les estimables membres des comités de salut pou et de sureté générale, aura pu lui procurer es pièces originales qu’il a recueillies et ins:rées * dans ce fatras historique, et qui en font le seul mé- rite. Si le C. Soulavie s’étoit contenté de réunir ces morceaux en un ou deux volumes, on jui en auroit su gré; mais on ne peut lui pardouner de les avoir, pour ainsi dire, enfouis dans un amas de faits aussi iuexacts, qu’écrits d’un style qu’on ne supporteroit #56 Livres divers: pas dans un de ces écrivains du coin des rues ; maïs: 1! falloit multiplier les volumes. L’auteur des Vicrimes vengées a reconnu tant d’er- reurs dans cette compilation, que, par respect pour la vérité de l’histoire, il a era devoir les faire aper- cevoir à M. Soulavie lui-même dans les treize lettres qu’il lui adressa. Plus insiruit que le compilateur, sans s'être servi des mêines moyens, il lui démontre ses inconséquences , ses injustices, les contradictions dont ses mémoires sont remplis à chaque article, les absurdités dont ils abondent , le peu de connois- sance qu’il a des personnages qu’il veut peindre, le peu de Jugement qu’il montre dans la maniere d’ap- précier les actions des acteurs qu’il met en scene, et l’impudeur avec laquelle il s’attache à Aétrir des familles dont l’origine et le nom seront toujours “environnés du respect qui leur est du. L’auteur dé ces lettres, écrites avec un peu de précipitation , a regardé comme un devoir de pré- munir ses Contemporains, avides d’anecdotes, du peu de fidélité de celles qu’on ne cesse de leur ap- prendre , et d’avertir la postérité du degré de croyance qu’elle doit accorder à de pareilles compilations krsto- riques et politiques, et surtout à celles que le C. Sou- _Javie multiplie depuis dix ans, et dont il nous menace encore. Nous devons avertir les auteurs étrangers, empressés de traduire tout ce qui échappe aux tresses françoises , de ne point ajouter légèrement foi à des recueils dans lesquels quelques faits vrais sont noÿés . dans un amas d’erreurs, d’invraisemblances et de sot- tses. À: J. DE. TABLEAU des Etats danois envisagés sous les rapports du mécanisme social; par Jean-Pierre UATTEAU , avec une carte. Paris, chez Treuttel dt FFurtz , libraires , quai de Voltaire, n.° 2 ; et à Strasbourg, grand’rue , n.° 15 An x. 1802 3 vol. in-8.° de 354, 370 et 374 pag. 15 fr. pour Paris, et 18 fr. par la poste. Livres divers. 557 La partie historique de ce royaume nous est connue par la savante histoire du Danemarck de M. Masset : ce tableau .ne fait connoître que le matériel , pour ainsi dire, de cette monarchie. La situation aetuellé de ce royaume , et des diverses parties qui le com- posent y est présentée avec une exactitude et des détails qui ne laissent rien à desirer. Le Danemarck, proprement dit, les duchés de Slewig et de Hol- stein , la Norwège, y compris le Finmarken, partie de la Laponie, l’Islande , lesiles Færæ, le Groen- Jand , divers établissemens en Asie et en Afrique, et trois autres iles en Amérique, forment la puis- sance de ce corps politique. Ces possessions dissé- minées, depuis le golfe de Bengale jusqu’au golfe de Guinée, depuis le pôle Arctique jusqu'aux An- tiiles , en rendent le gouvernement très-précaire. Les differentes lois qui sont en usage dans le Holstein , dans la Norwège, et même en Îslande , le caractère et les mœurs des habitans de ces contrées, y rendent l'administration difficile, et souvent l’autorité n’y est pas écoutée et obéie. Le C. Catteau donne d’abord un état géographi- que et physique de toutes les possessions du Dane- marck, il fait connoîtreles institutions qui ontrapport au gouvernement et à l’administration ; il passe en- suite à l’ordre judiciaire, au système militaire , aux revenus publics; la population , l’industrie produc- tive, l’industrie manufacturière, le commerce inté- rieur et extérieur, et tous les établissemens d'utilité publique et d'humanité sont décrits avec précision et d’après des renseignemens qu’on ne peut obténir que par soi-même et avec l’habitude de l'observation. Les derniers chapitres sur la religion , sur l’éduca- tion , sur la langue, le caractère, les mœurs et Îles usages , et enfin sur les sciences et les arts, donnent une connoissance entière de ce royaume, dont l’état actuel n’etoit pas exactement connu. L'article des arts est une preuve que la peinture , la scu]pture , la poésie et la musique trouvent sans doute , dans la rigueur du climat, un obstacle à leurs progres SE Livres divers. Il semble que l'état des arts de l'imagination est encore en Danemarck , au dix - septième siécle, si on Py compare à la perfection où ils sont parvenus dans les parties tempérées de l’Europe. Ces trois volumes sont précédés d’une carte des états danoïs, parfaitement exécutée, par le C. La- pie, ingénieur-géographe de première classe du déà pôt général de la guerre. A. J. D. B. RNT TO U TT ES! OBSERF ATIONS sur le temple d'Eleusis , précédées d'une lettre au C, Millin, sur une nouvelle édition des recherches sur les mystères du paganisme. À Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurios , hôtel de Cluny. An x. 1802. in-8.° de 22 pag. | Ce mémoire a été inséré en entier dans le Maz gasin, année VITE, t. 1, p. 300. , H°x;S TU ot n RME 1 L' PTE RAR EI . HANDBUCH der Geschichte der Griechischen Litteraz tur von Johann August RrEN ÆCKER, Dom Kandi- daten in Berlin, mit einer Vorrede von Herrn Pro: Jessor KIESEIF ETTER. C'est-à-dire, MANUEL de l’histoire de la littérature grecque ; par Jean-Au- guste RTEN ÆCKER , candidat du chapitre, à Ber- lin, avec une préface de M. le professeur KIZ£sr* IFETTER. Berlin, chez L. F. Lagurde. 