Se LS à STE Î HD ontan es he. Meme ras vu ca ne Dés 7 RE Di RER NE LP" tn re te Fan Cu M À (ae AE À ® LEE à (NS 2 1.) Germinal an Tr. 4 … ENCYCLOPÉDIQUE, , Wr> _ =. OURNAL DES SCIENCES, : + DESLETTRES ET DES ARTS, & £ D 16 £ Par A. L. Mit Lin. AVIS DU LIBRAIRE. ; Le prix de ce Journal est fixé”: # re à 9 francs ‘pour trois mois, 13288 18 frarics pour sixemois, A "#-36Hrancs pour un an, RSR Re Le "tnt pour Paris que pour les Départèmens, franc de port, |: Ox peut s'adresser ais Bureau à e Joutnal pour se procureg tous les'Livres qui pardissent'en France etchez l'étranger, € pour tout ce qui concerne là Librairie ancienne et moderne. - C: Journal, auquel la plupart des hommes qui ont un nom distingué, une réputation justement acquise dans quelque partie des arts ou des sciences, tels que .: MM. AzimerT, DESGEnETTEs, Basv, SILyESTRE *". pe Sacy, Founcroy, HALLÉ, Dumérir, ScHwEerG+ . HÆUSER, LACÉPEDE, LEBRUN, MARRON, MENTEL« me, BanBiErR, BARBIER Du Bocace, Bassiwer, æ MoreLLer, NoEL, OBERLIN, CHARDON-L14-Ro- _ cuerre, GAILLARD, Vax-Moxs, SrcanD, TRAULLÉ, LÉVEILLÉ, Cuvren, GEOFFROY, VENTENAT, Cavas mice, BOETTiguB, ati, Viscomri, ViiLozsom | Vire GR im) Wicremer, Er. Lossrern, LaNourNars, Wincre- LER, etc. etc., fournissent des Mémoires, contient V'extrait des principaux ouvrages. nationaux : on s'at- tache surtout à en donner une analyse exacte , et à la faire paroître le plus promptement possible après leur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts ét des sciences : on choisit ÉLnE tor gt ceux qui sont propres à en accélérer es progrès. : . On publie les découvertes ingénieuses , les inven= tions utiles dans tous les genres. On y'rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des Sociétés littéraires ont offert de plus intéressant; une description de ce que les dépots d'objets d'arts et des sciences renferment de plus curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages . des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués j dont on regrette la perte; enfin les nouvelles littéraires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumèés in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux numé- j ros, chaque de neuf feuilles. Den . On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu reau du Magasin Brcyclopédique, chez le C. Fucus,, Libraire , rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Heuget. A Amsterdam, { chez Van-Gulik. 4 À Bruxelles, chez Lemaire. À Florence, chez Molini- À Francfort-sur-le-Mem, chez Fleischer. à chez Manget. À Genève, j chez Paschond: : À Hambourg, chez. Hoffmann, À Leipsick, chez Wolf. A Leyde, chez les freres Murray. # Londres, chez de Bofte, Gerard Street. À Strasbourg, chez Levrault. A Vienne, chez Degen. A Wesel, chez Geisler, directeur des postes. Xl faut affranchir Les lettres: " à “MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. VIII* ANNEE. TOME VIL. MADASIN ENCYCLOPÉDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PAR À L MILLIN, CONSERV ATEUR des Médailles , des Pierres gravées et des Antiques de la Bibliothèque nationale de France, Professeur d'Histoire et d’ Antiquités ; membre de la Société royale des sciences de Gœttingue, de celle des Curieux de la Na- ture à Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d’'Hi= stoire naturelle et de Minéralogie de Iéna, de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres, des Sociétés d'Histoire naturelle, philomathique , médicale d'émulation, des Observateurs de l’homme, galvanique, sta- tistique, et de l Athénée des arts de Paris ; des Sociétés des sciences de Rouen, d’ Abbeville, de Boulogne, de Poitiers, de Niort, de Nismes, de Murseille, d’Alencon, de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Strasbourg, de Nancy, etc. etc. VIIIe ANNÉE. TOME SIXIÈNME ASSPTASR LS, Chez Fucuns, Täibraire, rue des Mathuriss, maison de Cluny, n.° 334. AN X:,— 1803. "ae ren 4 c A Faikhe FU Lan # O4 CRE: 4 , 1 d- Ë Hem A LA SOCIÈTÉE LITTÉRAIRE DE NAN: Y, VILLE CHÈRE À MON CŒUR PAR LES PLUS TENDRES SOUVENIRS D'EULAMETTE MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. ŒCONOMIE POLITIQUE. LETTRE sur la Philosophie dans ses rapports avec notre Gouvernement ; par Pierre GRANIÉ, jurisconsulte. Paris, chez Desenné, palais du Tribunat, n.° 2; Lenormand, rue des Prêtres-Saint-Ger- main-l’Auxerrois; Pougens, quai Voltaire, A} 10: | Ï Cr TE lettre est adressée à un homme qui n’est pas content de ce qui se passe dans l’intérieur de notre République , et qui regarde comme un crime de lèse- philosophie , la force donnée à notrè gou— vernement et le rétablissement de la religion chré- tienne salariée par l’État. Le C. Granié le rassure x lui prouve que la nécessité de nos affaires de- mandoit un chef puissant , et que la réédification de l’édifice social demandoit l’adoration publique de Dieu , et le rappel de ses ministres , désormais soumis à l'autorité civile et aux lois. L'auteur montre de plus que ces principes , sans lesquels, dans la position actuelle de l’Europe, la À 4 8 Œconomie politique. France ne sauroit subsister, ont toujours été ceux des meilleurs esprits; et cette assertion est appuyée par les ouvrages de Montesquieu , de J. J. Rous- seau , et par les écrits de Voltaire publiquement avoués par lui. On calomnie donc la philosophie. Ecoutons le C. Granié. « La, philosophie , s’écrie-t-on avec confiance , a « tout perdu au milieu de nous ; elle a brisé le « frein de la religion et celui de l’obéissance poli- « tique. « La philosophie n’a rien fait de tout cela. Si « quelques écrivains célèbres revenoient au monde , « ils seroient bien surpris du langage qu’on leur prête ; « et de l'interprétation qu’on donne à leurs écrits. « Mais si des factieux, des meurtriers eb des vo- » leurs ont cité à tort et à travers des phrases déta- « chées de ces écrivains qu'ils dénaturoient et qu'ils « étoient hors d'état de comprendre ; si de ces livres « de lumière ils ont fait des torches d'incendie et « de destruction ; si même quelques cosmopolites « vertueux , mais exaltés , qui ont plus vécu avec « les livres qu'avec les hommes , ont été obligés, par « leurs systèmes et par les circonstances , de ména- « ger ces factieux , ces meurtriers et ces voleurs ; si « incorrigibles après dix ans d'expériences, ils four- « miroient demain les moyens de redresser ces écha- « fauds où ils seroient eux-mêmes immolés ! « S’ensuit-il qu'il faille renoncer aux leçons de la «“ sagesse et aux méditations des grands esprits ?... « Si tout démontre l'impossibilité de donner à la corruption de nos grandes villes les institutions DE Mélanges. 9 « d'Athènes et de Rome dans les beaux jours de « leur liberté ; devra-t-on caractériser d’attentat contre la philosophie et contrè la raison, tout retour à ñ « l’ordre commandé par la situation intérieure des « choses, par la position des aflaires et des intérêts « des grandes nations de l’Europe , par la nécessité « de-mettre fin à ces systèmes spéculatifs ; bons pour | « détruire, vains et inefficaces pour réédilier ». Le GC. Granié convient que des écrivains qui usur- poient le titre de philosophes ont, dans des bro- chures insignifiantes où obscènes , prêché la destruc- tion de tout culte et de tout ordre social; mais il prouve très-bien que les écrivains auxquels nous de- vons les grands ouvrages qui ont illustré notre siècle , ont toujours fondé l’ordre social Sur une religion et sur le gouvernement convenable aux mœurs et au territoire de chaque pays. Ce qui est dit de l’athéisme mérite d’être rap- porté. « Je ne dois pas taire que plusieurs ouvrages in- « fectés des principes de l'athéisme parurent à cette « époque , et excitèrent la juste indignation du gou- « vernement et des magistrats. Le système de la « nature dont parle M. d'Alembert dans la lettre « que je viens de citer, est de ce nombre; mais « il faut convenir que ces livres , à la portée d’un « très-petit nombre d’esprits, ne produisent point un « effet universellement dangereux. & La théorie abstraite de l’athéisme ne fera ja- « mais de grands progrès. Produit par l'abus de lé- « tude et de la méditation , it sera éternellement 10 Œconomie politique. « « « « le partage de quelques penseurs, étrangers aux affai- res et aux gouvernemens ; leur éducation ou leurs richesses sont , pour l'ordinaire , de sûrs garans de leur sagesse et de leur probité. Lucrèce , Spinosa , et, de nos jours, le baron d'Holbac et les hommes de mérite qui se réunissoient chez lui, étoient des particuliers paisibles , plus occupés des belles- lettres, des beaux-arts et des conceptions de leur esprit, que des affaires et de ceux qui sont char- gés de tes diriger. « Ces prédicateurs d’athéisme ont eu et auront , dans tous les temps, un auditoire très-circonscrit. Les hommes injustement frappés ou flétris par la force et par la puissance, ou dévorés par les tour- mens de leur cœur, ne chercheront point leur consolation dans ces stériles préceptes et dans le néant qu’on présente pour but et pour dernier ré- sultat. « Si l'Auteur des choses et des hommes n’a pas voulu nous donner une preuve mathématique de son existence, cette, preuve existe dans ses œu- vres, dans le besoin de prolonger notre existence au - delà du moment rapide où nous vivons , dans cette source de toute espérance et de toute gran- deur, placée au milieu du cœur humain, et que les plus subtils raisonnemens ne tarissent Jamais. Cette preuve existe surtout dans les belles pages écrites par J. J. Rousseau, dans la profession de foi du Vicaire Savoyard ; ouvrage sublime , le plus beau et le plus consolant peut-être qui soit sorti de la main des hommes , sur cette question, HUE Mélanges. : « la plus importante de toutes , lorsque notre esprit « inquiet en cherche la solution. » L'auteur parcourt les temps qui ont précédé notre révolution. Vous remarquerez ce qu’il dit-de lillustre chancelier Daguesseau, qu’il peint avec les couleurs qui lui conviennent. Il montre que c’est à ses ta- lens et à son influence que notre siècle doit les lumières qui ne demanderont un ‘une juste et puis- sante application. On doit lire également ce qui concerne les lois et le régime féodal. Les réflexions, à ce sujet, nous paroissent puisées dans la plus saine philosophie et dans la plus droite raison. Le C. Granié parle des abus qui sapoientles fon- demens de la monarchie, et qui faisoient que, depuis long-temps, les bons esprits annonçoient une révolu- tion. ira « On impute donc à la philosophie, des maux « qui ne sont pas son ouvrage. C’est l'administration « intérieure du royaume; ce sont les vices qui l’in- « fectoient au moment de la convocation des états « généraux, qui donnèrent lieu à ce mouvement général dont le roi ne sut pas profiter. Il falloit tout faire par le roi et rien par le peuple. On voulut corriger tous les abus par la force du peu- ple; mais le peuple ne corrige rien, il détruit tout ». 5, 2,8 8% 5 Il faut suivre l’auteur dans ces divers développe- mens et dans ce qu'il dit de Louis XVI, de MM. Necker, Brienne, Turgot et d’autres personnages, qui ont joué un rôle dans ces derniers temps. 12 Œconomie politique. Ce qui mérite une attention particulière , c’est ce que l’auteur écrit sur la nécessité d’un culte public, nécessité reconnue par tous les peuples policés. « Cette nécessité d’un culte public et d’une ado- « ration commune , est sans doute reconnue par tous « ceux qui se sont occupés de l’ordre intérieur des « peuples réunis en société. J'entends par culte pu- « blic celui qui est professé par les magistrats, celui « qu'on rend au grand être dans les temples ouverts, « où retentissent les cantiques , et où brûle l’encens « qui s'élève vers le ciel. L'exemple de toutes les « nations qui ont brillé sur la terre, autorise cette « opinion. Les archontes d'Athènes et les consuls « de Rome adoroient publiquement le Créateur et « le Conservateur de l'Univers; ils assistoient aux « sacrifices d'actions de grâces et d’expiation offerts « par des pontifes révérés. «Voyez l’ancienne Grèce : le Maître de toutes « choses y étoit adoré ; les autres dieux n’en étoient « qu'une émanation. Toute la Grèce rendoit hom- « mage à la toute-puissance de Jupiter. Ge modé- « rateur universel reconnu , il étoit permis de peupler « l’Olympe de mille autres divinités. Timagination « sensible et brillante de ce peuple, né pour les «arts, anima toute la nature ; la sagesse eut ses « temples : on remercioit Minerve des charmes de « l'innocence et de la paix du cœur. Les passions « eurent les leurs. Tia terrible Vénus eut des tem- « ples magnifiques, et les foibles mortels alloient « aux pieds de ses autels la remercier de leurs-joies, « et lui demander la cessation de leurs douleurs. Mélanges. 71142 « Voyez Rome : elle a au Capitole son Jupiter op- « timus maximus. Elle fait la conquête du monde, « et laisse à tous les peuples les dieux et les pré- & tres qui leur sont chers. « Voilà les modèles que les nations policées de- « vroient préférer à la destruction de toute théo- « cratie et aux préceptes hardis d’une théorie in- « certaine. Je crois, et je dis hautement, que les « magistrats d’un peuple policé doivent donner l’exem- « ple public de l’adoration de Dieu, et fixer sur « cet important objet , l'incertitude de cette partie « de la nation, qui ne pense point par elle-même, « et qui n’en a ni le temps ni la capacité. Croyez « que le peuple presqu’entier suivra ses chefs dans « les temples qu’ils lui ouvriront ; qu’il joindra ses « prières aux leurs; qu’il a besoin d’entendre une « morale pure , et que le malheureux trouve dans « cette communication intellectuelle avec Dieu , des « consolations que lui refusent souvent les ingrats et « insensibles objets dont il est environné. « C’est à la loi et au gouvernement à régler les « cérémonies de ce culte, à surveiller ceux qui y « président , à s'opposer à toute intolérance , fléau « horrible, contre lequel les précautions ne peuvent « trop se multiplier ». La nécessité d’une autorité forte et centrale est bien établie dans l’ouvrage du C. Granié. Il prouve qu’une assemblée qui a le pouvoir exécutif ne peut opérer aucun bien. " Laissons parler l’auteur : « Pour faire d’utiles réformes , une autorité ora- 14 Œconomie politique. « « « « = 3 toire ne suflit pas; il faut une main puissante ca- pable de tout diriger, et qui. commande avec læ même force à l'opposition qui veut tout garder , et à la jalousie populaire toujours prête à tout en- vahir. « Lorsqu'on n’a rien ‘à sa disposition , que des discours moraux et des vérités théoriques , qu’ar- rive-t-il ? « Les factieux ;, qu’on ne comprime jamais avec des paroles, renversent tout , pour se rendre mai- tres de l’autorité. « À l’ancien gouvernement monarchique , qu’on ne vouloit que corriger , on substitue les prin cipes d'une démocratie impraticable et absurde , et le peuple est gouverné par des tyrans des- potiques ou insensés. « On vouloit rendre les autels plus respectables , on les renverse et on les brise tous ; et dans la partie du monde la plus éclairée, en Europe , un peu- ple seul entre tous les peuples n’a plus de tem ples où Dieu soit publiquement adoré. « Nous avons éprouvé tous ces maux, et nous avons été les témoins de tous ces scandales : eh! pourquoi ? on ne sauroit trop le répéter : « Parce qu’on avoit besoin, à cette époque dif- ficile , non d’un chef prisonnier et dépendant d’une assemblée, mais d’un chef libre , puissant et doué de la raison, et des talens qu’exigeoient le danger des circonstances et leur gravité. . « Si des hommes, qu’il n'a connu que trop tard, ont mis le dernier chef de notre monarchie dans Mélanges. 19 « l'impuissance de conserver et de réformer ; remer- « cions le ciel de nous avoir donné un chef nou- « veau , qui répare les fautes du malheur et de la « foiblesse , et qui reconstruit habilement les parties de l'édifice qu’il falloit laisser debout ». L'auteur s'adresse, en finissant, à ces hommes trop épris d’une théorie dont l’expérience auroit dù les détromper. .« Que ces hommes comprennent enfin que le flam- « beau qu'ils agitent ne donnera qu’une lumière « dangereuse et funeste, et qu'il s’éteindra même « dans les larmes et dans le sang , s’il n’est soutenu ñ « par une main habile et puissante , qui donne à « ses diverses branches leur véritable direction ». Cet ouvrage rappelle une infinité de souvenirs, et donné matière à de sages et de profondes réflexions. Nos citations suffisent ponr faire juger du style de l'auteur et du but utile d’une lettre qui, comme il le dit lui-même , devroit, vu l'importance de la ma- tière , avoir plus de développemént, | RES RERTRSERE VORRNIETEQ EN TAPER RAA NPA COPAIN DOTE TT TS TETE VERRONT EEE BI BEA O GR. A PRE TE LETTRE du C. OBERLIN père, au C. Mi1Lzzcin, sur les Couvertures des vieux Livres. Nous avez eu la complaisance, mon cher ami, d'in- sérer, en floréal de l'an 1x, dans votre Magasin , mes réflexions sur certaines précautions à prendre dans le renouvellement d’anciennes bibliothèques. J’invitois alors mes confrères des autres départemens à examiner les fragmens d'anciens manuscrits employés, depuis l'invention de l'imprimerie, à la reliüre d’autres livres. Le fragment d'un manuscrit sur vélin, d'écriture anglo- saxone , des origines d’Isidore de Séville, men avoit fourni l’idée, puisqu'il m’a servi à corri- ger de lourdes fautes qui se trouvent dans toutes les éditions de cet ouvrage. J'ai vu depuis, avec plaisir, que M. de Murr, célébre littérateur de Nuremberg, avoit déjà donné quelques notices semblables sur des fragmens d'anciens auteurs classiques (1). Je ne sais quelle sensation mon avis a faite en France ; mais 1l y a quelques mois que vous me fites passer une lettre datée du 10 juin 1802, qui m’est adressée par M. de Ludolf, qui réside à Constanti- nople , j'ignore en quelle qualité. Cette lettre est conçue en ces termes ! « J’ai lu, (1) Dans son Neues Journal zur Litteratur und Kunstge- schchite. I Theïil. 8. Leipsig, 1798, p. 87. « de Ho « « « « LS 8 « Mélanges. 17 citoyen, dans le n°. 23 du Magasin encylopédique de floréal an 1X, auquel je suis abonné, la notice bibliographique que vous y avez fait insérer sur les fragmens d'anciens manuscrits, qui ont servi dans le quinzième siècle aux reliüres de livres. Je regrette bien avec vous la perte que l’insouciance et li- gnorance de ce temps a apportée aux lettres, et que l'invention de l'imprimerie ait contribué à la des- truction de tant d'ouvrages, qu’elle tiroit de l’ob- scurité. J'ai applaudi à l'invitation que vous faites à vos savans confrères les bibliothécaires, d’exami- ner les anciennes couvertures de livres; par ce moyen on pourra encore sauver quelques fragmens pré- cieux , comme vous - même vous en avez découvert dans la bibliothèque de Strasbourg. D’après votre notice bibliographique , je me suis empressé d’exa- miner quelques ouvrages des quinzième et seizième siècles, que je possède dans ma biblothèque ; mais je n’ai trouvé que la chronique de Froissard, im- primée à Paris en 1513, en trois volumes in-folio , et dont la couverture est en bois; qui m'ait fourni six feuillets manuscrits, que je m'empresse de vous adresser. Malsré les précautions que j'ai prises , la colle dans quelques endroits éloit si tenace , que je n'ai pu garantir une ou deux feuilles de quelques écorchures en les détachant. Je doute cependant, d’après la première inspection, que ces fragmens contiennent rien de bien curieux , qui fasse regretter la perte du reste. Vous pourrez, citoyen, en juger ‘plus pertinemment que moi, mes connoissances en archæologie ne s'étendant pas au déchifirement de Tome VI. B 16 Bibliographie. « l'écriture gothique, et de leurs nombreuses abrévia= « tions. Je serai fort aise, au reste , si J'ai pu contri- « buer à enrichir votre collection, et à vos recherches « savantes dans ce genre. Agréez les assurances, etc. ». IFest juste que je m’empresse à répondre à l’hon- nêteté que me fait M. de Ludolf; et j'espère, respec- table ami, que vous voudrez bien permettre que cela se passe par l'entremise de votre Magasin. M. de Ludolf a joint à sa lettre , comme vous venez de voir, six feuillets de vélin. L'examen que j'en ai fait m'apprend que cinq de €es feuillets ont appartenu à un même ouvrage , qui contenoit des commentaires latins sur les évan- giles et les épitres dominicales. Je citerai pour exemples les textes Fiduciam talem habemus. —. Exiens de finibus Tyri. — Addncunt ei surdum et mutum.— Simile est regnum cœlorur. — Imi- tatores anei estote. — Loquente Jesu ad turbas. — * Scriptum est quod Abraham. — Te livre , d'où sont tirés ces feuillets , étoit écrit in-8.° , à deux colonnes par page. L'écriture en est des plus difficiles à lire , étant hérissée d’abréviations ; elle appartient au x1v.e siècle, La rareté du vélin avoit, depuis la fin du siècle précédent , introduit cette écriture mes- quine , qui permettoit de transcrire de grands ouvrages avec économie , sur un petit nombre de feuilles. Le sixième fragment est tiré d’un ouvrage in-4.° ; il en présente une feuille et demie , contenant , en six colonnes, des pièces de deux poëmes bataves , dont l'écriture ainsi que la matière sont très-difiérentes, J'y trouve d’abord sur deux colonnes ; en beaux Mélanges. 19 caractères carrés , du xr1. siècle environ , un frag- ment d’un poëme érotique en quatrains , contenant un dialogue entre une dame et un clerc, sur le véritable amour, sur les moyens d'y parvenir et sur les mar- ques auxquelles on le reconnoît. J’en offre ici quel- ques strophes , qui pourront servir à reconnoitre le troubadour batave, auquel le poëme est dù. Exempel wil ic v toghen Jc achte ghi end ic wi syn Die dwee den anderen wel minnen mogen V wille die moet syn die min. Ghi moet oec willen dat ic wille Al dat ic hebbe moet wwe syn ” Beyde openbar end stille End dat ghi hebt moet wesen myn. Aldts twee herten syn worden eine Die seere verre te voren waren Dats minne el dinc ne gheire Dat derf ic wel openbaren. Lieue heere Clerc hoe mach dat syn Dat die minne so seere. . . . . . C'est-à-dire : ( c’est Le clerc qui parle } « Je vais «vous montrer un exemple : je suppose que vous «et moi nous soyons les deux qui veuillons nous «bien aimer , iléfaut que votre volonté soit la «mienne. Vous devez vouloir ce que je veux. Tout «ce que j'ai doit être à vous tant ouvertement qu’en « secret , et ce que vous avez , doit être à moi./C'’est « ainsi que deux cœurs , qui avant étoient fort éloi- B 2 20 . Bibliographie, « gués , sont devenus unis ; voilà ce que c’est que «l'amour. J'ose bien vous le déclarer. ( Là dessus, « la dame réplique )}: Mon cher monsieur le clerc, « comment cela se peut-il que l'amour ». . ... . Cici le fragment finit ). Les dix autres colonnes du fragment appartiennent. à des légendes en vers, L'écriture , qui est une espèce de ronde , est belle. La légende de Saint Thomas ? commence ainsi : Te sente Thomas voor die poorte sas Drie blende die der. ... vitat was Baden lem allen die der leden Doc quam der een Clerc ghercden End als y "hoorden comen dat paert Boden 7y die handen darie waert Enn riepen heere doet ons goet Nu merct wat die Clerc doet, etc. C'est-à-dire : « Saint-Thomas étoit assis devant « la porte. Trois aveugles qui étoient là. ... . le « prièrent de. . . . Arrive un clerc chevauchant, « Eux entendant venir le cheval, tendirent les mains. «Il s'élève un cri: Seigneur, soyez-nous propice ! « Or remarquez ce que fait le clerc» . . . . J'i- grore si les deux poëmes auxquels appartenoient ces pièces , existent encore. Toujours est -il vrai que c’est le comble de l’imprudence d’avoir souvent déchiré et anéanti des productions du génie, écrites avec soin et élégance. Au reste, cette manie destructive avoit gagné toute l'Europe, Je possède moi-même , dans ma collection , plusieurs pièces en différentes langues, entre autres aussi du genre poétique , écrites avec 6 Mélanges. 21 netteté sur vélin, telles qu'un fragment d'un poëtme batave , dont le sujet paroït être tiré d’une guerre avec le sultan et les païens ( qui ont été confondus avec les Mahométans ), peut-être d'une croisadé ; il y est parlé de combats, où figurent nn empereur d'Allemagne { ee Keyser van Aelmaengen ), een heere Heinric , die heeren Echites , Démo- phon , Jonas, Euax ; il y est question d’éléphans (olifanten). À ces traits, il sera peut-être facile à quelque savant batave de reconmoître le poëme dont il s’agit. Je possède également des fragmens de poëmes Allemands, dont l'un appartient à Phis- toire ou plutôt au roman de Barlaam et de Josaphat, l'autre à celui de Tristan. + ! i ARCHÆOLOGIE. MONUMENS ANTIQUES inédits ou nou- vellement expliqués : Collection de Sta- tues, Bas-reliefs, Bustes, Peintures, Mosaiques, Gravures, Vases » InsCrip- tions et Instrumens , tirés des Collections nationales et particulières "et accompa- gnés d’un texte explicatif; par À. L. * MiiLiIN , Conservateur des Médailles , des Pierres gravées et des ÆAntiques de la Bibliothèque nationale de France, Pro- fesseur d'Histoire et d’Antiquités , etc. Tome L.% — 5. livraison. À Paris, chez Laroche , maison de l’Auteur, à la Biblio- thèque nationale, rue Neuve-des-Petits- Champs, n.° r1, au coin de celle de la Loi; Fuchs, rue des Mathurins, hôtel de Cluny; Levrault, quai Malaquais (r). Le nombre considérable de monumens que le C. Millin a fait dessiner et graver depuis plusieurs an- nées , et qu’il fait dessiner encore tous les jours, l’a {i) Chaque volume de cet ouvrage, imprimé à l'Imprimerie de La République, sur beau papier, sera composé de cinquante feuilles de texte, et d'au moins quarante planches ; il sera distribué en six livraisons. Chäque livraison coûte 6 fr, prise à Pañis, et 6 fr, 6o cent. franchie de port dans Les départe- … Mélanges. 23 \ mis à même de pouvoir faire succéder assez rapide- ment les livräisons de .cet ouvrage, dont le premier volume va être complété incessamment par la si- xième livraison ; qui est sous presse, et qui, pour en rendre l'usage plus commode , sera terminée par une table alphabétique des matières contenues dans le premier volume, et par une table des auteurs qui y sont cités. : s. La cinquième livraison que nous allons faire con- noïtre aux lecteurs du Magsin Encyclopédique, ne contient, à la vérité, que trois dissertations ; mais la première, par son importance et par son étendue, forme un ouvrage entier, de même que celle sur le vase d’or du cabinet national qui se trouve dans la livraison précédente. Dans cette première dissertation, le x Millin donne l'explication d’une très-belle peinture de vase grec de la collection de Paroi, sur laquelle on voit Oreste poursuivi par les Furies , et son expiation. Le point précis de l’action figurée dans cette pein- ture , ne se peut pas aussi aisément déterminer que le sujet en général indiqué ci-dessus. C’est pour cela que le G. Millin commence par rappeler cette par- mens, L'ouvrage aura six volumes, et sera terminé en moins de quatre années, Ceux qui voudront s'inscrire, recevront directement à leur adresse chaque livraison, à mesure qu’elle paroitra. En tête du AFS volume se trouvera la liste des sous« cripteurs, Voyez les Extraits que nous avons donné des livraisons précédentes , année VII, t. IV, p.511 ; année VIII, t.1, p. 403,3 tu IIT ,4p: 131; t, WI; pe 60. B 4 24 ÆArchæologie. tie du mythe d’Oreste, d’après les différens poètes qui ont traité l’histoire de la famille d’Agamemnon ; et il fait voir que la peinture dont il s'occupe réunit plusieurs des circonstances indiquées dans les diffé- rentes tragédies grecques qui nous sont parvenues , mais qu’elle ne représente aucune de ces scènes sé- parément. * à Oreste y est étendu sur un tapis, comme il l’est sur un lit dans la pièce d'Euripide. Il est, comme dans la pièce d'Æschyle , suppliant auprès d’Apol- lon , qui le défend : mais les Euménides qui le pour- suivent sont ailées; ce qui est contraire au récit d'Æs- chyle. Minerve prend sa défense , comme à la fin de cette pièce: mais rien n'indique l’Aréopage ni le tem- ple'de la déesse, dont le suppliänt n’embrasse pas la statue. . M. Boettiger , à qui le C. Millin avoit communi- qué depuis long-temps une copie de cette peinture, pense qu’elle représente peut-être une scène de quel- que tragédie ; qui n’a jamais été écrite et qui faisoit partie d’une espèce de pantomime célébrée à la suite des processions solennelles et sacrées en J’honneur de Bacchus et de Cérès (2): le C. Millin trouve cette (2) Le C. Millin cite à ce sujet une dissertation curieuse de M. Loettiger, intitulée Quatuor ætates rei scenicæ, dont il a donné un Extrait étendu dans le Magasin Encyÿcl., année IV, t. Il, p. 325. Dans cette dissertation , M: Boettiger trace les quatre âges de l’art scénique + « Il pense que cet art « existoit dans la grande Grèce long-temps avant Thespis. Ce « w’étoient d’abord que des cérémonies bacchiques ; accom- « pagnées de chants, de danses, de déclamations, de ges- « ticulations, pour exciter le plaisir et la joie. Les vases. Mélanges. 25 conjecture assez probable. « Ce qu'il y. a de cer- «tain, ajoute-t-il, c’est que notre peinture ne se «rapporte à aucune des descriptions des fureurs ou « de l’expiation d'Oreste qui nous ont été transmises « par les classiques : aussi, soit qu'elle nous offre «une scène d’une tragédie écrite , ou seulement d’une « pantomime perdue , soit ‘qu’elle nous donne la co- n À grecs représentent pläsieurs de ces scènes ; voilà pour- quoi les travaux d'Hercule, les malheurs d'OEdipe, les fureurs d'Oreste , y sont représentés avec des circonstances et des personnages accessoires qui ne se trouvent point dans AEschyle, Sophocle et Euripide , ni dans aucun au- teur classique. Long-temps après, ces sortes de représen- tations n’étoient pas encore abolies ; et on en citeroit plusieurs exemples. Un des plus célèbres est la fameuse procession qui eut lieu à Alexandrie lors du couronne- ment de Pioléntée Philadelphe , oÙ furent représentées toutes les histoires les dieux. Arnew., liv. V. Cette ori- gine de l’art scénique chez les Grecs seroit à peu près la même que celle de la restauration de cet art en Eu- rope. On commença d’abord par des pantomimes qui s'exé- cutoient dans les églises, à la suite des pr'ocessions et des cérémonies. Une troupe de pélerins établit ensuite un théâtre régulier , sur lequel on meitoit en action des sujets de l'ancien et du nouveau testament. Ces pièces s’appeloient des mystères. Voyez Histoire du théâtre fran- gais, par Îles frères Parrarr, tom. I ; Histoire universelle des théâtres, par une société de gens de lettres , tom. XI. L'analogie est ici en faveur de l'opinion de M. Bocttiger. Si les mystères n’offrent que des idées bizarres et ridicu- les , il fant s’en prendre au peu de culture du temps, à l’imagination moins brillante de ceux qui les employè- reut, et principalement à la différence qui existe entre notre religion et celle des Grecs. » 26 Archæologie. «pie de quelque tableau célèbre dans Pantiquité #, « soit que l'artiste ait seulement voulu y réunir dif- « férentes circonstances tirées de diverses traditions Le «ce qui est plus simple et plus probable, elle n’en «est pas moins admirable, puisqu'elle nous offre la «représentation de ce sujet mémorable , avec les «détails les plus circonstanciés et les plus variés, «et que c'est sans contredit le plus beau monument «parmi ceux qui représentent ce the célèbre, «que plusieurs peintres de vase Fm pris pour «suyet de leurs compositions », Le C. Millin examine ensuite sPerUoRE cha- cune des figures qui composent cette peinture , et qui méritent attention par leur costume et la variété des détails qu’elles offrent. , Oreste, commê Protagoniste, s où personnage principal, est placé au milieu; il est sur un tapis et. renversé sur les genoux ; attitude qui étoit peut-être celle des snpplians ; et que les Mahométans pren- nent encore aujourd'hui pour invoquer le ciel. Oreste regarde avec attention Minerve ; qui paroit le ras- surer et lui promettre son suffrage dans le jugement qu'il doit subir: pendant ce temps-là, Apollon pro- -tège son suppliant contre les Furies, à qui il dispute leur proie. L'habillement d’Oreste et-des autres fi- gures donne lieu à différentes" observations relatives at costume. Le lieu de la scène est RESntn en caractérisé par le trépied sur lequel s'appuie Apollon , et par Je laurier auquel sont attachées des bandelettes et . ’ , des tablettes, sans doute vovives. « L'usage de ces 9 Mélanges. 27 « tablettes votives n’est pas indiqué dans les auteurs « de la plus haute antiquité; les anciens poëtes grecs « épiques , lyriques et tragiques , n’en font point men- «tion : cependant notre vase prouve qu'il date d’un « temps très-reculé. Peut-être étoit-il particulier aux « habitans de la grande Grèce, dont les Romains l'ont « emprunté. Les auteurs latins en font souvent men- «tion; Quintilien et Horace en ont parlé. Ceux qui « avoient échappé à quelque grand danger , principa- «lement à un naufrage ; portoient suspendu au çou « un petit tableau qui en offroit la représentation , « afin de s’éviter la peine d’en recommencer sans cesse « le récit à la foule qui s’assembloit autour d’eux (3). « Ils suspendoient ensuite ce tableau au temple de « Neptune , d'Isis ou d’Æsculape. On offroit aussi à « ces deux dernières divinités des tablettes votives pour « la guérison de quelque membre (4) ou de quelque «maladie (5), enfin polir quelque péril particulier (3) Dans les églises voisines des ports de mer , on voit des ex-voto semblables. Le suppliant est ordinairement fi- guré au milieu d’une barque tourmentée par les flots : ïl lève les mains au ciel; et dans le haut du tableau, on «voit la Vierge, ou le saint ou lagsainie qu'il” a invoqué dans son danger, et à qui il attribue son salut. (4) Dans les églises chrétiennes, on voit souvent des re- présentations en cire des membres qui ont été guéris. L’é- glise d’Isernia en renferme de très-singulières ; ces images sont figurées dans le frontispice du curieux.et rare ouvrage de M. KwicuT , an Account of the remains of Worskip of Priapus ( Monumens du culte de Priape ). Elles sont ordi- nairement suspendues dans la chapelle du saint qua invo- qué celui qui a fait le vœu. (5) Tisuzz. I, 11, 28. Les tableaux yotifs ( ou ex-voo) 26 ÆArchæologie. « auquel on r’avoit pu échapper que par la protectior « divine. Tel étoit sans doute ce tableau dont parle « Aulu-Gelle , quireprésentoit un lion guéri par An- « droclus. Ces tablettes votives éloient ordinairement « accompagnées d'inscriptions ; et 1} nous reste encore «un très-grand nombre de ces inscriptions (6). Il exis- : «toit , relativement aux ex-voto offerts pour des ma- « ladies , un usage fort utile : celui qui les présentoit , « indiquoit souvent dans l'inscription La nature de son « mal , le traitement qu’il avoit suivi , le remède qui « l’avoit guéri. Cet usäge a subsisté dans la Grèce et « dans l'Italie jusqu’au temps d’Antonin « Ces tablettes votives se plaçoient ordinairement « dans lestemples ; mais on les suspendoit aussi quel- « quefois aux arbres qui étoient à l’entrée des temples , «afin qu'on les vit mieux. Dans son combat contre « Turnus, Ænée enfonce sa lance dans un o/easter « consacré à Faune , arbre"antique , cher aux nau- « tonniers , qui, échappés du naufrage , avoient cou- « tume d'y suspendre leurs offrandes au dieu de Lau- «rentum. Turnèbe pense que Virgile imite ici une « ancienne ‘superstition grecque. « Tous ces exemples né nous présentent les tablettes « votives que comme une commémoration des dangers « passés , mais non pas comme une indication de de- de nos églises, qui ont rapport à la guérison de longues. et dangereuses maladies, représentent le malade dans son Bt , et, dans le haut du tableau , le saint à la protection duquelil croit devoir sa guérison. (6) Au bas des ex-voto de nos églises, on lit souvent aussi le récit du fait représenté. Mélanges. 29 « mandes faites aux dieux. L'artiste n’a pas voulu ce- «pendant représenter ici Oreste rendu à la raison et «à la santé, puisqu'il est encore abattu sur cette es- «trade , et entouré des Kuries vengeresses ; à moins “xque ce ne soit par anticipation (7) : mais les exem- « ples de pareilles anticipations ne se rencontrent guère «sur les plus anciens monumens de l’art. Il est pro- « bable que ce monument pieux nous fait voir le lau- «rier de Delphes tel qu'il existoit, et surchargé des «ornemens que la crédulité et la superstition y avoient « suspendus ». Après avoir décrit le costume des Furies par les quelles Oreste est poursuivi , et fait quelques observa- tions sur celui de Minerve, le C. Millin examine encore quelles sont deux figures qu'on ne voit qu’à moitié dans la partie supérieure de cette peinture. Par des raisons auxquelles nous renvoyons nos lecteurs à l'ouvrage même, le C. Millin pense que l’une est l'ombre de Clytemnestre qui accuse Oreste; et l’autre Pylade qui prend sa défense. La peinture du revers de ce vase n’est pas moins ‘curieuse que la précédente , quoiqu’elle soit d’un genre (7) C'est ainsi que, dans une peinture d'Hereulanum, on xoit le laurier auprès de Daphné poursuivie par Apollon, quoique la métamorpliose de la nymphe ne soit pas encore opérée : çette anticipation: indique le changement de forme qu’elle , doit subir. Ces exemples rares ne doivent pas êfre imités. Le C. Hersént, dans un tableau. exposé cette an- née au, Salon, Catal., n,° 910, et qui représente Narcisse amoureux de lui-même, n’auroit donc pas dà le placer au milieu de ces jolies liliacées appelées narcisses. des poëtes , puisque sa métamorphose.n'est pas encore opérée. 30 Archæologie. absolument différent. En expliquant plusieurs autres peintures de vase dans les livraisons précédentes, le C. Millin avoit plusieurs fois eu occasion d'observer’ que la grande quantité de sujets bacchiques qui se” trouvent sur les vases, les attributs de Bacchus intro- duits dans des fables qui lui sont étrangères, leur. conservation dans les tombeaux où on les découvre aujourd'hui, que tout enfin atteste leur usage reli- gieux et leur rapport avec l'initiation aux mystères de ce dieu : et d’après cela on ne sera pas étonné de trou- ver, au revers de l’expiation d'Oreste , une scène bac- chique, qui, par la disposition de l’ensemble, et par l'attitude des différentes figures , offre une espèce de parodie de la peinture qui orne le devant du vase. Le C. Millin pense que celle-ci représente « une scène « d’un drame héroïque, et que celle du revers nous en «offre également une d'un drame satyrique : peut- « être étoit-elle relative aux cérémonies de l'initiation; « peut-être la couronne, les bandelettes de laine, la « petite boule, le credemnon qu’on y voit, étoient-ils « offerts à l’initié, déguisé en Satyre, par deux per- « sonnages représentant Bacchus et Ariadne. Les deux « personnages du haut parlent peut-être sur l'admis- « sion du néophyte, l’un en faveur de cette admission, « l’autre pour la lui faire refuser ». ù Dans la seconde dissertation , le C. Millin donne la description d'un beau vase de marbre de Paros, orné d'un bas-relief curieux, de la collection de M. de Hoorn. Ce charmant bas-relief est figuré séparément sur la 31.2 planche; il est du genre d'ornement qu'on appelle improprement arabesque, Le milieu est un Mélanges. 31 +andelabre formé de la réunion de feuilles d’acanthe placées lune contre l’autre.-Les enroulemens des feuilles inférieures daivent servir de supporbtan cande- labre , dont les deux feuilles supérieures doivent être considérées comme le füt. Le vase qui contient la ma- tière inflammable est caché dans les feuilles, et n’est indiqué que par la flamme qui s’en échappe. Les can- delabres étoient ordinairementcomposés detrois pièces, la base, le fût etle chapiteau; les deux dernières pièces $e plaçoient ou s’enlevoient à volonté, selonqu'on vou- loit exhausser ou abaisser la lumière. Le candelabre du bas-relief qui orne le vase de M. de Hoomna que les deux premières parties, et la lampe est placée im- médiatement sur là seconde : les deux monstres placés de chaque côté de ce candelabre posent une patte sur la première partie. Dans la troisième dissertation , le C. Millin donne l'explication de la peinture d’un vase grec de la col- lection de Paroi, qui représente un’ vainqueur à la course des chars. Le bouclier bœotien du vaïrqueur, figuré sur ce vase, fournit à l’auteur l’occassion de con- signer dans une note les réfléxions suivantes, qui se— rouf surtout utiles aux artistes. « Dans la composition « des tableaux, dit-il , dans les représentations drama- « tiques, on ne fait souvent pas assez d'attention à la « forme du bouclier. Pylade, dans phigénie en T'auride, revenant à la tête de ses soldats délivrer son cher Oreste de la fureur de Thoas, et Agamem- R # r von rentrant dans ses Etats, doivent porter le bou- «. clier argien. Les héros thébains , au contraire , Épa- « minondas et Chabrias; Eiéocle et Polynice, les 32 Archæologie. « « « « « À gardes de la suite d'Œdipe, doivent avoir le bow- clier bœotien. Philippe, Alexandre et les Macédo- niens , doivent porter un grand bouclier rond , orné de six lunules; les légions romaines, le grand bou- clier parallélipipède , carré long, appelé scatum ; et la cavalerie romaine, le petit bouclier rond, ap— pelé parma. Les Amazones, les Arimaspes, doi- vent avoir un bouclier en forme de croissant , appelé pelea ; les Arméniens, les Parthes, un bouclier: échancré sur les bords; les anciens Espagnols, un petit bouclier rond appelé cesra. Cette attention est absolument nécessaire pour caractériser les contrées auxquelles appartiennent les personnages que l’on représente. Les artistes grecs n’y manquoient point ; et dans un tableau du Pœcile, on distinguoit très- bien , à la forme de leur casque, les Thébains qui étoient venus secourir les Athéniens au combat de Marathon. DEMOSTHEN. 7 Neæram, p- 816. Les modernes ne sont pas si scrupuleux. À l'Opéra et sur le Théâtre Français, on voit souvent les guer— riers grecs où romains non-seulement armés de boucliers. antiques distribués sans attention au -temps et aux contrées, mais on les voit même armés de ces boucliers en pointe dont on ne trouve l'usage qu’au temps des croisades, et qui n’appartiennent qu'à l’époque de la chevalerie ». Devant le héros se trouve placée la Victoire, qui - o . lui offre une bandelette, sans doute comme le prix qu'il vient de remporter à la course. À cette occasion le C. Millin donne quelques dé- tails sur cette divinité imagince par le génie alléo- rique Mélanges. : 33 rique des Grecs, si chère au peuple romain, et dont . al importe aux Français de bien connoitre les symboles, puisque leurs exploits donnent aux artistes des occa- sions si nombreuses de la représenter. « Au temps d'Homère, les Grecs n’avoient point encore personnifié la Victoire. Le mot Nzké, dans ses poëmes , signifie. directement l'avantage qu’on _obtient -sur ses ennemis ; et ce succès est dû à la valeur que déploient les héros, et à la protection que leur accordent les dieux, entre autres Mars et Pallas, qui président particulièrement aux combats. Tout l’Olympe prend parti dans la grande querelle entre les Grecs et les Troyens : les moyens que les - dieux emploient font alternativement triompher les uns et les autres, jusqu'à ce que les Destins, dont les décrets sont immuables , livrent Ilion aux Grecs. Mais la Victoire n’est Jamais citée au nombre des divinités ». - Hésiode est le premier qui ait personnifié la Vic toire : selon lui, Nike ( c’est le nom grec de la Vic— toire } étoit fille de ÆAreios, un des Titans, et de la pymphe S4yx , fille d'Océan et de Téthyÿs. Hésiode, ayant fait, de la Victoire un être pensant et agissant , personnifia aussi les dons et les moyens qui peuvent la procurer. IL lui donna pour frères Zélos , Xratos et Bia; c’est-à-dire, l'Æ rnulation,la Force etla Fiolence. Nikè habitoit avec ses frères devant le Tartare, dans une grotte éloignée du séjour des autres dieux > d'où Styx et ses enfans, par les conseils d'Océan, volèrent dans l'olympe au secours de Jupiter atta— qué par les Titans, Nikè contribua beaucoup à leur Tome FI, C 34 Archæologie. défaite , et mérita, par cet important service, l’hon=« neur d’avoir à l'avenir sa place dans l’olympe auprès du maitre des dieux. Nikè obtint bientôt des antels : ét comment un peuple qui offroit ses vœux au dieu des combats, auroit-il négligé le culte de la divinité qui en assure le succès? Elle devint la compagne de Mars et celle de Minerve; les artistes cherchèrent à la re- présenter en adoptant les fictions) des poëtes, et en lui donnant les attributs qui pouvoient la caractériser. IL paroïît cependant que d’abord le culte spécial de la Victoire ne fut pas très-répandu , et que c’étoit Minerve, la déesse protectrice des Athéniens, qu’on adoroit sous ce nom. Euripide ne fait pas mention de la Victoire comme d’une divinité particulière. Le mot Nzké n’est pour Jui qu'un surnom d’'Ashèné | Minerve]. Il l'appelle plusieurs fois Athénè Niké [Minerve Victoire]. C’est sous ce nom que le chœur, à la fin de l’phr- génie en Tauride et des Phœniciennes, supplie la déesse de demeurer toujours avec lui et de le proté- ger : le chœur l'invoque aussi dans la tragédie intitulée Ton. Eustathe dit que le nom de Nike lui avoit été donné pour indiquer que c’est la prudence qui pro- cure la victoire. Minerve Nikè avoit un temple à Athènes ; sa statue éloit sans ailes : elle tenoit une grenade dans la main gauche, et un casque dans la main droite. C’est ainsi que le voyageur Héliodore la décrivoit dans le premier livre de son Traité de VAcropole. Les Mégaréens avoient aussi consacré un temple à cette déesse. Mélanges. 35 Pindare personnifie la Victoire. Selon lui, celui qui remporte la victoire se jette dans les bras de Nikè, 5] tombe dans le sein de Nikè d’or. Cette dernière expression ‘peut faire présumer que Pindare parlé à la fois ici dans un sens figuré et dans un sens direct. Le mot d'or, dans le style figuré, signitioit tout ce qui est précieux; et qu'y a-t-il de plus précieux pour un athlète que la victoire ? Il désigne peut- être aussi, dans un sens direct, la Yictoire d'or qui étoit à l'extrémité de la carrière, probablement as- sise, et dans le sein de laquelle le vainqueur alloit tomber, après avoir touché le but dont elle étoit La marque. Athènè Nikè étoit figurée avec ou sans ailes. Aristophane, qui lui attribue des ailes d’or, dit que les dieux lui donnèrent celles qu’ils avoient ôtées à Eros [l'Amour |, afin qu'il ne pût revenir dans le ciel. Le poëte Aristophane, dans Athénée, ra- conte la même chose. M. Voss en conclut qu'A- tènè Nikè reçut des aïles plus tard que l'Amour; mais cette fable ingénieuse peut avoir été imaginée sans une stricte observation chronologique : il est même certain qu'Athènè Nikè avoit été figurée avec des ailes avant le temps d'Aristophane > puisque Æschyle en fait mention dans ses Æuménides (3). (8) mamédos A Üm maps. Eumenid. 999. WINCKELMANN ( Monum. inediti, tom. II, pag. 2) a pris ces mots dans un sens direct. M. Voss ( Mythologische Briefe, I1:, 32) dit qu’il faut entendre ceci dans un sens mythologique. M. ScaurTz ( in Æschyli versum cit, ) est aussi de cette opinion. Tous les deux ont raison, sans doute. AEschyle parle ici dans un C 2 36 Archæologie. Eustathe dit expressément que la Victoire commu niqua à Pallas ses ailes d'or. Il y avoit dans le portique de la citadelle de Sparte, des Victoires assises sur des aigles. Sans doute elles n’étoient pas ailées; car il auroit été in- convenant de les placer sur le plus rapide des oiseaux. L’aigle indiquoit que la Victoire étoit fille de Ju- piter ; et toutes les fois qu’on lui donne cette origine, on entend 4théné Niké [| Minerve Victoire |. Il reste encore des médailles qui représentent Minerve avec des ailes : on la voit ainsi sur une belle monnoie d’or d’Agathocle , roi de Sicile. Elle est armée du casque et du bouclier, et vibre sa lance : devant elle est sa chouette. Sur une médaille de bronze de l'ile de Néa, la déesse est casquée , ailée, et tient unet palme et une couronne. Bupalus, selon Pline, a vécu dans la soixantième olympiade. Son père, dit un ancien scholiaste d'A ristophane, qui cite Carystius de Pergame, est le premier artiste qui aît donné des ailes à la Victoire et à l'Amour. Il doit avoir vééu dans la cinquante troisième olympiade. Selon d’autres, ce fut Aglao— phon, artiste né à Thasus, qui peignit ainsi le pre- mier ces deux divinités (9). sens figuré ; mais cette figure lui a probablement été sug= gérée par la vue des représentations de Minerve avec des ailes. (o) Dans l'Etruria reg, pl. zxxt, on voit uû combat. Au-dessus des combattans est une femme aïlée. Buoxnar- ROTI, Ossery., p. 8, pense que c’est une Victoire ; mais cette femme paroit plutôt précipiter de son char le héros Mélanges. 37 Les Grecs ont aussi figuré Niké [la Victoire] différente de Minerve. Au milieu du fronton du temple de Jupiter Olympien, il y avoit ane Vic- toire dorée; sur-les degrés du trône on voyoit quatre Victoires qui dansoient ensemble’; enfin, beaucoup de divinités tenoient à la main des images de la Victoire. Le génie allégorique des anciens , pour exprimer que la Victoire vient des dieux, avoit représenté quelques-uns d’entre eux ayant dans une main cette image. Ces divinités prenoient alors le surnom de Nicéphore , c'est-à-dire , qui porte la Victoire. Le Jupiter Olympien de Phidias tenoit dans lamain droite une! Victoire, qui étoit d’or et d'ivoire , comme la statue du dieu; cette Victoire portoit elle-même une. bandelette et une couronne. La Minerve de ce grand statuaire tenoit aussi une image de la Victoire. Depuis ce temps, les représentations des divinités nicèphores furent très-multipliées , ét elles se ren- contrent fréquemment sur les médailles et les pierres gravées. Mars, Vénus, Hercule, Jupiter et Mi- nerve tiennent souvent dans la maip une Victoire, et cet attribut a passé à la déesse à Rome, que l'on voit ainsi sur une infinité de représentations et sur plusieurs médailles. Ta Victoire se remarque qui est auprès d'elle, que le conduire. Il se peut que la partie inférieure de son corps , qui est cachée, se termine en dragon ; comme celle du monstre ailé qui est dessous ; on ne sauroit donc approuver l’opinion de Buonarroti, qui pense que Bupalus a emprunté des Foscans l’usage de donner des ailes à la Victoire. C 3 38 Archæologie. même dans la main des empereurs. Denys l’ancien enlevoit quelquefois ces petites Victoires d’or que les dieux tenoient dans leurs mains. Je ne les prends pas, disoit-il, je les accepte. Verrès, qe son goût pour les arts a porté aux plus condamnables excès, enlevoit, à l'exemple de Denys, les petites statues d'or des mains des divinités. Il s’empara ainsi d’une fort belle Victoire qu’il avoit détachée , à Enna en Sicile, de la main d'une grande statue de Cérès. 11 en avoit emporté plusieurs d’un temple de Junon, sur le promontoire de Malte. | Après avoir personnifié la Victoire, on voulut ca- ractériser le genre de triomphe auquel elle avoit présidé. On la représenta sur une proue de vaisseau pour indiquer une victoire navale. C'est ainsi que nous la voyons sur les médailles de Rhodus et de Tripolis.en Phænicie , ainsi que suf beaucoup de mé- dailles impériales. I} reste encore une statue en marbre d’une Victoire navale ; elle est dans le musée Pio-Clémentin. Parmi les bronzes d’'Herculanum, on voit une jeune femme nue, parée d’un collier , ayant en bau- drier une ceinture composée de lunules , et qui tient un trophée. Les académiciens de Naples pensent que c’est une Victoire étrusque, peut-être la déesse Vacuna des Sabins, que Varron regarde comme la Victoire. Le triomphe obtenu dans les jeux étoit représenté par une image de la victoire placée dans un bige. C’est ainsi qu’on la voyoit dans le char de Timon, fils d'Ægyptus, citoyeu de l’Aulide, et vainqueur Mélanges. 39 dans les jeux olympiques. Elle est figurée de même sur les beaux tétradachmes de Syracuse. Ce signe de la Victoire dans un bige fut aussi appliqué, dans la suite, aux succès guerriers. Les Romains durent adopter avec transport ce signe si convenable à leur esprit belliqueux. INikè devint chez eux la déesse Victoria [la Victoire |. Ils lui élevèrent des temples , des autels, et la figurèrent de mille manières sur leurs monumens, près de leurs trophées , sur leurs arcs de triomphe : ils fabriquèrent même des espèces d’automates ou de poupées repré- sentant l’image de la Victoire, qu'ils faisoient des- cendre , au moyen de poulies , pendant que le général vainqueur passoit sous l'arc de triomphe, pour lui placer une couronne sur la tête. Il y avoit un esclave public dont l'office étoit de soutenir une couronne sur,la tête des tr'omphateuxs. On fit ensuite des chars ornés d’une figure de la Victoire, qui tenoit la couronne sur la tête du gé- néral vainqueur. Peut-être cet usage venoit-il des Grecs; car c'étoit ainsi que , parmi les dons faits au temple de Delphes par les Cyrénéens, on voyoit la statue de Battus couronnée par la nymphe Lybie, Un beau médaillon des Périnthiens fait voir Cara- calla couronné ainsi par la Victoire. Dans le somp- tueux banquet que le questeur C. Vibius donna à Métellus Pius, il fit arriver en l’air, par une ma- chine, une Victoire qui posa une couronne sur la tète de Métellus. Les Romains bätirent , pour la première fois, un C 4 40 Archæologie. temple à la Victoire, sous le consulat de L. Posthu- mius et d’Attilius Regulus. Ils lui dédièrent encore uu temple de Jupiter Trés-bon, après la déroute de Cannes. Fiers ensuite du succès de leurs armes contre les Carthaginois et les autres peuples, ils multiplièrent dans Rome les images de la Victoire. Sylla, victo- rieux, établit des jeux publics en son honneur. Elle avoit à Rome une ædes, auprès de laquelle M. Porcius Cato dédia une ædieule de la Victoire Vierge, lan de Rome 559. Publius Victor parle d'une statue d’or de la Victoire placée dans le Ca- pitole ; elle pesoit trois cent vingt livres : elle avoit été envoyée, dit Tite-Live, par Hiéron, roi de Syracuse. Bocchus, roi de Numidie et beau-père de Jugurtha, après avoir livré lächement à Sylla , son gendre, qui, après sa défaite par Marius , étoit vênu lui demander un asile, consacra dans le Capi- tole des images de la Victoire. Il paroïît que la Victoire étoit devenue le sym-— bole de l’Empire. Jamais ses images ne furent plus multipliées que sur les médailles impériales ; celles frappées à Rome nous l’offrent très-fréquemment. Cette image fut même adoptée par les empereurs qui professèrent le christianisme. Les habitans de Tripolis en Afrique présentèrent à Valentinien des images d'or de la Victoire. Les vœux offerts pour les empereurs sont ordinairement inscrits dans une couronne tenue par une image de la Victoire , et cet usage se trouve sous le règne de Caracalla : un6 lampe tirée des ruines d'Herculanum prouve qu'ik Mélanges. 41 existoit, même au temps d'Auguste. Un attribut distinctif des empereurs romains , étoit d’avoir une Victoire d’or placée près de leur lit. On voit sur une médaille d'or d'Auguste , la Curia Julia bâtie par cet empereur en mémoire de Jules Cæsar , en 725, et dans laquelle il avoit con- sacré une image de la Victoire , apportée autrefois de Tarente, pour manifester que c’étoit d’elle qu’il tenoit l'empire. On porta cette statue dans la céré- monie de ses funérailles , et elle existoit encore au temps d’'Hérodien. Il paroït que c’est celle que l’on voit sur un globle placé sur le faîte de la Curia Julia. Le tympan du temple élevé par Caïus, fils d'A- grippa et petit-fils d'Auguste, étoit orné de quel- ques Victoires , à l’occasion desquelles on trouve dans l’Anthologie cette épigramme singulière : » Quatre « Victoires , dit le poëte anonyme, emportent sur « leurs ailes quatre enfans des dieux , Minerve guer- « rière, Vénus, Alcide, et Mars inaccessible à la « crainte; elles vont les piacer sur le faite de ton « temple, ce faite qui se distingue par sa peinture : « elles s'élèvent ainsi au ciel. O Caïus ; rempart « de Rome ta patrie! le Buphage (Hercule) te fera « devenir invincible ; Cypris t’accordera un hymen = R fortuné ; Pallas te donnera la prudence, et Mars te « rendra invulnérable ». me. Il y avoit dans le Cirque trois statues de la Vic- toire ; elles tenoient à la-main des orbes ou des globes sur lesquels étoit le nom de empereur. Parmi les signes qui annoncèrent la mort de Septime $é— 42 Archæologie. vère , on raconte que le jour de la représentatioæ des jeux, comme les Victoires de plâtre avoient été mises à leur place ordinaire avec leurs palmes , celle du milieu, qui précisément tenoit le'globe sur lequel son nom étoit écrit , fut renversée par le vent et tomba ; celle qui portoit le nom dé Géta tomba également et fut entièrement brisée : celle qui por- toit le nom de Bassianus | Caracalla | perdit sa palme, et eut bien de la peine à résister à l'effort du vent; cependant elle demeura à sa place. Le culte de la Victoire n’a cessé que vers la fin du quatrième siècle ; et Symmaque nous a conservé le récit de Pindignation que Pabolition de ses sacri- fices causa au sénat , et de la longue résistance qu'ik y opposa. Sur des diptyques faits sous les empereurs , on voit une Victoire comme on en rencontre sur les nédailles de plusieurs empereurs chrétiens depuis Constantin : elle n’étoit plus un simulacre supersti— tieux, mais un symbole. On portoit , dans les armées romaines, une Vic- toire tenant une couronne de laurier et placée de- bout sur un globe : elle suivoit les autres enseignes et servoit à encourager les soldats. On la voit sur les bas-reliefs de l'arc de Trajan , consacré ensuite. à Constantin, et sur celui de Titus. Ja chute des statues de la Victoire étoit, comme nous venons de le voir, un présage funeste. Le simu- , lacre de la Victoire étant tombé de lui - même à Camulodunum , avec la face tournée comme si la déesse fuyoit l'ennemi, on regarda cela comme ue Mélanges. 43 signe de défaite. Un poëte de l’Anthologie a su tirer un parti heureux de cette superstition , dans cette épigramme sur une statue de la Victoire dont les ailes avoient été emportées par la foudre : « Rome, « souveraine du monde, dit-il, ta gloire est impé- « rissable; la Victoire ne pourra jamais t’abandon- « ner, puisqu'elle est sans ailes ». Les images de la Victoire sur les médailles ro- maines sont si multipliées, que leur description for- meroit seule un gros volume. Elle est représentée debout , assise dans un bige ou dans un quadrige , suivant ou précédant le char du triomphateur , ou planant au-dessus , lui offrant une couronne ou la lui posant sur la tête, arrangeant un trophée, assise sur un monceau d'armes, appuyée sur une colonne , placée sur un globe, etc. Quelquefois il y a plu- sieurs Victoires, comme sur les médailles de Mar- cus Aurélius , avec l’inscription , vic. P. [ Wiccoria Parthica |. La Victoire , sur les médailles romaines , se voit aussi dans les mains des divinités que nous avons indiquées , et elles prenoient alors le surnom de V'ictorieuses : c’est ainsi que sont figurés Jrpiter Victor, Minerva Victrix (10), Roma Victrix. (10) Il ne faut pas confondre Minerva Wictrix avec Athènè Nikè. Selon Arisrine (Orat, in Pallad.), plusieurs divinités ont le surnom de Victorieuses; mais Minerve est la seule qui soit directement appelée Victoire. Les Athéniens avoient ‘une Athènè Nikètèria [ Minerve victorieuse ] comme les Romains avoient une Minerva VWictrix. Is snrnommoient Athènè, Nikè, pour indiquer qu’elle donne la victoire par 44 Archæologie. On voit sur plusieurs médailles Marc-Aurèle pré- sentant à Faustine une Victoire qui la couronne. Rien de plus commun que les images de la Vic- toire ailée. Ces ailes étoient ordinairement d’or, d'après le surnom que les poëtes et les auteurs lui donnent souvent. Dans la magnifique pompe dio-- nysiaque de Ptolémée Philadelphe , décrite par Athénée , on voyoit plusieurs Victoires avec des ailes d'or. 4 Les statues de la Victoire sont très-rares, ou parce qu'elles étoient de bronze , et qu’elles ont été dé- truites par l’avarice, ou parcé qu’elles ont perdu les symboles distinctifs qu’elles avoient dans les mains où sur les épaules , et qu'on ne peut plus les re- connoître ; ou- parce que la résistance opposée aux empereurs les a souvent engagés à détruire tous les monumens de ce culte. La statue conservée dans le musée Pio -Clémentin est une des plus belles qui nous soient restées. La Victoire est ordinairement vêtue , comme nous la voyons ici, d'une longue tunique retenne par une ceinture. Le manteau très-court, éomposé de deux parties, et placé sur les, épaules, s'appeloit épornis ; la diploïde et lhémidiploïde’ dont parle Pollux , en étoient une variété : on voit ici que ce vêtement est en ellet plié en deux. Ce petit manteau est presque toujours donné à la Victoire : il lui con- la prudence, qui dirige les actions ; let ils la nommoient Nikétèria { Victorieuse }, en commémoration de son triomphe sur Neptune ; par lequel elle obtint l'honneur de donnes: son nom à la ville de Cécrops. Mélanges. | à5 vient , dit M. Boettiger, pour ne pas gêner le port et le mouvement de ses ailes. Cependant la Vic=: toire porte encore dessous une longue tunique dorique; ainsi il faut supposer à ces diflérens vêtemens une ouverture pour le passage des ailes. D’après cela , un peplus ne la gêneroit pas plus que l’épomis ; mais l’épomis a plus de légèreté , et convient mieux à une divinité dont l’inconstance a été exprimée par des ailes , par son geste animé ; et souvent aussi par sa position sur un globe. C’est à tort que Winckelmann a avancé que la Victoire est toujours coiffée comme Diane. Souvent ses cheveux sont relevés comme ceux de cette déesse, mais souvent aussi ils flottent au hasard. On en a un exemple dans une statue de Florence , et sur une pierre gravée de la collection du Palais Royal. L’ornement de la tête de notre! Victoire est celui qu'Homère appelle ampyx : il forme derrièré une espèce de treillis indiqué par des traits croisés qui annoncent des vides. Lorsqu'on faisoit relever les cheveux par derrière , comme nous le voyons ici, cette coiffure s’appéloit azadesmé , et de cette ma- nière ils flottoient au gré des vents. Asius , das un fragment conservé par Athénée , dit que pen- dant la procession des jeunes filles d'Éphèse , leurs cheveux flottoient dans des Zzens d'or : ces mots indiquent sûrement l'ampyx; cet ornement des femmes avoit passé dans la parure des chevaux, qui étoient appelés chrysampryrkhes ; c'est-à-dire, à l’empyx d’or. La Victoire doit toujours avoir un air riant. Daus 46 Archæologie. une épigramme de Pallas d'Alexandrie , le poëte anterroge la Victoire ; il lui demande pourquoi elle a l'air affligé : un arrêt injuste cause sa peine; elle a été donnée à Patricius. Et dans cette autre épi- gramme de lAnthologie, le poëte qui en est l'au- teur dit : « Nous sommes les Nicées , vierges riantes ; « nous portions la Victoire à la ville qui honore le « Christ : les amis de cette ville nous ont peintes « avec les symboles qui nous conviennent ». Du- cange pense que ces Victoires étoient dès statues pla cées à Constantinople; cependant le mot fypaÿay prouve que c’étoient des peintures. Pour quel genre de victoire le héros recoit-il cette récompense ? Il ne paroît pas que ce soit à l’oc- casion d’une victoire militaire , «et il est plus pro- bable que c’est pour avoir remporté le prix dans les jeux, à la course des chars : le cheval que le héros tient par la bride en est le signe , c'est un de ceux qui étoient attelés à son bige ou à son quadrige (11). La bandelette ou diadème dont le guerrier est (11) Le vase figuré sur la planche 53 du premier volume de la Collection des vases grecs d'Hamilton , nous fait voir une Victoire qui présente une couronne à un jeuns homme assis de côté sur un cheval ; il porte un petit bou- clier rond et un bâton court. M. Italinski ne sait coniment expliquer ce bâton: M. Hamilton pense que c’étoit un bä- ton que: l’on ramassoït en courant ‘dans le stade: 11 me semble que le bouclier rond indique un Argien, que le bà- ton court est un javelot, et que la Victoire le couronne pour avoir remporté le prix dans des jeux , comme elle offre ici une palme à notre vainqueur Bœotien. On voit une figure semblable dans une peinture inédite dessinée Mélanges. . # teint , et qui ornoit le front des vainqueurs dans les jeux sacrés de la Grèce, celle qui lui présente la, Victoire , sont encore des preuves qu'il s’agit ici d’une victoire athlétique. Dans le haut de la peinture on remarque une feuille de lierre et un pain mystique , symboles de l'initiation ; ce qui confirme encore plus qu'il est question ici d’une victoire athlétique. Nous avons déjà vu que les combats athlétiques etoient un sym= bole des travaux que -devoit surmonter celui qui vou- “loit atteindre à cette perfection , qui étoit le but de initié. T: EF. W. par M. Tischbein , qui représente un combat de Grecs et d’Amazones. Sur plusieurs diptyqués, on voit l’aurige qui ä remporté le prix, tenant ainsi par la bride le ‘coursrer à qui il doit la victoire“ Gor1, Thesaur,, diptych., ti, pl.-11, 12. POËSIE LATINE. Au C MrrLrin, rédacteur du Magasin Encyclopédique , sur une nouvelle tra- duction des Sylves de Stace. Crrovex , je lis dans ce moment , avec beaucoup de plaisir , une nouvelle traduction des Sylves de Srace (1). Cette nouvelle version se présente avec plu- sieurs avantages sur toutes les précédentes. Elle est : acompagnée d’un discours préliminaire et de sa— vantes zotes, qui se font lire avec intérêt et avec fruit. Le nouveau traducteur paroît s'être appliqué à connoître et à examiner à fond les commentaires et les traductions connues de ce même poëte en différentes langues. Il s’est promis de profiter de leurs Jumières , et surtout de leurs écarts et de leurs er- reurs , pour les éviter. Il a même pris soin d’en (1) « Silves de Purcivs Parrwius SRACE , traduites d’a- « près les corrections de J. Markzanp, avec le texte et « des notes, par M. S. DrerarTour » traducteur des Œuvres « de Claudien. Epigraphe : Statii Silvas , egregium atque in eo « genere unicum Opus, quodque autori suo felicissimè omnium « successerit, non solùm publicè enarrandas , sed ediscendas « etiam, et oratoribus+æquè poctisque imitandas exprümandasque « censemus. ANG. PoriTrant oratio de Statii Silvis ». À Paris, chez Colnet , libraire , rue du Bac , n.° 618; Treuttel et Wurtx , quai Voltaire; et Mongie; Palais-Égalité. An xr1. Très - fort vol. in-8.° d'environ 650 pages. Prix pour Paris, 6 fr., et 8 fr. pour les départemens. relever Sylves. : 49 relever et d'en réfuter un nombre dans son discours préliminaire. J'ai été curieux de m'instruire d’abord sur le mat Sylve. On lit en tête des deux dernières traductions dans notre langue , toutes deux de l’année der- pière , quelques détails sur ce genre de poésies , satisfaisans pour bien des lecteurs. A la suite ce- pendant de cette lecture , ma première idée fut d'ouvrir nos Encyclopédies pour rapprocher et com- parer ce que je pourrois y apprendre de plus. Je consultai d’abord le recueil agréable et instructif de: l'Encyclopédie Zittéraire et méthodique du C. Naiï- geon ; puis l'Encyclopédie in-folio , en 39 volumes. . Je croyois puiser abondamment dans cette Océan de connoissances et d’érudition , de littérature ét de sciences ; J'espérois , dis-je, y trouver quelque chose d’instructif et de satisfaisant : mais point du tout ; en ne rencontre ni dans l’une ni dans l’autre En- cyclopédie, pas un mot, pas un seul mot de /z#é- raïre sur le mot SYLVE. D’après cette omission to- tale dans ces deux savans recueils, j'ai pensé faire plaisir à quelques lecteurs , si je rappelois ici ce que Jai pu recueillir sur cet objet de littérature et de poésie, assez généralement peu connu. « Voici d’abord , et en peu de lignes, les notions les plus essentielles sur ce genre de composition , que nous offre le nouvau traducteur , M. Dela- tour, dans son Discours préliminaire. Je pui- serai ensuite , dans le recueil des Sozrées littéraires, des détails plus étendus et non moins satisfaisans sur le même objet. Tome FI. , D bo Poésie latine. « Ce titre , chez les anciens ( dit M. Delas «tour }, a eu deux acceptions : la première est tirée « de ces arbres diflérens d'espèce , de forme, de « grandeur, dont la réunion confuse forme les fo «rêts: la seconde , de ces abatis sans soin et sans or- « dre, qui appellent la main de louvrier pour rem- «plir leur destination. De ces deux sentimens , l’un « appartient à Cicéron, Aulu-Gelle et Suétone ; l’autre « appartient à Quintilien. « Sylve ; dit l’auteur des Soirées littéraires (1), vient du mot sy/va, parce que cette sorte de com- position est formée de vers sur différens sujets, comme une forêt est formée de l'assemblage d’arbres de di- verses espèces. Ces poésies, qui sont ordinairement courtes, sont le fruit de l’enthousiasme du moment, d’une heureuse boutade , d’une sorte de fureur poé- tique , subitus œstri poetici fructus. « La Sylve tient à tous les genres de poésies. Elle admet l'éclat de l’ode , les douleurs de la plaintive élégie , la simplicité touchante de l'idylle , la fi- nesse de l’épigramme, le sel de la satyre. Elle se prête à tous les tons. C’est un mélange de petits poës mes tour à tour nobles , gracieux , énergiques et doux, sages et volupteux, qui tombent sans effort du sein des Muses, comme les sons échappent d’une (2) Les Soirées Littéraires, par M. Couré, 20 vol. in-8.0; excellent recueil, d’un goût sûr , de littérature la plus va- riée , grecque , latine , française , allemande , italienne, etc; ouvrage classique ; qu’on ne trouve point dans plusieurs de nos biliothèques publiques, pas même dans celle du Prytanée , et qui ne devroit manquer dans aucune. Sylves. 