1,1 +4? * il \ 4 CU 1° (He nt Lx EU AU Eten À LEAVE 1 EU CAC LATE ME RELN DATES LR LAME i x < ë " # .. = , un . + * J . « O7 7? . 1," h ERA ES sè ‘ ‘ Hé, 4 i . k- - & ÉMIS A à a * < à D A em A “ ee OTTE) Nr =: 1 De Er NALr 7) 2% FÉES | sous les Livres : (N'123.) Frimaire an 11. MAGASIN ÉNCYCLO 0 NAMUR a o 5. pa JOURNAL DES SCIENCES, be DES LATTRES ET rs sis, ee ss pt e à | " AVIS Fe HIT Le pris de ce Journal est ie nr se D tant pour nc Pal a que pr les. b ee des CAS ; pit. On peut Rp An Bu a ps se. Brocurre l'étranger, € ur eat see LL ane S6 modern Fra à mes in roi ; -GLÈS, LALANDE, ÿ LAcérvR ‘" MeNTELLE, BARBIÉ de DE MORELLET, Nôëc, OBERLIN ruée CaiztarD, Vos D Tome IF. rc Gé A 7: Cou, "y Léveilré, Cuvrer, Grofrrot, VENTENAT, CAVANILLES, USTERI, BOETTIGER, VIsCONTI, VrzLoison, WiLLEMET, WiINCKLER, etc. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux duvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- tement possible aprèsleur publication. On y donneune notice des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger, n y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux qui sont propres àen accélérer les pr ès. x : Ÿ. Va 4 j n y publie les découvertes ingénienses , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. | On y trouve des-notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. . ; Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles, x On s’adresse, pour l’abonnement, à Pis , au Bu- reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucus, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Hengst. A Amsterdam ; À pee Van. Gulik ; À Bruxelles, chez Lemaire, A Florence, chez Molini. AF Éd Sr de , chez Fleischer, z chez Manget. A. Genève, chez Paélaid, À Hambourg, chez Hoffmann. A Leipsic, chez Wolf. À Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Bofle, Gerard Strerr, A Strasbourg, chez-Levrault, À Vienne, ch:z Degen: A Wesel, chez Guister, Directeur des Poste J1 faut affranchir les lettres, MAGASIN * ENCYCLOPÉDIQUE. VAI À NN EE FO NE LV. MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PAR A. L. MILLIN, CoNsERrATEUR des Antiques , Médailles et Pierres gravées de la Bibliothéque nationale de France , Professeur d’'Hi- stotre et d’Antiquités; membre de la Société royale des sciences de Gæœttingue , de celles des Curieux de la Nature à Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minéralogie d'Iéna , de l’Académie royale de Dublin , de la Société linnéenne de Londres; des So- ciétés d'Histoire naturelle , philomathique , médicale d’é- mulation , des Observateurs de l’homme , et de l Athénée des arts de Paris; des Sociétés des sciences de Rouen, d' Abbeville, de Boulogne , de Poitiers , de Niort, de Nis- mes , de Marseille, d'Alencon, de Caen, de Grenoble, de Colmar , de Strasbourg, etc. etc. VIII ANNÉE. DOME QUATRIEME. + D ACER ES, Chez Fucus, Libraire, rue des Mathurins ; maison de Cluny, n.° 334. AN XI—1602, #20 % a Ho ta #oior Das ë ER J MER " \ v 4 Fes Lx * ù Le, Ve ao? F8 2€ LA nAROË FA NOR QIX a ï PE Ste | Ste FRRAUUTE Lu 4 CES és patte DCE FREE su RASE PE Le Fe NUE Lei A De MORT rent fem Mie à n\ 7 die dr ne id AUEEE ap LS à eh does C'PENTTEL * “ j | EUR coin à est Age Deer ra ACL OM Myt ARE à Me ne 0 bn LOU Re Es En Nr ne SR soi eV A 5 sante t 46 mi Ad on, : AGIT astres é e a Cf ra tn D LA 5% evo sy FAO aù RUN db Ju Du mb ee sm ri veus Dh ROMANE semi À NX CET R 9% ere te L 2 ; de Ka Ft pe E . tel gs LS ni — = er | aMUIA IT RU 17 re MOMENT ES Ft ee FA hat sdmns DEC ed ” ë | | Css ÿ TRE VE da A) me ) 2] st 2 Lt 4 TA } À LA * ia auditif 2% SM M sous sw | De. à 488 Sn cel 2h HoBi ar: ; Ets Ke nl : + } ü LR TES d A s # pui: RTE 2 'HA UT TS US: ie fe é | PA PA RUE E ARGIE à | re mA Le ke (5e | : de 2x - + E+ AN LM : LA < L < sf & ” dE AU CÉLÈBRE MINÉRALOGISTE VVERNER, HOMMAGE D'ATTACHEMENT ET DE RESPECT. N CT FORME? RP TA hi "1 PE MU. R À w #: Pre ER ile nt hé ris (6 \ ? Î M AG ASIN ENCYCLOPÉDIQUE. PES, LOL: GE EssAr sur la Nutrition du Fœlus; par Jean - Frédéric LOBSTEIN , docteur en médecine, prosecteur à l’Ecole de méde- cine de Strasbourg , membre de la Société libre des sciences et des arts , de la Société médicale de la même ville, correspondant de la Société médicale d’émulation de Paris. Strasbourg et Paris, chez Levrault frères, imprimeurs-libraires. An x.—1802. In-4.° de xvj et 150 pag., avec 2 gravures. Prix, 4 fr., et 5 fr. pour les départemens. Ex rendant compte, dans ce journal, des Archives del’ Art des Accouchemens, publiées par le C. Schweig- hœuser, nous avons parlé plusieurs fois des travaux du C. Lobstein, entre autres de ses Recherches et Observations sur la position des testicules dans le bas- ventre du fœtus, et leur descente dans Le scrotum ; nous avons annoncé, à celte occasion (1), que le C. Lobstein s’occupoit alors de recherches sur le fæ- tus. L’ouvrage que nous allons faire connoître à nos () Magasin Encyclop. Aunée VII, t. II, p. 135. À 4 8 Médecine. lecteurs contient le résultat de ses récherches : le C. Lobstein s’y montre le digne successeur de son sa- vant et célèbré oncle, le professeur Lobstein, qui, pendant une longue sue d’années, a été un des principaux ornemens de l’université de Strasbourg. De toutes les difficultés que présente la physiolo- gie, l’explication de la génération est, sans contredit, celle qui a fixé plus particulièrement l’attention des médecins et des philosophes. Dans chaque siécle, où les sciénces naturelles ont fait quelques progrès, les hominès du plus grand génie ont cherché à soulever le voile dont la nature.a couvert cette fonction créa- trice. Les obstacles qu’ils ont rencontrés dans ces-re- cherches n’ont fait qu’augmenter leur constance et leur assiduité ; cependant le résultat de leurs travaux s’est borné à quelques observations intéressantes et à des expériences ingénieuses : à l’aide d’un petit nombre de faits ils nous ont transmis des systèmes et des opinions ‘purement A oi en sorte que lascience ést devenue plusabon gratuites; mais qu’elle n’a rien gagné en certitude. La doctrine concernant la nutrition du fœtus, moins hypothétique que celle de la génération, se trouve cependant encore dans un état d’imperfec- tion qui ne surprendra point , à la vérité, ceux qui connoïssent les difficultés qui se présentent à chaque pas'qu’on veut faire dans les recherches anatomiques. anteen assertions En effet, dans les premiers temps de sa formation, l'embryon est si petit qu’il échappe à notre vue; dans des époques postérieures même, ses organes délicats ne permettent, en aucune manière, d’appliquér sur … Faœtlus. 9 eux les moyens d'analyse qu’on peut émployer impu- nément sur les parties d’un adulte; et, d’un autre . côté, les circonstances où l’on peut examiner à loisir les rapports qui existent entre l’enfant et la mère sont fort rares. Pour obtenir, dans cette matière, un résultat sa- tisfaisant , pour parvenir du moins à coordonner plu- sieurs faits, qui jusqu’aujourd’hui sont restés isolés et sans liaison, le C. Lobstein a pensé, avec raison, qu’il falloit se borner à suivre avec exactitude les développemens successifs de l’embryon, s'attacher surtout à saisir les divers changemens qui ont lieu dans son organisation pendant les différentes époques de sa vie, et comparer ensuite ce que l’anatomie de l’homme nous apprend, avec ce que la dissection des animaux nous fait connoître. Dans la vue d’atteindre ce but, autant qu'il est possible , le C, Lobstein s’est occupé , depuis quelques années, de différens points de physiologie concernant l'organisation du fœtus. La place de prosecteur, qu'il occupe à l’école de médecine de Strasbourg, lui a donné de fréquentes occasions d'observer les changemens que subissent les principaux viscères dans leur forme et leur structure pendant tout le temps de la gestation ; il a été à même de vérifier souvent ce que les ana- tomistes nous ont appris sur Ja nature et la disposition des membranes de l'œuf ainsi que du placenta ; il a fait enfin quelques essais sur les quadrupèdes, pour s’assurer du rapport qui existe entre le placenta et la matrice, et pour le comparer avec ce qu’on observe dans l'espèce humaine. 10 Physiologie. Én.examinant la manière dont l’enfant est nourri dans le sein de sa mère, deux questions principales devoient naturellement se présenter à l’auteur : l’une étoit celle de savoir quelle est la matière essentielle- ment nutritive du fœtus? quelle est son origine? quelles sont ses qualités? L’autre , comment cette matière parvient à sa destination? Ces deux questions, quoique essentiellement liées , établissent la di- vision naturelle du traité que le C. Lobstein offre aujourd’hui aux physiologistes. La premiere partie contient des observations anatomiques et physiolo- giques sur les membranes de l'œuf et le placenta, considérés comme les sources de la nutrition et comme les organes qui fournissent la matière nutritive ; dans la seconde, le C. Lobstein s’occupe de la nutrition proprement dite, c’est-à-dire, du passage de cette matière dans le corps du fœtus. La question de savoir comment les particules nutritives sont converties dans la propre substance de l’enfant , n’entroit pas dans le plan de l’auteur, elle appartient à la théorie de l’assimilation en général. Le C. Lobstein ayant voulu seulement discuter les différens points de doctrine sur lesquels les sentimens des physiologistes sont encore divisés, offrir les ré- sultats de ses propres recherches, et examiner en quoi elles diffèrent de celles qui ont été faites avant lui, n’a pas cru devoir se livrer à toutes les recherches historiques, dont la matière "qu’il traite auroit été susceptible ; il s’est également abstenu de répéter tout ce qui est connu et tout ce qu’on trouve écrit avec détail dans les ouvrages élémentaires. Cette sage Fœtus. 11 réserve l’a empêché de faire un gros volume ; son ouvrage, qui n’en est que plus substantiel, en sera d’autant plus recherché par les gens de art, et mé” ritera au C. Lobstein une place distinguée parmi les habiles observateurs. Dans la première partie de cet ouvrage l’auteur commence par traiter de l’œuf et de ses membranes. 11 donne d’abord la description de la membrane ca- duque; il indique ses rapports avec l'utérus et avec Vœuf; il l’examine à l’aide du microscope, il donne Vhistoire de cette membrane, celle de son organisa- tion, la description de cette même membrane dans la vache et dans la brebis; il examine enfin si elle existe dans la matrice en état de vacuité; quel est son mode d’origine dans l’état de grossesse, et en quoi elle diffère des fausses membranes. De-là il ‘passe à la description du chorion; il en fait con- noître l’organisation ; il discute la question de savoir si on peut lui refuser des vaisseaux sanguins, €t si elle a de l’analogie avec les autres membranes diaphanes et exhalantes; enfin, il indique ses rap- ports avec le placenta à terme. Il traite ensuite de Vamnios, de ses rapports et de son organisation; 1] pense que l'existence d’un espace rempli d’eau, que plusieurs anatomistes ont supposé entre l'amnios et le chorion , n’est pas rigoureusement démontré, et que lorsqu'on rencontre ces eaux, c’est dans des cas contre-nature et de maladie. Les forces vitales des membranes de l'œuf l'occupent après. Il examine la question de savoir si la vie des membranes dépend de la mère ou du fœtus; il fait voir les différences ." 12 Physiologie. qui existent à cet égard dans les diverses espèces d’anii maux, et il regafde comme très-probable l’opinion d’a- près laquelle on attribue à ces membranes les mêmes forces qui appartiennent aux autres membranes dia: phanes. En traitant des fonctions des membranes de Fœuf, le C. Lobstéin fait voir qu'elles sont les mêmes que celles des membraues exhalantes en général ;il recherche ensuite quelles sont les sources de l’eau de Pamnios, et ici il explique, d’après les connoissances acquises sur l’organisation des membranes, pourquoi cette eau s’accumule et comment elle est renouvelée ; à ce sujet il fait une digression sur l’origine du vernis caséeux qui enduit la peau du fœtus. Il établit, contre l'opinion généralement reçue, que ce vernis est le produit d’une sécrétion qui se fait, à une certaine époque de la grossesse, dans l'organe cutanée de l’en- fant; il indique enfin quelques conséquences physio- logiques qui peuvent être tirées de la disposition con- nue des membranes de l’œuf. L'existence de l’alan- toide a été admise par un grand nombre d’anato- mistes, et contestée par d’autres. Le C. Lobstein pense cependant que « si on réfléchit sur ce que les « recherches modernes nous ont appris relativement « à la structure de l’œuf, considérée dans les pre- miers temps de la grossesse , il est possible que les « anatomistes qui ont décrit une membrane alantoïde « dans espèce humaine, ne se soient pas tout-à-fait « trompés ; qu’il est même assez probable qu’ils ont « rencontré cette partie à laquelle on a donné depuis « le nom de vésicule ombilicale. » Comme cette der- nière est encore peu connue , et qu’elle n’a pas en- Faœtus. 13 core attiré tonte l'attention qu’elle mérite ; le C. Lob- stein rapporte les diverses descriptions que les au- teurs en ont donné ,.et il. y.ajoute quelques obser- vations curieuses, qui.sont le fruit de ses propres recherches. Selon lui, il existe une analogie. parfaite de structure , de rapports et d’usage entrela vésicule ombilicale et l’alantoide, des oiseaux et des quadru- pèdes. Pour prouver cette analogie, l’auteur entre dans des détails d’anatomie comparée ; de cette ma- nière il HRorgne à démontrer que l’usage de l’alantoïde n’est pas tel qu’on l’a admis jusqu’à présent , c’est-à- dire que cette partie n’est pas destinée à étre un ré- cipient pour Purine. Après avoir traité de l'œuf et de ses de te A le C. Lobstein s'occupe du placenta ; il fait connoi- tre son aspect différent dans les diverses périodes de Ja grossesse, il décrit la membrane couénneuse qui tapisse la surface utérine du placenta à :terme; il fait voir que la formation de cette membranéme date pas du commencement de la grossesse. L’organisa= tion du placenta, la structure intinie de cette partie, les rapports du placenta avec l’uterus:sont ensuite soumis à un examen approfondi, L'auteur réfute les argumens qui servent à prouver l’anastomose directe des vaisseaux ombilicaux avec les utérins ; ilexamine l'opinion d’après laquelle on explique le-passage des sucs de la mère à l’enfant par absorption; ilétablit que cette absorption n’a pas lieu pendant tout le temps de la grossesse , et que les. vaisseaux valyulaires, tels que Reuss les a décrits, n’existent pas dans le placenta, Après avoir exposé ce qu’on doit entendre 14 Physiologie. par portion utérine et portion fœtale dans un pla- centa à terme , le C. Lobstein finit ce chapitre par le développement de sa ‘propre: opinion sur le rap- port du placenta avec la matrice. D’après lui ce rapport n’est pas le même pendant tout le temps de la grossesse, mais il est différent dans les diverses époques de la gestation. Cette première partie est terminée par des recherches sur le cordon ombilical et sur les forces vitales du placenta , qui se rappor- tent seulement aux vaisseaux ombilicaux ; à ce su- jet, il cite les expériences faites par Hunter, sur la contractilité des vaisseaux du cordon, et finit par dé- montrer que la vie du placenta dépeud en partie dé celle de la mère. Dans la seconde partie de son ouvrage le C. Lob- stein s’occupe de la zuirition du fœtus ; les opinions des physiologistes sur la manière dont le fœtus est nourri, se réduisent aux trois questions suivantes : 3.0 le fœtus est-il nourri des eaux de l’amnios ? ° l’est-il par le moyen du placenta ? ou 3.° recoit-il la matière nutritive de l’une et de l’autre de ces sources en même temps? et dans le premier cas, prend-il sa nourriture par la bouche, ou est-elle ab- sorbée par les veines lymphatiques qui s’ouvrent à là surface de son corps. Le C. Lobstein, après avoit rapporté les argumens en faveur de ces différentes opinions , développe les raisons qui le déterminent à admettre Ja nutrition du fœtus par l’eau de l’am- nios, reçue dans le corps du fœtus par absorption cutanée. À cette occasion il se livre à une digres- sion sur la matière caséeuse qui enduit la surface cu: Fœtus. 15 tanée du fœtus ; il fait part de ses recherches sur les glandes sébacées de la peau , auxquelles il attribue la fonction de sécréter cette même matière ; il montre que la structure et les usages du placenta différent suivant les diverses époques de la grossesse , et que pour connoître celles qui ont lieu dans les premiers temps de la gestation, il faut avoir recours à l’ana- tomie humaine et comparée. En s’appuyant des ob- servations faites sur les vaisseaux ombilicaux du pôu- let, et sur ceux des cotylédons des quadrupèdes, le C. Lobstein parvient à démontrer l’analogie qu’il y a entre le développement de ces vaisseaux et de ceux du placenta de l’homme ; il fait voir que les veines om- bilicales sont formées avant les artères du même nom ; que tant que les veines sont les seuls vaisseaux du placenta , elles font les fonctions des veines ab- sorbantes ; lesquelles charient un suc laiteux , épan- ché dans les premiers temps de la grossesse entre la matrice et le placenta. Ces opinions acquièrent un plus haut degré de possibilité par les phénomènes qu’on observe dans les vaisseaux du placenta. C’est ainsi qu’en adoptant les vués du C. Lobstein on peut expliquer pourquoi, 1.° les vaisseaux omibilicaux sont si susceptibles de dégénérer en des vésicules hyda- tiformes; 2.° pourquoi les vaisseaux du placënta : même ceux du fœtus, ont été injectés par ceux de la matrice, et que la même expérience n’a jamais réussi à d’autres anatomistes. Le C. Lobstein démontre ensuite, par l’analogie, que Ks artères ombilicales, quoique formées après les veines, finissent par s’ana- stomoser avec ces dernières. A près avoir rapporté les 16 Physiologie. diverses opinions des auteurs sur les fonctions du placenta dans Îles derniers temps de la grossesse, l’auteur trace un parallèle entre les fonctions, prin= cipales des poumons et celles présumables du pla- centa. Il fait voir que le sang du fœtus acquiert dans le placenta une nouvelle qualité 'stimplante ; il in- dique l’analogie qu’il y a entre la:circulation pul- monaire et la circulation placentale. Le C. Lobstein pense, avec beaucoup de probabilité, que le stimulus, ajouté au sang du fœtus, réside dans le calorique que le sang de la mère lui communique dans Je placenta, — Pourquoi la température du fœtus est- elle moindre que celle de la mère ? Par quoi le cœur du fœtus est-il stimulé dans les premiers temps dé la grossesse ? Le sang du fœtus subit-il une dépura» tion dans le placenta ? Telles sont les questions que * l’auteur examine ensuite. Il lui paroît probable que cette dépuration se fait dans le foie , dans les intess tins et dans l'organe cutanée, Quant à la vésicule om bilicale, le C. Lobstein pense qu’elle sert vraïsem+ blablement à la nutrition de l'embryon; il compare cette vésicule aux cotylédons des plantes. 11 trouve ensuite une nouvelle source de nutrition dans l’hu+ meur albumineuse, renfermée dans le cordon om- bilical. Après avoir indiqué pourquoi l’accroissemént du fœtus de tous les animaux est lent dans les der- niers témps de Ja grossesse, le C. Lobstein termine son ouvrage par des considérations sur les causes déterminentes de l’accouchement, et sur celles qui produisent le décollement du placenta. Quant aux premières il pense qu’on ne doitpas expliquer la sortie du Fœtus, 17 du fœtus humain uniquement par cette disposition particulière’ de la matrice j'en vertu de laquelle les fibres de son corps et celles de son cou , apres avoir été, pendant tont le temps de la grossesse , dans un antagonisme, perpétuel, se trouvent tellement en rapport vers l’époque de l’accouchement , que les premieres l’emportent sur les dernieres, Il croit que cette opinion, qui peut étre très-[ondée , ne doit pas empêcher d’admettre en mémé temps une autre cause accessoire qui réside dans le fœtus , et qui consiste en ce que celui-ci, ne trouvant plus une quantité suffisante de matiere nutritive pour l’entre- tien de’sa vie , fait des efforts pour sortir de la ma- trice, et sollicite a nsi l’action de ce viscère. « Le « fœtus, dit le C. Lobsteïin, agit alors comme une « plante qui se détourne d’un terrein inculte, et qui « cherche un endroit dont elle puisse tirer sa sub- « sistance.C’est ce que nous voyons manifestement “ dans les oiseaux. Le poussin brise sa coque calcaire « au vingt-unième jour de lPincubation , parce que « les sources de la nutrition se sont taries , et parce æ que son accroissement le tient dans une attitude « gênante. » Cet ouvrage est enrichi de deux gravures , qui non+ seulement facilitent lintelligence de la description ; mais qui sont encore d’un grand intérêt , parcé qu’elles représentent des objets peu conmus et très+ importans , relativement à l’organisation du. tus. Ces objets ont été dessinés d’après nature deux amis de l’auteur, le C: SULTzZER (2) et le (2) L'un des prosecteurs à l'Ecole de médecine de Suashourg, et Tome IF, B 18 Physiologie. C. REISSEISSEN, l’un et l’autre aussi habiles dans l'art de dessiver que versés dans les connoissances anatomiques, Ce qui est un sûr garant de la fidélité et de l'exactitude de ces dessins. La 1° planche re- présente la figure d’un œuf avorté à.peu près vers le 50.° jour de la grossesse. Cet œuf étoit dans la plus parfaite intégrité. Le C. Lobstein l’a ouvert pour exa- - miner son intérieur. La membrane caduque , les flo- cons du chorion , le chorion lui-même et l’amnios sont incisés ; par ce moÿen , l'embryon et la vésicule ombilicale sont à découvert, La seconde planche offre une très-pétite portion vasculeuse d’un pla- centa à terme, qui avait été injecté avec de la ma- tière résineuse colorée , et une branche des flocons du chorion. Ces deux objets y sont aussi figurés, vus au microscope. Nous apprenons avec plaisir par plusieurs passages de ce traité, que le C. Labstein se propose de publier encore quelques autres-ouvrages de la nature de celui dont nous venons de donner un rapide aperçu. Nous l’engageons fortement à faire promptement jouir le monde savant des résultats intéressans de ses recherches ; son ouvrage sur Ja nutrition du fœtus, auquel il a flonné le titre modeste d’Essai ; est un sûr garant des découvertes et des progrès que la science doit attendie de ceux qu’il pourra publier par la suite. T.W: a du C. Lobstein ; le même dont nous avons annoncé uné dis- ation intéressante dans laquelle il a donné la Description d'un ver souveau contenu dans le canal intestinal humain. Noy.: Magasin Æncyclopéd. Année VII, t. IL, p. 136. AUNAF TO, UE SIER.S. MONUMENS ANTIQUES , inédits ouWnou- vellement expliqués, collection de Statues, Bas-+reliefs, Bustes, Peintures, Mosaï- ques, Gravures, Vases, 1 nscriplions el Instrumens , tirés des Collections nationales et particulières > accompagnés d’un texte explicatif ; par À. L. MILLIN , conserva- urdes Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bibliothéque nationale de France, professeur d'histoire et dantiqui- tés, elc. Tome I. IIL livraison. A Paris, chez Laroche, maison de l’Auteur, à la Bi- bliothéque nationale, rue Neuve-des-Petits- Champs, n° 11, au coin de celle de la Loi: Fuchs, rue des Mathurins, hôtel de Chic: Levrault, quai Ma qis Qu): L: S lecteurs du Magasin Encyclopédique connois- sent, par les extraits que nous y avons insérés, les L (1) Chaque, volume de cet ouvrage, imprimé, à l'orrunens de la république, sur beau papier, sera composé de cinquante feuilles de Jexte, et d'au moins quarante planches, et distribué en six livraisons. Chaque livraison coûte 6 fr. prise à Paris, et 6 fr. 60 cent. franche de port dans les départemens. L'ouvrage aura six volumes, et sera ter- miné en moins de quatre années. Ceux qui voudront s'inscrire, recevront directement à leur adresse ohaque livraison , à mesure qu'elle paroîtra. ” La liste des souscripteurs sera imprimée à la fin du premier volume” B à 20 7 Antiquités. monumens décrits, par le C. Mi£Lin dans les deux premières livraisons de ce recueil. Dañs cette LIT.° livraison > il publie d’abord Zz description d'un vase grec qui replésente uhe dañse bacchique , et qui fait partie de la collection du €. Paroi, sur laquelle il donne en même tèmps'une courte notice. Le sujet représenté sur cé vase ëst assez simplé. Un génie ailé fait danser, au son du tambour , deux femmes dont Pune paroit dans les transports de lenthousiasme , et l’autre dans les convülsions de l'ivresse. Une troi- sième présente au-génie une bandelette: À Poccasion de cette peinture de vase, le C. in fait une digression sur la bandelette qu'on voit sur tant de vases grecs, et qui $e trouve aussi plusieurs fois sur celui dont nous parlons. & _ « Cette bandelette, dit-il, qui se retrouve si sou- « vent sur les vases grecs, soit entre les mains d’une «femme, Comme on le voit ici, ou d'un génie; ou « bien suspendue au mür d’un gynæcée ou d’un tem- « ple, doit nécessairement avoir une signification « allégorique. Dans la seconde peinture des Vases « d’Hailton, une femme présenté à une jeune ma- « riée une bandelette semblable. M. Italinski veut « que cet orgement soit une bandelette dont la mère « ceignoit les cheveux de sa fille lorsqu'elle la con- « -duisoit au lit conjugal ; mais cet usage romain ne « peut convenir. à l'explication de notre.vase grec. « M. Beœttiger veut que ce soit une céinture. On ne « voit, dit-il, aucune coiffure de femme de cette « espèce : Ge doitiétre la ceinture de la fiancée, elle » étoit retenue par un nœud particulier appelé A Mélanges. 21 nœud @ Hercule, que l'époux seul avoit le’droit de délier avant de se placer dans le lit conjugal avce son épouse. Cette explication est ingénieuse, et convient bien au sujet qu'il décrit; mais ici je pense que ce doit être un ornement de tête, et non une ceinture ; c’est le credzmnon, attribut de Bac- chus, qui le caractérisé autant que le lierre, et qui doit nécessairement se retrouver dahs toutes les Dionysiaques, ni « Sur la plupart.des monumens , Bacchus est ceint du diadême. 11 est regardé comme l'inventeur de cet ornement. Selon Diodore de Sicile, ce dieu se ceignit la tête d’un bandeau, pour prévenirles maux de tête qui surviennent à ceux qui ont bu trop largement. Comme ce bandeau se nommoit itre, Bacchus en reçut le nom de Mitréphore. « Cette bandelette bacchique, outre son nom gé- nérique, en a encore reçu un autre, celui de cre- demnon. Ce nom désigne particulièrement cette espèce de diadême qui ceint à la fois le front et les cheveux. Un suivant de Bacchus, parmi les bronzes d’Herculanum, en a un semblable : on le voit fréquemment au Bacchus indien sur les vases grecs. Le credemnon avoit souvent les deux extré- mités pendantes; on le voitainsi autour de la tête d’un suivant de Bacchus, sur un vase de la seconde collection d’Hamilton. Pénélope s’avancant dans la salle où s’ässemblent les poursuivans, pour parler au chantre Phémius , se couvre par pudeur le visage des pentes de son c'edéemnon. Cette ceifiture de tête étoit large, et quelquefois en plusieurs plis, B 3 22 Antiquités. ainsi qu’on le remarque par les ondulatiens de ses pentes; elle pouvoit se déplier, etalors elle for- moit un véritable voile. C’est pour cela que le mot calyptra , qui signifie proprement un voile qui couvre le visage, étoit souvent employé par les anciens à la place du credemnon, et que souvent aussi on disoit credemnon au lieu de ca/yptra, ainsi que l’a tiès-bien remarqué M. Kæbhler, Leucothoé sauva Ulysse du naufrage en Jui jetant son credem- non. M. Visconti observe très - bien que Winckel- mänu a eu tort de prétendre que pour cette raison, toutes les figures qui ont le eredemnon sont des images d’Ino et de Leucothoé : elles ne doivent lavoir que comme suivantes de Bacchus. Cette espèce de credemnon est plus particulièrement affectée aux personnages bacchiques ; d’autres di- vinités le portent aussi, mais plus rarement. On appelait encore credemnon un voile de tête ; tel étoit celui qui couvroit la tête de Pénélope. Vénus avoit donné un credemnon pour présent de noces à An- dromaque. Les nymphes du Scamandre en portoient un aussi. Cette large ceinture de tête a été sou- vent changée en une simple bandelette, dans les représentations de Bacchus et de ses suivans, même sur les plus anciens monumens de l’art, et elle ca- ractérise particulièrement les divinités et les génies bacchiques. « L’usage du bandeau passa ensuite aux princes, Il se nomma dadéme , et devint le signe de la puissance royale. Bacchus est ceint du diadême sur plusieurs monumens. » Mélanges. 23 Non-seulement la bandelette que tiennent deux des femmes figurées sur ce vase, mais encore le Zcrre dont on voit plusieurs branches, annoncent que cette danse est exécutée en l’honneur de Bacchus. A cette occasion le C. Millin détermine, dans une digression particulière sur lelierre, quelle est l’éspèce qui peut se rapporter au lierre, si célèbre dans les écrits des classiques grecs et romains. « Le lierre, dit le C. Millin, « joue un si grand rôle dans la mythologie et dans les « arts,ilse retrouve si souvent sur les vases grecs » u’il mérite bien ici une attention particulière. « Il est étonnant que les botanistes modernes s’en « soient si peu occupés , etiqu’ils n’aient point cherché « à déterminer les espèces ou les variétés indiquées « par les auteurs anciens. Persoon n’en cite que deux “ espèces, parmi lesquelles il n’y en a qu’une qui “ puisse se rapporter au lierre, si célèbre dans les “ écrits des classiques grecs et romains. Pline en « compte vingt, qui étoient , outre cela, distingués “ en mâles et femelles. « M. Voss en compte trois espèces, 1.° une noire, « 2.° une blanche ou jaune, 3.° une à petites feuilles « d’un vert jaunâtre, et que l’on regardoit comme « Je lierre naissant. Ces trois espèces me paroissent « devoir être réduites à deux, le Zierre noir et le lierre « jaune. “ Le lierre noir, Agdera helix L., est celui que « Virgile appelle Ledera nigra, celui qui est com- « mun dans nos bois et sur nos murs. 1] se distingue « par la couleur de ses fruits. Le lierre jaune, à fruits blanchâtres ou d’un B 4 24 Antiquités. jaune plus ou moins foncé, pourroit se nommer hedera chrysocarpos ; cette espèce offre plusieurs variétés. « L'une d’elles, à feuilles d’un vert jaunâtre, et dont les fruits sont blanchâtres, paroît être celle que Virgile appelle hedera pallens. « Une autre variété etoit d’un jaune plus foncé. Le jardinier de Columelle porte au marché, avec des fléurs d’autoinne , des corymbes de lierre cou- leur de safran, crocéos corymbos. u La variété à fruits d’un jaune doré est la LÀ impottante. Pline appelle chrysocarpos (à fruits dorés), nom que j’ai éru propre à caractériser l'espèce. C’étoit celle qui étoit particulièrement con- sacrée à Bacchus, et qui, par cette raison, étoit nommée dionysiague. Tournefort nous en a donné la déscription. Les baies sont sphériques, angu- leuses, un peu aplaties sur le devant , et marquées d’un cercle, du milieu duquel s'élève une pointe d'une demi-ligne. Ces baies réunies forment d’assez gros bouquets. Les feuilles ressemblent à celles dé notre lierre commun, Ledera helix. « Pausanias dit que ce fut dans le bourg d’Acharna que Bacchus fit naître le premier lierre; mais en cela il suit la tradition des Athéniens, qui vouloiént tout rapporter à leur patrie. L’usage de s’en servir dans lés pompes bacchique#peut avoir été apporté de l'Inde; car le lierre se trouve même au Japon. Il paroît que c’est de la Thrace que l'usage dù lierre est venu ; selon le rapport des voyageurs, cetté plante y est très-multipliée. M langer: 29 : «On a rapporté plusieurs causes de la raison qui la fit employer de préférence dans les cérémonies bacchiques. Selon Pline , c’est parce que le lierre est toujours vert, Servius et Festus disent qu’il offre une allégorie vivante de l’éternelle jeunesse de Bacchus. Buonarroti paroît approcher bien plus de la vérité, en disant que cette plante obtint d’a- bord cet honneur, parce que, dans le temps où le culte de Bacchus pénétra dans la Thrace , pays alors peu cultivé , elle étoit regardée comme la plus belle, à cause du luisant et de l’éclat de ses: feuilles. Je crois qu’on peut ajouter que Îles baies du lierre paroissent en automne au temps des vendanges, et que le lierre et ia vigne ont entre eux beaucoup de rapport et de ressemblance. Dans le système sexuel, ces deux plantes sont plicées l’une auprès de l’autre. Le bel effet que le lierre produit dans les couronnes, est peut-être la seule raison de ce choix. « A falloit cependant trouver dans les propriétés du lierre et dans l’histoire de Bacchus , les mo- tifs de cette préférence. Plutarque, dans ses pro- pos de table, prétend que Bacchus fut regardé comme médecin pour. avoir enseigné à ceux qui étoient saisis de la fureur qu’il inspire , à se cou- ronner la tête de lierre, parce que cette plante tempère par sa froideur la chaleur du vin. Le sujet. d’an autre propos de table est de savoir si réellé- ment le lierre est froid ou chaud par 5a nature. Ammonius soutient qu’il est froid. Tryphon dit, aù contraire , que, loin de dissiper livresse , ses 26 Antiquités. u fruits, mis dans le vin, le rendent plus enivrant : il ajoute que*ce n’est donc pas parce que le lierre empêche l'ivresse qu’on en tresse les couronnes de Bacchus et de ses suivans ; maïs parce que, comme ses feuilles sont toujours vertes, il peut remplacer les pampres , auxquels il ressemble par la disposition de ses fruits. Tryphon soutient que le lierre est froid, par des raisons qui ne valent guère mieux que celles par lesquelles Ammonius établit qu’il est chaud. « Pighius , qui voit dans tous les attributs de Bac- chus , des emblémes de ce dieu considéré comme l’image du soleil , prétend que le lierre lui est consacré parce qu’il étouffe les autres plantes et les fait vieillir et mourir , comme le soleil produit la vieillesse de la nature. On reconnoît ici les ef- forts d’un homme qui veut tout faire cadrer avec son système. « Beaucoup de fables , principalement de celles qui ont été imaginées par les auteurs de méta- morphoses, doivent leur origine au rapport du nom du personnage avec celui de l’objet dans le- quel on prétend qu’il a été transformé : c’est de là qu’est née l'opinion que le lierre doit sa nais- sance au jeune Kissus, un des suivans de Bac- chus , qui tomba en dansaüt devant ce dieu , et mourut de cette chute. Bacchus, sensible à sa perte, le changea en lierre. « Selon Ovide, Bacchus, dans sa première en- fance, fut caché sous des feuilles de lierre par les ECS qui étoient chargées de l’élever 3 et de s « M élanges. 27 1 vint la prédilection du dieu pour cette plante, « Quel que soit le motif de cette préférence , il est constant que, dans une tres-haute ‘antiquité , le lierre étoit consacré à Bacchus ; d’où les bo- tanistes l’ont appelé hedera Dionysos, .lierre de Bacchus. Selon Pline, ce dieu fut le premier qui ceignit sa tête d'une couronne, et elle étoit de lierre. Homère le représente couronné de lierre et de laurier. Différentes épithètes, dont le sens est, à la chevelure de lierre, qui fuit germer le lierre , qui aime le lierre, qui porte le lierre | cou- ronné de lierre , lui sont données par les poètes, Eofin , l’auteur des Lithiques l’appelle , à la tu- nique Ps lierre. . « Les médailles nous De plusieurs princes couronnés de lierre, à l'exemple de Bacchus, prin- cipalement ceux qui, comme Antiochus XII, rai de Syrie, Ptolémée XIT , roi d’Ægypte, et Mi- thridate Eupator, rorde Pont , ont pris le surnom de Dionysos. Antoine , qui se vantoit d’être un second Bacchus, est couronné de lierre sur quel- ques-uns de ses deniers, et surune médaille qui le - représente avec Cléopâtre. Beauçoup de médailles ont, comme attributs bacchiques > une Couronne ou une feuille de lierre. ñ « Dans les fêtes appelées Hyacinthies, qui se e€+ lébroient à Lacédémone en l’honneur d’Apollon , les Lacédémoniens se couronnoient de lierre. «_ Il n’est pas étonnant qu’on ait attribué à cette plante mythique beaucoup de propriétés médicales, Pline les rapporte toutes, et surtout celle d’apai- °8 A ntiquités. ser les douleurs de tête par l’application de ses feuilles. Seloi lui, le bois de laurier frotté sur le bois de lierre , et le bois de lierre frotté sur le bois de laurier , donnent promptement du feu. I] Jui at- tribue une singulière propriété pour épurer le vin auquel on a mêlé de l’eau : le vase fait de bois de liegre laisse échapper le vin et retient l’eau qui y étoit mêlée. Macrobe appelle les vases de lierre kissy bia. Euripide , dans son Andromède, nomme un vase de lierre qui contient du lait, {issinon sky- phon. Pollux dit qu’on appelle ainsi un vase en- touré de lierte. Athénée entend par ce mot un vase de bois de lierre. « On couronnoit les poètes de lierre , parce qu’ils sont consacrés à Bacchus. Ce dieu est en effet un des compagnons des Muses , et il inspire particu- lièrement les poëtes tragiques, ne Satyri- ques et dithyrambiques. « Les anciens aimoient beaucoup à employer les « feuilles de lierre pour les bordures des vêtemens, « pour celles des vases, et pour les ornemens des «“ frises d’architecture. Les vases ornés de feuilles de « lierre étoientsappelés hederata ; et ceux décorés de ses fruits, corymbiata, On en trouve des exem- ples dans la nouvelle collection d’Hamilton. Le lierre étoit quelquefois marié à une autre plante, principalement à la vigne et à l’hélichryse. Les vases de cette espèce les plus célèbres dans les écrits des poëtes , sont ceux dont Théocrite et Virgile nous ont donné Ja description. « Dans Théocrite, le chevrier veatengagér Thyr- Mélanges. 29 « sis à chanter Daphnis. Il Jui propose pour récom- _« pense, de lui laisser traire trois fois une chèvre, « mère de deux petits qu’elle nourrit, et qui ce- «“ pendant remplit encore deux vases d’un lait ex- « cellent, et d'y joindre le don d’une coupe (kissy= « bion), dont lasurface est partagée en trois champs, . « Dans le premier est une femme assise entre deux « amans qui la sollicitent ; dans le second, un pé- «| cheur ; dans le troisième , une vigne avec son jeune « gardien. Une acanthe entoure tont le vase , Sans «“ doute par le bas, puisque ses bords sont couronnés « d’une branche de lierre unie à l'hélichryse, | « Virgile a imité ce passage, quoique la descrip- « tion qu’il fait du vase de lierre , ouvrage d’Alci- “:médon, soit différente. Conon et un autre astro- “nome y sont représentés, et ses bords sont entourés « d’un lierre &ni, non à l’hélichryse , malé à une «“ branche de vigne, » La seconde dissertation contenue dans cette liyrai- son, est déja connue des lecteurs du Magasin ;, c’est l'explication d’une énscription du, fils d'Eporediréx, trouvée, en,1792:, dans les fondations du château de Bourbon-Lancy ; elle a été insérée dans le Ma- gasin Encyclopéd'que , année VI, tome V, p. 465 et.suiv. Dans les notes ,de C. Millin ajoute quel- ques observations en réponse à celles que le C. Bau- douin ayoit fait insérer dans le même journal ,année VIL, tome [, p. 360 et suiy. Le vase, que le C. Millin explique ensuite, fait encore partie de Ja collection du C. Paroi ; il ofire également use danse bacchique. Ici les personnages 30 Antiquilés. sont un satyre et deux mœnades , qui exécutent ce que nous appelons aujourd’hui un pas de trois. Ces danses, vives et animées , du genre de celle qu’on voit sur la peinture du vase en question , éloient une des parties principales des dionysiaques, ou fêtes en l’honneur de Bacchus ; elles s’exécutoient au son des flûtes, des syrinx, des crotales, des tambours, des cymbales, enfin de tous les instrumens bruyans. . Cette musique bacchique , opposée aux accords dé la lyre, mélés aux doux accens de Ja voix, faisoit à peu près le même effet que produit aujourd’hui une musique militaire auprès des instrumens à cordes. C'étoit en effet une musique militaire , puisqu'elle avoit réglé la marche guerriere de Bacchus, vain- queur de l’Inde. La mœnade , qui est à la droiîte dü satyre ,tient d’une main un plateau où un van rem- pli de fruits, et de l’autre un tambour ou tympanon. Après avoir parlé du van , employé allégoriquement dans les bacchanales, parce que les initiations ou mysteres de Bacchus , rendoient l’ame pure, comme le van nettoie l’orge et le blé, le C. Millin traite plus au long du tambour ou tympanum. » Cet instrument , dit-il, se remarque sur la plupart « des bacchanales , qui sont en si grand nombre « parmi les monumens. Les Grecs le nommoiert « {ympanon et typanon ; et les Romaïns , /ympa- « num , en changeant seulement la terminaison, « Vossius dérive ce mot de l’hébreu 1oph, au plu- « riel uphim , tembour. Suidas le fait venir, avec « räison, du mot grec /yplein , frapper. « Homère , dans l’Îliade et dans l'Odyssée ; re Mélanges. 1:48 « parle point du tambour ; il n’en est question que « dans l'hymne de Cybèle ,’qui lui est attribué. « Pindare ne le nomme pas non plus. Dans les bac- « chantes d’'Euripides , Bacchus recommande à ses « suivans de prendre les tambours dont on a cou- « tume de se servir dans la ville des Phrygiens ; “ces tambours inventés par moi, dit-il, et par “ Rhéa la grande mère. I] dit ailleurs , qué les cory- “ bantes l’ont inventé pour lui. On voit que, chez « les Grecs, le tambour passoit pour avoir été in- « venté par les Phrygiens , et que les Romains en “ attribuoient l’invention aux Syriens (2). Il paroît (2) À ce sujet: le C. Millin fait dans une note quelques observations sur un passage de Juvénal ; nous croyons devoir les consigner ici: « Les « Antiquaires, dit-il, qui attribuent aux Syriens l'introduction de l’usage du tambour chez les Romains (Moxcez , Dicr. d'antiqg. au mot Tam- Bour; Rurerrt in Juvenal Satyr. 111, 62), s'appuient de ce passage de Juvénal : Jampridem Syrus in Tiberim defluxit Orontes, Et linguam, et mores , et cum tibicine chordas Obliquas, necnon gentihia rympana secum … Vexit. Dusaurx, t. 1, p. 75, a traduit : « Ce n’est pas d'aujourd'hui que :« l’Oronte syrien transmit au Tibre le langage, les mœurs et les instru- « mens du climat qu'il arrose. » Cette traduction ne fait point con- noître les usages anciens; car Juvénal nomme les instrumens que l’O- rome syrien a transmis au Tibre # et Dusaulx les désigne seulement par le mot collectif instrumens, Le C. CREUZÉ , page 21, a employé le même terme. Voici ce que dit Juvénal: « Il y a déja longtemps que « l’Oronte syrien a transmis au Tibre la langue, les mœurs, les cordes « obliques , les flûtes et les tambours de sa nation. ». Juvénal, par gentilia tympana, a sûrement entendu es fambours particuliers à l'Oronte syrien, et non les rembours en généraës 32 Antiquités. « plus probable que les Grecs en ont reçu l'usage « de l’Asie , et qu'ils Pont porté dans les colonies « des côtes de l’Italie , d’où il s’est introduit chez « les Romains. Le tambour étoit un cercle de bois ou de mé- « tal, recouvert d’une peal d’animal ; ce qui lui «“ donnoit la forme d’un erible. Lucien , dans son « agréable description de l’armée de Bacchus, dit « que les Indiens prirent les tambours pour de pe- « tits boucliers retentissans, On employoit quel- « quefois à cet usage la peau du Dee mais le plus « souvent celle de l’âne. parce que l'usage du tambour étoit indigène dans la Syrie, puisqu'il en est fait mention dans le livre de Job: 11 dit également dans le même passage, que les Syriens ont introduit 4 Rome l'usage des flûtes; êt cependant la flûte étoit connue des Romains longtemps avant l’arrivée du simulacre de Cybèle. Ils tiroient leurs joueurs dé flâte de l'Ftrurie ; et ils leur étoient tellement attachés, que sous la censure de C. Plau- tius et d'Appius Clandius, celui-ci les ayant traités durement, ils se retirèrent à Tibur. Plautius parvint à, les ramener; et ce trait parut digne d'être consigné sur les médailles de la famille Plautia. Appius Claudius étoit censeur vers l’an de Rome 44r, et le culte de Cybèle ne fut apporté de Pessinunte qu’en 548: Si les Romains connoissoient la flûte cent cinquante ans avant cetie époque, on peut dire la même chose du tambour. Ces instrumens bruyans étoïent bien venus de l'Asie et de la Phrygie avec le culte de Bacchus et de Cybèle; mais ils ayoient té portés par les Grecs dans leurs colonies de J'ltalie ; ainsi que le prouvent les peintures des vases, Les habitans de l'Iralie en avaierit communiqué l'usage aux Romains , qui les conrioissient longtemps avant l'époque indiquée par le passage,de Juvénal ; mais les Syriens avoient de plus introduit Je tambour partiaulier à leur mation. Ce peu- ple avoit sans doute, aussi..des flûtes et des Jyres d'une forme parti- culière. «“ Le = « Mélanges. 33 « Le tambour étoit quelquefois orné de petites bandeletites de papyrus, comme nos tambours ce basque ont des nœuds de rubans. « Sur les monumens , le tambour est le plus or- dinairement simple comme l’est celui - ei. Sa grandeur varie aussi : en général , il est plus grand sur les vases peints que sur les marbres. « La surface de ces peaux étoit ordinairement pure: mais quelquefois elle étoit peinte , et on y tra- çcoit différens compartimens ; on y placoit même des figures d'animaux consacrés à Bacchus. - « On trouve sur les monumens antiques, des tam- bours très-grands , comme celui-ci, et d’autres tres-petits , comine celui de la £ympanisiriu des peintures d’Herculanum. Catulle appelle le petit tambour {ympanum leve ; Vautre se nommoït Yyri- panum mujus. Arnobe appelle le plus petit tam- bour zympaniolum. « On frappoit quelquefois le tambour avec des baguettes ; mais le plus souvent on se servoit de la main. Il rendoit de cette manière un son grave et rétentissant ; mais, pour augmenter encore le bruit , on y ajoutoit, comme aujourd’hui, des petites plaques de métal , on des clochettes , comnie on en voit sur quelques monumers. « Sur d’autres monumeñs , les {ympanistes frap- pent le tambour avec un thyrse , comme on le voit ici; ce qui est bien plus convenable aux or- gies de Bacchus. Sur ‘un joli berÿl püublié-bar Buonarroti , une mœænade , portée sur le dos d’un Tome IF. E 2 Le « 4 Anliquilts. centaure , élève son {ympanum , et celui-ci le Fait résonuer avec son thyrse. « Le'{ympanum où tambour se voit sur beaucoup de monumens relatifs à Cybèle ou à Bacchus, qu'Orphée nomme le dieu qui frappe le tambour. « Cybèle est toujours figurée avec le coude appuyé sur un tambour. Il représente , selon Varron, le globe de Ja terre, que les anciens ne croyoient pas-entiérement sphérique. « Le 1ympanum éloit devenu le signe de leffé- mination, parce que les hommes consacrés au culte de Cybèle en faisoient usage : aussi les joueuses de tympanum furent-elles dans la suite placées dans la classe des femmes sans mœurs. Saint-Justin nomme les joueuses de crotale et de tambour parmi les choses qu’il veut voir bannir des banquets. Clément d'Alexandrie reproche aux payeus les in- décences que commettoient ces femmes en dan- sant avec ces instrumens, « On donnoit le nom de {ympana, aux roues des chars rustiques , parce que , par leur forme cir- culaire et pleine, elles ressembloient à un £ym-= panum. On appeloit de même un cylindre qui servoit à enrouler les cordes des machines à lever les fardeaux. On donne encore aujourd’hui à |a même piece, dans les machines, le nom de {amn- bour. On appeloit également de ce nom un grand cylindre garni d’augets pour élever l’eau ; et on le donnoit encore à des vases dont la forme orbi- culaire approchoit de celle du tambour. Enän, « LL Mélanges. 39 Vitruve appelle 2yÿmpanum le milieu du fronton des édifices : nous lui avons conservé le nom de tympan , et nous désignons aussi par ce mot Jes pierres rondes dont sont composées les colonres. « Les Grecs appeloient /ympanum un poteau de bois auquel on attachoit les criminels pour les battre de verges , parce qu’on frappoit dessus comme sur un tambour. “ On donnoit le nom de #ympanium à une espèce de perle qui étoit aplatie d’un côté et ronde de l'autre. Celse appelle £ympanite une maladie dans la- quelle la peau est gonflée par lair qui a passé sous le tissu cellulaire, Le ventre rend alors, au moindre mouvement » un son comme celui d’un tambour. Dans Je Bas-Empire , on croyoit que les corps des excommuniés enfloient ainsi apres « leur mort , et on les appeloit à cause de’cela La L 1 tymparniles. « On ne trouve sur aucun monument antique le tambour à deux peaux ; mais il est indiqué par les auteurs du Bas-Empire. Isidore nous dit que la symphonia est un instrument qu’on frappe alter- nativement , ou en même temps , des deux côtés, et que le mélange des sons grayes et aigus forme un accord très - agréable. Prudence, sans s’in- quiéter de la chronologie , veut qu’on ait donné avec. la symphonie le signal de la bataille d’Ac- tium, Il paroît d’après cela , et par l’étymologie du nom , que la connoissance de ce tambour est C 3 36 . Antiquités. « plus ancienne que l’époque des guerres des Sar- « rasins avec l'Espagne. Les Francois ont pw le “ connbitre, lorsque Charles Martel, arrêta dans « les champs de Poitiers les Sarrasins , qui mena- « çoient d’envabir la France comme ils avoient fait . de l'Espagne ; les détruisit presque tous , et tua « de sa main leur roi Abdérame. Les Francois don- « nérent le même nom à cette espèce de’ tambour « qui a été remis en usage dépuis quelques années ; « ils l'appelèrent chifonce , chiphonie et sympht nie : « nous Je nommons aujourd'hui tambour turc ou “ grosse caisse. HT « Nous devons aux Arabes et aux Turcs le tam- «“ bour militaire à’ deux Caisses ; ils Pappeloiont a/ « tambor , d’où nous avons dit d’abord, tabour , et « ensuite /ambour. Les caisses de cuivre recouvertes « d’une peau, que nous nommons #mbales ; sont < aussi de leur invention.» Sur le sol, on voit deux éornes ou rhytons renversés, Ce vase, qu'on trouve sur graud nombre de mont- mens , fournit au C. Millin l’occasion de donner des notions précises sur les rhytons. Il se proposé de pu- blier, par Ja suite, un rhyton également beau pour la peinture et pour la forme, et qui se trouve dans le cabinet de M. Durand, ainsi que quelques autrés du cabinet de Ja république: Le cab'net des antiques de la bibliothéque natio-” nale possède depuis longtemps un camée sûr üne bélle sardonyx, représentant Septime Sévère, Julia Domna , son épouse, et ses deux fils Caracalla et Géla. Ce Mélanges. 37 camée, qui n’a pas encore été publié, est-figuré sur la planche XIX, et le costume des quatre personnages qui y sont représentés, fournit au C. Millin matiere à des observations curieuses sur la couronne radiée, le paludament , l’ægide (sur laquelle le C. Millia se propose d'entrer dans de plus grands détails au sujet d’une très-belle tête d'Ulysse, du cabinet na- tional, dont la description se trouvera dans ]a Ji- vraison suivante), la coiffure des dames romaines, etc.; observations que les artistes, surtout, liront avec beaucoup de fruit. Le C. Millin penseque ce camée aura été fait pour Sévère ou Julia Domna, dans l’année 959, qui précéda celle où Sévère partit avec son épouse et ses deux fils, pour son expédition contre la Grande-Bretagne, d’où il ne revint point. Caracalla, déja nommé Cæsar, et destiné à l’em- pire, est coiffé, sur ce camée, d’une couronne de laurier attachée avec une bandelette; tandis que la tête de son frère Géta est nue. Les traits de Cara- calla annoncent un jeune homme de dix-huit ans; ce qui s’accorde avec l’époque à laquelle le C. Millin croit devoir assigner ce camée. Dans la supposition que Julia Domna ait eu dix-huit ans à l’époque de son mariage, elle devoit être âgée de cinquante ans à l'époque où ce camée paroît avoir été exécuté; elle peut en effet-avoir cet âge, mais l’artiste à su lui conserver la beauté des traits qui la caractérisoit. Les deux derniers monumens décrits et figurés dans cette livraison , sont des vases de marbre du cabinet de C 3 38 Anliquilés. M. F'an Hoorn. La première offre diférensornemens, très-bien exécutés, tels qu’un aspersoir, une patère, un lituus, et le vase appelé communément præfericulum : ces ornemens font penser au C. Millin que cetteurre, qui paroît du FIL: siécle , a servi à contenir les cendres d’un pontife ; comme cependant on voit sur les tom- beaux de beaucoup de particuliers ces vases qu’on appelle præfericules et paières. Le C. Millin observe qu'il se pourroit que ces instrumens de sacrifices n’indiquassent pas ici l’état de celui dont les cendres étoient renfermées dans l’urne, mais sa piété envers les dieux. L'autre vase n'est remarquable que par l’élégance de sa forme; son explication n'offre rien de particulier. T. F. W. me LITTERATURE ORIENTALE. LITERX patentes Imperatoris Sinarum: Kanghi sinice et latine cum interpreta- fione P. Ignatii Kægleri J. J. ex arche- {Ypo sinensi edidit, additis notiliis sinicis Christoph. Theopb. 2E Mure. Norim- bergæ. 1802. In-4.° Te L est le titre d’une brochure latine que M. Mure vient de publier à Nuremberg, et dans laquelle il nous donne le texte avec la traduction d’une lettre- patente de Pempereur Kang-hi, publiée à Pékin en 1716, dont il existe plusieurs copies en Europe, deux entre autres à Paris, une à la Bibliothéque na- tionale, l’autre dans le cabinet de M. "Fersan, avec Ja mémetraduction. On pourroit regarder cette lettre, qui d’ailleurs n’a aucun intérêt, soit pour sa nou- veauté, soit pour son contenu,comme un court exer- cice pour ceux qui veulent s’appliquer à la langue chinoise ; mais alors il faudroit que M. de Murr y eût joint une analyse grammaticale ou quelques remar- ques sur la marche du style chinois et sur la forme de leur construction. On n’y trouve rien de tout cela. 11 n’y a que la traduction séparée de chaque carac- tère chinois, telle qu’elle a été faite par le mission- naire allemand , le P. Koegler, qui mourut à Pékin en 1746, et differentes notices sur la Chine, que M. de Murr a recueillies, soit dans des ouvrages déja, C 4 49 Littérature orientale. publiés, soit par sa correspondance particulière, En voici quelques-unes. L'empereur régnant , selon M, de Murr, s'appelle Thay-hay Tsing; et cela, dit-1}, comme on dit Louis Capet ou Henri Bourbon, car Tsing est le nom de la dynastie actuelle, Ornous avons bien vu le nom de famille placé avant le nom desem- pereurs de Ja Chine. Par exemple, Hia-Yu, ou l’em- pereur Yu de Ja famille Hia; Tu-tsing Kang-hi, où Kang-hi, empereur de la dynastie Ta-1sing ; mais nous n'avons pas encore vu le nom de famille placé après. D'ailleurs cela est contre le génie de la langue chinoise, dans laquelle le génitif doit toujours pré- céder le nominatif, et l’adjectif son substantif, Il est vrai que le nom de Ja dynastie actuelle est Tsing ow Ta-ising. Mais il ne s'ensuit pas que {sing doive toujours signifier la même chose. La langue chinoise est aussi pauvre en mots que riche en caractères; le même mot répond souvent à six cents différentes si- gvifications , selon le ton avec lequel il est prononcé, selon la place qu’il occupe, ou selon le caractère avec lequel il est écrit; #sëng peut donc signifier bien d’autres choses, comme puit, passion, repos; la paupière des yeux, la couleur bleue, je vous prie, ou s’il vous plaît ; ete., etc. Enfin, d’après les nou- velles que nous avons reçu directement de la Chine à Londres, lors de la mort de Kien-lung, celui de ses fils qui eut le bonheur de Jui succéder, s’appeloit, non Tui- MHaïi-Tsing, mais Kiao-King. Après ces notices, M. de Murr nous donne aussi un catalogue des ouvrages de mathématique et de phy- sique, composés par les missionnaires en langue chi- Langue chinoise. A1 noise, et publiés à la Chine. M. de Murr ne nous donne aucun titre en chinois, mais en langue latine seu- Jement, jusqu’à la page 36, où , en parlant du P. Fer- biest, il nous cite une apologie de ce Père contre l'ouvrage d’un chinois, qui s'appelle Fang-Kuang- Sten; or voici comment il le traduit : Yang-K van (Kuang) Sien, 1. e. (id est) discepla- tio malæ usurpationts ; mais M. de Murr se trompe, car Fung-Kuang-Sien est le nom de l’auteur et non ce- Jui de l'ouvrage. On n’a qu’à consulter le catalogue de Fourmont (1), qui se trouve à la fin de sa grammaire chinoise, pour se convaincre du fait. On y verra que Je titre de cet ouvrage, qui se trouve à la Biblio- théque nationale, est : Vang -Tchén - Pién. Vans veut dire faux, téméraire, vain, mensonger: Tihén, signifie usurper où usurpaticn; Pién, c’est une dissertation ou dispute. Voilà pourquoi feu M. Four- mont a tres-bien traduit en latin : de mula usurpa- tione disceptatio, où dispute touchant une mauvaise usurpation (2); Fang-Kuang-Sien, au contraire, ce n'est que le nom de l’auteur qui a composé cetouvrage, M. de Murr lui-même en convient ; car, peu après, il dit que l'adversaire chinois du P. Verbiest s’appeloit Jang-Quans-Sen (Sien) (3). Dans la page 37 suivante, M. de Murr donne Je ti- tre d’un autre ouvrage du P. Verbiest , en caractères chinois. On pourroit demander pourquoi il exprime (1) Page 49r. (2) FourmonrT, Grammar, sénic. p. 497 cit. (3) Page 56 cit. 42 Littérature orientale. celui-ci en caractères chinois, n'ayant exprimé aïnst aucun des titres précédens ? C’est parce que ces carac- teres-là se trouvent dans le Catalogue de Fourmont, ‘que M. de Murr a visiblement copié; mais, en le co- piant, il s’est laissé induire én érreur. Voici de quoi il est question. Nous avons dit que le génitif précède le nominatif, en chinois ; c’est une re- gle générale (4). Or, Fourmont, en traduisant le titre chinois de l'ouvrage du P. Verbiest, a mis en latin le nominatif le premier : Ephemerides sinicæ , sive molus septem planetarum , anni Christi1764, tmpe- ratoris Sino-Ta“tari Kam-ht1, ete. (5). M. de Murr de son côté a cru, que cela lui suffisoit pour traduire les caractères chinois du titre , en leur appliquant dans le même ordre les mots latins, qu’il a trouvés dans Fourmont. Voilà donc comme il a traduit : | Ta Ephemerides, Tsing Sinicæ, Kam Kang, Hi Hi, etc,et voilà comment il s’est égaré. Ta-Tsing est le nom de la dynastie ou famille impériale, qui oceupe actuellement le trône de ta Chine. Ta littéralement veut dire grand , et Tsing, Jair , illustre. C’est ainsi que la dynastie précé- dente , qui a fini en 1644, s’appeloit Ta-Ming, qui signifie de même , grande clarté , grand lustre. En (4) Voyez Fourmoxr, Graminat. sin. p. 215 ; Bayer, Mus. sinic Tom. 1, lb. 1, p. 18. (5) Fousmonr, p. lib. cit. p. 494. Langue chinoise. 43 sorte que le titre de l'ouvrage , en suivant la marche de la construction chinoise , est : Ta ; du tartare mantchou. Tsing Karim Kang , Hi Hi, ‘'ete, les éphémérides. D'ailleurs M. de Murr auroit pu voir dans Four- mont , que le titre chinois n’y est pas complet. Car après le mot nién , Fourmont amis un et cetera (6). Cela fait voir, que le titre n'y est pas en entier. Effectivement dans l'original qui se trouve à la Bi- bliothéque nationale , et que nous avons consulté exprès , il y a encore ces trois caractères ou mots chinois: | Tché, Hién, Li. Ces trois mots finissent le titre, et signifient /ot et série du temps, ou calendrier ; le tout ensemble veut donc dire en chinois du tartare mantchou Kanghi, de sa Xvi11°. année , le calendrier ; où selon l’ordre de la construction françoise, calendrier de l’année xvir1. de Kang-hi (empereur) tartare mantchou. C’est ainsi, que feu M. Breitkopf, libraire à Leipsick, en voulant traduire à la facon de M. de Murr, c'est- à-dire sans la moindre connoïissance de la langue chinoise, et seulement en copiant mot par mot la traduction latine d’un titre chinois, qui se trouve dans le catalogue de Fourmont à la page 384 de sa (6) Page 494 cit. 4f Liliérature orientale. grammatre chinoise, a commis des pareilles erreurs, qui n’ont Jamais été relevées publiquement , que nous sachions, quoique son exremplum 1yYpographie sinicæ ; où elles se trouvent , ait déja paru en 1789 à Leipsick , et ait été envoyé à presque toutes les Académies et Bibliothéques de l'Europe, Dans l'endroit cité du catalogue de Fourmont on lit au n.° 57. Ven, Hien , Tum (Tung),.- Kao. Id est, Examen generale literatis oblatum. Feu M, Breitkopf a cra qu’en omettant le second mot chinois Hien , et le second mot latin generale, il auroit un titre adapté à sa brochure. Il n'a pas songé que l’ordre de la composition chinoise est différent ; et il n’a pas fait attention , que les Chinois écrivent toujours , soit perpendiculairement , soit horizontalement , de la droite à la gauche ; voilà donc comme il a traduit: 22 1 F # Ven Teong { Tung) Kao, Examen Liüteratis Oblatum. et voilà comment il s’est égaré : Fen veut dire littérature , composition littéraire; Tung signifie général , total, etc. | Kao veut dire examiner, traiter , etc 3 en sorte qu’en omettant Hien | qui veut dire of/rir, le sens de la construction est, en lisant à l’Européenne, c'est-à-dire de la gauche à la droite, examen ou Lañglie chinoise. 4ù traité général de littérature , ow des lettres ; et en Jisant à Ja chinoise , comme cela devroit être, c’est- à-dire, de la droite à la oauche, /ir/érature du traité ou de l'evamen général; dans tous les deux cas, les mots latins qui se trouvent au dessus des mots chi- mois sont mal placés et erronés. En parlant du feu M. Degnignes, M. de Murrdit, que c’est lüi qui auroit dû rédiger le dictionnaire chinois, que le gouvernement françois a envie c'e publier, parce que, dit-il, il ne possédoit pas seu- lement la langue chinoise , mais parce qu'il étoit aussi tres-versé dans la langue mantchoue (7). Obser- vons d’abord que la langue des mantchoux n’a rien de commun avec le chinois ; qu'elle en est aussi éloignée, soit pour l'écriture , soit pour les mots et sa construction, que la langue d’Otaheëti, dans la mer Pacifique , l’est de la langue françcoise, On peut être parfait chinois, mandarin du premier crdre, mem- bre du collége des Han-lin , et ne pas savoir un mot de mantchou. On peut parfaitement connoître le mantchou, qui est un dialecte du Jangage des Ton- guses en Sibérie, être le premier Lama ou Houtouciow de ce pays-là , sans savoir un ‘seul caractere chi- nois. Malgré cela M, de Murr nous'assure que puisque feu M. Deguignes connoissoit non-seulement le chi- nois, mais qu’il étoit aussi parfaitement versé dans le mantchou , c’est lui qui auroïit dû publier un dic- tionnaire chinois. Or nous qui avons le bonheur de nous trouver (7) Page 46. 46 Littérature orientale. sur les lieux , nous pouvons assurer M. de Murr, que feu M. Deguignes , versé comme il étoit dans les langues chinoise et arabe, ne connoissoit absolu- ment rien du mantchou. À soixante ans. lorsqu'il étoit question d’apprendre Je tartare-mantchou, il répondit , qu’il étoit trop âgé pour s'appliquer à cette langue. Et c’est alors, que M. Langlés, d’après son refus , et à l’invitation de M. Bertin, ministre d’état, s’occupa de l’étude de cette langue, dont il publia, peu après l’alphabet et le dictionnaire. Nous ne retiendrons plus nos lecteurs pour leur don- ner toutes les autres notices, que renferme cet écrit de M. de Murr. I] dit, parexemple , que la Propagande de l’Angleterre va faire publier le zouveau testament en chinois, ce qui n’a été que le projet d’un par- ticulier , appelé Mose/y , qui proposa l'édition du nouveau testament en chinois (8). Outre cela, les quatre évangiles en chinois n’existent ni en Angle- terre, ni à Ja Bibliothéque nationale , siriche en ouvrages chinois, et ne se trouvent probablement pas même à la Chine (9). Mais nous ne pouvons pas nous dispenser de donner Ja notice suivante , puis- qu’elle nous concerne. M. Hager, dit-il, a parlé dans son ouvrage sur les caracteres élémentaires des Chinois d’une Æncyclopédie japonaise. Le titre ce cet ouvrage , dit M, de Murr , est : Xung {æang) pin (8) Memoïr on the possibility and importance of sending ths gospel to China. Crosscheaping, Coventry. 1800. 4: (9) Voyez là-dessus le Gentleman's Magazine de l'an 18or. Octo- bre. page 881. Langue chinoise. 47 hi chun ; superioris qualitatis , durans , odorife- rum.— On pourroit d’abord remarquer que voilà un titre bien curieux pour une Encyclopédie : d’une qualité supérieure , où superfin, durable, et de très- donne odeur. On diroit que cela convient mieux pour une inscription sur quelque boîte à hé, que pour un titre en tête d’une Encyclopédie. — C'est précisément le cas. Soit que M. de Murr ne com- prenne pas bien la langue avgloise, dans laquelle notre ouvrage est écrit, soit qu’il se soit trop hâté, il a donné l'inscription la plus commune des caisses à thé, qui se voyent dans les boutiques de Lon- dres, et dont nous avions donné Ja traduction, pour le titre de l'Encyclopédie du Japon (ro), Peu après M. de Murr dit que M.Tychsen (celui de Rostok}), nous avoit prêté, lors de notre séjour ea Angleterre , un vieux dictionnaire chinois et portu- gais, et cela, Rogante D. Ousely , à l’intercession de Sir William Ousely. Sur cela nous répondons que Sir William nous a fait voir dans sa maison un petit dictionnaire chinois et portugais, très-court et mal écrit, qu’il tenoit de M. Tychsen , et nous loffrit en Cas qu’il pût nous être de quelque utilité dans (ro) Voyez an Introduction to the elementary characters of the Chinese, zxxvr. Le vrai titre de l'Encyclopédie Japonoïse, que nous n’avons pas donné dans cet ouvrage -là, est le même que celui de l'Encyclopédie Chinoise, dont il y a uu exemplaire à la Bibliothéque nationale , et un autre dans la riche collection de mylord Spencer, à Londres : c'est (en le prononcant à la chinoise) San-esaë-tou, ou Description du ciel, de la terre et de l'homme. % 48 Littérature orientale. nos études, Maïs étant déja pourvus de dictionnaires infiniment supérieurs, entre autres, de deux apportés tout récemment de J’Asie par le dernier ambassa deur hollandois à la Chine, nous remerciâmes notre digne ami de sa bonté, et nous me l’avons jamais accepté (11). Dans le même endroit (pag. 49); M: de Murr, en parlant de notre ouvrage, dit que ce ne sont que les 214 clefs ,:copiées des Méditutions chinoises de Fourmont , pag. 6o et pag. 89. — D’abord notre ou+ vrage ne contient pas les 214 clefs seulement : ce n'est que la seconde partie de notre ouvrage, qui contient les clefs, La premiere partie, qui forme pres- que les deux tiers de tout l'ouvrage, a été passée par M. de Murrgous silence. C’est une dissertation préliminaire de soixante et seize pages in-folio, qui certainement n'a pas été copite de Fourmont. Mais voyons si au moins les 214 clefs ont été copiées de L'ourmout. M.de Murr n'en apporte aucune preuve; il cite seulement les deux endroits dans les Médita2 tions de Fourmont , parce qu’il pense peut-être, que par la seule inspection on verra la ressemblance de nos clefs avec celles de Fourmont, Or, il faut savoir qu’il y a aujourd’hui, dans presque toutes les grandes bibliothéques de lÉurope , quelques dictionnaires (x1) Nous avions aussi la communication de l'excellent dictionnaire qui se trouve à la Bibliothèque de Ja Société royale : on nous permit de le consulter toutes les fois que nous voudrions ; uu autre de feu sir 7#7%/2, Jones, à la mème Bibliothéque, et un woisiëme de M. Masson, au Musée britannique. chinois, - Langue chinoise: 49 chinois, tel que le Zse-lui, ou le 7 ching-tse-tung ; ou Tse-haë, etc. A la tête de tous ces dictionnaires se trouvent les mêmes clefs, la plupart dans le même ordre, et à peu près de la même grandeur que Fourmont les a publiées, après les avoir copiées lui-même. C’est comme l'alphabet arabe ou samscrit, qui est tou- jours le même, de quelque ouvrage qu'on le tire. "Malgré cela , ce n’est pas de Fourmont que nous avons tiré en premier lieu les clefs. Ce travail , que nous avons commencé. à Berlin , dans le cabinet des MSS. de Sa Majesté le roi de Prusse , a été fait d’après le dictionnaire manuscrit de Mentzelius , docteur al- Jemand du XVIL.® siécle, dont les neuf volumes in- fol. , avec plusieurs autres ouvrages chinois et japo- nois ysont conservés (12). Nous avions enmême temps sous les yeux les clefs des deux excellens dictionnaires T'a-tse-guei, et Tching-tse-tung, qui existent dans le même cabinet, pour les comparer, soit pour la forme, soit pour les variations de chaque elefavec les clefs publiées par Bayer et par Fourmont. En procédant de cette maniere, nous avons trouvé que les deux caractères yei et vâm, que Fourmont a joint à sa soixante-onzième clef, étoient non-seu- (12) Il ÿ a, entre autres, une superbe Flore japonoïse, en deux gros volumes, peinte d’après les plantes vivantes, par les Japonais eux - mêmes navec leurs noms japonois et chinois, achetée par le doc- teur Cleyer, au Japon. Cette Flore. renferme plus de treize cents plaa- tes, et seroit très-digne d'être publiée. Nous avons comparé la Flore de Thunberg avec celle-ci , et nous avons trouvé beaucoup dé différence entre les noms de la Flore de Cleyer et celle de Thunberg. Tome IF, D Se Littérature orientale. lement superflus, maïs contraires à ce qu’on trouve dans les deux dictionnaires chinois susdits, qui ne contiennent pas de telles variations. Nous avons trouvé que Fourmont avoit omis la distinction ou séparation des clefs de six traits et de celles qui en ont Auit, et cela dans tous les deux endroits de ses clefs (13). Nous avons trouvé que’ la variation de la cent-soixante- dixième clef, feë, manque dans Fourmont ; variation * absolument nécessaire pour trouver les caractères composés de cet élément. Nous avons exprimé les variations des clefs rente-deux, Sbivante - six, cent soixante-trois, ele. que l’on ne trouvera pas dans Fourrmont. Nous avons marqué la différence qui existe entre la »in91-sixième et la cent soixante - dixième clef; enfin nous avons fait tous les change- mens qu’une recherche plus exacte et moins superfi+ cielle que celle de M. de Murr montrera aux lecteurs. Nous n’avons donc pas copié Fourmont , mais nous connoissons quelqu’un qui l’a copié, ec cela mot pour mot, dans plus d’un endroit, Qu’on compare la page 52 de la brochure de M. de Murr avec la page 367 de Fourmont, pour voir si nous disons vrai. De Mur. Libellus est... stylo siao-œue, seu sermone fami- liari scriptus. Partes talium fabularum seu ‘histo- viarum de hoc vel illo aut puero, aut etiam heroe , quem per varia rerum discrimina huc illue trahunt , non aliter quam 4oczindigitari, ita ut quotieéscumque characterem Aoct videris, toties librum ejusmodi vel (15) Voy. les Méditat. chin, de Fourmont ; pag. 65, 67, 102 et 107. Lange chinoise 5 angle C/21101$E, Of Comediam , vel certe Fabulam absque dubio nunen- pare possis. Talis est auctoris Fo-Kiuo fabula +5 San-cui-cu , trium poetarum , elegantiæ exaliatæ , et maximo in pretio apud sinas. FouRrRMONT. Libellus est stylo s'zo-rue seu sermone familiari scriptus. ... Partes eorum quas fabulas dico , libel- lorum , quique historiolæ sunt, de hoc yvelillo ant puero , aut etiam heroe, quem per varia rerum dis- crimina huc illue trahunt, partes, inquam , illas non aliter quam hoci indigitari ,ita ut quotiescumque characterem hoci videris toties librum ejusmodi vel Comediam , vel certe Fubulam absque dubio nunecu- pare possis.... Yokiao.... Fabula 75% San-cçai-cu trium poetarum , elegantiæ autem est apud sinas exaltatæ ; et maximo in pretio. M. de Murr n’auroit-il pas dû à la fin d’une si longue période citer l'ouvrage qu’il a copié? C’est ainsi que M. de Murr a copié le passage de la page 5o, con- cernant le P. Ricci, de la page 457 du Catalosue de Fourmont, sans le citèr (14). Et en copiant Four- mont à la lettre ; il a nécessairement aussi copié les petites inexactitudes , qui, sauf le respect que nous devons à cet illustre savant , se trouvent dans quel- ques endroits de ses écrits. C’est ainsi qu’en copiant le titre d’un ouvrage botanique dans le Catalooue de Fourmont, qui est Puen-tsao-Kang-mo , gt le (x4) Ce passage est : In libro U-sche-jenju, quinquaginta verba nimia (id est, si 25 Ricoï verba contra Bonzios non sufficiant 50 fore superflua ) multa e quatuor evangelistis sinice versa inveniuntur, D 2 Si Littéralire orientäle. trouvant traduit par Proprietatis herbarum capüt et oculus (15), M. de Murr a inséré dans sa brochure mot par mot, Proprietatis herbarum caput et oculus ; c'est-à-dire, Tête et.yeux de la propriété des herbes. _— Le bon sens d’abord devroit faire rejeter de telles expressions. En effet, kang ne veut pas dire propre- ent /ête ; encore moins kang-mo , joint ensemble , tête et yeux. D'après les meïlleurs dictionnaires que nous avons reçu de Ja Chine depuis le temps de Fourmont , ces deux mots unis ensemble signifient : Compendium rerum precipuarum ; Où exacta Terum épilogus , un précis, ou abrégé des choses principales. Puen-tsao ne se traduit non plus bien par pro- prietas herbarum ; propriété des herbes , comme on trouve dans Fourmont, ni l’origine , ou la racine des plantes, comme on lit dans du Halde, qui, en don- nant la description des Herbiers de la Chine, a voulu donner aussi la traduction de puen-tsao (ï6), le génitif étant celui qui précède en chinois, comme nous l’avons dit plusieurs fois, et 1sao signifiant herbes ou plantes, il faudroit dire alors {sao-puen, comme on dit Je-puen, ou Ge-pen ,; en parlant du Japon, qui veut dire racine ou origine du jour, — Puen se traduit donc ici mieux par racine, ce qui est son sens primitif, d’après les meilleurs dictionnaires de la Chine : ainsi-le dictionnaire chinois , Tehing-tse-tung , après avoir donné la prononciation et le ton de ce caractère , dit en termes exprès : {suo-mo-tchi ken-1i tung yue puen ; (15) Fourmonr, Grammar. sinic. p. 487. (16) Du Haups , Description de la Chine, tome HIT, p. 44r. Langue chinoise, où c’est-à-dire, les racines des plantes et des arbres s’appellent en général puèn ; mo-hie yue puen dit le tse-tien ; la partie inférieure des arbres s’appelle puén ; puis il ajoute que c’est la racine des plantes et des arbres, Ce sens. primitif de puèn est fondé dans la figure même du caractère chinois, qui représente un arbre avec sa racine par - dessous. En sorte que le tout veut dire précis ou abrégé du traité des herbes et des racines. — Effectivement il y est traitéf comme Fourmont même l’avoue, non justement des herbes, mais aussi de toutes sortes de racines médicinales. Outre cela, c’est la coutume des Chinois d’unir dans lés titres deux mots de la même ou d’à peu près la même signification , pour mieux éclaircir le sujet dout l’ouvrage traite , et alors la particule copulative et est toujours omise, comme on voit ici, racines , herbes , au lieu de racines et herbes, ou herbes et racines. i Nous finiraris par observer que la table des quadru- pedes exprimée en caractère chinois par M. de Murr, outre qu’elle n’est d'aucun avantage, soit pour les Chinois, soit pour les Européens, est aussi pleine de fautes et d’inexactitudes. M. de Murr auroit donc beaucoup mieux fait de ne pas la publier, après vingt ans, une seconde fois, avec les mêmes erreurs. HAGER8. VARIÉTÉS, NOUVELLES Ü ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES, NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ALLEMAGNE. Université de Gæœitingue (1). Extrait des séances de la Société royale des sciences de Gættingue , depuis le premier janvier 1802 , joint à l’annonce des ouvrages que les professeurs de l’université ont mis au jour dans le courant de l’année dernière et de cette année. = HOMER, nach Antiken gezeichnet Re Tr'il- helm TrscHBriN, Director der Kæniglichen Ma- ler- Academie und schoenen Künste zu Neapel, mit Erlœuterungen von Chr. Gottl. HE7 NE. Hefte 1. 