1802. X11 et 276 pag. in-8.° L'ouvrage que nous annoncons offre aux jeunes gens un tableau systématique de la littérature grec- que , sans cependant s'éloigner du caractere d’un ouvrage élémentaire, qui donne au professeur Poc- casion de donner des éclaircissemens de ce que l’au- teur n'a fait qu’indiquer, et des additions de ce que l'ouvrage n'offre point. L'auteur a profité des travaux de ses sayans com- Livres divers, 559 patriotes , Jacobs, Sprengel , Schlepel, Tennemann, £Eberhard, Eichhorn, Fabricius, Meusel, Harles, etc. etc, Son ouvrage sera un manuel très-utile aux amateurs de la littérature grecque ; il ne s’est pas contenté d’y indiquer seulement ce que les Grecs ont fait dans chaque partie de la littérature, et ce qu’ils nous ont laissé à faire, mais il y a donné aussi quel- ques notions sur les moyens qui les ont conduit à ce degré de développement et de civilisation : ce qui procurera aux professeurs qui choisiront ce ma- nuel pour leurs cours, les occasions de faire observer à leurs auditeurs le développement et les progrès de l'esprit humain. T. F. W. ProCANCErzARIUS Jo. Georgius ECCIUS, mora- lium et polit. professor , honorum philosophicorum candidatis diem petitionts indicit, inest symbolarum ad historiam litterariam Lipsiensem , pars prima ; de munere procancellarit in academia Lipsienst : 1787 æyj pag. Purs secunda , de coliegio mujore principum ; 1988 ævij pw9. Pars tertia , de collegio minore priicipum , 1796 xvj pag. 1n-4.° Nous avons déja fait connoître à nos lecteurs plu- sieurs petites dissertations, des programmes et autres” écrits académiques de M. Eck et de plusieurs sa- vans de l’Allemagne , et nous avons observé à cette occasion que c’est l’usage dans les universités d’Al- lemague d'annoncer les diverses solennités par des programmes écrits, dans quelques-unes , par le rec- teur momentanée de l’université , dans d’autres, par le doyen de la faculté qui fait quelque promotion, dans d’autres enfin, par le professeur d’éloquence. Ce dernier usage a lieu dans l’université de Goet- tingue , et c’est à lui que nous devons les Opuscula academica collecta et animadversiontbus locupletuta, de M. HEYNE, qui, dans l’origine , n’ont été que des programmes publiés à différentes occasions, de la nature de celles dont nous avons parlé. Daus les trois programmes de M. Eck , que nous 260 Livres divers. annonçons, ce savant éclaircit quelques pointsrelatifs à l’histoire de l’université de Leipsick. Dans le pre- mier , il traite des fonctions du Procancellarius de l’université de Léipsick. Il commence par établir la signification que le mot de Cancellarius avoit dans l'origine , il ne désignoit alors , dans le palais de l'em- pereur, qu’un valet-de-chambre chargé d’introduire ceux que l’empereur ou les princes vouloient recevoir ; bientôt ce mot s’est étendu aux huissiers dans les tribunaux qui avoient à peu près les mêmes fonc-, tions, enfin aux secrétaires chargés de soigner la correspondance, d’expédier les ordres, et de vérifier et conserver les comptes. Delà ce nom a passé aux secrétaires intimes et aux rapporteurs des princes ; enfin, on n’a désigné, par le nom de Cancellarius , que celui qui avoit l'inspection des autres, et, depuis ce temps, le nom de chancelier est resté celui d’une très-grande dignité. Dans le temps que les universités commencoient à être établies en Al- lemagne, les papes, sur la permission et même sur la demande des princes fondateurs, préposoient , à ces nouvelles universités des Canceilarii comme ins- pecteurs et directeurs. Le grand respect qu’on avoit à cette époque pour les papes, fit qu’on ne regardoit ces établissemens comme stables et bous, qu'après avoir obtenu cette espece de confirmation du chef de l’église, D’après cela on concoit aisément pourquoi toutes les universités, fondées alors, recevoient de Ja part du pape un chancelier , et pourquoi ce chan celier étoit toujours un ecclésiastique, et pour le plus souvent un évêque. C’est ainsi que l’université de £rancfort-sur-l’Oder, eut pour chancelier l’évêque de Lebus, celle de Greifswalde eut pour chancelier l’évêque de Camine ; celui de Aichstædt eut cette dignité aupres de l’université d’Ingolstadt, et celui de Schwerin aupres de celle de Rostock. ; Les fonctions des chanceliers dans les universités consistoient à juger les affaires importantes, à main- tenir le bon ordre en toutes choses et les priviléges .de chacun; à veiller à ce que les professeurs et les bé étudiaus Livres divers. oôt étudians fissént leur devoir ; enfin, d’avoir soin que dans la distribution des honneurs académiques on observât toutes les formalités prescrites dans l’in- tention d'en éloigner les ignorans. Les promoteurs et les doyens des facultés ne pouvoient en effet conférer les grades académiques à ceux qu’ils avoient exa- minés , et qu’ils avoient d’ailleurs trouvé suffisamment instruits ; qu'après en avoir obtenu l’agréent du chancelier de l’université, auquel ils étoient obligés de communiquer une notice sur la vie , la famille, les travaux, l'instruction de chaque candidat. Tout cela avoit une utilité non-équivoque, ne seroit-ce que par la solennité et l’appareil que les actes et les cérémo- nies académiques en recevoient, ce qui influoit beau coup sur l'opinion qu’on se formoit de ces établis semens dans les différentes classes de