0 CU lyré harmonieuse. Cette. composition est particulière aux Romains , comme le madrigal et le sonnet , ignorés de ces maîtres du monde, sont particuliers aux nations modernes, « Les savans ne nous apprenent point quel est l’in- venteur des Sylves. Nous pouvons regarder les Sylves de Stace , comme le modèle de cette composition rapide , variée , sans prétention , comme sans mé- ditation. C’étoit une sorte d’impromptu dont on pouvoit corriger ensuite les fautes, dit Quintilien, changer les expressions , donner du nombre et de Pharmonie sans détruire la légèreté et la grâce > qui sont l’essence de la Sylve. «Il y a une grande analogie entre la Sylve et l’é- pigramme , du moins sous les rapports dont les Ro- mains concevoient ces deux genres ; puisque Stace, suivant la judicieuse remarque de Sénécé , a tra- vaillé précisément sur les mêmes sujets que Mar- tial. Mais les Sylves sont susceptibles de plus de grâces, de richesses et d’ornemens. Celles de Stace abondent en pensées brillantes . . . Je ne sais pour- quoi il s'excuse auprès de son ami Stella , de s’être livré à un genre si léger. Tant de vers charmans ne déshonorent pas sa Thébaïde . + . « Depuis Stace , plusieurs auteurs, à la renais- sance des lettres, ont aussi composé des Sylves. On en trouve beaucoup dans les poëtes du moyen âge, dans l’Écossois Buchanan , dans notre Théodore de Bèze, dans l'Italien Flaminio, dans le Flamand Si- donius Hoschius , né au diocèse d’Ipres, en 1996, eb dont les vers sont dignes du siècle d'Auguste. D 2 b> Poésie latine. Mais la plupart des poëtes ont dénaturé ce genre , en l’étendant ou en le resserrant ; et la plupart con+ fondent les Sylves avec les impromptus, ou les re- gardent comme de simples mélanges ». Ilne faut pas omettre que dans le seizième siècle, nos poëtes s'occupèrent de Sylves dans notre langue , sous le nom de bocages, par allusion au mot Sylve, forêt. Le mot S&yWe ; chez les Romains , signifioit en- coré des jeux publics. Le chevalier de J'aucourt les définit ainsi. « C'étoit une espècede chasse. On cons- truisoit une forêt artificielle dans le cirque , avec de gros arbres*que l’on faisoit apporter par des sol- dats et qu’on y replantoit. On y lächoit quantité de bêtes que le peuple poursuivoit à la course, et qu'il falloit prendre vives. C'est pourquoi on n’y lächoit point de bêtes féroces , comme on faisoit au Pan- carpe , qui étoit un autre spectacle à peu près sem- blable. Ces Sylves ne durèrent que ghsqu'à Cons- tantin. La plus fameuse Sylve dont parle l’histoire, fut donnée par l’empereur Gordien. 11 y avoit deux cents cerfs , trente chevaux indomptés, cent chèvres , dix élans, cent taureaux, trois cents autruches , trente ânes sauvages et deux cents daims ». Pour compléter ce qui regarde le mot sylve , il faut savoir qu'il indique encore deux villes de Portugal. Voy. La Martinière ; dernière édition, aux mots SILVES et SYLVES. Après cés différentes définitions , il convient de s'arrêter aux Sylves mêmes de Stace , qui passe assez généralement pour être l'inventeur de la chose Sylves. 53 et du mot. Quelques personnes cependant , préten- dent qu'avant lui, Lucain avoit composé dix livres de Sylves qui ont été perdus. Le recueil de Stace est partagé en cinq livres : chacun est composé de plusieurs pièces qui offrent un ensemble de la plus grande variété pour le mé- canisme de la versification,: pour les sujets qui y sont traités et pour leur étendue. Ce recueil contient des épitres , des poëmes, des odes , une palinodie, etc. Un nombre deces piècesest en versalexandrins; quatre dans le mètre de Catulle, et les autres en vers al- caïques, iambiques, etc. Les sujets de ces poésies sont la statue de l'empereur, les remercimens du poëte, d’avoir été admis à sa table impériale; son dix-septième consulat; la voie domitienne, la mort du lion apprivoisé de l’empe- reur, C’est un perroquet, un arbre chéri, Hercule à la table de Vindex, la chevelure d’Earinus. Ce sont deux descriptions de saturnales , deux de maisons de plaisance et une description de bains; un épitha- lame. Il célèbre le jour natal de Lucain, et deux naissances qui comblent les vœux de deux familles; la convalescence d’un ami : ce sont des adieux à un ami. Enfin, il célèbre la mort de son père, d’un fils adoptif, celle de Priscella, du père d'Étruscus et de deux affranchis chéris de leurs maîtres. Chaque livre des sylves est précédé d’un envoi ou épitre dédicatoire en prose, à un ami ou à un protecteur , à qui le poëte expose, avec quelque détail, le contenu du livre qui lui est adressé. On a remarqué que le style de Stace , dans sa prose D 5 54 Poésie latine. très-inférieure à ses poésies, est embarrassé , obscur, beaucoup plus difficile à entendre que ses vers, et que ce défaut lui étoit commun avec Virgile et Martial (3). Ceci me rappelle une assertion qui tombe ici d'elle même , d’un critique cependant judicieux et très-ins- truit. « Tout grand poëte, dit-il, est toujours bon « prosateur; mais tout bon prosateur n'est pas tou- « jours grand poëte; la raison en est sensible : qui « peut Le plus, peut le moins; et qui peut le moins, & ne pent pas toujours le plus (4) ». Il y a dans cette assertion quelque chose de spé cieux et de vrai, à quelques égards, qui pourroit même être confirmé par plusieurs exemples. Je crois bien que la passion qu’on peut avoir pour ‘la poésie, que la lecture continuelle des meilleurs poëtes ; et plus encore , que la passion même de les imiter , et de se livrer avec ardeur à ce genre d’études et de travail; en un mot, que ces habitudes poétiques doivent contribuer beaucoup à nourrir, enrichir et em— bellir limagination -et le style d’un écrivain, même dans sa prose. On peut citer, à cet égard, La- motte, Voltaire, Marmontel, Thomas, Laharpe, Roucher, Saint - Lambert, Delille, et plusieurs autres écrivains parmi les modernes. Malgré ces exemples, les faits et l'expérience sont évidemment ” (3) Sénec. 3 Controv. Præfat. et Vavassor. de ludic. dict, (4) DEsFonNTAINES , tom. Î des jugemens , p. 273. Voyez, par rapport à cette assertion de l'abbé Desfontaines, à la fin de cet article, page 58, une Note, dont l'étendue cow- peroit trop ici le fl du discours. j Sylves. 55 contraires au sentiment de l'abbé Desfontaines ; et pour cela, il suflit de rappeler nos plus grands poëtes, Corneille, Molière, Lafontaine, Racine, Boileau et notre grand lyrique, qui ne se sont point montrés supérieurs dans la prose; on en convient assez généralement. | On va terminer cet article par un court relevé des éditions des œuyres et des traductions de Stace, indiquées par nos meilleurs bibliographes. Cette no- tice pourra intéresser les personnes qui travaillent sur le même poëte, Suivant l’Advocat, les éditions les plus recher- chées sont , la première de toutes, publiée à Rome en 1475, in-folio; celles de Barthius, 1664, trois volumes in-4.° ; de Veenhusen, cum notés variorum , Leyde, 1671, grand in-6°.; ad nsum Delphini, 1685-, deux volumes in-4°., très-rare. M. Cramer ajoute à ces éditions les suivantes GE celles de Gryphius , 1559 ; de Bernart, Anvers, 1599 ; l'édition de Markland, Londres, 1778, in-4.°; les Sylves, par le même , Londres, 1728, in-4.°; les œuvres complètes de Stace, Deux-Ponts, 1785, ‘in-8°, On attend uue nouvelle édition de ce poëte, par M. Mitscherlich, savant professeur de Goet- tique. M. Watkins (6) cite, comme les deux meilleures, (5) Dans son « Manuel de littérature ancienne classique. « An x,» 2 vol. in-8.9; tom. 1, p. 471. (6) Dans son Biographical dictionnary, London ; 1800 , un fort vol. in-8.° Ce Biographe estimé fait des deux Staces À du Rhéteur et du Paëte, un seul et même personnage. Un . D 4 56 Poésie latine. l'édition Fariorum , Leyde , 1675 (n'est-ce pas ici une erreur de date; 1675, au lieu de l’année 1671, indiquée sur tous les catalogues de nos bibliothèques ?} et celle de Warrington , deux volumes in-12, 1778. Traductions des œuvres de Stace : une anglaise, par Lewis, Londres, 1767, et plusieurs italiennes; l’une d'Erasme Valvasone, in ottava rima ; une du chevalier Jacintho Nini, et une troisième du cardinal Bentivoglio, Rome, 1729, in-foho, très-estimée; ces deux dernières, 22 versi sciolti : enfin une traduc- tion italienne en vers , des Sylves , par l’abbé Biacca ; celle-ci insérée dans le recueildes poëtes latins, traduits en vers par les meilleurs poëtes de l'Italie; la version italienne en regard du texte latin; Milan, 36 vol. in-4°, Gette édition aujourd'hui est épuisée : on travaille à une réimpression également in-4.°, qui aura quarante volumes, et dont les douze premiers ont déjà paru. “Traductions Françaises. L'abbé de Marolles et M. Cormiliolle ont traduit dans notre langue les œuvres complètes de Stace : le premier, il y a plus d'un siècle , en 1658; le second a publié la Thébaïde en trois volumes in-12, en 1783, et l’Achiléide, avee les Sylves, en 1802, deux volumes in-12. Enfin, M. Delatour vient de publier une nouvelle traduc- tion des Sylves, qui a occasionné cet article. De plus , le C. Cournand, professeur de littérature fran- çaise au collége de France, a publié une traduction en vers de l’Achiléide, Le même professeur, et autre petit dictionnaire anglais, par une société de gens dg lettres. (4 Pocket Compendium, London, 1794, un vol. in-16 }, fait naître notre poëte Fatin sous l’empereur Claude : erreurs. . Sylves. 57 quelques autres jeunes poëtes ont encore epriché notre littérature d’un nombre d’imitations en vers de morceaux choisis des différens poëmes de Stace. Citoyen, je n'ai fait , dans cet article, que recueillir et rapprocher quelques notions utiles. Mais c’est avoir beaucoup d'esprit , et le bon esprit, de savoir ne pas sortir de ses limites. Be sure yourfelf and your own reach to know, How far your genius , taste , and learning go. Launch not beyond your depth, but be discreet, And mark that point where sense and dulness meet (7). Essai on Criticism, v. 48, C'est à vous , Citoyen, et à vos savans et laborieux collaborateurs, qu'il appartient d'enrichir sur tous les objets des sciences ( 272 omni scibili, ) le Magasin encyclopédique , comme vous le faites tous les jours par un nombre de dissertations instructives et lumi- neuses , par des observations fines, ingénieuses, pi- quantes , neuves et profondes, par des découvertes les plus importantes ; qu’il appartient de féconder ce riche domaine de toutes nos connoissances , cultivé par les mains habiles et savantes des Boettiger, des Oberlin, des Villoison , des Visconti, Bassinet, Barbier, Winckler, De Sacy, La Rochette, etc. ; heureux et fertile terrain qu'ils ornent et embellissent de plantes exotiques et rares de la Grèce, de la Chine, des Deux-Indes, etc. On le sait, en effet, (7) Vois où tu peus atteindre , où tu dois t’arrêter : Garde-toi de franchir la limite précise, à Le point où la raison rencontre la sottise. Traduction de M, pu Trgizzis de Nismes. 56 Poésie latine. que votre journal, vraimeut ercyclopédique , est moins fait pour amuser que pour instruire; où, à côté de quelques fleurs d’une littérature agréable et, choisie, l’on trouve amplement à récolter les fruits substanciels des sciences les plus recommandables. La nouvelle traduction des Sylves sera l’objet d’un. extrait dans un autre numéro. E. B. NOR: Er «dutres Assertions, Paradoxes, Méprises, etc., du critique Desfontaines, ayant quelque rapport a lu note ci-devant, page 54, concernant une citation du recueil des jugemens de cet esti- _ mable Journalisié. Ce n’est pas le seul paradoxe, la seule méprise échappée à ce grand Aristarque, doué de beau- coup de connoissances, de beaucoup d'esprit et de goût. En parlant de la sculpture chez les anciens, dans ces temps où les artistes de cette profession étoient à la fois sculpteurs et peintres, il regrette le- ridicule usage de peindre les statues. ("Tome X , oë- servations, page 20). Un lttérateur aussi instruit, auroit dû se rappeler que ce fut dans un siècle de décadence et de mauvais goût, où Sénèque trou— voit trop simple l’éloquence de Cicéron, que Néron, son élève, faisoit dorer les belles statues de Eysippe. « Jean — Baptiste Rousseau fut le créateur de « Pallëgorie, genre dont la difficulté fit que per- « sonne ne s'y est essayé après lui ». (Tome I des Jugemens , page 279). Voltaire, très-capable d’em juger, pensoil bien différemment! Sylves. 5g Desfontaines trouvoit (ainsi que Dryden, dit-il, et les Anglais) le Paradis perdu de Milton, extra- vagant, ennuyeux , au-dessous de la Pucelle de Cha- pelain et du poëme de St.-Louis. (Traduction de Vir- gile, édition de 1743 et précédentes, tome IT, page 29. Virgile , Lucrèce, Horace et tous les auteurs de- l'antiquité, semblent avoir regardé les transitions comme une chose inutile et sans mérite. { 7raduc= tion de Virgile, tome L , page 146.) Tout le monde ne sera pas de l’avis du traducteur de Virgile. Ovide surtout passe pour avoir excellé en transitions dans ses Métamorphoses. En remontant plus haut, les véritables connoisseurs, instruits à fond de l'histoire et.de la politique des Grecs , trouvent admirable l’art avec lequel leurs auteurs dramatiques savoient lier les chœurs avec l’action. Desfontaines pensoit que les arts de la peinture JM de la musique, de la navigation et de la guerre pouvoient être traités en vers français dans un poëme didactique ; mais il regardoit comme impossible d’en- seigner en vers, dans notre langue , «les arts gros- « siers et mécaniques, et nommément l'agriculture », ( Traduction de Virgile, tome I, page 141.) Il se trompoit, comme le célèbre Patru à l'égard de l’art poétique. Rien n’est impossible au génie, Joint à un travail opiniâtre ; et aujourd'hui, Delille, Rosset, Saint - Lambert, Castel, Fontanes, Marnésia, La- lane, etc., réfutent pleinement cette assertion. Desfontaines prétend (tome V des Observations , page 3,) que la langue française -n’est pas plus chaste que toutes les autres langues modernes, qui diffèrent des langues anciennes, seulement «parce que les « anciennes étoient païennes, et que les nôtres sont «des langues chrétiennes ». T/on pourroit aisément prouver que la langue française est beaucoup plus réservée et pudibonde (qu'on me passe l'expression } que toutes les autres langues vivantes. Aussi les Ita- liens (pour ne citer ici qu'un seul peuple moderne }3 bo Poésie latine. les Italiens même ( Le Dante, l’Arioste , le Trissim., le Tasse, et plusieurs autres poëtes de la même na- tion ), nés dans la capitale du mnonde chrétien, ne se sont point fait scrupule d'employer, dans leurs po®mes sacrés, plusieurs expressions proscrites et hor- ribles dans notre langue française. Îls lisent sans re- culer, même dans la Jérusalem délivrée, le mot putana, etc. Voici une autre erreur bien singulière et capitale de ce critique célèbre : « Les vers, dit-il, sont indif- « férens pour la poésie; plusieurs odes de Pindare « 72e sont point en vers ». ( Tome I des Jugemens , page 18.) Si jamais, dans aucune langue, il y eut des odes en vers, ce furent sans doute celles de Pindare. C’est notre poésie française, sans mètre, sans des jambes, des trochées, des anapestes, des dactyles , des spondées, etc., qui produisent dans la mesure., chez Pindare et Horace , un nombre, une harmonie, ne variété de sons la plus maltipliée et la plus heureuse ; c’est, dis-je, notre poésie française qui ,en comparaison de la poésie des Grecs et des Latins, rest qu'une prose alignée, ornée, ou peut-être gâtée par la rime, si fatigante dans les grands poëmes de longue haleine. On me pardonnera l'étendue de cette Note, par la raison que le devoir contracté envers le public, de tout bon critique , est de relever, toutes les fois que l’occasion s’en présente; les erreurs échappées, surtout à des écrivains célèbres et accrédités, comme les plus dangereuses. D PRIS TO TUE ÉLÉMENS de Statistique, où l’on démontre, d’après un principe entièrement neuf, les ressources de chaque Royaume, État et République de l’Europe ; suivis d’un état sommaire des principales Puissances et Colonies de l’Indostan. Ouvrage orné de cartes coloriées, représentant &’un coup d'œil les forces physiques de toutes les nations européennes : traduit de l’anglais de W.2% Playfair; par D. F. DONNANT, de l’Athénée des arts, ci- devant inter- préte dans les Etats-Unis d’ Amérique, traducteur des Elémens de l'Organisation sociale. On y a ajouté un Tableau com- paratif de l’étendue et de tous les dépar- temens de la France , un Précis stati- stique des Etats-Unis d'Amérique, un Essai sur la navigation intérieure de ce pays, un Tableau des principales divi- sions du Continent , un Aperçu des mar- chandises et denrées qui conviennent le mieux aux Républiques française et amé- ricaine , etc. etc. À Paris, chez Batilliot jeune, libraire, rue Hautefeuille, n.° 34; 62 Statistique. x vol. in-8.° Prix, 5 fr. , et 6 fr. franc de port. Gé ouvrage étoit désiré depuis long-temps. On à vu, avec plaisir, que le C. Bonnant , déjà connu avan- tageusement par plusieurs ouvrages, et entre autres par la traduction des Considérations sociales du doc- teur Brown , s’étoit chargé de cette tâche honorable : il l’a remplie, non-seulement en littérateur éclairé qui possède bien les langues anglaise et française, mais encore il a prouvé , par les additions et les chan- gemens utiles qu'il a faits, que la science sur laquelle il écrivoit lui étoit très-familière. C’est ainsi qu'il faut traduire, pour ne pas être rangé dans la classe des traducteurs ordinaires, qui semblent renoncer à leur esprit pour colporter celui des autres. Aujour- d’hui on est inondé de traductions; mais il y en a très-peu de bonnes. C’est à la manie d'écrire que nous devons tant d'ouvrages traduits : tout le monde veut être auteur; et quand on n’en a pas l'esprit, on va en prendre chez les anciens, ou parmi les nations voisines, et vaille que vaille, on se fait une répu- tation!!! Mais revenons aux élémens de statistique. Le but de cet ouvrage est de présenter la situa- tion actuelle des différens états de l’Europe. C’est une espèce de manuel politique où l'on peut, d’un coup d'œil, apprendre à juger des forces physiques, anorales et politiques de tous les royaumes et répu- bliques qui composent cette intéressante partie du globe, Eiémens. 63 Et comme l'intention de, l’auteur a été de parler fout à la fois aux sens et à l'esprit, afin de faire plus d'impression sur la mémoire, il s’est servi d’un procédé neuf et qui nous a paru fort ingénieux; nous allons essayer d'en donner une idée. Il a tracé un parallélograme , dans lequel il a tiré un certain nombre de lignes horizonfales, séparées les unes des autres par une distance qui représente un million. Au bas de cette échelle sont des cercles de grandeur pro- portionnée ; chacun de ces cercles représente la puis- sance dont le nom est gravé au-dessous, et tous sont placés dans le rang qu'ils doivent occuper, suivant leur étendue. Sur chaque côté des cercles s'élèvent des tengeantes qui, réunies par une ligne pointée, forment des trapèzes, dont nous indiquerons tout à l'heure l'usage. Les lignes peintes en rouge, qui s'élèvent sur la gauche de chaque pays, expriment le nombre de millions d'habitans, mesuré sur l'échelle horizontale dont nous venons de parler. Les lignes jaunes, suc la droite de chaque pays, représentent le revenu en livres sterlings, mesuré sur l'échelle millionnaire de la population. Les cercles peints en vert représentent les puissances maritimes; ceux qui sont en rouge pèle indiquent les puissances de terre : on peut juger par la proportion de ces deux couleurs, dans un même - cercle, de celle des forces de terre et-de mer, Les chiffres mis au-dessus de chaque cercle (comme le nombre cinq sur la Russie) , indiquent la quantité d'habitans par mille carré. Les lignes pointées entre celle qui indique la 64 Siatistique. population et celle qui fndique le revenu, ne sont destinées qu’à réunir les deux mesures de chaque nation. [élévation de ces lignes de gauche à droite ou de droite à gauche, montre la proportion qui existe entre la population et les revenus d’un état ; de sorte qu’on peut voir d’un premier coup d'œil si un pays est surchargé de taxes ou non. ‘HN premier tableau représente les puissances de l'Europe , telles qu’elles étoient avant la révolution française. Le second représente la situation des puissances de VEurope , telle qu’elle est résultée du traité de paix signé à Lunéville , lequel a produit de grands chan- gemens , a beaucoup agrandi la France et diminué l'Allemagne. Le troisième représente la population des grandes capitales de l’Europe ; les cercles figurent la propor- tion des habitans de chacune. £ 3 Les quatrième et cinquième représentent les puis- sances de l’Indostan qui sont liées avec celles de l’Europe , et qui ont une grande influence sur le com- merce des Européens. | Les avantages qui résultent du nouveau mode adopté par l’auteur anglais, sont de faciliter l’acquisition des &onnoissances statistiques , et d'aider la mémoire à les retenir ; deux points fort essentiels dans l'étude de cette science. j "De tous les séns, c’est la vue qui donne l’idée la plus exacte et la plus prompte de tout ce qui est susceptible de lui être représenté; et quand il s’agit de reconnoître la proportion qui existe entre diverses quantités Elémens: 65 quantités ou diverses grandeurs , l'œil a une supério rité étonnante pour la saisir. Les tableaux dont nous venons de donner la description sont donc propres à accélérer les progrès de la statistique; car ils montrent, au premier aperçu, les différentes. grandeurs des pays qui y sont représentés; et la similitude des formes aide l'esprit à comparer, C’est là ce qui fait que nous prenons aisément une idée de la différence qui existe dans la grandeur des planètes , parce qu’elles sont représentées sous les mêmes formes; quoiqu’elles ne se ressemblent pas. L'auteur donne ensuite , l'analyse historique de chaque pays dont il traite : il fait connoître le mon tant de la dette publique , celui des dépenses , l’état des forces de terre et de mer; en temps de paix comme en temps de guerre ; les grandes et les petites divisions du pays, les diverses religions qui y sont professées ; enfin , 1l termine par donner un apercu des principales productions et marchandises de chaque état, Nous n’ignorons pas que cet ouvrage laisse beau coup de choses à desirer; mais nous croyons que; comme livre élémentaire , il sera d’une grande utilité aux personnes qui désirent avoir une idée de la science nouvelle, connue sous le nom de statistique, et qu'il peutêtre regardé comme une excellente introduction à un traité complet sur cette intéressante partie de l’économie politique. F nous reste maintenant à parler du traducteur , et des additions qu'il a fait à l’ou- vrage de Playfer. Il ÿ a joint un tableau statistique de la France, qui est le plus détaillé et le plus exact qui ait paru jusqu'à ce, jour. Tome FI. E 66 Statistique. Ce tableau est divisé en huit colonnes : dans le première sont les cent huit départemens de la répu= blique , par ordre alphabétique ; la seconde donne leur étendue en lieues carrées ; la troisième contient leur population; dans la quatrième se trouve le nombre d’habitans par lieue carrée; dans la cinquième sont les noms des chefs-lieux ; dans la sixième est le nombre des habitans de ces chefs-lieux ; la septième indique leur distance de Paris; et enfin, la huitième donne le nombre d’arpens carrés que contient chaque département. I] seroit à souhaiter que ce tableau fût imprimé à part; il seroit d’une grande utilité aux commerçans, aux voyageurs, et aux gens d’affaires. Nous regret- tons cependant que l’auteur ne se soit pas conformé au système des nouvelles mesures. Le C. Donnant donné aprés cela. un aperçu sta- tistique des États-Unis d'Amérique, auquel il a joint un tableau des grandes divisions de toute l'Amérique septentrionale, contenant le nom de chaque élat et colonie, leur étendue, et leur distance de Phila= delphie, qui est la capitale du nouveau monde; leur latitude et longitude , et leur population. Ce tableau sera d’un grand intérêt pour ceux qui désirent prendre une idée de la prospérité de cette quatrième partie du globe. On verra que les États-Unis d'Amérique , qui comptent à peine vingt-quatre années d'existence, ont presque triplé leur populâtion dans ce court espace de temps. Il n’y a pas d'exemple d’une pro- gression aussi rapide, dans aucun pays do l’ancien * & - Elémens! 67 continent. Voilà ce; que peut:la liberté pour un peuple .sage et industrieux, | . Vient ensuite-un apercu du commerce d'importa- tions et d’exportations que la France peut’entretenir avec la république américaine. Les négocians trou- veront dans un de ces chapitres des notions qui ne peuvent manquer de -leur être utiles. Ce qur les fait lire.avec plus de sécurité et de plaisir, c’est qu'on sait que l’auteur a passé plusieurs années dans le pays dont il parle; ‘et qu'il na pas fait comme maunt écrivains, qui donnent des Me 5e sans sortir de leur cabinet. : , Cet :article de l'Amérique est terminé par un essai sur les ;avantages que la nature offre aux États-Unis, pour, la navigation ‘intérieure. On trouvera dans ce morceau d’hydraulique , vraiment curieux par sa nou- veauté , la description de ces mers d’eau douce que de Créateur a placées au milieu de ces immenses fo- rêts,, comme pour servir de point de réunion aux générations futures. qui viendront habiter ce sol si Jong-temps, désert. On ÿ remarquera la marche de ces grands: fleuves ;ÿ- qui, semblables aux artères dû corps humain, sont destinés à ‘porter la vie sur toutes les .terres. qui les environnent: Cette lecture suffira pour convaincre, que ce nouveau continent est ap- pelé, par la nature, à. jouer un jour un des rôles les plus importans dans la balance politique du monde. - Enfin, l’ouvrage est terminé par un extrait analÿ- tique . des.observations de Sir John Sainclair, sur la nature et les principes des: recherches statistiques. On sait que -M, Sainclair ‘a .étüdié. tgute:sa vie cette E 2 68 Statistique. science, ef qu'il est un des auteurs qui lui ait rendu plus de service. Il a publié la statistique de l'Écosse en vingt-cinq volumes : on ne pouvoit donc mieux faire que de nous donner la marche et les procédés qui ont été suivis par ce savant distingué. Le C.Donnant a dédié ces élémens au C. Chaptal, Ministre de l'intérieur, juste appréciateur des talens de ce genre, et protecteur éclairé des hommes qui savent se rendre utiles à leur pays par des travaux importans. La lettre que l’auteur adresse au Ministre , est moins une épitre dédicatoiré qu’une introduc- tion à l'ouvrage, dans laquelle sont développés les motifs qui doivent déterminer lé gouvernement à fixer son attention sur la statistique , et les résultats que l'on peut attendre de l'influence de cette nouvelle étude. | Nous ne pouvons mieux finir cet article, qu’en citant un paragraphe qui mettra le lecteur en état de juger les vues qui ont dirigé l’entreprise du C. Donnant, « ....Ce n’est donc pas à des déclamations « contre la vie sociale qu’il faut se livrer, pour ré- « former les institutions vicieuses des nations civili- « sées; ce nest pas en examinant quels ont pu êtré « les avantages des premiers peuples épars sur la « surface de la terre, que l’on peut prétendre trouver « les moyens d'améliorer l’état social des hommmes « du dix-neuvième siècle. « Un territoire fertile, une population nombreuse, « un commerce florissant, une agriculture encoura- « gée, les sciences et les! beaux-arts honorés, les « manufactures protégées, des forces respectables, f-85 #8 FF 8 A Elémens. 69 des lois sages, des chefs justes et éclairés, une égalité de droits bien entendu, voilà ce qui constitue un peuple heureux , dans l’ordre des choses actuelles. N'’en doutons pas, la statistique, encore peu connue, servira un jour de boussole à tous les écrivains politiques : on, abandonnera le vague idéal, pour rentrer dans les limites des calculs certains. Alors il ne suffira pas de savoir écrire pour s’ériger en censeur de l’organisation sociale , il faudra faire coïncider les nouvelles idées qu’on aura conçues pour le bonheur d’un peuple, avec sa situation politique et morale, avec les moyens de réforme .qu’il présente, avec son caractère, ses mœurs, ses habitudes, avec ses forces physiques, ses ressources pécuniaires, avec ses institutions primitives, ses opinions religieuses ; enfin , il faut le dire, avec ses préjugés mêmes. Tels sont les principes que l’on puise dans l'étude réfléchie de la statistique, etc. » Une expérience longue et encore récente a jeté un tel jour sur ces grandes vérités, qu'il ne reste plus au- cure incertitude à cet égard. Un ouvrage élémentaire sur cette science intéres- sante doit done être favorablement ‘accueilli du public, et peut être regardé comme un cadeau précieux fait à ka jeunesse. CALVET neveu, r7édecin. LITTÉRATURE GRECQUE LETTRE de D'ANSSE DE VILIOISoN, de l’Institut de France, à M: ARBRBLAD ; secrétaire de la Légation de Suède à la Haye, sur ‘un passage de l’Inscription grecque dé: Rosette. 1 | 1. 1 PRES ET SAVANT AMI, Dans votre lettre immortelle sur l'inscription ægyp= tienne de Rosette ; lettre .qui fera époque ; parce qu’elle renferme une découverte précieuse et inat- tendue , recule les bornes de nos connoissances, et nous ouvre une nouvelle carrière , vous.traduisez ainsi (1) ces mots de la cinquième ligne del’ inscription $ grecque ; éthope ps Bepeyixms le Hvÿpes 796 DrAys 20YH@0 PE » « D rrha, fille de Philine ; étant ATHLOPHORE « dé Bérénice ». J'avoue, mon cher.et docte Hiéro- pharte, que cette interprétation mé surprend, parce que je crois qu’il vous seroit impossible , malgré votre vaste et profonde érudition | et votre immense lec- ture, de trouver un exemple de ce mot Æ#klophore, pris pour désigner wz ordre, une classe de pré- tresses. D'ailleurs il faudroit supposer que Pyrrha (1) Lettre sur l'inscription ægyptienne de Rosette, par J. D. Akerblad , ancien secrétaire des commandemens de S. M, le roi de Suède, de la Société royale de Gæœttingue. Paris, 1652, in-8,0, p. 23, Inscription de Rosette. LL: étoit tout à la fois achlophore et canéphore de la même reine déifiée, Mais, monsieur, vousavez pour vous une auto- rité du plus grand poids et fort imposante. Notre savant et obligeant ami Millin, qui a le premier fait connoître cette belle inscription grecque en France, et l'a publiée (2), d’après l'édition de la Société des antiquaires de Londres , nous ap- prend, (3) que le patriarche de la littérature grecque en Allemagne , un grand critique, dont le nom seul est un éloge , ou plutôt au-dessus de tous les éloges , M. Heyne, a communiqué à la Société royale de Gœttingue, un exemplaire de cette édition, ainsi qu’une, copie écrite en lettres grecques ordinaires , avec une traduction latine , ‘une introduction histo- rique , et quelques explications. On y assure, (4) que le mot dfaoQopes étoit un nom d'honneur, qui indi- quoit le rang et le sacerdoce d'une prétresse de Bérénice, sans doute, ajoute-t-on , de l& Je de SOTER. J'ose de la liberté de dire que je ne puis pas adopter'cette opinion; et je persiste à croire, et à vous répéter ; Monsieur , 1° que dfAcpops est un swrn0m de Bérénice, de même que eéepyeridos , et nullemené le sitre de sa prêtresse Pyrrha , suffisamment dési- (2) P. 305 et suivantes du n.0 8, fructidor, an x, t. 11, 8e année du Magasin Encyclopédique, utile collection qui offre un asile aux Muses errantes et dispersées. (3) P. 392 et 393 du n.0 15, nivose, an xx du même Ma- gasin Encyclop, _ (4) Ibidem, p. 395, n.0 15. E 4 72 -Littératüre grecque. gnée par son rang de canéphore ÿ 2.9 qu'il ne s'agit point ici de la Bérénice , femme de Ptolémée Ier , fils de Lagus, surnommé. SOTER, et jamais ÉVER- GÈTE , mais de Bérénice ; femme de Ptolémée ILE ÉVERGÈTE; et qu'aiisi Pyrtha , fille de Phili- nus, éloit /4 canéphore de cette dernière Béré- nice, à laquelle il faur ‘rapporter ‘les deux épithètes , ou plutôt lès deux surnoms de &trogipe et de svepyeridos , que je vais tâcher d'expliquer. Je pourrois d’abord commencer par obsérver que étacpôpos signifie vzctorieuse, ét est en grec le syn- onyme de Bésérixy, puisque dans le dialecte alexan- drin, macédonien, la langue de la Cour des Ptolémée, et des Septante dont:‘on retrouve plusieurs expres- sions! remarquables dans l'inscription de Rosette , l’on disoit Bepeyixy et même Bepoyixy , pour Depovixn DiC— £orieuse, comme fañaxpès pour aræxpés ; chauve, et Bu os , au lieu de Duras, Philippe, c’est-à- dire, amateur de chevaux. C'est une remarque d'Étienne de Bysance (5); dé l’auteur de /’Érymoz logicon : magnum -(6),°d'Eustathe (7), de Plu- tarque (8), etc. Ce dernier ajoute que les habitans de Delphes mettoient de même le B au lieu du 1; et disoient, par exemple, Gers et apr au lieu de FUTE et rixpôy. Mais la femme de Ptolémée III Evergète , Béré- (5) A l’article de Bépora. * (6) Sur le même mot de Béporæ , p. 195, lig. 37 ét suiv. (7) P. 1654, lig. 19 et 20, t. III, édit. de Rome , 1549. (8) Quest. græc., p. 174, t. VII, édit. de Reïske. Leipsick, 1777 » in-0.0 Inscription de Rosette. ".ÿs nice, avoit des droits incontestables au titre de vic= corieuse, étaogopes. Je trouve dans Hygin (9), qu’un jour ; dans une bataille, son père, Ptolémée II Phi- ladelphe , étant accablé par la multitude des ennemis, cherchoit son salut dans la fuite; qu’alors cette prin- cesse monta sur-le-champ à cheval, ce qui lui arri- voit souveht , rallia le reste de l’armée, tua un grand nombre d’ennemis ; et mit les autres en déroute, et que ce trait de valeur lui fit donner le nom de courageuse, m#agnanimam , par Callimaque. Muncker (10) remarque , avec raison , qu'Hygin fait allusion à ce vers de Catulle (11), qui a traduit en latin la pièce, maintenant perdue, de Callimaque; sur la chevelure de Bérénice : A1 te ego certe Cognoram a parvâ virgine magnanimam. Muncker auroit pu aussi ajouter les deux vers sui- vans, qui ont également rapport à ce fait : Anne bonum oblita es facinus quo repium adepta es Conjugium , quod non fortior ausit alis ? Vous pouvez voir, Monsieur , ce que M. Doering (12) dit à ce sujet. Il pense que ce fut cet acte de cou- (9) Hygin, Poëticon Astronomicon , liv. Il, ©. 24, p. 476 et 477, t. 1 des Auctores Mythographi Latini, de l'édition de Van Staveren. Leide, 1742, in-4.0 (10) Ibidem, p. 477, note 5. (11) V. 25 et 26, carmine zxvi, où Lxv, dans d’autres édi- tions. (12) P. 13, t. II de son édition de Catulle. Leïpsick , 179% in-8,o 74 Littérature grecque. rage qui engagea Ptolémée III Evergète à épouser sa-sœur Bérénice. C’est aussi le sentiment de Jean- Antoine Volpi (13) , élégant éditeur de Catulle , et du savant antiquaire et profond jurisconsulte M. Xavier Matthei (14), Vauteur de la belle traduction des pseaumes en vers italiens; et d’un bon commen- taire sur cette élégie de Catulle. Antoine Parthé- nius (15), Muret (16), Joseph Scaliger (17), et feu M. Jean-Francois Corradin de :Allio (18), l'oncle (13) Volpi, dans sa note sur le 27e vers, p.350 de son édition de Catulle. Padoue, 1737, in-4.° (24) M. Mattheï, p. 168, t. I. Saggio di poesie latine, ed italiane, colla traduyione della famosa Elegia sopra la chioma di Berenice, colle osservazioni critiche ed astronomiche , Napoli, 17980, in-8.0 (15) Parthénius, p. 287 et 288 de l'édition intitulée : Catulli, T'ibullè, Propertii opera , cum variorum doctorum virorum commen- tariis , notis , observationibus , emendationibus et paraphrasibus , unum in corpus congestis, Lutetiæ, 1604, in-folio ; édition fort utile, et qu’on néglige trop de consulter. (16) Muret, ibid., p. 299. : (17). Joseph Scaliger, ibid., p. 303. (18) De Allio, p. 132 de son édition de Catulle. Venise», 1738, in-4.0 J'en possède un exemplaire enrichi d’une foule de-notes manuserites et inédites, et de variantes tirées de deux manuscrits de Catulle, qui sont ainsi désignés sur le frontispice : « Duo codices Catulli existunt in Collegii Romani « Bibliothecä, quorum primus chartaceus , ad Collegium Jesuitarum « Biburgiense olim pertinens, in-8.0 Continet primd T'ibullum , mox Catullum , sine ullo frontispicio. In primo folio ad secun- « dam paginam hæc habet : Tibulli et Catulli exemplar Michaëlis « Angeli e Decimis de Burgo Sancti Sepulchri. Character esse « videtur sæculi XV. « Secundus membranaceus , in-4,0 parvo , pulcherrimè scriptus , «_continens ; primd ; Propertium, ad cujus calcem hæc leguntur à Inscription de Rosette. 75 maternel des vertueux et savans frères MM. Coleti, imprimeurs-libraires à Venise, n’ont pas oublié ce beau trait de Bérénice dans leurs notes sur ce pas- sage. La valeur étoit héréditaire chez les princesses, comme le: goût des lettres chez les princes de cette famille encore plus corrompue que celle des Mé- dicis: (19). Polybe (20) raconte, qu’à la bataille de Raphia, où Ptolémée IV Philopator défit Antio- chus le Grand, roirde Syrie, l'an 537 de la fonda- tion, de Rome, Arsinoë,, fille de la Bérénice de Finscription de Rosette, se trouvoit à côté de son mari et frère Ptolémée Philopator, ne l’abandonnoiït pas dans le fort: de la mêlée, et encourageoit les phalanges à bien faire leur devoir. : La part que Bérénice eut à la victoire de son père Ptolémée IT Philadelphe, la bravoure qu’elle montra dans cette occasion ; ne suffisoient-elles pas .pour lui mériter le surnom de victorieuse ? D'al- leits, je prouveräi plus bas que les reines d’Ægypte { A « Aurelii note ad Cynthiam monobiblos! explicit, feliciter per me « Joannem Curpensem , cujus deliciæ evanuere die 26 februarii1460. « Vale qui legeris. Secundo Loco sequitur T'ibullus, ad cujus cal- & cem legitur : finis die nonâ martii, 1460. Postremd Catullus, &@tad j cujus calcem » Catulli Veronensis Liber -feliciter explicit, « augusti 1460. Ex duobus his codicibus chartaceus longè melioris « notæ est ac correctior quam membranaceus.5. (19) L'on trouve ,.p.:481 et suivantes, de la seconde partie du huitièmetome dela Bibliothèque Anglaise, Amsterdam, 1720; in-12, un. morceau italien très-curieux et fort peu connu, sur l'histoire secrète des Médicis. (20) Polybe, liv. V. c. 83, p. 303 et 394 de l’excellente édition de M. Schweighæuser. Leïpsick, 1789 , in-8.° 76 Littérature grecque. partageoïent les surnoms honorables qu’on donnoit à leurs maris. Bérénice s'appelle , dans cette inscrip= ton, Evepyeris, comme son époux Ptolémée Ever gète, qui étoit un grand conquérant, et a pu lui communiquer le titre de victorieuse, avec celuë de érenfaitrice, et faire rejaillir sur sa femme la. gloire de ses exploits de même que.celle de ses biens faits. bnbloi Si l’on m'objecte, avec raison, que éAspopos signifie plutôt vairqueur dans les jeux publics, que dans les combars ; je répondrai, Monsieur, qu'à limi= tâtion des premiers personnages de la Grèce, et des rois de Sicile et de Macédoine , Bérénice (ou son mari Ptolémée Evergète ).a pu envoyer ses cochers et ses chevaux remporter quelques victoires dans les jeux ; et s'approprier leur gloire. C’est précisément ce qu'in- dique le mot étaëpopos, qu'Eustathe (21) et touslesgram- mairiens grecs expliquent par xyrws, à habay tmabau, . c'est-à-dire, le vainqueur qui a rèçu le prix.” At@ac@opas est une expression d'Homère (22), d'Hérodote, d'Op- bien (23), etc. Ce dernier poëte prend de même (24) &Ëaopopos dans le sens d’un athlète vainqueur eë couronné. Cette conjecture, à laquelle je m'arrête- rois exclusivement , se change en certitude, quand (21) Eustathe, pn254, lig. 43, t II: (22) Hiade, liv. XXII, vers 22 et '162., - (23) Oppien, poëme de la chasse, liv. IV, vers108 (24) Oppieu, poëme de Laspéche, Viv. I, vers 198: Oioy dy Bainÿa Pepéalonuv, #6-rir ærdp tAtaagapor, Jennoire veodpéa lores LOHQYTE. Inscription de Rosette. 77 on se rappelle un autre passage décisif d'Hygin (25). Il dit, d’après le témoignage positif et incontestable de Callimaque, qui vivoit à la cour des Ptolémée Philadelphe ; et Evergète, père, frère et mari de Bérénice, que cette princesse se plaisoit à élever des chevaux , et à les envoyer disputer le prix Gux jeux olympiques. Elle dut le remporter sou- vent ; et ces succès lui méritèrent le surnom de &Srcpobos, victorieuse dans Les jeux, qui ne se trouve que dans l'inscription de Rosette. Il en est de même du titre de eixæpiss, qui s’y rencontre constamment (26), et de celui de «iovobis, qui est quelquefois (27) joint au nom de Ptolémée V Épi- phane, et qu’on ne voit'point ailleurs. En effet , où lit sur le même monument (28), immédiatement avant le nom de Pyrrha, Canéphore de Bérénice, bienfaitrice , et couronnée dans les jeux, que Prolémée est l’image vivante de Ju- piter, qu'il est fils du soleil, chéri de Phtha, {le Vulcain (29) des Grecs), et ensuite (30): ETOYZ . (25) Hygin, Poëtic. Astronomic., iv. 11, chap. 24, p. 476 : Hanc Berenicen nonnulli cum Callimacho dixerunt equos alere , et ad Olympia mittere consuetam fuisse. (26) Lignes 5, 8, 9» 37, 38; 41, 423 49, 5t, 53 de cette inscription. (27) Lignes 4, 8, 9, 37, 38, 49 de la même inscription. (28) Lignes 3 et 4. _ (29) Voyez Jablonski, liv. I, c.2, p.44 et suivantes, t. I; p. 173 et suivantes de son Pantheon Ægyptiorum, Cependant Vinscription de Roscette parle aussi d’ “Heuclos ; Vulcain, Lignes à et 3. Go) Lignes £ & 5, 78 - Littérature-grecque. ENATOY E® IEPEQES.AETOY TOY. AETOY-:AAE- ZANAPOT KAI OEQN EQOTHPAON KAI OENN AAEA- DAN KAI @ENN EYEPIETON KAI @OENN DIAOÏIA- TOPAON KAI.@EOY EHIDdANOYE EYXAPIETOY, L'auteur de l’explication lue à la société royale de Gæœttingue, dit (31), « qu'il est clair que c'é- « toient les prêtres d'Alexandre , de Ptolémée Soter, « de Philadelphes d'Évergète , : -de Philopator, d’'E- « piphane , et ainsi de toute la famille royale , mise «au rang des dieux : que le nom-d'écros , aigle, « donne à croireiqu'il en étoit ici comme,des au- «res sacerdoces dont parle l'antiquité ; que le «om de famille. se quittoit:tout à fait:et né « devoit plus étre nommé, mais que seulement un « 20m général indiquoit la place; et qu'ici un nom « symbolique ; l'aigle , püroit avoir indiqués de « grand prétre». ‘ Mais , il ne s’agit pas ici des mystères’ d'Éléusis’ s comme dans la belle inscription en douze vers élé- giaques -de la prêtresse qui initia, l’empereur Ha- drien , inscription que j'ai trouvée à Éléusis même, et (32) publiée; ni des mystères de Mithra , où les prêtres et les initiés s’appeloient selon leurs dif- férens grades, corbeaux, corbeaux sacrés, lions, éperviers (33), aigles. Je pense donc que dans cette (31) Voyez page 393, n.0 15, nivôse, an x1 du Magasin Encyclopédique. : (32) Page zv des Prolégomènes de mon édition de l’Iliade: Venise, 1788 , in-folio, (33) Voyez Porphyre, De abstinentid animalium, liv, IV, pag. 350 et 351, édition de Rhoër, Utrecht}, 1756, in 4.°; Inscription de Rosette. 70 inscription AETOZ ne signifie pas aigle, et n'in— dique pas le rang du grand prétre , mais est le nom propre du seul et méme prêtre (et non pas des prétres ) d'Alexandre - le - Grand; des dieux sauveurs , Ste cwrnper ; c'est-à-dire , de Ptolémée I Soter (34) , fils de Lagus , et de sa femme la reine Bérénice ; des dieux frère. et sœur, Stär aonqür (35), c’est-a-dire, de Ptolémée II Phil- adelphe et de sa femme Arsinoë ; des dieux bien- faiteurs , Seër edepyerdr, c’est-à-dire, de Ptolé- lémée III Évergète et de sa femme Bérénice ; des dieux Philopator , Seër Qiaomaropas, c’est-à- dire , de Ptolémée IV Philopator et de sa femme Arsinoë ; enfin, fu dieu Epiphane, ou visible , Sex "Eaigéss, c'est-à-dire , de Ptolémée V Épiphane. Cet Actus, fils d’Aëctus, étoit donc le grand prêtre de toutes ces divinités ; de toute cette fa- mille déifiée , tandis que Pyrrha ( fille de Philinus), étoit la Canéphore de Bérénice, princesse victorieuse dans les jeux, édac@ops, et bienfaisante, evesyeridos ; qu'Aria ( fille de Diogène }) étoit la prêtresse d’Ar- sinoë Philadelphe, "Apowons Ginædérps , comme Jrène Philippe della Torre, de Mithrâ, cap. v, p. 201 et:sui- vantes de ses Monumenta veteris Antii, Romæ, 1700, in-4.9 etc,, etc, ; (34) Voyez ce que Van Staveren dit de ce surnom, et les auteurs qu'il indique, note.2, p. 476, t. I de son édition des: Auctores mythographi latini. (35) Voyez , sur ces dieux frèresy St0i &06APoi, Spanheim, de præstanti& et usu numismatum , p. 422 et suivantes, t.1, Londini, 1717, in-folio, et Eckhel, p, 291, numi veteres anee- doti, Vienne Austriæ; 1975, in-4.0 80 . Littérature grecque. (fille de Ptolémée) (35) l'étoit d'Arsinoë Philopator , ‘Apaivèns Qiaom draps. L'on retrouve ces mêmes épi- thètes de ces rois d’Ægypte, qui partageoient avec leurs femmes les mêmes surnoms, et les faisoient jouir en commun des titres de %e@r Qiromarepar, Jedy ebepyeroy, Sedy ddeAQôr, et, Seër curnpars dans l’une des plus précieuses inscriptions de l’an+ tiquité, le monwnentum Aduliranum (37). Pto- lémée III Évergète y est appelé Bacs péyes NroAcpoïos , uios Barintas [roAsuais kai BaiAirens Apoi- v0n5, Jear ddtAQr, Tèr Bacirior Hroïeuais xel Bu- eiiTrns Bepeyixns à Dedv COTE pa démoyovos. C'est ainsi qu'il est dit dans l'inscription de Rosette (38), que Ptolémée V Épiphane est fils (éxyers ; expression remarquable) des Zieux Philopator , Star Quroma- répar, Ptolémée IV Philopator et sa femme Arsi- noë, comme plus bas (39), Nroaeain, eo émipaver, (36) Le nom de Ptolémée étoit commun à plusieurs par- ticuliers. (37) Pages 78 et 79 des Antiquitates Asiaticæ de Chishull, Londini, 1728, in-folio. Mon exemplaire et quelques autres que j'ai vus, contiennent les douze premières pages de la seconde partie de cet excellent ouvrage. L’on croyoit faus- sement que le reste'avoit péri dans les flammes : mais M. Saxius assure (p.344, t. VI, de son Onomasticon littera- rium, Utrecht, 1788, in-8.°) que cette seconde partie se trouve toute entière däns le Museum britannique , et qu'il tient cette anecdoté précieuse et intéressante d’un de ses anciens disciples, Joseph Planta, chargé de la garde de cet éta: blissemént public. 1] seroif fort à désirer que ce trésor caché vit enfin le jour. (38) Ligne 3. (39) Ligne 41. ti xapioles Inscription de Rosette. Bt: tÜgapis a (gracieux), T9 éy (pouréx) facts rcreueis Kai BariMirrns Apoivôns, Sedy Éiromaro pur, C par consé- quent Dieu, fils de Dieu (40) et de déesse, comme Horus fils d'Isis et d'Osiris. La généalogie de Ptolémée Épiphane se trouve répétée dans un au- tre endroit. de la même inscription (4r),où il est dit que ses père et mère.étoient les dieux Philopator, TOY yoyEwy aùrS Jeÿy Que ure par , que ses aleux étoient les dieux Évergète , T@y Tpoyovay Seay cUEpyET A ; ses bisaïeux , /es dieux frère et sœur, 3eo EPIENETR et ses trisaïieux , les dieux Soter, ro Seoy curypor. On lit encore sur le même monument (42), et sur plusieurs médailles données par (43) Frolich, par Eckhel (44) ‘Aprivons QunadiAps , et 'Apoisons QiAo Zaropos | C'est-à-dire , Arsinoë Philadelphe, et Arsinoë Philopator , pour distinguer les deux Ar- sinoë , dont l’une épousa Ptolémée Philadelphe , et l’autre , Ptolémée Philopator. Chishull rapporte (45 ) une inscription de l'ile de Cypre, qui donne (40) Ligne 10, da apyur eos èx de, ( Deus de Deo) ex- pression remarquable, de même que celle-ci, ligne 3, y Ô “Haæclos édoxiuuty. (41) Lignes 37 et 36. (42) Ligne 5. (43) Frolich, p. 162, c. VILL, Notitia elementaris numis- matum, Viennæ, 1758, in-4.° (44) Pages 12 et suivantes, et p. 15, vol. IV, Doctrina L ? P ? ? rumorum veterum, Vindobonæ , 1794, et p. 2900 et suivantes de ses Numi veteres anecdoti, Viennæ Austriæ , 1785, in-4.° (45) Chishull, p. 88 et 89, Antiquitat. Asiatic. Tome VI. EF 82 Littérature grecque. à Ptolémée VI Philométor, et à sa femme et sœur Cléopâtre , le nom de dieux Philométor | Stss QiaomnTopus. c Il est donc démontré que les reines d'Ægypte prenoient le titre , le surnom de leur mari , et le portoient en commun. Personne mignore que aa d'éxpu, Qiomaropos, Dirounrepos, dd AoDops , Etc. , sont des adjectifs qui se disent également au féminin comme au masculin; mais il n’en est pas de même d’srpyérs, dont le féminin est evepyeridos. C’est pour cette raison que Bérénice s'appelle téepyeridos dans l'inscription de Rosette (46) , parce que son mari Ptolémée IIT, qui lui avoit communiqué son titre, s’appelloit Edepyérns. Aussi Ératosthène (47) donne- t-il pareillement l’épithète d’sbepyeridos à Bérénice, en parlant de sa fameuse chevelure chantée et im- mortalisée par Callimaque et par Catulle, raoxepor Bépeixns EYEPTETIAOZ. Wesseling (48), et d’après lui Van Staveren (49), avoient déjà observé que c’est (46) Ligne 5. À (47) Eratosthène, c. XII de ses Catasterismi, p, 10 de l'édition de M. Schavbach, Gottingue, 1795, in-8.°® Cette édition est enrichie des remorques et d'une lettre de M. Heyne, de ce savant distingué, qui vient de mettre le sceau à sa gloire par son excellente édition de l’Iliade, et qui a rendu à Homère le même service que le père Lombardi au Dante dans son édition classique du père de la poésie ita- lienne ; Rome, 1791 ; trois vol. in-4.0 (48) Wesseling, sur la chronique d'Édouard Simson, à l’an du monde 3759. (49) Van Staveren, sur le 24.€ chapitre du second livré Inscription de Rosette. 83 à son mari qu’elle devoit ce titre gloricux : et le dernier éditeur d’Ératosthène , M. Schavbach, ne s’est pas rappelé cette remarque judicieuse qu'il auroit pu rapporter dans ses notes sur les Cavasterismi. Le docte et respectable feu M. Eckhel (50) soupçonnoit que dans ce passage d'Ératosthène , au heu de Bépenxns eucpyeridos , il faut lire 'evepyérs, comme , ajoutoit -il, on voit sur les médailles , ‘Apoons Qiadtaps. Mais l'inscription de Rosette , dans laquelle on trouve précisément, comme dans Érato- sthèner, Bepeizns evepyeridos , suffit seule pour réfuter cette conjecture hasardée, dont M. Schavbach n’a pas fait mention. Le même savant M. Eckhel croit de même (51), qu'après ces mots, ‘Aporwdys Qiradtags , eb par con- séquent après ceux de "Apotyoys Piano äropos , et de Bepeyizns tüepyére (comme il voudroit corriger), il faut sous-entendre yvyeiros, femme, c'est-à-dire, Arsinoë , femme de Ptclémée Philadelphe, ou de Ptolémée Philopator , Bérénice, femme de Ptolémée Evergète. Mais ces mots Bevenixys edepyeridos, au Îé- minin, c’est-a-dire , Bérénice bienfaisante , qu'on lit dans l'inscription de Rosette , et dans Erato- sthène , au lieu de cocpyérs au masculin, détruisent encore cette assertion , et prouvent qu'il ne faut ab- du Poëticon astronomicon d'Hygin, note 2, p. 476, t. I des Auctores mythographi latini, Leyde, 1742, in-4.° (50) Eckhel, p. 14, col. TI, vol. IV de sa Doctrina numo=1 rum yeterum, Windobonæ , 1794, in-4.°, ouvrage précieuxy qu'on ne sauroit trop louer, (51) 1bidem, E. 2 84 Littérature grecque. solument rien suppléer ; et que ces adjectifs fémi- _mins, téepyeridhs ; Qiaadéapu., Dinoméropos , sont des épithètes communes à ces reines d'Ægypte, comme à leurs maris, et que c’est à elles qu'il faut les rap- porter , lorsque ces titres suivent ou précèdent le nom de ces princesses. C’est une vérité que j'ai dé- montrée plus haut par une foule d'exemples ; il me seroit aisé d'en augmenter le nombre. Je finis, Monsieur, en formant des vœux bien ardens pour voir paroitre incessamment le beau tra- vail de mon ami M. Étienne Weston , de la So cicté des antiquaires de Londres, et de mes con- frères Visconti et Ameilhon, de l’Institut de France, sur cette inscription grecque. Ces savans promettent de nous faire jouir sous peu de cette importante con- quête littéraire. Jamais l'Académie des Belles-Lettres n’a eu l’occasion de s'occuper d’un monument plus curieux et plus intéressant. Qu'il seroit à désirer qu'un critique du rare mérite de Sacy, fit graver sous ses yeux l'inscription hiéroglyphique et la cursive Ægyp- tienne , d’après l'original dont il est fâcheux que nous n’ayons pas encore une copie figurée ! Le hé- ros de l’Ægypte a mis beaucoup moins de temps à la conquérir, que les antiquaires à publier les monumens précieux qui sont les fruits de ses vic- toires. Si la copie de l'inscription Ægyptienne que vous avez eue, quelque temps sous les yeux , avoit été moins fautive , vous auriez eu moins de mérite, moins de titres à la gloire dont vous vous êtes cou- vert, mais aussi moins de difficultés à vaincre , et encore plus de succès. Si vous étiez moins modeste, Inscription de Rosette. 85 Monsieur, vous pourriez dire, avec raison, comme Horace (52) : Exegi monumentum aere perennius , Regalique situ Pyramidum altius. Comptez sur l'admiration que m'inspire votre belle. découverte , et sur les sentimens que vous a voués votre ancien ami D'’ANSSE DE VILLOISON, de l’Instituë *: de France, et de l’Académie d’'Upsal, Paris, ce 1er avril 1803, P. 8. L'on a reconnu que sur original de l'inscrip- tion grecque , au lieu de AETOY TOY AETON, il ya AETOY TOY AETOY, comme vous avez bien deviné dans la mauvaise copie de l'inscription Egyptienne. Plût à Dieu que vous fussiez à Paris, ou à Londres, pour pouvoir continuer vos trayaux si précieux sur la. Littérature Copte ! (52) Ode 30, lis. IL. E 3 VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. A°v'D'ENT A GUN E Notice des travaux de l’Université et de l’Académie de Goettingue, pendant le cours de l’année 1802 et 1803 (1). HOMERI carmina. Tomus primus. — HOMERIT Ilias cum brevi annotatione ,\ curante ©. G. HEYNE. VWolumen primum, Liber EL: — xrr. Tomus secundus , volumen secundum ; Üib: x114 MX TV. Ces deux volumes contiennent l’Iliade ; au-des- sous du texte sont des remarques qui mettent con- tinuellement sous les yeux du lecteur la marche du poëme et expliquent en peu de mots les expres- sions , les images et les mythes les moins connus ; de sorte que le sens du poëte est seulement présenté au lecteur , et les autres détails se trouvent dans Iles observations. Les explications des mots sont ren- dues , pour la plupart, par les mots grecs ordi- naires , les poétiques par les-prosaïques ; l’auteur fait (1) Supra, t. IV, p. 54. Nouvelles littéraires. 87 remarquer les propriétés du discours, surtout dans les cas où l’ancienne langue diffère de celle qui a été en usage dans la suite, et où celle-ci emploie d’autres mots , ou prend les mots d'Homère dans un autre sens. Entre le texte et les notes , sont les mots qu’autre- fois on écrivoit avec un digamma. À la tête du pre- mier volume qui , au lieu de dédicace porte pour épigraphe: gerio Georgiæ Augustæ sacrum, se trouve un avant-propos qui expose toute l’histoire de cette édition, son but particulier , le point de vue sous lequel elle doit être considérée, et la manière dont elle a été exécutée. Tous ceux qui ont facilité à l'éditeur son travail s’y trouvent nommés. Le lecteur doit remarquer le conspectus de ce qui est con- tenu dans les 8 volumes , page LIT, parce qu'il donne l’apercu général de la répartition des diffé- rentes parties principales dans les différens volumes, la grosseur du volume influant sûr l’ordre qu'il a fallu suivre. On trouve ; page Lix, les abréviations des manuscrits et des éditions employés, et la page Lxrx offre des échantillons gravés dé'quelques manuscrits, dont deux de Breslaw, un dé Moséou, le Codex de M. Townley et celui de M. Éaton. Enfin, dans les édi- tions en grand papier, qui ont dés vignettes à la tête de chaque livre de lIliade , suit V EN des su- jets de ces vignettes. Tomus tertius. Versio latina Iliadis, præmissa commentatione de subsidiis studii in Homeri- cis occupait. L'éditeur avoit cru suffisantes les remarques qui K 4 A! 88 Nouvelles: littéraires. se trouvent sous le texte ; mais ayant suivi l'idée de l'imprimeur, il joignit à son ouvrage-la traduc- tion de l'édition de Clarke-Ernesti, etil la corrigea lorsqu'il le crut nécessaire, La commentatto qui précède cette traduction >. auroit pu être mise tout de suite à la tête du premier volume , mais il seroit devenu trop fort , puisqu'il contenoit déjà, en détail, les sources que l'éditeur connoissoit. Ce volume est divisé en cinq sections. Dans la première , il est question des éditions critiques d'Homère ; dans la seconde, des manuscrits, d'Homère, tant ceux qui avoient déjà été consultés que ceux que l'éditeur a em- ployés le premier ; la troisième ‘offre les scholies, les lexiques et les glossaires , avec un aperçu abrégé de toute l’histoire des scholies, de leur destinée, et du dif- férent mérite de ceux qui sont parvenus jusqu’à nous. L'éditeur donne ici, en grande partie , seulement les résultats de ses observations; sans étaler une érudi- tion fatigante et inutile. La quatrième sectron traite des secours que M. Heyne'a trouvés dans la nouvelle édi- tion , en variantes, en manuscrits et en scholies en particulier. La cinquième offre la traduction latine de l'Iliade. MRC Les cinq derniers volumes contiennent, aussi briève- ment que possible , les remarques critiques et exégé- tiques qui doivent servir à l’Iliade. Wariæ lectio- nes et observationes in Îliadem curante C. G. Heyne. Tomus guartus) voluminis} primi , pars Secunda , Wib.1 — 1V. Tomus quintus voluminis primi, pars secunda, lib. v— xt. Tomus sex- tus voluminis secundi, pars prima, Ub. xI— Nouvelles littéraires. 89 XIV. Tonus septimus voluminis secundi, pars secunda , lib. xv — xix. Enfin | somus octavus voluminis secundi, pars tertia, lib. xx —xXxIv. Nous indiquerons seulement dans cette notice le plan de l'ouvrage total ; ce dont dans le fond il s’agit particulièrement , sans entrer dans les détails de chaque partie. Comme à présent la critique et l'interprétation des auteurs classiques n’est plus sim- plement une critique de mots, et que l’on parle et l’on écrit aussi sur Homère comme poëte , et sur ses ouvrages comme monumens d’un temps très- reculé ; l'éditeur, au milieu de ces différentes opi- nions, conjectures et assertions, a désiré trouver une ‘base solide sur laquelle il pût fonder son opinion ; pour cela il n’y avoit pas d’autre moyen que de rectifier d’abord les poëmes d'Homère eux-mêmes, ensuite de raisonner attentivement chaque partie du texte d’après la langue et le caractère , en compa- rant ce qui est propre à la haute antiquité, et en- fin de rechercher ce que les anciens ont su et pensé d’Homère , et comme ils l'ont entendu ; alors seule- ment l’on pouvoit être en état de juger l'ouvrage total d'après nos idées rectifiées par une plus grande con- noissance des choses et de la langue. Plusieurs sa- vans pouvoient déjà avoir fait ce travail pour eux; quelques-uns l’avoient aussi fait en particulier , aussi l’on avoit des jugemens et des opinions individuelles donnés comme résultats d’après les différentes vues des auteurs ; l'éditeur a cru plus avantageux de remarquer, critiquer et apprécier d’abord dans les poëmes mêmes ce que chaque passage ef chaque 90 Nouvellés littéraires. partie du poëme ont de propre et de caractéristi- que , ce qu'il y a de vrai ou de faux, €’est-à-dire, ce qui à paru plutôt on plus tard. Ce travail met- toit alors sous les yeux du lecteur la différence des parties , et chacun étoit en état de juger. En effet, pour juger autrement , il y a beaucoup trop de ci- tations, de points de vue, de rapports qu'il faut avoir sous les yeux; il ne suflit pas non plus d’exposer simplement les passages du poëme, des anciens édi- teurs et des sources sur lesquelles se peut fonder un Jugement hasardé; personne n'aime à vérifier une longue suite de citations, et à observer la liaison des idées; il se contente d'adopter aveuglément les résultats qu'un autre a tirés, et de cette manière le jagement est partiel. Ce plan une fois approuvé , il ne s’agissoit plus que de sa disposition et de son exécution: L'édi- teur avoit cherché déjà à acquérir la connoïssance du génie de antiquité, de l’ancienne facon de penser , d'inventer, de représenter et d'exprimer les ébjets des siècles reculés dans les différentes périodes et chez les différens peuples ; il ne falloit plus qu'ap- pliquer à propos ces connoissances. Pour ce but, il faHoit recueillir exactement toute la partie histori- que; étudier le caractère propre de la langue de la mythologie et du mètre d'Homère , et cela sans avoir uuc opinion formée d'avance , au contraire , avec la ferme résolution de voir d'abord et de recueillir cé qui est, et ensuite prononcer seulement son juge ment sur ce que l’on avoit trouvé. On devoit par conséquent recommencer de: nouveau toute l'étude Nouvelles littéraires. g1 _d'Homère, et voir alors où cela meneroit, sans fixer d'avance le point où cela devoit mener. Tels ont été les principes de léditeur. Le public seul jugera sil les a suivis et appliqués. Pour reconnoitre la nature du texte, à présent on ne peut plus s’égarer; les critiques en sont trop connues ; tout dépendant donc de ce qui paroïît le mieux prouvé, on a re- cueilli dans les classiques les passages où il se trouve des vers d'Homère, ou dans lesquels il est ques- tion de, lui; quant à ce que les savans d’Alexan- drie et les grammairiens des siècles suivans ‘ont fait pour expliquer et rectifier le texte, on n’a pas les anciennes scholies; il a fallu attendre , pendant des années entières, les scholies des deux manus- crits de la bibliothèque, de Saint- Marc à Ve- nise, que M. de Villoison à mis au jour, et ce n'a pu être que lorsqu'ils ont paru ; que l'éditeur a pu s'occuper de cette partie de son travail ; lui- même ne pouvoit y donner qu'un certain temps. Lorsque l'ouvrage de Wood parut ; l'étude d’'Ho- mère devint l'étude à la mode de notre siècle. Plu- sieurs savans s’en occupèrent ; M. Wolf , à Halle, donna une nouvelle édition avec des prolégomènes pleins d'érudition ;: l'éditèur ‘eût aimé à se réunir avec: lui ; mais quelques circonstances lui ‘firent croire qu'il valoit mieux que chacun suivit son propre chemin en communiquant au public, chacun de son côté, ses:vues et: ses lumières. - L'étude des scholies ayant commencé à jeter plus de jour! sur elles età faire connoître leur différent mérite, l'éditeur désira comparer plusieurs scholies 92 Nouvelles littéraires. anciennes qui pussent confirmer ce que octte sorte de secours avoit déjà indiqué ; il désiroit aussi con sulter les plus anciens manuscrits, pour voir jusqu’à quel point ils s'accordoïent avec le Codex de Ve- mise ; quoiqu'on püt prévoir qu'il y avoit peu de chose à gagner du côté de la connoissance des chants d’'Homère dans les anciens temps. La plupart des corrections faites dans le texte que nous avons ac- tucllement , pouvoient se trouver aisément en consi- dérant exactement les sources que nous avions, mais on ne s’étoit pas beaucoup inquiété des éditions. C’est de ce point que partit l'éditeur ; il avoit le bonheur de trouver à la bibliothèque: de Goettingue toutes les anciennes éditions qui ont quelque mérite. Il les compara entre elles ; enfin, 5l parvint àles ranger par ordre , et:il vit quelon avoit employé long- tomps la leçon d'Alde, seulement d’après les plus mauvaises copies (les. meilleures: d’après l'édition de: Rome, n'ayant été reçues çà et là que depuis Tur- nèbe) et que l’on n'avoit nulle part profité d'Esssathe ; ces différens aperçus conduisirent l'éditeur à de cer-- . Lains principes soutenables; Alors il put se servir de- ces sources. et en faire un usage quine se:borna pas seulement, à une: critique. et une: interprétation poin-. tilleuse de quelques parties, mais qui offrit des ré-. sultats, généraux, Après ayoir:.donné l’'aperçw général de la nou-. velle édition de l’Iliade, il reste encore à parler de. larrangemient desexplications-des cinq volumes d'oë- servations, ; et. à. ajouter quelques détails qui sont: semés çà et R. té Nouvelles littéraires. 93 On concoit aisément qu’une partie. des remarques “contient une explication plus détaillée de ce qui est dit en peu de mots dans les notes au-dessous du texte , soit variante, soit explication de mots, soit idée poétique , soit mythe. Les notes ne de- voient offrir que ce qui est nécessaire pour faire en- tendre de suite le poëte à celui qui en connoît déjà un peu la langue ; mais les observations devoient servir pour examiner les parties séparées , se rendre compte de ce qu’on a lu , soit par rapport au mot et à lalangue ; on à l’image et à la chose; etexercer son jugement en raisonnant les différentes variantes, les explications , les propriétés de la langue,, les traditions et la mythologie. C’est pour cette raison que ces observations offrent tant de volumes. Quant à ce qui regarde en particulier la partie critique , l'éditeur a adopté, comme cela s'entend, la leçon une fois reçue dans les éditions , est parti de là , et est remonté dans les temps plus reculés; lorsqu'il a trouvé des variantes, il a cité d’abord les le- cons des éditions, mais seulement des éditions critiques, et de celles pour lesquelles on a employé des manus- crits, et il est étonnant combien peu il y a de ces sortes. d'éditions ; lorsque l'éditeur les eut une fois trouvées, son travail lui fut beaucoup plus facile , car il n’avoit plus besoin de consulter les autres éditions ; s'il se trouve une variante dans les édi- tions de Bale , elle est tirée tantôt de l’une, tantôt de l’autre des éditions critiques. Ensuite lé diteur prit en considération les leçons des. manus- crits. Il en est peu qui soient proprement raison- } C 94 ./ Nouvelles littéraires. nés , et ils ne servent guères qu'à montrer comment étoit le texte dans les copies ordinaires des temps plus reculés. Ils offrent , il est vrai , une quantité de variantes , de manières d'écrire, de subtilités , sans compter les fautes d'écriture et de lecture qui ne méritent pas d’être remarquées. Comme dans les éditions précédentes on a conservé un grand nombre de ces différentes sortes , particulièrement dans les premiers livres, il falloit aussi les conserver; parmi les nouveaux manuscrits , ceux de Breslau ont été comparés avec la plus grande exactitude par M. le professeur Jacob ; comme ceux-ci montroient assez les déviations ordinaires, on put faire plus d’at- tention aux lecons qui ont un mérite critique, et aux Codex anciens et importans dont on a le: ca- talogue; alors, on consulta les anciennes scholies, les citations des anciens écrivains et grammairiens , et l’on put raisonner sur l’auteur. On pouvoit douter de la légitimité de tel ou tel vers , com- parer différens endroits, dont les uns ne parois- soient pas répondre au tout , et d’autres portoient de certains traits de ressemblance ; alors le champ fut ouvert aux conjectures et aux probabilités. Mais avec cela on ne peut rien prouver , ou du moins on ne peut prouver que fort peu. Si jamais critique rai- sonnée demande de la modestie et peu de préten- tions, et laisse aux autres la liberté la plus grande de penser , c’est sans doute celle d'Homère ; l’on peut bien se faire certaines formes d’après lesquelles tel passage paroît avoir été travaillé plutôt ou de très-bonne heure , tel autre plus tard et encore plus Nouvelles littéraires. 95 tard, mais malgré cela on ne peut pas assurer que ce passage soit intercalé et faux. L'éditeur , qui s’est beaucoup occupé de ce travail dans différentes épo- ques , chercha la base de toutes ses conjectures dans, la partie historique des poèmes d'Homère, mais la plupart des périodes restent dans l'obscurité LE plus profonde. Le seul guide que l’on puisse suivre, est l'esprit de l'antiquité 3 mais qui peut avoir cet esprit parfaitement sûr et sans illusion ? Quant à ce qui concerne les remarques explica+ tives, l'éditeur a travaillé avec ses propres matériaux. Il se figura, en idée, un lecteur intelligent, attentif, qui exigeoit partout un sens clair fondé sur lintel- ligence des mots et la connoissance de la chose ; qui demandoit le comment et le pourquoi de tout; et il tâcha de contenter ce lecteur , d’abord dans ses nates ; sous le texte, et ensuite dans ses obser- vations ; il ne fit pas ici comme font ordinairement les interprètes et les commentateurs ; ils laissent de côté ce qui peut être connu à celui qui est exercé dans la lecture des classiquesi, ou ce qui doit l'être à quiconque est familiarisé avec Homère , et ils re- commandent une douzaine d’endroits à femilleter, où il est question du mot et de la façon de parler en question ; mais il crut plus convenable de dire en peu de mots ce dont il s’agit 3, de rappeler te que , l'on doit savoir pour entendre fe passage , et d’en- trer dans de plus grands détails sur les endroits con- testés, ou les objets obscurs ou traités moins souvent : alors des explications historiques , grammaticales et mythologiques trouvèrent leur place. L'auteur ne #4 96 Nouvelles littéraires. s’embarassa pas si ces observations étoient déjà faites, il vouloit seulement montrer ce qui appartenoit ici à l'objet en question. Lorsque les objets exigeoient des discusssions entières et détaillées , l'éditeur y a joint des mémoires particuliers. Les uns concernent en partie des observations grammaticales , particu- lièrement l'usage qu'Homère a fait des particules , eu païtie les propriétés du mètre et surtout du di- gamma ; d’autres ont rapport aux idées d'Homère pri- ses de différentes mythes de l’ancien monde. Un mot seulement sur les secours que le bonheur a procurés à l'éditeur. Dans l'avant - propos et la disssertation de Subsidiis , il s’en trouve une notice détaillée , et M. Heyne ne peut que se louer des ‘ bontés que la plupart des gens de lettres ont eues mes pour lui, en lui procurant tous les secours dont il pouvoit avoir besoin. M. le professeur Jacobs, M. le docteur Nohden , les magistrats de Breslau, M. Thomas Burgest , M. le professeur Mafthife, M. Charles Townley , M. Ignace Hardf , bibliothécaire de Munich , M. Herfÿmanglollius sont ceux aux- quels M. Heyne aime à offrir le plus particulière- ment l’hommage de sa reconnoissance (1). f M. GrorrfenD a ajouté à son explication des de zen inscriptions persépolitaines, une continuation intituléez d'zoi alphabeti / atque sermontis charactere. L'auteur a cru devoir faire précéder de ce mémoire (1) 11 ya actuellement à Paris, chez Treuttel et chez Kænig, quelques exemplaires de cet ouvrage admirable; le meilleur peut-être que son illustre auteur ait produit. A. L. M. l'explication Nouvelles littéraires. 