2. — FIGURES d’Homère d'après l'antique, par Henrt- Guillaume TISCHBEIN , directeur de l’Académie de peinture à Naples, avec les explications de Ch. (:) Cette notice m'a été communiquée, d'après le consentement de l'Université et de celui l’Académie royale dont j'ai l'honneur d'être membre, par M. Darraup, jeune françois très-instrait qui est attaché à l'Université de Gœttingue, pour la langue francoise. C'est à lui que l'on doit la notice sur Lichtenberg et d’autres articles intéressans insérés dans le Magasin Encyclopédique. À. L. M. Nouvelles littéraires. 55 Gottl. HET NE. Premier et second cahiers. Gotting. chez Dieterich, 1801. Cet ouvrage a aussi été publié en francois chez Collignon , libraire à Metz. Les explications de M. * HEYNE ont été traduites par M. De Viens , de la société royale des sciences de Gættingue. (Voyez le compte qui en a été rendu dans le Magasin Encyclo- pédique) (1). Jo. BECKMANNI, Britan. reg. à consiliis aul., professoris æconomiæ , lexicon botanicum exhibens etymologiam, orthographiam et prosodiam bota- nicam. 1801. Ræwer. Gætting. : GruNDsÆæTZE des gemeinen Deutschen Privat- Rechits von D. Justus Friedrich RUNDE. — PRINCIPES du Droit privé des Allemands, par F. RUNDE. Troisième édition. Gætting. chez Dreterich. PRÉCIS du droit des gens modernes de l’Europe, Jondé sur les traités et sur l'usage , pour servir d’in- troduction & un cours politique et diplomatique , par G. F. px MAnTENs. Seconde édition , totale- . ment refondue. Gœtting. chez Dieterich. 180. Cours diplomatique , où L'4BLEAU des relations extérieures des puissances de l'Europe, tant entre elles qu'avec d'autres dans les ‘diverses parties (172 globe; par G.F. MARTENs. Tom. I—III. 180%. Berlin, chez Mylius. L'auteur a eu en vue, en publiant cet ouvrage, de favoriser et, de faciliter l’étude des relations poli- tiques des puissances de l’Europe, particulièrement (x) Magasin Encyclop. Année VI, t.1V, p: 105. 107. 116; t. V, p- 17. Année VII, c. 311, p. 554. D 4 56 Nouvelles littéraires, par rapport à leurs possessions , leurs prétentions ; leur commerce , leur conduite à l’égard de la guerre et de la neutralité, leurs alliances , etc. en tant que ces relations reposent sur des lois, des traités et d'autres actes publics. En conséquence l'ouvrage se divise en deux parties principales, qui se vendent aussi séparément. L'une sous le titre suivant : 7'4- BLEAU DIPLOMATIQUE des relations des principales puissances de l'Eurepe , surtoué par rapport aux possessions , au commerce, à la neutralité et aux alliances ; et l’autre : GUILDE DIPLOMATIQUE, où Répertoire , 1.° des principales lois des puissances de l’Europe et des États-Unis d'Amérique relatives aw commerce et aux droits des étrangers en temps de paix et de guerre , et 2.° des trailés ou autres actes publics qui ont eu lieu dans leurs relations, tant entre elles qu'avec d'autres états dans les diverses parties du globe, depuis le commencement de ces relations diplomatiques jusqu’à la fin du dix-huitième siécle. Le Tableau diplomatique forme le troisième volume du cours entier , et le Guide le premier et le second. Ce Cours diplomatique a été offert par le citoyen Kocx au tribunat et au corps législatif, qui en ont accepté l’hommage. | REcuEzrL des principaux Traités d'alliance , de pair, de trève , de neutralité, de commerce , de limites , d'échanges , etc. , conclus par les puissances de l’Eu- rope depuis 1761 ; par G.F. DE MARTENS. Tome VI, 1800, tome VII et dernier. Gætting. chez Dieterich. 1801. Le septième volume finit ce recueil , l'auteur ayant Nouvelles littéraires. 57 _Je projet de commencer avec le dix-neuvième siéele une nouvelle collection d’actes publics, sans se bor- ner seulement aux traités. Le sixième et le septième volumes contiennent en partie des supplémens aux voluines précédens, en partie des continuations; l’un s'éiend depuis 1794 jusqu'aux préliminaires de Léo- ben, et l’autre jusqu’à la paix de Lunéville. Outre les traités de paix et autres traités disséminés dans les gazettes, on trouve dans chacun de ces volumes plusieurs actes qui n’ont pas encore été imprimés, ou n’éloient pas très-connus. T'els sont, par exemple, dans le sixième volume les traités de la France avec l'Espagne , de 1768, 1774, 1786; de la Suède avec Aiger, de 1792; avec Gênes, 1796 ; de l'Espagne avec les Etats- Unis de l'Amérique, de 1795; des Etats-Unis avec Alger, de la même année. Dans le septième volume le traité de la France avec l’Es- pagne, de 1777; deux traités de la république ba- tave avec les peuples des Indes, de 1784; l'alliance austro-russe , de 1792; le traité entre l’Amérique septentrionale et Tripoli, de 1796; l’acte d’accession de la république batave à l’alliance entre la France et Espagne, en 1797; le nouveau traité de commerce de 1798 entre la Russie et le Portugal ; le cartel re- marquable de 1798 entre la France et l'Angleterre, et plusieurs autres traités ou actes relatifs à l’ordre de Malte. J. G,. LrPsrr Bibliotheca numaria , sive Catalogus auctorum qui usque ad finem sæculi XPIIT de re monetaria aut de numis scripserunt. — Præfutus est breyi commemoratione de studii rei numisma-= 53 Nouvelles littéraires. ticæ anliqui orbis vicissitudinibus C.G. HEFNE. Tom.l, IL Leipzig, chez Schæfer. D'. F.OsranDer’s ausfihrliche Abhandlung über die Kuh-Pochen, etc. — MÉMOIRE détaillé de Fré- déric OSTANDER ,-sur la vaccuie, ses causes, ses accidens , son inoculation, la manière de la trat- 1er, etc., d'après ses propres observations. Avec une gravure. 1801. Gæœttingue , chez Tomas. ANFANGS-GRüNDE der Naturlghre zum Behuf der VForlesungen über die Expertinental-Physik , von Tobias MArFER. — ELÉMENS de Physique, par Tob. M4rrr. Gœtting. chez Dieterich. 1801. KLEINERE Lender-und Reise-Beschreibungen, von C. MEINERS, drittes Bændchen. Auch mit dem Tite] : KuRzE Geschichte und Beschreibung der Sradt Gœttingen und der umliegenden Gegend. — Voraces de C. MEINERS dans dijjérentes parties de l’ Allemagne , troisième volume , égale- ment sous le titre : Histoire et description abrégée de la ville de Gættingue et de ses environs. Avec cinq gravures. Berlin. 18or. DESCRIPTIO et Adumbratio plantarum à classe cryp- togamica Linnæi, que Lichenes dicuntur, Vol, NX. fase, IV. Auctore D. Georg. France. HOFFMANN. Fol. 18or. Les feuilles de texte et 6 planches enlumi- nées. Leipsick, chez Crusius. Tab. 67, Usnea FLA4C- crDA. Tab. 68, Umbilicuria FrocCULOos4. Tab. 69, Umbilicariu PENSFLF ANICA Tab, 70, Um- bilicaria Eros4, Tab. 71, Umbilicaria HFPER- BOKEA. Tab, 72, usnea DICHOTOM A. Nouvelles littéraires. 99 J. ARNEMAN'Ss practische Arzneymüttel-Lehre. Vierte \ Auflage. — TRA1TÉ sur les différens remèdes em- ployés dans la médecine pratique; J. ARNEMAN. Quatrième édition. Gætting. chez Ruprecht .180x. UEBER die Verfassung und Verwaltung Deutscher Universiütæten, von C. MEINERS. — SUR la con- | stilution et l'administration des Universités alle- mandes ; par C. MEINERS. Prem. vol. in-8°. 18or. Chez Ræswer. La premiere partie de tet ouvrage , qui sera suivie d’une seconde, offre les sections suivantes :[. Sur le but des universités ; — différence qu’il y aentre les uviversités et les académies ;— des grandes et petites uuiversités ; —sur la constitution et l’administration des universités. IL. sur les fonds def universités, leur emploi, leur administration et leur augmentation ; — sur les bourses, les tables gratuites , les colléges, Jes séminaires et les caisses de veuves. JTE. Sur les priviléges des universités; — juridiction particu- lière ; — droit de faire des statuts , — de choisir les professeurs ; le recteur, ete.— de créer des docteurs, — d'envoyer des députés aux états ;,— droit d’asyle; — droit de patronage ; — rotulus nominationis ; — comiliva palatina ; — droit de censure et immunité de censure; — immunité de charges publiques et d'impôts; — droit de chasse; — droit d'établir des apothicaireries et des cabarets; — liberté acadé- mique. IV. Sur les conservatores jurium et curateuars. V. Observations générales sur la nature de la justice académique ; — tribunaux académiques dans le sens 60, Nouvelles littéraires. le plus strict ; — députation et conciles ; —recteurs ou prorecteurs ; — chanceliers, directeurs, sur-inten- dans et assesseurs ; —syndics et secrétaires; — mas- siers (bidelli) geolier et guet ; — punitions acadé- miques; — classes des personnes tenant à l’univer- sité; — leurs relations avec les autres autorités. VI. Sur les facultés, les examens et les promotions. Le second volume traitera des instituteurs publics et particuliers dans les universités, des étudians et peut-être aussi des instituts publics. TROISIÈME CAHIER des figures d'Homère , d’après l'antique ; par TISCHBEIN. 18o1. M ' Ce cahier se rapporte à l’Iliade, et est consacré à Diomede. Les gravures de ce troisième cahier sont : I. La tête de Diomède, d’après un buste de marbre dans le musée Pio-Clémentin. Suivent trois planches qui se rapportent à Dolon. Ce Troyen, comme l’on sait, étoit sorti du camp pour espionner le camp des Grecs ; à moitié chemin il tomba dans les mains d'Ulysse et de Diomede, qui étoient sortis pour espionner les Troyens. Cette fable est représentée sur plusieurs pierres gravées. IT. Untrès-beau groupe d’après une cornäline. Dolon est par terre entre Dio- mède et Ulysse ; le premier a son épée tirée, et le second, dont Dolon embrasse les genoux, lui fait entendre qu’il n’a pas de grace à espérer. III. D’après une autre cornaline, Diomede a l’épée levée sur Dolon, celui-ci attend le coup mortel avec le plus grand effroi ; il cherche à écarter l’épée avec une main, et de l’autre il embrasse les genoux d'Ulysse, qui se détourne. IV. Encore les deux héros debout » LÉ Cr: Nouvelles littéraires. GEL l’un devant l’autre ; Diomède tient la tête de Dolon ; Ulysse a une épée, et de la main droite il fait ‘un geste , comme quelqu'un qui veut indiquer ce qui reste à faire : aussi d’après une pierre gravée. V. En- core Ulysse et Diomède grouppés tous deux, etayaut l’air de marcher avec la plus grande précipitation. Dans le fond est entre les figures une statue. Peut- être les deux héros sont sur le point de ravir le pal- ladium. VI. Un guerrier avec deux chevaux au pas, d’après une pierre gravée. JoANNIs SrogÆæIr Eclogarum physicarum et ethi- carum libri duo, ad codd, MSS. fidem suppleti et castigati annotatione el versione latina instructà ab À. H. L. HEEREN. Partis secundæ tomus prior eclogas ethicas et scholia continens: Tomus alter ; variantes lectiones , commentationem de fontibus eclogarum J. SrogÆr, Frid. JACOBS epistolam criticam, et indices continens. In-8.° 1801. Gœætt. HISTORISCH-STATISTICHES HandbuchvonT'eutsch- land und den vorzüglichsten seiner besonderen. Staaten von H. M. G. GRELLMANN.— MANUEL historico-statistique de l Allemagne et de ses prin- cipaux états; par M.G.Gr£rzMAN. Première par- tie. Empire Allemand. Gætt. chez Ruprecht. GESCHICHTE des Studiums der Classischen Lifte- ratur seit dem Wiederaufleben der Wissenschafien, von À. H. L. HEEREN. Zweiter Theil. 1801. Auch unter dem Titel: GezscutcHTrEe der Künste und Wissenschaften seit der Wiederauflebung dersel- ben, etc, — H1STO1IRE de l’étyde de la Littérature 62 Nouvelles littéraires. classique; depuis la renaissance des lettres ; par A. L. HrEREN. Egalement sousletitre: HISTOIRE des Arts et des Sciences depuis leur renaissance. REPERTORIUM comMmentaiionum a Socielatibus lit- terartis editarum. Secundum ordinem digessit J. D. REUSS, in Univ. Georgia Augusta philos. et histor, filter. professor et subbibliothecarius. Scientia na= turalis. Tomus Î. Historia naturalis, generalis et Zvologia. Gætt. chez Dietrich. x8or. In-4.° M. le professeur REUSS entreprend un ouvrage qui ne peut que lui donner des droits à Ja reconnois- sance de tous es savans et de tous les hommes de lettres. Tout savant qui desire approfondir l’objet de ses recherches ,.sait de reste combien il Jui importe de connoitre tous les petits mémoires qui ont paru sur quelques objets séparés et particuliers, surtout ceux qui sont contenus dans les collections des so- ciétés littéraires, L’on sait combien ces collections sont volumineuses, et combien il est difficile d’ob- tenir une notice complète des sociélés étrangères et de leurs travaux ; souvent on pourroit bien avoir recours à telle ou telle bibliothéque partieulière ou publique, mais l’on ne sait s’il y a quelque cho:e de contenu sur l’objet que l’on veut connoitre et où l’on doit le chercher. Il faut sacrifier beaucoup de temps ; il faut être très-laborieux, et avoir beaucoup de patience pour faire un catalogue de mémoires séparés. Mais ensuite presque tout dépend du plan d’après lequel on travaille un tel ouvrage. M. le professeur Reuss a le mérite d’en avoir choisi un d’après lequel Nouvelles littéraires. 63 on n’a qu’à continuer dans foutes les parties des sciencés, pour nous donner un ouvrage complet et parfaitement utile. L'histoire naturelle étant l'étude à la mode , l’auteur à commencé par elle, et il donne à présent le catalogue des mémoires qui ont paru sur l’histoire naturelle générale et sur la zoologie. La continuation est déja sous presse. (Voyez le compte que le C. Millin en a rendu (x). Le second tome du Reperlorium commentatio- num, ete. Scientiu naturalis. Tom. Il. Botanica et mineralogia a paru en 1802 (2). GEscHICHTE der zeichnenden Kiünste von threr IViederherstellung bis auf die neuesten Zeiten, von J. D. Frorrzzo. Zweiter Band. — HISTOIRE des arts du Dessin, depuis leur renaïssance jusqu'aux temps modernes; par J. D. Frorrzro. Second vol. 18or. In-8.° Gœætting. Aussi sous le titre : GEsCHICHTE der Künste und, Fissenschafien :seit ihrer Wiederherstellung, etc. Zivette Abiheiluns, Geschichte der Mahlerei, etc. — HISTOIRE des, Arts ‘et des Sciences, depuis leur renaissance. Seconde division. Histoire de la Peinture , etc. | La première partie de cet ouvrage , qui a patu il ÿ a trois ans, renfermoit comme on sait l’école ro- maine et celle de Florence. Cette seconde partie comprend toutes les autres écoles italiennes, de (x) Magasin Encyci. année VIH ,t. 1, p. 157. (2) Je viens aussi d'annoncer le second volume , année VIII, t. 11L, p. 543. A L. M, 64 Nouvelles littéraires. sorte qu’elle finit absolument l’histoire de la peinture eu Italie. La premiere section offre d’abord l’his- toire de l’écolé vénitienne , tant à Venise même que dans l’état vénitien. Ainsi l’auteur a fait suivre les differentes périodes de l’histoire de la peinture dans la capitale, de celles dans les autres villes ; il s’est étendu ensuite sur les quatre maitres de cette école, le Titien, Bassano ; Tintoret et Paul Veronèse , et sur leurs écoliers ; viennent enfin les causes de la décadence de l’artet les artistes de la dernière pé- riode. La seconde section contient l’histoire de l'école de Lombardie ; et dans les dernières sections se trouve l'histoire de la peinture dans les Deux-Siciles, la Ligurie et le Piémont. On connoît ;, par da première partie, la man'ère dont l’auteur a traité son sujet. Il parle en détail des maitres de l’art , des génies pro- prément créateurs ; non-seulement il décrit leur manière, mais il la rend encore plus sensible par un examen raisonné de leurs principaux ouvrages: Quant à la troupe nombreuse d’écoliers et d’imitateurs, il en parle seulemént en passant , et de cette manière son ouvrage se trouve aussi complet qu’on peut l'at- tendre ; sans que cependant l’auteur perde le fil qu’il doit toujours suivre. Une table complète pour les deux parties rend l’ouvrage encore plus utile. RESULTATE der Beobachtungen des neuen Sterns welcher den 1 januar 1801, auf der Kæniglichen Sternwarte zu Pulermo entdeckt wurde , von Joseph PrAz21, Clericus regul., Director der Sternwarte mit Zusæizen herausgegeben, von Profess. SEFFFER, Director der Sternwarte zu Gættingen: Rower.18or. — RÉSULTATS Nouvelles littéraires. 6ë ce RÉSULTATS des Observations de la nouvelle étoile qui a été décoverte le prernier janvier 1801, à PObservatoire royal de Palerme, par Joseph PrAZZI ; mis au jour avec des addititn Pat le ur SEYFFER. Ces résultats contiennent l’histoire de la décou- verte de Cérès Ferdinandea | les observations origi- pales ét les calculs de M. Piazzi. et ouvrage de l’astronome sicilien doit faire naître un grand inté- rêt. M. Piazzt demande, en Cas qu’on retrouve cette étoile ,; qu’on lui donne le nom de Cérès, et probablement tous les astronomes déféreront à sa prière. Les additions de M. Seyffer roulent en partie sur les travaux des autres astronomes et leurs calculs, et en partie sur la nature de cette étoile ; il s’agit de savoir si C’est une comète où une planète. M. S-ÿffer croit que la nature de cette étoile, si nous ne la revoyons plus, restera toujours douteuse; que l'arc de son orbite que l’on a observé étoit trop petit pour que l’on pût la déterminer avec certitude , et que l’une et l’autre de ces assertions appartiennent à la classe de ces choses desquelles Hume disoit qu’on ne pouvoit pas les réfuter , et que cependant elles n’entrainoient pas de conviction, M.Seyfer propose, pour distinguer la nouvelle étoile , un signe ana- Jlogue aux autres ; le caducée de Mercure, le‘bouclier et la lance de Mars, le miroir de Vénus, soit des signes convenables , naturels et anciens. Il faudroit ainsi choisir pour Cérès une de ces marques distinc- tives , un flambeau , une tête de pavot, ou un épi de Tome IF. E 656 Nouvelles liftéraires. ÿ bled: Pougla re El Te signe ‘dévroit être frès= siivplé, comme" S\ autres Pont été dans! l'enfañce dé Part. ès ss #5 1 s Le doéteur OùBERS, de RP EL ER NR à là Société royale des sciences qu'il a révu Te premier janvier 180$, justeméntiun an après:sa découverte , Ja Cérès Ferdinandea de M, Piuzzi; que le 2 janviet il l’a réconnuæ à son miouÿément, efiqu'enfin le 6: le matin.ile été parfaitement sûr que c’étoit la hou- velle planète: Le temps avoit été couvert pendänt plusieurs semaines3 lorsqu'enfin le premier janvier il s’éclaticit. M. Olbers examina alors, après minuit, la “partie.du ciel'entre. 8 du Lionet ibide:la Vierge; où l’on -pouvoit aitendre: à présent cette nouvelle €toile. M. Olbers porta shrune earte;;-dontsil avoit déja fait le planjytoutesles petites étailés qui ne se trouvent. même pas dans l'Histoire céleste de, De La- lande, et qu’il pouvoit voir. Le 2 janvier -læ soirée fut encore claire , et alors M. Oîbersivit qu'une des étoiles, qu'il avoit marquées hier,près du n° L2o de Ja Vierge d’après FLAMSTEED ; avoit Changé de place visiblement. [l li compara avet le n°191 dans lg catalogue de M. Bode ; au noïd duquel .elle se trouvoit assez proche, Le 3, 4 ét 5 janviende temps fut encore couyert;: mais le matin du 6 étaht très: beau, M. Olbersvit'alors la Cérès Ayéndémat deséoch du n°29 de la Vierge , comme la théorie deson mou- .Veuient l’exigeoit..n'dpas: encore pu réduire les observations mêmes; ét même celles du 6 janvier, à cause, du grand vent.et d’une autre :circonstince , . j D, #&. À Nouvelles litiéraires. 6? Étoient mins sûres qu’à l'ordinaire. En attendant ; voici ce qu'il observa: Le'2 janvier 11° 59! temps moyen. x Ascension droite... 185° 9’ Déclinaison boréale 11 7 5 janvier 17" 3c/ temps moÿen. Ascension droite... 185 45 Déclinaison boréale 11 8 Ces lieux s’accordent avec l’ellipse calculée par M. Gauss aussi parfaitement qu’on pouvoit l’at- ‘tendre, d’élémens déduits d’observations si peu éloi- gnées l’une de l’autre. La nouvelle planète ne se montroit “pas plus clairement qu’une étoile de la neuvième grandeur ; et avec un grossissement de 116 fois, on ne pouvoit pas la distinguer d’une étoile fixe. M. Piazzi avoit vraisemblablement donné trop grand le diamètre apparent, Comme la Cérès restera encore assez longtemps sur la parallele du 20 de la Vierge, les astronomes peuvent aisément la retrouver par cette étoile , et l’on peut espérer tout des peines que se donne M. Olbers. D. Friederich - Benjamin Osr4NDER’S ; Ordentir- chen Professor’s der Arzneygelehrsamleit urrd' Ent - bindunes-Runst zu Gœttingen ; etc. Grundriss der Enthindungs - Kunst zum Leit- Faden bey. seinen Vorlesungen ; erster Theïl. In-8.° — EsQurssæ de l'art de l'Accouchement , par Benjamin OsrA4N DER, professeur de médecine, ete. . ERZÆHLUNGEN merkwurdiger Fælle des neueren E 2 68 Nouvelles littéraires. europæischen Vælker-Rechts in einer practischen Sammlung von Slaats-Schrifien aller AT in teut- scher und franzæsischer Sprache nebst einem An- hande von Gesetzen und lerordnungen , welche in cinzelnen Staaten über die Vorrechte der Gesandten ergangen sind, von G. ÆF. von MARTENS, erster Band. 1800. Zwerter und letzter Band 1802. In-4.° — RECUEIL d’Actes officiels de ioute sorte, en allemand et en françois, offrant les causes les plus remarquables du nouveau droit des gens eu- ropéen, et auquel sont jointes les ordonnances et les lois que quelques Etats ont données sur les pri- viléges des ambassadeurs ; par G. F. MARTENS. 2 vol. in-8.° Schræder. Gœtt._ d Le premier volume contient dii-huit causes set le second dix-sept, qui sont à décider d’après le droit des gens. On y trouve Îles différens actes, soit en allemand , soit en françois, et les faits sont liés par un récit historique. Quelques-unes de tes causes sont plus détaillées, comme particulierement dans le premier volume, n.° 5, les différends entre la Hol- lande et l'Autriche en 1783 jusqu’en 1785 ; et dans le second, n.° 3, ceux entre la Hoilande et la Grande- Bretagne, depuis 1776 jusqu’en 1780. D’autres sont plus succinctes, et n’offrent par fois qu’un récit his- torique , comme dans le premier volume l'arrestation du comte de la Salle à Dantzig, et dans le second volume, n.° 13, celle de Napper-Tandy. Le plus grand nombre de causes roule sur le droit d’ambas- 5 sade et le droit des gens maritime ; relativement à ce Nouvelles littéraires. 69 dernier particulièrement , le second volume contient l'exposition des différends tant anciens que nouveaux sur la visite des vaisseaux sous convoi; il offre les querelles du Danemarck avec l'Angleterre et la Hollande , au sujet de la pêche dans les environs de l'Islinde et du Groenlande ; quelques décisions du nouveau tribunal des prises françois ; le différend entre la Hollande et l'Espagne , au sujet de la navi- gation aux Philippines, autour du Cap-de-Bonne- Espérance, etc. On a joint au premier volume les lois et les ordonnances de quelques états sur les priviléges des ambassadeurs étrangers : le second volume présente des additions considérables à ces lois, entre autres des ordonnances de l'Espagne et du Portugal, peu connues jusqu'ici; on trouvera aussi dans ce même volume quelques titres concer- nant la course, et quelques instructions pour les armateurs et des consuls. Cet ouyrage étoit destiné particuliëfement pour ceux qui suivent les cours- pratiques de l’auteur, mais il ÿ a aussi plusieurs pièces d’un mtérêt général ; et c’est la manière dont on a accueilli le premier volume qui a engagé l’auteur à en donner un second , qui finit la col- Jection. VIERTEs Heft von Homer, in Zeichnungen nach Anticken. — FIGURES d'Homèré, d’après l'antique. Quatrième cabier. L Une partie des gravures a rapport au cyclope Po- lyphème. Elles se suivent dans ceordre : I Une tête de Polyphème, d’après un buste de E 3 70 Nouvelles littéraires. marbre dans le muséum du roi , à Turio. Un idéal de Jaideur. La fable ne donnant au cyclope qu’un œil, cettetête a, outre ses deux yeux, encore un gros œil de bœuf dans le milieu du front. IE, SIT, IV. Ulysse demandant l'hospitalité, d’a- prés trois pierres, et dans différentes attitudes : d’abord avec son bâton et son outre j] demande à ‘étre reçu ; ensuite il présente au cyclope la coupe pleine de vin, et enfin Polyphème la prend de sa main, Dans cette dernière un compagnon d’ Ulysse tient l’outre. k V. D’après un relief en marbre dans la Villa Pin- ciana : Polyphème est assis, et tient un des morts “par le.bras; Ulysse est devant lui, et lui présente la coupe : Tiens, Cyclope, bois! On voit aussi ici derrière Ulysse un de ses compagnons avec un outre. La VI: représente Scylla , d’après une pierre gra- vée , appartenant au connétable Colonne. M. SCHRŒTER, grand bailli à Lilfenthgl ; aaussi observé plusieurs fois la Cérès Ferdinandea , et il a communiqué quelques résultats de ses observations à la Société royale des Siences. Le 11 janvier 1807, M. Harding observa cette nouvelle planète avec un grossissement de 136 et 288 fois de son réflecteur de 13 pieds, et trouva son disque dans une lumière rougeâtre, nébuleux, non terminé, tt plus grand qu'un satellite deMpiter. Le mauvais temps et une indisposition fuient cause que M. Schrœter ne put combiner que le 25 janvier ses observations avec celles de M. Harding. Ce jour-là , avec lemême gros: sissement du méthe réflecteur , le disque de Cérès ap- LE" Nouvelles littéraires. 7 parut à M.Schrœter, sous Ja, forme parfaitement rônde d’une planète , sans scintillation, et cétte fois dans une lumière non pas rougeâtre, mais parfaitement blanche; il étoit exactement terminé, et tout-à-fait semblable àlcelui de Ja-planète ‘Herschel$" mais il étoitienveloppé dans ünénébulosité semblable à QEPe d’ une comète , très-étroite , qui Pentouroit tont- à= fait, 2 et avec laqueile la manière exac(e dont il étoit terminé contrastoit fortement. Relative ement à cette singulière | términaison , delle nouvelle planète res- senbloi en quelque sorte à la comète de “1399 dé- erite le troisième: ob des Mémoires de M. Schræter,, seulement sou, d disque, paroissoit plus chair et plus, distinct; et sa nébulosité aimosphérique £(OiE extrémement. étroite, M. Schrœter, cette méme,nuit, au moyen dy microscope, avec} un, grossissement de 289.de sourréflecteur,, trouva le diamètre du disque exactement terminé, 1” 5815 3,64, le.diamètre entier , y compris la nébulosité, 2° 314 (Ma+Harding 2f 330); L ecbion droite a été à 11h 36/,:188°,19/ gpl dé- clinaison baréale LE id 43" AT Llotuos ras Lors des observations suivantes, la ee ‘rt toujours tantôt plus, tantôt moins nébukeuse, point exactement terminée , et son disque ne reparut,plus terminé exactement, çomme auparavant, de;sorte, que ,sQn. aspect xessembloits quelquefois à, la nébu-_ leuse planétaise près de Y du Verseau. Sa lumiere blanche tomba aussi le 26 dans Je bleuâtre ; ais de: 26 et,31 janvier au contraire, ayec le même grosgis- sement du réflecteur, elle tira sur le rongeatre. Le: - 29 janyier le diametre apparent se trouva; 2: 6873 E 4 77 Nouvelles littéraires. D le 28, 2” 793 ; le 31, 2” 930. Outre ces détermina- tions, M. Harding a fait encore les observations suivantes : Temps moyen. Ascension droite Déclinaison apparente. apparentes 1802. Janv. 10 ." 11 186°36' 7" ONE PA 25—11—40 188 20 5 11 54 48 26—11—56 108 24 22 11 59 56 26-13 33 100 97 14: 12 98 3I—1r 40 188 37 9 12 à Nous remarquerons à cette occasion que MM. Mayeret WILDT, professeurs à Gœttingue, ont aussi cherché la Cérès, et l’ont observée quelque- fois , aussi bien que l’observation pouvoit se faire, de la maison de M. Mayer. Vers la fin de janvier, tous deux avoient marqué exactement, d’après la carte de Bode, toutes Îles étoiles dans le voisinage desquelles on pouvoit attendre. Cérès. Mais le temps : étant toujours couvert , ïls ne purent établir la com- paraiton avec le ciel que le 31 janvier. Il se trouva alors beaucoup d'étoiles de Ja septième et huitième grandeur qui n’étoient pas dans la carte susnommée, et qui y furent portées aussi exactement qu'on le pouvoit en les jugeant à l’œil. Le mauvais temps ne permit que le 9 février de recommencer les observa- tions , et alors il se trouva tout de suite qu'une étoile de la septième à la huitième grandenr, qui le 3r janvier avoit été très-près en droite ligne de & et 34 de la Vierge, n’étoit plus Je 9 février à! l’ancienne ’ Nouvelles littéraires. 73 place : et qu’au contraire ce jour-là une étoile se trouvoit non loin de 34 de la Vierge , laquelle étoile p’avoit pas été à cette place le 31 jabvier. Ce devoit donc être la nouvelle planète. Sa place, le 31 jan- vier, étoit à peu près en groite ligne avec 34 et 4 de la Vierge, mais cependant plus près de 34 que de 9, D’après l'estimation , l’éloignement de Cérès de 34 de la Vierge, étoit à la distance des deux étoiles fixes nommées , comme 27 à 64. Si l’on tire une ligne droîte entre les deux étoiles fixes, Cérès se trou- voit seulement à 2 minutes au nord au dessus de cette ligne. Ainsi , d’après une estimation et un calcul un peu exact , il se trouve que l’ascension droite de Céres, le 37 janvier environ à minuit , se trouvoit de 34/ 19/” plus petite que l’ascension droite de 34 de la Vierge, et que la déclinaison étoit de 41” 4// plus petite que celle de gette étoile fixe. Le 9 février ( à minuit), en prenant la moyenne proportionnelle de six obser- vations faites à*fil croisé dans un télescope de nuit, us des fils étant parallèle au mouvement diurne des étoiles, la différence de l’ascension droite de Céres et 34 de la Vierge se trouva en temps — 2/ 41//5, par conséquent én arc 41/ 22. Ce même jour l’as- cension droite de Cérès étoit plus petite de cette quantité que celle de 34 de la Vierge; la déclinaison se trouva pluggrande de 13/ 30” que celle de l'étoile fixe. Depuis ce jour le temps fut couvert, ou lors- qu'il étoit clair, la lune se trôuvoit trop près de la Cérès pour pouvoir continuer les observations. M. TRIESNECKER , astronome de Vienne ,fa joint aux équations pour la longitude de la June , qu'il nous j 74 Nouvelles littéraires. avoit commuviquées dernierement, des équations de latitude, dans un mémoire qui:a pour titre : Æquur tiones latitudinis lunæ ex occultationibus Jicarum castigatæ: L'auteur, apres avoir déterminé les équa- tions de longitude , avoit sq la comparaison des observations faites au méridien, par M.Maskelyne particulièrement dans la yue.de déterminer d’après cela les équations de latitude; mais/il vit: bientôt que par cette voie il ne parviendroit à rien de cer- tain , Jes erreurs de latitude faisant par fois des sauts urégulier®, par fois croissant et formant des quan: 1ilés énormes, qui PEHUS NS être attribuées , plut@e aux observations, qu'aux tables Comve il se rappela m’ayoir: Jamais trouvé de; 5] grandes: erreurs daus ses calculs des, gccullations : d'étoiles, al retourna à ces dernières, pour dÉtecuiies: S'il, -étoit possible, par leur moyeu ; les équations denlatitude. Le procédé qu'ily à observé est absolument, semblable, à celui par lequel il avoit examiné. les. Sqnetions; de longi- tude, Il expose dans une table, pour servir de terme de comparaison , les équations de, Mayer , celles de Mason et les sieunes, Mason trouva déja,” inclinaison de Voibi te.plus, petite.que Mayer , et, M. Triesnecker la trouva gncore plus petite, Dans, les autres équa- tions il y a de plus petitesydiférences., I examina à cette occasion deux nouvelles equations stn:0r XL GE XIII. La première a pour argument sin. longmed lun., et a été corrige deinièrement par, Laplace qui la trouve, — 7/" 5 ; mais M. Triesnecker ne:la trouve, pas. plus grande que —,5//,2.. La seconde , ° XHI, dépend de l'argument XI, latit,.46,23 - Nouvelles littéraires. D) arg: 1 latit., et se trouve dans la théorie de Mayer; mais elle paroît être assez insignifiante, car M.'fries- necker la trouve —‘0// 2, Quant à la troïsieme, qui ne paroît pas du tout dans la théorie de Mayer, notré correspondant la trouve si peu importante, c’est-à-dire — 0o//, 7, que l’on pourroit la négliger. Vient ensuite une table de soixante-sept occultations d’étoiles , avec les latitudes de lune déterminées d’après les observations, et avec lesquelles les tables ont été comparées. M. Triesnecker expose aussi la comparaison avec les tables de Mason , cependant il se sert ‘de la XIL.° équation que Mason a névligée , parce qu’elle s’étoit déja présentée à lui, lorsqu'il ré- duisit les observations pour les recherches. Il observa Aussi la longitude du nœud, mais il trouva qu’il ne devoit diminuer que de 7/! 7 celle alléguée par Burs pour le commencement de l’année 1788. M. Tries- necker croit pouyoir laisser sans la, changer, et comme Mason la détérmine, l'équation du nœud qui dépend de Vanomalie du soleil, parce qu’une double recherche la lui offrit une fois un peu plus grande, et l’autre fois un peu p! US petite. Le mémoire est terminé par une table de quatorze éclipses de soleil, pour examiner aussi les tables dans le voisi- nage des nœuds. Les” équations de latitude elles- mêmes suivent ainsi : EU. k : l Î 1 11) Mason. TRIESNECKER. | Æe veap se ie 3 À 0 is FN 40 7 si 4: à I + 48 à Le. 47 » 8 76 Nouvelles littéraires. Mason. TRIESNECKER. IT + DATE + O7 IV — 7 , 6 — 16,58 V — FA NAN — 2.4 2 9 VI + I ,319 + LE VII — 0 _— 8,3 VIII — D 'o7 — 3,4 Tree 2 > 2 = C5 17 X + 19 59 (pr 12,556 XI — OM - bia LE ee PE NP ET NE di à XIII — 0,2 M. Triesnecker a le projet de faire connoitre dans ses Ephémérides pour l’an 1803 ses tables de lalune, calculées d’après ses équations de longitude et de latitude. Il espère que ses tables, par les calculs des occultations bien observées, ne s’écarteront pas de 10 — 12// de longitude ; cependant sous les supposi- tions suivantes : 1.” que l’on calculera l’occultation d'étoile observée d’apres la méthode et les élémens suivant lesquels il a coutume de les calculer; et 2.° que l’on réduira la longitude de l’étoilequi doit proprement déterminer l’erreur des tables d’après la procession de longitude 5o// 0982 qu’il a trouvée, procession qu’il compte expliquer bientôt plus en détail. Dans la séance de la société royale des sciences du 5 mars, M. HEEREN a lu son second mémoire de fontibus et auctoritate Trogi Pompeit cjusque ex- cerploris Justin. Le but de ces recherches étoit Nouvelles littéraires. 77 { d'appuyer sur des fondemens plus solides, plu- sieurs parties assez intéressantes de l’histoire an- cienne dans lesquelles Justin est tantôt la seule, tantôt la principale source , en examinant le degré de croyance qu’on doit lui accorder. Dans le pre- _mier mémoire l’auteur avoit traité la partie générale et exposé le plan du grand ouvrage de Trogus Pom- peius , lequel contient une histoire de la monarchie macédonienne dans toute son étendue jusqu’à sa destruction par les conquêtes des Romains, Dans le mémoire dont il est question à présent , il par- ticularise, eu parcourant l’un après l’autre les 44 livres de Trogus, d’après les extraits de Justin, et en cherchant à trouver les sources dans lesquelles la narration est puisée. L'auteur fait précéder d’abord quelques réflexions sur ce que l’on doit attendre et exiger. Il est question d’un ouvrage que nous ne possédons pas en entier, et dont nous avons seu- lement quelques extraits ; ni Justin ni probablement Trogus n’ont nommé une fois leurs sources; ils n’en ont pas même donné Ja moindre indication, Ces sources étoient des auteurs dont les ouvrages sont presque tous perdus, à quelques fragmens près. [] n’y avoit donc rien autre chose à faire que de re- cueillir d’abord ces fragmens , et ensuite les com- parer avec Justin. On peut croire que ce travail avoit de grandes difficultés , mais l’on s’en trouve recompensé, Celui qui veut savoir ce qu’étoit , et ce que devint l’art historiquegchez les Grecs , doit étudier les débris énormes de tant d'ouvrages perdus dont est couvert le champ de l’histoire ancienne. 78 Nouvelles littéraires, La connoissances des monumens conservés entières ment ou à moitié n’en peut donner aucune idée, Cependant même avec ce travail préparatoire on! ne peut exiger que Pon trouve toujours avec cer- titude les sources dans lesquelles a püisé Justin. Il y a des parties sur lesquelles on n’a rien à dire, il est quelques sources , que l’on peut alléguer avec vraisemblance et quelques autres avec certitude ; et au total l’auteur ne croit pas avoir manqué son but. Tels: sont ses résultats. Les six premiers livres ser= vent d'introduction. Flle contient jusqu'au temps de Philippe , l'histoire des peuples Asiatiques et Grecs qui furent ensuite soumis par les Macédo- niens. Pour tous les livres , T'héopompe dans ses Phi- lippiques et ses Helleniques a été la principale source, Cet historien s’étoit fait la loi d’intercaler partout Vhistoire primitive des états et des peuples dont il parle,; Trogus ‘fit la même chose , et si ‘loin que s'étend l’ouvrage de Théopompe ; on peut-être sût que toutés les digressions semblables de Trogus sont émpruntées de son prédécesseur. Comme toute cetle partie de l’histoire n’est composée que de fables , on ne doit pas reprocher à Trogus de les avoir adop- tées ; il n’étoit pas lé premier ,il suivoit seulement les autres , et son histoire dans la période historique n’en est pas moins digne de foi. Avec le septième livre commence l’histoire de la Macédoine, qui est continuée jusqu’à la fin du dixième livre, à la mort de Philippe. Ceci &@it le principal sujet de Théo- pompé , €t l’on peut voir clairemefit, tant d’ après toute l’exposition , que d’après différens traits Lé- Nouvelles litréraires. 79 parés, que Trogus ne suivit que lui: Ten est de miémie pour l'Histoire des Perses dû même temps , etqui s’ytrouve’intercaléé. Les livres 4, XI offrent tre d’ Alexandre. po | On ne sait qui T'rôgus a suivi ici, Cela est indiffé- rént, parce que ce notices ne contiennent que ‘ce qui est le plus connut. Mais viennent ensuite les temps des successeurs d'Alexandre. Ces témps nous présen- tent uné grande quantité d’historiens qui écrivirent les exploits de ces : princes et de leur postérité; la plupaft d’entre éüx sont aisés à caraétériser, parti- culièrement par rapport à leur partialité pour ou Contre tel oute} prince , ce qui indique dans les barrations de Justin, la source dans laquelle il a puisé. L'histoire dés vingt-une premières années jus- qu'à la mort dé Cässañdre (323— 298 avant -J.C.) ‘st racontée dans lés XII — XV livres, si brièvez ment et d’une maniére si défectuense que l’on né peut pas deviner qui Trogus à suivi. L'épisode sur l’origine de Cyrène ( Xvr11. 7) est p'obablement de T'héopornpe, telle dés Indes (xv.4) dé Magasthènes. La digression sur Héraclée (XVr. 4 ) encore de Théo- poinpe. Dans lé Tivre dix-sept, la partialité de Pau- teur pour S-leucus contre Lysimachus, prouve qu'il a suiviici Jérôme de Cardia qui probablement a été jusqu’à présent soh guide en beaucoup d’endroits. L'’excursion sur l’ancienne histoire d’Epire est éncoré empruntée de Théopompe , dans'les livres 18 — 23, à l’occasion des guerres de Pyrrhus eh Italie. Trogus intercale un long épisode sur l’histoire des jre- ‘miers témps de Carthage , { laquelle nous éohnoiïs- do Nouvelles littéraires. sons seulement d’après lui ) et sur celle de plusieuré villes grecques en Italie; et il raconte l’histoire de Syracuse, depuis Denis; tout cela est de Théopompe. Seulement lorsque Théopompe l’abandonne, Trogus a recours à Timée, de sorte qu’il n’est pas toujours irès-aisé de distinguer ce qui appartient à l’un ou à l’autre. Mais surement c’est d’après Timée que l'his- toire d'Agathocle (livres 22— 23) est racontée ; on peut le voir clairement au tableau rembruni qu'il fait de ce prince extraordinaire : dans l’histoire de Pyrrhus, ce même écrivain fut son guide , et dans les autres evénemens racontés dans les livres 24 — 29, particulièrement dans les dissentions entre les Macédoniens , les Achétas et les Spartiates , il a suivi Phylasque ; sa partialité pour Cléômenes l’in- dique. Les livres suivans 30 — 35 contiennent la période décrite par Polybe, et l'on ne peut doutet qu'il n'ait puisé dans cet auteur. I] est plus difficile, mais aussi d'autant plus important de savoir dans quelles sources il a puisé le contenu des livres sui- vanis 36 — 42. Ces livres sont à présent les sources principales pour plusieurs des sections les plus im- portantes de l’histoire ancienne , nommément pour les dernières périodes de l’histoire de Syrie, en partie aussi pour celle des Macédoniens et des Ægyptiens ; pour l’histoire de Mithridate , et celle des Parthes. Au moyen des fragmens des anciens historiens se= més en si grande quantité dans Athenœus, l’auteur a réussi à trouver la source générale d'où tout est tiré. Cette source est la continuation de Polybe Tu pesræ Toy TloAvGiey par Posidonius de Rhodes, ami Nouvelles littéraires. 81 » ami de Pompée et connu également comme philo- sophe et comme historien. Ce grand ouvrage divisé en LII livres contenoit les sections les plus remar- quables de l’histoire universelle, depuis la destruc- tion de Carthage, et de la ligue achéenne jusqu’à la défaite de Mithridate par Pompée , et la chute de son royaume et de celui de Syrie (146 — 64 avant J. C.); celui qui se rappelle les grandesrévolutions de ce temps, pourra juger l'étendue et l'intérêt de cet ouvrage , et celui qui desire voir dans quel esprit il est écrit, en pourra trouver un échantillon dans un fragment conservé par Athénée, page 211 — 214. Ce fragment paroïit fait justement pour nos temps. Posidonius en racontant l’histoire du philosophe Athénien , envoyé par Mithridate à Athènes, pour la mettre dans son parti, et devenant d’un démagogue outré le tyran de la ville, nous a donné un exemple de ce.qui arrive quelquefois lorsque les philosophes sont à la tête des affaires. Enfin , quant à ce qui concerne les deux derniers livres 43 et 44 desquels le premier contient les premiers temps de Rome et de Marseille , l’auteur prouve qu’ils sont tirés de Dioclès de Péparethus , écrivain du temps de la se- conde guerre punique , mais on ne peut pas indi- quer avec certitude les sources du dernier livre sur l'Espagne ; l’auteur croit seulement que Trogus a encore ici suivi Posidonius. Ces détails montrent dans quels écrivains intéressans , tous Grecs, car il n’a pas consulté d’auteurs Romains , Trogus a puisé, et quel trésor nous posséderions, si nous avions encore son ouvrage. 11 faut prendre les extraits de Justin Tome IF, F ‘@2 "Norvelles littéraires. “pour ce qu'il les donne, pour un choix de morceaux ätusans et instructifs, qu'il a tirés de Trôgus, mais. “point du tout pour un abrégé d'histoire. C’est pour cela qu’on trouve tänt dé narrâtions détailléés qui paroisseht copiées presque mot à mot de Trogus , ét ensinté 6h ‘tombe sûr des éxtraits assez Courts qui étoient destinés seulement à lier les parties. Sitôt qu'on 4'cé point de vue sous les yeux, oh ést aisé- ment en état d’apprétiet le travail de Justin. | Dans cetté même séance M. WRISBERG, à mis sons Tes yeux de la société un cahiéride gravurés qu'äentogées M. Loper de Jéna. Ce fascicule est composé de 18 grandes fenilles paitie peintes en gris, partie coloriées , auxquelles on à joint d’autres plätiches qui contiénnent les esqiriéses de! quelques parties. Toutes cés feuilles se rapportent à sept ob- seivations principales ,' dont la première expose des parties viriles défigurées d’une manièré rémärquable, étoffrant uné différmité semblable à éelle dé l’her- maphrodite ( Androgynus ). La personne aiñsi con- formée , étant prise pour une femme, fut mariée avec ün homme. Après sa mort le chirurgien M. Giraud 14 déclara étre une Androgyne , mais M: Eoder‘la croit, pôur plüsiears raisons , un hermaphrodite mâle’; il eùüt dans l4 suite, en 1807, l’occasion de voir une difformité presque semblable dans un homme de 22 ans (planches IV B.et IV C) ; les 4 prémières plan- chés avec 4 dessins se rapportent à la première obser- vation. La seconde à laquelle appaitiéhnent les ta- bles V, VI et VIT; représente un enfant nouvelle- fiént'né , ayant une double véssie, un doublémeémbre Nouvelles littéraires. 83 viril, un double scrotum et 4 véritables testicules. L'enfant avoit vécu 24 heures ; il avoit aussi une spina bifida. La troisième observation comprend les planches VITT,IX, X et XI. Elles montrent un défaut singulier dans les voyes urinaires, On voit, dans dif- férentes directions et positions , une vessie retournée et sortant du bas:ventre , à la grande incommodité du malade âgé de 23 ans. La quatrième observa- tion présente dans une jeune fille de 4 ans, un cas parfaitement analogue à Ja conformation vicieuse de la vessie dont nous venons de parler ( Planches XII et XII). Les planches XIV, XV et XVI, appartiennent à la cinquième observation. Elles offrent un cas très-rare et presque inoui que l’au- teur a vu dans un hôpital à Dresde, Le malade étoit un cordonnier de 7o ans. Une partie considé- rable du gros boyau avec un morceau du grèle étoit sortie par une ouverture formée dans les tégumens du ventre ; et qui laissoit sortir les excrémens par un trou, Ce mal singulier proveñoit d’uné descente dans les ldmbes qui avoit été étranglée | et où la gangrène s’étoit mise. La, x7,° planche représente un os de cuisse qu'un homme, âgé, de 70 ans, s’étoit cassé. David vivant alors, n’ayant jamais pa le re- mettre, on l’avoit attaché à un autre endroit. Le malade étant mort plusieurs mois, après | l’auteur injecta cette place, et eut le plaisir de voir, dans cette partie du callus qu’il avoit rendue transparente, le plus beau réseau de vaisseaux sanguins injettés. La XVIIL® planche offre une exposition exacte de Porigine du plexus brachialis. F 2 84 Nouvelles littéraires. GESCHICHTE der Griechischen Astronomie bis auf Erastosthenes. — HIsTo1RE de l’Astronomiie des . Grecs , jusqu'à Erastosthène ; par Jean -Conrad SCHAUBACH , inspecteur du Lycée de Meinungen, correspondant de la Société des sciences. Avec qua- tre gravures. 1802. In-8.° Chez Ræwer. M. le docteur OLBERS vient d’annoncer à la So- ciété des sciences, une découverte astronomique im- portante. Ce n’est rien moins qu’une nouvelle planète de notre système solaire. Depuis le 28 mars, M. Olbers observoit, outre Cérès Ferdinandea, une petite étoile en mouvement dans l’aile boréale de la Vierge. Cette étoile ressembloit parfaitement, pour la lumière et l’aspect , à Céres ; elle étoit tout- ‘à-fait sans nébulosité : on ne pouvoit la distinguer d’une étoile fixe de la septième grandeur, même avec un grossissement de 180 ; elle étoit rétrograde comme Cérès , seulement sa déclinaison boréale croissoit toujours plus fortement. Cette découverte annonce le zèle infatigable de son savant auteur. Le 28 mars, apres avoir observé Cérès, il parcourut les petites étoiles dans l’aile boréale de la Vierge, pour connoître mieux la position de Cérès, lors- qu’il Pobserveroit à l’avenir. Ses yeux tombèrent, par hasard, sur le n.° 20 de la Vierge de Flamsteed, et il vit avec étonnement une petite étoile de la septième grandeur qui, formant à l’ouest un trian- gle presque équilatéral avec le n.° 20 de Flamsteed et le n.° 191 de Bode, se trouvoit éloignée d’en- viron 26 minutes de Ja place où il avoit retrouvé Cérès le premier janvier, Il étoit bien sûr qu’en f€- 4 _ Nouvelles littéraires. 85 vrier et janvier, 1l n’y avoit pas une pareille étoile à cette place. Il compara sur le champ la nouvelle Vénus avec le n° 20, et ses observations continuées jusqu’à onze heures , où alors le temps se chargea, découvrirent le mouvement de l'étoile. Le jour sui- vant, le 29 mars, la petite étoile étoit avancée sen- siblement de sa place précédente, et depuis elle a continué régulièrement son mouvement. Voici les observations communiquées à M. SEYP« FER ;: Temps moyen Ascension droite Déclinaison de brème. apparente. apparente. Mars. 28. 9h25" 10” 184°56 49” 11°33 — comparé avec le n.° 20 ny, d'après de Zach: 29. 8 49 14 184 46 36 11 52 59” comparé avec le n.° 20 ny. 30. 8 3 17 184 36 22 12 13 48 connoissance des temps )(.673.674. Avril. 1.8 Oo 40 184 15 38 12 54 25 n°225. Bode. 2. 7 56 55: - 184 ob o7 13 14 28 tre avec 318: 037 11283054 32...23 MT rois étoiles de 8.*-grandeur de l'Histoire céleste francoise. En les comparant exactement dans son télescope de nuit, M. le docteur Olbers trouve à Céres une lumière plus forte qu’à cette nouvelle étoile ; mais cette dernière a encore plus d’éclat que le n.° 19r Bode. L'on aura de la peine à faire assez d’obser vations sur cette étoile, avant qu’elle disparoisse sous les rayons du soleil , pour pouvoir calculer, d’une F3 86) Nouvelles littéraires. manière précise, l'orbite qu’elle décrit. M. Olbers croit qu'il n’est pas encore temps de déterminer la vature de ce corps; mais, suivant toute apparences c'est, à ce qu'il pense, une planète entre Mars et Cérès, se mourant autour du, soleil, et dont l’or- bite a une inclinaison considérable vers le plan de l'éeliptique., M. Sevrrer recut cette nouvelle importante le Gyawail ,'et il réussit Ja même nuit à trouver et à observer cette étoile. I] a continué ses observations le 7 avril. En yoici le résultat: G ŒTTAHNG UE. Temps moyen, . den droite. Déclin. boréale. Axvrl, H rt 35 437 278,188 25 o6pp 14 31! 3720 comparé avec Denebola 18 ny 28 coma Bérénices. fi cm æag mul of, 684 1 183915’ 39, 2 14? 49° 05”, 4 compar® aÿec le 3 Bootis à Herculis. Daprès une lettrerque:, le 2 février, M. Piazzi a écrie à M: Seyffer, cet astronome avoit cherché ivutilement {sà: Cérès pendant le mois de décembre: pendant la plus grande partiesde janvier, le temps ayoit été mauyals, €t jusqu’au moment où il éeri- toit, il.ne l’ayoit pas encore retrouvée ; il se pro- posoit donc de, la, chercher, Ayec les élémens de M, Gaus6.: éd M. PraZZ1 annonce dans le moment qu'avec ces élémens il a retrouvé Cérès , mais seulement le: 23 février, à cause du mauvaistemps ; et il ajoute qui N ouvelles \ditéraïres. 87. en: est. «Principalement redevable . & l'ellipse. de M. Gauss. tieut Le Sitien-Lehne Jesus. + nain a : de la: Morale de Jésus; par Charles - Frédéric STrÆAvDLrN. 2 vol. in-8.° 1802. GESCuICHTE der Entstehung und Entwickelung der hohen Schulen unsers Erdtheils, von Hofrath M£gr- NERS. — HISTOIRE de l@ naissance et. du déve- - doppement, des Universités d'Europe ; par: Charles - Merxenrs. I." vol. in-8.° 1802. "Le E®% livre renferme ‘VIT sections. T. Les com- mencemens des Universités. IT. La division en na- tions dans les Universités les plus anciennes. III, La formation et l'influence des facultés sur la constitu- tion et l’administration des Universités, IV. La for- mation æt linfluence des Colléges et des Bourses, V. L'influence de la découverte de l’Imprimerie et du Papier de chiffon; de plus, celle de la renais- sance de l’ancienne Littérature et de la réformation sur la constitution et l’administration des Univer= sités. VI. Les causes et les époques de la fondation des Universités, ainsi que les temps où elles ont Beuri le plus, et où elles sont tombées le plus bas, VII. L'état des Universités angloises ; la différence des Universités catholiques et protestantes en Alle- magne ; les Ecoles centrales en France. Le IL° livre offre l’histone des dotations, des établissemens, des foudations et des confirmations des Universités. Les livres suivans traiterant Fa l’histoire des fonds, F 4 88 Nouvelles littéraires, des priviléges et des statuts des Universités. Om verra aisément , dans la dernière section du premier livre, que les changemens survenus dernièrement dans Pinstruction publique en France, n’étoient pas encore connus , lorsque ce livre a été imprimé. GESCHICHTE der Poeste und Beredsamskeit seit dem Ende des dreyzehnten Jahrhunderts von Friederich BoUTERITECK , erstèr und zweïiler Band. 1801 et 1802. Chez Ræmwer. Aussi sous le titre : GESCHICH- TE der Küunste und Wissenschaften seit der Wie- . derherstellung . derselben. Dritte Abtheilung. — HISTOrRE de la Poésie et de l’'Eloguence , depuis la fin du XIII. siécle; par Frédéric BouTEr- #7Ecx., Premier et second volumes. Offrant aussi le titre : HISTOIRE des Arts et des Sciences, … depuis leur renaissance. Troisieme division. Le sivième Cahier des gravures , pour Servir à PHistoire naturelle que M. BLUMENBACH met äu jour, vient de paroïtre. 1] comprend des objets de sa propre collection ou du Muséum académique. PI. 5r. Le crâne d’une Georgienne, comparé avec la pl. 52, offrant le crâne du singe le plus sem- blable à l’homme, de l’orang-outang de Borneo. PI. 53. L’Ai; Bradypus Tridactylus. PI. 54. Un cra- bier femelle [ Didelphis Marsupialis }, d’après l’ani- mal en vie que M. Blumenbach a reçu de la Caro- line. PI. 55. Le Secrétaire f Falco serpentarius ). PI. 56. L’Emberiza aureola du Kamtschatka. PI. 57. La Torpille. Sur cette dernière planche se trouve le dessin en petit d’un vase étrusque , offrant aussi une Nouvelles littéraires. 89 torpille ; le vase appartient à M. Blumenbach. PI. 58. Une nouvelle espèce de coffre /Ostracion bicuspis ) de la Chine. PI. 59. L’Habitant de la Serpula con- 1ortuplicata. P]. 60. Un Encrinite tres-beau du Hein- berg ; près de Gœttingue, (La suite au prochäin nünigio ). Carte de la Souabe. M. AMMaAN, à Dillingen, conseiller de finances du prince - évêque d’Augsbourg , avantageusement connu comme coopérateur des excellentes :cartes nouvelles de la Souabe, qui paroïssent à Tubingue chez Cotta, fait maintenant graver sous ses yeux, à Diilingen, par deux habiles artistes, une carte géné- rale de la Souabe, avec neuf feuilles spéciales du même pays ; ces différentes cartes offriront les nou- velles frontières et les divisions de la Souabe. On a déja terminé une petite feuille contenant tous les triangles, les villes, les chaussées, rivières, etc. Des connoiïsseurs, qui ont vu ces cartes, font un grand éloge de l'exactitude et du soin avec lequel elles ont été levées et exécutées. Ce travail sera éga- lement utile à l'homme d'état, au savant et à l’ama- teur, mais surtout au négociant. Ces dix cartes pa- roîtront par souscription. Chaque feuille sera du prix de 6 francs. Le tout sera terminé avant l’espace de deux ans. La earte générale sera achevée cette année. | (4 00? Nouvelles littéraires: WROTE ME EUR 62 po - Le duc de‘Wurtemberg a consacré une somme de plus de’40 mille florins d'Allemagne ( près de 44: mille francs) pour établir à PÜniversité de Tux bingue un hôpital médico-chirurgièal, ainsi qu’une maison d'accouchement. Il a en même temps aug- menté les fonds de la bibliothéque PRE de cette Université. HO | Moniment du profésseur BüscH. ? . Le 27 juillet dernier, on a érigé ici, dune un, em, placement.convenable de la promenade du rempart, le monument de notre respectable concitoyen, le professeur Biüscn, mort le 5 août 1800. Les frais de ce monument:ont été fournis par notre Société d’en- couragement des arts et des métiers utiles, et par des souscriptions volontaires de beaucoup d’habitans de cette ville, M, le docteur MAYER (1), secrétaire de cette Société, a prononcé un discours lors de linau- guration de ce monument , exécuté d’après les dessins de M. Agens, architecte. Ce monument a la forme d’un obélisque de vingt pieds et demi de hauteur; la masse prinçipale est de granit de nos contrées et de grès poli. L’exécution est due:à deux artistes de Hambourg, M. BEeckMAnN.et M. WIiTTGRerr. Les ornemens sont, de: bronze et de marbre blanc; (x) Auteur de plusieurs Voyages, entre autres de celui en Italie, dont la traduction, par le C, VanpensourG vient de paroître chez Henrichs. Voy. Magasin Encyclop. Année VIII, t. I, p. 472 | Nouvelles liliéraires: OL ceux-ci sont-de M. WittgrefF, les premiers sont lou- vrage de M. Wozrr , de Cassel. Au dessus du buste on lit: À JEAN -GEORGE BüscH, L’AMI DE LA PATRIE. L’obélisque est orné encore d’un bas-relief aHégorique, qui représente l’amour civique , accom- pagné de quelques autres personnages allésoriques tenant dés patères et faisant des libations ; au des- sous on lit: PAR SES CONCITOYENS RECONNOIS- SANS , 1801. Ce bas-relieF sera exécuté en bronze. En attendant, on y a. placé un modèle en plâtre. Deux autres Labs de bronze , entourées d’ornemens convenables, indiquent l’année de la naissance et de la mort de celui 4.qui.ce monument est consacré. S T Oo!E 'KCH°O0 L M. Collége royal de médecine. -1Le Collége royal de médecine de Stockholm vient de mettre au nonibre de ses aggrécés corréspondaris , leLC. Alibert médecin de F hôpital: Saint-Louis, et keC. Alyon, “membre du Collége'dé pharmacie de Paris. Lo -D:NID RES. Lang que chinoise. Par le retour, de la Chine du capitaine WiLsON , (le même qui a ‘fait naufrage aux iles dé Pelen , et dont le voyage intéressant a été publié } nous avons äppris que l'ouvrage de M. HaG£ER|;' sur les caräc” tères élémentaires des Chinôis, publié l’année der- uière à Londres, a eu l'approbation, non-seulement des Anglois attachés à la factorerie de Canton, mais 92 Nouvelles hubrètres® aussi des Chinois, au point que le fils du capitaine Wilson , qui étoit dans sa compagnie, a été encou- ragé à s’appliquer lui-même à la langue chinoise, et qu’un des premiers libraires de Londres, qui àvoit d’abord montré de la méfiance vis-à-vis de l’auteur, vient, en lui adressant une lettre d’excuse, de lui demander une grammaire, tant pour M. Wil- son, que pour les Anglois qui vont se rendre à la Chine (1). Dans la lettre que le capitaine Wilson a écrite à ce sujet (datée Rosherhithe , le 22 octobre 1802) il marque en même temps qu’il y a actuellement des colonies chinoises à Batavia et à Manilla , au nombre de quelques milliers d’ames dans chaque endroit, qui ont une communication continuelle avec la Chine, moyennant des joncs et des vaisseaux de leur propre construction, montés par des marins chi- nois. — Qu'il y a des Chinois à Maluua , quoique en petit nombre. — Qu’à Pinang , ou dans lile du prince de Galles, il y a une ville ou quartier rempli d’habitans chinois ; que même au Bengal, dit-il, près de la ville de Calcutta, ïl existe une colonie de Chinois. 4 Barque sauveur. Le parlement de la Grande-Bretagne accorda, le 3 juin de cette année, une récompense de 1200 liv. sterling au charpentier de vaisseau Greathead , pour sa barque sauveur. Cette barque est construite de- (1) M. Sewel, le libraire de la Compagnie des Indes. Daté Londres, le 27 octobre 1802. æ Nouvelles littéraires. 93 puis 10 ans; mais elle n’a été bien connue que cette année , quoiqu’elle ait servi à sauver la vie à beau- coup de personnes. Déja avant la récompense qui lui fut accordée par le parlement, M.Greathead recut de la part de la Société des arts (qui se propose de publier incessamment une description exacte decette barque) une gratification de 5o guinées et une mé- daille avec l’inscription : Ob cives servatos ; ( pour avoir sauvé des citoyens). Les négocians dela So- ciété d’assurance du café de Lloyd Jui ont fait pré- sent de 100 guinées, et lui ont assuré la somme de 2000 liv. sterling pour construire de pareilles barques dans chaque port de l’Angleterre. La partie supé- rieure de la barque est garnie de liége extérieure- ment ; elle résiste parfaitement bien à la force des vagues ; elle a 30 pieds de long sur 10 de large; 3a personnes peuvent s’y tenir commodément. Society of literary fund. Dans la dernière assemblée de la Société pour subvenir aux besoins de savans dans l’indigence, (Society of literary fund) qui avoit lieu sous la pré- sidence du duc de Sommerset, en présence de quatre à cinq cents spectateurs, on a compté pour 300 liv. sterling de nouvelles souscriptions. L'année précé- dente , les souscriptions avoient rapporté 700 livres sterling. Le capital s'élève déja à 2600 livres sterl., et il y a tout lieu de croire que cet établissement sera durable. 04 IVouvelles littéraires. D'EUR LOIAN Académie des sciences. Le 5 août 1802, l’Académie des sciences à Berlin a célébré le jour de la naissance du roi par une assem- blée publique. Le directeur, M: MERrAN , y à lu Péloge du grand-chancelier, M. DE CARMER , et celui du conseiller intime de légation, M. DE Mou- LINES.— Le conseiller de légation , M. DEniNa, a lu un mémoire sur l'ancienneté et la richesse de la langue allemande. — M. le professeur WaLkEr , le fils, termina Ja séance par la lecture d’un mémoire sur organe de l’odorat des hommes et des animaux, et sur l'influence qu’il a sur l’état de l’homme et l’état de maladie, E :@:;:0$8 :$5E; Highland Sôciety. Le 4 juillet 1802, la Hiohland Society ( society du Highland ou des pays élévés) à Edimbourg en Ecosse a tenu une séance générale. Elle y a nom- mé 36 nouveaux membres. Le secrétaire de Ja Société lui a présenté le projet et le plan d’un Dic- tionnaire de lancienne langue irlandoise que lé vice-président de la société de Dublin, M. lc pé- néral J’allancéy , a comparé avec la langue ancienne des Persans, celles des Hindous , des Arabes et des Chaldéens. Sur la proposition faite par M. H. Mackenzie, la société. a voté des remercimens an major Mock Lachlan de Kilbryde en Aryglshire pour avoir communiqué à la société beaucoup d’an- ciens manuscrits remarquables, écrits en langue irlandoise, “Nouvelles Uttérairés. 95 ,.ErTaArs-UXNIS D'AMÉRIQUE. . Lerojuin, le congrès des Etats-Unis de l’Amé- ique a consacré 2000 dollars, pour ériger une statue en bronze à feu le président WASHINGTON. “Nous aurons, dans une autre circonstance, occasion de parler de ce que WAasniNGTON a fait pour les lettres et les sciences. RÉPUBLIQUE ITALIENNE. Institut, Bonaparte, premier consul de la république Françoise, et président de la republique itälienne, vu la loi du corps législatif de la république ita- lienne, du 7 août passé, portant organisation d’un ‘ Tostitut national, arrête : Art. 1° Les CC. Scarpa, anatomiste ; Oriani, astronome ; Volta , physicien ; Cagnoli, mathé- maticién; Fontana, mathématicien; Pino, natu- raliste; Moscati , physicien ; Appiani, peintre; Isimbardi, mécanicien; Dandolo, chymiste; Sa- Jadini, mathématicien; Cassiani, mathématicien ; Mondini, anatomiste ; Savioli, littérateur ; Can- terzani, mathématicien; Monti, littérateur; Bru- gnatelli,chymiste; Longhi, littérateur ; Spanocchi, jurisconsulte; Villa, jurisconsulté; Paradisi, lit- térateur; Morcelli, antiquaire ; Béttinelli, littérateur ; Rosa, médecin; Fantoni, mathématicien -hydros- tatique; le père Soave, métaphysicien ; Bonati, mathématicien-hydrostatque ; Bianconi , littérateur; 96 Nouvelles littéraires. Monga, métaphysicien; Marj, mathématicien-hy- drostatique; sont nommés membres de l'Institut national de la république italienne. IT. Ils se réuniront, et présenteront au scrutin et à la majorité absolue des suffrages, en exécution de Particle XVIII de la même loi, une liste double des nouveaux membres à élire pour porter l’Institut au nombre complet de 60 membres. II. Les trente plus âgés seront pensionnés. Ceux qui recevront plus de 6000 liv. de la république, n'auront droit à la pension qu’autant que les autres seroient pensionnés. FR A N CCE. TF'ONLOUSE. Les citoyens Fontanel et Mallet, directeurs du Musée établi dans cette ville, viennent d’acqué- rir, et vont placer dans l’un de leurs salons de tableaux le beau modèle, en terre cuite, de la statue du célèbre HoUboON , représentant Voltaire assis au fauteuil académique, statue dont le mar- bre ornoit le foyer du Théâtre François. PA R IS. Collège de Pharmacie. Séance publique du 21 vendémiaire. Cette séance à laquelle a assisté le C. Fourcroy, conseiller-d’état, chargé de l'instruction publique, a été présidée par le ministre de l’intérieur. Le C. BouiLcon-LAGRANGE a rendu compte des travaux de la Société-libre des pharmaciens de G Paris, Nouvelles litférarres. 97 Pans, depuis le 1. vendémiaire an 10, jusqu’au 3. vendémiaire an 1r. Il a ensuite fait lecture du procès-verbal de la séance du concours, et a pro- clamé les noms de ceux qui ont obtenu les prix. Le ministre les a distribués dans l’ordre qui suit : CHYMIE PHARMACEUTIQUE. 1." prix n’a pas été adjugé. - 2.* au C. Pierre-Auguste Favre, de Versailles, département de Seine et Oise. PES "TO TER EN AT U'R EVENT EN 1." prix, au C. Augustin Damart-Vilet, de Saint- Omer, département du Pas-de-Calais. 2. au C. Antoine Permelet - Mala, de Reims, département de la Marne. BTO. T7 A N'1G VU £. 1." prix n’a pas été adjugé. 2.° au C. Henri Braconot, de Commercy , dépar- tement de la Meuse. Le collége a accordé une mention honorable, pour la chymie, au C. Henri Braconot , ci-dessus nommé; pour l’Histone naturelle, au C. Louis- Etienne Couture , de Paris. Plusieurs mémoires ont ensuite été Jus. 1.0 Des Observations sur la fabrication et l'usage du chocolat, par le C, PARMENTIER; 2.° Un Mémoire sur larbre cirier de la Loui- siane etsde la Pensylvanie, par le C. CaADEeT- GASSICOURT; Tome IF. G [a 98 Nouvelles littéraires, 9 0 3.9 Une Notice sur les travaux du C. Buisso ; ahcien/professeur de botanique au collége, par le CHDELUNEL; 4° Un Mémoire sur les moyens de perfectionner là méthode de TOURNEFORT, par le C. GurarT, NÉE 5. Un Mémoire sur le lichen-français, ou tour- nesol, par le C. MORELOT; . | 6.° Un rapport sur un Mémoire envoyé à la Société par le C. ROBERT , pharmäcien en chef de l’hos: | pice de Rouen. Ce mémoire a pour objet l'inflammation des éorps combustibles, mélangés avec le muriate sur-oXyséné de potasse, par le contact de l’acide sulfurique. nn ns Les citoyens CADET et Bou LL A Y, chargés de faire ce rapport, ont répété à la séance les expé- | riences de l’autéur, ainsi que quelques autres qu’ils avoient faites. | Le temps n’a pas permis de faire les lectures sui- vantes : , 1. Un Mémoire sur différentes altérations qu’é- | prouvent les muriates du mercure par l’action de dif- férens corps, par le C. Bou LLAY; 2. Une Notice sur les travaux du C. LAVERNE; médecin et associé de la Société libre des pharma- ciens, par le C. DELUNEL, 3.° Des Observations sur l'analyse des vins, par le C. MORELOT; 4. Des Réflexions sur l'orage qui a eu lieu en ther- midor dernier, par le C, QUINQUE"'r, Nouvelles littéraires. DQ \, - Annonce du prix fondé par le préfet du dépar- tement de la Seine. « Déterminer par des expériences exactes ce qui arrive aux sels les plus fréquemment employés, L et surtout aux sulfates de soude et de magnésie, «“ au tartrité de potasse et de soude, au muriate sur- «,oxygéné de mercure et au tartrite de potassei et d’antimoine, lorsqu'on les mêle aux boissons usuel- « les , telles que tisanes, apozemes, décoctions, bouillons, petit-lait, jus d’herbes et potions. » Ce sujet avoit été proposé dans Ja séance de l'an 10; quoique les mémoires envoyés au concours n’aient pas rempli les conditions du programme , le collése de pharmacie a cru devoir donner de nouveau cette question intéressante. Le prix sera double, et dis- tribué dans Ja séance publique de vendémiaire an 12. Les mémoires seront adressés, francs de port ,au C. Bouillon-Lagrange, lan des prévôts du coliége, et secrétaire-général de la Société de pharmacie, qui en donnera un récépissé; et il y marquera la sentence de l’ouvrage et son numéro , selon l’ordre ou le temps dans lequel il aura été recu, - Les mémoires seront remis avant le r.°" vencé- miaire de l’an 12. Ce terme est de rigueur, Sociélé galvanique. Les faits galvaniques offrent, à mesure qu'ils s'accumulent, l’espérance prochaine de résultats heureux. Ceux dont nous allons donner connoissance sont relatifs, les uns à la théorie, les autres à l’ap- plication médicale du fluide, G 2 100 Nouvelies littéraires. Dans la séance de la société galvanique du 4 bru- maire, le C. Gautherot a rappelé une observation faite par lui antérieurement à cette époque, mais curieuse en elle-même et importante par les indue-" tions auxquelles elle prête naturellement. Comme il est nécessaire de l’avoir présente à l’esprit pour ap- précier celle dont l’auteur l’a accompagnée, nous devons placer de suite les deux expériences. Première expérience. Celui qui veut procéder à cette expérience, place dans sa bouche les bouts supérieurs de deux fils de platine, ou d'autre métal non oxydable, et de suite il fait toucher les deux autres bouts aux deux extrémités d’un appareil galvanique foible, pour en connoître le dégré d'influence. Alors il éprouve un effet plus où moins remarquable, sui- vant que sa langue est plus ou moins exercée an discernement de la saveur particulière au fluide galvanique. Mais s’il reporte lPun sur l’autre ces mêmes bouts inférieurs des deux fils de platine, sans déranger ceux placés ‘dans sa bouche, il éprouve de nouveau , quoiqu’à un degré encore foible , le senti- ment de Ja saveur. Deuxième expérience. Si l'appareil galcanique n’a produit qu'un myni- mum d'effet (ce qui doit arriver, 1.° lorsqué cet appareil n’a qu’un seul étage; 2.° lorsque les subs- tances qui composent cet étage sont de leur nature peu propres au développement de l’effet galvanique, Nouvelles littéraires. 1OT ou lorsqu'elles ne peuvent le produire qu’au dégré le plus foible }, il se pourra dans ces deux circons- ftances, que l'organe ne se sente affecté d'aucune saveur, Mais alors il suffira de laisser reposer un moment les bouts inférieurs des fils de platine sur les deux extrémités de l’appareil, et de reporter aussitôt ces deux fils l’un contre l’autre, sans dé- ranger leurs extrémités placées dans la bouche. Ce nouveau contact produira nécessairement un effet plus intense que le premier; et si on jugeoit à pro- pos de l’angmenter encore, on y parviendroit en re- portant alternativement les bouts inférieurs des fils de la platine, d’abord aux deux extrémités de Ja batterie, et ensuite l’un contre l’autre. Ces contacts répétés développeroient la saveur particulière au fluide, celle qui est le signe certain de son in- fluence. Cet ingénieux procédé met donc la langue, ins- trument disponible, en possession d’un ga/vanoscope nouveau , qui nous paroît devoir être au galvanisme ce que le condensateur de Volta est à l’électricité, puisqu'il peut attester les nuances les plus’ légères de l'effet galvanique. Le C. Nauche, président de la société, a donné dans la même séance des faits d'application médi- cale aux cas d’hémiplégie; il en résulte que le moyen de stimuler fortement les parties affectées, la main et la jambe par exemple , est de faire communiquer avec la premiere une des extrémités de la pile, et l’au- tre extrémité avec l’apophyse épineuse des sixième et septième vertèbres cervicales, Si c’est la jambe, G 3 102 INouvelles littéraires. on fera communiquer le pied et aussi la douzième vertebre dorsale avec’les deux extrémités de la pile. Alors l’action vitale serhble se porter comme par ondulation dans tous les orgaues musculaires pour y rétablir le mouvement. Le même a observé que, dans des cas extrêmes où il s’agiroit d'augmenter extraordinairement l’ex- citation des forces organiques , il faudroit mettre en communication une extrémité de la pile avec le sommet de la colonne vertébrale, et Fautre avec les apophyses épineuses des premières vertèbres lom- baires. Le malade , soumis à cette expérience, éprou- vera des éclairs, des saveurs, des sensations plus ‘ou moins pénibles dans l’estomac, dans le conduit intestinal et dans les viscères de la poitrine et du bas-ventre. Les muscles du tronc et ceux des ex- trémités se contracteront avec violence. Un fait non moins intéressant, et qu’il a égale- ment constaté, c’est que l’application galvañique augmente particulièrement Paction des glandes pa- rotides, lacrymales, maxillaires, Paction des reins et de toùt le système lymphatique. Pour produire cette action, l’appareil doit étre dirigé non sur les organes glanduleux, mais autant que possible sur l'o- rigine des troncs nerveux qui vont s’y distribuer. Il'ést facile de prévoir quel parti les anatomistes exercés pourront tirer de application du galva- nisme aux divers systèmes de l’économie , surtout s’ils réunissent aux connoissances anatomiques celles d'une théorie médicale, savante et raisonnée, HO NUIRTL I ENE Nouvelles littéraires. 109 Société d’Encouragement. La Société d'encouragement pour l’industrie na- tionale, annonce qu’elle proroge jusqu’au 15 frimaire prochain, le concours des filets pour la pêche faits au metier, qu’elle avoit fixé au 1." brumaire der- nier. Elle annonce en outre que, pour éviter aux concurrens la dépense d’un modéle de grande di- mension, elle autorisera sa commission à admettre des échantillons moins grands que ceux ‘exigés par Ja programme , s'ils remplissent d’ailleurs les autres conditions prescrites, notamment la fixité des mail- les, qui devront être suffisamment ‘ouvertes pour Jes différens usages de Ja pêche. Les échantillons néanmoins et modèles doivent être remis, francs de part, au secrétariat de la Société d’encouragement, rue Saint-Dominique , à la mairie du 10.°.arron- dissement. Ceux des membres de la Société qui n'auroient point reçu le bulletin qu’elle publie, et dont il a déja paru deux numéros, pour n’avoir pas donné leur adresse, ou l’avoir mal donnée, sont invités -à lenvoyer exactement désignée au C. DURIEU, agent de la Société, au secrétariat, rue Saint- Dominique, à la mairie du 10.° arrondissement. Les sociétaires sont prévenus que, d’après un arrêté du conseil d'administration , le cabinet de machines et la bibliothéque de la Société seront ouverts tous les jours, depuis 10 heures du matin jusqu'a 3, et depuis 5 heures du soir jusqu’à 8, dans le local de la Société ci-dessus indiqué; ils G 4 104 Nouvelles littéraires. y trouveront tous les ouvrabes périodiques natio- naux et étrangers dans toutes les langues qui sont relatifs à l’agriculture, aux arts, aux ma- nufactures et au coinmerce. Les sociétaires des dé- partemens , en venant à Paris, auront la même faculté. Athénée des Etrangers. I y a eu Veillée des Muses, le 20 brumaire. 