la société, Quant à l’université de Léipsick , elle fut fondée en 1409 ; dans la même année le pape Alexandre V lus donua pour chancelier Walter de Kosckeritz évêque de Mersebourg , qui dans les lettres par lesquelles il confirme luniversité, est appelé non-seulement chancelier ; mais aussi conservateur général. Les travaux de celui-ci ne lui permettant pas de s’oc- cuper lui-même de l’examen des candidats, l’usage fut introduit de confier cette fonction à l’un des professeurs, qui porta le nom de vice-chancelier ou Procanceliarius. Lors de la première promotion de maïitres-ès-arts, l’université nomma elle-même, à cette fonction de vice-chancelier, Jean Otton de Munsterberg (1) qui fut le premier recteur de luniversité et professeur de théologie. A comp- ter de l'année 1413, les évêques de Mersebourg ont eux-mêmes désigné leurs Procance larii, et pendant une longue suite d’années, toutes les fois qu'il y avoit une promotion à faire, cet évêque déléguoit sa fonction d’examinateur des candidats, soit au doyen de Ja faculté , soit au recteur de l’université, (1) Son portrait orne le fromispice de ce programme, ainsi que celui du suivant, Tome IL, Nn 562 Livres divers. soit à quelques autres assesseurs ou docteurs, et souvent ceux-ci déléguoient encore cette même fonc- tion à quelqu’autre docteur. La réforme religieuse de Luther n’apporta à cet égard aucun changement jusqu’en 1563, où la fa- culté de philosophie demanda, par une lettre , à Alexandre, duc de Saxe , et administrateur de l’6- vêché de Mersebourg, qu’il lui confiât à perpétuité le droit de nommer le Procancellarius , et qu’il voulüt bien confirmer chaque nomination de Vice- Chancelier qu’il fercit. Le duc ayant donné son as- sentiment à cette demande , la faculté nomma pen- dant 16 années, toutes les fois pour un an un Procan- cellarius; mais en 1580, l'électeur Auguste nomma Vice-Chancelier perpétuel de Pacadémie, Zacharias ScHILTER, docteur et professeur en théologie qui assista à tous les examens, sinon pour examiner Jes candidats, du moins pour les écouter, audiendi causa, comme il est dit dans les registres de l’université de cette époque. Après la mort d’Auguste , la faculté de philosophie obtint de nouveau de l'électeur Chré- tien L, la permiss’on de désigner chaque année un d'eux comme Procancellarius, et cet usage s’est con- servé jusqu’à présent. C’est en celte qualité que M. Eck à publié ce premier programme dans lequel il invite ceux qui se proposent de se mettre sur Îles rangs de: candidats à venir se faire inscrire chez lui jusqu'à une certaine époque qu’il désigne. Frédéric - le- Belliqueux et son frère Guillaume, apres avoir fondé Puniversité de Léipsick , mirent à la disposition des professeurs, deux édiñices pour Jes loger et pour leur procurer un certain revenu. Ces deux édifices portent encore anjourd’hui le nom de grand et petit colléges des princes. Les deux autres programmes écrits également par M. Eck pour in- diquer aux candidats l’époque de leur inscription pour les examens , contiennent la liste des profes- seurs logés dans ces deux colléges dans les premiers temps, ils étoient les seuls qui portassent le nom de professeurs publics , et qui, comme tels, rece- Livres divers. 563 voient un salaire. On conçoit facilement quel intérêt ces listes doivent présenter aux personnes qui sont attachées à cette même université, et auxquelles le souvenir de ces savans ne peut qu'être cher. T. F.W. LErPzIGER Gelehrtes Tagebuch auf das Jahr. 18017. C'est-à-dire, Journal savant de Léipsick pour l’année 1801. Léipsick, en commission dans la librairie de Weidmann, in 8.° de 150 peges. Ce Journal de l’université de Léipsick, pour l’année 1807 , contient par ordre chronologique et avec l’in- dication du jour, l’énumération de tous les actes académiques, des promotions, des thèses qui ont été soutenues, etc., des décès de savans qui ont eu lieu dans le courant de l’année, en un mot, tout ce qui peut intéresser l'amateur de l’histoire littéraire la plus. spéciale de l’université de Léipsick ; on y trouve également l'indication du sujet traité dans les dissertations et les programmes, des notices biographiques sur ceux qui ont obtenu des degrés académiques ; ainsi que sur ceux qui ont été enlevés à l’université par la mort, l'indication des cours qui ont eu lieu chaque semestre, etc. __ À la suite de ce Journal on trouve une récapitula- tion des personnes qui ont défendu des theses avec Findication du jour où le journal fournit les autres dé- tails, les nominations des personnes qui ont été élevées à Léipsick, à differens emp'ois publics dans le courant de l’année 1801, la liste des ouvrages pubiiés par des savans de Leipsick, à l'exception des écrits académi- ques indiqués dans le journal , celle des comtes et per- -sonnes nobles qui ont suivi les cours de l’université dans l’année indiquée. Enfin les ouvrages de l'art exécutés dans la même période dans cette ville. Dans la préface, l’editeur fait mention , avec les éloges convenables, de différens legs considérables faits par plusieurs personnes en faveur de l’uniyer- sité dans le courant de 1801. T.F. W. Nn 2 004 Livres divers. BL TANBAT DO CGR AP HUE: EssAr sur les monumens typographiques de Jean Guttenberg , mayençais , inventeur de l'imprimerie > par Gotthelf FISCHER , professeur et bibliothécaire à Mayence , des sociétés philomatique et médicule d'Emulation ; à Paris , etc. Mayence, an x. In-4.° de 102 pages. Chez l’auteur, n.