97 l'explication d’autres inscriptions plus grandes pour être plus à même de la juger. IL L’alphabet de l'écriture à coin ( de la première sorte ) a deux traits fondamentaux que l'on pourroit nommer flèche et arc, ou mieux encore , ciseau et règle { cælum et norma ). Il paroît avoir été inventé principalement pour les inscriptions lapidaires. Il n'offre point de traits arrondis, et il est non-seulement très-commode pour ce but , mais même assez beau à cause de sa composition simple et régulière. L'auteur remarque comme propriétés particulières de cet alphabet, que 1.° les principaux traits des lettres sont perpendicu- laires ; les horizontaux sont des traits accessoires. Les derniers sont toujours à côté ou sur les pre- miers ; seulement dans la lettre g il y a en haut deux coins qui se croisent. 2.° Les pointes des flèches où coins sont toujours tournées en bas ou à droite 5 sitôt que l’on écrit les caractères en partant de la gauche, cette position est naturelle. 3.0 Chaque lettre n'offre pas plus de trois coins ou deux angles comme traits principaux , etau plus trois traits accessoires : cependant, lorsqu'un angle fait le trait principal ; il se trouve encore par fois un trait accessoire de l’au- tre côté. 4.° Les angles et les principaux coins sont tous d’une hauteur égale ; seulement dans deux lettres, m,0o, le coin du milieu est plus eourt pour empè- cher qu’on ne le confondé avec le t et Pä, qui est semblable. Quant aux traits transversaux ou acces- soires , souvent l’un d’eux est accourci, ou bien nm trait qui devroit être en haut est, à cause de l’es- pace , mis de côté. 5° Dans les ati où il n’y à Tome VI. | G 98 Nouvelles littéraires. qu'un seul trait principal, les traits transversaux sont toujours à côté; où il y a deux traits principaux , ordinairement les traits transversaux sont en haut; et où il y en a trois, ces traits accessoires se retrouvent aussi a côté. 6.° Lorsque plusieurs traits transversaux se trouvent sur un ou deux traits principaux, les’der- niers sont raccourcis , pour que la lettre ne sorte pas de la ligne. L’alphabet lui - même est représenté sous un double point de vue ; d’abord d’après la composition des traits, où l’on commence par les signes les plus simples , le coin avec un ou deux traits accessoires, et ensuite d’après l'ordre des lettres de l'alphabet du zend ; dans Anquetil sur la dernière table , l’auteur a remarqué les lettres qu’il croit dé- fectueuses, d’après sa comparaison avec les dessins de Bruyn et de Niebubr. Enfin, l’auteur remarque que cet alphabet à coin n’a de ressemblance avec aucun des alphabets connus, et que l’on essayeroit en vain de déterminer le sens des lettres isolées d’a- près leur ressemblance avec le zend ou d’autres let- tres ; cependant il trouve que les lettres qui se res- semblent dans l'écriture pehlevis à Nakschi Rustam, se ressemblent. aussi dans l'écriture à coin. Ce que l’auteur remarque, II. sur la langue du zend , se réduit aux objets suivans : 1.° le zend est, parmi les dialectes persans , ce que le samscrit est parmi les dialectes des Indous, et a beaucoup de ressemblance avec cette langue. Toutes deux ne sont pas formées, mais sont abondantes en mots; toutes deux ont beaucoup de voyelles élevées, et d’un autre côté souvent des compositions de consonnes assez dures. Nouvelles littéraires. 99 Les deux langues ont aussi plusieurs choses de com- mun ensemble dans les mots radicaux et dans la flexion, et elles sont très-différentes des autres. lan- gues. 2.° Le zend a une grande variété de formes grammaticales et une construction sans, règles; il aime, comme le grec et l'allemand, les mots composés. Le plus important dans cette section, est un exemple de la déclinaison du nom, tiré des inscriptions , et quidévie, en plusieurs parties, de la déclinaison d'An- quetil. Le singulier a, par exemple, au génitif et au datif , la terminaison âhê ( Anquetil tscha , ou ao }), l'accusatif o ( Anquetil m ) e et etschao (au lieu de bio et de bietscha dans Andquetil ). Ces différen- ces serotent très-frappantes, si l'on ne pensoit pas que les deux sortes de déclinaisons sont tirées d’e— xemples partiels, et que nous connoissons encore moins la grammaire du zend que son dictionnaire. Il faut croire que les recherches ultérieures de l’auteur don- neront toujours plus de vraisemblance à son expli= cation. SELENO TOPOGRAPHISCHE FRAGMENTE zur genauern Kenntniss der Mondhæche, threr er- L#æ littene} 14 eranderungen und atmosplipre, samme Jr den dazu gehœrigen special Charten und Zeich- nungen von der. Joh. Hieron, SCHR ŒTER;zwei- cer T'heil. Gottingen.— FRAGMENS Seleno-topo- graphiques pour faire connoïtre plus exactement ‘la surface de la lune , son atmosphère et les va- riations gwelle a subies, ECA cartes spé- ciales et dessins qui y sont nécessatres ; par TJ. JEROME SCHR@TER; seconde partie. G 2 100 Nouvelles littéraires. UBER die V erfassung und V. ASS deutscher Universitäten von C. MEINERS, zweïter und leëzter band. — SUR la Constiturion et l’Ad- ministration des Universités allemandes ; par C.MEINERS, second et dernier volume (x). “Ce second volume contient les sections suivantes. I. Sur la destination des professeurs. II. Sur l'examen, la nomination et l'élection des professeurs. III. Sur les récompenses et les punitions des professeurs. IV. Sur les leçons, la manière d'enseigner et les vacances. V. Sur les instituteurs particuliers, ceux qui montrent les exercices du corps, les arts , les langues. VI. Sur les étudians , leurs droits, leurs libertés. VII. Con- sidérations générales sur les lois académiques et la dis- cipline. VIIL. Lois académiques sur la réception des étudians; sur la dufée et l'extinction du droit de citoyen académique ; sur la relation des étudians vis-à-vis des magistrats , des professeurs ét de leurs propriétaires. IX. Lois sur les dettes et les dépenses des étudians ; sur les jeux défendus et Le manque d'application. X. Lois contre les corporations , les réunions d’étudians d'un, même pays et les ordres. XI. Lois contre ceux qui troublent la süreté et la tranquillité € publique. XII. Lois contre les duels. XIII. Punitions aca- démiques. XIV. Édit de crédit pour les étudiaps. Dans l'assemblée du mois de novembre, qui étoit la cinquante et unième de la fondation de la SocrÉTÉ ROYALE DES:SCIENCES, et la première sous son nouveau président , le duc de Cambridge, M. (2) Supra, t. IV, p. 158 et 373. Nouvelles littéraires. 10x GMELIN lut un mémoire sur les effets chymiques de la colonne métallique , d’après la première dis- position du célèbre professeur Volta. Après avoir décrit l’arrangement de cette colonne , les change- mens qu’il y a faits lui-même et les circonstances dans lesquelles les expériences réussissent le mieux , il dé- peignit les changemens qu’elle produit dans l’air am- biant ou tout autre milieu, dans les disques et fils métalliques , dans le fluide , dont ordinairement sont arrosés les disques qui se trouvent entre les disques métalliques et dans celui dans lequel les pointes ter- minales des conducteurs sont cachées. Ce qui occupa le plus M. Gmelin, ce fut l'effet sur les diverses fluides qui .par là deviennent aériformes, et qui deviennent ensuite liquides, et souvent aussi solides. Comme ces effets se montrent aisément dans l’eau pure, que dans les fluides, au contraire , qui ont peu d’eau ou point du tout, on les remarque rarement, et que dans les sels secs ils ne paroissent pas , M. Gmelin, croit que Îles changemens produits dans les acides raréfiés dans les dissolutions aqueuses des sels alcalis neutres terreux et métalliques reposent en partie sur les degrés d’aflinité des conducteurs métalliques avec ces sels, et sont oecasionnés par le changement précé- dent de l’eau qu'ils renferment; mais il n'ose pas dé- cider qu’alors l’eau *$e trouve réellement décomposée dans ses élémens. En observant la chose exactement, Pauteur croit vraisemblable que Peau est la base des deux substances aériformes qui montent dans ce chan- gement, et que suivant qu'elle est plus on moins mnie avec la substance qui sert dans ces expériences G à 02 Nouvelles littéraires. ou bien avec tel ou tel élément de cette substance, elle forme à la pointe d’un fil du gaz inflammable , et à l’autre de l’air vital. Après la lecture de ce mémoire , M. HEYyxE fit à la société le récit ordinaire de ce qui s’étoit passé dans l’année qui venoit de s’écouler, relativement à la société. Il fit précéder ce récit de quelques con- sidérations qui doivent servir à rectifierles idées que l’on a communément sur la relation des sociétés littéraires avec les universités. L'expérience montre , en Alle— mague et partout, que les universités ne suflisent pas seules pour faire fleurir les sciences ou les conserver florissantes. Dans les pays étrangers, ta plusgrande par- tie des services rendus aux sciences le sont par des so- cités littéraires. Dans ce que la République française fait à présent pour les faire revivre , il est à peine question de l’université de Paris et de celles des autres villes. Il faut en exposer les raisons. Nôus avons des instituts d'instruction , des écoles et des universités; dans ces instituts , on montre les sciences à ceux qui veulent ou recevoir les connois- sances élémentaires, en entendant lire d’après un abrégé de cette science , ou bien étudier une science systéma- tiquement ; mais quant à ceux qui, au sortir de l’uni- versité , veulent faire leur étude propre d’une science, désirent augmenter la somme des connoissances par leurs propres travaux , et étendre , s’il est possible , le domaine des sciences , nous n'avons pas d’instituts pour eux. Nos universités ne sont pas disposées pour cela. Ce sont des instituts d'instruction, et l’on ne peut de- mander du professeur, comme ‘tel , rien autre chose , Nouvelles littéraires. 103 sinon qu’il sache à fond sa science et qu'ilsoit en état de la montrer à d’autres. On peut attendre encore qu'il tonnoisse les découvertes que font les autres et qu’il les transporte dans son propre système. Si cependant le professeur fait quelques progrès dans.ses études, s’il fait des découvertes , des expériences savantes , il le fait seulement comme savant. Il est clair que ces deux qualités peuvent et doivent être réunies; mais le de- voir et la position d’un professeur restreignent beaucoup l'une des deux. Il y à aussi un grand.nombre de savans qui n’habitant pas les universités, se consacrent pour- tant à l'agrandissement et à la culture des sciences, particulièrement des sciences physiques, mécaniques , astronomiques: ces savans manquent souvent de places de réunion, et d’instituts nécessaires pour cetteréunion ; et c’est ce que doivent être les sociétés , les acadé- mies des sciences , et les autres sociétés littéraires qui sont formées avec les universités. Ainsi l’on voit ce que pourroit et ce que devroit être la fondation d’une société des sciences de Goettingue ; elledevroit servir à réparer ce qui manque encore dans une si grande partie de l'Allemagne, elle doit favoriser le progrès des études des professeurs mêmes ,-et être un moyen de réunion des savans étrangers avec ceux de l’université. Lors- que ce but n’est pas atteint, ce n’est pas la faute du plan, mais celle du temps et des hommes. Ainsi , une société des sciences dans une université n’est point en opposition avec ce que doit être. un institut d'instruction , elle n’est pas non plus la même chose ; mais elle doit servir de moyen efficace pour que cette université ne devienne pas une simple école et G 4 104 Nouvelles littéraires. soit regardée en mênie temps comme le point de réunion des sciences et des savans. ; Le secrétaire de la société quitta ensuite cet objet , et parla des membres qu’elle a perdus et de ceux qu'elle a adoptés , après ‘avoir annoncé qu’à présent elle auroit l'honneur d’être présidée par le duc de Cambridge. À cette occasion , il dit que la société , lors de sa fon- dation , eut pour président Æaller ; lorsqu'il quitta Goettingue en 1753, et jusqu'à sa mort arrivée en 1777, elle eut des directeurs chbisis parmi ses mem- bres ; en 1780, le duc de Brunswick devint président, il mourut en 1792, et la société s’est trouvée ainsi dix ans sans président. Membres morts depuis lemois denovembre de l’année dernière : parmi les savans du pays d'Hanovre, Joh. Ernst Wichmann , médecin ordinaire du roi à Hano- vre, et Louis-Albert Gebhardi, bibliothécaire du roi à Hanovre : parmi les étrangers , François-Ulrich- Théodore Æpinus , Robe d'état de l’empereur de Russie, associé ; M. de Burÿédorff et le baron de Vega, correspondans. On a recu depuis le mois de novembre : comme mem- bre honoraire, le baron de Tolna, fondateur de l’insti- tut économique, si important pour la Hongrie : comme membre ordinaire, M. le professeur Reuss: comme membres étrangers, le comte de Rumford, M. de Pay- kul, connu par sa Fauna Suecidca ; Pierre-Francois Mechain , J.-B.- Joseph Delambre, M. Barnabas Oriani, astronome à Milan; M. Nicolas Fuss, secrétaire de la société des sciences à Pétersbourg ; le docteur Nouvelles littéraires. 10 Olbers , médecin à Brême. Parmi les membres de ce pays ; M. le docteur Lhaer , médecin à Telle. La société a nommé pour correspondans : MM. Atha- nase Sloicowitz, Charles Pougens , Gregoire de Bérce- wiczy , Louis Schedius Gotthelf Fischer, professeur à Mayence ; Ægidius-Charles-Joseph de Vivèré de Gant, Frédéric - Louis de la Fontaine , médecin à Varsovie, et le docteur Charles Gauss, astronome à Brunswick. Dans cette même assemblée, la société a distri- bué les prix. La classe de physique avoit remis la question qu’elle avoit donnée en 1799, et qu’elle n’avoit pas trouvée resolue d’une manière satisfai- sante, Quæritur in quibusnam insectorum et vermium or- dinibus respirationis seu spiritum ullo modo du- cendi functio et effectus ejus primarius qui vulgo Processus philogistici, combusturæ certo respectu comparandi nominé venit observationtbus et ex- perimentis demonstrari possit. La société a reçu deux mémoires, le premier, ayant pour épigraphe : rerum inventio a naturæ luce pe- cenda , n'offre pas moins de 168 expériences que l’auteur a faites avec le plus grand soin et la plus grande exactitude, sur environ 5o espèces d’ani- maux à sang blanc (sur des insectes de 7 ordres de Linnæus , et parmi les vers sur des intestins, des mollusques et des testacés). Au moyen de l'application ingénieuse de l’appareil pneumatique et de plusieurs autres , il a enfermé le$ animaux terrestres dans de l'air atmosphérique aussi bien que dans différentes sortes de gaz simples , et Les aquatiques dans de l’eau / PE 106 Nouvelles littéraires. imprégnée de toutes sortes de gaz ; ensuite il a examiné , avec le plus grand soin , tantôt au moyen de Peudiomètre de Fontana, tantôt de toute autre manière certaine, les changemens que l'air ou l’eau subissoit per le séjour de l’animal qui y étoit renfermé. Pour se défendre de toute illusion , il a répété, en les va- riant, les expériences qu il ayoit faites, a exposé , avec attention , lés circonstances qui rendoient l’une on Vautre de ses expériences moins décisives. 11 a égale- ment communiqué des observations microstopiques et d’autres sur le cours et la répartition des trachees dans. les différens insectes. Le. second mémoire, rerum natura sacra sua non stimuli tradit initiatos 20s credimus in vestibulo Læremus , contient 1.° un aperçu complet très utile de ce qui a été dit jusqu’à présent dans des mémoires isolés ou par fragmens sur l’objet de la question ; non-senlement la différence de la construction des organes de la res- piration dans les divers animaux à sang blanc, les opinions erronées s’y trouvent rectifiées ou par fois réfutées ; 2.° d'excellentes observations sur ces organes et des expériences exactes et nombreuses sur les chan- gemens que le séjour des insectes et des vers fait subir à l'air ou à l’eau dans lesquels ils sont enfermés. L'auteur s’est servi pour cela, entre autres moyens, de l'anthracométre de Humboldt. On trouve aussi dans cet écrit des expériences intéressantes sur la tempé- rature plus élevée des animaux à sang blanc dans certaines circonstances. = Les deux mémoires donnent du reste le résultat satisfaisant que les animaux à sang blanc en général METTRE, PTE Nouvelles littéraires. 107 (à quelques exceptions près de quelques ordres de vers) échangent , aussi bien que les animaux à sang rouge, du gaz oxygène, qu’il soit pur ou se trouve dans l'air atmosphérique ; ils échangent , dis-je , au moyen d’une sorte de respiration, du gaz oxygène contre du carboni- que, etceux qui vivent sous l’eau ne reçoivent en aucune manière leur oxygène par la décomposition de l’eau , mais par celle de l’air qui s’y trouve mêlé. En examinant attentivement les deux mémoires , le premier se dis- tingue particulièrement par un plus grand nombre d’ex- périenices exactes et décisives ; en conséquence, le pre- mier mémoire avec l’épigraphe rerum inventio,etc., a obtenu le prix, et on a adjugé l’accessit au second. L'auteur du mémoire courronné est M. J. L. A. SorG, docteur en médecine et professeur de physique à l’université de Wurtzbourg. Celui du mémoire qui a obtenu l’accessit est M. J. Frédéric HAUSSMANN, d'Hanovre , étudiant à Goettingue. La question économique étoit : Est-il à propos d'établir une taxe générale pour les pauvres au lieu des collectes volontaires , et dans ce cas ,. comment faudroit-il la déterminer et l’organiser ? La société a recu six mémoires avec les devises sui- vantes. I. Gure Menschen kænnen viel thun. 11. Un homme n’est pas pauvre parce qu’il n’a rien, mais parce qu'il ne travaille pas. III. Il ne suffit pas d’être juste. TV. Consilium nobis resque locusque dabunte. V. Gerechtigkeit, Menschenliebe, Gutthatigkeït. IV. Emolumento publico. Parmi les auteurs, les uns sont pour la taxe générale , les autres sont contre, tous par différens motifs. Tous reconnoissent que les 108 Nouvelles littéraires. collectes volontaires ou quêtes ne sont pas suffisantes, Les six mémoires réunis nous offrent assez juste et assez complétement les raisons pour ou contre la taxe ; mais nous n’en sommes pas plus avancés à Pégard du meilleur parti à prendre. Le résulat est qu'on doit éviter la taxe pour les pauvres , s’il est possible ; que cependant, si on doit l'introduire, on ne sait aucun moyen pour la déterminer avec justice et pour parer aux grands désavantages de toutes les impositions sur les fortunes. Aucun des auteurs ne paroît connoîïtre assez les suites extrèmement nuisibles. que cette taxe des pauvres a en Angleterre, où l’on se plaint tellement de la corruption des mœurs qu’elle entraine, où l’on sent si vivement combien elle est oppressive sans pouvoir trouver le moyen de la ré- former ou seulement de la diminuer. Il y a dans le n.® VI des faits qui conviennent bien au sujet, mais l’auteur n'en a pas tiré tout le parti convenable. Le n° V paroît le meilleur, plusieurs auffes ren ferment des choses ingénieuses et théoriquement bonnes , mais cependant la société ne s’est pas crue suffisamment autorisée à adjuger le prix à aucun des mémoires. Voici les questions proposées pour l’année prochaine. La principale question pour le mois de novem- bre 1803, proposée par la classe mathématiqiie , est : Cum in multis disquisitionibus pyrometricis earumgue applicatione varià imo et n.1psa lucis et culoris natura penitius rimanda , haud pa- rum jntersit nosse varium caloris gradum quem corpora ex diversis materiis sub iisdem condi- PE CE SN OS Nouvelles littéraires. 109 éionibus externis radiis solaribus exposita, citius vel tardius adipiscuntur , huc vero usque parum än hoc negotio prœæstitum sit ; societas regiæ lujus argumenti dignitatem curæ et attentioni naturæ scrutatorum commendans cupit. I. Experimentis exquisitis et calculo ïllis innixo sollicite investigari quomodo corpora ex diversis materiis sed ejusdem figuræ et volumi- ris ('optime forsan spheræ diametri unius cir- citer pollicis) sub eodem æris statu, eadem lu- minis intensitate exdemque temperie initialr,erc. sensim per singulaminuta temporis observationts in lumine solari calefaci'ant, etc. II. Ad quem gradum temperici corpus quodliber adhibirum in fine observationtis hoc est cessante caloris incremento perventurum esset vel directa observatione (quod præcipue cupitur ) vel saltemnm ex lege observat& increscentis calortis erui. L@classe historique a donné une nouvelle question pour le mois de novembre 1804. Cum a veteribus et recentioribus physicis (inde a sæculo XVI) multa de meteoris diligenter observatæ nec non de eorum natura causis eë legibus ingeniose er subrilicer excogitata et dis- Putata sint, cumque in his forsitan occurrant adhodiernam quoque meteorologiam perficiendam utilia notatu saltem aut severiort examine digna desiderat societas ut historia meteorologiæ accu- rata et critica a primis Græcorum etRomanorum in hoc studio conatibus usque ad nostram ætatens eontexatur. 110 Nouvelles littéraires. Nequaquam autem vult societas ut asseraneur a certantibus quævis opinionum de meteoris com- menta apud veteres et recentiores scriptores obvia ab ignorantia aut a vana superstitione profectæ guibus ne frustra obruatur commentatio et tædium moveatur legentibus sollicite cavendum est. Optaë illa potius ut sum -ex veterum meteorologorum , Aristotelis autoris meteorologiæ inter veteres prin- cipis Theophrasti, Plinii, Senecæ atque etiam Ptolemeæi, tum etiam ex physicorum recentiorum sæcul. XVI er XVIII præsertim Bernardini Téelesii, fr. Patricii, Jordani Bruni, baronis de Verulamio , J. Kepleri, Gassendii , Cartesit, aliorum scriptis huc indicantibus colligantur ex- plicentur et judicentur graviores eorum de rebus meteorologicis sententiæ quas cognitas et per- spectas habere nostra quogue ætatis meteorologi interfuerit : wt describantur breviter ant verbo in- dicentur observationum meteorologicarum mgdi , rationes et instrumenta. Adnotato simul climate. Potest quoque inquiri unde orta sit persuasio olim vigens quo tam altas radices egit de planetarum in meteora influxu ; ut definiatur denique gene- ratim et suceincte guatenus nostris temporibus ope perfectioris physices astronomiæ , et meteo- rologiæ vero propius accesserie. Il y a pour chacune de ces questions un prix de 50 ducats et les mémoires doivent être envoyés avant le mois de septembre de chaque année. Questions d'économie pour le mois de juillet 1803. « Quels sont les meilleurs moyens pour empêcher les Nouvelles littéraires. rt! « vers et les insectes nuisibles d’entrer dans les étangs «empoissonnés, et pour les en chasser », Pour le mois de novembre 1803. ‘ « Le blé de turquie { zea mays ) doit il être cul- «tivé en grand en basse Saxe ? Pourquoi cultive-t-on « encore si peu cette sorte de blé ? Dans quelle pro- « portion seroit son utilité avec nos autres espèces « de blés ? » Le prix pour chacune de ces questions est de 12 ducats , et les mémoires doivent être envoyés dans le mois de mai pour la première question, et en sep- terabre pour la seconde. (La suite au prochain numéro } FRANCE. MANSs. Procès - verbal des séances publiques de la Société libre des arts du département de la Sarthe, séant au Mans, tenues dans les années 1x et x de la République. Seconde séance publique du 15 prairial an X, Dans un discours d'ouverture , le C. LIVRÉ, pré- sident, a fait l'analyse de chacune des sciences qui font la base des travaux de la Société ; il a.dé- montré l'utilité et l'agrément dont jouissent ceux qui s’y livrent , l'attrait qu’elles ont pour les savans qui les cultivent , et leurs rappots entre elles. Ce discours terminé , le C. DETOURNAY , se- 112 Nouvelles littéraires. crétaire général , a lu le compte rendu des travaux de la Société, pendant cette année. $ I.e Économie rurale. Vingt mémoires ont enrichi la Société de nou- vélles connoiïssances sur l’agriculture et l’économie rurale ; on y développe les propriétés d’un arbre pré- cieux , le Robinia ou re Acacia, etles moyens de le multiplier. L'agriculture est sans doute susceptible d'amé- liorations nombreuses dans le département de la Sar- the; un mémoire écrit avec précision indique celles qui résultent de la protection du gouvernement , et celles qui dépendent des soins et des travaux du cultivateur. La nécessité de rétablir les harras, les moyens d’y parvenir et de perfectionner la race des chevaux, méri- toient sans doute l'attention de la Société. Des essais d'agronomie et de diététique des vé- gétaux ; de l'application de la chymie à l'agricul- ture , pour tâcher de surprendre le secret de la na- ture sur la végétation , tiennent un rang distingué parmi les mémoires : dans différentes dissertations , on traite de la fermentation spiritueuse sans le con- cours de l'air libre ; de la culture théorico-pratique des argiles , pour laquelle on distingue trois sortes d'engrais , dont l'application se fait suivant la nature du sol. On a traité de la culture dont sont susceptibles les Nouvelles littéraires. 1x2 Jes terres du département , et particulièrement cellés du canton de Saint-Calais. … Un autre mémoire démontre l'utilité sensible ré- ie du partage des terres en assolemens par quart, surtout dans le Maine , où la récolte des trèfles pro- - 20 mètres détoffe croisée, façon de Londres ; et teintes en bon teint ; la qualité a parfaitement répondu à leur beauté, et a démontré l'avantage qui résulteroit pout le département , de. léiehorattôn de Pespèce. Si ta mécanique à ouvrir, peigner, carder et filer la lame pouvoit atteindre le degré de perfection ‘exigé pôur mériter les prix de 40 et 20,000 fr. proposés par le Gouvernement , cé séroit un grand encouragement pour les manufac- tures. La Société en a rendu public le prospectus. Dans un compte rendu des'succès qu'avoit obtenu \ un établissement de filature et fabrication de coton, qui, par la révolution , n’a pas eu de suite, il a été H 2 x16 Nouvelles littéraires. prouvé qu'on étoit parvenu au point extraordinaire de finesse de 66,000 mètres au demi-kilogramme, mais communément de 18 à 24,000. Il existe encore au Mans des fileuses qui formeroient un noyau important de très-belle filature, si on faisoit quelque entreprise à cet égard. Il a été aussi présenté à la Société, des tableaux de l’état du commerceet des manufactures du dé- partement, tant en lainerie qu’en toilerie, avant la révolution, et qui permettent d'espérer que la paix lui rendra partie de son ancienne activité; la Société s’empressera toujours. d’en présenter les moyens au . gouvernement, comme elle l’a fait jusqu’à ce jour. ki SITE. Navigation. Puisse la paix réaliser enfin le projet de la na- vigation de la Sarthe, dont l'exécution. a été tant de fois sollicitée. Son ‘utilité est si complétement démontrée, qu’on ne peut rien y ajouter. Dans un nouveau mémoire , on rappelle celui lu à la der- nière séance publique , sur les importations et expor- tations; on y ajoute encore quelques réflexions sur la masse des objets à traiter, et on propose une société de navigation, par actions, demi-actions et quart d'actions, qu’on pourroit même établir en ton- tine , qui seroient bientôt remplies, en, présentant des attraits aux actionnaires, et en dégageant l’en- treprise d’entraves. - Nouvelles littéraires. : 117 | 6. IV. Histoire naturelle. Plusieurs membres ont fait preuve de leurs con- noissances et de leur goût pour l’histoire naturelle. Ils ont présénté des tableaux et catalogues : 1.° des substances minérales observées aux environs du Mans, et rangées d’après la méthode de Daubenton ; 2.9 l’enthomologie , ou catalogue des insectes obser- vés dans nos campagnes , et disposés d’après la mé- thode du C. Lamark; 3.° plusieurs tableaux élémen- taires d'histoire naturelle, pour servir aux lecons des écoles centrales. Une description des Grottes de Sauges , autrement dites Caves à Margot , près Saint-Pierre d’Erve, dé- partement de la Mayenne, présente des détails sur quelques singularités naturelles, dont nous nous per- mettrons de donner' une courte analyse. Sous deux énormes rochers, entre lesquels passe la rivière d’Erve, se trouvent des excavations qui forment plusieurs salles, les unes octogones , ‘les autres irrégulières et de différentes grandeurs, depuis six mètres jusqu’à dix-neuf de diamètre; les voûtes en sont formées par les rochers, dont les fentes, . assez larges: dans quelques - unes, en rendent l'aspect effrayant , les présentant comme suspendus. Un de ces rochers;"couvert de stälagmites, figure la partie inférieure d'un homme coupé ‘par la moitié , ‘dé mamière à faire illusion. L'entrée devquelques-unes de ces salles, est fermée par’ des parties considé: rables de ces rochers, dont deux, côte à côte et de H 3 118 Nouvelles littéraires: forme irrégulière , s’élèvent jusqu’à la voûte : à tra- vers leurs fentes, on “aperçoit des ;E(TSpREes , dont ‘ une sonde de trente-cinq mètres. n'a. -pu atteindre le fond. Des stalactites sont. attachées aux, parois du rocher, d’autres sont suspendues à la voûte; elles: ne sont pas cristallisées à l'extérieur, : Le rocher, est extrêmement dur : le fond est une terre argileuse,, sur laquelle on a cru yoir les traces d’une chèvreg on trouve , d'espace en espace ; des nappes d’eau peu larges et peu profondes : ces caves. répèteut,, sour- dement la voix. Elles : offrent sans doute d’autres ParT ticularités, et des membres de.la société, , qui.:se livrent à cette partie, se proposent d’aller.les appros fondir. EPP" SE En tete) dl Littérature et Histoire. | 4 » , ” Quinze mémoires sur la littérature, et l'hastoirey atiestent que plusieurs membres se Hyiehtà à ce genre, aussi utile qu'agréäble. | La statistique sdb département y: tient in rang dis- tingué , sous les rapports de fobse) finances com merce et manufactures. < Le membre qui , dans la Aérsibee séance publique ; a prononcé l'éloge de Germain Pilon, lui avoit attri+ bué un ouvrage dont .ce célèbre séulpteur n'est pas Vauteur; 1l s’est empressé de rectifier.cette errreur ; qui lui a été indiquée par un associé correspondant. Rien n’est indifférent de ce qui a rapport à ce grand homme : la Sociélé, a appris ravec satisfaction qu’il existoit à Paris un descerdant-de cet: artiste , et PR Nouvelles littéraires. 119 qui soutient la célébrité de son nom parmi les sculp- teurs. L'auteur de l'éloge de Fôrbonnais ; a fourni des notes curieuses sur la vie de ce savant regretté. Une question grammaticale, sur Ja manière de prononcer certaims mots, a donné lien à une disser- tation où l’on présente une analyse des discussions qui ont eu lieu, à cet égard, dans le seizième siècle , des. scènes atroces et cruellement absurdes qu'ont occasionné des mots à la fin du dix-huitième. L'au- teur , distinguant la langue parlée de la langue écrite, établit des principes certains sur la prononciation. Plusieurs membres ont traité l'histoire de la pro- vince du Maine dans différens mémoires : lessuns, sur les sciences,, les arts et les lettres dans les dépar- temens de la Sarthe et de la Mayenne, depuis Jules- César jusqu’à nos jours ; les autres , sous le titre d’es- sais historiques sur les mêmes départemens , divisés en sept époques; et sur les monumens du culte des Druides dans ce département. Tous annoncent des recherches faites avec soin; quelques fragmens d'un de ces ouvrages qui doivent être }us dans la séance, seront beaucoup plus intéressans que l'analyse qu’on pourroit en présenter. On, trouve encore l'étude approfondie de Loire dore un mémoire relatif au canton de Bessé, tant sur les anciens cenomans, aulerces, etc., que sur les distances indiquées par Peutinger, d'une voie romaine du : Mans à Chartres, à Tours, etc. L'auteur du mémoire trouve dans ce géographe, des erreurs qu’il croit provenir de l'impression : il propose à ses col- H 4 .120 Nouvelles littéraires. lègues de s’en assurer , en‘ allant sur les lieux, et en consultant préalablement Bergier , Peutinger, les antiquités de Caylus , et autres. Un membre correspondant à proposé par sous- criplion un oùvrage intitulé: Essais historiques sur la Flèche ; cet ouvrage tient à l’histoire d'Angleterre, à celle de plusieurs provinces, et particulièrement du Maine et de l’Anjou; aux mœurs, usages et coutumes des siècles reculés ; à la physique, à l’his- “toire natürelle et autres sciences; une notice sur . Hélie de la Flèche , comte du Maine, dont l’autenr a adressé le manuscrit à la Société, donne un pré- jugé très-avantageux en sa faveur. Daähs un rapport sur les mémoires de la société d'agriculture , arts et commerce du département des Ardennes, le membre qui s’en est chargé présente une analyse des différentes beautés dont ils sont remplis, particulièrement d'un morceau de poésie intitulé la Ruine de Troie, traduit de Pétrone ; le cheval de Troie, la mort de Laocoon et de ses deux fils, la prise de cette ville, et les malheurs. qui en sont la suite, y sont peints avec beaucoup d'expression ; mais un morceau dont l'énergie est frappante , c’est une traduction du latin du cardinal Sadolet, témoin de la découverte du Laocoon dans les ruines du palais de Titus. Ce rapport est enrichi de réflexions très-instructives sur les ouvrages des savans , et particulièrement sur ceux de l'abbé Bat- teux , d'autant plus précieux, qu'ils sont élémentaires. L'auteur du rapport finit par exprimer son regret que le département des Ardennes ait oublié de compter é Nouvelles littéraires. 12% au rang de ses compatriotes , l'abbé de Longuerue. - La météorologie est une partie dont la société s’est occupée le plus qu'il lui a été possible; mais elle n’a pu s’y livrer autant que les connoissances de plusieurs de ses membres l’y eussent invité, par le défaut d’instrumens convenables, pour faire des ob- servations avec la justesse et la précision qu'exige cette branche des sciences: Un de ses membres cor- respondans l’a particulièrement suivie pendant l’an vit et l'an vrir; jaloux de communiquer ses lumières à la société, il a bien voulu lui confier ses manus- crits. Un autre correspondant l’a enrichie de plusieurs ouvrages agréables , entre autres, d’un éloge philo- sophique de Diderot, qui fait honneur à l’auteur, et d'extraits d’un voyage autour du monde, pré- cédés d’une instruction historique. Nous ne dirons rien d’une traduction libre de l’ode d’Horace à Virgile, jam veris comites quæ mare cemperant ; la lecture qu’en donnera l’auteur, dans “cette ‘séance, mettra à portée de l’apprécier. | IV: Médailles. . Un membre a fait hommage à la socitété de ja description de 352 médailles qu'il possède, et qui ont été trouvées dans les champs d’Allones, près Le Mans, depuis 1774, jusqu’en 1801; elles sont de différens empereurs romains : plusieurs sont en argent , et la majeure partie en cuivre : les plus anciennes sont de l’an 691 de la fondation de cette ville, 122 Nouvelles littéraires. A ans avant J. C., et les plus nouvelles de 1090 ans de la fondation-de la ville; 337 ans de- puis J. C. . iü S VIII. | . Travaux et Etablissemens publics. Lasociété s’est occupée ; dans plusieurs mémoires , des objets d'utilité publique, dont quelqnes-uns Lui onf'paru mériter une attention particulière , tel que celui sur le mauvais état des prisons de la Flèche : Panteur en expose les inconvéniens ; la nécessité des travaux urgens, les plans et devis pour réunir la. solidité à la commodité, et l’avantage qui doit en résuléer ; tant pour la sûreté dela ville, que pour Féxistence moins pénible des malheureux détenus. - Deux autrés mémoires philantropiques démontrent combien il est contraire à l’ordre public ; à la salu- brité de l'air, et même ‘aux mœurs ; que les tueries ét boucheries soient répandues dans tous les quartiers ét dans toutes les rues de la ville : l’auteur en dé- veloppe les suites fâcheuses, et: combien surtout le défaut de surveillance, impossible à exercer sur des boucheries trop disséminées, enhardit à débiter des animaux maigres, malsains et souvent morts de ma- ladie : il indique les-remèdes à ce mal incalculable, et ses vues sur cet article sont entièrement conformes à celles du magistrat vivilant , chargé de la po- lice, qui s’en occupe essentiellement. L'onne peut douter de l’empressement avec lequel ce magistrat mettra des bornes à ces pernicieux abus, lorsque les circonstances le lui permettront. L - f L L L Nouvelles littéraires. +4 «De toutes les institutions civiles , en est-il qui in téresse plus:le corps social que la propagation des principes dela morale ?’elle affermit la base des gou- vernemens , “llebconstitue le bonheur ‘des individus; et par suite; celui des familles, par fa vis; et Le monie qu’elle y entretient. to La lecture qui doit être donnée d’un mémoire sur ce sujet, dispense d’entrer dans plus de détails. Tels sont én ‘shbétance les travaux de la société depuis sa dernière séance publique. Elle se fera tou- jours un devdirèt uh honneur de mériter la confiance de ses concitoyens > €t de consagrer ses travaux à des objets d'une utilité générale pour la AEpAbAue et le paiement dé la Särthé, ” le AS séance e publique. £ Après les discours du président et du secrétaire ; les ouvrages suüivans ont été lus : 1 Par le C. AuvrAy , préfet Ah département, un prospectus relatif à une souscription pour la gra- vure des principaux chefs-d'œuvres d'Italie. “72.9 Par leC. BérARD , un mémoire sur les ARE rations dont l’agriculture est suSceptiblé dans le dé partement de Ja Sarthe, tant par la protection et l'encouragement du gouvernement, que par les soins et les travaux ‘des particuliers. 5 3° Par le C:' DeresrAne , un discours dans le- quel il démontre l'influence de la morale et dé la religion sur les mœurs. Il y trace le plan de con- duite que doivent ‘tenir les pères et mères envers leurs enfans, pour leur en inculquer les principes. 124 Nouvelles littéraires. : 4°, Par le C. Renouar», üne analyse de ses essais sur l’histoire du Maine , divisée par époques. 5.° Le citoyen DESPORTES DE GAGNEMONT a terminé la séance par la lecture de sa. traduction Libre en vers français de l'ode d'Horace à Virgilez jam veris comites quæ mare temperänts | THÉATRES. THÉATRE DES. ARTS. .Proserpine: C'est la Proserpine de Qui» A uLT, que M, GUILLARD a rajeunie, et qui a été représentée le & germinal an x#: Il l’a coupée de manière à faire dis- paroître les épisodes : étrangers au sujet , et il l’a ré- duite en trois actes ; la marche en est plus vive, l’action mieux liée; enfin, c’est maintenant un poëme régulier. Le fond. est simple ; mais les. détails qui lembellissent en naissent naturellement. Proserpine, Cyanée et leurs compagnes sont occu- pées à cueillir çà et là quelques fleurs. P/uson profitant de leur sécurité enlève Proserpine, maloré les efforts de Cyanée. C’est le seul témoin, de l'enlèvement. Cérès accourt , l’interroge, elle va lui nommer le ra= visseur; mais elle perd à l’instant même l'usage de la voix. Cérès accuse l'injustice des dieux; par ses ordres, les nymphes vont allumer des flambeaux dans le sein de l'Ethna , et embrasent les moissons et les forêts. o PORT PONT POSE OUT MOT IES + «80  Nouvelles littéraires. 125 + Pluton cherche à séduire Proserpine par la vue des plaisirs que goûtent les habitans de l'Elysée ; maisun messager vient de la part de Jupiter redemander Proserpine. Le conseil des enfers assemblé, prononce cette sentence : les enfers ne rendent rien: cepen- dant Pluton cède , et on lui annonce alors l’arrêt du Destin , qui ordonne que Proserpine habite alternati- vement l’olympe et les enfers. L'ancienne musique de cet opéra étoit de LüLLY , la nouvelle est de *PAESIELLO , et partout elle est digne de ce grand maître. Point d’éclats, point de bruit : mais une harmonie pure des accompagne- mens mélodieux tous les airs bien en situation set dans le ER de chaque personnage. Les décorations sont très-belles , entre autres celle de l’élysée. Les costumes sont tous soignés et les ballets du meilleur goût. Le plus considérable de tous les rôles est celui de Cérès, dans lequel mademoiselle Ærmand a donné de nouvelles preuves de son talent, Saül, Oratorio mis en action. Ilya deux ans pour la première fois qu’on a in- troduit en France la mode des oratorio , en usage depuis long-temps en Italie et en Allemagne. Ces espèces de concerts sont peu du goût des Français, qui ne sont pas, en général , grands amateurs de mu- sique, malgré le bon ton, qui veut qu’au moins on le paroisse. Aussi la salle étoit pleine pour entendre l'oratorio d'Haydn , quoiqu’on eût doublé le prix des V Dm 126 Nouvelles littéraires. places ; mais la plupart des auditeurs bâilloient et ne | restoieut pas jusqu'à la fin du concert, On & imaginé pour réveiller la curiosité de mettre.en action un ora= torio ; c'est-à-dire , qu'on à pris un sujet de lhis- toire sacrée , auquel on a adapté de là musique choisie parmi les ouvrages des plus grands maitres, sur dés vers parodiés de Racine et de J. B: Rousseau. C’est ce qu'a annoncé dans son programme l'administration de l'opéra. Liés premières représentations de cet ora- torio. ont eu lieu les 16, 17 et 18 germinal, jours dé lassemaine sainte , pendant lesquels se donnoit autrefois le concert. spirituel. On peut croire qu'ilse rejouera encore , même lorsque ce temps sera passé. Le choix du sujet étoit assez heureux , en ce que les auteurs chargés d’arranger l'oratorio ont pu profiter de quatre tragédies sacrées intitulées Saü/. On le voit dans lora- torio ,tourmenté par ses remords, averti par l'ombre de Samuel du destin qui l’attend , calmé pendant quel- ques instäns par les sons mélodieux de la harpe de David , jaloux ensuite de ce jeune héros qui a défait Goliath, et lui lançant une flèche de son palais. Tour- menté par ses remords 1}: fuit dans les déserts, où il rencontre encore David, etle conjure de lui donner la mort. Cette proposition fait horreur à David, qui Jui conseille de périr plutôt en roi à la tête de son . armée. Les, Philistins veulent venger la mort de Goliath ; les Jévites et tout le peuple dr se réfugient autour de l'arche sainte ; on vient leur annon- cer la mort de Saül et la victoire de David qui est célébrée par des chants d’alégresse. | Bien des opéra ont moins FU et d'intérêt que 2flletes ei A À Nouvelles littéraires. 127 celui-ci. La, musique d'Æaydn, de Mozard, de Cimaroza, de Handel , de Paesiello, de Gossee y ajoutent un charme inexprimable. La pompe du spectacle et des décorations complètent ce spectacle superbe. Quant à l'exécution ; Chéron , dans le rôle de Saül , et Lays dans celui de David , ne laissent rien à désirer. On a remarqué un trio de Grossec, chanté par MM. Rolland, Derivis et Nourrit, avec une pureté étonnante ; et un air de Paesiello , dans lequel Mlle Armand a vaincu les plus grandes difficultés. Les paroles de cet oratorio ont été arrangées par messieurs Morel, Deschamps et Desprez. THÉATRE FRANÇAIS DE LA RÉPUBLIQUE. Le Veuf amoureux, ou la véritable Amie. Le titre de cette comédie entrois actes et en vers, jouée le 9 germinal , n’annonçoit rien de merveilleux. On n’a vu dans le ’euf amoureux qu’une carica- ture du Vieux Célibataire. La pièce n'a pas été achevée. 1HEMTRE.LEDEAU: Les Confidences. Cet opéra , en trois actes , joué le 9 germinal , a ob- tenu un succès justement mérité. C’est une pièce d'in trigue qui pourroit se passer du secours de la musique : en voici le fond. Lucile , fille de M. Merville, a trois amans. Solange est aimé d’elle : mais une ie d'honneur 128 Nouvelles littéraires. l'oblige de se cacher , et il est dans la maison méme sous le costume de jardinier et sous le nom de Blaise. Floricour , jeune fat, a vu Lucile au bal, ilen est devenu amoureux , et le voilà qui cherche aussi à s’'introduire dans la maison. Il prend pour cela le nom etles habits de Frontin , et tâche de gagner, à force d'argent , Ziserte et Blaise , à qui il apprend ce qu’il est; on voit qu'il s'adresse bien. Le troisième amant est un provincial fort gauche que Floricour cherche à éconduire ; il gagne sa confiance sous le nom de Frontin , et Solange le laisse agir en se promettant bien de profiter de ses intrigues. Solange se croît un moment découvert ; mais Flo— ricour , qui l’engage à laisser subsister l’erreur , lui fait hvoir qu’il n’y a pas de danger pour lui. Un billet écrit par Floricour et trouvé parle provincial , a causé ce quiproquo. Lisette déclare qu’elle connoît l'écriture de Blaise , et que celle-ci est celle de Frontin, qui n’est qu'un amant déguisé. Le père feint de le con- gédier ; mais il le rappelle et lui dit qu’il étoit instruit par son oncle de son déguisement, et qu’il lui accorde sa fille. Solange qui voit que c’est de lui qu'il s’agit , se nomme alors, et Kloricour est éconduit ainsi que le provincial. Plusieurs scènes comiques naissent de ce double dé- guisement et des confidences qui en sont la suite. Les acteurs ont tous fort bien joué cette pièce, dont l’auteur a voulu garder l’anonyme. L'auteur de la musique est M. Nicozo , qui a seul paru. T'HÉATRE Nouvelles littéraires. 129 THÉATRE Lourors. Les Maris en bonne fortune. Les personnes qui connoissent l'Ecole des Maris et les Femmes vengées ; etle dernier acte du Mariage de Figaro, n'auront pas trouvé grand’chose de neuf dans lacomédie en trois actes jouée à Louvois , pour la première fois , le 9 germinal. Valerio cherche à à séduire la femme d'Anselme, son voisin ; de son côté, Anselme est amoureux de la femme de Valerio. Les deux dames, qui sont amies dès :l’enfance ; se. communiquent:les lettres de leurs “amans , et: leur: promettent un rendez — vous: mais chacuné d’elles se rend dans la maison de son amie’, et y recoit-son propre époux. Une chose assez singu— dière , c'est que .chacun d'eux veut bien permettre ‘que ‘sa prétendue conquête garde un voile, qui n’est levé que le lendemain matin. C’est alors que les maris, qui se sont querellés en s’apercevant de leur mu- tuelle perfidie , sont .désabusés et se félicitent d’en ‘avoir été quittes pour la peur. Molière, Beaumarchais et Sedaine n’ont pas été nommés avec M. ETIENNE; mais ils ont droit de réclamer leur part du sactèl de sa pièce, Tome VI, I 1 à — = ee ne nn en serie: ononmemennen 7 : th sd LIVRES DIVERS (:). not s A AÂASTRONOMIE. CONNOISSANCE DES TEMPS à l'usage des as- cronomes, et des navigateurs; pour l'an XITI de l'ère de la république française, publiée _ par le bureau des Longitudes. À Paris , de l'imprimerie de la République ; nivose ; an x1. — 1803. Se trouve chez Courcier et Décerville: 500 pages in-8.° - NÉE: Cet ouvrage, qui paroît chaque année , est toujours d'un nouvel intérêt; en 1679, Picard, un des plus célèbres, astronomes du dernier siècle ; et Lefebvre firent les premiers volumes; Lieutaud commença en 1702, Godin en 1730, Maraldi en 1735, de La- ande en 1760 ; Jeaurat en 1776, M. Méchain en 1788.: l'absence de cet habile, astronome obligea M. de Lalande à reprendre la rédaction de la con- noissance des temps, et il a cherché à en aug- menter l'utilité et le mérite. pu EH Dès sa première institution , nous, voyons ce livre rempli de diverses observations de physique .et d’as- tronomie. La plupart des travaux et des décou- vertes que firent les mathématiciens de l’Académie, ‘dans le siècle dernier , y furent annoncés par extrait! et rendoient cet ouvrage plus utile et plus curieux que s'il n’avoit contenu que des calculs astronomi- ques. C’est pour ne point s'écarter d’une destination aussi ancienne et aussi utile que M. de Lalande y a fait entrer, depuis 1760, un abrégé de tout ce qui s’est fait de plus intéressant pour l'astronomie et la (1) Les articles marqués d'une * sont ceux dont nous don- nerons un extrait ou une notice plus détaillée, Livres divers. Eôr mayigations Ainpi.cet ouvrage, est divisé,.en deux CR parties 3 la: première, contient ercalendrier j c'est-à# dire tout ce.qui est relatrf.aux jobservations sur terre et sur mËr; un catalogue, de, 609 étoiles Prin sipales ponr,de 1.27. janvier 1809, corrigé de neu— veau.par le G1Michel Lefrauçus de Lalande ; des tables antxiliaires,, dont. les. astronômes font.un usage fréquent ;1la, table des Jongitndes et, des latitudes géographiques, corrigée et augmentée .encare, cette année par, MM. Bnache, Méchain et de, Lalandes oufin , l'explication du’ calendrier, B\éid6s Mis La seconde Bts fantients J58 10bsr ions, (1 rendent, le, vre. d'un eHSASE, PINS durable et plus À Paris, de * _irue de Touraoos me 1138. NS Fe ao role 5h oh n ——… (A 1, © CE üméré “contient les articles à Snivans : LA FE F. 991 1 1Hp 91 j LBescription: des nav ons HE) du sul- faté de chaux enhydre ; avec quelques ‘observa- sions sur cette substance ; par BOURINON. Sur quelques expériences. faites avec nne ai- guille aimantée pour distinguer sur-le-champ une barre de fer d'une! barre d'acier ; par \Cu P, fo CAT ANT PE CNRC ER LEE: | : Mémoire sun lès Machines à pions ;'par le C. LEFROX ; ingénieur. des mines ii} MR. Extrait. dès ‘los: wrrétés , décisions et prin= cipaux aèles! émariés du £OUVernemMent£., sur les mines , usines, salities , poudres, forées, routes et canaux ;péndant Dr 4 "Analyse du Sulfare de chaux ex; dre, naturel ét artificiel ; par M. CHENEV IX, membre de là Société royale de Londres. Notes sur la cénvérston du Fer en “acier, dans D creusets fériés, Sans contact d'üucune subs- tañce contenant duw'éarbone , ‘anponcée par M. MUSCHETT ; et sur la facile fusion du fer, par HF. COLLET DESCOT IIS ñ Rates. des 7NLRES : p| 29154» Do 693 : Annonces cénceh ar) Les” mèies. ‘les scrences et les arts, sur les principes à Suifre dans” la fabrication des monnoies , relativement à l'al- liage et au fraï des pièces ; par MM. CAVEN- DISH et CH. HATCHETT.. it 4% XR UR AOUL VISU TOIN MOT YONN 1RY GET ASATONMEL A 2 EM LA Livres divers. 135 ‘ BOTANIQUE. ‘ELENCO delle Piante Spontanee , fino adora osservate nel territorio di Vicenza. In-8.° d'environ 60 pages. Milano , della Tipografia Mi- lanese di Tosi e nobile. An 1802. CHIRURGIE. PARALLÈLE des Accouchemens naturels et non- naturels ; par Jean-Philippe ECKARD, méde- cin à Neuchâtel en Suisse. In-8.° de 80 pages. À Paris, chez Armand Kœnig, libraire , quai des 2 Cam n.° 31. Prix, 1 fr. 20 cent. An x. — 1009. L'anteur assigne les caractères de chacune de ces espèces d’accouchemens. Cette dissertation est rem- plie d'excellentes remarques, aussi utiles pour la science physiologique , que pour l’art de l’accou- cheur., A. LL. M. THÉOLOGIE. ZA vraie religion chrétienne, contenant la théo- logie universelle de la nouvelle église ; par Emmanuel SW EDENBORG , traduite du latin sur l'édition d'Amsterdam. 1771. In-8.° A Paris, chez Barrois l'aîné , libraire , rue de Savoie , n.°. 23. L'an 1802. - x. Ce volume est précédé d’un avis des éditeurs, dans. lequel ils établissent l'importance de l'ouvrage pour la parfaite connoissance des dogmes du christianisme. On lit ensuite l'éloge de Swedenborg par M. Samuel Sandel. Les services que l’auteur a pe à la religion et à l’art des mines, y sont exposés. On trouve après deux lettres de l’auteur lui-même à son ami, le docteur Hartley. Il donne , dans la première , une notice de sa vie ; il raconte dans la seconde comment le Seigneur s’est manisfesté à lui en personne , et lui-a 14 136 Livres divers. * accordé la faveur de converser avec les esprits et avec les anges. IT entre ensuite en matière, et fait part aux hommes des lumières qu'il a reçues des anges. Cet onvrage est connu par sa singularité, et il est fait , sous ce rapport ; pour piquer la curiosité d'un grand nombre de lecteurs: ; A, L: M. ; ADIEUX d'un curé à ses paroissiens , le diman- che , veille de la Toussaint. An xt. — 1802. Imn- primes en faveur des absèns et-à la prière: des présens. À Gorbeil, de l'imprimerie de Christ. Jean Gelé ét sè trouve à Paris , chez Léclere, imprimeur—libraire, quai des Augustins ; n.£ 39. In-8.° de 61 pages. œ | | Ces adieux sont une suite d'Homélies sur différens sujets, prononcées par un eécelésiastique ‘vértueux et imstruit. Les excellens préceptes de morale qui y? sont exposés, annoncent sa modération et son ex—| cellent esprit, et les notes qu'il a jointes à chaque Homélie , donnent des preuves de son érudition cri-’ tique et philosophique , principalement dans l'histoire littéraire. Si tous les ouvrages de religion en offroient de semblables , ils auroient le mérite de répandre une, solide instruction. A. L. M. “8 .M 0.R A LE. Lors de la nature; ouvrage divisé en deux par- ries. À Nantes, chez Ode, Grand'rue , n.° 42 ; -et à Paris, chez .4rtaud, libraire , quai des Au- gustins , m.° 50: An x1.- 1803. In-8.° d'environ 400 pages, 7 Cet ouvrage est recommandé sous le rapport: de la morale, par le vertueux Lavater, qui faitun grand éloge de plusieurs des chapitres qu'il renferme, prin- cipalement de ceux.sur la religion et sur la vertu. Ilest en effet bien écrit, et fait honneur aux sen- timens'et au talent de son auteur, , À, L. M. Livres divers. 137. HISTOIRE. ÉPHÉMÉRIDES politiques , littéraires. et re- ligieuses.; présentant pour chacun des jours .de l'année, un\tableauw des événemens remar- quables qui datent de ce même jour dans l'his- toire de, tous les siècles et. de 1ous les pays, jusq au .1*. janvier 1805 ; par le C. NorL, ‘inspecteur général de l'instruction publique , et le C. PLANCHE , instituteur , à Paris. 3 99 Et quo sit facto quequæ notata dies. 1Ovip!) fast. . Seconde édition, revue , corrigée et augmentée. A Paris, chez Le Normant, rue des Prêtres Saint-Ger- main l’Auxerrois, n.° 42; et Henri N’co/le, rue des -Jeûneurs ; n.° 26. Douze vol. in-8.° - Il paroïit, un vol. par mois. On peut se procurer chaque vol, à mesure qu'il paroît, en payant d'avance 18 fr. pour six vol: ; ét 36 fr. pour les douze vol. —! : Le 1v. vol. vient de paroïtre. 11 faut ajouter à ce ‘prix 50 cent. par vol. pour le recevoir fanc de port. Voici les remarques qu’on trouve dans ce volume, sur le mois d’avril. Le mot français ævril, vient du mot latin apri- lisy du verbe aperire , ouvrir , à cause que dans ce mois la terre commence à ouvrir son sein pour la production des végétaux, | SET Varron dérive le mot aprilis damotgrec Aplro-, dite, Vénus, parce que les Romains avoient con- sacré ce mois à cette déesse. Comme le mois d'avril est toujours au printemps, on trouve dans nos anciens poëtes l'expression sui- vante: Æn l’avril de mes jours, pour dire en la fleur de mon âge. En l’avril de mes jours, L'adorable Amarante ÆEut toutes mes amours. Racax, 138 Livrés divers. On ne dit plus aujourd’hui ; 1en' poésie , que le printemps de nos jours. L'expression est plus juste et plus sonbre: "11 , 21, Hu RAT On dit proverbialement, dowrer un. poisson d'a- vril à quelqu'un c'est-à-dire }\lui faire accroire, le ‘prenner jour d'avril;"une fausse nouvelle ; le faire courir , successivement et ‘inutilement, d’un endroit dans un antre. Voici l’origine ‘qu’on dbnne à cette mauvaise plaisanterie, sk désaigréable pour ceux qui en sont l’objet. : ) Le mat noissoz a été corrompu de celui de pas- sion, et c'est une allusion indécente à la passion de Jésus-Christ, qui arriva le 3 avril. Comme les juifs renvoyèrent le sauveur d'un téibunal à l'autre, et lui firent faire diverses courses ; par manière d'insulte et de dérision , on à ‘pris delà la froide coutume de faire courir et de rénover d'ün er- droit à l’autre , ceux dont on veut se moquer. Les autorités dont ee sentiment. est appuyé; sont an livre du siècle dernier , sur Porigine des prover- bes , le dictionnaire de Trévoux , ke! diction- rnaire de l'Académie francaise! et le Spectateiür anglais (journal de Verdun, année 1749). 7 ‘Ce mois a vu mourir les plus célèbres favorites, de nos rois: Diane de Poitiers, Gabrielle d'Es- trées, Mme de Mäinternon, M.2°.de Pompadour ; mais cette remarque tient à une observation } plus générale : c’est que, la plupart des, femmes cé lèbres sont mortes dans le mois d'avril Banre:;imoitenléss «5103 JOUE TT HE pr EE -Diane de Poitiers , le …: ‘4. 26 Gabrielle d'Estrées.; le: .9999 # #{0m9 : La duchésse de Longueville, le 1. , 35 “Me de Monpensier , Ye. +1,14) 5 Mimeide Sévigné, le :,:. 1,110 ‘14 M.ve de Maintenon , le . . 4 40145 Moine" e Capins, Ve 0 MR MES Mlle Je. Lussun \le Ai. Ve diner 2 Miwe de Pormpadôur ; le: "1: 115 Livres divers. 139 * Judith, reine de France , le . . : 19 avril. WVeazrne de Navarre, le. "% "", "3 2 + Elisabeth , reine d'Angleterre, le, °. 3 "Christine, reine de Suède , le . . 19 , On seroit. tenté d’en conclure que de tous les mois de l’année , celui d'avril est le plus dangereux pour toutes les femmes en général. : BIBLIOGRAPHIE. NOTICE du catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de Claude-Pierre GOUTET, cha- noine de Saint-Jacques de l'Hôpital ; en six vol. in-folio, tout écrit de sa muin ; par A. BARBIER , bibliothécaire du conseil d'étar. In-8.° Prix, 75 cent. À Paris , chez Fuchs, libraire , rue des Mathurins Saint-Jacques , n.° 334 ; Barrois l’ainé , rue de Savoye , n.° 23, et Desenne , au Palais du Tribunat. Cette notice curieuse est celle qui a été imprimée dans le Magasin. A. L. M. Br acier PE, VIE du duc de Penthièvre ; par M.» GUÉNARD, + auteur d'Irma ; des Mémoires de M." de + Lamballe. 2 parties in—12, avec un portrait. À Paris | chez Dujardin, Nibraire , rue de la Harpe, n.° 461. An x1. — 1803. Cet ouvrage est dédié à M.we d'Orléans 3 il est écrit avec chaleur et'ayec vérité, et commande l'in- térêt par les souvenirs qu'il rappelle et par les anecdotes curieuses dont il est semé. A. L. M. GRAMMAIRE. JEU analytique ef grammatical , pour appren- dre de soi-même la langue française et l'or- thographe en 8 mois ; ouvrage destiné aux 140 ,4 Livres divers: personnes de toub âge qui.lne peuvent em- ployer beaucoup de temps à l'étude. Ce jeu convient aussi aux enfans, même les plus jeunes. Il est divisé par leçons ; avec la demande de Vinstituteur et la réponse de l'élève. I1- contient Fexplication de chaque lettre de l'alphabet, et ‘des mots én particulier ; une infinité de phrases analysées ;, tant naturelles que ‘fausses; la concor- dance des temps , des verbes , la décomposition du participe passé, comme on ne l’a pas encore ‘trouvée. Orné de gravure. ! : “Multa, paucis. Prix, 1 fr. 5o cent. À Paris, chez l'Auteur, rue Saint-Denis, n.© 173, cul-de-sac des Peintres en face la rue du Petit-Tion;, Dujardi”, libraire , rue de ka Harpe , n.° 467, près celle des Cor- deliers. w. get | Ré'£ ro R F QUE. PRINCIPES raisonnés sur l’art de lire à haute voix, suivis de leur application particulière a la lecture des, ouvrages d'éloquence et: de poésie; par DUBEROCA. In-8.° de 600 pages. À Paris, chez l'Auteur ; Hbratre , rue Thion- ville, n.% 1760. De l'imprimerie, de Farge , cloître Saint — Benoit , n.° 372:, An xI.— 1002. Puix, 5 fr.,-ét.6 fr. 5o. cent: franc de, port. Cet ouvrage est une espèce de rhétorique et de grammaire. L'auteur y traite de l’art de toucher le cœur ; il y perle des passions , des figures ; il passe en- suite au moyén de convaincre l'esprit ; parle des par- ties du discours, des caractères ; du style simple, tempéré, sublime ; il passe aux moyens de captiver Voreille ; il traité dé la grammaire et de Part oraloire. F/auteur examine ensuite . les, moyens :ex+ térieurs ; il traite du jeu de la physionomie et des gestes ; 1! termine par l'application, de ces ,.can- DR Er à sr Livres divers. I4T woissances à l’art dè lire:, et il indique les différen- tes manières dont on doit lire la prose , les vers, et les différens genres de pou A. L M. LLIETÉRATURE ORIENTALE. Es dore disher Ep, de M. JT. D. AKER- :. BLAD, intitulée, si inscriptionis phæniciæ Oxo- biensis nova interpretatio ; par. A. ,F. SILVES- TRE-DE-SACX. À Paris , de l'imprimerie de à meet jeune.., quai des Augustins, n.% 22. Am 1. - 1803. In-8.° d'environ 20 pages. C’est h savante! dissertation qui a été inserée ‘dans le Magasin. A. L. M. l LÉrTrÉRATURE LATINE. PENSÉES extraites des. saiyres de RUN traduites par Pierre Nicolas. GUERIN. Nou- velle édition, augmentée des Pensées de Perse, avec le portrait de Juvénal, gravé au trait, d'aprés l'antique. À Paris ; chez Duponcet , libraire ; quai de la Grève, n.° 34 An xt,- -1803. In-12 de 8r pages. ,Ce petit, recueil contient en effet les pensées, de Juvénal ; mous la-maussade caricature qui sert de frontispice >» m'est nullement le portrait de ce saty- rique , d’après l'antique , ainsi que lannonce l'édi- teur ; on ne connoit point de buste de Juvénal : du reste, cela ne fait rien au recuer dui-même:, dont le RUË est bon. et utile. A. L. M. 4 Ro mA NS. + SYIVESTRE ; où Mémoires” din Centenaire de 1675 a 1786 ; par le C. J'? DEMAIMIEUX, _anctez ajor 2e infanterie, membre de l Aca- démie des sciences de Harlem , ét de la So- ” cièté des” observateurs de l'homme de Paris. 142 Livres divers. 4 vol. im-12:: À Paris , chez; Pernter , libraire, rue de la Harpe , n.° 188, vis-à-vis celle Saint- Séverin. . PT ne Faire parcourir plus d’un siècle à son héros ; le rendre témoin ‘des événemens extraordinaires qui ont caractérisé le xv111.° siècle, est sans doute une idée heureuse ; aussi s’est-on empressé de lire’ cette pro+ duction politico-romanesque ; mais on a regretté que l'auteur se soit plus livré à la fiction qu'il a inven- tée, qu'au récit des faits qu’on espéroit y trouver. Les événemens s’y suceèdent avec trop de rapidité ; les rencontres y sont amenées avec trop d’invrai- semblance, et le ton, .en général, tient trop de la teinte anglaise. Le Centenaire, avant d’être arrêté ar les années , avoit voyagé dans toute l’Europe ; il caractérise très-bien, les différentes nations qu'il avoit étudiées. Quelques anecdotes sur Ja régence, sur-la mèré du régent ,.sur la cour de Louis XV, Jes unes connuës, les autres ignorées ; font regretter que l’auteur ne les ait pas multipliées. En général , Je cadre de ces tableaux étoit bien imaginé : on auroit désiré qu'il fût mieux rempli. A.J. D. B. PAULand VIRGINIA translated from the french of BERNARDIN-SAINT-PIERRE. Paris, sold by A. Délalain jeune, bookseller ; quai des Au- igustins , n.° 34. An xt. 1608. In+12 de 203 pages. Prix, 1 fr. 75 cent., et 2 fr. 25 cent. par la poste. | 4 : EILZEAN et CORRADIN , ou les Guerriers ri- vaux; par M.m C. D.***, suivi d'Eléonore, ou la Bohémienne. In-12 de 169 ps avec figure. A Paris, 1803, chez Dujardin, libraire, rue de la Harpe , n.° 461. Prix, 1 fr. 50 cent. et 2 fr. -franc de port. ÆEUSTASIA, histoireitalienne ; par ji; E d'AR- NAUD , auteur dés Epreuves du Sentiment. À Livres divers. :145 Paris, chez André, imprimeur-libraire ; rue de a, le Harpe, n.° 477. An x1, — 1808. In - 12. DA 57 2 ÿ fr., et 4 fr. franc de port. .. + À à ROSYS \ < QYST À Le + 4 S LES suites, funestes du jeu ,.ou la différence des .. caractères ; par, H.-C.-F". L. , ci-devant mem- ' : gre de plusieurs Académies et Sociétés litéé- raires , avec celte epigraphe : UQniconque 4 ph fränéhir les bornes légitimes, Peut violer enfin les droits les plus sacrés ;. Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés. madnDUT: for som00ls1! Racine, Trag..de Phidie. moe eo Ad golisel) —— 2089 d8nt Ye518 «A Paris, , hez Andre , imprimeur libraire , rue de : .H& Harpe ,n.9, 477. An xI. — 1803. In-12. Prix ; gr fr , et 4 fr. 5o,cent. franc de port, ie À rot + ri : PULCHÉRIE, Ou l'assassinat supposé ; par J. C. , WNBETTÉ-D'ÉTIENVILIE , auteur du Chà- "£èau : de l'Hermitage et de la Chaumière d’'Hennarès. A Paris, chez André, imprimeur-libraire, rue TRE la Harpe, n°477. An, xr, — 1803. 2 vol, inia. Prix, 3 fr, et 4 fr. franc de port. P “SPINALFA, où les révélations de la Rose-Croix ; «par J.T. REGNAULT-WARIN. A Paris, chez Me ‘imprimeur 2 libraäiré , rue de la Harpe, "ns 477. "AN xrP—Lr808.4 Yolin +12 Prix, : We fr. , et 8 fr. franc de port. &r qe. 3h : Y'IODLO® Ep") : " IDE roman pris. par la quêue:; par ün ‘officier ‘Mde' dragons. À Paris, chez André, imprimeur “% ibraïre ,‘rue de la ‘Harpe! n°] 477. An xr. 184803 2 vol. in=/r2. Prix, 2 fri'rofcenti, ét 3fr. So cent. franc de port. go £ DD ASL D GLS: NouyEAux Dialogues des morts , entre les plus fameux personnages de la révolution française, : ÿ * Us a Livres divers. PTS QE. 1 VS °° er plusietirs hommes cétébres anciens et M10= française ; du traité de littérature ancienne et moderne, européenne et orientale. À Paris, chez Laurens jeune , imprimeur -libraire , rue Saint- Jacques ,-n.0, 32, vis-à-vis celle des Mathurins. An xI1. — 1803: In-8.° “Les interlocuteurs de ces dialogues sont : Démos- thènes et Mirabeau; — Charles L.2r et Louis xV13— Catilina et Robespierre ; — Danton et Couthon ; — Marie Antoinette et Cécile Dubarÿ 5: — Sülon et Condorcet; — Pie vr et Gobet ; — J.: J. Rous- seau et Voltaire; — Marceau et Joubert; — Arrie : et Charlotte Corday ; — Bailly et Malesherbess — Racine et Roucher; — Henri 1V et d'Orléans , dit Egalité ; — Barnave et Brissot ; — Marat et. Mi- rabeau ; =— parmi les personnages vivans , les inter locuteurs sont : Necker et Calonne,; — le cardinal Mauri et le grand maître de l’ordre de Malthe ; — Pitt et Fox ; — Bonaparte: et, un, Mameluck so Billaud - Varenne et Barthélemy 3 — Lafayette , Dumourier ; Pichegru , Souwarow, Jusques 1e1', à l'exemple et non à l’imitation de, Lucien et de Fé- nélon, on avoit fait un grand nombre: de ‘dialogues des morts, mais on ne s’étoit pas encore avisé de faire des.dialogues.des vivans. Lette licence devrait être interdite ,,c&r avec les meilleures , intentions du, monde ,.on peut faire dire ‘aux gens des choses toùt à fait contraires à leur manière d'être et à leur façon de penser. A. TL. M.., .4 . e œ 4. ‘ : è % \ |, Table des Arricles contenus dans ce Numéro, Li LIA « ; SLR ù "2 Ÿ ŒCoxoMIE POLITIQUE. tingue, pendant le cours de l'année 1802 et 1803. 86 FRANCE. Lettre sur la Philosophie dans - ses rapports ayec notre gou- vernement; par Pierre Gra- nié , jurisconsulte, 7| Procès-verbal des séances pu- bliques de la Société libre dés arts du département de la Sarthe, séant au Mans, tenues dans les années 1x et x de la République. ‘114 Bi8LIOGRAPHIE. Lettre du C. Oberlin père, au GC: Millin, sur les Couver- tures des vieux livres, 16 THÉATRES. Proserpine. 1 Saïül: ; L 1 Le Veuf amoureux, ou la véri- table Amie. 127 Les Confidences: Ibid. , Les Maris en bonne fortune, 129 ARCHAÆOLOGILIE. Monumens antiques inédits où nouvellement expliqués ; par À. L. Millin. Tome I,er - 5.e livraison. 22 POËSs1E LATINE, Lettre au C. Millin, sur une LivRESsS DIVERS: nouvelle traduction des Syl- yes de Stace. 48 Astronomie, Connoissance des Temps, à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l’an x111; publiée par le bureau des lon- gitudés, 130 Histoire naturelle. Annales du Muséum national d'histoire naturelle. Sixième cahier. 132 . . Minéralogie. | Journal des Mines; par les CC. Haüy, Vauquelin, Bail- Let, Brochant, Tremery et Col- let-Descotils. 133 Botanique. Elenco delle Piante Spontanee, fino ad ora osservate nel ter- ritorio di Vicenza. 135 Chirurgie. Parallèle des Accouchemens raturels et non-naturels ; par Jean-Philippe Eskard. 1bi4, STATISTIQUE. Elémens de Statistique, où l'on démontre, d'après un prin- cipe entièrement neuf, les ressources de chaque royau- me; état et république de ‘Europe; par D. F. Don- Nante | Gi ‘ LiTTÉRATURE GRECQUE, Lettre de d’Ansse de Villoison, "à M. Akerblad, sur un pas-|. * sage de l'inscription grecque |. de Rosette. 70 VARIÉTÉS, NOUVELLES ET COR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. : NOUVELLES ÉTRANGÈRES. Allemagne, ser Notice des travaux de l’univer- iité et de l'académie de Goet- |" Littérature latine. | Pensées extraités des Sa de Juvénal, traduites pa Pierre-Nicolas Guerin. Ibids ” Théo ie, i - La vraie religion chrétiènne ; ‘par Emnian, Swédenborg.135 Aves d’un curé à ses paroïs- siens. 136. Morale. s # CHE ‘4 pe n 2 | ; lvestre , ou Mémoires d'in Lois de la nature. * Ibid. Es de 1675 à 17863 Histoire. par le C.J. Demaimieux. Ib. Paul and Virginia translated from the french of Bernardin-. ? Saint-Pierre, 3142 ÆJzean et Corradim, ou les T4 Guérriers rivaux; par Re Eustasia, histoire italienne; Ephémérides politiques , litté-. raires et religieuses ; par les CG: Noel et Planche. 137 Bibliographie. Notice du Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque .: ou r chere Goupet ; La Pas D d'énamt IN A Biographie, Les LE Rss du jeu ; D ‘3 Vie du duc de Penthièvre par Mme Guénard , ; id. Grammaire. Pulchérie, ou l'Assassinat sup- “posé ;. par J. C. V. Beue d'Etienville, Ibid, Spiralba, ou les Hévélations de la Rose-Croix; Ass "1 Jeu analytique et grammatical s Regnault-Warin. id pe apprendre de soi-même a langue fran aise et l'or- Ji. | 2 thopraphe en'trois mois. 18. |, K'oinabris par uUbeEte à Rhétorique, paru officier de dragons.Ik. Principes raisonnés sur l’art de ire À haute voix ; par Du- * brocas 140 * Littétature orientale, Notice d'une dissertation de - M, J.D. Akerblad ; par : » Silvestre de Secy bide Dialogues. Ë Te Nouvedux dialogues desmorts, entre les plus fameux per- * sonnages de la révolution # française, et plusieurs hom- ‘© mes célèbres anciens etmo+ dernes, morts avant larévo-. lution ; par F.Pagis. Ibid. AV LS "RE Ceux qui désirent faire annoncer leurs ouvrages dans quelques-uns des meilleurs journaux de l'Allemagne, peuvent en remettre un exemplaire au Bureau de ce | Jotña), PU 0 NS Five QE 22. 1 Germinal an. 1 re. £ tr xéni tot “ re Par À EL amies. sk sér au Hole: dt Journal. ponr $e prochiser! * les Livres qui.paroissent en France tt chez Vétranger, ét! j jut Ce’ concerne la Libra A ee et. ne « LA fr DE) nl ue Pluparsi des horatage: ni ont. Igué , > réputation Justement acquise partie des arts où des sciences, tels que RT, DESGENERTES Basr, SILVESrRE )'URCROY, Hazté, Dumériz, ScnwWwEré- CÉPÈDE, LEBRUN, MARROY, MENDEL- R, BauérEr DU "Boca, BASSINEZ, | ET, NOEL, OBERLIN, CHaRDON-Éa= RO À AILLARD, VAN-Moxs, SrcarD, Trau: LLÉ, LE Ouvrier, GKOFFROY, VENTENAT Ca vas à ee » Usréar, Viscorr, ViLLOISON, open ceux qui sont proprés à en accélérer. : | es progrès, Ur: 00 Pr TE OEM AL NON dépôts d'objets d'arts et des sciences renferment c plus: canieuxirr se. | :pderioute espèce." de : 777" Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par … ros, chaque de neuf feuilles... ‘reau du Magasin Encyclopédique ; chez Le C. Fucus, # © A faut affranchir les lettres. F 8 ; AT 4 Q WVILLEMET, Fr. Lopsrern, LaANIUINAIS, Wincrxe | LER, @tc. etc. , fournissent des Mémoires, contient 1 lextrait des principaux ouvrages nationaux : on. s'at— tache surtout à en douner une analyse exacte , et à ‘Ja faire paroïtre le ‘plus promptement possible après leur publication, On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. | Ée insère les mémoires les plus intéressans sur | toutes les parties des arts et des sciences : on choisit. 