1.9 Extrait d’un ouvrage inédit de M. GUDIN, sur l’origine des contes, pour servir à l’histoire de la poésie et des ouvrages d’imagination. 2.° Amphion, conte en vers, par M. Gupix. 3.° Décluration d'indifférence , Eptre à Célide , par M. SALVERTE. 4° Un Fragment du poeme d’Ossian, Carthon et Cassamor, par M. M1GEr. 5.° Le Départ, par M. DuaAuLrT. 6.° La Femme comme il en faut, par M. Gunin. G;j6}'v: RS Lundi, Langue angloise, à 7 heures du soir. Zoo- logie, à 9 heures du soir. Économie politique , à 7 heures du soir. Mardi. Histoire et Géographie, à 6 heures et de- mie du soir. Physiologie, à 2 heures apres-midi. Formation des jardins modernes, à 9 heures et de- mie du soir. Mercredi. Langue et Littérature italienne, à & heures du soir. Langue angloise, à 7 heures du soir. Jeudi. Hygiène, à 8 heures du soir. Physivlogie, à 2 heures après-midi. ‘ Nouvelles littéraires. 10 Vendredi. Langue et Littérature italienne, à 8 heures du soir. Zoologie, à 1 heure après midi, Histoire et Géographie, à 6 heures et demie du soir, Samedi. Economie politique, à 8 heures du soir. Dimanche. Langue anglaise, à 7 heures. CON RÉ R E NC! ENS: M. BELANGER a tenu sa première conférence le mardi 18, à 9 heures et demie du soir. MM. CaneT et GAUTHEROT, ont tenu leur première conférence, le mardi 18, à 8 heures et demie du soir. M. CADET a démontré les chan- geinens que l’on a apportés dans la maniere de préparer quelques boissons alimentaires, telles que le Thé, le Café, le Chocolat, le Punch, et a donné connoissance de la nouvelle culture de Pat- bre Cirier en France. Ouverture des Cours. La séance d'ouverture des Cours a eu lieu, le mardi, 25 brumaire, à 7 heures précises du soir. 1. Ouverture de la Séance, au nom de l’Admi- nistration. 2° Sur lux Mode, pièce en prose; par le C. Vicéez. - 3. Les Fils ingrats, poème; par le C. LANTIER. 4° Fragiment d'une histoire des Femmes ; par le C. SÉGUR, jeune. | 5° Ma seconde Visite, piece en vers, par le C. VIGÉE, 106 Nouvelles liltéraires. La Séance a été terminée par divers morceaux de musique dont l'exécution a été dirigée par le C. TOoMÉONI. . Expostlion des travaux du dépbr général de la guerre pendant le cours de lan X. Repport auæ consuls de la république , fait par de ministre de la guerre , le r4 vendémiaire un XI de là république francoise, une et tndivisible. J’ai eu l'honneur de mettre deux fois sous vos yeux, dans le cours de l'an 10, l’état des travaux du dépôt général de la guerre ; je viens vous rendre céempte aujourd’hui de leurs résultats et du nouveau degré d’importance et d’utilité qu’ils donnent à cet établissement. Longtemps le dépôt de la guerre, créé par Lou- vois, fut regardé comme de simples archives ; les titres les plus authentiques de la gloire nationale, les matériaux les plus riches de l’histoire et de lins- truction militaire y reposaut dans l’inertie, avoient pu à quelques époques accréditer cette opinion, qui de nos jours encore n’est pas entièrement dé- truite : cependant cette institution, qui durant la dernière guerre a recueilli les premiers élémens pour son histoire, a fourni pour sa conduite 7278 cartes gravées; 207 cartes manuscrites, 21 atlas et plus ce 600 mémoires descriptifs, méritoit d’être con- siérée sous de plus grauds rapports d'utilité pu- blique. Nouvelles littéraires. 107 » Mais les secousses de la révolution ne lui avoient pas permis de prendre cette stabilité qu'un gou- vernement réparateur vient enfin donner à la ré- publique ; à la paix ses travaux commencerent à prendre plus d'ordre et d’activité; les journaux des premières campagnes, les plans de batailles, les classemens méthodiques et l’accroissement des col- lections furent entrepris, et la topographie que le dépôt avoit accueillie et conservée dans les temps oraseux , se ralliant à cet établissement comme à celui qui en fait les applications les plus nombreuses et les plus importantes, comimenca sous ses aus- pices les cartes d’entre l’Adise et l’Adda, de la Baviere, de la Souabe et des quatre départemens réunis. Déja on sentoit la nécessité de donner à cette institution une organisation qui favorisât ses déve- loppemens et lui permit de devenir tout ce qu’elle pouvoit être dans les loisirs de Ja paix. Le projet en fut présenté, mais il ne fut rien statué, et ces premiers gérmes d'utilité ne se développoient qu'im- parfaitement, embarrassés par des idées vagues, par des formes routinières. Tel'étoit état du dépôt à la fin de l’an 9, lors- que le général Clarke , qui avoit entrevu et préparé en partie tout le bien que les intentions libérales du nouveau gouvernement pouvoient en faire espé- rer, fut appelé à d’autres fonctions, et remplacé dans celles de directeur par le général Andréossy. Le nouveau directeur ne tarda pas à voir que les: deux grands résultats qu’il importoit le plus 108 Nouvelles littéraires. au gouvernement d'obtenir du dépôt, étoient, 1.° Ia prompte réunion, le classement et l’analyse de tous les élémens de l’histoire de la guerre et de lins- truction qu’eile doit produire; 2.° les progrès et l'extension de Ja topographie qui doit compléter la connoissance de notre territoire, et offrir des données positives sur ceux de l’étranger où nous pouvons avoir à nous placer pour protéger nos fron- tières ou nos alliés. Conséquemment à ces vues, une nouvelle im- pulsion fut donnée aux travaux de l’intérieur de l'établissement ; des reglemens furent faits pour en assurer et activer les progrès et la surveillance ; un projet d’arrété vous fut soumis; et, en l’adop- tant, vous garantites la remise dans les collections du dépôt de toutes les pièces qui peuvent inté- resser l’histoire ou l'instruction militaire, et qui, éparses entre les mains des divers officiers de l’ar- mée, s’égarent trop souvent à leur mort. Les dis- positions furent prises pour la revue de tout ce qui avoit été écrit sur la guerre dernière, la traduction de tout ce qui avoit paru d’intéressant à cet égard chez l'étranger, la continuation des journaux des campagnes, et le levé de tous les champs de ba- taille, de toutes les places et forts conquis ou oc- cupés par Jes armées françoises, Le sort des ingénieurs-géographes fut amélioré en attendant leur organisation, et leur nombre ac- cru par des sujets distingués , sortis de l’école des géographes du cadastre, du bureau des longitudes, de l'institut du Caire, etc., fut porté à go. Leur Nouvelles littéraires. I1C9 instruction préparée et basée sur les connoïissances modernes les plus perfectionnées, leur pratique éclairée et coordonnée par des méthodes constantes, des procédés uniformes, l’usage exelusif du cercle répétiteur , les collections d’instrumens portées à 8 de ces cercles, et enrichies de pendules, lunettes, barometres, etc. propres à donner aux observations astronomiques et aux opérations géodésiques toute la précision qu’exige l’état des sciences, ont per- mis de continuer avec succès les opérations com: mencées, Ont \nis à méme d’en entreprendre de nouvelles non moins importantes, telles que la carte générale de l'Ægypte, de la Morée, celles de la ci-devant Savoie, de lite d’Elbe, du canton de Marengo , de l'Helvétie entière , et de coopérer, en la dirigeant, à celle de tout le territoire de la république italienne, ont enfin donné au dépôt les moyens de satisfaire à tous les besoins du gouver- nement en ce‘genre, d'assurer la conservation et les progrès d’un art qui donne une nouvelle supé- riorité a la France, et d’en multiplier les chef- d'œuvres. Section historique. Aussi dans le cours de l’année, le résultat du classement méthodique des pièces historiques a-t-il été de mettre en ordre les états de situation et bulletins des armées, depuis 1792 jusqu’à lan 10 inclusivement, 44 liasses de pièces provenant des archives de la guerre, et 349 cartons relatifs à di- verses époques comme à diverses armées. 110 Nouvelles littéraires. L'historique du dépôt depuis son origine, la re vue aualytique des historiens considérés militaire- ment , l’extrait de quelques écrits nouveaux sur la guerre, Ja traduction de quelques considérations générales et narrations relatives à la derniere guerre, tirées d'ouvrages étrangers, une reconnoissance du cours du Danube jnsqu’à l’Ems, et du cours entier de Ja Limath, ont été préparés pour être insérés. dans le Mémorial topographique et militaire qui est uve création de cette année, dont trois numéros sont à Fimpression, et dont j'aurai l’honneur de vous soumettre le premier sous peu de jours. Deux volumes de Tempelhoff ont été traduits, et Je troisième de Lley’d , non encore connu, va l'être, Plus de 30 plans de l’atias des places et champs de batailles ont été terminés, ainsi que les tabieaux chronologiques de toutes les actions qui ont eu lieu pendant la dernière guerre aux diverses ar- mées, et qui présentent pour résultats, dans l’es- pace de neuf ans et quatre mois, 56 grandes ba- tailles, 734 combats et 59 siéges. Î Il a été fourni pour le service du gouvernement, en mémoires descriptifs, 4 volumes in-folio ce manuscrits sur Saint-Domingue, 4 cahiers de mé moires sur l’Italie et le Piémont, 4 sur la :géodésie de la Martinique, et 26 sur l'lude. Cette partie s’est en même temps enrichie de quarante-huit re- connoissances , Ou mémoires descriptifs sur l’Italie ; de sept sur la Hollande; de neuf sur l'Allemagne ; de deux sur l’Helvétie ; de dix sur PÆgypte, et de plusieurs écrits de géodésie sur le Palatinat, la A) Nouvelles litérai ef; 111 Belgique, la Bavière, lÆzypte et l'Helvétie, comme des registres des ordres du jour de Farmée d'Orient, de Parmée gallo-batave, et d’une partie de ceux de l’armée du Rhin. La bibliothéque du dépôt a par le moyen du ministre de l’intérieur, fait rentrer dans ses col- lections 1064 volumes en feuilles de l’édition in-4.° de Lloy’d, et par les dons et l’échange des dou- bles qu’elle: avoit, ellé s’est enrichie de 1890 vo- Jumes d'ouvrages militaires ou géographiques pré- cieax qui lui ere BE et qui la portent à 7814 volumes. Tels sont les principaux résultats des travaux de la section historique dans le cours de l'an 10. Ceux de la section topographique ne sont pas moins importans. Section topographique. — Mesures générales. Pbtérique de la construction des cartes, et l'analyse des projections qu’on y emploie, la théorie de la géodésie, pour l’établissement des canevas trigonométriques, celle du levé de détail, une notice complete sur la gravure des cartes , sur la mesure des hauteurs par le baromètre, une revue générale des œuvres topographiques en Eu- rope, ont été rédigés pour être insérés dans le Mémorial. Des échelles constantes prises dans le système métrique , ont été adoptées pour les œuvres du depôt, afin d’en bannir l'arbitraire, et leur ! donner des rapports communs ; une série de ques-- tions pour la formation des cahiers topographiques, 112 ÎNonvelles littéraires. garantit que ces cahiers contiendront à l'avenir tous les renseignemens utiles sous les rappoits sta- tistique, militaire et historique 3; des formuies et des registres de calculs ont été adoptés pour con- server, d’une maniere claire et uniforme, tous les élémens qui auront servi à la construction des cartes; enfin une instruction génerale a été rédigée sur les travaux topographiques, pour en assurer la bonne et uniforme exécution, et tracer une marche éclairée et constante aux ingénieurs géographes qui, sous la disection du dépôt, operent en di- verses contrées. | Il ne manquoit que de donner à la topographie des signes conventionnels, un langage uniforme et commun, dégagé de l'arbitraire qui , jusqu'ici, trou- bloit ces notations; le dépôt de la guerre, chargé en ce moment de la direction des plus importans travaux en Ce genre, a cru devoir provoquer ce nouveau perfectionnement , et doubler son activité en y faisant participer les différens services qui s’occupent de topographie; leurs divers comimis- saires, formant une iéunion de ce que cet art pert offrir en France de plus habile et de plus instruit, s’occupent en ce moment de cet intéressant travail qui va être incessamment soumis à l'approbation des divers ministres, pour servir de type à la partie graphique des cartes et plans qui pourront s'exécu- ter à l’avenir par leurs ordres. Ces mesures générales ont déja donné un nouveau degré de perfection et d’activité aux travaux topo- graphiqu e du dépôt. | 1.° Carle Nouvelles littéraires. 113 rx. Carte des quatre départemens réunis sur lu rive gauche du Rhin. Le levé de la carte des quatre départemens réu- uis, commencé avec l’an 10, donne pour princi- paux résultats durant cette campagne , le canevas trigonoméfrique , rattaché à la série des trianglès parfaitement établie, il y a six ans, de Dunkerque à Malines , €t étendue sur l’entier département de la Roer jusqu'à Nimègue; le plan détaillé des grandes communes de ce département ; la détermi- nation de plus de 70 points du canevas, par leur distance à la méridienne et à la perpendiculaire de observatoire ; enfin, dans les parties déja levées, les renseignemens que lescadastre auroit pu offrir sous les rapports statistiques et militaires, 2.° Curle du département du Mont-Blanc, ci-devant \ Savoye. L’astronome NOUET, employé comme chef ce section des ingénieurs géographes chargés de lever le département du Mont-Bjanc, a déja, au moyen d’un cercle répétiteur, d’une pendule astronomique et d’un chronoinètre , déterminé les latitudes et lon- gitudes de Chambéry, Geneve, Bonneville, Sallan- che , Thonon, Seissel, etc., reconnu les points du canevas trigonométrique de cette contrée, qu’il doit établir dans la campagne prochaine, et lier avec ceux de France, d’Helvétie, de Souabe et du Pic- mont ; il a réuni à Chambéry les levées de détail des vallées provenant du bureau topographique de Turin Tome 17... H 114 Notvelles littéraires. et autres matériaux que lui a fournis le dépôt dé Ta guerre, et on travaille à leur réduction pour les soumettre au canevas sur l'échelle obligée de la carte de France, | . 3.° Carte de l'Helvétie. . Les dernières mesures d'exécution de l’importanté carte de l'Helvétie, viennent d’être consenties par les deux gouvernemens ; déja le géomètre TRALLES a reçu du sien l’ordre de se mettre en cainpagne pour donner suite à ses travaux géodésiques ; mais comme le succès de l’opération dépend beaucoup de l’ensemble et de luniformité des principes et des moyens d'exécution , le ministre de Ja guerre, helvétique, a été invité à attendre la coopération des ingénieurs géographés que le dépôt de la guerré envoye. La campagne déja avancée ne permettra guère ‘de s'occuper avant l'hiver, qu’à déterminer l'emplacement d’une grande base, faire les obser- vations de+latitude , vérifier les matériaux topogra- phiques existans, concerter le plan de travail ; dis- poser ses instrumens , les signaux, et reconnoître les principaux points" du canevas trigonométrique , comme ses points d’attache à ceux des cartes de la France, de la Souabe, de la Bavière, du Tyrol, de la République“italienne, du Piémont et du Mont-Blanc. : 4° Carte du pays entre l’Adige et lAdda. La carte du pays entre l’Adige et lAdda, com- mencée en l’an 9, et contrariée cette année par les pluies et l’excessive chaleur , n’en sera pas Nouvelles littéraires. 115 moins finie dans le cours de l’an 11. Déjà le dé- pôt en a reçu plusieurs feuilles-minutes, et trois au net, qu’ attestent l’exécution graphique la plus parfaite. Elle a pour base les travaux géodésiques du savant Oriani, que nos ingénieurs étendent sur les provinces ci-devant Vénitiennes, à Ja droite de l’Adige; cette campagne a vu lever dans cette partie, et dessiner dans le plus grand dé- tail plusieurs champs de batailles illustrés par l’armée d'Italie, tels que ceux de Lodi, de Casti- glione, de Marengo, Rivoli, etc. Les renseigne- mens les plus précieux pour la typographie et pour l’histoire, se recueillent en même temps. 5.° Carte générale du territoire de la République italienne. La République italienne, témoin de lutile et bel ouvrage qu’exécutent. nôs ingénieurs - géogra- phes dans ses departemens entre l’Adige et l'Adda, a desiré qu’uñe semblable ôpérätion se fit sur tout son teriitoire, et lui en donnât la carie gé- nérale : le président a approuvé ce.vœu, et déja dix-neuf ingénieurs-géographes italiens, sous la surveillance du chef des ingénieurs - géographes français en Italie, et la direction - générale du dépôt, se sont répandus sur la rive gauche du Pô , entre l’Adda et Îa Sesia, pour y vérifier les matériaux géodésiques et topographiques exis- .tans. Ils promettent de terminer en l’an 11 cette vérification, ainsi que la réduction de ces maté- riaux à l'échelle adoptée de ;5533 qui est presque H 2 116 Nouvelles littéraires. le double de celle de la carte de France. Cette importante carte, pour laquelle il existe beaucoup d’élémens, et qu’on peut terminer en trois années, deviendra le point d’union des travaux trigomé- tiques d’Oriani, avec ceux de Chiusinello dans les Etats ci-devant Vénitiens, de Boscowitz dans, la Romagne, de Beccaria en Piémont, et de ceux que nous allons exécuter eh Helvétie, Ainsi dans peu, nous aurons de l’Escaut à l'Adige, et de Brest à Munich, un canevas. trigonométrique non-interompu, et qui ne tardera pas à être rem- pli d’une topographie perfectionnée et compiete. \ 6.° Carte du Piémont. On a réuni dans le cours de l’année plus de deux cents mappes ou plans de détail à grand point qui doivent servir d’élémens à la carte du Piémont; on les vérifie et coordonne. n° Carte de l’Ile d'Elbe. L'ile d'Elbe avait eu, par les opérations géodé- siques exécutées en Corse, sa position déterminée par rapport à cette dernière île et aux rivages d’Italie; mais cette nouvelle et intéressänte pos- sessiôn de la République n’avait point encore de topographie exacte ; le levé en a été ordonné en messidor dernier; et depuis deux mois quatre ingé- n'eurs géographes chargés des détails, ont com- mencé les levés de Porto-Ferrajo et Porto-Lon- gone; deux autres y ont été envoyés ayec cercle répétiteur, pendule, etc., pour établir le canevas ( » MOUL Pa | Nouvelles littéraires. 117 trigonométrique , et le rattacher'à celui de Corse et aux côtes de Naples et d’Etrurie. Cette carte sera terminée en lan 11. 8.° Carte de la Bavière. Les levés de détail de la carte de la Bavière, exécutés par les ingénieurs bavaroïis et raccordés par les ingénieurs francois, sont tres-avancés; la grande: bäse mesurée dans la dernière campagne, les observations azimutales et de latitude termi- nées ont permis de travailler cette année à la grand e triangulation ; les points en ont été déter- minés ; plusieurs grands triangles formés, ratta- chent à ce canevas les piincipales sommités du Tyrol, et vont, en embrassant les nouvelles pos- sessions de l’électeur, donner un nouvel intérêt à cet important ouvrage qui, sil n’éprouve point d’obstacle, idoit être terminé au commencement de lan 12. ’ | 9.° Curte de la Souabe. A peu pres à la même époque sera terminée la carte de la Souabe, qui se construit par les ingénieurs du dépôt , de concert avec queiques officiers d’état- major de l’armée du Rhin,.et dont on a terminé dans le cours de l’année le calcul des triangles, réduit la plupart des élémens, et mis au trait quatre des vins feuilles dont elle sera composée. ° Caitedel Ær gyple. La carte de re qui se construit au dépôt sur l'échelle d’un millimètre-pour 100 mètres (un peu 1 s 5 { : 118 Nouvelles littéraires. moindre que celle de la carte de France) a été entre+ prise il y a six mois; déja des 50 feuilles dont elle doit être composée , 25 sont au trait aux trois quarts} on va laver celle des environs du Caire ; ces 25 feuilles sont les plus chargées, celles qui ont offert le plus de difficultés ; elles sont les deux tiers du travail. La rédaction de toutes les minutes est très- avancée; tous les noms y sont écrits en arabe, on qeccuné de les traduire en caractères françois. La carte entière / sera terminée pour le premier germinal. 11° Carte de la Morée. Nous n'avions rien d’exact sur la Morée ni sur les sites célèbres qui environnent cette terre classique , à laquelle des rapports commerciaux ou politiques, ajoutent de nos jours un nouvel intérêt ; depuis la dernière carte rédigée par Leclerc, en 1785, etrem- plie d’inexactitudes et d'omissions reconnues, nos marins et nos voyageurs, entre autres l’amiral Cha- bert , l’ex-ambassadeur Choiseul-Goufñer , le tribun Beaujour , etc. ont relevé, sur les côtes et l’intérieur de cette contrée, des détails précieux, que j’ai de- mandés et obtenus pour l'utilité du dépôt. Le seul et digne élève de Danville, le C. Barbié du Boc- ‘cage, l’un de nos hellénistes et géographes les plus instruits sur tout çe qui a rapport à la Grece ancienne et moderne , a recueilli sur ce pays tout ce qu'il y a de plus authentique et de plus récent, et vous avez approuvé, en thermidor dernier , qu’il en cons- truisit une nouvelle carte sous la direction du dépôt de la guerre. Nouvelles littéraires. 119 Cette carte est établie sur l'échelle de =, adoptée par le dépôt pour la géographie. On s’est servi pour la construire de Îa projection conique inscrite au globe ou sécante , et la zône qu’elle re- présente étant peu étendue , la courbure des paral- Jèles s’y fait peu sentir ; on l’a tracée avec tout le soin possible, et on peut répondre de son exacti- tude. Les méridiens ont été calculés et tracés de 15 en 15 minutes sur les tangentes des paralleles 37 et 38, qui passent à peu pres par les\deux tiers de la carte , et les paralleles elx-mér@S ont été dressés d’après la différence de la sécante au rayon au 37.° degré. Quant au dessin, toutes les côtes ‘de cette pres- qu'’ile sont tracées, ainsi que celles des îles qui lPa- voisinent , et d’un assez grand nombie de celles de PArchipel. La partie de l’île de Négrepont qui doit entrer dans cette carte est déterminée, ainsi que l'Attique et la Béotie; il en est de même de la partie de l’Arcananie voisine de la Morée ; les îles de Cé- phalonie , d’Ithaque et de Zante sont presque termi- nées, et il en sera bientôt de même de toute la partie située au nord du golfe de Lépante , qui s’étend jusqu’au sommet du Parnasse. Plusieurs points de l’intérieur sont déja projetés. La carte entière sera dans deux mois Hivrée à la gravure. | 12.° Travaux divers de topographie. | Surtreizes feuilles de la belle carte dite des chasses, cinq seulement étoient gravées, cinq étoient à ter- miver, et trois à graver. Cet intéressant-onvrage, H-4 120 Nouvelles littéraires. qui offre à la fois, dans les parties terminées, nn chef-d'œuvre de topographie et un modele de gra- vure, interrompu pendant plusieurs années, a été repris en l’an X par les plus habiles artistes qui l’avoient commencé ; trois des planches à terminer ont été tres-avancées ; une de celles à entreprendre, celle de Paris, a été commencée, et contiendra le plan le plus moderne de la ville centrale ; la feuille de Saint-Denis n’étoit pas levée en entier ; environ six lieues carrées formoient une lacune aux environs de Gonesse; ce détail vient d’être rempli, et les treize planches atteindront , en l’an x11, à leur per- fection. à Le plan du canton de Marengo a été levé avec pré- cision, et dessiné avec le plus grand soin. La réduc- tion er a été faite pour la gravure sur l'échelle de 5 millimètres pour r00 mètres (un peu plus de 4lignes pour 100 toises). j Les ingénieurs -géographes de l’armée de Naples ont rapporté, avec un plan détaillé de Tarente, de sa rade et de ses environs, une reconnoissance géné- rale des provinces de Lecce, Barri et Basilicata, ainsi que d’une partie des Abruzzes, objets qui ne se trouvent point encore dans la topographie de Zannoni. ( Le dépôt a également recu , des ingénieurs envoyés à Saint-Domingue, des détails précieux sur la topo- graphie de l’intérieur de cette île, principalement de la partie espagnole. Les dispositions sont prises pour en obtenir égale- ment sur la Louisiane. | Nouvelles litiéraires. 121 Une carte militaire de la Ligure a été rédigée et réduite pour être ratée et servir à l’historique du blocus. A 1l s’est fait, en outre, plus de cent soixante plans ou dessins pour le Éd du gouvernement, re- Jatifs à diverses contr principalement à Saint- Domingue , aux Antilles, à l'Inde , lÆgypte, lAl- lemagne, etc. Le classement méthodique des cartes gravées a été durant l’année, de la division 12—C (cercle de Haute-Saxe), jusqu’à la division 15— B (Turquie européenne), comprenant mille cinquante - cinq cartes , ou trois mille deux cent quatre-vingt-dix- neuf exemplaires ; la totalité des cartes , aussi clas- ses, est detrois mille trois cent quatre-vingt, for- maût nenf mille quatre exemplaires ; ce qui fait à peu prés les trois quarts de la collection. Le travail du classement des cartes manuscrites a été plus lent, à cause de l’analyse qu'il yaàenfaire, et de la réduction de leurs échelles ; on s’est princi- palement occupé à classer les matériaux relatifs à J'ltalie, et qui sont très-nombreux. Sur environ 7400 cartes, il n'y en a guère qu’un tiers déja vérifié et mis dans l’ordre adopté. . Cette collection s’est enrichie de plusieurs mor- ceaux originaux sur le Piémont , Pftalie, la Barba- rie, l’Ægypte, l'Allemagne (entre autres des 45 feuilles de la earte de l'état-major autrichien , levée pendant la guerre). Elle a fourni divers plans originaux pour le ser- vice du gouvernement , et des calques de beaucoup : 122 Nouvelles littéraires. d'autres sur diverses contrées, pour servir d’élémens aux levées qui se font en Italie, en Allemagne et en France. k Six planches de la carte de France par Cassini ont été retouchées, sept sorfiqus la main, quinze sont prêtes à y passer, ainsi que huit de la carte de Ferraris. , La gravure de la petite carte de France pour les divisions administratives et militaires a été reprise, et est au moment d’être terminée. Il a été gravé de plus, au dépôt, deux planches de figures de géomé- trie, et un plan de bataille pour le mémorial. Le dépôt de la guerre a employé à ces travaux cinq officiers, non compris le directeur et l’aäjoint.; quatre-vingt. sept ingénieurs-géographes , et dix sepé£ employés civils. Aperçu des travaux à exécuter en l’an XT. Dans l’année qui s'ouvre, le dépôt de la guerre aura à s'occuper: 1.° Dans la section historique , d'achever le classe- ment et l’analyse des pieces recueillies et de celles que je dois y faire remettre, de remplir les lacunes qui existent dans ces collections, et de continuer les journaux de campagne , et de compléter les plans de batailles, et l’atlas des places et postes conquis ou occupés par l’armée ; de continuer la revue ana- lytique de tout ce qui a été écrit, et de ce qui pa- roîtra en France et chez l'étranger sur la dernière guerre, et d'achever les traductions de Lloy’d et de TempelhofF, . mie on Nouvelles litiératres. 123 2.° Dans la section topographique , de continuer la carte des quatre départemens réunis, et celle des chasses; de donner tout leur développement aux travaux de celle de l’'Helvétie et de la république italienne, comme à ceux qu’on pourra entreprendre à Saint-Domingue et à la Louisiane; de terminer celle de l’île d'Elbe, de l'Ægypte et de la Morée ; d’avancer, pour être finies dans l’hiver de l’an x11, celles de la Souabe, Bavière , Mont - Blanc , et de tout disposer pour entreprendre au premier moment favorable celle du Piémont , et; s’il se peut, celle de la Ligurie et du Valais, comme aussi de l’im- portant travail du perfectionnement de la grande carte de France, d’une nouvelle édition de laquelle l’état des planches , les nouvelles dénominations ou divisions administratives, les erreurs reconnues et les progrès de la géodésie font sentir le besoin ; tra- vail aussi grand que nécessaire , fait pour honorer le commencement de ce sitcie , et qui semble en appeler un non moins important pour Jui servir de base; c’est la mesure dela perpendiculaire àla méridienne à faire avec la précision qui caractérise celle de cette dernière coordonnée. Tels sont, citoyens consuls, les travaux du dépôt général de la guerre, dont le général de brigade , inspecteur-général du génie, Sanson, a pris la di- rection depuis plus de quatre mois que le général de division d’artillerje , Andréossy, a été nommé à l'ambassade d'Angleterre , et dont les progrès sous * ce nouveau directeur font espérer qu’ils atteindront 108. Nouvelles littéraires. à la perfection et à toute l’utilité que vous pouvez en attendre, Le ministre de la guerre | ALEX. BERTHIER. THÉATRES THEATRE DU VAUDEVILLE. Le Salomon de la rue de Chartres, ou Les Procès de l'An dix. Revue épisodique , vaudeville en un acte. Le citoyen CHAZET, l’un des collaborateurs de la Revue de l’an vi, a successivement travaillé à celles del’an viri et de l’an 1x. Il n’avoit garde de laïsser passer l’an X, sans chansonner quelques- uns des ridicules les plus frappans de cette année, et sans vanter dans ses couplets les gens dont le mérite a fait quelques sensations. Malheureuse- ment, il a Choisi pour cela le cadre le plus in- grat, et le moins propre à faim ressortir ces ta- bleaux. Le C. CHAZET , n’etant fort que sur le couplet, auroit dû s’adjoindre pour collaborateur, quelqu’un d’assez habiles pour lui tracer au moins un plan régulier et vraisemblable. Mais quel in- térêt peut inspirer un ivrogne qui tient séance dans un cabaret, et prononce ses jugemens en vidant sa bouteille ? Deux jeunes gens épris des charmes de la fille du marchaud de vin, veulent prendre M. Guilleret , Nouvelles littéraires. : 120! c’est le nom du moderne Salomon, pour l’arbi- tre de leurs destins; mais ils veulent voir avant, s’il est capable de bien juger; ils se travestissent en peintres, en musiciens, en Cabaleurs, en li- braires, en auteurs, etc, etc; et de là naissent des couplets de toute espèce, amenés en. dépit du bon sens, mais remplis de ce qu’on appelle aujourd’hui /e sel, Ces couplets applaudis avec fureur par la multitude, disent ce qui a été dit vingt fois et ce que l’on dit encore tous.les jours; que labbé Delille remplace Virgile ; k. les dé- croteurs s’intitulent artistes; que Guérin est un grand peintre; que Mlle Duchesnoiïs promet beau- coup; qu'il y a des croûtes au salon; et mille choses aussi neuves; mais tournées d’une certaine. facon ambigue qui fait qé’on ne comprend guère et qu’on applaudit beaucoup. Quelques cauplets de facture sont parfaitement tournés. Ceux de la dernière scene sont pleins de délicatesse; nous regrettons qué l’un d’eux finisse par deux vers de PANNARD trop connus, ( des gens de lettres) pour pouvoir étre reproduits ifh- punément, Au reste cette piece piquera la curiosité, on ira la voir : mais je doute que l’on y retourne comme à M. Guillaume, et même comme à la Revue de l’an 8. | Le collaborateur du C. CHAZET, est le C. ENoSm'ors TD, LIVRES DIVERS (1). ALGÈBRE. ÉLÉMENS D'ALGÈBRE , à l’usage du Prytaniée françois ; par J, B. E. DUBOUREUET, professeur de mathématiques au P'ytanée francois , collége de Paris. Un volume in-8.° Prix, 4 fr. 5o cent., et 6 fr. 5o cent. franc de port. À Paris, chez la V.° Panckoucke , imprimeur-libraire , rue de Grenelle, faubour t.-Germain, n.° 32r , en face de la rue des Saints - Peres; et chez Gérard, libraire, rue Saint-André-des-Arcs , n.° 44, | Cet ouvrage est composé d’après une nouvelle méthode, dont les succes qu’en a obtenu lPauteur ont prouvé la bonté ; il contient une exposition claire des principes d’une science dont l’étude ne sauroit être trop facilitée aux commencçans." L'auteur ÿ dé- veloppe un grand nombre de nouvelles théories qu’on - ne trouve dans aucun autre. "MÉCANIQUE. TRAITÉ de mécanique élémentaire, à l’usaze de &£cole Polytechnique , rédigé d’après les méthodes de R. PRONF, l’un des professeurs de cette école ; par L. B.-FRANCŒUR , répéliteur d'analyse & l'Ecole Polytechnique, Seconde édition, considé- rablement augmentée. 1 vol. in-8° Prix, 6 fr., et 7 fr. 5o cent. franc de port. A Paris, chez J. J, Fuchs, libraire, rue des Mathurins Saint-Jacques, hôtel de Cluny. © L'ouvrage du C. FRANCŒUR est divisé en quatre * (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un extrait, ou une notice plus détaillée. à # SUR \ Livres divers, - 12 parties, la Szatigue , la Dynamique , l'Hydrostu- tique et l'Hydrodynamique. 1. Srarrque. Comme il faut dansun Traité élémen- taire emplæyer une marche simple et méthodique, on n’a pris pour élémens que les notions de puissance et de mobilité; on écarte donc toute idée de temps , ce qui est Je caractère propre de Ja statique, et on fait d’abord abstraction des propriétés générales des corps , telles que l’étendue ,8la Bgure, etc. Cette abstraction conduit à la composition des forces ; mais réstituant bientôt et par degrés ces diverses pro- priétés, on obtient les equations d'équilibre , même dans le cas d’un axe, ou d’un point fixe. Le reste de la statique n’est plus qu’une série d'application de ces propositions générales ; la théorie des centres de gravité, la manière générale de les déterminer dans tous les corps, enfin la méthode centrobarique, en dérivent immédiatement les conditions d’équi- libre dans les machines, tant simples que compo- sées , en-sont également des conséquences, soit qu’on fasse ou non abstraction du frottement. Il. La DrNAmrQuE simplifie par des abstrac- tions les considérations générales et compliquées. On ne joint d’abord à la notion du temps que celle de mobilité et de puissance ; ainsi on examine les pro- priétés du mouvement d’un point en ligne droite ; les mouvemens uniformes , uniformément variés, et variés en général, sont tour-à-tour analysés, ainsi que les trois problèmes que le programme d'enseignement énonce. La théorie du mouvement des corps pesans , celle du choc des corps , l’exposé du principe. de d’Alembert, avec des applications au mouvement dans les machines, sont suivis du mouyvemehg d’un poiet en ligne courbe. , Les équations du mouvement , le principe des aires, la valeur de la vitesse , de la force accéléra- trice pour un temps donué, etc. sont autant de prot positions qu’on ne peut omettre ; on examine ensuite le mouvement d’un point assujéti à se mouvoir sur une surface , ou sur une ligne donnée, la pression LU “128 Livres divers. qu'il y exerce, etc. enfin la force centrifuge ; toutes ces généralités sont ensuite appliquées au mouyement des projectiles, au pendule simple, au mouvement dans la cycloide, enfin aux lois de Kepler, Le mouvement d’un corps ou d’un systeme est ensuite analysé; la rotation, et la translation ; le principe des aires, enfin le mouvement autour d’un axe, sont exposés ayec des détails et des applica- tions qui conduisent au pendule composé , au centre de percussion , et au centre spontanée de rotation. III. HrFDROSTATIQUE. Apres avoir exposé Îles principes généraux qui servent de base à la théorie des fluides pesans , on les applique, 1.° aux'fluides incompressibles; ce qui conduit aux théories sui- vantes : les niveaux , le syphon, l’aréometre, la balance hydrestatique ; les pressions qu’éprouvent les surfaces des corps plongés dans ces fluides, les pertes de poids qu’ils y éprouvent , enfin l'équilibre des corps flottans. 2.° Aux fluides composés de parties hétérogèness 3.° Aux fluides élastiques , ce qui mene à lexamen“du baromètre et+des diverses espèces de pompes. IV. HrDroDrNAMIQUE. On s’est contenté d’ex- poser dans cette partie la théorie de l'écoulement des fluides par des orifices pratiqués aux vases qui les contiennent, en partant de l’hypothèse du parallé- lisme des tranches ; cette théorie est appliquée par- ticulièrement aux cas où ces orificés sont très-petits et aux clepsydres. Enfin la contraction de la veine fluide fournit quelques considérations générales qui terminent lhydrodynamique. Les diverses théories du mouvement des fluides sont si hérissées de difli- cult& , les: faits se trouvent si peu souvent d'accord avec les résultats, que, fidelle d’ailleurs au volu du programme d’enseionement , On n’a pas cru devoir donner plus d’étendue à cette partie de la méca- nique. Q MIiNÉRALOGIE. Livres divers. 129 MiNÉRALOGILE. Cours DE MINÉRALOGIE, rapporté au Tableau méthodique des minéraux donné par DAUBENTON, ou Démonstrations élémentaires et naturelles de Minéralogie ; par N. JoLFCLERC, professeur d'his- toire naturelle |, et membre de plusieurs Sociétés savantes, etc. À Paris, chez la veuve Panckoucte , imprimeur - libraire, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, n.° 321, en face la rue des Saints- Pères. Un volume in-8.° de 450 pages, imprimé sur beau papier. Prix, 7 fr., et 8 fr. 5o cent. frane de port. Cet ouvrage est précédé d’une table analytique des minéraux , contenant quatre feuilles d'impression en petits caractères. ORNITHOLOGHLE. LI ? e HISTOIRE NATURELLE des Grimpereaux - Soui- Mangus , Guit-Guits, Héoro-Taires, et des Grim- pereau.x d'Europe ; suivie de celle des oiseaux du Paradis ; par L. P. VI£ILLor : pour faire suité à l’histoire des Colibris et des Oiseauæ-mouches . des Icamars , des Promerops , et compléter la çol- lection.des oiseaux dorés ou à reflets métalliques, 24, 23, 26 , 27, 28° et dernière livraison de la collection. A Paris, chez Desray | rue Haute- feuille, n:° 36. Par la mise au jour de ces cinq livraisons, le C, Desray a terminé une entreprise qui fait beaucoup d'honneur à son zèle, En. comptant les livraisons doubles , le C. Desray a délivré à ses souscripteurs, en 26 mois, 32 livraisons de cet ouvrage précieux et bien exécuté, et les livraisons se sont suceédées avec une exactitude et une promptitude dont on trouve: peu d’exemples. Tome IF, } 130 _ Livres divers: 1 { Dans la dernière exposition au Louvre, le jury a décerné une médaille d'argent poar les ouvrages d’Audebert, que le C. Desray y avoit exposés. Les espèces figurées dans ces cinq dernières livrai- sons sont: PI. Sn) l Héoro-Tairetachené, de la collection du C. Daudin. P].58 ; le Kayameta ; cetoïiseau, qui se trouve daos la collection de M. Parkirison ( Leverian museum )a été dessiné à Londres par Sydn. Edwards. PI. 59, l'Héoro-Taire moucheié, du même Muséum, et dessiné par le même artiste. PI. 60 , le Cap noir, (Certhiu cucullata) nouvelle espèce qui se trouve à la Nouvelle-Hollande , et qui a été communiquée à l'éditeur par M. Parkinson; le dessin fait d'après Poiseau vivant se trouve dans la collection du doc- teur Shaw. PI. 61, le Fuscalbin , [Certhia lunata) , nouvelle espèce communiquée à l'éditeur par M. Par- kinson ; le dessin fait d’après l'oiseau vivant se trouve aussi dans la collection du decteur Shaw. PI.62, le Cinnamon, (Certhia cinnamomea , Gmelin)commu- niqué à l’éditeur par M. Parkinson, qui l’a fait des- siner dans le Muséum britanniques P1.63, le Hoho, (Certhia pacifica , Ginel.) de la collection de M. Par- kinson, et dessiné par Sydn. Edwards. PI. 64, le Neghobarra , nom sous lequel cet oiseau estconnu dans la Nouvelle-Zélande, on le Certhia sannio de Gmelin; cet oiseau , dessiné à Londres, est dans le Muséum de M. Parkinson. PI. 65, l’'Héoro-Taire brun, (Certhux fusca, Gel.) du même Musée. PI. 66, V'Héoro-T'aire cramoist, (Certhia sanguinea , Giwel.) de la collection de M. Humphreys, à Londres. PI. 67 et 68 , l’Héoro-Taire vert olive, mâle et femelle, {Certhia virens) Vun et l’autre du Muséum de M. Par- kinson, PI. 6get 70:, le Fou/ehaio, mâle et femelle , ( Certhia carunculatai ); les dessins de ces deux in- dividus sont tirés de la collection de M: Woodfort’ du Vauxhall, quiles a communiqués à l'éditeur pour” cet ouvrage. Pl: 7x5, PHécro-Tuïré noir, dessiné à Londres d’après un individu du’ Méséum de M. Par- kinson: Pl. 72, le Grimpereau , (Certhia fanriliaris, Linn.). Pl. 73, le Grimpereau de muraille, PI. 74, le: Livres divers. 131 Grimpereau varié, (Motacilla varia, Linn.) ; le mâle est au Muséum d'histoire naturelle de Paris , la fe- melle dans la collection de Brust, à Bordeaux. PI, 75 , le Soui-Manga à bec droit ; il se trouve au Mu- séum d’histoire naturelles PI. 76, le Picucule de Buffon, Gracula Cayennensis de Gmelin, dessiné d’après un individu du cabinet du C. Dufréne.PI.77, le l’erdin , (Türdus Cochinchinensis, Malabaricus , Gmel.) qui se trouve dans la superbe collection de feu Gigot d’Oroy. PI. 78, le F’erdin femelle, du Mu- séum d'histoire naturelle. PI. 70, le Soui-Manga de Sierra- Leona, ou ie Quenticolor ; cet oisean, dessiné à Londres , a été communiqué à l’éditeur par M. Par- kinson. PI. 80, le Soui-Manga à collier noir, dessiné à Londres d’après un individu de Ja collection de M. Th. Wilson , écuyer, M. Parkinson possède dans le Muséim Leverian un individu qui a beaucoup de rapport avec celui-ci: PI. 8r, le Souï-Manga brun et blanc, (Certhia Zeylonica , Gmel.) PI, 82, le Soui-Mauga à plumes soyeuses. Pi, 83, l'Héoro-Taire bleu, communiqué à l’édisenr par M. Francillon, de Londres. Pl, 84 ,’'Hcoro Taire gr's. P]. 85, l’Héoro- T'atre à orerlles jaunes, d’après un individu qui depuis eu est au Muséum d'histoire naturelle de Paris. PI, 86, l’Héoro.Turre mellivore. PI, 87, \ Hécro R. Desgenettes. 171 ut BE OCR A BONE E. Wotice sur Duboy-Laverne: 183 + Vovacs. : Journal d'un Voyige en Allemagne, faiten 1775; par G. À. H, Gui- bert. Ô 195 AGRICULTURE. Des Arbres fruitiers pyramidaux , À +. vulgrirement appelés Quenouil- . des; par Etienne Carve/. 201 Mar i£TES,NOUVELLES ETCOR- RESPONDANCE LITIERAÏIRES, 27: NouvreLes ÉTRANOËRES. l'Suite de l'Extrait des séances de la + Socité royale des sciences de }. Cœtingue. 206 * Nouvelles de Suède, 250 » Astronomie. 251 Nouvelles de Hambourg. 232 “Nouvelles de Russie. 253 "Nouvelles de Pétersbourg. Thrid. * Nouvelles de Moscow. 254 INourelles de Hongrie, Ibid. “Nouvelles de Londres, Ibid: Gravures. 235 . Palæogiaphie. Ibid, “Mouvelles de Beïlin. 256 Voyage d'Alexandie Humboldt. 15. ; PAanxrs. : Collège de France. 238 | Conseil des arts et du commerce. 255 » Académie de législation. Séance pu- …. blique du 1 fñmaire an 11. 247 : L'iVR ES DUVE RS. Scieuves et Aris, Annales franceises de l’histoire na- turelle générale de la Physique’, de la Chynie , de la Physioiogie , et des applications utilts de:ces sciences, publiées par les doc- teurs Pfuyfet Friedlander (en allemand ): 5.e livraison. : 249 Arithmètique. Arithbmétique d'Emile; par Em. De- velsy. 5: 260 Physique Essai sur l’art d'obsérver et de faire des expériences, par Jean Sen- nebier- 252 Conis de Physique céleste y par J. H, Hassenfratz. 252 Opiique. Traié d'optique; par Lacaïlle. 263 Astronomie. : Mécanique celeste; par le C. Le- place j'ivad. allemande. 16:4, Hisioire naturelle. Nouveau Dictionnaire : d'Histoire naturelle , appliquée aux arts. 254 Boianique. Tables de l'Histüre naturelle géné- rale et universelle, d'apres les trois régnes; publiées par F. J. Lertuch (en allemand}, : 259 Physiologie. fistoire naturelle de la peau, et de ses rapports avec la santé et la beauté du corps ; par J. Banau, médecin consultant. a6x Histoire anatomique, physiologique et optique de Vous RE Lefe- bure, «7 30 Médecise. . 1 Moœurs Fe nt Considérations sur les dfsérences derniers rois: par J. coustantes.et accidentelles de l'or- | Histoire de l'tlé-Sai anisation et de Féducation, par} Jraduiré de l'anglois ae e OC: Calver. *265 Breton. - Abnacrdes Christiani Des- Diplomatie." loges. Ib Table Relais entre Ja Mémoire sur le commerce des nè-| el les puissances . étrangères ; de gres au Kaire, etsur les maladies puis Ja paix, de W estp Sie: jus- auxquelles ils” sont sujets en y{ nos jours; parle COch 12 arrivant ; par Lous Franck. 264 «11 Biograph rs Chirurgie. | Notice historique zé; par! Précis d'observations de chirurgie, faïñtes à l'Hôtel-Dieu de Lyon; |: par L:V. Cartier. T-A00 FE) Econvnie, A Saggio a le eschiere e la lord ne Pen Maria 7 assalli- | “Randis x" Hbid. Economie rurale, Histoire de l'introduction des mou-. tous à laine fine d’ Espagne , dans les divers états de l'Europe” et au Cap -de-Bonne- pee: Fo C. P. Lasteyrie. Morale. Lä Journée solitaire de l'homme sensibie ; par A. D, Gorzer. 266 } Encyclopédie morale, traduite de | l'angluis par madame de ARE ,; 7 md Grammiuire, Méthode. simple, sûre .et et pour connoitre , , d'un seul co d'œil, le genre de tous les su stantifs françois qu qu ontla mêim h. térmiriaison ; par le F4 RE Dufremoy. ‘Thèmes francois; par 1 le même, %. 3 “Littérature, : #4: | Oraifôns cotes de Bossuet. ÿ oésie. Rolland Farieux ; poème futé de l'Arioste ; par ic. Laborie. Ib héâires. OEuvres de Crèbillon. 280 | Annales du Musée et de l'Ecole, moderne des beaux-arts ; FRS par le C. Landon, * Ibid.” Manuel du Muséum françois. 282! Nouvelles des aits , peinture, sculp= * -‘ture, architecture. et List re par le. même, Ibid. “Krchiéciurg. AP A Architecture civile ; pa L. A; Due ; 28a S Education. Les Entretiens du père Raimond. 76. Le Trésor des Enfans; par Pierre Blanchard. 268 Géogr Modern Geography; ; a John Pin- |. kerton. 269!” De le Céographie physique où na- turelle; par C. S. A. Carney. Ib. Voyages. Thés des jardins; ar le . Mo- Bibliothéque gtographique et ins- | rez, À ha Le LR 4 tructive des jeunes gens. a7ù Peinture. Cru Fans: {listoiré, | Peinture mécanique des cc. s RE Politique de tous les cabinets de l'Europe , pendant les régnes de Louis Ev et de Lous XVI ; par L: P, Ségur. 7273 Considérations sur les causes de la randeur des Romains et de leur Nétènee ; pèr Monresquieu. ninger el compagnie. : 287 - - : Romans, PAT Quatre nouvelles ; ÿ par J c. Fute cliron. 269 Nouvelles. imiées de Michel Gers pe fantess 117 1 La Rencontre an cape à 271 | {sabelle Monrolieu Loi Mémoires historiques et politi ues !Phéodora du ir 283 i eur la-républiqueide Venise ,rè- Mélange 3 digès par Léopold Curti. * 272 Spicilègé de littèræ vs : andienme et À] Mémorial; par P. C, Lecornte. Ib. moderne 5 par le C. Ne (2 : (N 15.) Nivose an 1, ; AA G SE N | ENCYCLOPÉDIQUE, porte DES SCIENCES, | DES LETTRES ET DES ARTS, \ ménIe / Par A. L. Micrin. AVIS pv LIBRAIRE Le prix de ce Journal est fixé: ; ‘#9 franes pour trois mois, 18 fraucs pour :six mois, 36 féancs pour un an, ; Mu? pour Pas | que pour les Départemens, frane de pont. Mr On peut s'adresser au Bureau du Journal pour sei procuree s les Livres qui paroissent en France eu chez l'étranger , et pour fout ce qui concerne la Librairie ancienne et moderne. 4 DA ciel ls plupart des hommes qui ont n uom distingué, une réputation justement acquise dans quelque partie des arts on des sciences, tels bque les CC. ALIBERT, DESGENETTES, BasT, Sir- Dur DE SACY, FoURCROY, HaLLé, Dumérir ; PScHWrICHÆUSER , LacÉrÈDE, BARBIER, Lan- Der Ës, LALANDE, LAGRANGE, LEBRUN. MARRON, MOrELLET, NOEL, OBERLIN, CHARDON -1a- RocHETTE, CAILLARD, Van: MONS, TRAULLÉ, SÉVEILLÉ, Cuvier, Grorrroy, VENTENAT, 3) MENTELLE ; BARBIÉ DU BOcaGE » BASSINET, , + 7 : etc-etc. fournissent des Mémoires, Sontièn! l'extrart 1 v, 7 | L _ * raires de toute espèce. AA méros, chacun de’ 9! feuiflès. Dtanioiess Dear Boy TTIGER , Visconrr Virroison, WiLcemer, WiNCKLER, LOBST£EINS des prine pue ouvrages nationaux: on s'attache sur tout à en donner une-analyse exacte ;et à la faire pa4 roitre Je plus proniptement possible après leur publi Catiyn. On: y donne uve notice des meilleurs écrit imprithés chez l'étranger. 2 On ÿ insère les mémoires les pis bééressane sur toutes.les parties des arts et dés sciences; on choisit “princi pälement ceux qui sont propres àen accélérer les -pioer ès. k 4 On ÿ publie. les découvertes à ingénienses, 12 inÿên tions utiles dans tous Jes genres’ On y rend compté dise ‘expériences: nouvelles. On'y donne un précis de “ce que les séances des sociétés littéraires ont offert : de plus intéressant ; une description de ce que les dé : pôts d’ébjets d’ arts et des sciences renferment de plu CUMEUX, ‘On y trouve ms Wotices sur de vie di tes ouvrages des Savans, € des Littérateurs et des Artistes distin ués dônt 6n regrette la perte’; ii les nouvel iles htté? Ce Journal ést composé de six Re in-8.0 par ‘an, de 6cé pages. chacun. fl paroît. le premier de ‘chaque mois, La livraison est divisée en deux us A On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu ‘reau du Magacin Encyclobédiqué, ché de CE ARE Libraué, rue des Machuiins, hôtel Clüny. : | chez l4 verve Chan suioh cl d'en ste À Amsterdam, 4 êhez Vam- Gi, à ë . ë - À Pruxolles, chez, Lelraire,. CRT A Florence, chez Molini. A Franeloït-sur-le-Mein :hez Fa chez Manyet: ne Genève, 4 chez PEL À Harubourg “vhez: Hofianns À Beïipsic;chez War. De ALeyde, chez Tes frères Murray! A Londres ;! ehez de'Bolte, Gerera Street, à A Strasbourg, chez Lévraule, Vienne, chez: Degen. A Wesels chez Geisler ;’ Directeur de Robe 4 Îl faut afranchix les lettres. >> RUE RTOUE ANA CR O" PO LOG LE. CONSIDÉRATIONS physiques et morales sur la Nature de l'Homme, ses facul- tés, elc.; par J. À. PERREAU, membre din tribunat, professeur du droit de la nature et des gens. À Paris, chez Patris et Gilbert , libraires, quai Malaquais, n.° 2, près la rue de Seine. 2 vol. in-8.° de 277 et 201 pages. L'aouux se trouve dans $a propre nature l’objet à la fois le plus digne et le plus intéressant de ses méditations. Cette vérité a été sentie par les sages de tous les siécles ; et, malgré lestentatives de quelques sophistes, qui voudroient de ‘nouveau reléguer la philosophie, dans les nuages de la scolastique , maloré les trames de la superstition , ennemie si implacable des lumières , l’ anthropologie a toujours été cultivée par des hommes distingués. Entre les ouvrages modernes qui parmi nous ont traité avec le plus de succès cette science, dont les résultats doivent nécessairement exercer l'influence la plus directe sur le bonheur des nations et des individus, le public éclairé a sans doute distingué les Etudes de l’homme physique et moral, par M. Perreau. Il apprendra avec plaisir que le même auteur vient de faire paroître l’ouvrage que nous venons d'indiquer. k Tome IF. E 290 Anthropologie. Les Considérations physiques et morales, etc.. ne présentent point un nouveau système; et qui n’en sauroit gré à l’auteur, qui, pour nous servir de ses propres termes consignés dans son discours prélimi- paire, « a évité avec le plus grand soin de s'engager « dans ces discussions dont le résultat, après de « longs et pénibles débats, est toujours tel qu’il « faut revenir au point d’où l’on est parti, sans avoir « fait un pas de plus vers un but utile.» M. Per- reau , jaloux d’une gloire plus solide , n’admet que les faits que l’expérience déclare être les plus à labri de la critique; il y joint des observations souvent d’une vérité frappante , et en déduit des conséquences toujours heureuses et fécondes. Ce qui caractérise surtout cet ouvrage, c’est le desir ardent de contri- buer au bonheur des hommes et de maintenir la dignité de leur nature ; tous les systèmes qui la mé- connoissent y sont combattus avec autant de courage que de succès. La clarté et l’éloquence du style en rendent la lecture infiniment agréable. En indiquant le contenu de chaque chapitre , nous allons commu- niquer à nos lecteurs quelques passages, qui pour- ront motiver le jugement que nous venons de porter. Le premier volume traite d’abord de quelques systèmes sur le principe de la vie. L'auteur donne le récit de plusieurs hypothèses qui ont été établies sur cette matiere ; et, après avoir montré combien elles sont peu satisfaisantes, il conclut que tout ce que nous savons, » c’est que nous recevons une « organisation toute prête à nous obéir dans l’ordre s Nature de l'Homme. 291 « où nous sommes placés, toute pourvue de ses « moyens intérieurs d'entretien et de conservation; « que nous n’avons que trop la puissance de la dé- « ranger , tantôt par nos excés , tantôt par les dange- « reux modes de réparation que nous ne nous lassons « pas d’imaginer ; que nous aurions beaucoup moins « à nous plaindre de ses défauts, si, plus fidelles à « en respecter les lois, nous mettions autant de sa- « gesse à en disposer , que de circonspection dans le + choix des moyens propres à la réparer. » L’auteur nous entretient ensuite de la voix lu maine et de la parole; il indique les principales causes des nombreuses modifications des sons de la- voix. « Ainsi, dit-il, on ne sauroit douter que le “ climat n’ait une influence très-puissante sur lor- « gane de la voix, et qu’il ne contribue ainsi à mo- « difier diversement les sons primitifs et articulés. « C’est, en effet, dans ces contrées heureuses, où “ règne une température également exempte des « excès de la chaleur et du froid, que l’on trouve « les plus belles voix, et les langues les plus har- « monieuses. Les sons durs et faux, semblables « tantôt à des sifflemens aigus, tantôt à de sourds « mugissemens, les langues composées de sons à “ peine articulés, ne s’entendent que dans ces tristes « régions tourmentées par la nature, couvertes d'éter- « nels frimas , ou dévorées par un soleil brûlant : « ici la voix prend nécessairement le caractère d’un « siflement par la vive pression de la glotte que « resserre sans cesse un air glacé ; là, par l'effet « contraire’ du relâchement continuel et du défaut T 2 292 Anthropologie. « d’élasticité de cette même partie, elle n’est plus « qu'un son rauque et grave, peu facile à distinguer « du mugissement....,» | L’auteur regrette que la déclamation qu'il appelle la parole accentuée, soit tant négligée par nos pa- rens et nos instituteurs, tandis que les anciens y attachoient, à juste titre, Le plus grand prix. De la nutrition, — Du sommeil, — M. Perreau met ces deux fonctions en rapport. « La nutrition, dit-il, « peut être regardée comme.une génération conti- “y nuée qui, en-Incorporant au corps des substances « étrangères , lui fournit continuellement les moyens « de réparer ses pertes, de s’accroitre.et se conser- « ver... Le sommeil est cet état dans lequel Phonime “ paroît, ainsi que tout autre animal, réparer le «-mouvement perdu, par l'agitation de, létat de « veille, C’est donc aussi une sorte, de nutrition « semblable à celle qui répare la perte de la sub- «' stance...." Dans l’examen de l’une et de l’autre de ces deux’ actions du principe de la vie, M. Perreau se plait xsurtout à pénétrer ses lecteurs d’admiration et, de -reconnoissance pour cette Providence , qui met tant de suins à tout ce qui intéresse notre conservation. « La mère la plus attentive, dit-il en parlant du « sommeil, ne prendroit' pas plus de précaution -« pour éloigner de son enfant tout ce qui pourroit « en troubler le repos; elle abaisse sur les yeux un « voile qui les défend de Paction de la lumière ; elle « rend l’oreille insensible au bruit, mais non cepen- « dant à un degré tel qu’elle ne recoive l'impression Nature de l'Homme. 293 « de celui qui seroit l'annonce d’un danger. Klle « engourdit le sens le plus universellement répandu « et le.plus constamment irritable, le toucher , de «) manière’ que d’assez fortes impressions ne pour- roient même y porter le plus foible trouble. Elle « Etend ses soins jusqu'aux attentions les plus déli= « cates ; elle délie les idées, surtout celles qui oc- « cupent le plus, chasse les inquiétudes ; enfin, elle “ appelle VPimagination qui, avec son cortége de s« formes fantastiques , vient enchaîner l’intelligence «et le sentiment.» Les mêmes soins se renouvellent pour aider notre réveil. Du rêve, — De la folie. — Le sommeil amène le rêve; l’auteur à suivi cette marche, que la nature indique. Apres avoir fait des considérations très- intéressantes sur la nature dece phénomène L il passe à l'examen de celui de la folie, qu’il définit un réve fixe ; il recherche quelques causes physiques et morales qui peuvent produire ce déplorable état d’égarement ; ji présente différentes nuances qui s’y ‘rencontrent , et des remèdes propres à rendre à VPhommie le Sein don de sa raison. Ce quise passe ‘en nous dans un danger imprévu , dans certaiis états de maladie et de mort prochaine. — Nous trouvons, sous ce titre, des observations sur Îles effets merveilleux du principe de la vie dans ces momens de crise , où la raison nous refuse ses secours De l'intelligence, — Après savoir observé laction du principe de la vie dans quelques phénomènes de ces fonctions, sur lesquels l’intelligence et la vo- T 3 : 294 | Anthropologie. lonté ont peu d’empire, l’auteur va s'occuper de l’examen de ceux qui nous offrent l’action corres- pondante de ces deux principes de l’intelligence et de l’organisation. « Quel étonnement, dit-il, de « voir l’homme jeté presqu’au hasard sur ce globe, «“ en quelque sorte délaissé sans aucun instinct dé- «“ terminé, sans autre guide qu’une faculté dont les « secours sont si éloignés, quel étonnement de le « voir peu à peu s'élever de lui-même au dessus de « cet état de foiblesse et de misère, défier ses pre- « miers besoins par sa promptitude, s’en créer de « nouveaux, rassembler près de lui les sciences et “ les arts, s’approprier toutes leurs richesses, s’in- « vestir de toute leur puissance, combler de sa pensée l’espace , atteindre l'infini, et prendre de fait l'empire de la terre ! » Après avoir rendu compte des efforts qu'ont fait les philosophes depuis les siécles les plus reculés jusqu’à nos jours, pour apprendre à connoître ce qui constitue l’essence de cette sublime faculté, l’au- teur convient qu’ils n’ont pas été plus heureux que dans l’examen de l’essence des principes de la vie. Il y a donc, d’après lui, deux choses à combattre pour ceux qui veulent cultiver raisonnäblement , et dans sa véritable mesure , leur entendement : 1.*]la folle présomption qui nous porte à la recherche d’ob- jets dont nous ne pouvons acquérir l’idée; 2.° le dégoût et la paresse qui , parce que nous ne pouvons espérer tout savoir , nous fait négliger de nous occuper de ce que nous pouvons connoître. Pour- nous encourager à travailler sans relâche à étendre Nature de l'Homme. 295 le domaine de nos connoïssances, il nous présente une esquisse rapide des prodiges que l’entendement humain est successivement parvenu à opérer, prodiges qui sont les plus sûrs garans de notre perfectibilité. Vue générale des sensations et des habitudes.—Des sens. — De la vue, = De l’ouie. — De l'odorat.— Du goût. — Du toucher. — Dans cette série de cha- pitres, l’auteur nous initie successivement dans les mystères de notre merveilleuse organisation. En suivant ses développemens , nous rencontrons à cha- que pas de nouvelles sources d'avantages et de jouis- sances. Ainsi, en parlant de ja vue, M. Perreau fixe notre attention sur les effets bienfaisans de la lumière. « Le cours de la lumière, dit-il, a tou- «“ jours pour nous le même charme ; les impressions “ que nous en recevons, viennent toujourss’unir à “ l’état de notre intérieur, pour en adoucirles peines, “ou nous en faire , plus délicieusement , goûter le “ calme. Son premier rayon suspend tout-à-coup « le sentiment ‘des maux accumulés pendant une “ longue nuit de douleur. Sa vivacité , dans un jour « brillant, ranime en nous toutes les jouissances de « la vie : ses demi-teintés, dans un jour moins écla- « tant, semblent se répandre sur toutes nos affec- « tions, pour leur donner celle d’une douce mélan- « colie, Que de sentimens, que d'illusions jointes “ au souvenir des premiers temps de la vie , ne fait- « elle pas revivre avec tous leurs charmes, quand « ses feux pâlissans dans la paisible clarté de la « lune, viennent à se fondre avec les ténèbres d’une “ belle nuit! T 4 296 Anthropologie. L'auteur parle, dans le même chapitre, des cou- leurs. Nous ne saurions nous dispenser d’en com- muniquer quelques passages à nos lecteurs. « Il en « est, dit-il, qui plaisent ou qui déplaisent géné- «_ ralement, et qui, pour cette raïson, sans doute, « ont été presqu’universellement choisies comme « autant de signes et d'expressions de ces affections « contrates. En recherchant un peu plusloin, nous - «_ trouverons probablement que le plaisir et la répu- « gnance que nous éprouvons à leur aspect , naissent « de leur union avec des objets dont nous avons « antérieurement recu des impressions agréables ou fâcheuses.... Cet eFet, si général, dela couleur « rouge semble pouvoir aisément s'expliquer , sans « qu’il soit besoin de recourir à d’autre cause qu’à « elle-même, à sa vivacité, à son éclat. La nature « la distribuée partout, comme la couleur de la « vie, dans le fluide qui paroît en contenir le prin- « cipe, sur la ‘physionomie de l’âge qui en est le « plus animé , et dans toutes les circonstances où « les passions les plus vives exercent leur action ; «“ sur presque tous les objets propres à satisfaire nos « besoins, et à produire des sensations agréables ; « sur les fleurs et les fruits, qui tontes! en ont recu «“ quelque teinté plus où moins brillante. C’est elle: « qui, par ses nuances aussi multipliées qu'impos- « sibles à décrire , donne tant d'éclat au spectacle « que nous offrent dans les cieux les jeux les plus « brillans de la lumière. Voyez-la tantôt rouler = z dans les airs en fléuves de feu, ou monter en gerbes étincellantes; tantôt s’y étendre en longs u « £ Nature de l'Homme. 207 tapis d’écarlate et de pourpre , ou s’y relever en pavillons et en daiïs sur les sommités des monts aériens qui terminent l’espace où se succèdent ces scènes rayissantes ; partout elle y domine : c’est de leur union avec elle que les autres couleurs semblent emprunter tous leurs charmes, tandis que, se suffisant à elle-même, toujours elle brille de son propre éclat.... Mais nous observerons qu'il est aussi des circonstances où elle produit un -efFet absolument contraire , toujours par suite du même principe que nous avons établi; c'est-à- dire, en réveillant les souvenirs des impressions ‘fâcheuses que nous avons recues des objets aux- quels nous lPavons vue s'unir. Par exemple, Ja ré- pugnance que cause quelquefois son aspect, peut naître de Pidée de sang , et. ainsi de toutes les idées de meurtre , de carnage qu’elle éveille. Vue sous ce rapport, elle w’a rien encore d’arbitraire; car le sentiment qu’elle produit tient à des dis- positions qui sont les mêmes chez tous les hommes: il-en est l’effet immédiat, et nullement celui d’au- cun préjugé particulier. Aussi, est-ce pour cela que tant de peuples l'ont choisie comme sigue de la terreur et dela destruction... La couleur bleue ou azurée produit chez tous les hommes la même sensation de plaisir : on diroit qu’elle fait naître l’idée du calme, de la sérénité du beau ciel dont elle est, dans un jour pur, la couleur dominante, À la sensation que produit le vert, lorsqu'il teint de ses innombrables nuances l’em- pire entier de la végétation, viennent se joindre 208 Anthropologie. « les douces images des prairies et des bois, et tous « Jes heureux souvenirs de la vie des champs. Plus « vif et plus multiplié au printemps, il annonce le réveil de la nature, et montre de toutes parts « à l'œil enchanté, les germes renaïissans. Ne seroit” « ce pas dans cette idée que nous avons pris celle « de faire, de la couleur verte le signe de l’espé- « rance?... La triste sensation que cause la couleur « noire , est l’effet que produisent les ténebres : ce «“ seroit-là leur couleur, si l’on pouvoit dire que « les ténèbres en ont une ; aussi est-elle générale- « ment le signe de l’affliction et du deuil, comme « elle est celui de l’éternelle nuit des tombeaux... “ Quel signe encore pouvoit donner plus heureuse- - ment l’idée de l'innocence, que celui de ce blanc 2 pur, qui, par son éclat et sa transparence, sem- « ble être la lumière elle-même ? »... Du Plaisir es de la Douleur. — Des considérations sur ces deux affections, résultats immédiats de l’or- ganisation des êtres animés, terminent le premier volume de cet ouvrage. Tome II. De quelques phénomènes de la Sensi- bilité, — Cet article contient des orbservations très- intéressantes, surtout sur les” affections que l’on désigne par les noms de sympathie et dantipathie. Voici comment l’auteur les définit : « Ilest, dit-il, «“ des affections passagères ou prolongées qui se re- «“ marquent dans l’être vivant et sensible, à l’occa- « sion de certains rapports entre quelques - unes « des parties qui constituent son organisation et le « principe de sa sensibilité, entre les parties qui Li Nature de l'Homme. 299 le constituent, entre Jui et d’autres êtres de son « espece ou d’espèces diverses, enfin entre lui et « des objets même inanimés et insensibles. Lorsque « cette affection relative est celle de l'attrait, on « lui donne plus particulierement ‘e nom de sympa- “ thie; et celui au contraire d’antipathie, lors- qu’elle est pénible et accompagnée d’une vive . répugnance. » L’auteur établit ensuite comme une vérité reconnue par l'expérience , l'observation que les rapports d’affections et de mouvemens entre les hommes, sont tels, que le principe de la sensibilité et l’organisation paroissent toujours également dis- posés chez tous à recevoir les uns des autres les mêmes impressions, et à les produire au dehors de la même manière. De-là, la rapidité avec laquelle se propagent les mouvemens populaires ; de-là , cette terreur panique qui s’empare quelquefois des guer- riers les plus courageux. De la Mémoire. — La mémoire est cette fa- culté par laquelle Pintelligenee, tantôt se retrace volontairement, tantôt admet de nouveau sans le vouloir , quelle que soit l’occasion de ce rappel forcé, des perceptions antérieures, les compare selon l’or- dre dans lequel elle les a reçues, soit entre elles, soit avec les nouvelles perceptions qu’elle reçoit, Voici comment l’auteur s'exprime en examipant quelques-uns des phénomènes que nous offrent l’ac- tion de la mémoire : « C’en est un assez singulier, « dit-il, que celui de cette impossibilité où nous « sommes quelquefois de nous rappeler une idée “ très-familière, et dans le temps où nous avons le + 300 ‘ “Anthropologie. « plus d'intérét à la retrouver ; celle d’un mot, par «“ exemple, d’un nom que nous connoissogs parfai- « tement. Rien n’est plus fatigant que ce travail “ intérieur de lentendement qui va interroger “« toutes les idées liées à celle qu’il cherche ,et sans “ qu'aucune d'elles daigne lui répondre. Souvent il «“ croit la reconnoître dans la foule de celles qui « l'importunent, il les écarte; il la poursuit ; aû ‘« moment où il est prêt de la saisir, il la voit fuir pour se perdre de nouveau dans une profonde « obscurité, Ce travail intérieur se caractérise mé- « me souvent de la manière la plus plaisante sur la « physionomie de la personne qui en est occupée : # on voit s’y succéder tour-à-tour, l’impatience et « Je plaisir, presque sûr de la découverte, enfin le « désespoir d'atteindre cette idée fugitive quisem- « ble toujours se jouer d’une vaine poursuite. Il « arrive même que vous pensez si bien la tenir, « que Ja bouche s'ouvre pour prononcer ce mot « tant cherché; mais il fuit'plus vivement que ja- “ mais, et vous laisse dans Ja confusion d’être « encore pris pour dupe. Que faire ? vous vous « décidez enfin à ne plus vous en tourmenter, Vous « n’y songez plus, quand tout-à-coup elle reparaît ! « et vous étonne par la facilité avec laquelle on la « voit revenir d'elle-même se remettre à la pensée.» Qui ne liroit avec plaisir cette description dont tout le monde a été si souvent à même de sentir Ja vérité, Cette observation sert d’ailleurs à l’auteur pour montrer qu'il s’en faut bien que nous exercions un empire illimité, sur le mécanisme de la mémoire, Natüreide l'Homme. 301 M. Perreau fixe ensuite notre attention sur les effets bienfaisans de cette faculié, sur les modifications dont elle est susceptible dans les différens âges, sur les moyens propres à la cultiver , etc. ‘ « Li . De l'imagination : « Il suffit, dit auteur, de con- sulter l’étymologie du mot qui désigne cette action de l'intelligence our s’en faire l’idée la plus le) ? P P juste, En effet, on voit au premier aspect , qu’elle consiste dans la facilité de réunir les images des objets, de ies combiner entre elles , d'en composer de nouvelles d’après celles qu’elle a recueillies ; de peupler ainsi d'êtres fantastiques , un autre univers qui bientôt n’a plus de bornes que celles méimes de la puissance qui l'a eréé. C’est une ma- gicienne qui charme tout ce qu’elle touche; qui fait changer de formes, comme il lui plait, aux objets les plus, connus ; qui. donne ;aux uns des attraits qu'ils n’auroient jamais sans elle ; qui nous inspire pour d’autres, une horreur secrète dont nous chercherions en vain la cause en eux- mêmes. Ici, elle crée une merveille ; là, elle en- fante un monstre ; toujours elle nous étonne, souvent elle nous séduit, plus souvent encore elle nous trompe; mais jamais elle ne. nous ennuie, Nous tenterions en vain de lui résister, lorsqu'elle se livre à ses courses vagabondes, malgré les eris de la raison qui la rappelle, malgré les plaintes du goût qu’elle outrage; dans ses. plus grands écarts enfin , nous nous plaisons encore à la suivre; et, tout en convenant de ses torts, nous applau- dissons à ses folies. » M, Perreau suit, le déve- % 302 Anthropologie. loppement de cette faculté par les différentes époques de la vie humaine, il indique le caractère différent qu’elle porte dans les deux sexes, son influence sur les beaux arts et même sur les stiences ; il recherche les moyens de donner à son exercice une direction convenable, etc. De Pesprit. — L’auteurle définit : « la faculté ou « l’action de l'intelligence qui saisit avec autant de « promptitude que de facilité, les rapports délicats “ qui échappent à des recherches laborieuses. » M, Perreau, en parlant de l’usage que lon peut.tirer de cet heureux don de la nature, en l’appliquant aux ouvrages de littérature, donne les conseils les plus sages, il recommande surtout la plus grande discrétion. « On sait, dit-il, ce qu’étoit autrefois « chez nous ce prétendu bel esprit, et tout ce qu’il « nous à fait perdre de temps en niaises extrava- « gances, avant que nous ayons pu assurer notre « retour à de meilleurs principes ; on se rappelle avec « quels transports on applaudissoit à ces pointes « triviales, à ces misérables jeux de mots dont les « plus estimables auteurs du siécle qui nous a ren- « du à la raison, n’ont pas même toujours su se « garantir, et que peut-être on pourroit reprocher «“ encore à quelques-uns du nôtre. » Dugénie. — Du goût moral. — Nous voyons dans ces chapitres l’homme environné de tout l’éclat de sa dignité : « Je me représente le génie , dit l’auteur, « non comme une faculté, commé une action par- « ticulière de l’entendement, maïs comme toute « l'intelligence elle-même vue à son plus haut degré Nature de l'Homme. 303 « d’élévation et de puissance. Mémoire , imagination, « esprit; il absorbe en lui seul toutes ces diverses « modifications; ainsi tout ce qu’elles ont à la fois « de plus grand, de plus parfait en vivacité, en pé- « nétration , en chaleur ; voilà le génie. » Quant au goût moral, M. Perreau nous dit: « que dans son «“ acception la plus étendue, le goût est ici ce sens « moral qui nous fait connoître d’une manière vive « et distincte, ce que les objets ont relativement à « nous de vrai, de beau et de bon; ainsi, dans les « sciences, il est le sentiment du vrai; dans les arts, ele sentiment du beau; et dans l’ordre de nos « mœurs et de nos actions, le sentiment du bien. » L'auteur nous retrace l’esquisse historique des progrès et de la décadence du goût, relativement aux sciences et aux arts, c’est un tableau dont les traits de maître ne permettent pas de méconnoître le littérateur consommé. | Observations sur certains préjugés communs à pres- que ious les peuples et presque dans tous les âges. — De certaines coutumes et institutions , chez différens peuples.— Les détracteurs de l’espèce humaine n’ont pas manqué de puiser leurs moyens dans le nombre malheureusement trop considérable de nos préjugés ; ils ont scruté les coutumes et les institutions des peuples , et n’ont rien négligé pour contester à l’homme la dignité de sa nature. Ce n’est pas de M. Perreau qu’on attendra l'éloge des préjugés ; il est loin d’en épouser la cause, il les combat au contraire pas à pas; mais aussi habile observateur qu'ami zélé des hommes, il sait nous ramener à la 304 Anthropologie. sources de quelques-unes de ces erreurs, de ces coutumes , de ces institutions tant décriées, et nous sommes étonnés d'y rencontrer encore les traces de Ja raison et la sensibilité. C’est ainsi que notre au- teur sait assurer à l’homme par un triomphe de _ plus la possession de sa dignité. Du sentiment moral, vw comme principe de con- noïssance et de direction. — L'auteur détermine ainsi le prix de cette faculté : Elle semble, dit-ii, « être celle daus laquelle en dernière fin, toutes « les autres viennent se concentrer; elle devient « le foyer de- tous: nos rapports, le mobile de « presque touies nos actions, le guide et le juge « de notre conduiie ; nos connoissances les plus « importantes, celles qui sont hors de la portée « de nos sens, et que l'intelligence seule ne peut « cependant nous donner, les plus sublimes ver- « tus, les plus riches talens; voilà les biens dont « elle nous fait jouir.» Le développement de ces idées forme le sujet du dernier chapitre des consi- dérations physiques et morales sur la nature de l’homme ; nous terminons ici notre analyse et adres- sons nos lecteurs à l’ouvrage lui-même, ils nous sauront gré de leur, avoir procuré cette intéressante copnoissance. STŒBER. LITTÉRATURE QE ET EEPS DV LITTERATURE ORIENTALE. ARABISCHE CHRESTOMATHIE herausge- geben von J. JAN, Doct. der Philos. und Theol. K. K. Prof. der Orient. Sprachen, der Einl. ins. A. T. der Bibl. Archæol. und der Dogmat. auf der Universilæt zu Wien. Wien. 1802. LEXICON arabico -latinum Chrestomathiæ arabicæ accommodatum, à J. JAHN, elc. Vindobonæ. 1802. In-8.° CHRESTOMATHIE ARABE, publiée par J. JAHN, docteur en philosophie et 1éo- logie ; professeur impérial des langues orientales , d'introduction à l’ancien tes- tament, d'archéologie biblique et de dog- matique en l'Université de Vienne. Vienne. 18c2. In-8.° de 280 pages, et xvj pages de préface. DICTIONNAIRE arabe-latin pour l’intelli- gence de la Chrestomathie arabe ; par M. J.JAZN. Vienne. 1802. In-8.