° 243. Prix à fr. 20 centimes. Nous avons plus d’une fois eu occasion de parler des travaux du C. Fischer. Pendant son séjour à Paris, il s’est livré presqu’uniquement à la physio- logie et à l’histoire naturelle; il a donné des des- criptions très-bien faites de différentes espèces d’a- nimaux, principalement de vers et de poissons, et il a inséré, dans le Magasin , une notice raison- née , très-curieuse , de tous les auteurs qui ont écrit sur la respiration. Depuis cette époque , le C. Fischer a éténommé bibliothécaire à Mayence , et sans aban- donner les sciences physiques auxquelles il peut rendre d’importans services, il s’est également livré à l’histoire littéraire et à la bibliographie. On a lu dans le Mügusin la notice qu’il a donnée d’un mo- nument précieux trouvé à Mayence; on y à lu la notice de ses trois cahiers intitulés rareiés biblio- grphiques, dans lesquels il annonce les connoissances les plus étendues et les plus profondes dans cetie partie ; l'Essai sur Gutteuberg , que nous annonçons, n’est ni moins Curieux, ni moins important. Cet Essai est dédié au ministre de lPintérieur, le C. Chaptal, et précédé d’une lettre au C. Jean- Bon Saint-André, dans laquelle il le remercie des services qu'il a rendu aux quatre déparienens réunis rès desquels il est commissaire du gonvernement. Le C. Fischer rappelle ensuite les importans ser- vices que cetle viile a rendu aux sciences 3 il en trace une courte histoire littéraire, et 1 fait voir ce que Mayence,’ protégée par le gouvernement Livres divers 565 françois, peut encore devenir. Il traite ensuite de toutes les circonstances qui auroient pu accélérer la découverte de l'imprimerie , cette section est pleine de faits instructifs et curieux , il s'occupe ensuite de Jean Guttenberg, il expose d’abord comment plu- sieurs familles parmi lesquelles étoient celle de Gaens- fleisch , furent obligées d’émigrer de Mayence en 1420; sans cet événement, Jean Gaensfleisch de Sorgenloch, dit Zum Guttenberg , vivant dans un siécle où les nobles dégénéroient en sachant écrire , ne se seroit point avisé de cette découverte. Mais éloi- gné de ses parens et de ses biens, il chercha dans son génie des distractions dignes de lui. Nous avons déja rendu compte des annales de la vie de Gutten- berg , par notre respectable ami le professeur Oberlin; le C. Fischer, donne le texte de plusieurs documens seulement indiqués par lui ; :l prouve par la manière dont les mots sont biffés dans les plus ancienres im- pressions de Mentel, que celui-ci n’a employé que des planches fixes , et qu’enfin Guttenberg est le véritable inventeur de cet art ; ii rapporte plusieurs documens qui prouvent qu’il a d’abord inventé les caractères mo- biles , exécutés ensuite en métal, et que l’art de faire des matrices a été amélioré ensuite par Pierre Schoef- fer. Le C. Fischer donne , d’après le professeur Ober- lin , un précis du procès entre Guttenberg et Faust, entre les mains de qui passa l'imprimerie ; il rap- porte en entier l’acte découvert par le C. Bodmann, pen entre Guttenberg , ses freres et sa sœur re- igieuse de Sainte - Claire, en 1459, et y joint les figures des sceaux de Guttenberg ; enfin il termine par une indication des médailles et des monumens. en l'honneur de Guttenberg et une notice de ses por- traits. Dans la troisième partie de cet essai, le C. Fi- scher discute les monumens typographiques de Gut- temberg et ceux qui lui sont attribués; il leur assi- gne leur vrai caractère, et joint des copies figurées de caractères, des lettres initiales enluminées , etc. Il donne ensuite une notice chronologique des ou- Nn 3 566 Livres divers: vrages sortis des presses de Faust et de Schoeffer, et enfin, uve liste chronologique de tous les mayen- ais célèbres dans les sciences et dans les lettres, et ouvrage bien imprimé, accompagné de gravures curieuses et bien faites , mérite l’attention des savans, et donne au C. Fischer un juste droit à leur estime. A. L. M. P'o}É" SRE NEA T FN E. APOLLINEUM opus in gratiam alumnorum a Mustis collectum et editum cui accessit prosodia latin sew manuductio ad Parnassum , ad usum scholarum ; auctore J. S. J. E, BOINPILLIERS, ex Instituto gallico, e Societate philotechnica, etc. humaniorum- que litterarum professore. Parisiis, apud Hocquart, in via Cytharæ, n.° 239 ; Beliovaci, apud auctorem in Gymnasio centrali, Desjur.ins, bibliopolam. An. x (1801). Consulibus N. Bonaparte, Cambaceres, Lebrun. In-12 de 170 pages. Ce petit recueil a pour but d’enseigner aux jeunes gens la composition des vers latins ; il commence psr un traité de la versification : on trouve ensuite des exemples de différentes sortes de vers. Le troi- sièeme Jivre contient des vers écrits comme de la prose, pou” apprendre aux jeunes gens à les sépa- rer. Le second voiume renferme les exemples les plus dificil:s. On ne peut dou er de lutilité de ce re- cueil pour l’éducation. A. L. M. Romans. L'ENTHOUSIASTE corrigé; par L, BILDERBECK jeune. Paris, Pougens, quai de Voltaire, n.° 10. An x. 1802, et Pichon, libraire, péristyle du théâtre Favart , 3 vol.in-12 de 236, 255 et 278 p. Si quelque chose pouvoit corriger de l’enthousiasme des romans, à Coup sur ce seroit la grande quantité que l’on en voit paroître chaque jour. Quant à celui- ci, comme il n’awiuse et n’intéresse guère, je ne crois pas qu’il fasse grande sensation dans le monde. "Re D. . ESSOR PSS TUE LL OT SE RE ETARECC) TABLE DES ARTICLES. ARITHMÉTIQUE. Traité élémentaire d'Arithmétique décimale; par le C. Guillard. 