4 , On publie les découvertes ingénieuses, les inven-\ | tions utiles dans tous les genres, On y rend compte! des expériences nouvelles. On y donne un précis de; ce que les séances des Sociétés littéraires ont offert … de plus intéressants ‘une description de ce que ! | Où y trouve des notices sur la vie et les ouvrages ! des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte ; enfin les nouvelles littéraires an, de 600 pages chacun. Il paroït le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux numé- nee ‘On s'adresse ; pour l'abonnement, à Paris, au Bu- Ubraire , rue des, Mathurins, hôtel Cluny. Rd er GT chez la veuve Changuion et d'Henget. :: #4 A Amsterdam, ÿ He VantŒulls 8 EUR + A Bruxelles , chéz Lemaire. A PRE HE .A Florence, chez Moliui. Va es a pe eee AR chez Fleischer. Van chez Manget. Qyri Genève, $ chez Paschoud. JA Hambourg, chez Hoffinann. CAPE LL 1 ‘A Leipsick, chez Wolf, : Fe D G à TA Leyde, chez les freres Murray. {x , -À Londres, chez de Boîte, Gerard Street. | À Strasbourg, chez Levrault: RE) À Vienne, chez Degen. Real LS A Wesel, chez Geisler, directeur des postes. | # BOTANIQUE. DICTIONNAIRE des termes techniques de Botanique, à l'usage des Elèves et des Amateurs ; par le C. MouTonw-FONTE- NILLE, membre de l’ Athénée, de la So- ciété d’agriculture , d'histoire naturelle et arts utiles de Lyon, et de plusieurs So- ciétés littéraires et d'agriculture. À Lyon, chez Bruyset aîné et compagnie. An XI: — 1803. In-8.° de 444 pages. Cr Dictionnaire est dédié au savant : professeur Philibert. La stience qui traite de la nature est si éten- due, si importante, si curieuse, après avoir été si long- temps négligée ; est aujourd'hui cultivée plus qu’élle ne l'a jamais été; aussi trromphe-t-elle dé l'espèce d’oubli où elle étoit plongée. Le C. Mouton-Fontenillé est déjà connu avantageusement par ‘plusieurs ouvrages qu'il a publiés sur l’histoire naturelle, $ans celui qui fait l’objet de cet extrait. Æl offre tous les térmes téchniques qui forment l'idiome botänique Composé , en grande, partie, par l'immortel Tinnéus. Le C. Mouton - Fonftenille relève et rectilié les érréufs où les omissions échappées à la plupart des auteurs lexiqies de la terminologie éoncernant les plantes ; ét jé puis assurer que , de toutes les explications dé ces'térmes exposées dans tous nos écrits: moderties: Tome VI. K 146 Botanique. sur Ja botanique , aucun ne présente un si haut point dé précision et d'utilité que celui-ci. : Un ouvrage en forme de dictionnaire ne demande pas une analyse ; il suffit, pour le faire connoitre, d’en présenter quelques articles ; celui qui est consacré au mot botanique , offre un précis savamment ré- digé sur cette charmante partie de l’histoire de la mature. Celui qui a pour titre ÆHerborisation , vaut un petit traité sur cet objet ; voici quelques fragmens de cet article : la recherche des plantes doit se faire à la campagne , dans les champs , les terrains incultes ; sablonneux , les prairies , les marais , les étangs, le long des rivières et des fleuves , sur les bords de la mer , dans les bois, les forêts, sur les montagnes, sur le sommet des Alpes, sur les bords des précipices les plus affreux, presque toujours avec des fatigues et des peines infinies , et quelquefois avec danger d'y perdre la vie. Qui pourroit expri- mer , s’écrie le C. Mouton-Fontenille , les sensations délicieuses que l’on éprouve en s’élevant sur les Alpes. L’odeur des herbes , le parfum des fleurs, l'agitation des feuilles , le bourdonnement des in- sectes, le chant matinal des oiseaux, le murmure sourd et entrecoupé des cascades qui se précipitent sous mille et mille formes du haut des glaciers, et les répétitions que les échos font au loin de tous ces bruits, offrent, sur le sommet des Alpes , des solitudes et des asiles plus doux à habiter, que les palais les plus magnifiques. Une plante rare ( con- tinue-t-il), cueillie au milieu des dangers, est pour le -Elémens. 147 vrai botaniste une jouissance d’autant plus douce , qu'elle ne peut-être goûtée que par les seuls amans de Flore, et qu'elle ne sauroit exciter la jalousie des ambitieux du siècle. Le botaniste , sur les Al-— pes, dévoue tous ses momens à l’observation ; il supporte avec courage la faim et la soif, le chaud et le froid; il s’'accoutume à la tempérance et à la sobriété. Les fatigues endurcissent son corps, les contre-temps exercent sa patience ; un simple repas pris sur l'herbe, près d’un rocher mousseux , assai- sonné par l’appétit , lui paroît plus délicieux que les festins les plus splendides. A l'article du calendrier de Flore de Linnéus , le C. Mouton -Fontenille rapporte ce qui suit : « les anciens botanistes avoient observé que , dans l’œco- « nomie générale de la nature , le développement « des fleurs avoit lieu successivement dans des mois « et des jours déterminés. Ils avoient même saisi « les vues du Créateur, de ne jamais laisser le « théâtre de Flore vide , ou sans offrir de nouveaux « spectacles. Mais Linné a été le premier qui ait rassemblé un certain nombre d'observations pour « déterminer à quelle époque les fleurs des princi- pauxs«genres s’'épanouissent , et pour en former ce qu'on appelle le Calendrier de Flore. Avant Linné , plusieurs botanistes avoient distribué les plantes de leurs Flores suivant le temps de la floraison. Dillen, dans son catalogue des végétaux .qui croissent spontanément autour d’Iène , n’avoit eu égard, dans la distribution de ses plantes , qu’au « temps de la floraison. Zindern, dans son Æortus K 2 « 148 Botanique. 4 « Alsatieus ; avoit adopté la même méthode. Maïs « ni Dillen, mi Lindern , ni les autres botanistes | « leurs prédécesseurs ou leurs successeurs; n’avoient « eu l'idée de former un calendrier en indiquant , pour tous les jours de l’année, une des plantes qui | « « fleurissent à telle date. Dans ce sens, on ne peut | « dresser un Calendrier de Flore que depuis lé ù UNE È | « mois de février jusqu’à la fin du mois de novem- ' « bre. Les nousses et les Zichens pourroient remplir « les vides pour décembré et janvier; mais les ob= « servations sur leur floraison ne sont pas encore « assez rigoureusement exactes, pour compléter ce | « calendrier. En admettant qu'une suite d’observa- | « tions bien faites déterminent , pour chaque jour de : « l’année , l'épanouissement d’une espècé de fleur, ‘ « cet almanach végétal deviendra toujours fantif « suivant les années , et les divisions des saisons. « On sait que lorsque l'hiver est très - douxet le « printemps pluvieux , la floraison des plantes, ver- « nales est avancée de trente à quarante jours; et « que lorsque le printemps est froid , elle est re- « tardée dans la même proportion. La nature, à la « vérité, reprend ses droits dans les mois de juin, « juillet et août ; les plantes estivales fleurissant à « peu près dans ces circonstances aux mêmes épo- « ques que les années précédentes. On observe éga- « lement que les années ou les vents du nord règnent « avec force dans les mois les plus chauds , Pépa- « nouissement, des fleurs ou la maturité des fruits « sont rebardés de plusieurs semaines ». Le C. Mouton-Kontenille expose ses idées sur l’en- Elémens. +49 seignement de l’histoire naturelle dans les écoles cen- trales; mais comme le nouvel établissement des Lycées, dans la France , présente un autre ordre de choses, son-projet ne peut être actuellement mis en-pratique. Ce savant naturaliste: donne, des notices intéressantes sur chaque dissertation des Aménités académiques de Linnéus ; ses articles sur les auteurs botanistes, sur la AQU botanique et autres, méritent ’être consultés. “Les désignations tige , toile , fleur, calyce , CO rolle, ete. , forment des sommäires complets ; ; el, Sa tous les udpbéts possibles , cet écrit lexique mérite Pac- cueïl de- tous les amateurs de’ la science qui traite des végétaux, 2 Fe DÉLEMET K 3 | VOA Goes Voy AGE pittoresque et historique de l’Istrie et de la Dalmatie , rédigé d’après l’itiné- raire de L.F. C4sS4s ; par Joseph LA- VALLÉE , de la Société philotechnique, de la Société libre des sciences, lettres et arts de Paris, de celle d'agriculture du département de Seine et Marne, etc. Ou- vrage orné d’estampes, cartes et plans, dessinés êt levés sur les lieux par Cassas, peintre et architecte, auteur et éditeur du Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la basse Ægypte, et gravés par les meilleurs ar- tistes en ce genre, sous lu direction de NÉE, graveur et seul éditeur de l’ouvrage, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, n.° 127. Paris, de l’imprimerie de Pierre Didot l'aîné. vit et 190 pages in-folio de texte, 64 gravures, frontispice gravé, plusieurs culs de lampe et vignettes, et une carte des pays parcourus par le C. Cassas. Prix, sur beau papier ordinaire, 210 fr.; sur papier vélin, 35o fr. Nous avons fait connoître à nos lecteurs le con- tenu des différentes livraisons de ce voyage à me- Istrie et Dalmatie. 15 sure qu’elles ont paru. Il nous reste à leur donner un aperçu général de l'ouvrage. Une société d'amateurs des arts, des beaux sites de lanature, et des restes remarquables de l'antiquité, avoit formé le projet de faire dessiner les environs pittoresques de Trieste. Ces dessins devoient être gravés et publiés à Vienne. L'empereur Joseph IT s'intéressa à ce projet, et donna des encouragemens à ceux qui l’avoient formé. Le C. Cassas, qui alors vi- voit à Rome, fut choisi , en 1782 , pour exécuter les dessins dont nous venons de parler. Mais cet artiste distingué ne s’en tint pas à faire des vues des environs de Trieste ; ilcrût, avec raison, rendré un grand service aux arts en visitant aussi les contrées de l'Istrie et de la Dalmatie, qui contiennent des monumens re- marquables de l'antiquité, dont il se proposoit de faire des dessins: Le tableau séduisant que le C. Cassas fit à quelques- uns de ses amis de l'intérêt dont devoit être un pareil voyage , engagea plu- sièurs d’entre eux à l'accompagner; mais presque tous. furent bientôt rebutés, principalement par les fatigues et les dangers qu'il présentoit. Il n’y eut que M. Grappin, avocat et littérateur, qui n’abandonna ja- mais le C. Cassas dans tout ce voyage. Les dangers auxquels une course dans ce pays expose le voyageur, sont de deux sortes; d’abord ceux de la navigation le long d'une côte parsemée d'ilots et de rochers, où les naufrages sont assez fréquens; les dangers de la part des pirates, auxquels cette côte offre tant de repaires, ne sont ni moins réels, ni moins fréquens. Telle est entre autres l'aventure que te €. Lavallée K 4 152 nt ROaRe. : + $ raconte à là p. 82 et 83, d’après l'itinéraire du C. Cassas. «4 La ville , les environs et les monumens de Pola oc- cupèrent les crayons du C. Cassas et lui fournirent, pendant ce premier voyage, etlors de son retour, le sujet de beaucoup de beaux dessins, dont les gravures orvent l'ouvrage dont nous parlons. La tradition dé— signe quelques ruines qu’on voit à Pola, sous le nom de palais de Julie; l’auteur pense que, si toutefois cette tradition est fondée, cette Julie ne, peut être que JuliaDomna, épouse de Septime Sévère , qui y aura demeuré pendant que son époux marchoit vers Rome, contre Didius Julianus son rival. Près du port de Pola il ya une construction que les habitans appellent tour d'Orlando ; V'amphithéätre même de Pola y est appelé vulgairement Or/andina, ou édifice d'Or-. Zando. Pour expliquer ces dénominations, l’auteur du texte avance la conjecture suivante, qu'il ne donne, au reste, que comme conjecture. Le temps dans. lequel vivoit Arioste se distingue par le grand nombre de bandits qui infestoit alors l’Italie. Arioste , comme on-sait, étoit souverneur d’une parti s nnins l’onsait, étoit g d'une partie des Apennins, et réussit, par sa fermeté et la sagesse de ses mesures, urger un peu son gouvernement de ces bandits à purg I g td bandits , et à leur inspirermême du respect. On connoît l’aven- ture d’Arioste surpris par des voleurs pendant qu'il se promenoit seul dans la campagne, et que ceux- ci traitèrent avec tous les égards possibles dès qu'ils l’eurent reconnu , en l’assurant qu'ils savoient toujours . . . LE distinguer le grand poëte du gouverneur. D'après À à AO, cela, on peut croire que les poésies d'Arioste ne leur nl REP [a ) Istrie et Dalmatie. 153 étoient pas inconnues (1). Quelques-uns de ces ban- dits auront été jetés dans les environs de Pola ; l’as- pect des ruines respectables qu’on y voit leur aura rappelé les descriptions qui se trouvent dans le Ro- land furieux d’Arioste; ils auront donné à ces édi- fices le nom d'Or/andina, de Tour, d'édifice d'Orlando, ou de Roland, et ces dénominations auront passé peu à peu dans l’usage vulgaire de la langue. L'ile de Veggia ou J’eglia , une de celles situées le long de la côte de la Dalmatie, et qui fut cédée aux Véni- tiens par le comte Jean Frangipani , au XV.® siècle, est décrite par les géographes comme étant très-riche et fertile. Le peu de séjour que le C. Gassasy fit suit - pour le convaincre qu’elle est pierreuse , que son sol est sec et mal cultivé, que surtout elle ne produit pas autant de soie et de vin qu’on assure communément. A+ Zaræ, qui estda place la plus considérable que les Vénitiens possédoient sur le continent , nos voyageurs trouvèrent une réception si affable auprès du docteur Sératico, savant éclané, et du capitaine Gerousi, homme instruit et aimable, qu'ils oublièrent bientôt tous les dangers auxquels ils venoient d'échapper dans le trajet de l'ile de Veggia à Zara. « Selon Fortis « ( dit le rédacteur de notre Voyage ) ,Zara a fait, « dans le cours des siècles, plus de chemin en prospérité « qu'en décadence ». Le C. Cassas ne partage pas. cette opinion ; tout paroit lui annoncer, au contraire, qu'elle a été beauconp plus considérable qu’elle ne l’est (1) On sait de même que les gondoliers de Venise chan- tent souvent des chants entiers de Ja Jérusalem du Tasse. | : + . 124 Voyage. aujourd'hui, puisque des débris de certains monumens publics qui, par leur nature, devoient être dans son mtérieur, se trouvent portés à d’assez grandes dis- tances hors de ses murailles, qui actuellement n’ont pas plus de deux milles de circonférence , et qui contiennent à peine 4 à 5 mille habitans. Par sa Si tuation sur une péninsule, Zara est cependant toujours une ville d’une importance majeure; aussi étoit-elle le séjour du provéditeur général de la Dalmatie. Les antiquités romaines n’ont pas été aussi respectées à Zara qu'à Pola ; et quoiqu’elle fût, comme tout Van- nonce, aussi riche en monumens que cette dernière ville, il en reste beaucoup moins de vestiges. On W’aperçoit plus aucune trace de son amphithéâtre; on a totalement achevé de le détruire , lorsqu'on a élevé les fortifications. La place en est aujourd’hui occu- pée par une demi-lune. Le monument antique, le plus passablement conservé , est l’arc de triomphe, qui forme maintenant la porte dite San-Gringona ou Saint- Chrysogone, et qui conduit au port. Le €. Cassas pense que cette porte a été construite des débris d’un arc de triomphe de la ville de Nona, dont il sera question incessamment. La corniche de cette porte mest point supportée par deux colonnes, comme Spon J'a représentée, mais par deux pilastres d'ordre co- rinthien ; la partie inférieure de ces deux pilastres manque absolument, et ils se trouvent tronqués à peu près à Florigine de l'arc de la porte; en sorte que non-seulement il en manque environ les deux tiers , mais encore les soubassemens en totalité , et qu’il ne reste plus que les chapiteaux assez intacts, et Istrie et Dalmatie. 155 une partie du fût. Cette porte est figurée sur la pl. 28. On voit encore à Zara, près de l’église de Sainte- Hélie, deux magnifiques colonnes cannelées, d'ordre corinthien , dont l’architrave , les chapiteaux, la plinthe et la base sont du meilleur style. Le C. Cassas vit aussi à Zara différentes inscriptions qui font re- gretter que les monumens auxquels elles appartenoien£ v'existent plus. L'une des plus grandes privations qu’on éprouve à Zara, est celle de l’eau. Elle y est d’une extrême rareté. Quelques vestiges d’un aquéduc, que le C. Cassas fut visiter dans les environs, prouvent que, dans l'antiquité , on fut aussi obligé de recourir à des moyens extraordinaires pour lui en procurer. On n’est pas d'accord sur le fondateur de l’aquéduc, ni sur son étendue, ni sur le véritable lieu d’où il re- cevoit les eaux qu'il transmettoit à Zara. On en trouve des vestiges à une distance assez considéra- ble de cette ville. Parmi les hommes distingués par leurs connois- sances et leur urbanité qui s'empressèrent à Zara d'accueillir le GC. Cassas , et dont nous avons déjà nommé deux , il cite le docteur Antonio Daniel: , médecin et antiquaire estimé, l’un des hommes de ces contrées qui possède le cabinet le plus cu- rieux, et que son honnetêté l’engagea à montrer, dans le plus grand détail , à notre voyageur. Les ornemens de sa maison suffisent pour attester son goût pour les arts. Il y est entouré , pour ainsi dire, des débris de la grandeur romaine. C’est surtout dans les ruines de Nona , peu distante de Zara , qu'il 156 ". Voyage. a fait une abondante récolte. Cette ville , entièrement - détruite , n’est plus qu'un misérable village , dont le sol recèle de nombreux vestiges de son ancienne splendeur. Les fouilles que. le docteur Daniel a fait faire à Nona, à ses frais, lui ont procuré plu- sieurs morceaux très-curieux. De ce nombre sent quatre, statues antiques de grandeur colossale, de marbre salin , qui font partie des ornemens de la maison habitée par ce savant. Il possède une très— belle collection de médailles romaines , trois tables grecques , qu'il a tirées de l’isle de Lissa, que Fortis a également vues, et qu'il considère comme ayant fait partie de quelque détret , et, être les fragmens des signatures des sénateurs. On voit encore chez lui une belle suite de pierres qui ont appartenu à divers monumens antiques, et qui lui ont été ap- portées de difiérentes parties de la Dalmatie , et. entre autres uue inscription queSpon avoit vue chez M. Tommasoni , et dont sans doute M. Damieh à acquis depuis la propriété + c’est celle qui fut con- sacrée à Tibère par la onzième légion , et. par les soins de Publius Cornélius Dolabella. Le C. Cassas vit encore À Zara un cinéraire , également trouvé dans les ruines de Nona, et qu'il a dessiné. On le voit gravé pl 28. | Dans le trajel pour se rendre à Spalatro ;. le C. Cassas relâcha à Sébénico , la plus forte place de la Dalmatie , dont la fondation est attribuée aux Us-— coques, par J. B. Giustiniano, et que, dans le 16.2 siècle, quelques hommes ont honoré par leurs talens daws les sciences et dans les arts. Istrie et Dalmatie. 159 " Le C. Cassas s'arrêta peu de temps À Sébénico ; ayant résolu de voir et de dessiner la fameuse cas- cade de la Kerka , il falloit qu'il pénétrât plus avant dans l’intérieur du pays. Il remonta donc le canal qui sépare le lac de Sébénico du lac de Scardona, et arriva en peu de temps à cette dernière ville , appelée aujourd'hui Skardin par les Turcs. Il ne pénétra que jusqu’à la 5.° cascade de la Kerka, qui ëst la plus majestueuse. Le C. Cassas en donne deux belles vues sur les pl. 29 et 30. Avant de se rem- barquer pour arriver à Spalatro, il donna un coup d’œibsur la vallée et lé bourg de Slosella. Le paysage de cette vallée est affreux par l’aridité des montagnes, leurs profondes gersures , et l'infertilité du peu de terre, ou, pour mieux dire, de la poussière qui se ré- fugie dans leurs crevasses. Dans ce petit coin du monde , végète la peuplade la plus sauvage, ou plutôt la plus abrutie et la plus imbécille de touie la Dal- matie , et peut-être même de tout le continent. Cette race, vraiment dégradée, n’a d’autre instinct que celui de la destruction. On ne voit dans ces cantons , ni grains, ni plantes utiles, ni arbres, ni fruits; ces hommes arrachent , sans raison comme sans prévoyance , tout ce qüe la terre essaie d’enfanter pour venir à leur secours; et pour peindre d’un trait leur inconcevable imbécillité , tandis qu’ils arrachent les arbres, les grains, l'herbe même , ils respectent les ror _es, les genêts , les épines : devenus pour ainsi dire indignes, ils se réduisent , par cette démence, à l’impos- sibilité de trouver de quoi soutenir leur déplorable exis- tence , ils ne se nourrissent que d'insectes, de poissons 158 Voyage. ou de coquilles que la mer dépose sur ses bords, ou de ce que la pitié de quelques pêcheurs des contrées voi- sines accorde à leur dégoûtante indigence. Sans travaux, sans soins, sans énergie , sans idées même peut-être, ils restent assis tout le jour à la porte de leurs mi- sérables huttes, ou sur les rochers qui les entourent : leur face est hâve , basanée par le soleil , noircie par la misère ; leur regard est eflaré ; leurs cheveux sont noirs et négligés ; l’habitude de leurs corps est maigre , leurs membres sont grêles , leur taille est mal proportionnée ; ils sont plus timides que méchans, plus brutes que féroces ; les idées les plus simples arrivent point jusqu’à leur esprit ; ils sont également inbabiles à comprendre , inhabiles à retenir, inha- biles à imiter , et ils n’ont pas l'air d'imaginer que rien dans le monde puisse être , ou utile, ow com- mode, ou même agréable. Ce seroit outrager l'espèce humaine que de les prendre pour des sauvages , ils n’en ont ni la candeur, ni la simplicité touchante, ni l'indépendance, ni la fierté : les sauvages sont le premier chaïnon de l'espèce , ceux-ci semblent en être le dernier. Leur origine est perdue : on pré- tend que jadis ils furent redoutables aux Turcs. Peut- être pourroit-on présumer que ce seroit quelques mal- heureux débris des Uscoques, qui partout détestés, partout poursuivis. par les armes ou par les malheurs, auront perdu pour jamais , sous le fouet de la ter- reur , et le sentiment de leurs maux , et de leur misère ; auront perdu, non-seulement la dignité de l'homme , mais l'esprit , l'intelligence et la raison même : tant la grandeur des chätimens, comme le | put art Siné Istrie et Dalmatie. 199 poids des remords et des terreurs physiques ont de puissance pour dégrader l’homme même dans ses formes. , Ces observations du C. Cassas s'accordent avec celles de l'abbé Fortis. Ce savant , en parlant de l’his- toire naturelle de cette partie du comté de Sébénico, et entre autres du grand nombre de poissons que les différentes saisons de l’année amènent sur la plage de Slosella, s'exprime de la sorte : » malgré l’abon- « dance et la variété de ces poissons, les paresseux « habitans de Slosella négligent tous les moyens « d'en profiter ; ils se contentent de vivre au jour la « journée , et ils dévorent sans pain, et souvent sans « apprêt, tout le poisson qu’ilsont pris. Au printemps, « ces lâches paysans se nourrissent presque entière- e ment de sèches; ils les prennent en mettant sous Veau des branches d’arbres , où ce poisson s’attache « pour pondre ses œufs ; si pour avoir cette nour- riture un moyen plus compliqué étoit nécessaire , « ils aimeroient mieux jeüner, je crois, que de l’em- ployer. Ils sont également ennemis de leur propre « bien-être et de celui des autres ; de sorte que pour traverser l'introduction des grands filets essayée par À leur seigneur (l'abbé Jérôme Draganich Varenzio, « dont Fortis parle ailleurs }), ils ont jeté de grosses « pierres dans tous les bas-fonds de la plage , quoi- qu'ils eussent procuré de grands avantages à ces villageois » C'est non va de cette vallée de Sosa qu’o on place le CoZentum dont parle Pline, liv. III. ch. 21. On nomme aujourd’hui ile de FE l'ile sur la- ñ 160 Voyage. quelle on suppose que cette ville étoit bâtie; les vestiges qui en restent présentent si peu d'impor- tance, que le C. Cassas ne jugea pas convenable de les dessiner. On n’y rencontre que quelques frag— mens de murs, de corniches d’un bon style, des vases antiques, de pierres sculptées, mais aujour- d'hui extrêmement frustes. On ÿ a aussi trouvé quelques médailles et quelques inscriptions; maÿs les curieux s’en sont emparés. Il n’est pas douteux que la terre de cette ile ne cache beaucoup de richesses }. CAS en ce genre, qu'il seroit important pour la géogra- phie et l’histoire de découvrir, mais que la soupçon- neuse défiance de ses habitans ne permet pas de chercher. Ils partagent avec: ceux de plusieurs autres cantons la mauvaise humeur que leur a fait éprou- ver l'ingratitude dont on a payé jadis les travaux que quelques recherches de ce genre leur ont coù- tés 3 mais aussi les Turcs ayant séjourné plus d’une fois dans ces parages, ils ne sont étrangers, ni à leur ignorance , ni à leurs préjugés , et sont aussi bien qu'eux, toujours portés à croire que ces fouilles indiquées par la science , n’ont d'autre but que la recherche de quelques trésors ; et d’après cette opinion , leur avarice leur susgère de conser- ver ce que pourtant ils ne se donnent jamais la peine de chercher eux-mêmes. L'ile de Morter, dont les bords sont peu escarpés, s'élève vers son centre ; on assure que c’est au sommet de cette colline que l’on voyoit jadis les restes Les plus considérables de l’ancienne ville ; mais quoique cette île, comme tout le reste de céite côte, ne soit qu’une D». ï Le Istrie ét Dalmatie. 161 qu'uné carrièr@ non! interrompue ‘d'in marbre Tom rmunément beau et toujours excellent:, -les’ habitans:) pour S’éviter [a peine d'exploiter ces carrières, ont et la barbärie de sdétruire ce qui restoit de monumens de Colentum , pour en construire .lés murs d’une église : consacrée! à la Madonña di Gradina. t Sétant rembarqué :à Sébémco :, le C:Cassas fi voile; pour } Spalatro; sans s'arrêter en: route. Dans cette traversée , il dèssina une vue générale des côtes de la Dalmiätie entre Traui et Spalatro, prise aw milieu : du canal ;: c'est la 37° ns de l'ow- vrage. | dis re n0'e 9fs'up ie xuob - Spalatro offrit à notre es San NA moisson ; et quoiqu'il ne put point y faire un séjour prolongé; ;,ilesut tirer: un excéllent ‘parti de son! temps, en’ dessinant les! différens monumens qu'offre cette. ville. Ces: dessins forment sans doute une des parties les plus importantes dei cet: ouvrage: Avant: derquitter Spalatro ; le C::Cassas visita encore les; réstés de. Salone ;, ville, dans laquelle Dioclétien vit le; jour , .et.qu'il vint habiter, après, son abdica- N 4 jusqu'à, cé que les travaux du /palais: qu'il fif! bâtir à Spalatro fussent terminés: On voit encore entre Spalatro et Salone plusieurs arcades; de l’a- quéduc qui:conduisoit. l'eau à cette première ville: Cet aquéduc. :est vraisemblablément aussi: Un Où: vrage: de la ragnificence de: Dioélétien., Le. chémin desSpalatro à: Salone maire pren qui res tent de ce «beau monument ; » dans, cette partie: 4 ilfdgnne au paysagé un A ME que le CeCassas , a,fiouré à la pl. 57.: A gauche, l'aquédus Zome FI. L x62 = Woyage. semble sortir, d’urie « montagne fort élevée ; tandis qu'à droite; s’enforiçant dans la vallée, 1l traverse: un bois épais que ses arcades élancées bien au-dessus: de la cime des arbres dominent avec autant de Laon que de maÿesté. Si l'on compare l’état où sont maintenant les: ruines de Salone’et même celui où Spon les a vues, il y à 127 ans, au tableau qu’en fait le sénateur J'. B. Giustiniani dans un mänusorit précieux , écrit vers l'an 1550, et dont Fortis a et connoissance , il est incontestable: que Jeur destruction a fait dix fois plus de progrès em deux siècles qu’elle n’en avoit fait dans l’espace der quatorze cents:ans.. Voici ce que dit cette relation. « On reconnoïît la grandeur et la magnificence de: l’ancienne. ville de Salone: par les restes que l’on y: voit aujourd’hui; savoir : par les voûtes et les arcades: d'un théâtre merveilleux; par de grands blocs dw plus beau marbre qui sont dispersés dans les champs , par une belle colonne composée de trois morceaux de marbre, qui est encore sur pied dans un endroit vers la mer, où ,à. ce que l’on prétend, étoit situé Parsenal ; par plusieurs: arcs admirables , soutenus par des colonnes de marbre de la hauteur d’un jet de pierre , sur lesquels passe un aquéduc destiné à con duire les eaux:1de Salone à Spalatro : on y voit des ruines de: grands palais et des épitaphes anciennes sur beaucoup de'belles ‘pierres’; mais le terrain qui s'élève et s'aceroît peu à peu. a enterré les choses les plus’ ancienties et'les plus précieuses ». Comme: cette relation vient d’un témoin oculaire ot d'un hornié:à qui sa naissarice et _sés emplois à Istrie‘et Dalmatie. 163 réndoient cette contrée familière ; il n’est guère permis d'en révoquer en" doute la fidélité. D’après cela ;'il faut présumer que V'envahissemetit du terrain dont il se plaint s’est considérablement accru depuis cetté époque : non-seulement les voûtes et les arcades’ dé ce théâtre merveilleux n’existent plus, mais il seroit impossible de: détérminer aujourd’hui! l'emplacement qu'il occupoits quelques=uns des grands blocs de marbre dont ‘parle la relation sont encore gissans sur la terre ; mais cette belle éolonne qui indiquoit Varsenal a entièrement disparu: Aueunes murailles encore debout né donnent l'idée de’grands palais, de’temples!, de portiques , et les nombreux matériaux dont le sol ‘est éencombré sont confondus pêle-mêle: Quant aux inscriptions que Giustiniani avoit vues , Fortis annonce bien qu'un savant laborieux de Spala- tro en avoit fait une ‘collection très = cürieuse ; mais jusqu'à présent il s'est cohstamimént refusé’à à publier ses découvertes: Fortis lüi - mêôme à point publié celles qu'il'a transérites sur les lieux , et il annoncé qu'il les réserve pour un de ses amis ; lé éomté Terôme- Silvesrri de Rovigo. Ce ne seroit que par des fouilles que l'on‘parviendroit à à recouvrer quel- ques beaux. fragmens de Salone Se et ces fouilles seroient d'autant plus faciles à faire et d'autant moins dispéndieuses , que le sol de Salone est ‘un terrain vague, inculte et désert; que par conséquent pour faïre ces fouilles , il n’y auroit point d'habitations 4 sacrifier et personne à dédommager. De Salone ; le C. Cassas alla encore voir et dessiner la grande cascade de la Cesina , appellée Felika L 2 164 1 Voyage. Gubowiza ( voy. pl. 58). Depuis plus de deux mois | : que le C. Cassas étoit parti de Rome, il n’avoit pas donné , un seul jour au repos. Aux fatigues de la mer il avoit constamment fait succéder les fatigues * des courses par terre; et cependant dans ce laps de temps, bien court si l’on considère ses travaux, äl avoit trouvé ‘le moyen de recueillir cette belle moisson de vues pittoresques qu’il en a rapportées, qui ornent le voyage dont nous parlons , et qui sont un témoignage honorable de la fertilité et de la faci- lité de ses crayons, ainsi que de son ardeur pour les arts. Le 24 juillet il se rembarqua pour revenir à Triéste, et de là à Venise. Après 17 jours d’une traversée heureuse , pendant laquelle il relàcha à Pola , où al resta six jours pour achever de des- siner les monumens qu’il avoit admirés à son pas- sage , il arriva à Trieste le 10 août 1782, où il retrouva une partie des amis dont l'intention avoit été de l'accompagner ,et que les inconvéniens de la mer en, avoient.tous détournés ; à l'exception de M. Grapin ; homme de lettres , qui l’avoit accompagné dans toute cette course. De ‘Trieste, le C. Cassas s’avança sur la route de Vienne pour visiter et des- siner quelques sites. extraordinaires que présentent le château de Luess ou Predjama situé :près du lac de Cirknitz , la chute de la Ruecca , le château de Novoscoglio, de San-Canciano , etc. Ces sites for- ment lesujet des dérnières gravures de l'ouvrage. Elles sont en général exécutées avec beaucoup de soin , et plusieurs. forment de beaux tableaux. Ce voyage mérite l'accueil qu'il a reçu dans toute l'Europes a D on Istrie et Dalmatie. 165 ‘et les bibliothèques qui possèdent les beaux voyages pittoresques qui ont paru dans la seconde moitié du xvitr.e siècle, ne pourront se dispenser d'acquérir aussi celui d'Estrie et de Dalmatie. T.F. W, À RC H Æ O‘E O GT E. BaAccxus célébrant son mariage avec ARIADNE ; bas-relief qui orne un Sar- cophage appartenant au prélat Casali à Rome, expliqué par M. BOETTIGER (1). Trad.de l’allemandparT.E. Wincktrer. (Voyez la gravure ci - jointe L 114. «43 Br bas-relief antique en marbre dont nous don nons ici la gravure , nous fait voir Bacchus en repos» assis en face dAriadie , son épouse, divinisée: ; et \ donnant à boire dans une coupe à sa panthère fa- vorite ; autour des deux jeunes époux est la troupe (1) [Cette dissertation est tirée d’un ouvrage archæologique que M.Boettiger publie par livraisons sous leititre de : Archæo- logisches, Museum , zur Erleuterung! der Abbildungen aus dem clas- sischen Alterthume für Studirende und Kunstfreunde , &’est-à-dire, Musée Archæologique pour Pexplication des monumens de l'anti- quité classique, à l'usage de ceux qui se livrent à l'étude des léttres et des amis des arts. Weimar, au Comptoir d'industrie. 1801 ; première livraison, p. 75 et suivantes. Voyez ce que nous avons dit sur cet ouvrage, Magasin Encyclopédique, année VIT, tom. VI, pag. 421 et suivantes]. L 3 166. : Ærchæologie., ‘ bacchique (Ze thiasos ) @); pour laquelle ils sont un objet de curiosité et d'étonnement. Le, bas-relief original se trouve sur un sarcophage en marbre grec, parfaitement bien conservé, qui appartenoit autrefois au cardinal 4ntoine Casali , et dont le possesseur actuel est le prélat Gzuseppe Casali à Rome. Le célèbre Dominicho Cunego fit une gravure de ce bas-relief, d’après le dessin d'Étienne Piali; ét éette gravure se vend encore séparément à Rome (3). On voit par l’ex- a gravée au bas de la Sert as que d’abord ant - 38 L RARE € Oiuros FE uétur, inspirer, étoit le réntable: terme pour désigner la suite Bruydhte des orgiastes, ou des hom- mes qui, aimés par la musique ‘asiatique (.ce que nous appelerions aujourd’hui musique de. janissaires ) ; dansoient dans les processions de Cybèle et de Bacchus. Voyez Sranmeim , sur le Plutus d’Aristophane, vers 508. Peu à peu on vit se former des confréries qui célébroient, dans des jours fixés, la fête du,dieu par des processions et des festins. Vax Daxe, dans ses dissertations sur les marbres d'Athènes , LE tès-bien approfondi cétre matière. On peut encore com: parer” ce ‘quia dit à ce Sujet -Sauwaïse, ad jus Atticum et Rémanüm , c«rlV ps 146-248. Ces confréries sacrées por toient, chez les Romains, le nom de sodalirates. Les confré- riés qui existent encore dans quelques pays catholiques} les bannières, les processions et les fondations de ces mêmes confréries doivent leur origine à ces thiases bacchiques. Cè qu'on.voit sur notre bas-relief est le thiase de Bacchus. G) [Le C: Millin en possède une épreuve J, | (4) [Voici cette explication : Arca sepulchralis Anaglyptica ex marmore Pario; apud E. D. Antonium Casalium Cardinalem Liberi patris et Ariadnæ , ceterorumque Dei comitum, ac Minis: trôorum symbolis , et imaginibus insignis ; effossa ad Viam Appiamk Yatra portam Capenam ; nullo neque effossionis neque vetustatis Sarcophage. 167 en avoit expliqué ce bas-relief comme représentant Bacchus. et Ariadne. Le C. Vrsconrt fut le premier -qui rejeta cette explication et qui.en donna une nou— velle dans son Museo, Pio-Clementino , tome V , pag: 13 et 86. IL acheta le cuivre de. Cunego , et publia cette gravure; dans le cinquième: volume du Musée que nous venons de .éiter , .où,elle est la troisième planche. des. preuves. .. Le.C. Visconti observa que si le: bas-relief étoit la noce. de, Bacchus-et d'Ariadne , on ne concevoit pas trop; pourquoi , parmi les suivans de Bacchus, on voit aussi Mercure, qui: est évidemment chargé d’un rôle particulier parmi les spectateurs. Il à donc pensé que :ce pouvoitêtre: Bacchus, ramenant de l’Enfer se mère, Sémélé brûlée. par les foudres. de Jupiter. Dans cette’ supposition ;-Mercure n’y séroit pas déplacé,, parce. que c’est lajidivinité chargée de conduire les ombres des morts. Il est très-intéressant et très-in- structif de connoître les combinaisons ingénieuses , par lesquelles il me, paroît que, ce savant :antiquaire & été induit en erreur. Dans le célèbre manuscrit de E anthologie grecque de Céphelas, que l’on conserve dans la bibliothèque du Vatican 3 il: trouva , parmi d'autres épigrammes , inédites alors, dix-neuf in scriptions , sur autant -de, bas-reliefs en marbre, dont Attale , roi de Pergamie ; orna, environ 156 ans avant l'ère vulgaire ; un temple construit à: Cyzique, en l'honneur de sa mère Apollonias. Tous ces bas-reliefs ». fs 1 adfecta detrimento. Ce: Cp TAN a neuf palmes et £ de Jon : gueur., sur cinq et_2: de hauteurL L 4 168 Archæologie. $e: rapportoient' à des mythes de l'histoire héroïque des Grecs , qui rappeloïent Jai tendrésse de’ quelejiiés enfans envers leurs mères} om bien ilsétéient" en lhon- neûr°de quelque dieu, où dè queltjué héros qui &vôié Sauvé à sa”mèré l'honneur oull& die. -Suivant le titré qhi ; dans le manuscrit lu Vaticanyse trouve dt dessus dé : chacune de ‘ces épigramines , le premier bas-relief représentoit . Bäcohhs qui coñduit sa mère! de l'enfer -dansile! ciel; Miérewréliow Hermès ‘est en) téte de x procession et les'satyres et lessit lènes ‘accompagnent etrsuiventie; charte Bacchus. épigrammé n’a aucun mérite poétique ‘elle: n'est intéressante que: par ‘son sujet." Enivoiei la: traduez tion : :« Le dieu durthyrse, pour réparéio Patténtat tm & pie de Penthée , ramène, des bords de PA chéott} à « mère, fille de Cadmus et d'Hefmicne; quela féudre t«! de Jupiter avoit consumée au thilièu des déuleursde “&'Fenfantementosoini 013 30 [TL eronx 20h eo ‘Dans plus @ de ses umeasat aréhæëlosiques : M. Visconti a su tirer un excellent parti (5) de cette “épigramme dé” ‘Cyzique pe Avant TV époque ëù A. Jacobs, le savant éditeur de AA Rthologie ! com plète, l'a publiée: (6) avec d'auti es éjigramines La e SOTITIES y } 110(3): Voy. Tscrizioni Hanad pal 25, ‘“etrdans le sise Ciementino ; dans, différens endroits: 19T Ii 19 (6) Voyez. Jadoës s Exercitationes. Ce gd:scripsôres vx, tom. Îl,,p, 139. L’épigramme quisse rapporte, à notre sarco- phage est la première, et M< Jacobs en donne un savant commentaire à la page 145 et suivantes. Les épigrammes ‘elles-ménies sont la ‘vérité déniirées! dé tont mêrite poétique , ce qui cependant n'empêche pas ‘de croire qu'elles ont pu -être Sarcophage. 169 dites d’après la copie du ‘manuscrit du Vätican É faite par M. Spalleti , et conservée actuellement dans la bibliothèque de Gotha. M° Visconti, en compa- rant le marbre du prélat: Gasali avec l'épigramme de Cyzique, et trouvant, dans l’un et l’autre , Mer- cure parmi les suivans de Bacchus, à cru devoir re- garder! ce’ monument comme le repos de Bacchus et de Sémélé, qui; du Styx, viennents’élever dans les régions supérieures du ciel. Il n’a° pas eu égard à cette circonstance essentielle!, que.dans l'explication du basfrelief ide Cyzique ; qui, dans le manuscrit du Vatican, setrouve en tête de l’'épigramime en ques- tion, il est ‘dit expressément ,qué Mercure précède Bacchus ( FpOYYEUEVS ‘Eguë ) raînenant Sémélé de l'enfer, ét que es satyres’ et llescsilènes le: suivent. “Dans le bas-relief de Cyzique tout . étoit donc ‘en Mouvement; c'étoit une procession qui s'avançoit, ‘ainsr: que nous le voyons sur plusieurs autres monü- mens qui réprésentent dés Bacchanalés. Mercure Sy ‘trôuvoit lèn tôte. Le bas-relief du’ prélat Casali ;: dont ‘nous’ nous: occupons , diffère labsolument de cette représstation. us ipe est’ a Poe sil Î gravées en effet ; au- hocose des fi cie sur les colonnes ., temples. Cela est conforme, en général , à l'usage le plus ancien. Voyez Vascpxri », ad Mus. Pio- Clem. a tom. 1Ÿ, ‘pag. 85; 2: On n'a qu'à se rappeler , à ce sujet, de qnelques- ‘unes des da trim que Pausanias a lu sous différens ex-voto anciens ; dans’ les‘ temples ‘de la Grèce, ‘et qui w’ont pas plus de mérite poétique que nôtre’ épigramme. [M. Chardon la Rochette ; en donnant l'extrait de l'excel- Jént ouvrage de M: Jacobs, Magasin Encycl: AnnéeV, t: VI, p.159, a indiqué et traduit l'inscription de Cyzique, ib. p.163]. 170 Ærchæologie. sy trouve parmi les. autres suivans,: de. Bacchus. Toute cette représentation n'a pas la moindre ap+ parence d'un triomphe: Les deux. figures principales jouissent du, plus profond repos et de la plus grande satisfaction. On voit d’après cela que Mercure ne peut pas y jouer l'important rôle. de Neéiopompes, c'est-à-dire, de conducteur des morts. Un passage d’Athénée, dont il sera question plus bas, fera voir du reste que Mercure se trouve quelquefois dans la suitè de Bacchus. Je pense done que;ce, bas-relief représente réellement le, beau vainquetr dé l'Inde, et Ariadne son épouse, trouvée dans l'ile de:Naxos. Exa- minons à, présent chacune des pt de cette com- aostion ingénieuse.- 3 8 :: Selon la tradition, FT ce fut sur. Je: ‘pen- We Le du Mont Drios, dans l'ile de Naxos; que Bac chusconduisit Atiadne,, et, où, il, disparut. ayec elle (7). Sur motre bas-relief nous, voyons. Bacchus se reposant sur. !le penchant: de..,cette. montagne ; sql appuie Le. pied, gauche sur le:van mystique (6), “duquel, on voit.sortir..le serpent sacré ;. et, de, la ‘droite; al offre à, sa: panthère favorite la: coupe rem- plie du doux necter de la vigne (9). Cet animal, “ainsi que le tigre, ‘sur lequél'on voit! “quelquefois Bacchus , ou sc où avec Ariadne (ro), indique Yorigine. indienne de Bacchus. Car ces aniqaux ; (7) Dronor. Sic. FAR 515 ti] » Pe 3725, éd. Vo (8) Virc. Georg. 1, 165. (9} Voy: ci- -dessous la note 14: (0) Vases de Tiscnamix , 1, 143, Hness al Doct, ‘Num. -Vet. I, 433. Sarcophage. ä 17% surtout l’espèce plus petite, que Buffon appelle Ozce, sont encore aujourd'hui faciles à apprivoiser ; et dans les Indes orientales, on les. dresse quelquefois à la chasse des chevreuils, des gazelles, etc. Dans le moyen âge on les employoit, en Italie et en France, à un usage semblable. - L'histoire naturelle des anciens ‘attribuoit aussi à ces animaux un goût particulier pour le vin , et l’on rapportoit beaucoup d’anecdotes de chasseurs qui, pour les prendre, s’étoient servi de vin pour les enivrer. Selon Oppien (11), dans son poëmesur la Chasse , les suivantes de Bacchus furent même changées en pan thères avant de déchirer Penthée. Le plus souvent on voit sur les monumens antiques les Mænades ou les Bacchantes donner du vin à boire aux panthères et aux tigres (12); quelquefois le dieu s'occupe lui-même du (11) Voyez Orrrax. Cyneget. IW, 314 , 342 et suiv. Se- lon l’étymologie donnée par Saumaïise ( ad Solin., p. 149 b.); le mot de panthère auroit la signification d'animal de Pan, Hæwiç! Sip 3 mais il me paroît plus probable que ce mot, ainsi que celui de pardalis ( népaus, qui désigne le mâle, et panthère , la femelle de la même espèce), sont d’origine orientale. Voyez Bocxarr, Hierozoïc., P.I,2,lib.III, cap, ce pag. 800 et suivantes. (12) Les anciens ont très-fréquemment employé la figure de ces animaux dans les ornemens, les frises, pour décorer les couvercles , les anses de vases, etc. ; souvent ces animaux seterminent en arabesques. On en trouve des exemples fré- quens dans les peintures d'Herculanum et dans le recueil de Caylus, On les groupe toujours avec un scyphus , une amphore ou quelque autre vase arrondi et d'un effet pittoresque ; et 172 Archæologié. soin d’abreuver son animal favori (13);'et ce soin même caractérise son extrème contentement, F4 sérénité de son repos. C’est pour cela même que l'artiste a choisi cette représentation, qui au surplus ni oflroit dif- férens avantages dans la disposition de’ ses figures. - En face de Bacchus, on voit Ariadne assise 'tenänt dans une main une-espèce de vase à deux anses , dont on se servoit fréquemment dans les sacrifices et; les Hbations , et qui, dans la langue rss: de ce vase donne toujours une Éd A LA sûre de l'origine. de cet ornement. La 4.e figure dé la planche ci {jointe er offre un exémple. Cest un fragment d'u Das-relief inédit, enr terre cuite, qui appartient à M, le professeur Meyer: Il'eir sera question plus bas | a je ji (13) C'est ce qui est prouvé ; entre Sutes Par un passage important de Hero d'Alexandrie (in Abreuerenurmsts , p. 246, 247, dans les Aathem. vet. Gr.), où il décrit un auto- mate remarquable ; qui représentoit Bacchus dans son temple ; aütonr de lui on voyoit les Mænades danser et faire dé’la musique. Lé dieu étoit assis dans le milieu, tenant dans la main gauche un thyrse, et dans la droite un vase à boire ; de l'espèce de ceux qu’on appeloit oxüpos. À ses pieds étoitàs- Sisun Panthérisque : TaponeTtéerar rardpiatss TRÈS Fois TO Seoû mogir, Lorsque l’automate étoit en mouvement ; on voÿyoit coulér sur le Panthérisque du läit on de l’eau qui sortoit da thyrse, et du vin qui sortoit du Scyphus. Ce passage est en même temps du plus gard intérêt pour faire eonnoitre les jomgle- ries des prêtres de l’antiquité. La représentation de Bacchus abreuvant de vin une panthère qui le caresse et se tiént élevée sur ses deux pieds de derrière, ayant ceux de devant appuyés contre le dieu , paroît avoir été assez fréquente dans Pantiquité. Nous Ja retrouvons encore dans® une peinture d'Herculanum; t. VIF, tave 25, p. 113. - 9 _Sartophage. Pantiquité ,..s'appeloit, carchesium. (14). De Pautre main;elle tient le tympanon ou'tambour phrygien, qu’on voit encore deux fois sur notre bas-relief. On y remarque. de petits cercles destinés à y attacher des grelots. Ce tambour tire son origine des orgies de Cybèle, d’où il, fut introduit dans les processions bacchiques. Les sons de ce tambour devoient donner à la,danse des satyres, dans ces processions, une vivacité dont Les peuples du Nord ne sont guère en £tat de se: faire une idée (15). L'ample vêtement (14) Carchesion UKepxioir) est un vase de forme ovale, aÿant des’ anses qui, du bord, descendent à la base. Voy. les Archæologie. Observations artistiques par M. MEYER. La savante explication que M. Bocttiger vient de donner du bas-relief du prélat Casali, qui représente la noce de Bacchus et d'Ariadne, et qu'on voit figuré sur la planche ci-jointe , contient presque tout ce qu'il y à à dire sur ce monument relativement à l’art. J'ajouterai seulement l'observation que parmi le nom- bre assez considérable de monumens antiques qui re- présentent ce sujet, on ne trouvera guère de com- position plus riche, plus belle, d’un meilleur goût et plus significative que celle-ci. On y voit régner en général cette symétrie agréable et gracieuse que les artistes anciens savoient toujours donner à leurs ouvrages , même de la composition la plus riche, lorsqu’au fond ils ne devoient être qu'un ornement « q D d'architecture , ou bien en tenir lieu , eomme le monu- ment qui nous occupe , pour indiquer par là en quelque sorte sa véritable destination , et pour avertir que l'artne va pas se montrer dans sa sévérité, mais comme embellissement et pour ainsi dire comme jeu. Cette symétrie cependant ne s'étend qu'aux masses générales et aux figures opposées l'une à l'autre., et qui forment ce que nous appelons pendans ; car dans chacune des figures particulières les artistes anciens, du bon temps de l’art, observoient soigneuse- ment toutes les règles d'une variété convenable. Sous. ce rapport, l'artiste à qui nous devons l'invention de ce bas-relief s’est montré en maître habile. Il a su rap- procher infiniment , dans l'expression générale et dans Sarcophage. « T9 leur attitude, les figures des deux faunes , celles des deux nymphes bacchiques et celles des deux vieux prêtres barbus de Bacchus ; et en même temps il les a distinguées par des nuances si fines que , sous ce rapport, son ouvrage peut être recommandé àl attention des spectateurs, et.aux artistes comme un veritable modèle. Au-dessous du bas-relief on voit cinq Monumens bacchiques , dont deux (42) se rapportent plus 1m- médiatement à l'histoire de Bacchus et d’Ariadne , dont il a été question jusqu’à présent. Autant que nous pouvons.en juger par les monumens antiques existans , la découverte d’Ariadne (43) dans île de Naxos, par les suivans de Bacchus, étoit un des momens que les artistes anciens choisissoient de préférence dans le mythe d’Ariadne pour sujet de leurs ouvrages de sculpture ou de peinture. Parmi les pentures d’Herculanum , il s’en est conservée une (44) (42) [ L’explication du monument n.0 2, et de celui n.05, est de M. Boettiger, qui l’avoit donné dans la même li- vraison du Musée archæologique , p. 37 et suiv., à l’occa- -sion de ce qu’il y dit de la statue qui représente Ariadne en- dormie, qu’on a long-temps désigné sous le nom de Cléo- .pâtre, et qui se trouve aujourd’hui au Musée des arts. Le traducteur a cru devoir intercaler igi cette explication]. (43) Voy. supra, pag. 183, not. 32, (44) Pitture d'Ercolano, T. IT, t. xvr. L’attitude du dieu appuyé sur Silène, et entraîné par l'Amour, est très - spiri- ‘tuelle. L'artiste , à qui l’on doit cette peinture , a fait encore preuve d'intelligence, en plaçant tout le thiase ou la suite de ‘Bacchus dans le fond, où on le voit sortir derrière une mon- tagre. Cette composition est très - agréable. 192 Archæologie. qui représente ce sujet ; elle paroît être la copie d’un original célèbre, à en juger ; sinon par la beauté et la correction du dessin, du moins par la variété et la richesse de l'invention, et par l'élégance de la disposition. Ce même sujet est encore figuré, mais d’une manière plus riche , sur le bas-relief remarqua- ble trougé en 1723 à Orta, et publié pour la pre- mière fois par Fontanini (45). Différens graveurs -en pierres fines l'ont également choisi pour sujet de leurs ouvrages. (46). Le défaut d’espace les a cepen- dant engagé à supprimer la foule de mænades que les auteurs des peintures et des bas-reliefs pouvoient intro- duire dans leurs compositions. Dans toutes ces pein- tures , sculptures et gravures en pierres fines qui représentent la découverte d'Ariadne, le groupe princi- pal est Ariadne endormie, qu’un panisque va dévoiler aux regards avides de Bacchus appuyé sur un Si- lène (47). Au milieu , entre Ariadne et le dieu étonné, (45) Museo Pio-Clementino , t. V, pl. 8. (46) Dactyliothèque de LirrerT , I. 383, 384. Catalogue de Tassre , n.0 4362-4365. Voy. aussi Gori , ad Mus. Florent. , t. I, p. 264. (47) Cette représentation d’une belle et jeune fille endor- mie qu'on dévoile doucement, plaisoit tellement aux ar- tistes anciens, qu'ils en faisoient fréquemment usage dans d’autres scènes folàtres bacchiques. Une des plus belles imita- tions se trouve sur une belle intaille , publiée par Guarranr ( Monumenti inediti, 1785, septembre, pl. 1), où un herma- phrodite bacchique , absolument dans l’attitude d’Ariadne en- dormie, est surpris par un panisque etunsatyre. Dans le 7.e volume des Peintures d’Herculanum, cette représentation est appliquée cinq fois à une bacchante endormie, et elle se re- on Le Lt Bee À re 4 / L 1 Sarcophage. 193 on voit encore un, satyre tenant le pedum. La con- voitise pétulante de celui-ci contraste d’une manière très-fine avec.le maintien noble et retenu du dieu, qui se contente d'étendre vers Ariadne le flambeau bacchique ou nuptial. C’est ainsi que cette décou- verte est figurée sur un célèbre camée, qui autre- fois se trouvoit à Florence dans la collection de Médicis, mais qui depuis paroit avoir passé en An- gleterre, où M. Charles Townley le fit copier avec la plus grande exactitude , et graver en 1783, en forme de grand tableau, par le célèbre Thomas Scothard. Au n.° 2 de la planche ci-jointe on trouve une copie de la gravure de ce camée publiée dans le Museum Florentinum,T.I ,pl.xcit, n.° 1. Chez les anciens Grecs, l'épouse étoit conduite à la maison en procession solennelle, Bacchus rame- nant Ariadne dans l’'Olympe étoit donc la dernière scène et en même temps la plus glorieuse, celle qui terminoit le cycle mythologique d’Ariadne (48); et trouve aussi sur plusieurs reliefs. 11 paroît que l’origine de toutes ces représentations doit se rapporter à quelque tableau d'un grand maître ( peut-être d’Aristide, voy. Prix. XXXV, 10); dans ce cas, il faudroit les regarder comme autant de variations d'un même sujet. (48) La plupart des cycles mythologiques importans com- mençoient ou se terminoient par un éspès yéuos , un mariage de dieux. Ils étoient tous des imitations de celui de Jupi- ter et de Junon. Voyez Casauzow, in Athenæum , VI, 10; p.426, et Hemsreruuys dans VALCKENAER, ad THEOCRIT., Adoniaz., p. 367. Un grand nombre des plus anciens poëmes et monumens de l’art se rapportent à ces mariages de dieux, qui, pour cette raison, méritent une attention particulière Tome PI. N 194 Archæologie. comme cela ne peut guères avoir lieu qu'avec toute la suite bacchique , cette scène , ainsi que chaque procession bacchique devient une véritable pompe triomphale. Quelquefois, il est vrai, les peintres se contentoient de n’admettre dans leurs compositions que le Liber Pater et sa Libera , c'est-à-dire, Bacchus et Ariadne déifiée(49). Mais nous VOTOR, ect plus souvent la jeune épouse avec son époux divin sur un char attelé d’un centaure et d’une centaure (afin que l attelage : même forme un couple) , ou bien de deux centaures qui jouent de quelque instrument. Cette dernière représentation se retrouve sur le camée figuré au n.° 3 de la planche ci-jointe; il est copié d’a- près celui gravé dans le Museum Florentinum, tom. IT, pl. 92, n.° 2. A cet égard , il faut observer que le geste du premier centaure indique évidemment que , dans l'original , dont cette pierre est une copié, il jouoit des cymbales. Les centaures attelés au char de Bacchus se voient encore sur plusieurs monumens dans la mythologie. On peut se rappeler à ce sujet le mariage de Cadmus et d'Hermione, de Pélée ct de Thétis, mais surtout celni d’Hercule et d'Hébé , qui terminoit toutes les Héraclées. Celui de Bacchus et d'Ariadne, dont Eratosthènes nous a conservé quelques traditions: dans ses Catastérismes (ch. 5, p. 120 de l’édit. de Gale), étoit également un de ces mariages divins (iepoi épi). (49) Voy. les Peintures d'Herculauum, t. IV, pl. VIH et XXVIII. Dans cette dernière peinture, Bacchus et Ariadne s’apprétent à une danse joyeuse ; dans la première ,, on voit le ais , ou la consommation du mariage. C’est ainsi encore qu’on a différentes attitudes de Bacchus et d’Ariadne, qui font, pour ainsi dire, pendants, et qui appartiennent à la même composition. Voy. Mus, Pio-Clem., t. 1; pl. #{; ‘48. .Sartophage. 19 de l'antiqüité; dans cenombreiil fautciter surtout le cé- lèbre eâmée du cardinal Carpegna , sur lequel on voit Bacchus et Cérès dans un char detriomphe (50). Comme ces êtres, moitiéhomme, moitié cheval, ainsi que phi- sieursautres de deux naturesque nousoffre la mythologie grecque;,tirent leur origine des hiéroglyphes de l'Orient, et commeilsn’ontété recus dans le cerclemythologique des Grecs que depuis le temps où le culte de Bacchus s’est répandu de l'Orient dansda Grèce, on voit que les centaures sont l’attelage le plus naturel du char de Bacchus, vainqueur de l'Inde, et qu'ils n’ont été combi- nés que postérieurement avec plusieurs autres mythes et plusieurs traditions des Thessaliens(51).— Parmi les représentations célèbies de Bacchusramenant Ariadne, 1l faut encore compter l’ingénieux bas-relief d’un sar- cophage romain, quise trouve: dans le Musée Pio- Clémentino (52), et qui paroit être travaillé d’après une peinture grecque ; on y voit sur le premier char Âriadne accompagnée d'Hymenée ; etsur le second, Bacchus sur les genoux de Vénus Pfonuba. Une com- position plus magnifique et plus admirable se voit sur un camée à deux couches qui appartenoitiantre- fois au cardinal Carpegna (53), et qui maintenant (50) Buowarxont, Osserv. Sop. prés med. > Pe 427. (51) Voy- BOETTIGER ; Explications des, vases de Tisch- bein, ÎIT,.p. 97 et suiv. M. Haozmaxx a publié tout ré- cemment, d’après Ferduscht, quelques observations ingé- nieuses sur ces monstres de l'Orient, sous le titre : x: 0 menti Persepolitani e Ferdusio illustratio (Goetting., 1801), p. 26 et suiv, à (52) Mus, Pio- Clem. st IV; 2 XXIY. (53) Il est gravé dans BuonarroTI, Osservaz. sop. al, med., p. 430 N 2 196 Archæologie. se voit dans la collection de pierres gravées du ca binet des antiques de la bibliothèque nationale. On y remarque Bacchus assis sur les genoux d'Ariadne dans le :char triomphal de ce: dieu ; ce char est traîné ans les airs par deux centaures ; il est accompagné de deux petits amours dont l’un suit le char; l’autre tenant le flambeau nuptial le précède: en ‘ voltigeant. Ces petits amours jouent ici le rôle de paranymphes, et il est vraisemblable qu'ils devroient aussi se trouver sur Je camée de Médicis (pl. ci-jointe n.° 3), qui ne paroît être qu'une imitation imparfaite de la belle aga- the-onyx dont on vient de parler. En bas’, on voit sur cette dermère pierre lile-de Dia ou de Naxos, figurée sous les traits d'une nymphe et d'un'fleuve , à qui Zéphyre amène la fertilité. Il seroit-trop long de faire ici l'énumération de toutes les représentations qui se rapportent au mariage de Bacchus et d'Ariadne, et qui se trouvent principalement sur les médailles et les pierres gravées antiques; ces-:compositions sont remarquables par'la plus grande variété et par une richesse presque inépuisable de détails qui embel- lissent l’ensemble (54): (54) C’est ainsi qu’on voit sur les pierres gravées Ariadne, tantôt assise sur une panthère avec Bacchus ( Mus. Flor. , t.I,pl. g1, n.° 6), tantôt seule dans un char conduit par deux Psychés , et accompagnée d'Amours ( Ibid. pl. 93 , n.0 2). Parmi les médailles , il faut distinguer surtout le magnifique médaillon de Périnthe, qui représente Bacchus trouvant Ariadne , conformément aux peintures citées plus haut. (Voy. Médaillons du roi, pl. 24, n.° 7). La pompe triom- phale de Bacchus et d’Ariadne se trouve sur les médailles Sarcophage. 197 Le monument figuré sous le n.° 4 de la même planche (55) représente un bas-relief en terre cuite, qui appartient à l’auteur de ces observations, On y voit deux jeunes faunes montés sur deux panthères terminées en feuillages à la manière des arabesques , et ayant au milieu d’elles un diota ou vase à deux anses. L'élégance agréable de l'invention et de la disposition , ainsi que la facilité de l'exécution et la forme élégante des figures de l’original , font voir que l'auteur de ce monument étoit un artiste excellent et accompli. La rangée d’oves qu’on voit dans le monument au-dessus de ces figures , et qui n’ont pas été représentées dans la gravure, font présumer que c'est un fragment d’une frise qui ornoit autrefois un petit édifice consacré à Bacchus. Cet ornement se trouvoit sans doute à l'extérieur de l'édifice ; on peut le présumer, parce que les parties les plus saillantes paroissent avoir souffert par l'influence de l'atmosphère. La gravure n.° 5 est dessinée d’après un beau camée en agathe-onyx, appartenant à M. le conseiller intime de Gæœthe. Ce camée , ainsi que le bas-relief sont inédits. L’herme précédent qui est celui d’un vieux faune etnon pas d’un priape (comme l'artiste Va suffisamment indiqué par le rudiment de la queue qu’on voit en bas du dos, par le thyrse et le vase posé à terre), forme une composition si agréable, que d’Attalia en Pamphylie ( voy. EcrneL, Doct. Num.. Vet., III, 10), sur celles de Nicée, etc. (55) [L’explication suivante des trois monumens figurés sous les n.05 4, 5 et 6, est de M. le professeur Meyer]. N 35 198 ‘Histoire. cette gemme peut être regardée, avec raison, comme un des groupes les plus heureux d’attributs bacchi: ques qui nous sont restés de l'antiquité. On doit en dire autant de l’intaille figurée au n.°6, qui nous fait voir un thyrse et un masque. Nous ignorons sur quelle pierre est gravé l'original , et à qui il appartient. Le dessin a été fait d’après un soufre qu'on ne trouve pas fréquemment. HISTOIRE. NOTICE d'un Monument consacré à la mémôire de PEIRESC. Le feu président de Saint-Vincens répétoit avec com- plaisance , que l'éloge le plus flatteur qu’on lui eût jamais adressé, et celui dont il s’honoroit davantage, étoit contenu dans une lettre, où l’abbé Barthelemy lui disoit: En élevant un monument à Peirese, vous avez acquitté la dette du siècle précédent. En effet , parmi les savans Provençaux , nul autre n’a peut-être acquis plus de droits que Peiresc à la reconnoissance de sa patrie. Décédé à Aix au milieu des siens , il avoit été enseveli dans la sépulture de sa famille , sans que le baron de Rians , son neveu et son héritier, songeât seulement à lui élever un tom- beau. Cependant plusieurs personnes l’avoient mis sur la Peiresc. 199 voie de payer ce modique tribut. Gafarel, secrétaire et ami de Peiresc , avoit fait faire le buste de ce savant d’après un creux moulé sur sa personne après sa mort. Le docte Rigault avoit composé son épitaphe ; mais les goûts du neveu le retenoient à Paris: le mausolée ne fut pas construit. Ce qu’il y eut de plus affligeant , comme nous, l’apprend Mé- nage , c’est que les filles du baron de Rians, petites nièces de Peiresc, au lieu de conserver précieuse- ment les manuscrits de leur oncle, s’occupèrent à Aix, pendant plusieurs hivers , à en brûler une partie, M. de Thomassin-Mazaugues , conseiller au par- lement , qui avoit épousé la fille de la sœur de. Peiresc , et son fils le président de Mazaugues , furent ceux qui rendirent plus d’'hommages à la mémoire de ce grand homme , puisqu'ils sauvèrent du pillage et de l’oubli un grand nombre de manuscrits , acqui- sition précieuse qu’ils sardèrent soigneusement, et dont ils formèrent environ cent volumes. Après la mort du dernier des Mazaugues, ce recueil, ainsi que la biblio- thèque , furent achetés par M. d'Inguimbert , évêque de Carpentras (1). (1) 86 volumes de manuscrits de Peiresc existent encore dans la bibliothèque de Carpentras. M. de Trimond , neveu de M. de Mazaugues, et beau-père du fils du président de Saint-Vincens, en avoit retenu quelques-uns ayant la vente qui fut faite à M. d’Inguimbert : il les a donné à son gendre. Le plus intéressant de ces derniers manuscrits est un extrait fait de la main même de Peiresc, de toutes les lettres écrites , depuis 1589 jusqu’en 1595, par le parlement ligueur de Pro- vence , les officiers qui y commandoient, les consuls des villes et des bourgs. Voyez dans le Magasin Encyclopédique N4 200 Histoire. Le buste de Peiresc passa dans la suite au prési- dent de Saint-Vincens , qui lui fit élever un monu- ment en marbre blanc , dans l’église des Dominicains d'Aix, à l’endroit même où reposoient ses cendres: Ce fut en 1778. | L'année 1794, si fatale aux monumens publics , a vu disparoître le tombeau de Peiresc ; cependant il m'a pas été totalement détruit : des mains amies en ont rendu les restes. Depuis lors on s’ést occupé de le réparer , et le préfet du département , joint à la mairie d'Aix, en ayant favorisé le rétablissement , on l’a élevé, non plus dans l’église des Dominicains, où il étoit autrefois ; mais dans la métropole, comme étant de tous les temples de la ville le plus spaciéeux et le plus abordé par les étrangers (2). M. de Cicé, archevêque d'Aix, a désigné la place. Le lieu même où un monument fastuenx avoit été érigé par l'enthousiasme des ligueurs de Provencé au baron De Vins , leur chef, a servi à remplir les in- tentions du fils de M. de Saint-Vincens. On avoit dé- truit le mausolée de De Vins, brisé sa statue et lurne de marbre antique qui renfermoit ses cendres. Fout cela est remplacé aujourd’hui par le tombeau simple et modeste de Peiresc. Pétat actuel de la bibliothèque de Carpentras, donné par Pabbé de Saint - Veran, tom. Il, 3.e année du Magasin, p. 503 etisuiv. - (2) On voit dans la cathédrale d'Aix de belles colonnes antiques qui entourent le baptistaire, et la porte principale de l'église, Ce dernier ouvrage de sculpture est de la fin dû XV.e siècle , époque de la renaissance des arts en Provence, Peiresc. 201 Le fils de M. de Saint-Vincens devoit s’empresser de relèver le monument érigé par son père (3). Il devoit prouver que le mérite de Peiresc étoit senti dans sa patrie, au moins autant que chez les étrangers , où ses travaux littéraires sont honorés par des monumens publics, - Onsait que mylord Douglas, comte de Buchan, président de l'Académie des Antiquaires à Edimbourg, vient d'élever à la mémoire de ce savant un beau cénotaphe , dans l’ancienne abbaye de Dersby. Il ya fait placer un buste de Peirese qu'il avoit demandé au président de Saint-Vincens , et que ce dernier avoit fait mouler d'après celui qu'il possédoit. Le portrait de Peiresc est placé avec honneur dans les plus célèbres bibliothèques de Rome ; les abbayes de $. Germain, de Ste. Geneviève et de S. Victor de Paris, se glorifioient de posséder quelques-uns de ses manuscrits (4). Nous allons décrire notre monument , en renou-— (3) Voyez ce que j'ai dit sur M. Fauris Saint - Vincens, dans une notice sur Ja vie etles écrits du respectable magis- trat à qui il doit le jour, et qui lui a transmis sa bonté, son savoir et ses vertus. A, L. M. (4) Dom de Monfaucon en a fait imprimer quelques -uns dans son Antiquité expliquée, et dans ses Monumens de la monarchie française. On voit dans l'Antiquité expliquée, un mémoire de Peiresc, sur l'arc de triomphe d'Orange , et plu- sieurs gravures d'après les dessins de Peiresc. Le recueil des Monumens de la monarchie française contient des notes et des dessins curieux , recueillis par le même , tels que l’entrevue de François I.ex et de Henri VIIT, un portrait de Charlemagne, son trône et son épée , etc, 202 Histoire. velant les regrets qu'avoit M. de Saint-Vincens, de ce que le tribut qu'il offroit à la mémoire de Peiresc ne répondoit point assez à la gloire que s’étoit acquise ce savant illustre. La partie la plus élevée présente le buste de Peiresc, dans un médaillon en demi-relief porté par un fronton. L’épitaphe est au-dessous ; elle est entourée d’une draperie et terminée par un écusson. En dessous est un cippe qui porte une urne. Le cippe est au milieu d’un large soubassement. Tout le monument est appuyé sur une pyramide de stuc , imitant le porte-or , et appliquée sur le mur. 2 ÉPITAPHE. Hic situs Nic. CL Fabri Peirescius Aquensis senaior Czristianam resurrectionem expectans Reconditissimos antiquariæ supellectilis thesauros Sagacitate concilio liberalitate Cunctis orbe toto disciplinarum studiosis aperuit Doctissimis unde proficerent Sæpe monstravit Mira beatitate felix Seculo satis rixoso notissimus sine querela Vixit viir cal. Jul. ann. MDCXXXVIE ÆAEcatis suæ LVII Optimo viro bonos omrnes Adprecari decet. Peiresc. 203 Dans l’écusson qui est au-dessous de l’épitaphe , on : _ lit ce qui suit : Julius Fr. Paulus Fauris De S. Vincens Posuit Æn. MDCCLXXVIII. Sur le cippe ; ou troncon de colonne , est l'inscription ; PPe » Ç , suivante : Ubi Gaspardus Guarda Vincius Federatorum in provincia seculo xvr Prefectus Tbi nunc monumentum Peirescio dicatum Quod pene dirutum Restituié Julii Fr. Pauli filius Et in hanc basilicam ex ædibus $. Dominici Transferri curavit Ann. post Peirescii mortem CLxVI. Traduction de l’épitaphe. Tci repose dans l'attente de la résurrection, Nicolas- Claude Fabri de Peiresc , conseiller au parlement d'Aix. Par ses lumières , ses conseils , ses largesses (5), (5) En calculant les revenus dont jouissoit Peiresc, d’après la valeur actuelle de l’argent, ils pourroient être portés à 45,000 fr. Certainement il dut en dépenser beaucoup plus en recherches utiles ou curieuses, en acquisitions de médailles, de livres, en voyages, en exerçant l'hospitalité envers les étrangers qui venoient à Aix pour le voir. 204 Histoire. il ouvrit aux amateurs des sciences et des, arts de tous les pays (6) les trésors les plus cachés de l'antiquité ; souvent même il indiqua aux plus doctes les moyens de le devenir davantage (7). Quoique très-connu, il jouit, dans un siècle assez difficile , du bonheur bien rare de vivre en paix avec tout le monde (8). Il (6) Le texte dit orbe toto, par toute la terre. Cela est vrai à la lettre : non-seulement Peiresc entretint des correspondances avec tous les savans de l’Europe ; ilenvoya encore , à ses frais, des personnes en Asie, dans la Palestine, en AEgypte, en Ethiopie, en Amérique, pour se procurer des manuscrits, des médailles , des plantes, des‘animaux, des inscriptions. Il avoit voulu acquérir les marbres d'Oxford : mylord Arundel en offrit un prix plus considérable ; et Peiresc ne fut point fâché de les céder à un seigneur qui étoit digne , par ses connoïssances , de posséder ce superbe morceau d’antiquité. Il donna l’idée de transporter au cap de Bonne - Espérance des plans de vigne de Bourgogne. On lui doit, en France , les chats d'Angora, les lauriers roses , plusieurs espèces de fleurs et de fruits. (7) Ce r’étoit pas seulement pour enrichir son cabinet qu’il faisoit tant de recherches , c’étoit pour les communiquer aux savans. Sa vie, écrite par Gassendi, ses lettres, imprimées dans les divers recueils que j'indiquerai, en fournissent des preuves sans nombre, Il fut si occupé à fournir des mémoires à tous les érudits, que Henry de Valois disoit qu'aucun ouvrage jinportant ne paroissoit , sans que Peiresc yeñût travaillé. Il na fait imprimer qu’une dissertation sur un trépied antique, trouvé à Fréjus. Jacques Spon en a fait un grand usage dans son traité de tripodibus. (8) Le temps où vécut Peiresc ne fut pas très-orageux: les troubles de la ligue étoient finis. Ce fut un siècle quérel- leur, rixosus. Les savans étoient jaloux les uns des autres ; quel. ques-uns furent persécutés ; mais Peiresc fut toujours respecté de tous : il échappa encore aux persécutions et à lexil que Peiresc, 205 mourut le 24 juin 1637,, âgé de 57: ans. Tousles gens de bien doivent prier pour cet homme excellent, SE ! id 9 Traduction dé l'inscription qui est sur le troncor ocre ‘ "1 , } 4 de colonne. Où étoit le tombeau de Gaspard Garde , baron De Vins, chef des ligueurs de, Provence ; dans le 16°; siècle (9) , l'on voit aujourd'hui le monument qui fut consacré à Peiresc par Jules-Fr.