° de 490 pag. M. JAHN, à qui les études orientales et bibliques doivent déja un grand nombres d'ouvrages élémen- taires, et particulièrement un Traité d’archéologie biblique , une Introduction à l’étude des livres de l'Ancien ‘L'estament, et une Grammaire arabe re- ZL'ome IF. V n 306 Littérature orientale. marquable par les soins que l’auteur a pris pour Ta rendre plus complète, que celles qui avoient été publiées jusqu’à lui, offre aujourd’hui à ses au- diteurs, sous Île titre de Chrestomaithie arabe , un recueil choisi de textes empruntés de différens écri- vains arabes, et aussi diversifiés pour les sujets que pour le style. Depuis quelques années on a publié en Allemagne un assez grand nombre de recueils de ce genre; et cette année même , outre celui de M. Jahn, la foire de Leipsick en a vu paroître un autre (1), qui s’étend à plusieurs des langues que nous nommons orientales, et que la plupart des philologues allemands désignent aujourd’hui sous le nom de Sémitiques, c’est à-dire, propres aux descendans de Sem. Parmi ces Chrestomathies il en est plusieurs qui ne contiennent qu’une répétition peu utile aux pro- grès de la littérature arabe , de morceaux de prose ou de poésie déja publiés plusieurs fois, tels, par exemple , que le Lamiat aludjum de Tograïi. Nous sommes loin de blâiner les professeurs, dont le but est de meitre ainsi à la portée de leurs auditeurs des moyens d'instruction, que plusieurs d’entre eux auroient peine à se procurer autrement : nous savons d’ailleurs que le défaut de manuserits met souvent les éditeurs de ces recueils dans l’impossibil té de mieux faire; mais nous ne pouvons néanmoins nous, empécher de regretter que cette multitude de livres (x) Arabisches , Syrisches und Chaldæisches Lesebuch , das Arabische græsstentheils nach ungedruckten Stücken.,.. herausgegeben von F. Th. Rink und 3,5. Vater. Leipzig. 1802. Mélanges. 307 classiques n’ait pas tourné au profit de la littérature arabe, comme cela seroit arrivé , si ces savans , dont plusieurs avoient eu accès, dans le cours de leurs études, aux trésors de la bibliothéque de Leyde, ou pouvoient se procurer quelques-uns des manuscrits de Reiïske, n’eussent pas borné leurs vues à l’utilité momentanée de leurs auditeurs (2). Quoi qu’il en soit de cette observation, on ne com- prendra point la Chrestomathie de M. Jahn dans le nombre de celles qui n’ont accru en rien nos richesses littéraires ; puisque les 80 dernières pages de ce re- cueil ne contiennent que des morceaux inédits : Je choix des extraits qui occupent le reste du volume obtiendra en général l’approbation des lecteurs. Nous aurions desiré néanmoins que M. Jahn, au lieu d'y insérer un long fragment de l’ouvrage d’Abd-allatif, dont nous possédons déja deux édi- tions , eût consacré à quelque morceau inédit de lu: des manuseri ts dont il pouvoit faire usage les 77 pages qu’occupe cet extrait. Quoique nous devions, en rendant compte de la Chrestomathie de M. Jahn , nous arrêter principale- ment à ce qu’elle contient de morceaux anecdotes, nous ne pouvons cependant nous dispenser de dire un mot des autres articles qui en composent la plus’ grande partie. C’est ce que nous allons faire tres-briè- vement, en indiquant les sources où M. Jahn a puisé. (2) Après avoir mis par écrit ces réflexions, je m’apercois qu’elles ont déja ëté faites par M. Rink, dans la préface particulière à la partie arabe de la Chresiomathie qu’il a donnée en commun avec M. Vater, et dont j'ai rapporté ci-devant le titre. V 2 308 Litiérature orientale. 1.0 Extraits de l'Alcoran > pag. 1 — 45. M. Jahn s’est servi pour la publication de ces extraits d’un manuscrit qu'il a comparé avec l’édition de Hinckel- maon ; et, lorsqu'il a trouvé dans cetté édition quel- que variante , il a rapporté entre dés’[ ] la lecon du texte imprimé. Peut-être cette exactitude n’étoit- elle pas nécessaire, la plus grande partie dé ces va- . riantes n’étant réellement que des Fatités du manus- ‘crit dont M. Jahn a fait usage , ou de l’imprimé: ce dernier cas est le plus fréquent. 2° Fragmens de divers auteurs relatifs à l’histoire naturelle, tirés principalement de l’Hierozoicon de Bochart, pag. 46 — 70. 3. Extraits de la Description de l'Æcypte d'A- bou’lféda, pag. 80 — 106. L'édition de cette portion da T'akwim alboldan d’Abou’lféda , donnée par Mi- chaelis, a été comparée par M. Jahn, avec les ob- servations critiques et les variantes publiées par le savant professeur M. J. M. Harimann, dans le V.° tome de l’A/lgemeine Bibliotheck de M. Eïchhorn. Comme ce recueil précieux n’est pas entre les mains de tout le monde, on ne peut que savoir gré à M. Jahn d’en avoir fait usage pour éclaircir où éorfiger le texte; mais ileût peut êlre été à souhaiter qu’il eût suivi exactement l’édition de Michaelis, en insérant les variantes entre des[ ]. 4e Extraits de la relaiion abrégée de l’état de l'Ægypte, par Abd-allatif, de Bagdad, pag. 107 — 184 (3). M. Jahn ne dit point s’il a suivi la pre- (5) Nous nous proposons de faire connoître incessamment aux lec- Mélanges. 309 miere édition in-8.°, dont M. V'hite a fait présent à M. Paulus, et que celui-ci a publiée à Tubingue en 1789, ou l'édition in-4.° donnée par M. White lui- même à Oxford , en 1800. Nous avons cherché à re- connoître laquelle: de ces deux éditions M. Jahn a suivie ; et, pour cet effet, nous avons comparé avec les deux éditions plusieurs endroits du texte de M.Jahn, où nous avons apercu quelques fautes : mais partout nous avons trouvé les deux éditions d’Abd-allatif parfaitement conformes l’une à l’autre; et les dif- férences que présente le texte de M. Jahn ne nous ont paru que des fautes d'impression (4). Il doit cependant avoir été fait, ainsi que nous l’apprend M. Jahn, quelques corrections au texte imprimé d’Abd-allatif par un savant étranger, M. Aryda, qui a surveillé la correction de cette partie de la Chrestomathie de M. Jabn, et duquel nous aurons teurs de ce journal, cet intéressant ouvrage , dont la publication est un service rendu par M. White, à la littérature orientale. (4) Le défaut de caraclères arahes ne me permet pas de détailler ici les différences du texte donné par M. Jahn. Si on veut s'en faire une idée, on en trouvera des exemples p. 120, 1. 5 et 4; p. r21, L14;p. 124, LL. 1, 5, 7 et pénültième ; p. 127, 1. 6; p. 129, 1.5, et p. 151, 1. derniére. P. 116, liv. 9, la division, au lieu d'être placée après le mot #edharb, doit être auparavant, le sens étant : 77 y en & une autre espèce. P. 118, 1. x4, l'alinéa est placé mal-à-propos après #eraaitou : il devroit être placè avant ce mot , J'ai re- marqué, dit l’auteur, que Galien, etc. Enfin, p. 156, 1 5,ily a sept mots omis. Au reste, si toutes ces différences sont, comme il est vraisemblable , des fautes d'impression , les lecteurs ne doivent pas les imputer à M. Jahn, qui n’a pu surveiller lm-même l'impression de son ouvrage, à cause de l’éloignement des lieux. J'en dis autant des fautes as- sez nombreuses qui se sont glissées dans la ponctuation grammaticale. q 8 P V3 310 Littérature orientale. occasion de parler dans la suite de cette notice. Nous n'avons point aperçu ces corrections, Ce qui nous empêche de les apprécier. 5° Fragmens du Hamasa d’Abou-Temmam, (et non Temmain , comme on lit ici par une faute d'impression) p. 185 — 200. Ces fragmens sont tirés de l’édition qu'A. Schultens a publiée en 1767, de la grammaire arabe d’Erpenius, et accompagnés de diverses gloses arabes que M. Jahn a puisées, soit dans la même source, soit dans d’autres ouvrages düûs au même Schultens. Nous voici arrivés à la partie anecdote de la Chrestomathie de M. Jahn. Les morceaux qu’elle renferme sont : 6.° Deux Makama , ou Séances de Hariri; la sep- tième, pag. 201 — 211, et Ja onzième, pag. 212 — 220. Elles sont l’une et l’autre accompagnées de courtes gloses, ou scholies arabes. ; 7.° Quatre dialogues sur divers sujets, écrits en arabe par M. Aryda, pag. 221 — 280. L'importance de ces deux derniers articles nous engage à rapporter ce que l’auteur dit à ce sujet dans sa préface, écrite en allemand, pag. xij et suiv. Après avoir rendu compte des motifs qui l’ont engagé à donner place dans ce recueil à quelque portion de l’ouvrage justement célèbre de Hariri, il continue ainsi : “. J'ai transcrit, d’après un manuscrit de la bi- « bliothéque de cette ville, la septième et la onzième “ séances de Hariri, ainsi que la huitième, la neu- “ vième et la dixième ; mais je ne les ai pas toutes CO Éd LU Mélanges. AT fait imprimer : si les trois qui tiennent le milieu entre la septième et la onzieme que j’ai publiées sont desirées, je les ferai imprimer séparément avec une traduction. M. Aryda (Antoine Aryda, archiprêtre à Tripoli de Syrie , homme très-instruit dans la littérature arabe, qui réside depuis quelque temps à Vienne, et dont M. Jahn loue beaucoup les talens et la complaisance} « a eu la bonté de re- voir ma copie ; ce qui étoit d'autant plus impor- tant ici, que le manuscrit dont je me suis servi est en plusieurs endroits difficile à lire, particu- lièrement dans les scholies, et qu’effectivement j'avois quelquefois mal lu et mal copié. Ce n’est pas le seul service que M. Aryda m'’ait rendu re- lativement à cet objet : ce qui est bien plus im- portant , c’est qu’il a corrigé ma copie d’après son propre manuscrit, copié de.sa main sur un exem- plaire de la bibliothéque impériale de Vienne, qui avoit été revu et corrigé sur l’autographe de Hariri lui - même, par une assemblée de doctes arabes. C’est ce qu’on lit expressément à la fin du manuscrit , où l’on trouve même les noms des savans qui ont assisté à cette assemblée. M. Aryda a encore collationné, en faisant sa copie, deux autres manuscrits de la bibliothéque impériale, ce qui donne à son exemplaire le mérite d’une exactitude critique toute particulière. Peut -être Bvrera-t-1il lui-même un jour son manuscrit à impression, pourvu qu’il trouve des caractères arabes capables de plaire aux yeux des Orientaux : et en effèt il me semble qu’un écrivain élégant V4 312 Littérature orientale. « tel que Hariri, mériteroit bien de paroître aussi. avec quelque élégance dans sa forme exterieure. + Les quatre dialogues qui occupent la der- nière place dans cette Chrestomathie , ont été. composés à ma prière, par M. Aryda, dans le dialecte usité aujourd’hui en Syrie, et par con- séquent en arabe moderne, nom sous lequel on connoît ordinairement ce langage. La seule part que J'ai à ces dialogues est d’en avoir donné la matière, et de l'avoir choisie telle qu’elle püt être intéressante , ainsi que tout le surplus du contenu de ce recueil. Mon but n’a point été d’obtenir de beaux dialogues composés avec art, ou d’offrir -aux lecteurs un modéle pour leur apprendre à parler l'arabe. Je voulois seulement donner quel- ques exemples du langage que l’on nomme arabe moderne , afin que chacun püt en faire soi-même la comparaison avec la langue qu’écrivoit Abou’l- féda dans la première moitié du XIII siécle, Abd-allatif au commencement du même siéele, Hariri dans les vingt-cinq premières années du XII, l’auteur de l’alcoian daus la première moitié du VII." , et les poëetes encore plus anciens dont les vers sont conservés dans le Hamasa d’Abou-'Temmam, et que par là onfüt en état de juger si la langue arabe a souffert , pendant les douze derniers siécles , autant de changemens que quelques personnes s’obstinent à nous le per- suader. On verra dans ces dialogues même ce que M. Aryda pense de cette assertion; eton ne pourra disconvenir qu’il ne soit un juge bien mieux ins- « Mélanges. 313 truit én cette matière, et n’ait des connoissances plus approfondies sur cette question, qu'aucun de ceux qui ont jusqu’à présent émis leur opinion, et, par une conséquence nécessaire , que sa dé- cision ne soit du moins beaucoup préérable à toute autre. Ce n’est pas ici le lieu de traiter cette question plus au long; mais je ne puis me dis- penser de recommander à Pattention spéciale des lecteurs le petit morceau inséré dans ces enire- tiens, en langage du peuple : il prouve que les voyageurs qui affirment avoir remarqué une si grande différence entre l’arabe ancien et l'arabe moderne , ont entendu par l’urabe moderne le Jangage usuel du bas peuple. Par là, ils ont changé l’état de la question ; car on ne demandoit pas si la populace parle un arabe pur ou corrompu; mais si la langue arabe, dans la bouche de ceux qui la parlent purement , et telle qu’elle est usitée aujourd'hui dans les livres et daus les lettres bien écrites , est différente de l’ancien arabe : question dont la solution ne dépend en aucune maniere de la corruption du langage que parle la populace. « Je dois observer encore en finissant que M. Aryda a examiné très-soigneusement tout le dic- tionnaire , qu’il y a fait beaucoup de changemens, et quelques additions, et qu’il a même retranché différentes choses qui se trouvent dans Golius : il eût véritablement mieux valu en ce dernier cas, laisser les choses comme elles étoient, et indiquer par un signe particulier qu’on pensoit qu’elles de- vroient être retranchées : mais je m'en suis aperçu 314 Littérature orientale. “ trop tard , et il n’étoit plus temps de rétablir ce “ qui avoit été supprimé. Les significations almises « dans ce dictionnaire ont donc en leur faveur le “ témoignage d’un savant , qui parle l’arabe comme « sa langue maternelle ; et par conséquent elles sont «“ au dessus de tout soupcon, ce qui peut n’être pas “ toujours sans quelque importance, « Ce que je viens de dire , explique en même temps “ pourquoi ce dictionnaire est en latin. Mon but en « cela a été que M. Aryda qui n’entend pas encore « parfaitement l’allemand, pût en faire la révision, « Ce que ce dictionnaire gagne par-là du côté de « l’authenticité compense assurément avec beaucoup « d'avantage le mérite d’une traduction des mots « arabes en «allemand. » On voit par cet extrait de la préface de M. Jahn, avec quelle candeur ce savant reconnoît les services de M. Aryda, et combien le concours de cet étran- ger doit ajouter de mérite à cette nouvelle Chres- tomathie. M. Jahn n'ayant pas joint de traduction aux textes contenus dans ce recueil , et les séances de Hariri, dont presque tout le mérite est dans la richesse de la diction , l’abondance des figures, le rhythme cadencé, le parallélisme exact des idées et des ex- pressions étant peu susceptibles d’extraits , la seule partie de ce volume dont nous croyons devoir oc- cuper nos lecteurs, ce sont les quatre dialogues qui le terminent. Nous ne pouvons nous empêcher ce- pendant d'annoncer que la septième séance de Hariri publiée ici par M. Jahn , et la neuvième qu’il a pré- Mélanges. 315 parée pour l'impression , et qui est une des trois dont il nous fait espérer le texte et la traduction, font partie des morceaux que nous avons insérés dans notre Chrestomathie arabe destinée à l'usage des élèves de l’école spéciale des langues orientales vivantes. Le célèbre Schultens ayant donné au pu- blic les six premières séances de cet auteur (5), nous nous étions proposés de publier les trois suivantes. Nous nous sommes bornés à la septième et à la neuvième; la huitième nous ayant paru presque im- possible à rendre en françois , à cause de la multi- tude des jeux de mots, qui pour Ja plupart roulent sur des idées peu décentes, et au développement desquelles notre langue sembloit répugner autant que nos principes. Nous avons tâché de compenser ce retranchement, en donnant plus d’étendue à nos notes , et en y jetant quelques morceaux intéressans extraits des commentateurs. Nous regrettons de n’a- voir pas été instruits plus tôt du choix qu’avoit fait M. Jahn. Notre intention étant de ne faire entrer (5) Haririi eloquentiæ arab. principis tres priores consessus. . . pro specimine emissi ac notis illustrati ab 4. Schultens. Frane- queræ. 1751. — Consessus Hartrii quartus, quintus et Sextus\.. edidit 4. Schultens. Lugd. Batay. 1740. Fabricius de Dantzick avoit déja donné la première séance de Harni à Rostock, en 1658, et Golius J'avoit publiée ensuite en 1656, dans l'édition qu’il donna cette même année de la grammaire arabe d'Erpenius. La vingt-sixième séance a éié publiée par Reiske à Léipsick, en 1757. M. Uri a donné la cinquan- tième à Oxford, en 1774. On trouve le texte de la quatorzième dans la Chrestomathie de MM. Rink et Vater , dont j'ai parlé au commen- cement de cette notice, et M. Rosenmüller a publié une partie de la quarante-neuvième dans une petite brochure qui a paru à Léëipsick, en 1780, sous ce litre : Ueber einen arabischen Roman des Hariri. 316 Littérature orientale. dans nofre recueil que des morceaux anecdotes ,: nous aurions évité un double emploi en substituant deux autres séances à celles auxquelles nous nous étions arrêtés. Au reste nous ne pouvons que desirer que M. Jahn acquitte envers la littérature. l'enga- gement qu’il prend dans sa préface, et nous for- mons des vœux bien sinceres pour que M. Aryda exécute le projet de publier le recueil entier de Hariri que l’on peut, à juste titre, regarder comme Pun des chef-d’œuvres de l’éloquence arabe, et dont l'étude , en même temps qu’elle introduit le lecteur dans tous les trésors de la langue, a plus de charmes que celle de lhistorien de Tamerlan. Mais reve- mons aux dialogues composés par M. Aryda, De ces quatre dialogues, le premier a pour objet diverses questions sur l'arabe usuel, sa prononcia- tion , et les altérations qu’il éprouve dans la bouche du peuple. Dans le second il est d’abord question des diverses manieres de saluer usitées parmi les peuples qui parlent arabe : dans la suite de l’en- tretien, les interlocuteurs s'occupent de l’état actuel de la langue syriaque , et enfin des diverses litur- gies dont les prêtres qui célèbrent dans cette langue font usage. Le troisieme dialogue roule sur les Druzes et sur leur religion. Dans le quatrieme on apprend les derniers événemens politiques qui se sont passés dans les montagnes du Liban. Nous allons faire connoître les principaux résultats de ces entretiens en suivant l’ordre dans lequel ils se trouvent. On a déja entrevu par l’extrait que nous avons donné de la préface de M. Jahn , quelle est Po- ! Mélanges. 317 pinion de M. 4ryda, relativement à la différence que l’on suppose ordinairement entre l’arabe ancien et l'arabe moderne. Suivant M. Aryda, on ne trouve point entre l’a- rabe vulgaire et Parabe grammatical, la même dif- férence qui s’observe entre le latin et Pitalien : ces deux manières de parler l'arabe diffèrent entre elles à peu près comme l’allemand régulier que l’on en- seigne aux. enfans dans, les écoles diffère de celui que l’on parle parmi le bas-peuple ou dans les cam- pagnes : cependant l’étude de l'arabe grammatical demande bien plus, de travail que celle de lalle- mand , premièrement parce .que les règles de la grammaire arabe! sont en bien plus grand nombre et plus difficiles :secondement à cause de la richesse de la langue arabe , et du grand nombre d’accep- tions dont ses mots sont susceptibles. « Elle surpasse “ tellement à cet égard , dit M. Aryda, toutes les “ Jangues que nous connoïissons, qu’il y a bon nombre « de livres , dont le peuple ne pourroit pas com- « prendre une seule phrase. C’est ce qui a fait croire «à quelques personnes que la langue usuelle diffé- «“ roit, de celle des livres. Mais le vrai est que ces deux langues n’en sont qu’une : c’est la richesse “ de cette langue, et les acceptions multipliées de « ses mots qui la rendent difficile à quiconque ne « l’a pas étudiée à fond. » M. Aryda ne reconnoît pas plus de différence entre l’arabe ancien et l’arabe moderne : ce n’est qu’une seule langue, il n’en est pas comme du grec littéral et du grec vulgaire ; pour l’arabe soit ancien, 318 Litiérature orientale. 1 soit moderne, les règles grammaticales, les livres élémentaires, les dictionnaires sont absolument les mêmes. Si l’on objecte que l’on est obligé d'en- seigner aux enfans des Musulmans dans leurs écoles la lecture de l’alcoran, et de leur en expliquer le sens , l’auteur répond que cela ne prouve nuile- ment que la langue de l’alcoran soit différente de celleque l’on parle aujourd’hui ; que c’est uniquement l'effet de l’extrême vénération que les Mahomé- tans portent à l’alcoran, et qui leur fait un devoir d'en interdire la récitation et la lecture à tous ceux qui n'ont point appris à le prononcer con- formément aux regles : il n’est pas méme vrai que dans ces écoles un en explique le sens aux enfans: cette tâche est réservée aux docteurs bien instruits dans la religion. En vain oppose-t-on à M Aryda qu’il est impos- sible que quelques mois et quelques tournures de l’an- cien langage , ne soient tombés en désuétude ,et qu’il ne se soit introduit quelques ex; ressions nouvelles, ne fat-ce que pour nommer des choses de nouvelle in- vention, comme un fusil, un canon, de la poudre, etc. Notre auteur n’en défend pas moins l’identité abso= lue de la langue ancienne ei de la langue moderne, n’admeltant pas même d’aliération ou d’innovation dans un seul mot. C’est dans le langage du peuple seulement, et non dans la langue des livres que l’auteur admet quelques intiovatiôns de ve genre, mais en si petit nombre que vu la grande étendue de la langue arabe, elies doivent étre comptées pour rieu, La même raison lui sert à détruire l’objection Mélanges. \* 379 tirée des mots grecs , persans ou turcs, adoptés par les Arabes. Après quelques observations sur la maniere de prononcer les voyelles, M. Aryda donne un exempie assez long du langage du peuple, par lequel on peut connoître de quelle nature sont les altérations qu’il fait à la langue arabe ; et il en résulte évi- demment qu’elles ne sont pas fort importantes, quoi- qu’elles suflisent pour rendre ce jargon peu intel- ligible à quiconque n’en a pas l’habitude. Nous passons ce qui coneerne les nuances qui dis- tinguent la prononciation de plusieurs des provinces où l’on parle arabe , maïs nous ne devons pas quit- ter cette matière, sans observer , que lon ne doit entendre les assertions de M. Aryÿda que de larabe de Syrie , qu’elles ne s'appliquent point à celui de V'Ægypte, et encore moins au langage des côtes septentrionales et occidentales de l'Afrique et surtout de empire de Maroc (6). Restreintes même à l’arabe (6) La question proposée à M. Aryda par M. Jahn, avoit pour principal objet ce que M. Niebuhr a dit à ce sujet. Il est certain qu’un voyageur qui ne possède pas parfaitement l'arabe littéral , ne peut pas être juge compétent en cette matière. Mais on peut s'assurer combien l'assertion de M. Aryda doit être restreinte, en consultant les ouvrages suivans : Arabicæ linguæ novæ et methodicæ Institutiones . .. aue. F, Antonio ab Aquila; Romæ, 1650; — Grammatica linguæ Mauro - arabicæ juxtà vernaculum idiomatis usum, aut. F. de Dorrbay ; Vindobonæ , 1800 ; — Dictionnaire francois - arabe, par le C. Ruphy; Paris, 1801. En parcourant les diverses pièces imprimées en AEgypte, qui sont même dans un langage au dessus du vulgaire, ou une correspondance quelconque de Tunis, de Tripoli, d'Alger ou de Maroc, on aura encore une preuve plus forte de ce que je dis ici, d’après ma propre expérience. J'ai vu des Arabes qui savoient 320 Littérature orientale. de Syrie, elles nous semblent ne devoir pas étre prises trop à la rigueur; et quelque déférence que nous ayons pour les lumières de ce savant, nous ne craignons pas de dire qu'il a un peu trop atténué les objec- tions, et que la langue arabe considérée comme lan- gue vivante, n’a pas été à l’abri des influences du temps, quoiqu’elle les ait peut-être éprouvées moins fortement que beaucoup d’autres langues. Il ne seroit pas impossible d'en produire des preuves tirées des dialogues même de M. Aryda. Le premier dialogue est terminé par une ques- tion à laquelle a donne lieu un passage de l’histoire naturelle d’Alep du docteur Russel : cet écrivain, aussi exact que judicieux, avoit dit que quand un Musulman avoit achevé la copie d’un ouvrage, ïl assembloit un certain nombre de Scheikhs et de docteurs ( M. Aryda emploie, comme l’auteur an- glois, le mot effendi, qui assurément n’est point arabe , mais ewpiunté des Turcs qui eux-mêmes Pont pris du grec aë##ys ) qui apportoient chacun avec eux un exemplaire du même ouvrage: qu’alors le copiste lisoit à haute voix son nouveau manuscrit, tandis que chacun des assistans, les yeux fixés sur son propre exemplaire, suivoit attentivement la lecture, par cœur le poème nômmé Borda, mais pour qui il étoit du moins eu grande partie inintelligible. Cette différence entre l'arabe actuel et l'arabe littéral, est reconnue positivement par un écrivain arabe, qui a mis une préface savanie à Ja tête de la version de ancien Testa- ment contenue dans le manuscrit arabe, n.° 1 de la Bibliothèque na- tionale. Il reproche à Saadias, d’avoir fait passer daus l'arabe écrit, des mots qui ne sont reçus que dans l’arabe vulgaire, et il en donne un exemple. pour RS céder : : ! \ Mélanges, 321 pour voir si la nouvelle copie étoit conforme à la sienne ; que cependant si le copiste rencontroit quelque faute légère, il la corrigeoit sans s’arréter ; mais que s’il tomboit sur une faute grave, ou-sur quel- que leçon différente de celles qu’offroient les autres copies, les auditeurs l’arrétoient, et que cela don- moit lieu à des discussions très-vives entre les assis tans relativement aux variantes, omissions et ad- ditions (7). M. Aryda prié par le second interlocuteur, de lui dire si le fait attesté par le docteur Russel, est conforme à la vérité, répond en ces termes: « Ce « que vous venez de dire sur l’autorité du médecin « anglois , se pratique effectivement quelquefois pour certains manuscrits. Nous en avons une preuve « dans un exemplaire des séances de Hariri, « que j'ai trouvé dans la bibliothéque impériale de « cette ville de Vienne: on lit à la fin de ce ma- (7) Voici le passage tel qu'il se lit dans l'ouvrage du D. Russel : s« When a manuscript of any consequence is finished , it is usual to « invite a certain number of Sheihs and Effendees to be present at « the reading of it. Each person comes provided with a copy of the « book to be collated, together with a standish and a pipe, and, while « one reads the new codex aloud, the others keep their eyes aitenti- « vely fixed on their respectives manuscripts. Slight mistakes, or omis- « sions in punctuation , are quickly corrected in going along, without « interrupting the reader; but when more important errors, or va- « rious readings happen to occur , they lay down their books, refresh « their pipes, and deliberately! proceed to consider the matter. On such « occasions , the debates and digressions are apt to run out to a great « length, so that the main business which brought the company « together , very often advances slowly. The natur. History of « Aleppo. 2.° édit. t, IE, p. 6 Tome IF. X 322 Littérature ortentale. -« nuscrit qu’il a été collationné en présence de neuf « docteurs dont les noms sont aussi rapportés, On « ne peut pas néanmoins appeler cela une coutume «“ reçue : car C’est une chose qui ne se pratique que « rarement, et seulement pour quelques manuscrits « importans. » Nous ne nous arréterons pas beaucoup sur le se- cond dialogue, nous remarquerons seulement ce qui concerne la langue syriaque. Suivant le témoignage positif de M. Aryda, cette langue étoit encore vi- vante il n’y a qu’uu siécle, dans divers lieux de la Syrie, notamment dans les montagnes du Liban, aux Cantons de Baschra et de Tripoli: aujourd’hui elle à entièrement fait place à la langue arabe, si ce n’est que dans le langage des habitans de ces contrées on aperçoit encore des traces de la Jan- gue syriaque. Dans lesenvirons de Damas, il y a en- core quelques villages dont les habitans , outre l’arabe parlent aussi un syriaque extrémement corrompu. Quant à la Syrie, cette dernière langue n’y est plus employée que dans l'office divin des églises des Maronites: « Je dis, ajoute M. Aryda, quant à la « Syrie seulement : car c’est une chose connue, que « dans le territoire de Mossul et de Mardin, on « parle partout la langue syriaque. J’aï causé moi- « même avec des personnes de ces contrées , qui « parloïient, outre la langue arabe, un syriaque o&- « dinairement fort altéré (8). » (8) Le dialecte syriaque de ce pays est plutôt un dialecte chal- daïque , et il y a lieu de croire que ce dialecte est celui dont la connoissance. pourrait jeter le plus de jour sur le langage dans lequel Mélanges. 323 Le troisième dialogue contient des détails inté- ressans sur les Druzes, sur leur conduite relative- ment à la profession extérieure qu’ils font du ma- hométisme, leur inciination pour la doctrine et le culte des chrétiens, quelques-unes des pratiques qui leur sont particulieres, leurs assemblées, leurs Z4e/ ou initiés, la classe des Djuhel (9) ou laïques, etc. Mais en général ces détails sont déja connus, et il seroit difficile de donner une idée du contenu de ce dialogue, à moins de le traduire en entier ; nous nous contenterons donc d’en extraire quelques par- ticularités. Les Akel se rassemblent tous les vendredis du- rant la nuit : ils discutent entre eux diverses questions sont écrits les livres des Sabéens ou Chrétiens de Saint-Jean. Car il doit -se rapprocher plus que le syriaque, proprement dit, du chaldéen des Thalmudistes : et j'ai remarqué que c'est principalement dans ce chal- déen qu'on retrouve la vraie signification de beaucoup de mots qui se rencontrent dans ces livres. (9) Je dis akel et djahel, et non okkal et djohhal, comme ont fait d’autres étrivains. La première forme est celle du singulier , et la secdnde celle du pluriel : les deux nombres diffèrent tellement en arabe , qu'à moins de savoir cette langue, on ne pourroit reconnoiue, sous la forme destinée à exprimer le pluriel, un nom dont on connoît déja le singulier. Qui pourroit, par exemple, se douter qu'anbia esi le pluriel de uabi, prophète; fokare, celui de fakir, pauvre; dananir, celni de dinar, pièce d’or? Par cette raison, je pense que dans les traductions ,on ne doit employer qu’une seule des deux formes. quel que soit le nombre , et qu'entre les deux formes celle du singulier doit avoir la préférence. Autrement, l'arabe ayant une forme particulière pour le duel , il faudroit aussi la transporter dans les traduciions. J'excepte les mots que l'usage a consacrés, comme u/éma qui est le pluriel d'alim. Eneore est-il bien choquant pour ceux quj savent l'arabe, d’en- tendre dire un ulémnag. X 2 324 Littérature orientale. de peu d'importance, si l’on en doit croire le té- moignage de quelques personnes qui assurent avoir assisté à ces assemblées : ensuite , au lieu de prières, ils chantent certaines poésies qui ne sont ni bonnes ni mauvaises : enfin lorsque leur veille est près de se terminer, ils offrent aux assistans une légère col- lation de fruits, comme des jujubes , des figues et des amandes. Le raisin fait une partie de ces collations, et peut-être, dit l’auteur, est-ce la raison pour laquelle les Druzes, et particulièrement les 44e apportoient un si grand soin à la culture des vignes: - aussi recueilloient-ils des raisins d’un grand nombre d'espèces, qui surpassoient en beauté et en bonté tout ce qu’on voit ailleurs en ce genre. Il ya parmi les Druzes deux sortes de retraites ou cellules. Les unes, entièrement isolées des lieux habités , sont comme des prisons : maïs, outre cela, il n’y a point de bourg ou de village qui n’ait une retraite ou hermitage. Chacun de ces hermitages renferme deux parties séparées. L’une qu’on nomme l’Aermitage extérieur est pour les kel qui commen- cent à faire profession de cet état, et ne sont point encore admis à tous les mystères : on peut les com- parer aux novices parmi les moines. Quand ils sont plus avancés dans ce genre de vie , on les admet dans l’Aermitage intérieur : c’est ainsi qu’on nomme cette seconde division. Là, on leur communique tous les secrets de la secte, dont il leur est sévèrement dé- fendu de rien divulguer hors de ce lieu. Aussi, n’y a-t-il que les plus parfaits d’entre eux, hommes ou femmes, qui y soient admis. Au surplus, les seuls Mélanges. 329 Akel peuvent entrer dans ces hermitages, dont l’ac- cès n’est ouvert à aucun des Djahel, Le sujet du quatrième dialogue est exposé ainsi par celui des deux interlocuteurs qui a Ja fonction d'interroger : « Vous arrivez fort à propos; car dans ce moment même, je considérois ce qui pouvoit s'être passé depuis quinze ou vingt ans dans les montagnes du Liban. Vous pourrez à cet égard satisfaire ma curio- sité. Les relations que nous avons de ce pays, ne passent pas l’année 1780. Il faut que dans ces der- nières années , l’état de ces contrées ait subi uue révolution totale ; car, ou je me trompe fort , ou je vous ai oui dire que les Maronites en sont les maîtres aujourd’hui; et cependant, nous savons qu’il y a vingt ans , l'autorité étoit entre les mains des Druzes. Il faut done, ce semble, ou que quelques-uns des émirs des Druzes aient embrassé la religion chrétienne et se soient réunis aux Ma- ronites, ou que les Maronites soient devenus plus puissans qu’ils ne l’étoient. » « Dans le vrai, répond le second interlocuteur, qui n’est autre que M. Aryda, ce ne sont ni les Druzes ni les Maronites qui sont aujourd’hui les maîtres du Mont-Liban : néanmoins l’exercice de autorité est tout entier entre les mains de ces derniers. La raison en est : 1.° que celui qui y commande est de leur religion et du même rite qu'eux; 2,° que ses vizirs ou kiayas sont toujours des Maronites. Ce sont ces kiayas qui exercent toute l’autorité ; ils décident, ils tranchent , is X à 326 Littéraiure orientale. « jugent comme bon leur semble, sans que celui à «“_ qui appartient le pouvoir, s’oppose en rien à leurs « volontés. C’est ce que j’ai éprouvé moi même des « deux kiayas qui ont gouverné successivement, l’un « apres Ja mort de l’autre, durant mon séjour à « Deir - alkamar, qui est aujourd’hui le siége du “ gouvernement. Le maître de ces kiayas ne leur “interdit que le seul droit de condamner à mort : ils « peuvent , du reste, infliger telles peines ou amen- « des qu'ils veulent. Bien plus, ils déclarent la « guerre et convoquent les armées. Le souverain ac- « tuelne fait que ratifier leurs décisions , et apposer “ son sceau aux résultats de leurs délibérations. Nous ne pouvons entrer dans les détails histori- ques qui servent de développement à ce court ex- posé, et qui s'étendent jusqu’à l’époque de lan- née 1799, où le grand-vizir, en s’avançant contre les François, prit quelque part aux affaires des Dru- zes ; ce qui irrita tellement Djezzar- Pacha qu’il changea encore une fois le gouvernement de leur pays. Ces détails n’intéresseroient qu’un petit nom- bre de lecteurs, et ne pourroient être abrégés. Nous ne terminerons point cette notice sans dire un mot du dictionnaire qui accompagne cette Chres- tomathie, Quoique nous n’ayons fait que le par- courir, il nous a paru rédigé avec soin, et l’auteur n’a rien négligé de ce qui pouvoit en rendre l’usage plus facile et plus profitable en même temps aux commencans. Îl ne s'est pas borné précisément à donner à chaque mot les acceptions sous lesquelles il paroït dans la Chrestomathie : et en cela, il a eu Mélanges. 327 raison, parce que cette méthode ne laisse presque rien à faire aux étudians, et leur fait perdre tout l’avantage qui résulte de la comparaison des diverses significations d’une même racine. Ce motif même nous engageroit à desirer que l’on renoncât à l’usage d'accompagner ces sortes de recueils de dictionnaires particuliers ; si les dictionnaires de Giggeius, de Golius et de Castell étoient plus à la portée des étu- dians. Nous avons remarqué quelques mots de l’ex- trait d’Abd-allatif et des dialogues qui manquent dans le dictionnaire. Quelques autres articles eussent peut-être fourni matiere à de légères observations, si nous eussions pu faire usage de caractères arabes. L'ouvrage ayant été imprimé à Jéna, et non sous les yeux de l’auteur , il séroit injuste, comme on Ja déja observé, de lui savoir mauvais gré des fautes d'impression qui, pour un ouvrage élémentaire, sont toujours trop nombreuses. Un errata auroit re- médié à cet inconvénient. Nous ne pouvons dissimuler que cet ouvrage au- roit mérité up peu plus de soin du côté de la typo- graphie , et plus de choix pour le papier. L'éditeur paroît n’ayoir consulté que le desir de mettre l'ouvrage à la portée d’un plus grand nombre de personnes, Ce motif est assurément très-louable , mais ce genre d'économie a ses bornes aussi bien que le luxe des éditions ; et nous croyons que l’intérêt des étudians exiseroit que l’on ménageât leur vue, qui doit être fatiguée par une mauvaise exécution typographique. Quoi qu’il en soit , nous recommandons ce recueil] intéressant à tous ceux qui courent la carrière des X 4 328 _ Litéralure orientale: études orientales. Ils y trouveront l'agrément joint à l'instruction , et ne regretteront pas le temps qu’ils auront consacré à l’étudier (10). S. pe S. PHIEL O0 S. OPEN DISSERTATIONS de MAXIME DE TFR, philosophe platonieien ; traduites sur le texte grec, avec des notes critiques , his- toriques et philosophiques , par J.3.Cox- BES-DOUNOUS , membre du corps légis- latif et de quelques Sociétés littéraires. 2 volumes in-8.° À Paris, chez Bossange, -_ Masson et Besson. An x1.— 1802. Er annonçant , dans le Magasin Encyclopédique de brumaire an 1x, N° 11, la traduction que nous devons au C. Combes-Dounous , de l’Introduction à la philosophie de Platon, par 4LCrNoüs, nous préjugeâmes déja avantageusement celle des Discours ou Dissertation de Maxime de Tyr, dont nous le savions occupé ; et il n’a point démenti notre attente, Son estime pour la doctrine de Socrate et de Platon, et plus encore la considération de l’état actuel de l'opinion publique sur Les matières qui appartiennent à la saine philosophie, ont décidé le C. Dounous à (10) Nous apprenons , au moment où l’on achève d'imprimer cet extrait, que M. Aryda s’est enfin déterminé à publier le texte entier de Hariri. Maxime de Tyr. 329 entreprendre ce nouveau travail. Les dissertations « de Maxime de Tyr présentent un intérêt particu- « lier sous le rapport de Ja lucidité , de la netteté, « de la majesté deses développemens sur les notions “ élémentaires de la religion naturelle, ainsi que « sur les principes fondamentaux de la morale. — “ Or, c'est peut - étre aujourd’hui plus que jamais « le moment de fixer l’attention des hommes sur « ces deux bases de toute organisation sociale, sur « ces deux pivots de tout bonheur publie et privé. « Placés entre les deux plus formidables ennemis de « l'espèce humaine, l’athéisme prétendu philosophi- “ queet le fanatisme religieux, dont l’un travaille à « inoculer de toutes parts sa pestilentielle doctrine, « tandis que l’autre s’efforce de rétablir sourdement « cet épouvantable empire qui a coûté au monde “ tant de calamités, tant de catastrophes et tant « de sang, il nous importe d’arréter la marche et de borner les progrès de ces deux fléaux de la " térre. » - z Apres avoir ainsi exposé ses motifs, le C. Combes- Dounous consacre sa préface , 1.° à recueillir ce qu’on peut savoir de plus certain touchant la personne de Maxime de Tyr; 2.° à rendre compte des diverses éditions qui ont été faites de son ouvrage, ainsi que de ses traductions latines et françoises , et des manus- crits de Maxime de Tyr que possede la bibliothéque nationale. Il finit par quelques observations sur le caractère particulier des dissertations de Maxime de Tyr,et sur les principes qu’il a cru devoir suivre en le traduisant. 5 330 Philosophie. Le résultat des recherches du C. Combes-Dounous sur le premier point, le voici : « Ce que l’on pent « dire de certain sur Jes détails biographiques, per- « sonnels à Maxime de Tyr, se réduit à ce peu de « mots; qu'il était originaire de Tyr; qu’il avait de « la réputation comme philosophe dès la neuvième « année du règne de Marc-Antonin; qu’il passa “ quelque temps à Rome sous le règne de Commode; « que dans ses voyages il parcourut l’Arabie et la « Phrygie, et qu'il prononça publiquement la septième « de ses dissertations dans une des villes de la « Grèce. » — L'auteur, dans cette partie de sa pré- face, combat spécialement l'opinion de ceux qui, comme le savant Joseph - Scaliger (1), pensent (1) Le C. Cémbes-Dounous dit , P- vi) : qu'un érudit, comme Sca- liger, qui n'avoit pas toujours le temps nécessaire pour consulter tous les monumens de l'antiquité propres à constater un point de JSait, s'en soit trop légèrement rapporté à une identité de nom, etc. Sans croire à l’infaillibilité de Sca/iger, et sans vouloir prononcer entre le C. Combes-Dounous et lui, sur le point de fair ea question, nous observons que c'est peut-être s'exprimer un peu légèrerient sur le compte de ce grand homme , de cet érudit vraiment étonvant, qui s’étoit rendu propres à un si haut point tous les monumens de l'antiquité, et qui nous à laissé tant de preuves, qu’en celatrès-différent de la plu- part des savans de nos jours, il savoit bien, quand il Le failoit, srouver le temps nécessaire pour éclaircir ses doutes. Sa recette À cet effet étoit celle du président Bouhier, qui, interrogé comment les jours pouvoient suffire à tous ses travaux, répondit, avec Sénèque : C’ese le secret de ceux, qui savent employer toutes Les heures. Nous partageons , pour la mémoire de Scaliger, l'immense vénération que lui portoit notre illustre maître, Louis-Gaspar Valckenaër, qui sou= vent l’appeloit semi-deus, et qui plus d'une fois nous a arrêtés, dans l'église fränçoise de Leide, devant son monument sépulcral, pour nous enlretenir avec enthousiasme de sa prodigieuse doctrize, Maxime de Tyr. 331 , que Maxime de Tyr a été du nombre des insti- tuteurs de Marc- Antonin, et celle qui lui fait faire deux voyages à Rome. Méric Casaubon ; Thomas Gataker et Jean Albert Fabricius ont fourni les matériaux ( l’auteur en convient ), employés dans Ja discussion du premier de ces points de critique. Le Maximus que Marc-Antonin lui-même cite au nombre de ses maîtres, ne seroit point Maxime de Tyr, mais un Claudius Maximus , dont il est positi- vement fait mention dans ce passage de Julius Capi- tolinus : Audivit (Marcus - Antoninus ) et Sextum Chæronensem , Plutarchi nepotem , Junium Rus- ticum, Claudium Maximum , et Cimeam Catulum, Stoicos. Par une singularité assez remarquable, il a existé trois éditions d’une version latine de Maxime de Tyr, avant que l’original eût vu Je jour. Celui-ci, que Lascaris avoit apporté de Constantinople à Laurent de Médicis, parut pour la première fois, par les soins de Henri Etienne , en 1557, sous le for- mat in-8.°, accompagné de la traduction latine. Cette traduction étoit de Cosme Pacci, archevêque de Florence et neveu de Laurent de Médicis. Il avoit dédiée au pape JulesI{; mais elle ne parut qu'après la mort de l’auteur, et par les soins de Pierre Pacct, son frère, à Rome , chez Jacques Ma- zochi, en 1517, in-fol. Saint-Rhénan (le C. Combes- Dounous appelle ainsi Beatus Rhenanus ), en donna, deux ans après, une seconde édition , retouchée en quelques endroits , également in-fol.; et enfin Al- 332 Fhilosophie. bert Picle en procura une troisième édition , à Paris, avec de nouvelles corrections, en 1554. La version de Pacci, quoique fidelle en général, péchoit par un ton de rudesse et d’aspérité qui ne put échapper à Daniel Heinsius : il] en entreprit une nouvelle, qu’il joignit, ainsi que des annotations savantes, à deux éditions successives qu’il publia de Maxime de Tyr, la première en 1607, la seconde en 1624. Claude Loriot imprima à Lyon, en 1630, un nou- veau Maxime de Tyr, grec et latin, in-8.° ; il en parut une dans le même genre, à Oxford, en 1677, in-12. Jean Davies fit imprimer à Cambridge, en 1703, un Maxime de Tyr, grec et latin, in-8.°; il se servit de la version d’Heinsius, et il accompagna le texte de corrections et de courtes notes placées au bas de la page. Il perfectionna ensuite considérablement son travail] , qui ne reparut qu’après sa mort,en1740, publié par Jean Ward. Jérome Markland, qui, déja dans l’édition de 1703, avoit mis quelque chose du sien, ajouta, par ses annotations, un grand mérite à celle-ci, communément désignée par son nom. Jean Jacques Reïske la répéta à Leipsick , en 2 vol. in-8.°, 27743 il y joignit quelques annotations nouvelles, et ce travail fut pour lui le chant du cygne; car il mourut dans la même année. Le C. Combes-Dounous, qui déja occasionnelle- ment avoit parlé du manuscrit de Maxime de Tyr, apporté de Constantinople à Florence par Lascaris ; de deux manuscrits employés par Henri Etienne, / Maxime de T'yr. 3388 qui entenoit l’un d’Arnaud Arlenius , l'autre de Jean Stracelius ; du manuscrit de la bibliothéque natio- nale de Paris, consulté par Davies, et du Codex Harleianus , qui avoit servi au même éditeur, dé- crit ensuite ex professo les manuscrits de son auteur qui existent à la bibliothéque nationale; l’un, sous le n.° 1962, petit in-folio en parchemin, et que l’on fait dater du X.° siéele; l’autre, fruit de nos der- nières victoires en Italie, et sorti de la bibliothéque du Vatican : onw’en assigne point ia date. La bi- bliothéque nationale renferme encore en manuscrit quelques morceaux détachés de Maxime de Tyr, mais c’est peu de chose. Des traducteurs françois qu’a eus Maxime de Tyr, le premier est le savant imprimeur Fédéric Morel , mais i] n’a traduit que des parties détachées, savoir, en 1596 , la vingt-neuvième Dissertation , sous le titre de Plaidoyer pour les gendarmes contre les labou- reurs ; et, en 1607, la trente-quatrième et la dixième, sous lestitres de : Touchant l’alégresse et gaieté d’es- prit, avec le remède de fücherie, et Touchant ceux qui ont le mieux discouru de Dieu , les poètes ou les philosophes. Morel annonce qu’il avoit l'intention de traduire le reste, et le C. Combes-Dounous lui rend justice, en regrettant qu’il n’ait pas exécuté cette entrepri:e. Guillebert, bibliothécaire, à ce qu’il paroît, de Robert Leroux , conseiller au parlement de Rouen, donna dans cette ville , ef 1617, chez Jean Osmont , une traduction complète des quarante-un discours de Maxime de T'yr, qu’il annonce comme de nouveau mis 334 Philosophie. en francois, quoiqu'on n’en connoisse pas de traduction antérieure complète. Il fut vraisemblablement trom- pé, lui ou son libraire, par l’annonce de Morel, et cette erreur semble avoir été partagée par le bibiio- graphe Fabricius ; ou plutôt celui-ci semble ne pas avoir eu connoissance de la traduction de Guillebert , puisqu’il met celle de Morel à la même date et au même lieu (Rouen, 1617). Morel, en ce qu’il a tra= duit , est à la fois plus correct et plus près de lori- ginal que Guillebert. Lis En 1764 parut à Leide , in-12, la traduction de Formey , négligée au suprême degré, pleine de bévues et de barbarismes , et qui ne semble faite que sur la version latine de Heinsius , sans que l’au- teur se soit donné la peine de jeter les yeux sur le texte grec. Mais en même temps que le C. Combes- Dounous juge avec sévérité la traduction de Formey, il lui paye un juste tribut d’éloges pour la manière dont il a apprécié son auteur : une érudition peu étendue , eu égard à la variété des matières qu’il traite; des répétitions assez fréquentes; trop de subtilités métaphysiques et de nébuleuses sophisti- queries, d’un côté ; de l’autre, justesse de sens, sureté de discernement, droiture d’intention, amour des hommes , zèle ardent pour les bases fondamen- tales de la religion, enthousiasme pour la vertu : tel est le jugement équilibré auquel le nouveau tra- ducteur s’empresse d’attacher son sceau. Pour l’intérêt commun de ouvrage et du lecteur, le C. Combes-Dounous a cru devoir augmenter son travail de notes critiques , historiques , philoso- Maxime de Tyr. 399 phiques assez nombreuses. — Il expose enfin, dans sa préface, les principes qu’il a suivis dans sa ma- nière de traduire. Littéral jusqu’à la rigueur en tout ce qui est dogmatique , il s’est affranchi de la gêne de ces entraves dans les développemens oratoires. Là il a cherché à calquer la pensée de son original plutôt que son langage. Il a quelquefois osé entre- prendre d’éclaircir le texte par des développemens en guise de commentaires ; « mais je ne lai jamais « fait, (dit-il), qu'avec beaucoup de discrétion , et “ presqu’en tremblant. Je ne me sentois pas assez « foncé dans le platonisme pour mé jeter dans des « détails, qui auroient exigé la tête d’un Proclus ou « d’un Plotin. Si donc il m'est échappé à cet égard “ quelque incongruité , je sollicite d'avance l’indul- « gence des Proclus qui me feront l'honneur de me « lire.» Cet ayeu modeste est bien fait pour désar- mer Ja critique ; il trouveroit surtout son applica- tion , si le savant de Sainte-Croix consacroit, dans la Bibliothéque françoise, un article à la traduction de Maxime de Tyr, comme il l’a fait à celle d’4/- cinoüs. De la préface passons au corps de l’ouvrage. On vient de voir quels principes le C. Combes- Dounous a adoptés pour sa traduction. Quelques échantillons de la traduction même vont servir à nos lecteurs à l’apprécier. Voici un passage extrait de la cinquième disser- tation , intitulée : Z/ est un art de metire & profit tous les accidens de lu vie. Ce sont les paragraphes IL et IV. ‘336 Philosophie. « Homère nous offre cet embléme de la vie hu- maine, Il est, dit-il, dans le palais de Jupiter deux tonneaux, l’un plein de maux, sans aucun mélange de biens ; l’autre , mélé de biens et de maux. Mais nulle part il ne parle d’un troisième tonneau qui ne soit rempli que de biens. Jupiter, selon Homère , puise dans ces deux tonneaux ce qu’il doit distribuér au genre humain. Il fait sor- üir, de l’un , une source non interrompue de maux cruels et violens , de querelles, de fureurs, d’an- goisses, de craintes, et la multitude des autres fléaux de ce genre qu’il est impossible d'éviter, et dont rien ne tempère l’amertume. De l’autre, pour parler le langage d'Homère, il fait sortir un mélange de biens et de maux. À la bonne heure, j'admets ce mélange. J'applaudis à cette opinion. Mais je veux présenter, sous une dénomination plus noble et plus relevée, cette dispensation du maitre des Dieux, qui me paroît la plus raison- nable. Voici de quelle manière. «“ La vertu etla méchanceté de l’ame représentent les deux tonneaux de Jupiter. Lune, la méchan- ceté, semblable à un torrent impétueux, répand le trouble et le désordre dans le champ de la vie. C’est le débordement d’un fleuve, qui se jette en hiver sur des terres ensemencées , et sur des plan- tations ; débordement funeste aux agriculteurs, aux bergers, aux voyageurs même; fécond en ra- vages sans rien produire d’utile, il fait périr les semences, et détruit les fruits dans leurs germes, La vie, au contraire, de celui dont l’ameéprouve « les « « « « , Maxime de T'yr. 337 les bénignes influences de là vertu, offre le spec- tacle continuel de la fertilité, de l’abondance, et de la maturité des fruits qu’elle donne. Cepen- dant, l’agriculieur doit se fatiguer, prendre de la peine, avoir des sollicitudes. Car l’agriculteur égyptien ne se repose pas uniquement sur Îles eaux du Nil; il re sème point, avant d’avoir at- telé ses bœufs à sa charrue, avant d'avoir formé ses silloñs, avant d’avoir fait un travail long et péniblé. Lorsqu'il a fait font cela, il permet au fleuve de couviir ses terres, C’est ainsi que se ma- rieut les ond.s du Nil et les soins de l'agriculture, les espérances avec les travaux, et les fruits avec les sollicitules. [1 en est de même des biens et des * maux. Ou bien, si ce rapprochement vous choque, ne l’almeitez pas. Mais tenez pour certain, que les biens ne sont pas tellement à notie discrétion que nous n'ayons qu'a les desirer. Si nous allons daus un port pour nous embarquer, nous pren- drons pouf pilote, non pas celui qui n’a jamais vu de tourmente , qui n’a jamais été aux prises avec la tempête , mais celui qui a appris son mé- tier au milieu des naufrages et des accidens de la mer. Quant à moi, j'ai une médiocre confiance dans un général constammeut favorisé par la vic- toire. Combien Nicias auroit été précieux pour les Athéniens, s’il eût survécu à sa malheureuse ex- pédition de Sicile ! Que de lecons de modération et de sagesse auroitrapporté d’Amphipolis le dé- magogue Cléon, sil n’y eût point succombé ! Mais Tome 1F. Y 338 Philosophie. « lorsque je vois les faveurs de la fortune constam- « ment attachées à un amiral, à un général d’ar- « mée., à un homme privé, à un magistrat, à un “ simple citoyen, à une cité, tant de prospérité « m'nspire de la défiance, comme en inspuerent «_ Crésus à Solon, et Polycrate à Amasis, » On a remarqué avec raison sur ce passage, que le philosophe a absolument dénaturé, l’allégorie du poète , qui, des deux tonneaux qu'il prête à Jupiter, remplit l’un de biens, l’autre de maux, etine fait aucune mention de celui où se trouvoient mélés les uus et les autres. . L'intitulé de la sixième dissertation est dans loni- ginal : Hüs dy ris mpos Qior reparxeuéraile. Le C. Coembes-Dounous Va traduit : Quelle.est la source des sentimens philanthropiques ? Kt il dit que « si, “. Formey eût réfléchi sur la matière de cette dis- «“ sertation , il n'en auroit pas rendu le titre par, “ ces mots: Quelles sont les dispositions préalables à « l'uritié ? « [ajoute que les traducteurs latins n’ont pas mieux exprimé la pensée de Maxime de Tyr. La traduction de Daniel Heinsius, que nous avons sous, les yeux, est celle-ci : Quomodo quis ad amicum se præparare debeat. .N’en déplxise au C. Combes- Doanous, sa traduction nous paroît un peu trop, s'éloigner de l'original, et nous ous sentons peu, disposés à la préférer aux deux autres. Le mot de phc- lanthropie, qui , bien que d’origine grecque ,est abso., Jument étranger à Maxime de ‘Tyr, du mains dans, cette dissertation , s’y trouve encore dans la traduc- tion, vers la fin: « Appelons la philnthropie à notre (] M PE AT Tyr. 339 “ secours.» L'original porte la phïlosophie ; mais Markland, au lieu de @rorogias , veut qu’on lise qraimr 3 et le C. Comhes-Dounous paroit avoir adopté cette leçon , que rendent en effet assez probabie ces paroles qui précèdent : $ misivo TA toÿà, mp és tonlasus i0® Qiass. « Je n'ai nalle foi aux fétes , avant “ que je voie les sentimens affectueux regner parmi « ceux qui les célèbrent. » Nous extrairons de ce discours le heau passage qi suit, $ 2: « Sous quel sappo:t les hommes peuvent-ils devenir « semblables à Jupiier? En imitant sa providence con- “ sérvatrice, satendresse aFeciueuse, et spécialement « sa bienfaisance paternelle, Telie.est la ressemblance « de la vertu des hommes et de celle des Dieux. “ Ceux-ci, donnent à cette derniere le nom de jus- « ticé, d'équité, où toute autre dénomination reli- « gieuse et mystique. Les hommes donnent à l’autre « le nom d'affection , de bieoveillance ; ou toute « autre dénomination agréable, appropriée à leur « langagesordinaire, D'ailleurs, ce même sentiment « de bienveillance:chez les hommes est inferieur à « Ce méme sentiment chez les Dieux, entre autres. “rapports, sous Celui de sa latitude.« Sur cette variete de dénominations pour désigner les affections bienfaisantes, je me rappelle iei avec plaisir eette réponse d’un jésuite à une dévote fort aigre, qui, tout en avouant que sa belle-fille étoit humaine et généreuse, regretioit qu’elle n'eut aucun mérite à ses bonnes œuvres, parce qu’elle ne les faisoit pas en vue de Dieu: « La'ssez-la faire, (dit le père), « elle gagnera le paradis sans s’en douter.» d'Er 340 Philosophie. La dissertation dix-huitième est intitulée : Faut il rendre linjusticé pour l'injustice ? Un z6lé partisan de la doctrine chrétienne l’a jugée digne d'elle. En voici le commencement : ‘« L'homme est-il plus en sûreté derrière le rempart « de lu justice, que derrière celui de Poblique fripor- « nerie ? A vraï dire, je suis indécis sur celle ques-" « tion. À Ja bônne.heure , Pindave, qu’à vos yeux “ily ait sujet d'incertitude et d’indéciston entre la « justice et la friponnerie, et que vous mettiez Por « enbalance avec un vil plomb. Vous n’étiez qu’un “poèle, bon à composer, ou des couplets pour des vdanseurs, où des hymnes triomphales pour des «4yrans. Vous n'étiez occupé que du: choix des «mots, de larmesure, du rhythme des: vers, dela “ pompe et de la justesse des images, Mais celui «qui n’attache pas plus d'intérêt à Ja danse, au «chant, au plaisir de la poésies, que les enfans « n’en attachent:à leurs jeux ; celui quivdesire de «donner de lPaccord et de la mesure:à ‘son ame ;.de “süettre de l’ordre et de: la convenance dans ses « actionset dans tous les déiails dersavie, celui-là « v'aura certainement pas l’idée de mettre en ques- «tion : 82 le rempart de la justice cst plus owmoins «sûr, Mais il dira, en parodiant vos vers: Oui; le: «rempart de la justice -est le plus sûr ; ‘etl’liomme “ine: doit jamais se placer derrière celui de L’obli- “cqgue friponnerie.» Lertraducieur lui-même recon-: noit que friponnerie n'étoit: peut - étre pasle mot: le plus propre à rendre le grec x ds ; et nous croyons Maxime de Tyr. 341 qu'en ‘effet il auroit mieux traduit oxoxu& dmals par : oblique ou tortueuse improbité. : Pour échantillons de la traduction qui nous oc- cupe, nous ne prendrons plus que deux passages -dans la quarante-unième et dernière dissertation , intitulée : Dieu étant l’auteur des biens, d’où viennent - ls maux? Le ‘philosophe trace le tableau suivant des misères humaines : « Ne voyez-vous point quelle multitude de maux s’agitent ici-bas, et s’attachent aux destinées hu- maines ? N’entendez-vous pas tout retentir de la- mentations, de gémissemens? L’homme se plaint que les maladies soient entrées comme élémens de construction dans la structure de sa machine; ilse plaint de linstabilité de sa santé et de son igno- rance sur la durée de la vie : quel est, en effet, l’âge de l’homme où il ne soit point sujet à souf- frir ? A pe'ne né, à peine sorti du sein de sa mère, à peinerretiré des langes de la Nature, il ne fat que pleureret vagir, À mesure qu’il grandit et qu’il s'approche de lPadolescence, la fougue des passions s'empare de lui; lintempérance le gagne. Arrive- t-il à la jeunesse, il s’échauffe , il s’enflamme, il devient effréné ; on ne peut plus le contenir. Par- vient-il jusqu'à la vieillesse, jusqu’à la décrépi- tude, jusqu’au bord du tombeau ; son corps n’est plus pour son ame que le domicile le plus incom- mode. Il devient hargneux, acariâtre, inerte. Il ne peut plus supporter ni la pluie, ni le vent, ni le sleil ; il accuse continuellement les saisons Y à 342 Philosophie. « e = et l'atmosphère ; il ne cesse de faire la guerre à Jupiter. L'hiver, il se surcharge de. vétemens; l'été, il faut qu'il se rafraichisse. Gorgé d’ali- mens , il provoque la digestion: la digestion faite, il se gorgr encore d’alimens. À l’instar de l’'Eu- ripe, semblabie au flux et reflux dela mer , il n’est jamais stable , jamais en repos. Rien ne le rassa- sie; rien ne lé contenie. Il mange avec voracité, IL n’a jamais ni assez d’habits, ni assez de chaus- sures, ni assez d’arowates, ni assez de remèdes, ni assez de bains. Plusieurs individus, plusieurs arts ne servent qu’à un individu unique, tandis qu’un seul pâtre suffit à des milliers de chevaux, à des milliers de bœufs, et un seul berger à des mi liers de brebis. Malgré tout cela, tant d’appa- reil est insuffisant ; car , quels moyens a l’homme pour sé soustraire aux incursions de la peste ? Qu:le digue peut-il opposer aux torrens de la pluie qui tombe du ciei? Comment peut-il comprimer les tremblemens de terre et amortir les feux que vo- missent les volcans? Voyez-vous la série et la suc- cession des maux ? Voyez-vous la continuité des périls? « De tous les £tres que nourrit la terre, l'homme est le plus infortuné. Si nous tournons nos regards du côté de lame, nous verrons les ma- lauies se répandre en foule sur elle. Ecarterez-vous la douleur? Elle sera en proie à la crainte, Eloï- gnerez-vous la crainte? Ele sera en proie à Ja colère. A paiserez-vous la colère? L’envie en pren- dra la place. Les affections désordonnées l’assiè- « : Marine de Tyr. 843 gent de fous côtés. Les maux naissent de tout ce. qui est en contact avec elle. Elle ne sauroit comp- ter sur un moment de reläche. “ Que répondront à cela Jupiter, Apollon et les autres dieux qui rendent des oracles ? Ecoutons leur interprète, qui s’éxprime ainsi : Les hommes nous accusent d'être les ahteurs de leurs maux, tandis qu’ils s’attirent eux-mêmes, par leur propre Jaute, des malheurs auxquels ils nétoient point des- tinés. » Le passage d'Homére, indiqué dans ces dernières paroles, et qui se trouve dans le [.°" chant de l'Odyssée , v. 33, Rochefort l’a rendu ainsi : Des mortels, disoit-il, (Jupiter) voyez les injustices : Ils sont, à les entendre, en butte à mos caprices; Leurs maux viennent de nous. Cependant leurs fureurs, Contre les lois du sort, causent tous leurs malheurs. Voici l’autre passage, très-remarquable pour la belle profession qu'il renferme de la doctrine de Piimmortalité de l'ame : « Ce que le vulgaire des hommes appelle mort, cela même est /e commencement de l’'immortalité ; c’est Ja naissance dans la vie à venir, apres que les corps ont été dissous par le temps et par l’effet des lois physiques auxquelles ils sont soumis, et lorsque l’âäme reétouïne au même lieu et à la méme existence qu'elle avoit auparavant. Le moyen que Dieu imagina de rendre la condifion de l’homme inférieure à la sienne, fut d’attacher l’ame à un corps dettérre, Comme un cocher à un char ; et, 1 Y 4 344 PAilosophie « après avoir abandonné les rênes aux mains du ca- cher, ille laissa se diriger dans la carriere, muni de sa part de la force nécessaire pour se bien con- duire ; mais revêtu, en même tewps, du pouvoir de se perdre. Lorsque l'ame est montee sur le char, et qu’elle s’e t emparce des rênes, si elle est des- tinée à Ja félicité et au bonheur, elle n'oublie point que c’est Dieu qui la placée sur ce char, que c’est lui qui lui en confie la conduite : aussi elle tient les rênes avec at'eniion; elle conserve la direction du char; elle réprime les écarts des coursiers. Or, ceux-ci ont des affections différen- tes : ils veulent alle:, l’un d’un coté , l’autre de l'autre. L’un est enclin à l’intempéia ce, à la gourmandise, à la lubricité ; l’autre es. fougrieux, emporté, téméraire. Celui-ci est sans vigueur et sans énergie ; celui-là est servile, bas et rampant. Le char, ainsi livré à des impulsions contraires, met le cocher dans l'embarras. Si les chevaux lui forcent la main, et qu’ils se rendent, maîtres de lui, l’essieu est emporté dans la direction que lui donne celui des chvaux qui prend le dessus. Tantôt entrainé par celui que les passions brutales dominent, le char se précipite, avec le cocher, dans la luxure, dans l’ivrognerie, dans l’inconti- nence , et autres infâmes et impures-jouissances de cette nature ; tantot entraîné par celui qu’em- porte une aveugle fougue , il est jeté au travers de tous les genres de maux. » Ainsi finit cette derniere dissertation, que Mark à) Madime de Tyr. 349 land a'jugée mutilée et incomplete. « Il est pos- « sible (dit le C. Combes - Dounous de cette con- “'jecture) qu’elle ne soit que gratuite.» Nous avouons qu'elle ne nous, paroît pas telle, et nous partageons Jes regrets. du savart anglois. Relativement au!C. Combes Dounous , envisagé comme traductéur ; nous ne ferons plus que cefte ob- servation , toute entiere à son avantage ; c’est que par- tout il donne des preuves qu'il s’est bien appliqué à la connoissance du texte original , et qu’en cela très- différent de Firmey, c'est sur ce texte , et non sur les traductions latines, soit de Pzcei, soit de Her- sius, qu'il a travaillé. On n’imagine pas à quelles risibles bévues la méthode de Formey la exposé. Maxime de Tyr dit, dans sa vingt-huitieme disser- tation, $. VIL: Purlez - moi de celle guerre, (de celle que les passions font à l'ame) et laissez-là la guerre des Mèdes. Formey a lu dans Heinsius: Tue bellum mihi describe, Medicum vero relinque; et sans faire attention à la majuscule du mot medicwin, qui amoit dû lui donner Péveil, il a traduit : « Dé- “ crivez moi celte guerre, et laïissez-là /e médecin.» Il n’auroit pu s’y méprendre, en jetant les yeux sur le texte. Ailleurs il prend les peupliers de la Béotie ( populos ) pour les habitans de la Béotie. Apres le traducteur, c’est l’annotateur, ou l’au- teur des rotes criliques , historiques et philosophiques que nous devons envisager dans le C., Combes- Dounous. TIndocti discant et ament meminisse perir: : 346 Philosophie" Telle test la devise que le C. Combès - Donndus auroit pu mettre à cette partie de son trävail. Ce sont pourtant les illettrés (érdocti) que sans doute'il y a eu principalement en vue, et Ceux-ci auroient pu desirer encore par-ci par-là un peu plus de détails. Dans le dixieme discours, $. IV, Maxime de Tyr parle de la T'héogonte de Phéréryde ; poète Syrien. La note relative à ce passage nous apprend que Ja Z'héogonie de Phérécyde étoit un ouvrage eh prose. On auroit pu ajouter qu’il y a eu deux Phérécydes, Fan philosophe, lautre historien; que le savant Guillaume S/urz ‘a recueilli et publié à Géra , ‘en 1789. in-8.°, les fragmens du dernier ; précédés d’une dissertation de Pherecyde utroque ; et philosonho et hisiorieo, et qu'il a paru , en 1798, une nouvelle édition de cet opuscole (2). Les frogmens y occupent 228 pages; la dissertation 76. Phérécyde , dont Maxime de Tyr appelle Pouvrage soins, passe pour avoir le premier ou l’un des premiers , parmiles Grecs, écrit en prose. La poésie fut en Grèce, comme ail- leurs , incontestablement plus avcienne que la prose, et Phérécyde quitta vraisemblablement plutôt Île mètre que le style poétique. C’est l’opinion que nous rencontrons dans une Bibliothéque de littérature 'an- cienne , qui paroit en Hollande, et en langue hollan- daise, depuis tres-peu, et dont les traducteurs pro- mettent une continuation périodique (3). Le premiér (2) Sturz y discute savamment entre autres le passage de Hate de Tyr, auquel se rapporte la note du C. Combes-Dounous. (5) Bibliotheek van oude Letterkunde. Première livraison. A Aunsierdam, chez J. Ten Brink. 1802. In-£.° de 162 pag. Maxime de Tyr. 347 article est intitulé: Essui sur la plus ancirnne ma- mière d'écrire l'histoire ; d’après Hérrdote. Nous ferons encore une observation sur Pkérécyde, dont le noim ne se trouve même pis dans le texte, et qui n’y est désigné que par son pays natal, Xopros: c’est qu’il ne falloit pas traduire ce mot Züsres par Syrien , poèie Syrien , cequi uiturellement porte à croire que Pherécyde étoit originaire de la Syrie 3 mais par poète de Seyros , aujourd’hui Sciro, une des îles de FAr- chipel, dites Cycludes. Les Latins lappeloient Syrus ou Syra ; témoin ce vers des Métamorphoses d'Ovide, (VI, v. 465 ): Florentemque Cythnon, Syron, planamque Seriphon. Cicéron , dans ses Tusc. Disp. 1. I, ce. XVI, appelle Phérécyde Syrius ; et Cumerarius dit, dans sa note sur ce passage : Non Syrus , sed Syrius , ex insula Syra, cujus et meminit Ovidius, ete, Nam Syri, gens, ut notum, diversis appellætionibus destructa in Asia ; qui lumen et ipsi Syrii sunt Herodoto. Maxime de Tyr, dans sa vinat-deuxième disser- tation , parlant des diverses sortes de gouvernement, monarchie , aristocralie , démocratie ; dit que Ja troisieme, la démocratie, sous ce nom spécieux, n’est en effet qu’une ocAlocratie. « Tel est ajoute- “t-il, celui d’Athenes, de Syraçuse et de Sicile ; « gouvernement éternellement livré au tumulte, à « la licence , aux révolutions.» Voici la note du C. Combes. Dounous sur le mot ochlocratie : « c’est-à-dire, un gouvernement popu- « Jacier, où tout se regle au gré des caprices et des 348 è Philosophie: « fureurs d’une populace en état de sédition per- mavente. Les historiens nous apprennent que les Perses eurent, pendant quelque temps, un singu- lier moyen de faire sentir la nécessité d’un gou- vernement vigoureux. À la mort de leur roi, toutes les lois étoient suspendues : alors éclatoient les vengeances, les proscriptions , les déprédations, les brigandages politiques , tous les crimes, im- punéiment. C’étoit faire ouvrir école à l'anarchie, pour donner des lecons d'ordre social. Mais les historiens ne nous disent pas, quelle étoit Ja durée de Pépouvantable cours de cet étrange professeur. François ! ce redoutable professeur a tenu , na- guère, école ouverfe au milieu de vous. Fassent les Dieux et votre sagesse. que vous n'ayez pas besoin, une seconde fois, de ses leçons ! » On re- connoît dans cette note les mêmes sentimens poli- tiques qui ont iaspiré au C. Combes - Dounous les vers suivans , que la prudence lui a fait garder pen- dant longtemps dans son porte-feuille, mais qu'il | publie aujourd’hui dans un autre endroit de ses notes, (t. I, pag. 154): Lt vous, tyrans affreux, décemvirs éphémères, Artisans effrénés des publiques misères, Vil ramas de brigands, de la fange sortis, Monstres couverts d'horreurs, ét de erimes nourris ! Sous le fer des licteurs que votre sang ruisselle ; Ou, pour mieux accomplir la justice éternelle, De terreurs essaillis et d'opprobre abreuvés , Qu'à sonffrir mille morts vous soyez réservès; Peu m'importe : il suffit; la vengeance céleste S Par des signes certains sur vous se manifeste. » Ù .. Maxime de T'yr. 349 4 V2 Vous avez beau montrer un front calme et sérein : Votre cœur est pour vous votre taureaù d'airain. Ailleurs, l’annotateur se plaît à citer le portrait du peuple, mais défini /a tourbe et lie populaire, que Charron a tracé de main de maître dans.son livre de la Sagesse, 1. T, c. XL VIEE. Nous n’en extrai- rons que ce peu de mots : « C’est une bélé étrange à « plusieurs têtes, inconstant et variable, sans arrét «“ non plus que les vaguës de la mer, etc.» Tel, Pline (nous aimons à ajouter cecide notre fonds, pour jeter encore plus de jour sur ce que Maxime de Tyr dit du peuple d'Athènes, dans le passage auquel nous sommes arrêtés); tel, Pline nous raconte que Parrhasius avoit peint ce peupie d'après nature : (Hist. nat., L XXXV,c. X). Aëuo Athentensiurn pinxil, argumento tngentoso : volebat namgue va- rien ; 1racunuwm x njustum , inconstantem ; eundem exorabilem , Clemertem, misericordeim, excelsum , gloriosum , luenilem , ferocem , fugacemque, et omuia | pariter ostendere. On ne peat s'empêcher de songer ici aû vers d'Éorace : sldtr ++. “+. 1Mutato nomine dete so. 0 Fabula narratur, F'Lé savant professeur de Leyde, Jean Luzac, propose de liré, dans le passazïe de Piine , nugacem, au lieu de fugacem , sans cependant insister beau- Éoup sur cette conjecture. Voici ses propres paroles: Qui Atherienses a Plaiône dictos merninerit Aë»ss , æ Scriplore- Axiochi Brass Qrusgss, is forle existi- .mabit ; Plinium seripsisse nugacemque , non fuga- 350 Philosophie. cemque ,. guangram hoc in Platonico durs habet , quo se tueatur. { Qratio de Socrate eive ; suivie de Probationes et adyotationes de Socrüte ac de reru- blica Attica ; exce lent ouvrage , et où le C.Combes- Dounous auroit pu puiser pour ses notes des choses précieuses, pag. 81 ). Tom. 11, p.12, note 14, relative à la dissertation 21, $.5, l’annotateur reinarque qu’il est évident que Maxime de Tyr fait allusion, au commencenient de ce paragraphe, au fameux apologue d’Esope , es Membres et PEstomac, qui fit un si grand effet à Rome dans la bouche de Menenius Agrippa. Nous rappelerons ici une remaique assez piquante de Ro- chefort, dans un article où il est beaucoup question des Fables d’'Esope , et qui fait partie du second volume des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothéque du roi, pag. 693; savo'r, que l’on ne retrouse gueres dans les auteurs de lantiquité de fables d’Esope racontées en forme directe ; que les anciens né conservoient que l’esprit de ces fables ; ce qu'il prouve par des allésations d’Aristote, de. Xénophon, de Lucien et d'Hérodote. Il ne se dissi= mule pas cependant que Maxime de Tyr semble rapporter une fable d’Esope, comme appaitenant véritablement à ce fabuliste ; («est celle de da dissertation VI). « Mais il est bien difficile (ajoute-, « t-il), d'imaginer que cette fable, qui éioit célebre, «“ alors, suivant Maxime de 'Tyr, et qur (cette, « assertion est contraire à celle du C. Cembes= « Dounous ) se retrouve dans 1outes les collections , “ anais contée d'une manière un peu différente, { #p Maxime de T y. 351 “ait, jamais été regardée commé renfermant les “propres expressions de son auteur. Il est done “assez vraisemblable que les fables originales d’E- “ sope n’existant pas au temps des auteurs les plus “anciens, telles qu’elles avoient, été composées, “ elles sembloient :appartenir à quiconque vouloit “essayer de les traiter, comme fit Socrate dans sa “ prison, jusqu'au témps que Babrias, qui paroit « avoir précédé Phèdre, s'en empara, et les exprima « dans des vers scazons,, qui méritérent d’étre sou- « vent cités par Suidas (4). » Auréste:, la fable des Membres et de l'Estomac, désignée par Maxime ce (4) Zabrias on Babrius (ou Gabrias)} au rapport de Suidas, mit en vers choliambes grecs les Fables d'Esope, et les pullis en dix livres. Il a paru à Londres, en 1776, une brochure de 48 pag. in-8.e anonÿme, mais qu'on sait être de Thomas Tyrwhit, avant pour titre : Dissertatio de Babrio, Fabularum _4Esopearum scrip- tore. Inseruntur Fabulæ quedam AEsepicæ, nunquam antehae editæ , ex codice manuscripto Bodleiano. Accedunt Babrii frag- menta ( Voyez sur cet opuscule piquant la Bibliotheca critica de FT yttenbach, 1. T,pait 2, p. 120 - 128). A! la suite d’une édition du poème épi Alar, aitibaé. à Orphée (Londres, 1780, in-8.°); Tyrwhit a donné depuis Auctarium Dissertationis &e Babrio , où il rapporte deux nouveiles fables. La diction de Babrius vespire assez, le bon temps de la litéraiure grecque. Richard Bentley avoit déja donné quelques doctes renseignemens sur Babrius, dans sa disser- tation de Fabulis LÆsopi, à la suite de celle sur les Lettres attribuées k Phalaris, p 1o21et suiv. de la traduction latine de Wan Lennep. Voyez encore sur Babrias deux mémoires de Roche/forr, dans le prémier et dans le second volumes des Nosices et Extraits des Aanuscriÿgs de la Bibliothèque du Roi. Les Fables de Pabrius, publiées par Tyrwhit, se trouven] anssi à la suite des Mércmorphoses d'Antoninus Liberalis, de l'édition de Louis-Hegti Tewcher, Jeip- Sick, 1797 jiu-8.