406 ASTRONOMIE ET NAVIGATION. Extrait du rapport fait au Bureau des longitudes, par les CC. La- grange, Laplace, Méchaïin et Delambre , sur les tables lunaires envoyées au concours ouvert en messidor an 8. 106 Prix d’Astronomie pour les tables de lune, adjugëé à M. Burg, de Vienne. 250 Note du C. Bernardin-de-Saint-Pierre, sur les moyens que les naufragés pourroient employer pour établir une correspondance maritime. 527 HISTOIRE NATURELLE. Elémens d'histoire naturelle; par le C. AMi//in. 5.e édition. 263 Annales francoises de l'Histoire naturelle générale, de la Physique, de la Chymie, de la Physiologie, et des applications utiles de ces sciences; publiées par MM. Pfaff et Friedlaender (en allem.). 117 IcHTrHrxozocre. Histoire naturelle des Poissons; par le C. Lacépède. Tome IV. 545 HerPÉTOLOGIE. Histoire naturelle des Amphibies et des Quadrupèdes ovipares , et des Serpens; par M. Lacépède ; trad. en allem. par M. Bechstein. 264 Sur le Crocodile, par le C. Franck, ex-médecin de l'armée d'AEgypte. 247 BOTANIQUE. Le Botaniste Cultivateur ; par Dumnont-Courses. 119 Lettres de madäme de C.***, sur la Botanique, et sur quelques sujets d'histoire naturelle , etc. par L. D. 21. 120 Plantes aïlantiques, recueillies er observées dans les Iles Madères, de l’Ascension, de Saint-Jago et de Sainte - Hélène; par George Forster. 25e Recherches sur les diverses espèces d’Ipecacuanha ; par le C. Decan- dolle. Sax Recherches chymiques et microscopiques sur Îles conferves, bisses, tremelles , etc.; par Girod Chantrans, 4aa Essai d'une Chloris du département des Landes; par J. Thoré. 543 Nn 4 568 Table des articles: PALAEOGRAPHI1IEX. Partie grecque de l’Inscription de Rosette. 504 HiISTOIRE LITTÉRAIRE. Manuel de l'Histoire de la Littérature grecque ; par Rienœcker (en allemand ). 558 MINÉRALOGIE:. Tables de l'Histoire naturelle générale universelle; par F.S. Bertuch. Règne minéral. Premier cahier (en allemand) 537 Elémens de l'Histoire naturelle du règne minéral ; par À J. G. C. Batsch. Première partie. Histoire générale des Minéraux et Histoire particulière des Terres et des Pierres (en allemand). 540 Mémoire sur les Forges du département de la Côte-d'Or; par le C. Guiraudet, préfet du département. 542 PHYSIQUE. Considérations sur une loi remarquable de l’altération de la couleur des corps organiques par l'influence de la lumière; publiées, au nom de la Société linnéenne de Léipsick, par Chrètien-Samuel 7Feiss (en allemand ). 26r Dissertation sur la tradition qu’Archimède a incendie la flotte romaine devant Syracuse, au moyen de miroirs de réverbération ; par Jean- Frédéric Facius (en allemand ). 554 Trois heures d'amusement, oz le nouveau Comus, contenant les tours de cartes , les problèmes d'arithmérique , de géoinétrie et de physique les plus faciles; par le C. Du..4/y. | 533 De l'usage des Lampes chez les anciens, expérieuces comparatives pour juger des effets de plusieurs quinquets à courant d'air, et qui diffèrent entre eux ; par E. P. À. Dergny. 534 Considérations sur le danger des lumières trop vives pour l'organe de la vue, et sur les moyens de s’en garantir; par P. N. Famin. 556 Mémoire sur la direction des Aréostats ; par Félix Henin. 556 Dissertations sur quelques points de physique; par le C. Lendy. 408 Prix annuel proposé par FInstitut national, pour le savant dont les expériences auront le plus avancé la marche des sciences phy- siques. Je Machines et Instrumens de physique, donnés au Lycée de Vérone par le C. Cazzola. 194 Machines de physique, inventées et exécutées par le professeur Vassali-Eandr. Ibid, PU ES Table des articles. 569 / - Vaccine en Espagne. 514 Vaceine en Lialie. 515 PHysrozocres. Nouveaux Elémens de Physiologie, par Anthelme Richerand. 257 Note sur un enfant monstrueux qui a vécu deux mois et demi, sans aucun membre; par le C. Dupuytren , chef des travaux anatomiques de l'Ecole de médecine de Paris. 525 ENcÉPHALO-CRANIOSCOPIE. Exposition de la nouvelle Théorie de physiognomie basée sur l’exa- men des fonctions du cerveau, de M. le docteur Ga/l; par M. Froriep, professeur à Lena (en allemand). 265 Lettre de Charles Villiers à Georges Cuvier ; sur une nouvelle théorie du cerveau; par le docteur Gal. 414 CHMT RU R) GIE. Théorie et Pratique de l’art du Dentiste ; par le C. Laforgue. 413 Nouvelles méthodes pour manœuvrer les accouchemens; par J. P. Maygrier. 548 ECONOMIE RURALE ET ÂGRICULTURE. Cours complet d'agriculture théorique, pratique, économique et de médecine rurale et vétérinaire ; rédigé par Rozrer, 122 Mémoire sur l'utilité qu'on peut tirer des marais en général, et particu- lièrement de ceux du Laonnois; par Cretté-Palluel. 122 Traité de la grande culture des terres ; par Isore. 549 Instruction pour les Bergers et pour les Propriétaires de troupeaux , avec d’autres ouvrages sur les-moutons et sur les laines ; par Dau- benton. Troisième édition publiée par ordre du gouvernement, avec des notes, par J, B. Huzard. 549 EcoONoOMIE SOCIALE. Harmonie hydro-végétale et météorologique; par le C. Rauch. 267 Défense des considérations sur le Célibat; par le C. Poncet de la Grave. 271 Supplément au Mémoire de la libre ee Le du Rhin; par P.F. Paravey. Ibid. COMMERCE. Sixième à neuvième Cahiers de la Bibliothéque commerciale; par le C. Peuchet. 129. 553 570 Table des articles. JURISPRUDENCE: Journal de Jurisprudence, publié par l’Institut de jurisprudence et d'écenomie politique. 130 Du Juri en France ; par J. L. Bonnet. 