-Paul Sauris de Saint- Vincens. Il a été réparé par son fils, qui l’a fait transporter de l’église des Dominieains dans celle de S. Sauveur, 166 ans après la, mort de Peiresc. Nous formons un vœu dont, l'exécution seroit plus glorieuse encore à la mémoire de Peiresc, que tous les monumens qu’on a pu lui élever. Thomassin Mazaugues avoit fait, dans la correspon- dance littéraire de Peiresc , un choix dés lettres les plus curieuses et les plus instructives ; il vouloit faire imprimer ce recu&il, mais il est mort sans avoir pu plusieurs membres du parlement d'Aix essuyèrent en 1631 et 1633. Le cardinal de Richelieu avoit voulu donner à la Pro- vence la constitutiou des pays d'élection; il avoit sévi contre ceux qui s'étoient opposés à ses desseins, Quoique Peirese eut écrit en faveur de son pays, il fut néanmoins ménagé et considéré par le ministre , qui révoqua ensuite l’édit des élus, Ce savant, il est vrai, m’avoit pris aucune part aux insurrec- tions que cette loi défavorable avoit produites ; il ne fut pas même compris dans la disgrace de Duvair, d'abord premier président d'Aix, et ensuite garde des sceanx et évêque de Lisieux, dont il fut toujours l'ami et le confident. (9) Le baron De Vins fut tué le 20 novembre 1589 , en assic- geant la ville de Grasse qu'occupoient les protestans. 206 Histoire. le publier. Cependant le travail de Mazaugues existe : il étoit en 1796 entre les mains de l’abbé de Saint-Leyger. Ce docte bibliographe nous. l’apprend dans une lettre qu'il ft imprimer dans le Magasin encyclopédique , 2.° année , tome IV , p.246. Nous désirons qu'il se rencontre un littérateur zélé pour la gloire des lettres qui puisse acquérir ce ma- nuscrit et le faire imprimer. L'abbé de St.-Leger l’avoit chez lui en dépôt. Ses héritiers l’ont rendu sans doute à celui qui en étoit le propriétaire ; ils pourront donner à la personne qui voudra se le procurer des facilités et des renseignemens utiles. Si nos souhaits sont remplis ; si les lettres choisies de Peiresc trouvent un éditeur ; il nous restera à dési= rer que le plan tracé par De Labatie , pour une en- treprise toute semblable , puisse être suivi. Ce plan-est autome V des Mémoires de l’abbé d'Artigny , p. 86, Nous allons le transcrire. Si j'avois eu (dit M. De Labatie ) à faire impri= mer les lettres manuscrites de Peiresc , j'’aurois d’ abord donné à toute la collection pour titre : Nze. CL. Fa bricii Peirescii et doctorum virorum ad eum epistolæ. J'aurois mis toutes les lettres suivant l’ordre chronologique, et ensuite j'aurois fait dés tables ; 1.°une des personnes auxquelles M. de Peiresc avoit écrit , et de qui 1l avoit reçu des lettres ; en sorte qu’on püt retrouver aisément, par, exemple , toutes les lettres qu'ilavoit écrites à Luc d’'Holstein, et toutes celles que Luc d'Holstein lui avoit écrites. 2.° Une autre table , où toutes les lettres auroient été rangtes par leurs sujets; car il y en a qui regardent la critique , les . Peiresc. 207 fangues , l'antiquité , la géographie, la chronologie , Vhistoire , la philosophie, les mathématiques , l'his- toire naturelle, etc.; de manière ‘que par le moyen de cette table , chacun eût trouvé sans peine tout ce qui régardoit la portion des arts et des sciences à laquelle il s'étoit attaché. 3.° Une troisième table géné- rale la plus complète qu'il m’auroit été possible de faire. J’aurois voulu mettre à la tête de tout l'ouvrage, uve nouvelle vie de M. De Peiresc, tirée de ses ouvrages mêmes, et y joindre à la fin un catalogue de tous les manuscrits qu'il a laissés, en marquant éxactement en quel endroit ils se trouvent aujourd’hui. J’aurois enfin voulu faire quelques petites notes fort courtes , sur certains endroits et certains personnages qui ont été en relation avec M. De Peiresc , et qu'on ne connoît pas trop aujourd'hui. Voilà en gros la façon dont j'avois concu qu’on pourroit douner une édition intéressante des lettres écrites et reçues par M. De Peiresc, si M. De Mazaugues avoit un peu plus voulu se prêter à communiquer au public , et à abandonner à ma direction un recueil qui mériteroit bien de voir le jour (10). (10) On lit dans divers recueils des lettres de Peiresc déjà imprimées : 1.0 il y en a une trentaine dans la correspon- dance littéraire de Cambden ( V. C. Guillelmi Cambdeni et il- lustrium virorum ad eumepistolæ. Londini, 2691, in-4.0); 2.° dans les recherches curieuses d'antiquité de Spon, in-4.°, une lettre. très-savante sur une bague; 3.° dans un livre im- primé à Venise, intitulé : Le Lettere di Uomini illustri ; 4.2 douze lettres x Morilli d'Aix , dans le Magasin Encylopédique, 2 + année, tom. Il} p: 36 et suiv: 208 Histoire. Je finis ce mémoire par l'éloge que deux écrivains distingués ont fait de Peiresc ; on y voit en raccourci l'histoire de sa vie .et de ses travaux. .., Jamais (est-il dit dans l’abrégé de l'Histoire des Sa- vans ) personne n’a rendu plus de services aux lettres que ce savant homme. Il semble qu'il en étoit comme le procureur général. Il encourageoit les auteurs , ik leur fournissoit des mémoires et des matériaux ; ül employoit ses revenus à faire acheter , ou à faire copier les manuscrits les plus rares et les plus utiles , dont il faisoit part aux gens de lettres de toutes les nations. Sa correspondance embrassoit tontes les parties du monde. Les expériences physiques , les raretés de la nature , les productions de l’art, l’aztiquaria ,Vhis- toire et les langues étoient également l’objet de sa curiosité. + Peiresc ( dit M. Thomas dans son Essai sur. les éloges ) accordant une protection généreuse aux scien- ces et aux savaus , seroit un exemple à présenter , je ne dis pas seulement aux princes, mais à cette foule de citoyens qui prodiguent leurs richesses en bâti mens , en chevaux, en superfluités ; qui tourmentent la nature, construisent pour abattre, abattent pour construire, se corrompent en corrompant une nation... Peiresc, beaucoup moins riche, sut employer ses _ richesses avec grandeur. L'emploi qu'il en fit le rendit aussi célèbre que ses connoissances. M. Banks à Londres , mylord Buchan à Edimbourg, et M. le cardinal Borgia à Rome, ont réalisé les vœux et les souhaits de M. Thomas. Ils marchent dignement sur lestraces de notre illustre compatriote , et Peiresc. 209 et par leurs connoissances et par les secours géné- reux qu'ils donnent aux lettres et aux savans. C’est en grande partie, d’après les sollicitations et les encouragemens des deux derniers savans avec les quels le fils du président de Saint-Vincens a eu l’a vantage d’être en correspondance , qu’il a cherché à réunir les restes existans du monument de Peiresc, et à les placer dans la cathédrale d'Aix. PHYSIOLOGIE EssAr sur la Vie; par P.J. A. LORENTZ, médecin, membre de la Société d’agricul- … ture, des sciences et arts du département du Bas-Rhin. À Strasbourg, chez Silber- * mann,'et à Paris, chez Fuchs. An x1.— 1003. X et 176 pag. in-8.° Avec cette épi- graphe : « …. «+ «+ Causa latet : vis est notissima. ... u Ovio. Met. IV, 287. Le nom du père de M. Lorentz (1) occupe une place illustre dans les fastes de la médecine mili- Gi) M. Lorentz, le père, a été successivement médecin en chef de l’armée du Rhin, directeur de l'Ecole de médecine de Strasbourg, membre du Conseil de santé à Paris, Il a ensuite repris ses fonctions de médecin en chef de l’armée, et c’est en cette qualité qu’il a terminé sa carrière à Saltzbourg, le 2 pluviose an 1x. Tome VI. O 210 Physiologie. +aire ; la nouvelle de sa mort répandit le deuil parmi tous ceux qui l'avoient connu ; et. les officiers de santé , qui alors étoient au servicé de l’armée d'O- rient en Ægypte, ne quittèrent point cette terre -éloignée sans payer , dans une assemblée solennelle, 4e-4 thermidor an 1x, un témoignage de regret et .de-respect à la mémoire de ce médecin générale ment estimé (2). C’est avec plaisir qu'on voit son fils débuter dans la carrière littéraire de la science médicale ; par un traité qui fait espérer qu'il mar- chera un jour, sur les traces de son respectable père. Après avoir esquissé en raccourci, dans les premières pages de son ouvrage, un tableau analytique des phé- nomènes généraux de la vie, l’auteur reconnoït deux ordres de ces phénomènes , savoir : ceux qui con- sistent dans les sensations ét les mouvemens volon- taires, et ceux qui nese rapportent ni au sentiment (3), ni à la volonté , et qui ne nous procurent pas de sensations. « Mais je m’abuserois beaucoup», ajoute l'auteur , « si j'allois de suite conclure que ces deux « genres de phénomènes établissent dans la ‘vie ‘une « ligne de démarcation précise ; si je m’imaginois « qu'ils ne sont propres exclusivement qu'à un cer- .«-tain ordre ; de fonctions , qu'ils constituent deux « modes d'existence séparés et distincts. Je remarque « d'abord qu'il est des fonctions qui se composent à (2) Voyez DesceneTres, Histoire médicale de l’armée d'Orient. Seconde partie, p. 181. (3) « Par séntiment, l’auteur entend ici cette faculté qui se à rapporté aù moi individuel, qui ayértit nôtre ame dès chan- « gemens qui se font en nous », «la fois de mouvemens indépendans de la volonté R'R. À A SH A A -À « et de mouvemens qui lui sont soumis : je vois que cette faculté ‘préside en quelque sorte aux phéno- . mènes mécaniques de la respiration ; que -dans la série des fonctions digestives , elle dirige la masti- cation , la déglutition,, l’expulsion des matières fécales , ainsi que celle des urines, J'observe en- suite. que les organes volontaires peuvent être mus indépendamment de la volonté, qu'ils sont et qu'ils peuvent devenir le siége d’une infinité d'actions dont nous n’avons aucune conscience et auxquelles notre volonté n’a aucune part. Je reconnois enfin que:les organes dont l’action ordinaire échappe au sentiment ; nous fournissent des sensations plus ou moins distinctes , toutes les fois qu'ils reçoi= vent des irritations étrangères ou nuisibles, qu'ils sont capables de nous communiquer les impressions les plus douloureuses dans l’état morbifique. Tous ces différens effets qui peuvent avoir lieu alterna- tivement dans les mêmes parties , prouvent que les mêmes parties sont également susceptibles de répondre à l'influence de différentes causes ». L'auteur recherche ensuite quelles sont ces causes, et il examine de quelle manière ces effets variés se manifestent. Il établit d’abord que Les sensations et la volonté n’ont pas lieu dans les parties où on les rapporte , puisque , lorsqu'on intercepte la continuité des nerfs d’un membre, celui-ci perd le sentiment et le mouvement ; que les mouvemens volontaires ne dérivent pas immédiatement des organes qui lés exc- cutent, que les impressions DE à sont portées O 2 212 Physiologie. jusqu’à l'organe céfébral où elles sont perçues , comme c'est aussi de cet organe que partent les détermina- tions volontaires. Il n’en est pas de même des mou- vemens PE de la volonté et de ceux! des! quels nous n'avons aucune’ sensation ; ceux-là ne dérivent pas immédiatement du cerveau et n’ont pas besoin , pour s'effectuer , de répondre à ce viscère ; il paroït qu'ils ont leur cause dans les parties mêmes où ils s’éxercent , quoique cependant on ne puisse pas les regarder comme tout à fait étrangers à ir. fluence cérébrale. | L'auteur n’établit ces différentes propositions qu’a- près avoir rapporté , dans un ordre analytique , les observations et les expériences dont elles découlent (4). Il présente surtout une suite complète de faits pour ce qui concerne l'influence des nerfs ; ceux qui sont ou qui paroissent contradictoires sont dis- cutés avec soin ; 1l rapporte ensuite plusieurs ex- périences qu’il a tentées lui-même , pour constater les effets de la compression du cerveau, sur lesquels les physiologistes les plus célèbres n’étoient pas d’ac- cord. Il croit s'être assuré que la différence des effets qu'ils ont obtenus provenoit des diverses manières dont ils ont exercé la compression : ‘que lorsqu'une compression est égale , soutenue, et qu’elle répond (4) L'éxactitude avec laquelle l’auteur cite toujours les auteurs dont il emprunte les observations, et les faits qu’il rapporté ,;: mérite d'autant plus d'éloges, qu’elle n’est pas aussi générale qu’elle devroit l'être, et qu’elle est surtout nécessaire dans des matières fondées presque uniquement sur l'observation. soie: \X 213 à la presque totalité du cerveau , surtout à sa base, elle produit toujours une suspension générale du sentiment et du mouvement , tandis qu’elle srouble T'exercice: de ces deux facultés lorsqu'elle est par- tielle où inégale , parce: qu’alors elle excite une irri- tation plus ou moins vive sur le cerveau. L'auteur s'occupe ensuite de remonter à la source desdeux ordres. de {phénomènes vitaux qu'il a éta- blis: Quant aux sensations et aux, mouvemens vo- ‘lontaires/, il recherche d’abord si ces facultés se . rapportent ,.comme quelques auteurs l'ont prétendu , ‘à un centre commun et unique. dans l'intérieur du cerveau ; après avoir discuté les principales, opinions à ce sujet, ilconelñt à, ce qu'on ne peut pas dé- ‘terminer ce centre. ;I] examine ensuite les princi- ‘pales hypothèses qu'on-a imaginées pour expliquer action des nerfs,, soit qu'on ait considéré ces ot- ganes Comme des” cordons | solides, ou comme des canaux dans lesquels, un fluide est renfermé. Il re- jette toutes’ ces-hypothèses , et fait sentir leurs vices et leur insuffisance. -19Quant aux mouvemens ‘invalontaires , il fait voir :qu'onne sauroit les rapporter directement au prin- -cipeintellectuel. de quelque manière. qu’on veuille l'entendre ; mais il ne croit pas qu'il faille , pour rendre :aison de ces :mouvemens , imaginer un prin- cipe intermédiaire entre l’ame et; le corps ; principe -sur les attributions duquel on a singnlièrement va- rié ;- parce qu’on n’a pas de, raisons plausibles pour admettre. L'opposition de deux volontés qu’on croit reconnoître quelquefois en nous , n’est pas un ar- O 3 ‘24 Physiologie. gument assez puissant. « Cette ‘opiñiôn ancienne » , dit l’auteur à 6e sujet, « et tant de fois reproduite, « qui établit on nous plus ‘d’un principe agissant, « est principalement fondée sur les contradictiotis « que nous éprouvons par fois au dédans de nous- « mêmes. Souvent il arrive. que nous flottons entre « deux volontés contradictoires, dont l’une est: sug— « gérée par la raison , l’autre par des désirs, ou des « appétits violens : il semble que deux puissances « oppôsées sé combattent et font effort pour nous « séduire , jusqu’à ce qué l’une d'elles, plus foible , « est contrainte de céder à l’autre y mais, si l’on « y fait bien attéhtion , ces deux volontés n'existent - « jamais à la fois , ellés ne font que se succéder; « elles appartiénheut done au même principe qui « sent, qui compare ét qui juge ; mais qui tantôt « veut, ét tantôt ne veut! pas} suivant les impres- « sions Contrairés qui l'agitent: Si quelquefois nous « somines entraînés à une action d'une mamièresirré- « sistible, sans qué nous’ püissions même nous en « rendre compte , c’est qu’alors des'idées et des mou- « vemens tournés en habitude ét dont nous n'aper- « cevons plus par conséquent la liaison , l’emportent « sur des idées nouvelles qui n’ont pas encore ac- quis asséz de force pour les vaincre. C’est ainsi _« que nous avons beau vouloir mous obstiner à tenir « la main sur un brasier, à peineen avons-nous senti « la chaleur brûlante que nous retirons précipitam- « ment cette main sans aûncuüneé réflexion ; or, è’est « parce que , dès lés premiers instans de notre en- « fance , noûs nous sommes tellement babitués à ñ Mes. 1e: 115 éloigner nos organes des corps qui causent de la « douleur, que les mouvemens nécessaires pour cet « effet sont étroitement liés à l'impression doulou- = & reuse ; en sorte qu'ils s’effectuent toutes les fois « que cette impression se renouvelle , et cela ayec « une vitesse et une force proportionnées à la viva- « cité de l'impression. Seævola a pu tranquillement « laisser brûler sa main qui s’étoit trompée; mais « c’est parce qu'il avoit accoutumé son ame aux idées « grandes et magnanimes, et qu’il n’étoit alors péné- « tré que du désir de prouver à son pays l'envie « qu'il avoit eu de le délivrer d’un tyran. | « Si notre volonté se trouve subjuguée quelque- « fois dans certaines maladies, il faut en chercher la « cause dans des: dérangemens intérieurs de nos or- « ganes , sur lesquels nous avons déjà dit, que notre «ame nm’avoit aucun pouvoir; c’est à tort qu'on ad- « met alors deux volontés qui se combattent ; il «n’en existe qu'une seule , mais qui est impuis- « sante ». Nous voici parvenus à la partie de l'ouvrage où l’auteur expose son opinion. Il regarde comme naturel de faire dériver toutes les actions vitales de la ma- tière même , dans laquelle elles s’exercent : elles peu- vent dépendre des propriétés attachées à l’organisation intérieure de la matière : ces propriétés , il croit pou- voir les ramener à une seule , savoir, la faculté d'agir - par l'influence d'un stimulus ; faculté de laquelle il résulte nécessairement un nombre infini d'effets dif- férens à raison .de la quantité prodigieuse de fibres et de molécules vivantes auxquelles elle est inhé- O 4 216 Physiologie. rente , et de la multiplicité des divers s/imulus qui la mettent en jeu. Avant l'effet immédiat d’un sti- mulus , il est inutile de supposer dans la partie une impression particulière , une sorte de perception d’a- près laquelle cette partie agit , comme quelques auteurs ont voulu le faire entendre. La perception et la spontanéité n’appartiennent qu’à l'ame , qui a son siége dans le cerveau ; si lame est en rapport avec les organes , c’est parce qu’elle peut agir sur eux comme stimulus, et parce que les excitations qui se font en eux, parviennent jusqu’à elle, Toutes ces suppositions sont appuyées de preuves, et développées fort au long. Ces développemens conduisent notre auteur à parler des sympathies, qu’il rapporte aux commu- nications immédiates des nerfs, lesquelles ont lieu dans les anses nerveuses , dans le cerveau et la moelle épinière , mais surtout dans les ganglions qu'il regarde comme les principaux agens de la correspondance qui existe entre les divers organes. T1 s'occupe ensuite de résoudre différentes questions relativement aux effets des stimulus : il cherche à expliquer pourquoi les mêmes stimulus ne produi- sent pas toujours les mêmes effets sur les mêmes or ganes ; pourquoi certains effets ne succèdent pas im- médiatement à l'application des stimulus auxquels on les rapporte. IL traite enfin , des associations de mouvemens, détermine ce qui arrive après ‘une ap- plication trop forte ou trop répétée des mêmes sti- mulus ; et sur la fin de son traité, il expose et combat la théorie de M. Reil, qui a cherché à ren- Vie. 217 dre raison du genre d'influence des stimulus et de là hature des excitations.: “Pont cela n’est guère susceptible d'analyse ; tout l'ouvrage né formé qu’un discours dont les parties sont étroitement liées ensemble , en sorte qu'il se- Toit même ‘difficile d’en former des divisions bien tranchées. TPM: "4 POESTE LE PRINTEMPS d'un Proscrit, poëme en trois chants, précédé d’une dissertation sur la Poésie descriptive, et suivi de trois lettres à M. Delille, sur le Sentiment de la Pitié;:par M Mrcuavr. Vol. grand in-16, ayec figure. Frida net 2, PT Fo cent. par la poste. Papier vélin , 6 fr. Paris , chez Giguet et Michaud, imprim.- libraires, rue des Bons-Enfans, n.° 6. D 5 Les jaccbinisme gouvernoit la France ; vainqueur de la vérité, dé la raison, du vrai pätriotisme , il exerçoit sur'tous les citoyens vertueux, sur tous les hommes instruits , sur fout ce qui ne portoit. pas ses couleurs, le . despotisme du crime ,; la tyrannie de la force. Les emprisonnemens’, les proscriptions ; les persécu- tions de toute espèce atteignoient et ceux qui avoient 210 Poésie. résisté à un, pouvoir usurpé ; et ceux qui avoïent en le courage de le caractériser ; législateurs ,: journas listes, hommes impartiaux , hommes estimables furent livrés à ses satellites ; ; plusieurs en furent les victimes; beaucoup d'autres $ at heureux , surent échapper à leurs recherches. L'auteur de ce POËRf fut du nombre 1104 de ces derniers ; il parvint jusqu ’au Jura, erra sur ces monts, asiles du repos , y trouva cette hospita- lité secourable éteinte par la terreur dans le cœur de l’homme sensible. C’est là qu’il voit éclore ce prin+ temps qu'il chante , qu'il surprend la nature dans ses développemens. Nature, ame du monde, en tous lieux répandue, , Providence des champs , aux cités méconnue ; re Veille sur mon asile, accepte mon-encens,, Et préside à mes godis, ainsi qu'à mes accens: Tu créas l'amitié, tu lui prêtas tes charmes ; Pour nous rendre meilleurs, tu nous donnas les larmes. Dès mes plus jeunes ans, si j'ai suivi ta loi, Conserve-moi long-temps un cœur digne. de toi ; Montre-moi ‘ta splendeur, et décoüvre à ma vue Tes mystères cachés et ta grâce incoñnuë { Mais si mon cœur renonce à chérir tes bienfaits, Rends-moi mon ignorance, et garde tes secrets. Après avoir décrit toutes les espérances que Je printemps annonce ,-toutes le faveurs qu 1l promet, le pocte compare le séjour solitaire d’une chaumière au tumulte des villes , aux agitations. des partis, 2 Heureux qui, retiré sous un abri champêtre, Loin du choc des partis qu'il ne veut point connoître , Ne perd jamais l'aspect de ces rians tableaux ! Errant dans ces bosquets , caché sous leurs berccaux; Poësie. 219 Tandis que loin de lui la Discorde en furie Change à son gré la terre à la crainte asservie. Met. TMS ee lei HSE site dre: d''e, Fidèle à ses’ foyers, il conserve ses mœurs ; Il n’entendit jamais ces profanes maximes, Ces précéptes nouveaux, pères de nouveaux crimes ; Il n’a jamais connu ce théâtre orageux, Où des partis bruyans, le choc tumultueux, Où l’anarchie , espoir des règnes despotiques , Donne l’affreux signal des tempêtes publiques. Le sÿstème de destruction, qui ne devoit rien laisser subsiter en France de ce qui existoit , fut suivi et exécuté par les usurpateurs de l'autorité , avec un acharmement qui rappeloit le temps des irruptions des peuples du Nord. D'un monde corrompu, Dieu Ini-même exilé, Sans temples , sans autels, près des mortels qu’il aime, A caché dans les champs sa majesté suprême. Son nom n’est invoqué qu’à l'ombre des forêts , Et l’écho du désert, chante seul ses bienfaits. Quelquefois le hamean que rassemble un saint zèle, Au Dieu dont il chérit la bonté paternelle Vient, au milieu des nuits, offrir, au lieu d’encens, Les vœux de l’innocence et les fleurs du printemps ; L’écho redit aux bois- leur timide prière. Hélas! qu’est devenu l'antique presbitère , Cette croix, ce clocher élancé dans les cieux; Ces monumens sacrés si chers à nos aïeux ? Le fidèle pasteur, chassé du sanctuaire, A fui loin du hameau dont il étoit le père. Sut la vertu l'enlér à versé tous ses maux, Et Fénélon lui-même a trouvé des bourreaux. Le pasteur biénfaisant, aux fêtes solennelles, Vient visiter encor ces retraites fidelles ; (220 Poésie. Il paroît, et le ciel à sa voix s'est ouverts: Les plns grands souvenirs ont peuplé ce désert, : Et l’apôtre d'un dieu devient un dieu luismêmg., . Sans se montrer-armé du terrible anathêème,, 11 rend l’espoirsau juste, et la crainte au méchant ; La victime pardomne, et le pauvre est content : Sous un toit écarté, mystérieux asile, Sur le tronc d’un!vieux chêne! orné de l’évangile, Il reçoit les sérmens des époux du hameau; Au vieillard expirant il offre un ciel nouveau. ; Le vieillard qui sourit à cette image auguste, (1 Présénte aux!coups dursort le front calme du juste, Æt sans régret il voit Je trépas s’avancer É Gomme la : fin d'un jour qui va recommencer. , Mate déjà l'homme saint, entraîné par son zèle s Obéit à la voix de son Dieu qui l’appelle; 11 va chercher ailleurs des cœurs à soulager; Des dangers à, courir, : des, maux à partager. 4 Il érre au sein des, bois’: O nuit silencieuse; À Prète ton ombre amie à sa course pieuse ! | Ÿ S'il doit souffrir encore, à Dieu, sois son appui; C'est la voix du hameau qui t'implore pour lui, É Et -vôus, faux sectateurs de la philosophie, ?80P5 | Epargnez ses vertus, et respectez sa, Vif ; | Aux eachots, échappé ; vingt fois chargé de fers, 11 préche le pardon des maux qu’il a soutferts ; Et, chez l’infortuné qui se plait à l'entendre , Il va sécher les pleurs que :vous faites répandre ; Aux chagrins du présent, il ferme l’avenir ; 11 nous apprend à vivre et nous aide à mourir. Ce tableau nous a paru si vrai et si agréablement peint, que nous n'avons pu nous. refuser à le trans- crire ici en entier. Dansle 2.° chant, M. Michaud présente le tableau des malheurs dont les champs ne ‘sont pas exempts 5 Poésie... 22e mais il place en même temps, auprès de ce tableau , celui des consolations dont la Providence les dédom-. mage. Celle d’une éternité de bonheur n’est pas la, moindre. Le, calme de leurs. dérniers momens en-; toure le, tombeau de ces habitans, dés champs, et la, terre , qui fut si long-temps docile à leurs efforts., les reçoit avec une sorte de respect. Qui n’a pas plaint l’auteur d'Emile et de Julie, Ce Rousseau malheureux par son propre, génie ? Suivant d’un faux esprit l'instinct capricieux, Triste ennemi des arts et célèbre par eux, Fuyant, cherchant l'éclat qu’il redoute et qu'il aime, Vain jouet des humains, du sort et de lui-même; De la publique envie, objet infortuné, Il n’a pas un asile, et meurt abandonné. A peine chez les morts il venoit de descendre, Qu’à son ile chérie on arrache sa cendre ; Son froid cercueil, souillé d’un odieux encens, Reçoit du Panthéon les honneurs flétrissans ; Et, sur l’échafaud même, invoquant sa mémoire, Les bourreaux l’ont forcé de rougir de sa gloire. Infortuné ! la gloire éternise ses maux, Et la tombe immobile est pour lui’sans repos. Plus heureux les mortels ignorés du vulgaire | Qui, sans être aperçus, ont passé sur la terre; Leurs paisibles cercueils, respectés des méchans, N’éprouveront au moins que l’outrage des ans. Ici l’auteur gémit sur le vandalisme qui ravagea les tombes de nos rois, des Turenne , des Dugues- clin, qui jeta leurs cendres aux vents et livra leurs ossemens sacrés au mépris, qui détruisit le temple antique tévéré des Français, 222 Poésie. Dans le 3.° chant , M. Michaud , rappelé à la ville, regrette sa retraite , embellie par la douce hospitalités, cette nature, ce printemps qui avoient adouci ses malheurs , qui les lui avoit presque fait oublier lors- qu'il étoit destiné à La mort: il se plaint de la liberté qu’on lui offre. | Adieu, vallons charmans! la Fortune cruelle, Loin de ces bords chéris, aux cités me rappelle. Ce sénat qui long-temps régna par ses forfaits, Vient me persécuter jusque par ses bienfaits. Oui, barbares, je hais jusqu’à votre justice ; Votre loi qui m’absout, commence mon supplice. Dans les champs, loin de vous , je vivois consolé ; Mais en me rappelant, vous m'avez exilé. Recevez mes adieux, vous, dont la main amie Sema de quelques fleurs les chagrins de ma vie. Que nos cœurs soient heureux, des heureux qu’ils ont faits, Et que le dieu des champs vous rende vos bienfaits ! Qu'il vous laisse ignorer, sous votre toit tranquille , Le chagrin qu’on éprouve à quitter votre asile. Ah! jouissez long-temps dans cet heureux séjour Du ciel qui vous sourit dans ses regards d'amour. Que l’automne étalant son éclat, ses richesses, Du printemps envers vous acquitte ses promesses ; Que Flore, dans vos champs, conservant ses couleurs Pour les jours des frimats, vous garde quelques fleurs; Et que l'été surtout écarte ses otages Des trésors dont Cérès a couvert vos rivages. Sous vos bosquets rians, sous leurs ombrages frais, Retenez l'amitié, l'innocence et la paix, ’ Loin de l'œil des méchans, des clameurs du vulgaire; Aimez, vivez heureux, et que le sort prospère, sos ss. ane D Poésie. 223 De vos plus doux penchans resserrant les liens, Ajoute à vos plaisirs ce qu'il retranche aux miens. Ces souhaits sont ceux de la reconnoissance, ces adieux sont l'expression d’une ame sensible qui a joui, parmi les habitans des vallons du Jura , de la tranquillité qu’il ne pouvoit trouver qu’au milieu d'eux, et dans les tableaux que le printemps lui offroit, des consolations que les malheurs de sa patrie et les siens propres lui rendoient nécessaires. Nous résistons au désir de citer, pour parler rapi- dement d’une dissertation sur l’origine et le caractère distinctif de la poésie descriptive. Ce genre de poésie a été peu cultivé chez les anciens ; il étoit cependant connu avant le siècle d’Auguste ; et cette observation contredit l'opinion de l’auteur du Génie du Christianisme , qui attribue l’origine de la poésie descriptive à la religion chrétienne : M. Michaud remarque à ce sujet , que si la religion avoit créé cette richesse poétique , ses progrès auroient suivi ceux du christianisme; l'usage des fables mytholo- giques employées par les poëtes chrétiens dans des ouvrages destinés à chanter les louanges du vrai Dieu, prouvent que le genre bucolique étoit connu avant l'origine de cette religion, qui devoit avoir une si grande influence sur les gouvernemens, les opinions, les arts et les idées de bonheur. M. Michaud ne fait remonter l’origine de ce genre particulier qu’au siècle dernier , il prétend que c’est une conquête de notre siècle ; «et si on n’en abuse _« pas, dit-il, comme on a fait de tout, elle peut nous 224 Poésie. « consoler de l’état d'abandon où sont aujourd'hui « tous Les autres genres de littérature..Ce genre nouveau « s’est trouvé parfaitement én harmonie avec notre « siècle ; on négligeoit tous les arts , particulièrement « ceux de l’esprit ; mais ôn cultivoit encore avec suc- « cès ceux qui tiennent aux sens , tels que la musique «et la peinture. La poésie descriptive étoit trop rap- « prochée de ces deux arts pour n'être pas accueillie « comme eux, elletient d’ailleurs éminemment à l'esprit « de détail qui est le caractère de notre siècle ». On a “cependant quelques obligations à cette poésie, en mêlant des Lee blé à la sévérité des préceptes de la poésie didactique. Les anciens nous ont laissé quelques exemples de description poétique ; on entrouve dans Homère, dans Virgile, dans Ovide , mais leur manière de décrire n’est pas la même que celle dés modernes : ils observoient moins la nature , ils ne donnoient pas par conséquent à leur description , cette précision , cette exactitude, qui est le vrai caractère du genre. La nature mieux connue ; a donné des moyeris -de l'embellir dans les détails. L'auteur de cette disser- ‘tation traite ensuite du caractère de la poésie descrip- tive , et des beautés dont elle est susceptible. 11 donne d’abord ne définition du jo/i, du gracieux et du beau qu'il développe par des comparaisons qui en font ‘sentir la différente; le beau est ce qui caractérise éminemment la poésie descriptive des anciens; le pittoresque caractérise davantage le genre descrip- ÉA tif des modernes.« Ce pittoresque ne naît pas seule- « ment de certains rapports des objets entre eux , «il Poésie. 225 il naît aussi des rapports que des objets ont avec & nous à ainsi, 1e” poëte , en décrivant la nature , doit & envisager par rapport au Tnt Vo plutôt au & spectateur ; te n'est pas assez de m'offrir un beau < ‘paysage k il faut encore qu’il soit en harmonie avec & moi , que ‘son aspect réveille un sentiment noble « et délicat! ét que tion Cœur puisse S'y intérésser. » M: Delille à donné des modèles 'en ée genre ; le goût ét les convenances du genre l'ont conduit dans son poërie des Géorgiques Françaises , et M. Michaud éni done l’exémple dans Lei que nous faisons con- noître. Darwin dans! ses Ærmmonrs es Plantes , Thompson dans ses Saisons, ont dépassé, les pré- ceptes du genre 5. leur imagination a tout exagéré 3 et voulant tout péindré } 5 ds ont tout’ dénaturé ; ils ont donné nos passions aux plântes et aux animaux : en cherchant à répandre dé Tintérèt dans leurs tableaux , ils n'y ont D que de La confusion. On peut re= procher les mêmes défauts ahx poëtes allemands; les poëmes des auteurs de ces deux nations ne sont que des herbiers, et leurs-descriptions , des catalogues d'Histoire naturelle. Cette dissertation , pleine de goût et de raison , est terminée par un aveu modeste que fait M. Michaud sur le mérite de son poëme , aveu que la lecture de son ouvrage dément. « On me reprochera peut-être, « ajoute-t-il, d’avoir rappelé le souvenir de la révo- « lution dans les Tableaux de la campagne ; mais « dans quel lieu de la terre, dans quelle situation « de la vie put-on jamais échapper à ces cruels sou- « venirs ? D'ailleurs, si mes vers ont quelque chose T'ome VI. \ 4 220 Poésie. « de pittoresque , ils. le doivent au Contraste, qui :s8 « trouve nécessairement entre le calme des champs. et « les orages des cités. Les descriptions de la cam- « pagne seraient monotones sans le secours des oppo- « sitions, et quelles oppositions plus fortes et plus « tranchantes que les tableaux de nos troubles polis « tiques. Je retrace des souvenirs, mais il n’est point dans mon intention, encore moins dans ma puis+ sance , de réveiller des passions presque éteintes,; je suis bien pénétré de cette triste vérité , que notre malheurense révolution est l'ouvrage de ceux qui « l'ont défendue ‘et de ceux qu ont voulu la com- « battre. » Ce volume est terminé, par trois Jeires slre bete. à M. Delille , sur,la Pitié , au sujet de son poëme Malheur et Pitié ; les journaux ont rapporté fort au long les morceaux les plus saillans et les plus forte- Î ment pensés de çes lettres ; les ApaLF seroit en affoi- blir le mérite. % J- 8 B. ” IA ER AR LS eooisigs e0b , encres he -eA FACTE Ô DR PTS. NE pe) Nouvelles littéraires. 243 guvrage,de Le, Plat, dans lequel ces, monumens de l'art sont figurés; mais à l'exception de quelques feuilles gravées, par Ho: de reste est d’une si mauvaise exécution ; qu'on peu dire qu il n’y a pas encore d'ouvrage (où ces motumens {soient figurés. Quant à la description de la galerie , il en a paru une il y a quelques années, par M. Lipsius, qui s’est servi en partie pour cela des notes manuscrites laissées par feu M. Wacker; ancien inspecteur, de la galerie. . M. Becker se propose de publier les monumens les plus remarquables pour l’art, dans un ouvrage qui pa- roîtra par cahiers de douze gravures. Le nombre des cahiers sera de, 10 à 12; le format grand in-folio, papier vélin. La première Jivraison, sera publiée à la S. Michel, 1803. Comme M. Becker publie cet ou- vrage à ses frais , ‘f a proposé la voie de souscription, qui sera de 24 fr. par cahier, et doivent être payés d'avance., L'impression du. texte sera confiée aux presses de M. Goeschen : cela suffit pour dire qu’elle sera soignée. Il y aura un texte francais pour les pays étrangers. Sr bion'l M. Hottes s’est assuré, our FN ra à cet ouvrag de meillenrs artistes. Il aura soin que les parties ai tablement antiques des monumens, soient seules gra vées au burin ; les restaurations,ne seront qu’indiquées au simple trait; les gravures.feront même connoître les fentes des monumens. Le style.de;chaque ouvrage sera observé dans la gravure ayec.la, plus, grande: fidélité. Ceux qui savent combien de, graves erreprs,ont été,com- mises dans la restauration des monumens de lanti- quité ,.sentiront toute l'importance de, cette précaur Q 2 244 Nouvélles: littéraires: tion , trop souvent négligée dans les citrages: “de ce genre. »X91 1 ce 2 ebasroit Jri LR A eh Hawsouné IHoq Lo Hp MOfin ) : A! RE tas, de Klopstocka" Lés funérailles ‘du célèbre Klopstock! , auteur du poëme de /a Méssinde, ont été célébrées dans cette ville’, le 22 mars (1. germinal), avec une pompe extraofdinaire: A dix heures du matià ;un cortége de soixante-seize Carrosses , composé du sénat, du corps ‘ diplomatique ; ; du clergé > des professeurs et instituteurs des deux gymnases, des savans, et de beaucoüp de né- gocians , se rendit à la maison du défunt. Le corbil- lard étoit attelé’ de quatre chéVau, et escorté d'une garde d'honneur à cheval et à pied. Après avoir tra= versé les principales rues de Hambourg, le convoi sortit par la porte d’Altona , et fut recu à l'entrée de cetté dernière ville par M. le président de Stegman , accom- pagné des personnes attachées au gouvernement , des professeurs, du . clergé d'Altona , et de citoyens de toutes les classes. Trois jeunes filles, vêtues de blanc , portant des couronnes et'des corbeilles de fleurs , pré cédèrent le cortége , qui >äügmenté de cinquante voi- tures , se rendit jusqu’au cimetière du village d'Otten- ten, lieu de la’sépulturé. Toutes les gardes des deux villes rendirérit lés hônnëurs militaités , et, dansle port, les vaisseaux ‘avoient”arboré le pavillon de deuil. Le cortége étant aÿrivé au temple ; on posa suxle cercueil le poëme du''Mésse ; au mème instant, un jeune homme sortit de la foule /-plaça une couronne délau- rier sur le livre-qui éloit ouvert; et les'jeunes filles Y Nouvelles littéraires. 45 d'Altona attachèrent la leur au cercueil. Alors une su- -perbe musique: fnuèbre fat exécutée par plus de: cexit musiciens. Pendant un mornert de silence, uñe per- sonne du cortége s’approcha du cercueil ; prit le poëme du Messie , et en lut le douzième chant; ensuite le cercueil fût ‘&plse huwlieu déla sépulture. pèr à hot à AM she pierre RASE es ile de ‘Tsman a prouvé véque île , ce qui a PRET u dotées sur L Son du royaume de Tmütarkkän. Par un ukase de l'empe- eur sil a Été, ordonné depuis que l'ile de Doit por- teroit:à l'avenir le nom de Tmutarakan. HR Dans le cercle de Mologa ; gouvernement de Taros- Jaw, sur, les bords de la Mologa, on a trouvé, dans des terres du comte Alexei Iwanowitsch Puschkin,, deux cornes , une {te , et diflérens ossemens d’un ani- mal inconnu ,- d'ue grandeur extraordinaire. La lon- FRS la tête si de, deux aunes sel un quart, mesure aune huit poupee. ae ressemblent à Ro cornes de bœuf ; ellés ont plus de qatre aunes en longueur 0 et près. d'une aune de circonférence à à leur. partie la plus grosse ; ; les ossemens sont de dimensions également gigantesques. On sait que , ol Gmelin , on trouve encore en Sibérie , outre les ossemens du Mammouk : des têtes ayant des comes d’une grandeur extraordi- aaire. Il a apporté une tête pareille à Pétersbourg , où on la conserve sans doute dans le cabinet des arts. IL seroit intéressant de comparer cette tête avec celle Q 3 Rs 246 Nouvelles littéraires. qu’on vient de trouver, pour Voir siélles appartienneñt à la même espèce. En lout cas; cette décéirverte ést une nouvelle preuve pour lépiniob ; qu il ÿ à eu une vhs a d'animaux qui ne se trouve plus. | i 1 ’ L 11} [RES } ii PÉTERSBOURG. 99 Les magnifiques. statues et les antiques qui, jusqu’à présent , étoient dans le palais de Michaelof, viennent “d’être transportés dans le palais Téutique ; où P émpe- reur passera à l'avenir le PRES et l’äutomne.’ | NAS RE RE On espète que le Voÿage autoür ‘di monde, ad nâ- vigateur Malaspiva, qui a été rémis en Jiberté, sera Hibtét mp do - à pre Ù Le Tartuffe de Molière a té joué'sur le théâtre de cette ville, sous le titre : El falso Filosofo. 5h | AMÉUR I QUE: ui fat Sélôn des détails publiés par. ES Rs anglais j le jardin royal à Santa-Fé, situé dans lés possessions du roi d'Espagne” près dés Cordelières , 9 dans l'Amé- rique méridionale , coûte par an 10, 000 piastres. De- “puis 15 ans le célèbre directeur de ‘ce jardin a occupé ‘trente peintres à à déssiner et à à peindre lés objets re mdrquébles d'histoire naturelle. CR. AR ANS HUO 4 91 ET) / 1 JDE 3) 29109 HIS AE 19).e9ù t Nouvelles htéraires 2 RS RU A N C E. sŸ | le A E N. Société d'Agriculture et, de Commerce de Caen. La Société d'agriculture et de commerce de Caen, désirant seconder les vues bienfaisantes du gouver+ nement et du préfet, en encourageant les arts in dustriels dans le département du Calvados ; considé- rant qu'un'des moÿens les plus’ puissans pour par- venir à ce-but ; est ‘de faire connoître , d’une ma- nière solennelle , toutesles productipnsiet découvertes utiles; et que c’est particulièrement,en honorant les fabricans qu'on parvient à améliorer les fabriques , arrête ce qui suit : sd ve EI y aurai cette année, dans Ja ville de Caen, une exposition publique de tous des. produits d'in- dustrie du département. IT. Cette exposition aura lieu à la maine ; elle commencera le, 25 germinal et finira le 5 floréal. III. Tous les manufacturiers du département sont invités à y envoyèr bes objets de leurs fäbriques. IV, Ils feront parvenir, avant le 20 germihal L au secrétaire de la Société d'agriculture et de com- merce , une notice ‘propre à: faire. eonnoître leur établissement , la nature et l’origme des matières’ pre= . mières par: eux Le SES chaque: pièce sera mar- quée d’un numéro concordant avec celui de la no2 tice ; et d'une étiquette contenantson prix fixe ; le nom et le domicile de l’artiste ou du fabricant. , Q 4 248 Nouvelles! littéraires. V. La Société nommera une çommission compo sée de sept membres , pour juger du mérite des dif- férentes productions exposées. LJ . VI. Le 5 floréal, la Société tiendra. une séance dRrabt die te et publique ; dans laquelle six mé— dailles d'argent, chacune de deux onces , seront dis- tribuées aux. fabricans qui en auront été : jugés Îles plus dignes. Les noms de tous ceux qui auront-con- couru à Léxpositionre s»seront proëlamés, dans cette séance. J 55 etsb elorserb Signé De neMer RE Se ; vices président de la Société. LAIR ; secrétaire: Le préfet du Calvados a RE cet re en tout son contenu: MaANs.. Prix proposés par la Société libre des arts ‘du départément de la Sarthe, séant au Mans. |, BA société desrarts propose; pour sujet du pre mier prix iqu'elle: décernera dans l'an x1, une mé- daille ou uñe:somimé de trois-éents francs:, au choix de celui qui lui produira: le meilleur: mémoire sur la. question suivante“ Eob's Li9e 18 . Quelle ;seroit. la: meilleure er 2 d'utiliser-des landes du département de la Sarthe ?. T3 | .Ceux qui Shpeoumdnt:, voultrent bien indiquer quels sont :i 1 s 59986 4 ue nb 03mp* 11°. L’étendue approximative et la pomeielature de ces Jandesh:! 5h wo . © 2 lÈTe L Nouvelles littéraires: 249 °..Les variétés des terres ou sables qui les corm- dei: ; è Ù | 3.9 Le génre de. culture: dont elles seroient suscep- tibilés . en distinguant : «Celles qui conviendroient le plus spécialement aux - diverses productions céréales; ) e ) Celles qui seroient plus utilement sraploÿées en prairies où en? pâturages ; : : . Celles’ qu’il faudroit planter ou semer en bois, avec désignation: des espèces convenables à chaque localité; SOHC 4°. Les terrains où l'on trouve de la tourbe sus- ceptible d'exploitation. | La même société offre, pour le second prix , une somme ou une médaille de deux cents francs, à l'ai teur du meilleur mémoire sur cette question : : . Quels seroïent les moyens les plus propres à rendre aux manufactures du département de la! Sarthe, eur ancienne-splerideur ? - On demande que les: observations portent spécia- lement sut les fabriques de lainagess Que l’on examine. si des marchésoù s’exposeroient en vente des étaims ou laines filés, à l'instar de ceux où se vendent les fils de lin et de chanvre , seroient utiles ; dans ce cas, ce qu 1k comedie de faire pour fe établir ; 5 * Que l’on cite les étoffes dont on doit entreprendre de préférence la fabrication, et les moyens d’éco- pomie et de, perfectibilité dans teur tissure et lenrs apprêts;, | Que l'on indique l’emploi-le pis Te: à Gite des \ # 250 Nouvelles littéraires. bouchons ou peignons que nos fäbricans vendent en nature, au lieu de les employer; | Que l’on traite de l’amélioration! des: laine et de leur essuinage. Les mémoires seront RER SAR et Los de port, au Cit. de Tournay , secrétaire général de la société, avant le dix messidor prochain. Ils seront lus et examinés à trois séancesconséeus tives, par les membres assemblés, qui, à lw dernière , donneront leurs suffrages au scrutin: : pb 3%n Le cachet qui scellera le nom de l’auteur , ne sera levé qu’à la séance publique du. 0 messkler ; où les prix seront délivrés. | 1x9 ] 13 - On donnera lecture des mémoires qui auront rem- porté les prix, et de l'analyse de RE en au- ront le plus «approché: : «rai frer , . Aucuns membres résidens ou coirespondans de la Rs ; ; ne pourront concourir pour les prix. Ils sont néanmoins invités à traiter les deux sujets proposés : la société se fera, un devoir ‘de faire con- noître et de mentionner honorablement ceux d’entré eux qui aurônt ménité son suffrage. * ’ 5 e9) PE 9 en ER nise-02. 10 Prégihrène des prix proposés par l’Acadé- mie de peinture , sculpture et architecture de CODE ce à el:89 | b La direction de l'académie de peinture, sculptüré et architecture de la ville de Gand, propose pour prix de peintute : le Jugement de Päris. Les fi- Nouvelles littéraires. 251 gures : doivent ‘ävoir au moins cinq décimètres et démi( vingt pouces ). Le prix sera une médaille d'or, de la valeur de quarante ducats pme 480 francs ). -:"Æa”diréction ‘propose pour prix de sculpturé le “buste dé Rubens ;1de grandeur naturelle , en terre cuite ou jeté en plâtre. Elle décernera une mé- ‘daillé d’argentà celui qui rempoñtera le prix. Tous des: artistes! sont ‘invités à concourir Pour ces deux prix: sl'esr Haëii » rs «19 L'ouverture. du salon d’e ns fera le pre- mier thermidor,.de, l'an x11, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville de Gand, sous l’agréation du préfet du département et dû mairé de’ le ville. . La direction donnera une médaille d'argent: 1.° à celui des anciens élèves de FPacadémie qui aura fait Je meilleur dessin d’après la statué antique du Mu- séum ; nommée ordinairement la perite :Cérès (1); 2° à celui desranciens élèves ‘qui aura placé ‘au salon le meilleur. dessin d’architecture.:: Bsos/l 1 Tous les tableaux, bustes .et. dla dubvent! être remis , francs de (port ,: dix jours avant l'ouvertüre -du: salons, chez le G.: P. F. de Gæœsin- V. érhæghe , imprimeur latin et fran nes bid. Petit Barème et — Ibid. Nouyel APE é ane ‘instructif . et amusa NCAA TE PERTE Nouvelle “Encyclopédie de ras YR 4220 |. jeunesse, : : CR Fables de La Fontaine, a a ne un nouveau commentaires : Coste. D LIT R le galvanisme ; par Le pro-| Abécédaire moral, Jbid:® : fesseur Aldinis L id] Le Trésor des.enfans. … Jbid. 3 OEconornie: Contes des Fées. Jbia, | + a VIe er VIL.e Cahiers de la Bi-| : Technologie. # bliothèque physico -æcono-|LE’art ‘du Limonadier, #8” mique, instructive et amu- © Poésie." - sante, à l'usage des villes et : des. pipe publiée par Un Voyage à Versailles, A x ane! no de savans, ss x Ness rT pr tistes et. d’agronomes, et cé be Vo ageurs en Suisse; par | digée pur ie. Sonnini. ph SEAL ÿ Lantiers He & di ra AV IS. Ceux qui désirent faire annoncer Ps ouvrages dou quelques-uns des meilleurs journaux de l'Allemagne, .} uvent en reméttre un Na an Lie dece "7% journal, : RARE à 4: L + Ve A ARR TP SR A ET à À + LA ad 4 + L À LE LS Mr 15 NT 7 ie Ep | ‘A À a à | TU RS, CE , RER ET Ja NS ME SRE rh el RARE) ] HN Re ts: # ÆN. 2% ÿE OT - ‘ an I I é TRS LES à ARS TR DNS APR ee RES = ré ® p) era | BNOYOLOPÉDIQUE, | JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, sx (NRA es 8 € D 16 £ ‘2 5 . se : j Par À. L: MiLLin. LE ke Lo prix DE er REA 2 4 ee 2 eh ER à 2% g'francs pour trois mois; 7 18 francs pour six mois, : site x 36-francs pour un an, | cel 1 fant pour Paris que pour les Départemens, franc de pot: déce Journal.est fixé + + 0 We A . Ox'peit s'adresser au Bureau du Journal pour se procure# tous les Livres qui paroïssent en France et chez l'étranger, et : , Pour tout Ce qui Concerne la Librairie ancienne et moderne. Le Cx Journal, atquel la plupart des hommes qui ont un nom distingué, une réputation justement acquise dans quelque partie des arts où des sciences , tels qué . MM. AzrrBErRT, DESGÉNETTES, BAST, SILVESTRE » DE Sacy, FourCROY, HaLLÉ, Dumériz, ScHwerc- + … HÆUSER, LACÉPEDE, LEBRUN, MARRON, MENTEL= . Es LE, BARBIER, BaRBt£r pu-BocaGE, BAssiNer, ” : Monrgerrer, NOëLz, OBERLIN, CHARDON-LA-Ro+ - CHETTE, GAILLARD, Van-Moxs, SicanD, TRAULLÉ, LéverLLé, Cuvier, GEOFFROY, VENDENAT, Cava- + auLce,BorrriGEr, UsrÉRr, VISCON?I, VILLOISON, À: 6 Année, Tome PI * Le AIN X GITE ru AT" Fa à pe Fà “ ” VPrLLEMET, Fr. LonsterN, LANJUINAIS, WINcx= LER, etc. etc. , fournissent des Mémoires , contient extrait des principaux ouvrages nationaux « on s'at= | tache surtout à en donner une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promptement possible après leur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez cogne SA EU CNE à On y insère les mémoires les plus. intéréssans sur toutes les parties des arts et des sciences : on choisit À A mac ceux qui sont propres à en accélérer. Eù DEODRES NT OMR ETES EPS TE On publie les découvertes ingénieuses, les inven- tions utiles dans tous Jes genres. On y rend compte des expériences nouvelles. 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RAR ER A Leyde, chez les freres Murray. À Londres, chez de Bofle, Gerard Street, À Strasbourg, chez Levrault. PR NU Te ARTE EN À Vienne, chez Degen, OT À Wesel, chez Geïsler, directeur des postes I faut affranchir les lettres, RORRPEAERE CRE SR LE LEUR ST RARE LT CON EEE HOTELS 7 CUS EP RSR SEP ME APS HISTOIRE. ABDOLLATIPHI historiæ Ægypti compen- dium arabicè et latinè, partim ipse vertit, * partim à POcOcK10 versum edendum cu- ravit, notisque illustravit J. WHITE, S. - T. P. Eccles. Glocestriensis præbenda- .… rius, et linguæ arabicæin Acad. Oxoniensi ». professor. Oxonii, 1800. | *ABRÉGÉ de l’Histoire d’Ægypte, par ABD- ALLATIF, en arabe et en latin; traduit en partie par POCOCKE, et en partie par M. JT. WHITE, professeur de langue arabe + en l’Université d'Oxford , etc. ; publié et * enrichi de notes par le même M. White. . Oxford, 1800. In-4.° RPC IN P, R Mt les collections nombreuses de manuscrits rabes qui enrichissent les principales bibliothèques ‘de l'Europe , et particulièrement celles de Rome , de Florence, del’Escurial, de Paris, de Leyde et d'Oxford, la classe des ouvrages historiques est celle qui jusqu’icia le plus attiré l'attention des savans qui se sont consacrés ila culture de cette partie de la littérature orientale, et Pest à leurs travaux et à leur zèle pour communiquer ceux qui ne pouvoient avoir accès à ces trésors litté aires une portion de ce qu ’ils renferment , que nous devons la publication des ouvrages d’'Elmacin, d’ Euty- “e “Tome VI. “tn , s à 290 Histoire. chius, d'Abow’lfaradj, d'Ebn-Arabschah, d'Abou'l- féda et de Boha-eddin. D’autres savans , au lieu de pu- blier quelques auteurs en particulier, ont recueilli d'un grand nombre de manuscrits des matériaux choisis , dont ils se sont servis pour composer des ouvrages historiques qui manquoient absolument à la littérature: lés principaux ouvrages en ce genre , sont l'Histoire. des patriarches d'Alexandrie , de Renaudot; l’'His- toire des Huns,de M. Deguignes; et celle des Arabes . d'Afrique et d'Espagne, de M. Cardonne. Ce dernie a plutôt. eflleuré son sujet qu’il ne l’a approfondi , et cette partie de l'Histoire des Arabes aftend encore un écrivain laborieux qui la traite avec l'étendue qu'elle mérite , et d’après une étude approfondie des auteurs originaux que renferment nos bibliothèques et surtout, celle de l'Escurial. L'Histoire littéraire des Arabes offre ‘aussi un vaste champ, qui, malgré les notices que nous devons à d’Herbelot et à Casiri ; et que le premier a principalement puisées dans Ebn -Khilcan et Hadji-Khalfa , est bien loin degré de culture auquel il pourroit parvenir. Quelle LL ample moisson n’offriroit pas à quiconque entreprens P P q q FE pren des premiers Musulmans auteurs des traditions , de philosophes , des médecins ,,des docteurs de la secte il Schafi, et de celle d'Abou-Hanifa, etc., des poëtes enfin des hommes illustres de la Mecque Le Médine < de Damas, de Sanaa , etc, l' Mais pour ne pas trop nous écarter de l'ouvrage Ægypte. 29t qui fait le sujet de cette notice , nous nous arrêterons à ce qui concerne l’Ægypte en particulier. 11 y a assurément peu de contrées , entre celles qui ont fait partie de l'empire des Musulmans, qui ait autant exercé Fa plume des écrivains arabes. Histoire politique et religieuse , géographie , antiquités , histoire littéraire , singularités naturelles , chmat, culture, finances , administration , économie publique et domestique ; il n’est aucune de ces parties intéressantes qui concourent à former l’histoire d’un pays et celle de ses habitans , qui n'ait été traitée par divers écrivains de cette mation. Il: ne faut pas néanmoins se faire illusion sur ce grand nombre d'ouvrages qui sembleroient devoir nous procurer une connoissance parfaite de l’état de l'Ægypte à toutes les époques du moyen äge ou des temps modernes. Parmi les auteurs dont les travaux sont parvenus jusqu'à nous, plusieurs plus amis du merveilleux que du vrai , ont consacré la plus grande partie de leurs veilles à recueillir des fables puériles , des contes absurdes, des traditions dans lesquelles à peine peut-on reconnoître pour fondement une vérité historique ; ils n’ont été rebutés dans leur travail ni par Îles anachronismes les plus palpables , ni parles con- tradictions les plus révoltantes ; l'expérience journa- lière qui sembloit devoir leur ouvrir les yeux sur l’ab- surdité de ces légendes qui couvroient. l'Ægypte de talismans , et en faisoient la patrie dés génies et des fées , ne leur a servi de rien contre les illusions d’une aveugle crédulité. D’autres , et c’est le plus grand nom bre , ont mêlé à cette partie mythologique de l’histoire du pays, une masse de faits et d'observations utiles ; T 2 292 Histoire. mais il en est beaucoup parmi ceux-ci qui n’ont fait que copier , abréger , où compiler ce que d’autres avoient écrit avant eux. Sachons gré néanmoins à quelques-uns de ces auteurs, de leurs compilations ré- digées, il est vrai, sans art et sans ensemble, mais qui suppléent , du moins en partie , aux ouvrages plus anciens que nous avons perdus (2) (1) Du nombre de ces compilateurs est Makrizi, à qui nous devons, 1.0 une description historique et topographique de lP'AÆgypte, et spécialement de Misr-alatik ou Fostat, du Caire et deses environs; 2.° trois ouvrages historiques ; dont lun embrasse toute l’histoire de ce pays, depuis la conquête des Musulmans du temps d'Omar, jusqu’à sa réduction par les armes de Djewhar, sous la puissance des khalifes fatémi; le second comprend les deux siècles environ de la domination de ces khalifes , et le troisième commençant à la conquête de Salah-eddin ou Saladin, ne finit qu'avec l’année 844 de l’hégire (1440-1), c’est-à-dire , avec la vie de l’auteur, mort en 845 ; 3.9 un traité particulier des famines qui ont affligé ce pays; 4.° un autre traité sur les tribus ou familles arabes qui s’y sont établies en diverses contrées et à différentes époques, sans parler de beaucoup de renseignemens curieux dispersés dans un grand nombre d’autres ouvrages. Si ces travaux de Makrizi, dont quelques parties manquent encore à nos biblio- tbèques, étoient réunis, on pourroit les regarder comme une espèce d’encyclopédie pour l’histoire de l'AEgypte pendant les huit premiers siècles de l’hégire etla première moitié du neuvième. Makrizi n’est guère cependant autre chose, comme nous l’avons dit, qu’un compilateur ; et s’il montre, par fois, un jugement sain et plus de critique que la plupart des écri- vains de sa nation , il ne paroit pas plus réservé sur l’article du merveilleux. On a peine à concevoir , par exemple, qu’un homme sensé-ait composé un petit traité exprès sur la descrip- tion de la vallée de Hadhramaout, partie de l'Arabie heu- reuse, pour n’y rassembler que des récits dignes de figures à 1 Æpgypte. 293 4 - Ce que nous disons ici est principalement destiné à - faire sentir le mérite et l'importance de l’ouvrage que “ nous annonçons : car il suffit, pour en faire l'éloge, » de dire que l’auteur , homme sage et instruit , ne > tombe dans aucun des défauts que nous avons re- “ prochés aux autres écrivains de sa nation. Tout ce » qu'il raconteici est, comme l'annonce le titre mème » de l'ouvrage, le fruit de sa propre expérience, de son observation, de ses recherches ; et si l’on ajoute à ce mérite, l’époque à laquelle il écrivoit , on n’é- prouvera après l'avoir lu qu’un seul regret , c’est qu'il n'ait pas étendu ses recherches sur un plus grand nom- bre d'objets , qu'iln’ait pas parcouru toute l’étendue de lÆgypte , et que les circonstances fâcheuses dans les quelles il s’y est trouvé, aient mis des obstacles à sa curiosité, et nous aient privés des descriptions exactes et intéressantes qu'il nous auroit sans doute trans- _ mises. … Nous apprenons de Iui-même qu'il avoit composé un ouvrage plus considérable , dans lequel il avoit réuni tant ce que ses lectures lui avoient appris, que ce qu'il avoit vu par lui-même, et que c’est de cet ouvrage qu'il à extrait celui-ci , dans lequel il n’a voulu mettre que les choses dont il avoit été témoin, "auprès de ces contes d’ogres et de loups-garous, dont les nour- “ rices se servent pour effrayer les enfans. - M: Vater a inséré un fragment de ce traité que lui a fourni - M. Rinck, dans la Chrestomathie qu’il a publiée sous ce titre : VArabisches, Syrisches und Chaldæisches Lesebuch, à Leipzig, en 1802; mais la copie d’après laquelle a été imprimé ce fragment, est fort pen exacte. re 294 Histoire. et dont par conséquent il pouvoit garantir l’exac- titude. C'est ce que porte expressément la préface qu’on lit dans le manuscrit. M. White l’a omise dans son édition , sans que nous en devinions le motif ; mais M. Paulus, dans la préface qu'il a mise à la tête À de l'édition in-8.° dont nous parlerons bientôt, nous apprend qu’on n’y lit guères, outre les formulesordi- " maires , que ces mots : | « J'ai jugé à propos d'extraire de l'ouvrage que « & j'ai composé précédemment sur l’Ægypte et qui est Es 5 « divisé en 13 livres , les événemens les plus récens, « et la description des principaux monumens que j'ai « vus par moi-même ; ear on inspire plus de con- RS « fianceÿ et on excite davantage l'admiration des « lecteurs , quand on raconte ce dont on a été té- « moin oculaire. Le surplus se trouve soit réuni, « soit dispersé dans les écrits des auteurs plus an- «ciens. J'ai donc distrait de mon premier ouvrage Re Re «ces deux livres qui contiennent le détail de ce quew «j'ai vu de mes propres yeux, et je les ai réunis. « dans ce petit traité, que j'ai divisé en deux par-w «ties , retranchant ou ajoutant à ma première ré « daction, selon que le sujet m'a paru l’exiger». : M Il suit de ces expressions d'Abd -allatif, ques quelque court que soit ce petit traité, il contient, tout ce qu’offroit de plus intéressant , l'ouvrage plus” étendu duquel il est extrait, et qui n'existe, sui= vant toute apparence , dans aucune bibliothèque de Europe. Avant d'entrer dans un examen détaillé du traité \ 1 Ægypte. 295 d'Abd-allatif, nous devons donner un extrait de la vie de l’auteur , et ensuite faire connoître les savans qui se sont occupés de la publication de cet ouvrage. L’a- brégé que nous donnerons de l’histoire de cet écrivain sera tiré de sa vie que M. White a mise à la tête de son édition, et qu'il a puisée dans les vies des mé- decins célèbres, d'Abou-Osaïba (2). Abd-allatif naquit à Bagdad en l’année 557 de . l'hégire, 1161 de J.-C. Son père, Yousouf, qui étoit lui-même savant, le fit instruire dans toutes les con- noissances que l’on enseignoit alors dans cette ca pitale de l'empire des khalifes Abbasi. La méde- cine, qui avoit fait partie de son instruction, fut la profession qu'il embrassa , et il l’exerca à Bagdad jusqu’à l’âge de 28 ans. Ce fut à cet âge que, dé- sirant de voyager pour augmenter ses connoissances , il quitta Bagdad en l’an de l’hégire 581 (1185-6), et vint d’abord à Mossul, où il demeura un an, en- suite à Damas, où il fit aussi un séjour assez long, puisqu'il y composa divers ouvrages, et enfin à Jé- rusalem. Delà il se rendit au camp de Saladin , ' : (2) Comme nous ne possédons ici que des fragmens de l’his- toire des médecins de Mouvyraffek-eddin Abou’labbas Ahmed ben - AbiïIkasem ben Khalifa Khazradji, surnommé Abou- ” Osaïba, et que la vie d’Abd-allatif, qui se trouve dans le quinzième livre de cet ouvrage, ne fait pas partie de ces frag- . mens, je suis ici uniquement l'extrait fait par M. White. Je ne connoïis que trois manuscrits de la Bibliothèque nationale . qui contiennent des pagties de l’ouvrage d’Abou-Osaïba. Ce sont les manuscrits arabes n.05 756 et 757, du catalogue imprimé, et len.° 157 parmi ceux de Saint-Germain. T 4 296 Histoire. | qui , après s'être rendu maître de l’Ægypte , tra- vailloit à chasser les Francs de la Terre-Sainte, et assiégeoit alors Acca , l’ancienne Ptolémaïs, connue parmi nous sous le nom de Saint-Jean-d'Acre , et qui à joué un grand rôle dans les dernières guerres. Il est vraisemblable que ce voyage d'Abd - allatif avoit pour but d'obtenir de Saladin quelques dis- tinctions utiles où honorables, propres à faciliter à notre auteur le voyage d'Ægypte qu'il méditoit dès lors. Abd-allatif y réussit, du moins en partie ; car il se concilia l'amitié et la protection de Boha-ed- din, Kadhi , ou grand juge , qui jouissoit de la faveur de Saladin , et à qui nous devons la vie de ce héros (3): Boha-eddin le recommanda à un de ses collègues, le Kadhi Fadhel, qui eut bien vou- lu l’engager à se fixer à Damas, où il lui auroit assuré un traitement annuel. Mais Abd-allatif étoit déterminé à voir VÆgypte ; et Fadhel, consentant à son désir ,Chargea’ son intendant au Caire de fournir à tous ses besoins, et procura à notre savant tous les avantages qu'il pouvoit attendre du crédit et de la recommandation d’un homme riche et puissant. Le désir de faire connoissance avec le célèbre et docte rabin , Mosé ben-Maïmoun, étoit , suivant v que l’assure Abou -Osaïba, un des principaux mo- tifs qui faisoient désirer à Abd-allatif de faire le voyage d'Æocypte. ‘ Saladin ayant conclu une trève avec les Francs, où (3) Boha-eddin mourut en 632 (1234 - 5). V. Abulf. Annal Mos!., t. IV, p. 408. Nes MD CRT mere. #6 DÉSERT DRE, = + Ægypte. 297 et étant retourné à Jérusalem , Abd-allatif , qui avoit satisfait sa louable curiosité, quitta l'Ægypte, et vint rendre son hommage à ce prince protec- teur des lettres : il en reçut un accueil favora- ble ; et Saladin lui ayant assuré un traitement sur le trésor de Damas , il se fixa dans cette capi- tale de la Syrie, et y partagea son temps entre l'étude ; l'exercice de la médecine ét l'instruction publique. Après la mort de Saladin, arrivée en 589 dé l’hé- gire (1193), Abd-allatif s’attacha aux fils de ce hé= ros , et les suivit en Ægypte. Mais la fortune ne leur ayant pas été favorable , et leur oncle Adel les ayant dépouillés de l'Ægypte et de la Syrie, Abd- allatif se retira successivement à Jérusalem et à Damas , où il continua à enseigner et à écrire. TI voyagea ensuite en diverses parties de l'Asie , et ayant exercé la médecine, pendant plusieurs années, à la cour des sultans Seldjouki , et à celle des Ata- becs, il forma le dessein de se rendre à la Mecque par Bagdad , et de se fixer ensuite pour toujours à Damas. La mort mit un obstacle À l'exécution de ce projet et le surprit le douze de moharram 629 ( 9 no- vembre 1231), comme il étoit en route pour Bagdad. Outre ses deux ouvrages sur l’Ægypte , Abd- allatif est auteur d’un grand nombre décrits sur diverses matières ; il fait mention lui-même d’un traité qu’il composa contre les Chrétiens. Telle est , en substance , le récit d'Abou-Osaiba : nous aurions souhaité que M. White eût donné en 298 Histoire. entier la vie d'Abd-allatif, écrite par cet auteur, en y joignant le texte arabe (4). Parmi un grand nombre d’autres manuscrits ara- bes , l'ouvrage d’Abd-allatif avoit fixé, il y a plus d'un siècle , l'attention d’un homme À qui sa vaste érudition, son infatigable activité, ses nombreux tra- vaux assurent à Jamais la vénération et la recon- noissance de tous ceux qui cultivent ce genre de littérature. Nous parlons de lillustre professeur Edward Pococke, dont le nom seroit justement im- mortel, quand il ne nous auroit laissé que son Abrégé de l’histoire des Arabes ; dont M. White va pu- blier une nouvelle édition qui est attendue avec beau- coup d'impatience. C’étoit sans doute par son con- seil , et avec son assistance , que son fils, nommé com- me lui Edward Pococke , avoit entrepris une traduc- (4 M. White n’a pas même donné les noms et surnoms de notre auteur, et il a pareillement omis le titre de l’ou- vrage. Nous apprenons du catalogue des manuscrits orien- taux de la bibliothèque Bodléyenne , donné par M. Uri, (p- 174, n.9 794), que l’auteur se nomme Abd-allatif ben-You- souf ben-Mohammed Bagdadi , et que l’ouvrage a pour titre : Kitab alifada oualitibar fi alomour almouschahéda' oualhawa- dith almouäyéna biardh misr, c'est-à-dire , Livre d'instruction et et de réflexions utiles, concernant les choses que lauteur à yues, et les événémens dont il a été témoin oculaire en AEgypte. Abd-allatif portoit encore le surnom ou titre ho- norifique de Mouwaffek-eddin , qui FA Xi donné par Abou- Osaïba (V. J. J. Reiske et G. E. Fabfi, opusc. med. ex mo- aim. Arabum , publié par M. Chr. G. Gruner, à Halle , en 1776, p- 54), et sous lequel il est aussi désigné dans Makrizi et dans notre Man, ar., n.° 79{ , dont je parlerai dans peu. egypte. 299 tion latine d'Abd-allatif. Ce travail touchoit à sa fin, quand la mort de ce respectable père vint l'arrêter subitement. La traduction manuscrite, et dont une petite portion seulement avoit été imprimée , passa entre les mains du D. Hyde, qui forma le projet de la publier avec. dés notes, et ensuite dans celles du D. Hunt. Ce savant , qui connoissoit tout le mé- rite de l'ouvrage, avoit pris, dès 1746 , envers ses amis , l’engagement de le publier, et on devoit es- pérer de lui l’édition même du texte original ; mais ces projets restèrent encore sans exécution. Enfin M.: White, marchant sur les traces de ces savans distingués , a bien voulu prendre sur lui d’acquitter la dette dont leur mémoire restoit en quelque sorte chargée. Il y a déjà quinze ans qu’une édition du texte, de format in-8.°, avoit été achevée par ses soins à Oxford : M. White, peu content de cette édition, qu'il ne trouvoit pas assez soisnée, étoit tenté de la supprimer; cependant, cédant aux prières de M. Paulus, savant professeur de l'université de Jéna, il consentit à lui abandonner la totalité de cette édi- tion, que celui-ci a publiée à Tubingue en 1789. Depuis ce temps, M. White ne cessa pas de s’oc- cuper de la traduction qu'il vouloit joindre à l’édi- tion in-4.° ; mais distrait, tant par ses autres oc- cupations que par une multitude de circonstances étrangères à ses études , il n'a pu réalisér l’exécu- tion de ce projet qu’en 1800. Dans cet intervalle, M. Wahl, professeur en l’université de Halle, et inter- prète du roi de Prusse pour les langues orientales , en publia à Halle, en 1790 , une traduction allez 300 Histoire. mande; sous letitre de 4édallatif's eines arabis- chen Arztes Denkwürdigkeiren Egyptens. M. White n'ayant pu retrouver la traduction manuscrite dy jeune Pococke, a fait réimprimer ici la partie du x.er livre qui avoit déjà été imprimée , mais qui n’existoit qu'entre les mains d’un très-petit nombre de personnes. Elle comprend les 3 premiers chap. du 1.7 livre et une très-foible portion du 4.° chap., et finit ici à la pag. 99. Depuis cet endroit jusqu'à la pag. 283, c’est-à-dire , jusqu’à la fin de l'ouvrage, la traduction est de M. White lui-même (5). Ce savant a aussi joint quelques notes à sa tra- duction : bien des lecteurs auroient souhaité sans doute qu’elles fussent plus nombreuses, que le savant traducteur s’attachât davantage à indiquer et éclaircir les difficultés du texte, et qu'il employât son érudi- tion et les secours que lui fournissoient la biblio- thèque Bodléyenne , pour donner à certains endroits (5) Le D. Hyde cite un passage d’Abd-allatif, dans son traité de Relig. vet. Pers. , p. 513. Le savant M. Schnurrer, dans son premier Specimen Bibliothecæ arabicæ , p. 33, et M.Wabhl, dans la préface de sa traduction allemande de l’ouvrage d'Abd-allatif, semblent croire que Bochart a eu connoïissance dun grand ouvrage de notre auteur, et qu'ilen a tiré ce qu’il cite sous le nom d’Abd-allatif dans la première partie de son Hierozoïcon ; mais je pense que cette conséquence n’est pas juste, et que Bochart à trouvé dans Démiri ou plutôt Do- mari, les cilations d’Abd-allatif dont il a fait usage. Il ne cite point dans sa préface, p. 62, Abd-allatif au nombre des écrivains qu’il a consultés ; et en un endroit de son Hiero- zoëcon (vol. I, col. 1070), il indique positivement que le texte d’'Abd-allatif qu'il cite , est tiré de Domaïri, RES Re | Ægypte. 