® 352 Philosophie. Tyr, se trouve dans l'édition de Nevelet , sous Île n° 206; et la voici avec quelque difference, telle que le savant Marhwri, professeur de P'Université de Moscow , l’a publiée d’après nn manuserit antérieur au XIV. siécle, où ; entre autres fables d'Esoye, il en a trouvé quarante cinq qu'il croyoit inédites. «. L’estomae et les pieds éioient un jour en dispute « sur la supériorite de leurs forces. Les pieds di- « soient à l’estomac : nous sommes plis forts que « vous, Car nous vous portons. L’estomiac répondit: « si je ne vous donnois pas de la nourriture, vous « ne pourriez pas vous porter vous - mêmes.» Ne seroit-ce pas à cet ancien apologue que S. Paul a fait allusion, dans la Fe Ep. aux Corinth., c. XI, vers. 14 et suivans ? Nous n’en citerons qué ces pa- roles : L’œil ne peut dire à la main : je n’ui pas &esoïn de vous ; ni la tête uux pieds : j+ n'ai que Jaire de vous. Tl.y & plusieurs membres, mais il ny a qu'un seul corps. TI, pag. 97, n. 20, le C. Combes-Dounous dit: «Un littérateur hollandois, dont le nom ne nous « revient pas, a composé un ouvrage, ex professo ? La a : ® « pour venger Socrate de lPhorrible imputation de’ « pédérastie.« Le pour et le contre de ce point historique ont été débattus, il y a 25 ou 30 ans, eotre deux théologiens de Rotterdam, l’un réputé otthodexe , (Pierre Hofsiede), l’autre de Ja secte des temontrans, (Corneille Nozeman), à l’occasion d'un ouvrage où un théclogien prussien, nommé Eberhard, s’étoit permis de révoquer en doute la doctrine de l’éternelle damnation des Socrate, des Platon, D PERS CR travrat Maxime de Tyr. ‘ 353 Platon,, des: Aristotes, des Catons , et de tous les autres sages de lantiquité payenne, La palme ne ‘ fut pas adjugée , dans ceite querelle, au ministre Hofstede, Il y a bien quelques autres notes du C. Combes- Dounous, à la suite de son Maxime de T'yr, aux- quelles nous ne pouvons pas entierement adhérer ; mais, contredites par nous, elles nous vaudroient peut-être l’application du mot connu : Vous étes orfévre, M. Josse! Kt c’est ce qui nous engage à les passer sous silence. Nous n'avons plus à envisager le C. Combes- Dounous que comme critique. Le texte de Maxime de Tyr a dû, comme celui de tous les écrivains de l'antiquité, s’altérer plus ou moins par le laps de temps, par les fréquentes transcriptions, et par l’ignorance ou linadvertance des copistes. Le nou- veau traducteur s'occupe assez souvent, dans ses potes, à discuter les leçons, ou les corrections, qu'Heinsius, Davies, Marckland ont proposées pour différens passages. Nous ne le suivrons pas dans les jugemens qu’il porte à ce sujet. Mais il ne s’en est pas tenu là; il a aussi lui-même, en quelques endroits, hasardé des conjectures, et nous allons finir par les mettre sous les yeux de nos lecteurs, en laissant aux Aristarques compétens à les apprécier. Dissertation 1, $. 4, le texte recu porte : raw Vap vis quès COTE) Aüyos de we dyaloy ndorn, àm& dyanteSe tes meicos d'urnl. Es dE pilabare mn dumbi, etc, Voici la note : » Ce passage est évidemment mu- - tilé. Markland et Reiske se sont mis avec quel- Tome IF. £ 354 Philosophie. « que justesse sur la voie du véritable sens. En « profitant des conjectures de l'un et de l’autre, j'ai “ pensé que la vraie lecon pouvoit être celle - ei : « éyondea tar mice dunln pude pilacémen 241 mdovr. « [l'est étonnant, par exemple, que Reiske n’ait « pas aperçu que ces deux mots, 7% 20%, dont il “« suppose lellipse, doivent être substitués à ceux « qui dans le texte suivent l’infinitif péabemems et « que lorsqu'il a proposé d’ajouter rêe yap tar « dutèe, 11 n'ait pas vu qu'il proposoit un double «“ emploi, puisque neuf mots apres on trouve l’équi- « valent de cette addition : ‘Eur por déiéys mdov “ érPadi. ” Dissertation VI, $.r, (sur la fin). On propose Tr yhn révle, au lieu de ra yén role. Dissertation IX, &. 1, à Ja fin. Aéyoes, le C. Combes-Dounous croit que le sens de cette phrase ne doit se terminer qu’apres le mot cxéua , dans le paragraphe suivant. Dissertation XII, S. 5. VUpVOY YUUVE , Qioy Qixe - énculesoy ixevétpo , au lieu de re Qias, On propose diacr dia. Dissertation XV, S. 4. Au lieu de # capariy ; O propose Év xpéprariv, Dissertation XXXV , 6.4. Au lieu de guabas, on propose aakids, (Lederlin. ad Poll. Onom. I, VIT, segm. 189, n. 80, avoit conjetturé cDaipus ). Dissertation XX XVI, $. 6. Au lieu de edySs tpyer, on propose riyys &; ce que Pacci, à en Juger par sa traduction, semble avoir aussi trouvé dans son manuscrit. Maxime de Tyr. 355 Dissertation XXXVIT, S. 3. Tu dé dyelyr ribdrnr mal TpoQor yrégens veus. Voici la note : « Les manuscrits « ne sont pas d’accord sur la vraie leçon de ce pas- « sage. Le mot spepè a occupé les critiques. Maïs « ils w’ont rien dit sur les deux mots suivans, uns « és , Qui me paroissent suspects. Qui sait si Maxime « de Tyr n’a point écrit, ou voulu écrire, îx vtus, « comme on le trouve dans Syÿnese, pro ixvêus jaixlas, « abincunte ælate , dès la jeunesse? Ce qui me fait y « attacher quelque poids à cette conjecture, c’est « que chez les anciens, peut-être encore plus que « chez nous, les poètes faisoient les frais des pre- « mières leçons de la jeunesse ; et c’est par cette « raison, sans doute, que Plutarque, après avoir « commencé ses Œuvres morales par la œuestion : « Comment il faut éleyer les enfins ? traite immé- « diatement après la question suivante : Comment il « faut lire les poëtesP n Dissertation XXXVII,S.6, (au commencement). Ta dE rélas dpéænepe eis ri pp Aya. Voici la note : « Je prends la liberté de soupconner de mon chef «“ quelque altération dans cette phrase. Maxime de “ Tyr semble dire qu'ii est inutile de chercher de “« HOUVEAUX exemples dans les temps antérieurs, et …_ « néanmoins il le fiit ; car Orphée et Amphion sont “ bien plus anciens qu’Alcée et Pindare. D'ailleurs, « la proposition sis, qui se trouve ici jointe avec “ le pronom interrogatif #1, est peut-être sans un « autre exemple dañs ce sens-là. Ne vaudroit-i] donc “ pas mieux retrancher le point d'interrogation, et “ lire : Ta d réfar apgalepe , si wi zen Ayews et tra AE 306 ” : Philosophie. « duire : Voici des exemples bien plus anciens, s’il « est nécessaire d'en alléguer vw. Nous avons un regret à exprimer ici, c’est que le C. Combes - Dounous n’ait pas recueilli, dans les productions les plus modernes de nos meilleurs helléoistes, les corrections ou les conjectures pro- posées par éux pour émender le texte de son auteur en divers endroits. Palchenaér, Toup et plusieurs autres lui auroient fourni des matériaux précieux. 1] s'en seroit, sans doute, moins épargné la ptine, s’il eût donné, avec sa traduction , le texte original, comme nous l'y avons vu disposé. Valckenaer, par exempie , dans ses notes sur Ammonius, pag. 218, écrit ceci sur la fin de Ja dissertation XV.°, (la XXVIL.° dans les dernières éditions) : Macula non sane gravi, sed quæ venus- tissimi lamen scriploris locum deformat , dissertu- tionem X XVII liberabo. Ultima istius dissertationis verba ita leguntur in edilis : cidoy xæi roy Acxymie , GP Li ovep td : nes Tor HparAta , ëN Üæap : ubi pla- nissime legendum existimo : & Ext vep tido, va Toy ‘Hpaxhia, a Var. Mon respectable maître, tant dans ses notes sur Ammontus qu'ailleurs, lui auroit prêté d’autres utiles secours. T'oup, dans ses Emendationcs in Suidum , Hesychium, etc., a quelques conjectures classiques sur Maxime de Tyr (Voyezt.T, pag.278; t. 1J, pag. 3o4et 305 ; t.1IT , pag. 274, etc.). Nousne cilerons que les deux suivantes. Maxime de Tyr, dissertation XIX, $. 9, Keï so pr np Emi yâr D) wi 0 omcos ppp vas Afmbr 1 or farine de Tyr. 907 ’ æporxly sm, Tgnis in terra pestis Athenas usque JU ira ‘ defeftur, Quam terram ? locus manifeste corruptus est, quem ila certo certius reslituendum video : at To pui nÜp ei ray Kalérqv pri, xt o À., etc. Ignis in Catanam fertur. Est auterñ Catana urbs Siciliæ, ad radices Ætnæ. Hermog. de Inveut. p. 169, jé mr Ts Aime ær ra Keys vo sûp aucpos , quæ gemine Sermana surtt. Dissertation XXIV, $. g. ‘Hrride dé diduow dr Môous Ti Go) 4 yurauxdr tpales vai évdoüv, Ki rorauiy tpalas | moi Burinens rai Quiir. Pro Barrrar Davisius évigees ; Markland. bararca. Neuter recte. Tu rescribe meo perieulo', éactwr nemorum. Moschus, in Epit. Bionis, V- 2, AN \ 1 N 4. / = Kai morue hsteiTe Tor (perpocvre Didve, . 9 \ s r (234 a e NÜûr Quia pros prineoŸe, mai WATia V1 yoæoicde, Au reste, ces dissertations o: déclamations de Maxime de Tyr n’ont aucune liaison entre elles _ellesine forment ni suite, ni système; les nn ly sont souvent inexactes, les faits historiques mal rapportés; ce qui nous rend assez probable l’hy- M pothèse de Markland , que ce ne sont pas des mor- "NO ceaux travaillés à loisir et avec soin, mais bien plutôt des espèces d'improvisations, faites en voya- geant, et recueillies peut -étre par des tachy- graphes. P. H. MARRON. P. 5. L'auteur de cet article profite de cette occasion pour en désavouer un autre, qui a paru sous son nom dans le Mwgusin Encyclopédique de Z 3 358 Philosophie. fructidor dernier, pag. 482—503, sur le poème latin du docteur Petit-Radel, intitulé: de Amoribus Pan- charitis et Zoror. L’aateur du poème avoit deja im- primé cet article, avec la même pseudonymie , à la suite de la traduction qu’il a publiée de son ouvrage. Or, il faut savoir que l'aiticle en question est tout entier du docteur Petit-Radel Jui-même ; je n’ai eu que la reprochable complaisance de ladopter , pour n'acquitter, auprès de la Société libre des sciences et arts de Paris , de la commission dont elle m'avoit chargé de lui présenter un rapport sur ce poëme; ce qui n’autorisoit nullement le docteur Petit-Radel à m’aflicher ailleurs, sans mon aveu , avec sa produc- tion, digne d’un Narcisse, amoureux - fol de son propre mérite. Je déclare, au surplus, que ma manière de penser sur les Amours de Pancharis et de Zoroas est absolument opposée à celle qu’on m'a prétée. P. H. MARRON. Cor: ] —— PO CG UERA PRE LES VIESs des ommes illustres de Plu- tarque , traduites du grec par AMFVOT, grand aurionter de France; avec des Notes et des Observations, par MM. BROTIER et VAUFILLIERS. Nouvelle édition, revue corrigée et augmentée, par E. CLAVIER. Paris, chez Cussac, rue Croix-des-Pctits- Champs, n.° 33. An 1x —18or, ét x —1802. XIV. Grand in-8.° avec figures, Volumes 1 portraits et médailloës. L: première édition donnée par le C. Cussac de la traduction des Œuvres de Plutarque, par Amyot ; avec les notes de Brotier et F'aurilliers, étant épui- sée, cet etimable libraire s'est déterminé à en donner une seconde. Il s’est adressé au C. Clarier pour La revoir , et pour y faire, dans des notes, les corrections et les Changemens qu’un texte, meilleur que celui qu’avoit Amyot, commande nécessaire- ment : et certes il lui auroit été difficile de trouver, en France, un homme plus versé dans histoire ancienne , €t qui eût lu, atec plus d'attention , ce qui nous reste des anciens philosophes, deux choses également importantes pour un éditeur de Plu- tarque. Dans un: AVIS, mis à la tête du premier volume, E. Clavier nous dit que , quoique très-occupé de la Z4 360 Biographie. traduction de Pausanras (1), 11 n’a pas cru devoir refuser ses soins à une entreprise aussi utile, la traduction d Amyoat élant encore, malgré toutes ses critiques (2), la meilleure que nous ayons des Œuvres de Plutarque. Nous ne partageons pas tout-à-fait cette dernière opinion; mais il ne s’agit pas ici de notre opinion particulière sur le mérite de la tra- duction d’Amvot, quien a, du reste, beaucoup, si l’on se reporte au temps où elle fut faite, et au peu de-secours qu’avoit le traducteur. _ L'édition que nous anvonçons aura sur la précé- dente plus d’un avantage. L'éditeur profitera de l'excellent travail dé M. de Wyttenbach , successeur de Ruhnken à l'Université de Leyde, l'an des plus savans critiques de nos temps modernes, et celui qui a fait l’étude la plus suivie et la plus sérieuse de la philosophie ancienne. Lorsque le premier vo- lume parut, on dé:espéroit à Oxford, où s’'im- prime l’édition grecque-latine de Plutarque, in-4.° et in-8.°, de recouvrer les notes de M, de Wytten- bach, qui doivent compléter le: œuvres morales. Mais on les a retrouvées depuis quelques mois; elles étoient à Hambourg , ensevelies dans le coin poudreux d’un magasin. Ainsi le travail du célebre (x) Voyez, sur cette traduction et snr les avantages qu'elle aura eur celle de l'abhé Gedoyn, le Magasin Fncyclopédique, année VII, t. III; p. 29 et suiv. (2) On sait que la plus sévère de ces eritiques fut faite par Bacher de Mezirisc, dans son Discours de la Traduction à l'Académie frencoise, p. 23 et suiv. du premier volume de ses Commentaires eur les Epires d'Qvide. Deuxième édition, 1716. 2 yol. in-8.® x | Plutarque. 361 professeur de Leyde ne sera point perdu; peut-être même est-il d'ja imprimé. Les notes que le nouvel éditeur a mises au bas des pages, et qui sont distinguées de celles des éditeurs précédens par la lettre C, et les observations qu’il a jointes à la fin de chaque volume, donnent un nouveau prix à cette édition; il redresse dans les premieres les passages dans lesquels Amyot n'a pas saisi le sens ou l’esprit de son auteur; et, dans les secondes , il développe quelques endroits qui avoient besoin d'explication, et il propose ses conjectures et ses corrections sur des passages qui lui paroïssent corrompus. Par exemple , dans le parallele que fait Plutarque de Cimon avec Lucullus (3), il est dit que ceux qui, dans le même jour, avoient remporté le prix du Pancrace, et celui de l4 lutte, étoient ap- pelés , #es rit mapadt£n niuas, par une étrange coutume , Victoires. Les critiques se sont aperçus , depuis Jlongtemps,que ce passage étoit corrompu. H, Etienne proposa le premier (4) de lire, en un seul mot, rapadobovixes , vairqueurs extraordinaires. C’étoit aussi l'opinion du savant Du l'aur de Saint-Jorri, davs son Agonisticon (5); de Jean Maynard, son jeune ami, déja distingué par son savoir (6); d’Upton, sur le chapitre XVIIT, 23, de la seconde Disserta- tion d’Arrien sur Æpiciete ; de Claude Capperonier , dans ses Rhetores Antiqui, pag. 326 de l'édition de (5) Tome IT, p. 527 -8 de l'édition de Reiske. (4) Page 425 du 15.° volame de son Plutarque (5) 1595, in-4,° p. 602. (6) Ibid. 362 Biographie. Strasbourg, et du savant Schweighœuser, dans son excellente édition de ces Dissertations. On doit pré- sumer, du moins, que c’est son opinion, puisqu'il ne combat pas celle d’Upton. L'éditeur propose (7) de lire sayedËss, et 1h prétend que wz4 est né de la premiere syllabe de xæXSow, qui suit. [If étaie son opinion de Ce passage des Principia Rhetorices , de Curius Fortunatianus ; faussement attribués à St. Augustin , et que les savans éditeurs de ce père latin ont relégués, avec raison, parmi les autres ouvrages qu’on a supposé lui appartenir : ræpédoëor , guod nos opinionts malæ possumus diceré : tametsi quidam parum diligenter Grœce loquenies, paradoxa pro his quæ suut bonæ opinionts, accipiunt : unde vuloo etiam O'ympiontcus et cœteros victores sacrorum cerlaminum paradoxos" vocant, maÿis consuetudine guam ratione ducti (8). L'éditeur pouvoit encore citer le passage d’Ar- rien (9), dans Iequel Ebpictète, en parlant de la contivence de Socrate dans une circonstance cri- tique, dont on trouve les détails dans le Banquet de Platon, s’écrie : De par les Dieux, est-ce qu’on ne seroit pas tenté de lui dire ? Xoipe, mapadoke, gui rès cxmpès Téles maixlas (10) xai maynpalinolus, vixious x. (7) Tome V, p. 454 de la Trad, francoise. ($) Rwerorks Anriqui. cura Claudii Capperonier. Argentorati. 1756. In-4.9 p. 326. (o) Liv. IT, ch. xrim. 25. (10) Les critiques lisent, avec raison, méxlus , au lieu de muixlas, Le müxl4s est celui qui fait le coup de poing, pour gagner une ga= geure, où remporter un prix; c'est le Boxer des Anglois. Piutarque, | 263 Tr. À. Salut, athlète étonnant , qui avez rempoïté une viclotre bien plus importante que celles de ces misé- rables boxeurs (j’empruate le terne anglois, n’en ayant pas d’équivalent dans notre langue) pancra- tiastes, etc. Ce nom fut ensuite donné aux martyrs. Eusèbe (11), en parlant de la constance de ceux de Ja Palestine et de Tyr, l’appelle HAPAAOZON ris Écorbiies atarlav tsolacus , la constance de ces ath'ètes élonnans , qui combatloient pour la foi. U n’y a donc nul doute que HAPAAOZOZ ne soit le mot propre ; mais Ce NIKAZ me laisse quelque scrupule. Je ne le crois pas né du mot qui le suit, L'éditeur objecte que le composé HAPAAOZONIKHE ne se trouve nulle autre part ; mais combien d'expressions avons-nous qui ne sont employées que par un seul auteur? Dans la Vie de Timoléon (12) on lit : Sas ei apious, av un CiGaiolile, xau péuus ir Xcys #21 Quorfies ÆporNéGo ém) rus mpdbeus, céioiles aa rupapéporler padios dmd rüv rogéilar malus na déyur , innsoutrar Tüv oixtiar doyisgar, Amyot a traduit : « Voilà comment le sens « et l’entendement de l’homme, s’il n’est bien con- “ firmé et fortifié par la raison et par lestude de « philosophie, en l'execution de quelque grande « entreprise, vacille facilement, et est poulsé hors des discours , sur lesquels il s’estoit premierement ” fondé , par blasmes ou louanges, fort legeres bien souvent, » £ Notre éditeur, dans une note sur ce passage (13), (1) Hise. Ecel. Liv. VIII, ch. vnr, (12) Tome IT, p. 179, édit. de R. (15) Tome 111, p. 474 de la Trad. 964 B'ographie. trouve qu'il n'est pas clair, et qu'il n'est pas facile à traduire; en voici, dit-il, à peu près le sens : « C’est « ainsi que les opinions, qui portent les hommes à « entreprendre quelque action, sont sujettes à chan- « ger, d’après la moindre louange ou le moindre “ blâme, si elles ne sont pas puisées dans la phi- « Josophie , et fondées sur la force du'raisonne- « ment.» Les deux traducteurs me paroissent avoir rendu également le sens de ce passage, dans lequel je ne trouve aucune ob:curité. Plutarque a voulu dire: Nous avons beau prendre une résolutions si nous #'empruntons pas de la raison et de la philosophie l@ Jorce d'ume nécessaire pour l’exécuter, l’éloge ou le | bléme qu’en fera le premier venu, nous énspireræ d’abord des doutes, et finira'par détruire les raison- nemens sur lesquels elle éloït fondée. Daas la Vie d’Agis et de Cléomène, on lit dans les anciennes éditions , ausujet des deux Gracques(r4) et de leur ambition démesurée : tas6or dépevor pey- pélar iv os Ski uv To, imel pen #@)0 , #i0300) Sd ro æäcorter. H. Etienne avoit trouvé dans un manus- crit 70 malouctæs ; 1] ne doutoit pas que ce ne füt la véritable leçon , et il croyoit en conséquence qu’on pouvoit lire : éme) pen xan0r, gx aioypor kon To maicustur, Ils s’étoient embarqués , sans s’en douter, dans des affaires où ils ne pouyoient plus dire, comme le proverbe : lorsque le pas est mauvais, il n’y a pas d2 honte à s’arréter (15). Une autre leçon, citée (14) Tome IV, p. 498. (15) Page 450 du 13." vol. >} 7 Plutarque. 365 par Reiske, porte : isaïs (1. oïs) 4x %y eiæeis, roy axlle Kaenëy alexpor dy +6 pà raicasle:; ils ne pouvaient plus dire : c'est une chose honteuse de poursuivre une en- dreprise qui ne promet plus un succès honorable. L'éditeur propose de lire : ir ols #xi7 #9 timeiv , pà La); 8% airgeer d'n ro masrucher ; et il réforme ainsi la traduction d’Amyot (16): Z!/s ne se donnèrent de gurde qu'uls se trouvèrent enveloppés en des affaires, où ils ne pouvoient plus dire : cela n’est pas beau, mais il ny & pas de honte à s'en retirer. La lecon de l’anonywe que nous venons de rapporter, et que léditeur cite également , nous paroît présenter un sens plus net, auoique la conjecture de léditeur soit tres-ingénieuse. Le libraire a donné an C. Clavier trop peu de temps pour preparer cette nouvelle édition, et la rapidité de l'impression ae lui permet pas de garder assez longtewps les épreuves, pour y suppléer les notes et Îles observations qui ont pu lui échapyer dans une première lecture. On voit cependant qn’il a beaucoup fait en tres-peu de temps, et qu'il a ou corrigé ou éclaivei un très-prand vombre de passages que les premiers éditeurs avoient négligés, Il promet, dans son AVIS, de donner tous ses soins aux Œuvres morales , beaucoup plus difficiles à traduire, à expliquer , à comanenier que les Vies , et pour- tant si importantes et si attachantes par la variété des matières qui y sont traitées. L'éditeur promet, en vutre, de nous donner la traduction du Traité (6) Tome VII, p. 498 de la Trad. 366 Biographie. sur la Noblesse , dont'Fabricius avoit déja publié une partie dans sa Bibliothèque Grecque (17), et que Christophe Wolf donna en entier à la fin du qua- trième volume de ses Anecdota Græca (18), d’après un mapuserit que Laurent Mosheim avoit trouvé à Copenhague, et dont il lui envoya une copie. Il y ajoutera celle de quelques autres fragmens dispersés dans Eusèbe, Stobée, et dans d’autres écrivains. Les Vies de Plutarque ne sont point un livre que l'on puisse analyser ; tout y est précieux, et l’on ne peut citer un morceau sans regretter de me pouvoir y joindre celui qui le précède et celui qui le suit. C’est le livre de tous les âges; il amuse l'enfance, instruit l’âge mur , et donne à méditer au vieillard. Plus on avance dans la vie, et mieux on le goûte; c’est que la bon- hommie de Plutaraue , son \1épuisable trésor d’anec- dotes, la vérité de ses portraits, ses réflexions tou- jours sages, fixent notre attention et nourrissent notre pensée. Ainsi à mesure que le calme des passion: qu’amene l’âge, laisse le champ libre à .a méditation , nous nous attachons davantage à l'écrivain qui l’alimente sans la rassasier , ni la fatiguer. CHARDON-LA-ROCUETTE. (17) Tome XIT, p. 268 et suiv. (18) Hambourg. 1724-24. 4 vol. in-8.€ ARR, DS Ce ban pont nd 14 ADSL VARIÉTÉS, NOUVELLES EF CORRESPONDANCE LITTÉRPAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. SUUUE DE: Lettres de GusTaArE IIT. Les ouvrages et la correspondance du feu roi de Suède GusrAvEe If, devant être publiés avec la permission de sa majesté actuellement régnante, les personnes qui conservent des lettres de ce prince, et de nature à être communiquées au public, sont invitées à en faire part aux éditeurs ; en adressant les originaux ou des copies au ministre de Suède, résidant le plns près de leur domicile ; ou à M. le comte d’ÜUxenstierna au bureau des postes à Stock- holm, Les possesseurs de ces lettres peuvent être certains de les voir insérées dans le recueil qui va paroitre incessawment. Académie des sciences. Parmi les nouveaux mémoires de l’Académie des sciences de Stockholm { 1801), on remarque l'essuë de M. ACHARIUS, sur l'emploi et lulilité Ke l'iau 363 _ Nouvelles littéraires. de goudron dans les maladies vénériennes ; Vauteur prétend que souvent cette eau suffit pour opérer la guérison, sans qu'il soit nécessaire d’y joindre l'usage du mereuré , dont les suites fâcheuses sont assez connues ; et que même ne füt-elle pas suff- sante, elle est du moins toujours un très-bon pré- paratif qui facilite singulierement l’effet du mer- cure et permet d’en diminuer la dose. M. Acharius prépare sa liqueur à froid ; par ce moyen le gou- droa perd moins de son acide ; et comme elle doit servir de boisson , il la méle à l’eau ordinaire dans la proportion de 45 parties d’eau sur deux de goudron. Pour. les compresses qu’on applique sur les ulcères etc., il faut une partie de goudron dissoute dans quinze parties d’eau ; les bains administrés ceux ou trois fois par semaine oùt beaucoup contribué à accélérer la cure, plusieurs malades ont été parfai- tement guéris par l’usage extérieur et intérieur de cette eau seule, chez d’autres elle fit un effet salu- taire combinée avec le mercure ou d'autres remèdes. Sur soixante-dix malades, il n’y en a que dix-huit qui ayent nécessité de réunir l’emploi du mercure à celui du goudron, essai précité contient l’his- toire de plusieurs malades guéris à l'hôpital de Stock- holm , par l'usage de ce spécifique. Académie des belles - lettres. Au nombre des questions proposées au concours par PAcadémie royale des belles-lettres, histoire et antiquités de Stockholm , pour l’année courante , on remarque celle-ci « montrer lutilité et les in- « convéniens Nouvelles littéraires. 369 #> tonvéniens dés méthodes inventées de nos jours pour facilitér l'étude des sciences, et si ces mé- « thodes ont été avantageuses ou nuisibles à la solidité de la doctrine. » Les mémoires doivent être remis au secrétaire de l’Académie avant le 20 janvier 1803. \ & DANEMAR CXx, Diverses publications. M. le professeur H£GEwISCH , continue l’ouvrage de feu Je professeur CHRISTIAN, l’histoire du Hol- stein , et. du Slesvic, dont il a publié dernièrement le volume contenant l’Aistoire de CHRISTIAN IV. L'éditeur fait hommage de ce volume à monscigneur l’évêque de Lubeck, prinee d’Eutin, À La paru à Kiel un ouvrage allemand sous le titre d'observations et expériences de plusieurs an- nées , sur les vices de l’ouie chez Les sourds et muets s utiles à ceux qui s'occupent à galvaniser ; ayec la description d’une nouvelle espece de cornet ; par M. PrINGSTEN, directeur de l’Institut des sourds et muets à Kiel, 1802. L’estimable écrivain qui, de- puis quatorze ans, dirige cet utile établissement avec un zèle digne d’éloges et dont tout le cours de la vie est marqué par des actes de bienfaisance, des traits d'humanité , fait une observation fondée sur un graud nombre d’expériences; c’est qu’on doit bien se garder de trop compter sur les effets salu- taires du galvanisme appliqué aux sourds et muets; car souvent le défaut de l'organe auditif revient Tome IF. Aa 370 Nouvelles littéraires. après avoir disparu; et les galvaniseurs ne sont que trop disposés à prendre pour le rétablissement de l'organe, ce qui n’est que l'effet de ce sentiment fin et délicat dont la plupart des sourds et muets sont doués. Quant au cornet que l’auteur propose, 1 son principal avantage est de n’occasionner aucun bourdonnement dans l'oreille, ce que font tous les autres instrumens en usage jusqu'ici. Université de Copenhague. L'Université de Copeshague avoit nouvellement fait proposer la question : «S'il seroit utile à la « littérature du nord de substituer l’usage de la my- « thologie du nord à celui de la mythologie grecque. = Il a été envoyé au concours trois mémoires, tous très-intéressans et dignes d’être pris en cousidération ; celui qui a été jugé le meilleur, a montré la né- cessité de conserver la mythologie grecque comme la plus cultivée, la plus ingénieuse ; les deux autres veulent qu’on donne la préférence à la mythologie du vord, comme plus propre à produire des chef- d'œuvres que l’autre, qui en à déja tant produits, et qui semble épuisée. ÎIsLANDE. Suppressions d’un évêchéet d’une école latine. Il y avoit en Islande deux évêques et deux écoles latines ; le gouvernement vient de supprimer l’un de ces évêchés, et l’école latine de Holum ; celle de Reikevig et l'évêché de Skalholt sont conservés, et * ù 1£ ( N Nouvelles littéraires. 371 sans doute suffisent aux besoins d’un pays si septen- trional, où l’on rencontre cependant toujours quel- ques zélés partisans des lettres, et plusieurs jeunes gens qui s’appliquent avec ardeur à suivre la car- riére littéraire, fournie si glorieusement par leurs ancêtres. ROUTEUR Sucre de betteraves. Quelques propriétaires russes, tels que M. le M, G. JEecor BLANKENNAGEL et le C. L. JAKkow JESsiPOW, sont parvenus à perfectionner plusieurs méthodes usitées jusqu’ici pour la fabrication du sucre extrait de betteraves ; et ils ont prouvé par le succes de leur établissement dans le gouvernement de Moscow, cercle de Swenigorod , que de cette manière on peut se procurer aisément un sucre qui soit à bon marché, et qui ne le cède en rien au sucre ordinaire, Ces messieurs en ont présenté un échantillon à sa majesté impériale , qui leur en a témoigné sa satisfaction. Panification. Parmi les découvertes qui ont obtenu le suffrage et des gratifications d'Alexandre I[.‘", on doit distin- guer le nouveau procédé du docteur OREUS, qui enseigne à faire une sorte de pain avec le /ichen Islandicum | et offre par conséquent aux habitans du nord une ressource précieuse dans les temps de disette. Aa 2 3-a Nouvelles littéraires. Carte hydrographique. Le département des communications par eau en Russie a fait publier une très-belle carte de tous les canaux construits dans l’Empire; on'sait qu’ils y sont déja très-multipliés ; la nouvelle carte présente “entre autres le canal oginchique, entre le Dneperet le Niemen, que les Polonois avoient entrepris il y a plusieurs années, et qui sera achevé dans le cou- rant de celle-ci. Cette année a encore vu commencer un nouveau caval entre les rivières la Symin et la Tichwinka, à la circonférence orientale du nou- veau Ladoga , et qui doit être achevé dans deux ans. ÉTÉ RS BOL RC. Recueil sur les Mongoles. 1] a paru à Pétersbourg, en 18o1, un Recueil de notices historiques sur les Mongoles. Second volume, en allemand , par le conseiller PaALLAS. On y trouve un tableau des différentes opinions religieuses de ces hordes, l’état de la hiérarchie et du clergé du Thi- bet, la description des ordres religieux et civils, des cérémonies en usage aux enterremens, ainsi qu’une notice sur Ja littérature des habitans des vastes contrées qui sont l’objet de cet ouvrage. Ar Lu ‘5 M'A°16: NÉ. Dictionnaires. Le Dictionnaire polyglotte de marchandises , pax le savant NEHMNICE , est un deslivres les plus utiles Nouvelles littéraires. 373 dans son genre. 11 vient de paroître un autre ouvrage qui mérite d’être placé à coté de celui de M. Nchm- nich , c’est un nouveau Dictionnaire allemand, par M. REINHARD, qui donne la connoissance des mar- chandises | et indique les moyens de n’être pas trompé dans leur achat. £a traduction en françois de cet ouvrage ne pourroit qu'être extrêmement utile au commerce. Université de Gœttingue. Fin de l'Extrait des séances de la Société royale des sciences de Gættingue , depuis Le premier janvier 1802 , joint à l'annonce des ouvrages que! les pro- Jfesseurs de l’université ont mis au jour dans le courant de l’année dernière et de cette année. Uber den gesenweærtigen Zustand der Universitæt Gæltingen. — Sur l’état actuel de l’université de Gaættingue; par E. BRANDES , vonseiller de com- merce ; Hanorre. 1002. Dans un moment où l’on s’occupe beaucoup en France de l’instruction publique, il sera peut-être intéressant de connoître les idées de lanteur, et d'apprendre sous quel point de vue il considère les universités en général, et ce que Gættingue est sous ce rapport. « Une université, dans le temps actuel « avec notre culture et nos connoissances, doit, « pour mériler sen nom, remplir une double desti- « nation. Elle doit offrir en premier lieu une réu- « nion de savans distingués dans la plupart des « sciences. Ces sayans doivent conserver le dépôt Aa à 374 Nouvelles littéraires. d u des connoissances , le répandre et le transmettre à la postérité, augmenté s’il est possible. Elle doit être , en second lieu, un institut dans le- quel des professeurs et des maîtres instruits montrent aux jeunes gens les élémens des scien- ces, les arts libéraux et les exercices du corps. Si l’on ne réunit pas ces deux points de vue, lPuniversité ne remplit pas l’idée que nous y atta- chons ordinairement , et elle n’est pas ce qu’elle doit être. Si l’on ne veut avoir qu’une réunion de ‘savans pour conserver les connoissances humaines, Jon n’a alors qu’une sorte de société des sciences. D’un autre côté, si l’on borne une université à n'être qu’une école d’enseignement , on court ris- que de voir l'instruction devenir une sorte de métier , au grand détriment des sciences et à la fin de l'instruction elle-même. Si ce ne sont pas des savans distingués qui sont chargés de l’instruc- tion, bientôt l’enseignement ne sera que superficiel, Ce défaut sera tôt ou tard remarqué par les étu- dians qui ne sont plus des enfans; ils négligeront de pareilles leçons, ou leur culture deviendra aussi superficisÎle que Pinstruction. « Parmi les dernières idées, on a beaucoup vanté celle de prétendues universités pour quelques branches des connoissances humaines. Mais il est à craindre, que cette idée , si elle venoit à être généralement adoptée , n’ait les suites les plus dé- savantageuses pour les étudians et les instituteurs. Les sciences tiennent toutes entre elles; le lien qui les uait est plus étroit qu’on ne le pense or- - Nouvelles littéraires. 375 dinairement. Ce n’est pas que je sois pour que l'on cultive toutes les sciences à la fois; rarement ces encyclopédistes, qui ont appris superficiellement plusieurs sciences, valent an homme instruit à fond dans sa partie ; mais aucune branche des sciences n’est distinguée d’une autie par des caractères assez tranchans , pour qu’elle n’exige pas dans celut qui veut l’étudier à ford, des connoissances au moins élémentaires dans d’autres parties. Le théo- logien instruit , par exemple, doit connoître l’his- toire , les langues savantes et orientales. Le juris= consulte a aussi besoin du secours de l’histoire et des langues savantes. Ces mêmes sciences sont égale- ment importantes pour le médecin, tout aussi bien que la physique. Un séjour commun avec des savans danstoutes les sciences , en engage sûrement beau- coup à s’instruire ou à se perfectionner dans des parties auxquelles ils ne se consacrent pas exclusi- vement , et à faire servir à leur propre instrnction, ainsi qu’à celle du public, les lecons qu’ils peuvent avoir reçues de leurs collégues plus instruits dans d’autres parties que la leur. Goettingue en offre plusieurs preuves. Les professeurs, eux-mêmes tirent donc de grands avantages de leur réunion dans un même lieu ; mais cette réunion est encore plus utile pour les jeunes gens. Combien il y en a qui ne déterminent qu’à l’université la carrière qu’ils veulent suivre, et qui peuvent passer, sans per- dre de temps et sans se déplacer, d’une étude à une autre qui leur paroît plus agréable ou plus convenable. Combien de jeunes gens, dont la tête Aa 4 376 Nouvelles littéraires. LL Lu + étoit bien organisée, ont reçu de nouvelles idées par des leçons qui n’appartenoient pas proprement à leurs études , et sont, par là, devenus plus pro- pres à ces mêmes étûdes. Chacun son métier, il est vrai : mais celui qui se destine à une partie quelconque des affaires, ne doit-il. avoir d’autres connoissances que celles qui appartiennent néces- sairement à cette partie? Tout doit - il être fini pour un bomme avec l’enseignement des écoles , où bien doit - il apprendre tout seul et par ses lectures toutes les sciences accessoires qu’il veut suivre en méme temps que ses études particu- Jieres ? « L'idée de la division des instituts d’enseigne- ment a sa source dans des idées théoriques de perfectionnement , qui ne sont pas fondées sur des observations pratiques justes et bien faites. Ce principe d’une division exacte et tranchante de travaux , principe dont on a abusé souvent en économie politique, n’a pour but qu’une plus grande, perfection dans les travaux mécaniques ; mais lorsqu'il est question de la culture de l'esprit hu- main , je crois que celte division, si elle étoit réalisée, introduiroit un systéme nuisible à Ja cul- ture des sciences, L’expéiience prouve cette asser-. tion. La plupart de ces instituts partiels sont, tombés, et l’on n’a pas trouvé que leur utilité fut proportionnée à ee qu’ils coûtoient. Îl est quelques branches des connoiïssances humaines , il est vrai, qui exigent un local fixe et des expériences prati- ques très-répétées, pour qu'on puisse les apprendre Nouvelles liltéraires. 377 “ parfaitement. Par conséquent , quelques instituts 2 d'enseignement pour ces sciences sont tres#impor- taus pour les états qui en ont besoin, et il faut en “ fonder ou les conserver. Fels sont, par exemple, « l'exploitation des mines, l'aménagement des fo- « réis, etc.,; mais ce n’est pas uue raison pour qu’on veuille généraliser cette division, nécessaire “ seulement pour quelques sciences. » L'auteur, après s'être déclaré ainsi contre les écoles spéciales, me veut pas non plus que les universités soieut des tustituis d'éducation, proprement dits; elles doi- vent étre des instituts d'instruction où d’enseigne- ment dans les élémens des sciences. « Comme le _« mode d'enseignement des écoles doit être diffé- “ rent de celui des universités; de même et encore « plus, une uoiversité doit différer d’un institut d’6- « ducation. Cette difference est fondée sur la nature “humaine, sur la différence d'âge qui nécessaire- “ ment doit avoir Jieu entre les étudians et les éco-" « Liers et sur la plus ou moins de culture et de forces “intellectuelles provenant de cette différence. On «peut ordonner et défendre beaucoup plus de cho- « ses à des énfans qu’à des jeunes gens déja formés. “ Une université doit avoir un genre d’inspection “et de discipline propre à elle. On ne peut pas « soumettre les étudians aux regles ordinaires du « droit civil, ou bientôt l'ordre ét la discipline se- « roient bannis de l’université. Il vient aux univer- « sités un grand nombre de jeunes gens qui se trou- «“ vent pour Ja première fois débarrassés de Pinspec- “tion de leurs parens ou de Ja gêne des écoles, 378 Nouvelles littéraires, et cela dans l’âge des passions , et lorsque la raison a encore si peu de force pour les contenir. Les effets de la réunion d’un nombre plus ou moins considérable de jeunes gens point encore formés, souvent grossiers et sur lesquels lexemple peut influer si aisément, ne sont pas prévus par nos lois. Les bienfaits de droit dont jouissent les mi- neurs , appliqués dans toute leur étendue, seroient tres-nuisibles pour les étudians, et dans quelques cas, leurs folies et leurs fautes seroient punies trop séverement. En un mot, le droit ordinaire ne dé- fend pas telle chose qui doit étre défendue aux universités, et il juge et il punit tantôt plus dou- cement , tantôt plus durement que ne l’exigent le bien de l’université et les égards nécessaires qu'il faut avoir pour la situation particulière dans la- quelle se trouvent les étudians. « Vouloir introduire, d’un autre côté, dans les universités la contrainte et la gêne des écoles, c’est aussi trop demander, et des princes qui se roient hors d'état de payer les frais qu’entraîne- roit ure pareille inspection, et des professeurs qui doivent être instruits à fond dans leur science, et de plus, doivent aussi savoir instruire. Quel- ques professeurs, il est vrai, seroient en état d'exercer une pareille inspection, mais en ont-ils le temps? Dans les écoles, les maitres sont chargés en même temps de l'instruction et de l’éduca- tion, mais il y a quelque différence. En premier lieu , dans une école bien administrée, il y a au plus cinquante élèves, et il n’en faut pas plus si Nouvelles littéraires. L1 879 l’on veut conserver une bonne discipline; ensuite, les élèves demeurent la plupart du temps dans un même bâtiment , ce qui facilite l'inspection , quoi- que, d’un autre côté , cette réunion entraîne d’au- tres désavantages. Ainsi, sans une armée d’ins- pecteurs, de maîtres de quartier, de gouverneurs , il est impossible d'établir une inspection sembla- ble à celle des écoles parmi des étudians, quand même on voudroit établir à grands frais des ca- sernes pour les loger. Ces frais sout bien déja quel- que chose, mais il est encore d’autres considéra- tions qui s’y opposent. « Ï] doit être un temps où la gêne des écoles cesse, où le jeune homme apprend à agir de lui- même, à répondre de ses actions. Îl ne doit pas être transporté tout-à-coup de l’école ou de la maison paternelle dans la vie civile , quelles qu’ayent été les lisières qui l'ont soutenu jusqu'ici. I doit y avoir un état intermédiaire dans lequel il apprend à marcher tout seul, non pas sans toute inspection , cela s’entend , mais liberté toute entière de marcher comme il veut. Quelques-uns broncheront , sans doute, d’autres tomberont , cela ne peut pas être autrement; mais il vaut mieux que le jeune homme s’instruise à ses dépens à l’université , et apprenne, par les suites de quelques folies, à se garder d’en faire de pareilles lorsqu'il sera dans le monde, où elles pourroient Jui coûter plus cher. Sans doute, il vaudroit mieux qu’il ne fît pas de sottises. Mais, bon dieu ! nous autres hommes, sommes-nous donc si sages! Ne i 380 IMoiivelles littéraires. “ fäisons-nous jamais de folies! Quand nous n'en « ferons plus, alors nous jetterons la pierre aux « jeunes gens. D'ailleurs, quel effet cela produira- « t-il de continuer de traiter des jeunes gens comme « dés enfans? Les séminaires que l'on voit dans cer- «“ taines universités, offrent-ils un aspect bien con- « solant ? L'on sait que les élèves de ces séminaires - « sont, en général, plus grossiers , plus immoraux «que Jes étudians d’une université, où même Ja « discipline n’est pas très-bonne. » Apres avoir exposé le double point de vue sous lequel une université doit être considérée, et avoir montré que les universités ne doivent pas et ne peuvent pas être des instituts d'éducation, propre. ment dits, l’auteur développe une autre idée : « c’est qu'une université ne doit pas étre un institut « d’enseignement national, seulement pour les sujets « £ du pays, mais bien un institut formé en grand, el pour toutes les nations. C’est l’idée qu’eut le fon- dateur de l’université de Goettingue. I] sentit dès le premier moment, que si un insiitut de ce genre « n’étoit formé et calculé que pour le pays, le pays lui-même en éprouveroit les suites les plus dé- sagréables, sans compiler la spéculation de fi- nance et les sommes énormes qu’atlire dans le « pays une université fréquentée par beaucoup d’é- trangers, M. de Munchauzen vit bientot, que si, établissement n'étoit que pour le pays, l’instruc- « tion n’y seroit que superficielle. Il vouloit for- “ mer, pour le pays, des théologiens, des juriscon- « sultes, des médecins, des financiers, des hommes \ Nouvelles littéraires. 381 « d’affaires du premier mérite ; et, pour les pouvoir « former, il sentit parfaitement qu'il devoit faire «“ son plan en grand, et établir un institut d’en- « seignewent pour toutes les nations. Il est des in- « dividus, il est quelques classes d'hommes pour « Jésquelles il peut être nuisible de faire trop en « crand le plan de leurs études et de demander trop « d'eux; mais lorqu’on veut organiser l'instruction « d'un état d’a-peu-pres an million d'hommes, on “ ne sauroit faire son plan trop vaste. » Si M. de Munchauzen n’avoit pas eu cette idée, l’on eût appelé des professeurs médiocres, les instituts pu- blics eussent été mesquins, et l’on se fût contenté de former quelques prédicateurs, quelques juges, quelques médecins dont on püt se servir au besoïn. Cette idée, du reste, de faire de Goettingue un institut littéraire pour toutes les nations, m’étoit rien moins que neuve. Telles ‘étoient Bologne, Paris, Salerne , etc.; les universités d’'Hollande, entre autres Leyde, ont offert de pareils instituts jusque dans Ja premiére moitié du siécle précé- dent. Toutes les universités allemandes un peu marquantes , sont de ce genre, mais aucune n’a rempli sa destination avec autant de distinction que Goettingue. Parmi toutes les grandes universités, Goettingue a toujours eu le plas grand nombre d'étudians. étrangers , nombre qui, depuis long- temps forme les deux tiers de sa population acadé- mique. Ïl n’est pas besoin de détailler les effets bienfaisans qu’un pareil institut produit pour les sciences, en répandaut, parmi les savans, l’es- 382 Nouvelles littéraires. ! prit cosmopolite. Cet esprit est également avanta- geux pour les étudians ; ils apprennent à connoître des mœurs, des opinions, des façons de penser dif- férentes ; ils prennent des idées plus libérales, et ils voyent comment l'esprit humain peut être formé et modifié de différentes manieres. Cette réunion de jeunes gens de toute sorte de pays et de reli- gions, est excellente pour leur faire perdre ces habi- tudes et ces préjugés qu’ils ont rapporté de leur ville natale ou de la maison paternelle. Dans les universités proprement nationales, les jeunes gens s’accoutument à ne voir les hommes et les choses que d’un seul côté, et les voyages ne suflisent pas toujours pour rectifier leurs idees. L'auteur tire de ce principe plusieurs conséquences importantes. Il croit en premier lieu, que très-peu d'universités, étant en état de remplir le but qu'il a indiqué, leur nombre , par conséquent , doit être restreint. L'expérience confirme ée que veut la théo- rie. La plupart des universités, en Allemagve, souf- frent et souffriront encore davantage pour plusieurs raisons. Une des premières est la diminution du nombre de ceux qui étudient, En second lieu, l’au- teur tire de son principe une conséquence qui con- cerné autant les états que les villes où il y a des universités. Dans les très-grands états, l’université ne remplit pas tout-à-fait sa destination. Ces états sont souvent jaloux les uns des autres ; ils font tout, en conséquence, pour empêcher leurs sujets de fré- quenter les universités rivales; souvent même, ils le défendent. De plus les soins du gouvernement se Nouvelles littéraires. 383 trouvent trop partagés ; il ne peut donner qu’une attention secondaire à ses universités. Dans un état médiocre , au contraire, et cependant assez riche, les princes ou les ministres sentent plus Fimpor- tance de leur institut d'instruction , et y donnent plus de soins. Pour les villes, l’auteur se déclare contre celles où il y a une cour , et contre les grandes villes de commerce. 11 préfère une ville médiocre, où les professeurs doivent former la première classe de la société. La considération que l’on accorde aux savans rejaillit toujours sur les sciences, et il est bien que les professeurs n’aient pas sous les yeux, comme dans les cours et les villes de commerce, des objets de comparaison qui les découragercient peut-être, ou les détourneroient du but principal de leur destination. Il faut convenir que Goettingue jouit des avan- tages , et a su éviter les inconvéniens développés dans les conséquences que l’auteur a tirées de son principe ; que les universités doivent être des ins- tituts formés pour la culture et l’instruction de toutes les nations. Apres ces remarques générales l’auteur passe au particulier et examine ce que l’on a fait à Goettingue par rapport aux objets de l’université les plus im- portans. Ces objets peuvent être divisés en quatre classes; 1.°les professeurs ; 2.° l’établissement et la conservation des instituts publics ; 3.° la discipline académique, et 4° la police proprement dite. Tous ces objets sont traités en détail par l’auteur. Je ne parlerai pas de tous ; je dirai seulement un 384 Nouvelles littéraires. mot relativement à la première classe, et je me bore nerai à nommer Îes instituts publics les plus mare quans. Pour remplir fe premier objet, les curateurs ont fait tout ce qu’il leur a été possible de faire avec lés moyens qu’ils avoient dans les mains. Ils ‘ont tâché surtout d'améliorer le sort des professeurs qui souffroient nécessairement du haut prix des choses nécessaires à la vie et de la diminution du nomb:e Ides étudians. L’auteur a une idée excellente qu’il seroit bien intéressant que l'on püt réaliser. Il de- sireroit que l’on instituêt une caisse des fonds de la queile on püt donner une sorte de pension aux vieux professeurs de philosophie et de théologie qui , nè pouvant plus se procurer autant de ressources que pendant leur jeunesse, se tronvent Îe plus génés dans un âge où les privations sont les plus dures. Par ins- tituts publics , l’auteur entend ces établissemens ‘qui ont été fondés, soit pour l'avantage des pro- fesseurs et des étudians, par rapport à l’université considérée Comme institut littéraire, soit pour l’en- tretien des familles des professeurs et Pencourage- meni des étudians. À la tête des initituts publics da premiergenre, est sans contredit la biliothéque riche ‘d’environ 200,000 voluines , et arrangée de manière à être peut-être l'institut de ce genre le plus utile de toute l'Europe. Non-seulement les professeurs et les étudians en peuvent profiter avec la plus grandé facilité et en profitent réellement de manière que p'esque chaque jour plus de 200 livres sortent de la bibliothéque, mais encore un grand nombre d’é- transers viesnent à Goettingue uniquement pour en profiter. Nouvelles littéraires. 385 profiter. La bibliothéque renferme en outre une belle collection de gravures et de plâtres d’après les plus beaux restes de l'antiquité. La maison d’accouche- ment est un des plus beaux instituts de ce genre dans toute l'Allemagne. L'iépita!, les jardins bota- nique et économique , le laboratoire chymique , le muséum , le cabinet de physique , l'observatoire en- richi d’un télescope de Herschell de quatorze pieds de long , tout montre les soins que le souverne- ment a pris pour soutenir l’université. Tels sont les instituts publics du premier genre, mais il est en- core trois établissemens qui méritent d’être rap- portés. Jls ne tiennent pas, il est vrai , à l’univer- sité considérée comme institut d'enseignement , mais deux se rapportent à elle comme chargée de con- server et d'augmenter le dépôt des connoiïssances humaines, et Île troisième peut contribuer beaucoup à instruire les professeurs eux-mêmes. Le premier de ces établissemens est la Société royale des sciences divisée en classes mathématique, physique et histo- rique. Cette société distribue chaque année un prix de la valeur de 5o ducats, sur une question pro- posée alternativement par les membres des trois classes ; outre ce prix, elle en distribue encore deux chacun de douze ducats, au meilleur ouvrage sur une question d'économie de police ou de finance. Cette société, une des premières de l'Allemagne , a fait connoître le plus les savans de Goettingue dans le pays étranger. Le second établissement dont je veux parler , tient assez étroitement à la société. C’est Ja gazette littéraire de Goctiingue qui paroît : Tom: IF. Bb \ 3806 Nouvelles littéraires. sous son inspection. Quant au troisième étabriisel ment, j'ai voulu parler de la faculté de jurispru- dence ou cour de justice, qui juge les causes civiles et criminelles dont les actes lui sont envoyés ,et qui aussi donne des consultations. Cette cour de jüstice composée des professeurs en droit, de l'université, n'appartient pas proprement à l’université , consi- dérée comme chargée du dépôt des sciences , elle n’est pas non plus un institut pour l'instruction de la jeunesse, n'ayant pas la moindre liaison avec les étudians. Mais ce collége offre une ressource impor- tante pour agrandir et perfectionner les connois- sances des professeurs en droit en les mettant à même de connoître et de juger des causes réelles , et de joindre à leurs connoissances théoriques, des con- noïssances pratiques. Apres avoir exposé les instituts publics proprement dits, et ces trois établissemens , l’auteur passe aux établissemens formés pour l’en- tretien des familles de professeurs , et pour encou- rager el soutenir les étudians. Le plus important sans doute est la caisse des veuves de professeur. Chaque veuve reçoit 600 livres de pension, et les six plus âgées ont une augmentation de 5o livres. Cet argent peut-être dépensé même hors du pays. Chaque membre qui contribue à la caisse des veuves paye deux louis fous les ans , loisqu'un professeir ne laisse que des enfans, la pension est payée aux enfans jusqu’à ce que le plus jeune ait atteint vingt ans. Sitot que les capitaux de la caïsse sont auge mentés de 2000 liv. on augmente chäque pension de 40 liv. quelque important que soit déja cet ins- Nouvelles littéraires. 387 titut, cependant il seroit à desirer que les pensions devinssent plus forte: , et qu’elles montassent à 1200 1. Pour l’encouragement des étudians, Goettingue offre un établissement qui n'existe dans aucune uni- versité. Ce sont quatre’ prix fondés par le roi, un pour chaque faculté, de la valeur de 25 ducats, On n'a pas voulu par Jà engager les jeunes gens à écrire trop 1ôt, mais bieu donner à ceux qui sont sur le point de finir leurs études, une occasion de se faire connotire avantageusement en entrant dans le monde, Il est beaucoup de jeunes gens auxquels de pareils prix ont été extrémenient utiles. Quant aux secours pour faciliser les études, ils consistent en bourses, en tables gratuites, et en quelques se- cours d’argent que les curateurs donnent comme gratifcations. Cazimrr L'sCzINeKxI : ein Beytrag zur Geschichte des idealischen Atheismus ; zur An'undiguns des àm 4. Junius 1802 vertheilien sicbenten homileti- schen Preises Fou D. Christoph Au MON. C4srMIR LrSsCzZINSKI : mémoïre poxr servir à Dlustoire de l'athéisme. Le docteur Christophe Au- MON , directeur du séminaire de prédication, Mala et impia consueludo est contra deurm disputandi sive ex animo id sit sive simulute Cicero nat. deo- rum. Iï. Le gentilhomme polonois dont le titre norte le nom , envoyé comme once à la diete de Varsovie, fut arrété le 31 octobre 1688, décapite et brûlé dans cette ville, le 31 mars 1689, parce qu’il avoit É Bb 2 388 N. otivelles littéraires, oncu secrétement des doutes sur l’existence de Dieu, et avoit établi dans un écrit que Dieu n’étoit pas le créateur de l’homme, mais que l’homme etoit le créateur de Dieu, puisqu'il se le figuroit de rieu. Ainsil’infortuné polonois qui, dans sa morale, du reste pouvoit avoir assez tourné au matérialisme , avoit échoué en métaphysique contre le méme écueil qui est devenu si fameux par le destin des alexan- drins, de Jean de Damas, de Berkley, de Frédéric- le-Grand, et de nos autres idéalistes modernes, c’est-à-dire contre l’hypothèse , que tout être doîït tomber sous les sens, qu’en conséquence on ne peut attribuer à l’étre suprême aucune existence diffé- rente de notre idée. L'auteur allégue près de vingt écrits qu’il a consultés pour cette biographie. Il dis- tingue entre autres Juluski Seyler et Adelung , et il rectifie plusieurs erreurs que l’on avoit répandues encore dernièrement sur la vie ei la mort du mal- heureux Lysczinski. L'occasion de cet écrit académique a été lan- nonce du septieme prix homélitique qui a été dis- tribué le quatre juin. GRUNDLICHER und ausfuhrlicher Unterricht zur practischen Géométrie von Johann Tobias MATER. Erster Theilmit 7. Kupfertafeln ; dritte verbesserte vermehrte Auflage 8. V4NDENHoC&. | Cours complet de géométrie pratique, par Jean To- bie MAYER. Première partie, avec 7 planches. Troi- sieme édition augmentée et corrigée, in-8.° Dans la séance de la société royale des sciences Nouvelles litiéraires. 389 du sept août, M. Hofmano a lu uu mémoire qui avoit pour objet la détermination , et la description de l’espèce et des sortes de véronique ( veronicarum horti goeltingensis decds ). Sans entrer dans l’exa- men extrémemeht stérile , si quelques sortes ont été connues ou inconnues aux anciens auteurs avant Je seizième siécle (comme autrefois J. Francus dans sa Féronica Théezens , croyoit trouver que la plante nommée A/ysson dans Dioscoride, n’étoit rien autre que notre Véronique officinale ), l’auteur s’est prin- Cipalement occupé des sortes que Linnéus comprend sous sa première division sp/calue, et sur lesquelles les auteurs les plus moderues ne sont pas encore d'accord, L'auteur espère en faciliter et en assurer Ja connoissance, en offrant le résultat de ses observa- tions et de sescomparaisons pendant plusieurs années, en en donnant des descriptions déiailiées , et des gravures, soit de toute la plante, soit de ses diffé rentes parties. Ainsi le présent mémoire contient les sortes suivantes auxquelles il compte en ajouter d’autres traitées de la même maniere, PI. [. Fero- nica vüginica. Remarquable par son aspect diffé- rent de celui de toutes les sortes connues , et par l’organisation particulière de sa fleur. Cette der- nière diffère particulierement des autres par le long tuyau qui la porte. Ce tuyau,et }a capsule oblongue se terminant en pointe, engagea quelques botanistes fameux à en faire un genre particulier sous le nom de Veronicastrum. Le calyce est à la vérité divisé en cinq parties comme dans quelques autres sortes, mais il n'offre pas un caractère constant. Les an- Bb 3 390 Nouvelles littéraires. . 1x thères sont jaunes d’ocre, autrement aussi bleues d’après la couleur ordinaire des fleurs dans les au- tres sortes. Tout le cote intérieur jusqu'aux é amines est garni de poils courts, tandis que dans les au- tres sortes de cette division , l’entrée dans le tuyau de la fleur est ordinairement couverte d’un cercle de poils roides convergens , commeexcepté quelques dessins impaifaits ( Koiphof cent. IV n° 97 Jung- herm fig. 13), on n’en a pas une gravure parfaite, elle se trouve représentée ici en grandeur naturelle, T.2}). Ver. nitid:, spicis terminalibus fustigtatis, Jol ternis quutérnis ovalo lanceolatis serratis glabris niliits , calycibus obtusis. Cette sorte offre plu- sieurs variétés { l’erthyrsord-a et virgitu ). La Ve- ronicu maritima pl, 3, en differe au premier coup- d'œil: spicis terminalibus inæqualibus folits oppositis ternisque suñcorduto lanceolatés, inaequaliter serratis sublus tomentosis. Ces deux sortes sont indisènes en Europe; la derniere se trouve aussi en Alle- magne. Îl y a pne variété à fleurs blanches et à feuilles dentelées en scie dans laquelle es anthères perdent aussi leur bleu pâle, et deviennent jaunes d’ocre, La V. longi foliu pl. 4, spicis terminalibus Joliis ternis , quaternëis lanceolitis acuminatts, inciso serratis, utrinque glabris, pourroit être confondue avec la V.maritima, si, outre les feuilles, la comparaison des parties de la fleur et du fruit à laquelle on a fait jusqu’ici peu d'attention, n’empéchoit dese trom- per. Son nom trivial longifoliu n’est pas très-exact par rapport à quelques autres soites compiises sous cette espèce, qui justement n’ont pas Ce caractere, Nouvelles littéraires. 391 Telle est, par exemple, la V. elutior EHRH, qui est représentée sur la cinquième planche, et à laquelle on a donné le nom plus distinctif de V. ciliaris. Les découpures de ses pétales garnies de petits cils fins, ses bractées plus longues , tout cela joint à sa taille plus élevée, à ses feuilles plus larges, etc., ne per- met pas de douter de sa différence. PI, 6 ). V. z1- can@ ; Spicis terminalibus Jolis oppositis aliernisve lanceolatis dentatis , cauleque tomentoso. Jusqu’à présent on a regardé sous ce nom trois sorles tres- différentes pour une seule et même sorte. L’auteur s’est persuadé de leur différence constante, non- seulement par l'inspection de plusieurs plantes de Sibérie, dessechées, mais par la plantation qu'il en a faite pendant plusieurs années dans le jardin botanique d'ici. Ce qu'il a fait aussi pour plusieurs sortes dans l'intention de juger mieux l'influence du local, et d'arrêter la fécondation trop prompte. Ainsi Fauteur obtint deux sortes, une ( V. 1omentosa, spicis terminalibus foliis oppositis alternisve integris radicalibus cæspitosis lenceoluto ovatis crenalis ; cauleque tomentoso, que deja Æ#man paroît avoir rapportée sous le nom de V. sxicuta lanuginosu et incena floribus cæruleis ) qui differe pour le calyce le fruit et la semence ; et une autre qui est repré sentée sur la septième planche V. subircana qui esg assez distincte de la précédente par ses feuilles extra. ordinairement étroites et les découpures de ses pé- tales. Viennent ensuite deux sortes (pl. 8 et 9) que l’on ne peut ramener avec certitude à aucune des sortes connues : V. complicata spicis 1erminalibus Bb 4 392 Nouvelles littéraires. lateralibus brevioribus sub nutantibus , folita opposilis complicalis dentatis incrassutis lacintis corollæ inte= gerrimis , et Va V. crenulata, spicis terminalibus lateralibus brevioribus , folits oppositis lanceolatis crenato dentatis lacinits, coronæ crenulatis, W en est peutétre de ces sortes comme des sortes V. spuria hybrid et spicata , qui, ou ne sont pas suffisamment déterminées ou doivent être encore séparées de quel- ques sortes très-semblables, La dixième planche re- présente la belle V. pinnata spica terminali folits linearibus pinnatifidis subfusciculatis : laciniis fili- Jormibus divaricatis ( Laxmann in act. petropol. 1770, tom. 29 fig. 1 }. Les papiers publi porté d’Ægypte à Londres un monument ,' sur: es onf déja appris qu’on a ap- lequel se trouve une triple inscription , c’est-à-dire, une dans la langue sacrée, une autre en ægyptien commun, et la troisième en grec; on peut donc espérer que cette pierre, offrant le même sujet trois fois, pourra servir de clef, sinon pour déchiffrer l'écriture ægyptienne commune et l'écriture sacrée, du moins pour en deviner quelque chose. Le grec devant servir de base pour les deux autres, on a cherché d’abord à le comprendre. La Société des antiquités à Londres a sur le champ fait faire un exemplaire (fuc simile) de même grandeur de l’écriture grecque. [Il a un pied trois pouces de haut, trois pieds et demi de large, avec cinquante-quatre lignes. La Société nous a envoyé dernièrement une copie de cet exemplaire ; et, dans la séance de la Société, du 4 septembre, M. HEYNE la montrée, Nouvelles littéraires. 303 ainsi qu’une copie écrite en lettres grecques ordi- naires accentuées, avec une traduction latine, une introduction historique, et quelques explications. Nous en communiquerons quelques idees. L’inserip= tion lapidaire contient le décret d’une assemblée de prêtres à Memphis, par lequel an décerne au roi Ptolemée Epiphanes de nouveaux honneurs divins, par reconnoissance pour les services qu'il a rendus à la religion et à ses ministres, au peuple et à l’état en général, Déterminer le temps et l’occasion de ce décret est le premier objet dont il s’agit, et c’est aussi le premier objet traité dans le méroire: Pto- lémée Ph'ilopator laissa à sa mort (Olÿmp. 144. 1. avant la naissance de J.C. 204) un fils, âgé environ de 5 ans. Les personnages les plus méprisables qui, sous le gouvernement précédent, avoient servi les plaisirs de Philopator, Agathocles, Agathoclea, et sa mère Œnanthe, s’emparèrent du gouvernement 2t de la tutelle du jeune prince ; ils furent suivis par Tlépoleme , et apres par Aristomènes. En 200, les Ægyptiens confierent aux Romains la tutelle du jeune roi, pour protéger l’empire contre les projets du roi Philippe et d’Antiochus de Syrie; cette me- sure occasionna des troubles intérieurs et des ré- voltes ; lorsque Thoas et les Ætoliens eurent été écrasés, on crut le plus convenable pour le repos public de déclarer majeur le jeune prince , âgé alors de 14 ans, et de le laisser lui-même gouverner les affaires. On célébra à Memphis la cérémonie du couronnement, qui est connue sous le nom de Ana eleteria. Olymp. 145. 4. 197 ans avant la naissance LA 39! Nouvelles littéraires. de J. C.;, et 9 ans après la mort de Philopator. La neuvième année est expressément nommée dans le décret. Tout les prêtres d’Ægypte furent invités à cette solennité. Il paroît que dans les dernières années de la minorité du roi, on avoit cherché à gagner le peuple et les prêtres ; le gouvernement avoit accordé particulierement aux prêtres un grand nombre de priviléges et d’immunités, il avoit aussi dépensé beaucoup pour le culte et les temples ; alors, par reconnoissance , l'assemblée des prêtres décréta qu’en couronnant le roi (le jour même est indiqué dans le texte du décret, le 4 du mois (macédonien) xantichus , le 18 du moïs (ægyptien) mechir; dans la première moitié de notre mars, dans la seconde moitié de l’année olympique) ils offriroient leurs hommages au roi de la manière usitée dans ce temps , en lui donnant des titres et lui rendant des honneurs empruntés du culte divin ; le décret con- Uent tous les services que le roi avoit rendus à l'empire et aux prêtres æsyptiens, et ensuite les nouveaux titres d’honneurs qu’on lui décernoit.. Les titres que l’on trouve dans le décret sont: le seigneur des rois, le glorieux, le pieux envers les dieux (on ne connoissoit pas encore l’orthodoxe), le vainqueur des ennemis , le réparateur des plaisirs de la vie, le seigneur des cycles des trente ans. ( Kivptas Toi rpiaxoÿlæ Elmptow ). Vraisemblablement, comme l’observa un membre de la Société ,.relati- vement au cycle intercalaire, remarqué autrefois par feu Gatterer, lequel étoit déterminé d’après les trente dieux , les dieux dés trois classes, huit de la Nouvelles littéraires. 395 premiére, douze de la seconde, et dix de Ja troi- sième (Voyez le mémoire de Gaiterer, de Theo- gonna Ægyptiorum , vol, VII, comment. Socet. Goett.). De plus, le roi est le descendant des dieux, (sxyoves eur Ginoz afopey ) titre pat lequel on ent:nd son père Ptolémée Philopator, et peut-être sa mère, Les titres proprement dits qui sont répétés plusieurs fois âvee le nom sont : le jouissant d’une longue vie, étavobros ; le favori de Phtha , le dieu visible, smigayys (et non pas l'illustre, comme on Île traduit ordinairement ); ie bienfaisant, evyæsioes ( d’après le sens que l’on donnoit à cé mot dans ces temps ). Les titres et les noms des prêtres qui se trouvent en tête du décret de l'assemblée sont : «9° peus FAëToë , ré 'Atlo, Antéæropou as Otuv Ealrpov, #at Or "AdynQüy | nat Ocur Evep”) la , tar Otoy Qiromaloner, x Ocoù Ezigaroës togaægtou. 1] est clair que c’étoient les prêtres d'Alexandre, de Ptolémée Soter, de Phi- ladelphe d’Evergètes, de Philopator , a’Epiphanes, ainsi de la famiile royale mise au rang des dieux. Le nom Ades, aigle, donne à croire qu’il en étoit ici comme des autres sacerdoces dont parle l’anti- quité, que le nom de famille se quittoit tout-à-fait et ne devoit plu: être nonimé , mais que seulement un nom général indiquoit la place ; ici un nom sym- bolique ,. l'aigle , paroit avoir indiqué le grand- prêtre. Une prêtresse de Béiénice, sans doute de la femme de Soier, a le second rang, son nom d’hon- peur est æäa@opos. La troisieme place, sous le nom d’une Cunephora , est donnée à la prétresse d’Arsi- noe, épouse de Philadel; he. La quatiième est occnpée 896 Nouvelles littéraires. par la prêtresse d’Arsinoe, sœur et femme de Philo- Pator ; ensuite viennent æpyitptis , mpoQnlet , mat où ets ve æ Toy ÉLTTTOPEUEMEVOI , mpos roy cloAtrmoy Toy Oroy (Ainsi les statues étoient habillées ou parées ?) xe1 #1epogopr xa1 Ep poumaTers , xaœr ot mot LEPEIS 9 etc, sur lesquels Ja- blonski donnera quelques explications, ainsi que les Savans qui s’occuperont davantage de l'explication de l'inscription. Au mot #popoper, ainsi il est écrit, un des membres se ressouvint d’un passage de Clé- ment d'Alexandrie, où se trouve cepoypaguaæeus Our wTipe ere rs xe@uans (Voyez les Mémoires de Beckmann pour servir à l’histoire des inventions , IV.° part., Pag. 294). Ainsi cette classe se distinguoit par une marque d’houneur , une plume sur la tête, que lon trouve aussi sur les monumens ægyptiens. Voyez, par exemple, Admiranda urbis Romæ , n. 16 (ed. 1693). Le récit des bienfaits dont le prince a comblé les prêtres et le pays, donne une foule de notices sur les différentes sortes d'impôts , il seroit trop long de les détailler tous; ils consistent partie en impo- sitions pécuniaires, partie en contributions en na- ture. Cependant je parlerai d’uu de ces bienfaits qui tient à l’histoire : on compte parmi les services du roi le siége et la prise de Lycopolis ; les révoltés des dernitres années s’étoient jetés dans cet en- droit, et l’avoient fortifié, ainsi le siége avoit des difficultés, surtout dans la huitième année ( du gou- vernement), le Nil ayant crû extraordinairement ; ainsi le roi fut obligé d’opposer des digues aux eaux , afin que le siége püt étre continué avec succès. Polybe (Excerpt. lib, XXIIF, 16) parle du siége de Lycopolis, { Nouvelles littéraires. 307 mais il le met dans l'Olympiade 148, 4. 185 ans avant la naissance de J.C., ainsi 12 ans plus tard; Vaillant le met par conséquent aussi dans cette année. L'inscription le contredit visiblement ; mais il ne faut qu’examiner attentivement les mots de Polybe , il raconte l’évènement de Lycopolis comme quelque chose de passé dans les années précédentes. Les honneurs décernés au roi consistent partie dans la confirmation des anciens titres honorables, partie dans l’addition d'un nouveau, celui de pro- ‘ tecteur (ou vengeur) de lPÆgypte (aloagetu 73 Se mapurorlas Tr Aiyuäle), qui doit être inséré partout dans le rite sacerdotal ; ensuite on élevera au roi une statue dans tous les temples. La statue doit être placée de maniere que celle de la divinité du temple ui présente des armes victorieuses ; » les prêtres doivent adorer la statue trois fois par jour, et dans les processions saintes, où l’on porte de petits temples d’or (il y a v&o:s) avec de petites images des dieux, on doit aussi porter l’image du roi dans uve pareille petite chapelle. Il y a encore d’autres circonstances jointes à celles-ci, lesquelles exigent plus d’explications, que l'auteur s’est réservées pour une autre fois, on y trouve plusieurs objets remarquables. Malheu- reusement l'inscription a souffert dans cette partie inférieure. Elle finit par ces mots : (o) répou Aibou TOiS TE Leposs x ol H'ACILLLES XI EMYVACIS YpaHpaTi, xal snrou ev excelor Toy Te mpoluy no deilepor (sepa). L'inscription ajoutée sur la copie est: Hanc tabulam ex tribus tnscriptionibus duro nigro- 398 Nouvelles littéraires, que lapidi incisis Ægyptivcis scilicet tum sacris turk vulgaribus atque Græcis lütteris tertiam rcferentem ad mensuram algue formas archetypi summa fide suoque surmplu fieri curabat societas antiquuriorum -Londinensts. A. D. 1802. | : Dans cetie même séance de la Société des sciences on a lu un mémoire de M. George GROTESEND, ayant pour titre : P'œwra de cuneulis quas vocant änscripliontbus Persepo itantis legendis et explicandis relatio,, dont le contenu est d'autant plus surprenant , que l’auteur n’est point Orientaliste, et s'est oct upé par hasard à déchiffrer cette écriture, jusqu’à pré- sent si énigmatique. À la suite d’une légère querelle avec un de ses amis , l’auteur, qui depui: longtemps s’étoit exercé à dechiffier, gauea qu'il déchiffreroit une des inscriptions de Persepolis. Il réussit au- delà de son attente, et en peu de semaines 1l se vit en état d'expliquer la plus grande partie des inscriptions, et de communiquer des détails sur la manière dont il sy étoit pris et sur ses résultats. L'auteur parle d’abord de l'écriture cunéiforme en général, et il expose les principes suivans : 1.° les caracteres à coin sont réellement des lettres ; il y en a trois sortes sur les monumens de Persépolis, qui, pour la plupart, correspondent entre elles, comme Méchuhr.et Murter l’ont remarqué, et qu’on pourroit nommer la première, la seconde et la troi- sième sorte d'écriture. On peut les distinguer toutes les trois parfaitement sur le vase de Caylus ( Rem. d'Ant. V. pl, 30), pourvu qu’on corrige seulement deux signes, d’après des inscriptions pareilles qui se Nouvelles littéraires. 309 7 trouvent chez Niebuhr et le Bruyn, 2. Les figures à coin sont des lettres alphabétiques , et non des syl- Jlabes ou des signes, Dans la premiere sorte de lettres , la fin d’un mot est indiquée par un coin posé obliquement, dans la seconde par un coin per- pendiculaire. Si les groupes de figures étoient des: syllabes , il faudroit avoir ici des mots de dix syl- Jabes, car tres-souvent il y a autant de signes entre deux séparations de mots. On distingue aussi dans chacune de ces sortes d'écriture environ quarante signes, nombre qui seroit trop petit pour une écri- ture figurée. 3.° Toutes les inscriptions à coin vont de’gauche à droite dans uve direction horizontale , point verticalement ou en caracteres bustrophédon:, comme on |: peut voir, en comparant les inscriptions B, D, C, dans Niebuhr (On voit par là que ce principe ; exprimé peut-être trop généralement , ne peut s'appliquer qu'aux inscriptions de Persépolis ), Dans la seconde section, au sujet des inscriptions de la première sorte en particulier , l’auteur remarque que cette écriture a besoin de signes propres pour les voyelles longues et brèves, comme le fait une ancienne écriture persanne , le Zend ; de-là vient la quantité de quarante lettres que Niebuhr a déja recueillies. De plus, la langue de ces inscriptions est le Zend , ce qui peut expliquer la quantité de voyelles, Enfin , toutes les inscriptions que l’auteur æ pu expliquer jusqu'ici se rapportent à Darius, fils d'Hvstaspes, et à Xercès, point que de nouvelles recherches ont déja porté à un haut degré de vrai- semblance. Dans la troisième section , l’auteur montre 400 Nouvelles littéraires, enfin la manière dont il a procédé , et donne ses explications, Les snppositions dont j’ai parlé, ainsi que l'analogie des inscriptions des Sassanides, don noient à attendre particulièrement des noms de roi et des titres ; particulièrement pour Darius et Xer- cès. Les mots auxquels se trouvent des flexions devoient-être des titres. Par differentes combinai- sons, l’auteur obtint les noms de KAscherche et Darheusch ; lut, à Paide des mots trouvés, les autres mots de l’inscription, sur l’urne de Caylus et de celles B et G de Niebuhr , et il les expliqua d’après le Zend. Les dictionnaires et les remarques gram= maticales d’Anquetil le servirent beaucoup dans ce travail. L’auteur a donné, comme résultats de son travail , Pexpiication des inscriptions de l’urne dont j'ai parlé et de celles de Niebuhr, pl. XXIV, B,G- 1] lit ainsi celle B de Niebuhr : Dérheñsch Khschéhiôh eghre. Khschehiôh Khschéhiohetchäo. Khschéhiôh. Dahutchao. Goschlasphæhe , bün akheotchoschoch , éh, 600, Môro, ezutchusch : c’est-à-dire, Darius rex fortis , rex regum , rex daharum , (filius j Hys= 1aspys, stirps mundi recloris , in Constellalione mas- cul& ro Moro, roù Ized. Moro est une des vingt huit constellations; l’auteur rapporte le mot gou- verneur du monde à Giemshid , dont les rois persans, les Achemenides, tiroient ieur origine. Il lit ainsi celle marquée G de Niebuhr : Khscherche'Khschéhiôh eghre. Khschéhiéh. Khschéhioheichäo. Darheush Khschehiohéhé. bûn. akheotchoschôh ; c’est-à-dire, Xerces rex fortis, rex regum ( filius ) Darti regis stirps omniumn rectoris. L'auteur explique aussi lins- cription . Nouvelles littérarres. 401 cription qui se trouve dans le Bruyr, pag. 273, n.° 133, sur le manteau du roi: 1l propose même des corrections; il croit aussi pouvoir rétablir et corriger l'inscription sur la fenétre ( Voyez dans le même endroit, n.