650 GEOGRAPHIE. Ephémérides géographiques universels; par une société de savans; rédigés par A. C. GasparietF. J. Bertuch (en allemand). 416 VOYaAGESs. Voyage de la Troade , fait dans les années 1785 et 1786; par J. B. Lechevalier. 3.° édit. 7 Prècis des Voyages du C. Fauvel dans le continent de la Grèce , dans les îles de l’Archipel et dans la Basse-AEgypte. 237 Fraguens d'un voyage en Afrique, fait pendant les années 1785, 1786 et 1787, dans les contrées occidentales de ce nom; par Sil- vain-Meinard-Xaxier Golberry. 154 Voyages de Hornemann. 528 Voyage à Saint-Domingue , pendant les années 1788, 1789 et 1700; par le baron de Y”impfen. 554 Prospectus d'un Voyage pittoresque , historique et géographique du royaume d’Espagne ; par le C. Alexandre Laborde. 426 S'TIA-T 1'S\T EN QUO CE. Recherches sur le nombre des habitans de la Grande-Bretagne et de l'Irlande ; par sir Frédéric Morton-Eden. 550 Tableau des Etats Danois ; par Jean-Pierre Correau. 556 HLsS/TI0 TRE: Prospectus d’un Atlas historique , calculé pour l'inrellisence, l'étude ou le ressouvenir de l'histoire de chaque pays de l’Europe; par A. Le Sage; traduit de J'anglois par lui-même. 422 De l'importance de l'étude de l’histoire, ét de la vraie manière de l’enséigner ; par le C. Chanñtreau. 131 Histoire de la Religion, de la Constitution et de la Civilisation des anciens Scandinaves; par le D.r Frédéric Ruhs (en allemand). 153 Histoire et Description abrégée de Gœttingue et de ses environs ; par C. Meiners (en allemand.). À 134 L'Histoire ancienne de l'Irlande, prouvée par les livres sacrés des Bramines de l'Inde; par Charles Fa//ancey (en anglois). Ibid. Extrait d'un Tableau du règne de Louis XV ; par le C. Delille de Sales. 85 Table des articles. 871 Recherches du C. Baraïlon, sur les Fr'miers ouvrages de tuilerie pendant le séjour des Romains dans les Gaules, sur leur emploi et leur dégénération. = a24 Extrait d’un Mémoire eur l’ancien commerce de Caen; par le C. Delarue 198 Lire du C. Coïte à Besancon, au C. Millin, relative à un homme inhumé avec une armure entière. 215 Notice de deux corps conservés dans un caveau de l’église de Saint- - Thomas à Strasbourg, et par occasion du ci- devant couvent de Saint-Nicolas-aux-Ondes ; par le C. Oberlin père. 210 Observations du C. Anquetil, sur Louis IX. 66 Histoire des Allemands, surtout sous le rapport des états de Prusse; par Frédéric Strass (en allemand ). 554 Les illustres Victimes vengées des injustices de leurs contemporains , et Réfutation des paradoxes de M. Soulavie, auteur des Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI. 555 ANTIQUITÉS. Choix de Costumes civils et militaires des peuples de l'antiquité; par N. X. Willemin. 275 Dissertation sur le Vase d’or trouvé à Rennes le 26 mars 3774; par le C. Cointreau. 276 Observations sur le temple d'Eleusis. 558 Statue de la Pallas de Velletri, restituée à la France. 246 Extrait d'un Mémoire du C. Mongez, sur une épée de fer, trouvée près d'Abbeville, et envoyée par le GC. Traullé. Statue colossale de Cérès, envoyée d’Eleusis à Cambridge. 193. 194 Description d'un pavé en mosaïque, découvert dans l’ancienne ville d'Ttalica, aujourd’hui le village de Santiponce, près de Séville, par Alexandre Laborde. 426 Antiquités découvertes dans les fouilles ordonnées à Rome par le pape. 368 Notice sur deux monumens anciens récemment trouvés à Bordeaux, par le C. Bernadau. 57e NUMISMATIQUE. Observations lues à la Société d'émulation d’Abbeville, sur la lettre du C. Traullé au C. Millin , à l'occasion dn trésor romain trouvé près Hornoy, au département de la Somme. 289 Note du C. Ameïlhon, sur quelques médailles impériales et une cor saline trouvées près de Fontainebleau. 221 572 Table des articles: MÉDECINE. Dissertation sur l’Erysipèle, par le C. Renauldin. 125 Traité des Maladies gourieuses ; par le C. Barthez. 453 Recherches sur la Médecine ; par Francois Plancher, 410 Rapport des commissaires de J'Ecole de médecine de Paris, sur les expériences faites pour constater les effets des bains de gaz hydro gène sulfuré, 399 De munere Procancellarii in Academia Lipsiensi, de Collegio” ma,;ore principum, et de Collegio minore principum aur. Jo. Georg. Eccio. 559 Journal savañt de Leipsick, pour l’année 1801 (en ellemand ). 565 Supplément à la France littéraire de 1771 - 96 , contenant, outre les additions et corrections, les nouveaux articles jusqu’en 1800, avec une table générale des matières; par Jean-Samuel Ersch. 425 Règlement de la Société libre des sciences et arts, établie à Strasbourg le 27 prairial de l'an 7. 136 Mémoire pour les CC. Bossange, Masson et Besson, contre les libraires Moutardier et Leclese, contrefacteurs de la cinquième édi- tion du Dictionnaire de l'Académie francçoise. Ibid. Tnstitur national — Notice des travaux de la Classe des sciences morales et politiques , pendant le troisième trimestre de l’an 10; par le C. Ginguené. 66 Notice des travaux de la classe de littérature et beaux -arts, pendant le troisième trimestre de l'an 10; par le C. Vilar. 217 Extrait des registres de la classe des sciences physiques et mathéma- tiques, contenant un rapport des CC. Jussieu, Desfontaines et Ventenat, sur différens travaux en botanique du C. Poireau, lu à la séance du 9 thermidor an 10. 387 Rapport fait à la classe des sciences mathématiques et physiques, sur le prix fondé par le premier consul. 86 Ecole de médecine, 399 — Séance publique dn 24 vendémiaire. 91 Prix décernês par elle. 10€ Société philomathique. S2r Académie de Législation, Séances publiques des x thermidor et 1 fruc- tidor an 10. 