301 des développemens satisfaisans. Mais peut-être ne fait-on pas assez réflexion -que ce travail accessoire, que l’on est si porté à exiger des éditeurs et des traducteurs, est souvent très-considérable , qu’il de- mande plus de temps et de loisirs que ne le com- portent des occupations diversifiées, tant publiques que particulières, et que ce motif nous a, jusqu’à ce jour, privés d'ouvrages importans , tels que les Séances de Hariri, les Proverbes de Méïdani , et autres qui auroient pu être publiés, si l’on se fût contenté d'en donner une édition, soit accompagnée d’une simple traduction, comme l’a fait Erpenius pour Elmacin, et Pococke pour Aboul’faradj et pour Eutychius, ou même sans traduction, comme à fait Golius pour l’histoire de Tamerlan (6). M. White avoit encore un autre motif pour resserrer dans des bornes étroites les notes qu’il joignoit à cette édition. Il se propo- soit de publier, aussitôt qu’elle seroit terminée, sous le titre d'ÆEgyptiaca, un ouvrage destiné à servir de commentaire à quelques-uns des endroits les plus importans d'Abd-allatif. La première partie de cet (6) Il ne seroit pas cependant à désirer que l’on publiât beaucoup de textes aussi fautifs que l’est celui d’Ebn-Arab schah dans l'édition de Golius. Dans celle de M. Manger ( Lewarde , 1767 et 1772 ); le texte est beaucoup meilleur ; mais, sans parler des fautes d'impression qui sont encore en grand nombre, il s’en faut de beaucoup que le ma- nuscrit qui a servi à donner cette édition fût aussi correct qu'on eût pu le désirer; et on pourroit en donner -une bien meilleure édition d’après le manuscrit arabe , n.° 700, de la Bibliothèque nationale, qui vient de celle de Colbert, et qui paroît avoir été collationné par l’auteur. 302 Histoire. ouvrage a déjà paru, et la seconde devoit contenir une traduction angloise d'Abd-allatif , avec des éclair- cissemens et dés ‘notes. T1 n'existe point en Europe d'autre manuscrit d'Abd- allatif (au moins n’ÿ en a-t-il aucun de connu) que celui sur lequel s’est faite oette édition, et qui a autrefois appartenu à Pococke, et fait aujourd'hui partie de la bibliothèque Bodléyenne (7). Cette circonstance est très-défavorable pour un éditeur ct ‘ (9) Le manuscrit d'Abd - allatif a été apporté du 'Léyant par Edwaïd Pococke; il ést indiqué dans. le catalogue des manuscrits orientaux de la bibliothèque Bodléyenne , rédigé par M. Uri, sous le n.° 794, des manuscrits arabes. 11 portôit autrefois le n,° 23o0entre les manuscrits de Pococke ; mais dans le Catalog. librorum manuscript. Angl. et Hibern., t.1, p.276, ce manuscrit est indiqué d'une manière qui le rend méconnoïssable son ÿ lit: 5557, 230, Poëmata varii (sic) 4.9 Si on en croit le catalogue imprimé des manuscrits orien- taux de la Bibliothèque nationale , cette bibliothèque possède, sous le n.° 794, entre les manuscrits arabes, l'ouvrage d’'Abd-allatif. On y lit cette notice: Codex... quo continetar historia Æoypti, cujus autor Manfekeddinus ( lisez Muaffekedi dinus) Atdellatif Bagdadensis qui anno hegiræ 634 supremum diem obiit. Ce prétendu ouvrage d’Abd -allatif n'est qu'un second tome du Kitab housn almohaähara de Djélal - eddin Soyouti. Celui qui a vendu ce manuscrit, pour en tirer sans doute un méilleur parti, lui à douné !le titre qu’il porte: mais il étoit aisé de n'être pas dupe de cètte supercherie ; car on liten haut de la première page de chaque cahier du manuscrit, Cahier... de la seconde partie du K1TAB HOUSN ALMOonADHARA. D. Berthereau avoit déja aperçu que ce manuscit ne Contenoit pas l'ouvrage d'Abd-allatif. En l’exa- iminant plus soigneusement , j'ai reconnu l'ouvrage auquel il appartient. . Ægypte. 303 un traducteur. On sait combien il est utile, pour ne pas dire nécessaire , d’avoir plusieurs manuscrits du même oùvrage, afin qu'ils puissent servir à se. corriger réciproquement. Nous apprenons par la pré- face que M. Paulus a mise à la tête de l'édition in-8.°, et que M. White a fait réimprimer ici, que ce ma- nuscrit est bien écrit, mais qu'il a tout au plus trois ou quatre cents ans d’antiquité. Si on s’en rapportoit aux derniers mots qui le terminent, on le croiroit autographe ; et M. Uri n’a point fait difficulté de dire : Codex....... autographus, anno heg. Goo, Chr. 1203, Cairi exaratus. On sait combien ces sortes de notes sont suspectes; aussi M. Schnurrer dit-il , en parlant de ce manuscrit : dictus autogra- plus. Cette date doit être celle de la Sn de l'ouvrage. Obeldjue court que soit l'ouvrage d'Abd-allatif, la traduction en offroit beaucoup de difficultés; ce qui vient 1.0 de ce qu'il traite d’une très-grande variété de choses; antiquité, histoire naturelle, médecine, anatomie, culture, économie domestique ; 2.° de ce que le langage arabe de l'Ægypte renferme beau- ep de mots qui ne se trouvent point dans les dictionnaires, où qui ne s’y trouvent point dans l’ac- ception qu'ils ont dans ce pays. Cette dernière vé- rité a dû être sentie par tous ceux qui ont lu duelques-uns des écrivains arabes qui ont traité de l'Ægypte, et elle est prouvée par Makrizi, qui a presque toujours soin, quand il emploie quelqu'un de ces mots, de l'expliquer et de faire voir com- ment le sens dans lequel il est pris en Ægypte, dérive 304 Histoire. de sa signification primitive , ou de celle qu'il a dans l’u« sage ordinaire. On peut dire que Pocockeet M. White ont en général lutté avec succès contre ces difficultés, Si néanmoins ils paroissent n'avoir pas toujours saisi le sens de l’auteur; et si, dans la suite de cette notice, nous nous permettons de proposer quelque- fois uos doutes, et de substituer une autre traduc— tion à la leur, nous protestons d'avance que ce n’est point par un esprit de critique; que nous eussions redouté l’entreprise dont M. White s’est chargé, et que nous ne faisons qu’user de la liberté que ce sa- vant modeste nous a donnée , en s'exprimant lui-même de la sorte à la fin de ses notes : « L'écrivain que je publie m’a assurément pro- « curé beaucoup de plaisir, par la variété et l'éru- dition qui règnent dans son ouvrage, et J'espère «qu'il n'intéressera pas moins les lecteurs. Dans « quelques endroits, à force de vouloir être concis « et de se resserrer au delà des justes bornes,, il est « devenu tant soit peu dur et obscur.. Outre cela, & « il se. trouve dans ses descriptions relatives à l’a- « natomie, à l’art du cuisinier. et autres choses sem- blables, des phrases difficiles à entendre, et de la « traduction desquelles on se tire avec peine, quand « on pense combien à cet égard les coutumes.et les langues de l'Orient sont différentes des nôtres. Aussi « m'ai-je quelquefois saisi le sens d'Abd-allatif qu'à « la longue et après des essais réitérés. Dans d’autres endroits, mes eflorts étant inutiles, et les amis que j'ai consultés n'ayant pu résoudre mes doutes, « j'ai passé, sciemment et avec connoissance de « cause fñ - # a À Ægypte. 305 « cañse , sur la difficulté. Le lecteur équitable ne me « saura donc pas mauvais gré, si, rencontrant des « écueils, j'ai quelquefois hésité sur la route que « je devois prendre , ou si, sans m'en apercevoir , je « me suis par fois égaré. J'ai toujours pensé qu'il « valoit mieux convenir de mon ignorance dans les « choses que je n’avois pu apprendre, que de céder .« à une mauvaise honte, et de courir après une fausse « gloire ». Ce seroit êtré bien ingrat envers M. White, à qui nous devons déjà, outre plusieurs autres ouvrages, l'édition et la traduction des Instituts politiques et militaires de Tamerlan, et l'édition de la version syriaque du N.T., connue sous le nom de Philoxène, si, au lieu de lui savoir gré de la peine qu'a dû lui coûter la traduction d’'Abd-allatif, nous nous arrê- tions à relever quelques inexactitudes peu importantes , dans la seule vue de le critiquer. Nous ne souscrirons point assurément au jugement qu'il semble porter de son travail en disant : Opusculum hoc meum, quan- tulumcumque sit, non esse magnæ mentis fæœ- tum lubens confiteor ; mais nous sommes pleinement de son avis quand il ajoute : est tamen in eo ali- quis usus, qui mihi, quin in laudem cessurus sit, quid tandem est causæ eur dubitem ? et tous les savans partageront assurément notre opinion (3). (8) Nous ne pouvons nous priver du plaisir de donner à nos lecteurs un exemple de la modestie qui fait le caractère dis- tinctif des vrais savans, en citant Î6$ dernières phrases de la préface de M. White: Quantum sit id, quod à me fucrit in Arabicis, Syriacis, Persicisye Litteris adhuc præstitum, penès Tome, VI. V 306 Histoire. Avant de passer outre, nous devons observer que M. White a eu, mais suivant toute apparence, après que son travail étoit fini, communication d’une tra- duction latine manuscrite de tout l'ouvrage d’Abd- allatif, qui existe encore aujourd’hui dans les papiers de Pococke, et qui n’est, à ce qu’il paroît, que le brouillon informe de celle que le D. Hunt avoit entre les mains, et qui est perdue, M. White, pour que l’on pût com parer cette ébauche de Pococke et la traduction allemande de M. W ahl avec la sienne, a fait impri- mer un long fragment de l’une et de l’autre à la fin du volume. Ce fragment répond à la partie du qua- trième chapitre du premier livre qui occupe, dans la traduction de M. White, les pages 99—163. Dans cette notice, nous comparerons quelquefois la tra- duction de M. W ahl et celle de Pococke, avec celle de M. White. Nous avons déjà dit que l'ouvrage d’Abd-allatif est divisé en deux livres : le 1.97 livre contient six cha- pitres , le second en renferme trois. Des six chapitres du 1.2 livre, le 1.° traite des particularités relatives au sol et au climat de l’Ægypte en général; le 2.° des plantes, le 3.° des animaux, alios judicium esto. Ipse, quod præ me feram , id omne huc redit ; nihil scilicet fore mihi prius antiquiusve, quam ut beneficiis tot tantisque , quæ in me collata sunt, possim haud indignus et esse et videri. Faxit D. O. M. ut Academiam quæ me non modo jacentem sustulerit, sed honoribus etiam auxerit, foveam, dum vixero, famæque ejus, quantum in me fuerit, colendæ, aut etiam, si res tulerit, aliguantulum ornandæ, numquam mihi voluntas desit. Een Ægypte. 307 le 4° des monumens et autres objets d’antiquité, le 5. des maisons, édifices, barques , et autres bâti- mens employés sur le Nil; le 6. de la nourriture des Ægyptiens, et de divers mets où préparations de cuisine et d’oflice qui leur sont particulières. Le 1.27 chapitre du second livre est consacré à des considérations générales sur le Nil, les causes ‘de son accroissement annuel , et les signes auxquéls on peut connoître d'avance quelle sera la crue du fleuve. Le 2.°'et le 3. chapitre contiennent le récit de la famine affreuse qui afflisgea l’Ægypte pendant les années 597 et 598 de l'hégire ,.et de toutes les cala- mités qui en furent la suite. Ce petit ouvrage est trop rempli de choses, pour qu'il soit possible de l’analyser de manière à faire connoître dans un extrait tont ce qu'il contient. Nous nous boïnerons donc à choisi dans les deux livres, quelques-uns des traits qui nous paroîtront les plus propres à faire connoître l'exactitude et la justesse des observations de l’auteur , ou capables d’intéresser le plus grand nombre des lecteurs, et de leur ins- pirer le désir de connoître l'ouvrage en entier. Dans le 1.7 chapitre du 1. livre, Abd-allatif expose quelques généralités sur l’Ægypte : il parle des deux chaînes de montagnes qui la bornent à l'est et à l’ouest, du cours du Nil, de l’époque et de la cause de sa crue annuelle, à laquelle est due la culture de ce pays, du limon que dépose le Nil , et auquel seul l’Ægypte doit sa fécondité; des saisons, de la nature du climat, et de son influence sur la V 2 308 | Histoire. constitution physique des habitanss enfin, des vents auxquels l'Ægypte est exposée. , J’extrairai de ce chapitre deux observations par lesquelles l’auteur le termine. La première concerne l’année des anciens Ægyptiens. Abd-allatif remarque que les anciens habitans de l’Ægypte ayant observé que la culture de leur pays et sa fécondité étoient dues uniquement au Nil qui l’arrose, ils choisirent le commencement de l'automne, c’est-à-dire, l’é- poque à laquelle la crue du fleuve est complète, pour le renouvellement de l’année. M. Wahl, dans sa traduction allemande, fait dire à Abd-allatif que, suivant l'opinion des anciens Ægyptiens, c’étoit au Nil que leur pays étoit redevable de sa première culture : das ihr Land die erste Kultur vom Nil empfangen, ce qui n’est point la pensée de notre auteur. Elle a été bien rendue par Pococke, quoique dans un latin un peu barbare : Cum cernerent prisci ÆEgyptii, culuram terræ ipsorum à Nilo suo esse. L'autre observation est relative aux vents aux- quels l'Ægypte est exposée. Voici comment je la traduis : « Une autre particularité de ce pays, c’est « que ses habitans sont privés du vent d’est par la « chaîne de montagnes qui ferme l’Ægypte à l'Orient « et que l’on nomme Mokattam : cette montagne les « empêche de jouir de ce vent bienfaisant; et il « est bien rare qu'ils reçoivent le souffle du vent « d'est pur, si ce n’est obliquement. Ce fut sans « doute par cette raison que les anciens Ægyptiens « Ægypte. 309 choisirent pour la résidence de leurs rois , Memphis et les lieux semblables qui sont le plus éloignés des montagnes orientales , et le plus rapprochés de la chaîne occidentale. Par la même raison, les Grecs choisirent la situation d'Alexandrie , et au contraire , ils évitèrent celle de Fostat, parce qu’elle est voisine du Mokattam : car les lieux situés au pied de la montagne en reçoivent bien plus d’abri que ceux qui en sont éloignés. Outre cela , les. habitans ressentent plus tard les rayons du soleil, en sorte que l'air qu’ils respirent conserve long- temps la crudité de la nuit, et participe peu à la coction qu’opèrent les influences du soleil. Aussi remarque-t-on que les cantons de l’Ægypte qui sont découverts et exposés au souffle du vent d'est, ont une plus belle apparence que les autres. La grande humidité. de l'air est cause que la putré- faction se développe promptement dans ce pays; que lesrats , engendrés par le limon, y sont en grande quantité : que l’on y trouve en abondance à Kous, des scorpions, dont la piqûre est souvent mor- telle ; et que le moucheron puant , les mouches et Les puces y durent une grande partie de l’année. « Une autre. particularité de ce pays , c’est que quand. le vent du sud- souffle en Ægypte dans l'hiver et le printemps , et même après cette saison , il est extrêmement froid : on lui donne dans ce pays le nom de Marisi, parce qu'il traverse une contrée du pays des noirs , qui porte le nom de Maris. La qualité froide de ce vent est due à ce qu’il passe sur des étangs et des dépôts d'eaux V3 310 Histoire. & stagnantes. La preuve de la vérité de ce que nous « disons ici, c’est qué quand ce vent dure quelques « jours de suite, il reprend sa chaleur naturelle , «et il échauffe et dessèche l'air ». J'observe sur ce passage que ni Pococke, ni M. Wabhl n'ont compris ce que dit Abd-allatif de la crudité de Vair causée par la fraîcheur de la nuit, qui se prolonge plus long-temps dans les lieux abrités par le mont Mokattam, parce que cette montagne intércepte les premiers rayons du soleil et ne per- met pas à cet astre de tempérer, par ses douces in- fluences , cette qualité pernicieuse de l'atmosphère. Je ne citerai que la traduction de Pococke. Deinde , guia sol ortum suum ipsis differt, rar in eo- rurmz aëère malurescunt fructus et di eos cohibet nox. Ce savant a inséré le mot fructus, parce qu’il n'a pas aperçu que’ c’est à l’air même que notre au- teur applique les idées de maturité et de crudité, et que d’ailleurs il paroît avoir mal entendu le mot qui signifie crudité , qu'il a dérivé de la racine NAHA (zoun, ha, ya), au lieu de le dériver, comme. iL faut absolument le faire , de NA4HAA ( noun, La, élif). M. Wahl est tombé dans la même faute, et il a donné à ce passage un sens encore plus éloigné de celui de l’auteur , quoiqu'il ait cherché à le justifier par une note. Je crois devoir donner la traduction du texte mot à mot en latin : raraque est in aëre eorum concoctio, manetque di in cruditate noctis. De cette manière, ceci se lie par- faitement avec le reste du raisonnement de l’auteur. Ma seconde observation a pour objet le nom propre 1 L ! Ë Ægypte. 311 de lieu Maris, qui donne son nom au vent WMa- risi où Mérisi. Abd-allatif a ignoré que MARIS mapns est un nôm copte qui signifie en cette langue méridionale , et que la Haute - Ægypte est ainsi nommée par les. Coptes, qui appellent la Basse- Ægypte xwe. Makrizi a bien connu la raison de cette dénomination; etje suis étonné que M. Wahl, qui a eu quelquefois recours à la langue copte sans nécessité , ait été embarrassé sur l’origine de ce mot, et lait cherché dans le nom de Méroë. Le second chapitre présente des détails mtéres= à l’Ægypte , ou qui lui étant communs avec d’autres pays , ont le plus attiré l'attention d'Abd-allatif , soit par leurs sans sur les végétaux particuliers à usages économiques , soit par leurs singularités, ow par quelque caractère qui les distingue de leurs ana- logues , cultivés dans d’autres contrées. Une atten- tion qu'a toujours Abd-allatif, c’est d'indiquer les divers noms sous lesquels une même plante est connue en diverses provinces, ou les espèces diffé- rentes auxquelles le même nom est donné dans des pays différens. C’est ainsi qu’il observe que les ce- rises qu'on trouve en Syrie et dans l’Asie mineure sont inconnues en Ægypte (9), mais qu’on ,y donne le nom de cerises (karasia) à une espèce de pe- (9) On peut voir, dans la description de l’AEgypte du consul Maillet, t. IT, p.285, la manière dont le visir d’un sultan de l’une des dynasties des Mamloucs s’y prit pour sa- tisfaire , avec. une célérité incroyable, le violent désir que ce prince avoit de manger des cerises. L'auteur dit avoir em- prunté de Makrizi le récit de cette aventure, V 4 312 Histoire. tites prunes acides qui, à Damas , est connue sous la dénomination de péches_( khaukh ) d'ours : « car, ajoute -t-1l, en Syrie les prunes portent le « nom de péches ( khauk} ) ; les pêches sont nom- « mées duracines ( durakina ), et les poires, « prunes (zdjas ) ». Parmi les végétaux dont traite notre auteur , le lebakk (persea des anciens), le djummeiz ou syco- more, le #alsan ou baumier , le ko/kas ou arum colocasia , et le #2auza où bananier, sont ceux au sujet desquels il est entré dans de plus grands dé- tails. Pour faire connoître la manière dont Abd- allatif a traité cette partie de sa narration ; nous transcrirons ici tout ce qu'il dit du mauza ou ba- panier. « Parmi les végétaux qui appartiennent à l'Ægypte , « est encore le mauza, qui se trouve aussi en grande « abondance dans le Yémen et dans l'Inde. J’en ai « vu aussi quelques-uns dans | cette partie de la « Syrie qu’on appelle] Gawr, et à Damas ; maisils (10) « y avoient été importés d’ailleurs. Le mauza se « reproduit par des dragcons qui naissent au pied « de l’arbre , semblables à ceux qui naissent au pied « du palmier. La principale tige qui porte le fruit « se nomme la mére ; quand on en a récolté le fruit, « on la coupe, et alors le plus ancien des drageons (io) C'est-à-dire, cette partie de la Syrie qu’arrose le Jour- dain , et qui est située entre les montagnes qui renferment , à une certaine distance, le cours de ce fleuve, à l’est et à l’ouest. Voyez Reland, Palaæst,, p. 365, et Abulf. Tab. Syr., p. 8 RP SE Ægypte. 313 « lui succède , et s'élève à la hauteur d’une ou deux « toises : cet arbre ressemble à un palmier menu. « On prétend que l'arbre du mauza vient originai- « rement du mélange de la colocasia , et d’un noyau « du fruit du palmier ; que pour produire ce vé- « gétal composé , il faut insérer un noyau de datte « dans l'intérieur d’une colocasia , et le planter ainsi. « Quoique ce récit paroisse suspect , il y a cepen- « dant des raisons qui semblent l’appuyer (11), et « le bon sens n’y répugne point. En effet, le mauza « a des feuilles semblables à celles du palmier , si « ce n’est que pour trouver cette ressemblance , il « faut supposer que dans le mauza les folioles se « sont réunies l’une à l’autre , en sorte qu'il semble « que ce soit une étoffe de soie verte déployée, ou _‘ (1) Le sens que j'ai exprimé, a été également adopté par Pococke et par M. Wahl: cependant il faut, pour l’ad- mettre , supposer ou une omission ; Ou une légère altération dans le texte : je soupçonne que le vrai sens est: « Quoique « cette opinion soit dénuée de preuves qui en attestent la vé- « rité, cependant le rapport des sens semble la rendre ad- « missible ». Suivant une autre opinion rapportée par Prosper Alpin, laproduction du bananier est attribuée à une combi- naison de la canne à sucre et de la colocasia: Aiunt multi insitam hanc plantam elim fuisse cannæ saccharinæ suprà cul- cassiæ radicem ; il avoit dit précédemment, en parlant du sy- comore : Insitionem fici supra morum plures illorum affirmant, veluti musam insitam guoque fuisse cannæ saccarum ferentis suprà radicem colocassiæ aliquibus est suasum , quod tamen nondum experientiä verum esse didici. Voy. Pros. Alp. , Hist, nat. Ægyrtis part. 11€, p. 41, et ibid., p. 13. 314 Histoire. « un drapeau vert d’une couleur lustrée et fraîche : «on pourroit dire que cette feuille doit sa forme « au palmier , et sa nature humide à la colocasia (12). « On connoïit par-là que si la feuille du palmier « s’est divisée en plusieurs folioles , cela vient de « la qualité sèche qui domine dans le tempérament « de cet arbre : à cause de la grande humidité qui « se trouve, au contraire , dans le mauza , les diffé « rentes folioles qui forment sa feuille, sont demeurées « unies , et n’ont point éprouvé de séparation. En « suivant cette idée , le mauza semble devoir sa ma- l « tière à la colocasia, et sa forme au palmier. Si « vous considérez le bois et la feuille du mauza, « quand l’un et l’autre sont desséchés, vous y re- « marquerez les mêmes fibres et les mêmes filamens « qu'on observe dans le tronc et les feuilles du pal- « mier ; seulement vous verrez qu'ils sont mêlés d’une « substance humide qui les a rendus adhérens les (12) La première feuille séminale que pousse le dattier ve- nant de semence, semble justifier la comparaison que fait ici Abd-allatif de la feuille du bananier avec celle du palmier. « Cette feuille (dit M. Reynier, dans un mémoire inséré d’abord dans la Décade ægyptienne ,t. III, p. 179, et ensuite dans les Mémoires sur PAEgypte, t. III, p. 159 et suiv.} « est sillonnée de plusieurs plis très - saillans, qui se ter- « minent par des fentes quelquefois à peine sensibles, « d’autres fois très. profondes , et ordinairement inégales « entre elles... On pourroit considérer ces plis comme des « folioles restées unies par un développement imparfait, et « qui indique déjà la composition des feuilles de la plante «a adulte ». Ægypte. 315 « uns aux autres, et a rempli leurs interstices (13). « Ces filamens,au surplus, ne sont pas non plus étran- gers à la colocasia , et on les y reconnoïît facile- «“ ment quand on mange cette plante frite. Le fruit « se présente aussi en régimes comme sont les ré « gimes du dattier : et une seule tige porte 500 « bananes et plus. A l'extrémité du régime est tou- «jours une banane que l’on appelle la ére, qui « n’a point de pulpe , et ne se mange point. Si on « fend cette banane , on trouve qu’elle est composée « de pellicules, où enveloppes comme un oignon, « Deux de ces pellicules se répondent toujours, et « chacune d’elles recouvre la moitié de ce fruit « dans toute sa longueur : sous chacune de ces pel- « licules, vers la base, est une fleur blanche de la « grosseur d’une pistache ou d’une fleur d'oranger : le nombre de ces fleurs est toujours de onze sur ñ deux rangées; jamais le nombre n’est au-dessous « de onze : s’il excède, ce n’est que d’une seule tout au « plus, ce qui est même très-rare. Ces pellicules sont « comme les spathes qui enveloppent le fruit du -» palmier, et les fleurs sont comme les fruits eux= « mêmes. Toutes ces enveloppes se fendent et s’on- .« vrent d’elles-mêmes peu à peu, dans le même ordre dans lequel elles. se recouvrent réciproquement. £ (3) Voyez sur la manière dont est formé le tronc du pal- mier, le mémoire cité dans la note précédente. Une obser- vation faite par l’auteur de ce mémoire, nous apprend que quand le tronc du dattier est refendu en planches et exposé à l'air, l’intérieur acquiert une dureté égale à celle de la - circonférence. 316 Histoire. « Alors paroît cette fleur blanche, que l’on peut « comparer à la datte lorsqu'elle est encore verte, « et qu’elle porte le nom de &alah : elle contient « une substance humide et sucrée. Ensuite ces fleurs « tombent successivement , et elles laissent un petit « fruit noué. Quand ce fruit a pris un peu de crois- « sance , une autre enveloppe s'ouvre comme la « précédente , et la même chose se répète jusqu’à « ce que le régime entier soit développé. La peau « de la banane ressemble aussi à celle de la datte « fraîche ; si ce n’est que celle de la banane est « très-épaisse , qualité qu’elle tient de la colocasia. « La pulpe de ce fruit a une saveur sucrée , mais « un peu fade , semblable à celle de la datte quand « on la mange fraîche avec du pain. Sa saveur su= « crée vient de la datte, et la fadeur qui l’accom- « pagne, provient de la colocasia. La forme même « de la banane ressemble à celle de la datte fraîche , « si ce n’est que la première est de la grosseur d’un « petit concombre , et d’une couleur tirant sur le «“ jaune ef sur le blanc. C’est encore à la datte qu’elle « doit la couleur jaune , et à la colocasia qu’elle « doit la couleur blanche. Lorsqu'on recueille le « fruit du mauza, il est d’une couleur verte foncée, “et n’est pas bon à manger ; mais quand on l’a « laissé enfoui quelques jours [ dans la terre }, il « devient jaune et bon à manger. Enle mangeant, « on ne trouve qu'une pulpe qui ne renferme ni « noyau mi rien que l’on soit obligé de rejeter , si « ce n’est la peau seulement : on diroit manger un « morceau de A/abith [ mets composé de beurre et Ægypte. 317 « de datte ] facile à mâcher et à avaler; mais si « on le regarde à la lumière , on y trouve un grand « nombre de petits grains , moins gros que des graines « de sénevé , d’une couleur entre Le noir et le fauve, « pareils à ceux que l’on observe dans la figue. Ces « grains sont extrêmement tendres , et sont comme « les traces du noyau de la datte; mais à cause de « l'humidité qui domine dans le mauza, la substance « de ce noyau s’est amollie, s’est divisée en plu- « sieurs parties , et tellement confondue avec la « pulpe qu’on avale l’une avec l’autre (14). Ce fruit « a une odeur aromatique , qui n’est pas très-forte, « mais qui a cependant un certain piquant (15). Les « flatuosités que l’on rend par en haut quand on A n en a mangé , au moment où la digestion commence # à se faire , ont une odeur agréable. Le fruit du « mauza est chaud et humide : sa chaleur est plus (14) Pococke a manqué absolument le sens de l’auteur , en traduisant : Éstque hæc quasi nuclei dactyli nota, nisi quod ob anultam suam humiditatem mollis sit. Conciditur autem , et carnz admiscetur , et unà cum e& inter edendum deglutitur. 11 est sin- gulier que M. Wahl, quine paroît pas avoir fait usage du fragment que Pococke avoit fait imprimer de sa traduction, ait fait précisémentle même contre-sens. Cependant la gram- maire arabe suffit pour prouver que ce ne peut être là le sens de l’auteur, = (15) C'est-à-dire, qui porte à La tétz. Pococke a traduit : est etiam ipsi fermentatio quedam , trompé sans doute par ce qui suit : mais le pronom qu'il a traduit par ipsi ne peut se rapporter dans le texte qu’à l’odeur , et non au fruit lui-même. M. Wabhl , qui a longuement paraphrasé ce passage ;, a mieux entendu ces mots que Pococke. 318 Histoire. « foible que son humidité : on peut dire qu'il est « chaud au premier degré et humide au second. « Il est aphrodisiaque et diurétique , et il donne « des vents; ses qualités ne s’éloignent pas beaucoup « de celles de la datte fraîche : il s’en écarte seule- « ment par l'excès de son humidité, qu'il tient de « la colocasia, Si l'union des qualités du palmier « et de la colocasia dans lé mauza , est une com- « position de Part, alors tout ceci confirme ce que « Von en dit ; si c’est une composition de la na- « ture , nous avons d’autres exemples de combinaisons « merveilleuses de diverses espèces , tant dans les « animaux que dans les végétaux, et il faut compter « le mauza au nombre de ces combimaisons. « Abou-Hanifa parle ainsi de ce végétal : le mauza, « dit-il , est naturel de l'Oman ; il croît à la manière « des papyrus (16) ; il à uné racine très-grosse , et des « feuilles longues et larges d’environ trois coudées sur « deux, qui n’ont point, comme les feuilles du pal- « mier, une forme lancéolée , mais qui approchent de « la forme carrée. Le mauza s'élève droit à la hau-— « teur d’une forte toise (17) ; des drageons naissent sans (16) Pococke a traduit germina autem juncea emittit , Ce qui ne représente pas le sens de lPoriginal, qui signifie à la lettre, germinat autem germinatione papyri. M. Wahl a tra- duit, d’une manière un peu trop générale : sie wæchst als eine schilfartige Pflanze. (17) Dans la traduction de Pococke on lit: assurgit mauya erecta, expansa. Le mot de l'original, xAMA, signifie une mesure ; et répond à peu près à la toise. C’est le même mot dont notre auteur s’est servi plus haut, et que Pococke lui- même a traduit ainsi : ab orgya ad duas orgyas assurgit. Ægypte. |” 319 « cesse du pied, à l’entour de la plante, les derniers «toujours plus petits que les précédens. Dans le fort « des chaleurs , qui est la saison où ses fruits sont « mûrs , on coupe la mère au pied , et on prend « les grappes : alors le plus grand des drageons com- « mence à s'élever, et devient lui-même la mère, «tous les autres ne formant que des jets autour de «lui; cette marche successive continue de la sorte « sans jamais cesser. C’est pour cela qu'Aschab (18), « disant un jour à son fils, comme le raconte Asmai : « Pourquoi donc , mon fils , ne me ressembles -tu « point ? celui-ci lui répondit : Je suis comme le « mauza, qui n’est bon à quelque chose qu'après la (18) M. Wahl remarque que ce personnage, qui doit être antérieur à la fin du second siècle de l’hégire , puisque As- imaï en a fait mention, lui est totalement inconnu. Je ne doute point qu’il ne soit question de cet Aschab , dont l’a- varice a passé en proverbe, et qui mourut, suivant Abou’l- féda , lan 154 de l’hégire. On dit en proverbe : plus avide qu’Aschab ; et Reïiske , qui rapporte ce proverbe dans ses notes sur Abow’lféda, y a joint un extrait curieux de Meï- dani (V. Abulf. annal. Mosl. ed, Adler. ,t. II, p. 31 et 632). Je rapporterai un trait de l’avidité d’Aschab , qui se trouve dans Meïdani, et que Reiske n’a point cité. Un jour des jeunes gens de Médine , qui jouoient près de lui, l’impatientoient par leurs jeux ; Aschab , qui étoit plaisant, leur dit : Que n’allez- vous plutôt chez un tel , où l’on fait aujourd’hui une noce ; vous y trouveriez mieux votre compte. Ils y allèrent aussitôt; mais ils ne furent pas plutôt partis, qu'Aschab se dit à lui-même : ILse pourroit faire que ce que je leur ai dit fût vrai; et sur- le-champ il les suivit jusqu’à la maison qu'il leur avoit in- diquée ; mais, au lieu d’un festin de noce , il n’y trouva que ces jeunes gens, qui tombèrent sur lui et le maltraitèrent. 320 Histoire. 14 « mort de sa mère. Du moment où le mauza com- «mence à pousser jusqu'à ce qu'il fructifie , 1l se « passe deux mois; et depuis la naissance des fruits « jusqu’à leur maturité (19), quarante jours. Dans les «lieux où ce fruit se produit, on en a tout le long « de l’année : chaque régime porte depuis 30 jus- «qu'à 500 fruits (20). J'ai vu chez un commerçant «indien, des nattes très-belles , fines, colorées des « deux côtés, d’une couleur très - agréable et qui «sembloit être exactement celle d’une fleur ; on eut «dit que c’étoit une étoffe de soie : elles étoient «larges de deux coudées et demie, et toute leur « longueur étoit d’un seul brin sans jointure. Comme «je m'étonnois de la longeur d’un tel jonc, que je « prenois pour celui qu'on nomme en Ægypte samar , «il me dit que ce n’en étoit point, et que ces nattes « étoient tissues de la feuille du mauza de l'Inde ; « que l’on prenoit pour cela le côteau de cette feuille, « qu’on le fendoit et le laissoit sécher , et qu'après «l'avoir teint on en tissoit ces nattes ; qu'elles se \ (19) Je crois que c’est là le sens de l’auteur ; et Pococke a traduit de même, à flore emisso ad fructus adultos; cependant il me semble que pour trouver ce sens il faut substituer dans le texte 1DINA, étre à maturité, à 1D3RA, qui n’a point, je crois, un sens convenable, (20) Abd-allatif a dit plus haut que l’arbre porte jusqu’à cinq cents bananes, et non 500 régimes : l’auteur qu'il cite ici, dit que chaque régime contient depuis 30 jusqu’à 500 ba- nanes. Je présume qu'Abd-allatif, dans le premier texte , a voulu dire la même chose, mais qu'il a écrit par erreur SCHADJARAT , arbre, au lieu de 1pxx ou KONW ; régime. « vendoient Ægypte. 925 « vendoient deux dinar pièce à Mabar (21), qu'il: «y en avoit aussi dont le prix n’alloit qu'à deux « dirhem ; et il m’en fit voir de ces deux espèces ». Je suis convaincu que les descriptions des plan- tes observées en Ægypte par Abd-allatif , ne peu- vent pas aujourd'hui ajouter beaucoup aux connois- sances que nous devons aux voyageurs éclairés qui, depuis deux siècles, ont visité cette contrée cé- lèbre , et surtout à celles qu'a dû procurer l’ex- pédition des Francois , et dont le public attend im- patiemment la publication. Je me persuade néan- moins qu'on ne les lira point sans intérêt. Sans doute on sera bien aise de voir dans l'ouvrage même ce que l’auteur dit du baumier que l’on cultivoit en- core de son temps en Ægypte, auprès d'Aïn-schems ou Héliopolis , dans un terrain bien enclos, de sept arpens ( faddan ) détendue, et les renseisnemens qu'il donne sur la manière dont se faisoit cette ré- colte , et sur le produit moyen de chaque pied d’arbre. Peut-être aurois-je cité cette discription par préfé- rence à celle du bananier , si cette dernière ne m’a- voit fourni l’occasion de rectifier plusieurs passages de la traduction de Pococke. Au surplus, mon but, dans cet extrait, n’est pas de communiquer aux lec- teurs tout ce qu’il y a d'intéressant dans Abd-allatif, mais de les engager à recourir à l'ouvrage lui-même, et de faire voir en même temps combien il seroit (ai) Pococke a traduit in foro, et M. Wahl am Bord ; mais c'est , suivant l’auteur du Kamous, le nom propre d’un lieu situé sur la côte de l'Inde. Tome VI. X. 323 Histoire. important d’en avoir une traduction exacte, accom- pagnée de notes critiques. Les animaux particuliers à l Ægypte sont l’objet du 3.° chapitre : ceux dont on y trouve des descrip- tions plus ou moins étendues , sont l’âne , le bœuf, dont il y a une espèce particulière nommée A/aisi ; le cheval , le crocodile , le dauphin , le skink, . lhippopotame, la torpille , une sorte de tortue nom- mée, à cause de la forme de son écaille , Ze bou- clier, et quelques autres poissons ou testacées. Mais Varticle le plus étendu de ce chapitre , est celut dans lequel Abd-allatif décrit , dans le plus grand détail , la manière dont on fait éclore artificielle ment des poulets en Ægypte ; et cet article a d’au- tant plus d'intérêt pour les orientalistes , qu’il y donne les termes techniques employés pour désigner les procédés de cette opération , et que l’on chercheroit en vain, du moins sous cette acception , dans les dictionnaires. Je ne m'arrêterai à aucune de ces descriptions , de peur d’être trop long , et parce que si j'en retran- chois les détails, je leur ôterois leur principal meé- rite : mais je ferai observer que M. Wahl s’est trompé d’une manière singulière sur le sens d’un passage qui ne présente réellement aucune difficulté , et que Pococke a traduit très-exactement : ce qui prouve que M. Wahl n’a point effectivement pro- . fité du fragment publié par Pococke |, que sans. doute il n’a pu se procurer , et dont peut-être même iln’a pas eu connoissance. Abd-allatif, parlant du skink , recherché à cause de ses propriétés médici- Ægypte. | 323 nales et aphrodisiaques, vraies ou supposées , dit qu’on lui fait la chasse préférablement au printemps, parce que c’est le temps de ses amours. « Quand on en a «pris un, ajoute-t-il, on le tue sur la place même, «on lui coupe les extrémités et la queue, dont on «laisse seulement une portion ; on lui fend le ventre « pour en tirer les viscères, en laissant seulement «la graisse qui les enveloppe et les reins ; ensuite «on le remplit de sel, on le recout, et on le sus- «pend à l'ombre pour le faire sécher » (22). Ce passage est rendu ainsi par M. Wahl: « Quand « on leur met à manger, dans le lieu qu'ils habitent, « de l'herbe nommée dhabbih , les yeux leur sau- « tent de‘la tête ; bien plus , leur queue se fend, ieur « ventre crève, en sorte que les intestins se répandent “avec la graisse et les reins ; ensuite on les rem= « plit de sel, etc ». Pococke et M. Wahl me paroissent aussi avoir tous deux manqué le sens de l’auteur dans la des- cription de la tortue qu'il nomme éirsa, c’est-à-dire, bouclier. Abd-allatif dit que c’est une très-grande (22) « Les paysans d'ÂEgypte portent au Caire des scinques, « d’où, par Alexandrie, on les transporte à Venise et à « Marseille pour l'usage des pharmacies de l’Europe : ces « lézards semblent avoir été écorchés ; ils ont une ouverture « longitudinale au ventre ; par laquelle on en a retiré la chair, les viscères et les os : ils ont ensuite été baignés dans une saumure, puis ils ont été desséchés ; enfin ils ont été enveloppés après avoir été remplis d’absinthe .ou « d’autres herbes aromatiques ». ( Dicz. raisonné univers. d'Hiir. nat., par Valmont-Bomare. Lyon, 191, t.x11t ; p. 104). X 2 2 3 à 324 Histoire. tortue , qui pèse quelquefois jusqu’à quatre Aantar; « mais, ajoute-t-il, son disque, je veux dire l’écaille «qui couvre son dos ressemble à un bouclier, et a « une saillie qui déborde de près d’un palme au delà « de son corps ». On voit que c’est cette particularité qui lui a valu le nom de bouclier. Forskal donne une courte description de cet amphibie , mais sans l'avoir vu. Pococke a traduit : mési quod concha ejus sci- licet tergum osseum ipsi clypei instar sit, ex cujus corpore eminent prominentiæ Circiter spithamales. Ces derniers mots donnent un sens absolument contraire à celui de l’auteur , suivant lequel il n’est point question de parties qui sortent du corps à la longueur d’un palme, mais d’une saillie de l’écaille. M. Wahl a eu la même idée que Pococke., « Elle a, dit-il, des doigts propres à nager « (Schwimmfinger), garnis d'ongles qui saillent en « dehors de son corps d’un palme de long ». Je ne conçois pas où M. Wahl a trouvé dans Abd-al- latif ces espèces de nageoires armées d'ongles. Si Pococke n’a pas bien rendu le sens du texte , du moins il n’y a pas fait de semblables additions. (La suite dans le prochain numéro.) B'ROCGR A PILE Ez0GE de Marie-Francois-Xavier BICHAT, prononcé dans l’amphithéatre de l’Ecole de Médecine de Paris, le 14germinal an xr, par P. Sue, professeur et bibliothécaire , à l'ouverture de son cours de bibliographie médicale. Ce génie a vécu ce que vivent les roses, L'espace d’un matin. Maruzgrsz, liv. VI, Consol. à M. Durerrter. S 1L est quelque tribut légitimement dû aux savans après leur mort, et dont l’acquit soit agréable à ceux qui le leur payent , c’est sans contredit celui de rendre publique leur histoire. On travaille volontiers à lier les divers événemens de leur vie, et à rassembler les traits épars , sous lesquels ils ont peint leur ame dans les différentes productions de leur génie : on se fait un plaisir et même un devoir de faire passer à la postérité ces espèces de tableaux parlans , ces éloges académiques faits pour rappeler des souvenirs, dont sans eux il ne fut resté aucune trace. Un des grands philosophes de nos jours, le célèbre d'Alembert , a exposé, avec autant de raison que de goût (1), -les préceptes les plus sûrs pour la composition des éloges. Les leçons qu'il donne , les exemples qu'il cite (4) Voyez l'article éloge dans l'Encyclopédie. X 3 326 Biograplie. pour modèles , ne laissent rien à désirer sur ce sujet, Mais la grande difficulté consiste dans l'observation de ces préceptes , de ces leçons , dans l'application de ces exemples. Vicq d'Azyr, nom à jamais immortel, surtout dans les fastes de l’ancienne Société de méde- cine, toi seul, peut-être, as su employer avec sagacité l’ensemble de ces observations, en tirer la substance la plus propre à frapper les esprits, et en former habilement la matière de ces éloges philosophi- ques, dont on attendoit avec tant d'impatience la lecture , qu'on écoutoit avec tant d'attention, qu’on lit encore avec tant de plaisir et de fruit, Ne pouvant at- teindre à la majesté de ton style , essayons au moins de marcher sur tes traces : eflorçons-nous de présenter nos idées, de manière qu’elles répondent à l'intérêt qu'inspira à tous les savans le professeur Bichat. Guidés par les orateurs qui ont déjà célébré sa mémoire (2), nous louerons Bichat comme il a vécu , c’est-à-dire, avec simplicité et sans exagération ; nous n’avons pas d’anecdotes à citer sur sa personne : sa vie est toute en- tière dans ses cours et dans ses écrits, comme l'éloge (2) 1.0 Les CC. Lepreux et Roux , discours prononcés sur la tombe de Bichat le jour de son inhumation; 2.° notice his- torique sur la vie et les écrits de Bichat, lue à la Société mé- dicale d’émulation, parle C. Husson ; 3.0 précis historique sur Bichat, à la tête du 3.e volume de son Anatomie descriptive, par le C. Buisson , son parent et son ami : voyez aussi l'éloge court, mais bien frappé, qu'a fait le C. Hallé de Bichat, dans le discours qu’il a prononcé à l'ouverture de la séance publique de l'école de médecine, du 5 brumaire an xt, pag. 22, è 1 \ : : Bichat. + "327 d’un législateur est tout entier dans les lois qu’a enfan- tées son génie. Citoyens élèves, c’est voüs, c’est votre instruction que j'ai eu principalement en vue dans la composition de cet éloge ; c'est à vous que je le dédie, à ceux d’entre vous surtout qui furent les disciples , les colla- borateurs , les amis de Bichat. Quelque foibles que soient les talens du panégyriste, il espère que vous ap- plaudirez au moins aux efforts qu'il a fait pour répon- dre à vos vœux , à ceux de ses collègues, J'ajouterai même à ceux du public. Afin de ne rien omettre d’essentiel dans un sujet aussi intéressant , j'ai cru devoir partager ce discours en deux parties , qui contiendront, la première , l’histoire de la vie de Bichat, et de sa méthode d'enseigner ; la seconde , l’analyse de ses différentes productions, que je terminerai par des détails sur sa maladie et sur sa mort, et par l'exposé de sa vie morale, c’est-à-dire, des vertus et des qualités du. cœur qui l’ont fait estimer et chérir de tous ceux qui J’ont connu (3). PREMIÈRE PARTIE. Marie-Francois-Xavier BicHAT naquit le xx novembre 1771 , à T'hoirette , département de l'Ain, (3) Nous pouvons donner pour preuve du grand intérêt qu'ont pris les élèves au récit des travaux et des vertus de Bichat, l’affluence avec laquelle ils se sont portés à l’am- phithéâtre de l’école, pour entendre son éloge ; ce local, quoique très-yaste , étoit entièrement rempli. X 4 328 - Biographie. ci-devant province de Bresse. Il fut le premier fils de Jean-Baptiste Bichat, docteur en médecine de la faculté de Montpellier, qui lui prodigua, dans l’âge tendre , tous les soins , toutes les attentions propres à former son cœur et à éclairer son esprit. Rien n’égale la force des impressions que l’on recoit dans le premier âge (4): alors les organes, à mesure qu’ilsse forment et qu'ils se développent ; prennent le ton convenable à l'espèce d'instruction que l'enfant doit acquérir. Le père de Bichat, pénétré de cette vérité, ne négligea rien pour mettre à profit les dons que la nature avoit accordés à son fils , et qui lui furent très-utiles dans ses premières études. Mais à quoi serviroit de détailler ses succès en ce genre ? à quoi serviroit de s’appesantir sur ceite période de sa vie, dans laquelle l'imagination se plaît trop sou- vent à rechercher les traces des grands hommes ? Si Bichat a été couronné plusieurs fois dans le cours de ses humanités; s’il a brillé dans des exercices publics sur la physique et sur les mathématiques, ses triomphes en ce genre lui ont préparé et facilité ceux qu'il a ob- tenus depuis dans d’autres sciences. Nous dirons de lui, comme il a dit de Desault , et avec autant de vé- rité, qu'a l’âge où l'ame , encore fermée à la ré- flexion , semble n'avoir de penchant que pour le plaisir, apprendre fut son premier besoin , savoir sa premiére jouissance, et devancer ses cama- rades sa première passion. (4) Ce que l’on nousinspire en sortant du berceau , En naissant ayec nous, nous suit jusqu'au tombeau. Bichat. 329 Quand il s’agit du choix d’un état, ce sont Le plus sou- vent des circonstances , des convenances particulières, des intérêts de famille qui le décident ; les parens se trouvent quelquefois alors dans la nécessité d’aplanir des difficultés, de combattre des dégoûts, des répu- gnances : en présentant à.un jeune homme les objets d’où elles naisssent , sous un aspect intéressant, on peut piquer sa curiosité, et fixer habilement ses regards, par dilférens motifs, sur un état, pour lequel il sembloit avoir de l’aversion. Par des soins bien dirigés, par des raisons surtout qui frappent son imagination prévenu, on vient à bout d’affermir une vocation jusqu'alors in- déterminée et irrésolue. Dans un art comme le nôtre , dont les dehors n’ont rien que de repoussant , dont les premières études éloi- gnent plutôt qu’elles n’attirent , il faut quelque chose de plus que la vocation ; il faut une initiation particu- lière presque dès l'enfance ; il faut que le novice ait souvent sous les yeux les objets qui doivent par la suite être le sujet de ses études ; il faut enfin qu'il soit fa- miliarisé de bonne heure avec tout ce qui conduit à la connoissance de la médecine. Bichat eut l'avantage de jouir , dans le sein même de sa famille, de cette espèce d'initiation. Né d’un père médecin, il a reçu de lui les premiers rudimens, les premières lecons de cet art; formé dès ses premières années au langage médical , accoûütumé à voir l'application des préceptes , avant de connoitre les préceptes eux-mêmes, il eut , comme lobserve judicieusement un de ses panégyristes (5) , (5Ÿ Le C. Buisson, p. 322 de son Précis histor. sur Bichat. 330 Biographie. « il eut tout l'avantage de cette éducation d'exemple , « qui dispose insensiblement à un genre déterminé de « travail ; éducation si puissante , qu’on a souvent lieu « de la regretter, quand on ne l’a pas reçue; éducation « que plusieurs ne dédaignent que parce qu'ils sont in- « capables d’en apprécier les heureux effets ». Ce fut à Lyon que Bichat se livra pour la première fois aux travaux de l'anatomie. Ce qui coûte le plus alors , ce qui éloigne plusieurs jeunes gens de ces tra— vaux , C’est la répugnance qu’inspire naturellement la dissection des cadavres ;et on a déjà beaucoup gagné, quand on a surmonté cette répugnance. Bichat n’eut pas même besoin de la vaincre : instruit par son père des premiers élémens de l'anatomie , il y prit goût dès son jeune âge, et lorsqu'il y eut fait quelques progrès, la nature lui parut aussi belle sous les tristes dehors qui la montrent aux médecins , que sous les couleurs si diversifiées qu’elle présente aux recherches du botaniste; oneùt dit que ces tristes réduits où l’anatomiste l’étudie, se transformoient pour Bichat en ces agréables séjours où le botaniste la cultive. A cette époque brilloit dans toute sa splendeur la réputation d’un des plus fameux chirurgiens du siècle dernier , de celui qui peut-être a formé le plus d'élèves en chirurgie , de celui dont les découvertes théoriques et pratiques ont le plus enrichi cette science; en un mot , du célèbre Desault. Son génie ardent et actif en- trainoit tous les esprits vers la chirurgie. Ses élèves, pleins du feu qui l’animoit , répandoient dans les dé- partethens sa doctrine. Bichat l’embrassa, sitôt qu’il la connut, et se livra tout entier, à Lyon, à l'exercice Bichat. 551) de la chirurgie : il eut pour guide et pour maître M, Petit, alors chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de cette ville, nom qui rappelle à la fois les vertus les plus modestes et les talens les plus distingués. Bichat tra- vailla avec tant d'ardeur, et fut si assidu à remplir ses devoirs , qu'il obtiut l'entière confiance de cet habile praticien , dont il devint le collaborateur et l'ami. Il étoit heureux et l’eût toujours été, si les fureurs révolutionnaires, qui agitèrent Lyon plus que toutes Les autres villes , et qui transformèrent bientôt cette cité en un tas de décombres , ne l’eussent obligé de la quitter : il avoit encore un autre motif pour s'éloigner , celui de se soustraire à une réquisition, qui détruisoit tous ses projets d'étude, On lui a fait à ce sujet un reproche qu'il ne méritoit pas : car tout le monde a su dans le temps ;, et 1l le répétoit à qui vouloit l'entendre , qu'il v’avoit cherché à échapper à la réquisition , que dans l'intention bien sincère de se rendre plus utile à sa patrie : en effet, son dessein étoit, après avoir suivi pendant quelque temps les hôpitaux , pour acquérir plus d’habileté en chirurgie, de postuler une place de chirurgien dans les armées. Bichat regardant la capitale comme l'asile le plus sûr qu'il pût choisir , vint à Paris en 1793, et s’y éta- blit sans aucune espèce de recommandation. Entre tous les hôpitaux qu'il visita , ce fut l'Hôtel-Dieu qu’il fréquenta de préférence , tant à cause de la célébrité du maître qui étoit à la tête de la chirurgie de cet hôpilal, que parce que c’est une école où les cas de pratique, qui se renouvellent sans cesse , meftent un éiève à même de cultiver également la théorie et l LA . ® 332 Biographie. la pratique de l’art. Ce n’est, en effet , que dans un | grand hôpital qu'il peut apprendre à connoître et à distinguer les différentes nuances de la vie , les hor- reurs même dela mort ; ce n’est que là qu’il pent, plus librement qu'ailleurs , chercher , dans les organes pri- vés de la vie, les causes de leurs maladies : ce n’est que là , qu’observateur attentif et exact , il s’habitue à lire dans les yeux, dans les traits du visage , dans les gestes , dans le maintien du malade , et à y découvrir certains signes caractéristiques , qu’il chercheroit en vain dans les livres , et sur lesquels cependant il est si important de ne pas se méprendre. En suivant l’Hôtel-Dieu avec la foule des élèves , et sans chercher à se faire remarquer, Bichat n’avoit d'autre but que de s’instruire et d'acquérir les talens nécessaires pour réussir dans l'exercice de l’art. Une circonstance heureuse le tira de la route obscure qu'il suivoit, et le placa, en peu detemps, dans une position brillante qu’il nespéroit pas. Voici quelle en fut loc casion (6): C’étoit un usage établi dans l’école de Desault, que certains élèves choisis se chargeassent de rédiger , en forme d'extrait, pour le lendemain, le sujet de la lecon de la veille: cet éxtrait, lu après la leçon du jour, avoit un double avantage, celui de rappeler une seconde fois aux élèves d'utiles préceptes , et celui de suppléer à l’inattention assez ordinaire du plus grand nom- bre dans une première leçon. Desault, un jour, (6) Voyez le précis historique sur Bichat, ïn-8.°, par Buisson, p. 322. à Bichat. 333 avoit disserté long-temps sur la fracture de la clavi- cule , et s’étoit efforcé de démontrer l'utilité du ban- dage qu’il avoit imaginé pour cette fracture. L'élève qui devoit recueillir les détails, se trouva absent ; Bi- chat s’offrit pour le remplacer , et fut accepté. L’extrait qu'il rédigea, et qu’il lut le jour suivant, en présence du chirurgien en second, comme c’étoit l'usage , excita la plus vive sensation : la précision et lanetteté de ses idées, l’exactitude scrupuleuse de son résumé, annon- çoient plutôt la dictée d’un professeur que la répétition d'un élève. Bichat, en se retirant , fut combié d’éloges et couvert des applaudissemens réitérés de ses ca- marades et du C. Manoury, qui présidoit à cette séance (7). Celui-ci n’eut rien de plus pressé que de faire part à Desault d’une anecdote si honorable pour Bichat. Juste appréciateur des talens , accoutumé à les encourager , à les cultiver partout où ils se rencon- troient, Desault fit venir Bichat , l’interrogea , et dès les premiers entretiens qu’il eut avec lui, il le jugea. Il ya, entre certains hommes, une sympathie de cœur.et d'esprit qui est telle, qu’elle n'en demeure pas à l’es- time, qu’elle va jusqu’à la bienveillance , d’où elle arrive ensuite à l'attachement, qu’elle persuade récipro- quement , et qui établit entre deux individus , dès la (7) La mort a aussi moissonné cet habile homme au com- mencement de sa carrière , dont il avoit illustré les premiers pas : il périt au moment où il venoit d’être nommé suppléant de Desault, dans la place de professeur adjoint de clinique externe à l’école de médecine de Paris. Voyez la notice sur sa vie, 4.e vol. du Journal de Desault, p. 228 , et p. 33 du tom. I de ses œuvres chirurgicales, publiées par Bichat. . . . 334 Biographie. première fois qu'ils se voient , une union que Le temps ne fait que fortifier et accroître. Cette espèce de sym- pathie a été la source du bonheur dont a joui Bichat tant qu'il a vécu avec Desault , qui le fixa près de lui, l'adopta comme son fils, et l’associa à ses travaux. Telle a été la première origine de la réputation de Bi- chat, origine également honorable pour le maître et pour le disciple, puisqu'elle prouvoit le mérite distin- gué de l’un et le discernement judicieux de l’autre. Un jeune homme, vivant avec un des premiers chi- rurgiens de l’Europe , placé avantageusement pour en recueillir tous les jours les leçons, pour en recevoir des conseils utiles, devoit naturellement voir en pers- pective dans l'avenir une fortune assurée, s'il avoit le bon esprit de connoître tout l'avantage de sa position, et s’il savoit la mettre à profit. Bichat en sentit tout le prix ; il fit plus , il sut l’employer utilement à son avancement. J'ai dit qu'il partagea les travaux de Desault : en effet, outre son service ordinaire de ch1- rurgien externe à l’Hôtel-Dieu , outre la rédaction de beaucoup d'observations cliniques, il accompagnoit toujours son maitre, toutes les fois qu'il faisoit des opérations au dehors ; il visitoit une partie de ses ma- lades ; 1] l'aidoit encore dans ses recherches sur divers points de la chirurgie : enfin, la confiance de Desault dans Bichat étoit si grande , qu'il le chargeoit souvent de répendre par écrit aux consultations en grand nom bre qu’on lui envoyoit des départemens. Desault, vers les derniers temps de sa vie, avoit entrepris un cours fort étendu sur les maladies des os ; matière alors encore neuve, et qui , traitée depuis peu Bichat. 335 avec le mérite dû à son importance, par un habile maître, par un de nos collègues ( 8), remplit au- jourd’hui les vœux de nosélèves. Bichat étoit chargé par Desault de présenter , avant chaque lecon , sur le point qui en devoit faire le sujêt, l'exposition métho- dique de la doctrine des différens auteurs, depuis Hip- pocrate jusqu’à nos jours. Il s’'acquitta de ce nouveau travail avec son exattitude et ses talens ordinaires. Des travaux si multipliés pourroient ne paroitre à quelques personnes qu’un enchaînement successif de fatigues et de peines; on écartera une pareille idée, si l’on réfléchit que l’exercice continuel de nos fa- cultés donne à notre esprit un sentiment de vigueur qui ne se fût pas développé, s’il n’eût pas été excité. Qu'il est donc heureux celui qui connoit Je prix du temps! Ce temps, qui marche pour tous d’un pas égal, ce temps présent qui est gros de l'avenir, comme disoit Léibnitz, n’est court que pour ceux qui n'ont pas l'art d'en faire un utile emploi; le travail et le génie le font durer en le remplissant, et en laissent encore pour l’amusement à l’homme le plus laborieux, à ce petit nombre d'êtres , dont l'ame active, comme celle de Bichat, conserve, acquiert même de l'énergie , au milieu des occupa- tions nombreuses qui les pressent de toute part, sans jamais les surcharger, Aussi le plaisir est-il pour (8) Ce maitre s’est enfin montré, et la rédaction des le- çons du C. Boyer, sur les maladies des os, que vient de publier le C. Richerand , 2 vol. in-8.° , remplit les espérances du public, et un vide qui restoit dans l’art. 330 Biographie. ceux-ci, comme l’a très-bien dit un philosophe mo- derne ( Condorcet ), un éclair qui les frappe d’une étincelle vive et brillante, tandis que, pour les êtres désœuvrés, c'est un jour obscur, dans lequel ils se fatiguent en vain à chercher une lueur qui fuit tou- jours loin d’eux, à mesure qu'ils s’en approchent. Un des grands avantages que retira Bichat de sa liaison avec Desault , fut celui de se mettre à même de prendré par la suite cet essor que donne une grande émulation et la noble ambition d'atteindre dans une. science au plus haut degré de savoir et d'expérience. Si Bichat, par son application continuelle , par ses études constantes et sans cesse renouvelées, n’eût pas acquis un fonds de connoissances , suffisant pour se procurer les moyens de se soutenir par lui-même , combien sa position eût été désastreuse , lorsqu'une mort inopinée et presque subite lui enleva (en 1795) son maître et son bienfaiteur ? Mais cette mort n'ap- porta aucun changement à ses fonctions et à ses tra- vaux ; il n'en fut que plus ardent et plus actif à parcourir la carrière, dans laquelle il étoit lancé. Après avoir payé à Desault le tribut de larmes qu'il lui devoit, autant par .reconnoissance que par! amitiés après avoir rendu à sa mémoire un hommage digne de lui (9), le premier soin dont s’occupa Bi- chat, fut celui de se livrer, comme lui, à l'ensei- gnement. Il avoit appris, par son exemple, que la meilleure manière de s’instruire est celle d'enseigner, et que (o) Voy. le 4.2 vol. du Journal de Chirurgie que Bichat a terminé et a publié. ce Bichat. 397 ce moyen est un de ceux qui conduit à la célé- brité dans notre art. En effet, l’enseignement est un lien qui attache célui qui apprend à celui qui s’ins- truit, un point d'appui commun qui soutient l’atten- tion de l’un et la mémoire de l’autre : Bichat en a fixé lui-même les principes généraux, avec leur application particulière à chaque partie de la science. Il a dit que la méthode trop minutieuse, remplie de divisions et de subdivisions à l'infini, ressemble À ces tableaux où l’on ne distingue rien, à force d'y trop voir. Il savoit que trois qualités surtout rendent utile la méthode d’enseigner : la science du maitre, la clarté avec laquelle il s'explique, et l'affection qu’il a pour ses élèves. Aucune de ces trois qualités wa manqué à Bichat : son savoir étoit universelle- ment reconnu; ses lecons étoient claires et toujours à la portée des élèves; son affection pour eux étoit sans bornes; elle présentoit l'image du commerce réciproque de l’amitié instruite et de l'amitié qui cherche à s'instruire. Il développoit dans l’ime de ses élèves l'enthousiasme de la science , et, suivant l'expression d'un des orateurs qui ont célébré sa mé- moire (10), les froids débris de l’homme mort sem- bloient $’animer sous ses mains; pour révéler à ses auditeurs les secrets de la nature. À ces qualités, bien précieuses dans un profes- seur, il en joignoit une autre qui n’est pas sans mérite , parce qu'elle facilite beaucoup le succès de l’enseignement. Il avoit une voix pleine, égale; ses (10) Voyez le discours déjà c'té du professeur Hallé. Tome FI, ps 338 Biographie. sons , distinctement articulés, ne prêtoient à aucune équivoque ; moyen sûr et efficace pour fixer l’at- tention. Fontenelle nous apprend que le célèbre ana- tomiste Duverney ne dut sa première réputation, dans l’enseignement de l'anatomie, qu'à sa voix, qu’à son geste, qu'au feu de ses expressions pitto- resques , à l'élégance de ses tours oratoires , à l'énergie enfin de sa prononciation, : Bichat, en enseignant, savoit aussi tenir un juste milieu entre le doute et la certitude dans les matières , priscipalement physiologiques, sur différens points desquelles il n'y a pas de données certaines et posi- tives. Il n’avoit pas la manie de vouloir tout expli- quer : douter avec Descartes , hésiter avec Stahl, ne rien assurer avec Boerhave, telle étoit sa règle. Mais aussi quand une fois il avoit acquis, par ses méditations ou par ses expériences, la vérité d'une proposition qui jusqu'alors avoit été regardée comme hypothétique, il la soutenoit avec feu et persevé- rance ; il la présentoit en outre avec tant de clarté et de méthode, il savoit si bien la faire valoir , qu'il portoit la conviction dans les esprits les plus disposés à l’incrédulité. L'ardeur avec laquelle Bichat se livra à l’enser- gnement , ardeur qu’il poussa trop loin , lui devint funeste ; car, dès la première année de ses cours, une hémopthisie considérable ; qui mit sa vie en dan- ser , l'obligea de les interrompre, et le retint au lit pendant assez long-temps ; mais à peine sa santé fut- elle rétablie, qu'il oublia le péril qu'il avoit couru, et qu'il ne craignit pas d’en courir de plus grands, Bichat. 339 en se livrant de nouveau , et avec encore plus d’ac- tivité, aux, cours d'anatomie et aux dissections, en multipliant les expériences sur les animaux vivans, daus la vue, 1.° de: véritier celles déjà connues ; 2.0 de déterminer exactement le point d’où il falloit partir pour en faire de nouvelles. Quoiqu'il eût dans les CC. Hai et Roziere de zélés coopérateurs, en état de partager ses travaux , de faire des démons- trations paticulières et de préparer ses lecons ; il lui arrivoit souvent de faire lui-même ces démonstrations et ces préparations. Les cours anatomiques et physiologiques prenoient presque ‘tout son temps ; cependant il se hasarda à faire encore un autre cours , celui d'opérations. C’é- toit un coup d'essai qu'il tentoit, et par lequel il voulut prouver, contre l’opinion commune, qu’un jeune homme pouvoit apporter, dans un cours d’opé- rations , toute l'exactitude et tous les développemens qu'il exige. Sa tentative fut plus heureuse qu'il ne l'avoit espéré : environ 80 élèves, qui suivirent ses leçons , admirèrent la clarté de ses descriptions, son attention scrupuleuse dans les détails opératoires, jointe à la solidité des principes théoriques qu’il éta- blissoit ; il n’eut de si grands succès, que parce qu’il étoit en état d'exécuter au lit des malades tout ce qu'il enseignoit. Depuis long-temps, et presque aussitôt après la publication de ses dissertations sur la chirurgie , dont nousparlerons bientôt, Bichat avoit quitté la pratique de cette science , pour se livrer à celle de la médecine. La fondation d’une école clinique à l'hôpital de la Cha- Y 2 340 Biographie. rité, par le C. Corvisart, ne contribua pas peu à ce changement d’occupations. Alors étoient disparues ces vaines suppositions médicales, dont l'ignorance et l'habitude avoient si long-temps prolongé la durée : alors la partie élémentaire de la médecine avoit changé de face, en se dépouillant des richesses imaginaires, qui ne faisoient que la surcharger, sans la rendre plus utile. En effet, à mesure que les sciences font des progrès dans la connoissance des faits , les anciennes hypothèses se dissipent:, parce qu’elles n'é- toient fondées que sur des erreurs et des illusions. On n’ose plus proposer des explications qu'un nouveau fait va rendre vaines; et aujourd'hui tous les vrais savans. se livrent uniquement à la recherche des phé- nomènes et des lois dé la nature, laissant à un peut nombre d’esprits orgueilleux , qui dédaignent l’obser- vation lente et pénible , le plaisir de forger dans leurs cabinets des systèmes érronés, et de renfermer lim mense nature dans les limites étroites de leur génie, Bichat, persuadé que l'exercice de la médecine au dehors ne lui fourniroit que peu d’occasions d’ob- server ; les chercha sur in grand théâtre , où il étoit sûr de les trouver ; il sollicita donc, où plutôt on sollicita pour lui (car sa délicatesse à cet égard étoit telle ;qu’il eût craint, en demandant une place, qu'on ne l’accusät de vouloir s'élever à un poste au-dessus de ses forces ) ; on sollicita donc pour lui une place de médecin au grand hospice d'Humarnité , et elle lui lut «accordée. Si les fonctions de l’homme de l’art sont toujours belles , elles le sont encore plus, lorsqu'il les exerce Bichat. 341 dans l'asile du pauvre : là, point de protecteur, point d’aliment à la cupidité; la Renommée w'approche guères de ces retraites de l’indigence; tout sy tait, hormis les sanglots de la douleur, Les victimes de la misère, celles de la maladie et de la mort, en- tassées, confondues, offrent ici à l'ame sensible un tableau déchirant, dont la générosité, la vraie bien- faisance, la tendre pitié peuvent seules adoucir les nuances. Disons-le à la louange des ministres de santé de l'Hôtel-Dieu et des autres hôpitaux , il est 1m- possible de se livret avec plus de zèle, de courage et de désintéressement, aux devoirs augustes qu'ils remplissent ; il est peu de citoyens qui, comme eux, puissent dire aussi souvent à la fin de leur journée : J'ai fait tous mes efforts pour défendre la pau- vreté contre le besoin et la douleur ; le repos que je vais goûter sera doux et paisible , puisque j'ai répandu le calme et La consolation dans le sein des malleureux. R Parmi les moyens propres à combattre les mala- dies, celui que Bichat regardoit. comme le plus sûr, étoit de les étudier au lit même des malades, et non dans les livres: Malheur, disoit-l, au médecin qui ne conrnott les maladies que sous les couleurs souvent mensongéres que leur prétent les au- teurs ! On ne peut mieux, en effet, comparer leurs livres qu'à des verres placés entre nous et la naiure, qui grossissent ou diminuent les objets, suivant la manière de voir de l’auteur, qui embellissent sou— vent le faux à l’aide de l'illusion du vrai, et qui nous conduisent quelquefois au mal par la route du Y 3 342 . Biographie. bien. Il n’y a donc que l'habitude de voir, et de bien voir (car, comme l'a dit Condillac, on peut voir beaucoup et ne rien apprendre; ajoutons qu’on peut de même voir beaucoup de malades ct point de maladies ) ; il n'y a, dis-je, que l'habitude de bien voir, sans le secours des livres , qui donne au médecin le droit de prononcer avec assurance et sans erreur. Or, c'est ainsi que voyoit Bichat; et afin de trouver des occasions plus fréquentes de méditer, il ambitionnoit comme une faveur l’occasion de'‘rem- placer ses confrères, lorsque la maladie ou quelque autre cause légitime les empêchoit de remplir leurs fonctions. Il nous apprend, dans le discours prélimi- naire de son Anatomie descriptive (page xxx1), qu'il a interrogé la nature, plus sur le cadavre que dans les livres, plus dans les organes des animaux vivans , que dans les livres physiologiques, et la médecine, plus au lit des malades que dans les livres des mé- decins. C’est dans le même sens que $#z0/7 disoit à ses disciples : Ce n'est plus dans les écrits des Aommes , c'est au sein même dela nature qu'il vous faut prendre des leçons. c Après avoir consacré presque tout le jour à Pen- seisnement ; lorsque le soir Bichat rentroit chez lui excédé de fatigue de corps et d'esprit, au lieu de prendre un repos qui lui étoit nécessaire , il passoit une partie de la nuit à composer ces ouvrages précieux qui immortaliseront sa mémoire , et dont nous allons rendre compte dans la seconde partie de cet éloge, Bichat. 34 3 D'EdvrXTIÈME PARTIE. En 1791, Desault commença à publier un Jour- nal de Chirurgie, à la tête duquel il mit cette épi- graphe pleine d'énergie , et que tout homme de l'art devroit avoir toujours présente à l'esprit : oc- cidit , qui non servat (11). Ce journal, le fruit de l'étude et de l'expérience , fut interrompu par des circonstances particulières ; Desault alloit le reprendre , lorsque la mort l'enleva. Les maté- riaux, qu'il avoit laissés , furent confiés à Bichat, qui les rassembla, y mit la dernière main, et en forma un 4. volume, qui a paru en 1792. C'est dans ce vo- lume que Bichat a placé une notice historique sur la vie de Desault, mort à l’âge de 51 ans , aimé, dit Bichat, de tous ceux-qui l’ont connu, peu regretté de ceux qu'il éclipsa , mais admiré de tout le monde. Depuis lons-temps , Desault avoit le projet de réunir dans un cadre régulier et méthodique toutes les dé- couvertes dont il avoit enrichi la chirurgie : il avoit aussi l'intention de refondre son journal, d'en re- trancher tous les faits isolés , et de ne conserver que ceux dont l’ensemble pouvoit fournir des indications vénérales , et concourir avec d’autres à former un code de doctrine chirurgicale. Ses grandes occupa- tions ne lui permettant pas de remplir seul cette, tâche, il s’étoit associé Bichat, qui y travaïloit sous ses yeux. À sa’ mort, tous les matériaux étoient déjà recueillis , et en partie classés, en sorte que (11) Qui ne préserve pas de la mort, quand il le peut, devient homicide, e Y 4 344 Biographie. Bichat n'eût qu'à suivre le plan 1e lui avoit tracé Desault ; plan qu'il a exécuté par la publication de deux volumes in-8.°, sous le titre d'Œuvres chirur- gicales de Desault, ou tableau de sa doctrine et de sa pratique, dans le traïtément des ma- ladies externes. Un bel éloge, placé à la tête de cette collection, sous le titre modeste Z’Essai sur Desault, plus ample que celui dont il a été question ci-dessus , peint avec autant d'énergie que de vérité ses immenses travaux, et on y trouve différens traits intéressans de sa vie privée. Les maladies des voies urinaires offrent un des exemples les plus remarquables des rapides progrès qui, depuis un demi-siècle ont illustré la chirur- gie française. Rarement observées par les anciens , ces maladies ont à peine fixé leur attention , et ce n’est réellement que depuis l'introduction du mal vénérien en Europe , qu’elles ont été bien décrites ; encore l’empirisme et le charlatanisme s’en sont-ils d'abord emparé ; et vers le milieu du dernier siècle, leur traitement fut abandonné à la médecine épleés tique , alors dominante ; Daran crut, en variant la composition de ses bougies, accommoder leurs vertus à chaque cas de pratique. Il eut quelques succès qui furent l'effet, non comme il le prétendoit , des médicamens emplastiques dont étoient composées ses bougies, mais de la compression qu’elles exer- çoient sur l’urètre. L'invention des sondes de gomme élastique a été plus utile : plus souples que les bougies , quoique agissant de la même manière , elles ont produit et Bichat. 