° 134). Ce que j'ai rapporté peut servir à juger son travail. Quelque inattendue qué soit cette découverte, elle paroît cependant mériter quelque attention. On a raison, il est vrai, de se mettre en garde contre des découvertes de ce genre, parce qu’il est très- facile de se laisser tromper par des combinaisons possibles , et par quelques suppositions que le hasard a fait trouver , surtout lorsque la langue n’offie pas un moyen sûr de juger , et au contraire, en quelque façon , il faut d’abord trouver la langue elle même. Comme l’auteur n’a point communiqué son alpha- bet, comme il n’a pas remarqué s’il est juste pour toutes les inscriptions de Ja première sorte d’écri- ture, et jusqu’à quel point il s’est occupé des autres sortes, On ne peut point encore porter de jugement sur la certitude et lPétendue de sa découverte. II paroît que l’auteur s’est occupé principalement , jusqu’à présent, des inscriptions de Persépolis, et il faut restreindre à ces inscriptions que'ques prin- cipes exprimés trop généralement ; savoir, que chaque sorte d’écriture offre quarante signes, que toute écriture à coin a une direction horizontale, et que toutes sont alphabétiques. Il y a aussi dans lexplication quelque chose à rectifier : rex daharum , par exemple , comme titre de Darius, est peu vraisemblable ; quant au mundi rector , on le Tome IF. Ce 402 Nouvelles littéraires. rapporteroit , peut -être avec plus de raison, à Ormuzd. Du reste, ce qui pourroit prévenir favora- blement pour l'hypothèse de l’auteur, c’est qu'elle se. fonde sur ce que les recherches et les observa- tions faites jusqu’à présent nous donnent comme le résultat le plus vraisemblable. On peut admettre, en effet, d’après elles, que les bâtimens de Persé- polis appartiennent au temps des successeurs de Cyrus; on peut même aller plus loin , et prétendre que la plupart des monumens ont été achevés sous Darius et les rois suivans, parce que Île peu de durée du gouvernement de Cambyze n’eût pas suffi pour l'exécution de pareils ouvrages. Comme les inscriptions sont du même temps que les monu- mens, il faut qu elles se rapportent à ces temps et à ces princes. Enfin ) on voit que écriture à coin sur ces monumens , et en général où elle a une di- rection horizontale, est écrite de gauche à droite, Cette circonstance, que Niebuhr observa , est prou- vée incontestablement par une pareille inscription lapidaire qui se trouve dans le Muséum national à Paris, et que le C. Millin a donnée dans le pre- mier cahier des Monumens antiques , pl. VIIL, 1X: L'artiste a dans cette inscription mis des coins isolés, ou des groupes, ou des lettres entières, qui n’a- voient plus de place au dessus des lignes ou dans la seconde colonne, et cela toujours à droïte, où ainsi doit être la fin de la ligue. L’explication de l'auteur répond à ces données. Il lit aussi de gauche à droite, et trouve dans les inscriptions des rapports à Da- rius, Xercès, et aux objets du culte des Mages. Les Nouvelles littéraires. 403 légendes que l’auteur a trouvées sont convenables et vraisemblables , considérées historiquement. Elles ont aussi la plus grande analogie avec les inscrip- tions des Sassanides ; dynastie qui descendoit des anciens rois perses , et chercha à en rétablir l’em- pire et la religion. Comme ces princes se nomment sur les monnoies et les monumens, rois des rois d’Izan , d’origine divine , ete., de même on trouve ici des titres pareils , seulement plus simples. Le temps seul apprendra si la continuation du travail de l’au- teur justifiera ces explications. _ Si nos savans réussissoient à présent à déchiffrer lécriture à coin, leurs découvertes jeteroient une grande lumière sur plusieurs points des antiquités asiatiques, parce qu'on découvre chaque jour plus de monumens avec cette écriture. On peut les diviser en trois classes. 1.° Les Babyloniens, parmi lesquels on compte les briques des murs de l’ancienne Babylone, et peut-être quelques autres monumens, si les re- cherches du docteur Lichtenstein ne leur assignent pas un autre temps. L’écriture a un caractère propre que lon pourroit distinguer par la dénomination d'écriture (Nagel Schrift). 2.° Les Persans : les mo- numens de Persépolis, quelques gemmes et vases, la pierre dont parle le C. Millin et plusieurs autres. L'écriture de ceux-ci ont plus de ressemblance avec la pointe d’un dard. On la nommeroit écriture à dard (Pfeil Schrift). 3° Les Ægyptio-Persans : c’est à ceux-ci qu’appartiennent vraisemblablement les amu- lettes cylindriques d’'Hæmatite avec des figures et des lettres en coin , et particulièrement un fragment Cc 2 ‘404, _ Nouvelles littéraires. de pierre que l’on a trouvé près de Suez, et qui porte des lettres à coin et une tête persanne , sur laquelle on voit une aile d’épervier. La gravure s’en trouve dans Ja collection de Denon, d’après un dessin commu- niqué par le général Dugua. Cette variété de monu- mens qui, chaque jour, deviennent plus nombreux , prouve combien a été répandu, pendant un certain temps , l’usage de ces sortes de lettres. SYLLABUS plantarum officinalium, ou Catalogue systématique des plantes officinules ; par G. F. HOFFMANN , professeur de médecine et de bota- nique. 1802. Schræder. Gætting. Cours de la vaccine inoculée par le moyen de l’em- plätre vésicatoire ; observé et décrit par S. B. OSIANDER , docteur et professeur en médecine à l'Université de Gæltingue , présenté dans un ta- _ bleau colorié fait d'après ses propres dessins , of- frant , d'une manière très-vraie et très-exacte , les changemens progressifs de cette maladie. Gætting. aux dépens de l’auteur. 1802. BERLIN. Brennus, opéra. Topéra de Brennus, donné l’hiver dernier à Ber- L’op le B 4 Ph dernier lin, au bénéfice des pauvres, produisit une recette de 3,058 écus, qui ont été partagés entre les écoles. d'industrie et les indigens des corporations des ré- ormés allemands, des Francois réformés, des Juifs, formés al] ds, des Franc formés, des Juifs du Burgerrettungs-Institut et les veuves et orphe- 8 5 lins des membres de l’orchestre. Nes liriéraires. 409 FO R'AN: C'E. TuRrIN. V'accine. La députation pour la vaccine a tenu dernière- ment une séance intéressante dans une des salles du conseil de santé. Le médecin Sachetti, prési- dent de la députation , a lu un mémoire par lequel il a prouvé ,avec autant de clarté que ide force; qu'on ne peut plus mettre en doute ,,si la vaccine pré- serve de la petite vérole. Un nombre immense de faits permet d'établir en principe de médecine que les personnes une fois vaccinées , ne sont plus su- sceplibles de cette maladie, Le médecin Caligari a ensuite entrepris de dé- montrer par plusieurs expériences que la vaccine contribue beaucoup à fortifier la constitution phy- sique des individus vaccinés. Pour réfuter les écri- vains qui ont avancé que la vaccine:n’étoit qu’une maladie constamment locale et incapable de se dé- velopper dans ceux qui ont eu la petite vérole ; ce judicieux observateur a rapporté les cas de, vaccine générale, remarqués tant par lui que par d’autres membres de la députation , et a détaillé les expé- riences qu’il a faites sur la fausse vaccine. Il a ter- miné par proposer celles qu’il conviendroit de faire, pour décider entièrement s7 les individus qui ont eu la petite vérole , sont encore susceptibles de la vé- rilable vaccine. Ce 3 406 Nouvelles littéraires. Le docteur Crivelli , secrétaire adjoint , a lu un rapport sur tout ce que la députation a fait depuis son installation jusqu’à ce jour ; sur les obstacles qu’elle a rencontrés, sur les efforts qu’elle a faits pour les vaincre , et sur les succès assurés qu’elle a obtenus. Cette séance importante est une nouvelle preuve que la science médicale est cultivée dans les six dé- partemens réunis avec autant de zè'e et de succès, que dans les autres parties de la France. P'AURAT'S. Société philomathique. On y à lu une notice intéressante sur les substances minérales prétendues tombées du ciel, et nouvel- Jement analysées par MM. HowaARD et BOURNON. Nous avons parlé, dans un de nos derniers nu- iwéros, d’une espèce particulière de pierres, que l'on n’a jusqu’à présent trouvées qu’en très - petite quantité, et dans des lieux très-distans les uns des autres , mais qui se ressemblent toutes par leur aspect extérieur et leur composition chymique. Nous avons exposé les caractères qui les distinguent de toutes les substances minérales connues jusqu’à présent ; enfin, nous avons rapporté les raisons qui donnent lieu de penser que ces pierres ne sont point natu- relles à notre globe, mais qu’elles y sont tombées \ du ciel à différentes époques. Nous avons dit que ce phénomene, tout étrange qu’il peut paroître , est si peu contraire aux lois de Nouvelles littérarres. 407 la nature, qu’on pouvoit lui assigner une cause, à ‘la vérité hypothétique , mais cépendant conforme à toutes les règles de la plus saine physique. Et qu’on prenne bien garde que nous ne prétendons pas ici assigner une cause réelle et certaine, maïs seulement présenter une supposition propre à mon- trer que le fait de la chute de ces pierres ne ren- ‘ferme en soi aucune impossibilité. L'hypothèse dont il s’agit est que ces substances »pourroient avoir été lancées de la surface de la lune. Peut-être, au premier coup-d’œil , trouvera-t-on -cette explication bizarre, peut-être même la trai- tera-t-on d’absurde ; maïs si lon veut bien faire attention que le phénomène lui-même a d’abord été regardé comme une absurdité avant qu’on l’eût examiné, tandis qu’à présent il paroît extrêmement difficile de ne pas se rendre aux preuves multiphées qui l’attestent , on conviendra qu’il faut, avant de décider, entendre et peser les raisons qui peuvent «rendre les choses probables. ‘On sait que l’action de la pesanteur ne s’arrête point à la surface du globe : c’est elle qui, affoiblie par la distance, retient encore la lune dans son or- bite. Les corps qui sont à la surface de ce satellite pèsent à leur tour vers son centre : un corps placé entre la lune et la terre, seroit par conséquent sou- mis à la double action deleurs pesanteurs. * On conçoit donc qu’il doit exister sur la droïte qui joint la lune et la terre, mais beaucoup plus près de la première que de Ja seconde, un point Ce 4 _ 408 Nouvelles littéraires. -où ces attractions sont égales : un corps qui y seroït placé seroit en équilibre, et suivant qu’il s’en éloi- gneroit d’un coté ou de l’autre, il tomberoit sur la lune ou sur la terre, | | Imaginons qu’une cause quelconque , par exemple une éruption volcanique (car,on sait qu’il existe des volcans dans Ja lune }, lance des: matières au- delà de ce point d'équilibre : elles descendront vers la terre, et viendront s’y précipiter. Cette impulsion initiale ne sera point ralentie par l'atmosphere de la lune, car on sait, par les oceul- tations des étoies, que cette atmosphere, si toute fois elle existe, n'a presque pas de densité; au liew qu’à la surface de Ja terre, les plus grandes forces de projection seio'ent bientôt anéanties. «Ces pierres, lancées par les volcans lunaires, s’ap- procheroïent de la terre avec un mouvement accé- léré ; tombant de si loin, elles entreroient dans l’at- mosphère avec une vitesse considérable, qui s’affoi- bliroit graduellement par la résistance de ce fluide, et elles arriveroient enfin sur la surface de la terre, avec la vitesse ordinaire des corps graves, mais probablement échauffées et peut - être enflammées par le frottement que cette énorme résistance leur auroit fait éprouver. Si ces substances étoient de la même nature que celles qui se trouvent sur la terre, le phénomène ne pourroit être remarqué; et si l’on venoit jamais à le découvrir , ce ne pourroit étre que par la ren contre de matières qui seroient, entièrement incons Nouvelles littéraires. 409 nues. Il suffiroit donc pour cela que quelqu’une des substances lancées par les volcans lunaires fut diffé- rente de celles que présentent sur la terre les érup- tions volcaniques. Sans vouloir, donner trop de confiance à l’expli- cation que nous wenons. de développer, nous de- manderons si elle.ne satisfait pas ‘exactement aux phénomènes qne nous examinons,, et à toutes, les circonstances: dont on atteste qu’ils sont accom- pagnés. J Aussi a-t-elle été émise avec autant de sagacité que de réserve par le C. Laplace, Le C. DumériL a lu une autre note sur une tren- taine de calculs du poids de cinq onces et demie, et d’un volume très-considérable, extraits de l’intérieur de la fosse naviculaire. Le jeune homme dans le canal de l’urètre duquel s’étoit engagé cet amas de calcils, étoit âgé de vingt -un ans. Le premier noyau paroissoit s'être formé dans la fosse navieulaire. La cause primitive -étoit due à uv resserrement du prépuce , à un véri- table phimosis naturel qui, au moment de l’opéra- tion, permettoit à peine l'introduction de la tête de l'épingle dont le malade se servoit pour soulever les calculs qui retenoiént l'urine dans le canal, et qui lui occasionnoïent des douleurs ‘horribles. C’étoit autour de ce premier noyau que s’étoit déposé sue- eessivement ce grand nombre de calculs qui, par leur volume considérable, avoient entièrement dé- oformé le gland, et lui avoient donné l’apparence 410 Nouvelles littéraires. d’une seconde vessie, placée à l'extrémité de la verge. Trois calculs principaux, articulés entre eux, de près de 0,60 de longueur, et de 0,40 de diamètre, formoient les parois de cette sorte de géode ou de carrière , dans la cavité de laquelle étoient flottans les autres caleuls polis , taillés à facettes , de grosseur et de forme diverses. Pour extraire cet énorme calcul, il ne s’agissoit que d'ouvrir le gland tellement aminci, qu’il ne formoit plus qu’une sorte de membrane , au dessous de laquelle on sentoïit les trois calculs principaux qui formotent géode. Maïs devoit-on ouvrir le gland en dessous ? I] y avoit à craindre alors un hypospa- dias , à cause de la grande étendue qu’il falloit don- ner à l’incision ; et cette ouverture se seroit opposée à l’éjaculation de la semence vers la partie supérieure de la vulve, D'un autre part, si l’on pratiquoit l’in- cision vers le dos de la verge, les urines devoient s’écouler moins facilement, mais c’étoit le seul in- -convénient qui pouvoit «en résulter : aussi le C. Du- méril s’est il décidé à faire lincision dans ce-sens, à produire un épispadias, L'ouverture faite, les calculs furent extraits très- facilement avec les doigts, et le gland entièrement renversé ou retourné, Sa face intérieure ressembloit au fruit du mûrier ou à une morille fraîche. Dans chacune des anfractuosités s’étoient logés des fragmens de pierre , qu'il retira à l’aide d’un cure-oreille. Les urines coulerent facilement , pour la première Nouvelles littéraires. 4ir fois de la vie, sans douleuret en un jet continu , trois quarts-d’heure après l’opération. Le lendemain le volume du gland étoit déja diminué de moitié, les anfractuosités commençoient à s’effacer. Le prépuce le cernoit à la base, et y formoit une sorte de cou- ronne. Une dixaine de jour après, la plaie étoit cicatrisée, et le malade sortit de l’hépital parfaite- ment guéri, et propre à toutes les fonctions qui dé- pendent de cet organe. * Le C. Duméril se propose de déposer ces calculs dans la collection précieuse en ce genre que possède l'Ecole de médecine de Paris. Soctélé académique des sciences. La Société académique des sciences vient de recevoir de l'ile de la Réunion (Bourbon), par la voie du vice-amiral THEVENARD, une caisse de lait de papayes, qu’on regarde dans les colonies comme le plus puissant moyen pour la guérison des vers, et !epécialement du ver solitaire. MM. Naucxe, CossicNi, DuBREuUIL et LE- GOUDE-FLAIX ont été nommés pour l'examen et Papplication de ce médicament. x DE Vie DS 0 pme oil pA TN HISTOIRE NATURELLE. ANNALES du Muséum national d'histoire naturelle, second et troisième Cahiers. Les articles contenus dans ces deux Cahiers sont, l'excellent Mémoire du C, Fourcror sur Le nombre, la nature et les caractères distinctifs ‘des différens | matériaux qui forment les calculs, les bézoards et les diverses concrélions des ‘animaux. Le célèbre SCHEELE avait déja reconnu dans les calculs uri- naires l’acide lithique, appelé acide urique dans la nouvelle nomenclature; mais i} croyoit que e’étoit leur seule matière constituante. D’autres chymistes y ont reconnu depuis le phosphate de chaux ; base des os. Les C.ens VAUQUELIN et FOURCROY ont analysé plus de 600 calculs uiinaires | et beaucoup de con- crétions animales, et ils ont réconnu dans ces! ana- lyses, outre l’acide urique et le phosphate de chaux, V’urate d'ammoniaque, dans les calculs urinaires ; Vurate de soude, dans les dépots soutteux ; le phos- phate de chaux, dans différentes concrétions ; le phos= ! phate acide de chaux, dans les bésoards vésicaux des mammiferes ; le phosphate ammoniaco - magnesien , dans les calculs et les bézoards ; l’otalute de chaux, dans les calculs humains tuberculeux et de couleur: de mûres; le carbonate de chaux, dans les calculs urinaires des animaux , à l’exception de l’homme ; la silice qui existe, maïs très-rarement dans les cal- culs humains ; l’edipocire, ainsi nommé de ses ca- ractères qui la rapprochent de la graisse et de la cire, qui sert de gluten aux calculs du fiel de l’homme ; la résine animale bézoardique , concrétions animales * (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un extrait, ou une notice plus détaillée. Livres divers. 413 en tout ou en partie résineuses, connues sous le nom de bézoards orientaux ; enfin la gélatine qui paroïit servir de lien aux différens/matériaux des calculs. À ce mémoire est jointe une planche qui représente les différens calculs ou bézoards , gravés en couleur. Le C. Fourcroy traitera dans un autre Mémoire, dont l’objet n’est pas moins intéressant, de la distri- bution et de la classification des calculs. Mémoire sur de nouvelles vartéiés de chaux car- bonatée , avec quelques observations sur les erreurs auxquelles on s'expose en se bornant à l'usage du gonyemètre pour la description des crystaux, avec , planche; par le C. HAUr. Plantes rares qui ont fleuri en l'an x, dans le jardin ou dans les serres du Muséum , par le C. DEs- TONTAINES.— Ces plantes sont la Méthonice su- perbe (Gloriosa superba, L.) le Chetranthus farsetia { Lunaria scabra, FoRrsx), le Polygala oppositi Jolia , VAndropogon annulatum , ia Malpighia cocci- gera, la Conyza candida. . Description d'une nouvelle espèce de Scorsonère (Scorsonera aspera ,) par le même.— Ce Mémoire est accompagné d’une planche, treès- bien dessinée par Mille Sophie de Luigné. Mémoire sur une école d’urbres fruitiers , établie au Jardin nationul des Plantes de Paris, par André. à Taovrn.— Cette école sera du plus grand intérêt pour cette partie de la culture ; la distribution ar- rêtée par le C.'Thouin , d’après la nature des fruits, est simple et commode comme elle devoit lêtre, pour être comprise par les jardiniers. La synonymie si bizarre et si étendue des espèces et des variétés des arbres fruitiers, sera enfin fixée par le beau tra- vail qu'il prépare. Il a joint à ce Mémoire un excel- lent tableau méthodique des arbres à fruits. Observations sur les oiseaux rangés dans le genre Tangara , ævec la description d’une espèce nouvelle, trouvée en Afrique; par F. M. DAauDinN.—Cet ex- cellent ornithologiste détermine les vrais caracteres qui séparent le genre Tangara (Tanagra, L.) I 4t4 Livres divers. fait voir à quels autres genres il faut reporter plu- sieurs espèces qui y ont été réunies ; il donne la description et la figure du Tangara des malimbes (T'unayzra malimbica) qui, par ses caracteres bien trauchés, peut servir à le distinguer des autres es- peces congénères, Descriprion de l’Achire barbu , espèce de pleuro- necle ,inligrée par GRONOU ; par E. GEOFFROF.— Le C. Geoffroy, après quelques observations physio- logiques, sur la singulière organisation des pleuro- nectes qui ont les yeux placés du même côté; dé- crit une espèce indiquée par Gronou , et négligée par Linnæus et par Gmelin, mais rétablie dans ses. droits par les CC. Bonaterre et Lacépède , qui la classé dans son genre Achire, ainsi appelé de son caractere, qui est de manquer de nageoires pecto- rales. Le C. Geofioy décrit des individus vivans qu'il a trouve das la mer Rouge; il en donne une bonne figure. | Mémoire sur le Bulla aperta, LiNN. Bullæa de Lamarok ; par G. CuriEzr. — Le C. Cuvier a déja donné un eisai du superbe travail qu’il a en- trepris sur l'anatomie des vers, dans le premier nu- méro de ces annales: uous avons cité sa dissertation sur PAmpulla ; celle sur la Bulla aperta west pas moins intéressante. Il y: fait voir d’abord que la plu- part des vers mollusques ont une véritable coquille, quoiqu’elle échappe à l’observation des conchylio- Jogistes vulgaires. L’os de l’intérieur des Limaces, la lame cornée qui est dans l'interieur du manteau de }’Aplysia , Vos de la Seiche, l'épée du Calmar, ne diflérent que très-peu des coquilles communes ; mais dans le Bu/la aperta, L. la coquille est si bien reconnue , qu’elle est rangée comme telle dans tou- tes les collections, quoique son corps la recouvre en- tierement. Le C. Cuvier décrit ce testacé exté- rieurement et intérieurement : i] indique la position des viscères, les organes du système-nerveux et de la digestion. Une planche dessinée par le C. Cuvier, avec le talent supérieur qu’il joint à tous ceux dont …— LA Livres divers: 419 la nature et l’étudel’ont doué, et très-bien gravée par le C. Cloquet , rend encore plus sensibles les parties anatomiques de l’espèce si habilement dé- crite. Il donne encore la description du Siguret (Helix haliothoidea , L.) du Dolabella de Lamarcek, dans lesquels on observe la même singularité d’or- ganisation, d’avoir la coquille cachée dans l’intérieur de leur corps. Extrait d'une Lettre du €. RIEDLÉ, embarqué en gualité de premier jardinier ; sur le Géographe, Pun des vaisseaux commandés par le capitaine BAUDIN, datée de Timor, le 6 vendémiaire an X , adressée au C. THouIn.— Cette Lettre intéressante a déja paru dans le Moniteur, mais elle est ici toute en- tière avec des détails plus circonstanciés. Notice sur deux Kanguroo vivans , acquis en An- &leterre ; par le C. GEOFFROF. — L'espèce des Kan- guroo ( Didelplus gigantea, 1.) est suffisamment connue ; mais le C. Geoffroy a recueilli dans cette note quelques déiails curieux sur leurs mœurs qu'il a été à portée d'observer. À. L. M. Z'OHONEC ONCE: HISTOIRE NATURELLE des animaux, par PLINE; traduction nouvelle, avec le texte en regard ; par à P. C. B. GUEROULT, professeur de langues an- ciennes aux écoles centrales de Paris , ci-devané professeur d'éloquence en luniversité de Puris, membre de lu Société d'émulation de Rouen. À Paris, chez Delance et Lesueur, libraires, rue de la Harpe , n.° 133. An x1— 1802. 3 vol. in-8.° de 487 , 416 et 402 pages. , Traduire Fline est une entreprise extrêmement difficile, comme le dit très-bien le C, Gueroult. Le ciel, la terre, l’eau, les animaux, les minéraux, Vorigine , les progrès et les procédés des arts ; il a tout embrassé dans son HISTOIRE NATURELLE, inventaire précieux de tout ce qui formait alors les 416 Livres divers. véritables richesses de l’ésprit humain. C’est assez prouver qu’un seul homme , malgré tous les secours que l’en a aujourd'hui, pourrait difficilement donner une traduction de Pline: celle du C. Poinsinet four- mille d'erreurs; et peut-être celle de Dupinet, malgré son vieux style, lui est-elle préférable pour l’intel- ligence du texte. Le C. Gueroult a senti cette diffi- cul'é ; il n’a traduit dans Pline, que les Livres où il traite de histoire des animaux. Il avoit déja donné un volume des morceaux choisis dans Pline : il avoit alors principalement extrait ces morceaux éloquens qui pouvoient servir à faire connoître le génie de son auteur. Son travail actuel est plus spécial. Nous ne pouvons que louer le travail de l’auteur, principalement sous le rapport ‘de l'élégance et de la pureté du style ; mais nous ne croyons pas qu’il ait été aussi heureux dans ses remarques : il paroït homme de lettres ei homme de gout, mais il ne semble pas avoir beaucoup cultivé Îles sciences. Son commen- taire est basé sur un petit nombre d’auteurs, qui ont rarement discuté et approfondi les questions in- téressantes que le texte peut offrir. Le traducteur pa- roit même avoir négligé quelques ouvrages qui au- roient pu lui fournir des remarques utiles , tels que le Traité de GRONO, sur les animaux aqguati- ques cités par Pline ; celui de M. MEREM , sur les animaux de la Scythie, dont PLINE à fait men tion; les excellens ouvrages de M. de V<HEIM, sur les fourmis de l'Inde, ceux de MM. BECKMANN et SCHNEIDER ; la nouvelle et savante édition de Hicerozoion de BocuarT, etc.e:c. Kafn, il auroit dû rechercher dans une foule d'ouvrages les correc- tions qui ont été faites au texte de son auteur, et les explications qui en ont été donnes. La connoïissauce approfondie de la zoologie seroit nécessaire à un traducteur de Pline, pour, rapporter autant qu’il seroit possible, les noms #e%é aux noms môdernes ; et cette synonymie ne 5€ trouve pas dans l'ouvrage du C. Gueroult. Il se distingue d’ailleurs par une grande élégance ; sa Livres divers. 417 sa lecture est intéressante et agréable , et il ne peut qu’ajouter à sa réputation comme écrivain. Nous ne doutons pas que ceux qui veulent connoître Pline, et ne peuvent le lire dans l’original ; ne recherchent sa traduction ; si le savant y rencontre peu de choses nouvelles , l’homme du monde y trouvera suffisam- ment de quoi l’amuser et l’instruire. On trouve dans le premier volume deux notes très- savantes du C. Villoisoa ; l’une pour rétablir le nom de Pantomime Mysticus, que les interprètes ont voulu corriger sans raison en Mythicus Mythæcus ; l’autre sur la conformité des lettres latines avec les lettres grecques. L'ouvrage est terminé par des Tables alphabéti- ques amples et commodes. A, L. M. TAFELN der allgemeinen Naturgeschichte nach thren drey Reichen ; nebst vollstændiger Enume- ration aller bis jetzt bekannten Natur-Corper und synoptischer Ueberssicht ihrer Kennzeichen ; he- rausgegeben von F. J. BERTUCK; T'HIERREICH. I und IT Heft; c'est-à-dire, T'4BLESs de l’His- toire nuiurelle , générale, universelle, d’après les ‘trois règnes , auxquelles on a joint l'Enumération complète de tous les corps de la nature connus jusqu’à présent , et la Table synoptique de leurs caractères , publiées par F. J. BERTU CH. Règne animal, L.'° et IL® Livraison. Weimar, au Com- ptoir d’industrie. 1801 et 1802. In-4.. Ces deux Livraisons contiennent les genres et es- èces compris dans la famille des Pecoru ovina, et É trois premiers des Pecora cervina, par lesquels M. Bertuch commence la classe des Mammaux. Cha- que Livraison est également accempagnée de ta- bleaux.synoptiques , analogues à ceux dont nous avons parlé, en annonçant les livraisons du regne végétal. Les planches sont soignée: ; et M. Bertuch a eu l’attention, trop souvent négligée dans les ou- vrages de cette nature , de placer sous chaque ani- L'ome IF. Dada 418 Livres divers. mal une échelle, afin de donner de justes notions de sa grandeur aux commençans. T. F, W. B'O0-T A N 1,0. 0 & TRAITÉ d'anatomie et de physiologie végétales , suivi de la nomenclature méthodique ou raisonnée des parties extérieures des plantes , et d’un exposé succinct des systèmes de botanique les plus géné- ralement adoptés ; ouvrage servünt d'introduction à l’étude de la botanique; par C. F. BRISSEAU- MIRBEL , aide naturaliste aw Muséum national d'histoire naturelle , professeur de botänique à l’Aihénée de Paris, et membre de là Société des sciences, lettres et arts. À Päris, de Fimprimerie de F. Dufart. An x. — 1802. 2 vol. in-8.° de 378 et 351 pages. On souscrit à Paris, chez Dufurt, imprimeur-libraire et éditeur, rue des Noyers, n.° 223 Bertrand, libraire, quai des Augüstins, n.° 35; à Rouen, chez Vallée frères, hbraires; Limoges, chez Baïgeas , libraire ; à Montpellier , chez Vidal, libraire ; et chez les principaux li- braires de l'Europe. Cet ouvrage est dédié au C. Ramond, de l’Institut national. L'auteur l’a fait précéder d’un discours préliminaire qui contient des considérations gé- nérales sur jés' êtres, et un apercu des travaux existans sur l'anatomie et la physiologie végétale : cette partie intéressante de l’histoire littéraire, de la botanique , est -bien traitée. Dans un second discours, le C. Mirbel jétte un Conp-d’œil sur les parties exté- ricures du végétal, et ensuite il passe à l’objet spé- cial de son ouvrage, à Panatomie, Le premier Livre est consacré äux organes élé- mentaires, qui sont les parties que l’on distingue à Pœil nu, les tissus membraneux, cellulaire, tubu- Jlaïre, les grands et les petits tubes, les lacunes, les glandes, les pores , l’épiderme. Le second Livre traite des fluides et des autres substances élaborées dans le végétal; telles que là Livres divers. 419 sêve , les sucs propres, les huiles, larome, le prin- cipe narcotique , la gomme, les résines, la gomme- résine, la poussiere glauque et les fécules. * Dans le troisième Lire, l'auteur s’occupe des or- gaves utiles au développement et à la conservation des individus, et des fonctions de ces organes. IL y traite de la graine, de la germination, des raci- pes, de la tige, de son parenchyme et de ses couches corticales qu’il suit dans les trois grandes classes des végétaux * ainsi il y parlé du stype , du chaume, des boutons , des feuilles et de leurs fonctions ,:des branches, des racines, des glandes, des poils, des épines et de la séve. Le quatrième est consacré aux organes nécessaires à la reproduction de l'espèce : aussi on y trouve lPanalyse de toutes les parties de la fleur et du fruit. Le cinquième complete la connoissance sur l’orga- nisation végétale , en traitant des maladies et de la mort des végétaux. | ; L'ouvrage est terminé par une exposition des diffé- rentes méthodes botaniques. ]l est. accompagné de seize planches très-bien gravées , et. dessinées , qui font reconnoiître avec une-extrême clarté toutes Îles parttes nécessaires à l’organisation végétale ; et à la fn du premier volume, on trouve une exceliente gravure exécutée d’après le tableau original, dépoxé par l’auteur au Muséum national d'histoire natu- relle , d’apres le dessin du C. Sauvage , sur les es- quisses du C. Brisseau-Mirbel ; il sert à rendre seu- sible l'organisation des tissus membraneux , tubulaire et cellulaire, celle des lacunes et de l’épiderme. L'ouvrage est très-agréablement écrit, et nous ne pouvons que le recommander à ceux qui veulent s’instruire à fond des phénomenes si intéressans de la physiologie végétale. A. L.:M. M r'N'É R'À L'O'G'TE. TAFELN der allgemeinen Naturgeschichte nach thren drey Reichen ; nebst vollstaendiger Erume - D d 2 420 Livres divers. ration aller bis jetzt bekannien Natur-Coerper und synoptischer Ucebersicht ihrer Kennzeichen ; heraus- gegeben von F.J. BERTUCH ; Mineral reich, II.es Hefi; C'est à-dire, 7'42LEs de l’histoire naturelle, générale , universelle, d'après les trois règnes , aux- quelles on a joint PEnumération, complète de tous Les corps connus jusqu’à-présent , et la Table sy- noptique de leurs curartères, publiées par F. 4, B£rTucu. Règne minéral, 11° Livraison. Wei- mar, au Comptoir d'industrie, 1802. {n-4.° En annonçant la [."° Livraison (1) du regne mi- néral dans cet ouvrage utile, nous avons fait avec plaisir l’éloge de la belle exécution des gravures. Celles de la seconde Livraison que nous avons sous les yeux , ne leur sont nullement inférieures, et font vivement desirer que M. Bertuch soit, par la suite secondé par les artistes qu’il emploie à la confection de ces planches. Dans cette Livraison , auteur con- tinue de publier les espèces et varietés de la chaux carbonaiée qu’il avoit commencées dans la precé- dente. T. KF. W. PR'y sr QUE. PursiQue D'EMILE, ou Principes de la science de la nature, présentés dans un crire absolument nouveau , et démontrés par des expériences simples et une chaîne de ruisonnemens faciles à suivre 5 . par Em. DEVELEFr, professeur de mathématiques dans l’Académie de Lausanne , membre honoraire des Sociétés de physique et de minéralogie de Jena en Saxe , de la Société des sciences et arts de Mon- tauban. Paris, 1802. In-8.° de 304 pages. G ALVANISME. PRÉCIS succinct des principaux phénomènes du galvanisme , suivi de La traduction d'un commen- (1) Année VIII, t. II, p. 557. | Livres divers. 421 taire de J. ALDINI, sur un Mémoire de GA1r- FANI, ayant pour titre : Des Forces de l’électri- cité dans le mouvement musculaire; ouvruge très- rare en France , et qui n'a point encore été traduit ; et de Pextrait d'un ouvrage de VASSALI-EANDI, ayant pour titre : Expériences et Observations sur le fluide de l’électromoteur de Volta; par CA4S5S1rUS, médecin, directeur de l’école centrale & Aubusson , professeur de physique et de chymie, de la Société galvanique , ete. ete.s LARCHER DAUBANCOURT, chymiste , de la Société galva- nique; ct DE SAINTOT, de la Société galvanique, de l’Athénée des arts, de la Société académique des sciences, et secrétuire de la Société des inven- tions , découvertes et perfectionnemens. Paris, chez Delaplace et Goujon, libraires, rue des Giands- Augustins, n.° 31. An x1—1803. In-8.° de liij ä 52, 32 et 8 pag. Prix, 1 franc 80 cent. , et 2 fr, 25 cent. Les faits connus jusqu’à présent sur le galva- nisme se trouvent épars dans beaucoup d'ouvrages, et ces ouvrages ne sont ordinairement qu'entre les mains de quelques savans ; peu de personnes ont assez de temps pour les lire et pour y puiser les lu- mieres qui s’y trouvent répandues. C’est donc un service essentiel rendu à la science par les auteurs de l'ouvrage que nous annorÇons, que d’avoir réuni dan le plus pet't cadre possible , les traits les plus saillans. Cet écrit sera, d’après cela, très-propre à conduire à Ja connoïssance de cette partie de la physique, ceux qui n’y sont que peu ou point initiés, Après avoir donné un précis historique sur l’ori- gine du galvanisme et sur sa découverte, les auteurs de ce Vsmoire rapportent dans la première partie, les expériences principales et les plus curieuses , qui prouvent existence du fluide galvanique, et qui peuvent jeter quelque jour sur sa nature. Dans la seconde partie, ils ont rangé toutes les applications que l’on a faites à l’art de guérir ; ils y co ajouté d 422 Livres divers. une notice des principaux auteurs qui se sont occu- Fe du galvanisime ; d’abord de ceux qui regardent e galvanisme comme un fluide particulier , tels que Galvani, Humboldt, Aldini, Fowler, Valli : en second lieu, de ceux qui regardent le galvanisme comme identiqe avec l'électricité commune, tels que Voïta, Pfaff, Ritter, Crèves, Van-Marum. Le but des auteurs de ce Mémoire n’a pas été d'entrer dans des détails circonstanciés sur les expé- riences galvaniques , ils ont dû et voulu se resserrer dans un cadre étroit. On ne s’attendra donc point à trouver ici un système particulier, une théorie nouvelle, ni même une explication complète de celles déja existantes , ils ont voulu se borner à pré- senter à leurs lecteurs des idées assez claires sur le galvanisme, pour leur Faire desirer de tourner leurs recherches vers cet objet ; et on peut dire qu’ils ont su‘atteindre ce but. La plupart des expériences rapportées par les au- teurs, ont été répétées par eux-mêmes; de sorte ‘qu'ils peuvent en garantir lauthenticité : mais les circonstances ne leur ont point permis de vérifier quelques faits d’application sur la véracité desquels ils s’abstienuent de prononcer, et qu’ils n’ont ran- gés dans ce mémoire que pour l'exactitude du précis qu’ils ont voulu faire des différens auteurs dont ils présentent l’analyse. À cet ouvrage utile et intéressant, les auteurs ont joint la traduction d’un commentaire peu connu en France, publié par M. Albini sur un Mémoire de Galvani, ayant pour titre : Des Forces de l'élec- tricité dans le mouvement musculaire ; et l’extrait d’un Mémoire françois par M. Vassazr-EAanNDyr, intitulé : Expériences et Observations sur Le fluide de Pélecitro-moteur de Fox TA. Dans cet écrit, Pauteur émet une opinion qui lui est paiticuliere, et pro- pose , suf la naiure du fluide galvanique , une hypo- thèse assez séduisante. L'intérét qu’on témoigne généralement aux pro- grès de cette découverte, assure jun accueil favo- Livres divers. 423 räble à cet ouvrage , qu'on pourra regarder comme le précurseur des découvertes et des applications lwportantes que les savans attendent de la Société qui s’en occupe exclusivement et avec tant de suc- ces-iT. EE. W. » AOCHRAICC URL ETADNR. IE; * L'AGRICULTEUR du midi, ou Traité d'agriculture Propre aux départemens méridionaux , qui fixe les principes de culture , tndique leur application , démontre leurs effits., reforme les abus, corrige les Préjugés, et donne des moyens de rend:e à La terre épuisée sa, première fécondité , par André Louis Esprit SINETr, membre de l’Académie de Mar- seille , du conseil d'agriculture arts, el commerce du département des Bouches-du- Rhône , et membre de la Sociéié de l’Afrique intérieure. À Marseille # chez Jean Mossy, imprimeur-libraire, à la Ca- nebiere , an X1— 1803. 2 vol in-12. MÉDECINE. TRAITÉ complet et observations pratiques sur les maladies vénériennes , où nouvelle méthode de guérir radicalement la syphilis la plus invétérée >» par le docteur Dominique CrR1ZLO, premier médecin de sa majesté le roi de Naples, membre de plu- sieurs Académies, traduit de l'italien avec des notes par Charles-Edouard 4Avzrr, docteuren médecine, membre correspondant de la Sociéte médicale de Paris, de limprimerie de Murchant. Se vend à Paris, Chez Arthus Bertrand. libraire , quai des Augustins n.° 35. An x1 — 1803, in-8.° de 395 pages, 4 fr. pour Paris, et 5 fr, pour Jes dépar- temens. MATIÈRE MÉDICALE. MÉMOIRE sur l'opium ; par Michel ATTUMONELLI, médecin de Naples , professeur de physiologie , d 4 424 Livres divers. membre de la Société de médecine de Paris ( Lu par l’auteur & la Société de médecine de Paris ). In-8°. Prix, 1 fr. bo cent., et 1 fr. 95 cent. franc de port. — An x1; à Paris, chez la veuve Pan ckoucke, imprimeur- libraire , rue de Grenelle , n.° 321, en face de la rue des Saints - Pères , “faubourg Saint-Germain ; Gabon , libraire, place de l’Ecole de médecine ; Croullebois , libraire, rue des Mathurins. L'auteur s'est proposé , dans ce mémoire, d’in- diquer les grands avantages que l’on peut retirer de l'opium dans le traitement des maladies. Il range sous cinq divisions celles dans lesquelles ce remède peutétre utile. Il s’est particulierement étendu sur la nature et les symptômes des différentes fievres , et il a spécifié celles et les circonstances dans les- quelles l’opium est utile et même nécessaires , et celles où il seroit nuisible, A'UNCDIH'R TO (PO lLROUG TUE: * DE L'HOMME considéré moralement , deses mœurs, et de celles des animaux; par J. C DELAMÉT- HÉRIE, 2 Vol. in-8.° de 415 et 498 pages, 12 fr. et 15 fr. par la poste. A Paris, chez Maradan , libraire, rue Pavée , Saint-André-des-Arcs, n.° 16. An XI — 1802. EcoNOM:IE. NourrAuU système de répartition de la contribution foncière ; par Jamson MICHEL, membre du conseil- général du département du Nord. \n-4.° de 37 pa- ges, avec tableaux. À Douai de limprimerie de Hagrez , sur la Grande Place, 2 fr. et 2 fr. 5a cent. franc de port pour les départemens. RAPPORTS et comples rendus au comité central d'administration des soupes économiques de Paris; Livres divers. 425 pendant Pan dix. Prix 1 fr. bo cent. , au profit de Pétablissement. A Paris , de l’imprimerie d’£- verat ,'imprimeur de la Société philanthropique , rue du Bout-du-Monde, n.° 142. An x1; petit _in-8.° de 104 pages, H/DHU CHAËTIE ON CORRESPONDANCE de Milady CÉCILE avec ses enfans, ou Recuerl de lettres relatives aux jeux et aux études de la jeunesse, pour la former aux vertus morales , et à la narration jet au style épis- tolaire. Par À. F. J, FRET ILLE, autcur des nou- veaux essais d'éducation , ex-professeur de belles- lettres à l'Ecole centrale de Seine et Oise. 2.° édition corrigée et augmentée. À Paris, chez Genets jeune, libraire, rue de Thionville , n.° 1846. An x1. 2 vol. in-12 de 308 pages; 4 fr. bo cent. pour Paris, et 6 fr. pour les départemens. COMMERCE. LA CLEF du commerce, ou Etat du commerce et des manufactures des principales places de l'Europe, du Levant, et quelques-unes méme d'Amérique ; avec les noms des négocians , fabricans , banquiers , commissionnaires , libraires, etc. Les prix actuels des differentes marchandises prises sur les lieux , en monnoies et aunages du pays , réduits en ceux de France. Leurs droits d'entrées, frais de trans- ports , de commissions et autres , jusqu'à Paris. Ouvrage précédé d'un coup-d’œil sur la liberté du commerce, la concurrence, les priviléges , lois pro- hibitives | impôts et autres causes qui ont influé sur la prosperité ou la décadence du commerce et des arts utiles chez les différentes nations; par DÉSOL- NEUX , négociant. Prix 6 fr, pour Paris, et 7 fr. So cent. pour les départemens. A Paris , chez Royez , libraire, rue du Pont-de-Lodi, au coin 426 Livres divers. “ . de la rue de Thionville, en face du Théâtre des Jeunes Éieves : et chez l'auteur, boulevart Saint- Martin , n.° 18. Cet ouvrage indique les fabriques et maisons de commerce d’où l'on tire tout de première main, les noms des négocians à qui il faut s'adresser, les prix actuels, les frais de routes, droits d’entrée , ports de lettres, comm ssions, etc. Il indique aux Fran- cois et aux colons les débouchés les plus avan- tageux pour leurs productions ; il n'oublie pas de dire aux étrangers quels sont les Parisiens qui tien- nent les modes , nouveautés, etc. Les banquiers, commissionnaires , les libraires , ét généralement tous les commerçans , trouveront dans plus de vingt mille adresses des relations uti- les ; on leur indique les endroits même les plus ignorés jusqu'ici , et souvent Îles plus avantageux à con- noître , puisqu'il y en a où une pareille et plus belle marchandise se trouve quelquefois à 15 ou 20 pour cent meilleur marché que dans ceux où Pon se porte par l’effet de la vogue et de l’habitude. C’est d'apres une correspondance de plus de vingt- cinq ans, et récemment renouvelée, c’est l’échan- tillon à la main que les prix sont établis ; ils sont fixés par les fabricans mêmés, et c’est sur les bases adoptées par eux, que les rapports des monnaies , les aunages , les usages sont assis. C’est d’après nom- bre d’épreuves faites par l’auteur que sont déter- minés les frais que les marchandises ont à supporter. Commeiloffre franchement de faire voir les échan- tillons, de même il espere qu’on ‘voudra bien lui faire passer franco, quelques renseignémens nou- veaux qu'il recevra avec reconnoissance ; ceux qui en même temps s’inscriront pour le volume séparé du commerce de France , le payeront 5 fr. au lieu de 6 fr ; il joindra à ce nouvel ouvrage la rectifi- cation des erreurs du premier , avec des additions convenables qu'il enverra gratis aux souscripteurs. Livres divers. 427 Cette offre seule doit rassurer ceux qui craignent quelques imperfections inévitables dans un ouvrage de cette nature, qui d’ailleurs, par ce simple ex- posé , devient un manuel indispensable aux Fran- çois et aux étrangers ; aux négocians comme aux capitalistes et commissionvaires , pour des achats , des placemens , des spéculations de toute espèce ; enfin il sera utile au plus simple commerçant qui sentira qu'après la connoissance du caleul, etc. , la premiere chose est- de savoir dans quel lieu acheter et vendre avec le plus d’avantage jen un mot, c’est le premier ouvrage de commerce en un simple vo- 3 lume , qui offre et compare tant de notions positives et d’un usage journalier. C’est pourquoi on en a fait relier quelques exemplaires en porte - feuiile avec papier blanc et stylet, à 9 fr. en veau racine, dos bien ouvert ; 7 fr. 20 cent. basane. Le libraire y ajoute une noice fuite très-métho- diquement de tous les ouvrages théoriques ét prati- ques qui doivent entrer dans la bibliothéque d’un négociant instruit, même des voyages entrepris tout récemment pour le commerce , d'ouvrages sur la navigation intérieure ; les mounoies , eic. EE SATRONEUR CAMPAGNES de Bonaparte à Mulie, en Egypte et en Syrie; par Jean-Baptiste LATTIL, de Riez, ex-officier de santé de l’armée d'Orient: À Paris, chez Lenormant | imprimeur - libraite , rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, n.° 42, vis à- vis la porte de l’église , au premier. Ua vol.in-8.° 2 fr. bo cent. pour Paris, et 3 fr. 50 cent. par la poste. ABRÉGÉ des vies des pères, des martyrs, et des autres principaux saints , {irées des acles originaux ; et des monumens les plus authentiques , avec une prätique et une prière à lu fin de chaque vie, et des instructions. sur les fêtes mobiles ; par M, Go- 428 Livres divers. DESCARD, chanoine de S. Honoré, extrait par lui-même de son grand ouvrage , traduit librement de l'anglois d'ALBAN BUTLER; précédé d’une notice sur la vie et les écrits de l'auteur. De Vim- rimerie de Crupelet. À Paris, chez B. Wurée, ibraire , quai des Augustins, n° 20. 4 vol. in-12, de plus de 2200 pages. Prix, brochés, 10 fr., et 15 fr. francs de port ; et en papier vélin, dont on a tiré quelques exemplaires, 20 fr., et 25 fr. francs de port. ë MÉMOIRE sur la colonie francoise du Sénégal, avec quelques considérations historiques et politiques sur la traite des nègres, sur leur caractère, et les moyens de faire servir lu suppression de cette traite à l’accroissement et à la prospérité de cette colo- nie. Accompagné d’une carte exactement relevée sur les lieux ; par le C. PELLETAN, ancien ad- ministrateur et directeur général de la compagnie du Sénégal. Avec cette épigraphe : Scilicet et tempus veniet cum finibus rllis Agricole, incurvo terra molïtus aralro.... Vinc. Georg. liv. I. Volume in 8. Prix, 1 fr. 5o cent., et 2 fr. franc L ] de port. À Paris, chez la veuve Pancko cke , im- primeur- libraire , rue de Grenelle, n.° 321, en face de la rue des Saints-Pères, faubourg Saint- ? Germain. L’auteur développe les avantages et les moyens d’un établissement dans cette belle partie de l’A- frique ; il etablit les droits de la France sur les côtes occidentales de l’Afiique , qui sont incout: stables et très-anciens; ils remontent au milieu du XIV. siécle. Des navigateurs de Dieppe les découvrirent les preiniers, et s'y etablirent vers l’an 1340. Depuis ce temps les François s'y sont toujours maintenus , à quelques époques prés, où les événemens de la { { Î Livres divers. 426 guerre les ont obligés d’en partager la possession avec es Anglois. Le C. Pelletan a demeuré longtemps au Sénégal , et son mémoire mérite d’être lu par ceux qui aiment les détails d'économie et de statistique. A.L.M. BIOGRAPHIE, ŒUVRES DE PLUTARQUE, iraduction d'AMFOT, avec les notes de MM. BROTIER et VAUVILLIERS; nouvelle édition , revue , corrigée et augmentée d'un volume de divers fragmens , par M. CLAVIER, y BOETTIGER, VISCONTE, VisroiwsoN, WiLremeT,'WiACKLER; LOBSTEINS. ete-etc, fournissent des Mémoires, contient l'extrait des p'incipaux ouvrages nationaux : on s'attache sure tout à en once une analyse exacte ;et à Ja faire pa- roître le plus promptement possible après leur publiz cation, On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger, PE PV | On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les partres dés arts-et des sciences ; on choisit principalement ceux quisont propres à en accélérer les progrès. | ME à : On y publie les découvertes ingénieuses, les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte: ce que les séances dés sociétés littéraires ont offert dé, plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d'objets darts et des sciences renferment de plus curieux. PR : < On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages ! des Savans, des Littérateurs et dés Artistes distingués | dônt on regrette la perte; enfin, les nouvellés litté- … raires de toute espèce. “ LP t Ce Journal est composé de six volumes in-8:° par: an, de 6oo pages chacun. TI paroît le premier de ‘chaque mois, La’ livraison est divisée en deux pu-! méros, chacun de 9 feuilles. 7 7 à On s'adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu-” ‘Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. ï CE RCE chez la veuve Chañguion et d'Héngst. AArmsierdan, { chez Van Gulik. jé À, Bruxelles, chez Lemaire. À Florence, chez Molini: A Francfort-sur-le- Mein , chez Fleïscher, AU chez Manget. w ‘ REA | A Genève; À chez PAChond %E AsHambourg, chez Hofinann. LU RE À Leipsic, chez Wall. Æ Lévde, chez les frères Murray. À Londres, chez de Bulle, Gerard Straers ; : À Strasbourg, chez Levrault, , { N À \Vienne,.chez Degen: ÉRNETA “A Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes, A 1 faut affranchir les lettres, Le RIDE OT Er PHYSIQUE. NOGFELLES EXPÉRIENCES CALFA4- NIQUES faites sur le cœur et les autres organes musculaires de l’homme et des animaux à sang rouge, dans lesquelles, en classant ces divers organes sous le rap- pQrt de la durée de leur excitabilité galva- nique , on prouve que le cœur est celux qui conserve le plus longtemps celte propriété ; par P.H. NrSTEN, médecin, membre associé de la Société des Observateurs de l’Homme. Paris, chez Levrault. Brumaire an x1. Un vol. de x et 144 pages in-8.°. DDrovis la découverte du galvanisme, beanioug de savans, à la tête desquels on peut placer Volta”, ont sacrifié leurs veilles à faire des recherches sur Ja nature de ce singulier agent , et sont parvenus à établir des théories ingénieuses pour expliquer les phénomènes qu’il produit. Bientot les expériences galvaniques sont devenues une branche importante de la physique ; mais les effets de l’action galvanique sur les parties animales, douées encore d'une vitalité plus ou moins sensible , avoient trop d’analogie avec ceux de l'influence nerveuse pour ne pas mériter d’étre considérés sous le rapport de la physiologie, On s’en est donc occupé sous ce dernier rapport; et, après Tome IF. E e 434 Physique. avoir reconnu que les organes musculaires sont les seuls après la mort qui donnent des marques de sensibilité à l’action du galvanisme , on les a soumis les uns après les autres à cette action. Les résultats obtenus d’abord de ces expériences comparatives par plusieurs hommes célèbres, et notamment par Volta, ont été que les muscles soumis à la volonté sont les seuls qui se contractent sous l’influence galvanique. D’autres savans, parmi lesquels on compte Humboldt, ayant répété les mêmes expé- riences, ont obtenu queiques contractions du cœur et des organes musculaires de lappareil digestif. Ces dernieres expériences, faites pour la plupart sur des animaux à sang rouge et froid, ont été, vers la fin de l’an X , exécutées à Turin avec succes sur le cœur de l’homme, par les CC. Vassalli - Exndi, Giulio et Rossi; mais ces.savans n’ont pu obtenir des contractions de.cet organe que pendant quarante Minutes après la mort, et l’on sait que les muscles soumis à la volonté se contractent par le galvaniime bien au-delà de ce terme. D’apres cela, tous ies physiologistes s’étonnoient avec raison que le cœur, qui est Pultimum mortens , sous l’influence des agens mécaniques, devint insensible au galvanisme beau- coup plutôt que les organes musculaires soumis à la volonté, Le C. Nysten vient de rectifier cette erreur physiologique par une série de belles expé- riences, qui contiennent plusieurs autres faits nou- veaux d’un très-grand intérêt. Sun où: rage est diyisé en trois parties. Galvanisme, 435 { Dans la premiere , il donne d’abord le détail d’une expérience qu’il a faire avec beaucoup de soin (1) sur le cœur et les autres organes musculaires d’un (1) Pour donner une idée du zèle de ce jeune médecin, je crois devoir rapporter ici une note qu'il place avant le détail de cette expé- rience. On y verra tout ce qu'il a fait pour ne pas laisser échapper J'occasion de l’exécuter, et pour prévenir les grconstances qui auroient pa en entraver la réussite : .æ Jé sors (c'est le C. Nysten qui parle) à dix heures du matin de « chez moi, l'appareil vertical de Volta 4 la main , pour me rendre à un « des pavillons de l'Ecole de médecine, et y continuer mes expériences. = En entrant dans la rue de l'Observance , j'entends annoncer , par un « colporteur, la condamnation d'un criminel à la peine de mort. « J'achète le jugement, et je vois qu'il doit être mis à execution le « même jour, 14 brumaire. Je me rends chez le C. Thouret, directeur « de l'Ecole. Je lui témoigne le desir que j'ai de tenter sur le cœur de « l’homme les expériences que j’avois déja faites sur le cœur de plu- « sieurs espèces d'animaux J'ajoute qu'on va supplicier un criminel, « et que, si je suis secondé, j'ai résolu de faire toutes les démarches « nécessaires pour ne pas laisser échapper une semblable occasion. Le « C. Thouret s’empresse d'écrire à ce sujet au préfet de police Je me « transporte à la préfecture ; j'obiiens une aulorisation en vertu de « laquelle le corps de celui qu’on :lloit faire mourir, étoit mis à ma « difposition, après sa décapitation, c’est-à-dire des qu’il seroit conduit « au cmetière de Sainte-Catherine. Muni de l'autorisation de la police, « j'arrive bientôt sut la place de Grève ; et là, en attendant le malleu- « reux que la justice devoit frapper de son glaive, je réMféchis que le « chemin, qui conduit de ce Jieu au cimetière, est fort éloigné “ qu’une charrette ne va ordinai ement qu’au pas du cheval qui la « conduit, et par consèquent avec beaucoup de lenteur; enfin, qu’il « est possible qu’une circonstance imprévue retarde de quelque temps « son départ, après l'exécution. Ces difficultés pouvant s'opposer à la « réussite de mon expérience, je crois devoir courir au palais de jus- E e 2 436 _ Physique. homme décapité. Voici les résultats qui ont été ob- tenus : L 1.0 Trois quarts d'heure après la mort, l’artère « tice, dans l'intention de les lever, si j'en trouve les moyens; je « franchis la barrière que m’opposent les sentinelles; j'engage le con- « ducteur de la charrette à faire aïler son cheval le plus promptement « possible, depuis la place de Grêve jusqu’au cimetière, et je lui pro- « mets de lui en témoigner ma reconnoissance, Dans le même hur, « je vais trouver le brigadier des gendarmes qui devoient escorter le « triste convoi : je fais plus; je parle à l'exécuteur. 11] ne me reste « que le temps nécessaire pour retourner au lieu de l'exécution. A « peine y suis-je arrivé que je vois [omber le couteau fatal. Un spec- « tacle aussi affreux me fit frémir d'horreur. Cependant je me re- « cueillke et je cours au cimetière. Je présente au concierge mon au- « torisation, et lui demande un local ; il me répond qu'il n’en a pas, « et m'objecte que je ne puis me livrer à un travail anatomique dans « un endrait public où il arrive à chaque instant des convois. J'apercois « au milieu du cimetière une Jarge fosse récemment creusée , et de la « profondeur de 50 à Go pieds. Je prie le concierge de m’en ac- « corder un petit coin. Après plusieurs objections, il se rend à mes « instances. Une portion de cette fosse n'étoit encore creuste qu'à « quinze pieds du sol. C'est à cetle espèce d'étage que je donne la « préférence; il me procuroit l'avantage de profiter encore pour quel- « que temps de la lumière du jour, et d'obtenir plus promptement ce « dont je pouvois avoir besoin daus le cours de mon travail. J'y fais « placer le cadavre, et j'y descends moi-même. A peine suis-je arrivé &) au bas de l'échelle , qu'une odeur sépulcrale vient frapper mon odo- « rat, et que l’ätmosphèére humide de ce séjour des morts, arrêtant « tout-h-coup la sueur qui ruisseloit de tous les points de la surface de “ mob Corps, me fait éprouver une sensation semblable & celle d'un « bain de glace. Qu'on juge par là du danger auquel ma santé étoit « exposée. Mais ce n’est pas tout : mon laboratoire, considérable- « ment rétréci par un énorme monceau de pierres, avoit tout au plus Galyanisme. 437 aorte, Sonmise au galvanisme, ne donna aucune marque de sensibilité à son action. 2.° Cinquante-six minutes après la mort, les in- testins, le pilore , l’œsophage, la vessie, furent soumis en vain à l'influence di: même agent , quoi- qu’ils conservassent encore beaucoup de chaleur. 3° Les muscles soumis à l’empire de la volonté deviorent insensibles au galvauisme de deux heures à quatre heures onze minutes après la mort, suivant qu’ils avoient été plus ou moins exposés au contact de l'air. 4® Le cœur, quoiqu'il perdit promptement sa chaleur par son exposition à Pair, qui eut lieu trois’, quarts d’heure apres la mort, conserva son excita- bilité galvanique pendant quatre heures quarante et une minutes (2). Au détail de-cette expérience succedent plusieurs « six pieds de long sur quatre de large, et le sens de sa longueur « étoir, dans la direction du fond de la fosse; de manière que lorsque « je voulois passer d'un côté du cadavre à l’autre, je me trouvois « au bord d’un précipice affreux, où j’ai été sur le point de tomber « plusieurs fois pendant l'espace dé temps qu’a duré mon expérience. « Je passe sous le silence les incommodités relatives à l’expérience « elle-même; telles que la situation du cadavre sur la terre, mon bu- « reau composé de trois à quatre pierres placées les unes sur les autres, « le siège vacillant de mon appareil galvanique , la ter:e que des su- « vriers travaillans au dessus de la fosse, faisoient à chaque instant « tomber sur ma tête, etc. » (2) L'auteur croit qu'il auroit obtenu des contractions du. eœur,au- delä de ce terme, si le mauvais état de sa pile galsanique ne s'y füt opposé. Ee 3 438 Physiqie. réflexions relatives à l’excitabilité galvanique de divers organes musculares, et spécialement à celle du cœur de l’homme, au sujet de laquelle l’auteur établit les propositions suivantes : PREMIÈRE PROPOSITION. Les expériences fuites jusqu’à ce jour , relativement à la durée de l’exuitabilité galanique du cœur de l'homme , me donnent point de résultut exact. DEUXIEME PROPOSITION: L'action galvanique entretient l'excitabilité du cœur , et la ranime lorsqu'elle est préle à s’éteindre, TROISIÈME PROPOSITION: L'extréme fréquence des excitations galvaniques diminue momentanément lexcitubilité du cœur. QUATRIÈME P'RO'P'O!S I TON. L'exciütabilité galvanique du cœur continue après l'extinction apparente de sa chaleur vitale. GINQUIÈME PROPOSITION. Les différentes parties du cœur (les deux sinus eë Les deux ventricules) perdent leur excitubilité galva- nique dans le méme ordre qu'elles perdent leur exci- tabilité mécanique. L'auteur développe, avec détail, ces cinq propo- sitions, et ne laisse, à cet égard, rien à desirer. I] termine cette premiere partie en donnant, au- tant qu’une seule observation le lui permet , l'échelle Calvanisme. ù 439 de durée de l’excitabilité galvanique des divers or- _ganes musculaires de l’homme. 1 Il place au haut de cette échelle le cœur, comme l’organe qui conserve le plus longtemps cette proprieté. 2.° La partie moyenné est occupée par les muscles volontaires. 3.° Enfin, au bas de cette même échelle se trou- vent les organes musculaires de l’appareil digestif, et Ja vessie. Dans la seconde partie, il rapporte un grand nombre d’expériences faites à différens degrés de température sur des animaux à sang rouge et chaud, Jl a pris pour cela au hasard quelques espèces dans les deux grands embranchemens de ces animaux’, savoir, les chiens et les cochons d'Inde parmi les mammifères , et les pigeons parmi les oiseaux, et il les a fait périr par différens genres de mort. La plupart de ces expériences ont été dirigées sur le cœur et les autres organes musculaires ; quelques- unes ont eu pour objet la matrice vers la fin de la gestation, et les gros troncs artériels. Elles ont pré- senté les résultats suivans: 1. La tempéraiure de l’atmosphère paroît avoir une certaine influence sur la durée de l’excitabilité galvanique dans les oiseaux; mais cette influeice, si elle existe, est peu sensible dans les mammi- feres. 2.° Les morts violentes déterminées mécanique ment, soit par la cessation des fonciions du cerveau, soit par la cessation des fonctions du cœur, soit-par 410 Physique: l’asphyxie par strangulation , soit enfin par la déca- pitation , ne paroissent pas influer sur la durée de Pexcitabilité galvanique, pourvu qu’en faisan vérir, par les trois premiers de ces procédés les animaux destinés aux expériences, on intéresse quelques vais - seaux sanguins considérables, on qu’en faisant l’ou- verture du thorax immédiatement apres la mort, on ouvre ceux de ces vaisseaux qui aboutissent au cœur! alors ce muscle conserve toujours son excitabilité galvanique , longtemps après l’anéantissement com- plet de cette proprieté dans les autres organes mus- culaires. Il jouit même encore de cette prérogative, Jorsqu’il a été isolé au préalable des autres parties dé l’animal, comme l’auteur le proufe par son expé- rience XI; mais dans ce dernier cas la durée ab- solue de lexcitabilité de l'organe dont il s’agit est diminuée. 3. Si en faisant périr l’animal on détermine une distension plus ou moins considérable de sang dans les quatre cavités du cœur, et qu’on ait soin de ménager les vaisseaux sanguins qui y aboutissent en ouvrant le thorax , cet organe présente à peine quel- ques petits mouvemens oscillatoires sous l’influence galvanique, et reste bientôt dans la plus parfaite immobilité. Ce phénomene a surtout été observé par l’auteur dans l’asphyxie par strangulation , et il en tire cette Juste conséquence que, dans les autres espèces d’asphyxies la même chose doit avoir lieu, puisque dans toutes le cœur est toujours très-gorgé desang. 4.° Si on manque à l’une des deux conditions ci- _ Galvanisme. AA dessus mentionnées, on ne porte aucune atteinte à la durée de l’excitabilité galvanique du cœur ; ainsi si la distension de cet organe ayant été déterminée par un genre de mort particulier, par exemple, par une asphyxie quelconque, on fait cesser cette même distension inmédiatement apres la mort en ouvrant les vaisseaux veineux qui aboutissent au sinus des veines caves, le cœur se contracte , sous l'influence galvanique, aussi longtemps que dans les cas ordi- naires. 5. Il est nécessaire, pour ne porter aucune at- teinte à l’excitabilité galvanique du cœur, que l’on fasse cesser sa distension immédiatement après la mort ; car si l’on ne donne issue au sang qu’au bout de vingt à trente minutes, le cœur reste immobile sous l’influence galvanique. Les connoïissances physiolo- giques de Pauteur l’ont mis à même d’expliqner ce phénomène d’une manigre trés-satisfaisante. Comme je ne pourrois le suivre dans cetie explication sans entrer dans un certain développement, que ne me permettent pas les bornes que je me suis prescrites dans cet extrait, je renvoie pour cela à l’ouvrage, et je me contente de remarquer que les faits dont je viens de faire mention n’avoient été observés par aucun des savans qui s’étoient occupés du galva- nisme avant le C. Nysten, et qu’ils sont du plus grand intérêt sous le‘rapport de la physiologie. Tels sont les résultats obtenus par l’action galva- nique après les morts violentes, déteiminées d’une manière ‘mécanique. L'auteur auroit desiré faire périr des animaux par différentes substances delé- cs 442 Physique. teres, et.i} remarque qu’il en existe probablement quelques-unes qui portent atteinte à l’excitabilité galvanique du cœur ; mais il a éié forcé de remettre ces expériences à un autre temps, et s’est borné : provisoirement à l’asphyxie d’un chien par le gaz hydrogène sulfuré. Il a observé que ce gaz n’avoit pas anéanti l’excitabilité du cœur de cet animal, mais quil avoit alté6 d’une manière sensible cette propriété, Quant aux expériences faites sur la matrice vers le terme de la gestation et sur les gros troncs arté- ricls elles ont été sans résultat, L'auteur se pro- pose de les répéter. Mais, d'apres une expérience qu'il à dirigée spécialement sur les museles volon- taires , il présume fortement, malgre les assertions émises à cet gard, 1.° que la chaîne galvanique permanente n’altère aucunement l’excitabilité gal- vanique de ces organes, sait que l’on fasse passer le courant galvanique des nerfs aux muscles, ou des muscles aux nerfs; 2.° qu’en conséquence, les ap- plications failes sous ce rapport à la médecine dans un ouvrage moderne de physiologie ne posent que sur des faits hypothétiques. À la fin de la seconde partie, il établit l'échelle de durée de l’excitabilité galvanique des organes musculaires des chiens, animaux sur lesquels ses expériences, ont, été les plus multipliées. Voici la place que ces organes occupent dans cette échelle. Au premier rang se trouve le cœur , comme conser- vant le plus longtemps la propriété de se contracter sous l'influence galvanique ; au deuxième, l'œsa- Galvanisme. 443 phage ; au troisième, les muscles volontaires ; au quatrième , l’estomac ; au cinquième, la vessie ; au sixième , l'intestin grêle; au septième, le gros in- testin. La troisieme partie contient des expériences faites sur des animaux à sang rouge et froid, tels que les carpes et Îles grenouilles. Le résultat de ces exhé- riences forme lé complément de la preuve que, dans les quatre grandes classes d'animaux à sang rouge, le cœur est de tous les organes celui qui conserve le plus longtemps son excitabilité galvanique. À la fin de louvrage :e irouve un tableau com- paratif de la durée de lexcitabilité galvanique des divers organes des animaux que l’auteur a soumis à ses recherches. Ce tableau est d’autant plus utile qu’on y voit d’un seul coup-d’œil tous les résultats obtenus par une longue suite d’expériences. L. F. JAUFFRET, secrétaire perpéiuel de la Société des Observateurs de | Homme. ARCH ÆOLOGI E. LETTRE au ©. MILLIN , conservateur des antiques à la Bibliothéque nationale, sur l’Origine des Dipryques consulaires, les causes de leur usage, et leur rétamor- phose en diptyques ecclésiastiques, la puz blication d'un nouveau diptyque d’Aréo- Dinde existant dans le Musée de Besancon, les rapprochemens dece diptyque avec celui de Dijon, et l'erreur qui attribue ce dernier au consulStilicon; par le C.COST'E, biblio: thécaire de P Ecole centrale du départernent du Doubs. | RONA Après Jes travaux immenses des \Grævius, des : Montfaucon, des Winckelmann, des Caylus, ete, il sembloit qu'il n’y avoit plus rien à cueiilir dans le champ qu’ils ont parcouru avec tant de succes ; mais vous nous annoncez dans la même carrière de nouveaux Jauriersà moissonner : vous voulez agrandir l'immense galerie de nos antiques par la production des monumens échappés aux recherches de tant d’il- lustres savans. Remplissez avec courage un si noble dessein. L’âge de la paix est celui du retour des scien- ces qui illustrent les nations ; et la culture des sciences ramène insensiblement le goût de tout ce qui tient à la vénérable antiquité. Mag. Lneycl Annee PI Tom. Up. £44. Diptyques. 445 Cependant au milieu des richesses qui vous en- tourent , me seroit-il permis d'offrir à votre curio- sité , comme à votre sage critique une de ces ta- blettes que le luxe consulaire envoyÿoit autrefois de- puis Rome ou Constantinople jusque dans le fond de la Gaule, je veux dire, un diptyque consulaire , recommandable par treize cents ans de conservation. Quand le savant Hegenbuch racontoit au car- dinal Quirini, la déconverte qu’il venoit de faire du diptyque entier de Zurich , il lui disoit : il viendra peut-être un jour où l’on découvrira de méme la partie droite du diptyque de Dijon, quod si di- ptychi Divionensis tabulam dextram fors fortuna - offerret (1), Cette fortune ne nous a pas favorisé assez pour nous procurer Ja satisfaction de vous annoncer cetie précieuse découverte ; mais la tablette que nous pro- duisons, et dont je vous envoye un dessin soigné a tant de caractères de ressemblance avec celle de Dijon , que nous ne craignons point d'avancer qu’elles appartiennent l’une et l’autre à la même famille, au même consul , au consul Arévbinde. Je viens donc solliciter un moment votre atten- tion sur ce monument de l’ancien faste des magis- trats romains, Les questions d’ailleurs que nous essayerons d'aborder , ne sont point indignes d’êtie soumises à votre décision. Îl s’agit d’un côté de remonter , s’il est possible , à l’origine de ces ta- (x) Voy. p. 242 de l'ouvrage d'Hagenbuch, de Diptycho Br'x'a- no, à la suite duquel est sa lettre au cardinal Quirini, sur la décou- verte da diptyque de Zurich, 446 Archæologie. blettes auxquelles nous donnons le nom de diptyque ; carrière non encore parcourue ; il s’agit de l’autre de combattre une opinion, recommandable cepen- dant par les suffrages de Bouhiers, de Mautour, de Montfaucon, celle qui attribue au consulat de Stilicon la tablette dijonoise. NUE ! SR eme l'origine et de l’usage des diptyques consulaires. Nous appelons diptyque consulaire ces doubles feuilles d’ivorie que les siécles reculés nous ont trans- mises, sûr lesquelles sont représentés en relief des consuls roma ns, parés des ornemens de leur ma gistrature , et où l’on voit le plus ordinairement encore l’image des jeux solennels qu’ils donnoient au peuple, pendant la durée de leur consulat. Il wexiste qu’un petit nombre de ces tablettes antiques, échappées à la dent du temps, cu du fer de l'ignorance et de la barbarie, On connoît plus particulièrement les diptyques de Bourges et de Liése , décrits par Wilthem, celui de Compiegne, expliqué par Sidonius , ceux de Bresse (en lialie) et delZurich , publiés par Hagenbuch ; enfin celui de Dijon découvert par M. de la Marre, et sur lequel Boubiers ; Mautour , et lPauteur de l'An fiquité expliquée ont donné des dissertations inté- fessantes. Le diptyque que nous publions aujour- d’hui appartenoit à Ja bibliothéque publique des bénédictins de Besançon ; soustrait du lieu de son depôt pendant les oiages de la révoiuiion , il ne nous est paryenu qu'après avoir été retiré des miuns Diptyques. 447 d’un fourneur mal habile auquel il avoit été vendu à vil prix (2). On sait que ces tablettes en ivoire étoient des présents que les consuls, nouvellement installés, fai- soient distribuer au peuple en signe de gratitude, qu'ils en donnoient aux personnes en dignité , et qu’ils en ‘envoroïent au loin à leurs amis absens , comme un témoignage de leur estime et de leur affection. L'histoire nous a transmis ces faits. Mais elle se tait sur l’origine du diptyque et les motifs de son usage. On ignore pourquoi les consuls avoient adopté, cette forme de tablettes pour en faire un don de l’amitié ou de la reconnoissance, Carrion avoit cherché à en déméler la cause (3); mais le savant Rosweyde peu satisfait de lPexplica- tion qu’il donne , ne craint point de déclarer dass son Onômasticon ( 4 ), qu’il ignore encore les mo- tifs de cet usage, « Cur diptycha seu pugillures ta- (2) Nous nous plaisons à payer ici le tribut de notre reconnoissance au savant, par le concours duquel nous sommes parvenus à recouvrer pour le public ce monument digne de sa curiosité. Ce savant est M. Droz, ex-conseiller au parlement de Besançon, et secrétaire de la ci-devant Académie de la mème ville. On s’étoit adressé à lui pour connoitre ce que c'éloit que noire dipiyque. M. Droz, qui le reconnut aussitôt, demanda qnelques jours pour en donner uné entière explication, Pendant ce temps, il vouut bien nous Rite prévenir de l'exisience , de uotre tablette, que nous avions cru perdue pour jamais, et nous avons êté assez heureux pour obtenir de la replacer dans noue Musée, dont elle fait aujourd hui l’ornemeni. (5) Lib. L1, Ermendat. cap. vr. (4) Ferbo Diptychon. 443 Archæologie. « bulæ, in editione munerum, dono missa fueriné « equidem nesc10: » Cependant ne seroit - il pas possible d’en décou- vrir quelques traces en remontant aux-premiers temps de l'écriture, à ces momens où l’homme indostrieux chercha les divers matériaux propres à recevoir l’ex- pression de ses pen:ées. Wilthem , avant nous, avoit abordé cette route obscure : nous essayerons de la parcourir en entier ; heureux , si vous pouvons réussir à y répandre quelque lumiere ! = Chacun sait que les anciens avoient deux sortes de livres , les livres en rouleaux , et les livres en tablettes. J’olumina et codices. Les premiers étoient écrits sur des matières souples et pliantes , faciles à rouler , telles que les feuilles d'arbre , le parche- mi, le papyrus d’Ægypte. On employoit pour les seconds des matériaux durs et solides, comme le bois, entre autres le eitronnier, l’ivoire et les métaux. C'est dans l’usage de cette derniére forme qu’il faut cher- cher l’origine du diptyque consulaire ; nous divise- rons son histoire en quahe ou cinq époques. Première épogue du dirty que. Tor Quand lhomme eut imaginé ces deux manières piincipales de disposer ses écrits, il lui fut facile d'apercevoir , qu'il pouvoit donner aux livres en rouleaux autant d’étendue qu’il desiroit, en unissant. de nouvelles matières souples aux premières. Il n’en étoit pas de même des matières solides ; une fois taillées , on ne pouvoit les agrandir, et il arrivoit souvent que la main paivenoit à la fiu de la ta- blette, Diptyques, 449. blette, sans parvenir à la fin du discours qu’elle avoit à tracer. Que dut-on faire alors ? Le premier moyen sans doute , fut de recourir à des tablettes plus longues, plus étendues , suffisantes pour la tran- scription entière de ce que l’on avoit le projet d’écrire. Mais bientôt on reconnut l’incommodité de ces ta- blettes , tant pour leur usage que pour leur trans” port. Alors on dut chercher un moyen plus facile de communication; et voici , sans doute, comment on y parvint : On imagina de plier, en quelque sorte, en deux ces tablettes incommodes, en les partageant par le milieu et en les unissant ensuite par des attaches sur l’un de leurs côtés. Par ce moyen ces tablettes offrirent quatre faces d’une grandeur moyenne , au lieu des deux précédentes , et Pon put aisément les manier, les transporter, De-là les noms de Diptychon et de Pugiliares qu'on leur. donna, le premier pour désigner le double pli qu’on leur avoit fait subir, en les partageant, et le second , pour marquer la facilité de leur mantement. Telle est la première époque du diptyque et son premier usage. Ils re- montent jusqu'aux siécles les plus reculés. Homere, livre six de l’Iliade, parle déja de tablettes pliées. Deuxième époque. Dans la suite ce genre de tablettes recut une nou- velle destination. Il fut aisé de reconnoître que, si lon avoit la faculté d’écrire sur toutes les parties Tome IF. Ff 450 Archæologie. du diptyque , l’on pouvoit aussi se contenter des deux côtés intérieurs pour y tracer ses pensées, et qu’au moyen de quelques ligamens dont on envi- ronneroit ces tablettes , il seroit facile de les fermer et de les envoyer ensuite au loin sous la foi pu- blique. Cette manière nouvelle dut offrir de grands avantages pour les missives secrètes. La politique sans doute l’adopta la première pour voiler ses pro- jets; bientôt l’amour la voulut dans ses entreprises mystérieuses, l’amitié pour ses libres épanchemens ; enfin dans. la suite l’urbanité en généralisa l’usage dans toutes les communications épistolaires. Si l’on ouvre en effet les auteurs anciens, une foule de passages parlent de cette nouvelle maniere d’employer les doubles tablettes à écrire. _ Ante usum chartæ et membranarum in dolatis ex ligno codicillis epistolarum colloquia scribebantur. Isipor. lib. v1, cap, VII. Et Lblandæ assidue densæque tabellæ Sollicirent. Juvenaz. Satyr. 