401. 526 Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale. Séance du 9 mes- sidor. 103 —— Membres qui composent sés commissions et comités. r03 et suiv. Notice sur l’état actuel de l'enseignement de l'administration des mineg en France. 114 Table des articles. 573 Société des sciences de Rouen. Prix proposé par elle. 386 Société d'émulation de Rouen. Séance publique du 7 thermidor an x. 384 Procès-verbal de Ja troisième séance publique de la Société d’agriculiure et des arts de Boulogne-sur-Mer, tenue le 8 floréal an x. 575 Prix proposés par cette Société, 583 La Société médicale de Montpellier ne doit pas être confondue avec la Société de médecine pratique de la même ville. 569 Société d'agriculture de Seine et Oise. Prix proposé par elle sur le lavage et le dégraissage des laines. 215 Socièté d'agriculture et de commerce, formée à Caen. 197 Société de Colmar. Séance du 6 prairial an x. Prix sur les engrais pro- posés par elle. 60. 62 Société libre d’émulation du département du Var. Séance du 4 germinal an x, Prix qu’elle propose. 57 Prix décerné par l’Académie de l’histoire et des inscriptions de Stock- holm. 195 Cabinet des antiques, médailles et pierres gravées du roi de Prusse; formalités à observer pour le voir. 53 Ecole pour les jeunes gens de la noblesse, établie à Pétersbourg. 56 Socièté économique des amis du pays de Valence. 195 Comptoir des arts et de l’industrie à Vienne. 515 Objets des arts venus de Naples , transportés à Paris. 246. 247 Arrivée à Londres des Antiquités ægyptiennes prises aux François à Aiexandrie. 513 Traduction russe du Voyage du jeune Anacharsis. 193 OEuvres de Spinoza; édition complète, publiée par M. Paulus. 368 Foire de livres à New-Yorck, dans les Etats-Unis de l'Amérique. 565 M. Gurlit, nommé directeur du Johanneum à Hambourg. 568 Lettre du C. Gaïl, sur quelques fautes d'impression qui se sont glis- ses dans un de ses articles. Observation du rédacteur à ce sujet. 533 BiBLIOGRAPHIE. Essai sur les monumens typographiques de Jean Guttenberg , mayen- cais, inventeur de l'imprimerie ; par Gotthelf Fischer. 564 Recherches du C. Daunou , sur l’origine de l'Imprimerie. 74 et suiv. Résultat de ces recherches. 76 BÊL OIG HA PrAT E: Notice biographique sur Zuneau de Boisjermain. 25 Vie de jaurent de Médicis, surnommé le Magnifique; traduite de l'anglois de William Roscoe, sur la seconde édition; par François Thuror. 303 574 Table des articles. Notice historique sur la vie et les ouvrages de Dolomieu » par le C. Lacépède. 45% Vitam Johannis Hermann scripsit Thomas Lauth. 273 Notice biographique sur madame For. 531 sur Duplanil. 5352 — sur Larrivée. 529 sur Cornélie Woutters , connue sous le nom de madame de Wasse. 530 Mort du C. Francois - Xavier Bichar. 252 Notice biographique sur Fusée-Aublet, botaniste du roi; extraite d'un manuscrit de Lemanon. . 365 MoraALE. 4d locum Cicer. de Off. II. 15, de modestia dissertatiuncula , auctore Johanne Georgio Eccio. 553 MÉTAPHYSIQUE. L Pensées sur Dieu, sur l’immortalité de l’ame, et sur la religion. 123 De l’Immortalité de l’ame; par Maximin Zsnard. 125 Extrait d'un Mémoire du C. Destutt - Tracy , sur la philosophie de Kant. 77 Extrait d’un Mémoire du C. Mercier , intitulé : de l'acte du Moi. 79 EDUCATION. Bibliothèque géographique et insuuctive des jeunes gens; par Campes 272 La République de l'an 50, partie morale ; par le C. Duran. 128 Méthode facile pour apprendre à lire er à écrire en peu de temps; par le C. Alexandre CAoron. 552 GRAMMAIRE. Méthode analytique pour l'étude de la langue francoise ; par le C. Remesy. 136 Note du C. Mercier, sur la nuance qui différencie les mots /angue et langage. 67 et suiv. EPISTOLAIRES. Nouveau Manuel épistolaire , francois et allemand. 287 B&zrzLres-LEeTTRres. Principes généraux des belles-letires; par le C, Domairon. 276 Table des articles. 575 Dr T TUÉCR A DUR IE, (OR L'E N'T A L'E, Magasin asiatique, rédigé par une Société de savans, et publié par Jules K/aproth {en allemand). 277 Monument de Yu; publié par le D. Hager. 28£ LITTÉRATURE GRECQUE. Leitre de J. B. Gaï!, à M. Schneïder, sur une partie des variantes trouvées dans les si manuscrits des Helléniques. \ 17 Traité d'Hippocrate des airs, des eaux et des lieux; traduit par le D. Coray. 145 Athenæëi Naucratitæ dipnosophistæ .... emendavit ac edidit Johannes Schweighæuser. 325 POS RL AUT TUNER, Spollineum opus in gratiam alumnorum a Musis colkectum auctore J. 8. J. E, Boinvilliers. 566 De amoribus Pancharitis et Zoroæ. 482 POÉSIE FRANCAISE. Epitre & Napoléon Bonaparte , premier consul ; par un Soldat de l’armée d'Italie. 158 Ode sur la moit de Dolomieu; par Fortunée Briquet. Ibid. Poèmes et Poésies ; par l’erlac. 159 Epire au premier Consul; par le C. Letourneur. 284 La Boucle de cheveux enlevée; par Pope, Ibid. THÉATRES. THÉATRE FRANCOIS DE LA RÉPUBLIQUE. Débuts de mademoiselle Duchesnoïs. 253. 402 TM ÉATRE, FAYDE Au. Le Trésor supposé, ou le Danger d'écouter aux portes, 254 TuHéarTere Louvosze, Le Billet de Logement, o4 la Rencontre. 254 Le Protecteur à la mode. 403 r THE A TRE DU VW AÏU D E V IL LE. L'heureux Choix, ou les Epoux dotés, 255 Carlin débutant à Bergame, 404 Marmontel. 405 976 Table des articles. RomMaANs. Rosella, ou les Effets des romans sur l'esprit des femmes. 285 La Roulette, ou Histoire d’un joueur. 286 Mon Habit mordoré, ou Joseph et son maître, par À. H. Keratry. Ib. | L'Enthousiaste corrigé; par L. Bi/derbeck jeune. 