345 produisent encore d'heureux eflets dans le traite- ment des maladies des voies urinaires. Desault, qui sentit tout le prix de ce moyen, imaginé par un artiste industrieux ( M. Bernard ) , en sut tirer un parti avantageux ; son journal de chirurgie contient les préceptes qu'il a donnés sur cette matière * Bichat les a rédigés dans un ordre méthodique, y a ajouté un grand nombre de faits qui lui sont particuliers , avec plusieurs vues nouvelles sur les nombreuses causes des rétentions d'urine ; le tout forme un volume in-8.° qu'il a publié en 1799, et qu'il termine par ces mots : « nne main moins no- « vice que la mienne auroit sans doute mieux des- « siné les traits du tableau que je présente ; mais « personne ne s’armant du pinceau, je l'ai saisi en « me disant : La reconnoissance fut le motif , l'in dulgence sera l'appui de mon travail (12) ». Un goût commun pour l'étude de leur art , le dé- sir de s'instruire mutuellement, ont réuni , en l’an IV, plusieurs élèves de l’école de médecine de Paris, sous le titre de Société médicale d’'émulation ; ils se sont communiqués le fruit de leurs recherches ; ils ont tra- vaillé de concert à rendre plus sensible, par la dis- R cussion , ce que les leçons des professeurs pouvoient présenter de difficultueux , et à répéter les expé- (12) Une nouvelle édition de cet ouvrage, corrigée et augmentée d’un supplément , avec fgures, par P. Roux, vient de paroître ; elle contient plusieurs mémoires nouveaux sur la médgeline. In-8.0, chez Méquignon lainé. 346 Biographie. riences tentées par les physiologistes les plus habiles. Dire que Bichat fut un des premiers inscrits sur la liste de cette Société , c’est annoncer qu'elle savoit faire de bons choix ; mais il faut ajouter qu’elle eut peu de membres plus zélés, que c’est à lui en partie (13) qu'elle doit la rédaction de ses réglemens , et qu'il a beaucoup contribué à faire naître cette vive impul- sion des esprits qui a produit de si heureux fruits, et à laquelle est due la publication de quatre vo- lumes de mémoires intéressans sur les différentes branches de l'art de guérir (14). La Société médicale d’émulation peut, se fé- liciter d'avoir été la première dépositaire des tra- vaux de Bichat, de ceux qui ont été le plus re- cherchés, à cause #4 développemens qu'il leur à donnés par ia suite. On trouve en effet dans le se- cond volume des actes de cette Société, les premières vues de Bichat sur les membranes, sur leurs rapports généraux d'organisation, sur la membrane synoviale des articulations ; un mémoire sur les organes à forme symétrique et sur ceux à forme irrégulière; la descrip- tion d’un nouveau trépan, dont les-avantages sur l’an- cien paroïssent tenir à la facilité d'élever ou d’abaisser à volonté la couronne, au moyen d’une vis, etc. Deux autres mémoires , le 1.7 sur la fracture de l’extré- (3) Je dis en partie : car on sait que le C. Alibert est un des principaux fondateurs de cette Société, dont il a publié les quatre premiers volumes , étant alors secrétaire général. (14) Un cinquième volume ; qui est sous presse, va bientôt paroître. Bichat. 347 mité scapulaire de la clavicule, et le 2.° sur un nouveau procédé pour la ligature des polypes , prou- vent que , quelque respect que Bichat eût pour les in- ventions de son maïtre , il ne se laissa pas entraîner par cet axiome des écoles : jurare in verba ma- gistri, puisque dans le 1.7 de ces mémoires il dé- montre l’inutilité du bandage compliqué inventé par Desault, et que dans le second il proscrit , comme quelquefois nuisible au succès de l'opération , le porte -nœuds pour la ligature des polypes. La composition des ouvrages anatomiques et physiologiques , qui a été le principal fondement de sa réputation, a occupé , plus que tout le reste ; la vie de Bichat. L'anatomie a été le fil conducteur .de ses recherches physiologiques , parce qu'il croyoit, ‘avec raison, que pour marcher avec sûreté dans l’é- tude des fonctions des organes, il faut commencer par avoir une connoissance exacte de leur structure. Aussi, dans son traité des, membranes , qu'il publia en 1600, et qu'il dédia à son meilleur ami, à son père , s'est-il surtout attaché à bien décrire leur orga- misation. On lui doit la découverte des membranes synoviales, dont aucun anatomiste ne s’étoit encore spécialement oceupé , et dont on ignoroit la struc- ture et les propriétés; il a décrit avec soin les au- tres membranes, et Les a classées dans un ordre jusques alors inconnu. Il convient que la première idée de ceite classification lui a été fouruie par les réflexions que le professeur Pinel a insérées dans sa Noso- graphie philosophique, où il dit que la structure 348 | Biographie. des parties membraneuses n’est pas identique : Bi- chat , en confirmant les vues et l'observation de Pinel , y ajouta la distinction des membranes fibreuses ; les faits multipliés qu'il découvrit lui-même , ceux qu'il trouva dans les auteurs et qu'il se rendit pro- pres par la manière dont il sut les employer; les nombreuses ouvertures de cadavres qu'il fit ; l’ob- servation attentive des phénomènes, à laquelle il se livra , ont jeté , dans son traité des membranes, le RAR Es germe de toutes les vérités, qu il a dévelop- pées dans ses autres productions. Cet ouvrage, dès qu'il fut répandu, fixa sur notre confrère les yeux de tous les savans; il fut com- paré au traité des glandes et du tissu muqueux par Bordeu ; dans un rapport verbal fait à la classe des sciences physiques de l’Institut, le professeur Hallé rangea le traité des membranes dans la classe des onvrages qui pouvoient mériter les honneurs de la proclamation , à la fête du 1.7 vendémiaire. Ajou- tons que, parmi les heureux résultats qu’obtint Bi- chat de sa manière vraiment neuve d'envisager les objets, nul peut-être ne parut plus brillant , que la découverte de la membrane arachnoïde et de son développement à la face interne de la dure mère, et dans l’intérieur des ventricules du cerveau; cepen- dant, pour ne rien avancer au delà des limites tra- cées par les faits, après avoir montré dans son ana- tomie descriptive ( tome 111, page 56) le trajet de Varachnoïde tel qu’il le concevoit ; après avoir donné les raisons de son opinion , Bichat convient qu'il SR RS Te pe Bichat. À 349 admet l’arachnoïde intérieure, plutôt par la nature de l’exhalation des ventricules , que par une dissec- tion rigoureuse, à raison de l’extrême ténuité de cette membrane, qui empêche de la soulever (15). Les querelles littéraires ont souvent un effet tout à fait contraire à celui qu’en attendent ceux qui les suscitent, surtout lorsqu'elles s’écartent des bornes de la modérätion et de la décence ; quand la vérité seule est l'ame de la critique, elle seule aussi con- duit la plume de l’auteur, et donne de la valeur à ses expressions. Après la publication du traité des membranes , il en parut une critique peu mesurée, publiée par un jeune homme, l’émule de Bichat, son compatriote , son compagnon d'étude , et qui , comme lui, a dorné de preuves de son savoir et de ses connoissances eh médecine et en physiologie. Il y a , il faut en convenir, dans cette critique , des points sur lesquels les remarques de l’autéur sont très-judicieuses , et Bichat lui-même en avoit si bien reconnu la justesse, qu’il en a fait, par la suite, usage dans son anatomie générale. Quel est au sur- plus l'ouvrage, surtout lorsqu'il embrasse |; comme celui de Bichat, un sujet rempli de beaucoup de détails , dont l’auteur voulüt garantir toutes les asser- . tions ? Il y a des sujets qu'il est obligé de traiter suivant les idées reçues, quoique souvent elles soient (15) M: Lannec a décrit un moyen très-facile, que le hasard lui a fait trouver, de démontrer l'existence de cette mem- brane , qui tapisse les ventricules du cerveau. Voy. Journal de Médecine des CC. Corvisart, Leroux et Boyer. Frimaire, an xr, p. 254. 350 Biographie. opposées à sa mañière de voir: il n'y à point d'ou- vrage, sur quelque sujet qu'il soit , a dit le judicieux Ja Bruyère , qu'on ne vint à bout de fondre tout en- tier, si on s’en rapportoit à tous les censeurs, et qu'on permit à chacun d'en retrancher ce qui lui déplaïit. Bichat préféra sagement de ne pas entrer en lice avec son adversaire. Persuadé que le public ; qui s'amuse des disputes littéraires , hait les disputeurs , il ne témoïgna ni ressentiment , ni mépris ; et sa seule réponse fut celle-ci (16): « Je mai point es- « sayé à dissiper des doutes mis, en avant sur quel- «ques faits anatomiques que j'ai publiés dans mon « Traité des membranes : je renvoie à l'inspection « cadaverique ceux à qui on a fait naître ces dou- «tes. Quant à ceux qui les ont fait naître , cette «inspection leur est inutile : ils ne peuvent avoir « oublié que j'ai disséqué avec eux, et que je leur «ai montré ce qu'ils me reprochent de croire que «j'ai trouvé ; et de w’établir que sur des conjec- « tures ». . Bichat profitoit surtout du loisir que lui lais- soit la fin de ses exercices anatomiques, pour se livrer aux recherches physiologiques. L'art d’allier a méthode expérimentale de Æaller et de Spai- lanzani avec les vues grandes et philosophiques de Bordeu , lui paroissant devoir être celui de tout es- prit judicieux , il prit pour guides les ouvrages de G6) Rechcrches physiologiques sur la vie et la mor, pag. 3. Ces recherches ont été publiées in-8.0, en 1850, s Bichat. 351 ces savans , et ne s’en écarta que lorsque, se livrant de lui-même à un essor que justifioient ses expé- riences , faites en présence d’un grand concours d'élèves, et vérifiées par des professeurs habiles, les CC. AÆHallé et Duméril, 11 vint à bout de se frayer une route nouvelle dans la physiologie. C’est alors qu'il publia ses recherches physiologi- ques sur la vie et la mort, dédiées au professeur Hallé. Il a renouvelé dans cet ouvrage , avec beau coup d'extension, quelques divisions qu'il avoit déjà énoncées dans son Traité des membranes. « Je jes « ai reproduites, dit-il, comme étant de moi, quoi- « qu'on les ait attribuées à Buffon, à Bordeu et à « Grimaud. Ces auteurs sont si connus , ajoute-t-il, « que J'ai cru inutile de relever l’inexactitude de ces « citations critiques ». Bichat définit la vie, l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort , et il en fait deux espèces , l’une animale et Vautre organique (17); il établit tout son système physiologique sur cette juste distinc— tion , qu'il déduit spécialement de la forme exté— rieure des organes ; dès lors furent fixées irrévoca- blement toutes les’ idées sur la nature des phéno- mènes de l’homme vivant : ce fut un trait de lu- mière qui frappa tous les hommes justes et sans préventiou. T’ouvrage de Bichat est divisé en deux parties tout à fait différentes : la première contient (17) Sur cette division de vie organique et vie animale ,"roy. la note, p. 131 du 1.er vol. de l'ouvrage du C. Moreau, qui a pour titre : Histoire naturelle de la Femme, etc. ,jin-8.° 352 Biographie. uniquement l'exposition générale de ses vues phy- siologiques : la seconde est le résultat d’une suite d'expériences sur la liaison mutuelle des trois or- ganes principaux de la vie, le cerveau, le cœur, et le poumon, Ce sont réellement deux ouvrages distincts , dont le premier sert à l'intelligence du second , mais ne lui est pas absolument nécessaire ; en sorte que le jugement que l’on porte sur l’un peut ètre entièrement indépendant de celui qu'on porte sur l'autre ; la théorie de Bichat sur le som- meil , ses considérations sur ce qu'on a nommé centre épigastrique ; sa distinction de deux sys- tèmes nerveux, celui du cerveau et celui des gan- glions , distinction que d’autres ont voulu s’attribuer à une époque où l'ouvrage de Bichat étoit déjà depuis longtemps entre les mains de tout le monde, son tableau des propriétés vitales, ses abservations sur le mode progressif de la mort naturelle ; tout, dans cette première partie, porte .le caractère le plus proprè à prouver la solidité de sa doctrine. Dans la seconde partie , les recherches sur la mort, Bichat marche toujours à l’aide du flambeau de l'expérience. Plus heureux que Goodwim, il a découvert et démontré le mode réel dé connexion entre la respiration et la vie : il a prouvé, par nom- bre de faits, plus décisifs les uns que les autres, que le sang noir peut, aussi-bien que Le sang rouge, en abordant dans les cavités gauches du cœur, ex- citer des contractions dans ce viscère ; qu'au con- traire, le sang rouge peut seul porter , dans le tissu des organes , l’excitation nécessaire pour y entretenir la Bichat. 353 la vie; qu’en conséquence, si le défaut de respira- tion occasionne la mort , ce n’est pas parce que le cœur cesse d'agir sur le sang , mais parce que le sang , toujours poussé avec la même force par le cœur , ne peut plus, vu son défaut de coloration, exciter les organes où il arrive. Il faut voir dans l'ouvrage de Bichat, les preuves invincibles, sur les- quelles il établit cette vérité physiologique. C'est aussi dans cet ouvrage qu'il a placé ses expériences et ses observations sur le galvanisme (18). C’est là qu'il nous apprend qu'il a essayé en vain de déterminer , par l'action galvanique, des contractions du cœur, sur les animaux à sang rouge, tant froid que chaud. D’autres physiciens, et particulièrement Vassali-Eandi , et le C. Moreau ont répété, après Bichat , ces expériences , et ont été plus heureux. Le C. Nysten, ancien élève de l’école, a publié (19) celles qu'il a faites, et qui prouvent qu’on peut ob- ténir des contractions du cœur sur les animaux, et que ce viscère est même celui qui conserve le plus long-temps cette propriété. Dans ce même ouvrage, Bichat refuse entière- ment aux artères la propriété qu'il appelle coztrac- cilité organique sensible, dans tous les organes où elle est indépendante de l’action cérébrale ; son opi- (18) Voy. l’extrait de ces expériences, tom. II de l'His= toire du Galvanisme, que j'ai publiée en lan x, 1802, p. 216 et suiv. (19) Voyez sa dissertation intitulée : Nouvelles expériences galvaniques , etc., soutenue à l’école de médecine, le 16 fri- maire an xr. | : Tome VI. Z 304 Biographie. nion est appuyée d’une multitude de faits qu'il a rap portés dans son anatomie générale (2.° partie , p. 313 et suiv.}). IL est bon de remarquer ici qu'il ne faut pas confondre avec la contractilité organique sen- sible, le mode de contractilité de tissu , et le rac- courcissement, propriétés entièrement indépendantes de la vie. Il est encore bon d'observer que les résultats de 7’assali - Eandi, de Giuglio et de Rossi, se trouvent en opposition avec l'opinion de Bichat. Bichat entreprit et exécuta, dans l’espace d’une année, son Traité d'anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine ; travail nouveau, sous le triple rapport, du plan adopté, de la plu- part des faits qu'il renferme , et des principes solides qui en constituent la doctrine. À l'égard de celle-ci , nous dirons seulement qu’elle ne porte l’em- preinte d'aucune autre : opposée à celle de Boer= have, elle diffère en outre de celle de SzAal, et de celles des auteurs qui, comme lui, ont tout rap- porté, dans l’économie vivante, à un principe uni- que, principe abstrait et purement imaginaire , quel que soit le nom qu’on lui donne, quelle que soit l’idée qu'on s’en forme , quelles que soient les raisons qu’on emploie pour le soutenir. Analyser avec précision les propriétés des corps vivans; montrer que tout phénomène physiologique se rapporte, en dernière analyse , à ces propriétés con- sidérées dans leur état naturel ; que tout phénomène pathologique dérive de leur augmentation, de leur di- minution et de Jeur altération; que tout phénomène Bichat. 355 théräpeutique à pour principe leur retour au type naturel, dont elles s’étoient écartées ; fixer avec pré- cision les cas où chacune est mise en jeu ; bien dis- tinguer en physiologie, comme en médecine, ce qui provient de l’une d'avec ce qui émane des autres; déterminer par conséquent d’une manière rigou- reuse ceux des phénomènes naturels et morbiliques auxquels président les propriétés animales, et ceux qui produisent les propriétés organiques ; indiquer les cas où sont excitées la sensibilité animale et la contractilité de même espèce, ainsi que la sensibi- lité organique, et les contractilités sensibles ou in- sensibles qui lui correspondent ; voilà en quoi con- siste la doctrine générale répandue dans l'ouvrage de Bichat. En le parcourant, on se convaincra fa- cilement que l’on ne peut bien préciser l'influence immense des propriétés vitales dans la science phy- siologique , avant d’avoir envisagé ces propriétés sous le point de vue présenté par Bichat. La première partie de son Anatomie générale con- tient des récherches sur les systèmes communs à la structure de tous les appareils , sur les systèmes pri— mitifs qui forment, pour ainsi dire, le parenchyme nutritif, la base de tous les organes, puisqu'il n’en est presque aucun où les artères, les veines, les vaisseaux exhalans et absorbans, les nerfs et le tissu cellulaire n’entrent pour sujet plus ou moins essen- tiel. La seconde partie de l’Anatomie générale a pour objet les systèmes, qui ne sont pas aussi généralement - répandus dans l’économie animale, et qui n'appar- Z 2 96 _ Biographie. tiennent qu'à quelques appareils particuliers ; ainsi les systèmes osseux, musculeux animal , cartilagi- neux, fibreux, sont spécialement destinés aux appa- reils de la /ocomotion ; ainsi les systèmes séreux , muqueux, musculaire , organique, etc. , entrent sur- tout dans les appareils digestifs, respiratoires, cir= culatoires; ainsi le système glanduleux forme l'appareil des secrétions ; ainsi enfin le système cutané entre principalement dans l'appareil ‘sensitif, externe, etc. Une remarque bien essentielle à faire au sujet de ces différens systèmes , c’est que la nature, en les distribuant dans les divers appareils , ne s’astreint à aucun ordre méthodique, qu’elle n'a pas égard aux grandes différences qu’elle a établies entre les fonctions : chacun de ces systèmes peut appartenir en même temps à des appareils de fonctions qui n’ont aucune analogie ; en sorte que le fibro-cartilagineux, qui se trouve surtout dans-les organes locomoteurs, dans la vie animale par conséquent, entre aussi dans l'appareil respiraloire par la trachée-artère; en sorte que le système muqueux, presque partout destiné aux organes de la vie interne, appartient aussi à la vie externe dans la conjonctive, dans les fosses na- sales, à la génération dans les vésicules séminales , dans la prostate , etc. ; en sorte que le système glan- duleux verse tour à tour des fluidès sur les organes des deux vies, comme sur ceux de la génération; en sorte que les surfaces séreuses se déploient sur des parties que leurs fonctions ne rapprochent nul- lement, sur le cerveau et l’estomac, par exemple, sur les cartilagesarticulaires et sur les poumons, etc, En Bichat. _ 357 lisant l’Anatomie générale de Bichat, on y rencontre presque à chaque page de grandes vues, des applica- tions utiles , des points de pratique discutés avec beaucoup de justesse; enfin des aperçus que, dans la suite , l’auteur eût sans doute convertis en vérités fon- damentales. . Toutes les sciences physiques ont un but commun, auquel elles doivent tendre , la connoissance de la nature ; mais toutes, pour atteindre ce but, n’exigent pas qu’on suive la même route. Les unes, basées sur l'observation , ne se composent et ne s’agrandissent que. par des faits fournis par elle; les autres, entièrement fondées sur le raisonnement, n’ont que lui pour moyen de perfection..... Lenteur dans la marche, aridité dans l'étude , solidité dans les principes, sureté dans les résultats, ce’ sont là les attributs des sciences d’ob- servation ; promptitude à rechercher le vrai et sou- vent à le découvrir, danger fréquent de rencontrer le faux, tel est l’apanage des sciences de raisonne- ment. Dans les premières, chaque découverte reste : celles d'un âge reposent sur celles de l’âge qui l’a précédé ; chacune est la pierre d'attente de celle qui la suit; c’est la base de la pyramide du célèbre chancelier Bacon. Dans les secondes , au contraire, souvent ce qui suit est l'opposé de ce qui a pré- cédé. Il faut détruire avant de créer, et chaque vérité ne brille qu’en percant les nuages d’une foule d'erreurs, La science de l’organisation animale participe éga- lement de ces deux caractères. D’un côté nous y trou- vons sécheresse , dégoût , mais exactitude et précision Z 3 358 Biographie. dans la description des organes ; d’un autre côté l'étude des fonctions nous attire : le chemin qui y conduit est hérissé d’aspérités , d'écueils, qui écartent du véritable sentier de la vérité, et ne laissent entrevoir souvent qu'incertitude , qu'ambiguité. Frappés de cette diflé- rence dans les parties d'une même science , les anciens médecins ont cru devoir tirer entre elles une ligne de démarcation , que l'habitude a consacrée , et que le temps a long-temps respectée : les dépouilles de la mort sont devenues le domaine de l’anatomiste , et le physiologiste a eu en partage les phénomènes de la vie. Une pareille division étoit trop absurde pour subsister: toujours : on reconnut enfin qu’elle étoit détruite parla nature même des travaux de l’anatomiste et du physio- logiste : on vit enfin que les dissections du premier étoient immédiatement liées aux recherches du second, parce que la connoissance de l'effet ne pouvoit se sé parer de celle de l’agent qui le produit. Tel est à peu près le raisonnement que fait Bichat en commençant son Anatomie descriptive , le dernier de ses ouvrages, celui-même qu'il n’a pu achever. À un tableau exact et précis de Paspect extérieur des organes , il joint des considérations étendues sur les tissus particuliers qui les constituent, et sur les proprié- tés de chacun de ces tissus , qu’il admet au nombre de vingt et un , et dont les combinaisons diverses, après avoir été le sujet de son Anatomie générale , sont deve- nues celui de son Anatomie descriptive. On aime à voir le savant louer les découvertes de ceux qui l'ont précédé dans la même carrière : ainsi on voit avec plaisir Bichat , dans son discours préliminaire , rendre hom- Bichat. 399 mage à la mémoire de Haller, à celle de 7zcg- d'Azyr, noms à jamais inséparables , tant qu’on s’oc- cupera des études anatomiques et physiologiques : on aime à entendre Bichat, après avoir fait la remarque que Æaller a toujours réuni la description des organes à Vexamen des fonctions , dire qu’il suivra la même mar- che, avec d’autant plus d'assurance, qu’elle a été adoptée, à quelques différences près, par Sœmmering, par Sabatier , par Chaussier, par Cuvier, par Du- méril, c’est-à-dire, par les meilleurs écrivains en anatomie de notre siècle. Les appareils de la vie animale , ceux de la /oco- motion , les descriptions des os et des organes qui en dépendent , forment le sujet du 1.9 volume de l’ana- tomie descriptive ; le second renferme le traité des muscles , qui complète la description de l'appareil lo- comoteur , l'exposition de l’appareil vocal , et celle de l'appareil des sensations extérieures , c’est-à-dire, de tout ce qui concerne l’œil , l'oreille , les narines et toutes les parties qui dépendent de ces différens organes. Quand Bichat entreprit la rédaction de son Anatomie tant générale que descriptive , ses travaux étoient trop multipliés, pour qu'il pût seul y sufire. Il fallût que des collaborateurs zélés et intelligens concourussent avec lui, sinon à édifier , au moins à disposer les ma- tériaux de l'édifice , à les choisir, à les polir, et à les mettre en état d’être employés utilement ;1l fallût que des aides , qu’il avoit lui-même formés, qui étoient pé- nétrés de ses principes, imbus de sa doctrine, fussent en état , en cas d'événement, de le suppléer. Bichat, trop juste pour profiter du travail d'autrui , sans le faire con- Z 4 360 Biographie. noitre , nousapprend {20) que dansses travaux anatomi- ques , comme dans ses expériences , il a toujours eu soin de ne pas s’en rapporter uniquement à lui-même ; qu'il doit, sous ce rapport , des remercimens à plusieurs personnes qui l’ont aidé dans ses dissections. «Je ne me « suis point exclusivement chargé , dit-il, des re- « cherches : MM. Roux et Buisson, que des talens « distingués avoient déjà fait remarquer, et qui , dans « un concours honorable , viennent de donner des preu- « ves de leurs grandes connoissances médicales, ont « bien voulu s'associer à mes travaux ; le premier pour « le traité des muscles, et le second pour la description « des organes vocaux et sensitifs (21) ». La même idée qui avoit dirigé Bichat dans la com- (20) Discours préliminaires de son Anatomie descriptive , t. Jet IT. (21) Très-peu de temps après la mort de Bichat, le C. Buisson a publié le 3.e volume de l’Anatomie descriptive , qui contient les. appareils des sens internes, ou la descrip- tion du cerveau et de ses dépendances, les appareils con- ducteurs du sentiment et du mouvement, et ceux de la vie organique ; c’est encore l’œuvre de Bichat qu’on lira dans ce volume, soit parce que lui-même en a composé la plus grande partie, qui étoit déjà imprimée avant sa mort, soit parce qu’en le terminant le GC. Buisson , par les rapports in- times qui le livient à Bichat, avoit encore présentes sa mé- thode et sa doctrine, qu’il a suivies exactement. Il annonce un 4€ volume, auquel iltravaille avec M. Roux. Remplis tous deux des principes de Bichat, accoutumés tous deux À par- tager ses travaux , il leur sera d’autant plus aisé de satis- faire aux derniers engagemens que Bichat avoit contractés avec le public, qu'ils ont donné des preuves de leurstalens, dans les différens écrits qu’ils ont mis au jour. Bichat. 361 position de son Anatomie générale , le guida dans ses recherches sur Anatomie pathologique , c’est-à-dire, sur l'anatomie considérée par rapport aux maladies, sujet dont il s’occupoit principalement vers fa fin de sa vie. IL avoit examiné les tissus organiques dans l’état sain : il entreprit de les observer dans l’état morbifique ; nouveau travail, plus étendu que le premier, à cause de la multitude d’affections diverses que peut présenter un seul tissu. Après plusieurs recherches dans les ca- davres, pour tirer de l'inspection anatomique tout le parti convenable ; après avoir suivi et observé presque toutes les maladies dans les salles de l'Hôtel - Dieu , Bichat exposa, dans un cours pathologique, les nou- velles connoissances qu’il avoit acquises ; et si on l’avoit admiré, dans ses travaux physiologiques, marchant sur les traces de Æaller, on fut étonné de le voir , dans ses travaux pathologiques, suivre , avec un égal succès, celles de Morgagni. -On doit à Bichat des notions exactes sur les affec- tions du péritoine , affections que l’on confondoit or- dinairement avec celles des organes recouverts par cette membrane : il prouva que chaque tissu a un mode particulier de maladie , comme un caractère propre de vitalité, et-que, même dans les intestins , l’état morbili- que d’une membrane pouvoit s’allier avec l’état sain des membranes voisines. Quelques auteurs avoient entrevu cette vérité: Walther avoit même indiqué exactement la nature de la péritonite ; mais tous n’avoient observé que des faits particuliers : aucun n’avoit porté ses idées jusqu'à un point de vue général; d’ailleurs , on avoit fait si peu d'attention aux découvertes faites sur cesujet, 362 Biographie. qu’elles étoient oubliées : on nous a assuré que Bichat , plus accoutumé à observer qu’à lire , les ignoroit abso- lument ; on peut donc lui attribuer l'honneur de l’inven- tion , quoiqu’avant lui ces vérités fussent connues. Nous avons déjà fait la remarque que la meilleure méthode d'apprendre est celle d’enseigner , et qu’elle fut suivie par Bichat : ce fut encore elle qui le déter- mina, vers les derniers temps de sa vie , à faire un cours de matière médicale , dans lequel il développa les plus belles vues, les idées les plus fécondes et les préceptes les plus solides. Frappé depuis long-temps de la confusion et de l’incertitude de cette science , il ju- gea que, cultivée avec méthode , et d’après des prin- cipes fixes , elle pouvoit être perfectionnée comme les autres branches de l’art de guérir. Il avoit déjà jeté quel- ques idées sur ce sujet dans son Anatomie générale : il les développa dans son cours. Il prouva la nécessité de classer les médicamens , d’après l'influence qu'ils exer- cent sur les propriétés vitales. Il examina leur action , soit sympathique , soit directe , sur les divers systèmes organiques (22). Cela demandoit des observations mul- tipliées : l'Hôtel-Dieu les lui fournit ; il fut secondé dans ce travail par plus de quarante élèves qui le sui- volent, et à qui chaque jour il faisoit part dans son cours du progrès de ses recherches. Quelques personnes ont témoigné leur étonnement de ce que Bichat n’avoit pas profité du moment où il (22) Voyez la dissertation soutenue à l'école de médecine , le 20 frimaire an x1, par le C, Pairier, sur les émétiques, à la tête de laquelle Fauteur a inséré des notions générales. sur la matière médicale, tirées des leçons de Bichat. Bichat. 363 étoit au plus haut point de sa gloire en physiologie . or publier sur cette science un traité élémentaire , qu’on lui demandoit de toute part. Ses idées n’étoient pas d'accord avec ce travail : il prétendoit que l’hon- neur de faire un livre classique n’appartenoit pas à la jeunesse , et qu’il ne pouvoit être -que le fruit de l’âge mûr ; il soutenoit que pour marcher dans la route tra— cée par Æaller , il falloit avoir son génie , son expé- rience, et ses grandes connoissances. Nous ignorons quel jugement portoit Bichat des élémens de physiologie publiés par le C. Richerand ; mais, à en juger par Vaccueil qu’ils ont reçu du public , par le débit rapide d’une première édition, on pourroit croire ,avec raison, que l’opinion de Bichat souffroit des exceptions; car Richerand a prouvé par son ouvrage que la jeunesse n’est pas une exclusion pour la composition d’un livre élémentaire de physiologie. La gloire et la réputation de Bichat alloient tous les jours en croissant ; chéri de ses élèves, estimé de tous ceux qui le connoisscient, admiré pour son savoir par tous les étrangers , qui se faisoient un devoir et un honneur de le visiter, il n’avoit à dé- sirer qu'une santé plus solide et mieux assurée , qu'il auroit dû ménager, et ne pas compromettre si souvent. Il portoit en lui depuis long-temps le germe du mal funeste qui le fit périr (23). Les fréquen- tes affections gastriques , qu’il éprouvoit depuis quel- que temps ; l’avertissoient de modérer son ardeur (23) Voy. les détails que nous a laissés M. Husson sur sa mort, dans la notice déja citée. 364 Biographie. pour le travail: car en tout temps, même dans les plus grandes chaleurs de l'été , on le trouvoit , soit dans son laboratoire d'anatomie , soit dans les salles de PHôtel-Dieu, où respirant une atmosphère putride, il puisoit les élémens d'une destruction prochaine. Il étoit occupé , le 19 messidor dernier, à exa- miner les progrès de la putréfaction de la peau, lorsqu'une odeur infecte, qui s'éleva du vase où 1l faisoit macérer la pièce anatomique , força les élèves mêmes, compagnons ordinaires de ses tra vaux , de s'éloigner : il eut le courage ; ou pour mieux dire, la témérité de poursuivre son travail » témérité qu'il paya de sa vie. Il faut dire aussi qu'un autre accident se joignit à cette cause meurtrière. Le soirmême du jour où il avoittravaillé avec Buis- son, sur le système nerveux des ganglions , et où ils avoient commencé ensemble la dissection du gan- glion cervical supérieur , Bichat fit, en sortant du laboratoire , une chute sur la totalité du ‘corps : des syncopes en furent la suite, et quelques jours après, il éprouva les symptômes d’une fièvre ataxique. Tous les soins de l'amitié la plus vive lui furent prodi- gués , surtout par l’estimable veuve de Desault ; car Bichat avoit cru ne pouvoir mieux reconnoître les grands services qu'il lui avoit rendus, qu’en offrant à sa veuve désolée de rester avec elle, pour con- courir ensemble à l'éducation de son fils. Deux jours avant la mort de Bichat , la cessation des plus fâcheux accidens , un calme , un bien-être qui eurent lieu, et qui furent portés au point de dis- siper toute crainte, faisoient espérer une heureuse Bichat. 865 terminaison de la maladie : M.me Desault se flattoit de l'espoir de conserver à son fils un maitre, un ami ; vain espoir , fausse sécurité : dès le lende- main, un redoublement violent vint détruire toute la joie qu’avoit inspirée la cessation momentanée des accidens ; et le 3 thermidor , 14.° jour de sa maladie, malgré les secours de l’art sagement ad- ministrés par les CC. Corvisart et Lepreux , Bichat cessa de vivre, à l’âge de trente et un an. Il est peu de savans, dont la perte ait produit une affliction aussi vive, et qui ait éclaté par des té- moignages aussi expressifs. Toute l'École de méde- cine y a pris part : professeurs, élèves , parens , amis, tous en très-grand nombre se sont faits un devoir d’assister à la pompe funèbre de Bichat, et d'accompagner jusqu’au tombeau ses tristes restes. Les CC. Lepreux et Roux, au moment de son in- humation et sur la tombe de leur ami, ont prononcé des discours éloquens et pleins de sensibilité. % La mort, le tombeau ! voilà donc la dernière fin, le dernier héritage du riche et du pauvre , du savant et de l’ignorant ; mais celui qui a bien mérité de sa patrie par ses talens, par ses découvertes ; celui qui en mourant ne laisse que des regrets , surtout au pauvre qu'il a toujours soulagé , celui-là ngmeurt Jamais : sa vertu lui survit ; et ses travaux utiles, dont ses concitoyens recueillent les fruits , suflisent pour rendre son nom immortel. On peut dire de lui ce qu'a dit Pline le jeune de F’irginius : tanti viri magis finira mortulitas, quam vita. Liv. IT, ep. I. L'Europe aura peine à croire que ce soit avant 306 Biographie. sa 30.° année que, saisissant en maître des idées que quelques hommes de génie n’avoient encore qu'ef= fleurées , Bichat ait pu jeter les fondemens d’uné nouvelle anatomie , d'une nouvelle physiologie. On ne sera plus étonné que le célèbre Sandifort, le dernier élève qu’enfanta l’école fameuse de Leyden , ait dit en parlant de notre collègue : dans six ans , votre Bichat aura passé notre Boerhave (24); prédic- tion qui prouvoit autant le discernement de son auteur, que le mérite de celui qu’elle concernoit ; prédiction dont la mort prématurée de Bichat a malheureuse- ment empêché laccomplissement. Pour éterniser sa mémoire , le C. Corvisart a em=— ployé l’influence que lui donne la place éminente qu'il occupe auprès du gouvernement (25), à appeler son attention sur la récompense due aux talens émi- nens de Bichat Il a informé le premier Consul des regrets publics et de la cause malheureusement trop juste qui les excitoit : il a désigné au dépositaire de la puissance publique la place qu’il convient de con- sacrer à la mémoire de Bichat; et un monument, qui lui sera commun avec Desault , son maïtre , s’élèvera dans le lieu même qui fut le théâtre de leurs grands travaux ! il rappellera la mémoire de deux hommes illustres, et par leurs talens extraordi- naires , et par les services qu'ils ont rendus à lhu- manité (26). La société médicale d’émulation a aussi (24) Anecdote tirée du discours de Hallé , déjà cite. (25) Le C. Corvisart a été nommé avec le C. Barthez, par ie premier Consul, médecin du gouvernement. . (26) Le gouvernement a pris un arrêté , en date du 18 fruc- > Bichat. 367 arrêté, sur la motion du C. Husson, qu’elle sous- criroit pour le buste de Bichat, et qu’il seroit placé dans sa salle d’assemblée , comme une preuve de son estime et comme un gage de l'union des membres qui la composent. Pline le jeune, pour prouver que de son temps il existoit encore de l'honneur et de la probité parmi les hommes , parle du soin avec lequel un de ses contemporains conservoit les portraits de ceux qui avoient honoré la patrie par leurs vertus. « On n’aime « pastant, dit-il, le talent d'autrui, sans en avoir beau- « coup ; et il n’est pas plus glorieux de mériter une « statue , que de la faire dresser à celui qui la mé- « rite (27) », L'imagination trouve presque toujours un certain plaisir à se retracer l’image d’un homme célèbre , à se rappeler son extérieur , les traits de son vi- sage ; et il est rare que pendant sa vie, il ne se prête pas à l’empressement de ses parens et de ses amis , qui désirent avoir son portrait. Bichat s’est long -temps refusé à cet égard aux instances de l’a- tidor dernier, par lequel il a ordonné qu'un marbre, con- sacré à la mémoire des CC. Desault et Bichat, sera placé à l'Hôtel-Dieu de Paris, et que leur éloge y sera prononcé par un des membres de l’école de médecine : elle a désigné le C. Corvisart pour remplir cette intéressante fonction. Dé- sormais donc, dit à ce sujet le C. Hallé, ce déyouement sans éclat, ce courage sans ambition qui s’exerce dans les asiles de la douleur et de la misère, auront aussi leurs monumens et leurs trophées. (27) Neque enim magis decorum et insigne est, statuam in foro Populi Romani habere , quam ponere. Cæcilii Plinii secundi Epistolæ, Läb. T, ep. XVII. 308 N'ES iographie. mitié : il céda cependant , et deux fois il avoit paru y condescendre ; deux fois il avoit accordé au pein-" tre quelques momens , qu'il regrettoit comme per- dus; mais on ne put le résoudre à accorder une troi- sième séance ; et si le C. Giraud, son ami, surmon- tant la douleur dont il étoit accablé , n’avoit pas, immédiatement après sa mort, modelé l'empreinte de la figure de Bichat , nous n’aurions aucun mo- nument qui eût perpétué parmi nous le souvenir de ses traits. Plusieurs compagnies savantes se sont fait un de voir d'associer Bichat à leurs travaux. Outre la so- ciété médicale d'émulation , celle philomatique , celle de médecine , et d’autres se sont empressées de l’admettre dans leur sein. Celle de l’École de mé- decine n’a pas plutôt été établie , qu'elle a inscrit sur la liste de ses associés le nom de Bichat. Il y a mênie à ce sujet une anecdote qui mérite d’être rapportée : à la première séance de cette société , Bichat se trouva être le plus jeune de tous ses con- frères , et fut désigné comme tel, suivant l'usage, pour occuper la place de secrétaire, qu'il a remplie jusqu’à la rédaction des réglemens. Si l’on pouvoit toujours mesurer , sur la durée de la vie, le degré des connoissances qu’on acquiert, la somme de celles qu'on communique, qui peut cal- culer jusqu'où , pendant le cours d’une vie pluslongue, Bichat eût poussé les sciences qu'il a cultivées ? Qui peut prévoir jusqu'où il eût reculé les bornes de l’art, et étendu sa réputation et sa gloire? Frappé mor- tellement à l’âge , où le feu de limagination brille dans 1 Bichat. 369 dans toute sa force, à l’âge où l’activité du génie exerce tout son empire, de quoi n’eùt-il pas été ca- pable, lorsqu'une longue expérience, l’observation de plusieurs années, auroïent perfectionné son jnge- ment, et lui auroient fait apercevoir qu’il manquoit aux fruits de sa jeunesse cette maturité qui ne s’acquiert qu'avec le temps; car quelque excellentes que soieut ses productions, gardons-nous de les croire exemptes de défant? Tout “homme est sujet à l'erreur, ce qui a fait dire avec tant d'énergie au philosophe Sans-Soucy, que pour extirper l'erreur de l’uni- sers, il faudroit exterminer tout le genre Lu- main (28). La vérité, qui doit être la base de tout éloge, ne nous permet pas de dissimuler que, parmi les ouvrages de Bichat, il en est quelques-uns dans lesquels on ne trouve pas cette exactitude de détails qui caractérise presque toujours sa plume; il en est dont le style, un peu négligé, indique la précipita- tion avec laquelle ils ont été composés : c’est un re- proche qu'on peut faire à l'édition des œuvres chi- rurgicales de Desault. Plein de son sujet, se lais- sant maîtriser par une facilité étonnante de compo- sition, qui lui étoit naturelle, Bichat oublia quelque- fois d'apporter, dans la matière qu'il traitoit, toute l’at- tention nécessaire , toute la réflexion qu’elle exigeoit. Sans doute cette facilité de composition peut être le type d’un génie supérieur, pénétré de son plan, qu’il développe à mesure que sa tête le lui fournit ; mais (28) OEuvres posthumes, t: IV, p. 215. Tome VI, SR: AC 370 Biographie. il est rare que ce premier élan de l'imagination soït un chef-d'œuvre : ce n'est pas ainsi qu’agit la nature ; elle met des siècles entiers à former l'or et les pierres précieuses. Quelques idées fausses, ou plutôt incomplètes et mal définies, ‘sur l'influence des passions, sur celle de l'habitude, sur l’état du fœtus avant la nais- sance, etc., offrent de loin en loin, dans la première partie des recherches de Bichat sur la vie et la mort, de légers nuages qu'il lui eût été aisé de faire dis- paroître. Il en convenoit , et il se proposoit dans une seconde édition de corriger les erreurs qui lui étoient échappées. C'est sans doute avec le même esprit de correction qu’il a refondu entièrement son Traité des membranes dans son Anatomie générale ; car c’est 1à seulement qu'il vouloit qu'on le cherchât désormais, recon- noissant que le premier ouvrage contenoit, dans plu- sieurs endroits, des idées inexactes qu’il s’étoit empressé de corriger dans le second; en sorte que, d’après le témoignage de Bichat lui-même , son Traité des membranes ne doit être considéré aujourd'hui que comme un apercu, dont l’Anatomie générale renferme le développement. Au surplus, les erreurs de Bichat venoient plutôt de sa manière de composer, du temps où il com- posoit, que de la complication ou de l'obscurité de ses idées. Nous avons dit qu'il écrivoit surtout la nuit, que c’étoit alors qu’il confioit au papier Les vérités scien- tifiques , qui brillent dans ses écrits. Il avoit aussi pour habitude de ne jamais revoir ce qui devoit le Bichat. 371 lendemain être soumis à l'impression (29). On croira difficilement que les deux derniers volumes de son Anatomie générale ont 3 composés avant les deux premiers. La précision et l'élégance du style, le choix des mots, bien loin d'être des ornemens étrangers dans les ouvrages de nôtre art, contribuent beaucoup au contraire à les embellir , et à rendre leur lecture plus attachante et plus utile. L'expression est l’image de la pensée; et l’on peut douter de la justesse d'esprit de celui, dont l'écrit on le discours est peu exact ct mal lié dans sa texture. Horace en a fait la remarque : Quand on possède bien sa matière, dit-il, oz ne manque nt d'expression, ni de elarté , ni de méthode pour la bien traiter (50). Rien de tout cela n’a manqué à Bichat. Ila su approprier toujours son style au sujet) dont il s’occupoit. Clair, exact et méthodique dans les descriptions anatomiques et chi: rurgicales , ila su s'élever à la hauteur du style su= blime, lorsqu'il a traité des sujets qui le comportoient. (29) Fréderic IT, dans ses CEuvres posthumes, tom. xt, P. 117), fait à peu près la même remarqué sur les écrits du marquis d'Aïgens : son style, du-il, avoit quelquefois la diar- rhée ; à peine avoit=il achevé un cahier, que, sans’ le relire, il l’envoyoit au libraire. (30) — Cui lecta potenter erit res, Nec facundia deserit hunc, nec lucidus ordo. Ce que Boileau, dans son Art poétique, a exprimé par ces deux vers : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et Les mots pour Le dire arrivent aisément. Aa 2 LS 872 Biographie. On en trouve la preuve dans son essai sur Desault ; et dans le discours préliminaire qu'il a mis à la tête du premier volume de son anatomie généralé. Si, après avoir exposé tous les titres de Bichat à l'estime et à la considération pabliques, nous nous arrétons_quelques instans à décrire les qualités de l'ame, qui relevoient en lui l'éclat de son mé- rite, nous sentirons davantage lPétendue de la perte que nous avons faite. Ce qui donne du prix, et, pour ainsi dire, la vie à toutes les autres qualités, c’est le caractère, par lequel nous entendons cette puissance de l'ame, cetie force inconnue qui semble unir par une flamme invisible le mouvement à la volonté , et la volonté à la pensée. Différent de l'esprit, qui s’accroit par l'instruction , qui s'enrichit par les idées des autres, le caractère ne doit sa forme qu'à la nature : c’est bui qui traduit les hautes pensées en grandes actions, par la eonstance dans le vouloir , et par la fermeté dans les desseins. Tel fut le caractère de Bichat; par lui il s'est élevé, et a atteint la vé- rilable grandeur; par lui il a acquis le pouvoir d’agir et de parler, de poursuivre et d'exécuter, de résister et de vaincre. Une des principales vertus de Bichat fut la mo- destie , j'entends cette vraie modestie, qui est rare- ment accueillie, et au devant de laquelle il est encore plus rare qu’on aille : cette remarque est affligeante pour l'humanité; mais elle n'en est pas. moins con firmée par l'expérience de tous les temps; et il est prouvé que le savoir médiocre et l'ignorance intri< sante, parviennent plutôt à obtenir les grâces et les Bichat, 373 distinctions, que la science éminente, qui ne les re- cherche pas. Dans le sein d’une famille qu'il chérissoit et dont il étoit adoré, dans les doux épanchemens d’une amitié constante et éprouvée, oubliant des applaudissemens qui lui étoient souvent importuns, Bichat venoit * donner quelques momens aux affections du cœur; 1 il développoit son ame. toute entière; là il recevoit d’une seconde mère, d'un &cond frère , les témoi- gnages les plus sincères de ce sentiment vif et affec- tueux, qu'on ne trouve pas dans les sociétés ordi- naires, et dont personne ne sentit mieux que lus tout le prix. Bichat, toujours égal, toujours franc , toujours gé- véreux , supportoit sans impatience l'injustice et même Pinjure. Toujours supérieur à l'intrigue , il sut la maï- triser , en opposant à ses clameurs et à ses menées la candeur de son ame. L'envie, ce monstre qu’on peut quelquefois apprivoiser , mais qu’on ne dompte jamais, contraria sa marche, et ne pouvant l'arrêter, chercha à lui ravir une partie des éloges que lui atti- roient ses écrits et sa manière d'enseigner. Il se con- tenta de mébpriser les vaines attaques de la jalousie, et ne se mit jamais en devoir de les repousser direc- tement ; il étoit même toujours prêt à renouveler avec ses détracteurs une amitié qu'eux seuls avoient rom- pue. Enfin, étranger aux petites passions, il aima mieux en être quelquefois la victime, que de leur opposer une résistance, qui eût troublé son repos. Telle a été la vie publique et la vie privée de Bichat. Jeunes gens, qui venez de prêter une oreille Aa 3 974 Biographie. attentive au récit des travaux et des vertus du sa vant que vous respectiez comme votre maître. et ‘ que vous chérissiez comme votre ami, vous qu'il instruisoit à remporter les palmes de l’école de mé- decine, la plus grande utilité que vous puissiez re- tirer de l'éloge de Bichat , le monument le plus du- rable que vous puissiez élever à sa mémoire, c’est. de marcher sur ses traces, c’est de limiter dans sa conduite , et dans l’utile emploi qu’il a su faire de la courte durée de ses jours. Puisse ce grand modèle vous inspirer la vive ardeur d'acquérir cette gloire, la plus pure de toutes, qui naît des connoissances dirigées vers le salut de l'humanité souffrante ! Puisse- t-il s'élever parmi vous des génies qui, comme Bi- chat, honorent la nation par des découvertes aussi étonnantes qu'utiles! Puissiez-vous, comme Bichat, vous rendre dignes de l'amour et de l'estime de vos concitoyens ! Puissiez-vous enfin, comme lui , mériter leurs hommages, et acquérir des droits aussi sacrés à leur reconnoissance ! mL BOTANIQUE. OBSERVATIONS sur la Fructification des Fougères et des Mousses; par M. C4- VANILLES (1). Ex examinant les fruits des Fougères pour vérifier la théorie de Smith, j'ai vu dans les capsules certains corps parfaitement circulaires , opaques, percés dans le mi- lieu, et beaucoup plus grands que les organes répu- tés semences. Je les ai nommés corps lenticulaires, par leur ressemblance avec les lentilles , et j’ai avoué, dans mes Zcozes , mon ignorance sur le rôle qu'ils jouoient dans la fructification de ces végétaux. J'ai examiné après les mousses (musci), et j'ai aussi vu, avec autant de plaisir que d’étonnement , les mêmes corps lenticulaires trente fois plus gros que la poussière réputée graine. J'ai aussi observé que le trou cen- tral étoit parfait dans quelques-uns , tandis que dans d’autres il étoit encore couvert d’une membrane , de laquelle sortoient des espèces de pédoncules chargés de poussières ou fausses graines. A force de multi- plier mes recherches, je me suis convaincu 1.° qu'il y avoit plusieurs de ces corps lenticulaires dans chaque capsule ou urne , et que leur diamètre étoit plus petit dans lesuns que dans les autres ; mais qu’ils étoient toujours opaques, parfaitement circulaires , et troués dans le centre ; 2.° que dans les urnes ou capsules mûres, (1) Je me suis seryi du microscope de M. Dellebarre , et de la lentille n,o 2, Aa4 376: Botanique. dont les corps lenticulaires étoient déjà troués , toutes les graines (c’est-à-dire la poussière } étoient opaqnes dans leur contour , et diaphanes dans le centre ; en sorte que la lumière passoit à travers comme sielles étoient vides, et couvertes seulement d'une mince pellicule, qui manquoit souvent. Je soupçonne, d’après ces observations, que ces corps lenticulaires pourront être les vraies graines dans les fougères et les mousses, et que la poussière réputée semence ne sera que l'organe mâle ou les anthères, Ces anthères ont la forme d’anveaux elliptiques, et leurs filamens sont attachés aux corps lenticulaires ; par conséquent les deux sexes se trouvent en con- tact dans l'intérieur des capsules et des urnes. Il faut multiplier les observations pour que mes aperçus obtiennent le degré d'évidence nécessaire en histoire naturelle ; mais comme je les crois pro- bables , je les soumets au jugement des botanistes que Je prie de les vérifier , et de les confirmer par de nouvelles observations , ou de les détruire, On sait aujourd’hui qu’en semant les fruits des fougères et des mousses, on obtient des individus sem- blables à ceux qui les ont produit ; et par cette raison on les resarde comme des vraies semences 5 mais personne n’a fait voir que toute la poussière contenue dans les urnes on capsules soit composée des semences fertiles. M. Lind eut l'idée et la pa- tience de semer la fine poussière des fougères dans une terre préparée , et il vitla germination et le dé- veloppement des plantes; mais ni ce savant, ni aucun autre que je sache, n’a remarqué la grande différence Cryptozémie. 377 qu'il y a entre les corps lenticulaires et la poussière beaucoup plus fine qu'eux , contenue aussi dans les capsules. Il faudroit semer à part les corps lenticu- laires dans un pot, et la poussière dans un autre pour voir laquelle des deux leveroit; et dans ce cas, on pourroit résoudre le problème. Hedwig et ceux qui suivent son opinion, sou- tiennent que les deux sexes se trouvent séparés dans les mousses; mais bien d’autres savans disent le contraire , et affirment qu'ils sont en contact et cachés dans l’intérieur des urnes où la fécondation s'opère clandestinement. Les précautions que l’Auteur de la nature a voulu prendre pour ces plantes, viennent à l'appui de cette opinion; car ces capsules de fou— cères se conservent fermées , et l'anneau qui assujettit ses valves, est entier jusqu'au moment où les graines mûres sont prêtes à tomber pour conserver l'espèce. C’est alors que les tégumens ( zzvolucra Smith) cessent d’être collés aux feuilles, et qu'ils offrent, pour la première fois, un passage libre entre l'air et l’intérieur de la capsule. Nous voyons de même dans les mousses une grande variété de péristomes, dont les dents et les membranes souvent entrelacées, empêchent toute communication de l'air à l'intérieur ; et comme si les péristomes n’étoient pas suffisans pour garantir ce dépôt , d’autres organes , tels que l’oper- cule et la coiffe, viennent les aïder. Tous ces tégumens , toutes ces défenses admira- bles perdent leur ressort et même leur existence quand le fruit est parvenu à maturité. C'est alors que les membranes s'ouvrent, les anneaux se cassent avec 376 Botanique: élasticité ; les coifles et les opercules tombent , et les dents péristomiales se séparent pour faire passage aux semences, Si, par d’autres expériences, on vient à démontrer que, dans les fougères et dans les mousses, les corps lenticulaires sont les véritables grdines, ül faudra convenir que les autres organes contenus dans les urnes, réputés semences jusqu’à présent , sont d’une autre nature, et qu'ils pourront bien être les restes inutiles de l'organe mâle ou des anthères. ERNST 2 2 LD PAR NREIDRN TP NPA PIPELETTES TON LITTÉRATURE GRECQUE. SUPPLÉMENT de D ANSSE DE VILLOISON à sa lettre sur l’Inscription grecque de Rosette (x). eJ'ouszrors de vous dire, mon savant ami, que, dans la même 5.me lisne de l’Inscription grecque de Rosette, au lieu de construire le mot A@AO®OPOT, ( gui à remporté Le prix), avec les suivans, BEPENIKHZ EYEPTETIAOZ, ( Bérénice bienfai- sante ), on peut également bien le rapporter aux mots précédens, @EOY ENIPANOYE EYXATIETOY, ( Dieu visible, et très - gracieux ), et attribuer ginsi cetie épithète de vainqueur dans les jeux, (1) Cette lettre, adressée au savant M. Akerblad , a été insérée, p. 70 et suivantes du numéro 21, germinal an xt; du Magasin Encyclopédique, Inscription de Rosette. 379 à Ptolémée V Epiphane, et non pas à Bérénice, femme de Ptolémée III Evergète. Alors même la construction pourroit paroître encore plus naturelle. Aimez toujours votre ancien ami de Constantinople, D'ANSSE de VILLOISsON. P. 8. Jaldux de réunir sur leurs têtes toute sorte de couronnes, les Ptolémée aspiroient toujours à celle des Athlètes, au titre de #fAogopos, Ils l’ob= tinrent, Athénée (L. V, p. 203) nous apprend, d’a- près Callixène de Rhode, qu’on célébra des jeux publics pendant le cours de la fête magnifique de Ptolémée Philadelphe, à son joyeux avénement ; et que Ptolémée Soter, et sa femme Bérénice, et ensuite leur fils Ptolémée Philadelphe, y furent les premiers couronnés en qualité de vainqueurs à ces jeux, Ce passage est décisif, * POÉSIE. LA PITIÉ, poëme en quatre chants ; par Jacques DELILLE. 1 vol. avec figures. Paris, chez Giguet et Michaud, imprim.- libraires, rue des Bons-Enfans, n,° 6. Ce poëme long-temps désiré, déjà connu par des fragmens insérés dans plusieurs journaux, n’a rien perdu par la publicité, malgré les critiques qu’on s'est empressé d'en faire; les différentes éditions qui ont paru , ont été épuisées aussitôt qu’annoncées; 1} semble que le public ait voulu venger M. Delille des observations minutieuses , insignifiantes et injustes qui ont LE suceessivement contre un ouvrage qui ne fait rien perdre à l'auteur des Géorgiques , des Jardins, de l'Homme des champs, d'une célébrité justement méritée. Lorsque les deux poëmes que nous venons de citer parurent, la critique , toujours empressée de dépriser les grands talens, trouva que ces productions manquoient de liaison et d'ensemble : elle vient de faire le même reproche au poëme de la Picié ; est-il fondé? on en jugera par l'exposition du plan de l’auteur. Il s’est proposé, dans le pre- mier chant, de peindre la Pisié exercée envers les animaux, les serviteurs, les parens, les amis et tous ceux qui, par leurs situations et leurs malheurs, ont des droits sur les ames sensibles. Le second chant traite des secours publics que les gouvernemens ac- LarPitié, 381 cordent aux établissemens de charité, de bienfaisan- ce, de justice. Le troisième chant prend un caractère plus prononcé ; il nous montre tont ce que la Pitié peut faire pour adoucir la situation des individus dans les orages d’une révolution, ce qu’on a perdu, ce qu’on a souffert, donne à ce chant un degré d’in- térêt qui est, pour ainsi dire, personnel à chaque Français. L'auteur a su éviter la monotonie dans les détails des scènes multipliées de massacres et de supplices.. Les bienfaits de la Pitié, dans les temps d’exil et de proscription; font le sujet du quatrième chant. Peut-on dire que ces chants n’ont point de relation entre eux, et que la Pitié, cette sœur de la Charité, n’y est pas présentée sous tous les rap ports qu’elle peut avoir avec l’homme malheureux ? On dira à tort aussi que c’est ici un ouvrage de circonstance. Les récits des calamités d’une grande nation , sont le patrimoine de l’avenir : « on ne peut « nous envier les leçons de l’infortune, et nous privé « même de nos malheurs ». Il faut encore montrer à la critique que M. De lille n’est ni au-dessous de son sujet, ni au-dessons de sa réputation de grand poëte. Dans le premier chant, il se plaint de l'ingrati- tude de l’homme envers les animaux qui l’environ- nent; il parle de leur utilité, de leur docilité, de leur fidélité. Animal généreux, modèle d'amitié , Qui le jour et la nuit prodiguant tes services, Gouyernes nos troupeaux, ou gardes nos hospices, 382 Poésie. Dont l'œil nous cherche encor de ses regards mouransy Sois donc et le sujet et l'honneur de mes chants: O toi qui, consolant ta royale maitresse (tr), Jusqu'au dernier soupir lui prouvas ta tendresse, Qui charmois ses malheurs, égayois sa prison, O! des adieux d’un frère, unique et triste don (a)! Hélas! lorsque le sort qui lui rayit son père Pour comble de malheur la sépara d'un frère, Livré seul aux rigueurs d’un destin ennemi, Pour elle, il se priva de son dernier ami. Que dis-je ? des tyrans, incroyable caprice ! Celui qui fit trainer ses parens au supplice, Qui l’entoura de morts, l’accabla de revers, Lui laissa l'animal, compagnon de ses fers. Et moi, qui proscrivis leurs honneurs funéraires, J'implore un monument pour des cendres si chères (3); Pour toi qui, presque seul au siècle des ingrats, Dans les temps du malheur ne Pabandonnas pas. Va donc dans l'Elysée, où ton ombre repose, Jouir des doux honneurs de ton apothéose ! Je ne te mettrai point près du chien de Procxis, J'offre un plus doux asile à tes mânes chéris; De Poniatowki, de sa sœur vertueuse, Les jardins recevront ton ombre généreuse. Là, parmi les gazons, les ruisseaux et les bois, Tu dormiras tranquille ; et la fille des rois, 7 (1) La reine avoit un chien qui la suivit à la Concierge- tie, et qui sans cesse repoussé et maltraité, couchoït à la porte de cette prison, et y revint après la mort de sa mai- iresse. ( (2) Marie-Thérèse-Charlotte avoit reçu de son frère un chien qu’elle emmena avec elle en sortant du Temple, qui a voyagé avec elle, et qui a péri en 1801, en tombant d’un balcon du palais Poniatowki à Varsovie. (3) M. Delille avoit blàämé, dans un autre poëme, les honneurs du tombeau accordés aux chiens ; il chante ici la palinodie. AGE PEREET À .,. ; , La Pitie. 383 £n proie à tant de maux flobjet de tant d’alarmes, Y reviendra pleurer, s’il lui reste des larmes. M. Delille implore, dans son second chant, l’hu- manité et les secours des gouvernemens, appelle la Pitié en faveur de ceux que l'infortune , le malheur , et même le crime conduisent dans les prisons. Je chante l’homme en proie à des maux plus cruels, Qui, loin de ses amis et des toits paternels, Perdant de ses foyers la douceur domestique , ” Atrend ou la Justice ou la Pitié publiques Viens donc, Ô ma déésse! entrons dans ce séjour ;' Où l’homme, dans les fers, languit privé du jour. Hélas! tandis qu’auprès. de leurs jeunes compagnes, Dans les riches cités, dans les vertes campagnes, Ses amis d’autrefois amusent leurs loisirs ; Lorsque, donnant à tous le signal des plaisirs, L'airain retentissant, et l’aisuille muette Du temps qui la conduit, vagabonde interprète ; Marquent au laboureur la fin de ses travaux, Aux mineurs harassés une trève à leurs maux ; Appellent chaque soir la jeunesse folàtre Aux délices du bal, aux pompes du théâtre, Où, d’un moment plus cher, annonçant le retour De l'heure fortunée, avertissent l’amour ; Le Temps, par la douleur, lui mesure les heures. Réduit, pour seul plaisir, dans ces noires ne À lire quelques mots, où d’autres avant lui, Sur ces terribles murs ont tracé leur ennui; Il est seul, dans un long et lugubre silence, Pour lui le jour s'achève et le jour recommence ; Pour lui, plus de beaux jour, de ruisseaux, de gazon, Cette voûte est son ciel, ces murs son horizon; Son regard, élevé vers le flambeau céleste, Vient mourix dans la nuit de son cachot funeste ; 384 Poésie. Rien n'égaye à ses yeux sa morne obscurité ; Ou si par des barreaux , avares de clarté, Un foible jour se glisse en ces antres funèbres, J1 redouble pour-lui les horreurs des ténèbres ; Et, le cœur consimé d’un regret sans espoir, Il cherche Ja lumière , et gémit de la voir. . . . On devoit trouver ici un hommage à ce héros de l'humanité; à cet Howard, qui, parcourut perdant toute sa vie les prisons de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique, pour soulager, s'il lui étoit possi- ble, ceux qui les habitoient, soit par ses sollicita- tions, soit par ses libéralités. Ce morceau est tou- chant, et assure à ce voyageur philantrope et bien- faisant la vénération des ames sensibles. Les hospices sont aussi l’objet de ce chant. L'auteur se plaint avec raison de la négligence avec laquelle ceux qui cherchent un adoucissement à leurs maux, y sont traités. > Mais de ces saints abris, ouvrage des vieux temps ; Souvent la nésligence, ou l'infame avarice À fait, de tons les maux, l'épouvantable hospice Là sont amoncelés, dans des murs dévorans, Les vivans sur les morts, les morts sur les mourans ; Là, d’'impures vapeurs, la vie énvironnée ; Par un air corrompu, languit empoisonnée. Là, le long de ces lits où gémit le malheur, Victime des secours plus que la douleur, L'ignorance en courant fait sa ronde homicide, L'indififérence observe, et le hasard décide. Mais la Pitié revient achever ses travaux, Sépare les douleurs et distingue les maux, Les recommande à l’art que sa bonté seconde. Tantôt les déliyrant d’une vapeur immonde, |” Ouvre La Pitié. 309 Ouvte ces longs canaux, ces frais ventilateurs De l'air renouvelé, puissans réparateurs. Par elle un ordre heureux conduit ici le zèle ; La Propreté soigneuse y préside avec elle. La vie est à l’abri du souffle de la mort; Grâce à ses soins pieux, sans terreur, sans remord ; L’agonie en ses bras plus doucement s’achève ; L'heureux convalescent sur son lit se relève, Et revient, échappé des horreurs du trépas, D'un pied tremblant encor former ses premiers pas. Les crimes de la révolution sont décrits aux troi- sième et quatrième chants, dans des vers aussi har- Monieux que touchans. À peine la Discorde, en ses noirs sacrifices, Du sang de l’innocence a goûté les prémices , Sa terrible moisson se poursuit en tout lieu ; Les temples des beaux-arts, les demeures de Dieu, Les lieux où nous prions les puissances célestes, Des proscrits entassés sont les dépôts funestes. Tous les bras sont vendus, tous les cœurs sont cruels. Image de ces dieux, la terreur des mortels Dont nul n'ose aborder l'autel impitoyable, Que dégoûtant du sang de.quelque misérable. L’idole à qui la France a confié son sort, N'accepte que du sang, ne sourit qu’à la mort. Femme, enfant sont voués à son culte terrible, L’innocente beauté pare sa pompe horrible : La hache est sans repos, la craïnte sans espoir ; Le matin dit les noms des victimes du soir; L’effroi veille au milieu des familles tremblantes, Les jours sont inquiets et les nuits menaçantes. Imprudent, jadis fier de ton nom, de ton or, Hâte-toi d’enfouir tes titres, ton trésor ! Tome FI, Bb 386 : Poésie. Tout ce qui fut heureux demeure san xCuSe ; L'opulence dénonce , et la naissance accuse. Pour racheter tes jours, en vain ton or est prêt; Le fisc inexorablé a dicté ton arrêt. L'avidité peut vendre une paix passagère ; Mais elle veut sa proie, et sa proie toute entière. Ne parle plus d'amis, de devoirs, de liens, Plus d'amis, de parens et de concitoyens : Le fils épouvanté craint l’abord de son père, Le frère se détourne à l'aspect de son frère, L'amour même est timide, et dans son abandon La nature est sans voix sous des lois sans pardon. Le poëte peint, avec les douleurs qui convien- nent aux tableaux , les attentats du 5 octobre, les massacres du 2 septembre, les noyades de Nantes, les mitraillades de Lyon, le voyage de Varennes, enfin le 10 août et la captivité du roi, son juge- ment et sa mort. Le sort des Français, forcés de fuir leur patrie, leurs familles , leurs habitudes , est le sujet du qua- trième chant. Tout lien est rompu, tout devoir oublié, Aux besoins de l'exil le fils livre sa mère » Le frère s'enrichit des dépouilles du frère. O honte! le lion protège son enfant, Son amor le nourrit, sa fureur le défend; Le tigre affreux lui-même écoute la nature, A sa famille horrible il porte sa pâture; Ei, barbare héritier de ses enfans bannis, Le père ‘sans horreur boit le sang de ses fils! Lôches diffamateurs de la nature humaine, De votre dureté vous porterez la peine! 4 La Pitié. 387 . Je flétrirai vos noms, hommes vils; et mes/vers lront de votre crime effrayer l'univers ; Ma Muse réunit, en fille de Mémoire, La coupe du mépris et celle de la gloire, L'opprobre vous atiénd ; oui, son juste courroux, Barbares , à grands flots Fa répandra sur voir: ; Et le remords rongeur, la honte véngerésse, Au milieu de votre or vous poursuivront sans césse, I1 rappelle ensuite la bienfaisance , la générosité ; la tendre sollcitude de M. l'évêque de Liége , de M. le prince de Waldeck, des Anglais, des Suis- ses ; il acquitte la reconnoissance de ceite nombrense famille de proscrits, plus malheureuse encore par ses espérances que par ses infortunes. M. Delille lui donne des conseils qui n’ont pas toujours été suivis. Supportez vos défauts, entr'aidez vos misères, IN'’allez pas étaler aux terres étrangères De Panimosiié, les scandaleux éclais : On ne plaint pas long-temps ceux qu'on mestime pas; Mais surtout des bienfaits usez avec noblesse ; L’honneur est une fleur que peu de chose blesse : Gardez-vous d'ajouter à tant d’autres fléaux, Le malheur bien plus grand de mériter vos maux. Armez d’un juste orgueil votre illustre infortune ; La Pitié se retire'alors qu'on l’importune. Faites plus ; s’il se peut, ne devez rien qu’à vous; Luttez contre le sort; que d’un regard jaloux, Même au sein du malheur, le luxe vous contemple ! Déjà plus d’un banni vous en donne l’exemple. Ces deux derniers chants sont peut-être supérieurs aux premiers, mais ils sont tous de M. Delille; et Bb 2 3688 Poésie. quelques négligences, quelques mots impropres , quél- ques tournures forcées qu’on a avidement cherché à y trouver, n’empêcheront pas de retrouver , dans ce poëme, le traducteur des Géorgiques , le chantre har- monieux des Jardins. L'âge n’afloiblit point le gé- nie , il le mûrit , il le purifie , et lui donne cette sagesse de goût qui ne s’est pas toujours réunie aux premières productions du poëte. Des notes historiques et anecdotiques terminent ce volume; elles sont nécessaires à l'intelligence de quel- qués passages du poëme : on y trouve des faits très- intéressans. À. J, B. D. ne nn ee 560 SE SU CN VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. L NOUVELLES ÉTRANGÈRES. BTE M 'LNIN: Le monument que M. le chanoine de Rochow a fait élever à ses frais sur le lieu même de l’action , en mémoire de la victoire de Febrbellin , remportée , en 1675, par le grand électeur Fréderic-Guillaume, vient d’être achevé. Ce monument est exécuté en pierre de Rotembourg ou porphyre brut : il a quinze pieds de haut , et est couronné par une urne de pierre de la Marche, qui ressemble au granit. Les quatre angles sont défendus par quatre canons. Les inscrip- tions des quatre faces sont en langue allemande et très-simples. On lit sur la première : C’est ici que Fréderic-Guillaume-le-Grand vint, vit et vain- quit, le 13 juin 1675. Sur les faces latérales, on a gravé lé nom de ses généraux; sur la quatrième : C’esz zet que les braves Brandebourgeois posérent les fondemens de la grandeur prussienne. Une der- nière inscription porte que ce monument a été élevé par Fréderic de Rochow. Bb a 390 Nouvelles littéraires. RUSSIE. Voyage autour du monde. S. M. I. a pris pour son Compte un des deux vais- séaux que la compagnie américaine russe a achetés, et qui sont destinés à faire le tour du monde, sous le commandement du capitaine de Krusenstern : elle l’a fait équiper en conséquence, Ces vaisseaux seront munis de tous les objets &. l’on jugera propres à leur voyage , et rien ne sera négligé pour le succès de cette première entreprise. Déjà plusieurs savans et artistes ont pris l'engagement de faire ce voyage, entre autres l’américain Church- man, qui possède d’excellens instrumens d’astrono- mie. Sur ces mêmes vaisseaux s’embarqueront plu- sieurs officiers de distinction , ainsi que M. le con- seiller-d'état Résanof, qui se rend au Japon en qualité de ministre plénipolentiaire. Le départ est fixé au mais de juillet. ANGLETERRE. La mémoire du grand-juge sir W/7/liam JONESs, qui a sibien mérité de la littérature orientale , autant que de l'administration de la justice dans les Indes , a été honorée par l'érection de deux monumens; lun, dans l'égile de Sainte Marie, à Londres, du produit d'une souscription à laquelle ont pris part plusieurs membres distingués des deux universités ; l’autre aux frais de sa veuve, dans l’église de l’université d'Ox- ford. Ce dernier est exécuté en marbre de Carrare , Nouvelles littéraires. 