1x, 57. Litera celatos arcana fatebitur ignes. Ov. Metarn. 1x, 515. Ergo ego vos rebus duplices pro nomiïne sensi ? Auspicii numerus non erat ipse boni. Idem , Amorum , lib. 1, eleg. xxx, vers. 27. Tel fut donc le second emploi du diptyque. On adopta ces tablettes repliées dans le commerce épis- tolaire; et, pour en assurer le secret , on entouroit les tablettes de fils de lin ; on couloit sur l’extrémité Diptyques. 451 de ces liens de la cire sur laquelle on imprimoit un cachet. Protinus impressé signat sua crimina gemimd. Ovyro: Metam. 1x, 565. Mais alors même que le diptyque éprouva cette nouvelle destination, il subit encore d’autres chän- gemens dans sa forme, dans sa matière, dans sa grandeur, dans sa dénomination. Il y eut des di- ptyques carrés , il y en eut des triangulaires, dix» droyer, dit Hérodote. Il y en eut des grands, des petits, des moyens. Le bois fut d’abord la ma- tière dont on se servit pour leur composition ; dans la suite, on employa le citronnier, l’ardoise, les dents ’éléphans. On commenca par écrire sur les ta- blettes avec le poinçon ; après, on enduisit de cire leurs côtés intérieurs un peu enfoncés , et on ÿ traça avec le stylet les discours projetés : Een on in- sinua une troisième , une quatrième , une cinquième tablette entre les deux premières , et alors le dipty- que varia son nom, suivant le nombre de ces ta- blettes, On l’appela rpavxer, reemluxor, roxvaluxor (5). Troisième époque du diptyque. Mais quelques divers qu’aient été ces changemens, le diptyque n’en éprouva point de plus grand, que sous (5) Tunc triplices nostros non vilia dona putabis, Cum se venturam scribet amica tibi. Mazrraz, lib. xiv, epigr. vs, Cæde juvenorum domini calet area felix, - Quintuplici cer& cum datur altus honor. n Idem, lb, xtv, epig. zv. Ff2 452 Archæologie. les consuls romains, après la chute de la république. Dans le commencement de son institution, le consulat étoit pour le peuple une magistrature tuté- laire , et pour le Romain qui y étoit élevé une dignité qui l’honoroit sans le charger. Le consul nouveau, installé dans les calendes de janvier, ces jours de félicitations et de vœux mutuels pour les citoyens, s’empressoit de témoigner au peuple qui Pavoit nommé, sa reconnoissance, et de faire part à l’a- mitié de son installation ; alors il exprimoit les sen- timens qui l’animoient, ou dans des discours publics, ou dans des tablettes qu'il faisoit distribuer au peu- ple ou envoyer à ses amis éloignés. « Je trouve qu'autrefois, dit Faber dans son com- mentaire sur les magistrats romains , « les fonctions « du consulat commençoient anx ides de mars, et « ensuite aux Calendes de janvier. On avoit pensé « que le jour de cette dernière féte des calendes, « où les citoyens se visitoient mutuellement, et se « faisoient l’un à l’autre des dons, devoit étre aussi « celui où les consuls prendroient les ornemens de “ Jeur magistrature et se revétiroient de la pourpre. « Chez les anciens Romains, on dit qu’il étoit d’u- «“ sage que, dans ce jour, les consuls fémoignassent « leur reconnoissance à celui par le suffrage duquel « ils avoient été élevés an consulat. Quo die autem, . fuisse in more apud vetsres Romunos posttum di- « dici, ut pro acceplo consulütu gratias consules agerent ei cujus suffragio essent creati (6). (6) V. Novus Thesaurus Antiquitatur: Rom. auct. de Salengre- T III , p. 1150. . ome > P- 1139 TIAQ x Diplyques. 453 : Or, de quelle manière pouvoient -ils exprimer leur reconnoissance, si non dans des discours publics ou dans des tablettes qu’ils faisoient distribuer. Cette dernière méthode fut souvent en usage ; non-seule- ment les consuls l’adopièrent, mais tous les autres magisirats romains qui vouloient se concilier la bien- veillance du peuple. « Il faut observer, dit Her- man Hugon dans son savant traité sur l’origine de l'écriture, « que les diptyques furent autrefois des « tablettes portatives que les préteurs, les édiles, « et les consuls faisoient donner au peuple pour «“ mériter sa faveur, Notandum diplcha fuisse pugil- « lares a prætoribus, ædilibus et consulibus tn vulgus « sparsos ad conciliandum populi favorem (ras Telle est l’origine du diptyque consulaire, son premier usage et les causes de son adoption. À cette époque, le diptyque fut encore ce qu’il ayoit été dans le commencement de son invention, une tablette repliée sur les pages de laquelle le consul nouveau iracoit l’expression de ses sentimens, Mais il n’en fut pas de même après la chute de la république, iorsque le consulat, anéanti sous l'éclat et la puissance de l’empereur régnant, cherehoit à signaler sa gloire expirante par la munificence des laruesses et la pompe des jeux publics. Alors le” diptyque, entre les mains du consul, ehangea de pature et de destination : soh nom seul lui resta. L'ivoire fut d’abord désigné pour sa composition; © bientoteapiès une loi défendit aux autres margistrat(s k 5 (7) V: p.401 de l'édit, de Trotz, 1758. F£3 454 Archæologie. d'employer des diptyques de cette matière; elle voulut en réserver l’honneur aux seuls (8) consuls. L'art fut appelé pour sculpter les parties extérieures de ces tablettes , il y traça l’image du consul avec tous les ornemens de sa dignité. On y inscrivit ses noms, ses qualités, les dénominations de ses ancé- tres; enfin, pour mieux publier sa munificence , on y figura les jeux du cirque et de l’arêne qu’il don- poit au peuple. Aussi, qu'arriva - t-il de ces changemens? La forme l’emporta sur le fond, et les grossiers orne- mens de l’art engdécadence sur les précieux épan- chemens de la reconnoiïissance. Les diptyques ne fu- 1ent plus des missives modestes de l'amitié, mais des piéseus fastueux de l’orgueil consulaire. On en répandoit parmi le peuple ; on en envoyoit dans toute l'Italie et jusque dans le fond de la Gaule ; et c’est ainsi que la France compte encore quelques- uns de ces monumens anciens de la libéralité des Philoxenus, des Aréobinde , des Anastasius (9). (&) V. Leg. 1, De expensis Ludorum, in cod. Theodosiano. (9) Rien ne peint mieux cette métamorphose du diptyque que ces vers du poëte Claudien (xxrv, 345-551), lorsqu'il raconte ce qui se passa à l'installation du consul Silicon: « Tum virides pardos et cætera colligit Austri « Prodigia, immanesque simul Latonia #entes, « Qui secti ferro in tabulas, auroque micantes , ce Inscripti rutilum cælato Consule nomen, « Per proceres et vulgus eant, stupor omnibus indis. « Plurimus ereptis elephas inglorius erràt $ Dentibus. 12 Diptyques. 455 Suivant le lexicaire Suidas, et l’auteur dela Palæo- graphie grecque , le diptyque n’est autre chose qu'un double tégument servant à renfermer le livre qu’on insinue entre ses couvertures supérieure et infé- rieure (10). Quatrième époque du diptyque. Mais il sera facile de faire voir qu’ils n’ont peint le diptyque que dans l’une de ses phases , à l’époque de sa derniere révolution. Essayons de la parcourir rapidement. Eu effet, lorsque l’empire romain eut adopté la religion chrétienne, on sentit qu’il falloit honorer ses autels nouveaux , encourager ses premiers minis- tres. Alors les consuls s’empresserent d’adresser quel- ques-uns de leurs diptyques aux chefs des églises naissantes. Ces témoignages de bienveillance et d’une sorte de dévouement de l’autorité furent accueillis par l’église avec non moins @e vénération. On crut qu’on ne pouvoit mieux reconnoître ce bienfait du consul, qu’en Passociant , pour ainsi dire , aux choses sacrées. Le diptyque fut placé sur l’autel , et la per- sonne du magistrat qui lavoit envoyé ; recommandée aux prieres des ministres du culte. Dans la suite, l’église trouyant de nouveaux bien- faiteurs et voulant conserver leur souvenir , on ima- (Go) ÆErant itaque Diptycha, duo operimenta quorum aliud substernebatur, aliud supra ponebatur. Aique adeù hoc libri ge- nus ab operimento, ut videtur, nornen habet da lue , id est, diæ plicæ, inteiligas operimenti tantüm, licet plurima folie intus essent, eéque ratione FehumTvy0y dici possec. F£ 4 456 Archæologie. gina d’insiouer dans le diptyque une ou deux feuilles de parchemin sur lesquelles on inserivoit leurs noms, Il y eut la liste des vivans distincte de celle des morts, lPune et l’autre devoient être lues par Île prétre daus la célébration des mystères. On se doute bien que les évêques, comme chefs de l’église, fu- rent les premiers qui occuperent ces catalogues sa- crés. Ce fut de cette manière que le diptyque consu- laire se changea en diptyque ecclésiastique, que ces doubles tablettes devinrent des ornemens pompeux dont l’église se servit pour revêtir son calendrier nais- sant ; et voilà enfin comment il faut entendre Suidas et Montfaucon, lorqu’ils disent du diptyque, que ce n’étoit qu’une double couverture de livres ; ils ont voilu le dessiner sous les traits de sa dernière métamorphose. Cinquième époque du diptyque. / L'usage des diptyques sacrés a duré assez long- temps dans l’église romaine ; on conmoît les débats et les schismes qui l’agitéreut par rapport à l'inser- tion ou à la radiation de quelques noms qui y étoient portés. En France, on cessa de s’en servir vers le règne de Charlemagne. Depuis cette époque, ces monuiuens ont été détruits par le temps, ou mutilés par l'ignorance; et ,sil en est échappé quelques-uns, ce n’est que rarement qu’on les trouve dans quelques cabinets publics ou particuliers. Telle est l’histoire du diptyque consulaire, ou du moins Ce que nous ayons pu découvrir sur son com- mencemenut, sur ses variations, sur sa fin. Nous Diptyques. 457 allons à présent rendre compte de celui que nous possédons à Besancon. $. II. Du diptyque de Besancon. La partie de diptyque que nous possédons appar- tenoit, comme nous l’avons dit, aux ci-devant Bé- nédictins de Besançon ; elle étoit placée dans leur bibliothéque publique , pour être offerte à la cu-, riosité. Il seroit intéressant de savoir comment elle leur étoit parvenue; mais il ne reste sur cet chjet aucun renseignement : ce que nous pouvons conjecturer , c’est qu’ils tenoient cette tablette de M. l'abbé Boisot, savant distingué, qui, peu d’an- pées après que la Franche-Comté fut acquise inva- riablement à la France, crut ne pouvoir mieux appeler parmi ses concitoyens le goût des sciences et de la littérature, qu’en fondant dans la maison" de ces religieux une bibliothéque publique, dont il composa le fond de ses livres nombreux, de ses manuscrits et de tout ce qu’il possédoit en médailles et autres monumens antiques. D. Berthod avoit fait une première deseription de notrediptyque, qu’il lut, en 1773, à Pacadémie de Besançon. Tout en rendant hommage aux talens et aux connoiïssances de ce littérateur éclairé, Pen des’ dignes coopérateurs des Bolandistes, qu’il nous soit permis de rentrer dans la même carrière, de réparer quelques omissions que nous avons regardées comme essentielles, de combattre même quelques opiaions qui nous ont paru s’écarter de la vérité. Dans un diptyque consulaire, trois choses prin- 458 Archæologie. cipales doivent fixer l’attention : la matière ‘qui le compose, Îles sculptures qui le décorent , l’incrip- tion enfin qui lui donne la vie. Le diptyque, pour- rions-nous dire, est un tableau historique sur ivoire, dont l'inscription désigne les personnages ; sans cette dernière, le tableau est inanimé, c’est une médaille sans légende. 1.0 Matière du diptyque. La tablette que nous possédons, est la partie droite du diptyque auquel elle appaitenoit. Elle est en ivoire, comme tous les diptyques consulaires qui nous sont parvenus. Sa hauteur est de 14 pouces, sa largeur de 4 pouces o lignes , d’une assez belle conservation; elle n’est un peu endommagée, comme on peut le voir dans Ja planche du dessin, que dans les bords cù etoient les charnières qui servoient à l’attache des deux ta- blettes, et dans le rouleau que le consul tenoit à sa main, L’ivoire n’a pas son premier éclat de blan- cheur , le temps Jui a fait prendre un ton Jaune; mais il seroit facile de lui rendre sen antique cou- leur, en l’exposant aux rayons tempérés du soleil. 20 Sol otires du diptyque. Après avoir observé qu'un triple rang de filets forme à l’entour de 1totre diptyque un cadre oblong dans lequei sont tracées les figures qui le caractérisent, nous en diviseronse l’ensemble en deux parties que nous décrirons suc- cessivement : partie supérieure, qui Comprend tout ce qui est relatif à la personne du consul; partie in- férieure, qui concerne les jeux du cirque qui y sont représentés, Diptyques. 459 D'abord, dans le dessus de la première , on re- marque cette inscription en lettres onciales : FL AREOB DAGAL AREOBINDYS VL: Nous en donnerons bientôt l’explication. Dans l’enfoncement de cette inscription , parois- sent deux chapitaux de colonnes d’ordre corinthien, Sur le devant de l’entrecolonnement se présente le consul , assis sur une chaire curule dont les bras représentent des figures portant sur leurs têtes une espèce de paniers; ses pieds sont appuyés sur un petit socle barré. Il tient dans sa main droite la Mappa circensis ou ‘a nappe qu’on déployoit pour signal du commencement des jeux, et dans la gau- che le Scipio ou sceptre romain , surmonté d’une petite figure qui désignoit l’empereur régnant : il paroit dans tout le costume consulaire du temps. On remarque d’abord la robe peinte ( 1oga picta), dont il est revêtu .en entier; elle descend jusque vers le bas des jambes , où elle laisse apercevoir l’extrémité d’une autre tunique plus tgmbante. On voit ensuite une large bande non moins ornée, qui, de l'épaule droite , se prolonge sur la poitrine et va se terminer à mi-jambes ; enfin, on distingue une espèce de manteau qui prend naissance sur le milieu du bras droit, remonte du même côté sur l'épaule qu’il entoure, descend ensuite sous le même’ bras droit , traverse la poitrine , s’élargit pour aller cou- vrir l’épaule gauche, reparoît après dans un plus grand développement au côté droit , et va enfin finir au côté opposé, après avoir monté en replis sur la 460 Archæologie. main gauche. Tels étoient sans doute à cette épo- que les ornemens consulaires ; ils étoient bien diffé- rens de ce qu’ils avoient été dans les beaux jours de l’empire : mais le bon goût n’étoit plus, et l’art tomboît en décadence ; aussi notre consul ressemble- t-il plus à un prêtre grec dans ses habits sacerdotaux , qu’au consul dont Montfaucon retrace le costume pompeux dans letomel.f", page 2o, du Supplément de l'Antiquité expliquée. Aux deux côtés du personnage principal, on en aperçoit deux autres : leurs traits ressemblent à ceux du consul ; l’un est coiffé comme ce dernier ; l’autre a la tête ceinte d’une couronne à doub'e rang “quels étoient ces acteurs secondaires ? Nous hasarderons davs la suite queiques conjectures sur leur désigna- tion. Examinons à présent la partie inférieure de no- tre tablette : elle nous représente une de ces fêtes publiques données par notre consul pendant Ja durée de ses fonctions. Mais pour se former une idée des jeux solennels qu'on y céleébfoit, de leur pompe, de leur diversité et de tout le faste consulaire, il importe d’en tracer briévement l’histoire : elle nous apprendra du moiïns comment le peuple romain laissa périr sa liberté au milieu des fête: brillantes dont l’ambition sut re- paître sa curiosité. | Dans le commencement du consulat, des congra- tulations au peuple qui l’avoit nommé, quelques pièces de monnoie distribuées à la foule, des dipty- ques envoyés à l'amitié; tels étotent les seules ma- nieres par lesquelles le consul nouveau solennisoit Diptyques. son installation : dans la suite, on ajouta quelques jeux, quelques spectacles à ces premières communi- cations'de la reconnoissance. Ce nouveau genre de plaisir attachoit davantage au consul un peupie ex- trêmement curieux de tout ce qui tenoit à l’appareil et aux cérémonies publiques. Cesjeux volontaires passèrent bientôt en usage, et Pusage devient une loi. On ne fut pas longtemps à voir le luxe présider aux préparatifs de ces fêtes. L’or- gueil , ambition voulurent surpasser toutes celles qui avoient précédé : il n'y eut bientô: plus de bornes aux distributions numériques. On multiplia le nom- bre des fêtes, on en varia les jeux, les divertisse- mens : l’Afrique et l’Asie furent mises à contribution pour fournir à l’arêne leurs lions, leurs tigres , leurs léopards les plus furieux. Les hommes furent appelés pour combattre avec les animaux féroces, On apprit à l’athléte vaincu à mourir avec grace. ... C’en étoit Fait de la liberté ; le peuple, content de ses magis- trats à proportion de ce qu'ils savoient l’amuser , res- piroit au milieu de ces fêtes le souflle de l’éscla- vage.... Il fallut enfin que la loi vint mettre des bornes à tant de prodigalités. Il eût été à craindre, dit-elle, que le consulat ne fût désormais la conquête que des hommes riches : elle auroit pu ajouter, ou des fripons ambitieux. . La première qui fut rendue fut celle de l’empe- reur Marcien : elle défendit les distributions de nu- méraire au peuple , et fixa en place une somme qui devait être employée aux réparations des aqueducs, Cette loi, qui donnoit des limites à la somptuosité, 462 Archæologie. fut peu de temps en vigueur ; les consuls deman- doient le plus souvent la permission de l’enfreindre , et ils l’obtenoient. ÿ L'empereur Justinien , voulant tenir un milieu entre les exces de la prodigalité et la dignité con- venable à ces cérémonies publiques , abrogeala loi de Marcien, et prescrivit dans sa novelle 105, le genre et le nombre de fêtes que les consuls devoient donner pendant l'année de leur magistrature. On pourra juger par ses dispositions quels devoient être auparavant le faste et la somptuosité consulaire. Il devoit y avoir sept fêtes ou sept apparitions publiques des consuls : Septem processiones consulum. Dans la première, le consul, éntrant en fonc- tion , prenait possession des marques du consulat ; c’est-à dire, de la tose peinte, de la chaise curule, du sceptre, etc. : il devoit se montrer en public re- vêtu de ces divers ornemens consulaires, Cette céré- monie se passoit au Capitole. La seconde apparition avoit lieu dans le Cirque. Le consul y ouvroit les jeux de la course des che- vaux : c’étoit à lui de donncrle signa] de leur com- mencement. Il tenoit à cet eflet dans sa main droite une nappe en rouleau ( Mappa circensis) qu’il dé- ployoit , quand il jugeoit à propos de faire commen- cer. On dit que Néron fut le premier qui se servit de ce signal. Comme il étoit à table, et que le peu- ple demandoit avec impatience l'ouverture des jeux, il saisit la napne dont il se servoit et la déploya aux yeux des athlétes pour l’annonce du commencement des exercices, ESS Diplyques. 463 La troisième fête consistoit dans le divertissement de la chasse de divers animaux non féroces. On les distribuoit au peuple, lorsqu'on étoit parvenu à les surprendre ou à les réduire. Cette chasse qui se passoit au theâtre étoit bien différente de celle “des bêtes féroecs qui se donnoit à l’amphithéâtre. Celle-ci avoit lieu dans la quatrième apparition du consul. On faisoït combattre dans l’arêne l’ours du Nord, le lion d'Afrique, le léopard vert, l’élé- phant aux dents d’ivoire ; souvent les hommes se mé- loient à ces combats à mort, et les Romains cou- roient en foule à leurs spectacles sanglans. La cinquième fête se passoit au théâtre; ce qu’on pouvoit iaginer de plus propre à plaire, à diver- tir, chants, tragédies , comédies, jeux de hasard, farces, bouffonnerie, tout étoit mis en usage pour Yamusement du peuple. Dans la sixieme , on renouveloit la course des che- vaux. Enfin, l’année consulaire se terminoit par une der- niere fête solennelle où le consul se démettoit de ses fonctions : Solemnis editio. La loi ne s’explique point sur le genre de ce spectacle imposant; mais Guther, dans son traité de Officio domus augusiæ prétend que c’étoit le combat des gladiateurs. Que l’on ajoute à ce détail les distributions d’ar- gent , l’envoi des sportules et des tablettes en ivoire ; “enfin, les affranchissemens d’esclaves, et l’on aura une idée de ce qu’il en coûtoit pour être consul avant la loi de Justinien. Quand un peuple en est là, qu’il faille, pour remplir à son gré des fonctions publi- RAT : Archæologie. ques, dévorer plusieurs fortunes , c’en est fait de sa liberté, de ses droits... Aussi, qu’arrivoit-il au terme de ces fonctions ? Le consul obtenoit le com= mandement de quelque province éloignée sur laquelle il savoit se dédommager de lPhonneur dispendieux des faisceaux romains. Revenons, apres ces détails préliminaires, à l’ex- plication de la partie inférieure .de notre diptyque : elle représente une forme de cirque ; l’arêne des com= battans est séparée par une cloison en demi-cercle de Ja galerie des spectateurs, dans laquelle on remar- que huit personnes rangées circulairement les unes à côté des autres. Dans les coins du cirque , on apercoit quatre portes ouvertes : c’étoit apparemment celles par où les agitatenrs des quatre factions entroient dans la lice. Le sculpteur n’a pas choisi pour son dessin la scène du combat des gladiateurs; mais celle de la victoire, au moment où le vainqueur recoit le prix de son succès. Dans l’enceinte tracée, on compte sept personnages, parmi lesquels il est facile d’en reconnoître trois. Le premier est le consul lui-même, que l’on distingue à son sceptre et à ses vêtemens consulaires ; il tient de la main droite une couronne qu’il pose sur la tête du vainqueur ; le second est cet athlète qui, l’un des genoux plié à terre, reçoit la couronne. On remarque le troisième au dessus €u consul : c'est un autre athléte également vainqueur; il porte dans ‘une de ses mains le prix déja obtenu. de sa victoire, Il n’est pas aussi facile de désigner les quatre au- tres personnages, Celui-ci a les bras étendus ; il pa- roit Diptyques. 465 roît dans une sorte d’élan et de satisfaction ; il court.... Celui-là plus calme , plus modeste, porte une lance à la main; les deux autres présentent le contraste de lPabattement et d’une profonde déso- lation ; l’un d’eux caractérise son dépit exirême ,en portant l’une de ses maias contre sa bouche, et l’au- tre sur son front qu'il presse avec force, Cependant’, si l’on se rappelle, d’un côté, ce que l'histoire nous raconte des disputes et de l’acharne- ment des factions qui combattoient dans le cirque ; -si lon se souvient, de l’autre, qu’il y avoit des sur- veillans chargés de la police des jeux, alors tout s'explique aisement. Le personnage armé de la lance est le modérateur du cirque ; si tout annonce le calme et la tranquillité dans so geste, sur son visage, daus son attitude, ce maintien étoit celui qu’exi- geoient ses fonctions. L’athléte qui court et s’élance tout joyeux , les deux auires que la douleur semble consterner, expriment les sentiments opposés qui animoient les vainqueurs et les vaincus des diffé- rentes factions. On remarque enfin dans cette partie de notre di- ptyque des feuilles de laurier parsemées sur l’aréne, des boucliers de forme ronde et carrée, ayant pour ornement une croix. Ce symbole nous indique suff- samment que l’époque de notre tablette est posté- rieure au règne de Constantin ; mais sous quel em- pereur a-t-elle vu le jour? à quel consul doit-elle appartenir? C’est ce qu’il importe de chercher dans l'inscription de notre diptyque. Tome IF. Gg 466 Archæologie. 3.9 Inscription du dip'yque. On lit, comme nous Pavons dit plus haut, dans le sommét de notre ta- blette, ces mots: FL AREOB DAGAL AREOBINDUS VL: Mais que signifient ces expressions abréxées? qu’é- tait-ce que cet Aréobinde, dont la dénomination en- tière paroit indiquer le consul auquel notre diptyque appartient ? 1 faut observer avec Sirmond et Wilthem, que, pendant la durée de la république, un Romain, quel qu’il fût, ne portoit que deux ou au plus {rois noms, et que le nom propreet distinctif marchoit avant les surnoms: ainsi, Jon disoit Publius Cornelius Scipio , Lucius Cornelius Scipio: Publius distinguoit Scipion l’Africain de son frère Lucius l’Asiatique. Dans les beaux jours de l'empire , les surnoms, au contraire, précédèrent les noms propres : on prononca et l’on écrivit Flavius Vespasianus , au lieu de dire, comme autrefois, Vespasianus Flavius. Dans le Bas-Empire, il s’introduisit un autre usage : on crut s’houorer beau- coup en associant à son nom les surnoms de ses an- cêtres ; ; on en prenoit quatre, cinq et jusqu’à six ; sles. surnoms précédoient le nom propre : c’étoit une ga- lerie de tableau dont on vouloit s'approprier la suite. Telle est la raison des divers surnoms qui devancent Je nom d’Aréobinde. Suivant Théophanes, Aréobinde avoit pour père Dagalaif, consul en 461, et pour aïeul Aréobinde, qui s’étoit signalé daus la guerre de Perse sous le Diplyques.' 467 règne d’Honorius ; il avoit défié et mis à mort, dans ün combat particulier, un Persan, fameux par sa valeur , et jusqu'alors invincible. Son mérite avoit fait élever au consulat en 434. Du côté de sa mère Dazisthée, Aréobinde étoit petit-fils d’Ardebure, grand capitaine sous Pempe- reur Léon. Son maï'age Je rendoit encore plus illustre ; M voit épousé Julienne, fille de lempe- reur Olybre, de laquelle il avoit eu un fils, déja consul-en 491. C’étoit le meilleur général de l’em- pire. Les historiens, dit M. Lebeau, Pappellent le ‘grand Aréobinde. Il aurait pu monter sur le trône impérial. Un jour le peuple, irrité contre les -per- . sécutions d’Arasiase, cherchoit Aréobinde pour Île proclanier empereur à sa place ; mais en homme aussi sage que modeste, il avoit passé le Bosphore des le commencement du tumulte, pour se dérober aux instances du peuple. Apres ces notices essentielles, tout s'explique dans les termes de notre inscription’ Le consul prend d’abord le surnom de Flavius, parce qu’il descen- doit de l’ancienne famille Flayia , dont notre com- patriote Jacques Chifflet a relevé la gloire dans son ouvrage ad Vindicius Hispanicus (lumine VIIT). IL ajoute à cetté première dénomination celles d’Aréo- binde et de Dagalaif, pour rappeler la gloire de ses ancêtres en rappelant leur nom. L’expiession d’A- réobinde revient une seconde fois ; mais elle est entière, sans abréviation : c’est le nom propre du , consul qui , suivant lusage du siécle, ne se placçoit qu'après les surnoms. Gg 2 468 _ Arhæblogie. Notre inscription porte encore ces deux lettres initiales, V.et L.; elles veulent dire ? wir illustris, homme illustre. Cette qualification se trouve dans tous les diptyques connus. C'est le titre par excel- Jlence; mais pour l'obtenir, il falloit avoir rempli certaines fonctions, qui n’étoient réservées qu’au mérite éminent. Suivant la notice de l'Empire, les magistratures qui conduisoient à cét honneur, étoient celles de préfet du prétoire, de préfet de Rome, de maitre de la milice, de questeur, de chef de l’étable sacrée. Si nous possédions la seconde tablette de notre diptyque, nous y trouverions sans coute la désigna- tion des qualités qui avoient mérité au consul Aréo- binde ce titre de wir illustris. Maïs nous prouverons bientôt que la tablette dijonoise, faussement attri- buée au consul Stilicon, est une dépendance d’un diptyque d’Aréobinde ; or, quelles sont, dans,cette tablette, les qualités du consul exprimées dans son inscription ? | Suivant l’auteur de l'Antiquité expliquée elle porte ces mots : Excomes sacri slabuli, et magister militum per (Orientem , ex-consul, consul ordinartus. C’est-à-dire , ex-comte de l’étable sacrée, maître de la milice en Orient, ex-consul , et consul ordi- naire, Ainsi deux causes avoient mérité à Aréobinde le titre d'homme illustre , la qualité de comte ou chef de l’étable , et celle de maître de la milice. Piptyques. 469 Ce fut sous le règne de l’empereur Anastase, en 506, qu'Aréobinde fut élevé au consulat. Son nom se trouve à cette époque dans les fastes consulaires ; mais il ne s’y lit que cette seule fois, Comment alors seroit- il possible d'expliquer cette double qualification d’ex-çonsul et de consul ordinaire, que Pinseription oise attribueroit à Aréobinde ? Cette question se résoud aisément , dit D. Ber- thod avec plusieurs auteurs, lorsque l’on jette un coup-d’œil sur l’usagé qui s’étoit introduit dans ces siécles. | En effet, la dignité de consul, si respectable , comme nous l’avons dit, dans les beaux jours de l’ancienne Rome, et quand l’amour de la liberté enflammoit tous les cœurs, ne fut plus qu’un titre, lorsque le gouvernement répub'icain eut fait place au despatisme, Jules César, vainqueur de Pompée, toucha le premier à la dignité du consulat : il en rendit la charge amovible pendant l’année. Ses suc= cesseurs firent plus encore : sous le règne de Com- mode, et pendant un espace de douze mois, on vit jusqu’à vingt - cinq personnes désignées consuls, Dès-lors on en distingua de trois sortes. Les eon- suls ordinaires | qui prenaient possess'on de leur charge au 1.°° janvier, et dont les noms insérits dans les fastes servoient à désigner lepoque de l’année, Les suffecti, où ceux qui étoient mis à leur place, après quelques mois ou même quelques jours d’exer- cice. Les honoraires enfin, honorarit , qui n’en avoient que le titre, et qui ne jouissoient d’aucune des prérogatives attachées à cette place. Tous ces con- A Gg 3 470 Archæologie. suls cependant en prenoient le nom et le titre, Ainsi, quoique Aréobinde n'ait jamaïs été qu’une fois ins= crit dans les fastes, en qualité de consul ordinaire, il pouvoit avoir €(6 du ‘nombre des suffecti, ou des consuls honoraires , et de là les qualifications qu'on lui donne d’ex - consul et de consul vrdi- jaires. no” Dans notre tablette, comme dans celles de Zurich et de Dijon, Aréobinde est representé ayant à ses côtés deux personnages, dont Îles uaits, ecmme nous l’avons dit, ressemblent aux siens. L’un d’eux, celui qui est à sa droite, a le front orné d’une cou- rontie. Avant de hasarder notre opinion sur ces personnages incertains, il éloit nécessaire de con- noitre la famille d’Aréobiade et les exploits de ses ancêires, Les sentimens sont entierement variés sur la dé- signalion de ces acteurs secondaires du consul. M. de Mantour pense que l’un d’eux représente Eucha- rius, fils de Stilicon, et l’autre un grand de Ja cour. Montfaucon croit que ee sont simplement deux officiers subalternes , qui assistent à la cérémonie pour faire honneur au consul. Hagenbuch se tait entierement sur cet objet dans lPexplication du di- ptyque de Zurich. D. Berthod enfin veut que ces deux personnages soient des assesseurs du consul , qui , suivant Bulenger , l’accompagnoïent toutes les fois qu’il se montroit en public (11). Mais quelle est la raison de cette ressemblance (x:) V. Gaasvius , Antiquités Rom. Tom: x, p. 6304 Diptyques. 471 . dans les figures ? Pourquoi cette couronne sur la tête de l’un d’eux ? Il nous paroït que ces explications diverses ne répondent pas suffisamment à ces ques- tions. ., Quant à nous, nous pensons que ces figures re- tracent les images, de Dagalaif et d’Aréobinde l’an- cien ; que ce dernier est distingué par une couronne pour rappeler sa victoire éclatante sur le Persan, qu’il avoit renversé dans un combat singulier ; quesi lon retrouve dansles têtes des airs de ressemblance, c’est que/V’artiste a voulu désigner parlà les person- nages d’une même famille; et de même qu’il avoit pensé mieux honorerle consul , en unissant à son nom ceux de ses ancêtres, il a cru aussi devoir l’envi- ronner de leurs personnes » pour ajouter un nouveau lustre à sa gloire. Que lon examine d’ailleurs les diptyques connus des aatres consuls, ils sont en- tourés d’emblémes et d'images que l’on n’a point hésité de regarder comme celles des personnes ils lustres de leur famille. Tels sont les caractères distinctifs du diptyque de Besançon, il ne nous reste plus qu’à examiner quels sont ceux qui le rapprochent de la tablette dijo- noise. $- IT. Des rapprochemens de la tablette dijonoise de celle de Besancon, et de leur attribution commune au consul Aréobinde. Nous appelons tablette dijonoise cette partie de diptyque que M. de la Marre, conseiller au parle- ment de Dijon, trouva , en 1718 ; dans l’atelier d’un Gg 4 472 Archæolopie. menuisier, et dont ilorna son cabinet. À sa mort, M. Dutillot , de la même ville ,en fit l'acquisition ; mais depuis la révolution, on ne sait ce qu'est devenu ce monument curieux. Heureusement que les savans nous en‘ont conservé des dessins. Baudelot fut le premier qui en publia une petite copie , figurée dans son ouvrage de l’Urilité des voyuges (12). Après lui, Montfaucon Pa fait buriner en grand, et en a orné son Antiquité expliquée (13). Quand on découvrit cette tablette, sans désigna- tion de nom, portant seulement dans son inscription des lettres initiales qui sigmifioicnt quelques qualités fastueuses , alors le champ fut ‘ouvert aux conjec- tures des savans; on chercha , dans l'explication de ces demi-mots , la designation des titres qu’ils ren- fermoient , et dans l’enonciation de ces titres pom- peux le nom du consul auquel ils pouvoient appar- tenir ; el comme l’histoire n’offroit rien de plus con- venable à lapplication de toutes ces qualités que la grandeur, les hauts faits et le double consulat de Stilicon, M. de Mautour, et ensuite le savant au- teur de l'Antiquité evpliquée , que nous citons tou- Jours avec respect, publierent la tablette dijonoise sous le nom de ce dernier consul (14). Cette marche étuit judicieuse, appuyée sur les règles de la diplo- matique; mais toutes les conjectures et les prababi- (12) V. à la fin du tome I de cet ouvrage. (15). V. Suppl. de l'Antig.expl. tome IT, p. 240. (54) V. pour opinion de M. de Mautour, Mémoires de l'Acad, des Inscrip. tome V, p. 500, êt rour celle de Montfaucon, Suppl. de l'Ansiqg. expl: tome III, p. 232. | Diptyques. 473 lités doivent tomber devant la vérité des faits. De nouvelles découvertes ont succéde à celle de l’hono- rable parlementaire, et leurs traits de lumiere sont venus dissiper les brillans systèmes de limagi- nalion. La première découverte est celle de Zurich : le fait est curieux. Deux enfans en bas-âge avoient partagé la succession de leur pèie, et pour mettre un parfait équilibre dans les portions , ils avoient divisé un diptyque héréditaine; lun avoit Ja partie gauche, et l’autre la partie droite. Ces tablettes, ainsi séparées, avoient passé de degré en degié à divers héritiers ; mais dans cette mobilité de chan- gement , l’une avoit éprouvé un sort bien différent de lautre. La tablette droite étoit demeurée con- fondue, ensevelie dans une masse de papiers de la succession ; l’autre , au contraire , étoit tombée entre les mains d’un savant, qui cherchoit à expliquer son inscription , à découvrir le consul auquel on devoïit Vattribuer. Mais l'explication n’étoit pas facile; et, au milieu de cet embarras, la question restoit irré- sulue, lorsqu'un jour des amis s’entretiennent de cette tablette , conjecturent qu’elle ne doit pasétre seule, soupçonnent l’histoire du partage, fouillent la masse dont nous avons parlé, et trouvent la ta- blette droite qui faisoit l'objet de leurs regrets. La nouvelle en est portée au savant Hagenbuch; il rapproche, il rejoint ces deux tablettes, joyeuses de se revoir, et bientôt à leur union, à leur cor- respondauce parfaite il reconnoît qu’elles sont sœurs. C’en est fait, le probléme est résolu : l'inscription de 474 "Archæologié. l’une explique la légende de l’autre; Aréobinde est reconvu, et déclaré le consul auquel ces deux ta- blettes appartiennent (15). Mais que suit-il de cette découverte « Une induc- tion lumineuse : c’est que la tablette dijonoise étant semblable (16) à la partie gauche du diptyque de Zurich, doit être également d’Aréobinde, et non du consul Stilicon. Hagenbuch, comme-tant d’autres savans, avoit partagé l’opinion qui attribuoit à ce dernier le dipty- que de Dijon; mais quand il eut fait la découverte que nous venons de raconter , il reconnut son erreur, et s’empressa de l’annoncer : écoutons comment il s’en explique lui-même : « Tout ce qu’il y avoit de «“ savans, et particulièrement trois hommes célebres « en France, Ducange , Montfaucon et Boühier , “ avoient attribué à Stilicon la tablette découverte “ par M. de la Marre. Ils avoient été entrainés dans “ cette opinion par lénuméralion des dignités com- «_ prises dans la légende de cette tablette, dignités “ que tous les ouvrages historiques et les monumens (5) V. l'explication du diptyque de Zurich par Hagenbuch, citée ci-devant. (16) Les caractères de similitude sont les mêmes lettres initiales pour Finscriptian , même attitude , même position du consul et des deux per- sonnages qui l'accompagnent, même couronne sur la tête de l’un de ces derniers, même chaise curule, mème forme de l'amphithéâtre, nombre égal des spectateurs; enfin, uniformité parfaite dans le dessin et dans le style. Les combais de l’arene sont différens, il est vrai; mais l'on sait, par l'exemple des diptyques de Liése et de Bourges, que ‘cette diversité des exercices n'empêche point l'homogénéité des tablettes C. À. D.; leur attribution à un mème consul, he Diplyques. | 479 lapidaires attestuient convenir au consul Stilicon. “ Aucun livre, aucune inscription, au contraire , « n’offroit dans le V.° ou le VI. siécles d'autre « consul qui pât mériter et réunir tant de qualités; «_et quand même on auroïit eu la vae percanie d’un « lynx, on n’auroif pu devinér que les tablettes de « gauche de Zurich ét.de Dijon devoient étre du « consul Aréobinde, si la fortune, bien plus que le « génie, ne fat venue à propos pour le faire décou- « vrir. 1] ne faut done pas que ceux qui ont em- « brassé la première opinion en coucoivent de grands «“ regrets.» Et plus loin il ajoute : « Pour moi, je « suis persuadé à présent que les tablettes de Dijon «“ et de Zurich sont d’un seul et méme consul.» Apres cet aveu modeste d’un homme justement recommandable , il semble que tout devoit être terminé, et que la question d’éiat du diptyque de Dijon étoit résolue. Cependant nous savons que l'il- lustre président Bouhiers conçut encore des incer- titudes, et ne-crut pas devoir se ranger au parti du zélé professeur de Zurich. Nous respectons dans ce savant , dont le nom honore également les lettres et la magistrature , les motifs de son doute; mais nous aimons à peuser qu'il auroit cédé à la vérité, s’il ayoit eu Connoissance de notre découverte nou- velle, c’est-à-dire, du diptyque que nous publions aujourd’hui. En effet, que l’on rapproche notre tablette de eelle de Dijon, et l'œil le plus difficile y apercevra aisément même composition pour le dessin, même 476 Tes rchæologre. 4 manière dans le style, même air dans les figures, même ton enfin dans tout l’ensemble de la gravure. L'on diroit, pour ainsi dire, qu’une tablette appar- tient à l’autre, et qu’elles dépendent d’un même diptyque. En un mot, de deux choses l’une : ou nous nous trompons en attribuant notre tablette au consul Aréobinde, il faut rejeter toute confiance à l'inscription qui nous désigne ce consul , et soutenir que cctte portion de diptyque, semblable à celle de Dijon , appartient au consul Stilicon ; ce qui seroit absurde, contraire à tous les principes de diploma- tique ; ou enfin il faut reconnoître que la tablette dijonoise, ayant avec la nôtre un sr grand air de famille, en est aussi une branche véritable , et qu’elle appartient; sinon à cette dernière, du woins à une tablette semblable du consul Aréo- binde. Nous ne nous arrêterons pas plus lonotemps sur une vérité qui nous paroît démontrée. Mais nous observerons, en finissant, qu'il n’est point de di- ptyque plus répandu que celui d'Aréobinde. Indé- pendamment des tablettes de Zurich, de Besançon et de Dijon, dont nous avons parlé, D. Berthod fait mention d’une quatrieme, qu’il avoit eu en communication de M. Daguai, abbé de Soraize. Cette tablette étoit celle de gauche ; elle avoit con- servé tout son éclat de blancheur, mais elle n’étoit entière que dans sa partie supérieure, Les diptyques muluipliés parmi nous sont tout à la fois des monu- mens subsistans de la grandeur ct de la somptuosité Diplyques. 497 du consul Aréobinde, et des témoignages précieux de son estime et de sa bienveillance pour nos an- cêtres. Voilà ce que nous avions à dire sur les diptyques consulaires en général, et en particulier sur ceux de Besançon et de Dijon. ‘Curieux de remonter à l’origine de ces tablettes antiques, nous l’avons cher: hée avec courage. Notre course a été un peu longue, parce que le pays à parcourir étoit étendu, et le voyage en partie nouveau. Si nous nous sommes egarés, que la bienveillance nous remette dans le chemin : nous nous faisons gloire de tenir à la vérité, mais jamais à l’erreur (17). Besancon, le 25 fructidor an 10. (17)'Le C. Coste m'avoit envoyé le dessin de ce diptyque, pour en faire usage dans ma collection des Monumens inédits ; mais comme je n'insère dans ce recueil aucune dissertation étrangère , et que je ne voulois pas priver le public ‘de l’intéressant ouvrage du C. Coste, je lui ai demandé ce mémoire pour le Magasin Encyclopédique, et il a consenti à l'en enrichir. On en trouvera des exemplaires tirés séparé- ment au Bureau du Bagasin. A. L. M. PO: HSE SATYRES D'HORACE , traduites en vers par Pierre D4ru. À Paris, chez Parisot, libraire, rue du vieux Colombier, n:° 589; en face des Orphelines; Por/hieu;au dépôt de librairie; rue de la Feuillade, n.° r, près la place Victoire; et Ch. Pougens, libraire, quai de Voltaire, n° ro. An x.—18o1.1n-8.° de 244 pages. Prix, 3 fr. 60 cent., et LA fr, par la poste. | Nés avons annonté, dans le temps de leur publi- cation , quelques opuscules agréables du C. Daru; pous avons annoncé également sa traduction des odes et des épitres d’Horace, dans laquelle on re- marque du talent, une touche spirituelle et légère et une agréable Facilité. Il s'est essayé er dans un genre plus sévère, en traduisant les satyre: d'Ho- race, et le succès de cet essai n’a fait qu’ajouter à la réputation que Pauteur s’étoit déja acquise. Cette traduction est dédiée à son ami S. P. Lefebvre. Cette dédicace est elle-même un morceau fort agréa- ble, daus lequel le C. Daru a tracé, d’une manière piquante, un portrait heureux de son pee favori. Voici comment il le commence Autrefois, sous!la férule D'un grave savant en us, à Satyres d’Horace. 479 Je \traduisois sans scrupule En prose assez ridicule / Les couplets qu'Horatius Adressoit au dieu Bacchus, A Mécénas, à Tibulle, \ À Virgile, à Nétobule, Et mème à Ligurinus ; - Je riois de sa morale, Quand au sortir d'un festin, Ivre d'amour et de vin, Ce porte libertin Vantoit sa chère frugale; Je riois d’an trait malin Que sa muse joviale Lancoit à plus d’un Cotin. J'aimois surtout la peinture D'un grand diné, où sa main Fit grimacer la-fgure 3 D'un gros financier romain ; Petite éaricature Que le chantre du lutrin Eût pu laisser en latin; Enfin, mon goût peu sévère Aimoit, s'il ne faut rien taire, Jusqu'à l'injure grossière & Que Priape, en un jardin, Fait au nez d’une sorcière. Aujourd'hui, plus sérieux, Je sais peut-être un peu mieux Placer de justes hommages; Lt, formé par ses ouvrages , J'aime à sauter quelques pages De ses vers licencieux. J'aime assez peu Cauidie; 480 \ Poëstre, Mais j'adore sa Lydie, Sa Cynare aux blonds cheveux; Sa Tyndaris aux yeux bleus ; Car le chantre d’Astérie Etoit fort capricieux. Ses ecrits ingénieux, Sensés, malins, ou joyeux, Font le charme de ma vie, La sienne coula toujours Dans la plus heureuse ivresse; 11 fur volage en amours, Mais fidelle à la paresse. . Grand buveur, soldat poltron, Philosophe sans rudesse , Fatteur sans ambition , Auteur sans prétention, Chéri du dieu du Permesse, D’Auguste et de Pollion ; 11 fut greffier, nous dit-on, Æt pourtant à la richesse Sut préférer la chanson, Poète sans jalousie, 11 chanta tous ses rivaux : 11 aima toute sa vie Le vin, Mécène, Lydie, Néocbule et Glycerie. De la volage déesse eu Bravant la légèreté, Préparé par la sagesse Aux coups de l’adversité , Il supporta sans foiblesse La disgrace, la détresse, Mème la prospérité. Il lit son unique étude, 3 Non ” Satyres d’IHorace. 481 Non de fixer lefbonheur, Mais de jouir de son cœur Dans sa douce solitude. . Modéré dans tous ses vœux, Sage dans la jouissance, Il sut prévoir l'inconstance des destins capricieux , Attendre avec patience Le moment d’être un peu mieux, Et, d’un œil d'indifférence, Voir les favoris des dieux, Sur les bords de ja Digence J'aime à voir ce sage heureux Dans son bourg, de quatre feux J Chercher l'ombre et le silence S J'aime à le voir dans ces hois Promener son indolence ; Il me charme, quand sa voix Nous recommande à la fois La sagesse et l’indulgence ; 11 me ravit tour-à-lour, Soit qu'il chante son amour, * \ Soit qu'il chante l'inconstance. À . Pour donner une idée de la manière dont le C. Daru a traduit son auteur, nous citerons quelque morceau. Voici comment il a rendu le début de la premiere satyre : Mécontent de son sort , de desir tourménté , Chacun maudit la place où les dieux l'ont jeté, Que n'étois-je marchand, dit ce vieux militaire , Qui va, d’un pied boïteux, regagner sa chaumière. Tome IF, Hh | 2 , Q * 482%. ) Péegies. ll n d . * « ? * Qu'un guerrier est heureux ! s’écrie avec douleur : E C2 Ce marchand menacè par Neptune en fureur: j Il se bat, onle tue; il expire avec gloire : ; Eg: On le »7ançue, il triomphe et chante sa vicloire. L Le juge, qu'un client éveille au’ point du jour, Soupire après la paix d'un champêtre séjour. Le fermier, qu'un procès arrache à son azile, Croit que tous les heureux demeurent à la ville. Que fais-je ? qui pourroit nombrer ces mécontens? © Scæva, le grand parleur, y perdroït tour son temps. Oh! je voudrois qu’un dieu vint un beau jour leur dire: Me voici; que chacnn ait le sort qu'il desire. Soldat, deviens rende toi, commercant, guerrier ; Fermier, tu seras juge ; et toi, juge, fermier. Allons, soyez heureux; j'y consens. Quel caprice ! Eh quoi! vous hésitez! Oh! comme avec justice Le dieu leur lanceroït un regard l'uvleux 3 . En jurant désormais d'être sourd à leurs vœux. Où pourra reprocher , sans doute , que le vers ÎMomento cita nors venit, aut iDéarE læ ta n’est pas rendu par On de manque , il triomphæet chante sa victoire que cet{e expression , on le manque, est triviale et » L dépare ce morceau , on aura raison ; mais on sera ÿ forcé d'avouer que tout le reste est rendu avec p'é- ! cision, avec autant d’exactitude que l'on peut le: faire, et d’une manière fort heursuse. a début de Ja première satyre ne nous offira point d’expressions semblables ; mais nous en re- marquerous qui donnent au poète latin un carac- “ Ë Satyres d'Horace. .483 ; > 1ère francois, et que l’auteur n’auroit pas du laisser 7” échapper. Tigellius est mort : tout est en deuil; chanteurs , a! Parasites , marchands , musiciens | acteurs : C’étoit un si brave homme ! il aïmoit la dépense ; Cet autre, non moins fou, redouta:t l'indigence, A son ami qui meurt et de soif et de faim, N’aura gaide d'offrir un habit et du pain, = Demandez au premier pourquoi, dès son jeune âge, Il a de ses aïeux dévoré l'héritage, Et même pris déja sur le bien du prochain: Je suis nè généreux, vous dira-t-il soudain: L'avariceest un crime; et chacun dans son ame, Suivant ses passions , l’applaudit ou le blame. È Au contraire à Quintus , ce riche possesseur De beaux biens ; de contrats, de billets au porteur, Craindroit d'être blâmé pour sa magnificence ? I] préte à vingt pour cent qu'il faut.payer d'avance, Harcèle un débiteur quand il l’a ruiné; Et , s'il est un jeune homme au vice abandonné, Qui spécule déja sur le bien de son pére, Quintus, par son secours , hâtera sa misère. Juste ciel! direz-veus; mais c’est un homme affreux: Au moins il sait jouir de ses profits honteux ? Point du tout : misérable, ennemi de lui-même ; C'est un vrai suicide , un autre Ménedème : Je ne vois que des fous ; mais où tend ce discours ! De l’un à l'autre excès l’homme passe toujours. - Paul traîne avec orgueil sa toge magnifique ; Thrason, jusqu'au genou, relève sa tunique; Rublle sent le musc dont il est parfumé, Et Tarpa certain mal dont il est consumé, Hh 2 \ \ ; KT 434 Poésie. Tel consacre ses vœux à cette belle aliers Que pare noblement la pourpre héréditaire, Tel autre, préférant de moins fieres beautés , Dans les réduits honteux cherche ses déités, Et dit avec Caton que, lorsqu'amoür nous presse, 11 vaut mieux de Laïs acheter la tendresse ; Que corrompre avec art la femme du voisin ; Mais un plaisir facile est trop peu pour Lucain, « Vous qui n’approuvez pas celte flamme coupabie ,, Voyez quels maux en sont le prix inévitable; L'an, du toit qu'il souilloit se vit précipité ; Courant au rendez-vous, l'autre fut arrêté : Maint galant au bâton soumit son fier courage ; Maint y perdit sa bourse et même davantage, Ce digne traitement étoit bien mérité ; Personne que Galba n’en a jamais douté. Ces vers sont sans contredit agréables et faciles ; mait l’auteur pouvoit ne pas parler des contrats, des billets au porteur de Quintus. Ces expressions donnent à cette satyre un air moderne, et il n’est question de rien de semblable dans l'original où on trouve seulement : s Dives agris, dives positis in fænore nummis. Riche en champs, riche en écus prêtés à usure. , Cette faute de costume est du genre de celles que nous avans reprochées au C. Saint-Ange dans ses Métamorphoses d’Ovide, et qui se rencontrent dans nos meilleures traductions. Voici comment le, C. Daru a traduit le passage de la quatrième satyre sur la Comédie. De là vient qu'à ce nom, déja plus d’une fois, Aux enfans de Thalie on contesta leurs droits ; Satyres d'Iforace. 485 Cu, simple en ses sujets, naïve, familiére , Leur muse parle en vers un langage ordinaire. Un père , je le sais, d'un style véhément , Gourmande , dans Térence, un jeune homme irgprudent ; Lui reproche ses mœurs, son indigne maitresse , Et d'oser en plein jour afficher son ivresse; Mais s’il vivoit encore le père de Phorbas, Comme ce vieux Chremes ne parleroit-il pas ? 11 ne suffit donc point qu’en prose cadencée Un auteur dans un vers, fasse entrer sa pensée, Si, rompant la mesure, on n’a dans ce discours Que ce qu’un père ému peut dire tous les jours. Essayez de soumeltre à cette épreuve utile, Et les vers que je fais, et les vers de Lucile, Le poète s'éclipse et ne s’y trouve plus : Au contraire, entendez la muse d'Enuius, Quand de son bras d'airain , si fatal à la terre, La Discorde eût brisé les portes de la guerre, Détruisez l'harmonie et renversez les mots, Vous y verrez toujours un poète en lambeaux. Le traducteur a mis Phorbas à la place de Porn- ponius ; et, dans plusieurs endroits dé sa traduction, il a aussi substitué un nom à un autre, quand ces noms ne sont connus que par les vers d’Horace ; quoi que le C. Daru dise pour justifier cette licence, elle ne sauroit être kpprouvée : ici le nom qu'il substi- tue est grec, et c’est encore un tort de plus. Que résulte-t-il de ces citations et de ces criti- ques? que la traduction du C. Daru est très-agréable et peu fidelle ; qu’elle est dans le génie d’Horace, s’il, eût écrit en françois ; mais qu’elle peche souvent Hh 3 486 ‘5 l'AsPaoëstie. contre les usages et le costume romain ; qu'enfin il faut oublier , en le lisant, que c’est une traduction, et on trouvera à cette lecture beaucoup de plaisir et de charme. S'il reste done un reproche à faire aw C. Daru , c’est de traduire quand il peut créer. Cer- -tainement avec tout le talent qu’il a mis à traduire Horace, il eût fait un petit poeme fort agréable, et qui auroit davantage assuré sa réputation, Heureux - celui à qui l’on peut donner de tels conseils ; ils ne sont dictés que par notre estime sincère et le desir que nous avons de lui voir faire le plus digne emploi de son aimable talent. A. L. M. BTOGRAPHIE. NOTICE sur la vie et les ouvrages de David DURAND, membre de la Société royale de Londres ; né vers 1679, à Sarnt- Pargotre; dans le Bas- Languedoc , dio- cèse de Béziers ( Hérault); mort à Lon- .dres. le 16 janvier 1763. Os ne ‘trouve le nom de-cet auteur dans aucun de nos dictionnaires historiques; il a cependant des droits plus réels à l’immortalité qu’une multitude d'écrivains vantés avec excès dans ces utiles com- pilations. Histurien, poète, traducteur, philologue, il a laissé des ouvrages qui justifient chacun de ces” titres et dont la plupart sont tiès-recherchés. J’y ai trouvé quelques details capables de suppiéer en partie au silence des biographes. David DurAND étoit fils et frère de pasteurs dis- tingués. Il eut apparemment la même vocation. En 1710, il devoit continuer à la Haye l’histoire des ouvrages des savans de Basnage. Ayant été zppelé à Amsterdam, et peu de mois apres en Angleterre, il se fixa dans cette derniere ville, et partagea son temps entre l'étude des sciences et celle de la reli- gion. Sa vie de Panini est datée de. Londres , le 10 août 1714. En 1717, il étoit chapelain du lord Baron de North et Grey. Une note de la préface de sa Reli- Hh 4 488 Biographie. gion des Mahométans , sewble prouver qu’en 1720, il étoit déja ministre de Saint-Martin; en 1729, son Histoire naturelle de l'or et de l’urgent, extraîte de Pline, le fit connoître au publie comme membre de la Société Royale. Il dût peut-être cet honneur à l'Histoire de la peinture ancienne , extraite du même Pline et publiée en 1725 avec des remarques fort curieuses, Il devint ministre de la Savoye en 1700. C’est probablement dans cette place qu’il ter- mina sa longue et honorable carrière, à l’âge de 64 ans. Charles Etienne Jordan, de Berlin, parle de notre auteur dans la relation du voyage littéraire qu'il fit en 1733, en France,en Angleterre et en Hollande. 11 alla voir à Londres David Durand, qu’il trouva occupé à restituer des passages anciens et à déchif- fier des pierres antiques. Un de ses projets favoris étoit de publier une édition de Pline moins chère que celle du P. Hardouin. Il devoit encore publier une édition complète des ouvrages philosophiques de Cicéron, traduits en françois par différens au- teurs. C’est dans cette vue qu’il traduisit les acadé- miques et le traité de futo. La traduction de ce dernier ouvrage est restée manuscrite, Il avoit aussi composé une vie de Jacquelot. Jordan la vit entre ses mains. Elle lui parut contenir bien des faits, Quelques endroits surtout devoient ne pas faire plaisir aux amis de Bäyle. Cependant le philosophe de Roterdam avoit eu de l’amitié pour notre auteur. Il dut en eflet voir avec intérêt un jeune ministre pro- D. Durand. | 489 testant allier le goût des lettres à l'étude de le théologie et annoncer un caractere de modération et de douceur dont les exemples étoient rares alors parmi ses confrères. Le dernier ouvrage de David Durand qui soit annoncé dans les journaux que jai pu consulter, est de l’année 1755. Il avoit à cette époque près de 76 ans. Voici la liste et les dates de ceux de ses ouvrages qui sont venus à ma connoissance , soit pour les avoir eus sous les yeux, soit pour en avoir vu des annonces , ou lu des extraits dans des journaux dignes de foi : 1.9 La vie et les sentimens de Lucilio Vanini. Rotterdam, Gaspar Fritsch. 1719. In-12. Lors de la publication de cet ouvrage, des gens soupconneux prélérent de mauvais desseins à l’auteur. Quelques personnes en portent aujourd’hui un ju- gement bien différent ; le €. Nuigeon, entr’autres, dans le dictionnaire de l’Encyclopédie méthodique qui traite de la philosophie ancienne et moderne, regarde cet ouvrage comme rempli de digressions inutiles ; il n’y trouve que les préjugés et l’esprit étroit d’un controversisie. »«. L'abbé Goujet dit, dans le catalogue raisonné et manuscrit des livres de sa bibliothéque, que la vie de Vanini a été traduite en anglois en 17360. ° La religion des Mahométans , avec des éclair- cissemens sur les opinions qu’on leur a faussement 0 ] “A 490 Biographie. | attribuées; tirée du latin de Reland, avec une Pro- Jfession de foi mihométune qui avoit point encore paru. La Haye, Isaac Vaillant, 1721, in-12, Cet ouvrage est estimé, et il fait autant d'honneur au caractere de l’auteur qu'à sés connoissances. 3.° Histoire de la peinture ancienne, extraite de l'Histoire Naturelle de Pline, livre 35; avec le texte latin corrigé sur les manuscrits de Vossius, et sur la premiere édition de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles. Londres. G. Bowyer, 1725, ‘in-fol, rare. Une Épître dédicatoire, aw roi d'Angleterre , en” vers, ouvre le volume. L’auteur y vante le rapport que la poésie et la peinture ont entre él'es. 4° Histoire naturelle de l'or et de Pargent , extraite de Pline le naturaliste, livre 333 avec le texte latin, corrigé sur les manuscrits de Vossins, et sur la pre- mière édition, et éclairei par des remarques non- velles, ouwrecelles ‘de J,F. Gronovius, et un poeme sur la chûte de Fhomme et sur les ravages de Por et de l’argent, dédié au roi et à la reine. Londress G. Bowyer, 1729, in-fol. aussi rare que le précé- dent. Des critiquesjulicieux ont trouvé, dans le poème sur la chûte de l'homme, de la poésie et des ima* ges. [la été réimprimé en 1730 à la Haye, chez lander Kloot, à la suite d’une édition en 3 vol. iu-12 de la traduction françoise du Paradis perdu de Milton; par Dupré de Saint-Maur. 0 D. Durand, 491 David Durand avoit proposé en 1725, par sous- cription, l'Histoire de la sculpture, extraite également de Pline, Il paroît que ce travail n’a point été publié. 5° ©. Plinit S. Historiæ naturalis ad Titum 1m= peratorem præfatio ; ex mss. et veleri editione recenswit et nolis illustravit D. Durandus. Londini, 1728, in-8.° 80 pages. Cette p'éface de Pline a été appelée un ouvrage divin, par Alexander Benedictus, un dés anciens éditeurs de Pline. Beaucoup d’auteurs ont cherché à en corriger le texte ; on en trouve la liste au commencement du huitieme livre des Disquisitiones Plinianæ du comte Antoine Joseph a turre Rezzonici, Parme, 1763, 2 vol. in-fol: David Durand n’y est pas oublié. Son nom est accompagné de cet éloge aussi noble que simple, optimè de Plinio aliis elium in voluminibus meritus. On assure, dit le Journal des savans du mois de septembre , 1728, que cette dédicace de Pline à l’empereur Tite, est tout autrement correcte que dans l'édition du P. Hardouin, et même que dans tout le livre, il n’y a pas une seule faute d'impression. Cet opuscule n’a pas été mentionné par Bochmer dans sa Bibliothéque des écrivains sur l’histoire natu- relle, Leipsick, 1785-1789, 9 vol. in-8.°; il est si rare que je ne le trouve pas indiqué dans le précieux catalogue de la bibliothéque ( Aistorico-naturalis) de M. Joseph Banks, rédigé par M. Dryander. Lon- dini, 1796— 1800. 5 val. in-8,° 402 Biographie. 6.° Les Aventures de Télémaque, fils Ulysse } par FÉNÉLON ,nouvelle édition , enrichie des imitations des anciens poètes, de nouvelles notes et de la vie de l’auteur. Hambourg, Van den Hæck, 1731, 2 vol. in-12,et 1732, in-12. Dans une lettre écrite en janvier 1742, à Pauteur de la Bibliothéque britannique, et insérée dans la: premiere partie du tome 19.° de cet ouvrage, David Durand déclare avoir fourni, pour cette édition de Télémaque, la vie de Fénélon et les passages imités des poètes latins. Il ajoute que les imitationsgrecques et plusieurs bonnes remarques de géographie ont été fournies par Île savant Fabricius. Reimar, qui a publié à Hambourg en 1737, in-8.°, une vie de ce célèbre bibliographé, ne parle pas de cette édition de Télémaque ; il ignoroit apparemment la part que son héros y avoit eue. David Durand devoit faire réimprimer cette édition en Angleterre, avec des augmentations con- sidérables, Surtout, par rapport aux passages Imités. Ch. Et. Jordan l’avoit va occupé de ce travail , mais le projet n’en étoit pas encore réalisé en 1742. Les auteurs du Journal des savans rapportent, en mal 1746, que David Durand publia l’année précédente à Lonûres une nouvelle édition de Télémaque et de la tragédie d’Esther , pour l’usage des écoles. Cette édi- tion a échappé à toutes mes recherches ; je n’aï donc pu n’assurer si elle renferme les imitations des anciens auteurs tirées de l'édition dé Hambourg r7èt, avec des augmentations. Il paroit cependant que noire D. Durand. 493 auteur publia en 1750, à Londres, chez aus, une édition de Télémaque , enrichie de ces aug- mentations. Elle est ainsi annoncée dans la Biblio- théque annuelle et universelle ( par BURTIN ). Paris, Lemercier, 1753, petit in-12; t. 3, p. 403. Les Aventures de Télémaque , fils d'Ulysse , par FÉNÉ- ZLON, nouvellé édition revue et corrigée avec soin, enrichie des Imitations des anciens, dela vie de l’au- teur , et d’un petit Dictionnaire mythologique et géographique , avec des figures ,in-12. Au reste, on aura une juste idée du travail de David Durand sur Télémaque, en lisant les ré- flexions suivantes, tirées de l'avertissement de l’édi- tion de cet immortel ouvrage, que le C. Bosquillon a publiée en lan vi, 2 vol.in-12 et in-18, avec des variantes , des notes critiques et plusieurs fragmens extraits de la copie originale. « L'édition d’'Hambourg 1731, réimprimée en 1732, « dit le savant éditeur, l’emporte beaucoup sur les « précédentes. Elle est enrichie des imitations des poètes grecs et latins, et de nouveiles notes. « Les éditeurs ont conféré avec soin les meilleures « éditions, comme le prouve la liste qu’ils ont don- « née des lacunes de, l’édition des Wetsteins et de « celle de Paris, 1739, in-4.°3 le choix des diverses « lecons est en général fait avec beaucoup de juge- “ ment; mais on ne peut leur pardonner d’avoir « corrigé, sans autorité, divers passages qui leur ont « paru altérés par l’infidélité des copistes, ou par « la négligence des correcteurs. Un éditeur doit 494 Biographie. « toujours respecter ayeuglément son texte. Nous « ne pouvons néanmoins dissimuler, pour donner une « idee de la discrétion et de la sagacité des édi- “ teurs, que la plupart de leurs corrections se « trouvent dans la copie originale, » L’avertissement dont il s’agit ici, contient une histoire aussi curieuse que détaillée des principales éditions de Télémaque. L'auteur de la Bibliothéque britannique avoit déja écrit cette histoire jusqu’en 1742. La lettre de David Durand, citée plus haut, en fait partie. Ces deux morceaux de bibliographie méritent d’ête lus avec attention par lés amateurs de l'histoire littéraire, 7. Histoire du seizième siécle, Londres, Coudère, 1725 -1729, 6 vol. in-8°. Cette histoire faite sur le plan de celle du même titre.en latin, par Per:zonius, a obtenu un succès mérité, Pierre de Hondt Pa réimprimée à la Haye en 1734, 4 vol, in-12 qui ne comprennent pas une septieme partie publiée par l’auteur à Londres en 1732, in-8.°; elle eontient la vie de M. De Thou, extraite de ses propres mémoires, jusqu’en 16017, et continuée jusqu'à sa mort arrivée en 1617. C'est sans doute de ce volume qu’ont voulu parler Goujet, Ladvocat, Barral, Chaudon et autres biographes modernes , lorsqu'ils ont dit d’une maniere trop vague, à l’article du célébre de Thou, que M. Durand avoit publié sa vie, in-8.°, à Londres, en francois, et'qu'elle étoit fort curieuse. 8.° Éloge de Perizonius, 16 pages in-12, à la téle D, Durand. 435 da 4° yolame de l’histoire du seizième siécle, édi- tion de la Haye. On trouve dags cet éloge des détails curieux sur la vie littéraire et les opinions politiques du savant - Perizonius dont David Durand avoit suivi les lecons d'histoire pendant plusieurs années. 9.” Onzième et douzième volumes de l'Histoire d'Angleterres par Raprn-Tuorr4s.La Haye, Pierre de Hondt, 1734, et Paris 1749. 2 vol. in-4.° Dans la préface de la nouvelle édition de Rapin- Thoyras, Le Feure de Saint-Mare juge un peu sevè- * rement notre auteur, au sujet des deux volumes qui sont de sa composition. 10.° Aradémiques de Cicéron, traduites en françois avec le texte latin et des remarques nouvelles, outre les conjecture: de Davies et de Bentley, Londres, Paul Vaillant , 1740. — Academiva , sive de judicio erga verum , in ipsis primis fontibus; opera Petri VALENTIÆ ZLAFRENSIS, editio nova emendatior. Londini, typis Bowyeriani:, 1740. Jn-8°. Ce volume est d’une telle rareté èt d’un prix si exorbitant que le C. Capperonnier , lun des con- servateurs des livres imprimés de la bibliothéque nationale, voulant ajouter cette traduction à celles : qui ont été publiées chez Barbou , fut obligé de la copier de sa main sur un exemplaire que Le préta son ami le C. Chardin , possesseur d’un des plus beaux cabinets de livres qui soient à Paris. Le modeste. et habile éditeur a exécuté en Pan 1V (1796) le projet que son amour pour les lettres 496 Biographie. lui avoit fait concevoir. Son édition des acadé-. miques de Cicéron , forme deux volumes in-12, parce qu’il a joint à la traduction des académiques par David Durand, celle du commentaire philoso- phique de Pierre de Valentia, par M. Jean Salve- mini de Castillon , membre de l’Académie de Berlin. « Ce travail de M. desCastillon se trouve en tête de la nouvelle traduction des acatémiques de Cicé- ron, qu’il a publiée à Berlin en 1779, 2 vol. in-8.°; il n’avoit pu se procurer même à Londres un seul. exemplaire de la traduction de David Durand. Il eut cependant le bonheur d’en découvrir un qu’il vit porté sur le catalogue d’un homme de lettres qui s’étoit formé une bibliothéque vraiment pré- cieuse par le nombre et le choix des ouvrages de littérature qu’elle renfermait. S'il eût été content de la traduction de David Durand, il se fut borné à en donner une nouvelle édition. Mais il crut pou- voir mieux faire. Sa traduction néanmoins n’a pas satisfait les savans : elle leur a paru souvent inférieure à celle de David Durand. Le Blanc de Guillet a laissé en manuscrit une traduction des mémes aca- démiques. Ne pourroit-on pas profiter aujourd’hui du travail et des recherches de ces trois savans, et publier, d’après eux, une traduction capable de de satisfaire les philosophes et les gens de lettres? Bozérian l'aîné a fait aussi 1éimprimer la traduc- tion des académiques, par David Dinrand, à la tête de la collection qu’il a publiée en 1796, 10 vol. petit in-12, Le, 7 D. Durand. 497 in-12, des ouvrages philosophiques de Cicéron, tra- duits en françois par différens auteurs. Un meilleur p'an de cette collection a été tracé par David Durand daus la préface de ses académiques. Il l’avoit même fait insérer avec plus de détails dans la bibliothéque britannique, tome XV, 2.° partie, p. 392 et sui- vantes, ‘Je puis dire ici, pour la satisfaction des curieux, que la bibliothéque du conseil d’état possède un bel exemplaire de l’édition originale des acadéini- ques de David Durand. Peut-être ce volume ne se trouve-t-i] dans aucune autre grande bibliothéque de Paris. 11.2 Notice sur Pierre de Falentia, dans la Biblio- théque britannique , tome 18.° ; premiere pariie , p. 69 et suivantes. Lorsque David Durand fit réimprimer, à la suite des académiques de Cicéron , le commentaire phi- _Josophique de P. de Valentia, il ne savoit rien de _ positif sur la personne de l’auteur ; mais, ayant eu depuis communication de la grande bibliothéque espagnole de Nicolas Antoine , il y trouva un article assez instructif sur ce philosophe : ce qui lui donna lieu de rédiger une notice sur la personne et les égerits de P' de Valentia, qu’il envoya à l’auteur de la Bibliothéque britannique , et que celui-ci inséra en forme d’extrait de l’ouvrage de Valentia. \ 12.° Exercices francois et anglois.... au nombre de 80. Londres, 1745, in-8.° Tome IF. Ii 493 Biographie. 13.° Dissertalion en forme entretien sur la prosodie francoise, à là 1éte du Dictionnaire an- glois » françois de Boyer, édition de Londres, 1748 ; 2 vol. in-4.° Cette dissertation a été. réimprimée à Londres, chez Watts en 1750, par les soins de David Durand lui- même; à la suite d’une nouvelle édition qu’il donna de ja grammaire angleise. et francoise de RocissarT. On la trouve aussi à la suite du Traité de la prosodie françoise de d’Olivet ; Genève , chez les frères Cramer, 1760; in-12. x4.0 Vraie notice de,.la république des Provinces- Unies des Pays-Bas. Londres, 1748 ; in-4.9,,,4 Ce n’est qu'un programme de souscription. auquel l’auteur a joint une table très - détaillée des ma- tières que devoit contenir l’ouvrage fait sur le plan de celui de M. Otton intitulé : Belgu fæderati no- diliae : 15. Le nouveau. Testament de Jésus - Christ : nouvelle édition d’après le, texte de M, MARTIN : mais retouché en fayeur des jeunes gens, avec une table des matières; Londres, Jfutts, 1750 ; in-8.° 16 Eclaircissemens sur!.le, toi et; sur, le: vous. Londres , le 1.°* juin, 1753, 24. pages peuit jn-12; dans le journal britannique de Maty, tome XI, pag. 298 et suiv. | David Durand a écrit en homme d’esprit: dans ce morceau , l’histoire du toi et du vous chez les peu- ples anciens et modernes, mais particulièrement D. Durand. 499 en France ; il prouve, comme la fait depuis, d’a- près lui peut-être, le professeur Laharpe (r), dans la lecon qu’il donva aux écoles normales sur le tutoie- ment , que la grammaire , toute impérieuse qu’elle rest, se trouve dominée par l’usage, et cela parce que des, raisons de bienséance doivent être au dessus d'une simple délicatesse d'oreille. [1% 17.9 Les devoirs du mourant, ou Sermon sur Tsaie, XXXVIIF. 1. On y a joint une lettre supposée venue du ciel de la part d’une épouse, à son mari affligé. Londres, P. Vaillant, 1935 ; in-8.° Ces deux opuscules sont annoncés dans le journal britannique de M. Maty, tome 18.° Le journaliste observe qne le stcond est imité d’un poème latin de M. Dorville. Du reste, il reconnoit dans tous les deux l’auteur de beaucoup d'ouvrages publiés” en divers temps: La France littéraire de 1769, attribuée à David Durand ; 1 Vol. de Sérhons éhpisis, imprimé én 1728 ; in-8.° me Masson, dans son histoire critique de la république des lettres , 15 vol. in-12, présenta, en 1717, David Durand , comme l’auteur des réflexions morales, satyriques et comiques, dont la 4.° édition parut à Liège en 1733, in-12, ainsi que des nouvelles réflexions sur le Pogge, publiées à Amsterdam, en 1712 , petit in-12. (1) Les Lecons des Ecoles normales, Paris, an 1v. In-8.® Tome IV, P- 201 + 222. Jia boe Biographie. Notre auteur déclare dans la préface de la reli- gion des Mahométans , n'avoir jamais vu les ré- flexions sur les contes de Pogge , et n’avoir jamais pu achever la lecture des réflexions satyriques et comiques. Il est étonnant qu'après une dénégation aussi franche et aussi ferme, le père Niceron et Lenglet Dufresnoy, se soient encore permis d’at- tribuer ces deux ouvrages à David Durand , l’un dans. le tome 9.° de ses mémorres , à l’article du Poggce ; l’autre dans le second volume üu traité de Pusage des romans. Il nous paroît résulter des différens jugemens, portés sur notre auteur qu’il joignoit un style na- ture] mais inégal à des connoïissances aussi étendues que variées, et à un goût assez sain. Les défauts de son style doivent être attribués aux troubles po- litiques qui l’éloignèrent de sa patrie et le privèrent du commerce de ceux de ses compatriotes, qui ont contribué par leurs écrits à rendre notre langue la première des langues vivantes. À, BARBIER, bibliothécaire du Conseil d'Etat, MÉDECINE. DE LA VACCINE considérée comme anti- dote de la petite vérole, avec un tableau de vaccinations ; indiquant les noms, pré- noms, âge, sexe et demeure des vaccinés ; la date et la marche de leur vaccination ; le nombre des piqires faites à chaque bras ; le nom des personnes qui ont fourni la ma- rière et les divers phénomènes qui ont eu lieu ; par L.-A. MONGENOT , médecin de l'hôpital des enfuns malades , de Phô- pital de M."e Necker, membre du comité central de vaccine. In-8.° Prix, 1 fr. 80 c. pour Paris, et 2 fr. 5o c. franc de port. A Paris, chez Méquignon Vaïîné, libraire, rue de l'Ecole de médecine , n.° 3, vis-à-vis la rue Hautefeuille ; Crapart, Cailleet Raviér, libraires, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, mots, | Lsvreur de cet”intéressant ouvrage a considéré son sujet sous un point de vue absolument neuf; ‘* il ne s’est pas contenté d’annoncer cette vérité au- jourd’hui reconnue, que la vaccine préserve de la ‘petite vérole , il s’est élevé jusqu’à la théorie de celte préservation. L'existence d’un fait suffit au 113 Den Médecine. - vulgaire , mais une conviction physique ne satisfait pas les esprits habitués à remonter aux causes ; l’homme instruit , ainsi que le remarque judicieu- senient le C. Mongenot, veut parvenir à une con- viction morale qui soumette à son intelligence les phénomènes dont ses sens ont été frappés ; ce n’est pas assez pour lui de voir , il faut qu’il comprenne. L'auteur devoit done s'attacher moins à présenter une liste de faits qu’à enchaïner ane série de rai- sonnemens, moins à donner des calculs qu’à fournir des preuves ; aussi a-t-il laissé au comité central de vaccine le soin d’accabler la mauvaise foi ou lin- créduhté.sous la masse énorme de faits dont il est dépositaire. _Fidelle au plan qu'il s’est tracé, le C. Mongenot commence par comparer la petite vérole naturelle at nouçeau spécifique. Ce parallèle , établi jour pér jou , et fait avec-une extrême précision , prouve que: lavaccine suit absolument la même maiñche qué -la, petite vérole, jusqu’à l’époque où celle-ci ocçasionne, l’éruption générale : mais comme l’érup- tion générale et les. phénomènes qui lPaccompagnent où la suivent, ne constituent pas l’essence de pe- tite vérole ; comme ce n’est là qu’un surcroît de symplômes qui compromet la vie du sujet infecté de là variole:, sans-rien ajouter à sa préservation future de larmême maladie , il s'ensuit que la vac- cine: etiiaypetite vérole: ;: présentent: une analogie parfaite, puisque. du moment où elles s'écartent dans leur marèhe , cette dernière a fourni sa période né- cessaire , que Souyént même elle s’arrête à ce point , Vaccine. 