566 BEAUx-ARrTs. Description du cabinet de M. Paul de Praun, à Nuremberg; par Christophe - Théophile de Murr. 53 Traité élémentaire des règles du dessin; par le C. Bosio. 287 De l’état actuel des arts à Genève; par T. C. Brunn-Neergaard. 140 Tableau allégorique de Rubens, réprèsentant Mars partant pour la guerre. 245 Manuel du Muséum francois; par F. E. T. M. D. L.I.N. 43e Projets pour l'amélioration des salles de spectacles; par Louis Care + (en allemand). r4o MÉLANGESs. Archives générales du Nord. 288 Lettres inédites d'Henri IV et de plusieurs personnes célèbres; par le C. Séryés. l 141 Magasin hanséatique; publié par J. Smidr. 142 Lettres sur Constantinople, de M. l'abbé Sevin, au comte de Caylus, etc. etc.; le tout imprimé sur les ouvrages inédits, et revu par M. l’abbé Bourler de Vauxcelles. 38a # “Inscription de Rogetre. Table des ‘Articles contenus dans ce Numéro. % Mépzcins Traité des Maladies goutteuses; par le G, Barthrez. 435 BIOGRAPHIE. Noiice ‘historique sur la’ vie et les - ouvrages de Dolomieu, lue à Ja séance publique de l'Institut national des sciences et des arts, le'x7 messidor an 10, par le G. ZLocépède. 439 POÉSIE LATINE. De Amoribus Pancharitis et Zoroæ. 482 PALMÆOGRAPHIE. 504 VARIÉTÉS, NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITIÉRAIRES. NouvELces ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Londres. 515 Nouvelles d’'Es agne 5:4 Nouveiles d'Iaie 515 Ibid. Nouvelles de Viénne, P:ARx 2. Socitté philomathique. S2r Académie de législation. Séance pu- bl que du 1 fructidor an 10. 636 Correspendance maritime. 527 Voyages de Hornemann. 528 NéernoOLoOGte. Mort de Henri Larrivée. 529 Mont de Cornélie de 'asse. 550 Mort de Marie - Anne - Henrierte Vior. 531 Moit de Duplanil. 532 CoRRESPONDANCE. Le C. Gail au C. Millin. 533 LIVRES DIVERS, Physique, Trois heures d’amusement; par le C. Du. .ly. Ibid. De l'usage des Lampes, chez les anciens; par le C. Dergny. 534 Dissertation sur la tradition qu’Ar- chimède a incendié la floue ro- maine devant Syracuse, au moyen de miroirs de réverbération, pour servir d'écrit d'invitation à la cé- lébration du jour de fondation du Gymnase académique. casimi- rien, le 3 juillet 1807 ; par Jean- Frédéric Fectus (en allem.). 15. Considérations sur le danger des ! Jumières trop vives pour l'organe & de la vue, et sur les moyens de s'en garantir; par le C. Farmir. 536 Mémoire sur la direction des Arèo- siats;, par Fèlix Hénin. Ibid, Minéralogie. Tables de l’histoire générale vni- verselle, d’après lés trois règnes; publiées par EF, J. Bertuch (en allemand ), 557 Elémens de l'histoire naturelle du règne minéral; par À. J, G. C. Batsch (en allemand). 540 Mémoire sur les Forges du dépar- tement de la Côte - d'Or; par le C. Guirauder. 5ée Botanique. Essai d’une Chloris du département des Landes; par le C, T'Aoré. 548 | Nouvelles “méthode pour mation + Nx La % Da Jui “en France par le KG LT Morton-Eden. AGE \350 4 Orni lofie. , « Histoire naturelle des Poisso le Cr ÉBepadet Are M UPTE FN hu pe ARR -1845] | dérie Srrass. Les illustres Victimes vensées des injustices | de leurs contempo: 6e Chirurgie, L sryrer. les accouchémens ; par le Ce Mafgriers | 5481. vains, et R furation des paia- 114 Agricilture. : -} doxes de M, S97/avie 555 Tableau des Eteis danois envisagés | Sousrles rapports du” mécanisme ‘ Social} par Jean-Pierre Cacreau. DÉS NE TL 05 Le, 4 0, Antiquités. Cbservations sur Je temple d'Éleu-, : "sis, précédtes d’une lettre âu ©. -Millin, sur une nouvéile édition des Recherches sur lés mysiéres . du Paganisme, 558 7 Histoire Jittéraire, | | Manuel de lhistoice. de: la Littéra= 71 .ure.grecque; par Jean-Augusta | + Aienæeker (en'aliemand). 1b4@, ‘De Proëaicéllaño, Auëtère Jo, | - j Û É, PET FR PE RE AS ADD ce SSI EU RON À à) 500, PR ma TN UN TN NT ôdrmal * savant de” Leipsick. pour AR ra Educatione” ," af. l'année 1601-(ei aliemuuid), "263 Méthode facile pour apprendre à | Bibliographie. lire et à écnire en pen de teinps{ s par lé C. Alexandre Choron, 552 Connnerce; \ VilLe er 1X:e Cahiers de Ja Piblio- théque commerciale; parle C. Peucher. N'ES Je ANS MEN “Morile. Ro Ad Jocur Cicer.de off. 11,15, L'ide rmodeèstia disserlatiuncula créationt AIIL,, plhiios. doc- torum et LEZ. AA. mag: Auc- Traité de la grande Culture dés terres, «par le C. soré.. *. 549 Inaruction. pour. lès: Bergers et : + poue les Propritiaies de trou- | fT'rpeaux ," avec” d'autres ouvrages !- sûr les motftons et sar Jes Jai ». nes; parle C. Daubenson. Ibid. RTS TU NS Recherches sur le nombre des ha-| *"'hitans dé la Graudée-Bretagne.et dE Plrlande: par” sie Frédéric as à ohapisptudente.s 4" Essai sur les Montimens typogras phiques de Jéän Guuenberg , mayençus, inventeur de. line ”. primérie; par Gotthelf Ztiseñers + : ; E6% Poësie latine. cApollineum opus in £ratiara ‘alumnorum & Musis collee-- tumr et édit CUE VaCOESsÉE prosodie latina seu manuduc- 410 ad parkaäsSuri, ad usur “scholarum,; auctôre Si SJ, E4 * vereEccio. 57 ©: Zhid, -Boinyilliers. … 5tG Lans à À Voyages. s 0 77 Romans. , Voyage à Saint =Doniufne, pen- ! L'Enthousiaste corrigé ;- par Je Q, ant les auuécs 1788, 1789 « Biläerbeck jeune." ""1bid. de: AS VON Me pi Ceux qui desitent faire annoncer leurs ouvrages dans quelques-uns des meilleurs jonrraux de l'Alle- mague, peuvent en rémettre un exemplaire au bureau de ce journal, | el o ss PC RCIC ROIS E) relie CRE Te o Te “ 4 at dx st HAL + \Y tel x } A \ tt to ACC OEUE ee DURANT LAN CRU « 4 it At \S v À vtt \ tte ne Kù x ta : “ SUSS du At