391 d’après les dessins de M. F/axman. Il représente un autel au-dessus duquel est placé un trépied , et sur celui-ci une lyre grecque appuyée contre une lyre in- dienne. l'autel est orné d’un bas-relief qui représente feu M. Jones qui trace le code des Indous , et auquel -des Bramins font lecture de leurs lois. Le tout est sup- porté par destêtes de tigres. Ile’ découverte dans la mer du Sud. Les journaux anglais ont publié au commencement du mois d'avril la” notice suivante : « Nous avons reçu du port Jackson des observations "= 3 importantes, faites dans le nord et .dans le sud de « la Mer-Pacifique, par le capitaine Simpson , com- « mandant le Nautilus. « Le capitaine a découvert par les 11 degrés 17 « minutes de latitude sud , et les 167 degrés 58 mi- « nutes de longitude Est, une ile à laquelle il a donné « le nom de Xernédy. « D’après la belle apparence et la population de « cette île, le capitaine Simpson estime qu’elle seroit « une excellente acquisition pour notre nouvelle co- « lonie , d'autant plus qu’elle produit des cochons en « abondance. « Les naturels du groupe des îles d'Exter ou de « Duff, dit M. Simpson, sont méchans et fourbes ; « ce qui, ajoute-t-il , m'a obligé de faire tirer sur eux , « et en fera peut-être aussi une nécessité à quicon— « que tentera par la suite de débarquer parmi ces « peuples. « J'ai déposé des animaux et fait mettre en terre Bb 4 392 Nouvelles littéraires. « [CS « « « 2 LC R L< À des graines et des plants de différente espèce sur l'ile Disappointment. J’avois passé près de cette île, dans deux précédens voyages, sans avoir la précaution de faire chercher la terre; et il est pro- bable que beaucoup d’autres navigateurs en auront fait autant. « Nous trouvâmes sur le rivage la partie inférieure d’un très-gros mât, qui nous fit conjecturer que quel- que grand navire espagnol avoit fait naufrage sur cette île, mais sans doute depuis long-temps, car le bois étoit très-avarié. « Quoique lesiles detout ce groupe soient médiocre- ment peuplées , nous n’en vimes aucune sur laquelle il ny eût des habitans; et lorsque nous fûmes à quel- que distance , des récifs qui s'étendent d’une île à l’autre liant toutes ces iles entre elles, les naturels, en traversant de l’une à l’autre, nous présentoient à l'horizon l'apparence d’un régiment délilant sur la surface de la mer. « Toutes ces îles sont excessivement basses, et, comme sur toutes celles de ce labyrinthe, on n’y aperçoit d’abord que quelques arbres qui s'élèvent au-dessus de l'horizon. Cette circonstance est pour le navigateur, un avertissement de se tenir sur ses gardes dans cette périlleuse navigation. « Cesîles nous ont paru formées de corail et de sable, légèrement recouverts d'un terreau noir. Les pierres sur le rivage portent l'empreinte du feu ; elles sont noires, poreuses et légères ». Nouvelles littéraires. 363 Notice biographique sur Erasme D4rWwIN. Cet homme célèbre, qui s’est également distingué dans la poésie et dans la médecine, étoit né le 12 décembre 1731, à Elston, près de Newark , dans le comté de Nottingham. Après avoir suivi les écoles de Chesterlield , il continua ses études à Cambridge , où il fut créé , en 1755, bachelier en médecine ; il aban- donna alors Cambridge , et se rendit à Londres , où il étudia l’anatomie sousle célèbre professeur Hunter ; enfin, pour se pérfectionner de plus en plus , il alla encore à Edimbourg. Son père étoit pauvre, il avoit en- core six enfans : Darwin étudia avec un zèle infatisable, afin de pourvoir à ses besoins ; et après qu'il eut fini ses études , il pratiqua la médecine à Nottingham, mais avec si peu de succès, qu'il se vit forcé de quit- ter cette ville : il se rendit alors à Laitchfeld, où il resta davantage ; la guérison d’un homme riche, at- teint d’une maladie presque incurable , le mit en ré- putation. En 1757, il épousa miss Mary Howard : de ce mariage naquirent cinq enfans qui moururent dans leur jeunesse , excepté un fils, qui est médecin à Salisbury. Après la mort de sa première femme , 1l épousa la veuve du capitaine Pole, avec laquelle il alla s'établir à Derby, où il acheta la maison de campagne nommée Breadwall Priory. C'est là qu'il mourut, le 10 avril 1802, à 71 ans , des suites d'une phthisie. Peu avant sa mort, on le voyoit encore fort gai; 1l écrivit même des lettres à ses amis , et s’éteignit sans douleurs et sans souffrances. Ces détails sur sa vie sont nécessaires pour le suivre 294 Nouvelles littéraires. dans sa carrière littéraire. Dès son enfance on TEMATr= qua en lui une extrême vivacité d’esprit ; un peu plus âgé, il donna des preuves de son génie et de ses talens ; on peut cependant reprocher à ses poésies trop de recherches , trop de réflexions philosophiques ; en gé= néral , son style n’est pas pur ; ilest quelquefois dif- fus et obscur. En 1758, il fut nommé membre de la Société royale. Peu après la mort de sa première épouse, 1l commenca à travailler à sa Zoozomia erthe laws of organic life , c'est-à-dire, Zoonomie on Lois de la vie organique | qui fut alors traduite en allemand par M. Brandis. \ Presque dans le même temps, avant son second mariage , il commença son poëme intitulé : Z%e loves ofche plants, c'est-à-dire , Les Amours des plantes, dans sa maison de campagne de Lichtlield , où il avoit construit un jardin botanique. Un ‘essai de ce poëme avoit déjà paru avant sa Zoonomia , en Angleterre , sous le titre de : The botanic Garden containing «2e loves of the plants a poem , with philosophical zotes : Lichtfield and London by Johnson, 1789, 1-45, sans le nom de l’auteur. Il en donna une seconde édition augmentée d'une nouvelle partie, sousletitre de: The botante Garden , a poem in two parts : P.1, cont.the Economy of vegetation ; P. 2, the loves of thePlants,with philosophical notes, Londres, John- so, #791 (1792), in-4.° L'année 1795 , il parut une au- tre édition corrigée , et enrichie de gravures. Ce .poëme e:t plein d'idées philosophiques, ornées etembellies par me imagination riche et fougueuse qui caractérisessi bien Pauteur dans tous ses écrits. M. Deleuze en a donné Nouvelles littéraires. 395 une excellente traduction intitulée les Amours des plantes , qui a été annoncée dans ce journal. Tous ceux qui ont lu ce premier poëme , attendent avec beau- coup d’impatience un second qui doit paroïtre sous le ütre de : 7%e skrine of Nature , c’est-à-dire , le Zré- sor de la Nature. Quelques années après, il parut un ouvrage intitulé : PAytologtia, or the philosophy of agriculture and gardening , with the theory of draining morasses and with an improved cons- cruction of the drill-plough. London by Johuson., 1799 , in-4.° Cet ouvrage peut être regardé comme un pendant de sa Zoonomie : il a été traduit en alle- mand par M. Hebenstreit , à Leipsik. Il a encore donné une traduction anglaise du Sy- stema vegetabilium de LaiNNÉ; elle fut corrigée par la Societé de Lichtfield. Darwin étoit un des membres les plus distingués de cette société ; elle le nomma son président , ce qni “contribua beaucoup à sa splendeur et à sa renommée. Darwin est encore remarquable par un ouvrage qu’il donna sur l'éducation des filles. Le titre anglais est : A Plan for femule Education in Boarding schools. London, Johnson , 1797, in-4.° C'est dans cet ou- vrage qu’on trouve des idées vraiment philosophiques _sur l'éducation des filles, trop négligée en Angleterre. Ses écrits lui procurèrent une aisance honnête. Un « de ses amis lui demandoit un jour s'il avoit gagné beaucoup par ses ouvrages. Mon jardin botanique , dit-il, m'a valu 900 livres sterlings : la même somme m'a été comptée pour la première partie de ma Zoonomie, Si je voulois écrire, continua-t-il, 396 Nouvelles littéraires. chaque année, un ouvrage, je jouirois d'une grande fortune. Il faisoit un usage utile d’un argent noblement acquis. Sa personne n’indiquoit pas, au premier aspect, um homme d'esprit; il étoit d’une taille médiocre , robuste et ayant de lembonpoint ; il étoit négligé dans ses vêtemens ; les traits de sa figure étoient communs et sans expression. Tous ceux qui-le connoissoient ai- mojent beaucoup sa bonhommie. Les doutes de ses amis ne sont pas encore fixés sur ses opinions reli- gieuses, Notice bibliographique, des ouvrages sur la géographie, publiés en Angleterre pendant les années 1799 et 1800. Les observations sur la population de la Grande- Bretagne et de l'Irlande, sont devenues, dans les dernières années , fort intéressantes par plusieurs motifs ; cette matière a été traitée dans beaucoup d'écrits ; mais dans aucun aussi bien que dans ceux de sir Fred. Morron Épex. Morton s'est déjà distingué par beaucoup de bons ouvrages, surtout par celui sur la ssasistique: des pauvres de sa patrie. C’est cependant la seule branche de la statistique qui ait, été bien traitée. On a vu paroître un grande nombre de voyages # en Angleterre ; ces descriptions sont encore deve- es plus nombreuses , parce que les Anglais ont pew voyagé dans les pays étrangers. Cette prédi- lection pour la topographie indigène a engagé un “Nouvelles littéraires. 397 - ecciésiastique antiquaire , le curé Reynozps à Bow- den Parna , dans le comté de Northemton, à re- toucher de nouveau le vieux Z#néraire d'ANro- NINUS , c’est-à-dire, cette partie qui concerne la Grande-Bretagne ; cet ouvrage , nouvellement corrigé, a paru sous le titre de : Iser Britanicum , or that part of the Itinerary of Antoninus , which relates to Britain , with a new Comment, London by Cadell, 1799. In-4.° 18 sh. Les connoisseurs n’en font pas grand cas. Un autre ouvrage sur le même sujet a paru sous le titre de 4 zew Edition of Paterson's Book of the Roads in great Britain, incl uding the Roads of Scotland, which were heret ofore published in a separate pamphlet , and many other very considerable Additions and improvements. Londres, chez Longman et Rees. 1800. In-8.° (Prix, 4. sh. 6 d.), avec une excellente carte de Faden. AT Parmi les voyages proprement dits , il y en a très-peu qui donnent une description de tout le royaume. Un des principaux ouvrages qui ait paru est une traduction du voyage de M. FausAs-SAINT- Fox», en anglais. ROWLAND HILL a donné une description de ses voyages, sous le titre de : Journal of a T'our through the north of England and parts of Scotland, with remarks on the present state of the establis- Led Church of Scotland, and the different Seces- s20n therefrom. T'ogether with Reflections on some Party-Distinctions in England ; designed to:pro- mote brocherly Love and forbearance among 398 . Nouvelles littéraires. Christians. Also some Remarks on ke propriety of what is called Lay and itinerant Preaching. Londres, Chapman, 1799. in-8.° Peu après il a paru un ouvrage du même auteur, sous le titre de Exeract ofa Journalof a second Tour from London through the Highland of Scotland and the northwestern Parts of England, with observations and remarks. Londres, chez Williams, 1800, in-8.° Ces deux ou- vrages contienneñt des remarques intéressantes et cu= rieuses. Quoiqu'il n'ait pas paru beaucoup d'ouvrages qui embrassent une partie considérable de la Grande- Bretagne, il y en a eu cependant plusieurs sur les provinces, sur l'Écosse et l'Irlande. | ans À l'égard de la ville de Londres, il a paru un où- vrage intitulé: Sum TRELAND picturesque Views, wilh an historical account of the [nns of Court in London and Westminster; London, Egerton, 1800, gr. 8.0, et Dan. LysoN , déjà connu avantageu- sement par ses Environs of London, a publié comme supplément de cet ouvrage : 47 historical Account of those Parishes in the County of Middlesex , which are not described in the Env. of. London Cadell (Londres, 1800. 4.° ). On décrit dans cet ou- vrage les vingt-deux paroisses, et principalement les raretés et les curiosités de Hamptoncourt. Le curé de Bath, M. Rich. WARNER, a donné une description des côtes , dans un ouvrage intitulé : #:/k through some of the western Counties of England; Londres, Robinson, 1800, in-8.° Cet habile voyageur fit ut chemin de 3%6 lieues d'Angleterre en 17 jours. Dans ce court intervalle, il visita Bath, Wells, Glastonbury; Nouvelles littéraires. «+ 399 delà 11 alla le long du canal de Bristol, à Minehead, Ilfracomb, Barnstaple et Biddefort; et après avoir visité les côtes du canal , il retourna à Bath. Il a paru sur les environs de Cornwallis un ou- vage intitulé : LIPSCOMB'S Journey into Corn- wall through the Counties of Southampton , Wilts, Dorset, Sommerset and Devon, inter- spersed with remarks moral, historical, literary and political. Un autre ouvrage, qui décrit les cu- riosités et les raretés d’un de ces comtés, a paru sous le titre de 4 description of the house and gardens ai Srourhead, Wilis, the seat of Sir R. HOARE, Bart., with a Catal. of the Pictures. Londres, Ca- dell. 1800., Deux curés, MM. W. BINGLry et J. Evaxs, ont décrit le pays de Gaïes; un troisième , M. H. WiGsTEAD , a donné une description du même comté ; son livre est intitulé : -Remarks on à tour 1e North- and South-Wales in the Y. 1797, with Plates from Rowlandsom. Londres, chez Wigstead. 1800. In-8.° (Prix, 15 sh.). Il ne parle presque que des auberges qu'il a rencontrées. Le comté de Leicester à été décrit par le célèbre antiquaire et libraire NrcHoLs , dans son ouvrage intitulé : Æistory and antiquities of the County of Leicester. Londres, chez l’auteur. 16800. In-4.° Les deux grandes villes manufacturières, Birming- ham et Manchester, ont été décrites en même temps par deux auteurs. Birmingham a été décrit en vers, sous le titre: À Poeric Survey round Birmingham with a brief description of the different Curiosi-= 400 * Nouvelles littéraires. ties and Manufacturies of the place , intended as a Guide to Strangers , by J. BISSET , accompanied with a magnificent Directory with the names , pro- fessions ; Birmingham, chez l’auteur. 1800. In-8.° Cet ouvrage est enrichi de notes et de gravures. Celui qui a paru sur Manchester n’est qu’une nomenclature aride ; il est intitulé : BAncks’s Manchester and Salford Directory, or list of the Marchants , Ma- nufacturers , and principal Inhabitants : the Streets, Squares and a Description of the Ca- nal round Manchester. Londres , Law. 1800. (Prix, 2 sh. 6d.) Les beautés de la nature de plusieurs comtés de l'Écosse , ont été décrites par J. HousmAN , dans son livre intitulé: 4 descriptive tour and guide to the Lakes , Caves , Mountains , and other natural cu- riosities in Cumberland, WWestmoreland, Lan- cashire and a part of the IVert-Riding of Forks- hire. Londres, chez Law. 1800. In-8.° (Prix, 5 sh.). Cet ouvrage est trop minutieux. On peut recommander comme un excellent guide des voyageurs dans une grande partie de l'É- cosse et les îles hébrides , l’ouvrage de M. Th. Gar- NETT , intitulé : Observations on à tour through the Highland and paris of western Islands , etc. Londres, Cadell. 1800. 2 vol. in-4.0 (2 liv. 12 sh. 6 d.). Ce livre vient d’être traduit en allemand par M. KOSEGARTEN. Un ouvrage utile et presque unique dans son genre en Angleterre , est le livre de M. J. Fuzcer, mé decin à Berwick ; il est intitulé Ze History of Ber- wick t Nouvelles littéraires: 4OI wick upon tweed , including a short Account of che villages of tweedmouth and Spittal, ete. Londres, chez Butterworth. 1799. In-6.° (Prix, 7 sh. 6 d.). L'Irlande, que les Anglais connoissent très-peu , parce que, depuis le 7’oyage de Youxne, il n’a paru aucune description de ce pays, a aussi été décrite dans un ouvrage intitulé : Rarnbles through Ireland trans- lated from the french of Mr. de LATOCNAYE, by an Irishman. Londres, chez Robinsons. 1799. 2 vol, in-12. Prix , 6 sh. Il existe encore sur l'Irlande: Lettres on the irish nation, Written during a visit to that Kingdom 2n the autumn of the Y. 1799; by G. Cooptr, Æsg. Londres, chéz White. 1800. In-8.0 (4 sh.). Il en a paru une nouvelle édition en 1801. Cet ouvrage instructif a été traduit en allemand par M. Paulus. Les voyages sur le continent sont plus rares chez les Anglais ; la plupart ne sont que des traductions ; cependant les Anglais s'intéressent aujourd’hui à ce qui se passe dans d’autres pays. Il n’y a pas long- temps qu'il parut un ouvrage sur le Portugal, sous le titre de: Lisbon guide, containing : Directions vo invalids, who visit, and a description of that city, an tables of the coins, weights and mea- sures of Portugal. London, chez Johnson. 1600. TIn-8.° (2 sh.) ; et comme commentaire des cartes de M. CHaucHaARD, il a paru un ouvrage intitulé : Geo- graphical, historical and political Description of the empire of Germany, Holland, the Nether- lands, Switzerland, Prussia, Italy, Sicily, Cor- Tome VI. He 402 Nouvelles littéraires. sica and Sardinia. Londres, chez Stockdale. 1800. In-4.° Cet ouvrage , quoiqu'il contienne beaucoup de fautes , est cependant pour les Anglais d’une grande importance. M. James BROWELL a donné un ouvrage relatif à la France, sous le titre de: Æecount of the navirs of foreign powers, particularly those of France, Spain and Batavia, now at war with great Bri- tain : including a list of Frigates , Corvettes and Sloops ; also the nayvies of Russia, Sweden , Den- marc and Naples ; with a comparative state of che Line of Battle-Ships in the last war and the present state of the british Navy. Londres , chez Stael. 1799. In-4.° ( Prix, 1 sh.). Sur l'Italie il existe des Letters from Italy between the Y.1791-1798, etc, dy Muriana STARKE. Londres, chez Phillips. 1800. 2 vol. in-8.° Cet ouvrage , malgré ses défauts, n’est pas sans utilité. M. F. SALMON , après un séjour de douze ans à Rome , donna une description de cette ville , sous le titre de : Æn historical description of ancient and modern Rome; also of the works of art, parti- cularly in architecture, sculpture and painting. To which are added a tour through the cities and cowns in the environs of that Metropolis and an account of the antiquities found at Gabia. Londres, chez T'ay lor. 1800. 2 vol. in-8.° (Prix, 1 L. 10 sh. ). Un Voyage entrepris en 1738 et 1799, mais qui n’avoit pas encore été imprimé, vient de paroître sous le titre suivant : À Voyage performed by tle late, Nouvelles littéraires: 403 Earl of SANDWICH round the Mediteranean in the Years, 1738-39, written by Himself ; to which are prefixed Memoirs of the noble author's life, &y J. CooKE, M. A. Chaplain, to his Lordship and one of the Chaplains of Greenwich Hospital, Londres, chez Cadell. 1799. In-4° (Prix, 2 L. 2 sh.). Ce voyage a été écrit par le comte lui-même : il a visité la Corse, la Sardaigne , Malte , le Pélopon- nèse, Athènes, l’Hellespont, Constantinople , les îles de l’Archipel , et l'Æsypte jusqu’au Caire. On ÿ a inséré beaucoup de choses qui sont déjà connues, et que d’autres voyageurs ont décrites depuis avec plus de précision ; cependant on y trouve aussi beaucoup d’é- claircissemens sur les antiquités et les inscriptions ; cet ouvrage est encore utile, et les hommes studieux ne se repentiront pas de lavoir lu : on y rencontre avec plaisir beaucoup de passages des auteurs classiques. L'intérêt qu'inspiroit l'Ægypte, a fait bientôt tra- duire les voyages et lesrelations publiées par MM. Sox- NINI, Norris, Ripaurr, les Mémoires d’AEgyp- te , etc. Outre ces traductions, M. ANTESs a publié des Observations on the Manners and customs of the ÆEgyptians , the Overflowing of the Nil and its effects ; with Remarks on the Plague and other subjects , etc. Londres, chez Srockdule. 1800. In-4.° avec une carte. l’auteur a recueilli ces observations pendant son séjour de douze ans au Caire. Cet ouvrage a été traduit deux fois en allemand. L'auteur y traite particulièrement des mœurs et des usages des Ægyp- tiens, et des débordemens du Nil. Dañs un moment où tant de matériaux se préparent GC 2 404 Nouvelles littéraires. / sur l’Ægypte , on auroit désiré que M. FRANKLIN eût différé de publier son Æiscory of ancient and mo dern AEgypt,etc. dont la première partie a paru en 1802. Dans cet ouvrage, M. Bruce est souvent cité. MM. Antes et Franklin en parlent aussi avec beau- coup d'estime; mais Browne rendit son autorité sus pecte. Cela engagea M. Rich. WHaARTON , à prendre avec ardeur la défense de Bruce dans ses Observations on the authenticity of Bruce’'s travels in Abyssi- nia in Reply to some passages in Brown’'s travels. Londres, chez Cadell.. 1800. In-4.°. Il est étonnant que les Français , ainsi que les Anglais , se soient laissés tromper relativement au prétendu voyage de Damberger dans l’intérieur de l'Afrique ; cependant aprèsla traduction de ce voyage, il parut une brochure intitulée 7%e SAœæmaker Schrædter , the Printer T'aurinius and the Cabi- netmaker Damberger , three travellers, wo never travelled at all, but fabricated their accounts in one manufactory, qui détrompa les Anglais : cepen- dant on peut leur pardonner cette crédulité , quand on réfléchit qu’alors tous les Anglais étoient extrême ment avides de tout ce qui concernoit PAfrique ; c'est ce qui a fait réussir aussi le AZodern Tra- veller, dont la première partie ne contient que des extraits des ouvrages de Mungo Park, Ledyard, Lucas, Sonnini, Browne, Savary, Volney et Levaillant. Un ouvrage qui a véritablement enrichi la géogra- phie, est le Voyage de M. Barrow dans l'intérieur de l'Afrique, dont M, GRANDPRÉ a donné une traduc- 2 Nouvelles littéraires. 40 tion française. Le Journal of a voyage from Ma- dras to Colombo and da Lagoabay on the East Coast of Africa in the Y. 1796 , contient des dé- tails intéressans. La littérature doit beaucoup à la société des Indes orientales , c’est elle qui nous a procuré des éclair- cissemens sur les mœurs des nations dans l’intérieur de l'Asie; nations dont nous connoissions à peine les noms; nous lui devons la description du voyage dans la Chine, par Macartney ; ceux de TUuRNER et de SYMES au Zibet, et dans le royaume d’Aya, celui de Boyn à Ceylan. La plupart de ces ouvrages ont été traduits en français. Une autre description de voyage est celle de D. R. Lecxre , intitulé Journal of a route to Nagpore by the way of Chuttak, Burrosumber , ete., in the Y, 1790. Londres, chez Stockdale,1800.In-4.° Ce voyage a été fait par l’auteur pour se rendre auprès du Rajah de Bérar , dont la capitale est Nagpore, conformé- ment aux ordres du gouvernement de Calcutta. Cet ouvrage est remarquable, parce que l’auteur a pris un chemin qu'aucun Européen n’avoit fait avant lui, c’est-à-dire, par la partie nord-ouest du royaume de Bérar , et une partie de Bundelcund. M. W. H. Tone, commandant d’un régiment d'infanterie au service du Paishwa, vient de pu- blier un ouvrage sur l’état des Marattes, sous Île titre de : Æ letter to an officer of the Madras establislinent. Tiondres, chez Debrert. 1799. In-8.° M. ARCHENHOLZ, danssa Minerva, et M. SPREN- Cc3 406 Nouvelles littéraires. GEL, dans sa Bibliothèque des Voyages, en ont donné des extraits. Nous citerons à présent les voyages faits par terre aux Indes Orientales. Tel est celui de M.J. TAyLoR par Âlep et le grand désert , à Bassora, et le voyage de Jackson, intitulé : J. Jackson’s journey from India towards England in the Year 1797, by a route commonly called over land, through countries not much frequented, and many of them hitherto unknown to Europeans, particularly between the livers Euphrates and Tigris, through Turkistan , Diarbeck, Armenia , and Natolia in Asia ; and through Romelia, Bulgaria, Wallachia, Tran- silvania, etc., in Europa. Londres, chez Cadell. 1799. In-6.° Quoique ce voyage ait été fait avec une célérité incroyable, on y trouve cependant des remar- ques très-importantes, L'intérêt qu'inspirent les Indes orientales, a fait pa- roître plusieurs ouvrages sur ce pays, entre autres les Ourlines of the globe, de feu M. PENNANT, 1798 à 1800; la traduction anglaise du voyage du P.PAOoLINO à S.-Bartholomeo aux IndeS orientales, par M.W. JonnsTOn. Londres, chez Vernor et Hood. 1800. In- 8.° Il y en a une bonne traduction allemande, enrichie de remarques par feu M. Forster. Il en va paroïître une en français chez les frères Levrault, par M. Marchena. Par la même raison, on a réimprimé à Londres les Asiatic Researches , et on y publie, depuis 1799, “un recueil annuel composé des brochures et gazettes qui ont paru dans les Indes, et même de quelques { Nouvelles littéraires. 407 écrits plus étendus, publiés en Angleterre, et qui sont relatifs aux Indes orientales. Ce recueil est intitulé : The Asiatic annual register, or view of the Hi- story of Hindostan, and of the politics , commerce and litterature of Asia. Londres, Debrett. In-8.° Enfin , plusieurs savans Anglais s'occupent de la lit- térature orientale , avec un zèle infatigable. L'Amérique semble être tout à fait négligée depuis quelque temps, par les écrivains anglais; ce qui a été publié en Angleterre, sur cette partie de la terre , se réduit à une traduction du ’oyage en Amérique de M. D£ LA ROCHEFOUCAULT-LrANCOURT. Londres, chez Phillips. 1799. 2 vol. in-4.° ; à un extrait de l'Histoire des Indes occidentales de M. BRYAN Enwanps, et qu premier volume d’un ouvrage in- titulé : Mémoirs of tlie life and travels of the late Charles MACcPHERSON, Esg. in Asia, Africa and America ; written by himself chiefly between the Years 1773-90; Edimbourg et Londres, chez Vernor. 1800. In-12. (3 sh. 6 d. ). Cet ouvrage con- tient des remarques intéressantes sur le traitement des esclaves nègres, dans les îles britanniques et françaises. Les missionnaires, infatigables à répandre le chris- tianisme, nous ont donné plus de lumières sur les îles de la mer du Sud. M. le capitaine Wi£son a publié une description intéressante d’une partie de ces îles. Quant à la géographie en général , l'Angleterre ne peut pas se vanter d’avoir une grande abondance d’ou- vrages , surtout ce qui regarde les livres élémentaires pour les écoles; cependant l'ouvrage intitulé: E/ements of geography, by the Res, Henry Saint-John BuL- Cc 4 498 Nouvelles littéraires. LEN, London by Hurst, 1799, in-12, a eu beaucoup de succès en Angleterre , ainsi que la nouvelle édition des Æxercises on the globes interspersed with hi- storical, biographical, mythological and miscel- laneous informations on a new plan for Young Ladies. Londres, chez Masvman, in-12. La géogra- phie ancienne a été enrichie par quelques ouvrages anglais de la plus grande importance , tels que le Système géographique d'Hérodote, du major REN- NEL , et par l'excellent ouvrage de M. VINCENT, inti- tulé : Periplus of the Erythrean Sea, P. I. cont. an Account of the navigation of the ancients from the Sea of Suez to the Coast of Zanguebar , with dissertations. London , by Cadell 1800. in-4.° Cet ouvrage est estimé par les Anglais, comme il mé- rite de l’être. FRANCE. Société de Statistique. La Société de statistique, qui déjà réunit des sa- vans et des littérateurs aussi distingués par leur zèle que par leurs talens, vient d’ajouter encore à la liste de ses membres par les choix les plus recomman- dables. Elle a admis à ce titre MM. Prony, de l’Ins- titut national ; Dupont (de Nemours ) ,.secrétaire de la chambre de commerce de Paris; Koch, tribun ; Serviez, général de brigade, et membre du corps législatif; Lansel, chef de division au ministère de l'intérieur ; Duchosal, membre de la commission des émigrés, Nouvelles littéraires. 4959 M. Bottin, auteur des Annuaires statistiques du Bas-Rhin , a été nommé associé - correspondant pour le département du Nord. Enfin , sur la proposition de M. Ballois, secrétaire perpétuel, la société a arrêté qu’il seroit écrit à sir John Sinclair , baronnet écossais, et membre du parle— ment de la Grande - Bretagne, pour lui offrir le titre d’associé étranger. PARTS. Le ministre des finances a publié l’avis suivant: Le gouvernement désire que les nouvelles monnoies offrent une preuve du degré de perfection où les arts sont parvenus en France , et que les procédés du mon-— noyage soient rendus plus simples, plus faciles, plus expéditifs, sans danger pour les ouvriers employés à ce travail. Pour remplir ses vues, le ministre des finances croit devoir ouvrir deux concours : l’un aura pour objet /a gravure des monnotes ; l'autre , la cons- éruction des balanciers. Premier programme.— Te type des pièces de mon- noie est réglé par l’art. 16 de la loi du 7 germinal. C’est ce type qu'il s’agit d'exécuter le plus parfaitement qu'il sera possible , en conservant les dimensions détermi- nées , tant pour la pièce d’argent de la valeur de 5 fr. que pour la pièce d’or de 40 fr. , avec la tranche gravée en creux. Les artistes qui voudront concourir se feront counoître , dans les dix jours qui suivront la publication du programme, par l'inscription de leurs noms et do- micile au secrétariat de l'administration des mon- noiés. [ls remettront, avant le x.®7 thermidor, à l’ad- 410 Nouvelles littéraires. ministration des monnoies , les matrices, poinçons et coins, tant de la pièce d’argent que de la pièce d’or qu'ils croirent pouvoir proposer. Les pièces qui devront servir au jugement, seront frappées en présence d’un jury ; auquel elles seront remises par les administra- teurs des monnoies. Le jury sera composé de neuf membres , parmi les- quels il se trouvera au moins deux artistes mécaniciens ; trois seront nommés par le ministre des finances ; trois par la classe des beaux-arts de l’Institut national , et trois par les concurrens eux-mêmes. L'artiste dont l’ou- vrage sera jugé le plus parfait , recevra pour prix de son travail la somme de 10,000 fr.; et dans le cas où le prix devroit être partagé entre deux artistes pour l’or et pour l'argent, il sera de 8000 fr. pour chacun, et son nom ou son différent sera conservé sur les matrices de sa composition. Dans tous les cas, les artistes qui au- ront travaillé pour le concours, ne pourront garder ni retenir, même après le jugement , aucune des pièces qu'ils auroient présentées, ou seulement préparées et commencées. Toute personne qui , sans avoir fait con- noître l'intention de concourir , seroit trouvée posséder des pièces ou instrumens propres à la fabrication des monnoies, sera poursuivie suivant la rigueur des lois, Deuxième programme. — Tes mécaniciens qui se proposent de concourir pour la construction des balan- ciers se feront connoître, dans les dix jours qui sui- vront la publication du programme , par l'inscription de leurs noms et domicile au secrétariat de l’adminis- tration des monnoies. Le concours sera fermé le 15 Nouvelles littéraires. AIT messidor. Ce terme arrivé, ceux qui auront terminé les travaux qu’ils croiront pouvoir présenter au concours , en donneront leur déclaration par écrit au même secré- tariat. Une commission de neuf membres , dont trois nommés par le ministre, trois par la première classe de l'Institut , et trois par les concurrens qui auront donné la déclaration dont il vient d’être parlé , se transportera dans les ateliers de chacun des concurrens, pour pro- céder à un premier examen des balanciers proposés aux concours, Ceux de ces balanciers qui seront jugés en état d’être soumis à l'épreuve du monnoyage , seront immédiate- ment transportés et établis à l'hôtel des monnoies , sous la conduite et direction de ceux qui les auront pré— sentés, et au frais du gouvernement, pour ce qui concernera seulement lesdits transport et établis- sement. Les concurrens pourront frapper, soit en virole pleine , soit en virole brisée , les lettres de la tranche, néanmoins toujours gravées en creux. L'épreuve des balanciers sera faite en présence de la commission et des fonctionnaires ordinaires du monnoyage, sur la pièce d’or de 40 fr., et sur la pièce d'argent de 5 fr, Il sera frappé par chaque balancier deux mille pièces d’or et vingt mille pièces d'argent. La commission tien- dra note du temps dans lequel ces pièces auront été frappées , des accidens et autres causes d'interruption de travail , qui devront servir de base à son jugement. L'administration des monnoies fera délivrer les coins et les flaons nécessaires à ces épreuves, en observant les formes ordinaires de délivrance et de comptabilité. Le "412 Nouvelles littéraires. mécanicien dont le balancier aura paru réunir plus d'avantages, recevra, pour prix, la somme de dix | mille fr., indépendamment de la valeur du balancier et de ses dépendances, qui resteront à l’administration des monnoies, et dont elle payera le prix d’après l'esti mation qui en sera faite par des experts. Ecole d'Architecture. Le 1. floréal , les élèves de l’école d'architecture ont été admis au concours d'essai. Ils étoient 80. On leur proposa pour sujet, un conservatoire de musi- que , avec une superbe salle de concert au centre. 29 esquisses ont été admises par la section des beaux- arts de l’Institut , et sur la demande des concurrens , il y eut une troisième admission en faveur d’un élève malade , qui n'avoit pu se trouver au concours. Le 6 floréal , ces 30 élèves concoururent pour le prix de l'an xr. Le sujet étoit un port destiné à recevoir plu- sieurs canaux de navigation , dans l’enceinte du- quel seroit placée une statue à la gloire du premier Consul. Les 30 esquisses ayant été exposées Le lende- main , la même section de l’{nstitut procéda à l’exa- men et à un scrutin d'admission. Six parurent dignes du suffrage des juges. Ce sont celles des CL Debret, Chatillon, Pagot, Nepveu, Turmeau, Courte-Epée. En fructidor, le prix sera adjugé à celui qui, sans avoir rien changé à son esquisse, aura réuni au plus haut de- gré , le mérite de la composition et du dessin. Il sera couronné en séance publique de l'Institut national. Nouvelles littéraires. 413 THÉATRES. THÉATRE LOUVOIS. Le Fou supposé. On a joué, il y a un an ou deux, sur un théâtre du boulevard, une fort jolie petite pièce d’un des auteurs du théâtre Louvois, sous le titre du Fox supposé. Quoique le principal personnage de cette pièce eut quelque ressemblance avec le Francaleu de /a Métromante, l'intrigue étant assez agréable, le dialogue naturel, et les situations fort comiques, elle eut un succès mérité. Celle qu'on a joué au théâtre Louvois, n’a de commun avec l’autre que le titre. Un jeune homme, pour faire réussir son mariage et éviter les poursuites de quelques créanciers, ima- gine de contrefaire le fou. De là naissent quelques scènes assez gailes, qui ne sont rien moins que neu- ves. Nous observerons, en passant, que maintenant on ne peut rendre compte d’une pièce zouvelle, sans en citer une foule d'anciennes. Les auteurs de notre siècle n’ont pas un génie créateur; ils imitent, et on peut dire, avec vérité, que leurs zzuses sont filles de mémoire. Lorsque l’on pille, a dit Vol- taire, qui pilloit quelquefois , z/ faut tuer. C'est ce que ne font pas nos copistes ; leurs imitations sont bien loin des originaux. Les meilleures scènes du Fou s&pposé sont tirées de Molière, de Regnard, etc. 414 Nouvelles littéraires. L'auteur , qui n'avoit encore brillé qu’au second rang , c'est-à-dire, sur des théâtres secondaires, s’est élevé rapidement, Il a été joué presqu’en même temps à Louvois et au Faudeville ; c’est M. DÉsAUGrERSs. Sa pièce a réussi, grâce au style, au jeu de M.me Pelissier, et au talent de C/ozel, qui a très-bien dansé la gavotte, et qui a su faire valoir le rôle dificile du Fou supposé. THÉATRE DU VAUDEVILLE. Le Mari intrigué. L'avecdote qui a fourni l’idée de ce vaudeville, joué le 19 floréal, a été imprimée dans plusieurs journaux. | Un mari jaloux, dont la femme doit aller au bal, feint une indisposition , se couche, mais ne tarde pas à rejoindre sa chère épouse pour observer sa conduite. 11 la voit descendre de voiture, et causer très — familièrement avec un masque qu'il interroge bientôt, et dont il apprend des particularités très peu rassurantes pour son honneur. Il le menace, le provoque à un duel; et lorsque le beau masque se découvre, il reconnoît son beau-père, et rit de sa fausse peur. Voilà le fond de la pièce, dont le dénouement étoit deviné dès la première scène. Il y a de l'esprit dans quelques endroits; mais, en gé- néral , le dialogue n'est pas saillant, les couplets sont trop pleins de roses d’épines , et autres lieux com- muns : la plupart des plaisanteries sont peu déli- cates , et l’auteur a péché autant par le défaut de Nouvelles littéraires. 415 goût, que par le manque de comique. Sa pièce est un petit drame que quelques personnes ont sifflé : ja majorité a été plus indulgente; et M. DÉsauGrERS a été nommé. Laporte a fait preuve de talent dans le rôle aussi difficile que fatigant du pauvre mart. LIVRES DIVERS(). PaYysiI QE. JOURNAL du Galvanisme , de Vaccine, etc.: par une Socièté de physiciens, de chymistes et de médecins ; rédigé par J. N'AUCHE , mé- dècin , président de la Société galvanique, membre des Sociétés académique des sciences, médicales de Paris , de plusieurs comités de Vaecine , etc. I. Cahier de 48 pages in-8.° Il contient des re- . cherches sur les causes qui développent l’élec- tricité dans les appareils galvaniques , par M. GAUTEROT ; douze expériences sur le même sujet; des expériences sur la vaccine dans les bétes à laine , comme moyen préservatif du cla- veau , par M. GODINE jeune ; caractère de la vaccine dans les bétes à laine; faux-vaccin ; siège du vaccin ; modes d'insertion du virus- vaccin; expériences diverses. Le prix de la souscription est de 12 fr. , pour recevoir , francs de port, 12 cahiers de 48 pages chacun, dont un chaque mois. La lettre et l’argent (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous don- nerons un extrait ou une nolice plus détaillée, 416 Livres divers. doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez F,. Buisson , libraire, rue Hautefeuille , n.° 20. MÉDECINE. JoOURNAT de Médecine, Chirurgie, Pharmacie ; . par les CC. CORVISART , LEROUX cet BOYER, professeurs à l'Ecole de Médecine de Paris. A Paris, chez Mrigneret , rue du Sépulcre, n.° 28. Tome VI (1). Les articles principaux contenus dans ce volume, sont : Observation sur une phthisie pulmonaire par suite d'une chute ; par VIGNÉ. — Observation sur la gangrène humide et scorbutique des gen= cives ; par DESCAMPS. — Observation sur les maladies des os, par secrétion superflue , e£ sur l'usage de l'acide nitrique, dans leur traitement ; par George NESSE -HI111. — Observation sur une hydropisie du cerveau ; par LOUIS MOREL. — Plusieurs observations météorologiques faites par divers médecins. — Observation sur une fis- tule au périnée , par le C. ROBERT. MANUEL des Goutteux et des Rlumatisans ; recueil des principaux remédes rationnels, empyriques , curatifs et préservatifs de ces maladies ; par ALPHONSE LEROY , profes- Gi) Cet excellent journal est composé de deux volumes par an; chaque volume renferme six cahiers de 96 pages chacun. Le prix de l'abonnement est de 12 fr. pour Paris, et. de 15 fr. pour les départemens. On. s'abonne chez le C. Migneret, imprimeur, rue da Sé- pulcre, n.0 28, faubourg Saint- Germain; et chez Méqui- gnon l'aîné, libraire, rüe de l'Ecole de médecine, n.0 3, vis-à-vis la rue Hautefeuille, seur Livres divers. 417 senr à l’École spéciale de médecine , et ci= devant docteur-regent de la faculté de Paris ; membre de plusieurs Sociétés savantes, À Paris, chez la veuve Panckoucke, imprimeur-libraire , rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, n.° 327, © en face de la rue des Saints-Pères; Gérard, li- braire, rue Saint-André-deés-Arcs, n.° 44; et chez Gabon , libraire, place de l'École de Médecine. An x1. — 1603. — Un volume in - 18. Prix, x fr., et x fr. 25 cent. franc de port. Ce petit traité , extrêmement court et clair, est bien écrit , et doit être très — utile. CHE RIT RMGUT EE: ZLUCINE francaise , où Recueil d'observations médicales , chirurgicales , pharmaceutiques ; historiques , critiques et littéraires , relatives a la science des accouchemens ; par le doc- teur SACOMBE.( N.° vit. Kloréal an 1x.) (1). Ce quatrième numéro contient une suite d’obser- Vations sur l'opération césarienne, DUPIA TS D 'L'O VE) TABLE AU statistique de la navigation de la Seine, depuis la mer jusqu'à Rouen , conte- nant des vues générales sur le système de son embouchure ancienne et moderne ; par S.-B.— J. NOEL, secrétaire du conseil. du commerce, membre de plusieurs Sociétés savantes. À Rouen, (1) La Lucine française paroît le premier de chaque mois; chaque numéro est composé de trois feuilles in-8.0 Le prix de l'abonnement, pour six mois, est de 5 fr. pour Paris, et 6 fr. pour les départemens. Chaque numéro se vend aussi séparément 1 fr. 25 cent. On s'abonne à Paris, au bureau dé la Lucine française, et chez Bidault, libraire, rue et l'hôtel Sérpente, n.0 14. Tome PE: Dd 418 Livres divers. de l'imprimerie des Arts , rue Beauvoisine, n.° 88, An x1.—1802. In-8.° M. Noël s’est déjà fait connoître par plusieurs ouvrages intéressans et utiles que nous avons annoncé dans ce journal ; celui-ci a été également dicté par le désir de servir son pays. JURISPRUDENCE. ANNALES de Législation et de Jurisprudence, publiées par l'Université de Jurisprudence.Tome 1.7, mois de ventose an x1. De l'imprimerie de l'Université de Jurisprudence. 1 vol. in-8.° de 428 pages. Les articles principaux contenus dans ce volume, sont : De /a législation de l'homme envers lui-méme, ou principes du bonheur ; par M. de Mon- TLOZIER.— Législation du commerce, par M. PEUCHET. — Différens morceaux sur la phi- losophie législative, et l’éloquence judiciaire, par M. LACREÉTEILLE uiné. — Un discours prononcé a l'Université, par M. PIGEAU, — Un exposé des travaux de l'école. JOURNAI de Jurisprudence , publié par l'aca- démie de législation, quai Voltaire, n.° 2. V.® livraison. À Paris, chez C. F. Parris, impri- meur de l'Académie de Législation , rue de la Colombe, n.° 4. Les articles principaux contenus dans ce volume, sont : Des extraits de jngemens rendus par divers tri- bunaux de la république. — Diverses décisions des autorités administratives. — Des extraits de consul- tations données par plusieurs jurisconsulies. Livres divers. 419 ML & T4) PB HSYS E OUR * INTRODUCTION à l'Analyse des sciences ou de la génération, des fondemens et des ins- srumens de nos cornoissances ; par P. F. LAN- CELIN , ex-ingénieur de la marine francaise, _et membre de plusieurs sociètes suvuntes. L'ouvrage complet, 3 volumes in-8.° de mille pages, imprimés sur beau papier, caractère philo- sophie , avec une planche et plusieurs tableaux sy- noptiques, dont un offre la Mappemonde philoso- phique des sciences et des arts, et une nouvelle division des Connoissances humaines , se vend à Paris, 14 fr.; le prix des tomes II et III. est de 8 fr. pour les personnes qui ont le tome 1.7, publié l'an dernier. De l'imprimerie de Perroneau. Chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins; Firmin Didor, rue Thionville ; Courcier, quai des Augustinsz Le- vraule, quai Voltaire. à MORALE. LE CONTEMPLATIF, ou Pensées libres sur la Morale, la Politique et la Philosophie ; par D. F. DONNANT, secrétaire de la S'octété aca- démique des sciences de Paris ; avec cette épi- _ graphe tirée d'Horace : Est modus in rebus, sunt certi denique fines ; ques ultra citraque nequit consistere rectum. Paris, chez Barilliot jeune, libraire, rue Haute- feuille, n.° 34. An xr.— 1803. In-12 de 167 pag. Le discours préliminaire de ce petit ouvrage con- tient quelques observations qui nous paroissent mé- riter l’attention des lecteurs. La plus grande partie du volume consiste en pensées détachées, sur les D d 2 429 Livres divers. matières indiquées dans le titre : on les lira encore avec plaisir après les autres recueils de ce genre que nous possédons. Le volume est terminé par trois essais sur l'Imitation, sur les Connoissances humaines et sur la Nature de l'ame. A, L. M. ANS TV ON TARME LETTRE d'un Voyageur étranger, au préfet de la Côte-d'Or, sur quelques Mausolées rétablis dans la nouvelle cathédrale de Dijon. Prix, 30 cent. À Paris, chez M.ne Husard,imprimeur- libraire, rue de l'Eperon-Saint-André-des-Ares, n.° 11. An xI. L'auteur se plaint principalement de ce qu'on a SR les épitaphes, en les appliquant sans mesure à différentes tombes, et il en donne des exemples. HISTOIRE de Gustave Vasa, roi de Suède; par M. ARCHENHOLTZ, ancien capitaine au Ser- vice de'S. M. le roi de Prusse, et auteur du Tableau de l'Angleterre et de l'Italie : sraduite de l'allemand par J. F. G. PROPIAC. 2 vol. in-6.° A Paris, chez Gérard, libraire ; rue Saint-André- des-Arcs, n.° 44. L'auteur commence par donner un tableau rapide de la religion, des mœurs et des coutumes des Suc- dois, depuis les temps les plus reculés, jusqu'à la fin du xvr. siècle. Odin fut le premier législateur de ce peuple, qui, sauvage, barbare, et vivant comme les anciens Scythes, et comme les Tartares et les Ara- bes de nos jours, n’avoit, pour ainsi dire, aucune espèce de gouvernement, Cet Odin fit élever des tem- les, institua des sacrifices, créa des tribunaux , éta- lit des assemblées du peuple, et réunit, par la sa- esse de ses lois , les membres dispersés de cette grande famille , sous l'empire d'une seule religion et d'un seul gouvernement, Les peuples du Nord, connus sous le Livres divers. 421 nom de Goths, de Scandinaves, de Vandales, furent long-temps inconnus au reste de l’Europe ; parce que leur manière de vivre , l'âpreté du climat, l’ignorance des besoins que le luxe avoit multiplié chez les autres nations , s'opposèrent long-temps à leur civilisation. La navigation , ou plutôt la piraterie que les Suédois, à cause de la position de leurpays, exercèrent long-temps, les rapprocha des’ nations éclairées, et leur apprit l'art de la guerre; ils adoptèrent les machines de siége des anciens Romains ; et, lorsqu’en 885, le roi Sigurd assiégea Paris, il avoit des catapultes, des balistes pour lancer des pierres , ainsi que des tours roulantes pour approcher des murailles , et combattre corps à corps. Les progrès de l'esprit humain et des beaux- arts furent lents chez cette nation agreste, pauvre et forcée de se contenter de ce que la nature, avare pour elle, vouloit bien’accorder à leurs travaux, bor- nés au nécessaire, Ce ne fut qu’au règne de Gustave qu'on la vit sortir de cet état de pauvreté, d’igno- rance et d’incivilisation. Cette époque fut celle de la régénération des beaux-arts , des changemens opérés dans la religion, de la découverte de lim primerie et du nouveau monde, de l’usage de la pou- dre à canon, et d’une nouvelle route pour arriver dans les Indes. Ces grands événemens influèrent sen- siblement sur les mœurs et la politique de l’Europe. Ce fut alors que les Suédois secouèrent le joug de Christiern, et qu'ils devinrent libres par le courage , le patriotisme et le génie de Gustave ; la reconnois- sance lui donna une couronne qu’il avoit conquise par ses victoires. Sa fermeté et sa prudence surmon- tèrent tous les obstacles, et établirent la monarchie suédoise sur des bases inébranlables. On liroit avec plaisir l'histoire de ce grand homme, si on n’étoit pas forcé d’être toujours en garde contre la partialité de l’historien, Pour justifier le reproche que nous lui faisons, nous citerons le passage suivant qu'on lit à la page 7 : « Du moment 0% la doctrine « chrétienne fut répandue en Suède , le royaume prit & une face nouvelle; lois, coutumes, usages, facon dr 422 Livres divers. « de penser, tout changea ävec la religion. Tant que « les peuples du Nord furent paiens, ils menèrent « une vie morale et réglée qui leur étoit prescrite par « leur loi; mais cela cessa dès qu'ils se firent chré- « tiens ; toutes leurs vertus sociales s’anéantirent ; « leur probité, leur humanité, leur fidélité envers « les uns et les autres, ainsi que leurs anciennes « idées d'honneur et de honte, de gloire et de de- « voir, s'évanouirent , etc. » 11 faut être bien entrainé par l'esprit de parti pour avancer une assertion dé- mentie par les faits et par les écrivains de tous les siècles les moins favorables à la religion ; ils avouent que HEAARE lui doit sa civilisation , ses vertus, l’a- mour de la patrie et la soumission à l'autorité. Si l'impartialité est le premier mérite de l'historien , on s'apercevra facilement que cette histoire de Gustave manque de cette qualité qui attache le lecteur, parce qu'il n’a point à douter de la franchise de l’historien. À IDR ÉPHÉMÉRIDES politiques, littéraires et reli- gieuses , présentant pour chacun des jours de l'unnee , un tableuu des événemens remarquables qui datent de ce méme jour dans l'histoire de tous les siecles et de tous les pays , jusqu'au 1. junvier 1809; seconde édition, revue, cor- rigée et augmentée, par le C. NOEL, inspecteur- genéral de l'instruction publique, et le C. PLAN- CHE, instituteur à Paris. Et quo sit facto quæquæ notata dies, Ovin. Fasc. A Paris, chez Lenormant, rue des Prêtres-Saint- Germain-l'Auxerrois, n.° 42; et Henri Nicolle, rue des Jeûneurs, n.° 26. Douze volumes in-8.° —— 11 paroît an volume par mois. On peut se procurer chaque volume à mesuro uil paroit, en payant d'avance 18 fr. pour six vol. , et 36 fr. pour les douze volumes, Livres divers. 423 11 faut ajouter à ce prix 50 cent. par volume pour le recevoir franc de port. Le cinquième volume qui vient de paroître, con- tient le mois de mai. RECHERCHES sur les Costumes , les Mœurs, les Usages religieux , civils et militaires des an- ciens Peuples, d'aprés les auteurs les plus cé- lébres , et specialement d'après les monumens antiques ; ouvrage mêlé de critiques et de pré- ceptes utiles aux jeunes peintres, sculpteurs, archirectes , et autres artistes Où anuleurs ; revu et corrige d'après l'avis et les remarques de l'Institut national, auquel il a été présenté ; par J. MAILIOT , ancien professeur et direc- teur des écoles de la ci- devant académie de peinture , sculpture et architecture de Toulouse ; publié par Pierre MARTIN, ingénieur des ponts et chaussées du departement de Seine-et-Oise, et membre de la commission des sciences et arts d'AEgypte. À Paris, de l'imprimerie de Didot aîné. An x1.—- 1803. Les Romains étant le peuple dont il nous reste le pe de monumens , et dont l’histoire nous a transmis e plus de détails, le premier volume contiendra ce qui concerne leurs vêtemens, la manière de les agen- cer, leur coiffure, leur chaussure , leurs bijoux, et ceux des Romains selon leur état et les différens âges. On ÿ verra le costume suivi sous les rois et sous la république ; celui des consuls, de leurs licteurs, ap- pariteurs , etc. etc.; celui des empereurs et des impé- ratrices, depuis Jules César jusqu’à la prise de Cons- tantinople par les Turcs; celui des grands magistrats civils et militaires; celui des magistrats inférieurs vers le haut et bas empire, et les lieux où se tenoïent ‘eurs audiences; ce qui concerne les ambassadeurs, ls fécialiens, les guerriers, leurs armes, enseignes, instrumens militaires, machines de guerre, leur ma- rine , les récompenses militaires, triomphes, tro D d 4 424 Livres divers. phés : on y trouvera quelques détails sur les peines, es supplices, les esclaves , la politesse, les mariages, l'intérieur des maisons, les meubles , les repas, les funérailles du pauvre et du riche; celles du souve- rain, et son apothéose ; les tombeaux, les fêtes fu- nèbres. Ce volume sera terminé par ce qui concernoit la religion de ce peuple et ses ministres, les sacrilices, les victimes, les temples, les ustensiles sacrés , les fêtes, les jeux , les spectacles et les lieux à ce des- tinés, les instrumens de musique, les chars, les voi- tures ; et il sera précédé de quelques préceptes utiles aux jeunes peintres, sculpteurs, et autres artistes où amateurs , etc. Le second volume contiendra des détails du même genre sur plus de trois cents LR ou villes de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et notamment les Grecs, les Gaulois, les Etrusques et les Ægyp- tiens : on y indique les animaux qui peuvent carac- tériser diverses parties de l’ancien continent. La liaison qui se trouve entre les Juifs et les pre- miers chrétiens ; le rapport de ceux-ci avec divers peuples, ont fait joindre quelques détails sur les chrétiens des premiers siècles de l'Eglise : on y ajoute ce qui concerne le costume des papes, des cardinaux, et quelques notices sur l’origine de ceux-ci. Le troisième volume, qui sera plus intéressant par la diversité et par l'opposition des modes, ne parle que des costumes, mœurs et usages des Français de- puis le commencement de la monarchie jusqu’au rè- gne de Louis XIV exclusivement. Le texte de cet ouvrage contiendra 900 à 1000 pa- ges, et sera enrichi de 300 planches, qui présentent plus de 2600 exemples : à côté de chaque figure est exactement cité l’auteur ou le monument d'où elle est extraite. La partie typographique sera exécutée par Drpor l’ainé ; les gravures par M. GiBELIN, ccr- respondant de l’Institut na Le C. MARTIN, propriétaire du manuscrit de cet intéressant ouvrage, se propose de le publier en trois Livres divers. 429 livraisons de six mois en six mois, dont la première paroîtra le 15 frimaire prochain. On ne pourra souscrire que jusqu’au 15 brumaire an x11; et le prix de la souscription sera de 25 fr. par volume, qui seront payés à fur et mesure des li- vraisons ; mais ceux qui voudront déposer de suite la valeur d’un exemplaire , ne le payeront que 60 fr. pour les trois volumes. Passé le 15 brumaire an x11, l’exemplaire sera vendu 90 fr. : dans tous les cas on pavera 5 fr. de lus pour la relire des trois volumes en carton; et Fe de Paris, 2 fr. de plus pour les recevoir francs de port. Les souscriptions seront reçues et les fonds mis en dépôt, à Paris, chez le C. CHARPENTIER, notaire, rue de l’Arbre-Sec, près la place de l'Ecole; dans les départemens, au secrétariat des ingénieurs en chef des ponts et chaussées, et dans l'étranger, chez les principaux libraires. Les souscripteurs recevront les exemplaires suivant l’ordre exact des numéros de leur inscription. On tirera 25 exemplaires sur grand papier vélin, qui seront vendus 150 fr. l’exemplaire, mais seule- ment à ceux qui en auront souscrit la demande avant le 15 brumaire an x113 passé ce terme, ils seront vendus 200 fr. l’exemplaire. Le premier volume étant en ce moment entre les mains du graveur, les souscripteurs qui voudront avoir une idée des dessins, pourront voir le manuscrit des second et troisième volumes chez le C. Charpentier, uotaire, où sont reçues les souscriptions. HISTOIRE de M.v° ÉLISABETH DE FRANCE, sœur de J'ouis XVI, avec des détails sur ce qui s’est} passé de plus remarquable pendant sa détent 57 au Temple jusqu'à sa mort, aux- quels on| a joint un grand nombre de lettres et de pieces écrites par elle-même. Troisième édition avec figures, par M.m° Guézard. 8 parties ju-8. A Paris, chez Lerouge , imprimeur -li- 425 Livres divers. braire, cour du Commerce, passage de Rohan, quartier Saint-André-des-Ares. 1802. LE faux dauphin actuellement en France , où listoire d'un imposteur, se disant le dernier fils de Louis XVI ; rédigée sur des piéces suthentiques et notamment sur le jugement du tribunal criminel du département de la Marne , du 15 germinal dernier; précédée d’une ana- lyse rapide des révolutions occasionnées par les imposteurs les plus célèbres qui ont usurpé la quulité de prince , de roi ou d'empereur ; par ÂLPHONSE B.; avec l'épigraphe possideo , qua possideo. 2 parties in-8.° À Paris, chez Ze- rouge , Imprimeur , passage du Commerce, cour de Rohan, près la rue Saint-André-des-Arcs. An X1.—1803. HISTOIRE LITTÉRAIRE. Ÿ j ESSAT sur l'histoire générale des sciences pen dant la révolution francaise ; par JT. B. BIOT , associé de l’Institut national de France , pro- fesseur au collège de France , et membre de la Société philomatique de Paris. À Paris, chez Duprat, libraire, quai des Augustins , et Fuchs, rue des Mathurins. An x1.—1803. In-8.° de 83 pages. Cet écrit est destiné à servir d'introduction au recueil des séances des écoles normales ; l’auteur y fait voir que plusieurs belles applications des scien— ces et plusieurs découvertes sont dues à ces temps désastreux , dont le souvenir seul afflige l'humanité. Cet onvrage ne pouvoit être bien fait que par un homme qui fût parfaitement au courant des sciences: en le lisant, on se convaincra aisément que personne n'auroit pu mieux réussir que M. Biot. A. L. M. RAPPORT fair à la Société des sciences e# belles-lettres de Montpellier, sur l'inauguration Livres divers. 427 de la statue de Voltaire au Musée de la méme ville ; par P. E. Martin CHOISY , juge au tribunal civil, membre du juri central d'instruction publique du département de lL'Hé- rault. An x1.—1803. In-8.° Cette brochure rend compte de ce qui s’est passé À cette intéressante cérémonie, qui a déjà été décrite dans ce journal. CorNEzIUs NEPOS francais, ou Notices his- coriques sur les généraux, Les marins , Les officiers et les solduts qui se sont illustres dans la guerre de la révolution ; par CHA- TEAUNEUF. In-8.© À Paris, chez l'éditeur, rue Saint - Honoré , n.° 1453, à côté de Saint- Roch. An x1.—1803. 198 pages. Cet ouvrage doit être divisé en six parties : il est proposé par souscription à raison de 15 fr. pour les six volumes , et de 19 fr. pour les départemens. Le premier volume, qui paroît actuellement, est pré- cédé d'une préface historique ; on trouve ensuite la vie de Rochambeau et de Custine. GRAMMAIR E. POIYGRAPHIE , ou l’art de correspondre à l'aide d'un Dictionnaire , dans toutes les langues ; méme dans celles dont on ne pos- séde pas seulement les lettres alphabétiques ; par ZALKIND HOURWITZ, ancien 1néer- prète de la Bibliothèque nationale: À Paris, chez l’auteur, rue Coq-Héron, n.° 5. An 1x. In-8.° Paix, 9'fr. LA Plilologie , où Les règles de la grammaïre italienne , mises dans un nouvel ordre. In-8.° de 207 pages. À Nantes, chez l’auteur , à la Syrène, rue Vincy , n.° 3; et à Paris, chez Ærtaud, libraire , quai des Augustins, n.° 50. An x4. 428 :: Livres divers. LECONS d'orthographe francaise et de ponctua- tion, où CACOGRAPHIE, etc. : par J. E. J. F: BOINVILLIERS, correspondant de l'Institue national de France, etc., à l'usage des écoles secondaires , avec cette épigraphe : L'exposition des fautes dans une langue vivante est plus utile encore que les préceptes, €ar il importe moins d'indiquer le chemin qu’il faut suivre, que de signaler les écueils qu'il faut éviter. A Paris, chez Hocquart , rue Saint-André-des- Arcs, n.° 120; Genets jeune , rue de Thion- ville, n.° 1846; Fuchs, rue des Mathurins , etc. à Aix-la-Chapelle, chez Neuer , rue des Ursu- lines , n.° 1114. Prix, go cent. , relié en vélin. Ces Zecons sont extraites de la Grammaire Raï- sonnée , du même auteur, que nous avons annon- cée , il y a quelque temps. C’est un recueil de fautes nombreuses contre l'orthographe des mots et surtout coutre celle des participes ; en apprenant à les connoitre et à les corriger, on apprendra cer- tainement à les éviter soi-même. L'auteur a donné à ce recueil Le titre de Cacographie , mot grec qui signifie mauvaise écriture , écriture vicieuse. Nous croyons que cet ouvrage sera fort utile dans les écoles du second degré et à toutes les personnes qui voudront se orzer à La connoissance de l'’ortho- graphe et de la ponctuation. Vo Y'ANG.E. VOYAGE en Piémont, contenant la description topographique et pittoresque , la statistique et l'histoire de six départemens réunis à La France, par le sénatus-consulte de l'an XI ; orné de six cartes et de huit estampes ; par J. B. J. BRETON, auteur du voyage dans la Belgique et-sur la rive gauche du Rhin. À Paris, chez Brion , éditeur , rue de Vaugirard , n.° 98, près l'Odéon. An xr.——1803. 247 pages, EP PET NP CP OP Livres divers. 42) NON SU E, LA DUNCIADE , poëme ; nouvelle édition aug- mentée de la Généalogie du Chien de la sot- éise. 1 vol. in-8.° fig. — 2 fr. 5o cent. , et 3 fr. franc de port. À Paris, chez les marchands de nouveautés. FABLES et poésies diverses ; par Don Juan LAURENCIN , avec l'épigraphe d'Ovide : Quod venit ex facili, satis est componere vobis, et nimis intenti causa laboris abest. A Paris, chez Pougens , quai Voltaire, n.° 10. An x.—1802. In-8.° de 119 pages. Prix , 1 fr. ü0 cent., et 2 fr. 20 cent. par la poste. ODE A LEBRUN ; par Fortunée B. BRIQUET, de la Société des Belles-Lettres de Paris. À - Paris , chez Ch. Pougens , imprimeur-libraire , quai Voltaire , n.° 10. In-6.° de 9 pages. DISCOURS en vers sur quelques erreurs de l’es- prit humain, par rapport au culte ; par E. DUSILLET, du Jura. 1n-8.° de 16 pages. A Paris, chez Rondonneau, au Dépôt des lois, place du Carrousel. An xr. — 1803, Prix, 50 cent. T H.É A TRE. HONNEUR et INDIGENCE, ou le DIVORCE par amour; drame en trois actes et en prose par WEISS et PATRAT , imité de l'allemand de Kotzebue , auteur de Misantropie et Re- pentir. In-8.0 A Paris, chez Auet, libraire, rue Vivienne , n.° 8. An x1.—1803. Prix, 24 sous. B'rdAlU" x AS R Ts! MANUEL du Muséum francais , ou description analytique et raisonnée de chaque tableuu, 470 Livres divers. avec une gravure au trait , tous classés par écoles et par œuvres de grands maîtres ; par F. E. J. M. D. L. J. N. Troisième livraison, contenant ?OEuvre de Rubens de l'École fla- mande. 1 vol. in-8.° avec 48 gravures. Prix,9 fr., et 11 fr. 5o cent. franc de port. À Paris , chez Treuttel er Würtz , libraires , quai Voltaire, n.° 2;età Strasbourg , même maison de Com- merce, Grand’rue, n.° 15. Les deux premières livraisons ont été à avec une grande faveur; la troisième justiliera l’o- pinion avantageuse qu'on a déjà conçue d’une entre- prise dont l’auteur se montre comme un littérateur distingué doué d’un sentiment délicat , d’un goût ex- quis et profondément versé dans la connoissance de l’art. La première livraison avec 19 gravures, contient l'OEuvre du POUSSIN de l'Ecole française ; la se- conde avec 20 gravures , donne /’ CEuvre du DOMI- NIQUIN del’ Ecole italienne. La quatrième livraison, qui est sous presse , donnera /'OEuvre de RA- PHAEL. Prix des trois premières livraisons , 15 fr. pour Paris ; 18 fr. 5o cent. franc de port par toute la République. VIES des peintres, sculpteurs et architectes Les plus célèbres ; par G. VASART , peintre et architecte Arètin , traduites de Pitalien avec des notes , particulièrement celles de Bot- cari , et les portraits de chaque artiste, gravés à l'eau-forte par G. Boichot, correspondant de l'Institut national. À Paris, an x.—1805. Chez Boiste , imprimeur, rue Hautefeuille, n.° 21. In-6.° Cette traduction manquoit à la littérature, et c’est un vrai présent que l’auteur lui fait. Elle est écrite avec soin , accompagnée de notés utiles »0on ne peut qu'en désirer la continuation, Cette livraison con- | | Livres divers. 431 tient les vies de Léonard de Vinci, Maître Roux, Fravcois Primatice , Baccio Bandinelli , Sébaitien di Piombo et Titien Vecelli. Les notes du traducteur annoncent un homme instruit dans les arts et dans l'histoire littéraire de la peinture. A: ENT. NOTICE et descriptions des tableaux et statues exposés au Muséum du département de T'Es- caut. À Gand , de l'imprimerie de Goesin Ver- haeghe. An xt. In-12. de go pages. Prix, 75 cent. Cette notice est! bien rédigée ; elle annonce dans son auteur une véritable counoissance des Beaux- Arts. AR CH ICT EC TU RÆ. ARCHITECTURE civile ; maisons de ville et de campagne , de toutes formes et de tous genres , projetées pour étre construites sur des terrains de différentes grandeurs ; ou- vrage utile à tous constructeurs et er1érepre- neurs , et a toutes personnes qui , ayant quel- ques connoïssances en Construction , veulent elles - mêmes diriger leurs bâtimens. X2 J:- vraison ; par L. À. DUBUT ,arc hitecte, et pensionnaire du gouvernement a l'Ecole fran- caise des Beaux-Arts à Rome. On souscrit , à Paris, chez le C. Dubut , archi- tecte, cloitre Notre - Dame , n.° 2, sous l’arcade qui conduit au lerrain , et chez les principaux li- braires et marchands d’estampes. Il en coûte 1 fr. 25 cent. de plus par chaque cahier, pour le recevoir franc de port par la poste dans les départemens. RomMmaANs. MARGUERITE DE STRAFFORD , roman his- corique , contenant plusieurs anecdotes dw règne de Charles IL, et autres relatives à la | 42 Livres divers. révolution d'Angleterre ; par M. de **, 5 vol, in-12. Paris, an x1.—1803. Prix, 9 fr., et tt fr. 75 cent. par la poste. Chez Gabriel Dufour, libraire, rue de Tournon, n.° 1126 , et chez Perles, libraire , rue de Tournon, n.° 1133. HENRIETTE BELLMANN, ou dernier tableau de famille; par Auguste LAFONTAINE ; se- conde édition. À Paris, chez J. Garnier , im- primeur-libraire ,rue Jean-Robert , près celle Saint Martin. An x1.—-1803. 2 vol. in-12 , avec fig. Prix, 4 fr. pour Paris, et 5 fr. pour les dépar- temens. LES Deux Borgnes , où Lady Justina Dunbar ; par Charlotte BOURNON-MALARME , de l'a- cadémie des arcades de Rome. De l'imprimerie de Munier. À Paris, chez Gérard , rue Sant- André-des-Arcs. An x.——1803 3 vol. in-12. MATHIIDE DE PUISELEY ; par M. **. A Paris, chez Pougens, quai Voltaire, n.° 10. An xr.—1803. In-12 de 244 pages. Prix , 1 fr. 5o cent. , et 2 fr. 5o cent. par la poste. AMOUR et RELIGION , histoire morale; par JT. LABBÉE, de l’Athénée de Lyon. 2 Vol. m- 12. Prix ,3fr., et 4 fr. franc de port. À Paris, chez Gérard , libraire, rue Saint - André - des — Arcs , n° 44e SOPHIE, ou mon Voyage à Besancon; par P. G. SALES, 2 vol. in-12. Prix, 3 fr., et 4 fr. franc de port. A Paris, chez Gérard, libraire , rue Saint-André-des-Arcs, n.° 44, nu sh Pococke, et en S «J. W er HrsTornrs:. Abrégé de l'Histoire d'AEgyp- | te, par Abd-allatif',en DoRE et en latin ; traduit en partie partie par. hite, 2 BrocrArHrTE. Eloge de Marie-François-Xa- : Wien Bichat, prononcé dans V'amphithéâtre &e P Ecole de médecine de Paris, le 14 ger- minalan xr, par P. Sue, pro- fesseur et bibliothécaire, à Pouverture de son cours de bibliographie médicale, 325 BOTANIQUE. : Observations sur la fructifica- tion. des, Fougères et des Mousses; par M. Cavanille. NE ( 375 LITTÉRATURE GRECQUE. cd at de d’Ansse de Vil-| iso à sa lettre sur l’Ins- cription grecque de Rosetre. 378 HAE OÉ STE: La Pitié, poëme en 4 chants ; par Jacques Delille, 380 : VARTÉTÉS, KOUVELLES ET COR- RESPONDANCE LITYÉRAIRES. NouvELLES ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Berlin, 389 Nouvelles de Russie, 390: Nouvelles S'ARBIFLEE, Ibid, Ile découverte dans la mer du Sud, 391 Notice biographique sur Eras- me Darwin. 3 £ 9 Notice bibliographique des ou- vrages sur la géographie, ubliés en Angleterre pen- rs les années 1799 et 1800. LA 396 Table'des Articles contenus dans ce Numéro. | PAar1rs. Société de Sratistique. 408 Avis publié par le ministre des finances, concernant les nou- velles monnoies. 409 80 | Ecole d'architecture. 412 TréaiTurxs. Le Fou supposé: 413 Le Mari intigués 414 Livres DIVERS: Physique. Journal du Galvanisme, de Vaccine, etc.; par une So- ciété de physiciens ,-de chy- mistes et de médecins; ré- digé par J. Nauche. ‘415 Médecine. Journal de médecine, chirurs : gie; pharmacie; parles CC, Corvisart, Leroux et Boyer. 416 Manuel des Goutteux et, des Rhumatisans ;‘par Alphonse Leroy. Ibid. ù Chirurgie. ; Lucine française ; par le doc- teur Sacombe, ‘1417 Statistique, * Tableau statistique de la na- vigation de la Seine, depuis Ja mer jusqu'à Rouen; par S.B. J. Noel. : © Ibid: Jurisprudente. Annales de législation et de urisprudence , publiées par l'Université de jurispruden- ce. : 9 18 Journal de jurisprudence, pu-: blié par l'Académie de légis- lation. Ibid, Métaphysique, - Introduction à l'Analyse des sciences qu de la génére- 7 Recherches sur Les Costumes ; 1 = \ tion ; dés fondemiens et des miées dans un no x instramens de nos Conois- SX HE LEE sances; par P. F. Lancelin. Légôns d'orthôgrapt ‘449 {\ vcaisé.et de poñciua Morale. est JE. J.F. Pois Le Contémplatif; par D. FE. :: Voyage. 1} Donnant, , 1 Abd, | Voyage en Piémont ; par J, Breton. ie “Histoires : de Poésie. La Dunciide, poëme.- 2 Fables” et ie die Mere ax don Jnan-Laurencin. 1b, Ode à Lebrun; par Fortunée DE AUD "NUE _Éettré d'un Voyageur étren- ‘yer au Prétèt der la Côres. d'Or, sûr quelques manso- lées rétablis dans. la nñou- velle ‘cathédrale dé Dijon. ? er. 7e LUS A0 Histoire de Gustave Was2, roÏ de Suède 5 par M. Archen- 's B.. Briques. c Discours en vers sur quelques erreurs de l'esprit humain RAT RE |: par rapport au culte; jé St NU OU nee ones - térairés et religieuses’; par] % BRU Cet -HRRTES les GO, Nocl et Planche. 422| fjonneur et Imdigeuce, cm le Divorce par èmour, drame. en trois atiés et en prose; 1 par Weiss er Patrat. Ibia. "A Beaux - Arts. Manuel du Muséum CR na £: 0 par FE. J.M.D.L.J.N. , DEP 7 M Vies des peintres, sculptems ét architectes des plus célè- _bres; par G. Vasari. Re Notice et Descriptions , des T'ableaux et Sratues exposés au Muséum du département -dé l'Escaut. |. RATES les Mœurs, les Usages reli- “gièux, civits et. militaires dés anciens peuples; par J: Mrllior. 23 Histoire de M.me Elisabeth de * France, sœur de Lois XV] ; pas M.me Guénard. 425 Le faux Dauphin actuellement en France ; par Alphonse DB. 426 L'Histoire littéraire. . Éssai sur l’histoire générale des sciéncés pendant. ta ré- volution française ; par E B,. nue, Ne ot 7 # Architecture. ipport- fait à la Société des Ra Sd enotsret beltes-lettres de AT Nr civile; par L. as 7 Montpellier, eur Pidangu:| - ration-de la stûtmé de Vol- . taire an musée de la inème willé ; par P. E Martin} Mr de##%," Ibid." Choisy, | »Ibia-} Henriette Bellmaun ; par Au- Cornelius Nepos français; par) guste La ontaine. 432 Chat Hit 4ey|lLes deux Borgnes; par Hen-. Craie À riette Bowrnon-Malarme, Ib. : Pa Mathilde. de Puiseley ; par Poygraphie; par Za/kind Hour! M.me*##, Cybids © Wittes Ibid. | Amour’ et Religion; LS z 2 Ba Philologie, où les règles! Labbée. id. de la grammaire italienne ; fSoplie ; par P. G: Sales, Ibid € Are ie‘ que") NES (1 À ÉFÉTRNE ji ji fl 1 . 17 10 1 1 1 ff, si) ! É HIT 1 )) Ji | 1 HA HAE GE ji 1) Hi | | 1, de a 1 0 0) 1) j MA 11) / LU Ne 1 0) js BL no ) . FA je Ci if] il 1 D) 1 He £r jt HE 7 HIDE L de fe FEAR . IE 1) 1 le; PARCS LRU 4 } É FREE f f; 1 FREE IE l 4 1) U L 1 PU 1 j) A) 1 / ji 17 il