503 ou que si elle continue de se manifester , ce n’est que pour entraîner des dangers plus ou moins im- minens, sans offrir la moindre compensation sous le rapport de la préservation à venir. Il se présente ici deux questions : 1.° Est-il bien vrai que l’éruption générale et la fièvre maturatoire ne constituent pas la faculté pré- servative de la variole naturelle ou inoculée ? Quand une pareille assertion est appuyée par les témoignages écrits de Bœrhaave , Van Swieten, Sydenham, Stoll, Rosen, Derosenstein, Huxham, Lacondamine, et de tous les inoculateurs, même de ceux qui attaquent aujourd’hui lavaccine, on peut sans doute la regärder comme incontestable. On sait d’ailleurs que l'inoculation n’a été regardée comme un bienfait que parce qu’elle diminuait générale- ment l’éruption boutonneuse , seule cause du danger, et garantissoit assez souvent de la fièvre secondaire et de suppuration, les boutons ne se développant qu’en très-petit nombre. En effet les symptômes qui tiennent à la résorbtion de Ja matière puri- forme des boutons démontrent l’existence de deux effets essentiellement distincts daus la petite vé- role 5 le prémier dû à l’action immédiate du virus sur lPéconomie animale , et le second dépendant tout entier de Finflammation et de la suppuration des pustules ; or il est constant que les personnes qui ont eu la fièvre varioleuse sans éruption, se sont trouvées, pour toujours , à l’abri de la petite vérole: il est donc évident que léruption ne contribue en rien à assurer la préservation, Ii 4 504 .… Médecine. 2.° Puisqu’il est prouvé que l’éruption générale et la fièvre maturatoire ne constiluent pas la faculié préservative ; ne sont-elles pas uniquement un sur- croit de symptômes dont la seule propriété est de compromettre la vie de l’inoculé ? Cette seconde question est tellement liée à la premiére que nous nous dispenserons d’en suivre les développemens, Tout le danger de la petite vérole consistant dans léruption critique des boutons , il éloit naturel de chercher à ia prévenir ou du moins à la diminuer, L’inoculation atteignoit en partie ce but, mais elle v’étoit pas spécifique , car enfin elle entretenoit le foyer de la maladie et en perpétuoit le principe con- tagieux ; quelquefois même elle développoit une pe- tite vérole confluente , souvent mortelle : le célèbre inoculateur Gandoger en fit la triste expérience sur soh propre fils. Le véritable spécifique contre la petite vérole ne pouvoit être que celui qui, par une vertu sui ge- neris , devoit la détruire complètement. Le grand PBœrhaave avoit pressenti qu’on seroit assez heureux pour le trouver un jour : Quale (aph, 528) inve- Ta possibilité d’une pa- niré posse , COMparalio n- reille découverte se fonde tidotorum et indoles liujus sur la comparaison des an- mali, faciuné sperare. tidotes , et le caractere de - cette maladie, . . LE a r Van Swieten s'exprime d’une manière encore plus positive, Ex ante dictis constitit Il est donc prouvé que stinulum illum admodüm la masse du stimulus con- V’accine. exiguæ molis esse, et tamen stupendas mutationes cor- pori humano , eliam sants- simo tnducere , adedque sperari potest simile et remedium posse inventre guod forte talis efficaciæ sit ut 77171ma quoque ejus pers sufficiet enervando huic veneno. Ità forte in- venietur aliquid quod hoc venenum specific vi do- mare; Sicque MmOTbUIM di tpsis incunabulis suffoca- re valeut. Van Sw. Vario- læ:;°p. 54. L 5o0b tagieux (dans la petite vé- role) est extrêmement foi- ble, et que cependant il peut rotuibeat le corps même le plus sain, des changemens prodigieux. On est donc fondé à espé- rer la découverte d’un re- mede, peut-être tellement efficace, qu’i/ n’en faudra employer aussi qu'une très- Joible dose pour énerver ce virus. Ainsi, ilest pos- sible de trouver un spéci- fique assez puissant pour triompher de la petite vé- role, en l’étouffant au ber- ceau. Nous citerons encore ce passage de Lacondamine : « L’éruption ni les pustules ne sont essentielles -» ni à la petite vérole naturelle, ni à l’artificielle, « et peut-être l’art parviendra-t-il un jour à faire « ce qu'ont même tenté Bærhaave et Lobb ; je veux « dire à changer la forme extérieure de cette ma- « ladie, sens en augmenter le danger, » Premier mé- 7nOTTE » P- 90. 9I. Ce ‘spécifique annoncé par Bœrhaave, Lobb, Van Swietenet tant d’autres, est Ja vaccine ; 1.° parce qu’elle remplit parfaitement toutes les conditions exigées par ses prophètes ; 2.° parce que des faits incontes- tables prouvent qu’elle préserve de la variole ; 3.° parce qu’elle s'oppose à.la contagion, et n’est pas elle-même contagieuse ; 4° parce qu’elle ne donne qu’une maladie extrémement légère ; 5.° parce qu'elle a une marche identique avec la petite vérole ino- 506 Médecine. 4 culée ; 6.° parce qu'elle n’occasionne pas l'éruption générale aussi redoutable qu’inutile; - L’inoculation variolique compta. de redoutables adversaires dans des médecins qu jouissoient d’une grande réputation. La vaccine n’a que des détrac- teurs peu connus , ceux qui ont cherché à effrayer le public par des impostures méritent bien qu’on leur applique ce que disoit Lacondamine des au- teurs qui ont écrit contre l’inoculation : « Les uns n’ont cherché qu'a se faire lire , en « flattant le préjugé vulgaire par des plaisanteries ; « les autres, séduits par un faux zèle, ont tenté « d’alarmer les consciences délicates par des scru- « pules si peu fondés, qu’en ne peut être persuadé « de leur boñne foi, sans juger mal dé leurs lumières ; “ quelques-tns"sont peut-étre ässez à plaindre pour « trouver Jeur excuse daës l'espérance du débit mo- mentanée de quelques feuilles écrites sur une ma- tiére intéressante. » Le C. Mobgénot termine par un tableau fort in- téressant des vaccinations qui lui sont partigulières , dans lequel il signale aux antagonistes les sujets préservés qu'ils ne parviendront jamais à infecter du virus variolique. Il a commencé ce tableau par son propre fils , le seul de ses vaccinés qu’il ait soumis à la contre-épreuve, en le faisant inoculer de la petite vérole. « Il étoit inutile , ajoute lau- «“ teur de répéter cette belle expétieuce sur les au< “ tres; Mais je devois aux pères de famille une ga- « rantie qu'un père: seul pouvoit leur donner. » L'ouvrage que nous annoncons est écrit de ma- Vaccine. So7 nière à trouver des lecteurs même hors de la classe de ceux qui aiment à suivre les progrès de la mé- decine. Il ne pouvoit paroître dans une circon- stance plus favorable ; les ravages eFrayans que la petite vérole exerce depuis deux mois, ont engagé plusieurs magistrats à recommander la pratique de la vaccine, « Une terrible expérience , dit Pauteur « dans sa préface, la venge déja de ses adversaires; « l'épidémie varioleuse qui règne aujourd'hui dans « Ja capitale, grossit les registres de mort de chaque « arrondissement ; aussi voit-on partout des mères « tremblantes solliciter pour leurs enfans la vaccina- «“ tion qu’elles tournoïent en ridicule quelques jours «“ auparavant : c’est que quand l'heure du péril « sonne, l'heure des bons mots est passée, et que « les plaisans n’ont encore sauvé personne des portes “« du:trépas, » Le succès mérité qu’obtient l’ouvrage du C. Mon- genot , le loue mieux que nos éloges ÿ mais nous avons cru devoir le recommander aux lecteurs ; parce qu'il est utile, et qu’il traite d’un sujet que l’on ne peut Jamais rendre trop familier. N. VARIÉTÉS, NOUVELLES LT CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES. Pc AR Aer. INSTITUT NATIONAT. Ordre des lectures de la séance publique du 21 /1VOSE AN II. 1. RAPPORT sur le mémoire qui a remporté le prix sur cette question : Quels sont les études qui forment et les connoissances qui caractérisent lar- tiquaire ? Quels avantages l’ordre social doit-il retirer de ces connoïssances ? par le C. SicarD, secrétaire, 2. René d'Anjou, roi de Sicile, comte de Pro- vence , considéré comme peintre ; par le C. LECLERC, associé. 3. Mémoire sur le gouvernement de la France sous les deux premières dynasties ; par le C. LÉVESQUE. 4. Une Jouriée des Champs, piece de vers; par le C. CozziN-HARLEVILLE. 5. Extrait d’un Voyage dans les départemens réu- nis el les départemens circonvoistiis ; par le C. Camus, en qualité de voyageur de lIastitut. Nouvelles littéraires. 509 6. Mémoire sur la morale d’Epictète ; par le C, Boucaaun. | 7. Premier chant du Roland furieux de l Arioste , traduit en vers françois; par le C. Francois (de Neufchâteau ). Prix décerné dans la séance publique du 21 7LV0$E AN II. Dans la séance publique du 15 vendémiaire an 8, la classe de littérature et beaux-arts avoit proposé pour sujet du prix qu’elle devoit décerner dans la séance publique du mois de nivose an 11, la ques- tion suivante : Quelles sont les études qui forment, et les con- noissances qui caractérisent l’antiquaire ? Quels avan- ætages l’ordre social doit-il retirer de ces connotïs- sances ? La classe a décerné le prix au mémoire enre- gistré sous le n.° 2, portant pour épigraphe : Multa renascentur quæ jam cecidere, cadentque Quæ nunc sunt in honore. (Hornar. De Arte poet.) L'auteur est le C. Amaury -DuvaL, chef de division au ministere de l’intérieur, 510 Nouvelles lilléraïres. dWVotice des travaux de la classe des sciences mathématiques et physiques, pendant le premier trimestre de l’an 11.— Partie ma- thématique, par le C.'LACROIX , secré- taire. À ST RO NO M IE: Observations ‘du ‘pässage de Mercure sur le disque du Soleil, le 18 brumaïre an 11 (9 novembre 1802). | Si la théorie de l'attraction, aidée des moyens puissans de l'analyse, a porté presque tout-à-coup les tables des planètes, et surtout celles de la Lune et du Soleil, à un degré d’exactitude bien supérieur à celui qu’elles auroient atteint par les seuls efforts des observateurs, pendant une longue suite de sié- cles, le temps, n’a pas pour cela entièrement perdu ses droits sur la perfection de ces résuliats, déduits de la mesure de sa durée. Aussi, (oujours attentifs au spectacle du ciel, les astronomes ne laissent échapper qu’à regret les occasions d'observer les phé- nomènés les plus simples et les plus fréquens, parce qu’ils savent que, quelque précises qu’elles soient pour le moment où elles ont été assignées , les dé- términatiens astrononomiques ont sans cesse besoin de nouvelles rectifications. Combien, à plus forte raison , apportent-ils d’empressement à saisir les cir- constances où la position des planètes est le moins affectée de la combinaison de leur mouvement pro- pre et celui de la Terre. Tels sont pour Mercure ses passages sur le disque du Soleil. Er " ons > BR ne > = Nouvelles littéraires, Sr ; Le premier de ces phénomènes, consigné dans les fastes de’ Pastronomie , a été observé, en 163r, aû collége de France, par Gassendi , l’un des plus illastres professeurs de cette célèbre école. Depuis lors, on y a donné la plus grande attention, et les obsérvâtions de ces passages, qui se succedent assez rapidement , se sont PP Le C. Lalande s’est attaché à Îles recueillir et à les discuter avec une constance et un soin dont l’a récompensé la perfection qu'ont acquise par ce travail ses Tables de Mercure: Après en avoir corrigé successivement chaque: élément ; il attendoit, du passage annoncé pour le 18 brumaire dernier (g novembre 1802), leur confirmation , et il espéroit 'alôrs'se convaincre par luisméme que ces Tables, Pan des'plus impor- taus résultats de ses longs travaux ; avoient atteint la perfection où elles pouvoient parvenir dans l’état actuel, de la science. Ses vœux iont été parfaite- ment remplis par les observations que noûs allons rapporter. Les imomens du‘côntact'intérieur et de contact extérieur des deux astres à la sortie de Mercure, ont été déterminés come il suit: © Lalandet1p4 ! 3906h 06020 2 7 56. Messter £a" .do 6 9 8 20 * LParles CC... / Lelandenevèu;.10 6 44 8 19 B uyard ....... CRACPACT 6: 49 A OI ET ONE CON 8 30 Burélékaräifé MAP NOLE G 4 45 8 20 Le C. Lalande prend pour termes moyens des deux contacts : ç' 49", et o! 8! 912 Nouvelles littéraires. d’où il conclut la sortie du centre de Mercure à \ ot 7! 32", Ja distance apparente des centres, à ce moment, 16013 / et la même distance-réduite au centre de la Terre, 16! 10", 0. Comparant ensuite trois différences de déclinai- son, choisies parmi vingt-cinq que le C. Messier a mesureés pendant la durée du passage , il en dé- duit la plus courte distance des centres, de 65": TS EU LP en la combinant avec la distance des centres aw moment de la sortie, il parvient à connoître jes différences en Jongitude et en latitude des deux astres, et à déterminer le temps écoulé entre le milieu et la sortie. Nous ne poursuivrons pas plus loin le détail de son procédé, que les astronomes suppléeront facilement, et qui seroit superflu pour les autres lecteurs : nous rapportérons seulement les résultats auxquels est parvenu le C. Lalande par cette première méthode. 11 a trouvé la conjonction vraie, à gl 2/ 40//, temps. moyen ; la longitude, comptée de l’équinoxe moyen, pour ce moment , de 7° 16°-17/ 9", Ja latitude géocentrique, d 53!" boréale, la latitude héliocentrique , "54", la correction des Tables : — 13” en longitude. Nouvelles liliéraires. 518 Le C. Lalande a recommencé ces calculs, en substituant aux différences de déclinaisons l’obser- vation du passage de Mercure au méridien, faite le même jour par son neveu et par le C. Burck- hardt ; et par ce moyen il a trouvé 2" de moins sur la longitude , et 6” de moins pour la latitude au moment de la sortie. Il s'arrête à 56,5 pour la latitude géocentrique au moment de la conjonction ;: à ce qui lui donne le lieu du nœud, 15 16° o' 37”, plus avancé de 1/ 46” que dans ses tables : et comme je C. Delambre avoit trouvé , par le passage de 17099, qu'il falloit aug Mmenter cet élément fle 1/ , le C. Lalande adopte une correction moyenne de + 1/23” qui porte le lieu du nœud, en 1801, à - r 15,150 581 54”. En rapprochant cette déte mivation de celle qu’il . a conclue du passage de 1677 , il trouve pour. le mouvement annuel du wœud 43”, 08, au lieu de 43”, 3 qu'il avoit auparavant. Pour reconnoître si la position qu’il a dennée à Vaphélie de Mercure étoit exacte, le C. Lalande a discuté de nouveau , en ayant égard aux perturba- tions calculées par M. Oriani, et à l’erreur des tables du soleil , le passage observé par le C. De- lambre en 1799 ; et il a trouvé la même erreur de 13” que dans celui de cette année, quoique les anomalies soient très-différentes, 11 a cru en consé- quence ne devoir attribuer cette erreur qu’à l’é- poque des moyens mouvemens : mais, d’après un avis donné par M. Maskelyne sur une correction Tome IF. Kk ( 514 Nouvelles littéraires. de 4” à faire aux ascensions droites qu'il assignoit aux positions des principales étoiles qui ont servi à déterminer les lieux du soleil , l'erreur des tables de Mercure seroit réduite à 9” ,et l’époque des moyens mouvemens de cette planète seroit én con- séquence, pour 18017 , DOTE or aan e En répartissant cette erreur sur le mouvement sé- * culaire , il seroit réduit de 6! , et deviendroit 25 14° 4! 4". Enfin le passage du 18 brumaire de cette année a confirmé pleinement le résultat que le C. Delambre a conclu de celui de 1799 , relativement au dia- ètre de Mercure. Le C. Delambre avoit obtenu pour ce diamètre, vu du soleil, 6", 3, et le C. Lalande a trouvé 6” ,2, tandis qu’il y avoit dans son astronomie 6", 9. Le C. Messier a rendu à Ja classe un compte par- ticulier de son observation du passage de Mercure, pendant lequel il a déterminé successivement vingt- cinq positions de cette planète, en la comparant soit aux bords du soleil, soit à une tache très-con- sidérable qui paroiïissoit sur cet astre , et dont le diamètre étoit de 25' de degré. Il assigne le mo: ment de la sortie du centre de Mercure à 7 6” temps vrai , et le passage de cette planète au mé- ridien 55! avaut celui du centre du soleil. Le mémoire du C. Messier renferme un tableau détaillé des déterminations qu’il s’est procurées , et il est accompagné d’un dessin représentant la route Nouvelles litiérarres: 515 apparente de Mercure sur le soleil. On y voit un anneau lumineux, dont Mercure paroïssoit entouré. Cette circonstance particulière à l’observation du C. Messier avoit déja été remarquée par lui dans le passage de 1799 ; elle l’avoit été pareillement en 1726 , à Montpellier, par Plantade, et en 1786 à Upsal par M. Prosperin. Cet anneau présentoit une lumière très-foible ét d’une teinte très-différente de celle du soleil. Son diametre, vers la fin du pas- sage, étoit de 1” 19”, et celui de Mercure, de 17’. PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE. Sur la meilleure. manière d’aimanter à saturation. S'ATTACHER avec constance aux mêmes ocb- jets, et varier de toutes les manières possibles leurs combinaisons ; telles sont les conditions auxquelles la nature consent à livrer ses secrets à ceux qui l'interrogent. C’est en les remplissant avec une assi- duité et une sagacité dignes des succès qu’il a ob- tenus, que le C. Coulomb est parvenu à ses inté- ressantes découvertes sur l'électricité et le magné- tisme, et qu’il s’est imposé la tâche d’éclairer toutes les parties de ces branches importantes de la phy- sique. L’aimantation , dont la perfection intéresse tant les navigateurs, ne devoit pas échapper à ses regards. On n’avoit encore que des notions assez vagues sur l'intensité de l3 force magnétique que peut acquérir l’acier dans ses différens états ; et.on la mesuroit ordinairement par le poids que portoit la pièce aimantée, Mais ce qu'il importe vraiment Kk:.3 516 N ouvelles, littéra ires. ‘de connoître ici, c'est l'énergie avec laquelle les aïguilles tendent à revenir à leur direction après e avoir été écartées; et c’est aussi ce que le C. Cou- . lomb mesure directement, en déterminant, d’après les vues proposées par Borda et au moyen d’une suspension très-délicate, combien d’oscillations ces aiguilles accomplissent dans un temps donné. Après avoir comparé les procédés d’aimantation proposés par Duhamel , Knight et Æpinus , pour: donner à une aiguille toute la force directrice qu’elle peut recevoir , Je C. Coulomb s’est décidé pour celle d’Æpinus. Îl a reconnu qu’il étoit avantageux de faire les aiguilles longues et larges , mais peu épaisses, Le C. Jeckel a sur le champ monté un atelier pour appliquer immédiatement à l'usage de la marine ces importans résultats. ARTS MÉCANIQUES. SuR diverses inventions relatives à l’art du mon- rnoyage. , La France a , depuis quelques années, fait dans’ cet art des progrès vraiment remarquables, mais qui jusqu'ici sont demeurés concentrés parmi les hommes qui l'exercent. En présentant à la classe la collection des machines invénieuses qu'il à in- ventées”, le C. Drox à donné occasion aux CC. Désmarets | Périer , Charles, Berthoud et Pionÿ ;" commissaires chargés a+ les examiner, de rassem- blef tout ce qui a été fait sur la fabrication des mon- noies ; et leur rapport est dévenu un traité complet. ss, 55 + ? Nouvelles liliérarres. 1 O1 de cette fabrication , où l’histoire des procédés marche de front avec leur description : aussi la classe en 1: & a-t—lle ordonné l'impression :en attendant que cette mesure ait recu son exécution, on pourra prendre une idée de ce travail dans l'extrait suÿyant , com- f$ muniqué par le C. Prony, rédacteur du rapport. « L'art du monnoyage offre deux parties qui for- ment deux divisions générales; à la première se rapportent les opérations chymiques et docimas- tiques qu’on fait subir au métal pour lui donner le degré de pureté ou le titre exigé par la loi ; la seconde embrasse la construction et l’emploi des instrumens et des machines nécessaires pour donner aux pièces la forme, le poids et les em- preintes qui les caractérisent. « Cette seconde partie , qui est la seule dont le C. Droz se soit occupé , forme l’objet spécial du rapport, qui traite successivement de la fabrica- tion , de Ja gravure , de ja multiplication et de la trempe des coëus; du mécanisme de la virole brisée, de la uravure de cette virole , et de la multiplication de cette gravure, du laminoir, du découpoir et du balancier. « On a remarqué, dans la fabrication et la trempe des coins, plusieurs procédés particuliers au C. Droz, parmi lesquels on peut distinguer ceux qui sont relatifs aux moyens d’obteñir exactement la similitude des formes et légalité des volumes ; d’avoir égard aux dilatations, à diverses tempé- ratures , des coins destinés à frapper de grandes pièces ; Papplication de la presse inventée par Kk 3 010 v,4 Nouvelles littéraires. Pascal , au mouvement du balancier , lorsqu'il s’agit de multiplier les empreintes des coins; la multiplication de la gravure des »jroles brisées; la forme et l’armature des creusets ; la trempe des coins entre deux jets d’eau verticaux, dirigés en sens contraires, qui donne la possibilité d’é- viter les fentes et les cassures , et de rendre la pièce trempée uniformément dure dans toute son étendue, etc. 4 F “ Les perfections ajoutées au laminoir par le C. Droz portent principalement sur l’engrenage qui mène en même temps l’un et l’autre cylindre ; sur le moyen de tenir très-solidement le cylindre su- périéur à une distance arbitraire de Pinférieur, sans que leur parallélisme soit dérangé , et de rendre , au moyen d’une articulation heureuse- ment appliquée , le mouvement de ce cylinde supérieur compatible avec celui de l’engrenage qui le mène. « Les particularités les plus intéressantes du dé- coupoir sont la bofte coulante, qui se meut entre deux jumelles verticales, et qui porte à sa partie inférieure le piston qui détache le faon de la lame placée sur Pemporte-pièce ; la manière dont le mouvement de cette boîte est assujéti à celui de la vis ; les: moyens ingénieux pour empécher son jeu latéral ; les procédés simples et précis pour régler la position de cet emporte-pièce par rapport à celle du piston, etc. « Le C. Droz pense que la précision avec la- - quelle il peut régler l’épaisseur des lames , en Nouvelles littéraires. + ‘où employant son laminoir et un compas à micro- mètre dont il s’occupe, pourra dispenser des opé- rations qu’ou fait, apres la taille des flaons, pour les mettre exactement au poids : il est bien à desirer que son espoir, à cet égard , se réalise entièrement ; mais on ne sauroit douter, dès-à- présent , que le travail de l’ajustage du poids des flaons ne soit extrémement diminué par la perfec- tion de son laminoir et de son découpoir. « Le balancier est, de toutes les machines em- ployées à la fabrication des monnoies, celle dans laquelle le C. Droz a le plus déployé les res- sources de son esprit inventif. Î} n’est pas une partie de cette machine qu’il r’ait perfectionnée. Nous citerons la forme de la vis et de son écrou, Ja solidité qu'il a donnée à ces deux pieces im- portantes ; la bofte coulunte Faisant des fonctions analogues à celles de la pièce du découpoir , qui porte le même nom ; tous les détails de la pose et du mouvement, tant des coins supérieurs et inférieurs que de la virole brisée; la main méca- nique qui apporte sous le balancier les flaons er blanc, et qui en chasse Jes pièces frappées , etc. etc. Les descriptions propres à donner Pintelli- gence parfaite des nouveautés qu’offrent ces mé- canismes, pour faire voir en quoi ils different des anciens , ne sont pas de nature à entrer dans cette notice. . « Enfin , la wrole brisée est un moyen de per- fection et une garantie contre les contrefacteurs , qui est entièrement due au C. Droz. Cette virole, ‘K K:4 520 Nouvelles littéraires. l et le mécanisme par lequel le jeu du balancier « Jui fait produire son effet, offrent un moyen. as- « suré de frapper en même temps sur face et sur « tranche toute espèce de médailles et de mon- « noies , quelles que soient les empreintes creuses « où suillantes que la tranche doive porter. Le C. Piony entre dans plusieurs détails sur les divers avantages de cette virole brisée. IL discute quel- “ques observations relatives à d’anciennes pieces a 2 £ qui paroïssent avoir été frappées en viro'e , et : « fait voir que toutes les conclusions qu’on peut ürer de examen de ces pièces n’ôtent rien au + C. Droz du mérite et de la gloire de son inven- “ tion. « Le rapport contient plusieurs autres détails historiques relatifs à l’art du monnoyage. Il est terminé par une récapitulation des principales in- ventions du C. Droz , comparées, aux procédés > « CONNUS. « Les commissaires se sont transportés plusieurs “ fois chez le C. Dioz pour y examiuer le jeu et « l'effet de ses machines. Ils ont reconnu qu’elles remplissoient parfaitement le but que l’auteur « s'étoit proposé en les construisant, et ils ont sur- « tout admiré le dernier balancier, exécuté par le « C. Droz pour le roï, d’Espagne, qui a valu à cet “artiste une médaiile d’or, ou récompense du pre- «“ nier ordre , à Ja derniere exposition faite au “ Louvre des produits de l'industrie nationale. “ Les conclusions dy rapport, adoptées par la classe, sont que le C. Droz, occupé depuis vingt i £ Nouvelles littéraires. bar ans de la perfection de Part monétaire , mérite « une place distinguée parmi les artistes qui y ont «“ le plus contribué, et que ses procédés et ses in- ventions méritent les éloges et l’approbation de l'Institut. » = 2 Partie physique, par le C. LACROIX, secrélaire. _ ÉCONOMIE RURALE. [l Sur la récolte de froment obtenue Pannée dernière dans le parce Rambouillet ; sur la vente des laines du troupeau établi à Perpignan ; et sur le rouis- sage du chanvre. On regarde généralement comme un principe fondamentalëdu commerce , que le besoin de vendre et celui d'acheter établissent toujours dans les mar-, chés, lorsqu'on n’y apporte aucun obstacle , un juste équilibre dans les prix des denrées. Il semble cepen- dant que cette proposition n’est pas rigoureusement applicable aux denrées de premiere nécessité, aux grains, par exemple. Quand on voit la fâcheuse im- pression que produisent sur tous les esprits les seules apparences , vraies ou exagérées , d’une mauvaise récolte, on est porté à croire que, spéculant alors sur Îles craintes des’ consommateurs, les vendeurs sont moins pressés de diminuer leurs prix ,que lors- qu'il s’agit d'objets dont la privation n’entraîne pas les mêmes conséquences. Ce seroit donc rendre service à la société que 522 Nouvelles littéraires. de faire connoître, par une suite de résultats bien constatés, jusqu'où s'étendent les variations que les intempéries des saisons apportent communément dans les récoltes annuelles des diverses productions végétales directement applicables à la nourriture des hommes et des bestiaux. On trouveroit surement dans ces résultats des motifs consolans pour attendre avec moins d’anxiété les récoltes dont les apparences ne sont pas heureuses. La comparaison que le C. Tessier a établie entre les récoltes de froment faites à Rambouillet dans les années 9 et 10, offre une conclusion de ce genre; et il seroit à degirer qu’on se procurât annuellement , dans les’ différens départemens de la république, de pareils renseignemens. Le C. Tessier, après avoir indiqué les qualités des récoltes complétement abondantes , qui ne se réunissent que ties-rarement , a montré que quand une ou plusieurs de’ces qualités manquent, d’autres s’élevant à un plus baut degré peuvent compenser les premières, Il a observé, que dans la derniere récolte de l’établissement rural de Rambouillet, que 100 gerbes ont donné 424 litres de grain , tandis que l’année d'avant un pareil nombre de gerbes n’a fourni que 338 litres de grain , c’est-à-dire un cin- quième de moins. Trois hectolitres du premier pe- soient 246 kilogrammes, et trois hectolitres du der- nier 232 ; différence de poids, 14 kilogrammes. Ea poussant plus loin cet examen, le C. Tessier. s’est assuré que le grain de la derniere récolte a pro- duit plus de farine que celui de la récolte précé- Nouvelles littéraires. 23 dente. Il en a rapporté les poids respectifs , ainsi que ceux des quantités de pain obtenues d’égales quantités des deux farines. La récolte de l’an 10 a conservé à cet égard , comme par rapport à la qua- lité, l'avantage sur celle de lan 9. L'amélioration de nos laines, commencée et pour- suivie avec tant de zele par le vénérable Dauben- ton , se continue de maniere à donner bientôt les plus heureux résultats. La bergerie des Pyrénées orientales , placée après de Perpignan, et desti- née à la propagation des mérinos dans le midi de Ja France , a, cette année , mis en vente un cer- tain nombre de ces animaux. En Pannonçant à la classe, le C. Tessier a rendu compte des prix où sont montées les laines prove- nant de Ja tonte de ce troupeau, et dont la quan- tité s’élevoit à environ 230 myriagrammes , qui ont été adjugés par lots de 20 foisons. Le prix moyen , en y comprenant 5 centimes par france pour les frais de la vente et la récompense des bergers , a été 2 fr. 30 c. les 5 hectogrammes ( ou la livre) pour la laine en suint. 2 Le voisinage de l’Espagne , qui donne aux né- gocians la facilité d’en tirer immédiatement des Jaines superfines , a nui un peu à la vente de iPer- piguan ; car , à Rambouillet , les 5 hectogrammes ont été portés jusqu’à 2 fr. 88 ce. Mais cette diffé- rence, déja peu considérable , diminuera encore, lorsque les manufacturiers suivront l’exemple donné par les CC. Peyre et compagnie , qui ont fabriqué à Marvejols , département de la Lozère, avec des t l D24 -. Nouvelles lilléraires. laiues du troupeau de Perpignan , des draps, pour lesquels ils ont obtenu une médaille à l'exposition pub'ique des produits de l’industrie francoïse. C’est encore pour cette maison qu'ont été achetées la plu- part des laines de la dernière tonte. Perfectionner les procédés des arts, en les’ déga- geant des manipulations inutiles que da routine y a introduites, et écarter tout ce qui peut, préjudi- cier à la santé des ouvriers ; ou, si Ja chose n’est pa ne » indiquer les meilleurs préservatifs : tels”Sont les services que la chymie et la physique rendent journellement aux professions les plus sim- ples et les plus multipliées dans la société ; services qui seroient beaucoup plus efficaces, si l’habitude et le préiugé pouvoient , sans une résistance opinià- tre , céder à la voix de la raison, Lorsque les hommes instruits, accoutumés à rap- procher la pratique de la théorie, et à classer leurs observations , tournent Jeurs regards sur les procé- dés des petites manufactures , la discordance de ces procedés les avertit bientôt qu'ils renferment des préparations superflues , et qu’un examen plus ap- ptrofondi fait souvent reconnoïitre comme nuisibles. C’est à de semblables conséquences , que la com- paraison de divers moyens qu’on emploie pour rouir Je chanvre a conduit leC. Nicolas, associé, et pro- fesseur à l’école centrale du département du Cal vados. Le rouissage a pour but de désunir les diverses parties constituantes du végétal, afin d’en tirer ces longs filamens pour lesquels on le cultive. Les uns » par le travail du seranceur ( homme qui peigne, la 1 Nouvelles littéraires. 525 se, contentent , pour cela , d'exposer pendant quelque temps à l'air le éhanvre ou le lin ; d’autres le plôn- gent dans des eaux stagnantes, dans des ruisseaux, et le procédé change avec/le lieu. L'auteur conclut de.ce défaut d’uniformité dans unç opération des plus simples, que la théorie n’en est pas encore bien connue. * Il pense que lé rouissage n’est qu’un premier mouvement de fermentation putride. Celui qui s’o- père dans les routoirs ou bassins d’eau stagnante, donne lieu à un dévaoement de gaz ammoniacal , d’acide carbonique, d’hydrosène, et d'hydrogène sulfuré , duquel résultent des fièvres plus ou moins dangereuses. D’ailleurs , la fermentation putride , poussée trop loin , détériore la substance du fil, et occasionne un déchet assez considérable. L'eau dans laquelle on a mis du chanvre ou du Jin est regardée comme iusalubre pour les hommes et pour les bestiaux qui en boivent , et pour les poissons qui l’habitent. Enfin le chanvre sort de cette eau avec une portion de gluten dont il n’est séparé que } filasse }, et ce gluten, réduit en poussière, affecte dangereusement la poitrine du malheureux ouvrier. Le C. Nicolas , persuadé que la destruction du gluten résulte de sa combinaison avec loxygène, propose de n’employer jamais pour le rouissage que Ja roration ou la simple exposition à l'air libre, L’eau de la rosée, en se décomposant , abandonne son oxygène, qui, se portant sur le gluten , en détruit la ténacité. Il est encore porté à croire que l’acite L 526 Nouvelles littéraires. carbonique contenu dans la. rosée contribue aussi au rouissage par sa décomposition. Le C. Nicolas prescrit de tenir continuellement de l’eau en évaporation dans l’atelier du seranceur , et il voudroit en outre que cet ouvrier s’enveloppât le visage avec une mousseline , pour prévenir le mauvais effet du duvet cotonneux qui se dégage toujours du chanvre , quelque bien séparé qu’il soit- de son gluten. Le C. Nicolas termine son mémoire en conseil- lant de passer la filasse , comme le linge qu’on veut blanchir , dans une lessive composée d’un hecto- gramme ( 4 onces ) d’huile commune, d’un kilo- gramme ( 2 livr.) de potasse , sur 5o litres d’eau ( ou 5o pintes ). Ce mélange , qu’il faut chauffer plusieurs fois , peut servir pour 5o kilogrammes ( 100 livres ) de filasse. CHYMIE. Sur les pierres présumées tombées du ciel. AINSI que nous l'avions prévu dans la notice du trimestre précédent , attention des savans s’est portée de nouveau sur les pierres singulières dont l’origine est inconnue , et que la tradition suppose tombées du ciel. Les chymistes françois ont voulu se convaincre pu eux-mêmes des l'identité de ces pierres , et de la nature de leurs composans , déja indiquées par M. Edward Howard. Le C. Vauquelin s’est procuré des échantillons des pierres analysées par M. Howard , venues de Nouvelles littéraires: 927 Bénarès dans les Indes orientales, du comté d’Yorck en Angleterre, de Sienne en Italie, et de la Bo- hême , auxquelles il a joint celles qui tomberent en France en 1789, à Barbotan pres Roqueton, et en 1790 à Créon, paroisse de Juliac. Il a remarqué, comme M. Hoiward , que ces pierres se ressemblent si parfaitement , qu’il est presque impossible de les distinguer. Les analyses variées l’ont convaincu que toutes contiennent les mêmes principes ; savoir de Ja silice, de la magnésie, du fer, du nickel et du soufre. Ces résultats, conformes à ceux qu’avoit déja obtenus M. Howard , et l’ouvrage dans lequel M. Chladni, connu par de belles expériences sur la vi- bration des surfaces, a rassemblé tou: les récits qui ont été faits sur la chute de ces pierres , concourent à rendre probable leur origine extérieure à notre globe; car jusqu’à présent on n’en a point trouvé de”semblables dans son intérieur. La lecture de cet intéressant mémoire a donné l'eu à une discussion dont les résultats doivent trouver place ici, car ils ajoutent de nouveaux motifs à ceux qu'on avoit d:ja pour recueillir, discuter et appré- cier les divers témoignages d’après lesquels on sup- pose tombées du ciel les pierres dont nous nous occupons en ce moment. En effet, si lorsqu’un phé- nomène est annoncé, on étoit en état de s’assurer, par une énumération complète des divers agens phy- siques, qu'aucun ra pu le produire, 1l en résulte- roit évidemment l'impossibilité de ce phénomène, et par conséquent la fausseté de son indication. Lorsqu’au contraire on trouve une Cause qui en \ 528 ” Nouvelles liliéraires. | établit la possibilité, si la saine logique défend de l'attribuer exclusivement à cette cause, elle pres- crit en même temps de substituer le doute à la né- gation absolue, et de prendre tous les moyens pos- sibles pour constater le fait, parce qu’il ne répugne pas aux lois générales de la nature. Les chymistes seroient en ce moment très-embar- rassés de trouver dans latmosphère les composans que d'analyse leur a fait découvrir dans les pierres qui Jeur ont été données comme tombées du ciel, et par-là seroient portés naturellement à rejeter comme absurdes ces événemens. Mais le C. Laplace a indiqué à cet égard une explication, qu’il expose, non comme la seule qu’on puisse donner du fait, non pour en prouver l’existence, mais pour qu’on ne se bâte pas de le rejeter comme absurde, et qu’on sus- pénde au moins toute opinion jusqu’à ce que le temps ait procuré des éclaircissemens décisifs. Un caleul tres ssimple montre qu’un corps lancé de la lune n’a besoin que d’une: vîtesse à peu pres quintuple de celle d’un boulet de 34, tiré avec une charge de poudre égale à la moîtié de son poids, pour parvenir à la distance où l'attraction de.ce sa- tellite est réduite à la même intensité ‘que celle de la terre. Passé ce point, le corps se trouvant dans la sphère d'activité de notre globe, doit tomber sur sa surface. Les apparences de voleans trè:-considé.… rables qu’on appercçoit sur le disque de la lune, ne rendent pas invraisemblable une pareille projection; mais ; indépendamment des éruptions qui peuvent tre plus ou moins rares , il u’arrivera pas Fréquem- | ment / «\ Nouvelles littéraires. 520 . ment qué la direction du jet soit celle qu’exigent les mouvemens combinés de la lune et de la terre, pour qu’un mobile parti ‘du premier corps puisse rencontrer l’autre. À L’atmosphere de la lune , révoquée en doute par plusieurs astronomes , estau moins si rare et si peu étendue, qu'elle ne peut opposer qu’une trèes-foible résistance aux Corps qui se meuvent dans son sein. Il n’en est pas de même de Fatmosphère terrestre: elle réduit presqu'au dixième de sa longueur la plus grande portée d’une pièce de Canon; et la ré- _sistance qu’elle oppose dux mouvemens rapides est telle, que pour qu'un corps lancé par le Vésuve, par exemple, püt parvenir jusqu’en France, il fau- droit qu’il eût une vitesse de projection infiniment plus considérable que celle qui porteroit un corps lunaire à la limite de la sphére d'activité de cet astre. Ïl n’est donc pas possible d'imaginer que des pier- res , trouvées très-loin des volcans terrestres, soient le produit des éruptions de ces montagnes ; et Ja minéralogie s’oppôse également à cette explication, car aucun des produits volcaniques connus n’a d’i- dentité avec les pierres présumées tombées du ciel. MÉTÉOROLOGIE. Des variations de l'état du ciel dans les latitudes moyennes entre l'équateur et le pôle , et des cir- constances essentielles qui Les accompugnent, L'INFLUENCE des météores sur les résultats Tome IF. Li 530 Nouvelles littéraires. de l’agriculture , a fait desirer de tous les temps - de connoître la loi de succession de ces phénomè- nes ; et les grands avantages que procureroit à l’es- pèce humaine Îa possibilité d'indiquer d’avance la nature des saisons, justifie suffisamment tous les eforts infructueux qu’on a faits jusqu’à présent pour parvenir à ce but. Vivement frappé de ces avantages , le C. La- marck n’a pu être arrêté par le mauvais succès de ceux. qui l’ont précédé dans cette carrière, et con- tinue de la parcourir avec courage. Après avoir con- signé dans plusieurs écrits les causes qu'il attribue aux Constitutions météorologiques dominantes , il est descendu , dans un dernier mémoire, à l'examen des variations de l'état du ciel, c’est-à- due de l’at- mosphère. Il rapporte cet état: 1.9 À l'influence de la lumiére du soleil ; 2.° À celle des vents. Mais il croit que dans les zones tempérées, l’in- fluence des vents sur la température des couches de l'atmosphère est bien plus forte que celle.de la Jumièré du soleil; et qu’il en résulte daus la densité et la chaleur de ces couches , qui naturellement deviennent plusrares et plus froides , à mesure qu'on s'élève , des renversemens auxquels il'attribue la formation des nuages. La discordance des effets que le même vent pro- duit en divers temps , sembloit apporter à l’éta- blissement d'une théorie de ces effets un obstacie insurmontable ; mais, d’après de nombreuses obser- vations , le C. Lamarck a pensé qu’il re falloit ‘ Nouvelles liliérarres. 531 pas s'arrêter seulement à la direction des vents et à leur nature , et qu’on devoit encore avoir égard à la hauteur à laquelle ils souflloient dans l’atmos- phere. Parmi les faits recueillis par l’auteur , et qu’il regarde comme suffisamment constatés, nous cite- rons le suivant : Lorsqu'il règne simultanément, dans deux couches différentes de l'atmosphère , un vent de zord - ouest et un vent de sud-est , on doit s'attendre à voir le temps s’éclaircir, si le vent de sud-est est inférieur , tandis que le contraire aura lieu, sice vent est supérieur. Ouvrages imprimés , présentés à la Classe [ par ses membres. Neuvième livraison des plantes nouvelles culiivées dans le jirdin du C. CELS , et décrites par le C. VENTENAT. Traité de l'électricité médicale , par le C. Sicaup DE LAFOND, associé. Traité des maladies goutteuses, parle C. BARTHEZ, associé. 2 vol. in-8.° Traité dela gule et des dartres dans les animaux ; cinquième édition, par leC. CHABERT, associé. Imprimé par ordre du gouvernement. L1 2 582 : . Nouvelles lilieratreé,. THÉATRES"* THÉATRE FRANCAIS DE LA RÉPUBLIQUE. Isule et Orovèse. Encore une tragédie nouvelle, et encore une chate: celle-ci a été terrible; les sifflets ont cotimencé des Jé premier acte , ét la toile, a été baissée vers le mi- lien du troisieme. C’est le 2 nivose que cette piece a succombé , moitié par la faute de l’auteur , moitié par les effoits d’une cabale .tellenient prononcée, qu’on sifloit avant que la pièce fût commencée. Quand done le parterre sera-t il plus raisonnable, et surtout un peu plus décent? En effet, comment juger un ouvrage au milieu du tumulte effroyable qui règne maintenant aux premières représentations. Une poignée de jeunes gens, tres-bons mathémati- ciens peut-être, mais dont les jugemens ne sont pas sans appel en fait de littérature, se déclarent les tyrans du partcrre, et s’attribuent exclusivement le droit de faire tomber ou réussir les pièces nou- velles. Pour donner une idée de leur goût, il suffit de dire que , depuis peu de temps, ils ont sifllé le Médecin malsré lui, et quelques autres ouyragés dé Molière. Si cela ne répare pas le tort qu’ils font aux auteurs, au moins cela doit-il les consoler un pu, puisqu'on fait subir le même sort au pere de la co- médie. di RER À . Nouvelles littérarres. 533 THEATRE LOUrOTrS% 1} Anti - Célibataire, ou /a Mantie des nu vES. Cette comédie, en:cinq actes et en vers, du C. Püsoux, jouée le 1. nivose, n’a obtenu qu'un demi-succès. Elle à été remise en quatre actes, sans devenir meilleure : mais comme elle est plus courte, on l’écoute mainienant avec un peu pins de patience. M. Dorseuil, c’est l'anti-célibataire, veut marier ‘quatre jeunes gens, sans #’informer s’ils s’aiment ou non. C’est pourtant par là que devroit commencer un homme qui a la manie des mariages, et qui de- vroit avoir celle de les bien assortir ; mais c’est pré- Cisément à quoi il n’a pas pensé, et cela est tout simple, puisque sans cela la pièce n’existeroit pas. Les jeunes gens destinés l’un à l’autre ne s'aiment pas ; mais un échange suffit pour les rendre heureux : cet ‘échange se fait, et la pièce finit. L'auteur, voulant ‘établir ‘des contrastes, a fait ressortir le caractère dé Son anti-célibataire pär celui d’un égoiste, que Picard joue avec beaucoup d'originalité. Figny joue parfaitement le rôle ‘de Dorseuil : on ne peut done pas s’en prendie aux acteurs du peu de succès de cette pièce. Elle offfe un but moral, elle est agréa- blement'versifiée ; mais son seul défaut c'est que ce u'est pas une comédie. © T. D. # LL 3 34 Nouvelles littéraires. La Petite Ecole des Pères. Cette petite pièce , jouée le 8 nivose, a obtenu un succès bien différent de l’Anti-Célibataire, I y à, en effet, une bien grande différence entre ces deux ouvrages. La Perite Ecole des Pères noffre ni style ni.morale, mais elle est gaie, les détails en sont très-piquans; et le public, qui veut qu’on l’amuse, se mocque dela morale et des vers heureux d’une pièce qui l’ennuie. On conviendra pourtant qu’il n'est pas très-édifiant de voir un pére et un fils commettre ensemble des extravagances très bläma- blés, et, qui pis est, partager les aventures les plus scandaleuses : qu’il est moins édifiant encore de voir ces scènes condamnables se passer devant une jeune personne ; dont on devroit respecter le sexe. En effet, se ruiner par une mauvaise conduite ne seroit rien , si le père et le fils n’affichoïent leurs désordres , et! ne se trouvoient méme en rivalité pour une espece de coquette d’un si mauvais {on , ou plutôt d'un si bon ton, que ses créanciers l’ar- rétent dans la rue, la font descendre de voiture, lui prennent ses bijoux , et qu’elle s’en seroit re- tournée en chemise, si elle avoit rencontré sa coutu- ricre. Voilà les scènes de la Petite Ecole des Pères. Quelle école ! Heureusement qu'un fils, bon sujet, revient d'Amérique, paye les dettes, et épouse sa jeune cousine : ce qui termine Ja pièce. Mais nos deux extravagans sont-ils corrigés parce que leurs dettes sont payées ? Je suis Join de croire que ce dénouement suffse pour justifier le titre d’Ecole des Nouvelles littérarres. 539 Pères , heureusement qu’on y a joint-le titre mo- deste de Petite. Si lon comparoit cette piece à l'Ecole des Pères jouée aux François, on verroit une bien grande différence de marche, de moyens et de moralité. Autrefois, dans les pièces de caractère, c’étoient les défauts qu’on peignoit pour les corri- ger : mais aujourd’hui on ne craint pas de dégrader la scène par la peinture des vices les plus bas, qu’on crôit pouvoir placer dans les comédies, comme on mettoit il y a deux ans tous les crimes dans les pan- tomimes et les mélodrames. Ce genre de pièces étoit un réceptacle de brigandages et d’assassinats; on voudroit faire de la comédie l’école du vice et du libertinage. Voilà où conduit un premier jas fait inconsidérément. Que l’on ne croye pas que je veuille jeter ce soupçon sur les auteurs de la pièce nouvelle, leur intention étoit sans doute très-louable ; mais leurs moyens d'exécution étoient mal choisis. Ces auteurs sont connus par de tie:-jolies productions: ce sont les CC. ETIENNE et NANTEuIL. TT. D. æ THÉATRE FEFDEAU. Michel- Anzge. On n’a trouvé d’historique dans eet ouvrage, joué le 20 frimaire , que le nom de Michel-Ange. Le sujet est purement d'invention. Le Pérugin, par son testament, veut que sa fille Florini n’épouse que lartiste capable de terminer son tableau de S. Michel terrassant le Démon. Michel - Ange aime Klorina, et il a pour rival LI 4 536 Nouvelles littéraires. Scopa , tuteur de cette jeune personne , et peintre fort médiocre, Ce tuteur suppose la mort de Michel- Ange, absent, pour déterminer Florina à l'oublier, eta ne plus s'opposer à son propre mariage avec elle : mais Michel - Ange revient sous le nom de Fubio , se fait reconnoitre de son amante , achève, pendant Pabsence de Scopa , le tableau que celui-ci avoit déja gâté , et obtient ainsi la main de son aimante. | De très-jolis détails et une musique agréable ont assuré le succès de cet opéra-comique du C. DEs- RIEUX. La musique est du C. Nicoco-Isoarp. » THÉATRE DU VAUDEFVILLE. Emilie, ou les Femmes. Il étoit un peu hardi à M. Dugors, qui n’a fait encore que quelques pas dans la littérature et dans le théâtie, de vouloir peindre les femmes , que plu- sieurs philosophes ont avoué ne pouvoir définir. Cette objection tombe d'elle-même, lorsqu'on pense que c’est dans un vaudeville en un acte que M. Duboisa entrepris ce tableau , dans lequel, en effet, il a re- présenté des femmes bien indéfinissables. Si un vaudeville n’étoit pas sans conséquence, je lui reprocherois de s’êire mis en concurrence avec Dumoustier, dont la plume gracieuse avoit le droit dé peindre un sexe contre Tequel on à toujours quelque tort de faire des épigrammes. L'auteur du vaudeville nouveau prouve qu’il con- noit bieu peu les femmes, lorsqu'il les fait médire Nouvelles liltéraires. 537 d’elles-mêmes ; assurément si ces dames sont dissi- multes , fausses , jalouses, je doute qu’elles en con- viennent entre elles : c’est pourtant ce qu’elles font dans le vaudeville nouveau: Au reste, l’intrigue est très-commune , et les détails plus piquans que vrai- semblables. Un père et son fils sont rivaux. Le père, déguisé en valet, vient pour éprouver Ærmnilie, qui, comme de raison, préfere le fils; mais cette Emilie est une évaporée, une coquette, qui, pour plaire à son amant , joue tantôt la folle, tantôt la femme sen- sible, et qui, au fond, ne sait pas elle-même ce qu’elle est. Si c’est là ce qui empéche le père de Pépouser, il a bien raison; mais le dénouement n’est pas fondé sur un motif aussi raisonnable. Le père se fait passer pour mort , et veut voir comment on prendra cette nouvelle, Un évanouissement de commande a lieu à l'instant, et toutes les femmes se jettent à la renverse dans des fauteuils préparés: puis, comme le père est mort, Emilie donne sur le champ sa main au fils, et le père y consent. Ensuite Emilie , très- bien représentée par M.me Belmont , s’avance et dit au parterre d’un petit air malin : Vous êtes François et galans, Vous devez protéger les femmes. On applaudit et la toile tombe : mais les gens de goût ont reconnu daus cette pièce plusieurs scènes imitées du Cercle de la Coguette , même de l’Inten- dant ! IH n’ont pas vu le moindre but moral , ils n’ont pu sourire à des plaisanteries rebattues et à 538 Nouvelles littérarres. des épigrammes déplacées ; et ils ne conviennent pas que de jolies couplets suffisent pour faire une” piece même passable , jouée le 29 frimaire. T. D. \ Le Départ pour la' Russie. Bluette de circonstance qui ne doit pas être ju- gée sévèrement. L’Intrigue est imitée de celle des deux Grenadicrs, de DANCOURT , de GARRIK- DOUBLE , etc; mais des couplets piquans et surtout le jeu de Julien et de M. Delille ont soutenu cette pièce des CC. ETIENNE et NANTEUIL. L'idée de cette pièce leur a été suggérée par le départ de Mile Philis et d’Andrieux; ils y ont joint une critique de Ja manie qui règne depuis quels que temps en France de partir pour la Russie. Chapelain, où la Ligue des auteurs contre Boileau. Pradon, Colin, Bonne-Corse, Collelet, et quel- ques autres auteurs maltraités par Boileau , animés par le procureur Rollet, forment une ligue contre le satyrique et veulent lui intenter un procès. Ils choisissent pour chef de la ligue , Chapelain, un des poètes les plus en crédit , et chargé par. Colbert de Ja Jiste des pensions. Chapelain , quoique peu ménagé par Borleau , refuse d’entrer dans la coali- tion, et le place même en tête de la liste qu'il doit offrir à Colbert. On lui en demande Ja raison, 7/ est mon ennemi, dit-il , et je craindrais de l'oublier, Les Nouvelles littéraires. 539 auteurs furieux sortent pour aller tenir ailleurs leur assemblée ; et, comme cela ne suffit pas pour faire le denouement , le pâtissier Mignot épouse la ser- vante de Chapelain. Cette pièce n’a pas d'intrigue; c’est un tableau dont les détails sont fort agréables , mais qui péche par l’ensemble. Les auteurs sont les CC. BARRÉ, RADET et DESFONTAINES. Leurs cou- plets sont la plupart trèsjolis, mais ils sont placés sur des airs vieux où mal choisis, qui les empêchent d’être goutés. Le choix des airs fait beaucoup plus qu’on ne pense dans un vaudeville. Au reste celui-ci figurera longtemps dans la galerie qu'il ne dépa- rera pas. Le rôle tres - difficile de Chapeluin a eté joué avec beaucoup de talent par Je C. Chapelle. T. D. LIVRES DIVERS (1) EPS TOTRENN A TURELILE. ANNALES du Muséum national d'histoire naturelle, {roisième Cahier. Paris, chez les frères Levrault, libraires, quai Malaquais, et à Strasbourg, chez les mêmes. Frimaire, an x1.— 1802. In-4.° pag. 181 à 255; avec cinq gravures. Ce Cahier contient dix articles. Description des carrières souterraines et volca- niques de Niedermennich , à trois lieues d Ander- nuch, d'où l'on tire des laves poreuses propres & (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un extrait, ou une notice plus détaillée. 540 Livres divers. Jaire d'excellentes meules de moulin; par FAUT4s SAINT-FOND.— Le C. Faujas Saint - Fond donne une description détaillée de ces carrières intéres- Santes, exploitées depuis les Romains. {1 y joint trois planches qui représentent l’intérieur des cat- rières pendant que les travaux y sont en activité. Notice sur, la prétendue Zéolite rayonnante du duché de Deux- Ponts, par le C. H4aür.— On sait: que les minéralogistes rangeoient parmi les zéolites plusieurs minéraux qu’ils ne savoient où classer. Le C. Hauy.a le premier assigné, d’une manière cer- taine, les caracteres de la zéolite. IL prouve dans ce mémoire que la prétendue zéolite rayonnée de Deux-Ponts est une préhnite, dont la densité est supérieure à celle dé la préhnite du Cap,.et par conséquent à celle de la préhnite de France; la: diBéreuce peut venir de la quantité de molécules ferrugineuses qu’elle contient, et qui lui donne une teimte rougeûtre. Description d'une nouvelle espèce d'æillet, par DESFTONTAINES. — Cet œillet, apporté de, Perse par le C. Olivier , offre la particularité d’être épi- neux ; aussi l’auteur lui assione-t-1l le nom de dianthus spinosus , œillet épineux ; il en donne la figure. à Plantes rares qui ont fleuri en l’an x , dans le Jardin ow dans les serres du Muséum ; par DEs- FONTAINES. — Ces descriptions complètes ont une grande utilité, parce qu’on n’est pas toujours à même de suivre les plantes rares dans tous, leurs états; et Jeur réunion formera un ‘excellent inventaire: des espèces. Celles décrites iêt soût les suivantes : Eu- phorbia meloformis ; Euphorbia, alepicca ;\ Clitoria hetcerophylla, Stipa tortilis, Sonchus resedifolius , Bunias spinosa, Cordia matrophylla. Le professeur Desfontaines donne la figure de la plus singuliere. de ces plantes, l’Zuphorbia ‘melofôrmis , tes bien dessinée, comme la plante, précédente, par Mille Sophie DE Luicné. . Livres divers, 54x Notice sur la vie et les ouvrages de M. GAERTNER, par DELEUZE. — ]l est étonnant que l'on n’eût pas encore publié de notice sur la vie et les éc:its du célèbre carpologiste Gaertner. Le C: Deleuze a réparé dignement loubli des naturalistes. Sa no- tice est très- bien écrite, et donne une juste idée du beau travail que Gaertner avoit entrepris sur les fraits, et que son fils est invité à continuer. Rapport des professeurs du Muséum sur les col- lections d'histoire naturelle, rapportées d'Ægypte par E. Grzorrror.— Ce rapport a été fait par les CC. Cuvier, Lamarckx et LACÉPÈDE. Ils rendent au C. Geoffroy cette justice que , depuis le célebre Dombey , aucun voyageur n’a autant accru la coi- lection zoologique du Muséum. Cette curieuse col- lection, apportée par le C. Geoffroy, coniient des animaux de tous les siécles, depuis les bœufs Apis et Mnévis, jusqu’au Crocodile, à l’Ichneumon, au Singe et à l’Ibis. [| ne manque aucune piece à Flbis antique que le C./Gcoffroy a tirée de son en- veloppe ; les têtes de momies, qu’il a rapportées, ont prouvé que l’usure des dents n’est due qu'à l’âve et au régime diætétique. Îl a rapporté une nouvelle espèce dé lièvre, une de renard, une de hérisson, quatre de rats, onze de chauve-souris, et il a aussi rapporté beaucoup d’espèces connues, mais qui mauquoient au cabinet; il a peu recueilli d'oi- «seaux , mais beaucoup de reptiles; et sa colleciion ictyologique est des plus précieuses. Nous avons déja hnalysé la des:ription qu’il à donnée du Béchir polyptère, dont l’organisation est si extraordinaire, et celle de lPAchrr barbu. Mémoire sur la Clio borealis, par G. CUVIER.— Le C. Cuvier continue ici son beau tragail sur Pa- ; AR RS AVE E e ode Clic Rat ee natomie de; vers ; 41 décrit Je Lilo borealis, cet antmal si multiplie dans les mers du Nord, et que les matelots appellent péure des baleines: 1 rec- tife les erreurs iutroiuiles au sujet de'cette: pspèce, 542 Livres divers. par l’inexact Gmelin, dans son édition du Sys- Lema naturæ. La description et les figures sont, comme les autres, tracées de main de maitre. Extrait d'une lettre de M. PEALES, directeur du Muséum &dHistoire naturelle de Philadelphie, aw - C. GEOFFROY , en date du 13 juillet 1802. — M, Peales enyvoye au Muséum, des oiseaux d'Amérique, et il reçoit en échange des oïseaux de France. IL a trouvé un squelette entier de Mammouth qu’il a envoyé en Angleterre, et qu’on doit bientot mon- trer en France. Il a établi à Philadelphie un Mu- séum d'histoire naturelle. Extrait d'une lettre du C. RUFFrO, propriétaire cultivateur & l’Aric, département des Basses-Alpes , au C. A. THOUIN, en dute du à vendémiatre an XT. — 1] donne quelques détails sur la culture de 44 'er- bena triphylla de YHéritier, dont les feuilles aroma- tisées remplacent le citron pour le punch, donhent une agréable infusion theiforme , et parfument agréablement les crêmes ; il espere l’acclimater en France, Extrait d'une lettre écrite de l’Ile-de-France , le premier messidor an X , au C. A. THOUIN , par le C. CERÉ, directeur du Jardin national de natura- lisarion.— C’est un court catalogue de semences, d'échantillons, de bois, d’épiceries et de drogues euvoyé, spour les collections du Muséum. A. L. M. BOTANIQUE. Les LrzrACÉES , par P, J, REDOUTÉ , peintre du Muséum naticnal d'histoire naturelle 1.'° 2.° et 3.° Jivraisons. Ces livraisons se vendent à Paris, chez l’autear , au Palais national des Sciences et Arts ; Fuchs ; libraire , rue des Mathurins- Saint-Jacques ; Garneryÿ , libraires, rue de Seine, et T'reultel et IPürtz, libraires, quai Voltaire, n.° 2.3 et à Strasbourg pour l’Allemagne , chez Livres divers. 543 Treuttel et Würtz, grand’rue,.n.° 15. De l’im- primerie de Didot jeune, an X — 1802. ve On connoît le talent du C. Redouté, pour des- siner les fleurs à la fois d’une maniere élegante et fidelle , en ne laissant échapper aucun des organes, aucune des différences capables de les bien caracté- riser, depuis les grands et magnifiques ouvrages du C. PHéritier, dont toutes les plantes étoient dessinées par lui. Depuis ce temps le C. Redouté, outre la conti- nuation des beaux vélins du Muséum d’histoire natu- relle , a dessiné les plantes pour tous les ouvrages de botanique importans , tels que les plantes grasses de D£ZCANDOLE , la Flore atlantique de DESFON- TAINES, le jurdin de Cels par VENTENAT, mais il avoit toujours l’idée de publier un ouvrage qui surpassât en beauté et en magnificence tout ce qui a été publié jusqu'ici ; et il ne pouvoit choisir un sujet plus heureux pour exercer son talent , que la nombreuse famille des Liliacées. Les plantes de cette brillante série, sont dessinées gravées et coloriées avec toute la fidélité que la science peut desirer, et ce qui est plus difficile avec le luxe du pinceau dont la nature les a embellies, De longues recherches sur la manière de graver la plus propre à recevoir l'impression en couleur , et de nombreux, essais , ont démontré à l’auteur que Part pouvoit saisir et fixer l'éclat et les nuances va- riées que l'on admire dans ces fleurs. Mais ce n'est pas pour Je seul plaisir des yeux qu’il a entrepris Pouvrage qu’il annonce ; les naturalistes regrettoient depuis longtemps de ne pouvoir conserver les Lilia- cées dans leurs herbiers ; l'exactitude de la descrip- tion et la vérité de la gravure , les, dispenserünt du soin de les préparer. Îls trouveront, ainsi que le simple amateur, qui sans vouloir apprendie la science, seroit curieux de connoître les caractères, et l’histoire de ces végétaux, qu'il cultive avec com- plaisance l'image fidelle de chaque individu de la 544 Livres divers. 1 famille. Chacune des plantes est représentée dans une planche coloriée avec la fleur et les détails’ de la fructification; mais ceux - ei seront indiqués au bas de la planche par un simple trait en noir, afin que les accesspires ne nuisent point a l'harmonie de l’objet principal. Tous les dessins sont faits d’a- prés nature ; chaque planche est accompagnée d’une description écrite en françois ; dans laquelle on in- dique les noms divers sous lesquels la plante est, désignée dans les ouvrages de botanique, l’histoire de ses mœurs , de sa végétation et de sa culture; ses usages et ses propriétés. Les planches et les descriptions paroîtront sans ordre, mais l’auteur se propose de présentei à la fin de l'ouvrage, la classification de toutes les plantes qui auront été-decrites. ; Parmi les motifs d'utilité sous lesquels on peut considérer cet ouvrasïe, on n’a point parlé ce Pa- vantage que plusieurs arts et les manuiactures pour- ront en retirér, mais Cest moins de ses rapports qu’on a cru devoir entretenir le public que du degre de perfection auquel liuteur s’est efforcé de porter limitation de la plus brillante famille du regne vé- gétal ; Pauteur a certainement atteint le but, et c’est dans l’opinion des naturalistes et de ceux qui cultivent les arts, que sera sa plus douce ré- compense. Les plantes'contenues dans ces trois livraisons, sont la Dianelle en Glaive, ( Diunella ensifo'a) ; la Lachenale tricolore ( Lachenalia 1 teslor) ; lHe- merocalle du Japon ( Hemerocallis Japponica"); VPAmaiyllis-Lys-Saint-Jacques ( Amarylhis form £is- simu ) ; la Tivridie queue de paon ( Trigridix pu= vont ) ; PAgapanthe en ombelle ( Agapanthus um bellatus ) ; le Lys pompon ( Lillium pomponium ) ; le Pancrace maritime (Pancratnan aarstinum }y FAmarylis de la reine ( Amaryllis reginæ ) ÿ VPA- maryllis rayée ( Amaryllis vittata ); le Gliyeul de Merian ( Gladiolus Merianus } ; VAntholyse-Papi- lionacée Livres divers. 549 « Jionacée ( Antholysa Cunonia ); lHelonias rose ( He- lonius bullata ) ; la Jacinthe amethyste ( Hyacin- thus amethystinus ); YHémerocalle jaune ( Hem-ro- callis flava ) ; l'Hémerocaile fauve (Hemerocallis ful- va); le Narcissea plusieurs fleurs( Nurcissus 1azetta) ; Plris de Suze ( Zris Suzrana ). À, L. M. * DESCRIPTION dés plantes nouvel'es et peu connues cultivées dans le jardin de J. M. CELS, avec fig. ; par E: P. VEeNTENAT, de lPInslitut national, lun des conservateurs de la Bibliothéqie du Pan- théon. 9° et 10.° livraisons. À Paris, de l’impri- merie de Crapelet. An 1x. Cet ouvrage se vend, à Paris, chez l’auteur, à la Bibliothéque du Pan- théon ; chez Barrois V’airé, libraire , rue de Sa- voie ; Fuchs, libraire , rue des Mäthurins-Saint- Jacques, et M." Huzard, rue de PEberon. LEeTTrz sur le Robinier, connu sous le nom. im- propre de Faux Acacia; &vec plusieurs pièces re- latives à la cullure et aux usages de cet arbre ; par N. FRANCOIS (de Neufchäteau ), membre du Sénat conservateur et de l’Institut national. Avec celte épigraphe : \ Vosque peregrino, casiæque nuper ab orbe Venistis. (Vanier, Præd, rustie. 1. 5), À Paris, chez Meurand ,‘rue des Grands-Augus- tins, n.° 24 Un vol. in-12 de 314 pages. C’est une idée très-heureuse de réunir en un seul volume les différentes pièces qui peuvenCfaire sen tir et démontrer la bonté d’une opération, surtout en agriculture. Ce n’est pas dans le milieu de ses. domaines qu’un véritable ami des soinsagricoles peut compulser les journaux , les mémoires des Sociétés savantes , les ouvrages même publiés en pays étran- gers : et cependant awcun de ces secours n’est à négliger, quand il s’agit de créer une nouvelle cul- ture , et de l’approprier au genre de terrein. Tome IF, M m 546 _ Livres\dieers. -Le ministere du C. François (de Neufchäteau) fi a ouvert plus d’une branche de richesses à la France, en prouvant que, sans rien ôter des ressources dues à la fertilité dela plus grande partie de ses terri- toires, elle en ponvoit attendre de non moins as- surés des portions les plusyéfractaires 1 | Le Robinier, où Faux Acacia avoit été appgrté d'Amérique par Jean Robin, démonstrateur® dû jardin du roi, vers 1620 : on retorninut bientôt ce qsé prômettoit un arbre qui, dans des térreins sté- rites, pouvoit , en dix à douze ans, égaler un chêne de {rétite et quarante; mais il sémble que Favan- tagè qu'il présenioit en-’méme temps: d'étaler des fleurs d’une odeur agiéable, Pait condamné à &’être qu’arbre d'agrément Les diverses sociétés. d’agri- culture, les instructions ministérielles, les traités de jardinage françois'et étrangers ont donnés come on le verra dans ce-recueil, (ant de force à leurs démonétrations , qu'elies” paroïissent : imaginaires.) En dix ans, des Robiniers plantés en quinconce, h-dehnx mètres l’on de Pantre , estimés au prix: de six francs, présertent mne coupe de 36080, francs par hectare {un peu plus de deux:arpens); et, dans le cours-de ces dix ans, il a eu trois élaguages d’une grande: valeur. Les mêmes arbres plantés en haie, et recoupés tous les trois ans > forment des clôtures impénétrables et d’un produit considérable. Pour tout cel; il ne faut, qu un terreinmaigre et léger. L'éditeur de ce recueil, annonce; que Ja méme. main qui l’a dirigé,-qui a evrichi de notes foutés les pieces/joiites/a sa lettres, à tiaité avec.de même soin une immensité: d'articles dont, la, collection . formervitun Aépertorre égronomique wniversel el raï- some Puisseule juste tribut d'éloges queileelui - ei mérite au CO. Françoi: (de Neufchâteau’), lui faire, éprouver le besoin d’étendie à la sociéé toute gains tière fesutiles expériences: À: S:L,8.,1 100, n +4 situ ” dd!) { QUE ja 2 tplau é À ht À " on coton : 08 02: & DORED., 512 MAS CE Livres divers. Ÿ ‘547 an MÉDECINE. MANUEL des Goutteux, où Dissertation médicale sur- l’artrite ow la goutte, coftenunt les vrais ‘moyeus de lu reconnoëêtre: d'avec le rhumaätisme “et. de s’en gorantir ,,d’uprès les Llecons. de Max. STOLL ,.professeur dè clinique interne er l’'Univer- site de Wienne en, Autriche, soutenue pur Andié Szoors, de Transylvanie; avgmenté dé notes et réfleaious pratiques tirées de, FOGELw LENTIN, ele. , de tout traduit. du latin 3 allemand et anslois , par B. DurrLLEUL,,.médectt & Lille. x vol.in-v2 de,156 pages. An XI. Prix,:2 Fr. 50 cent,, Paris, chez Croullebois, librane, rue des. Mathurins, Le « n.® 398. RON Si,ce n'est pas une médecine nonvelle que nos deux auteurs nous piésentent sur la goutie,. c’est du moins un bon resumé, dans lequel.: on tiouve beaucoup de counoissances, précieuses à acquérir, à coté dé quelques autres qu'il importe de faire re- jeter tout-a fait. | La, principale chose) à rejeter à notre avis, de cet ouvrage, est la théorie humorale ; il est vrai ‘qu'il seroit diMicile d'exécuter un plan de médecine, sans tenter de former un corps de principes , en ti- rant. des justes conséquences. des faits ,1et en les généralisant convenablement. t « . 4 , : . Le chapitre qui a pour objet le traitement de la: goutte, nous a parurassez bien fait, tant dans le texte que dans les notes dir traducteur, Il n’est pas -possible. de Ja guérir radicalement, disent nos:au- teurs ; llesest une, maladie, du tempérament qui dépend de la constitutionide chaque individu, si ‘lesimédieamens sont sans effet, le régime peut au k ions: rén dre la maladie plus sirpportablé. Il séroit fort avantageux ; pour les goutteux, d'adopter im- plicitemént cette opinion ; il ne seroient pas si souvent dupes de personnes intéressées qui, sous à Mm 2 948 Livres divers. prétexte de les guérir, les amusent par des remêdes sans action, où emploient sans jugement ceux qui peuvent avoir les suites les plus fâcheuses. Qu'il nous soit permis de faire au traducteur quelques réflexions sur sa manière d’écrire, x ° Son style n’a pas la simplicité, la clarté, la précision qu’il devroit avoir ; nous y avons aussi remarqué une diction extrémement négligée, et même quel- ques expressions étrangères au langage médical. 2.9 [1 paroît n’avoôir pas assez senti la nécessité où est un médecin qui écrit sur son art, de ne rap- porter des faits qu’il a observés dans sa pratique, et de leurs circonstances, que ce qui est assez neuf pour instruire ses confrères, et assez important pour les intéresser, Malgré ces défauts, qui ne sont relatifs qu'aux convenances qui doivent être respectées par tout écrivain qui veut s’exposer aux yeux d’un peuple instruit, cette traduction, examinée sans partia- lité, doit étre jugée utile. Les jeunes prati- ciens y trouveront des leçons à suivre; et les per- sonnes qui ne sont pas de Part, pourront, en la lisant, se défaire de plusieurs préjugés populaires, nuisibles à leur santé. P. Pagom-LAFORÉT. EcoNOMI:E. \ II et III CAHIERS de la Bibliothéque physico- économique, instructive et amusante, publiée par cahiers avec des planches, le premier de chaque mois , à commencer du premier brumaire an XI, par une société de Savans, d'Artistes et & Agro- nomes, et rédigée par CS. SONNINI, de la 5o- ciété d'agriculture de Paris et de plusieurs Sociétés savantes et liltéruires, Ces deux Cahiers contiennent , entre autres ar- ticies intéressans et utiles, une méihode nouvelle pour cultiver la Camomille romatte ; pour faire des Meules à foin; pour marquer les Moutons ; pour Livres divers. 940 faire des Cimens pour les Terrasses ; pour faire du Sason. chez soi, dw Fromage de Parmésan, des Eaux -de-yie de pomme de terre, Ve Blanchiment sans feu du Sel Murin; pour obtenir des Asperges très-grosses ; enfin sur la Greffe des Vignes; les Se- mailles , les Vendunges; des Ruches nouvelles ; pour rendre les Cochons moins susceptibles de maladies ; une nouvelle manière très - simple de prendre les Loups ; de dorer le Fer ; de guérir les Pestiférés ; de bonifier l'Eau d'un puits , ete. etc. Le prix de l’abonnement est de 10 fr. pour les douze Cahiers de 72 pages , chacun avec des plan- ches, que l’on recevra mois par mois, francs de port par la poste. La lettre d’avis et Pargent doi- vent être affrauchis et adressés à F. Buisson, im- primeur-libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, à Paris. On peut aussi, pour éviter les frais, envoyer l’ar- gent par un mandat sur Paris. HD /U1rC:APENT ON. LE PORTE-FEUILLE DES ENFANS , mélange inté- ressant d'animaux , fruits , fleurs ; habillemens , plans , cartes et autres objets , dessinés suivant les réductions comparatives , et comimencés à graser en 1783, sous la direction de COCHIN ; accom- pagnés de courtes explications, el de divers ta- bleaux élémentaires, rédigé par Ant. Nicol. Du- CHESNEct Aug. Sav. LEBLOND,n.° 238. Prix ,1 fr. 25 cent. Chaque feuillet de gravures se vend sé- parément au prix marqué dans la table. Les ex- plications, toutes au même prix de cinq centimes; et les tableaux, dix centimes la page. Le grand pa- pier trois cinquièmes en sus : les planches colorices au triple des prix des tables. Le n.° 24 paroîtra dans le courant de ventose. À Paris , chez Mé- rigot jeune , libraire , quai de l'Ecole , n.° 75; Merlin , libraire , rue du Hurepoix , pres le Pont- Saint-Michel. Les demandes particulières peuvent Mm 3 590 Livres divers. se faire Chez M. Duchesne, rue Neuve-Saint-Mare, ‘au coin de celle de Richelieu ; in-4.° . On regrette toujours que cet ouvrage, siutile à l’en- fance, $e continue avec tant de lenteur; ce numéro contient 7 différens Costumes persans, 12 quadru- pedes, 14 oiseaux , 13 poissons , 11 coquilles ,,le tout figure agec beaucoup d’exactitude et de vérité. COMMERCE. TRAITÉ es changes et des arbitrages, par GUIz- LARD , professeur de mathématiques. 1 vol.'in-8.° de 127 pages. Prix, 2 fr. et 2 fn. bo cent A Paris, chez Chainieuu ,rue de la Monnoie, n° 27; chez Crapart, Caille et Rarier , rue Pavée-Saint- André, n.° 12; chez Renard, rue Caumartin.: On trouve aussi, chez Caille,Crapart et Rasier , un traité du même auteur sur le sitre et l’alliage des mulières dor et d'argent. Prix, x fr. 20 cent. Daws cet ouvrage, se t'ouvent disposées, par ordre alphabétique, toutes les places de Europe, avec lesquelles Paris , Lyon et Bordeaux peuyeut faire des opérations En tête de chacune, on voit sa ma- nière de changer avec Paris, ainsi que le tableau de ses monnoies de change ; viennent ensuite, sous le titre de Formules, des regles dont l’application ne suppose que la connoissance des premières opé- rations de l’arithmétique, pour calculer un axbi- trage entre les trois places susdites , et une autre quelconque , par l'entremise d’une ou de plusieurs autres places: | RAD ALERT ES Il ne faut pas croire pour cela que ce traité ne contienne que-des règles pratiques. Les deux changes nécessaires pour un calcul d'arbitrage, y sont ex- primés, de façon que'le calculateur , sans quitter la place avec laquelle Paris veut opérer, peut aisé- ment se rendre raison de la formule dont il fait usage, DE ; =" = - & . Livres. divers. Re ’: Onsent que toutes.ces règles générales ne peu- vent être vérifiées que par la-règle conjointe. Aussi l’auteur ne néglige rien pour faire entendre la ma- nière de poser cette règle. "Dans lune instruction : préliminaire , ilexpose le but des opérations de chan- ges et d’arbitrages , ainsi que JE mode de les sim-, plifier. On doit surtout lui savoir gré d’avoir ex- pliqué avec là plus grande.clarté la règle qu’il faut suivre pour tirer des conclusions dans les calculs d'arbitrages ‘dans quel-cas ; par exemple , il faut préférer le résultat le moins élevé, soit pour éirer , soit pour ,remeitre. Try Ce: traité est. à la fois moins volumineux et plus élémentaire qu'aucun de ‘ceux qui ont paru sur cette matière : cette .pare de C. Eredin.. 5521" Caisse d'épargnes da ©: Lafarge. “Liste générale des nunéros, por tant rentés par: option; et” sortis Ë aux différens' draps, précédée ‘ d'une: instraction nécessaire. aux actionnaires 1 LR à À te | Légion. CHAR NE: Cnatate dans les. dermers temps ; par Jes seules lumières de Ja raison ; Ri le €. de Bonald "553 | Voyages. | Voyagé pittoresque de Ja raies erc A9." ip Avid. Hip, | Almanach RE de France